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Full text of "Revue celtique"

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the  pResence  of  this  Book 


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thej.m.  kelly  liBRapy 

has  Been  rruôe  possiBle 

thRouqh  the  qeneRosity 


of 


Stephen  B.  Roman 


From  the  Library  of  Daniel  Binchy 


REVUE    CELTIQUE 


TOME    VI 


^4  PUBLIÉE  S~    S 


A 


^t        AVEC    LE    CONCOURS    OES    PRINCIPAUX    SAVANTS 

DES  ILES  BRITANNIQUES  ET  DU  CONTINENT 


^ 


ET 
DIRIGÉE    PAR 


H.  GAIDOZ 


Ireland,  etc. 


Tome  VI. 


c^S* 


F.    V1EWEG.    LIBRAIRE-ÉDITEUR 

67,  rue  de  Richelieu.  PARIS 

1885-1885 


ADIEUX  AL'   LECTEUR. 


Lorsqu'en  1869  nous  conçûmes  la  pensée,  quelque  peu  ambitieuse, 
de  donner  un  organe  à  la  philologie  celtique,  notre  projet  fut  accueilli 
avec  quelque  scepticisme.  Pour  les  uns,  les  langues  et  les  littératures 
celtiques  étaient  chose  sans  importance  et  curiosité  de  dilettantes  ;  pour 
les  autres,  ces  études  se  résumaient  dans  le  néo-druidisme  et  dans  le 
Barzaz-Breiz  dont  ils  avaient  quelque  défiance  ;  d'autres,  enfin,  recon- 
naissaient qu'il  y  avait  là  matière  à  une  étude  scientifique,  mais  ils  se 
demandaient  si  la  philologie  celtique  était  désormais  assez  sûre  d'elle- 
même  pour  prendre  possession  de  ce  domaine  et  pour  alimenter  une 
revue  spéciale  :  on  se  demandait  si  nous  n'allions  pas  inaugurer  une 
nouvelle  période  de  Celtomanie,  et  on  semblait  dire:  quelque  chose  de 
bon  peut-il  venir  de  Nazareth  ? 

Notre  premier  numéro,  paru  en  mai  1870,  dissipa  ces  craintes  grâce 
au  concours  bienveillant  et  désintéressé  desceltistes  de  l'Europe  entière, 
dont  la  collaboration  donna  dès  le  premier  jour  à  ce  recueil  sa  valeur  et 
son  autorité.  Nous  ne  pouvons  prononcer  ici  de  noms,  car  ce  serait 
nommer  tous  les  collaborateurs  de  notre  recueil,  mais  nous  devons  les 
remercier  d'avoir  rendu  notre  œuvre  possible  en  nous  prêtant  leur  con- 
cours et  en  honorant  cette  entreprise  de  leur  nom.  Grâce  à  eux,  la  Revue 
Celtique  a  pris  place  parmi  les  revues  savantes  de  l'Europe  ;  elle  a  élargi 
le  domaine  de  la  celtologie  et  elle  a  revendiqué  pour  les  Celtes  la  place 
qui  leur  appartient  dans  les  études  philologiques  et  historiques.  Notre 
mérite  fut  de  demander  des  articles  aux  hommes  compétents  —  et  de 
n'en  demander  qu'à  ceux-là  —  et  de  ne  pas  chercher  à  ce  recueil  de 
vaine  popularité  par  des  articles  de  «  littérature  facile  »,  par  des  am- 
plifications enthousiastes  sur  les  Druides,  les  Bardes,  leur  philosophie 
et  leurs  mystères,  bien  que  le  prestige  de  noms  célèbres,  de  paroles  élo- 
quentes et  de  poésies  charmantes  eût  pu  recommander  notre  œuvre  au 


vi  Adieux  au  lecteur. 

grand  public  et  l'y  intéresser.  Mais  nous  aurions  cru  démériter  de  la  sé- 
vère divinité  que  nous  voulions  servir  en  cherchant  à  attirer  la  foule 
dans  son  sanctuaire. 

La  philologie  celtique  est  aujourd'hui  fondée  et  organisée  ;  aussi  ce 
recueil  a-t-il  maintenant  moins  d'utilité  qu'il  n'en  avait  à  l'origine, 
quand  les  savants  travaillaient  isolément  et  sans  encouragement,  quand 
les  études  celtiques  n'étaient  représentées  dans  aucune  université,  et 
quand  d'un  pays  à  l'autre  on  ne  pouvait  se  tenir  au  courant  des  travaux 
et  des  publications  de  ses  confrères,  bien  plus,  de  ses  devanciers.  C'est 
ainsi  qu'en  France  on  ne  savait  rien  des  travaux  de  ces  grands  érudits  ir- 
landais des  quarante  dernières  années,  Todd,  Pétrie,  O'Donovan,  O'Curry 
(nous  ne  nommons  que  les  morts).  Les  services  rendus  par  "ce  qu'on 
pourrait  appeler  1'  «  École  de  Dublin  »  ne  sont  encore  que  bien  peu 
connus  du  public  savant  du  continent,  et  nous  regrettons  aujourd'hui  de 
n'avoir  pas  essayé  d'en  tracer  l'histoire  :  c'est  une  lacune  qu'il  con- 
viendrait de  combler  ici-même. 

Notre  revue  a  créé  l'unité  celtique,  une  sorte  de  Zollverein  scientifique. 
Notre  tentative  ambitieuse  de  1869  est  aujourd'hui  justifiée  '. 

Des  raisons  d'ordre  privé,  parmi  lesquelles  le  désir  de  repos,  nous 
ont  décidé  à  abandonner  la  direction  de  la  Revue.  Mais  nos  lecteurs 
n'ont  pas  le  droit  de  s'en  plaindre  ;  car  un  des  maîtres  de  la  philologie 
celtique,  un  érudit  dont  ils  ont  pu  dès  le  premier  jour  apprécier  la  haute 
critique  et  la  féconde  activité,  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  va  reprendre 
et  continuer  notre  œuvre  ;  entre  ses  mains  expérimentées,  la  Revue 
Celtique  aura  bientôt  acquis  une  importance  nouvelle. 

C'est  l'idée  qui  nous  console  en  abandonnant  une  œuvre  qui, 
pendant  seize  ans,  a  été  l'objet  de  nos  soins  et  de  nos  pensées  ;  mais  ce 
n'est  pourtant  pas  sans  regret  que  nous  prenons  congé  de  nos  collabo- 
rateurs et  de  nos  lecteurs,  et  que  nous  nous  séparons  de  la  Revue  Cel- 
tique ;  et  en  lui  disant  adieu,  nous  lui  adressons  les  paroles  du  poète 
latin  : 

Sine  me,  liber,  ibis  in  orbem,  ... 
Vade,  liber,  verbisque  meis  loca  grata  saluta  ! 

H.  Gaidoz. 
Paris,  juillet  1885. 


1.  Nous  renvoyons  le  lecteur  au  passage  de  notre  prospectus  de  1869  reproduit  dans 
la  préface  de  notre  t.  I. 


TABLE   DES   iMATIÈRES 


Pages 

Adieux  aux  lecteurs,  par  M.  H.  Gaidoz v 

Errata  et  corrigenda x 

La  date  de  la  naissance  de  Gildas,  par  M.  Arthur  de  la  Borderie.    ...  i 

Notes  on  the  Language  of  Old-Welsh  Poetry,  by  Prof.  John  Rhys.    .    .  14 
Formules  initiales,  intercalaires  et  finales  des  conteurs  en  Haute-Bretagne, 

par  M.  Paul  Sébillot 62 

Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques  de  la  Basse-Bretagne,  par 

M.  L.-F.  Sauvé 67 

L'accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais,  par  M.  R.  Thurneysen.    .    .  129 

Early  Celtic  History  and  Mythology,  by  David  Fitzgerald  Esq 193 

On  the  Mètre  Rinnard  and   the  Calendar  of  Oengus  as  illustrating  the 

Irish  verbal  accent,  by  Whitley  Stokes,  Esq 273 

On  Irish  Metric,  by  the  Same 298 

Zur  Irischen  Accent-  und  Verslehre,  von  Prof.  R.  Thurneysen 309 

De  quatre  manuscrits  des  Évangiles  conservés  à  Dublin,  par  M.  S.  Ber- 
ger   348 

Remarks  on  Mr.   Fitzgerald's  Early  Celtic  History  and  Mythology,  by 

Whitley  Stokes,  Esq 358 

Mélanges  Irlandais,  par  M.  R.  Thurneysen 371 

Taranis  et  Thor,  par  J.-F.  Cerquand 417 

Taranis,  à  propos  des  marteaux  d'Uriage,  par  M.  H.  Gaidoz 4^7 

L'émigration  bretonne  en  Armorique,  par  M.  Arthur  de  la  Borderie.  .    .  460 

MÉLANGES. 

Des  pronoms  infixes,  par  M.  H.  Gaidoz.   . 86 

Irische  Miscellen,  von  Prof.  R.  Thurneysen 91 

Saltair  na  Rann,  von  Prof.  R.  Thurneysen 96 

Les  manuscrits  irlandais  d'Edimbourg,  par  M.  H.  Gaidoz 109 

Le  mot  Gallo,  par  M.  J.  Loth 114 

Goëllo,  Vellavi,  par  M    H.  Gaidoz 116 


vui  Table  des  Matières. 

The  conversion  of  Loegaire  and  his  Death,  by  Ch.  Plummer,  Esq. ,    .    .  162 

Anecdota  from  the  Stowe  Ms.  n"  992,  by  Kuno  Meyer,  Esq 173 

Addenda  to  Mr.  de  Jubainville's  Catalogue,  by  the  Same 187 

Varia,  by  the  Same 191 

Note  sur  le  nom  de  la  ville  d'Evaux,  par  M.  J.  de  Cessac 260 

Extracts  from  the  Franciscan  Liber  Hymnorum,  by  Wh.  Stokes,  Esq. .    .  264 

Mythological  notes,  by  the  Same 267 

Gloses  Bretonnes 3S7 

Sur  la  forme  de  quelques  noms  géographiques  de  la   péninsule   ibérique, 

par  M.  A.  Coelho 482 

Les  noms  de  lieu  du  pays  de  Malmédy,  par  M.  E.  Ernault 484 

A  propos  des  Lugoves,  par  H.  G 487 

Eleuthère  et  le  roi  breton  Lucius,  par  M.  l'abbé  L.  Duchesne 491 

A  propos  des  Tours  rondes  d'Irlande,  par  H.  G 495 

Traditions  populaires  delà  Basse-Bretagne;  intersignes  et  présages  de 

mort,  par  M.  L.  F.  Sauvé 495 

Gouspero  ar  Raned,  par  M.  N.  Quillien 500 

Folk-Medicine  in  Wales 505 

CELTIC  NOTES  AND  QUER1ES. 

The  sons  of  the  Lord  of  Clare  (D.  F.) 127 

Black  Spancel  Sunday  (D.  F.) 128 

Une  vieillie  devise  bretonne  (H.  G.) 415 

Une  lettre  inédite  de  J.  Grimm  (H.  G.) 416 

Les  missions  galloises  en  Basse-Bretagne 481 

Le  Madoc  de  Th.  Stephens 507 

Le  musée  de  Saint-Germain-en-Laye  (H.  G.) 525 

Mots  gallois  dérivés  du  latin  (H.  G.) 527 

La  prière  du  chat  ;E.  Ernault) 528 

Les  huit  parties  de  l'homme xi 

BIBLIOGRAPHIE. 

Abbot,  348;  — Arbois  de  Jubainville  (D'i,  187,  406;  —  Ascoli,  121;  — 
Atkinson,  298,  416. 

Bapst,  377  ;  —  Barthélémy  (A.  dei,  271;  —  Bonnejoy,  385  ;  —  Baudrillart, 
5 1 7  ;  —  Bye-Gones,  409. 

Chants  populaires  de  la  Haute-Bretagne,  516;  —  Corpus  poeticum  boréale, 
379 

Daremberg  et  Saglio,  404;  —  Decombe,  386;  —  De  la  Borderie,  1 18,  126, 
384,410;  —  Desaivre,  122;  —  Desjardins,  374;  — De  Vit,  393  ; —  Duchesne, 
409. 

Ernault,  508;  —  Esser,  377.  484. 


Table  des  Matières.  îx 

Feiz  ha  Breiz,  411  ;  —  Flouest,  $13. 

Gaelic  Journal,  406;  —  Gaelic  Society  of  Inverness,  408;  —  Gaidoz,  391. 
409,  41 1  ;  —  Geisler,  404  ;  —  Gréau,  512. 

Kerviler,  410. 

Lassalle,  127;  —  Lecoat,  382;  —  Lecoy  de  la  Marche,  411  ;  —  Lièvre, 
271  ;  —  Loth,  381,  460. 

Mackinnon,  270  ;  —  Maine,  1  27  ,*  —  Maxe-Werly,  513;  —  Meyer  (Kuno), 

40$,  $14- 

Olden,  406. 

Paris,  260;  —  Plaine,  384;  —  Powel,  379  ;  —  Pseudo-Turpin,  409. 

Quicherat,  401  . 

Robert  (Benjamin),  404;  —  Robert  (Charles),  403,  404;  —  Rolland,  391  : 
Ruelle,  403,  518. 

Saglio,  404;  — Scarth,  271  ;  —  Sébillot,  124. 

Thurneysen,  388,  406. 

Vigfusson,  376. 

Windisch,  395,  405 . 

NÉCROLOGIE. 

Becker,  413;  —  Campbell  (John  Francis!,  414;  —  Du  Chatellier,  524;  — 
Gaultier  du  Mottay,  272  :  —  Gluck,  521  ;  —  Mac  Haie,  524  ;  — Martin  (Henri), 
272;  —  Rees  Th.),  41 5  ;  —  Richards  (Brinley),  $24;  —  Roberts  (John  Askew), 
414;  —  Rosenzweig,  412;  —  Troude,  523  ;  —  Vallentin  (Florian),  117;  — 
Williams  (Jane),  525;  —  Zeuss,  519. 


x  Errata  et  corrigenda. 

ERRATA. 
T.  V. 
P.  vi.  —  Dans  la  table  des   matières  l'article  de  M.  Windisch  devait  être 
intitulé  Der  Irische  ARTIKEL.  * 

P.  $00.  1.  28,  au  lieu  de  So  lire  To 

T.  VI. 
P.  75.  note,  au  lieu  de  sanatile,  lire  saxatile. 

CORRIGENDA. 

Revue  Celtique,  t.    VI. 
P.  264.  line  18,  for  Epscoip  read  Epseop. 

265,  —     4,  for  «  Hébreu  »  read  Hebrew. 

—  —  12,  for  conjdmô  read  conidmô. 

—  —  1  5 ,  for  ajoruâslegud  read  a/orudslegud. 

—  —  —         corofuaslig  read  coro/uaslig. 

—  —  24,  for  «  delÎAered  »  read  «  delivered  ». 

266,  line  20,  for  «  tohim  »  read  to  him. 
274,  —      6,  for  «  tree  »  read  «  three  ». 

277,  —    29.  for  sechtn-èich  read  secht  n-èich. 

278,  —    19,  for  shica  read  slùca. 

279,  —      1,  for  lasid  read  lâsid. 

279;    —    3°:  for  chânguam  read  chiingnam. 

280,  —     9,  for  céin-ni-co  read  cê-ni-co. 

—  9,  omit  ôre  (tiare), 
omit  lines  25.  26. 

—  —    33,  for  ivarmo  read  ei-armo. 

—  34>  f°r  tarmo-ei  (—  tarn-pi)  read  tàr/ni  (=  tarmo-ci'. 

281,  —   16,  17.  18,  omit  rn  f<?M  ...  $9. 

—  last  line,  omit  ôre  (Uare). 

283.  line  24.  for  as-r-erarcht  read  as-r-éracht. 

284,  note  1,  line  3,  omit  «  licence  ». 

—  —    2,  line  2,  for  tu-airim  read  do-dirim. 
286  —  Une  2,  for  feded  read  fedid. 

288,   —     8,  for  W(A)ii  read  -fAtf/A. 

291.  —     4,  line  3,  after  w/z  inters  ua/r,  u.h/-.  . 

292,  —    25,  for  \/~5«c  read  v~ifdg. 

29$,    —    16,  for  Mil  con-tessed  read  A/i'/co/i  tissed. 

—  —   26.  for  Gddlar  co-tissad  read  Gad.itar  ttssad. 

—  note     1 ,  /or  LN  r^  LH. 

—  —     4,  omit  «  Mil  stands  for  ». 

—  —     7>  /°r  ,(  pass.  »  rwrf  «  act.  »  and  before  -c  insert  «  suffixed  pron 

—  —    10.  after  gadatar  insert  cotissad  innoeb. 


Les  huit  parties  de  l'homme.  xi 

296,  lines  10,  11.  for  lia[d]  S,fogniad  read  lia,  fo  gnia    . 

—  line   16,  for  rachess  read  rochess. 

297,  14,  for  âssoid  read  âssoid,  and  cancel  note  9. 

—  —    15,  for  'Uair\e]  âssoid  la  hËssu  read  'Uair  assôid  lah\'l}essu 
500,  —    24,  for  «  nine  »  read  «  eight.  •> 

503,  note  1,  line  3,/c  «  the  »  read  «  he  »  ;  for  «  s.  »  read  «  i.  ». 

—  —    2.   —    1 ,  for  «  bâthadh  »  read  bathadh,  and  for  «  bathadh  »  read 

bàthadh. 

305,  last  line,  y 0/'  «  over  >■  rairf  «  own  ». 

306,  line  24.  for  Sennir  read  Sennis. 

307,  —     4,  for  salar  read  galar. 

—  The  notes  should  be  numbered  respectively  1,2,  3. 

—  second  note,  line  8,  for  comvaùcastu  read  comovaticastu. 

308,  line  15,  fort  scholars  »  read  «  students.  » 

—  note  1 ,  for  Mlilan  read  «  Milan  ». 

?  54,  headline.  for  mauuserits  read  manuscrits. 


LES  HUIT  PARTIES  DE  L'HOMME. 

M.  Haupt  a  publié  d'après  un  ms.  de  Vienne  (Bibl.  imp..  ms.  n°  1 1 18)  le 
texte  latin  Adam  de  octo  partibus,  etc.1.  Il  ne  connaissait  pas  le  texte  irlandais 
publié  par  M.  Stokes  dans  notre  recueil  (t.  I,  p.  261),  non  plus  que  la  note 
de  M.  R.  Kôhler  sur  le  même  sujet  (ibid.,  p.  502).  Il  se  borne  à  renvoyer  au 
texte  français  cité  par  Grimm,  en  faisant  remarquer  que  son  texte  latin  en  est 
sans  doute  l'original,  et  que  la  légende  de  la  création  de  l'homme  en  huit 
parties  est  reportée  ainsi  du  xve  siècle  au  xnp,  date  du  ms.  de  Vienne. 

Ici,  comme  dans  bien  d'autres  cas,  le  moyen  âge  ne  fait  que  nous  transmettre 
une  tradition  savante  de  l'antiquité.  Voici,  en  effet,  ce  qu'on  lit  dans  Plutarque 
\Des  opinions  adoptées  par  les  philosophes,  liv.  IV,  ch.  iv)  :  «  Les  Stoïciens 
veulent  que  l'âme  se  compose  de  huit  parties,  dont  cinq  répondent  à  nos  sens 
corporels  :  la  vue,  l'ouïe,  l'odorat,  le  goût,  le  toucher.  La  sixième  partie  est  la 
voix  ;  la  septième  est  la  propriété  d'engendrer.  La  huitième  dirige  toutes  les 
autres  :  elle  se  les  rattache  par  des  organes  spéciaux  et  particuliers,  qui  rap- 
pellent les  bras  du  polype.  » 

Nous  avons  lu  récemment  un  passage  analogue  aux  textes  cités  au  début  de 
cette  note  dans  un  petit  livre  très  populaire  au  moyen  âge,  l'Enfant  sage  à 
trois  ans.  Voici  le  passage  : 

a  D'emande].  De  combien  de  choses  fut  formé  l'homme? 

«  R[éponse].  De  six.  La  chair  fut  faite  du  limon  de  la  terre,  le  sang  de  l'eau 
de  la  mer,  les  os  de  pierre,  l'haleine  du  vent,  le  poil  du  Soleil,  et  l'âme  du 
S. -Esprit,  »  H.  G. 

1.  Zeitschriftfùr  deutsches  Alterthum,  t.  XXIII  (1879),  p.  356. 

Chartres.  —  Imprimerie  DURAND,  rue  Fulbert. 


LA    DATE 


DE  LA 


NAISSANCE    DE   GILDAS 


i. 


Par  son  livre,  son  rôle,  son  caractère,  Gildas,  l'auteur  du  de  Excidio, 
le  premier  historien  national  des  Bretons,  l'âpre  censeur  de  leurs  vices 
et  le  Jérémie  de  leurs  misères,  le  docteur  des  deux  Bretagnes  et  de 
l'Irlande,  tient  une  telle  place  dans  l'histoire  de  la  race  celto-bretonne 
qu'il  serait  superflu  d'insister  sur  l'utilité  des  recherches  tendant  à  fixer, 
à  éclaircir  autant  que  possible  la  chronologie  de  sa  propre  histoire, 
spécialement  la  date  de  sa  naissance. 

Il  existe  deux  Vies  anciennes  de  Gildas,  l'une  publiée  par  Bolland  au 
28  janvier  et  ensuite  par  Mabillon  au  Siècle  ier  des  Actes  des  Saints  de 
l'ordre  de  S.  Benoît;  l'autre  citée  en  extrait  par  Usher  et  imprimée  en 
entier  par  Stevenson,  en  1838,  en  tête  de  son  édition  du  de  Excidio  : 
celle-ci  remontant  pour  le  fond  au-delà  du  xe  siècle,  mais  interpolée  ; 
celle-là  rédigée  au  xie,  avec  sérieux  et  candeur,  sur  les  traditions  et  les 
documents  anciens  de  l'abbaye  de  Ruis,  qui  avait  pour  fondateur  Gildas. 

Au  dernier  siècle  on  croyait  généralement  que  ces  deux  Vies  s'appli- 
quent à  deux  Gildas  différents,  l'un  qu'on  appelait  l'Albanien,  qui 
serait  mort  au  commencement  du  vie  siècle,  presque  au  moment  où  on 
faisait  naître  l'autre,  auquel  les  inventeurs  de  cette  dualité  avaient  donné 
le  surnom  de  Badonique. 

Rev.  Celt.  VI  1 


2  La  date  de  la  naissance  de  Gildas. 

Aujourd'hui  le  système  des  deux  Gildas  est  fort  en  baisse.  M.  C.-G. 
Schœll  et  M.  Skene  admettent  que  les  deux  Vies,  malgré  quelques 
divergences,  se  rapportent  au  même  personnage.  Nous  n'avons  d'ail- 
leurs pour  le  moment  nul  intérêt  dans  ce  débat  :  le  Gildas  dont  nous 
allons  parler  'supposé  qu'il  y  en  ait  deux  est  et  ne  peut  être  que  l'au- 
teur du  de  Excidio,  et  ce  que  nous  voulons  chercher  exclusivement,  c'est 
la  date  de  sa  naissance. 

D'après  le  témoignage  même  de  cet  auteur,  dont  nous  citerons  bien- 
tôt le  texte,  il  naquit  dans  l'ile  de  Bretagne  l'année  d'une  grande  bataille, 
la  bataille  du  Mont  Badon,  cruelle  déroute  infligée  aux  envahisseurs 
saxons  par  les  Bretons  indigènes. 

Pour  cette  bataille  les  documents  anciens  de  l'histoire  bretonne 
donnent  deux  dates  diverses  :  493  dans  Bède  Histor.  eccles.  gentis 
Anglor.,  lib.  I,  cap.  xvi),  516  dans  les  Annales  Cambru  ivoir  Monu- 
menta  Historica  Britannica,  1,  p.  830  . 

Bien  que  la  date  de  Bède  compte  parmi  les  critiques  d'illustres  adhé- 
rents, la  grande  majorité  des  auteurs  —  surtout  des  auteurs  anglais 
depuis  Usher  —  adopte  celle  des  Annales  de  Cambrie.  Elle  est  ainsi 
exprimée  dans  le  texte  original  : 

«  lxxii  annus  (serae  christ.  5 16).  Bellum  Badonis,  in  quo  Arthur  por- 
tavit  crucem  Domini  nostri  Jesu  Christi  tribus  diebus  et  tribus  noctibus 
in  humeros  suos,  et  Brittones  victores  fuerunt  '.  » 

Le  plus  ancien  manuscrit  des  Annales  CambrU  s'arrête  à  l'an  954. 
Cette  chronique  a  donc  été  rédigée  au  Xe  siècle.  On  l'a  formée  en  y 
compilant  autant  que  possible  les  dates  et  les  notes  historiques  inscrites, 
au  fur  et  à  mesure  des  événements,  sur  les  mémoriaux  des  principales 
églises  de  la  Cambrie.  Mais  avant  le  vme  siècle,  surtout  pour  les  faits 
qui  ne  sont  pas  de  l'ordre  religieux,  les  sources  des  Annales  Cambru 
semblent  un  peu  mêlées,  parfois  sujettes  à  caution.  Sur  l'origine  de 
la  note  que  nous  venons  de  transcrire,  il  n'y  a  nulle  hésitation.  Dans 
son  chapitre  relatif  aux  douze  victoires  d'Arthur,  VHistoria  Britonum 
attribuée  à  Nennius  porte  : 

«  Octavum  bellum  fuit  bellum  in  castello  Guinnion,  in  quo  Arthur  por- 
tavit  imaginem  crucis  Christi  et  sanctae  Marise  perpetuae  virginis  super 

humercs  suos,  et  pagani  versi  sunt  in  fugam  in  illo  die Duodecimum 

fuit  bellum  in  monte  Badonis,  in  quo  corruerunt  in  uno  die  nongenti 
sexaginta  viri  de  uno  impetu  Arthuri 2.  » 

1.  Monum.  Hist.  Brit.,  I,  p.  830.  L'année  initiale  («  Primus  annus»)  des  Annales 
Cambriœ  répond,  selon  l'opinion  généralement  admise,  à  l'an  444  de  l'ère  chrétienne. 

2.  Mon.  Hist.  Brit.,  p.  73,  74. 


La  date  de  la  naissance  de  Gildas.  ; 

Pour  former  sa  note  de  516,  l'Annaliste  cambrien  a  copié  Nennius, 
en  l'amplifiant  et  l'altérant  à  la  fois  :  il  a  confondu  ensemble  la  bataille 
de  Guinnion  '  et  celle  du  mont  Badon,  en  sorte  qu'on  ne  sait  trop  de 
laquelle  il  entend  parler.  Fondé  d'ailleurs,  comme  il  l'est  ici,  uniquement 
sur  Nennius,  son  témoignage  perd  singulièrement  de  sa  valeur.  Car 
malgré  l'autorité  que  plusieurs  historiens  anglais  s'efforcent  de  lui  attri- 
buer au-dessus  de  Bède  et  même  (à  quelques  égardsi  de  Gildas  ;  malgré 
les  assertions  répétées  qui  prétendent  faire  de  VHistoria  Britonum  une 
œuvre  du  vu0  siècle,  pas  un  argument  sérieux  n'est  venu  infirmer  les 
résultats  solidement  acquis  par  M.  C.-G.  Schœll,  développés,  confirmés 
en  tant  que  besoin  par  nos  propres  recherches,  et  d'après  lesquels  ce 
livre  a  été  écrit  seulement  au  ix*  siècle,  en  822,  par  un  auteur  dont  le 
nom  véritable  est  inconnu  et  la  valeur  exactement  appréciée  dans  les 
termes  suivants  : 

«  Aux  mains  de  cet  écrivain  tout  se  change  en  fables Quels  ren- 
seignements nouveaux,  ou  quel  genre  d'utilité  nous  offre  son  ouvrage  ? 
Aucun,  sinon  de  nous  faire  connaître  le  caractère  de  l'époque,  ce  qui 
n'est  point  à  dédaigner.  Alors  tout  souvenir  des  choses  passées  s'était 
presque  entièrement  évanoui.  Toute  vérité  était  mêlée  de  fables,  obscur- 
cie par  des  motifs  de  fausse  gloire,  totalement  défigurée  par  la  haine  ou 
la  faveur.  Dans  la  composition  d'une  œuvre  historique  on  ne  cherchait 
qu'à  plaire  au  peuple,  nullement  à  l'instruire.  VHistoria  Britonum  offre 
une  telle  ignorance  de  la  chronologie,  une  telle  absence  de  discernement 
dans  le  récit,  que  si  d'autres  ouvrages  de  ce  genre  ont  été  perdus,  il  n'y 
a  pas  lieu  de  les  regretter  2.  » 

L'origine  de  la  note  des  Annales  de  Cambrie  est  donc  fort  peu  propre 
à  recommander  la  date  de  516,  assignée  par  l'annaliste  à  la  bataille  du 
mont  Badon,  ou  peut-être  à  celle  de  Guinnion,  —  puisqu'il  confond  les 
deux  événements.  Appliquée  à  la  naissance  de  Gildas,  cette  date  donne 
lieu  à  de  très  graves  difficultés. 

1 .  La  plupart  des  auteurs  anglais  voient  dans  le  castellum  Guinnion  la  Vinonia  de 
Ptolémée,  qui  est  aujourd'hui  Binchester,  dans  l'évêché  de  Durham  ïvoir  Nennius,  édit. 
de  Stevenson,  p.  48;.  M.  Skene  voudrait  placer  Guinnion  plus  au  nord,  dans  la  vallée 
de  la  Tweed,  et  dans  la  situation  de  h  paroisse  actuelle  de  Stow  (Four  ancienî  Books  of 
IVales,  I,  p.  54-ss ..  Cette  hypothèse  nous  semble  mal  appuyée. 

2.  «  lnter  iitius  manus  scriptoris  omnia  in  fabulas  sunt  versa Quid  igitur  Historia 

Britonum  habet,  quod  nobis  vel   novum  sit  vel  usui  alicui  esse  possit  ?  Nihil  profectô, 

nisi  hoc,  ut  aetatis  illius  indolem  perspiciaaius,  quod  haud  parvi  est  ducendum Tanta 

est  in  Historia  Britonum  temporum  inscitia,  narrandique  levitas,  ut  alia  ejusdem  gene- 
ris  scripta,  si  qua  fuerint,  perdita  esse  non  est  quod  doleamus.  »  C.-G.  Schaell,  De  eccle- 
siasticœ  Britonum  Scotorumque  historiœ  fontibus  (Berlin,  185 1),  p.  37  ;  cf.  p.  31  et 
34-35.  Voir  aussi  VHistoria  Britonum  attribuée  à  Nennius  et  VHistoria  Britannica  ayant 
Geoffroi  de  Monmouth,  par  Arthur  de  la  Borderie  (Paris,  Champion  ;  Londres,  Quaritch, 
1883). 


4  La  date  de  la  naissance  de  Gildas. 

La  Vie  de  Gildas  de  l'abbaye  de  Ruis  !,  la  Vie  de  saint  Paul  Aurélien 
rédigée  au  ix°  siècle  par  Wrmonoc  2,  font  de  Gildas  un  disciple  de  saint 
Iltud  ;  et  suivant  le  biographe  de  saint  Samson,  dont  le  témoignage  sur 
ce  point  est  irrécusable,  saint  lltud  avait  reçu  la  prêtrise  des  mains  de 
saint  Germain  d'Auxerre?,  c'est-à-dire  au  plus  tard  en  447,  date  du 
second  voyage  de  saint  Germain  dans  l'île  de  Bretagne  :  ce  qui  met  for- 
cément la  naissance  d'Iltud  vers  420,  et  sa  mort  (en  le  supposant  quasi- 
centenaire  au  plus  tard  vers  $1$.  Si  Gildas  était  né  en  516,  comment 
aurait-il  pu  être  disciple  d'Iltud  ? 

Il  fut  aussi  en  relation  avec  sainte  Brigite.  Sur  la  renommée  de  la 
science  et  de  la  vertu  de  Gildas,  l'illustre  abbesse  de  Kildare  envoya 
d'Irlande  dans  l'ile  de  Bretagne  un  messager  solliciter  de  lui  un  gage  de 
sa  charité  4.  Brigite,  d'après  toutes  les  annales  irlandaises  s,  mourut  en 
523.  Si  Gildas  était  né  en  $16,  il  eût  donc  été  docteur  —  docteur 
fameux  —  dès  l'âge  de  six  ans  ? 

Un  autre  Irlandais  célèbre,  saint  Finnian,  fondateur  du  monastère  de 
Clonard,  passa  vers  l'âge  de  trente  ans  d'Hibernie  en  Bretagne  (Grande- 
Bretagne  ,  où  il  reçut  les  enseignements  de  saint  Gildas;  ses  Actes 
ajoutent  qu'il  vécut  encore  trente  ans  depuis  lors6,  et  comme  il  mourut7 

1.  Acta  SS.  Ord.  S.  Benedicti,  saec.  i",  p.  139-140. 

2.  Biblioth.  nat.  Ms.  lat.  12942,  f.  115  r.  Cf.  Anakcta  Bollandiana  (Paris,  1882), 
t.  I,  p.  215. 

3.  Nous  parlons  ici  de  la  Vie  donnée  par  Mabillon  dans  les  Acta  SS.  Ord.  S.  Bene- 
dicti. L'auteur  vivait  très  peu  de  temps  après  saint  Samson  (mort  vers  565)  ;  il  écrivait 
tout  au  commencement  du  viie  siècle  sur  le  témoignage  d'un  diacre,  cousin  et  disciple 
de  ce  saint.  En  ce  qui  touche  saint  Iltud,  le  biographe  était  allé  dans  le  célèbre  monas- 
tère fondé  par  ce  saint  recueillir  directement  les  documents  qui  le  concernaient,  et  d'après 
lesquels  il  dit  :  «  lpse  Eltutus  de  discipulis  erat  S.  Germani,  et  ipse  Germanus  ordina- 
verat  eum  in  sua  juventute  presbyterum.  In  cujus  magnifico  monasterio  ego  fui  :  refe- 
rentibus  nobis  catholicis  fratribus  qui  in  loco  erant,  publicamus  in  médium.  »  (A.  SS.  0. 
S.  B.  saec.  1.  p.  168).  Cette  Vie  de  saint  Samson  est  l'une  des  sources  les  plus  impor- 
tantes de  l'histoire  des  Bretons  au  vic  siècle  ;  c'est  le  seul  document  sérieux  qu'on  ait 
sur  saint  Iltud,  la  légende  de  ce  saint  donnée  par  Rees  dans  les  Cambro-British  Saints 
étant  une  œuvre  d'imagination  individuelle,  ou  au  moins  une  amplification  tellement 
fantaisiste  et  fabuleuse,  qu'il  n'y  a  rien  à  en  tirer  pour  l'histoire. 

4.  Vita  S.  Gildas  ex  Cod.  Ruiensi,  dans  A.  SS.  0.  S.  B.  saec.  1,  p.  141-142. 

5.  «  An.  523.  Dormitatio  S.  Brigidae  »  (Tigernachi  Annal.,  p.  130),  «  DXXIII.  Obitus 
Brigidae  sanctae  »  (Annal.  Inisfalens.,  p.  14),  dans  O'Conor,  Rerum  Hibernic.  Scripto- 
res,  t.  II. 

6.  Vit.  S.  Finniani,  dans  Colgan,  Acta  SS.  Hiberniœ,  p.  393.  Cf.  M.  Skene,  Celtic 
Scotland,  II,  p.  jo  ;  et  Boll.  Febr.  I,  p.  nj-116,  Comment,  praev.  in  Vit.  S.  Brigidae, 
§  100. 

7.  M.  Reeves  [Life  of  Columba,  édit.  1874,  p.  xxxv)  place  la  mort  de  saint  Finman  de 
Clonard  en  549.  Les  Annales  d'Inisfallen,  du  ms.  de  la  bibliothèque  Bodléienne,  portent  : 
«  \n.  DXLII.  Quies  Finniani  Cluana-Iraird.  »  Mais  dans  ce  ms.  beaucoup  de  dates  sont 
reculées  de  sept  ou  huit  ans  :  ainsi  la  célèbre  bataille  de  Culdreimne  est  mise  en  553  et 
le  passage  de  saint  Columba  à  Iona  en  55$,  au  lieu  de  561  et  563,  dates  véritables 
données  par  Tigernach.  Un  autre  ms.  des  Annales  d'Inisfallen,  du  fonds  Harléien,  met 
la  mort  de  saint  Finnian  en  j  5 1  (v.  O'Conor,  Rer.  Hib.  Script.,  II,  Annal,  Inisfal.,  p.  6 
et  7).  Le  mieux  est  de  s'en  tenir  à  la  date  adoptée  par  M.  Reeves. 


La  date  de  la  naissance  de  Gildas.  5 

vers  550,  cela  met  sa  rencontre  avec  Gildas  quelques  années  au  moins 
avant  520,  c'est-à-dire  avant  plutôt  qu'après  la  naissance  de  Gildas,  si 
on  fait  naître  celui-ci  en  $16. 

Il  s'agit  bien  ici  de  l'auteur  du  de  Excidio,  car  saint  Colomban,  le 
fondateur  de  Luxeuil,  dans  sa  lettre  au  pape  saint  Grégoire  le  Grand 
[en  $90),  nous  apprend  que  Finnian,  devenu  abbé  (de  Clonard),  con- 
serva ses  relations  avec  Gildas,  le  consultant  sur  les  difficultés  de  son 
administration  monastique,  et  qu'il  lui  demanda,  entre  autres,  le  parti  à 
prendre  si  un  moine  voulait  quitter  son  couvent  pour  s'élever  à  une  vie 
plus  austère  '.  Et  dans  un  ancien  recueil  de  canons  hibernois,  compilé 
au  vin»  siècle,  publié  par  d'Achery,  entre  onze  articles  qu'on  attribue  à 
Gildas,  il  en  est  un  qui  répond  justement  à  cette  question  2.  De  plus, 
dans  cette  même  lettre,  Colomban,  parlant  des  simoniaques,  invoque 
contre  eux  l'autorité  de  Gildas,  qui,  dit-il,  les  traite  de  pestes  ?  :  allu- 
sion incontestable  aux  invectives  du  de  Excidio  4.  —  Comment  admettre 
que  l'auteur  de  ce  livre,  s'il  était  né  seulement  en  516,  eût  pu  être 
écouté  comme  un  maître,  consulté  comme  un  docteur,  plus  de  trente 
ans  avant  5  $0,  par  saint  Finnian  de  Clonard  ? 

En  présence  des  difficultés  graves  —  on  peut  dire  insolubles  — 
soulevées  par  la  date  de  516  appliquée  à  la  naissance  de  Gildas,  force 
nous  est  de  revenir,  avant  de  conclure,  à  la  date  de  Bède  —  493,  — 
de  voir  sur  quel  fondement  elle  repose  et  quelles  objections  on  y  peut 
faire. 


1.  «  Responde  adhuc,  quaeso,  quid  faciendum  est  de  monachis  Mis  qui.  pro  Dei  intuitu 
et  vitae  perfectionis  desiderio  accensi,  contra  vota  venientes,  primas  conversionis  loca 
relinquunt,  et  invitis  abbatibus,  fervore  monachorum  cogente ,  aut  laxantur  aut  ad 
déserta  fugiunt.  Vennianus  auctor  Giltam  de  his  interrogavit,  et  elegantissimè  ille  res- 
cripsit  »  etc.  (S.  Columbani  Epist.  VI  ad  S.  Gregorium  Papam,  dans  Bibliothec.  veter. 
Faîr.  de  Galland,  édit.  de  Venise,  1778,  t.  XII,  p.  346).  Sur  l'identité  du  nom  exprimé 
par  les  formes  Finnian,  Vinnian  ou  Vennian,  voir  Vit.  S.  Columbx  auct.  Adamnano, 
lib.  I,  cap.  1,  et  lib.  III,  cap.  v,  dans  l'édit.  Reeves,  1874,  p.  266  et  286;  et  aussi  Usher. 
Brit.  Eccl.  Antiq.,  p.  493-494. 

2.  <t  Ex  libro  XXVIII,  De  Monachis.  Cap.  vi,  De  monacho  non  retinendo  ab  abbate. 
Gildas  dicit  :  Abbas  remissus  non  retineat  monachum  suum  ad  dislrictiora  se  tendentem.  » 
(L.  d'Achery,  Spicilcj.,  édit.  1723,  in-fol.,  I,  p.  joo.) 

3.  «  Ceterum,  de  episcopis  iliis  quid  judicas  interrogo,  qui  contra  canor.es  ordinantur, 
id  est,  quaestu.  Simoniacos  [tu]  et  Giltas  auctor  pestes  scripsistis.  »  (S.  Columbani 
Epist.  VI  ad  S.  Gregor.  Pap..  dans  Biblioth.  vet.  Fatr.  de  Galland,  XII,  p.  346.) 

4.  A  ce  passage,  entre  autres,  du  début  de  la  troisième  partie  du  livre  de  Gildas, 
intitulée  dans  les  anciennes  éditions  Acris  correctio  in  clerum  :  «  Sacerdotes  habet  Bri- 
tannia  ...  sedem  Pétri  apostoli  immundis  pedibus  usurpantes,  sed  merito  cupiditatis  in 
Judos  traditoris  pesîikntem  cathedram  decidentes.  »  Et  dans  le  chapitre  spécialement  con- 
sacré aux  simoniaques,  Gildas  reprend  :  «  Sed  forte  heu  !  qui  ambitores  istos  ordinant... 
Judam  quodam  modo  in  Pétri  cathedram.  Domini  traditorem,  statuunt.  »  Gildas,  édit. 
Stevenson,  §  66,  67,  p.  72  et  75  ;  édit.  Pétrie  dans  Mon.  Hist.  Brit.,  p.  30. 


La  date  de  la  naissance  de  Gildas. 


II. 


Voici  d'abord  le  texte  de  Bède.  Après  avoir  mentionné  les  victoires 
d'Ambroise  Aurélien,  chef  des  Bretons,  sur  les  Saxons  envahisseurs  de 
l'île  de  Bretagne,  il  dit  : 

«  Et  ex  eo  tempore  nunc  cives  (i.  e.  Britones)  nunc  hostes  i.  e. 
Saxones)  vincebant,  usque  ad  annum  obsessionis  Badonici  montis, 
quando  non  minimas  eisdem  hostibus  strages  dabant,  quadragesimo  cir- 
citer  et  quarto  anno  adventus  eorum  in  Brittaniam  ' .  » 

Dans  le  précédent  chapitre  de  son  Histoire,  Bède  rapporte  l'arrivée 
des  Saxons  en  Bretagne,  sur  l'invitation  de  Vortigern,  à  l'an  449  ;  il 
met  donc  —  d'après  le  texte  ci-dessus  —  la  bataille  du  mont  Badon,  et 
par  suite  la  naissance  de  Gildas,  en  493. 

Si  Bède  avançait  cette  date  de  son  propre  fonds,  comme  le  résultat 
de  ses  recherches  et  de  ses  informations  personnelles,  il  serait  impos- 
sible, en  bonne  critique,  de  ne  pas  préférer  l'autorité  d'un  historien 
savant,  sincère,  judicieux,  écrivant  au  commencement  du  xnie  siècle  (de 
702  à  731),  à  celle  d'une  compilation  anonyme  les  Annales  Cambriœ) 
rédigée  dans  la  seconde  moitié  du  xe  siècle. 

Mais  la  question  est  moins  simple.  Bède,  dans  cette  partie  de  son 
Histoire,  spécialement  dans  ce  chapitre,  ne  fait  guère  qu'abréger  Gildas, 
on  prétend  qu'ici  il  a  mal  compris,  mal  interprété  le  texte  correspondant 
de  son  auteur  ;  il  faut  donc  d'abord  connaître  ce  texte,  le  voici  : 

«  Et  ex  eo  tempore  nunc  cives  nunc  hostes  vincebant,  usque  ad 
annum  obsessionis  Badonici  montis  novissimasque  fermé  defurciferis  non 
minimae  stragis,  quique  quadragesimus  quartus,  ut  novi,  oritur  2  annus, 
mense  jam  uno  5  emenso,  qui  4  et  meae  nativitatis  est  s.  » 

C'est  dans  ce  texte,  on  le  voit,  que  Gildas  indique  le  synchronisme  de 
sa  naissance  et  de  la  bataille  du  mont  Badon.  Bède  omet  ce  synchro- 
nisme, cela  importe  peu.  Ce  qui  importe,  c'est  qu'il  donne  pour  point  de 
départ  à  la  période  de  44  ans  ici  mentionnée  l'arrivée  des  Saxons  en 
Grande-Bretagne,  dont  le  texte  de  Gildas,  comme  nous  l'avons  aujour- 
d'hui, ne   dit  absolument  rien.   De  là  on  conclut  que,  Bède  s'étant 


1.  Bedae,  Hist.  eccl.  gent.  Angl.,  lib.  I,  cap.  xvi,  dans  Mon.  Hist.  Brit.,  1,  p.  122. 

2.  Variante  :  orditur. 

3.  Var.  primo. 

4.  Var.  qui  jam. 

5.  Gildas,  de  Excidio  Britanniœ;  Historia,  cap.  xxvi,  édit.  Gale,  p.  9:  édit.  Stevenson, 
p.  33-34  ;  édit.  Pétrie  dans  Mon.  Hist.  Brit.,  I,  p.  15. 


La  date  de  la  naissance  de  Gildas.  7 

mépris  sur  le  sens  de  ce  passage  de  Gildas,  la  date  qu'il  assigne,  en  con- 
séquence de  cette  erreur,  à  la  bataille  du  mont  Badon,  est  non  avenue. 

Il  ne  suffit  pas  de  critiquer  Bède  :  pour  prouver  qu'il  a  mal  compris  ce 
texte,  il  faut  en  donner  soi-même  le  véritable  sens.  On  prétend  le  faire  en 
affirmant  que  la  période  de  44  ans  ici  marquée  indique  le  temps  écoulé 
entre  la  bataille  du  mont  Badon  et  le  moment  où  Gildas  écrit  son  livre,  et 
l'on  soutient  que  le  membre  de  phrase  :  quique  quadragesimus  quartus  oritur 
annus,  mense  jam  uno  emenso,  doit  se  traduire  ainsi  :  «  Et  l'année  qui 
commence  actuellement,  depuis  un  mois  passé,  est  la  quarante-quatrième 
après  le  siège  du  mont  Badon.  » 

Malheureusement,  cette  traduction  est  inconciliable  avec  la  construc- 
tion du  texte  de  Gildas,  tel  que  nous  le  possédons  aujourd'hui. 

Ce  texte  comprend  trois  phrases,  une  principale  et  deux  incidentes, 
ces  deux-ci  reliées  chacune  à  la  principale  par  le  pronom  relatif  qui. 

Phrase  principale  :  Et  ex  eo  tempore  nunc  cives  nunc  hostes  vincebant, 
usque  ad  annum  obsessionis  Badonici  montis 

Première  incidente  :  quique  quadragesimus  quartus  oritur  annus,  mense 
jam  uno  emenso 

Deuxième  incidente  :  qui  et  mes,  nativitatis  est  [sous-entendu  annus]. 

Le  qui,  sujet  de  la  seconde  incidente,  se  rapporte  à  annum  obsessionis 
Badonici  montis  ;  par  conséquent  «  qui  et  meae  nativitatis  est  »  =  «  et 
annus  obsessionis  Badonici  montis  meae  nativitatis  est  [annus\  »  Là-des- 
sus tout  le  monde  est  d'accord. 

A  plus  forte  raison,  le  qui,  sujet  de  la  première  incidente,  placée  avant 
la  seconde,  immédiatement  après  la  phrase  principale,  représente  aussi 
nécessairement  annum  obsessionis  Badonici  montis  ;  car  il  n'est  aucun 
autre  substantif  auquel  ce  pronom  relatif  se  puisse  rapporter.  En  substi- 
tuant à  ce  pronom  le  nom  qu'il  représente,  la  première  incidente  s'éta- 
blit ainsi  : 

«  Annusque  obsessionis  Badonici  montis  quadragesimus  quartus  oritur 
annus,  mense  jam  uno  emenso.  » 

Quadragesimus  quartus  annus  est  manifestement  l'attribut  oVannus 
obsessionis  Badonici  montis. 

Donc,  la  quarante-quatrième  année,  ici  mentionnée,  de  la  période 
dont  Gildas  entend  parler  est  l'année  même  du  siège  du  mont  Badon  ; 
et  ceux  qui  prétendent  y  voir  la  quarante-quatrième  année  après  ce  siège 
font  un  contre-sens  inadmissible,  on  pourrait  même  dire,  impardon- 
nable. 

Essayons  de  leur  venir  en  aide.  Rompons  le  lien  qui  enchaîne  les 
deux  incidentes  à  annum  obsessionis  Badonici  montis.  Modifions  pour  cela 


8  La  date  de  la  naissance  de  Gildas. 

la  ponctuation  de  ce  passage  adoptée  par  tous  les  éditeurs,  et  écrivons-le 

ainsi  : 

«  Et  ex  eo  tempore  nunc  cives  nunc  hostes  vincebant,  usque  ad 
annum  obsessionis  Badonici  montis  novissimaeque  fermé  de  furciferis  non 
minimas  stragis.  Quique  quadragesimus  quartus,  ut  novi,  oritur  annus, 
mense  jam  uno  emenso,  qui  et  meœ  nativitatis  est.  » 

Laissons  de  côté  la  première  partie  de  ce  passage  («  Et  ex  eo  tem- 
pore    non  minimae  stragis  »),  sur  laquelle  il  n'y  a  pas  de  difficulté. 

Et  pour  la  seconde  essayons  une  construction  qui  se  rapproche  le  plus 
possible  du  sens  qu'on  voudrait  lui  imposer.  En  mettant  les  choses  au 
mieux  (même  en  les  forçant  un  peu),  voici  à  quoi  on  arrive  : 

«  Annusque  qui  oritur,  mense  jam  uno  emenso,  quadragesimus  quar- 
tus est,  qui  et  meae  nativitatis.  » 

Ce  qui,  dans  le  système  des  adversaires  de  la  date  donnée  par  Bède, 
doit  se  traduire  ainsi  : 

«  Et  l'année  qui  commence  [actuellement],  depuis  un  mois  passé,  est 
«  la  quarante-quatrième  [après  le  siège  du  mont  Badon],  et  est  aussi 
«  celle  de  ma  naissance.  » 

Non  seulement  les  mots  mis  entre  crochets,  indiquant  le  siège  du  mont 
Badon  pour  point  de  départ  de  la  période  de  quarante-quatre  ans,  sont 
une  addition  gratuite,  nullement  fondée,  au  texte  de  Gildas  ;  mais  on 
fait  ainsi  dire  à  Gildas  qu'il  écrit  le  de  Excidio  l'année  même  de  sa  nais- 
sance ! 

Il  est  donc  bien  évident  que  cette  construction  est  inadmissible,  qu'on 
ne  peut  séparer  la  seconde  incidente,  ni  (par  une  conséquence  forcée)  la 
première,  de  la  phrase  principale  ni  d'annus  obsessionis  Badonici  montis, 
qui  est,  comme  on  l'a  prouvé,  le  véritable  sujet  de  l'une  et  de  l'autre 
incidente. 

Cette  construction,  que  nous  venons  de  tenter,  pour  être  la  plus  favo- 
rable au  système  des  adversaires  de  Bède,  n'en  met  pas  moins  au  grand 
jour  le  vice  incurable  de  ce  système,  —  à  savoir  que  la  deuxième  inci- 
dente (qui  et  mes  nativitatis)  ne  saurait  avoir  un  autre  sujet  que  la  pre- 
mière (quique  quadragesimus  quartus  oritur  annus),  —  en  d'autres  termes, 
que  ce  quadragesimus  quartus  annus  et  le  mea  nativitatis  annus  sont 
nécessairement  une  seule  et  même  année  :  donc,  tournez  la  chose  comme 
vous  voudrez,  si  de  cette  année  quarante-quatrième  vous  faites  l'année 
où  Gildas  a  écrit  son  livre,  vous  dites  et  vous  faites  dire  à  Gildas  qu'il  a 
écrit  son  livre  dans  l'année  de  sa  naissance  :  ce  qui  est  absurde. 

—  Mais  vous-même,  nous  dira-t-on,  comment  entendez-vous  ce 
passage  ? 


La  date  de  la  naissance  de  Gildas.  9 

Pour  toute  réponse  nous  l'allons  traduire  littéralement,  après  avoir 
demandé  la  permission  de  le  reproduire  encore,  afin  d'en  rétablir  la 
vraie  ponctuation,  celle  de  tous  les  manuscrits  et  de  tous  les  éditeurs  : 

«  Et  ex  eo  tempore  nunc  cives  nunc  hostes  vincebant,  usque  ad  annum 
obsessionis  Badonici  montis  novissimaeque  fermé  de  furciferis  non  minimse 
stragis,  quique  quadragesimus  quartus,  ut  novi,  oritur  annus,  mense 
jam  uno  emenso,  qui  et  meae  nativitatis  est.  » 

Traduction  :  «  Et  depuis  ce  temps  (le  temps  d'Ambroise  Aurélienl 
«  tantôt  les  citoyens  (les  Bretons),  tantôt  les  ennemis  les  Saxonsi 
«  avaient  l'avantage,  jusqu'à  l'année  du  siège  du  mont  Badon  et  de  la 
«  grande  déroute  de  ces  brigands  qui  faillit  être  la  dernière  ;  année  qui 
«  étant,  je  le  sais,  la  quarante-quatrième,  commence  depuis  un  mois 
«  passé,  et  est  aussi  l'année  de  ma  naissance.  » 

Tel  que  nous  l'avons,  ce  passage  signifie  cela,  rien  de  plus,  rien  de 
moins  '.  Ce  qui  en  ressort  clairement,  c'est  que  Gildas  voulait  y  marquer 
la  date  de  l'affaire  du  mont  Badon  et  la  date  de  sa  naissance  en  dési- 
gnant l'année  de  cette  bataille  et  de  cette  naissance  comme  la  quarante- 
quatrième  d'une  période  dont  le  point  de  départ  devait  être  quelqu'un 
des  grands  événements  de  l'histoire  de  la  race  bretonne.  Mais,  dans 
l'état  actuel  de  ce  passage,  la  mention  de  cet  événement,  c'est-à-dire 
du  point  de  départ  de  ces  quarante-quatre  ans,  fait  défaut. 

Cette  mention  étant  indispensable  pour  donner  un  sens  complet  à  la 
phrase,  il  est  clair  comme  le  jour  que  ce  texte,  en  l'état  actuel,  est 
altéré,  tronqué,  incomplet. 

III. 

Le  texte  correspondant  de  YHisîoire  de  Bède,  au  contraire,  est  entier, 

1 .  En  regard  de  cette  traduction  littérale  il  est  bon  de  mettre  la  plus  récente  traduc- 
tion inspirée  par  le  système  qui  fait  naître  Gildas  en  çi6.  Elle  est  de  M.  Charles  Elton, 
dans  son  remarquable  ouvrage  Origins  of  English  history  (Londres,  Quaritch,  1882, 
p.  366),  et  ainsi  conçue  :  «  So,  after  the  coming  of  Ambrosius,  sometimes  our  citizens 
«  and  sometimes  the  enemy  prevailed,  until  the  year  of  the  siège  ot  Mount  Badon,  the 
«  last  and  not  the  least  of  our  blows  against  those  brigands  ;  and  this  is  now  the  44th 
«  year,  and  one  month  already  gone,  sinte  the  year  of  the  siège,  in  which  too  I  myself 
«  was  born.  »  —  Pour  justifier  cette  traduction,  il  faudrait  que  la  dernière  partie  du 
texte  de  Gildas  (après  les  mots  «  non  minimae  stragis  »}  portât  :  «  Et  nunc  quadrage- 
«  simus  quartus  oritur  annus,  mense  jam  uno  emenso,  post  annum  obsessionis  Badonici 
«  montis,  qui  et  meae  nativitatis  est.  »  —  Cette  traduction  ne  serait  donc  légitime  qu'au 
moyen  d'une  addition  et  d'une  modification  parfaitement  illégitimes,  constituant  une 
double  altération  du  texte  de  Gildas.  Addition  :  post  annum  obsessionis  Badonici  montis. 
Modification  :  Et  nunc,  substitué  à  quique,  lequel  quique  représente,  comme  on  l'a  vu, 
annum  obsessionis  Badonici  montis  et  rase  ainsi  par  le  pied  tout  système  qui  prétend 
faire  de  quadragesimus  quartus  annus  la  44e  année  après  le  siège  du  mont  Badon. 


io  La  date  de  la  naissance  de  Gildas. 

complet  dans  sa  lettre  et  dans  son  sens,  ainsi  qu'on  peut  s'en  convaincre 

en  le  relisant  : 

«  Et  ex  eo  tempore  nunc  cives  nunc  hostes  vincebant,  usque  ad 
annum  obsessionis  Badonici  montis,  quando  non  minimas  eisdem  hosti- 
bus  strages  dabant,  quadragesimo  circiter1  et  quarto  annoadventus  eorum 
in  Brittaniam.  » 

Ici,  pas  d'obscurité.  Le  point  de  départ  des  quarante-quatre  ans  est 
nettement  marqué,  c'est  l'événement  capital  de  l'histoire  de  la  race  bre- 
tonne au  ve  siècle,  l'arrivée  des  étrangers  sur  le  sol  breton,  le  début  de 
l'invasion  saxonne  :  événement  dont  on  l'a  vu)  le  texte  correspondant 
de  Gildas,  en  l'état  actuel,  ne  souffle  mot. 

Et  cependant  —  cela  est  incontestable  —  Bède  dans  ce  chapitre  ne 
fait  qu'abréger  Gildas.  Comment  expliquer  une  différence  aussi  essen- 
tielle entre  son  abrégé  et  le  document  qu'il  abrège  ? 

Les  adversaires  de  la  date  marquée  par  Bède  donnent  de  cette  diffé- 
rence une  explication,  une  seule,  qui  leur  semble  péremptoire  :  c'est 
que  Bède  s'est  trompé  et  a  mal  compris  Gildas. 

A  l'appui  de  cette  assertion,  ils  rappellent  une  autre  circonstance  où, 
abusé  par  une  métaphore  de  Gildas  prise  de  la  chute  des  feuilles,  Bède 
a  mis  en  automne  la  seconde  expédition  des  Romains  dans  Pile  de  Bre- 
tagne, sur  l'appel  des  indigènes,  contre  les  incursions  scoto-pictiques 
antérieures  à  l'invasion  saxonne  2. 

Dans  cette  dernière  circonstance,  outre  qu'il  n'est  pas  parfaitement 
sûr  que  Bède  ait  tort,  sa  méprise  a  en  tout  cas  une  cause  tangible,  très 
apparente,  qui  lui  sert  d'explication  et  d'excuse.  Cette  méprise  prouve- 
rait seulement  que  Bède  n'est  pas  impeccable. 

Ici,  le  cas  est  tout  autre.  Ce  n'est  point  une  erreur,  une  méprise,  un 
contre-sens,  qu'il  faut  attribuer  à  Bède;  c'est  une  invention  complète. 
Le  passage  de  Gildas,  dans  le  texte  actuel,  ne  renferme  ni  le  moindre 
mot  ni  la  moindre  allusion  ayant  trait  à  l'arrivée  des  Saxons  en  Bretagne  ; 
l'esprit  le  plus  aventureux  n'y  saurait  trouver  le  moindre  prétexte  pour 
faire  de  cet  événement  le  point  de  départ  de  la  période  de  quarante- 
quatre  ans  mentionnée  dans  ce  passage.  Aussi  un  auteur  anglais,  plus 
logique  que  les  autres,  n'osant  cependant  accuser  Bède  d'invention  ni 
de  mensonge,  le  taxe  dans  cette  circonstance  d'hallucination  '. 

i.  Notez  ce  circiter,  qui  indique  que  la  quarante-quatrième  année  n'était  pas  com- 
plète, et  répond    en  abrégé)  au  mense  jam  uno  emenso  du  texte  de  Gildas. 

2.  Cf.  Gildae  Histor.  §  17  édit.  Stevenson,  XIV  édit.  Gale  et  Pétrie;  et  Bedae 
Hist.  ecci,  lib.  1.  cap.  xu. 

}.  «  Pugna  'montis  Badonici;  facta  est  anno  ji6,  secundum  Annales  Cambriœ.  Qu°d 
vero  Beda  hallucinatus  fuerit,  omnesfere  nunc  consentiunt.  »  Note  sur  Bède  dans  Monum. 
Histor.  Brit.,  I,  p.  122,  noterf.) 


La  date  de  la  naissance  de  Gildas.  1  i 

Mais  Bède,  de  l'aveu  de  tous  les  critiques,  est  l'un  des  auteurs  les 
plus  savants,  l'un  des  historiens  les  plus  véridiques,  les  plus  sincères, 
les  plus  judicieux  de  tout  le  moyen  âge.  Contre  un  tel  homme,  l'accusa- 
tion d'hallucination  est  aussi  inadmissible  que  celle  d'invention  et  de 
mensonge. 

Donc,  ces  prétendues  explications  n'expliquent  rien. 

En  réalité,  pour  que  Bède  se  soit  permis  de  placer  l'affaire  du  mont 
Badon  quarante-quatre  ans  après  la  venue  des  Saxons  en  Bretagne,  il  faut, 
ou  qu'il  ait  connu  cette  date  en  dehors  de  Gildas  par  ses  recherches  et 
ses  informations  personnelles,  alors  son  autorité  l'emporte  de  haute  lutte 
sur  celle  des  Annales  Cambrix  ;  — ou,  ce  qui  est  bien  plus  probable, 
qu'il  ait  eu  sous  les  yeux  un  texte  de  Gildas  contenant  ce  renseignement. 

Le  texte  actuel  de  Gildas  dans  ce  passage  —  nous  l'avons  prouvé  — 
ne  forme  pas  un  sens  complet.  Il  y  a  donc  là  certainement,  par  la  faute 
des  copistes,  quelques  mots  omis,  qui  devaient  servir  à  compléter  le 
sens,  c'est-à-dire  à  indiquer  le  point  de  départ  de  la  période  de  qua- 
rante-quatre ans  mentionnée  par  l'auteur. 

Ces  mots,  aujourd'hui  perdus,  se  trouvaient  nécessairement  dans  le 
texte  primitif,  original,  du  de  Excidio. 

Bède,  né  cent  ans  à  peine  après  la  mort  de  Gildas",  avait  sans  nul 
doute  entre  les  mains  ce  texte  complet  et  original  ;  il  y  trouva  nécessai- 
rement la  mention  destinée  à  indiquer  le  point  de  départ  de  la  période 
de  quarante-quatre  ans  et  la  date  de  la  bataille  du  mont  Badon,  et  néces- 
sairement aussi  il  la  reproduisit  dans  son  abrégé. 

Une  dernière  preuve  —  très  décisive  —  que  les  mots  adventus 
eorum  in  Britanniam,  conservés  par  Bède,  existaient  primitivement  dans 
le  texte  de  Gildas,  c'est  qu'ils  y  ont  leur  place  marquée,  qu'ils  s'y  logent 
d'eux-mêmes,  sans  avoir  à  changer  une  syllabe,  et  lui  donnent  immédia- 
tement un  sens  clair  et  complet.  On  va  en  juger  : 

«  Et  ex  eo  tempore  nunc  cives  nunc  hostes  vincebant,  usque  ad 
annum  obsessionis  Badonici  montis  novissimaeque  fermé  de  furciferis  non 
minimae  stragis,  quique  quadragesimus  quartus  adventus  eorum  in  Britan- 
niam, ut  novi,  oritur  annus,  mense  jam  uno  emenso,  qui  et  meae  nativi- 
tatis  est2. 

i.  Gildas  mourut  en  570.  Bède,  né  en  672,  mort  en  735,  écrivit  ses  ouvrages  de 
702  à  731. 

2.  Traduction  de  ce  passage,  avec  les  quatre  mots  restitués  d'après  Bède,  qui  com- 
plètent le  sens  :  «  Et  depuis  ce  temps  la  victoire  favorisait  tantôt  les  indigènes  et  tantôt 
nos  ennemis,  jusqu'à  l'année  du  siège  du  mont  Badon  et  de  la  grande  déroute  de  ces 
brigands  qui  faillit  être  la  dernière  ;  année  qui  est,  je  le  sais,  depuis  leur  arrivée  en  Bre- 
tagne la  quarante-quatrième,  dont  un  mois  avait  déjà  passé,  et  qui  est  aussi  l'année  de 
ma  naissance.  » 


1 2  La  date  de  la  naissance  de  Gildas. 

Quant  aux  manuscrits  actuels  de  Gildas  —  par  où  il  faut  entendre 
et  ceux  qui  existent  encore  et  ceux  qui  ont  servi  pour  les  éditions  du 
de  Excidio  antérieures  à  notre  siècle,  —  s'ils  sont  en  ce  passage  comme 
en  bien  d'autres  fautifs  et  incomplets,  il  n'y  a  nullement  à  s'en  étonner  : 
aucun  n'est  plus  vieux  que  le  xnc  siècle  '. 

IV. 

Résumons  en  quelques  mots  cette  discussion. 

i"  La  phrase  de  Gildas  où  se  trouvent  les  mots  quadragesimus  quartus 
oritur  annus,  n'indiquant  pas  le  point  de  départ  de  cette  période  de  qua- 
rante-quatre ans,  est,  dans  l'état  actuel,  tronquée  et  incomplète. 

2°  L'opinion  qui  voit  dans  la  bataille  du  mont  Badon  le  point  de 
départ  de  cette  période  et  dans  le  quadragesimus  quartus  annus  l'année 
où  écrivait  Gildas,  cette  opinion  n'est  pas  soutenable;  car,  d'après  les 
exigences  grammaticales,  ce  quadragesimus  quartus  annus  est  forcément 
le  même  que  le  nativitatis  mes  annus,  et  par  suite  on  fait  dire  à  Gildas 
qu'il  écrit  le  de  Excidio  l'année  de  sa  naissance. 

3°  L'introduction  des  mots  adventus  eorum  in  Britanniam  dans  le  texte 
correspondant  de  Bède  ne  peut  être  due  à  une  erreur  d'interprétation  du 
texte  actuel  de  Gildas,  car  ce  texte  n'offre  pas  le  moindre  prétexte  à  une 
telle  erreur. 

4°  Le  caractère  de  Bède  ne  permet  pas  de  voir  là  une  addition  gra- 
tuite, c'est-à-dire  une  invention  de  sa  part. 

5°  Mais  Bède  avait  certainement  un  texte  de  Gildas  complet,  c'est-à- 
dire  contenant  l'indication  (aujourd'hui  absente)  du  point  de  départ  de 
la  période  de  quarante-quatre  ans  ;  les  quatre  mots  adventus  eorum  in 
Britanniam  contiennent  justement  cette  indication,  ils  s'adaptent  parfai- 
tement à  la  phrase  de  Gildas  et  ils  en  achèvent  le  sens  de  la  façon  la 
plus  naturelle  :  comment  douter  que  Bède  —  qui  dans  ce  chapitre  fait 
profession  d'abréger  Gildas  —  ne  les  ait  trouvés  dans  le  texte  primitif, 
complet,  du  de  Excidio  ? 

6°  Ce  n'est  donc  pas  Bède  seulement,  c'est  Gildas  lui-même  qui  assi- 
mile l'année  de  sa  naissance  et  celle  de  l'affaire  du  mont  Badon  à  la 
quarante-quatrième  année  après  la  venue  des  Saxons  en  Bretagne,  c'est- 
à-dire  à  493  ;  et  dès  lors  cette  date  doit  être  sans  hésitation  préférée  à 
celle  de  5 16  des  Annales  de  Cambrie. 

i .  On  ne  connaît  aujourd'hui  en  Angleterre  que  deux  manuscrits  de  Gildas,  sur  lesquels 
Stevenson  et  Pétrie  ont  donné  leurs  éditions,  tous  deux  dans  la  bibliothèque  de  l'univer- 
sité de  Cambridge,  l'un  du  xnie  siècle,  coté  F.  f.  i.  27  ;  l'autre,  coté  D.  d.  i.  17,  de  la 
fin  du  xivc  ou  du  commencement  du  xve. 


La  date  de  la  naissance  de  Gildas.  1 5 

7n  Si,  par  impossible,  Bède  n'a  pas  trouvé  cette  date  dans  le  texte 
primitif  du  de  Excidïo,  —  comme  on  ne  peut  lui  imputer  de  l'avoir 
inventée,  —  il  faut  qu'il  l'ait  tirée  de  ses  recherches  et  de  ses  informa- 
tions propres;  dès  lors  l'autorité  personnelle  de  Bède,  très  supérieure  à 
celle  du  compilateur  des  Annales  de  Cambrie,  doit  encore  faire  prévaloir 
la  date  de  493  sur  celle  de  516  : 

8"  D'autant  plus  que,  sur  l'affaire  du  mont  Badon,  l'Annaliste  cam- 
brien  ne  s'est  renseigné  qu'auprès  de  Nennius  et  de  ses  interpolateurs, 
et  encore  avec  tant  de  négligence  qu'il  a  mêlé  ensemble  cette  bataille  et 
celle  de  Guinnion; 

90  D'autant,  surtout,  que  la  date  de  5 16,  appliquée  à  la  naissance  de 
Gildas,  est  repoussée  (nous  l'avons  vu)  par  plusieurs  circonstances  bien 
avérées  de  la  vie  de  ce  saint,,  entre  autres  par  ses  relations  avec  saint 
lltud,  sainte  Brigite,  saint  Finnian  de  Clonard,  relations  qui  au  contraire 
s'accordent  très  bien  avec  la  date  de  493. 

Arthur  de  la  Borderie. 


NOTES  ON  THE  LANGUAGE 

OF  OLD  WELSH  POETRY. 


Some  exceedingly  good  articles  on  the  peculiarities  of  the  grammar  of 
old  Welsh  poetry  were  published  in  1872  and  1873  in  the  Archsologia 
Cambrcnsis  by  Professor  Evander  Evans,  but  îhey  were  eut  short  by  his 
untimely  death.  Since  then  nothing  of  the  kind  has  been  printed  so  far 
as  I  know,  excepting  that  the  Cymmrodorion  Society  hâve  begun 
publishing  Thomas  Stephens's  work  on  the  Gododin.  In  response  to  the 
Editor  of  the  Revue  Celtique's  pressing  invitation  I  hâve  undertaken  to 
put  the  following  jottings  together. 

I.  Certain  verb  forms  in  \,  ydd  and  y. 

1.  As  some  Welsh  nouns  make  their  plurals  indifferently  in  i  or  ydd, 
such  as  tref,  a  town,  plural  trefi  or  trefydd  and  plwyf,  a  parish,  plural 
pJwyfi  or  phvyfydd,  so  also  i  and  ydd  are  used  as  équivalents  in  verbs  in 
the  old  poetry.  Thus  in  the  Book  of  Taliesin  '  (p.  184)  \ve  hâve  : 

Uryen  yr  ech6yd. 

Haelaf  dyn  bedyd. 

Llia6s  a  rodyd 

Y  dynyon  eluyd. 
Urien  of  the  West, 
Most  generous  of  Christians, 

1 .  The  références  are  to  the  second  volume  of  Skene's  Four  Ancient  Books  of  Wales 
but,  thanks  to  the  generosity  of  W.  R.  M.  Wynne.  Esq.  of  Peniarth,  since  thèse  remarks 
hâve  gone  through  the  printer's  hands,  I  hâve  had  facilities  for  collating  the  printed 
texts  from  the  Black  Book  and  the  Book  of  Taliesin  with  the  original  manuscripts  : 
1  hâve  done  the  same  with  the  Red  Book  ;  and  I  may  also  state  hère  that  this  paper 
was  perused  by  Mr.  Stokes,  so  that  I  am  kindly  permitted  to  add  some  valuable  notes 
and  suggestions  of  his. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsli  poetr\ .  1  ) 

Much  dost  thou  give 
To  the  men  of  the  world. 

The  final  words  would  now  be  echwydd,  bedydd,  and  elfydd,  excepting 
rodyd  which  would  hâve  to  be  rodai  'givest'.  But  this  équivalence  of  i 
and  \dd  is  not  confined  to  the  second  person,  as  we  hâve  it  frequentiy  in 
bi,  'erit',  now  always  written  and  pronounced  bydd.  Take  for  instance 
the  following  couplet  in  the  Book  of  Tal.    p.  148   : 
G6raged  a  ui  ffraeth. 
Eillon  a  ui  kaeth. 
Women  will  be  loquacious. 
Swains  shall  be  captive. 
So  in  the  compounds,  one  of  which  occurs  in  the  same  book  p.  205 
in  the  line  Gythuet  Un  x  a  dyui,  (i.  e.  dythuet  lin  dec  a  dyuï)  'an  eighth 
will  corne,  a  man  of  fair  lineage'.  Thèse  are  the  words  which  led 
Mr.  Skene  to  invent  a  phantom  dynasty  called  by  him  ce  Kings  of  the 
Line  of  Dyfi  or  Dovey  ». 

In  the  old  poetry  bi  and  bydd  are  used  according  to  the  bard's  whim 
or  the  convenience  of  the  rhyme.  Both  i  and  ydd  represent  hère  a  ja  for- 
mation the  corresponding  Irish  form  being  bia  'erit'.  It  is  probable  that 
i  is  as  old  a  représentative  of  the /a  termination  in  Welsh  as  ydd,  which 
suggests,  that  the  endings  of  such  abstract  nouns  as  diogi  'laziness'  and 
llawenydd  'gladness',  stand  for  one  and  the  same  ancient  affix.  In  the 
case  of  trefi  and  trefydd  and  the  like,  the  abstract  noun  terminations 
hâve  simply  been  used  to  supply  Welsh  with  plurals,  where  the  vowel 
changes  did  not  suffice  after  the  old  plural  terminations  had  disappeared. 
But  before  leaving  this  point  it  may  be  worth  our  while  to  mention 
the  fact  that  some  verbs  appear  to  hâve  at  times  had,   besides  i  and 
ydd,  an  intermediate  termination  y  given  them.  I  hâve  in  view  the  fol- 
lowing instance  in  the  Black  Book  of  Carmarthen  'p.  57    : 
Mi  rryd  adwaen  y  gurhj 1 
ametev  tan  a  gveli. 
tec  a  chuec  y  diwedi. 
I  know  not  the  bold  man. 
That  owns  hearth  and  bed  — 
Fair  and  sweet  thou  speakest. 

The  words  hy  and  gveli  are  now  hy  and  givcly,  while  the  verb  has  to 
be  written  dywedi  'sayest'.  Dywedy  which  is  the  form  required  by  the 
rhyme,  reminds  one  of  the  dialect  of  a  part  of  Dyfed  where  such  words 

1.  The  y  is  usually  dotted  in  the  Black  Book  and  in  that  of  Aneurin,  but  less  fre- 
quentiy in  the  Book  ofTal.  than  Mr.  Skene  makes  it  appear. 


i6  Noies  on  ihe  language  ofold  Welsh  poetry. 

as  newydd  are  prononced  neny,  etc.  Whether  this  implies  an  ancient 

pronunciation  newi  or  is  a  shortening  of  newydd  it  is  not  easy  to  décide, 

since  y  in  such  positions  has  the  sound  of/  in  that  part  of  the  Princi- 

pality. 

2.  The  old  poems  not  unfrequently  give  instances  of  an  /  termination 
in  the  imperfect  tense,  where  we  now  hâve  ai  for  an  older  ei  :  several 
instances  in  point  will  be  found  in  a  short  poem  in  the  Book  of  Aneu- 
rin  (p.  90): 

Ef  gelwi  gwn  gogyhwc 
He  used  to  call  his  dogs... 
and 

Eff  lledi  bysc  )ng  corwc. 
He  used  to  kill  fish  in  his  coracle. 

Hère  gelwi  and  lledi  might  also  hâve  been  written  gelwei  and  lledei, 
which  would  now  be  gahvai  and  lladdai.  Neither  is  this  option  confined 
to  the  verb  :  the  prepositional  words  ami  'on  her',  ohoni,  'from  her', 
are  found  written  in  old  Welsh  arnei  and  ohonei  ;  but  hère  it  is  the 
diphthong  that  has  to  give  way,  as  ami  and  ohoni  are  the  only  forms  now 
intelligible.  But  thèse  prépositions  probably  take  their  endings  from  the 
verbs  and  the  i  in  such  forms  as  lledi  belongs  to  the  ja  conjugation, 
while  the  ei  of  the  others  strictly  appertains  to  the  a  conjugation  :  the 
remaining  conjugation  or  the  consonantal  one  was  effaced  by  being 
mostly  made  to  take  the  terminations  of  the  a  one  as  in  pryneit  'emeba- 
tur'  (Mabinogion,  IIII,  p.  153)  for  prin-at-ja  :  eventually  this  was  also 
given  up  for  the  ja  form,  since  it  is  now  prynid  for  prin-it-ja,  id  being 
in  fact  the  only  ending  hère  recognised  in  Modem  Welsh. 

II.  Some  Welsh  Perfecls. 

Those  verbs  may  take  the  lead,  which  hâve  this  tense  marked  only 
by  the  lengthening  of  the  vowel  :  take  first  those  of  them  that  hâve  e  in 
the  présent  and  aw  (for  a\  in  the  perfect,  such  as  (1)  rhedeg  'currere'. 
This  enters  into  the  compound  gwaredu  'succurere',  the  perfect  of 
which  is  to  be  found  in  the  Book  of  Tal.  (p.  126)  :  Ryn  g6ara6t  y  Irin- 
da6l  or  tralla6t  gynt,  'The  trinity  delivered  us  from  the  affliction  of 
yore1.  It  also  occurs  in  the  Black  Book  (p.  1 3)  where  we  hâve  in  a  line 
to  be  mentioned  later  the  words  Duu  anguaraud,  'God,  who  delivered 
us'.  A  still  older  form  occurs  in  one  of  the  triplets  in  the  Juvencus 
Codex  p.  [)  : 


Notes  on  the  language  0/  old  Welsh  poetry.  1 7 

Gur  dicones  remedau 

Elbid  anguorit  anguoraut 

Niguru  [read  nigaru]  gnim  molim  trintafut]. 

He  who  made  the  massive  (?)  world 
Will  succour  us  —  he  has  succoured  us  : 
No  rough  toil  is  it  to  praise  the  Trinity. 

The  Félire  of  Oengus  published  by  Mr.  Stokes  contains  instances  of 
the  corresponding  Irish  forms  such  as  foraith  or  foraid  of  the  same 
meaning  and  formation  as  guaraud.  Still  more  interesting  is  the  simplex 
raith  'ran',  i.  e.  rdiîh  :  see  Jan.  6,  15,  Sep.  18,  19.  Professor  Win- 
disch  gives  the  third  person  of  the  plural  as  do  rertatar  'they  ran',  with 
the  reduplication  retained  :  see  his  Ir.  Gram.  p.  75.  It  is  not  improbable 
that  we  hâve  the  perfect  of  two  other  Welsh  compounds  of  this  verb  in 
the  Book  of  Tal.  pp.  134,  135,  where  the  words  amgyffra6d  and  gogy- 
ffra6t  respectively  occur  ;  but  the  passages  are  obscure. 

2.  Another  instance  of  a  verb  with  e,  in  the  présent  and  aw  in  the 
perfect  is  dywedyd  dicere',  with  its  old  perfect  dywawî  or  dywawd  'dixit': 
this  occurs  for  instance  in  the  Black  Book  (p.  1 5),  and  in  the  Book  of 
Tal.  (p.  120)  ;  but  as  aw  in  such  positions  was  liable  to  give  way  to  0, 
we  hâve  oftener  perhaps  dywod  as  in  the  Black  Book,  pp.  23,  27. 
With  the  modem  préférence  for  wa  over  wo  the  word  is  still  used  in 
Gwynedd,  as  dywad  :  in  the  Snowdon  district  I  hâve  often  heard  it  used 
in  such  a  sentence  as  Pwy  ddywad  hyny,  'Who  said  that  ?'. 

3.  Next  corne  verbs  with  a  root  which  appears  in  the  présent  indica- 
tive as  wg  and  in  the  perfect  as  âg,  formerly  ûc  and  ùc  respectively. 
The  best  known  is  dwg,  which  means,  'brings,  bears,  carries'  and 
colloquially  'steals',  with  a  perfect  dâg  'tulit'  ;  but  the  infinitive  is  dwyn 
which  implies  a  stem  of  the  form  ûgn.  Dwyn  is  treated  as  a  simple  verb 
for  the  formation  of  further  compounds  such  as  dyddwyn,  the  perfect  of 
which  occurs  in  the  Book  of  Tal.  p.  m,  also  p.  179,  where  the  fol- 
lowing  line  occurs  : 

D^duc  oeir  deill  abydeir  0  pop  aelet, 
He  brought  by  his  word  the  blind  and  the  deaf  from  every  affliction. 

4.  Another  compound  is  amwyn  'to  contend  on  behalf  of,  to  défend 
or  protect'.  The  présent  in  its  old  form  was  am6c  as  in  the  Book  of  Tal. 
p.  149  :  An  ren  du6  an  ry  amGc  'May  God,  our  Lord,  défend  us1.  The 
perfect  amuc  occurs  in  the  Black  Book,  p.  1 3  : 

Duu  anamuc.  Duu  angoruc.  Duu  anguaraud, 
'God  has  defended  us,  who  made  us,  who  succoured  us'. 
Rev.  Celt.  VI  2 


1 8  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poeîry. 

The  infinitive  amvin  will  be  found,  for  instance,  in  the  Black  Book, 
pp.  18,  24,  jij  52.  Besides  thèse  and  more  common  forms,  there  was 
a  t  preterite,  that  is  to  be  mentioned  presently. 

5.  To  the  same  root  is  probably  to  be  referred  the  perfect  guoruc, 
which  cornes  down  into  modem  Welsh  as  gorug  'fecit'.  But  no  related 
forms  such  as  gonvg  or  gonvyn  are  known  to  me;  nor  does  Irish  seem  to 
offer  an  instance  of  the  compound  that  should  correspond  to  it  '. 

6.  The  simple  form  will,  1  think,  be  recognized  in  the  6c  which  occurs 
in  the  Book  of  Tal.  pp.  148,  9  : 

Megedorth  run  vssef  a  6c. 

R6g  kaer  rian  achaer  ry6c. 

R6g  dineidjn.  a  dineid6c. 

Eglur  dremynt  awyl  gol6c. 

Rac  ryna6t  tan  dychyfr6y  in6c. 

An  ren  du6  an  ry  am6c. 
It  is  the  funeral  pile  of  Rhun,  that  takes  away 
(Betvveen  Caer  Rian  and  Caer  Rywc, 
Between  Dineidyn  and  Dineidwc) 
The  clear  vision  that  sight  gives  : 
From  much  fire  smoke  ascends  (?). 
May  God,  our  Lord,  protect  us  ! 

The  simple  form  is  also  known  in  Irish,  as  for  instance  in  ro-uic 
'tulit'  Wb.  27  a  ;  but  it  is  mostly  compounded  with  the  prefix  do  as  in 
amal  do-n-uic  'ut  protulit',  Gram.  Celtica,  462,  and  daucci,  dahucci, 
tuicci  occur  in  the  same,  12  c,  1 2  d,  13  a.  Thelater  Irish  form  is  tuigim 
'I  undersland',  whence,  as  Mr.  Stokes  points  out,  the  English  slang  to 
twig.  I  am  not  aware  that  a  perfect  of  the  same  formation  as  the  Welsh 
one  has  been  found  in  Irish.  Lastly  there  is  some  difficulty  as  to  the 
original  form  of  the  root  :  at  first  sight  it  would  seem  to  hâve  been  une 
possibly  ne,  but  as  we  hâve  hère  an  Irish  c  (or  ce)  equated  with  Welsh  c 
(liable  to  be  reduced  to  g),  it  is  more  likely  to  hâve  been  ung,  whilethe 
infmitives  dwyn  and  amwyn  postulate  ugn2.  On  looking  about  as  to  what 

1 .  But  we  seem  to  hâve  another  compound  of  the  same  root  in  the  Welsh  cychivyn 
'a  start,  to  start,'  in  the  Black  Book,  p.  24,  kyhuin,  where  the  h  may  hâve  been  evolved 
by  the  accent,  once  probably  pbced  on  the  root.  A  parallel  offers  itself  in  buchedd  'a 
life',  in  the  Black  Book,  p.  22,  buhet,  i.  e.  buhedd,  Breton  buhez  or  buez.  It  is  probably 
to  be  equated  with  the  Sanskrit  jivya  'life'.  The  passage  of  h  into  ch  is  not  unknown  in 
Welsh,  as  in  cyhyd  'so  long  as',  variously  made  into  cychyd  and  cyd  in  the  colloquial. 

2.  I  should  like  to  equate  with  this  the  0.  Irish  uain  in  the  gloss  on  benignas  in 
Wb.  3 1  c,  where  we  hâve  the  words  ocuain  et  airlicud,  and  to  compare  buain  the  infi— 
nitive  of  bongaim  'I  break  or  eut',  comboing  'confringit'.  But  the 'original  meaning  of 
uain  is  too  uncertain  :  see  Gram.  Celtica,  pp,  1040,  22,  and  634  (not  in  Gùterbock)  ; 
also  the  Sup.  to  O'Reillys  Dict.  s.  v.  airkcud  and  Stokes  in  Kuhn's  Beitr.  VIII,  JJ9, 
where  uain  is  equated  with  wvï),  Skr.  vasna-m. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  1 9 

verbs  in  the  related  languages  this  is  cognate  with,  I  find  none  agreeing 
so  well  in  point  of  meaning  and  of  stem  variation  as  the  German  fangen  : 
perhaps  one  may  add  the  Latin  pango,  and  the  Greek  wi^fwjit,  on 
which  the  reader  should  consult  Prof.  Joh.  Schmidt's  Vocalismus,  I. 
p.  146.  The  same  phonetic  relation  that  exists  between  dwg  and  dwyn 
is  to  be  found  in  another  group  of  words,  namely  those  involving  llwg  (for 
an  older  lue)  as  in  amlwg  'conspicuous',  cyflwg  and  eglwg,  the  same,  and 
golwg  'sight,  eyesight'.  For  with  thèse  must  be  ranged  in  point  of  etymo- 
logy  the  imperative  atohvg  or  adolwg  'prythee',  adolwyn  'to  implore',  the 
idea  involved  probably  being  that  of  looking  favourably  on  :  this  is  some- 
what  confirmed  by  the  fact  that  erdolwg  was  used  in  the  same  sensé  as 
atohvg,  though  it  is  probably  to  be  analysed  into  er-dy-olwg  'by  thy 
sight,  by  the  light  of  thine  eyes!'  Probably  cyflwyno  'to  présent  to 
one'  is  to  place  the  gift  before  one,  the  verb  being  as  it  would  seem 
cognate  with  cyflwg,  an  obsolète  word  meaning  visible  or  conspicuous. 
Cynllwyn  'to  lie  in  wait'  suggests  itself  as  another  of  the  group,  but  I 
am  in  doubt,  whether  it  be  not  a  word  formed  from  llwyn  'a  grove  or 
bush'  under  the  influence  of  such  words  as  the  Eng.  ambush  and  Ital. 
imboscare.  The  perfect  of  Ihvg  should  be  llùg  but  I  am  not  aware  that  it 
occurs  ;  however  a  word  with  the  same  vowel  offers  itself  in  llùg,  which 
Davies  gives  as  a  noun  meaning  light  ;  but  I  am  not  sure  that  it  was 
not  rather  an  adjective  meaning  bright.  As  far  as  concerns  cognâtes  the 
Latin  lux,  lïïceo,  and  lûcesco  would  seem  to  corne  nearest  in  point  of 
meaning  ;  but  in  point  of  phonology  the  Sanskrit  verbal  root  raj ,  ranj, 
the  original  meaning  of  which  is  said  to  hâve  been  that  of  colouring  or 
becoming  red,  seems  to  afford  a  better  parallel. 

7.  The  most  common  of  ail  Welsh  perfects  is  of  course  that  of  the 
verb  'to  be',  which  I  give  at  length  with  the  other  Brythonic  forms  [Gr. 
Celt.  pp.  $62,  3)  together  with  the  Irish  ones  : 


Welsh 

Cornish 

Breton 

Irish 

1  buum,  bùm. 

2  buost. 

1  fuef,  fuf,  vej. 

2  fues,  ves. 

1  viof,  viouf. 
2 

1  bd. 

2  bd. 

3  bu. 

3  bue,fue. 

3  voe,  voue. 

3  bai,  bdi. 

1  buom,  buam. 

2  buoch. 

3  buont,  buant  '. 

1  fuen. 

2  fugh,  fcugh. 

3  vons,  fons. 

1  viomp. 

2  vioch 

3 

1  bdmmar. 

2  bdid. 

3  bdtar. 

I.  Buost  cornes  in  the  Black  Book,  pp.  8,  48,  and  buum,  p.  $s,  also  at  p.  20  in 
trafuvm  fprinted  by  Skene  îrafu  vm ),  i.  e.  tra  fuum  'while  I  was',  while  buam  occurs  in 
Williams'  Seint  Greal,  p.  32,  and  in  darfvam  in  the  Black  Book,  p.  $9. 


20  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetrx. 

The  Cornish  and  Breton  forms  are  found  mostly  in  positions  where 
the  b  had  to  be  mutated  into  v  (written  also  f]  ;  so  for  our  présent  pur- 
pose  they  may  be  treated  just  as  if  they  were  buev,  bues,  bue,  etc.,  and 
biov,  boe,  boue,  etc.,  respectively.  The  first  person  singular  of  the  Welsh 
probably  involves  the  first  personal  pronoun  represented  by  the  final  m 
of  bùm;  but  it  is  not  clear  why  that  was  not  mutated  into  v  (or/)  as 
was  done  in  the  Cornish  buev  and  the  Breton  biov  or  biouv  :  further 
thèse  last  suggest  that  bùm  is  a  contraction  of  buom  and  in  fact  buotn 
'fui'  or  more  usually  buom-i  (accented  on  the  u)  is  a  living  word,  which 
I  hâve  heard  both  in  South  and  in  North  Wales.  It  may  be  added  that 
the  relation  between  Welsh  bùm  and  Breton  biov  is  the  same  in  point  of 
vowels  as  that  between  the  Welsh  buch-od  'cows'  [buwch  'cow'),  and  the 
Breton  bioc'h  'cow'.  Then  as  to  the  second  person  buost,  this  is  doubt- 
less  to  be  analysed  into  buos-t  with  the  t  of  the  second  personal  pronoun 
attached  :  in  fact  the  entire  pronoun  ti  'thou',  or  te  as  it  is  written  in 
the  Black  Book,  is  employed,  as  for  instance  in  ceuntoste  'cecinisti'  and 
awdosti  'num  novisti',  which  will  be  mentioned  again  presently.  Thus 
buost  is  found  to  stand  for  buost i  of  which  the  verbal  portion  is  buos,  the 
counter  part  of  the  Cornish  bues  (fues,  ves),  excepting  in  the  vowel  pre- 
ceding  the  s,  and  that  was  doubtless  fixed  more  or  less  by  the  analogy 
of  the  other  persons,  such  as  buom,  buoch,  etc.  But  the  colloquial  of 
parts  of  South  Wales  has  the  form  bues-ti  for  buost\,  or  rather  bïes-ti  as 
it  is  there  pronounced.  It  is  not  improbable  then  that  in  the  s  of  buos-t 
and  bïes-ti  we  hâve  the  représentative  of  the  st  of  the  Latin  fuisti,  ceci- 
nisti,  and  the  like;  but  this  leaves  the  question  unanswered,  how  it 
is  that  the  corresponding  Irish  form  is  bâ  and  not  bas.  Possibly  Welsh 
was  more  retentive  of  the  final  sibilant  than  Irish  :  compare  the 
Welsh  gwares  'may  (he)  rescue'  and  the  Irish  tair  'veniat'  of  the  same  s 
formation  as  tairset  'venient'.  One  of  the  most  important  points  about 
the  perfect  of  the  verb  'to  be'  is  the  fact  that  it  has  exercised  consi- 
dérable influence  over  the  form  of  the  past  tenses  of  other  verbs. 

8.  Hère  should  be  mentioned  a  perfect  goreu  'fecit'  ;  butit  will  be  more 
convenient  to  discuss  it  after  some  of  the  related  forms  of  the  t  preterite 
hâve  been  touched  upon. 

9.  The  verb  with  the  infinitive  gwybod  for  gwydd-bod'i  'savoir'  has  a 
présent  perfect  like  its  German  équivalent  wissen  'to  know1;  thus  gwydd- 
ost  is  '(du)  weisst',  gwyddom  '(wir)  wissen'  and  so  with  the  rest  of  the 
plural.  But  the  singular  is  very  patched,  as  will  be  seen  from  the  fol- 
lowing  forms  [Gram.  Cell.  pp.  602-4)  : 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  2 1 

Welsh  Cornish  Breton 

i  gwnn,  gwn  i  gon,  [g)won  i  goun,  (now  gouzonn), 

2  gwyddost  2  [g\wothes,  [g)woîhas  2  gousot,  (now  gouzoud). 

3  gwyr  3  [gwor.  3  goar. 

Let  us  begin  with  the  apparent  ciiscrepancies  between  the  three  lan- 
guages  :  the  Breton  gousot,  later  gouzoud,  owes  its  ending  to  the  ana- 
logy  of  s  preterites,  and  further  regularity  seemed  to  be  introduced  by 
changing  goun  in  the  modem  language  into  gouzonn.  In  modem  Welsh 
forms  like  gwyddost,  beginning  with  gwydd-,  hâve  their  w  treated  as  a 
semi-vowel,  but  I  strongly  suspect  that  the  wy  in  them  was  formerly  a 
diphthong  as  it  still  is  in  gwyr  ;  for  there  is  a  tendency  in  Welsh  to 
reduce  the  diphthong  wy  into  the  semi-vowel  plus  y  in  words  of  more 
than  one  syllable.  That  this  has  taken  place  hère  is  probable  both  from 
the  diphthong  still  holding  its  place  in  the  noun  gwydd  in  the  phrase  yn 
ei  wydd  'in  his  sight  or  présence',  and  from  the  Breton  hère  having 
gous-  or  gouz-,  whereas  it  usually  gives  gwes-  or  gwez-  where  we  should 
hâve  gwydd-  with  w  semi-vowel  :  however  assonances  cught  to  befound 
in  old  Welsh  poetry  to  décide  the  question.  Now  if  the  wy  was  for- 
merly a  diphthong  in  gwyddost,  gwyddom  then  we  hâve  hère  wed  of  the 
same  origin  as  the  vld  (of  the  etymologically  corresponding  Latin  verb) 
in  ruiisti  and  vldimus  '.  Gwnn,  now  written  gwn,  I  should  regard  as  stan- 
ding for  gwenn,  just  as  gwr  cvir'  stands  for  gwer  as  would  seem  to  be 
proved  by  the  Old  Irish  form  fer  'a  man'  ;  gwenn  in  its  tum  would  hâve 
to  be  taken  as  immediately  derived  from  vinda  or  winda,  a  curtailed 
form  of  ve-vinda  obtained  by  reduplication.  The  stem  vind  appears  to 
hâve  been  a  by  form  of  vid  'to  see,  to  know'.  This  verb  occurs  in  Old 
Irish  as  m  finnad  'sciât'  and  other  forms given  in  theCr.  Celtica,  p.  $02, 
and  in  the  Gl.  to  Windisch's  Ir.  Texte,  s.  v.  finnaim  :  see  also  the 
remarks  on  fin natar  in  Zimmer's  Kelt.  Studien,  pp.  39,  42.  Lastly  gwyr 
calls  for  some  remarks,  but  I  defer  them  till  the  déponents  are  brought 
under  the  reader's  notice. 

10.  Adwaen  a  présent  perfect  of  the  same  origin  and  signification  as 
the  Latin  novi  fox  gnovi),  is  the  next  to  be  mentioned.  Its  formation  dif- 
fers  from  that  of  the  Latin  verb  and  it  is  somewhat  difficult  to  explain. 
I  should  analyse  it  into  ad-wa-en  for  an  older  at-gwo-gn-  ;  but  the  cor- 
responding compound  is  not  known  in  Irish,  where  aith-gén  (without 
the  fo  intervening,  which  should  answer  to  our  gwo)  means  exactly  the 

1.  It  may  be  questioned,  however,  whether  such  a  form  as  gwddam  be  not  older 
than  gwyddom  :  if  it  be,  it  would  imply  a  thème  [vi)veda  for  vivifia. 


il  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

same  thing  as  adwaen.  Further  I  hâve  not  met  in  Welsh  with  the  simpler 
compound  gwo-gn-,    though   gwo  is  found  prefixed  to  the  somewhat 
synonymous  root  vid  which  yields  gwn  'scio'  already  mentioned,  and 
forms  with  it  gwo-gwn.  This  seems  to  hâve  meant  indifferently  'je  sais' 
and  'je  connais',  as  in  a  poem  in  the  Book  of  Tal.,  where  it  occurs 
a  good  many  times  as  in  the  lines  (p.  1 34)  : 
Auon  kyt  beryt. 
Gogôn  yg6rhyt. 
Gog6n  pan  dyuein6. 
Gog6n  pan  dyleinô. 
The  river,  though  it  rage, 
I  know  its  valour, 
I  know  when  [?  why]  it  ebbs, 
I  know  when  [?  why]  it  fills. 

Or  in  this  on  the  same  page  —  Gog6n  da  a  dr6c  'I  know  good  and 
evil'.  So  far  I  had  supposed  adwaen  to  be  derived  from  adwoen  in  the 
same  way  that  dywod,  already  mentioned,  has  yielded  dywad;  but  I  had 
no  instance  of  adwoen,  atwoen  or  atgwoen,  until  my  eye  accidentally  fell 
on  the  opening  lines  of  a  poem,  ascribed  to  Elaeth,  in  the  Black  Book. 
p.  35.  It  consists  of  tripletsthe  first  of  which  runs  thus  : 

Cantreghis  wiguisc  amhoen. 

0  amrvues  neus  adwaen. 

N)rm  gunaho  douit  du)'  poen. 
Now  that  my  dress  and  vigour  hâve  perished, 

By which  I  know, 

May  the  Lord  not  inflict  on  me  two  pains  ! 

The  whole  pièce  consists  of  7  triplets  and  the  other  6  give  no  instance 
of  such  an  assonance  as  adwaen  and  poen,  so  I  hâve  very  little  hésita- 
tion in  correcting  the  former  into  adwoen.  Without  wasting  words  on 
what  may  hâve  been  the  original  Aryan  form  of  the  root  hère  in  ques- 
tion, suffice  it  to  say  that  the  most  tangible  part  of  it  was,  in  the  Celtic 
languages,  gn  as  in  the  Latin  (g)nosco,  (g)novi,  the  Greek  Y^vwjy.o),  and 
English  know.  In  old  Welsh  the  gn  of  at-(g)wo-gn-  would  be  reduced 
to  in,  and  the  whole  word  might  become  either  adwoen  (whence  adwaen) 
or  edwyn,  according  as  the  vowel  of  the  termination  dropped  was  broad 
or  slender.  Now  edwyn  is  actually  the  third  person  singular  of  the  same 
tense,  while  adwaen-  is  the  base  for  ail  the  remaining  forms  :  thus 
(1)  adwaen,  (2)  adwaenost,  (3)  edwyn,  plural  (1)  adwaenom,  (2)  adwae- 
noch,  ($)  adwaenant.  This  has  its  parallel  in  such  nouns  as  Welsh  oen 
'a  lamb'  (Irish  ûan)  for  "ognos,  plural  wyn  for  *ogni,  and  Welsh  croen 


Xotes  on  the  language  of  old  Welsh  poetr^ .  2  j 

'skin'  'Breton  croc'hen,  Ir.  croccenri)  for  croccenos1,  plural  crwyn  for  croc- 
ce  n-i. 

So  adwaen  and  ednyn  testify  to  exactly  the  same  différence  between 
the  vowel  of  the  termination  of  the  first  person  and  that  of  the  îhird  in 
Early  Brythonic  as  in  Early  Goidelic.  The  three  persons  of  the  singular 
of  this  tense  were  in  0.  Irish  aithgén,  aithgén,  and  aithgéuin  respect- 
ively  ;  but  the  distinction  is  to  be  seen  to  somewhat  better  advantage  in 
the  case  of  such  a  verb  as  cechan,  'cecini'  and  cechuin  'cecinit'.  Let  us 
add  a  Greek  perfect  with  the  terminations  intact  and  the  harmony  will 
be  found  complète  : 

1  K&Kparça  Irish  cechan  Welsh  'adivoen]  adwaen 

2  -ir.zx-;y.;  cechan  adwaenost 

3  -i-zy.-;z  cechuin  edwyn. 

This  may  at  first  sight  seem  to  be  marred  by  the  fact  that  in  the  case 
of  aithgén  for  instance  the  e  is  long;  but  that  isnot  an  inconsistency  that 
cannot  be  accounted  for,  as  the  two  languages  set  out  from  a  redupli- 
cated  base  gegna;  but  it  may  be  inferred  that  the  Goidels  accented  it,  as 
the  Greeks  would,  gégna.  This  vrould  ailow  them  to  curtail  it  into 
gegn,  which  according  to  analogycould  not  but  y'ield  gin.  TheBrythons 
on  the  other  hand  seem  to  hâve  laid  the  stress  on  the  root  part  and  then 
reduced  gegnd  into  gna  in  the  compound,  just  as  the  Romans  said 
cucurri,  succurri,  and  not  succucurri.  Besides  gn,  and  gna,  the  still  longer 
form  gna  supposed  to  be  involved  in  the  Greek  *(vp&aiuù,  the  Eng. 
know  and  others,  is  evidenced  also  in  the  Old  Welsh  amgnaubot  in  the 
Glosses  en  Ovid's  Art  of  Love  :  the  whole  gioss  is  hep  amgnaubot 
'sine  mente'.  The  modem  forrr.s  hâve  reduced  gnau  into  na  as  in 
adnabod,  which  is  treated  now  as  the  infinitive  mood  of  the  same  verb 
as  adwaen.  It  is  formed  from  the  root  with  a  single  prefix,  and  that  the 
same  one  we  had  in  the  Irish  aithgén  :  then  this  ad-(g)naru}-  is  con- 
jugated  by  attaching  to  it  the  verb  'to  be',  bod,  bydd,  etc.  To  return 
to  the  question  of  the  accentuation  of  gegna  in  Early  Welsh  and  Irish 
respectively,  it  will  be  found  that  the  hypothesis  above  suggested  is 
favoured  by  the  correspondence  between  another  Welsh  perfect  and  an 
Irish  one  :  the  former  is 

1 1 .  cigleu,  which  is  to  be  mentioned  next.  It  is  boîh  the  first  and 
the  third  person  singular,  the  meaning  being  'I  heard'  and  'he  heard'  : 
the  other  persons  are  unknown  to  me.  Cigleu,  being  the  old  spelling, 
represents  doubtless  what  we  should  now  write  cygleu.  The  first  singu- 

1 .  However  it  may  be  an  old  neuter,  but  hitherto  it  has  not  been  proved. 


24  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

lar  sometimes  has  the  pronoun  appended  as  fi  to  it,  and  it  is  also  cur- 
tailed  into  cigle,  just  as  boreu  may  become  bore  'a  morning',  so  that  one 
may  meet  with  cigle  fi  written  cigleui.  This  is  probably  what  has  led 
Prof.  Windisch  to  attempt  to  explain  the  word  wrongly,  as  though  one 
had  to  set  out  from  cigle. 

The  full  form  is  proved  by  abundance  of  old  rhymes  and  assonances 
to  hâve  been  cigleu  and  not  cigle  :  take  as  instances  at  random  the 
Black  Book,  p.  19,  and  the  Book  of  Tal.  pp.  158,  174.  The  full  form 
of  the  reduplication  postulated  by  cigleu  and  its  Irish  counterpart 
cûala  'audivi'  was  either  cuclava  or  coclova.  It  is  hard  to  avoid  the  con- 
clusion that  the  Irish  accented  it  cùclava,  which  would  regularly  become 
cûala.  On  the  other  hand  the  Welsh  as  certainly  seem  to  hâve  treated  it 
as  cuclâva,  whence  the  further  weakening  of  the  vowel  of  the  redupli- 
cation. The  Irish  third  person  was  cuale,  but  the  Welsh  stem  vowel  was 
incapable  of  being  hère  influenced  by  the  terminal  one.  A  singular  paral- 
lel  offers  itself  in  the  case  of  the  Welsh  noun  glo  'coal',  originally,  it  may 
be  supposed,  'charcoal'  :  the  Irish  is  gual  'coaP,  and  the  common  star- 
ting  point  may  be  presumed  to  hâve  been  the  reduplicated  form  guglo- 
or  goglo-.  The  root  is  probably  ghar  or  ghal  'to  glisten,  to  glow', 
whence  Fick's  ghalgha,  ghalghi  'métal,  ore'  and  to  which  %aîfatâç  is 
probably  to  be  referred  :  see  Brugman  Ueber  die  gebrochene  Redupli- 
cation in  Curtius'  Studien,  VII,  pp.  311-14. 

III.  T  Prêter ites. 

1 .  One  of  the  most  common  of  thèse  is  cymerth  'took'  from  the  root 
ber  ;  it  appears  also  sometimes  in  the  form  of  cymyrth  in  the  Black  Book, 
as  in  the  sentence  tortured  by  Skene  into  (p.  14),  Duu  andiffirch  ban 
kyinirth  cnaud,  which  anybody  who  knows  anything  about  Welsh  will 
take  to  stand,  as  it  does  in  the  Ms.,  for  : 

Duu  andiffirth  ban  kymirth  cnaud. 
God  vindicated  us  when  he  took  flesh. 

Hère  we  hâve  another  t  preterite  from  the  root  ber  in  a  compound  the 
infinitive  of  which  is  written  diffryd  'to  défend'1,  while  dijfirth  would 
now  be  written  diffyrth  had  it  been  still  in  use  ;  for  even  in  the  early 
poetry  the  more  common  form  was  a  slightly  différent  one,  differth,  as 
in  the  Book  of  Tal.  p.  147  : 

1 .  This  is  instructive  as  to  the  Welsh  accent  not  having  been  confined  to  the  root  ; 
nor  does  it  stand  alone,  as  what  is  now  written  cymeryd  was  formerly  cymryd,  which 
is  still  the  prevailing  pronunciation. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  2  5 

Dv6  differth 1  nef6y 

Rac  llan6  Net  ofr6y. 
God  defended  .  .   . 
Against  the  .  .  tide. 

This  is,  however,  translated  by  the  late  Canon  Williams  in  Mr.  Skene's 
first  volume,  p.  269,  thus  : 

«  God  préserve  the  heavens 
From  a  flood  wide  spreading.  » 

2.  Another  common  t  preterite  is  cant  'cecinit'  :  the  first  person  was 
ceint2,  which  begins  several  Unes  in  the  poem  in  the  Book  of  Tal.  called 
Cad  Goddeu,  pp.  137-144.  The  second  person  singular  was  ceintost, 
which,  with  the  personal  pronoun  fully  expressed  in  the  form  of  te,  is 
met  with  as  ceuntoste  in  the  Black  Book,  namely  in  the  line  (p.  8)  : 

Ni  cheuntoste  pader  na  philgeint  na  gosper. 
Thou  sangest  a  paternoster  neither  at  cockcrow  nor  at  vespers. 
Hère  the  diphthong  eu  for  ei  is  singular  and  due  most  likely  to  the 
analogy  of  other  forms  to  be  mentioned  presently,  as  was  also  probably 
the  termination  um  which  ceint  sometimes  takes  making  it  into  ceintum 
'cecini',  as  for  instance  in  a  poem  by  Einion  ab  Gwalchmai  who  flour- 
ished  about  the  end  of  the  twelfth  century  :  the  line  I  allude  to  will  be 
found  at  page  230  a  of  Gee's  Myv.  Arch.  of  Wales  —  it  runs  thus  : 
Keintum  gert  i  Nest  kyn  noe  tregi. 
I  sang  a  song  to  Nest  before  her  death. 

3.  On  the  same  lines  as  ceint  and  cant  follow  gweint  'I  stabbed,  pier- 
ced  or  wounded1,  and  the  third  person  gwant  which  is  more  common  ; 
the  former  however,  occurs,  more  thanonce  in  Cad  Goddeu. 

4.  We  corne  next  to  stems  ending  in  mutes,  ail  probably  gutturals, 
and  we  begin  with  amwyn  the  preterite  of  which  occurs  as  amwyth  in  the 
Book  of  Tal.,  p.  183  : 

Pan  amwyth  ae  alon.  yn  llech  wen 
Galystem. 

When  he  contended  with  his  foes  at  Llech  Wen 
Galystem. 

Or  possibly  this  is  the  meaning  —  'When  he  defended  Galystem 
against  his  foes  at   Llech  Wen'  ;   but  the  passage  is  obscure  and  the 


1.  It  is  right  to  add  that  there  was  a  noun  differth  (printed  diffeith  by  Skene)  'pro- 
tection, shelter',  which  occurs  in  the  Book  of  Tal.  p.  1 28.  Hence  another  rendering  of 
the  line  hère  in  question  is  possible. 

2.  But  a  ceint  of  the  third  person  also  will  be  found  in  the  Book  of  Tal.  p.  129. 


26  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

Canon  has  rendered  it  —  «  When  he  furiously  attacked  his  foes  at  the 

white  stone  of  Galystem.  » 

We  hâve  a  noun  which  is  cognate  and  homonymous  with  the  verb 
amwyth  in  the  Red  Book  in  the  following  triplet,  p.  282  : 

Stauell  gyndylan  nyt  esmôyth 
Heno.  ar  benn  carrée  hytwyth  : 
Heb  ner.  heb  niuer.  heb  am6yth. 

Kynddylan's  chamber,  not  confortable  is  it 
To-night,  on  the  top  of  Careg  Hydwyth, 
Without  lord,  without  host,  without  defence. 

It  was  this  word  that  gave  rise  to  Atmvythig,  the  présent  Welsh  name 
of  Pengwern  Amwythig  or  Shrewsbury  :  it  would  be  as  it  were  ol[j,o'.~ 
r.r-/-'.v.i;  but  with  the  sensé  of  hedged  or  fenced  around. 

$.  The  next  is  dyrreith,  which  occurs  several  times,  in  the  Book  of 
Tal.,  in  a  poem  occupying  pages  18 1-2  :  takefor  instance  the  lines  : 

Tri  lloneit  prytwen  yd  aetham  ni  idi. 
Nam  seith  ny  dyrreith  0  gaer  sidi. 

Three  freights  of  Prydwen  went  we  into  it  : 
Only  seven  returned  from  Caer  Sidi. 

The  verbal  root  from  which  dyrreith  cornes  was  reg,  and  we  hâve  it  in 
the  imperative  dyre,  colloquially  dere  'corne'  ;  and  the  third  person  sin- 
gular  indicative  also  occurs  as  dyre  in  the  Red  Book,  p.  260  :  Eidyl  lien 
Ii6yr  y  dyre  'feeble  is  an  old  man,  late  he  cornes',  or  else  'a  feeble  old  man 
cornes  late'.  The  Irish  has  doreg  T  shall  corne'  and  related  forms,  toge- 
ther  with  the  simple  rega  or  ragat  used  in  the  same  sensé.  Further,  Irish 
has  a  t  preterite  to  match  our  dyrreith  in  éracht  'surrexit'  from  the 
présent  éirgim  'surgo'  :  now  éirgim  implies  the  base  ex-r[e)g  ;  but  what 
would  be  the  Welsh  form  ?  Analogy  is  wanting  as  to  what  would 
become  of  the  combination  of  consonants  csr  ;  but  probably  they  would 
be  reduced  to  sr  like  nocts  becoming  nots  whence  the  actual  Welsh  nos  l 
'night';  then  it  is  not  quite  clear  what  form  sr  would  finally  take,  but 
it  would  probably  be  either  ïr  or  r  the  former  is  favoured  by  castra 
having,  as  I  should  suppose  it  to  hâve  done,  successively  become  in 
Welsh  *casra,  *cair,  and  caer  'a  fortress'.  In  that  case  the  Irish  éirgim 
should  be  in  Welsh  eire[g)af,  with  the  third  person  plural  eire(g\ant  or 
cir'éant  :  I  mention  this  last  because  I  am  inclined  to  think  that  I  hâve 


1 .  This,  I  am  quite  aware,  is  a  stock  instance  of  the  alleged  réduction  of  es  into  s 
in  the  Brythonic  languages. 


Notes  on  the  Lxnguage  of  old  Welsh  poetry.  27 

found  a  trace  of  it  in  the  Book  of  Tal.  in  a  passage  describing  the  résur- 
rection, p.  120  : 

Drychafant  0  vedeu. 

Eirant  0  dechreu. 

Eirant  k6n  coet. 

Argymeint  adoet. 

Are\vin)6ys  mor. 

They  will  ascend  from  their  tombs, 
They  will  rise  from  the  beginning 
They  will  rise  ....  forest 
And  as  many  ....  as 
The  sea  has  undone. 

In  both  instances  the  line  containing  eirant  ■  is  a  syllable  too  short  as 
measured  by  the  one  it  rhymes  with  :  so  I  should  propose  to  read 
eirïant,  on  the  supposition  that  the  scribe  who  wrote  this  was  only 
acquainted  with  the  verb  in  a  shortened  form  like  dwyrein  or  dwyrain  as 
compared  with  the  longer  forms  dwyr'éein  and  dwyr'éain  which  preceeded 
them.  The  verb  has  the  structure,  of  the  Latin  erigere  with  the  meaning 
of  sur gère,  and  recalls  the  Welshman  who  aired  his  Latin  on  the  Llan- 
hamlech  stone  in  the  1  oth  century  or  so  thus  :  lohannis  Morïdic  surexit  hune 
lapident  (Hùbner,  44).  Dwyrain,  now  means  the  east  or  the  orient  and  it 
goes  with  the  verb  dwyre  which  is  also  formed  from  the  root  reg  :  an 
instance  of  this  is  quoted  in  Dr.  Davies'  Dictionary  from  Prydydd  y 
Moch  s.  v.  dwyre,  thus  :  Dewr  egin  dwyreawdd  yn  ddas,  'Brave  blades, 
they  hâve  grown  into  a  rick'.  An  instance  of  it  is  also  to  be  met  with 
in  the  Book  of  Tal. ,  p.  1 89  : 

E  bore  du6  sad6rn  kat  ua6r  a  uu. 

Or  pan  d6yre  heul  hyt  pan  gynnu 

The  Canon  translates  : 

«  In  the  morning  of  Saturday  there  was  a  great  battle, 
From  when  the  sun  rose  until  it  gained  its  height.  » 

Hère  there  are  several  difficultés  :  I  cannot  see  how  hyt  pan  gynnu 
can  mean  «  until  it  gained  its  height  »,  as  the  final  word  must  be  either 


1.  This  was  written  before  1  knew  that  Skene's  k6u  should  be  k6n  :  so  1  am  now 
forced  to  regard  the  second  eirant  as  repeated  by  mistake  by  the  scribe  for  some  such  a 
word  as  ayssbys  :  the  meaning  then  will  be  : 

They  will  ascend  from  their  graves, 

They  will  rise  from  the  beginning. 

Those  whom  the  dogs  of  the  forest  [devoured  . 

And  ail  the  (victims  of)  fate 

whom  the  sea  overwhelmed.  etc.,  etc. 


28  Noies  on  ihe  language  of  old  Welsh  poeiry. 

gynuu  or  some  other  perfect  derived  from  the  verb  'to  be'.  In  the  next 
place  dwyre  cannot  be  any  kind  of  a  past  so  far  as  I  can  see,  though  the 
sensé  seems  to  suggest  it.  The  length  of  the  Unes  does  not  afford  rnuch  aid 
in  this  instance,  since  the  first  is  10  syllables,  and  the  second  9,  as  are 
also  those  immediately  following,  which  makes  it  probable  that  the  first 
is  a  syllable  too  long  rather  than  the  second  too  short  ;  so  I  suppose  dwyre, 
which  can  hardly  be  correct,  to  hâve  been  originally  dwyreith,  parallel 
to  dyrreïih,  except  in  the  matter  of  the  rr,  which  will  be  touched  upon 
later.  Dwyre  enters  into  arddwyre  'to  extol',  and  begins  three  short  poems 
in  the  Black  Book,  p.  13  :  Take  for  example  the  following  : 

Arduireaue  dev.  yssi  vn  a  deu. 
Yssi  tri  hep.  ev.  hep  haut  y  amhev. 

I  extol  two  that  are  one  and  two, 

That  are  three  without  falsehood,  without  being  easily  doubted. 

A  difficult  instance  occurs  in  the  Book  of  Tal.  where  a  poem  begins, 
p.  190,  with  the  lines  : 

Ard6yre  reget  rysed  rieu 
Neu  ti  rygosteis  kyn  b6yf  teu. 

The  Canon  has  taken  ard6yre  as  an  imperative  and  translated  thus  : 
«  Extol  the  career  of  the  kings  of  Reged. 
Was  I  not  an  expense  to  thee,  though  I  am  thine.  » 

He  was  probably  right  in  regarding  ard6yre  as  an  imperative,  but  the 
poet  seems  to  invite  Rheged  to  extol  its  princes  somewhat  to  this 
effect  : 

Extol,  Rheged,  thy  kings  of  abundance  : 

It  is  thee  I  hâve  chosen,  as  I  am  thine. 

We  set  out  from  dwyre,  which  contains  the  prefix  do,  dy,  d'  :  when  this 
is  discarded,  we  hâve  wyre,  whence  (a)  arwyre  of  much  the  same  sensé  as 
as  arddwyre,  but  also  used  of  water  springing  from  the  ground  ;  (b)  cyf- 
wyre,  for  which  Dr.  Davies  has  cyfwyrain,  which  he  explains  «  Cooriri, 
coortus  ;  in  unum  cooriri  »  —  the  former  occurs  in  the  Book  of  Tal. 
p.  163,  where  we  hâve  Rac  kadarn  gyfôyre,  'against  a  powerful  rising', 
and  the  latter  written  kywyrein  begins  several  pièces  of  the  Gododin, 
pp.  79,  80  ;  (c)  kynwyre,  which  had  probably  much  the  same  meaning 
as  cyfwyre  ;  (d)  dadwyrein,  is  applied  to  the  résurrection  in  the  Black 
Book,  p.  9,  where  we  hâve  the  line  : 

A  daduirein  obet  gu)di  hir  gorwet. 
And  résurrection  from  the  grave  after  long  lying. 

So  much  of  the  compounds,   into  which  wyre  enters  and   which 


Notes  on  îhe  îanguage  of  old  Welsh  poetry.  29 

serve  in  a  measure  to  define  its  meaning  ;  I  am  unable  to  fix  it 
more  exactly,  for  though  the  word  occurs  in  the  Gododin,  p.  74,  the 
passage  is  too  obscure  to  settle  anything  ;  it  is  probable  that  it  was  like 
arwyre  applicable  to  the  rising  and  flowing  of  water,  so  that  the  Cardi- 
ganshire  river-name  Yr  Wyre  is  to  be  referred  to  this  origin.  When  one 
comes  to  analyse  wyre  one  finds,  that  it  must  consist  of  îhe  prefix  gwo 
and  eire  or  ère  :  in  the  former  case  we  should  hâve  to  suppose  gwo-eire 
reduced  to  gwo-ire,  for  which  analogy  is  wanting,  but  granting  the 
stage  gwo-ire  the  analogy  of  edwyn  is  perfect  as  far  as  regards  its  pas- 
sing  into  wyre.  On  tho  other  hand  if  we  set  out  from  gwo-ere,  the  matter 
is  simpler,  and  for  its  resulting  in  wyre  we  hâve  an  exact  parallel  in  the 
word  wyneb,  which  is  on  the  whole  better  accredited  than  the  form 
gwyneb  for  which  modem  Welsh  shows  a  préférence  :  they  are  forms  of 
one  and  the  same  word  meaning  'the  face1.  Now  wyneb  is  derived  from  a 
simpler  form  enep,  which  occurs  in  Old  Cornish  and  in  Breton  meaning 
likewise  the  face  :  the  Irish  of  the  same  origin  and  meaning  was  enech, 
which  shows  that  the  common  Celtic  form  was  aniqv-,  to  be  equated 
letter  for  letter  with  the  eastern  forms,  Sanskrit  anlka  'the  face',  Zend 
ainika-,  the  same,  on  which  see  Stokes  in  Kuhn's  Beitraege,  V,  p.  449, 
also  a  short  but  clear  and  masterly  article  by  Prof.  Bréal  in  the  Mémoires 
of  the  Paris  Philological  Society,  I,  p.  40$.  Now  gwo-enep  became 
gww-yneb,  but  as  the  Welsh  are  not  in  the  habit  of  combining  the  semi- 
vowels  with  their  cognate  vowels  the  first  w  ^and  with  it  optionally  the 
gi  disappeared  before  the  diphthongH'y.  In  modem  Welsh  this  diphthong 
has  a  tendency  to  be  resolved  into  the  semi-vowel  w  plus  a  simple 
vowel  y,  whence  it  is  that  gwyneb  strongly  tends  to  oust  the  other  form. 
6.  Another  /  preterite  from  a  root  ending  in  a  guttural  is  maeth  ;  the 
modem  verb  to  which  this  would  hâve  to  be  referred  is  magu  'to  rear 
or  nurse'.  We  hâve  the  preterite  in  a  poem  in  the  Book  of  Tal.  p.  206  : 

Deudec  meib  yr  israel  buant  gytuaeth. 
Deudec  da  '  dinam.  teir  mam  ae  maeth. 
Vn  g6r  ae  cre6ys  crea6dyr  ae  g6naeth. 
Mal  y  g6na  a  vynho  a  uo  pennaeth. 

The  twelve  sons  of  Israel  were  brought  up  together, 

The  twelve  good  ones  without  blemish,  three  mothers  nursed  them  : 

One  person  created  them,  the  creator  that  made  them, 

As  he,  who  is  lord,  does  what  he  pleases. 


1.  The  Canon  seems  to  hâve  read  da  'good',  which  is  the  right  reading,  but  Mr.  Skene 
has  had  du  'black'  printed. 


30  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

Two  instances  of  this  occur  in  the  Black  Book,  one  of  which  cornes 
at  p.  49  : 

Y  gur  a  rithao  duv.  o  rigaeth 
carchar  .  rut  y  par  o  penaeth 
owein  .  reged  am  ryvaeth. 
Thou  man  whom  God  may  free  from  too  close 
A  prison,  thou  of  the  red  spear  from  the  domain 
Of  Owen,  it  is  Rheged  that  nurtured  me. 

The  other  is  a  difficult  passage  on  p.  46,  which  runs  thus  : 

Duv.  y  env  in  nvfin  impop  ieith. 

D)llit  enweir  meir  rymaeth. 

Mad  devthoste  )g  corffolaeth. 
God— his  name  is  deep  in  every  language, 
The  originator  (?)  of  energy  (?)  that  Mary  nursed  — 
Well  it  is  thou  camest  in  bodily  form. 

7.  I  had  almost  forgotten  some  of  the  most  common  verbs  in  the 
language,  those  derived  from  the  root  ag,  of  which  aeth  'ivit'  and  daeth 
'venit'  may  be  mentioned  first.  In  the  mediaeval  Welsh  of  the  Mabino- 
gion  for  instance  euth  is  to  be  met  with  for  aeth  and  deuth  for  daeth 
(Guest's  Mab.  I,  pp.  27,  237)  ;  but  the  modem  tendency  is  to  confine 
ae  to  the  monosyilabic  forms  and  to  use  eu  in  the  others,  such  as  euthum 
'ivi',  deuthum  'veni'  and  euthost  'ivisti',  deuthosî  'venisti',  of  which  an 
example  occurs  in  the  last  line  quoted  from  the  Black  Book.  This  repre- 
sents  the  prévalent  pronunciation  in  North  Wales,  though  some  insist  on 
writing  ae;  but  the  use  of  eu  as  a  subsidiary  diphthong  to  ae  is  attested 
in  other  words  such  as  maes  'field',  plural  meusydd,  also  written  mae- 
sydd.  Besides  daeth  there  is  also  in  use  an  equally  old  form  doeth  'venit', 
and  the  oe  extends  through  ail  the  persons.  This  is  to  be  explained  as 
standing  for  dog-t-  =  do-{à\g-t-,  with  the  vowel  of  the  prefix  prevai- 
ling  over  that  of  the  root.  The  same  thing  cornes  out  very  clearly  in  the 
présent-future  of  the  two  verbs  in  point:  for  while  a[g)-af  made  aaf, 
now  af  'ibo',  do-(a)g-af  makes  deuaf  'veniam',  eu  bing  the  représenta- 
tive of  Old  Welsh  ou  and  that,  in  certain  words,  of  an  earlier  og,  ug,  or 
âg.  Thus  Irish  mdrach  or  bdrach  is  in  Welsh  boreu,  of  the  same  origin 
as  the  German  morgen  and  the  English  morn,  morrow  ;  Irish  mug,  geni- 
tive  moga,  a  slave  appears  in  Welsh  as  meu  in  meudwy  'a  hermit',  lite- 
rally  lservus  dei,  Irish  cèle  dé  or  Culdee'  ;  the  Latin  pugillares  yield  in 
Old  Welsh  poullor-aur  and  in  later  Welsh  peullawr  l}  which  occurs  in  the 

1.  The  passage  occurs  in  the  Cad  Goddeu  and  is  to  this  effect  : 
Der6  buanaôr. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry .  $  i 

Book  of  Tal.  p.  141  ;  and  Irish  brdge,  genitive  brdgat  'the  wind-pipe' 
was  in  Old  Welsh  brouant,  now  breuant.  What  determined  this  change 
I  cannot  exactly  say  :  it  will  suffice  for  my  présent  purpose  to  mention 
the  fact.  Lastly  it  is  of  importance  to  notice  that  quite  another  root  is 
used  as  synonymous  with  ag,  and  this,  as  it  appears  in  Welsh,  is  el  : 
thus  for  aa  or  a  'ibit'  and  daw  'veniet'  one  may  say  êl  and  dél,  and  this 
optional  use  of  the  root  el  enables  one  to  identify  another  very  common 
Welsh  verb,  namely,  gwneyd  or  gwneuthur  'to  do  or  make'.  For  it  would 
be  too  much  to  suppose  two  such  roots  as  vnag  whence  the  preterite 
gwnaeth  'fecit',  and  the  présent-future  gwna  'faciet'i  and  another  vnal, 
whence  gwnel  which  also  means  'faciet'.  So  \ve  are  forced  to  the  conclu- 
sion that  gwn  in  thèse  forms,  although  it  no  longer  makes  a  syllable  in 
them,  is  a  prefix.  There  is,  however  no  such  a  prefix,  but  it  reminds 
one  of  gwr  one  of  the  contracted  forms  of  gwor,  Irish  for,  Gaulish  ver  and 
Latin  uper  in  super,  Sanskrit  upari,  English  over.  We  turn  to  the  sister- 
dialects  of  Welsh  and  find  that  Welsh  gwnaf  pronounced  as  one  syl- 
lable was  in  Cornish  gvraf  or  guraf  and  in  Breton  groaff  or  graf  'facio'  : 
in  fact  the  verb  shows  no  trace  in  either  language  of  the  n  of  the  Welsh. 
Hère  then  Welsh  has  changed  gwr  as  part  of  a  syllable  into  gwn  '  ;  but 
has  it  retained  no  trace  of  the  older  form  ?  It  will  be  found  that  it  has, 
namely,  in  the  goreu  or  gworeu  already  alluded  to  :  this  fits  in  exactly  as 
representing  an  early  perfect  ver-âge,  like  the  Latin  ëgit  as  to  its  stem 
and  covering  both  it  and  fëcit  in  point  of  meaning.  The  accent  of  the  / 
preterite  was  most  decidedly.  and  is  still,  on  the  verbal  stem,  and  the  fact 
that  the  prefix  forms  a  syllable  in  goreu  2  and  its  Breton  équivalent  gue- 


Racdaô  crynei  nef  a!la6r. 
Glelyn  gle6  drussyaér 
Y  en6  ym  peulla6r. 

The  Oak 

Before  him  trembled  sky  and  earth  : 
Glelyn  the  Valiant  door-keeper 
(ls)  his  name  in  books. 
Peullawr  is  interesting  as  being  probably  one  of  the  Welsh  words  borrowed  from  Latin 
during  the  Roman  occupation  and  as  having  been  later  borrowed  (most  likely  from  the 
Welsh)  by  the  Irish  who  made  from  it  their  poolire  'a  book-satchel'. 

1.  Another  instance  offers  itself  in  the  old  Breton  gruiam  'suo'  later  gria  'to  sew'. 
in  the  dialect  of  Tréguier  grouian  f pronounced  in  2  syllables  groui-ahn  and  in  that 
of  Vannes  gouriein  :  in  North  Wales  this  is  gwnïo  (pronounced  as  2  syllables  gwn\-o) 
'to  sew',  but  in  South  Wales  the  accent  is  thrown  forward  and  the  word  becomes  gwn-io 
with  the  accent  on  the  w;  compare  the  Northwalian  gweddio  with  the  Southwalian 
gwèddio  'to  pray',  from  gweddi  'a  prayer',  Ir.  foigde. 

2.  There  is  in  Welsh  another  word  goreu,  'best'.  which  occurs  in  the  older  form 
guoreu  in  a  passage  (in  the  Book  of  Aneurin)  to  be  mentioned  presently  ;  but  the  full 
superlative  was  goreuhaf,  where  the  ending  av  was  found  superfluous  as  there  was  no 
cognate  positive  or  comparative  with  which  it  could  be  confounded  ;  but  since  it  was 
accented  on  the  termination,  as  the  h  proves  hère  and  in   other   old  superlatives,  it 


32  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

reu  is  not  quite  enough  to  prove  that  our  prefix  bore  the  stress  in  this 
perfect.  To  return  to  the  meaning  :  when  one  looks  at  the  diversity  of 
signification  of  which  the  Latin  agere  was  capable,  there  is  no  great 
difficulty  in  seeing  how  the  Brythonic  languages  should  hâve  formed  a 
verb  from  the  same  root  meaning  'to  do  or  make'  :  the  Latin  verb 
especially  helps  to  explain  how  it  was  fitted  for  the  functions  of  an 
auxiliary.  For  it  is  constantly  used  somewhat  in  the  same  way  as  the 
English  word  do  as  in  do  go  or  he  did  not  corne,  but  without  the  restric- 
tions to  which  do  is  subject,  whence  arises  the  too  lavish  use  of  do 
and  did  by  Welshmen  speaking  English  with  an  imperfect  grasp  of  that 
language.  In  Cornish  this  verb  was  nearly  confmed  to  its  functions  as 
an  auxiliary  and  that  is  almost  the  case  in  Breton,  while  colloquial 
Welsh  is  also  loaded  with  it.  Thus  the  Brython  is  not  only  able  to  render 
pretty  literally  into  his  own  tongue  the  Latin  quid  agis,  but  to  go  so  far 
as  approximately  to  make  quid  rides  into  quid  agis  ridere  or  perhaps 
more  exactly  quid  ageris  ridere,  since  there  are  reasons  to  think  that  the 
Brythonic  verb  was  a  déponent. 

Hère  may  also  be  mentioned  the  probable  fact,  that  we  hâve  the 
verbal  root  hère  in  question  used  as  the  common  means  of  forming 
derivative  verbs,  as  they  are  usually  regarded,  such  as  the  Welsh 
glanhau  'to  cleanse'  from  glan  'clean'  ;  where  glanhau  stands  for  glan- 
ag-u  with  the  g  dropped  and  an  h  evolved  by  the  accent  which  always 
remains  on  the  a  in  this  numerous  class  of  words.  The  same  thing  may 
be  said  of  their  frequency  in  Irish,  which  formerly  treated  them  as  dépo- 
nents, as  for  instance,  cruthaigedar,  'that  shapes  or  fashions'  from  cruth 
'form  or  shape',  beoigidir  'vivificat'  from  beo  'vivus'.  But  even  supposing 
this  analysis  is  correct,  it  is  not  to  be  assumed  that  thèse  formations  follow 
the  conjugation  of  ag  in  the  verbs  aeth,  daeth,  gwnaeth  and  the  like  ; 
for  they  do  not,  at  least  any  further  than  that  they  are  ail  déponents  in 

was  reduced  to  goraf,  which  the  bards  still  occasionally  use  ;  or  rather  this  represents  a 
by-form  guorag,haf.   Goreuhaf  occurs  in  a  Une  in  the  Black  Book,  p.  14  : 
Erbin  oed  y  dit.  y  del  paup  oe 
Bet  iny  devret  in  devraw. 
Mal  y  bu  ban  fu  oreuhaw. 
In  vnllv  ir  vn  lie  teccaw. 
By  the  meeting  of  that  day,  when  each  shall  corne 
From  his  grave,  in  his  bravery  most  bravely, 
As  he  was  when  he  was  best, 
In  one  host  to  the  one  spot  most  fair. 
It  would  thus  appear  that  as  the  verb  goreu  stands  for  ver-âge,  so  the  adjective  stands 
for  ver-âgo-s  or  ver-ogo-s  and  meant  leading,  pre-eminent  or  best.  Had  there  been  reasons 
to  suppose  Am.  Marcellinus'  euhages  to  be  a  genuine  Gaulish  word  and  not  merely  a 
bungle,  it  would  be  natural  to  dérive  it  from   this  same  root  ag  and  the  élément  evo  of 
such  names  as  Evolengi,  Evoiurix,  etc. 


Noies  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  3  3 

Irish.  Before  dismissing  the  root  ag  it  may  be  as  well  to  point  out  that 
gwneuthur  and  its  cognâtes  are  probably  not  the  only  Brythonic  words 
which  are  derived  from  ag  and  yield  the  sensé  of  doing  or  making.  For 
we  seem  to  hâve  another  instance  in  the  Welsh  word  gwaith  'work', 
which  has  hitherto  defied  analysis  ;  but,  if  this  surmise  turn  out  well 
founded,  we  hâve  in  it  the  prefix  gwo  of  the  same  origin  as  the  Irish  fo, 
'sub'.  Now  as  gwor  and  for,  Gaulish  ver,  seem  to  hâve  originally  had  e  ' 
and  not  another  vowel,  it  may  be  presumed  that  gwo  and  fo  represent  an 
early  we  as  in  veredos  'a  horse',  a  Gaulish  word  which  found  its  way  into 
Latin  :  so  gwaith  =  vect-  for  ve-fa)g-i-,  with  the  root  vowel  dealt  with 
in  the  same  way  as  in  deuaf  'veniam'  and  doeth  'venit'2.  What  thetermi- 
nation  of  vect-  was  I  cannot  tell  :  the  word  may  hâve  been  in  full  vecto-n  or 
vecto-s,  or  else  vectio-n  or  vectio-s,  but  gwaith  meaning  work  is  a  mascu- 
line. The  word  also  means  a  battle  or  an  action  in  the  field  of  war  :  of 
what  gender  it  then  is,  I  am  unable  to  say  ;  but  there  is  a  féminine 
gwaith  used  in  such  compounds  as  unwaith  'once',  dwywaith  'twice',  deng- 
waith  'ten  times',,  and  the  0.  Irish  exactly  corresponding  is  fecht,  as  in  the 
adverbial  phrase  in  fecht  so  'nunc',  literally  perhaps  cthis  go'.  In  the  Gr. 
Celtica  this  fecht  is  translated  'progressus'and  the  aà\ecùve  fechtnach  'pros- 
per'  is  there  derived  from  it  ;  but  the  latter  would  rather  seem  to  postu- 
late  a  fechtiu,  genitive  fechten,  of  the  declension  corresponding  to  the 
Latin  actio,  actionis,  and  one  cannot  at  présent  say  whether  the  three 
meanings  of  the  Welsh  gwaith  belong  to  one  or  more  than  one  derivative 
from  the  root  ag.  The  disjecta  membra  of  this  verb  will  probably  take 
some  time  to  be  ail  recognized  in  Irish,  but  we  seem  to  hâve  the  reflex 
of  daeth  or  doeth  'venit'  in  the  Irish  dorocht  of  the  same  meaning,  Qram. 
Celt.  455,  but  with  the  temporal  particle  ro  infixed,  which  is  the  case 
also  in  the  plural  doruachtatar  'advenerunt  Jibid.  457;  nor  is  an  Irish 
perfect  similar  to  goreu  wanting,  as  we  seem  to  hâve  an  instance  in 
dodechommar  'we  hâve  corne',  Gr.  Celtica,  457';  I  take  it  to  be  com- 
pounded  in  the  same  way  as  the  Welsh  dyddaw  'adveniet'. 

1 .  The  Welsh  form  is  'gorwydd'  a  horse,  and  a  place  in  the  North  of  England  is 
called  in  the  Ant.  Itinerary  Vereda,  also  Voreda  :  this  may  be  compared  with  Epeiacum 
in  the  same  district.  I  am  not  sure  that  it  was  not  another  name  of  one  and  the  same 
place  (see  my  'Celtic  Britain',  p.  295).  However  that  may  be,  ve  may  be  hère  regarded 
as  preceding  vo  and  not  vice  versa. 

2.  Since  writing  the  above  it  has  occurred  to  me  that  we  hâve  the  simple  base  agt-, 
act-  in  inaeth  'then,  at  that  time'.  Black  Book,  pp.  25,  39,  in  odynaeth  'from  that 
time'  Red  Book,  p.  229,  and  in  eîwaeth  'yet,  again',  Book  of  Tal.  p.  148  :  it  is  written 
eddwaeth  in  the  Black  Book,  p.  46;  but  what  is  the  a  in  yna,  oddyna.  etwa? 

3.  Three  instances  occur  on  page  457  of  the  Gr.  Celtica  quoted  from  VVb  :  the  first 
occurs  on  folio  24  c  :  cruth  ropridchissem  et  dondechommar  cuciubsi  itossogod  'how  we 
preached  and  came  to  you  in  the  beginning'  ;  the  second  is   2}  d  ciadodchommar  foi 


Rev.  Celt.  VI 


3 


3  4  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry . 

.  Before  leaving  this  tense  it  may  be  well  to  say  a  word  or  two  as  to 
what  may  hâve  been  its  ancient  form,  and  in  the  first  place  something 
may  be  learnt  from  bringing  under  one  view  the  words  that  hâve  chiefly 
occupied  us  hère  : 

Singular. 

i  euthum.  deuthum.              gwneuthum.  ceint,  ceintum.  gweint. 

2  euthost.  deuthost.               gwneuthost.  ceintost,  ceuntoste.  — 

3  euth,  aeth.  deuth,  daeth.     gwnaeth.  cant,  ceint.  gwant. 

Plural. 

i   euthom.  deuthom.  gwneuthom.  —  — 

2  euthoch.  deuthoch.  gwneuthoch.  —  — 

3  euthant,  deuthant.               gwneuthant,  —  — 
aethant,  daethant.                gwnaethant.  —  — 

Hère  analogy  has  evidently  played  a  considérable  part  :  to  it  is  doubt- 
less  due  the  diphthong  eu  instead  of  ei  in  the  ceuntoste  already  cited, 
and  so  probably  is  ceintum,  which  belongs  to  a  verb  the  first  and  third 
persons  of  which  might  be  confounded  without  adding  um  to  the 
form  of  the  first  person.  The  question  as  to  the  endingofthe  second 
person  is  a  more  difficult  one  ;  but  it  is  not  improbable  that  -ost  did  not 
originally  belong  to  this  tense.  The  Irish  t  preterites  know  nothing  of  it  : 
take  for  example  Windisch's  instance  : 
Ir.   i  asruburt  'dixi'  Welsh  ceint  'cecini' 

2  asrubirt  'dixisti'  ceint-ost  'cecinisti' 

3  asrubert,  or  asrubart  'dixit'  ceint,  cant,  'cecinit'. 

The  vowels  hère,  however,  indicate  two  différent  terminations  imme- 

diately  attached  to  the  t,  one  beginning  with  a  vowel  and  with  the 

dental  making,   let  us  say,  ta,  and  the  other  with  the  semi-vowel  j 

making,  let  us  say,  tja.  The  variation  would  hâve  to  be  arranged  thus  : 

Ta  Tja 

i  —  ceint,  gweint  (B.  Tal.  p.  138). 

2  —  ceint-ost 

3  cant,  gwant,  cymerth,  differth.         ceint,  cymyrth,  diffyrth. 
Whether  aeth,  daeth,  gwnaeth  should  be  ranged  under  the  ta  forms, 

and  euth,  deuth,  gwneuthum  under  the  others,  I   cannot  say,   as  the 

'although  we  came  under  it'  ;  the  third  is  to  be  found  on  fol.  25  a,  isarchennfocheda 
dodechommar  'it  is  on  account  of  tribulation  that  we  hâve  corne'  :  in  the  Gr.  Celtica 
this,  besides  being  placed  under  the  wrong  tense,  is  grievously  mistranslated  —  'usque 
ad  tribulationem  pervenimus'. 


Noies  on  the  language  of  old  Welsh  poetry .  3  5 

influence  of  a  ja  termination  on  the  diphthong  preceding  is  to  me  an 
unknown  quantity,  but  practically  zéro.  The  interesting  point,  how- 
ever,  is,  that  as  the  Welsh  had  a  ta  and  a  tja  preterite,  so  also  had  the 
Irish,  the  former  ending  in  /  as  in  asruburt,  etc.  and  the  other  in  ta  or 
tai  as  in  sénta  'benedixit',  alta  'educavit',  and  bentai-seom  'he  eut'  :  see 
Gram.  Celtica  p.  456,  Stokes  '  in  Kuhn's  Beitrsge  VII,  p.  27,  Win- 
disch's  paper  on  the  t  preterites  in  the  same  publication,  VIII,  pp.  442- 
470,  and  his  h.  Gram.  §  309. 

IV.  Some  Welsh  forms  of  the  future. 

In  modem  Welsh  the  future  and  the  présent  areasarule  confounded, 
but  a  distinction  is  kept  up  in  a  few  verbs,  such  for  instance  as  the  verb 
'to  be',  which  has  its  conjugation  made  up  of  forms  not  etymologically 
connected  :  thus  the  présent  is  wyf  'am',  wyt  'art',  etc.,  while  the 
future  is  byddaf,  byddi,  bydd,  etc.  On  the  whole,  however,  thèse  last  are 
perhaps  less  used  as  futures  than  as  consuetudinals  :  thus  bydd  could  not 
be  called  a  future  in  such  a  sentence  as  'ni  bydd  efe  yn  myned'  'he  is  not 
wont  to  go'.  In  this  sensé  the  verb  has  a  regularly  formed  imperfect 
byddwn,  byddit,  etc.  eï  was  wont',  'thou  wert  wont',  etc.  Itmaybesaid, 
then,  that  in  bydd  and  the  cognate  forms  we  hâve  to  do  with  a  deriva- 
tive  verb  from  the  same  root  as  bu  'fuit'  rather  than  with  a  tense  directly 
formed  from  it.  Let  us  now  place  the  Welsh  and  the  Old  Irish  forms 
side  by  side  : 

Singular.  Plural. 

Welsh  byddaf.     0.  Irish  biu.        Welsh  byddwn.     O.  Irish  bimmi. 

byddi.  bi.  byddwch. 

bydd.  biid.  byddant.  but. 

One  sees  at  a  glance  that  they  are  ail  derived  from  a  thème  in  ja,  but 
there  is  some  difficulty  as  to  the  form  of  the  root,  since  bhu-ja  could  not 
account  for  the  Welsh  or  the  Irish  tenses  :  so  we  are  forced  to  regard 
both  sets  as  immediately  coming  from  bhi-ja.  They  approach  in  point  of 
meaning  about  equally  the  jEolic  Greek  <puiw,  for  the  more  usual  9610, 
and  the  Latin /ïo  'I  become',  while  they  agrée  in  point  of  phonology 
somewhat  more  closely  with  the  latter  ;  and  the  question  remains,  whe- 
ther  we  are  to  suppose  Celtic  and  Latin  to  hâve  had  a  root  blii  as  well 


1.  Mr.  Stokes  is  indined  to  regard  the  ta  of  the  Irish  forms  as  standing  for  taja  rather 
than  tja. 


36  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

as  bhu,  or  that  the  a  of  the  latter  was  assimilated  into  i  under  the 
influence  of  the  affix,  whereby  bhu-ja-  would  become  bhi-ja-  whence  Latin 
fi-,  The  latter  process,  which  is  the  more  probable  one,  would  hâve  to  be 
regarded  as  pre-Celtic  :  at  any  rate  I  do  not  happen  to  know  of  any- 
thing  like  a  Celtic  parallel  to  it.  If,  then,  we  admit  only  one  root  bhu, 
the  way  the  Celtic  blj-  and  the  Latin  fï-  were  derived  from  it  may  in 
some  measure  be  illustrated  by  the  rule  in  Sanskrit  as  to  the  weaken- 
ing  of  the  verbal  base  before  the  affix  ya  in  passives  and  intensives, 
as  when  dâ  'to  give',  gai  'to  sing',  and  so  'to  finish'  make  in  the  pas- 
sive dîyàte,  gîyate,  and  sîyate  respectively  :  see  Max  Mùller's  Sanskrit 
Grammar,  §§  389-392,  400. 

2.  The  next  instance  is  of  a  very  différent  kind  :  it  appertains  to  the 
so-called  s  future  —  I  allude  to  gwares  (for  gwo-ret-s-),  which  belongs  to 
the  same  verb  as  gwarawd  already  discussed  and  occurs  in  the  Red  Book, 
p.  220  : 

Kyfli6  dy  benn  ac  aryen 
Gaeaf.  g6ares  du6  dy  anghen. 
P6y  wledych  wedy  uryen. 

Thy  head  is  of  the  hue  of  the  frost 

Of  winter  —  may  God  succour  thy  need  ! 

Who  will  reign  after  Urien? 

Another  instance  is  to  be  found  in  the  Book  of  Tal.,  p.  109  : 
Ren  nef  rymawyr  dy  wedi. 
Rac  ygres  rym  g6ares  dy  voli. 

Lord  of  heaven  permit  my  petitioning  thee, 
May  my  praising  thee  save  me  from  torment! 

An  instance  is  also  quoted  in  Pughe's  Dictionary  s.  v.  aeled  from 
Llywelyn  Fardd  —  1  hâve  not  been  able  to  trace  the  passage  to  its 
author  but  there  can  be  no  doubt  as  to  its  genuineness  : 

Cyn  bwyf  gwr  gweryd  boed  gwr  gwared 
A'm  gwares  0  boen,  0  bob  aeled. 

Ere  I  be  a  man  of  the  sod,  may  the  man  of  rescue 
Rescue  me  from  pain,  from  every  affliction. 

The  corresponding  Irish  verb  has  an  s  future  as  for  instance  in  Stokes's 
Goidelica,  p.  86,  where  we  hâve  air  fumré-se  infer,  'for  the  man  will  res- 
cue me',  possibly  'for  the  man  would  rescue  me'.  Thèse  hâve  been  termed 
futures  but  I  am  not  sure  that  they  ought  not  rather  to  be  regarded 
as  aorists,  the  preponderating  use  made  of  them  in  Irish,  so  far  as  I  hâve 
observed  being  that  of  subjunctives,  conditionals  or  optatives,  and  itis  to 


Notes  on  the  language  of  oU  Welsli  poetry.  37 

be  noticed  that  gwares  has  an  optative  force  in  the  three  instances  I  hâve 
given,  while  in  the  one  from  the  Book  of  Tal.  it  is  coupled  with  the 
optative  rymawyr,  about  which  there  will  be  occasion  to  speak  later. 
Professor  Windisch  has  a  number  of  forms  of  this  tense  as  indicatives 
future  in  his  grammar,  pp.  70-73,  but  as  I  am  not  sure  of  the  passages 
where  he  has  found  them,  I  cannotsay  whetherthey  be  ail  such  or  not  : 
on  the  whole  I  am  inclined  to  think  that  not  many  of  them  will  turn  out 
to  be  indicatives  occurring  in  independent  clauses. 

3.  Next  may  be  mentioned  one  or  two  reduplicated  futures  belonging 
to  the  verb  can-u  'to  sing'  or  its  compound  gorchan-u.  From  the  former 
we  hâve  cygein  'will  sing',  which  occurs  twice  in  a  poem  in  the  Book 
of  Tal.  pp.  147-9  :  one  of  the  passages  is  to  the  following  effect  : 

Dydeuho  kynrein 

0  amtir  rufein. 

Eu  kerd  àgygein. 
Warriors  will  corne 
From  about  the  land  of  Rome  : 
Their  lay  they  will  sing. 

The  next  instance  occurs  in  the  Book  of  Aneurin,  in  a  poem  called 
Gorchan  Cynfelyn,  which  is  exceedingly  obscure.  The  first  7  lines  run 
thus  as  printed  in  Mr.  Skene's  second  volume,  p.  94  : 

Pei  mi  brytwn 

Pei  mi  ganwn; 
Tardei  warchan  gorchegin. 
Gweilging  torch  trychdrwjt 
Trychethin  trychinfwrth. 
Kyrchessit  en  avon 
K)nn  noe  geinn)'on. 

Mr.  Silvan  Evans  who  rightly  finds  in  thèse  words  a  référence  to  the 
fabulous  hunt  of  Twrch  Trwyth,  renders  them  thus  in  Skene's  first 
volume  : 

«  Were  I  to  praise, 

Were  I  to  sing, 
The  Gwarchan  would  cause  high  shoots  to  spring, 
Stalks  like  the  collar  of  Trych  Trwyth, 
Monstrously  savage,  bursting  and  thrusting  through, 
When  he  was  attacked  in  the  river 
Before  his  precious  things.  » 

In  a  note  in  the  second  volume,  p.  393,  he  adds  that  more  literally 
rendered  the  first  lines  would  be  (If  I  were  to  poétise,  if  I  were  to  sing, 


38  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

my  superior  lay  would  cause  luxuriant  buds  to  spring  up'.  With  very 
great  diffidence  I  would  propose  to  treat  gorchegin  as  a  reduplicated 
future  in  form,  but  with  the  sensé  of  an  ordinary  présent-future  :  I  should 
say  that  it  means  'sings  or  chants',  but  then  there  is  a  difficulty  about 
îardei.  In  modem  Welsh  it  has  the  sensé  Mr.  Evans  has  ascribed  it  in  this 
passage,  but  in  the  old  poetry  it  has,  not  unfrequently,  the  contrary 
sensé  of  Mailing  or  coming  down',  as  for  instance  in  the  Book  of  Tal. 
p.  119  : 

Ef  tardho  talaér. 
Terdit  nef  yla6r 

The  .   .  will  fall, 

Heaven  falls  to  the  ground. 

My  interprétation  would  imply  a  contest  such  as  often  took.  place 
between  the  bards,  and  that  the  words  making  up  the  fourth  line  were 
the  title,  or  a  paraphrase  of  the  title,  of  a  poem  on  the  hunt  of  Twrch 
Trwyth.  The  sensé  in  that  case  would  be  this  :  If  I  were  to  poetize,  if 
I  were  to  sing,  the  incantation  would  fall  [excelled],  that  chants  'the 
Stalks  of  Twrch  Trwyth's  Collar',  etc.  But  as  there  is  no  rhyme  to  gor- 
chegin, I  am  rather  persuaded  that  a  line  has  been  lost  between  2  and  4. 
Further  the  least  correction  necessary  would  be  to  make  drwyt  into 
drwyth  and  to  make  fwrth  into  frwyth  'fruit  or  crop'  in  référence  to  the 
venom  which  the  Twrch  Trwyth  spread  around  him  when  he  shook 
himself,  as  Menw  ab  Teirgwaedd  had  reasons  to  know  when  he  set 
himself  to  watch  near  the  T.  Trwyth's  lair.  To  make  line  4  of  the  same 
length  as  the  one  following,  I  should  insert  twrch  and  regard  trych  as  a 
part  of  a  compound  and  derived  from  trwch  'horrid,  dreadful'.  Moreover 
the  scribe  should  hâve  given  us  warchan  gwarchegin  or  orchan  gorchegin, 
and  in  fact  both  gwarchan  and  gorchan  (in  mutation  warchan  and  orchan) 
occur  later  in  the  pièce.  Embodying  thèse  conjectures  in  one  version, 
we  hâve  something  of  the  following  kind  as  the  resuit  : 

Pei  mi  brytwn, 

Pei  mi  ganwn, 

Tardei  orchan  gorchegin 


Gweilging  torch  Twrch  Trjch-drwj'th 

Trychethin  trychinfrw^th 

Kyrchessit  en  avon 

Kjnn  noe  geinn^on. 
If  I  were  to  poetize, 
If  I  were  to  sing, 


Notes  on  the  language  of  old  Welsli  poetry.  39 

The  incantation  would  fall  isurpassedi,  that  chants 

The  stalks  of  the  collar  of  dire  Twrch  Trwyth, 
(Of  him)  of  the  rugged  aspect  and  the  baleful  crop, 
(Of  him)  that  was  attacked  in  the  river 
Before  his  trinkets. 

The  keinnyon  were  the  things  called  in  the  Mabinogi  the  tlysseu  or 
precious  things  of  Twrch  Trwyth,  consisting  of  a  comb,  a  razor,  and  a 
pair  of  scissors  that  he  carried  between  his  ears,  and  for  which  he  was 
hunted.  He  was  forced  into  the  Severn,  when  some  of  them  were  taken 
from  him,  but  he  made  his  escape  into  Cornwall  with  the  rest.  I  am  by 
no  means  satisfied  that  I  hâve  hit  on  the  right  meaning  of  thèse  lines, 
but  I  find  nothing  that  militâtes  against  the  view  I  hâve  given  as  to  the 
signification  of  gorchegin.  In  Dr.  Davies'  Dictionary  the  word  gorchan 
has  an  asterisk  prefixed  to  it,  and  the  meaning  given  is  that  of  incantatio  ; 
the  next  article  has  also  an  asterisk  and  reads  thus  :  «  Gorcheiniad,  Lib. 
Land.  Magus,  incantator.  »  By  Liber  Landavensis  he  seems  to  hâve  meant 
the  manuscript  containing  the  Cornish  Vocabulary  published  in  the  Gr. 
Celtica,  pp.  1 06 5-1 08 1 ,  where  «  Incantator,  vurcheniat  »  will  be  found 
at  p.  1071.  Now  there  are  no  less  than  four  poems  in  the  Book  of 
Aneurin  severally  called  a  gorchan,  of  which  that  of  Cynfelyn  is  one. 
The  four  differ  greatly  in  length  and  the  nature  of  their  contents  :  thus 
Gorchan  Adebon  is  a  short  pièce  made  up  of  a  string  of  proverbs  such 
as  Ny  phell  gwyd  aval  0  avall  «  not  far  falls  the  apple  from  the  apple- 
tree  ».  The  last  of  the  four,  Gorchan  Maelderw,  numbers,  though 
incomplète,  338  lines,  and  it  would  seem  to  hâve  included  most  of  the 
topics  dealt  with  in  the  Gododin.  The  one  we  are  more  especially  con- 
cerned  with  is  mostly  warlike,  but  some  parts  of  it  remind  one  of  an 
incantation  in  the  ordinary  sensé  of  the  word  :  take  for  instance  lines  20 
to  29,  which  are  to  the  following  affect  : 

By  a  spike,  by  — 

By  —,  by  a  gyve, 

And  gold  on  thorns, 
And  deep  mourning  will  happen 
To  Gwynassedd  the  Yellow  — 

His  gore  around  him, 

Foam  concealed, 

Mead  —  yellow, 
Like  gore  around  him, 
Because  of  the  battalions  of  Cynfelyn. 

I  do  not  wish  the  reader  to  understand  that  I  would  lay  much  stress 


40  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

on  the  rendering  of  gorchan  as  an  incantation  or  spell;  but  it  is  of inter- 
est  as  throwing  some  light  on  the  history  of  Welsh  poetry  :  for  gorchan 
is  a  technical  term  in  use  to  this  day  among  the  bards.  The  gorchan  was 
a  very  loose  mètre  —  hardly  any  requirement  being  constant  but  that 
the  lines  should  be  of  certain  lengths  and  it  is  out  of  the  gorchans  that 
ail  the  later  mètres  with  ail  their  complexities  and  restrictions  hâve  been 
elaborated.  The  conclusion  which  suggests  itself  to  me  is,  that  the  ear- 
liest  essay  in  verse  among  the  Welsh  was  meant  for  magical  purposes, 
and  that  the  name  gorchan  survived  the  original  uses  of  the  composition 
so  called.  The  corresponding  Irish  words  are  to  be  found  in  forchanim 
'doceo,  praecipio',  the  reduplicated  future  of  which  isforcechun  'docebo', 
forcechnae  'docebis',  forcechna  'docebit',  etc.  (Windisch's  h.  Grammar. 
§  275).  It  is  to  the  same  tense  in  Welsh  that  I  would  refer  gorchegin  ' 
if  it  be  a  verb.  It  is  in  any  case  to  be  regarded  as  far  less  certain  than 
cygein. 

V.  Some  Welsh  Déponents2. 

1 .  The  first  place  may  hère  be  given  to  a  déponent  of  the  présent 
indicative,  namely  rhuddir  from  rhudd  lred'  :  it  occurs  in  the  Book  of 
Tal.  p.  134:  Ny  6yr  neb  pan  rudir  y  bron  huan  'Nobody  knows  why 
the  sun  reddens  her  breast'.  Hère  it  may  be  noticed  in  passing  that  huan 
is  féminine,  and  that  the  more  common  word  haul  'the  sun'  also  used  to 
be  féminine  formerly  :  rather  I  might  say  that  it  is  so  still  in  some  parts 
of  the  Principality,  such  as  the  neighbourhood  of  Ystrad  Meurig  in  Car- 
diganshire.  The  verb  hère  in  question  occurs  also  at  p.  190,  in  the 
line  : 

Rudei  vrein  rac  ryfel  g6yr. 
Ravens  grew  red  from  the  warring  of  men. 

2.  The  next  is  a  future  from  the  root  ag,  namely  dydeuhawr  of  the 
same  meaning  as  dyddaw  already  mentioned  :  it  occurs  twice  in  the 
Book  of  Tal.  in  the  Gwawd  (or  Vaticination)  of  Lludd  Mawr,  pp.  212, 
21 3  ;  take  for  instance  the  following  : 


1 .  I  may  just  as  well  frankly  tell  the  reader  at  once,  that  when  I  began  writing  about 
gorchegin  1  felt  very  sure  that  I  understood  it,  but  as  I  went  on  I  felt  much  more  doubt- 
ful,  and  I  should  hâve  struck  the  whole  paragraph  out,  but  that  it  occurred  to  me  that 
some  of  the  remarks  might  possibly  help  to  lead  somebody  else  to  the  right  interpré- 
tation of  the  passage. 

2.  Mr.  Stokes  has  long  since  found  several  déponents  in  Cornish  and  Breton,  but  I 
cannot  lay  my  hand  on  the  passages. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  41 

Yn  wir  dedeuha6r 

Ae  lu  ae  longa6r. 
Verily  will  he  corne 
With  his  host  and  his  ships. 

3.  The  next  brings  us  to  the  second  person  singular,  namely,  in  the 
case  of  rothbyr  in  the  Book  of  Tal.  p.  109  : 

Archaf  wedi  yr  trinda6t. 

Ren  am  roth6yr  dyvola6t. 
I  will  ask  a  pétition  of  the  Trinity  : 
Lord,  grant  me  the  praising  of  thee. 

Hère  rothGyr  is  of  the  same  tense  and  mood  as  rothwy  '  which  occurs 
in  the  Book  of  Tal.  at  page  165,  where  we  hâve  the  folio wing  lines  : 

Y  g6r  am  rodes  y  g6in  ar  c6r6f  ar  med. 

Ar  meirch  maér  modur  mirein  eu  g6ed. 

Am  roth6y  etwa  mal  diwed. 
The  man  who  gave  me  wine,  aie,  and  mead, 
And  great,  swift  steeds  of  fair  appearance  — 
May  he  give  to  me  again  as  the  end. 

The  whole  tense  is  called  «  Conjunctivus  (et  Optativus)  »  in  the  Gr. 
Celtica,  p.  512;  but  there  is  little  to  be  learnt  there  and  one  should 
consult  Evander  Evans'  remarks  in  the  Arch.  Cambrensis  for  1873, 
pp.  147-149.  It  seems  to  be  an  optative  rather  than  a  conjunctive  and 
it  frequently  passes  into  the  sensé  of  a  mild  imperative.  The  modem 
Irish  verb  is  patched  up  of  active  forms  with  a  déponent  one  hère  and 
there  especially  and  regularly  in  the  second  person  singular  as  in 
dûnair  'shuttest'  dûnfair  'wilt  shut',  and  go  n-dûnair  rthat  (thou)  mayest 
shut'. 

4.  The  poem  in  the  Black  Book,  p.  59,  forming  the  oldest  Welsh 
version  of  the  counterpart  of  the  Irish  legend  of  the  Overflowing  of  Lough 
Neagh,  gives  an  instance  of  a  déponent,  edrychwyr,  in  its  opening  triplet, 
which  pictures  the  advance  of  the  sea  over  the  Bottom  Hundred  as  an 
army's  front  line  of  attack,  thus  : 

Seithenhin  sawde  allati. 
ac  edrychuirde  varanres  mor. 
maes  guitnev  rytoes. 
Seithenhyn  stand  thou  forth, 

1 .  What  can  hâve  made  anyone  think  that  the  Welsh  confound  the  forms  of  this  tense 
with  thosc  of  the  présent-future  1  cannot  discover  ;  but  this  curious  error  is  the  founda- 
tion  of  an  Article  by  M.  Loth  in  the  last  number  of  the  Mémoires  of  the  Paris  Société  de 
Linguistique. 


42  Notes  on  the  language  oj  old  Welsh  poetry. 

And  behold  the  vanguard  of  the  sea  : 
Gwyddno's  field  hath  it  covered. 

Hère  edrychuir  is  coordinated  with  the  imperative  saw. 

$.  The  next  occurs  in  the  case  of  the  verb  (to  be'  :  it  is  bwyr  in  the 
following  passage  in  the  Book  of  Tal.,  p.  1 14  :  An  b6yr  g6ar  anwar 
gôledic  'mayest  thou  be  gentle  to  us,  ungentle  Lord'. 

6.  In  Irish  cloor  'I  hear'  is  a  déponent  and  I  hâve  noticed  some  in- 
stances of  this  in  the  case  of  its  Welsh  équivalent  :  take  for  example  the 
future  in  awr  which  occurs  in  the  Red  Book,  in  the  following  stanza, 
p.  221  : 

G61at  kadwalla6n  éryt  ma6r. 

Pedryuael  byt.  ryglywawr 

Dyg6ydit  penn  eigyl  y  la6r. 

A  hyt'  byt  [h]  y  hetmycca6r. 
Tho  reign  of  Cadwallon  of  great  valour, 
The  world's  four  corners  will  hear  of  : 
Angles'  heads  fall  to  the  ground, 
And  for  ever  shall  it  be  admired. 

We  seem  to  hâve  another,  like  edrychwyr  and  rothwyr  in  the  clair 
which  occurs  in  the  Black  Book,  p.  6,  in  the  sentence  cluir  vir  aedan  . 
kywlavan  lev,  which  I  take  to  mean  :  'hear  descendant  of  Aeddan,  thou 
lion  of  the  slaughter'. 

7.  The  next  is  a  vocable  of  every  day  use  in  the  language  :  I  mean 
gwyr  'knows',  which  has  already  been  instanced  in  a  line  quoted  from  the 
Book  of  Tal.  p.  134:  it  occurs  also  in  the  same  poem  as  cluir  in  the 
Black  Book.  But  what  may  be  the  dérivation  of  the  word  ?  At  first  sight 
one  might  be  tempted  to  equate  it  with  the  Irish  fiaslar  'will  know',  but 
this  is  one  of  the  cases  where  Welsh  has  not  confounded  the  présent 
and  the  future,  gwyr  being  restricted  to  the  former  and  a  différent  form, 
gwybydd,  used  for  the  latter.  So  we  seem  to  be  forced  to  fall  back  on 
the  Irish  form  of  the  same  meaning,  namely  fitir  '(he)  knows'.  The  tense 
is  complète  and  has  been  discussed  by  Windisch  in  Kuhn's  Beitrœge, 
VIII,  pp.  464-8,  where  he  shows  it  to  be  a  déponent  t  preterite,  follow- 
ing in  its  terminations  the  déponent  perfect.  This  tense,  which  I  had 
been  wont  to  regard  as  peculiarly  Irish,  is,  I  now  think,  the  only  one 
capable  of  explaining  gwyr.  The  Welsh  reflex  of  the  Irish  fitir  should 
hâve  been  gwethïr  or  gwethyr  :  this  with  we  made  into  w-o,  as  in  Welsh 
gwor-,  gor-,  Breton  wor-,  gour-,  for  Gaulish  ver-,  would  yield  us  gwothïr, 

1.  This  is  printed  byt  by  Mr.  Skene,  but  it  is  hyt  in  the  manuscript,  col.  578. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  43 

and  if  we  could  dispose  of  the  th,  the  steps  hâve  already  been  pointed 
out,  whereby  gwoir  would  become  gwyr,  with  wy  diphthong.  The  elision 
of  the  th  is  not  usual,  but  hère  is  a  parallel  :  the  Welsh  crair,  formerly 
creir  'a  relie',  is,  according  to  Villemarqué's  Le  Gonidec,  kreirio  'reli- 
ques' in  the  Breton  of  Tréguier  ;  and  it  can  hardly  be  doubted.  that 
the  Irish  cretar  'a  relie'  is  etymologically  the  same  word,  as  suggested 
by  Mr.  Stokes  in  his  Three  M.  Irish  Homilies,  p.  133.  The  above  guess 
may  be  accepted  until  a  better  explanation  has  been  offered  of  the 
Welsh  gwyr,  and  it  applies  to  the  Breton  and  Cornish  forms  likewise. 

(8)  I  hâve  purposely  kept  the  most  difficult  example  to  the  last  :  it  is 
a  word  read  rymawyr,  which  I  take  to  mean  'mayest  thou  grant  or  give 
to  me'.  The  old  poetry  contains  several  instances  of  it  and  I  begin  with 
one  already  cited  from  the  Red  Book,  p.  304  : 

Reen  nef  rymaôyr  dywedi. 

Rac  ygres  rymgôares  dy  voli. 
Lord  of  heaven,  permit  m  y  praying  to  Thee, 
May  my  praising  Thee  save  me  from  torment  ! 

The  next  is  conceived  in  the  same  spirit  and  occurs  in  the  Book  of 
Tal.  p.  158  : 

Ren  rymaôyr  titheu. 
Kerreifant  om  karedeu. 
Lord  give  thou  to  me 
Shrift  from  my  faults. 

Earlier  in  the  same  book  and  a  few  lines  after  the  passage  from  which 
rothGyr  was  instanced,  corne  the  following  curious  lines,  p.  109  : 

Rex  nef  b6yf  ffraeth  0  hona6t. 

Kyn  yscar  vy  eneit  am  knavt. 

Rymawyr  ym  pa..  ym  pecha6t. 
Rex  of  heaven  may  I  be  éloquent  of  Thee  ! 
Before  the  parting  of  my  soûl  and  my  flesh 
Grant  me  an  in-pacc  to  my  sin. 

Of  course  in  pace  is  a  guess  suggested  by  the  abbreviated  formula  IN 
PA  at  the  end  of  ancient  epitaphs,  such  for  instance  as  that  on  a  stone 
at  Llanerfyl  in  Montgomeryshire  (see  Hùbner's  Inscr.  Brit.  Ghrist.  No. 
125).  As  to  how  pax  came  to  mean  absolution,  pardon,  or  admission  to 
the  privilèges  of  the  church.  see  the  article  in  Ducange's  Dictionary, 
where  he  also  says  that  the  word  got  to  be  the  name  of  an  «  instru- 
mentum,  quod  inter  missarum  solennia  populo  osculandum  praebetur.  » 
Mr.  Stokes  in  his  Three  Mid.   Irish  Homilies,  p.    1 36,  shows  that  pax 


44  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

was  used  in  this  sensé  in  Irish.  Further  from  the  oblique  case  stem  of 
pax,  the  Irish  hâve  made  their  verb  pogaim  'I  kiss',  and  the  Bretons 
their  word  pok  'a  kiss',  while  the  old  Welsh  and  Cornish  must  hâve  adop- 
ted  the  whole  phrase  in  pace  as  they  had  impog,  impoc  meaning  'a  kiss'. 
If  ym  pa  was  ever  a  Welsh  term  it  must  hâve  arisen  in  a  very  irregular 
fashion  by  confounding  pax  and  pace  in  the-phrase  in  pace  ' .  But  what  was 
the  sort  of  occasion  on  which  in  pace  was  said  and  accompanied  with  a  kiss  ? 
It  may  hâve  been  only  during  the  mass,  but  I  rather  think  it  was  also  at  the 
parting  of  friends,  and  that  this  was  at  the  root  of  the  Celtic  words  pok. 
and  impoc  ;  if  so  the  line  Rymawyr  ym  pa  ym  pechaGt  would  be  more 
accurately  rendered  into  English  as  'Grant  me  a  'farewell'  to  my  sin' 
than  'Grant  me  absolution  to  my  sin'2.  This  is  however  by  the  way, 
and  I  now  return  to  the  verb,  for  I  hâve  noticed  two  more  instances 
of  it,  though  not  in  a  déponent  form. 

The  one  occurs  in  a  curious  line  beginning  a  poem  in  the  Black  Book,, 
p.  $,  thus  : 

Devs  ren  rimaw;y  awen.  amen  fiât. 
May  Dois,  the  Lord,  grant  me  awen,  etc. 

The  other  is  to  be  found  repeated  in  several  Unes  of  the  Elegy  to 
Cunedda  in  the  Book  of  Tal.  p.  201  : 

Kyn  kymun  cuneda. 

Rymafei  bi6  blith  yr  haf. 

Rymafei  edystra6t  y  gayaf. 

Rymafei  win  gloyé  ac  ole6. 

Rymafei  torof  keith  rac  vn  tre6. 
Before  Cunedda's  communion 
He  used  to  give  me  milch  cows  in  summer, 
He  used  to  give  me  horses  in  winter, 
He  used  to  give  me  sparkling  wine  and  oil, 
And  a  troop  of  slaves  against  any  sneeze,  [i.  e.  ill  omen]. 

As  yet  I  hâve  not  found  this  verb  excepting  with  the  particle  ry  and 
thefirst  personal  pronoun  prefixed  to  it,  but  awyr  and  aje'O  decidedly  seem 
to  involve  forms  of  the  verb  'to  be',  compounded,  it  would  appear,  with 

1.  Since  writing  the  above  1  hâve  found  that  the  Ms.  has  hère  been  damaged  leaving 
part  of  a  letter  to  be  seen  following  pa  —  it  seems  to  hâve  been  a  c  or  an  6,  so  the 
word  was  either  paGc  or  pac. 

2.  Mr.  Stokes  suggests  the  question  whether  the  IN  RI  found  on  an  inscribed  stone  by 
M.  de  la  Villemarqué  may  not  hâve  been  IN  PA  or  IM  PA. 

3.  But  for  the  Red  Book  instance  I  should  hâve  no  hésitation  in  rendering  rymafei  by 
crat  mihi  and  rymawyr  by  sit  mihi.  At  the  last  moment  I  hâve  noticed  an  auei  in  the 
Book  of  Tal.  p.  174  :  it  begins  line  11,  but  it  is  open  to  two  explanations  like  the 
others. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  4$ 

rhe  unusual  prefix  a.  It  enters,  however,  into  addef  'to  confess',  which 
stands  for  a-dem,  while  the  Irish  hâve  made  aïth-dem  or  ad-dem  convey 
the  same  meaning;  we  hâve  it  also  ïnaddysg  'instruction,  teaching'  from 
dysg  'learning'  and  perhaps  in  allan  'outside,  out  of  doors,  out',  from  llan 
the  original  meaning  of  which  was  that  of  an  enclosure  as  in  ydlan  'a 
corn  or  stack-yard'.  Irish  ithlann.  A  is  a  préposition  in  common  use  in 
Breton  as  in  leun  a  zour  'full  of  water'  and  kalz  a  vara  'a  good  deal  of 
bread'  :  in  Welsh,  which  mostly  replaces  a  by  0,  thèse  would  be  llawn 
0  ddwfr  and  llawer  0  fara;  but  a  may  still  be  heard  in  parts  of  South 
Wales,  as  for  example  in  ahana-i  for  the  written  ohonof  i  'from  me',  and 
it  is  occasionally  to  be  met  with  in  the  old  poetry  as  in  one  of  the  first 
lines  of  the  Gododin,  p.  62,  where  we  hâve  A  dan  vordwyt  megyr  was 
'Under  the  thigh  of  a  slender  youth'  :  hère  we  should  now  say  0  dan  ; 
similarly  we  should  say  0  for  the  préposition  in  the  following,  which  also 
occurs  in  the  Gododin,  p.  66  : 

Bu  tru  a  dynghetven  anghen  g^wir. 

A  d)ngwt  y  dutvwlch  a  ch^vwlch  hir. 
It  was  a  sad  destiny  .... 
That  was  sworn  for  Tudvwlch  and  Cyvwlch  Hir. 

It  is  not  improbable  that  the  préposition  0  is  very  nearly  related  to  a 
and  that  it  is  the  équivalent  in  point  of  origin  and  meaning  of  the  Irish 
ûa  or  0  'from',  both  being  of  the  same  stock  as  English  of,  Latin  ab, 
Greek  &rô,  and  Sanskrit  apa.  Supposingthis  conjecture  well  founded  the 
Brythonic  a  would  go  rather  with  the  Latin  ab,  while  Welsh  0,  Irish  ûa 
or  6,  would  best  be  explained  by  means  of  an  early  form  like  the  Greek 
&KÔ  with  the  accent  on  the  final  syllable.  Of  course  0  and  ô  are  not  to 
be  confounded  with  the  Celtic  préposition  od,  of  the  same  origin  as  the 
English  out,  German  aus,  which  we  hâve  for  instance  in  oper  (for  ob-ber 
=  od-ber)  the  oldest  form  of  the  word  otherwise  written  aper  and 
aber,  the  mouth  of  a  river,  where  its  water  is  carried  out  into  another 
river  or  into  the  sea,  its  out-put  or,  if  one  might  venture  to  be  still  more 
literal,  its  out-bear. 

9.  Mr.  Evander  Evans  has  enumerated  several  cases  of  the  past  par- 
ticiple  being  used  with  the  verb  'to  be'  :  at  p.  153  of  the  Arch.  Cambr. 
for  1873,  he  gives  the  following  managad-oedd  'had  been  told'  ganad- 
oedd  'had  been  born',  dyscad-oedd  'had  been  taught',  archad-oedd  'had 
been  commanded',  magad-oedd  'had  been  bred',  defnyddad-oedd  '  'had 

1 .  By  the  way  hardly  any  of  thèse  really  involve  the  ancient  participles  of  their  res- 
pective verbs,  certainly  not  ganad  and  magad.  Thèse  are  now  ganed  and  maged,  while 
etymologically  they  should  hâve  originally  been  gnawt,  and  maeth.  But  the  former  was 


46  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

been  composed'.  He  said  nothing  however,  so  for  as  I  know,  of  the 
instances  which  will  be  found  in  the  Gram.  Celtica,  pp.  $94-97  :  I  hâve 
in  view  mainly  such  forms  as  daethoed  or  doethoed  'was  corne',  doethoe- 
dynt  'were  corne',  aîhoed  (for  aethoed)  'was  gone',  to  which  I  would  add 
others  with  the  présent  of  the  auxiliary,  such  as  ethyG  (for  aethyô)  'is 
gone',  to  be  met  with  twice  in  the  Red  Book,  p.  220.  In  none  of  thèse 
hâve  we  a  passive  participle,  although  we  hâve  the  participle  which  liter- 
ally  corresponds  to  actus  in  the  compounds  of  agere  in  Latin  ;  for  the 
Welsh  ones  were  déponents  as  we  hâve  already  found  in  dydeuhawr  for 
example  :  this  will  be  seen  still  more  clearly  in  the  case  of  gwneuthur  'to 
do  or  make',  à  propos  of  which  the  Gram.  Celtica,  p.  594,  gives  the 
following  sentences  from  the  Mabinogion  «  oed  digawn  0  drwcawnaethoed 
dmv  ynni  lerat  satis  mali,  quod  fecerat  deus  nobis;  n,  and  «  y  gwyr  a 
wnatlwedynt  lit  a  goueileint  achollet  udunt  kynno  hynny  (viri  qui  fecerant 
iram  et  maerorem  et  detrimentum  eis  antea)  »  :  hère  it  is  quite  impos- 
sible to  make  anything  whatever  of  the  forms  wnaeth,  wnath,  but  a  dépo- 
nent participle  with  an  active  meaning,  though  a  passive  one  might  be 
imparted  the  whole  phrase  by  giving  the  verb  'to  be'  the  passive  form, 
that  is  to  say,  gwnaethoeddit ,  as  in  the  sentence  arsom  a  wnathoedit 
idaw  'et  contumeliam  quae  facta  erat  ei'  Gr.  Celtica,  p.  596.  Managad- 
oedd  and  the  others  already  mentioned  give  us  the  participles  passive 
used  with  the  verb  'to  be'  as  in  Latin,  but  Welsh  in  the  long  run  con- 
tracted  the  habit  of  omitting  the  latter,  as  Irish  also  seems  to  hâve 
always  done  so  far  back  as  the  language  can  be  traced.  The  resuit  of 
this  was  that  managad  and  ganad  or  ganed  as  one  now  writes  and  speaks 
came  to  be  fully  recognized  as  the  complète  expression  of  the  so-called 
preterite  passive  :  ïhusganed  now  means  'was  born'  and  one  can  no  longer 
use  the  verb  'to  be'  with  it  as  it  would  not  be  intelligible.  Further  as 
the  Celtic  passive  has  no  distinct  forms  for  the  three  personsofthe  verb, 
it  supplies  Welsh  with  the  model  for  ail  impersonal  locutions,  and  every 
verb  whether  transitive  or  intransitive  may  therefore  assume  the  pas- 
sive from  :  take  as  instances  of  the  latter  cysged  'dormitum  est'  and  aed 
'itum  est'.  Further,  one  may  add,  that  almost  every  verb  in  the  language 
admits  of  a  passive  form  to  match  each  of  its  tenses  in  the  active  voice; 
but  before  proceding  further  let  us  see  how  thèse  passives  are  formed 


ousted  by  gnawt  {=  lat.  gnotus)  'known,  customary'  from  gna  'to  know'  (unless  this 
word  should  be  interpreted  as  meaning  nature  or  natural  and  regarded  as  the  etymolo- 
gical  équivalent  of  Latin  natus),  and  the  latter  by  the  preterite  maeth  or  by  the  noun 
maeth  'nourishment'.  The  existence  of  the  later  formations,  however,  tends  to  show 
that  passive  participles  were  once  much  more  used  in  Welsh  than  is  generally  supposed. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  47 

for  the  secondary  tenses.  With  a  view  to  this  a  comparison  of  certain 
Welsh  and  Irish  tenses  will  be  useful  and  the  imperfect  may  be  taken 
as  the  most  convenient.  The  Irish  verb  berim  'I  bear'  and  the  Welsh 
cym[m)eryd  (for  con-ber-yd)  'to  take'  will  do  as  well  as  any  other  :  their 
imperfect  active  is  as  follows  respectively  : 

Welsh   1  cymerwn.  Irish   1  berinn. 

2  cymerit.  2  bertha. 

3  cymerai.  3  bered. 

1  cymerem.  1  bermmis. 

2  cymerech.  2  berthe. 

3  cymerent.  3  bertis. 

Among  other  things  it  will  be  seen  that  the  two  languages  differ  in  the 
third  person  singular,  where  Irish  seems  to  retain  an  older  form.  Welsh 
according  to  its  usual  rule  would  throw  off  the  termination,  which  would 
reduce  the  word  to  cymer  of  the  same  form  as  the  third  person  of  the 
présent  indicative  and  of  the  second  of  the  imperative  :  to  obviate  this  a 
new  termination  ei  (later  ai)  or  i,  already  mentioned.,  of  the  same  origin 
as  that  met  with  in  the  prépositions  ohoni  'from  her'  ami  'on  her'  for- 
roerly  also  ohonei  and  arnei.  The  affix  seems  to  hâve  been  added  to  avoid 
confusion  ;  but  where  there  could  not  be  any  it  was  needless  ;  so  we 
hâve  oeddwn  'eram',  oeddit  leras',  and  oedd  'erat',  for  there  was  no  other 
oedd  that  it  could  coïncide  with.  If  then  we  take  off  the  syllable  ai  from 
the  end  of  the  third  person  singular  and  replace  it  by  the  et,  modem 
ed',  which  the  Irish  bered  implies  we  get  for  cymerai  the  theorical  form 
cymered  (for  con-ber-et)  :  add  to  this  the  syllable  ja  and  we  get  cymerid 
'it  was  or  used  to  be  taken'  with  a  somewhat  irregular  i  for  y  ;  orrather 
we  should  say  the  i  belongs  to  the  ja  conjugation  but  is  extended  to  the 
others  as  may  be  seen  from  the  corresponding  forms  in  the  other  Bry- 

1 .  Of  course  it  should  be  at,  ad  in  verbs  of  the  a  conjugation  ;  and  thèse  extended  to 
the  other  conjurations  may  be  detected  in  the  pryneit  already  noticed  at  p.  3,  and  in 
the  gwyddad  still  used  in  South  Wales  for  what  is  in  North  Wales  gwyddai  'sciebat'  : 
the  former  is,  in  the  Mabinogion,  gwyddyat,  as  in  II  pp.  43,  211,  214,  243,  244;  III, 
267,  300  ;  see  the  Gram.  Celtica,  p.  602,  where  atwaenat  'noverat'  is  also  cited  from 
the  Mab  II,  53  ;  and  add  to  them  pieuat  'used  to  own'  which  occurs  in  the  Red  Book, 
p.  282  and  ambwyat  'mihi  erat',  p.  264  =  am  buci  p.  282.  The  same  y  appears  before 
the  ending  of  the  first  person  singular  in  mi  a  wydyôn  'I  should  know'  in  the  Book  of 
Tal.  p.  180;  also  in  ny  wydywn  'I  knew  not'  in  S.  Greal,  p.  11,  where  wydyat  likewise 
occurs,  and  atweynat  at  page  36,  together  with  cawssoedyat  'had  had'.  pp.  30,  46. 
The  semi-vowel  appears  regularly  in  Old  Cornish  in  this  tense,  as  in  wothyen  'sciebam', 
wothie  or  wothya  'sciebat'  etc.,  instanced  in  the  Gram.  Celtica,  p  603.  The  y  is  inte- 
resting  as  proving  this  verb  to  hâve  originally  been  of  the  same  conjugation  as  Latin 
video.  The  Irish  root  gab  was  also  inflected  like  its  Latin  reflex  habeo,  as  proved  by 
such  forms  as  gaibi  'habes'.  On  Celtic  ground  such  verbs  as  thèse  would  be  regarded  as 
partly  of  the  ja  conjugation  and  partly  of  the  consonantal  one. 


48  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

thonic  languages,  such  for  instances  as  we  hâve  in  the  Cornish  pan 
thybrys  'quando  edebatur'  [Gr.  Celtica,  p.  5331,  and  in  the  Breton  we 
gallet  quet  nepret  ma  remediff  'non  poteram  unquam  sanari'  Ibid.  :  this 
last  would  be  in  Welsh  nis  gellid  byth  fy  iachau'.  The  Irish  bered  (for 
older  béret)  yields  with  ja  the  actual  berthe  'ferebatur'  of  the  old  lan- 
guage without  any  irregularity  whatever.  If  it  be  asked  what  the  ja 
means  which  I  hâve  supposed  to  hâve  been  hère  added  to  the  active 
form  to  make  it  passive,  I  hâve  no  answer  to  give  ;  but  I  guess  it  to  be 
possibly  the  same  which  is  used  to  make  passives  in  Sanskrit,  only  that 
there  it  was  placed  between  the  verbal  root  and  the  personal  termination 
of  the  atmanepada  forms  :  See  Max  Mùller's  Sanskrit  Grammar  §  398- 
400,  and  compare  the  Latin  fio  and  Greek  ç/jîto  already  alluded  to.  To 
return  to  cymerid  the  same  termination  is  added  to  intransitive  verbs  in 
passive-impersonal  forms  such  as  oeddid  in  gwnaethoeddid  'factum  erat', 
the  passivity  of  which  is  concentrated  in  the  auxiliary  in  Welsh  and  not 
in  the  participle  gwnaeth  which  is  a  déponent  active.  Oeddid  was,  how- 
ever,  not  the  only  form  of  the  verb  'to  be'  which  took  this  termination; 
for  we  hâve  in  compounds  an  élément  Invyt,  bwyd  formed  after  the  ana- 
logy  of  oeddid  and  the  like,  from  the  root  bu  (Aryan  bhu),  possibly  from 
the  perfect,  the  third  person  of  which  is  bu  'fuit'.  Now  this  bwyd  is 
attached  to  the  participles  aeth-,  daeth-,  gwnaeth-  to  make  aethpwyd  'itum 
est',  daethpwyd  'ventum  est',  gwnaetbpwyd  'factum  est'.  Thèse  should 
perhaps  be  rather  called  quasi-compounds  ;  but  there  are  also  many 
real  compounds  where  a  verbal  root  is  conjugated  wholly  or  in  part  by 
attaching  to  it  the  verb  'to  be'  with  its  usual  inflections  :take  for  instance 
the  root  du  'hear'  from  which  we  hâve  cly-bu  'audiit'  or  the  root  gna 
'know',  which  with  the  prefix  ad  yields  adna-bod  'to  know'  abnebydd 
'will  or  shall  know',  and  many  more  of  the  samekind,  ail  of  which  were 
possibily  déponents  as  was  the  case  with  clu.  So  almost  any  verb  might 
formerly  hâve  a  preterite  passive  formed  in  this  fashion,  such  as  dycpwyd 
'was  brought'  dywedpwyd  'was  said'.  But  beside  thèse  two  classes  which 
may  be  represented  by  aethpwyd  and  dycpwyd  a  third  is  found  consisting 
of  such  compounds  as  ducpwyd'was  brought'  and  gorucpwyd  'wasmade', 
where  we  hâve  beyond  doubt  the  perfect  active  duc  and  goruc  :  so  the 
s  preterites  hâve  yielded  others  of  the  same  description,  such  as  gwels- 
pwyd  'visum  est'  from  gwels-  'vïdit'  '.  But  thèse  are  no  more  capable  of 
being  logically  explained  than  would  a  Latin  compound  be,  which  com- 


1.  Still  more  remarkable  are  the  forms  kawssoedynt  'habuerant'  in  the  S.  Greal  p.  11, 
and  kawssoedyat  'habuerat,  habuisset',  pp.  30.  46. 


Notes  on  the  language  of  oid  Welsh  poetry.  49 

bined  vldit  and  est,  and  the  key  to  their  origin  is  to  be  sought  in  the 
verbs  aethpwyd,  daethpwyd,  and  gwnaethpwyd  in  which  the  participle  hap- 
pened  to  hâve  the  same  form  as  the  third  person  singular  of  the  t  prete- 
rite.  In  a  few  verbs  the  preterite  passive  has  still  ed  as  in  ganed,  which 
is  more  usual  than  ganad  'was  born',  aed  'wasgone'  which  was  invented 
to  avoid  confusion  with  a  et  h  *went',  but  as  a  rule  both  ed  and  bwyd  are 
now  nearly  superseded  by  -wyd,  so  that  for  aed  we  hâve  awd  for  awyd) 
and  dygwyd  instead  of  dycpwyd,  while  bwyd  is  unknown  as  an  indepen- 
dent  verb,  its  place  being  supplied  by  a  curious  form  buwyd  from  bu 
'fuit'.  There  is  however  no  reason  to  suppose  -wyd  less  ancient  than 
bwyd  :  at  any  rate  it  occurs  in  the  early  poetry  for  a  dyngwt  quoted 
from  the  Gododin  stands  for  what  would  more  correctly  written  be  a 
dyngwyt  'that  was  destined',  literally  'that  was  sworn'.  The  origin  of  this 
wyt,  wyd  (with  wy  diphthong)  is  obscure,  but  it  would  seem  to  stand  in 
somewhat  the  same  relation  to  wyf  fsum',  wyf-es',oes  'est',  oeddwn  'eram', 
etc.  as  bwyd  does  to  bu.  We  hâve  hère  to  do  either  with  réductions 
from  bwyd  into  vwyd  or  fwyd  ,  then  into  wyd,  and  so  in  the  others,  in 
which  case  the  intermediate  forms  ought  to  be  found  ;  or  else  another 
root  is  to  be  assumed,  synonymous  with  that  of  bu.  The  verb  'to  be'  is 
similarly  used  in  Irish  as  in  carfuiir  'amabitur,  with  a  conditional  carfide 
'would  or  should  be  loved'.  But  in  that  language  the  so-called  preterite 
is  alvvays  the  participle  used  without  an  auxiliary,  while  periphrastic 
locutions  like  aethpwyd  and  dygwyd  l  are  altogether  unknown  to  it. 


1 .  So  far  as  I  can  guess  the  only  root  that  would  phonologically  fit  to  explain  wyd  is 
that  of  the  English  was,  and  Sanskrit  vas  'to  remain,  to  dwell'  :  it  would  make  vi  s' 
or  » ■('  s  in  Welsh  and  lrish  :  it  is  entire  in  the  Welsh  gwis-g  'a  garment',  for  gwis-t 
as  indicated  by  ihe  Latin  vestis.  Before  a  vowel  the  s  disappears  regularly  and  with 
a  prefixed  n  or  0  which  would  hâve  to  be  postulated,  we  shouid  hâve  ovi  or  owi. 
This  might  be  treated  in  various  ways  :  [1)  it  inight  yield  wy  like  Conovium,  now 
Conwy,  or  oe  as  when  we  hâve  noe  'a  hollow  wooden  dish'  corresponding  to  the  Irish 
nô,  a  boat,  and  Latin  navis  ;  (2)  the  i  might  become  the  semi-vowel  /  liable  to  a  variety 
of  treatments  (a)  as  in  Welsh  heibio  'past,  alongside  of ,  Irish  sceo  'also',  both  for 
seqves-â  or  seqves-ô  (compare  Prof.  Zimmers's  Ir.  scél  for  seqvetl)  with  seqves  =  Latin 
secus,  for  seqves  in  seqvester,  and  as  in  Welsh  ty  -a  house'  which  cornes  from  the  oblique 
stem  (as  for  instance  of  the  genitive  neuter  which  must  hâve  once  been  tegisos  like  the 
Greek  téyioç,  TÉyov:)  tegj-,  where  the  y  counts  as  part  of  a  ja  termination  which  has 
been  dropped  after  influencing  the  stem  vowel  ;  (b)  as  in  tyddyn  'a  house  with  the  land 
around  it,  a  small  farm\  which  I  had  long  suspected  of  having  dd  for  /  and  of  standing 
for  tegj-inn,  when  I  found  the  necessary  proof  the  other  day  in  the  old  form  tegdin  in 
the  Welsh  Laws,  —  the  word  is  commonly  shortened  to  tyn  in  names  of  farm  houses  ail 
over  Wales  such  as  Tyn  Llwyn.  Tyn  Simdde  etc.  (c)  As  i  in  Welsh  gweddi  -a  prayer' 
Irish  foigde,  and  in  W.  tai  'houses'  for  older  tei  =  tege'sa)  —  we  hâve  évidence  that 
tel  was  a  dissyllable  in  the  modem  beu-dai  'cow  houses'  being  accented  beudâi  and  not 
bèudai  and  that  the  ancient  accentuation  was  :  genitive  singular  têgjos,  plural  nom. 
tegè[s)a.  It  may  hère  be  added  that  there  was  besides  teg  another  stem,  which  was  tog 
as  in  Welsh  to  'thatch,  a  cover',  Ir.  tugim  'I  cover'  and  the  0.  Welsh  toulu,  now  teulu 
(for  togo-slog-)   'the  family'  literally  the  'house-host',  or  shall  we  say  the   'protecting 

Rev.  Celt.  VI  a 


$0  Noies  on  Vie  hnguage  of  old  Wehh  poetry. 


VI.  Sortie  notes  on  Welsh  infixed  Pronoms. 

The  m  representing  the  first  person  singular  has  already  been  noticed 
in  rymawyr  and  rymafei,  and  I  pass  on  to  some  of  the  forms  not  men- 
tioned  in  the  Gr.  Celtica.  The  possessive  pronoun  for  hû,  lier  was  /  in 
Old  Welsh  as  in  the  Capella  gloss  (i  i  a,  b)  issemi  anu  Mt  is  his1  name'  ; 
and  it  is  so  still  in  the  spoken  language  of  every  day  life,  in  which  it 
covers  both  the  ei  and  eu  ofthewritten  language.  Now  a  pronoun  of  this 
form  makes  with  the  old  particles  no  and  ro  what  iswritten  in  the  Black 
Book  nuy  and  ruy  as  in  the  following  instances  in  a  short  poem  at  p.  $ 
—  nuygelho  'would  conceal  it',  nuydallw  'would  hold  it',  nuy  hatnappo 
'would  know  it',  nuybo  'woud  be  it'.  The  following  occur  in  the  Book 
of  Tal.  p.  138  : 

Y  ren  r6y  digonsei 
The  Lord  who  had  made  him. 


p.  147 


Hutlath  vathon6y. 
Ygkoet  pan  tyf6y. 
Ffr6ytheu  n6y  kymr6y. 
Ar  lan  g6y!lyon6y. 
Kynan  ae  kaff6y 
Pryt  pan  \vledych6y. 

Mathonwy's  magie  wand, 

When  it  shall  grow  in  the  forest, 

Fruit  shall  envelop  it 

On  the  bank  of  Gwyllionwy 

May  Kynan  get  it 

At  the  time  when  he  shall  reign. 


host'  ?  Further  a  form  taige  occurs  in  Irish  instead  of  lige  the  regular  genitive  of  teg, 
tech  "a  house',  which  is  a  neuter  of  the  same  declension  as  the  Greek  cziyoç  or  xéyoç. 
Thus  I  hâve  sufficiently  shown  that  ovi  or  owi  would  explain  -wyd,  wyf,  wyt,  oeddwn, 
etc.  but  1  must  confess  that  I  do  not  quite  see  why  we  hâve  oes  (and  not  wys),  if  we 
are  to  suppose  it  to  stand  for  oves-ti  or  any  form  ending  with  a  narrow  vowel;  but  pos- 
sibly  the  verb  was  originally  a  déponent  and  ended  otherwise.  If  the  noun  oes  'a  géné- 
ration of  men,  an  âge',  Irish  des,  des  'a  génération  of  men,  a  class  of  men'  as  in  des 
ciuil  'musicians'  or  rather  'pipers'  from  ce  l,  now  'music',  but  originally  a  'musical 
instrument'  (see  the  glosses  on  fol.  2  b  of  the  Milan  Codex  in  Ascoli's  Archiv.  Glotto- 
log.  V,  p.  5  (2  b)  ;  and  the  chief  musical  instruments  of  the  Goidel  seem  to  hâve  always 
been  the  pipes  in  spite  of  «  The  harp  that  once  through  Tara's  hall  »  etc.  :  I  take 
ceél  (genitive  ciuil)  to  stand  for  qviqvlon  of  the  same  origin  as  the  Welsh  pib  and  pibell 
'a  pipe'  ;  but  the  sound  of  the  pipes  has  lured  me  far  away  from  my  subject. 
1 .  This  is  to  be  divided  —  iss  em  i  anu  :  there  is  no  word  emi . 


p.  .58 


or  else 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry .  5 1 

Detwyd  douyd  r6y  goreu. 
The  prosperous  man,  God  made  him. 


It  was  prosperous  that  God  made  him. 
In  the  Red  Book  we  hâve,  at  page  233,  another  combination  ry6  in  a 
stanza  which  runs  thus  : 

Escut  gorwyd  r6yd  géynt 

Amchymynaf.  vy  eirioes 

Vraét  y  ren  ry6  goreu. 

Kymer  gymun  kynn  agheu. 
Active  is  the  horse,  swift  is  the  wind  : 
I  recommend  my  fair  brother 
To  the  Lord  that  made  him  — 
Take  communion  before  death. 

Hère  the  6  of  ry6  is  doubtless  of  the  same  origin  as  the  w  in  i'w  'to 
his,  to  her,  to  their'  as  in  i'w  ben  'to  his  head',  i'w  phen  'to  her  head'. 
This  goes,  with  other  things,  to  shevv  that  ei  'his,  her'  and  eu  'their' 
which  in  Irish  are  ail  three  <i,  do  not,  as  usually  supposed,  represent 
Aryan  asya,  asyâs,  eshâm,  fejus,  eorum',  but  some  pronoun  with  a  stem 
consisting  of  av  or  au  as  in  the  Greek  aô-=réç  or  still  better  the  0.  Bul- 
garian  oviï  hic,  zl-.z:  '. 

2.  The  most  puzzling  forms  hâve  been  kept  to  the  last  :  I  allude 
chiefly  to  dymbi  or  dimbi  and  its  infixed  pronoun.  The  difficulty  consists 
in  the  fact  that  the  word  may  hâve  several  meanings  :  thus  the  m  may 
stand  for  the  first  personal  pronoun  of  the  singular,  or,  if  we  suppose  it 
to  represent  an  n  assimilated  by  the  b  following,  it  may  be  regarded  as 
the  same  person  of  the  plural,  so  that  dymbi  would  mean  either  'there 
will  be  to  me  =  I  shall  hâve'  or  'there  will  be  to  us  =  we  shall  hâve'. 
There  remains  another  way  of  construing  dymbi  ;  for  the  nasal  may  be 
the  exponent  of  the  relative  pronoun,  which,  as  a  distinct  word,  is  in 
Irish  an  and  in  Welsh  a  :  a  fourth  explanation  would  suit  some  verbs, 
namely,  that  in  dym  we  hâve  the  compound  prefix  dy-ym,  but  I  am  not 
aware  that  this  occurs  anywhere  with  the  verb  'to  be'  and  I  proceed 
to  cite  instances  in  which  dymbi  seems  to  me  to  contain  the  relative, 
premising,  that  in  rendering  dymbi,  so  understood,  into  modem  Welsh, 


l.  Mr.  Stokes  has,  he  tells  me,  long  since  detected  the  same  pronoun  in  the  Irish 
dau,  do,  'to  him',  and  also  in  occo  'apud  eum'.  We  seem  to  hâve  a  genitive  aô-n 
«  eorum  »,  in  LH.  56  b,  in  ocaô  nairfiliud. 


52  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

we  hâve  to  use  the  separate  relative  and  say  either  a  ddyfydd  or  y 
dyfydd  according  as  the  relative  is  construed  as  nominative  or  accusa- 
tive  [a],  or  else  as  of  an  oblique  case  (vr)  :  in  the  Book  of  Tal. 
pages  211-13,  no  less  than  five  short  pièces  of  prophétie  drift  begin  with 
the  words  yn  wir  dymbi,  and  the  fourth  passage  in  question  isasfollows  : 

Yn  wir  dymbi  teithiaéc  mon. 

Ffa6  dreic  diffredyat  y  popyl  brython. 

Verily  Mona's  rightful  owner  will  corne, 

A  dragon  of  famé,  protector  to  the  Brython  people. 

The  former  line  would  in  more  usual  Welsh  be  yn  wyr  y  daw  teithiawc 
Mon,  though  we  hâve  in  the  authorized  Welsh  version  of  the  New  Tes- 
tament Yn  wir,  yn  wir  meddaf  i  chwi,  for  'Verily,  verily  I  say  unto  you', 
but  it  is  elliptical  and  Salesbury  had  it  :  Yn  wir  y  dywedaf  wrthych.  It  is 
possible  of  course  that  one  should  translate  the  foregoing  prophecy 
thus  :  "Verily  I  shall  (or  we  shall)  hâve  the  rightful  owner  of  Mona',  but 
there  is  nothing  in  the  context  to  require  or  even  to  favour  this  construc- 
tion, but  rather  the  other  way,  as  two  of  the  pièces  in  the  same  poem 
hâve  practically  the  same  commencement  without  the  pronoun  :  one 
of  them,  already  cited,  is  to  the  following  effect,  p.  213  : 

Yn  wir  dedeuhaôr 
Ae  lu  ae  longa6r. 

Verily  will  he  corne 

With  his  host  and  his  ships. 

Supposing  even  that  the  m  in  Yn  wir  dymbi  teithiaGc  etc.  represented 
either  mihi  or  nobis,  it  could  hardly  be  regarded  as  anything  but  a  sort 
of  dativus  ethicus  ;  but  that  would  hardly  do  in  the  following  instance  at 
p.  20$  : 

Pymp  pennaeth  dimbi 

0  6ydyl  ffichti. 

Five  chieftains  will  corne 
Of  the  Ffichti  Goidels. 

The  same  remark  would  also  apply  to  another  case  of  dymbi  at  p.  208, 
where  we  hâve  : 

Eil  coet  cogni 
Antared  dymbi. 
Pa6b  y  adonai 
Ar  weryt  p6mpai. 

Hère  I  fancy  from  the  mètre,  that  a  word  is  lost  in  the  first  line,  and 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  5  ; 

thatit  was  deil  'leaves'  :  the  meaning  of  cogni  and  antared  is  quite  uncer- 
tain,  but  I  would  suggest  the  following  translation  : 

Eil  [deil]  coet  cogni 

Antared,  dymbi 

Pawb  y  Adonai 

Ar  weryt  Pwmpai. 
Like  as  forest  leaves  a  storm 
Were  drifting  together,  will 
Every  one  corne  to  Adonai 
On  the  soil  of  Pwmpai. 

The  words  y  Adonai  seem  to  exclude  the  personal  pronoun,  and  the 
same  thing  may  be  said  of  another  instance  on  the  same  page  : 
Brython  ar  gyghyr. 
Y  vrython  dymbi. 
A  Brython  on  (errands  of)  counsel 
To  a  Brython  will  corne. 

In  thèse  two  last  examples  the  relative  would  hâve  to  be  y  and  a  res- 
pectively  in  modem  Welsh  ;  and  so  in  the  previous  one  pymp  pennaeth 
dimbi,  it  would  be  a,  and  the  line  would  run  thus  :  Pump  pennaeth  a 
ddyfydd.  The  poem  in  which  this  occurs  ends  with  the  usual  prayer,  that 
the  bard  and  his  hearers  may  finally  get  safe  to  heaven  ;  but  it  is 
somewhat  intricately  worded  and  contains  the  vocable  hère  in  question, 
p.  205  : 

Iol6n  eloi 

Pan  ynbo  gan  geli 

Adef  nef  dimbi. 
Let  us  adore  Elohim 
That  for  us,  through  God,  it  may  be 
The  habitation  of  heaven  that  will  corne. 

There  is  hère  probably  a  faint  re-echo  of  the  words  'Thy  kingdom 
corne',  but  I  find  it  a  hopeless  task  to  try  to  translate  the  subtle  twists 
of  such  sentences  as  this  into  English.  They  are  readily  put  into  modem 
Welsh  or  Irish,  and  they  can  be  expressed  without  much  difficulty  in 
French,  which  has  inherited  the  Qu'est-ce  que  c'est  tricks  of  its  syntax 
from  the  Celtic  language  of  the  ancient  Gauls.  If  we  résolve  dimbi 
in  the  usual  Welsh  fashion  and  translate  lite'rally  into  French,  we  hâve 
the  following  : 

Iol6n  Eloï 

Pan  ynbo  gan  Geli 

Adef  nef  dimbi. 


54  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poeiry. 

Adorons  Élohim 

Afin  que  ce  soit  à  nous,  de  par  Dieu, 

L'habitation  du  ciel  qui  viendra. 

We  hâve  not  yet  done  with  the  poem  already  cited  from  page  205, 
in  which  we  hâve  a  form  dymgoi  :  so  much  of  the  passage  as  appears  to 
be  in  point  is  to  the  following  effect  : 

Pymp  pennaeth  dimbi 
O  6ydyl  ffichti 
0  pechadur  kadeithi 
0  genedyl  ysci. 
Pymp  ereill  dymgoi 
0  nordmyn  mandi  [sic]. 
Whechet  ryfed  ri. 
O  heu  hyt  vedi. 

Five  chieftains  will  come 

Of  the  Ffichti  Goidels 

Of  .   .   .   .  sinner 

Of .   .   .  race  : 

Five  others  will  be  borrt 

Of  the  Normans  of  Normandy  : 

A  sixth,  wonderful  king, 

From  sovving  till  reaping. 

In  dymgoi  we  seem  to  hâve  the  future  of  a  compound  not  hitherto 
noticed  of  the  verb  'to  be',  standing  apparently  for  a  longer  dymgofi;  for 
the  perfect  occurs  at  page  207,  in  the  words  : 

Deudeg  meib  yr  israel  a  wnaeth  cul6yd. 
Mal  y  g6na  a  vynho  auo  arg!6yd. 
Deudec  meib  yr  israel  awnaeth  dofyd. 
Mal  y  g6na  avynho  avo  keluyd. 
Deudec  meib  yr  israel  dymgofu 

O  ganhat  iessu. 

Ac  vn  tat  ae  bu 

Atheir  mam  udu. 

The  twelve  sons  of  Israel  did  God  make, 
As  he  who  is  lord  does  what  he  will  : 
The  twelve  sons  of  Israel  did  God  make, 
As  he  who  is  ingenious  does  what  he  will  : 
The  twelve  sons  of  Israel  were  born 
By  the  permission  of  Jésus  ; 
And  one  father  they  had 
And  three  mothers  were  theirs. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  5  5 

The  verb  occurs  also  in  the  Book  of  Tal.  in  a  poem  which  begins  ail 
its  lines  with  the  formulae  pleasant  is  and  another  pleasant  [thing*  is  :  thus 
at  page  117: 

At6yn  lloer  Ilewycha6t  yn  eluyd. 
Arall  at6yn  pan  vyd  da  dymgofyd. 

Pleasant  is  the  moon  that  shines  in  the  world. 
Another  pleasant  thing   is  when  good  is   brought  forth. 
Or  possibly  \ve  should  rather  say  :  'when  a  good  (man)  is  born'. 

Thèse  passages  suggest  that  dymgoi  etc.  had  at  any  rate  the  meaning 
of  existing  or  coming  to  existence,  and  I  hâve  ventured  to  give  them  the 
more  definite  one  of  lbeing  born1  on  the  strength  of  the  probability  that 
they  are  of  the  same  origin  as  moi,  which  would  then  hâve  to  be  regar- 
ded  as  standing  for  ym(g)oi  :  it  is  the  word  used  in  the  Mabinogi  of 
Pwyll  when  allusion  is  made  to  Teyrnon's  mare  that  brought  forth  a  fine 
coït  every  first  day  of  May  :  see  Guest's  Mabinogion  III,  p.  30.  If  this 
be  correct,  we  hâve  to  dismiss  dymgoi  etc.  as  involving  the  compound 
prefix  dy-ym  and  incapable  of  giving  the  relative  distinct  expres- 
sion, even  where  it  was  understood  as  in  the  three  instances  quoted 
above,  as  anyone  will  see  who  will  take  the  trouble  to  turn  the  verbs 
in  question  into  modem  Welsh.  The  same  poem  begins  with  this 
couplet  : 

Atuyn  rin  rypenyt  y  ryret. 

Arall  at6yn  pan  vyd  du6  dymg6aret. 

Pleasant  is  the  virtue  of  extrême  penance  to  extrême  luxury, 
Another  pleasant  thing,  when  God  is  going  to  deliver  me. 

Hère  dymgdaret  is  possibly  what  would  now  be  written  i'm  gwared. 
But  there  is  an  instance  in  the  Gododin,  p.  83,  where  nothing  but  the 
relative  seems  to  fit  :  I  allude  to  the  word  dimcones  from  dicones  now 
digones  '(he)  satisfied  or  satiated'  :  the  substance  of  the  passage  is  given 
also  in  Gorchan  Maelderw,  p.  106,  but  without  the  verb  used  in  the 
Gododin.  For  convenience'  sake  I  hère  give  the  two  versions  with  my 
guesses  as  to  the  meaning,  and  they  are  nothing  but  guesses  —  Godo- 
din, pp.  82,  83  : 

Ard^ledawc  canu  claer  orchyrdon. 
A  gwed)'  dyrreith  dylleinw  aeron. 
Dimcones  lovlen  benn  eryron. 
Llw)rt  ;  ef  gorevvwyt  y  vsgvlvjon. 

It  is  incumbent  to  sing  of  the  brilliant  .  .  ., 
And  after  his  coming  of  the  influx  of  varriors 


$6  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

That  satisfied  the  grip  of  grey  eagles' 
Beaks  :  he  made  food  for  the  seekers  of  prey. 

Gorchan  Maelderw,  p.  106. 

Erdjledam  canu  icinon  cigueren 

In  guauth  ac  cin  bu  diuant  dileit  aeron 

Riuesit  i  loflen  ar  pen  erirhon 

Luit  em  rannuit  guoreu  bw)t  i  igluion 

Proposed  reading. 

Erd)ledam  canu  i  Cynon  cigvereu 

In  guant  ;  a  chin  bu  diuant  dileit  aeron 

Riuesit  i  loflen  ar  penn  erirhon 

Luit  :  em  rannuit  guoreu  bw)t  i  isgliuion. 

It  is  most  incumbent  to  sing  to  Kynon  of  the  f.esh-forks 

In  the  fight,  how,  before  he  waned.  battalions  were  blotted  out 

That  his  grip  numbered  as  the  portion  of  eagles  grey  : 

The  best  of  food  was  given  to  the  seekers  of  prey. 

In  spite  of  the  obscure  nature  of  thèse  Unes,  there  can  be  very  little 
doubt  that  dimcones  is  what  I  hâve  suggested,  and  this  starts  the  some- 
what  difficult  question  as  to  the  exact  form  of  the  relative  :  Irish  would 
lead  one  to  expect  it  to  hâve  been  an,  and  not  am  '  as  this  and  theother 
instances  would  suggest,  excepting  dymbi  in  which  an,  subjected  to  the 
assimilating  influence  of  the  b,  would  fit  just  as  well  as  an  original  am. 
Be  that  as  it  may,  \ve  seem  to  hâve  the  relative  in  the  preterite  dyrreith 
in  gwedy  dyrreith  £after  he  came'  (p.  82)  and  in  the  poem  containing  it 
six  times  in  the  Book  of  Tal.  pp.  181,  182,  to  which  attention  has 
already  been  called.  In  ail  thèse  passages  the  relative  would  hâve  found 
its  proper  place,  and  its  présence  probably  it  is  that  explains  the  doubl- 
ing  of  the  r  in  dyrreith  in  every  one  of  them.  At  the  same  time  I 
am  not  sure  that  either  nr  or  mr  would  make  rr  in  Welsh  ;  so  it  is 
possible  that  the  relative  had  been  reduced  to  a  sort  of  nasalized  a. 
This,  however,  I  would  leave  until  further  and  more  varied  ins- 
tances hâve  been  detected,  and  I  would  now  only  add  another  deci- 
ded  instance  of  the  doubling  of  the  consonant  owing  to  the  présence  of 
the  infixed  relative  :  it  occurs  in  rymaeth  already  cited  from  the  Black 
Book,  p.  46,  as  occurring  in  the  sentence  meir  rymaeth  'that  Mary 
fostered'  :  for  in  the  poem  in  question  every  vowel-flanked  m  means 
mm,  every  single  m  so  situated  having  been  reduced  to  v  'or/',  so  that 

1.  But  on  the  whole  it  seems  safer  to  prefer  an  to  am  and  to  regard  dimcones  as  a 
scribe's  misspelling  of  dincones  or  of  duncones  :  I  hâve  not  yet  seen  the  Ms. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry .  57 

without  the  relative  \ve  could  only  hâve  had  ryvaeth,  vvhich  in  fact  hap- 
pens  to  occur  only  two  pages  later  in  the  words,  p.  49,  am  ryvaeth, 
'that  reared  me'.  There  is  a  relative  in  this  last  instance  also  ;  it  is, 
however,  not  infixed  but  prefixed  as  a  according  to  the  universal  prac- 
tice  of  later  Welsh.  The  sum  and  substance  of  thèse  remarks  may  be 
given  in  very  few  words  :  there  can  be  no  doubt,  that  Welsh  at  one 
time  made  use  of  an  infixed  relative  as  was  the  habit  of  Irish  ;  at  the 
same  time  the  exact  form  of  the  Welsh  relative  is  not  évident,  nor  is  it 
easy  to  décide  in  certain  cases  whether  it  be  présent  or  not. 

VII.  Some  Welsh  prépositions,  etc. 

An  early  Celtic  préposition  of  the  form  quo-  would  in  Welsh  hâve  to 
appear  as  po  liable  to  be  veakened  into  py  ;  moreover  as  little  words  of 
this  kind  are  submitted  to  an  initial  mutation  which  has  never  been 
satisfactorily  accounted  for,  as  for  instance,  in  dan  for  tan  "tenus'  and 
dros  for  tros  'over',  it  might  be  expected  to  occur  as  bo  or  by  and  thèse 
last  are  not  merely  hypothetical  forms;  for  bo  with  the  article  yr  makes 
regularly  enough  bwyr,  as  in  the  following  sentence  in  the  Gorchan  of 
Maelderw,  p.  99  : 

n)'  weleis  or  mor 
Bwjr  mor  marchauc  avei  waeth  no  odgur. 
I  hâve  not  seen  from  the  sea 
To  the  other  sea  a  worse  knight  than  Odgur. 

In  every-day  Welsh  it  makes  bwy  with  the  pronoun  i  'his,  her'  in 
such  phrases  as  o'r  avr  bwy  gilydd  'from  one  end  to  the  other'  literally 
'from  the  end  to  its  fellovv  [-end]',  o'r  ty  bwy  gilydd  'from  one  house  to 
another',  and  o'r  wlad  bwy  gilydd  'from  one  country  to  another'.  In  old 
Welsh  it  entered  into  composition  with  another  préposition  making  byhet 
or  bet  :  hère  the  h  was  due  to  the  accent  and  the  y  for  0  in  bo  to  the 
absence  of  the  accent,  to  which  the  curtailed  bet  bears  still  stronger  tes- 
timony.  It  is  written  behéit  in  the  tract  on  Weights  and  Measures 
printed  in  the  Gr.  Celtica  p.  1060,  and  at  page  691  instances  are  given 
from  the  Liber  Landavensis  and  the  Lichfield  Codex  of  the  compound  as 
behet  and  bet  :  it  means  'usque  ad'  and  appears  in  Cornish  as  bes  and 
bys,  while  in  Breton  it  enters  into  beteg,  ail  of  which  hâve  the  same 
meaning  of  'usque  ad'.  It  is  suggested  in  the  Gr.  Celtica,  p.  691,  that 
behet  involves  the  word  hyd  'length',  but  I  should  rather  regard  the 
second  élément  as  being  the  same  et  that  \ve  hâve  in  eto  'still,  yet', 
which  consists  of  et-ho  compounded  with  ho  as  in  acw  or  yco  'yonder, 


5  8  Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry. 

there'  from  ac-ho  like  the  Irish  ai  g  so  lat  that  =  there',  and  aig  sin  'at 
this  =  hère'.  We  hâve  the  other  élément  in  the  Song  of  the  Wind  in 
the  Book  of  Tal.  p.  159,  in  the  passage  : 

N}  byd  hyn  ny  byd  ieu. 

No  get  y  dechreu. 
It  is  no  older,  no  younger, 
Than  at  the  beginning. 

Hère  no  get  is  to  be  divided  etymologically  into  nog  et  ;  but  we  hâve 
the  word  also  in  the  Red  Book,  p.  219,  in  rather  an  elliptical  passage 
—  Myrddin  : 

Ryderch  hael  gymynat  gelyn 
G6an  te6  y  wan  ac  6y 
Dyd  géynwyd  ynryt  tawy. 
Rhyddech  Hael,  the  hewer  of  the  foe, 
A  sturdy  fight  was  his  fight  with  them 
The  day  lamented  at  Towy's  Ford. 
Gwenddydd  : 

Ryderch  hael  dan  yspeit  gelyn. 

Dinas  beird  bro  glyt 

Kwd.  aa  ef  et  a  yr  ryt. 
Rhydderch  Hael  during  the  .   .   .  of  the  foe, 
The  stronghold  of  bards  of  a  secure  land, 
Where  will  he  go  after  he  goes  to  the  ford? 

Myrddin  : 

Mi  aedyweit  y  wendyd. 
Kan  amkyueirch  yngeluyd. 
Na  byd  ryderch  hael  drennyd. 
I  shall  tell  it  to  Gwenddydd  — 
Since  she  asks  me  ingeniously  — 
That  Rydderch  Hael  will  not  be  ^livingi  the  third  day. 

The  préposition  et  probably  enters  into  gwedi  'after'  and  its  meaning 
may  be  said  to  be  'at  or  immediately  after'  ;  but  what  relation,  if  any, 
it  bears  to  the  modem  Welsh  at  'towards',  or  to  Greek  h:,  and  Latin 
et  and  etiam,  I  know  not;  and  I  now  wish  to  return  to  the  formula  bwy 
gilydd  :  this  is  mostly  expressed  in  Irish  without  the  pronoun  and  it 
occurs  as  eu  cèle  for  instance  in  Tochmarc  Etaine,  §>  17,  in  Windisch's  Ir. 
Texte,  p.  129.  The  whole  phrase  in  bliadain  on  là  eu  cèle  'a  year  from 
the  day  to  (its)  fellow(-day  ',  which  would  in  Welsh  be  blwyddyn  o'r 
dydd  bwy  gilydd,  but  co  chéle  occurs  as  for  instance  in  the  Annals  of 
Tigernach,  A.  D.  16$,  where  we  read  :  Randta  on  Ath-diath  co  chele 


Noies  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  59 

ittir  Cond.  c.  catliach  7  Mogh-nuadhad  '(Érinn)  was  divided  from  the 
one  Ath-Cliath  to  the  other  between  Conn  the  Hundred-fighter  and 
Mogh-Nuadhad'.  Hère  the  mutation  of  cèle  to  chéle[  shows  the  pronoun 
to  hâve  been  intended  since  co  coming  directly  before  a  consonant  has 
the  effect  of  retaining  it  in  its  unmutated  form.  It  is  needless  to  add  that 
like  the  Welsh  bo-  it  means  'usque  ad'  ;  it  also  resembles  it  in  entering 
into  composition  with  another  préposition,  namely,  the  Irish  co  'with'  : 
now  co  'usque  ad'  governs  the  accusative,  while  the  other,  which 
becomes  con  before  a  vowel,  governs  the  dative  and  proves  itself  of  the 
same  origin  as  Latin  cum,  con-.  The  compound  con-co-  with  the  per- 
sonal  terminations  appears  as  cuccum  'towards  me',  cuccut  'towards  thee' 
etc.  and  Prof.  Windisch  suggests  the  possibility  of  cuccum  being  a  redu- 
plication of  co  ;  but  the  view  hère  advanced  is  préférable  and  has.,  I 
may  add,  the  approval  of  Mr.  Stokes.  Curiously  enough  cuccum  etc. 
began  early  to  undergo  the  initial  mutation  whereby  Welsh  po-  became 
bo-,  and  the  modem  language  has  always  chugam  'unto  me',  chugad 
'unto  thee'  and  so  in  the  other  persons.  It  has  been  already  remarked 
:hat  co  prevents  the  mutation  of  a  succeeding  consonant  :  this  means 
:hat  it  originally  ended  in  a  consonant  itself,  but  which  was  it  ?  Win- 
disch hesitatingly  suggests  t  :  he  was  possibly  thinking  of  the  Greek 
-o-i  but  I  am  more  inclined  to  think  that  the  Celtic  form  was  at  first 
yvos  and  I  hâve  no  hésitation  in  equating  it  with  one  of  the  most  com- 
non  prépositions  in  the  Slavonic  languages,  namely  that  represented  by 
:he  0.  Bulgarian  kû.  This  last  it  is  true  is  always  used  with  the  dative, 
Dut  its  meaning  is  sufficiently  near  that  of  the  Irish  word  ;  for  it  is 
ised  as  the  équivalent  of  the  English  to  both  in  'Speak  to  me1  and 
Corne  to  me',  while  Pfuhl  in  his  Lausitzisch-Wendisches  Wœrterbuch  gives 
nstances  which  remind  one  of  the  Irish  formula  co  cèle,  such  as  wot 
nuza  k  muzej  'from  man  to  man',  and  Mr.  Morfill  kindly  favours  me 
vith  the  following  line  from  Poushkin  (Stikhotvorenia,  i.  385,  St.  Peters- 
Durg,  1859)  —  Ko  mnê,  mol  droug,  slouda,  slouda,  'To  me,  my  love, 
lither,  hither'.  Hère  Russian  ko  is  used  without  the  verb  of  motion,  as 
*vas  frequently  done  in  Irish,  in  sentences  like  the  following  from  the 
Ubor  na  hUidre  (facsimile,  fol.  131b)  —  Ambdtar for  ambrlathraib  conac- 
:atdr  mldir  chuccu  'as  they  were  at  their  talk,  they  beheld  Midir  towards 
hem,i.  e.  coming  to  them':  or  take  this  from  Stokes's  Goidelica,  p.  86. 


1 .  We  hâve  a  parallel  to  this  dropping  out  of  the  pronoun  in  colloquial  Welsh  com- 
nonly  enough,  and  1  hâve  noticed  it  in  the  S.  Greal  (Williams),  p.  85,  where  we 
lave  or  pechawt  py  gilyd  'from  one  sin  to  another'. 


6o  Notes  on  the  langage  of  old  Welsh  poetry. 

—  AmaUmmendniitset  conacaîar  fiacc  find  cuccu  'as  they  were  thinking 

of  him,  they  beheld   Fiacc   Finn  (coming)  to  thera'. 

It  is  needless  to  say  that  the  word  kwd  in  the  last  quotation  from  the 
Red  Book  has  nothing  whatever  to  do  with  the  préposition  which  has 
just  been  discussed  :  it  occurs  not  unfrequently  in  Welsh  poetry  as  for 
example  in  the  Book  of  Tal.  p.   127  : 

A  cherd  aralluro  affo  beunyd. 

Ny  6yr  kud  ymda  c6d  a  c6d  vyd. 
With  the  stranger  on  the  move  and  in  flight  every  day  — 
He  knows  not  where  to  walk,  where  to  go,  where  to  be. 

Or  take  this  from  the  same  book,  pp.  145,  146  : 

Eilewyd  keluyd 

Pyrnam  dywedyd. 

A6dosti  c6d  uyd 

Nos  yn  arhos  dyd. 
Ingenious  singer, 
Why  tellest  thou  me  not  ; 
Knowest  thou  where  is  wont  to  be 
The  night  awaiting  the  day. 

In  ail  thèse  instances  cwd  is  made  up  of  cw  with  the  yt  or  yd  '  which 
frequently  cornes  before  verbs  ;  but  the  simpler  forai  occurs  twice  in 
the  same  book,  at  p.  1 27,  in  a  poem  about  the  Saeson  : 
P6y  meint  eu  dylyet  or  wlat  a  dalyant. 
C6  mae  eu  her6  pan  seilyassant. 
C6  mae  eu  kenedloed  py  vro  pan  doethant. 
How  much  is  theirs  of  the  country  they  hold  ? 
Where  is  their  acre  whereon  they  laid  their  foundation  ? 
Where  are  their  nations,  what  land  came  they  from  ? 

This  c6  or  cw  is  derived  doubtless  from  the  same  pronominal  origin 
as  the  words  pwy  'who',  pa  'what',  pan  'when,  why'  and  many  more,  ail 
beginning  with  p  except  this  adverb  alone.  It  is  easy,  however,  to  see 
how  this  would  become  an  exception,  if  we  may  venture  to  suppose  that 
the  vowel  was  a  as  in  the  Sanskrit  ku  in  kutas  'where,  whither'  and 
similar  instances  :  the  early  Celtic  form  would  in  that  case  hâve  been 
qvu,  where  the  v  would  probably  be  dropped  and  the  word  would 
become  eu  written  cw  or  c6,  nor  would  there  be  any  thing  left  to  occa- 

1 .  As  to  the  mutation  after  yd  I  hâve  nothing  to  say,  but  that  it  occurs  also  in  the 
Black  Book,  p.  43,  47,  also  35,  in  ydvei,  printed  y  dvd  by  Skene,  but  to  be  regarded 
as  made  up  of  yd  vei,  in  a  later  spelling  yd  fai,  but  completely  replaced  now  by  y  bai 
or  y  byddaï  :  so  also  yd  gan  'sings'  occurs  at  p.  60,  for  what  would  now  be  y  cân. 


Notes  on  the  language  of  old  Welsh  poetry.  6 1 

sion  the  change  of  the  initial  into  p  :  we  hâve  practically  the  same 
thing  in  the  Welsh  cwn  'dogs'  and  Greek  x6veç  as  compared  with  the 
Sanskrit  forms  —  nominative  çvânas,  accusative  çunas'.  I  cannot  see 
my  way  to  equate  cw  with  the  Greek  t.zj,  though  thèse  words  are 
derived,  no  doubt,  from  a  common  source,  whence  we  hâve  also  Welsh 
po,  used  in  the  same  way  as  Latin  quo  with  comparatives  :  this  is  in 
Irish  co  ;  but  Irish  has  also  co  meaning  'how'  as  in  co  accï  'how  seest 
thou'  in  LH.  55  b.  This  is  exactly  the  Greek  tmz  as  proved  a  few  lines 
earlier  in  the  same  MS.  by  cobbia,  'r.ûq  yùaetca'. 

John  Rhys. 

Postcript.  —  Had  Prof.  Windisch's  article  on  the  Irish  Prasens  Secun- 
darium  in  Kuhn's  Zeitschrift,  xxvij.  pp.  156-167,  223,  4,  reached 
me  in  time,  I  should  hâve  expressed  myself  somewhat  differently  on 
the  forms  touched  upon  at  p.  47.  However  that  article  contains  several 
things  which  I  am  as  yet  unable  to  accept  :  among  other  things  I  find 
the  assumption  that  Welsh  carei  stands  for  caretê  rather  startling  in  point 
of  phonology,  and  some  kind  of  proof  would  seem  désirable  ;  but  even 
then  forms  like  Welsh  gwyddyat  would  hâve  to  be  taken  into  account. 
Further  he  is  induced  by  the  example  of  Ebel  to  regard  the  ei  in  meneich 
'monachi'  as  due  to  the  influence  of  the  î  of  the  latter  :  I  hâve  claimed 
this  influence  for  ja  terminations  (Welsh  Phil.,  pp.  1 16-1 18),  for  which 
a  for  better  case  can  be  made  out  than  for  /'. 

1.  On  this  Mr.  Stokes  remarks  :  'We  hâve  a  trace  of  the  distinction  between  çvânas 
and  çunas  in  the  Irish  derivatives  cuanart  and  conart,  each  meaning  dogs'. 


FORMULES 

INITIALES,  INTERCALAIRES  ET  FINALES  DES  CONTEURS 
EN    HAUTE-BRETAGNE. 


Les  contes  ne  débutent  pas  comme  les  romans  ou  les  nouvelles  par 
une  description  ou  un  dialogue.  Le  conteur  n'a  pas  besoin  de  tant 
d'apprêt  ;  il  introduit  tout  de  suite  ses  auditeurs  in  médias  res  ;  mais  en 
général  il  les  avertit  dès  le  commencement  que  le  récit  est  du  domaine 
de  la  fiction. 

Parmi  les  formules  initiales,  les  plus  fréquentes  sont  :  «  Il  était  une 
fois,  »  ou  «  Il  y  avait  une  fois.  »  Elle  n'est  pas  particulière  à  la  Haute- 
Bretagne,  et  je  crois  qu'on  la  retrouve  à  peu  près  textuelle  dans  tous  les 
pays.  Les  conteurs  savent  d'ailleurs  tellement  qu'elle  est  en  quelque 
sorte  sacramentelle,  que  j'ai  entendu  plusieurs  de  mes  conteurs  débuter 
ainsi  :  «  Il  y  avait  une  fois,  par  une  bonne  fois,  —  c'est  le  commence- 
ment de  tous  les  contes.  »  C'était  une  des  formules  favorites,  à  un  membre 
de  phrase  près,  de  la  conteuse  habituelle  de  M.  Luzel,  qui  s'est  occupé 
des  formules  initiales  et  finales  des  conteurs  bas-bretons  (cf.  Revue  cel- 
tique, t.  III,  p.  536-341). 

«  Une  fois  il  y  avait,  une  fois  il  y  aura. 

(C'est)  le  commencement  de  tous  les  contes.  » 

La  formule  que  je  cite  d'après  M.  Luzel  est  en  vers,  ainsi  que  plusieurs 
autres  de  son  article.  Je  ne  connais  —  sauf  dans  les  contes  de  bord 
—  en  Haute-Bretagne,  aucun  commencement  de  conte  qui  soit  rimé. 
Les  fins  de  conte  le  sont  parfois,  mais  rarement.  C'est  dans  le  milieu  des 
récits  qu'on  trouve  assez  fréquemment  des  vers,  deux  ou  quatre  le  plus 
habituellement. 

Les  marins  qui  sont  facétieux  débutent  ainsi  quelquefois  :  «  Il  était 
une  fois  —  car  il  n'y  a  pas  de  fois  sans  courée  (chorée)  ni  de  quartier  de 
mouton  sans  rognons.  » 


Formules  des  conteurs  en  Haute-Bretagne.  63 

«  Au  temps  jadis,  »  est  un  début  usité.  S'il  s'agit  d'un  récit  facétieux  et 
invraisemblable,  comme  les  Joyeuses  Histoires  des  Jaguens  par  exemple, 
le  conteur  dit  :  «  Au  temps  jadis  où  les  poules  pissaient  par  la  patte;  » 
ou  «  Au  temps  jadis  où  les  poules  pissaient  dans  un  bassin.  » 

Voici  d'autres  formules  qui  indiquent  que  la  chose  s'est  passée  il  y  a 
longtemps  : 

«  Au  temps  où  les  grands-pères  des  plus  âgés  de  la  paroisse  n'étaient 
pas  encore  en  culottes.  » 

«  Du  temps  de  la  grand'mère  de  la  grand'mère  de  ma  grand'mère.  » 

«  Autrefois,  du  temps  de  nos  bonnes  mères  les  fées.  » 

Parfois  le  conteur  introduit  ses  auditeurs  dans  le  lieu  où  va  se  passer 
le  récit  :  «  Dans  la  houle  de  la  Teignouse  sont  les  chambres  des  fées, 
etc.  »  Mais  la  description  est  toujours  sobre  et  succincte  :  les  conteurs 
ne  s'attardent  point  à  décrire  des  paysages,  et  les  vêtements  des  héros 
sont  à  peine  indiqués  :  c'est  aux  auditeurs  de  se  les  représenter,  chacun 
suivant  sa  fantaisie. 

Certains  récits  sont  en  quelque  sorte  datés  :  «  C'était  avant  la  grande 
Révolution  ;  »  plus  rarement  :  «  C'était  pendant  la  grande  Révolution.  » 
C'est  lorsque  l'on  raconte,  non  un  conte  de  féerie,  mais  une  apparition 
ou  un  événement  surnaturel,  auquel  le  conteur  croit,  et  qu'il  date  pour 
lui  donner  en  quelque  sorte  de  l'authenticité.  Voici  deux  autres  formules 
de  ce  genre,  dont  la  seconde  est  quelque  peu  sceptique  : 

«  Il  y  a  des  contes  qui  ont  été  inventés  par  les  anciens  pour  se  divertir  ; 
mais  ce  que  je  vais  vous  raconter  est  une  histoire  vraie  qui  est  arrivée  à 
mon  grand-père  ;  il  n'était  point  homme  à  mentir,  et  voici  le  récit  qu'il 
nous  en  a  fait  mainte  et  une  fois.  » 

«  Je  m'en  vais  vous  raconter  une  histoire  que  je  tiens  de  mon  grand- 
père  :  elle  s'était  passée  du  temps  qu'il  était  jeune  ;  mais  il  n'aurait  pas 
voulu  jurer  qu'elle  était  vraie,  n'ayant  point  été  là  quand  la  chose 
arriva.  » 

Souvent  les  contes  de  marins,  —  lorsqu'ils  sont  racontés  à  bord,  — 
sont  précédés  d'une  sorte  de  préface.  Le  conteur  la  commence,  les  audi- 
teurs lui  répondent,  tout  en  s'arrangeant  pour  l'écouter  à  l'aise  et  sans 
faire  de  bruit  : 

«  Il  y  avait  une  fois  ; 

—  Cric,  —  Crac,  —  Sabot,  —  Cuiller  à  pot  !  —  Soulier  de  Dieppe, 
—  Marche  avec,  —  Marche  aujourd'hui,  marche  demain. 

«  A  force  de  marcher  on  fait  beaucoup  de  chemin. 

«  Je  passe  par  une  forêt  où  il  n'y  avait  point  de  bois,  par  une  rivière 
où  il  n'y  avait  pas  d'eau,  par  un  village  où  il  n'y  avait  pas  de  maison. 


64  Formules  initiales,  intercalaires  et  finales 

«  Je  frappe  à  la  porte  et  tout  le  monde  me  répond; 

<(  Plus  je  vous  en  dirai, 

«  Plus  je  vous  mentirai, 

«  Je  ne  suis  point  payé  pour  vous  dire  la  vérité. 

«  Il  y  avait  une  fois,  —  par  une  bonne  fois,  —  etc.  » 

L'énumération  des  choses  invraisemblables  varie  suivant  les  conteurs  ; 
et  aussi  suivant  la  hâte  que  les  auditeurs  mettent  à  prendre  leurs  places 
et  à  faire  silence.  Il  y  en  a  de  très  longues,  parfois  remplies  de  rimes 
grossières  et  obscènes. 

Les  formules  intercalaires,  par  lesquelles  le  conteur  coupe  son  récit,  ou 
qui  reviennent  de  temps  en  temps  sans  être  bien  motivées,  sont  moins 
nombreuses  que  les  formules  initiales.  Elles  sont  plus  employées  par  les 
marins  que  par  les  terriens. 

Il  y  a  d'abord  : 

Marche  aujourd'hui,  marche  demain. 
A  force  de  marcher  on  fait  beaucoup  de  chemin, 
qui  revient  très  fréquemment.  Le  narrateur  l'enjolive  quelquefois  en  ajou- 
tant :  «  Et  si  on  ne  tombe  pas  le  nez  dans  la  poussière,  on  n'a  pas  la 
peine  de  se  relever.  » 

Lorsque  l'attention  des  auditeurs  semble  se  lasser,  le  conteur  dit  : 
«  Cric  !  »  —  Si  on  lui  répond  «  Crac  !  »  il  continue  son  récit  ;  mais  si 
personne  ne  lui  donne  la  réplique,  c'est  signe  que  l'auditoire  est  endormi, 
et  il  remet  la  suite  à  une  autre  veillée. 

J'ai  connu  des  marins,  —  surtout  des  mousses,  —  qui  entraient 
tellement  dans  leur  sujet  que,  s'ils  venaient  à  parler  d'une  princesse, 
ils  s'écriaient  :  «  Ah  !  était- â  (était-elle";  belle  !  »  comme  s'ils  la  voyaient 
réellement. 

De  même  que  les  romanciers,  les  conteurs  disent  :  «  Laissons  pour  le 
moment  un  tel.  »  Ou  s'ils  ont  à  appeler  l'attention  sur  un  certain  détail  : 
«  Il  est  bon  de  vous  dire  que  la  particulière  en  question  (c'est  souvent 
une  princesse)  faisait,  etc.  » 

De  toutes  les  formules,  celles  qui  terminent  les  contes  sont  les  plus 
nombreuses  et  les  plus  variées.  Les  plus  habituelles  sont  relatives  au 
bonheur  du  héros  après  ses  aventures  :  «  Depuis  il  n'eut  que  du  bonheur 
jusqu'à  la  fin  de  ses  jours.  »  ou  :  «  Il  vécut  très  heureux  avec  les  pré- 
sents des  fées.  »  «  ils  se  marièrent  et  vécurent  heureux.  » 

Dans  beaucoup  de  contes,  le  personnage  principal  devient  riche  ;  mais 
comme  c'est  un  brave  homme,  il  veut  que  les  siens  et  parfois  même  ses 
amis  aient  leur  part  dans  sa  nouvelle  fortune.  Un  des  caractères  des 
contes  de  la  Haute-Bretagne,  c'est  la  bienveillance  du  héros  des  contes 
envers  les  faibles  : 


des  conteurs  en  Haute-Bretagne.  6$ 

«  Il  retourna  vivre  avec  ses  parents  qu'il  mit  à  leur  aise  pour  le  restant 
de  leurs  jours.  » 

«  Il  fit  sa  fortune,  et  donna  à  ses  matelots  de  quoi  se  mettre  à  l'aise.  » 

«  Et  depuis  ce  temps,  il  n'eut  jamais  que  du  bonheur  dans  sa  navi- 
gation. » 

«  Il  prend  avec  du  poisson  autant  qu'il  en  veut,  et  tant  qu'il  vivra,  il 
en  prendra.  » 

Plusieurs  légendes  de  houles  se  terminent  par  une  allusion  à  la  mort 
ou  à  la  disparition  des  fées. 

«  Et,  depuis  ce  temps -là,  on  n'a  jamais  vu  les  fées.  » 

«  Elles  ont  disparu  depuis  longtemps,  et  on  dit  qu'elles  sont  toutes 
mortes  en  une  nuit.  » 

«  Depuis  ce  temps-là,  toutes  les  fées  ont  disparu  du  pays.  » 

Parfois  le  conteur  avoue  qu'il  ignore  ce  que  sont  devenus  depuis  ses 
héros  : 

«  Et  je  ne  sais  pas  si  la  jeune  fille  est  depuis  retournée  voir  les  fées 
de  la  Houle  du  Châtelet.  » 

«  Et  je  ne  sais  ce  qu'ils  sont  devenus  depuis.  » 

Cette  formule  est  fréquente  en  Basse-Bretagne,  d'après  M.  Luzel  : 

«  Jusqu'à  présent,  j'ai  pu  les  suivre  (les  héros  du  récit),  mais,  à  partir 
de  ce  moment,  je  ne  sais  ce  qu'ils  sont  devenus.  » 

«  A  partir  de  ce  moment,  je  n'ai  plus  entendu  parler  d'eux.  » 

Parfois,  mais  assez  rarement,  la  formule  finale  contient  une  moralité  : 

«  Quand  j'aurai  un  secret,  je  ne  le  dirai  pas  à  ma  femme,  et  vous  tous 
qui  m'écoutez,  je  vous  engage  à  en  faire  autant.  »  Ou  celle-ci,  par 
laquelle  j'ai  entendu  terminer  plusieurs  légendes  de  revenants  :  «  Voilà 
ce  qui  doit  apprendre  à  respecter  les  morts.  » 

A  la  fin  de  quelques  contes  on  trouve  une  sorte  de  réflexion  mélanco- 
lique et  philosophique  : 

«  Misère  redescendit  sur  la  terre,  et  il  y  est  toujours  resté  en  compa- 
gnie de  son  petit  chien  Pauvreté.  » 

«  Et  Misère  revint  sur  la  terre,  et  il  n'est  pas  mort.  » 

Voici  encore  deux  finales  très  usitées  : 
«  N.  I.  ni 
Mon  petit  conte  est  fini.  » 
«  Et  s'ils  ne  sont  pas  morts 
Ils  vivent  encore.  » 

Mais  de  toutes  les  formules  qui  terminent  les  contes,  les  plus  variées 
et  les  plus  usitées  sont  celles  où  l'on  décrit  de  grandes  ripailles  : 

«  Les  petits  cochons  couraient  par  les  rues,  tout  rôtis,  tout  bouillis, 

Rev.  Celt.  VI  5 


66  Formules  des  conteurs  en  Haute-Bretagne. 

la  fourchette  sur  le  dos  et  la  moutarde  au  eu,  qui  voulait  en  coupait  un 

morceau.  » 

«  Il  y  eut  à  cette  occasion  des  noces  si  copieuses  que,  le  lendemain 
sur  toutes  les  routes,  on  voyait  des  invités  égaillés  étendus)  sur  des 
mètres  (tas]  de  pierres  et  ronflant  comme  des  bienheureux.  » 

Les  conteurs  bas-bretons  parlent  aussi  de  repas  plantureux,  et  plu- 
sieurs traits  de  mœurs  épulaires  sont  communs  aux  deux  Bretagnes  ; 
mais  les  descriptions  sont  bien  plus  détaillées  en  Basse-Bretagne  que  dans 
la  Bretagne  de  langue  française  :  on  en  jugera  par  la  suivante,  rapportée 
par  M.  Luzel,  p.  339-40,  et  qui  n'est  pas  la  plus  longue  de  celle 
qu'il  cite  : 

«  C'est  là  qu'il  y  eut  alors  de  belles  fêtes,  pendant  quinze  jours,  et  de 
beaux  festins,  auxquels  furent  conviés  les  pauvres  comme  les  riches.  —  Il 
n'y  manquait  ni  massepains  ni  macarons.  —  Ni  crêpes  épaisses,  ni  crêpes 
minces,  —  Ni  bouillie  cuite,  ni  bouillie  non  cuite  ;  —  Un  homme  faisait 
le  tour  (des  tables  avec  une  cuillère  à  pot,  —  Demandant  :  Faut-il  de 
la  bouillie  par  là  ?  —  Il  y  avait  là  jusqu'à  un  cochon,  —  Cuit  par  un 
bout,  tout  vif  de  l'autre,  —  Avec  couteau  et  fourchette  dans  son  der- 
rière :  — -  Coupe  chacun  où  il  lui  plaira!  —  Moi  j'étais  aussi  par  là,  avec 
mon  bec  frais,  —  Et,  comme  j'avais  faim,  j'attaquai  vite.  —  Un  cuisinier 
qui  se  trouvait  là,  —  Avec  ses  sabots  à  pointes  de  Saint-Malo.  —  M'en 
porta  un  grand  coup  dans  le  derrière,  —  Et  me  lança  sur  la  montagne 
de  Bré.  —  De  là,  je  vins  jusqu'ici  —  Pour  vous  conter  tout  ceci.  » 

Voici  maintenant  quelques  finales  de  contes  delà  Haute-Bretagne,  où, 
comme  dans  la  citation  précédente,  les  conteurs  assurent  qu'eux  aussi 
ont  assisté  au  repas  de  noce  de  leur  héros. 

«•  Ils  firent  une  belle  noce.  Je  me  trouvai  avec  les  cuisinières  et  je 
voulus  goûter  aussi  moi  un  peu  de  fricot  ;  mais  il  y  en  eut  une  qui  me 
dit  que  je  l'embêtais  ;  elle  me  donna  un  coup  de  poêlon  sur  la  figure  et 
m'envoya  raconter  tout  ceci  à  M***.  » 

«  Et  moi  qui  y  étais  et  qui  avais  bu  un  coup  de  trop,  j'y  dansai  tant 
que  j'en  perdis  ma  coiffe.  » 

«  Ils  firent  une  belle  noce  :  il  y  avait  des  barriques  de  vin  à  tous  les 
coins  des  rues,  des  cochons  rôtis  qui  couraient  par  les  rues  avec  des 
fourchettes  sur  le  dos,  du  poivre  et  du  sel  dans  les  oreilles  et  la  moutarde 
sous  la  queue,  et  qui  voulait  en  coupait  un  morceau.  —  J'étais  chargé  de 
faire  la  sauce,  mais  j'eus  la  sottise  d'y  goûter  et  l'on  me  mit  dehors  ;  alors 
je  m'en  allai  par  sur  le  pont  de  Gouédi,  —  Et  voilà  le  conte  fini.  » 

Paul  Sébillot. 


CHARMES, 

ORAISONS    ET    CONJURATIONS   MAGIQUES 

DE  LA  BASSE-BRETAGNE. 


La  croyance  à  la  vertu  des  mots,  à  l'efficacité  des  formules  magiques 
est  toujours  vivace  dans  les  campagnes  bretonnes.  Que  l'on  s'en  défende 
ou  non,  tout  le  monde  y  tient  peu  ou  prou,  depuis  la  châtelaine,  qui 
guérit  les  malades  par  l'oraison,  jusqu'aux  clients  de  la  vieille  mendiante 
qui  fait  commerce  d'amulettes  et  passe  pour  jeter  des  sorts.  C'est  affaire 
de  tempérament  et  de  milieu.  Il  n'est  pas  un  accident  de  la  vie,  pas  une 
erreur  de  la  fortune  que  l'on  ne  puisse  prévenir  ou  corriger,  dit-on,  si 
l'on  prononce  à  temps  les  paroles  puissantes,  suivant  certains  rites  déter- 
minés. La  difficulté  est  de  connaître  ces  secrets  merveilleux,  propriété 
exclusive  d'un  petit  nombre  de  familles  et,  parmi  celles-ci,  de  quelques 
privilégiés  seulement.  Un  avare  ne  garde  pas  avec  plus  de  soin  son  tré- 
sor. Et  c'en  est  un  aussi  que  la  science  de  ces  traditions  mystérieuses  : 
si  elle  ne  sert  pas  toujours  à  battre  monnaie,  elle  donne,  même  aux  plus 
humbles,  de  l'importance  et  du  crédit. 

Il  existe  ainsi,  tout  au  fond  du  Folk-Lore  breton,  un  petit  coin  muré 
dont  l'accès  est  interdit  aux  profanes.  Qui  voudrait  y  pénétrer,  à  l'aide 
des  moyens  de  persuasion  ordinaires,  risquerait  fort  de  les  épuiser  en 
pure  perte.  Mieux  vaut  essayer  d'entrer  par  surprise.  Avec  de  la  patience 
et  du  temps  on  y  réussit  quelquefois. 

La  Revue  celtique  a  déjà  publié  plusieurs  pièces  empruntées  de  la 
sorte  au  grimoire  de  nos  modernes  sorciers  [Lavarou  Koz,  nos  899-910); 
en  voici  de  nouvelles  qui  les  complètent  ou  leur  font  suite  : 

I.  —  Pater  noster,  penijen  ann  eal,      E-tre  ho  divrec'h,  va  eal  mad. 
Me  offr  va  ene  da  sant  Mikeal,  —  Klevit  'ta,  kousket  oc'h  ?        5 

Ene  va  mamm,  ene  va  zad  —  Sant  Fiakr,  petra  fell  d'ehoc'h? 


68  Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques 

—  Gwella  remed  a  rofenn,  Pennou  tud  varo  a  welfot  :  1 5 
Mont  d'ar  zul  d'ann  oferenn,  —  Debonjour  d'ehoc'h,  eskern  tud, 
Asista  en-hi  penn-dre-benn.  Me  ho  kav  aze  gwall  astud  ; 

En  iliz  pa  antrefot,  10      Mar  e-maoc'h  er  baradoz 

Dour  beniget  a  gemerfot,  O  veuli  Doue  deiz  ha  noz,          19 

'N  em  prosternfot  devotamant  Chasseitanndersienndiwar-oun-me 

Dirag  Jezus  er  Sakramant.  Pe  chomit  en  ifern  'pad  ann  eter- 

Ar  garnel  pa  bassefot  [nite. 

Pater  noster.  pénitence  de  l'ange,  —  J'offre  mon  âme  à  saint  Michel,  — 
L'âme  de  ma  mère,  l'âme  de  mon  père  —  Entre  vos  bras,  mon  bon  ange.  — 
Ecoutez  donc,  êtes-vous  endormi?  —  Saint  Fiacre,  que  voulez-vous?  —  Le 
meilleur  remède  que  je  donnerais  —  ^Ce  serait  d'jaller  le  dimanche  à  la  messe, 

—  D'y  assister  d'un  bout  à  l'autre.  —  Dans  l'église  quand  vous  entrerez,  — 
De  l'eau  bénite  vous  prendrez,  —  Vous  vous  prosternerez  dévotement  — 
Devant  Jésus  dans  le  Sacrement.  —  Dans  le  cimetière  quand  vous  passerez,  — 
Des  têtes  de  mort  vous  verrez  :  —  Bonjour  à  vous,  ossements  humains,  —  Je 
vous  trouve  là  bien  misérables;  —  Si  vous  êtes  dans  le  paradis  —  A  louer 
Dieu  jour  et  nuit,  —  De  la  fièvre  débarrassez-moi  —  Ou  restez  dans  l'enfer 
pendant  l'éternité. 

Cette  prière,  qui  a  la  vertu  de  chasser  les  fièvres  intermittentes,  doit 
être  récitée  le  soir,  à  voix  basse,  à  l'oreille  du  malade  par  le  guérisseur 
ou  sorcier.  Il  suffit  ensuite  de  se  conformer,  de  point  en  point,  aux  pres- 
criptions qu'elle  renferme  et  de  faire  une  offrande  à  saint  Fiacre  et  aux 
trépassés,  pour  recouvrer  promptement  la  santé. 

II.  —  Il  n'est  fièvre  pernicieuse  qu'une  personne  née  un  vendredi  de 
mars,  pourvu  que  ce  vendredi  ait  été  l'un  des  jours  impairs  du  mois,  ne 
puisse  guérir  radicalement  en  la  conjurant  ainsi  qu'il  suit  : 

Un  ober  vad  pa  her  gran  War  e  welan  ne  rez  van  e-bet;  10 

Dre  zin  ar  groaz  e  komansan.  Ha  koulskoude,  tra  difeson, 

En  eur  antreal  en  ho  ti  Me  da  wel  gwall  direzon 

E  lavaran  :  In  nomine  patris et  fili . . .  O  tont  endro  d'am  vilajenn; 

Hag  evit  achui  va  feden  :  5  Ann  dra-ze  ne  aseptin  bikenn. 

Et  spiritui  santi.  Amen.  Dre  natur  va  louzaouen,  1  5 

Tersienn  maluruz,  tersienn  c'houe-  Me  reï  d'id  sec'ha  da  c'hlaouren. 

Da  ober  petra  e  teuez  er  vro?  [ro,  Rag-ze  'ta,  te  ia  inkontinant 

C'hoas  em  beuz  bet  da  chasseet,  Er-meaz  ann  ti,,  tra  dizamant. 

Quand  bonne  oeuvre  je  fais,  —  Par  le  signe  de  la  croix  je  commence.  —  En 
entrant  dans  votre  maison  —  Je  dis  :  In  nomine  patris  et  fili...  —  Et  pour 
achever  ma  prière  :  —  Et  Spiritui  santi.  Amen.  —  Malheureuse  fièvre,  fièvre 


de  la  Basse-Bretagne.  69 

amère,  —  Dans  le  pays  que  viens-tu  faire?  —  Je  t'ai  chassée  déjà,  —  Je  vois 
que  tu  n'en  fais  aucun  cas;  —  Et  cependant,  être  hideux,  —  Je  te  trouve 
étrangement  déraisonnable  —  De  venir  de  nouveau  dans  mon  village;  —  Cela, 
jamais,  je  ne  l'accepterai.  —  Par  la  nature  de  mon  remède,  —  Je  te  ferai 
sécher  ta  bave.  —  Donc,  va-t'en  incontinent  —  Hors  de  la  maison,  toi  qui  de 
rien  ne  prends  cure. 

Le  conjurateur  frotte  alors  avec  un  bouquet  d'absinthe  toutes  les  par- 
ties du  corps  du  fiévreux,  sans  en  excepter  aucune,  après  quoi,  prenant 
le  ton  de  la  menace,  il  s'écrie  : 

Sorti,  sorti,  tra  iniliget, 
Kea  d'ann  dezert  gant  da  vignoned 
Ha  ne  zistroes  mui  d'ar  vro, 
Me  da  gonjur  dre  va  hano. 
Amen. 
Sors,  sors,  être  maudit,  —  Va-t'en  au  désert  avec  tes  amis  —  Et  ne  reviens 
plus  au  pays,  —  Je  te  conjure  par  mon  nom.  —  Amen. 

III.  —  On  donne  le  nom  de  denedeo  ou  de  delideo  en  Cornouaille  et 
en  Léon,  de  deredewez  en  Tréguier,  à  une  sorte  de  dartre  vive  réputée 
très  dangereuse.  Rebelle,  le  plus  souvent,  à  tous  les  remèdes  qui  sont 
du  domaine  de  la  médecine,  elle  cède  comme  par  enchantement  à  la 
sommation  que  voici  : 

Denedeo,  +  denedeac'h  '  !  + 
Ne  ket  ama  +  ema  da  leac'h,  4- 
Nag  ama  nag  e  neb  leac'h  ;  + 
E-tre  nao  mor  +  ha  nao  menez  + 
E-ma  ur  feunteun  a  drugarez  :  +     5 
Kea  di  da  ober  da  diegez.  + 

Dartre  maligne,  f  dartre,  va-t'en  !  f  —  Ce  n'est  point  ici  f  qu'est  ta  place, 
f  —  Ni  ici  ni  en  aucun  lieu  ;  f  —  Entre  neuf  mers  f  et  neuf  montagnes  f  — 
Est  une  fontaine  de  merci  :  f  —  Vas-y  faire  ta  demeure,  f 

Cf.  Revue  celtique,  Lavarou  Koz,  n°  909. 

1 .  Variante  :  Deredewez,  tec'h  ! 

N'ê  ket  aze  ema  da  lec'h, 
Nag  aze  nag  e  neb  lec'h  ; 
Dreist  nao  mor  menek    • 
Ha  funtun  gloarek,  5 

Pelec'h  ne  peuc'h  buc'h  na  ne  gan  belek. 
Dartre  maligne,  au  large!  —  Ce  n'est  point  là  qu'est  ta  place,  —  Ni  là  ni  autre  part; 
—  (C'est)  au-dessus  de  neuf  mers  pleines  de  récifs  —  Et  de  la  fontaine  du  clerc,  —  Où 
vache  ne  paît  et  prêtre  ne  chante. 


70  Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques 

Les  pratiques  qui  forment  l'accompagnement  obligé  de  cette  conjura- 
tion diffèrent,  suivant  les  pays.  A  Paimpoul,  auprès  de  Saint-Pol-de- 
Léon,  le  conjurateur,  assure-t-on,  doit  la  réciter  sans  reprendre  haleine, 
en  soufflant  sur  le  siège  du  mal,  à  chacun  des  neuf  repos  indiqués  par 
une  croix. 

Il  lui  suffit,  prétendent  les  habitants  deSaint-Pol,  de  la  répéter  chaque 
matin,  à  jeun,  pendant  trois  jours  consécutifs,  en  opérant  neuf  fois  de 
suite  sur  la  dartre  une  légère  friction  avec  son  pouce  humecté  de  salive. 
Dans  d'autres  localités,  à  Plouvorn  par  exemple,  on  regarde  comme 
indispensable  que  le  conjurateur  soit  né  au  mois  d'août  \\e  Ier,  suivant 
quelques-uns  .  Avant  de  prononcer  la  formule,  il  souffle  fortement  sur 
la  dartre  et  y  trace  une  croix  avec  le  pouce.  L'opération  magique  doit  être 
renouvelée  neuf  fois,  sans  interruption,  tous  les  matins,  pendant  trois 
jours.  Ici,  c'est  le  malade,  et  non  le  guérisseur,  auquel  il  est  recom- 
mandé de  se  tenir  à  jeun.  A  la  fin  du  troisième  jour,  la  guérison  est 
assurée. 

IV.  —  Le  mot  breton  gwerbl,  nom  spécifique  du  bubon,  sert  aussi  à 
désigner  toute  tumeur  douloureuse,  tout  abcès  qui  affecte  l'aine,  les 
aisselles  et  le  cou.  Le  gwerbl  est  regardé  par  nombre  de  gens  comme  un 
être  animé,  une  sorte  d'esprit  malfaisant  qui  s'implante  chez  nous,  dans 
notre  corps,  pour  vivre  à  nos  dépens  en  nous  torturant.  On  l'oblige  à 
battre  en  retraite  en  récitant,  sans  reprendre  haleine,  la  formule  qui 
suit  : 

Ar  Werbl  hen  deuz  nao  verc'h  : 

Deuz  a  nao  a  zeu  da  eiz, 

Deuz  a  eiz  a  zeu  da  zeiz 

Deuz  a  zeiz  a  zeu  da  c'houec'h, 

Deuz  a  c'houec'h  a  zeu  da  bemp,         5 

Deuz  a  bemp  a  zeu  da  bedir, 

Deuz  a  bedir  a  zeu  da  deier, 

Deuz  a  deier  a  zeu  da  ziou, 

Deuz  a  ziou  a  zeu  da  unan, 

Deuz  a  unan  a  zeu  da  c'hour,  10 

Torret  he  goug  hag  et  er  mour. 

Le  Bubon  a  neuf  filles  :  —  De  neuf  elles  sont  réduites  à  huit,  —  De  huit  à 
sept,  —  De  sept  à  six,  —  De  six  à  cinq,  —  De  cinq  à  quatre,  —  De  quatre 
à  trois,  —  De  trois  à  deux,  —  De  deux  à  une,  —  D'une  à  rien,  —  Après 
s'être  brisé  le  cou  et  s'être  jetée  dans  la  mer. 


de  la  Basse-Bretagne.  71 

C'est  ce  que  l'on  appelle  décompter  le  bubon,  diskounta  ar  werbl.  Cette 
énumération  doit  être  répétée  neuf  fois  ;  au  début  et  à  chaque  reprise, 
le  décompteur  trace  une  croix  sur  la  tumeur  avec  son  pouce  gauche, 
qu'il  a  préalablement  noirci  en  le  frottant  contre  un  trépied  ou  un 
chaudron. 

Cf.  Grégoire  de  Rostrenen,  Dict.  françois-celt.,  au  mot  aine,  et  Rev. 
celt.,  III,  p.  203,  n°  908. 

M.  F. -A.  Coelho  a  publié,  en  1 878.  dans  la  revue  portugaise  A  Renas- 
cença,  un  très  intéressant  article  dans  lequel  il  compare  la  formule  bre- 
tonne à  la  suivante,  que  nous  a  transmise  le  médecin  de  Théodore  le 
Grand,  Marcellus  de  Bordeaux  Liber  de  medicamentis  empiricis,  physi- 
cis  ac  rationalibus,  ch.  xv  :  Glandulas  mane  carminabissi  diesminuetur, 
si  nox,  ad  vesperam,  et  digito  medicinali  ac  pollice  continens  eas  dices  : 

Novem  glandulae  sorores,  Octo  fiunt  glandulae, 

Octo  glandulae  sorores,  Septem  fiunt  glandulae. 

Septem  glandulae  sorores,  Sex  fiunt  glandulae, 

Sex  glandulae  sorores,  Quinque  fiunt  glandulae, 

Quinque  glandulae  sorores,  Quattuor  fiunt  glandulae, 

Quattuor  glandulae  sorores,  Très  fiunt  glandulae. 

Très  glandulae  sorores,  Duae  fiunt  glandulae, 

Duae  glandulae  sorores,  Una  fit  glandula, 

Una  glandula  soror.  Nulla  fit  glandula. 
Novem  fiunt  glandulae. 

En  insistant  sur  la  profonde  coïncidence  qui  existe  entre  la  formule 
bretonne  empruntée  à  la  tradition  populaire  et  celle  donnée  par  le  méde- 
cin du  iv°  siècle,  M.  Coelho  fait  remarquer  avec  raison  que,  si  l'on  ne 
peut  en  tirer  un  argument  décisif  en  faveur  de  l'origine  celtique  de  la 
plus  ancienne,  on  y  voit  du  moins  la  preuve  évidente  de  la  grande  anti- 
quité de  la  formule  bretonne. 

V.  —  On  contraint  ainsi  le  panaris  à  laisser  en  paix  le  malheureux 
qu'il  tourmente  : 

Laerez  biskoul,  klenved  difeson, 
Muntrerez  ar  memprou,  me  raï  d'ehoc'h  entent  rezon  : 

Laerez  —  laretus,  biskoul  —  biskoulus, 
C'houi  a  zeu  deuz  ann  ifern.  euz  a  famill  Plutus. 

Dre  ann  drez  hag  ar  spern,  5 

It  buhan  d'hen  em  zispenn  ; 

It  buhan  deuz  ar  vro, 


72  Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques 

D'ann  ifern  gant  ann  diaoulou. 
Pa  z-eo  gwir  ez  oc'h  kondaonet 
Da  veva  gant-ho,  it  ha  chomet.  10 

Larron  de  panaris,  mal  affreux,  —  Destructeur  des  membres,  je  vous  ferai 
entendre  raison  :  —  Larron-laretus,  panaris-panarisus,  —  Vous  venez  de  l'en- 
fer, de  la  famille  de  Plutus.  —  A  travers  les  ronces  et  les  épines  —  Allez  vite 
vous  mettre  en  pièces  ;  —  Sortez  vite  du  pays,  —  En  enfer  rejoignez  les 
diables.  —  Puisqu'il  est  vrai  que  vous  êtes  condamné  —  A  vivre  avec  eux,  allez 
et  restez-y. 

Après  avoir  achevé  cette  formule  magique,  le  conjurateur  fait  faire 
trois  fois  au  malade  le  tour  d'un  buisson  d'épines  ;  trois  fois  aussi  il 
intime  l'ordre  au  panaris  de  s'arrêter  en  ce  lieu  : 

Laerez  —  laretus,  biskoul-biskoulus, 
Aze  'ma  da  blass  assamblez  gant  Plutus. 
Larron-laretus,  panaris-panarisus,  —  C'est  là  qu'est  ta  place  en  compagnie 
de  Plutus. 

VI.  —  Pour  combattre  les  maux  d'yeux,  le  guérisseur  plonge,  dans 
une  écuelle  remplie  d'eau,  neuf  grains  de  froment  qu'il  a  recueillis  ou 
plutôt  mendiés  dans  neuf  maisons  différentes.  Avec  chacun  de  ces  grains 
il  trace  une  croix  sur  les  paupières  du  malade,  en  disant  chaque  fois  : 

Dre  vertuz  ho  kroaz  beniget, 
Me  ho  suppli,  Salver  ad  bed, 
Da  gonservi  ar  sklerijen 
D'an  den-ma  pini  'zo  kristen. 
Par  la  vertu  de  votre  croix  bénie, —  Je  vous  supplie,  Sauveur  du  monde, — 
De  conserver  la  lumière  —  A  cet  homme  qui  est  chrétien. 

L'opération  terminée,  il  jette  au  loin  les  neuf  grains,  en  évitant  de  les 
suivre  du  regard,  car  /'/  ne  doit  pas  savoir  où  ils  vont  tomber.  Les  mêmes 
pratiques  se  renouvellent,  chaque  matin,  jusqu'à  parfaite  guérison. 

VU.  —  Dans  le  traitement  de  la  goutte  sereine,  on  emploie  plus  spé- 
cialement le  procédé  suivant  :  A  chacun  des  neuf  grains  qu'il  importe, 
dans  ce  cas,  de  garder  bien  secs,  on  fait  faire  neuf  fois  le  tour  de  l'œil 
endommagé,  en  partant  de  l'extrémité  gauche  de  la  paupière  supérieure 
et  en  appuyant  légèrement  sur  tout  le  parcours.  Pendant  que  chaque 
grain  accomplit  ses  neuf  évolutions,  on  récite  pieusement  cette  prière  : 

Banne  —  impi  — , 

Me  da  ampech  —  da  virvi  —  ; 


de  la  Basse-Bretagne.  -  $ 

Dre  vertuz  —  va  greunen  ed  — , 
En  dour  —  te  vo  —  beuzet  — . 
Amen. 

Goutte  —  impie,  —  Je  t'empêche  —  de  bouillir;  —  Par  la  vertu  —  de  mon 
grain  de  blé,  —  Dans  l'eau  —  tu  seras  —  noyée.  —  Amen. 

On  dépose  les  grains  de  blé  dans  un  verre  d'eau,  au  fur  et  à  mesure 
que  le  charme  s'accomplit,  et  l'on  jette  ensuite  le  tout  au  feu.  Tant  que 
le  mal  n'est  pas  enrayé,  il  est  prudent  de  réclamer  fréquemment  le 
secours  du  conjurateur. 

Si  l'on  en  croit  nos  paysans,  tout  grain  de  froment  porte  gravée  sur 
l'un  de  ses  bouts  l'image  de  la  sainte  Vierge.  Il  ne  serait  peut-être  pas 
inutile  d'ajouter  qu'il  faut  l'y  chercher  avec  les  yeux  de  la  foi. 

VIII.  —  Un  remède  assez  fréquemment  employé  contre  les  maux  de 
dents  peut  être  qualifié  d'héroïque  :  il  consiste  dans  la  mastication  pro- 
longée d'une  plante  amère  et  armée  de  piquants  que  le  patient  ne  doit 
pas  voir,  afin  de  ne  pouvoir  la  reconnaître  plus  tard,  mais  qui  n'est 
autre  que  Yerynglum  maritimum.  On  comprend  dans  quel  état  se  trouvent, 
sans  tarder,  le  palais  et  la  langue  du  malheureux.  C'est  une  véritable 
torture.  Elle  prend  fin  seulement  lorsque  le  sorcier  a  répété  neuf  fois 
l'oraison  suivante  : 

Santez  Appolina  beniget, 

Diouz  boan-dent  hor  prezervet. 

C'houi  o  poa  eun  tad  dinatur 

Hen  doa  great  d'ehoc'h  souffr  heb  skrupul, 

En  eur  denna  d'ehoc'h  ho  tent, 

Hini  hag  hini,  tout  diouz  renk. 

Grit  ma  teuï  va  foan  da  galmi 

Ha  me  a  bromed  oc'h  enori. 

Sainte  Appoline  bénie.  —  Du  mal  de  dents  préservez-nous.  —  Vous  aviez 
un  père  dénaturé  —  Qui  vous  a  torturée  sans  scrupule,  —  En  vous  arrachant 
les  dents  —  Une  à  une,  toutes  à  la  file.  —  Faites  que  ma  douleur  vienne  à  se 
calmer  —  Et  je  vous  promets  de  vous  honorer. 

Sainte  Appoline  a  de  nombreux  autels  en  Bretagne.  Dans  l'église  de 
Beuzec-Cap-Sizun,  où  elle  est  figurée  sous  les  traits  d'une  jeune  prin- 
cesse, une  tenaille  qu'elle  tient  à  la  main  étreint  une  molaire  de  la  gros- 
seur'd'un  œuf. 

Cf.  la  prière  citée  par  Reinsberg-Dùringsfeld    Trad.  et  lég.  de  la 


74  Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques 

Belgique,  I,  108)  et  qui  est  populaire  dans  quelques-unes  de  nos  pro- 
vinces : 

«  Sainte  Appoline  étant  assise  sur  une  pierre  de  marbre,  Notre  Sei- 
gneur passant  par  là  lui  dit  :  Appoline,  que  fais-tu  là  ?  —  Je  suis  ici 
pour  mon  chef,  pour  mon  sang  et  pour  mon  mal  de  dent.  —  Appoline, 
retourne-toi  ;  si  c'est  une  goutte  de  sang,  elle  tombera  ;  si  c'est  un  ver, 
il  mourra.  » 

Deux  formules  récemment  publiées  par  F.-R.  Marin  (Cantos  popu- 
lares  espanoles,  Sevilla,  1882,  I,  445,  nns  1063  et  1064)  reproduisent 
la  même  croyance. 

IX.  —  Pour  se  débarrasser  de  la  teigne,  il  faut  s'emparer  d'un  cor- 
beau gris,  au  moment  où  cet  oiseau  construit  son  nid.  On  le  descend 
au  fond  d'un  puits  desséché  et  on  l'y  retient  trois  jours  prisonnier,  en 
ayant  soin,  chaque  matin,  avant  le  lever  du  soleil,  de  l'interpeller  de  la 
sorte  : 

Pe  leac'h  e  kavin  al  louzaouenn 

Evit  parea  ann  tign  em  penn  ? 

Gan-ez-te  ha  gant  da  gonsorted 

Kals  tud  er  vro  a  zo  abimet. 

Hag  araog  mas  pô  liberté 

Da  zortial  deuz  ar  puns  seac'h-ze, 

Te  a  ranko  d'i-me  lavaret 

Petra  'm  euz-me  da  ober  'vit  beza  pareet. 

Où  trouverai-je  le  remède  —  Pour  guérir  la  teigne  que  j'ai  dans  la  tête?  — 
Par  toi  et  ceux  de  ta  bande  —  Grand  nombre  de  gens  dans  le  pays  sont  abî- 
més. —  Avant  que  tu  n'aies  la  liberté  —  De  sortir  de  ce  puits  desséché,  — 
Tu  devras  me  dire  —  Ce  que  j'ai  à  faire  pour  être  guéri. 

Vers  la  fin  du  troisième  jour,  le  malade  trouvera  près  du  puits  une 
herbe  nommée  pao-bran  —  patte  de  corbeau  ',  que  les  frères  du  captif 
auront  apportée  pour  obtenir  sa  délivrance.  Il  s'en  frottera  la  tête,  tous 
les  matins,  à  jeun,  pendant  une  semaine  entière  et  se  trouvera  guéri. 

Cette  herbe  n'est  pas  rare,  mais  celle  que  l'on  cueillerait  soi-même  à 
la  surface  des  mares  ou  des  étangs  serait  sans  efficacité,  dans  les  cas  de 
l'espèce. 

X.  —  Les  nœvi  materni  sont  attribués  en  Bretagne,  comme  dans  un 
grand  nombre  de  pays,  à  des  désirs  que  les  femmes  enceintes  n'ont  pu 

1 .  Hydrocharis,  L . 


de  la  Basse-Bretagne.  7  5 

satisfaire.  Ces  taches  cutanées  sont  connues  sous  le  nom  d'anviou  = 
envies.  D'après  la  croyance  générale,  elles  se  produisent  sur  le  corps  de 
l'enfant,  à  l'endroit  même  où  la  mère  a  porté  la  main  sur  elle,  quand  le 
désir  inassouvi  s'est  manifesté  pour  la  première  fois.  Aussi,  les  femmes 
prévoyantes  s'empressent-elles,  dès  que  cet  accident  menace  leur  pro- 
géniture, de  se  pincer  les  cuisses,  les  reins  ou  telle  autre  partie  du  corps 
que  recouvrent  les  vêtements.  Si  des  macules  sont  inévitables,  on  acquiert 
du  moins  ainsi  la  certitude  qu'elles  ne  seront  pas  apparentes.  Quand, 
par  oubli,  négligence,  ou  pour  quelque  autre  cause,  la  précaution  n'a 
pu  être  prise  à  temps,  il  est  de  toute  nécessité  d'appeler  le  conjurateur. 
Celui-ci,  qui  doit  être  né  au  mois  de  mai,  pour  que  le  charme  réussisse, 
frotte  les  parties  le  plus  ordinairement  visibles  du  corps  de  la  femme 
avec  une  herbe  appelée  en  breton  anviez  !,  pendant  qu'il  interpelle  ainsi 
le  mal  redouté  : 

Anvi,  dianvi,  Te  gavo  frankiz  er  mor  bras. 

Pe  eur  etisparissi  ?  Un  0,  diou  0, 

Kuita  buhan  Anvi  eo  da  hano; 

Ar  plass-man  Ann  trede  ne  brononsan  ket  ;     10 

Ha  kea  d'ar  mor  da  veuzi.  5  Kennez  a  raï  d'id  tec'het. 

Chench  a  liou  ha  chench  a  blass,  Evel-se  bezet  great. 

Envie,  désenvie,  —  Quand  disparaîtras-tu  ?  —  Quitte  vite  —  Cette  place  — 
Et  va  dans  la  mer  te  noyer.  —  Change  de  couleur  et  change  de  place,  —  Tu 
trouveras  (à  t'ébattre)  librement  dans  la  grande  mer.  —  Un  0,  deux  0,  — 
Envie  est  ton  nom  ;  —  Le  troisième,  je  ne  le  prononce  ;  —  Celui-là  te  mettra 
en  fuite.  —  Ainsi  soit-il. 

Ce  troisième  que  le  conjurateur  ne  veut  pas  prononcer  est  le  nom  de 
la  chose  que  la  femme  a  désirée  vainement. 

XI.  —  Quand  on  rencontre  un  chien  enragé,  on  n'a  rien  à  craindre 
de  lui,  si  l'on  se  hâte  de  faire  le  signe  de  la  croix  et  de  lui  dire  : 

(a)  Ki  klaon,  tro  ann  hent,  Erru  ar  baniel  hag  ar  groaz, 
Ne  grog  ket  en-oun  gant  da  zent;      Hag  ann  aotrou  sant  Nikolaz. 

(a)  Chien  malade,  débarrasse  le  chemin,  —  Ne  me  déchire  pas  avec  tes  dents; 
—  Voici  la  bannière  et  la  croix,  —  Et  monseigneur  saint  Nicolas. 

(b)  Ki  klaon,  kez  en  da  hent,  Erru  ar  groaz  hag  ar  baniel, 
Sao  er  park  ha  torr  da  zent  ;  Hag  ann  aotrou  sant  Tuchen. 

(b)  Chien  malade,  poursuis  ta  route,  —  Monte  dans  le  champ  et  brise-toi  les 
dents  ;  —  La  croix  et  la  bannière  arrivent,  —  Ainsi  que  monseigneur  saint  Tujean. 

1.  Galium  sanatile,  L. 


j6  Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques 

Cf.  Revue  celt.,  Lavarou  Koz,  n°  903. 

XII.  —  Si  la  santé  est  un  bien  convoité  par  tout  le  monde,  la  pau- 
vreté est  un  mal  dont  chacun  voudrait  se  préserver.  Le  travail  opiniâtre 
ne  mène  pas  toujours  à  la  fortune,  il  faut  savoir  encore  se  ménager  les 
bonnes  grâces  des  génies  tutélaires,  et  ce  secret  n'est  pas  à  la  portée 
du  grand  nombre. 

Sous  les  doigts  de  certaines  femmes,  la  pâte  semble  se  multiplier;  il 
en  est  même  d'assez  heureuses  pour  tirer  d'un  sac  de  mouture  deux  ou 
trois  pains  de  plus  que  le  boulanger  le  plus  expérimenté.  Ce  don  tient 
uniquement  à  la  connaissance  d'une  prière  aussi  courte  que  facile,  et 
qu'il  suffit  de  réciter  en  travaillant  la  pâte,  après  avoir  fait  trois  signes 
de  croix.  Voici  cette  prière  : 

Dre  ho  kras.  sant  Alour  ha  sant  Riwal, 
Evit  ma  kresko  a-benn  warc'hoas  kement  ail  ! 
Par  votre  grâce,  saint  Alor  et  saint  Rioual,  —  Qu'elle  s'accroisse  du  double 
pour  demain  ! 

XIII.  —  Il  est  aussi  telle  ménagère  qui,  possédant  une  vache  pour 
toute  richesse,  réussit  souvent  à  lui  faire  donner  plus  de  beurre  que  cer- 
taines de  ses  voisines  ne  peuvent  en  obtenir  de  deux  ou  trois  laitières  de 
choix.  Les  commères  ne  manquent  pas  d'attribuer,  dans  leur  mauvaise 
humeur,  ce  résultat  à  un  commerce  avec  le  démon.  Il  serait  plus  juste 
d'en  faire  remonter  l'honneur  à  saint  Herbaud.  Ce  bienheureux  comble, 
en  effet,  de  ses  faveurs  toute  femme  qui  l'invoque  en  ces  termes  : 

Aotrou  sant  Herbot  beniget,  Evit  ma  savo  kalz  dienn  $ 

A  greiz  va  c'halon  me  ho  ped  Da  gountanti  va  bourc'hizienn, 

Da  skuilla  ho  penediksion,  Ha,  da  vloaz,  mar  bezan  en  buhez, 

War  al  leaz  a  c'horaon,  Me  a  bromet  d'ehoc'h  eul  leue. 

Seigneur  saint  Herbaud  béni,  —  Du  milieu  de  mon  cœur  je  vous  prie  —  De 
répandre  votre  bénédiction  —  Sur  le  lait  que  je  trais,  —  Pour  que  la  crème 
s'y  lève  abondante  —  Afin  de  contenter  mes  bourgeois  (mes  maîtres),  —  Et, 
l'année  prochaine,  si  je  suis  en  vie,  —  Je  vous  promets  un  veau. 

XIV.  —  Pour  avoir'de  bons  chevaux  et  les  mettre  à  l'abri  de  toute 
influence  pernicieuse,  on  offre  communément  à  saint  Eloi,  leur  patron, 
du  crin,  des  cierges  et  de  l'argent.  La  veille  de  sa  fête,  au  tomber  de  la 
nuit,  on  allume  aussi  des  feux  de  joie  dans  un  grand  nombre  de  villages. 
Le  lendemain,  dès  l'aube,  toutes  les  écuries  se  vident  et  l'on  peut  voir, 
sur  les  routes  qui  conduisent  à  l'une  ou  à  l'autre  des  chapelles  du  saint. 


de  la  Basse-Bretagne.  77 

de  véritables  processions  de  chevaux.  On  fait  faire  à  ces  animaux  trois 
fois  le  tour  du  sanctuaire,  on  répand  sur  leur  tête  et  sur  leur  croupe,  on 
verse  dans  leurs  oreilles  de  l'eau  puisée  à  la  fontaine  sacrée,  qui  est 
voisine,  et  l'on  espère  ainsi  leur  assurer  santé,  souplesse  et  vigueur. 
Ces  moyens  sont  bons  ;  saint  Eloi  ne  manque  pas  d'être  sensible  à  toutes 
ces  prévenances,  mais  il  ne  se  laisse  réellement  attendrir  que  par  la 
prière  suivante  : 

Aotrou  sant  Alar  beniget,  Gant  ar  c'horbezenn  ha  poussed 

Hoc'h  asistans 'zo  goulennet  Hanter-brizne  ventketguerzet.  10 

Da  brezervi  diouz  peb-tra  Ma  teu  d'ezho  beza  tik  koat 

Hor  loëned  ar  re  wella;  'Vent  kavet  re  goz  'raog  ho  oad. 
Da  genta  hor  c'hezeg  kened,        5       Rag-se,  sant  Alar,  ni  ho  ped 

Père  'zo  sujet  d'ar  c'hlenved.  Da  brezervi  d'eomp  hor  c'hezeg. 
Ar  strakouillon  hag  ann  ekart  Evel-se  bezet  great.  1 5 

'Ampech  out-ho  da  labourât  ; 

Seigneur  saint  Eloi  béni,  —  Votre  assistance  nous  requérons  —  A  l'effet  de 
préserver  de  tout  mal  —  Nos  bêtes  les  meilleures  ;  —  En  premier  lieu  nos 
juments  pleines  —  Qui  sont  sujettes  à  la  maladie.  —  L'étranguillon  et  la 
mémarchure  —  Les  empêchent  de  travailler  ;  —  Avec  la  courbature  et  la  pousse 
—  Moitié  prix  on  ne  les  vendra.  —  S'il  leur  arrive  d'avoir  le  tic  (qui  fait 
ronger  le)  bois,  —  On  les  trouvera  trop  vieilles  avant  l'âge.  —  C'est  pourquoi, 
saint  Eloi,  nous  vous  prions  —  De  garder  de  malheur  nos  chevaux.  —  Ainsi 
soit-il. 

Cette  oraison  secrète,  ou  tout  au  moins  peu  connue,  est  particulière- 
ment efficace,  quand  elle  est  récitée  devant  la  flamme  expirante  des 
bûchers  dressés  en  l'honneur  du  saint.  En  prononçant  les  dernières 
paroles,  on  doit  sauter,  à  pieds  joints,  par-dessus  les  restes  du  brasier. 

XV.  —  Les  carrefours  sont,  on  le  sait,  les  lieux  de  prédilection  des 
mauvais  esprits  et  des  animaux  malfaisants.  Comme  il  y  a,  presque  par- 
tout, le  carrefour  du  barbet,  de  la  génisse  blanche  et  du  bouc-lutin,  on 
trouve  aussi,  dans  diverses  localités,  le  carrefour  du  loup.  C'est  là  que 
les  loups  se  rassemblent,  à  certaines  époques  de  l'année,  pour  s'entre- 
tenir de  leurs  affaires,  se  raconter  leurs  exploits  ou  tramer  de  nouvelles 
scélératesses.  On  montre,  à  Sibiril,  un  carrefour  où  ces  animaux  accou- 
rent de  tous  les  bois  du  pays,  à  la  mort  de  leur  roi,  pour  lui  choisir  un 
successeur,  auquel  ils  donnent  le  surnom  ironique  de  roi  des  brebis.  Il 
est  aisé  de  comprendre  combien  un  tel  voisinage  est  inquiétant  pour  les 
bergers.  Et  pourtant,  si  la  plupart  d'entre  eux  se  tiennent,  non  sans 
raison,  en  tout  temps  sur  le  qui-vive.  quelques-uns  aussi  peuvent  dormir 


78  Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques 

sans  crainte  sur  les  deux  oreilles.  Le  loup  a  toujours  la  gueule  fermée  et 
barrée  quand  il  passe  auprès  de  leurs  troupeaux.  Cette  circonstance 
s'explique  par  la  protection  dont  saint  Jean  couvre  les  bergers  qui  ont 
confiance  en  lui,  et  lui  rendent  hommage  d'après  les  us  et  coutumes  du 
vieux  temps.  Chaque  année,  quand  arrive  le  24  juin,  ces  serviteurs 
fidèles  n'ont  garde  d'oublier  de  se  rendre,  un  peu  avant  le  jour,  au  car- 
refour du  loup  le  plus  rapproché  de  leur  demeure.  Ils  attendent  là,  pieu- 
sement agenouillés,  que  le  soleil  se  lève,  et,  dès  qu'ils  peuvent  saluer 
son  premier  rayon,  ils  réclament  ainsi  la  puissante  intercession  du  défen- 
seur des  moutons  : 

Aotrou  sant  Iann,  ni  ho  ped 

Da  gaout  truez  ouz  ar  bastored 

A  zo  noz-deiz  holl  expozet 

Da  veza  gant  ar  bleiz  devoret. 

Hor  prezervet,  ni  ho  ped,  5 

Koulz  hag  hor  bandennad  deved, 

Diouz  eul  loén  ker  furiuz, 

A  zo  er  vro  ken  noazuz, 

A  zo  kaoz  euz  a  vil  maleur 

Dre  tout  ar  vro  hag  ann  holl  kartier.    10 

Rag-ze  'ta,  sant  Iann  beniget, 

Eur  zell  a  druez  ouz  ar  belerined. 

Seigneur  saint  Jean,  nous  vous  prions  —  D'avoir  pitié  des  bergers  —  Qui 
sont  nuit  et  jour  exposés  —  A  être  par  le  loup  dévorés.  —  Nous  vous  prions 
de  nous  défendre,  —  Ainsi  que  notre  troupeau  de  brebis,  —  Contre  un  animal 
si  furieux,  —  Dans  le  pays  si  nuisible,  —  Qui  est  la  cause  de  mille  malheurs, 

—  Dans  tout  le  pays  et  tous  ses  environs.  —  Pour  ce  donc,  saint  Jean  béni, 

—  (Jetez)  un  regard  compatissant  sur  les  pèlerins. 

XVI.  —  Les  personnes  qui  connaissent  la  prière  suivante  et  la 
récitent,  quand  il  tonne,  n'ont  rien  à  redouter  du  feu  du  ciel,  ni  pour 
leurs  biens,  ni  pour  leur  vie  : 

Santez  Barba,  petra  glevomp  ? 

Eun  trouz  spountuz  a-ziouz-omp. 

Strafillet  holl  omp  dre  hor  c'hêriou 

0  klevet  kement  a  gurunou. 

A  greiz  hor  c'haloun  ni  ho  suppli 

Da  zont  c'hoaz  eur  weach  d'hor  prezervi  ;     5 

Grit  treï  ar  gurun  d'ar  mor  doun, 

Evit  he  veuzi,  ann  dra  direzoun  ; 


de  la  Basse-Bretagne.  79 

Ann  douar  gant-han  a  grenn 
Hag  ann  holl  a  zo  en  anken.  10 

Sainte  Barbe,  qu'entendons-nous?  —  Un  fracas  effroyable  (retentit)  au-des- 
sus de  nous.  —  Nous  sommes  tous  épouvantés  dans  nos  villages,  — D'entendre 
tant  de  tonnerres.  —  Du  milieu  de  notre  cœur  nous  vous  supplions  —  De 
venir  encore  une  fois  nous  préserver;  —  Faites  tourner  le  tonnerre  du  côté  de 
la  mer  profonde,  —  Pour  le  noyer,  l'être  sans  raison  ;  —  Il  fait  trembler  la 
terre  —  Et  tous  sont  dans  l'angoisse. 

Cf.  Sébillot,  Trad.  et  superst.  de  la  Haute-Bretagne,  U,  ?  59-60;  — 
Mélusine,  col.  369;  —  Marin,  Cantos populares  espanoles,  I,  427,  ncs  998 
et  999  )  —  Maspons  y  Labros,  Jochs  de  la  infancia,  60-61 . 

XVII.  —  Il  n'est  pas  rare  de  voir,  dans  une  même  pièce  de  terre,  le 
lin  croître  vigoureux  et  dru  d'un  côté,  maigre  et  rare  de  l'autre.  On  peut 
dire  avec  une  entière  certitude  que  ce  champ,  sans  division  apparente, 
appartient  à  deux  maîtres  distincts,  et,  pour  s'en  convaincre,  il  n'est 
pas  nécessaire  de  rechercher  la  pierre  bornale  qui  délimite  leurs  pro- 
priétés. Pourquoi  donc  cette  différence  et  comment  se  fait-il  que  l'un 
soit  si  favorisé,  alors  que  le  sort  se  montre  si  rigoureux  pour  l'autre  ?  La 
prière  ci-après  en  donnera  l'explication  : 

Santez  Jenovefa,  hor  patrounez,  Ha,  mar  am  beveuz-me  lin  mad, 

C'houi  a  zo  eur  gwall  nezerez;  Evit  ar  paour  me  a  reï  dillad. 

Hoc'h  euz  gounezet  ho  kurunenn  Ne  rin  ket  e-giz  va  amezek, 

Noz-deiz  0  neza  'vit  ober  lienn,  A  gar  muioc'h  golo'i  he  gezek 

Evit  gwiska  ar  beorienn,  5  Eget  dont  da  ober  aluzenn.         1 5 

Evit  ann  holl  c'houi  rea  aluzenn.  Rag-ze  me  hen  kav  eun  den  kruel 

Me  a  deu  eta  gant  fizians  Hag  evel-se  ne  d-eo  ket  din 

Da  c'houlennaman  hoc'h  assistans,  E  ve  prezervet  d'ezhan  he  lin. 

Da  brezervi  d'in-me  va  lin  Mez  me  a  bromet  war  va  hano, 

Dioc'h  ar  reo,  ar  skourn,  ar  skar-  Mar  bez  roët  d'in,  me  a  roïo.    20 
[nil.  10 

Sainte  Geneviève,  notre  patronne,  —  Vous  êtes  une  intrépide  fileuse  ;  — 
Vous  avez  gagné  votre  couronne  —  En  filant  nuit  et  jour  pour  faire  de  la 
toile,  —  Afin  de  vêtir  les  pauvres  —  Et  de  faire  à  tous  l'aumône.  —  Je  viens 
donc  avec  confiance  —  Réclamer  ici  votre  assistance,  —  A  l'effet  de  préserver 
mon  lin  —  De  la  gelée,  de  la  glace,  de  la  sécheresse.  —  Et,  si  j'ai  de  bon  lin, 

—  Je  donnerai  des  vêtements  au  malheureux.  —  Je  ne  ferai  pas  comme  mon 
voisin,  —  Qui  aime  mieux  couvrir  ses  chevaux  —  Que  de  venir  faire  l'aumône. 
Pour  cette  raison,  je  le  trouve  un  homme  cruel,  —  Et  ainsi  n'est-il  pas  digne 

—  D'avoir  son  lin  préservé.  —  Quant  à  moi,  je  le  promets  sur  mon  nom,  —  S'il 
m'est  donné  je  donnerai. 


8o  Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques 

Pour  produire  son  effet,  cette  oraison  doit  être  récitée  au  moment  où 
l'on  sème  la  dernière  poignée  de  graine  de  lin.  Quand  on  arrive  à  l'en- 
gagement de  la  fin,  on  fait  une  croix,  avec  le  dos  du  râteau,  sur  le  der- 
nier sillon. 

XVIII.  —  Les  sorciers  assurent  qu'ils  peuvent  retrouver  les  choses 
perdues,  à  l'aide  d'une  certaine  plante  propre  à  divers  enchantements 
et  connue  sous  le  nom  de  aour  iaotenn,  herbe  d'or.  Cette  plante,  qui  est 
très  rare,  parait-il,  et  croît  seulement  au  milieu  des  foins,  sans  qu'il 
puisse  dans  le  même  lieu  en  exister  deux  pieds  à  la  fois,  doit  être  cueil- 
lie, pour  la  circonstance,  dans  une  prairie  à  trois  cornières  aussi  rap- 
prochée que  possible  de  l'église  de  la  paroisse.  Pour  arriver  à  la  distin- 
guer des  autres  herbes,  deux  choses  sont  nécessaires  :  la  première,  de 
choisir  un  vendredi  pour  entreprendre  cette  recherche  ;  la  seconde,  de 
savoir  combien  de  vendredis  se  sont  écoulés  depuis  la  dernière  fenaison. 
Ce  nombre  connu  et  la  première  condition  observée,  le  sorcier  se  rend 
sur  le  terrain  qu'il  a  étudié  d'avance,  en  ayant  soin  de  l'aborder  par  le 
côté  de  l'ouest.  Se  dirigeant  alors  vers  l'est,  il  compte  autant  de  pas, 
plus  neuf,  qu'il  y  a  de  vendredis  révolus,  s'arrête  à  l'endroit  précis  où 
il  est  ainsi  conduit  et  arrache  à  ses  pieds  autant  d'herbe  que  peut  en 
contenir  son  bonnet  ou  son  chapeau.  Cela  fait,  il  n'a  plus  qu'à  abandon- 
ner sa  cueillette  au  ruisseau  le  plus  voisin  :  pendant  que  les  plantes  sans 
valeur  sont  emportées  en  aval,  l'herbe  d'or  remonte  le  courant.  Il  doit 
s'en  emparer  sans  tarder  et  réciter  la  prière  qui  suit  : 

Dre  ho  vertuz,  aour  iaotenn  ',  Ar  pez  a  vo  sur  'n  he  galloud. 

Ar  sant  patroun  hag  he  woalenn,  Ann  hini  'refuzo  renta  d'in 

E  esperan  donet  a-benn  Ann  dra  pehini  a  glaskin,  10 

Da  zizolo  va  c'holladenn.  Zo  sur  da  veza  punisset, 

N'euz  fors  dre  beleac'h  ez  in        $  Pa-z-eo  gwir  eo  anavezet. 

D'ann  aour  iaotenn  emrekomandin,  Rag-ze,  tud  vad,  m'ho  avertiz 

Hag  a  roïo  d'in  da  anaout  Da  renta  d'in  'r  pez  a  golliz. 

Par  votre  vertu,  herbe  d'or,  —  Le  saint  patron  et  sa  baguette,  —  J'espère 
venir  à  bout  —  De  découvrir  ce  que  j'ai  perdu.  —  N'importe  où  j'irai,  —  A 
l'herbe  d'or  je  me  recommanderai,  —  Et  elle  me  fera  connaître  —  Tout  ce  qui 
sera,  certes,  en  sa  puissance.  —  Celui  qui  refusera  de  me  rendre  —  L'objet  de 
ma  recherche  —  Est  certain  d'être  puni,  —  Puisqu'il  est  vrai  qu'il  est  connu. 

1.  Quelques  personnes  prononcent  ir,  ore  et  ur  au  lieu  de  aour  (iaotenn),  mais  cette 
dernière  forme  est  assez  répandue  pour  qu'il  semble  permis  de  lui  donner  la  préférence. 


de  la  Basse-Bretagne.  81 

—  Pour  ces  raisons,  bonnes  gens,  je  vous  avertis  —  De  me  rendre  ce  que  j'ai 
perdu. 

Ces  paroles  dites,  il  se  tourne  successivement  vers  chacune  des  trois 
cornières  de  la  prairie  et  prononce  à  haute  voix  le  nom  de  l'objet  en 
possession  duquel  il  veut  rentrer.  La  personne  qui  l'a  ramassé  se  sent 
tout  à  coup,  en  quelque  lieu  qu'elle  puisse  être,  poussée  par  une  force 
inconnue  vers  le  porteur  de  l'herbe  merveilleuse. 

L'herbe  d'or  ne  fait  pas  seulement  retrouver  les  choses  perdues,  elle 
décuple  les  forces  du  travailleur,  assure  la  victoire  à  la  lutte,  rend  infa- 
tigable à  la  course,  et,  comme  ['herbe  au  pivert,  avec  laquelle  on  la  con- 
fond quelquefois,  mais  à  tort,  donne  l'intelligence  du  langage  des  ani- 
maux. Le  jour  où  on  la  coupe,  il  pleut  abondamment.  C'est  ainsi  que, 
dans  la  grande  prairie  de  Plomarc'h,  auprès  de  Douarnenez,  et  dans 
celle  de  la  Salle,  à  Braspartz,  où  sa  présence  a  été  de  tout  temps  signa- 
lée, on  n'a  jamais  vu,  de  mémoire  d'homme,  couper  les  foins  une  seule 
fois,  sans  que  les  faucheurs  n'aient  été  mouillés  jusqu'aux  os.  On  dit 
qu'elle  brille,  la  nuit,  comme  un  cierge,  mais  que,  quand  on  s'approche 
d'elle  pour  la  cueillir,  sa  clarté  pâlit  et  disparaît. 

Cf.  Barzaz  Breiz,  Merlin  (notes,  1 1)  et  le  Tribut  de  Noménoé. 

XIX.  —  La  race  des  charmeurs  de  vent  n'a  pas  encore  complètement 
disparu.  Conjurer  les  effets  de  la  tourmente  la  plus  implacable  est  pour 
eux  un  jeu  d'enfant,  s'ils  ont  eu  la  précaution  de  mettre  en  réserve  deux 
pommes  jumelles  étroitement  unies  et  ayant  conservé  le  lien  unique  qui 
les  tenait  suspendues  au  même  rameau.  Si  rare  qu'elle  soit,  la  chose 
n'est  pas  introuvable.  Dès  que  le  vent  commence  à  souffler  en  tempête, 
on  retire  du  bahut  de  chêne  la  petite  boîte  qui  renferme  le  talisman  et 
on  la  dépose  sur  la  table.  Au  second  coup  de  vent,  on  ouvre  la  boîte, 
en  faisant  le  signe  de  la  croix.  Au  troisième  coup,  on  regarde  attentive- 
ment les  pommes,  et,  si  elles  remuent  quelque  peu,  on  se  hâte  d'avoir 
recours  à  l'oraison  que  voici  : 

Avel  spontuz  ha  dichadennet, 

Gan-ez  ann  holl  draou  a  vo  draillet. 

Nag  en  ti,  nag  er  mez, 

Ne  vô  sûr  mar  kontinuez. 

Ha  koulskoude,  daoust  da  c'hourdrouzou,     5 

Nin  hor  beuz  aman  evid-oud  louzou. 

Vent  effroyable  et  déchaîné,  —  Par  toi  tout  sera  bouleversé.  —  Ni  dans  la 
maison,  ni  au  dehors.  —  Sûreté  ne  sera  si  tu  continues,  —  Et  cependant, 
malgré  tes  menaces,  —  Nous  avons  ici  contre  toi  remède. 

Rev.  Celt.  VI  6 


82  Charmes,  oraisons  et  conjurations  magiques 

Les  assistants  se  passent  alors  de  l'un  à  l'autre  les  deux  pommes  mer- 
veilleuses, puis  reprennent  en  chœur  : 

Frouezen  mad  ha  delisiuz,  Er-mez  c'houi  a  zo  bet  furmet,    $ 

Grit  ouz-omp  eur  zell  truezuz  ;  E  beg  ar  wezen  oe'h  bet  darevet, 

C'houi  a  goumand  war  ann  amzer  Hag  hoe'h  euz  gallet  bepred  regli 

Kouls  er  vro-man  'vel  e  peb  kar-  Ann  avel,  ha  pa  ve'  furluc'hi. 

[tier. 

Fruit  bon  et  délicieux,  —  Jetez  sur  nous  un  regard  de  pitié  ;  —  Vous  com- 
mandez au  temps  —  Aussi  bien  en  ce  pays  qu'en  tout  quartier.  —  Aux  champs 
vous  avez  été  formé,  —  A  la  cime  d'un  arbre  vous  avez  mûri,  —  Et  toujours 
vous  avez  pu  faire  la  loi  —  Au  vent,  si  courroucé  qu'il  fût. 

A  ce  moment,  les  pommes  circulent  une  seconde  fois  dans  toutes  les 
mains,  après  quoi  les  voix  s'élèvent  de  nouveau  : 

E  miz  abrel,  oe'h  bet  bleuvetet  ;         En  despet  d'ann  avel  miliget, 
E  miz  maë  ez  oe'h  bet  furmet  ;  Hag  en  gwengolo,  pa-z-oe'h  an- 

Even,  gouere,  hoe'h  euz  passeet  [treet, 

Heb  kavout  droug  deuz  avel  e-bet;      E  dorn  ann  den  oe'h  hen  em  daolet. 
E  miz  eost,  c'houi  oe'h  bet  ruziet   $ 

Au  mois  d'avril,  vous  avez  été  en  fleur  ;  —  Au  mois  de  mai,  vous  vous  êtes 
noué;  —  Vous  avez  traversé  juin,  juillet,  —  Sans  éprouver  d'aucun  vent  dom- 
mage; —  Au  mois  d'août,  vous  êtes  devenu  rouge  —  En  dépit  du  vent  mau- 
dit, —  Et,  en  septembre,  quand  vous  êtes  entré,  —  Dans  la  main  de  l'homme 
vous  vous  êtes  jeté. 

Ici  encore  le  talisman  fait  le  tour  de  l'assemblée,  et  l'oraison  se  ter- 
mine ainsi  : 

Bremaneta  pa  hor  beuz  ar  bonheur      Honti,horgranch  haghorc'hreier, 
D'ho  possedi  en  hor  c'hever,  Hor  foën,  hon  ed,  en  hor  parkeïer, 

Ni  a  c'houlen,  en  hoe'h  hano,  Ha  mar  bezont  holl  d'eomp  miret, 

Ouz  sant  Matulin  ar  Ponthou,  En  ho  voestik  vihan  c'houi  vo  sar- 

Diouzeuntourmandken  diremed  5  [ret.  10 

Ma  vizimp  evel-d-hoc'h  prezervet.  Evel-se  bezet  gret. 

Maintenant  donc  que  nous  avons  le  bonheur  —  De  vous  posséder  au  milieu 
de  nous,  —  Nous  demandons  en  votre  nom  —  A  saint  Mathurin  du  Ponthou, 
—  Que,  d'une  tourmente  si  impitoyable,  —  Nous  soyons  comme  vous  préser- 
vés. —  Notre  maison,  notre  grange  et  nos  étables,  —  Nos  foins,  le  blé  dans 
nos  champs,  —  Si  tous  (ces  biens)  nous  sont  conservés,  —  Dans  votre  petite 
boîte  vous  serez  renfermé.  —  Ainsi  soit-il. 

XX.  —  Il  existe  plusieurs  moyens  de  se  rendre  le  sort  favorable,  soit 
au  jeu,  soit  dans  toute  autre  circonstance.  Avant  les  dernières  lois  mili- 


de  la  Basse-Bretagne.  83 

taires,  les  conscrits  en  avaient  un,  à  leur  disposition,  d'une  grande 
efficacité  pour  échapper  à  l'impôt  du  sang  ;  c'était  de  se  faire  recom- 
mander à  saint  Maurice  par  une  sorcière  ayant  le  don.  Pour  avoir  le  don, 
la  sorcière  devait  être  née  au  mois  d'août.  La  nouvelle  législation  a 
causé  un  irréparable  préjudice  à  l'industrie  assez  lucrative  qu'exerçaient 
ces  intéressantes  matrones.  Non  contentes  de  se  faire  grassement  payer 
leur  peine,  elles  exigeaient  pour  le  saint  divers  dons  en  nature,  tels  que 
blé,  poulets,  œufs,  andouilles,  morceaux  de  lard  salé.  Ces  présents 
étaient  prudemment  renfermés  sous  clé,  en  attendant  leur  remise  au 
destinataire,  et  la  cérémonie  commençait  par  cette  invocation  : 

Sant  Mauris,  me  ho  ped 
Da  reï  d'am  feden  reked  ; 
Deuit  da  ober  eur  zell  a  druez 
Ouz  eur  baourez  maluruzez 
Pehini  a  zo  dre  ar  vro  5 

0  rei  meuleudi  d'hoc'h  hano. 

Saint  Maurice,  je  vous  prie  —  De  faire  à  ma  prière  accueil;  —  Venez  jeter 
un  regard  de  pitié  —  Sur  une  malheureuse  pauvresse  —  Qui  parcourt  le  pays 
—  En  louant  votre  nom. 

Amen,  répondait  le  conscrit  dévotement  agenouillé  près  de  la  sorcière, 
laquelle  lui  tenait  alors  ce  langage  :  —  Si  tu  ne  veux  damner  ton  âme, 
tu  ne  répéteras  à  qui  que  ce  soit  la  prière  que  je  vais  t'apprendre.  Le 
numéro  que  tu  dois  amener  sera  plus  ou  moins  élevé,  selon  le  nombre 
de  fois  que  tu  la  diras,  mais  sache  bien  que,  si  tu  cherches  à  connaître 
ce  nombre  ou  gardes  Parrière-pensée  de  trahir  le  secret  que  je  m'ap- 
prête à  te  confier,  saint  Maurice,  au  lieu  d'être  pour  toi,  sera  contre  toi. 
Et  maintenant  que  tu  es  averti,  suis  bien  mes  paroles  et  fais-les  entrer 
dans  ta  mémoire  : 

Me  a  zo  eun  den  iaouank  Ne  fell  ket  d'in  beza  separet, 

A  denn  d'ar  billet  inkontinant,  Rak  ar  vuez  soudard  a  zo  garo, 

Hag  a  zo  a  galoun  vad  Ha  kouitaat  ar  ger  a  zo  c'houero. 

0  c'houlenn  chomm  en  ti  he  dad,  Rak-ze  d'ehoc'h-c'houi ,  den  a 
Hagac'houlenntennaeungwenn,  5  [vrezel, 

Evit  na  rankin  partial  bizikenn.  Grit  m'hen  dô  ann  tad  he  vugel. 
Diouz  va  zud  ha  va  mignoned 

Je  suis  un  jeune  homme  —  Appelé  à  tirer  au  sort  sans  tarder,  —  Et  qui,  de 
bon  cœur,  —  Demande  à  rester  dans  la  maison  de  son  père.  —  Je  demande  à 
tirer  un  blanc  (un  bon  numéro),  —  Pour  n'être  jamais  forcé  de  partir.  —  De 
mes  parents  et  de  mes  amis  —  Point  ne  veux  être  séparé,  —  Car  la  vie  de 


84  Charmes ,  oraisons  et  conjurations  magiques 

soldat  est  rude  —  Et  quitter  le  village  est  amer.  —  C'est  pourquoi,  homme  de 

guerre,  —  Faites  que  le  père  conserve  son  enfant. 

La  leçon  apprise,  c'était  à  la  sorcière  de  répondre  à  son  tour  amen, 
à  chaque  oraison  récitée.  La  séance  se  prolongeait  jusqu'à  ce  que  l'épui- 
sement du  conscrit  fût  à  peu  près  complet.  L'événement  ne  répondait 
pas  toujours  aux  assurances  données  ;  il  y  avait  bien  parfois  quelques 
déceptions,  mais  elles  s'expliquaient  si  naturellement  par  les  mauvaises 
dispositions  du  client,  ou  par  son  manque  de  foi,  que  ce  dernier  était  le 
plus  souvent  le  seul  à  s'en  étonner  et  à  s'en  plaindre. 

XXI.  —  Si  l'on  invoque  souvent  les  saints  pour  obtenir  grâces  et 
faveurs,  certains  hommes,  paraît- il,  ne  craignent  pas  de  s'adresser  dans 
le  même  but  au  diable.  D'aucuns  même  seraient  assez  peu  soucieux  de 
leur  âme  pour  la  lui  abandonner  en  toute  propriété,  en  échange  de 
quelques  misérables  sacs  d'argent.  Pour  se  mettre  en  rapport  avec  le 
vieux  Guillaume  ou  le  vieux  Pol,  comme  on  appelle  communément  l'esprit 
du  mal,  il  faut  attraper  une  grenouille  verte,  le  jour  de  la  pleine  lune, 
et  la  déposer  dans  une  fourmilière,  en  disant  : 

Heb  aoun  na  spount, 

Gweskler  glaz,  kê  en  da  roud  , 

Gra  konesans  gant  ann  diaoul, 

Evit  ma  zigaso  d'in  eun  neubeut  aour, 

Hag  evit  ma  vezo  moïenn  5 

Da  choum  hep  labourât  da  vizikenn. 

Sans  peur  ni  effroi,  —  Grenouille  verte,  poursuis  ta  route;  —  Fais  connais- 
sance avec  le  diable,  —  Pour  qu'il  m'apporte  un  peu  d'or  —  Et  que  j'aie  le 
moyen  —  De  rester  à  jamais  sans  travailler. 

Après  ces  préliminaires,  on  se  rend  dans  un  carrefour  où  viennent 
aboutir  cinq  chemins,  et  l'on  prononce,  quand  sonne  minuit,  la  formule 
d'engagement  suivante  : 

Aman,  bemdez,  d'ann  anternoz,  Me  a  bromet  fidélité  $ 

E  vezin  kavet  ouz  da  c'hortoz  ;  Da  Zatan  ha  d'he  vugale, 

Aman,  e  rin  arranjamant  Ha,  dre  bevar  c'horn  ar  bed, 

Gant  ann  diaoul  fasilamant.  Evit-han  meielo  da  redek. 

Ici,  chaque  jour  à  minuit,  —  On  me  trouvera  à  t'attendre  ;  —  Ici,  je  ferai 
arrangement  —  Avec  le  diable  facilement.  —  Je  promets  fidélité  —  A  Satan 
ainsi  qu'à  sa  lignée,  —  Et,  par  les  quatre  coins  du  monde,  —  Pour  lui  j'irai 
courir. 


de  la  Basse-liretagne.  8$ 

A  ces  derniers  mots,  le  diable  arrive  par  l'un  des  cinq  chemins,  puis 
accourent  successivement  un  chat  noir,  par  celui  qui  lui  fait  face;  une 
poule  blanche,  par  un  autre  ;  la  grenouille  verte  et  une  armée  de  fourmis 
par  le  quatrième.  Quant  au  cinquième  chemin,  qui  est  celui  par  lequel 
Févocateur  est  entré  dans  le  carrefour,  il  lui  est  réservé,  pour  qu'il 
puisse  se  retirer  sans  être  inquiété,  après  que  les  conditions  du  contrat, 
longuement  débattues,  ont  été  acceptées  de  part  et  d'autre.  Un  des 
témoins  du  pacte,  chat,  poule  ou  grenouille,  appartient  de  droit  à  la 
personne  qui  a  vendu  son  âme.  et  la  suit  pour  rester  attaché  à  son  ser- 
vice. La  préférence  est  généralement  donnée  au  premier  de  ces  ani- 
maux '.  Quand  on  veut  que  le  chat  noir  aille  quérir  de  l'argent,  il  faut, 
avant  d'aller  se  coucher,  placer  le  soir  près  de  lui  une  bourse  remplie 
d'un  seul  côté  et  lui  commander  de  faire  son  devoir.  Dès  que  la  chan- 
delle est  éteinte,  le  chat  se  met  en  campagne,  emportant  l'argent,  et 
l'on  peut  être  sûr  de  le  voir,  le  lendemain  ou  l'un  des  jours  suivants, 
rentrer  au  logis  avec  le  double  de  la  somme  qui  lui  a  été  confiée.  Lors- 
qu'on renouvelle  l'expérience,  on  doit  prendre  bien  soin  de  ne  mettre 
dans  la  bourse  aucune  pièce  d'or  ou  d'argent  qui  y  ait  déjà  figuré,  car 
celles  qui  ont  servi  une  fois  à  cet  usage  ont  perdu  toute  leur  vertu. 

L.  F.  Sauvé. 


1 .  Ces  traditions  relatives  à  la  poule  blanche  et  à  la  grenouille  verte  n'existent  plus 
guère  qu'à  l'état  de  vagues  souvenirs.  On  assure  que  l'une  et  l'autre  peuvent  procurer 
de  l'argent,  mais  on  ne  sait  plus  comment  il  faut  s'y  prendre  pour  obtenir  ce  résultat. 


MÉLANGES. 


DES  PRONOMS  INFIXES. 

L'ancien  irlandais  nous  présente  fréquemment  des  cas  d'infixation  des 
pronoms  personnels,  surtout  comme  régime.  Ce  pronom  s'infixe  : 

i°  Entre  la  conjonction  négative  et  le  verbe.  Ex.  :  nibtd  =  ni-b-tâ 
wnon  vobis  est'  ;  nittd  =  ni-t-tâ  'non  tibi  est'. 

2°  Entre  un  préfixe  verbal  et  le  verbe.  Ex.  :  romsôirsa  =  ro-m-sôir-sa 
'me  salvavit';  ro  est  un  préfixe  verbal  (=  gr.  r.pz)  et  sa  une  enclitique 
augmentative  de  la  i rc  pers.  du  singulier  ;  nonmoidemni  =  no-n-moidem-ni 
'nous  nous  louons'  ;  no  préfixe  verbal  (=  gr.  vu),  «/est  le  pronom  'nous' 
répété  comme  'nota  augens'. 

3°  Dans  l'intérieur  même  du  verbe,  entre  son  préfixe  et  son  thème. 
Ex.  :  atotchiat  =  ad-do-t-chiat  'ils  te  voient'.  Le  verbe  est  adchiat 
'vident',  t  est  le  pron.  2e  pers.  sg.  Pour  mettre  ce  pronom  en  relief  et 
en  quelque  sorte  en  lumière,  pour  l'empêcher  de  se  perdre  dans  l'ombre 
du  préfixe,  on  le  fait  précéder  de  la  particule  verbale  do  qui  n'a  aucun 
sens  par  elle-même,  mais  qui  forme  en  quelque  sorte  le  clou  auquel 
s'attache  le  pronom.  Les  deux  d  consécutifs  de  ad-do  se  combinent  en  un 
t  et  l'on  a  le  mot  atotchiat.  Cotobsechaim  =  Co-do-b-sechaim  'je  vous 
blâme'.  Le  verbe  est  cosechaim;  to  pour  do  le  préfixe  inerte  que  nous 
venons  de  signaler,  b  est  le  pronom  de  la  2e  pers.  pi. 

Voilà  les  trois  classes  de  pronoms  infixes  décrits  par  les  celtistes  depuis 
Zeuss  qui,  en  découvrant  l'ancien  irlandais,  a  découvert  et  analysé  ces 
formes.  Mais  il  y  a  là  une  confusion  et  nous  avons  réparti  nos  exemples 
en  trois  classes  justement  pour  la  faire  plus  aisément  remarquer. 

Si  dans  les  deux  premiers  cas  le  pronom  parait  soudé  au  verbe,  c'est 
purement  une  affaire  d'écriture.  Supposons  qu'en  français  nous  écrivions 
en  un  seul  mot  nelfêtpâ  pour  'ne  le  faites  pas',  nous  aurons  dans  le  fran- 
çais actuel  un  exemple  de  pronom  infixe  parfaitement  identique  à  l'ancien 


Des  pronoms  infixés.  >7 

irlandais  nibta  'non  vobis  est'  :  dans  l'un  et  l'autre  cas  le  pronom  est  non 
pas  exactement  infixe,  mais  proclitique.  Dans  l'écriture  française  il  n'y 
parait  pas,  parce  que  notre  système  d'écriture  repose  —  en  jugeant  la 
chose  du  point  de  vue  scientifique  —  sur  deux  superstitions  :  i°  elle  ne 
tient  pas  compte  de  la  prononciation  ;  2°  elle  distingue  ce  qu'on  appelle 
les  parties  du  discours,  et  l'écriture  donne,  non  pas  le  phonème,  mais  le 
résultat  de  l'abstraction  et  de  l'analyse.  Nous  ne  nous  en  apercevons  pas, 
parce  que  par  suite  de  notre  éducation  grammaticale  c'est  justement  ce 
qui  est  philosophique  et  raisonné  qui  nous  parait  naturel  et  simple;  mais 
c'est  une  pure  illusion.  Notre  écriture  est  une  abstraction,  de  même,  à 
un  autre  point  de  vue,  que,  si  au  lieu  d'écrire  :  'cette  eau  est  glacée', 
nous  écrivions  :  HO  près  de  o°. 

Pourquoi  ces  groupes  où  le  pronom  figure  sont-ils  écrits  d'une  seule 
teneur  en  ancien  irlandais  ?  Parce  que,  lorsqu'on  écrit  une  langue  bar- 
bare pour  la  première  fois,  les  grammairiens  n'en  ont  pas  encore  analysé 
les  éléments,  et  qu'on  écrit  en  un  seul  mot  ce  qui  parait  former  un  seul 
mot  à  l'oreille,  c'est-à-dire  ce  qui  se  prononce  d'une  émission  de  voix 
absolument  continue.  C'est  ainsi  qu'en  ancien  irlandais  on  écrit  l'article 
et  le  pronom  possessif  avec  le  substantif,  etc.,  et  que  se  forment  des 
groupes  de  mots  dans  lesquels  les  sons  s'influencent  les  uns  les  autres 
comme  s'il  ne  s'agissait  que  d'un  seul  mot.  C'est  là  la  cause  des  faits  de 
phonétique  syntactique '.  L'ancien  irlandais,  en  écrivant  d'une  seule 
teneur  ces  groupes  de  mots,  était,  à  certains  égards,  dans  sa  spontanéité 
instinctive,  plus  près  d'une  écriture  scientifique  que  nos  langues  modernes 
où  nous  distinguons  tous  les  mots,  c'est-à-dire  des  éléments  abstraits2. 

A  parler  rigoureusement,  il  n'y  a  pas  de  mots  ni  de  parties  du  discours. 
Ce  sont  des  abstractions  créées  par  les  grammairiens.  Les  mots  n'existent 
que  comme  les  éléments  en  chimie.  On  constate  la  présence  des  éléments 
dans  les  composés  que  nous  fournit  la  perception,  on  les  isole  dans  le 
laboratoire;  quelquefois,  quoique  bien  rarement,  la  nature  nous  les  livre 
à  l'état  simple  ;  mais  le  plus  souvent  nous  ne  les  connaissons  que  dans 
les  corps  composés  où  l'expérience  les  constate  et  où  l'analyse  en  déter- 


i .  Un  écrivain  français  du  siècle  dernier,  Restif  de  la  Bretonne,  avait  entrevu  qu'il  serait 
rationnel  d'écrire  les  enclitiques  et  les  proclitiques  avec  les  mots  auxquels  ils  se  joignent 
dans  la  prononciation.  Il  avait  imaginé  d'écrire  ensemble,  séparés  seulement  par  des  traits, 
les  mots  qui  se  prononcent  ensemble.  Par  exemple,  dans  le  volume  intitulé  les  Contempo- 
raines (Ed.  Assézat.  Paris,  Lemerre,  1876),  nous  trouvons  les  graphies  suivantes  :  p.  36, 
assés-raisonnable  ;  p.  37,  quelque-soit  ;  —  elle  aurait-ensuite-voulu  :  —  elle  était  trop- 
fière  pour  s'en-inquiéter -.  p.  jî,  je  n'en-veux-pas  :  p.  55,  au-premier-jour  :  p.  (6,  je 
n 'en-ferai-rien  ;  p.  58,  les  plus-indispensablement-nécessaires,  etc.  passim. 

2.  Sans  aller  aussi  loin  dans  cette  voie  que  l'ancien  irlandais,  l'ancien  gallois  écrivait 
ensemble  certains  groupes  de  mots.  On  peut  s'en  assurer  à  chaque  ligne  des  Mabinogion. 


88  Des  pronoms  infixes. 

mine  la  proportion.  De  même  il  n'y  a  pas  de  parties  du  discours,  il  n'y  a 
pas  de  mots,  il  y  a  des  phonèmes  plus  ou  moins  prolongés,  dans  lesquels, 
par  la  faculté  d'abstraction,  nous  distinguons  des  éléments  divers  que 
nous  appelons  des  mots  et  que  nous  répartissons  dans  différentes  catégo- 
ries grammaticales.  Puis,  par  suite  de  l'éducation  et  de  l'habitude,  quand 
nous  voulons  représenter  ce  phonème  par  un  signe  qui  le  conserve, 
nous  le  traduisons  —  je  dis  traduisons  —  par  la  notation  des  divers  élé- 
ments auxquels  nous  l'avons  réduit1. 

Je  n'ai  pas  étudié  ces  langues  éloignées  et  sauvages  dans  lesquelles 
régnent,  nous  disent  les  linguistes,  ce  qu'ils  appellent  l'agglutination,  ou 
l'incapsulation,  ou  l'emboîtement,  mais  je  suis  tenté  de  croire  que  c'est 
une  opinion  chimérique  et  que  ces  linguistes  se  nourrissent  d'illusions. 
Comme  ils  ne  possèdent  pas  de  formes  anciennes  de  la  langue  et  qu'ils  la 
notent  par  l'oreille,  ils  écrivent  en  un  seul  mot  des  phonèmes  continus, 
et,  comme  la  langue  est  usée  par  de  longs  siècles  de  déformation  phoné- 
tique, ils  n'y  distinguent  pas  les  différents  éléments  qui  se  sont  soudés 
par  l'usage.  J'ai  idée  qu'en  écrivant  le  français  comme  il  se  prononce  et 
en  faisant  abstraction  de  ce  que  nous  en  savons,  en  le  traitant  comme 
une  langue  américaine  ou  océanienne,  on  arriverait  à  le  classer  parmi  les 
langues  agglutinantes  ou  encapsulantes.  Par  exemple,  que  l'on  suppose 
un  instant  notre  conjugaison  avec  ses  pronoms  et  ses  proclitiques  ou 
enclitiques  écrite  comme  elle  se  prononce,  et  l'on  aurait  pour  cette  langue 
de  'Paris  en  Amérique'  des  séries  comme  celles-ci  : 

jèm  ('aime)  jlèm  (je  l'aime)  jlèmpà 

tèm  (t'aimes)  tulèm  (tu  l'aimes) 

ilème  (il  aime)  imème  (il  m'aime)  imèmpâ 

alème  (elle  aime)2  amèm  (elle  m'aime)  amèmpâ 

Dans  la  philologie  excentrique,  j'entends  par  là  la  philologie  des  langues 
excentriques,  ce  sont  là  différentes  variétés  de  conjugaisons  qui  ont  cha- 
cune un  nom  spécial. 

Comme  on  peut  s'en  convaincre  en  jugeant  ainsi  les  choses  de  haut, 
c'est  une  illusion  de  voir  des  pronoms  infixes  dans  des  formules  comme 

i.  Sur  ces  questions  nous  renvoyons  au  remarquable  article  de  M.  Sweet  'Words,  Logic 
and  Grammar'  dans  les  Trans.  of  the  Phil.  Society,  1875-76,  p.  470  et  sq.  Si  M.  Sweet 
avait  connu  les  langues  celtiques,  elles  lui  auraient  fourni  des  exemples  et  des  arguments 
par  le  groupement  dans  l'écriture  des  'full-words'  et  des  'half-words',  et  par  les  muta- 
lions  de  consonnes  initiales  qui  résultent  de  ces  groupements  phonétiques.  L'ancien  irlan- 
dais lui  fournira  des  exemples  de  la  méthode  qu'il  recommande  p.  482,  en  ajoutant  qu'il 
ne  sait  pas  de  langue  où  elle  ait  été  appliquée  dans  l'écriture. 

2.  Nous  donnons  ainsi  cette  personne,  parce  que  dans  le  français  populaire  de  Paris 
et  de  ses  environs  le  pron.  fém.  de  la  3e  pers.  du  sg.  est  al  devant  une  voyelle  et  a 
devant  une  consonne. 


Des  pronoms  infixes.  89 

nibta  "non  vobis  est'  et  romsôirsa  'me  salvavit'.  C'est  une  illusion  analogue 
à  l'illusion  d'optique  qui  fait  voir  brisé  le  bâton  que  l'on  plonge  dans 
l'eau.  Dans  l'un  et  l'autre  cas  le  raisonnement  doit  réformer  le  témoi- 
gnage erroné  des  sens. 

Il  n'y  a  donc  de  pronoms  vraiment  infixes  que  dans  notre  troisième 
classe  atotchiat  'vident  te'  coîobsechaim  'vitupero  vos'.  Encore  faut-il 
remarquer  que,  dans  ce  cas  même,  le  terme  de  'pronom  infixe'  n'est  que 
le  point  de  vue  d'un  âge  postérieur,  lorsque  la  préposition  servant  de  pré- 
fixe s'est  intimement  soudée  au  verbe  qu'elle  venait  modifier.  Nous  avons 
un  exemple  de  cet  état  du  langage  sous  nos  yeux  même  en  allemand, 
dans  ce  qu'on  appelle  les  verbes  séparables1.  Ce  sont  des  verbes  dans 
lesquels  la  préposition-préfixe  se  sépare  du  thème  verbal.  L'ordre  des 
disjecta  membra  est  seul  différent  en  irlandais  et  en  allemand.  En  irlandais 
le  préfixe  se  sépare  du  verbe  pour  presser  entre  eux  deux  les  pronoms2. 
En  allemand  cela  n'a  lieu  que  pour  intercaler  la  préposition  zu  'à'  ; 
p.  ex.  :  abschreiben  'copier'  abzuschreiben  'à  copier'.  Lorsqu'on  exprime 
un  régime,  substantif  ou  pronom,  la  préposition-préfixe  se  transporte  de 
l'autre  côté.  p.  ex.  :  schreiben  Sie  es  mir  ab  'copiez-moi  cela'  ;  ich  sage  es 
Ihnen  voraus  'je  vous  le  prédis'  du  verbe  voraussagen.  Que  l'on  suppose 
ces  exemples  allemands  écrits  en  un  seul  mot  et  quelque  peu  contractés 
par  la  rapidité  de  la  prononciation,  et  l'on  aura  un  parfait  parallèle  aux 
particularités  de  l'ancien  irlandais. 

Mais  sont-ce  même  des  particularités  de  l'ancien  irlandais  ?  N'y  a-t-il 
pas  là  seulement  la  survivance  d'un  temps  où  les  éléments  du  langage 
n'étaient  pas  encore  soudés,  et  où  la  préposition  n'était  pas  encore  un 
préfixe,  mais  seulement  un  modificateur  ?  Nous  avons  le  droit  de  l'affir- 
mer en  voyant  qu'il  en  était  ainsi  dans  le  plus  ancien  âge  de  la  langue 
latine.  Les  grammairiens  anciens  nous  en  fournissent  des  exemples  qui 
leur  paraissaient  des  singularités  au  temps  où  ils  vivaient.  Festus'Ed.  Mùl- 
ler,  p.  190)  nous  dit  :  Ob  vos  sacro,  in  quibusdam  precationibus,  est 
pro  vos  obsecro,  ut  sub  vos  placo,  pro  supplico.  «  Ob  vos  sacro  se  trouve 
dans  quelques  prières  —  c'est  le  caractère  hiératique  de  la  prière  qui 
avait  conservé  l'archaïsme  —  pour  vos  obsecro,  de  même  que  sub  vos 
placo  pour  vos  supplico.  »  Ailleurs  encore  (p.  309,  éd.   Mùller)  Festus 

1 .  La  préposition  ass,  lat.  e  ex,  est  quelquefois  employée  en  irlandais  d'une  façon  qui 
rappelle  l'emploi  i'aus  en  allemand,  out  en  anglais  :  lotar  ass  'they  went  oui';  tabuir 
ass  hi  'take  her  out';  tug  a  ossnam  ass,  litt.  'il  poussa  sa  respiration  dehors',  c'est-à- 
dire  'il  soupira',  etc. 

2.  L'anglais  a  aussi  des  verbes  séparables,  où  la  préposition  s'écrit  séparément  du  verbe  : 
'take  it  out',  'bring  the  man  in',  etc. 


90  Des  pronoms  in  fixes. 

cite  le  même  exemple  sub  vos  placo  (in  precibus  fere  cum  diciturï  et  en 
donne  deux  autres  empruntés  aux  Lois  :  transque  dato  pour  tradiioque,  et 
endoque  plorato  pour  imploratoque  '  (endo  est  la  préposition  contenue  dans 
d'anciennes  formes  comme  endoperator  plus  tard  imperator).  M.  L.  Havet 
a  fait  remarquer2  qu'il  faut  interpréter  ainsi  un  passage  du  chant  des 
Frères  Saliens  pra  tet  tremonti  qui  est  pour  prœtremunt  te,  et,  à  l'occasion 
d'un  vers  de  Naevius  qu'il  veut  restituer  en  y  introduisant  une  infixation 
de  ce  genre  s,  M.  Havet  observe  que  cette  tmèse  se  rencontre  jusque  dans 
des  écrivains  classiques  :  disjectis  disque  supatis  et  indignos  inque  meren- 
tes  dans  Lucrèce,  inque  salutatum  linquo  dans  Virgile,  argento  post  omnia 
ponas  dans  Horace.  La  tmèse  par  que  est  la  plus  fréquente  et  les  poètes 
classiques  ont  plus  d'une  fois  profité  de  la  licence  qu'elle  leur  donnait 
dans  leurs  vers. 

Atotchiat  et  sub  vos  placo  sont  des  exemples  absolument  identiques. 

On  peut  encore  trouver  d'autres  emplois  de  pronoms  infixes,  en  élar- 
gissant le  cadre  de  la  comparaison,  en  prenant  des  formes  verbales, 
aujourd'hui  soudées,  mais  qui  à  une  époque  historique  ont  été  des  péri- 
phrases, p.  ex.  le  futur  dans  les  langues  romanes.  Le  français  j'aimerai 
est  pour  je  aimerai,  ego  amare  habeo.  Dans  le  bas-latin  de  France  on 
trouve  des  formes  de  futur  décomposé  avec  pronom  infixé,  p.  ex.  :  non 
sis  tristis,  domni  pater,  quia  deus  satisfacere  iibi  habet*,  au  vme-ixc  siècle. 
Le  français,  non  plus  que  l'italien,  ne  paraissent  pas  s'être  permis  cette 
liberté,  mais  on  en  trouve  des  exemples  en  provençal,  p.  ex.  :  deslivrar 
los  ai  'je  les  délivrerai'.  —  E  livrar  lo  m'etz  au  Chabert  pour  E  livraretz  lo 
me...  'vous  me  le  livrerez  à  Chabert'  litt.  Et  liberare  illum  habetiss.  — 
Mudar  lanz  em  pour  mudarem  nos  lai  'nous  nous  rendrons  là-bas'  litt. 
mutare  illac  nos  habemus6.  —  !l  en  est  de  même  en  espagnol  et  en  por- 
tugaisT. 

On  voit  par  ces  exemples  qu'il  ne  faut  pas  se  hâter  de  revendiquer 
pour  une  langue  le  monopole  de  telle  ou  telle  particularité  grammaticale, 
et  qu'il  ne  faut  pas,  d'après  les  caractères  de  l'époque  où  on  la  connaît, 
l'emprisonner  à  jamais  dans  une  catégorie  fixe  et  rigoureusement  déter- 

i.  Le  ms.  et  les  éditions  de  Festus  portent  edendoque  plorato.  La  lecture  endoque  plo- 
rato est  une  correction  tout  à  fait  justifiée  de  M.  Bréal,  Mém.  Soc.  Ling.  T.  IV,  p.  379. 

2.  L.  Havet  :  De  Saturnio  Latinorum  versu,  p.  2  j 2. 

3.  lbid.  p.  388. 

4.  Vita  S.  Euphros.  Ed.  Boucherie,  cité  par  Diez.  Gram.  des  lang.  Rom.  trad.  franc. 
T.  III,  p.  257. 

5.  Paul  Meyer,  Guillaume  de  la  Barre,  p.  36.  Cf.  Diez,  t.  III,  p.  258. 

6.  Flamenca.  Éd.  P.  Meyer,  v.  3521. 

7.  Diez,  t.  II,  p.  15$  et  171. 


Irische  Miscellen.  91 

minée.  La  juxta-position,  l'agglutination,  la  flexion  sont  bien  loin  de 
s'exclure  dans  la  vie  des  langues  ;  elles  passent  incessamment  l'une  dans 
l'autre,  et  si  une  langue  se  modifie  dans  ses  transformations  successives, 
c'est  comme  l'homme  qui  du  berceau  à  la  tombe  voit  se  renouveler  sans 
cesse  le  tissu  et  les  molécules  de  son  être,  qui,  lorsqu'il  meurt,  a  sou- 
vent usé  plusieurs  corps,  et  qui  pourtant  reste  unus  et  idem. 

H.  Gaidoz. 


IRISCHE    MISCELLEN. 

I. 
DIE  SIGEN  SATUIRN  IN  TOGAIL  TROI. 

In  Stokes'  Ausgabe  der  Togail  Troi  s.  Rev.  celt.  V,  398  ff.)  laesst  die 
Uebersetzung  besonders  viele  Lùcken  offen  bei  der  Erzaehlung  von  der 
Entdeckung  der  sigen  Satuirn  durch  den  jungen  Hector  (1.  950-980); 
auch  in  seinen  Addenda  (Rev.  celt.  V,  401  ff.)  hat  er  dieselben  nicht 
ausgefùllt.  Wie  mir  scheint,  rùhren  dieselben  daher,  dass  Stokes  nicht 
beachtet  hat,  dass  die  sigen,  welche  1.  1729  erwaehnt  wird,  mit  der 
frùher  genannten  identisch  ist.  Dièse  zweite  Stelle  lautet  (p.  43)  : 

Is  andsin  rogab  in  leoman  luath  londferggach  7  in  t-ardmilid  aigthidi 
Hectair  .i.  in  sigin  Satuirn  a  senathar  ina  Liim  :  gai  side  slindlethan 
sithremur  sithard,  na  cumcitis  curaid  comlûth.  Ratuaslaicit  a  secht  secheda 
coidlidi  coirtchidi  di,  7  rastôcaib  leis  ri  aiss,  amal  seolchrand  sithlufigi 
sithlibri,  7  rasturn  arna  sluagaib  co  rachuir  dronga  diarmithi  dona  deglae- 
chaib  i  fannligib  fola  .ri. 

Das  heisst  nach  Stokes  (p.   109)  : 

Da  nahm  der  rasche  jaehzornige  Lœwe  und  der  furchtbare  Hauptkrieger 
Hectoir  die  sigen  Saturns,  seines  Grossvaters,  in  die  Hand  ;  das  war 
eine  breitklingige,  dicke,  lange  und  hohe  Lanze,  welche  Helden  nicht 
zu  bewegen  vermochten.  Ihre  sieben  haeutigen,  gegerbten  Felle  wurden 
von  ihr  abgelcest;  und  er  hob  sie  auf  den  Rùcken  wie  den  Mastbaum 
eines  sehr  langen  Schiffes  ;  und  er  senkte  sie  gegen  die  Heere,  so  dass 
er  ungezsehlte  Schaaren  von  den  wackeren  Kaempen  in  das  weiche  Blut- 
lager  niederstreckte  u.  s.  w. 

So  ist  auch  an  der  ersten  Stelle  die  sigen  kein  Gœtzenbild  [statue 
ùbersetzt  Stokes  ,  sondern  dièse  selbe  Lanze,  also  vielmehr  ein  «  Feld- 
zeichen  ».  So  ist  die  Stelle  (p.  24)  verstasndlicher  : 


92  Irise  lie  M  >  scelle  n. 

Isna  laaibsin  raérig  Hectoir  mac  primalaind  Priaim  ara  baethair  bdisi 
7  ara  luagaill  rebartha  ar  sratib  na  senchatrach  7  ar  marggad  na  môrcha- 
trach,  7  tank  istech  irrabi  in  îs'igen  Shatuirn  sddail  zona  sigenchometaid 
ûasal  on  amsir  riam  rempli  anall,  7  rasconnaic  7  rasiarfaig  7  iss  ed  rardid. 
«  Ca  rét  »  arse  «  in  sét  slessa  suachnid  sainemail  sdrmorsa  thall?  »  — 
«  A  meic  »,  arse  «  cid  tdisiu  da  iarfaigid?  Sigen  do  senathar  Sdtuirnd 
sddail,  dasitled  na  senchatha  saethracha  sirmôra  na  hamsiri  riam  remut.  » 

—  «  Dammanicsea  miand  mannair  fuirthi,  dammad  lit  h  latsu.  »  —  «  Is 
lith  im.,  a  meic,  »  arse  ;  «  acht  atâ  ni  nidamlaindsea  :  Idnbrostud  ar  nech 
ctir  da  indsaigid,  acht  edeh  cona  thoga  trénaenid  chena.  »  Is  andsain  tank 
saigted  santi  7  drkhta  gaile  donti  do  Hectoir,  7  raérig  da  indsaigid,  7  ras- 
gabastar  chuci  ara  balcbolgdn,  7  rastarraing  da  corranaib  crûaidi  cuara 
cromsrona,  7  ka  tarraing  dô  raérig  fetgaire  na  n-dea  7  golgaire  na  n-air- 
demna  adiû  7  anall  7  cechtar  dib  taebaib  di  impi  ;  7  is  and  tue  leiss  ar 
chomarsing  (?)  in  lâir  7  in  tigi  hi,  7  rabenastar  a  seicheda  sentascidi  sen- 
chiathaidi  di,  7  rasgab  cocomthrom  7  rasfeg  remi  7  'na  diaid,  7  daringni 
rethrean  rebach  bossi  di,  ddig  ba  fortail  furthi,  co  romaidestar  Unairmidi 
cet  do  grdndiblib  teined  trkhemruadi  dar  cach  n-aird  n-airegda  n-airchend- 
chaidi  di,  7  rascuir  ûad  ara  airdérgud  taisceda  doridisi  co  rastisad  eken 
adbul  ingluaisti  chuci.  Is  andsin  rachonnak  in  sigenchometaidsain,  7  rucas- 
tar  atlugud  buidi  dina  deib,  7  tank  immach  7  rainnis  do  Priaim  mac 
Lamidôin  7  do  thuathaib  tunidi  Troianna,  7  ni  racreited  leosum  sain  co 
tucad  Hectoir  7  in  ts'igen  môr  sain  leis.  Co  rasimmir  7  co  rasmannair,  co 
rastôcaib  7  co  rastoraind  7  co  rascroith  asa  cathurlaind  7  co  rascuir  uad 
ara  dérgud  taisceda  dorisi  ;  7  0  rachondeatarsum  sain  ruesatar  atlugud 
budi  dona  deib,  co  rancatar  néoil  co  neillchiachaib  nimi.  «  Bermait  a  budi 
dona  deib.  Dariacht  chucaind  fiugair  na  firfastini  firmôri  7  drumchla 
digaind  dilend  in  betha  7  cend  anratachta  uli  Assia.  » 

Der  Sinn  dieser  Erzsehlung  scheint  der  folgende  zu  sein,  wenn  auch 
manches  Einzelne  fraglich  bleibt  : 

in  jenen  Tagen  machte  sich  Hectoir,  Priam"s  erster,  schœner  Sohn, 
in  seiner  tollen  Laune  und  ara  luagaill  der  Regsamkeit  auf  durch  die 
Strassen  der  Altstadt  und  den  Markt  der  Grossstadt  und  kam  in  das 
Haus,  in  welchem  das  Feldzeichen  Saturn's  des  Bequemen  war  bei  déni 
hohen  Feldzeichen-Bewahrer  seit  altvergangener  Zeit  ;  und  er  sah  es 
und  fragte  darnach  und  sprach  :  «  Was  ist  «  sagte  er  «  dièses  auffal- 
lende,  merkwùrdige,  ùbergewaltige  Kleinod  von  einem  Schafte  '  dort?» 

—  «  0  Knabe  !  »  sprach  er  «  weshalb  fraggst  du  darnach  t  (Es  war)  das 
Feldzeichen  deines  Grossvaters,   Saturn's  des  Bequemen ,  da  er  die 

1.  Cf.  VVindisch,  Ir.  Texte,  p.  781  s.  v.  2.  sliss,  slissèn.  Zum  Ausdruck  vgl.  set  a 
dctgni  dianim,  ib.  6y,  5. 


Irische  M i scelle n.  93 

mùhevollen,  langen  und  gewaltigen  alten  Schlachten  gewann  '  ehedem 
vor  deiner  Zeit.  »  —  «  Mich  hat  der  Wunsch  ergriffen,  es  zu  schwingen, 
wenn  es  dir  ein  Glùckstag  scheint.  »  —  «  Freilich  ist  es  ein  Glùckstag, 
0  Knabe  »,  sprach  er,  «  aber  es  giebt  etwas,  was  ich  nicht  wagen  2 
moechte  :  uberhauptjemand  geradezu  aufzufordern  ihm  zu  nahen,  sondern 
jeder  soll  es  ohne  das  thun  nach  der  Wahl  seines  kraeftigen  Charak- 
ters.  »>  Da  traf  ihn,  den  Hectoir,  der  Pfeilschuss  der  Begierde  und 
drichu  3  der  Tapferkeit,  und  er  gieng  auf  es  zu  und  nahm  es  an  sich  an 
seinem  starken  Futteral  *  ;  und  er  zog  es  von  seinen  harten,  gebogenen, 
krummnasigen  Haken!,  und  da  er  es  zog,  erhob  sich  das  pfeifende 
Geschrei  der  Gœtter  und  das  Jammergeschrei  der  Luftgeister  diesseits 
und  jenseits  und  auf  beiden  Seiten  ringsum.  Und  dann  brachte  er  es 
mit  sich  in  den  freien  Raum  mitten  im  Hause  und  entfernte  die  altge- 
schnùrten6,  vom  Alter  geschwaerzten  ?  ~  Haeute  von  ihm  und  ergriff 
es  im  Gleichgewicht  und  betrachtete  es  vorn  und  hinten  und  machte  ein 
geschicktes  Handraedchen  damit —  denn  er  war  seiner  maechtig  — ,  so  dass 
ein  vollgezaehltes  Hundert  von  rothspruhenden  Feuerfunken  aus  jeder 
hervorragenden  End-Ecke  von  ihm  hervorbrach  ;  und  er  legte  es  von 
sich  zuruck  auf  das  Lager  seiner  Huile8,  bis  dass  ein  grauser,  unab- 
wendbarer  Nothfall  ihn  befiele.  Da  sah  diess  der  Feldzeichen-Bewahrer, 
und  er  sagte  den  Gœttern  Dank  und  kam  hinaus  und  berichtete  es  Priam, 
Lamidon's  Sohn,  und  den  Staemmen  des  trojanischen  Besitzthums  ;  und 
sie  glaubten  es  nicht,  bis  er  Hectoir  brachte  und  mit  ihm  jenes  gewaltige 
Feldzeichen.  Nun  liess  er  es  spielen  und  schwang  es,  hob  es  in  die 
Hœhe  und  senkte  es  nieder  und  schùttelte  es  vom  Schlachtgriff  aus q  ; 
und  er  legte  es  von  sich  zuruck  auf  das  Lager  seiner  Huile8.  Und  aïs  sie 
diess  sahen,  dankten  sie  den  Gœttern.  bis  Wolken  mit  Wolkennebeln 
des  Himmels  kamen.  «  Wir  sagen  den  Gœttern  Dank  dafûr.  Zu  uns  ist 
gekommen  die  Gestalt  der  wahren,  wahrhaft  grossen  Weissagung  und 
die  feste  First  die  hervorragt  aus  der  Weltsùndflut  und  das  Haupt  der 
Kriegerschaft  von  ganz  Asien.  » 

Februar  1883.  R.  Thurneysen. 

1.  dasitled  eigentlich  «  als  »  oder  «  womit  er  die  Schlachten  seihte  ;  »  sithlaim  steht 
hier  fur  das  gewcehnliche  maidim,  weil  die  Allitération  ein  verbum  mit  anlautendem  s 
verlangt. 

2.  nidamlaind  fur  ni-dalmaind,  wie  damdatar  fur  dadmatar  (Fél.). 

3.  Cf.  dreacha  «  a  wile,  trick,  stratagem  »  Dict.  Highl.  Soc.r 

4.  bolgdn  eigentlich  «  ein  kleiner  Sack  »  ;  es  sind  die  7  oben  erwaehnten  Haeute,  in 
welche  die  Lanze  gehûllt  war. 

5.  corrân  eigentlich  «  ein  kleiner  Kranichsschnabel  ».  Die  Lanze  war  damit  an  det 
Wand  befestigt. 

6.  Oder  «  lange  aufbewahrten  »  ;  taiscim  aus  do-faisdm. 

7.  1.  senchiachaidi  «  altumnebelt:  » 

8.  Oder  «  damit  es  in  Bewahrung  gelegt  werde.  » 

9.  d.  h.  indem  er  es  am  untern  Ende,  am  Griffe,  hielt. 


94 


Irische  Miscellen. 


FRITAMMIOR-SA. 

On  s'est  habitué  dans  la  philologie  celtique  à  comparer  la  forme 
fritammiorsa  (gl.  me  adficiet)  Ml.  ^id,  27  et  quelques  autres  au  verbe 
gaulois  etwpcj  ieuru  iorebe,  v.  Gramm.  celt.2  p.  35.  M.  Windisch  (Ir. 
Texte,  p.  579)  en  construit  un  présent  frith-iûraim  que  M.  Stokes  [Rev. 
celt.  V,  119)  dit  «  almost  certainly  cognate  with  the  Gaulish  verb  ». 
C'est  une  erreur. 

On  sait  que  l'ancien  irlandais  possède  deux  futurs  en  s,  l'un  simple, 
l'autre  redoublé.  La  seconde  formation  ne  se  trouve  jamais  seule  dans  un 
système  verbal,  elle  est  toujours  accompagnée  de  la  première  ;  v.  les 
exemples  Stokes,  Beitr.  zur  vrgl.  Sprachf.  VII,  50  s.,  Windisch,  Ir. 
Gramm.  §§  288,  323.  Ces  doubles  formes  ont-elles  un  seul  et  même 
emploi  ?  Cela  serait  bien  surprenant,  et  en  effet  ce  n'est  pas  le  cas. 

M.  Brugman  a  démontré  dans  un  savant  mémoire  (Morpholog.  Unter- 
suchungen  III,  28  ss.)  que  le  futur  en  5  des  langues  occidentales  n'est 
autre  chose  que  le  subjonctif  de  l'aoriste  indo-européen.  Les  formes  du 
futur  irlandais  sont,  comme  on  sait,  en  même  temps  des  futurs  et  des 
subjonctifs  ;  il  y  a  de  plus  le  «  futur  secondaire  »  avec  toutes  les  fonc- 
tions du  conditionnel  roman.  En  examinant  les  formes  des  verbes  qui 
possèdent  ces  deux  futurs  en  s,  nous  observons  que  les  formes  simples 
sont  presque  toujours  employées  comme  subjonctifs,  tandis  que  le  futur 
est  exprimé  par  les  formes  redoublées.  Il  est  probable  que  ces  dernières 
ont  été  créées  justement  pour  distinguer  le  futur  du  subjonctif;  le  modèle 
était  peut-être  fourni  par  les  futurs  redoublés  sans  s  qui  sont,  originaire- 
ment, des  subjonctifs  du  parfait,  comme  fodidmat,  forcechun.  Je  ne  citerai 
que  les  verbes  dont  nous  connaissons  assez  de  formes  pour  déterminer 
leur  signification. 

Guidim  (je  prie)  : 

I.  Futur  simple  :  a.  comme  subjonctif,  après  des  conjonctions  : 
annongeïs  câch  Wb.  p.  181,  14;  annogessld  146,  6;  diangessidsi  Ml. 
$$b,  19;  conroigsetWb.  p.  109,  14;  ciagessir  115,  8;  après  la  conjonc- 
tion n  «  que  »  :  nondages  Ml.  21b,  8  et  9;  nundaîges  21b,  5;  hges 
19b,  3  ;  hgesar  (gl.  orari)  51a,  17  ;  —  b.  comme  impératif:  nigessamni 
Wb.  p.  68,  9  ;  nigessid  1 59,  ;i.  Citons  encore  anasrugeset  (gl.  obtasse 


Irische  Miscellen.  9^ 

eos)  Ml.  48a,  17  et  le  futur  secondaire  nongesmais  (gl.  non  aliter  novi- 
mus  supplicare)  Ml.  2\b,  1 . 

II.  Futur  redoublé,  comme  futur:  nogigius  (rogabo)  Ml.  46/?,  12; 
gigsesa  (gl.  supplicabo)  Ml.  47^,  4;  giges  dia  (gl.  supplicem)  Ml.  55c, 
3  ;  gigestesi  (vous  prierez)  Wb.  p.  93,  11;  conditionnel  :  ised  rogigsed 
Ml.  i2d,  5. 

Fo-long-,  fo-com-long-  (supporter)  : 

I.  Futur  simple,  comme  subjonctif  :  folios  (pour  fo-n-lôs.  gl.  ferre  vix 
possum)  Ml.  62b ;  fulàs  (gl.  necesse  est  me  sustinere)  33a,  2  ;  cofullos  (gl. 
ad  ferendum)  $8r,  12  ;  /o//o  (gl.  aspera  /erre  non  refugit)  32^,  18;  «m. 
/u/zd/ô  (gl.  non  commotius  quam  modus  patitur)  32^,  2  ;  arafulsam  Wb. 
p.  93,  1 1  ;  cua  (?)  follosat  (gl.  ut  perferant)  Ml.  69a;  fochith  nadfocho- 
molsam  Wb.  p.  92,  5  ;  fochith  nadfochomalsid  68,  1 3. 

II.  Futur  redoublé,  comme  futur  :  folilusa  (je  supporterai)  Wb.  p.  140, 
19  ;  folilsat  (gl.  poenas  solvent)  1 56,  9  ;  lase  folilsat  (gl.  sustinendo)  Ml. 
Soa  ;  coremifoil  (gl.  ut  severitatem  ultionis  anticipiet)  Ml.  23a,  8  est  un 
exemple  du  subjonctif;  -foil  vient  de  */o///(o),  cp.  remfolaingsiu  (gl. 
anticipa)  44c,  24. 

Conrïug  ije  lie)  : 

Fut.  simple  :  condarias  (gl.  quae  alligare  compellon  Ml.  21  fr,  7;  — 
fut.  redoublé  :  coririssiu  (gl.  ligabis)  Ml.  134^;  je  ne  sais  si  cotanriras- 
tarni  igl.  obligemur)  Ml.  51  r.  est  un  futur  ou  un  subjonctif. 

Le  futur  en  -s  du  verbe  orgim  (je  frappe)  doit  avoir  eu  pour  thème 
primitif  *orx-  qui  devient  en  irlandais  *ors-  orr-.  Cette  forme  n'est  pas 
rare  ;  elle  est  presque  toujours  employée  comme  subjonctif  :  cacha  orr 
Sg.  \2b,  7  ;  frisnorr  '  (gl.  pestilentiae  proprium  est  inficere  corpora)  Ml. 
1  $tf,  10;  docomar  (gl.  aterat)  23^  5  ;  dufuarr  (gl.  deterere)  48c,  31  ; 
ciadu[n]  fuarraidni  (gl.  si  nos  ateratis)  78^;  une  fois  comme  futur  : 
dodaessarrsom  (elle  les  délivrera)  Wb.  p.  32,  31. 

Quel  devait  être  le  thème  du  futur  redoublé?  Evidemment  iorr ;  et 
c'est  lui  qui  s'est  conservé  dans  la  forme  que  nous  avons  donnée  pour 
titre  à  notre  article.  Frisoirctis  traduit  «  adversabantur  »  Ml.  67/?,  fris- 
norgar  «  afficitur  »  Ml.  77^.  Nous  venons  de  citer  le  subjonctif  en  -s  : 
frisnorr.  Il  n'est  donc  pas  douteux  qu'il  faut  voir  le  futur  redoublé  du 
même  composé  dans  frissiurr  son  (gl.  aversabor)  Ml.  37c,  12;  ciaerat 


1 .  Mon  ami  Gùterbock  s'est  donc  trompé  en  parlant  d'une  assimilation  de  g  à  r  dans 
cette  forme  (Lateinische  Lehnwœrter  im  Irischen  1  p.  87)  ;  je  ne  crois  pas  qu'une  telle 
assimilation  se  trouve  en  irlandais;  le  cas  de  comroirnich  pour  comroircnich  (ib.)  est 
tout  différent. 


96  Irische  Miscellen. 

fritammiorsa   (gl.   quandiu   me   adficiet)   Ml.    yzd,    27;   ised  aerat  fri- 

tammiurat  33a,  1 . 

Il  ne  reste  donc  plus  que  la  forme  iûrad  (gl.  factum  est)  L.  Ardm. 
189/?,  i  qui  puisse  se  comparer  au  gaul.  stcopcu,  et  seulement  dans  le  cas 
où  la  glose  serait  la  simple  traduction  du  mot  latin  ;  je  ne  suis  pas  en 
état  de  m'en  assurer. 

Peut-être  faut-il  voir  un  ancien  futur  en  -s  dans  airiat  (qu'ils  ne 
vendent  pas  !)  Wb.  p.  172,  8,  du  verbe  renim  ;  s  entre  deux  voyelles  a 
disparu.  Futur  redoublé  :  asrlriusa  (gl.  inpendam)  Wb.  p.  115,  15  ; 
asriridia  (dieu  donnera)  152,6;  asriri  (gl.  adpendat)  Ml.  30c,  1 3  ;  isdoib 
asrirîher  (à  eux  sera  payé)  Wb.  p.  5,  27.  Cette  explication  n'est  pas 
sûre,  mais  la  flexion  irrégulière  de  asririu  la  rend  probable;  v.  Windisch, 
Ir.  Gramm.  §  278. 

R.  Thurneysen. 

Mars  1883. 


SALTAIR  NA  RANN'. 

Der  irische  «  Strophenpsalter»  hat  seinen  Namen  daher,  dass  er  die 
biblische  Geschichte  von  der  Weltschœpfung  bis  zu  Christi  Tod  in  150 
Gedichten  erzaehlt.  Die  Zahl  der  Strophen  in  den  einzelnen  Gedichten 
ist  sehr  verschieden  ;  die  kùrzesten  zaehlen  3  Strophen,  daslaengste  1N0. 
XI)  138.  Die  Strophe  besteht  aus  4  paarweise  gereimten  Versen  von 
7  Silben.  Der  Reim  hat  die  Eigenthùmlichkeit,  dass  jeweilen  im  ersten 
Vers  der  Assonanz-Vocal  betont,  im  zweiten  unbetont  sein  muss  ;  ist 
also  das  Reimwort  im  ersten  Verse  einsilbig,  muss  das  Schlusswort  des 
zweiten  mindestens  zweisilbig,  ist  jenes  zweisilbig,  muss  dièses  dreisil- 
big  sein.  Ausnahmen  sind  sehr  selten,  fehlen  jedoch  nicht  ganz,  z.  B. 
7217  Ri  tarlaic  inlic  o-chéin 

hicenn  nadeilbi  dont-sleïb. 
7641   Ri  rohic,  amra  tola, 

mnai  truaig  dindrobur  fola. 
Andere  F  selle  sind  leicht  zu  corrigieren,  z.  B, 
7497  Hua  Jobe  cenathis  cinn 

dorinscann  bathis  mblaiîh  bind  (1.  mblaithbind). 
Die  letzte  Zeile  jedes  Gedichts  muss  wenigstens  ein  Wort  der  ersten 

1 .  Saltair  na  Rann,  edited  by  Whitley   Stokes  (Anecdota  Oxoniensia.  Mediaeval  and 
modem  séries,  vol.  I,  part  III).  Oxford  (Clarendon  Press),  1883,  4%  pgg.  vi  and  1  s  S  - 


Saltair  na  Rann.  97 

Zeile  wiederholen.  Zu  weiterem  Schmucke  wird  sehr  haeufig  Allitération 
und  Binnenreim  verwendet,  doch  ohne  feste  Regeln.  Man  sieht,  des 
Dichters  Aufgabe  war  keine  leichte.  Dass  durch  solche  Verskunstelei  auch 
das  Verstaendniss  der  Dichtung  nicht  gerade  erleichtert  wird,  ist  selbst- 
verstaendlich.  Doch  laesst  sich  zugeben,  dass  der  Dichter  die  Schwierig- 
keiten  verhaeltnissmaessig  geschickt  ùberwunden  hat.  Abgesehen  von  den 
immer  wiederkehrenden  Flickwœrtern  und  Versfùllseln ,  welche  nun 
einmal  in  der  irischen  Poésie  unvermeidlich  scheinen,  schreitet  die  Erzseh- 
lung  munter  vorwaerts.  Auch  der  Plan  des  Ganzen  ist  gut  angelegt.  An 
die  Schœpfung  reiht  sich  die  Beschreibung  der  Welt,  als  Schlussstein  die 
Schilderung  des  7ten  Himmels,  des  riched,  wo  Gottes  Thron  steht.  Auf 
den  Sturz  Lucifers  folgt  die  Beschreibung  seiner  Wohnung,  der  Hœlle. 
Dann  werden  wir  in's  Paradies  eingefùhrt,  und  nun  entrollt  sich  die 
ganze  biblische  Geschichte,  eingerahmt  durch  den  Sùndenfall  einerseits 
und  andrerseits  durch  die  Erlcesung  von  Adams  Geschlecht  aus  der  Hœlle 
durch  Christus. 

Das  vollstasndige  Gedicht,  aus  7788  Versen  bestehend,  hat  sich,  nach 
Stokes,  in  einer  einzigen  Handschrift  (12.  Jahrh.)  erhalten  ;  und  dieser 
Text  wird  in  seiner  Ausgabe  mit  grœsster  Genauigkeit  wiedergegeben  ; 
nur  die  naheliegendsten  Correcturen  sind  aufgenommen  ' .  Angehaengt 
finden  sich  1 2  weitere  Gedichte  in  verschiedenen  Metren  ;  CLI  ist  ein 
Gebet  um  Vergebung  der  Sùnden  ;  CLII  handelt  von  den  Raethseln  der 
Schœpfung,  CLIII-CLXII  vom  jùngsten  Tag  und  den  Zeichen,  die  ihm 
vorangehn.  Als  Verfasser  des  Saltair  wird  Oengus  Celi-De  genannt  ;  dass 
dièse  Angabe  unrichtig  ist,  zeigt  Stokes  in  der  Vorrede  pg.  I.  Es  fragt 
sich,  ob  die  beigefûgten  Gedichte  den  gleichen  Verfasser  haben.  Sicher 
ist,  dass  der  Dichter  von  CLII  den  Saltair  kennt,  indem  er  ihm  stellen- 
weise  genau  folgt.  Da  er  sich  aber  V.  8009  selbst  Oengus  cèle  Dé  nennt, 
ist  es  mir  wahrscheinlicher,  dass  dièses  Gedicht  zu  einer  Zeit  entstanden, 
als  der  Psalter  bereits  dem  Oengus  zugeschrieben  wurde  ;  der  Dichter, 
welcher  diesen  nachahmte,  ûbertrug  dann  den  vermeintlichen  Namen 
seines  Vorbildes  auf  sein  eigenes  Machwerk. 

Die  Zeit,  in  welcher  der  Psalcer  verfasst  wurde,  hat  Stokes  nicht  zu 
bestimmen  versucht.  Und  doch  macht  uns  der  Dichter  selbst  einigeAnga- 
ben  V.  2337  ff .  Nachdem  er  von  den  verschiedenen  Weltaltern  bis  auf 
Christus  gesprochen,  faehrt  er  fort  :  von  Christi  Geburt  bis  zur  grossen 
Viehseuche  sind  es  988  Jahre,  von  Adam  an  gerechnet  6184  Jahre 
(s.  unten)  ;  zu  dieser  Zeit  herrschten  folgende  Fùrsten  : 

1.  [Eine  lange  Liste  von  Nachtraegen  s.  Academy,  14  Juli  1883,  No.  584  p.  31/.] 
Rev.  Cttt.  VI  7 


98  Saltair  na  Rann. 

Cinaed  mac  Maelcholaim  ùber  Schottland. 

Briain  ùber  Munster. 

Donncad  ùber  Leinster. 

Cathal  ùber  Cruachan  (Connaught). 

Eochaid  ùber  Ulster. 

Fer  gai  mac  Conaing  meic  Neill,  sil  Eogain,  ùber  Ailech. 

Othalinus,  Sohn  Otha  des  Grossen,  war  rœmischer  Kaiser. 

Hlothair  ims.  Blothair)  herrschte  ùber  die  Franken. 

Eigair  ùber  die  Sachsen. 

Maelcoluim  mac  Domnaill  meic  Eogain  ùber  die  Mark  der  Britten. 

Da  mir  keine  irischen  Annalen  zu  Gebote  stehn,  kann  ich  die  Regie- 
rungszeit  von  Donncad,  Cathal,  Eochaid,  Fergal  nicht  bestimmen. 

Kenneth,  Sohn  Malcolm's,  war  Kœnig  von  Schottland  969-994. 

Brian  Boroimhe  Kœnig  von  Munster  975-1002,  \vo  er  Kœnig  von 
Irland  wurde. 

Otto  II  975-983. 

Lothar  Kœnig  von  Frankreich  954-986. 

Edgar  Kœnig  von  England  959-975. 

Die  Verwaltung  des  Brittenlandes  Cumbria,  welches  durch  Kœnig 
Edmund  der  Herrschaft  der  Schottenkœnige  unterstellt  war,  wurde 
gewœhnlich  dem  praesumptiven  Thronfolger  ùbertragen.  Waehrend  der 
Regierungszeit  des  Kenneth  finde  ich  zwei  Malcolm's  als  Herrn  dièses 
Bezirks  verzeichnet,  deren  Stammbaum  aber  nicht  zu  dem  obigen  stimmt 
(s.  Buchananus,  Rerum  Scoticarum  Historia,  lib.  VI  cap.  lxxx).  Der 
erste  ist  Milcolumbus,  Sohn  des  Kœnigs  Duffus,  Grosssohn  des  Milcolum- 
bus.  Diesen  vergiftete  Kennethus  und  brachte  seinen  eigenen  Sohn  Milco- 
lumbus an  seine  Stelle  ;  der  hatte  dieselbe  bis  zu  Kenneth'  Tod  inné.  Wie 
die  Divergenz  zu  erklaeren,  weiss  ich  nicht.  Gab  es  vorher  noch  einen 
dritten  Milcolumbus!1  Oder  hat  der  Verfasser  einen  spaeteren  Milcolumbus 
mit  dem  ersten  dièses  Namens  verwechselt,  welchem  Edmund  im  J.  945 
die  Herrschaft  ùber  das  Brittenreich  ùbertrug?  Dessen  Vater  hiess  Donal- 
dus,  aber  sein  Grossvater  nicht  Eugen  (Owen),  sondern  Constantin. 

Es  muss  befremden,  mitten  unter  diesen  Fùrsten  aus  der  zweiten 
Haelfte  des  ioten  Jahrhunderts  Dubdaletha,  den  Nachfolger  des  heil. 
Patricius,  auftreten  zu  sehn,  welcher  nach  Stokes  (Vorrede  I)  im  J.  1061 
gestorben  ist.  Diess  ist  aber  ein  offenbares  Versehn.  Unter  den  Comarbada 
Patrie  (Book  of  Leinster,  Facs.  42b)  werden  zwei  Maenner  dièses  Namens 
aufgefuhrt.  Der  erste  Dubdalethe  war  Abt  von  Armagh  965-998,  der 
zweite  Bischof  von  Armagh  1049- 1064  (nach  O'Curry,  Lectures  p.  19). 
Sicherlich  ist  hier  vom  ersteren  die  Rede. 


Saltair  ru  Rann.  99 

Ferner  faellt  auf,  dass  die  Regierungszeit  der  genannten  Fùrsten  nicht 
durchgaengig  bis  zum  Jahre  988  reicht.  Otto  II  ist  schon  98?  gestorben, 
Lothar  986.  Und  wenn  man  auf  dièse  weiter  entfernten  Fùrsten  kein 
Gewicht  legen  will,  so  bleibt  doch  der  Name  Edgars,  der  nur  bis  zum 
Jahre  975  regierte.  Der  Ire  kœnnte  die  N'amen  Edgar  und  Eduard  ver- 
wechselt  haben  ;  aber  auch  Eduard  II  kam  schon  979  um's  Leben  ;  sein 
Nachfolger  Ethelred  regierte  bis  1013.  Es  laesst  sich  doch  nicht  annehmen, 
dass  der  Regierungswechsel  im  benachbarten  England  den  Iren  9  Jahre 
lang  unbekannt  geblieben  sei.  Ich  vermuthe  eher  einen  Fehler  in  der 
Jahreszahl  988  ;  welches  Jahr  gemeint  ist,  wird  sich  wohl  aus  der 
Regierungszeit  der  erwaehnten  irischen  Fùrsten  genauer  bestimmen  lassen. 
Es  fragt  sich  weiter,  ob  dièses  Jahr  die  Verfassungszeit  des  Gedichtes 
ist.  Ganz  sicher  ist  diess  nicht.  Die  Zeitbestimmungkann  ebensowohl  der 
Vorlage  angehœrt  haben,  welcher  der  Dichter  bei  seinen  chronologischen 
Notizen  sklavisch  gefolgt  ist  s.  unten).  Dahin  kœnnte  man  auch  das 
Praeteritum  in  V.  2345  ff.  deuten  :  «  Als  die  Seuche  kam,  wer  waren 
damais  die  Fùrsten  ?  »  etc.  Immerhin  liegt  die  Annahme  naeher,  dass  der 
Psalter  in  der  That  gegen  Ende  des  loten  Jahrhunderts  verfasst  ist.  Auch 
der  Zustand  der  Sprache  scheint  mir  in  dièse  Zeit  wohl  zu  passen,  wenn 
man  von  der  Orthographie  des  spaeteren  Copisten  absieht. 

Einige  wenige  Abschnitte  des  Psalters  existieren  in  jùngeren  Abschrif- 
ten  (Vorrede  I)  ;  ob  dièse  aus  dem  selben  Codex  copiert  sind,  sagt  Stokes 
nicht.  Er  bemerkt,  dass  No.  X  im  Lebar  Brecc,  p.  1 1  ib  des  Facsimile, 
enthalten  ist  ;  dagegen  scheint  er  ùbersehen  zu  hab^n,  dass  dièses  Bruch- 
stùck  daselbst  mitten  in  einer  fast  vollstaendigen  Prosaauflcesung  unseres 
Psalters  steht'.  Dieselbe  erstreckt  sich  von  p.  1093-1323.  Da  wir  fur 
das  Gedicht  nur  eine  einzige  Handschrift  haben,  lohnt  es  sich  wohl,  das 
Verhaeltniss  dieser  andern  Quelle  naeher  zu  untersuchen.  Ich  habe  sie 
Prosaauflcesung  genannt  ;  man  kœnnte  von  vornherein  vermuthen.  wir 
besaessen  darin  vielmehr  eine  Copie  der  Vorlage,  aus  der  unser  Dichter 
geschœpft.  Allein  schon  ein  oberflaechliches  Durchgehn  der  Prosa  B 
zeigt,  dass  das  Verhaeltniss  umgekehrt  ist,  dass  B  aus  dem  Psalter 
geflossen.  Ich  brauche  nur  auf  Faelle  zu  verweisen,  wo  B  das  Gedicht 
missverstanden  hat,  wie  z.  B.  V.  7241  ff.,  wo  diezehn  Stunden,  welche 
die  Sonne  zurùckgeht,  um  Ezechias  verlasngertes  Leben  anzuzeigen, 
auf  das  Stillstehn  der  Sonne  bei  Josua's  Kampf  mit  den  Cananitern 
gedeutet  werden  '1 31b,  1.  9  v.  u.). 

1.  Zwar  fûhrt  er  im  Wortindex  s.  v.  drochte  die  Uebersetzung  eines  Ausdrucks  aus 
dem  Lebar  Brecc  an  ;  aber  nirgends  wird  auf  den  vollstaendigen  Parallelismus  der  beiden 
Texte  hingewiesen. 


ioo  Saltair  na  Rarm. 

Die  Prosaversion  hat  bedeutend  gekùrzt.  manche  Capitel  ganz  weg- 
gelassen,  hie  und  da  nach  anderen  Quellen  erzaehlt  und  haeufig  kleine 
Zusaetze  und  Erklaerungen  gegeben.  Im  Allgemeinen  folgt  sie  aber  dem 
Psalter  so  nahe,  dass  ihr  Ursprung  unverkennbar  ist.  wie  sie  ja  auch  das 
Gedicht  X  in  seiner  poetischen  Form  herùbergenommen  hat.  Hier  nur 
ein  paar  Zeilen  zur  Veranschaulichung  : 
V.  3  5  3 .  Fail  ann,  cotrichim  îreîhan,  B.  109a.  F/7  cathir  and  jsi  com- 

cathir  chrichid.  chomlethan,      lethan  cocethri  primdoirsib  furri. 

fail  inti,  frisid  solus, 

set  sir  cethriprimdorus. 
V.  3  57.  Met  cachdoruis  dib  foleith  Ise  met   cechdorais    dib   sin   ./'. 

donacethriprimdoirsib,  mile  ceimend  friathomus. 

toeb  fritoeb,  dini  ianomus 

mili  darcachn-oendorus. 
V.  3  61.  Fail  crois  d'or  incachdorus  F/7  di.    cros   de  or  incechdorus 

frisella  slog  sirsolus,  dib  sin.  hite  remra  roarda 

ri  rosdelba  centalgga, 

hite  remra  roârdda. 
V.  365 .  En  dodergor  forcach  crois  7  en  dergôir  for  cech  crois  7  gemiu 

oschind  lerglor  nach  anfois,       dermair  dolica  logmair  cecha  croise. 

incachcrois  friernôl  cuir 

gemmdermordoleiclogmuir. 
Bisweilen  werden  auch  poetische  Ausdrùcke  beibehalten,  vgl.  V.6509  : 
Intrath  rothaitne  ingrian  glan  B.  1 29  b.  Intan  tra  rothaitin  grian 

os  cechrian  imdreich  talman...  dardreich  in  talman  arabarach... 

Wir  haben  somit  in  B  die  Ueberarbeitung  einer  ziemlich  genauen 
Prosaauflœsung  des  Psalters.  Letztere  war  nicht  nach  der  von  Stokes 
edierten  Handschrift  verfasst.  Sie  vermeidet  Fehler  derselben,  z.  B. 
V.  1586  hicomlabrae  ivon  Stokes  in  cenchomlabrae  verbessert)  B  cen 
comlabra;  V.  1 360  ist  in  der  Hdschr.  napalme  in  nafiche  corrigiert,  B  hat 
na  pailme.  Auch  No.  X  zeigt  Abvveichungen  in  B.  Ich  kann  hier  nicht 
auf  Einzelheiten  eingehn  ;  doch  will  ich  zur  Erleichterung  der  Verglei- 
chung  die  entsprechenden  Seitenzahien  des  Facsimile  von  B  geben, 
zugleich  auch  eine  etwas  eingehendere  Inhaltsangabe  des  Psalters,  als 
die  in  Stokes'  Vorrede. 

I  (V.  1-336)  Schœpfung  ;  Beschreibung  der  Welt.  (Den  genaueren 
Inhalt  s.  Vorrede  III.) 

Fehlt  in  B. 

II  (337-656)  Beschreibung  des  riched. 

B.  109a,  1.  i-io9b,  1.  16  v.  u.  Die  Verse  589-604  und  617-624  sind 
umgestellt. 


Saltair  na  Rann.  loi 

III  '657-832)  Die  himmlischen  Heerschaaren. 

B.  nur  :  Atat  ifïï  IX  nuird  7  IX  ngradafor  ainglib. 

IV  (833-868)  Lucifers  Ungehorsam  und  Sturz. 

B.  109b,  1.  14  v.  u.  —  iioa,  1.  4.  Zusatz  :  nach  einem  anderen 
Dichter  betraegt  der  Zeitraum  zwischen  Lucifers  Erschaffung  und  Ueber- 
tretung  nicht  1000  Jahre,  sondern  nur  13  1/2  Stunden  (ib.  I.  4-1 3). 

V  869-960;  Die  Hœlle. 
B.  fehlt. 

VI-X  961-1468)  Paradies  ;  Adam  und  Eva  geschaffen  ;  Sundenfall 
und  Ausweisung. 

B.  1 10a,  1.  14.  —  1 1 1  b.  1.  13  v.  u. 

XI  1469-2020)  Adam  und  Eva's  Busse;  Eva  abermals  vom  Teufel 
ùberlistet.  Geburt  von  Cain  und  Abel  ;  Cains  Brudermord,  Brandmar- 
kung  und  Tod.  Geburt  von  Seth    s.  Vorrede  Ili  f.). 

B.  1 1 1  b,  1.  12  v.  u.  —  1 1 3a,  1.  37  folgt  nur  bis  zum  Verse  1896  ; 
dann  bricht  es  plœtzlich  mit  «  etc.  »  ab  und  verlaesst  eine  Zeit  lang  die 
Folge  des  Psalters. 

XII  2021-2388  Adams  Tod.  Noah's  Abstammung.  Berechnung  der 
verschiedenen  Weltalter  (s.  Vorrede  IV  f.). 

XIII-XXI  (2389-2672)  Sùndflut;  Noah  und  seine  Sœhne. 

XXII-XXIV  (2673-2780")  Die  Menschen  wieder  gœtzendienerisch. 
Nimrod.  Thurmbau  zu  Babel. 

XXV  und  XXVI  (2781-3080)  Abraham,  Isaac  und  Jacob. 

B.  hat  eine  kurze  Berechnung  des  zweiten  Weltalters  gegeben,  wie 
es  scheint,  nach  dem  Leabhar  Gabhdlu  ;  1 1 3  a,  1.  8  v.  u.  —  1 1 3  b.  1.  1 1 
stimmt  genau  ùberein  mit  L.  U.  Facs.  2  b,  1.  14-33.  Nachdem  B.  von 
Abraham  und  Isaac  erzaehlt  hat,  schliesst  es  sich  1 1 3  b,,  1.  3  3  =  V.  282  5) 
—  1 1 S  a,  1.  7  wieder  an  den  Psalter  an.  Es  fùgt  die  Deutung  der 
hebraeischen  Namen  bei  und  citiert  (1  i4bunten  ein  Gedichtuber  Jacobs 
Geschenke  an  Esau. 

XXVII-XXXIV    3081-3692   Joseph, 

B.  1  1 5a.  1.  7  —  1 17a,  1.  1  I . 

XXXV-LXX  (3693-4980)  Moses;  Volk  Israël  in  der  Wùste.  Als  Epi- 
sode wird  V.  3993-4010  die  Fahrt  des  Gaidel  Glass  und  seines  VVeibes 
ScotLi  aus  Aegypten  nach  den  caspischen  Gebieten  eingeschaltet. 

B.  1 17a,  1.  12-123  b,  1.  17. 

Die  irische  Sage  bringt  B.  an  anderer  Stelle  (11 8b  unten)  und  in 
anderer  Gestalt.  Vor  dem  Durchzug  durch  das  rothe  Meer  trifft  Moses 
den  Fenius  Farsaid  und  heilt  dessen  Sohn  Goedel  Glass  von  einem  Schlan- 
genbiss.  Aber  erst  des  letztern  Enkel  Sru,  Sohn  des  Esru,  wandert  aus; 


102  Saltair  na  Rann. 

auch  hier  vvieder  ist  B.  in  Uebereinstimmung  mit  dem  Leablmr  Gabhdla. 
—  Auch  sonst  zeigt  der  Text  von  B.  hie  und  da  Abweichungen,  so  beim 
Bericht  ùber  die  {Catastrophe  des  Pharao  im  rothen  Meer  ;  1 2 1  a  unten 
giebt  er  eine  Notiz  ùber  die  erste  Paschafeier  und  121b  das  Bild  des 
siebenarmigen  Leuchters  u.  a.  m. 

LXXI-LXXxiv  (4981-5512)  Josua;  Zeit  der  Richter  ;  Samuel. 

B.  125b,  1.  17  —  128b,  1.  4.  Seite  128a  unten  wird  ganz  unmoti- 
viert  der  Stammbaum  Heman  des  Saengers  (I  Paralip.  VI,  33-39)  einge- 
schoben.  Fur  LXXXIV  hat  B.  nur  den  Satz  :  larsin  tra  roentaigset  m  isrl. 
frisamuel  doridise  coradhairset  incoimdiu  isu  cr. 

LXXXV-CXXVI  (5513-7044)  Saul,  David,  Salomo. 

B.  giebt  128b,  1.  4-1 1  kurz  den  Inhalt  von  LXXXV.  Dann  zaehlt  es 
die  drei  Arten  von  Obrigkeiten  auf,  unter  denen  die  Iuden  von  Moses  bis 
zur  rœmischen  Herrschaft  gestanden.  Hierauf  folgt  ein  kurzer  Bericht 
ùber  Saul  und  David.  Erst  von  v.  6 1 69  an  schliessst  sich  B.  wieder  an  den 
Psalter  an,  stellt  jedoch  die  Strophe  6177-6180  voran.  Diess  erstreckt 
sich  von  128b,  1.  1 1  v.  u.  —  1 30b,  1.  14  (1 30a  werden  Davids  Ver- 
wandte  aufgezaehlt).  Nach  V.  6704  giebt  B.  einevom  Psalter  unabhasng- 
ige  Erzaehlung  vom  Weibe  des  Urias,  von  Absaloms  Empœrung,  von 
der  Regierung  Salomo's. 

CXXVII-CXXXIII  (7045-7192)  Die  getrennten  Reiche. 

B.  1 3 1  a,  1.  1  —  1 3 1  b,  1.  26.  Der  Inhalt  von  CXXVII  ist  etwas  aus- 
fùhrlicher  erzaehlt  5131a  unten  wird  Elias'  Kampf  mit  dem  Antichrist 
beigefùgt. 

CXXXIV  (7193-7216)  Babylonische  Gefangenschaft. 

B.  1 3 1  b,  1.  26-39. 

CXXXV  (7217-7252)  Nabuchodonosor,  Holofernes,  Sennacherib, 
Ezechias. 

B.  1 31  b,  1.  39  —  letzte  Linie.  Dann  schliesst  B.  das  alte  Testament 
mit  einer  Betrachtung  ùber  die  Unterstùtzung  der  Glaeubigen  durch  Gott 
und  ùber  die  Bestrafung  der  Unglaeubigen  und  endigt  mit  einem  Gebet 
132a,  1.  22.  Die  Geschichte  des  neuen  Testaments  wird  nach  andern 
Quellen  sehr  ausfùhrlich  erzsehlt. 

Der  Psalter  fùllt  die  Lùcke  zwischen  dem  alten  und  dem  neuen  Testa- 
ment mit  einer  Lobpreisung  der  Werke  Gottes  aus  iCXXXVI-CXLI). 

CXXXVI  (7253-7272)  Aehnlichkeit  und  Verschiedenheit  der  Thiere. 

CXXXVII  (7273-7296)  Dieverschiedenen  Eigenschaften  der  Pflanzen. 

CXXXVIII  (7297-7424)  Die  Frommen,  die  Gott  errettet  hat  (ein  Gebet 
in  der  Art  der  Rev.  celt.  V,  94  ff.  besprochenen). 

CXXXIX  (742  5-7444)  Was  Gott  seinem  Volke  geleistet. 


Sait  air  na  Rann.  105 

CXL  '7445-7464  Die  Erzvaeter,  die  Propheten  und  die  Maccabaeer. 

CXLI  (7465-7484  Die  gottbegnadeten  Weiber. 

CXLII   7485-7500  Johannes  der  Taeufer. 

CXLIII  (7501-7528;  Christi  Empfaengniss. 

CXLIV-CXLVIII  (7529-7696  Christi  Geburt  und  Leben  bis  zum 
Palmsonntag. 

CXLIX    7697-7732    Das  Abendmahl. 

CL  (77^-7788)  ludas'  Verrath.  Christi  Leiden  und  Tod.  Er  fuhrt 
Adams  Stamm  aus  der  Hœlle  in's  Paradies  und  sitzt  nun  auf  dem  himm- 
lischen  Thron. 

Wenn  also  der  Psalter  nicht  aus  B.  geflossen  ist,  so  fragt  sich  weiter, 
woher  der  Dichter  seinen  StofT  genommen.  Er  scheint  keine  einheitliche 
Quelle  benutzt,  sondern  mehrere  gemischt  zu  haben.  Ich  bin  nicht  im 
Stande,  die  einzelnen  genau  zu  bestimmen  ;  ich  fùhre  an,  was  sich  mir 
nach  dem  cursorischen  Durchlesen  des  Gedichts  ergeben. 

In  I  ist  offenbar  ein  Buch  «  De  rutura  rerum  »  mit  dem  Schœpfungs- 
bericht  vermengt.  Doch  stimmt  das  Gedicht  weder  zu  Isidor's  noch  zu 
Beda's  Schrift  dièses  Namens,  wenigstens  durchaus  nicht  genau.  Noch 
weiter  liegt  es  ab  vom  Gedicht  des  Avitus  «  De  initio  mundi  »  oder  von 
spasteren  festlaendischen  Werken ,  wie  des  Honorius  Augustodunensis 
«  De  Imagine  Mundi.  a  Ueber  dièses  négative  Résultat  bin  ich  einstweilen 
nicht  hinaus  gekommen. 

Auch  woher  in  No.  III  die  Berechnung  der  Engel  des  9ten  Grades 
=  700,000  Millionen  genommen  ist,  weiss  ich  nicht.  Die  Namen  der 
Vierundzvvanzig  um  Gottes  Thron,  welche  der  Dichter  mit  den  obersten 
Engeln  identifiziert.  differieren  von  den  Engelnamen  der  jùdischen  Tra- 
dition s.  Van  Dale,  Dissertationes  de  origine  ac  progressu  idolatriae  et 
superstitionum,  p.  1 68).  Ausser  den  vier  biblischen  Engeln  Gabriel,  Michel, 
Raphiel,  Urel  finden  sich  einige  sonstige  hebraeische  Namen  darunter  : 
Raguel,  ein  anderer  Name  von  Moses'  Schwiegervater  Jethro,  Exod.  II, 
18,  Num.  X,  29  ;  Barachel,  Vater  des  Eliu,  Job  XXXII,  2  und  6.  Andere 
haben  wenigstens  hebraeischen  klang,  so  Rumel  fur  Rumiel,  Sarmichiel 
(Sar-Michael),  Sarachel,  der  zweimal  aufgefûhrt  wird  cf.  Zarahia), 
Sariel,  Darachél,  Arachél  etc.  Viele  dagegen  sind  ganz  abenteuerliche 
Bildungen,  saemmtlich  auf  -el.  Es  ist  nicht  unmœglich,  dass  diess 
ailes  der  Phantasie  des  Dichters  entsprungen  ist.  Darauf  kcennen  die 
Worte  deuten  V.  7 1 3  f.  «  Gott  hat  mir  etwas  von  den  Verhaeltnissen  der 
verschiedenen  Grade  kundgethan  »  und  V.  818  ff.  «  Herr  !  wenn  ich  zu 
viel  oder  zu  wenig  gesagt  habe,  verzeih  mir  meine  Indiscrétion,  meine 
Unkunde.  Obschon  es  indiscret  war.  die  gewaltige  Zahl  der  verschiede- 


104  Saltair  na  Raim. 

nen  Grade  zu  besprechen,  ist  doch,  was  ich  gesprochen,  zu  Deinem  Lobe 
[gesprochen],  mein  gewaltiger  Fùrst  !  »  Dem  Verfasser  von  B  scheint 
die  Sache  unlauter  vorgekommen  zu  sein  ;  er  hat  dièses  Capitel,  sowie 
die  Beschreibung  der  Hœlle  (No.  V)  ûberschlagen.  —  Die  Aemter  der 
neun  Grade  sind  verschieden  von  denen,  die  Renan  aus  der  «  Apocalypse 
d'Adam  »  anfuhrt'. 

Dass  No.  XI  und  XII  auf  der  Vita  Adae  et  Evae  beruhen,  bemerkt  Stokes 
in  der  Vorrede  p.  II,  ohne  naeher  auf  das  Verhaeltniss  einzugehn. 
W.  Meyer2  hat  zwei  verwandte  Texte  besprochen,  die  lateinische  Vita 
und  eine  griechische  Apocalypse,  welche  unter  dem  Titel  Apocalypsis 
Mosis  von  Tischendorf  herausgegeben  ist  3.  Der  Psalter  folgt  der  Vita  im 
Berichte  von  Adam  und  Eva's  Busse.  Aber  von  dem  Punkte  an,  wo  die 
Erzaehlung  der  Apocalypse  einsetzt,  schliesst  er  sich  eng  an  dièse  an  ; 
so  verkùndet  Gabriel  die  Geburt  Seth's  ■ —  freilich  hier  vor  dem  Tode 
Abels  —  und  auch  Adams  Tod  liegt  der  Fassung  der  Apocalypse  sehr 
nahe.  Die  Apocalypse  hat  nicht  im  griechischen  Text  oder  in  irischer 
Uebersetzung  dem  Verfasser  vorgelegen,  sondern  lateinisch.  Diess  geht 
deutlich  aus  einigen  unversendert  aufgenommenen  lateinischen  Wœrtern 
hervor  :  in  tertio  caelo  V.  2205  (ëw;  xpiton  oùpavou,  Apoc.  p.  20,  37) 
und  ornamentum  V.  2218.  Es  gab  also  damais  in  Irland  einen  lateini- 
schen Text,  welcher  die  Bestandtheile  der  Vita  und  der  Apocalypse  in 
sich  vereinigte.  Von  lateinischen  Bearbeitungen  der  Apocalypse  sprechen 
jedoch  weder  Tischendorf  noch  Meyer. 

Freilich  folgt  der  Psalter  diesen  Quellen  nicht  ganz  genau  ;  die  naehe- 
ren  Umstsende  der  Geburt  Cains  [Vita  §  18-21)  fehlen.  Auch  spielt  Seth 
durchaus  keine  Rolle  ;  nur  seine  Geburt  wird  erwaehnt.  Von  dem  Gange 
nach  dem  Paradies  ist  nicht  die  Rede  ;  Ailes  spielt  sich  zwischen  Adam 
und  Eva  allein  ab.  Dagegen  ist  ein  erster  Keim  der  Kreuzlegende  vorhan- 
den  :  nur  Adams  Seele  kommt  in  den  dritten  Himmel,  sein  Leib  wird  i'n 
Ebron  neben  Abel  begraben  ;  die  Sùndflut  wùhlt  die  Erde  auf  und 
schwemmt  Adams  Haupt  vor4  Jérusalem,  so  dass  «  spaeter  das  Kreuz 
Christiin  Adams  Fleisch  gepflanzt  wurde  »  (V.  2229-2240).  Diess  erinnert 
sehr  an  die  Ueberfuhrung  von  Adams  Leiche  nach  Golgatha  durch  Sem 
und  seinen  Urenkel  Melchisedek  im  «  Christlichen  Adambuche  des  Mor- 


1.  Journal  asiatique,  Ve  série,  t.  II,  p.  458. 

2.  Abhandlungen  der  philos. -philol.  Klasse  der  kgl.  bayer.  Académie  der  Wissensch. 
XIV,  3te  Abtheilg.  p.  187  ff. 

3.  In  den  Apocalypses  Apocryphae.  Leipzig,  1866,  p.  1  ff. 

4.  indorus  Hierusalem  ùbersetzt  Stokes  «  in  the  gateway  ».  Doch  laesst  sich  mittelir. 
indorus  an  den  meisten  Stellen  nur  durch  «  vor  »  ùbersetzen,  wenn  auch  die  ursprùng- 
liche  Bedeutung  «  im  Thore  »  ist. 


Saltair  na  Rann.  10$ 

genlandes'  ».  Man  beachte  auch  die  nahe  Verbindung  des  Melchisedek 
mit  Sem  in  den  Stammbaeumen  V.  2256  und  2277  ;  auch  in  den  mit  dem 
Adamsbuche  in  enger  Beziehung  stehenden  Annalen  des  Eutychius  Patriar- 
cha2  heisst  Melchisedek  filius  Phaleki  filii  Eberi  /.  Shalechi  f.  Kainani  f. 
Arphachsadi  f.  Semi,  entgegen  der  gewcehnlichen  Tradition,  welche  ihn 
zum  Hamiten  macht.  Der  lat.  Text  muss  also  mehr  enthalten  haben,  aïs 
die  Viia  und  die  Apocalypse. 

Dièse  Quelle  hat  der  Dichter  in  weiterem  Maasse  verwendet,  als  Stokes 
angiebt.  Auch  No.  IV,  Lucifers  Sturz,  ist  aus  der  Viîa  ausgezogen  und 
vorangestellt  ;  die  Erzaehlung  erscheint  daher  zweimal,  einmal  im  Laufe 
der  Geschichte,  das  andere  Mal  dem  Teufel  in  den  Mund  gelegt.  Ebenso 
ist  No.  VIII  und  IX,  der  Sùndenfall  und  Gottes  Gericht,  gleich  Apocal. 
§  1 S  ff.,  nur  an  die  historisch  richtige  Stelle  gerùckt. 

Eva's  Tod  wird  von  Adam  vorhergesagt,  aber  im  Gedichte  nicht 
erzaehlt.  Dasselbe  geht  vielmehr  nach  Adams  Begraebniss  mit  V.  2241 
ziemlich  abrupt  auf  Noah  und  seine  Vorfahren  ùber  und  schliesst  daran 
die  Eintheilung  der  verschiedenen  Weltalter.  Dièse  sind  aber  nach  einem 
wahren  Hexen-Einmaleins  berechnet  ;  fast  keine  einzige  Zahl  triflft  zu. 
Stokes  ùbergeht  diess  mit  Stillschweigen.  Damit  sich  keinfernerer  Léser 
den  Kopf  darùber  zerbreche,  bemerke  ich,  dass  die  Rechnungsfehler 
schon  auf  einer  falschen  Vorlage  beruhen.  Es  kœnnen  keine  Schreibfehler 
der  Copisten  unseres  Gedichtes  sein,  da  die  meisten  Zahlen  durch  das 
Versmass  gesichert  sind.  Die  Eintheilung  zeigt  auf  den  ersten  Blick,  dass 
die  Berechnung  mittelbar  auf  der  Chronik  Isidors  beruht.  Beda  kommt 
nicht  in  Betracht,  da  seine  Berechnung  schon  beim  zweiten  Zeitalter 
vœllig  abweicht.  Dagegen  habe  ich  eine  andere Tabelle  gefunden,  deren 
Fehler  mit  denjenigen  des  Psalters  viel  Verwandtschaft  zeigen,  naemlich 
in  der  Historia  Britonum  des  Nennius.  Ich  citiere  dieselbe,  wo  nichts 
anderes  bemerkt  wird,  nach  der  aeltesten  Hdschr.,  Harleian  Ms.  3859 
(10.  JahrhJ,  in  den  Mon.  Hist.  Brit.  p.  47  ff.  mit  X  bezeichnet.  Ob 
die  Zahlen  auch  in  den  irischen  Nennius  ùbergegangen  sind,  vermag 
ich  augenblicklich  nicht  zu  bestimmen,  da  mir  kein  Exemplar  von 
Todd's  Ausgabe  zur  Hand  ist  5.  Ich  stelle  die  3  Tabellen  unter  einan- 
der,  indem  ich  jedoch  bei  Isidor  die  Monate  vernachlaessige  und  mich 
auf  Angabe  der  Jahreszahlen  beschraenke. 

1.  ûbers.  von  Dillmann,  in  Ewald's  Jahrbùchern  der  bibl.  Wissensch.  V  p.  ioj  ff.,  beson- 
ders  p.  114. 

2.  éd.  Pocockius,  Oxoniae  1658,  p.  68  f. 

3.  Auch  ist  mir  unbekannt,  ob  sich  dieselben  etwa  in  aelteren  Versionen  des  Leabhar 
Gabhâla  wiederfinden.  In  der  Rédaction  der  O'CIery's  sind  die  Zahlen  correct  (s.  O'Curry, 
Lectures,  p.  172). 


io6 


Saltuir  na  Rann. 


tsidor  :  von  Adam  an 

Ia  atlas  (bis  Sùndflut)  .  .  2242 

IIa  aetas  bis  Abraham] .   .   3 1 84 

IIP  aetas  (bis  David   .   .   .'4125 

IVa  aetas  bis  babyl.  Gef.) .  4610 

Va  aetas  bis  Caesars  Tod  [5155]; 

im  42ten  Jahre  des  Au- 
gustus  Christi  Geburt, 

also 5197; 


Sait  air  (V.  2293-2344) 

Adam  —  Sùndflut.   .   . 

Adam  —  Abraham    .   . 
(  Adam  —  Auszug  aus  Aeg 
\  Adam  —  David  .... 

Adam  —  babyl.  Gef.  . 

Adam  —  Christi  Geburt 
[Adam — Viehseuche.   . 


2240  ; 
3184; 

3792  ; 

4164; 

4749; 
5196; 
6184; 


von  Sùndfl.  bis  Abrah.  .  .  942. 
von  Abr.  bis  David  .  .  .  940. 
von  David  bis  bab.  Gef.   .     485. 


von  bab.  Gef.  bis  Christus.   587. 


Sùndfl.  —  Abraham. 
Abr.  —  Ausz.  aus  Aeg 
Auszug  —  David  .   . 
David  —  bab.  Gef  . 
bab.  Gef.  —  Christus 


962. 

500. 
569. 
566. 


Christi  Geb.  —  Viehseuche  988.] 


Nennius  (Cap.  I)  : 
Adam  —  Sùndflut. 


2242  ; 


Sùndfl.  —  Abraham.  .   .  .  942. 

(Abraham  —  Moses.  .  .  .  640. 

(Moses —  David 500. 

David  —  bab.  Gef  ....  $59. 


Adam  —  babyl.  Gef.  .   .  47791; 

Adam  —  Passion  Christi.  [$228]; 
Nennius  setzt  die  Pas- 
sion in's  32te  Jahr  Christi2; 
also  : 

Adam  —  Christi  Geb  .  .  s  1 96  ;  babyl.  Gef.  —  Christus  .  .  j66. 
In  der  Angabe  des  Jahres  von  Christi  Geburt  stimmen  Nennius 
und  der  Psalter  mit  Isidor  ungefaehr  ùberein.  Die  meisten  Chronisten, 
Eusebius,  Isidor,  Beda,  Nennius,  bezeichnen  einstimmig  2242  als  Jahr 
der  Sùndflut.  Auch  fur  den  Psalter  ist  dièse  Zahl  anzusetzen,  da  er 
noch  in  der  Berechnung  des  zweiten  Zeitalters  (3184)  mit  Isidor 
ùbereinstimmt.  Vielleicht  war  die  Vorlage  richtig;  aber  der  Dichter 
konnte  die  letzte  2  nicht  mehr  in  die  Strophe  hineinbringen.  —  Ein 
offenbares  Versehen  des  Dichters  oder  seiner  Vorlage  liegt  dagegen  in 


1.  hier  hat  X  4879. 

2.  X  in's  jjte. 


Saltair  na  Rann.  107 

der  Zahl  962  vor,  der  bei  Isidor  und  Nennius  942  entspricht  ;  XLII  ist 
in  LXII  verlesen  worden.  —  Das  dritte  Zeitalter  Isidors  von  940  Jahren 
ist  in  zwei  Theile  gespalten,  ursprùnglich  wohl  in  440  +  500  :  die  er- 
stere  Zahl  ist  in  beiden  Texten  entstellt.  Isidor  giebt  den  Abstand  von 
Abraham  bis  zum  Auszug  aus  Aegypten  auf  430  Jahre  an.  —  Wie  die 
ùbrigen  falschen  Zahlen  entstanden  sind,  ist  gleichgùltig.  Bei  beiden 
keltischen  Autoren  steht  an  letzter  Stelle  $66,  und  die  Parallelen  4749 
und  4779,  569  und  559  weisen  ebenfalls  auf  denselben  Archetypus  ; 
welcher  Art  dieser  gewesen.  bleibt  noch  zu  erforschen.  Richtig  berech- 
net  ist  im  Psalter  nur  das  Alter  der  Welt  bis  988  n.  Chr. 

Wir  sehen  also,  dass  der  Dichter  seine  Vorlage  in  Verse  gesetzt  hat, 
wie  er  sie  fand,  ohne  sich  im  Geringsten  durch  die  Disharmonie  der  Zah- 
len beirren  zu  lassen.  Die  Zahlen  scheinen  fur  ihn  ûberhaupt  nicht  viel 
Bedeutung  gehabt  zu  haben  ;  so  laesst  er  V.  1097  f.  den  Adam  1000  Jahre 
und  6  Stunden  im  Paradiese  leben  bis  zum  Sùndenfall,  was  diesen  nicht 
hindert,  nach  Vers  202  1  f.  im  Alter  von  930  Jahren  zu  sterben. 

Die  weitere  Erzsehlung  ist  nicht  direkt  der  Bibel  entnommen  ;  es  fin- 
den  sich  hseufig  kleine  Abweichungen  und  Zusaetze,  besonders  im  Anfang. 
Manche  derselben  erscheinen  auch  sonstin  deririschen  Tradition;  Goedel 
Glass  ist  der  vir  nobilis  de  Scythia  des  Nennius  (Cap.  IX);  die  Namen  von 
Noah's  Frau  und  Schwiegertcechtern  Percoba.  Olla,  Oliua,  Oliuane 
(V.  2485  ff.)  finden  sich  im  Leabhar  Gabhala  und  daher  bei  Keating  wie- 
der  als  Cobba  oder  Coba,  Olla,  Oliba,  Olibana.  Enger  schliesst  sich  die 
Zeit  der  Kcenige  an  den  biblischen  Bericht  an,  und  die  Geschichte  des 
neuen  Testaments  ist  dem  Evangelientext  ganz  conform,  ohne  Beimi- 
schung  der  Apocryphen.  Um  so  mehr  befremdet  es,  dass,  nach  dem 
Dichter,  Jésus  geboren  ist  domulluch  nahlngine,  was  man  nicht  wohl 
anders  ùbersetzen  kann  als  «  aus  dem  Scheitel  der  Jungfrau  »  (s.  Vor- 
rede  V). 

Die  Nummern  CLIII-CLIX  handeln  von  den  Vorzeichen  des  jùngsten 
Tages.  Von  den  von  Noëlle1  angefiihrten  Texten  scheint  nach  der  kurzen 
Analyse  der  $9te  (p.  457),  «  Debate  between  the  Body  and  the  Soûl,  » 
am  naechsten  zu  liegen.  Auch  hier  sind  die  Zeichen  auf  die  Tage  der 
letzten  Woche  vertheilt  ;  auch  die  Anordnung  ist  sehnlich. 

Ausser  fur  die  Entwicklung  der  Legenden  ist  der  Psalter  namentlich 
wichtig  fur  die  irische  Metrik  ;  besonders  betreffs  der  Gesetze  der  Elision 
von  Vocalen  vor  Vocalen  wird  eine  vollstaendige  Sammlung  der  Fselle 


1 .  «  Die  Légende  von  den  fûnfzehn  Zeichen  vor  dem  jùngsten  Gericht  »  in  Paul  und 
Braune's  Beitraegen  zur  Geschichte  der  deutschen  Sprache  und  Literatur  VI,  4(2  ff. 


108  Saltair  na  Rann. 

viel  neues  zu  Tage  fœrdern.  Die  Reime  geben  uns  manchen  Aufschluss 
uber  die  Aussprache.  Ich  kann  darauf  nicht  naeher  eingehn,  will  aber 
einen  Fall  erwaehnen.  Man  fùhrt  haeufig  die  Nebenformen  laithe  und 
Ida,  Dat.  laithiu  und  lâo  als  Beweise  dafùr  an,  dass  die  Orthographie 
schon  im  Altirischen  eine  historische,  den  gesprochenen  Lauten  nicht 
genau  adaequate  war.  So  wenig  ich  im  Allgemeinen  an  letzterem  Satze 
zweifle,  so  verd^echtig  kommt  mir  staets  dièses  Beispiel  vor.  Nun  reimt 
in  No.  CLV  der  Dativ  lôho  mit  gréne  goho,  dagegen  in  CLIV  laithiu  mit 
as-dathiu  ;  die  zweite  Form  kann  also  nicht  loo  oder  lâo  gesprochen 
worden  sein,  da  dièses  nicht  mit  dathiu  assoniert,  und  dass  der  Dichter 
nicht  fùr's  Auge  reimt,  geht  aus  mehr  als  einem  Beispiele  hervor.  Wenn 
also  in  verhaeltnissmaessig  spaeten  Gedichten  beide  Aussprachen  vorkom- 
men,  kcennen  die  beiden  Formen  nicht  identisch  sein.  Laithe  und  Ida  sind 
nicht  weniger  weit  von  einander  entfernt  als  aidche  und  adaig  ;  es  sind 
eben  verschiedene  Bildungen,  das  erstere  aus  letzterem  erweitert. 

Auch  fur  das  Lexicon  faellt  natùrlich  Manches  ab.  Leider  ist  aber  die 
genaue  Bedeutung  neuer  oder  seltener  Wcerter  oft  kaum  zu  bestimmen, 
da  dieselben  in  dunklen  Strophen  und  besonders  haeufig  in  zusammen- 
hangslosen  Floskeln  erscheinen.  Die  Prosaauflœsung  hilft  uns  nicht  viel, 
indem  sie  dièse  Wendungen  meist  ùbergeht.  Auch  der  Index  von  Stokes 
genùgt  nicht  vollkommen.  Den  Gebrauch  erschwert,  dass  haeufig  bei 
schon  belegten  wie  bei  neuen  Wœrtern  die  Bedeutung  gleichermassen 
fehlt  ;  wer  also  nicht  den  gesammten  Wortschatz  vollstaendig  gegenwaer- 
tig  hat,  ist  fortwaehrend  gezwungen  Stokes'  frùhere  Glossare  aufzu- 
schlagen,  um  sich  klar  zu  werden,  ob  ein  Wort  schon  erklaert  oder  noch 
zu  erklaeren  ist.  Ferner  sind  die  Belegstellen  bei  den  einzelnen  Wœrtern 
nicht  vollstaendig  aufgefùhrt,  so  dass  der  Léser  doch  der  Mùhe  nicht 
ùberhoben  ist,  sich  einen  selbstaendigen  Index  anzulegen.  Welche  Um- 
staende  den  Herausgeber  bewogen  haben,  von  seiner  altbewaehrten  Sitte 
abzuweichen,  ist  uns  nicht  bekannt.  Hoffen  wir,  dass  der  Belesenste  der 
Celtologen  bei  zukùnftigen  Ausgaben  zu  seiner  schaetzenswerthen  Méthode 
im  Anlegen  trefflicher  Indices  zurùckkehren  wird  ;  er  wird  damit  seinen 
Collegen  einen  grossen  Dienst  leisten  ! 

Nur  zwei  Wcerter  will  ich  hier  besprechen.  Das  ersteist  trâth.  Es  wird 
gewœhnlich  durch  «  Stunde  »  wiedergegeben,  und  zweifellos  bezeichnet 
es  sehr  haeufig  die  canonische  Stunde.  Nun  lesen  wir  V.  1045  Bai  corp 
Adaim  trib-trathaib  cen-anmain,  dagegen  V.  1049  Issin-tres-lô  iarn-a-gein 
rodelbad  anim  Adaim  ;  also  erscheint  hier  trâth  und  Ida  identisch.  Diess 
ist  wohl  auch  der  Fall  bei  Windisch,  Ir.  Texte  p.  97,  6  ;  und  mit  Recht 
schreibt  O'Donovan  im  Supplément  zu  O'Reilly  :  trâth  «  a  natural  day  of 


Saltair  na  Rann.  109 

twenty  four  hours  ».  Im  Lebar  Brecc  p.  190a  glauben  die  sieben  Schlae- 
fer  von  Ephesus  beim  Erwachen,  sie  haetten  bloss  eine  Nacht  geschla- 
fen.  Sie  senden  ihren  Genossen  Malcus  wie  gewœhnlich  nach  der  Stadt, 
und  dieser  sagt  daselbst  :  Inniso  inEffis  ?  uair  ata  amchuimne  nach  mou 
na  ditrath  atà  inahécmais.  Da  er  am  Tage  vorher  dagevvesen  zu  sein 
glaubt,  bedeutet  hier  trath  weder  Stunde  noch  Tag,  sondern  die  Haelfte 
von  24  Stunden,  daher  di-trath  =  Tag  -j-  Nacht.  Man  sieht  also,  dass 
trath  je  nach  Umstaenden  sehr  verschiedene  Zeitabschnitte  bezeichnet. 

«  Béim  forais  =  cèim  forais  »  schreibt  Stokes  im  Index  und  ùbersetzt 
das  letztere  mit  «  path  of  knowledge  ».  Diess  ist  wenigstens  nicht  der 
gewœhnliche  Sinn  von  béim  foris.  Es  kommt  im  Altirischen  haeufig  vor, 
Wb.  p.  54  V.  13;  59,  17;  70,  ji;  83,  40;  154,  14;  170,  15; 
Sg.  138a,  7;  ùberall  bezeichnet  es  «•  das  Zurùckkommen  auf  etwas,  eine 
Recapitulation  »,  vgl.  die  Glosse  recapitulatio  Wb.  p.  11  v.  1 1 .  Im  Ml. 
steht  dafùr  aithbeim  56  b,  37.  Der  Vers  6468  im  Psalter  :  co-brdth  com- 
bad  beim  forais  scheint  zu  bedeuten  :  «  damit  man  ewig  darauf  zurûck- 
komme,  damit  man  den  Gebrauch  immer  wiederhole  ».  Stokes  trennt 
diesen  Ausdruck  von  béim  «  Schlag  »  ;  das  ist  nicht  die  Ansicht  der 
Prosaauflœsung,  welche  ihn  durch  buille  forais  wiedergiebt. 

R.  Thurneysen. 

Iena. 


LES  MANUSCRITS   IRLANDAIS  D'EDIMBOURG. 

Le  Catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande  que  vient  de  publier 
M.  d'Arbois  de  Jubainville1  forme  un  très  utile  complément  aux  travaux 
d'O'Curry  sur  le  même  sujet,  et  il  présente  les  références  aux  mss.  de  la 
façon  la  plus  claire  et  la  plus  commode.  Le  Catalogue  des  mss.  irlandais 
de  Londres  dressé  par  O'Curry  est  inédit  :  il  en  est  de  même  de  celui 
des  mss.  de  l'Académie  dTrlande  dressé  par  O'Curry ,  O'Longan  et 
O'Beirne  Crowe,  et  de  celui  des  mss.  de  Trinity  Collège  dressé  par 
O'Donovan.  Ces  deux  derniers  catalogues  ne  sont  pas  achevés,  et  on  n'a 
fait  d'index  que  pour  une  partie  de  leur  contenu.  Avec  leur  aide, 
M.  d'A.  de  J.  a  dressé  un  catalogue  systématique  de  tout  ce  qui,  dans 
ces  mss.,  se  rapporte  à  la  littérature  épique  de  l'Irlande.   Sous  chaque 

I .  Essai  d'un  catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande,  précédé  d'une  étude  sur 
les  manuscrits  en  langue  irlandaise  conservés  dans  les  Iles  Britanniques  et  sur  le  conti- 
nent, par  H.  d'arbois  de  Jubainville,  professeur  au  Collège  de  France,  CLV-282  p.  in-8°. 
Paris,  Thorin,  1883. 


iio  Les  manuscrits  irlandais  d'Edimbourg. 

titre  d'oeuvre,  de  poème  ou  de  romance,  M.  d'A.  de  J.  nomme  par 
ordre  chronologique  les  mss.  des  collections  d'Angleterre  et  d'Irlande  qui 
la  contiennent,  lors  même  que  les  versions  des  mss.  des  deux  ou  trois 
derniers  siècles  ont  peu  d'utilité  quand  un  texte  est  contenu  dans  des 
mss.  anciens.  C'est  l'index  raisonné  des  catalogues  manuscrits  que  nous 
venons  de  signaler  ;  et  en  effet  les  mss.  dont  les  savants  irlandais  n'ont 
pas  encore  fait  le  catalogue  descriptif  ne  figurent  pas  dans  ce  dépouille- 
ment. A  ce  titre  il  n'est  donc  que  provisoire  '  ;  il  n'en  sera  pas  moins 
utile  aux  philologues  ;  et  pour  mener  à  bonne  fin  une  compilation  aussi 
pénible  et  aussi  aride,  il  ne  fallait  rien  moins  que  l'enthousiasme  si  ardent 
de  M.  d'Arbois  pour  les  choses  celtiques,  et  son  expérience  consommée 
d'archiviste. 

D'anciennes  notes  nous  permettent  de  faire  à  ce  catalogue  les  courtes 
additions  suivantes  : 

Eachtra  Mhic  na  miochomhairle,  p.  120.  M.  d'A.  de  J.  omet  de  dire 
qu'il  en  existe  une  traduction  anglaise  manuscrite  par  Edward  O'Reilly 

dans  un  ms.  de  l'Académie  Royale  d'Irlande  g—. 

Eachtra  Thoirdhealbhaig,  Mhic  Stairn,  p.  125.  Il  en  existe  aussi  une 
traduction  anglaise  par  O'Reilly  dans  le  ms.  ^  de  l'Académie  Royale. 

Faghail  Craoibhe  Chormaic,  p.  128.  Traduction  anglaise  par  O'Reilly 

dans  le  ms.  —  de  l'Académie  Royale  d'Irlande. 

M.  d'A.  de  J.  a  fait  précéder  cet  ouvrage  d'une  longue  introduction 
sur  les  manuscrits  en  langue  irlandaise  conservés  dans  les  bibliothèques 
des  Iles  Britanniques  et  du  Continent.  C'est  comme  une  concordance 
bibliographique  des  travaux  dont  ces  collections  et  les  mss.  qui  les  com- 
posent ont  été  l'objet  jusqu'ici.  Pour  les  mss.  à  gloses  du  continent  il 
ajoute  peu  de  chose  à  la  publication  de  M.  Zimmer  sur  le  même  sujet2, 
mais  M.  d'A.  de  J.  signale  plusieurs  mss.  de  Laon,  de  Paris  et  de  Rouen 
qui  n'étaient  pas  encore  connus  des  celtistes.  On  est  heureux  aussi  d'avoir 
sur  l'antiquité  de  ces  mss.  l'opinion  de  M.  d'A.  de  J.  et  celle  de  plusieurs 
paléographes  français  qu'il  a  consultés,  M.  N.  de  Wailly,  M.  Quicherat, 
et  surtout  M.  Delisle.  M.  d'A.  de  J.  a  aussi  donné  des  notices  sur  les 


1.  C'est  ce  que  M.  d'A.  de  J.  déclare  lui-même  tout  le  premier  :  «  La  bibliothèque 
du  collège  de  la  Trinité  à  Dublin  a,  suivant  O'Curry,  140  mss.  irlandais,  au  lieu  de  63 
que  nous  avons  mentionnés,  et.  outre  ses  JJ9  mss.  catalogués.  l'Académie  royale  d'Irlande 
en  possède,  paraîi-il,  environ  autant  de  non  catalogués,  dont  un  seul,  le  livre  de  Fermoy, 
nous  a  été  signalé  comme  digne  de  notre  attention.  Ainsi  le  travail  que  nous  avons  fait 
est  bien  loin  d'être  définitif.  »  P.  cm. 

2.  Cf.  Rev.  Celt.,  t.  V,  p.  146. 


Les  manuscrits  irlandais  d'Edimbourg.  i  i  i 

collections  de  mss.  irlandais  dans  les  bibliothèques  publiques  et  privées 
des  lies  Britanniques.  —  Les  celtistes  trouveront  réunis  là  un  grand 
nombre  de  renseignements  dispersés  de  différents  côtés,  et  les  débutants 
auront  désormais  un  guide  qui  leur  épargnera  bien  des  études  et  bien 
des  tâtonnements  '. 

Parmi  les  bibliothèques  du  continent  qui  contiennent  des  mss.  irlan- 
dais M.  d'A.  de  J.  ne  mentionne  pas  Copenhague.  D'après  une  notice 
publiée  dans  VArchsological  Journal  (XVI,  1859,  249-252  ,  et  rédigée 
avec  des  notes  fournies  par  O'Donovan  et  le  Dr  Reeves,  la  bibliothèque 
danoise  contient  deux  mss.  :  un  fragment  des  lois  irlandaises,  sur  par- 
chemin (12  p.  in-40),  et  un  ms.  de  poésie  irlandaise,  moitié  parchemin, 
moitié  papier. 

Aux  bibliothèques  des  lies  Britanniques  dont  ne  parle  pas  M.  d'A.  de  J. 
il  faut  ajouter  la  Marsh's  Library  à  Dublin  qui  contient  :  i°  Le  ms. 
original  de  la  Traduction  irlandaise  de  la  Bible  par  Bedel  ;  2°  Diction- 
naire latin-irlandais,  ms.  de  Plunkett,  1660;  30  Dictionnaire  latin- 
irlandais-anglais,  ms.  de  Walsh  et  Nechtain,  1740. 

Et  il  faut  surtout  ajouter  : 

La  collection  assez  riche  de  la  bibliothèque  de  la  Faculté  des  Avocats 
à  Edimbourg,  dont  les  celtistes  du  continent  ne  paraissent  pas  soup- 
çonner l'existence,  et  dont  les  celtistes  d'outre-Manche  ne  tiennent  pas 
le  compte  qu'elle  mérite.  Pourtant  les  plus  importants  des  mss.  de  cette 
collection  ont  fait  l'objet  d'un  article  de  M.  le  Dr  Graves  dans  les  Pro- 
ceedings  of  the  Royal  Irish  Academy,  t.  IV  (1850),  p.  2  5  5-260. Une  notice 
sur  cette  collection  aurait  donc  été  plus  utile  que  des  détails  sur  des 
collections  déjà  connues  et  décrites;  et  sa  place  était  toute  marquée  dans 
le  livre  de  M.  d'A.  de  J.,  car  la  plus  grande  partie  de  ces  mss.  sont 
irlandais  et  souvent  même  proviennent  d'Irlande.  On  sait  que  jusqu'à  la 
Réforme  il  y  eut  unité  littéraire  entre  l'Irlande  et  l'Ecosse,  et  que  les 
traditions  de  TÉcosse  sont  encore  aujourd*hui  les  mêmes  que  celles  de 
l'Irlande. 

Cette  collection  étant  fort  peu  connue,  nous  saisissons  cette  occasion 
d'en  dire  quelques  mots,  en  nous  aidant  de  notes  rapides  prises,  il  y  a 
quatorze  ans,  surtout  dans  le  catalogue  manuscrit  lui-même  que 
M.  Skene  a  dressé  de  cette  collection. 

Ces  mss.,  au  nombre  de  63,  forment  trois  fonds  distincts  :  i°  le  fonds 

1.  P.  xcvn-xcix.  A  propos  de  l'Évangéliaire  de  Mac  Durnain,  on  peut  ajouter  qu'il  est 
décrit  dans  Kershaw's  Manual  ofthe  Art  Treasures  of  Lambeth  Library,  p.  cix.  —  L'auteur, 
dont  M.  d'A.  de  J.  écrit  à  plusieurs  reprises  le  nom  Binden,  doit  s'écrire  Bindon. 


ii2  Les  manuscrits  irlandais  d'Edimbourg. 

appartenant  à  la  Faculté  des  Avocats  (nos  I-IV,  sur  parchemin,  l'un 
d'entre  eux  avec  quelques  feuilles  de  papier)  ;  2°  mss.  ayant  appartenu 
au  major  Mac  Lachlan,  de  Kilbride  en  Argyllshire  ;  ces  mss.  étaient  la 
propriété  héréditaire  de  la  famille  Mac  Lachlan  et  avaient  été  recueillis 
en  Irlande  et  dans  les  Highlands  ;  sur  cette  collection  voir  une  lettre  de 
lord  Bannatyne  dans  le  célèbre  rapport  de  Mackenzie,  p.  280-284  ' 
(nos  V-XXXI,  sur  parchemin)  ;  30  mss.  ayant  appartenu  à  la  Highland 
Society  of  Scotland,  et  réunis  par  elle  lorsqu'elle  ouvrit  une  enquête  sur 
l'authenticité  des  poèmes  ossianiques;  ces  mss.  proviennent  de  différentes 
sources.,  cinq  d'entre  eux  venaient  du  major  Mac  Lachlan  de  Kilbride 
(nos  XXXII-LXV,  7  mss.  sur  parchemin,  1  parchemin  et  papier,  et 
24  papier). 

Les  n°"  XXXII  et  XXXVI  sont  aujourd'hui  perdus  (depuis  1841).  Leur 
perte  est  d'autant  plus  regrettable  que  le  n°  XXXII,  sur  parchemin  et 
fort  ancien  à  ce  qu'il  paraît,  contenait  une  copie  du  Tâin  Bô  Cualngé.  Il 
est  décrit  dans  le  rapport  de  Mackenzie,  p.  285-293.  Les  planches  I  et  II 
de  Mackenzie  donnent  en  fac-similé  des  spécimens  de  ses  miniatures  et 
de  son  écriture.  Le  n"  XXXVI  était  de  la  fin  du  xvne  siècle  et  peu  impor- 
tant, à  ce  qu'il  paraît  par  la  note  de  Mackenzie,  p.  296. 

Sur  ces  63  mss._,  comme  on  voit,  37  sont  sur  parchemin,  et  vont  du 
xive  au  xvie  siècle.  Deux  sont  partie  en  parchemin,  partie  en  papier,  il 
faut  noter  qu'un  grand  nombre  de  ces  mss.  ne  se  composent  que  de 
quelques  feuillets,  souvent  de  provenance  diverse  et  cousus  au  hasard 
par  leurs  anciens  propriétaires. 

Un  grand  nombre  sont  exclusivement  médicaux,  ce  sont  les  mss.  cotés 
III,  X,  XI,  XII,  XIII,  XIV,  XVII,  XVIII,  XX,  XXI,  XXIII,  XXVII, 
XXXIII,  XLI  ;  sont  en  partie  médicaux  les  mss.  II,  IV,  XXVI.  Ces  mss. 
sont  tous  en  parchemin  :  le  n°  XXXIII  est  partie  en  parchemin,  partie 
en  papier. 

Voici  quelques  indications  sur  plusieurs  de  ces  mss.  qui  pourront  servir 
à  compléter  le  catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande  dressé  par 
M.  d'A.  de  J.  Nous  donnons  en  même  temps  l'indication  d'autres  textes 
dont  il  nous  paraît  utile  de  signaler  l'existence  à  Edimbourg.  Nous  sui- 
vons l'ordre  des  cotes  des  mss. 

1 .  Ce  rapport  est  bien  connu  des  personnes  qui  se  sont  occupées  de  littérature  écossaise 
et  de  la  question  ossianique  ;  mais  comme  M.  d'A.  de  J.  ne  paraît  pas  en  avoir  eu  con- 
naissance, peut-être  est- il  bon  d'en  donner  le  titre  d'une  façon  complète  :  Report  of  the 
Committee  of  the  Highland  Society  of  Scotland,  appointed  to  inquire  into  the  nature  and 
authenticity  of  the  poems  of  ûssian  ;  drawn  up,  according  to  the  direction  of  the  com- 
mittee. by  Henry  Mackenzie.  Esq.,  its  Convener  or  Chairman.  With  a  copious  appendix, 
containing  some  of  the  principal  documents  on  which  the  report  is  founded.  Edinburgh, 
1805,  X-J43  p.  in-8",  et  3  planches. 


Les  manuscrits  irlandais  a" Edimbourg.  i 1  3 

V.  Parchemin,  xve  siècle.  Congrès  de  Drom  Ceata. 

XV.  Parchemin.  xV  siècle.  Histoire  de  Jason,  d'Hercule,  d'Hector,  etc. 

—  Serait-ce  un  fragment  du  Pseudo-Darès  de  Phrygie  ? 

XVI.  Parchemin,  xve  ou  xive?   siècle.  Fragment  du  Dinn-senchus. 
XIX.  Parchemin,  xvc   ou  xivcr    siècle.  Poème  sur  l'expédition  des 

Argonautes.  —  Fragment  du  Dinn-senchus. 

XXXI.  Parchemin,  xv-  siècle.  Congrès  de  Drom  Ceata. 

XXXII.  Parchemin  du  xvie  siècle  et  papier  du  xvne.  Ce  ms.  est 
médical.  Il  a  été  décrit  dans  le  rapport  de  Mackenzie,  p.  293-295,  et 
dans  les  Proceedings  ofthe  Royal  lrish  Academy,  vol.  IV,  part  n,  p.  259. 

XXXVIII.  C'est  un  ms.  sur  papier  du  xvne  siècle,  dont  il  a  été  ques- 
tion déjà   dans  la  Rev.   Celt.  T.  II,   p.  470.   n.   Mort  de  Cûchulainn. 

—  Description  de  son  chariot.  —  Education  de  Cûchulainn.  —  Histoire 
des  enfants  de  Lir. 

XL.  Parchemin.  xvi«  siècle.  Ms.  décrit  dans  le  rapport  de  Mackenzie, 
p.  311-312.  et  dans  les  Proceedings  ofthe  Royal  lrish  Academy,  vol.  IV, 
part  11,  p.  2^6.  Fac-similé  dans  Mackenzie,  pi.  I,  n°  4,  et  pi.  III,  nos  2 
et  3 .  Vie  de  saint  Columba : .  —  Pénitence  d'Adam 2.  —  Tâin  bô  Fraich  — 
plusieurs  romances  relatifs  à  Cûchulainn,  entre  autres  le  Toch  marc  Emere. 

XLV.  Parchemin,  fin  du  XVe  siècle.  Romances  relatives  à  Cûchulainn 
et  à  Conall. 

XLVI.  Parchemin,  xve  siècle,  décrit  dans  le  rapport  de  Mackenzie, 
p.  305-310,  et  dans  les  Proc.  R.  I.  Acad.,  vol.  IV,  part  n,  p.  258. 
Traite  de  l'histoire  romaine  et  de  l'expédition  de  César  en  Bretagne. 

XLVIII.  Papier,  XVIIe  siècle.  Histoire  des  enfants  d'Usnech. 

LUI.  Parchemin,  xv  siècle.  Ms.  décrit  dans  !e  rapport  de  Mackenzie, 
p.  296-299,  et  Proc.  R.  I.  Acad.,  vol.  IV,  part  n,  p.  259.  Fac-similé 
dans  Mackenzie,  pi.  III,  n°  4.  Histoire  des  enfants  d'Usnech.  —  Tâin 
Bô  Flidais. 

LVÏ.  Papier,  xvnr  siècle.  Histoire  des  enfants  de  Turenn.  —  His- 
toire des  enfants  de  Lir.  —  Histoire  des  enfants  d'Usnech. 

LVIII.  Papier,  xvif  ou  xvnr  siècle.  Fragment  de  l'histoire  de 
Keating.  —  Bataille  de  Ventry.  —  Château  enchanté  du  sorbier  sauvage. 

LXII.  Papier,  xvme  siècle.  Poème  sur  les  fils  d'Usnech.  —  Mort  de 
Conlaoch.  —  Dialogue  entre  Ossian  et  Patrice. 

Nous  serions  heureux  si  ces  indications  sommaires  suggéraient   à 


1.  La  même  que  celle  du  Lebar  Brecc  et  du  Ms.  de  Lismore. 

2.  Se  trouve  aussi  dans  le  Lebar  Brecc. 

Rev.  Celt.  VI 


ii4  Le  mot  Gallo. 

quelque  érudit  l'idée  de  dépouiller  d'une  façon  systématique  et  détaillée 

cette  collection  de  mss.  négligée  et  presque  ignorée. 

La  littérature  galloise  n'est  pas  aussi  familière  à  M.  d'A.  de  J.  que  la 
littérature  irlandaise.  Dès  la  toute  première  page  de  son  livre,  il 
s'empresse  de  faire  savoir  à  son  lecteur  qu'il  possède  l'exemplaire  du 
dictionnaire  gallois  de  Davies  qui  a  appartenu  à  deux  celtomanes  fran- 
çais, Latour-d'Auvergne  et  Éloi  Johanneau.  C'est  vraiment  une  relique 
laïque,  et  elle  pourrait  figurer  à  côté  du  sabre  du  même  Latour-d'Au- 
vergne, que  récemment  les  héritiers  du  général  Garibaldi  ont  offert  au 
conseil  municipal  de  Paris  dans  une  cérémonie  qui  rappelait  les  'trans- 
lations de  reliques'  du  vieux  temps.  En  annonçant  qu'il  possède  cet 
exemplaire  du  dictionnaire  de  Davies,  M.  d'A.  de  J.  dit  que  c'est  le 
plus  ancien  des  dictionnaires  imprimés  dans  les  langues  néo-celtiques. 
C'est  une  erreur.  Le  plus  ancien  de  ces  dictionnaires  est  le  dictionnaire 
gallois  de  W.  Salesbury,  imprimé  en  i  $47  à"  Londres  et  tout  récemment 
réimprimé  en  fac-similé.  (Cf.  Rev.  Celt.,  V,  408.) 

H.  Gaidoz. 


LE  MOT  GALLO. 


Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  l'orthographe  et  la  signification  de  ce 
mot  qui  a  donné  lieu  à  un  si  intéressant  débat  dans  le  dernier  numéro  de 
la  Revue  celtique  :  le  directeur  de  la  Revue  l'a  résumé  et  tranché  avec  sa 
sûreté  de  jugement  habituelle.  Nous  voudrions  dire  un  mot  de  la  valeur 
du  suffixe  de  Gallo. 

M.  A.  de  La  Borderie  y  voit  un  pluriel  ;  la  forme  la  plus  ancienne 
étant  Gdllou,  au  point  de  vue  phonétique  l'hypothèse  est  admissible. 
Mais  une  objection  invincible  se  présente  tout  de  suite  à  l'esprit  :  pour- 
quoi les  Bretons  ne  se  seraient-ils  pas  contentés  d'un  suffixe  pluriel  en 
pleine  vigueur,  qui  a  toujours  été,  pendant  toute  la  période  historique 
bretonne,  la  marque  habituelle  du  pluriel  dans  les  substantifs  ?  Si  le  suf- 
fixe -ou  était  tombé  à  une  époque  quelconque  en  désuétude  ou,  par  suite 
de  raisons  phonétiques,  avait  perdu  sa  valeur  significative,  on  compren- 
drait qu'on  eût  éprouvé  le  besoin  de  le  remplacer  ou  de  le  renforcer.  Le 
suffixe  -ou  de  Gallou  doit,  selon  nous,  être  identifié  à  un  suffixe  -âvo 
qu'on  trouve  assez  fréquemment  dans  les  noms  gaulois  et  qui  a  servi  en 
britannique  à  former  des  adjectifs  et  des  substantifs  (voir  Zeuss,  Gram. 


Le  mot  Gallo.  1 1 5 

celt.  2°  éd.,  p.  783,  831-832).  Un  des  exemples  les  plus  intéressants  est 
genou,  la  bouche,  remontant  à  une  forme  genav-  ;  cf.  Genava.  Ce  suffixe 
parait  avoir  été  très  fréquemment  employé  en  gaulois  pour  désigner  des 
peuplades  et  des  territoires  :  Vellavii,  Vellavum  lerritorium,  Vellava  urbs 
(Greg.  Tur.  4,47;  io,  25];  pagus  Berravensis  (ibid.  6,  12),  etc.  En  Armo- 
rique  un  pagus  se  présente  avec  le  même  suffixe  ;  dans  un  document  du 
ixe  siècle,  la  vie  de  Winvvaloe  par  Uurdisten,  le  pays  actuel  de  Goello 
l'ancien  évèché  de  Saint-Brieuc),  porte  le  nom  de  Velaviensis  pagus  : 
Velaviensis  suppose  nécessairement  une  forme  Velavus.  On  retrouve  éga- 
lement en  Grande-Bretagne  un  fleuve  et  un  pagus  Guilou  (Wiltshire)  cité 
par  Asser  :  ...  in  meridiana  ripa  fluminis  Guilou  de  quo  flumine  tota  illa 
paga  nominatur1.  Il  est  probable  que  ce  sont  des  émigrants  insulaires 
qui  ont  apporté  ce  nom  en  Armorique.  Si  ce  suffixe  av  si  usité  dans  les 
noms  de  pays  est  venu  se  joindre  au  mot  Gai  étranger,  ennemi,  en  Armo- 
rique seulement,  tandis  que  les  Gallois  ne  connaissent  que  le  singulier 
Gai  et  le  pluriel  Galon,  c'est  qu'en  Armorique  le  mot  a  changé  de  signi- 
fication ;  il  est  devenu  un  nom  de  nationalité  ;  le  Gai,  c'est  le  Français  ; 
le  pays  Gallou,  la  Bretagne  Gallou.  c'est  le  pays  Français.  Entendant 
continuellement  joindre  à  leur  pays  l'épithète  Gallou,  les  Français  de 
Bretagne  ont  conservé  de  préférence  cette  forme.  L'expression  Bretagne 
Breton  nous  parait  confirmer  notre  hypothèse  ;  Breton  est  ici  une  sorte 
d'adjectif  de  la  déclinaison  consonantique  ayant  même  forme  pour  le 
féminin  que  pour  le  singulier.  Le  suffixe  -av  doit  être  soigneusement 
séparé  du  suffixe  -ovius,  la  forme  Golovia,  dans  la  Chronique  de  Nantes, 
a  été  faite  sur  Gvelou  ;  c'est  d'ailleurs  une  forme  de  toute  façon  défec- 
tueuse, \'e  n'y  apparaissant  pas.  Les  mots  en  -ovius  ont  donné  en 
breton  -iu,  ew  ;  ex.  :  Plebs  Telmedovia,  Plondalmezeau  ;  Kornoria,  en 
bas-vannetais  Kernèw,  en  gallois  Cernyw.  Il  faut  également  mettre  de  côté 
le  suffixe  iâvus  par  a  bref  qu'on  trouve  dans  les  noms  Suliavus,  Thuria- 
vus,  prononcés  aujourd'hui  en  vannetais  Thuriaw,  Suliaw  (prononcez  w 
comme  u  français  .  Les  noms  d'homme  en  -av  sont  encore  nombreux  ; 
on  trouve  dans  le  Morbihan  breton  beaucoup  de  Le  Gallo,  de  Kervinio 
(Winiavus),  etc.  L'orthographe,  il  est  vrai,  dans  ces  noms  a  pu  unifor- 
miser deux  suffixes  différents,  le  suffixe  av  et  le  suffixe  iâv. 

J.  Loth. 

I.  Asserus,  De  rébus  gestis  Aelfredi,  éd.  Pétrie,  p.  477.  —  L'ï  de  Guilou  est  sans 
doute  pour  e,  la  dérivation  amenant  en  gallois  l'affaiblissement  de  l'e  non  accentué  en  -i  : 
hinham  à  côté  de  hen.  Oxf.  2  ,'pens)  Zeuss,  p.  1063,  45*7. 


1 16  Go'èllo,  Vellavi. 

GOELLO,   VELLAVI. 

Puisque  le  nom  de  Go'cllo  se  trouve  amené  ici  par  M.  Loth,  —  et  ce 
très  ingénieux  rapprochement  donne,  selon  nous,  la  véritable  explication 
de  Gallo,  —  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  remarquer  que  le  nom  de 
Vellavi  a  laissé  plusieurs  descendants  dans  la  toponomastique  des  pays 
autrefois  celtiques. 

C'est  d'abord  le  Velay,  Civitas  Vellavorum  '. 

C'est  peut-être  Velay,  nom  d'une  ville  légendaire  avec  ruines,  près 
de  Beneuvre,  canton  de  Recey,  Côte-d'Or  2. 

C'est  le  pays  de  Goëllo,  Velariensis  pagus  i,  dont  vient  de  parler 
M.  Loth.  Ce  nom  est-il  autochthone,  c'est-à-dire  prae-breton,  et  par 
conséquent  gaulois  ?  Est-il  au  contraire  apporté  de  Grande-Bretagne  par 
les  émigrants  ?  Il  ne  nous  paraît  pas  qu'on  trouve  le  nom  de  Vellavi  en 
Grande-Bretagne.  Nous  ne  croyons  pas  que  le  Guilou  cité  par  M.  Loth 
ait  rien  à  faire  ici,  d'autant  que  c'est  une  rivière  et  non  un  pagus  :  'The 
Willy  in  pago  Wiltoniensi',  dit  l'index  géographique  des  Mon.  Hist.  Brit.; 
et  le  texte  même  d'Asser,  cité  par  M.  Loth,  affirme  que  le  pagus  a  reçu 
son  nom  du  fleuve,  «  de  quo  flumine  tota  illa  paga  nominatur.  »  C'est 
<c  la  Willy  dans  le  pagus  de  Wilton  »,  et  non  de  Wiltshire  'car  il  n'y 
avait  pas  encore  de  Wiltshire)  ;  il  s'agit  de  la  ville  de  Wilton  dont  le 
nom  signifie  clairement  «  la  ville  sur  la  Willy  »  4. 

Une  inscription  de  la  Grande-Bretagne  s  mentionne  un  pagus  Vellavus 
dans  un  monument  érigé  par  une  cohorte  de  soldats  tongres.  C'est  pro- 
bablement ce  nom  qu'il  faut  voir  conservé  dans  la  localité  de  Veluwe 
dans  la  province  hollandaise  de  Gueldre,  au  moyen  âge  pagus  Felaowa6. 
On  a  objecté  que  les  Tongres  ne  s'étendaient  pas  sur  la  rive  droite  du 
Rhin  :  il  nous  parait  pourtant  bien  difficile  de  rejeter  cette  identification  7. 

Comment  se  fait-il  que  ce  nom  de  peuple  se  rencontre  ainsi  sur  plu- 
sieurs points  de  la  Gaule?  Faudrait-il  voir  là  les  ramifications  et  les 
colonies  d'un  même  peuple?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Il  s'agit  probable- 
ment là  d'une  épithète  empruntée  à  la  langue  courante,  d'un  qualificatif 
qui  s'est  localisé  en  plusieurs  endroits  à  la  fois.  Les  philologues  ont  vu 

!.  Cf.  Desjardins,  Gêogtaphie  de  la  Gaule  d'après  la  Table  de  Peutinger,  p.  304. 

2.  Mèm.  de  la  Comm.  des  Ant.  du  département  de  la  Côte-d'Or,  t.  IV,  p.  xxxn  ;  cf. 
Courtepié,  nouvelle  édition,  t.  IV,  p.  247. 

3.  Cf.  de  Courson,  Cartulaire  de  Redon,  p.  cxcvi. 

4.  Gn  dans  Guilou  correspond  à  un  V  ancien,  comme  Guenedotia  pour  Venedotia,  etc. 

5.  Inscr.  Brit.  lat.,  éd.  Hùbner,  n°  1072. 

6.  Fcerstemann,  Namenbuch,  II,  489. 

7.  Bergk,  Zur  Geschichtt...  des  Rheinlanda,  p.  123-4. 


Goéllo,  Vellavi.  i  1 7 

dans  ce  nom  de  Vellavi  un  dérivé  par  le  suffixe  -av-  de  la  racine  var.  par 
laquelle  s'explique  le  gallois  et  breton  gwell,  l'irlandais  fcrr,  le  sanscrit 
varijans,  mots  qui  tous  signifient  «  meilleur  ».  Ce  nom  de  Vellavi  signi- 
fierait donc  kboni',  c'est-à-dire  'fortes'  '.  Cette  explication  est  tout  à  fait 
vraisemblable.  Au  nom  de  Vellavi  il  faut  rattacher  celui  de  Vcllauni  qui 
en  dérive  lui-même  et  qui  a  le  même  sens  ;  c'est  celui  d'un  peuple  des 
Alpes  de  Provence.  Le  terme  Vellaunus  se  rencontre  aussi  comme  élé- 
ment composant  un  grand  nombre  de  noms  gaulois  d'hommes  et  de 
peuples2. 

Notre  toponymie  contient  un  grand  nombre  de  vestiges  gaulois  :  il 
serait  utile  de  les  réunir  et  de  les  classer  sous  les  noms  gaulois  dont  ils 
proviennent.  Ce  serait  même  utile  pour  l'étude  historique  des  dialectes 
français,  car  dans  l'altération  phonétique  de  ces  noms  l'influence  litté- 
raire n'a  eu  aucune  place  ». 

H.  G. 


1.  Gluck,  Keltischc  Namen,  p.  164. 

2.  Voyez  Gluck,  p.  178  et  sq. 

3.  Nous  ne  mentionnons  que  pour  mémoire  le  pays  de  Goële  dans  la  Brie,  appelé  au 
moyen  âge  Goda  regnicula  (Bull.  Mon.,  t.  XIV.  p.  375).  Il  nous  faudrait  avoir  une 
forme  plus  ancienne  de  ce  nom  et  avoir  dans  cette  région  des  exemples  de  V  devenu  G 
ou  GU.  Nous  en  connaissons  un  exemple,  mais  dans  la  région  alpestre,  Vapincum  devenu 
Gap. 


NÉCROLOGIE. 

M.  Florian  Vallentin  est  mort  le  20  mai  1883,  dans  sa  trente-deuxième 
année,  à  Montcaud-Sabran  (Gardi  :  il  a  succombé  aux  suites  d'une  maladie 
dont  il  avait  pris  le  germe  dans  une  récente  visite  aux  monuments  de  l'Italie. 
M.  V.  était  l'auteur  de  travaux  remarquables  sur  l'épigraphie  et  la  mythologie 
de  la  Gaule;  l'un  d'eux  avait  paru  ici-même  (t.  IV.  p.  n.  Il  y  a  trois  ans,  il 
avait  fondé  le  Bulletin  cpigraphique  de  la  Gaule  qui  rendait  les  plus  grands  ser- 
vices et  faisait  honneur  à  la  science  française  devant  l'étranger.  M.  V.  était 
magistrat,  et  ce  sont  les  loisirs  que  lui  laissait  cette  grave  profession  qu'il  don- 
nait à  l'érudition  et  aux  lettres.  La  mort  prématurée  d'un  homme  de  ce  mérite, 
et  qui  promettait  tant,  est  une  grande  perte  pour  l'archéologie  française  et  pour 
notre  vieille  Gaule. 

H.  G. 


BIBLIOGRAPHIE. 


L'Historia  Britonum  attribuée  à  Nennius  et  l'Historia  Britannica 
avant  Geoffroy  de  Monmouth  par  Arthur  de  la  Borderie,  membre  du 
Comité  des  travaux  historiques,  vu- 132  p.  in  8°.  Paris,  Champion 
(Londres,  Quaritch),  1883. 

M.  A.  de  la  Borderie  continue  la  série  de  ses  Études  historiques 
bretonnes,  comme  nous  en  émettions  le  vœu,  il  y  a  quelques  mois,  en 
rendant  compte  dans  cette  Revue  de  sa  publication  :  Les  deux  saints 
Caradec.  Il  était  difficile  d"apporter  plus  de  lumière  dans  un  sujet  plus 
troublé,  plus  de  conscience  dans  l'examen  d'une  œuvre  où  la  fantaisie 
des  interpolateurs  et  des  compilateurs  semble  avoir  pris  à  tâche  de 
dérouter  la  critique. 

Dans  la  première  partie  de  son  travail,  consacrée  tout  entière  à  l'His- 
toria Britonum  mise  sous  le  nom  de  Nennius,  M.  A  de  la  Borderie  com- 
mence par  éliminer  tout  ce  qui  est  venu  s'ajouter  à  l'œuvre  primitive. 
Huit  morceaux  ou  opuscules  composent  l'œuvre  entière  de  Nennius, 
mais  deux  seulement  se  trouvent  dans  tous  les  manuscrits  connus  jusqu'à 
ce  jour  :  Historia  Britonum,  Civitates  Britanniae.  M.  A.  de  la  Borderie 
en  conclut  que  c'est  là  le  noyau  de  la  compilation.  L'Historia  Britonum 
a  été  composée  vers  l'an  822,  d'après  ce  passage  :  «  A  primo  anno  quo 
Saxones  venerunt  in  Britanniam  usque  ad  annum  quartum  Mermini  régis 
supputantur  anni  CCCC  XXIX.  »  Suivant  la  remarque  de  M.  A.  de  la  B., 
si  cette  supputation  aboutit  à  la  quatrième  année  du  roi  Mermin,  qui  ne 
fut  marquée  par  aucun  événement  saillant,  c'est  que  cette  quatrième 
année  était  sans  doute  celle  où  écrivait  l'auteur.  Or,  d'après  les  Annales 
Cambriae,  Mermin  serait  mort  en  844,  et  d'après  le  Brut  y  Trywysogion, 
il  aurait  commencé  de  régner  en  818.  Cette  date  de  822  est  contredite, 
il  est  vrai,  quelques  lignes  après  par  une  sorte  de  commentaire,  d'où  il 
résulterait  que  l'œuvre  aurait  été  écrite  en  859,  mais  c'est  une  interpo- 
lation évidente,  comme  il  résulte  du  ton  même  du  morceau,  du  désac- 
cord avec  la  supputation  donnée  si  catégoriquement  plus  haut,  et  du  fait 


Bibliographie.  1 1 9 

que  le  passage  manque  dans  le  manuscrit  du  Vatican,  un  des  plus  impor- 
tants de  l'Historia  Britonum. 

La  date  de  la  composition  de  l'ouvrage  ainsi  établie,  M.  A.  de  la  B. 
passe  en  revue  les  différentes  parties  qui  composent  l'Historia,  et  com- 
mence par  éliminer  la  vie  de  saint  Patrice,  sans  rapport  avec  ce  qui  pré- 
cède et  ce  qui  suit,  et  rejetée  dans  le  manuscrit  du  Vatican  en  dehors  du 
texte  de  VHistoria.  Restent  cinq  parties  : 

i°  Description  de  l'île  de  Bretagne; 

20  Origine  des  Pietés  et  des  Scots; 

3°  Histoire  de  la  domination  romaine  en  Bretagne  ; 

4'  Histoire  du  roi  Vortigern  comprenant  l'établissement  des  Saxons  et 
la  mission  de  Saint-Germain  en  Grande-Bretagne  ; 

5  La  lutte  des  Bretons  contre  les  Saxons  et  sous  les  ordres  du  roi 
Arthur. 

La  partie  la  plus  originale  est  la  quatrième  :  l'histoire  de  l'établisse- 
ment des  Saxons  en  Bretagne.  La  conquête  se  serait  faite,  suivant  VHis- 
toria, parla  ruse  et  la  perfidie.  M.  A.  de  la  B.  nous  semble  trop  dur  ou 
trop  élogieux  pour  l'auteur  quand  il  s'écrie  qu'on  a  rarement  vu  un  men- 
songe plus  audacieux,  et,  à  certains  égards,  plus  habile.  L'auteur  nous 
semble  simplement  l'écho  des  légendes  et  des  traditions  populaires  sur  ce 
sujet.  Il  n'a  pas  plus  inventé  ces  traditions  que  les  savants  Scots.  dont  il 
avait  recueilli  les  récits,  n'avaient  imaginé  les  légendes  concernant  la 
colonisation  de  l'Irlande.  Au  point  de  vue  historique  pur,  on  ne  peut 
que  souscrire  au  jugement  de  M.  A.  de  la  Borderie,  qui  est  celui  de 
Schcell  et  de  Stevenson  :  «  Quand  VHistoria  Britonum  avance  seule  un 
fait  qui  ne  choque  ni  la  vraisemblance  ni  le  témoignage  des  auteurs 
sérieux,  tels  que  Bède,  Gildas  et  les  documents  de  l'histoire  romaine,  ce 
fait,  après  examen,  est  acceptable.  Dans  le  cas  contraire,  il  doit  être 
rejeté.  »  Tout  le  monde  reconnaîtra  aussi  avec  M.  A.  de  la  B.  que,  dans 
l'ordre  littéraire,  VHistoria  est  un  document  capital  :  «  C'est  le  premier 
et  le  plus  ancien  recueil  des  légendes  populaires  de  la  Bretagne  qui  ont 
donné  plus  tard  naissance  aux  romans  du  Brut,  de  Merlin,  d'Arthur,  en 
un  mot  à  ce  cycle  immense  des  épopées  chevaleresques  de  la  Table- 
Ronde.  »  VHistoria  n'est  pas  d'un  intérêt  moins  grand  pour  la  littérature 
irlandaise. 

En  somme,  la  partie  la  plus  importante,  au  point  de  vue  historique  de 
toute  l'œuvre  mise  sous  le  nom  de  Nennius,  n'appartient  pas  à  l'œuvre 
primitive  :  nous  voulons  parler  des  Genealogiae  regum  Saxonum,  compo- 
sées sans  doute  vers  685-690,  quoique  les  noms  qui  y  sont  contenus 
nous  soient  arrivés  sous  une  forme  du  ixe-xe  siècle,  et  dont  M.  A.  de  la 


1 20  Bibliographie. 

Borderie  ip.  10  met  en  lumière  la  grande  valeur.  L'Historia  Britonum, 
dans  sa  partie  la  plus  originale,  représente  la  légende,  la  tradition  popu- 
laire; les  Genealogiae,  comme  les  Annales  Cambriae,  sont  des  documents 
historiques  rédigés  par  des  lettrés,  probablement  par  des  bardes  :  nous 
savons,  en  effet,  par  Giraldus  Cambrensis',  qu'une  de  leurs  fonctions 
était  d'écrire,  en  Cambrien,  la  généalogie  des  chefs;  à  certains  indices, 
on  peut  même,  sans  invraisemblance,  supposer  que  les  Généalogies  ont 
d'abord  été  écrites  en  breton. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  travail,  M.  A.  de  la  Borderie  se  pro- 
pose d'établir  qu'il  y  a  eu  entre  YHistoria  Britonum  de  Nennius  et  VHis- 
îoria  regum  Briîanniae  de  Geoffroy  de  Monmouth  une  œuvre  intermé- 
diaire qui  n'est  que  le  développement  de  la  première.  Il  est  question  en 
effet,  dans  une  vie  de  saint  Goeznou,  d'une  Ystoria  Britanica  dont  l'ha- 
giographe  résume  certains  passages  où  on  relève  des  différences  mar- 
quées avec  les  passages  correspondants  de  Nennius  :  c'est  ainsi  que 
YHistoria  Britonum  attribue  la  conquête  de  l'Armorique  à  Maxime,  sans 
nommer  Conan  Mériadec,  tandis  que  YHistoria  Britannica  ne  cite  que 
Conan,  etc.  L'extrait  de  la  vie  de  saint  Goeznou  cité  par  M.  A.  de  la 
Borderie  a  été  tiré  par  lui  d'une  compilation  manuscrite  du  xve  siècle, 
connue  et  souvent  mise  à  profit  par  les  Bénédictins,  D.  Briant,  D.  Lobi- 
neau  et  autres,  sous  le  titre  de  Vêtus  collectio  rnanuscripta  Ecclesiae  Namne- 
tensis.  M.  A.  de  la  B.  a  eu  le  bonheur  de  retrouver  cette  précieuse  col- 
lection et  de  la  sauver  des  rats  qui  avaient  déjà  détruit  la  moitié  du 
premier  feuillet. 

L'extrait  de  la  vie  de  saint  Goeznou  contenu  dans  la  collection  porte 
en  tête  le  même  nom  d'auteur,  la  même  dédicace,  la  même  date  qu'une 
vie  du  même  saint  composée  par  Guillaume,  chapelain  d'Eudon,  évêque 
de  Léon,  dédiée  au  prélat  en  1019  et  dont  Albert  le  Grand  affirme  avoir 
vu  le  manuscrit  original,  conservé  dans  la  bibliothèque  du  chapitre  ou 
dans  celle  de  l'évêque  de  Léon.  Geoffroy  de  Monmouth  paraît  avoir 
profité  non  seulement  de  l'œuvre  de  Nennius,  mais  encore  de  YHistoria 
britannica  :  sur  la  plupart  des  points  où  YHistoria  britannica  diffère  de 
Nennius,  elle  concorde  avec  Geoffroy.  L'argumentation  de  M.  A.  de  la 
B.  nous  paraît  irréfutable.  Il  nous  reste  cependant  un  scrupule  à  Tégard 
des  assertions  d'Albert  le  Grand  ;  il  est  difficile  qu'il  ait  vu  l'original 
d'une  vie  écrite  en  1019.  La  forme  Goeznou  ne  saurait  être  de  cette 
époque.  Le  d  dans  cette  situation  n'est  devenu  z  que  vers  la  fin  du 
xne  siècle,  au  plus  tôt.  La  vie  de  saint  Paul  Aurélien,  composée  au 

1.  Girald.  Cambr.  Cambriae  descript.  C.  3. 


Bibliographie.  1 2 1 

ixL'  siècle  et  conservée  dans  des  manuscrits  postérieurs,  nous  donne  le 
nom  de  ce  saint  sous  une  forme  du  ixe  siècle  Uuohednovius  ;  on  aurait 
eu  au  commencement  du  XIe  siècle  Guuohednovius.  Il  est  regrettable 
aussi  qu'on  ne  trouve  nulle  part  ailleurs  mention  d'un  Eudon,  évêque 
de  Léon.  Il  y  a  un  abbé  de  Saint-Mathieu  de  ce  nom,  mais  on  ne  sait 
à  quelle  époque  au  juste  il  a  vécu. 

L'Hîstoria  britannica  n'est  pas  plus  d'origine  bretonne  armoricaine  que 
VHisîoria  Britonum  :  les  légendes  ou  plutôt  les  inventions  de  lettrés  qui 
y  sont  rapportées  sur  l'établissement  des  Bretons  en  Armorique  sont  en 
contradiction  formelle  avec  l'opinion  courante  en  Bretagne  au  ixe  siècle  : 
tout  le  monde  y  savait  que  l'émigration  avait  été  causée  par  les  invasions 
saxonnes,  comme  l'atteste  Uurdisten  (Gurdestin),  l'auteur  de  la  vie  de 
Winwaloe  (Guénolé).  Nous  n'avons  pu  donner  qu'une  analyse  fort 
incomplète  du  travail  si  touffu  de  M.  A.  de  la  B.  On  y  trouvera  nombre 
de  détails  intéressants  sur  les  emprunts  plus  ou  moins  déguisés  faits  par 
Nennius  à  Eusèbe,  à  Bède,  etc.,  sur  la  date  de  l'arrivée  des  Saxons  en 
Grande-Bretagne,  etc.,  et  enfin  un  appendice  traitant  des  éditions  et 
manuscrits  de  VHisîoria  Britonum.  Nous  ne  pouvons  mieux  résumer  notre 
impression  qu'en  disant  que  l'étude  de  M.  A.  de  la  B.  doit  être  entre  les 
mains  de  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'histoire  des  deux  Bretagnes. 

J.  Loth. 

Note  Irlandesi,  concernenti  in  especie  il  codice  Ambrosiano,  di  G.  J. 
Ascoli.  60  p.  in-8°.  Milano,  Rebeschini,  188?. 

Bien  que  ce  travail  soit  peu  étendu  et  qu'il  se  présente  sous  le  nom 
modeste  de  Notes,  il  n'en  a  pas  moins  une  grande  importance  pour  les 
celtistes  comme  tout  ce  qui  sort  de  la  plume  de  l'illustre  linguiste 
de  Milan. 

Après  une  dissertation  sur  l'irlandais  cêtbaith ,  où  l'auteur  voit  un 
composé  non  de  buith  'esse'  mais  du  thème  verbal  de  banim  fytivtù  venio 
(c'est-à-dire  d'un  thème  indo-européen  gva-na)  avec  le  suffixe  féminin 
-ti,  M.  A.  s'occupe  des  erreurs  des  scribes  du  ms.  de  Milan. 

Les  gloses  irlandaises  que  contient  ce  ms.  ont  été  pour  le  plus  grand 
nombre  copiées  d'autres  mss.  et  par  des  scribes  qui  apportaient  dans  ce 
travail  la  plus  grande  négligence,  comme  un  écolier  qui  fait  son  pensum 
en  hâte  en  pensant  à  autre  chose.  Un  vieux  scribe  irlandais  n'avait  pas 
tort  quand  il  écrivait  en  marge  de  son  manuscrit  :  Sudei  qui  legei.  Il  faut 
donc  appliquer  les  règles  de  la  critique  verbale  à  ces  gloses  qui  sem- 
blaient l'expression  naïve  et  pure  de  la  plus  ancienne  langue  irlandaise. 


122  Bibliographie. 

M.  A.  a  classé  ces  erreurs  en  plusieurs  classes  :  omission  de  lettres  et  de 
syllabes,  —  répétitions.  —  changements,  —  fautes  de  pure  négligence. 
Parmi  ces  dernières,  il  y  en  a  qui  peuvent  s'expliquer  par  la  distraction; 
mais  lorsque  le  scribe,  prenant  des  lettres  l'une  pour  l'autre,  arrive  à 
des  graphies  vides  de  sens,  on  peut  se  demander  s'il  était  Irlandais. 
Nous  eussions  voulu  que  M.  A.  examinât  cette  dernière  hypothèse  et 
nous  donnât  son  avis  là-dessus.  Il  est  fort  possible  qu'un  moine  du  Con- 
tinent, copiant  un  ms.  latin,  copiât  en  même  temps  par  excès  de  zèle  les 
gloses  celtiques  que  contenait  ce  ms.  et  quoiqu'il  ne  les  comprît  pas.  Les 
anciens  clercs  irlandais  avaient  un  plus  grand  respect  pour  leur  langue. 

On  rirait  bien  si  on  voyait  nos  romanistes  prendre  pour  'testo  di 
lingua'  la  correspondance  des  soldats  et  des  cuisinières,  et  fonder  des 
théories  grammaticales  sur  des  graphies  singulières.  C'est  ce  que  font 
les  Irlandistes,  ayant  pourtant  cette  excuse  d'être  forcés  de  chercher  dans 
les  débris  la  forme  la  plus  ancienne  de  la  langue,  et  d'arriver  à  expli- 
quer par  là  les  plus  anciens  monuments  de  la  littérature.  C'est  un  dévoue- 
ment dont  il  faut  leur  savoir  gré ,  pourvu  qu'ils  n'exagèrent  pas  la 
valeur  éthique  de  cet  utile  nettoyage  et  qu'ils  ne  bâtissent  pas  de 
théories  linguistiques  sur  des  cas  isolés.  Il  n'y  a  pas  de  science  du  par- 
ticulier, c'est  un  principe  qu'il  ne  faut  jamais  perdre  de  vue. 

La  pénétrante  étude  de  M.  A.  ne  diminue  pas  l'importance  du  ms.  de 

Milan,  mais  elle  en  affaiblit  l'autorité,  et  elle  montre  que  ses  gloses  ont 

besoin  d'être  contrôlées   par  des  gloses  originales  ou  plus  fidèlement 

copiées  des  autres  manuscrits. 

H.  G. 

Le  Mythe  de  la  Mère  Lusine  (Meurlusine,  Merlusine.  Mellusigne, 
Mellusine,  Mélusine,  Méleusine).  Etude  critique  et  bibliographique, 
par  le  Dr  Léo  Desaivre.  Saint-Maixent,  impr.  deCh.  Reversé,  1883. 
216  p.  in-8°,  et  1  planche. 

C'est  avec  plaisir  que  nous  voyons  un  savant  poitevin  s'occuper  de 
la  grande  fée  poitevine.  Ces  traditions  ne  pouvaient  être  réunies  et  étu- 
diées avec  plus  de  soin  que  dans  leur  pays  natal,  et  plus  d'un  travail 
inséré  dans  les  revues  locales  a  montré  dans  M.  Desaivre  un  esprit  qui 
sait  apprécier  la  valeur  des  traditions  et  aime  à  en  chercher  l'origine. 

Mélusine,  dit  M.  D.,  «  ne  fut  tout  d'abord  qu'une  simple  fée  gau- 
loise, tout  le  reste  de  sa  légende  résulta  de  la  lente  assimilation  d'élé- 
ments qui  lui  furent  étrangers  au  début.  Humble  divinité  agreste,  elle 
régnait  sur  le  rocher  où  les  Lusignans  vinrent  bâtir  leur  forteresse,  ils 
prirent  son  nom  et  son  culte  ;  en  retour  elle  partagea  leur  brillante  des- 


Bibliographie.  i  2  3 

tinée,  »  c'est  le  résumé  du  livre  de  M.  Desaivre.  Celui-ci  est  partagé 
sn  trois  parties  :  I.  Le  Livre  des  Lusignans,  c'est-à-dire  le  roman  de 
lean  d'Arras,  ses  imitations  et  l'influence  que  cette  œuvre  lettrée  a  exer- 
cée sur  la  propagation  de  la  légende  de  Mélusine.  —  II.  Le  Mythe  de 
la  Mère  Lusine.  —  III.  La  Bibliographie. 

Tout  en  recommandant  le  livre  de  M.  D.  aux  amis  de  la  mythologie 
française,  nous  devons  sur  quelques  points  faire  des  réserves  ou  des 
critiques. 

Nous  aurions  voulu  que  M.  D.  résumât  l'histoire  de  la  famille  de 
Lusignan,  et  des  familles  qui  lui  ont  été  apparentées  ou  qui  plus  tard  ont 
repris  ce  nom  ;  ce  qu'il  dit  à  cet  égard  ne  ressort  pas  assez  nettement. 
Quelques  tableaux  généalogiques  eussent  été  les  bienvenus.  On  eût  vu 
plus  aisément  comment  le  nom  de  Mélusine  s'est  répandu  avec  la  race  et 
le  nom  des  Lusignans.  Nous  attendions  cela  d'un  érudit  poitevin. 

On  voit  par  le  titre  que  M.  D.  rejette  dans  l'ombre  le  nom  de  Mélu- 
sine, et  qu'il  adopte  celui  de  Mère  Lusine.  Mère  Lusine  nous  parait  être 
une  corruption  populaire  par  fausse  analogie  (et  comme  disent  les  phi- 
lologues par  étymologie  populaire  d'un  autre  nom,  Mélusine  ou  Merlu- 
îine.  M.  D.  y  voit  au  contraire  la  forme  ancienne  et  suppose  une  Mater 
Lucinia,  du  nom  d'homme  Lucinius  que  l'étymologie  devine  dans  le 
nom  de  lieu  Lusignan.  La  question  du  nom  de  Mélusine  n'est  pas  éclair— 
cie  pour  nous,  et  elle  est  trop  obscure,  faute  de  documents,  pour  qu'on 
arrive  peut-être  jamais  à  la  résoudre  d'une  façon  satisfaisante. 

M.  D.  adopte  dans  sa  conclusion  la  théorie  de  M.  Blachère1  qui 
identifie  Mélusine  et  Pressine  avec  deux  personnages  féminins  de  la 
mythologie  Védique,  Milushi  et  Priçni.  Ce  sont  là  des  rencontres  for- 
tuites de  sons,  et  la  distance  est  trop  grande,  sinon  dans  l'espace,  au 
moins  dans  le  temps,  entre  les  noms  français  et  les  noms  sanscrits  pour 
qu'on  puisse  les  identifier  :  ce  serait  contraire  à  toutes  les  lois  de  la  lin- 
guistique. Nous  ne  pouvons  admettre  davantage  les  autres  rapproche- 
ments et  théories  védiques  de  M.  Blachère.  C'est  un  pur  mirage. 

La  Bibliographie  est  très  étendue,  nous  lui  ferons  seulement  quelques 
additions,  pour  la  plus  grande  gloire  de  Mélusine  : 

Légendes  historiques  des  princesses  Mélusine  et  Mazurine,  par  Raymond 
Dupriez.  Metz,  imp.  Ch.  Thomas,  1877,  10  p.  in- 1 2.  Cette  publication 
assez  étrange  prétend  donner  des  légendes  d'Hellering,  dans  notre  ancien 
département  de  la  Moselle,  mais  on  ne  sait  ni  d'où  elles  proviennent  ni 
comment  elles  ont  été  recueillies. 

1.  Et  non  Blacher.  comme  écrit  M.  D. 


1 24  Bibliographie. 

Une  Histoire  de  la  Reine  Mélusine  et  de  ses  merveilleux  enfants,  en  russe, 
a  été  signalée  par  le  P.  Martinov  parmi  les  publications  de  la  Société  des 
Anciens  Textes  Russes  {Polybiblion ,  novembre  1879,  p.  433). 

Deux  des  peintures  de  Maurice  de  Schwind  ont  été  gravées  en  France. 
Elles  se  trouvent  dans  la  biographie  de  Schwind  dans  YHistoire  des 
peintres  publiée  par  la  librairie  Renouard. 

Aux  opéras  que  M.  D.  signale,  p.  209,  ajoutons  un  ballet  représenté 
à  Vienne  en  1882.  Le  libretto  en  a  été  publié  dans  une  plaquette  de 
luxe,  accompagnée  de  reproductions  photographiques  des  peintures  de 
Schwind  :  Mélusine  Ballet  in  2  Akten  und  3  Abtheilungen,  nach  dem  Bil- 
der-Cyclus  M.  von  Schwind's,  von,  *,  Musik  von  Franz  Doppler.  Wien, 
Wallishauser,  1882. 

La  bibliothèque  du  Musée  Germanique  à  Nuremberg  possède  un  ms. 
qui  contient  la  traduction  allemande  de  Mélusine  par  Thùring  von  Rin- 
golting  de  Berne;  ce  ms.  est  daté  de  1468  et  remarquable  par  ses  minia- 
tures. V  Anzeiger  fur  Kunde  der  Deutschen  Vorzeit  a  reproduit  récemment 
plusieurs  de  ces  naïves  illustrations  (décembre  1882  et  1883,  passim). 

Empressons-nous  d'ajouter  que  malgré  ces  critiques  nous  regardons  le 
livre  de  M.  D.  comme  une  très  utile  contribution  à  l'étude  des  traditions 
françaises. 

H.  G. 

Gargantua  dans  les  Traditions  populaires,  par  Paul  Sébillot, 
xxvm-342  p.  in-i 8.  Paris,  Maisonneuve,  1883.  —  Prix  :  7  fr.  50. 

M.  S.  a  interrompu  un  instant  ses  utiles  et  intéressantes  publications 
sur  la  Haute-Bretagne  pour  nous  donner  un  volume  sur  Gargantua.  Il  y 
a  été  amené  par  les  traditions  qu'il  avait  recueillies  sur  ce  géant  dans  le 
pays  où  il  fait  une  si  abondante  moisson.  A  ces  traditions  gargantuesques 
de  la  Haute-Bretagne  il  a  eu  l'idée  de  joindre  les  traditions  analogues 
qui  existent  dans  le  reste  de  la  France  et  de  reprendre  à  nouveau  la  ques- 
tion de  Gargantua. 

Mais  une  enquête  de  Folk-Lore  local  suffit-elle  'quand  il  s'agit  d'une 
question  d'histoire  ?  Du  moment  que  M.  S.  abordait  ce  sujet,  ne  devait-il 
pas  approfondir  et  creuser  plus  profondément  le  sillon  tracé  par  ses  devan- 
ciers ?  Or,  dans  son  introduction,  il  s'est  surtout  borné  à  citer  et  à 
reproduire  ce  qui  a  été  dit  avant  lui  ;  et  le  lecteur  regrette  d'autant  plus 
cet  excès  de  modestie  que  M.  S.  a  très  bien  résumé  et  caractérisé  le 
type  de  Gargantua  dans  les  quelques  pages  de  son  cru  par  lesquelles  il  a 
terminé  cette  introduction. 


Bibliographie.  125 

Le  volume  lui-même  comprend  les  légendes  et  appellations  populaires 
relatives  à  Gargantua.  On  en  avait  déjà  recueilli  une  certaine  quantité  : 
M.  S.  en  a  grandement  augmenté  le  nombre  grâce  à  ses  lectures  et  aux 
communications  de  ses  amis  et  de  ses  correspondants.  Il  a  classé  tous 
ces  documents  par  provinces.  Etait-ce  bien  utile  ?  et  une  table  classée 
de  cette  façon  n'aurait-elle  pas  suffi  à  montrer  tout  aussi  bien  la  disper- 
sion et  l'étendue  géographique  des  légendes  gargantuesques  ?  M.  S.  aurait 
de  la  sorte  évité  bien  des  répétitions,  et  allégé  considérablement  son 
volume.  A  notre  avis,  M.  S.  aurait  dû  prendre  pour  division  de  son  livre, 
non  pas  les  provinces  et  les  pays,  mais  les  traits,  les  incidents  et  les  épi- 
sodes de  la  légende  gargantuesque. 

Et  encore,  que  devient  avec  cela  la  question  d'histoire  ?  qu'il  y  ait 
vingt  palets  de  Gargantua  en  France,  ou  qu'il  y  en  ait  trente,  ou  même 
quarante,  cela  n'a  qu'un  intérêt  assez  secondaire  :  cela  ne  résout  pas  la 
question  que  le  lecteur  se  pose  tout  le  long  de  sa  lecture  sans  que  sa 
curiosité  soit  satisfaite  :  Quelle  est  l'origine  de  cette  popularité  ?  d'où 
vient  la  propagation  de  ce  nom  par  toute  la  France  ?  M.  S.  écarte  dans 
sa  préface  (p.  xxiv)  l'hypothèse  de  l'origine  rabelaisienne.  Plus  loin, 
p.  xxxn,  il  semble  penser  que  l'origine  est  populaire,  et  que  la  littéra- 
ture du  colportage  n'a  fait  que  reprendre  et  répandre  une  histoire  déjà 
populaire.  C'est  là  le  nœud  de  la  question  et  nous  aurions  voulu  voir 
M.  S.  l'aborder  plus  résolument.  Il  ne  mentionne  qu'en  passant,  dans  le 
cas  de  rapports  incontestables,  les  livres  et  les  images  du  colportage,  et 
il  a  négligé  d'en  dresser  la  bibliographie.  Voilà  pourtant  une  question 
sur  laquelle  une  «  enquête  »  serait  utile  :  combien  y  a-t-il  eu  dans  les 
derniers  siècles  d'imprimeurs  de  province  qui  aient  imprimé  la  Vie  du 
fameux  Gargantua  (ou  Gargantuas)  ?  Quelle  différence,  en  modification 
ou  en  addition,  tous  les  livrets  présentent-ils  ?  A  quelle  époque  remontent 
les  images  populaires  de  Gargantua  dont  Epinal  et  Metz  inondent  encore 
la  France  ?  L'histoire  des  Enseignes  ne  peut-elle  aussi  fournir  des  ren- 
seignements '  ?  M.  S.  ne  semble  pas  s'être  préoccupé  de  faire  ces 
recherches.  C'est  là  une  lacune  grave,  et  nous  saisissons  cette  occasion 
de  faire  notre  mea  culpa;  car,  dans  l'essai  que  nous  avons  publié  en  1868 
sur  ce  même  sujet,  nous  nous  sommes  trop  peu  occupé  de  cette  question 
spéciale  qui  est  d'une  grande  importance  dans  l'espèce. 

Il  y  a  cependant  un  point  de  vue  nouveau  dans  le  livre  de  M.  S., 


1.  Le  Soleil,  dans  son  n"  du  13  juin  1883,  cite  un  article  d'un  autre  Journal  sur  les 
rues  de  Paris  :  j'y  lis  qu'on  voit  mentionnée  rue  du  Petit-Carreau,  avant  1 72  s  »  une 
enseigne  A  la  Finie  de  Gargantua.  M.  Sébillot  pourrait  peut-être  en  savoir  davantage  sur 
ce  sujet  en  consultant  les  livres  consacrés  à  l'ancien  Paris. 


1 26  -    Bibliographie. 

ce  sont  ce  qu'il  appelle  les  histoires  des  géants  similaires  qu'il  a 
recueillies  ou  notées  concurremment  avec  celles  de  Gargantua.  Mais 
alors,  pourquoi  M.  S.  n'a-t-il  pas  suivi  cette  direction  et  étudié  les 
géants  de  nos  traditions  populaires,  Gargantua  étant  le  plus  célèbre  du 
cycle,  celui  qui  a  peu  à  peu  absorbé  et  effacé  les  autres  ?  Il  y  avait  là 
une  façon  de  renouveler  l'étude  de  Gargantua  par  la  nouveauté  du  point 
de  vue,  et  c'était  peut-être  là  —  sauf  pour  le  nom  même  de  Gargantua 
—  le  bon  chemin  à  prendre. 

Il  y  a  un  point  sur  lequel  M.  S.  ne  nous  dit  rien  et  sur  lequel  nous 
voudrions  qu'il  s'informât  ;  car  personne  ne  sait  mieux  que  lui  retrouver 
et  interroger  la  tradition  populaire  vivante  encore  dans  la  campagne  : 
N'y  a-t-il  pas  un  Gargantua  phallique,  et  ne  raconte- t-on  pas  sur  lui  de 
joyeuses  histoires  et  de  mirifiques  exploits  amoureux  comme  les  Grecs 
en  racontaient  sur  Hercule  ?  Il  doit  y  avoir  là  matière  à  une  «  enquête  » 
à  publier  dans  les  KpiwriBia. 

M.  S.  nous  répondra  peut-être  qu'il  n'a  voulu  que  faire  une  enquête 
sur  la  popularité  de  Gargantua  ;  mais  ses  travaux  antérieurs  et  sa  répu- 
tation de  folk-loriste  donnent  à  la  critique  le  droit  de  lui  demander 
davantage,  et  de  lui  réclamer  l'histoire  de  la  légende  de  Gargantua.  Per- 
sonne ne  peut  mieux  utiliser  que  lui  les  matériaux  qu'il  a  recueillis.  Invo- 
lontairement, nous  nous  rappelons  le  mot  de  Catherine  de  Médicis  lors- 
qu'elle apprit  le  meurtre  du  duc  de  Guise  :  «  Voilà  qui  est  bien  taillé; 
maintenant  il  s'agit  de  coudre  !  » 

H.  G. 


Les  véritables  prophéties  de  Merlin  :  Examen  des  poèmes  bretons 
attribués  à  ce  barde,  par  Arthur  de  la.  Borderie,  membre  du  Comité  des 
travaux  historiques,  80  p.  in-8°.  Paris,  Champion  (London,  Quaritch),  1883. 

Le  sujet  qu'aborde  M.  de  la  B.  dans  ce  travail  est  un  des  plus  délicats  que 
présente  l'histoire  des  littératures  celtiques  parce  qu'on  a  affaire  à  des  textes 
obscurs,  sans  doute  corrompus,  en  tout  cas  d'une  intelligence  très  difficile  et 
souvent  contestable.  Nous  avouons  ne  pas  nous  sentir  assez  de  compétence 
pour  suivre  M.  de  la  B.  sur  ce  terrain  et  pour  juger  les  conjectures  qu'il  oppose 
à  celles  de  Stephens  ou  de  M.  Skene  ;  nous  disons  conjectures  parce  que  sur  ce 
terrain  mouvant  il  nous  paraît  difficile  d'arriver  au  roc  où  l'on  bâtit  solidement. 
En  tout  cas,  ce  que  nous  pouvons  louer  sans  réserve,  c'est  la  critique  et  l'érudi- 
tion dont  M.  de  la  B.  fait  preuve  à  chaque  page.  Les  historiens  de  la  littéra- 
ture galloise  devront  tenir  grand  compte  de  son  travail.  Notons  seulement  que 
M.  de  la  B.  prend  pour  point  de  départ  les  traductions  anglaises  données 
dans  les  Four  Ancient  Books  of  Wales  de  M.  Skene;  or,  on  a  vu  quelques  pages 
plus  haut  par  l'article  de  M.  Rhys  comme  ces  traductions  prêtent  à  la  critique 


Bibliographie.  127 

et  demandent  des  corrections.  Dans  cette  question,  la  philologie  n'a  pas  encore 
déblayé  le  terrain  pour  l'histoire. 

H.  G. 

Études  sur  l'histoire  des  Institutions  primitives  par  Sir  Henry 
Sumner  Maihe,  traduit  de  l'anglais  avec  une  préface  par  M.  Durieu  de 
Lcyritz,  et  précédé  d'une  introduction  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville.  Paris, 
Thorin,  1880,  xLin-494  p.  in-8°.  — Prix  :   10  fr. 

Nous  avons  annoncé  cet  important  ouvrage  lors  de  son  apparition  (voir  t.  II, 
p.  499).  Il  nous  suffit  aujourd'hui  de  dire  qu'une  traduction  le  met  à  la  dispo- 
sition du  public  français.  L'intérêt  du  livre  est  augmenté  par  une  préface  du 
traducteur  et  une  introduction  de  M.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Origin  of  the  Western  Nations  and  Languages  showing  the  construction  and 
aim  of  Punie,  Recovery  of  the  Universal  Language,  Reconstruction  of  Phce- 
nician  Geography,  Asiatic  Source  of  the  Dialects  of  Britain;  Principal  Emi- 
grations from  Asia,  and  Description  of  Scythian  Society.  With  an  Appendix 
upon  the  Connection  of  Assyrian  with  the  Languages  of  Western  Europe  and 
Gaelic  with  the  Languages  of  Scythia,  by  Charles  Lassalle.  London,  Heywood, 
1883,  xi-43 1  p.  in-8°. 

Il  nous  suffit  de  copier  ce  titre  en  entier  pour  que  le  lecteur  puisse  apprécier 
le  caractère  et  la  valeur  de  l'ouvrage. 

Biuumann  :  Die  Principes  der  Gallier  und  Germanen  bei  Caesar. 

Jahres-Bericht  ùber  das  Kœnigliche  Friedrich-Wilhelms-Gymnasium  und  die 
Kœnigliche  Vorschule  zu  Berlin.  Ostern  1883.  Berlin,  C.  Heyn,  44  p.  in-40. 


CELTIC  NOTES  AND  QUERIES. 

A  l'instigation  de  M.  David  Fitzgerald,  nous  ouvrons  une  section  de 
«  Demandes  et  Réponses,  »  et  nous  désirons  que  nos  collaborateurs  nous 
aident  à  la  remplir  et  à  en  faire  une  source  toujours  jaillissante  de  faits  et  de 
renseignements.  Il  ne  s'agit  pas  de  questions  banales  sur  des  faits  connus  des 
savants,  mais  d'enquêtes  sur  des  points  qu'il  est  utile  d'élucider  par  des  compa- 
raisons, et  où  les  celtistes  peuvent  s'aider  les  uns  les  autres. 

The  Sons  of  the  Lord  of  Clare. 

The  brave  sons  of  the  Lord  of  Clare,  they  left  the  land  to  mourning, 
Mobhrdn  !  for  they  were  banished,  with  no  hope  of  their  returning  ; 
Who  knows  in  what  abodes  of  want  those  youths  were  driven  to  house? 
Yet  you  can  give  yourself  thèse  airs,  0  Woman  of  Three  Cows  ! 

What  is  the  legend  to  which  the  ballad  Bean-  na-  dtri-  mBà  refers 
hère  ?  The  Tighearna-  an-Chlâir  figures  in  various  old  Irish  traditions. 
Cf.  «  the  Lord  of  Clare  »  [Iarll  y  Clar),  Iolo  MSS.,  194,  607,  and  the 
flood  legend  there  given. 


128  Celtic  Notes  and  Queries. 

Black  Spancel  Sunday. 

That  much-  abused,  indispensable  book,  ihe  Irish  Dictionary  of 
Edward  OReilly,  refers  [s.  v.  buarach,  a  spancel  or  fetter  for  cows)  to 
«  domhnach  na  mbuarach  ndubh,  a  pagan  pastoral  festival  ;  the  early 
«  feeding  of  cows,  or  rising  to  feed.  »  This  pagan  festival  bears  a  Chris- 
tian or  quasi-Christian  name,  for  domhnachh  dies  dominica.  However  it 
is  not  unreasonable  to  assume  that  we  hâve  hère  such  a  name  as  Domh- 
nach Chroim  Duibh  and  other  festival  names  of  heathen  associations. 

Can  any  reader  of  this  Review  state  or  suggest  what  Sunday  is  meant  ? 
1  would  invite  the  observations  of  German  scholars,  who  hâve  so  large 
a  mass  of  Calendar  lore. 

I  may  add  my  own  surmise  that  the  day  meant  is  the  same  known  as 
D.  Chroim  Duibh  in  Munster,  and  there  made  the  last  Sunday  in  July  or 
first  in  August.  This  is  the  day  on  which  stations  are  made  at  the  various 
Sunday's  Wells.  It  is  also  called  Domhnach  na  bhFhear  (the  Men's  Sunday. 
Why  ?)  ;  Black  Stook  Sunday  (cf.  Crom  Cruach)  ;  Garlig  or  Garland 
Sunday;  Cromduff  Sunday.  Dia-  domhnaich-  Chruim-  duibh  in  Lochaber 
is  Easter  Sunday.  The  association  of  Crom  Dubh  (Black  Worm  ?)  with 
the  Paschal  egg  iNicolson,  1671  reminds  one  of  the  Celtic  superstition 
of  the  ovum  anguinum. 

D.   F. 


Le  manque  d'espace  nous  force  d'ajourner  au  prochain  numéro  un  mémoire 
de  M.  R.  Thurneysen  sur  l'accent  dans  le  verbe  irlandais  (dont  le  ms.  est  entre 
nos  mains  depuis  le  mois  de  décembre  dernier)  et  un  article  de  M.  D.  Fitzgerald 
'Early  Celtic  History  and  Mythology'.  —  Ce  dernier  article  comprend  un 
compte-rendu  du  récent  ouvrage  de  M.  d'Arbois  de  Jubainville  :  Introduction  à 
l'étude  de  la  littérature  celtique.  (Un  vol.  in-8°.  Paris,  Thorin,  1883.) 


Le  gérant  :  F.  VIEWEG. 


Imprimerie  Daupeley-Gouverneur,  à  Nogent-le-Rotrou. 


L'ACCENTUATION 
DE  L'ANCIEN  VERBE  IRLANDAIS. 


I.    —    LA    LOI    DE    L'ACCENT. 

Dans  une  glose  comme  arandernaid  andogniamnï  et  arnadernaid  annad- 
denamni,  W.  106,  3,  ce  qui  étonne  d'abord  le  novice,  c'est  la  diversité 
des  formes  d'un  seul  et  même  verbe  dans  une  seule  et  même  phrase.  Il 
risque  de  se  perdre  dans  le  labyrinthe  de  la  conjugaison  irlandaise,  si 
on  ne  lui  tend  pas  le  fil  d'Ariane  pour  se  dégager.  Eh  bien  !  ce  fil,  c'est  la 
loi  de  l'accent.  Cette  loi,  il  est  vrai,  ne  diminue  pas  la  quantité  des 
formes  verbales,  mais  elle  explique  leur  variété,  et  elle  fait  disparaître 
l'irrégularité  qui,  de  prime  abord,  semblait  régner  absolument  dans  le 
domaine  du  verbe  irlandais. 

Personne  ne  méconnaît  l'importance  du  rôle  que  joue  l'accent  dans  le 
vieux  irlandais  ;  mais  je  ne  trouve  pas  que  l'on  ait  jamais  essayé  d'en 
fixer  les  lois1.  Et  pourtant,  les  syllabes  posttoniques,  et  surtout  celle 
qui  vient  immédiatement  après  la  syllabe  accentuée,  étant  raccourcies 
et  estropiées  en  toute  façon,  la  place  de  l'accent  est  facile  à  déterminer. 
C'est  donc  une  simple  affaire  de  statistique.  Pour  être  sûr  de  mon  fait, 
j'ai  réuni  toutes  les  formes  verbales  du  mscr.  deWurzbourg  et  du  mscr. 
de  Saint-Gallet  celles  du  mscr.  de  Milan  jusqu'à  la  feuille  3  $d  où  l'édi- 
tion de  M.  Ascoli  s'arrête.  Je  marque  la  main  principale  du  mscr.  de 
Wurzbourg  par  W,  la  seconde  main,  celle  qui  a  écrit  les  feuilles  33"- 
34",  par  W2  ;  je  cite  les  pages  de  l'édition  de  M.  Zimmer  (Glossae  Hi- 
bernicae,  p.  1-198)  et  les  versets  de  la  bible  auxquels  les  gloses  se  rap- 
portent, p.  ex.  W.  106,  3  =  Wb.  16-'  (dans  la  Grammatica  Celtica). 
Pour  les  mscrs.  de  Milan  (M.)  et  de  Saint-Gall  (G.)  j'adopte  la  notation 


1.  M.  Zimmer  nous  l'a  promis  [Kelt.  Stud.,  p  123,  note),  mais  il  n'y  est  pas  encore 
arrivé.  [M.  Ebel  a  déjà  connu  les  lois  que  j'expose  ici,  v.  Kuhn  Beitr.  z.  vergl.  Sprachf. 
VIII,  y/2;  mais  sa  mort  prématurée  l'a  empêché  de  publier  les  résultats  de  ses 
recherches] . 

Rev.  Celt.  VJ.  9 


i  }o  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

de  M.  Ascoli.  Il  serait  inutile  de  citer  tous  les  exemples  ;  je  me  bornerai 
aux  plus  significatifs.  Mais  je  citerai  toutes  les  exceptions,  s'il  en  est. 
Voici  les  résultats  : 

1.  Chaque  forme  verbale  est  accentuée  '. 

Exception  :  Les  formes  du  verbe  «  être  »,  employées  comme  copules,  sont 
toujours  proclitiques  ou  enclitiques  (is,  ba,  -da2).  Nous  ne  nous  occu- 
perons donc  pas  de  ces  formes. 

II.  Dans  le  verbe  simple,  c'est  la  première  syllabe  qui  est  accentuée. 

III.  Dans  le  verbe  composé  *,  l'accent  frappe  généralement  le  second  élément 
de  la  composition. 

Exceptions  : 

i .   Dans  l'impératif  le  premier  élément  porte  l'accent. 

2 .  La  première  syllabe  est  accentuée  : 

A).  Après  les  particules  négatives:  ni  (coni,  mani,  etc.),  nâ,  nâd, 

nâch. 
B).  Après  le  pronom  relatif  (s)a(n),  composé  avec  une  préposition  [y 

compris  in-  «  dans  lequel  »  et  les  conjonctions  ar-an-,  di-an-, 

co-n-  4). 
C).  Après  la  particule  interrogative  ind-,  inn-,  in-. 

3 .  L'accent  frappe  la  syllabe  qui  suit  le  pronom  infixe. 

Quand  il  y  a  conflit  entre  5.  et  une  des  autres  règles,  c'est  toujours  3. 
qui  est  vainqueur,  c'est-à-dire  que  la  syllabe  après  l'élément  intercalé 
est  toujours  accentuée. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  donner  des  preuves  pour  les  règles  I  et  II  dont 
les  exemples  abondent,  et  qui  sont,  je  crois,  généralement  admises.  Je 
me  bornerai  à  notre  loi  III.  Comme  le  signe  '  est  employé  pour  marquer 
la  voyelle  longue  s,  je  noterai  la  voyelle  accentuée  par  l'accent  grave  \ 

III.  —  Règle  générale  :  le  second  élément  du  verbe  composé  est  accentué. 

A.  —  Composé  simple  :  l'accent  frappe  le  thème  verbal  :  asôircc  W. 


1 .  Nous  ne  nous  occupons  ici  que  de  l'accent  principal  du  mot,  non  des  accents  secon- 
daires qui,  sans  doute,  n'ont  pas  manqué  à  l'ancien  irlandais. 

2.  De  là  la  différence  phonétique  entre  -da,  qui  sert  à  lier  l'attribut  au  sujet,  et  -ta, 
qui  désigne  l'existence  (Windisch,  lr.  Texte,  p.  8:0  . 

3.  Il  n'y  a  pas  de  différence  entre  les  particules  verbales  ro,  no  et  les  autres  préposi- 
tions. Les  participes  et  le  nom  verbal,  qui  tient  lieu  de  l'infinitif,  n'entrent  pas  dans  le 
système  de  la  conjugaison  ;  ils  ont  l'accent  sur  la  première  syllabe  comme  la  plupart  des 
mots  irlandais. 

4.  V.  plus  bas. 

5.  Nous  verrons  cependant  que  l'accent  aigu  est  assez  souvent  employé  pour  marquer 
simplement  la  voyelle  tonique,  même  devant  une  consonne  simple  (surtout  dans  W.). 
C'est  là  peut-être  l'usage  primitif  provenant  des  grammaires  latines  ;  '  comme  marque 
de  la  voyelle  longue  serait  alors  une  innovation  postérieure  des  grammairiens  irlandais 
qui,  dans  nos  textes,  n'aurait  pas  encore  tout  à  fait  prévalu  sur  l'ancien  usage. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  i 3  i 

67,  26;  <io^/u/  (sisto.  G.  i$2b,  i;  dogniu  W.  113,  16;  145,  13;  do- 
gniu-sa  W.  116,  19;  dogni  W.  36,  3  ;  40,  22  ;  M.  20",  19;  23e,  20;  G. 
46b,  10;  49',  5,  etc.;  fogni  G.  149",  4;  ogni-som  W.  162,  29;  do- 
gniam  W.  103,  14;  dogniith-si  W.  56,  6;  dognîatW.  183,  6;  dog/zz? 
G.  63a,  14;  dog/?<?  W.  78,  8;  rogniith  W.  75,  2;  dugnith  M.  30J,  3  ; 
dognither  W.  $6,  8;  94,  17;  G.  59%  8;  1  $7b,  1  ;  dognithar  G.  29",  1 1  ; 
dogniter  G.  3$b,  13;  fognither  W.  165,  <,  ;  adchi  W.  21,  24;  atchiW. 
40,  22;  iZtzW  G.  1 49b,  6;  adrimi-som  W.  96,  1  ;  dorimem  M.  i4d,  6; 
adrimed  M.  21%  4;  G.  69%  5  ;  adrimter  G.  202a,  5;  ro/zz  W.  126,  6; 
roW/  W.  1 1,  14;  41,  8;  M.  i8a,  8;  G.  7$b,  2;  i63b,  8,  etc.;  robe  W. 
35,  17;  robâmmar  W.  128,  7;  aregz  M.  29d,  10;  30e1,  $  et  20;  oéchta 
congemiscit)  W.  21,  22;  art/zi  W.  184,  8;  arta'a  G.  2 1 5b,  4;  adglddur 
G.  1 46b,  9;  adglddathar  G.  21  ib,  11;  imrddi  W.  1 10,  7;  imrddat  W. 
6,  1  ^  ;  rurddi  W .  46,  10;  tremitiagat  W.  156,  8;  notésedM.  2$h,  12; 
doddlim  G.  1 46b,  6;  /oJti//  G.  107%  5  ;  i2ib,  1  ;  w/e  M.  3ob,  12;  zzz/e'f 
M.  I4b,  12;  adfét  G.  18%  1  ;  103%  1  ;  nolégad  G.  148%  6;  rolégsid  W. 
44,  ij't  fordsa  M.  29a,  10;  rodsais.et  M.  2a,  6;  dodùrgimm  G.  54%  3; 
dodûrget  G.  68b,  9;  ro/<w  G.  75",  4;  ro/àad  W.  88,  46;  G.  i$3b,  6; 
rochéssusaW.  114,  31;  rochéess  W.  39,  1 5;  adcôidemmar  G.  43»,  6; 
docôiW.  176,  24;  nofôidW.  143,  19;  rojôided  W.  138,  22;  rofôitea 
W.  168,  9;  roléiced  W.  29,  8;  rochûala  W.  173,  6;  :?zzdz  W.  180,  12  ; 
roce?  M.  2$b,  6;  /zz/ds  M.  33",  1  ;  foéitsider  M.  34e1,  4;  doscéulaim  G. 
I4$b,  2;  ddgzisz  G.  148%  4;  corte/r"  W.  39,  15  ;  —  ma-ari  M.  30*,  24  ; 
cia-dognéo  W.  113,  21  ;  ce-dugnén  W.  64,  1  ;  ce-choniis  W.  60,  21  ;  ce- 
chonistis  G.  138%  9;  ol-rofdsiged\V.  100,  14;  co-arlégthar  W '.  15$,  27; 
ar-dojôr  W.  4,  13;  ho-aricc  W.  33,  33  ;  hu-duuic  M.  3ob,  10  '. 

fî.  —  Composé  double  ■  l'accent  frappe  la  deuxième  préposition  :  do- 
fôrbiat  M.  27",  10;  dodéchuid  W.  112,  $  ;  asrûbart  W .  60,  25;  do/zzz- 
b/zzmm  G.  12%  1  ;  22a,  10;  dufùibniter  M.  24e,  6;  arfôim  G.  $ia,  4; 
20 ib,  17;  duroilged  W.  11,  14;  dorblgetha  W.  161,  14;  dorolgidaU. 
32e,  15;  forchbngrimm  W.  59,  10;  doràgrad  W.  59,  17;  dofârmgat  G. 
$3a,  1 1  ;  dofoirmsed  M.  35*,  17;  atrùirmedW.  11,  10;  conàsna  G.  2o6a, 
3  ;  PÔ5«<a  G.  22a,  4;  conbsnat  G.  38%  4;  obsciget  G.  6$b.  9;  doèsmet 
W.  186,  12;  dojbirnde  G.  9%  12;  $9b,  1  ;  dofôirhdet  G.  7ib,  6;  202% 
5;  dofoirndea  M.  2d,  2;  dorogbad  M.    17%  13;  dorbgbaî  M.   28d,    11; 


1 .  Ces  exemples,  dont  le  nombre  serait  facile  à  augmenter,  ne  prouvent  pas  tous  indu- 
bitablement que  la  syllabe  marquée  par  '  était  accentuée;  car  nous  rencontrons  beau- 
coup de  formes  où  une  voyelle  atone  a  conservé  sa  quantité.  Mais  nous  trouverons  plus 
loin  une  grande  quantité  d'exemples  qui  prouvent  bien  que,  dans  ces  mots,  l'accent  frap- 
pait réellement  le  second  élément. 


i$2  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

dirogbad  G.  ç)b,  16;  doàidbdetar  W.  164,  18;  duàidbdetar  M.  3011,  2; 
dorônta  G,  65%  1  ;  2 1 6:1,  1  ;  dorônU-si  W.  106,  3  ;  imfàlngiW.  27,  10; 
$7,  18;  imjàlngai  G.  209'%  12;  indrbenim  G.  1 46b,  10;  inndrbantar  M. 
1  5e,  5  ;  forcùimsed  W.  26,  29;  farcùimsitis  G.  148%  5  ;  adchomaltar  G. 
7ib,  12;  adcomaltar  G.  148'',  9  ;  incàisged  M.  24e,  14;  docèischifed  W. 
60,  25;  dodirci  W.  19,  2;  101,  12  ;  dodireci  W.  77,  4;  doàidlibem  M. 
i4d.  5  ;  arràilgither  W.  168,  16;  rochùingid  W.  47,  20;  adrorsat  W.  $. 
23;  inrorthatar  M.  35%  21;  3ÙdW  M.  35e,  6;  remièpur  G.  222%  1; 
cunùtgim  G.  141%  1  ;  — mu  imfàlngiW.  63,  13;  ma-durogbusa  M.  23% 
1 3  ;  ma-imroimsid  W2.  195,  6;  mu  eterràscra  W.  59,  1 1  ;  ma-docoisgedar 
G.  i6b,  2;  ci-adcômaltar  G.  63%  17;  22oa,  9;  ci-asingbatG.  44b,  3;  ce- 
imrbimsimmis  W.  55,  3;  ar-ced-durônath  W2.  194,  12;  ho-durôgbad  M. 
32e,  9. 

C.  —  Composé  triple  :  l'accent  frappe  la  deuxième  préposition  :  rto- 
diusgibther  W.  57,  14;  doccmalla  W.  $7,  16;  doècmoised  W.  35,  16; 
doécomnacht  W.  95,  20;  dodrbith  W.  121,  22;  dodrbas  W.  19.2;  99, 
7;  dofùismim  G.  1121',  1  ;  dojùisemar  G.  6ia,  2;  dojùislim  G.  1 46b,  1  ; 
dofùisledar  M.  30e,  10;  conàargabad  M.  32e,  1  ;  remiaèrburt  M.  23e,  24; 
remiérbartW.  33,2;  imfàrling  W.  30,  1 5  ;  108,  2  ;  imfôrlingedW.  104, 
2 1  ;  doànxhet  W.  28,  21;  41,  9;  cetathùidchetar  W.  130,  20  ;  duàirn- 
gertheW.  11,  1$;  doârbai  iconciditi  G.  6ob,  18;  oiochmairî-siu  (con- 
trivisti;  M.  19e,  7;  — ar-dokmalla  W .  57,  16. 

Toutes  les  formes  verbales  de  cette  classe  peuvent  se  prononcer  et 
ont  été  prononcées  de  cette  manière;  nous  n'aurons  à  parler  plus  bas 
que  de  deux  ou  trois  exceptions.  L'accentuation  de  freendircigesme  W. 
21,  26  n'est  pas  irrégulière;  car  ce  n'est  pas  un  composé  des  préposi- 
tions /ràft-  et  co/7-  et  d'un  verbe  * dircigim,  qui  n'existe  pas,  mais  c'est  un 
dérivé  direct  de  l'adjectif  freendire  '.  L'accent  reste  donc  toujours  sur  la 
première  syllabe.  De  même  on  ne  trouve  que  des  formes  comme  càmal- 
nas  W.  48,  8,  cbmalnatar  W.  127,  16,  jamais  * comldnatar  cp.  Zimmer, 
Zeitschr.  f.  vergl.  Spracbf.  24,  541  sv.  .  Ce  verbe  ne  vient  donc  pas 
directement  de  l'adjectif  Lin,  composé  avec  con-,  mais  d'un  adjectif 
cômall  de  * càm-îanas   qui  a  pris  plus  tard  le  sens  de  <  enceinte  ». 

Les  formes  doiigéni  G.  209'1,  10,  dorigénsam  W.  93,  9,  dorigéensat 
W.  29,  3,  doiigénsjt  W.  46,  10,  dorigénsat-som  W.  68,  11,  semblent 
former  une  exception  réelle;  on  pourrait  croire  que  c'est  le  troisième  élé- 
ment qui  porte  l'accent.  Mais  l'accent  de  dorigeni  W.  68,   1  1  ;  73,  18, 


1.  [La  forme  freendircigesme  n'existe  pas;  au  lieu  de  ma  tréte  freendircigesme  1.  mat 
rite  freendirci  gesme  (subj.  de  guidim).\ 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  133 

an-dorigensam  W.  149,  3,  dorigensat-sidi  W .  174,  1  cp.  jorûigeni  W. 
84,  10  nous  montre  que  Yi  y  est  accentué;  c'est  simplement  un  des 
cas  où  e  atone  s'est  conservé. 

Les  exceptions  régulières. 

1 .  —  Dans  les  formes  de  l'impératif  le  premier  élément  est  accentué  : 
tàbairM.  27e,  12;  tàibted  W.  34,  10;  167,  6;  tàibrith  W.  37,  6;  àir- 
bir  biuth  W.  176,  23;  dénad  W.  171,  1  \dènad-si  W.  174,  1  ;  dôz/d  W. 
142,  2  ;  154,  13  ,tàmil  W.  39,  15;  dilich  W.  190,  18  ;  cocart  G.  193**; 
1941'*  *;  indnite  exspectato  W.  60,  21;  comid  W.  163,  6;  àf//g/rf 
W.  166,  1$;  fomnid-si  W2.   194,  12;  —  àithirgidW.  53,  21-,   iroimed 

W.  41,7- 

2.  —  i4.  —  Le  premier  élément  porte  l'accent  après  les  particules  né- 
gatives :  ni  :  ni  airmi  W.  145,  13;  ni  âirmi-som  W.  88,  51;  ni-drmi- 
som  W.  36,  1  ;  nifàdmatW.  127,  12  ;  ni-fbdlatG.  197%  21  ;  nifàdlatar 
G.  72b,  1  ;  ni  dilgaid  W.  56,  8;  ni-dilgibther  W2.  195,  6;  m  rôilgius  G. 
148'%  10;  ni  fôircnith&r  G.  61',  28;  nî  chùmcam-ni\\r.  2\,  26;  ni  cùmcat 
M.  23%  $  ;  G.  22o\  7;  ni-cùmcat  G.  jja3  16;  1 98a,  2,  «ma/  ni  cùimsin 
W.  111,9;  «ma/  ni-cùimsimmis  W.  113,21;  ni-rolsat  M.  1 6d,  2  ;  m- 
tàrtsatW.  147,  15;  ni  tàrtisset  W.  4,  21;  air-ni-chàimnactar  M.  19e, 
5;  — ni  fàrcmi  G.  i88a,  30;  ni-fàrcmat  G.  i$7b,  9;  n/  àrrbartatar  bith 
G.  40b,  9;  ni-àisndiusa  G.  47%  1 3  ;  ni-tormult  W.  115,  13;  ni-àirdben 
G.  30",  4;  n/  dèrscaigi  G.  4oa,  6  et  17;  /?/  derscigem  W.  8,  9;  <ir-/u- 
fàrnic-sede  \N .  9,  12;  —  ni-èrngaib  M.  32d,  19;  —  coni-èemi  W.  31, 
21;—  flMfli  tô/2>r&4  M.  35e,  26;  ma/H  tp/e  G.  181%  5;  —  cani-ràlsid 
W.  98,  1  ;  oï/n  è/?/r  W.  64,  8. 

nd  :  cona-ràib  W.  109,  14;  128,  17;  1 58,  7;  —  arna-roib  W.  29, 
3;  G.  2»,  8;  ama  foirbret  M.  27e,  6;  arna-fbirenea  W,  12$,  15;  arna- 
tomnathar  W.  86,  27;  arna-tomnammar-ni  M.  i^d,  $;  arna-tomnitis  W. 
26,  1  ;  arna-èpret  W .  46,  10;  182,  1  2 ;  arnd-coscrad  W.  62,  2;  ^tr/za- 
/àrta  W.  69,  24;  rtr/za  érbarthar  W.  65,  12;  arna-érbarlhar  W.  187,  $; 
W2.  19$,  n;  arna-érbarlhar  W .  177,  1;  arna-érbaraî  W.  166,  22; 
arna-dèrnmis  G.  203%  6;  arna  àithirrestar  M.  32*,  13. 

nad  :  nad-cùmcu-sa  M.  i8'\  5;  nddcôimnacaid'W.  53,  6;ndd-tomnib- 
therW.  153,  2;  ndd  cùintgim  W.  94,  13;  an-ndd  fàirpret  G.  48b,  5; 
ndd  fbremat  G.  $oa,  6. 

rtd'c/z  :  arndch-rôllca  W.  97,  7;  arnach-èrbalam-ni  W.  22,  34. 

2.  —  fi.  —  Après  le  pronom  relatif,  précédé  d'une  préposition,  l'ac- 
cent frappe  le  premier  élément  du  composé  :  ùtfi  dian-dilgid-si  W.  97, 
10;  ind-fochuinn  dia-ràgbtha  M.  35'',   24;   inti  dian-éprem  G.  208%  7; 


1 34  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

cethir  dian-érbart  W.  86,  32;  cid-dian-èpir  som  W.  123,  9;  —  indi 
frisan-érbrath  G.  22oa,  10;  — dondi  cosa-tàidd es  G.  1 99b.  1;  —  inîi 
fora-tàibre  W .  176,  22;  — fua-ràgbad  M.  24d,  12;  fo ni  fua-tàbarr  M. 
3  $b,  1 6  ;  —  airmm  in-àisndethat  G.  7ob,  1 3  ;  aimser  in-rogbath  M.  24e1  1  o. 

Mais  après  le  pronom  relatif  simple  l'accent  reste  sur  le  deuxième 
élément  :  an-rochlûinetar  W.  69,  15;  an-dogniu-sa  W.  145,  17;  an- 
dorigensam  W.  149,  3;  ar-rogdid  G.  209b,  26;  an-adrùirmed  W.  12, 
24;  an-dofàismet  G.  6915,  9. 

Les  conjonctions  qui  se  composent  d'une  préposition  et  du  pronom 
relatif  sont  assujetties  à  la  même  règle  2,  B. 

dian- :  dian  dènmis  G.  203%  6. 

aran-  :  ara-roib  W.  28,  15;  aran-dèrlaigthe  M.  32e,  17;  ara-fùlsam 
W.  93,  1 1  ;  ara-tàrt-sa  W.  97,  5;  ara-tàrtar  W.  99,  7;  ara  fèrematis 
G.  149%  5. 

Il  y  a  en  irlandais  deux  conjonctions,  con-  et  co-,  qui  ne  se  distinguent 
pas  par  le  sens  Windisch,  Ir.  T.,  431),  mais  dont  l'usage  syntaxique 
est  différent;  con-  attire  l'accent  sur  le  premier  élément  du  verbe  com- 
posé, après  co-  il  reste  sur  le  deuxième,  cp.  con-rôbad  W.  41,  8.;  con- 
roibW.  74,  27;  117,  1 5  ;  G.  4b,  1;  $9a,  17;  con-èpred  M.  28b,  11; 
con-àipred  M.  33e,  17;  con-alrbara  G.  209b,  30;  con-rochra  W.  41,  5; 
con-rbigset  W,  109,  14;  on-arUgthar  W.  168,  16;  con-dàrtar  W .  127, 
1 3  ;  con-dèrgensat  G.  i87b,  6;  con-fàrcmat  G.  2  ib,  14;  —  mais  :  co-dudi 
M.  35e,  30 ;  co  arlégthar  W .  155,  27;  co-duàircem-ni  M.  3$b,  3;  co- 
immdnad  Beda  Cr.  39d,  3  Zimmer,  G/cm.  H/fr.,  p.  249).  Comme  la  con- 
jonction co  n'est  autre  que  la  préposition  co  jusque  ,  on  ne  peut  guère 
douter  que  Yn  de  con-  représente  le  pronom  relatif,  cp.  les  conjonctions 
hô-  et  huan-  :  hô-bôi  à  côté  àe-huan-erbirmis  (Gr.  Celt.2,  p.  71 3).  Tou- 
tefois le  résultat  de  co  t  -f-  san  devrait  être  *cosn-  et  non  con-;  mais  on 
peut  comparer  in-  «  dans  lequel  «  au  lieu  de  *  isn-.  Peut-être  doit-on 
admettre  que  dans  ces  deux  formes  un  autre  élément  pronominal  (sans  s) 
a  remplacé  -san-.  Il  ne  faut  pas  confondre  avec  notre  con-  la  particule 
négative  nicon-,  sortie  de  ni-co-no- \Gr .  Celt.2,  p.  417,1.  10  a.  i.;  Zimmer, 
Kelt.  Stud.,  p.  77),  qui  aspire  la  consonne  suivante;  l'accent  de  ni  con- 
choscram  W.  10,  31,  provenant  de  ni-co  no-choscram,  est  régulier. 

2.  —  C.  —  Après  la  particule  interrogative  ind-  inn-  in-  le  premier 
élément  du  composé  est  accentué  :  dûus  ind-àithirset  W.  182,  26;  inn- 
àci  G.  1 5b,  6;  in-ebscram-ni  W.  10,  31. 

3.  —  Un  pronom  infixe  quelconque  attire  l'accent  sur  Télément  qui  le 
suit  immédiatement.  Il  est  inutile  de  donner  des  exemples  pour  les  com- 
posés simples;  chaque  forme  confirme  clairement  la  règle.  J'en  citerai 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  135 

quelques-uns  pour  les  composés  doubles  et  triples  :  da-rolgea  W.  185, 
16;  na-càsgid  W.  160,  1 5;  do-da-àidlea  W .  S7,  16;  ata-ràigrainn  M. 
30b,  2;  fo-da-rorcennl  W.  68,  10;  ar-a-fôimat  G.  $ob,  17;  51%  5; 
imm-a-fàlngi  W.  107,  9  ;  imm-a-fàlnget  W.  154,  9;  imm-an-ârladmar 
W.  179,  4;  as-n-éirsid  W,  155,  17;  fo-n-rochled  W.  122,  23;  imm-id- 
àircet  M.  2b,  5;  2d,  4;  ma-imm-id-àrnactar  M  i7b,  19;  imm-id-forling 
W.  1 3 1 ,  7 :  1 46,  2  1  ;  fo-d-ùacair  W.  70,  28  ;  ma-ru-d-chàiscset  W.  1 72 , 
\y,  amal  fo-n-d-rodilW.  $9,  17;  do-m-fàrcai2  G.  203ab  *;  con-dom- 
àrrgabad-sa  W.  114,  \  y,  ciofut  du-n-dam-roimnife-se  M.  }2d,  y,  imm- 
um-rùidbed  W '.  144,  5;  imm-um-forling  W.  84,  10;  for-tan-roichan-ni 
M.  22e,  3;  imm-un-rordat  W.  128,  5;  co-tob-ârrig  W.  54,  10,  etc. 

L'accent  reste  sur  la  même  place  dans  l'impératif  ou  après  les  con- 
jonctions de  2,  B  :  d-a-rolged  gl.  donatej  W.  115,  13  ;  arn-do-m-ràib-se 
W.  65,  12;  con-do-n-roib  W.  126,  9;  con-d-a-xiccad  W.  26,  1  ;  3-d/d- 
fàr/tî  W.  145,  13. 

A  présent  que  nous  avons  déterminé  la  place  de  l'accent,  il  nous  reste 
la  seconde  partie  de  notre  tâche  :  l'explication  de  la  variété  des  formes 
verbales  par  la  loi  de  l'accent. 

II.    —    EFFETS    DE    L'ACCENT. 

Je  ne  parlerai  pas  de  la  syncope  des  voyelles  posttoniques  qui  est 
connue;  mais  nous  nous  occuperons  des  changements  que  subissent  les 
prépositions  sous  l'influence  de  l'accent. 

AD. 

A.  —  ad-  prétonique  devant  r,  c  (ch),  g,  m,  s  reste  intact;  quelquefois 
il  est  écrit  at-,  ce  qui  nous  montre  que  le  d  prétonique  n'est  pas  aspiré. 


1.  Il  est  curieux  de  voir  que  la  langue  irlandaise  elle-même  se  trompe  quelquefois 
dans  l'analyse  de  ses  formes.  On  connaît  l'exemple  do-d-fongad  M.  36%  où  la  langue  a 
confondu  les  deux  premiers  sons  de  tongim  gall.  tyngu  avec  tô-  provenant  de  do-fo-  [Rev. 
celî..  V,  2>2  sv.).  L'ancien  irlandais  possède  deux  préfixes  for-;  l'un  est  la  préposition 
for-  gall.  gor-,  par  exemple  dans  forcenn  «  la  fin  »  gall.  gorphen;  l'autre  est  composé 
des  deux  prépositions  fo-ro-,  par  exemple  dans  forfiat  M.  2?a,  19,  de  fo-ro-biat  (f  pour 
b  aspiré  comme  dans  carfid  .  Les  deux  préfixes  se  sont  confondus  ;  on  ne  trouve  plus  de 
forme  simple  avec  l'accent  sur  le  second  élément  fo-rà-,  mais  on  a  gardé  l'analyse  fo- 
ro-  dans  des  formes  comme  hobu  rorbaither  (1.  ho-furorbaither)  M.  15a,  16.  Et  d'après 
de  tels  exemples  on  a  formé  fo-da-rorcenn  de  for-cennim,  fo-da-railhmine  (1.  -raithmi- 
nedar)  M.  25c,  5,  de  for-aithminiur,  comme  si  le  préfixe  n'était  pas  for-,  mais  fo-ro-. 
J'explique  par  cette  même  confusion  que  les  consonnes  après  for-  tantôt  sont  aspirées, 
tantôt  restent  intactes. 

2.  De  do-m-fàr-ad-ci,  cp.  Stokes,  Fel.,  CCL  s.  v.  dôfairci. 


1 36  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

B.  —  àdr-  accentué  '  devient  ar-  ;  àdc-,  àdg-  :  ace-;  àdm-  :  àmm-; 
àds-  :  as-. 

ad-rim-  1  compter  :  adrimi-siu  M.  2^h,  6;  adrimi-som  W.  96,  1  ;  adrimi 
M.  24%  1 3  ;  adrimed  M.  2ia,  4;  G.  69",  $  ;  adrimfem  M.  i4d,  5  ;  adrim- 
ter  G.  202a,  5;  adràirim  M.  28d,  5;  an-adrùirmed  W .  12,  24;  atrùirmed 
W.  11,  10;  —  ni-sn-àirmim  G.  2o$a,  2:  ni-drmi-som  W .  36,  I  ;  si 
ai'rm/  W.  145,  \t,\  ni  Airmi-som  W.  88,  51;  coni-àrim-se  W.  97,  5; 
cp.  airmilhi,  âram. 

ad-ro-ill-  Tnériteri  :  affrd^/i  W.  13,  8;  ci-atràillet\\r.  188,  2;  tfdro//- 
UsetW.  25,  22;  atroillisset  W.  24,  13;  —  cini-àrillet  W.  188,  2-.  ar- 
ni-àrilsem  W.  128,  7  ;  ni'  àri7$id  W.  1 29,  1  ;  ni  àrilset  W.  26,  30;  cini-d- 
àrillset  W.  25,  23;  cp.  àirillti,  àirilliud.  Devant  le  pronom  infixe  -id-, 
ad  est  remplacé  par  ass  dans  ass-id-rôilliset  W.  1 10,  2. 

d<i-rï-  voir  :  adei  G.  I49b,  6;  <a^c/?i  W.  21,  24;  atchi  W.  40,  22; 
adehï  W.  7,  29;  atchl-side  W.  152,  13;  flrfcît  W.  76,  12;  adcïam-ni  W. 
76,  12;  an-adcïam  M.  16e,  5;  ma-adcèd  W.  70,  27;  adcètheW.  121,  1  ; 
adeichitis  W.  42,  20;  an-adchlther  W.  76.,  12;  adeither  G.  1 49b,  6;  tfd- 
cèfer  M.  3%  4,  adchèss  W.  142,  2  ;  —  inn-àci  G.  1  $b,  6;  cani-àccai  M. 
2$b,  14;  in-nad-n-àccai  M.  i7b,  17;  conach-n-àccaitis  M.  32*,  \2\0did- 
àccadar  W.  109,  24;  ni-àccatar  W.  159,  6;  ndd-n-àcastar  W .  153,  2; 
cini-d-àccastar  W.  158,  7;  cp.  àicsiu;  —  devant  -ûf-  on  trouve  as-  pour 
rtd-  :  ci-as-id-clam-ni  M.  2b,  4. 

ad-com-la-  joindre  :  adcomla  W.  16,  4;  atcômla-som  W.  20,  12  ;  153, 
14;  adchàmaltar  G.  7ib,  12;  adcàmaltar  G.  1 48b,  9;  ci-adcbmaltar  G. 
63%  17;  22o\  9;  adchomlatar  M.  3$b,  2  ;  adcàmlatar  G .  $ib,  13;  i9oa, 
6;  adrochomolta  G.  i88a,  16;  —  dian-àccomoltar  G.  i88a,  15;  didn- 
àcomoltar  G.  1 97b,  17;  trisah-àcomoltar  G.  2 1 5a,  11;  dian-àcomlatar  G. 
29b,  8;  frisan-àcomlatar  G.  198%  20;  cp.  àccomallte,  àccomol. 

ad-cobr-  désirer  :  adeobraim  G.  I46b,  12;  adehobra-som  W.  170,  4; 
adeobra  W.  170,  5;  adeobrat-sidi  M.  27b,  15;  rnadeobra  M.  3$%  1  ;  ci- 
adeobrinn  W.  1  14.  1  ;  —  nâd-àccobra  W.  39,  1 3  ;  cp.  àccobor;  devant 
-z'/7-  \-an-d-  on  trouve  flj-  :  ama/  as-in-chobra  W.  62,  36. 

ad-gldd-  appeler,  aborder  :  adglddur  G.  I46b,  9;  adglddathar  G. 
21  ib,  11;  adglddathar  M.  30d,  10:  —  cp.  àccaldam. 

ad-mid-  (penser  à,  faire  un  projet  :  admldethar  Stowe  Missal  \Zeitschr. 
f.  rergl.  Sprachf.,  26,  p.  $03,  33  ;  at-tam-midethar  M.  i7b,  2;  —  :>àm- 
madar-saW.  160,  10;  cp.  àmmus. 

ad-slig-  persuader  :  (3^5/i^  W.  97,  11;  —  cp.  àslach. 

1.  Nous  laissons  de  côté  la  forme  posttonique  qui,  en  général,  s'accorde  avec  la  forme 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  137 

La  permutation  de  ad-  en  as-  se  trouve  encore  dans  as-id-grènnat  M. 
i8d,  2,  à  côté  de  adroigegrannatar  M.  2$b,  11  -,  ata-roigrainn  M.  }ob,  2. 

AITH. 

4.  —  aith-  prétonique  devient  ad-  at-  ,  ad-  reste  intact  devant  c,  g 
et  b. 

B.  —  àith-  accentué  =  aith-  ed-  id-;  àithc-  àithg-  =  ec-;  àithb-  = 
ep-. 

aith-air-reg-  corriger,  se  corriger  :  adèirrig  W.  1  ?  $ ,  1 5  ;  cho-adlr- 
setar  M.  jod,  11  ;  — àithirgid  impér.  W.  $3,  21;  diand-àithirsid  W. 
55,  21:  dûus  ind-àithirset  W.  182,  26;  arna  àithirrestar  M.  }2d,  13; 
cp.  àithirge. 

aith-od-ber-  offrir  en  sacrifice  :  adrobart  M.  32b,  23;  adrbbartat  M. 
14",  16;  adàparar  W .  69.  21  ;  128,  7;  adàbarar  W.  69,  20;  an-adb- 
barar  W.  63,  7;  adopartar  W.  62,  2  ;  adàparthe  W.  104,  21;  adropred- 
som  W.  104,  21;  —  foran-ldparat  W.  29,  9;  con-idbarat  W.  5,  24; 
cp.  idpart,  èdpart. 

aith-an-  ?  déposer,  donner  à  garder  :  airô/n  W.  180,  12;  adràneestar 
W.  25,  22  ;  —  cp.  à/7/zrt£. 

aith-côd-  annoncer  :  o-adcùaid  W.  132,  1  ;  intan  adcôidcmmar  G.  43% 
6;  —  con-éicdid  W.  148,  9. 

aith-com-anj-  avenir  :  adcàmaing  M.  19e,  11;  aichbmaing  M.  24e, 
16;  at-tot-chomnicc  W.  38,  4;  —  coni-èemi  W.  31,  21  ;  nxd-n-ïcmai  M. 
15*    5  ;  22s  8. 

La  contraction  de  à/rôc-  àithg-  en  ec-  n'a  pas  toujours  lieu  : 

aith-gn-  reconnaître;  au  parfait,  connaître  :  adgén-sa  W.  76,  12; 
adgeuinW.  77,  12;  adgènammar  W .  97,  11;  —  hua\n-ai~\thgnintar  G. 
29b.  10;  cf.  àithgne  et  e'oze. 

De  même  :  doràdchiûir  redêmit  W.  9,  24;  do-r-ràidchi air  W.  192, 
16;  cp.  tàidchricc;  —  an-do-n-àithehuiredar  gl.  redeunte  G.  i8b,  6.  Pour 
ce  dernier  verbe  on  peut  admettre  qu'on  l'ait  voulu  distinguer  de  adcùi- 
rethar  ajoute  G.  73b,  2;  adcùireddar  G.  202'',  3.  Peut-être  y  avait-il 
aussi  deux  composés  différents  *  aith-gninim  et  *  ad-gninim.  Mais  il  reste 
toujours  l'exception  de  tàidchricc. 

aith-bal-  mourir,  :  atbàil  W.  26,  33;  G.  4b,  6;  ad'àillW.  107,  10; 
atbàllatW.  57,  16;  atbélW.  65,  10;  aîbèla  M.  16e,  10;  ci-atbèla  G. 
30%  3  ;  atbèlaid-si  M.  29e,  4;  atbélat  W.  6,  1 3  ;  atbélmis  W.  26,  29;  — 
ni-èpil  W.  184,  8;  G.  28b,  20;  30%  3  ;  mani  èple  G.  1 8 5a,  $  ;  cp.  èpeltu; 
devant  ro-  aith-  est  remplacé  par  ess-  dans arnuch-érbalam-ni  W.  22.  34. 


138  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 


AIR. 


A.  —  air  prétonique  =  ar. 

B.  —  àir  accentué  =  air  [ar),  er,  ir. 

air-ber-  (effectuer,  former;  arbiur  biuth,  employer!  :  arbèirW.  63,  10; 
ci-ar-id-bèram  G.  26b,  2;  arbèfat  G.  1 9Sb,  7;  ar-am-bère  W.  172,  15; 
ar-am-b  èr  a  G.  1 92b,  2;  ar-am-b  èr  am  G.  148%  1  ;ar-m-b  èr  tis  G.  1 96b, 
5  ;  arrùbart  M.  3$b,  11;  arrobert-som  W.  179,  9;  an-arrùbartatar  M. 
34e,  4;  ar-am-b  èr  ar  G.  1 48b,  13  et  14;  art  èr  /ar  G.  33%  19;  —  à/r- 
fo'r  (impér.)  W.  176,  23  ;  asan-àrbaram  G.  40%  1  1  ;  arnd  àirbirid  W.  70, 
28;  ni-àrbarat  W.  62,  2;  ni-àirbéer  W.  190,  19;  ni  àrrbartatar  G.  4o\ 
9;  ni  àirber'ar  G.  192%  1  ;  asan-àirb  er  ar  G.  39%  26;  ni  àirbertis  W. 
61,  3 1  ;  —  cp.  àirbert. 

air-cel-  iravir  :  ara/m?  G.  9%  7;  ara/rt/z  W.  58,  8;  ar-a-chèla  M. 
31,  13;  ar-as-cèlatais  M.  2  6b,  19;  ar-a-chèlfeaM.  18e,  9;  ar-id-rôchell 
G.  202%  7;  —  m  crcheltar  M.  21e,  12;  cp.  àirchellad. 

air-fo-em-  ^accepter)  :  arfôim  G.  51%  4;  2oib,  17;  ar-a-fôim  W.  87, 
38;  ar-a-fôimat  G,  $ob,  17;  51%  y,  arfbemat  W2.  198,  5;  ar-a-foima 
M.  17e,  3  ;  co-arfèmat  M.  1  $d,  4;  ar-a-fôimtis  M.  28e,  18;  ar-om-foim- 
feaW.  185,  18;  arjèmthar  W.  173,  4;  —  iro/med  limpér.i  W.  41,  7; 
ni  èrôim  G.  139%  $;  mani  èrcHmef  M.  30%  13;  diand-èrôimtis  W .  158, 
10;  ndd-àrruimsat  W.  158,  10;  hon-èroimer  M.  17e,  7. 

air-îég-  (lire)  :  ar/èga  G.  2 1  i'b,  1 3  ;  co  arlégthar  W.  155,  27 ;  ar-a-lé- 
gatar  G.  213%  9;  arrôilgither  \V '.  168,  16;  —  ^/'r/g'c/z  (impér.)  G.  24% 
1 4;  on-drlœgthar  W .  168,  16. 

air-icc-  (atteindre,  trouver)  :  ho-aricc  W.  33,  33  ;ma-ari  M.  30d,  24; 
arècar  G.  59%  7  ;  66b,  16  ;  ar-an-ccatar  G.  8a,  5  ;  6$a,  11;  ar-an-isar  G. 
209b,  1 3  ;  ^r/5?a  G.  i84b,  8  ;  —  m  à/'n'cc  W.  54,  12;  G.  1 37b»  4î  ** 
àiricW.  120,  21  ;  mam  /z-à/n  M.  jod,  24;  m  <Jir«cdr  G.  2oa,  9;  I45b, 
3;  m  à/war  G.  162%  1  ;  17315,  6;  c/d  ar/ia  à/r«cft/  G.  19815,  3. 

air-bag-  (se  vanter)  :  ar-a-bdgim-se  W.  109,  2;  —  ni-irbâgam  W. 
in,  1 1  ;  cp.  zYWg. 

air-cess-  (avoir  pitié)  :  arcèssi  W.  24.  16;  co-arcèssea  W.  ?!,  21  ;  — 
dian-àirchissi  W.  24,  16;  ndd-n-àirchissa  W.    31,   21  ;  cp.  àhehissecht. 

air-gar-  (prohiber!  :  argài'r  W.  27e,  21  ;  ar-an-gàiret  W.  7,  1 5  ;  ar- 
id-gàrad  G.  721',  6;  ar-a-rogart-som  W.  33,  3;  arrbgrad  W.  54,  7;  — 
mam  à/rgara  W.  Il,  1  $  ;  ar-ni-àrgart  W.  188,  3. 

air-od-salc-  ouvrir)  :  arôsailcther  M.  14e,  1 5  et  19;  2715,  3;  ar-an- 
pwi/cfli  M.  24li,  19;  —  nicon-àirsoilset  M.  3ib,  9;  cp.  ïrsolcoth,  èrsolgud. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  1 39 

air-siss-  (s'appuyer)  :  ar-a-s)sedar  G.  21 5 l> ;  — forsan-àirisedar  G. 
i39h,  1  ;  d '  in-àiresetar  G.  209'',  21  ;  do-n-àirissid  W.  96,  23. 

air-fo-od-gar-  commander)  :  ar-a-focair,  arjocarar  W.  109,  1;  — 
cp.  irfôcre,  àirocre. 

air-ëg-  (se  plaindre)  :  arégi  M.  29d,  10;  ]Od,  5  et  20;  ar-an-èigeî  M. 
2ob,  8;  ar-an-èged  M.  24e,  1 1  ;  —  cp.  àirégem,  èregem. 

CON,  COM-. 

Il  y  a  des  verbes  qui  ne  changent  jamais  la  préposition  con,  prétonique 
ou  accentuée,  par  exemple  :  condaig  — -  na-cùindig,  oscéra  —  ni  con- 
choscram,  forchongrimm,  etc.  Mais  beaucoup  d'autres  remplacent  con- 
par  com-  chaque  fois  que  la  préposition  porte  l'accent. 

con-od-scag-  (mouvoir,  changer)  :  conàscaige-siu  M.  32a,  3;  co-tamm- 
oscaig-se  M.  29e1,  3  ;  conoscaigth  er)  G.  162^  3  ;  conroscaigis-siu  M.  2id, 
7;  oroscaiged  G.  19%  1  ;  20$b,  2;  —  ni  cùmsciget,  mani  cùmsciget  G . 
6$b,  8;  ni-cùmscichther  G.  162°,  7;  coni-càmscaigther  G.  23%  4;  ni'  côm- 
arscaiged  G.  20 $b,  2  ;  cp.  cùmscugud. 

con-od-tog-  bâtir)  :  cunùtgim  G.  1 4 1 a,  1  ;  orotaig  W2.  193,  5;  3-z'd- 
rôf/g  W2.  193,  3  ;  conrôtgatar  G.  3211,  6;  —  m  adchùmtig  inon  adstruit) 
G.  21  [«,  8;  cp.  cùmtach;  mais  aussi  :  0/  adorotaig  (gl.  quod  adstrueret) 
M.  3$b,  13. 

con-od-tang-  construire,  corroborer)  :  conutunig  (1.  conàtuing)  W.  $0, 
1 5  ;  conùtuinc  W.  62,  1  ;  no-chonùtangar  M.  14e,  5  ;  —  cbmtangad  (\m- 
pér.)  W.  187,  11. 

con-od-san-  reposer)  :  conosna  G.  2o6;i,  3  ;  :?ôs;m  G.  22%  4;  conosnat 
G.  38%  4;  —  cp.  cùmsanad;  in-rùckumsan  M.  32d,  26. 

con-od-gab-  (exalter  :  oùcbadM.  }$c,  6  ;  conoc&ba  M.  2ob,  5  ;  conûar- 
gabad  M.  32e,  1  ;  —  cp.  càmgabal;  nad-rùchumgab  M.  2oa,  7. 

con-ô- el  for-con-d-  iconserver  :  co-ta-àei  W.  180,  12;  on-ôi  W. 
180,  12;  —  càmid  W.  163,  6  '  ;  for-ta-cômai-som  M.  29%  3;  for-t- 
chômi  G.  1 76b,  2;  cia-forcomam-ni  G.  9%  22;  forcomat  G.  1 67b,  1  ;/or- 
comaidder  G.  1  ia,  2  ;  for-don-chàmaither  G.  1 39"%  2. 

con-air-lcc-  admettre,  permettre  :  oairleci  M.  27e1,  10 ;  conràirleic  M. 
32e,  4;  oàirleicther  M.  32d,  17;  onàirleicthea  M.  34d,  21  ;  —  na-chomair- 
lecea  M.  32d,  5;  an-nad  comairleciub  M.  31e,  15;  d/rna  càmarleicthe  M. 
32d,  5  ;  cp.  comairleciud. 

1.  de-brath  no-m  choimmdiu  côima  G.  204'ib,  peut  se  traduire  :  «  Que  le  Seigneur 
me  préserve  du  jugement!  »  Quant  à  la  tmèse  nom-côima,  cp.  Stokes,  /?«v.  ce//.,  V, 
p. 3(2. 


140  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

con-to-fo-org-  (écraser)  :  contûarcar  M.  34%  27;  —  cèmtuairc  impérJ 
M.  29b,  6. 

con-rig-  (lier)  :  orlug  G.  i8ib,  1  ;  conrlg  M.  23e,  12  ;  —  cp.  cùimrechti, 
cùimrech. 

con-ëtig-  (être  indulgent1  :  oéitgidW.  133,  22;  conéitW.  39,  1$; 
183,  1 3  ;  conèit  W.  39,  13;  —  ndd-chbmetig  W.  133,  1 3  ;  n^  cbméitged 
W.  59,  1 5  ;  muni  cbméitis  W.  39,  1  $  ;  cp.  cometecht. 

con-suidig-  composer)  :  consùidigther  G.  201»,  10;  osùidigedarG.  49", 
9;  —  /?fld  càmsuidigther ;  cp.  cbmsuidiguth. 

con-air-org-  ;erreri  :  conrèrortatar  G.  2iob,  4;  —  cp.  cbmrorcon. 

con-eicnig-  contraindrez  co-tamm~eicnigther-saM.  2ib,  10;  —  ni-cbm- 
éicnigedar  G.  6ia,  9;  ndd-cbmeicnigther  W.  170,4. 

con-to-sô-  transformer!  :  otbrdd  G.  io6b,  4  et  5  ;  —  nid  cbmthoet  G. 
163%  1  ;  cp.  cbmthôud. 

con-aith-deg-  demander,  chercher!  :  oàitechtatar  W.  47,  2$;  — ni 
cbmtachtmar-ni  W.  147,  1 5  ;  mais  aussi  :  ndd  càintgim  W.  94,  1 3  ;  cp. 
cuintechti   ou  peut-on  lire  cùmtgim,  chùmtechti  Tur.  146?). 

Le  verbe  «  pouvoir  »  ne  change  pas  seulement  la  préposition  sous 
l'influence  de  l'accent,  mais  encore  le  thème  verbal;  l'accent  frappe-t-il 
la  préposition,  on  a  cùm-ang-;  si  le  thème  est  accentué,  on  a  con-lcc-  : 
conlcimmW.  127,  17;  conlcc  W.  22,  31;  37,  5  ;  conlc-som  G.  1 99b,  $; 
conècatG.  33%  12;  2o8b,  6;  conicub  W.  190,  19;  conlcfid-si  W.  81, 
29;  conlcfed-si  W.  82,  33;  rnc/ed  M.  14%  6,  olcfimmis  W.  1 10,  6;  ce- 
choniis  W.  60,  21  ;  ce-chonistis  G.  1 38",  9;  —  nad-cùmcu-sa  M.  i8b,  5  ; 
ndd  chùmaing  G.  209*%  1 3  ;  n<?'d  cùmaing  G.  50%  14;  ni-cùmdingW.  69, 
19;  ni  cùmuing,  ar-ni-càmuing-side  W.  58,  4;  n/  chàmcam-ni  W.  21, 
26;  ni  cùmcat  M.  23%  5;  G.  220%  7;  ni-cùmcat  G.  33%  16;  198%  2; 
con-cùmai-sôn  M.  32d,  1  $'';  coni-cùmai  M.  31e,  19;  ni  cùimsin  W.  1  1  i, 
9;  cu-cùimsed  M.  3  3b,  21  ;  ni-cùimsimmis  W.  113,  21  ;  tfr-/?/  o-chbimnu- 
cuir  W.  122,  21  ;  nti<4  côimnacaid  W.  53,6;  air-ni-chbimnactar  M.  19e, 
5  ;  nad-cômnactar  W.  47,  25  ;  cp.  cîunachte,  jorcbmnu.cu.ir  forebmnacair. 

DE,  DI. 

i4.  —  de-  d/-  prétonique  se  change  en  do-  du-. 

B.  —  de-  di-,  sous  l'accent,  est  conservé. 

di-gnl-  'faireï  :  dogniu  W.  113,  16;  145,  13;  dogni  G.  49%  5;  W. 
181%  6;  dogniam  W.  103,  14;  dognlam  G.  i6ob,  3  ;  dogniith-si  W.  56, 
6;dognlith  W.  154,  11;  dogniat  W.  183,  6;  an-dugnîat  W .  64,  4; 
dugnith  M.  30%  3  ;  dognltis  M.  22%  4;  cia-dognéo  W.  113,  21  ;  ma-du- 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  141 

gnèu  M.  23e,  24;  dogné-su  W.  36,  21  ;  dogné  W.  78,  8;  190,  21  ;  do- 
gnè/'/Zi  W.  35,  1  b  ;  cia-dugnèid  W.  155,6;  dognèin  W.  60,  2  $  ;  ce-dugnén 
W.  64,  1  ;  dugnèth  M.  53e,  12;  dognèd  W.  1  10,  7;  ce-dugnèmmis  W. 
64,  4;  dognither  W.  56,  8;  G.  59%  8;  dugnlther  W.  J2d,  6;  dogniter 
G.  3  5b,  1 5  ;  dognithe  W.  99,  7;  dognether  W.  176,  21  ;  dognèither  W. 
83,  40;  ma-dugnèther  W.  33,  3  ;  dognèthe  W.  56,  7;  58,  7;  dorlgnius- 
sa  W.  146,  9;  do-m-rlgnis  W.  25,  20;  dorlgni  W.  25,  21  ;  an-durlgni 
M.  24e,  8;  dogôî/  G.  i8$b,  4;  dorigeni  W.  68,  11;  dorïgéni  G.  209% 
10;  dorigénsam  W.  93,  9;  an-dorigensam  W.  149,  3;  durlgensid-si  W2. 
19-,  10;  dorlgénsat  W.  46,  10;  dorigensat-sidi  W .  174,  1;  do-n-d-rôn 
W.  30,  1 4 ;  dorôntœ-si  W.  106,  3  ;  do-r-rôntar  W.  89,  53;  dorànadW. 
ioo,  14;  ar-ced-durônath  W2.  194,  12;  dorônta  G.  65%  1  ;  ad  dugén-sa 
M.  30b,  9;  dogéna  W.  158,  9;  dogénat  W.  82,  33  ;  ar-an-dogènad-som 
W.  1 58,  7;  dogenmis  G.  2  0  3a,  6;  dogéntar  W.  25,  2$  ;  G.  27%  1 3  ;  — 
n/  dèfl/m  \* dè-gn'iim  W.  76,  11;  m  dâîz  G.  220%  9;  con-déni  G. 
191'',  3;  ndd  dènam  W .  111,  12;  dian-dènid-si  W '.  49,  4;  ni  den^ 
W.  75,  30;  forsan-dènat  M.  i8b,  4;  ma/jz  dâze  W.  60,  19;  nad-n- 
dène  M.  23%  20;  con-dèna  M.  20a,  14;  marn"  dèna  M.  3$d,  14;  dâzad 
impér.i  W.  171,  1  ;  dénad-si  W.  174,  1  ;  deVn'd  W.  142,  2  ;  1  «,4,  13; 
d/d/z  denmis  G.  20 3-',  6;  frisan-dénte  W .  56,  8;  c/d  aran-déntar  W. 
8,  7;  frissan-déntar  W.  67,  25;  mani-dénatar  W.  47,  22;  arna-dèrna 
W.  20,  10;  o-dèrna  W.  74,  25  ;  con-dèrnam  W.  133,  13;  aran-dèrnaid, 
arna-dèrnaid  W .  106,  3;  ni-dèrnat-sidi  W .  137,  6;  nach-dèrninn-se  W. 
47,  17;  à/v?a  dèrnmis  G.  203%  6;  ndd-dèirgenus  W.  145,  13;  ndd-dlir- 
géni  W.  85,  1 5  ;  o-dèrgéni  G.  100%  1 1  ;  nad-n-dèr gini-som  M.  ;. 3e,  1 5  ; 
nad-n-digni  M.  2  3b,  10;  con-dèrgensat  G.  187^  6;  in-digén  W.  57,  15; 
m"  dlgnern  W.  111,  12;  ni-dlgnem-ni  W.  103,  12;  ni-digenam-ni  M. 
30e,  9;  /n  dlgned  M.  i4b,  4;  ni  o-dlgénte  W.  57,  19;  cp.  deVzurrc  dénorn, 
dénti.  Après  ni-  on  trouve  deux  fois  r-  pour  d-  :  ni-ténat  W.  145,  17; 
mani-tèntis  M.  3  5e,  18. 

di-lug-  pardonner  :  dolùigim-se  W.  97,  10;  do-d-làgi  W .  97,  10; 
d-a-ràlgea  W .  18$,  16;  d-a-ràlged  W.  11$,  13;  d-a-lùgub-sa  W.  97, 
I o ;  dzz/zzz,gte[r]  M.  32e,  15;  duràilged  W.  11,  14;  doràlgetha  W.  161, 
14;  dorolgida  M.  32e,  15;  —  ni  dilgaid  W.  56,  8;  dian-dilgid-si  W. 
97,  \o;  nad-  n-dilga  M.  30e1,  3;  dz7z'c/z  impér.  W.  190,  18;  nad-n- 
dllgub  M.  31e,  1$;  ni-dilgibther  Wj.  195,  6;  con-dèrliged  W .  193,  17; 
con-dèrlaig  M.  2ib,  8;  aran-dèrlaigthe  M.  32%  17;  ni  dèrlaichta  W2. 
195,  6;  cp.  dz'/gzzd. 

di-fech-  1  venger  :  do/è/c/i  W.  37,  5;  ^o/lc/i  W.  57,  13;  99,  6;  M. 
I9d,  3;  zzu/èsed  M.  3  3b,   12;  dufiastar  M.  27e,  4;  ar-dufèsatar  M.  24b, 


142  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

19;  co-dufèssar  M.  32e,  20;  do) estais  M.  29e,  7;  —  ni-m-d\chim-se  M. 
38e   Goidelica2,  p.  38  ;  ni-sn-dig  M.  24b,  17;  cp.  diachti,  digal. 

di-cdd-  et  to-di-côd-  parf.  et  fut.  aller,  venir  :  dochàod  W.  114,  26; 
docoad-sa^N.  118,  1;  dochdidw.  90,  11;  97,  13;  172,  6;  dochbid- 
som  W.  94,  16;  doeô/d  W.  129,  20;  189,  1  ;  G.  2 1 7b,  16;  M.  32e1, 
10;  doebith  W.  68,  5;  docàtar  W.  175,  1$  ;  doedi  W.  176,  24;  du- 
coistis  M.  34a,  9; —  ni-dechud-sa  W.  95,  23;  ni  dèchuid  G.  1 48b,  3; 
con-dèchuilh  W .  134.2;  cid  dian-dkhuith  W.  108,  6;  dodèchuid  W. 
112,  3  ;  dodèchuid  W.  148,  6;  166,  22  ;  M.  16e,  5  ;  G.  1 99b,  1  ;  do-rt- 
dèchommar  W .  148,  9;  arna-dkha  W.  172,  6;  arna-d)ch  W.  58,  5; 
dodlchse  d  G.  1 8a,  4  ' . 

di-slund-  nier,  faire  renier  :  doslùindi  W.  40,  21;  doslùindet  W. 
181,  8;  doslùinfider  W.  173,  1  ;  —  arna-derlind  W.  63,  13. 

di-ro-mon-  oublier  :  du-n-dam-roimnife-se  M.  32d,  5  ;  —  arnach-n- 
dèrmanadar  M.  32d,  5;  con-dèrmanammar-ni  M.  21e,  3;  nach-am-dèr- 
mainte  M.  32d,  5  ;  cp.  dèrmet. 

di-don-  consoler  :  dodànaimm  G.  5  3b,  7;  co-dodonatW.  162,  2;  — 
cp.  didnad  dithnad. 

di-reg-   dépouiller   :  dung  M.  28%   19;  —  ni  dcrgemarW.    pr.  m. 
101 ,  8  ;  cp.  dèrachtae. 

di-gab-  ôter,  diminuer  :  dogaibther  G.  28b,  20;  durogab  M.  34d,  18, 
dorogbad  M.  17%  13;  —  arna-dèrgaba  W.  65,  2  ;  cp.  digbdl.  On  disait 
aussi  dirbgbad  G.  9b,  16,  sans  doute  pour  éviter  la  confusion  avec  do- 
ro-gab-  commettre  . 

On  trouve  di-  prétonique  au  lieu  de  do-  dans  d'autres  cas  où  la  raison 
n'est  pas  si  facile  à  trouver  : 

di-roscag-  (distinguer,  se  distinguer  :  doroscaith^r  G.  43*.  2;  du-n-d- 
rosced  M.  33e,  5  ;  dorbscaimis  M.  32a,  21  ;  mais  aussi  :  dirôscai  G.  40% 
18;  42%  1  ;  dirbscai  G.  40%  17;  dirôsci  G.  42b,  2  et  3  ;  di-t-rôseibea  W. 
7,  27  ;  dirôscaither  G.  42b,  1  et  11;  — ni  derscaigi  G.  40%  6  et  17;  nad- 
deresaigi   1.  -dèrscaigi  G.  40%  7;  m  dèrscigem  W.  8,  9;  cp.  dèrscugud. 

di-mecc-  dépriser  :  dommèiccither  W.  7,  23;  an-dummècitis  M.  34e, 
6,  à  côté  de  demlcimm  G.  39b,  1  ;  dimèceither  W.  49,  14;  —  cp.  dl- 
miccem. 

On  a  aussi  d/-  pour  do-  dans  disrùthaigedar  G.  1 98bJ>  3,  à  côté  de 
huan-d\rrudigeddar  G.  33%  23,  et  dans  disàmlathar  M.  2ib,  2;  ce  sont 


l.  dodech  indairitiu  W.  188,  4  '.  dodèchuid  airitiu;  cia-dodehommar  W.  144,  2,  1. 
dodechommar.  L'infinitif  est  dochum  et  non  *  dechum,  parce  qu'il  est  presque  toujours 
proclitique  comme  les  prépositions. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  143 

des  traductions  littérales  des  termes  latins  :  derivatur  et  dissimulât.  Dans 
dèirchôintea  deràchôinet  W.  129,  1  le  verbe  est  sous  l'influence  du  subs- 
tantif précédent.  Citons  encore  dicàitsea  qu'il  écoute  jusqu'à  la  fin  W. 
81,  29. 

DI-,  DE-  devant  une  voyelle. 

di-aith-cl-  regarder   :  do-nn-éicci  W.   52,  9;  do-n-ecad-som  W.  89, 
53;  dôlcastar  G.  188%  6;  —  ni  déccu  W.    145,  13;  déicce-siu    impér. 
W.  186,  12;  décce  W.  64,  2;  décad  W.  116,  5  ;  na-dècad  W.  142,  4; 
dedr/j  W.  126,  11;  mani-dècamar  G.  26b,  9;  cp.  déicsiu. 

di-ell-  décliner)  :  do-n-èlla  G.  1 1 4a,  4;  do-n-èlltar  G.  109%  4;  doèl- 
latar  G.  109%  4;  ar-doèllatar  G.  1 48b,  '9  ;  ma-duèllatar  G.  4b,  1;  ma- 
duèlltis  G.  4b,  4;  —  cp.  <fta//. 

di-ess-reg-  quitter  :  dorérachtid  W.  1 17,  6;  —  ni-sn-dèrig-si  W.  57, 
16;  con-déirsid  W.  157,  2;  ni-dérsid  W.  125,  13;  naich-n-dèirsed  G. 
209b,  27. 

di-od-ber-  frauden  :  doopir  G.  22 ib,  1  à  côté  àediàiprid  indicé  W. 
56,  8;  —  na  ùubrad  W.  58,  5  avec  ?  pour  d;  cp.  diuparthe,  d\upart. 

di-llt-  nier  :  doriltiset  som  W.  32,  30;  donltiset  W .  152,  12;  —  ni 
di'/tài  G.  201^  10;  aran-diltad  W.  1 14,  29;  cp.  di'/rud. 

ni  de  intamladar-som   gl.  non  disimulati  M.-27d,  12. 

ESS. 

i4.  —  ew-  prétonique  se  change  en  dtt-,  «-;  les  groupes  asr-,  «£■ 
restent  intacts. 

fi.  —  ess-  accentué  est  conservé;  èsr-,  èsl-  deviennent  ërr-,  ïll-. 

ess-ess-reg-  ressusciter  :  asrèracht  W.  27,  7  ;  84,  12  ;  ar-asrèracht  W. 
103,  1 5  ;  as-n-éirsid  W.  153,  17;  asséirset  W.  153,14;  assèirset  W.  85, 
23  ;  —  mâ/zi  èsersitis  M.  15e,  7  ;  «m  èsarsitis  M.  15e,  8 ;  in-èséirset  W. 
87,  35  ;  cp.  «$«>#. 

ess-ind-gab-  (excéder)  :  ci-asingbat  G.  44b,  3  ;  asingaib  M.  2  3a,  13; 
asnngba  G.  71%  2;  169%  1  ;  187%  1  ;  asnngaib  M.  32d,  8  et  10;  /w- 
asnngaib  M.  22d,  9;  —  arna-èsngaba  M.  22e,  8;  ni-èrngaib  M.  32d,  19; 
cp.  èrngabthi  1.  esngabthii',  M.  16%  5. 

ess-org-  frapper  :  asôircc  W.  67,  26;  asô/rc  G.  33%  2;  —  do-da- 
èssarr-som  W.  32,  31  ;  cp.  èsartae,  èsorcun. 

ess-len-  souiller  :  aslènaimm  G.  54%  8;  aslènnim  G.  173%  ^;aslèntae 
G.  64»,  18;  asrùlenta  M.  28%  22;  —  ni-èilnithe  W.  136,  24;  cp.  #/- 
n/ffo,  héllned.  Devant  le  pronom  infixe  -d-  «5  est  remplacé  par  ad- 
[aith-)  dans  atléntaisom  M.  22%  4. 


144  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

ess-ri-  (dépenser,  donner)  :  asrènat  G.  27%  2\asrlnad  M.  pb,  10; 
asrïriu-sa  W.  1 1 5,  1 5  ;  asnri  W.  1 52,  6;  M.  30e,  1 3  ;  asrïrther  W.  $, 
27;  —  èrrenaid  timpér.)  M.  20e,  2. 

ess-ro-col-  (destiner)  :  asrèchoili  W.  62,  37;  M.  3<;d,  22  ;  asrothoilsem 
(1.  asrdchoilsem  M.  22e,  3;  asrbchoiled  W.  164,  14;  —  cp.  érehoilti, 
érehoiliud;  —  ad-  pour  as-  devant  -dom-  :  atam-ràchoil-se  (impér.)  M. 

ess-con-la-  (avancer)  :  asrùchumlae  M.  i7b,  2;  an-asràchumlai  G.  jb, 
19;  —  ni  aèscomlai  G.  3%  6. 

Le  seul  verbe  qui  ne  connaisse  pas  la  forme  ess-  est  asindiut  (expliquer)  : 
asslndefW.  36,  3567,4;  asïhdet  M.  23e,  12;  asstndet-som  W .  121, 
7;  as-n-ind  M.  2311,  2  ;  ad  as)ndisem  M.  3$%  6;  asindisset  W.  184,  3  ; 
as-n-indised  M.  3 1 a,  22  ;  as)ndedar  M .  17%  9;  as-h-lndedar  W.  83,  3; 
—  dû  in-àsndét  G.  103%  1  ;  ni  àisndedat  M.  3ib,  19;  fl/rmm  in-àishde- 
that  G.  7013,  1 3  ;  ni-àisndiusa  G.  47-',  1 3  ;  cp.  àisndissi,  âisndis.  Pourquoi  ? 

Le  futur  esgebtit  W.  1 57,  4,  serait  une  autre  exception;  mais  ce  mot 
est  sans  doute  mal  lu  (v.  Zimmer,  Gloss.  Hib.,  p.  1 57  5). 

Nous  avons  rencontré  plusieurs  fois  dans  nos  exemples  le  changement 
de  aith-  ou  ad-  en  ess-;  les  prépositions  ess-  et  a/';/;-  alternent  régulière- 
ment dans  la  conjugaison  du  verbe  asbiur  (dire).  Ess-  a  sa  place  dans  la 
syllabe  prétonique  et  dans  la  syllabe  accentuée  devant  la  particule  ro-; 
aith-  se  trouve  dans  la  syllabe  accentuée  devant  le  b  du  thème  verbal. 
Devant  les  pronoms  infixes,  les  deux  prépositions  sont  usitées,  mais  aith- 
seulement  devant  -d-  :  asbiur  W.  13,  7;  G.  50*,  4;  asbir  G.  66b,  10; 
asb)r-siu  W.  79,  16;  asbeir  W.  27,  6;  M.  17e,  6;  asbèram  M.  i4a,  19; 
asbèqam  G.  $  $b,  1  ;  asbèrid-si  W.  29,  6;  an-as-bèrith  W.  78,  9;  asbèrat 
W.  91,  18;  M.  20r,  5;  ci-asber-sa  W.  106,  3;  c/d  <wfrèrg  «u  W.  79, 
16;  an-asbère  W.  181,  1 5  ;  asbèra  W.  52,  17;  <w&(èr)a  M.  3 id,  9 ;  an- 
asbèrinn  W.  111,9;  asbèrad  G.  202%  7;  an-asbered  W.  99,  7;  an-as- 
bèrmis  W.  116,  19;  asbèrtis  W.  153,  1  ;  asbèirtis  W.  24,  18;  asb[èr)t  M. 
16e,  10;  asfr&r  W.  190,  20;  asfre'/ïî  W.  79,  11;  asbèram  W.  113,  23  ; 
asbérat  W.  80,  23  ;  an-asbérat  W.  79,  15;  asbèrar  W.  17,  7;  tf$fc(èr)ar 
G.  29%  3  ;  asbèrr  W.  1 30,  21  ;  asblrtar  W .  170,  19  ;  asb[èr)tar  M.  2713, 
19;  G.  ioa,  8;  ci-asb\èr\thar  G.  71%  10;  an-asbèrthar  W.  34,  9;  ci-a$- 
fcèr//zé  W.  104,  21  ;  asrôbrad  W.  17,  12;  M.  i6a,  14;  asrùbart  W.  60, 
25  ;  asrùbart  \Y.  26,  3  3  ;  G.  2  2a,  3  ;  M.  2id,  4;  asrùbartmar  W  .  $1,6; 
G.  i88J,  29;  M.  34b,  8 ;  asrùbartatar  W.  118,  17;  M.  16e,  $;  excep- 
tions :  adbèir  W.  28,  19;  adrùbartmar  G.  1 97b,  16;  —  ni  aèrbara  M. 
3ib,  24;  con-aèrbara  G.  209'',  30;  ni-érbarid  W.  86,  33;  o-érbarid-si 
W.  103.  1 2  ;  arna-érbarat  W.  166,  22;  air-ni  aèrbarad  son  M.  jih.  20; 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  14$ 

dian-érbart  W.  86,  32;  ni-sn-£rbatar  (I.  aèrbartatar)  M.  29",  ^\  arna- 
érbarthar  W  .  187,  5;  W2.  195,  11;  frisan-érbrath  G.  220°,  10;  w'-èr- 
fcrad  W.  191,  10;  —  ni-èpur  W.  51,6;  ô-ni-èpur  G.  2 1 7ab  *  ;  in-did- 
èpiur  W.  25,  1  ;  ni-èpeir-som  W.  114,  29;  cani-èpirW.  64,  8;  cid-dian- 
èpirsomW.  125,  9;  dian-èprem  G.  2o8a,  7;  arna-èpret  W .  46,  10;  182, 
12;  na-cpred  \Y .  60,  18;  con-èpred  M.  281',  1 1  ;  con-àipred  M.  33e,  17; 
c*/H-d  èp[er)tais-som  M.  28'1,  8;  ni  */?&r  W.  190,  9;  ni  èp[er)r  G.  73% 
1  i  ;  in-èper  M.  2  4d,  14;  dian-èper  W.  132,  1 5  ;  dian-àip[er)  M.  14e,  1 3  ; 
o-èp[er)tar  G.  $b,  6;  aran-èpertar  W.  27,  15  ;  ci/H  èperthe  W.  119,  10; 
arna-èperthe  W.  144,  3  ;  cp.  èperthi,  èpert;  —  as-m-biur  G.  1  $  1%  3  ;  d- 
as-id-biur-sa  G.  io6b,  4;  rtm^/  as-in-d-bïur-sa  W.  83,  39;  as-m-bir  siv 
G.  2o8b,  5;  as-m-beir  W.  171,2;  ass-id-bèir  W .  124,  2;  as-m-bèram-ni 
W.  8,  8;  as-m-bèrat  W  .  145,  18;  as-n-don-bèrat  W.  8,  8;  as-n-da-ro- 
bartis  M.  3113,  22;  ci-as-id-rùburt  G.  75^  2;  as-id-rùbart  G.  220%  10; 
as-m-berar  W.  62,  38;  as-m-bèrr  W.  194,  1 5  ;  as-m-bèrtar  M.  23",  12  ; 
—  a/4iur  W.  54,  \\\at-bèir  W .  64,  8;  at-bèir-som  \Y.  167,  2;  af- 
b[èr)am  G.  i2çb,  1  ;  ci-at-bèra  W.  29,  4;  72,  3;  al-bèirmis^N.  160,  10. 

IND. 

On  aura  remarqué  dans  les  exemples  précédents  que  la  consonne  de- 
vant la  voyelle  accentuée  n'est  souvent  pas  aspirée,  trop  souvent  pour 
que  ce  ne  soit  qu'une  faute  du  scribe,  tandis  qu'après  l'accent  l'aspira- 
tion est  presque  toujours  marquée;  cp.  adei  et  adchi,  adcomaltar  et  ad- 
chomaltar,  adcàbra  et  adehobra,  docoid  et  dochoid,  etc.  C'est  presque  une 
loi  pour/  fv.  air-fo-em-  et  di-fech-)  et  pour  s '.  D'après  les  lois  phoné- 
tiques z/zd-  prend  la  forme  in-  devant  s,  int-  devant  i. 

ind-saml-  imiter)  :  insàmlathar  W .  52,  17;  G.  3oa,  14;  ci-insàmlar 
G.  ib,  1  ;  —  in-\ntsamlammar-ni  W.  69,  22  ;  cid  ndch  intsamlid  W.  91, 
\y,ïntamlid  (impér.)  W.  52,  16;  duûs  in-intamlitis  W.  30,  14;  cp. 
'tntamil,  o-rointsamlithe  W.  1 10,  7. 

TO,  TU. 

A.  —  to-,  tu-  prétonique  devient  do-,  du-. 

B.  —  to-,  tu-  accentué  reste;  seulement  après  la  conjonction  con-  on 
trouve  quelquefois  do-,  du-. 

to-mon-  ipenser)  :  domoiniur  W .  90,  7;  domuinur-sa  G.  209%  10;  do- 


1.  On  pourrait  attribuer  à  la  même  cause  la  forme  -t-  pour  -à-  du  pronom  infixe  : 
co-t-ècat  (ils  le  peuvent)  G.  173^,  4.  Mais  les  formes  :  ar-co-td-kc  (car  il  Je  peut)  W. 
31,  23,  cà-td-ôith-si  (vous  le  conservez)  W.  45,  6,  montrent  que  c'est  plutôt  une  con- 
traction de  -did-  ou  -tid-;  cp.  fo-t-dâli  W.  72,  8. 

Rev.  Cel.  VI.  10 


146  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

màintcr-so  W.  6,  3  ;  do-d-màinetar  G.  $a,  6;  doménar-sa  W.  17,  8  et  9; 
durùmenar  som  M.  32e*,  10;  an-dumènmar-ni  M.  1  $d,  $  ;  dorùmenatar  M. 
3  5b,  18;  domènad  G.  207b,  4;  —  na-tàmn.\ùar  W.  1 10,  7;  arna-tàmna- 
tfurW.  86,  27  ;  arna-iàmnammar-ni  M.  1  $d,  5;  intàmnatar  igl.  putent) 
M.  i8a,  5  ;  arn.i-m-tomnad  W.  114,  6;  arna-tàmnitis  W.  26,  1;  ar/za- 
tàmnitisom  W.  154,  10;  arna-tàmontis  W.  79,  18;  ndd-tomnibtker  }X . 
1  $3,  2  ;  cp.  toimtiu. 

to-mel-  (mangeri  :  an-dumèlam  W.  86,  32  ;  d-a-mèlat  W.  63,  7;  ce- 
dumèlmis  W.  64,  4;  domèltis  W.  63,  7;  —  rèm/7  impér.i  W.  39,  1$; 
/z^c/î  thàimled  W.  69,  24;  ni-tormult  W.  115,  13;  cp.  tomalt. 

to-rim-  (mentionner;  :  dorimem  M.  i4d,  6  ;  durimét  1.  durimet)  M.  I9b, 
1 3  ;  dorimiub  M.  26e,  7;  donmther  M.  16e,  10;  M.  23*»,  8;  —  ni-s-tùirmi 
W.  183,  8;  i-tùiremar  W.  81,  24. 

to-gar-  appeler.  :  dogà/r  M.  29e,  6;  30e,  17;  doràgart  W.  131,  11  ; 
do-da-rogart  W.  13$,  13;  doràgrad  W.  59,  17;  60,  22;  do-n-rograd 
W.  127,  4;  do-b-rograd  W.  148,  4;  —  cp.  tbgairm. 

to-con-org-  écraser)  :  docàmartatar  M.  22d,  4  ;  docàmarM.  2^d,  5  ;  — 
contàchmairt-siu  (gl.  contrivisti.  M.  17%  2;  otàchmairt-siu  M.  19e,  7;cp. 
/ôc/imarc. 

doràchair  lil  tomba'  G.  29%  8;  2915,  7;  —  an-na-tàrchar  M.  34e,  14. 

ro-gu-  choisin  :  dorôigu.  W.  23,  4;  doràigu  W.  24,  14;  30,  11; 
do-b-rôigu  W.  i$8,  12;  doràigaid  W.  124,  21;  doràigatar  W.  30,  11; 
dogèga  W.  141,23;  do-n-gegat  W.  184,  3  ;  —  cp.  /ù/ac  fôgu. 

to-scêl-  apprendre   :  doscéulaim  G.  1 4 5 b,  2  ;  —  cp.  tàscelad. 

to-tluch-  [demander  1  :  d-a-thlùchethar  M.  30%  10;  do-n-tlucham  \\ . 
1 32,  20  ;  —  c/i  ara-tàdlaither  M.  3  2a,  <j. 

to-di-côd-  (venir  :  dodèchuid,  etc.,  v.  di-côd- ;  —  cosa-tùidches  G.  1 99b, 
1;  dia-tùidched  \Y.  60,  25  ;  o-tùidchissed  W.  102,  4. 

to-ro-gab-  'gratifier  W..  commettre  M.1  :  dorogaib  M.  16e,  13;  doro- 
gtar  M.  2811,  11;  an-doràgba\^.  134,  32;  an-dorogbid  W .  16^,  13; 
ma-duràgbusa  M.  23%  13;  ho-durègbad  M.  32e,  9;  —  ho-torgab  (de 
ho-an-)  M.  32%  23  ;  cp.  tàrgabâl,  tàrgabdl. 

to-gaith-  idécevoiri  :  dogàithaimm  G.  24%  7  ;  dogàithaim  G.  24a,  1 1  ; 
dogdithim  G.  145",  5;  dogàitha  M.  31%  13;  du-n-gàitha  M.  28e,  15; 
du-n-gàitis  M.  31e,  20;  dugàithatar  M.  31e,  8  et  25;  —  ni-m-thàgaitha 
W.  23,  1  ;  ni-thàrgaitha  W.  1  $2,  6;  ho-nu-n-tàgaitar-ni  M.  32%  6;  co- 
ni-n-torgditar  W.  97,  11;  cp.  zôgtw. 

to-to-fo-ët-  tomber  :  c/of/;ù/>  W.  26,  33  ;  /<we  dorù/'f  G.  71%  9;  do- 
ràthuusa  M.  23e,  23;  —  con-tôtsat  M.  i6a,  19;  cp.  fôffom. 


L'Accentuation  de  ['ancien  verbe  irlandais.  147 

to-math-  menacer  :  domàthi  M.  31e,  24;  dommàthi  M.  18e,  7;  — cp. 
tàmad. 

to-sech-  (nourrir   :  do-m-ràisechtatar  \V.   112,  8;  —  cp.  tàschith. 

to-cur-  (apposer,  citer,  inviter  :  docàirethar  G.  6ia,  7;  1 9 1 a,  2;  do- 
chàirethar  M.  2<pb,  1  ;  du-n-d-chùiretharM.  3$d,  22  ;  doràchurestar  M.  16e, 
6;  doràchuiristar  M.  2 50,  15;  dorochuirsemmar  G.  4b,  18;  docàirifar  M. 
3a,  1  ;  —  tarsa-tûchuirther  M.  22e,  1  ;  cp.  tôchur,  ni-ràthochurestar  M. 
i8J,  6. 

to-rat-  i.  e.  to-ro-dath-  iparf.  et  subj.  donner)  :  cia-doràttid-si  W. 
108,  9;  doràtus  W.  49,  2  ;  do™/  W.  22,  31;  G.  2}b,  $  ;  M.  22d,  19; 
doràtsam  W.  88,  49;  doràtsid-si  W.  147,  1  $  ;  doràtath  G.  7b,  18;  do- 
ràted  W.  121,  9;  G.  3ia,  6;  M.  24d,  31  ;  duràtadW2.  195,  6;  doràdad 
(1.  doràtad*  W.  143,  4;  —  ara-tàrt-sa  W.  97,  5;  arna-tàrta  W.  69,  24; 
ni  tàrtisset  W .  4,  21;  ni-tàrtsat,  sech-ni-thàrtsat-som  W .  147,  15;  ara- 
^rfjr  M.  99,7;  mais  o-dàrta  W.  172,7;  o-dàrtin  G.  209b,  26;con- 
dàrtar  W.  127,  13. 

to-di-od-sech  éveiller  :  dodiusgibther  W.  57,  14;  doràdiusgad  W.  57, 
14;  129,  5  ;  mais  :  todd)usgat  G.  7",  10  il.  dodiusgat1  ;  —  tàdiusgadar 
impér.    W.  33,  1  ;  cp.  tàdiuschud  tàdiusgud. 

Le  verbe  dob/ur  donner  a  la  particularité  que  la  forme  accentuée  de 
la  préposition  n'est  to-  que  par  exception  ;  la  forme  régulière  est  ta-. 
D'où  vient  cet  a  qui  ne  s'explique  pas  par  l'influence  de  la  syllabe  sui- 
vante comme  dans  -tàrta  de  -tàrata  ;  est-ce  le  reste  d'une  seconde  pré- 
position ? 

dob)ur\Y.  90,  12;  G.  163%  3;  dobèir\s.  27,  6;  W2.  196,  4;  G. 
3b,  $  ;  dobèr  W.  92,  $  ;  dobèram  W.  84,  15;  1 56,  11;  dobèrid  W.  147, 
14;  dobtra?  W.  9,  14;  dob  èrat  G.  4$b,  9;  dobèrad  W.  115,  11;  M. 
35e,  26;  cia-dobtrthe  W.  103,  1 3  ;  dobèr/  M.  2  3b,  10;  ^e'er  W.  78,  6; 
do-m-béra  W '.  156,  10;  dobérat  W.  39,  11;  do-srh-bérthe  W .  124,  15; 
dobèrar  G.  4$b,  9;  do/wr  W.  16,  23  ;  ^0/?  <;r  r  G.  2  ib,  5  ;  dobtrtar  W. 
65,  i$*;  dobèrthar  W .  81,  26;  dobèrthe  W.  65,  13;  dobértharV^'.  65, 
15;  105,  3;  —  ni-tàibre  W.  176,  21;  mani-thobreai  \Y.  24,  16;  ara- 
/o^rr  W.  80,  22;  mais:  ni  f/ïà/W  G.  179%  4;  ni-tàbur  G.  i9b,  2; 
ni-s-tàbor  G.  204b,  5;  ni-tàbir  W.  92,  5  ;  105,  8;  ni-tàbair  G.  2 i4a,  $  ; 


1 .  Le  premier  scribe  aura  voulu  corriger  f  en  a",  et  le  copiste  aura  intercalé  ce  a"  à  la 
mauvaise  place;  to-d-diusgat  est  une  forme  impossible  dans  G. 

2.  Le  r  dans  :  indfa  ssinc  rochet  fa//,  tobèrtar  desmreta...  M.  2  jb,  6  est  peut-être  dû  à 
l'influence  du  /  précédent,  cp.  accaldam  et  acaltam,  mtldach  et  melltach,  si  ce  n'est  pas 
une  simple  faute  d'écriture. 

}.  M.  Zimmer  veut  lire  -chobrta. 


148  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

ni-tàbair  M.  2ib,  2;  ni-tàibrem  W.  102,  18;  ni-tàibre\\.  176,  22  et  24; 
fora-tàibre  W .  176,  22;  arin-tàibrid  W.  45,  2;  /àbi?z'r  (impér.)  M.  27e, 
12;  tàibredW.  54»  I0>  '67,  6;tàibrit!i  W.  37,6;  ni-tàibrid  W .  39, 
1 1  ;  mani  tàibred  M .  35e,  26 ;  ni-tàbarr  M.  30%  9;  fua-tàbarr  M.  3  $b, 
16;  dia-tàbarr  W.  1 10,  2  ;  ni-ùbérthar  W.  116,  7  ;  cp.  tafrtf/7,  tabairt. 

to-durg-  ^exciter,  séduire)  :  dodûrgimm  G.  54»,  3  ;  dodârget  G.  68b,  9; 
co-dudùrset  M.  3311,  14;  • —  cp.  tùdrach,  tùdrachtaid.  On  trouve  une 
forme  irrégulière  todûrgim  G.  24%  2,  et  même  totûrgimm  G.  6ob,  10, 
que  je  ne  m'explique  pas. 


TO-FO-. 

v4.  —  /o-fo  devient  dofo-,  dofà-. 

B.  —  tà-fo-  se  contracte  en  tô-. 

to-fo-rind-  .désigner)  :  dofàirndea  M.  2d,  2;  dofàirnde  G.  66b,  10; 
dofàirride  G.  9a,  12;  $9b,  1;  dofàirnde  dojbirde  G.  203b,  4;  am(fl/j 
n-do-n-d-foirde  G.  26b,  12;  dojôirhdet  G.  7113,  6;  202%  5;  dofôirh- 
det  G.  26b,  16;  202a,  5  ;  dojoirdet  G.  203b,  11  ;  —  ndd-tôirndet  G. 
2$b,  12;  cp.  tôrand,  tarant.  Dans  beos  tofôirndet  G.  72,  5,  le  /s'explique 
par  les  précédent;  cp.  cistae,  ciclasta  ^Gramm.  Celt. ,  p.  791)  ;  torbran- 
som  M.  29b,  8  est  une  faute  pour  dorôran-som  ',  ou  bien  il  a  subi  l'in- 
fluence du  substantif  tôrand;  sur  dineuch  thôrhther  G.  $9b,  18  voir 
plus  bas. 

to-fo-bi-  (inciser,  entamer)  :  dofàibnimm  G.  12%  1  ;  22a,  10;  co-dufù- 
bath  M.  35e,  1  ;  co-dufobither  M.  23,  10  ;  —  cp.  tôbe. 

to-fo-org-  i  battre  le  bléi  :  dofùaircc  W.  64,  9;  dofùaircitis  G.  i84b, 
8;  duf mardis  il.  dufàairctis)  M.  33*,  6;  —  cp.  tùarcun. 

to-fo-od-salc-  ^résoudre)  :  dufùasailceM.  29b,  10;  dofûasailcet  G.  27a, 
2  ;  dofùasalcat  G.  19%  1  ;  dofàasailgtlier  G.  71%  19  ;  —  cp.  tàasulcud. 

to-fo-ess-sal-  1  glisser)  :  dofùislim  G.  146'',  1  ;  dufùisledar  M.  30e,  10; 
—  ho-tùislider  [ho-an-i  M.  2d,  6;  nicon-tùslifea  M.  27b,   18;  cp.  tàisel. 

to-fo-ess-sem-  1  engendrer  :  dojùismim  G.  i82b,  1  ;  ni  dofùisim  [ni  «  ce 
qui  »)  G.  6ia,  2;  64%  14;  an-dofùismet  G.  69b,  9;  dofùisemar  G.  6ia, 
2;  dofùisémthar  W.  23,  7;  —  cp.  fûwrta. 

to-fo-ët-  (tomber)  :  du/ù/f  Carm.  S.  Pauli  (Windisch  Ir.    T.,  p.  316, 

1.  Remarquez  que  la  «  prima  manus  »  de  W.  (Gloss.  Hib.,XUl)  écrit  toujours  tu-to- 
pour  do-  prétonique  :  tûèrcômlasat,  to-n-càmrit;  de  même  :  ni-tam  toirsech  pour  ni-dam. 
Il  ne  faut  donc  pas  trop  s'y  fier  que  ses  gloses  sont  «  magis  sonui  vivae  linguae  appli- 
catae.  »  (Ibid.,  XIV.)  [La  même  manière  d'écrire  se  trouve  dans  les  ms.  de  Cambrai  et 
de  Berne,  cp.  tuthègot,  tuèsmot;  togluâset  (Gloss.  Hib..  p.  216.  26})]. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  149 

14;  Zimmer,  Gl.  Hib.,  p.  267  ';  —  fora-tàit-som  \V.  26,  33;  otùitet 
gl.  concidentibus  G.  2o$G,  4;  ndd-tàiter  G.  71*,  1 3;  mais  con-dositis 
W.  30,  11. 

On  voit  par  ces  exemples  que  dûthracht  a  volonté  »  ne  peut  pas 
contenir  les  prépositions  to-fo-  qui  demanderaient  un  /  au  commence- 
ment, et  que  la  langue  s'est  trompée  en  formant  dofùthractar  \Y.  127, 
1 3  ;  dofùthris-se  W.  189,  1 3,  à  côté  de  dodùthractar  W.  159,  2  ;  dodù- 
f/im  W.  125,12;  d-a-dàthraccar,  dian-dùthraccar-sa  W.  92,  1  ;  nad  dù- 
!/in'^  W.  26,  1. 

TO-FOR-. 

/l.  —  to-for-  devient  dofôr-,  dojbr-. 

B.  —  tb-for-  se  contracte  en  tôr-.  tuar-. 

to-for-mag-  ajouter,  augmenter  :  dofôrmgat  G.  5  ?a ,  11;  dofôrmdgar 
G.  i88a.  14;  doformagar  G.  67",  12;  doformagar  G.  28b,  20;  $8%  1  ; 
dojbrmagddar  G.  28b,  18;  dofbirmsed  M.  55",  17;  —  mani-tôrmais  G. 
208,  2  et  3  ;  ni-tôrm.igar  G.  202%  2;  ceni-tbrmastar  M.  20a,  19;  d/a- 
tbrmastar  M.  2oa,  19;  cp.  tôrmach. 

to-for-gab-  proférer,  avancer  :  dofùrcabar  G.  43%  3;  dofùrgabtais  G. 
7b,  8;  dorùrgabtha  G.  6ia,  15  ;  —  con-da-tûargabusa  W.  162,  26;  m- 
t  ùr  gabar  G.  4b,  14;  ndd-tadrgabarW.  93,  8;  cp.  tùrgabthi,  t  ùr  cbdl. 
Dans  W.  la  deuxième  forme  s'est  généralisée:  tàargabW.  162,  26; 
tûargabad  W.  93,  8. 

TO-  devant  une  voyelle. 

4.  —  rô-  accentué  :  le  ?  reste  ti  après  co^z-  ,  Po  se  joint  à  la  voyelle 
suivante  ou  disparait  ;  fô-a/r-  devient  tair-,  to-ess-  :  tess-,  to-ind-:  tind-, 
tb-imm-  :  timm-,  etc. 

B.  —  to-  prétonique  :  la  syllabe  do-  se  maintient,  ou  bien  il  y  a  con- 
traction des  deux  voyelles,  et  alors  le  t.  placé  devant  la  voyelle  accen- 
tuée, ne  se  change  pas  en  d.  Ces  deux  formations  se  trouvent  dans  des 
conditions  tout  à  fait  identiques,  par  exemple  au  commencement  de  la 
phrase  ;  je  n'ai  pas  trouvé  de  règle  ;  cela  dépendait  probablement  du 
sentiment  rythmique  de  celui  qui  parlait  ou  écrivait. 

to-ad-bed-  montrer  :  tàidbdid  impér.  W.  97.8;  hi-tàdbadar  M.  32b, 
1 8  ;  cp.  tàibsiu;  mais  :  on-dârbastar  G.  2 1  ia,  10  ;  —  doàdbit  G.  1 5 ç>a ,  2  ; 
doàdbat  M.  19'*,  21  ;  G.  198',  24;  doàrbith  W.  122,  22;  doàdbadar  W. 
15,  17;  G.  207b,  9;  doàidbdetar  W.  164,    18;  duàidbdetar  M.   3015,   2; 

l .  On  lit  plus  souvent  dothuit,  v.  plus  haut. 


i  $o  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

dodrbasW.  19,  2;  99,  7;  mais  aussi  :  tàdbat  som  W.  26,   30;   161,   1  ; 
tàibsed  G.  6b,  25  ;  tàdbadar  G.  63%  9;  tàbadar  M.  24'1,  25 . 

to-ad-ro-icc-  (effectuer  W.;  apporter,  citer  M.  ■)  :  ni-tdirci  W.  164, 
18;  ni-tdircet  W.  181,  16;  ni-tàrcat\Y.  188,  9;  tdirced  (impér. ï  W. 
142,  3;  na-tdirged  W.  142,  3;  ni-tàircither  M.  17e*,  5;  cp.  tdirciud, 
tàrcud;  —  dodircci  W.  77,  4;  dodirci  W.  19,  2  ;  1 0 1 ,  12;  co-duàircem- 
ni  M.  3  5b,  3  ;  duàircibed  M.  29e,  1 1  ;  mais  aussi  :  tàirciW.  77,  $  ;  tdircet 
W.  15,  12. 

to-air-can-  (prophétiser)  :  nad-tàirchechnatarW.  27,  i4;cp.  tàirchital; 
—  doàurchanaimm  G.  6ob,  12;  doèrehain  M.  2ia,  7;  doàirchetW.  39, 
1 1  ;  duàircet  M.  24^  5  ;  doàrchet  W.  25,  27;  1  $8,  6;  doàrrchet  W.  28, 
21  ;  41,  9;  mais  aussi  :  tàirchechuin  W.  25,  24;  26,  29;  a-tàirchetW. 
100,  1 5  ;  tàirrchet  W.  41,  8;  42,  20;  tàrrchet  W.  162,  25. 

to-air-ber-  (amener,  mettre)  :  ni-m-thàrberar  W.  57,  12;  —  ^oà/r- 
kr/^r  W.  136,  22;  tairbertar  (impér.  ?)  W.  1$$,  17. 

to-aith-con-ang-  (arriver,  avenir)  :  cp.  teemang; —  doècmoisedW.  35, 
16;  mais  :  tècmaing  G.  30%  17  et  18;  G.  i$6a,  2;  ûcmaihg  G.  9%  11  ; 
29%  1  ;  21 2b,  3;  tècming  G.  i6ia,  1  ;  donaibhi  thècmongat  G.  2%  10; 
tèceomnocuir  W.  $9,  14. 

to-aith-con-nag-  ^répartir)  :  frisa-téicomnacht  W .  122,  29;  —  doé- 
comnacht  W.  95,  20;  mais  :  tècomnacht  W .  162,  2. 

to-aith-con-ell-  (accrocher,  mettre  de  côté)  :  tècmallid  (impér.)  W.  89, 
1  ;  cp.  tècmallad;  —  doècmalla,  ar-doècmalla  W.  57,  16. 

to-aith-men-  (faire  mention^  :  ni-tàithminedar  G.  1 3b,  4;  —  tàidmi- 
nedar-som  G.  22b,  10;  taidmenadarW.  $6,  11. 

/o-éJ-  (aller)  n'a  jamais  conservé  Vo  de  la  préposition;  cp.  teit  M.  24e1, 
30;  27e,  10;  têt  M.  21e,  3  ;  tête  G.  30^  12;  129%  1  ;  tete  M.  22b,  1  ; 
28e,  19;  hôre  dite  W.  71,  27  (1.  téte,  ou  de  hôre  n-téte?  cp.  i/îtam  d/ag- 
ma-ni  W.  14,  4). 

/o-£W-/5-  et  to-ess-bu-  (manquer)  :  mani-d-tèsarbi  W.  175,  10;  cp. 
tèsbuith;  —  doesta  M.  }jd,  20;  mais  :  testa  Beda  Cr.  18  1/2  d.  [Gloss. 
Mb.,  p.  233)2;  tèsarb&W.  114,  24;  tèsarbae  M.  34e,  16. 

to-etar-rath-  (Prenfermer)  :  otètarrat  som  (gl.  comprehensivum)  G.  29b, 
2;  otètarthet  G.  73»,  14;  —  duètarrat  M.  30e,  6;  doètarrid  W.  122,  22; 
ar-duètarrid  W '.  32,  32. 

1.  Peut-être  faut-il  distinguer  deux  verbes;  le  second  pourrait  être  to-air-icc-. 

1.  ishéd  di.  destaW.  162,  24  est  une  faute  pour  dodesta,  la  seule  forme  que  connaisse 
W.  ;  elle  se  trouve  dans  la  même  glose.  C'est  probablement  un  composé  triple  to-di-ess-ta, 
plutôt  que  do-d-esta  avec  un  pronom  infixe.  L'abréviation  ai.  ne  doit  pas  être  lue  *  dino 
(Zimmer,  1.  c,  LV)  qui  n'existe  pas,  mais  didiu  (Gr.  CV,  712).  Le  sens  de  cet  adverbe 
est  sensiblement  différent  de  celui  de  dana  dono,  du  moins  dans  les  textes  les  plus  anciens. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  151 

to-ind-sô-  traduire  :  nad-ùntae-siu  M.  j»,  1 5  ;  mani-ùntâith  W.  78, 
9,  nuni-ùntither  \V.  78,  8;  cp.  ùntu'.th;  —  ar-do)ntdm  G.  26b,  4;  ol- 
ma-du'mtae-siu  M.  3',  '?■ 

to-ind-scan-  commencer  :  hua-ùnscana  G.  1 5 7b,  3;  hua-ùnscanat  G. 
iÔ2b,  1  ;  cp.  inùnscana;  —  cc-doîscana  G.  6;>,  5;  doinscann-som  W. 
113,  14. 

to-ind-nag-  répartir  :  mani-findnised  W .  22,  52;  cp.  ùndnacol;  — 
doxndnaich  G.  27V2;  doindnagar  W.  110,  $;  doindnasatar  W '.  no, 
1 1  ;  do\nnasatar  M.  50e,  17;  mais  :  ùndnagtar  W.  101,  1 5. 

to-imm-org-  opprimer,  restreindre  :  ni-fimmorcar  G.  $a,  4;  cp. 
fimmorte;  —  doimmurc  G.  i8ib,  3. 

/o-j'ec-  venir  n'a  jamais  conservé  la  voyelle  de  la  préposition  ;  cp.  ar- 
fîc/w  W.  26,  27  ;r«m  tlsedW.  166,  22;  tdniccW.  184,  6;  tà/iia:  W. 
14,  20;  27,  6;  G.  66b,  17;  bvi<z/<:  M.  3$d,  1.  Quant  à  la  forme  accen- 
tuée sur  la  première  syllabe,  notons  o-dànicc  W.  17,  9,  à  côté  de  3-tà- 
mec  W.  177,  1  ;  o-tànic  W.  13,  13. 

to-ucc-  apporter,  citer  :  fuan-tùic  M.  35%  9;  ni  tùic  G.  209b,  29;  na 
tùic  impér.  W.  61,  27;  cid  dia-tùiced  W .  74,  27;  ni'-/ù<:  G.  iooa,  7; 
ni-tùcsam  W.  177,  7  ;  mais  :  con-dùcthar  G.  2oob,  1 3  ;  con-dàcad  G.  17% 
5  '  ;  —  hu-duuic  M.  }ob,  10;  dohùcthar  G.  2ioa,  4;  mais  :  ?ù/c  50m  M. 
30e,  5  ;  tùic-som  W.  131,  10  ;  rài'c  G.  209b,  29;  a-tùc-side  W.  147,  18  ; 
rikcad  W.  147,  18;  169,  ç)  ;  is  do  thùcad  G.  4$b,  19;  w/iïc  thùcad  G. 
41»,  7  ;  une  fois  du/c  M.  2$d,  18   1.  duàic?  . 

to-ucc-  comprendre,  savoir  :  ni-thùcci  W.  78,  8  ;  ni-thàcci  W.  79, 
14;  ar-ni-tùcci  W.  79,  11;  con-id-tùccid  W.  131,  4;  ni-thùcat  W.  100, 
1  $;  ar-ni-thùccat  W.  77.  2;  ni-thùcat-som  W.  47,  21;  ara-tùicce  W. 
174,  13;  con-did-tùcce  W.  181,  7;  ara-tùcca  W.  166,  16;  conitàcca 
■  con-id-tùcca  W.  77,  5;  ara-tùcid\\.  189,  6;  con-did-tùcmis-ni  W. 
128,  9;  con-did-tùctis  W.  131,  9;  ar-ni-tùcsid-si  W.  72,  3;  nad-tùicset 
\Y.  99,  1 3  ;  ni-tùcsat  W.  100,  14;  ar-ni-thùcfa  W.  81,  28;  ar-ni-tàcfa 
W.  78,  9;  ni-tùcthar  W.  78,  8;  m-tàcatarW.  78,  7;  ni-tùccfither  W. 
47,  17;  mais  :  con-dàcaid  W.  128,  17;  —  doù/c  M.  18e,  s;  mais  : 
/ù/cc/  W.  77,  4;  81 ,  26;  /àc/a  W.  79,  1 5  ;  100,  16. 

Nous  voyons  par  ces  exemples  que  le  verbe  astbasci  il  exprime  G. 
i89b,  2;  astàascther  G.  1 48**,  7  doit  avoir  perdu  une  consonne  après 
/o-;  c'est  un  dérivé  de  faiscim  presser  ,  cp.  ès/osc  pressurage  M. 
24d,  9. 


1.  Doit-on  séparer  dùw  in-duccatar  ou  ind-uccatar  W.  54.  10: 


i$2  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 


REMI-,  TREMI-,  CETA-,  SECHMO-. 

remi-,  tremi-  est  la  forme  des  prépositions  prétoniques  ;  sous  l'accent 
elles  deviennent  monosyllabiques  :  rem-,  trem-. 

remièpur  G.  222a,  i  ;  remiaèrburt  M.  23e,  24;  remi&rbart-  (1.  remiaèr- 
burt)  M.  33%  1  ;  remiérbart  W.  33,2;  reméèrbart  M.  i$b,  3;  mn/téc  (I. 
-iéf)  G.  i7b,  10;  remi-td-tét  G.  1 97b,  5  ;  co-remièrgnaitis  M.  i9b,  8;  c/d 
remi-n-ètarenaigedar  M.  18e,  12;  ar-remiroid  M.  31e,  9;  co-remifbil  M. 
23%  8;  remièsesed  M.  33%  20;  remitàat  W.  1 54,  12;  remiriérehoil  [1.  re- 
mirérchoil)  W.  22,  29  ;  cid-reminôta  M.  18e,  12;  remisùidigddis  G.  28% 
9;  —  ni  rèmdechutar  W .  29,  6;  diand-rèmthiasat  W.  29,  6;  cp.  rèm- 
eperthae1,  rèmfoiti,  rèmsuidigthe,  rèmsuidigud,  rèmthechtas. 

tremibèrarW.  47,  17;  tnmibèrar  M.  21e,  3;  trimibèrar  M.  3ib,  22; 
tremitiagat  W '.  156,8;  trimirùcad  M.  2b,  17;  trimirbtlwrndius-sa  W. 
51,6;  —  m  trèmfeidliget  M.  2id,  4;  rai  irèmfeidligfei  M.  2id,  5;  <#d- 
trèmdirgedar  G.  190%  $  ;  cp.  trèmfeidligud. 

cela-,  cita-  est  la  forme  prétonique,  c&-  la  forme  accentuée  :  citabiat 
G.  3a,  1  ;  M.  22d,  7;  cetablinn  W.  76,  11;  cita-m-bètis  M.  29e,  13;  — 
co-t-chétbanam  W '.  102,  8;  cp.  dia-cocéitbani  W.  6,  1  ;  /tfse  cocéitbani 
W.  5,  1  ;  cétbuid  [V .  Zimmer,  Ke/f.  S/ud.,  p.  112  ss.,  et  cp.  Stokes, 
£te/fr.  zur  Kunde  dfr  verg/.  Sprachforschung,  III,  76). 

Le  préfixe  ce/u-,  c/a/u-,  «ta-,  «fa-  ien  premier  lieu  1  ne  se  change  pas 
sous  l'accent  :  ceturùpridach  W.  161,  7;  cetarùchreti  W.  43,  $;  aa/u- 
rùchreitset  W.  91,  15;  cetathùidchetar  W.  1 30,  20;  —  adcitaacae  Cod. 
Taur.  60  (G/oss.  #/b.,  p.  202). 

sechmo*  et  sèchm-  alternent  dans  le  verbe  sechmo-ell-  (passer  outre, 
manquer  de)  :  sechmoèlla  G.  1 9Ôb,  2  (bisj  ;  —  nad  sèchmalla  M.  3  $d,  1 3  ;  n/ 
con-sèchmallad  M.  33e,  21  ;  ni-sèchmalfam-ni  M.  2$a,  3  ;  ni-sèchmalfaider 
M.  I4d,  3. 

IMM-,  IMME-. 

Quelle  est  la  différence  entre  ûiwn-  et  imme-?  La  forme  accentuée  est 
toujours  wim-,  mais  devant  l'accent  /mm-  et  imra«-  alternent;  voici  les 
exemples  :  «m  immolhgai  G.  199%  5  ;  dian-)mmolngaithœr  G.  3,  2,  îm- 
dihnem  impér.  \Y.  100,  2  ;  ni  ïmdibthe,  nâd  imdibthe  W.  7,  25  ;  wnca/fc 
(impér.)  W.   173,  7;  imgabaidW.  57,   18;  na  imchomarcad  W.    171, 

1.  La  forme  remieperthe,  citée  Gramm.  Celt.'2,  881 p,  n'existe  pas. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  155 

1 1  ;  ni-imbresnat  W.  178,  1  ;  ni  imthesid  W.  13$,  15;  na-lmroimser  W. 
126,  1  ;  arna-imromastar  W.  67,  1;  ïmdilgid    impér.l  W.  16$,  1 3  ;  ni 
)mirch6i\V.  42,  29;  do-b-imchomartt  W .    15,   17;  air-d-an-ïmmart  M. 
i4b,  14;  in-imfogni  M.  27e,   10;  —  imfblngiW.  27,  10;  57,  18;  ma 
imfnlngiW.  63,    13;  imfblngai  G.  209b,    12;  imfbrling  W.    30,    15; 
108,  2;  imfôrlinged  W.  104,  21  ;  imdlbenar  G.  !43b,  4;  immimgabaim 
G.  $ob,  8;  imlmgaib  M.  22e,  11;  imehomehomarcam  \\.  imchbmarcam)  M. 
i8\  1;  ma-imràimsidW2.  195,  6;  ce-imrbimsimmis  W.  $$,3;  ar-/m- 
rùmadir  W.  86,  24;  imràdim  G.  1 5  5 b ,  3;  imrM  W.  1 10,  7;  /wmM/  M 
3$d,  22;  imrâdatW.  6,   15;  imfrèsnatW.  187,   16;  imtiagam  W.   37 
12;  immàircet  M .  i7b,  20;  imlùadi  M.  33d,    16;  imlùadad  M.  33b,  25 
imtimcélfam-ni  M.  24%  7;  immrèra  G.  62b.  7;  imtrénigim  G.    i46b,  4 
mais  aussi  :  immefblngi  M.  34'',  27;  immefolngai  G.    i$7b,  8;  199%  2 
immefolhget  W.  73,  14;  immefblngatW '.  34,  4;  immefblngat  G.  3%  11 
immefolnga  M.  27e,  20;  immefbrling  W.  100,  1  ;  immefolngither  M.  23e, 
$  ;  immerùidbed  W.  119,  3;  immechbmairc  M.  27d,   4;  immechbmairsed 
M.  2ob,  18;  immechbmarcar  G.   27%   2;  1 97b,   10;  immechbmarcatar  G. 
138",  4;  immeràdi  M.  3  3d,  2;  immeràda  W.    140,    18;  immeradin  W. 
94,  17;  immerbraid  G.  1 97b,  1  $  ;  immeràither  W.  94,  17;  immeàiric  M. 
35%  7;  immeàrnaic  M.  24e1,  5  ;  immechàr etar  W,  27,  15;  immœsàitar  M. 
27d,  13. 

L'alternation  entre  /mm-  et  z'mme-  ne  peut  donc  pas  être  l'effet  de 
l'accent.  Un  examen  détaillé  de  tous  les  passages  où  la  forme  /mme-  est 
employée  m'a  montré  qu'elle  ne  se  trouve  que  dans  les  propositions  re- 
latives.  Je  suppose  donc  que  l'e  de  /rame  cache  un  élément  pronominal, 
tenant  lieu  du  pronom  relatif,  cp.  immafblngi  W.  107,  9;  immafolhget 
W.  154,  9;  immafblnget  W.  163,  11;  immofbrlingW.  64,  1;  imma- 
rddatW.  172,  8;  immalmgaib  G.  $9a,  13;  immafresnat  M.  20d,  6;  /m- 
mabèra  W.  81,  26,  et  pour  la  voyelle  e  cp.  imm-en-ïmgabam  M.  3$d,  1  ; 
imm-en-àiri  M.  27b,  12,  à  côté  de  imm-an-imcab  W.  184,  14;  imm-an- 
àccai  M.  i7b,  6  où  nous  avons  clairement  le  pronom  relatif  (f)i/i.  Tou- 
tefois la  forme  /mme-  n'est  pas  obligatoire  dans  les  propositions  relatives, 
cp.  as-mug,  imrddi  W.  1 10,  7. 

FRITH-,    FRISS-. 

La  relation  entre  friss-  et  jrith-  n'est  pas  la  même  que  celle  entre  aith- 
et  ad-,  air-  et  ar-,  «5-  et  ass-,  to-  et  A»-,  etc.,  c'est-à-dire  que  ce  ne 
sont  pas  deux  formes  de  la  même  préposition.  Friss  est  un  adverbe  com- 
posé de  la  préposition  frith-  et  d'un  pronom,  tandis  que  jrith-  est  une 


154  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

simple  préposition  ;  friss  est  donc  opposé  kfrith  comme  l'adverbe  riam  et 
le  préfixe  remi-  à  la  préposition  ré  n  ,  comme  iarum  et  iarm-  dans  do- 
d-iarmorat,  etc.  i  à  iarn\  comme  imme-  à  imm-.  Mais  friss-  n'a  pas  la 
fonction  syntaxique  de  imme-.  Tout  ce  qu'on  en  peut  dire,  c'est  qu'on 
ne  trouve  jamais  la  forme  jrith-  dans  une  syllabe  prétonique,  sinon  de- 
vant les  pronoms  infixes  -dom-,  -da-;  friss-  est  la  forme  prétonique  par 
préférence,  mais  elle  se  trouve  aussi  dans  la  syllabe  accentuée,  cp.  na- 
fridoirced  W.  91,  14;  ni-fnttâit  \Y.  185,  1  ;  coni-fnthtaised  M.  34a,  8; 
coni-fnthsuidiged  ;  nad-frhhta: gat  M.  17e,  $  ;  cp.  fnthorcon,  frhobairt, 
frècre,  frituidecht,  etc.,  mais  cp.  aussi  :  frèsesiu,  ni  rùrescesset  M.  34e, 
11;  ni  rùfrescachtar  M.  26b,  25;  ni  rùfrescechtar  M.  34e1,  17  ;  frèsnga- 
bal,  etc.;  — frisbreat  M.  1  $a,  8;  frissorcar  W.  40,  21  ;  frisorthe  W. 
63,  12;  fristàitW.  90.  9;  M.  23e,  11  ;  ni-fristàit  [ni  «  ce  qui  »'  W. 
81,  i\\frestai  M.  3id,  6;  ma-frisàiccid  W.  157,  1  ;  friscomnrt-sa  W3. 
194,  10;  friscàmartatar  W '.  30,  11  ;  frisrodûnsat  M.  22%  2;  frisdùntar 
M.  14e,  ijifrisûnfet,  frisbrùbdi  M.  28b,  8;  /Wsgm  W.  164,  23;  /r/s- 
grtkf  G.  3  3a,  25;  fristùichetar  M.  21e,  2;  fristàirissed  M.  3  3b,  28;/ns- 
^/r  G.  1 9 3b,  6;  frisàig^W  13,  8;frisbiur  G.  2  2b,  6;  frisebirter  M. 
2id,  3;  —  fris-n-àrr  M.  i$a,  10;  a-fris-n-birc  M.  28%  20;  fris-m-bèrat 
M.  14e,  21  \  fris-ta-cùirther  G.  2ib,  4;  mais  :  fritamm- ior-sa  M.  }2d,  27; 
fritamm-iurat  M.  33%  \\fritum-chbmart-sa\X2.  194,  10;  fritum-thïagar 
G.  183%  yJrita-tàibretG.  1 83b,  3. 

La  langue  tend  évidemment  à  distinguer  une  forme  prétonique,  mais 
non  sans  hésitation. 

RO-. 

1.  —  ro-  devant  une  voyelle. 

Il  n'y  a  pas  de  règles  strictement  observées  ;  les  exceptions  sont  fré- 
quentes. 

ro-  prétonique  se  maintient  en  général,  cp.  rodsaiset  M.  2a,  6;  roàd- 
bartaigset  M.  26b,  20;  roèrpad  W.  66,  17  ;  185,  3  ;  roèrbad  W.  6$,  13  ; 
1  $6,  10;  roàirptha  XV .  49,  5;  roètarcnaigestar  M.  32b,  5;  roèrbirigsem 
M.  3  5a,  5  ;  ro\rladigsetar  XX.  45,  27  ;  roWifiter  M.  15e,  18;  rôbirdned 
M.  i4a,  3;  roùiccius  XV.  53,  3;  roù/c  W.  164,  15;  ruùcthar  M.  3$b, 
10;  mais  cp.  gu/a  rohnead  airechas  innarômœ  co  constantinopoil,  rucad 
da.  aainmm  G.  i74a;  airimmou  ruicim  les  M.  22e,  14;  ne/c/i  roiccu  aless 
W.  143,  2$  ;  iwc/i  réii  ro/zf  a/m  W.  126,  6  ;  mais  :  ani  rien  aless  W . 
189,  8;  sechihed  rii  aless  W.  43,  2;  /jê/c/j  rm'd  aless  XX.  146,  5;  en 
dehors'des  trois  exemples  nommés,  le  verbe  rien  a  toujours  perdu  Vo  de 
ro-  prétonique. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  1 5  5 

rb-  accentué  est  conservé  en  général  après  les  particules  con-,  ni-, 
na-  :  cor-rbaitrebea  W.  37,  14  ;  o-rbintsamlithe  W.  1 10,  7  ;  con-rbadam- 
rigther  W.  80,  22;  o-rbissinn  W.  162,  29;  ni-rùanus  W.  97,  12;  nt- 
rbimdibed  W.  119,  5;  144,  3;  w  rd[z'js  G.  229a,b;  cona-rùaigsetar  M. 
3  50,  4  ;  mais  :  o-rictar  W.  32,  25  ;  arna-nmfolhgar  W.  63,  13. 

L'o  tombe  après  d'autres  particules  :  ndd-ràirigsiur  W.  17,  9;  fldd- 
nk  W.  97,  1 3  ;  flid  narjact  W.  8,  1  1  ;  nad-rùcsat  M.  23'',  $  ;  dûs  *7z- 
rlctarW.  59,  1 3;  ho-rèsarta  M.  34'',  13. 

rô-  après  une  autre  préposition  ou  après  un  pronom  infixe  perd  le 
plus  souvent  son  0  :  inràrpatar  M.  23*,  8;  doràirngert  W.  95,  20; 
dorètarracht  M.  33e,  20;  asnngaib  M.  32'1,  8;  doriltiset  som  W.  32,  30; 
—  do-r-rèractid  W.  117,  6;  nach-imnndarpai-se  W.  28,  1  ;  ni-n-rùc  W. 
129,  3;  do-d-nmthiridW.  192,  1.  Le  verbe  ad-ro-ill-  conserve  l'o  quand 
il  est  accentué;  0  postonique  a  disparu  :  atroillisset,  ass-id-rbilliset,  mais 
ni  àrilset  (v.  plus  haut1.  Dans  le  parfait  du  verbe  air-em-  recevoir)  le  0 
de  ro-  forme  avec  la  voyelle  du  thème  [?]  la  diphtongue  oe,  oi,  qui  reste 
toujours,  accentuée  ou  posttonique  :  artôet  G.  154%  1  ;  arrôit  W.  192, 
16;  arroét  M.  17e,  7;  ma-arroéit  W.  175,  10;  arrôiitid  W .  83,  1  ;  ar-a- 
roe'f  M.  2$(1,  10;  ar-a-rôit,  ar-a-rôitmar  W '.  55,  3;  —  hon-àrroet  M. 
2$d,  ii;  ni-sn-àrroétmar-ni  G.  16%  8.  Citons  encore  inroimdibed  W . 
11,  11    1.  imroimdibed?). 

2.  —  ro/ô-  se  maintient,  rô/o-  devient  rô-  : 

rojôided  W.  138,  22  ;  ar-rufbitea  W.  $8,  1  ;  —  m  rô/7&z  W.  27,  15; 
ni-f6iret\Y.  169,  4;  —  corz-roïrd  W.  175,  16;  ràerthar  (impér.)  W. 
117,  13. 

3.  Après  rô- accentué  ou  posttonique)  placé  devant  un  parfait  re- 
doublé, la  consonne  du  redoublement  tombe  et  la  voyelle  e  forme  avec 
l'o  du  préfixe  la  diphthongue  oi  :  dorôigu,  dorbigaid,  dorbigatar,  v.  plus 
haut  (cp.  le  fut.  dogèga)  ;  forrbichan-sa  M.  17e1,  1  ;  jor-tan-rbichanni  M. 
22e,  3  cp.  tàirchechuin)  ]  ar-ob-rôinasc  W.  112,  2  cp.  ronènaisc)\  fo- 
rbichlaid  M.  24e,  18  1  cp.  rocèchladatar) ;  inrbigrainn  M.  26d,  3  ;  ata-rbi- 
grainn  M.  3011,  2;  inrbgrainn  M.  261',  24  [L  -rbigrainn  ;  as-a-tbrôimed 
W.  68,  4  cp.  memaid'.  Il  y  a  une  exception  :  adrbgegon-sa  igl.  repugi 
G.  i8ia,  7.  Si  la  forme  adrbigegrannatar  M.  2$b,  11  n'est  pas  une 
faute,  elle  présente  un  mélange  des  deux  formations. 

FO-  devant  une  voyelle. 

/o-  prétonique  s'est  conservé  dans  :  foàlgim  G.  1 46b,  14;  foéitsider  M. 
34d,  4;  foïndarlid  W.  1 3,  20. 
^ô-d.  =/a.  :  arna-fàcabtis  W.  188,  12. 


i  56  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

fô-e.  =foi.  :  ni-fôiret  W.  169,  4;  a-confbirem-ni  W.  48,  13. 

arfôim  G.  51%  4;  20 ib,  17;  ar-a-fôim  W '.  87,  38;  ar-a-fbima  M. 
17e,  3;  ar-a-fôimtisM.  28e,  iS;  ar-o m- Jbimfea  W.  18$,  18;  mais  aussi  : 
co-arfemat  M.   i  jd,  4 ;  ci-arfèmtha-so  W.  51,  7:  arfèmtharW.  173,4. 

ni  fbindarpaide  M.  26%  1. 

Citons  encore  deux  verbes  pour  illustrer  la  loi  et  l'effet  de  l'accent  : 
m.  Sg.  du  parfait  de  biu  :  robôi  W.  n,  14;  G.  7$b,  2;  M.  18*, 
8;  rubàiW2.  197,  10;  ro-m-bôi\\.  10,  10;  M.  i9d,  17;  ra-m-bôiW2. 
194,  3  ;  M.  3  ia,  3  ;  ra-m-bâi  W.  11,  13;  ol-m-bôi  W.  $  5,  3  ;  ro-d-bbi 
W.  109,  1;  ce-ru-d-bôi  \X.  22,  32;  cia-ru-d-bôi  M.  2%  3;  ro-n-d-bbi- 
som  M.  2id,  4;  ma-ru-s-bôi  W.  175,  10;  ru-sm-bôi  W2.  194,  9;  — 
ni-rùbai  G.  7b,  3  ;  ni-rùbai  M.  2od,  4;  hi-rbbae  M.  24%  17;  /wd  rôfrde 
M.  1  jd,  9;  dia-rbbae  G.  197-',  6;  /-rote  W.  19,  3;  ni-rbbe  W.  119, 
2 ;  ar-ni-robe  Wa.  197,  13;  ndd-rbbe  W.  97,  12;  dia-rbbe  G.  1 97b, 
12;  m'-rùb/  W.  71,  1 1  ;  G.  2ib,  1 3  ;  m  rcitae  M.  28d,  3  ;  ni-s-ràbs  W2. 
194,  2. 

■ro-/â-et  to-ro-lâ-  mettre,  poser,  se  placer  :  ro/&i  G.  7$%  4;  ro/iad 
W.  88,  46;  G.  i$3b,  6;  ro/às/d  W.  103,  12;  —  o-ràl  W.  42,  24; 
arna-ràla  \Y.  69,  25;  du-s-ràle  M.  23e,  16;  cani-ràlsid  W.  98,  1  ;  m- 
rblsatU.  i6d,  2;  donî/dd  W.  88,  46;  M.  i4b,  12;  —  o-did-îàrla  W. 

A  présent  que  nous  connaissons  les  formes  régulières  des  verbes  com- 
posés, parlons  des  exceptions. 

W.  1 36,  22,  on  lit  :  ...  combi  iarum  coscitir  indfir  et  doairbertar  foréir 
dé  ;  le  verbe  coscitir  devrait  accentuer  le  second  élément,  comme  doair- 
bertar; on  attendrait  donc  *  consechitir,  cp.  indi  osèchatW.  36,  3  ;  oskhtar 
W.  136,  i.  Peut-être  n'avons-nous  pas  ici  le  verbe  primitif,  mais  un 
dérivé  de  cosc,  ce  qui  expliquerait  l'invariabilité  de  l'accent.  Sinon,  c'est 
la  seule  exception  réelle  à  la  loi  [v.  la  note  2,  p.  157]. 

W.  90,  11  :  deducite  autem  illum  in  pace  À.  dofoidid  illei  resiu  rissa. 
L'impératif  accentue  la  première  syllabe;  dofoidid  semble  donc  une  faute 
pour  *tôidid;  mais  elle  n'est  qu'apparente.  La  glose  devant  contenir 
l'équivalent  du  latin  0  illum  »,  nous  analyserons  do-n-fbidid,  et  l'accent 
vient  toujours  après  le  pronom  infixe. 

Nous  devons  parler  à  part  de  deux  passages  ;  ce  sont  :  ciperuth  tra  olse 
irmith  «  de  quelque  manière,  dit-il,  que  vous  jugiez  »  W.  80,  19,  et 
islân  dineuch  thôrhther  tresinnaimmnigudsin  «  il  est  plein  de  ce  qui  est  dé- 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  157 

signé  par  cette  désignation  »  G.  $9b,  18.  Irmith[  et  thôrnther  ont  l'ac- 
cent sur  la  première  syllabe  ;  dans  les  deux  cas  le  verbe  est  placé  au 
commencement  d'une  proposition  relative  sans  intervention  d'un  pronom 
relatif,  et  il  se  rapporte  au  dernier  mot  de  la  proposition  principale. 
Comme  nous  trouvons  le  même  usage  en  moyen  irlandais  i,cp.  «  cia,  a 
gillai,  »  ol  Cond  jria  mac,  «  àcailli?  »  'Windisch,  Ir.  Gramm.,  p.  1 19),  il 
n'est  pas  permis  d'y  voir  une  faute.  Nous  ajouterons  donc  à  notre  loi  m 
une  exception  4  :  un  verbe  qui  introduit  une  proposition  relative  sans  inter- 
vention d'un  pronom  relatif  peut  accentuer  le  premier  élément.  Je  dis  «  peut  », 
car  ce  n'est  pas  une  règle  obligatoire;  au  contraire,  l'accentuation  du 
second  élément  est  plus  fréquente,  cp.  p.  ex.  do  neuch  dofôirnde  G.  72", 
1 .  —  Nous  pouvons  peut-être  citer  comme  autres  exemples  de  notre 
exception  donaibhi  thècmohgat  G.  2%  10;  is  do  thùcad  G.  4$b,  19;  infae 
thùcad  G.  41%  7,  où  la  forme  de  la  préposition  ne  permet  pas  de  décider 
si  celle-ci  était  accentuée  ou  atone2. 

Nous  voici  à  la  fin  de  notre  tâche.  Il  resterait,  il  est  vrai,  mainte  re- 
marque à  faire,  maint  détail  à  examiner.  Nous  n'avons  cité  que  les 
exemples  les  plus  simples  et  les  plus  clairs.  Mais  comme  tous  les  autres 
s'expliquent  facilement  d'après  le  même  principe,  on  nous  saura  gré  de 
ne  pas  être  plus  long.  Nous  nous  sommes  borné  aux  trois  textes  les  plus 
étendus  de  l'ancienne  langue,  car  c'est  seulement  par  la  comparaison 
d'un  grand  nombre  de  mots  que  l'on  peut  distinguer  ce  qui  est  une  faute 
de  ce  qui  est  une  propriété  du  scribe. 

Ces  lois  que  nous  avons  constatées  dans  les  gloses  les  plus  anciennes 
ont-elles  été  en  vigueur  partout  et  toujours?  —  Oui,  en  général.  Je  citerai 
comme  preuve  les  formes  des  verbes  composés  dans  le  «  Book  of  Ar- 
magh  »  Stokes  Goid.2,  p.  84-88  :  1.  con-rici,  atrôpert;  2.  conggàbi, 
jâcab  ianc.  irl.  'fodcab);  3.  duécastar,  dubbèr  ^qui  ne  peut  pas  être  un 
impératif  «  put  »,  mais  qui  est  la  m.sg.  du  passif  pour  dubberr  «isput»); 
4.  adôpart;  5.  immrdni,  immrànsat;  6.  dirrôggel,  ùnoil,  digèni  [h  pre- 

1.  Pour  irmidith,  cp.  ar-ni-irmadadar  W.  170.  20;  ni-irmadatar  W.  29,  7;  con-ir- 
missid  W.  167,  6. 

2.  Le  «  coscitir  »  dont  nous  venons  de  parler  un  peu  plus  haut,  et  qui,  lui  aussi,  se 
trouve  au  commencement  d'une  proposition  subordonnée,  se  rapporterait-il  à  la  même 
loi?  Il  faudrait  alors  changer  dans  notre  règle  «  relative  »  en  «  subordonnée  »  et  ajouter 
après  «  d'un  pronom  relatif  »  :  k  ou  d'une  conjonction  »  [Cette  règle  est  confirmée  par 
les  exemples  suivants:  am.  bid  nech  tochorad  M.  44*,  19;  india  forgeni  M.  44c,  9;  is 
mou  cech  èrchoat  domsa  M.  47e,  4]. 

3.  Ce  texte  aime  à  redoubler  les  consonnes  b,  g,  l.  1  prétoniques,  ce  qui  montre  que 
les  deux  premières  n'étaient  pas  aspirées  dans  cette  position.  On  trouve  rarement  le  même 
usage  dans  les  gloses  :  robbôi  G.  178°,  4;  dollèicet  W.  84,  13  :  rcllâmar  G.  171'',  1  ; 
rollàad  M.  29c,  1. 


158  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

mière  syllabe  ne  contient  pas  la  forme  di-;  le  i  est  le  même  que  dans 
do-r-igeni  ;  8.  dutét,  dullùid,  con-congab,  fàcab.  con-congab,  fàcib,  du- 
llùid,  dullbtar,  fu-s-bcart,  rdnic,  ara-tàilced,  adcôteda;  9.  duilbtar,  attda, 
con-tùltatar ;  10.  adbpuir,  cor-rici,  dubbèir  d-a-bèir-side,  congàib;  11.  du- 
llùid, conrdncatar,  du[n~\-na-rrùcth£,  frisgàrt,  duchooid,  imm-in-d-rditset, 
conàcatar,  asbèrt,  tair  impér.  ,  fu-m-ré-se,  furrdith,  dubbèrt,  citarùoirtned 
ou  cita  rubirtned?  ,  dubbèrt,  fàcab  ;  12.  congàb,  con-tbrchartar  ;  13.  du- 
llùid, asbèrt,  atà,  i-fùirsitis,  furrùimtis,  hi-fùirsitis,  furrùimtis,  asbèrt, 
na-n-d-ngad,  con-tised,  nuggàbad,  dullùid,  durlnd,  cu-t-sècar,  forrùim, 
adopart,  dubèrt,  adrànact;  14.  dufôid,  du-t-fidedar,  it-é  immelbtar,  con- 
èpert,  tùcad,  à  rufïtir;  1 5 .  dubbèrt,  adopart,  fàccab,  con-tùbart. 

Dans  les  textes  plus  modernes  nous  trouvons  encore  les  mêmes  règles. 
Il  y  a  cependant  une  exception  à  noter  :  la  particule  verbale  ro-  n'est 
pas  toujours  traitée  comme  les  autres  prépositions;  elle  reste  souvent 
atone,  et  Vo  peut  tomber  là  où  il  porterait  l'accent  dans  l'ancienne 
langue.  Voici  les  formes  du  «  Fotha  Catha  Cnucha  b  dans  le  Leabhar  na 
h-Uidhri   Windisch  Ir.  Gramm..  pp.  1 21-123    : 

1.  ar-rofitir,  dobèir,  rothbg;  2.  rochùmtaiged,  rocbmled,  nobèth,  dian- 
èbrad,  mar-nogàbad,  tùc,  atà,  robôi,  tùcad,  roàdnacht,  dian-èbrad,  rocùin- 
nig;  3.  tank,  rodcaib,  robôi,  roàs,  com-bïtis,  dobrèth,  ar-rofitir,  nobiad, 
tk,  ar-ni-thùcad ;  4.  tic,  asbèrt,  na  tibred,  iscachni  dobérad,  atbèrthe;  5.  fmo- 
laid,  dobèrar,  dofùit,  co-rmi!l,  ro-d-ld,  asbèrt,  dia-rgât,  6  rogét,  con-rate, 
robôi,  robdtar ;  6.  ar-rodiûlt,  ni-rleic,  asbèrt,  ni-rlam,  robbi,  dogènad, 
asbèrt,  eirg  impér.  ,  dèntar  impér/,  co-rànic,  rofèrad,  rohàsaited,  do- 
brèta;  7.  fùacraid,  asbèrt,  co-ùbred,  rùcad,  robôi,  dorbnad,  rojàcaib,  tànic, 
roàitreb,  asbèrt,  cùinchis  cuingim  est  traité  comme  un  verbe  simple  ,  ro- 
fàc  aib\  mar-robbi ;  8.  docbid,  roàittreb,  doroni,  doràtad,  noco-tàrla, 
dian-èbrad,  dorbnsatar,  co-tbrchair. 

Si  nous  descendons  plus  bas,  jusqu'à  la  langue  d'aujourd'hui,  nous 
voyons  encore  les  traces  de  l'ancienne  loi.  Seulement  les  préfixes  atones 
sont  tombés.  Je  citerai  comme  exemple  instructif  la  conjugaison  du  verbe 
jannoo   anc.  irl.  dénum   en  manks   Kelly,  Gramm.,  pp.  59-61). 

Futur  le  prés,  de  l'anc.  irl.  :  née'  m  je  ferai,  née  00  tu  feras,  née  eh 
il  fera,  née  ad  ils  feront  anc.  irl.  dogniu,  dogni,  dogniat  .  Mais  l'impé- 
ratif est  :  jean  fais  a.  i.  déni  pi.  jean-jee  faites.  De  même  après  une 
conjonction  :  dy  jean-ym  que  je  ferai,  dy  jean  eh  qu'il  fera,  ou  après  la 
négation  :  cha  jeanym  je  ne  ferai  pas,  m.  sg.  cha  jean  eh  ni  pi.  cha  jean 
ad  anc.  irl.  nicon-dénim,  m. -irl.  nochon-dénim,  -déni,  -dénat  .  De  même 
en  demandant  :  jeanym?  ferai-je,  jean  eh?  jean  ad?  a.  i.  in-dénim?  in- 
déni? in-dénat?  .  Condit.  yinnin  je  ferais,  yinnagh  eh  il  ferait  lanc.  irl. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  159 

prés,  second,  nodéninn  nodénad  .  Le  a  preterimperfect  »  n'a  qu'une  seule 
forme  :  ren  eh  il  fit,  et  cha  ren  eh  il  ne  fit  pas  anc.  irl.  dorigni,  mais  : 
nicon-dèrgeni  . 


M.  Zimmer  Kelt.  Stud.,  123,  note  dit  en  parlant  des  deux  formes 
èpeir  et  adbèir  :  «  Der  grund  liegt  in  der  doppelten  indogermanischen  be- 
tonung  des  verbs.  »  Je  n'entrerai  pas  ici  dans  la  question  sur  la  prove- 
nance de  l'accentuation  irlandaise:  je  me  contenterai  de  signaler  la 
grande  différence  qui  existe  entre  le  système  indo-européen  primitif1  et 
le  système  irlandais. 

1 .  —  En  sanscrit  la  loi  de  l'accent  est  basée  sur  l'opposition  de  la 
proposition  subordonnée  à  la  proposition  principale;  cette  loi  n'a  rien  à 
faire  en  irlandais. 

2.  —  Devant  la  forme  verbale  atone,  c'est  toujours  la  dernière  prépo- 
sition qui  porte  l'accent  en  sanscrit  et  en  grec  :  en  irlandais  nous  trou- 
vons bien  souvent  l'accent  sur  lavant-dernière  préposition. 

3.  —  En  sanscrit  ce  sont  le  thème  verbal  et  les  prépositions  qui  sont 
mis  en  contraste:  en  irlandais  c'est  le  premier  et  le  second  élément  de 
la  composition,  à  quelque  classe  de  mots  qu'ils  appartiennent. 

Dans  une  grammaire  à  l'avenir  on  devra  partout  énumérer  les  deux 
formes  du  verbe  composé,  de  même  dans  un  glossaire,  si  l'on  ne  veut 
pas  ranger  les  composés  sous  le  verbe  simple,  ce  qui  me  parait  préfé- 
rable. La  loi  de  l'accent  permet  de  corriger  quelques  traductions  erro- 
nées; par  exemple  dans  les  incantations  de  Saint-Gall  Gl.  Hib.,  pp.  270 
sv.  .  M.  Zimmer  traduit  dobir  et  dogni  par  «  da  »  et  «/ac  »;  c'est  «  das  » 
et  «  facis  »  qu'il  faut  traduire,  comme  le  montre  d'ailleurs  la  forme  cani 
«  canis  »  et  non  «  canas  ». 

En  voyant  passer  devant  nos  yeux  toutes  les  formes  citées  plus  haut, 
n'admirons-nous  pas  la  mémoire  linguistique  des  Irlandais  qui,  non  con- 
tents de  leurs  cinq  temps  et  de  leurs  trois  modes,  possèdent  encore,  pour 
un  grand  nombre  de  verbes,  deux  séries  de  formes  différentes  par  tout 
le  système  ? 

R.  Thurneysen. 
Décembre  1882. 


1.  V.  Wackernagel,  Zeitschr.  f.  vergl.  Sprachf.,  2$,  457-470. 


i6o  L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais. 

En  exposant,  dans  l'article  précédent,  la  loi  de  l'accent  irlandais,  je 
n'ai  pas  tenté  d'en  donner  l'explication,  ne  voulant  mêler  l'hypothèse  à 
la  statistique.  J'ajouterai  ici  quelques  remarques  sur  ce  point. 

Nous  nous  rappelons  la  loi  de  l'accent  verbal  de  la  langue-mère  indo- 
européenne :  dans  la  proposition  principale  l'accent  frappe  le  dernier) 
préfixe  du  verbe  composé,  dans  la  proposition  subordonnée  il  frappe  le 
thème  verbal. 

Pour  expliquer  l'accentuation  irlandaise  il  suffit  d'admettre  un  seul 
changement;  le  rapport  qui  existait  entre  le  préfixe  et  le  verbe  se  re- 
trouve ici  entre  le  premier  et  le  second  élément  de  la  composition.  Re- 
marquons que  cette  différence  est  nulle  pour  les  simples  composés  qui 
ne  contiennent  qu'un  seul  préfixe;  ils  forment  la  grande  majorité.  Nous 
admettrons  donc  comme  loi  de  l'irlandais  préhistorique  :  l'accent  frap- 
pait le  premier  préfixe  dans  la  proposition  principale,  le  second  élément, 
soit  préposition,  soit  thème  verbal,  dans  la  proposition  subordonnée. 

L'irlandais,  comme  d'autres  langues,  notamment  le  grec,  n'a  conservé 
en  général  qu'une  seule  manière  d'accentuer  :  ici  c'est  l'accent  de  la 
proposition  subordonnée  qui  a  prévalu.  Voilà  pourquoi,  dans  la  plupart 
des  cas,  le  second  élément  porte  l'accent. 

Mais  il  y  avait  un  groupe  de  formes  qui,  par  leur  nature  même,  ne  se 
trouvaient  jamais  dans  la  proposition  subordonnée;  c'étaient  les  impéra- 
tifs. Ils  ont  donc  conservé  l'accent  de  la  proposition  principale,  c'est-à- 
dire  que  le  premier  élément  y  est  accentué. 

L'accent  frappe  l'élément  qui  suit  la  négation.  Cela  nous  montre  que 
la  particule  négative  est  entrée  en  composition  avec  la  forme  verbale, 
un  procédé  bien  connu  dans  la  langue  latine;  cp.  nescio  nequeo  nolo1. 

L'élément  précédé  par  le  pronom  infixe  est  toujours  porteur  de  l'ac- 
cent; c'est  que  le  pronom  infixe  est  en  général  inséré  après  le  premier 
préfixe,  que  celui-ci  soit  une  préposition  ou  la  négation. 

Les  conjonctions  et  le  pronom  relatif  ne  se  composent  pas  avec  le 
thème  verbal.  Comment  expliquer  alors  l'accentuation  du  premier 
préfixe  après  le  pronom  relatif  composé  avec  une  préposition,  par 
exemple  frisan-erbrat h  de  asblur,  dian-denmis  de  dogniu?  —  Evidemment 
il  y  a  eu  confusion  de  deux  groupes  syntaxiques  différents.  Je  prends 
comme  exemple  la  préposition  frith-.  Quand  le  verbe  était  composé 
avec  frith-,  on  accentuait  régulièrement  fritatàibret  [frith-da-tàibret]  inf. 
fritobairt,  frisnàiccai-siu  de  frisàiccim.  On  a  confondu  ces  expressions 
avec  des  formes  comme  frisan-érbrath,  frisan-àcomlathar  inf.   àccomol, 

i.  Cp.  Delbrùck,  Die  Grundlagen  der  griech.  Syntax,  p.  147. 


L'Accentuation  de  l'ancien  verbe  irlandais.  161 

frissa-rbscar  inf.  scarad,  où  la  préposition  n'appartient  pas  au  verbe  et 
où,  par  conséquent,  on  attendrait  "frisan-asrobrad,  * frisan-adcômaltar, 
comme  on  trouve  régulièrement  après  le  pronom  relatif  simple  an-asbèrith. 
Le  mélange  constaté  pour  frith-  a  eu  lieu  pour  toutes  les  prépositions. 
De  là  aussi  la  faculté  du  pronom  infixe  de  se  placer  directement  après  les 
conjonctions  qui  contiennent  le  pronom  relatif;  cp.  dian-d-rmthiasat, 
arin-d-èpur. 

La  syntaxe  n'a  donc  plus  rien  à  faire  au  changement  de  l'accent  ir- 
landais; mais  nous  voyons  encore  les  traces  de  la  loi  indo-européenne. 

R.  Thurnkysen. 

Février  1883. 


Rev.  Celt.  VI.  I  . 


IRiSH    MISCELLANIES 


THE  CONVERSION  OF  LOEGAIRE,  AND   HIS    DEATH. 

This  short  taie  is  found  in  the  Leabhar  na  hUidhre,  pp.  117-8,  of 
the  facsimile. 

After  narrating  the  conversion  of  Loegaire  to  Christianity,  in  consé- 
quence of  the  victory  of  Patrick  over  the  Druids,  it  relates  how  a  com- 
mittee  of  nine  persons  was  appointed,  consisting  of  three  bishops,  three 
kings,  and  three  learned  men,  to  revise  the  Brehon  law,  with  a  view  to 
bringing  it  into  harmony  with  the  dictâtes  of  Christianity. 

The  resuit  of  this  revision  was  the  Senchus  Mor,  though  that  name 
does  not  occur  in  the  présent  taie.  A  much  more  diffuse  account  of  the 
events  which  led  to  the  drawing  up  of  that  famous  body  of  law,  is  to 
be  found  in  the  introduction  to  the  Senchus  Mor,  vol.  I  of  the  Ancient 
laws  of  Ireland.  Another  version  has  been  published  by  Dr  Pétrie,  Tara, 
pp.  71,  ff  from  M  S.  T.  C.  D.  H.  3-18.  which  in  the  earlier  part  close- 
ly  resembles  that  which  is  hère  given,  though  in  other  parts  it  con- 
forms  more  nearly  to  that  printed  in  the  Ancient  Laws.  A  brief  réfé- 
rence to  the  same  events  may  be  found  in  the  Four  Masters.  A.  D.438. 
As  however  the  account  hère  given  is  certainly  the  oldest,  and  as  it  has 
preserved  some  curicus  words  and  facts  which  hâve  disappeared  from 
the  later  versions,  I  hâve  thoughtthat  it  might  be  interesting  to  the  rea- 
ders  of  the  Revue  Celtique.  Among  the  facts  alluded  to  may  be  men- 
tioned  the  strange  fate  of  the  Druid,  and  the  putting  away  by  the  Irish 
of  their  native  superstitions  in  obédience  to  the  dictâtes  of  Christianity. 

The  later  portion  of  the  story,  which  relates  the  wars  and  death  of 
Loegaire,  has  been  already  printed  by  Dr  Pétrie  in  his  «  History  and 
Antiquities  of  Tara.  »  This  I  did  not  discover,  until  after  I  had  made 
my  own  transcription  and  translation.  I  hâve  however  carefully  compa- 


Irish  Miscellanies.  163 

red  his  version,  and  in  one  or  two  points  I  hâve  derived  assistance 
from  it.  Very  interesting  hère  are  the  traces  of  nature  worship  contained 
in  Loegaire's  oath  and  in  the  vengeance  which  overtook  him  for  vio- 
lating  it  :  interesting  too  the  spécimen  hère  given  of  those  prophe- 
cies,  so  common  in  legendary  history, 

«  That  palter  with  us  in  a  double  sensé; 

«  That  keep  the  word  of  promise  to  our  ear, 

«  And  break  it  to  our  hope.   »  — 

While  the  description  of  the  burial  of  Loegaire  «  in  his  armour  with  his 
face  towards  the  South,  fighting  against  the  men  of  Leinster,  for  he  was 
their  enemy  in  his  life  »,  can  hardly  fail  to  appeal  vividly  to  the  imagi- 
nation of  those,  who  are  familiar  with  the  commanding  situation  of  many 
of  the  ancient  tumuli  and  dolmens,  and  who  hâve  realized  in  the  pré- 
sence of  those  mighty  structures  the  immense  place  which  the  chieftain 
must  hâve  filled  in  the  thoughts  and  feelings  of  his  followers. 

I  transcribed  and  translated  the  présent  taie  after  reading  it  in  lecture 
with  Professor  Rhys,  whose  eminence  as  a  scholar  is  equalled  by  his 
patience  as  a  teacher,  and  his  kindness  as  a  friend. 

To  him  therefore  almost  entirely  is  to  be  ascribed  any  correctness  in 
the  translation,  and  any  interest  in  the  philological  portion  of  the  notes. 
But  on  the  other  hand  he  is  not  to  be  held  responsible  for  any  mistakes 
which  1  may  hâve  made,  either  out  of  the  abundance  of  my  own  igno- 
rance, or  through  misunderstanding  of  his  instructions. 

Charles  Plummer. 
Oxford,  May  7  1883. 


COMTHOTH   LOEGAIRI   CO  CRETIM 

7  a  aided  adfèt  in  scel  so. 

Bai  comthinol  fer  n-Erend  hi  Temraig  m  amsir  Loegaire  m\c  Neill.  Is  de 
wimorro  bôi  m  comthinolsin  occo  im  dâla  na  creitmi.  0  desid  iarom  agi  na 
cretmi  la  firuhErenà,  7  0  roprnicastâr  Patraic  soscela  dôib,  7  rosdraiged 
Loegaire  cona  drûdib  hi  fertaib  7  hi  mirbailib,  dermdraib  do  neoch  dorôni 


164  hish  Miscellanies. 

Patraic  hi  fiadnaisi fer  n-Erend;  —  conid  iarom  rochreti,  7  forusestar 
Loegaire  6g  rc'xr  Patraic.  Ro[s]  luic  dano  in  talam  Locgaire  drui  tria  bre- 
îhir  Patraic,  conid  na  chend  chacait  na  huli  coin  tecait  hi  Temraig.  As  ro- 
chotïgrad  iarom  0  Locgairi  formna  flathi  fer  n-Erend  do  thudecht  m  ocnma- 
ginfri  hôcntaid  n-imacallma  im  chorus  ain  besena  7  a  rechtgai. 

Dochôs  uadib  co  Patraic,  co  tudchised  don  ddil.  Allathe  dino  rc  tichtain 
do  Patraic  cucu  immusnarlasatar  fir  hErend  ctorro  monctir.  Cesl,  or  Loc- 
gaire friu,  cid  as  andsa  '  lib  ropridehastar  in  clerech  dûib?  Ninsa.  Cdin 
dilguda,  or  siai.  Ar  ond  ûair  gebas  cach  duine  céill  for  dilgud  dâ  a  neich 
dogéna  di  ulc,  ni  bia  commus  for  foglaid  desin,  7  genaid2  [1  i8a]  cach  fer 
araile,  âr  ni  bd  hecal  leis  a  ait[h]ber  fair.  Cest  dino,  cid  dogénaid  frissin? 
or  Loegaire.  Cade  do  airlisiu  immi?  ol  iat.  Issed  arric  mo  aide  de,  ol  se, 
mas  a  chomarli  libsi  j.  forinthar  a  aiened  fessin  ocaind  immonni  roforcan 
:i.  gontar  nech  dia  muinhr  ar  a  bclaib.  Mdd  dialoga,  bemitni  for  a  breith. 
Mani  loga  immorro,  ni  banni  forsind  rechtsin. 

Rosudigcd  dino  a  comàrli  Loega'm  7  fer  n-Erend,  fer  5  sainredach  do 
guin  ind  arad  boi  ar  bélaib  Pairaic  ama\  tisad  isin  ddil.  Dorigned  iarom 
samlaid. 

Iarsindi  dino  robith  in  fer  do  muintir  Patra\c  ar  a  belaib  oc  tairléim  dô 
asa  c[h]arput.  Dorecacha  Patraic  dochum  nimi,  ar  ba  hand  bai  a  socraiti. 
Lasin  rogab  crith  7  talam-chumscugud  môr  insi  h-Erend  7  a  firu,  7  rold 
in  slûag  bôi  isin  ddil  tar  a  cend,  7  rosgab  crith  7  ômun  dofulachta,  7  do- 
ronait  mdrbtis  mdirb. 

Lassin  dino  slcchtais  Loegaire  co  dutrachtach  co  formnu  fer  n-Erend  do 
Patraic.  Ainmnc,  ainmne,  a  Patraic,  oldat  fir  h-Erend,  ropridehais  dilgud, 
tabair  dilgud  dûn.  Tue  iarom  Patraic  6g  n-dilguda  dôib.  Gabthus  iarom 
Loegaire  ainmehairdine  Patraic  andsin,  7  bennachais  Patraic  hé  7  a  sil. 
Tabair  tra,  oldat  fir  h-Erend  fri  Patraic,  comarli  dân  immonnisea  J.  im 
cangin  dilgotha,  cid  dogenam  immi.  Ar  m  caingen  forsa  tairisfe  ocainni 
innossa,for  siat,  is  fair  bias  tûath  7  eclas.  7  dano,  ol  fir  h-Erend,  recma.it 
aies  sûdigud  7  ordugud  cach  rechta  lind,  cid  in  cernais  na  caingnisin.  Adè- 
nam  samlaid,  ol  Patraic,  tasfenad  edeh  a  dân  hi  fiadnaisi  fer  n-Erend.  /s 
andsin  tra  tarchomlad  cach  6es  dâna  in  h-Erind,  cortasfen  edeh  a  chérd 
fiad  Patraic  7  flad  firu  h-Erend.  Rocurit  dano  a  forbonna  andsin  uadib, 
7  roc6raigit  inatéchtii. 

Do  Dubthach  mac  Ulugair  dano  ro  herbad  coceirt  am  breth  idma  benna- 


1.  dolgi. 

2.  go/îfid. 

3.  Nuadu  Derg  dalta  Loegairi  isse  rosgon. 


Insh  Miscellanies.  165 

chad  do  Patrak,  7  lar  scnad  a  gêna  co  îânic  rath  in  spirta  naim  fair.  Conid 
hé  ro  taisfen  filidecht  7  brethemnas  7  rccht  fer  n-Erend  olchéna  hi  fiadnaisi 
Patrak.  Nonbur  airegda  ro  bôi  ocond  orduguds'm ,  Patrak  7  Bénen  7  Cair- 
nech  0  eclais  .i.  tri  epicoip.  Loegaire  mac  Neill  ri  h-Erend,  7  Ddiriri  Ulad, 
7  Corc  mac  Lugdech  ri  Muman,  na  tri  rig.  Dubthach  mac  Ulugair,  7  Fergus 
[1  i8b]/î//,  7  Rus  mac  Tricim  sui  berla  Fini.  Isseà  tra  drricht  occo  andsin 
im  ddla  dilgotha  .i.  in  bibdu  7  m  cintach  na  clnnaid,  7  logad  da  anmain 
.i.  aithrigi  do  lecun  dô ,  7  cen  logad  dia  churp  A.  bas  dimmirt  fair.  Ro  or- 
daigseX  dano  fir  h-Erend  a  nemthiu  andsin  j.  doc  7  salm  do  eclais.  Geill 
do  rigaib.  Tre  foclœ  techta  do  filedaib.  Aithgabdil  do  fennethdib.  Ni  tha- 
bairthc  tra  co  tank  Pdtvaic  erlabra  acht  do  tridr  J.  fer  cumocni  cumnech, 
diambad  éolfresneis  7  disneis  7  scélugud.  Fer  cerda  /ri  molad  7  dir.  Bri- 
them  fri  brithcmnas  arToscadaib  7  fasaigib.  0  thânic  Patrak  /mmorro,  /s 
fômammus  atat  nahiseo  .i.  do  fir  in  berlai  buain  À.  inna  canoni  ndimi. 
Bôi  Lôegairc  tricha  m-bliadna  iarsin  irrigi  h-Erend  hi  comling  fri  Patrak, 
7  bd  do  réir  Patrak  chena  bôiseom. 

Luid  iarom  Loegake  slogad  co  Laigniu  do  chuincid  na  boromi  foraib.  Ro- 
thinolset  Lagin,  7  doratsat  cath  dô,  7  maiti  for  Loegake  in  cath.  J.  cath 
Atha  Dara.  Rogabad  Loegake  sin  chath,  7  dobretha  ratha  fri  Laigniu  j. 
grian  7  esca,  usci  7  aer,  là  7  adaig,  muir  7  tir,  conna  iarfad  in  m-boromi 
céin  bad  béo.  Roleced  ass  iarom.  Issed  tra  rotairgired  do  Loegalri,  combad 
eter  Erind  7  Albain  fogebad  a  aidid,  conid  desin  na  deochaidsium  muircho- 
blach  riam.  Luid  tra  Loegake  doridisi  slogad  mdr  co  Laigniu  do  saigid  na 
boromi  faraib.  Ni  thuc  mzmorro  a  ratha  di  oid.  0  ranic  iarom  Grellaig  n-da 
Phil  for  t£b  Chassi  im  maig  Liphi  eter  na  dâ  enoe  .i.  Eriu  7  Albu  an  an- 
m.md,  atbath  andsin  ô  gréin  7  0  gaith  7  ona  rdthaib  ar  chena;  ar  ni 
Umthe  tudecht  tairsiu  isind  amsirsin.  Conid  desin  asbert  in  fdi  : 

Atbath  Loegaire  mac  Neill  For  tdb  chassi,  glas  a  tir, 
Duli  Dé,  adroegaid  raith,  Tucsat  dalbâis  for  sin  rig. 
In  cath  m  Ath  Dara  déin  Irragbad  Loegaire  mac  Neill. 
Ndsadfir  na  n-dûla  De  Issed  romarb  Loegake. 

Tucad  dano  corp  Locgak'x  ânes  iartain,  7  rohadnacht  con  armgasciud 
isin  chlud  imechtrach  airther  descertach  rig  ratha  Loega'xri  hi  Temraig  hé, 
7  a  aiged  fo  des  for  Laigniu  oc  cathugud  friu,  or  ropô  namasam  na  biu 
do  Laignib.  Bdsi  dano  rdith  Loegaki  tech  Midchûarta  m  tansin,  7  is  airi 
conaitechsam  a  adnacul  and. 


1 66  Irish  Miscellanies. 

THE  CONVERSION  OF  LOEGAIRE  TO    THE  FAITH, 
and  his  death,  this  story  relates. 

There  was  an  assembly  of  the  men  of  Erin  in  Tara,  in  the  time  of 
Loegaire  Mac  Neill.  It  was  about  this  then  that  this  assembly  was  held 
among  them,  viz  about  the  matter  of  the  faith.  When  the  integrity  of  the 
faith  settled  among  the  men  of  Erin,  and  Patrick  preached  the  Gospel  to 
them,  and  Loegaire  and  his  druids  were  vanquished  by  the  mighty  signs 
and  wonders  which  Patrick  did  in  the  présence  of  the  men  of  Erin;  then 
Loegaire  believed,  and  conceded  to  Patrick  his  full  wish. 

The  earth  then  swallowed  up  Loegaire  the  druid  through  the  word 
of  Patrick,  so  that  on  his  head  —  ail  the  dogs  that  go  to  Tara.  Then  were 
summoned  by  Loegaire  the  chief  princes  of  the  men  of  Erin  to  meet  to- 
gether  to  deliberate  about  the  seulement  of  their  customs  and  of  their 
législation. 

A  message  was  sent  from  them  to  Patrick,  that  he  should  corne  to 
the  meeting.  On  the  day  then  before  Patrick's  coming  to  them,  the  men 
of  Erin  deliberated  upon  it  among  themselves.  W'hat  is  it,  said  Loegaire 
to  them,  that  you  find  most  difficult  in  what  the  clerk  preached  to  you? 
That  is  soon  told.  It  is  the  rule  of  forgiveness,  said  they;  for  as  soon  as 
any  one  understands  that  there  is  forgiveness  to  him  for  any  evil  he 
may  do,  there  will  be  no  power  over  the  reaver  any  more,  and  every  man 
will  kill  his  fellow,  because  he  does  not  fear  having  to  make  it  good. 
What  then  will  you  do  about  it?  said  Loegaire.  What  is  thy  counsel  in 
the  matter?  said  they.  This  is  what  my  counsel  has  arrived  at  about  it, 
said  he,  if  it  be  your  détermination  :  i.  e.  let  his  own  nature  be  tested 
by  us  in  regard  to  the  matter  which  he  taught  :  i.  e.  let  some  one  of 
his  following  be  killed  before  his  face.  If  he  forgives  it,  we  will  be  under 
his  decree;  if  he  does  not  forgive  however.  we  will  not  be  under  this 
law.  So  then  the  resolution  of  Loegaire  and  of  the  men  of  Erin  was  esta- 
blished,  that  a  particular  man  should  kill  the  charioteer  who  should  be 
in  the  présence  of  Patrick,  as  he  came  into  the  assembly.  [Gloss.  marg. 
i.  e.  Nuadu  the  Red  a  foster-child  of  Loegaire  was  the  man  who  killed 
him.]  And  thus  it  was  done. 

After  this  then  a  man  of  Patrick's  following  was  killed  in  his  présence, 
as  he  was  leaping  from  his  chariot.  Patrick  looked  towards  heaven, 
for  it  was  there  thaï  his  help  was.  Thereupon  a  great  trembling  and 
earth  quake  seized  the  isle  of  Erin,  and  its  men,  and  threw  the  host 
which  was  in  the  assembly  on  their  faces,  and  trembling  and  intolérable 


Irish  Miscellanies.  167 

fear  seized  them,  and  they  became  as  if  they  were  dead.  There- 
upon  then  Loegaire  vvith  the  chiefs  of  the  men  of  Erin  knelt  willingly 
to  Patrick.  «  Hâve  patience,  hâve  patience,  0  Patrick,  »  said  the  men 
of  Erin  :  «  thou  didst  preach  forgiveness,  grant  forgiveness  to  us.  » 
Then  Patrick  gave  fulness  of  forgiveness  to  them.  Then  Loegaire  took 
soulfriendship  to  Patrick,  and  Patrick  blessed  him  and  his  seed.  Then 
said  the  men  of  Erin  to  Patrick,  give  us  counsel  about  this  thing;  i.  e. 
about  the  rule  of  forgiveness,  what  we  are  to  do  about  it.  For  the  rule 
upon  which  thou  shalt  stand  with  us  now,  said  they,  it  is  on  that  that 
tribeandchurch  shall  be  [based.].  And  then  said  the  men  of  Erin  we  want 
the  settling  and  ordering  of  ail  our  laws,  even  apart  from  this  rule.  We 
wil!  do  thus,  said  Patrick.  Let  each  man  dispiay  his  craft  in  the  pré- 
sence of  the  men  of  Erin.  Then  was  assembled  every  class  of 
craftsman  in  Erin,  and  displayed  their  arts  before  Patrick,  and  before  the 
men  of  Erin.  They  put  away  then  their  superstitions  from  them  there, 
and  arranged  matters  duly.To  Dubthach  Macculugair then  was  entrusted 
the  revision  of  their  judgements  after  Patrick  had  blessed  him,  and  after 
his  mouth  had  been  signed  [with  the  cross],  sothatthe  grâce  of  the  Holy 
Spirit  came  upon  him.  So  that  it  was  he  who  showed  forth  the  poetry, 
and  judgement,  and  Iaw  of  the  men  of  Erin  also  in  the  présence  of  Pa- 
trick. Nine  eminent  men  were  [employed]  in  settling  this.  Patrick  and 
Benen,  and  Cairnech  on  the  part  of  the  church  :  i.  e.  three  bishops. 
Loegaire  mac  Neill  king  of  Erin,  and  Dairi  king  of  Ulster  and  Corc  mac 
Lugdech  king  of  Munster  :  the  three  kings.  Dubthach  Macculugair,  and 
Fergus  the  poet,  and  Ross  mac  Tricim  learned  in  the  Fenian  tongue. 
This  then  was  what  was  corne  to  by  them  there  in  the  matter  of  forgive- 
ness :  i.  e.  the  guilty  and  the  criminal  for  his  crime  [to  be  forfeit],  and 
forgiveness  for  his  soûl  :  i.  e.  to  leave  repentance  to  him,  but  not  to 
forgive  his  body  :  i.  e.  to  inflict  death  upon  him.  The  men  of  Erin  then 
ordained  their  privilèges  there  :  i.  e.  a  bell  and  psalm  to  the  church.  Hos- 
tages  to  kings.  Three  rightful  words  to  poets.  Right  of  distraint 
to  warriors.  For  before  Patrick  came,  freedom  of  speech  was  not  gran- 
ted  except  to  three  men  :  i.  e.  the  man  of  capacity  and  memory  to 
whom  there  should  be  witty  answer,  and  narration,  and  story-telling; 
the  artist  for  praise  and  satire  ;  the  judge  for  judgement  (foun- 
dedi  on  commentaries  and  précédents.  But  when  Patrick  came,  thèse 
became  subject  i.  e.  to  the  man  of  thé  lasting  tongue  :  i.  e. 
of  the  sacred  canons.  Loegaire  was  thirty  years  after  this  in  the 
kingship  of  Erin,  in  agreement  with  Patrick,  and  was  at  the  willof  Pa- 
trick in  other  respects.  Loegaire  afterwards  went  on  a  hosting  to  Lein- 


1 68  Irish  Miscellanies. 

-ster,  to  exact  the  Boru  from  them.  The  Leinster  men  assembled,  and 
gave  battle  to  him  ;  and  Loegaire  was  defeated  in  battle,  i.  e.  the  battle  of 
Ath  Dara.  Loegaire  was  captured  in  this  battle,  and  pledges  were  given 
to  the  Leinster  men;  i.  e.  the  sun  and  the  moon,  water  and  air,dayand 
night,  sea  and  land,  that  he  would  not  demand  the  Boni  during  his  life. 
Thereupon  he  was  released.  Now  this  had  been  foretold  to  Loegaire, 
that  it  would  be  between  Erin  and  Alba  that  he  would  find  his  death  :  and 
hence  he  never  went  on  a  naval  expédition.  Loegaire  then  again  went 
on  a  hosting  to  exact  the  Boru  from  them.  He  did  not  however  bear  his 
pledges  in  mind.  When  he  came  then  to  Grelach  da  Phil  on  the  side  of 
Casse  in  the  plain  of  Liffey,  between  the  two  knocks  which  are  called 
Erin  and  Alba,  he  died  there  of  the  sunandofthe  wind,  and  of  the  other 
pledges;  for  one  durst  not  transgress  them  at  that  time.  So  that  hence 
the  poet  said  :  Loegaire  Mac  Neill  died  on  the  side  of  Casse,  green  is 
the  land.  The  éléments  of  God,  which  he  invoked  as  a  pledge,  brought 
the  fatal  encounter  on  the  king;  the  battle  at  Ath  Dara  the  Swift  was 
that  in  which  Loegaire  Mac  Neill  was  captured.  The  just  sanction  of 
the  éléments  of  God,  it  is  this  which  killed  Loegaire. 

The  body  of  Loegaire  was  then  brought  from  the  south  and  he  was 
buried  in  his  armour  in  the  outmost  grave  to  the  south  east  of  the  royal 
palace  of  Loegaire  in  Tara  this  is),  with  his  face  looking  south  towards 
Leinster  making  war  upon  them,  for  he  was  an  enemy  to  the  Leinster 
men  in  his  life.  The  Palace  of  Loegaire  was  at  that  time  the  house  of 
Midchuaird,  and  it  is  for  this  reason  that  he  requested  to  be  buried 
there. 

NOTES. 

cona  drudib.]  For  Patrick's  contest  with  the  Druids  of  Loegaire,  v. 
Stokes,  Three  Homilies,  pp.  24,  ff. 

forusestar.]  fosisiur  literally  to  confess  :  for  the  meaning  cf.  Stokes, 
Three  Homilies,  p.  18.  Dosgni  Dichu  aithrige  7  slectais  i  fiadnaise  pa- 
traic  co  tarut  a  6greir  do. 

ro  sluic,  etc.]  for  this  cf.  Stokes,  Three  Hom.,  p.  20.  The  man  is  ap- 
parently  conceived  of  as  turned  to  stone,  with  his  head  projecting  from 
the  ground.  In  Three  Hom.,  p.  22,  a  druid  is  turned  to  dust  and  ashes. 

chacait.]  cf.  cacc  excrementum.  Ir.  Glosscs,  1075. 

corus  bescna  (customary  law  is  one  of  the  divisions  of  the  Sench. 
Mor.,  vol.  III,  p.  3. 

immusnarlasatar.]  from  immarlasar  with  infixed  pronoun,  cf.  arle,  ar- 
lasar. 


Irish  Miscellanies.  169 

monetir.'  for  immonetir  «  mutually  ».  The  latter  occurs  Sench.  Mor., 
ii,  280.  cp.  Z2  p.  614. 

ginaid.]  }nd  sing.  redupl.  future  fr.  gonim,  for  'gegonaid,  "gegnaid. 
It  is  glossed  by  gonfui,  which  is  the  3nd  sing.  B.  fut.  of  the  same  verb. 

aithber.]  The  facs.  has  aitber  =  W.  adfer  restitution. 

mo  air  le.]  The  facs.  has  airsc.  M  first  1  had  very  little  doubt  that  this 
vvas  simply  a  scribal  error  for  airlc  Prof.  Rhys  has  however  suggested 
to  me  that  it  may  be  for  sairse,  which  occurs  in  the  Milan  Codex,  f.  42e 
(Ed.  Ascoli,  I,  p.  145    as  a  gloss  on  ars. 

sainredach.]  The  facs.  has  sainrodach.  The  correction  is  due  to 
Mr  Whitley  Stokes.  For  the  word  cf.  W.  gwà-hanrcdawl. 

crith.]  W.  cryd  :  which  means  a  shaking;  an  ague  or  fever;  also  a 
cradle.  The  English  word  cradle  is  in  fact  probably  only  a  diminutive  of 
cryd.  For  the  earthquake,  etc.,  cf.  Three  Hom.,  p.  22. 

doronait.]  literally  :  >.<  they  were  made  ».  For  the  form  cp.  Atkinson  : 
Book  of  Leinster.  Préface,  p.  $7.  Stokes  :  Togail  Troi.  p.  xiii.  Windisch 
in  Kuhn  's  Zeitschrift  :  xxvn.  1 58. 

ainmne.]  W.  amynedd.  Cf.  anaim  to  remain.  cp.  Z2  pp.  1004-5. 

og  n-dilguda.]  The  neuter  of  og  is  hère  used  as  a  substantive.  Cf. 
Togail  Troi  1650,  og  bar  carat  :  the  whole  of  your  friends. 

ainmehairdine.]  i.  e.  he  took  Patrick  as  his  confessor.  anmehara.  soul- 
friend.  i.  e.  confessor.  cf.  no  fœmtis  a  n-amnehardine  do.  Fis.  Ad.  Win- 
disch, Texte,  p.  193. 

cid  in  cernais.]  lit.  even  in  the  absence  of. 

tarchomlad,  etc.]  This  seems  like  a  réminiscence  of  Acts,  19,  19.  The 
curious  fact  about  «  putting  away  the  superstitions  »  is  omitted  in  both 
the  later  versions. 

téchtu.]  W.  teithi. 

coceirt,  etc.]  i.  e.  the  revision  of  their  case  law.  Or,  as  it  is  in  the 
longer  version,  Sench.  M.  i,  p.  16.  the  revision  of  the  judgements 
given  by  Brehons  and  Poets  in  accordance  with  the  law  of  nature,  by 
the  standard  of  the  written  law  of  God. 

conid  hé,  etc.]  because  he  was  both  chief  poet;  ardfile  and  chief 
Brehon  of  Ireland. 

Nonbur,  etc.]  Hence  the  Book  was  called  Xo-fis.  i  :  fis  nonbur  The 
knowledge  of  nine  persons  .  Sench.  M.,  i,  p.  16.  Cf.  ib.,  p.  4.  On  ail 
thèse  nine  persons  cf.  the  Préfaces  to  the  first  two  volumes  of  the  Sen- 
chus  Mor.  Pétrie  in  his  work  on  Tara,  pp.  69-71,  has  raised  various 
chronological  difficulties  with  référence  to  the  alleged  co-operation  of 
thèse  nine  persons,  which  the  Editors  of  the  S.  M.  hâve  attempted  to 


170  Irish  Miscellanies. 

get  over.  For  Bénen  v.  Thrcc  Hom.,  p.  20,  and  compare  the  curious 
story  in  the  Martyrology  of  Donegal,  p.  300,  how  that  Earcnat,  daughter 
of  Daire,  for  venturing  to  love  him  was  smitten  with  disease  and  died  ; 
but  was  raised  to  life  again  by  holy  water  sprinkled  on  her  by  Benen  ; 
and  afterwards  contented  herself  with  loving  him  spiritually.  Cairnech 
may  be  the  same  name  as  the  W.  Carannog,  in  Lîangarannog.  On  Dub 
thach  Maccu-lugair  v.  Rhys,  Celtic  Britain,  pp.  75-4,  from  Stokes.  Goi- 
delica  [Ed.  2),  pp.  86,  126.  The  name  has  generally  been  explained 
Mac-u-Lugair,  it  really  is  Maccu  Lugair.  Maccu  a  descendant.  For  Ross 
cf.  Three  Hom.,  p.  20.  Ros,  Dubthach.and  Fergus,are  called  by  O'Clery 
in  his  préface  to  the  Book  of  Invasions  «  the  sustaining  pillars  of  the 
History  of  Erin.  »  O'Curry,  Ms.  Mat.,  pp.  170,  555. 

berla  FénL]  The  fenian  tongue  :  supposed  to  be  the  language  in 
which  the  most  ancient  laws  vvere  couched.  Cf.  Sench.  M.,  II,  p.  32. 
Sometimes  berla  alone  is  used  for  berla  féni.  e.  g.  S.  M.,  I,  pp.  16,  42; 
III,  224,  544.  Just  as  in  modem  Irish  béarla  means  specifically  the  En- 
glish  Language.  According  to  S.  M.,  II!,  88,  the  four  chief  languages 
«  prim-berlai  »  are  Greek,  Hebrew,  Latin,  et  Goidelic. 

in  cintach,  etc.]  This  is  the  regular  formula,  cf.  Cormac,  Gloss.  s. 
v.  moghcime;  Stokes,  Three  Glossaries,pp.  29,  30;  and  Stokes,  Transi,  of 
Cormac,  p.  112.  Cf.  also  Petrie's  Tara,  p.  219,  from  the  Leabhar  Ga- 
bhala  :  Atiet  breatha  no  coicerta  ag  riogaib  Erenn  go  sin,  «  gach  rop  in 
a  chionaid.  »  Thèse  are  the  judgements  which  had  been  given  by  the 
kings  of  Erin  hitherto,  Every  animal  (/.  e.  the  animal  which  does  the 
injury  or  trespass;  not  criminal  as  D''.  Pétrie  translates   for  its  trespass. 

nemthiu.]  privilèges.  This  seems  to  be  the  pi.  accusative  of  a  deriva- 
tive  noun  from  nemed  a  privileged  or  distinguished  person.  There  is  a 
lavv  tract  called  Bretha  Neimedh,  i.  e.  the  laws  of  such  persons,  via.  S. 
M.,  I,  p.  113.  This  tract  has  not  yet  been  published.  Cf.  nemthes  gen. 
némthesa,  dignity.  O'Don.,  Suppl. 

fer  cumocni.]  This  phrase  occurs  in  S.  M.,  I,  18,  as  fer  comgne  which 
is  translated  «  Chronicler  »;  while  in  Dr  Petrie's  version  [Tara,  p.  74Ï 
it  appears  as  fer  coigne  which  is  rendered  «  chronologist  ».  cumoene  is 
for  con-od-gne  cp.  écne  for  aiîh-gne. 

eolfresneis.]  seems  to  be  a  compound. 

ar  roscadaib  7  fasaigib.]  Thèse  two  words  occur  in  S.  M.,  I,  p.  18, 
where  they  are  translated  as  hère.  Fasach  occurs  S.  M.,  I,  228,  where 
it  is  translated  «  maxim  ».  V.  O'Don.,  Suppl.,  Duil  Rosgadhach, 
«  the  Commentary  book  »  is  the  title  of  Cennfaela's  Commentary  on  the 
laws  quoted  by  Pétrie,  Tara,  pp.  41,  44.  Cf.  Cormac,  Trans.,p.  144. 


Irish  Miscellanies.  171 

bérlai  buain.]  Very  possibly  a  mistake  for  «  berlai  bain  »,  /'.  e.  «  the 
bright  language  »  which  is  found  as  the  description  of  Christianity  in  S. 
M.,  I,  16,  18;  III,  30. 

hi  comling.]  literally  «  jumping  together.  » 

boi  Locgairc,  etc.]  At  this  point  commences  the  portion  of  this  taie 
printed  and  translated  by  D1'  Pétrie,  Tara,  p.  169. 

boromi.]  This  was  the  tribute  payable  by  the  Leinstermen  to  the  over- 
king  of  Tara.  It  was  paid  as  it's  name  implies  in  cattle.  On  it's  alleged 
origin  vide  O'Curry,  Ms.  Mat.,  pp.  181,  230;  Manners  and  Customs,  I> 
p.  xxxiii.  The  attempts  to  enforce  the  payment  of  it  were  a  fréquent 
cause  of  war.  Thus  we  read  that  Lugaid  son  of  Loegaire  tried  to  exact 
it  but  was  defeated  at  Mag  n-Ailbi  «  airmit  eolaig  nar  thabaig  Lugaid  in 
boroma  acht  oen  [fjecht  co  heasbadach  ».  «  The  learned  state  that  Loe- 
gaire never  exacted  the  Boru  but  once,  [and  that]  imperfectly.  »  Pé- 
trie, Tara,  pp.  86-7,  from  the  Book  of  Lecan.  But  Muirchertach,  Lu- 
gaid's  successor,  defeated  the  Leinster  men  :  cor  thoboig  ceneath  in  boroma 
in  cén  ro  ba  beo.  «  So  that  he  raised  the  Boru  without  a  battle  as  long 
as  he  lived  ».  Pétrie,  pp.  48-9,  alsofrom  the  Book  of  Lecan,  f.  306  r°,  a. 

Ath  Dara.]  i.  e.  ford  of  the  Oak. 

dobretha  ratha,  etc.]  cf.  the  Book  of  Lecan,  f.  296,  in  Pétrie,  Tara, 
p.  34.  «  no  gob  som  tra  ratha  greni  7  esca  7  cach  cumachtaich  for  nim 
7  for  talmain...  conaptais  fri  a  c[h]loind  sin  co  brath.  »  «  He  then  exac- 
ted pledges,  the  sun,  and  the  moon,  and  every  power  in  heaven  and 
earth...  that  they  would  never  contend  with  his  descendants.  »  Dr  Pé- 
trie u.  s.)  gives  a  still  more  elaborate  formula  in  verse  from  king  Cor- 
mac's  Psalter  as  quoted  by  O'Dunegan,  of  which  I  cite  the  first  four 
lines  as  illustrating  our  passage. 

Ate  ratha  ro  gob  Tuathal, 

Tren  fri  tobach, 
Nem,  talam,  grian,  esca  idan, 

Muir,  tir,  torad. 

«  Thèse  are  the  pledges  which  Tuathal  took,  mighty  at  exacting; 
heaven,  earth,  sun,  pure  moon,  sea,  land,  harvest.  » 

atbath,  etc.]  On  the  death  of  Loegaire  cp.  also  the  Four  Mastcrs,  s. 
a.,  457,  458,  A.  D. 

ar  ni  laemthe,  etc.]  This  in  the  reflexion  of  the  Christian  scribe  with 
référence  to  the  days  when  heathenism  was  still  prévalent. 

adrocgaid  raith.]  Dr  Pétrie  translates  this  «  whose  guarantee  he  had 
violated.  » 


172  Irish  Miscellanies. 

dalbais.]  «  The  doom  of  death  »  (Pétrie). 

in  ath.]  The  facs.  has  inïath.  Correxit  Stokes. 

nasad.]  «  Vengeance.  »  Pétrie,  but  it  is  rather  sanction,  and  seems 
to  be  connected  with  the  Latin  nexus.  honaib  nessaib  (gl.  sanctionibusl 
occurs  Milan  Codex,  f.  38a  [éd.  Ascoli,  I,  p.  124'. 

rath  LocgairL]  On  the  Rath  of  Loegaire  v.  Petrie's  Tara,  p.  137, 
where  a  description  of  it  and  of  Loegaire's  burial  is  given  from  the  Dinn- 
seanchus ,  which  in  many  points  resembles  closely  the  description 
given  hère.  A  poetical  description  of  it  from  Ms.  T.  C.  D.,  H.  3,  3,  is 
given,  Tara,  p.  146;  cf.  ib.,  pp.  168-170.  Note  also  the  excellent  plans 
facing  pp.  129,  152;  the  former  representing  the  hill  of  Tara  as  it  ac- 
tually  was  in  1837,  the  latter  as  it  has  been  conjecturally  restored  by 
Dr  Pétrie  from  ancient  documents. 

tech  Midchuarta.]  On  this  cf.  Pétrie,  Tara  pp.  140,  184-212;  and  the 
curious  plans  of  it  there  given  from  the  book  of  Leinster  1  Facs.  p.  29.) ,  and 
thebook  of  Lecan.  We  find  it  also  called  long  na  laech  «  house  [Ut  :  ship) 
of  the  heroes  »,  ib.,  p.  184.  And  long  nam-ban,  i.  c  «  house  of  the 
women  »,  ib.,  p.  140.  Thèse  probably  refer  to  the  two  parts  into  which 
the  house  was  divided.  We  find  the  same  arrangement  in  the  house  of 
Bricriu  LU.,  p.  ioo1',  Windisch  Texte,  p.  257.  «  Leth  in  tige...  do 
Conchobur  co  lathaib...,  7  alleth  n-  aill  do  bantrocht.  »  i.  c.  «  One  side 
of  the  house  for  C.  and  the  heroes,  and  the  other,  for  the  women.  »  And 
we  know  that  the  house  of  Bricriu  was  modelled  on  the  Tech  Mid- 
chuarta, LU.,  99b  ;  Windisch,  p.  254.  «  Sudigud  Tige  Midchuarta 
fair.  »  i.  e.  «  the  plan  of  the  Tech  Midchuarta  was  upon  it.  » 

isin  chlud.]  This  is  translated  «  rampart  »  by  D1'  Pétrie  :  and  we  hâve 
murclodh  «  ramparts  »,  in  Togail  Troi,  21 13.  The  making  of 
an  earth-wall  implies  the  digging  of  a  ditch  ;  and  that  the  two  things  are 
related,  not  only  in  fact,  but  also  in  language,  is  shovvn  by  the  forms 
dikc  and  ditch  in  English,  of  which  the  first  has  been  appropriated  to  the 
former,  and  the  second  to  the  latter  aspect  of  the  fact  in  question.  The 
idea  contained  in  clad  or  clod  is  possibly  that  of  digging,  and  I  hâve 
ventured  to  translate  it  grave,  especially  as  the  W.  claddu  rneans  <<  to 
bury.  » 


Irish  Miscellanics  173 

ANECDOTA 
FROM  THE  STOWE   MS.   N°  992. 

Last  summer,  I  had  an  opportunity,  through  the  kind  permission  of 
the  Earl  of  Ashburnham,  to  make  extracts  from  one  of  the  most  import- 
ant Irish  mss.  of  the  Stowe  collection,  which  was  at  that  time  deposited 
for  sale  in  the  British  Muséum.  This  MS.  which  was  formerly  marked 
xxxvi,  is  now  numbered  992.  It  has  been  described  by  O'Conor  in  his 
Bibliotheca  Manuscripta  Stowensis,  but  neither  exhaustively,  nor  cor- 
rectly.  It  is  a  vellum  folio,  containing  91  leaves,  complète,  with  one 
or  two  exceptions,  from  beginning  to  end,  and  written  by  very  good 
scribes,  I  should  say,  towards  the  end  of  the  1 4th  century.  The  texts 
hère  printed  hâve  never  been  published  before  in  any  form. 

COMPERT  CONCHOBUIR. 

There  exist  two  entirely  différent  versions  of  this  taie,  a  shorter  one 
preserved  in  the  Yellow  Book  of  Lecan  and  in  T.  C.  D.,  H.  3.  18, 
according  to  which  Conchobur  was  the  son  of  Cathbad,  and  a  longer 
one  which  makes  him  the  son  of  Fachtna  Fathach.  Of  this  latter  version 
the  most  complète  and  elaborate  copy  I  hâve  seen  is  that  printed  hère 
from  fo.  47  a.  2  —  48  a.  1  of  our  Ms.  The  copies  in  the  Book  of  Leinster, 
in  Egerton  1782,  and  anotherinthe  Y  ellow  Book  of  Lecan  cf.  Jubain- 
ville,  Catalogue,  p.  92  are  in  the  main  identical  with  it,  but  leave  out 
two  interesting  poems.  I  add  the  principal  variants  from  Eg.  and  Lee, 
passing  over  those  of  the  LL.  copy  which  will  be  in  the  hands  of  most 
readers  of  this  Review.  Of  the  poems  contained  in  our  text,  the  first  is 
composed  in  the  same  mètre  as  five  poems  in  the  Comrac  Firdiad  (LL. 
81  b,  82  b,  83  a,  83  b  viz.  6  a  —  6  a  —  6  a —  5/1  —  6  c —  6  c  —  6c  — 
5  b.  There  is  a  poem  in  the  Caîh  Ruis  na  Rig  LL.  p.  174  b,  which  has 
almost  the  same  mètre,  leaving  out  one  of  the  6  a  lines.  The  rhymes  a 
and  c  are  dissyllabic,  b  is  monosyllabic.  As  Mr  Hennessy  points  out  to 
me, there  is  in  Hardiman's  Irish  Minstrelsy  a  poem  on  Seaghan  O'Duibh- 
ir  an  Ghleanna,  the  mètre  of  which  bears  a  striking  resemblance  to  that 
of  thèse  ancient  poems.  The  second  poem  in  our  text  has  the  following 


174  fr'5^  Miscellanies. 

System  :  $  a  —  5  /?  —  5  c  —  5 1>,  the  rhyme  b  being  monosyllabic  '.  Hère 
again,  the  same  mètre  is  employed  in  two  poems  in  the  Comme  Firdiad 
LL.  87  a  and  88  a,  and  in  the  poem  beginning  A  macedin  na  ci  LL. 
147  a.  It  is  noteworthy  that  in  the  latter  poem  as  well  as  in  that  of  our 
text  every  new  rann  begins  with  the  last  line  of  the  foregoing  rann. 

Coimpert  Concobuir  in  so. 

Boi  ri  for  Ultaib  .i.  Eochu  Salbuidhe  mac  Lôich.  Breatha  iarum  ingen 
do  sidhe  A.  Neas  ingen  Eochach  Salbhuidhe  7  ro  ghabsat  da  aide  déc 
for  altrum  hi.  Assa  a  hainm  ar  tus,  uair  ro  bo  s'oghnasach  7  ba  hail- 
ghin  oc  a  haltrum.  Is  i  sin  aimsir  doluidh  draile  feinnig  assin  leath 
5  deiscertach  de  Ultaib  ar  feinidhecht  fo  Eirinn  7  tri  nonbuir  a  lin  .i. 
Cathfad  drai  deghamra  comaintn  in  feinidha  sin.  Is  amlaid  boi  dono 
co  moireolus  7  draighecht  7  treinfeirdecht  lais  7  bd  dé  Ultaibh  a  bhu- 
nudhus,  acht  bd  a  n-easboi  doib.  Contarrla  dono  Cathbad  i  n-araile 
dithrub  cona  tri  nonbaraib.  Is  ed  tra  dorala  ann   feinnig  aile  isin 

10  dithrub  cetna  cona  tri  nonbaraib  aile.  Feraid  tra  imairig  a  tosuch  com- 
dar  scitha  7  dogniad  corafa  dheoigh,  uair  ro  bo  comthuitim  doib  mine 
derndais,  ar  ba  coimlin  doibk.  Dothaet  iarom  Cathbad  cona  muintir  7 
in  feinnid  aile  cona  muintir  co  hUltaib  con-marbsat  dd  oidi  déac  na 
hingine,  ar  batar  uile  i  n-oentigh  ocfleghugud  7  ni  thérna  nech  as  acht 

1 5  an  ingen  nama  7  nifeas  cia  doroine  in  argain.  Teid  in  ingen  co  n-égaine 
moir  lé  dochum  a  hatliar.  Atbert  in  t-athair  ni  chacmnacair  a  dighail, 
air  ni  feas  cia  doroine  in  argain.  Ba  lonn  dono  in  ingen  7  ba  hogla 
imon  sgel  sin.  Doluidh  iar  sin  in  ingen  for  feinidecht  tri  nonbuir  a  lin 
do  dhighail  a  haidedh.   Nos  slaided  7  nos  airceadh  cocrich  ar  uair 

20  iarom.  Assa  a  hainm  gô  sin  anald,  ar  ba  hailgen.  Nihassa  tra  a  hainm 
iar  sin  ar  andsatu  a  gaile  7  a  gaiscid.  Ba  bés  disi  dono  sgel  feinnid  do 
chuingidh  ar  gach  n-aighidh  ticedh  dia  docum,  dûs  in  fesadh  ainm  in 
fir  ro  ort  in  argain.  Fecht  n-aen  and  dono  bôi  si  i  n-araile  dithrubh  co 
n-dernsat  a  muinter  biadh  doib.  Teit  si  dono  a  haenur  ambach  co  rô 

l .  The  mètre  of  the  first  rann  seems  corrupt  ;  one  could  reconstruct  it  by  throwing 
Out  aigidh  and  so. 

t.  Breth  ingen  do  suidiu.  Noss  gabsaî  side  da  aiti  dec  for  a  haltromm  Eg.  bevthea  in~ 
gen  dosaidhe.  Ros  gabad  di  aidi  dec  dia  haltrom  Lee. —  3  huairi  ba  sognasuch  Eg. —  6 
Cathbad  drai  a  ainm  sidiu.  Sech  ba  feinnith  ba  dru'id  Eg. —  8  cid  tesrobai  a  threbad  Lee. 
—  1 3  ortatur  da  aite  dec  ina  hingini  Eg.  —  1 5  cia  du  duinib  domuin  ortt  ind  orecuin  hi  sin 
Eg_  —  ib.  co  coini  moir  Eg.  —  16  ogus  ispertt-sim  ni  coemnugair  he  de  a  n-digail,  huair 
nat  fitir  cia  rottnort  hin  n-orecuin  Eg.  —  17  ba  lunn  inn  ingen  iarum  donni  sin  ogus  for- 
rummaidi  iarum  co  m-bui  forfeinnithecht  Eg  —  19  do  diguil  a  haiti  Eg.  —  ib.  no  oirgid 
gach  crich  Eg.  no  slaiged  7  no  thuairged  cach  crich  ar  uair  Lee.  —  21  ar  annseta  a 
gaisenà  Eg.  lasna  tuatha  ar  andsatu  Lee.  —  22  in  feissith  in  n-imniuth  dotocoemnacair 
Eg.  dus  in  fesad  in  t-immed  dosneacmaing  Lee.  —  24   argniat  Eg.  airgniad  Lee. 


Irish  Miscellanies.  175 

25  thsir  in  dlthrubh  amail  ba  bes  di  cach  dithrub  i  teighedh  do  siriud. 
Amail  boi  si  and  con-jacaig  in  lochtobur  cdin  alaind  ar  lar  in  dilhruib. 
Teit  si  iar  sin  isin  lockthobur  dia  fotragadh  7  facbais  a  harm  7  a 
hèdach  for  tir.  Dotaet  dono  Cathbad  do  tsiriud  in  dithruibh  cetna,  co 
riacht  in  tobur  ait  i  m-bai  in  ingen  oc  a  fotragad.  Cathbad  tra  tainic 

50  itir  in  ingin  7  a  hèdach  7  a  harm  7  nochtais  Cathbad  in  claidheab  os 
cind  na  hingeine.  «  Nom  ain  dono  »  ol  in  ingen.  «  Mo  thri  drinnrosc 
dam-sa  »  ol  Cathbad.  «  Rod  bia  »  ol  in  ingen.  «  Ar  is  cd  ro  cinded 
dam,  inillius  frim  »  ol  Cathbad  «  ./.  sidh  7  car  a  do  beth  edraind  7  do 
bcith  do  aenmhnai  ocum  cein  nod  mair.  »  «  Fearr  lium  'na  mo  marbad 

35  i  n-eccmuis  mh'  arm  duit  »  ar  in  ingen.  Cumascait  a  n-eninadh  cona 
muinnteraibh  iar  sin.  Dotaet  iarom  Cathbad  do  senuair  co  hUltu  7  co 
hathair  na  hingine.  Fearaid  sidhe  failti  friu  7  dosbeir  jearand  doib  .i. 
Raith  Cathbdàà  .i.  la  Cruithintuaith  i  comjochraibh  don  abaind  dia- 
nad  ainm  Concobur  i  Crich  Rois.  Do  forbuir  dono  ittu  romhor  co  Cath- 

40  bad  i  n-araile  trat  do  aidhche.  Teit  dana  Nés  do  cuingidh  dighi  dô 
sechnôn  in  duine  uile  7  ni  fuair  lind  dighi  dô.  Doluidh  iar  sin  do  Con- 
cubin .i.  don  abainn  7  sithlais  in  uisci  isin  cuach  tria  chailli  7  beris 
do  Chathbad  iar  sin.  a  Fursaintcr  caindeald  dur.  »  ar  Cathbad  «  co 
fegum  in  uisci.  »  Is  ann  batar  dd  dhuirb  isin  uisci.  Nochtais  dono 

45  Cathbad  in  claidheb  os  cind  na  mna  dia  marbad.  «  Ib-siu  fein  dana  » 
ar  Cathbad  «  in  duthracht  sa  rob  ail  leat  do  61  damh-sa  no  bia-su 
marb  mina  eabha  in  uisci.  «  Ibidh  iarum  in  bean  a  dha  digh  don  uisci 
7  ibid  duirb  cacha  dighi.  Ro  toirrchedh  in  ben  iar  sin  in  fedh  bis  cach 
ben  iorrach  7  comad  dona  duirbaib  ro  toirrchidhthea  in  ben  iar  foirinn 

50  ann  sin.  Fachtna  Fathach  tra  is  é  ba  maclendan  don  ingin  7  is  e  do- 
roine  in  toirrcis  sin  fria  dar  cenn  Cathba'id  chaemdhrai.  Luid  dono 
Cathbad  fechl  n-aen  ann  do  accalldaim  in  rig  .i.  Fachtna  Fathaig 
maie  Rudraighe,  co  riachtatar  co  Madh  n-Einis.  Nos  gab  idhain  in 
mnai  for  a  fecht.  «  Mad  dia  m-beith  at  cumang,  a  ben,  »  ol  Cathbad 

5  5  «  in  ghein  fil  fat  bruindi  gan  a  breith  cô  abhdrach,  daigh  ro  budh  ri 
Ulad  no  Erenn  uili  do  mac  7  forbia  a  ainm  fa  Eirinn  co  brath,  uair 
is  a  comainm  in  lae  cétna  geinfis  in  gein  irrdairc  ro  leth  a  dû  7  a  cu- 

30  frir  ocus  a  ftetach  Eg.  —  ib.  do  nocht  a  claiJim  n-di  Eg.  —  31  amuin  in  anmuin 
Eg.  —  ib.  dar  mu  tri  drinnruisec  dam  so  Eg.  —  32  bes  ro  thacath  dim  .i.  inilli  frimm,  ol 
se,  ocus  do  chairdiusium  ocus  mu  chuimitect  gein  ba  beo.  Rotmbia  huili,  oll  si.  Bid  gusin 
argeairdius  in  fecht  so,  al  in  feinnith  aili  fria  Kathbad  Eg.  bes  ro  togad  inilli  frtm  etc. 
cen  nom  beo  i  m-biu  Lee.  —  38  la  Cremtkuinne  Eg.  —  ib.  ./'.  aub  fil  i  Crich  Rois  Eg.  — 
42  issin  cuag  hummae  Eg.  isin  cech  Lee.  —  43  connfacumar  dus  in  fuil  mi',  issind  uisqi 
Eg.  in  fil  mila  isin  n-usci  Lee.  —  44  dofuasuilgi  Eg.  —  4$  ip-si  th'ol  [ot]  eissium  a 
nduthruga\s  damso  Eg.  ib-seo  tra.  ol  se,  a  n-dothargais  dam-sa  Lee.  —  $4  mad  ro  beth 
do  chumung  Eg.  —  56  forbiad  firu  hErinn  a  ainm  Eg. 


176  Irish  Miscellanies. 

machtu  dar  in  domun  ./.  Isu  Crist  mac  dé  bithbi.  «  Doden-sa  trath 
inni  sin,  »  ar  Neas  «  acht  mina  thi  îriam  taebh  sechtair,  ni  targa 
60  conair  aile  co  ti  in  feadh  sin.  »  Is  ann  sin  doluid  Neas  docum  na  léna 
boi  im  bord  na  habnnd  dianadh  ainm  Conchobur.  Nos  fuirim  iarum 
for  in  lice  cloichthi  boi  for  bru  na  habunn,  conadh  ann  sin  tangatar 
guire  na  n-ighan  cuicci.  Conadh  ann  atbert  Cathbad  in  riîhoiricc  oc 
îaircedal  geine  Conchobuir  cond-ébert  inni  so  sis  : 

65  «  A  Neassa,  atai  a  n-gabad, 

eirgidh  neach  red  lamnadh, 

ni  faghaidh  do  lalghud, 

alair.d  li  do  glace. 

A  inghen  Eachach  Buidhe, 
70  na  bi  oc  doghra,  a  dhuine, 

bud  cend  cet  is  cuire 

domuin  e  do  mhac. 

Inann  sen  is  solud 

do  is  do  ri  in  domuin  : 
7$  biaigh  cach  oc  a  molud 

co  là  bratha  sist. 

Inand  adhaigh  berthar, 

ag  laechaib  ni  lemthar, 

a  n-geill  nocha  gebthar 
80  seissim  ocus  Crist. 

A  Muidh  Inis  beva 
ar  in  leicc  'san  lena, 
bid  irrdhairc  a  scela, 
bidh  é  so  in  ri  raith. 
85  Bidh  he  seo  câ  Ulad, 

gebus  gialla  curudh, 
bidh  adhbul  in  pudur 
a  thoitim  doclaith. 

Conchobur  a  ainm-sim 
90  gibe  raib  'ga  ghairmh-sim , 


60  in  ed  sin  Eg.  —  62  Fusrumui  iarum  for  lice  dokhi  ann  ina  suidiu  in  ûen  issind 
tenu  biucc  fria  hairgdig  anair  im-Muig  hlnis  Eg.  ;  Maig,  nis  fri  Dun  Lethglaisi  aniar  im- 
barach  Aircdigi  Lee. 


Irish  Miscellanies.  177 

bid  derga  a  airm-sim 
con  feibfuih  mor  n-dr. 
And  fogébha  a  aididh , 
ac  dighail  dé  dhoilidh , 
95  bidh  leir  slicht  a  cloidhim 

os  leir  g  leatrach  Laimh. 

Ni  bd  mac  do  Chathbad 
in  fear  alaind  athlamh, 
ni  lim-sa  nach  carthair, 
100  uair  it  rde  rem  léas. 

Bidh  mac  d'  Fhachtna  Fhathach, 
mar  ro  fidir  Scathach , 
gébaidh  geill  co  gnathach 
atuaigh  is  andeas.  An  Neas. 

105  Is  and  sin  dono  rucc  an  ingen  in  gein  boi  fa  bruindi  À.  an  ghein  an 
irrdhairc  7  in  mac  iharmgartaigh  ro  leaih  dû  fa  Eirinn.  7  mainà  fos 
in  leaccforsa  ro  geanair  À.jri  hAirgdhigh  aniar.  Is  amlaidh  iarum  ro 
geanair  in  mac  sin  7  duirb  cecha  lamha  dô.  Co  tarda  druim  tar  ais 
dochum  in  t-srotha  dùnad  comainm  Conchobur  7  dobreatha  in  sruth 

1 10  dar  ais,  conus  tdraigh  Calhbad  iar  dain  7  dobretha  ainm  fair  0  anmum 
in  t-srotha  .i.  Conchobur  mac  Fachtna.  Ro  ghab  Cathbad  in  mac  ina 
ucht  7  ro  boi  oc  buidhi  uime  7  ocjaisdine  dô,  cona  ann  itbert  in  Liid  : 

Mochean  aigidh  doriacht  ann, 
atfiadatar  daib, 
1 1 5  bidh  he  so  in  ruadh  rathmur, 

macan  Cathbaid  caeim. 

Macan  Cathbaid  coeitn 
ocus  Neassa  nua, 


96  In  Ua  Artacain's  poem,  beginning  Fianna  bâtar  i  n-Emain,  0/  which  there  is  a  copy 
in  Laud  610,  fo.  74  a.  2,  we  read  : 

Atbath  mac  Nessa  in  ri 
For  tôeb  letrach  Lamraigi. 

In  the  LL.  copy  'p.   31  a)  this  verse  is  illegible.  See  0'  Curry  MS.  Mat.  p.  643. 

105  Is  ann  sin  genuir  Conchobur  d'  adaig  iarum.  Ma  ann  sin  ind  hcc  forso  ro  genuir 
Eg.  —  108  duirb  i  cectur  a  da  lam  Eg.  doirb  ceachtar  a  da  dorn.  hit  e  no  ibestar  a 
mâthair  i  n-uisci  Chonchobuu  Lee. 

Rev.  Celt.  VI.  12 


178  Irish  Miscellanies. 

uas  dind  brig  na  m-brat , 
120  mo  mhac  ocus  m1  hua. 

Mo  mac  ocus  m  h'  ua, 
maisi  in  domuin  dian , 
bidh  righ  ratha  Une, 
bidh  [de  bidh  fiai. 

125  Bidh  file  bidh  fiai, 

bid  cend  laech  tar  lear, 
mu  buidhén  on  bhrudh , 
mu  cuilén,  mu  cean.  Mo.  chen. 

Rohailed  in  mac  sin  iarsin  la  Cathbad,  cona[d]  aire  atbertha  Con- 
!  }0  chobur  mac  Cathbaid  fris.  Gaba'is  iarom  Conchobur  righi  n-Ulad  iar  sin 
ar  thochus  a  mâthar  7  a  athar  .i.  Fachtna  Fathach  mac  Rudraighe  ri 
Ercnn  a  athair  7  is  e  dorigne  Conchobur  dar  cenn  Cathbaià.  Cona[d] 
tria  nert  a  ghaile  7  a  draighechta  in  fir  sin  .i.  Cathba'ii  ro  brised  in 
cath  irrdairc  uathmur  ar  Oïlill  7  ar  Mheidb  Forgdirigh  7  Ilghdirigh  oc 
1 3  5   tabairi  lâna  bô  Cuailngi  a  coiccid  Ulad.  Finit. 

THE  CONCEPTION  OF  CONCHOBUR. 

There  was  a  king  over  Ulster,  called  Eochu  Salbuide  mac  Loich.  A 
daughter  was  born  to  him,  called  Ness,  daughter  of  Eochu  Salbuide, 
and  twelve  tutors  took  her  in  fostership.  Assa  was  her  name  at  first, 
for  she  was  of  good  manners  and  gentle  to  educate.  This  was  the  time 
that  a  certain  Fenian  knight  from  the  southern  part  of  Ulster  went  on  a 
Fenian  expédition  through  Erinn,  with  three  times  nine  men.  Cathbad, 
the  illustrious  druid,  was  the  name  of  that  knight.  Thus  was  he,  endowed 


130  Rigi  in  choigid  Eg.  —  132  Dortgenisim  dia  chinn  Kathbaid  Eg.  —  a  tochus  a 
mathar  ocus  tria  dan  7  fisidecht  a  athar  7  tria  nert  a  gaili  7  a  gaiscid  fesin  corbo  ri 
amra  Lee.  —  133  mebuid  cathugad  for  Ailill  7  Meidb  Forgairig  ocus  Ilga:rig  oc  tain  bo 
Cuailngniu.  ocus  gabais  Conchubur  rigi  kErinn  iarta'm  coeca  b/iadna.  Finit.  Eg.  Acht  cheana 
ni  hamlaid  sin  indisit  aruili  libair  gen  Chonchcbuir  acht  fon  indasa.  Bai  Neasa  ingen 
Echach  Salbuidi  ina  rigsu  gi  amuig  ar  Emain  7  a  righingena  impi.  Doluid  in  drai  seca  .i. 
Cathbzà  drai,  do  Tradraigi  Maigi  Inis  do  ut  aili.  Asperl  inn  ingen  fris  :  Cid  diamad 
maith  i  n-aimsir  sa?  indorsa  intosa  H.  3.  i8;  ol  si.  Is  maith  do  genum  rig  fri  rigain, 
ol  in  drai.  larmafocht  an  ingen  in  bo  [im  bai  H.  3.  18;  fir  do.  Asnai  (isno  H.  3.  18) 
in  drai  na  dea  'dar  deù  H.  3.  18)  ba  fir.  Mac  (0  Concobur  H.  3.  18)  dogenta  isan  uair 
sm,forbiad  a  ainm  [a  anmaim  H.  3.  18;  os  (om.  H.  3.  18)  Erinn  co  brath  fom.  H.  3. 
18).  Do  curetar  'tocuirustar  H.  3.  18  iaium  inn  ingen  ina  dochom,  uair  nad  (inna  H.  3. 
18)  faca  nach  feurscal  cheana  i  fecus  (ind  ocus  H  3.18)  di.  Ba  torrach  iarum  inni  (inti 
H.  3.  18)  Neas.  Bai  an  gen  (in  gein  H.  3.  18)  for  (fo  H.  3.  18. ï  a  bru  tri  misa  for 
teora  bliadna.  Oc  fleid  Uthair  maie  Forduib  ba  halacht.  Ler. 


Irish  Miscellanies.  179 

with  great'knowledge  and  druidical  skill  and  bodily  strength,  and 
his  origin  was  from  Ulster,  though  he  was  absent  from  there.  Now, 
Cathbad  came  into  a  wilderness  with  his  three  times  nine  men.  They 
then  begin  to  fight,  until  they  grow  weary,  and  at  last  they  make  a  co- 
venant,  for  they  would  ail  hâve  fallen  together  unless  they  made  it,  as 
they  had  equal  numbers.  Thereupon  Cathbad  with  his  people  and 
the  other  Fenian  knight  with  his  people  went  into  L'ister,  and  killed  the 
twelve  tutors  of  the  maiden  ,  for  they  were  ail  in  one  house  feasting.  And 
none  of  them  escaped  but  the  maiden  only,  and  it  was  not  known  who 
had  wrought  the  slaughter.  The  maiden  then  went  with  great  wailing  to 
her  father.  The  father  said  it  was  not  possible  to  avenge  her,  as  it  was 
not  known  who  wrought  the  slaughter.  Now  the  maiden  was  angry  and 
wroth  at  this.  She  then  went  on  a  Fenian  expédition  with  three  times 
nine  men  to  avenge  her  tutors.  She  destroyed  and  plundered  every  sin- 
gle district.  Till  then  her  name  was  Assa.  for  she  was  gentle.  But 
Nihassa  was  her  name  after  that,  because  of  the  greatness  of  her  prow- 
ess  and  valour.  It  was  her  custom  to  ask  news  of  Fenian  knights  from 
every  stranger  that  she  met,  to  see  whether  she  would  find  out  the 
name  of  the  man  that  wrought  the  slaughter.  Once  upon  a  time,  she  was 
in  a  w  ilderness.  and  her  people  were  preparing  their  food.  Then  she  went 
forth  alone  on  quest  into  the  wilderness  as  she  was  wonttogoonquest  in 
every  wilderness  that  she  came  into.  As  she  was  there,  she  saw  a  clear 
beautiful  spring  in  the  midst  of  the  wilderness.  Thereupon  she  went 
into  the  spring  to  bathe,  and  left  her  weapon  and  her  dress  on  the  land. 
Now  Cathbad  came  on  quest  to  the  same  wilderness,  and  he  reached 
the  spring  where  the  maiden  was  bathing.  Cathbad  then  went  between 
the  maiden  and  her  dress  and  her  weapon,  and  he  bared  his  sword  over 
the  head  of  the  maiden.  Now  spare  me,  »  cried  the  maiden.  «  Grant 
my  three  requests,  said  Cathbad.  a  Thou  shalt  hâve  them  »  said  the 
maiden.  «  For  this  I  hâve  determined,  »  said  Cathbad  «  that  thou  must 
be  under  my  protection,  and  there  must  be  peace  and  covenant  between 
us,  and  thou  must  be  my  only  wife  as  long  as  thou  livest.  »  »  It  is  better 
for  me  than  to  be  killed  by  thee,  and  my  weapons  gone,  »  said  the  mai- 
den. Then  they  and  their  people  unité  in  one  place.  At  a  propitious  hour 
Cathbad  then  proceeds  to  Ulster  and  to  the  father  of  the  maiden  who 
makes  them  welcome  and  gives  them  land,  namely  Raith  Cathbaid  in 
the  country  of  the  Picts,  near  the  river  called  Conchobur  in  Crich  Rois. 
Now,  at  a  certain  hour  in  the  night,  a  prodigious  thirst  fell  upon 
Cathbad.  Then  Ness  went  through  the  whole  fort  to  seek  a  drink  for 
him,  but  found  no  drink  for  him.  She  went  to  the  river  Conchobur  and 


180  iTÎsh  Miscellanics. 

strained  the  water  in  the  cup  through  her  veil,  and  then  brought  it  to 
Cathbad.  «  Let  a  light  be  kindled,  »  said  Cathbad  «  that  we  may  see 
the  water.  »  Then  there  were  two  worms  in  the  water.  Cathhad  bared 
his  sword  over  the  head  of  the  woman  with  intent  to  kill  her.  «  Drink 
thyself,  then,  »  said  Cathbad  «  what  thou  wouldst  hâve  me  drink,  or 
thou  wilt  be  killed,  if  thou  drink  not  the  water.  »  Then  the  woman 
drinks  of  the  water  twice,  and  she  drinks  a  worm  at  either  draught. 
Thereupon  the  woman  grew  pregnant  for  as  long  a  time  as  every  wo- 
man is  pregnant,  and  some  say  that  it  was  by  the  worms  that  she  was 
pregnant1.  But  Fachtna  Fathach  was  the  leman  of  the  maiden,  and  he 
caused  this  pregnancy  instead  of  Cathbad,  the  noble  druid.  Now  Cath- 
bad on  a  time  went  to  talk  with  the  king  Fachtna  Fathach,  the  son  of 
Rudraige,  and  they  came  to  Mag  Inis.  The  pangs  of  childbinh  came  upon 
the  woman  on  her  journey.  «  0  would  it  were  be  in  thy  power,  >■  said 
Cathbad,  «  0  wife,  not  to  bring  forth  the  child  that  is  in  thy  womb  till 
to-morrow,  for  thy  son  would  then  be  king  of  Ulster,  or  of  ail  Erinn,  and 
his  name  will  last  in  Erinn  for  ever,  for  it  is ...  of  the  same  day  that  the 
illustrions  child  will  be  born  whose  glory  and  power  has  spread  over  the 
world,  namely  Jésus  Christ,  the  son  of  God  everlasting.  »  «  I  will  do 
so,  »  said  Ness.  «  If  it  do  not  corne  out  through  my  side,  it  shall  not 
corne  out  any  other  way  until  that  time  arrive.  »  Thereupon  Ness  went 
to  the  meadow  that  was  on  the  bank  of  the  river  Conchobur.  There  she 
sat  her  down  on  a  flagstone  that  was  on  the  brink  of  the  river.  So  there 
came  the  pangs  of  childbirth  upon  her.  Then  Cathbad  spoke  this  poem 
prophesying  the  birth  of  Conchobur,  and  he  said  this  hère  below  : 

«  0  Ness,  thou  art  in  péril. 

Let  everyone  rise  at  thy  birth-giving, 

Not to  soothe  thee. 

Beautiful  is  the  colour  of  thy  hands, 

0  daughter  of  Eochu  Buide. 

Be  not  sorrowful,  O  wife, 

A  head  of  hundreds  and  of  the  hosts 

O;'  the  world  will  he  be,  thy  son. 

The  same  propitious  hour 


i.  In  the  Cophur  na  muccide  LL.  240  b,  this  engendering  power  is  in  the  same  way 
attributed  to  two  worms  [di  dorbbi,  that  are  swallowed  by  two  cows,  and  thus  beget  the 
famous  bull,  called  the  Dond  Cualngi,  and  the  cow  called  Findbennach  Ai.  Note  the  fém- 
inine gendèr  of  dorb.  In  LL.  329  a,  the  nom.  sing.  duirp  and  duirb  occurs,  which 
seems  to  be  the  accusative  used  instead  of  the  nominative. 


Irish  Misccllanics.  181 


To  hirr.  and  to  the  king  of  the  world. 

Everyone  will  praise  him 

For  ever  to  the  day  of  judgment. 

The  same  night  he  will  be  born, 

Heroes  will  not  defy  him, 

As  hostage  he  will  not  be  taken, 

He  and  Christ. 

In  the  plain  ot  Inis  thou  wilt  bear  him, 
Upon  the  flagstone  in  the  meadow. 
Glorious  will  be  his  story, 
He  will  be  the  king  of  grâce, 
He  will  be  the  hound  of  Ulster, 
Who  will  take  pledges  of  knights. 
Awful  will  be  the  disgrâce 
When  he  falls 

Conchobur  his  name, 

Whoso  will  cal)  him. 

His  weapons  will  be  red, 

He  will  excel  in  many  routs. 

There  he  will  fmd  his  death, 

In  avenging  the  pitiable  god. 

Clear  will  be  the  track  of  his  sword 

Over  the  slanting  plain  of  Laim. 

He  will  be  no  son  to  Cathbad, 

The  beautiful  active  man. 

Yet  by  me  he  is  beloved 

Because   .  .  .   useful  to   me. 

He  will  be  a  son  of  Fachtna  P'athach, 

As  Scathach  knows, 

He  will  often  take  hostages 

From  the  north  and  from  the  south  >•. 


Then  the  maiden  gave  birth  to  the  child  that  was  in  her  womb,  namely 
the  glorious  illustrious  child  and  the  promised  son  whose  famé  spread 
over  Erinn,  and  the  stone  still  remains  on  which  he  was  born,  to  wit, 
to  the  west  of  Airgdig.  Thus  the  boy  was  born,  with  a  worm  in 
either  of  his  hands.  Then  he  went  head  over  heels  towards  the  river 
Conchobur,  and  the  river  went  over  his  back,  until  Cathbad  seized  him, 
and  he  was  called  after  the  name  of  the  river,  namely  Conchobur  mac 


\Si  Jrish  Miscellanics. 

Fachtna.  Cathbad  took  the  boy  in  his  bosom,  and  gave  thanks  for  him 
and  prophesied  to  him,  so  that  it  was  then  he  uttered  this  song  : 

i   Welcome  the  stranger  that  has  corne  hère, 

As  they  hâve  told  you, 

He  will  be  the  gracious  lord, 

The  son  of  noble  Cathbad. 

The  son  of  noble  Cathbad, 
And  of  Ness,  the  strong, 

Above 

My  son  and  my  grandson. 

My  son  and  my  grandson, 
The  crnament  of  the  world.  .  . 
He  will  be  a  king  of  grâce.  .  . 
He  will  be  a  poet,  he  will  be  just. 

He  will  be  a  poet,  he  will  be  just, 

He  will  be  the  head  of  warriors  over  the  sea, 

My  beloved  bird  from  the.  ... . 

My  kitten,  my  head.  » 

The  boy  was  then  reared  by  Cathbad,  so  that  therefore  he  was  called 
Conchobur  the  son  of  Cathbad.  Afterwards  Conchobur  assumed  the 
kingship  of  Ulster  in  right  of  his  mother  and  his  father,  for  Fachtna 
Fathach  the  son  of  Rudraige,  the  king  of  Erinn,  was  his  father,  and  it 
is  he  that  begat  Conchobur  in  Cathbad's  stead.  And  through  the  strength 
of  the  valour  and  of  the  druidical  knowledge  of  that  man  Cathbad  was 
the  battle  of  Forgarach  and  Ilgarach  gained  upon  Ailill  and  Medb  at  the 
cattlespoil  of  Cualnge  from  the  province  of  Ulster. 


The  two  following  texts,  preserved  on  fo.  50b.,  and  fo.  84  b.  2 
respectively,  relate  two  adventures  of  Cuchulaind.  which  I  hâve  not 
found  mentioned  anywhere  else.  The  verses  I  leave  untranslated,  as 
they  contain  much  dubious  matter. 

Comracc  Conchulaind  re  Senbecc  hua  n-Ebricc  a  Segais  in  so. 
Feacht  n-aen  dino  do  Choinculainn  '  la  taeb  na  Boine  ina  charput  7 
Laeg  mac  Rianngabra  'na  farrad  7  des  niadh  nonbur  uaso  oc  guin  na 

1  Chonchulainn  MS. 


Irish  Miscellanies.  183 

n-i.ich  il-Lind  Feig.  Confacatar  in  fer  m-becc  i  n-edach  corcra  7 
luingin  creduma  foi  fri  troisc  na  Boinne  gan  imram  itir.  Dobert  Cùchu- 
5  laind  for  a  bois  cona  luingin.  «  Dotrala  ind  0  ar  Cùchulaind.  «  Is 
docha  »  ar  se.  «  Doter  logh  n-anacail  .i.  mo  brat  7  mo  leine  7  atat 
buada  leo  .i.  ai  coimsi  do  cech  duine  itir  becc  7  mor.  Ni  baitW,  ni 
loischx  cein  beit  imme.  Ni  raga  urcra  forro  na  ar  inti  imbd  m-bia  7 
cech  daih  is  maith  ré  neach  bid  forro.  »  «  Acum  aiat  ceana  »  ar  Cûchu- 

10  bind.  »  Beir  mo  sciath  7  mo  ghai  7  ni  co  n-gébtar  calh  no  comlonn 
frit  7  nit  gonfaidhthar  do  ghres  gin  bes  in  sciath  ar  do  scdth.  »  «  H 
lim  uile,  »  ar  Cùchulaind  »  atat  acuil  mo  duirnn  « .  a  Is  tromda  atai 
rim  »  ar  Scnbecc.  «  Ce  raed  sut  acut  '.  »  ar  Cùchulaind.  «  Timpan 
becc  »  ar  Senbecc  «  7  in  sepainfidhhr  duit-si  he  »  ?  «  Maith  lium  »  ar 

i  5  Cùchulaind.  Atnaigh-sium  a  mher  tharse  co  m-boi  Cùchulaind  oc  sir- 
chui  lâsin  n-golltraighes.  Rot  sephain  dono  gentraighes  co  m-boi  Cùchu- 
laind oc  sïrgaire.  Ro  seinn  suantraighes  co  m-boi  Cùchulaind  on  trath 
co  celle  ina  suan  7  i  sircodlad.  Luidh  Senbecc  dia  thigh  7  nom  beir  a 
breig  a  durnn  Cuculaind.  Is  do  sin  dono  ispert  Aengus  mac  Muilduin 

20  maie  Aedha  mhaic  Neild  : 

Fuair  /?ua  Eibricc  forsin  sruth 

itir  sceoil  ainscelu  gugud 

Séphain  Senbecc  sal  iar  sruth 

do  Coinculaind  chostadhach. 
25  Ni  hagh  a  seinm  na  suainchi 

Senbecc  na  seghsa  siancha 

for  bruinnib  Bonne  braiche 

do  dhalta  Scathchi  sciatheha. 

Senbecc  ua  hEibric  a  Seghais 
50  is  é  ro  sepaind  a  seinm.  Finit. 


The  combat  of  Cùchulaind  with  Senbecc,  grandson  of  Ebrecc,  from 

Segais. 

Once  upon  a  time  Cùchulaind  was  in  his  chariot  on  the  bank  of  the 
Boyne,  and  Loeg,  the  son  of  Riangabar,  with  him.  And  he  was  perfor- 
ming  the  feat  of  the  nine  heroes  over  the  river,  killing  the  salmon  of 
Lind  Feic,  when  they  saw  a  little  man  in  a  purple  dress,  and  a  small 
boat  of  bronze  under  him on  the  Boyne,  without  rowing  at  ail.  Cù- 
chulaind took  him  on  his  hand  together  with  his  boat.  >  Thou  art  in  it  » 
said  Cùchulaind.  <  The  likelier  then,  a  said  he  ■  that  I  shall  give  a  ransom, 


184  hish  M iscellamcs. 

to  wit,  my  cloac:  and  my  shirt,  and  they  havetheir  virtues,  inthat,  they 
fit  any  man,  be  he  small  or  great.  He  is  not  drowned  nor  burnt,  as  long 
as  they  are  on  him.  No  decay  cornes  upon  them,nor  upon  him  on  whom 
they  are,  and  any  colour  you  like  will  be  on  them.  »  «  They  are  mine 
without  that  »  said  Cuchulaind.  «  Take  my  shield  and  my  spear,  and 
thou  v.ilt  not  be  beaten  in  battle  or  combat,  and  thou  wilt  never  be 
wounded  as  long  as  the  shield  is  protecting  thee.  »  «  They  are  ail  mine  » 

said  Cuchulaind.    «  They  are of  my  fist.  »  «  Thou  art  heavy  upon 

me  »  said  Senbecc.  «  What  little  thing  is  that  with  thee?  »  asked  Cu- 
chulaind. a  A  small  harp  d,  said  Senbecc  «  and  shall  I  play  it  to  thee?  » 
«  I  am  pleased  0  said  Cuchulaind.  Then  he  van  his  fingers  overit,  in  such 
wise  that  Cuchulain  kept  shedding  tears  at  the  melancholy  tune.  Then 
he  played  the  merry  tune,  and  Cuchulaind  kept  laughing  continually. 
He  played  the  sleepy  tune,  and  Cuchulaind  was  in  sleep  and  contin- 
uous  slumber  from  one  hour  to  the  other.  Senbecc  went  home,  and 


[Aithcd  Emere  le  Tuir  n-Glesta  mac  rig  Lochlann.'] 

Luid  Cuchulaind  lalthï  n-aen  ann  do  forom  ar  enlaithib  la  taeb  Tragha 
Balle  im  cenn  t-Shlebe  Breg  7  Laegh  ina  farradh  ann  7  facbad  Eimer  i  n-Dun 
Delgan.  Conud  e  sin  in  la  tainic  .i.  mac  rig  Lochlann  .i.  Tuir  Glesta  7  0 
tainic  dochuaid  do  Dun  Delgan,  1.0  facaid  Emir  é  7  tue  grad  dichra  do.  7  do- 
minais leis  cona  2  comail  coimidechla.  7  do  crechad  Mag  Murthemne  7  Crich 
Conaill  7  ferand  Subaltaig  maie  Roig  7  ruesat  leo  a  >  crecha  co  cuan  7  do 
desetar  a  longa  7  ruesat  a  crecha  co  Manuind  7  co  hindsib  Gall  7  co  Dun 
Monaig.  Et  rai  nie  fis  in  sceoil  sin  co  Coinculaind  7  tainic  rolme  co  hairm  i 
m-bai  inibrach  7  luid  fem  7  Laeg  co  Dun  Monaig  7  ro  jocair  comracc  ar 
Tuir  n-Glesta  7  ro  [f]reagair  mac  rig  Lochlann  in  comrag  sin  7  ba  brighmar 
in  comrac  do  ferud  eturru*  and  sin  7  ro  marbad  mac  rig  Find-Lochlann  isin 
comracc  sin  7  do  toglad  in  dun  la  Coinculaind  7  iucad  Emir  ar  culuî  dori- 
disi  amal  asbert  na  runna  sa  : 

A  Emir,  nirsam  runa, 
dorinnis  gnim  n-ardula  : 
imtechi  uaim  le  Tuir  n-Glesta 
is  mer  inimat  sida. 


1  There  is  110  heading  in  the  MS. 

2  coa  MS. 

3  ;  MS. 

4  aturadh  M  S. 
j   culud  MS. 


Irish  Misccllanies.  18$ 

In  t-eathar  bis  ar  in  linn, 
is  cuma  leis  cia  teit  ind  : 
as  mar  sin  d'  ethar  na  mna, 
cuma  le  cia  nos  mêla. 

Tancamar  turus  dar  lear 
co  Dun  Monaig  na  miled 
ocus  ro  marbsiïmar  V  fear 
a.sin  iceann,  a  Emir.  A  Emir. 

THE    ELOPEMENT    OF    EMER    WITH    TUIR    GLESTA,    SON    OF    THE    KING    OF 

NORWAY. 

Once  upon  a  day  Cuchulaind  went  to  chase  birds  by  the  side  of  Traig 
Baile  near  the  head  of  Slieve  Breag,  and  Loeg  was  with  him  there,  and 
Emer  was  left  in  Dundalk.  Now  îhis  was  the  day  that  the  son  of  the 
king  of  Norway,  called  Tuir  Glesta,  came,  and  when  he  came,  he  went 
to  Dundalk  where  Emer  saw  him  and  fell  fervently  in  love  with  him. 
And  she  went  with  him,  accompanied  by  her  maid  in  waiting.  And 
the  plain  Murthemne  was  plundered,  and  Crich  Conaill,  and  the  land  of 
Subaltach  mac  Roig.  and  thev  took  their  spoil  with  them  to  the  harbour. 
and  embarked  in  their  ship.  And  they  conveyed  their  plunder  to  the  Isle 
of  Man.  and  to  the  Isles  of  the  foreigners,  and  to  Anglesey.   And  the 

news  reached  Cuchulaind.  And  he  went  where ,  and  he  went  him- 

self  with  Loeg  to  Anglesey,  and  challenged  Tuir  Glesta  to  combat.  And 
the  son  of  the  king  of  Norway  accepted  fight,  and  mighty  was  the 
combat  that  was  fought  between  them  there.  And  the  son  of  the  king  of 
Norway  was  killed  in  that  fight,  and  the  fort  was  ransacked  by  Cuchu- 
laind, and  he  took  Emer  back  again,  when  he  spoke  thèse  verses. 


The  following  poem  which  is  ascribed  to  Oisin,  son  of  Finn,  is  found 
on  fo.  66  a,  2.  It  is  composed  in  a  very  elaborate  and  fine  mètre,  the 
System  of  which  is:  ~  a  —  ~  b  —  7  c  —  ~  b,  a  and  b  being  trisyllabic, 
and  c  monosyllabic.  There  is,  besides,  perfect  correspondence  between 
two  syllables  of  the  first  and  two  of  the  second  line  loiscit  —  coiscit,-lochar 
—  sochur,  aille  —  tdite,  bruardn  —  tr'agan.,  and  between  c  and  a  word 
of  the  fourth  line  trdig  —  bdid,  trîaig  —  ùair,  bith  —  rith,  chndim  — 
Idr .  Lastly  there  is  allitération  in  almost  every  line.  Mark  also  the  en- 
tire  absence  of  a  cheville  which  usually  disfigures  even  the  shortest  Irish 
poem.  As  to  the  contents  of  the  poem,  this  seems  to  be  the  oldest  corn- 


ih>6  Irish   Miscellanics. 

position  extant,  in  which  Oisin  is  introduced  as  an  old  man  converted 
to  christianity,  complaining  of  the  loss  of  his  powers,  and  remembering 
the  glory  of  the  days  of  old.  Indeed,  in  thèse  four  short  ranns,  the  key- 
note  is  struck  of  ail  those  later  socalled  Ossianic  compositions,  which 
are  known  as  Dialogues  between  Oisin  and  Patraic. 

I  do  not  understand  the  fourth  verse   which  I  leave  untranslated. 

OISIN    MAC    FIND    CECINIT. 

Ro  loiscit  na  lama  sa, 
Ro  choiscit  na  gnima  sa  : 
Dochuaïd  tuili,  lainic  traig, 
Co  ro  ba'ui  na  briga  sa. 

5  Aîlochur  don  duilemain, 
Fuair  sochur  co  sârmedair  : 
Fata  mo  la  i  m-bethaid  truaig, 
Ro  bd  uair  co  haillemail. 

Ropsam  aille  airechta, 
10  Fuair  mna  laide  tabarta  : 
Ni  tlaitk  ata  ic  triall  don  bith, 
Ro  scdig  mo  rith  rabarta. 

In  bruaran  becc  brisisiu, 
Don  truagan  fraise  thisea  : 
i  <)  Mir  ar  cloich  de  mir  ar  chnaim, 
Hir  ar  in  lar  loisethsca.  Ro.  I. 


OISIN,    THE    SON    OF    FiNN,    SANG. 

Withered  are  thèse  arms,  —  Quelled  are  thèse  deeds  :  —  The  tide  has 
come,  it  has  reached  the  shore,  —  And  has  drowned  thèse  powers. 

I  offer  thanks  to  the  Creator,  —  He  has  found  solace  with  great  joy  :  — 
Long  is  my  day  in  the  sad  life.  —  Once  I  was  joyful. 

We  were  fair  assemblies,  — —   I  am  not 

weak  in  departing  from  this  world,  —  Gor.e  is  my  sportive  course. 

Kuno  Meyer. 
Hamburg,  January  1884. 


Irish  Miscellanies.  187 


ADDENDA 

TO    M.    DE    JUBAINVILLE'S    CATALOGUE    DE    LA    LITTÉRATURE    ÉPIQUE 
DE    L'IRLANDE. 

The  following  addenda  to  this  most  valuable  book  I  am  enabled  to 
give  from  my  notes  and  extracts  from  several  of  the  principal  vss.  of 
the  libraries  of  great  Britain  and  Ireland  where  they  must  somehow 
hâve  escaped  the  notice  of  M.  de  Jubainville. 

P.  18.  The  Aided  Conrôi  is  a!so  found  in  the  Bodleian  codex  Laud 
610,  f".  1 17  a.  2  —  1  17  b.  1,  though  not  under  this  heading.  As  this  is 
an  old  version  of  this  interesting  taie,  wbich  has  never  been  published 
except  in  Keating's  History,  I  insert  it  hère  '. 

C'u  so  thucait  ar-ro  marbsat  Ulaid  Coinrûi  mzcDâre?  Ni  ansa.  Hi  cinaid2 
saraigthe  Chonchulaïnd  im  Blaihnaii  ingin  Minn  no  Phuillmaic  Fiduig  tucad 
a  forbais  fer  Falga  7  im  na  teora  erca  Inclinai  no  Echdah  7  im  na  tri 
firu  ochaine  .i.  eoin  beca  bitis  for  ôaïb  na  m-bo  .i.  inn.i  n-erc  in  tan  no 
thaltais  isin  coirc,  air  ni  thaltais  cena  .i.  co  m-beth  a  coire  fiadaib  7  co 
m-betis  an  eoin  for  a  n-ôaib  oc  ciul  doibh.  Ar  iss  e  in  coire  no  gebei  greim 
laig  doib.  Tricha  haige  lucht  in  choire  sin  7  a  Lin  cacha  tratha  iss  ed  no 
bligthe  huadib-seom.  Unde  Cuculamd  cecinit*  : 

Ro  bâi  choire  isin  dûn  :         loeg  na  teora  m-bô, 
Tricha  aige  inna  crocs,         nir  bo  luctlach  do. 

Tathigthis  in  coire  sin         (ba  mcllach  in  bag 
Ni  tluigtis  huad  atherruch         co  farbaigtis  lan. 

Bai  mor  n-oir  is  argait  and         (ba  mcllach  in  frit  h  s) 
Dobiur-sa  in  coire  sin         la  ingin  ind  rig. 

Curoi  ro  rade  fria  mnai  dia  n-acca  Ultu  isin  matain  ac  taidecht  dochum 
a  chatrach  cucai  tre  chiaich  na  maitne  :  «  Nachat  sluaig  sût?  »  «  Nidat 
shiaig,  »  ol  in  ben  «  act  aimai  bo.  »  Unde  Curai  cecinit 6  : 

l.  The  same  story  is  told  in  the  Dinnsenchus  LL.   169  b  s.  v.  Findglas. 
1.  cinaig  as. 

3.  Cf.  Cormac's  Glossary  s.  v.  fir.  and  the  Dinnsenchus  LL  160  b  s.  v.  Adarca  luchna. 

4.  Thèse  three  rann's  are  part  of  the  poem  spoken  by  Cùchulaind  in  the  taie  Siabur- 
charpat  Conculaind  LU.  1 14  b,  3nd  suppiy  some  good  variants  to  that  copy. 

j.  Frith  .i.  édâil 0'C\.  It  occurs  in  the  Serglige  Conculaind  41  (Ir.T.)  :  ni pad  \Jh]rith 
lat-su  mo  lecun-sa. 

6.  Compare  the  following  verses  spoken  on  a  similar  occasion,  in  the  Mesce  Ulad,  LL. 
265  a,  and  Edin.  XL.  p.  5  s  : 

Masat  cita  co  n-dath  cita        ni  himmirgi  oenéoin 

ir,i  bratt  brcc  co  n-dath  banùir  darkt  ïm  cach  n-o-.néôn. 


1 88  Irish  Miscellanies. 

v  Matsat  aimai  is  condat  aimai         nidat  aimai  choelbo 
Atta  fer  bec  btrtais  faebra        for  main  chaca  hoenbo.  » 

Ro  haslach  iaruin  cotlud  fair-seom,  co  ro  doirt  si  in  tan  sin  blegon  na 
n-erc  isinglaissi.  Ar  iss  e  '  sein  comarda  dorât  si  do  Choinculaind  .i.  in  tan 
bad  oslaicthe  in  chathir  7  coidelad2  in  fer  no  dortfed  si  blegon  na  n-erc  issin 
glaisi.  Dognith  samlaid.  Unde  Finnglaissi  uocat.i  est.  Dollotar  iarum  Ulaidj 
ro  marbsat  Coinrai  inna  cuimriuch  iarna  chuimriuch  dissi  7  ro  loiseseî  in 
cathraig.  Unde  quidam  uidens  ait  : 

«  Coich  in  macan  a  s  toi 
Hi  toib  chathrach  Choinrôi  '. 
Mad  i  m-bethaid  mie  Dàre, 
Ni  loisefed  ceni  mâle.  » 

0  samain  co  rnedôn  erraig  ro  hast  ind  imguin  Ultu  7  triar  for  leithasluag 
foracbaiset. 

Then  folio w  the  Briathra  Ferchertne  triana  codlud,  a  poem  which  is, 
not  as  might  be  supposed,  identical  with  the  Amra  Conroi.  The  begin- 
ning  is  : 

Atchiu  da  choin  ac  congail. 

There  are  36  rann's  ofit.  It  ends  on  the  top  of  fo.  1 18-'.  2,  where  it  is 
followed  by  the  verses  : 

Curui  ro  chan  in  so  in  la  ro  marbad  : 

H:  amae  t\  t  gai 

Osnad  môr  mérmak  Neill: 

Muin  ar  mug,  run  do  mnai, 
Mairg  dogni  cechlar  n-ai  3. 

P.  21,  the  Aided  Derbforgaill  has  been  omitted,  yet  it  is  found  in  LL. 
p.  125  a,  though  without  a  heading,  which  is  supplied  by  another  copy 
in  the  Stowe  ms.  992,  fo.  54  b,  1. 

P.  69,  instead  of  Irgairig  read  îlgdirig.  This  is  a,  to  me,  obscure 
désignation  of  the  last  great  battle  in  the  Tdin  Bô  Cûalnge,  repeat- 
edly  referred  to  as  such  in  the  LL.,  e.  g.  p.  9!  b  :  Airm  condricfaiiis 
cethri  ollchoicid  hErenn  Forgairig  7  llgarig  i  cath  Tâna  Bô  Cualgne  feib  ra 
tharngirset  druidi  fer  n-hErenn.  This  same  battle  is  thus  referred  to  in  the 


1.  anaisse  ms. 

2.  conddad  ms. 

;.  The  same  sentiment   is  expressed  in  nearly  the  same  words  in  the  Scél ,  mucci  Mie 
Dâthô,  Ir.  T.  p.  97,  but  is  there  ascribed  to   a    certain  Crimlhand.  Compare  also  LL. 

'"4  b>  4  : 

ni  innisfind  i  jail  ban        in  scél  bad  âil  dam  do  chleith. 


Irish  Mi  scellante  s.  189 

Compert  Conchobuir  Stowe  ms.  992,  48  a.  1  :  cona  tria  nert  a  gaile  7  a 
draighechta  infir  sin  À.  Cathbaid,  ro  brisai  in  cath  irrdairc  uathmur  ar 
0/7/7/  7  ar  Mheidb  Forgdirigh  7  Ilghdirigh  oc  iabairt  tdna  bô  Cuailngi  a 
coiccid  Ulad. 

P.  93,  add  the  Compert  Conlaicli,  which  forms  an  épisode  in  the 
Tochmarc  Emere. 

P.  1 }  5,  instead  of  Fercuitbid  Mcdbe  read  Ferchuitred  M.  This  taie  is  not 
lost,  as  M.  de  Jubainville  supposes,  but  is  found  in  Rawl.  512  fo.  1  a, 
2.  O'Grady,  in  his  ms.  list  of  contents,  prefixed  to  this  codex,  calls  it 
«  the  Story  of  Queen  Medb's  three  husbands. 

P.  1 5 1 ,  instead  of  Immarcor  read  Immathcor,  as  is  the  reading  ofthe  ms. 

Some  omissions  seem  to  hâve  been  caused  by  the  circumstance  that 
several  taies  which  are  commonly  known  as  épisodes  in  larger  narra- 
tives, occasionally  occur  as  separate  pièces.  Thus,  the  taie  Echtra  Mâcha 
which  relates  the  origin  ofthe  name  of  Emain  Mâcha  is  found  separately 
in  Laud  610,  fo.  84  a,  2,  corresponding  to  LL.  20  a  where  it  cornes 
under  the  head  of  Do  flathiusaib  hErend,  whilst  it  also  forms  an  épisode 
in  the  Tochmarc  Emere,  Stowe  ms.  992  fo.  81  .?.  2. 

In  the  same  way,  the  correspondence  betsveen  Alexander  the  Great  and 
Dindimus.  the  king  of  the  Brahmans,  is  a  separate  pièce  in  Rawl.  5 12 
fo.  99  a  -  100  b,  whilst  it  forms  part  ofthe  story  of  Alexander  in  the 
Lebar  Brecc  and  in  the  Book  of  Ballymote. 

The  Togail  Dûine  Geirg  which  is  an  épisode  in  the  Tochmarc  Feirïe  LL. 
p.  254  a,  is  found  separately,  though  not  under  this,  or  any  heading,  in 
Egerton  1782  fo.  69  fr-70  a. 

The  Aided  Finn  is  not  lost.  There  are  even  two  différent  stories  that 
bear  this  title.  It  occurs  as  an  épisode  in  the  Cath  Finntrâga  which  in 
Rawl.  487  is  headed  :  Cath  Finntragha  ann  so  sios  ./.  Oighe  Finn  le  fianaibh 
Eirionn  7  bas  Duiri  Duin  rig  an  domhain  moir.  However,  Finn  does  not 
actually  die  in  this  fight,  but  after  having  killed  Ogarmach,  the  daughter 
ofthe  king  of  Greece,  he  falls  on  his  <  cosair  crô  7  ba  marb  he  asa  aithli 
acht  ge  do  eirig  aris  »  i.  e.  «  he  was  dead,  but  that  he  rose  again.  » 
The  title  Aided  Finn  seems  more  properly  to  belong  to  a  story  which  is 
found  in  Egerton  1782,  fo.  24  b.  2,  and  Laud  610,  fo.  121  b.  1,  and 
which  has  also  been  overlooked  by  M.  de  Jubainville.  In  the  former  ms. 
it  is  headed  :  Tesmholta  Corbmaic  ui  Cuinn  et  aighed  Finn  maie  Cumail 
sunn,  whilst  in  the  latter  there  is  no  heading. 

This  taie,  after  a  short  account  of  the  justice  and  splendour  of  Cor- 
mac's  reign,  which  is  illustrated  by  some  «  tesmolta  »,  begins  to  turn  to 
Finn  in  this  way   Laud  :   Ba  mor  tra  a  smacht-som  7  a  cumachta  "scil. 


190  Irish  Miscellanies. 

Cormaic]  for  feraib  Erenn,  air  ni  lamadh  nech  a"  feraib  Erenn  betli  fo  di- 
maine  acht  mina  beith  a  n-amsaine  la  Cormac.  h  e  iarum  ba  taisech  îeglaig 
7  amus  7  ba  gilla  con  la  Cormac  .i.  Finn  mac  Cumaill.  Air  is  i  cclhern  is 
dech  la  ri  Temra  do  grès  a  gilla  con.  It  is  then  told  how  Finn  in  his  old 
âge  lived  in  Almain  with  his  wife  Smirgat,  a  daughter  of  Fothad  Canand. 
She  it  was  who,  being  a  banfaid  7  banfisid ,  prophesied  to  her  husband 
that  he  would  die  if  he  drank  out  of  a  horn.  So  Finn  never  drank  out  of 
a  horn,  but  out  of  cups  ahvays.  It  so  happened,  however,  that  he  was 
once  in  the  place  called  Adarca  luchna  '■  the  Horns  of  Iuchna;  and 
drank  out  of  a  well  there  ;  and  when  he  put  his  thumb  under  his  wis- 
dom  tooth  he  knew  that  his  death  was  near.  Then  follows  an  account 
of  the  battle  of  Brea  on  the  Boyne  in  which  Finn  is  killed  by  Aiclech  mac 
Duibrend,  the  grandson  of  Urgrend.  «  Is  i  sin  iarum  aigid  Finn  iar  firinne 
in  sencasa  amal  adfiadat  na  heolaig  ». 

P.  205,  There  is  a  prose  version  of  the  Selg  Sléibe  na  m-Ban  Finn  in 
Egerton,  1782,  fo.  20  b,  1. 

P.  227,  it  ought  to  hâve  been  mentioned  that  Rawl.  5 12  contains  but 
a  small  fragment  of  the  Tochmarc  Emere,  curiously  enough  just  what  is 
wanting  in  the  LU.  copy.  The  Stowe  ms.  992  fo.  80  a.  1  — 84t.  1  has  a 
perfect  and  very  good  copy  of  the  whole  story  which  I  hope  to  publish 
soon. 

In  conclusion,  I  add  a  list  of  the  taies  found  in  the  Stowe  ms.  992 
which  are  not  mentioned  either  by  O'Conor.  or  in  the  catalogue  of  1 849. 
Those  marked  with  an  asterisk  I  hâve  never  met  with  before. 
A'uied  Conchobuir  fo.  54  d,  2. 

*  Aided  na  tri  n-  Aedfo.  $4  b,  1 . 

A  story  which  might  be  headed  :  *  Aithcd  Emere  le  Tuir  n-  Glesta 
mac  rlg  Lochlann  fo.  84  b.  2. 

Compert  Conchobuir  fo.  48  a,  2-48  b,  2. 

*  Comracc  Conculaind  re  Senbecc  hua  n-Ebricc  fo.  50  b,  1 . 

*  Finghala  chlainne  Tannt.ùl  fo.  76  b,  2. 

*  Riss  in  mundtuirc  dorinde  Ulcan  do  Eismione  .i.  do  seitcid  Chaitim 
fo.  77  a,  1.  The  story  of  the  famous  necklace  wrought  by  Vulcan, 
and  presented  by  Cadmus  to  his  bride  Harmonia. 

* Sgél  ingnadh  for  Mhaelosdan  fo.  50/',  1. 

* Merugud  /«//ux  mie  Leirtis  fo.  59  b,  2-61  a,  2. 

*Sgél  in  Mhinaduir  fo.  61  a,  2. 

Togail  Bruidne  Dà  Derga  fo.  85  a,  1-89  b,  fo.  91,  and  fo.  63  a,  1. 

i.  luchbaa  Laud,  luchbad  F.g. 


Irish  Miscellanies.  191 

*  Tiumna  Neill  mie  Echach  dia  macaibh  fo.  54  a,  1 . 

"  Bruiden  Atha  fo.  66  a,  1-66  a,  2. 

'  Tucait  jagbdla  in  fesa  do  Finn  7  marbad  cuil  duib  fo.  66  a,  2. 
The  Remscéla  of  the  7\i'/7z  Bô  Cùalnge  which  are  thus  enumerated  on 
fo.  49  fr,  2  :  Do  remscelaib  na  Tâna  .i.  failhiugiid  Tana  Bô  Cuailgni,  do 
ghabail  in  t-sidha,  do  caupur  in  da  mucaid,  do  thain  bô  Reghamna,  do 
coimpert  Conculaind,  do  thain  bô  Dartada,  do  aislingthi  Conchobuir,  do 
thain  bô  Flidhaisi,  do  tain  bô  Fraich,  do  fochonn  loingsi  Ferghusz,  do  ais- 
lingthi Aengusa  Aengha  MsJ  mhic  in  Dagha,  do  feis  tigi  Beccjoltaigh, 
*don  t-seirc  ro  char  mac  in  Oicc  Chaire  hEabarbaithi,  *  do  comairle  Con- 
nacht  0  ro  ghab  Medhbh  liudh  7  biadh  di. 

Kuno  Meyer. 

Hamburg,  Dec.  1883. 

P. -S.  —  Since  writing  the  above,  I  hâve,  acting  on  a  suggestion  of 
Prof.  Gaidoz  in  this  Review,  p.  114,  paid  a  visit  to  Edinburgh  and 
reexamined  the  Irish  Mss.  in  the  Advocates'  Library.  Reserving  the 
publication  of  a  complète  catalogue  of  this  most  important  collection  for 
some  future  occasion,  I  shall  now  only  give  some  addenda  and  corri- 
genda  to  Prof.  Gaidoz  communications  on  p.   113. 

XV.  Togail  Troi,  5$  folio  pages,  the  most  complète  copy  I  know. 
XXXVIII.  Aided  Conculaind,  Oilemain  Conculaind  7  Aidcd  Conlaich, 
Cath  Maighe  Mucruimhe. 

XL.  Aided  Conchobuir,  Aided  Ailella  7  Conaill  Cernaig,  Aided  Fer- 
gusa  maie  Roich,  Aided  Medba  Cruachan,  Aided  Ceit  maie  Magach,  Ai- 
ded Loegairi  Buadaig,  Aided  Celtcair  maie  Uithechair,  Geasa  7  ilberta 
no  bidis  for  Coinculaind,  Aided  Guill  maie  Garbada  7  Aided  Gairb  Glinde 
Rige,  Cennach  ind  Ruanada  the  only  complète  copy  known  to  exist  , 
Mesce  Ulad  not  Tochmarc  Emere  . 

XLV.  Aided  Conculaind,  12  quarto  pages. 
XL VI.  Cath  Catharda,  7  leaves  and  a  half. 

Leipzig,  July  1884. 

K.  M. 

VARIA. 

The  existence  of  an  Irish  verb  iuraim  in  the  sensé  of  a  facio  »,  which 
hasbeen  questionedby  Dr  Thurneysen  Rev.  Celt.,  VI.  p.  96  is  proved 
by  the  occurrence  of  the  follcwing  middle-Irish  forms,  in  addition  to 
the  gloss  in  the  Book  of  Armagh  iûrad  «  factuin  est.  » 

3.  sg.  rel.  ind.  praes.  act.  mairg  iuras  in  n-orgain  sa!  for  Lomna. 
LU.  87  b,  37,  and  about  Uventy  times  more  on  the  following  pages. 


192  Irish  Miscellanies. 

3  sg.  imper,  pass.  iurthar  ind  orgain.  LU.  88  a,  $.  inrtar  lat  ind  or- 
gain,  ib.,  21 . 

3.  sg.  praes.  sec.  pass.  ro  iurtha  mac  secht  m-bliadan  ai  ccch  brothair- 
niu.  LL.  2 $2  b. 

3  sg.  b-fut.   pass.  mad  1110  chomarle  dogncthe  and,  ni  iurfaithe  ind  or- 
gain.  LU.  88  a,  42. 

On  p.  504  of  vol.  V.  of  this  Review  Prof.  Gaidoz,  in  criticising  an 
essay  by  Sir  S.  Ferguson  on  the  Legend  of  Dathi,  has  given  it  as  his 
opinion  that  the  geographical  poem  by  Mac  Cosse,  LL.  p.  135,  is  no- 
thing  but  some  Latin  treatise  on  geography  put  into  Irish  verse,  and 
thattherefcre  it  cannotbe  regarded  as  representingthe  geographical  not- 
ions of  the  Irish  people  at  that  time.  I  am  glad  to  be  ab!e  to  substan- 
tiate  this  view  of  Prof.  Gaidoz  by  drawing  attention  to  the  perfect 
harmony  that  manifestly  exists  both  in  plan  and  exécution  between  Mac 
Cosse's  poem  and  the  Chorographia  of  Mêla.  The  former  opens  with  an 
introduction  of  four  rann's  ibeing  written  in  the  mètre  calied  Deibide 
which  correspond  to  Mêla  I,  4-8  éd.  Friche ).  The  five  zones  \câiccressa< 
are  described,  it  is  stated  that  the  northern  temperate  zone  is  by  the 
Tyrrhene  Sea  divided  into  three  parts  which  are  named  Euraip,  Affraic 
is  Asia.  Then  follow  29  rann's  about  Asia.  Compare  the  verses  : 

Asia  ni  terc  thair  a  ti 

dur  airther  in  mesraigthi, 

bec  nach  rue  leth  lena  sîait 

0  Eoraip  is  0  Affraic. 

with  Mêla  I,  9  :  ipsa  ingenti  ac  perpétua  fronte  versa  ad  orientem 
tantum  ibi  se  in  latitudinem  effundit  quantum  Europe  et  Africa  et  quod 
inter  ambas  pelagus  immissum  est.  Asia  is  on  three  sides  surrounded  by 
the  océan;  the  river  Tanais  Danai)  divides  it  in  the  west,  as  well  as  the 
Maeotis  (muir  Méoiî  ,  and  the  Tyrrhene  Sea,  and  so  on.  Then  follow 
1 5  ranrCs  on  Africa,  and  19  on  Europe.  It  is  clear,  however,  from  many 
particulars  not  to  be  found  in  Mêla  that  Mac  Cosse  must  hâve  had  other 
sources.  Pardus  Adaim,  Mag  Sennair  in-aernad  in  tor  Nebrûaid,  Felistina 
cusin  glôir  etc.  are.  of  course,  biblical  allusions  which  occur  with  a 
wonderful  sameness  in  every  Irish  poem  where  there  is  the  least  oppor- 
tunity  of  introducing  them.  But  the  etymologies  given  of  Asia,  Africa, 
and  Europe,  the  mention  of  the  Saracens,  of  Pentesyria,  of  Lugdunum, 
of  Belgica,  of  the  sruth  Liguir  the  Loire  ?)  comingfrom  the  Alps  together 
with  the  Rhine  and  Rhône,  and  many  other  particulars  must  be  refer- 
red  to  oiher  sources  which  I  hâve  not  as  yet  been  able  to  trace. 

Kuno  Meyer. 


EARLY  CELTIC  HISTORY  AND  MYTHOLOGY 


INTRODUCTORY 

The  récent  works  enumerated  below,  which  will  suggest  the  ma- 
terials  for  this  paper,  ail,  in  their  way,  deal  with  early  Celtic  history, 
with  Celtic  literature,  old  Celtic  speech  or  tradition,  with  the  accounts 
the  Celtic  races  give  of  their  own  beginnings.  Now  thèse  accounts, 
though  sometimes  accepted  as  history  still,  hâve  in  truth  often  nothing 
of  the  historical  character  about  them  beyond  that  they  corne  to  us  from 
ancient  times.  They  are  old  cosmogonical  taies,  myths  of  the  forces  of 
nature,  mythological  legends  attaching  themselves  to  certain  powerful 
tribes.  If  \ve  speak  hère  of  historical  facts,  or  the  historical  study  of 
language,  we  shall  hâve  to  say  much  more  of  Celtic  myths,  for  till  they 
are  better  understood  the  history  of  the  Celts  cannot  be  written. 

The  first  of  our  works  deals  with  interesting  subjects,  the  Celtic 
bards  and  druids  ;  the  origin  of  druidism  ;  the  druids  of  Ireland  in  par- 
ticular,  the  old  Irish  judges,  poets,  storytellers  ;  the  Irish  epic  mytho- 
logical literature,  etc.  Unfortunately  it  consists  almost  entirely  of  cita- 
tions, now  from  classical  authors,  as  Caesar,  or  Pliny,  or  Lucan,  now 
from  writers  on  Irish  antiquities,  as  OCurry  and  ODonovan,  or  from 
such  Irish  MSS.,  or  portions  of  MSS.,  as  hâve  been  already  translated. 


Introduction  à  l'Étude  de  la  Littérature  Celtique.  Par  H.  D'Arbois  de  Jubainville,  Pro- 
fesseur au  Collège  de  France  (Paris  1883). 

Études  sur  le  Droit  Celtique  :  le  Senchus  Mor.  By  the  same  (18S1  . 

Essai  d'un  Catalogue  de  la  Littérature  Épique  de  l'Irlande.  By  the  same  (Paris  1883). 

Le  Cycle  Mythologique  Irlandais  et  la  Mythologie  Celtique.  By  the  same  (Paris  1884). 

The  Book  of  Leinster  éd.  R.  Atkinson,  Professor  etc.  T.  C.  D.  (Dublin  1880). 

On  Irish  Metric.  By  the  same  .Dublin  1 S 8 4  . 

Origins  of  English  History.  By  Charles  Elton,  etc.  (London  1882). 

Celtic  Britain.  By  J.  Rhys,  M.  A.,  Professor  of  Celtic  in  the  University  of  Oxford 
(London  1882). 

Gargantua  dans  les  Traditions  Populaires.  Par  Paul  Sébillot  'Paris  1883). 

Gaelic  Proverbs.  By  Alexr.  Nicolson  jEdinburgh  i88f . 

Celtic  Scotland.  By  W.  F.  Skene.  (Edinburgh  1876-1880). 

Rev.  Cclt.  VI  15 


194  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

Thèse  références  or  authorities  are  thrown  together  in  a  useful  form, 
and  they  hâve  of  course  permanent  interest  ;  but,  far  from  being  new, 
they  are  often  very  well-worn.  The  author  thus  announces  (p.  35)  the 
real  subject  of  his  book  : 

...  La  langue,  les  mœurs  et  les  institutions  de  l'Irlande  ancienne, 
telles  que  sa  plus  vieille  littérature  nous  les  conserve,  se  rapprochent 
beaucoup  de  la  langue,  des  mœurs  et  des  institutions  que  nous  trouvons 
chez  les  Celtes  continentaux.  Il  n'est  donc  pas  téméraire  de  chercher  dans 
les  plus  anciens  monuments  de  la  littérature  irlandaise  la  solution  d'une 
partie  des  difficultés  qu'a  offertes  jusqu'ici  l'histoire  des  Celtes  conti- 
nentaux. Tel  sera  le  sujet  de  ce  cours.  Ce  sont  les  origines  mêmes  de 
notre  histoire  nationale. 

As  the  Irish,  apathetic,  indolent,  or  ignorant  as  is  their  attitude 
towards  their  ancient  native  literature,  hâve  alone  among  the  Celtic  races 
a  vast  corpus  of  MS.  relies  thereof;  alone  the  copious  débris  of  a  Celtic 
mythology,  and  an  epic  taie  in  very  ancient  language,  full  of  curious 
détails  of  early  manners,  wherein  the  warriors  fight  from  chariots,  and 
paganism  and  druidism  are  everywhere  présent  ;  \ve  agrée  that  Ériu  must, 
as  Zeuss  said,  hâve  the  first  place  in  such  inquiries,  —  primum  locum 
sibi  vindicat  primamque  diligentiam  ;  —  that  the  key  to  much  of  the 
Celtic  past  is  in  thèse  Irish  vellums.  Thus  M.  D'A.  de  Jubainville  might 
hâve  pointed  out  that  the  word  COMEDOYI,  which  alternâtes  in  ins- 
criptions with  DOMINI,  seemingly  as  a  name  for  the  Lares,  must 
be  explained  by  the  Ir.  coimdiu  (dominus)  ;  that  the  MARS  COCIDIVS, 
MARS  CATVRIX  of  inscriptions  answer  to  cocad,  caih,  battle  ;  that 
the  PROXVMAE,  PROXVMI,  may  reasonably  be  compared  with  the 
ancestral  spirits,  one's  «  o.vn  people  »,  friends  in  the  other  world, 
of  Irish  superstition  ;  that  APOLLO  MAPONOS  can  be  nothing  but 
the  Mac  'Oc,  or  Celtic  child  god  ;  that  the  epithet  (Pollux)  VINTIVS,  or 
YINTYS,  of  a  nautical  deity,  may  be  the  Irish  F ind;  that  the  name  —  an 
historié  name  —  BORVO,  BORBO,  BORMO,  found  associated  with 
various  hot  springs,  has  its  parallel  in  that  of  the  «  boiling  Bearbha  » 
or  Barrow  Book  of  Rights  205  ')  ;  that  the  Gallic  mallet-bearing  Mer- 
cury or  Dis  Pater  has  an  Irish  analogue;  that  Usnech,  the  Irish  cen- 
tral hill,  has  associations  which  recal  the  Gallic  assembly  at  that  sacred 
spot  locus  consecratus  among  the  Carnutes  «  quae  regio  totius  Galliae 
média  habetur.  »  An  account,  then,  critical  or  expository,  of  this  ancient 
literature  would  be  as  valuable  as  interesting  ;  but  we  look  for  the  ori- 

1.  Welsh  berw,  boiling,  seething  (Richards).  Cf.  the  Eng.  name  Bolingbroke. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  195 

ginal  labour  of  compétent  men,  new  Irish  texts,  adéquate  illustration  ; 
not  mère  compilation,  or  what  is  much  worse,  old  work  reheated. 

In  treating  of  the  Celtic  origines  (19  etc.)  M.  D'A.  would  not  seem 
to  hâve  had  the  advantage  of  Mr.  Elton's  learned  book.  The  remarks  of 
the  former  [lit.  celtique)  on  the  Roman  conquest  of  Gaul  (36-37)  ;  on 
the  assembly  of  the  Galates  (1 1 3);  on  the  Aithech-Tuatha  (276)  ;  on  the 
knowledge  of  Greek  among  early  Irish  monks,  and  the  gênerai  superio- 
rity  of  their  learning  to  that  which  they  found  before  them  in  Gaul  ;  on 
the  severe  yet  cultivated  Columbanus,  —  an  Adonic  ode  by  whom  is 
printed  hère,  —  are  judicious,  and  the  ninth  chapter  generally  Les 
Écoles  d'Irlande)  highly  interesting.  We  cannot  ourselves  see  anything 
in  drunemeton  (1 1 3)  but  sacred  place  of  the  oaks,  sacred  oakgrove.  Com- 
parisons  between  the  old  Irish  life  and  that  of  equally  rude  peoples  would 
not  be  out  of  place.  Thus  the  champion's  bit  (curat-mir,  301)  is  a  fea- 
ture  of  Abyssinian  banquets  ;  and  the  notion  that  blotches  were  raised 
by  a  poet's  satire  has,  or  had,  South  African  analogies  '.  An  aeir  by 
Davydd  ab  Gwilym  caused  Rhys  Meigen  to  fall  a  corpse  on  the  floor  : 
and  rats  were  rhymed  to  death  in  Ireland  by  compositions  of  which 
we  possess  some  modem  spécimens  ourselves.  An  Icelandic  rhymer, 
Hallgrim  Peterson,  sang  a  fox  to  death.  For  the  détails  of  the 
Irish  chariot  M.  D'A. 's  authority  might  be,  not  that  he  quotes,  but 
Crowe's  tract  The  Phantom  Chariot  of  Câ-Chulaind;  and  as  a  spécimen 
of  the  old  Irish  muse  he  might  hâve  chosen,  not  the  dull  and  some- 
times  a  little  opaque  verses  on  pp.  78-79,  but  either  part,  say,  of 
Broccân's  Hymn  (Goidelica2  137)  or  Liban's  melancholy  lay  «  Beneath 
Lough  Neagh  an  abode  for  me  »,  in  The  Tragic  End  of  Eochaid  mac  Mairedo, 
of  which  its  editor  spoke  with  just  praise.  Tochmarc  Etaine  is  hardly 
«  les  Amours  d'Etain  »  (1 57)  ;  nor  is  that  epic  taie  which  still  lies  dumb 
between  the  covers  of  the  Book  of  Leinster  the  «  Enlèvement  du  Taureau 
de  Cûalngé  »,  but  the  driving  of  the  Kine  of  Cuailnge,  —  starry 
kine,  or  days,  they  probably  are.  Cf.  the  carrying  off  of  Froech's 
cows,  etc.;  or  of  the  three  Earca  Iuchna  of  Mog  Nuadat,  and  the  spilling 
of  their  milk  into  the  stream  (Senchus  Môr,  vol.  I  64,  66,  BL.  169  b.) 
—  an  old  Milky  Way  legend.  Side  by  side  with  corrections  of  ODono- 
van  (284),  OCurry  (73),  Crowe  (75),  we  meet  hère  «  Leabhar  Breacc  »  — 
neither  old  Irish  nor  new  ;  «  L.  nah  h  Uidhre  »,  or  «  h  Uidhri  »  ;  «  Carnn- 
Conaill  »  ;   «   Cùalngé  »  passim  for  the  name  of  that  Irish  Colchis  ; 


1.  Compare  the  Herero  saying  «  Although  they  speak  of  us  night  and  day  a  boil  will 
not  break  out.  »  S.  A.  Folklore  Journ.  I  Part  6. 


196  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

«  Donmall  O'Neill  »  for  Domnall'O  Néill  (399) ,  «ôir  is-argait  »,«  na-dà 
cnoc  (182)  »,  «  ag-na-geintibh  »  (why  the  hyphens  ?),  «  d'oib  »,  «d'à  », 
for  dôibj  dô  (illis,  illi,  57).  We  hâve  no  liking  for  this  work,  and  pass 
a  number  of  misprints  ;  as  where  Mr.  OLooney  discourses  on  Polite 
Littérature,  or  Claudian's  strong  lines  are  quoted,  Totum  cum  Scotus 
Iernen  Movit  etc.  (257)  ;  or  the  consulate  of  Ausonius  is  fixed  as  late 
as  A.  D.  739  (108).  Thèse  things  disfigure  a  book  which  aims  at  acadé- 
mie exactitude  ;  and  which  is,  taken  on  the  whole,  a  learned  and  res- 
pectable volume  enough. 

We  turn  from  thèse  minutiœ  to  speak  of  those  portions  of  the 
volumes  referred  to  which  deal  with  Celtic  mythology.  For  the  reasons 
we  hâve  given  above,  because  of  the  intrinsic  interest  of  the  subject,  and 
because  what  we  hâve  to  offer  is  new,  we  shall  hère  hâve  to  speak  more 
at  large. 

First,  however,  it  is  our  duty  to  remark  that  the  volumes  under 
review,  like  several  others  which  hâve  recently  appeared,  illustrate 
the  practically  stationary  position  of  Celtic  studies,  in  so  far  at  least 
as  relates  to  the  literature  of  the  Goidel.  Really  studied,  that  isolated 
and  characteristic  literature  will  throw  light  on  many  curious  things, 
on  the  history  of  the  Celts,  on  their  ancient  religious  beliefs,  on  the 
origins  of  European  romantic  fiction.  But  we  are  not  sure  that  one  single 
new  Irish  text  has  been  translated  since  the  death  of  Crowe.  Now  to 
neglect  thèse  things  for  such  familiar  stuff  as  the  (Irish)  Destruction  of 
Troy  (of  which  two  éditions  are  or  were  promised  to  a  world  which 
could  exist  without  either),  to  be  reprinting  with  microscopic  exactitude 
—  crossing  f's  and  dotting  fs  —  what  was  already  done  by  0 Curry 
and  others  well  enough  for  the  use  of  the  man  who  is  in  earnest  about 
the  study,  to  be  issuing  Irish  texts  without  translation  and  without  com- 
mentary,  this  is  the  veriest  trifling  in  the  name  of  learning,  and  the 
sooner  it  ends  the  better. 

The  truth  is  that  learned  men  hâve  been  long  enough  sucking 
the  bone  of  pure  Celtic  philology  to  extract  what  marrow  was  to  be 
gotten  therefrom  ,  and  that  if  thèse  studies  are  to  advance  they  must  get 
a  différent  treatment  from  the  treatment  now  in  fashion,  which  is  more 
arid  than  the  sands  of  the  Libyan  désert.  OCurry  is  corrected  in  the 
books  before  us  ;  and  it  is  easy  to  correct  him.  But  OCurry  at  leasibroke 
new  ground.  Opinions  will  differ  on  thèse  matters  ;  but  if,  as  critics,  we 
are  to  offer  our  o.vn  it  is  this.  Throw  in  one  scale  the  Manuscript  Ma- 
terials of  Irish  History  or  ths  Manners  and  Customs  of  the  Ancient  Irish 
(errors  and  ail)  ;  pile  in  the  other  ail  the  philological  publications  of  the 


Early  Ccltic  History  and  Mythology.  197 

ncw  and  more  exact  school,  excepting  always  Zeuss's  great  book,  and 
perhaps  the  Wôrtcrbuch  of  his  Leipzig  disciple,  —  and  ail  those  learned 
productions  will  violently  kick  the  beam. 

This  is  not  meant  to  slight  the  value  of  grammatical  or  philological 
studies,  or  the  sound  and  scholarly  way  in  which  the  Celtic  philology 
has  latterly  been  treated,  and  a  basis  thus  laid  for  exact  gênerai  his- 
torical  inquiry.  Nevertheless  one  great  end  of  philological  study  is,  we 
présume,  to  translate,  and  this  is  a  duty  our  Celtic  philologists  rather 
décline.  Of  the  Amra  Choluim  Cille  we  read  in  the  Goidelica  of  Mr.  Stokes, 
«  Old  Irish  scholarship  is  not  yet  sufficiently  advanced  to  justify 
anyone  in  attempting  to  translate  this  wilfully  obscure  composition.  >> 
Crowe's  answer'to  that  was  to  translate  the  Amra  out  and  out.  So  we 
hâve  an  édition  of  the  F  élire  —  based  on  a  translation  by  OCurry  ;  and 
a  promised  édition  of  the  Cath  Finntrâgha,  a  modem  version  of  which 
in  English  may  be  bought  as  a  chapbook  for  a  shilling  or  so.  We  hâve 
OCurry's  labours,  and  even  Keating,  set  forth  with  wearisome  itération 
by  M.  D'Arbois  ;  and  the  more  valuable  Texte  oî  Professor  Windisch  also 
contain  much  old  work  done  anew  :  probably  we  shall  hâve  ODonovan 
reëdited  next.  We  are  not  aware  of  anything  particularly  new  which 
is  likely  to  appear  at  présent  except  the  Bruden  Dd  Derga,  a  tract  which 
has  been,  w-e  think,  something  longer  in  the  hands  of  Mr.  Hennessy 
than  the  Achaians  sat  round  the  walls  of  Troy. 


M.  d'Arbois's  book,  Le  Cycle  Mythologique  etc.,  which  has  appeared 
since  most  of  the  above  was  put  in  type,  does  contain  some  new 
efforts  on  this  slippery  ground,  spéculations  hère  and  there  examined 
in  the  course  of  our  own  inquiry.  If  the  following  explanations  can  be 
accepted,  or  partly  accepted,  they  may  throw  lighti .  on  the  old  religious 
conceptions  of  the  Celtic  races  generally  :  2.  on  some  points  never  yet 
explained  in  other  mythologies:  3.  on  the  origin  of  European  romance, 
and  on  the  origin  and  interprétation  of  the  mythological  popular  taie. 
As  to  the  method,  it  should  be,  wherever  possible,  the  method  of 
history  and  comparison.  Things  unknown  or  dubious  should  be  com- 
pared  with  things  known.  We  hâve  to  remember  that  an  explanation, 
if  true,  is  not  necessarily  exclusively  true.  The  figures,  never  sharply  de- 
fined,  are faded,  the  legends  euhemerized  or  rationalized  in  Christian  times; 
confused,  intertangled,  sometimes  contradictory.  Some  of  the  myths  as 
we  now  hâve  them  we  perhaps  could  never  explain  were  not  popular  tra- 


198  Earl\  Celtic  History  and  Mythology. 

dition  at  hand  to  supplément  the  circumstantial  bardic  chronicie.  It  is 
désirable  too,  like  Grimm  and  Kuhn,  to  know  this  material  at  first  hand. 
But  inasmuch  as  those  divine  or  semi-divine  figures  are,  so  far  as  is  yet 
known,  evervwhere  primarily  but  personifieations  of  various  powers  or 
phenomena  cf  nature,  and  as  thèse  are  themselves  constants  in  the  midst 
of  infinité  variety  and  confusion  of  conception,  it  is  often  possible 
enough  to  explain  the  several  features  which  make  up  the  portrait  of 
the  Irish  «  little  good  god  »  (or  Good-Hand)  ;  Culand's  Hound  ;  the 
little  shorn  dog  (Conân  Maol)  ;  Lug  Longhand,  son  of  Three  Hounds 
and  master  of  ail  arts  ;  the  Child  (Mac  'Oc)  ;  the  Salmon  of  Knowledge, 
the  Fish-man  Find,  Fintân  ;  Cormac  Longarm,  son  of  Art;  the  White- 
Cow  Boind.  Bô-find)  ;  Hound-of-the-Elbo\v  (Cû-Righ)  and  his  Bull; 
Servant-of-the-Hand  or  Fist,  Mog-Lâimhe,Mog-Duirn,  and  many  more. 
Irish  mvthology  clearly  had  the  same  barbarous  and  childish  beginnings 
as  the  mvthologies  of  much  more  advanced  peoples.  A  deal  of  it  —  as 
might  be  expected  among  shepherds  and  ploughmen  —  seems  to  be  syste- 
matized  star  legend.  What  most  struck  the  eye  that  would  most  sti- 
mulate  the  mythopœic  fancy  of  a  rude  people  —  the  Giant,  the  three 
stars  of  the  Belt,  the  Wain;  and  in  Celtic  tradition  thèse  seem  to  be 
the  centres  of  whole  cycles  of  mythological  legend.  The  living  Irish 
names  of  the  three  stars  lead  us  into  the  heart  and  throw  significant 
light  on  the  origin  of  thèse  fables. 

Our  remarks  wilî  contain  certain  inévitable  répétitions  ;  and  we  shall 
be  obliged  ail  through  to  write  in  positive  terms  because  brevity  will 
not  permit  of  our  qualifying  them. 

1 .  Viewed  as  one  group  the  Belt  stars  of  Orion  are  called  in  West- 
meath  The  Three  Wandering  Brothers.  The  Greenlanders  and  Algonquin 
lndians  hâve  the  same  conception  ;  and  it  may  be  recognised  in  a 
legend  preserved  by  Keating  of  the  three  Spanish  sailors  that  first  dis- 
covered  Ireland  !.  We  shall  ourselves,  further  on,  offer  this  legend  in  a 
form  which  is  more  archaic,  and  which  seems  clearly  to  connect  it 
\\  iih  the  Belt.  The  Three  Children  in  the  boiler  0'  lead  2  :  God  put  them 
up  there  to  guide  the  sailors  (AlsoWestmeathV  Or  the  Sailors'  Stars  ; 
th;  Leading  Stars  {ibidem). 

2.  The  figure  is  a  measuring  rod,  or  a  rod  of  rule.  The  King's  Rod 
(Slat-a'-Righ.  Tvrone)?  :   or,  an  important  name,   The  Merchant's  Rod 


1.  Keating  c.  5. 

2.  Al.  the  fiery  furnace.  This  conception  has  points  of  resemblance  to  oral  versions  of 
the  Fate  ofthe  Children  of  Uisnech. 

3.  We  shall  see  thèse  stars  associated  or  identifiée!  with  «  The  Three  Kings  of  Cologne 


Earh  Celtic  Histor\  and  Mytholo  199 

(Slat-a'-Cheannaidhe,  Mayo,  Donegal,  etc.  ;  or  the  Pedlar's  Rod,  or  the 
Tailor's  Yard-wand  (as  in  Englandi;  or  the  Weaver's  Yard;  or  The  Yard. 
Or  in  Leitrim  this  figure  is  The  Lady's  EU. 

This  list  of  known  historical  conceptions  (in  Ireland)  of  the  Belt  may 
safelv  be  extended  bv  examination  of  the  native  legendary  literature, 
popular  taies,  etc.  There  the  same  object  recurs  as  the  Beilt  Buidhe 
(Yellow  Belt)  —  often  the  object  of  a  long  search,  etc.  —  or  the  Bâta 
Buidhe,the  Yellow  StalT  of  (O  Dubh-da  and  other  magicians  or  giants. 
One  of  thèse,  a  certain  «  O  Donnell  »  Domnall  :  ,  keeps  the  magie  staff 
under  his  elbow  while  asleep.Or  it  is  the  Bâchai l  Buidhe  ;  or  a  wonderful 
Sword  of  Light,  Glittering  Swoord  0'  the  World,  White  Sword.  Such 
was  Cu-Chulaind's  sword,  which  shone  in  the  night  like  a  candie2.  As 
thèse  objects,  sword,  elbow-staff,  belt,  alternate  in  différent  versions  of 
the  same  taie  it  is  fair  to  conclude  that  generallv  we  hâve  to  deal  with 
différent  conceptions  of  the  one  thing.  And  if  we  find  thèse  same  con- 
ceptions (belt,  rod,  slat,  ell  or  elbow  even  now  associated  with  a  striking 
figure  in  the  skv.  we  mav  regard  that  as  the  object  round  which  ga- 
thered  thèse  primitive  fancies.  In  one  taie  of  a  fréquent  type,  «  The 
Three  Dogs  »  we  fmd  two  wonderful  bears,  a  Big  Bear  and  a  Little 
Bear.  Thèse,  and  the  magie  Sword-and-Belt  of  the  hero,  make  up  the 
whole  wonderful  or  magical  machinerv,  and  we  regard  them  as  nothing 
but  Ursa  Major,  Ursa  Minor,  and  —  the  Belt  again. 

YVe  find  this  last  object  associated.  to  ail  appearance,  as  a  rod,  wand 
or  the  like.  with  i'0)  Dubh-da,  or  Da-dubh,  with  a  magician  whose  name 
we  may  venture  to  read  as  Domnall  as  in  the  Tochmarc  Emere  ,  with 
the  Ceannaidhe  Fionn  or  White  Merchant)  ;  as  a  sword  or  spear.  with 
Nuada,  Lug,  Cû-Chulaind,  Mâcha,  Oengus,  Cormac  ;  as  a  club  with  the 
Dagda  and  his  daughter,  Brigit  ;  as  a  belt  with  the  Dagda,  with  Brigit, 
and  with  Cû-Chulaind.  Other  conceptions  are  a  whccl  or  ring;  a  hammer, 
or  anvil,  or  axe;  a  plank  or  table. 


( or  Milan);  »  and  in   France  the  Delphin  editor  of  Manilius  calls  them  a  très  (steilae) 
in  (Orionis)  cingulo  quas  vulgus  vocat  les  Trois  Roys  »    53). 

1.  Domnall,  Lat.  Dovenaldus  (W.  Dyfnwal)  apparently  from  the  word  now  meaning 
«  world  »,  seen  in  Dumnorix,  etc.,  and  flath,  gwlat,  vlaîos.  (Cf.  Rhys  Lectures  75. 
407).  This  enchanter  Domnall  suggests  a  Righ-an-Domhnaigh  »,  of  whom  we  shall 
hear  belowas  a  sort  of  lord  of  the  underworld,and  Righ-an-Domhain  (kingof  the  world, 
in  the  romances.  Cf.  the  mythical  Dyfnwal  Moel  or  Moelmud,  one  of  the  Three  Wise 
Kings  Iolo  $7  ;  Ebher  Donn,  the  King  (I.  Nennius(4';  and  the  «  Three  Dons  ^or  Donns?) 
of  the  Bridge.  »  With  the  name  «  the  King's  Rod  d  cf.  Bel  the  Lord,  and  Adonis  the 
Lord). 

2.  OCurry  M.  and  C.  11  322.  With  thèse  magie  weapons  cf.  the  famous  sceptre 
spear  of  King  Zeus,  of  King  Hermès,  of  Agamemnon  and  other  masters,  which  the 
Chaeroneans  honoured  above  ail  gods  and  fea  every  day.    Pausanias  Bœotica  40  . 


200  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

One  who  has  carefully  examined  the  oldest  legends  of  Ireland  and  Wales 
would  probably  admit  that  the  moststriking  features  in  thèse  Celtic  tra- 
ditions are  i.  th?  extraordinary  prominence  of  names  derived  from  the 
Dog:  Cii-Chulaind,  Conchubhar,  Maelgwn,  Cynfael,  Conân,  Conall  Cear- 
nach,  Cû-roigh,  Cuneglas,  Cû-glas,  Ber-chon  (Spit-Dogi,  Cii-dinasc 
(Hound-let-loose),  Cû-gan-mâthair  (the  motherless,  as  Cû-gan-ainm 
the  nameless,  Hound  ,  Concancness  (Hound-without-skin  .  2.  Names  and 
mythological  legends  relating  to  the  Hand  :  Nua-da  Silverhand,  Mog- 
Lâimhe  (Servant-of-the-Hand;,  Mog-Duirn  Servant-of-the-Fist  ',  Fuil- 
dergdûid  (Bloodredhand'j,  etc.  3.  The  récurrence  of  a  flood  legend,  the 
bursting  forth  of  a  well,  a  lake,  etc.,  and  its  conséquences.  4.  The 
very  numerous  triads.  The  Hand,  to  take  it  first,  was  clearly  an  ancient 
national  symbol.  It  occurs  on  the  seal  of  ONeill  ;  and  on  Hiberno- 
Danish  coins  (London  numismatists  were  recently  at  a  loss  to  explain 
it) 2.  Passing  from  the  ONeills,  it  is  a  familiar  English  heraldic  charge  ; 
and  —  what  is  much  to  our  purpose  —  it  occurs  sometimes  on  church 
windows  etc.,  as  in  the  coat  of  the  Astons,  with  îhree  fingers.  Several 
Irish  families  beside  the  ONeills  allude  to  this  hand  in  their  mottoes  or 
coats  —  especially  the  Ui  Sûildhubhdin,  among  whom  the  Hand  of 
OSullivan  is  an  oath  of  some  weight',  and  who  account  for  it  by  a 
Three  Brothers  legend  in  which  we  find  both  the  hand  feature  and  a 
story  of  the  Cyclops  or  Three-eyes  cycle.  We  hâve  again  the  «  three 
wandering  brothers  »  and  Hand  associated  in  the  following  legend, 
from  the  oral  tradition  of  Donegal,  professing  to  account  for  the  Red 
Hand  of  ONeill. 

Three  brothers  long  ago  were  the  first  men  to  corne  to  Ireland,  Fergus, 
Navel  (Imlicln),  and  Whiteknee(Glûngeal).To  beable  to  claim  the  newly 
discovered  isle  as  having  touched  it  first  Fergus  eut  off  his  hand  and 
threw  itashore.  We  hear  much  of  this  hero  again,  Fergus  or  Froech,  son 
of  Arm  (Rofgh),  in  connexion  with  the  origines  of  the  Tâin  Bô  Chuai- 
lnge, —  Fergus  the  King  (F.  Fâl),  Fergus  Phallus  (F.  Bot),  or  the  Three 
Ferguses,  or  F.  Ulad  (Long-Elbow).  Readers  of  Pétrie  know  that  the 
stone  on  Tara  Hill  which  that  antiquary  identifies  with  the  King's  Stone 


1.  Mac  Firbis  understood  the  mythological  name  Mog-Ruith  as  Magus  Rotae  (I. 
Nenn.  265). 

2.  Numismatic  Society,  December  1882. 

3  Croker  has  also  remarked  this,  and  he  gives  a  Latin  rhyme  about  the  Manus  Su!i- 
vanis.  The  0  Neills  had  a  legend  that  when  in  S.  Peter's  of  Monte  d'Oro  seven  years 
after  his  death  fieret  translatio  excellentissimi  domini  Comitis  Tir  Eoghain  e  sepulcro 
Apostolorum  inventae  sunt  ambae  manus  integrae.  The  margin  adds  «  Manus  0  Nelli.-  » 
(Martyrology  of  Donegal  xxxiii). 


Early  Celtic  History  and  Mytholo  201 

(Lia  Fàil)  is  called  Phallus  Fergusii(B.  Fhearghais)  '.  The  name  Fergus 
we  shall  see  reason  to  explain  as  Bigfoot,  and  to  class,  —  with  'Oengus, 
Gurgust,  Gorwst  («  theswiftest  man  of  foot  that  ever  existed,  »  Iolo  5  $6), 
Argentocoxus  isilver-foot  ?),  and  many  more  —  in  the  Oedipus  cycle. 
The  great  Hand  believed  among  the  Hidatsa  Indians  to  come  down  out 
of  the  sky  to  steal  infants  appears  in  the  Irish  taies  collected  by  ourselves. 
it  is  bitten  off  by  a  famous  or  enchanted  dog,  as  in  a  Colonsay  legend  [The 
Whiîe  Wife  etc.  Lond.  1865.  «  The  Black  Dog  and  the  Monster  Hand  »), 
and  as  Tyr's  hand  by  the  Fenris  wolf  and  the  finger  of  Hercules  by  the 
Nemxan  Lion.  This  collocation  or  opposition  of  the  Hand  and  the  Dog 
reappears  in  the  ancient  division  of  Ireland  into  Conn's  Half(theNorth) 
and  Mog-Nuadat's  Half  (the  South)  :  for  Mog-Nuadat  is  but  the  Ser- 
vant-of-the-Hand  —  like  Mog-Laimhe,  or  Mog-Duirn  —  and  there  is 
reason  to  suspect  that  in  effect  the  other  name  is  the  Dog's  (or  wolf's) 
Half.  The  division  was  «  Longarm  Ridge  »  (Eiscir  Righada),  and  that 
name  also  seems  to  belong  to  the  cycle  we  are  investigating,  reminding 
us  as  it  does  of  the  «  Lady's  Eli  »  and  the  «  Elbow  cf  Maui  »  (Orion's 
Belt).  The  Chaeronean  sceptre,  a  possible  localization  of  the  «  King's 
Rod  »  (the  Belt),  was  also  found  at  a  boundary  (Paus.  ix  40). 

The  Hound  and  Hand,  or  Arm,  again  appear  in  the  legend  of  Mog- 
Eime  (Servant  of  the  Haft),  which  has  been  published  more  than  once, 
and  which  therefore  need  not  occupy  space  hère  :  and  in  such  names 
as  Cû-roigh,  Cû-helin,  names  which  apparently  mean  Hound-of-the-Arm 
[righ,  forearm,  wrist),  Hound-of-the-Elbow.  The  famous  name  Cû- 
Chulaind  seems  to  be  of  the  same  class,  for  we  take  its  second  part, 
Culand,  Culann,  to  be  Cû-uilinn  (Hound-of-the-elbow  =  W.  Cyhe- 
lin).  Uilenn,  or  Uilinn,  or  Ulend,  occurs  by  itself  as  the  name  of  this 
smith  or  smith  god,  and  it  could  be  identical  with  Velint  or  Wayland. 
We  may  further  compare  Arganteilin  («  Silver-elbow  »,  supra  I  358); 
and  this  with  ARGENTOCOXUS  (=  ?  arget-coss)  «  silver  foot. 2  » 

The  texts  published  by  M.  D'Arbois  de  Jubainville  from  the  Book  of 
Leinster  (283)  speak  of  the  Three  «  De  Danann  »,  or  De  Domnand, 
or  De  Dana,  sons  of  Bress  son  of  Longelbow  (Elada).  They  areexplicitly 
said  to  hâve  been  gods  (BL.  1 1  b),  and  to  havegiven  name  to  Sliab-na- 


1.  Confirmée!  to  the  présent  writer  on  the  hill  itself,  26  October  1872.  Cf.  the  names 
for  Ireland  and  Britain,  Fail-Inis,  Inis-Fail,  Fel-Ynys(Iolo  MSS  3). 

2.  Argant-hael,  Argant-louuen,  Argant-monoc  [ibid.)  =  silver-heel,  s.-glove?  With 
Argant-moet  cf.  the  I.  mat  =  hand.  We  do  not  know  if  thèse  Celtic  compounds  would 
even  warrant  a  doubt  whether  the  first  g  is  radical  in  Gargantua,  the  significance  of 
which  seems  still  open  to  question.  We  daim,  it  is  hardly  necessary  to  say,  very  little 
weight  for  unsure  spéculations  of  this  kind. 


202  Eariy  Celtic  History  and  Mythology. 

tri-ndee  «  mountain  of  the  three  gods  »  [ibid.  ioa).  Thèse  three 
wise  brothers  develope  afterwards  into  three  tribcs,  the  magic-working 
Tuatha  De  Danann  of  many  a  legend.  They  hâve  a  connexion  which 
cannot  be  mistaken  with  the  west.  They  first  landed  in  Crich-Corcu- 
Belgatan,  which  is  Conmaicne-mara  today  ',  coming  to  wrest  Ériu 
from  the  Fir-Bolc  («  Men  of  the  bags  »  according  to  the  old  expia- 
nation)  —  a  giant  race  connected,  like  themselves  and  likethe  Fomore, 
with  the  storm  and  the  western  waves,  not  impossibly  an  old  embo- 
diment  of  the  Winds  2.  The  name  De-Danann,  De-Domnand,  appears 
again  in  the  Fir  Domnann  of  western  Iorrus  (Erris).  It  occurs  too  in 
Dumnonii  or  Damnonii,  the  présent  Devon,  a  district  having  on  its 
east  the  shire  «  Somerset  »,  Gwlad  yr  Haf,  the  summer  country.  Now, 
in  English  as  in  German  place-names,  Somer-  Winter-  mean 
«  Eastern  »,  «  Western  »  ;  and  the  district  of  the  Dumnonii  may  mean 
the  western,  winterly  district,  and  our  Irish  name  hâve  a  cognate  signi- 
fication. The  middle  élément  [de,  ded)  was,  as  we  hâve  seen,  understood 
«  gods  »?,  and  the  T.  D.  D.  made  «  Plèbes  Deorum  »  (I.  Nennius  44); 
but  one  thinks  of  déad,  diad  (finis,  Z2  57),  and  of  Fer-Diad  (or  F. 
Déad)  «  the  great  and  valiant  champion  of  the  men  of  Domnand  » 
(OCurry  Fight  of  Fer  diad  421).  The  «  Three  De  Danann  »  are 
called  in  the  Leabhar  Gabhala  (B  L.  10)  «  the  three  last  »  (in  the 
genitive,  in  triir  Acdcnaig)  though  «  the  three  lastnamed  »  could  be 
the  meaning  hère.  We  do  not  affirm  that  a  secure  conclusion  is  sug- 
gested  by  ail  this,  but  our  own  présent  explanation  would  be  that  one 
constant  underlying  the  legendsof  the  Tuatha  De  Danann  is  three  stars. 
With  this  are  seemingly  coôrdinated  conceptions  of  three  western  ends 
of  the  earth,  perhaps  the  isles  of  the  blest,  and  myths  of  time. 

It  is  curious  to  find  three  stars  developing  (by  our  view)  into  three 
tribes.  We  find  however  the  notion]  in  Westmeath  at  this  hour  that  the 
Seven  Stars  are  the  seven  best  families  were  out  long  ago  :  God  put 
them  up  there  as  a  reward4.  Keating  says  of  the  Tuatha  De  Danann, 


1.  Cath  Muighe  Tuiridh  init. 

2.  Cf.,  so  far  as  the  name  goes,  the  VOLCAE,  or  as  the  form  sometimes  occurs 
BOLGAE. 

3.  Brian  luchurba  is  Iuchair  and 
Tri  dee  Tuathe  De  Danand 

{BL.   Il   b.). 

4.  In  New  Zealand  the  Pléiades  are  seven  departed  Maories  whose  left  eyes  only 
are  visible  (Nicholas's  Voyage  I.  52).  This  conception  of  the  stars  as  eyes  is  found 
a.  in  Ireland,  as  is  shown  by  certain  humorous  verses  which  we  believe  are  from  the 
hand  of  Gerald  Griffin  {Dublin  and  London  Magazine  1825  p.  4^4).  The  stars  are  hère 
said  to  be  popularly  believed  to  be  the  eyes  of  codfish.  b.  We  find  the  notion  in  a 
Welsh  triad  (Iolo  89)  where  they  are  called  «  eyes  of  serenity.  » 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  205 

«  what  others  say  is  that  thereason  why  they  are  called  the  De  Danann 
«  tribes  ituatha'i  is  because  they  were  in  three  bodies  (dronga)  when  co- 
«  ming  on  this  expédition  to  Ériu.  » 

With  the  conception  of  the  Très  Fines  Occidentales  (if  we  may  venture 
-  if  only  provisionally  -  thus  to  read  the  name  Tri  Dedomnand),  we 
may  compare  the  old  nam:s  for  Ireland  itself,  Fuined  and  Crioch-na-b 
Fuineadach  (from  being,  as  Keating  says,  in  the  extremity,  fuined,  or 
end,  western  end,  of  the  three  parts  of  the  world  then  known)  ;  the 
Venet-i  (Guened,  Vannes)  of  westernmost  Gaul,  Venedotia  (Gwynedd)', 
Fanait  in  Northwestern  Ireland  (Ptolemy's  Vennicnium  ?).  There  are  mo- 
dem legends  from  the  very  land  of  the  Three  De  Domnand,  Iorrus  Dom- 
nann,  Erris,  of  the  western  land  of  youth,  Inis-na-mBeô,  etc.  «  the 
three  kingdoms  behind,  that  is  beyond  Ireland  »  (C.  0 tway  Erris  and 
Tyrawjey  Dublin  1841,  251-254).  In  Welsh  tradition  we  meet  the 
«  three  Islands  adjacent  »  to  the  British   Isles   {Mabinogion  :  passim). 

In  the  western  confines  of  Europe  there  were,  as  every  one  knows, 
three  Gauls  ;  and  we  find  them  personified,  as  on  a  medal  ol  Galba.  Cf. 
further  the  association  [supra  ii  248)  with  Vannes  of  the  Three  Kings  ; 
and  cf.  the  old  Celtic  name  Tryphine,  the  Three  Findemna,  the  «  Three 
Bright  Kings  of  the  Island  of  Britain  »  etc. 

There  is  another  famous  triplicate  figure  connected  with  the  west 
which  must  hâve  relations  to  the  foregoing  conceptions.  This  is  the 
giant  Geryon,  Geryoneus,  of  whom  Servius  says,  Ideotrimembrisfingitur 
quia  tribus  insulis  praefuit  quae  adiacent  Hispaniae  [Acn.  vii  662). 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  compares  Geryon  with  Balor  and  his  two 
brothers,  «  Gavida  »  and  «  Mac  Samhthainn  »,  and  the  carrying  off  of 
Geryon's  cattle  with  the  story  of  thecow,  the  Glas  Goibhnenn,  or  Goibh- 
niu's  Gray.  With  him,  as  with  M.  Bréal,  «  Héraclès  est  une  personni- 
»  fication  du  soleil,  les  vaches  sont  les  rayons  de  cet  astre.  »...  Balor  is 
«  une  personnification  de  la  nuit  »,  «  dieu  de  la  Foudre  et  de  la  Mort  » 
(1 1 2)  ;  or  even  by  a  confusion  «  le  dieu  du  jour.  »  Our  own  view  is  that 
Balor  does  indeed  answer  to  Geryon,  to  the  Cyclops,  Triopas,  and  the 
modem  Greek  Trimmatos  (three-eyes),  for  a  reason  stated  below.  The 
cattle  are  ManandâVs  seven  dying  and  revivescent  swine2,  the  pigs 
that  are  eaten  and  never  destroyed  in  the  Land  of  Youth,  the  boar- 
swine  of  Odysseus  (360  in  number.  Odyss.  xiv),  the  cows  of  Helios  (in 


1.  Mr.  Rhys  connects  Veneti  and  Gwynedd,  but  reads  the  root  differently,  suggesting 
the  A.  S.  wine  Ir.  fine  a  sept.  (Celtic  Britain  507). 

2.  M.  d'Arbois  de  J.  reprints  a  long  legend  about  thèse  from  Mr.  OGrady. 


204  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

the  threecorned  island  of  Sicily  ,  the  herds  of  Aides,  the  horses  killed 
and  revived  by  Oengus,  the  children  of  Cronus  swallowed  and  disgor- 
ged,  the  seven  kids  swallowed  and  disgorged  by  the  wolf  in  a  German 
and  Irish  story. 

They  are  mentioned  in  jocular  allusion  by  an  English  poet  : 

there  sure  did  raine 
A  cow  or  hro  from  Charles  his  WainK 

We  take  the  constants  to  be  i.  the  seven  stars  of  Ursa  Major  2.  the 
days  of  the  week  and  year.  Geryon  we  make  a  winter  and  time 
giant.  Whether  M.  d'Arbois  is  right  in  Connecting  his  name  with  the 
TARVOS  TRIGARANVS  we  do  not  undertake  to  say.  That  group  we 
would  identify  with  Taurus  and  the  Belt  stars  of  Orion,  and  compare 
with  Greek  gems  whereon  the  three  Charités  (note  the  approximation 
in  sound)  are  shown  standing  on  the  BulPs  head2.  Compare  the  three- 
headed  divinities  in  various  Gallic  sculptures.  The  tricephalous  ter- 
mini  are  embodiments  of  time  cf.  Hermès  Trikephalos  ,  three  periods 
of  the  year,  of  human  life  etc.  Egyptian  sphinxes,  with  three  heads, 
are  thus  explained  by  Macrobius  (Sat.  i  20).  Other  time  myths  are  Hé- 
cate, Cerberus  and  the  Chimaera.  Vide  infra  207. 

M.  d'Arbois  understands  Tuatha  De  Danann  as  «  gens  du  Dieu  dont 
la  mère  s'appelait  Dana  »  (144),  and  he  makes  them  a  dieux  du  génie 
artistique  et  littéraire  »  {ibid.),  «  dieux  de  la  vie,  du  jour  et  du  soleil  » 
(103),  as  opposed  to  the  «  Fomôré  »,  «  dieux  de  la  mort,  delà  nuit  et  de 
l'orage  » .  He  further  remarks  —  rightly,  as  we  think  —  a  relation  between 
the  legends  of  Balor,  the  Cyclopes,  and  the  Tuatha  De  Danann  3,  without 
apprehending  what  (according  to  our  o.vn  view)  is  a  common  basis 
of  the  myths.  Balor  in  the  oral  tradition  of  Donegal  is  sometimes  a  giant 
with  three  eyes  ;  the  modem  Greek  représentative  of  the  Cyclops  (the 
Trimmatos  is  sueh  another;  and  in  a  bronze  head  of  the  Cyclops  in  the 
British  Muséum  this  three-eyed  conception  seems  plain  enough  too.  It 
may  be  derived  from  Orion's  Belt.  Balor  suggests  the  Cornish  Bellerus-*; 
and  M.  d'Arbois  refers  to  Belleros  and  Bellerophon. 


1.  William  Browne  Works  éd.  Hazlitt. 

2.  One  of  thèse  gems,  formerly  in  the  Tassie  collectionnas  been  often  engraved.  The 
three  Charités  stand  on  the  Bull's  head  ;  the  seven  Pleiad  stars  are  arranged  along  his 
back.  Cf.  Preller  3  I  571  n.  3. 

3.  In  thèse  legends  the  giant  Mac  Samhthainn  =  Mac  Samhna  ?  Samhuin  is  the  first 
day  of  winter. 

4.  Lycidas  160.  Cichol  the  Fomorian  may  be  the  Cyclops. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  205 

The  King  of  the  Tuatha  Dé  Danann  is  Nuada  of  the  Silver  Hand,  iden- 
titied  by  Mr.  Rhys  with  a  Romano-British  deity  NODENS.  The  fight 
between  the  T.  D.  D.  and  Fir-Bolc,  etc.  seems  to  turn,  in  partat  least, 
on  the  possession  of  the  fruits  ofthe  earth.  It  is  at  the  Calends  of  Winter, 
as  the  Welsh  call  Samhuin  ;  and  the  (Jean,  slim  ?)  giant  Sreng,  who  eut 
off  the  Hand,  answers  to  the  wolf  in  the  Eddaic  legend,  «  the  swal- 
lower  ofthe  loaf  of  the  heavens  ».  So  Bress  the  Fomorian  is  a  stingy 
king  ;  and  the  Fir-Bolc  and  «  Danes  »  in  taies  in  our  own  collection 
starve  the  Irish  heroes.  Mag  Itha,  whichoccurs  in  thèse  Irish  mythologi- 
cal  legends  and  also  in  Norse  tradition,  could  be  0  Wheat  Plain  ».  Mag 
Tuirid,  a  no  less  famous  battle  plain,  suggests  mag  iuirinn,  which  again 
would  be  «  Wheat  Plain  ».\Ve  do  notknow  whether  Nuada  (gen.  Nua- 
dat)  is  one  name  with  Nodens  ;  but  the  Irish  name  belongs  to  a  large 
class,  Nua-da,  Al-dai,  Dag-da  (or  Dag-dae),  In-dae  ',  Enda  (=  Oenda  , 
Sir-lârnh,  Buan-lâmh,  Ol-lâmh  Fodla,  Oilell  (=  Ildân)  Olum  (=  ?  01- 
lâmh),  Al-ddid,  etc.  Thèse,  or  most  of  them,  canonlybecompounded  with 
dae,  a  hand  (dae  .i.  Idmh,  OClery),  and  the  better-known  lâmh  and  dôid; 
and  the  sensés  we  take  to  be  Stronghand  [naa  ;  see  0  R.  s.  v.) ,  Great-hand, 
Good-hand,  One-hand  or  Only-hand,  Long  or  Constant-hand,  Great- 
dividing-hand  [fodaii  divisio,  Z2  874),  Great-hand-of-many-arts,  etc. 
Nuada  is  the  Welsh  Nudd,  the  father  of  little  Gwyn  ;  and  this  last  is 
the  Irish  Find  or  Manandân  son  of  Aldôid  Great-hand  . 

The  Hand  again  is  often  met  with  intheold  royal  généalogies.  Eogan 
Môr  —  or  Mog-Nuadat,  the  Silverhand  the  Lagenian  Iugaine  Môr  ?  —  is 
the  leading  figure  in  the  Munster  lines  2.  His  father's  name,  Oilell  Olum, 
suggests  Illan,  Ilddn  Ol-ldmh  Great-Hand-of-Many-Arts  (?).  The  name 
of  the  Northern  province  Ulad,  and  that  of  the  royal  races  Ddl-Riada, 
seem  both  to  mean  the  clans  of  the  Long-Arm  [ule,  or  ulïnd,  elbow,  righ, 
wrist,  forearm).  In  the  east  of  the  island  the  Lagenian  kings  —  riograid 
Laïghen  cland  Caithaoir —  were  from  Cathair  Mor  ofthe  Red  Hand.  Nor 
is  the  élément  absent  from  Connacian  tradition. 

The  Médian  Emperor  dreamt  his  daughter 
Had  —  ail  Asia  under  water, 
And  that  a  vine  sprung  from  her  haunches 
O'erspread  his  empire  with  its  branches  — 


1.  In  Dui.  Cycle  Mythol.  14,  where  mac  Indui  is  rendered  «  iils  de  De  ou  Dieu.  » 

2.  a.  This  Eogan  Môr,  whom  we  suggest  to  be  the  same  figure  with  the  Iugaine  Môr 
of  other  généalogies,  recals  the  legendary  Owain  son  of  Arthur  of  Britain. 

b.  We  take  this  Owain  to  be  one  and  the  same  with  the  hero  of  the  legend  of  Saint 
Patrick's  Purgatory.  This  again  reminds  us  of  Oisin  in  Tîr-na-n'Og. 


2o6  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

as  the  rough  Butler  has  the  Herodotean  legend.  Just  such  a  dream  had 
the  Geirreôgfn,  mother  of  Cathal  of  the  Red  Hand,  in  Irish  tradition  a 
hero  of  the  type  of  Triptolemus,  of  Sir  JohnBarleycorn,  of  Gearbhall  O 
Dâla',  and  «  John  Duvyer  Esquire,  »  —  corn  and  growth  heroes.  The 
dream  incident  hère  suggests  the  birth  of  Orion  '  ;  and  Cathal's  birth  is 
obstructed  in  a  way  which  recals  the  birth  of  Hercules. 

In  this  place  should  be  mentioned  the  inedited  Irish  taies  of  the  Three 
Wise  Brothers,  al.  King  Solomon  and  his  Three  Wise  Servants  (thieves); 
or  the  Three  Wise  Dogs,  whose  nest  was  in  a  tree.  In  an  Odenwald 
story  thèse  éléments  become  The  Little  Tailor  and  his  Three  Dogs 
^Wolf  Deutsche  Hausmàrchen  Gottingen  185 1 1,  —  recalling  the  common 
name  for  the  Belt,  the  Tailor's  Yard-wand  —  and  in  English  rhymes, 
King  Arthur  and  his  three  sons,  or  three  serving-men  2. 

Thèse  conceptions  bring  us  within  the  Tbumbling  cycle.  The  ypung- 
est  of  the  Three  Wise  Brothers  has  the  magie  thumb,  otherwise  an  attri- 
bute  of  Find,  and  of  Conân  (the  little  dog.We  meet  the  strong  mid-finger 
of  the  giant  Goll  or  the  Fer  Ruadh  (red  marn,  the  first  madman  in  Ériu. 
As  Isis  feeds  her  son  with  her  finger  \ve  find  a  famous  Irish  «  Hag  of  the 
Finger  »  —  a  legend  however  perhaps  arising  from  a  false  popular 
etymology. 

If  we  are  to  recognise  in  the  Irish  hand  with  three  fingers  Orion's 
Belt  we  may  compare  the  unexplained  myth  of  the  three  [al.  five  or  tenï 
Dactyles,  or  Fingers,  of  which  by  some  accounts  Hercules  was  one. 
Another  triad,  the  Hindu  Trimurti,  were  born  from  a  blister  on  Bha- 
vani's  hand.  We  would  suspect  the  same  basis  hère  as  for  the  notions  of 
Siva's  three  eyes  and  trident  —  old  childish  faheies  about  the  Belt.  The 
Cape  Dutchmen  hâve  a  solemn  oath  by  the  Three  Kings  of  Cologne 
(always  associated  with  the  Belt)  in  making  which  they  hold  aloft 
the  middle  finger  of  the  right  hand.  The  Kings  are  sometimes  shown 
making  such  a  gesture  in  old  représentations  of  the  Adoration  of  the 
Magi.  Boys  in  York  may  be  seen  playing  a  variation  of  «  Bocca,  Bocca, 
quot  sunt  hic?  »    in  which  they  successively  hold  up  three  fingers, 


1 .  Cf.  the  mediaeval  riddle  : 

Die  mihi  quod  flumen  soleat  conscendere  montes  ; 
Hoc  mihi  si  solvas  Oedipus  alter  eris. 
The  story  of  Orion  and  his  three  fathers  has  again  a  parallel  in  the  génération  of 
Lug  a.  by  three  dogs,  whence  his  name  Lugaid  mac  tri  con,  or  b.  by  the  Three  White 
[or  bright;  Brethren,  the  Findemna.  The  three  stars  of  Orion's  Belt  may  be  the  détermi- 
nant in  thèse  legends. 

2.  We  are  prepared  to  find  a  triplication   of  the  figure  of  Solomon    himself  (Noël 
Dictionnaire  de  la  Fable  s.  v.  Clan  i.  e.  the  notion  of  Three  Wise  Kings). 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  207 

which  bear  very  unbecoming  names.  Ormuzd  marked  with  three  fingers 
the  time  the  world  endure.  The  week  is  sometimes  a  «  hand  » 
(infra  217)  ;  the  fingers  days,  and  Thumbkin  the  hero  of  the  family. 

There  may  not  be  any  thing  in  the  phrase  «  hand  gods  »,  found 
in  the  heroic  taies,  but  it  suggests  the  red  hand  and  three  wande- 
ring  brothers,  and  the  Three  De  Danann.  Again  the  «  Arm  of  Nuada's 
Wife  s  \Righ  Mnâ  Nuadat)  ontheBoyneseemsamerelocalizationof  «  the 
Lady's  Eli  »  (Leitrim)  and  «  Maui's  Elbow  »  ^New  Zealand).  Thèse  are 
living  names  for  Orion's  Belt;  but  the  two  Bears  were  «  Rhea's  Hands  ». 
We  meet  the  «  gold  and  silver  hands  »  of  a  witch  in  certain  Irish  lake 
Belt.  The  legends  related  by  Otway. 

The  triplications  associated  with  the  Belt  of  Orion  ^cf.  the  tripli- 
cate  national  symbols,  shamrock,  lilies,  etc.,  of  Ireland,  Wales,  Mann, 
and  France)  may  be  related  to  two  very  ancient  riddles.  One  is  that 
of  the  Sphinx  about  the  three  âges  of  man.  This  notion  of  three  âges 
is  found  in  the  Indian  Trimurti  ;  and  that  triad,  like  Siva's  three  eyes, 
three-pointed  spear,  and  «  lotus  footprint  »,  we  refer  in  part  to  the 
Sphinx  is  on  other  grounds  Time. 

The  second  riddle  is  propounded  by  Damoetas  tohisfellow  shepherds 
in  Virgil's  third  Eclogue  : 

Die  quibus  in  terris  —  et  eris  mihi  magnus  Apollo  — 
Tris  pateat  caeli  spatium  non  amplius  ulnas . 

With  thèse  «  three  ells  »  in  the  heavens  cf.  our  Leitrim  name  for  the  Belt, 
«  the  Lady's  Eli  ». 

We  meet  a  magician  called  indirTerently  Dubh-da  or  Da-dubh  (Black- 
Hand  ;  cf.  Melampus)  owner  of  the  Yellow  Rod,  and  connected,  like  Ma- 
nandân  or  Oengus  or  Marcach  or  the  Dagda  himself,  with  enchanted 
swine  or  horses  which  disappear  when  they  corne  to  the  water — days, 
clouds,  or  streams.  Compare  again  the  classification  of  the  Irish  tribe  on 
the  basis  of  the  Geil-fine.  The  word  is  understood  as  Hand-Family  ; 
and  at  ail  events  there  can  be  no  mistaking  the  allusion  of  such  fanciful 
names  as  Ingen-for-méraïb,  «  Nail-on-fingers,  »  for  the  youngest  branch. 
Lastly  note  how,  as  Hand  and  Dog  divide  'Eriu  between  them  («  Mog- 
Nuadat's  Half  »  and  the  «  Hound's  Half  »)  so  the  same  ideas  appear 
to  survive  in  the  provincial  names.  Ulad  is  Long-Arm  or-Elbow. 
The  Connachta,  like  the  Conmaicne,  are  the  Dog-Tribes.  We  shall 
show  reason  for  believing  that  the  Laigne  must  mean  the  Whelp- 
Tribes  (They  are  named  e.  g.  with  the  Saithne,  or  Bitch-Tribe,  in  the 
legend   of  Cormac  Galeng).  The  old   Momonian  name  suggests  Big- 


208  Early  Ccltic  Hbtory  and  Mythology. 

Hand  [ma and  mdn.  i.  lâm:  Cormac),  for  Lug  is  called  indifferently  lâmh- 
fada  (Longhand)  and  Lug(aid)  Maman  '. 

Having  said  thus  much,  in  sufficient  détail  to  justify  what  must  seem 
atfirstabold  induction,  —  and  duly  admitting  thehazardous  character  of 
such  spéculations,  where  no  man  is  safe  but  the  critic  who  is  ca- 
reful  to  ofTer  nothing  new  —  we  suggest  whether  the  wise  Dagda,  Dag- 
dae,  andhis  three  sons,  Brigitand  her  threesons,  the  ThreeDeDomnand, 
or  the  three  Brigits,  Fergus  and  his  two  brothers,  the  Three  Ferguses, 
Medb  and  her  three  sons  'Fergus,  Lugh  the  Whelp,  and  Conall),  etc., 
are  not  différent  old  conceptions  of  which  the  Belt  and  its  three  stars  are 
the  déterminant,  tobecompared  with  the  Wise  Kingand  his  three  servants, 
or  the  Three  Wise  Kings,  or,  again,  the  Tailor  and  his  Three  Dogs. 

ODonovan  rendered  the  Dagda's  name  as  «  the  great  good  fire  ». 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  makes  it  «  good  god  »  («  Dagdê  =  '  Dago- 
dêvosou  bon  dieu...  le  Zeus  ou  l'Ormazd  de  la  mythologie  irlandaise»  (15). 
Our  own  view  is  that  (as  already  said  above)  the  unexplained  élément 
in  Dagda,  Dagdae  son  of  «  Long-elbow  »  (El-ada),  is  the  same  élément 
found  in  Nua-da,  Én-da,  etc.,  a  word  [dae]  which  is  explained  by  0  Clery 
by  lâmh  (hand*  and  by  ODavoren  by  righ  (forearml  or  guala  ishoulderK 
Cf.  the  Strong  Hand,  Working  Hand,  adored  under  that  name  and 
image  by  the  Mayas  and  other  races  of  central  America 2. 

This  analogue  of  the  Dagdae  iCukulcan)  has  not  been  explained  ; 
and  generally  îhe  things  which  are  obscure  in  Celtic  mythology 
belong  to  a  class  which  await  explanation  elsewhere.  Thus  the  Dagda 
and  the  Mac  'Oc  are  Cronus  and  young  Zeus.  Irish  tradition  asserts 
that  the  first,  like  Saturnus,  was  an  earth  god  5.  As  Eochaid  Ollathair 
lallfather  he  answers  to  Allfather  Odin  ;  and  (as  pointed  out  by  our- 
selves  some  nine  years  ago'i  he  answers  to  the  Gallic  Mercury  or 
Dis  Pater.  He  is  identical  with  Lug  Longhand,  master  of  ail  arts  4, 
whom  again  we  believe  to  be  one  and  the  same  with  Loki.  He  is  «  the 
good  man  >>  we  hâve  an  inedited  taie,  «  Goodman's  House  and 
Noman's  Land  n  ;  the  little  good  hero  ^Dagân-,  Ruad  Rôfhesa  (the 
exceeding-cunning  red  one'i  —  suggesting  Robin  Goodfellow.  In  the 
untranslated  Cath  Muighe  Tuiridh,  which  M.  d'Arbois  does  not  quote, 
the  Dagda  is  called  Fer  Benn   man  of  the  horns'1.  He  thus  answers  to 


1   In  the  ancient  romance  The  Story  of  Mac  Datho's  Swine  :  Lugaid    Mumân  mac 
Tri  Con. 

2.  Bancroft  Native  Races  of  the  Pacific  States  III  eu. 

3.  D'A.  de  J.  Introduction  à  l'Étude  de  la  Litt.  Celt.  282. 

4.  lldanach.  With  Sab-ildanach  (Lug,  Cu's  father)  cf.  Sualtain  (also  Cu's  father),  and 
Illan  or  Oi'.ell. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  209 

Cernunnos;  perhaps  to  Cornân  the  fooi,  that  escaped  the  flood  ==  Fin- 
tan  ?  ';  to  Pan;  to  Epaphus  ;  to  the  horned  Siegfrît,  and  his  English 
form,  Hycophrix,  Hycothrift,  Tom  Hickathrift  ;  to  the  horned  Cû-Chu- 
laind  Cû  na  hadhairce  2;  to  brute-eared  kings  like  Labrad,  Midas,  and 
King  Eselohr.  In  the  Cath  Muighe  Tuiridk  Dagda,  like  his  daughter. 
0  Brigit  the  great  eater  »,  makes  a  monstrous  meal,  and,  like  Cronus 
and  Gargantua,  disgorges  it.  Again  he  carries  a  swineherd's  goad,  and 
his  pigs  must  be  Manandân's  Circe's  and  Odysseus's  swine,  Dâ-Dubh's 
pigs 2,  Helios's  oxen,  Proteus's  herd,  Oengus's  horses,  0  Donoghoe's  and 
Gerôid  Iarla's  white  horses  supra  IV  196  ,  Loki's  goats,  Achiiieus's 
ants,  Labrad's  régiment  of  badgers2,  Maelgvvn's  white  dogs. 

II. 

It  is  not  strange  that  the  acute  and  learned  men  who  hâve  written 
on  the  myths  of  Cronus  and  Circe  should  hâve  often  gone  very  near 
the  solution  of  them,  without  wholly  clearing  them  up.  Welcker  rightly 
explains  Kronos  as  Time  die  Zeit.  G.  G.  I  274  ;  and  he  appears  to 
recognise,  with  Heyne,  in  the  swallowed  children  [ibid.},  as  Preller  in 
the  eaten  oxen  of  Helios,  etc.  G.  M.  >  I  316  ,  the  days.  Preller  has  an 
unlucky  etymology  of  Cronus,  but  he  is  otherwise,  asalways,  judicious, 
and  he  points  to  a  Maori  parallel  to  the  violent  divorce  of  Heaven  and 
Earth  op.  cit.  I  46  .  Mr.  Tylor  cites  several  versions  of  the  swallowing 
myth,  Maui,  who  he  thinks)  is  «  among  the  clearest  and  complètent 
personrfications  of  the  sun  »,  Jonas  who,  need  \ve  say,  is  ano- 
ther  ,  Tom  Thumb,  and  Little  Ked  Riding-hood  E.  History  of  Mankind 
1865,  3  3 6- 3  3 8).  Sir  George  Cox  has  at  least  a  just  comparison  of  the 
Cronus  story  with  the  Wolf  and  Seven  Little  Goats  —  the  days  of  the 
week  Grimm,  K.  uni  H.  M.  n°  5.  Myth.  Ar.  Nations  I  358  .  Expia- 
nation  seems  to  hâve  gone  no  further  than  this  :  and  we  hâve  to  learn 
why  Cronus  is  a  hooded  figure;  why  the  stone  was  muffled  up;  the 
meaning  of  the  sickle,  the  mutilation,  the  horse  and  dragon  features, 
and  the  association  with  the  number  seven^. 

We  will  endeavour  to  answer  thèse  questions  hère,  because  the  myth 


1 .  Fate  of  Eochaid  Mac  Maircdo  éd.  Crowe  98. 

2.  lnedited  taie. 

3.  See  the  views  of  récent  writers  in  the  Academy,  1 883-1 884.  Thèse  views  (which 
are  delivered  with  much  emphasis)  leave,  so  far  as  we  can  see,  the  myth  of  Cronus 
exactly  where  Treller,  Welcker,  and  Heyne  left  it.  Hcwever  there  is  some  négative  criti- 

ism. 

Rev.  Cclt.  VI.  14 


210  Early  Celtic  History  and  Mythologw 

is  of  a  type  the  most  important  ;  because  it  admits  of  a  full  and 
satisfactory  explanation  ;  because,  above  ail,  to  explain  the  myths  of 
the  Cronus  and  Circe  cycle,  and  to  clear  up  the  relations  of  the 
Dagda  pointed  out  above,  will  be  to  illustrate  the  chief  features  and  deal 
with  the  chief  difficulties  of  Celtic  mythology.  Thus  «  a  Saint-Juliac  », 
as  at  Delphi,  \ve  meet  the  mufflled  stone,  a  un  menhir  ...  un  mètre  de 
»  haut  est  une  dent  que  Gargantua  se  brisa  en  avalant  trop  précipitam- 
a  ment  une  pierre  emmaillottée  qu'il  croyait  être  un  de  ses  enfants  »». 

The  Hôdeken  myth  —  the  myth  of  a  hooded,  capped,  or  cloaked 
hero  — ■  is  common  in  Celtic  countries.  Dom  Martin  engraves  an 
ancient  Segusian  medal  where  a  little  cloaked  figure  appears,  just 
as  in  familiar  représentations  of  Telesphorus 2.  In  ancient  Ireland 
we  meet  Cruimchend  and  his  cloak,  Cian  =  Lug)  and  his  caul,  the 
cloaked  Manandan  or  little  Find  ,  and  the  Cailleach  cucullata  .  In 
modem  inedited  Irish  taies,  the  Thief  ofthe  3lack  Cap,  Mâghnus  Car- 
rach,  the  Paistin  Cril-carrach  puerulus  scabiosus  —  who  recals  King 
Énda  Cennselach  foulhead  ,  —  Red  Riding-hood  and  her  gold  arm, 
etc.  In  France,  Coiffette  =  Mother  Redcap  5  and  Perrault's  Petit  Cha- 
peron Rouge.  The  superstition  of  spécial  luck  attending  a  child  with  a 
caul  coiffé  is  found  everywhere. 

The  oxen,  swine,  or  the  like,  «  Manandân's  magical  swine  which 
»  reappeared  as  often  as'they  were  killed  and  eaten  »  are,  as  Mr  Hen- 
nessy  observes,  everywhere  in  mediaeval  and  modem  Irish  romance 
■supra,  II  92),  and  everywhere  in  the  much  older  traditions  of  the 
Celtic  Hercules 4,  Geryon,  etc.  The  ancient  taies,  the  Tain  Bô  Chuailnge, 
Tâin  Bô  Fraich,  etc.,  clearly  had  a  similar  original  basis.  We  meet 
the  animais  again  as  enchanted  white  cattle  with  red  ears,  and  as  the 
Breton  and  Norman  Bœufs  des  Fées,  «  qui  ne  pouvaient  travailler  ni 
avant  le  lever  du  soleil  ni  après  qu'il  était  couché  s.  » 

Our  own  view  is  that  the  above  myths  hâve  been  built  upon,  and 
hâve  adjusted  themselves  to,  a  few  leading  constants,  —  the  stars, 
especially  Ursa  Major  and  Orion  ;  light  and  darkness;  time  ;  the  year  ; 
winter    and    summer  ;   the  days,  the  shortest   day.   Thèse  are  often 


1.  Sébillot  Trad.  H.  Brct.  I  16.  The  name  of  the  giant  has  been  explained  «  le 
dévorant  »  (supra  I  139).  Shakespeare  speaks  of  a  «  Gargantua's  mouth».  Vide  supra. 

2.  Rel.  des  Gaulois  II  23. 

3.  «  Coiffette  est  morte  »  (Sébillot  op.  cit.  139)  =  «  Great  Pan  is  dead  ».  Mer- 
lusines,  figures  of  Mélusine  made  of  pastry  and  sold  at  fairs,  were  also  bien  coiffées. 
Histoire  de  Mélusine,  tirée  des  Chroniques  de  Poitou  (Paris  1698). 

4.  See  them  set  forth  by  Preller  (C.  Af3  II  202  sqq.). 

5.  Sébillot  op.  cit.  I  120.  Cf.  Pryderi's  pigs  (Mabin.). 


Early  Celtic  History  and  Myihology.  i  \  \ 

conceived  of  in  savage  and   childish  ways,  and  the  survivais  of  thèse 
wild  conceptions  are  the  things  that  perplex  us  in  mythology. 

In  offering  an  explanation  of  the  hooded  figures  we  cannot  separate 
the  myth  from  that  of  the  child  or  dwarf  god  or  hero.  We  must  class 
together  Maui  the  Baby  ;  the  Mac  Og  child  or  little  Find  ;  Manandân, 
Mongân  My-little-Find  ;  the  Mac  Begor  Cû-Chulaind  ;  Conân  Maol  the 
little  bare  dog  ;  Lug  the  whelp  ?  =  laogh  ;  little  Gwyn  ;  Ogma  [=  the 
youngest  ?  ,Ogmios  ;  Liber    the  child  ;  Wàinâmôinen  ;  Dagân  ;  Staffan 

Stephen  and  his  foals  ;  Loki  and  his  goats  ;  Marcach  Mananda'n  and  his 
horses  ;  Find  or  Conân  sucking  knowledge  out  of  his  thumb  ;  Brahma, 
little  Mercurius.  and  Harpocrates  in  a  like  posture  ;  the  little  thief 
Hermès,  the  young  thief  Yehl,  the  Thief  of  the  Black  Cap  ;  Hodeken, 
Friar  Rush,  the  Cleric  of  the  Goatskin    Irish  ,  the  Cleric  of  the  Rain 

Breton  ,  the  Clerk  of  the  Weather  English  ,  the  monk  Charos,  the 
Neapolitan  Monaciello,  Coiffette,  Telesphorus,  Hakelbàrend,  the  cloa- 
ked  Hermès,  the  cloaked  <<  Wormhead  »  ?  Cruimchend  ,  the  cloaked 
Manandân,  the  Black  Thief,  etc.;  True  Thomas,  the  True  Old  Man  of 
the  Sea,  Donn  Firinne,  Siegfrit1,  the  truthful  Hycophrix,  Thomas 
Hickathrifl  ;  the  Scabbypolled  Child  Pâlstin  Cûl-carrach  ,  Mâghnus 
Carrach  Magnus  Scabbypoll  :  inedited  Irish  taies  ,  Scabbypate  modem 
Greek  ,  le  Petit  Teigneux  Corsican  ;  Ashypets — Caeculus2;  Hermès"'; 
Indra-*;  Rhodopis  ;  Askovitz  ;  Ashenclâs;  the  Cauld  Lad,  etc.;  heroes 
and  heroines  oiaslwe  or  fcotp rinlslory,  Oedipus  ;  Iason,  «  the  man  with 
the  one  shoe  »S;  Fear-na-leathbrôige  man  of  the  one  shoe  6;  the  Lu- 
prachan7; Helena8;  Bertha  Bigfoot;  Mélusine";  the  bigfooted  Find; 
Singlefoot   'Oengus  ;  the  bigfooted  Charlemagne;  the  Splayfoot  Knight 


i .  From  Sicker  (segur,  securus)  sure  ? 

2.  So  called  from  his  b'inking  eyes.  Cf.  Billy  Blin  [Border  Minstrelsy). 

3.  Callimachus  Hymn  to  Ariemis  69. 

4.  Indra  took  the  guise  of  a  naked  beggar  bedaubcd  with  ashes  when  he  was  stea- 
ling  ihe  sacrificial  horse.  This  épisode  is  apparently  the  theft  of  the  cow  by  Hermès,  and 
that  of  the  White  Mare  or  the  Steed  0'  Bells  by  the  Black  Thief.  Indra's  car  seems  to  be 
the  Wain.  Indra,  again,  recovering  the  oxen  answers  to  Hermès. 

5.  Apollodorus,  I  9.  16  :  [iovoaàv8aXoç.  pindar  Pyth.  IV:  povoxpifKiç. 

6.  Inedited  taies.  Fear-na-leathbroige  is  an  ogre  or  vampire  of  the  same  family  with 
Barbe-Bleue  and  L'Orne  a  las  Dens  Roujos  in  the  Agenais  taie  of  M.  Bladé. 

7.  There  is  a  traditional  explanation  of  Luprachan,  Leprachan,  Lubrican,  as  man  of 
the  «  one  shoe  ».  «  a  pigmy  sprite  suppcsed  to  be  always  employed  at  making  or 
»  mending  a  single  shoe,  from  letih.  one,  or  half  a  pair,  brog,  a  shoe  ».  0  Reilly.  The 
shoe  figures  in  Luprachan  stories  very  much  as  in  the  Cendrillon  cycle,  t.  g.  in  Croker's 
Fairy  Legends,  «  The  Little  Shoe  ».  This  is  essentially  the  same  with  Arndt's  taie  from 
Rugen,  the  Dwarf  and  the  lost  Glass  Shoe,  Msrchen1  I  197.  Vide  infra. 

8.  Helen's  shoe  fell  off  when  Paris  was  following  her,  and  the  place  at  Sparta  was 
called  to  SavBâX'.ov  (Ptolom.  Hephaest.  IV). 

9.  She  left  the  print  of  her  foot  on  the  window-stone  when  lcaving  Lusignan. 


2i2  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

Ridire-an-Spleadha  ;  Sâlfhada  ;  Sâlmhôr.  Drivers  of  a  car  or  nain,  or 
men  condemned  to  drive,  or  hunt,  or  wander  for  ever,  Corbmac 
(Wormchild  ?  Longelbow  JJlfada1,  Bryan  the  Carman'.  Cruimchend  and 
his  coach,  «  Saint  Martin's  Car  »,  «  Jack  and  his  Waggon  »,  the  Un- 
resting  Waggoner,  the  Wild  Huntsman,  the  Night  Raven  (the  sameï, 
Sisyphus,  Seân  Tincéiridhe  ',  Jacky  the  Lantern  ',  Odysseus,  the  Wan- 
dering  Jew.  The  figure  is  found  also  theriomorphic,  as  the  Wandering 
Ox  ^Beugle  Errant'i,  Night  Ox  iBugle  Noz1',  Veau  Blanc,  Bête  Blanche, 
Ourse  Blanche  — -  which  are  associated  with  midnight. 

Lastly  a  miscellaneous  class  including  the  grain  heroes  Eulens- 
piegel,  Pan,  Priapus,  the  priapic  «  Jack  »  the  baker's  boy',  Adonis 
Pygmaion,  John  Barleycorn,Peppercorn,Cock  Robin,  «  the  little  Drean  n 
wren)  «  that  lay  in  the  cradle  for  seven  years  long  »  ',  the  smith's  boy 
[=  Kedalion  .  Aithirne,  or  Amargen  2,  or  Cu-Chulaind. 

Our  présent  conclusions  on  some  of  thèse  myths,  the  chief  difficultés 
of  mythology,  would  besummarized  in  the  following  generalizations. 
i .   The  child  or  dwarf  is  [a]  the  Thumbling  star  in  the  Wain    b    the 

young  light  or  day,  young  week,  year,  or  sun  [c]  the  shortest  day 
S.Thomas,  S.  Stephen,  S.  Nicholas,  Yule). 
2.   The  hero  muffled  in  a  cloak,  hood,  or  cowl  ;  or  half  hidden  in  the 

ashes,  is  sometimes  the  same  dim  hardly  discernible  star.  With  this 

are   coôrdinated    conceptions  of  the  dawning  or  contracting  light. 

See  examples  injra,  p.  252. 

5.  The  shoe  in  the  extensive  Cendrillon  cycle  seems  an  otherwise  for- 
gotten  conception  of  Ursa  Major.  It  is  further  connected  with  time. 

4.  The  /wge/oor  ofOedipus,Find,TuirbhiBigfoot,  SOLIMARA  =  Seach- 
rân  Sâlfhada  long  heel  and  Sotal  Sâlmhôr  (great  heel),  Berta 
Bigfoot  etc.  is  the  same  as  (5). 

<).  The  myth  or  mythological  popular  taie  is  often  the  coordination  in 
one  séries  of  différent  conceptions  of  the  same  phenomenon. 

6.  The  constants  and  déterminants  are  few  :  the  differentiations  without 
number. 

Proceeding  to  apply  thèse  propositions  in  détail  we  would  class 
Cronus  as  a  hooded  god  with  like  figures  just  enumerated;  a  classi- 
fication which  implies  that  the  Cronus  myth  partly  relates  to  Ursa 
Major.  Such  a  connexion  is  manifest  in  some  of  the  figures  we  hâve 
grouped  above.  Wâinâmôinen  is  always  said  to  dwell  in  this  constel- 


1.  lnedited  taies.  Char  S.  Martin  and  Jack  and  lus  Waggon  are  Ursa  Major. 

2.  Book  of  Leinster  117  b. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  213 

lation.  Pan,  deus  Arcadiae,  is  the  young  bear,  Arcas,  son  of  Callisto, 
or  Ursa  Major.  The  Unresting  Waggoner,  Wild  Huntsman,  the  nun 
Tutosel,  the  Night  Raven,  thèse  are  ail  most  distinctly  identified  in  Ger- 
man  tradition  with  the  driver-star,  «  Jack  Thumbling  »,  of  the  restless 
midnight  Wain,  which  is  called,  \ve  are  informed,  in  Buckinghamshire 
«  Jack  and  his  Waggon.  ■>  The  Holstein  version  of  the  taie  of  Hans 
Dùmkt  (which  is  told  in  Ireland  of  Crom  Dubh  was  published  by  Mùl- 
lenhoff  Sagen  Mdrchcn  und  Lieder  Kiel  184$  .  Hans  was  a  serving  man 
to  Our  Lord  as  Crom  Dubh  to  Saint  Patrick  ,  and  an  illconducted  one. 
a  Darùber  ward  der  liebe  Gott  endlich  so  bôse  dass  er  ihn  auf  die  Deich- 
»  sel  des  Himmelvvagens  seizte,  wo  er  jeden  Abend  zu  sehen  ist  » 
p.  360  .  MM.  Kuhn  and  Schwartz  •  N or ddeutsche  Sagen.  Leipzig,  1848' 
hâve  equally  clear  accounts  of  the  Dùmkewagen,  Dùmekens  Fuhrmann, 
Nachtrabe,  etc.  The  legends  are  referred  to  by  Grimm  ;  they  are  col- 
lected  in  English  in  Thorpe's  Northern  Mythology  <London  1852  ;  and 
they  hâve  been  partly  studied  by  M.  Schenkl  [Ger mania  1863  and  M. 
Gaston  Paris  Le  Petit  Poucet  et  la  Grande  Ourse   Paris  18751. 

We  might  show  in  the  same  way  that  the  wain  of  Thomas  Hickathrift 
is  Thumbling's  celestial  Wain,  «  Jack  and  his  Waggon  »  ;  that  Harpo- 
crates  is  the  young  year  or  weakling  sun  born  in  winter  ;  that  the  «  little 
Wren  »,  and  «  Tom  Thumb  »,  and  «  Staffan  »,  are  the  shortest  day 
S.  Thomas,  S.  Stephen  ;  and  that  the  notion  of  a  thief  carrying  off 
oxen  and  reversing  the  tracks  could  corne  from  the  backward  and  for- 
ward  movement  of  the  Wain, which  the  Biscayans  in  a  story  regard  as  two 
cows  carried  off  by  robbers,  the  owner,  his  family,  and  his  dog  the 
little  star  being  in  pursuit  '.  The  inedited  Irish  taie,  Baa  siar  Ui  Riagdin 
as  baa  aniar  Ui  Riagdin,  «  0  Regan's  cows  (driven]  west  and  0  Regan's 
»  cows  east  »,  has,  we  believe,  the  same  ancient  basis. 

We  may  point  out  in  this  place  the  forms  in  which  the  Thumbling 
myth  is  found  in  Celtic  legend.  Find  is  the  best-known.  M.  d'Arbois  de 
J.,  writing  of  a  certain  spell  performed  by  Find,where,  as  usual,  he  put 
his  thumb  in  his  mouth,  says  «  Pour  exécuter  ...teinm  loida  il  fallait 
«  mettre  un  pouce  dans  la  bouche,  poser  un  bâton  »  etc.  Introduction 
2{  1)...  «  Ce  geste  semble  être  un  des  éléments  du  rituel  magique  du 
teinm  làida  [Ibid.  250  .  This  however  is  noi  the  sensé  of  the  legend. 
M.  Liebrecht  long  ago  pointed  out  that  Find  sucking  his  magical  thumb 
is  the  same  with  Brahma  or  Vishnu  sucking  wisdom  out  of  his  thumb  as 
he  floats  on  the  pipala  leaf   Gervasius  von  Tilbury  1 56. Cf.  Grimm  D.  M. 

1    Le  Folk-Lore  du  Pays  Basque.  Par  J.  Vinson  (Paris  1883)  8-9. 


214  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

II  45 1).  There  is  a  legend  of  the  Saint  Brandan  cycle  wherein  a  thumb- 
long  man  thus  floats  on  a  leaf  (Grimm  D.  M.  loc.  cit.  Engl.  translation''. 

The  magical  thumb  is  again,  in  inedited  taies,  attributed  to  Conân. 
And  sometimes  we  meet  a  «  strong  midfinger  »  in  which  ail  the  giant's 
strength  lay.  In  France  Perrault's  story,  le  Petit  Poucet,  is  without  doubt 
an  old  Celtic  taie  ;  and  in  Wales  we  meet  «  Eirchion  the  Thumb-war- 
rior  »  ilolo  3)  ;  Twm  Gelwydd  Teg  (=  True  Thomas,  or  Hickathrift. 
Jbid.  202)  ;  and  Twm  Sion  Catti.  See  our  remark  supra  207. 

Cronus's  sickle  may  be  a  conception  of  Ursa  Major,  or  of  the  Belt,  as 
the  latter  is  called  by  the  Finns  «  Wàinâmôinen's  Scythe  »  '  and  in  Ger- 
many  the  «  Three  Mowers.  »  The  Great  Bear  is  as  much  like  a  sickle 
as  a  «  dipper  »  ladle  ;  the  name  for  the  constellation  in  the  United 
States)2.  Gargantua's  ladle,  localized  at  Saint-Brieuc,  Gahard,  and 
elsewhere  3,  is  the  same  thing;  and  the  Dagda's  ladle,  big  enough  to 
allow  a  couple  to  lie  down  in  the  middle  of  ït  4.  it  is  mentioned  by 
Reginald  Scot,  and  by  the  old  playwright  Middleton,  in  The  Witch  : 

Hécate.  Urchins,elves,  hags,  Satires,  Pans,  F'auns,  silence.  Kit-with-the-candles- 
tick,  tritons,  centaurs,  dwarfs,  imps,  The  Spoon,  the  Mare,  the  Man-i'the 
Oak,  the  Hell-Wain,  the  Fire-Drake,  the  Puckle... 

It  is  probably  the  proverbial  «  long  spoon  »  of  the  Devil  ;  and  it  oc- 
curs  in  an  English  child's  rhyme,  with  other  celestial  fancies  : 

.....  the  Cat  in  the  Tree  (or  the  Cat  and  the  Fiddle) 
The  Cow  jumped  over  the  moon; 
The  little  Dog  Rover  he  laughed  at  such  sport, 
And  the  Dish  s  ran  away  with  the  Spoon  6. 

The  «  Spoon  »,  «  Hell-Wain  »,  and  «  Fire-Drake  »  are  the  same 
[supra  212  (5)].  Cf.  the  Mecklenburg  Frû  Wâgen. 

The  mutilation  of  Cronus  reappears  in  the  Egyptian  Typhon-Osiris  or 
Two  Brothers  taie  ;  in  the  Adonis  cycle  ;  and  we  find  it,  or  something 
very  like  it,  in  the  story  of  the  Dagda  given  below.  Ursa  Major  is  called 
by  a  name  meaning  the  àspo^aÀXo;  among  the  Chippeways  [Mélusine  II 
32  .  The  mutilation  story  could  arise  from  the  blending  ofthis  conception 


1.  Al.  «  sword  ».  Castren  F.  M.  320. 

2.  Webster's  Dictionary  s.  v.  dipper. 

3.  Sébillot  Gargantua  dans  les  Traditions  Populaires  9,  67,  186. 

4.  Cath  Muighe  Tuiridh  Harl.  5280,  je*. 

5.  «  The  Broken  Dish  »  or  «  Dervish's  Dish  »  is  Corona  Borealis  (See  Mr.  Higgins's 
Arabie  Star  Names  Leicester  1882  p.  22).  Cf.  the  Mwys  Artur,  and  Mwys  Tudno. 

6.  A  Suffolk  oral  version. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  21$ 

and  that  of  a  sickle  [supra  212  5  ]  :  but  it  is  also  implied  in  the  violent 
séparation  of  Uranus  and  Gaea.  as  in  the  Maori  taie  Grey  P.  M.  4 
Schirren  W'a ndcrsagen  41-42  . 

It  occurs  also  in  the  Thumbling  legends.  The  toe  ipollex  of  the  Black 
Thief  =  Hermes-Thumbling  is  eut  off  by  the  giant : .  The  driver  of  the 
Bloody  Coach  Blutkutsche  at  Antwerp  one  of  the  many  forms  of  the 
YVain  kidnaps  seven-year  old  children  and  cuts  off  their  great  toes2.  Of 
Mullenhoff's  hero,  Hans  Dumkt,  it  is  expressly  said  thathe  waspunished 
lopped  short  ?  for  cutting  chaff  too  long  J.  The  Cailleach  Bhéara  in  an 
inedited  taie  ,  the  Manx  Phynnodderee,  and  a  Northamptonshire  bogie 
are  ail  described,  now  as  taken  to  task  for  cutting  the  grass  too  long, 
nowascroppingitdangerously  close.  This  trait  then  has  référence  in  cer- 
tain legends  to  the  harvest;  sometimes  the  cropping  of  the  daylight  may 
be  meant.  Thus  a  Greek  poet  has  the  expression 

When  youthful  reapers  lop  Demeter's  limbs 
Tf)u.o?  ox'  KiÇVjOt  Xr^rr'-.izx  xcoXotouEuaiv  4 . 

John  Barleycorn,  the  ballad  says,  was  <<  eut  by  the  knee  »;  and  to 
this  cycle,  whatever  the  origin,  must  belong  the  wounding  ofOdysseus, 
of  Tsui-Goabî,  and  many  more,  in  the  kr.ee.  The  cutting  off  of  the 
children's  toes  was  «  im  August,  als  das  Korn  hoch  stand6,  a  The 
wound  may  also  be.  a  conception  of  the  red  dawn. 

The  muffled  stone,  swallowed  by  Cronus  and  Gargantua,  is  Little  Red 
Riding  Hood  or  Rothkâppchen  swallowed  by  the  Wolf  =  Ursa  Major  , 
which  swallows  the  seven  kids  =  the  seven  stars  in  another  version. 
Thumbling  himself  coôrdinates  the  conceptions  :  a  Ich  war  in  einem 
Mauseloch,  in  einer  Kuh  Bauch,  und  in  eines  Wolfes  Wanst  n  Grimm 
K.  und  H.  M.  57  .  Daumesdick  is  known  to  be  «  Hans  Dùmkt  »,  the 
star  80  by  Ç;  the  «  mouse  »  in  this  story,  in  the  myths  of  Apollon 
Smintheus,  Persephone,  the  horned  god  of  the  Saintes  altar,  the  goat 
Pûca  (vvho  appears  in  inedited  stories  as  a  rat  with  long  tail  ,  the  rat  or 
mouse  which  carries  Thumbling  to  the  hunt  andCendrillon  to  the  bail:. 


1.  The  Hibernian  Taies  .chapbook). 

2.  See  the  legends  given  by  Wolf  from  oral  tradition,  Niederlœndische  Sagen  'Leipzig 
1843   pp.  $22-523. 

3.  Zur  Warnung  fur  aile  Knechte  die  den  Heckerling  zu  lang  schneiden  (360). 

4.  Plutarch  De  hide  et  Osiride  c.  66. 

5.  The  dawn,  according  to  some.  Cf.  «  Whiteknee  »  supra  200. 

6.  Wolf  op.  cit.  p.  s 22. 

7.  It  seems  more  reasonable  to  regard  this  as  an  old  traditional  élément  of  the  legend. 
Cf.  the  diminutive  size  of  Cendrillon  also  implied,  and  the  Danish  Cendrillon,  «  The  Girl 
in  Mouseskin.  » 


2  1 6  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

the  rat  associated  with  the  legendary  Saint  Martin  from  whom  Ursa  Major 
is  called  Char  Saint  Martin),  and  the  mouse  swallowed  by  the  dog  or 
horse  Labrad  (in  a  legend  preserved  by  Keatingï  should  ail  relate  to  the 
same  little  star.  Among  the  Karens,  as  with  the  Burmans  and  Hindus, 
the  Great  Bear  is  «  the  Eléphant  »,  and  a  little  star  iexplained  by  a  mis- 
take  to  be  the  pole-starl  runs  up  it  trunk1.  In  the  Haute-Loire  the 
little  star  ^sometimes  called  Alcor)  in  Ursa  Major  is  »  un  rat  qui  vient 
»  manger  les  julhas  (leathers1  du  joug  des  bœufs2.  »  An  English  rhyme 
points  to  a  like  conception 

The  mouse  ran  up  the  clock, 

The  clock  struck  one  (in  the  night), 
Down  the  mouse  ran. 

So  in  the  taie  Der  Wolf  und  die  sieben  jungen  Geislein  the  youngest 
creeps  into  the  clockcase  (in  den  Kasten  der  Wanduhr).  This,very  cons- 
tellation is  used  to  tell  the  time  of  night  by  —  how  much  before  or  after 
midnight  — •  in  Westmeath,  etc.,  as  in  Schleswig  the  country-people 
observe  Orions. 

Thumbling  in  the  «  wolf  »  or  «  cow  »  is  the  little  Conân  in  the 
mountain  called  Corann's  Swine  [Céis  Corainn1  ;  and  Charles  [a  quo  the 
Charleswain'i  in  the  Kyffhaùser,  which  has  its  midnight  sow  also  4.  And 
the  sleeping  warriors  confined  in  Muc-ais,  the  «  Swine's  back  » 
mountain,  the  Seven  Sleepers  and  their  Dog  [=  Conânl,  the  heroes 
in  the  Wooden  Horse  (Greek)  or  Eléphant  (Hinduï,  little  Find  and 
his  seven  heroes  swallowed  by  the  Red  Ox  (Damh  Derg),  seem  ail  con- 
ceptions of  the  starry  bear,  «éléphant  »,  «  swine  »,  «  cow  »,  «  wolf», 
«  dog  »,  «  horse  >»,  or  the  like,  regarded,  as  among  the  Irish  and  the 
Finns,  as  the  abode  of  dead  heroes.  Cf.  Mac  Mathgamhna,  i.e.,  lite- 
rally,  the  bear's  son,  enchanted  in  the  Giant's  Stairs.  This  notion  of  the 
little  hero  Alcor  or  the  seven  champions  [the stars aoySe^)  swallowed  by 
a  bear,  cow,  or  swine,  is  modified  in  Cendrillon-Peau  d'Ane  in  the  skia 
of  a  bear  (ftalian),  ass  (Frenchï,  cat  (English),  or  swine  ilndian  and 
Russianï.  Cf.  further  Corbmac  «  son  of  the  Bear  m  [mac  Airt). 

The  feature  however  in  the  Cronus  myth  which  has  the  widest  ana- 
logies, Celtic  and  other,  is  no  doubt  the  swallowed  children.  We  hâve 

i.  Mason  Religion  among  the  Karens. 

2.  Mélusine  11  33. 

3.  Mùllenhoff  p.   360. 

4.  It  alternâtes  in  legends  with  Charlemagne's  white  horse  — very  much  as  Indra  now 
bestrides  a  white  horse,  now  an  éléphant,  sometimes  (liké  Tom  Thumb,  Ccnan,  and  Her- 
cules) a  pig. 


Early  Ccltic  History  and  Mythology.  217 

seen  that  Gargantua  and  the  Dagda  answer  to  Cronus  in  this  feature.  So 
in  an  inedited  Westmeath  tradition  referred  to  below  old  Fionn 
(=  Dagda  used  to  be  making  away  with  his  children,  and  ordered  the 
drowning  of  young  Fionn  (=  Mac  'Og  .  The  Dagda,  or  old  Fionn,  and 
his  three  sons  in  thèse  stories  ans  .ver  to  Cronus  and  the  three  Cronides. 
Cronus,  again,  must  be  a  parallel  myth  to  Moloch.The  child-swallowing 
orchild-slaying  myth  reappears  in  the  Odysseyalone  in  some  half-dozen 
distinct  forms,  of  which  the  most  important  is  perhaps  that  of  Circe, 
which  we  possess  in  ruder  and  more  intelligible  versions. 

Beyond  the  suggestion  '  that  Odysseus  is  a  solar  hero  and  Circe  the 
moon  ^Preller  G.  M3.  I,  3$$)  nothing  seems  to  hâve  been  done  to 
explain  thèse  famous  myths.  The  newest  view  is  that  advanced  by  a 
writer  in  the Saturday  Reviewihat  they  are  (as  we  understandhimï  hardly 
myths  in  the  ordinary  sensé  at  ail,  but  merely  or  chiefly  romantic 
stories,  Circe  being  less  of  a  goddess  than  an  ordinary  woman  in  love 
with  a  stranger  visiting  her  island,  and  Odysseus's  history  a  sailor's 
return,  after  the  type  of  the  Chinese  story  of  Jên  Kuei2.  The  same 
vie.\  s  appear  to  hâve  been  held  by  the  latest  English  translators  of  the 
Odyssey  fourth  édition,  1883,  who  attempt  no  explanation  of  the 
myths.  The  first  legend  which,  in  our  own  view,  throws  light  on 
the  Circe  story  is  related  by  Ovid  'Met.  xiv  3 20-41 5  .  Ovid  does 
net  say  that  the  enchanted  swïne  which  lured  Picus  to  follow  it  was  the 
enchantress  Circe  herself,  but  this  is  clearly  implied.  Partenopex  of  Blois 
and  the  legend  of  Count  Baldwin  of  Flanders  open  with  the  same  inci- 
dent, and  in  Irish  inedited  taies  the  Lady  of  the  Northern  Island  leads 
the  Hero  such  a  chas'e  in  the  form  of  a  white  doe  with  golden  horns. 

Circe  then  is  hère  a  swine,  and  in  the  Indian  version  Gerland,  Alt- 
Griechische  Marchen  in  der  Odyssée  she  devours  the  beast-men.  The  Black 
Pig  was  an  Irish  magician  who  kept  school.  One  of  his  scholars  a  dayl 
was  missing  every  evening.  In  other  legends  we  find  the  magician  Ma- 
nandân  and  his  seven  pigs  the  days  of  the  week  . 

This  story  reappears  in  Dr.  Faustus  or  ■•  Dr.  Hand  »  ?  Cf.  «  Black- 
hand  »,  Dâ-dubh,  and  his  magie  pigs  1  or  the  Devil,  teaching  school  at 
Salamanca  or  elsewhere,  and  claiming  the  lastscholar  to  leave  the  class- 
room.  This  scholar  iday'i  escapes,  but  leaves  his  shadow  [night]  behind. 

1.  Adopted  by  M.  d'Arbois  de  Jubainville  (204).  «  Le  dieu  solaire  Odusseus  ...  Her- 
mès vainqueur  est  comme  Lug  le  crépuscule,  Argos  comme  Balar  est  la  nuit,  »  etc. 

2.  Stent  The  Jade  Chapkt  (London  1874;.  «  The  story  of  Odysseus  is  a  romantic 
»  myth  »,  «  one  of  the  earliest  novels  of  the  race,  »  etc.  «  Circe  represents  the  power 
of  ail  savage  witches  and  medicine-men  ».  Her  character  is  best  «  explained  by  the 
theory,  souvent  femme  varie.  [Sat.  Rcv.  10  November  1883.) 


2 1 8  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

Thèse  notions  survive  in  the  remarkable  counting-out  rhymesused  by 
boys  in  Scotland,  rhymes  which  point,  as  Robert  Chambers  saw,  to 
the  idea  of  decimation,  or  the  death  of  one  man  in  the  taie  '.  The  expia- 
nation  is  confirmed  by  the  name  «  Bloody  Tom  »,  in  the  common 
Scotch  game  of  this  decimation  class2;  and  «  Bloody  Jack  »  killing  his 
wives  in  the  Shrewsbury  legend  preserved  by  Radulphus  de  Diceto?. 
Thèse  names  point  to  the  shortest  and  longest  day  S.  Thomas,  S.  John). 
Twoother  figures  of  this  class  aretheWelsh  Ieuan  Fawr,  «  Big  John  son 
ofthe  Dewless  »,  born  on  and  personifying  Saint  John's  Day  ilolo 
MSS.  88),  and  the  Northamptonshire  Jack  o'  the  Lantern,  «  a  great  long 
fellow  striding  through  the  mist  with  a  lantern  »,  as  \ve  hâve  found 
him  described  by  natives  of  that  county. 

Circe  or  the  Black  Pig  is  one  and  the  same  with  the  Pigfaced  Lady, 
and  Heanri  Aimhréidh  ONéill's  swinefaced  sister,  on  whose  account  so 
many  suitors  vvere  hanged.  Such  a  story  is  especially  common  in  Holland. 
In  one  form  of  it  the  monster  is  born  with  a  pig's  head  in  conséquence 
of  a  beggar  woman's  curse  on  the  mother.  In  another  more  significant 
variation  that  mother  bore  as  many  children  as  there  are  days  in  the 
year4. 

The  sailors  reappear  in  an  inedited  popular  taie  from  Kerry  turning 
on  the  killing  ofthe  black  men  nights  and  préservation  of  the  white 
men  (days)  by  an  artificial  arrangement  of  the  crew  by  the  captain's 
wife,  who  then  counts  out  every  ninth  man.  This  is  found  as  a  sort  of 
riddle  in  Ozanam's  Mathematical  and  Philosophical  Récréations  1694, 
English  version  ,  and  elsewhere.  With  this  class  of  notions  must,  we 
believe,  be  in  some  way  connected  the  origin  of  cards  and  chequers. 
1 .  The  «  tree  of  the  chequers  »  (a  tavern  sign)  is  a  conception  of  the 
year,  its  days  and  nights,  such  as  we  find  a  in  a  riddle  of  Straparola's 
(éd.  Jannet  II  285  ;  b  in  the  classical  tree  ofthe  pied  dreams.  2.  In 
an  Irish  story  Nugent  the  magician  turned  the  ace  of  hearts  into  a  hare 
and  sent  the  other  fifty-one  cards  as  dogs  in  pursuit  of  it. 

There  must  be  allusion  to  the  weeks  and  days  hère,  and  Celtic  tra- 
dition is  full  of  such  conceptions. We  hâve  published  isupra  IV  1 8 1  —  1 8  5  ) 

1.  Popular  Rhymes  1870,  120  sqq.  This  throwing  out  of  the  tenth,  or  ninth,  or 
seventh,  is  apparently  related  to  the  death  and  renewal  of  the  week  (a)  Cf.  various 
popular  rhymes  respecting  the  death  of  «  Sunday  »  or  «  Monday.  »  (b)  The  Russian 
Baba  Jaga's  41  daughters,  the  41  chambers  in  the  house  of  the  Greek  Drakos  [=  Barbe- 
Bleuej,  and  thi  40  robbers  in  the  Ali  Baba  taie  seem  to  be  weeks  of  nine  days  (c)  We 
shall  find  the  same  constant  in  the  weekly  transformation  of  the  dragon-  woman,  Mélusine. 

2.  Ibid. 

3.  Barham  lias  a  well-known  modem  version. 

4.  Wolf  Niederlœndische  Sagen  p.  57.  So  viel  Kinder  als  Tag'  im  Jahr. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  219 

sîories  of  the  White  Women,  «  The  White  Women's  Mountain  is  afire  ». 
Now  in  the  Russian  version  of  this  the  women  are  days,  Mother  Friday, 
Mother  Wednesday  Ralston  200-203  .  Again,  the  words  addressed 
to  the  sevenspotted  ladybird  [Coccinella  septempunctata<  by  children  re- 
semble words  occurring  in  the  Russian  and  Irish  taies  1  Ralston,  ibid.). 
Various  conclusions  are  suggested  hère. 

1.  Must  not  the  Mother  s  Matres,  Dominae,  etc.  of  the  inscriptions  be 
inoneaspectthese  same  «  white  women  »,  «  dames  blanches  »,  «  dames 
noires  »,  and  the  like  ',  whom  we  find  to  be  the  days  and  nights,  or  the 
seven  stars  of  Ursa  Major  considered  in  relation  to  the  week? 

Of  course  much  more  than  this  would  hâve  to  be  said  about  the  Mo- 
thers.  Sometimes  they  are  Fates,  MATRIBUS  PARCIS;  sometimes  the 
collective  soûls  of  men,  trees,  springs,  etc.  Nymphae  ;  or  we  hâve  the 
notion  of  dead  kindred  [mndsidhe,  PROXVMAE,  spirits  of  one's  people;. 
Even  hère  we  may  suspect  the  influence  of  stellar  notions  in  the  Irish 
phrase  seacht  sinnsir,  seven  générations  of  ancestors. 

We  meet  again,  as  in  India,  the  notion  of  the  Mothers  as  démons,  or 
divine  women,  who  when  upon  earth  died  in  childbirth.  The  ancient 
Mexicans  deified  ail  such  women,  believing  them,  like  the  mndfionna, 
Dames  Blanches,  Dominae  Nocturnae,  etc.,  «  to  move  through  the  air  » 
by  night,  haunting  their  former  dwellings,  or  the  cross  roads,  spinning 
and  weaving.  Their  images  were  «  painted  very  white  » 2.  Petronius 
mentions  thèse  «  night-hags>  »;  and  in  Camden's  time  the  Irish  lamented 
the  soul's  departing  «  to  thèse  kinde  of  haggish  women  that  appeare  by 
night  and  in  darknesse  ».  The  German  conceptions  answ'er  to  the  Cel- 
tic. Mùllenhoff  has  the  Wittfruen  (white  women',  who  carried  off  un- 
christened  children  (579I.  The  Weisse  Frau,  a  German  bean-sidhe,  ap- 
pears  before  the  death,  the  fatal  day,  of  a  Hohenzollern.  In  Bavaria  we 
hear  of  the  Schwarze  Frau  (a  night,  or  the  atra  dies  ,  as  at  the  death  of 
Queen  Theresa.  Or  we  meet  the  dwarf  «  Jack  Thursday  »  paying  his 
addresses  to  a  milkmaid  at  Depenau,  who  surprised  him  one  morning 
singing  and  capering  by  a  hedge-t.  The  White  Women  iWkte  wijven) 

1 .  The  traditions  will  be  found  stated  in  D.  Monnier  Traditions  Populaires  Com- 
parées (Paris  1854)  459-490. 

2.  Bancroft  III  362-363. 

3.  Miramur  nos,  et  pariter  credimus,  osculatique  mensam  rogamus  noctutnas  ut  suis 
se  teneant  dum  redimus  a  coena  'Satyr.  Ixiv  1).  The  Arabians,  murdering  a  female 
child,  called  it  0  carrying  her  to  her  mothers  »  (Sale).  The  expression  suggests  polygamy. 

4.  Uns  Margréit 
Dat  nich  wéit 
Dat  ik  Hans 
Donnersdag  héit. 

Mùllenhoff  178. 


220  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

of  Friesland  are  malignant-:  the  White  Maidens  Witte  Juffers  are 
friendly.  Sometimes  Grimm  D.  M.  c.  xxxii  965  \ve  meet  black-and- 
white  women  ;  and  the  Hohenzollern  colours  argent  and  sable  must,  \ve 
suspect,  hâve  something  to  do  with  some  of  thèse  traditions.  Heraidry 
often  influences  or  is  adopted  by  popular  tradition. 

This  close  connexion  between  the  days  and  the  Good  People  appears 
again  in  an  Anglesea  story  given  by  Howells  118.  It  was  a  prolific 
mother  who,  ashamed  of  the  great  number  of  her  children  vthe  days  , 
hid  half  of  them  the  nights?,  when  Our  Lord  was  passing.  They  could 
never  be  found  since,  and  from  them  are  the  Tyhvyth  Teg.  Cf.  the 
English  rhyme  of  the  old  woman 

.  . .   who  lived  [like  Hermès]  in  a  shoe, 
She  had  so  many  children,  etc. 

In  the  Schleswig  version  of  the  above  story  the  children  were  five 
fair  and  five  illfavoured  Mùllenhoff  279.  Vide  sup.  217.  In  the 
Danish  version  half  were  clean-faced  bright  ,  half  dirty  dark.  Thiele 
II  175  .  The  hand  conception  should  be  noticed  hère. 

2 .  Cf.  the  Breton  Korrigan  Korrigwen  Korreg  Korred  and  the  Welsh 
Ceridwen  with  givrai  g  wen  white  woman;  gvr  givyn  white  man  ' . 
Cf.  Béfinn  white  woman  .  As  possible  instances  of  the  multiplication 
of  a  stellar  conception  cf.  the  Luprachâns,  the  Centaurs  and  Cy- 
clopes. 

3.  The  familiar  story,  Di-lun  di-meurs  di-merc'her  Souvestre  Foyer  Bre- 
ton, "  les  Korils  de  Plaudren  »;  Croker  Fairy  Legends,  «  The  Legend 
of  Knockgrafton  »  is  based  on  the  conception  of  the  seven  stars  in 
Ursa  Major  as  the  days  of  the  week,  and  the  little  star  as  a  dwarf  or 
hunchback. 

The  robbers,  in  the  Arabian  story,  who  enter  and  corne  out  of  a 
rock  cave  at  the  words  «  Open  Sésame  »  seem  to  be  the  days  of  the 
week  let  out  of  their  dark  prison.  In  the  Spanish  version  of  «  Lundi 
Mardi  Mercredi  »  the  names  of  the  hunchbacks  Pepito  and  Cyrillo 
may  be  significant.  the  feasts  of  Saint  Joseph  19  March  and  Saint 
Cyril  of  Jérusalem  18  March  falling  at  the  vernal  equinox.  In  the 
Picard  version  the  dwarf  is  «  Thomas  »  Carnoy,  25  .  In  the  good  Cor- 
sican  variation  of  a  Open  Sésame  b  the  robbers  are  seven.  and  the  hero 


1.  M.  Sébi'lot  (158J  mentions  a  spectre  seen  at  Saint-Brieuc-des-lfTs,  la  Guenne. 
Cf.  the  Welsh  dames  blanches,  the  «  ladies  wen  »  (Howells  Cambrian  Popular  Supersti- 
tions Tipton  1831).  Korr  in  korrigan  etc.  is  explained  as  «  dwarf  » 


Early  Celtic  Hislon  and  Mythology,  n\ 

is  «  Stevanu  t»\  i.  c.  again  the  shortest  day1.  They  reappear  a  in 
Grimm's  Fiirchten  lernen  no.  4  in  the  seven  men  hanging  on  the 
gallows-tree  at  midnight  ;  [b]  in  the  story  of  Myrene    Serv.  Aen.  iii  25. 

As  implied  above  thèse  explanations  are  confirmed  by  an  examination 
of  the  other  mythological  bases  of  the  Odyssey,  where  this  notion  of  the 
death  ofthe  days  returns  again  and  again.  Whenthe  sailors  wereeating 
the  oxen  of  the  sun  they  were  «  killing  time  »  or  «  knocking  »  days 
«  on  the  head  »,  as  weary  labourers  say  yet.  So  the  fruit  of  the  tree  of 
the  sun  2  conferred  length  of  days  on  those  that  ate  of  it  ;  and  we  find 
Hercules  bringing  the  golden  apples  as  well  as  the  day  oxen.  As  we 
hâve  seen,  thèse  350  oxen  Odys.  xii  129-130  are  Odysseus's  360 
boar-swine  ibid.  xiv  20  ;  and  the  herds  of  Proteus;  ofthe  Cyclops  like 
Triopas  a  three-eyed  giant  of  the  Orion  type,  Orion's  Belt  being  the 
probable  déterminant  ;  and  of  Circe. 

The  name  of  Circe  it  is  not  our  business  hère  to  discuss,  but  in  the 
Black  Pig  story  as  in  the  Circe  taie  the  transformation  is  effected  by  the 
stroke  of  a  magie  rod.  This  then  may  give  Circe  her  name,  the  enchan- 
tress  of  the  wand  xepxi'ç  .  Itisperhaps  Orion's  Belt,  Slat-à'-Cheannaidhe . 
Circe's  isle  (Aîoeiï)]  5  has  Celtic  parallels  infra). 

Some  English  scholars,  unable  to  make  anything  of  Odysseus,  the 
Daktyloi,  the  Kuklops,  Oidipous-*,  regard  thèse  as  non-Hellenic,  and 
say  we  must  look  for  non-Hellenic  explanations  of  the  names,  and  of  the 
myth  of  Heraklês,  etc.  In  so  far  however  as  we  hâve  to  mention 
thèse  myths  hère,  for  necessary  comparison  with  the  myths  of  our  own 
Celtic  race,  we  would  take  the  names  for  what  they  hâve  always  been 
taken  to  mean,  the  grievous  (or  grieving,  troubled  hateful  one  ôlùz- 
'zoyj.'.  ;  the  Fingers;  Roundeye,  or  Eye-in-round  ;  Swollenfoot.  Odys- 
seus is  1 .  one  and  the  same  with  his  father,  the  crafty  Sisyphus,  and 
his  son,  Pan.  Now  Pan  is  Arcas,  the  little  star  in  Ursa  Major,  a  little 
horned  god  because  his  mother  was  Callisto,  the  starry  goat,  doe,  or 
bear.  Sisyphus  is  the  same  as  the   Unresting  Waggoner,  the  Wild 


1.  Ortoli  Contes  Populaires  de  l'ile  de  Corse  (Paris  1883)  137-148.  Another  version 
from  Picardy  (»  Jean-Marie  porte,  ouvre-toi  »),  Carnoy,  «  la  Caverne  des  Sept  Vo- 
leurs» (273-283). The  skin  ofthe  cow  in  this  version  belongs  to  the  Peau  d'Ane  -  Catskin 
cycle. 

2.  Mentioned  in  the  alleged  Alexandri  Magni  ad  Aristotelem  epistola  de  admirabilibus 
Indiae. 

3.  Lamentation  Isle,  the  land  ofthe  sad  ghosts  ?  Cf.  Aen.  vi  426. 

4.  Thus  a  writer  already  quoted.  «  Such  names  as  Kuklops,  Palaimon,  Daktyloi. 
»  Korybantes  ...  belonging  to  another  language  ...  Greek  explanations  of  such  naines 
»  as  Odysseus  and  Œdipus  are  quite  as  absurd  as  the  various  readings  of  English 
»  seamen  »   [Sat.  Rev.  30  June  1883.) 


222  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

Huntsman,  the  Wandering  Jew;  and  thèse,  as  we  shall  see  more 
plainly  when  we  hâve  to  consider  the  Celtic  analogous  figures  in 
détail,  are  the  same  Thumbling  star.  2.  The  return  of  Odysseus  (in  mid- 
winter,  as  some  think  ;  Hahn  403  seems  to  be  the  return  of  the  shortest 
day  (with  us  Thumbling's  day,  Saint  Thomas,  and  the  return  of  unwel- 
come  winter.  The  little  wren,  which  is  hunted  at  the  shortest  day  in 
several  Celtic  countries,  was  clearly  sometimes  an  embodiment  a,  ofthe 
shortest  day  (bj  of  winter:  Winterkoninjk  is  one  of  its  names.  Sometimes 
there  is  the  contradictory  conception  of  the  newborn  year,  or  young 
sun1.  The  return  of  the  husband-from  the  other  world  is  indeed  a  com- 
mon  Irish  popular  taie,  but  the  basis  of  that  taie  seems  to  be  the  very 
same  as  the  basis  of  the  Odyssey.  Thus  the  returned  Irish  husband 
houses  with  the  pigs,  being  excluded  from  his  own  house.  Odysseus 
takes  up  with  the  swineherd.  And  this  swineherd  about  his  feet  was 
fitting  shoes,  cutting  a  good  ox  hide  : 

aûtoç  8'  ajJicjA  Trdoi'îfî'.v  loTç  apàpwxe  TréotXa 
T3c;j.vwv  oÉpaa  [ro'stov  lù^çosç. 
(xiv  25-24).  So  the  Wandering  Jew,  who,  like  the  swineherd,  is  the 
same  personage  with  the  wandering  Odysseus,  is  a  shoemaker.  Many 
myths  imply,  as  we  shall  see  below,  an  old  conception  of  Ursa  Major  as 
a  shoe,  which  the  little  Thumbling  or  Hodeken  star  is  working  at  (the 
Odyssean  swineherd  ;  Wandering  Jew  ;  Luprachànv,  or  hid  in  Hermès  ; 
or  leaves  behind  (Cendrillon,  Helena). 

The  slaughter  of  Penelope's  suitors,  another  myth  ofthe  death  ofthe 
days,  is  the  slaughter  of  the  suitors  of  ONeill's  swinefaced  sister  ;  the 
sailors  devoured  by  the  swine-Circe  ;  the  scholars  eaten  by  the  Black 
Pig. 

The  Odyssey  is  an  elaborate  composition  of  dubious  âge  in  which 
hère  and  there  a  secondary  and  didactic  sensé  seems  to  be  attached  to 
éléments  which  originally  never  had  it. 

Per  varios  casus,  per  tôt  discrimina  rerum 
Tendimus  in  Latium,  sedes  ubi  fata  quietas 
Ostendunt. 

This  secondary  sensé  cornes  outatleast  distinctly  in  the  related  legends, 
the  Wandering  Jew,  Sintram,  Misery  ;  and  figures  and  names  taken  up 
by  later  poets  and  romancers,  as  the  White  Tyrant,  the  White  Pilgrim, 
Pilgrim  Sorrow,  the  White  Merchant,  etc. 

1 .  Sometimes  again  it  is  a  thief  of  fire,  etc.  Vide  infra.' 


Early  Celtic  History  and  Mytholo^y.  22} 

So  Pénélope  spinning  has  a  plain  counterpart  in  the  widow  spinning 
the  flax  to  make  her  absent  son's  vestments  unaware  that  he  is  dead  in 
the  inedited  Meath  slory,  «  The  Flax  of  the  People  that  never  had 
»  Trouble.  »  In  Italian  and  other  versions  this  becomes  the  shiri  of  the 
man  that  never  knew  trouble.  In  Moore's  ballad  «  The  Highborn 
Ladye  <>  the  woman  who  repuises  so  many  suitors  is  at  last  claimed  by 
bridegroom  Death  :  so  that  \ve  hâve  the  returning  figure  now  Winter 
or  the  shortest  day  ;  now  Misfortune  ;  now  Death.  Originally  there  can 
hâve  been  no  allegory,  and,  we  believe,  no  invention  :  only  a  taie  of 
which  the  éléments  and  the  outlines  were  prescribed  in  various  natural 
phenomena. 

The  return  of  Odysseus  has  a  Welsh  parallelin  the  late  story  of  Einion 
ap  Gwalchmai(Iolo  MSS.  587-591).  Like  the  Grecian  hero  he  cornes  back 
as  a  beggarman  ;  and  the  beugar's  Jfo/2  wen  white  staff  figuring  in  the 
story  suggests  Orion's  Belt.  So  «  the  track  of  hoofs  of  marvellous  and 
»  monstrous  size  as  if  journeyingtowards  the  north  »  points  to  the  nor- 
thern  VVain  and  its  oxen.  The  harp  which  only  Einion  can  play  answers 
to  the  bow  which  only  Odysseus  can  draw  '.  We  might  multiply  confir- 
mations of  thèse  interprétations.  In  Irish  fairy  taies  the  Good  People  and 
witches  fly  through  the  air  by  night  «  to  the  North  Pôle  »,  and  the  hero 
of  such  a  story  accompanies  them  on  a  plough  the  celestial  Plough  .  The 
Dutch  Odysseus,  Reginald  of  Falkenberg,  must  a  ever  journey  towards 
»  the  north  »  till  he  finds  no  more  earth  on  which  to  tread  2.  Odysseus 
was  to  wander  till  his  oar  should  be  mistaken  for  a  winno»ving  fan  :  hère 
he  was  to  fix  it  in  the  earth  Odys.  xi  129  .  Gargantua,  in  Flévenon, 
a  au  retour  de  ses  voyages,  piqua  sa  canne  auprès  du  château  en  disant, 
«  Tant  que  le  monde  sera  monde  elle  y  restera  '.  »  The  corresponding 
Irish  figures  we  take  to  be  Partolanus  infra]  and  the  White  Merchant 
Ceannaidhe  Fionn  .  Cf.  «  the  Merchant's  Rod  »  Orion's  Belt  . 
«  White  »  must  refer  1.  to  the  light  2.  to  the  sno.v,  as  «  White 
Brigit  »  means  snowy  Brigit.  At  ail  events  we  take  Odysseus,  Oedipus  4, 
and  Gargantua  to  be,  from  one  side,  Winter.  «  Il  cracha  sur  la  terre  », 


1.  It  may  be  noted  that  the  Lapps  called  the  Great  Bear  the  bow  of  their  Orion. 
(Castren  F.  M.  520.  Such  a  conception  throws  light  on  the  Apollon  myth,  which 
on  other  grounds  is  connected  with  the  seven  stars.  Angharad's  hoofs  in  the  Welsh  story 
seem  to  hâve  the  same  meaning  as  Pan's  horns  and  Midas's  ears.  They  point  to  the 
blending  of  theriomorphic  and  anthropomorphe  conceptions  of  the  same  thing,  Ursa 
Major,  Callisto. 

2.  Wolf  N.  S.  pp.  209-212. 

3.  Sébillot  Tradd.  H.  Brei.  I  16. 

4.  So  Preller  G.  M.3  II  343. 


224  Early  Cc'tic  History  and  Mythology. 

says  one  legend  given  by  M.  Sébillot,  «  et  aussitôt  elle  se  couvrit  de 
neige  »  [S]). 

Pénélope  with  lier  loom  suggests  the  spinning  Bertha,  —  lo  tiempo 
che  Berta  filava1,  —  and  the  spinning  Reine  Pédauque.  The  older 
figures  are  theriomorphic.  Pan  is  a  goat  ;  Lycaon,  Apollon  Lyceius, 
and  Leto  wolves  ;  Conan,  Cû-Chulaind,  Conn  Cedcathach,  hounds  ; 
Arthur,  Odin,  Yehl,  Cû-Chulaind  in  some  legends '■■,  ravens  ;  Picus  a 
woodpecker;  Cernunnos  and  Dagda  horned.  The  Saturday  Review,  noti- 
cing  facts  of  this  class,  compares  various  savage  animal  or  totem  legends. 
This  comparison  however,  though  it  cannot  be  neglected,  doesnotbring 
us  much  nearer  to  the  common  explanation  of  the  traditions  of  modem 
savages  and  the  equally  savage  myths  of  the  Greeks,  the  Celts,  the  an- 
cient  Egyptians,  etc.  The  view  suggested  to  ourselves  by  the  présent 
évidence  is  that  to  explain  a  large  proportion  of  thèse  animal  myths 
we  must  look  to  the  skies.  Lucian  says,  for  example,  that  the  animais 
which  played  such  an  extraordinary  part  in  the  religion  of  Egypt  were 
stellar  animais.  So  the  shewolf  Leto,  the  mother  of  the  immortal  twins, 
Day  and  Night,  Sun  and  Moon,  Apollon  and  Artemis, — •  exactly  as  the 
Roman  shewolf  suckles  the  same  pair  under  the  names  of  Romulus  and 
Remus,  —  we  make  that  image  of  the  course  of  time,  Ursa  Major  and 
her  seven  stars  —  the  Wolf  and  seven  kids  of  the  popular  taie.  And  the 
«  Mouse  »  Apollon,  —  or  a  Wolf  »  Apollon  (Suitvôeùç,  Aùxeioç),  — 
Apollon  associated  with  the  number  seven,  —  seem  myths  of  the  same 
base,  to  be  explained  with  the  «  mouse  running  up  the  clock  »  or  the 
mouse  gna  A'ing  the  traces  of  the  Wain  in  fancies  yet  lingering  among 
the  peasantry  of  England  and  France2. 

If  Pénélope  is  Berte  as  Crans  Pies,  with  whom  she  has  been  com- 
pared?,  then  we  are  reminded  of  Bertha's  large-footed  son,  Charle- 
magne  4.  Now  it  is  a  fact  that  this  hero's  name  is  found  ai:  this  hour  atta- 
ched  to  Ursa  Major,  or  Charles's  Wain. 

Again,  Pénélope  by  one  story  is  mother  of  the  goat  Pan  ;  and  it  is 
not  clear  but  the  two  names  are  connected.  Pan  is  the  little  star  in 
Ursa  Major,  the  calf  or  child  of  the  brute- woman,  Callisto.  So  ail  the 
analogies  of  the  Pénélope  story  imply  that,  like  ONeill's  sister,  and 
Circe,  she  should  be  a  half  swine,  half  goat,  or  the  like  :  and  we  may 


i .  Basile  Pentamerone  I  9. 

2.  Mêlusine  II   33. 

3.  Cox   Mythology  of  the    Aryan  Nations  I    317.   «  The  story  of  Bertha  Largefoct, 
which  simply  reflects  the  myth  of  Cinderella,  Pénélope,  »  etc. 

4.  Turpin  so  describes  him. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  225 

compare  her  with  the  spinning  cow  and  spinning  sow  of  modem  Euro- 
pean  tradition.  The  former  occurs  in  popular  laies,  several  of  which  are 
referred  to  by  M.  De  Gubernatis,  who  makes  the  cow  the  moon  [Z.  M. 
I  250  .  The  spinning  sow  the  earth,  according  to  M.  Monnierj  is  sculp- 
tured  on  various  French  cathedral  fronts,  and  is  perhaps  one  animal 
with  the  piping  cat  sculptured  on  the  cross  at  Clonmacnoise,  and  men- 
tioned  in  the  English  rhyme,  and  the  Indian  flute-playing   swine   Circe. 

If  space  permitted  we  could  show  that  many  such  ecclesiastical  sculp- 
tures are  astronomical,  as  the  Sagittarius  at  Cashel,  and  various  figures 
at  Clonmacnoise  and  Glendalough.  The  zodiac  was  sculptured  at 
Amiens,  and  occurs  on  at  least  one  old  English  church  porch 

The  Traie  qui  file  then,  which  is  found  at  Paris  in  1466  ,  at  Lyons, 
Chartres,  Dijon,  and  Léon,  may  very  well  be  some  astronomical  figure. 
We  suggest  that  it  is  Ursa  Major,  the  same  with  the  Eléphant  India, 
Burma,  etc.  ;  the  Great  Dog  ancient  Scandinavia  ;  the  Dog  of  Typhon 
(ancient  Egypt  ;  the  Reindeer  Greenlanders  and  Koriacs  ;  the  Lon 
Buidhe  yellow  elk  ?  of  inedited  Irish  taies  ;  the  Wolf  Lycaon  another 
form  of  the  Arcadian  Bear  ;  the  Iron  Swine  on  Oriental  sphères  ;  ail 
the  Great  Bear.  What  it  spins  is  day  and  and  night,  light  and  darkness, 
time  ;  and  we  would  identify  it  with  the  Roman  shewolf  «  the  porco 
that  nourished  the  two  little  emperors  »,  the  modem  Romans  say ).  This 
wolf,  or  swine,  or  goat  with  seven  kids,  is  the  mother  of  theseven  days  ; 
or  the  mother  of  the  two  brothers,  Day  and  Night.  We  find  the  Romu- 
lus  and  Remus  legend  doubtless  with  some  allusion  to  the  name  Rémi) 
sculptured  on  the  gâte  at  Reims,  side  by  side  with  the  history  of  Leda 
and  her  twins  again  Day  and  Night  ,  and  the  labours  of  the  twelve 
months.  Hère  also  in  1837  was  discovered  a  remarkable  altar,  repre- 
senting  a  god  with  eight-branched  horns  ;  and  some  such  pagan  con- 
ception must  hâve  originated  the  Cervus  Remensis,  which  we  hâve  to 
speak  of  further  on,  and  which  again  we  shall  see  reason  to  refer  to 
Ursa  Major. 

The  shewolf  of  Rome,  the  Irish  and  Welsh  Black  Swine,  the  boar  of 
Gaul  and  Cornwall,  reappears,  again  as  we  think  in  association  with 
time,  in  the  white  sow  and  her  thirty  white  young  1  the  days  of  the 
month   in  the  Alban  legend  '. 


1 .  Litoreis  ingens  inventa  sub  ilicibus  sus 

Triginta  capitum  fctus  enixa  iacebit, 

Alba  solo  recubans,  albi  circum  ubera  nati. 
Aen.  iti  390-392.  The  white  sow  was  said  to  be  Alba,  the  thirty  young  ones  the  thirty 
years    of  Ascanius's  reign.    Preiler   regarded  her,   in  one   aspect  perhaps   rightly,  as 

Rcv.  Ccit.   VI  15 


2  26  Earh  Celtic  History  and  Myîhology. 

In  the  romance  of  Merlin  we  meet  the  same  animal  as  Caesar's  wife, 
who  has  twelve  young  gallants  (months)  by  her  in  disguise.  Her  hus- 
band  sees  her  in  a  dream  as  a  crowned  sow  with  twelve  young  lions  '. 
Gervase  of  Tilbury  tells  a  story  of  a  sow  and  her  litter  followed  into 
the  other  world  through  the  hole  of  Bech  by  William  Peverell  iLeibnitz, 
I  975).  Or  it  is  a  sow  belonging  to  the  other  world,  with  a  litter  of 
eleven.  It  disappears,  leavingbehind  ten  halfcrowns  and  one  pig  \A  Plea- 
sant  Trealise  of  Witches  etc.  London  1673  P.  62).  In  German  tradition 
we  meet  the  same  animal,  which  is  missing  at  noon  or  midnight,  and 
betakes  herself  into  the  Kyffhaùser,  and  other  localizations  of  that  enchan- 
ted  band  legend  which  we  hâve  referred  to  the  midnight  Wain. 

In  Ireland  it  is  a  «  great  fat  cow  followed  by  seven  milk-white  hei- 
fers  »  which  cornes  at  midnight  out  of  Loch  Guirr  (Croker  I  335),  and 
out  of  each  of  the  numerous  lakes  called  Loch  Bô  Finne  (hke  of  the  white 
cow).  «  The  horns  of  this  cow  are  said  to  be  so  long  that  when  the 
water  is  low  the  tips  of  them  may  be  plainly  seen  aboveit  »  (ibid.  336). 
Of  the  Derby  Ram  it  is  sung 

The  horns  that  grew  on  his  head,  sir, 
They  were  so  wondrous  high 
As  I've  been  plainly  told,  sir, 
They  reached  up  to  the  sky. 

«  To  the  sky  »,  we  believe,  belongs  his  Swedish  brother,  also  the 
thème  of  the  husbandman's  staves,  the  terrible  ram  who  shows  himself 
[every  seven  years]  in  the  Getaberg  in  Scania  ^Thorpe  II  97).  For  the 
sow  and  her  bainbhs  we  meet  a  sheep  and  lambs,  especially  in  the  le- 
gend of  «  The  Cave  of  the  Gray  [al.  black)  Sheep,  Uaimh  na  Caorach 
Glaise,  near  Mitchelstown,  which  we  possess  in  inedited  forms.  To  the 
same  family  belong  the  caora  nimhe,  Mananda'n's  sheep2,  which  are  the 
same  as  Manandân's  horses  or  swine,  and  apparently  the  sheep  which 
are  drowned  by  Panurge  in  a  well-known  story  h 

«  unverkennbar  ein  Sinnbild  dieser  Stadt  mit  ihren  dreissig  Colonieen  »  (R.  M.  xi  6.) 
For  the  swine  or  vvolf  there  is  often  a  bovine  conception  ;  and  white  bulls  only  were 
anciently  offered  on  the  Alban  mount. 

1.  Une  grande  truye  qui  avoyt  sur  le  dos  la  soye  si  grande  que  elle  luy  trainnoyt  de 
tous  costez  jusquez  a  terre,  et  plus  de  une  toyse  de  long  et  avoyt  ycelle  truye  entre 
ses  deux  oreilles  au  sommet  de  sa  teste  ung  cercle  d'or  fin  en  manière  d'une  couronne 
(Apud  Schmidt  Mxrchen  des  Straparola  Berlin  181 7,  336).  MM.  Liebrecht  and  Benfey 
mention  certain  Oriental  relations  of  the  story  [Orient  und  Occident  1861,  341-354). 
With  this  crowned  sow  cf.  the  crowned  or  jewel-bearing  hog,  toad,  and  dragon  infra. 

2.  Todd  Description  of  the  Book  of  Fermoy  37.  Its  possessors  would  render  a  service  to 
Celtic  students  hy  issuing  a  facsimile  of  this.  Todd  rightly  dwells  on  its  value  in  mytho- 
logical  legend. 

3.  Folengo  (Merlinus   Coccaius  XII);  Pantagruel  IV  8.  Rabelais   himself  remarks  the 


Early  Celîic  History  and  Mythology.  22 

The  above  explanations  then  suggest  that  the  killing  of  the  horses  by 
Oengus  and  Mider  [Fate  of  E.  mac  Mâiredo)  ;  the  killing  and  resuscitation 
of  Manandàn's  seven  swine  Cormac's  Brandi  éd.  OGrady,  ;  the  slaying 
the  oxen  of  the  sur.  ;  probably  also  the  slaughter  of  the  birds  by  the 
Raven  or  Hound    Cû-Chulaind  ;  are  ail  the  death    of  the  days. 

The  myth  reappears  in  the  Black  Swine  (1.  Ursa  Major  2.  Time 
3.  Night '  devouring  his  scholars;  the  sow  Circe  eating  the  sailors  ;  the 
swine-woman  Ni  Néill  slaying  the  suitors,  and  the  slaughter  1.  of  the 
suitors  of  Odysseus's  wife  2.  of  the  360  swine  of  Odysseus.  Thèse  are 
only  a  few  of  the  myths  based  on  this  important  constant. 

«  Bloody  Jack  »  murdering  his  wives,  — the  Scotch  «  Bloody  Tom  », 
—  is  Barbe-Bleue.  This  explanation  is  confirmed  by  a  variation  iBarbe- 
Rouge  given  by  M.  Sébillot  where  the  wives  are  seven  in  number  and 
the  slaughter  is  to  be  completed  on  the  Sunday.  Why  does  the  eighth 
wife  send  off  her  little  dog  with  a  letter  in  his  ear  to  her  brothers  ?  and 
who  are  thèse  brothers,  Perrault's  «  deux  Cavaliers...  les  frères  de  la 
femme,  l'un  dragon  et  l'autre  mousquetaire  0)  who  corne  thundering  up, 
just  in  the  nick,  to  the  gâtes  of  the  castle  ?  1 .  The  Seven  Sleepers  and 
their  Dog  we  make,  not,  with  M.  Maury,  a  Christian  allegory  ' ,  but  the 
seven  stars  and  the  little  Alcor.  The  Basques  regard  this  last  as  a  dog 
also;  and  it  is  the  Irish  Conân-Thumbling,  «  the  little  bare  hound.  » 
Now,  from  some  childish  fancy,  this  «  dog  »  is  associated  with  letter- 
carrying.  Kratim  or  Kitmir  or  Katmin  glided  in  after  his  masters,  and 
was  allowed  to  remain  in  Heaven.  «  Kratim,  par  quel  moyen  te  trou- 
ves-tu en  paradis?  Je  ne  t'y  ai  point  amené;  aussi  ne  veux-je  pas  t'en 
chasser;  mais  afin  que  tu  ne  sois  pas  ici  sans  patronage,  non  plus  que 
tes  maîtres,  tu  présideras  sur  les  lettres  missives,  et  auras  soin  qu'on  ne 
vole  pas  la  valise  des  messagers,  pendant  qu'ils  dorment  »  (Chardin 
Voyages  Amsterdam  1711  II  301  .  2.  The  brothers  are  the  same  as  the 
white  horsemen,  Castor  and  Polydeukes,  and  the  white  horses  which 
follow  the  White  Cow,  Bôind,  flying  with  the  little  mac  6g,  Find,  on  her 
back2,  —  a  myth  of  the  eternal  chase  of  day  and  night,  by  which 
Preller  rightly  explains  the  Dioskuroi.  We  shall  meet  this  same  chase 


Greek  analogy  :  «  en  pareille  forme  que  les  moutons  de  Polyphemus  le  borgne  Cyclope, 
etc.  »  The  sheep  coming  out  from  the  Land  of  Youth  (Tir-na-n'Og)  —  the  days  is-uing 
from  the  womb  of  time  —  suggest  Juvenal's  Venecum  patria  (10,  50). 

1 .  On  reconnaîtra  aisément  que  la  résurrection  mystérieuse  des  sept  martyrs  de  Dèce 
n'est  autre  que  celle  qui  attend  le  juste  au  réveil  de  la  mort,  après  le  sommeil  du  tom- 
beau, représenté  figurativement  par  la  caverne  du  mont  Célion,  image  du  Colgotha. 
Maury  Légendes  Pieuses  63. 

2.  Inedited  taie.  Mr.  Campbel!  lias  the  same  incident. 


228  Early  Celtic  History  and  Mytlwlogy. 

below  in  examining  the  myth  of  Diarmaid  and  Grâinne.  The  white 
horses,  mentioned  often  already,  are  again  the  horses  of  Picus  '  ;  the 
foals  of  Staffan  iStephen,  the  Swedish  and  Finnish  Thumbling)  ;  the 
horses  of  Marcach  2;  of  Seân  Beârnach  2;  of  the  Russian  Baba  Jaga  = 
i .  seven  stars  2.  seven  days. 

Another  Irish  Barbe-Bleue  is  Fear-na-Leathbrôige  2.  This  name,  «  man 
of  the  one  shoe  »,  identifies  him  with  Iason,  whose  fated  enmity  to 
Pelias  the  Theban  poet  sings  (Pythia  IV  129-1 34)  : 

'IIXOs  Se  oî  xpuoev 
IlOjuvip  aàvT£'jy.a  Ou[.«p... 
Tov  [xovoxp^TuiSa  7râvTtoç 
'Ev  cpuXaxS  syeQétJiev  pieyaXa. 

We  may  compare  thèse  with  the  hero  of  another  English  rhyme, 

my  son  John 

Went  to  bed  with  his  breeches  on, 
One  slipper  off  and  one  slipper  en,  etc.; 

and  with  the  one-shoed  or  single-footed  personages  in  the  cycle,  Cen- 
drillon-Singlefoot  (Oengus;-Oedipus,  sprung,  as  we  hâve  sugges- 
ted,  from  a  conception  of  Ursa  Major  as  a  great  foot,  foot-print,  leg,  or 
shoe,  out  of  which  proceed  the  seven  days  of  the  week. 

We  meet  the  myth  again  in  the  taie  of  the  Sultan  who  slaughtered  a 
newly-wed  bride  every  twenty-four  hours  ;  and  in  Pausanias's  story  of 
the  werwolf  ghost  in  Temessa  who  demanded  the  exposure  of  a  virgin 
every  year  till  the  bold  Euthymus  overcame  him. 

This  taie  has  a  parallel  in  an  inedited  Cork  tradition  of  very  archaic 
form.  A  sort  of  vampire  was  destroying  the  virgins  of  the  country,  and 
the  young  women  were  fast  disappearing  A  widow's  daughter  goes  to 
the  spot,  an  old  church,  where  watch  was  to  be  kept.  A  tall  white 
woman  driving  a  cow  enters,  and  instructs  the  girl  how  to  behave  in 
order  to  save  her  life.  When  the  dead  man  cornes  up  from  below  the 
hearth-stone  the  girl  conciliâtes  him,  and  offers  to  serve  seven  years  for 
him  in  the  other  world.  She  is  afterwards  seven  years  in  Hell,  suffering 
cruel  torment,  except  on  Sundays.  Released  when  her  time  is  out  she 
brings  away  with  her,  as  her  «  wages  »,  ail  the  soûls  that  can  hold  on 
by  her  garment.  Several  holy  personages  meet  her,  and  ask  the  soûls 


1.  Picus  equum  domitor  {Aen.  vii  189)  ;   utilium  bello  studiosus  equorum   (Ov.  Met. 
xiv  321). 

2.  Inedited  taies. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  229 

of  her,  but  she  will  not  give  them  up  :  that  was  n't  the  way  she  got 
them.  At  last  Righ-an-Domhnaigh  Sunday's  King  makes  the  like  de- 
mand,  and  to  him  she  hands  over  the  soûls,  to  be  carried  off  to  Heaven, 
in  considération  of  the  relief  she  had  had  in  Hell  upon  his  day. 

We  do  not  undertake  to  say  who  the  woman  of  the  cow  is  the 
Blessed  Virgin,  according  to  the  narrator  a  personification,  possibly, 
of  Ursa  Major,  like  Bôind  and  Io  :  but  the  restofthe  storyis,  wethink, 
about  the  days,  the  week,  the  sun  and  moon.  The  slaying  of  the  virgins 
is  the  death  of  the  days.  The  woman  rising  with  the  soûls  is  the  moon, 
which,  the  natives  of  New  Britain  say,  carries  up.at  the  full  the  soûls 
of  the  dead  ;  you  may  tell  by  her  size  the  weight  she  bears.  ■<  Sunday's 
King  ')  is  Sunday,  or  the  sun,  which  again,  in  Mexican  belief,  is  asso- 
ciated  with  the  ascent  of  the  spirits.  ■  They  painted  this  démon  Miquitlan- 
tecotli  near  the  sun  ;  for  in  the  same  way  as  they  believed  that  the  one 
conducted  soûls  to  heaven,  so  they  supposed  that  the  other  carried  them 
•  to  hell.  »  Bancroft  III  396).  His  hands  were  stretched  to  seize  such 
soûls  as  escaped  from  the  hold  of  the  sun.  The  a  seven  years  »  is  a  trait 
derived  in  this  case,  as  in  the  Odin  legend,  etc.,  from  the  seven  stars, 
or  the  seven  days  of  the  week. 

The  many  «  wives  n  of  Oedipus  should  belong  like  his  a  herds  «  to 
this  cycle.  To  it  again  may  be  referred  the  slaughter  of  the  maids  at 
Temair  by  Dunlaing  ;  and  some  stories  of  the  Turgesius  type;  and  Apol- 
lon and  Artemis,  sun  and  moon,  slaying  Niobe's  twelve  children1. 

A  more  unusual  form  of  the  myth  is  a  The  Mulberry  Tree  the  year  : 
cf.  the  Bile-tenidh  a  story  in  which  a  woman  is  fated  to  hâve  as  many 
lovers  as  there  are  leaves  on  the  tree.  Fulfilling  her  destiny  she  pulls 
off  a  leaf  for  each  new  suitor  met.  In  the  end  she  marries  her  own 
son2  —  as  in  the  Oedipus  taie.  The  coming  round  of  the  shortest  or 
Thumbling  day  may  be  at  the  bottom  of  this. 

One  instance  may  be  cited  hère  which  would  properlybe  classed  with 
the  Celtic  myths  of  the  serpent.  It  occurs  in  a  ballad  of  Saint  George 
Roxburgh  Ballads  I  479    : 

Thus  did  the  Dragon  every  day 

A  maiden  of  the  town  devour 

Till  ail  the  Maids  were  worn  away,  etc. 


1.  This  explanation  of  the  Niobe  myth  has  occurred  to  others,  e.  g.  Schwenck. 

2.  Inedited.  See  this  tree  conception  of  the  year  supra  218.  Cf.  Thorpe  II  242,  and 
note  the  «  black  and  white  chess-board  »  feature.  Cf.  also  the  magpie  and  five  white 
young  ones   the  week   in  the  wonderful  Ditmàrschen  tree  : Muellenhoff,  p.  380). 


230  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

The  story  of  the  Pied  Piper,  which  occurs  in  Ireland  as  well  as  in 
Germany,  belongs  to  the  days  cycle.  The  Piper  is  the  piping  Circe,  the 
Piping  Cat,  and  the  Cat  which  devoured  the  year  («  The  cat  hasn't 
eaten  the  year  yet  »  .  The  children  and  the  rats  are  the  days.  The  piper 
is  pied  —  black  and  white  —  in  allusion  to  light  and  darkness.  So  the 
magical  moly,  in  the  Circe  taie,  is  an  «  herb  with  a  black  root  and 
white  blossom  »  (L.  and  Scott'.  Grimm,  who  does  not  explain  the 
White  Women  myth,  mentions  instances  where  they  are  half  black  and 
half  white  D.  M.  English  transi.  III  96  5  .  Sometimes  they  are  a  sort  of 
mermaids  —  half  fish,  half  woman  [ibid.].  Compare  the  fish-man, 
Fintân,  and  the  fish-man,  Vatea,  who  is  Noonday.  Philostratus  states 
thatthe  dreams  were  represented  in  black  and  white  dress. 

The  destruction  of  the  rats  by  the  Pied  Piper  suggests  Saint  Patrick 
and  the  reptiles,  a  taie  which  looks  like  a  christianized  version  of  a  story 
once  told  of  Crom  Dubh. 

Conversely  Bishop  Hatto  (Hôdeken  ?  and  the  rats  suggests  Actaeon 
devoured  by  the  dog-days  YVelcker  G.  G.  I  205^.  Cf.  Maelgwn  and  his 
pack  of  white  hounds  ;  the  hound-king  Conn  iwinter  ?)  slain  by  the 
fifty  maids   Keating  ;  or  again  a  Hecate's  Meal  »    days  of  the  month  . 

The  traditions  of  the  Bôrumha  Laighen,  the  ruinous  kine-tribute 
exacted  from  Leinster,  seem  mixed  up  with  this  myth  of  the  slaying  of 
the  sun's  oxen.  The  dog  Labrad  or  Loegaireï,  who  is  one  hero  of  the 
taie,  may  be  Ursa  Major  —  sometimes  the  Thumbling  star  in  that 
constellation  ;  sometimes  again  an  impersonification  of  Winter.  He  is 
slain  «  by  the  Sun  and  the  Wind.  »  According  to  other  accounts,  the 
tribute  was  exacted  by  King  Whitesnow  Finn-sneachta  ;  and  he  is  de- 
ceived.  as  in  the  dragon  legends  to  be  examined  further  on,  by  Saint 
Moling  by  a  play  of  words.  The  king  meant  to  put  off  the  kine-driving 
till  Monday,  the  beginning  of  the  week  which  shows  we  hâve  to  do 
with  a  myth  of  the  daysi.  The  saint  meant  the  Monday  of  Doom  [Keating1. 
King  Finneachta  =  Conn.  Both  hâve  a  canine  nature  in  some  versions, 
for  Finneachta  alternâtes  with  the  dog-king  Labrad.  Finneachta  means 
«  white  snow  »,  and  Connsneachta,  the  snow  sent  by  Conn,  was  the 
bardic  etymology  of  Connachta  1  Keating  c.  3  .  Cf.  the  Magh  Mucroimhe 
and  Oengus  Ilmucach  legends   IV.  MM.  3790  . 

One  of  the  oldest  and  best  known  épisodes  in  popular  taies  is  that 
wherein  a  giant's  or  ogre's  three  daughters  corne  as  bird-women  to  bathe 
in  a  lake,  where  one  of  them  is  captured  by  the  hero.  Perhaps  hère  again 
we  hâve  to  do  with  conceptions  of  the  days,  weeks,  etc.  Thus  the 
bird-women  or  mermaid  fays  bathe,  in  a  Greek  story   Hahn  1 5  ,  in  the 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  231 

forbidden  fortieth  forty-firstï  chamber  ofthe  house  of  the  Drakos  =  Blue- 
beard.  This  number  41  points,  as  we  hâve  suggested,  to  the  weeks 
of  an  old  year  41  X  9  =  36$  -f-  4).  Bluebeard  is  the  monster  who 
devours  the  days  and  the  daylight  [supra,  p.  227).  Again,  the  Donegal 
lakes  called  Loch-na-mban-fionn  hâve  this  name  (as  a  beggarman  one 
day  assured  us)  from  the  white  women,  mna  fionna  [i.  e.  days)  seen  ba- 
thing  therein.  Thèse  mnâ  fionna,  Dominae  Albae,  who  areoftenthe  Good 
People,  corne  into  houses  at  night  to  spin  [supra  IV  1 81-185)  ;  ar>d 
they  accomplish  an  astonishingtaskagainst  time  —  beingthemselves  time 
personified.  Thus  one  of  them  cries  «  M  y  day  is  short  and  my  name  it  is 
»  Trip-and-go  »  —  Pit-a-pat,  a  name  alluding  to  the  ceaseless  pro- 
cession of  the  days,  one  following  quick  on  the  heels  of  the  other.  Or 
thèse  spinners  still  more  plainly  reveal  their  nature  in  their  names,  Mo- 
ther  Wednesday,  Mother  Friday,  Jack  Thursday,  etc.  The  conception 
of  the  Good  People  as  days  appears  yet  again  in  the  formula  which  we 
hâve  heard  only  a  few  years  back  in  Westmeath  seriously  used  as  a 
charm  against  their  power,  «  This  day  is  Tuesday  »  (orthelike),or  «  This 
is  a  good  day  :  They  don't  hear  us.  »  Cf.  the  «  black  spirits  and  white 
spirits  »  ;  the  huesta  antigua,  Sluagh  Sidhe  etc. 

It  is  said  sometimes  of  the  father  of  the  bird-women  that  his  house 
had  neither  door  nor  window.  This  means  that  it  was  the  dark  house  of 
the  winter  giant  ;  and  we  may  perhaps  compare  the  Russian  Baba  Jaga 
as  a  falcon  breaking  church  Windows  ^Ralston,  Russian  Folk-Taies).  It 
is  a  common  thing  to  hear  in  Irish  popular  tradition  of  houses  [e.  g.  the 
Knight  of  Glynn's)  «  with  as  many  Windows  as  thereare  days  in  the 
year.  » 

We  might  trace  thèse  constants,  —  light,  darkness,  the  days  and 
weeks  —  in  a  large  number  of  other  myths.  The  «  seven  Maines  », 
Medb's  seven  sons,  are  the  seven  days  of  the  week  \sechtmaine). 

The  conception  of  Brigit  as  fair  on  one  side  of  her  face  and  ugly  on 
the  other  ;  Hermès  half  black,  half  white,  like  the  Pied  Piper  ;  the 
giantess  who  leads  Fionn  and  the  Fianta  a  chase  in  Gleann-an-Sméil  in 
the  shape  of  a  hornless  doe.  «  whiter  her  side  than  swan  on  a  pool,  the 
»  other  side  the  colour  of  the  coal  »  [Transs.  Oss.  Socy.  VI  76,  82)  ;  the 
Little  Chieftainess  of  the  Zulus,  Mkosazana,  apparently  an  écho  myth, 
and  ordinarily  a  mère  voice,  but  sometimes  visible  as  an  animal  large  as 
a  polecat,  striped  black  and  white,  —  or  reeds  and  végétation  on  one 
side,  on  the  other  a  human  form  ;  the  black  ox  and  white  ox  offered 
yearly  by  the  Thessalians  on  Achilleus's  tomb  ;  the  One-Two  of  Ute  le- 
gends  (Smithsonian  Report:  Washington,  1881,  p.  49)  ;  the  Half-Man 


2j2  Early  Celtic  History  and  Mythology 

of  inedited  Irish  taies,  of  Welsh  tradition  Iolo  mss.  [64),  of  modem 
Greek  and  of  Arabian  legends  Lane  Thousand  and  One  Nights  note  to 
Introduction   —  ail  thèse  are  Light-Darkness  myths. 

Obatla,  King  of  Whiteness,  a  principal  deity  of  the  Egbas,  who 
worship  him  in  white  garments  Burton,  Abeokuta  and  the  Cameroon 
Mountains  ;  Find  the  White  ;  the  Welsh  Gwr  gwyn  ^  white  nian  : 
Iolo  177)  —  thèse  are  myths  of  the  Light.  Find  in  his  fish-man  form 
answers  to  Vatea,  and  Vatea  is  «  Noon-day.  d  Cf.  Dagon. 

Hère  may  be  mentioned  the  giant  Hok-Bras,  contracting  and  elon- 
gating  himself  like  a  télescope  ;  and  the  Long  Black  Hand  [lâmh- 
fhada-dhubh)  a  spectral  shape  which  does  the  same.  The  explanation 
must  be  the  lengthening  and  contracting  day  light.  Is  the  a  hand  » 
Orion's  Belt,  or  the  Bear,  Rhea's  Hand,  or  an  image  of  a  five-day  week? 
Cf.  the  myth  of  Lug  Longhand  dâmhfada ),  who,  as  we  shall  see,  seems 
to  be  one  and  the  same  with  the  little  dog,  Conân  who  like  Find  has 
the  magical  thumb  ,  and  the  Mac  Beg  or  child,  Cu-Chulaind,  the  little 
star  in  Ursa  Major.  The  name  Hok-Bras,  if  wholly  Celtic,  suggests 
Bress,  or  Eochaid  Bress,  the  famous  Fomorian  hero  [C.  M.  Tuir.}.  Lug 
is  a  sort  of  Irish  Briareus,  Herakles  Daktulos,  or  Cukulcan. 

III. 

The  reader  will  probably  be  disposed  to  admit  that  the  devoured 
children,  slain  horses,  devoured  swine,  or  the  like,  in  the  above  myths 
hâve  been  shown  to  be  the  days  ;  but  he  may  still  think  that  the  iden- 
tity  of  the  swine  in  the  Circe  and  Black  Pig  cycle  with  Ursa  Major  is 
more  contestable.  The  point  is  important,  and  hère  we  may  add  a  few 
further  remarks.  The  swine  figures  in  various  Celtic  mythological 
legends  besides  those  already  quoted.  It  was  a  national  symbol  in  Gaul. 
The  Twrch  Trwyth  has  been  taken  by  Welsh  writers  for  an  image  of 
Wales  itself.  Ireland  is  Banba  and  Mucinis  —  names  which  mean  swine 
-  island  ;  and  it  rose  above  the  waves  in  the  shape  of  a  huge  swine 
when  the  Clanna-Miled  were  sailing  to  its  shores. 

This  swine  myth  involves  others,  which  would  be  cleared  up  with  it. 
The  boar  is  found  as  a  Cornish  symbol,  and  Arthur  is  «  Boar  of  Corn- 
wall  ».  The  life  of  Diarmaid  depended  on  the  boar's  life  as  in  the  case 
of  the  totems  of  some  savages  :  and,  like  Arthur,  he  is  plainly  either 
identical  with  the  mythica!  animal  or  intimately  associated  in  some 
way  with  it.  Darby  =  Diarmaid  1  is  a  living  name  for  a  little  pig.  The 
Gauls  had  their  Mercurius  the    Swine,    MERCVRIVS  MOCCVS    upon 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  255 

whom  M.  d'Arbois  de  Jubainville  throws  no  light  .  The  Irish  Mercurius 
is  Find,  Finta'n,  Manandân  my-little-Find  ,  or  Oengus;  he  is  called 
>'  Singlefoot  the  Swineherd  or  ofthe  many  swine,  olmucach,  ilmucach  , 
and  his  «  pigs  »,  or  sheep,  or  horses,  \ve  hâve  heard  of  above.  Mar- 
cach  another  form  of  Manandân  and  his  horses  suggest  the  inscription 
of  Craon,  MARTI  MYLIONI,  ar.d  the  bronze  horses  inscribed  Deo  Sego- 
moni  and  to  a  god  ?   Rudiobus  '. 

Again,  for  the  swine  \ve  find  the  dragon  in  Welsh  and  Breton  tra- 
dition :  where  the  legends  in  other  respects  coincide  it  is  reasonable  to 
conclude  that  thèse  subjects  of  the  same  predicate  are  the  same  thing. 
For  the  magie  wooden  horse,  in  the  romance  of  Cleomades  and  Claie- 
mond,  we  find  in  other  versions  a  corkwood  dragon. 

The  Twrch  Trwyth  with  silver  bristles2  is  Frey's  golden-bristled 
boar  ;  the  black  cat  m..king  silver  ">  ;  the  ass  producing  gold  4  ;  the  black 
dog  «  barking  silver  »  :;  the  ram  with  golden  fleece  :  explain  one  of 
the  conceptions  and  ail  will  be  explained. 

M.  de  Gubernatis.  like  other  writers  of  the  same  school  of  interpré- 
tation, makes  the  golden  fleece  a  sun  myth  :  and  as  it  became  gold 
»  only  when,  on  its  arrivai  in  Colchis,  it  was  sacrificed  and  suspended 
»  upon  an  oak-tree  the  cloud-ram  becomes  golden  only  in  the  mor- 
»  ning  and  evening  sky  »6.  We  may  approach  the  explanation  from 
many  sides  ;  and  one  is  suggested  by  a  modem  Arcadian  Ursa  Major 
myth  reported  by  M.  Polites  Mélusine  5  june  since  our  own  con- 
clusions were  arrived  at,  and  strongly  confirming  them.  We  had 
corne  to  the  independent  conclusion  that  the  golden  fleece  and  the 
ass's  or  bear's,  or  pig's  skin  of  Peau  d'Ane  were  the  same  thing  ; 
that  this  heroine  is  the  little  star  in  the  Bear  ;  that  the  Irish  Pan,  the 
Cleric  ofthe  Goatskin,  is  a  maie  Peau  d'Ane;  and  that  with  this  cons- 
tellation were  connected,  though  it  was  not  wholly  clear  why,  the 
myths  of  the  flaying  of  Marsyas  and  the  nailing  his  skin  to  a  tree,  the 
flaying  of  the  piper  in  a  singular  inedited  story  from  the  King's  County  , 
the  flaying  of  Con.'m  Maol.  etc.  M.  Polites  writes  : 

«  Dans  le  temps  jadis  le  ciel  touchait  à  la  terre  ;  il  était  de  verre  ;  il 
»  était  mou  en  maint  endroit.  Une  fois  les  hommes  y  ont  cloué  une 


1.  Supra  IV  13. 

2.  Mabinogien  1877  p.  253. 

3.  Sébillot  :  various  stories. 

4.  E.  g.  in  the  Midas  story. 
j.  Thorpe  .V.  M.  Il  183. 

6.  Z.  M.  I  429. 


234  Early  Cellic  History  and  Mythology. 

»  peau  d'ours,  et  les  clous  sont  devenus  des  étoiles,  et  la  queue  de 
»  l'ours  est  jusqu'à  nos  jours  visible  au  ciel.  ■>  In  another  fragment  : 
«  Une  princesse  est  changée  en  ourse  à  cause  d'une  malédiction  ;  on  a 
»  cloué  sa  peau  au  ciel  »'. 

We  had  regarded  the  Italian  versions  of  Peau  d'Ane,  where  the  skin  is 
a  bear's,  as  the  key  to  the  others,  pointing,  as  the  name  LlOrza,  UOrse, 
does,  to  Ursa  Major;  but  M.  Polites,  who  seems  to  suspect  some  such 
connexion,  mentions  that  the  ordinary  Greek  form  of  this  taie   'ApxouStora 
is  also  «  Bearskin  <>. 

This  then  is  the  golden  fleece  or  skin  nailed  to  the  tree  ;  and  by  con- 
séquence the  ram  is  Ursa  Major.  We  hâve  to  say  the  same  of  the  swine 
or  cat  in  the  Celtic  legends,  the  dog,  etc. 

Diarmaid  and  the  boar  are  a  sort  of  compound  figure  answering  to 
Adonis  and  the  boar,  Frey  and  the  boar,  Tom  Thumb  and  the  pig  ; 
the  boarshaped  Indra;  Conân-Thumbling  in  the  swine  mountain,  Céis 
Corainn  ;  Hermès  carrying  the  ram  (xpiwpopoç  ,  Hercules  carrying  the 
Erymanthian  boar;  Picus  and  the  boar  Circe;  the  Wild  Huntsman 
and  the  boar;  the  Centaur  with  Eros  on  his  back.  Now  Tom  Thumb  is 
at  this  hour  identified  as  Hans  Dùmkt,  etc.)  with  a  little  star  in  Ursa 
Major;  and  Ursa  Major  is  Indra's  «  éléphant  »  or  «  swine  »2.  Adonis 
Pygmaion  is  again  Thumbling  ;  and  Tom  Thumb's  pig,  Adonis's  boar, 
the  boar  of  Erymanthus,  are  the  same,  —  Ursa  Major.  This  explanation 
of  the  boar  in  the  Adonis  story  and  that  of  Erymanthus  was  remembered 
inancient  Greece,  as  Dupuis  shows  ?.  Preller*  regards  the  Erymanthian 
boar  as  a  personification  of  a  mountain  stream. 

The  famous  boar  of  Calydon  sent  by  Artemis,  as  was  also  the  boar 
which  killed  Adonis  the  same  writer  makes  a  personification  of  the 
forces  injurious  to  the  crops,  and  he  classes  it  with  the  winged  swine 
[or  horse]  which  is  found  on  the  money  of  various  Greek  states,  and 
the  destructive  swine  of  Clazomenae  mentioned  by  ./Elian  \N.  A.  12, 
j8  .  Professor  Percy  Gardner  explains  the  Samian  winged  boar  as  a 
solar  emblem  5.  His  reviewer  can  only  suggest  /Elian's  boar  just  refer- 

t .  The  reader  will  note 

(a)  that  the  glass  slipper  is  referrible  to  the  glassy  firmament  of  the  Greek  myth  ; 

(b)  the  heaven  touching  the  earth,  as  in  the  Cronus  myth  ; 

(c)  the  connexion  between  the  bearskin  in  this  Arcadian  taie  and  the  wolfskin  in  the 
Bear  of  Orange  or  Mac  Tire  Fionn  (White  Wolf)  story. 

2.  See  the  names  collected,  Mèlusine  II  n°  2. 

3.  Origine  des  Cultes.  We  hâve  not  however  succeeded  in  verifying  ail  his  ré- 
férences. 

4.  G.  Af3  II  194  :  «  Ohne  Zweifel  der  erymanthische  Eber  jener  Bergstrom  selbst  ist, 
»  der  wie  eine  wilde  Bestie  des  Waldes  aus  dem  Gebirge  hervorbricht  »,  etc. 

5.  Samos  and  Samian  Coins. 


Early  Celtic  History  and  Myihology.  23$ 

red  to1.  Professor  Sayce  makes  the  winged  horse  iwhich  must  be  the 
same  animal  a  Hittite  emblem  —  of  what,  he  does  not  décide.  Adonis, 
like  most  other  Syrian  gods,  he  makes  the  sun 2.  M.  De  Guber- 
natis,  examining  the  Apâlâ  story  and  its  analogies,  where  for  Peau 
d'Ane's  ass's  skin  \ve  find  a  pig's  skin  or  pigskin  cloak,  makes  the 
heroine  the  aurora  ;  and  observes  of  the  boar  that  he  a  is  generally  de- 
moniacal  »,  that  the  Hindu  boar  gods  owed  this  form  «  to  equivocation 
in  language  »,  that  «  the  head  of  the  mythical  hog  is  luminous  »  ;  and 
that  this  Indian  Peau  d'Ane-Circe  is  a  a  lucid  myth  »5.  To  Sir  George 
Cox  the  boar's  bite  in  the  Adonis  story  is  both  a  the  penetrating  powers 
of  sunlight  »4  and  «  the  thorn  of  winter  »s. 

To  ourselves  the  boar  of  Erymanthus,  a  mountain  on  the  northern 
bounds  of  Arcadia,  seems  to  be  the  northern  a  bear  >■>  Callisto,  Arcas, 
Pan  or  «  wolf  »  |  Lycaon  ,  which  is  found  in  the  most  ancient  Arca- 
dian  traditions  and  which  is  the  subject  of  myths  in  Arcadia  today. 
However,  this  conclusion  can,  as  already  said,  be  approached  from 
many  sides.  The  chase  of  the  Calydonian  boar  is  the  chase  of  the  Black 
Pig  or  Twrch  Trwyth.  Nowthis  race  is  found  in  other  remarkable  forms 
in  popular  traditions,,  some  of  which  account  for  the  origin  of  the  first 

Pig- 

As  Vatea  made  the  sea-pig  or  porpoise  of  his  fat.  so,  in  an  inedited 

story,  Saint  Martin  eut  off  some  of  his  excessive  fat  and  hid  it  under  a 

tub.  The  women,  ever  too  curious,  disturbed  itbeforethe  year  was  out, 

the  Saint  cursed  it,  and  out  leaped  the  first  pig.  Or  it  was  méat  the 

heretics  set  before  him  on  a  Friday.  When  the  cover  was  raised  out 

leaped  a  rat.  Martin  cast  his  glove  after  it,  the  glove  turned  into  a 

cat  as  it  flew,  and  cat  and  rat  hâve  been  racing  each  other  ever  since. 

Or  it  was  the  poisoned  dog    as  explained  ,  the  Cd  Nimhe,  which  was 

set  before  Saint  Patrick.  Hère  too  we  hâve  a   race,  —  the  dog  with 

the  silver  foot,  the  black  swine,  the  cat  that  nothing  could  kill.  As  in 

the  Greek  story  of  the  Teumessian  fox5  the  equal  race  is  ended  by  the 

beasts  being  turned  into  stone.  To  vouch  the  truth  of  the  Irish  history 

we  hâve  been  shown  the  Black  Swine's  Hollow,  Lag-na-Muice-Duibhe, 

the  Cat's  Lake,  etc.,near  Baile-na-Galloglach  or  Milford  in  Donegal.  A 


1.  Saturday  Review  7  July  188}. 

2.  The  Gods  of  Canaan,  Contemporary  Review,  September  1883.  The  death  of  Tam- 
muz-Adonis  is  «  the  death  of  the  Sungod,  slain  by  the  boar's  tusk  of  winter  »  (393). 

3.  Z.  M.  II  2-16. 

4.  M.  A.  N.  II   172. 

5.  Cp.  cit.   I  66  ;  II   113. 

6.  Fox  and  dog  in  this  legend  are  the  corn-blight  and  Sirius,  according  to  Preller,  II  148. 


236  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

like  legend  no  doubt  was  told  at  Gleann-na-Céad-Muice,  «  the  Valley  of 
the  First  Pig  »    Transs.  Oss.  Socy.  VI  142  . 

In  the  Netherlands  this  story  reappears  as  Warum  die  Juden  kein 
Schweinefleisch  essen.  The  Jews  hid  one  of  their  number  under  a  tub, 
and  to  mock  Our  Lord  bade  him  tell  what  was  there.  He  said  «  It  is  a 
swine  »;  and  when  the  tub  was  raised  out  rushed  a  pig.  We  suspect 
the  sequel  should  identify  this  swine  with  the  Wandering  Jew  '. 

The  Irish  Black  Pigisnow  often  the  embodied  Mischief,  and  we  meet 
the  same  in  a  Chinese  story  of,  we  suspect,  Indian  origin,  given  by 
M.  Stanislas  Julien  2.  A  king  bought  Misfortune  in  the  shape  of  a  sow 
which  devoured  needles.  Steel  was  disappearing  in  the  kingdom,  and 
at  last  the  beast  was  to  be  put  to  death.  No  weapon  would  wound 
it;  no  fire  could  consume  it  ;  and  when  it  was  red-hot  it  leaped  out, 
and  made  off,  setting  fire  to  the  country.  This  pig  probably  does  not 
radically  differ  from  the  national  dragon. 

This  unlucky  swine,  again,  is  Mac  Datho's  Pig,  subject  of  an  ancient 
Irish  romance  having  relations  to  those  of  the  Golden  Fieece  and  the 
Tdin  Bô  Chuailnge.  The  fiery  swine  appears  in  a  Dutch  story  told,  not 
without  simplicity  and  grâce,  by  Wolf,  Die  Nonne  mit  der  Sau  3.  Or  for 
the  nun  on  her  glowing  sow,  we  find  a  maid  riding  on  a  goat,  or  ass, 
which  appears  at  midnight  or  at  noon  4.  This  is  the  same  figure  with 
Frey  on  his  boar,  Aphrodite  on  the  goat  Epitragia  ,  and  the  like. 

We  may  further  compare  the  first  appearance  of  Indra's  éléphant  or 
pig,  or  white  horse-  at  the  churning  of  the  océan. 

-  The  reader  will  probably  admit  a  certain  family  likeness  in  thèse 
myths  :  so  that  the  explanation  of  one  or  two  should  suit  ail.  Now  it  is, 
as  we  hâve  seen,  a  priori  probable  that  the  Erymanthian  boar,  an  Ar- 
cadian  myth,  is  of  the  same  family  with  the  Arcadian  myths  of  Ursa 
Major  :  and  as  a  matter  of  fact  we  find  it  so  explained  s. 

Again  Saint  Martin,  in  the  story  cited,  produces  this  a  first  pig.  » 
We  need  hère  only  offer  two  proofs  of  the  connexion  of  this  saint  in  po- 
pular  tradition  with  Ursa  Major.  1.  It  is  «  Saint  Martin's  Wain  »  [Char 
Saint  Martin.  2.  A  farmer  was  ploughing  near  Martinmas,  and  he  was 
irritated  by  the  perpétuai  rain.  He  cried  out    • 


1.  Wolf  NiederUndische  Sagen  n"  579. 

2.  Les  Avadânas  I  9. 

3.  Niederlœndische  Sagen  n°  239. 

4.  Wolf  Deutsche  Sagen  n°  209  Ne  Jungfrau  auf  der  Ziege. 

5.  Dupuis  Origine  de  Tous  les  Cultes  1  403,  406;  II   2,   S7;   III  363  ;  III  2,  76. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  2^7 

A  Mhiirtain  bhrén,  gan  aoth  na  ceart, 
'0  rinne  tû  do  mhûn  déan  do  chac. 
Martine  foetide  absque  iustitia 
Pulcre  cum  minxeris  ventrem  exonéra. 

At  thèse  irreverent  words  himself  his  plough  and  his  team  of  six  horses 
were  lifted  up  and  flung  into  a  well  [al.  lake  near,  Tobar  na  Seisrighe 
(well  of  the  team  of  six  .  This  inedited  story  is  localized  in  various  places. 
It  is  found  in  another  form  as  the  legend  of  Trian  and  his  chariot  and 
horses  taken  into  Loch  Tréna  ;  and  the  seven  harpers  of  Loch  Crotta 
Cliach.  There  is  every  reason  to  thinkthatit  is  a  story  aboutthecelestial 
Plough  and  its  seven  stars,  and  that  the  ploughman  who  insulted  Saint 
Martin  is  the  impious  Ewige  Fuhrmann  or  Nachtrabe  of  German  tra- 
dition [supra  213.  Kuhn  u.  Schwartz  pp.  199-200'. 

The  iron-devouring  swine  of  the  Chinese  story  is  the  iron  swine  which 
is  found  for  Ursa  Major  on  Eastern  sphères  described  by  Kircher.  The 
non  with  the  sow  is  the  little  hooded,  veiled,  or  obscure  star,  the  cloaked 
Hermès,  the  Thief  of  the  Black  Cap,  the  Cleric  [cuculLitus  ofthe  Goats- 
kin,  etc. 

Thèse  simple  éléments  are  arranged  in  various  ways.  The  bird  Picus 
(=  Alcor  and  Circe  (=  Ursa  Majori  answer  to  the  raven  Arthur  and 
Arthur  as  a  boar  ;  to  the  Night  Raven,  or  the  nun  Tutosel,  or  the  raven 
Odin,  and  the  Wild  Huntsman's  boar  '. 

Lastly  the  celestial  sow,  goat,  or  the  like,  appears  at  midnight  or  mid- 
day  because  it  is  another  image  of  the  midnight  Wain.  In  a  Spanish 
ballad  for  the  boar  Circe  and  Picus  \ve  hâve  the  white  doe  and 
Lancelot  : 

Two  hours  before  the  dawn  doth  pass 

That  milk-white-footed  deer  ; 
Seven  lions  and  their  dam,  alas, 

With  that  strange  beast  appear. 
Dead  on  the  ground  seven  counts  are  found, 

And  many  knights  also,  etc2. 

Lancelot  and  this  midnight  white  doe  answer  to  the  little  Find,  the 
Mac  'Og,  and  his  mother  Bôind,  the  white  cow.  Lancelot  and  hisisland 


1.  Cf.  the  English  child's  rhymes  of  the  tailor's  sow  and  the  carrion  crow.  Mrs.  Va- 
lentine's  édition,  nos.  cxcviii,  cxcix. 

2.  The  translation  in  the  Foreign  Quarterly  Review  1829,  p.  99.  The  text  in  Depping 
(London  1825)  Il  362.  Observe  the  number  seven,  derived,  as  would  seem  from  the 
seven  stars. 


2  5 S  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

againsuggest  the  little  Ridire-an-Oileâin-Tuaidh   knight  ofthe  northern 
island   of  a  long  inedited  romance  obtained  from  oral  tradition,  Inis  Bô 
Finne   the  Isle  ofthe  White  Cow),  and  the  island  of  Circe  and  Calypso. 
Modem  Irish  riddles  mention  such  an  animal  : 


i . 


In  Moungan's  Park  there  walks  a  deer. 

Silver  horns  and  golden  ear  , 
Neither  fish  flesh  fealher  or  bone 

In  Moungan's  Park  he  walks  alone. 


Behind  my  heel,  behind  my  house, 
There  is  a  gray  mare  and  her  coït  ; 

The  King  of  England  and  ail  his  men 

\Vouldn;t  turn  that  gray  mare's  taie  about. 


A  white  mare  in  the  lake 
That  her  foot  never  wets 
Though  she  journey  as  far  as  Roscarbery.  (Translaled). 

Moungan's  Park  the  park  of  Mongàn  ?)  is  the  sky.  The  mare  and  foal 
are  sometimesnot  explained  at  ail,  sometimes  said  to  be  the  moon  and  a 
star  near  it  ;  but  riddles  are  older  than  the  answers,  and  the  real  déter- 
minant may  be  Ursa  Major  and  its  little  star. 

We  may  then  conclude  that,  in  accordance  with  our  generalization, 
supra  p.  212  (6),  this  great  diversity  of  images  has  one  basis,  that  the 
constant  and  déterminant  are  the  figure  in  the  sky  known  as  the  Great 
Bear.  This  implies  many  équations.  The  Truie  qui  file  was  a  tavern  sign 
at  Lyons.  The  flying  pig  may  yet  be  often  seen  floating  over  shops  in 
London.  The  Charleswain  was  an  Ênglish  sign  '. 

The  Truie  qui  file  is  again  the  «  learned  pig  »  of  English  fairs.  The 
Truie  qui  file  was  shown  by  an  unfortunate  mountebank  in  Paris  in  1466, 
a  sow  which  he  had  taught  to  sit  up  and  hold  a  spindle.  The  civil  au- 
thorities  burned  both  man  and  beast  for  magie  -.  The  swine  of  the 
Westmeath  story  mentioned  in  our  note  [supra  IV  272)  is  the  «  sow  of 


1.  Grimm  D.  M.  II  72;  (English  transln.) 

2.  Collin  de  Plancy  Dict.  Infernal. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  239 

knowledge  »  ;  and  is  not  the  same  animal's  name  recognisable  in  Dûn- 
na-muicc-criona,  Tobar-na-muice-crlona ,  in  Galway  '  ? 

The  flying  swine  of  Clazomenae  and  flying  horse  of  las  Professor 
Sayce  thinksi  the  ancient  Hittites  hâve  another  counterpart  in  the  flying 
wooden  horse,  already  mentioned,  of  the  romance  Cleomades  and  Cla- 
remond  and  of  the  Thousand  and  One  Nights,  Cervantes's  Clavileno  Ali- 
gero,  and  Chaucer's  wondrous  horse  of  brass.  The  wooden  horse  of  the 
romance  was  made  by  King  Crompart,  Croppart  «  for  the  love  of 
»  kynge  Morardigas  daughter.  »  Thèse  seem  to  be  old  Celtic  names, 
the  latter  perhaps  Muirchertach.  Crompart  cf.  Corbmao,  a  little  hump- 
back,  may  be  compared  with  the  Black  Thief  on  the  Steed  0'  Bells 
and  the  Gadaidhe  Gobnata  on  the  white  mare.  The  animal  is  the  white 
horse  of  Charlemagne  from  whom  the  «  Charleswain  n)  :  of  the  Wild 
Huntsman  1=  the  driver-star),  causing  his  death  at  last,  like  Diarmaid's 
boar  ;  of  Ashenclâs,  «  sooty  Nicholas  »  (=  Thumbling,  S.  Thomas's 
Day,  and  Staffan,  S.  Stephen).  We  find  in  German  tradition  this  white 
horse,  Spanish  horse,  Hel-horse,  coming  round  at  Christmas  or  the 
Twelfths,  just  when  the  Plough  is  carried  round,  or  when  «  Mother 
Wain  »  (Frû  Wâgen1,  or  the  Wild  Huntsman,  or  Frû  Wôd  cf.  Woden 
and  Wadeï  makes  the  circuit.  Thèse  are  ail  -the  same  thing,  such  perso- 
nifications  as  «  Hellwain  »  in  Middleton's  play.  The  flying  wooden 
horse  is  the  fatal  Trojan  horse.  Cf.  Woden  with  woodie  the  gallows). 

IV. 

The  romance  above  referred  to  has  other  suggestive  relations.  When 
the  princess  Claremond  is  carried  off  by  the  magie  steed  she  leaves 
behind  her  glove  =  the  footprint,  glass  or  gold  shoe  of  the  Cendrillon- 
Oidipous-Oengus  cycle,  occurring  hère  by  mère  coordination  [Supra 
p.  212  (5)].  With  the  magie  wooden  horse  are  named  a  wondrous  horn 
and  the  gold  hen  and  chickens.  Magic  horns  figure  often  in  Celtic 
legend,  e.  g.  that  which  is  to  waken  the  sleeping  Arthur,  and  that 
whosedreadful  blast  scared  the  echoes  of  Roncesvalles.  Now  1.  Arthur 
and  his  band  are  the  Seven  Sleepers  in  Ursa  Major.  2.  The  Little 
Bear  is  called  Bocina  (=  buccina)  in  Spain  2,  and  we  find  the  starname 
«  The  Horn  »  in  Scotland.  Gawain  Douglas  translates  Virgil's  lines 
(Aen.  III  516-5 17), 


1.  Criona  means  both  «  old  »  and  «  wise  »,  «  sage  »,  etc. 

2.  Don  Quixote  I.  Cited  in  Mélusine  II  }l. 


240  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

Arcturum  pluviasque  Hyadas  geminosque  Triones 
Armatumque  auro  circumspicit  Oriona, 
by  Arthuris  house  and  Hyades  betaikning  rane, 

Watlingestrete,  the  Home,  and  the  Charlewane. 

2.  The  Hen  and  Chickens  is  an  old  image,  generally  identified  with 
the  Pléiades  :.  The  days  are  sometimes  «  chickens.  » 

Again  the  wooden  horse  transporting  the  lady  through  the  air  is  the 
«  wooden  bouk  »  Westmeath  or  wooden  top  »  or  the  like  which 
carries  Cendrillon-Catskin.  Her  coach  cornes  for  her  at  midnight,  because 
it  is  the  midnight  Wain.  In  a  King's  County  version  the  magie  vehicle 
is  a  shoe  —  another  conception  of  Ursa  Major.  In  the  Russian  taies  the 
Baba  Jaga  rides  in  a  mortar  —  apparently  such  a  corn-mortar  as  Red 
Indians  use  2  or  used  —  and  it  may  be  the  same  thing  with  the  Casserole 
[Mélusine  I  531.  If  so  we  should  hâve  some  Jight  on  the  myths  of  Picus, 
whom  we  compare  with  the  «  Night  Raven  »,  or  Thumbling  star  in 
the  Wain,  and  his  father,  the  Poander,  Pilumnus. 

In  the  Squier's  Taie  the  brass  horse  was  set  in  motion  by  tirling  a 
pin  in  his  ear.  King  Crompart  had  to  torne  a  pynne  that  stode  on  his 
horse's  breast  ;  and  Claremond  says  «  You  will  find  my  cure  in  the  hor- 
se's  ear  ;  ...  This  is  the  situation  in  the  popular  taie  where  the  giant's 
daughter  turns  herself,  like  Mâcha  and  Demeter,  into  a  mare,  carrying 
her  lover  on  her  back  and  bidding  him  look  in  her  ear  for  what  to 
throw  behind,  etc.  A  pin  is  found  sticking  in  the  hide  of  the  Red  Bull 
of  Norroway,  associated  in  the  story  with  his  transformation.  Again,  this  pin 
in  the  magie  animal'shead  suggeststhe  jewelin  Moloch's  head,  the  lumi- 
nous  gem  in  the  Pan-Fish,  Pan's  star,  Diarmaid's  mark  or  star,  the 
toad,  hog,  serpent  or  dragon  with  a  jewel  in  his  head.  The  aerial  ride 
on  the  wooden  horse  is  that  of  Helle  on  the  ram  ;  of  the  man  who  fol- 
io .ved  the  Good  People  on  a  calf  or  on  a  plough  =  the  Plough,  Ursa 
Major  ;  of  the  hero  or  heroine  in  the  story  which  is  called  in  Ireland 
The  Bolan  Bdn  and  The  Little  Brown  Bail,  in  Scotland  The  Black  Bull  of 
Norroway.  Rashie-Coat  Anglo-Irish  tradition  of  Limerick,  etc.  or  Cun- 
ning-Coat  Roscommon  or  Catskin  Anglo-Irish  tradition  of  Westmeath- 
is  but  an  épisode  of  this  story.  M.  Kôhler,  in  his    useful    study  of 


1.  Beyer  in  Selden  De  Dis  Syris  300. 

2.  J.  T.  Irving  Indian  Sketches  (London,  1835)  II  8$. 

3.  See  the  account  of  the  romance  given  by  Keightley  Taies  and  Popular  Fic- 
tions 68.  A  French  version,  Avantures  de  Clamadès  et  de  Clarmonde,  tirées  de  l'Espa- 
gnol par  Madame  L.  G.  D.  R.  (Paris  1735),  is  before  us,  in  which  for  the  Wooden 
Horse  we  find  a  cork  dragon,  dragon  de  liège. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  241 

Rashin-Coatie  supra  III  370  observes  that  in  Scottish  versions  le 
a  conte  de  Cendrillon  est  mêlé  à  un  autre  qui  ressemble  à  celui  de  Peau 
»  d'Ane.  »  It  is  the  same  story,  and  Peau  d'Ane's  Irish  counterpart  is 
Goatskin  Giolla-an-croicinn-gabhair  who  is  more  than  halfa  goat.  \Ye 
will  offer  some  observations  which  should  confirm  the  explanations  given 
above,  and  should  sho.v  that  mythology  survives  in  and  may  be  explai- 
ned  by  thèse  popular  taies.  Thus  the  horse  form  of  Cronus,  Mâcha, 
Demeter,  could  be  derived  from  an  equine  conception  of  Ursa  Major  ;  and 
the  leading  incident  of  the  Tâin  Bô  Chuailnge  is  contained  in  the  story 
which  we  hâve  to  attempt  to  interpret.  This  in  its  complète  form  is  as 
follows. 

A  king's  child  is  set  by  the  stepmother  to  tend  the  cattle.  The  child's 
own  mother  cornes  in  the  shape  of  a  white  bull-calf  bolân  bân  ,  red 
calf  bolân  ruadh  ,  a  little  brown  bul!,  a  black  sheep,  a  grey  ram.  a 
blue  bull  Norway  ,  in  ordinary  Anglo-Irish  tradition  cornes  as  a  bull, 
which  feeds  the  child  out  of  its  ear.  or  out  of  one  of  its  horns.  In  the 
German  version  of  this  épisode  we  find  a  goat,  and  we  are  reminded 
of  the  goat  Amalthaea  nourishing  the  young  Zeus  and  the  little  Diony- 
sus.  and  the  horn  of  plenty  which  is  common  in  classical  and  in  Gallo- 
Roman  art. 

Three-eyes  spied  on  the  bull,  and  the  Queen  had  resolved  to  kill  it, 
as  it  came  home,  the  last  of  the  cattle.  in  the  evening.  The  cattle  are 
successively  slaughtered  till  only  the  bull  is  left.  It  bids  the  child  mount, 
and  they  take  to  flight.  This  situation  again  is  the  flight  of  the  White 
Cow,  Bôind,  with  the  little  Find,  the  Mac  Og,  on  her  back;  the  race  of 
the  cow,  Io,  tormented  by  the  fly;  the  Ènglish  Dun  Cow  running  mad  ; 
Hermès  carrying  off  the  Cow;  the  Black  Thief  on  the  Steed  0'  Bells,  the 
Centaur  carrying  the  wife  of  Hercules;  or  Eros.  Or  the  animal  is  killed. 
Its  bones  are  collected,  and  it  revives,  only  lame.  Or  a  tree  with  gold 
apples  grows  up  out  of  its  buried  entrails. 

In  the  Serbian  version  the  cow  spins,  like  our  French  sow  above. 

The  fugitive  bull  brings  his  rider  to  a  king's  court  castle  ,  and  in  one 
version  (Tipperary  they  go  through  the  golden  wood,  the  silver  ^ood, 
and  the  wood  of  brass  ;  and  out  of  each  of  thèse  issues  a  bull  to  en- 
counter  the  bull  which  carries  the  king's  son.  The  third  kills  him  or 
her  . 

Otherwise  he  has  to  fight  only  one  bull.  the  redoubtable  Tarbh-Con- 

righ   Cû-righ's  bull  ;  or  to  fight  the  Devil.  He  falls  in  the  fight,  after 

bidding  the  boy  make  a  magical  belt  out  of  his  hide   Cork  .  In  the  Nor- 

wegian  version  his  bones  supply  three  wonderful  suits,  in  which  the 

Rev.  Cclt.   VI  16 


242  Early  Celtic  Hislory  and  Mythojoi 

heroine  goes  to  church.  In  a  singular  Breton  version  given  by  M.  Luzel 
two  gold  shoes  are  found  near  the  cow's  heart. 

From  this  point  begins  the  Magic  Shoe  story  proper.  The  narrative 
follows  two  types,  according  to  the  sex  of  the  principal  character. 

1 .  The  king's  son  takes  service  ;  herds  cattle  ;  conquers  three  giants, 
whose  long  rich  pasture  had  tempted  the  kine  to  trespass  upon  it.  A 
dragon  claims  a  maiden  every  seventh  day  or  year,  and  it  has  come  to 
the  turn  of  the  king's  daughter.  The  young  champion  conquers  in  a  three 
day's  fight.  He  leaves  his  shoe  behind,  and  is  recognised  by  it. 

2.  The  king's  daughter  enters  service,  and  is  put  to  work  among  the 
ashes  Mâghnus  Mac  ONeill  would  never  stir  from  the  mother's  fire  for 
twenty-one  years.  When  he  got  up  at  last  he  shook  out  of  himselfat  the 
door  —  as  in  a  Russian  taie  —  twenty-one  barrels  of  ashes.  Another  Ashypet 
is  Potachân-na-luaithre,  also  maie,  and  a  comic  character  . 

Or  she  tled  naked  out  of  the  house  from  her  master's  violence,  esca- 
ping,  she  was  so  small.  through  the  hole  in  the  wall  through  which  the 
waste  water  was  let  off.  From  her  subséquent  dress  she  was  called 
Jenny  with  the  Red  Petticoat. 

Or  she  made  herself  a  suit  of  rushes  :  hence  Rushycoat  a  suit  of 
seaweed  in  another  version  .  Or  wore  a  catskin  ;  a  bearskin  ;  an  ass's 
skin;  a  pigskin,  etc. 

She  is  a  great  harp-player,  as  ail  king's  daughters  were  in  Ireland 
in  those  days,  and  is  overheard  by  the  king's  son,  her  young  master, 
beguiling  her  loneliness.  He  follows  her  at  last  so  close  from  church 
on  Christmas  Day  that  she  loses  a  shoe,  and  by  this  she  is  recognised. 
it  is  of  glass  because  one  of  Catskin's  three  wonderful  suits  was  a  suit 
of  glass.  The  shoe  of  glass  is  found  in  several  versions  '. 

Or,  going  along  brooding  on  her  forlorn  case,  Rushycoat  met  God. 
He  bade  her  go  to  a  certain  tree,  whence  come  a  wooden  bouk  2  and 
splendid  attire.  She  is  carried  to  the  darice  upon  the  wooden  bouk.  The 
Italian  heroine  has  a  bearskin,  and  a  like  wooden  vehicle. 

In  Perrault's  story  a  rat  draws  Cendrillon's  coach,  and  the  coach 
cornes  for  her  at  midnight.  The  heroine  is  sometimes  hidden  under  a 
cauldron  or  keeve.  She  is  known  by  her  little  foot;  but  Sir  George  Cox 
points  out  with  truth  that  we  find  the  very  opposite  in  the  history  of 
Bertha  Bigfoot,  who  is  identified  by  the  large  foot.  The  coach  occurs 

1.  Cf.  Keightley  F.  M.  17$,  195,  the  shoeful  of  money  ibid.  256,  and  the  magie 
shoe-plough  turning  up  ducats,  195. 

2.  Bouk  is  apparently  an  English  provincial  word  yet  occurr'mg,  and  found  in  bucket. 
Or  is  buck  the  word  hère  ? 


F.arly  Celtic  History  and  Mythology.  243 

again  in  the  taie  of  Mâghnus  Carrach  Magnus  Scabiosiceps  where  an 
old  woman  drives  up  at  midnight,  and  getting  out,  resuscitates  the  slain 
by  a  touch  of  her  whip.  Maghnus  kicked  her  head  up  inlo  the  rainbow, 
which  accounts  for  the  diverse  colours  of  that  phenorhenon.  The  coach 
of  Crimthend,  or  Cruimchend  =  Fendragon  .  was  also  celebrated,  and 
\\e  shall  hâve  to  consider  that  figure  with  Crom  Dubh,  the  Black  Worm, 
and  other  Celtic  dragon  myths. 

The  battle  of  the  bulls  reappears  in  the  Tdin-Bô-  Chuailnge,  where  the 
white  western  bull,  the  Findbennach.  is  vanquished  by  the  eastern  bull, 
the  Donn  Cuailnge  ;  and  in  the  contention  of  the  red  English  bull  and 
the  black  bull  of  the  Gaedhil  Campbell  l.xx  .  It  is  again  the  fight  of  the 
red  and  white  dragons  cruim  derg  ocus  cruim  gel  ,  where  the  white 
worm  is  also  vanquished,  in  Nennius's  legend  !. 

Closely  related  to  the  story  given  in  outline  above  is  ancther  of  the 
Cupid  and  Psyché  type,  where  a  woman  has  to  travel  in  search  of  her 
|ost  husband.  the  White  Wolf,  Mac  Tire  Fionn  ;  a  husband  to  follow  a 
wife  to  the  other  world  Orpheus  and  Eurydice  -  Find  and  Grâinne  ; 
a  mother  to  seek  her  lost  child  Demeter  and  Persephone  .  The  person 
lost  is  bewitched  into  the  form  by  night  of  a  bear,  a  wolf,  a  bird,  a 
white  dog  with  three  legs.  The  search  lasts  seven  vears.  We  shall  hâve 
to  examine  some  of  the  myths  of  this  type  when  writingof  Diarmaid  and 
Grâinne.  At  présent  we  would  see  hère  again  stellar  constants,  often 
underlying  myths  which  at  last  came  to  be  understood  in  a  différent 
sensé.  Thus,  Demeter  searching  for  her  daughter  was  certainly  unders- 
tood by  the  Greeks  —  the  names  partly  show  it  —  as  a  myth  of  the 
earth  and  the  grain.  Demeter  and  Grâinne  certainly,  and  Persephone  pro- 
bably,  mean  severally  «  Mother  Earth  »,  ■  grain  »,  %  sown  grain.  » 
But  thèse  names,  which  are  later  than  the  myths,  do  not  explain  the 
conception  of  the  race,  pursuit,  etc.  That  conception  is  found  in  a  verv 
simple  and  rude  form  in  the  Dutch  legends  of  the  Travelling  Mother  Die 
Fahrende  M  ut  ter)  or  <  Barende  Brouwe  ».  This  mother  or  lying-in 
woman  carried  about  unrestingly  in  a  whirlwind  seems  another  form 
of  the  unresting  huntsman,  or  ploughman,  or  waggoner.  —  myths 
which  we  know  with  certainly  to  be  based  on  the  movements  of  the 
nocturnal  Wain  As  then  we  deduçe  the  equine  nature  of  Demeter 
'and  Cronus,  and  their  offspring  the  Centaur)  from  a  conception  of 
Ursa  Major  as  a  horse,  so  Demeter  following  her  daughter  should  be 
the  <'  white  mare  ■  and  her      coït     ;  the  white  cow    Bôind   and  the 

t.  See  the  Irish  fragment.  Book  of  the  Dun  facs.  3. 


244  Earh'  Celtic  History  and  M)lhology. 

boy,  the  Mac  'Og  ;  the  Wandering  Mother  or  o  Lying-in  Woman  n  and 
her  infant  ;  the  cow  Io  and  the  fly.  To  the  examples  of  this  conception 
of  Ursa  Major  and  its  little  star  which  vve  hâve  cited  above  we  will 
hère  only  add  one  other.  This  is  the  hog  with  golden  bristles  which 
Brock  the  dwarf  forged  out  of  a  pigskin,  Loki  tormenting  him  mean 
-while  in  the  form  of  a  gadfly.  The  swine,  by  our  view,  would  be 
Ursa  Major;  Loki,  or  Lug,  or  Conan  Thumbling  who  stings  the 
Lochlannaigh  in  a  certain  legend,  flying  in  the  air  without  wings  the 
little  Thumbling  star. 

Reverting  to  the  popular  taie,  our  explanations  would  be  as  follow. 
The  chîli  on  the  bull,  etc.,  is  Ursa  Major  and  its  little  star.  The  notions 
of  «  Three-eyes  »,  the  three  suits,  the  three  legs  of  the  white  dog  Ursa 
Major,  the  magie  belt,  corne  from  the  three  stars  of  the  Belt  of  Orion. 

The  little  white  bull-calf  iBolân  Bân  is  one  with  the  white  cow,  Bô 
Find,  or  Bôind.  This  may  or  may  not  hâve  something  to  do,  as  Pro- 
fessor  Rhys  and  others  think.  with  the  Sanskrit  Govinda,  but  it  seems 
hardly  necessary  to  go  so  far  for  an  explanation.  i.  TheBook  ofLeinster 
fol.  191a  of  Professor  Atkinson's  facsimile  explains  Bôind  by  Bô  Find, 
and  this  obviously  closely  corresponds  to  Ptotemy's  pououi'vâa. 

Boand  a  hainm  -  coint  edin  - 
Otd  in  sid  co  fairge  fraig. 
Mcmur  l'un  ani  diatd, 
Uisce  mnâ  maie  Labrada  .... 
Nô  Boand,  bô  acus  find, 
Do  chomruc  na  da  righnd, 
In  tuisec  a  Sléib  Guaire  glc 
Acus  sruth  na  sidise. 

Boand  its  name  (fair  quean  was  she) 

Forth  from  the  sid  to  the  angry  sea  ; 

Well  know  I  the  name  whence  sprung, 

Water  of  wife  of  Labrad's  son  ... 

Or  Boand,  to  wit,  the   «   cow  »  and  «  white  », 

From  where  the  two  king-floods  unité, 

The  water  from  Sllabh  Guaire  clear 

And  of  this  sid  we  treat  of  hère. 

The  rhymer  means  that  Bô,  the  Cow,  was  the  mother  stream.  The 
Finnabhainih  which  it  is  said  to  meet,  seems  to  be  the  Blackwater. 
Sid  is  a  haunted  hill.  Sid  Nechtain  is  the  place  meant  . 

2.  The  legend  of  the  well  and  Bôind  is  only  another  form  of  that  of 
the  calf  leaping  out  of  the  well  whence  rose  Loch  Gamhna.   «  White 


Early  Celtic  Histor\   and  M\tholog\.  245 

Cow  Isle  ,  White  Cow  Lake  »  Loch,  Inis  Bô  Finne  ,  are  localized 
in  many  parts  of  Ireland.  The  river-name  must  belong  tothe  same  class. 
The  various  rivers  called  of  the  White  »  cow  ,  are  analogies. 
}.  Dunboyne  near  Dublin  :  should  be  D.'.n  Bôinne,  white  cow  fort,  and 
would  not  this  throw  light  on  the  adjacent  local  name,  the  Black 
Bull 2?  4.  In  the  Dindsenchas  Temrach  we  find  Tipra-Bô-Finne,  well  of 
the  white  cow,  at  Tara.  What  name  can  this  be  but  the  «  Tipperboyne  » 
of  the  Inquisition  taken  at  Kilmainham  on  the  25  september,  161 8?  If 
Tipra-)  Bô-Finne  has  thus  passed  into  Tipper-  Bo\ne  the  river  name 
«  Boyne  n  should  also  mean  river  of  the   a  white  cow  ». 

The  bail  which  carries  the  young  hero  would  thus  be  Diarmaid's,  or 
Frey's,  or  Adonis's  boar,  the  northern  or  winter  sign,  Ursa  Major.  His 
enemy  is  the  bull  of  Cû-righ,  Hound-of-the-arm  righ,  fore  arm  .  A  like 
formation  seems  to  be  Cû-Chulaind,  =  Cû-  Cu-uilinn  or  Cû-  Con-Uilinn  ? 
hound  of  Hound-of-the-elbow  .  a  name  already  alluded  to.  This  expia- 
nation  of  Culand  is  confirmed  by  the  parallel  form  Uilinn,  and  by  the 
Norse  Velint,  which  should  be  the  same  name.  The  1  elbow  »  or  ■  arm  » 
isOrion's  Belt  o  the  Lady's  Eli  ->,  <•  the  Elbow  of  Maui  »  ,  and  this  bull 
is  the  neighbouring  Taurus.  The  victorious  advance  ofthe  DonnCuailnge 
is  the  return  of  summer,  as  described  by  the  Roman  poet  : 

When  with  his  golden  horns  in  full  career 

The  Bull  beats  down  the  barriers  of  the  year, 

And  Argo  and  the  Dog  forsake  the  northern  sphère;. 

The  white  bull  or  dragon  means  the  wintry  or  snowy  season  ;  there 
may  be  allusion  to  the  moon.  Cf.  the  lion  and  unicorn. 

The  cow  or  goat  which  dies  and  cornes  to  life  again,  but  lame,  is  Ursa 
Major  and  its  seven  stars  as  an  image  of  the  renewal  of  the  week.  Dr. 
Tylor,  in  an  able  and  suggestive  book,  would  explain  Vulcan's  lameness 
as  referring  to  the  uncertain  movements  ofthe  fire  E.  H.  M.  358  ,  but 
M.  De  Gubernatis  was  more  probably  right  in  seeing  in  this  the  notion 
of  one  fooH.To  ourselves  the  trait  hère  seems  to  be  due  to  coordination 
[supra  p.  212    5  ],  ofthe  conceptions  <<  cow  ■>  and  a  foot  s  or  footprint. 

The  cattle,  coming  home  one  by  one,  or  pastured,  as  in  other  taies, 
on  the  rank  meads  of  the  other  world,  are  Geryon's  and  Helios's  herds,, 


1.  Doonboine,  one  of  «  the  cheefe  towns  in  Meeth  j>  in  Stanihurst's  time. 

2.  We  do  not  know  why  the  Bandon  Orangemen,  who  keep  up  the  tradition  of  the 
Boyne,  glory  in  the  name  «  black  bulls  ». 

3.  Georg.  I  217-218. 

4.  Z.  M.  I  2J3-  Cf.  Grimm  D.  M.  I  280  (Eng.  translation  . 


246  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

the  days.  The  dragon  devouring  a  maid  every  week  another  form  of 
the  Mélusine  conception  means  time  devouring  the  seven  days.  We 
shall  see  other  relations  when  examining  the  Celtic  serpent  cycle. 


It  wouid  be  easy  to  cite  confirmations  of  our  suggestion  that  the  shoe, 
footprint,  etc.,  must  sometimes  be  Ursa  Major.  We  can  only  find  space 
for  a  few.  The  shoe,  great  foot,  or  the  like,  is  associated  with  figures 
whom  we  can  distinctly  connect  with  the  Wain.  In  an  unpublished 
King's  County  story  it  becomes  a  wain  itself,  to  carry  the  hero.  In 
Perrault's  Petit  Poucet  we  find  the  added  notion  of  seven  the  seven- 
league  boots  .  Saint  Thomas's  Footprint,  which  the  Spaniards  found 
in  both  worlds,  is  the  footprint  of  Hans  Dùmkt,  the  little  star  in 
the  Wain.  Hermès  in  his  shoe  cradle  is  a  modification  of  the  same 
notion.  The  footprint  is  again  Saint  Martin's1,  and  the  Wain  is  Char 
Saint  Martin.  This  great  foot  is  attributed  to  Charlemagne,  from  whom 
the  constellation  is  called  the  Charleswain  ;  and  his  name  in  the  form  Ma- 
ghnus  seems  to  hâve  penetrated  into  the  Celtic  legends  of  the  same  cycle. 
Thèse  explanations  do  not  accord  with  those  of  Dr.  Tylor,  who  would 
trace  the  legends  of  giganticfootprintsto  markings  in  rocks  E.  H.  M.  1 16  . 

There  is  however  a  coïncidence  between  the  versions  of  the  Thum- 
bling  story  in  this  teature  of  the  shoe  or  footprint  which  cannot  be  acci- 
dentai. Not  only  does  the  little  Hermès  =  Thumbling  house  in  a  shoe 
cradle  but  his  mother  is  «  fairsandalled  Maia  0    Homeric  hymn  . 

Saint  Thomas's  Footprint  is  in  many  spots,  from  Ceylon  to  Brazil. 
That  the  feature  had  been  attracted  into  the  popular  legend  of  Saint 
Thomas  of  Canterbury  we  may  surmise  from  the  sneer  of  the  learned 
Erasmus  in  his  Colloquia  Peregrinatio  ,  where  he  introduces  a  pilgrim 
who  returning  from  Canterbury  is  shown  «  Saint  Thomas's  Shoe  at 
a  place  a  short  distance  from  the  town  :  «  Ubi  porrigeretur  calceus,  ro- 
gabat  quid  sibi  vellet.  Ait,  calceum  esse  S.  Thomae  »,  etc. 

In  Russia  for  Saint  Thomas  we  meet  Saint  George.  «  Saint  George's 
»   Dog  »,  the  wolf    cf.   the  Gaelic   Giolla  Mhàrt.iin}  the  fox    is  Ursa 
Major.  The  magie  wolfskin  which  kills  a  man    Ralston    R.  F.  T.  545 
is  the  same  thing.  Saint  George  and   his  wolf,  or  dragon,  or  wolfs- 
kin, is  Diarmaid  and  his  boar  ;  Frey  and  his  boar;  Hercules  on  the 

1 .  Ogerus  praefatus  castrum  erexit  in  loco  qui  Passus  S.  Martini  dicitur  iuxta  Ilorion 
propter  reverentiam  vestigiorum  eiusdem  sancti  adhuc  apparentium.  Chronicler  cire.  1 505 
cited  by  Barrois  Ogier  de  Danemarche  (Paris  1842)  xiv. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  247 

boar  Mus.  Florent.  I  xxxix  y  ;  Conân  and  Tom  Thumb  and  Eulen 
spiegel  with  the  pig  ;  Peau  d'Ane  and  the  ass's  skin  :  Arkouditsa  and 
the  bearskin  ;  Whittington  and  Ivan  Catson  Ralston  ibid.  72  and 
Rannou  with  his  cat  —  a  beast  of  size  so  enormous  that  at  last  they  had 
to  fasten  him  to  a  rock  with  an  iron  chain  See  M .  Le  Men's  legend 
supra  I  417  .  Saint  George  and  «  a  certain  Gypsy  who  had  a  wife  and 
»  seven  children  »  R.  F.  T.  346  ,  and  the  dragon  <■  which  daily  de- 
»  voured  a  maiden  »  347  are  myths  of  Ursa  Major,  its  seven  stars, 
and  the  days  of  the  week.  Saint  George  asleep,  in  the  dragon  adventure, 
and  afterwards  recognised  by  a  shoe  [which  is  the  ordinary  formj, 
is  a  story  told  of  many  heroes  supra  242  ,  especially  of  Cû-Chuiaind 
[Leabharna  hUidhre  126  .  Now  Cû-Chulaind,  the  Mac  Beg,  or  Child,  is 
Thumbling.  Lastly,  Saint  George's  golden  stirrup,  to  be  left  in  pledge 
wifh  the  Gypsy  346  ,  is  again  Thumbling's  shoe.  This  Russian 
Saint  George  legend  seems  a  coordination  of  such  conceptions  of 
Ursa  Major  as  «  wolf  »,  «  wolfskin  »  cf.  supra  23  3Ï,  «  dragon  », 
«  shoe  ».  a  «  Gypsy  »,  or  thief,  and  his  family  of  seven,  the  «  seven 
sleepers.  » 

The  Chippewa  Thumbling,  the  little  Monedo,  in  a  story  related  by 
Schoolcraft  part  iii  ,  is  swallowed  by  the  great  fish.  which  also  swal- 
lows  an  old  mocassin,  thrown  in,  on  the  advice  of  the  crafty  Monedo, 
by  his  sister.  The  shoe,  fish,  and  Monedo  are  drawn  ashore  together. 

The  Japanese  Thumbling,  Issum-bo,  hides  in  a  shoe  when  he  goes  to 
wait  on  the  prince  in  Kiyoto  Langegg  Japanische  Thee-Gescliichten 
Wien  1884,  p.  37I.  See  also  the  Bushman  Mantis  stories. 

The  Samoan  Cronus,  Tiitii.  when  he  pushed  up  the  heavens  from 
the  earth,  left  his  huge  footprints  in  a  rock  Turner  Nineteen  years  in 
Polynesia  London  1861,  p.  245  .  Now  we  hâve  shown  ground  for 
Connecting  the  Cronus  myth  —  the  myth  of  the  rending  apart  of  heaven 
and  earth  —  with  Ursa  Major.  We  hâve  seen  that  in  modem  Arcadian 
tradition  such  a  connexion  is  still  to  be  found  [supra  233). 

In  ail  the  above  cases  the  «  shoe  »  or  «  footprint  »  is  more  or  less 
plainly  associated  with  Thumbling  ;  and  Thumbling  must  be  Jack  Thum- 
bling, Hans  Dùmkt,  Jack  of  the  Waggon  or  starry  Wain.  There  are 
other  myths  where  the  connexion  is  not  quite  so  obvious. 

The  Argo  we  take  to  be  the  Barca  de  David  and  Navicula  Pétri,  i.  e. 
Ursa  Major;  and  her  steersman,  Iason,  «  the  man  with  the  one  shoe  », 
is  the  little  Hermès  the  Thumbling  or  Alcor  star  in  the  same  0  shoe  », 
and  Fear-na-leathbrôige  man  of  one  shoe  .  The  dwarfish  Luprachân's 
name  was  similarly  explained    Leathbrogân  ,  and  he  and  his  shoe,  at 


248  Earty  Celtic  Hisîory  and  Mythology. 

least,  belong  to  this  cycle,  as  well  as  the  dwarf  and  his  lost  iglassl  shoe 
in  a  story  from  the  isle  of  Rugen  iArndt 2  II  1971. 

Again,  Fear-na-leathbrôige  is  Barbe-Bleue,  or  Barbe-Rouge,  and  the 
seven  wives  supra  2271  are  1.  the  seven  stars,  2.  the  seven  days. 
We  find  the  shoe  déterminant  in  the  incident  of  the  curious  wife 
betrayed  by  the  blood  on  her  slipper  1  Campbell  xli). 

Helen,  as  we  hâve  seen,  is  another  one-shoed  heroine.  Hère  it  is  not 
our  business  to  examine  fully  her  composite  myth,  which  weshallhave 
to  speak  of  again  in  another  place,  but  two  features  must  belong,  in  our 
judgment,  to  Ursa  Major.  One  is  this  shoe  incident  itself.  Another  is  the 
taie  of  Helen  going  round  the  Wooden  Horse  imitating  the  voices  of  the 
Grecian  women.  The  Wooden  Horse  is  Ursa  Major.  The  counterfeiting 
voice  of  Helen,  as  of  Robin  Goodfellow,  is  the  écho.  Echo  was  another 
name  of  Helen,  and  her  spouse  was  Pan,  i.  e.  Arcas,  again  a  myth  of 
the  small  star  in  Ursa  Major.  The  reader  will  see  that  we  produce  no 
positive  évidence  of  the  conception  of  Ursa  Major  as  a  shoe,  only  what 
seem  to  be  strong  grounds  for  such  an  induction.  Again,  «  the  lotus 
footprint  of  Siva  »  on  Adam's  Peak  suggests  to  ourselves  myths  of  ano- 
ther constellation,  the  three  stars  of  Orion's  Belt. 

Footprints  in  rocks  are  yet  shown,  as  we  can  testify,  on  various 
inauguration  hills  in  Ireland  (e.  g.  in  Donegali  ;  and  Camden  mentions 

what  he  calls  «  that  barbarous  élection in  the  open  aire  upon  an 

»  high  hill  »  whereat  OCahan  »  performeth  this  honourable  service 
»  forsooth,  as  to  fling  a  shooe  over  the  head  of  the  elected  ONeal.  » 
Elsewhere  «  Straightwayes  Shan  being  chosen,  proclaimed  and  inau- 
»  gured  ONeal  by  an  old  shooe  cast  over  his  head  »  (Holland's  Cam- 
den. 1656,  1 14,  120).  This  ceremony  may  be  compared  with  the  older 
mode  of  inauguration  in  «  Kenel  Cunil  »  recorded  by  Giraldus  (Top. 
Hibern.  xxvï,  in  which  the  white  mare,  the  king  going  on  ail  fours,  and 
the  broth  lapped  in  horse  fashion,  imply  a  tradition  i  which  indeed  is  ex- 
pressed  again  in  the  Labrad  Lorc  legendi  that  the  royal  race  were  des- 
cended  from  a  white  mare,  just  as  Siamese  superstitions  suggest  a  des- 
cent  of  their  kings  from  a  white  éléphant.  Once  again  the  conclusions 
converge.  Is  not  this  white  éléphant  the  starry  Eléphant  of  the  Karens, 
Burmans,  Hindus  [and  Siamese  ?],  i.  e.  Ursa  Major  ?  iMason>.  In  Cinel- 
Conaill  itself,  at  the  rock  of  Doon,  the  inauguration  place  of  the 
ODonnels,  the  ancient  lords  of  that  territory,  we  found  in  1874  most 
vivid  traditions  of  the  horse-king  or  dog-king  Labrad,  who,  like  Midas 
and  Lycaon,seems  on  distinct  grounds  to  bethe  Arcadian  celestial  bear, 
wolf,  or  goat  (Callisto,  Lycaon,  Arcas,  Panh 


Earl\  Celtic  History  and  Mythology.  249 

The  same  shoe  constant  seems  recognisable  in  the  «  crooked  foot- 
print  »  of  New  Zealand  origines  '■  ;  perhaps  in  Robinson  Crusoe's  mys- 
terious  footmark.  Sometimes  it  is  a  giant's  single  foot,  or  huge  leg, 
as  in  Seachrân  Sàlfhada  longheel  ,  Sotal  Salmhôr  great  heel  ,  SOLI- 
MARA  the  same  ?  ,  Tuirbhi  Traigh-mhar  great  foot  .  In  South  Africa 
\ve  meet  a  hugefooted  old  woman  grinding  varicoloured  cattle  days 
and  nights  ?  out  of  her  toe  ;  or  the  beautiful  cnefooted  god  of  the  Baro- 
ling  Bechuanas.  With  the  mythological  names  Argetlâmh  silver  hand  , 
Arganteilin  silver  elbow,  supra  I  338  we  would  compare  ARGENTO- 
COXVS,  which  seems  to  mean  «  silver-foot  -,  Fergus  great  foot  2, 
Oengus  one  foot,  single  foot,  exceiling  foot  ,  silverfooted  Thetis. 

Oengus,  "oencos,  is  one  of  the  names  of  Manandân  or  Find,  of 
whom  we  hâve  the  proverb,  a  Long  in  the  head  as  was  Fionn  in  the 
feet  ».  The  little  Find  is  sometimes  the  little  star  in  Ursa  Major,  a 
parallel  to  Wàinâmôinen.  The  boring  of  Oengus's  foot,  in  a  well- 
known  legend  found  in  Keati.ng,  is  the  boring  of  the  feet  of  his  Greek 
counterpart,  •  Swellfoot  »,  Oidipous.  The  same  thing  is  told  of  the 
«  Fawn  »,  Oisin,  a  sort  of  Irish  Arcas,  or  Pan,  vrho  is  again  the 
little  star  by  l,  his  brute  mother  being,  like  Callisto,  Ursa  Major 
itself. 

The  animal  déterminant  and  the  shoe  déterminant  are  combined  in  a 
curious  way  in  the  popular  taies,  etc.,  of  this  cycle.  Peau-d'Ane-Cen- 
drillon  and  her  shoe  is  one  familiar  instance.  A  simple  form  of  this  story 
is  Basile's  «  The  Shebear  »  Ll  Orza  .  The  transformed  maiden  is 
simply  Callisto,  Ursa  Major  =  the  Brown  Bear  of  Orange,  the  Bull  of 
Norroway,  the  Mac  Tire  Fionn,  and  other  heroes  who  wear  the  shape  of 
a  man  by  day  and  a  bear,  or  wolf,  or  bird,  by  night.  The  prince,  follo- 
wing  his  charmer  close,  finds  in  her  place  a  she-bear,  a  situation  re- 
curring  in  the  Irish  taie  of  the  Cat  and  the  Brogues  =  radically 
Perrault's  Chat  Botté.  The  children  in  the  house  ask  their  father 
for  shoes.  The  cat  horrifies  the  household  by  asking  for  a  pair  of 
brogues  for  him  too.  Somewhat  as  in  the  case  of  his  twin-brother, 
the  Black  Pig,  the  whole  country  turns  out  to  chase  the  devil  cat  ;  the 
huntsmen  track  him  or  her  into  a  cot  in  an  island  in  a  lonely  bog,  and 
there  find  a  witch  instead  of  the  animal.  This  endingis  found  in  another 


1.  Grey  Polynesian  Mythology  217. 

2.  Fer-  in  Fergus  =  ver  in  vernemeton,  Ausonius's  «  fanum  ingens,  »  the  second 
élément  meaning  «  sacred  place  »  etc.  We  suggest  that  the  second  part  of  Fergus  and 
'Oengus  is  cos  foot.  Cf.  Gorwst  (=  Gurgust.  Iolo  336.  Rhys  Lectures*  394).  «  The 
swiftest  ir>3n  of  foot  thit  ever  existed.  » 


250  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

old  and  familiar  Irish  taie,  but  instead  of  a  cat  we  there  find  a  hare. 
In  a  Danish  version  iThorpe  II  191 )  «  there  linstead  of  the  hareï  sat  an 
»  ugly  old  beldam  by  the  chimney,  with  only  one  shoe  on.  » 

The  cat  speaking  answers  to  the  dog  in  an  Australian  legend,  with 
Breton  analogies,  given  by  Mr.  Brough  Smyth.  The  fishing  had  been 
successful,  and  «  the  women  said  Yacka-torn  ivery  good'.  One  of  the 
«  dogs  belonging  to  the  women  sang  out  Yacka-torn  also.  Then  they. 
»  were  ail  made  into  Wallung  a  rock)  »  [Aborigines  of  Victoria  I  479. 

Our  explanation  of  thèse  things  would  be  that  the  bear,  swine,  cat, 
and  hare  (cf.  the  American  hare  and  rabbit  myths)  are  severally  Ursa 
Major.  The  shoe  seems  the  same  thing.  The  cat's  or  dingo's  voice  is  the 
écho,  localized,  as  we  shall  find  in  Irish  and  Welsh  legend,  in  a  talking 
rock.  The  taies  hâve  grown  out  of  coordination  [supra  212  (5)]'. 

Lastly  cf.  1 .  the  «  boot  of  gold  »  and  «  golden  leg  »  occurring  in 
popular  taies  2.  the  fancy  that  the  Good  People  leave  money  in  a  shoe. 
The  golden  leg  incident  occurs  in  an  inedited  variation  of  the  Little  Red 
Riding  hood  story-a  story,  that  is,  cf  the  cycle  of  the  hooded  or 
Thumbling  star.  Compare  also  the  coin  sticking  to  the  measure  in  the 
Ali  Baba  or  Sept  Voleurs  story.  The  measure  ought  to  be  a  shoe,  and 
M.  Kohler  perhaps  could  quote  such  a  version.  (Cf.  Keightley  F.  M.  236). 

The  shoe  or  foot  (like  the  handl  seems  often  a  myth  of  time,  the 
week  etc.  It  could  thus  symbolyze  length  of  days. 


The  Ashypet  feature  we  hâve  suggested  may  corne  from  a  conception 
of  the  Thumbling  star  as  a  spark  half-hid  amongashes,  or  the  like.  This 
conception  we  find  associated  with  Hermès,  Indra,  Caeculus,  Nitocris 
or  Rhodopis  (Herodotus  II  100  ,  and  with  many  well-known  heroes 
and  heroines  of  the  Cendrillon  set  of  stories.  A  daron  explanation  is 
also  possible.  We  proceed  to  show  how  the  trait  is  found  associated 
with  the  shonest  day. 

There  are  several  good  Scottish  versions  of  Cendrillon,  in  Chambers's 
work,inthis  Review  suprallï  365-367), and  inlhe  Folklore  Journal  [March , 
1 S841 .  In  thèse  the  story  of  the  short  or  Thumbling  heroine  is  adjusted  to 
Thumbling's  (Thomas's1 ,  Stephen's,  or  Nicholas's  day,  the  winter  solstice  : 

Ilka  peat  gar  anither  burn, 

An  ilka  spit  gar  anither  turn, 

An  ilka  pot  gar  anither  p!ay 

Till  1  corne  frae  the  kirk  on  qudt    Yak  day. 


Early  Celtic  hislory  and  Mythology.  251 

This  connexion  is  apparent  in  the  name  and  ash-bag  of  Ashenclàs  sooty 
Nicholas  in  German  tradition.  His  white  horse,  goat,  or  bear  Thorpe 
III  146  ,  again  suggests  Ursa  Major.  The  Swedish  Tomtc  Thumbling  , 
a  sort  of  Luprachân,  receives  his  gift  on  Christmas  morning1.  The 
Russian  Saint  Nicholas  covers  himself  with  mud  in  freeing  the  moujik's 
wain. 

The  shoe  conception  is  found  associated  with  the  shortest  day,  as  in 
the  Danish  legend  of  Herr  Erland  Guldsko,  where  the  dwarf  loses  his 
gold  shoe  on  Christmas  Eve  Thorpe  II  241  .  The  shoe,  ashes  and  days  ?) 
features  occur  in  the  Nitocris  story   Her.  ii  100,  JE\.  V.  H.  xiii  33  . 

The  return  of  the  little  Adonis  was  in  the  twelfth  month  2  ;  and  the 
Egyptian  Harpocrates  was  connected,  as  the  young  winter  sun,  with 
the  winter  solstice  :  ut  parvulus  videatur  hiemali  solstitio  qualem 
Aegyptii  proferunt  ex  adyto  die  certa,  quod  tune  brevissimo  die  veluti 
parvus  et  infans  videatur  >.  We  find  the  same  constant  in  contradictory 
conceptions.  •<  The  little  Drean  wren  that  lay  in  the  cradle  for  seven 
c  years  long  »  is  a  conqueror  of  the  western  winter  giant  of  Westport 
land  :  but  the  little  bird  is  also  himself  the  a  Winterking  »  and  «  Snow- 
king  »,  and  his  death  is  the  death  of  winter.  We  cannot  make  thèse 
things  consistent,  but  we  can  détermine  with  fair  certainty  the  constants 
whence  the  myths  hâve  arisen  and  diverged.  Thèse  seem  to  be  the  small 
star  in  Ursa  Major,  the  shortest  day,  the  young  year,  sun,  or  light 

The  little  wren  is  from  one  point  of  view  a  Celtic  embodiment  of  the 
shortest  day.  Another  figure  connected  with  the  winter  solstice  is  Fer- 
rabo,  whose  image  in  Saint  Stephen's  church  at  Lyons  long  enjoyed 
a  superstitious  honour.  Paradin  has  the  following  référence  to  it,  from 
an  unnamed  correspondent,  a  Président  of  Parliament,  in  his  Histoire 
de  Lyon  : 

Me  disoit  mon  père  qu'à  Sainct-Estienne,  soubs  l'église  Saint-Jean  et  au  coing 
de  la  chapelle  de  la  Croix,  au  bas,  naguères  estoit  une  image  antique  de  pierre, 
demi-forgettée,  assez  bien  faicte,  que  Ion  appeloit  communément  Fcrrabo.  Et  me 
disoit  se  souvenir  qu'aucuns  citoyens  furent  intitulez  que,  certain  jour  de  l'an- 
née, assavoir  la  veille  Sainct  Estienne,  ils  venoyent  de  nuict  en  chemise  rétro- 
grade adorer  la  dicte  image  et  Iuy  offrir  des  chandelles.  Quoy  faict,  ils  avoyent 


i.  Thorpe  from  Afzelius  Svenska  Folkets  Sago-Hœfder,  Il  93.  Cf.  the  Danish 
legend  (ibid.  240-241  where  a  dwarf  leaves  his  gold  shoe  behind  on  Christmas 
Eve,  and  Arndt's  story  already  referred  to  supra. 

2.  Theocritus  Adoniazusae.  See  Selden  De  Thammuz,  who  compares  Egyptian  myths. 

?.  Macrobius  Sat.  1  18. 


252  Early  Celtic  History  and  Mythology. 

certaine  espérance  de  prospérer  en  biens  toute  celle  année.  La  dicte  image  por- 
to:t  plusieurs  biens,  comme  agneau,  couchon,  poules,  bouteille,  fruicts  et  plu- 
sieurs autres  choses. 

Popular  tradition  had  identified  Ferrabo  with  «  Staffan  »  or  Thumbling 
Saint  Thomas'1. 

«  Jenny  with  the  Red  Petticoat  »,  Caeculus  Vulcan's  son  etc.,  sug- 
gest/îre.  Again  Thumbling,  Tommy,  is  sometimes  of  an  especially  erotic 
type,  or  the  notion  of  a  harvest  hero  is  prédominant.  Adonis  is  of  the 
former  class,  and  Adonis's  issue,  that  vénérable  divinity  whom  the  good 
people  of  Lampsacus  turned  out  of  their  city  for  a  sufficient  reason1. 
We  find  the  dawn  in  savage  myth  as  a  red  cloak. 

The  rush  suit  (=  the  cloak  etc.  of  Hermès,  Telesphorus  and  Ho- 
deken  ?)  is  found  in  hagiological  legend.  The  young  Ciarân,  a  sort  of 
wild  boy,  had  this  satyr's  vesture.  Was  there  an  old  conception  of  the 
Bear  stars  as  rushes;  as,  apparently,  of  Orion's  Belt  ?  Cf.  the  heroine's 
skill  on  the  harp,  for  an  Irish  harper  wears  a  suit  made  of  beaten  rushes 
as  late  as  the  last  century  2.  Diancecht's  daughter  wears  a  cloak  made 
out  of  365  herbs  (—  days  .  Patrick  blessed  the  rushes  (days?),  and 
made  them  light;  but  the  dog  Labrad  scorched  their  tops. 

The  rat  or  mouse  which  figures  in  the  Cendrillon  and  Tom  Thumb 
stories  may  very  well  be  an  old  essential  trait.  We  hâve  suggested  above 
that  the  mouse  running  «  up  the  clock  »  in  the  English  rhyme  is  the 
little  star  in  the  night  Wain.  This  star  is  conceived  of  as  a  rat  gnawing 
the  traces,  or  a  mouse  gliding  up  the  trunk  of  the  «  éléphant  »  (=  the 
Beari  in  countries  so  widely  separated  as  France  and  Burmah>.  Cf.  fur- 
ther  Apollon  Smintheus  ;  the  rat  in  legends  of  Saint  Martin  ;  the  rat  on  the 
altar  of  Saintes,  in  association  with  a  horned  god  of  plenty  ;  the  Pûca 
appearing  in  rat  form  ;  and  Arndt's  taie  Die  Sieben  Màuse.  They  dance 
every  night  from  twelve  till  one. 

We  cannot  hère  examine  the  Mac  Tire  Fionn  white  wolf  or  Madra 
Bân  Bacack  Jame  white  dog  story,  a  Celtic  version  ofCupid  and  Psyché, 
but  may  point  out  one  or  two  more  obvious  considérations.  1 .  This 
lame  white  dog  seems  a  figure  of  winter.  His  three  legs,  we  think, 
are  due  to  the  influence  of  Orion's  Belt  on  mythopœic  fancy.  He  must 


1.  Pulsus  est  de  Lampsaco  civitate  propter  vir.  memb.  magnitudinem.  Postea  in  nu- 
merum  deorum  receptus  etc.  (Bode  Mylhogr.  1  126). 

2.  Walker,  as  cited  by  Pétrie.  We  hâve  not  found  the   original  passage.  Représen- 
tations of  pipers  wearing  hoods  or  Phrygian  bonnets  occur  in  ancient  art. 

3.  Mélusine  11  32  (a),  33  (g).  The  little  star  is  confounded  with  the  pole-star. 


Early  Ccltic  History  and  Mythology.  25^ 

be  the  Threefooted  Dog  of  Norroway  of  Scottish  tradition.    Cf.  the 
Wild  Huntsman's  three-legged  horse,  etc. 

2.  An  early  form  of  this  story  derived,  it  is  said,  from  theold  English 
Apuleius  occurs  in  George  Peele's  OUI  Wives  Taie,  where  the  old  man 
has  the  form  of  a  bear  by  night  and  a  man  by  day. 

3.  With  this  stellar  cycle  are  connected  the  werwolf  and  berserkr 
stories. 

4.  A  large  family  of  nocturnal  goblins  seem  referrible  to  this  same 
celestial  origin  —  so  far  at  least  as  regards  the  form  of  the  conception 
—  the  Nightmare  or  Drâk,  the  Mare,  the  Bitch-daughter,  the  Marte, 
the  Murraue,  the  Bœuf  Moreau,  Mourioche,  «  Morrough  »,  the  night-ox 
tBugle-Noz  or  Beugle-Errant  ,  the  Ourse  Blanche;  and,  as  we  think, 
Cronus's  offspring,  the  Centaur.  Ourse  Blanche  =  Grande  Ourse. 

It  is  necessary  to  guard  against  exclusive  interprétations.  The  Black 
Swïne's  Bed,  etc.,  shown  in  various  places,  suggests  the  wallowing  of 
the  earth  pig  making  the  hills  and  valleys  according  to  the  belief  of  New 
Britain.  We  hâve  explained  Sisyphus  a  reduplication  of  sophos<  as  one 
and  the  same  with  Odysseus,  Pan,  Odin,  etc.,  the  little star  wandering, 
or  ploughing,  or  the  like,  restlessly  to  and  fro  in  the  Wain.  But  that  the 
rolling  of  the  stone  could  express  the  ascent  of  the  sun  is  shown  by 
the  Highland  saying, 

Mar  chlach  a  dol  an  aghaidh  bruthaich  feasgar  righinn  Earraich  ; 

Mar  chlach  a  ruith  le  gleann  feasgar  fann  Fogh(mh)air. 

Like  a  stone  going  up  hill  is  the  long  Spring  evening  ; 

Like  a  stone  running  down  glen  is  the  soft  Autumn  evening  ' . 

We  shall  see  also  that  myths  of  Ursa  Major  hâve  passed   over  into 
lunar  and  telluric  sensés,  Bôind,  Mâcha,  Demeter,  etc. 

We  might  multiply  confirmations  of  our  stellar  interprétations.  The 
Fawn  (Oisfn)  to  pass  into  Tir-na-n  'Og  crosses  the  Milk  Stream  2.  The 
Mac  Beg,  Cû-Chulaind,  makes  his  way  into  the  fastness  of  the  bull-giant, 
Cû-n'gh  a  sort  of  Minotaur,  Taurusi  by  the  milk  stream  5.  A  Wexford 
Fir-Bolg  story  makes  the  Slaney  run  with  white  cow's  milk 4.  Or  we 
find  ashes  instead  of  the  milk  s.  Or  the  three  cows,  the  Erca  Iuchnai, 
were  carried  off  by  Cû-righ,  with  their  «  Calf  »,  or   by  another  con- 


1.  Nicolson  588. 

2.  Inedited  taie. 

3.  Book  of  Leinster  169  b.  Keating. 

4.  Kennedy  L.  F.  304-307. 
j.  Ibid. 


254  Early  Celtic  Histor)  and  Mythology. 

ception  the  a  cauldron  »  for  their  milk.  The  milk  was  spilled  into  the 
White  Stream  Findglaise  by  Blâthnait  to  betray  Cii-righ;  or  the  taie 
was  connected  with  White  Cow  river,  the  Bôind  '.  Ail  thèse  are  myths 
of  the  Milky  Way.  The  «  cows  »  are  those  of  the  Wain,  and  the  Calf  or 
Cauldron  is  the  little  star,  Alcor.  Sometimes  the  four  stars  a  p  y  3  are 
regarded  as  forming  a  saucepan,  well,  the  bowl  of  a  ladle,  etc.  —  as 
\ve  shall  see  below.  In  the  Iroquois  conception  the  small  star  is  a  pot  in 
which  the  hunters  mean  to  cook  the  Bear  2.  Compare  the  cauldron  or 
keeve  under  which  Cendrillon  or  Bearskin  hides. 

We  believe  that  the  river  character  of  Adonis,  Marsyas,  and  Achilleus 
is  a  trait  derived  from  the  Milky  or  Mealy  Way.  Saint  Martin  they  say 
in  Limerick  was  ground  in  a  mill  in  another  account  was  eut  up 
and  eaten  in  the  form  of  an  ox,  like  Dionysus  .  •<  Tommy  >■  =  Thum- 
bling  is  Bread  ;  and  this  little  hero  is  a  buried  beneath  two  marble 
stones  5  «  ;  or  giants  threaten  to  »  grind  his  bones  »  to  rnake  their  bread. 
So  it  is  sung  of  Sir  John  Barlevcorn, 

They  wasted  oer  a  scorching  flame 

The  marrow  of  his  bones, 
But  a  milier  used  him  worst  of  ail, 

For  he  crushed  him  tween  two  stones 4 

This  hero  we  shall  meet  in  female  form  as  Caor-na-hEdrna  barleycorn  , 
Grâinne  grain  ,  Etan  ith,  \V.yd,corn  — Celtic  analogues  of  Persephone. 
Adonis  or  Thammuz  ground,  as  a  grain  god,  into  meal,  is  thrown 
into  a  river.  Adonis  was.  we  haveseen,  identified  with  the  Thumbling 
star  in  Ursa  Major  =  Char  Saint  Martin  ,  and  we  find  Thumbling 
associated  with  the  Milky  Way  in  other  legends.  There  is  at  least  good 
reason  to  t'nink  that  we  must  see  a  myth  of  the  Milky  Way  in  the  mar- 
king  of  the  path  by  Petit  Poucet  with  «  petits  cailloux  blancs  »,  or 
crumbs  of  bread  which  the  birds  pick  up  ;  and  the  throwing  of  ashes 
in  Mr.  Theal's  Kaffir  story  of  The  Bird  that  Made  Milk  s.  The  runaway 
children  and  pursuing  cannibal  in  the  same  collection  are  Day  and 
Night,  with  the  devouring  Cronus-like  monster  in  pursuit  ;  we  shall 
meet  them  again  as  Diarmaid  and  Grâinne  ;  and   in  an  inedited  Irish 


i .  Senchus  Mor  I  64,  66. 

2.   Lafitau  Mœurs  des  Sauvages  Amèriquains  11  238. 

5.  «  Or  grinded  grain  betwixt  two  marbles  turn  ».  Dryden  Georg.  I  267. 

4.  Burns.  The  analog>  with  the  Adonis-Tammuz  myth  has  been  remarked  by  Professor 
Liebrecht,  Zur  Volkskunde  259. 

5.  Theal  Kaffir  Folk-Lore  (London  1882).  The  Saturday  Review,  seemingly  much 
puzzled  by  thèse  taies,  asks  «  Can  Mr.  Theal  not  ascertain  whether  there  has  been  any 
direct  borrowing  from  taies  imported  by  Scotch  résidents  »  (10  June  1882). 


Early  Celtic  History  and  Mytholv.  255 

taie  we  hâve  the  same  subject,  only  that  the  monster  as  in  many  time 
myths  is  a  serpent,  ollphiast.  Two  other  myths  may  be  named  hère, 
one  at  least  of  which  we  would  refer  to  the  Milky  Way.  Medea,  as 
shefied  with  Jason,  tore  up  the  body  of  her  brother  Absyrtus,  and  scat- 
tered  the  limbs  behind  her  to  stop  her  father's  pursuit.  The  hero  was 
turned  into  the  river  Absyrtus.  When  Tom  Hickathrift  Thumbling 
was  set  upon  by  one-and-twenty  ruffians  in  armour  he  also  hacked  and 
hewed  to  such  purpose  that  the  ground  was  strewed  with  the  severed 
limbs. 

The  Milky  Way  again  must  be  the  constant  in  the  legend  of  the 
milkmaid  Odras  the  pale  or  white  ,  daughter  of  Whitestern  Odor- 
natâ"n   son  of  Ashes   Luadre  ,  whom  the  Môrrigan  turned  into  astream. 

Odras  unde nominatur  ?  Ninsa.  Odras  ingen  Odornatanmaic  Luadre,  isi  ba 
bligliôir  do  Buichet  bûi  in  coire  féile.  Ar  ni  tucad  a  chori  do  thenid,  ocus  ni 
bui  aidche  an  féoil.  Ocus  ise  ro  ait  Eithni  Thaebfota  ingin  Cathair  Mâ'tr. 
Luid  dan  in  Môrrigan  a  Cruachain  co  tue  tarb  Liathmuine  lea  corodart  boin 
dia  bûaib  A.  Slemuin  a  hainm.  Taraill  lea  Fraech  a  Oireinn.  Ro  gelt  and. 
Unde  Druitn  Fraech  Slcmna.  Luid  Odras  ocus  a  gilla  lea  in  diaid  na  bô  .i. 
Gada  a  ainm.  Co  toracht  in  gilla  i  Cuil  Gada  ocus  luid  Odras  do  shaigid 
Side  Cruachan.  Do  fuit  cotlud  fuirri  in  Daire  Thalguda  ocus  tic  in  Môrrigan 
chucu,  ocus  do  cechain  brichtu  furri.  Conderna  lind  usci  di  Odrais.  Isi  ind 
aband  sin  fri  Sliab  Bodbgnai  aniar.  Unde  Odras. 

Odras,  whence  is  it  named  ?  Not  difficult.  Odras  daughter  of  Odar- 
natan  son  of  Luaithre,  'tis  she  was  milkmaid  to  Buichet,  who  was  the 
a  Cauldron  of  Hospitality  »,  for  his  cauldron  used  not  to  be  taken  off 
the  fire,  and  there  was  never  a  night  without  méat  in  it.  And  it  is  he 
that  brought  up  Eithne  Longside,  daughter  of  Cathâir  Môr.  The  Môr- 
rigan went  then  from  Cruachan  and  took  the  bull  Liathmuine  with  her, 
and  he  consorted  with  a  cow  of  her  Odras's  cows,  Slemuin  her  name. 
Fraech  met  with  her  the  cow  in  Oirenn.  She  grazed  there.  Whence 
«  Druim  Fraech  Slemna.  »  Odras  went  after  the  cow,  and  her  herdboy 
with  her,  Gada  fur  his  name.  The  boy  came  as  far  as  Cuil  Gada  and 
Odras  went  towards  Sîd  Cruachain.  Sleep  fell  upon  her  in  Daire  Thal- 
guda, and  the  Môrrigan  cornes  to  her  and  chanted  spells  upon  her,  so 
that  she  made  a  stream  of  water  of  Odras.  She  is  that  river  to  the 
eastward  of  Sliabh  Bodbgnai.  Whence  Odras   BL.  168  a  . 

If  we  turn  to  Irish  hagiological  legend,  the  old  tradition  :  of  Saint 
Patrick  and  his  companions  transformed  into  eight  deer,  Benen  being 

1.  Tripartite  Life  pt.  I. 


256  Early  Celtic  Historv  and  Mytliology. 

the  fawn  (=  Oisin  is  only  another  form  of  the  Seven  Sleepers  and 
their  Dog;  the  Seven  Heroes  of  the  Fian  and  Conân  enchanted;  the 
Seven  Harpers  sleeping  in  Loch-na-Cruitearadh  '.  It  is  the  taie  of  Trian 
and  his  chariot  borne  into  Loch  Tréna  2,  and  the  impious  ploughman 
who  insulted  Saint  Martin  thrown,  with  his  team  of  six,  into  Tobar-na- 
Seisrighe  —  anold  star  taie  attracted  into  the  tradition  of  the  saints'  lives. 

VI 

The  traditions  of  Wales  again  wear  an  astronomical  character,  and 

hâve  Irish  parallels.  The  story  of  the  Seven  Bishops  or  Seven  Saints, 

localized  in  many  places,  is  a  taie  of  the  Seven  Stars.  Maelgwn,  Modred 

madradh,  a   dog  ,  Conân   Maol,  the  Madra  Maol,  and  perhaps  Conn 

and  Labrad,  must  in  myth   be  one  figure. 

Mr.  Rhys  will  not  décide  whether  the  a  great  mythical  hero  to  whom 
»  they  hâve  given  the  name  of  Arthur  »  pp.  cit.  231),  «  was  from  the 
»  first  a  purely  imaginary  character...,  or  had  some  foundation  in  the 
»  facts  of  a  long-forgotten  history  ».  Now  1.  the  type  of  Arthur  is  not 
very  obscure.  Hebelongs,  in  the  chief  legend  associated  with  his  name, 
to  the  family  of  naturegods  or  giants,  as  Odin,  asleep  or  enchained  for 
a  time.  Hence,  when  the  bonds  of  winter  relax,  the  flos  regum  will 
corne  back,  as  many  other  such  heroes  are  to  appear  again  at  the  last  : 
«  Iuxta  Merlini  vaticinium  Arcturus  dubium  habet  exitum,  quia  utrum 
»  vivat  aut  mortuus  fuerit,  nemini  certum  est.  »  When  Nature  reâ- 
wakens  in  the  spring 

Arthur  0'  Bower  has  broken  his  bands 
And  he's  corne  roarin' ower  the  lands; 

and  \ve  hâve  Arthur's  Chase,  Odin's  Hunt,  the  Dionysiac  march  of  retur- 
ning  summer  and  its  train.  Such  at  least  is  one  explanation.2.  Arthur's 
attributes  seem  to  be  mostly  stellar.  «  Arthur's  Chair  »  or  «  Seat  »  is  to 
be  compared  with  the  numerous  Irish  hill-tops  called  Suidhe-Finn,  the 
Welsh  summits  associated  with  Gwyn  ap  Nudd,  or  that  which  bears  the 
name  of  the  giant  stargazer  Idris  î  ;  with  Oisîn's  Seat  in  Tipperary,  and 
the  stone  chairs  where,  as  in  several  other  cases,  Saint  Patrick  alter- 
nâtes with  Find  or  Oisin  4.   «  Arthur's  Table  »  iBwrdd  Artur,  a  great 


1.  Colgan  Actt.  SS.  S.  Ciaran  (p.  460). 

2.  Trip.  Life  pt.  III. 

3.  Cf.  Suidhe  Odhrain.  But  the  Welsh  name  may  not  be  old. 

4.  OHanlon  /.  Saints  17  March.  The   suspension   of  tins   work  is   greatly  to  be  re- 
gretted.  We  trust  it  is  only  temporary. 


Early  Celtic  History  and  Mythologx.  257 

tlat-topped  rock  in  Rechvharf  Bay,  and  the  moat  with  the  same  name 
which  we  remember  to  hâve  seen  near  Eamont  Bridge,  recal  the  Bôrd- 
on-Fluan,  a  white  conspicuous  rock  whereat  Fionn  and  his  giants  held 
carouse  on  the  hill  of  Cathair-Conrigh  Curigh's  stone  fort  in  Kerry. 
Now  Cû-righ  and  his  Bull  seem  to  be  nothing  but  Orion  or  part  of  that 
constellation  and  Taurus;  and  Cathaîr-Conrigh  is  of  the  same  classwith 
such  Welsh  names  for  constellations  as  Caer  Gwydion  the  Milky  Way), 
Llys  Don  (Cassiopeia),  Llys  Cynvdyn.  Cf.  the  Manx  Blww-Ghorree  1  Milky 
Way.  Cregeen  s.  v.  bhow)  =  «  Cû-righ's  Bow  »  ?  «  Arthur's  Oven  », 
which  we  also  find  localized,  recals  the  Fulacht-na-Môrrigna  ;  the  kit— 
chen  of  King  Cormac  Longarm  on  Temair;  the  Dagda  and  his  two  as- 
sistants cooking  in  the  Bruden-Dd-Derga.  We  hear  of  a  Polynesian 
death-goddess  cooking  the  dead  in  the  other  world.  We  suspect  that 
certain  Irish  oral  taies  of  our  own,  as  of  a  little  naked  man,  or  man- 
ass,  baking  a  cake  on  a  hilltop  by  the  heat  of  the  sun,  and  a  ma- 
gician  watching  a  joint  of  méat,  contain  conceptions  older  than  much 
which  the  bardic  genealogist  committed  to  vellum  in  tracts  like  that 
just  referred  to.  «  Arthur's  Lyre  »  iTelyn  A.)  is  Lyra.  His  mantle  of 
invisibility  is  the  cloak  of  Hermès,  Hôdeken,  Odin  etc.  «  Arthur's 
Dagger  »  may  again  be  stellar  ;the  Belt  ?  .  Hermès  sometimes  wears 
a  dagger.  Arthur  has  a  treacherous  wife,  whom  we  would  equate 
with  Findabair  («  bright-brow  »,  Croweï,  Medb's  daughter,  and 
Froech's  love,  a  figure  answering  to  Ariadne,  Blâthnait,  Helen  etc. 
and  recurring  in  a  string  of  stories  where  the  husband,  or  captor,  is 
a  winter  giant  or  ogre,  as  the  Crochaire  Césta,  whose  unwelcome 
return  was  always  foretokened  by  three  showers  of  hail.  There  are 
three  Gwenhwyfars,  as  three  Brigits,  three  Ferguses,  etc.  ;.  Arthur's 
name  suggests  Ir.  art  (a  bear  ,  Arctarus  and  Ursa  Major  :  and  we  submit 
whether  his  son  «  Urien  »,  oneofthe  Three  White  Lords  [al.  oneof  the 
«  Three  Blessed  Rings  »)  of  the  Island  of  Britain,  with  his  magie  staff,  the 
ffon  vraith  ' ,  —  or  his  three  ravens, — is  not  Orion  with  his  mace  or  sword  ; 
Llew,  another  son,  or  Lleon  Gawr  Iolo  MSS.  36,412»  —  «  in  whoseï 
timeascorchingheat  occurred  »  and  who  burned  upthe  herbage  of  the  Isle 
of  Britain  Tr.  xxiv>  —  the  sign  Léo,  associated  in  Greek  myths  with  the 
ardours  of  summer;  and  «  Arianrhod  »,  which  Mr.  Rhys  regards  as  a 
non  -  Celtic  name  and  attemps  to  connect  with  Mog  Roith  etc.    IV.  Phi- 


I.  Cf.  the  ffon  wen  (supra).  That  Urien  is  a  clas:ical  name  is  again  rendered  probable 
by  its  occurrence  in  the  legend  of  Melucina,  whose  name  must  be  Latin  (Mater  Lucina?). 
Urian  in  modem  German  tradition  is  the  Devil  ;  and  it  is  at  least  a  coïncidence  that 
Heywood,  in  his  Merlin,  says  that  Orion  was  idemified  with  Lucifer  (c.  xxv). 

Rev.  Celt.   VI  17 


258  Early  Ccltic  Hisiory  and  Mythology. 

lology2  4261,  Ariadne's  round  or  Crown,  a  well-known  name  for  that 
constellation  (again  the  Corona  Borealisi  which  Arianrhod  désignâtes. 
There  were  various  legends  about  it  iCreuzer2,  4,  1 1 3-1 14]  ;  and  it  is 
the  possible  original  of  the  Irish  Bârr-Bruinn,  the  splendours  of  which 
irradiated  Cruachân  cave  or  the  well  therein  ^OCurry  M.  and  C.  III 
199-202  .  In  the  same  way,  if  space  allowed  it,  \ve  could,  we  think, 
show  a  plausible  case  for  the  view  that  when  Taliesin  said  his  «  original 
0  country  is  the  région  of  the  summer  stars  »  he  was  more  explicit 
and  literal  than  the  Welsh  bards  usually  are,  and  that  we  hâve  simply 
star  allusions  in  the  références  to  Lucifer;  to  Gwyn's  or  Taliesin's 
knowledge  of  «  the  names  of  the  stars  from  north  to  south  »  ;  «  the 
»  Galaxy  «  ;  «  the  Court  of  Don  »  (Cassiopeia!  ;  to  the  birth  of  «  my 
»  Lord  in  the  manger  of  the  ass  »  iover  which  the  star  stopped]  ; 
to  «  Lleon  »  ILeo?);  «  it  is  not  known  whether  my  body  is  flesh  or 
fish  »  (cf.  theFish-Man,  Fintân)  [Mabïnogion  482-484.  Stephens  L.  C. 
185-187)  '.  This  last  amphibious  conception  must  again  relate  to  light- 
darkness,  day-night.  To  what  we  hâve  said  above  on  this  point  we  will 
hère  only  add  another  illustration.  An  unpublished  Irish  local  legend 
represents  the  dragon  of  Scattery  lreland  —  a  serpent  with  his  tail 
in  his  mouth,  which  encircled  the  whole  isle  of  Inis-Cathaigh  when 
Senân  and  his  monks  went  thither  —  as  feeding  after  his  banishment  on 
a  trout  and  a  half-trout  everyday.  Although  such  legends  sometimes  are 
told  to  account  for  curious  facts  in  nature  [e.  g.  the  Russian  taie  of  the 
half-eaten  sole.  Ralston  330)  yet  hère  comparison  suggests  that  the  dra- 
gon is  time  {saeculum)  ;  and  as  the  golden  apples,  maids,  cows  of  the  Sun, 
the  gentlewomen  killed  by  Bluebeard,  by  the  Drakos,  or  the  Crochaire 
Césta,  are  ail  the  days,  so  the  trout  and  half-trout,  the  dragon's  daily 
meal,  should  be  a  rude  conception  of  a  day  and  a  night,  just  as  the 
Polynesians  explain  their  fishgod  Vatea  to  be  Day,  noon  -  day. 

In  the  following  section  of  this  essay  we  will  consider  the  Celtic 
myths,  Gallic,  Irish,  and  Welsh,  of  the  worm  or  dragon.  The  most  im- 
portant is  perhaps  that  Crom  Dubh,  Crom  Cruach,  Cenn  Cruaich,  who 
is  stated  in  the  old  Lives  of  Saint  Patrick  and  in  modem  Irish  tradition 
to  hâve  been  worshipped  by  the  pagan  Irish  as  a  god.  M.  A.  de  J. 
explains  Crom  Cruach  as  «  Courbe  sanglante  »  and  «  Croissant  ensan- 
»  glanté  »    1107,  386)  ;  OCurry  as  «  Bloody  Maggot.  »  Our  own  evi- 


1 .  Cf.  further,  in  this  curious  pièce,  the  triplications,  the  three  springs  in  the  neck  of 
the  strange  beast  with  the  heavy  paws,  and  Moses's  three  rods  from  Jordan's  water  (492), 
fancies  of  which  Oiion's  Belt  may  be  the  base. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  259 

dence,  collected  in  our  latest  studies,  \\\\\  suggest  that  OCurry  was  in 
the  main  right.  Crom  \ve  understand  as  <<  the  Worm  ».  Crom  Cruach  is 
■  Crom  of  ricks  »  ;  Cenn  Cruaich  is  not  ■<  la  Tête  sanglante  »  but 
«  Head  of  the  rick  »  the  Kynn-Crog  of  the  Mabinogion  229  .  Crom 
was  apparently  honoured  at  Patrick's  Rick  Cruach  Phâtraic  ;  and 
CruachAn  Chroim  Crom's  little  rick  ,  an  unidentified  mountain,  is  perhaps 
the  same.  Cf.  Pryf  Du  Mabin.  106  ,  and  Crom  na  Cairge  Tr.  Oss.  Soc. 
VI  116  . 


N  DEX 


Ali  Baba  taie  218,  220  Day-Night  —  twins  of  Ro-  Ogmius-Ogma-Mac  Oc  21 1 

Apollo  Maponos  =  MacOc  194      man  shewolf  224  Pénélope  =  spinning  sow  224 

Arcas-Pan-Oisin  221,  249        —      —     =  twins  of  she-  Pendragon-Cruimchend  243 
Arthur  256-258  wolf  Leto  224  Pied  Piper  230  =  Circe  Ma. 

Arianrhod  =  Ariadne's  Crown   —      —     =  Diarmaid  and  Plough,  ride  on  223 

258  Grainne  228  Proxnmi  =  Daine  Sidhe  194 

Argo  =  Ursa  Major  147         ElbowofMaui  Drion'sBelt  207  Raven  gods  212 
Ashypet    —  Ashenclas    239,  EH,  Lady's  (the  Be'.t)  199        Righ  Mna  Nuadat  207 

250  Etan-Idun  254  Riddle  of  Sphmx  207 

Barbe-Bleue  227  Gwenhwyfar=Findabair  257      —    of  Virgil  207 

BloodyTom,  B.  Jack  218        Grainne —  Persephone  243     Rhymes2i4,  216,  220,  226, 
Cat,    Booted    249    Whitting  Hand,  Orion's  Belt  206  image      228,256 

ton's  247  of  week  207,  217,  232.  U.  Schwarze  Frau  219 

Cendrillon  241  sqq.  Major  207  Seven  Sleepers  227 

Ceridwen  226  Hatt0230  —     Saints  256 

Circe  —  Swineface  —  Black  Hecate's  Meal  239  Shoe  myths  246  sqq. 

Pig.  217  Helena  211,  248  Sisyphus  221,  253 

Comedovi  194  Hickatrift-True  Thomas  211  Sphinx-Chimaera  204.  207 

Cow  resusciiated  24s  Hodeken-Telespho.us  211        Staffan,  Stevanu  213. 221,228 

Cu-righ  and  his  bull  245         Horse,  W'ooden  216,239        Swine,  flying  239 
Cu-Chulaind  245  Hunchback  and  Fairies  220    Tarvos  Trigaranus  204 

Cleric    in    goatskin   =    Pan  lason  228  Thumbling  213  sqq. 

211,233  Indra  211,  216  Thiefof  Black  Cap  21 1 

Crom  Dubh  213,  259  Jewel  of  Mo'.och,  of  dragon  Tuatha  De  Danann  202 

Cronus-Gargantua  209  sqq.         etc.  226,  24;.  Triplicate  symbols.  shamrock 

Chequers  =  days  and  nights  Knee  wounded  215  etc.  206-207 

218  Labrad-Lycaon  230,  248         Truie  qui  file  225 

Centaur  241,  253  Lug  =  vitulus  208  Urien  =  Orion?  257 

Cyclops  — Trimmatos  -  Balor    —   =  Loki  ':   -  Velint  =  Uilinn  ?  245 

203  Luprachan  247  Wandering  Jew  222 

Dactyles  =  stars  or  days  206  Mac  Oc-M.  Beg-Maui  21 1        White  gods  232 
Dagda  205,  208  Maines,  Seven  =  week  231      —    Merchant  222-223 

Days  =  Sun's  oxen,  Manan-  Milky  Way  253  —     Lady  219 

dan's  swine,  white  women  Odysseus  221  sqq.  —    Alban  sow  225 

etc.  204,  207,  216-232       Oedipus-Oengus 223, 228,249  Wren  222 


David  Fitzgerald. 


MÉLANGES. 


NOTE  SUR  LE  NOM  DE  LA  VILLE  D'EVAUX 

M.  Mowat  reproduisant  dans  le  Bulletin  monumental  '  l'inscription  de 
la  patère  d'Evaux  (Creuse ',  d'après  la  lecture  de  M.  Florian  Vallentin  2 

VIMPVRO-   F1RMI 
LIB  IVAV 

V-  S-   L-   M 

fait  remarquer  que  ce  nom  d'IVAV  «  rappelle  immédiatement  le  nom 
d'une  ancienne  ville  du  Norique,  aujourd'hui  Salzburg,  qui  se  présente 
dans  les  textes  sous  les  diverses  formes  ablatives  plus  ou  moins  con- 
tractées, IVAO  ',  IVAVO  4,  IVVAO  s,  et  dont  la  forme  la  plus  complète 
est  IVVAVO  6.  » 

Puis,  passant  à  la  forme  moderne  du  nom  d'Evaux,  il  ajoute,  «  comme 
conséquence  de  cette  particularité  intéressante  (l'identité  du  nom  antique 
de  Salzburg  et  d'Evaux  i,  la  dénomination  Euaunensis  vicus  [et  non  pagus, 
comme  il  le  dit  à  la  suite  de  M.  Vallentin)  donnée  au  territoire  d'Evaux 
par  des  manuscrits  de  Grégoire  de  Tours  paraît  devoir  être  corrigée  en 
Euauuensis,  conformément  à  l'orthographe  de  l'ethnique  Iuuauuenses, 
soit  IVVAVENSES,  qui  se  lit  dans  une  inscription  du  Norique  7.  C'est, 


i.  Tome  XLVIII,  p.  262,  1882. 

2.  Bull,  épigr.,  tome  Ier,  p.  40  et  129,  1881.  M.  Bosvieux  avait  donné  en  1854  cette 
lecture  de  M.  Mérimée  :  VIMEVRO.  KIR  MI,  etc.,  Bull.  Soc.  arch.  du  Limousin,  tome  Vj 
p.  261,  et  M.  Killioux,  VIM(ius)  CVRO  ou  PVRO,  etc.,  Mém.  Soc.  arch.  de  la  Creuse, 
t.  IV,  p.  204,  1873.  Ces  détails  bibliographiques  sont  à  ajouter  à  ceux  donnés  par 
M.  Vallentin. 

3.  C.  /.  L.,  III,  4461. 

4.  Table  Peuting. 

5.  C.  I.  L.,  III,  5746. 

6.  lbid.,  5  s  66. 

7.  C.  /.  L.,  III,  5589. 


Mélanges.  2O1 

du  reste,  poursuit-il,  «  ce  qui  est  confirmé  par  les  règles  de  la  formation 
française  des  noms  de  lieux  ;  Evaux  ne  peut  provenir  d'un  prétendu 
Evaunum,  parce  que  ce  dernier  aurait  produit  Evon,  comme  Orolaunam 
Arlon,  comme  Catalaunis  Châlons.  comme  lcauna  Yonne. 

M.  A.  Longnon,  de  son  côté,  dans  sa  Géographie  de  la  Gaule  au 
vi°  siècle  '.  dit  qu'  <<  on  peut  s'étonner  que  le  nom  moderne  d'Evaunum 
ne  soit  pas  Evon  plutôt  qu'Evaux. 

Grégoire  de  Tours  n'est  pas  le  seul  auteur  qui  donne  le  mot  Evaunum. 
Ce  nom  se  lit  sur  une  monnaie  mérovingienne  que  les  numismatistes 
s'accordent  à  attribuer  à  Evaux  -.  Dans  l'acte  de  donation  de  Chamelle  à 
Evaux,  en  936,  nous  trouvons  Evaunensis  cœnobii>  ;  dans  une  autre  charte 
de  donation  de  Boson,  abbé  laïque  de  Moutier-Rozeille  et  d'Evaux,  de 
945 ,  monasteriorum  Rosulensiset  Evanensis  4  ;  au  xie  siècle,  /Ecclesia  Aevau- 
nensis  et  Umbertus  Lafola  Evauni  s  ;  en  1 1 20-1 1 36,  Humberîus  prepositus 
Ewaunensis  ecclesie  6  ;  en  1174,  Bernardus  prepositus  Evaunensis  et  ca- 
nonicorum  Evaunensium~\  en  1 179,  canonicus evaunensis 8  ;en  1 198,  Hugo 
de  Walle  prepositus  evaunensis*  ;  même  année,  prepositum  evaunensem  I0. 
Puis,  dans  des  chartes  de  1 197,  1 198,  1 199  du  Cartulaire  de  Eonlieu, 
sextarios  vaunenses  ". 

A  dater  du  xme  siècle,  le  nom  change  dans  ce  cartulaire  comme  dans 
les  autres  documents  :  1 202,  ad mensuram  evaonensem'2;  1 204, Stephanus 
prepositus  evaonensis'i;  1209,  Nicolaus  prepositus  evahonensisXJ>;  12  mai 
1224,  Joannes  evaonensis  ecclesie  prepositus  :  $  ;  1 267,  apud  Evahonium  i6  ; 


1.  Longnon,  p.  466. 

2.  A.  de  Barthélémy,  Liste  des  noms  d'hommes  gravés  sur  les  monnaies  de  l'ép.  mer  ., 
Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes,  1881,  p.  295. 

3.  Charte  orig.  aux  archives  du  Puy-de-Dôme.  Le  Gallia  christiana  nova,  tome  11, 
Instrum.,  col.  6,  à  tort  de  corriger  evwnensis  en  evahonensis.  Je  dois  à  l'obligeance  de 
M.  G.  Rouchon,  archiviste  de  ce  département,  un  fac-similé  de  cette  charte  qui  ne  laisse 
aucun  doute  sur  la  véritable  lecture. 

4.  Baluze,  Hist.  Tutel.,  col.  368.  Il  y  a  certainement  une  faute  de  copiste  pour  le 
nom  d'Evaux  comme  pour  celui  de  Moutier-Rozeille.  On  doit  lire  Rosolensis  et  Evau- 
nensis dans  l'original. 

5.  Chazaud,  Etude  sur  la  Chron.  des  Sires  de  Bourbon,  preuves,  p.  xxxu. 

6.  Chazaud,  Fragm.  du  Catt.  de  la  Chapelle.  Aude,  p.  90. 

7.  Cart.  de  Bonlieu,  Bibl.  nat..  tome  135  des  Cartulaires,  fol.  87. 

8.  Ibid.,  fol.   157. 

9.  Ibid.,  fol.  71. 

10.  Lettre  de  Gui  comte  d'Auvergne,  à  Innocent  III,  Gall.  Ghrist.,  t.  II,  Instrum., 
col.  274. 

11.  Cart.  de  Bonlieu,  fol.  187. 

12.  ibid.,  fol.  176. 

13.  Archives  de  la  Creuse,  fonds  de  Bonlieu.  carton  VII,  orig.  parch. 

14.  Testament  de  Guillaume  comte  d'Auvergne,  Gall.  Christ.,  t.  II,  Instr  ,  col.  200. 

15.  Généal.  de  la  Rocheaymon,  suite  à  VHist.  des  grands  Off.  de  la  couronne  (par 
l'abbé  Jacques  d'Estrées  ,  page  39    A  la  page  206,  la  même  pièce  porte  la  date  1225. 

16.  Olim.,  t.  Ier,  part.  II,  p.  685. 


262  Mélanges. 

mêmeannée, prepositus  monasterii  Evahonensis  '  ;  1 276,  prepositus  monasierii 
Evahonensis2  ;  27  juillet  1285,  abbatiam  evahonenstm  >  ;  1352,  Ludovicus 
de  Tineria  prepositus  ecclesie  evahonensis,  ubi  Evahonium 4  ;  1385,  Eu- 
vahons.  Le  papier  et  Registre  des  enfans  baptizés  en  l'église  Notre- 
Dame  de  Envahô...,  1 546-161 3,  donne  comme  on  le  voit  Envahon6. 
Les  registres  suivants  conservent  ce  nom  d'Evahon  jusqu'en  1655,  où  le 
mot  Evaux  parait  pour  la  première  fois.  En  1657,  Evaux  alterne  avec 
Evahon.  En  1658,  le  premier  devient  dominant.  Le  registre  commençant 
en  1671  porte  en  tête  le  mot  Evaux,  qui  se  continue  jusqu'à  nos  jours. 
Les  terriers  de  1723  à  1726  que  j'ai  pu  consulter  écrivent  constamment 
Evaux.  Le  relevé  des  pièces  contenues  dans  les  30  layettes  du  Chartrier 
du  monastère,  commencé  en  1723,  ne  donne  qu'une  fois  le  mot  Evahon, 
partout  ailleurs  il  écrit  Evaux. 

Le  grand  nombre  de  textes  antérieurs  au  xme  siècle  que  je  viens  de 
citer,  et  qu'il  aurait  été  facile  d'augmenter,  montre  que  le  nom  primitif 
de  la  ville  d'Evaux  était  bien  Evaunum.  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  corriger 
ce  mot  ainsi  que  le  propose  M.  Mowat,  mais  seulement  de  rechercher 
comment  le  mot  Evaunum  a  donné  Evaux  en  français. 

En  provençal,  la  diphtongue  au  se  conserve  telle  qu'elle  est  en  latin  ; 
voilà  la  règle.  Et  d'après  le  témoignage  des  anciens  textes  et  du  patois 
actuel,  cette  diphtongaison  de  au  se  produit  jusqu'en  Limousin,  dans  la 
Marche  et  le  nord  de  l'Auvergne,  etc.  Evaux  appartient  à  cette  région 
nord  de  la  langue  provençale,  son  nom  actuel  venant  d'Ivaunum  ou 
Evaunum  n'a  donc  rien  que  de  très  régulier.  Les  noms  cités  par  M .  Mowat 
iqui  tous  appartiennent  à  la  région  du  Nord  et  ont  remplacé  au  par  0  ont 
dû  d'abord  être  orthographiés  par  0  :  ainsi  Orolaunum,  Orolônum, 
Arlon,  etc.  Cette  substitution  de  Vo  à  la  place  de  la  diphtongue  au  est 
fréquente  dans  certains  manuscrits  et  dans  quelques  inscriptions,  comme 
l'a  montré  M.  Schuchardt  dans  son  Traité  du  vocalisme  vulgaire  du  latin. 

La  substitution  d'un  E  à  l'I  de  la  première  syllabe  est  également  par- 
faitement régulière.  I  protonique  bref  donne  constamment  E  en  français. 
Le  1  d'IVAV  était  bref. 


1.  Ibid.,  t.  Ier,  part.  11,  p.  699. 

2.  lbid.,  t.  II,  p.  86. 

3.  Journal  de  voyage  de  Simon  de  Beaulieu,  arch.   de  Bourges,    Baluze,   Miscel., 
t.  IV,  p.  276. 

4.  Archives  du  Puy-de-Dôme  d'après  les  notes  de  M.  Bosvieux conservées  aux  archives 
de  la  Haute-Vienne. 

5.  Charte  de  confirmation  des  franchises  et  coutumes  de  la  ville  d'Evaux.  Duval,  Chart. 
comm.  du  dép.  de  la  Creuse,  p.  115. 

6.  Archives  comm.  d'Evaux. 


Mélanges.  265 

Le  x  final  de  la  graphique  actuelle,  qui  du  reste  semble  d'adjonction 
relativement  moderne,  me  paraît  être  le  produit  d'une  fausse  étymologie 
rapportant  ce  mot  à  la  forme  ablative  du  pluriel.  La  preuve  en  est  dans 
le  nom  d'un  village  des  environs  d'Evaux  :  Envaux,  in  vallibus',  où  le  x 
final  est  probablement  le  produit  de  la  terminaison  bus,  et  remplace  une 
s  qui  a  dû  se  trouver  là  dans  le  principe.  C'est  au  xvie  siècle  que  parait 
remonter  cette  forme  savante,  qui  se  manifeste  d'abord  dans  le  mot 
Envahon,  forme  qui,  dans  le  nom  actuel,  amenait  forcément  le  x  final. 

Quant  à  la  forme  Evaon,  ce  n'est  qu'une  forme  irrégulière  dont  je  n'ai 
pu  découvrir  la  trace  -. 

Les  textes  que  j'ai  cités  plus  haut  montrent  que  jusqu'au  commen- 
cement du  xme  siècle  le  nom  de  la  ville  d'Evaux  fut  Evaunum,  Evau, 
que  de  cette  époque  jusqu'au  milieu  du  xvir,  on  lui  substitua  celui  de 
Evaonum,  Evaon,  et  qu'enfin  depuis  1671  on  est  revenu  au  nom  antique 
Evau. 

Ces  changements  dans  la  forme  ou,  s'il  était  possible  d'ajouter  foi  aux 
singulières  affirmations  de  l'abbé  de  Longuerue  et  de  la  Martinière  >, 
dans  la  graphique  du  nom  d'Evaux,  coïncident  avec  des  faits  historiques 
qui  doivent  en  donner  la  solution. 

A  la  fin  du  xne  siècle,  vers  1 180  d'après  Baluze,  le  Combrailles  au- 
quel appartenait  Evaux  entra  dans  la  maison  d'Auvergne  par  le  mariage 
de  Pétronille  de  Chambon,  héritière  de  cette  seigneurie,  avec  un  comte 
de  cette  province  dont  elle  suivit  dès  lors  les  diverses  vicissitudes.  Ses 
charges  administratives  passèrent  presque  aussitôt  aux  mains  d'hommes 
étrangers  au  pays.  C'est  donc  dans  les  dialectes  parlés  dans  les  posses- 
sions des  nouveaux  seigneurs  d'Evaux  qu'il  faudrait  rechercher  la  cause 
de  l'altération  irrégulière  du  nom  de  cette  ville.  Malheureusement  l'ou- 
vrage qui  aurait  pu  me  guider  dans  cette  recherche  n'existe  pas  encore  4. 

Le  retourau  nom  primitif  s'explique  tout  naturellement.  Au  xvir  siècle, 


1.  Commune  de  Sannat,  village  situé  dans  la  vallée  de  la  Méouze,  affluent  de  droite 
de  la  Tardes. 

2.  Il  y  a  certainement  lieu  de  tenir  compte  dans  la  formation  du  nom  moderne 
d'Evaux  de  l'origine  celtique  de  ce  nom.  Le  n°  du  mois  d'août  1881  de  la  Revue  celtique 
(p.  118,  note  1)  contient  la  note  suivante  :  «  du  nom  du  Dieu  I  va  vos  (cf.  Lacavo  deo, 
Orelli,  2018]  vient  le  nom  local  Ivavor.o-n,  et  par  contraction  Ivaunon,  en  latin  Ivaunum, 
d'où  le  nom  moderne  Evaux.  »  Je  laisse  aux  celtisants  le  soin  d'éclaircir  cette  partie  de 
la  question. 

3.  Abbé  de  Longuerue,  Descrip.  hist.  et  géogr.  de  la  France,  1722,  p.  138  :  La  prin- 
cipale ville  du  pays  est  Evaon,  qu'on  prononce  communément  Evau.  La  Martinière,  Dict., 
1730:  Le  chef-lieu  du  Combrailles  fut  ensuite  Evaon,  qu'on  prononce  Evau  ou  Evaux. 
Ces  deux  auteurs  se  sont  certainement  appuyés  sur  un  renseignement  inexact.  A  l'époque 
où  ils  écrivaient,  la  forme  «  Evaux  »  était  h  seule  en  usage  dans  la  contrée. 

4.  Cf.  Thomas,  Rapport  sur  une  mission  philologique  dans  le  dép.  de  la  Creuse,  p.  10. 


264  Mélanges. 

une  bourgeoisie  puissante  s'était  formée  dans  cette  ville,  et  les  registres 
paroissiaux  nous  montrent  que  toute  l'administration  locale  était  entre 
ses  mains.  Avec  elle  reparaît  le  nom  antique  qui  était  resté  le  seul  en 
usage  parmi  les  autochthones,  et  bientôt  ce  nom  est  le  seul  qu'ils  ins- 
crivent dans  les  pièces  officielles. 

Comme  preuve  de  la  conservation  des  anciens  noms  de  lieux,  je  puis 
citer  ce  qui  se  passe  pour  le  chef-lieu  du  département  de  la  Creuse.  Jus- 
qu'au xvie  siècle,  les  actes  officiels  portent  Garactum  et  Caret.  A  cette 
époque  on  commence  à  écrire  Guéret.  Mais  le  mot  Caret  est  encore  le 
seul  que  connaissent  les  paysans  des  environs  et  celui  dont  se  servent 
entre  eux  les  artisans  de  cette  ville. 

Jean  de  Cessac. 


EXTRACTS   FROM   THE  FRANCISCAN   LIBER  HYMNORUM. 

This  beautiful  twelfth-century  manuscript,  formerly  in  St.  Isidore's, 
Rome,  and  now  in  the  Franciscan  monastery,  Merchants  Quay,  Dublin, 
has  been  well  described  by  prof.  Zimmer,  in  his  Keltische  Sîudien,  ss.  I. 
13-16.  He  omits,  however,  to  mention  that  the  poem  begmnlngAdmu- 
nemmar  noeb-Pairaic  published  from  the  Trinity  Collège  Liber  Hym- 
norum  in  Goidelica,  p.  132)  occurs  in  p.  38  of  the  Franciscan  codex 
and  that  in  p.  44  of  the  same  ms.  occur  the  verses  Epscoip  Sanctan  sancta 
sruthib,  etc.  Which  also  hâve  been  published  from  the  T. -C.  Liber  Hym- 
norum  in  Goidelica,  p.  148. 

Prof.  Zimmer  prints  two  of  the  préfaces  to  the  hymns  in  the  Fran- 
ciscan manuscript  ;  but  with  so  many  inaccuracies  as  to  render  it  dési- 
rable, in  the  interests  of  philology,  to  publish  thèse  préfaces  as  they 
really  stand  in  the  codex. 

Préface  to  Benedicite  opéra  omnia. 
Très  pucri  '  in  fornace  ignis  ardentis  hoc  canticum  fecerunt.  In  campo  vero 
Sennar  factus  est  et  in  campo  Diram  specialiter.  In  amseir  >  immorro  [ms. 
v°]  Nabcodonozor*  doronad.  Diasoerad  immorro  [ms.  v°]  arîhenids  doron- 
sat  hé6.  Arnarddairset  autem  indeilb  norda  doronai  Nabcodonozor 4  is  aire 
rorlaithca  '  in  fornacem.  Deus  tamen  ilîos  cantando  hoc  canticvm  de  fornace 
liberauit.  Annanias%,  Azarias,  Misael  ananmand  ebraide.  Sedrac,  Misac, 
Abdinago  ananmand  callacda. 

1.  persain,   Zimmer.   —  2.  Om.  Z.  —  3.  amser,  Z.  —  4.  Nabcodonocrous,  Z.   — 
).  arthened,  Z.  —  6.  he,  Z,  —  7.  roslaithea.  Z.  —  8.  Annamas,  Z. 


Mélanges.  265 

Translation  of  the  Irish. 

Now  in  the  time  of  Nebuchadnezzar  it  was  made.  Tosave  themselves 
from  fire  they  made  it.  For  that  they  adored  not  the  golden  image  which 
N.  made  therefore  were  they  cast  infornacem.  Deus  tamen,  etc.  Anna- 
nias,  etc.,  their  Hébreu  names.  Sedrac,  etc.,  their  Chaldee  names. 

The  most  interesting  form  hère  is  rorlaithea  for  ro-ro-ldithea,  the  y1 
pi.  prêt.  pass.  of  lâaim  with  the  verbal  prefix  doubled. 

Préface  to  Quicumque  vult. 

Senad  Nece  doronai  inniris  cathoilc.  Ocus  tri  epscoip  dib  namma  dorônai 
hi  '  ./.  Eusebius  et  Dionissius  et  nomen  tertii  nescimus.  Acht  atberar  co- 
nidhè  -  insenad  uile  doronai  arishé-  roserdarcaig  5.  In  Necea  vero  urbe  do- 
ronad.  Ocus  in  Bethinia  aia  incathirsin  .i.  cennadach  inAssia  bicc.  Ar  di- 
chor  eirse*  Airr  /mmorro  s  doronad,  arised**  rothucside  con;dmô  Pater 
quant  Filius  7  conidmô  Filius  quam  Spiritus  [sanctus].  Rothinolad  thrà*  in- 
senod  À.  oct  nepscoip  déc  artricétaib  ic  Constantin  co  Necea*  ocus  forem- 
thetar  aforudslegud  arasulbaire  corofuaslig  Dia.  Exiens9  enim  de  coitu  vt 
purgaret  uentrem  suum  ei  contigit  ut  omnia  uiscera  cum  stercore  foras  e[x]irent 
ut  Iudae  atque  Agitofel  contigit. 

Translation. 

The  synod  of  Nicea  made  the  Catholic  faith.  And  only  three  bishops 
of  them  made  it,  namely  Eusebius  and  Dionysius  and  the  name  of  the 
third  we  know  not.  But  it  is  said  that  the  whole  synod  made  it,  for 
this  made  it  conspicuous.  In  the  city  Nicea  it  was  made.  And  that  city 
stands  in  Bithynia,  that  is,  a  district  in  Asia  Minor.  Now  for  expelling 
Arius'  heresy  it  was  made,  for  he  deliAered  that  the  Father  is  greater 
than  the  Son  and  that  the  Son  is  greater  than  the  Holy  Ghost.  So  the 
synod  was  convened,  namely  318  bishops,  by  Constantine  unto  Nicea, 
and  they  were  unable  to  overcome  him  Arius  because  of  his  éloquence, 
until  God  overcame  him.  Exiens,  etc. 

The  last  three  words  of  the  creed  are  «  unus  est  Christus  »,  not 
«  unus  et  Christus  »,  as  Prof.  Zimmer  gives  them. 

Besides  thèse  préfaces,  Prof.  Zimmer  prints  in  his  Glossae  Hibernicae, 
p.  277  a  portion  of  a  note  on  the  left  margin  of  p.  36  of  the  same  ms. 
In  the  codex  this  portion  stands  as  follows  : 


1.  doronai  hi,  Z.  —  2.  -he,  Z.  —  3.  rosbdarchaig  (bd  zweifelhaft).  Z.  —  4.  eirr,  Z. 
—  5.  immurgu,  Z.  —  6.  arished,  Z.  —  7.  thra,  Z.  —  8.  Keceo,  Z.  —  9.  Exien,  Z. 


266  Mélanges. 

Maraid  '  slicht2  a  choss  beos  forsincloich.  Ocus  asbert  uictorfris1  «  ismi- 
ihigduit  »,  olse,  «  dul  darmuir  dofoglaim,  arisduit  rochind  Dia  coroptu  bas2 
forcetlaid  dolucht  nahindsesd  ?  iariain  »  ./.  a  niregsd  »,  ol  Patraïc,  acsi  di- 
ceret4...  co...  domino  meo  «  eirgsiu  »,  arintahgel,  «  7  s  iarfaig  do.  » 
Dochuaid  /ra  Parraic  ocus  roiarfaig  dô,  acht  ni  /ua/V  deonugud  acht  mado- 
£erad6  bruthi  oir  bad  cutrumma  riacend  dô.  Asbert  Patrak  fris  «  darmo- 
debroth,  istu[d]laing*  Did  sen  9  mad  ail  do  :  genus  iuramenti  sen  la  Patraïc 
acsi  diceret  darmo  Did  bratha.  Luid  Patra\c  forculu  coa  muccnd  isindithrub 
doridise  ocus  adfet  do  Victor  omnia  uerba  domini  soi.  Asbert  intdàgel  fris 
lensu  intorc  ut  ocus  tochelaid  ,0  bruth  '  '  noir  asintalmam  ocus  beirsiu  lat  é  12 
dotigernu.  Et  sic  fdctum  est. 

Translation. 

...  the  trace  of  his  the  angel  Victor'si  feet  remains  still  on  the  stone. 
And  Victor  said  to  him  »  It  is  time  for  thee  »,  saith  he,  «  togo  over  sea 
to  learn  ;  for  it  is  for  thee  that  God  hath  determined  that  thou  shalt  be 
teacher  of  the  folk  of  this  island.  »  «  I  will  not  go  »,  saith  Patrick,  as  if 
he  would  say  «  I  will  not  go  till  I  obtain  consent  from  my  master.  » 
«  Go  »,  saith  the  angel,  «  and  ask  him.  »  So  Patrick  went  and  asked 
him,  but  he  obtained  not  consent  unless  he  should  give  him  ithe  master 
a  mass  of  gold  equal  to  his  head.  Patrick  said  tohim  «  By  my  God's 
doom,  God  is  able  to  do  that  if  it  is  pleasing  to  Him.  »  That  was  a 
kind  of  oath  which  Patrick  had,  as  if  he  would  say  «  by  my  God  of 
doom  !  »  Patrick  went  back  again  to  his  swine  in  the  wilderness  and  re- 
lated  to  Victor  ail  his  master's  words.  Said  the  angel  to  him,  «  folio w 
yonder  boar,  and  he  will  dig  out  of  the  earth  a  mass  of  gold,  and  take 
thou  it  with  thee  to  thy  lord.  »  And  so  was  it  done. 

The  famous  oath  mo-de-broth  =  0.  W.  muin  duiu  braut,  Cormac  is 
always  rendered  as  if  de  =  W.  duiu  were  an  accusative  and  broth 
=.  W.  braut)  a  genitive.  The  converse  is  the  case. 

Whitley  Stores. 

October,  1883. 


1.  marais,  Z.  —  2.  slict,  Z.  —  1.  fri  patraicc,  Z.  —  2.  ...,  Z.  —  3.  herendse,  Z. 
—  4.  d...I,  7.  —  5.  Cm.  Z.  —  6.  -adh,  Z.  —  7.  ruth,  Z.  —  8,  tualang,  Z.  —  9.  dia- 
sen,  Z.  —  10.  dochelaid,  Z.  —  11.  ba  rr",  Z.  —  12.  late,  Z. 


Mélanges.  267 


MYTHOLOGICAL    NOTES 


XIII.   —  MAGONIA. 


In  the  ninth  century  Agobard,  bishop  of  Lyons,  wrote  as  follows  : 

Plerosque  autem  vidimus  et  audivimus  tanta  dementia  obruîos,  tanta 
stultitia  alienatos,  ut  credant  et  dicant,  quandam  esse  regionem  quae  di- 
citur  Magonia,  ex  qua  naves  veniant  in  nubibus,  in  quibus  fruges  quae 
grandinibus  decidunt  et  tempestatibus  pereunt,  vehantur  in  eandem  re- 
gionem, ipsis  videlicet  nautis  aëreis  dantibus  pretia  tempestariis  [the 
weathermakers  whose  spells  hâve  called  the  airship],  et  accipientibus 
frumenta  vel  ceteras  fruges. 

Jacob  Grimm,  Deutsche  Mythologie2,  p.  605,  asks  :  a  Welches  mythische 
land  steckt  aber  in  Magonia?  »  and  suggests  a  connection  with  the  Latin 
magus,  a  loan  from  pocyoç  and  this,  again,  from  the  Old  Persian.  One 
must  be  modest  in  attempting  to  ansvver  a  question  which  puzzled  aman 
like  Grimm  ;  but  as  Agobard  probably  wrote  at  Lyons,  we  should  look  to 
Gau!  rather  than  to  Italy,  Greece  or  Persia  for  a  solution  of  the  pro- 
blem,  and  Gaul  supplies  in  two  forms,  Magounus,  Mogounus,  the  name 
from  which  «  Magonia  »  is  obviously  derived.  «  Magonus  >>  is  stated  in 
the  Book  of  Armagh  aMS.  ofthe  beginning  ofthe  ninth  centuryi  fo.  9  a. 
2,  to  hâve  been  one  of  the  four  names  borne  by  S.  Patrick,  and  isthere 
glossed  by  «  clarus.  »  In  the  later  Tripartite  Life  and  the  Franciscan 
Liber  Hymnorum  this  name  is  spelt  Magonius  and  saidto  hâve  been  con- 
ferred  on  the  saint  while  a  student  under  S.  Germanus  of  Altissio- 
dorum  Auxerre  .  It  seems,  therefore  to  hâve  been  a  Gaulish  name.  The 
Old  Welsh  form  Maun,  found  in  Nennius,  §  41  («  nomen  quod  est  Pa- 
tricius  sumsit,  quia  prius  Maun  vocabatur  »)  has  regularly  lost  intervo- 
calic  g  and  shews  that  «  Magonus  »  is  a  corruption  of  Magounus,  for  the 
u  in  Maun  represents  a  Gaulish  ou,  as  in  bud  «  Victoria  »,  Gaulish  boudi, 
tut  «  people.  n  Gaulish  touta,  rud  (now  rhudd)  «  red  »  Gaul.  roudos,  uchel 
high  Gaulish  ouxeilos  G.  C.2  34,  qq. 

Mogounus  occurs,  in  association  with  Apollo  and  Grannos,  on  an  ins- 
cription in  De  Wal,  p.  86  :  Apollini  Granno  Mogouno,  and  Siegfried 
compared  it  with  Scr.  magharan  a  common  name  for  Indra,  «  der  Gott 

1.  See  Revue  Celtique,  t.  Il,  p.  197. 


268  Mélanges. 

des  Lichthimmels  »   iGrassmann).   He  also  compared  Ma/âwv,  which 
may  stand  for  Ma/i/wv.  The  Zend  magavan  is  also  cognate. 

The  answer,  then,  or  rather  the  guess,  that  I  would  venture  to  give 
in  reply  to  Grimm's  question  is  that  Magonia  stands  for  Magounia,  and 
is  probably  the  région  ruled  by  a  Gaulish  sky-god  Magounos  or  Mo- 
gounos,  who  may  possibly  hâve  resembled,  in  some  respects,  Indra  and, 
in  others,  Apollo. 

XIV.  —  THE  HRUNGNIR-SAGA. 

When  Thor  fought  the  stouthearted  giant  Hrungnir,  Thor's  hammer 
(the  thunder-stone)  and  Hrungni's  weapon  Hein  (hone)  met  in  mid-air. 
Heinbroke  and  the  fragments,  together  with  those  of  Hrungnir's  stone- 
brainpan,  fell  on  the  field  called  Stone-garth  iSee  Corpus  Poeticum  Bo- 
réale, vol.  I,  pp.  109,  1 1  o,  119,  186,  22, vol.  II,  pp.  16,  17,  and 
Snorri  108,  109,  cited  by  Grimm,  Deutsche  Mythologie!1  500. 

Hère  \ve  seem  to  hâve  one  of  many  instances  in  which  either  the  Scan- 
dinavian  skalds  and  sagamen  hâve  borrowed  incidents  from  the  Irish 
mythographers  and  romancers,  or  the  converse  has  taken  place.  Com- 
pare the  following  passage  from  The  Cattlespoil  oj  Cûalnge,  Lebor  na 
hUidre,  p.  716  of  the  fac-similé: 

Comlond  Munremair  ocus  Conroi  inso. 
A  mbdtdr  in  tslôig  and  trath  nôna  conaccatar  [ni].  Docurethar  in  lia 
joxru  anair  ocus  a  chéli  aniar  aracend,  condrecat  isind  aer.  Nothuititis  etk 
dunad  Fergusa  ocus  dûnad  nAileïïo  ocus  dunaà  nErand.  Roboth  ocondreib 
sin  ocus  ocond  dbairt  on  tràth  coui)raile.  Ocus  robdtàr  in  tsludig  inna  ses- 
[s]eom  ocus  a  scéith  for  a  cennaib  dia  sâerad  /or  barnib  na  clock,  combo 
lan  am-mag  dina  lecaib.Is  dé  ata  Mag  Clochair.  Ecmaic  immorro  iss  e  Cù- 
rui  mac  Dairi  dorigni  insin.  Dodeochaid  do  chobair  a  muntiri  ocus  boi  hi 
Cotail  forcind  Munrema[i]r  maie  Gerrcind.  Doluid  sidé  oEmain  Mâcha  do 
chobair  Concu/ainn  co  mbôi  inArd  Rôich.  Rofitir  Cûrôi  ni  bbi  fer  fulaing 
Munremair  isin  tslôg.  lié  diduo  dorigensat  ind  abairt  sin  etorro  a  ndis. 

This  \is  the)  combat  of  Munremar  and  Cûrôi. 
When  thehosts  were  biding  there  at  the  hour  of  noon,  they  saw  so- 
mewhat.  The  (battle-'stone  is  shot  over  them  from  the  east  and  its  fel- 
low  from  the  west  against  it.  They  ithe  stones)  meet  in  the  air.  They 
used  to  fall  between  Fergus'  camp  and  AililPs  camp  and  Era's  camp. 
'The  heroes  were  at  that  feat  and  exploit  from  the  one  hour  to  the 
other,  and  the  hosts  were  upstanding,  with  their  shields  on  their  heads  to 


Bibliographie.  269 

save  them  from  the  multitudes  [?]  of  the  stones,  so  that  the  field  became 
full  of  the  flags.  Hence  is  ithe  namei  Mag  Clockair  «  Field  of  Stones.  » 
Now  it  came  to  pass  thaï  it  was  Cûrôison  of  Dairewho  wroughtthat.  He 
came  to  help  his  people  and  he  was  in  Cotail  ?t  before  Munremar  son  of 
Gerrcenn  («  Thickneck  son  of  Shorthead  »).  The  latter  came  from  Emain 
Mâcha  to  help  Cûchulainn  and  abode  in  Ard  Rôich.  Cûr6i  knew  that 
there  was  no  one  in  the  host  of  Ailill  and  Medbi  who  could  withstand 
Munremar.  So  they  two  performed  that  exploit  between  them.  » 

The  rare  word  barnib,  doubtfully  rendered  «  multitudes  »,  seems  the 
dat.  pi.  of  *  bairn  —  Corn,  bern  igl.  acervus<,  Bret.  bern,  and  cognate 
with  Skr.  gana  «  multitude  »  (from.  * garna  ,  Gr.  yàpyftpa.  The  nom. 
pi.  bairne  occurs  in  the  ms.  H  2,  17,  p.  170%  the  ace.  pi.  bdirne,  ibid., 
p.  161*. 

Whitley  Stores. 

3  Jan.  1884. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Les  celtistes  seront  heureux  d'apprendre  que  M.  G.  Paris  a  entrepris  dans 
la  Ronunia  une  série  d'Études  sur  les  Romans  de  la  Table-Ronde  qui  porteront  enfin 
la  lumière  dans  cette  selva  oscura.  Il  a  déjà  publié  deux  articles  sur  Lancelot  du 
Lac  (t.  X,  p.  445-496,  et  t.  XIII,  p.  459-5341  dans  lesquels  il  reconstitue  la 
forme  ancienne  de  la  légende  et  détermine  en  quelles  mains  elle  a  successivement 
passé.  M.  P.  en  explique  l'origine  avec  autant  de  pénétration  que  de  vraisem- 
blance :  «  le  conte  breton  que  Chrétien  de  Troyes  a  connu  sous  une  forme  très 
altérée  avait  un  fond  mythologique  ;  il  racontait  à  l'origine  l'enlèvement  d'une 
reine  par  le  Dieu  des  morts  et  sa  délivrance  par  son  époux.  Par  la  suite  des 
temps,  on  avait  identifié  l'époux  avec  Arthur,  et  la  reine  enlevée  avec  Guan- 
humar  sa  femme.  Plus  tard  encore,  le  Dieu  des  morts  reçut  le  nom  de  Maelwas, 
et,  confondu  sans  doute  avec  un  personnage  historique,  perdit  en  grande  partie 
son  caractère  surnaturel  ;  mais  la  trace  de  l'ancienne  conception  persista  dans 
le  nom  d'  4  Ile  de  verre  »  et  de  <  pays  dont  nul  ne  retourne  »  donné  à  son 
royaume,  et  dans  la  description  du  «  pont  de  l'Epée  »  qu'il  faut  franchir  pour  y 
pénétrer.  —  Un  poème  anglo-normand  perdu  recueillit  le  conte  à  peu  près  à 
cet  état,  mais  il  fit  accomplir  la  délivrance  de  la  reine  par  Lancelot  et  non  par 
Arthur,  relégué  sur  le  second  plan...  » 

Aux  exemples  celtiques  du  «  pont  des  âmes  »  cités  par  M.  P.,  p.  509,  il 
faut  ajouter  celui  de  la  Vision  d'Adamnan,  conservé  dans  plusieurs  mss.,  dont  le 


270  Bibliographie. 

plus  ancien  date  de  la  tin  du  xr  siècle  :  dans  la  vision  irlandaise  comme  dans  le 
Zend-Avesta,  le  pont  est  au-dessus  de  l'enfer,  et  ceux  qui  sont  destinés  à  la 
damnation  tombent  au  passage  :  «  Donc  quand  l'ange  gardien  eut  montré  à 
l'âme  d'Adamnân  ces  visions  du  royaume  du  ciel  et  les  premières  aventures  de 
chaque  âme  après  sa  sortie  du  corps,  il  la  prit  ensuite  avec  lui  pour  visiter 
l'enfer  qui  est  en  bas  avec  la  multitude  de  ses  peines  et  ses  tortures  et  ses 
souffrances.  Voici  la  première  terre  à  laquelle  il  arriva  ;  une  terre  noire,  brûlée, 
nue,  desséchée,  sans  supplice  aucun.  Au  delà,  une  vallée  pleine  de  feu.  Une 
vaste  flamme  en  sort  de  tous  côtés.  Il  est  noir  au  fond,  rouge  au  centre  et  en 
haut.  Il  y  a  là  huit  monstres  dont  les  yeux  sont  comme  des  masses  ardentes. 
Il  y  a  un  grand  pont  par-dessus  cette  vallée  et  il  s'étend  d'une  rive  à  l'autre. 
Elevé  au  milieu,  il  s'abaisse  à  ses  deux  extrémités.  Trois  troupes  essaient  de  le 
passer,  et  toutes  ne  le  passent  pas.  Pour  l'une  le  pont  est  large  d'un  bout  à 
l'autre,  et  ils  passent  en  sûreté,  sans  crainte  et  sans  peur,  par-dessus  la  vallée 
de  feu.  Pour  une  autre  troupe  qui  s'y  dirige,  le  pont  est  étroit  au  commen- 
cement, mais  il  devient  large  à  la  fin,  de  sorte  qu'ils  traversent  la  vallée  après 
de  grands  dangers.  Mais  pour  la  dernière  troupe  le  pont  est  large  au  début, 
étroit,  bien  étroit  à  la  fin,  de  sorte  qu'au  milieu  du  pont  ils  tombent  dans  la 
périlleuse  vallée  dans  la  gueule  des  huit  monstres  enflammés  qui  font  de  la 
vallée  leur  demeure,  t  Le  pieux  écrivain  continue  en  expliquant  quelles  sont  ces 
trois  troupes,  et  en  disant  que  ceux  dont  les  bonnes  et  les  mauvaises  actions  se 
compensent  restentde  l'autre  côté  du  pont,  dans  la  terre  sans  lumière.  Elles  y  res- 
teront jusqu'au  jugement  dernier,  par  manière  de  pénitence.  C'est  le  purgatoire  ' . 

A  l'occasion  de  la  charrette,  p.  514,  nous  sommes  étonné  que  M.  P.  n'ait 
pas  cité  le  Char  du  Trépas  (Karrik  annAnkon)  d°s  légendes  bretonnes.  Cf.  Luzel, 
Légendes  chrétiennes,  IL  33$,  et  Rev.  Celt.,  III,  385.  C'est  la  «  Voiture  de  la 
Mort  »  d'un  conte  corse  (Ortoli,  Contes  pop.  de  la  Corse,  p.  234). 

A  propos  de  Bath,  appelé  Bade  dans  les  anciens  poèmes  français,  notons  que 

son  nom  gallois  est  aujourd'hui  Caerbaddon,  c'est-à-dire  «  la  ville  de  Baddon  ». 

Il  est  à  peine  utile  de  remarquer  que  le  nom  de  Logres  est  le  nom  gallois  de 

l'Angleterre,  Lloegr.  D'où  peut  venir  le  nom  de  Gorre  ?  C'est  dans  le  poème 

de  Chrétien  le  nom  du  royaume  dont  Bade  est  la  capitale. 

H.  G. 

University  of  Edinburgh,  Celtic  Chair.  Inaugural  address,  by  Donald  MAckinnon 
m. -a.  36  p.  ln-8.  Edinburg,  Mac  Lachlan  and  Stewart,  1883. 

La  chaire  celtique  de  l'Université  d'Edimbourg,  due  à  l'initiative  et  à  la  pro- 
pagande de  M.  Blackie,  est  définitivement  créée  et  occupée  par  M.  D.  Mackinnon 
dont  nous  recevons  la  leçon  d'ouverture.  Cette  leçon  est  consacrée  à  des  géné- 
ralités sur  les  Celtes  et  sur  les  Highlanders,  comme  c'était  le  cas  dans  la  cir- 
constance. D'après  l'acte  de  fondation,  le  professeur  est  chargé  d'un  double 
enseignement  :  i°  faire  un  cours  de  philologie  celtique  ;  20  enseigner,  dans  une 

1.  Windisch  :  Irische  Texte,  p.  184-6.  —  Wh.  Stokes  :  Fis  Adamnâin,  p.  14-15  et 
p.  31. 


Bibliographie.  27! 

sorte  de  classe,  l'usage  et  l'élégance  (the  wses  and  grâces)  du  gaélique  écossais 
aux  étudiants  de  bonne  volonté  qui  comptent  passer  leur  vie  dans  le  Highlands 
comme  ministres  de  la  religion,  hommes  de  loi,  médecins  ou  propriétaires. 

L'Academy  rapporte  (17  novembre  1883,  p.  33$)  que  deux  jours  avant  l'ou- 
verture du  cours  de  M.  Mackinnon,  ses  amis  lui  avaient  donné  un  «  dîner  de 
compliment  b  dans  lequel  ils  lui  avaient  présenté  une  somme  d'argent  pour 
acheter  des  livres  relatifs  à  son  enseignement  ;  ils  lui  avaient  en  même  temps 
offert  un  bracelet  d'or  pour  sa  femme.  H.  G. 

Monnaies  gauloises  au  type  du  cavalier,  par  M.  a.  de  Barthélémy 

(extrait  de  la  Revue  numismatique).  12  p.  in-8. 

Conclut  que  ces  monnaies  ont  dû  être  frappées  au  plus  tard  vers  le  milieu  du 
11e  siècle  avant  l'ère  chrétienne,  date  extrême.  M.  de  B.  donne  à  ce  propos  des 
détails  archéologiques  sur  les  mœurs  militaires  des  Gaulois  (guerriers  com- 
battant sur  des  biges,  têtes  coupées)  qui  sont  intéressants  par  la  correspondance 
avec  les  mœurs  similaires  des  anciens  Irlandais.  H.  G. 

Etude  sur  les  monnaies  gauloises  découvertes  à  Jersey  en  1875, 

par  M.  Anatole  de  Barthélémy  (extrait  de  la  Revue  numismatique).  26  p.  in  8  et  2  pi. 

M.  de  B  a  déjà  donné  ici  (t.  III,  p.  249)  les  légendes  monétaires  nouvelles 
connues  par  cette  découverte..  Ce  nouveau  travail  est  surtout  numismatique  : 
M.  de  B.  y  traite  la  question  de  la  diffusion  et  de  l'imitation  des  Philippes  ma- 
cédoniens, et  s'occupe  de  l'emblème  de  la  lyre  sur  les  monnaies  gauloises.  Les 
monnaies  reproduites  dans  les  planches  de  ce  travail  sont  curieuses,  malgré  leur 
grossièreté,  par  les  figures  qu'elles  portent.  H.  G. 

Restes  du  culte  des  Divinités  topiques  dans  la  Charente,  par 

A.-F.  Lièvre.  36  p.  in-8.  Angoulême,  Chasseignac,  1883-. 

Notice  intéressante  et  écrite  avec  goût,  sur  des  usages  locaux  et  des  noms  de 
lieux  consacrés  par  la  tradition  dans  le  département  de  la  Charente.  Nous  pen- 
sons comme  l'auteur  que  ces  débris  du  culte  populaire  sont  antérieurs  au  chris- 
tianisme. H.  G 

Roman  Britain  by  the  Rev.  H.  M.  Scarth,  M.  A.,  etc.  London,  Society  for  Pro- 
moting  Christian  Knowledge,  xv-249  p.  in-12  [1883].  —  Prix:  2  s.  6  à.  (3  fr.  15). 
Ce  volume  fait  partie  de  l'excellente  collection  fondée  par  la  Société  pour  la 
propagation  des  connaissances  chrétiennes,  collection  qui  forme  une  Bibliothèque 
de  résumés  historiques  où  chaque  volume  est  demandé  à  l'écrivain  le  plus  com- 
pétent. Le  livre  de  M.  Scarth  est  un  bon  résumé  de  la  conquête  de  l'Ile  par  les 
Romains,  de  leurs  guerres  avec  les  indigènes,  de  l'histoire  de  leur  établissement, 
de  leurs  villes  et  de  leurs  villas  et  de  leur  civilisation.  On  regrette  l'absence  de 
gravures,  surtout  pour  illustrer  le  chapitre  XVIII.  Le  volume  est  accompagné 
d'une  carte  :  nous  sommes  étonné  d'y  voir  les  Gaëls  distingués  des  «  Hiber- 
nians.  »  D'autre  part  il  y  avait  des  rapprochements  à  faire  avec  l'Irlande  à 
propos  des  chariots  de  guerre  (p.   11  et  89)  et  des  coracles  (p.  18  et  187). 

H.  G. 


NÉCROLOGIE. 


L'éminent  historien,  le  travailleur  infatigable,  que  la  France  vient  de  perdre, 
M.  Henri  Martin  (1810-1883),  n'était  pas  un  philologue,  mais  il  portait  un 
grand  intérêt  aux  études  celtiques,  Il  y  avait  été  initié  par  Jean  Reynaud  ;  c'est 
dire  que,  stirpe  satus  Druidum,  il  croyait  trouver  chez  les  anciens  Celtes  une  sa- 
gesse primitive  et  une  sorte  de  révélation  primordiale  dont  la  critique  moderne 
a  dissipé  l'illusion.  C'est  sous  l'influence  de  ces  théories,  ou  pour  mieux  dire 
de  ces  croyances,  que  des  Gaulois  M.  Martin  avait  passé  aux  Néo-Celtes,  et 
sans  avoir  le  loisir  de  se  consacrer  aux  études  néo-celtiques,  il  en  avait,  un  des 
premiers  en  France,  entrevu  l'importance  et  la  portée.  C'est  un  mérite  que  ne 
doit  pas  lui  méconnaître  la  critique  la  plus  sévère  à  l'égard  de  ses  théories. 

M.  Henri  Martin  a  traité  des  choses  celtiques  dans  le  t.  Ier  de  son  Histoire  de 
France  —  et  sur  cet  ouvrage  on  peut  voir  les  critiques  contenues  dans  Quelques 
observations  sur  les  six  premiers  volumes  (4e  édition)  de  M.  Henri  Martin,  par 
M.  H.  d'Arbois  de  Jubainville.  Paris,  Durand,  1857  '  —  et  dans  un  certain 
nombre  d'articles  de  revues  qu'il  a  réunis  en  volume  sous  ce  titre  :  Etudes 
d'Archéologie  celtique.  Paris,  Didier,  1872.  —  Nous  en  avons  rendu  compte 
dans  la  Revue  Celtique,  t.  I,  p.  464.  —  M.  H.  M.  avait  aussi  publié  un  drame 
en  vers  intitulé  :  Vercingétorix. 

La  Société  d'Emulation  des  Côtes-du-Nord  est  cruellement  éprouvée  :  voici 
que  peu  après  M.  Geslin  de  Bourgogne  elle  perd  un  autre  de  ses  membres  les 
plus  actifs,  M.  Gaultier  du  Mottay.  Nous  reproduisons  la  notice  nécrologique 
publiée  par  le  Polybiblion  : 

«  M.  Joachim  Gaultier  du  Mottay,  né  â  Nantes,  en  1810,  mort  à  Plérin, 
près  de  Saint-Brieuc  (Côtes-du-Nord),  le  1  1  novembre  1883,  était  président  de 
la  Société  archéologique  et  historique  des  Côtes-du-Nord,  membre  de  l'Asso- 
ciation bretonne,  de  la  Société  des  bibliophiles  bretons  et  d'un  grand  nombre 
de  sociétés  savantes.  M.  Gaultier  du  Mottay  a  publié  un  assez  grand  nombre  de 
notices  estimées  sur  des  paroisses  du  département  dans  l'Annuaire  des  Côtes-du- 
Nord  ;  on  lui  doit  aussi  des  travaux  considérables  :  Recherches  sur  les  voies  ro- 
maines ;  Géographie  historique  des  Côtes-du-Nord  ;  Essai  d'hagiographie  et  d'ico- 
nographie bretonnes  ;  Répertoire  archéologique  des  Côtes-du-Nord,  dont  la  première 
partie,  seule,  a  paru.  C'était  à  la  fois  un  archéologue  et  un  historien  ;  il  laisse 
une  collection  numismatique  bretonne  formée  avec  un  soin  tout  particulier.  » 

H.  G. 

1.  Voici  en  quels  termes  M.  d'Arbois  de  Jubainville  (p.  30)  résumait  son  jugement  sur 
le  néo-druidisine  de  M.  Henri  Martin  :  «  Si  ce  n'était  que  nous  ne  vivons  plus  dans  ces 
temps  mythologiques  où  l'on  parlait  encore  des  prodiges  de  la  magicienne  Médée,  nous 
pourrions  dire  qu'en  voulant  rendre  au  vieux  celticisme  la  vie  nouvelle  d'Eson,  c'était  le 
sort  de  Pélias  que  M.  Henri  Martin  lui  préparait.  » 

Le  gérant:  F.  VIEWEG. 
Chartres.  —  Imprimerie  Durand. 


ON   THE   METRE  RINNARD 


AND  THE  CALENDAR  OF  OENGUS  AS  ILLUSTRATING 


THE   IRISH   VERBAL  ACCENT 


Rinnard  is  the  mètre  in  which  the  Calendar  of  Oengus  and  other  an- 
cient  Irish  poems  are  composed,  and  its  beauty  is  so  great  that  it  was 
imitated  by  the  Old-Norse  court-poets.  Some  of  its  characteristics  hâve 
already  been  set  forth  in  this  review.  For  instance,  according  to  the 
Irish  préface  to  the  Calendar,  each  line  of  the  quatrains  into  which  a 
poem  in  rinnard  is  divided  must  hâve  six  sylLbles.  The  second  and  fourth 
lines  must  hâve  a  final  double  assonance.  Each  line  must  end  in  a  dis- 
syllable,  except  wherethe  last  word  is  a  verb  or  a  foreign  proper  name. 
There  must  also  be  in  each  stanza  at  least  two  accented  syliables  be- 
ginning  with  a  vowel  or  with  the  same  consonant  :  and  there  is  another 
rule  of  which  the  preface-writer  does  not  seem  to  hâve  been  aware,  na- 
mely,  that  in  each  line  there  must  be  at  least  two  accented  syliables,  of 
which  one  must  be  the  penult. 

There  are  three  kinds  of  rinnard,  namely  rinnard  of  two  arda  other- 
wise  called  réid-rinnard,  «  smooth  »,  or  «  easy  »  rinnard  ,  rinnard  of 
three  ard'.,  and  rinnard  of  four  arda.  When  I  edited  the  Calendar  of 
Oengus  I  was  ignorant  of  the  true  meaningof  ard,  and  stupidly  rendered 
the  word  by  «  allitération.  » 

Professor  Atkinson,  in  his  récent  lecture  on  Irish  Metric,  p.  10, 
seems  to  hold  that  ard  means  «  an  assonating  final  word  »,  and  that,  e. 
R(v.Celt.V\.  18 


274  On  the  nuire  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illustraiing 

g.  rinnard  tri  n-ârd  means  rinnard  with  three  such  words  in  each  stanza 
and  rinnard  céthri  n-.ird  means  rinnard  with  four  final  assonating  words. 
In  support  of  this  theory  he  quotes  from  the  Calendar  the  quatrain  for 
January  i  :  , 

Re-sil  dâlach  doine 

tôided  in-ri  rémain  :  \      «  The  tree  arda  »,  says 

lûid  ïo-réc'ié,  ârd  érail,  '  professpr  Atkinson,  <.<  for- 

Crist  i-cdllainn  énair,  '  ming  comh-arda   >  ; 

andobviously  thinks  that  the  three  arda,  to  exemplify  which  this  quatrain 
is  cited  in  the  Irish  préface,  are  the  three  words  romanised.  He  cunningly 
abstains  from  quoting  the  second  of  the  quatrains  given  in  the  same 
préface  as  examples  of  rinnard  with  four  arda.  It  would  at  once  hâve 
upset  his  theory.  For  the  final  words  of  this  stanza  are,  aine,  ôige,  mile, 
trêige.  Now  ard  does  not  mean  «  an  assonating  final  word  ».  It  means 
".  an  assonance  »,  that  is,  «  the  agreement  of  a  pair  of  assonating 
words  »  ;  and  in  the  above  stanza,  the  three  pairs  are,  first,  rémain, 
énair:  second,  érail,  énair;  and,  third,  the  internai  assonance  déine, 
tôided.  The  line  fil  and  môr  n-drd  n-aille,  Fel.  ep.  83,  should  be  rendered 
<•  there  are  therein  many  delightful  assonances»,  and  the compound  noun 
rinn-ard  means  a  mètre  in  which  certain  of  the  line-endings  rinni  are 
pairs  of  assonating  words. 

Let  us  now  examine  the  other quatrain  cited  in  the  Irish  préface  as  an 
example  of  rinnard  with  three  assonances  : 

FLind  iéndalach  Témrach, 
téndrl  Fôtla  férainn  : 
dtha  a  n-dll  co-M.'.inim  ' 
is-si  a-chldnd  dogégainn. 

«  Fland  the  fiery  one  of  Tara,  strong  king  of  Fotla's  land,  i.  e.  Ire- 
land  ;  from  the  Rock  unto  Muinim  his  is  the  clan  I  should  choose.  » 

Hère  the  three  pairs  are,  first,  the  end-assonance  ferainn,  do-  gegainn, 
secondly,  the  end-assonance  Temrach,  ferainn  a  assonating  with  in- 
fected  a  ,  and,  thirdly,  the  internai  assonance  ail,  chland.  So  in  the  Fé- 
lire,  prol.  17-20,  we  hâve  first,  the  normal  nelaib,  dcraib,  secondly, 
rigraid,  nelaib  7 assonating  with  c  ar\à,\\\\rô\y Aîgdaib,d'raib.  And  in  the 
prologue  $3-56,  we  hâve,  first,  the  normal  gàile,  Maire,  secondly,  îile, 


1 .  Ail  the  mss.  hère  give  the  mear>.ing!ess  domuinim,  dommuinim.  Where  the  Rock  and 
Muinim  (Muinem  t)  are  I  do  not  know. 


the  Irish  verbal  accent.  27$ 

h gâile  infected  0  assonates  with  infected  a  ,  and,  thirdly,  bûide,  Maire.  So 
in  the  next  quatrain  :  1"  gùin-som,  mdr-som  infected  0  assonates  with 
uninfected  a  ,  2"  ôrt-som,  gùin-som  0  assonates  with  infected  0  ,  5"  gâir- 
som,  mdr-som "^infected  a  assonating  with  uninfected  a  .  So  in  95-96  : 
1°  rôglach,  -rôdbad,  20  domain,  rôglach,  5"  ordan,  -rôdbad.  So  in  the 
next  stanza  :  1"  d'.bach,  s'bach,  2'  mdnach,  dûbach,  5"  rôrath,  s'bach. 
So  in  the  examples  given  „of  rinnard  of  two  assonances  :  first 

Diarmait  mâith  mdec  Cérbaill, 
cen-aige,  cen-lâice  : 
riï-rôclôini  '  mérlech 
a-érlech,  a-thrdite. 

«  Diarmait  the  good  son  of  Cerball,  without  fear,  without  weakness  : 
no  robber  ever  surpassed    r   his  slaughtering,  his  swiftness  »  . 

Hère  the  two  arda  are,  first,  the  end-assonance  laice,  thraite,  and, 
secondly,  the  internai  assonance  merlech,  erlech. 

The  other  example  of  this  easy  kind  of  rinnard  is 

For-cdllainn  mis  Maria 

nit-mjrdai 2  frian-g'ide: 

Sénân,  Môinen,  Moisi, 

Dibïd  Cille  Maine   Félire,  Mardi  1  . 

a  On  the  kalends  of  the  month  of  March  —  not  haughty  at  praying  to 
them,  —  are  Senan,  Méinen,  Moses,  and  David  of  Cell  Muine 

Hère  the  two  arda  are,  first,  the  end-assonance  guide,  Maine,  and,  se- 
condly, the  internai  assonance  M  art  a,  mardai.  So  in  the  Félire,  June  1  $, 
we  hâve,  first,  the  end-assonance  firbail,  mirbail,  and,  secondly,  the 
end-assonance  g'rait,  firbail  7  assonating  with  7  .  So  in  the  prologue, 
105-108:  i°  Uach,  ninach,  20  rigain,  ilach. 
Now  for  the  examples  of  rinnard  with  four  assonances  : 

' Aed  ôrdnigthe  'Obaig 
for-flàï.h  Bdnba  bldidig  »  : 
c.ôich  is-férr  imm-jôlaid  4 
indâ  Échtoir  Ailigf 

(0  Aed  the  dignified  of  Liss  Obaig,  over  Banba's  famous  realm.  i.  e. 


1 .  mss.  -cluini. 

2.  Ail  the  mss.  hâve  mordai.  But  cf.  ro-martha  Prol.  2(6. 

3.  mss.  bkdig,  bUidhig,  blidig. 

4.  mss.  falaig,  falaid.  jhal[aid     Hère  there  is  an  allitération  between  [j)olaid,  Echtoir 
and  Ailiz. 


276  On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illustrating 

Ireland  ;  who  is  better  as  regards  wealth  than  the  Hector  of  Ailech  ?  ») 
Hère  the  four  pairs  are,  first,  the  end-assonance  bldidig,  âilig,  se- 

condly,    the    end-assonance  ôbaig,  jôlaid,  thirdly,   the  end-assonance 

ôbaig,  blaidig  .0  assonating  with  infected  a,  and  infected  a  assonating 

with  i)  and,  fourthly,  the  end-assonance  folaid,  Ailig. 

The  other  example  of  this  kind  of  rinnard  cited  by  the  writer  of  the 

Irish  préface  is 

Ldssar  grfne  aine, 
dpstal  Erertn  fige, 
Patrie  cornet  mile, 
rop-ditiu  ar-trôige  '    Félire,  March  17 

«  A  flame  of  the  glorious  sun,  the  apostle  of  virginal  Ireland,  let  Pa- 
trick, préservation  of  thousands,  be  a  safeguard  of  our  misery  !  »] 

Hère  the  four  pairs  are,  first,  the  end-assonance  6ige,trôige,  secondly, 
the  internai  assonance  lassar,  apstal,  thirdly,  the  internai  assonance 
grfne,  mile  (ë  assonating  with  7  and,  fourthly,  the  internai  assonance 
mile,  dit  tu  2. 

It  will  hâve  been  observed  that  ail  the  stanzas  above  quoted  comply 
with  one  of  the  rules  regulating  in  rinnard)  double  and  triple  assonances, 
viz.  the  first  syllable  of  each  set  of  assonating  syllables  nuist  bear  the  acute 
accent  >. 

Thus,  every  noun  including  the  infinitive  or  verbal  noun,  and  the 
participas  or  verbal  adjectives)  has  the  acute  accent  on  its  first  syllable. 
We  find,  accordingly,  guide,  M  "ine  :  érail,  énair  ;  and  ldssar,  dpstal.  So 
every  imperative  except  where  a  pronoun  is  infixedi  has  the  acute  ac- 
cent on  the  first  syllable.  We  find,  accordingly,  tJded  [u  let  him  go  »), 
dôine,  So  every  independent  compound  verb  has  the  acute  accent  on  its 


1.  Another  stanza  in  a  différent  mètre  is  cited.  1  know  not  why,  in  the  Irish  préface 
to  the  Calendar.  Correctly  spelt,  it  runs  as  follows  : 

Toided  rèmuinn  sligid  soethraig 

co-soeraib  s'il  Goidil  gairg 

cosinn-oigUch  n  oibind  n-èthrach 

rogab  fine  Echdach  Aird. 
(«  Let  him  go  before  us  on  a  toilsome  road  wi»h  the  nobles  of  fierce  Goidel's  seed,  i. 
e.  the  Irish,  unto  the  delightful  ethereal  guesthouse  which  Echaid  Ard's  tribe  has  taken  »). 
Hère  there  is  an  end-assonance,  gairg,  aird,  and   two  internai  double  assonances,  soe- 
thraig, soacib  and  n  ethrach,  Echdach. 

2.  Another  exîmple  of  th:.3  kind  of  rinnard  is  in  the  prologue,  81  -84,  where  we  hâve: 
V'fuilib,  suidib  ;  2'sco'aib,  fuilib  ;  30  tolaib,  suidib  ;  4°  domain,  tolaib. 

3.  When  of  two  assonîting  words  one  is  a  monosyilab  e  and  the  other  a  dissyllable  or 
trisyllable,  one  of  the  assonating  syllables  has  the  acute  accent  and  the  other  the  grave 
(nebenton),  but  a  toneless,  can  never  assonate  with  a  tonic,  syllable. 


the  Irish.  verbal  accent.  277 

second  élément.  We  find,  accordingly,  do-gégainn   «  I  would  choose  », 
férainn. 

Thèse  are  instances  of  double  rhymes.  In  the  case  of  triple  rhymes 
examples  may  be  found  not  only  in  Fiacc's  hymn,  11.  13,  14,  47,  48, 
but  also  in  almost  every  stanza  of  the  poems  numbered  CLIII-CLXII  in 
the  Saltair  na  Rann,  Oxford,  1885.  Thus  :  téinntide,  géintide:  s'taigfit, 
Ik'ccaisfit:  ingine,  n-indlide,  timmarta,  inganta.  After  a  négative  particle 
a  compound  verb  has  the  acute  accent  on  its  first  élément.  We  find,  ac- 
cordingly Saltair,  8033,  80351  tinsc.mat  a  dépendent  form  rhyming 
with  nl-imscarat.  As  before  sâid,  in  an  independent  compound  verb  the 
accent  is  on  the  second  élément.  Wefind,  accordingly,  rom-sôerasa,  do- 
rôegasa,  8175. 

It  will  also  hâve  been  observed  that  the  stanzas  above  quoted  comply 
with  the  chief  rule  as  to  allitération,  viz.  that  the  alliterating  letters 
must  begin  syllables  having  the  acute  accent.  Thus  mâith,  mâcc,  mis, 
Marta,  mariai:  téndalach,  Témrach,  têndn:  Fôlla,  férainn:  ddlach, 
daine:  ri,  rémain:  Crist,  cillainn:  Aed  ôrdnigthe  'O'jaig:  bdnba,  bldidig: 
Echtoir,  'Ailig:  aine,  dpstal,  'Erenn,  ôige  :  ditiu,  diar  :  and  [in  the 
stanza  quoted  p.  276,  note  sligid,  sôethraig,  sôeraib  :  Gôidil,  gdirg: 
oigtech,  n-ôibind,  n-ethrach. 

The  last  instance  shews,  as  Professor  Atkinson  has  already  remarked, 
that  eclipsed  letters  may  alliterate  with  non-eclipsed  letters.  So  ail  aspi- 
rated  letters  except  /  may  alliterate  with  non-aspirated  letters.  Thus  in 
the  Calendar,  conic,  choimdiu,  Prol.  5,  6.  In  rosônnta  fiad-slôgaib,  Prol. 
33,  i.  e.  ro-sônnta  fïad-ilôgaib,  the  aspirated  s  must  be  regarded  as  an 
alliterating  leiter.  The  conclusions  are  obvious,  viz.  that  the  laws  of 
allitération  were  established  at  a  period  of  the  language  when  eclipsis 
and  aspiration,  except  of  v  f ,  did  not  exist,  when,  e.  g.  an  Irishman 
said  secten-éci,  mu-tôuta  for  sechtn-éich,  mo-thûath,  and  that  the  Irish 
must  hâve  made  alliterative  poetry  a  considérable  time  before  the  eighth 
century,  the  period  to  which  putting  aside  the  ogam-inscriptions>  their 
oldest  linguistic  monuments  belong  '. 


1 .  Before  leaving  thèse  stanzas  it  may  be  we'.l  to  note  some  of  the  interesting  words 
which  they  contain. 

toided,  imptrat.  sg.   3,  of  do-éthaim  :  the  fimple  verb  éthaim  «  I  go  »  is  in  Win- 

disch's  Wœrterbuch. 
téndalach  a  deriv.  from  tendal  «  frebrand  »,  also  in  his  Wœrterbuch. 
d°  gésa,nni  reduplicated  2dy  présent  of  do-gu  «  choose  »,  root  gus. 
aigt  «  fear  »,  cognate  with  the  verb  agur  «  1  fear  ». 
blaidig,  dat.  sg.  f.  of  bladach  «  famous  »,  deriv.  ofblad  «  famé  », 


278  On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illustraîing 

Having  thus  got  some  ideas  as  to  the  characteristics  of  rinnard  and 
the  meaning  of  the  word,  I  hâve  now  to  shew  how  vvell  the  chief  poem 
in  this  mètre  illustrâtes  the  theory  of  verbal  accentuation  for  which  we 
are  indebted  to  Profs.  Thurneysen  and  Zimmer. 

But,  first,  I  must  observe  that  this  theory  requires  to  be  corrected  and 
modified  in  five  respects. 

1"  As  a  gênerai  rule  there  is  no  doubt  that  Prof.  Thurneysen  is  right 
in  saying  that  simple  verbs  hâve  the  acute  accent  on  the  first  syilable.  But 
there  is  an  important  exception  of  which  he  is  probably  aware  ',  but  as 
to  which  he  has  not  expressed  himself  clîarly.  When  a  simple  verb  is 
preceded  by  a  combination  of  ro  with  one  of  the  following  conjunctions 
and  particles  :  ar,  arna,  arnach,  arnacon,  cani,  conna,  connachon,  con, 
nacha,  nicon   nocho  ,  nad,  ni,  0,  the  acute  accent  shifts  to  the  ro,  and 
each  syilable  of  the  verb  has  only  a  grave  accent  (nebenton). 
Thus  to  quote  a  few  of  many  exemples  : 
arid'ôgbus  ■=  ar-id-ro-gabus   Fél.  prol.  18. 
arnardscra  (=  arna-rô-scàra) ,  Stowe  Missal  27. 
arnardgbad  [=arna-ro-gabad>  Togail  Troi,  404. 
arnaciirôllca  \=  arnach-rôsl:.ïca2j  VVb.  14'1. 

folaid,  ace.   sg.  of  fola,   a   fem.  dental  stem.  The  same  word  occurs  in  the  Félire, 
April  10  : 

ar-Crist  coem  tar-fola\d. 
(«  for  Chiist  dear  beyond  treasure  »  :  compare  line  66  of  the  épilogue  :   la-Crist  coem 
tarn-dili  «  with  Christ  dear  beyond  dearness  ». 

sligid,  locative  sg.  of  slige  «  road  »  properly  «  cutling  »,  a  fem.  stem  in  t.  Thèse  f- 

stems  are  the  weak  forms  of  the   participial  nr-stems,  and  sligid  may  be   com- 

pared  with  Skr.  locatives  Wke  juhvali. 

Another  example  of  the  locative  sg.  of  this  declension  seems  to  occur  in  Lebar  Brecc, 

p.   53»:   amal-doratad  rècht  tall  arthus   ténid  is-amlaid-sin  tank  indiu  in-Spirut  Noeb 

forsna  hapstalu  in-dêilb  thèngad  ténntige  (leg.  têntide)  «  as  the  Law  was  given  there  (i. 

e.  on  Sinai)  at  first  in  fire,  so  came  today  the  Holy  Ghost  on  the  apostles  in  the  shape 

of  fiery  tongues  ».   Hère  ténid,  if  not  a  scribal  error  for  i  tenid,  is  the  locative  sg.  of 

téne. 

oigtech  «  guesthouse  »,  a  contraction  of  oigeth-tech,  where  oigeth  is  the  stem  ofoig', 

oegi  «  a  guest  ». 
èthrach  a  deriv.  from  éthiar,  borrowed  from  aether,  aîO^'o. 

1.  For  he  says  (Rev.  Celtique,  VI.  130,  note  3)  «  Il  n'y  a  pas  de  différence  entre  les 
particules  verbales  ro  et  no  et  les  autres  prépositions.  »  But  this  note  is  on  compound, 
as  distinguished  f  om  simple,  verbs.  It  would  be  a  strong  thing  to  say  that  every  simple 
verb  becorres  a  compound  verb  whenever  the  particle  ro  is  prefixed  to  it,  that  caraim, 
for  instance,  is  a  simple  verb  in  the  présent  and  a  compound  verb  in  the  ss-preterite  ro- 
charus.  As  to  the  particle  no  better  nu),  it  is  an  adverb,  not  a  préposition.  It  is  always 
toneless,  and  therefore  drops  its  vowel  when  compounded  with  the  prep.  co.  It  is  in  form 
exactly  the  toneless  Creek  vu.  And  it  is  used;  like  the  cognate  vjv,  not  only  of  the  im- 
médiate présent,  but  of  the  past  and  of  the  future  (see  Gr.  C.  pp.  415,  416,  417.  483). 
In  such  a  phrase  as  o{  Se  vu  Xaoi  Qvfja/.ov  we  hâve,  from  the  Irish  point  of  view,  a 
tmesis  of  vu-8vi]Gxov,  just  as  in  sg.  no-m  choinimdiu  coimà  we  hâve  a  tmesis  of  no-mm 
coima. 

2,  Other  examples  ofeon-ro  will  be  found  in  the  Gr.  Celt.  pp.  440-442,  con-ra-l  «  ut 


the  Irish  verbal  accent.  279 

canirdlsid  (=  cani-rô-Lisid)  Wb.  i2a. 

onârùchrctcsi  [=connâ-rû-c.)  Wb.  i7a  connârâthallai,  Saltair  7168. 

connareîic  {=connd-ré-lîic),  Tog.  Troi,  935. 

cona[ré]scrad  «  ut  non  separaret  »,  Wb.  2ib. 

conrochra  ,=  con-rô-càra •,  Wb.  6. 

conrûidiur  leg.  conrôidiur  (—  con-rù-radiur   Fél.  prol.  277. 

corrôibditlie  (=  con-rù-bddithe   Corm.  B.  s.  v.  Prull. 

coralsatar  [=  con-rô-lâsatar,  Saltair  5603 .  gore'//c  696$. 

diarôdail,  Saltair  7157. 

diarôhiccad,  ibid.  7648. 

n.xcharochlat  (=  nacha-rô-cèlat  l  Wb.  19''. 

nachanrélic  (=  nachan-ré-lic<  Saltair  4054. 

nachareillc  (=  nacha-ré-lic   Saltair  4787. 

innl  nadrôilgisid  \=  nad-rû-lëgsid    Ml.  iy1'. 

nachrôniar  =  nach-rô-mar   Fél.  Prol.  135. 

nadrôeglaind  =  nad-rà-gigliind    LL.  $9b  a. 

nadrôchrad  [=  nad-rô-carad,  Fél.  Ep.  478. 

nadrélic  =  nad-ré-lèk]  Saltair  2761. 

nlrôilgius  [=  riï-rû-iêgus  Sg.  148  a  10. 

nirolsat  (=  nl-rô-làsat)  Ml.  16''  tf/r^/c  Saltair  7115. 

nochosrâla  (==  nicos-rô-la)  Saltair  4110. 

ori'ifitir  '=  d-rû-f.    Tir.  14. 
Thèse  are  simple   verbs,    but  the   rule   applies   also  to  compound 
verbs,  e.  g.  : 

condatrôdbsat  (=  con-dat-rô  dibesat,  from  dobénim)  Ir.  Texte, 
p.  214,  1.  25. 
In  Middle-Irish,  as  Thurneysen  has  already  remarked  Revue  Cel- 
tique, VI,  158  the  ro  often  remains  toneless,  and  its  vowel  may  con- 
sequently  be  dropt,  even  where  in  the  older  language  it  had  the  acute 
accent.  Thus,  we  hâve  conna-r'-chôicled,  conna-r'-chûnguam,  nocha-r'-bô, 
nocho-f-bô ,  conâ-r-laic,  co-r'-chinnset,  Saltair  6047,  dia-r'-ldid,  7145, 
dia-r'-hôrt  7544,  dia-r'-chéisc  761 c. 

The  shifting  of  the  accent  found  in  Old-Irish  after  arnaro,  etc.,  also 
takes  place  when  the  verb  is  preceded  by  a  suffixed  relative  plus  ro  : 
For  example  : 

immarôerad  =  imman-rô-ferad  ,  Fél.  prol.  206. 


adeam  »,  con-ro-gba  «  ut  su  mat  »  [gaba]  =  coragbû,  Saltair,  13 11,  con-ro-gbaid  u  ut 
sumatis  »  Igabaid),  con-ro-gbat  «  ut  sumant  »  [gabat ).  In  con-ru-failnithcr  Wb.  1  a  the 
vowel  of  the  verbal  particle  shcws  that  it  bears  the  acute  accent. 


280  On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illustrating 

forsarobae  (=  forsan  rô-bae\  Tur.  60,  forsardba  Fël.  Ep.  302. 
urûjollnasiar  (=  in-,  isn-,  insaii-  réf.).  Wb.  1  3b. 
diarbu  Tur.   22,   seems   a  scribal  error  for    diarôbu  :    cf.  diarobe 
Sg.  197  b. 

20  Compound  verbs  hâve  the  acute  accent  on  the  first  élément,  not 
only  after  the  pronouns,  conjunctions  and  particles  mentioned  in  this 
behalf  by  Prof.  Thurneysen  and  Prof.  Zimmer,  but  also  after  the  indefinite 
pronoun  cecha  n  ,  cacha  n)  «  quicunque  »,  the  conjunctions  cid,  cidco, 
feib,  ô,  ore  yiiare)  and  the  négative  particle  cëinco  ;=  cëin-ni-co).  Exam- 
ples are  : 

After  cecha,  cacha,  cacha  n\  :  cecha-dérnai  LH.  gloss  to  Brocc.  h.  41 
cf.  cacha-ôrr  Sg.  I2bj,  cecha-tôrchair  [tô-ro-c)  Tog.    Troi   2237,   2241, 
cachan-dcnat  [dé-gnat   Sahair  4167,  cacha-îômled  de  (tô-meled)  LU.  cited 
by  Windisch,  Ir.  Gr.  p.  119. 

After  cid:  cid  thicc  [tu-icc]  rit1  ?  cid-âirmertar  lib  [airimbrim]  Eg.  93 
cited  Goid  il.  87  note. 

After  cidco  n)  :  cidco-tisad  [tû-icc]  Ir.  Texte,  p.  265,  I.  13. 

After  feib  :  feib-thdllad  tâ-allad\,  Ir.  Texte  296, 1.  9.  feib-técait,  Tog. 
Tr.  514.  Saltair  3488.  feib  thârgaib,  Saltair  5847. 

After  0:  ô-cômteitirrestiss  con  tu-etar-r.),h\ig.  Solil.  gl.59:  ho-éscumlad, 
ess-con-l.)  Ml.  15^  ô-thùcus[s]a,  Ir.  Texte,  p.  102,  1.  9,  ô-thàrnic [tâ-ro- 
dnic  LU.  Windisch  Ir.  Gr.  120.  d-thdnic  tû-ânic)  Tog.  Tr.  1825,  1829. 
ô-tlnid  [==  ô-t'.hud,  the  dépendent  form  of  do-llâid]  Fél.  prol.  178.  [0 
adcùaid,  Wb.  21,  seems  a  grammatical  error  for  ô  éicid]. 

After  ore,  Tiare  :  hore-nd  te  [■=  n-tête,  tu-ête'  Wb.  1  id,  hûar[e]-dssoith 
leg.  dssoid,  ad-s'idim),  Fiacc  h.  58. 

After  cëinco,  cëinco  n)  :  cenco-d  ntar  [dé-gnîar],  Ir.  Texte,  p.  255,1.  30, 
cëinco-tsaid  (ti-iccsaid<  ibid.,  1.  17.  cëncot.sam,  ibid.,  p.  225,  1.  28. 
cencon-dérna  dé-ro-gna]  LL.  cited  Goid.  180.  cenco-téclaimthea  tu-aith- 
con-mal.\  Tog.  Tr.  507.  cencotûirmide,  Tog.  Tr.  2246,  2236  [t'i-rlm). 

30  In  the  case  of  compound  verbs  the  following  compound  prépo- 
sitions are,  for  the  purpose  of  accentuation,  deemed  to  be  simple  :  ara, 
cita  \ceta\  essa  [esse,  asse,  assa),  cenmi  (=  cenmo-ei  2),  iarmi  [=  ivarmo- 
ci ,  immi  {=  ambi-eï-,  remi,  sechnu,  tarmo-ei  f=  tarn-pv ,tremi  trim'v,  for 
=  fo-ro  ,  fort  =for-tu  ,  friss  [=  frith-tu  ,  and  ocu  [=  ud-cu  . 

40  A-injunctives  and  S-injunctives  of  compound  verbs,  when  used  as 
imperatives  [the  verbal  vocatives  ,  hâve  the  acute  accent  on  the  first 

1.  I  omitted  to  note  the  référence. 

2.  Hère,  and  in  the  other  prepositional  préfixes  ending  in  i,  we  hâve  a  trace  of  an 
old-Celtic  préposition  ei  =  in;'. 


the  Irish  verbal  accent.  281 

syllable,  unless  a  personal  pronoun  isinfixed.  Thus de-brdth nom  Chôimm- 
diu  côema,  imay  the  Lord  protect  me  from  Doom  Sg.  where  côema 
is  =  *  cum-ema,  the  reduplicaied  â  injunctive  sg.  3,  of  conémim.  So 
cômeir,  Fél.  Aug.  2  b,  an  s-conjunctive,  sg.  3,  from coni irgim,  and  tdir, 
Tirech.  1 1 ,  from  dodircim. 

50  The  acute  accent  may  be  placed  optionally  on  the  first  syllable  of 
a  compound  verb,  not  only  when  it  expresses  the  relative  without  the 
aid  of  pronoun  or  conjunction,  but  also  whenever  it  does  not  stand  in 
its  normal  place,  viz.  at  the  head  of  the  sentence.  Thus  :  tâatha  H  renn 
tdirr.hantais  «  Ireland's  tribes  were  prophesying  »,  Fiacc,  h.  19.  Ianus 
' arîhûs  triana-rdth  tôrogart  dinm  D:  Athar  (Énos,  first,  through  His 
grâce,  called  on  God  the  Father's  name^  Saltair  2242,  19,  Némruad 
sein...  t'.argaib  a  gleo,  ib.  2698,  dorùmdt  Isâac  iarsdin  ins  ire, 
tûargaib  a-di-l.xim,  atrdig,  is-roddil  a-bénnachtain  then  Isaac  ate  the  food. 
lifts  up  his  two  hands,  arises,  and  distributed  his  blessing)  ib.  2911, 
where  it  follows  its  subject  :  in-cdth  féchta  im-Bélhron...  dssoith  in-grian 
fri-Gibon  in  the  battle  fought  at  Beth-horon  the  sun  rested  overa- 
gainst  Gibeon '',  Fiacc  h.  11.  58,  59.  Ni  ed  iarmafoich-som  «  non  hoc 
quaerit  ipse  »,  Sg.  198*%  where  it  follows  its  object. 

If  thèse  corrections  and  modifications  be  accepted,  we  may,  perhaps, 
codify  the  rules  of  verbal  accentuation  as  follows  : 

1 .  Every  verb.  except  verbs  substantive  and  certain  verbs  meaning 
«  inquit  »,  has  an  acute  accent.  The  syllable  on  which  this  accent 
rests  is  called  the  tonic  syllable.  When  the  verb  consists  of  more  sylla- 
bles  than  one  it  has  also  a  grave  accent  on  each  of  the  posttonic  sylla- 
bles.  The  syllable  next  after  the  tonic  has  the  lowest  tone.  The  syllable, 
if  any,  preceding  the  tonic,  is  toneless. 

2.  Independent  simple  verbs  consisting  of  two  or  more  syllables  hâve 
the  acute  accent  on  the  first  syllable. 

Denominatives,  though  ccmpounded  with  prépositions  ',  are  «  simple 
verbs  »  within  the  meaning  of  this  rule. 

3.  Imperatives,  and  conjunctives  used  as  imperatives,  hâve  the  acute 
accent  on  the  first  syllable,  unless  a  personal  pronoun  is  infixed. 

4.  Compound  verbs  hâve  the  acute  accent  on  the  second  élément, 
unless  the  verb  cornes  under  rule  3,  or  is  preceded  by  one  of  the  fol— 
lowing  : 

(a)  the  relative  suffixed  to  a  préposition. 

(b[  the  conjunctions  aran>,  con,  dian,feib,  ô,ôre  [ïïare). 

1.  e.  g.  ad-bartaigim,  com-ecnigim,  co-tlaim.  dixnigur  (=  do-aicsenigur*,  èr-darc- 
fligim,  ér-birigim,  ér-mitnigim,  étar-cnaigiur. 


282  On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illusîrating 

[d\  the  négative  particles  arna,  arnach,  arnad,  cénco,  cent,  connâ, 

connach,  coni,  mani,  na,  nach,  nad,  ni. 
•  e    the  interrogative  particles  ind  \inn,  in),  innâ,  cani. 
(/]  the  indefinite  pronoun  cecha,  cacha,  cacha[n\ 
In  such  cases  the  acute  accent  rests  on  the  first  élément  of  the  verb. 
The  verbal  particles  ro  and  do  when  infixed  are   «  éléments  »  within 
the  meaning  of  this  rule  ;  but  an  infixed  pronoun  is  nol  an  élément. 
And  the  compound  prépositions  mentioned  supra  p.  280  are  treated  as 
if  they  were  simple. 

5.  When  a  verb,  whether  simple  or  compound,  is  preceded  immedia- 
tely  by  a  suffixed  pronoun  plus  the  particle  ro  or  by  one  of  the  following 
compound  particles  : 

arna-ro  ind-ro  un-ro) 

arnach-ro  nacha-ro 

canï-ro  nâ-ro 

cona-ro  nad-ro 

con-ro  nicon-ro   nocho-ro 

ni-ro, 
each  syllable  of  the  verb  lias  the  grave  accent,  and  the  acute  accent  is 
placed  on  the  ro. 

When  a  verb  follows  one  of  the  words  mentioned  in  this  rule  and  in 
rule  4,  it  is  said  to  be  «  dépendent  »  and  «  in  dependence  ».  When  it 
does  not  follow  any  of  such  words  it  is  said  to  be  «  independent  '  »  and 
«  in  independence.  » 

6.  The  acute  accent  may  be  optionally  placed  on  the  first  élément  of 
an  independent  compound  verb 

(a)  when  the  verb  does  not  stand  at  the  head  of  its  sentence  ;  or 

[b)  when  it  expresses  the  relative  without  the  aid  of  a  pronoun  or 
conjunction. 

In  case  [b\  if  the  initial  is  a  consonant  it  is  generally  aspirated  2. 

7.  In  the  case  of  the  verb  substantive  : 


1.  For  «  dépendent  »  and  «  dependence  »  Prof.  Zimmer  uses  the  words  «  enclitisch  » 
and  «  enclisis  ».  But  surely  an  enclitic  verb  lias  no  accent,  either  on  the  first  or  any 
cther  syllable.  The  only  enclitic  verbs  in  Irish  are  certain  forms  of  the  verb  substantive, 
and  for  them  the  expression  should  be  kept.  For  «  independent  »  and  «  independence  » 
Zimmer  uses  the  words  «  orthotonierte  »  and  u  orthotonesis  ».  But  to  ôpÔorovov,  o;0o- 
tovoûtievov  mean  a  word  with  full  accent  as  opposed  to  -0  èyy./ttr/.ôv.  As  between  the 
Irish  «  independent  »  and  «  dépendent  »  verbs  there  is  no  such  opposition. 

2.  For  example,  thccmongat  Sg.  2  a  10,  thucad  41  a  7,  45  b.  19,  thornther  59  b  18, 
théste  {lu-ess-te)  114  b,  ckontarchomraic  Kl.  57  a  14  (leg.  chom-ï),  chondaigi,  Cod. 
Boern.,  chomallfas,  B  of  Deir.  In  toan»  «  which  lie  steps  »,  Stowe  Missal  30,  the  aspi- 
ration is  omitted. 


the  Irish  verbal  accent.  283 

(a)  the  foregoing  rules  apply  to  ail  forms  belonging  tothe  roots  ben, 

Lat.    gven,   Gr.   fîav  in   pafvto,  Skr.  gam),  fc/v    Skr.  /7c,   Lai. 

g  vivo),  bu    Skr.  Mû,  Gr.  ipo,  Lat.  /u),  f5   Skr.  s//;â,  Lat.  s?â, 

Gr.  ttt,)  and  val   Lat.  wifeo   when  not  used  as  mère  copulas. 

b    Ail  forms  belonging  to  the  root  es  Skr.  as  and  ail  independent 

forms  belonging  to  the  roots  ba  Skr.  ga<  and  i  are  proclitics. 
c    ail  other  forms  are  enclitics. 
[d    ar,  bar,  for,  or,  ol   inquit  are  proclitics. 
Thèse  are  the  rules  which,  after  carefully  going  through  the  published 
glosses,  the  old  hymns,  the  Calendarof  Oengus,  and  the  Saltair  na  Rann, 
appear  tometo  prevail.  Nowlet  ussee  how  they  are  illustrated  and  con- 
firmed  by  the  Calendar. 

Let  me  hère  repeat  the  rule  as  to  penultimate  syllables.  The  penulti- 
mate  syllable  of  every  Une,  of  a  stanza  in  rinnard,  must  hâve  the  acute  accent. 
Thus,  in  the  stanza  first  above  quoted,  daine,  rémain,  érail,  énair,  the 
endings  of  the  four  lines,  are  ail  accented  on  the  penult.  Thèse  endings 
happen  to  be  nouns  ;  but  the  rule  is  the  same  when  the  ending  is  a  verb. 
Thus  in  the  second  stanza  above  quoted  the  fourth  line  ends  in  do-gê- 
gainn.  Hère  we  find  agreement  between  the  rule  as  to  penultimate  syl- 
lables and  the  rules  as  to  verbal  accentuation  see  rule  4  supra1'.  It  may 
be  well  to  illustrate  this  agreement  a  little  more  by  citing  ail  the  instances 
of  verbal  line-endings  which  the  Calendar  contains.  They  are  asfollows: 
Prologue  :  for-n-ôsna  5 1 ,  no-môlur  1 3,  ar-id-rô-gbus  18,  im-rôrdus  20, 
rodas-àrt-som  57,  las-r-ôrta  65,  ro-dos-crôchsat  73,  ce-ro-crôchad  89,  do- 
rôsat  91,  as-r-rrarcht  95,  do-rô-dbad  96,  ro-môrad  103,  ro-rigad  104, 
nad-cêlam  134,  ro-srétha  138,  ni-chélam  142,  dîan-prômam  143,^0- 
béram  144,  at-chissiu  150,  hi-tdimne,  i-tdam  157,  161,  s.ïigte  162,  ro- 
pr[a]idchai  164,  forôrbairt  «  quod  crevit  »),  bérthair  175,  ro-scdich-e 
'77>  l9h  Cl  at-côis  182,  dorénaid  186,  rogdbtha  209,  dian-médar 
(«  si  id  putem  »i  219,  romùchtha  233,  ropUgtha  234,  rorigtha  235,  ro- 
mdrtha  236,  not-gûidiu  26$,  dorônsa  268,  im-b'isiu  274,  con-rûidiur  277, 
dochùatar  279,  ce  ni-clùinter  282,  nos-tiiirfem  289,  co  sdiche  298,  318. 

January.  ron-gl:a  $,  rorJdis<).  as-rûna  r-indid  —asrindidrûna   1  2,  ro-n- 

bia  1 3 ,  consddu  2},do-dot-fdrci  <=-fàr-acci,  Thurneysen  ,  26,  roradius  29. 

February.  rofi'ser  4,  rondn-dle  [«  thou  shouldst. beseech  him»  ,  roringed 

14,   roclandad  14,  no-rddi,  nodn-dli   18,    ni-célar  20,  ron-sndidea  23, 

adidn-gialla  '  23,  Litnmais  27,  iarraid  29. 


1     For  ûith-sidn-gialla.  The  fui!  form  of  the  infixed   pron    id'n\  is  sidn  Vc    rg    nf 
side  Gr.  Celt.).  It  occurs  with  the  s  preserved  when  the  first  prep.    is  ad.   Thus  asii- 


284  On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  ilhstrating 

Mardi,  bias  13,  ron-sndidea  14,  28,  rorimed  18,  atcâri  2$,  dorôchair 
26,  ron-s'na  28,  ron-mora  28. 

April.  bréuis  4,  na-dibdai  9,  roniemad  1 1,  clin-déchoid ,  câin-déochaid 
1 3,  don-r-éma  1 5,  0  don-dnic  14,  frefra/s  25,  cia-théised  27,  dor-rimi  30. 
May.  imme-r-ânic  2,  cain-déochaid  4,  cota-râicset  8,  -rocdrsat  S,fo- 
irûicset  8,  don-ascnai  12,  rorigad  18,  fortn'da  ',  forln-iad<z  31. 

June.  mdd  fod-l'ga,  ma  folugai,  cia  folug.i  6,  doda-fdrnaic  i«  qui  eos 
invênit  »,  doforicim)  10,  mani-chùala  1 5,  ardon-sela  23,  ron-féthiss  24, 
ras-tduras2,  -tùirius,  -tùrus  rhymes  with  Paulus)  26. 

July.  nodn-dli  ç),ba-ma-i.Uuid  [=  maith-tûluid-  12,  non-dilem  14,  ac/rt 
con-étis  16,  manid-fréscai  1 9,  dia-lâmmais  2  $ ,  noda-cântais,  no-chântais  30. 
August.  n-Jilme  5,  ron-féthis  7,  cldntar  9,  na-d-cclar  1 1,  nad-aithbi  12, 
ro-clôtha  24,  rorigad  25,  cdme/r  26. 

September.  dor-rimi  5,  ftfaâir  1 1 ,  ?wrmg  17,  ron-sndda  20,  rogenair  24. 
October.  immrâdem  11,  don-fôrmaig  18,  ron-scera  19,  dian-f  sser  24, 
don-dscnai  25,  atafiaim  phonetic  for  ad-da  fiadaim\  mss.  atatiam,  do- 
thiem,  ataniam  — the  assonating  word  is  /atr,  gen.  sg.  of  the  dissyllabic 
/ar,  urkelt.  /saros  «  strong  »  =  ufo',-,  the  E  of  which  is  long  in  Alcman's 
Êepoawvoi  and  often  in  Homer  in  the  ending  of  hexameters  [e.  g.  îepo'v 
r;;j.ap] . 

November.  ma  immrôrdaiss  13,  dorôchair  17. 

December.  atroeris  [=  ad-d-râ-reris,  redupl.  s.  conj.  sg.  2  of  adriug) 
16,  imme-rddi  20,  nad-ldbrah  [=  W.  llafarodd  22,  5/ec/îta  23,  do/m- 
ecra/,  donn-écna  29. 

Epilogue,  nad-rdnic  17,  a-con-rûalai  25,  ce  robdige  27.  not-gûidiu  37, 
fomm-râirmius*  |«  I  hâve  laid  me  down  »,  fuirmim'<,  do-ruirmius  40,  41, 
féraim  49,  nochdraim  $o,  ro-dn:c  53,  cos-tiagat  58,  ron-môraî  59,  «f- 
giallat  60,  cotamrôither  coî-dam-r-ôilher,  \/av,  69,  roférsam  73,  nod-/  ga/ 
81,  nad-célam  86,  adrimem  86,  dorigne  89,  domm-dinic  93,  fod-rûair  97, 
rf/a  fôirglem,  dian-abram  98,  forûasna,  bodâasna  (=  fo-d-fûasna\  102, 


droilliset  (=  ad-sidn-ro-illiset\  asidciamni  (=  ad  sidn-ciamni),  asidgrénnat  (=  ad  sidn- 
grênnat  .  In  the  same  way  the  full  form  of  the  infixée!  relative  occurs  with  the  j  pré- 
servée \n  amal  asinchobra  '=  ad  sind  cLobra  from  adcobraim\.  It  is  the.efo  e  needless 
toassume  the  existence  of  an  asroillim,asciu,asgrennim.ascobraim   Rev.  Celt. ,V\,i$6,  137. 

1.  Rnymes  with  Petronellac.  The  -ad  of  the  Irish  verb  is  not  a  poetical  license  :  it  is 
found  [written  a/)  also  in  the  simplex  amal-en  'mon-iadai  sas  (like  a  bird  round  which 
a  trap  closes  Saltair  4725  This  licence  shews  that  in  prehistoric  lrish  the  aya-  verbs 
ended  in  a  diphthongal   -aif,  in  the  }d  sg.  près,  iniie.  act.,  subjoined  form. 

2.  As  <jur  is  one  of  the  accented  forms  of  the  sound  air,  we  may  safely  assume  that 
the  independent  form  of  the  dépendent  taurim,  turim  is  tu-airim. 

3.  Cf.  Xa  pî'j^'xoci. 

4.  The  infixed  pronoun  mm  =  mb  —  urkelt.  mi'bi  seems,  like  lat.  fe"W,  «W,  an  old  ins- 
trumental. 


the  Irish  verbal  accent.  28  c 

conid-côcert,  conidn-  àicert  105,  roscrûtus  109,  nod-giba  1  14,  atbila  1 16, 
na-TOtùirmed  1 22,  do-cùibded  124,  ma  do-rùirmir.n  128,  nod-gdla  173, 
arid-léga  178,  W-g  ba  180,  hi-cdnar  187,  adfiadam  2 1 4,  no-géssed  217, 
ni-prémfat  2:9,  do-rûirmius  229,  cdnma  242,  rorigad  26}.  rocrjite,adôd- 
part  leg.  adôpart  269,  côngaib  279,  b/'j*  1  qui  vivel  »,  «  qui  erit  • 
289,  ad-rôithach  300,  501,  not-cdru  311,  not-gûidiu,  313,  dorimu  317, 
nod-gûidiu  337,  no-ràidiu  358,  aram-bdigiu  ^6o,forsa-tôrchair  361,  ar- 
dom-tùaisi  374,  fodom-glùaisi  376,  ron-gùdsa  421,  an-géstae  432,  433, 
ron'ebad  4^8,  loscerad  4no,  docûissin  443,  ton  f/'asta  470,  atomdidmx 
addom-didnue,  from  adddmim,  encl.  dtmaim  494,  dorignis  506,  flo/z- 
ai/(d  559,  imm-rôrdus  564. 

It  will  be  seen  that  the  accentuation  of  thèse  forms  agrées  entirely 
wîth  the  rules  laid  down  by  Thurneysen,  and  differs  from  those  laid 
down  by  Zimmer  only  as  regards  independent  simple  verbs.  But  hère, 
as  we  shall  see,  Zimmer  is  wrong. 

So  much  as  to  the  assonances  and  line-endings  of  rinnard. Now  as  to 
the  allitération.  The  ru!e  that  alliterating  letters  must  begin  syliables 
having  the  acute  accent  agrées  perfectly  with  the  rules  as  to  verbal  ac- 
centuation. The  examples  of  this  agreement  which  are  found  in  the  Ca- 
lendar  will  now  be  set  down.  There  is  not  a  single  instance  of  dis— 
crepancy. 

I.    INDEPENDENT    SIMPLE    VERBS 

Srôiglithe,  séol  calad,  trlasna-sûrnu,  Prol.  43.  44.  — scntai  cach-slûag 
sûbach,  Prol.  100.  —  maraid  Ard  môr  Mâcha,  Prol.  168.  — gentibib- 
daid  bérthair,  Prol.  175.  —  ce  thûirtir  a-thr  ta,  Prol.  230.  —  nudgënair 
o-Mdiri,  mdirid,  Prol.  251,  252.  —a-r'ïre,  a-ri  rimther  flaithe,  Prol. 
285,  286.  —  slâ'mdfemme...  sôerchoindle,  Prol.  287,  288.  —  com-baini 
biaït,  Prol.  307,  308.  —  l  lessa  do-ldithib  it-lébrânaib  Lrib,  Prol.  309, 
3 10.  —  lilessai  iar-linib  col-léir,  Prol.  311,  312.  —  âilmc  itge,  Jan.  10. 
—  co-Crist  céchaing,  Jan.  25.  —  côica  ar-chit  mdrtir  mârtra  morsus  ■  do- 


1.  morais-us,  where  the  -us  is  a  suffixed  pronoun.  The  second  syllable  having  only  a 
grave  accent  the  vowe!  was  ejected  Many  other  such  forms  are  quoted  in  the  Gr.  Cel- 
iica,  p.  108S,  e.  g.  bèithium  =  berith'-r  um,  géibthi  =  gétith  —  i,  berthi  ~  beritfi 
—  /',  bètlh:  —  berith  --  e.  suigthe  =  sug;th  —  e.  ailtïus  =  ailith  -+-  us,  marb- 
thus=  matbahh  —  us.  So  common  r  lative  forms  such  as  bért-e  «  qui  ferunt  »  =  bè- 
rat-e.  So  Uicsi,  M!.  Goid  ,  p  29;  —  liicis  —  i,  foidsi.  oilsi.gabsi,  berrsi  in  Tir  =  foi 
dis  -f-  i,  ailis  /,  gâtais- i.  benaisi.  I  rof  Zimmer  mu't  hâve  overîooked  thèse  forms  or 
he  would  not  Iiave  put  forward  his  theory  that  simple  verbs  in  orthotonesis  e.  g.  berid) 
hâve  the  acute  accent  o.i  the  second  sy.bble.  his  argument  that  if  e.  g.,  guidid  was  ac- 
cented  on  the  first  syllable   we  should  hâve  had  guit  is  not  convincing.  for  such  con- 


286  On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Ocngus  as  illustrating 

rus,  Jan.  30.  —  bénait  com-brig...  bdrr,  Jan.  ji.  — nierait callainn febrai 
fros  mdrtir  mdr  ngtëdend,  Feb.  1.  —  immon-epscop  Sémplex  sléchta  prlm- 
slôg,  Feb.  12.  —  ar-Christ  chais,  Feb.  23.  —  Senan  Inse  Cdthaig  cra- 
chais ecrait,  March  8.  — ■  ar-Crist  crachais  côlaind,  March  12.  — fri- 
Crist  cdrsat  sanais,  March  15.  —  céchaing  ciim,  March  20.  —  Scire  cain 
car  trëdan,  March  24.  —  Cirillus  cain  cimbid  ccsaiss  rci  rindi,  Ap.  26. 
■ —  do-Crist  cdnaid  cdchain,  R  ,  Ap.  26.  —  lôtar  Liithe  lilha,  May  5.  — 
cdrsat  Crist,  May  7.  —  rath  in-Spîrta  séchtai  sénaich,  May  1  j.  —  Beccân 
cdrais  figle  i-Clûain-aird,  May  26.  —  taYf  co-Crist  clëir  mbùada,  Jun.  2. 

—  mârtra  Marciâni  môrsus  (=  mirais  -j-  us  lïar  mbïïada,  June  $.  — 
Bdsilla  in-bûadach  brétha  Uainn,  June  11.  —  céchaing  ïiainn  Mac-nisse 
câid  Clûana,  June  13.  —  oi'raû  Cm/,  June  15.  —  MJ/re  mo'ras  Mdtha, 
July  1 .  —  gàbais  bïïaid gél  glàine,  July  6.  —  fri-Crist  cdrais  leri,  July  9. 
■ —  slôiged...  sndidsinm  snaidsiunn  ,  July  18. — ■  croc/?  Heli  mdrtir  murais 
relicc,  July  21.  —  co-Crist  céchaing  saithe,  July  23.  — in-Achud  cain 
cldntar,  Aug.  9.  —  mac  Crescni  Mî'rnoc  =  mo-Erncc<  mérais  Fladat  fai- 
renn,  Aug.  18.  —  in-grlan  Inse  Médcoit  môlmai,  Aug.  31.  —  tf'gd//  «- 
maccain  imm-Ultân  ' Aird  Breccain.  Sep.  4.  —  nwr  lilh  linass  crlcha, 
Sep.  9.  —  /ftÀ  /ïfljss  cricha,  crôthass  lônga,  Sep.  9.  —  rdthatar  ir-rîched, 
Sep.  18.  —  snaidsiunn  [sndidsium  in  sâb  slûagach,  Sep.  21.  —  d'il  Mar- 
cellum  n-épscop  con-didbli  a-brlga,  Oct.  4.  —  téwà  W/A  con-aini,  Oct.  8. 

—  Riaguil  rdith  ar-reimsin,  Oct.  16.  —  géguin,  gnim  as-ïiaisliu,  Oct.  23. 

—  sèrnait  co-  slûag  aithre,  Oct.  31.  —  siérait  sdmain  sianaig,  Nov.  1.  — 
la-lith  linas  tïïatha,  Nov.  8.  —  do-Crist  cdchain  figil  i-cûrchân,  Dec.  8. 

—  grian  gôires  mlli,  Dec.  26.  —  ëcen  chdrcra  crachais  slûag,  Dec.  30. — 
lucht  fris  jdilte  féraim.  Ep.  49.  —  is-sdlm  slôindes  môrnert,  Ep.  155.  — 
snaidfid-i  in-slûagsa,  Ep.  160.  —  cach-neb  bôi,  fil,  bias,  Ep.  289.  — 
ruiall  cias  céch-macc  1ère,  Ep.  349,  3^0.  —  a-rl  béres  brétha,  Ep.  416. — 
lat-rwcbii  tan  tiastac,  Ep.  470.  —  at-bdth  in-cech-k'scnu,  Ep.  3 18.  —  ai- 
slûindiu  a-sir echt.  Ep.  332.  —  ad-sl'indiu  a-spirtu,  Ep.  333.  —  ar-cech- 
îlc.fris-ôirg,  Ep.  443,  444- 

Enclitic  forms  of  verb  substantives 

do-Crist  cïaptar  c.li,  Ep.  14.  —  milid  ro-dos-crôchsat,  ci'btar  bailc 
am-brcssa,  Prol.  73,  74.  —  ciaptar  aille...  meic  Deicc...  nad-chdram, 
Prol.  133. 

tractions  occur  only  in  the  case  of  trisylbbles  and  quadrisyllables,  adfet,  e.  g.  from  ad- 
Jeded.  His  appeal  to  the  «  vers-ictus  »  of  Fiacc's  hymn  is  still  less  satisfactory,  fer  there 
is  no  ictus  in  Old-Irish  verse,  whatever  there  may  be  in  Archbishop  Mac  Hale's  imitations 
of  Moore's  Mélodies  and  Pope's  Homer.  The  syliâbles  were  merely  counted. 


the  Irish  verbal  accent.  287 

III.    IMPERAT1VES   AND   CONJUNCTIVES    USED   AS    1MPERATIVES 

•a<   Simple  verbs 

cdinTigcrnach  crèdal  ar-Cristcechm-bais bruis,  Ap.  4.  — féith  lat  pais... 
Firmi  fôrtrcn  muinter,  Aug.  9.  —  dlôm  diis  ar-fïclut,  Sep.  13.  — feil 
épscoip  disneid  for-ôen  llni,  Oct.  14.  —  slûind  Elair...  Muirdebair  mind 
sénaid,  Nov.  3.  —  Clêmint  ocus  Côlmân,  célebair  a  fêli,  Nov.  14.  — 
Dichuill,  Moel  Rûain  raite,  rôpat  fâilte  frimsa,  Dec.  18.  — chante  mo- 
chnéit,  Ep.  314.  —  clûinte...  a-Crist,  Ep.  425,  426. 
b)  Compound  verbs 

dttaig  itge  Tlamdai,  Aug.  22.  —  cotam-rôcbat  !=  coi-dom-rô-ud-gabat\ 
com-rig  rimther  flaithe,  Ep.  45,  46.  —  re-notlaicc,  ârd  crgnuiss,  dsneid 
init  corgaiss,  Nov.  13,  R. 

(c  '   S-  conjunctive 
bUaid  paiss  Quinti...  dia-chélebrad  cômeir,  Aug.  26. 

II.    ÎNDEPENDENT    COMPOUND    VERBS 

at-slùindi  cech-sénad,  Prol.  110.  —  classa...  imm-Clfiaran  ci'  at-chôïs, 
Prol.  182.  — ■  broc  Aillinne...  at-bath  lia-slog  bdgach,  Prol.  189,  190. — 
do-chûatar  chàcut,  Prol.  279,  280.  —  hi-fuil  Crist  trea-cârpu  do-côem- 
nachtar,  Jan.  4.  —  do-bréih,  brïgach  n-ïïalann,  sïl  bûadach  béch,  Feb.  1 3. 
—  la-cisad  slôigr.  for-cénnat,  Feb.  28.  —  crôchad  ocus-cômpert...  at- 
côri,  March  25.  —  do-béir  bdrr  tre-bithu,  March  31.  —  loichet  épscoip 
'Ibair  as-ôrt  cenn  cech  éris,  Ap.  23.  — for-cénnat  cléir  nApreil,  Ap.  30. — ■ 
la-féil  Petair  déochain  drébraing  [==  de  frebraing)  martra,  Ap.  27.  —  ar- 
dlig  dûinn  a-cetal,  June  1.  —  Moel  Fûain  ad-réth  riched,  July  7.  —  sluag 
lui  fortn-iada  ârd  âge,  July  31.  —  at-éocham  na-ûaga  do-airsct  am-dala, 
Sep.  20.  —  ar-slig  Ancrist  in-mll  slisgel  slûagach,  Sep.  29.  —  Séptimbir 
iar-sâithib  at-sâigtis  ar-séthir,  Sep.  30.  —  Eleuther  in-màrtir  ad-muinter 
a-fêli,  Oct.  2.  —  rop-côbair  dûnn  Auster  as-cômart,  Oct.  19.  —  do-bérî 
béndachtmbûada,  Nov.  2.  ■ —  ad-réith  riched  rûnach,  Nov.  6.  —  do-béir 
bdrr  no-bdgu.  Nov.  30.  —  con-écmaingscm  durain,  Ep.  7.  — fort-gillim 


1 .  Hère  Quinti  alliterates  with  chelebrad  and  comeir.  The  fol'owing  is  a  list  of  the 
alliteraiing  letters  and  lettergroups.  1.  ail  initial  vowels  and  diphthongs.  2.  b.  bl,  br. 
j.  c,  en,  cl,  cr,  qu.  4.  d,  dl,  dr.  5.  /,  ph,  fl,  fr,  phi,  phr.  6  g,gn,  gl,  gr.  7.  /.  /.  8.  m, 
ni,  mr.  9.  n,  n.  10.  p,  pi,  pi.  11.  r,  r.  12.  s,  sn,  si,  sr.  i},  se,  ser.  14.  st,  sir.  i$.sp, 
spr.  16.  l,  in,  tl,  tr. 


288  On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illustrating 

cen-gûa,  Ep.  167.  —  is-fôillsiugud  fértai  do-fôrmaig  cech  m-bordgal,  Ep. 
20$,  206.  — na-fértai  ad-fiadam,  Ep.  214.  —  for-cénda  cdin-gtbend, 
Ep.  282. 

IV.  DEPENDENT  VERBS 

[a]  Simple  verbs  after  ro,  and  no 

Ro-sélgatar  rotu  nad-sôrcid,  Prol.  29,  50.  —  ro-sônnta  fiad-slôgaib, 
Prol.  33.  —  ro-ringthe  co-rinnib.  Prol.  37.  —  ro-lôistthe  for-lùach 
teth  ib  Idnnaib,  Prol.  39,  40.  —  ce  ro-crôchad  ar-Coimdiu,  Prol.  89, 
90.  —  ro-mîchad,  môr  tirbaid,  miad  Lô.gairi,  Prol.  169,  170.  —  ro- 
bio-sa...  isin-bith-flaith  bûadaig,  Prol.  271.  272.  —  ro-bêo-sa 
isin-flaith  im-bisiu,  Prol.  273,  274.  —  hi-rôi  Valentlni  Marcellus  ro- 
ringed,  Feb.  14.  —  fer  ro-scrib  cain  sc~îla,  May  6.  —  ma  ro-séllaib 
séimle,  July  4.  —  epscop  rûamach  r-ûc  suas  sait'ie,  Aug.  6.  —  ro-ch:'s 
Mammes...  i-crôich  calaid,  Aug.  17.  —  ro-ch  ss  môr  Dioscorus  ar-Crisi 
cing  as-ferdu,  Aug.  20.  —  ro-sréth  scel...  co-sdl  srûamach,  Aug.  25.  — 
ro-ir  Issu  ùasal,  Sep.  23.  —  croch.,.  ind-épscoip  las-r-ôrl  slûag,  Oct.  22. 

—  rofess  and  nad-r-dnic  ardrïched  ïnd-rigsa,  Ep.  17,  18.  —  nach-dinim 
ro-dnic,  Ep.  ^3.  —  ro-!cfa  as-ûaisliu,  Ep.  55.  —  in-grafand  ro-férsam 
fldtha  Crist  is-colba,  Ep.  73,  74.  —  drong  sacart  ro-crdile  do-Crist  césta 
crûiche,  Ep.  269,  270.  —  ro-b'o  iarsinm-bdigse,  Ep.  315.  —  ro-gddsa 
mo-g'ide,  Ep.  412.  —  ro-ére-siuûile  guide,  Ep.  427,  428.  —  rechtCrisI 
neoch  no-chdntais,  July  30.  —  cleir  '■  Augustin...  dech  na-chârtais  trêdan, 
Nov.  16.  —  cosin-cdch  no-chdraim,  Ep.  50.  — ron-sôera  rcn-snddea  ... 
ron-s  na,  March  25.  —  ron-sndia  in-shagach,  May  10.  —  it-gldna,  nis- 
gégnetar  tola,  May  19.  —  ron-snddea...  sôinmech  siithe,  May  28.  —  ron- 
scera,  ron-snaide  slûag  Sussi,  Oct.  19.  — ron-snnie  sluag  Victoir,  Dec.  17. 

—  romm-din  itge  Taûae,  îthamaisc  nad-labrai,  Dec.  22.  — romm-sndidet 
mo-srùithe,  Ep.  47.  —  rosm-bJ  béndacht  Isa,  Ep.  56.  —  cit-suide  nod- 
ligat  ata-léthna  linde,  Ep.  82.  — manod-téchtaid dekirc  cona-tûirim  téchtai, 
Ep.   389. 

[b    after  the  relative  pronoun. 

in  guide  ron-gddsa,  Ep.  42 1 . 

(c)  after  the  suffixed  relative 

in-bith  trûag  itdam  [hi-tâimne  ,  Prol.  1 57.  —  n a-tire  i-tc,am  hi-tdimne  , 

1.  This  noun  of  multitude  is  perhaps  borrowed  from.  Lat.  plen. 


the  trish  verbal  accent.  289 

Prol.  161.  —  la[s]-scéith  sa'l  a-annaig,  Feb.  16.  —  in-lâ  deg.  al-Li) 
fors/n-bi  bisex,  Feb.  29.  —  don-bithflaith  im-bithbl  les,  June  9.  —  imma- 
slécht  slùag  sôbail,  .lune  16.  —  imma-lûid  lin  catha,  Aug.  23.  —  rlgfcil 
Brénaitui  Biroir  frism-brûchtai  1er  lëbend,  Nov.  29.  —  do-cdch-phurt  i- 
cdnar  ernaigthe  ti\  crédal,  Ep.  187,  188.  —  ar-ccnairc  in-rlgsafrisn-dgar 
in-nûallsa,  Ep.  406. 

[d]  after  the  suffixed  relative  +  ro 

imma-râerad  rûdrad,  Prol.  206.  —  at-rôithech  in-rigraid  forsa-rdba 
iarair1,  Ep.  301,  302. 

[e]  after  conjunctions  -f-  ro 

a-lsu  conrûidiur  1=  con-râ-raidiur)  do-rigrad  do-riiad,  Prol.  277.  — 
conom-rdi-b  cach-solad  ar-molad  dot-rlgraid,  Prol.  11,  12.  —  condom-rdi-b 
it-rigiu  nach-nï,  Ep.  359. 

(f)  after  infixed  personal  prcnouns 

rom-bérthar  bûaid  1ère,  Prol.  3.  —  milid  rodos-crôchsatcébtar  bailcam- 
bressa,  Prol.  73,  74.  —  dian-prômam  (=  diann-p,  in-prôlach,  Prol.  143, 
144.  —  nos-mâlamar  ménicc,  Jan.  17.  —  Me//a/i  iwe  ûaisle...  nodn- 
dli,  Feb.  7. 

(gl  Simple  and  compound  verbs  after  négative  particles 

ni-mdir  Becc  mdcc  Eogain,  Prol.  203.  —  rtâffr  na-ddmair  digna,  Feb.  9. 
a-chhad  ni-célar,  Feb.  20.  —  dfcheng  déoda  na-dlig  diarn-duain  digna, 
March  7.  —  breo  nad-dithbe,  drfig  iola,  Ap.  1 5.  — /?//jîr  nad-chdr  côrp- 
lën,  Crônan,  June  22.  —  asa-clû  nad-chélar,  Aug.  11.  —  la-crôich 
Adriônis  co-cU'ir  nad-chdr  dichmairc,  Aug.  16.  —  asa-clû  nad-célam,  Ep. 
86.  —  ni-fôigbe  f  élire  bas-certu,  Ep.  147,  148. 

[h)  after  négative  particles  -f-  ro 
ni-rdthgab,  réim  calad,  Prol.  107. 

V.    COMPOUND    VERBS    WITH    INFIXATION 

a  infixed  ro 

dom-rôrbai . . .  rlth  rordith  in-sl'ogsa,  Prol.  25,  28  [tu-for-ba] .  —  imm- 
rôrdus  in-rigraid,  Prol.  21.  —  ind-rigrad  imm-rôrdus,  Ep.  564.  —  do- 

5.  iar-air,  \  ~ar.  also  in  àoc'aOoc.  (V.Doo:  ip.)  £p-v<5u.at,  etc. 

Kév.   Cclt.   VI  19 


290    On  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illustrating 

rônsa  do-rêirsiu,  Prol.  269  [do-gnlu  .  —  Crist-as-rûna  r-indid,  Jan.  12 
[ess-ind-jid).  —  do-n-rôgra  dond-rig  f  laith,  Dec.  14  [tu-gar).  —  in- 
rigrad  do-rûirmius,  ol  is-loimm  de-rômuir,  Ep.  41.  —  la-dïïthracht  do- 
rignius,  do-nôebaib  do-rdtus,  Ep.  1 1 1-1 12  [tu-rô-dad  .  —  ind-rigrad  do- 
rûirmius,  Ep.  229  to-rlm  .  —  at-rôithech  [=  ad-rû-tethech,  ytec  in-ri- 
graid  forsa-rdba  iarair ,  Ep.  301,  302. 

(b)  infixed  personal  pronouns 
dot-iccfa...  acht  con-étis,  July  16  [tu-icc).  — imma-cûrîis  aingil  hi-cdr- 
craib  cia  theised,  Ap.  27  imm-cur  .  —  fos-fûair  fôrtren  toga,  Nov.  7 
[fo-fû-ar).  — itge  ind-nôib  Tournis  atn-éocham  '  [addn-i,  Dec.  21  ad- 
tec).  —  macclônain  donn-écmaicc  in-ddaig  re-notlaic,  Dec.  24  [tu-aith- 
cum-acc).  —  dos-rimemar  rémain,  Ep.  6.  —  ron-sért  sérc,  Ep.  1 1 . 

c)  infixed  relative  pronoun 
la-Breccbuaid  dor-rimi  do-rôgrad...  Eolang,  Sep.  5. 

VI.    OPTIONAL    ENCLIS1S 

breo  nad-dithbe,  drfig  tola,  Ap.  15.  —  tdricc  em  fri-tôscai,  July  19  tu- 
air-icô.  —  Côlum-cille  côngaib  con-drongaib,  Ep.  279. 

Having  thus  stated  the  lawsof  Irish  verbal  accent  and  justified  I  hope'> 
the  modifications  which  I  hâve  ventured  to  make  in  the  results  attained 
by  Thurneysen  and  Zimmer.  I  shall  now  shew  that,  except  as  regards  inde- 
pendent  simple  verbs,  ail  thèse  laws  are  nothing  but  corollaries  to  one 
gênerai  proposition,  the  clue  to  which  has  been  given  by  Zimmer  himself 
in  the  first  part  of  his  Keltische  Studien,  p.  s  6  : 

«  Dem  Irischen  —  wie  den  Keltischen  Sprachen  ùberhaupt  —  ist 
nàmlich  die  Erscheinung  eigen,  dass  bestimmte  Wôrter  im  Zusam- 
menhang  der  Rede  sich  beeinflussen  und,  wie  die  Silben  im  Wort,  so 
eine  hôhere  Einheit  finden  in  einem  Complex,  den  Windisch  Paul  und 
Braune,  Beitr.  IV,  204  passend  «  grammatische  Formel  »  nennt.  Dièse 
Formeln  junctiones  ZE.  177  werden  ZE.  177  ff.  Windisch  1.  1.  205' 
besprochen  ;  es  sind  Substantiv  mit  vorangestelltem  Artikel,  Possessiv 
pronomen,  Zahlwort,  Prâposition,  mit  nachfolgendem  abhàngigem  Ge- 
nitiv,  Adjectiv,  Demonstrativpartikel  ;  Verbalform  mit  vorangehender 
Verbalpartikel,  Prâposition,  pronominalem  Object 2    pronomen  infixum), 


!.  mss.  atneocham.  The  writer  seems  to  hâve  supposed  that  the  verb,  without  the 
infixed  pronoun,  was  ad-eocham. 

2.  This  maymislead.  The  infixed  pronouns  are  toneless  and  were  therefore  not  counted 
as  separate  parts  or  éléments  of  the  complex  or  unity  in  which  they  are  found. 


the  Irisli  verbal  accent.  291 

Relativpronomen  ',  mit  nac'.ifolgendem  pronominalem  Object  und  Sub- 
ject.  Innerhalb  dieser  Einheiten 2  gelten  in  eïner  Reihe  von  Punkten 
dieselben  Lautgesetze  wie  innerhalb  des  Wortes  ;  sie  wurden  offenbar 
durch  einen  gemeinsamen  Accent  zusammengehalten  und  finden  sich  in  den 
àlteren  und  besseren  mittelirischen  Handschriften  zusammengeschrieben ; .  » 
We  shall  now  see  that,  except  as  regards  independent  simple  verbs, 
ail  the  laws  of  Irish  verbal  accent  flow  ultimately  from  the  statement 
which  I  hâve  italicised,  namely,  that  the  éléments  of  a  unity  are  held  to- 
gether  by  a  common  accent.  On  this  is  founded  the  gênerai  proposition 
above  referred  to.  It  may  be  Thus  expressed  : 

Every  independent  word  has  one  and  only  one,  acute  accent.  Every 
unity  has  one  common  acute  accent. 

Explanation.  —  An  «  unity  1  means  a  junction  of  : 

a    a  substantive  with  a  preceding  article,  pronoun,   pronomina 
adjective.  numéral,  verb  substantive,  copulative  or  disjunctive 
particle,  préposition,  conjunction  or  interjection  ; 
b    an  adjective,  participle,  pronoun,  numéral,  or  adverb  with  a 

preceding  verb  substantive  ; 
c    a  pronoun  with  a  preceding  article  or  préposition  ; 
d    a  substantive   with  a  following  dépendent  genitive,  adjective, 
participle,  pronoun,  or  démonstrative  particle  ; 
a  pronoun  with  a  following  dépendent  pronoun  or  démonstrative 
particle  ; 
/    an  adverb  with  a  following  pronoun  or  démonstrative  particle; 
\    a  verbal  form  with  a  preceding  verbal  particle,  préposition, 
relative  pronoun  whether  simple  or  suffixed  ,  verbal  particle,  pré- 
position, conjunction.  négative  or  inîerrogative  particle   with  or 
without  ro  ; 
(h)  a  verbal  form  with  a  following   nominal  object,  pronominal 
object.  pronominal  subject,  pronominal  suffixes. 
The  parts  of  an  «  unity  »  which  hâve  an  independent  accent*  are 
called  a  éléments  0 

1 .  The  simple  relative  pronoun,  being  toneless,  does  not,  for  the  purposes  of  accen- 
tuating  the  complex,  or  unity,  count  as  an  élément.  W.  S. 

2.  Die  wesentlich  kûnstlichen  Sandhigesetze  des  Sanskrit  s;'nd  nicht  zu  vergleichen. 

}.  Wo  in  den  alten  Glosser.handschriften  abgewichen  wird  l'iegt  es  fast  immer  am 
mangelnden  Raum.  "The  statement  that  the  éléments  of  a  complex  are  writtn  together  re- 
quires  some  modification.  Dépendent  genitives  or  adjectives  are  not  written  together  with 
the  substantives  on  which  they  aepend.  W.  S.] 

4.  The  following  toneless  conjunctions  never  form  p2rt  of  an  unity  which  embodies 
a  verb  :  acht,  amal,  ce,  ci,  c.a,  cein,  cesu,  cetu,  co  [=  coth),  deig,  fobith,  intan,  lase, 
ma,  mad.  mat,  massu,  meit,  noch,  resiu,  sech.  The  simple  relative  and  the  infixed  pro- 
nouns,  being  toneless,  never  form  separate  parts,  or  «  éléments  »,  of  a  unity.  W.  S. 


292    On  the  mètre  Rinnard  and  thc  Calendar  of  Oengus  as  illustrating 

When  a  unity  embodies  a  noun  '  without  a  verb  the  common  accent 
is  on  the  first  or  only  syllable  of  the  noun.  When  a  unity  embodies  a 
verb,  the  common  accent  is  on  the  second  or  only  élément  of  the  verb. 

Exception  1 .  Imperatives  2  and  injunctives  used  as  imperatives  hâve  the 
accent  on  the  first  élément,  unless  a  pronoun  is  infixed. 

Exception  2.  In  case  of  the  verb  substantive,  forms  belonging  to  the 
root  es,  and  independent  forms  belonging  to  the  roots  ba,  i  and  val,  are 
proclitics.  Dépendent  forms  belonging  to  the  roots  ba,  bu,  i,  ta  and  val 
are  enclines. 

It  is  needless  to  illustrate  this  proposition  as  regards  cases  a  to  /  . 
Let  me  give  some  illustrations  of  cases  g  and  h  .  They  are  almost  al 
taken  either  from  the  Grammatica  Celtica  or  from  the  former  part  of  this 
paper.  I  shall  separate  the  éléments  by  hyphens. 

1 .  With  preceding  verbal  particle  :  ro-chrôchsat,  as-râ-burt.  ar-rù- 
dergestar,  for-rô-chon-gart,  asreracht  [=  ess-ru-ess-recht  ,  imrimgabsat 
[=  imm-rô-imm-g  ,  foracab  (==  fo-rô-aith-g  ,  remi-ri-er-choil,  trimirô- 
thorndiussa  •=  trimi-rô-do-fo-rendius-sa  ,  imfôrling  =  imm-fô-ro-ling  , 
intindarscan  \—  ind-do-ind-fo-ro-scan,  inlinscanaim  ,  no-bérid,  no-chdi- 
rigur,  amal  nondub-edirim-se,  nudam-chrôcha. 

2.  With  preceding  préposition  or  prépositions  :  ad-glâdur,  ad-béir,  as- 
biur,  fort-giUim,  fortn-iadae  Fel.,  do-lûigim-se,  do-fôr-maig,  doràtus  =  do- 
rô-dadus '■,  ad-rimi-siu,  fordub-cechna,  at-bdil-side,  con-icimm,  co  fardum- 
îhhid-se,  co  atom-sndssar  :  conôscaigesiu  [=  çon-ud-sc),  oôsna  =  con- 
ôd-sena  ,  con-éitgid  (=  con-dith-tigid  ,  dirâscai,  phonetic  for  dirôscaig 
(=  di-ru-scaig,  \/sec),do-gniu-sa,  ar-â-chrinim  >,  fodcanim  [=  fo-aith-c.  , 
con-dir-leiciher,  do-dur-chanim,  conditecht  [=  con-dith-techt  ,  for-côim- 
nocuir  \=  for-cûm-nenocuir,  cf.  Lat.  nanc-iscor  ,  ad-côm-alîar,  for-côn- 
grim,  etir-di-bnet  [yben,  bhen\  do-étar-cuirethar,  ar-fô-imam,  dc-fû-air- 
citis,  do-fôr-mgat  []/mag\  im-fré-sna  phonetic  for  imm-fréth-sna ',  imm-im- 
gabaitn*,  do-ind-naich  :  dundam-rôi-mnije-se  Ml.  3:  d.  5,  atdirbir  [aith- 
dô-air-b),  fo-ind-ar-lid,  du-ar-chom-raieset,  doécmoised  =  do-dith-com- 
aingsed),  do-im-di-bnim  (\/ben),  astôascther  p=  es-dô-fo-aith-sechther  ?  s. 


1 .  This  includes  infinitives  (verbal  nouns)  and  participles  (verbal  adjectives). 

2.  The  verbal  vocatives. 

3.  The  prep.  a  in  this  verb  may  be  (etymologically)  identical  with  the  Greek  augment. 

4.  For  the  duplication  of  the  prep.  cf.  èv-év-ircev,  //■  II  626. 

5.  I  do  not  know  of  any  Irish  verb  compounded  with  more  than  four  prépositions, 
the  maximum  number  in  Welsh,  G.  C.  908. True,  E.bel,  G.  C.  889,  quotes  comatcrchomla[g\. 
apud  se  ponat  recordans,  eleemosynam  as  an  instance  of  composition  with  five,  com-ad- 
do-air-com.  But  the  true  analysis  of  this  gloss  in  obviously  co  («  ut  »)  materchomla 
(«  bene  colligat  »),  which  is  a  compound  of  térchomla  (=  tu-er-chom-la)  with  the  adj. 
mad.  maith.  Compare   mad-genair  Fél.    Prol.   251,  mad-bocht,  Br.    h.    29,  maitulaid, 


the  Irisli  verbal  accent.  295 

With  preceding,  ad  aith  [«  re-  »  «  rursus  »  :  ad-gënsa,  huan-dith- 
gnintar  an  don-aith-chuiredar  '. 

With  preceding  relative  pronoun  and  its  compounds  :  a-tdirchet 
(—  san-hi-air-chet  ,  a-tdirbir  '—  s.w  -\-  tù-air-bir  .  dian-dccomaltar,  hi- 
tairchet  Stowe  Missal  20.  foran-id-parat,  frisan-érbrath  (-és-ro-b),  aran- 
déntar  -di-gnt.ir .  trisa-tôscigtlier,  Stowe  Missal  52,  tresam-bi,  lasam-bé, 
eterar-rô-bx,  forsa-fôr-con-gair,  tarsa-tôchuirther  do-chuirt:.er 

W'ith  preceding  relative  conjunctions  :  aran-épertir,  aran-dérnaid,  ara- 
jô-emi  Stowe  Missal  79,  con-épred.  dian-âcomiltar . 

With  preceding  relative  conjunctions  plus  ro  :  con-rô-chra,  con-rôi- 
gset. 

With  preceding  négative  particle  :  ni-chûm-cam-ni,  ni  cûmscichther 
Icon-ud-scakhther ,  ni-thdbur  tu-a-biur2'  ni-côn-cho-scram,  main-ba  («si 
non  sim  »  ,  na-d^ni  «  qui  non  facit  »  .  n.idid-chréti,  acht  nathn-diccess, 
Stowe  Missal,  21,  int.in  nldrii-bé  :  ninâd-t6dokhfet,naichn-déirsed,nachid- 
fréthgab,  nicon-chéchrat,  nicon-chlôor,  nicon-fil,  nicon-ckôscram,  nicon- 
chôimnucuir,  arriâ-érbarthar,  arna-décha,  amMârmasca,  Stowe  Missal  26. 

With  preceding  négative  particle  plus  ro  :  ni-rô-chùmscigther-sôn. 

With  interrogative  particle  :  inn-dci  ?  duus  ïn-dûccaiv  ?  hère  d  is  an 
eclipsed  t,  in-tôceb?  tu-ud-géb  LL.  19  a.  2,  cani-âccai?  gl.  nonne 
vides    Ml.  2$b  innadn-dccai  ? 

With  the  conjunctions,  see  above,  pp.  278,  279,  280. 

With  following  nominal  or  pronominal  object  :  tôgluiset-chombairt, 
Berne  5ib,  conôsciget-chenel,  co  cdrad-chaingnimu,m-ras-chluim,  and  five 
other  examples  in  G.  C.  182,  diôiprid-châch.  With  following  nominal 
subject:  an  nuda-cômart-chlaideb  cum  eum  cecïdit  gladius  Ml.  3611, 
asbérr-chial  profertur  sensus   Sg.  146'. 

In  conclusion,  I  will  state  the  orthographie  rules  to  which  this  investi- 
gation points,   and  which  should    I   venture  to  say  govern  editors  of 


màd-tulaid,  ma-tulaid,  Fél.  July  12,  mad-tulad  LU.  114  ,  ma-lodmar,  LL.  4$  a,  ma- 
tudehatar,  cited  by  Windisch  Ir.  Texte,  p.  618,  as  an  instance  of  apocope  'ma  for  imma) 
is,  I  think,  one  of  thèse  compounds.  No  independent  verb  not  a  denominative  can  begin 
w/th  corn,  the  accented  form  of  con.  The  verb  comalnaim  stands  for  *  con  pâlnaim 

1 .  There  appear  to  hâve  been  two  particles  meaning  «  re-  »  c  rursus  »  one  ad,  ur- 
kelt.  atâ,  the  other  aith  =  urkelt.  atè,  both  it  will  be  observed  with  the  accent  on  the 
last  sy.lable.  Hence  when  this  prefix  précèdes  c,  g,  or  b  ihe  contraction  into  éc,  ép  never 
takes  p'.ace.  Compare  in  addition  to  huan-aith-gnintar  (from  ad-gensa  and  an-don-aith- 
chuiredar.  aith-gne,  do-r-adehuir  «  redemit  »,  and  the  subst.  taidehrice  =  tu-àitk- 
chricc,  and  the  verb  aith  -be  (rêmeaf.  But  the  ordinary  prepositional  prefix  aith  =  Skr. 
ati  was  accented  on  the  first  syllable,  and  hence  in  the  case  of  this  prefix,  the  con- 
tractions in  question  regularly  occur. 

2.  The  préposition  a  he.e  occurs  also  in  ar-a-chuiliu,  Patr.  h.  and  in  ar-a-chda  and 
in  six  other  forms  cited  Gr.  Ceit.  880.  It  is  etymologically  identical  with  the  Gr.  augment 
in  ïù.-.'j  =  i-Ta/.To  [Curtius),  commonly  weakened  into  into  i. 


294  On  the  mètre  Rinnard  and  thc  Calendar  of  Oengus  as  illustrating 

Irish  texts.  I  hâve  not  forgottenthat,  in  every  sensible  System  of  spelling, 
the  scientific  must,  to  some  extent,  yield  to  the  practical  and  tradi- 
tional. 

i.  Words  not  éléments  of  a  unity  should  be  printed  separately, 
although,  in  the  mss.,  from  carelessness,  ignorance,  or  a  wish  to  save 
parchment,  they  may  be  written  together. 

2.  The  éléments  of  a  unity  should  be  joined  by  hyphens,  although  in 
the  mss.,  from  carelessness  or  ignorance,  they  may  be  written  sepa- 
rately. 

Exceptions  : 

(a)  nouns  and  pronouns  following  verbs  ; 

[b)  adjectives  preceding  or  following  nouns  ; 

(b)  adjectives  preceding  verbs; 

(c)  prépositions  preceding  verbal  forms  and  not  compounded  with 
pronouns. 

3.  Aspirated  /  and  5.  marks  of  length  and  puncta  delentia,  when 
omitted,  should  be  supplied.  For  c,  t,  p  we  should  print  ch,  th,  ph  when 
those  tenues  are  aspirated.  An  apostrophe  should  be  used  to  dénote  the 
elision  of  the  vowel  of  the  prépositions  de  and  to,  and  the  loss  of  the 
initial  of  the  prep.  imm. 

4.  For  ce,  gg  =c}  and  tt,  dd  =  t,  and  pp,  bb  =  p,  we  should  print, 
respectively,  c,  t,  p.  Conversely,  where  c  =  gg,  t=  dd  as  in  atrôillisct 
for  ad-d-rôilliset  and  p  =  bb,  we  should  print,  respectively,  gg,  dd,  bb.  We 
should  also  print  m  (not  b  or  u  for  aspirated  m,  and  b  not/,  ph  or  u)  for 
aspirated  b.  For  b  in  such  words  as  barn-,  marb,  tarb,  delbwe  should  print 
v,  For/  =  vf  e.  g.  not-mairfider,  Saltair  6496)  we  should  print  vf.  For 
c  =  ce  [e.  g.  brec,  menic,  t  =  tt  (e.  g.  slat  ,  g  =  gg,  d  =  dd  e.  g. 
fiadrongaib  for  fiad-drongaib),  b  =  bb  or  vb  e.  g.  forbia  for  for-Y-Ma, 
Saltair],  m  =  mm  (e.  g.  dochum,  druinv,  and  s  =  ss  (e.  g.  fës,  anais, 
ainis),  we  should  print,  respectively,  ce,  tt,  gg,  dd,  bb,  mm,  and  ss.  For 
nns  (as  in  innsib),  Ut  as  in  ni-cheilltis) ,  rdd  as  in  orddan),  we  should 
print,  respectively,  ns,  It,  rd.  We  should  also  print  d  for  th  e.  g.  assoid 
for Xheassoithoî  the  mss.)  and  except  in  the  endings  of  the  ;d  sg.)  th  for 
d,  where  etymologysorequires.  Especially  d  should  be  printed  for  the  as- 
pirated! g  and  g  for  the  aspirated  d,  of  Middle  Irish  mss.,  where  this 
change  isrequiredby  etymology.  The  distinction  between  the  infected  â, 
0  and  the  diphthongs  ai,  ôi  might  be  shewn  by  using  a  dotless  i  for  the 
infected  letters.  Thus,  we  should  continue  to  print  âid,  nôib,  but  we 
might  henceforward  print  Liime,  môir  (without  dots  on  the  i] . 


the  Irish  verbal  accent.  295 

5.  Verse  though  written  as  prose  in  the  mss.  should  be  printed  with 
proper  line-division. 

The  following  édition  of  Fiacc's  hymn  will  shew  the  application  of 
most  of  thèse  orthographie  rules.  To  exemplify  still  further  the  rules  of 
accentuation  I  hâve  placed  the  acute  accent  in  the  proper  places,  using 
the  horizontal  stroketo  mark  the  long  vowels.  The  poemas  now  printed 
may  be  compared  with  the  same  poem  as  edited,  according  to  Prof. 
Windisch's  System,  in  his  Irische  Texte,  pp.  1 1  —  1 6 ,  and  according  to 
Prof.  Zimmer's  System,  in  his  Keltische  Studien,  II,  pp.  1 6 3—1 66. 

1 .  Gt'nair  Pdtraic  in-Némthur:  iss-éd  adfêt  hi-scélaib  : 

mdccân  scmbliadan  deac  intdn  dobréthfo-déraib. 

2.  Sûcat  a-dinm  [c]hitubradl,  cèd  a-dthair  ba-fissl, 

Macc-'Alpuirn  mdicc  'Otide,  hdue  déochain  Odissl 2. 

3 .  Bôi  sê-bliadna  i-fôgnam  :  mdisse  doine  riïs-tomlad  : 

batar-ile  Côthraige  célhartrebe  dia-fôgnadi. 

4.  Asbért  Victor  fri-gnia[i]d  Mil  con-téssed*  for-tônna: 

fornïimî  a-chôis  forsind-léicc,  màrait[h]  a-tss,  nl-brônna. 

5.  Dafdid  tar-Elpa  n-vili 6   Dé  tndir  !  ba-dmra  rétha, 

conid-fdrcaib  la-Gérman,  andéss  in-déissciurt  Létha. 

6.  In-insib  mdra  Tôrrian  âiniss,  innib  adrimi: 

Lëgaiss  cdnoin  la-Gérman,  iss-éd  adfiadat  Uni. 

7.  Dochummn-Hérenn  dod-fé]d]tis  dingil  Dé  i-fîthissi: 

ménicc  ad-chithel  i-fïssib  dosn-icefed  a[f]rithissi8. 

8.  Ropo-chôbair  dond-Herinn  t  ichtu  P[k]atraic  9  jorôchled  : 

roclôs  clan  son  a-gârma  mdecraide  caille  Fôchled. 

9.  Gadtar  I0  co-tissad  in-nôeb,  aran-immthised  léthu, 

ara-tinntarrad  d-chloen  tâatha  Hcrenn  do-béthu. 
10.   Tâatha  Hérenn  tdirchantais  dosn-icefed  sith[j]laith  nue, 


1.  hitubrad,  L.  H.  Fr.  [cf.  hetoir  for  chetoir,  G.  I.70]  itubrad  LN.,T.  C.  D.,  chitubrad 
«  quod  colbtum  est  »  is  the  prêt.  pass.  sg.  3  of  citbiur  with  the  aspiration  of  the  initial 
so  common  where  a  verb  expresses  the  relative. 

2.  An  exception  in  the  case  of  a  foreign  name  to  the  rule  that  the  accent  shall  be  on 
the  frst  syllable. 

3.  Perhaps  we  should  read  -tomlcd,  -fogned. 

4.  milcontessed,  LH.  Fr.  Mil  stands  for  Milcon  gen.  sg.  of  Miliuc. 

5.  mss.  forruib,  forruim  is  a  contraction  of  fo-ru-rim,  près,  indic.  indep.  forimim,  dep. 
fuirmim. 

6.  «  He  sent  him  over  the  whole  of  Albion  »  ms.  dofaid  tarelpa  uili. 

7.  3d  sg.  2dy  près.  pass.  of  adeiu  :  the  -e  blends  with  the  following  i. 

8.  mss.  arithissi.  But  cf.  tocing  afrithisi,  Stowe  Missal  30.  We  thus  get  an  allité- 
ration with  -fêdtis,  fithissi,  fissib. 

9.  Phatraic  alliterates  with  Fochlcd  in  the  following  Une.  So  in  v.  1 1  Phatraic  allite- 
rates  with  -firad,faitsine  and  flalha. 

10.  mss.  gadatar,  which  is  hypermetrical. 


296    On  the  metrc  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus  as  illustrating 

mcraid  co-di  '  a-iartaige,  bed-fâss  tir  Témrach  tue. 

1 1 .  A-drûid  fri-Loegaire  tichtu  Phâtraic  ni-céiltiss  : 

rofirad  ind-[f]ditsine  inna-fldtha  asbéirtiss. 

12.  Ba-h'ir  Pâtraic  com-bébai,  ba-sdb  indarba  clôene : 

iss-éd  tûargaib  2  a-fébai  3  suas  desech  4-tréba  daine. 

1 3.  'Ymmuin  ocus-âbcolips,  nairl-côicat  nos-cdnad, 

pridchad,  bditsed,  arniged,  de-môlad  Di  nl-dnad. 

14.  Niconn-gébad  ûacht  sine  do-jéiss  didchi  il-linnib  : 

for-nim  conséna  a-rige  :  pridchaiss  f ri-dé  in-dinnib. 
1  $.  I-Slan  tûaith  Bénna  Bairchi  nls-gdibed  tari  na-lia[d]s, 
cdnaid  cct'salm  cechn-didchi,  do-rig  aingel  fogniad. 

16.  Fôaid  for-liicc  lâimm  iarum  ocus-cûilche  fliuch  imbi: 

ba-côirihe  a-j'rithadart,  nl-lcicc  a-chôrp  i-timmi 6. 

17.  Prîdchad  sôscîle  do-c[h]dch,  dogn'ith  môrfertui  il-léthu* 

iccaid  lûscu  la-trùscu,  mdirv  dos-fiuscad  do-béthu9. 

1 8.  Pâtraic  pridchaiss  do-Scôttaib,  rachhs  môr  s[d]eth  il-léthu, 

immi  con-tissat  do-brdth  in-câch  doss-ûc  do-béthu. 

19.  Mdicc  'Ebir,  mdicc  'Eremon,  lôttar  ùiii  la-Cissel: 

fos-rôlaic[h]  intirmchosal  isin-morchuthe  n-issei. 

20.  Conda-tdnic10  int-dpstai  :  dofdid11  gith  ll  gdithe  dcnc  : 

pridchaiss  tri-fichte[a]  biiadan  crôich  Crist  do-thàathaib  Fine. 

2 1 .  For-tûaith  irenn  bai  témel :  tuatha  adàrtaiss  s'ide  : 

nl-créitsset  in-firdeacht  inna-Trin'jd'pite  jixe. 

22.  In-'Ard  Mâche  jd-rige  ;  iss-cian  doriracht  'Emain  : 

iss-céli  môr  Dûn  Léthglaisse  :  nimm-dii  ced-dithrub  Témair. 


1.  «  To  the  day  (of  judgment).  » 

2.  Optionally  in  the  dépendent  form  as  expressing  the  relative,  or,  perhaps,  like 
tairchantais,  v.  10,  as  not  standing  at  the  head  ofthe  sentence. 

3.  ms.  aeua. 

4.  mss.  de  sech  :  I  take  de  sech  to  be  a  double  préposition  like  Lat.  indu,  Eng. 
in-to,  etc. 

5 .  This  correction  seems  necessary,  as,  in  Irish,  a  syllable  ending  with  a  consonant 
cannot  properly  rhyme  with  a  syllable  ending  with  a  vowel. 

6.  Dat.  of  timme  from  *  tepmia,  \Aep. 

7.  The  -u  forms  a  crasis  with  i. 

8.  léthu  dat.  sg.  of  lethe  «  breadth  »,  «  wideness  »  :  il-léthu  «  far  and  wide  ». 

9.  lit.  «  mortui,  eos  suscitibat  ad  vitam  ►:  cf.  maisse  doine  nis-tomlad,  v.  3, 
na-tri  coicat,  nos-canad  v.  1 3  :  in-cach  dos-uc  do  bethu  v.  18.  In  Prof.  Zimmer's  note 
on  v.  17,  for  «  lugairi  ruatae  »  read  Lugair  iruatae,  and  for  •  Modfer  »  read  Niodfcr. 

10.  Sic  the  Franciscan  ms.  the  T.  C.  D.  Liber  Hymn.  has  Conda-thanic,  wrongly,  be- 
cause  (notwithstanding  Ebel's  assertion)  the  infixed  a,  da  ofthe  }d plural  do  not  aspirate. 

1 1 .  Hère  and  in  v.  24. 

12.  Cf-  v.oî-0:,  it  this  be  an  instance  of  ^  for  y. 


the  Irisli  verbal  accent.  297 

2  3 .  Pdtraic  diam-bdi  il-lôbrai  adcôbrai  '  dul  do-Mdchi  : 
do[rjuid  âingel  ara-chénn  jor-s't  im-médôn  Idthi. 

24.  Dojaid2  fodcss  co-Victor,  ba-hé  arid-rdlasstar  : 

Lissaiss  in-mùine  im-bji,  assin-téim  adglâdasstar*. 

25.  Assbért:  «  'Ordan  do-Mdchi,  do-C[h]rist  d'fjlaigthe  bûide  : 

dochumm-nime  moss  î-réga,  rordtha  dûitt  du-gûide.  » 

26.  «  'Ymmon  dor-rôega  it-b'iu  bid-lârech  diten  do-chàch  : 

immût  illdithiu  in-méssa  régat  fir  H'renn  do-brdlh.  » 

27.  Anaiss  Tdssach  dia-iss  intd.n  dobért  cômman  d:> 

assbért  mossn-iccfed  Pdtraic  6,  briathar  Tdssaig  riï-r-bu-gô. 

28.  Sdmaigess  crich  fri-didchi  arna-cdi[th'tea  léss  ôccai 

co-cénn  bliadne  bji  sôillse,  ba-hé  sithlaithe  jôttai' . 

29.  în-c'h\ith  féchtae*  in-Béthron  fri-tâaith  Cdnnan  la-mdcc  N'inn 

dssoidv  in-gr~ian  fri-Gabon,  iss-éd  adfit l0  littri  dûinn. 

30.  'Uair'e]  dssoid  la-hEssu  in-grian  fri-bdss  inna-clôen, 

clasu-thrébrech ,  ba-hiîissi'u]  sôillse  fri-héitsecht  na-nôeb. 

3 1 .  Clt'rich  Hirenn  dollôtar  d'[f\âiri  Pdtraic  ass-cech-sit  : 

son  in-c[h]i'tail  foss-rôlaich  con-tûil  cdch  ûadib  for-set. 

32.  'Anim  Pdtraic  fria-chôrp,  iss-iar-sdethaib  roscdrad  : 

dingil  D:  7  citaidchi  arid-fétis11  cen-dnad. 

33.  Intdn  conn-âalai  Pdtraic  adélla[i]  co-Pdtraic  n-dile  : 

iss -malle  12  conn-ûcabssat  dochummn- Issu  mdicc  Maire. 

34.  Pdtraic  cen-dirde  n-ûabair,  ba  môr  do-mdiih  rominair  : 

béith  '53  in-géilliuss  mdicc  Maire,  ba-sén  gôire  in-génair. 

Whitley  Stores. 

1    mss.  illobra  adcobra. 

2.  -faid  is  cognate  with  Lat.  vado. 

3.  dat.  sg.  of  feu,  a  not  rare  fem.  a-stem.  See  Windisch's  Wœrterbuch,  817. 

4.  The  only  triple  rhyme  in  this  poem. 
$.  Moss  =  Lat.  mox. 

6.  c  He  said  that  P.  would  soon  (mox)  go  »,  as  Prof.  Zimmer  rightly  observes. 

7.  ms.  fotai,  but  the  correction  is  necessary,  as  a  syllabie  ending  with  a  single  con- 
sonant  cannot  rhyme  with  a  syllabie  ending  with  a  double  consonant. 

8.  Prêt.  part,  passive  of  fichim. 

9.  A  dépendent  form  optionally  used  hère  as  it  does  not  stand  at  the  head  of  the 
sentence. 

10.  Sic  the  Fr.  ms.  It  is  contracted  from  adfiadat,  }d  pi.  près,  indic.  act.  of  adfiadaim. 

1 1 .  We  should  perhaps  read  arid  fedtis.  from  arfedim. 

12  Malle  is  for  immalle  *  imb-an-leth,  ambi  san  létos).  Compounds  with  imb  often 
lose  the  first  syl  able.because.  as  Prof  Zimmer  has  seen,this  préposition  was  in  primevai 
Ce^tic  accented  on  its  second  syllabie,  like  x-j.z\,  abhi.  So  we  hâve  dardoen  •  Thurs. 
day  «  etar-da-oen  •  between  two  fasts,  jejunia,  >  because  in  primevai  Celtic  entar,  like 
Skr.  antar,  was  accented  on  the  last  syllabie. 

13.  The  absolute  form  of  the  }d  sg.  2dy  près,  of  the  verb  subst.  \^ba.  So  canaid, 
Une  30,  foaid  (\  svap),  1.  31  and  iccaid  1.  34.  So  the  reduplicated  cachnaith,  Saltair  na 
Rann  26^4.  Hère,  according  to  Prof.  Windisch,  we  hâve  the  primary  middle  ending  -té. 


298  On  Irish  Metric. 

On  Irish  Metric,  An  inaugural  Lecture  on  Celtic  Philology,  delivered  March  11  th., 
1884,  in  Trinity  Collège,  Dublin,  by  Robert  Atkinson,  M.  A.,  etc.  Dublin,  1884, 
32  p.  in-8. 

Dans  cette  brochure,  M.  A.  s'est  occupé  des  lois  de  la  métrique  de  ce  qu'on 
pourrait  appeler  les  temps  classiques  de  la  littérature  irlandaise  et  il  en  présente 
un  résumé.  Un  écrivain  plus  compétent  que  nous  critique  ci-dessous  le:  théories 
de  M.  A.  ;  aussi  de  la  notice  que  nous  avions  écrite  avant  de  recevoir  la  com- 
munication de  M.  Stokes,  nous  ne  laissons  subsister  que  deux  observations. 

Comment  donc  M.  A.  a-t-il  pu  négliger  entièrement  le  point  de  vue  histo- 
rique? Il  parle  comme  si  ces  lois,  si  sévères  et  si  minutieuses,  avaient  existé  de 
tout  temps,  et  n'avaient  pour  ainsi  dire  pas  eu  de  commencement.  Il  nous  reste 
pourtant  des  poésies,  profanes  et  chrétiennes,  qui  n'entrent  pas  dans  ces  caté- 
gories, parce  qu'elles  appartiennent  à  une  métrique  plus  rapprochée  de  la  nature, 
plus  simple,  plus  spontanée  et  plus  libre.  La  métrique  que  nous  décrit  M.  A. 
est  celle  de  la  second;  époque  de  la  poésie  irlandaise  ;  elle  est  le  résultat  d'une 
codification  qui  a  imposé  des  règles  d'une  étroitesse  extrême  à  ce  qui  était  au- 
paravant l'inspiration  rythmée.  —  Ce  n'est  pas  le  lieu  de  développer  ces  idées, 
et,  du  reste,  nous  n'en  aurions  pas  le  loisir  en  ce  moment;  nous  les  indiquons 
pour  montrer  dans  quel  sens,  à  notre  avis,  doit  être  dirigée  l'étude  de  la  mé- 
trique irlandaise. 

Avant  d'être  imprimée,  cette  brochure  a  été  une  leçon  faite  à  l'Université  de 
Dublin  :  aussi  est-on  péniblement  surpris  du  ton  polémique  qui  y  règne.  Il  nous 
semblait  que  l'enseignement  d'Université  devait  avoir  un  caractère  objectif  et  im- 
personnel, et  que  c'est  surtout  là  où  l'on  parle  seul  que  la  polémique  de  person- 
nalités doit  être  évitée.  Mais  il  s'agit  de  l'Irlande  et  des  c  sas  de  Irlanda!  Le 
clan  des  Irlandistes  devient  de  plus  en  plus  un  camp  d'Agramant.  Il  nous 
semble  que  personne  n'y  gagne  et  que  tout  le  monde  y  perd  ;  car  il  est  difficile 
de  sortir  de  la  mêlée  sans  quelque  horion 

H.  G. 


In  an  article  on  the  mètre  Rinnard  and  the  Calendar  of  Oengus,  as 
illustrating  the  Irish  verbal  accent,  I  hâve  ventured  to  correct  a  mistake, 
as  to  the  meaning  of  the  word  ard,  which  Professor  Atkinson  has  com- 
mitted  in  the  lecture  under  notice.  I  fear  that  he  will  not  like  me  to 
point  out  some  more  of  his  errors.  But  he  has  in  this  lecture  attacked 
almost  every  Celtic  scholar,  living  or  dead  ',  and  he  must  now  take  the 


1.  Thus  he  writes  of  Zeuss  and  Ebel,  p.  18.  «  It  was  hardly  surprising  that  Zenss 
shouid  not  hâve  understood  thore  metrical  principles...  But  Ebel  is  just  as  incorrect.  » 

Of  prof.  Windisch,  p.  9  :  «  Windisch  in  lits  Irische  Texte  p.  1 58,  has  rep:inted  the  text 
of  an  old  poem  from  LL.  in  which  he  shews  a  total  misconception  of  this  law  of  Iriih 
allitération.  » 


On  Irish  Melric.  299 

conséquences.  He  is  professor  of  Sanskrit  and  Comparative  Philology  in 
Trinity  Collège,  Dublin  :  he  has  dotted  the  r/'-vowel  on  his  brazen  door- 
plate  ;  and  he  condescends  to  flattery  such  as  «  the  Irish  genius  de- 
lighted  in  elaborate  codification  p.  4  «  those  wonderful  fragments  yet 
extantofthe  Brehon  laws  >■>.  and  «  I  believe  Irish  verse  to  hâve  been 
about  the  most  perfectly  harmonious  combination  of  sound  that  the 
world  has  ever  known  -  p.  4  —  so  that,  according  to  Frof.  Atkinson, 
in  the  East,  Kâlidâsa  and  Jayadeva,  in  the  West,  Homer,  Vergil,  Dante, 
Hugo,  Calderon,  Tennyson  and  Heine  must  hereafter,  as  regards 
harmony,  hide  their  diminished  heads  beside  the  Irish  rann-makers. 
For  thèse  reasons  Professor  Atkinson  enjoys  a  local  réputation  as 
a  linguist.  But  of  such  réputations  one  may  say,  as  the  little  boy  in 
Punch  said  of  the  ballcon,  if  you  prick  them  they  will  go  squash. 
Let  us  begin  with  the  Professor's  Greek.  At  p.  50,  he  writes 
a  xcoçeuw  does  not  mean  to  go,  but  if  anything  rather  to  stay.  »  There 
is  no  such  word  as  «  xnxpeuw  ».  I  hoped  at  first  that  it  was  a  misprint 
for  xtù/Euw  ;  but  then  there  is  the  difficulty  that  xmajeûtù  does  not  mean 
to  «  stay  »,  but  to  lift  or  raise.  Again,  he  asks  in  the  same  page  «  Who 
knows  anything  of  the  Gr.  «  xXaSdûo  /  brandish  ?  »  Well,  most  people 
do,  who  possess  a  Greek  lexicon.  The  word  in  question  occurs  in  Lid- 
dell  and  Scott  éd.  1845  with  the  meaning  /  shake,  a  meaning  which, 
in  connection  with  a  sword  claideb  ,  does  not  seem  very  far  distant  from 
thatof  /  brandish.  See  also  Fick's  Wœrterbuch  der  indogerm.  Sprachen, 
ii.  55,  268.  Then  this  curious  professor  of  comparative  philology 
speaks  of  «  a  supposed  root  Kl,  to  go.  »  The  existence  of  the  root  in 
question  is  as  well  established  as  that  of  any  root  can  be  cf.  Gr.  x(tat 
Lat.  cieo,  Cornish  ke  •■■  go  thou  »,  etc.,  etc.  .  But  now  let  us  turn  to  his 
Irish.  At  p.  20  he  cites  from  the  reprint  of  O'Curry's  text  of  the  Fate  of 
the  Children  of  Ler  —  «  a  text  »,  says  Prof.  Atkinson,  with  his  usual 


Of  O'Donovan,  p.  14 .  «  But  that  O'Donovan  should  hâve  carefully  translatée!  O'Molloy, 
in  184$.  and  subsequently  1862  forgotten  the  rules  he  himself  had  laid  down,  is  an 
assertion  which  will  hardly  be  credited  until  it  is  tried.  » 

Of  O'Curry.  p.  14:  »  The  whole  stanza  'as  edited  by  O'C.l,  in  fact,  is  a  striking 
example  of  the  perfectly  inconceivable  neglectof  the  plainest  laws  of  Irish  mètre.  » 

OfO'Beirne  Crowe,  p.  17:  «  His  own  éditions  exhibit  to  démonstration  the  usual  ne- 
glect  of  the  fundamental  principles,  »  «  the  editor's  extraordinary  confusion.  » 

Of  Mr  Hennessy.  p.  17  :  «  Mr  Hennessy  has  edited  the  stanza  withnearly  every  fault 
that  could  be  committeJ.  » 

Finally,  p.  18,  he  writes  «  If,  then,  Zeuss,  Ebel,  WinJisch,  on  the  one  hand,  and 
O'Curry,  Crowe,  O'Donovan,  Hennessy,  Stokes,  etc.,  on  the  other  »  [1  omit  a  com- 
pliment which,  to  me  at  least.  is  more  distasteful  than  Prof.  Atkinson's  abuse  «  hâve  one 
and  ail  gone  astray  in  this  matter.  it  cannot  but  be  désirable  that  this  reproach  should 
be  removed.  » 


500  On  Irish  Metric. 

modération  and  exactness  «  in  which  the  metrical  laws  are  ruthlessly 
broken  at  every  turn  »  —  the  following  quatrain  : 

Ba  h-iad  ar  g-cuikeadha  cuanna 
Tonna  sdile  searbh  ruadha 
Jonar  g-ceaîhrar  caomh  cloinne  Lir 
Gan  oidhche  dhuinn  d'à  easbhuidh. 

Of  this  verse  he  then  writes  in  impressive  italics  :  «  everythingiswrong 
in  it,  mètre,  syllables,  termination,  allitération,  assonance; — in  fact.  eve- 
rything  that  constitutes  Irish  verse  !  »  And  then  he  gives  the  following  as 
an  emended  copy  wîth  translation  : 

biait  ar  colcaida[\]  cuana  [!]       our  pleasant  bed-clothes  shall  be 
tonna  sdile  serbruada  the  bitter-stormy  sea-waves 

in  ar[\]cethrur  côem  clainne         in  our  fair  quaternion  of  a  family  ' 
cen  aidche[\]  dian  esbaide[\]        without  a  nightof  their  absence  [the 

[waves 

Hence  we  may  infer  that  the  Professor  thinks  and,  presumably,  tea- 
ches'i  first,  that  the  verb  subst.  ba  cannot  go  with  a  plural  subject,  se- 
condly,  that  blaitis  a  monosyll.  in  0.  Ir.  :  thirdly,  that  «colcaida»  is  the 
nom .  pi .  of  the  t-stem  c uilche  or  the  i-stem  colcaid,  fourthly ,  that  cuanna  [with 
nn)  should  be  ciuna,  fifthly,  that  aidche  is  the  ace.  sg.  of  the  fem.  iâ-stem 
aidche,  sixthly,  that  esbaide  is  the  dat.  sg.  of  the  fem.  i-stem  esbaid  and 
may  rhyme  with  clainne,  seventhly,  that  the  combination  of  the  prep.  in 
rather  ind  with  the  possessive  pronoun  of  the  ist  pi.  is  in  ar,  eighthly, 
that  infected  a  cannot  rhyme  with  ï  and,  ninthly,  that  an  Irish  quatrain 
cannot  consist  of  nine-syllabled,  alternating  with  seven-syllabled,  lines. 
To  the  readers  of  this  Review  I  need  hardly  say  that  he  is  wrong  on 
each  of  thèse  points.  O'Curry  had  not  a  scientific  training  ;  but  he  was 
a  man  of  remarkable  genius  and  of  great  learning  in  his  own  line.  He 
certainly  knew  infinitely  more  Irish  than  Prof.  Atkinson  knows  or  ever 
will  know  The  quatrain  as  may  therefore  be  expectedi  really  requires 
very  little  emendation.  In  Old-Irish  spelling  it  would  run  as  follows  : 


ï.  He  adds  the  following  poetic  version: 
«  our  bed  shall  be 
on  the  rough  sait  sea, 
four  of  us,  ail  of  us,  there  toss  we 
with  never  a  night  of  lest.  » 

It  is  sad  that  the  Board  of  Trinity  Collège  should  ha*-e  wasted  their  money  in  printing 
such  doggrel. 


On  Irish  M  et  rie.  301 

Bud-iat  ar-cuilchcda  cuanna, 
tonna  sdile  serbruada, 
innar-eethrur  côimchlainne  Lir, 
cen-aidchi  duinn  dia-esbaid  '. 

Bud-iat  means  «  they  will  be  »  :  the  singular  goes  hère  with  a  plural 
subject,  as  often  in  the  case  of  the  preterite  ba  :  thus  ba-dimdaig  dib 
slôig  môra  mdc  n-lsrael,  Saltair  na  Rann  5519,  ba-hûamnaig  trlamnaig 
dia-trâig  com-bdtar  uili  in'cndTul,  ibid . ,  5619,  and  hundreds  cf  other 
instances  :  bud  erit  L.  B.  cited  O'Don,  gr.  442  :  côimchlainne  Lir  (Ler's 
dear  children   is  a  gen.  sg.  governed  by  the  dat.  cethrur. 

I  hâve  not  yet  done  with  Professor  Atkinson.  At  p.  4  he  attacks  me 
for  giving  in  the  glossary  to  my  édition  of  the  F  élire  the  vvord  côir  as  a 
dissyllable,  and  says  :  «  I  believe  that  to  be  altogether  impossible  under 
any  circumstances,  and  hold  that  any  line  apparently  containing  coir  as 
a  dissyllable  is  wrong  and  needing  emendation.  »  Prof.  Atkinson  may 
believe  and  hold  what  he  likes  :  he  must  forgive  me  for  saying  that 
it  is  of  no  importance  to  any  one  save  himself  and  his  pupils,  if  he  has 
any.  Certainly  his  belief  will  not  alter  the  facts  of  the  case,  which  are, 
first,  that  côir  is  a  dissyllable  in  Old-Irish,  though  in  Middle  and  Modem 
Irish  it  has,  like  some  other  words,  been  contracted  into  a  monosyllable, 
and,  secondly,  that  lines  of  Old  and  Early  Middle  Irish  verse,  which 
contain  coir  as  a  dissyllable,  do  not,  for  that  reason,  require  emendation. 
The  correct  Old-Irish  spelling  of  the  word  is  côair,  which  occurs  in 
Ml.  48a8,  or  cooir,  which  occurs  twice  in  the  heptasyllabic  lines  of  Sal- 
tair na  Rann  : 

1 101   Diaar-tôoir,  dérbait  mail,         God  our  leader  [?  ,  lords  assure  us1, 
rodélb  cech-côoir  cômlâin.         formed  every  just,  perfect  one. 

805 1   uamun  brdtha  bithfêle  fear  of  the  Doom  of  eternal  right 

cia  dognéimmis,  ba-côoir.         though  we  should  feel   lit.  make  ,  it 

[were  just. 

So  in  the  hexasyllabic  lines  of  the  Félire,  of  which  we  hâve  in  Dublin 


1 .  I  hâve  used  hyphens  to  separate  the  éléments  of  five  of  the  complexes  which  occur 
in  this  stanza.  What  a  «  complex  »  is,  Prof.  Atkinson  will  find  stated  (though  not  quite 
completely  or  accurateiy)  in  the  first  part  of  Zimmers  Keltische  Studien,  p.  56.  Had  he 
read  and  understood  this  statement  he  would  hâve  been  saved  from  writing  the  rubbish 
contained  in  his  note  on  p.  5,  as  to  the  junctions  in  Irish  mss.  It  is  true,  of  course,  that 
there  is  nothing  to  be  gained  by  editing  Iwent  tolhehouse  oftheman  as  three  words.  But 
to  give  such  an  instance  only  shews  that  Prof.  Atkinson  is  not  aware  how  totally  the 
conditions  of  Celtic,  differ  from  those  of  Teutonic,  orthography. 


3  02  On  Irish  M  chic. 

and  Oxford  only  latish  Middle-Irish  mss.  l,  the  word  is  spelt  coït  ;  but  ail 
three  codices  (Rawl.  B.  $0$,  Laud  610  and  Lebar  Brecci  agrée  in  ma- 
king  it  still  a  dissyllable.  Thus  at  Oct.  26,  where  it  ends  the  line  and  is, 
therefore.  rccomarc  : 

inmain  céthrar  coir,  loveable  (are)  the  just  four  persons. 

Again  in  the  épilogue,  11.  43 1-436  : 

ro[r]éresiu  dôib  grant  Thou  to  them 

mad-côir  an-géstai.  if  what  they  shall  ask  be  just. 

Mad-côir  an-gésta[ï]  If  what  they  shall  ask  be  just, 

ari  conic  tdlmain  0  King  who  rulest  earth, 

rosôera  a-curpu  save  thou  their  bodies, 

ronéeba  an-anmain  !  sanctify  their  soûls  ! 

Hereit  will  be  observed  that  there  isan  internai  assonance  between  cô/r, 
better  côoir, and  Jd/b,  better  dôaib,  which  also  is  a  dissyllable;  as  \ve  see 
from  the  prologue,  lines  17-20  : 

Guidiu  iigc  dôaib  I  pray  a  prayer  to  them  :  [it, 

romm-âin  aridrôgbus  may  it  guard  me  for  I  hâve  besung 

clin  pôpul  col-ligdaîh,  the  fair  people  with  beauty, 

in-rigrad  immrôrdus.  theking-folkwhom  I  havementioned! 

Co-oir,  better  coair,  «  fitting  »,  «  meet  »,  «  just  »,  appears  to  be  a  com- 
pound  ofthe  prep.  cô  =  xarx  like  xccTOC^apuç,  xatxyatoç,  xaTaSeYjç,  xa- 
TotOsoç  and  many  other  adjectives  ,  and  air  is  a  derivative  of  the  root  ar, 
which  we  hâve  also  in  Gr.  csbapiaxto  /  fit.  together,  xpapwv,  àpafoxw;. 
Prof.  Atkinson  will  probably  call  this  an  «  etymological  pun  »(p.  50I . 
He  is  quite  welcome  to  do  so. 

But  now  we  must  turn  to  mètre,  allitération  and  rhyme,  the  spécial 
subjects  of  this  lecture.  To  the  substance  of  his  remarks  on  the  number 
of  syllables  in  each  line  I  hâve  nothing  to  object,  though  the  form  of  the 
introductory  remark  «  by  far  the  largest  proportion  of  Editors  do  not 
seem  to  hâve  known  how  to  count  the  syllables  in  a  line  of  Irish  verse  !  » 
might  possibly  be  rendered  less  offensive.  So  when  (p.  6)  referring  to 
my  «  astounding  »  remark  on  the  Felire-quatrain  for  Sep.  28  «  where 
A  [Lebar  Brecc]  interpolâtes  the  préposition  im,  to  the  ruin  of  the 
mètre  »,  he  says  :  «  It  would  appear,  therefoie,  that  he  had  no  con- 
ception of  this  perfectly  commonplace  fact  in  Irish  verse,  of  elision  !  »  a 


1.  I  hâve  not  yet  seen  the  vellum  ms.  in  the  Phillipps  collection  at  Cheltenham,  which 
is  said  to  be  very  old. 


On  Irish  Metric.  30} 

litttle  sensé  and  modesty  would  hâve  prevented  him  uttering  such  a 
pièce  of  absurdity.  Thèse  words  are  strong,  but  not  too  strong  to  be 
applied  to  the  man  that  dares  to  write  thus  of  a  scholar  who  has  work- 
ed,  off  and  on,  at  Irish  verse  for  thirty  years,  and  who  once  spent 
several  days  in  trying  to  ascertain  the  laws  of  elision  which  governed 
the  writer  of  the  8592  lines  of  the  Saltair  na  Rann  '. 

Professor  Atkinson  knows  enough  German  to  understand  the 
following  passage  from  the  new  part  of  Zimmer's  Keltische  Studien, 
p.  164,  note  6,  in  which  Z.  writes  of  the  passages  in  Fiacc's  hymn, 
v.  17,  dognith  mcrferUi  illéthu,  and  môrseth  illéthu:  «  1m  ersten  Fall  eine 
Silbe  zu  viel  ».  Will  Prof.  Atkinson  therefore  say  that  Zimmer  has 
«  no  conception  of  the  fact  of  elision  ?  »  Zimmer  and  I  may  be  wrong 
in  fact  I  now  think  we  are  wrong  in  holding  that  the  writers  of  Fiacc's 
hymn  and  the  Félire  did  not  allow  themselves  the  luxury  of  elision  or 
crasis,  and  that,  therefore,  their  respective  mètres  were  spoiled  by  the 
insertion  of  a  syllable  such  as  /'/-  or  imm.  But  this  does  not  justify  a  smat- 
terer  like  Prof.  Atkinson  in  attributing  ignorance  of  ordinary  metrica! 
phenomena  to  me  or  any  other  man  who  ever  read  a  page  of  Irish  poetry. 
As  to  allitération,  he  has  not  a  glimpse  of  the  primary  law  which  ré- 
gulâtes this  matter,  viz.  that  the  alliterating  letters  must  begin  syllables 
having  the  acute  accent.  This  is  the  explanation  of  the  fact  p.  7  that 
the  article,  possessive  and  relative  pronouns,  and  certain  pronominal 
adjectives  and  prépositions  are  not  regarded  in  allitération.  They  are 
ail  toneless  proclitics.  Thus.  to  quote  his  own  illustration,  the  proclitic 
cach-  «  each  d  does  not  serve  for  allitération,  whereas  the  accented  cach 
«  every  one  »  which  Prof.  Atkinson  writes  cach  2  is  used  to  alliterate. 
Again,  he  says,  p.  8,  that  words  beginning  with  infected  /  are  treated 
just  as  if  they  began  with  vowels.  This  is  true,  but  he  fails  to  draw  the 
obvious  inference  that  the  Irish  Celts  must  hâve  fixed  their  laws  of  alli- 
tération at  some  time  after  the  practice  of  dropping  a  vowel-flanked  v 
/  had  been  introduced.  but  before  they  began  to  aspirate  or  éclipse  the 
other  consonants?.  His  statement  that  eclipsis  Ebel's  0  infectio  nasalis 


1 .  1  may  note  hère  that  the  writer  of  this  poem  sometimes  adds  a  consonant  in  order 
to  prevent  synaloepha.  Thus  tent-d  (nom.  sg.)  is-torann  (fire  and  thunder),  J9j6.  And 
the  seems  not  to  practise  elision  (i.  e.  the  cutting  off  ot  a  final  vowel),  but  crasis  (s.  e. 
the  melting  of  two  vowels  into  one). 

2.  So  in  p.  j  he  has  bâihadh  for  bathadh,  and  in  p.  21  he  has  rig-bard,  cul-bard, 
tuath-bard;  bo-bard.  Surely  he  ought  to  know  that  in  each  of  thèse  words  the  penult  is 
long. 

3.  So  it  appears  that  the  laws  of  consonantal  assonance  were  fixed  before  the  groups 
cv,  ne,  nt  had  respectively  become  c,  c,  t,  and  that  the  laws  of  vocalic  assonance  were 
fixed  after  final  e,  î,  and  iu  had  ceased  to  be  distinguished  in  sound. 


304  On  Insh  Metric. 

and  aspiration  are  disregarded  in  the  matter  of  allitération  is  true  gene- 
rally,  but  requires  to  be  modified  by  making  the  exception  of/.  His  re- 
mark, p.  8  on  the  alleged'  identity  of  the  Irish  and  Anglo-saxon  cus- 
tom  of  allowing  se,  sp  and  st  to  alliterate  only  with  se  [or  scr],  sp  [or 
spr],  or  si  [or  str]  is  interesting  '  ;  and,  if  the  identity  be  established 
and  we  are  to  suppose  borrowing  in  this  case,  1  agrée  that  the  Celts 
mav  fairly  claim  priority  of  invention. 

His  observations  on  vocalic  assonance  p.  m  are  not  very  clearly 
expressed  ;  and  if  he  means  to  say  that  infected  a  which  he  oddly  calls 
a  diphthong  cannot  assonate  with  e  or  i,  he  is  as  we  shall  see.  alto- 
gether  wrong. 

The  rules  as  to  this  matter  are  as  follows  : 

i .  a,  o,  u,  whether  infected  or  not,  may  assonate  with  each  other 2. 

2.  infected  a,  o,  u  may  assonate  with  e  [ei  ,  i. 

3.  e,  whether  infected  or  not,  may  assonate  with  i  K 

4.  iu  may  assonate  with  e,  i  or  u. 

c.  a,  ô  uu    and  u,  whether  infected  or  not,  and  the  diphthongs 
au,  ai  âe ,  oi  [ôe]  may  assonate  with  each  other. 

6.  e    la)   whether  infected  or  not  and  i  may  assonate  with  each 

other. 

7.  Any  long  vowel   may  assonate  with   its  corresponding    short 

vowel,  when  the  latter  is  in  a  final  syllable  having  the  grave 
accent. 


EXAMPLES 


1.  mass,  doss,  Sg.  204:  suLîiu,  arailiu,  Brocc.  h.  79,  80,  ediptel, 
fôirglem,  Fél.  Ep.  98,  ioo,  bâile,  duine  cited  by  Prof.  A- 
guin-som,  mar-som,  Fél.  prol.  5 8 4,  ïarair,  larum,  Ep.  302, 
304,  fiadam,  iarum,  Ep.   214,  216,  lobur,  doman,  Ep.  $66, 


1.  I  am  not  sure  that  this  rule  always  prevails  in  Old  Irish  verse.  In  Fiacc's  hymn, 
for  instance,  v.  63,  -scarad  seems  to  alliterate  with  saeihaib ;  in  the  Felire,  at  July  17 
Scèllitarum  with  sluag.  So  in  the  Felire  at  May  15  spirîa  seems  to  alliterate  mthsichtai 
and  sénaig.  So  in  the  Saltair  5061,  secht-stuie  ro-séphainrn,  in  sluag,  stuic  seems  to  alli- 
terate with  -séphainn  and  sluag. 

z.  The  poet  of  the  Saltair  did  not,  apparently,  allow  himself  to  assonate  infected  a 
with  a.  He  therefore  4634,  to  get  a  rhyme  with  trebad,  makes  the  dat.  pi.  of  trenfer, 
trenferab. 

3.  As  e  cannot  rhyme  with  a  or  any  other  broad  vowel,  the  poet  of  the  Saltair,  in 
order  to  get  a  rhyme  for  dana,  makes  the  gen.  sg.  of/dm,  lama,  3818. 

4.  This  Une,  at-e  cer.-[a)es  mar-som  means  «  they  are  without  old  âge  like  Him.  » 
scii.  Christ  (cf.  the  Saltair  8384):  Hère,  as  at  Feb.  27,  mar  stands  for  immar. 


On  Irish  Metric.  30$ 

368,  rochrad2  ruithrach,  Ep.  478,  480,  omain,  comul,  Saltair 
6393,  6594:  dooib,  caim  7271,  7272. 

2.  adbail,  Laignib,  Ult.  h.  7,  8  :  linaib,  dtcfïtll,  Brocc.  h  105,  106, 

cinàidydith,  Saltair  7807,  mairtir,  tercphit,  Fël.  Sep.  8  :saigte, 
pr lâchai,  prol.  162,  164:  molmair,  Côrnil  Sep.  14,  dooib, 
treib  Saltair  7295,  7296, étàig,  cleith  7645,  7644;  témpùil,  dil 
7763,  parduis,  deis  7779,  im-muig,  chairib,  Saltair  5789, 
5790,  innàrthàib,  foléitli  6265,  6266,  duib,  muintir,  Goid. 
198. 

3.  leith,  comaithcib,  Saltair  6285,  6286. 

4.  ûaisliu,  dûine,  Fël.  prol.  1 50,  1  $1,  d'ilsiu,  Issu,  prol.  262,  264, 

-bisiu,  rnîssi.  Saltair  203$,  2036. 

5.  (fine,  n-uire,  Fël.  prol.   127,  128,  fcfo/i,  sdethaib,  prol.  69,  71, 

rùru,  boethu,  prol.  29,  30,  tûirius,  Pdulus  June  26  :  /«///«, 
ftgtâj  prol.  49,  ntîd/,  go/ii/,  Colm.  p.  29,  30,  fan,  rlgldim, 
Brocc.  H.  5  5,  $6. 

6.  ride,  rlched,  Fël.  prol.  120  :  fégi,  brlgi,  Brocc.  H.  97,98,  gérait, 

fïrbail,  mirbad  Fél.  prol.  74,  75  :  a'ktar,  pïd/w,  p.  74,  75, 
#m,  aï/  7830,  7832. 

7.  Thus  in  the  Milan  poems  (G.  C.  p.  952,  953)  we  hâve  îd,  ad- 

chôndârcsà  :  bd,  lamnàdà  :  gné,  m  éràigè:  bl,  ointindi:  ai- ■  chi, 
dôrsldi,  bru,  immùrgù.  So  in  Broccân's  hymn,  23,  24,  bl, 
sdncht-Brigli.  So  in  LH.  Goidilica,  p.  [61]  ri,  Craipitïnï)  : 
blu,  Chôrbràigiù,  gtë,  Nôè,  ibid.,  p.  172.  So  in  the  Saltair, 
gdir,  dpstàlàib,  7679,  7680:  flr,  martlr,  7809,  7810:  bl, 
durnàigtiù,  7671,  7672,  b'i,  dorignï,  773  \,  glc,  cssèrgè,  7699, 
7700  :  glé,  firlnnè  7705,  7706  :  glê,  ôegàirè  77 1 $,  77  \6,  gli, 
nimè  7787,  rom-the,  îrocàirè  7721,  7792,  dû,  rigsùidiù  7783, 

7784. 
As  to  consonantal  assonance,  his  rules  copied  from  O'Molloy's 
Grammar  may  possibly  be  correct  if  confined,  astheyshould  havebeen, 
to  Middle  and  Modem  Irish.  But  in  Old  and  Early  Middle  Irish  verse,  it 
is  not  true  that  every  consonant  is  limited  to  assonance  with  one  of  its 
over  «  class  <>,  or  that,  in  case  of  groups  of  consonants,  the  consonance 


2.  This  line,  ar-cach-ulc  nad-rochrad,  means  «  from  every  evil,  which  hath  not  been 
loved  »  [rochrad  =  10-carad  . 

1.  This  is  t.ie  cain  that  niymes  with  talmain,  Saltair  7719,  ar.d  Calait,  7727.  It  is  an 
Old-Celtic  cani-s,  cognate  with  xoîvuv,  and  quite  a  différent  word  from  the  diphthongal 
cain,  urkelt.  [s)caini-s.  It  seems  to  mean  «  righteous.  » 

Rev.  Celt.  VI.  20 


}o6  On  Irish  M  et  rie. 

of  at  least  two  is  demanded1.  Of  thèse  «  classes  »  \ve  may  remind  our 
readers  that  there  are  five,  besides  /  and  s,  each  of  which  letters  is  said 
to  form  a  «  class  »  by  itself .  They  are,  first,  the  tenues  e,p,t  :  secondly, 
the  medials  b,  g,  d:  thirdly,  the  aspirated  tenues  and  /  and  s  :  fourthly, 
the  double  liquids  //,  mm  [mb  ,  nn  (nd  ,  rr,  to  which  the  guttural  nasal 
(ng\  is  added  :  fifthly,  the  aspirated  medials  \gh,  dh,  bh),  to  which  are 
added  aspirated  m  and  the  single  liquids  /,  n,  r. 

Now  let  us  see  whether  Prof.  Atkinson's  rule  that  «  every  consonant 
is  limited  to  assonance  with  one  of  its  own  class  »  applies  (say)  to  the  old 
hymns,  the  poems  in  the  codex  of  St  Pauls-Kloster,  and  the  Félire. 
According  to  this  rule  : 

Aspirated  c  and  g  cannot  assonate  with  t.  But  in  the  Fêlireat  Sep.  19 
we  hâve  taithlech,  aithmeî,  and  atFeb.  1 5  we  hâve  dadaig,  ndmait: 

Single  /  and  aspirated  g,  d,  m.  cannot  according  to  Prof.  A.)  assonate 
with  //.  But  in  the  St  Pauls-Kloster  eulogy  of  Aed  we  hâve  ûallann, 
Cûalann,  and  in  the  Fêlireat  Feb.  23  we  hâve  flaga,  dalla;  at  Ep. 
58,  Go,  tlagat,  glallat;  at  May  31  -cdae,  Petronellae  :  at  May  17  nime, 
Basilic. 

So  (according  to  the  Professor's  ruleï  n  cannot  assonate  with  rr  or  //, 
nor/  with  rr.  Butin  Fël.  prol.  302,  304  we  hâve  buan-sa,  nuall-sa,  in 
the  Saltair  4979,  4980,  we  hâve  menicc,  derriî,  and  in  Fël.  Ep.  486^ 
488  we  hâve  huill,  fuirri. 

So  (according  to  Prof.  A.)  nt  cannot  assonate  with  nn.  But  in  Fél. 
July  30,  we  hâve  -gléntïs,  Sennir,  and  at  Nov.  21  we  hâve  Clëmint, 
Herinn. 

Aspirated  i  cannot  according  to  his  rule  assonate  with  f  [ph)n  which 
is  a  «  class  «  by  itself.  But  at  Aug.  7  we  hâve  -féthis  assonating  with 
Effis  lEphesusl,  at  Aug.  28  caîhlaic,  Afraic,  at  Dec.  9  clithi,  Liphi,  and 
in  the  Saltair  8222,  graphainn,  sathairnn. 

Again,  according  to  Prof.  A.  neither  hard  t  nor  n  can  assonate  with 
ph;  and  yet  we  hâve  dltnidi,  gïlphiii,  Saltair  8361,  8363 . 

Unaspirated  m  cannot  according  to  Prof.  A.'  assonate  with  dh.  But 
at  Aug.  25,  we  hâve  sruamach  [i.  e.  sruammach),  bûadach,  at  Dec.  7, 
srûamaig,  bûadaig,  and  in  the  Saltair  830 1 ,  8303 .  glammairecht  sadailecht. 

Aspirated  d  cannot  according  to  the  Professor  assonate  with  t.  But 
at  Dec.  20  we  hâve  immerddi,  Ignati. 

Aspirated  b  cannot  he  tells  us)  assonate  with  //.  ButinBrocc.  h.  105, 


4.  Prof.  Atkinson's  words  are  (p.  12)  «  Tiius  the  consonance  of  more    than  two  in  a 
complex  of  consonants  is  not  demande  J.  » 


On  Irish  Metric.  507 

iû6,  we  hâve  llnaib,  d'ichid,  and  in  Sanctân's  hymn  7,  8,  we  hâve  d'i- 
bocht,  dlllocht. 

R  and  aspirated  b  cannot  according  to  Prof.  A.  assonate  with  nn  nd" 
But  in  Brocc.  h.  39,  40,  we  hâve  salar,  saland  and  in  the  Saltair  8385, 
we  hâve  -aittrebam,  caitchennam. 

It  would  seem,  therefore,  that  Prof.  Atkinson  copied  and  published 
this  so-called  rule  without  ever  testing  its  applicability  to  the  best  and 
oldest  Irish  verse. 

As  to  consonantal  groups,  what  he  means  is,  probably,  that  when  the 
group  is  composed  of  two  consonants,  the  agreement  of  at  least  one  of 
them  is  required.  Thus  in  the  Félire  :  dnman,  thdlman  :  témpuil,  Bénn- 
chuir  :  fôrdarc,  Côrmac  :  banchath,  mdrrath  :  ad-gléntis,  Sennis  :  Clëmint, 
Hërinn  :  cr'imther,  mûinter  :  sléchtai,  fértai:  prômtha,  crôchda.  But  that 
when  the  group  is  composed  of  three  or  rr.ore  consonants,  there  must 
be  the  agreement  of  at  least  two.  Thus  in  the  Félire  :  lércphït,  màirtir  : 
bëscna,  cëstai  :  rindmas,  ingnas.  Hère  the  rc  of  lércphït  agrées  with  the  ri 
of  mdirtir,  the  se  of  bëscna  with  the  st  of  cëstai  and  the  nd  of  rindmas  with 
the  ng  of  ingnas. 

Of  the  three  great  rules  as  to  assonance  which  really  prevail  in  Old- 
and  Middle-Irish  poetry.  Prof.  Atkinson  does  not  appear  to  hâve  the 
remotest  idea.  They  are  as  foilows  : 

1  A  syllable  ending  with  a  vowel  can  assonate  only  with  a  syllable 
ending  with  a  vowel  ;. 

2  A  syllable  ending  actually  or  formerlv  in  two  consonants  can  only 
assonate  with  a  syllable  ending  actually  or  formerly2  in  two  consonants?. 


1.  So  stringent  is  this  rule  that  in  the  8392  lines  of  the  Saltair  there  is  but  one 
exception  to  it   jirianaig,  dimiada,  8365,8     _  en  he  wants  a  rhyme 

for  a  word  ending  in  a  consonant,  does  not  hesitate  to  turn  [without  regard  to  syntax) 
a  vocalically.  ending  nom.,  gen.  or  ace.  pi.  into  the  dat.  pi.  Thus  we  hâve  fcochraib  48, 
fochricaib  516,  tapthaib  3:84,  ilmilaib  1642,  brathreib  3131,  mirbailib  4208.  So  for  the 
usual  tairsiu  he  puts  tairsib,  4297,  to  get  a  rhyme  for  taidbsin.  So  he  adds  a  d  to  the 
ai-  preterites  ros-doerai,  do-rimi.  in  order  to  get  rhymes  for  roenaib  and  milid.  Con- 
versely,  v. hen  he  wants  a  rhyme  for  a  word  ending  in  a  vowel,  he  makes  no  bones 
about  dropping  a  final  consonant.  Thus  we  hâve  Cannana  (for  Cannanach)  3088,  to 
rhyme  witn  gronna,  and  ifferna  (for  iffernach  8285,  to  rhyme  with  crithfcdma. 

1.  Thus  we  hâve  lochàmràcht,  mac,  Saltair  6921,  6922  :  acht,  mac,  LH.  Goidilica  172, 
smacht,  tochomràc,  Sakair  1089,  1090:  tlacht,  tochomràc,  1353,  1 3  $4  :  cland,  lagàt 
LH.  Goidil,  p.  17^  :  melacht,  gerat,  Fel.  Ep.  70,  62  :  asn-racht,  gerat.  ibid.,  prol.  90, 
92  :  técht,  ro-scailsèt,  Saltair  7767  :  chacht,séchtmogàt,  LH.  (Goidil.  p.  161)  :  fecht,  tri- 
cha, Saltair  7735  :  smacht,  argàt,  Saltair  3403,  3404:  Pers,  comaithehes  $248.  The 
reason,  of  course,  is  that,  when  tris  law  was  fixed,  mac  was  maevo-s  (whence  theogamic 
maqi),  tochomràc  was  tucomranco-s,  gerat  was  gerontos  fcogn3te  v.ith  •'f^a;)  trichet  was 
tricenten,  argal  was  argentan,  and  comaitches  vas  cmivaticastu.  In  one  instance  (Fel. 
prol.  i"  nd  fororbairt  assonating  v.ith  roglaig ;  but  hère  we  should  certainly 
correct  the  text  to  fororbair,  the  j-pret.  sg.  3  of  forbraim  «  cresco.  » 

2.  So  stringent  is  this  rule  that,  in  the  Saltair,   when  the  poet  wants  a  word  ending 


$o8  On  trish  Metric. 

Exception.  This  rule  does  not  apply  to  loanwords  e.  g.  Grec,  bric  = 
Skr.  bramça,  Saltair  7980  ,nor  in  native  words  does  it  always  apply  to 
/   i.  e.  //  ,  from  nt,  to  m   i.  e.  mm   from  mn,  or  to  nn,  rr,  II. 

3°  In  the  case  of  double  and  triple  assonances,  the  first  syllable  of  the 
first  member  of  the  set  must  hâve  the  acute  accent,  and  the  first  syllable 
of  the  second  member  must  hâve  either  the  acute  or  the  grave  \nebenton\ 
preferably  the  acute.  A  monosyllable  having  the  acute  accent  may  asso- 
nate  with  a  final  syllable  having  only  the  grave  '. 

Thèse  are  the  true  rules  which  a  little  industry  would  hâve  enabled 
Prof.  Atkinson  to  ascertain.  But  he  found  it  easier  and  more  amusing  to 
copy  from  O'Molloyar.d  insuit  men  who,  whatever  may  betheir  defects, 
at  least  know  something  of  their  subject,  and  are  honest  labourers  in  a 
stor.y  though  fertile  field.  I  am  sorry  to  hâve  to  write  thus  of  a  scholar 
whose  «  Contents  »  of  the  Book  of  Leinster  is  a  pièce  ofthorough  work 
for  which  if  he  wasnot  largely  helped  by  Mr  Hennessy)  ail  Celtic  scho- 
lars  should  be  grateful  to  him  personally.  But  the  présent  lecture  is  not 
only  offensive,  but  superficial  and  inaccurate  ;  and  the  ignorance  of  ele- 
mentary  Irish  grammar  which  it  betrays  makes  one  despair  of  the  Irish 
Thésaurus,  the  compilation  of  which  lias,  I  understand,  been  intrusted 
to  Prof.  Atkinson. 

Whitley  Stokes. 


in  a  single  consonant  to  rhyme  with  a  word  ending  in  two  consonants,  he  adds  (in  spite 
of  etymology)  a  second  consonant  to  the  former  v.ord.  For  example  :  domon-n  344  (to 
rhyme  with  oll).  thalmain-d  6}i  (to  rhyme  v.ith  aniaaimm).  Conversely,  when  he  wants 
a  word  ending  in  two  consonants  to  rhyme  with  a  word  ending  in  one  consonant,  he 
emits  one  of  the  two.  For  example  :  anman  (i.  e.  anmann)  1000  (to  rhyme  with  glan) . 
rois  (i.  e.  roisc)  1339  (to  rhyme  with  Pardois),  dilgen  (i.  e.  dilgend)  1548,  2724  (to 
rhyme  with  bèn,  sert)  -dilsi  i.  e.  dilsig)  IJJI,  (to  rhyme  with  dorisi),  gial  (t.  e.  giall) 
I93S,  3>°8;  (to  rhyme  with  Abial,  Rachial),  thrial  (i.  e.  thriall)  1983,  (to  rhyme  with 
Abial)  196s,  forgal  (i.  e.  forgàll)  4846,  7026,  to  rhyme  with  gai,  ordun  :  nual  (i.  e. 
nuall)  7209,  to  rhyme  with  sluag. 

I.  Thus  in  the  M.ilan  poems  bru,  immurgù;  bu,  lamnàdà;  limm,  barrfind;  ban,  acàl- 
dàm;  sin,  anchortib  ;  macc,  fordàrc  ,  -chlus,  oendoros-,  téch,  doichlèch. 

In  the  folloo.ing  instances  from  the  Saltair  the  first  syllable  of  the  second  member  of 
the  assonance  has  only  the  grave  accent  :  dualach,  bithbùaddch,  3,4;  noithech,  imme- 
loithèch  13,  14;  suthach,  eaùthach,  23,  24,  cinte . Jirmïmlnte  33,  34,  aile,  èrgnàide  49, 
$0.  But  in  the  ten  poems  on  the  Résurrection  (8017-8392),  the  acute  is,  without  ex- 
ception, on  the  first  syllable  of  each  of  the  double  and  treble  rhymes.  Thus  thratha, 
mbrathà,  8018,  8020,  lasracha.  casracha,  8037,  8039,  etc.,  etc. 


ZUR   IRISCHEN   ACCENT-   UND   VERSLEHRE' 


Eine  ausfùhrliche  Darlegung  der  altirischen  Betonungsverhaltnisse 
war  lângst  ein  Desideratum,  da  die  Grammatica  Celtica  und  Windisch 
dièses  Kapitel  kaum  beruhrt  hatten.  Zimmers  Buch  fùllt  dièse  Lùcke 
aus.  Im  ersten  Abschnitte  beweist  er  andern  Ansichten  gegenùber  schla- 
gend,  dass  sammtliche  Nomina  den  Ton  auf  der  ersten  Silbe  tragen.  Der 
betonte  Vocal  bewahrt  im  Allgemeinen  Quantitàt  und  Klang.  Die  unbe- 
tonten  werden  gekùrzt  und  fàrben  sich  nach  dem  Klange  des  folgenden 
Consonanten,  der  seinerseits  die  Klangfarbe  des  folgenden  Vocals  hat  ; 
unbetonte  Vocale  in  Mittelsilben  schwinden  ganz,  wenn  die  Consonan- 
tengruppen  es  erlauben.  Letztere  Regeln,  welche  allerdings  bestimmte 
Ausnahmen  erleiden,  gelten  an  und  fur  sich  sowohl  fur  Suffixsilben,  wie 
fur  den  zweiten  Bestandtheil  der  Composita.  Doch  giebt  es  im  Irischen, 
wie  anderwarts,  lockerere  Zusammensetzungen.  deren  zweiter  Bestand- 
theil die  lautgesetzlichen  Verânderungen  nicht  durchmacht,  sondern  die 
Gestalt  des  Simplex  bewahrt,  vgl.  lat.  Ahenobarbus  neben  imberbis. 
Wenn  einzelne  neuirische  Dialecte  den  Ton  auf  schwerere  Endsilben 
legen,  so  ist  diess  einesecundare  Verschiebung,  wie  Z.  sicher  nachweist. 

Die  Resuitate  Z.'s  in  Betreff  des  Verbalaccents  brauche  ich  nicht  zu 
recapitulieren,  da  sie,  was  das  Thatsachliche  anbelangt,  grôsstentheils 
mit  meinem  obigen  Aufsatze  2  ùbereinstimmen.  Grossere  Divergenzen 
zwischen  Z.  und  mir  bestehen  in  folgenden  Punkten  : 

i.  In  der  Betonung  des  Verbum  simplex  S.  1 30 fï.  Obgleich  die 
modernen  Sprachen  und,  wie  Z.  selber  zugiebt,  die  Laute  durchaus  auf 
Betonung  der  ersten  Silbe  weisen,  lasst  er  die  einfachen  Verbalformen 
auf  der  zweiten  Silbe  betont  sein.  Sein  Grund,  aus  gûidid  hatte  *  guit 
werden  mùssen,  wie  doinjet  aus  *  doinfedid  ist  nicht  stichhaltig;  bei 
vielen  Verben  auf-d  und  -th  geht  nicht  nur  die  III  Sg.,  sondern  auch 
die  I  und  II  Sg.  im  Praes.  Ind.  conjuncter  Flexion  auf  -/  [statt  -d  oder 
-//;    aus;   doinjet  kann  also  nicht  aus  "doinfedid  erklârt  werden.  Im 

1 .  Keltische  Studien  von  Heinrich  Zimmer.  Zweites  Heft  :  Ueber  altirische  Betonung 
und  Verskunst.  VIll-208  p.,  in-8,  Berlin  (Weidmann'sche  Buchhandlung),  1884. 

2.  Rev.  Ce'.t  .  VI,  129-161. 


5  io  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

Allgemeinen  schwinden  unbetonte  Endsilben  ùberhaupt  nicht.  Z.  ùber- 
setzt  ùbrigens  S.  134Ï  adfét  und  assindet  fâlschlich  mit  «  nuntiatum 
est  ».  Die  Formen  sind  in  allen  Belegstellen  III  Sg.  Praes.  Ind.  wie 
doadbat  «  er  zeigt  »  '  ;  das  Praes.  Pass.  lautet  auf  -5  aus,  vgl. 
dodrbas.  Die  Hauptstùtze  fur  Z.'s  Ansicht  ist  seine  Théorie  ùber  die 
irische  Metrik,  die  aber  irrig  ist  s.  unten).  Das  Verbum  simplex  ist  un- 
zweifelhaft  auf  der  ersten  Silbe  betont. 

2.  In  der  Erklârung.  Es  ist  mir  freilich  nicht  gelungen  ein  klares 
Bild  von  Z.'s  Auffassung  zu  erhalten.  S.  63  *  spricht  er  vom  Irischen  als 
der  «  Sprache,  die  amlangsten  den  alten  Unterschied  von  Orthotonese 
und  Enclise  lebendig  erhalten  hat  »,  formuliert  aber  die  Gesetze  S.  67 
folgendermassen  :  der  Imperativ  hat  zurùckgezogenen  Accent.  Or- 
thotoniert  ;d.  h.  auf  dem  zweiten  Bestandtheile  betont  ist  das  unab- 
hângige  Verb;  unabhângig  ist  dasselbe  auch  nach  den  Conjunctionen  co 
ma  cia.  Abhàngig  ist  das  Verb  nach  der  Négation  und  ist  hier  enclitisch. 
—  Wâre  dièse  Auffassung  richtig,  so  wàre  ja  die  irische  Betonung  den 
altindischen  Gesetzen  diamétral  entgegengesetzt  und  kônnte  kaum 
mit  ihnen  im  Zusammenhang  stehen.  Freilich  fùgt  er  hinzu  :  «  in  allen 
ùbrigen  Fàllen  handelt  es  sich  um  Enclise  im  abhàngigen  Satz  ».  Allein 
welche  Fâlle  sind  das  ?  Die  Fragesàtze  mit  ind-  inn-ï  Denn  die  Enclise 
nach  den  Conjunctionen  di-an-  ar-an-  co-n-  ist  zu  erklaren  wie 
sonst  nach  dem  Pron.  relat.  (S.  60  ff.i,  und  die  oben  (S.  1  $6  f.  be- 
sprochenen  Ausnahmen  hat  Z.  ùbersehen. 

Mir  scheint  nach  wie  vor  die  Verbindjng  mit  der  ursprachlichen  Be- 
tonung nur  aufrecht  zu  erhalten,  wenn  wir  annehmen,  dass  im  Irischen 
(mit  einiger  Modification!  die  Betonung  des  abhàngigen  Satzes  sich  verall- 
gemeinert  habe  ;  nur  der  Imperativ,  derniemals  im  Nebensatzesteht,  hat 
die  Betonung  des  Hauptsatzes  bewahrt.  Zu  den  Partikeln,  die  sich  mit 
dem  Verbum  zum  Compositum  vereinigen,  gehôren  ausser  den  Praepo- 
sitionen  und  Adverbien  die  Négation  und  die  Frageparîikel  ;  daher  er- 
scheint  das  Verbum  nach  ihnen  in  subjuncter  Flexionsform,  ?..  B.  ni- 
chai (Zimmer  S.  131!.  Allerdings  trennt  sich  die  Négation  insofern  von 
den  ùbrigen  Praepositionen,  als  sie  nicht  mehr  den  Wortaccent  auf 
sich  nehmen  kann,  z.  B.  Imper,  nascârad  «  er  trenne  sich  nicht  !  », 
nicht  *  ndscrad.  Ueber  eine  âhnliche  Erscheinung  bei  der  Verbalpartikel 
ro-  s.  unten2. 

1.  Nur  poetisch  scheint  adfét  (ad-d-fèt)  ais  III.  Sg.  Imper3t.  vorzukommen  (im  Amra 
Choluimb  Chille)  ;  ebenso  adféit  als  III.  Plur.  Praes.  Ind.,  verkûrzte  Nebenform  von  ad- 
fiadat  (Fiacc's  Hymnus.  V.  58;  Fel.  Oeng.  18  Apr.). 

2.  Auch  ob  das  Praefix  cetu-  «  zuerst  »  jemals  den  Ton  traegt  und  ùberhaupt,  wie  eine 
Praeposition  behandelt  wird,  ist  mir  zueifelhaft  geworden  (s.  oben  S.   152). 


Zut  irischen  Accent-  und  Verslehre.  5 1 1 

3.  In  der  Zeit.  Nach  Z.  hat  die  irische  Accentrevolution  etwa  im  4. 
oder  5.  Jahrh.  n.  Chr.  staltgefunden.  Die  Grùnde,  die  ihn  bewegen, 
dieselbe  so  spàt  anzusetzen.  glaube  ich  als  nicht  stichhaltig  erweisen  zu 
kônnen  s.  unten  .  Vielmehr  scheint  mir  die  irische  Betonung  ait-  und 
gemeinkeltisch.  Eine  genaue  Untersuchung  habe  ich  noch  nicht  an- 
gestellt  und  muss  mich  einstweilen  begnùgen,  die  significantesten  Beispiele 
anzufûhren.  die  mich  dazu  bestimmen. 

a.  Das  Brittische.  Dass  die  cymrische  Betonung,  welche  fast  aile 
mehrsilbigenWôrter  zu  Paroxytona  macht,  eine  secundare,  auf  dem  alten 
Nebenton  beruhende  ist,  kann  nicht  bezweifelt  werden.  Das  Bretonische 
schliesst  sich  theils  dem  Cymrischen  an,  theils  hat  es  in  Vannes  und 
ineinemTheilevouCornouailles  die  franzôsische  Betonung  der  Endsilbe 
angenommen.  Wir  mussen  uns  also  nach  andern  Kriterien  umsehn.  Ein 
solches  bietet  die  Gestalt  der  Praep.  do  und  to.  Dass  do  auch  im  Brit- 
tischen  die  praetonische  Form  war.  zeigen  die  altbretonischen  Glossen. 
wo  sie  nicht  selten  vorkommt  '  ;  im  Cymrischen  haben  sich  die  Praepo- 
sitionen  to-  do-  und  de-  di-  in  noch  hôherem  Grade  vermengt,  als  im 
Irischen.  —  Von  der  Wurzel  ved  slav.  vedâ  besitzt  das  Irische  das 
Compositum  dofedim  «  ich  fuhre  »  vgl.  cymr.  anveddu  mit  anderer 
Praeposition  .  Hiezu  giebt  es  ein  altes  Nomen  verbale  mit  Suffix 
-tu  :  to-ved-tu-  altkelt.  *  tôvessu-s  *  tovissu-s  cymr.  tywys  «  Fuhren, 
Fùhrung  »  air.  tùus  Fùhrerschaft,  Vorrang,  Anfang  »  ;  dazu  eine  Ablei- 
tung  mit  Suffix  -àco  :  altkelt.  *  tôvissacos,  Gen.  Sg.  tovisaci  auf  einer 
Inschrift  in  Denbighshire  (Rhys,  Lectures2  272  ,  cymr.  tywysog  «  Fùh- 
rer,  Furst  «  ir.  tôisech  «  Anfuhrer  ;  an  der  Spitze  stehend  ».  Also  auch 
im  Brittischen  im  Nomen  to-,  im  Verbum  do-,  was  sich  nur  aus  dem  alten 
Accent  erklart. 

Aehnliche  Beispiele  werden  sich  wohl  noch  mehr  finden  lassen  ;  doch 
scheinen  im  Brittischen,  wie  im  Neuirischen,  manche  praetonische  Par- 
tikeln  geschwunden  zu  sein. 

b.  Das  Gallische.  Hier  wàren  diejenigen  romanischen  Formen  alt- 
keltischer  Ortsnamen  zu  untersuchen,  welche  sich  nicht  aus  der  latei- 
nischen  Betonung  erklaren  ;  ein  Beispiel  ist  gall.  Tricasses—frz.  Troyes, 
welches  lautlich  auf  *  Tricas  zuruckgeht  ;  also  war  die  Betonung  Tri- 
casses. 

Dass  auch  die  Verbalbetonung  altkeltisch  ist,  zeigt  das  Irische  selber. 
Trifft  der  Ton  die  Praeposition,  so  tritt  dieselbe  in  voile  Composition  mit 
dem  Verbum  ;  ihr  auslautender  Consonant  wird  behandelt,  wie  jeder 

1.  S.  LotJ,  Vocabulaire  vieux-breton  S.  108  ff. 


3 12  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

andere  im  Wortinnern,  z.  B.  ni  ddrimi  wird  zu  ni  ârmi,  genau  wie 
acymr.  datl  zu  ir.  dâl.  Ist  die  Praeposition  aber  unbetont,  so  ist  der 
Zusammenhang  ein  viel  lockerer  :  die  Assimilationsgesetze  wirken 
nicht,  vgl.  adrîmi;  in  der  Poésie  ist  Tmesis  erlaubt,  vgl.  nom-choimmdïu 
côima  fur  nom-chôima  coimmdiu  «  der  Herr  beschùtze  mich  »  Sg.  204. 
Immerhin  werden  die  Praefixe  nicht  ganz  wie  selbstàndige  Worter  be- 
handelt  ;  auslautende  Consonanten  kônnen  bewahrt  bleiben,  vgl.  ad-; 
auslautende  Vocale  schwinden  nicht  durchgehend,  vgl.  remi-  tremi- ceta- 
sechmo-  s.  oben  S.  1 52  '  . 

Betrachten  wir  nun  die  Form  der  Praeposition,  welche  lat.  cum  ent- 
spricht.  In  praetonischer  Stellung  lautet  sie  con-  s.  oben  S.  1 3 9  f . , 
Zimmer  S.  74  ff.  ;  d.  h.  auslautendes  m  ist,  wie  immer,  zu  /îgeworden; 
aber  dièses  n  bleibt  auch  vor  Consonanten  bewahrt,  wie  das  d  von  ad  ; 
vgl.  conscêra  consûidigther  etc.  Unter  dem  Ton  erscheint  vor  Vocalen 
durchgehend  cum-  oder  coin-;  vor  Consonanten  ist  der  Nasal  vorwiegend 
geschwunden,  wenn  es  die  Lautgesetze  erheischen,  vgl.  -côscram  ;  hie 
unddafindet  sichauch  hier  corn-,  was  sicher  auf  einer  Verallgemeinerung 
der  vorvocalischen  Form  beruht  ;  dièses  secundàre  corn-  aspiriert, 
wahrscheinlich  nach  der  Analogie  von  rem-  und  trem-,  vgl.  comsuidigud 
und  remsuidigud2.  Dass  coin  die  altère  Gestalt  der  Praeposition  ist,  zeigt 
lat.  cum.  Die  Bewahrung  des  m  im  einen  Falle  bei  fester  Composition 
und  der  Uebergang  zu  n  im  andern  beweisen,  dass  die  irische  Verbalbe- 
tonung  in  die  Zeit  zurùckreicht,  da  auslautendes  m  zu  n  geworden  ist, 
d.  h.  in  die  altkeltische  ;  denn  schon  die  gallischen  Inschriften  haben-n 
fur  auslautendes  -m. 

Ist  nun  aber  das  irische  Betonungsgesetz  das  ait- und  gemeinkeltische, 
so  erôffnet  sich  eine  viel  weitere  Perspective.  Im  Keltischen  betont,  wie 
wir  gesehen  haben,  das  Nomen  ob  einfach,  ob  zusammengesetzt  und 
das  Verbum  simplex  immer  die  erste  Silbe,  das  Verbum  compositum 
ùberall  ausser  im  Imperativ  das  zweite  Elément  5  .  Ganz  dieselbe  Regel 
gilt  nun,  wie  mir  Herr  Prof.  Kluge  bemerkt.  fur  das  Altgermanische. 
Auch  hier  wird  im  Nomen  durchgehend  die  erste  Silbe  betont,  sei  sie 
Stammsilbe  oder  Praefix  ;  ebensoim  einfachen  Verbum.  Dagegen  im  zu- 


1.  Ein  Beispiel,  das  in  den  oben  von  mir  untersuchten  Texten  nicht  vorkam,  ist  das 
Compositum  mit  der  Praeposition  oc:  *  ocu-benim  «  ich  berùhre  »;  vgl.  III  Pi.  Praes. 
Pass.  indl  ocubèndar  Ml.  54  a,  12  ;  ocubèther  (Gl.  contingetur;  53  b,  17  ;  aber  naà  ocma- 
natar  $4  a,  12. 

2.  S.  136  haette  ich  accomol  etc.  in  ad-com-od-la-  auflœsen  sollen,  nicht  in  ad-com- 
la- ;  ebenso  S.  144  1.  ess-com-od-la-  statt  ess-con-la-. 

3.  Ob  im  Altkeltischen  nicht  noch  in  andern  Faellen  (im  Hauptsatze)  das  Fraefix  betont 
war,  muss  freilich  dahingestellt  bleiben. 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  3 1 3 

sammengesetzten  Verbum  ist  die  Praeposition  proklitisch  und  der  Accent 
trifft  die  Stammsilbe  ;  nur  bildet  hier  der  Imperativ  keine  Ausnahme. 
Vgl.  ahd.  frdtâi  «  Sunde  »,  aber  firt.'.ot  a  er  siindigt  ».  Dièse  auffàllige 
Uebereinstimmung  kann  nicht  wohl  ein  Zufall  sein  ;  sie  muss  auf  ge- 
meinsamer  Entwicklung  beruhen. 

Noch  mehr.  Dass  die  Betonung  des  Lateinischen  keine  alte  sein  kann, 
hat  Corssendargelegt.  Ihr  Verhâltniss  zur  Silbenquantitât  zeigt  deutlich, 
dass  sie  aus  Nebenaccenten  hervorgegangen  ist.  Die  Vocale,  welche  der 
Verânderung  unterworfen  sind,  erleiden  dieselbe  in  a  lien  Silben  ausser 
der  ersten  '  ;  also  wird  auch  im  Lateinischen  einst  die  erste  Silbe  den 
Ton  getragen  haben.  Diess  gilt  sowohl  fur  das  Nomen  vie  fur  das 
Verbum  ;  vgl .  *  ârais  —  ans,  *  in-ratos  —  irritas,  *  in-amlcos  —  *  inimkos 
—  inimlcus,  *  côm-tabernâlis  —  *  côntubernàlis  —  càntubernâlis  und  ebenso: 

*  léges  —  légU,   *  lêgetes  —  légitis,  *  ôb-caidô  —  *  ôccidô  —   occîdô, 

*  côm-fatêrl  —  *  cônfitèrï  —  cônfitêrl,  *  éx-aistumâre  —  *  éxlstumàre  — • 
èxïstumâre.  Dass  die  erste  Silbe  immer  einen  bedeutenden  Nebenton 
behielt,  zeigen  die  romanischen  Sprachen,  welche  die  erste  Silbe  der  la- 
teinischen Wôrter  in  der  Regel  bewahren,  wàhrend  sie  die  unbetonten 
Mittelsilben  vielfach  schwinden  lassen  ;  vgl.  *  mànsiônâticum  frz.  mais- 
nage,  ménage.  Also  stellt  sich  das  Lateinische,  was  die  Betonung  des 
Verbum  simplex  beîrifft,  durchaus  zu  den  nôrdlichen  Sprachen  ;  im  Ver- 
bum compositum  weicht  es  dagegen  vom  Germanischen  ab  und  harmo- 
niert  nur  mit  der  Imperativbetonung  des  Irischen,  d.  h.  es  hat  die 
Betonungdes  Hau  ptsatzesùberalldurchgefùhrt2.  Immerhinistdie  Ueber- 
einstimmung zu  gross,  als  dass  man  am  Zusammenhang  zweifeln  kônnte. 
Hinter  allendiesen  Erscheinungen  scheint  mir  eine  gemein-westeuro- 
pàische  Accentregelung  zu  stehen .  Doch  gebe  ich  dièse  Bemerkun- 
gen  mit  allem  Vorbehalt,  da  die  Lautverhàltnisse  der  italischen  und 
der  brittischen  Sprachen  noch  genauer  zu  untersuchen  sind.  Intéressant 
ware  es  auch  zu  constatieren,  wie  sich  das  Albanesische  zu  diesen 
Erscheinungen  verhalt. 

4.  Zimmer  ist  entgangen,  dass  der  unmittelbar  auf  den  praetonischen 
Vocal  folgende  Consonant  nicht  aspiriert  wird,  eine  Thatsache,  auf  die 
ich  oben  S.  145  aufmerksam  gemacht  habe  ;  dech  habe  ich  sie  zu 
wenig  betont,  weil  mir  ihre  Consequenzen  nicht  klar  geworden  waren. 
Wir  finden  freilich  hie  und  da  auch  in  diesem  Falle  Aspiration,  so  do- 


1 .  Nur  die  auslautenden  Vokale  nehmen  eine  Sonderstellung  ein. 

2.  Aus  dem  Nebeneinanderstehen  von  cornes  comitium  und  coire  auf  shnliche  Verhaelt- 
nisse  zu  schliessen,  wie  in  den  nœrdlichen  Sprachen,  wxre  zu  gewagt  ;  denn  daneben 
finden  wir  comedere  und  copia  (co-opia  . 


314  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

chôid  neben  haufïgerem  docôid  (aber  immer  ni  déchuid),  dochôirethar 
neben  docûiretharu.a.;  dass  diess  aber  secundàr  ist,  dùrfte  das  Folgende 
zeigen  '.  Auchdie  Aspiration  des  Anlautsder  Nomina  nach  den  Praepo- 
sitionen  do  und  di  wird  hiernach  kaum  ait  sein  ;  wir  finden  dieselbe  in 
den  alten  Handschriften  sehr  haufig  nicht  bezeichnet.  Wie  sie  einge- 
drungen  und  unter  welchen  Bedingungen  sie  entstanden,  bleibt  noch  zu 
untersuchen. 

Hiedurch  hellen  sich  zwei  dunkle  Punkte  in  der  irischen  Grammatik 
auf  : 

a.  Die  Gestalt  der  infigierten  Pronomina  personalia  und  possessiva. 
Aus  der  Verbalform  *  ate-bdlet  wird  air.  atbdil  »  er  stirbt  »  ;  das  t  bleibt 
unverândert,  und  daspraetonische  a  wird  nicht  inficiert2.  Die  Form  at- 
ist  ziemlich  rein  bewahrt  in  der  Flexion  dièses  Verbums  s.  oben  S.  137; 
sonsterscheint  haufig  ad-  dafùr  durch  Vermischung  mit  der  Praeposition 
ad.  Der  zweiteConsonantdagegen,  derjenige,  der  auf  den  geschwundenen 
Vocal  folgt,  wird  regelmâssig  aspiriert,  also  :  *  atbhdil.  Diess  zeigt  sich 
deutlich  bei  dem  Verbum  adbeir  «  er  sagt  »,  vvelches  mittelirisch  zu 
adeir  deir  wird  ;  das  d  war  Explosiva  und  ist  geblieben,  b  war  spirantisch 
und  ist  geschwunden  J. 

So  erklârt  sich,  dass  die  Pronomina  infixa  nie  aspiriert  werden.  Wie 
aus  *  ate-bdlet  atbdil  wird,  so  aus  *  no-îe  béret  oder  *  no-ti  béret  :  notbéir 
[notbhèir]  «  er  bringt  dich  »  ;  ebenso  ni-t-érpi  ro-t-chechladar  etc.  Nicht 
anders  in  den  anderen  Personen  :  I.  Sg.  fo-mm-chdin,  wo  die  Verdop- 
pelung  des  m  zeigt,  dass  es  nicht  als  Spirant  zu  sprechen  ist  ;  I  Pi. 
du-nn-ânic*.  In  der  II.  Pi.  ist  wohl  -b  iselten-/i  die  aspirierte  Nebenform 
von  si  (aus* svi  cymr.  chwi)  s,  secundàr eingedrungen,  als  die  alte  Form 
mit  anlautendem  v  mit  dem  vorhergehenden  Vocal  verschmolz  und 
undeutlich  wurde;  vgl.  oac  aus  \jova\n  c. 

Ganz  parallel  geht  die  Behandlung  des  Pron.  poss.  :  du-mm-imdi- 
dnaad,  di-t-gnimaib.  Warum  die  Relativpartikel  san  nach  Vocalen  ihr  s 
immer  verliert,  ist  noch  dunkel,   vgl.  do-n-ddbat  statt  *  do-sn-âdbat; 


1.  So  erklaert  sich  auch,  weshalb  in  adrîmi  das  d  nur  assimiliert  wird,  wenn  a  betont 
ist  :  in  adrîmi  blieb  d  Explosiva  ;  aber  àdrimi  ward  zu  'àdhrimi  *  ârimi  âirmi;  ebenso  dê- 
nim  aus  *  déghnim  gegenûber  dogniu  und  dâl  aus  datl  *  dathl  '  dadhl. 

2.  Ebenso  ar-  aus  art-. 

3 .  Daher  auch  die  Formen  adchi  adchobra  neben  adci  adcobra,  die  auf  der  erwashnten 
Vermischung  von  ad  und  ate  beruhen.  So  deutet  sie  Z.  (S.  70)  richtiger  aïs  ich  (oben 
S.  14s).  . 

4.  nn  ist  hier  der  «  status  durus  »  von  n. 

j.  Von  urspr.  jv  lautet  der  «  status  durus  »  s,  der  «  status  mollis  »  /  (aus  hv)  ;  vgl. 
siur  «  Schwester  »,  a  fiur  «  seine  Sch.  ».  Dièses  Verhsltniss  scheint  schou  in  der  alten 
Sprache  hasufig  getrûbt. 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  3 1 c 

vielleicht  ist  direkt  auf  sn,  nicht  auf  san  zurïickzugehn  ;  5  hàtte  sich  dann 
an  n  assimiliert. 

b.  Auf  dieselbe  Weise  erklart  sich  das  p  in  den  als  Copula  fungie- 
renden  Formen  der  Wurzel  bu.  Die  Copula  scheint  ursprùnglich  pro- 
klitisch  gevvesen  zu  sein  '  ;  diess  zeigt  deutlich  die  Stellung  der  Particulae 
augentes  bei  manchen  ihrer  Formen.  Die  Partikeln  sind  enklitisch  und 
hàngen  sich  zunàchst  an  dasjenige  Wort,  das  sie  hervorheben,  z.  B. 
messe  «  ich  »,  mui-sse  (Gl.  meam\\  wird  aber  das  Wort  proklitisch,  so 
heften  sie  sich  an  das  nâchstfolgende  betonte  Wort,  z.  B.  ro-nwoïr-sa 
«  er  hat  mich  befreit  »,  mo-imradud-sa  «  mein  Denken  ».  Ganz  ebenso 
beim  Verbum  :  arnéut-sa  «  ich  erwarte  »  ;  aber  nach  der  proklitischen 
Copula  :  am-béo-sa  «  dass  ich  lebendig  bin  »,  am-cimbid-se  «  dass 
ich  ein  Gefangener  bin  »  ;  desgleichen  bei  der  Wurzel  bu  :  ni-ba- 
ditnicthe-se  «  ich  soll  nicht  verachtet  sein  »,  com-ba-.ro/75e-siu  «  auf  dass 
du  ein  Licht  seiest  »  etc.  Nach  obiger  Regel  bleibt  b  nach  den  Partikeln 
m  ro  etc.  Explosiva;  tritt  es  nun  durch  Schwund  des  Endvocals  in  den 
Auslaut  oder  folgt  darauf  das  t  einer  Personalendung,  so  wird  es  zum 
tonlosen  p  :  rop  sldn  iaus  robo-sldn) ,  manipiis,  roptar.  Dièses  Lautver- 
hàltniss  wird  gewahrt,  wenn  sich  die  Copula  enklitisch  an  eine  Partikel 
anhângt,  was  mir  eine  secundare  Entwicklung  zu  sein  scheint2'1,  vgl. 
rop-sa  beo  (st.  * rop-béo-sas ,  cia-rp-sa  cimbid  ist.*  cïa-rp-cimbïd-sè ,  nip- 
s.i  iudide  [st.  *  nip-iûdide-se)  ;  auch  wird  das  p  in  andere  Formen  der 
Copula  verschleppt,  z.  B.  ropo  neben  robu,napa  neben  naba  u.  a.  m. 

Es  bleibt  hier  noch  manches  aufzuhellen  ;  aber  die  Grundregeln  sind 
deutlich  erkennbar. 

Wir  wenden  uns  nun  zum  Einzelnen  und  heben  dabei  hauptsâchlich 
dasjenige  hervor,  worin  wir  mit  Z.  nicht  ùbereinstimmen. 

S.  15.  Dass  in  epert  airbert  idbart  tabairî  und  in  tomailt  die  zweite 
Silbe  aus  -bret  -mlet  entstanden  sei,  ist  nicht  glaublich  ;  denn  der  Vocal 
der  letzten  Silbe  fàllt  nicht  aus?,  und  auch  in  Mittelsilben  ist  er  erst 
nach  der  Aspiration  der  intervocalischen  Tenuis  geschwunden,  vgl.  das 
Praet.  Pass.  asrobrad  und  das  Part.  Pass.  epenhe  aus  *éd-brithe.  Wir 
mùssen  also  hier  Stamme  mit  starker  Stammform  ansetzen,  wie  auch 
cymr.  aberth  «  Opfer  »  zeigt.  Ebenso  weist  cosc  «  Zurechtweisung  » 
(S.  14.)  mit  cymr.  cosp  auf  eine  Grundform  *  cô  m)squ-  zurûck  ;  hier  han- 
delt  es  sich  also  um  keinen  irischen  Vokalschwund. 


1.  Ganz  vereinzelt,   wenn  das  Praedicat  fehlt,  die  Copula  also  am   Satzende  steht, 
trifït  sie  der  Ton. 

2.  Sonst  miisste  Iiier  b  spirantisch  geworden  sein. 

3.  dobcrr  neben  doberar  ist  ein  besonderer  Fait,  der  durch  die  zwei  r  bedingt  sein  mag. 


316  Zur  inschen  Accent-  und  Vcrslehre. 

S.  17.  tairngire  «  Versprechen  »  nach  Ausweis  der  Vocale  nicht  aus 
*  tôaircongaire,  sondern  aus  *  tôairindgaire. 

S.  19  f.  Dass  das  vorangestellte  Adjectivum  im  Altirischen  als  Com- 
positionsglied  behandelt  wird,  istsicher1.  Der  kleineZwischenraum,  den 
der  St.  Galler  Codex  zwischen  beiden  Bestandtheilen  lâsst,  spricht  nicht 
dagegen,  da  aile  lockereren  Composita  so  geschrieben  werden.  Man 
schlage  die  Gramm.  Celt.  854  ff.  aufgezâhlten  Beispiele  in  Ascoli's  sorg- 
fâltiger  Ausgabe  nach. 

S.  25.  Die  Erklârung  des  Suffixes  -lach  aus  slôg  «  Schaar  »  ist  zwei- 
fellos  richtig,  wie  die  Gleichung  teglach  =  cymr.  teulu  «  familia  »  zeigt  ; 
unrichtig  aber  die  Zusammenstellung  von  in-chatlach  Wb.  44,  23  mit 
gall.  Catuslogi.  Denn  erstens  ist  das  Wort  weiblich  (Z.  conjiciert  in- 
cathiiclv  ;  zweitens  bedeutet  es  nicht  «  Kriegsschaar  ».  Die  Glosse  gehôrt 
zu  Rom.  XVI,  21-23  :  Salutat  vos  Timotheus...  et  Lucius  et  Iason  et  So- 
sipater...  Saluto  vos  ego  tertius...  Salutat  vos  Caius...  et  universa  ecclesia. 
Sie  erklârt,  wieso  sich  hier  der  Schreiber  tertius  nennen  kônne  und  lautet  : 
./.  inchatlach  innafer  asrubart  et  intoentu  inna  œccalsa,  déde  insin  et  hésom 
triuss,  d.  h.  «  die  catlach  der  Mânner,  die  er  genannt  hat,  und  die  Ein- 
heit  der  Kirche;  das  sind  zwei,  und  erselbst  als  dritter.  »  Catlach  heisst 
also  «  Summe,  Gesammtheit  »  [universitas  Gramm.  Celt J  und  ist  das  im 
spaeteren  Latein  nicht  seltene  Lehnwort  catholica  -onim.  Das  Neutr.  Pi. 
ist,  wie  so  haufig,  zum  Fem.  Sg.  geworden.  — ■  In  teglach  historische 
Schreibung  zu  sehen,  liegt  kein  Grund  vor,  da,  so  viel  mir  bekannt,  ein 
secundârvor  /tretendes  g  [gh\  im  Altirischen  nirgends  assimiliert  wird. 
—  Gegen  die  Deutung  von  ellach  «  unio  »  aus  *  atislogus  scheint  mir  der 
Sinn  zu  sprechen. 

S.  41 .  arna  epret  aus  *  èsberet  zu  erklâren  geht  nicht  an,  weil  ss  aus 
x)  vor  b  bewahrt  bleibt  ;  vgl.  esbae  espae  «  unnùtzes  Ding  «  von  bat 
«  Gut  »,  ttsbuïth  [*tô-ex-butis]  «  Fehlen  »  von  buith  «  Sein  ».  Epret  ist 
*  éd-berat. 

S.  42.  Der  Stamm  von  doluigim  ist  nicht  lek,  sondern  log;  -ch  miisste 
nach  betontem  Vokal bewahrt  sein.  Urspr.  *  logcjô  ist  dasCausativum  zu 
legaim  «  zerschmelzen,  zergehn  »,  also  eigentlich  «  zergehn  machen, 
zunichte  machen,  tilgen  ». 

S.  54  ff.  Die  Differenzierung  der  Conjunctionen  co-  und  con-  erstere 
im  Haupt-,  letztere  im  Nebensatzei  hat  sich  mir  beim  Nachprufen  nicht 
bewahrt.  Man  vergleiche  zwei  beliebige  Glossen,  z.  B.  Wb.  162,  2  : 


1.  Ausgenommen  sind  die  Numeralia  ausser  oen-    und  die   Pronomina  cech  cach  und 
nech. 


Zur  imchen  Accent-  und  Verslehre.  317 

Volo  vos  scire,  qualetn  solicitudinem  habeam...,  ut  consolentur  corda 
ipsorum,  Glosse  :  c3-dodon.1t;  dagegen  Wb.  5,  25  :  tradidit  illos  deus  in 
desideru...,  ut  contumeliis  afficiant  corpora  sua,  Glosse  :  con-idbarat  a 
corpu.  Warum  man  sich  in  dem  einen  Falle  den  Hauptsatz  hinzu-,  im 
andern  wegdenken  soll,  wie  Z.  will,  sehe  ich  nicht  ein.  Das  n  in  co-n- 
ist  auch  nach  Z.  das  Pron.  relat.,  und  dièses  kann  ja  in  allen  abhang- 
igen  Sàtzen  fehlen.  Die  Conjunction  co-  con-  «  bis  dass,  auf  dass, 
so  dass,  dass  -  kommt  wohl  im  Ahirischen  uberhaupt  nur  in  abhângigen 
Sàtzen  vor.  Wo  das  Neuirische  gon-  selbstàndig  verwendet,  gebraucht 
die  alte  Sprache  den  Imperativ  oder  den  selbstândigen  Conjunctiv. 
Neben  connu-  steht  cona-  ;  doch  scheint  vor  ni  nur  co  zu  belegen  ;  dass 
aber  ni  nach  Conjunctionen  auch  in  Nebensàtzen  stehen  kann,  zeigt  mani 
■  wenn  nicht    . 

S.  58.  Dass  die  Partikel  in-  «  in  welchem  »  nichts  weiter  enthâlt, 
alsdie  Praeposition  in,  ist  wahrscheinlich,  dadas  Relativpronomen  ùber- 
all  fehlen  kann.  —  Auch  scheint  mir  die  Erklàrung  der  «  Enclise  » 
nach  Praep.  -f-  Pron.  relat.  S.  60  fur  manche  Falle  einleuchtend  : 
frissan-érbrad  eigentlich  nicht  «  zu  welchem  gesagt  wurde  »,  sondern 
«  welchem angesagt  wurde  -.Ob  sie  ûberallanzuwenden  ist,  namentlich 
ob  die  nicht  davon  zu  trennende  Enclise  nach  den  Conjunctionen  ar-an- 
di-an-  co-n-  so  entstanden  ist,  scheint  mir  zweifelhaft.  Man  wird  doch 
wohl  Vermischung  verschiedener  Satztypen  annehmen  mùssen  s.  oben 
S.  160  f.  .  Geradesolche  zweideutige  Formen  wie  frissanérbrad  kôn- 
nen  den  Anlass  gegeben  haben. 

S.  62  Anm.  Hier  ist  mir  nicht  klar  geworden,  wie  Z.  sagen  kann,  ein 
Satz  wie  isdia  dobeir  log  a  es  ist  Gott,  er  giebt  welcher  giebt  Lohn  » 
entspreche  genau  der  Construction  Romulus  condidit  Romam.  Im  ersteren 
Beispiel  haben  wir  doch  zwei  Sàtze  statt  einem.  Dass  ebenso  im  cymri- 
schen  Satze  •<  Peredur  erhob  sich  »  :  Peredur  a  gyfodes  wôrtlich  a  P., 
welcher  sich  erhob  vor  dem  erstem  Worte  ein  unbetontes  ys  weg- 
gefallen  sei,  hat  Loth  '  gewiss  mit  Recht  angenommen  ;  vgl.  ncymr. 
sydd  aus  acymr.  iss-id  air.  iss-ed.  Dass  vor  dem  Verbum  subst.  die  Rela- 
tivpartikel  im  Cymrischen  fehlen  kann,  spricht  nicht  dagegen,  wie  das 
Irische zeigt.  Es  bleibt  also  nach  wie  vor  die  von  d'Arbois  de  Jubainville 
nachgewiesene  Differenz  bestehen,  dass  im  Inselkeltischen  das  \'erbum 
in  der  Prosa  irr.mer  am  Anfang  des  Satzes  steht,  in  den  altgallischen 
Inschriften  aber  niemals.  Selbst  dass  die  Construction  is  dia  dobeir  log 
direct  ausderàlterenallgemeinen  "dia  dobeir  log  sich  entwickelt  habe, 

1.  Mém.  de  la  Soc.  de  Ling.,  IV,  366  f. 


5 1 S  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

scheintmirunsicher.  Denn  jedes  Satzglied,  dasbetontwird,  kannheraus- 
gehoben  und  in  einen  Vordersatz  mit  is  gestellt  werden  :  islog  dobeir 
dia,  isdôsom  dobeir  dix  log  u.  s.  w.  Dieser  Gebrauch  kann  also  nicht  auf 
der  frûheren  gewohnlichen  Wortstellung,  sondern  nur  auf  der  occa- 
sionellen  beruhen. 

S.  65  Anm.  Dass  gaibim  «  ich  singe  »  auf  einer  Nachahmung  des 
kirchlichen  incipere  beruhe,  ist  nicht  unwahrscheinlich.  Aber  wie  man 
Windisch  einen  Vorwurf  machen  kann,  dass  er  gaibim  a  ich  singe  » 
und  gaibim  «  ich  nehme  »  getrennt  und  ersteres  vorangestellt  hat,  ver- 
stehe  ich  nicht.  —  Unsicherer  ist  die  Deutung  von  rogabus  «  ich  bin  » 
aus  spàtlat.  coepi  esse. 

S.  6ç.  Bei  der  Identificierung  der  Fragepartikel  in-  mit  lat.  an  ist  die 
Form  ind-  inn-  nicht  beachtet. 

S.  72.  ni  fristdit  ist  keine  Ausnahme;  ni  ist  hier  das  Pron.  id  quod. 
S.  73.  jrisorthc  ist  nicht  Participium,  sondern  II.  Pi.  Fut.  secund.  fur 
frisorrthe  ,  also  frisôrthe  zu  betonen. 

S.  74.  In  ir.  frithgabthe  frithgnam  frithcheist  u.  a.  neben  frecre  jrecndirc 
sieht  Z.  historische  Schreibung;  in  Wirklichkeit  hatte  man  also  fre- 
cnam  etc.  gesprochen.  Mit  diesem  Begriff  operiert  Z.  uberhaupt  im  wei- 
testen  Umfange.  Fragen  "\vir  uns,  inwiefern  die  Annahme  historischer 
Schreibung  bei  den  alten  Glossen  uberhaupt  berechtigt  ist. 

Dass  unter  den  drei  grossen  Glossenhandschriften  von  Mailand, 
Wiirzburg  und  St.  Gallen  die  Wùrzburger  Glossen  sprachlich  bedeu- 
tend  àlter  sind,  als  die  Mailànder,  fàllt  beim  ersten  Durchlesen  in  die 
Augen  und  ist  auch  von  Z.  bemerkt  worden.  Die  St.  Galler  dùrften 
zwischen  die  ^'ùrzburger  und  die  Mailànder  einzureihen  sein  '.  Nun 
sind  aber  die  Glossen  aller  drei  Handschriften  mit  wenigen  Ausnahmen 
aus  àlteren  copiert,  glùcklicherweise  ziemlich  buchstàblich  genau,  wie 
namentlich  bei  den  Wùrzburger  Glossen  hervortritt.  So  kommt  es.  dass 
die  letzteren  in  der  jùngsten  Handschrift  Ende  cj.oder  Anf.  10.  Jahrh.  , 
die  Mailànder  in  der  àltesten  Ende  8.  oder  Anf.  9.  Jahrh.  enthalten 
sind.  Dass  aber  auch  dièse  betràchtlich  àlter  sind  als  das  Manuscript, 
zeigt  eine  auch  nuroberflàchliche  Vergleichung  ihrer  Sprache  mit  derje- 
nigen  der  irischen  Theile  des  Buchs  von  Armagh,  das  in  der  ersten 
Hàlfte  des  9.  Jahrh.  geschrieben  ist.  Wir  dùrfen  also  das  Original  spà- 
testens  in  die   Mitte  des  8.  Jahrh.  setzen;  die   St.  Galler  Glossen 


1 .  Doch  scheint  hier  schon  der  Grundstock  der  Glossen  zu  verschiedenen  Zeiten  ent- 
standen  zu  sein;  diess  zeigen  die  andem irischen  Priscian-Handschriften,  die  nur  in  weni- 
gen Faellen  mit  diesen  ûbereinstimmen. 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  519 

stammtcn  dann  etwa  aus  dem  Anfang  desselben  Jahrh  ;  die  Vorlage  der 
Wûrzburger  kann  unbedenklich  in's  7.  Jahrh.  datiert  werden.  Selzen 
wir  die  Fixierung  der  irischen  Schrift  in  die  zweite  Hàlfte  des  6. 
Jahrh.,  d.  h.  in  die  Zeit,  da  in  Irland  aller  Orten  die  grossen  Klœster 
aufbluhten.sostehn  dieser  Période  die  àltesten  Glossen  zeitlich  und  gewiss 
auch  sprachlich  sehr  nahe.  Dazu  stimmt  auch  die  grosse  Regelmàssigkeit 
in  der  Bezeichnung  der  grammatischen  Formen  und  der  Laute,  ein 
Zustand,  den  wir  bei  Sprachen,  deren  Schrift  eine  lange  Geschichte 
hinter  sich  hat,  niemals  finden,  es  sei  denn,  dass  sich  eine  halb  kùnst- 
liche  Schriftsprache  etabliert  hat.  Die  Schwankungen  sind  unbedeu- 
tend  :  u  und  0  wechseln  als  Ausdruck  fur  geschlossenes  0,  i  und  e  fur 
geschlossenese,ein  Erbstùckaus  der  spatlateinischen  Schrift;  a  und  0  fur 
a  z.  B.  mât  mor,  betha  betho ;  ferner  schwankt  die  Bezeichnung  der 
tônenden  und  tonlosen  Spiranten  :  b  und  /,  d  und  th,  g  und  ch,  der 
gescharften  Mediae  :  b  bb  p,  g  gg  c  u.  a.  Fast  ùberall  ist  es  leicht  die 
vvirkliche  Geltung  zueruieren1.  L'm  historische  Schreibung  handelt  es 
sich  nicht  ;  eine  solche  scheint  mir  hochstens  bei  mb  neben  mm,  viel- 
leicht  auch  bei  nd  neben  nn  anzunehmen.  Im  Allgemeinen  werden  wir 
mit  der  Annahme  historischer  Schreibung  im  Altirischen  sehr  vorsichtig 
sein  mùssen.  W'enn  ein  Schreiber  seine  Vorlage  buchstabengetreu  co- 
piert,  so  fàllt  diess  nicht  unter  diesen  Begrirï. 

Kehren  wir  zu  unserer  Praeposition  zurùck  !  Die  betonte  Form  lau- 
tet  vor  Vocalen  regelmàssig  frith-;  an  folgende  Consonanten  assimi- 
liert  sich  das  auslautende  th  :  frithorcun,  aber  frecre  aus  *frith- 
Prùfen  wir  nun  diejenigen  Wôrter,  in  welchen  die  letztere  Regel  ver- 
letzt  ist,  so  tritt  sofort  hervor,  dass  es  lauîer  durchsichtige  junge  Com- 
posita  sind,  grœsster.theils  direct  lateinischen  Mustern  nachgebildet; 
vgl.  frithd.'.n  «  obstrue  »,  mélt  nand  rithbeir  «  quantum  non  o:'sistat  », 
frithgnami  «  o/ficium  •>  u.  s.  w.  Also  bei  dieser  spateren  Composition 
wird  auschliesslich  die  volière  Form  der  Praeposition  angewendet,  wie 
sie  sich  regelrecht  vor  Vokalen  fand.  Nur  vorZ  wird  nicht  selten  frit-  ge- 
schrieben,  also  auch  gesprochen,  weil  die  Lautgruppe  tht  Sch  a  ierigkeiten 
machte;  vgl.  ni-frittàit  ■■  non  obsistunt».  Dagegen  beim  alten  Composi- 
tum  frecre  «  Antwort  »  hatte  man  die  ursprungliche  Bedeutung  «  Gegen- 
rede  »  vergessen,  ebenso  bei  frecndirc  «  gegen.vartig  »,  ursp.  «  gegenu- 
ber  sichtbar  ».  Also  historische  Schreibung  ist  frithgnam  nicht,  son- 
dern  eher  etymologische  oder  besser   phonetische;   sie  ist  der 


1 .  Stark  verschieden  sind  die  Schreibungen  der  betonten  Praeposition  are-  vor  Conso- 
ninten  ;  man  findet  air-  ar-  aur-  er-  ir-  ;  welches  war  der  Laut  * 


^20  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

Ausdruck  der  wirklichen  Aussprache  und  zwar  wohl  nicht  nur  des  6., 
sondern  auch  des  7.  und  8.  Jahrhunderts.  Dies  zeigt  auch  mittelirisch 
friochnamh  spr.  friohnâv  fur  air.  frithgnam,  das  keine  historische  Schrei- 
bung sein  kann  und  auch  aus  einer  alteren  Aussprache  *  frecnam  sich 
nicht  erklart.  Es  ist  genau  derselbe  Fall,  wie  wenn  wir  im  Deutschen 
ent-fernen  ent-fallcn  sprechen  und  schreiben  neben  emp-finden  emp-fangen  '■ . 

Ganz  àhnlich  verhâlt  es  sich  mit  der  Praeposition  aie-.  Ich  hatte  mir 
oben  S.  1  ^7  nicht  erklàren  kônnen,  weshalb  die  betonte  Form  so  hâu- 
fig  aith-  aid-  vereinzelt  ath-  ad-  lautet,  welches  nur  vor  Vocalen 
regelmâssig  ist,  wahrend  vor  Consonanten  ed-  id-  erscheinen  mùsste; 
vgl.  idpart  epert.  Eine  genaue  Musterung  der  Beispiele  hat  das  Résultat 
ergeben,  dass  aith-  aid-  sich  ùberall  da  findet,  wodie  Praeposition  deut- 
lich  die  Bedeutung  des  lat.  re-  hat.  Das  significanteste  Beispiel  ist  écne 
«  sapientia  »  und  aithgne  «  recognitio,  Erkenntniss  »,  beide  aus  genau 
denselben  Bestandtheilen  zusammengesetzt  Verbum  adgninim  .  Auch 
hier  zeigt  die  spatere  Sprache,  dass  der  Unterschied  nicht  nur  in  der 
Schreibung,  sondern  auch  in  der  Aussprache  bestanden  hat.  Ersteresheisst 
mittelir.  écna,  davon  écnach  «  weise  gai.  eagnach  gespr.  âggnyach 
nach  Mac  Alpine's  Transscription  ,  letzteres  mittelir.  aichne  gâl.  aithne 
(gespr.  dnyà  oder  énnyâ  manx  enney.  Aehnliches  werden  wir  iùrfogn.wi 
«  Dienst  »  neben  dénom  Wc-gnlmus  anzunehmen  haben.  Solche  Com- 
posita  sind  zu  einer  Zeit  entstanden,  als  die  Assimilation  in  den  alteren 
Wôrtern  bereits  stattgefunden  hatte. 

Sehen  wir  in  diesen  Fàllen  das  Altirische  nicht  historisch,  sondern 
streng  phonetisch  schreiben,  so  werden  wir  auch  sonst  ùberall  dasselbe 
vorauszusetzen  haben,  wenn  nicht  sehr  gewichtige  Grùnde  dagegen 
sprechen.  Die  Annahme  historischer  Schreibung  war  ein  gutes  Hilfs- 
mittel,  um  ùber  die  ersten  Schwierigkeiten  der  irischen  Grammatik 
hinwegzukommen;  jetzt  ist  sie  eine  Krùcke,  deren  die  keltische  Philo- 
logie entbehren  kann. 

S.  89  ff.  Hiingtsich  an  die  Praeposition  con-  ein  durch  do-  gestùtztes 
Pronomen  infixum,  so  erscheint  die  Lautgruppe  cot-;  vgl.  cototnertsu  fur 
*  con-dot-nért-su,  cotdicc  fur  *  con-did-icc.  Z.  sieht  darin  eine  neue 
Praeposition  coi-,  eine  Nebenform  von  cet-  cita-2.  Die  Bedeutung  spricht 
dagegen.  In  der  Form  cotchétbanam  Wb.  102,  S.  in  welcher  Z.  zweimal 
dieselbe  Praeposition  erblickt.  ist  /  fur  td  ebenso  Pron.  inf. ,  wie  in  den 
obigen  Beispielen;  vgl.   concéitbanh  «  co/îsentis  ».   Die  Erkiàrung  liegt 

1.  Vgl.  das  oben  ùber  die  Ausbreitung  der  form  corn-  Bemerkte. 

2.  Z.  setzt  irrthùmlich  cit-  als  praetonische  Form  an. 

j.  Oben  S.  ij2  habe  ich  fae'.schiich  cocéitbani  geschrieben ;  Hdschr.  ocêitbani. 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  321 

nahe;  \vo  die  Praep.  to  enclitisch  an  con  argehangt  wurde,  sank  das  / 
nach  n  nicht  zu  à  herab,  sondern  conto-  wurde  regelrecht  zu  cotto-  coi-  '. 
In  den  S.  91  zusammengestellten  Fàllen,  in  welchen  die  Lautgruppe 
cond-  erscheint  z.  B.  ha.au  condaairleci-sôn),  steht  zwischen  con-  und 
do-  ùberall  das  Pron.  relat.  oder  die  Conjunction  n  «  quod  »,  was  Z. 
ùbersehen  hat.  Letztere  Formenreihe  stellt  sich  zu  den  Fallen,  vvo  die 
Conjunction  co-n-  auch  vor  to  ihr  n  bewahrt,  wobei  dann  statt  der 
regelmàssigen  betonten  Form  tp]-  die  geschwàchte  dp-  eintritt,  vgl. 
con-dositis  oh-dârbastar  oben  S.  149';  vielleicht  eine  secundare  Erschei- 
nung;  das  Irische  vermeidet  gern  die  Lautgruppe  nt  im  Wortinlaut. 

S.  97.  Der  Schwund  des  g  in  alten  Formen  wie  dorôscea  fur  *doroscgea 
darf  nicht  zusammengestellt  werden  mit  demjenigen  der  spâten  Glosse 
dronei  fur  altes  droch-gni  droggné,  weil  dièse  Erscheinungen  ganz  ver- 
schiedenen  Perioden  angehôren.  Breo  «  Flamme  »  skr.  bhrâgas  gleich- 
zusetzen,  geht  nicht  an;  die  Wurzel  wird  bres  sein,  vgl.  altnord.  brasa 
«  lôthen  »  schvved.  brasa  «  flammen  0.  Sdi  ist  Lehnwort  aus  vulgârlatein. 
sa\o  aus  sagum,  die  Deutung  von  lu  aus  laghu  zum  mindesten  zweifel- 
haft.  Z.  zeigt  zu  hâufig  die  Neigung,  spiiten  Lautwandel  in  frùhe  Zeit 
hinaufzurùcken. 

S.  98  ff.  Weshalb  dogniu  dénim  {*  dé-ghmim)  eine  Analogiebildung 
sein  und  eigentlich  die  Praep.  to-  do-  enthalten  soll,  ist  mir  nicht  er- 
sichtlich.  *  De-gnïim  eigentlich  «  abthun,  fertig  machen  »  hat  seine 
Bedeutung  zum  einfachen  «  thun  »  abgeschwâcht.  —  Ob  in  dori- 
gnius  aus  dorôgënus  das  i  wirklich  auf  blossem  Umlaut  des  betonten 
0  durch  das  schwindende  e  beruht,  scheint  mir  nicht  sicher;  sonst  wird, 
soviel  ich  sehe,  ein  solches  0  zu  oi  ui.  Die  Dehnung  des  /  liesse  sich 
in  den  Formen  dorlgnius  dongnïs  dorlgni  lautgesetzlich  erklâren  durch 
den  Einfluss  der  folgenden  Consonantengruppe  Spirans  -\-  Cons. 2. 

S.  120  ff.  Die  Partikel  ro-  tritt  im  Altirischen  in  doppelter  Function 
auf:  1 .  als  gewoehnliche  Praeposition;  2.  macht  sie  jedes  beliebige  Ver- 
bum,  um  mit  der  slavischen  Grammatik  zureden,  perfectiv.  Dièse  zwei 
Funktionen  der  ursprùnglich  einheitlichen  Praeposition  sind  schon  im 
âltesten  Irisch  strenggeschieden.  Die  Praeposition  ro  wechseltimCom- 

1.  Anders  ist  das  Verhas'.tnis  natùrlich,  wenn  to  betont  ist,  z.  B.  contàrad  Sg.  106  b, 
4.  DerArtikel  ind-  ans  sen  -f-  to-  (Windisch,  Rev.  Celt.,  V,  461  ff .)  spricht  nicht  gegen 
obige  Erklsrung.  da  die  Composition  stattgefunden  haben  kann,  als  der  Pronominalstamm 
to-  bereits  zu  do-  geworden  war;  vgl.  den  neutralen  Artikel  *  sen  (s)an,  wo  sie  gar  nicht 
eingetreten  ist,  und  gall.  so-sin. 

2.  Sowird  auch  die  beton'te  Form  di  in  digbail  dithrub  lautgesetzlich  entstanden  sein 
und  sich  von  da  ueiter  verbreitet  haben,  vgl.  dîgabthach  dilgud.  Dass  zwei  Praeposi- 
tionen,  urspr.  de  und  dis,  sich  verschmolzen  haben,  ist  keine  unbedingt  nothv.endige 
Annahme. 

Rev.  Cclt.   VI  21 


322  Zur  irischen  Accent    und  Verslelue. 

positum  ihre  Stelle  so  vvenig  wie  andere  Praepositionen  und  kann  na- 
turgemass  in  jedem  Tempus  und  Modus  erscheinen  :  derochôinei  riï- 
dèrcfwinfed,  Subst.  dèrchôiniud.  Die  Perfectivpartikel  ro-  dagegen  tritt 
meist  an  die  Spitze  des  festen  Compositums,  d.  h.  hinter  das  praeto- 
nische  Praefix;  z.  B.  ïnrùaldaîar,  aber  nad  rindualdatar.  Eine  Ausnahme 
bilden  die  Formen  mit  der  Praeposition  fô-,  welcher  ro-  nicht  selten 
nachfolgt;  der  Grund  mag  sein,  dass  rôfo-  zu  ro-  contrahiert  werden 
musste,  wodurch  die  Formen  sehr  entstellt  wurden,  vgl.  ïmforlïng,  do- 
fôrsaî  neben  dorôsat.  Dasselbe  ist  der  Fall  bei  den  Compositis  mit  éss- 
[ni-êrbarid  ni-erngaib)  und  einigen  andern  [ni-deirgenus] ,  wo  der  Grund 
weniger  deutlich  ist.  Z.  sieht  darin  Reste  aus  der  Zeit,  in  welcher  die 
beiden  ro  noch  nicht  geschieden  waren;  ess-ro-ber-  wâre  also  noch  festes 
Compositum.  Sei  dem,  wie  ihm  wolle,  gewiss  ist,  dass  perfective 
Verba  im  Praesens  Ind.  keine  Stelle  haben  '  ;  das  perfective  ro-  ist 
daher  auf  das  Praeteritum  einerseits  und  auf  den  Conjunctiv  und  das 
Futurum  andrerseits  beschrànkt.  Z.  hàtte  also  nicht  sagen  sollen, 
die  Sprache  habe  ro-  im  Praesens  auszumerzen  gesucht;  es  war 
daselbst  nie  vorhanden.  Aus  der  ganzen  altirischen  Glossenlitteratur 
kann  Z.  nur  eine  Form  des  Praes.  Ind.  beibringen,  nâmlich  asrobair 
Pr.  Sg.  198a,  18;  sie  beweist  nur,  dass  zur  Zeit,  als  die  Glosse  ge- 
schrieben  wurde,  die  Unterscheidung  von  perfectiv  und  imperfectiv  zu 
schwinden  begann.  Dagegen  dernum,  Glosse  zu  :  detrimentum  patietur 
Wb.  $0,  15  Add.,  ist  eine  Nebenform  nicht  von  dénum  «  thun  »,  wie 
Z.  merkwùrdigerweise  annimmt,  sondern  von  todemam  «  Strafe  », 
wenn  es  nicht  einfach  Schreibfehler  fur  letzteres  ist. 

Im  Futurum  und  Conjunctiv  ist  der  Gebrauch  von  ro-  facultativ.  Im 
Praeteritum  fehlt  es  im  Altirischen  ziemlich  selten  (ursprùnglich  wohl 
nur  bei  perfectiven  Composita-,  dagegen  im  Mittelirischen  seit  dem  9. 
Jahrhundert  kann  fast  von  jedem  Verbum  ein  Praeteritum  ohne  ro-  ge- 
bildet  werden.  Den  Uebergang  vom  Alt-  zum  Mittelirischen  bieten  uns 
auch  hier  die  Mailander  Glossen;  vgl.  das  zweimalige  asbert  «  er  sagte  » 
(Z.,  S.  37)  neben  dem  sonst  ausnahmslosen  asrubart.  Auch  diess  zeigt 
uns  das  Schwinden  der  Scheidung  von  perfectiv  und  imperfectiv  im  8. 
Jahrhundert2. 

Noch  in  einem  andern  Punkte  unterscheidet  sich  das  perfective  ro- 
von  den  Praepositionen,  wie  Z.  (S.    123)  richtig  bemerkt,  aber  nicht 


1.  Es  wsre  denn,  dass  sie  als  Futura  verwendet  wiirden. 

2.  In  spseterer  Zeit  ûbernimmt  die  Praeposition  do-  im  Praeteritum  die  Rolle  des  alten 
ro-. 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  323 

weiter  ausfuhrt'.  Ist  das  vorausgehende  Praefix  keine  Praeposition, 
sondern  eine  Négation  oder  Conjunction  ohne  angehiingtes  Pronomen), 
so  kann  ro-  selber  unbetont  bleiben  und  sich  enklitisch  an  das  Praefix 
heften.  Der  Gebrauch  schwankt  ;  vgl.  niru-foràithmenair  neben  m-roiîea 
[*  ni-rôjoitea)  oben  S.  1  $  $  \  corro-àitrebea  neben  con-rictar  (d.  i.  *  con- 
râlctar),  conaru-àigsetar  neben  arna-rlmfolngar .  Die  Erscheinung  ist  von 
neuem  zu  untersuchen  und  die  Beispiele  vollstandig  zu  sammeln. 

Nach  der  Erkenntniss  dieser  Ausnahme  lasst  sich  nun  auch  die  Regel 
ùber  das  Verhalten  von  to-  ro-  fo-  vor  Vocalen  schàrfer  formulieren.  Das* 
alte  Gesetz  ist  offenbar  :  praetonisch  bleiben  sie  als  do-  ro-fo  erhalten, 
betont  oder  im  Wortinnern  verlieren  sie  den  Vocal  und  erscheinen  als 
t-  r-f-;  vgl.  doairci  —  ni-  tâirci,  rukim  —  ni-rïcim,  foàlgim  —  arna- 
fàcabtis  -.  Wenn  sich  daneben  auch  selbstandiges  îdïrci  ricim  jdcab 
9.  Jahrh.'i  findet,  so  ist  das  als  eine  Ausbreitung  der  kùrzeren  Form 
auf  Unkosten  der  langeren  zu  betrachten. 

Da  wir  hier  eben  von  Ausnahmen  vom  Accentgesetz  sprechen,  môchte 
ich  auf  einen  andern  Fall  aufmerksam  machen,  derdie  Uebersetzungs- 
literatur  betrifït.  Das  Irische  ist  sehr  geschickt,  die  lateinischen  Ver- 
balcomposita  momentan  nachzubilden  ;  aber  die  Uebersetzer  vernach- 
liissigen  dabei  hâufig  die  Acceniregel.  Sie  nehmen  irgend  eine  fertige 
Verbalform  der  irischen  Sprache  und  setzen  die  der  lateinischen  entspre- 
chende  Praeposition  proklitisch  davor,  ohne  die  Betonung  zu  andern. 
Sichere  Fàlle  dieser  Art  sind  :  ol  adconrôtaig  «  quod  adsiruerel  »  Ml. 
3  5b,  13  aus  ad  -f-  ol  conràtaig;  ni  de  ïntanrfadar-som  «  non  ^/simulât  » 
Ml.  27'1,  1 2  aus  de  -f-  rii-lntamladar  ;  adrogègon-sa  «  repugi  »  Sg.  181%  7 
aus  ad  aith  -f-  rogîgon  ;  ni  folndarpaide  in  der  Glosse  zu  0  sub]ec\t  » 
Ml.  2$'',  i8aus/o-f-  ni-lndarpaide.  Demnach  ist  die  Betonung  oben 
SS.  139,  135,  155,  1 56  zu  verbessern. 

S.  126  ff.,  S.  1 38  f.  In  forroichan  aus  * fo-rô-chechan  sieht  Z.  einfach 
Syncope  der  Mittelsilbe  ;  das  oi  ist  also  nach  ihm  0».  Ich  habe  oben 
S.  1 55  mit  Yïindisch  echten  Diphthongo/  angesetzt  und  Ausfall  des  Re- 
duplications-Consonanten  angenommen  l  Dissimilation  .  Dass  Z.'s  An- 
sicht  nicht  haltbar  ist,  zeigt  das  Folgende- 


1.  Ich  hatte  dièse  Thalsache  nur  fûr  das  Mittelirische  constatiert  fc-ben  S.  ij8).  Die 
Betonung  der  Verbalformen  auf  S.  içj  und  passim  ist  nachdem  Folgenden  zu  berichtigen. 

2  Eine  Ausnahme  bilden  die  Verbalformen  mit  anlautendem  e  und  é;  dièse  Vocale  ver- 
einigen  sich  bald  mit  0  zum  Inphthong  oi  oe}  bald  ist  betontes  0  wie  sonst  geschwunden; 
vgl.  ar-a-joima  neben  arfeir.thar,  arroit  arroet  (*  ar-ro-èt)  neben  dorêt.  Die  ersteren  For- 
men  halte  ich  fûr  die  aelteren  ;  diezweiten  beruhen  auf  der  Verallgemeinerung  der  Regel, 
dass  das  betonte  0  schwindet. 


J24  Zur  inschen  Accent-  und  Verslehre. 

a.  Aus  *  forôleblang  mùsste  *foroilb!ang  werden  ;  die  Form  lautetaber 
foroiblang  mit  Schwund  des/. 

b.  Der  Diphthong  oi  wird  mit  dem  Lângezeichen  versehen,  und  zwar 
nicht  nurin  betonter  Silbe  :  arob-rôinasc  -  rônenasc  ,  sondern  auch  nach 
dem  Ton:  asa-torôimed  -tôromemaid  .  Diess  weist  aufechten Diphthong-, 
bei  o'  wàre  es  unerklàrlich. 

c.  Im  Mittelirischen  wird  der  Diphthong  oe  ae  geschrieben  :  doroegu 
doraeblangtar.  Ueberall  mit  Z.  ein  Missverstàndniss  der  Copisten  anzu- 
nehmen,  liegt  kein  Grund  vor. 

d.  Dieselbe  Dissimilation  zeigt  sich,  wenn  die  Praeposition  corn-  vor 
imm-  tritt  :  côimmchlôud  «  Wechsel  »  aus  *  côm-immchlôud  ;  dièse  Form 
hat  sich  ausgebreitet  :  I  Sg.  coimchldim  statt  des  regelmàssigen  *  con- 
imchlaim.  Auch  hier  setzt  Z.  o'  an  ;  aber  nicht  nur  die  Mittelirische,  son- 
dern auch  die  moderne  Sprache  zeigt,  dass  es  sich  um  diphthongisches 
oi  handelt  :  mittelir.  III.  Sg.  côemcloid,  Inf.  spàt  caomhchlâd,  gàl. 
caochladh,  manx  caghlaa,  Verbum  gàl.  caochail-  neuir.  caockluigh-  '.  Das 
moderne  ao   manx  a   weist  mit  Sicherheit  auf  altes  oi. 

Etwas  anders  verhàlt  es  sich  mit  den  Formen  des  Verbums  con-iccim  : 
mittelir.  cona-coemnacair,  spàt  -caomhnagâr,  Fut.  -caomhsat.  Das  ait- 
irische  Futurum  hat  hier  sicher  o',  vgl.  ni  cuimsin  ;  zweifelhafter  ist  es 
fur  das  Perfectum,  vgl.  ndd  côimnacaidWb.  5?,  6  mit  Lângezeichen. 

Die  Entstehungdesletzteren  ist  nicht  rechtklar,  aber  auch  hier  môchte 
ich  die  mittelirische  Schreibung  nicht  fur  falsche  Transscription  halten  ; 
die  Form  coim-  hat  sich  aus  dem  Perf.  ins  Fut.  ùbertragen  oder  ist, 
wenn  sie  auch  im  Perf.  unursprunglich  sein  sollte,  von  andern  Verben 
herubergenommen  vvorden.  Gewiss  haben  die  mittelirischen  Copisten 
ihre  Vorlage  hie  und  da  missverstanden  ;  aber  mehr  Verderbnisse,  als  un- 
bedingt  nothwendig,  môchte  ich  nicht  annehmen.  Darin  thut  Z.  gern 
des  Guten  zu  viel. 

S.  141  ff.  Ausnahmen  vom  Accentgesetz.  Ein  wichtiges  Capitel. 
weil  darauf  Z.'s  Ansicht  basiert,  der  irische  Accent  sei  eine  verhàltniss- 
màssig  junge  Erscheinung.  Zunàchst  das  Wort  cenél  «  Geschlecht  ». 
Z.  erklàrt  das  e  aus  der  alten  Betonung  *  cenéllon  ;  diesesWort  habezur 
Zeit  der  Vocalkûrzung  in  unbetonten  Silben  cenêl  gelautet  ;  deshalb  sei 
dasë  bewahrt  geblieben.  Eine  Parallèle  biete  scêl  «  Erzàhlung  »,  das 
aus  *  sekétlon  entstanden  sei.  Dann  hàtten  wir  aber  *  cnél  zu  erwarten. 
Auch  entspricht  ir.  scél  im  Cymrischen  chwedl  aus  *  svetl  *  sqvetlon;  dièse 


1.  Auffallend  ist  in  diesem  Worte  die  Vertauschung  des  alten  mm  mit  m   mh);  fur  den 
vorhergeher.den  Vocal  ist  sie  ohne  Belang. 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  325 

Form  gehtalso  in  eine  Zeit  zurùck,  wo  qv  noch  nicht  zu  britt.  p  gewor- 
den  war.  *  Sqretlon  ist  vom  schwachen  Stamme  sqv-  gebildet,  wie  lat.  in- 
[s  quio  in-  s  quam  ;  er  findet  sich  auch  in  ir.  cosc  cymr.  cosp  «.  Zùchti- 
gung  »  urspr.  *  cô  m  -sqv-;  ferner  in  ir.  aithesc  «  Antwort  »  aus  *  dte- 
sqvâ1,  in  insce  «  Rede  »  aus  *  ênde-sqvià;  er  bildet  die  unbetonten  For- 
men  des  Yerbums  con-sech-,  vgl.  indi  consechat,  aber  rocoscad.  Es  han- 
delt  sich  hier  nicht  um  irischen  Yocalschwund,  sondern  um  alten, 
wahrscheinlich   vorkekischen,   gerade  wie  bei  ben  mnd,  urspr.  *génâ 

*  gnâs  s.  S.   7  .   Damit  ist  freilich  nicht  bewiesen,  dass  cenél  nicht  auf 

*  cenéilon  zurùckgehen  kônne.  Aber  da  wir  Grùnde  haben,  die  irische 
Betonung  fur  ait  zu  halten,  und  da  dieselbe  keine  Ausnahmen  zulâsst, 
ist  zunàchst  zu  untersuchen,  ob  keine  andere  Erklarung  môglich  ist. 

Z.'s  Ausnahmen  zerfallen  in  zwei  Klassen  : 

l.  Die  Wôrter  cenél  cenéle),  anal  «  Athem  »,  muiriél  «  Nacken  »,  ga- 
bdl  "  Ergreifen  »  ;  2.  die  Deminutiva  auf  -an  -en  [-éne  nebst  medôn 
a  médius  n  2.  Die  ersteren  lauten  im  Cymrischen  cenedl  ait  ceneîl  anadl 
mnnwgl  gafael  aus  * gabagl-  .  Also  ùberall  handelt  es  sich  um  Ersatz- 
dehnung  vor  alter  Muta  cum  Liquida.  Die  Erklarung  liegt  nahe  :  zur 
Zeit,  als  im  Irischen  der  Accent  dahin  wirkte,  dass  jeder  unbetonte 
lange  Vocal  gekùrzt  wurde,  bestand  in  diesen  Wôrtern  noch  gar  kein 
langer  Vocal  ;  cenél  lautete  damais  noch  *  cène  il  oder  *  céneîhl  ;  der  Ac- 
cent fand  nichts  zu  kùrzen.  Erst  als  die  erste  Virkung  des  Accents  vor- 
ùber  war,  entstand  hier  secundâre  Lange  durch  Schwund  des  t  und 
Ersatzdehnung  5.  Dass  spâter  auch  hier  dialectisch  wieder  Kùrzung 
eintrat,  hat  Z.  gut  nachgewiesen  ;  aber  diessist  secundâre  Wirkung  des 
Accents,  die  bis  auf  den  heutigen  Tag  fortdauert  ;  sie  tràgt  die  Sprache 
mit  mâchtigen  Schritten  der  Einsilbigkeit  entgegen. 

Wenden  wir  uns  nun  zu  den  Deminutiven.  Hier  steht  neben  duinân 
duinén  «  homuncio  »,  medôn  «  médius  »,  cymr.  dynan  dynyn  mewn.  Z. 
setzt  hier  ursprûnglich  kurzen  Vokal  an,  -an-  -en-  -on-,  und  lâsst  ihn 
vor  n  gedehnt  werden.  Aber  fur  Vocaldehnung  vor  einfachem  n  giebt 
es  kein  sicheres  Beispiel  ;  ben  nicht  *bën  spricht  deutlich  gegen  die  An- 
nahme.  Es  ist  von  vornherein  wahrscheinlich,  dass  auch  in  den  Deminu- 
tiven die  Lange  durch  einen  geschwundenen  Consonanten  verursachtist  ; 
und  diess  wird  fur  das  Suffix  -an  durch  die  alten  Inschriften  direct  be- 
wiesen ;   vgl.    Brocagni    =s    ' Broccagn'ù    ir.    Broccân    cymr.    Brychan 


1 .  Cymr.  atcb  ist  neugebildet  nach  dem  Verbum  ateb  aus  ûte-seqv-. 

2.  Andere  vereinzelte  Faille,  wie  airégem  « Klage  ■  Sg.  51  a,  7  erklaeren  sich  aus  dem 
Einfluss  des  Stammverbums  :  arégi. 

}.  Ebenlûeher  gehœrt  das  Fut.  ni  epéer  aus  *  ate-bebrâm  u.  aehnl. 


326  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

eigentlich  «  Dâchslein  »,  Curcagni  ir.  Corcan  altcymr.  Circan  u.  a.  (Rhys, 
Lectures2  393.  }88  Sehen  wir  hier,  dass  g  vor  n  in  unbetonter 
Suffixsilbe  im  Cymrischen  spurlos  geschwunden  ist,  so  dùrfen  wir 
dasselbe  fur  dwyn  und  mewn  annehmen. 

Die  «  Ausnahmen  »  Z.'s  sprechen  also  nicht  gegen  das  hohe  Alter 
des  Accentgesetzes. 

Der  zweite  Theil  von  Z.'s  Buch  [S.  155  ff.'i  handelt  von  der  alt- 
irischen  Verskunst.  Es  muss  von  vornherein  auffallen,  dass  Z.,  um  das 
Prinzip  der  irischen  Metrik,  speziell  der  Strophe  von  24  Silben,  zu 
ergrùnden,  ein  einziges  altes  Gedicht  untersucht  hat,  den  Hymnus 
auf  Patricius,  der  dessen  Schùler  Fiacc  (-J-  507)  zugeschrieben  wird  '. 
Der  Grund  ist,  dass  er  denselben  fur  sehr  ait  hait,  ja  sogar  geneigt 
ist,  der  Tradition  ùber  seinen  Verfasser  theihveise  Glauben  zu  schen- 
ken.  Was  ihn  zu  dieser  Annahme  bewegt,  wird  nirgends  ausge- 
sprochen.  Die  Handschriften  stammen  frùhestens  aus  dem  Ende  des 
1 1 .  Jahrhunderts,  und  dass  die  Angaben  der  Vorreden  zu  den  Hymnen 
wenig  zuverlassig  sind,  wird  auch  Z.  zugeben.  Ein  âusserer  Anhalts- 
punkt  fur  die  Datierung  wàre  gewonnen,  wenn  sich  zeigen  liesse,  dass 
der  Verfasser  der  Notizen  ùber  das  Leben  des  Patricius  im  «  Bûche  von 
Armagh  »  erste  Hâlfte  des  9  Jahrh.'  den  Hymnus  gekannt  hat.  Diess 
ist  die  Ansicht  Zimmers  Kelt.  Stud.  I,  61  ;  doch  scheint  dieselbe  un- 
begrùndet,  da  die  Annahme,  Patricius'  Reise  nach  Italien  beruhe  auf 
einem  spâten  Missverstandniss,  durchaus  nicht  feststeht2. 

Z.  sagt  S.  183,  bei  seiner  Untersuchung  hàtten  ihn  nur  innere,  sach- 
liche  Grùnde  geleitet.  Untersuchen  wir  also  die  legendenhaften  Ztige 
in  unserm  Hymnus. 

Der  Engel  Victor,  der  mit  Patricius  spricht,  hinterlasst  eine  bleibende 
Fussspur;  P.weilt  auf  den  Insein  des  tyrrhenischen  Meeres  ;  er  studiert 
bei  Germanus  ;  Visionen  in  Irland  deuten  auf  seine  Ankunft  ;  irische 
Druiden  prophezeien  sie.  Jede  Nacht  singt  er  hundert  Psalmen  ;  er 
heilt  Blinde  und  Aussàtzige  und  erweckt  Todte  ;  er  predigt  60  Jahre  in 
Irland.  Als  sein  Tod  naht,  spricht  der  Engel  Victor  aus  einem  brennen- 
den  Busche  mit  ihm  ;  die  Sonne  scheint  ein  Jahr  lang  ohne  unterzu- 
gehn  ;  die  Kleriker,  die  der  Leiche  zustrômen,  um  die  Excubiae  zu 
halten,  werden  durch  Engelgesang  in  Schlaf  versenkt;  die  Seele  des 
P.  erhebt  sich  in  Gemeinschaft  mit  dem  «  andern  0 Patricius  zuChristus. 


1.  Ausserdem  fùhrt  er  nur  noch  Ultan's  Hymnus  an  (S.  18$).  Hier  ist  das  von  ihm 
angesetzte  Schéma  der  Halbzeile  :  -  -  -  -  -  im  WesentHchen  richtig  ;  besser 
waere  einfach  :  -    -    -     L    -,  da  die  Eetonung  im  Innern  des  verses  frei  ist  's.  unten). 

2.  S.  Loofs  :  De  antiqua  Britonum  Scotorumque  ecclesia.  Lipsiae  1882. 


Zur  irisclien  Accent-  und  Verslehre.  327 

Dièse  Légende,  obschon  lange  nicht  so  ausgeschmùckt,  wie  die  spâ- 
tere  mittelaiterliche,  enthàlt  unzweifelhaft  manche  junge  Bestandtheile. 
Diess  ist  Z.  nicht  entgangen  ;  er  hilft  sich,  indem  er  den  Hymnus  fur 
interpoliert  erklart  und  von  54  Strophen  19  ausscheidet.  So  erhâlt  er 
ein  Lied  von  dreimal  funf  Strophen.  das  er  fur  ait  und  echt  hait.  Er 
freut  sich  ùber  sein  Résultat  :  «  Kein  Mirakel,  nichts  von  den  Fabe- 
leien  der  spâteren  Zeit,  die  Gott  als  einen  Hanswurst  in  Diensten  Pa- 
tricks und  Brigita's  darstellen,  findet  sich  hier-.  Der  Verfasser  berichtet 
nach  Z.  nur  nach  mùndlicher  Ueberlieferung  S.  182  ;  diess  schliesst 
er  aus  der  zweiten  Halbzeile  ised  adfet  hiscelaib,  worin  er  adfet  als  Praet. 
Pass.  fasst  ;  also  :  ■  das  ist  in  Erzâhlungen  berichtet  worden  ».  Allein 
adfet  \s\,  wie  schon  oben  bemerkt,  immer  III.  Sg.  Praes.  Ind.;  die  Stelle 
lautet  demnach  «  das  meldet  er  Patricius  in  Berichten  ».  Da  der  Hymnus, 
in  welchem  des  Patricius  Tod  erzahlt  wird,  nicht  zu  seinen  Lebzeiten 
gedichtet  sein  kann,  muss  sich  die  Stelle  auf  schriftliche  Aufzeichnungen 
beziehen.  Darauf  weist  deutlich  V.  12  :  "  Dièses  melden  Zeilen  »,  den 
Z.  deshalb  fur  unecht  erklart.  Was  sind  nun  dièse  Zeilen  und  Berichîe 
des  Patricius  ? 

Fur  zwei  Facta  beruft  sich  der  Verfasser  auf  dieselben  :  V.  1  «  Pa- 
tricius wurde  in  Nemthur  geboren  »  und  V.  12  a  er  studierte  den 
Canon  bei  Germanus  ».  Die  Quelle  kann  nicht  die  Confessio  S.  Patricii 
sein,  weil  dieselbe  die  zwei  besagten  Thatsachen  nicht  erzahlt  ; 
ebensowenig  die  andern  Patricius  zugeschriebenen  Schriften.  Andrer- 
seits  berichtet  Tirechan  '  :  Septem  annis  ambulavit  et  navigavit  influctibus 
et  in  campestribus  locis  et  in  convallibus  montanis  per  Gallias  atque  ïtaliam 
totam  atque  in  insolis  quae  sunt  in  mari  Terreno,  ut  ipse  dixit  in  com- 
memoratione  laborum.  Auch  dieser  Bericht,  dem  Vers  9-1 1  des 
Hymnus  entspricht,  findet  sich  wenigstens  nicht  deutlich  in  der  Con- 
fessio, wohl  aber  in  dem  kurzen  Abschnitt  im  Buch  von  Armagh,  der 
Dicta  Patricii  ùberschrieben  ist  2.  Dort  heisst  es  :  Timor em  Dei  habui 
ducem  iteneris  mei  per  Gallias  atque  Italiam,  etiam  in  insolis  quae  sunt 
in  mari  Terreno.  Da  ich  Colgans  Trias  Thaumaturgica  nicht  nachschla- 
gen  kann,  vermag  ich  nicht  zu  bestimmen,  ab  mit  letzterem  Abschnitte 
identisch  ist  der  in  den  Acta  Sanctorumi  erwàhnte  liber,  quem  ipse- 
met  de  sua  vita  et  conversatione  composuit,  ut  loquitur  auctor  vitae 
4  apud  Colganum,  intégrant  ex  eo  paragraphum  transcribens.  Jedenfalls 
war  die  Quelle  dieser  Berichte  mit  der  Confessio  nahe  verwandt  ;  denn 

1    Analecta  Bo'.lar.diana  II,  j6. 

2.  Anal.  Boll.  1,  >8$. 

3.  XVII  Mart.,  S.  $19- 


$ 28  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

der  Hymnus  schliesst  sich  haufig  ùberaus  eng  an  dièse  an.  Ich  fuhre 
nur  eine  Stelle  an,  die  mir  besonders  bedeutsam  scheint,  weil  sie  kein 
Moment  der  Erzâhlung,  sondern  eine  allgemeine  Betrachtung  enthàlt  : 
V.  41  ff.  «  Ueber  dem  Volke  Irlands  lag  Finsterniss;  die  Heiden  bete- 
ten  die  Side  an  ;  sie  glaubten  nicht  an  die  wahre  Gottheit  der  wahren 
Dreieinigkeit.  [Jetzt]  ist  das  Kônigthum  in  Armagh  ;  lângst  hat  es 
Emain  verlassen  »  etc.;  vgl.  in  der  Confessio1  :  Unde  autem  Hibe- 
rione,  qui  nunquam  notitiam  dei  habuerunt,  nisi  idola  et  immunda  usque 
nunc  semper  coluerunt,  quomodo  nuper  fada  est  plebs  Domini  et  filii  Dei 
nuncupantur?  Filii  Scottorum  et  filiae  regulorum  monachi  et  virgincs  Christi 
esse  videntur.  —  Auf  besonders  hohes  Alter  des  Hymnus  weist  diess 
Ailes  nicht. 

Sprachliche  Grùnde  haben  Z.  nicht  geleitet  (S.  183I.  Warum  er 
die  sprachliche  Untersuchung  verschmaht  hat,  ist  rathselhaft.  Sonstwird 
doch  gerade  die  Sprache  als  bestes  Zeugniss  fur  Alter  oder  Jugend  eines 
Denkmals  angesehen.  Holen  wir  einiges  in  Kùrze  nach  ;  ich  spreche 
dabei  nur  von  den  15  «  echîen  »  Strophen.  Am  deutlichsten  tritt  der 
Unterschied  von  Alt-  und  Mittelirisch  in  der  Verbalflexion  hervor.  Wir 
haben  oben  bemerkt,  dass  das  Altirische  im  Praeteritum  in  den  meisten 
Fàllen  die  Partikel  ro-  vorsetzt,  das  Mittelirische  dieselbe  im  gleichen 
Verhâltnisse  weglâsst.  Im  Hymnus  finden  sich  unter  58  Praeterital- 
formen  nur  sieben  mit  ro-,  dreimal  die  junge  Form  asbert  (s.  oben). 
nie  asrubart.  Das  s-Praeteritum  des  Verbum  simplex  ohne  ro-,  die  so- 
genannte  absolute  Form,  ist  im  Altirischen  kaum  zu  belegen.  In  der 
ganzen  Wùrzburger  Handschrift  findet  sich  nur  o-chretsit  Wb.  187,  5  2. 
Wohl  ebenso  selten  ist  es  im  Mailander  Codex  ;  leics-i  Ml.  $2  in  einer 
Glosse,  die  auf  einen  besonderen  Streif  geschrieben  ist  und  nicht  zu 
den  alten  gehôrt.  Die  Form  ist  offenbar  erst  in  der  Bildung  begriffen. 
Im  Buch  von  Armagh  und  im  spateren  Mittelirisch  ist  sie  dagegen 
ganz  gewôhnlich.  Auch  im  Hymnus  findet  sie  sich  dreimal  :  anais  V.  53 
und  zweimal  pridchaiss  V.  28  und  35.  —  Ein  noch  sichereres  Krite- 
rium  bietet  das  Verbum  dobiur  «  geben  ».  Dièses  Compositum  bildet 
im  Altirischen,  ebenso  wie  das  Simplex  berim,  nur  praesentische  und 
futurische  Formen  ;  ein  actives  oder  passives  Praeteritum  des  so  hâu- 
figen  Verbums  ist  im  Wùrzburger  Codex  unerhôrt.  Letzteres  wird 
vertreten  durch  dorât-,  dem  seinerseits  das  Praes.  Ind.  fehlt  ?.  In  der 


1.  Waraeus  :  S.  Patricio  adscripta  opéra  S.  16. 

2.  Fur  cretsite  Gr.  C.  46s    hat  die   Hdschr.  cretfite,   fur  frecndircigesme  ib.    464  i. 
frccndirci  gesme  (s.  oben  S.   132). 

3.  Ausser  nach  der  Négation.  Es  ist  mir  nicht  unwahrscheinlicli,  dass  das  a  in  -tabur 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  329 

Mailànder  Handschrift  finde  ich  bis  zu  fol.  58  nur  einmal  dobert  23  b, 
10  und  zwar  in  einer  Glosse,  welche  auch  die  junge  Form  huare  nadn- 
digni  enthàlt  fur  altères  nadndcrgini  ib.  23  c,  1$  ,  also  wohl  nicht  zu 
den  alten  gehôrt.  Die  spàten  Turiner  Glossen  Anf.  9.  Jahrh.  dagegen 
baben  dombert  135,  dosbertar  143  und  auch  vom  Simplex  ni-bertatar 
14$.  Im  Mittelirischen  ist  dobert  und  Pass.  dobreth  hâufig.  Nun  kennen 
auch  die  «  echten  »  Strophen  des  Hymnus  dobert  V.  5  3  und  dobreth 
V.  2. 

In  der  Sprache  unterscheiden  sich  die  «  echten  »  Strophen  in  nichts 
von  den  a  ir.terpolierten  »,  auch  nicht  von  andern  âhnlichen  Gedichten 
z.  B.  Colmans  Hymnus,  und  nicht  wesentlich  vom  Irischen  im  Bûche 
von  Armagh.  Da  nichts  zu  der  Annahme  berechtigt,  der  Hymnus  seiaus 
einem  alteren  modernisiert,  dùrfen  wir  seine  Entstehungszeit  wohl  nicht 
vor  das  9.  Jahrh.  setzen  :.  Es  liegt  also  kein  Grund  vor,  ihn  bei  metri- 
schen  Untersuchungen  mehr  als  andere  Gedichte  zu  berùcksichtigen. 

Der  Metrik  legt  Z.  nicht  nur  die  <<  echten  >  Bestandtheile,  sondern 
den  ganzen  Hymnus  zu  Grunde.  Die  34  Strophen  bestehen  je  aus  zwei 
Langzeilen  von  14  Silben  die  durch  Assonanz2  verbunden  sind  ;  die 
Caesur  fâllt  hinter  die  7.  Silbe.  Die  Verse  sollen  nun  nach  Z.  ryth- 
misch,  d.  h.  nach  dem  Accent,  gebaut  sein,  und  zwar  sei  das  Schéma  : 

Das  mit  diesem  Rythmus  der  Wortaccent  hâufig  nicht  ùbereinstimmt, 
bemerkt  Z.  wohl  ;  er  nimmt  aber  an,  dass  der  Versictus  ùberall  auch 
die  nebentonige  Silbe  treffen  kônne.  Fur  das  Innere  des  Verses  ist  diess 
auch  ohne  Weiteres  zuzugeben  ;  wir  brauchen  hier  ùberhaupt  keinen 
regelmàssigen  Wechsel  von  Hochton  und  Tiefton  anzusetzen,  so 
wenig  wie  z.  B.  in  der  romanischen  Metrik.  Anders  im  Versausgang 
und  vor  der  Caesur  ;  hier  ist  gerade  das  Characteristicum  des  silben- 
zàhlenden  rythmischen  Verses,  dass  Versictus  und  Wortton  zusammen- 


statt  -*  tobur  dem  Einflusse  dièses  Praeteritums  zu  verdanken  ist.  Die  III  Plur.  z.  B. 
lautete  hier  doratsat,  aber  ni-tartsat  a  aus  0  wegen  des  geschwundenen  a  ;  darnach 
bildete  man  im  Praes.  zu  doberat  ein.  ni-taibret  st.  toibret. 

1.  Loofs  (De  antiqua  Britonum  Scotorumque  ecdesia,  S.  44)  schreibt  ihn  aus  sachli- 
chen  Grùnden  dem  8.  Ja'irhundert  zu. 

2.  Blosse  Assonanz.  wie  etwa  in  den  altfranzœs.  Epen,  findet  sich  schon  in  den  zelte- 
sten  irischen  Gedichten  nicht  mehr;  ausser  Uebereinstimmung  der  Vocale  wird  auchGleich- 
artigkeit  der  Consonanten  verlangt  ;  man  kann  4  Klassen  scheiden  : 

1 .  s   ss)  assoniert  nur  mit  sich  selber  ;  hier  haben  wir  also  immer  reinen  Reim. 

2.  Die  Spiranten  und  Liquidae  :  /  ch  th  b  d  g  m  n  l  r. 

3.  Die  [doppelten)  Tenues  :  c  t  p. 

4.  Die  doppelten  Liquidae  :  mm  nn  rr  II. 

Ueber  die  andern  Consonantengruppen,  die  zum  Theil  mit  3.  und  4.  reimen,  liegen 
mir  noch  keine  Sammlungen  vor.  Spaeter  uerden  weitere  L'nterabtheilungen  gemacht, 
s.  O'Donovan.,  Ir.  Gramm.  41s. 


3  50  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

fallen,  wie  wiederum  die  romanische  Dichtung  am  besten  zeigt  ;  das  ist 
est  ja  hauptsâchlich,  was  dieser  Poésie  rythmischen  Charakter  verleiht. 
Kann  auch  hier  der  Ictus  die  nebenbetonte  Silbe  treffen,  wàhrend  die 
unmittelbar  daneben  stehende  hochtonige  Silbe  als  tieftonig  zâhlt,  so 
wird  jeder  Rythmus  zerstôrt;  so  Str.  26  im  Versausgang  do-câch,  do- 
brâth  (nach  Z.'  s  Schéma  dô-càch,  dô-bràth  oder  Str.  7  :  hi-fithisi,  ar- 
ithisi  (nach  Z.  hi-fithisï,  âr-ithisï  !  . 

Doch  selbst  um  dièses  Prinzip  zu  retten,  muss  Z.  zu  unhaltbaren 
Hypothesen  greifen.  Mit  éiner  Ausnahme  kônnen  nach  ihm  aile  un- 
betonten  Silben  den  Nebenton  tragen,  sogar  die  unbetonte  Mittelsilbe, 
die  doch  nach  seinen  eigenen  Ausfùhrungen  môglichst  gekùrzt  wird  ; 
auch  der  Artikel  zwischen  Praeposition  und  Nomen.  Die  Ausnahme 
bilden  die  praetonischen  Verbalpraefixe,  die  nach  Z.  nie  nebentonig 
sind,  obgleich  sich  doch  Pronomina  enklitisch  an  sie  anhângen  kœnnen. 
Mir  scheint,  wenn  sich  fur  irgend  eine  Silbe  Nebenton  beweisen  lasst, 
so  sicher  fur  dièse.  Z.  betont  das  enklitisch e  Elément,  z.  B.  arid- 
raldstar  fur  gewiss  einzig  mcegliches  àrid-rdlastar  !  Wâre  der  Versaus- 
gang ùberall  -^  -,  so  mûsste  ferner  auch  der  Reim  ûberall  zweisilbig 
sein.  Allein  der  Reim  richtet  sich  durchaus  nach  dem  Wortaccent; 
trifft  dieser  die  letzte  Silbe,  so  ist  er  einsilbig;  trifft  er  die  vorletzte, 
zweisilbig;  trifft  er  die  drittletzte,  dreisilbig.  Dièses  wàre  im  ryth- 
mischen Verse  schwer  zu  erklâren. 

Z.'s  Hauptbeweis  sind  die  Verbaiformen  (S.  166  f.)  :  «  von  96  For- 
men  fùgen  sich  88  ohne  die  geringste  Aenderung  den  metrischen  Gese- 
tzen  ».  Allein  23  von  den  letzteren  sind  Formen  des  Verbum  simplex; 
Z.  bewegt  sich  hier  in  einem  circulus  vitiosus  :  dem  Metrum  zu  Liebe 
hatte  er  dieselben  auf  der  zweiten  Silbe  betont  sein  lassen,  obgleich 
die  Laute  deutlich  dagegen  sprechen  s.  oben )  ;  nun  sollen  sie  ihrerseits 
wieder  fur  die  Metrik  beweisend  sein.  Vielmehr  widerstreben  sie  sâmmt- 
lich  dem  Gesetze.  Ferner  :  Das  Verbum  steht  in  der  Prosa  immer 
am  Anfang  des  Satzes  ;  wo  also  die  gewœhnliche  Wortstellung  gewahrt 
ist.  stimmen  die  Formen  des  Verbum  compositum  stets  zum  Schéma, 
ohne  dass  sie  Beweiskraft  hâtten.  Solcher  Formen  am  Versanfang  oder 
nach  der  Caesur  finden  sich  19.  —  Wenn  man  auch  aile  Hypothesen 
Z.'s  zugiebt,  sprechen  immer  noch  4  Formen  direct  gegen  das  Schéma: 
mairb  dôsfiuscâd  V.  34,  ddgladdstar  V.  48,  huair  dssoith  V.  59,  ismdlle 
cônnucdibset  V.  66.  Dièse  conjiciert  Z.  weg   s.  unten  . 

Betrachten  wir  den  Hymnus  vorurtheilsfrei,  so  constatieren  wir  Fol- 
gendes  '  :  I.  Die  68  Halbzeilen  vor  der  Caesur  gehen  aus  :  auf  eine 

1 .  Den  Accent  im  Innern  des  Verses  lasse  ich  als  bedeutungslos  unberûcksichtigt. 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  331 

betonte  Silbe  iimal,  auf  *  -  42mal,  auf  -  -  -  i<mal;  d.  h.  der 
trochàische  Ausgang  ist  der  haufigste,  weil  er  ùberhaupt  in  der  iri- 
schen Sprache  der  weitaus  gewœhnlichste  ist.  Doch  scheut  sich  der 
Dichter  keines  vegs  auch  ein-  und  dreisilbige  Wôrter  vor  die  Caesur 
zu  setzen,  \vo  sie  sich  gerade  darbieten.  Congruenz  zwischen  den 
Halbzeilen  derselben  Strophe  wird  nicht  beobachtet. 

II.  Im  Versausgang  steht  reimend  :  eine  betonte  Silbe  1  ornai,  *•  - 
<4mal',  x  -  -  4mal  ;  d.  h.  der  schwierige  dreisilbige  Reim  findet 
sich  nur  zweimal,  um  so  haufiger  der  zweisilbige.  Da  sich  die  einsilbi- 
gen  Reime  auf  V.  5 1  —  5 .4  und  57-62  beschrànken,  darf  man  vielleicht 
annehmen,  dass  der  Dichter  trochâischen  Reim  angestrebt  hat;  doch 
trâgt  er  kein  Bedenken,  davon  abzu.veichen,  sobald  es  ihm  bequemer 
ist. 

Dass  Z.'s  Schéma  fur  unsern  Hymnus  nicht  haltbar  ist,  zeigt  am 
deutlichsten  der  Umstand,  dass  es  wirklich  Gedichte  giebt,  die  dem- 
selben  insofern  folgen.  als  sie  aile  Halbzeilen  trochâisch  ausgehn 
lassen  s.  unten  .  In  diesen  ist  der  Rythmus  sofort  fùhlbar,  und  man 
braucht  nur  eines  derselben  neben  den  Hymnus  zu  stellen,  um  ùber- 
zeugt  zu  sein,  dass  ein  solcher  Rythmus  hier  nicht  vorliegt.  Also 
mussen  wir  bei  dem  Resultate  der  Gramm.  Celt.  bleiben  :  das  Metrum 
des  Hymnus  stùtzt  sich  ausschliesslich  auf  Silbenzahl  und  Reim  ohne 
Berùcksichtigung  des  Accents.  Es  ist  nicht  rythmisch  im  gewôhnlichen 
Sinne  des  Worts.  Wer  die  irische  Metrik  aufhellen  will,  hat  nicht  so- 
wohl  zu  beweisen.  dass  hier  wirklicher  Rythmus  vorliegt  —  was  un- 
moglich  ist  — ,  als  vielmehr  zu  zeigen,  wie  im  Irischen  ein  rein  silben- 
zâhlendes,  unrythmisches  Metrum  hat  entstehen  kônnen. 

Wir  wenden  uns  nun  zu  den  Bemerkungen  Z.'s  zu  den  einzelnen 
Versen  : 

V.  9  S.  183  .  Dofaid  tar-Elpa  huile...  conidfarggaib  la-German.  Der 
Glossator  erklart  :  rofaidestar  Victor  Patraicc  «  V.  sandte  den  P.  ».  Z. 
ùbersetzt  wohl  richtiger  «  er  fùhrte  ihn...,  bis  er  ihn  bei  Germanus 
liess  »,  indem  er  dofaid  als  Praeteritum  von  do-fedim  fasst.  Da  der 
Dichter  V.  1 1  den  P.  0  auf  Insein  des  tyrrhenischen  Meeres  »  weilen 
làsst,  ist  hier  Letha  als  Latium,  nicht  als  Letavia  zu  fassen  und  tar-Elpa 
huile  mit  «  ùber  die  ganzen  Alpen  »  zu  ubersetzen  Z.  «  ùber  ganz 
Schottland  »).  —  In  V.  39  und  47  hingegen,  sagt  Z.,  «  kommt  dofaith, 


1.  Hiebei  ist  Str.  2  ba-fissi  —  Odissi  mitgerechnet,  da  wohl  die  Betonung  des  fremden 
Eigennamens  freier  behandelt  werden  konnte  ;  diess  nimmt  auch  Z.  an.  Canz  sicher  ist 
es  nicht,  da  sich  vereinzelt  auch  sonst  unrythmischer  Reim  in  aehnlichen  Hymnen  findet  ; 
vgl.  Colmans  Hymnus  V.  7,  8  :  adamra  —  a-damna. 


55-  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

dofaid  in  der  absolut  sicheren  Bedeutung  «  er  ging  »  vor,  und  dièse 
beiden  Stellen  sind  die  einzigen,  in  denen  die  Form  in  der  Bedeutung 
vorkommt  ».  Er  schreibt  diess  dem  Interpolator  zur  Last,  der  die  erste 
Stelle  missverstanden  und  die  Form  fàlschlich  zweimal  angewendet 
habe.  Schon  an  sich  wenig  wahrscheinlich  !  Die  betreffenden  Verse 
lauten  : 

V.  39.  Die  Iren  kamen  aile  in  die  Hœlle,  «  bis  der  Apostel  zu  ihnen 
kam  ;  dofaith  gith  gdithe  déne  ;  er  predigte  »  u.  s.  w.  Z.'s  Vermuthung 
(S.  174Ï,  das  bisher  unerklârte  gith  sei  mittelirische  Schreibung  fur  cith, 
cid  «  sogar,  selbst  »  ist  ansprechend.  Aber  wenn  dofaith  mit  «  er  ging  » 
ùbersetzt  wird,  bleibt  déne  im  Reim  mit  Féne)  unverstândlich  ;  Z.  will 
es  daher  in  déni  oder  dénu  ândern.  Fassen  wir  dofaith  wie  oben,  so 
erhalten  wir  «  ihn  fùhrte  gar  des  Windes  Schnelligkeit  »,  woran  nichts 
auszusetzen  ist. 

V.  47.  «  Als  P.  schwach  wurde,  wùnschte  er  nach  Mâcha  zu  gehn. 
Fin  Engel  trat  vor  ihn  unterwegs  mitten  am  Tage  ;  dofaid  sùdlich  (oder 
v  zur  Rechten  »)  zu  Victor;  der  war  es,  der  zu  ihm  sprach  (?);  der 
Busch,  in  dem  er  sich  befand,  flammte  ;  aus  dem  Feuer  redete  er  (ihn 
an  ».  Auch  hier  giebt  nur  die  Uebersetzung  «  er  fùhrte  ihn  »  einen 
guten  Sinn  :  ein  Engel  tritt  ihm  in  den  Weg  und  fùhrt  ihn  zum  bren- 
nenden  Busch,  aus  dem  sein  spezieller  Schutzengel  Victor  zu  ihm 
spricht.  Der  zweite  Engel  wird  auch  Anal.  Boll.  I  580  ausdrùcklich 
erwàhnt.  So  ist  auch  nicht  «  der  Zusammenhang  zerrissen  »,  wie  Z. 
(S.  179'i  behauptet. 

Der  Glossator  fasste  V.  9  dofaid  als  dofaid  von  fôidim  «  ich  sende  ». 
Letzteres  ist  nach  Z.  Causativum  zu  fedim  ;  dann  mùsste  es  *  fôidim 
* fuidim  lauten.  Das  0  ist  aber  im  Altirischen  meist  mit  dem  Lângezei- 
chen  versehen  :  foi  dit  Sg.  i8ia,  2  und  hâufig  ;  also  haben  wir  echten 
Diphthong  oi  vor  uns.  Sollten  fôidim  und  fedim  zusammenhàngen,  so 
kcennte  ersteres  nur  ein  Compositum  fo-fedim  sein,  in  welchem  die  auf 
dem  Praefix  betonte  Form  sich  verallgemeinert  hâtte,  und  welche,  im 
Unterschied  vom  Simplex,  schwach  flectierte.  Doch  ist  diess  unwahr- 
scheinlich. 

V.  11.  :S  176  :  «  Auf  Insein  des  tyrrhenischen  Meeres  verweilte  er  ; 
auf  ihnen  adrîmi  ;  er  studierte  den  Canon  bei  Germanus  »  etc.  Die 
Form  adrîmi  macht  Schwierigkeit.  Stokes  ùbersetzt  «  he  meditated  »; 
aber  adrimi  heisst  nur  «  er  zâhlte  ».  Was  zàhlte  er  ?  Z.  ergànzt  das 
Object  aus  der  folgenden  Zeile  «  er  zàhlte  die  Canones  »;  eine  recht 
unnùtze  Beschàftigung  !  Mir  scheint  das  selbstândige  «  er  zàhlte  »  oder 
«  er  rechnete  »  wird  klar,  wenn  wir  beachten,was  der  Dichter  des  Sa/- 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre.  3  3  3 

tair  na  Rann  von  jedem  Kleriker  verlangt  V.  261-268)  :  «  Fùnf  Dinge 
sind  es,  die  taglich  jeder  Verstandige,  jeder  der  einen  kirchlichen  Grad 
bekleidei,  wissen  soll  :  der  Tag  der  Sonnenmonals,  das  Alter  des  Mon- 
des, der  Lauf  des  Meeres  Ebbe  u.  Fluth;,  der  Tag  der  W'oche,  die 
Festtage  der  Heiligen  ».  Die  Kalenderrechnung  also,  den  Computus 
erlernte  Patricius,  wie  jeder  andre  Kleriker.  Dass  dièse  Studien  in 
Irland  ebenso  eifrig  betrieben  wurden,  wie  anderswo,  zeigen  schon  die 
verschiedenen  glossierten  Handschriften  von  Beda's  Schrift  De  ratione 
temporum.  Vgl.  auch  das  Lob  Colum  Chille's  im  Amra  :  ...  sceo  ellacht 
immuaim  ncsci  immrith.  raith  rith  la-gréin  ngéscaig  sceo  rein  rith. 

V.  1 3,  14  S.  iyv  :  hi-fithisi-ar-  f  ithisi.  Das  Wort  ftthise  ist  abge- 
leitet  von  fithis  »  Kreislauf;  Spur,  die  einen  Kreis  bildet  »;  dièses  be- 
trachtet  Z.  als  entlehnt  aus  spâtlat.  'vicissis,  welches  er  aus  vicissim 
viassitudo  etc.  erschliesst.  Das  ist  unmœglich,  da  fitkis  schon  im  Alt- 
irischen  belegt  ist,  wo  ///  und  ch  nicht  vertauscht  werden  kœnnen. 

V.  14  S.  169  :  Menicc  atchithi  hi-fisib,  Hdschr.  F.  :  menic  itchithe 
i-fisib  «  hâufig  wurde  in  Visionen  erblickt,  dass  er  wieder  zu  ihnen 
kommen  werde  ».  Hier  will  Z.  das  Imperfectum  atchithe  àndern,  weil 
der  Vers  eine  Silbe  zu  viel  habe.  Doch  kommt  Verschleifung  von  Vocal 
vor  Vocal  auch  V.  33  und  6j  vor.  Die  Vocalelision  in  der  altirischen 
l'oesie  ist  noch  gar  nicht  untersucht;  sie  ist  z.  B.  im  Saltair  na  Rann 
gewœhnlich.  Z.  conjiciert  ein  Prael.  Pass.  atchith,  eine  Missbildung, 
da  die  regelmûssige  und  einzig  belegbare  Form  das  Praet.  Pass.  aichess 
lautet.  Làsst  sich  gegen  die  Form  atchithe  nichts  einwenden,  so  bin 
doch  auch  ich  aus  andern  Grùnden  geneigt,  mit  Z.  und  Windisch  atchith 
zu  lesen,  das  freilich  nicht  Praet.  Pass.,  sondern  nur  III  Sg.  Praes. 
secund.  Act.  sein  kann  wie  dognith  '.  Von  hâufigen  Visionen  in  Irland, 
in  welchen  die  Ankunft  des  Patricius  vorhergesehen  v.  urde,  weiss  die 
Confessio  nichts  zu  berichten,  wohl  aber  von  mehreren  Visionen,  durch 
welche  Patricius  selbst  auf  die  Rùckkehr  nach  Irland  vorbereitet  wur- 
'  de2.  In  einer  derselben  hœrt  er  «  vocem  ipsorum  (1.  puerorum?  ,  qui 
erant  iuxta  sylram  Focluti  »,  was  die  unmittelbar  folgenden  Strophen 
des  Hymnus  erzàhlen.  Ich  ùbersetze  also  :  «  Hàufig  sah  er  in  Visio- 
nen, dass  er  wiederum  dahin  nach  Irland  kommen  werde.  Eine  Hilfe 
fur  Irland  war  das  Kommen  des  Patricius;  es  wurde  dafùr  gesorgt; 


1.  Weder  Z.  noch  Windisch  nehmen  Anstoss  an  fogniad  V.  30,  das  eine  Unform  ist 
und  ausserdem  den  Reim  mit  lia  verlezt;  1.  ba  gnia. 
i.  s.  Acta  Sanclorum,  XVII  liait.,  S.  534  f. 


3;4  ?ur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

weit  gehœrt  wurde  der  Schall  ihres  Rufes,  der  Kinder  von  Caïll  Fochlad. 
Sie  baten  »  etc. 

V.  18.  (S.  169  :  Gadiit ar  co-tlssad  in-noeb  «  sie  baten,  der  Heilige 
mœge  kommen  ».  Die  Halbzeile  hat  eine  Silbe  zu  viel  ;  den  Artikel  vor 
noeb  wùrde  man  ungern  missen.  Z.  andert  gadatar  in  * gadtar,  eine  un- 
belegte  Unform  ;  die  III  Plur.  lautet  schon  altirisch  ro-gadatar  Ml.  46b, 
28.  Vielmehr  wird  co  zu  streichen  sein  ;  dieselbe  conjunctionslose  Satz- 
fùgung  findet  sich  V.  7  :  Asbert  Victor  fri-gniad  Milcon,  tessedfor  tonna  ; 
hier  ist  sie  vom  Copisten  geschont,  da  er  con  als  Conjunction  fasst  und 
von  mil-  trennt. 

V.  19.  S.  169  :  Tuatha  Erenn  tair chantais.  Hier  andert  Z.  das  letzte 
Wort  in  ein  undenkbares,  dreisilbiges  doairchntais.  Tairchantais  ist 
tadellos,  da  schon  im  Altirischen  die  kùrzere  Form  mit  tair-  statt  doair- 
sich  zu  verallgemeinern  beginnt   s.  oben  S.  1  $0.; 

V.  24.  S.  171  :  Ised  tuargaib  aeua  suas  de  sechtreba  daine.  Das 
dunkle  a-eua  erklart  der  Glossator  mit  a-mathe  «  seine  Gùte  ».  W'ie 
kommt  er  dazu  ?  fragt  Z.  Nun,  er  sprach  a-mathe  bereits  a  vaje  aus,  wie 
im  Neuirischen  und  «  dachte,  a-eua  sei  phonetische  Schreibung  fur 
a-mathe  ».  Dièse  Bemerkung  ist  mir  vollkommen  unverstandlich.  Auch 
ist  Z.'s  Conjectur,  eua  sei  aus  fli«[m]  verschrieben,  wenig  einleuchtend; 
der  Vers  wird  um  eine  Silbe  zu  kurz.  Denn  tuargaib  in  doforgaib  zu 
àndern  S.  164),  liegt  kein  Grund  vor,  da  schon  in  den  Wùrzburger 
Glossen  die  Form  mit  tuar-  einzig  belegt  ist  s.  oben  S.  149  >.  Stokes 
liest  nach  brieflicher  Mittheilung  a-feba  iseine  Qualitaten  ,  zweifellos 
richtig;  denn  wir  erhaiten  so  Caesurreim  mit  -beba  vgl.  V.  17,  18; 
27,  28;  29,  50)  und  Binnenreim  mit  treba   vgl.  V.  45  . 

V.  35,  34.  Pridchad  soscéla  do-edeh;  dognith  morferta  il-lethu;  iccaid 
luscu  la-truscu;  mairb  dosfiuscad  do-bethu.  «  Er  predigte  jedem  das  Evan- 
gelium  ;  er  that  grosse  Wunder  weit  und  breit  ;  er  heilte  Blinde2  nebst 
Aussàtzigen  ;  Todte,  die  erweckte  er  zum  Leben  ».  Zunàchst  andert 
Z.  S.  164  illethu  in  lethu  «  bei  ihnen  »;  das  ist  unnœthig,  weil  mor- 
ferta illethu  viersilbig  gelesen  werden  kann  s.  oben  zu  V.  14).  Sodann 
macht  ihm  die  letzte  Halbzeile  viele  Bedenken  S.  170  .  Selbst  spâtere 
Legenden  wissen  zum  Theil  nur  einen  Todten  aufzufùhren,  den  Pa- 
tricius  erweckt  hat  und  zwar  einen  Riesen,  ein  Wunder,  das  er  mit 
andern  keltischen  Heiligen  z.  B.  mit  St.  Cadocus  gemein  hat.  Z.  andert 


1.  Eine  andere  Ausgleichung  zeigen  die  St.  Galler  Glossen;  sie  schreiben  zwar  richtig 
dofurcabar,  aber  ni-turgabar  st.  -tuargabar  (s.  ebend.  . 

2.  losc  ist  ein  Lehnwort  aus  lat.  luscus  «  einaeugig  •  vgl.  prov.  loscixz.  louche  «  schie- 
lend  ».  Das  Wort  ist  statt  dall  «  blind  0  gewaehlt,  um  mit  Iruscu  zu  reimen. 


Zur  irischen  Accent-  und  Verslelire.  33$ 

daher  «  die  Todten  in  einen  Todten  »  und  niromt  auch  seiner 
Rythmus-Theorie  zu  Liebe  eine  Umstellung  vor.  Dieser  Aenderung  wi- 
derspricht  aber  das  Imperfectum  dosfiuscad,  das  sich  kaum  auf  eine 
einmalige  Erweckung  beziehen  kann.  Vielmehr  scheint  mir  die  Erklà- 
rung  anderswo  zu  suchen.  Die  Strophe  ist  eine  deutliche  Nachahmung 
der  Verse  20-24  des  Hymnus  auf  Christus,  der  dem  heiligen  Hilarius 
zugeschrieben  wird  '  : 

Multa  parvus  mulli  adultus  signa  fecit  celitus 
Quae  latent  et  quae  leguntur  coram  multis  testibus 
Praedicans  céleste  regnum  dicta  factis  approbat 
Débiles  facit  vigere  cecos  luce  illuminât 
Verbis  purgat  leprae  morbum  mortuos  ressuscitât. 

Namentlich  die  letzten  Verse  sind  beweisend.  Wenn  man  ùberhaupt 
Interpolation  annehmen  soll,  scheint  mir  diess  hier  der  Fall  zu  sein.  Der 
lateinische  Hymnus  mochte  in  irischer  L'ebertragung  vorhanden  sein  ; 
jemand,  der  ihn  kannte,  war  ùberrascht  durch  die  grosse  Aehnlichkeit 
dieser  Strophe  mit  V.  3j,  36  unseres  Hymnus2  und  schrieb  sie  dazu  ; 
die  Copisten  nahrr.en  sie  mit  auf  vgl.  Zimrr.er  S.  177  .  Ganz  àhnliche 
Anhangsel  finden  sich  in  Colman's  Hymnus,  vgl.  V.  39  u.  V.  41  Win- 
disch,  Ir.  Texte.  S.  9  . 

V.  48.  Asin-ten>  adgladastar,  aus  dem  Feuer  redete  er  ihn  an 
Z.  liest  S.  16S  f.  asintenid  adgladstar.  Aber  'adgladstar,  das  er  seiner 
Verstheorie  zu  Liebe  einsetzt.  ist  eine  unmœgliche,  analogielose  Form  ; 
ausserdem  wurde  der  dreisilbige  Reim  mit  arid-ralastar  zerstœrt.  Dass 
in  den  altirischen  Glossen  nur  tene,  Dat.  tenid,  fur  Feuer  vorkommt, 
ist  richtig;  doch  findet  sich  die  kùrzere  Form  ten  s-  Stamm  i  gerade 
in  den  irischen  Hymnen  mehrfach  s.  Windisch  s.  v.  .  Es  mag  ein  alter- 
thùmliches  Wort  sein,  das  sich  nur  in  der  Poésie  und  in  dem  stehenden 
Ausdruck  o-thein  co-fraig  «  vom  Feuer  Herd  bis  zur  Wand  »  erhalten 
hat.  Es  ist  also  nichts  zu  àndern. 

V.  54.  mo-n-icfed  oder  mosnicfed  ùbersetzt  Z.  «  er  wùrde  bald  ab- 
scheiden  S.  180  .  Dass  das  Simplex  iccim  «  ich  gehe  ■  bedeute  und 
erst  die  Composita  ro-iccim  und  do-iccim  «  ich  komme,  erreiche  »,nennt 
er  eine  «  elementare  Thatsache  ».  Sie  zu  beweisen,  hait  er  nicht  fur 


1 .  Todd,  Book  of  Hymns,  S.  153  f. 

2.  Der  Ausgang  ist  fast  gleichlautend  ;  vgl. 

roches  mor  seth  illethu 
incach  dosfuc  dobethu. 

3.  Handschr.  F.  besser  :  assin-tein. 


3^6  Zur  irischen  Accent-  und  Verslehre. 

nœthig.  Die  verwandten  lat.  runciscor  scr.  açnôti  «  erreichen  »  spre- 
chen  aber  direct  dagegen. 

V.  $9  S.  1 68  .  Huair  assoith  la-Hésu  "  in-grian  fri-bâs  inna-clôen.  As- 
soith  kann  kaum  dreisilbig  gelesen  werden,  da  es  in  V.  58  assoith  in- 
grian  f ri-Gabon)  zweisilbig  vorkommt.  Zur  Form  vgl.  atrosoïd,  Glosse 
zu  :  in  tantum  se  a  mali  vicisitudine  suspenderit  1.  -rat  Ml.  39%  16. 
Die  erste  Halbzeile  hat  also  eine  Silbe  zu  wenig  ;  Z.  àndert  huair 
in  hu.ire.  Im  Altirischen  ist  die  Conjunction  immer  zweisilbig;  im 
Mittelirischem  scheint  sich  nur  uair  zu  finden.  Ist  die  Emendation  rich- 
tig,  so  wùrde  in  diesem  einzigen  Punkte  die  Sprache  des  Hymnus 
altère  Gestalt  zeigen,  was  mir  bedenklich  scheint. 

Z.  hait  V.  SS'^1  ^r  interpoliert  S.  181  ;  dass  der  Dichter  in  dieser 
Reihenfolge  erzàhlt  habe,  sei  undenkbar.  Weshalb  ?  Zuerst  wird  er- 
zâhlt,  was  beim  Tode  des  Patricius  auf  Erden  um  seinen  Leichnam 
vorgeht;  darauf  wendet  sich  der  Dichter  mit  V.  63  zu  seiner  Seele,  wie 
die  Engel  sie  tortfuhren,  und  wie  sie  in  den  Himmel  aufsteigt.  Ich  sehe 
darin  nichts  Auffallendes. 

V.  66.  is-malle  connucaibset.  Hier  nimmt  Z.  Anstoss  an  der  Form 
malle,  da  im  Altirischen  fast  nur  immalle  vorkommt.  Auch  stellt  er 
seiner  Verstheorie  zu  Liebe  die  Worte  um  :  connucaibset  immalle.  Aber 
malle  ist  im  Mittelirischen  hâufig,  die  Halbzeile  tadellos. 

Um  der  Zimmer'schen  Verstheorie  gegenùber  nicht  als  blosser  De- 
structor  zu  erscheinen,  mœchte  ich  hier  kurz  darlegen,  wie  sich  mir 
die 

ENTW1CKLUNG    DER    IR1SCHEN    METRIK 

darsîellt.  Es  ist  a  priori  wenig  wahrscheinlich,  dass  eine  Sprache  mit 
so  stark  wirkendem  Accent,  wie  das  ïrische,  von  sich  aus  eine  rein 
silbenzâhlende,  zum  Theil  unrythmische  Metrik  erzeugt  habe.  Dièse 
scheint  mir  vielmehr  aus  dem  Lateinischen  zu  stammen,  wie  ich 
nachzuweisen  versuchen  will1.  Ich  spreche  im  Folgenden  nicht  voni 
Binnenreim  und  von  der  Allitteration,  die  mit  der  Entwicklung  der 
âlteren  Metren  in  keinem  engern  Zusammenhange  stehen,  sondern  nur 
von  der  Silbenzahl,  dem  Accent  und  dem  Reime  im  Versausgang,  resp. 
vor  der  Caesur.   Auch  berùcksichtige  ich  zuvœrderst  nur  die  grosse 


1.  Auch  der  Gramm.  Celt.  ist  die  grosse  Aehnlichkeit  irischer  und  hteinircher  Verse 
nicht  entgangen  ;  aber  sie  erklart  dieselbe  theils  durch  Zufall  S.  942  **),  theils  durch 
Beeinflussung  der  lateinischen  Gedichte  durch  die  irische  Metrik. 


Zur  irischen  Accent  und  Verslehre.  $37 

Gruppe  von  Metren,  welche  aus  Strophen  von  zwei  Langzeilen  be- 
stehn,  und  in  welchen  die  zweiten  Halbzeilen  7  Silben  ziihlen.  Dabei 
beschranke  ich  mich  wesentlich  auf  die  Hauptmetren,  welche  O'Dono- 
van  Seadna,  Deibhide,  Rannaighcacht,  Cashbaim  nennt  ',  ohne  auf  die 
zahlreichen  Variationen  einzugehn. 

Auszugehn  ist  vom  rœmischen  Volksverse,  der  unter  der  regelnden 
Hand  der  Grammatiker  als  katalektischer  trochaischer  Tetrameter  er- 
scheint  ;  z.  B.  bei  Terentianus  Maurus   Keil  VI,  $34  : 

S)l!abas,  quae  rite  melro  ||  congruunt  heroico, 
Captus  ut  meus  ferebat,  ||  disputâtes  attuli 
Versibus,  sane  modorum     quo  sonora  levitas 
Addita  stili  levaret  ||  siccioris  taedium. 

Der  volksthùmliche  Vers  weicht  insofern  ab,  als  er  sich  weniger 
aut  Silben quantitat,  als  auf  die  Silben za h  1  und  auf  die  Betonung 
griindet  2.  Die  erste  Halbzeile  enthâlt  8  Silben  und  geht  aus  auf-  -, 
die  zweite  7  Silben  und  geht  aus  auf  -  -  -  oder  -  -  -  ;  die  Beto- 
nung im  Innern  des  Verses  ist,  namentlich  in  spateren  Beispielen,  frei, 
wie  in  der  romanischen  Metrik.  Das  Schéma  ist  a'so  : 


1       ■>       3       1       5       H       7       8   H     1       i       3       l       5       6       7 

z.  B.         Caesar  Gallias  subêgit  |j  Nicomedes  Caésarem 

Ecce  Caesar  nunc  triomphât  \  qui  subegit  G.illias 
Nicomedes  non  triùmphat  \  \  qui  subegit  Caésarem. 

Dieser  Rythmus  kommt  auch  in  den  lateinischen  Hymnen  vor  ;  so 
im  Hymnus  S.  Hilarii  in  laudem  Christi,  den  Todd  etwa  in's  5.  oder  6. 
Jahrh.  setzt  Book  of  H\mns  S.  1^0.  Zwei  Langzeilen  bilden  eine 
Strophe  ;  Anfang  : 

Ymnum  dicat  turba  frâirum    ymnum  cantus  pérsonet 
Christo  régi  concinéntes    laudem  demus  débitam. 

Dieser  Hymnenrythmus  hat  in  Irland  Nachahmer  gefunden  ;  so  1 .  im 
Hymnus  S.  Secundini  in  laudem  S.  Patricii  Todd  S.  1  1  ;  hier  sind  vier 
Zeilen  zur  Strophe  verbunden  ;  Anfang  : 

Audite  omnes  amantes    deum  sancta  mérita 
Viri  in  Christo  beâti    Patricl  episcopi 

1.  lr.  Gramm.  S.  412  ff.  Da  mir  O'Molloy's  Gnmmatik  nicht  zur  Hand  ist,  muss  ich 
mich  mit  O'Donovans  kurzen  Bemerkungen  ùber  die  neuere  Metrik  begnùgen. 

2.  Der  Unterschied  zwischen  cier  quantitierenden  und  der  silbenzaehlendtn  'reimendon) 
Metrik  war  auch  den  Iren  wohlbekannt  ;  nach  der  ersteren  gebaut  ibt  der  rhythmus 
artificialis,  nach  der  letzteren  der  rh.  vulgaris  :  s.  die  Vorrede  zum  Hymnus  «  Altus  Pro- 
sitor  »  Stokes,  Goidelica  i  S.  101. 

Rev.Celt.VL  22 


3  $8  Zur  irischen  Accent  und  Verslehre. 

Quomodo  bonum  ob  dctum  \  j  simulaiur  dngelis 
Perjectamque  propter  vitam  1 1  aequatur  apôstolis. 
2.  Im  Hymnus  S.  Camelaci  Gramm.  Celt.  942    : 

Audite  bonum  exémplum  \  \  benedicti  pduperis 
Camelaci  Cumiénsis    dei  iasti  fdmuli 
Exémplum  praebet  in  tôto  \  \fidelis  in  ôpere 
[Et]  gratias  deo  dgens  j  ;  hilaris  in  omnibus. 

Also  dièses  Versmass,  von  dem  aile  folgenden  ausgehn,  ist  durch 
die  irischen  Mœnche  aus  der  lateinischen  Hymnenpoesie  ùbernommen 
word  en. 

ERSTE    MODIFICATION. 

Zwei  Langzeilen,  die  zusammen  eine  Strophe  bilden,  werden  durch 
den  Reim  verbunden,  der  natùrlich  dreisilbig  ist.  So  1.  im  Hymnus 
Cuchuimnei  iTodd  139  ;  Anfang  : 

Cantemus  in  omni  die\\concinentes  varie 
Concernantes  deo  dignum  \\ymnum  sanctae  mâriae. 

Der  Versausgang  pdterno-mdterno  in  Str.  4,  sowie  obiges  mâriae  ist 
bezeichnend  fur  die  irische  Aussprache  des  Lateinischen. 

2.  Hymnus  S.  Colmani  in  laudem  S.  Michaelis  Archangeli  Todd  167  ; 
Anfang  : 

In  trinitate  spes  méa\\fixa  non  in  6 mine 

Et  archangelum  deprécor  j  michaelem  nômine. 

Dass  deprécor  mit  romanischer  Betonung  auf  dem  Verbalstamm  zu 
accentuieren  ist,  zeigen  aile  ùbrigen  Caesuren  ;  ebenso  betont  findet  sich 
dieselbe  Form  Todd  S.  172,  V.  1. 

Dieser  Vers  wird  genau  in's   Irische  ùbernommen  ;  das  Versmass 
heisst  die  «  grosse  Seadna  »    O'Don.  S.  421.  In  Ermangelung  eines 
andern  Beispiels  fùhre  ich  das  von  O'Donovan  an  : 
D'fhior  chogaidh  comhailtear  siothchain\\ seanfhocal  nach  sdruighthear 
Nifhaghann  sidh  achtjear  fôghla\\feadh  Banba  na  m-fcânfhoithreadh. 

So  leicht  nun  aber  der  dreisilbige  Reim  im  Lateinischen  ist,  so  schwie- 
rig  ist  er  im  Irischen,  \vo  die  unbetonten  Mittelsilben  meist  geschwun- 
den  sind.  Dreisilbigen  Reim  durch  ein  lângeres  Gedicht  durchzufùhren, 
ist  hier  ein  Bravurstùck  sonder  Gleichen  :.   Man  begnùgt  sich  daher 


1.  Consequenter  dreisilbiger  Reim  findet  sich  in  dem  an  den  Saltair  na  Rann  ange- 
haengien  Gedichte  V.  8017-8392;  dasselbe  ist  in  Folge  der  Verskûnstelei  kaum  noch 
verstsndlich. 


Zur  irischen  Accent  und  Verslehre.  }$9 

gewœhnlich  mit  einsilbigem  Reim,  d.  h.  mit  dem  Reim  der  Silbe,\ve!che 
ursprunglich  den  ausklingenden  Nebenton  trug.  So  entsteht  die  ■  ge- 
wœhnliche  Seadna  »;  das  Schéma  ist  : 


Ein  altes  Beispiel  sind  die  an  Sanctans  Hymnus  angehangten  Verse 
22-24.  Stokes,  Coid. 2  S.  148;  Windisch,  Ir.  Texte  S.  52  .  V.  2?.  24 
lauten  : 

Rombith  oroil  let  a-mâire    rop  trocar  ri  nime  dûn 

Ar-guin  ar-guasacht  ar-gdbud    a-crist  for-do-[s]nadud dûn. 

ZWE1TE    MODIFICATION". 

Eine  andere  Variation  besteht  darin,  dass  die  Silbenzahl  der  beiden 
Vershàlften  ausgeglichen  wird,  indem  die  unbetonte  Siibe  vor  der 
Caesur  wegfallt  ;  die  franzcesische  Metrik  w  ùrde  sagen  :  die  weibliche 
Caesur  wird  mit  der  mknnlichen  vertauscht.  Also  aus  dem  Schéma  : 


lï345       67$|iJ234ot>7 

wird  :  ;  :  ;  :  "  ;  M1;  :  :  ;  '  :  : 


Im  Lateinischen  und  reimlos  ist  dieser  Rythmus  vielleicht  nicht 
nachzuweisen,  im  Lateinischen  schon  darum  nicht,  weil  es  hier  kaum 
mœglich  ist,  betonte  Silbe  vor  der  Caesur  durchzufùhren.  Im  Irischen 
werden  hier  immer  die  zwei  Halbzeilen  durch  den  Reim  verbunden, 
wie  bei  lateinischen  Metren  mit  gleichsilbigen  Versen  z.  B.  von  8  Sil- 
ben  der  paarweise  Reim  Sitte  war.  Man  kann  daher  die  Strophe  in 
4  siebensilbige  Verse  zerlegen. 

Wichtig  fur  die  weitere  Entwicklung  der  irischen  Metrik  ist,  dass 
die  Silbe  vor  der  Caesur  betont,  die  im  Versausgang  stehende  un- 
betont  war;  durch  die  erstere  wurde  Einsilbigkeit  des  Reimes  be- 
dingt:es  musste  hier  also  eine  betonte  Silbe  mit  einer  un- 
betonten  reimen.  Dièse  Eigenthùmlichkeit  erklàrt  sich  leichter, 
wenn  wir  bedenken,  dass  der  unbetonte  Reim  in  lateinischen  Hymnen 
auch  sonst  und  zwar  auch  in  Irland  gebràuchlich  war;  ausser  dem 
bekannten  Psalm  von  Augustinus  : 

Abundantia  peccatorum  lj  solet  fratrcs  conturbdrt 
Propter  hoc  dominus  noster  |;  roluit  nos  praemonére  etc. 
vergleiche  man  den  Hymnus  S.  Columbae  Todd  20$    : 

Alter  prosator  vetustus'  dierum  et  ingenitus  u.  ahnl. 
Wohl  das  àlteste  Beispiel  unseres  Rythmus  bietet  das  nur  theilweise 


340  Zur  irischen  Accent  und  Verslehre. 

entzifferbare  Gedicht  im  Mailànder  Codex    Gramm.  Celt.  951  ;  Goid. 
17  ;  Anfang  : 

Adcondarc  alaill  in-nôchl    ba  ingnad  liurn  étarpovt 

Unlersuchen  wir  dièses  Gedicht  nàher,  so  finden  wir  von  der  Regel, 
dass  die  erste  Halbzeile  auf  eine  betonte  Silbe  ausgehn  muss,  in  den 
31  lesbaren  Versen  keine  sichere  Ausnahme.  Dis  Adverbium  amne 
«  so  «  Goid.  18  scheint  amnè  zu  betonen  ;  vgl.  Saltair  na  R.  3869 
und  Ir.  Texte  131  Z.  24,  \vo  es  im  Deibhide-Meirum  steht  ;  darauf 
weist  auch  die  verkùrzte  Form  mne  in  mad-mne  labrar  Wb.  78,  6. 
Ebenso  wird  amnin  1.  amin?  Goid.  20Ï  zu  betonen  sein.  Dagegen  in  den 
30  sicher  gelesenen  zweiten  Halbzeilen  finden  wir  den  regelmàssigen 
Ausgang  -  -  -  nur  2  3mal  ;  daneben  imal  ■*■  -  -  -  gualamnada  , 
5 mal  *■  -  [barrfind,  fordarc,  romar,  snechtae,  doichleclv  ;  imal  sogar 
betonte  Silbe  in-gdes  ,  d.  h.  rythmischen  Reim.  Also  das  ursprùngliche 
Verhàltniss  wird  wohl  noch  meist  gewahrt,  aber  nicht  ohne  Schwan- 
ken.  Mit  andern  Worten  :  das  Gefùhl  fur  den  Rythmus  des  Verses 
beginnt  zu  schwinden  ;  als  Ersatz  dafùr  ist  der  Reim  zu  betrachten, 
der  aber,  wîe  im  ursprùnglichen  Schéma,  fast  ausnahmslos  unryth- 
misch  bleibt.  Der  Grund  mag  sein,  dass  es  zu  beschwerlich  war,  an 
jeden  Versausgang  ein  dreisilbiges  Wort  zu  stellen,  weil  so  von  7  Sil- 
ben  der  zweiten  Halbzeile  immer  drei  vom  Reimwort  in  Anspruch 
genommen  waren. 

Dièses  alte  Gedicht  bietet  uns  den  L'ebergang  zu  dem  hàufigsten 
mittelirischen  Metrum,  dem  Deibhide,  dessen  wesentlichstes  Charakte- 
risticum  der  unrythmische  Reim  ist.  Seine  Geselze  sind  :  die  Strophe 
hat  4  Zeilen  von  je  7  Silben  ;  sie  sind  paarweise  gereimt  ;  aber  der 
Reim  muss  in  den  ungeraden  Zeilen  betont,  in  den  geraden  unbetont 
sein.  Tragt  also  in  jenen  die  Endsilbe  den  Ton  das  alte  Verhàltniss  ,  so 
muss  hier  das  Schlusswort  zwei-  oder  mehrsilbig  sein  ;  es  kann  aber 
auch  in  den  ungeraden  Versen  ein  zweisilbiger  Reim  stehen,  nur  muss 
dann  das  Schlusswort  der  geraden  mindestens  drei  Silben  zàhlen.  Also 
hier  ist  jeder  Rest  von  Rythmus  geschwunden  ;  das  Unrythmische  ist 
geradezu  Gesetz.  Manche  dieser  Gedichte  sind  Lieder;  die  Mélodie  mag 
einigermassen  den  Mangel  an  Rythmus  ersetzt  haben.  Von  dem  ursprùn- 
glichen Schéma  ist  ausser  der  Silbenzahl  nur  gewahrt,  dass  der  letzte 
Wortton  in  den  geraden  Versen  weiter  nach  vorn  stehn  muss,  als  in  den 
ungeraden. 

Soistunter  vielen  andern  z.  B.  der  Saltair  na  Rann  gçdichiel  ;  Anfang  '  : 

8.  Ich  vereinige  die  zwei  reimenden  Verse  zur  Langzeile. 


Zur  irischen  Accent  und  Verslehre.  341 

Mo-ri-se  ri  nime  nà\r\\cen-huabur  cen-immarbaig 
Dorosat  domun  d  û  a  1  a  c  h  |  ]  mo-ri  bithbeo  biîhb  u  a  d  a  c  h . 
Ri  os-duilib  thargca  gréin \ \  ri  os-fudumnaib  dicgç.\r\ 
Ri  tcss  tuaid  liât  ocus  tàîr    fris  ni-derntar  imnurgaU. 

Untersuchen  wir  beliebige  100  Verse  aus  diesem  umfangreichen  Ge- 
dicht,  z.  B.  2001-2100,  so  finden  wir  folgende  Verhaltnisse  :  der 
ungerade  Vers  geht  450131  auf  eine  betonte  Silbe  aus,  5 mal  auf  *■  -; 
der  gerade  ijmalauf-   -  -,  j^malauf-1    -. 

Aehnlich  in  V.  5473-5572  :  in  den  ungeraden  Versen  4ymal  betonte 
Endsilbe,  3mal  ■*  -  ;  in  den  geraden  2omal  -  -  -,  3omal  -  -  ;  d. 
h.  im  Ausgang  der  Langzeile  haben  die  Paroxvtona,  die  im  Mailander 
Gedicht  erst  spàrlich  auftreten,  die  Uebermacht  gewonnen  ùber  die 
Proparoxytona,  was  sich  leicht  aus  ihrer  grœsseren  Hàufigkeit  erklârt. 
Dagegen  vor  der  Caesur  findet  sich  neben  betonter  Endsilbe  nur  ein 
kleiner  Prozentsatz  von  Paroxytona.  Letzteres  ist  kaum  aïs  eine  Re- 
miniscenz  an  das  ursprûngliche  Schéma  zu  erklàren,  sondern  einfach 
aus  dem  Umstande,  dass  bei  betonter  Endsilbe  die  Assonanz  einsilbig 
ist  ;  einsilbige  Assonanz  ist  natùrlich  leichter  zu  finden  als  zweisilbige. 
Wo  aber  dem  Dichter  eine  zweisilbige  zu  Gebote  steht,  wendet  er  sie 
ohne  Bedenken  an. 

Die  freien  Verhaltnisse  dièses  Metrums  werden  hie  und  da  etwas 
kunstlicher  geregelt  ;  so  finden  wir  in  einigen  Gedichten  das  Gesetz 
beobachtet  :  die  erste  Halbzeile  geht  immer  auf  betonte  Endsilbe 
aus  wie  ursprùnglich  ,  die  zweite  immer  trochâisch1  im  Gegen- 
satz  zum  Ursprùnglichen  . 

So  1 .  die  Strophe  im  St.Galler  Codex  1 1  2  : 

Is  acher  in-gaith  in-n  6  c  h  t  '  fufuasna  fùrgge  findjo  1 1 

Ni  agor  reimm  mora  mi'nn    dond-laechraid  lainn  iu-làthli nd. 

2.  Ein  Gedicht  in  der  Handschrift  von  St.  Paul  Ir.  T.  316;  Gloss. 
Hib.  267  ;  erste  Strophe  : 

Messe  ocus  pangur  bi\n    cechtar  nathar  fria-s.iindan 

Bith  a-mennu-sdin  fri-s  é  i  1  g  g  "  mu-menma  cein  im-sainch  e  i  r  d  d . 

Weniger  streng  ist  die  gewœhnliche  Regelung  des  Deithide-Me- 
trums  in  der  spàteren  Metrik  O'Donov.  S.  420  ;  sie  verlangt  nur,  dass 
die  geraden  Verse  den  letzten  Wortton  genau  um  eine  Silbe  weiter 
vorn  haben  als  die  ungeraden  ;   also   Versausgang  A   :  JL,   B  :  -*■   -  ; 

1.  Die  Ausdrûcke  troch<c:sch,  dactyhsch  sollen  hier  wie  im  Folgenden  natùrlich  nicht 
die  Silbenquantitaet.  sondern  die  Betonungsverhaeîtnisse  bezeichnen. 


542  Zur  irischen  Accent  und  Verslehre. 

oder  A  :  -  -,  B  :  -  -  -.  Dièse  beiden  Variationen  dùrfen  in  demselben 
Gedichte  wechseln. 

Allein  die  grosse  Menge  mittelirischer  Gedichte,  wie  sie  sich  mas- 
senweise  in  die  Prosaerzàhlungen  eingeschoben  finden,  behandeln  das 
Deibhide-Nelrum  in  der  oben  besprochenen  freiesten  Weise  ;  ja  sie 
scheuen  sich  oft  nicht,  auch  rythmische  Reime  hineinzumischen,  was 
wir  in  Mailànder  Gedi.cht  nur  einmal  gefunden  haben,  und  was  im 
Sduir  na  Rann  nur  sehr  vereinzelt  vorkommt  s.  Rev.  Celt.,  VI,  96  . 
Letzteres  sind  offenbar  Nachlâssigkeiten  der  Dichter. 

Variationen  :  A.  Das  Versmass  wïrd  rythmisch,  wenn  die  Endsilbe, 
wie  vor  der  Caesur,  so  auch  im  Versausgang  betont  wird  1  vgl.  oben 
die  «  gewœhnliche  Seadna  »).  Wir  erhalten  dann  regelmâssige  ryth- 
mische Verse  von  7  Silben,  die  paarweise  durch  betonten  einsilbigen 
Reim  verbunden  sind.  Ein  Beispiel  bieten  die  in  Colmans  Hymnus  ein- 
geschobenen  Verse  41  u.  42  ^Goid.  122;  Ir.  T.  9"  : 

Rofir  a-fiada  rop  fir\\risam  huili  sith  in-rig. 

Im  folgenden  Verspaar  wird  der  Reim  zweisilbig  : 

V.  43  :  Sech-roïsed  roissam\\hi-flaith  nime  corrfssam. 

Die  Klimax  geht  weiter  ;  der  Reim  wird  dreisilbig  aber  unryth- 
misch    : 

V.  45  :  Robbem  cen-aes  Ail-léthu||/âi  aingliu  /m-Mthbethu. 

Wir  haben  hier  ein  vereinzeltes  Reimspiel  vor  uns. 

B.  Ebenso  entsteht  ein  Rhythmus,  wenn  umgekehrt  der  Ausgang 
-  -  -  auch  vor  die  Caesur  ùbertragen  wird.  Dies  ist  das  Metrum, 
welches  O'Donovan  S.  4231  Cashbairn  nennt.  Aile  Verse  gehn 
dactylisch  aus  ;  O'Donovans  Beispiel  làsst  die  unbetonte  Endsilbe 
reimen  : 

Puirt  riogh  achaidh  fhionnlogha  \\  siodh  chathail  a  g-cômhladha 
D'à  ghoin  d'arm  i  ûghaine  |  do  mharbh  soin  an  siodhuigh  e 

Haufiger  sind  Verse  mit  dactylischem  Ausgang  ohne  Reim  s.  un- 
ten  . 

DRITTE  MODIFICATION. 

Die  dritte  Klasse  von  Metren  steht  in  der  Mitte  zwischen  der  ersten 
und  zweiten.  Mit  der  ersten  hat  sie  gemein,  dass  die  zwei  Langzeilen 
der  Strophe  durch  rythmischen  Reim  verbunden  sind  ;  mit  der  zwei- 
ten, dass  die  Silbenzahl  der  beiden  Halbzeilen  ausgeglichen  ist  durch 
Unterdruckunç  der  unbetonten  Silbe  vor  der  Caesur. 


Zur  irischen  Accent  und  Verslehre.  345 

Eine  Gattung  dieser  Klasse  kann  als  direct  aus  der  «  gewôhnlichen 
Seadna  »  entstanden  betrachtet  werden  ;  lautete  dort  das  Schéma  : 


so  finden  wir  hier  i"  7  7  7  7   e    7      117777777 

Aile  Halbverse  gehen  auf  eine  betonte  Silbe  aus  ;  die  geraden  rei- 
men.  Es  ist  die  «   grosse  Rannaigheacht  »   ,0'Don.  S.  422).  Vielleicht 
finden  sich  beide   Rythmen  zu  einer  Strophe  vereinigt  in  dem  an  San- 
ctans  Hymnus  angehângten  Verspaar   21.  22    Goid.  148;  Ir.  T.  52)  : 
Epscop  sanctan  sancta  srûith  \  |  milid  aingel  cloth  glan  gé\ 
Rosoera  mo-chorp  for-tdlmain  \\  ronoeba  m-anmain  for-ném  '. 
Aeltere  Beispiele  der  «  grossen  Rannaigheacht  »  sind  ferner  : 

1.  ein  Gedicht  in  der  Handschrift  von  St.  Paul  ^Goid.  177  ;  Ir.  T. 
319;  Gloss.  Hib.  268  ;  erste  Strophe  : 

Is  en  immohiada  sas  ||  is  nau  tholl  diant  esiinn  g  lias 
Is  lestar  fas  is  crann  crin  \\  nad  déni  thoil  ind-rig  th  ûas. 

2.  das  an  den  Saltair  na  Rann  angehângte  Gedicht  CLII  (éd.  Stokes, 
S.  1 1 5  -  erste  Strophe  : 

Nimtha  saegid  for-dia  hdrôn  \\  con-ilur  mod  tnedar  hgliw 
Condarcuiri  arcrichid  ngél  \\  ruiri  reb  richid  romchàr. 
1m  Allgemeinen  zeigt  aber  dièse  Klasse  von  Metren  keine  so  festen 
Regeln  ;  sie  schliesst  sich  vielmehr  an  das  Deibhide-Versmass  an,  ist 
also  unrythmisch.  Dort  war  der  Accent  vor  der  Caesur  auf  die  letzte 
und  vorletzte  Silbe  beschrânkt,  weil  das  Reimwort  im  Versausgang  den 
Accent  noch  weiter  vorn  tragen  musste.  Da  in  unserer  Klasse  die  Lang- 
zeilen  reimen,  stehn  die  Wcerter  vor  der  Caesur  in  keiner  Beziehung 
zu  den  Schusswcertern  ;  es  kann  also  der  Wortton  vor  der  Caesur 
eine  beliebige  Silbe,  auch  die  drittletzte  treffen.  Ferner  war  dort  das 
Schlusswort  niemals  auf  der  letzten  Silbe  betont  ausser  in  nachlàssig 
gebauten  Versen.  Hier  hâtte  aus  demselben  Grunde  auch  dièse  Beschràn- 
kung  keinen  Sinn  ;  der  einsilbige  Endreim  ist  daher  nicht  ausgeschlos- 
sen.  So  ist  ein  sehr  laxes  Metrum  entstanden,  das  namentlich  in  Hym- 
nen  gern  angewendet  wird.  Es  verlangt  weiter  nichts,  als  dass  jede 
Halbzeile  7  Silben  zâhlt,  und  dass  je  zwei  Langzeilen  reimen  ;  die  Stelle 
des  Accents  ist  frei,  doch  ist  der  Reim  rythmisch  und  beginnt  also 
mit  dem  letzten  betonten  Vocal  des  Verses. 


1.  Die  Hdschr.  F  ergaenzt  im  ersten  Halbvers  eine  achte  Silbe  und  liest  sancta  sruthib. 
Diess  kœnnte  nur  heissen  «  die  Heilige  mit  den  weisen  Alten  »,  was  nicht  passt,  oder 
wenn  sancta  fur  sancta  geschrieben  ist,  «  heiliger  als  die  weisen  Alten  »,  was  auch 
keinen  guten  Siun  giebt.  Man  lèse  :  sanctaib,  sruthib,  milib  angcl,  etc. 


544  Znr  irischen  Accent  und  Verslehre. 

Hie  und  da  finden  wir  Verse,  die  genau  zu  dem  ursprùnglichen 
Schéma  der  zweiten  Klasse  stimmen  ;  so  die  erste  Strophe  von  Colmans 
Hymnus  iGoid.  121  ;  Ir.  T.  6    : 

Sen  de  donfe  fordonté  \\  macc  maire  ronfé  lad  a  r 
Fora-oessam  dun  in-nôcht  \\  ciatiasam  cain  rémadar. 

Aber  schon  die  folgende  Strophe  zeigt,  dass  diess  Zufall  ist  und  nicht 
in  der  Absicht  des  Dichters  lag  : 

Iiir  foss  no  ûîmaille  ||  itir  suide  nos éssam 
Ruire  nime  fri  cech-tréss  ||  issed  attach  drféssam. 

In  demselben  lockern  Versmass  sind  gedichtet  : 

2.  Fiacc's  Hymnus,  ùber  den  oben  ausfùhrlich  gehandelt  ist. 

}.  Broccan's  Hymnus   Goid.  1 37  ;  Ir.  T.  27  ;  erste  Strophe  : 
Nicar  brigit  buadach  bith  \\  siasair  suide  eoin  in-â\\t 
Contuil  cotlud  cimmcda  \\  ind-noib  ar-ecnairc  am-mà\cc. 

4.  Ein  Gedicht  in  der  Hdschr.  von  St.  Paul  Goid.  177  ;  Ir.  T.  3 18; 
Gloss.  Hib.  268  ;  erste  Strophe  : 

M-airiuclan  hi  tuaim  inbir  \\  ni  lan  techdais  bes  5  es  tu 
Cona  retglannaib  a-réir  \\  cona  grein  cona  éscu. 

Auch  hier  fùhren  kunstfertigere  Dichter  Regelungen  ein  und  kehren 
so  zum  Theil  zum  Rythmus  zurùck  : 

I,  a.   Der  einsilbige  Endreim  wird  conséquent  durchgefûhrt  ;  so  in 
den  zwei  Strophen  im  St.  Galler  Codex  203-4;  ^'e  erste  lautet  : 
Domfarcai  fidbaidx  fdl  \\fomchain  loid  luin  luad  nad  cé\ 
Huas  mo  lebran  indlinech  \\  fomchain  trirech  innan-én. 

I,  b.  Auch  vor  der  Caesur  wird  immer  eine  betonte  Silbe  verlangt  ; 
das  Versmass  wird  rythmisch.  Es  ist  die  «  grosse  Rannaigheacht  »,  die 
sich  eng  an  die  ><  gewôhnliche  Seadna  »  anschliesst,  und  deren  Bei- 
spiele  wir  oben  aufgefùhrt  haben. 

II,  a.  Der  zweisilbige  Reim  wird  durchgefûhrt.  Eine  Neigung  zu 
dieser  Form  glaubten  wir  oben  bel  Fiacc's  Hymnus  constatieren  zu  dûr- 
fcn,  doch  mit  vielen  Schwankungen. 

II,  b.  Auch  vor  der  Caesur  muss  der  Wortton  die  vorletzte  Silbe 
treffen.  Der  Ausgang  aller  Halbverse  wird  so  trochâisch  ;  O'Donovan 
nennt  das  Versmass  «  kleine  Rannaigheacht  ».  Diess  sind  die  einzigen 
Gedichte.  welche  einigermassen  zu  Zimmers  Schéma  stimmen.  Aeltere 
Beispiele  sind  : 

1.  der  Hymnus  S.  Oengusii  Mcic  Tipraite  Todd  172);  die  zweite 
Strophe  Iautet  : 


Zur  irischen  Accent  und  Verslehrc.  345 

Martinus  mirus  môre  j|  on  laudavit  déum 
Pure  corde  cantdrit  \\  ataue  amavit  eu  m. 

2.  Die  Strophe  im  St.  Galler  Codex  229  : 

Gaib  do-chuil  isin-chdrcair\\  ni  rois  chluim  r.a-c6\ca\à 
Truag  insin  a-Mail  Bâchai  ||  rolgiuil  ind-srathar  dôdcaid. 

j.  Ein  Gedicht  in  der  Hdschr.  von  St.  Paul  Goid.  176;  Ir.  T.  319; 
Gloss.  Hib.  268  ;  erste  Strophe  : 

Aed  oll  fri  andud  n-dne    aed  fonn  fri  fuilted  fé  1  e 
ln-deil  delgnaide  as-chôemem    di-dindgnaib  roercn  ré  de. 

4.  Sanctans  Hymnus   Goid.  147  ;  Ir.  T.  49  ;  erste  Strophe  : 

Aieoch  rig  n-amra  n-dihgel  "  uair  ised  ainm  as  /réssam 
D1.1  dam  frim-lorg  dia-t.':athum  '  dia  dom-thuiis  dia  Réssam. 

III.  Der  dreisilbige  Reim  wird  durchgefuhrt  ;  auch  vor  der  Caesur 
trifft  der  Wortton  die  drittletzte  Silbe.  Der  Versausgang  ist  also  dacty- 
lisch,  resp.  katalektisch  trochàisch. 

So  im  Gedicht  des  Hibernicus  Exul  ad  Karo'um  imperatorem  Mai.Class. 
Auct.  V,  412;  Gramm.  Celt.  948;  Dùmmler,  Poetae  lat.  med.  aev., 
I,  599  ;  erste  Strophe  : 

Charte  Chrisio  comité    per  telluris  spiùum 
Ad  Caesaris  régium  '  nunc  perge  pal âlium. 

Bezeichnend  fur  die  irische  Aussprache  des  Latein  sind  wiederurn 
lôngœvus,  lôngaevi,  victores,  pûellis  in  den  folgenden  Strophen  vor  der 
Caesur. 

Im  Irischen  wird  dièses  Schéma  sehr  selten  sein,  da,  wie  schon  œfter 
erwahnt,  der  conséquente  dreisilbige  Reim  hier  zu  schwierig  ist.  Duch 
treffen  wir  mehrfach  denselben  Rythmus  ohne  Reim,  \vo  dann  nient 
zu  entscheiden,  ob  er  zu  unserer  zweiten  oder  dritten  Klasse  gehoert 
s.  oben  .  Der  Reim  wird  durch  gehàufte  Allitération  ersetzt.  In  Folge 
des  mangelnden  Reims  fàllt  die  strophische  Gliederung  auseinander  ;  es 
kcennen  mehr  als  vier  Verse  zur  metrischen  Einheit  vereinigt  werden. 
Der  Schluss  wird  hie  und  da  durch  einen  kùrzeren  Vers  markiert. 

Mehrere  solcher  Gedichte  finden  sich  im  ■  B00K  of  Rights  >  éd. 
O'Donovan,  S.  194-202  ,  z.  B.  S.  198  : 

Nice,  nimtha  seilbh  sderfhorla 
Do  mhac  Mucchna  mithisi 
Ar  a'mhead  is  imnairi 
Tuismeadh  cland  fri  côibhdhekhu. 


$46  Zur  irischen  Accent  und  Verslehre. 

Is  fearr  ecaibh  dthaisi 
Ole  buanudhugh  béd. 

Aehnliche  Gedichte  finden  sich  Senchus  Mor,  \,  64  und  Ir.  T.  S.  288 
f.,  wohl  auch  S.  68  u.  69. 

Variation  zu  III.  Fallen  in  dem  Verse,  den  das  Gedicht  des  Hiber- 
nicus  Exul  zeigt,  die  beiden  letzten  unbetonten  Silben  weg,  so  erhàlt 
man  zweite  Halbzeilen  von  5  Silben,  deren  letzte  betont  ist  ;  der  Reim 
wird  also  einsilbig.  So  im  Gedicht  von  Kloster-Neuburg  Gramm.  Celt. 
954;  Rev.  Celt.  II,  115;  Gloss.  Hib.  265  ;  die  letzte  Strophe  lautet  : 
Mucholmoc  ramchdrastar  \\ ar-jegad  ar-f  is 
Isairi  ramchdrastar ',',  uair  istend  mo-chr'\s  '. 

Giebt  man  auch  die  zwei  unbetonten  Silben  vor  der  Caesur  auf,  so 
besteht  der  Vers  aus  zwei  funfsilbigen  Halbzeilen,  die  beide  auf  eine 
betonte  Silbe  ausgehn.  Bedeutsam  fur  die  Entstehung  dièses  Rythmus 
ist,  dass  er  in  dem  genannten  Gedicht  mit  dem  ersteren  abwechselt  ; 
V.  $  und  6  lauten  : 

Cris  nathrach  mu-chris    nathair  imatâ 
Naramgonat  fir  '  '  naramillet  mnâ. 

Diess  mag  geniigen.  Da  die  besprochenen  Strophenformen  unlœsbar 
miteinander  verknùpft  sind,  und  da  die  eine  derselben  die  Seadnà 
unzweifelhaft  direct  aus  der  lateinischen  Poésie  ùbernommen  ist,  wird 
sich  die  Annahme  nicht  abweisen  lassen,  dass  sie  sâmmtlich  im  letzten 
Grunde  auf  den  spâtlateinischen  Rythmen  basieren.  Fast  aile  Variationen 
erklàren  sich  aus  dem  Bestreben,  1.  den  schwierigen  dreisilbigen  Reim 
zu  vermeiden,  2.  die  beiden  Halbzeilen  einander  anzugleichen.  Auch 
wird  wohl  nur  so  verstândlich,  wie  im  Irischen  unrythmische  Metren 
entstehen  konnten.  Beweisend  fur  lateinischen  Ursprung  sind  ferner  die 
technischen  Bezeichnungen  in  den  Vorreden  zu  den  irischen  Hymnen 
(s.  Goid.  92  ff.).  Das  Versmass  heisst  rithim  =.  rhytkmus,  die  Strophe 
caiptel  =  capitulum,  die  Halbzeile  Une  =  linea.  Dass  daneben  auch  das 
echt  irische  rann  rand  fur  a  Strophe  »  vorkommt,  spricht  nicht  dagegen. 

Wollte  man  die  Einwendung  machen,  es  sei  unwahrscheinlich,  dass 
die  profane  irische  Poésie  sich  nach  dem  Muster  der  geistlichen  gerich- 
tet  habe,  so  lâsst  sich  darauf  erwidern,  dass  diess  auch  bei  einer  an- 
dern  poetischen  Form  der  Fall  ist  ;  es  ist  diejenige  der  von  Windisch  2 


1.  Ich  glaube  daher  nicht,  dass  Zimmers  Emendation  des  verderbten  zweiten  Verses 
des  Gedichts  das  Richtige  triff:  ;  vor  der  Caesur  muss  wohl  *  —  -  stehn  wie  in  den 
ûbrigen  Versen. 

2.  Rev.  Celt.  V,  389  ff.  47S  ff. 


Zur  irischen  Accent  und  Verslehre.  347 

besprochenen  Dichtungen,  die  mit  den  kirchlichen  Sequenzen  eng 
verwandt  sind.  Auch  hat  die  Thatsache  nichts  Auffallendes,  da  die 
irischen  Klœster  Jahrhunderte  lang  die  Centren  der  Kultur  und  Bil- 
dung  waren.  Ist  aber  fur  mehrere  Klassen  von  Metren  lateinischer  Ur- 
sprung  erwiesen,  so  wird  sehr  wahrscheinlich,  dass  die  ganze  silben- 
zàhlende  irische  Poésie  auf  Iateinischem  Muster  beruht  ;  die  oben  nicht 
erwàhnten  Rythmen  werden  sich  theils  als  Variationen  der  besprochenen 
erklàren  lassen,  theils  vielleicht  direct  lateinischen  nachgebildet  sein. 

Es  erhebt  sich  nun  die  berechtigte  Frage  :  sollten  die  Iren  der  ein- 
zige  indogermanische  Stamm  sein,  der  von  der  alten,  rythmischen 
Poésie  der  Urzeit  keinen  Rest  bewahrt  hàtte  ?  Das  ist  nicht  meine  An- 
sicht.  Nur  sind  die  Spuren  derselben  nicht  in  der  rein  silbenzâhlenden 
Metrik  zu  suchen,  sondern,  da  der  Accent  in  der  irischen  Sprache  eine 
so  hervorragende  Rolle  spielt,  muss  er  auch  hier  in  den  Vordergrund 
treten,  âhnlich  wie  in  der  deutschen  Dichtung.  Es  giebt  ja  noch  manche 
irische  Gedichte,  welche  weder  aus  der  silbenzâhlenden  Metrik  noch 
aus  der  Sequenzenpoesie  sich  erklàren  lassen  und  bei  denen  ausser  der 
Allitération  eben  der  Accent  die  Hauptrolle  zu  spielen  scheint  ;  so  na- 
mentlich  in  den  Begrùssungsformeln,  z.  B.  Ir.  T.  21 1  : 

Fôchen  Ldbraid  \  \  lûath-lam  ar-cldideb 
Cômarbs  bûidne  \  |  snéde  slégaige 
Sldidid  sciathu  \  \  scdilid  gôu 
Créchtnaigid  cârpu  \  \  dildiu  inn-dib 
Mdnraid  slûagu  I  ]  sréid  mûine 
Fôbartach  fian  \  \  fôchen  Ldbraid. 

In  diesen  und  àhnlichen  Gedichten  dùrfte,  wenn  irgendwo,  die  iri- 
sche, echt  keltische  Poésie  zu  suchen  sein  ;  vielleicht  gehœren  auch  die 
Amra  hieher.  Doch  w  âge  ich  nichts  Bestimmteres  auszusprechen,  da  mir 
noch  keine  Sammlungen  vorliegen. 

Juni  1884. 

R.  Thurneysen. 

[Wenn  ich  beim  Niederschreiben  des  Obigen  W.  Meyers  inhaltreiche 
Abhandlung  «  Der  Ludus  de  Antichristo  und  Bemerkungen  ùber  die 
latein.  Rythmen  des  XII.  Jahrh  ».  (Sitzungsberichte  d.  Mùnchener 
Académie,  philos. -philol.  Kl.  1882,  I,  S.  1-192Ï  gekannt  hâtte,  wâre 
ich  der  Mùhe  des  Beweises  ùberhoben  gewesen,  dass  die  irischen 
Rythmen  aus  dem  Lateinischen  stammen  ;  so  mag  es  als  eine  kleine 
Erganzung  dazu  betrachtet  werden.  Zur  mittelirischen  Metrik  ver- 
gleiche  man  jetzt  Atkinson  :  On  irish  metric.  Dublin  1884.]      R.  Th. 


DE  QUATRE  MANUSCRITS  DES  EVANGILES 

CONSERVÉS  A   DUBLIN'. 


L'histoire  de  la  Bible  dans  les  Iles-Britanniques  présente  un  grand  in- 
térêt. C'est  en  effet  un  des  chapitres  de  l'histoire  du  conflit  séculaire 
entre  l'Eglise  romaine  et  la  civilisation  celtique.  Mais  ce  sujet  est  diffi- 
cile à  étudier.  Les  manuscrits  irlandais  et  anglo-saxons  de  la  Bible  latine 
se  bornent,  à  l'exception  d'un  ou  de  deux,  aux  Evangiles,  et  nous  avons 
très  peu  de  renseignements  précis  sur  eux;  en  outre,  leur  date  est  si  in- 
certaine, que  les  meilleurs  auteurs  diffèrent  de  deux  cents  ans  dans  leurs 
appréciations  ;  du  reste,  le  plus  grand  nombre  de  ces  manuscrits  ne  pa- 
raissent pas  beaucoup  plus  anciens  que  le  vme  siècle,  c'est-à-dire  que 
l'époque  où  l'assimilation  des  Iles-Britanniques  à  l'Eglise  de  Rome 
était  presque  un  fait  accompli.  C'est  donc  avec  empressement  que  nous 
devons  accueillir  la  nouvelle  et  intéressante  publication  de  l'Université  de 
Dublin.  M.  T.  K.  Abbott,  professeur  à  cette  Université,  déjà  connu  par 
d'importants  travaux  relatifs  à  la  Bible2,  vient  de  publier  avec  un  grand 
soin,  en  deux  élégants  volumes  imprimés  par  VUniversity  Press,  le  texte 
ou  la  collation  de  quatre  des  beaux  manuscrits  des  Evangiles  qui  sont 
conservés  à  Trinity  Collège,  dont  il  estfellow.  L'un  de  ces  manuscrits  re- 
monte, sinon  à  la  fin  du  vi"  siècle,  comme  le  pense  l'éditeur,  du  moins  à 
une  époque  presque  aussi  ancienne;  il  nous  ramène  donc  au  temps  où 
l'Irlande  avait  conservé  encore,  avec  sa  liturgie  et  ses  coutumes  na- 
tionales, l'ancienne  Bible  antérieure  à  saint  Jérôme. 

L'histoire  de  la  Vulgate  dans  les  pays  celtiques  est  l'histoire  des  rela- 
tions de  ces  pays  avec  le  continent.  Pour  les  plus  anciens  temps,  les 
manuscrits  nous  manquent;  mais  il  nous  reste  un  grand  nombre  de  témoi- 
gnages des  anciens  auteurs  irlandais  ou  bretons  ;  ces  citations  ont  été 


i.  Evangeiiorum  versio  Antehieronymiana,  ex  codice  Usseriano  (Dublinensi;,  adjecta 
collatione  codicis  Usseriar.i  alterius.  Accedit  versio  vulg3ta  sec.  cod.  Amiatinum,  cum  va- 
rietate  cod.  Kenanensis  (Book  of  Ktlls)  et  cod.  Durmachensis  {Book  of  Durrow),  edidit  et 
praefatus  est  T.  K.  Abbott.  Dublin,  Hodges  (London,  Longman;.  1884,  2  vol.  in-8. 
Prix  :  2i   sh.  (26  fr.  zj). 

2.  Par  Palimpsestorum  Dublincnsium,  Dublin,  1880;  W.  H.  Ferrar  et  T.  K.  Abbott, 
Collation  of  Jour  important  Mss.  of  the  Gospels.  Dublin,  1877. 


De  quatre  manuscrits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin.         349 

recueillies  et  étudiées  avec  beaucoup  de  conscience  par  M.  Haddan  ', 
dont  l'intéressante  monographie  doit  être  mise  à  côté  du  bel  article 
publié  par  M.  Westcott  dans  le  dictionnaire  de  W.  Smith  2,  mais  tout  ce 
qui  a  été  écrit  depuis  vingt  ans  sur  le  sujet  qui  nous  occupe  ne  pèse  pas 
autant  que  les  quelques  pages  de  M.  Westcott. 

L'ancienne  version  latine  est  le  fonds  commun  de  toute  la  tradition 
ecclésiastique  de  la  Grande-Bretagne  et  de  l'Irlande,  mais  dès  le  com- 
mencement du  V  siècle,  nous  voyons  la  Vulgate  s'infiltrer  dans  les  écrits 
des  auteurs  bretons.  Le  seul  écrivain  peut-être  que  nous  trouvions  entiè- 
rement confiné  dans  la  version  antique  est  saint  Patrice,  au  temps 
duquel,  quoi  qu'en  dise  la  légende,  les  invasions  barbares  avaient  à  peu 
près  coupé  toutes  les  communications  entre  le  monde  celtique  et  les  pays 
latins.  Le  progrès  de  la  Vulgate  suit  une  marche  lente,  mais  sûre,  du 
vie  au  vu*  et  du  vu6  au  viir  siècle;  vers  Pan  900,  on  ne  trouve  plus 
dans  les  auteurs  que  quelques  restes  de  l'ancienne  traduction,  dont  les 
derniers  vestiges  s'en  vont  se  perdre  au  xn1'  siècle,  à  l'époque  même  où 
la  soumission  de  l'Eglise  d'Ecosse,  commencée  dès  669  et  lentement 
poursuivie,  s'achevait  par  la  consécration  d'un  moine  de  Canterbury 
comme  évêque  de  Saint-Andrews.  A  ce  moment,  l'Eglise  d'Irlande  avait, 
depuis  près  de  cent  ans,  perdu  ses  derniers  privilèges  et  tous  ses  traits 
nationaux. 

On  ne  peut  distinguer  l'histoire  de  la  Vulgate  en  Angleterre  d'une  part, 
et  dans  les  pays  celtiques  de  l'autre,  de  même  qu'il  est  difficile  de  séparer 
entièrement  l'étude  des  destinées  de  l'Eglise  dans  les  royaumes  anglo- 
saxons  de  l'histoire  ecclésiastique  d'Ecosse,  d'Irlande  et  du  pays  de 
Galles.  Sans  doute,  Canterbury  a  été  la  base  d'opérations  de  l'armée 
envahissante,  et  Iona  le  centre  de  la  résistance  nationale,  mais  le  nord 
de  l'Angleterre  a  été  le  champ  de  bataille  des  deux  communions  rivales  ; 
les  Ecossais  ont  au  vne  siècle  colonisé  religieusement  le  pays  situé  au 
nord  de  l'Humber,  où  les  moines  d'Iona  occupaient  l'évêché  de  Lindis- 
farne  tandis  que  déjà  le  sud  de  l'Irlande  négociait  avec  Rome.  C'est 
ainsi  qu'une  partie  de  nos  meilleurs  manuscrits  des  Evangiles  du  type 
irlandais  proviennent  de  Mercie  ou  de  Northumbrie,  et  ces  manuscrits 
eux-mêmes  sont,  comme  le  plus  grand  nombre  de  ceux  qui  ont  été  copiés 
en  Irlande,  des  textes  mêlés,  c'est-à-dire  des  Vulgates  remplies  d'inter- 
polations irlandaises.  Le  mélange  destextes,  voilà  le  caractère  dominant 
de  l'histoire  de  la  Bible  latine  dans  les  Iles-Britanniques. 

1.  A.  \V.  Haddan  et  W.  Stubbs,  Councils  and  ceci.  Documents  rel.  to  Gr.  Britain  and 
heland,  t.  I,  Oxford,  1869,  Apptndix  G. 

2.  Dictionary  of  the  Bible,  t.  III,  1863,  p.  1688  et  suiv. 


3$o        De  quatre  manuscrits  des  Evangues  conservés  à  Dublin. 

Y  a-t-il  eu  une  recension  irlandaise  de  l'ancienne  version  latine,  et 
quels  en  ont  été  les  caractères  ?  Telle  est  la  question  que  pose  devant 
nous  la  récente  publication  de  M.  Abbott. 

Le  plus  ancien  des  manuscrits  de  Trinity  Collège,  le  Codex  Usserianus 
iA,  4,  i  $]  est  un  petit  volume  écrit,  dit  M.  Abbott,  à  la  fin  du  vr  siècle 
de  plus  prudents  diraient  au  vne  siècle",  d'une  belle  écriture  semi-on- 
ciale  irlandaise.  Entièrement  rongé  sur  les  bords,  il  a  néanmoins  été  dé- 
chiffré avec  beaucoup  de  patience  et  de  pénétration  par  l'éditeur,  qui  a 
reproduit  l'original  lettre  pour  lettre,  avec  tant  d'exactitude  que  Ton  peut 
presque  le  reconstituer  à  coup  sûr,  à  l'exception  des  quinze  premiers 
chapitres  de  l'évangile  de  saint  Mathieu,  des  premières  lignes  de  l'évan- 
gile selon  saint  Jean  et  de  la  fin  de  celui  de  saint  Marc,  qui  n'ont  pas 
été  conservés. 

Le  manuscrit  de  l'archevêque  Usshera  déjà  pris  son  rang  au  milieu  des 
anciens  textes  des  Evangiles;  il  est  désigné  en  Angleterre  par  la  lettre  r, 
le  signe  r2  étant  réservé  au  deuxième  manuscrit  d'Ussher  dont  il  sera 
question  plus  tard.  Notre  texte  n'a  rien  de  commun  avec  la  Vulgate  ;  il 
appartient  à  la  recension  antérieure  à  saint  Jérôme  et,  pour  parler  exac- 
tement, au  groupe  des  textes  dits  «  européens  »,  qui  ont  été  en  cours, 
au  jugement  de  MM.  Westcott  et  Hort,  dans  le  nord  de  l'Italie  et  en 
Gaule,  à  partir  du  ive  siècle  '.  Mais  est-ce  un  texte  européen  pur,  ou 
est-il  à  rapprocher,  comme  son  origine  le  fait  présumer,  des  autres  ma- 
nuscrits irlandais,  qui  forment  famille  entre  eux  et  se  reconnaissent  à 
certaines  leçons  bien  connues  ? 

Au  premier  moment  le  doute  est  permis.  Les  interpolations  classiques 
des  manuscrits  irlandais  postérieurs,  telles  que  M.  Westcott  les  a  réu- 
nies, en  sont  en  effet  absentes,  à  l'exception  d'une  seule  2.  Mais  si  nous 
pénétrons  dans  le  détail  du  texte,  toute  incertitude  disparaîtra.  Nous 
rencontrons  en  effet  bon  nombre  de  leçons  intéressantes  et  qui  ne  se  re- 
trouvent que  dans  des  manuscrits  irlandais  ou  dans  quelques  textes 
mêlés  qui  marchent  d'ordinaire  avec  les  textes  irlandais  5.  Il  y  a  plus.  Il 
existe,  dans  le  recueil  qui  porte  le  n°  1 39$  à  la  Bibliothèque  conventuelle 
de  Saint-Gall,  un  fragment  de  messe  des  morts,  d'origine  écossaise  ou 


1 .  Le  manuscrit  dont  le  Codex  Usserianus  se  rapproche  le  plus  est,  pour  saint  Mathieu, 
ainsi  qu'il  résulte  des  collations  que  veut  bien  nous  communiquer  M.  Youngman,  le 
Codex  Clai omontanus  du  Vatican,  désigné  ordinairement  par  la  lettre  h. 

2.  Jean,  xix,  30  :  cum  tradidisset  spiritum,  etc. 

3.  Matin  ,  xviit,  10:  de  pusillis  istis  qui  credunt  in  me;  xix,  28:  in  generatione; 
xxiv,  38:  nubebant  et  uxores  ducebant  ;  xxvu,  32  :  venientem  obviam;  Jean,  111,  23  :  ve- 
niebant  multi;xi,  44  :  fasceis  ;  Luc,  11,  1  :  censum  profit,  univ.  in  0.  t.:  xxn,  5  :  gavisi 
sunt  et  pulliciti  sunt. 


De  quatre  manuscrits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin.         551 

irlandaise,  datant  du  vin"  ou  du  ix"  siècle,  dans  lequel  se  lit  le  récit  de  la 
résurrection  de  Lazare  Jean,  xi,  14-44  •  0r>  ce  texte,  que  If.  Haddan  a 
publié  le  premier  et  qui  va  être  édité  de  nouveau,  dans  les  Old  Latin 
Biblical  Texts,  par  M.  Wordsworth,  est  d'accord  presque  en  tous  les 
points,  ainsi  que  M.  Haddan  en  a  déjà  fait  la  remarque,  avec  le  ma- 
nuscrit d'Ussher.  Cet  accord  du  plus  ancien  manuscrit  irlandais  que  nous 
connaissions  avec  un  document  liturgique  également  irlandais  nous  suffit 
pour  pouvoir  affirmer  que  nous  possédons  un  texte  usité  très  ancien- 
nement en  Irlande.  Quant  aux  autres  caractéristiques  des  manuscrits  ir- 
landais du  VIIIe  siècle,  dont  le  texte  est  d'ailleurs  beaucoup  moins  pur  à 
tous  égards,  il  est  permis  de  supposer  qu'elles  n'appartiennent  pas  à  la 
forme  primitive  du  texte  irlandais. 

Ce  texte,  nous  l'avons  dit,  est  fort  peu  différent  de  celui  qu'on  appelle 
■  européen  »,  c'est-à-dire  de  la  forme  la  plus  ordinaire  de  l'ancien 
texte  latin,  mais  il  présente  certaines  singularités  dignes  de  remarque; 
nous  y  trouvons  des  leçons  qui  ne  se  rencontrent  pas  ailleurs,  et  qui 
pourraient  bien  indiquer  une  retouche  de  l'original  faite  par  un  homme 
qui  savait  un  peu  de  grec.  C'est  ainsi  que  dans  le  passage  Luc,  xxm,  50, 
tandis  que  les  autres  textes  ont  tous  la  leçon  :  «  Joseph  qui  eratdecurio  », 
on  lit  dans  le  manuscrit  d'Ussher  les  mots:  «  decurio  sibi  sufficiens  »,  qui 
pourraient  sembler  une  traduction  fautive  du  mot  •j-ipywv.  Ces  traces, 
du  reste  insignifiantes  et  même  peu  certaines,  d'un  essai  de  revision 
sur  le  grec,  sont  peut-être  d'accord  avec  le  peu  que  l'on  croit  savoir 
des  auteurs  irlandais  et  gallois  et  particulièrement  de  Gildas. 

Entre  ce  texte  pur  irlandais  et  la  Vulgate,tous  les  intermédiaires  exis- 
tent. Le  plus  grand  nombre  des  textes  irlandais  ne  sont,  autant  que  nous 
pouvons  le  savoir,  pas  autre  chose  que  des  «  textes  mêlés  »,  qui  même 
ont  le  plus  souvent  pour  base,  non  point  l'ancienne  version,  mais  la 
Vulgate.  Ces  mélanges  de  texte  se  retrouvent  partout,  mais  ils  n'ont 
nulle  part  une  aussi  grande  importance  que  dans  les  Iles-Britanniques. 
La  chose  s'explique  fort  simplement  par  la  date  même  du  plus  grand 
nombre  de  nos  manuscrits,  parle  conflit  des  deux  rits  romain  et  écossais 
dans  les  pays  saxons  et  celtiques  et  par  la  confusion  qui  a  certainement 
accompagné  la  victoire  des  missionnaires  romains  sur  l'ancienne  civi- 
lisation du  pays. 

Lorsqu'en  596  saint  Augustin  aborda  dans  l'ile  de  Thanet,  apportant 
la  liturgie  romaine,  la  Pâque  et  la  tonsure  romaines,  le  christianisme  au- 
tochthone  avait,  parait-il,  entièrement  disparu  des  pays  occupés  par  les 
Anglo-Saxons.  Les  rapprochements  que  l'on  tenta  d'établir  entre  les 
missionnaires  romains  et  l'ancienne  Eglise  du  Pays  de  Galles  échouèrent; 


352         De  quatre  manuscrits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin. 

on  peut  donc  croire  que  l'Eglise  missionnaire  anglo-saxonne  resta  pure 
de  tout  mélange  avec  les  anciennes  traditions  du  pays.  Néanmoins,  soit 
que  les  manuscrits  confiés  à  Augustin  par  saint  Grégoire  n'eussent  pas 
été  bien  choisis,  soit  plutôt  que  leur  texte  eût  été  altéré  dès  l'abord, 
Canterbury  n'a  pas  été  une  source  de  bons  textes  ;  aucun  de  nos  plus 
anciens  manuscrits  anglo-saxons  ne  contient  ce  que  l'on  appelle  une 
«  bonne  Vulgate  ».  Les  admirables  monuments  de  la  calligraphie  saxonne 
qui  portent  les  noms  de  «  Biblia  Gregoriana  »,  d'  «  Evangiles  de  saint  Au- 
gustin »,  etc.,  contiennent  tous  un  grand  nombre  de  leçons  de  l'ancienne 
version  '.  C'est  peut-être  seulement  quatre-vingts  ans  plus  tard  que  la 
pure  Vulgate  fut  apportée  d'Italie  en  Angleterre  ;  elle  le  fut  apparemment 
par  les  abbés  de  Wearmouth  et  deJarrow.  Nous  possédons  un  livre  tout 
entier,  consacré  par  Bède,  qui  avait  été  élevé  à  Jarrow2,  à  l'histoire  des 
voyages  des  abbés  de  ces  deux  monastères,  situés  près  de  Durham,  dans 
le  Northumberland,  au  tombeau  des  Apôtres;  parmi  les  trésors  que  Be- 
noît Biscop  et  Ceolfrid  rapportent  sans  cesse  de  Rome  ou  qu'ils  ont 
acquis  le  long  de  leur  voyage  à  travers  les  Gaules,  la  Bible  occupe  tou- 
jours le  premier  rang.  Au  reste,  si  Bède  ne  s'est  pas  trompé,  Ceolfrid 
avait  également  rapporté  de  Rome  un  exemplaire  complet  de  l'ancienne 
traduction.  Aussitôt  après  les  premiers  voyages  des  abbés  de  Wearmouth 
à  Rome,  nous  trouvons  dans  le  Northumberland  tout  un  groupe  de  ma- 
nuscrits qui  présentent  une  ressemblance  frappante  avec  le  célèbre  Codex 
Amiatinus.  Ce  n'est  pas  assez.  M.  de  Rossi  vient  d'avancer?,  et  il  dé- 
montrera sans  doute  très  prochainement,  avec  l'autorité  qui  s'attache  à 
son  nom,  que  cet  illustre  manuscrit  du  Monte  Amiata  n'est  pas  un  autre 
que  celui  que  rapportait  au  pape  en  716,  en  échange  de  ses  présents,  le 
deuxième  abbé  de  Wearmouth, 

Ccolfridus,  Anglorum  extremis  de  finibus  abbas. 

Ainsi  le  plus  beau  texte  de  la  Vulgate  que  nous  ayons  est  un  don  de 
l'Angleterre.  Ce  fait  est  remarquable  à  tous  égards,  mais  il  ne  doit  pas 
nous  arrêter  en  ce  moment. 

La  conquête  du  nord  de  l'Angleterre  par  l'Eglise  romaine  ne  se  fit  pas 
sans  alternatives  de  succès  et  de  revers.  Pendant  une  grande  partie  du 

1.  On  peut  même  regarder  la  célèbre  Biblia  Gregoriana  du  British  Muséum  (1,  E,  vi) 
comme  formant  famille  avec  les  textes  mêlés  bretons  et  ii landais  (communication  obli- 
geante de  M.  Youngman). 

2.  Vitae  b.  abbatum  [Vircmuthens.  et  Girvens.,  éd.  Giles,  t.  IV. 

3.  La  Biblioîeca  delta  Sede  Apostolica  ed  i  Catalogi  dei  suoi  Mss.,  Rome,  1884,  in-4, 
p.  29  (Extrait  des  Studi  ai  Storia  e  Diritto,  t.  V).  La  découverte  de  M.  de  Rossi  sera 
présentée  au  public  par  M.  Anziani.  Comparez  du  reste  P.  de  Lagarde,  Mittheilungen. 
Gœttingue,  1884.  p.  243  et  suiv.,  et  K.  Hamann,  Zeitschr.  f.  uiss.  Theol..  t.  XVI, 
1873,  P-  596. 


De  quatre  manuscrits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin.        353 

vne  siècle,  les  moines  d'Ior.a,  solidement  établis  à  Lindisfarne,  furent  les 
seuls  missionnaires  et  les  seuls  évêques  de  la  Northumbrie,  et  lorsque  le 
roi  Oswin  eut  fait  en  664  sa  soumission  au  siège  deCanterbury,  la  riva- 
lité des  influences  romaine  et  écossaise  et  le  mélange  des  traditions  reli- 
gieuses resta  longtemps  encore  la  loi  des  provinces  du  nord  de  l'Angle- 
terre, comme,  à  un  degré  bien  supérieur,  des  pays  celtiques  eux-mêmes. 

En  effet,  depuis  qu'en  634  le  sud  de  l'Irlande  et  en  70?  le  nord  de 
cette  ile  et  une  partie  de  l'Ecosse  avaient  accepté  la  Pàque  romaine,  le 
pays  était  ouvert  à  Pmfiuence  du  siège  de  Rome.  Iona  fut  divisé  pendant 
une  partie  du  vin''  siècle,  et  le  célèbre  abbé  de  ce  grand  couvent,  Adam- 
nan,  avait  le  premier  prêté  l'oreille  aux  suggestions  des  Romains.  Toute 
l'histoire  de  l'Eglise  celtique,  de  la  fin  du  vne  au  xne  siècle,  n'est  que 
l'histoire  des  progrès  de  l'autorité  romaine.  Peut-être  nous  expliquerons- 
nous  assez  facilement,  par  cette  remarque  bien  simple,  le  fait  que  presque 
tous  nos  manuscrits  irlandais,  merciens  ou  gallois,  sont  des  textes  mêlés, 
remplis  de  leçons  irlandaises,  mais  dont  la  Vulgate  est  la  base. 

La  célèbre  bibliothèque  de  Trinity  Collège,  à  Dublin,  contient  toute 
une  collection  de  ces  textes  mêlés  irlandais,  Book  of  Durrow,  Book  of  Kells, 
Book  of  Armagh,  Book  of  Dimma,  Eook  of  Moling,  Usserianus2.  Nous 
avons  encore  bien  peu  de  renseignements  sur  plusieurs  de  ces  ma- 
nuscrits, dont  l'un,  le  Book  of  Armagh,  est  le  seul  manuscrit  irlandais 
qui  contienne  tout  le  nouveau  Testament  ;  nous  ne  pouvons  cependant 
pas  reprocher  à  M.  Abbott  de  n'avoir  pas  profité  de  l'édition  des  Evan- 
giles de  Durrow  et  de  Kells  pour  nous  donner  quelques  détails  sur  les 
autres  manuscrits  de  la  collection  qu'il  connaît  si  bien,  car  nous  avons  la 
preuve  de  sa  réserve,  qui  est  vraiment  presque  excessive. 

Il  règne  en  général,  sur  la  date  des  manuscrits  irlandais,  une  incerti- 
tude extrême.  Certains  auteurs,  qu'il  est  bien  difficile  de  suivre,  font 
remonter  le  Book  of  Durrow  jusqu'au  commencement  du  vne  siècle,  sinon 
plus  haut,  et  placent  le  Book  of  Kells  peu  après.  Les  plus  prudents, 
comme  M.  Haddan,  donnent  au  contraire  pour  date  à  tout  le  groupe  de 
nos  manuscrits  le  commencement  du  ixe  siècle;  M.  Abbott  est  disposé  à 
placer  le  plus  récent  des  deux,  le  Book  of  Kells,  au  vine  siècle.  Il  serait 
pourtant  désirable  que  cette  question  fût  discutée  à  fond,  car  l'histoire  de 
l'art  irlandais  tourne,  pour  ainsi  dire,  autour  de  ces  précieux  mss.,  véri- 
tables chefs-d'œuvre  de  la  calligraphie  celtique,  dont  les  fac-similé  rem- 
plissent les  publications  de  M.  Westwood  et  les  albums  de  la  Palaeogra- 
phical  Society  et  de  la  collection  des  National  Manuscripts  of  Ireland,. 

1.  M.  Abbott  aurait  pu  mentionner,  à  côté  des  facsimile  du  book  of  Kells  publiés  dans 
Rev.  Celt.    VI.  23 


354        De  quatre  mauuserits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin. 

Non  seulement  M.  Abbott  semble  parfois  craindre  de  prendre  parti  dans 
ce  débat  (car  l'expression:  «  serions  aevi  »,  p.  xvm,  par  exemple,  ne 
suffit  nullement  à  dater  le  Codex  Usserianus2),  mais  il  s'abstient  presque 
de  toute  description  de  ses  manuscrits,  et  après  qu'on  a  lu  et  relu  son 
introduction,  bien  des  points  restent  encore  incertains  à  l'esprit. 

Le  plus  important  comme  le  plus  beau  des  manuscrits  peints  de  Tri- 
nity  Collège  est  certainement  le  Book  of  Kells  in0  A,  i,  6).  Kells  ou  Ce- 
nannus  est  la  célèbre  abbaye  du  comté  de  Meath  où  l'abbé  d'Iona  trans- 
porta en  802  les  reliques  de  saint  Columba,  lorsque  son  couvent  eut  été 
incendié  par  les  Normands.  Le  fond  du  texte  du  Codex  Kenanensis  est  la 
Vulgate,  mais  mêlée  d'un  grand  nombre  de  leçons  de  type  européen 
et  de  beaucoup  de  leçons  irlandaises1.  Ce  que  ce  texte  a  de  plus 
curieux,  c'est  qu'il  nous  laisse  voir  le  procédé  par  lequel  il  a  été  compilé. 
Il  est  rempli  de  ces  répétitions  de  mots  que  les  Anglais  appellent  con- 
flate  readings  et  que  nous  pouvons  nommer  doublets.  J'en  donnerai 
quelques  exemples.  Matth.,  vi,  16,  la  Vulgate  écrit  :  «  exterminant  enim 
faciès  suas  »  ;  un  manuscrit  de  Saint-Germain  qui  se  rapproche  souvent 
des  Irlandais,  g2,  traduit,  ainsi  que  le  groupe  des  manuscrits  de  Tours 
[gai.,  mm)  et  la  Biblia  Gregoriana  :  «  demoliuntur  »  ;  on  lit  dans  le  ma- 
nuscrit de  Kells  :  «  demuliuntur  exterminant  ».  Dans  le  fameux  passage, 
Matth.,  xxi,  31,  où  la  Vulgate  a  la  leçon:  «  dicunt  primas  »  et  divers 
manuscrits  irlandais  ou  mêlés,  les  mets  :  «  dicunt  novissimus  »  ou  «  dicunt 
ei  novissimus  »,  le  Codex  Kenanensis  écrit  :  «  dicunt primus  ei  novissimus  ». 
Il  en  est  ainsi  en  beaucoup  de  passages  2.  Le  scribe  trahit  son  procédé 
par  la  note  qui  s'est  glissée  dans  le  texte  au  chap.  xxiii0  de  saint  Luc, 
verset  15,  où  on  lit  :  «  In  alio  sic:  Remisi  eum  ad  vos.  Nam  remisi  vos  ad 
illum  ».  On  voit  qu'ici  même  la  glose  a  été  mise  avant  le  texte.  Ailleurs 
(Matth.,  xiii,  [5),  le  doublet  est  amené  par  les  mots  «  et  iterum  ».  Mais 
il  ne  faut  pas  croire  que  toutes  ces  leçons  doubles  soient  propres  au 
Codex  Kenanensis  ;  ce  n'est  pas  seulement  le  manuscrit  de  Kells  où  l'on 
trouve  des  répétitions  et  des  traductions  doubles,  ce  sont  en  général  les 
textes  mêlés.  On  en  pourrait  donner  de  nombreux  exemples. 

Il  y  a  en  effet  un  grand  nombre  de  textes  mêlés  des  Evangiles,  soit 
irlandais,  soit  gaulois  d'origine,  qui  contiennent  des  interpolations  ou  des 


les  ouvrages  mentionnés  ci-dessus,  les  beaux  dessins  de  Miss   Stokes  qu'accompagne  un 
texte  du  docteur  Todd  {Vet.  Monum.,  t.  VI,  Londres,  1869,  in-folio). 

1.  Matth.,  1,  25  :  unigenitum  ;  vin,  24  (add.);  xiv,  35:  venerunt  et  ador.  eum;  xvm, 
10  (=  r  ;xxi,9:  excelsis;  xxi,  ji  (doublet);  xxvi,  9:  praetio;  xxvn,  49  (add.);  Luc, 
xiv,  23  :  compelle  intrare  quosc.  inveneris  ;  xxi,  3  (add.);  xxu,  5  (=  r)  ;  Marc,  xiu,  18 
(add.). 

2.  Matth.,  xx,  !  5  ;  xxni,  2$  ;  Luc,  xiv,  19  ;  xvm,  14  ;  Marc,  11,  21  ;  xn,  42,  etc. 


De  quatre  manuscrits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin.         }$$ 

doublets  du  genre  de  ceux  que  nous  avons  relevés.  Chose  singulière, 
plusieurs  des  manuscrits  gaulois  qui  rentrent  dans  cette  famille  se  rat- 
tachent par  des  liens  évidents  à  la  Grande-Bretagne  :  ce  sont  les  trois 
manuscrits  de  Tours,  qui  portent  les  noms  de  manuscrits  de  Saint- 
Martin,  de  Saint-Gatien  et  de  Marmoutier,  et  dont  nous  nous  abstenons 
de  parler,  en  attendant  que  M.  Delisle  ait  publié  son  étude  impa- 
tiemment attendue  sur  les  manuscrits  copiés  à  Tours  au  temps  d'Alcuin. 
On  sait  qu'Alcuin  était  d'York.  Mais  il  y  a  également  une  parenté  évi- 
dente entre  d'autres  textes  mêlés  provenant  de  France  et  l'école  irlan- 
daise. Je  n'en  donnerai  qu'une  preuve  :  Dans  le  célèbre  manuscrit  de 
Saint-Germain  lat.  1 1 5  5  3  ou  g1)  qui  est  du  ixe  siècle,  on  lit  mot  pour 
mot  le  même  doublet  que  nous  avons  signalé  plus  haut  dans  le  Book  of 
Kells  ;Luc,  xxiii,  1 5  :  «  In  aliquo  remisit  enim  eum  ad  nos  nam  remisi  vos 
ad  illum  ».  Il  n'en  faut  pas  plus  pour  attester  l'influence  que  les  cor- 
ruptions du  texte  irlandais  ont  exercée  sur  les  textes  de  la  Gaule. 

Le  manuscrit  de  Durrow1  n°  A,  4,  5  nous  intéresse  beaucoup  moins 
que  le  Livre  de  Kells.  Il  est  vrai  qu'une  note  qui  y  est  copiée,  qui  parait 
avoir  été  récrite  mais  qui  est  néanmoins  ancienne,  nomme  Columba 
comme  le  copiste  du  manuscrit.  Le  saint  fondateur  d'Iona  et  de 
Durrow  est  mort  en  597,  mais  nous  avons  déjà  vu  que  notre  manuscrit 
n'est  certainement  pas  aussi  ancien.  On  lit  du  reste  à  la  fin  de  l'Evangile 
de  saint  Luc  une  note  d'une  écriture  de  beaucoup  postérieure,  que 
M.  Youngman  a  bien  voulu  me  faire  connaître  :  «  7  Miserere  domine 
namani  7  filii  neth  7.   » 

Le  texte  du  Book  of  Durrow  est  une  Vulgate  avec  quelques  leçons  pu- 
rement irlandaises  (p.  ex.  l'addition,  Jean,  xxi,  6  ou  communes  à  cer- 
tains textes  irlandais  et  européens.  Quant  au  deuxième  ms.  d'Ussher,  qui 
porte  le  n°  A,  4,  6,  c'est  également  un  texte  mélangé,  mais  beaucoup 
plus  rapproché  de  l'ancienne  version ,  et  où  l'on  rencontre  nombre  de  leçons 
purement  irlandaises2;  une  de  ces  leçons  en  particulier  Matth.,xxi,  29-3 1), 
ne  se  lit  que  dans  le  manuscrit  de  Rushworth  et  sur  les  marges  du  Codex 
Toletanus  et  a  conservé  un  excellent  texte,  celui  du  manuscrit  du  Vatican 
(B  .  M.  Abbott  estime  que  le  texte  de  notre  manuscrit  varie  suivant  les 
endroits  de  la  Vulgate  à  la  version  ancienne.  L'écriture  ne  parait  pas 
beaucoup  plus  ancienne  que  le  xe  siècle,  mais  nous  n'osons  déterminer 
en  un  sujet  si  délicat. 

L'ordre  des  Evangiles  est,  dans  le  premier  manuscrit  d'Ussher,  comme 

1.  Durrow  ou  Dearmag,  King's  County. 

2.  Matth.,  xix,  28:  generatione  ista  ;  xxiv,  10:  occident  se  invicem  ;  xxiv.  38  (=  r); 
xxvi,  9  :  praeliû  magno;  xxvn,  49  (add.);  Luc.  xm,  26  (om.);  Marc,  xui,  18  (add.  ,  etc. 


356        De  quatre  manuscrits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin. 

dans  le  plus  grand  nombre  des  anciens  manuscrits  de  la  version  antérieure 
à  saint  Jérôme  :  Matthieu,  Jean,  Luc,  Marc  ;  au  contraire,  le  Codex  Us- 
serianus2  suit  Tordre  de  la  Vulgate,  de  même  que  les  manuscrits  de 
Durrow  et  de  Kells,  mais  dans  le  Book  of  Durrow,  s'il  faut  en  croire 
M.  Abbott,  les  sommaires  et  les  arguments  des  Evangiles  de  saint 
Matthieu  et  de  saint  Marc  sont  en  tête,  suivis  des  arguments  seuls  de  saint 
Luc  et  de  saint  Jean,  et  les  sommaires  de  ces  deux  Evangiles  sont  relégués 
à  la  fin,  sans  titre,  mais  cette  question  a  besoin  d'être  reprise;  de  même, 
dans  le  Book  of  Kells,  les  sommaires  des  deux  derniers  Evangiles  sont 
réunis,  sans  titres,  après  les  arguments,  ce  qui  semble  indiquer  une  parenté 
entre  ce  manuscrit  et  le  précédent.  On  lit  en  tête  de  saint  Luc,  dans  le 
premier  manuscrit  d'Ussher  et  dans  ceux  de  Durrow  et  de  Kells,  une  in- 
terpraetatio  des  noms  de  cet  Evangile  que  nous  retrouvons  du  reste  dans 
d'autres  manuscrits  dont  l'un  provient  également  des  Iles-Britanniques  . 
La  division  en  chapitres  et  les  sommaires  des  anciens  manuscrits  de 
la  Bible  ne  doivent  jamais  être  négligés.  M.  Abbott  a  imprimé  avec  le 
plus  grand  soin  les  anciens  sommaires  ^appelés  brèves  causae  dans  le 
Book  of  Durrow  qui  se  lisent  dans  les  manuscrits  de  Durrow  et  de  Kells; 
ils  correspondent  à  peu  près  exactement  à  la  division  des  chapitres  que 
nous  trouvons  dans  le  premier  manuscrit  d'Ussher.  Ces  brèves  ne  sont 
pas  inédits  ;  ils  sont  imprimés,  d'après  le  ms.  lat.  254  Colbertinus,  ou  c  , 
dans  l'édition  de  Satatier  ;  ils  se  lisent  également,  reproduits  dans  un 
texte  un  peu  différent  d'après  un  ms.  de  Murbach,  dans  le  t.  I  des  œuvres 
de  Tommasi,  publiés  par  Vezzosi  ;  enfin  les  mêmes  sommaires,  pour 
l'Evangile  de  Saint  Matthieu,  ont  été  imprimés  deux  fois,  par  Martianay 
et  par  M.  Wordsworth,  d'après  le  manuscrit  g1  lat.  11553  .  On  voit 
que  c'est  la  troisième  et  même  en  partie  la  cinquième  fois  que  ces  som- 
maires voient  le  jour.  Ils  nous  conservent,  ainsi  que  Martianay  l'a  déjà 
fait  remarquer,  une  ancienne  division  de  la  version  antérieure  à  saint 
Jérôme.  Dans  les  deux  manuscrits  de  Durrow  et  de  Kells,  les  quatre 
Evangiles  de  saint  Matthieu,  de  saint  Marc,  de  saint  Luc  et  de  saint  Jean 
sont  divisés  en  75,  46,  79  et  36  chapitres.  Cette  division  est  à  peu  près 
exactement  celle  du  premier  manuscrit  d'Ussher;  malheureusement  les 
numéros  des  chapitres  ont  été  quelque  peu  retouchés  dans  ce  manuscrit, 
et  nous  ne  parvenons  pas  à  comprendre  parfaitement  quelle  était  la  nu- 
mérotation exacte  de  la  première  main.  Il  aurait  été  à  désirer  que  l'édi- 
teur choisît,  pour  la  faire  photographier,  une  des  pages  où  se  trouve  la 
trace  d'une  semblable  retouche. 

1.  Lat.  9389  (Evangiles  d'Echternach'  et  11959.  Incipit  :  «  Agusti  solenniter stantes.  » 


De  quatre  manuscrits  des  Evangiles  conservés  à  Dublin,        557 

Si  cet  article  parait  un  peu  long  et  s'il  n'est  pas  exempt  d'erreurs, 
nous  prions  le  lecteur  de  considérer  que  la  responsabilité  en  revient  en 
partie  à  M.  Abbott,  qui  aurait  pu  beaucoup  mieux  que  nous  traiter  dans 
sa  préface  des  questions  que  nous  avons  été  obligé  d'aborder  à  sa  place. 
Nous  aurions  du  reste  mauvaise  grâce  à  le  lui  reprocher,  car  il  a  été 
assez  bon  pour  corriger  les  épreuves  de  cet  article,  et  nous  devons  à  la 
reconnaissance  comme  à  l'impartialité  de  le  féliciter  encore  une  fois  de  sa 
belle  publication.  Nous  ne  terminerons  pas  ces  lignes  sans  exprimer  nos 
remerciements  au  Rev.  Gw.  Voungman,  de  Greenwich.  et  à  notre  ami 
M.  J.  Wordsworth,  pour  le  concours  qu'ils  ont  bien  voulu  nous  donner 
dans  la  tâche  difficile  de  parler  en  France  de  choses  irlandaises,  lorsque 
les  Irlandais  eux-mêmes  gardent  un  silence  assurément  plus  modeste, 
mais  peu  instructif  pour  le  lecteur  studieux. 

Samuel  Berger. 


GLOSES  BRETONNES. 

Pour  ne  pas  perdre  le  blanc  qui   reste  dans  cette  page,  nous  le  remplissons 
avec  des  gloses  bretonnes  qui  nous  ont  été  communiquées  autrefois  par  M.  Mowat. 

1)  Silva  quae  vocatur  nanti  (dans  un  acte  du  Cartulaire  de  Quimperlé,  daté 

de  l'an   1031,  et  reproduit  par   D.    Morice,  Hist.  de  Bnt.,  t.  I  des 
Preuves,  col.  368). 

2)  Wen  mened,   id  est  montem  candidum.  'Extrait  des  titres  de  l'évèché  de 

Nantes  daté  de  l'an  1  123.  et  reproduit  par  D.  Morice,  Hist.  de  Bret., 
t.  I  des  Preuves,  col.  548.) 

3)  Locum  dilecte  (sic)  solitudinis  cui  nomen   est  Pluscoat,  sive  pura  silva. 

lExtr.  des  titres  de  Bégar,  de  l'an  1130,  reproduit  par   D.  Morice. 
Hist.  de  Bret.,  t.  I  des  Preuves,  col.  03-) 
41    loncorus,  mirans.apud  Armoricos.  «  Quidam  Joncorus  quod  sonat  mirans  » 
(Act.  Mss.  S.  Golveni  :  cf.  Ducange,  Glossar.,  sub  verbo). 


REMARKS 

ON   MR.   FITZGERALD'S 
EARLY    CELTIC    HISTORY   AND    MYTHOLOGY. 


I  hâve  just  read,  with  some  surprise,  in  this  Revue,  t.  VI,n°2,p.  197, 
the  following  passage  in  an  article  by  Mr.  David  Fitzgerald. 

«  One  great  end  of  philological  study  is,  we  présume,  to  translate, 
and  this  is  a  duty  our  Celtic  philologists  rather  décline.  Of  the  Amra 
Choluim  Cille  we  read  in  the  Goidelica  [là  éd.,  p.  172,  n.]  of  Mr.  Stokes, 
«  Old-Irish  scholarship  is  not  yet!  sufficiently  advanced  to  justify  anyone  in 
attempting  to  translate  this  wilfully  obscure  composition  » .  Crowe's  answer 
to  that  was  to  translate  the  Amra  out  and  out.  So  we  hâve  an  édition  of 
the  Felire  based  on  a  translation  by  O'Curry  ». 

Hère  there  are  three  misstatements.  They  are,  in  effect,  thèse  : 
1  "  That  Celtic  philologists  a  rather  décline  »  to  translate  the  texts  which 
they  publish  ; 

2"  That  the  late  Mr.  Crowe  translated  the  Amra  «  out  and  out  »  as 
an  answer  to  my  statement  which  I  now  repeat  that  we  are  still  too 
ignorant  of  Old-Irish  to  translate  that  composition  ; 

30  That  my  three-text  édition  of  the  Calendar  of  Oengus  was  «  based 
on  a  translation  by  O'Curry.  » 

I  know  nothing  of  Mr.  Fitzgerald.  But  I  assume  that  the  misstatements 
above  mentioned  are  unintentional,  and  that  he  willbe  glad  to  havethem 
corrected. 

First,  it  is  untrue  that  Celtic  philologists  «  rather  décline  »  to  trans- 
late their  texts.  In  Welsh  I  would  point  to  the  late  Robert  Williams 'édi- 
tions of  the  Seint  GreaL  the  Campeu  Charlyman,  and  about  twenty  other 
tracts  mentioned  in  this  Revue,  V,  261,  262  :  to  Mr.  Powell's  excellent 
publications  in  the  C\mmroAor,  and  M.  Gaidoz'  scholarly  édition  of 
Amlxn  ac  Amie  in  this  Revue,  t.  IV,  p.  201  '.  In  Cornish  the  éditions  of 
the  Passion,  the  Création  and  the  Life  ofMeriasek,  which  I  hâve  published, 

1.  Hère  Mr.  Fitzgerald  omits,  without  notice,  the  words  «  I  think  ».  They 
would  hâve  weakened  his  attack. 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  $59 

are  each  accompanied  by  a  literal  Ênglish  translation.  In  Middle  Breton 
we  hâve  Vicomte  de  la  Villemarqué's  édition  of  the  Grand  Mystère  de  Jésus 
(Paris.  186s  and  the  Poèmes  bretons  Paris  et  Nantes,  1879  >  eacn  witn 
a  literal  French  translation.  My  reprint  of  the  Breton  in  the  Horae  is  accom- 
panied by  a  literal  English  version.  In  Irish  we  hâve  Ascoli's  édition,  with 
Italian  translations,  of  the  glosses  at  St  Gall  and  Milan  :  the  publications 
in  this  Revue,  of  Windisch  [V,  118,  389,  478  ,  Hennessy,  Plummer, 
Eduard  Millier,  Kuno  Meyer  :  the  éditions  by  Windisch  of  the 
Noinden  Ulad  and  of  the  Feast  of  Bricriu  and  Banishment  of  the 
sons  of  Dul  Dermat  ;  and,  lastly,  my  own  publications.  Exclusive  of 
glosses,  thèse  now  amount  to  twelve  in  number2,  and,  except  in  three 
instances,  I  hâve  given  a  translation  of  every  scrap  of  Irish  contained  in 
them.  Thèse  exceptions  are  the  Amra  Choluimbchille  Goidilica,  pp.  1  $6- 
174,  Adamnân's  Prayer  ibid.,  174)  the  Saltair  na  Rann.  I  cannot  as 
yet,  nor,  I  venture  to  say,  can  any  Celtic  scholar,  translate  the  whole 
of  thèse  compositions.  The  same  thing,  mutatis  mutandis,  may  be  said  of 
the  Vedas.  But  the  texts  are  trustworthy  :  the  first  two  are  accom- 
panied by  copious  glosses;  and  though  Mr.  F.  may  be  unableto  use  them 
for  his  mythological  medleys,  to  say  that  issuing  them  without  trans- 
lations is  «  theveriest  trifling  in  the  name  of  learning  »  5  seems  to  me, 
and,  I  believe,  to  ail  earnest  students,  scarcely  courteous  ar.d  somewhat 
unwise. 

Secondly,  it  is  untrue  to  say  that  Mr.  Crowe  translated  the  Amra  in 
answer  to  my  statement  above  quoted.  The  facts  are  that  Mr.  Crowe's 
so-called  translation  of  the  Amra  appeared  in  1871,  more  than  six 
months  before  the  second  édition  of  my  Goidelica  was  published,  and 
that  the  statement  in  question  was  made  in  référence  to  Mr.  Crowe's 
attempt.  How  well  that  statement  is  justified  will  be  obvious  to  any  one 
reading  Mr.  Crowe's  édition, which  is  full  ofsuchnonsensical  guesswork 
as  «  0  tree  of  hounds,  0  pure  soûl  »  p.  1 }  ;  «  Came  the  foam  [which] 

1 .  I  may  hère  mention  my  éditions  of  the  two  Old-Welsh  poems  in  the  Ju- 
vencus  ms.,  through  neither  in  bulk  nor  in  quality  are  they  entitled  to  rank  with 
the  works  hère  specified. 

2.  They  are  1.  Cormac's  Glossary  (the  translation  of  this  is  chiefly  O'Dono- 
van's\  2.  Fis  Adamnâin.  3.  The  three-text  édition  ot  the  FélireOengusso.  4.  Three 
homilies  on  Patrick,  Brigit  and  Columba,  (the  translations  of  the  first  and  third 
of  thèse  are  mostly  by  O'Donovan  and  O'Curry).  $.  Homily  on  S.  Martin. 
6.  Scéla  Lui  Bràtha.  7.  The  Klosterneuburg  poem.  8.  Goidelica  (containing  2! 
prose  texts  and  1 5  poems!.  9  The  TogailTroi  from  the  Book  of  Leinster.  10.  The 
Saltair  na  Rann.  1  1.  The  Togail  T101  from  H.  2,  17.  12.  Three  préfaces  from 
the  Franciscan  Liber  Hymnorum. 

j.  Revue  Celtique,  VI,  196. 


360  Remarks  on  Mr.  Fitzgerald's 

the  plain  filters,  Came  the  ox  through  fifty  warriors  »  (p.  17)  ;  «  Ad- 
vance  from  lakes  for  a  net  of  twists,  with  celebrities  »  p.  19Ï  ;  «  He 
figulated  long  as  he  was  »  (p.  31  ;  «  Cry  is  attacking  »  p.  45 1  ;  «  His 
offspring  were  not  numerous  Until  [sic  enemies  carried  off  his  head  » 
(p.  37  ;  «  He  profaned  nought  about  jealousy  »  p.  59  ;  «  The 
conweb  sic  he  figulated  from  deed  he  followed  »  p.  67!  ;  «  The  pro- 
fession of  Cond  broke  grief  through  his  going  for  a  stay  of  greatness  of 
good  »  p.  67  ;  «  Hecried  a  melodious  lion  in  a  snow's  new  meeting  » 
(p.  69)  ;  «  His  choice  made  a  joy  calm-peace  »  p.  69]  ;  «  Of  heavy  ter- 
ritories  is  a  word  of  noise  »  p.  71)  ;  «  Great  circles  of  great  turnings, 
great  poems  of  heaven  to  me  sunless  is  not  a  suitableness  »   p.  75^. 

Such  stuffseemsto  me  the  drivel  of  a  besotted  charlatan.  Mr.  Fitzgerald, 
however,  would  call  it  «  a  translation  out  and  out  ».  As  he  himself 
says  «  Opinions  will  differ  on  thèse  matters  ».  Fortunately  for  science, 
there  are  opinions  and  opinions. 

Thirdly,  Mr.  Fitzgerald  asserts  that  my  three-text  édition  of  the  Ca- 
lendar  of  Oengus  '  is  based  on  a  translation  by  O'Curry  -.  He  doubtless 
means  that  the  translation  contained  in  my  book  is  founded  on  O'Curry's 
version.  This  also  is  untrue.  My  translation  is,  as  I  said  in  my  book, 
p.  19,  and  in  this  Revue,  t.  V,  p.  361,  founded  partly  on  the  tradi- 
tion of  the  glossographers,  but  chiefly  on  comparison  of  texts  and  on 
the  glossarial  index,  which  places  together  ail  the  passages  of  the  poem 
that  are  akin  in  diction  or  meaning.  It  is  true  that  I  referred  to  O'Curry's 
translation,  as  1  referred,  and  wasbound  to  refer,  to  everything  else  that 
might  throw  light  on  so  obscure  a  subject.  This  I  hâve  expressly  acknow- 
ledged  both  in  my  book,  p.  20  and  in  this  Revue,  t.  V,  p  361 .  But  to 
say  that  my  version  is  «  based  »  on  O'Curry's  is  an  absolute  misstatement, 
as  will  appear  from  the  folio wing  very  incomplète  list  of  diffé- 
rences between  our  translations.  In  the  first  column  is  the  Lehar  Brecc 
text  :  in  the  second  is  O'Curry's  translation  :  in  the  third  is  mine. 


4.  I  printed  in  India,  in  1863,  for  private  circulation  only,  an  édition  of  the 
Lebar  Brecc  text  of  the  Félire.  This  is  the  book  to  which  Ebel  refers  in  his 
prooemium  te  the  Grammatica  Celtica,  p.  xl. 

$.  Mr.  F. 's  words  are  «  So  we  hâve  an  édition  of  the  Félire  —  based  on  a 
translation  by  O'Curry.» 


Early  Ceitic  History  and  Mythology. 


361 


PROLOGUE. 

Une 
3- 

rombcrlhar 

that  I  may  attain 

let  (it)  be  given  to  me 

18. 

romain  aratrogbus 

to  wash  me  from  what  I 

may  it  préserve  me,  for  I 

hâve  contracted. 

hâve  sung  it  ' . 

21. 

imrordus 

I  celebrate 

I  hâve  commemorated 

25- 

domrorbai 

this  hath  been  given  to  me 

it  hath  profited  me  - 

28. 

ritroich  fleg.  rith  ro- 

of  which  ihese  hosts  tes- 

the  course  which  this  host 

raith]  in  slogsa 

tified 

ran 

30. 

sorcid 

possible 

very  easy 

42. 

ccn  einech 

infuriated 

without  mercy 

62. 

bithgolait  il-loscud 

are  suffering  eternal  scor- 
ching 

wail  ever  in  burning 

79- 

craibdig 

afflicted 

holy 

81. 

hit  aidble 

in  high  places 

they  are  grand 

86. 

faroches 

who  crucified 

by  whom  suffered  tour 
Lordi 

90. 

am-gcrait 

our  living  son 

our  champion 

96. 

dorodbad 

is  oblivious 

hath  perished  (better,  hath 
been  destroyed) 

100. 

sentai 

he  looks  out  upon 

hath  been  ibetter,  was) 
sained 

107. 

rcim  calad 

stern  decree 

a  hard  course 

1 10. 

atsluinnc 

is  heard  in 

who  utters 

150. 

atchissiu 

\ve  see 

thou  seest 

>73- 

fororbairt  in  crettm 

the  increase  of  the  faith 

The  faith  has  grown 

182. 

ciatchois 

are  heard 

if  thou  shouldst  mention 

him 
Though  haughty  are  earth's 

245- 

cit  uallaigrigtalman  the   contentious   kings    ol 

earth 

kings 

257, 

258.   cia    rosme  foa 

though  I  wished  to  be  si- 

If  \ve  should  go  under  his 

mindsom  dorige  a- 

lent  on  his  greatness,  it 

diadem    his  part  would 

rannsom 

is  necessary  to  rhyme 
him 
great  shall  be  our  reward 

corne 

261 . 

bad  sonairt  arn-airle 

Let  our  will  be  firm 

284. 

nachatrissad  mûnnUr  whose  family   I  shall   not 

a  family  would  not  corne 

enumerate 

to  thee 

285. 

is  mcnand  armrc 

their  chiefs  are  quite  ma- 

It  is  manifest,  0  Chief 

nifest 


1.  In  my  translation  as  printed  («  may  it  préserve  me  from  [the  evilj  that  I 
hâve  got  !  *),  I  was  misled  by  O'Curry. 

2.  My  printed  translation  has,  erroneously,  «  let  him  bestow  on  me  ». 


362  Remarks  on  Mr.  Fitzgerald's 

291,  292.  regmai  ctnnach  we  shall  sélect  with  ail  our  we  will  go  without  any 
ciuhel  cich  diriuch  endeavours  ail  that  is  neglect  straightway  to 
don  bliadain  righteous  in  the  year  the  year 

509,  31 1.  lilessai  a  sufficiency  Thou  wilt  follow 

313.  manithucai  samlaid     If  this  did  not  adopt  Unless  thou  understand  so. 

337.  flaithcm  noem  nan-  heaven  of  the  saints  and  The  holy  prince  of  the 
duili  créatures  éléments 


7.  imrordus 
11.  an  suba 

1  2.  Crist  as  runaid  rin- 

daig     (leg.     rima 
rindid) 
16.  frisrogabsat  rige 

2  3 .  ronsnadat  dond  rigu 

29.  ronsnadat    diarn-di- 

lius 

30.  ainsium  ar  lin  amus 

3 1 .  sluid  Aid  fortren 

ainm  remain 
binait. . .  barr  find  ' 


JANUARY. 

I  now  speak  of  I  hâve  commemorated 

the  unpleasant  bright  gladness 

in  the  mysteries  of  Christ  Christ's  mysteries  (he)  in- 
is  acute  terpreted 


with  him  they  took  sover- 

eignty. 
they  hâve  passed  into  the 

kingdom 
hâve  gone  to  our  inheri- 

tance 
they  abode  with  the  num- 

ber  of  soldiers 
let  us  name   Aedh   of  the 

hosts 
of  happy  career 
they  carry  2  Barrfinn 


(they)    ascended     to    the 

Kingdom 
may  they  protect  us  to  the 

Kingdom 
may  they  protect  usto  our 

possession 
may  he  protect  me  against 

a  number  oftemptations 
Déclare  strong  Aed 

a  name  pre-eminent 
they  strike  a  fair  end 


FEBRUARY. 

1 .  morait                       they  adorn  they  magnify 

caid                           chosen  holy 
$.  tathus  mor  maithain  that  will  bringmuch  good  she  hath  much  good  upon 

to  you  her 

8.  hua  an  indécis            the  grandson  of  'An  the  splendid  descendant  of  the 

poet  sage 

19.  mainech                       preceptor  treasurous 

22.  lanfrecra                     abundant  in  works  a  full  answer 

23.  ronsnada                    has  gone  may  he  protect  us 

24.  fedba  (leg.  fibda)       widower  aged 


1.  Sic  Rawl.  505  :  barrfind,  LB. 

2.  In   the  Rev.   Matthew  Kelly's  Calcndar  of  Irish  Saints,  p.  157,  O'Curry 
changed  «  carry  »  to  «  belong.  » 


Early  Celtic  History  and  Mythology. 

2-j.  mor  alaidib  [leg.  mar  great  (our   happiness)  to  if  we  dare  in  lays 
ôlâidib]  lamais  be    permitted    in     our 

poems 


563 


MARCH. 


slan  doc  full  of  godliness 

jeu  the  festival 

ronsnaidet  they  passed 

nadlig  diarn-duaindi-  who    on    our    poem 

gnae  bring  no  contempt 

hit  coimti  he  is  the  associate 

crochais  colaind  his  body  was  hanged 

ronsnaide    Mococmoc  Mocoemoc  passed  away  to  May  my-Côemôc  convoy 

don  bithcoemnubias      the  good  life  thatawaits      us    to    the    everlasting 
us  protection  which  will  be 


17.  Pair  aie  cornai  mile 


a  sound  rampart 
there  are 

may  they  protect  us 
that  deserve  not  reproach 

from  our  song 
they  are  comrades 
he  crucified  (his)  flesh 


Patrick  with   many  thou-  Patrick  guardofthousands 

sands 
that  were  sacrificed  glorified 

who  shed  tears  in   abun-  plenteous  pénitence   was- 

dance  hed  them 

rédemption  Ioosing 

28.  Donrogra,     ronsnai-  to  the  Kingdom   has  she  May  she  call  us,  may  she 
dea,  seeh  piana  ron-      sped  by  pains,  she  being      protect  us   past  pains, 
sena,    Maria    ron-      sanctified,     Maria     the      may  she  sain  us 
mora  beatified 


10.  mochla 

24.  Jrisnig  ctla  ainbech 

27.  tuaslucad 


1.  socrait  kl.  Apreil  Am- 
brais comeit  nglaine 

7.  gérait 
7.  bledech 

1 1 .  ronain    Moedoc   mai- 

neeh 

12.  datais  andsa  opair 

13.  gérait  Crist  cain  deo- 
chair[leg.  deochaid]: 
Pol  deochain  donrema 


APRIL. 

he  makes  smooth  the  Ka- 
lend  of  April,  Ambrose 
of  great  purity 

acute 

bellowing 

Moedoc  of  Main  fasted 

he  consented  to  the  ob- 
noxious  opération 

the  acute  in  Christ  was 
gently  severed,  Paul  the 
deacon  was  made  of  the 
number 


HeennoblesApril'scalend, 
Ambrose,  guardofpurity 

a  champion 

wolf-haunted 

May  treasurous  Maedôc 
protect  us 

A  difficultworkhe  (Christ) 
allotted 

well  went  Christ's  cham- 
pion :  may  deacon  Paul 
shelter  us  ! 


564  Remarks  on  Mr.  Fitzgerald1  s 

16.  dorcith  duit  forsidit     who  quickly  flew    on  her  runs  to  thee  quickly 
being  summoned 

18.  arfet  hi  feil  Septim  we    count  the  festival  of  On  the  feast  of  Septimus  a 

saer     deochain    do      seven   noble  protecting      noble  deacon.  .  was  de- 
didnad  deacons  clared  to  hâve  been  so- 

laced 

19.  co    'Isu,    an    soad,  to   Jésus  the    replenished  to   Jésus    —    a    splendid 
thorpain      with  happiness,  out  of  a      change  —  out    of  the 


co  'Isu, 
asuacht 
chriad 


cold  body  of  earth 


22.  romain.  Pilip  as  pal 
24.  sochla  dine 
26.  cesais 


Torn     was 
Apostle 


Philip 


coldness  [rectius  weak- 
ness]  of  a  poor  body  of 
clay 
the  may  apostle  Philip  protect 
us 


has  brought  happiness  to  a  famous  number 

people 
passed  through  suffered 


1 .  and  tindscan 
7.  carsat  Crist  as  diliu 
ind    each    dromma 
dairiu 
io.  ronsnada 

16.  bas  caid  Charmg  fir- 

bailc 

17.  scorsit 

28.  ronsnada  co  haingliu 

29.  ronsnadat 

ingen  aillen  inmain 
51.  m! Mai  cornet  mile  dia 
primfeil  jortmadx 


MAY. 
the  commencement 
they  loved  Christ  most  fer- 

vently,  Indeach  of  Drom 

Dairiu 
has  passed 
the  chaste,  devout,  stead- 

fast  Cairnech 
they  hâve  rest 
by  angels  hâve  been  carried 

away 
hâve  been  carried 
a  beautiful  lovely  virgin 
the  month  of  May  ofmany 

thousands.   of  its  chief 

festivals  we  conclude 


then  begun  [rectius  begin) 
(they)  loved  Christ  who  is 

dearest,  in   Daire  Ech- 

droma 
may  |he)  convoy  us 
the  holy  death  of  Carnech 

the  mighty 
they  unyoked 
may  he  convoy  us  to  the 

angels 
may  (they)  convoy  us 
daughterof  loveable  Aillén 
May's   month,  protection 

of  thousands,  two  chief 

feasts  close  it 


24. 


2$ 


JL'NE, 
mor  ndidnad  of  great  purity  a  great  solace 

imbahbi  lesslaindrech  to  the  eternal  bright  shi-  wherein    is  ever   a   lucid 

ning  life  light 

atmer[b]  I  should  hâve  been  mad      thou  art  weak 

masa  Icir  ronfcthis      fully  I  hâve  preserved         if    thou    art    pious  thou 

hast  kept  it 
lamluoc  glan  geldai,  Lamluoc  the  pure  and  bril-  with  Mo-Luoc  pure,  fair 
liant 


Early  Celiic  History  and  Mythology.  365 


JULY. 

1.  moras  Malha  themagnifyingof  Matthew  whom  Matthew  magnifies 

5.  roir  Crist  sid  slemun  for  Christ  they  smoothly    Christ  granted  perfect  pea- 

amorseircc  la  oman      walchedingreatloveand      ce,    great  love    of  him 

fear  with  awe 

12.  conrualaid  co  aingliu  with  angels  he  eloped  [!]    unto  the  angels  he  depar- 

ted 
15.  lumsiloc  don  rigraid    Lamsiloc  unto  the  Rings    with  my  Silôcof  the  Kings 
1 $.  Josdail  who  were  sent  (he;  distributed  them 

17.  ron-morat  an-itge       magnified  betheir  prayer    Magnify     us     may     their 

prayers 
19.  at  meirb  manit  frcscai  we  are  cowardly  if  we  do  thou  art  weak  unless  thou 

not  seek  hope  it 

22.  lambiuindsiCauscraid  Lambiu  of  Inis  Causcraid    with  Mo-biu  of  Inis  Cus- 

craid 


AUGUST. 

1.  doraraicc  rnor  mbrige  Doraraicc  !]  of  great  power  came  much  of  vigour 
3.  inmain  feil  con-ani       Inmain  [!j  of  the  noble  fes-  beloved   is  the  feast  with 
tival  splendour 

28.  rona[i]n  Cirnicus         invoke  Ciriacus  may  Quinacus  protect  us 

29.  bid  co!eri  do  it  in  full  a  flame  with  piety 

SEPTEMBER. 

6.  Luscai    la   mac  Cul-  Lusca  with  Mac  Cuilinn     with  Mac  Cuilinn  of  Lusk 

Imd 
8.  la  tiamdai  iar  sctalb    nor    of    fatigue    on    the  with  Timothy    after  (the 
world's  journey  world's)  ways 

15.  maire  mur  co  talcu      the  great  important   buil-  Mary     a     rampart     with 

ding  strength 

16.  nuall  ccch  gênai  the  pride  of  every  chaste'the  cry  of  every  mouth 

person 
20.  arn-dala  our  ways  our  assemblies 

23.  rohir  who  sought1  granted 


1.  In  Mr.  Kelly's  Cakndar,  p.   157.  O'Curry  made  this  «  besought  ». 


$66  Remarks  on  Mr.  Fitzgerald' s 


OCTOBER. 

3.  aslondud  ceeh  gêna      is  to  be  mentioned  above  the   déclaration  of  every 

ail  births  mouth 

i  i.  hit  ana  an-dirmand     noble  is  the  phalanx  splendid  are  the  numbers 

16.  raith  ar-rem-sin  gifted  was  his  career  ran  that  course 

3 1 .  cornet  meithle  with  his  numerous  co-la-  protection  of  reapers 

bourers 


NOVEMBER. 

3.  mind  senaid  a  sanctifying  chief  a  synod's  diadem 

7.  ceabu  gur  a  slige         their  death  was  fearful       though  grievous  was  their 

road  ! 
14.  tindscan  lexu  leri        began  the  comprehensive  begin  thou  pious  chants 

Lex 
1  $.  corgus  ma  futbotha     to  the  Lent  if  you  submit  Lent  if  thou  fear  it  [rectius 

if  Lent  alarm  theei 
20.  ar  Bledma   baie    be-  a  noble  vessel  with  strong  before      strong      (Slievei 

laib  mouth  Bloom 

28.  nad  duthain  without  gloom  that  is  not  transitory 

DECEMBER. 

12.  frim  tree  root 

14.  donrogra   hi  riglaith  called  into  the  royal  King-  may   he  call    us  into  the 

tig  ronuc  arsiuur  dom  was  a  King    who      royal    Kingdom   of  the 

espoused  our  sister  King  (Christ)  whomour 

Sister  (the  B.  V.  Mary) 

brought  forth 

16.  atroris  who  were  with  him  thou  shouldst  join  ihimj 

20.  sluag  mor  imeradi      the   great  host    of    Ime-  the  great  host  whom  thou 

radi[!j  comrr.emoratest 

2 1 .  iarrandaib  torn  to  pièces  according     to      (historici 

verses 

23.  lam  Themneoc  don  ri-  Lamthemneoc  one  of  the  with   my  Temneôc  of  the 

graid  Kings  Kings 

24.  lamCh.ua  cain  cocrait  Lamchua  the  beautiful  in  with     my-Chua,     a    fair 

concord  couple 

30.  arriefa  they  reached  to  thou  wilt  attain 

1.  Or,  perhaps,  «  though  sore  was  their  slaying  ». 


Early  Celtic  History  and  Mythology.  367 


EPILOGUE. 

4.  fortsclba  we  hâve  occupied  take  possession 

7.  conecmaingsemaurain  we  hâve  brought  them  in  we  hâve  eut  off  the  excess 
triumph 
27.  ccrobaige  though  twere  denied  if  thou  engage 

38.  fomruirmius  of  my  enumeration  I  hâve  counted  up  (rectiùs 

I  hâve  laid  me  down) 
76.  mor  do  thorba  much  of  their  suffering        much  of  profit 

123,  124.  acht  cuimbri-  but  in  the  strength  of  art  but  an  abridgement  of 
gud  indscefosoas  do-  with  proper  knowledge  speech  with  (lit.  under) 
cuibded  harmonize  them  science  which  was  [rec- 

tiùs hath  been]  harmo- 
nized 

169.  la  bethaid  a  anmœ      with  the  food  of  his  soûl    with  the  life  of  his  soûl 

170.  coemdai  shall  he  share  loveable 

226.  romain  grès  anguide    I  hâve  earned  their  prayers  let  urgency    in  beseeching 

them  '  protect  me 
3  59.  condomraib  it  rigiu      who  enjoy  the  wonders  of  that   I    may  hâve   [lit.  ut 
they  Kingdom  mihisitj  in  thy  Kingdom 

381,  382.  conicid  mo  cho-  I  deserve  that  ye  help  me,  ye  are  able  to   help   me, 
bair  ol  is  mor  Jorn-      for  much  hâve  I  served      for  great  is  your  piety 
gaire  y  ou 

427.  roeresiu  uile  thou     lovest     in     fulness  grant  thou  ail 

$40.  dabaig  furnace  vat 

This  is  a  spécimen  of  the  work  of  the  man,  two  of  whose  books  2,  if 
thrown  into  a  scale  would,  in  Mr.  Fitzgerald's  opinion,  make  «  ail  the 
philological  publications  of  the  new  and  more  exact  school  »  except  the 
Grammatka  Celtica  and,  «  perhaps  »,  Windisch's  Worterbuch)  »  violently 
kick  the  beam.  »  Mr.  Fitzgerald  has,  fortunately,  given  us  in  his  article 
in  this  Revue,  t.  VI,  pp.  193-259  abundant  materials  for  estimating  his 
compétence  to  weigh  philological  publications.  I  will  conclude  by  men- 
tioning  a  few  of  thèse  materials. 


1.  Or,  perhaps,  «  let  the  urgency  of  their  prayers  ». 

2.  The  manuscript  materials  of  Irish  History  and  iheManners  and  Customs  of  the 
ancient  Irish.  As  to  the  latter  see  this  Revue,  II,  260,  III,  90.  Asto  the  former, 
I  hâve  collated  with  the  original  mss.  most  of  the  texts  printed  in  the  Appen- 
dix  pp.  472-527,  571,  583-594,  600,  6oi,  606,  622,632,  633,  637-639,  and 
calculate  that  the  corrigenda  would  fil!  about  20  pages  of  this  Revue. 


$68  Remarks  on  Mr.  Fitzgerald's 

P.  195,  «  comedovi...  must  be  explained  by  the  Ir.  coimdiu  (dominus)  ». 
This  is  impossible,  for  coimdiu  ^written  with  double  m,  coimdiu  in 
Sg.p.  20  ^b)  gen.  coimded,  representsanOld-Celtict-stemcommedrô(?)s, 
root  med,  whence  also  Gr.  usoovteç,  Curtius,  Gr.  Et.  No.  286. 

P.  195.  cocidivs  cannot  possibly  «  answer  to  »  Ir.  cocad  «  battle  »  : 
for  cocad  m.  gen.  cocda,  stands  for  concatu. 

P.  195.  vintivs  or  vintvs  «  may  be  the  Irish  Find  ».  Impossible:  Find 
in  Old-Celtic  is  Vindos.  From  Vintius  or  Vintus  we  could  only  get 
in  Irish  Fite  or  Fit. 

P.  195.  There  is  no  such  word  as  «  curat-mir  »  :  Mr.  Fitzgerald  pro- 
bably  means  curath-mir  «  champion's  bit  »,  where  mir  (gl.  mica'>  is 
a  derivative  from  a  protokeltic  micro  =  (<j)(jwxp<îç. 

P.  199,  note  1.  The  name  Domnall  lW.  Dyfnwah  stands  for  an  Old 
Celtic  Dumnovalos,  and  cannot  hâve  anything  to  do,  as  Mr.  F.  sug- 
gests,  with  «  flath  »  [he  means  flaith),  gwlat,  vlatos.  The  valos  pro- 
bably  stands  (as  Rhys  suggests)  for  valpos  =  Goth.  vulf-s. 

P.  200,  The  names  Con-chubhar,  Mail-gwn,  Cyn-fael  havenothingto  do 
with  cû  dog.  They  stand,  respectively,  for  Cunocôbros,  Maglocânos, 
Cunomâglos,  where  the  stem  cuno  iscognate  with  W.  cwn  altitudo', 
cynu  surgere ',  and  the  Old  Celtic  names  'Ap-x-jviot  opi,  Kuvo- 
tûlivo;,  etc.  Greek,  Latin  and  Sanskrit  cognâtes  will  be  found  in 
Curtius,  Gr.  Et.  No.  79.  There  is  no  such  name  as  «  Concancness 
^Hound-without-skin)  ».  Mr.  Fitzgerald  means  Congan-chnes,  LU. 
77%  which  seemsto  signify  «  horn-skin  ». 

P.  201.  The  Irish  u-stems  Fer-gus  (0.  W.  Gur-gust),  Oen-gus,  like  the 
participle  tuicse  \îû-gus-tio]  are  referrible  to  the  root  gus  ^Skr.  jush), 
whence  Latin  gustus,  Gr.  yêu^joimu,  Goth.  kiusa,  Eng.  choose,  and 
cannot  possibly  hâve  anything  to  do  las  Mr.  F.  supposes)  with  the 
coxus  in  Argento-coxus  (silver-foot) ,  Ir.  coss,  gen.  coise,  afem.  a-stem, 
W.  coes  =  Lat.  coxa. 

P.  201.  The  name  of  Conchubar's  smith  Culann  (whence  Cû-chulainn'' 
may  perhaps  be  cognate  with  xuX-Xo-ç,  but  cannot  possibly  be,  as 
Mr.  F.  suggests,  from  «  Cu-uilinn  houndof  the  Elbow  ».  It  would 
be  interesting  to  know  Mr.  F. 's  authority  for  the  statements  that 
u  Uilenn,  or  Uilinn,  or  Ulend,  occurs  by  itself  as  the  name  of  this 
smith  or  smith  god  »,  and  that  «  it  could  be  identical  with  Velint  or 
Wayland  »  and  for  his  implied  assertion  that  «  uilinn  »  is  the  gen. 
sg.  of  the  n-stem  mie.  I  thought  the  gen.  sg.  of  this  word  was 
uilenn.  This  unhappy  word  turns  up  again  at  p.  205,  where  it  is 
spelt  ule  or  ulind,  and  made  to  serve  as  the  source  of  «  the  name  of 


Early  Ccltic  History  and  Mythology.'  369 

the  Northern  province  Ulad  »  —  which  is  the  gen.  pi.  of  Ulaid 
«  Ulstermen  »,  and  probably  connected  with ul-fata  1  longbeard  », 
ulach  «  bearded  »  (in  am-ulach  «  beardless  d),  the  Gaulish  Tri-ulatti, 
and  .with  rcgular  loss  of  p  the  Skr.  pulu,  pulaka. 

201,  note.  «  Cf.  the  names  for  Ireland  and  Britain,  Fail-Inis,  Inis- 
Fail,  Fel-Ynys  Iolo  Mss.  3  .  »  I  do  not  know  where  Mr.  F.  found 
his  «  Fail-Inis  »  —  perhaps  in  one  of  «  the  Irish  taies,  collecteJ 
by  ourselves  »  ?  —  His  «  Inis-Fail  »  is  meant  for  Inis-Fdil,  with 
long  a,  and  this  name  can  hâve  nothing  to  do  with  the  Welsh  y 
Fel-ynys  «  the  honey-island  »  where /e/  is  the  regular  mutation  of 
mel. 

208.  «  The  unexplained  élément  in  Dagda,  Dagdae  son  of«  «  Long- 
elbow  »  El-ada),  is  the  same  élément  found  in  Nua-da,  Enda,  etc., 
a  word  due  which  isexplained  by  O'Clery  by  Uinh  hand  and  by 
0'  Davoren  by  righ  forearm  or  guala  shoulder  .  Cf.  the  Strong 
Hand,  Working  Hand,  adored  under  that  name  and  image  by  the 
Mayas  and  other  races,  of  Central  America  ».  I  cannot  explain  the 
name  Enda  ;  but  Nuada,  gen.  Nuadat,  is  a  stem  in  nt  and  a  parti- 
cipial form  from  a  root  nud,  whence  Lith.  naudà  Ertrag,  Hab  und 
Gut,  Goth.  niutan,  NHG.  ge-niessen.  It  cannot  therefore  hâve  any- 
thing  to  do  with  dae.  As  to  the  Dagdae,  he,  like  Ogma,  was  accor- 
ding  to  Keating  '  son  of  Eluda,  gen.  eladan,  a  stem  in  n  signifying 
«  science  »,  not  «  Long-Elbow  »  a  meaning  which  Mr.  F.  manu- 
factures out  of  his  imaginary  el-ada  el  for  aile,  gen.  uilenn,  andadu 
for  judu  =  the  Old  Irish  ia-stem  jota  !  .  The  most  plausible  expia- 
nation  yet  given  of  the  name  «  the  Dagda  »  is  Siegfried's,  namely, 
that  Dagdu  is  a  participial  formation  équivalent  in  root  and  meaning 
tothe  Latin  doctus.  I  myselfwould  rather  putit  alongside  of  Gr.  5t- 
oa/y,,  and  the  perf.  HeSlfoya,  or  the  Skr.  root  duh,  whence  dugdhu 
«  cunning  »,  vi-dagdhata  «  cleverness  »,  «  shrewdness  ». 

230.  «  The  traditions  ofthe  BdrumhaLaighen,  the  ruinous  [?]  kine- 
tribute  exacted  from  Leinster,  seem  mixed  up  with  this  myth  of  the 
slaying  of  the  sun's  oxen  ».  Hère,  to  give  colour  to  his  quacksal- 
ver's  mixture,  Mr.  F.  not  only  spells  bôramha  with  a  long  0 
[bô  =  <oj;  ,  though  he  must,  or  ought  to,  know  that  the  0  is 


1.  According  to  the  Book  of  Leinster,  p.  187,  col.  3,  p.  188,  col.  1,  and 
Rawl.  B.  $02,  fo.  61  b.  1,  and  Cormac's  Glossary  the  Dagdae  Mor  was  also 
called  Ruad  Rojessa  («  lord  of  great  Knowledge»)  a  the  son  of  ail  the  arts,  i.  e. 
the  son  that  hath  ail  art  »,  and  was  father-in-law  of  Elada. 


Rev.  Celt.  VI 


24 


370  Early  Cellic  Hisîory  and  Mythology. 

short  5,  and  that  the  ^Yord  is  cognate  with  çopoç  not  with  poûç,  but 
he  suppresses  the  fact  that  the  yearly  tribute  payable  by  the  Leins- 
termen  consisted  not  only  of  kine,  but  of  pigs,  wethers,  mantles, 
silver  chains,  copper  caldrons,  etc.  See  Bookof  Leinster,  facsimile, 
p.  295,  col.  2,  11.  20-28,  und  p.  296,001.  1,  line  22. 
P.  211.  a  Ogma  =  the  ycungest  ?  ,  Ogmios  ».  Mr.  Fitzgerald  there- 
fore  supposes  that  a  connection  may  exist  between  the  og  of  Lu- 
cian's  Ogmios  and  the  modem  Irish  6g.  This  is  quite  in  the  manner 
of  Betham.  The  modem  6g,  as  every  Celtic  student  except,  appa- 
rently,  Mr.  Fitzgerald,  is  aware,  is  the  Old  Irish  ôc,  sometimes  still 
a  dissyllable  ôoc,  oac  and  =  W.  iouenc,  and  (in  form)  Lat. 
juvencus. 

But  1   cannot  waste  any  more  time  on  this  farrago  of  bad   Irish. 
doubtful  English,  mythological  guesswork  and  impossible  etymology. 

Whitley  Stokes. 


i.  Prof.  Atkinson  makes  the  same  mistake,  Book  of  Leinster,  Contents,  p.  67, 
where  he  spells  the  word  Bô-rama.  In  his  Irish  thésaurus  rama  will  probably 
appear  with  the  meaning  «  tribute  ».  I  am  aware  that  even  in  the  Book  of 
Leinster  the  mark  of  length  is  sometimes  found  over  the  0  of  borama.  But  this  is 
due  either  to  scribal  carelessness  or  to  a  false  etymology. 


MÉLANGES    IRLANDAIS. 


UN   SECOND   FUTUR  IRLANDAIS   EN   -RR. 

J'ai  parlé  des  futurs  orr  pour  orx-  et  ion  du  verbe  orgim  dans  cette 
Revue.  T.  VI,  p.  95.  Il  est  clair  que  le  futur  en  -rr  doit  se  rencontrer 
chez  tous  les  verbes,  dont  le  thème  se  termine  par  r  -f-  cons.  et  qui 
forment  le  futur  en  -s.  En  effet  nous  retrouvons  le  même  phénomène 
dans  la  conjugaison  du  verbe  fo-cerd-  «  mettre,  placer,  jeter  ».  Comme 
ce  composé  a  la  même  signification  que  cuirim,  son  futur  remplace  celui 
du  verbe  synonyme  qui  n'a  pas  de  propre  futur  dans  l'ancienne  langue  ' . 
Voici  les  exemples  : 

I.  —  Futur  simple  et  subjonctif  cerr-  pour  cerds-  cers-)  :  madgrainne 
cruithnechte  foceirr  Wb.  p.  87  v.  38  ;  lase  donaiihfocherr  (gl.  cum  fueri 
reversus    Ml.  34*1,  8. 

II.  —  Fut.  redoublé  cicherr-  :  fochîchur-sa  |  VVindisch,  h.  Texte,  p.  5  56  , 
ni  fôichur-sa  pour  ni-fô-chiclwrr,  ib.  .  frisfoichiurr  ceill  (gl.  incolam  Ml. 
78e;  —  fut.  second,  fochichred   VVindisch,  ib.  ,  dofôichred  Sg.  1 30  b,  2. 

Une  forme  difficile  à  expliquer  est  nech  immechoimairsed  quelqu'un  qui 
demandât  Ml.  20  b,  1 8  du  verbe  imm-com-arc-  «  demander  »,  gall.  erchi. 
On  attendrait  immechomairred.  La  flexion  de  imm-com-arc-  parait  s'être 
mêlée  avec  celle  de  com-ad-ro-icc-  «  rencontrer».  Ici  le  fut.  second,  cita- 
comairsed  Ml.  39  c,  15  est  régulier2. 

R.  Thurneysen. 

lena. 


ADDITIONS  AUX  PAGES  96  ET  SUIVANTES. 

I.  In  der  Anzeige  des  Saltair  na  Rann  bemerkte  ich  fâlschlich,  die  En- 
gelnamen  des  Psalters  seien  verschieden  von  denen  der  jùdischen  Tra- 

1.  Le  fut.  cuirfitir  ne  se  trouve  qu'en  moyen  irlandais  (Windisch,  Ir.   Texte,  p.  458). 

2.  [Depuis  que  j'ai  écrit  ces  lignes,  M.  K.  Meyer  a  rompu  nne  lance  pour  l'existence 


372  Mélanges  irlandais. 

dition  p.  103  .  Vielmehr  stammen  die  meisten,  \vo  nicht  aile,  aus  dem 
Bûche  Henoch  ■  ;  durch  welche  Mittelstufen,  môgen  Berufenere  bestimmen. 

Die  Namen  lauten  im  Psalter  V.  793-804  :  1 .  Gabriel,  2.  Michel,  ^.Ra- 
phiel,  4.  Panachel,  ç.  Babichél,  6.  Raguel,  7.  Mirachel,  8.  Rurnel,  9.  Fa- 
figial,  10.  Sumsagial,  11.  Sarmichiel,  12.  und  15.  Sarachel,  13.  Urel, 
14.  Hermichel,  16.  Barachel,  17.  Lihigiel,  18.  und  22.  Darachél2,  19. 
Segiel,  20.  Sariel,  21.  Lonachel,  23.  Stichiel,  24.  Gallichiel.  Darunter 
zàhlen  die  zwei  Wôrter  Sarmichiel  -f-  Sarachel  im  Verse  nur  fur  5  Silben, 
ebenso  Sarachel  -j-  Barachel  und  Lihigiel  -j-  Darachél,  was  fur  die  Emen- 
dation  der  Namen  vielleicht  von  Wichtigkeit  ist. 

Die  vier  ersten  Èngel  sind  identisch  mit  den  im  Henoch  ôfter  genannten 
Gabriel  Michael  Rufael  Fanuel.  Dazu  kommen  von  den  «  heiligen  Engeln, 
welche  wachen  »  Cap.  20  :  L/r/e/  Raguel  Saraqâel,  gleich  unsern  13. 
t/re/,  6.  Raguel,  12.  oder  1 5 .  Sarachel. 

Andere  scheinen  merkwùrdigerweise  den  Namen  der  gefallenen  Engel 
enilehnt,  welche  im  Henoch  Cap.  6  und  Cap.  69  aufgezâhlt  sind  und  sich 
auch  in  der  Chronographie  des  Syncellus  erhalten  haben.  Sie  sind  zu- 
sammengestellt  und  besprochen  in  Dillmanns  Uebersetzung  p.  93-95. 
Einige  lassen  sich  mit  ziemlicher  Wahrscheinlichkeit  identifizieren  ;  so  : 

16-  Barachelbei  Dillmann  No.  IX.  BaXxnft  aethiop.  Barâqèl. 

5.  Babichél  bei  D.  IV.  Xio^'.r'À  aeth.  Akibêêl  Kokabâêl. 

22.  Arachél  wenn  die  Emendation  richtig  ist  bei  D.  III.   'ApaourX 

Wohl  auch  : 

10.  Sumsagial  bei  D.  XV.  laïu-fi  aeth.  Samsâvêêl  Samsapêêl  Sima- 
pisiel,  vgl.  VII.  -a;x-i.'/  ~'xl:/. 

20.  Sariel  bei  D.  XX.  Soprqà   Zojç-.^à  aeth.  Arâzjâl  Izezeel  Asrâdel. 

8.  Rume/  wird  entweder  bei  D.  VI.  'Paar/y.  aeth.  Ramuel  Ramjal oder 
XIX.  'Iouu'.r,À  aeth.  Jomjàêl  Rumacl  entsprechen. 

Der  VIIIte  Engel  bei  D.  Zocxi^X  Saxnfj),  aeth.  Azéqéél  Azqééh  Nuqâêl 
kann  in  unserm  19.  Segiel  oder  in  23.  Stichiel  zu  suchen  sein,  da  das 
Mittelirische  lat.  z  durch  s?  wiedergiebt. 

Weitere  Vergleichungen  wage  ich  nicht  ;  die  beiderseitige  Tradition 


du  verbe  fabuleux  iuraim  (facio)  (Rev.  Celt.  VI,  191).  Mais  toutes  les  formes  qu'il  cite 
sont  autant  d'exemples  du  futur  iorr-  iurr-.  J'y  ajouterai  la  deuxième  personne  du  sg. 
qui  se  trouve  quatre  fois  dans  le  ms.  de  Milan  fol.  77a:  innl  irr  (ne  frapperas-tu  pas  ?; 
10,  innl  irrsiu  13  et  14,  indahkrr  16  et  la  troisième  du  sg.  iûrthund  il  nous  tuera) 
Ir.'ï.  I,  284.)  .     . 

1.  Aus  dem  Aethiopischen  ûbers.  von  Dillmann.  Leipzig,   1853- 

2.  Das  zweite  Mal  von  Stokes  in  Arachél  emendiert. 


Mélanges  irlandais.  373 

ist  7.u  sehr  verderbt.  Es  ist  sehr  wohl  moglich,  dass  auch  die  ubrigen 
Namen  im  Psalter  aus  denen  des  Bûches  Henoch  verstùmmelt  sind  '. 

Dem  Dichter  mag  eine  Schrift  vorgelegen  haben,  welche  Ailes  zusam- 
menfasste,  was  man  von  Kosmogonie,  von  Himmel  und  Hôllezu  wissen 
glaubte.  Dièse  hat  er  in  Verse  gesetzt  und  so  seine  Capitel  I— III,  V  und 
vielleicht  noch  VI  gewonnen. 

Aus  apokaiyptischen  Texten  stammt  wohl  auch  die  Zahl  der  Engel, 
100,000  Millionen  bei  jedem  der  7  Erzengel.  Daniel  7,  10  und  Henoch 
(Cap.  40  sehen  «  tausendmal  Tausende  und  zehntausendmal  Zehntau- 
sende  ».  Diess  konnte  sich  wohl  zu  i,ooomal  io,ooomal  10,000  um- 
bilden.  Fur  so  grosse  Zahlen  hat  der  Ire  keine  Worter;  er  drùckt  sie 
ausdurch  fortwàhrende  Multiplication  mit  Zehn. 

II.  Meine  Angabe  p.  107,  die  Geschichte  des  neuen  Testaments  sei 
dem  Evangelientext  ganz  conform,  ist  ungenau  ;  ich  hatte  ausser  Acht 
gelassen,  dass  Jésus  wàhrend  seiner  Taufe  den  Jordan  stille  stehn  heisst 
:V.  7561  ff.  . 

III.  Im  Glossar  schreibt  Stokes  «  memnaigim  leg.  menmnaigim  ?  »  mir 
scheint,  mit  Unrecht.  Das  Verbum  ist  entlehnt  aus  vulgàrlat.  minimare 
minmare  prov.  mermar  ,  im  Sinne  von  comminuere.  Den  Worten  rumen- 
maiged  lais  iarsein  indelb  V.  4149  f.  entspricht  Exod.  52,  20:  Arri- 
piensque  vitulum  combussiî  et  contrivit  usque  ad  pulverem.  Vgl.  neuir.  gàl. 
meanbh  «  diminutive,  very  small  »  =  minimus. 

IV.  S.  toi,  Z.  7  v.  u.  Statt  a  Goidel  Glass  und  seines  Weibes  Scotta  0 
1.  «  G.  G.,  Sohn  der  Scotta.  » 

Gaidoz  hat  oben  p.  113  auf  ein  Edinburger  Manuscript  No.  XL  auf- 
merksam  gemacht,  das  die  Pénitence  d'Adam  enthâlt.  Beruht  dieselbe  auf 
dem  Saltair  oder  geht  sie  direct  auf  den  lateinischen  Text  zurùck  ?  In 
ersterem  Falle  wàre  es  das  dritte  Fragment  einer  vollstandigen  Prosa- 
version  des  Psalters,  das  bis  jetzt  constatiert  worden.  Die  andern  sind  : 
1"  die  oben  p.  99  ff.  besprochene  Erzàhlungdes  Lehar  Brecc;  z"  das  von 
Stokes  Pref.  IIP)  signalisierte  Stùck,  das  in  den  Ancient  Laws  and  Insti- 
tues of  Ireland  I,  26-30  abgedruckt  ist,  und  welches  den  Versen  29-268 
des  Cap.  I  entspricht. 

R.  Thurneysen. 

Iena. 


1.  Die  Prosaversion  musste  diesen  Abschnitt  ûberschlagen,  da  die  irische  Kirche  sich 
seit  dem  lî*0»  Jahrhundert  den  rœmischen  Verordnungen  fùgte.  Hier  war  aber  das 
Aufsteilen  weiterer  Engeln amen  ausser  den  3  biblischen  Michael  Gabriel  Raphaël  seit  dem 
dritten  icemischen  Concil  i.  J.  745  als  ketzerisch  verboten  (s.  Mansi,  Concilia  XII,  380). 


BIBLIOGRAPHIE 


Géographie  historique  et  administrative  de  la  Gaule  Romaine, 
par  Ernest  Desjard:ns,  de  l'Institut.  —  Tome  III  :  Organisation  de  la  conquête;  la 
province;  la  cité.  Contenant  2!  planches,  dont  10  cartes  en  couleurs,  deux  gravures 
en  taille- douce  et  une  photogravure  tirées  à  part,  et  29  figures  intercalées  dans  le 
texte,  Paris,  Hachette,  1885,  528  p.  gr.  gr.  in-8.  —  Prix  :  20  fr. 

Ce  volume  nous  apporte  la  suite  du  grand  ouvrage  de  M.  Desjar- 
dins dont  des  écrivains  plus  compétents  que  nous,  M.  Mo  vat  et  M.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville  ont  déjà  parlé  dans  ce  recueil  T.  III,  p.  257  et 
469'.  Aujourd'hui  M.  Desjardins  aborde  des  questions  où  ses  longues 
études  d'épigraphie  lui  donnent  le  droit  de  parler  en  maître,  mais  qui 
sont  pour  une  grande  partie  en  dehors  du  cadre  de  la  Revue  Celtique  et 
de  nos  études  personnelles.  M.  D.  nous  montre  la  Gaule  «  conquise  par 
les  institutions  »  de  Rome  et  il  décrit  l'organisation  de  la  province  et  de 
la  cité  dans  la  Gaule  Romaine.  Le  sommaire  de  ce  volume,  que  nous 
donnons  en  note,  en  sera  le  meilleur  résumé  ' . 


1.  La  Gaule  de  César  à  Auguste  les  chefs  et  les  gouverneurs  de  la  Gaule  de 
5 1  à  27  av.  J.-Ch.  ;  créations  et  établissements  dans  !a  Gaule  de  $1  à  27;  ad- 
ministration provinciale  et  municipale  entre  César  et  Auguste;  l'administration; 
l'Empire;  Auguste  et  l'Edit  de  Narbonne.  (Le  précurseur  d'Auguste;  les  pou- 
voirs d'Auguste;  l'administration  centrale  ;  constitution  de  Narbonne  :  les  éta- 
blissements d'Auguste  après  le  conventus  de  Narbonne;  état  de  la  Gaule  à  la 
mort  d'Auguste;  cités  qui  prirent  le  nom  d'Auguste;  tableau  des  cités  de  la 
Gaule  à  la  mort  d'Auguste1).  —  Administration  provinciale  et  municipale  entre 
la  mort  d'Auguste  et  Dioclétien  (aperçu  historique  de  cette  période  et  gouver- 
nement de  la  Gaule:  observations  sur  l'administration  provinciale;  service  des 
impôts;  la  douane  des  Gaules;  organisation  militaire).  —  Administration  re- 
ligieuse. —  Tableau  de  l'organisation  administrative  des  cités  vers  le  second 
siècle  de  notre  ère.  —  L'ordre  nouveau  :  Dioclétien,  la  Tetrarchie,  Cons- 
tantin, Julien.  —  Fin  du  iv-*  siècle;  Théodose  (la  Gaule  d'après  la  Nctitia  digni- 
tatum;  la  Gaule  d'après  la  Notitia  provincLmtm  et  civitatum). 


Bibliographie.  575 

Au  point  de  vue  strictement  celtique,  nous  avons  dans  ce  volume  noté 
les  passages  suivants  : 

P.  72-74.  Parlant  de  Lugdunum,  Lyon,  M.  D.  reproduit  un  médaillon 
en  terre  cuite  où,  à  côté  d'un  génie  qu'on  regarde  comme  celui  de  la 
ville  de  Lyon,  on  voit  un  corbeau  sur  un  rochec,  ce  qui  s'accorde  avec 
une  étymologiedu  nom  de  Lyon  rapportée  par  un  écrivain  grec,  et  pro- 
bablement étymologie  populaire. 

Et  puisque  nous  avons  nommé  Lyon,  nous  remarquons  que  dans  les 
Tables  Claudiennes  de  la  planche  xm  du  livre  de  M.  D.  on  lit  col.  11, 
1.  28  LVGDYNO.  C'est  sans  doute  une  erreur  de  gravure  pour  LVGV- 
DVNO,  que  nous  fournit  l'édition  de  ces  Tables  donnée  dans  le  Bulletin 
Epigraphique  de  la  Gaule  (T.  II,  pi.  1  .  M.  Caillemer,  doyen  de  la 
Faculté  de  Droit  de  Lyon,  qui  par  conséquent  a  pu  étudier  à  loisir 
l'original  des  Tables  au  Musée  de  cette  ville,  écrivait  il  y  a  cinq  ans 
que  LVGVDVNO  est  la  bonne  leçon1.  Et  cette  leçon,  qui  paraît  avoir 
été  celle  du  général  Creuly2  est  confirmée  par  les  monnaies  où  l'on  lit 
LVGVDVNIs. 

A  ce  propos,  rappelons  qu'on  a  voulu  voir  le  nom  de  Lyon  dans  la 
marque  de  verrier  :  A.  V.  M.  CN.  A.  LVGV.  inscription  circulaire,  et  au 
centre  A.  F.  Cette  marque  a  été  trouvée  à  Nîmes  et  M.  Germer-Durand 
l'a  expliquée  ainsi:  Artemisii  Valerii  Manu.  Cneius  Ateius  LVGVduni, 
Atei  Fabrica.  Voir  Lombard-Dumas,  La  Céramique  antique  dans  la  Vallée 
du  Rhône,  p.  27,  n.  ;  Flouest  dans  la  Rev.  des  Soc.  sav.,  6e  sér.  T.  I 
1 1 87  5  ï,  p.  1 27,  avec  une  gravure  :  Mémoires  de  l'Académie  du  Gard,  1 872 , 
p.  ioo  ;  et  Aurès,  Marques  de  fabrique  du  musée  de  Nîmes,  pi.  20,  lig. 
2i]  et  p.  84. 

Si  nous  nous  sommes  étendu  sur  l'antique  nom  de  Lyon,  c'est  que  ce 
nom  a  de  l'importance  pour  la  Mythologie  Gauloise.  Nous  reviendrons 
sur  la  question. 

P.  192.  A  l'occasion  du  temple  de  Rome  et  d'Auguste  au  confluent  du 
Rhône  et  de  la  Saône  M.  D.  parle  de  son  premier  prêtre,  un  Éduen,  et  le 
nommeC.  Julius  Vercondaridubnus.  Le  personnage  est  nommé  dans  Tite- 
Live  Epitome cxxxix  ;  M.  d'Arbois  de  Jubainville  et  M.  Mowat,  en  véri- 


1.  Revue  Critique,  1880,  T.  II,  p.    127. 

2.  Revue  Celtique,  T.  III,  p.  500.  —  Voici  la  note  même  de  M.  Creuly  : 
LVGVDVNI,  Lyon,  382,  ï,  fréquent.  —  LVGDVNI,  plus  rare.    -   LVG- 

DVNENSES,  Gruter  649,  7.  —  LVGVDVNVM,  nom  primitif  de  Lyon.  Cl 
XIV,  p.  16,  3,  et  O  nos  22,  23,  25,  26  passim.  Cl  VIII,  39  v\ 

3.  Revue  Celtique.  T.  I,  p,  296. 


376  Bibliographie. 

tables  Procustes,  avaient  coupé  le  nom  en  deux  :  pour  le  premier,  c'était 
C.  Julius  Vercondaris  Dubius  '  ;  pour  le  second,  c'était  C.  Julius  Dubius, 
Veecondari  filius'  2.  Mais  les  bonnes  éditions  portent  «  ...  C.  Iulio  Ver- 
cendaridubno  ^Eduo  »  :  c'est  la  leçon  du  Nazarianus,  le  principal  et  le 
plus  important  des  mss.  des  Periochœ  ou  Epitomx  des  livres  perdus  de 
Tite-Live  J.  Le  nom  de  Vercondaridubnus  est  long  ;  mais  il  ne  l'est  pas 
plus  que  d'autres  composés  avec  le  même  mot  dubnus  ou  dumnus,  tels  que 
Conconnetodumnus,  Verjugodumnus,  etc. 

P.  212-218:  Etablissement  des  Lares  Augustes  et  des  Sévirs  Au- 
gustaux.  Ces  mesures,  comme  on  sait,  eurent  la  plus  grande  importance 
dans  la  transformation  de  la  religion  des  Gaulois. 

P.  260-270.  M.  D.  s'occupe  des  célèbres  Autels  des  Nautes  de  Paris. 
Il  en  reproduit  les  tableaux  principaux  par  une  planche  en  photogravure 
et  les  autres  dans  des  gravures  sur  bois.  Cette  reproduction  fidèle  d'un 
monument  si  curieux  et  d'ordinaire  si  mal  représenté  sera  la  bienvenue 
des  archéologues.  Nous  regrettons  seulement  que  dans  la  description 
de  ces  monuments  et  en  quelques  autres  endroits  aussi)  M.  D.  ait  re- 
produit des  théories  de  mythologie  irlandisante,  qui  nous  paraissent  des 
hypothèses  très  contestables,  et  surtout  peu  à  leur  place  dans  un  recueil 
de  faits  et  de  documents,  comme  est  cette  géographie  de  la  Gaule. 

A  l'occasion  de  ces  Autels  des  Nautes  et  du  tableau  que  nous  pré- 
sente la  face  au-dessus  de  laquelle  est  écrite  ESVS,  nous  signalerons  un 
bas-relief  que  nous  avons  récemment  vu  à  Besançon  et  qui  nous  repré- 
sente peut-être  le  même  type  :  c'est  un  des  bas-reliefs  de  la  Porte- 
Noire.  D'après  les  archéologues  du  pays,  la  Porte-Noire  est  du  temps  de 
Marc-Aurèle4.  Les  moulages  de  ses  bas-reliefs  ont  été  transportés  à  la 
bibliothèque  de  la  ville  de  Besançon  où  il  est  aisé  de  les  examiner.  L'un 
d'eux  représente  un  homme  nu,  debout,  à  chevelure  épaisse,  paraissant 
imberbe:  sa  main  droite  est  levée  et  engagée  dans  les  branches  d'un 
arbre,  sa  main  gauche  est  abaissée  et  appuyée  sur  un  objet  indistinct. 
La  figure  regarde  à  gauche. 

P.  292-301.  M.  D.  s'occupe  des  derniers  druides,  delà  ruine  de  leur 
influence  et  de  leur  disparition. 

P.  417-418.  Organisation  religieuse.  C'est  le  résumé  des  faits  con- 


1 .  Introduction  à  l'étude  de  la  littérature  Celtique,  p.  2  1 6. 

2.  Revue  Archéologique,  1883,  t.  I.  p.  385. 

3.  T-  Livi  ab  urbe  condita  librorum  cxlii  Pericchae.   Ed.  0.  Jahn,  Lipsix, 

l8^>  P-  103-     .  .,,„., 

4.  Voir  Mémoires  de  la  Société  d  Emulation  du  Doubs,  1866,  p.  420  et  suiv. 


Bibliographie.  377 

tenus  dans  les  chapitres  précédents  qui  se  rapportent  au  culte  général 
ou  au  sacerdoce  de  la  Gaule  Romaine. 

M.  D.  annonce  pour  terminer  qu'un  quatrième  et  dernier  volume  trai- 
tera du  réseau  des  voies  romaines  et  de  la  topographie  détaillée.  Ce 
dernier  volume  permettra  d*avoir  une  vue  nette  de  l'ensemble  et,  avec 
un  index  pour  les  volumes  précédents,  l'ouvrage  de  M.  Desjardins  ne 
sera  pas  seulement  l'histoire  et  la  description  de  la  Gaule  Romaine,  ce 
sera  en  même  temps  un  répertoire  indispensable  pour  les  recherches 
spéciales  des  érudits. 

H.  G. 

Beitrœge  zur  gallo-keltischen  Namenkunde.  Von  D'  Quirin  Esser, 
/  Heft.  Im  Sdbstverlage  des  Ver/assers.  Malmedy,  1884:  petit  in-8,  iv-120-vm  p.  — 
Prix  :  2  mk.  (2  fr.  50). 

Cette  brochure  est  une  étude  fort  consciencieuse  et  instructive  de 
plusieurs  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  de  noms  propres  cel- 
tiques. L'auteur,  qui  n'est  pas  inconnu  à  nos  lecteurs  cf.  Rev.  celt., 
II,  499  ,  fait  preuve  d'une  érudition  étendue  ;  il  réussit  souvent,  autant 
qu'on  en  peut  juger,  dans  la  tâche  délicate  qu'il  a  courageusement  en- 
treprise, de  reconstituer  des  noms  de  lieux  celtiques  dont  on  ne  connaît 
que  des  formes  relativement  récentes,  plus  ou  moins  défigurées  par  la 
prononciation  de  populations  romanes  ou  germaniques. 

Il  s'est  pourtant  glissé  dans  ce  travail  estimable  quelques  étymologies 
certainement  inexactes,  par  exemple  Ricliovarus  tiré  de  *  Rictiomarus,  et 
le  nom  de  César  métamorphosé  en  *  Gaisorix  p.  7).  D'autres,  plus  spé- 
cieuses, sont  contestables  ;  ainsi  je  doute  que  le  rapprochement  de 
Dumnocoveros  avec  l'irlandais  Fer-domnachus  ip.  49),  soit  justifié.  Car  la 
comparaison  de  Dumnoveros  Rev.  celt.,  I,  29  s  montre  qu'il  faut  diviser 
ainsi  :  dumno-co-veros.  Je  traduirais  Dumno-vêros  par  «  profondément 
vrai  »,  et  Dumno-corêros  par  «  profondément  fidèle  »  ou  «  profondément 
juste  »  ;  covêros  =  gall.  cywir,  cf.  en  vieux  breton  le  diminutif  Couuuan- 
iim  .  nom  de  cheval,  et  le  composé  Keuuirgar,  nom  d'homme  Cartulaire 
de  Redon,  pp.  132,8. 

Emile  Ernault. 

L'Etain,  par  M.  Germain  Bapst,  avec  11  planches  hors  texte,  x-328  pages  in-8". 
Paris,  V.  Masson,  1884. —  Prix  :   10  fr. 

Ce  volume  est  l'histoire  de  l'étain  dans  l'antiquité  et  au  moyen  âge, 
de  son  origine   au  point  de  vue  historique  ,  de  ses  applications,  à  la  fois 


378  Bibliographie. 

dans  l'industrie  et  dans  l'art,  et  de  son  emploi  dans  la  vie  privée  et  dans 
le  culte.  L'étain,  métal  aujourd'hui  dédaigné  len  dehors  des  alliages  et 
abandonné  dans  l'art  et  même  dans  l'usage  des  mœurs  domestiques  pour 
des  métaux  plus  précieux  ou  plus  élégants,  a  pourtant  une  histoire  inté- 
ressante, et  cette  histoire  avait  été  jusqu'ici  à  peu  près  laissée  dans 
l'ombre  par  les  archéologues.  Les  recherches  patientes  et  consciencieuses 
de  M.  B.  ont  comblé  une  lacune  de  la  littérature  archéologique.  En  un 
pareil  sujet  l'histoire  des  mœurs  se  mêle  à  celle  de  l'art  et  de  l'industrie, 
et  M.  B.  n'a  pas  manqué  de  la  mettre  en  relief.  On  peut  voir  notam- 
ment ce  qu'il  écrit  p.  119  sur  l'introduction  des  assiettes  proprement 
dites  au  moyen  âge.  «  Avant  le  xne  siècle  les  convives  n'avaient  point 
d'assiettes  posées  devant  eux  sur  la  table,  et  encore  une  assiette  servait- 
elle,  à  cette  époque,  à  deux  personnes.  »  On  prenait  avec  la  main  dans 
les  plats  les  morceaux  tout  découpés,  et  dans  les  maisons  où  régnait  le 
luxe,  la  viande  était  posée  devant  chaque  convive  sur  un  morceau  de 
pain  plat.  L'usage  d'assiettes  individuelles,  (et  ces  assiettes  furent  d'abord 
en  étainï,  s'introduisit  d'abord  dans  les  couvents,  nous  dit  M.  B.,  et 
c'est  de  là  qu'il  se  répandit  dans  la  société.  Voilà  donc  un  progrès  que 
l'on  doit  à  l'influence  des  couvents,  et  il  est  curieux  que  ce  progrès,  ac- 
compli en  somme  dans  la  voie  de  l'individualisme,  soit  sorti  du  collecti- 
visme monastique. 

En  dehors  de  son  intérêt  général,  l'ouvrage  de  M.  B.  intéresse  les 
celtistes  par  deux  points  spéciaux  :  i°  L'étamage,  invention  des  Gau- 
lois d'après  Pline.  L'avaient-ils  réellement  inventé  ?  M.  B.  consacre  un 
chapitre  à  cette  question,  et  sa  conclusion  est  celle-ci  :  «  Que  les  Gaulois 
fussent  ou  non  les  inventeurs  de  l'étamage,  il  y  a  un  fait  que  l'on  ne 
saurait  discuter,  c'est  qu'au  commencement  de  notre  ère  ils  étaient  seuls 
en  Occident  à  posséder  le  secret  de  cette  fabrication.  »  —  20  Les  mines 
d'étain  de  la  Gornouaille  et  leur  exploitation  dans  l'antiquité.  L'opinion 
de  M.  B.,  qui  repose  sur  des  recherches  nouvelles,  est  que  l'antiquité  a 
d'abord  reçu  l'étain  de  l'Asie,  probablement  du  Khorassan  <et  non  du 
Caucase  qui  n'a  pas  de  mines  d'étain'.  L'étain  des  habitations  lacustres 
de  la  Suisse  viendrait  donc  de  l'Orient.  C'est  à  une  époque  postérieure, 
à  la  suite  des  découvertes  maritimes  des  Phéniciens,  que  l'étain  de  la  Gor- 
nouaille (et  aussi  de  l'Espagne)  fut  exporté  en  grande  quantité.  Le  nom 
d'Ile  Cassitéride  donné  à  la  Grande-Bretagne  signifie  simplement  «  l'Ile 
de  l'Etain  »  et  indique  l'importance  commerciale  de  ce  produit.  C'est 
ainsi  que  certaines  parties  de  la  côte  de  Guinée  s'appellent  «  la  Côte  des 
Esclaves,  la  Côte  de  l'Ivoire  ».  Souvent  aussi  on  dit  «  lies  des  Épices  » 
pour  Iles  Moluques. 


Bibliographie.  379 

Il  est  malheureux  que  pour  les  questions  d'origine  linguistique,  pour 
ainsi  parler,  M.  B.  ne  soit  pas  aussi  au  courant  des  travaux  qui  l'ont 
précédé  qu'il  l'est  pour  les  questions  proprement  archéologiques.  Il  n'a 
pas  connu  l'article  Zin  dans  V Altdeutsches  Wôrterbuch  de  Schade,  ni  un 
article  où  M.  Fr.  Lenormant  Transactions  of  the  Society  of  Biblical  Ar- 
chaiology,  t.  VI  touche  la  question  de  l'antiquité  des  métaux.  Notons 
enfin  qu'en  même  temps  que  paraissait  le  livre  de  M.  Bapst,  un  ouvrage 
de  M.  0.  Schrader  venait  de  paraître  en  Allemagne  Sprachvergleichung 
und  Urgeschichte  qui  traite  la  question  de  l'étain  p.  300  et  suiv.  . 
M.  Bapst  fait  venir  le  grec  /.a^.'TEpoç  du  sanscrit  :  M.  Lenormant  le  fait 
venir  de  l'assyrien  Kâsazatirra,  mot  auquel  est  apparenté  l'arabe  Kasdir. 

H.  G. 

Corpus  poeticum  Boréale,  the  Poetry  of  the  old  Northern  Tongue,  from  the 
earliest  Times  to  the  thirteenth  Century,  edited,  dassified  and  translated,  with  intro- 
duction, excursus,  and  notes,  by  Gudbrand  Vigfusson,  M.  A.,  and  F.  York  Powell, 
M.  A.,  2  vol.  in-8"  de  CXXX-J76  et  712  pages.  Oxford,  Clarendon  Press.  Prix  42  sh. 
(j2  fr.  jo). 

L'ancienne  histoire  Scandinave  touche  à  celle  des  Celtes  par  les  éta- 
blissements des  hommes  du  Nord  en  Irlande  et  en  Ecosse  et  par  des 
luttes  séculaires.  Leurs  anciennes  littératures  ont  eu  aussi  leurs  points 
de  contact  et  elles  se  tiennent  par  bien  des  rapports,  quoique  ces  rap- 
ports eux-mêmes  ne  puissent  encore  être  appréciés  à  leur  véritable  éten- 
due. Les  travaux  de  M.  Bugge,  lors  même  qu'on  n'en  accepterait  pas 
toutes  les  conclusions,  ouvrent  la  voie  à  des  recherches  qui  demandent 
à  être  continuées  et  complétées. 

C'est  à  ce  titre  que  nous  nous  permettrons  d'annoncer  ici  le  grand  ré- 
pertoire élevé  avec  tant  de  peine  et  de  conscience  par  MM.  Vigfusson  et 
Powell  et  qui  permet  à  un  lecteur  étranger  à  ces  études,  comme  nous  le 
sommes  nous-même,  de  se  familiariser  avec  l'ancienne  littérature  du 
Nord.  Ils  ont  réuni,  en  les  accompagnant  presque  toujours  de  traduc- 
tions, tout  poème  ou  fragment  de  poème  antérieur  au  xine  siècle.  Ils  en 
ont  en  même  temps  défini  la  date  et  la  provenance.  La  question  est  trop 
importante  pour  que  nous  ne  résumions  pas  leur  conclusion. 

On  est  revenu  de  l'opinion  que  l'on  se  faisait  de  l'antiquité  des  péo- 
sies  eddiques;  on  n'y  voit  plus  ces  poèmes  sacrés  que  Tacite  aurait  en- 
tendus, on  n'y  voit  plus  cette  «  Bible  du  Nord  »  qui  aurait  été  le  fonde- 
ment de  l'ancienne  religion  des  tribus  germaniques;  on  ne  croit  plus 
avec  Grimm  que  ces  poèmes  datent  d'avant  Charlemagne.  Si  l'origine  et 
la  signification  du  terme  d'Edda  sont  toujours  incertaines,  nos  auteurs, 
par  leur  étude  de  la  langue,  des  mœurs  et  des  autres  caractères  intrin- 


5  80  Bibliographie. 

sèques  du  poème,  concluent  qu'ils  ont  été  composés  du  ixe  au  xic  siècle, 
et  qu'ils  ne  l'ont  pas  été  dans  la  métropole  Scandinave,  mais  dans  une 
de  leurs  colonies,  dans  ce  qu'on  appelle  les  «  Iles  Occidentales  »,  c'est- 
à-dire  les  îles  occidentales  de  la  Grande-Bretagne,  plus  particulièrement 
les  Hébrides. 

Il  est  évident  que  la  mythologie  que  contiennent  ces  poèmes  apparaît 
désormais  ainsi  sous  un  jour  nouveau.  Que  devient  par  exemple  la 
Walhalla  ?  Ecoutons  là-dessus  le  commentaire  de  nos  auteurs,  et  ce 
point  seul  indiquera  la  transformation  des  vues  sur  l'ancienne  littérature 
et  mythologie  Scandinaves. 

«  Il  est  impossible  que  les  poètes  du  Nord,  avec  leur  sentiment  puissant  de 
la  famille  et  leur  forte  croyance  aux  revenants,  aient  pu  inventer  d'eux-mêmes 
un  système  comme  la  Walhalla,  avec  sa  hiérarchie  et  son  peuple  d'élus,  idées 
qui  reproduisent,  comme  dans  la  théorie  vulgaire  du  peuple  musulman  sur  le 
paradis,  une  fausse  imitation  du  ciel  chrétien...  Il  nous  semble  aussi  assez  cer- 
tain que  la  croyance  tout  entière  de  la  Walhalla,  avec  son  ciel,  son  armée  et  sa 
hiérarchie  régulière,  avec  sa  bataille  d'Armageddon  et  son  Jugement  Dernier,  est 
une  foi  empruntée,  arrangée  par  deux  ou  trois  poètes  de  vaste  imagination 
d'après  les  notions  plus  ou  moins  vagues  qu'ils  tenaient  des  chrétiens  de  l'Ouest 
et  du  Sud;  que  cette  croyance  à  la  Walhalla  n'a  jamais  réellement  régné  que 
chez  les  Wickings  de  l'ouest  ou  à  la  cour  de  rois  guerriers,  quoique  des  poètes 
d'époque  postérieure  l'aient  adoptée  comme  allant  tout  à  fait  bien  dans  leurs 
vers  et  comme  s'accordant  avec  leurs  idées  de  la  foi  païenne.  Bien  plus,  nous 
croyons  que  la  légende  de  l'arbre  Yggdrasil  a  été  inspirée  par  le  christianisme.  » 

Avec  un  pareil  habitat  géographique,  il  va  de  soi  que  des  rapports 
avec  la  langue,  la  littérature  et  les  mœurs  des  Celtes,  plus  particulière- 
ment des  Irlandais,  doivent  se  rencontrer  dans  cette  poésie.  Les  auteurs 
en  ont  indiqué  les  principaux,  mots  empruntés  au  gaélique,  parallèles 
avec  quelques  écrivains  irlandais,  allusion  à  des  objets  de  fabrication  ou 
d'importation  bretonne  c'est-à-dire  britannique  .  D'après  nos  auteurs, 
l'usage  des  petits  princes  Scandinaves  d'avoir  des  harpistes  à  leur  cour 
leur  serait  venu  des  Celtes. 

Il  y  a  aussi  quelques  rapprochements  que  nos  auteurs  n'ont  pas  faits, 
mais  qui  se  présentent  à  l'esprit  du  lecteur  celtiste.  Ainsi  t.  I,  p.  xxxvm. 
ils  présentent  comme  une  particularité  «  presque  unique  dans  la  diplo- 
matique européenne  »  l'emploi  systématique  d'abréviations  des  manus- 
crits islandais.  Ils  supposent  que  cette  particularité  doit  son  origine  à  ce 
qu'à  une  certaine  époque  le  parchemin  était  rare,  et  qu'ensuite,  par  tradi- 
tion, on  a  conservé  cet  ensemble  d'abréviations,  malgré  leur  caractère 
compliqué.  Ils  doivent  pourtant  remarquer  que  ces  abréviations  des  ma- 


Bibliographie.  381 

nuscrits  islandais  ne  se  rencontrent  pas  dans  le  manuscrit  de  la  Norvège 
propre,  et  ils  remarquent  quelque  part  ailleurs  que  l'écriture  est  venue 
à  l'Islande  des  Iles  Britanniques.  Le  système  régulier  des  abréviations 
nous  permet  de  préciser  davantage  la  question  et  d'affirmer  que  ce 
sont  les  Irlandais  qui  ont  appris  à  écrire  aux  Islandais,  et  que  ces  der- 
niers n'ont  fait  que  copier  servilement  et  conserver  les  procédés  graphi- 
ques de  leurs  maîtres. 

Nos  auteurs  ont  disposé  les  poèmes  eddiques  dans  un  ordre  établi  par 
eux,  suivant  le  genre  et  les  âges  :  ils  ont  certainement  eu  leurs  raisons 
pour  cela,  et  ce  n'est  pas  nous  qui  nous  permettrons  de  les  critiquer; 
mais  le  lecteur  ignorant  de  la  littérature  Scandinave,  qui  voudrait  se 
rendre  compte  de  la  contexture  originelle  de  ces  poèmes  dans  les  mss. 
qui  les  ont  conservés,  a  de  la  peine  à  s'en  faire  une  idée.  Mais  ce  qui 
pour  nous,  comme  pour  un  grand  nombre  de  lecteurs,  présentera  plus 
d'intérêt  que  ces  textes  eux-mêmes  et  leur  traduction,  c'est  la  très  longue 
introduction  et  les  longs  excursus  dans  lesquels  les  éditeurs  et  traducteurs 
ont  traité  toutes  les  questions  relatives  à  ces  textes,  origine,  antiquité, 
manuscrits,  classifications,  langue,  rhétorique,  mythologie  et  usages.  En 
réunissant  ainsi,  en  quelques  pages  facilement  abordables  et  d'une  lec- 
ture aisée,  la  substance  de  leur  sujet  et  le  résultat  de  leurs  longues 
études,  ils  ont  rendu  un  immense  service  aux  études  d'histoire  littéraire  ' . 

H.    G. 

Vocabulaire  vieux  breton  avec  commentaire  contenant  toutes  les  gloses  en 
vieux  breton,  gallois,  comique,  armoricain,  connues,  par  J.  Loth.  Cinquante-septième 
fascicule  de  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Hautes-Etudes.  Paris,  chez  Vieweg,  1883  ; 
gr.  in-8,  ix-249  pages.  —  Prix  :  10  fr. 

L'auteur  a  réuni  par  ordre  alphabétique  et  étudié  ensemble  les  plus 
anciennes  gloses  des  trois  idiomes  bretons;  il  a  fait  précéder  son  ouvrage 
d'une  introduction  en  27  pages,  qui  contient  des  renseignements  très  in- 
téressants et  nouveaux  sur  l'histoire  du  vieux  breton.  La  compétence  de 
M.  L.  en  cette  matière  est  bien  connue;  aussi  son  livre  est-il  une  bonne 
fortune  pour  les  celtologues.  Ce  n'est  pas  à  dire  qu'on  ne  puisse  trouver 
à  gloser  sur  l'interprétation  de  quelques-unes  de  ces  gloses,  et  à  aug- 
menter les  trois  pages  de  corrections  qui  terminent  le  volume. 

Ainsi,  en  irlandais,  mosac,  lisez  môsach,  p.  33,  n'existe  pas  avec  le 
sens  de  «  qui  a  mauvaise  odeur  »  ;  mir-le,  horloge,  p.  $o,  et  sciberneog, 

1.  Nous  devons  pourtant  exprimer  une  critique  que  les  lecteurs  auront 
souvent  occasion  d'adresser  aux  savants  auteurs  :  Les  indices  sont  nombreux, 
compliqués  et  obscurs  et  forment  un  véritable  labyrinthe;  y  chercher  une  réfé- 
rence est  souvent  toute  une  étude. 


382  Bibliographie. 

lièvre,  p.  215,  n'existent  pas  du  tout;  en  gallois  l'accent  n'est  pas  sur 
la  dernière  syllabe  (p.  84)  ;  athwn  brisé,  p.  32,  =a  -\-  twn;  ammrawdd, 
circonlocution,  p.  37,  =  m-I-  brawdd,  cf.  brawddeg,  phrase;  brythol, 
turbulent,  p.  $9,  vient  de  brwth,  tumulte,  cyndyn  (et  non  cyndyw),  in- 
flexible, p.  108,  =  cyn  -f-  tyn  ;  banwes,  truie,  p.  140,  est  le  féminin  de 
banw,  porc  ;  le  vieux  comique  creman,  faulx,  p.  87,  vient  de  crutn  (v. 
bret.)  courbe  ;  toutes  étymologies  évidentes  qui  rendent  impossibles  les 
rapprochements  proposés.  Plusieurs  des  explications  données  par  M.  L. 
sont  assez  étranges  ;  par  exemple,  il  voit  dans  le  v.  gallois  Custuudieticc 
(cf.  gall.  mod.  cystuddiedig,  affligé'i,  un  composé  *  cust-guo-di-aid-elic,  et 
dans  le  v.  bret.  Testoner,  gl.  inevitabili  inecessitate),  un  mot  *  di-es- 
doner  «  dont  on  ne  peut  s'échapper  »,  mot  qui  a  moins  de  chances  d'avoir 
existé  qu'en  latin  *  in-ex-piatur  pour  inexpiabilis,  l'hypothèse  de  M.  Stokes 
sur  cette  glose  valait  la  peine  d'être  mentionnée;  enfin  M.  L.  traduit, 
p.  219,  des  noms  d'hommes  bretons  par  «  front  de  fer  »,  s  front  de 
bois  »  et  «  front  d'acier  »,  sans  prévenir  que  ce  «  front  de  bois  »  n'est 
pas  une  variante  d'un  fameux  nom  d'invalide,  mais  désignait  originai- 
rement un  lieu  dit,  =  «  front  du  bois  ». 

Malgré  ces  critiques,  il  est  juste  de  reconnaître  que  l'auteur  a  atteint 
le  but  qu'il  se  proposait,  de  rendre  plus  accessible  et  plus  approfondie 
l'étude  de  ces  curieux  documents  ;  et  il  est  impossible  de  ne  pas  tenir 
compte  de  son  livre  pour  des  recherches  ultérieures  dans  le  domaine 
linguistique  du  breton  ou  même  de  l'irlandais. 

Emile  Ernault. 

Testamant  nevez  hon  Aotrou  hag  hon  Zalver  Jesus-Christ. 
Lekeat  en  brezounek  gant  G.  Ar  C'hoat  (In- 18,  i88j,  470  p.;  im- 
primé à  Londres  par  la  Trinitaiian  Bible  Society). 

La  langue  des  traductions  bretonnes  de  la  Bible  par  des  protestants  se 
ressent  généralement  de  leur  inspiration  exotique  ;  je  ne  connais  d'ex- 
ception que  pour  le  Levr  ar  psalmou,  Paris,  1873,  par  suite  de  la  colla- 
boration partielle  d'un  écrivain  breton  de  mes  amis,  fort  bon  catholique 
d'ailleurs.  On  distribuait  à  l'exposition  de  Paris  en  1867  une  petite  bro- 
chure de  15  p.,  Londres,  1867,  contenant  un  texte  sacré  (Act.  II,  8), 
en  91  langues  ;  les  Bretons  ont  pu  y  lire  :  Penaos  eta  e  ra  pep-hini  ac'ha- 
nomp  cleved  anezei  en  hol  langach...  ?  c'est-à-dire  «  Comment  chacun  de 
nous  les  fait-il  entendre  dans  notre  langue  ?  »  Il  eût  fallu  un  autre  mi- 
racle de  la  Pentecôte,  pour  que  les  Bretons  comprissent  ce  jargon,  digne 
de  la  verve  satirique  d'un  Brizeux  : 

Ce  n'est  pas  de  l'anglais,  ce  n'est  pas  du  breton. 

La  traduction  du  Nouveau  Testament  d'où  cette  perle  est  extraite  a 


Bibliographie.  $8$ 

été  imprimée  plusieurs  fois  à  Brest  ;  les  éditions  de  1851  et  de  1870, 
que  j'ai  sous  les  yeux,  ne  présentent  que  des  différences  insignifiantes. 

La  nouvelle  traduction  annoncée  plus  haut  est  due  à  M.  Lecoat,  mi- 
nistre protestant  à  Trémel  Côtes-du-Nord  ,  auteur  d'assez  nombreuses 
brochures  bretonnes.  Cette  œuvre  est  écrite  dans  un  dialecte  indécis,  où 
le  trécorois  et  le  léonnais  sont  amalgamés  d'une  manière  souvent  peu 
judicieuse.  Ainsi  on  lit,  Math.,  IV,  17  :  En  em  distroit  eut  Doue,  ce  qui 
ne  peut  signifier  en  Léon  que  «  détournez-vous  de  Dieu  »  ;  pour  être 
correct  et  intelligible  dans  les  deux  dialectes,  il  fallait  Disiroet  ouz  Doue. 
L'auteur  emploie  des  tournures  absolument  étrangères  à  la  langue,  par 
exemple:  Disket  ar  pez  c'hoanta  laret  ar  c'homzou-ma,  Math.,  IX,  15: 
«  apprenez  ce  que  désuent  dire  ces  mots.  »  On  ne  dit  cela  que  des  per- 
sonnes :  Pesord  et-euzc'lwant  da  laret?  littéralement  q  Qu'est-ce  que  tu 
as  envie  de  dire  ?  »  Le  Gonidec,  dans  sa  traduction  du  Nouveau  Tes- 
tament, Angoulême,  1827  rééditée  dans  sa  Bible,  Saint-Brieuc,  1866) 
a  bien  trouvé  ici  l'expression  bretonne:  Deskit  pétrà  eo  da  lavarout,  litt. 
a  apprenez  ce  qu'est  à  dire.  »  Les  hardiesses  néologiques  qu'on  reproche 
au  célèbre  grammairien  breton  sont  quelquefois  dépassées  par  M.  L.  : 
feizder,  fidélité,  Math.,  XXIII,  23,  Kroastaga,  crucifier,  p.  209,  etc., 
sont  des  inventions  on  ne  peut  plus  malheureuses.  Il  y  a  une  autre  tra- 
duction catholique  du  Nouveau  Testament,  par  un  prêtre  de  Lanrodeci 
qui  n'y  a 'pas  mis  son  nom,  Guingamp,  1853  ;  cette  version  reproduit 
avec  une  remarquable  fidélité  le  trécorois  tel  qu'on  le  parle,  et  M.  L. 
ferait  bien  de  prendre  pour  modèle  cette  simplicité  sans  prétention.  Il 
n'est  pas  assez  maître  des  deux  dialectes  pour  réussir  dans  la  tâche,  plus 
littéraire  que  religieuse,  de  les  combiner  dans  un  ensemble  harmonieux; 
qu'il  s'abstienne,  à  plus  forte  raison,  de  notes  explicatives  tirées  du  van- 
netais,  et  qui  ne  peuvent  qu'embrouiller  encore  plus  ses  lecteurs,  comme 
quand  il  glose,  p.  44,  gwerzidigez,  trafic,  par  gwerc'h,  qui,  pour  les  Bre- 
tons auxquels  le  livre  s'adresse,  signifie  uniquement  «  vierge  ».  M.  L.  a 
peut-être  l'intention  de  retraduire  toute  la  Bible  ,  je  ne  puis  que  lui  re- 
commander d'étudier  soigneusement  la  langue  dans  laquelle  il  veut  faire 
passer  la  parole  de  Dieu,  qui  est,  comme  il  dit,  la  reglen  infaillibl  en 
matier  a  feiz  Petra  a  gred  an  ilis  christen  reformet,  Dijon,  1876,  p.  7). 

11  épargnera  ainsi  à  ses  lecteurs  de  fâcheuses  incertitudes,  et  des  dis- 
tractions profanes  qui  risquent  d'aller  jusqu'à  l'hilarité  ;  car  qui  pourrait 
conserver  son  sang-froid  à  la  lecture  de  phrases  comme  celle-ci  même 
brochure,  p.  18  :  Pep  kig  en  deus  corrompet  he  c'harinchou    Genèse,  VI, 

1 2  ,  qui  équivaut  au  français  a  Tout  chair  a  corrompu  ses  routes  carros- 
sables »  ?  Emile  Ernault. 


384  Bibliographie. 

Vie  inédite  de  saint  Malo,  écrite  au  îx"  siècle  par  Bili,  évêque  de  Vannes 
et  martyr,  publiée  avec  notes  et  prolégomènes  par  le  R.  P.  Fr.  Plaine,  0.  S.  B. 
Suivie  de  :  Autre  vie  de  saint  Malo,  écrite  au  ixe  siècle  par  un  anonyme,  publiée  avec 
notes  et  observations  par  Arthur  de  la  Borderie,  correspondant  de  l'Institut.  Rennes, 
lib.  Plihon,  in-8,  181  p.  Prix:  5  fr. 

Cette  publication  présente  un  grand  intérêt  à  plusieurs  points  de  vue: 
Ie  Pour  les  légendes  celtiques,  car  les  voyages  merveilleux  de  saint 
Brendan  ont  été  aussi  attribués  à  saint  Malo  qui  passa  pour  son  disciple  ; 
20  pour  l'hagiographie  Bretonne,  car  Dom  Plaine  donne  dans  sa  préface 
de  nombreux  détails  sur  le  culte,  l'iconographie,  etc.,  du  saint  ;  30  pour 
l'histoire  de  la  péninsule  armoricaine,  comme  on  voit  par  les  observa- 
tions finales  de  M.  de  la  Borderie. 

Les  documents  que  l'on  possédait  jusqu'ici  sur  saint  Malo  ne  remon- 
taient qu'au  xne  ou  xie  siècle.  Ce  deux  vies  nouvelles,  jusqu'ici  inédites, 
sont  du  ixe  siècle.  Cette  ancienneté  ajoute  un  nouvel  intérêt  aux  détails 
qu'elles  font  connaître. 

Dom  Plaine  nous  dit  dès  la  première  page  que  Machutes  ou  Machutus 
est  la  forme  primitive  du  nom  du  saint  et  que  les  autres  formes,  y  com- 
pris Madovius,  ne  sont  que  des  altérations.  Nous  ne  voyons  pourtant  pas 
comment  Madovius  pourrait  venir  de  Machutus,  et  il  y  a  des  formes  fran- 
çaises qui  se  ramènent  à  l'un  ou  à  l'autre  de  ces  noms,  ainsi  Malo  au  pre- 
mier et  Macouins  au  second1.  Il  y  a  aussi  des  formes  mixtes,  comme 
Macoul  et  Macoult  en  Poitou  et  en  Saintonge.  Saint  Malo  ne  serait-il  pas 
double  ?  C'est  une  question  que  nous  soumettons  modestement  aux  hagio- 
graphes  :  nous  supposons  par  là  qu'à  la  suite  de  la  similitude  des  noms, 
deux  saints  Madovius  et  Machutus  auraient  été  confondus  en  un  seul 
personnage.  L'hypothèse  n'a  rien  d'invraisemblable,  quand  on  pense, 
par  exemple,  qu'en  Irlande  deux  saints  2  se  sont  soudés  dans  le  type 
légendaire  de  saint  Patrice,  ceux  qu'on  a  appelés  Patrice  l'Ancien  et 
Patrice  le  Jeune. 

L'Irlande  a  un  saint  Mochuda  fin  du  vie  et  au  commencement  du 
viic  siècle  qui  fut  abbé  de  Rathin  et  évêque  de  Lismore.  Il  était  l'auteur 
d'une  règle  monastique  dont  un  écho  nous  est  conservé  dans  le  manuscrit 
irlandais  connu  sous  le  nom  de  Lebar  Brecc  >  et  sa  fête  est  placée  dans  le 
calendrier  au  5  mars-*.  Saint  Machutus  est  son  homonyme.         H.  G. 

1.  A  Jazeneuil  idép.  de  la  Vienne)  où  l'église  paroissiale  est  dédiée  à  saint 
Malo,  il  y  a  une  fontaine  de  pèlerinage  pour  les  enfants  macouins,  c'est-à-dire 
obligés  de  recourir  au  Saint  pour  marcher  seuls. 

2.  Deux  au  moins. 

3.  P.  261  :  Incipit  reg[u]lum  Mochuîa  Rathin  etc. 

4.  Sur  Saint  Mochuda.  voir  Lanigan.  Ecclcsiastical  History  of  Ireland,  t.  II, 
p.  99,  102,  3  50  et  20. 


Bibliographie.  385 

Vie  de  saint  Yves  tirée  d'un  manuscrit  sur  vélin  du  xive  siècle,  appartenant  au 
docteur  Bonsejoy...  avec  fsc-simile  héliographique  du  manuscrit.  Saint-Brieuc,  chez 
Prud'homme,  1884,  in-8,  71  p.  Prix  :  6  fr. 

Cet  ouvrage,  d'une  exécution  typographique  remarquable,  contient  en 
8  feuilles  la  reproduction  d'une  portion  de  manuscrit  latin,  qui  est  trans- 
crite p.  1 1-20,  puis  traduite  et  commentée  p.  31-50.  Ce  ms.  est  décrit 
avec  le  soin  qu'il  mérite,  par  son  heureux  possesseur.  C'est  un  petit  in- 
folio de  187  feuillets,  qui  contient  90  vies  de  saints,  dont  quelques-unes 
doubles  ou  triples  p.  8  .  Selon  M.  le  Dr  B.,  il  remonte  au  commen- 
cement de  la  deuxième  moitié  du  XIVe  siècle  p.  25  ,  et  la  vie  de  saint 
Yves  qui  s'y  trouve  serait  probablement  celle  qu'a  composée  le  duc  de 
Bretagne  Charles  de  Blois  p.  9,  10,  44  .  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  vie 
renferme  des  particularités  nouvelles  et  importantes  pour  l'hagiographie; 
je  me  contenterai  de  citer  la  phrase  suivante,  qui  a  aussi  son  intérêt  pour 
l'onomastique  bretonne  :  Cujus  paîer  rocabatur  Ahelorus  filius  cujusdam 
Fanceti  militis ;  Azo  millier  nobilis  rocabatur  mater  ejus  p.  13).  Jusqu'ici 
on  connaissait  sous  des  formes  assez  différentes,  et  par  des  documents 
moins  anciens,  les  noms  des  parents  de  saint  Yves  ;  celui  de  sa  mère, 
par  exemple,  était  écrit  Hadou  ou  Azou  p  33,  34  .  Ajoutons  que  le 
même  mot  a  été  signalé  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville  sous  les  formes 
suivantes,  datant  duxiue  siècle  :  Azou,  H  azou,  noms  de  femme,  en  1266, 
1271  ;  Hadlw,  nom  d'homme,  1237  \Rev.  celt.,  III,  399,  417,  418  .  A 
propos  d'onomastique  bretonne,  je  dois  dire  que  je  ne  partage  pas  l'opi- 
nion de  l'auteur  parlant  d'un  témoin  de  la  vie  du  saint,  appelé  Hamon 
Tolleflam  «  nom  qui  évidemment  s'est  transformé  en  celui  de  Lefîem, 
commun  dans  le  pays  de  Tréguier  »  p.  45  .  Le  Flem  contient  l'article 
français,  comme  beaucoup  d'autres  noms  bretons  ;  on  connaît  les  vers  de 
Brizeux  dans  l'élégie  de  Le  Braz  : 

Son  nom  serait  Ar-Braz,  mais  nous,  lâches  et  traîtres, 
Nous  avons  oublié  les  noms  de  nos  ancêtres. 

Cet  usage,  d'ailleurs,  n'existe  qu'en  français  :  on  écrit,  et,  mieux  en- 
core, on  dit  constamment,  en  breton,  Ar  Flem,  Ar  Braz.  Il  en  est  de 
même  pour  les  formes  différentes  de  l'article  breton  ;  ainsi  «  Monsieur 
Lhêvèder  »,  nom  porté,  entre  autres,  par  un  ecclésiastique  et  par  un  no- 
taire du  pays  de  Tréguier,  se  prononce  ann  otro  \\  cveder  et  'N  ec'houéder 
(=  «  l'alouette  •>  .  ^ant  à  Tolleflam,  c'est  probablement  un  surnom  qui 
signifie  «  jette-sa-flamme  »,  analogue  aux  noms  léonnais  comme  Doughe- 
droat  «  porte-son-pied  »,  etc.,  dont  a  parlé  M.  Le  Men  ann  aotrou  Ar 
Men  dans  la  Rev.  celt.,  II,  76.  La  forme  de  l'adjectif  possessifs  «  son 
Rtv.  Celt.   VI  25 


^  86  Bibliographie. 

(à  lui1  »,  dans  Toll  e-flam,  est  plus  ancienne  que  ht  dans  Doug-ht-droat 
et  autres.  En  moyen  breton  lie  signifie  la  plupart  du  temps  «  son  à 
elle)  »,  ou  bien  c'est  une  contraction  pour  hac  t,  hac  he.  J'entends  ainsi 
l'expression  hac  eff  he  main  «  et  lui  et-sa  mère  à  luit  »,  dans  les  Poèmes 
bref,  du  moyen  âge,  p.  1 10  ;  l'explication  par  une  préposition  hac  «  avec  » 
donnée  p.  i  10  (cf.  Vocab.  v.  bret.,  28,  29]  me  semble  inadmissible  ;  le 
pronom  eff  «  lui  »  n'est,  du  reste,  jamais  complément  d'une  préposition. 

M.  le  D1'  B.  nous  donne,  à  la  fin  de  son  livre,  des  détails  curieux  sur 
le  magnifique  tombeau  de  saint  Yves,  dont  les  fragments,  jetés  à  la  mer 
en  1793  Par  ^es  <c  sans-culottes  »  venus  de  Paris,  pourraient  être  re- 
trouvés au  fond  du  port  de  Tréguier,  au  moyen  du  scaphandre  p.  541. 
Il  reproduit  enfin  un  nouveau  cantique  breton  en  l'honneur  de  saint  Yves, 
cantique  qui  est  promptement  devenu  tout  à  fait  populaire  dans  le  pays 
de  Tréguier. 

Il  est  à  souhaiter  que  M.  le  D1'  B.  ne  s'en  tienne  pas  là,  et  qu'il  publie 
au  moins  ce  qu'il  y  a  de  nouveau,  dans  son  précieux  manuscrit,  relati- 
vement à  l'hagiographie  bretonne.  Non  que  je  veuille  déprécier  les  autres 
bienheureux  ;  mais  chacun  prêche  pour  ses  saints. 

Emile  Ernault. 

Chansons  populaires  recueillies  dans  le  département  d'Ille-et- 
Vilaine,  par  Lucien  Decombe,  avec  une  eau-forte  d'Ad.  Léofanti.  Rennes,  chez 
Hyacinthe  Caillière,  1884,  petit  in-8,  xxvm-401  p.  suivies  de  70  airs  notés,  sans 
pagination.  —  Prix  :  7  fr.  jo. 

Ce  volume,  d'exécution  typographique  fort  soignée,  est  dédié  à 
M.  Bourgault-Ducoudray,  le  savant  explorateur  et  l'admirateur  ardent 
de  la  musique  bretonne.  M.  Decombe  s'appuie  sur  cette  autorité  irrécu- 
sable pour  juger  les  mélodies  de  la  Bretagne  française.  Elles  n'ont  pas  le 
caractère  d'une  race  pure.  Il  en  est  de  charmantes,  mais  elles  accusent 
un  mélange  d'inspiration  bretonne  et  d'inspiration  française.  Ce  sont  des 
mélodies  «  demi-sang  »,  par  opposition  à  celles  de  la  Basse-Bretagne 
qui  «  ont  véritablement  un  caractère  de  race.  Ce  sont  des  mélodies  pur 
sang.  »  (p.  xv). 

Les  chansons  que  contient  ce  livre  sont  au  nombre  de  1 30,  dont  une 
vingtaine  sont  de  simples  variantes  ;  il  me  semble  que  le  couplet  donné 
seul  p.  194  doit  appartenir  à  une  variété  de  la  première  chanson  qui 
ouvre  le  recueil.  Les  quatre  dernières  ne  sont  pas  d'origine  populaire 
(p.  xxm)  ;  je  soupçonne  qu'on  en  peut  dire  autant  de  plusieurs  autres. 
Ainsi  Pelot  de  Betton  [p.  103,  104^,  dont  une  variante  se  trouve  dans 
Les  Chansons  populaires  de  la  France,  édition  du  Petit  Journal,  est  une 


Bibliographie.  387 

épitre  où  la  rusticité  parait  consciente  et  voulue.  La  petite  fille  et  le  pa- 
pillon, p.  180,  181,  est  une  chanson  de  jeune  écolière  ;  je  l'ai  entendue 
à  Saint-Brieuc  avec  ce  couplet  final  : 

A  la  métempsychose 
Encore  si  nous  croyons  {bis) 
Je  dirai  que  je  vienne  ' 
\ln  petit  papillon. 
Do  ré  mi  fa,  fa,  fa, 
Do  ré  mi  sol,  sol,  sol, 
Do  ré  mi  fa,  sol  la  si  do  ! 

Le  refrain  même  ne  témoigne-t-il  pas  d'une  origine  scolaire,  et  pour 
le  moins  demi-savante  ?  De  même  le  fragment  p.  11 5  ne  peut  guère  être 
que  !a  traduction  patoise  d'une  strophe  pensée,  sinon  écrite,  en  français, 
par  un  poète  dont  les  rimes  sont  plus  conformes  aux  préjugés  parnassiens 
qu'à  la  tradition  populaire  ;  qu'on  en  juge  : 

Si  j'avion'  un  p'tit  coutiau 
J'te  couperion'  au  chantiau, 
Ma  mignonne,  une  beurrée. 
Si  j'  serions  le  p'tit  cisiau 
Qui  gôsille  au  bout  d'Ia  prée, 
J'volerion'  à  la  vesprée 
Becquer  ton  mignon  musiau. 

Ces  observations  n'ont  point  pour  but  de  contester  la  présence  de  ces 
chansons  dans  la  mémoire  du  peuple  ;  mais  de  constater,  si  faire  se  peut, 
l'influence  d'une  littérature  plus  ou  moins  artificielle  ou  artistique,  sur  les 
chants  populaires.  L'auteur  a  soin  d'indiquer  toujours  les  provenances 
de  ses  chansons;  il  donne  aussi  des  références  à  leurs  similaires  dans  les 
autres  provinces  et  à  l'étranger;  malheureusement  ce  travail  n'a  pu  être 
fait  pour  toutes.  J'ai  entendu,  dans  les  Côtes-du-Nord.  plusieurs  de 
celles  pour  lesquelles  il  ne  fait  pas  de  comparaisons;  je  donnerai  seu- 
lement ici  quatre  variantes  de  refrains. 

P.  95  Qu'olle  a  dTentend'.  ma  vache. 

Qu'olle  a  d'1'entendement! 
P.    165   (Je  connais  un  p'tit  bois  charmanti 

Quand  on  y  va  que  l'on  est  bien  aise  : 
(Je  connais  un  p'tit  bois  charmant^ 
Quand  on  y  va  que  l'on  est  content  ! 


1 .  Pour  devienne. 


388  Bibliographie. 

P.   168   'Quand  j'étais  chez  mon  père)  (bis) 

(J'allais  cueillir  le)  ti,  la  ri  ti,  ton.  ton,  la  ri  ton, 

(J'allais  cueillir  le  jonc). 
P.   214  Donn' ton  cœur,  mignonne, 

Ton,  ton,  ton  petit  ton  ; 

Donn'  ton  cœur,  mignonne, 

Ton  petit  cœur  joli. 

Le  Petit  navire,  donné  sous  d'autres  noms,  p.  292-301,  se  retrouve 
dans  les  Gwerziou  Breiz-Izel,  t.  II,  p.  182  ;  cf.  Mélusine,  I,  col.  463,  464. 

Dans  l'index  gallo  p.  383-396  on  remarque  quelques  mots  bretons, 
comme  ian  «  oui  »  (=  la  ou  des  expressions  analogues  au  breton,  par 
exemple  mes  gens  «  mon  père  et  ma  mère  »,  cf.  breton  ma  zud.  La  liste 
de  ces  dernières  eût  pu  être  augmentée;  c'est  ainsi  qu'on  Vit  mineurs  «  or- 
phelins »,  p.  285,  cf.  bret.  minored,  et  mineure  p.  302  veut  proba- 
blement dire  «  orpheline  »,  comme  en  breton  minorez  cf.  Revue  celtique, 
II,  272)  ;  crier  force,  p.  304,  est  l'analogue  du  breton  krial  forz.  L'em- 
ploi du  molpratique  pour  «  libertinage  »,  p.  341,  rappelle  aussi  le  bret. 
praticien  «  débauché  »,  dans  les  Canaouennou  grèt  gant  eur  c'hemevod, 
p.  30. 

Mais  tout  ceci  ne  donne  qu'une  bien  faible  idée  de  l'intérêt  que  pré- 
sentent les  recherches  consciencieuses  de  M.  D.  dans  le  folk-lore  haut- 
breton.  La  lecture  de  son  livre  suggère  mainte  comparaison  curieuse  avec 
les  chansons  populaires  de  tous  les  pays,  et  même  avec  la  littérature  sa- 
vante :  ainsi  V Amant  devenu  ermite,  p.  316-318,  rappelle  fort  la  ballade 
Turn,  gentle  hermit  of  the  daleàms  le  Vicarof  Wakefield  chap.  VIII  . 

E.  Ernault. 

R.  Thurneysen.  Keltoromanisches.  Die  Keltischen  Etymologien  im  Etymolo- 
gischen  Worterbuch  der  romanischen  Sprachen  von  F.  Diez.  Halle,  chez  Niemeyer, 
1884,  gr.  in-8.  128  p.  —  Prix  :  3  mk.  60  pf.  (4  fr.  50). 

Cette  petite  brochure  aidera  beaucoup  à  combler  une  grande  lacune. 
L'auteur  passe  en  revue  les  mots  celtiques  cités  dans  le  dict.  de  Diez  ;  il 
vérifie  leur  authenticité  et  leur  âge,  étudie  leur  origine,  et  conclut,  quand 
c'est  possible,  sur  l'existence  et  la  nature  de  leur  rapport  avec  les  mots 
néo-latins  qu'on  a  voulu  en  faire  dériver.  C'est  un  premier  travail  de 
déblaiement  ;  l'auteur  a  cherché  avant  tout  une  base  solide,  sauf  à 
l'élargir  ensuite.  Voici  des  observations  sur  quelques-uns  des  attrayants 
problèmes  soulevés  par  M.  Th. 

Le  bret.  alc'houedez,  indiqué  p.  29  comme  pouvant  venir  du  franc. 
alouette,  serait,  dans  ce  cas,  *  alc'houétes  :  cf.  alumétes,  allumettes;  amu- 


Bibliographie.  389 

zétes,  amusette  ;  divinités,  devinette;  fourchétes,  fourchette  ;  ognonétes,  si- 
vétes,  civette,  etc.,  etc.  L'auteur  rejette  avec  raison  la  forme  '  alavidissâ 
conjecturée  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville  ;  elle  eût  donné  en  Léon 
*  alc'houezes.  Mais  pourquoi  admettre  la  possibilité  du  suffixe  de  féminin 
-iss.i  ?  Le  mot  est  masculin  dans  tous  les  dialectes  ;  on  dit,  par  exemple, 
en  Tréguier  daou  et  non  diou  éreder,  et  le  dict.  vannetais  de  L'A.  donne 
huide,  huider,  m.  De  plus  l'alternance  de  ravec  z  supprimé  en  vann.  à  la 
fin  de  ce  mot  suppose  à  l'origine  d  venant  de  y  et  non  s  ;  ainsi  gou- 
benner,  oreiller  dict.  bret.  ms.  du  siècle  dernier.  Bibl.  Nat.,  fonds  celt., 
n''  10  =  gall.  gobenydd,  v.  corn,  gubennid,  de  "vo-penn-io-.  Le  nom 
breton  de  l'alouette  finissait  donc  primitivement  en  -tio-. 

L'auteur  regarde,  p.  63,  le  bret.  garlantes,  guirlande,  comme  em- 
prunté au  français  ;  il  a  raison,  et  Vs  finale  en  est  une  preuve.  M.  d'Ar- 
bois de  Jubainville,  Etudes  gramm.,41 ,  voit  encore  ici  -es  =  issâ  ;  mais 
ce  suffixe  ne  sert  en  breton  qu'à  marquer  le  sexe  féminin.  La  Gramm. 
celt. 2  8 54  compare  le  suffixe  collectif  gallois  -es,  ce  qui  est  plus  spécieux. 
En  réalité,  l'i  de  garlantes,  alumétes,  etc.,  n'est  autre  que  Vs  du  pluriel 
français  ;  cf.  Indres,  les  Indes  ;  Flandres,  les  Flandres,  etc.  Les  noms 
bretons  de  cette  catégorie  n'expriment  pas  distinctement  l'idée  de 
nombre  ;  leur  fonction  à  cet  égard  dépend  de  la  nature  des  mots  à  formes 
celtiques  qu'ils  doivent  compléter.  Exemples  :  plur.  (canailles,  sing.  ka- 
naill,  Trég.,  comme  en  français;  plur..  collectif  ou  général  pèches,  si- 
trouilles,  pêches,  citrouilles,  singulatifs  pechesenn  Cath.  sitrouillezenn,  etc.; 
pinsetes,  paire  de  pincettes,  plur.  pinsetezou,  P.  Grég.  ;  sing.  garlantes, 
plur.  garlantesiou.  En  regard  du  vann.  orgies,  jeu  d'orgues  plur.  orglezeu  , 
le  léonnais  n'a  que  ogrou  ;  la  même  correspondance  se  trouve  dans  tous 
les  dialectes  pour  certains  mots  tels  que  brages,  paire  de  braies,  plur. 
bragou  ;  sing.  botes,  chaussure,  botte,  plur.  totou.  Le  vann.  emploie 
moins  fréquemment  que  les  autres  dialectes  cette  s,  dont  l'usage  varie 
aussi  selon  les  temps:  on  préfère  généralement  aujourd'hui  geltrenn,  violetes, 
guêtre,  violette,  à  gueltresenn,  violete,  Cath.  Le  pluriel  franc,  n'ajoute  pas 
de  syllabe  aux  mots  finissant  par  n  ou  par  une  voyelle  :  avalou  sitrons, 
des  citrons,  cf.  avalou  oranjes,  des  oranges  ;  bouillons,  du  bouillon  ;  vio- 
lons, violans,  plur.  -ou,  violon;  ridos,  rideau,  plur.  ridosou,  P.  Grég.,  en 
Trég.  rudeiso ;  prunosen,  pruneau,  du  plur.  prunos,  P.  Grég..  en  Trég. 
pruneisenn,  pruneis ;  renso,  les  reins;  dialecte  de  Batz  drapozeo,  dra- 
peaux 'en  tréc.  drapoio,  d'un  sing.  analogue  à  flambeau,  qui  est  déjà 
dans  le  Cath.  .  Vs  finale  française  reste  de  même  en  breton  quand  elle 
n'est  pas  un  signe  de  pluriel  :  Jakes,  Jacques  ;  puns,  puits,  fons,  le 
fonds,  etc. 


390  Bibliographie. 

La  distinction  des  différents  z  bretons  après  r  est  moins  rigoureuse 
qu'avec  les  voyelles  ;  ainsi  le  vann.  orh,  marteau,  vient  de  *  urd,  dont  le 
d  subsiste  encore  dans  le  diminutif  haut-breton  Iwurdé,  bélier  Rev.  Celt., 
V,  222  ;  comparez  les  noms  Hirdan,  Hirdhoiarn,  etc.  [Cartul.  de  Redonï, 
et  pour  l'alternance  en  breton  de  ou  et  i  {=  gall.  w,  y),  moug,  suffo- 
cation, miga,  étouffer  [séparés  à  tort,  je  crois,  par  M.  Th.,  p.  108)  ; 
skoul,  milan,  s'ilfou,  griffes  (cf.  p.  98^  '.  De  même  le  vann.  er-huêrh-ma, 
de  long  temps,  L'A.,  =  ar-verz-man,  P.  Grég.,  de  guers,  f.,  gall.  gwers, 
f.,  espace  de  temps,  du  lat.  versus;  il  n'y  a  donc  pas  tant  de  difficulté  que 
le  croit  M.  Th.,  p.  90,  à  identifier  le  bret.  berz,  vann.  berh,  défense, 
avec  bersa  ;  le  Cath.  a  régulièrement  bers.  Enfin  le  bret.  kerzin ,  alisier, 
est  en  gall.  cerddin,  sorbier,  pour  lequel  on  attendrait  *  certhin  ou  *  cer- 
din,  cf  irl.  caerthann,  de  cder,  baie,  fruit,  gall.  cair,  et  probablement  de 
tann,  chêne,  mot  breton  que  M.  Th.  semble  chercher  inutilement  en  irl., 
p.  1 1 3  ;  cf.  Windisch,  Irise ie  Texte,  410. 

M.  Th.  conteste  à  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  p.  98,  que  le  bret. 
enkres,  chagrin,  puisse  être  parent  du  v.  irl.  ancride,  parce  que  Vs  bret. 
ne  correspond  pas  à  un  d  irl.  Mais  la  même  critique  pourrait  s'appliquer 
au  rapprochement  évident  de  l'irl.  cride,  cœur,  avec  creis,  milieu,  Cath., 
en  Vannes  et  en  Trég.  kreis.  Ces  mots  représentent,  non  pas  *  crid-[yo-), 
gall.  craidd,  mais  *  cridy-(o-),  tous  deux,  d'ailleurs,  de  *  cridio-.  Le  d, 
en  fusionnant  ici  avec  Vi  suivant,  s'est  préservé  de  la  destruction  dans  nos 
deux  dialectes,  de  même  qu'en  devenant  r  par  l'intermédiaire  de  z,  il  a 
été  conservé  dans  les  mots  éveder,  huider,  cf.  tréc.  astur  vermine  = 
léon.  astuz,  vann.  anstu;  et  tréc.  sperat  groseilles  =  léon.  spezad, 
gall.  ysbyddad,  Cath.  au  singulier  spezadenn  2.  Seulement  la  bifurcation 
dont  témoignent  les  formes  divergentes  creis,  craidd  est  plus  ancienne 
que  celle  qui  a  produit  dans  l'intérieur  du  vann.  huider  et  huide  ;  les 
deux  lettres  passées  en  fraude  se  résolvent,  l'une  en  i  gaulois,  l'autre  en 
z  moyen  breton  (Cath.  ehuedez,  huedez).  On  peut  expliquer  d'une  manière 
analogue  la  persistance  générale  de  Vs  dans  le  bret.  hinvis  =  camisia, 
qui  embarrasse  M.  Th.,  p.  52  ;  l'/z  n'est  pas  nécessairement  d'origine 
germanique,  cf.  Cath.  hoarais,  vann.  hoareis  —  carême.  Ce  traitement 

1.  On  peut  ajouter  quelques  rares  exemples,  comme  kinnigan,  j'offre,  gall.  cynnygaf  = 
'  condweam,  mais  cette  distinction  s'est  ordinairement  effacée  en  breton  :  ainsi  au  gall. 
bra{w)-wch,  braw-ychus,  terreur,  terrible,  correspond  le  vann.  blaouah,  blaouahus.  Je 
ne  crois  pas  que  flislra,  jaillir,  ait  rien  à  faire  avec  froud,  torrent  (Et.  gram.,  6,  66;; 
il  semble  venir  de  *  fistr'la,  gall.  chwistrellu,  dérivé  du  lat.  fistula  ?  Cf.  klask,  chercher 
=  gall.  casglu,  clasgu. 

2.  Les  mots  bret.  tech,  habitude,  sich,  siège,  usités  en  Trég.  et  en  Vannes,  ne  sont  pas 
identiques  au  gall.  tuedd,  sedd  (Rev.  Celt.,  III,  229  ;  Et.  gram.,  22);  ils  viennent  du  v. 
franc,  teche  (d'où  entiché),  et  de  siège,  comme  pich  vient  de  piège. 


Bibliographie.  591 

sporadique  de  -dy-,  -sy-,  en  breton,  diminue  un  peu  l'importance  de 
l'hvpothèse  exprimée  p.  17,  d'après  laquelle  le  suffixe  gaul.  -isia  de  tpi- 
[Kxpx-toûx  serait  représenté  en  bret.  par  -et  =  -isia.  Il  faut  faire  la 
part  du  celtique  dans  les  origines  du  bret.  -if  aussi  bien  que  du  franc. 
-ise;  pourquoi,  par  exemple,  iaouankis,  jeunesse,  ne  descendrait-il  pas 
de  *  iovincisy  a  ,  '  iovincisiâ  ?  Vi  de  ces  sortes  de  terminaisons  est  resté 
assez  longtemps  en  breton  pour  influer  sur  les  sons  voisins,  puisque 
quelquefois  il  existe  encore.  Ainsi  dans  l'expression  rei  var  gampi,  prêter, 
littéralement  «  donner  sur  échange  »,  hampi  =  cambium  ;  c'est  un  pa- 
rent de  kemm,  changement,  =  cdmbium,  cf.  v.  irl.  cimb,  argent,  Rev. 
Celt.,  V,  466  ;  comme  on  a  à  la  fois  en  bret.  kamps  =  '  cdm'sya,  et 
hinvis  =  *  camisya,  à  côté  du  v.  irl.  caimmse,  moy.  gall.  camse,  Gram. 
Celt.2  787,  =  '  cam'sia. 

Celtistes  et  romanisants  salueront  avec  un  égal  bonheur  l'apparition 
du  livre  de  M.  Th.,  qui  débarrasse  définitivement  de  tant  de  con- 
structions gênantes  le  terrain  commun  à  leurs  études  respectives. 

Emile  Ernault. 

Mélusine.  Renie  de  mythologie,  littérature  populaire,  traditions  et  usages,  dirigée  par 
H.  Gaîdoz  et  E.  Rolland.  Rédaction  et  administration,  6,  rue  des  Fossés-Saint-Ber- 
nard, Paris.  Tome  II  ;  un  numéro  par  mois,  depuis  le  $  avril  1884.  —  Abonnement 
pour  les  24  numéros,  France  et  Union  postale.  20  francs;  autres  pays,  22  fr.  50. 

La  Mélusine  de  1877,  dont  nos  lecteurs  ont  conservé  le  plus  charmant 
souvenir  et  déploré  la  trop  prompte  disparition,  n'était  pas  morte  .  elle 
n'était  qu'endormie.  Voilà  l'enchanteresse  qui  reparait  avec  plus  de  vi- 
gueur et  de  beauté  que  jamais.  Les  délicats  malheureux  qui  seraient 
tentés  de  reprocher  à  l'ancienne  Mélusine  d'avoir  un  peu  sacrifié  «  le 
grave  au  doux  »,  goûteront  désormais  avec  un  savant  plaisir  ces  deux 
ingrédients  classiques  dans  l'habile  mélange  dont  la  fée  poitevine  vient  de 
trouver  la  recette. 

Les  études  celtiques  sont  naturellement  représentées  avec  honneur 
dans  une  publication  sœur  de  la  Revue  Celtique.  Ainsi  Pétymologie  du 
gallois  avmwl,  nuage  bret.  kommoul  par  le  lat.  cumulus  col.  1 1  me 
semble  bien  préférable  à  une  dérivation  au  moyen  du  suffixe  -oui  Et. 
gramm.,  6;  .  Risquons  pourtant  quelques  remarques  à  propos  de  la  vaste 
et  intéressante  enquête  sur  Parc-en-ciel.  Le  comique  camdhavas, interprété 
«  langue  »  ou  «  signe  »  «  courbe  »,  col.  1 1,  n'est  qu'une  corruption, 
par  étymologie  populaire,  du  plus  ancien  camniuet,  Gramm.  Celt.  2,  1 075, 
en  bret.  canevedenn,  P.  Grég.  et  keneveden,  haut  Léon  caneven,  keneven, 
D.  Le  Pell.  ,  où  -niu-A  parai:  signifier  quelque  chose  de  sacré  ou  de  ce- 


$92  Bibliographie. 

leste.  Le  Cath.  a  ganiuedenn  an  glau,  par  assimilation  à  ganiuet,  fr.  a  ca- 
niuet  »,  canif;  ce  mot  ganived,  que  donne  aussi  le  P.  Grég.,  est  encore 
usité  en  Tréguier  ;  le  dict.  de  L'A.  donne,  en  français,  canif  ou  gamf.— 
Le  mot  gloumétenn  «  arc-en-ciel  »  et  «  douve  de  tonneau  »,  environs  de 
Lorient  col.  11,  cf.  col.  iii  ,  est  une  variante  du  vannetais  kroum- 
méienn,  Le  Gonidec,  croumettenn,  P.  Grég.  «  arc-en-ciel  »  ;  à  Sarzeau  cr 
gourmèqienn.  La  syllabe  croum  signifie  a  courbe  »,  comme  cam  dans 
camniuet  ;  mais  le  suffixe  -etenn  indique  presque  à  coup  sûr  un  emprunt 
au  français.  On  peut  penser  au  vieux  mot  courbette,  f.  «  sorte  de  fau- 
cille »  La  Curne  de  Sainte-Palaye),  cf.  col.  109:,  le  mot  aurait  été 
bretonisé  de  la  même  façon  que  «  courbet  de  bât  »,  qui  traité  proba- 
blement comme  une  forme  du  haut-breton  pour  *  courbeau,  a  donné  cor- 
bell  et  crouméllenn,  P.  Grég.  —  Aux  déformations  de  goarec  an  glau, 
Cath.,  citées  col.  13,  on  peut  ajouter  :  vann.  goarem  er  glau,  P.  Grég., 
féminin  dans  le  dict.  de  L'A.  au  mot  iris  ;  en  basse  Cornouaille  on 
prononce  gweremen  c'hla.  Le  mot  goarem  signifie  «  garenne,  champ  non 
cultivé.  »  On  dit  en  petit  Tréguier  goarennik  é  gla,  barennik  c  gla,  et 
barenn  é  gla  ,  ces  deux  dernières  expressions  signifieraient  a  la  barre  », 
a  la  ligne  »  et  «  la  petite  ligne  »  «  de  pluie  ».  —  On  lit  dans  les  Fasy 
tessons...  in  Irish  du  Rév.  U.  J.  Bourke,  4e  éd.  Dublin,  1865,  p.  47, 
qu'en  irlandais  l'arc-en-ciel  s'appelle  tuar  ceatha  «  présage  de  pluie  »  ; 
tuar  a  peut-être  pris  ici  la  place  de  tuagh  «  arc  »,  cf.  v.  irl.  tuag  nimc 
arc-en-ciel1.  —  La  qualification  d'  «  anépigraphes  »  donnée,  col.  15, 
aux  monnaies  gauloises  connues  sous  le  nom  bizarre  de  Regenbogen- 
schiïsselchen,  «  patelU  iriiis  »,  n'est  pas  applicable  à  la  totalité  de  ces 
pièces,  comme  le  montre  le  savant  travail  que  leur  a  récemment  consacré 
M.  P.-Ch.  Robert  devant  l'Académie  des  Inscriptions2. 

La  nouvelle  Mélusine  ouvre  aussi  sur  la  Grande-Ourse,  le  feu  Saint- 
Elme,  les  légendes  de  la  mer,  les  Védas,  etc.,  etc.,  de  larges  enquêtes 
dont  les  résultats  ne  pourront  que  profiter  à  la  branche  spéciale  de  la 
science  dont  s'occupe  la  Revue  Celtique. 

E.  Ernault. 


!.  L'arc,  arme  indo  europ.,  Premiers  habit,  de  l'Europe  133,  est  contesté  aux  Celtes, 
Le  cycle  mythol.  irl.  190;  mais  voy.  Ces.  B.  G.  VII,  31,  41,  80,  81,  B.  C.  I,  $0;  Pline, 
XXV,  25,  XXVII,  76;  Strab.,  IV,  4,  3  ;  IV,  4,  5  ;  L'art  gaul.  I,  pi.  6o,  2,  etc. 

2.  Examen  d'un  trésor  de  monnaies  gauloises  entré  au  musée  de  Saint-Germain,  par 
M.  P.-C.  Robert.  (Extrait  des  comptes-rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres.  Paris,  1884,  p.  15.) 


Bibliographie.  595 

Quali  Britanni  diedero  il  nome  ail'  Armorica.  Riposta  del  prof.  v.  de 
Vit  a  tri  articoli  di  diversi  periodici.  Firenze,  Uffizio  délia  Rassegna  Settimenale,  1884, 
48  p.  in-8. 

I. 

M.  V.  de  Vit  en  est  encore  à  se  demander  quels  sont  les  Bretons  qui  ont 
donné  leur  nom  à  l'Armorique.Sa  nouvelle  brochure  n'apporte  aucun  argument 
nouveau  à  la  thèse  étrange  qu'il  a  soutenue,  dans  un  précédent  ouvrage  analysé 
dans  la  Revue  Celtique  (avril  1880,  p.  480  et  suiv.)  :  Dissertazioni  sui  Britanni 
e  sui  Cimbri...;  au  risque  de  nous  attirer  de  nouvelles  injures  de  la  part  de 
l'auteur,  nous  ne  pouvons  que  répéter  qu'il  ne  connaît  pas  les  premiers  éléments 
d'un  problème  qui  n'a  plus  rien  d'obscur  et  que  tout  le  monde  considère  comme 
parfaitement  tranché,  au  moins  pour  le  fond. 

Un  mot  seulement  sur  les  fameuses  Cohors  1  Britannica  miliaria  et  Cohors  I 
Brittonum  miliaria  ;  c'est  le  point  de  départ  de  la  thèse  de  M.  V.  de  Vit;  il 
voit  dans  cette  différence  de  nom  une  preuve  invincible  qu'il  s'agit  de  deux 
peuples  différents.  Nous  avions  fait  remarquer  à  titre  d'hypothèse  que  la  seconde 
appellation  pouvait  être  postérieure  à  la  première,  l'appellation  ordinaire  chez 
les  Latins  pour  l'île  de  Bretagne  étant  Bntannia  et  le  nom  de  Brittones  n'ayant 
été  en  usage  chez  les  Romains  qu'assez  tard.  M.  V.  de  Vit  remarque  avec 
raison  que  la  création  de  ces  cohortes  doit  remonter  à  l'année  $9,  peu  d'années 
par  conséquent  après  !a  mort  de  Claude,  le  conquérant  de  la  Bretagne,  et  qu'il 
est  difficile  d'admettre  que  la  création  de  la  seconde  cohorte  soit  postérieure  à 
la  première.  Il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  le  nom  de  Brittones  n'apparaît 
qu'après  la  conquête  de  la  Bretagne  par  les  Romains,  et  que  c'est  bien  là  le 
nom  national  des  Bretons  d'Angleterre  et  de  France  ayant  conservé  un  dialecte 
celtique.  Une  fois  la  Bretagne  conquise  et  mieux  connue,  c'est  ce  nom  de 
Brittones  qui  domine.  L'habitude  d'appeler  les  habitants  de  l'île  Britanni  ne 
disparaît  pas  naturellement  tout  d'un  coup,  de  là  le  fait  qu'à  la  même  époque 
deux  cohortes  formées  de  Bretons  ont  pu  porter  deux  noms  différents,  l'un 
traditionnel  chez  les  Latins,  l'autre  le  nom  national  des  insulaires. 

Une  remarque  de  Mommsen  (Ephcmeris  Epigraphica,  vol.  V,  Berol.,  1884, 
art.  xxxviii,  militum  provincialium  patria,  p.  177-179)  confirme  notre  hypo- 
thèse :  Britanni  bis  tantummodo  inventi  sunt  in  cohorte  tertia,  quœ  ipsa  Brït- 
tonum  appellatur. 

J.  Loth. 

II. 

La  brochure  de  M.  de  V.  est  une  réponse  à  MM.  Mommsen,  Loth  et  Gaidoz, 
qui  ont  eu  le  tort  de  ne  pas  approuver  la  thèse  du  philologue  italien.  En  ce 
qui  me  concerne,  j'avais  parlé  de  son  livre  dans  le  Pohbiblion,  (février  1883, 
p.  120-12  1)  et  je  terminais  mon  article  parce  paragraphe  : 

«  En  matière  d'ethnographie,  nous  croyons  qu'il  ne  faut  pas  attacher  grande 
»  importance  aux  témoignages  isolés  ou  singuliers  des  écrivains  anciens.  Ces 


394  Bibliographie. 

»  écrivains  n'apportaient  pas  à  ces  constatations  l'esprit  critique  que  les  pro- 
»  grès  de  la  science  ont  donné  aux  modernes  ;  ils  se  faisaient  une  idée  erronée 
»  de  la  forme  de  la  terre;  ils  ne  connaissaient  les  pays  éloignés  que  par  ouï- 
»  dire  ou  par  une  tradition  confuse  ou  inexacte.  Recueillons  leurs  témoi- 
»  gnages  à  titre  de  renseignement,  à  prendre  ou  à  laisser  suivant  leur  vrai- 
«  semblance  et  leur  concordance  avec  les  faits  qui  paraissent  assurés.  En 
»  présence  de  textes  divers  et  quelquefois  contradictoires,  l'historien  doit, 
»  comme  le  casuiste,  choisir  l'opinion  la  plus  probable;  M.  de  Vit,  à  notre 
»  avis,  a  choisi  la  moins  probable.  Son  livre  s'ajoute  à  ceux  où  quelques  uns 
»  de  nos  Bretons,  poussant  le  patriotisme  jusqu'au  paradoxe,  ont  voulu  nier 
»  l'émigration  et  la  colonisation  parles  insulaires;  il  formera  une  contre-partie 
»  à  une  autre  thèse  paradoxale,  celle  de  l'Anglais  Thomas  Wright  qui  avait 
»  imaginé  une  émigration  des  Bretons  armoricains  dans  l'île  de  Bretagne  et 
•  en  taisait  les  ancêtres  des  Gallois.  » 

Pour  mon  procès  personnel,  je  réponds  à  M.  de  V.  dans  le  Polybiblion, 
mais  je  me  permets  de  reproduire  ici  un  passage  de  ma  réponse  où,  entre  autres 
exemples,  je  parle  de  la  dualité  du  nom  de  Breton  en  français;  j'essaie  de 
montrer  à  M.  de  V.  que  de  l'existence  de  deux  noms  contemporains  dérivés 
du  même  radical  et  employés  dans  la  même  langue,  on  n'a  pas  le  droit  de 
conclure  à  la  dualité  du  peuple  qu'ils  désignent.  Si  les  érudits  qui  discourent 
si  complaisamment  sur  l'ethnographie  de  l'antiquité  avaient  formé  leur  mé- 
thode à  étudier  au  même  point  de  vue  l'ethnographie  des  temps  contemporains 
où  la  contre-épreuve  est  possible,  ils  reconnaîtraient  qu'ils  bâtissent  sur  du  sable, 
ou  mieux  encore,  ils  ne  bâtiraient  souvent  rien  du  tout.  Il  y  a  des  branches 
de  la  science  historique  où  l'agnosticisme  est  plus  sage  que  la  foi. 

De  même  qu'en  latin  nous  avons  deux  noms  Britanni  et  Brittones,  de  même 
en  français  nous  avons  Breton  et  Bret.  Ce  dernier  ne  se  rencontre  plus  au  mas- 
culin que  dans  des  noms  propres,  Le  Bret,  Lcbret,  etc.  M.  de  la  Borderie, 
pourtant,  pourrait  peut-être  en  citer  des  exemples  tirés  des  textes  du  Moyen 
Age  ou  du  temps  de  la  Réforme.  Mais  le  féminin  Brette  est  encore  en  usage  ; 
c'est  même  le  seul  terme  employé  pour  désigner  une  femme  de  la  Basse-Bre- 
tagne. On  dit,  en  effet,  «  une  Basse-Brette  »';  on  ne  dit  jamais  (à  notre  con- 
naissance, du  moins)  «  une  Basse-Bretonne  »  ou  «  une  Bas-Bretonne  ».  Ainsi, 
aujourd'hui,  on  a  ce  paradigme  : 

Masc.  Bas-Breton,  fém.  Basse-Brctte  ou  Brette. 

Précédemment,  Brette  s'appliquait  aux  femmes  des  deux  Bretagnes  (Haute  et 
Basse),  témoin  ce  passage  des  Nouvelles  Récréations  de  Bonaventure  des  Périers 
(xvic  siècle)  :  «  Or,   n'y  avoit  celuy  des  trois  qui  ne  fust  assez  accort  ;   car, 

i.  C'est  du  moins  ce  que  nous  nous  rappelons  avoir  entendu  dire,  quand  on  ne  di- 
sait pas  «  une  Bretonne  »  tout  court.  M.  Ernault  nous  écrit  à  ce  sujet:  «  Je  n'ai  pas  en- 
tendu l'expression  «  Basse-Brette  »;  il  me  semble  que  Brette  est,  pour  le  cas,  le  féminin 
de  Bas-Breton.  Je  doute  qu'en  Haute- Bretagne  les  femmes  se  donnent  à  elles-mêmes 
un  autre  ethnique  que  Bretonne,  a  Brette  »  est  opposé  à  «  gallaise  »;  c'est  une  sorte 
de  sobriquet,  comme  «  gallo  »  en  sens  inverse  ». 


Bibliographie.  $9$ 

combien  qu'ils  lussent  Bretons,  toutesfois  ils  n'étaient  pas  tonnans  [jeu  de  mots 
pour  dire  qu'ils  n'étaient  pas  Bretonnants,  c'est-à-dire  parlant  breton],  et 
s'estoyent  meslez  de  faire  bons  tours  avec  ces  Brrtcs  qui  sont  d'assez  bonne 
volonté,  comme  l'on  dist,  toutesfois  hors  de  combat  »  (Nouvelle  V.).  Il  y  a  là, 
comme  on  voit,  un  jeu  de  mots  sur  le  nom  de  Bretes,  qui  signifie  à  la  fois  : 
i°  Bretonnes  ;  2°  épées  '  ;  30  femmes  galantes  id'après  le  bibliophile  Jacob). 

A  côté  de  Breton  nous  trouvons  encore,  par  métathèse,  «  Beiton  ».  C'est 
dans  une  chanson  populaire  de  Saint-Brieuc,  publiée  par  M.  Ernault,  dans 
Mélusine  (t.  I,  col.  338)  : 

Dans  un  couvent  d'saint  François 

Où  l'on  marie  les  filles, 
Les  filles  avec  les  garçons, 

Les  garçons  et  les  filles, 
Les  Brettes  avec  les  Bertons 
Les  Bertons  et  les  Brettes. 
Transportons  par  la  pensée  dans  l'antiquité  ces  doublets  de  Bref  et  de  Breton, 
cela  fera  deux  peuples  pour  les  érudits  qui  raisonnent  à   la  façon  de  M.  de  Vit. 
Ils   sont  malheureusement  nombreux,  parce  qu'aucun  n'a  cherché  à  former  sa 
critique  par  l'étude  de   l'ethnographie  contemporaine    et   qu'il   est   aisément 
admis  que  l'érudition  dispense  du  sens  commun.  H.  G. 

E.  Windisch.  Keltische  Sprachen,  article  de  l'Allgemeine  Eneyklopaedit  der  Wi- 
ssensehaften  uni  Kûnste,  p.   132,001.  1,  à  180.  col.  1. 

I. 

Ce  travail  est  un  excellent  résumé  général  de  la  science  celtologique. 
L'auteur  fait  d'abord  l'historique  de  cette  science  ;  il  rend  justice,  entre 
autres,  à  l'érudit  Gallois  Edward  Lhuyd,  qui  dans  son  Archaeologia  Bti- 
lannica,  parue  en  1707,  a  rapproché  les  mots  des  différentes  langues  cel- 
tiques et  qui  «  mérite  d'être  considéré  comme  un  précurseur  de  la  gram- 
maire comparée  »  (p.  133  col.  2,  cf.  173  col.  1).  Vient  ensuite  une 
étude  étymologique  fort  intéressante  sur  une  quinzaine  des  plus  impor- 
tants noms  de  peuples  ou  de  pays  celtiques  [p.  133  col.  2,  à  143 
col.  2).  Une  remarque  à  ce  sujet. 

Le  nom  gallois  de  l'Irlande,  lwerddon,  irl.  Êriu  =  *  Iveriôn  p.  138 
col.  2)  [liverdon  dans  les  Mabinogion,  II,  240,  cf.  ewyrdonic,  irlandais, 
ibid.,  386],  a  son  correspondant  dans  le  breton  moyen  Yuerdon,  mal  écrit 
Ynerdon,  ms.  de  sainte  Nonne,  p.  7.   Mais  le  d  n'est-il  pas  ici  un  ar- 

1.  Sur  le  mot  Brette  (d'où  le  dérivé  bien  connu  Bretteui)  Littré  remarque,  d'à  pré 
Vénage  :  «  une  longue  épée  qui  se  fabriqua  d'abord  en  Bretagne  ».  Liltré,  Dict.  de  la 
langue  franc.,  s.  v. 


396  Bibliographie. 

chaïsme  purement  graphique  '  pour  z  ?  On  peut  le  croire,  car  il  y  a  à  la 
fin  du  Caîholicon  un  vers, 

Euzen  Roperz  credet  qutrz  a  Kaerdu 
où  le  nom  géographique  écrit  sous  sa  forme  traditionnelle  Kaerdu  se  pro- 
nonçait déjà  Kaerzu,  comme  l'indiquent  les  rimes,  quoique  l'auteur  de  la 
Gramm.  Celt.2p.  976  ne  semble  pas  s'en  être  aperçu.  On  attendrait 
*  Yuerzon  par  un  z,  comme  dans  morzat,  cuisse,  Cath.,  v.  gall.  mor- 
duit  =  * mâriêtâ,  cf.  ;v.r,p-'a.  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  Etudes  gramma- 
ticales, p.  2$,  admet  bien  un  d  qui  serait  analogue  dans  merdead,  marin, 
Cath.  merdeat,  de  *  moriatis  ;  mais  alors  il  y  aurait  au  moins  une  variante 
*merzead;  il  faut  poser  comme  type  *  moritêatis,  cf.  Cath.  mordeiff,  na- 
viguer, gall.  mordwyo. 

Enfin  M.  W.  explique  quelles  sont  les  sources  de  nos  connaissances 
pour  le  gaulois  et  pour  les  langues  néo-celtiques,  et  jette  un  coup  d'oeil 
critique  sur  leurs  littératures.  Comme  dans  les  autres  parties  de  cet  ar- 
ticle, il  a  su  garder  une  juste  mesure.  Aussi  son  œuvre  sera-t-elle  lue 
avec  plaisir  par  les  simples  curieux  et  étudiée  avec  profit  par  les  celti- 
sants,  dont  elle  facilitera  et  guidera  les  recherches. 

Emile  Ernault. 

II. 

The  length  of  this  article  of  Prof.  Windisch,  if  it  had  no  other  merit, 
which  is  far  from  being  the  case,  would  justify  some  notice  being  taken 
of  it  in  the  Revue  Celtique.  It  will  doubtless  be  found  very  useful  and  as 
suchwill  be  muchconsulted,  so  I  propose  to  make  a  few  remarks  on  the 
etymological  portions  of  it.  The  professor  discusses  in  the  earlier  part 
most  of  the  chief  national  names  of  the  Celts  and  accordingly  goes  over 
much  of  the  same  ground  as  I  hâve  in  the  appendix  to  my  little  book  on 
Celtic  Britain. 

1.  Prof.  Windisch  begins  with  Celtae,  Keàto;,  and  reviews  various 
etymologies  of  the  word  including  the  one  Connecting  those  words  with 
the  Irish  clethe  great,  elevated.  He  is  quite  right  in  rejecting  it,  but  his 
référence  to  Stokes  would  lead  a  careless  reader  to  think  that  Stokes 
proposed  it  ;  but  so  for  as  the  passages  go,  which  he  gives,  M.  d'Arbois 
de  Jubainville  appearsto  hâve  been  theauthor.  If,  however.  the  word  is 
to  be  explained  by  means  of  Irish,  why  is  the  only  Irish  word  which  has 


1.  Le  doute  que  j'exprime  sur  ce  point  spécial  ne  m'empêche  pas  d'admettre  que  dans 
certains  dialectes  bretons  il  y  avait  au  xve  siècle,  comme  aujourd'hui,  des  d  répondant  à 
dd  gallois;  cf.  le  Catholicon  au  mot  huzd  :  «  aulcuns  dient  en  breton  udel.  » 


Bibliographie.  397 

the  same  combination  of  sounds  always  overlooked  1  I  mean  celt  dress 
orraiment,  whencethe  Scotch  kilt  See  Stokes'  Cormac  Calcutta,  1868 
p.  47  :  this  would  hâve  the  advantage,  if  Fick  beright  in  his  dictionary, 
iii.  $27,  of  combining  itself  with  the  old  etymology  associating  the  word 
Celu  with  the  German  held,  since  he  wouid  explain  that  word  as  ei- 
gentlich  der  in  Waffen  Gehiïllte.  Eut  be  that  as  it  may,  it  would  yield  a 
word  somewhat  parallel  in  meaning  to  Brittones  in  the  sensé  of  clothed 
or  dressedmen.  There  are,  however,  other  possibile  ways  of  explaining 
Celtx,  and  one  of  those  is  by  means  of  the  0.  Norse  hild-r  war:  this 
would  enableone  to  regard  Celtae  as  synonymous  with  Galli,  Lastly  there 
is  also  the  possibility  that  the  word  Celtae  is  not  of  Celtic  origin. 

2.  Galli  and  roùxcat  are  the  next  forms  discussed  and  Windisch  goes 
into  the  question  of  the  formation  of  the  latter,  but  has  hardly  anything 
tosay  of  the  former  except  the  suggestion,  that  YakSmii  is  possibly  more 
correctly  handed  down  to  us  than  the  other.  Why  he  should  think  so,  I 
cannot  make  out  ;  for  it  seems  that  Galli  would  be  quite  good  Gaulish 
for  an  original  Galji  from  the  same  root  as  Yi'/i-v.  :  probably  the  Pro- 
fessor  has  doubts  on  this  point,  and  1  for  one  am  sorry  tnat  he  has  not 
formulated  them.  There  is  one  proper  name  which  I  would  connect 
with  thèse  national  appellations,  namely,  Galamh  or  Golamh  ',  a  name 
of  the  soldier  or  Miles,  Modem  Irish  Mileadh,  ancestor  of  the  so- 
called  Milesian  Irish  :  Galamh  had  doubtless  the  exact  meaning  of  the 
Latin  miles,  and  if  one  may  trust  Skene'sChron.  ofthe  Picts  and  Scots2, 
where  one  meets  with  Galam,  Galan  and  other  forms  which  require  to 
be  verified,  it  would  seem  too  that  Galamh  was  not  an  unccmmon  name 
among  the  Picts.  Lastly  the  imperfect  tract  in  the  Iolo  MSS.  p.  86, 
calls  the  district  of  the  Belgae  in  Britain  Arllechnedd  Galedin  «  the  Slope 
ofthe  Galedin  «  between  Kent  and  Devon;  and  the  Triad,  iii.  6,  in  the 
Myvyrian  mentions  the  men  of  the  Galedin  who  came  to  the  Isle  of 
Wight  in  the  mastless  ships  when  their  :ountry  was  inundated.  Now 
Galedin  implies  a  form  that  would  in  Gaulish  probably  hâve  been  in  the 
nominative  singular  Galatino-s  ;  but  whether  it  should  be  construed  as  a 
noun  or  as  an  adjective  in  the  passages  alluded  to,  there  is  nothing  to 
détermine,  while  the  story  of  the  mastless  ships  and  the  inundated  land 
raise  other  questions  which  I  cannot  answer.  One  thing  isfairly  évident, 
namely,  that  the  Galatini  in  question  must  hâve  been  the  Belgic  tribes 
south  of  the  Thames. 

1.  O'Curry,  MS.  Materials  p.  447  :  Manners  and  Customs  of  the  Ancient  Irish  ii,  p.  94. 

2.  See  the  Index  to  that  compilation  and  note  the  discrepancy  bet  een  ils  Galam  and 
the  Gulam  of  the  text,  and  between  Galanan  and  Galauan  of  thé  facsimile. 


398  Bibliographie. 

j.  Gael,  Gaelic,  Gaedhel,  Goidel,  Géedel.  Hère  Windisch  lays  stress 
on  the  diphthong  ôi,  6e  being  the  same  as  that  inôin,  6en,  Lat.  Dnus, 
Welsh  un.  but  that  is  just  enough  to  lead  his  readers  astray  ;  for  the  Welsh 
form,  and  in  ail  probability  it  is  exceedingly  ancient,  is  Gwyddel  and 
not  Guddel  or  the  like  ;  so  it  is  tolerably  certain  that  the  diphthongs  in 
Gôidel  and  ôin  are  of  utterly  différent  origins. 

4.  Scotti.  Prof.  Windisch  mentions  my  Connecting  the  word  with 
Welsh  ysgwthr,  a  cutting  or  carving,  and  also  the  «  ysgwth  ictus  »  given 
in  the  Gram.  Celt.  p.  viij,  as  the  clue  to  the  meaning  of  the  name  ;  but 
besides  that  the  passage  he  refers  to  in  the  Gram.  Celt.  contains  some 
very  slovenly  etymologizing,  ysgwth  and  its  derivatives  hâve  ail  the  ap- 
pearance  of  being  taken  straight  out  of  Dr.  Pughe's  dictionary,  and  one 
would  like  to  meet  with  them  in  Welsh  of  respectable  âge.  At  the  same 
time  I  do  not  quite  see  that  ysgwth  is  the  Anglo-Saxon  scot,  sceotan  bor- 
rowed  :  \ve  hâve  a  loan-word  of  that  origin  but  it  takes  another  form, 
namely  that  of  ysgwd,  a  shoot  of  water  or  cascade,  and  then  \ve  hâve 
also  a  native  word  gwth,  a  push  or  thrust. 

5.  Picti.  I  readily  admit  that  the  word  Picti  and  Pictavi  cannot  will 
be  separated  ;  but  I  am  by  no  means  sure  that  the  Irish  cicht  is  not  an 
adaptation  of  a  Latin  pictas.  The  gloss  quoted  from  Pott,  Etym.  Forsch. 
ii.  2,  p.  899.  —  «  Gallia,  uualcho  lant.  —  Chortonicum.  auh  walcho 
lant,  »  is  exceedingly  curious,  but  one  would  like  to  knowhow  Windisch 
or  Pott  would  suppose  the  word  to  hâve  reached  Germany  in  a  Latin 
form  from  the  land  of  the  British  Picts  or  was  there  a  Continental  Chor- 
tonicum of  the  Pictavi  ?  .  It  would  be  a  valuable  fact  if  its  history  could 
be  made  out  :  may  I  suggest  that  the  adjective  Cruithnech,  would  be 
in  early  Goidelic  Qvrtonic-  or  Qvrtanic-,  whence  a  Latinized  Cortonicus, 
Cortonicum  cf.  Celticum  may  hâve  been  formed  and  used  among  the 
Latinizing  élément  in  Britain.  The  Celts  resolved  the  r  vowel  mostly 
into  rï  :  compare  the  Ogmic  forms  Qvritti,  and  Luguqvrit,  which  ac- 
cording  to  Zimmer's  rule  becomes  Lucrith  the  name  of  a  poet  quoted  in 
the  Bodley  MS.  Laud  610,  at  column  94a  2  ;  and  it  appears  in  the  Four 
Masters  as  Luicridh.  I  said  a  mostly  »  for  there  are  still  Irish  speaking 
people  in  the  south  of  Ireland  who  pronounce,  for  instance,  the  word 
written  Breathnach,  a  Welshman.  as  if  it  were  Brtnach  (with  the  accent 
on  the  a  :  the  first  part  of  the  word  has  simply  retained  its  ancient  pro- 
nunciation.  As  to  the  question  of  the  Pictish  language,  it  is  useless  to 
tryto  décide  what  it  was,  by  means  of  Peanfahel,  the  English  spelling  of 
the  Pictish  pronunciation  of  a  Brythonic  word  ;  and  the  fact  is  generally 
overlooked  that  a   language  in  the  position  of  that  of  the  more  southern 


Bibliographie.  399 

Picts  must  hâve  been  full  of  Rrythonic  and  Goidelic  words.  To  try  in 
the  usual  way  to  settle  its  affinities,  isaccordingly  like  proving  Welsh  to 
be  an  Aryan  language,  by  means  of  its  Latin  loan-words  which  used 
some  years  ago  to  be  done  frequently. 

6.  Caledonia  fares  worse  than  the  other  names  at  the  Professor's  hands. 
In  the  first  place  Windisch  translates  Isgoed  Celyddon  by  niederwald  of 
Celyddon  ;  but  what  \ve  Welsh  understand  by  Is  Coed  Celyddon  is  the 
country  below  the  Caledonianforest,  thatis  tosay,  the  Lowlands  of  Scot- 
land  ;  similarly  the  Highlands  hâve  been  called  Uwch  Coed  Celyddon, 
the  land  abovethe  Caledonian  Forest.  In  the  next  place,  if  Windisch  in- 
sistsonderiving  Caledonia  form  the  same  root  as  the  Irish  caill,  wood, 
from  asiemcaldi,  he  must  separate  Caledonia  from  the  Welsh  Celyddon, 
for  the  Irish  word  is  in  Welsh  cell-i  as  in  y  Gellixhe  woodsor  woodland  : 
the  two  are  incompatible. 

7.  Albion.  1  hâve  no  remark  to  make  on  this  and  very  little  to  say  of 
his 

8.  Erin,  except  that  his  observations  on  words  in  briga,  in  the  Iberian 
Peninsula,  and  such  a  name  as  Equabona,  at  the  mouth  of  the  Tagus,  are 
very  suggestive  asto  a  Goidelic  élément  on  the  Continent. 

9.  Man.  It  seems  by  no  means  certain  that  MovàoiSa  is  to  be  rejected 
as  Mùller  does  :  what  is  Manawydd-  in  Manawyddan,  the  Welsh  for 
Manannân  ?  Eubonia  and  Euonia  are  also  obscure  to  me,  but  I  cannot 
help  comparing  Eifion,  Eifionydd  or  Eifynydd,  ail  three  forms  of  the 
name  of  the  south  western  part  of  Carnarvonshire. 

io.Britanni,Britannia.  I  shall  not  attempt  to  follow  Windisch  through 
this  article  ;  but  I  may  point  out,  that  to  suppose  Brython  stands  for 
Brythawn,  Brettân-,  is  inadmissible  ;  not  to  mention  that  he  gives  no 
reason  for  supposing  the  a  to  hâve  been  long.  With  regard  to  the  Welsh 
Ynys  Prydain  I  had  been  for  some  time  of  the  opinion  which  Windisch 
entertains,  and  my  Celtic  Britain  has  long  since  been  altered  accordingly 
for  the  new  édition  which  is  forthcoming. 

1 1.  Cymry,  Welshmen,  calls  for  no  remark  ;  nor  does 

12.  Wales,  Welsh. 

1 3.  Cornwall.  Why  Windisch  treats  the  Welsh  Cernyw  Cornwall  as  a 
plural,  I  do  not  understand,  nor  how  he  infers  a  stem  Cornava  :  the 
form  Cernyw  can  be  explained  according  to  Welsh  rule  by  supposing  it  to 
stand  for  Cornovja,  which  approaches  the  name  Kocvaouioi  and  is  now 
attested  by  the  Ilkley  Inscription  :  see  the  Academy  (Nov.  29,  1884, 
p.  J63). 

14.  Armoricae  civitates.  This  termhas  latey  been  treated  exhaustively 


400  Bibliographie. 

by  M.  Loth  in  his  thesis  De  Vocis  Aremoricœ  usque  ad  sexîum  post  Chris- 
tian natum  sxculum  forma  atque  significatione,  Rennes,  1883. 

I  hâve  been  for  same  time  in  quest  of  traces  of  the  Goidels  on  the 
Continent,  and  i  hadfound  one  ort.vo  names  in  point,  whicfa  I  am  going 
to  mention,  in  addition  toWindisch's  Equabona:  they  are  taken  from  the 
volume  of  the  Berlin  Corpus  devoted  to  the  Roman  Inscriptions  of  Spain 
and  Portugal  : 

1 1  Doquirus  or  Docquirus,  whence  a  derivative  Doquiricus  or  Docqui- 
ricus,  N°s  360,  364,  431,  448,  $$i,  624,  2862,  ail  in  Lusitania  except 
the  last,  which  belongs  to  Hispania  Tarraconensis.  Doquir-  I  should  ex- 
plain  as  being  identical  with  the  epithet  Diuberr  or  Duiperr  given  to  Gart- 
nait  a  king  of  the  Picts  mentioned  by  Skene  in  his  «  Chronicles  of  the 
Picts  and  Scots  »  :  it  is  there  glossed  dives  and  riche  :  see  his  Index. 

2  Maquiaesus  in  Atlondus  Maquiaesus.  Sunnae  F.  N"  4980  :  the  ins- 
cription is  of  uncertain  provenance,  but  the  other  names  it  contains  betra  v 
a  very  decided  Lusitanian  origin.  Maquiaesus  looks  very  like  FiliiEsûs, 
but  possibly  it  is  a  sort  of  a  compound. 

13)  I  donot  know  whattomake  of  the  Tarraconian  names  Equesus  or 
Equaesus  in  N"s  2477,  2968,  of  Alluquius  in  N01' 737,  961,  246$,  in 
which  Arqui  also  occurs,  with  Arquio  in  n°  2990,  of  Laquimesi  [Genio] 
n°  2405,  and  of  the  Quarquerni  in  N°  2477,  which  reminds  one  of  Per- 
perna  and  Perpernia  in  Noe  4301,  4302,  4. 5  5  s  -  The  Lusitanian  names 
would  seem  to  corroborate  the  Irish  taies  about  the  colonization  of  Ire- 
land  from  Spain,  but  I  cannot,  as  at  présent  informed.  beheve  in  the 
early  navigation  of  the  Bay  of  Biscay.  Rather  should  I  regard  the  Goi- 
dels as  the  earliest  Celtic  population  of  the  West  of  Europe  and  as 
pushed  before  the  later  Celtic  invaders:  so  I  should  reckon  as  belonging 
to  the  former  such  a  name  as  that  of  the  goddess  of  the  source  of  the  Seine  or 

(4)  Sequana,  and  that  of  the  people  called  Sequani.  Lastly 
5 i  Britanni  or  Bps-rTavoi,  as  compared  with  Brittones,  cannot,  as  I  no  v 
think,  be  derived  from  any  people  in  the  island  of  Britain  :  where  then 
are  we  to  look  for  its  origin  ?  Probably  to  the  Celts  with  whom  the 
Greeks  of  Marseilles  first  came  in  contact,  whence  I  should  gather  that 
they  were  Goidelic.  The  theory  hère  suggested  is  by  no  mans  new,  and  I 
would  provisionally  admit,  that  the  Goidelic  élément  formed  the  Celtae, 
while  the  later  invaders  and  the  ruling  race  at  theadvent  ofthe  Romans 
into  Gaul  were  the  Galli  ;  but  no  glottological  évidence  has  ever  been 
produced  in  favour  of  it.  It  would,  however,  be  well  if  Celtic  scho- 
lars  would  keep  it  in  view  and  carefully  collect  what  évidence  may 
offer  itself  either  for  or  against  it.  J.  Rhys. 


Bibliographie.  401 

Jules  Quicherat.  Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire,  antiquités  celti- 
ques, romaines  et  gallo-romaines,  mémoires  et  fragments  réunis  et  mis  en  ordre,  par 
Arthur  Ciry  et  Auguste  Castas,  précédés  d'une  notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
J.  Quicherat,  par  Robert  de  Lasteyrie,  et  d'une  bibliographie  de  ses  œuvres.  Paris, 
1885,  a.  Picard,  1  volume  in-8  de  vm-580  pages,  avec  figures  et  planches.  Prix  : 
15  fr.  {Le  même,  papier  vergé  :  25  fr.). 

Les  travaux  de  M.  J.  Quicherat  sont  intimement  liés  à  l'histoire  de  l'archéo- 
logie en  France  depuis  bientôt  quarante  ans.  A  l'époque  où  il  commença  à  s'oc- 
cuper de  nos  antiquités  nationales,  cette  branche  d'études  était  encore  dans 
l'enfance.  M.  Q.  y  prit  une  grande  place,  ainsi  que  dans  les  autres  branches  de 
ses  travaux  ;  et,  comme  dans  le  Comité  des  Sociétés  Savantes  il  rapporta  un 
grand  nombre  de  découvertes  et  de  publications  faites  en  province,  on  a  jugé 
que  la  série  de  ces  notes,  rapports  et  critiques,  où  M.  Çh  commentait  et  souvent 
éclaircissait  l'objet  du  débat,  formerait  une  sorte  d'ouvrage,  malgré  son  carac- 
tère fragmentaire  et  rétrospectif.  C'est  là  l'objet  de  ce  volume,  le  premier  du 
recueil  posthume  des  œuvres  de  M.  Q.,  le  seul  qui  rentre  dans  le  cadre  de  notre 
recueil. 

«  Nous  avons,  disent  les  éditeurs,  réuni  dans  ce  volume  un  grand  nombre  de 
courts  écrits,  mémoires,  rapports  et  articles,  sur  des  sujets  auxquels  M.  Q^ 
avait  consacré  de  longues  études  et  de  mûres  réflexions,  bien  qu'il  n'ait  pas 
publié,  sur  cette  partie  de  nos  antiquités,  de  travaux  en  rapport  avec  le  temps, 
les  recherches  et  les  méditations  qu'il  avait  consacrés  à  leur  étude.  »  C'est  dire 
que  le  plus  grand  nombre  des  articles  de  ce  volume  proviennent  de  la  R.c\ue  des 
Socïélès  Savantes,  et  des  publications  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France. 
Ils  sont  accompagnés  de  leurs  cartes,  planches  et  gravures  ;  on  est  donc  dispensé 
de  recourir  à  de  volumineuses  collections  qui  ne  se  trouvent  guère  complètes 
que  dans  les  dépôts  publics.  On  y  a  joint  les  f-rincipaux  écrits  de  M.  Q.  sur  la 
question  d'Alesia  On  sait  que  dans  l'identification  de  l'Alesia  de  César,  dernier 
rempart  de  l'indépendance  gauloise,  M.  Q.  tint  pour  Alaise  en  Franche-Comté, 
contre  Alise  en  Bourgogne.  A  la  suite  de  fouilles  faites  par  ordre  de  l'Empe- 
reur autour  de  l'Alise  Bourguignonne,  la  question  parut  résolue  en  faveur  de 
cette  dernière,  et  c'est  sur  son  plateau  qu'on  éleva  une  statue  à  Vercingétorix. 
Mais  M.  Q^  ne  se  considéra  pas  battu,  et  jusqu'à  la  fin,  jusqu'à  son  dernier  jour 
il  tint  pour  Alaise.  M.  Castan,  i'un  des  éditeurs  de  ce  livre,  a  fait  précéder  le 
dossier  d'Alesia  d'une  préface  sobre  et  fine. 

A  part  ces  mémoires  et  quelques  autres  sur  le  ferrage  des  chevaux  en  Gaule, 
le  pilum  de  l'infanterie  romaine,  le  lieu  de  la  bataille  entre  Labienus  et  les  Pari- 
siens, on  ne  trouve  guère  ici  que  des  rapports  où  M.  0^  discute  incidemment  les 
questions  que  le  hasard  lui  soumet  :  mais  comme  ces  questions  sont  des  plus 
nombreuses,  on  a  de  la  sorte  son  opinion  sur  la  plupart  des  sujets  de  l'archéo- 
logie dite  celtique,  et  des  antiquités  gallo-romaines.  M.  Quêtait  absolu  dans  son 
opinion  ;  il  aimait  les  idées  claires  et  nettes  ;  il  détestait  le  vague  et  l'hypothèse 
qui  s'attachent  forcément  aux  questions  d'origine.  «  C'est  lui,  dit  M.  de  Las- 
teyrie dans  une  excellente  notice,  qui  le  premier  a  fait  ressortir,  avec  autant  de 
Rev.  Celt.   VI.  26 


402  Bibliographie. 

vigueur  que  de  persévérance,  ce  qu'il  y  a  de  dangereux  pour  les  études  préhis- 
toriques dans  ces  classifications  précises  en  âges  de  la  pierre,  du  bronze  et  du 
fer,  par  lesquelles  on  prétend  résoudre  une  foule  de  problèmes  délicats,  dont  la 
solution  est  encore  prématurée.  »  Mais  en  même  temps,  M.  Q.  se  refusa  toujours 
à  admettre  et  l'arrivée  récente  des  Gaulois  en  Gaule  et  l'attribution  des  monu- 
ments de  pierre  brute  aux  prédécesseurs  des  Gaulois.  Il  les  appela  toujours 
monuments  celtiques,  et  retusa  d'adopter  le  terme  de  monuments  mégalithiques 
qui  a  l'avantage  de  ne  rien  préjuger,  mais  qui,  comme  il  le  remarquait,  devrait 
être  mégalolithiaue,  pour  respecter  le  génie  de  la  langue  grecque. 

Les  questions  de  détail  traitées  par  M.  Q.  ont  souvent  été  reprises  depuis  par 
d'autres  érudits  ;  les  éditeurs  l'ont  quelquefois  indiqué  en  note,  p.  ex.  p.  405  et 
pour  Alesia  ;  mais  ces  indications  sont  très  rares,  et  sur  des  questions  impor- 
tantes, comme  celles  du  géant  anguipède.  p.  383,  on  les  devait  au  lecteur.  Un 
index  eût  également  été  nécessaire  dans  un  volume  fait  de  mélanges  :  nous  igno- 
rons s'il  y  en  aura  un  à  la  fin  de  l'œuvre  complète  ;  mais  comme  ce  volume  forme 
un  tout  en  soi  (il  ne  porte  pas  de  mention  t.  I,  et  il  n'y  aura  plus  de  celtique  ni 
de  gallo-romain  dans  les  tomes  suivants),  la  place  de  cet  index  était  ici,  et  il  eût 
formé  en  quelque  sorte  l'ossature  de  la  doctrine  dispersée  dans  cette  masse  d'ar- 
ticles et  d'articulets. 

H.  G. 

Voici  la  liste  des  principaux  articles  du  volume: 

Jules  Quicherat,  sa  vie  et  ses  travaux,  par  R.  de  Lasteyrie. 

Bibliographie  des  ouvrages  de  Jules  Quicherat,  par  A.  Giry. 

Préface  d'un  manuel  d'archéologie  {Fragment  inédit  écrit  vers  1867). 

ANTIQUITÉS  CELTIQUES  :  Rapports  au  Comité  des  travaux  historiques. 

—  Antiquités  de  l'Alsace.  —  Mémoire  sur  l'ancienne  lieue  gauloise.  Antiquités 
de  la  Bretagne.  —  Numismatique  gauloise.  —  Monuments  de  la  sidérurgie  gau- 
loise. —  Fouilles  du  lac  du  Bourget.  —  Statuette  en  bois  d'une  déesse  mère. 

—  La  question  du  ferrage  des  chevaux  en  Gaule.  —  Haches  celtiques,  etc. 
ANTIQUITÉS  ROMAINES  ET  GALLO-ROMAINES  :  Du  lieu  de  la  bataille 

entre  Labienuset  les  Parisiens.  —  Voies  antiques.  —  Ruines  antiques  de  Tri- 
guères.  —  La  question  des  puits  funéraires.  — Le  pilum  de  l'infanterie  romaine. 

—  D'un  peuple  allobrige  différent  des  Allobroges.  —  Mosaïque  de  Saint-Cricq 
(Landes).  —  Les  ruines  romaines  de  Vieux  en  Bugey.  —  De  quelques  pièces 
curieuses  de  verrerie  antique.  —  Groupe  du  géant  anguipède  terrassé  par  un 
cavalier.  —  Anciens  mors  de  chevaux.  —  Sculptures  gallo-romaines  des  Vosges. 

—  Inscriptions  romaines.  —  Statue  du  Mas  d'Agenais.  —  Monuments  mithi- 
riaques.  —  Antiquités  gallo-romaines  d'Arras.  —  Inscriptions  de  Bourg- Saint- 
Maurice  (Savoie).  —  La  rue  et  le  château  Hautefeuille  à  Paris.  —  Les  vestiges 
romains  de  la  rive  gauche  de  la  Seine,  à  Paris  (Fragment  inédit  écrit  en  1882). 

QUESTION  D'ALESIA  :  Jules  Quicherat  défenseur  d'Alaise,  par  A.  Castan.  — 
L'Alesia  de  César  rendue  à  la  Franche-Comté.  —  Conclusion  pour  Alaise  dans 
la  question  d'Alesia.  —  Nouvelle  défaite  des  défenseurs  d'Alise.  —  Examen  des 
armes  trouvées  à  Alise-Sainte-Reine. 


Bibliographie.  40$ 

La  Bibliographie  générale  des  Gaules  de  M.  Ruelle  dont  nous  avons 
précédemment  parlé   t.  IV,  p.  301  et  t.  V,  p.  405)  approche  lentement  de  sa  fin. 

Nous  venons  de  recevoir  !e  troisième  fascicule,  contenant  le  catalogue  alpha- 
bétique des  auteurs  et  comprenant  les  lettres  A-Gu.  Nous  renvoyons  à  nos  pré- 
cédents articles  pour  l'exposition  du  système  suivi  par  M.  R.  Son  ouvrage 
rendra  les  plus  grands  .services.  Nous  regrettons  seulement  que  dans  cette 
deuxième  partie,  les  titres,  au  lieu  d'être  donnés  systématiquement  au  complet, 
soient  quelquefois  remplacés  par  une  abréviation  renvoyant  à  la  première  partie. 
Supposons  qu'on  veuille  suivre  la  série  chronologique  des  travaux  d'un  maître 
comme  M.  de  Barthélémy  ou  M.  de  Longpérier  dont  l'œuvre  est  un  peu  l'his- 
toire d'une  branche  de  la  science  gauloise,  et  prenons  dans  cette  deuxième 
partie  les  deux  colonnes  remplies  par  M.  Anatole  de  Barthélémy.  Les  titres 
complets  sont  entremêlés  detitres  comme  ceux-ci  :  Note,  etc.  —  Essai,  etc.  — et 
un  renvoi  à  la  première  partie.  Cela  ne  nous  dit  pas  de  quoi  traite  cette  «  Note  n 
ou  cet  «  Essai  ».  S'il  faut  faire  cette  recherche  dix  ou  quinze  fois  pour  un  au- 
teur, c'est  un  travail  long  et  pénible,  et  justement  les  Dictionnaires  et  Biblio- 
graphies ont  pour  but  d'épargner  ou  de  diminuer  le  travail.  M.  R.  a  voulu 
alléger  son  livre  de  répétitions,  et  c'est  là  une  excellente  intention  ;  mais  l'excès 
de  concision  mène  parfois  à  l'obscurité  :  Horace  l'a  dit  avant  nous.  Nous  vou- 
drions bien,  s'il  en  est  encore  temps,  que  M.  R.  renonçât  à  ce  système  pour  sa 
quatrième  et  dernière  livraison.  H.  G. 

Les  Étrangers  à  Bordeaux.  Etudes  d'inscriptions  de  la  période  romaine  portant 
des  ethniques,  par  Charles  Robert,  membre  de  l'Institut.  109  p.  in-8,  avec  de  nom- 
breuses gravures.  Paris,  Vieweg,  1883.  —  Prix  :  5  fr. 

Cette  étude  est  consacrée  aux  inscriptions  funéraires  gallo-romaines  trouvées 
à  Bordeaux  et  relatives  à  des  personnages  étrangers  à  Bordeaux.  Bordeaux 
était  déjà  un  port  important  :  les  marchands  y  affluaient  de  toutes  les  parties  de 
la  Gaule,  souvent  même  de  l'Orient.  «  Les  inscriptions,  sans  indiquer  explici- 
tement aucune  branche  de  commerce,  montrent  des  gens  venus  de  divers  points 
industriels,  par  exemple  de  la  cité  des  Rutènes  où  se  fabriquaient  des  toiles  à 
voile,  de  Bilbilis  et  de  Tariasso,  villes  célèbres  pour  la  trempe  de  leur  acier.  » 
Ces  inscriptions  proviennent,  comme  dans  tant  d'autres  villes,  de  murailles  éle- 
vées au  nr  et  au  rv«  siècle  contre  les  attaques  des  Barbares.  Les  Gallo-Romains 
allaient  au  plus  pressé  et  bâtissaient  leurs  remparts  avec  les  pierres  de  leurs 
monuments. 

M.  R.  a  réparti  les  inscriptions  relatives  à  la  Gaule  entre  les  divisions  admi- 
nistratives établies  par  Auguste.  Les  inscriptions  funéraires  d'hommes  origi- 
naires d'autres  parties  de  l'Empire  viennent  ensuite.  Aux  pierres  sépulcrales. 
M.  R.  a  joint  deux  autels  qui  rentraient  aussi  dans  son  sujet.  Toutes  les  ins- 
criptions qui  ne  sont  pas  perdues  sont  reproduites  dans  des  gravures  qui  font 
de  ce  travail  un  album  autant  qu'un  livre.  L'intérêt  de  ce  livre  sera  pour  les 
lecteurs  de  la  Revue  celtique  augmenté  par  les  digressions  auxquelles  M.  R.  se 
livre  à  l'occasion  de  certains  noms.  Nous  signalerons  tout  particulièrement  ce 


404  Bibliographie. 

qui  se  rapporte  à  la  formule  sub  ascia,  à  Mercurius  Viducus  ou    Visucius,   à  un 
c(ivis)  Coriosolis,  à  un  neg{oaator)  Briian  [nicianus),  etc. 

Les  lecteurs  de  ce  livre  désireront  avec  nous  que  M.  R.  tire  plus  souvent  des 
monographies  de  ce  genre  du  riche  trésor  de  ses  notes  inédites. 

H.  G. 

p.  c.  R03ert.  Examen  d'un  trésor  de  monnaies  gauloises  entré  au 
musée  de  Saint-Germain.  16  p.  in-8  (Extrait  des  Comptes-Rendus  de  l'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles-Lettres.) 

Il  s'agit  de  ces  monnaies  d'un  caractère  tout  particulier  auxquelles  les  ar- 
chéologues donnent  un  nom  reçu  du  folk-lore,  «  petits  plats  à  Parc-en-ciel  ». 
La  dissertation  de  M.  R.  contribue  à  les  faire  mieux  connaître  et  apporte  des 
faits  nouveaux. 

Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines...  sous  la  di- 
rection de  MM.  DAremeerc  et  Saglio.  Paris,  Hachette,  in-4.  Neuvième  fascicule  (Coe- 
Con)  de  la  p.  1281  à  la  p.  1440.  Paris,  1884.  —  Prix  :  5  fr. 

Ce  nouveau  fascicule  du  grand  répertoire  que  nous  avons  déjà  annoncé  est 
moins  riche  en  archéologie  proprement  dite  que  les  précédents.  Le  hasard  de 
l'alphabet  y  a  réuni  de  nombreux  et  importants  articles  de  droit  romain. 
Parmi  les  principaux  articles  nous  avons  remarqué  les  suivants  :  cœna  (fin), 
cohors,  col lare,  columbarium,  coma,  comissatio,  comœJia,  compitalia,  compilum, 
condinunta.  Cette  grande  œuvre  s'avance  bien  lentement,  et  plusieurs  de  ses 
principaux  collaborateurs,  parmi  lesquels  MM.  Daremberg,  Lenormant,  sont 
morts  en  route.  On  voit  paraître  dans  ce  fascicule  plusieurs  nouveaux  noms  qui 
appartiennent  à  la  jeune  Ecole  d'Athènes,  et  l'on  peut  espérer  que  leur  concours 
inspirera  un  peu  plus  de  rapidité  à  l'entreprise. 

Etude  critique  sur  la  vie  et  l'œuvre  de  saint  Patrick.  —  Thèse  pré- 
sentée à  la  Faculté  de  théologie  protestante  de  Paris...,  par  Benjamin  Robert.  133  p. 
in-8.  Elbeuf,  imprimerie  Allain  et  Lecler,  1883  (Paris,  Fischbacher).  —Prix  :  2fr.  50. 

C'est  la  première  fois,  si  nous  ne  nous  trompons,  que  l'histoire  de  saint  Pa- 
trice et  de  la  conversion  de  l'Irlande  au  christianisme  est  traitée  en  français,  et 
malgré  certaines  erreurs  de  détail,  malgré  certaines  lacunes  et  en  dépit  d'une 
connaissance  restreinte  des  travaux  publiés  en  Irlande  sur  la  matière,  la  thèse 
de  M.  Robert  est  rédigée  avec  talent  et  clarté.  On  regrette  seulement  qu'il  ait 
écourté  plusieurs  parties  de  son  sujet  et  qu'il  n'ait  pas  quelquefois  montré  plus 
de  scepticisme.  H.  G. 

Irish  T-xts  f  rom  Irish  Manuscritps.  First  séries,  Part  1,  by  Charles  Geisler. 

Ph.  D.,  etc.  Dublin,  H.  Thomand  Co.  1884,  19  p.  in-8. 

Ce  titre  un  peu  pompeux  —  Première  série,  Première  partie  —  annonce 
.simplement  une  brochure  de  19  p.,  et  cette  brochure  est  formée  d'un  texte  du 
Lebar  Brecc  relatif  à  la  légende  d"Alexandre,  publié  sans  préface,  sans  notes, 
sans  commentaire,  sans  étude  sur  les  sources  du  texte  irlandais.  Pourtant,  le 
seul  intérêt  (à  notre  avis)  que  peut  présenter  ce  texte  est  sa  place  dans  la  litté- 


Bibliographie.  40$ 

rature  générale  du  moyen  âge,  et  les  rapports  qu'il  a  avec  elle.  Mais  peut-être 
M.  G.  a-til  trouvé  que  ces  détails  auraient  allongé  démesurément  sa  «  pre- 
mière partie  ».  et  les  a-t-il  réservés  pour  un  second  ou  un  troisième  fascicule. 
C'est  peut-être  encore  façon  de  piquer  la  curiosité  du  lecteur,  et  de  lui  'aire 
désirer  la  suite.  Que  M.  G.  ne  nous  la  fasse  donc  pas  attendre  trop  longtemps  ! 
Si  les  fascicules  suivants  ne  sont  pas  plus  gros,  nous  craignons  qu'il  ne  faille 
bien  des  années  à  l'auteur  pour  achever  le  volume  de  cette  «  Première  série.  » 

H.  G. 

Eine  Irische  Version  der  Alexandersage.  inajgural-Dissertation  zur 
Erlangung  der  philosophischen  Doctorwùrde  an  der  L'niversitaet  Leipzig,  vorgelegt  von 
Kuno  Meyer.  Leipzig,  1884,  32  p.  in-8. 

Cette  thèse  de  doctorat  est  formée  par  une  édition  ip.  16-321,  avec  traduction 
allemande  de  l'histoire  de  Philippe  et  d'Alexandre  contenue  dans  le  Lebar  Brecc 
ip.  20 $a  à  2ija).  Les  textes  de  ce  genre  sont  moins  intéressants  au  point  de 
vue  proprement  celtique  qu'au  point  de  vue  de  la  littérature  générale  du 
moyen  âge.  Dans  la  préface  M.  M.  étudie  les  sources  de  son  texte,  et,  d'une 
façon  plus  générale,  les  allusions  à  la  légende  d'Alexandre  dans  la  littérature 
irlandaise,  et  il  fait  ressortir  les  traits  caractéristiques  de  la  langue  de  ce 
texte.  Ce  travail  tout  entier  est  fait  avec  critique,  sûreté  et  précision.  Nous 
avions  espéré  quelque  temps  qu'un  érudit  particulièrement  versé  dans  la 
littérature  du  moyen  âge  consentirait  à  parler  ici  de  cette  dissertation  ; 
mais  il  nous  l'a  renvoyée  en  nous  écrivant  que  «  la  préface  de  M.  K.  M. 
dit  le  nécessaire  ».  Il  y  a  pourtant  quelques  points  où  M.  Meyer  lui-même 
appelle  des  compléments  de  renseignements,  par  exemple  à  propos  d'une 
«  mer  de  feu  »  dans  le  sud  de  la  terre,  vers  laquelle  Alexandre  aurait 
envoyé  une  expédition.  La  littérature  de  notre  moyen  âge  et  les  littératures 
orientales  doivent,  ce  nous  semble,  fournir  l'origine  de  cette  légende.  —  S'a- 
girait-il seulement  de  la  mer  phosphorescente?  H.  G. 

Windisch  :  Ein  mittt  linsches  Kunstgedicht  ùbtr  dit  (Uturt  des  Kcenigs  Aed 
Slane:  mit  Beitrœgen  zur  Irischen  Metrik.  Extr.  des  B:r.  d.  K.  Sachs.  Ces.  d. 
Wors.  1884.  —  A  propos  du  saumon  dont  il  est  question  dans  cette  histoire,  il 
faut  aussi  rappeler  le  saumon  merveilleux  des  légendes  irlandaises  et  galloises.  — 
Ce  poème  fournit  à  M.  W.  l'occasion  d'une  étude  détaillée  de  la  métrique  irlan- 
daise et  d'une  réponse  à  M.  Atkinson. 

Windisch:  D.e  Irische  Sage  Noiden  Ulad.  Extrait  des  Bcr.  d.  K.  Sachs. 
Gcs  d.  Wiss.  (Phil.  Hist.  CL).  Décembre  1884.  —  Légende  qui  montre  une 
fois  de  plus  le  caractère  grossier  des  mœurs  de  l'ancienne  Irlande.  M.  W. 
publie  deux  versions  de  ce  texte.  Il  ignorait  que  l'une  d'elles  avait  été  publiée, 
avec  une  traduction  latine,  par  M.  Hennessy.  dans  les  notes  ip.  92)  de  Congal, 
poème  anglais  de  Sir  Samuel  Ferguson  iLondon,  1872).  A  propos  du  cri 
poussé  par  Mâcha  et  de  ses  effets  merveilleux,  on  peut  comparer,  dans  les 
Mabinogion.  le  cri  terrible  que  Kilhwch  menace  de  pousser,  et  qui  aurait  de  si 
funestes  contre-coups;  ensuite,  dans  les  légendes  arabes  (et  juives  sans  doutei 


406  Bibliographie. 

la  puissance  du  cri  que  poussait  Ruben,  fils  aîné  de  Jacob:  «  lorsque  la  colère 
lui  faisait  pousser  un  cri,  quiconque  entendait  ce  cri  mourait  de  la  frayeur  qu'il 
inspirait...  »  (Chronique  de  Tabari,  ch.  LXV,  trad.  franc,  de  Zotenberg,  t.  I, 
p.  247);  et  aussi  le  cri  de  l'âne  à  trois  pieds  dans  le  Bundehesh,  4$,  $  sq.  (cité 
par  J.  Darmesteter,  Ormazd  et  Ahriman,  p.  151).  H.  G. 

R.  Thurneysen.  Altirische  und  Brittische  Wœrter  in  einer  Sortes-Samm- 
lung  der  Mùnchener  Bibliothek.  (Extr.  des  Compt.-Rend.  de  l'Acad.  de  Munich,  1885.) 
Il  s'agit  de  quelques  mots  irlandais  mêlés  à  des  mots  bretons  dans  un   ms. 

de  sortes  du  xi-  siècle.  Les  fautes  du  scribe  montrent  qu'il  ne  comprenait  pas 

son  texte  et  qu'il  copiait  un  ms.  où   des  clercs  irlandais  et  bretons  avaient,  au 

passage,  écrit  quelques  mots  de  leur  langue. 

On  the  Geography  of  Ros  Ailithir  by  Rev.  Thomas  Olden,  B.  a.  Repr.  from 

the  Proc.  R.  Irish  Acad.  Dublin,  1883. 

M.  Olden  a  édité  avec  traduction  et  commentaire  le  poème  géographique  de 
Mac  Cosse  dont  nous  avons  parlé  ici-même  (t.  V,  p.  504).  Son  travail  est  utile, 
mais  nous  sommes  étonné  qu'il  n'ait  pas  cherché  dans  la  littérature  latine  l'ori- 
ginal de  ce  poème,  qui  selon  toute  vraisemblance  paraît  une  traduction1. 
M.  O.  constate  lui-même  que  ce  traité  de  géographie  ne  fait  mention  ni  des 
Francs,  ni  des  Saxons,  ni  des  Danois,  et  qu'il  ne  contient  pas  d'allusion  au 
christianisme.  Ces  remarques  auraient  dû  lui  suggérer  qu'il  avait  affaire  à  une 
traduction.  Son  édition  est  du  reste  utile  et  nous  paraît  faite  avec  soin.     H.  G. 

Origine  de  la  juridiction  des  Druides  et  des  Filé,  par  H.  d'Arbois 

de  Jubainville.  (Extrait  de  la  Revue  Archéologique).  14  p.  in-8. 

Dans  ce  travail,  leçon  d'ouverture  faite  au  Collège  de  France,  M.  d'A.  de  J. 
établit  la  différence  que  le  droit  primitif  faisait  entre  les  crimes  publics  et  les 
crimes  privés,  et  il  montre  que  le  rôle  judiciaire  des  Druides  en  Gaule  et  des 
Filé  en  Irlande  a  été  originairement  un  arbitrage. 

Dans  un  précédent  numéro  (t.  V,  p.  508)  nous  avons  parlé  des  efforts  pa- 
triotiques tentés  par  u  l'Union  Gaélique  »  de  Dublin  et  du  Gaelic  Journal  qu'elle 
publie.  Ce  journal  a  continué  de  paraître, et  il  estaujourd'hui  à  son  dixième  nu- 
méro. Ses  deux  principaux  collaborateurs,  nous  pourrions  presque  dire  ses  deux 
colonnes,  sont  M.  John  Fleming  et  l'écrivain  qui  se  cache  sous  le  nom  de  «  Clann 
Conchobhair  ».  Il  faut  aussi  nommer  M.  T.  Flannery  avec  ses  articles  sur  les 
noms  d'hommes  en  c«,  les  plus  curieux  peut-être  de  l'onomastique  irlandaise, 
et  ses  sages  suggestions  sur  l'orthographe  qu'on  devrait  adopter  pour  l'Irlandais 
s'il  devait  devenir  une  langue  littéraire  (n°  4,  p.  .90).  La  «  correspondance  » 
fort  développée  présente  aussi  de  l'intérêt  :  on  y  verra  que  les  polémiques  sont 
parfois  vives  en  Irlande  et  que  les  Irlandais  d'aujourd'hui  —  en  littérature 
comme  en  politique  —  sont  bien  les  descendants  de  ces  Ultoniens  et  de  ces 
Connaciens  de  l'ancienne  épopée  dont  la  grande  affaire  était  de  se  quereller  et 
de  batailler. 

1.  Voir  plus  haut,  p.   192,  la  note  de  M.  Kuno  Meyer  sur  ce  sujet. 


Bibliographie.  407 

Dans  le  n°  7,  Claan  Conchobhair  a  exposé  en  fort  bons  termes  l'intérêt  du 
Folk-Lore,  et  demandé  aux  correspondants  et  lecteurs  du  journal  de  lui  en  en- 
voyer pour  publication.  Afin  de  leur  montrer  de  quoi  il  s'agit,  il  a  commencé 
dans  ce  numéro  même  à  publier  une  traduction  en  irlandais  d'un  conte  allemand 
de  Grimm.  Cette  traduction  s'est  continuée  dans  les  numéros  suivants,  et  à  l'heure 
actuelle  c'est  tout  ce  qui  a  paru  de  Folk-Lore  dans  le  Gaelic  Journal  !  Serait- 
ce  parce  qu'on  n'a  rien  envoyé,  et  que  les  correspondants  et  lecteurs  ne  com- 
prennent pas  l'intérêt  de  la  littérature  populaire  et  des  traditions,  et  qu'ils  au- 
raient honte  de  paraître  en  savoir,  comme,  il  y  a  quelques  années,  ils  auraient 
eu  honte  de  paraître  savoir  l'irlandais  ? 

Nous  aimons  à  croire  que  ce  n'est  pas  faute  de  place  qu'on  n'a  encore  rien 
vu  de  semblable  dans  le  Gaelic  Journal,  car  il  serait  bien  aisé  d'en  faire,  en  sup- 
primant des  choses  inutiles.  Les  directeurs  de  I'  «  Union  Gaélique  »  sont  des 
hommes  trop  éclairés  pour  ne  pas  préférer  des  critiques  sincères,  inspirées  par 
ia  sympathie,  à  des  phrases  banales  de  compliment.  A  dire  franchement  notre 
opinion,  nous  ne  trouvons  aucune  utilité  à  des  poésies  irlandaises  originales  de 
dilettantes  contemporains,  ou  des  traductions  en  irlandais  de  livres  anglais  de 
piété.  De  semblables  productions  n'ont  d'intérêt  que  pour  leur  auteur  et  une 
demi-douzaine  de  leurs  amis.  Combien  serait  plus  intéressante  et  plus  utile  la 
publication  de  textes  de  littérature  populaire,  contes,  chansons,  proverbes, 
énigmes,  jeux  d'enfants,  etc.,  surtout  si  ces  textes  étaient  publiés  fidèlement, 
tels  qu'ils  se  sont  transmis,  sans  retouche  ni  remaniement,  et  s'ils  étaient  pu- 
bliés dans  une  orthographe,  non  pas  rigoureusement  phonétique,  mais  qui  se 
rapprocherait  le  plus  possible  de  la  langue  parlée! 

Malheureusement  nombre  de  personnes,  même  lettrées,  n'apprécient  pas  la 
valeur  littéraire  et  ne  comprennent  pas  l'intérêt  scientifique  de  la  littérature  po- 
pulaire, du  Folk-Lore.  Bien  des  fois,  en  France,  quand  nous  nous  enquérons  de 
la  littérature  populaire  d'une  de  nos  provinces,  on  nous  renvoie  à  quelque  curé 
ou  quelque  instituteur,  connu  pour  écrire  des  chansons  en  patois,  et  l'on 
s'étonne  que  nous  cherchions  autre  chose.  Les  hommes  qui  ont  reçu  quelque 
instruction  ignorent  et  dédaignent,  par  un  préjugé  qui  est  lui-même  une  tra- 
dition, la  littérature  orale  que  les  illettrés  se  transmettent  de  génération  en  gé- 
ration  ;  et  l'illettré,  le  paysan,  à  son  tour,  se  cache  comme  d'une  vulgarité  de 
ce  qu'il  a  appris  de  ses  ancêtres  —  comme  à  l'heure  actuelle  en  Irlande,  malgré 
les  efforts  de  l'Union  Gaélique,  il  se  cache  le  plus  souvent  de  savoir  l'irlandais. 
C'est  en  gagnant  la  confiance  de  l'illettré,  en  le  persuadant  intimement  qu'on  ne 
veut  pas  se  moquer  de  lui.  qu'on  arrive  à  en  extraire  ce  qu'il  sait.  Nous  serions 
tenté  de  dire  de  la  littérature  populaire  et  du  Folk-Lore  ce  qu'un  philosophe 
disait  de  l'idée  de  Dieu  au  début  de  ce  siècle  :  «  Un  peu  de  science  éloigne  de 
Dieu  ;  —  beaucoup  de  science  y  ramène.  0 

Terminons  par  deux  observations  de  détail  :  Lorsqu'on  publie  un  article  à  la 
fois  en  irlandais  et  en  anglais,  comme  par  exemple  la  Vie  de  Donnc'ha  le 
Rouge  qu'on  a  commencé  dans  le  n°  10,  il  serait  commode  pour  plusieurs  lec- 
teurs \et  nous  avouons  être  du  nombrei  qu'on  imprimât  l'irlandais   et  l'anglais 


408  Bibliographie. 

en  colonnes  parallèles,  et  non  l'un  après  l'autre.  —  L'anecdote  à  propos  de  la- 
quelle nous  sommée  nommé  In"  7,  p.  232)3  pour  interlocuteur,  non  pas  O'Do- 
novan  que  nous  n'avons  pas  connu,  mais  M.  Thaddée  O'Mahony,  professeur 
d'irlandais  à  Trinity  Collège. 

P. -S.  —  Par  suite  du  retard  de  notre  Revue,  nous  avons  reçu  de  nouveaux 
numéros  du  Gaelic  Journal,  depuis  que  les  lignes  précédentes  étaient  écrites. 
Nous  n'avons  rien  à  changer  à  notre  jugement.  Nous  constatons  seulement  avec 
satisfaction  que  ce  recueil  réimprime  d'anciens  textes  irlandais  en  vue  des  exa- 
mens universitaires  où  l'irlandais  occupe  aujourd'hui  une  place.  Du  moment 
qu'on  dédaigne  la  littérature  orale  et  contemporaine  de  l'Irlande  (ou  du  moins  ce 
qui  en  reste)  et  son  folklore,  il  n'est  pas  sans  utilité  de  rendre  populaire  de 
nouveau  la  littérature  des  anciens  temps. 

Second  Post-Scrip:um.  —  L'article  qu'on  vient  de  lire  a  été  écrit  au  commence- 
ment de  1884,  et  le  post-scriptum  a  été  ajouté  sur  l'épreuve  dans  l'été  de  la 
même  année.  Avec  plusieurs  autres  articles  de  bibliographie  qui  n'ont  pu  pa- 
raître dans  le  numéro  précédent,  quoique  composés,  il  paraît  avec  plus  d'un 
an  de  retard.  Nous  avons  depuis  lors  reçu  plusieurs  nouveaux  numéros  du 
Gaelic  Journal,  mais  ils  n'apportent  rien  qui  nous  fasse  modifier  notre  première 
appréciation.  H.  G. 

Transactions  of  the  Gaelic  Society  of  Inverness,  vol.  X  (1 881  -85), 

Inverness,  1884,  xvi-308  p.  in-8. 

Ce  volume,  qui  suit  un  peu  tardivement  ses  frères  aînés,  raconte  l'activité  et 
le  zèle  celtique  de  la  Société  d'Inverness  dans  ces  trois  dernières  années.  Les 
discours  prononcé?  dans  les  réunions  annuelles  en  occupent  une  bonne  part, 
et,  suivant  l'usage  d'Outre-Manche,  les  dîners  annuels  y  figurent  aussi  à  ce  point 
de  vue.  Les  communications  littéraires  n'en  sont  pourtant  pas  absentes  :  les 
principales  sont  diverses  études  sur  les  régiments  écossais  de  l'armée  Britannique 
et  la  question  de  leurs  tartans  particuliers  ;  il  avait  été  question  d'habiller  ces 
régiments  d'un  certain  uniforme,  ce  qui  a  soulevé  l'émotion  des  Highlanders 
patriotes.  Ce  sont  aussi  divers  articles  sur  l'état  social  des  Hautes-Terres 
d'Ecosse  ;  une  brillante  étude  de  M.  Alexandre  Macbain  sur  la  mythologie  cel- 
tique, ses  principaux  caractères  et  la  méthode  qu'elle  exige.  M.  Macbain  suit 
M.  Max  Mùllersur  la  distinction  à  établir  entre  la  Mythologie  et  leFolk-Lore: 
nous  aurions  bien  des  réserves  à  faire  sur  cette  question;  mais  non  est  hic  locus. 
Notons  aussi  un  compte-rendu  détaillé  du  recensement  de  la  langue  gaélique  en 
Ecosse  dans  le  recensement  de  1 88 1 .  Ce  recensement  donne  un  total  de  2  3 1 ,  594 
pour  les  Gaelic-speakin:.  L'auteur  de  l'article  trouve  ce  chiffre  inférieur  à  la 
réalité  et  estime  que  ce  nombre  n'est  pas  au-dessous  de  300,000. 

—  Dans  le  tome  précédent  de  ces  Transactions  it.  IX,  1881),  à  côté  des  ar- 
ticles d'un  intérêt  local,  nous  devons  en  signaler  un  de  M.  William  Mackay  sur 
les  sorcières  de  Strathglass  en  1662.  H.  G. 

—  Le  Rapport  sur  l'Ecole  Pratique  des  Hautes-Etudes  (Section  des  Sciences 


Bibliographie.  409 

Historiques  et  Philologiques)  pour  1882-83  vient  de  paraître.  Nous  en  ex- 
trayons le  passage  suivant  relatif  à  un  de  nos  cours  : 

«  Dans  la  conférence  du  samedi,  consacrée  au  gallois,  on  a  expliqué  la  tra- 
duction galloise  inédite  du  Pstudo-Turpin,  que  contient  le  manuscrit  d'Oxford 
connu  sous  le  nom  de  1  Livre  rouge  d'Hergest  ».  Une  copie  de  ce  texte  avait 
été  mise  par  M.  Llywarch  Reynolds  à  la  disposition  de  M.  Gaidoz.  La  tra- 
duction galloise  se  rattache  immédiatement  au  texte  latin  de  ce  célèbre  ouvrage, 
et  n'en  diffère  que  par  quelques  suppressions  de  noms  d'homme  et  de  noms 
géographiques.  Elle  se  termine  par  une  phrase  qui  permet  de  la  dater  :  1  Et  ce 
livre,  Madoc,  fils  de  Salomon,  l'a  traduit  de  latin  en  gallois  sur  la  prière  et  la 
demande  de  Gruffudd,  fils  de  Maredudd,  fils  d'Owain,  fils  de  Gruffudd,  fils  de 
Rhys.  »  Dans  l'histoire  de  la  littérature  galloise,  Madoc,  fils  de  Salomon,  est 
connu  comme  poète  ayant  fleuri  entre  1270  et  1300,  et  ce  Gruffudd  est  un  petit 
prince  du  sud  du  pays  de  Galles,  mentionné  dans  les  annales  indigènes.  Les 
Annales  Cambriœ  le  nomment,  sous  l'année  1282.  comme  ayant  concouru  à  la 
destruction  du  château  de  Lanpadarn  Vawr,  et.  sous  l'année  1283,  comme  ayant 
été  enfermé  dans  la  Tour  de  Londres.  >> 

Depuis  cette  époque,  le  texte  en  question  a  été  publié  comme  supplément  du 
Cymmrodor  sous  ce  titre  :  Ystorya  de  Carolo  Magno  from  the  Red  Book  of  Hergest, 
Ed.  by  Thomas  Powel.  Cette  édition  est  faite  sans  préface,  sans  traduction  et 
sans  commentaire;  mais  on  promet  cela  pour  une  date  ultérieure. 

Nous  nous  proposons  de  donner  bientôt  un  développement  de  notre  note  où 
nous  indiquerons  les  rapports  du  texte  gallois  avec  les  autres  versions.      H.  G. 

Bye-Gones  relating  to  Wales  and  the  Border-Counties,  1882-3.  Oswestry,  Coxton 
Press.  340  p.  pet.  in-4.  (Only  150  copies  printed). 

Cette  publication  que  M.  Askew  Roberts  continue  avec  zèle  malgré  les  dif- 
ficultés matérielles  de  l'entreprise,  contient  (comme  dans  ses  précédents  volumes) 
à  côté  de  notes  d'intérêt  purement  local,  un  grand  nombre  d'indications  sur 
l'histoire,  la  littérature,  la  musique  et  le  folk-lore  du  pays  de  Galles.  Ce  sont 
les  Notes  and  Quenes  de  la  Principauté,  et  comme  sa  sœur  aînée  de  Londres,  la 
Revue  d'Oswestry  emmagasine  un  nombre  considérable  de  petits  faits  utiles.  Un 
recueil  de  ce  genre  échappe,  comme  on  comprend,  à  l'analyse,  et  nous  ne  pou- 
vons que  signaler  au  passage  ce  nouveau  volume. 

Lovocat  et  Catihern,  prêtres  bretons  du  temps  de  saint  Mélaine,  par  l'abbé 
L.  Dl-chesne.  (Extrait  de  la  Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée,  n"  de  janvier  1 88 j  ;  tiré 
à  part  à  30  exempl.,  19  p.  in-8.) 

M.  l'abbé  L.  réédite,  avec  un  long  commentaire,  un  document  peu  connu 
qui  lui  paraît  «  le  plus  ancien  de  tous  ceux  qui  ont  certainement  rapport  à 
l'émigration  bretonne  en  Àrmorique  ».  C'est  une  lettre  de  reproche  écrite  vers 
la  fin  du  règne  de  Clovis,  par  trois  évêques  (dont  Licinius,  prédécesseur  du 
célèbre  Grégoire  au  siège  de  Tours)  à  deux  prêtres  bretons,  Lovocatus  et 
Catihernus.  On  leur  reprochait  de  célébrer  la  messe  sur  des  autels  portâtes, 
de  cabane  en  cabane  ;  et  de  se  faire  assister,  dans  l'administration   de  l'Eu- 


410  Bibliographie. 

charistie,  par  des  femmes,  conhospitœ,  qui  partageaient  aussi  leur  domicile. 
M.  D.  commente  et  explique  ces  deux  reproches  par  les  usages  de  l'ancienne 
église  bretonne.  —  Ce  travail  est  suivi  d'une  note  de  M.  Ernault  sur  ces 
deux  noms,  Catihernus  =  *  Catu-isarnos  «  le  fer  de  la  bataille,  c'est-à-dire 
ferreus  in  pugna  »,  et  Lovocatus  ou  mieux  Louocatus  «  qui  a  des  combats  de 
lion,  qui  se  bat  comme  un  lion  d. 

Études  historiques  bretonnes,  par  Arthur  de  La  Borderie,  correspondant  de 
l'Institut.  Première  série  :  l'historien  et  le  prophète  des  Bretons,  Gildas  et  Merlin. 
Paris,  Champion,  1884,  376  p.  in-8.  —  Prix  :   10  fr. 

C'est  une  bonne  fortune  pour  les  historiens  de  la  race  celtique  que  M.  de  La 
Borderie.  le  maître  incontesté  de  l'histoire  bretonne,  réunisse  dans  un  volume 
où  ils  seront  aisément  accessibles  des  articles  dispersés  dans  des  publications 
locales.  Les  divers  morceaux  de  ce  volume  se  répartissent  entre  les  diverses 
époques  de  l'histoire  de  la  Bretagne  française,  depuis  ses  origines  et  presque 
jusqu'à  nos  jours.  Mais  il  y  en  a  trois  qui  s'adressent  particulièrement  aux  lec- 
teurs de  notre  Revue  :  Les  rentables  prophéties  de  Merlin,  p.  $2-128,  dont  nous 
avons  parlé  précédemment  t plus  haut,  p.  126 );  —  Du  rôle  historique  des  saints 
de  Bretagne  dans  rétablissement  de  la  nation  bretonne  armoricaine,  p.  129-174  ; 
ce  mémoire  avait  paru  en  1849  dans  le  Bulletin  archéologique  de  l'Association 
bretonne.  C'est  une  vue  d'ensemble  sur  le  sujet  que  M.  de  La  B.  reprend  parle 
détail  dans  le  mémoire  étendu,  presque  la  moitié  du  volume:  Saint  Gildas,  l'his- 
torien des  Bretons,  p.  217-372.  M.  de  La  B.  prépare  pour  la  Société  de  l'Histoire 
de  France  une  édition  de  l'écrit  de  Gildas  De  Excidio  Britanniae.  C'est  avec  une 
véritable  piété  patriotique  que  M.  de  La  B.  a  entrepris  l'histoire  «  du  premier 
historien  national  de  la  race  bretonne,  »  et  son  style  paraît  encore  sentir  l'émo- 
tion d'événements  déjà  vieux  de  treize  ou  quatorze  siècles.  Gildas  fournit  à 
M.  de  La  B.  l'occasion  d'une  étude  approfondie  sur  le  monachisme  breton,  sa 
place  dans  l'histoire  de  l'Eglise  celtique,  son  importance  sociale  à  la  fois  dans  la 
métropole  (Ile  de  Bretagne}  et  dans  la  colonie  ^Bretagne  armoricaine).  —  Nous 
regrettons  que  le  manque  de  compétence  spéciale  nous  empêche  de  nous  arrêter 
sur  ce  sujet  et  nous  force  d'annoncer  ce  livre  d'une  façon  aussi  succincte  :  mais 
il  a  suffi  d'en  annoncer  l'apparition  aux  lecteurs  que  ces  questions  intéressent. 

H.  G. 
René    Kerviler.  La   grande   ligne   des  Mardelles    gauloises  de  la 
Loire-Inférieure.   41   p.  in-8  avec  pi.   Saint-Brieuc,   Prudhomme,    1883.   — 
Revue  du  mouvement  historique  et  littéraire  en  Bretagne  de 
I88O  à  1882.  54  p.  in-8.  Saint-Brieuc,  Prudhomme.  .883. 

M.  René  Kerviler  est  connu  dans  le  monde  savant  par  sa  double  compétence 
d'historien  et  d'archéologue  et  par  les  découvertes  qu'il  a  faites  il  y  a  quelques 
années  dans  les  fouilles  du  port  de  Saint-Nazaire  dont  il  est  i'ingénieur.  —  Des 
deux  brochures  que  nous  annonçons,  la  première  n'est  pas  de  notre  compétence  : 
disons  seulement  qu'elle  touche  à  la  question  importante  de  l'organisation  mili- 
taire et  défensive  de  notre  pays  avant  l'ère  chrétienne.  —  La  seconde  est  un 
tableau,  très  attachant,  et  (autant  que  nous  avons  pu  juger)  très  complet  des 


Bibliographie.  41 1 

publications  faites  pendant  ces  dernières  années  en  Bretagne  dans  le  domaine  de 
l'histoire,  de  l'archéologie  et  de  la  littérature.  Il  va  de  soi  qu'il  s'agit  ici  de  la 
Bretagne  tout  entière  et  non  pas  seulement  de  la  pauvre  et  triste  Basse-Bretagne 
que  la  langue  celtique  laisse  en  arrière  dans  ce  développement  intellectuel.  M.  K. 
ne  l'a  pourtant  pas  oubliée  et  il  donne  (p.  54)  le  relevé  des  poésies  bretonnes 
publiées  dans  ces  dernières  années.  La  Bretagne  est  certainement  une  des  pro- 
vinces de  France  qui  a  le  mieux  gardé  son  indépendance  littéraire  et  sa  vitalité 
intellectuelle,  et  le  tableau  qu'a  tracé  M.  K.  fait  autant  d'honneur  à  l'originalité 
de  son  pays  qu'à  son  propre  talent. 

Le  26  avril  1884  a  paru,  après  dix-huit  ans  d'existence,  le  dernier  numéro  du 
journal  breton  Fei:  ha  Breiz  «  Foi  et  Bretagne  »  :  c'est  le  seul  journal  qui  ait 
jamais  été  publié  en  langue  bretonne.  Le  Fei:  ha  Breiz  était  une  sorte  de  Semaine 
Religieuse  avec  l'addition  de  poésies  et  d'articles  à  prétentions  plus  ou  moins  lit- 
téraires. Depuis  1871  il  était  devenu  politique  et  défendait  la  cause  de  la  légi- 
timité et  du  drapeau  blanc.  Dans  ces  dernières  années,  son  rédacteur  était 
M.  Milin.  Parmi  les  écrivains  bretons  dont  le  Feizha  Breiz  a  publié  des  poésies, 
nous  pouvons  nommer  MM.  Milin  et  Emile  Ernault. 

—  La  Revue  Archéolo  :iquc  d'octobre  1884  contient,  pp.  217-222,  un  très  inté- 
ressant article  de  M.  Gaidoz  intitulé:  .4  propos  des  chiens  d'Epidaure.  A  ce 
propos  aussi,  je  demanderai  à  faire  deux  remarques.  —  Le  proverbe  trécorois 
cité  p.  2  18  se  présente  encore  sous  la  forme  suivante  :  Tiaot  ar  c'haz  sou  beulim 
Ha  tiaot  ar  c'hi  zou  meudesin.  «  La  langue  du  chat  est  venin,  et  la  langue  du 
chien  est  médecine.  «  —  Le  nom  populaire  chien  d'église,  pour  a  sacristain  », 
p.  217,  rappelle  l'expression  chass-de-Dieu  zzz  «  suisse,  bedeau,  massier  »,  usitée 
en  Tréguier.  Chass-de-Dieu  est  évidemment  un  emprunt  fait  parles  Bas-Bretons 
aux  Hauts  Bretons  qui,  eux-mêmes,  ont  dû  former  ce  mot  d'après  une  ancienne 
désignation  familière,  «  chasse-coquin  ».  En  breton,  chass,  pluriel  ordinaire  de 
ki  «  chien  »,  vient  du  français  chasse,  qui  paraît  avoir  le  sens  de  «  meute  »  dans 
les  Chansons  populaires  d'HIe-et-Vilaine  recueillies  par  M.  Decombe,  p.  271  : 
»  Où  sont  tes  chiens,  Biron,  Et  ta  chasse  gentille?  »,  cf.  p.  273  :  «  Toutes  les 
chasseries  Vont,  après  moi  la  nuit.  ■  Dans  chass-de-Dieu,  chass  n'est  pas  en- 
core un  pluriel  :  c'est  un  collectif  ou  même  un  singulier  tiré  d'une  idée  collec- 
tive, comme  quand  nous  disons  «  un  cent-gardes  ».  Le  français  chasse,  pris 
dans  son  sens  propre,  a  donné  en  breton  chasê,  cf.  finesé  «  finesse  »,  promesé 
«  promesse  t.  Les  deux  doublets  se  trouvent  réunis  dans  l'expression  chass  chasè 
«  chiens  de  chasse  t . 

Emile  Ernault. 

Les  Manuscrits  et  les  Miniatures,  par  A.   Lecoy  de  La  Marche,  357  p. 
in-8  avec  107  gravures.  Paris,  Quantin.  —  Prix  :  3  fr.  50. 

En  dehors  des  érudits  de  profession  (et  encore  d'érudits  spécialistes),  bien  peu 
connaissent  l'histoire  des  manuscrits  et  des  arts  qui  s'y  rattachent.  Ce  sujet, 
d'apparence  ou  plutôt  d'abord  pédantesque,  est  plus  attrayant  qu'on  ne  pense  : 


412  Bibliographie. 

il  ne  touche  pas  seulement  à  l'histoire  des  lettres,  mais  aussi  à  celle  de  l'in- 
dustrie et  à  celle  des  beaux-arts,  appelés  dès  l'origine  à  embellir  l'œuvre  de 
l'écrivain.  Tel  est  le  sujet  qu'a  traité  M.  Lecoy  delà  Marche,  dans  un  livre  sans 
appareil  scientifique,  mais  écrit  avec  une  connaissance  approfondie  du  sujet  et 
une  grande  clarté  d'exposition.  De  nombreuses  gravures  permettent  au  lecteur 
de  se  représenter  ces  formes  de  l'écriture  et  de  l'art  aujourd'hui  si  éloignées  de 
nous. 

Les  formes  successives  et  les  instruments  de  l'écriture,  les  matériaux  du  livre 
manuscrit  et  surtout  la  variété  de  ses  décorations  sont  l'objet  de  ce  livre  où 
l'auteur  s'est  principalement  occupé  de  la  France.  Aussi  nous  n'osons  pas 
lui  reprocher  de  n'avoir  pas  fait  d'emprunts  aux  merveilleuses  miniatures 
de  quelques  manuscrits  irlandais,  surtout  le  ms.  de  Kells,  et  de  n'en  parler 
qu'en  passant  ;  mais  nous  ne  pouvons  admettre  qu'il  range  nos  scribes  irlandais 
dans  l'école  anglo-saxonne,  quand  celle-ci  dérive  de  l'école  irlandaise.  L'Irlande 
ne  tient  que  trop  peu  de  place  dans  l'histoire  générale  de  la  civilisation,  pour 
qu'on  ne  lui  enlève  pas  cet  honneur  et  pour  qu'on  ne  passe  pas  sous  silence  cette 
influence  qui  s'est  étendue  jusque  sur  le  continent'.  Sous  cette  réserve,  qui  sera 
celle  de  tout  celtiste,  nous  souhaitons  bon  succès  à  un  livre  que  nous  avons  lu 
avec  autant  de  profit  que  de  plaisir  2.  H.  G. 

Nous  recommandons  à  l'attention  des  Celtistes,  et  surtout  des  phonéticiens, 
les  trois  dissertations  suivantes  extraites  des  Transactions  of  the  Philological 
Society  : 

Initial  Mutations  in  the  living  Celtic,  Basque,  Sardinian  and  Italian  Dialects,  by 
H.  I.  H.  Prince  Louis-Lucien  Bonaparte. 

Spokcn  North  Welsh,  by  Henry  Sweet,  M.  A. 

Thc  Treatment  of  English  Borrowed  Words  in  colloquial  Welsh,  by  Thomas 
Powell,  M.  A. 

Constitution  and  By-Laws  of  the  Celtic  Society  of  Montréal  ;  Inaugural  Address  by 
the  Président,  List  of  Members  etc.  Montréal,  W.  Drysdale  and  C°,  Publishers,  1884, 
40  p.  in-18. 

Historical  Characteristics  of  the  Celtic  Race.  An  Address  To  the  University  Celtic 
Society,  by  Professor  Geddes,  University  of  Aberdeen.  Published  by  Request.  Aberdeen, 
A.  and  R.  Milne,  1885,  24  p.  in-8. 

Nous  donnerons  dans  notre  prochain  numéro  un  compte  rendu  détaillé  des 
deux  ouvrages  ci-dessous  : 

J.  Loth.  L'émigration  bretonne  en  Armorique,  du  ve  au  vu*  siècle 
de  notre  ère.  Paris,  Picard,  1883. 

W.  Stokes  und  E.  Windisch.  Irische  Texte,  zweite  Série  1  Heft.  Leipzig, 
Hirzel,  1884. 


1.  Et  pourquoi  M.  L.  de  la  M.  appelle-til  l'Irlande  Eryn  (avec  un  y)  ? 

2.  Signalons  pourtant  un  oubli  regrettable.  L'auteur  a  négligé  de  donner  en  note  le 
déchiffrement  des  spécimens  paléographiques  cités  en  exemple  dans  le  texte  et  dont 
quelques-uns  ne  sont  pas  de  lecture  aisée. 


NÉCROLOGIE 


—  M.  Jacques  Becker,  né  à  Mayence  le  30  janvier  1820,  est  mort  le  3  dé- 
cembre 1883  à  Francfort-sur-le-Mein  :  il  était  depuis  1854  professeur  dans  un 
collège  de  cette  dernière  ville.  M.  Becker  s'était  occupé  tout  particulièrement 
des  antiquités  gallo-romaines  de  la  vallée  du  Rhin,  et  par  suite  de  mythologie 
et  d'épigraphie  gauloise,  et  il  était  un  des  membres  les  plus  actifs  de  cette  So- 
ciété des  Antiquaires  du  Rhin  à  laquelle  on  doit  tant  de  bons  travaux.  On  trou- 
vera dans  la  collection  de  cette  Société  de  nombreux  articles  et  mémoires  de 
M.  Becker  ;  on  en  trouve  aussi  dans  les  publications  des  autres  Sociétés  savantes 
du  pays  rhénan.  Les  philologues  connaissent  ses  articles  dans  les  BÀtrœge  zur 
vergltichenden  Sprach  orschung.  M.  Becker  aimait  mieux  écrire  de  fréquents  ar- 
ticles ou  mémoires  sur  des  questions  de  détail  que  des  livres.  Nous  ne  connais- 
sons de  lui  qu'un  ouvrage  qui  ne  soit  pas  un  tirage  à  part  ou  une  dissertation 
de  revue;  c'est  son  Catalogue  des  antiquités  gallo-romaines  du  Musée  de 
Mayence.  dont  nous  avons  parlé  précédemment  t.  III,  p.  117. 

M.  Louis-Théophile  Rosenzweig,  archiviste  du  département  du  Morbihan, 
né  à  Paris  le  6  juillet  1830,  est  mort  près  Vannes,  le  29  janvier  1884. 
M.  Rosenzweig  était  étrangère  la  Bretagne  par  son  origine;  mais,  nommé 
archiviste  à  Vannes  dès  sa  sortie  de  l'Ecole  des  chartes,  en  mai  1855,  il  ne 
quitta  plus  ce  poste  ;  il  y  passa  toute  sa  carrière,  et  il  fit  de  la  Bretagne  (sur- 
tout de  son  département)  la  patrie  de  ses  études.  L'histoire  et  l'archéologie 
lui  doivent  des  travaux  qui  par  la  conscience  des  recherches  et  la  critique  de 
la  mise  en  œuvre  ont  une  valeur  durable.  Tels  sont  le  Répertoire  archéologique 
du  Morbihan  (Paris,  1863,  in-41,  le  Dictionnaire  topographique  du  département 
du  Morbihan  (Paris,  1870,  in-4),  et  un  grand  nombre  de  mémoires  insérés  dans 
le  bulletin  de  la  Société  polymathique  du  Morbihan  et  dans  les  mémoires  lus 
à  la  Sorbonne,  et  aussi  dans  diverses  publications  locales.  Ces  dissertations  et 
articles  s'étendent  à  tous  les  sujets  de  l'archéologie  et  de  l'histoire  du  Mor- 
bihan depuis  le  commencement  du  moyen  âge  jusqu'à  la  Révolution.  Nous 
regrettons  de  ne  pas  en  avoir  la  liste,  qui  serait  instructive  et  utile  aux  tra- 
vailleurs. 

M.  John  Askew  Roberts,  de  Croeswylan,  Oswestry,  North  Wales,  né  le 
27  mars  1826,  est  mort  le  10  décembre  1884.  M.  Roberts  avait  fondé  l'Osws- 
trie  Advertizer  qu'il  avait  vendu  en  1 868 ,  mais  en  se  réservant  la  faculté  d'y  pu- 
blier une  série  de  notes  sous  le  titre  de  Bye-Gones.  Ces  notes,  réimprimées  au 
fur  et  à  mesure  en  format  de  volume,  ont  formé  une  revue  remplie  de  renseigne- 


414  Nécrologie. 

ments  intéressants  dont  nous  avons  plusieurs  fois  parlé  (t.  IV,  p.  463  ;  t.  V, 
p.  408  ;  t.  VI.  p.  409).  Nous  apprenons  avec  satisfaction  que  des  mesures  ont  été 
prises  pour  que  cette  publication  survive  à  son  fondateur. 

M.  Roberts  avait  publié  plusieurs  ouvrages  relatifs  à  l'histoire  locale;  l'un 
d'eux,  réédition  d'un  livre  ancien,  a  été  annoncé  ici-même  (t.  IV,  p,  464). 
Depuis  1872,  il  exerçait  les  honorables  fonctions  de  Justiceofthe  Peau. 

M.John  Francis  Campbell,  surnommé  en  gaélique  Ialn  Ileach  «  Jean  d'Islay  ». 
né  à  Edimbourg,  le  29  décembre  1821,  est  mort  à  Cannes,  le  17  février  1885. 
Il  appartenait  au  grand  clan  écossais  des  Campbell  dont  le  chef  (pour  employer 
le  terme  technique)  est  le  duc  d'Argyll.  Il  était  appelé  par  sa  naissance  à  héri- 
ter du  grand  domaine  formé  par  l'île  d'Islay,  une  des  îles  Hébrides  du  Sud;  mais 
des  revers  de  famille  le  lui  firent  perdre.  Après  avoir  étudié  pour  le  barreau,  il 
occupa  dans  l'administration,  comme  secrétaire  de  Boards  importants,  des  em- 
plois qui  l'amenèrent  à  s'occuper  de  géologie  et  de  météorologie.  Il  a  publié 
dans  cet  ordre  d'études  des  ouvrages  importants  —  et  aussi  des  récits  de  voyage 
autour  du  monde:  mais  de  cela  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  ici  '. 

On  voit  par  là  que,  tout  en  étant  un  homme  des  plus  cultivés,  M.  Campbell 
n'était  pas  un  philologue  de  profession;  il  a  néanmoins  rendu  à  la  littérature 
celtique  plus  de  services  que  n'ont  fait  bien  des  érudits  de  profession.  C'est  lui 
en  effet  qui  a  recueilli  la  littérature  orale  des  Gaels  d'Ecosse  dans  ses  Popular 
Taies  of  the  West  Highlands,  Edinburgh  1860-1862,  4  vol.  in- 1 2  ;  livre  des 
plus  complets  et  des  plus  consciencieux  (et  qui  aurait  dû  susciter  des  imitateurs 
en  Irlande !l.  Plus  tard,  M.  Campbell  publia  sous  le  titre  de  Leabhar  na  Feinne, 
London,  Trùbner,  1872,  toutes  les  sources  poétiques  écossaises  relatives  à  la 
légende  ossianique  2.  Ce  volume  devait  être  suivi  d'autres  qui  n'ont  pas  été  pu- 
bliés; mais  les  documents  réunis  par  M.  Campbell  ne  seront  pas  perdus,  car  il 
a  légué  ses  manuscrits  à  la  Bibliothèque  des  Avocats  à  Edimbourg.  —  Nous 
ne  devons  pas  oublier  de  rappeler  que  M.  Campbell  a  donné  un  article  à  notre 
recueil,  Fionn's  Enchantment,  t.  I,  p.  193  et  suiv.?. 

La  famille  de  M.  Campbell  a  décidé  d'élever  sur  sa  tombe,  à  Cannes,  une 
copie  de  la  croix  de  Kildarton,  dans  l'ile  d'Islay,  un  des  plus  beaux  spécimens 
connus  en  Ecosse  de  l'ancien  art  dit  celtique,  et  elle  a  autorisé  les  amis  du  défunt 
et  les  amis  de  la  littérature  gaélique  à  se  joindre  à  cette  œuvre  de  piété  par  une 
souscription 4,  pour  que  chacun  d'eux  puisse  «  apporter  sa  pierre  au  cairn  ». 

1.  Voir  une  note  dans  l'Academy,  du  28  Février  1885,  p.  151.  —  Notons 
seulement  qu'il  avait  inventé  un  héliomètre  qui  est  en  usage  à  l'observatoire  de 
Greenwich. 

2.  Voir  sur  ce  livre  notre  article  ici-même,  t.  II,  p.  129. 

3.  Cet  article  était  écrit  quand  nous  avons  lu  la  notice  de  M.  Ralston  dans 
VAthenœum  du  21  février  1885,  où  sont  mis  en  relief,  par  un  juge  des  plus 
compétents,  les  services  rendus  par  M.  J.-F.  Campbell  à  la  littérature  tradi- 
tionnelle des  Gaels. 

4.  Jslay  Mémorial  Fund:  Le  maximun  fixé  aux  souscriptions  individuelles  est 
de  $  sh.  (6  fr.  25). —  Elles  sont  reçues  chez  Lord  A.  Campbell,  59,  Strand,  et 
chez  Lord  W.  Campbell,  4,  Stanhope  Gardens,  S.  W.,  à  Londres. 


Ctltic  Notes  and  Querits.  415 

—  La  comunn  llcach,  ou  <  Société  d'Islay  »  à  Glasgow,  doit  elle-ir.ême  élever  un 
monument  plus  modeste  à  la  mémoire  de  M.  J.  F.  Campbell  dans  l'île  même 
d'Islay. 

—  M.  Thomas  Rees,  né  le  13  décembre  1818  à  Llanfynydd,  près  Llandilo, 
comté  de  Caermarthen,  mort  à  Swansea  le  29  avril  1885.  M.  Rees  était  mi- 
nistre Congrégationnaliste  (ou  Indépendant!  à  Swansea  et  un  des  hommes  les 
plus  marquants  de  sa  secte.  Si  nous  mentionnons  ici  son  nom,  c'est  qu'il  a 
écrit,  en  anglais,  une  histoire  des  sectes  dissidentes  en  Galles  qui  est  un  ou- 
vrage des  plus  importants  pour  l'hiitoire  religieuse  de  la  Principauté,  History 
of  Soncon-ormity  in  Wahs.  ire  éd.,  1861  ;  2e  éd.,  1883.  Il  avait  aussi,  avec  la 
collaboration  de  M.  John  Thomas,  de  Liverpool.  publié  sur  le  même  sujet  un 
ouvrage  en  gallois  qui  forme  quatre  volumes  et  qui  fut  achevé  en  1875.  Il  est 
inutile  de  signaler  ici  de  nombreux  ouvrages  d'édification  ou  de  propagande  re- 
ligieuse de  cet  auteur  :  la  littérature  contemporaine  du  Pays  de  Galles  est 
presque  exclusivement  homilétique  et  poétique,  et.  par  conséquent,  sans  intérêt 
hors  du  pays.  En  1862,  M.  Rees  avait  reçu  le  titre  de  docteur  en  théologie, 
honoris  causa,  de  l'Université  de  Marietta  dans  l'Ohio  (Etats-Unis  d'Amériquei . 
Depuis  ce  temps,  on  l'appelait  le  Révérend  Docteur  Rees,  pour  le  distinguer  de 
ses  homonymes.  H.  G. 


CELTIC   NOTES    AND   QUERIES 


Une  vieille  devise  bretokxe.  —  Dans  les  armoiries  du  duché  de  Bretagne 
figure  la  devise  :  Potius  mori  auam  fœdari.  «  Plutôt  mourir  que  se  déshonorer.  ■ 

Le  41e  régiment  d'infanterie  de  l'armée  anglaise,  qui  est  un  régiment  gallois, 
porte  sur  son  drapeau  la  devise  galloise  :  Gwell  angcu  na  chywilydd.  «  Plutôt 
la  mort  que  la  honte.  » 

La  coïncidence  est  trop  frappante  pour  qu'il  n'y  ait  pas  là  une  vieille  devise 
bretonne,  antérieure  à  l'émigration  des  Bretons  en  Armorique. 

Nos  lecteurs  qui  s'occupent  d'histoire  locale,  en  Galles  et  en  Bretagne,  peu- 
vent-ils nous  fournir  des  renseignements  sur  l'histoire  de  ces  devises? 

A  quelle  époque  ont  été  formées  les  armoiries  de  la  Bretagne?  D'où  la  de- 
vise leur  vient-elle?  et  quels  en  sont  les  plus  anciens  exemples? 

D'où  vient  cette  devise  du  41e?  Ce  régiment  paraît  bien  gallois,  puisqu'il 
porte  aussi  le  Dragon  Rouge  sur  son  étendard.  D'après  un  article  du  South 
Wahs  Daily  Ncvs  du  17  juin  1881,  et  intitulé  :  «  The  Welsh  Régiment  »,  ce 
régiment  a  été  formé  sous  le  règne  de  George  I,  par  un  ordre  en  date  du  1 1  mars 


41 6  Celtic  Notes  and  Queries. 

17 18-19,  et  a  reCu  d'abord  le  nom  de  «  Royal  Invalids  »,  parce  qu'il  était  formé 
de  vétérans  des  campagnes  de  Marlborough  et  réservé  au  service  des  places.  En 
1787,  ce  régiment  fut  réorganisé  sur  le  modèle  des  autres  régiments  de  l'armée 
active.  En  1822,  le  régiment  reçut  l'autorisation  de  s'appeler  Welsh  «  Gallois  » 
et  de  porter  sur  son  drapeau  les  plumes  qui  figurent  dans  les  armoiries  du 
prince  de  Galles,  avec  la  devise  :  Gwell  angeu  na  chywilydd. 

La  devise  viendrait  donc  des  armoiries  du  prince  de  Galles.  A  quelle  époque 
alors  remontent  ces  armoiries?  Quelle  en  est  l'origine  et  la  formation  '  ? 

Nous  serions  reconnaissant  aux  revues  de  Bretagne  et  de  Galles  de  repro- 
duire notre  question.  Le  sujet  a  pour  ces  deux  pays  un  intérêt  national.  Un 
peuple  peut-il  avoir  plus  belle  devise,  et  ne  serait-ce  pas  la  devise  même 
d'Arthur?  H.  G. 

Une  lettre  inédite  de  J.  Grimm.  —  J'ai  retrouvé  dans  mes  papiers  la  co- 
pie d'une  lettre  adressée  par  J.  Grimm  à  0'  Donovan.  J'avais  pris  cette  copie 
sur  l'original  que  m'avait  communiqué  un  des  fils  du  savant  irlandais.  Tout  ce 
qui  vient  de  J.  Grimm  a  tant  de  prix  qu'on  me  saura  gré,  je  pense,  de  publier 

cette  lettre  : 

«  Berlin,  21  février  1856. 

d  Monsieur, 

1  L'Académie  Royale  de  Berlin  en  reconnaissant  les  services  signalés,  que 
»  vous  avez  rendus  à  l'étude  des  langues  celtiques,  vient,  sur  ma  proposition, 
»  de  vous  nommer  son  membre  correspondant,  et  le  diplôme  vous  sera  inces- 
»  samment  expédié  par  l'entremise  de  notre  consul  à  Londres. 

»  J'ai  été  bien  aise  d'apprendre  qu'indépendamment  de  l'édition  des  anciennes 
»  lois  irlandaises,  qui  vous  occupe,  vous  travaillez  aussi  à  un  dictionnaire  irlan- 
»  dais,  qui,  je  n'en  doute  pas,  fera  oublier  tous  les  antérieurs. 

»  M.  Todd  a  eu  la  bonté  de  m'écrire  dernièrement  une  lettre  sur  les  formules 

»  de  Marcellus,  qui  m'a  peu  satisfait.  On  peut  bien  douter  des  explications  es- 

■)  sayées  jusqu'ici,  mais  il  me  paraît  impossible  de  supposer  à  ces  formules  un 

»  non-sens  qui  se  prête  à  tous  les  jeux  d'étymologie.  Elles  contiennent  du  cel- 

»  tique,  mais  d'une  époque  éloignée,  dont  nous  ne  connaissons  pas  toutes  les 

»  formes.  N'avez-vous  rien  rencontré  qui  viendrait  à  l'appui  de  ma  conjecture 

•  sur  figaria,  comme  impératif  du  passif?  Je  n'ai  pas  encore  le  droit  de  vous 

»  faire  des  questions,  mais  bien  celui  de  vous  offrir  l'expression  de  ma  haute 

»  considération. 

»  Jacob  Grimm.   » 

Le  diplôme  qui  accompagnait  cette  lettre  était  rédigé  en  latin  et  signé  des 
deux  secrétaires,  Aug.  Bceckh  et  F. -A.  Trendelenburg.  H.  G. 

Le  gérant:  F.  VIEWEG. 

1 .  Nous  n'avons  rien  trouvé  sur  ce  point  dans  les  articles  de  V Archaeologia  de  Londres, 
fort  curieux  du  reste,  sur  les  armoiries  du  Prince-Noir  et  sur  les  origines  de  la  devise  Ich 
Dien,  t.  XXXI  (1846),  p.  350-384  et  t.  XXXII  (1847),  p.  69-71  et  332-334. 

Imprimerie  Durand,  à  Chartres. 


TARANIS   ET  THOR. 


Dans  une  première  étude  publiée  en  1882,  j'ai  réuni  divers  documents  de 
l'antiquité  classique  tendant  à  démontrer  l'existence  d'un  dieu  gaulois,  non  sans 
analogie  avec  Jupiter,  quoique  moins  compréhensif ;  agissant  dans  l'orage; 
armé,  au  lieu  du  loudre.  d'une  pierre  ou  d'un  marteau.  Le  nom  qui  convenait  à 
ce  dieu  était  Taranis  (le  Tonnant)  cité  par  Lucain.  Il  convenait  aussi  à  un  cer- 
tain nombre  de  représentations,  en  bronze  et  en  pierre,  d'une  divinité  gauloise, 
portant  un  marteau  et  une  coupe,  que  quelques  inscriptions  assimilent  à  Sil- 
vanus,  dieu  tonnant  de  l'ancien  Latium.  Telle  est  la  thèse  que  j'ai  développée 
en  1882  sous  le  ti.re  de  Taranis  litkobole  '.  Déjà  à  ce  moment  je  n'avais  pu  mé- 
connaître une  analogie  frappante  entre  le  Taranis  gaulois  et  le  Thor  Scandinave. 
J'ai  donc  repris  ur.e  autre  thèse,  à  ce  nouveau  point  de  vue,  étudiant  dans  les 
riches  documents  de  la  mythologie  norraine  les  manifestations  épiques  par  les- 
quelle  s'accuse  la  personnalité  de  Thor,  et  dans  nos  traditions  nationales  les 
plus  anciennes  celles  qui  reproduisent  ces  mêmes  manifestations,  accusant  la 
personnalité  de  Taranis.  Le  premier  résultat  de  ces  recherches,  et  le  plus  im- 
portant s'il  reste  acquis,  comme  j'espère,  a  été  de  me  convaincre  qne  la  res- 
semblance entre  les  deux  divinités  ne  doit  causer  aucune  surprise,  parce  que 
Taranis  est  le  prototype  de  Thor,  et  que  le  dieu  Scandinave  est  un  emprunt  à 
la  mythologie  gauloise.  De  l'étude  générale  que  j'ai  entreprise,  je  donne  au- 
jourd'hui un  fragment:  Thor  et  Taranis  combattant  le  serpent  de  Mitgard,  per- 
sonnification des  forces  malfaisantes  de  l'eau,  de  l'Océan. 

TARANIS  ET  THOR.  LUTTANT  CONTRE  LE  SERPENT. 

I. 

§   Ier.    Thor  et  le  serpent  de  Mitgard. 

Dans  le  système  cosmogonique  des  Scandinaves,  le  séjour  des  hommes 
Mitgard,  la  forteresse  du  milieu)  est  représenté  comme  un  plateau  au 
milieu  de  l'Océan.  Le  serpent  Jormungand  l'entoure  comme  un  anneau. 
Odin  l'a  jeté  dans  l'abîme  dès  sa  naissance,  sachant  qu'il  causera  un  jour 
la  mort  des  Ases  et  des  hommes.  Quand  l'Océan  s'agite,  c'est  que  le  ser- 

1.  Cf.  Revue  Celtique,  t.  V,  p.  229. 

Rev.  Celt.  VI  27 


4 1 8  Tarants  et  Tlwr. 

pent  en  soulève  les  flots  pour  envahir  avec  eux  la  terre.  La  tache  de  le 
combattre  et  de  le  repousser  dans  l'Océan  a  été  donnée  à  Thor,  le  plus 
fort  des  Ases,  et  c'est  pour  cela  qu'il  est  appelé  le  défenseur  des  hommes 
et  le  champion  des  Dieux  '. 

Les  monuments  de  la  mythologie  norraine  nous  ont  conservé  deux  ta- 
bleaux distincts  des  combats  entre  le  Dieu  et  le  serpent  :  le  premier, 
synthétisant  dans  un  récit  épique  la  lutte  variée  de  tous  les  jours  ;  le  se- 
cond, peignant  sous  la  forme  d'une  prophétie  le  duel  final,  au  crépus- 
cule des  Dieux.  J'ai  l'intention  de  montrer  dans  ce  dernier  chapitre  que 
l'un  et  l'autre  tableau  a  son  correspondant  dans  la  mythologie  celtique. 
et  que  Taranis  y  accomplit  la  tâche  qui  incombe  à  Thor  dans  la  mytho- 
logie norraine. 

Deux  versions  du  premier  tableau,  c'est-à-dire  delà  lutte  journalière, 
existentdans  les  monuments  Scandinaves,  comme  épisode  principal  d'une 
expédition  de  pêche  à  laquelle  prennent  part  Thor  et  le  géant  Hymir. 
Voici  celle  de  Sômund. 

«  (Quand  ils  eurent  poussé  le  bateau  au  large1  le  puissant  Hymir  jeta 
sa  ligne  et  aussitôt  ramena  à  bord  deux  baleines  accrochées  à  un  seul 
hameçon.  A  l'arrière  le  fils  d'Odin  ajustait  sa  ligne  sans  se  presser  et 
fichait  l'hameçon  dans  une  tête  de  bœuf.  Alors  il  jeta  sa  ligne.  L'ennemi 
des  Ases,  le  serpent  qui  cercle  la  terre,  ouvrit  sa  gueule  et  happa 
l'amorce.  Le  robuste  Thor,  déployant  toutes  ses  forces,  tira  à  lui  le  ser- 
pent, ruisselant  de  son  propre  venin,  et  d'un  coup  de  marteau  lui  écrasa 
la  tête.  Les  pierres  croulèrent  des  montagnes,  les  forêts  gémirent,  la 
terre  trembla  jusqu'à  ce  que  le  monstre  eût  glissé  dans  la  mer.  » 

La  version  de  Snorri  est  plus  circonstanciée   Fascin.  de  Gulfi)  : 

o  Thor  dit  qu'il  voulait  pousser  plus  loin  le  bateau.  Hymir  objectait 
que  cela  serait  dangereux  à  cause  du  serpent  de  Mitgard.  Thor  insista  et 
alors  Hymir  montra  beaucoup  d'inquiétude.  Enfin  Thor  déroula  un 
câble.  Le  câble  était  solide  et  l'hameçon  solide  aussi.  Thor  y  accrocha 
la  tête  de  bœuf  et  la  jetap:ir-dessus  bord.  L'amorce  alla  au  fond.  Le  ser- 
pent ouvrit  la  gueule  pour  l'avaler  et  l'hameçon  lui  entra  dans  le  gosier. 
La  douleur  le  fit  s'agiter  avec  tant  de  violence  qu'il  froissa  les  deux  poings 
de  Thor  contre  le  bordage.  Thor  se  mit  en  colère,  revêtit  sa  force  d'Ase 
et  se  roidit  avec  une  telle  vigueur  contre  le  fond  de  la  barque  qu'il  le 
brisa  et  que  ses  jambes  passèrent  au  travers.  Alors  il  prit  son  appui  contre 
le  fond  de  la  mer  et  tira  de  force  le  serpent  dans  la  barque.  Eh  bien  ! 
celui-là  ne  sait  pas  ce  que  c'est  qu'un  spectacle  terrifiant,  qui  n'a  pas  vu 

I.  On  trouvera  les  notes  à  la  suite  de  l'article,  p.  441  et  suiv. 


Tarants  et  Thor.  419 

Thor  fixer  sur  le  serpent  ses  yeux  enflammés  et  le  serpent  répondre  à 
Thor  par  un  regard  farouche,  en  même  temps  qu'il  lui  soufflait  son  venin 
au  visage.  L'Iotne  Hymir  pâlit  et  trembla  quand  il  vit  le  serpent  soulevé 
hors  de  l'eau  et  les  vagues  passer  par-dessus  la  barque.  Au  moment  où 
Thor  levait  son  marteau,  il  coupa  la  ligne  auprès  du  bordageet  le  ser- 
pent plongea.  Mais  Thor  lança  le  marteau  après  lui  et  lui  brisa  la  tête  au 
fond  de  l'eau.  Du  moins  c'est  ainsi  qu'on  le  raconte  ;  pour  moi,  je  pense 
que  le  serpent  de  Mitgard  vit  encore,  étendu  au  fond  de  l'Océan.  » 

Il  semble  que  Snorri  intervienne  dans  cette  dernière  phrase  du  récit 
d'Odin  à  Gulfi.  L'écrivain  fait  ses  réserves  sur  une  partie  de  la  tradition, 
qui  lui  parait  erronée.  En  effet,  si  le  serpent  est  exterminé,  tout  le  sys- 
tème odinique  est  en  péril.  Et  pour  cette  fois  nous  savons  que  le  serpent 
a  échappé,  puisqu'il  doit  reparaître  au  cataclysme  final.  La  même  contra- 
diction se  retrouvera  dans  les  traditions  celtiques. 

Lorsque  Thor  soulève  le  serpent,  le  récit  de  Snorri  montre  les  vagues 
en  furie  passant  par-dessus  la  barque;  le  récit  de  l'Edda ajoute  à  ce  signe 
de  tempête  les  gémissements  du  vent  dans  les  bois,  la  terre  qui  tremble, 
les  pierres  qui  croulent  des  montagnes:  la  tempête  est  à  la  côte.  Jôr- 
mungand  fait  effort  pour  escalader  le  rivage  :  Thor  le  retient  avec  un 
câble,  le  blesse  ou  le  tuei  avec  le  marteau.  Enchaîné  ou  écrasé,  des  deux 
façons  le  serpent  est  réduit  à  l'impuissance.  L'agitation  des  flots  s'apaise: 
la  mer  rentre  dans  ses  limites. 

Il  faut  rattacher  à  ce  premier  tableau  les  formes  du  mythe  qui  se  rap- 
portent à  deux  cas  particuliers  :  l'inondation  fluviale  et  la  marée. 

«  Thor  allait  à  la  forteresse  de  Garfred  ;  il  avait  laissé  chez  lui  son 
marteau  et  sa  ceinture  de  force,  sur  les  conseils  de  Loki.  Il  s'arrêta  un 
peu  chez  la  géante  Grith,  mère  de  Vidar,  qui  lui  apprit  que  Garfred  était 
un  Iotne  rusé  et  d'un  abord  difficile.  Elle  lui  prêta  des  gants  de  fer,  une 
ceinture  de  force  et  le  bâton  merveilleux  qu'on  appelait  la  baguette  de 
Grith.  Quand  il  fut  arrivé  à  la  rivière  Wimmer,  la  plus  grosse  des  ri- 
vières, il  se  ceintura  et  frappa  les  eaux  de  la  baguette.  Loki  le  tenait  par 
la  ceinture.  Ils  étaient  au  milieu  du  courant  et  la  rivière  se  gonfla  jusqu'à 
dépasser  ses  épaules.  Alors  il  dit  :  «  Ne  te  gonfle  pas,  ô  Wimmer,  car 
je  veux  te  passer  à  gué  pour  arriver  chez  les  Iotnes  ;  et  si  tu  t'accrois, 
ma  puissance  divine  s'accroîtra  aussi  et  ira  jusqu'au  ciel.  »  En  ce  mo- 
ment il  vit  une  géante  en  haut  de  la  vallée  ;  c'est  elle  qui  faisait  grossir  les 
flots  2.  Il  ramassa  une  pierre  au  fond  du  fleuve  et  la  lança  à  la  géante  Or, 
il  ne  manquait  jamais  son  but.  Il  eut  de  la  peine  à  atteindre  l'autre  bord.  » 

La  forme  de  la  légende  est  vulgaire  ;  on  n'y  découvre  que  mieux  le 
mythe  ancien  :  «  les  pluies  ou  les  neiges  fondues  descendent  au  printemps 


420  Tarants  et  Thor. 

de  la  montagne  et  grossissent  les  rivières.  »  Il  y  faut  remarquer  quelques 
détails  :  l'emploi  de  la  pierre  qui  donne  à  Thor  le  caractère  de  Dieu  litho- 
bole  ;  le  fleuve  fustigé  par  le  bâton  ;  l'absence  du  serpent  Mitgard  qui  ne 
peut  quitter  l'Océan  et  qu'un  loine  remplace  dans  les  fleuves.  La  pierre 
et  le  bâton  se  retrouveront  dans  les  légendes  celtiques  ;  quant  au  chan- 
gement du  serpent  en  un  Iotne  anthropoforme,  il  ne  se  remarque  pas  en 
Gaule.  L'envahissement  du  rivage  par  la  mer  et  l'inondation  fluviale  sont 
attribués,  à  ce  qu'il  semble,  au  même  monstre. 

Enfin  Thor  intervient  dans  les  mouvements  alternatifs  de  la  marée 
montante  et  descendante.  C'est  ce  qui  résulte  d'un  autre  récit  de  Snorri. 
L'Ase,  égaré  chez  les  iotnes.  les  a  défiés  de  boire  autant  que  lui.  Les 
Iotnes  acceptent  le  défi,  mais  s'assurent  la  victoire  par  une  supercherie. 
Le  fond  de  la  corne  qu'ils  présentent  à  Thor  trempe  dans  l'Océan  et 
Thor  ne  s'en  aperçoit  pas.  Il  ne  vide  donc  pas  la  corne,  mais  il  a  fait 
baisser  le  niveau  du  liquide,  il  a  produit  le  reflux.  Sous  cette  forme,  le 
mythe  est  solaire:  D.'vet  rJjv  BxXassctv  v-Xio;:  le  soleil  boit  la  mer.  On 
comprend  pourquoi  et  comment  il  s'est  glissé  dans  la  légende  de  Thor. 
Les  Scandinaves  n'ont  eu  connaissance  des  marées  que  lorsqu'ils  sont 
arrivés  au  terme  de  leur  course  à  travers  l'Europe  centrale,  sur  les  bords 
de  l'Atlantique.  Mais  ils  avaient  bien  auparavant  constaté  le  dessè- 
chement des  fleuves  et  des  lacs  pendant  l'été  et  n'avaient  pas  manqué  de 
l'attribuer,  comme  les  Grecs,  au  soleil.  Le  reflux  leur  a  paru  un  phéno- 
mène analogue,  plus  rapide  et  plus  fréquent,  et  ils  l'ont  compris  sous  la 
même  rubrique  :  le  soleil  boit  les  eaux.  D'autre  part,  la  marée  montante 
affecte  l'allure  d'une  tempête  ou  d'une  inondation,  telle  que  celles  qu'ils 
attribuaient  aux  efforts  de  Jôrmungand.  Dès  lors  l'intervention  de  Thor 
était  nécessaire.  Ils  ont  conservé  cependant  la  formule  mythique  et  Thor 
a  repoussé  Jôrmungand  en  buvant  la  mer. 

Cette  confusion  de  deux  mythes  appartenant  à  deux  divinités  diffé- 
rentes ne  s'est  pas  produite  chez  les  Gaulois.  J'en  trouve  la  preuve  dans 
le  passage  si  souvent  reproduit  et  commenté  des  Morales  où  Aristote 
blâme  l'audace  démesurée  des  Gaulois  qui  «  ne  craignent  ni  les  tempêtes 
ni  les  tremblements  de  terre,  qui  défient  la  foudre  et  s'arment  pour  re- 
pousser les  flots.  »  On  conçoit  qu'une  telle  pratique  ait  scandalisé  des 
Grecs.  Elle  manifestait  une  crovance  qu'ils  n'avaient  plus,  quoiqu'ils 
l'eussent  d'abord  partagée.  Leurs  vieux  poèmes  sont  pleins  des  combats 
des  Dieux  contre  les  puissances  mauvaises,  toujours  vaincues  à  la  fin,  il 
est  vrai,  mais  assez  redoutables  pour  disputer  la  victoire.  Au  temps  d'Aris- 
tote,  la  spéculation  philosophique  avait  relégué  ces  croyances  dans  un 
passé  plein  d'ombre,  qu'on  ne  comprenait  plus.  Nul  monstre  n'avait  suc- 


Tarants  et  Thor.  421 

cédé  à  Python,  à  l'hydre  de  Lerne  ;  les  Titans  étaient  solidement  en- 
chaînés ;  Jupiter  n'avait  plus  d'adœrsaire.  Dans  le  Nord,  la  guerre  con- 
tinuait entre  les  Ases  et  les  Iotnes,  égaux  en  force,  plus  audacieux  même, 
parce  qu'ils  savaient  qu'une  revanche  leur  était  assurée.  Pour  les  Grecs, 
Poséidon  était  un  frère  de  Jupiter,  un  dieu  dont  la  colère  ou  la  justice 
soulevaient  les  flots,  qu'il  eût  été  impie  d'attaquer.  Pour  les  Scandinaves, 
Hymir,  >Egir  étaient  des  Iotnes,  des  puissances  mauvaises,  ainsi  qu'Iôr- 
mungand  :  lutter  contre  eux  était  œuvre  de  piété.   C'est  à  cause  de  cela 
que  la  mythologie  du  Nord  admettait  une  assistance  mutuelle  entre  les 
Dieux  et  les  hommes.  On  en  remarque  plusieurs  exemples,  dont  le  plus 
intéressant  pour  notre  sujet  est  la  présence  des  héros  de  la  Valhalla 
Einhèriar  au  combat  du  dernier  jour.  l's  s'armeront    monteront  achevai 
avec  les  Ases  et  périront  jusqu'au  dernier.  En  ce  qui  concerne  l'assistance 
donnée  à  Thor  par  les  hommes,  il  me  parait  qu'elle  est  indiquée  suffi- 
samment par  le  service  de  Thiàlfi  et  de  Ro^kva.  le  frère  et  la  sœur 
1  qui  suivent  Thor  continuellement  ».  et  dont   le  premier  joue  un  rôle 
effectif  dans  les  jeux  imposés  à  Thor  chez  Loki  de  l'enceinte  extérieure. 
Toutefois,  le  milieu  où  se  passe  l'aventure  affectant  un  aspect  féod  d,  il 
est  difficile  de  tirer  du  récit  un   sens  mythologique.   Les  légendes  gau- 
loises sont  autrement  explicites.  Taranis,  repoussant  le  flux,  était  aidé 
par  le  peuple.  Il  ne  buvait  pas  la  mer  pour  en  faire  baisser  le  niveau.  Il 
restait  semblable  à  lui-même  et  maintenait  l'unité  de  sa  conception,  pen- 
dant que  Thor,  empiétant  sur  le  domaine  du  soleil,  accusait  dans  la  sienne 
une  certaine  indécision.  J'ai  tiré  de  ce  fait  un  argument  à  ajouter  à  ceux 
qui  établissent  que  Thor  est  un  emprunt  à  la  mythologie  gauloise  5. 

L'envahissement  de  la  terre  par  les  eaux  sous  la  figure  d'un  serpent 
n'est  pas  un  mythe  particulier  à  l'Europe  occidentale  ;  il  a  des  analogues 
dans  les  mythologies  d'origine  aryenne. 

Ainsi  le  nom  de  dragon  [Apdfecwv  avait  été  donné  à  plusieurs  rivières 
de  Grèce,  comme  celui  de  Drac  à  une  rivière  de  Gaule,  parce  que  les 
ondulations  des  vagues  et  le  cours  sinueux  des  fleuves  rappellent  les 
mouvements  du  serpent  en  marche  Mais  la  forme  serpentine  n'est  qu'une 
partie  de  la  conception  de  Jormungand.  autrement  il  serait  le  même  que 
Ahi.  que  Python,  que  Kêiô  :  et  Thor  reproduirait  sans  plus  Indra, 
Apollon,  Persée  Tel  qu'il  nous  parait  dans  les  récits  Scandinaves,  Jor- 
mungand est  une  personnification  de  l'Océan  agité,  débordant  en  flots 
pressés  sur  le  rivage.  Il  se  distingue  ainsi  d'Ahi,  le  nuage  qui  se  resserre 
ou  se  gonfle  ou  s'allonge;  de  Python,  le  brouillard  qui  intercepte  les 
rayons  bienfaisants  du  soleil  printanier;  de  Kêtô,  l'humidité  hivernale  qui 
enchaîne  la  nature  engourdie.  Ainsi,  quoique  la  lutte  entre  les  Dieux  et 


422  Tarants  et  Thor. 

les  serpents  symboliques  affecte  une  forme  identique  dans  le  Nord,  l'Inde 
et  la  Grèce,  il  faut  reconnaître  qu'elle  n'a  pas  partout  la  même  signification. 
Ni  l'Inde  ni  la  Grèce  cependant  n'ont  ignoré  l'inondation,  combattue 
par  un  héros  divin.  Le  combat  d'Hercule  et  d'Achélous  en  est  un  exemple. 
Plus  significative  encore  est  la  lutte  entre  Scamandre  et  Hêphaistos.  Le 
fleuve  débordé  poursuit  l'alerte  Achille,  entraînant  dans  ses  vagues  fu- 
rieuses les  armes,  les  chars  et  les  cadavres  jusqu'à  ce  que  le  Dieu  du  feu 
le  fasse  reculer  en  le  réduisant  en  vapeur. 

Une  légende  de  l'Harivamsa  rappelle  mieux  encore  celles  de  Thor  : 
«  Câliya,  roi  des  reptiles,  dont  les  cinq  gueules  vomissaient  du  feu  et  de 
la  fumée,  ravageait  avec  une  multitude  de  serpents,  ses  sujets,  la  plaine 
arrosée  par  l'Yamounâ.  Krichna,  encore  enfant,  se  jeta  dans  l'eau,  écrasa 
sous  son  pied  la  tête  de  Càliya,  tua  ou  dispersa  les  serpents.  Câliya  de- 
manda grâce  à  Krichna.  Le  héros  fut  clément  et  se  contenta  d'exiler 
dans  l'Océan  le  roi  et  les  reptiles.  » 

Il  me  semble  aussi  voir  une  légende  de  l'inondation  combattue  dans 
ce  récit  du  Zend-Avesta,  quoique  beaucoup  de  détails  soient  obscurs  : 

«  Guerschâsp,  haut  de  taille,  toujours  armé  de  la  massue  à  tête  de 
bœuf,  frappa  la  couleuvre  de  grandeur  énorme  qui  dévorait  les  hommes 
et  dont  le  poison  abondant  coulait  comme  un  fleuve,  tandis  que,  repliée 
sur  elle-même  comme  le  poing  fermés,  elle  élevait  une  tête  menaçante. 
Guerschâsp  fit  chauffer  au-dessus  de  cette  couleuvre  un  grand  vase  de 
métal.  La  chaleur  brisa  la  couleuvre  ;  le  vase  versa  et  le  Dew  s'enfuit 
comme  l'eau 4.  » 

De  ces  légendes  on  peut  conclure  que  le  mythe  du  dieu  combattant  le 
serpent  de  l'inondation  n'est  pas  une  exception  propre  aux  mythologies 
du  Nord  et  de  la  Gaule.  Mais,  tandis  qu'à  l'Orient  il  ne  figurait  que 
comme  un  accident  parmi  les  mille  accidents  de  l'action  des  Dieux,  il  se 
rattachait,  dans  l'Occident,  au  cœur  même  des  croyances  religieuses,  se 
reproduisant  tous  les  jours,  à  tous  les  renouvellements  de  saisons,  en 
sorte  que  le  Dieu,  adversaire  du  serpent;  semblait  avoir  pour  occupation 
principale  de  le  combattre  et  de  le  vaincre  jusqu'au  jour  prédit  où  une 
même  catastrophe  devait  anéantir  à  la  fois  le  Dieu  et  le  monstre.  Voilà 
qui  est  particulier  à  la  mythologie  Scandinave,  et  que  j'espère  montrer 
avoir  existé  également  dans  la  mythologie  celtique. 

§  2.    Tarants  et  le  dragon. 

Chez  les  Gaulois  le  serpent,  sous  des  noms  divers,  est  en  connexion 
intime  avec  l'inondation. 


Tarants  et  Thor.  42$ 

«  Au  mois  de  décembre  589,  dit  Grégoire  de  Tours,  le  fleuve  du 
Tibre  couvrit  Rome  d'une  telle  inondation  que  les  édifices  antiques 
furent  renversés,  ainsi  que  les  greniers  de  l'Eglise  où  étaient  serrés  plu- 
sieurs milliers  de  boisseaux  de  blé  qui  se  perdirent.  Une  multitude  de 
serpents  et  un  grand  dragon,  aussi  haut  que  les  plus  grands  arbres,  furent 
entraînés  à  la  mer  par  le  fleuve.  Ces  animaux  bientôt  étouffés  par  l'eau 
salée  et  rejetés  sur  le  rivage  par  la  tempête  occasionnèrent  une  épi- 
démie. » 

L'inondation  et  l'épidémie  de  589  sont  des  faits  historiques  attestés 
par  Grégoire  le  Grand.  Le  pape,  témoin  oculaire,  ne  parle  aucunement 
du  dragon.  Est-ce  à  dire  que  l'historien  gaulois  ait  menti,  ou  seulement 
orné  son  récit  de  détails  fantastiques  ?  Qui  l'oserait  dire  ?  Le  véridique 
évêque  a  écrit  sous  la  dictée  d'un  clerc  à  lui,  d'un  diacre  de  son  église, 
envoyé  à  Rome  pour  une  mission  délicate  et  témoin  aussi  de  l'inondation. 
Je  maintiens  que  le  diacre  n'a  pas  menti  à  son  évêque.  Mais  il  était  Gau- 
lois, et  il  a  vu  avec  les  yeux  d'un  Gaulois  s. 

Remarquez  qu'il  associe  au  dragon  une  multitude  de  serpents,  exac- 
tement comme  l'auteur  de  l'Harivamsa  montre  Krichna  luttant  contre 
Câliya  et  son  peuple  de  reptiles.  Une  telle  association  se  reproduit  dans 
les  légendes  gauloises  de  l'inondation.  Lorsque  sainte  Marthe  arrive  à 
Tarascon,  elle  trouve  «  sur  les  deux  rives  du  Rhône  un  désert  d'ani- 
maux et  de  reptiles  venimeux,  et  parmi  eux  un  redoutable  dragon  qui 
allait  çà  et  là,  d'une  longueur  incroyable,  d'une  masse  énorme  et  qui 
soufflait  une  vapeur  empoisonnée.  »  Même  association  dans  la  légende 
de  saint  Clément,  de  Metz  :  «  A  son  arrivée,  Clément  choisit  pour  sa 
demeure  l'amphithéâtre  où  jusqu'à  ce  moment  fourmillait  une  telle  quan- 
tité de  serpents  que  personne  n'osait  y  pénétrer,  pas  même  en  appro- 
cher. Leur  souffle  empoisonné  répandait  la  mort  sur  les  bêtes  et  sur  les 
hommes.  —  Clément  alla  au  plus  grand  des  serpents,  le  lia,  etc.  »  Dans 
la  légende  de  saint  Pol  de  Léon,  il  est  dit  que  l'évêque  ayant  enchaîné 
le  dragon,  s'en  retournait  lorsque  les  paysans  accoururent:  «  Ce  n'est 
rien,  disaient-ils,  d'avoir  pris  la  grosse  bête;  elle  a  un  petit,  qui  est  déjà 
méchant.  » 

Toutes  les  légendes  ne  reproduisent  pas  l'association  du  dragon  et 
des  serpents;  mais  il  suffit  de  la  trouver  dans  un  certain  nombre  d'exem- 
ples pour  qu'on  puisse  la  considérer  comme  ayant  un  caractère  mytho- 
logique. Homère  en  donne  l'explication  à  la  suite  du  passage  cité  : 

«  Achille  bondissait  contre  le  fleuve  en  courroux,  sans  se  laisser  ar- 
rêter par  les  flots.  Scamandre  s'irritait,  se  gonflait  pour  renverser  le  fils 
de  Pelée.  Enfin,  s'élevant  au-dessus  de  son  lit,  il  appela  Simoïs  à  grands 


424  Tarants  et  Thor. 

cris  :  «  Accours,  mon  frère  !  Aide-moi  à  dompter  la  rage  de  cet  homme  ; 
ou,  dans  un  instant,  il  aura  détruit  la  ville  de  Priam,  privée  de  ses  dé- 
fenseurs. Au  secours,  sans  retard  !  Emplis  tes  rives  de  l'eau  de  tes 
sources  ;  appelle  tes  ruisseaux  ;  soulève  tes  flots  ;  entraine  ensemble  les 
arbres  et  les  rochers  pour  écraser  le  guerrier  sauvage  qui  prétend  égaler 
les  Dieux.  » 

C'est  ainsi  que  l'Isère  (le  serpent)  interpellera  le  Drac  lorsque  le  mo- 
ment sera  venu  d'inonder  Grenoble.  De  tous  les  vallons,  de  toutes  les 
combes,  de  tous  les  creux  des  Alpes  dauphinoises  descendront  en  cas- 
cades les  torrents,  les  ruisseaux,  les  filets  d'eau  qui  emporteront  dans 
un  désastre  commun  les  animaux,  les  habitants,  les  digues  et  les 
maisons. 

Les  légendes  de  l'inondation,  propres  à  la  Gaule,  que  je  vais  exa- 
miner, sont  empruntées  aux  Acta  SS.  Les  versions  y  sont  nombreuses, 
caractéristiques,  se  rapportant  à  des  personnages  des  premiers  siècles, 
rédigées  par  des  écrivains,  sinon  contemporains,  du  moins  voisins  des 
faits  et  écrivant  sur  des  documents  respectables.  Si  elles  sont  naïves, 
ellles  sont  véridiques,  et  je  puis  l'affirmer  après  les  avoir  étudiées  de 
près.  Averti  par  Grégoire  de  Tours  qu'une  légende  peut  dériver  d'un  fait 
historique,  rien  qu'en  passant  d'un  témoin  honnête  à  un  auditeur  honnête, 
pressentant  d'ailleurs  —  ce  que  j'ai  trouvé  plus  tard  —  que  le  même 
mot,  employé  par  le  témoin  dans  un  sens,  pouvait  être  compris  dans  un 
autre  sens  par  l'écrivain,  je  me  suis  senti  pleinement  autorisé  à  traiter 
ces  légendes  comme  des  documents  historiques,  c'est-à-dire  dignes  de 
foi,  quoique  portant  l'empreinte  des  temps  où  ils  ont  été  écrits,  et  ap- 
pelant non  le  scepticisme,  mais  la  critique  avec  tous  ses  droits. 

$  ?.   Sainte  Marthe  et  la  Tarasaue. 

«  Les  gens  du  pays  ayant  entendu  vanter  les  prodiges  que,  par  la 
bienheureuse  Marthe,  le  Seigneur  opérait,  vinrent  la  trouver  à  Avignon, 
la  priant  humblement  de  visiter  leur  territoire  et  de  les  délivrer  du  dragon 
pernicieux  qui  les  tourmentait.  La  sainte,  les  prenant  en  pitié  et  pleine 
de  foi  dans  la  vertu  du  nom  du  Christ,  partit  pour  exterminer  le  dragon 
exterminateur.  Elle  le  trouva  étendu  dans  le  bois  d'un  homme  qu'il  ve- 
nait de  tuer  et  qu'il  dévorait.  L'hôtesse  du  Christ,  sans  crainte,  s'ap- 
procha, aspergea  d'eau  bénite  la  maligne  bête,  —  calma  sa  férocité  d'un 
signe  de  croix,  puis  regardant  le  peuple  qui  se  tenait  à  distance  :  «  Que 
craignez- vous?  dit-elle  ;  approchez  hardiment  au  nom  du  Seigneur  Sau- 
veur et  mettez  en  pièces  la  bête  venimeuse.  »  Ils  hésitaient  encore  —  à 


Tj.ranis  et  Thor.  425 

la  fin  ils  arrivèrent  avec  des  pierres  et  des  lances,  écrasèrent  le  dragon 
et  le  dépecèrent6.  » 

Si  la  présence  de  sainte  Marthe  à  Tarascon  est  encore  un  sujet  de 
controverses,  il  est  du  moins  certain  que  son  culte  y  est  très  ancien,  ce 
qui  suffit  à  justifier  la  légende,  et  que  la  première  église  de  la  ville  a  été 
édifiée  sous  son  invocation.  Tarascon,  sitaé en  aval  du  dernier  affluent  du 
Rhône,  sur  un  terrain  qui  ne  dépasse  guère  le  niveau  des  basses  esux, 
était  autrefois  sans  défense  contre  les  inondations  qui,  malgré  la  digue 
existante  aujourd  hui,  couvrent  souvent  le  pays  jusqu'à  Aiguës-Mortes. 
La  Camargue  est  alors  sillonnée  de  torrents  temporaires  qui  se  réu- 
nissent çà  et  la  en  larges  nappes  :  Simo'is  et  Scanv.ndre;  dragons  et  ser- 
pents. Même  en  n'admettant  pas  la  présence  de  Marthe  à  Tarascon  au 
Ier  siècle,  il  était  naturel  que  les  Tarasconais  invoquassent  leur  patronne 
à  l'approche  du  fléau,  en  attribuassent  la  cessation  à  son  intercession,  et 
en  fissent  le  récit  en  employant  les  formules  que  toutes  les  légendes  ont 
consacrées.  Un  roman  pieux,  rejeté  par  les  hagiographes  comme  apo- 
cryphe, a  joint  au  récit  populaire  quelques  détails  de  pure  fantaisie  dont 
quelques-uns  ont  passé  dans  les  biographies  de  Raban  Maur,  de  Jacques 
de  Voragine  et  de  Vincent  de  Beauvais.  A  cette  source  remonte  la  pein- 
ture de  la  Tarasque  moitié  quadrupède  et  moitié  poisson,  avec  des  dents 
aiguës  comme  des  poignards,  six  jambes  armées  de  griffes,  etc.  Jacques 
de  Voragine  et  Vincent  de  Beauvais  la  peignent  mieux  d'un  mot  :  fille  de 
Léviathan. 

En  négligeant  ces  détails,  on  trouve  dans  la  légende  du  Rhône  tous 
les  traits  des  légendes  du  Nord.  La  Tarasque  habite  à  la  fois  les  cou- 
verts de  la  rive  et  le  fond  du  fleuve  d'où  elle  menace  les  hommes  et  les 
navires;  elle  est  venimeuse,  elle  a  pour  adversaire  un  personnage  divin 
qui  la  dompte,  l'enchaîne,  l'écrase.  Le  personnage  est  assisté  par  des 
paysans,  armés  de  pierres  et  de  lances.  Il  ne  manque  rien  au  tableau. 

§  4.    Samson  de  Dol  et  le  serpent. 

■'  Le  comte  Guediana  vint  à  Samson  avec  ses  hommes  et  lui  dit  :  «  Nous 
avons  un  grand  tourment  d'esprit.  —Qu'est-ce  ?  dit  Samson.  —  Un  ser- 
pent venimeux  et  très  méchant  occupe  un  de  nos  champs,  le  meilleur  :  il 
a  son  repaire  dans  une  caverne  ;  il  a  presque  détruit  deux  de  nos  cantons 
et  ne  permet  à  personne  d'y  habiter.  »  Entendant  cela,  Samson  dit  in- 
trépidement :  «  Au  nom  du  Seigneur,  allons-y  sans  retard  ;  si  vous  avez 
la  foi,  vous  verrez  de  vos  yeux  les  merveilles  de  Dieu  en  ce  serpent.  » 
Ils  y  consentirent  sans  hésiter  et  partirent  avec  Samson.  Un  enfant  res- 


426  Tarants  et  Thor 

suscité  naguère,  sous  promesse  de  se  faire  clerc,  le  suivit.  Samson  mar- 
chait devant  l'armée,  et  l'enfant  lui  indiqua  le  chemin  jusqu'à  ce  que. 
l'aurore  ayant  dissipé  la  nuit,  ils  aperçurent  l'antre  effrayant  où  était  le 
serpent  :  «  Élu  de  Dieu,  dit  l'enfant,  vois-tu,  au  delà  du  fleuve,  l'antre 
où  est  le  serpent  ?  »  Mais  lui,  confiant  en  Dieu,  ordonna  à  l'armée  et  à 
ses  moines  de  rester  là,  et  seul,  ou  plutôt  Dieu  avec  lui,  il  passa  le 
fleuve.  L'enfant  vint  encore  après  lui,  et  tous  les  deux,  côte  à  côte,  arri- 
vèrent à  l'entrée  de  l'antre.  Samson  alors,  jetant  les  yeux  sur  l'enfant 
obstiné,  lui  dit  en  souriant:  «  Fortifie-toi,  mon  frère,  et  conduis-toi 
comme  un  homme.  —  Qu'ai-je  à  craindre?  élu  de  Dieu,  répondit  l'en- 
fant, Dieu  est  avec  toi.  »  Pourtant  l'évêque  le  fit  tenir  un  peu  loin,  et  il 
entra  dans  l'antre.  Sitôt  que  le  serpent  le  vit,  il  se  mit  à  trembler  fort  et 
agita  furieusement  la  queue  en  rond.  Mais  Samson  dénoua  sa  ceinture  de 
lin  et  aussitôt  la  mettant  au  cou  de  la  bête  et  la  traînant  derrière  lui  sur 
une  éminence,  il  la  précipita  en  lui  ordonnant,  au  nom  de  J.-C,  de  ne 
plus  vivre.  » 

Quoique  le  texte  ne  dise  pas  expressément  que  le  serpent  fut  jeté  dans 
le  fleuve,  on  est  en  droit  de  croire  qu'il  en  a  été  ainsi.  Le  voisinage  du 
fleuve  —  qu'on  retrouve  partout  —  ne  peut  être  une  mention  sans  va- 
leur. L'ordre  donné  au  serpent  de  ne  plus  vivre  ne  amplius  viveret  équi- 
vaut sans  doute  à  l'ordre  de  mourir;  mais  Samson  ne  peut  pas  plus 
souiller  ses  mains  de  sang  que  Marthe.  Le  serpent  sera  néanmoins  écrasé 
ou  noyé.  On  doit  remarquer  la  violence  de  l'action  qui  rappelle  Thor  : 
juxia  se  trahens,  de  quadam  grandi  altitudine  praecipitavit.  On  doit  remar- 
quer surtout  l'assistance,  non  du  peuple  tremblant,  comme  à  Tarascon, 
mais  d'une  armée  exercitus)  sous  les  ordres  d'un  comte.  Le  légendaire 
fait  revivre  à  nos  yeux  le  tableau,  esquissé  seulement  par  Aristote,  des 
Gaulois  lançant  leurs  traits  dans  les  flots  pour  porter  secours  au  Dieu 
ennemi  du  dragon  7. 

^   5.    Saint  Véran  et  le  Coulobre. 

<•  Les  citoyens  de  Cavaillon.  vinrent  supplier  Veranusl  que,  par  ses 
sainctes  prières,  il  luy  pleust  les  délivrer  d'ung  furieux  collceuvrequi  de- 
puis quelque  temps  infestoit  toute  la  campagne,  esgorgeant  les  hommes 
et  le  bestail,  se  cachant  après  dans  les  cavernes  et  coutautz  de  Valcluse. 
Le  glorieux  sainct  se  porta  sur  le  lieu,  suyvi  d'une  grande  multitude  de 
peuple  qui  trembloit  et  paslissoit  à  la  rencontre  d'ung  tel  spectacle.  Mais 
luy,  se  confiant  à  la  bonté  et  miséricorde  de  Dieu,  et  s'estant  muny  du 
signe  de  la  sainte  croix,  s'approcha  courageusement  de  ce  dragon  qui 


Tarants  cl  Thor.  427 

vomissoit  la  flamme  et  qui  toutefois,  par  le  seul  approche  d'ung  si  sainct 
personnage,  se  coucha  sur  terre  et  demeura  comme  mort.  Saint  Véran 
luy  mist  la  cadène  au  col  et  le  traisnant  comme  cela  jusques  auprès  de  la 
montagne  de  Lébron  au  même  territoire,  luy  commanda  au  nom  de  Dieu 
de  se  perdre  dans  les  lieux  déserts  et  ne  faire  jamais  mal  à  personne  : 
dont  aussy  tost  il  print  la  fuyte  sur  le  plus  hault  de  ladite  montagne  et 
ne  fust  veu  depuis8.  » 

L'office  de  saint  Véran,  au  bréviaire  de  Cavaillon,  ajoute  ce  détail  : 
«  Le  saint,  de  retour  à  la  fontaine  de  Sorgue,  comme  l'accès  de  la  mon- 
tagne était  difficile,  plein  delà  confiance  de  la  foi,  tailla  les  dures  roches 
de  ses  propres  mains  et  ouvrit  une  route  jusqu'à  la  plaine  où  son  père 
lui  avait  laissé  un  petit  bien.  Il  y  bâtit  une  église  de  noble  structure  en 
l'honneur  de  la  bienheureuse  Vierge.  Il  bâtit  aussi  une  chapelle  ou  ermi- 
tage au  sommet  de  la  montagne.  » 

11  semble  qu'il  y  ait  là  deux  faits  consécutifs  :  l'expulsion  du  dragon, 
la  construction  de  la  route  ou  du  quai  sur  la  rivière.  Il  n'en  est  rien  ; 
c'est  un  même  fait,  raconté  sous  forme  légendaire  et  sous  forme  histo- 
rique. Véranus,  par  la  construction  de  la  route,  enchaînait  le  Coulobre,  le 
rejetait  dans  la  Sorgue. 

Les  biographies  de  saint  Véran,  calquées,  on  doit  le  croire,  avec  plus 
ou  moins  de  fidélité  sur  les  leçons  du  bréviaire,  donnent  au  Coulobre  les 
cavernes  de  la  montagne  pour  cachette.  Les  paysans  affectent  encore  à 
une  petite  excavation  le  nom  de  Trou  dou  Coulobre.  Ce  sont  des  alté- 
rations dues  au  temps.  Une  hymne  de  l'office  du  saint  rétablit  la  véri- 
table tradition.  Dans  l'énumération  de  ses  miracles  elle  cite  l'enchaî- 
nement du  serpent  dans  l'antre  de  la  Sorgue  : 

Sorgiae  serpens  latitans  in  antro 
Vinculo  vinctus  effugatur. 

Quiconque  a  visité  Vaucluse  ne  se  méprendra  pas  sur  le  sens  de  ces 
deux  vers.  L'antre  de  la  Sorgue  est  l'abîme  même  d'où  surgit  la  rivière, 
au  pied  de  l'immense  rocher  creusé  par  l'humidité.  S'il  y  a  dans  la  vallée 
une  retraite  convenable  au  monstre,  c'est  là  qu'il  la  faut  chercher,  au 
fond  de  cette  eau  verte  qui  monte  sournoisement  à  la  lumière  et  se  préci- 
pite en  cascades  retentissantes  au  milieu  des  rochers.  La  tradition  de 
l'église  d'Albenga  est  d'ailleurs  en  parfait  accord  avec  l'hymne  citée  de 
l'office.  «  Dans  l'église  de  Jargeau,  derrière  l'autel  de  Veranus,  est  ap- 
pendue  la  chaîne  de  fer  dont  le  saint  a  lié  le  dragon  dans  la  fontaine  de 
Sorgue  :  in  fonte  Sorgia  ligavit.  » 

Ainsi  le  Coulobre  est  amphibie.   Il  est  venimeux  aussi  :    «  ex  ore 


428  Tarants  et   Thor. 

flammam  horribilem  evomebat  »  ;  il  est  vaincu  et  enchaîné  par  un  per- 
sonnage divin.  Mais  il  n'est  ni  écrasé  comme  la  Tarasque  ni  rejeté  dans 
le  fleuve  comme  le  dragon  de  Dol  :  «  Le  saint  dénoua  la  chaîne,  ordonna 
au  dragon  de  se  remettre  sur  ses  pieds  et  de  fuir  dans  des  lieux  déserts 
où  il  ne  pourrait  plus  nuire  à  personne.  Le  dragon  se  leva,  s'envola  sur 
les  cîmes  du  Lebron  et  disparut.  »  La  formule  est  nouvelle;  si  elle  était 
générale  dans  nos  légendes,  elle  infirmerait  absolument  l'identité  que  je 
veux  établir  entre  le  serpent  de  Mitgard  et  le  dragon  gaulois,  comme 
personnifications  de  l'inondation.  Au  cas  particulier,  il  est  possible  de 
montrer  que  la  formule,  qui  est  celle  de  l'exil,  de  l'excommunication,  a 
été  introduite  dans  la  légende  de  Vaucluse  par  une  confusion  du  légen- 
daire. En  effet,  la  légende  d'Albenga  où  saint  Véran  joue  le  rôle  prin- 
cipal, comme  à  Vaucluse,  maintient  l'intégrité  de  la  tradition:  «  Quand 
Veranus  eut  achevé  sa  prière,  l'horrible  et  immense  dragon  sortit  de  sa 
caverne,  se  jeta  dans  le  fleuve,  d'où  on  le  vit  bientôt  porté  à  la  mer.  » 
On  s'explique  ces  changements  de  formules.  L'inondation  n'est  pas  le 
seul  fléau  personnifié  par  le  dragon  dans  l'histoire  légendaire:  Satan  en 
prend  souvent  la  figure,  ainsi  que  les  dédoublements  de  Satan,  le  mal, 
le  péché,  l'épidémie,  le  poison  ;  et  dans  ces  cas  la  formule  d'exil  arrive 
naturellement.  En  voici  quelques  exemples.  Julianus,  évêque  du  Mans 
(ier  siècles,  renverse  une  statue  de  Jupiter.  Un  dragon  s'en  échappe,  se 
jette  sur  les  payens  accourus  pour  défendre  l'idole,  les  empoisonne  de 
son  haleine,  les  assomme  de  coups  de  queue  et  finalement  les  brûle.  Ju- 
lianus vient  au  secours  des  païens,  chasse  le  dragon  avec  défense  de  plus 
faire  de  mal  à  personne,  et  ordre  de  se  retirer  en  un  lieu  éloigné  de 
toute  culture  humaine.  Marcel  de  Paris,  averti  qu'un  dragon  \serpens  co- 
luber)  venait  toutes  les  nuits  ronger  le  cadavre  d'une  femme  qui  avait 
commis  le  péché  d'adultère,  se  rend  au  tombeau,  suivi  de  la  foule.  Il  lie 
la  bête  avec  son  étole,  la  traîne  pendant  trois  milles  et  lui  rend  sa  liberté. 
Elle  ne  revient  plus.  «  Lorsque  nous  parlons  de  dragons,  dit  le  pape 
Grégoire  le  Grand,  nous  n'entendons  autre  chose  que  les  péchés.  Quid 
namque  per  dracones,  nisi  malitiaé  ?  Sous  le  nom  de  dragons,  nous  en- 
tendons exprimer  d'une  façon  visible  les  pensées  de  péchés  qui,  sur  cette 
terre,  rampent  au  fond  des  âmes.  Quid  enim,  draconum  nomine,  nisi  in 
aperto  malitiosae  mentes  exprimuntur,  quae  per  terram  in  infimis  cogitatio- 
nibus  rcpunt?  »9  Le  champ  ouvert  au  symbolisme  du  dragon  s'étend, 
pour  ainsi  dire,  à  l'infini.  Quand  le  légendaire,  habitué  à  considérer  le 
dragon  comme  symbole  du  péché,  passe  aux  récits  où  il  symbolise  l'inon- 
dation, la  formule  de  l'anathème  vient  toute  seule  au  bout  de  sa  plume: 
«  Vade  rétro,  Satanas  !  Fuis  d'ici,  Satan,  exile-toi  loin  des  hommes.  » 


Taranis  et  Thor.  429 

La  formule  d'Albenga,  qui  se  répète  en  maint  endroit,  donne  satis- 
faction au  desideratum  de  Snorri.  Snorri  ne  comprenait  pas  que  le  ser- 
pent de  Mitgard  pût  vivre  encore,  ayant  la  tète  écrasée.  C'est  qu  il 
croyait  raconter  un  fait  réel  et  non  symbolique.  S'il  avait  su  qu'il  repro- 
duisait un  document  mythologique,  il  aurait  admis  qu'une  nouvelle  tète 
pouvait  repousser  au  serpent,  comme  la  chair  et  le  sang  repoussaient 
dans  la  peau  des  boucs  de  Thor  ou  dans  celle  du  verrat  de  la  Valhalla, 
immolé  tous  les  soirs.  Nous  avons  vu  de  même  que  Càlyia  vit  et  de- 
mande grâce  à  Krichna  qui  lui  tient  la  tète  écrasée  sous  son  pied.  Mais 
Snorri  avait  raison  sur  un  autre  point.  Sa  version  n'est  pas  celle  de  la 
légende  journalière,  qui  devait  se  formuler  comme  celle  d'Albenga  ;  mais 
une  formule  accidentelle  qui,  étant  plus  dramatique,  avait,  à  cause  de 
cela,  survécu  aux  autres.  Nos  légendes  gauloises  comblent  donc  une  lacune 
des  traditions  Scandinaves  :  le  serpent  rejeté  à  la  mer,  vivant,  c'est-à- 
dire  en  état  de  recommencer  son  agression. 

Dans  un  vieux  tableau  de  l'église  de  Jargeau,  Veranus  est  peint  tenant 
un  monstre  enchaîné  ;  au  fond  de  la  scène,  une  procession  se  déroule 
sous  les  murs  de  la  ville,  •  le  fleuve  parait  gonflé  comme  par  une  inon- 
dation. ■  Voilà  le  mot  écrit  pour  la  première  fois.  Les  Acta  de  Romanus, 
de  Rouen,  le  reprennent  avec  une  clarté  parfaite.  Ils  comprennent  no- 
tamment deux  biographies,  l'une  en  vers,  l'autre  en  prose. 

§  6.    Romanus  et  la  Gargouille. 

Du  côté  du  midi  surgit  une  douloureuse  calamité,  sans  exemple 
dans  les  siècles  précédents.  Une  inondation  soudaine  envahit  Rouen  à  la 
première  vigile.  Les  Rouennais  s'élancent  de  leurs  lits,  saisissent  leurs 
enfants  avec  les  premiers  objets  qui  leur  tombent  sous  la  main  et  cher- 
chent un  refuge  sur  les  montagnes  voisines.  Les  eaux  haussant  toujours, 
le  reste  périt.  Le  saint  évêque  était  allé  vers  le  roi  pour  les  affaires  de 
son  église.  Avisé  aussitôt  par  les  citoyens,  le  pasteur  revient  dans  sa 
ville,  toute  affaire  cessante.  Il  prend  dans  sa  main  la  croix  du  Seigneur, 
et  va  à  la  rencontre  des  flots  débordés  II  se  répand  en  prières  et  aus- 
sitôt les  eaux  répandues  reculent.  Le  saint  les  poursuit;  elles  s'écou- 
lent des  rues  envahies  et  rentrent  dans  leur  lit.  » 

Aucune  mention  du  dragon,  et  il  en  est  ainsi  dans  la  biographie  en 
vers  :  ■  L'évêque.  puissant  en  vertu,  entouré  du  clergé  en  chapes  bril- 
lantes et  du  reste  du  peuple,  va  au  fleuve.  Armé  de  la  foi  de  Pierre 
lorsqu'il  marcha  sur  l'eau,  il  invoque  la  Trinité  sainte  et  le  signe  de  la 
croix,  rempart  contre  tout  mal.  Il  ordonne  aux  flots  de  s'arrêter,  de  ne 


4}o  Taranis  et  Thor. 

pas  aller  plus  loin,  de  reprendre  leur  cours  habituel.  La  nature  fluide  de 
l'élément  obéit  à  sa  foi  ;  le  fleuve  revient  à  son  lit,  rentre  dans  ses  rives 
et  Rouen  est  sauvé.  » 

La  concordance  est  parfaite  et  l'inondation  de  Rouen  sous  l'épiscopat 
de  Romanus  est  acquise  à  l'histoire  sur  la  foi  des  deux  documents.  L'in- 
tervention du  prélat  par  la  prière,  par  le  courage  devant  le  fléau  qu'il 
brave  est  aussi  acquise  à  l'histoire.  Cependant  une  différence  est  à  noter 
dans  les  deux  rédactions.  La  biographie  en  prose  constate  seulement 
qu'il  y  a  eu  coïncidence  entre  l'intervention  de  Romanus  et  le  retrait 
des  eaux,  sans  dire  qu'il  soit  le  résultat  de  la  prière.  La  biographie  en 
vers  change  la  prière  en  un  ordre  précis.  Dès  lors  la  porte  est  ouverte 
à  la  légende  et  le  peuple  la  compose  à  sa  façon  pendant  que  les  docu- 
ments authentiques  reposent  dans  les  archives  de  l'évêché  : 

«  Aux  temps  du  roi  Dagobert,  il  arriva  qn'un  serpent  d'une  taille 
extraordinaire,  qui  avait  sa  retraite  dans  un  marais  près  de  Rouen,  dé- 
vorait hommes  et  bêtes,  en  sorte  qu'il  était  dangereux  pour  les  citoyens 
de  sortir  de  la  ville.  Le  bienheureux  Romanus,  prenant  en  pitié  cette  triste 
situation,  résolut  d'y  mettre  un  terme.  Il  alla  donc  à  la  prison,  y  prit  un 
scélérat  chargé  de  tous  crimes  et  déjà  condamné  à  mort.  Il  sortit  avec  lui 
de  la  ville,  et  quand  il  fut  arrivé  au  repaire  de  la  bête,  il  la  stupéfia  d'un 
signe  de  croix,  lui  passa  au  cou  son  étole  qu'il  remit  au  condamné  et 
rentra  dans  la  ville.  Du  haut  du  pont  il  fit  jeter  le  serpent  dans  la  Seine  l0.  » 

Une  variante  porte  que  le  serpent  avait  été  brûlé  et  que  ses  cendres 
seules  avaient  été  précipitées. 

L'identité  du  dragon  et  de  l'inondation  est  ici  prise  sur  le  fait.  Par  un 
heureux  concours  de  circonstances  qui  s'est  présenté  déjà,  quoique  avec 
moins  de  clarté,  dans  la  légende  de  Véranus,  la  légende  ne  s'est  pas 
substituée  à  l'histoire,  mais  s'est  formée  à  côté,  et  les  deux  récits  sont 
arrivés  jusqu'à  nous,  également  véridiques,  c'est-à-dire  disant  les  mêmes 
choses,  mais  dans  deux  langues  différentes:  l'une,  celle  de  l'histoire, 
claire,  parce  qu'elle  prend  les  mots  dans  leur  sens  naturel;  l'autre, 
imagée,  métaphorique  et  aboutissant  à  une  énigme.  Là  où  a  fait  défaut 
ce  concours  de  circonstances,  où  les  documents  historiques  ont  disparu, 
égarés,  pillés,  brûlés,  les  clercs  chargés  de  les  suppléer  se  sont  adressés 
au  peuple  qui  leur  a  donné  sa  version,  qu'ils  ont  transcrite  dans  la  sim- 
plicité de  leurs  cœurs. 

S  7.   Le  dragon  et  Jôrmungand. 
Si  le  dragon  dans  les  traditions  de  la  Gaule  reproduit  les  actes  du 


Tarants  et  Thor.  4}  1 

serpent  de  Mitgard  avec  leur  signification,  il  lui  manque  pourtant  un 
trait,  le  plus  important.  Les  légendes  ont  beau  le  grossir,  le  montrer 
comme  un  grand  arbre,  le  mesurer  par  pieds  et  par  toises,  elles  ne  par- 
viennent qu'à  figurer  un  crocodile,  tel  que  ceux  qu'on  suspendait  dans 
les  églises,  ou  que  la  fantaisie  populaire  construisait  pour  les  processions 
de  Mons,  de  Reims  et  de  Tarascon.  Ces  monstres  font  pauvre  figure  à 
côté  de  Jormungand.  A  la  vérité,  la  dissemblance  n'est  pas  si  marquée 
lorsque  l'inondation  se  produit  sur  les  fleuves,  et  le  dragon  peut  sou- 
tenir la  comparaison  avec  Cialpa,  l'Iotne  géante  qui  fait  grossir  Wimmer. 
Mais  Gialpa  est  remplacée  par  le  serpent  de  Mitgard  lorsque  l'inondation 
vient  de  l'Océan,  tandis  que  le  dragon  reste  ce  qu'il  est,  ni  plus  ni 
moins  grand  dans  la  mer  et  dans  les  fleuves  :  «  le  plus  grand  dragon  qu'on 
ait  jamais  vu.  »  C'est  l'expression  de  S.  Amand.  Dans  les  légendes  des 
dragons  marins  de  Léon  et  de  Bayeux,  le  cou  de  la  bête  n'est  jamais 
trop  gros  pour  que  l'étole  de  Paul  ou  de  Vigor  ne  lui  fasse  un  collier.  Il 
n'est  donc  pas  même  permis  de  hasarder  l'hypothèse  que  les  serpents 
hantent  les  rivières,  tandis  que  le  dragon  occupe  l'Océan.  L'association  du 
dragon  et  des  serpents  dans  les  légendes  de  la  Gaule  ne  comporte  d'autre 
signification  que  celle  de  Simoïs,  de  Scamandre  et  des  torrents  de  la 
plaine  de  Troie  unissant  leurs  eaux  contre  l'ennemi  commun  :  Les  petits 
ruisseaux  font  les  grandes  rivières. 

La  vérité  est  que  le  dragon  perd  son  caractère  cosmogcnique  quand  il 
figure  dans  l'histoire  ou  dans  la  légende  historique,  ainsi  qu'on  le  voit 
pour  Jormungand  lui-même  chez  les  Scandinaves.  Toutes  les  fois  que  le 
mythologue  fait  allusion  au  système  cosmogonique,  il  faut  bien  qu'il  y 
donne  sa  place  au  serpent,  dans  Y  antagonisme  de  Veau  et  de  la  terre,  au 
commencement  et  à  la  fin  des  choses.  Lorsque  le  mythe  se  traduit  en 
action,  que  l'antagonisme  des  deux  éléments  devient  un  combat  entre  le 
serpent  et  le  fils  de  la  terre,  l'intérêt  dramatique  et  épique  prend  le 
dessus  sur  le  mythe,  à  peine  indiqué,  par  exemple,  dans  le  chant  d'Hymir 
iHymisquida>,  de  Somund.  Puis,  quand  le  récit  épique  devient  un  récit 
historique,  comme  dans  Snorri,  le  lecteur  voit  se  dérouler  les  incidents 
d'une  lutte  gigantesque,  surnaturelle  même,  mais  où  l'on  chercherait  en 
vain  un  caractère  cosmogonique.  A  la  fin,  le  serpent  de  Mitgard, 
l'Océan  zôomorphe  dont  les  assauts  répétés  menaçaient  chaque  jour  les 
Ases  et  les  hommes,  n'est  plus  compris  par  les  Scandinaves  devenus 
chrétiens.  Le  Suisse  Mallet  [Voyage  en  Suède  et  en  Norvège**,  à  qui  nous 
devons  les  premières  traductions  françaises  de  quelques-uns  des  poèmes 
eddiques,  nous  raconte  que  les  vieux  pêcheurs  norvégiens  affirmaient 
avoir  vu  souvent,  au  fond  de  quelque  fiord  secret,  un  serpent  dérouler 


4? 2  Taranis  et  Thor. 

ses  anneaux  immenses.  Même  ce  serpent  figura  dans  les  nomenclatures 
scientifiques  du  xvnr' siècle.  Jôrmungand  aboutit  ainsi,  dans  les  croyances 
superstitieuses  du  Nord  contemporain,  à  la  forme  même  qu'affecte  le 
dragon  dans  les  légendes  gauloises  du  VIe  siècle.  Il  est  donc  inutile  de 
demander  aux  légendes  de  Gaule  plus  qu'elles  ne  peuvent  donner,  et 
chercher  la  lumière  dans  un  autre  document.  Ce  document  existe. 

Les  légendes  permettent,  en  revanche,  une  hypothèse  plausible  sur  le 
nom  gaulois  du  dragon.  Elles  l'appellent  Draco,  serpens,  anguis,  dans  les 
Acta;  le  peuple  ie  nomme  Tarasque,  Coulobre.  Gargouille,  Graouilli. 
Kraulla".  Ces  trois  derniers  noms  dérivent  d'un  même  thème  (cf.  gurges 
et  Y<xpY*pi'Ç«'  qui  a  formé  en  français  :  gargoulette,  gargote,  Gargantua, 
grouiller  cf.  Borbo  ,  et  emportent  la  signification  de  bruits  de  l'eau  dans 
la  gorge,  de  l'eau  qui  bouillonne,  qui  foisonne,  qui  grouille.  Ils  con- 
viennent parfaitement  au  dragon  des  eaux  et  sont  aussi  applicables  aux 
eaux  qui  débordent  ;  en  sort^  qu'il  a  très  bien  pu  se  faire  que  le  même 
mot  gaulois  ait  signifié  à  la  fois  la  bête  et  l'inondation.  Le  mot  Drac  est 
aussi  dans  ce  cas.  Supposons  une  inondation  au  vi°  siècle  à  Grenuble  ; 
les  paysans  vont  se  disant  :  «  Le  Drac  s'est  répandu  sur  la  ville  ;  le 
Drac  a  englouti  les  habitants,  renversé  les  maisons,  b  Les  uns  compren- 
dront la  rivière,  les  autres  penseront  au  dragon.  L'hypothèse,  acceptable 
au  point  de  vue  grammatical,  a  en  outre  l'avantage  d'expliquer  deux  faits 
très  embarrassants  pour  la  critique.  Quand  le  diacre  envoyé  par  Gré- 
goire à  Rome  lui  raconte  l'inondation  dont  il  a  été  témoin  et  l'apparition 
du  dragon  et  des  serpents  emportés  à  la  mer,  il  entend  le  fleuve  dont  le 
niveau  s'élève  au  sommet  des  arbres,  et  les  torrents  qui  dévastent  la 
campagne  romaine.  L'évêque,  dont  l'éducation  est  toute  classique  et  qui 
ne  connaît  pas  le  gaulois,  prend  les  mots  dans  leur  sens  propre  et  con- 
signe le  prodige.  Et  voilà  une  fable  de  plus  dans  l'histoire  et  un  grand 
historien  accusé  de  duplicité  ou  d'une  excessive  naïveté.  La  biographie 
de  saint  Amand  présente  un  fait  du  même  genre.  Le  saint,  dans  sa  vieil- 
lesse, aimait  à  raconter  une  aventure  de  ses  jeunes  années,  alors  qu'il 
était  novice  dans  un  couvent  de  l'Ile  d'Ogia.  «  Il  se  promenait  seul, 
disait-il,  lorsqu'il  vit  accourir  sur  lui  un  serpent  si  énorme  anguis  qu'on 
n'en  avait  jamais  vu  auparavant,  ni  qu'on  n'en  a  vu  depuis  un  pareil.  Il 
demeura  fort  effrayé,  en  enfant  qu'il  était ,  puis,  éclairé  par  la  grâce 
d'en  haut,  il  recourut  à  la  prière.  Il  se  prosterna,  et  opposant  le  signe 
de  la  croix  à  l'immense  reptile,  il  lui  commanda  de  rentrer  au  plus  tôt 
dans  sa  retraite  latebras  .  Le  serpent,  obéissant  à  la  vertu  des  paroles, 
se  retira  aussitôt  et  ne  parut  plus.  »  Notez  que  le  récit  a  été  recueilli  de 
la  bouche  du  saint  par  son  historien  lui-même.  Sans  trop  de  scepticisme, 


Tarants  et  Thor.  443 

on  pouvait  mettre  en  doute  la  véracité  de  l'un  ou  de  l'autre.  Tout  s'ex- 
plique par  le  double  sens  de  Dracus  ou  de  gargouille,  et  saint  Amand  est 
aussi  véridique  que  son  historien.  Le  jour  où  le  novice  se  promenait 
d.tns  Ogia  correspondait  à  une  syzygie.  à  une  grande  marée  qui  a  porté 
le  flot  plus  loin  sur  la  plage  ,a. 

Une  équivoque  se  retrouve  ainsi  à  l'origine  de  toutes  les  légendes 
du  dragon  des  eaux.  Si  elle  a  passé  dans  le  latin  à  Grenoble,  c'est  un 
exemple  unique  ;  mais  il  est  probable  que  certains  mots,  relatifs  au 
culte  ancien,  étaient  encore  compris  au  \T  siècle  parle  petit  peuple,  les 
colons  et  les  esclaves.  Et  du  moins  nous  sommes  certains  qu'il  en  était 
ainsi  dans  la  Bretagne  d'où  nous  sont  venues  les  légendes  les  plus  si- 
gnificatives. Bientôt  après,  la  langue  gauloise  s'efface,  le  latin  se  trans- 
forme en  dialectes  vulgaires,  et  on  ne  trouve  plus  de  légendes  du  dra- 
gon, l'équivoque  devenant  impossible. 

§  8.    Les  Saints  et  leurs  armes  dans  la  légende  du  dragon. 

Il  suffit  de  se  rappeler  la  situation  des  évêques  de  Gaule  pendant  les 
invasions  germaniques,  celle  des  Francs  y  comprise,  po^r  comprendre 
comment  les  légendaires,  voulant  peindre  les  Acres  des  saints  conjurant 
l'inondation,  nous  ont  en  même  temps  et  sans  le  vouloir  transmis  un 
mythe  gaulois.  Cette  situation  a  été  exposée  avec  une  grande  sagacité 
par  nos  historiens.  Au  milieu  du  désarroi  général,  l'évêque  était  resté 
seul  à  son  poste,  bravant  le  danger,  usant  tour  à  tour  de  la  prière  et 
de  la  résistance,  osant  invoquer  le  droit  :  un  héros,  souvent  un  martyr. 
Tous  les  yeux,  toutes  les  âmes  avaient  pris  l'habitude  de  se  tourner 
vers  lui,  comme  s'il  réunissait  en  sa  personne  —  et  il  les  réunissait  en 
effet,  —  tous  les  pouvoirs  civils,  toutes  les  fonctions  de  l'intelligence  : 
juge,  défenseur,  médecin,  et  même,  ainsi  qu'il  résulte  de  nos  légendes, 
architecte  et  ingénieur.  L'attraction  unique  qu'il  exerçait  allait  plus  loin 
encore.  Quand  survenait  un  de  ces  fléaux  devant  qui  toute  force,  toute 
intelligence  humaine  étaient  obligées  d'avouer  leur  impuissance,  la  peste, 
si  fréquente  alors,  et  l'inondation,  c'est  encore  à  l'évêque  que  s'adres- 
saient les  peuples.  A  leurs  yeux,  comme  à  ses  propres  veux,  il  était 
revêtu  d  une  puissance  surnaturelle.  N'est-ce  pas  à  son  adresse  qu'é- 
taient écrites  les  paroles  du  livre  saint  :  «  Vous  tiendrez  sous  votre  talon 
les  serpents  et  les  scorpions,  et  ils  ne  vous  feront  point  de  mal.  Quia 
calcabitis  super  serpentes  et  scorpiones  et  non  nocebunt  vos?  Comprises 
dans  leur  sens  mystique  par  les  clercs,  dans  leur  sens  littéral  par  le 
peuple,  elles  paraissaient  de  toute  façon  s'appliquer  au  dragon  des  eaux 
Rtv.   Celt.   VI  28 


4?4  Taranis  et  Thor. 

Vigor  et  Pol  les  prononçaient  en  allant  au-devant  de  celui  de  Bayeux 
et  de  Léon.  Les  Gaulois  chrétiens  faisaient  donc  simplement  acte  de  foi 
en  demandant  le  secours,  l'intercession  de  l'évêque.  et  l'évêque,  en 
accédant  à  leur  demande,  se  tenait  dans  le  cercle  des  pouvoirs  sur- 
naturels qui  lui  étaient  attribués.  Les  Gaulois  païens,  quoique  dans  une 
autre  disposition  d'esprit,  et  avec  une  imeniion  particulière,  se  joi- 
gnaient aux  chrétiens.  La  misère  des  temps  leur  avait  enlevé  tout  cou- 
rage  ;  ils  doutaient  de  leurs  dieux  ;  ils  s'étaient  rapprochés  de  l'évêque 
dont  la  charité  s'étendait  jusqu  à  eux.  Les  lég:ndes  de  Clément  et  de 
Marthe  disent  qu'ils  avaient  promis  d'accepter  le  baptême  s'ils  étaient 
délivrés  du  dragon. 

Les  Gaulois  des  hautes  classes,  après  César,  avaient  admis  sans  diffi- 
culté les  cultes  de  Rome  à  la  communauté  avec  leurs  propres  cultes. 
Les  deux  systèmes  provenaient  d'une  même  source  et  les  dieux  de 
Gaule,  comme  l'avait  bien  vu  César,  ne  différaient  que  peu  des  dieux 
de  Rome.  Plus  tard,  les  Gaulois  convertis  au  romanisme,  modifié  par  la 
philosophie,  et  tendant  au  déisme  pur,  avaient  suivi  également  sans 
difficulté  le  mouvement  qui  avait  poussé  le  romanisme  au  christianisme. 
Mais  pour  les  Gaulois  restés  fidèles  au  culte  national,  la  conversion  au 
christianisme  entraînait  un  véritable  déchirement.  Il  ne  s'agissait  pas 
seulement  de  rejeter  la  pluralité  des  dieux,  il  fallait  en  plus,  au  cas 
particulier,  prendre  le  contre-pied  des  croyances  les  plus  intimes,  re- 
porter à  l'esprit  l'empire  jusque-là  accordé  à  la  force  brutale.  Taranis, 
ainsi  que  Thor,  se  préparait  à  la  bataille  par  un  repas  solide,  ample 
ment  arrosé  de  cervoise  ou  de  vin.  Serré  dans  une  tunique  de  soldat 
qui  laissait  toute  liberté  à  ses  muscles,  lavant-bras  nu,  les  reins  affermis 
par  une  ceinture  de  cuir,  surexcité  par  la  colère,  il  engageait  la  lutte 
corps  à  corps,  et  écrasait  de  son  marteau  la  chair  et  les  os  de  son 
adversaire.  Que  de  fois  les  Gaulois  avaient  applaudi  bruyamment  au 
récit  de  ces  combats  héroïques,  en  frappant  de  1  épée  leur  bouclier.  Et 
maintenant  voici  que  venait  contre  le  monstre  un  vieilhrd  exténué  par 
trois  jours  de  jeûne,  troi:  nuits  de  veille,  appuyant  sa  marche  d'un 
bâton,  empêché  dans  un  vêtement  calculé,  non  pour  l'action,  mais  pour 
le  calme,  pour  la  majesté  du  geste  et  de  la  parole.  Quel  contraste  !  Et 
quel  trouble  dans  les  âmes  !  Les  légendes  le  reproduisent  avec  une 
remarquable  sincérité.  Encore  tout  plein  des  traditions  qu'il  va  abjurer, 
incapable  de  comprendre  ce  qu'il  voit,  le  Gaulois  cherche  encore  Ta- 
ranis dans  l'évêque;  il  interprète  les  gestes  symboliques  par  des  actes 
de  force,  prend  les  prières  pour  des  ordres  souverains,  l'anathèmc  pour 
une  arme  cachée  et  une  cérémonie  pour  un  combat.  La  scène  qu'il  va 


Taranis  et  Tlwr.  455 

se  redire  tout  à  l'heure,  réunissant  les  souvenirs  du  passé  aux  impres- 
sions du  présent,  se  transformera  d'elle-même  en  une  légende  où  se 
juxtaposeront  les  éléments  chrétiens  et  païens  sans  se  confondre. 

Mais  il  faut  voir  cela  en  détail.  L'évêque,  dans  l'histoire,  n'est  armé 
que  de  la  prière,  de  l'exorcisme,  d'armes  spirituelles,  de  foudres  ecclé- 
siastiques, que  les  oreilles  n'entendent  pas,  dont  les  yeux  ne  voient  pas 
les  effets.  La  crosse,  bâton  du  pasteur,  est  un  pur  symbole  de  l'auto- 
rité du  berger  sur  ses  brebis.  Les  Gaulois  encore  païens,  ne  comprennent 
pas  cela.  Ils  font  du  bâton  pastoral  un  gourdin  que  manie  l'évêque  avec 
la  vigueur  d'un  hercule.  Saint  Pol  de  Léon  «  avec  l'étole  qu'il  portait, 
serre  ferme  [astringens  le  cou  du  serpent;  puis,  saisissant  son  bâton,  l'en 
frappe  à  coups  redoublés,  comme  un  chien  enragé,  et  le  mène  à  la  mer 
malgré  sa  résistance  :  StoLi  qua  induebatur  collutn  serpentinum  astringens 
baculumque   arripiens,   velut    canem  juriosum   s.iepe    feriendo,    tanquam 
quamquam   invitum,  sequi  usque  ad  mare  deduxit.  »  Thor  frappe  ainsi  le 
fleuve  Wimmer  avec  le  bâton  de  Grith.  Mais  Thor  ne  redouble  pas  le 
coup.  Pour  trouver  un  pendant  à  la  violence  du  trait,  il  faut  remonter 
jusqu'à  la  folie  historique  de  Xerxès  qui  fait  donner  trois  cents  coups  de 
fouet  à  la  mer,  coupable  d'avoir  détruit  le  pont  jeté  de  l'Asie  à  l'Eu- 
rope '5.  Marcel  se  sert  de  la  même  façon  de  son  bâton  pastoral  comme 
d'un  instrument  de  coercition  contre  le  dragon  de  Paris  ;  il  lui  en  donne 
trois  coups  sur  la  tête  :  caput  ejus  ter  bacu'.o  percutit.  Ces  deux  exemples, 
en  corcord;mce  avec  le  récit  norrain,  donnent  à  celui-ci,  si  je  ne  me 
trompe,  une  signification  plus   précise.   La   violence   du   procédé   est 
moindre  chez  Marcel  que  chez  Pol.  Avec  Hilaire  de  Poitiers,  la  con- 
trainte est  simplement  morale,  quoique  aussi  efficace.  «  Hilaire  ficha  son 
bâton  en  terre  comme  une  borne  où  devaient  s'arrêter  les  courses  des 
serpents  qui  ravageaient  l'île.  »   Ainsi  agit  Hyldut,  le  maître  de  Pol  et 
de  Gildas.  La  maison  était  construite  sur  un  rocher  en  pleine  mer.  Les 
disciples  prièrent  Hyldut  d'agrandir  un  peu  leur  étroit  domaine.  Hyldut 
s'avança  contre  les  flots,  et  quand  il  fut  arrivé  à  l'eau  profonde,  il  fit  une 
marque  avec  son  bâton  sur  la  terre.  Les  deux   historiens  d'Hilaire  et  de 
Hyldut  terminent  par  la  même  phrase  :  «  les  serpents  ont  respecté  la  dé- 
fense d'Hilaire  ;  —  les  flots  n'ont  pas  franchi  la  marque   d'Hyldut.    » 
Dans  ces  deux  cas  le   bâton  contondant  est  redevenu  la  crosse  épisco- 
pale,  comme  la  crosse  épiscopale  s'était  changée  en  bâton  pour  se  plier 
aux  exigences  de  la  légende  gauloise. 

Entre  les  deux  la  transition  était  facile.  Mais  comment,  sans  blesser 
toutes  les  convenances,  charger  un  évêque  ou  une  sainte  du  marteau  de 
Thor  ou  des  pierres  de  Taranis  ?   Les  légendaires   ne  l'ont  pas  tenté, 


4^6  Tarants  et  Thor. 

quoiqu'ils  aient  mentionné  les  pierres  qui  sont  en  effet  un  élément  es- 
sentiel de  la  légende  du  dragon.  A  Tarascon,  ils  n'ont  pas  montré 
Marthe  écrasant  la  Tarasque  ;  c'est  elle  pourtant  qui  excite  le  peuple  à 
l'exterminer,  c'est-à-dire  qui  lui  remet  son  propre  rôle.  C'est  le  seul 
exemple  qui  rappelle  avec  une  exactitude  suffisamment  prochaine  la  scène 
épique  des  documents  norrains.  Mais  déjà,  dans  la  légende  de  saint  Veran, 
le  symbolisme  des  pierres  lancées  s'obscurcit.  Le  fait  historique  qu'elle 
entend  formuler  est  la  construction  du  quai  le  long  de  la  rivière  pour 
ouvrir  un  chemin  du  chimp  paternel  à  la  montagne  et  à  l'hermitage. 
Saint  Véran  bréviaire  de  Cavaillom  coupe  lui  même  les  pierres  :  firma 
fuie  propria  manu  sciait  dura  saxa  montis.  Ce  fait,  en  passant  dans  la  lé- 
gende, devait  donc,  à  ce  qu'il  semble,  se  traduire  ainsi  :  Veran  a  dompté 
le  dragon  avec  des  pierres  ;  avec  des  pierres  Véran  a  rejeté  le  dragon 
dans  la  Sorgue.  Cependant  le  peupie  a  traduit  :  Veran  a  enchaîné  le 
dragon.  Le  sens  général  reste  le  même  sans  doute,  mais  la  préférence 
accordée  par  le  peuple  à  un  des  engins  sur  l'autre,  lorsque  celui-ci  se  pré- 
sentait tout  naturellement,  a  eu  sa  raison.  Je  ne  crois  pas  me  tromper  en 
l'attribuant  au  sentiment  de  la  convenance  épiscopale. 

Les  deux  légendes  qui,  dans  les  documents  norrains,  peignent  la  lutte 
de  Thor  et  d'Iôrmungand,  arment  le  Dieu,  outre  son  marteau,  d'une 
ligne  à  pêcher.  Comme  ces  documents  sont  loin  de  représenter  tous  les 
actes  de  Thor,  nous  sommes  autorisés  à  ne  voir  dans  ceux-ci  qu'une 
formule  propre  à  une  lutte  accidentelle,  et  djns  la  ligne  à  pêcher  qu'un 
lien  particulier,  propre  à  cette  lutte,  d'au'.res  liens  ayant  pu  être  em- 
ployés dans  d'autres  formules.  C'est  ainsi  que  le  caillou,  dans  la  lutte 
contre  Grith,  est  substitué  au  marteau  de  Thor.  Nous  ne  savons  si 
Taranis,  dans  les  poèmes  que  les  Druides  ne  permettaient  pas  d'écrire, 
péchait,  comme  Thor,  la  gargouille  à  la  ligne  ;  et  l'eût-il  fait,  on  con- 
viendra qu'un  tel  engin  ne  pouvait  figurer  dans  les  légendes  dont  les 
évêques  étaient  les  héros.  Un  évêque  péchant  à  la  ligne  eût  blessé 
toutes  les  convenances,  aussi  bien  qu'un  évêque  lançant  des  pierres. 
C'est  pourquoi  les  légendes  substituent  à  la  ligne  d'autres  liens.  A  Vau- 
cluse,  Veranus  fait  apporter  une  chaîne  de  fer,  plus  solide  que  le  cible 
norrain.  Le  procédé  est  bien  un  peu  sauvage,  et  par  cela  même,  nous 
pouvons  croire  qu'il  appartenait  à  la  légende  de  Taranis,  le  plus  fort 
des  dieux,  comme  Thor  était  le  plus  fort  des  Ases.  Taranis  passait  un 
nœud  coulant  autour  du  cou  du  dragon  et  le  rejetait,  étranglé,  dans 
l'Océan.  A  la  chaîne  Samson  de  Dol  substituait  sa  ceinture,  lineam 
zonam  qua  erat  accinctus,  c'est-à  dire  une  corde  Je  câble  de  Thor',  et 
avec  cette  corde,  formant  nœud  coulant,  traînait  et  précipitait  le  dragon. 


Tarants  et  Thor.  437 

Marthe  se  servait  aussi  de  sa  ceinture,  une  ceinture  de  soie  syrienne, 
probablement,  comme  il  convient  à  une  femme.  La  ceinture  de  soie 
n'en  formait  pas  moins  un  nœud  coulant  autour  du  cou  de  la  Ta- 
rasque.  Ceinture,  corde  et  c'-,aine  sont  tous  engins  qui  ne  répugnent 
pas  à  la  conception  de  Taranis  et  reproduisent  sans  doute  des  versions 
différentes  de  la  lutte  jadis  célébrée  par  les  Gaulois.  Il  n'en  est  plus 
ainsi  dans  les  légendes  de  Vigor  7',  de  Marcel  9  ,  de  Romanus  '  \o  , 
de  Pol  14  ,  de  Clément  1  $  .  L'etole  y  remplace  la  chaîne  et  la  corde; 
les  saints  n'y  font  point  de  nœud  coulant  ;  ils  la  placent,  comme  dans 
l'exorcisme,  sur  la  tête  du  dragon  qui  les  suit  a  comme  un  petit  chien  ». 
Le  sens  de  la  légende  n'est  pas  cependant  changé.  Le  dessin  reste 
païen,  quoique  les  couleurs  soient  chrétiennes. 

Nous  avons  interprété  cette  phrase  d'Aristote  :  «  les  Gaulois  lancent 
leurs  traits  contre  les  flots  »,  comme  un  indice  de  l'assistance  donnée  par 
les  Gaulois  à  l'adversaire  divin  du  dragon.  Les  légendes,  si  exactes  jus- 
qu'ici, joignent,  sur  ce  point  encore,  leur  témoignage  à  celui  d'Aristote. 
«  Souvent,  dit  Vincent  de  Beauvais,  une  grande  multitude  était  venue  en 
armes  pour  détruire  la  Tarasque,  mais  toujours  la  bête  se  dérobait,  en 
se  glissant  du  rivage  dans  le  fleuve,  n  Quand  Marthe  tient  la  bête  en- 
chaînée, les  paysans  la  lapident  et  la  percent  de  traits.  Dans  la  légende 
de  Samson,  de  Dol,  on  voit  aussi  le  peuple  en  armes  exercitus  ,  et  con- 
duit par  son  comte,  accompagner  l'évêque.  L'assistance  est  effective  en- 
core dans  la  légende  de  Pol  de  Léon.  Son  neveu  Joava  fiche  en  terre  le 
bâton  de  l'évêque  et  y  attache  le  dragon  comme  à  un  pieu.  Puis  l'assis- 
tance perd  peu  à  peu  son  caractère  effectif.  L'évêque  prend  pour  aide' un 
condamné  à  mort  qui  aura  sa  grâce  s'il  échappe.  Il  semble  craindre  d'ex- 
poser la  vie  de  tant  d'hommes  ;  il  tient  son  clergé  à  l'écart,  il  se  con- 
tente d'un  acolyte,  d'un  clerc  dévoué,  d'un  enfant  aimant.  Enfin  l'assis- 
tance se  transforme  en  simple  présence.  L'évêque  va  seul  au  monstre. 

A  mesure  que  l'idée  païenne  s'obscurcit  et  que  l'esprit  chrétien  se  dé- 
veloppe, les  légendaires  adoucissent  la  brutalité  du  récit,  mettent  entre 
les  mains  des  saints  des  armes  d'une  force  sans  cesse  décroissante,  des 
auxiliaires  de  moins  en  moins  vigoureux.  Il  est  intéressant  de  les  suivre 
dans  cette  progression  de  l'idéal  chrétien.  Pour  être  impuissantes,  la 
crosse,  lVtole,  restent  cependant  des  armes  matérielles  ;  elles  dispa- 
raîtront. Marthe  jette  une  aspersion  d'eau  bénite,  Clément  fait  le  signe 
de  la  croix.  Véranus  se  couvre  du  bouclier  de  la  foi  ;  Julianus  revêt  la 
cuirasse  de  la  foi,  coiffe  le  casque  du  salut,  ceint  le  glaive  du  saint  Es- 
prit. Cette  armure  mystique  même  disparait.  De  quoi  a  besoin  l'évêque, 
sinon  de  la  prière  et  de  l'adjuration  au  nom  de  Dieu  :        Seigneur,  dit 


4?8  Taranis  et  Thor. 

Veranus,  ordonne  que  ce  dragon  périsse  sur-le-champ  ou  s'exile  en  un 
lieu  où  il  ne  pourra  plus  faire  de  mal  à  personne.  ••  Vigor  s'adresse  di- 
rectement au  dragon  :  a  Serpent  antique,  Satan  !  au  nom  de  J.-C.  qui  a 
donné  à  ses  serviteurs  de  marcher  sur  l'aspic  et  le  basilic  et  de  fouler 
aux  pieds  le  lion  et  le  dragon,  je  t'ordonne  de  sortir  de  cette  caverne 
Et  le  dragon  sort.  Devant  l'athlète  de  Dieu  —  expression  d'une  légende 
—  le  dragon  dégonfle  son  cou,  ferme  ses  mâchoires,  arrive  en  rampant. 
Il  fait  trois  révérences  à  Pol,  comme  pour  lui  demander  pardon  de  son 
péché.  Et  Pol  lui  dit  :  <  Pour  cette  fois  je  t'absous,  va  en  paix  :  mais 
n'y  reviens  plus.  »  Et  le  dragon  s'en  va.  Dans  une  autre  légende,  le 
même  Pol.  avant  de  permettre  au  dragon  de  se  plonger  dans  la  mer, 
lui  dit  :  a  Etends  ton  cou  pour  que  je  puisse  reprendre  mon  étole.  »  Et 
le  dragon  étend  son  cou.  Dans  une  autre  légende  encore,  le  même  Pol 
remet  à  Joava  la  garde  du  dragon.  Joava  fiche  en  terre  le  bâton  de 
Pévêque  et  y  attache  la  bête  avec  l'étole.  Le  saint  va  cependant  à  ses 
affaires,  et  le  dragon  ne  bouge  jusqu'à  son  retour.  Hilaire  de  Poitiers 
descend  dans  une  île  infestée  de  serpents  et  si  redoutée  que  les  voisins 
ne  la  connaissaient  pas  plus  que  si  elle  eût  été  située  en  Afrique.  Les 
serpents  fuient  à  son  aspect.  Le  saint  fiche  son  bâton  en  terre  comme 
une  borne  à  leurs  excursions  :  quasi  metam  quo  usque  deberent  excur- 
rere  ,  et  depuis  ils  n'ont  pas  été  au  delà.  Clément  conduit  au  bord  de  la 
Seille  le  dragon  de  Metz  et  sa  bande  de  serpents.  Il  leur  dit  :  «  Au  nom 
de  la  sainte  Trinité,  je  vous  ordonne  de  traverser  la  rivière.  »  A  peine 
avait-il  parlé,  voilà  que  la  b^nde  empestée  s'enfuit  en  toute  hâte,  et  de- 
puis on  n'a  plus  jamais  vu  de  serpents  dans  l'amphithéâtre  de  Metz1-*. 

Ces  dragons  si  obéissants  sont-ils  bien  les  représentants  du  serpent  de 
Mitgard  ?  Sans  aucun  doute.  Ils  n'ont  rien  perdu  de  leur  force  brutale 
et  malfaisante  ;  mais  leur  adversaire  a  revêtu  une  puissance  inéluctable. 
Le  serpent  de  Mitgard  luttait  contre  Thor  à  chances  égales,  parce  que 
Thor,  quoique  dieu,  pouvait  mourir  :  Léviathan,  dont  l'aspect  fait 
trembler  les  anges,  se  cache  devant  Jéhova.  La  faiblesse  des  évêques 
n'est  qu'apparente.  Leur  étole  mystique  est  plus  infrangible  qu'une  chaîne 
de  fer,  leur  anathème  tombe  plus  roide  que  le  marteau  ou  la  pierre.  Gré- 
goire pape  le  compare  quelque  part  à  une  catapulte.  Le  dragon  lié  et 
frappé  ne  résiste  même  pas.  Vaincu  sans  combat,  il  va  chercher  un  refuge 
dans  l'abime  des  eaux. 

Ainsi,  sous  des  images  nouvelles,  les  légendes  chrétiennes  de  l'inon- 
dation nous  ont  conservé  les  formules  épiques  des  croyances  d'un  autre 
âge.  Ces  légendes1*  sont  spéciales  à  la  Gaule,  datent  du  temps  où  le  pa- 
ganisme avait  conservé  des  multitudes  d'adhérents,   où   les  chrétiens 


Tarants  et  Thor.  4^9 

n'avaient  pas  encore  oublié  leurs  traditions  nationales  ;  historiques  au 
fond,  elles  sont  à  moitié  païennes  par  la  forme.  Nous  savons,  très  vrai- 
semblablement, le  nom  gaulois  du  dragon  ;  nous  pouvons  dire  sûrement 
que  Taranis  était  l'adversaire  de  la  gargouille. 


L'Univers  détruit. 

Le  tableau  représentant  la  rencontre  finale  de  Thor  et  du  serpent  au 
crépuscule  des  Dieux  est  donné  dans  la  prophétie  de  Vala  iVoluspa  et 
dans  Snorri  iascin.  de  Gulfi  .  Les  deux  documents  coordonnés  peuvent 
se  résumer  comme  il  suit  : 

«  Trois  hivers  se  succèdent  sans  étés  intermédiaires.  La  terre  est  en 
désordre;  les  hommes  éperdus  oublient  le  respect  des  mœurs,  des  lois, 
de  la  vie  d'autrui  ;  la  guerre  arme  entre  elles  les  nations,  les  tribus,  les 
familles.  Encore  trois  autres  hivers  sans  étés  ;  la  neige  tourbillonne;  les 
vents  glacés  sifflent.  Les  étoiles  tombent  du  ciel,  le  soleil  et  la  lune 
s'éteignent  dans  le  ventre  des  loups.  Fenris  a  brisé  ses  chaînes  ;  les 
Iotnes  se  réunissent  pour  assiéger  Asgard,  la  forteresse  des  Dieux.  Les 
vagues  portent  Jormungand  sur  la  terre  inondée;  toutes  les  puissances 
mauvaises  ont  escaladé  le  ciel  par  le  pont  Bifrost. 

1  De  leur  côté  les  Ases  montent  achevai  avec  les  Ein'iériars  les  com- 
battants de  la  Valhalla  .  Odin  attaque  Fenris  de  sa  lance,  Thor  écrase  Jor- 
mungand à  coups  de  marteau.  Mais  le  loup  engloutit  Odin,  et  Thor  vainqueur 
est  empoisonné  par  l'haleine  du  serpent.  Surtur,  de  son  épée  flamboyante, 
brûle  la  terre  dont  les  débris  fumants  sont  recouverts  par  les  eaux.  » 

Ce  n'est  qu'une  prophétie,  rendue  aussi  émouvante  que  la  réalité  par 
l'artifice  du  poète.  C'est  aussi  une  doctrine  cosmogonique.  L'univers,  les 
Thurses,  les  Dieux,  les  hommes,  ont  eu  un  commencement,  ils  auront 
une  fin  :  ils  sont  nés,  ils  mourront.  La  doctrine  est  étrange,  singuliè- 
rement répugnante  à  nos  croyances  modernes  ;  mais  el.e  procède  logi- 
quement d'une  des  plus  antiques  notions  que  les  hommes  aient  conçues 
des  Dieux  et  de  l'ordre  du  monde.  La  prophétesse  Vala  reporte  sim- 
plement à  un  avenir  indéterminé  et  pour  l'ensemble  des  choses  l'accom- 
plissement du  fait  qui  jadis  se  renouvelait  tous  les  jours,  tous  les  ans, 
lorsque  les  Dieux  naissaient  tous  les  matins,  grandissaient,  défaillaient  et 
mouraient  tous  les  soirs;  alors  que  la  terre,  du  printemps  à  l'hiver,  pa- 
raissait aller  de  la  vie  à  la  mort. 


440  Tarants  et  Tlwr. 

Mais  tout  n'était  pas  fini  pour  cela.  Au  dieu  mort  dans  les  ténèbres 
succédait  après  la  nuit  un  dieu  jeune,  brillant  et  fort;  sur  la  terre  rajeunie 
après  l'hiver  les  champs  reverdissaient  ;  une  sève  nouvelle  ranimait  les 
hommes  et  les  animaux. 

Tout  ne  sera  pas  fini  non  plus  après  le  déclin  définitif  des  puissances. 
Comme  autrefois  un  jeune  soleil  remplaçait  au  matin  le  soleil  éteint  la 
veille,  une  génération  de  jeunes  Dieux  remplacera  dans  Asgard  les  Dieux 
vaincus.  Même  quelquts-uns  des  Ases  ont  survécu,  les  meilleurs,  les  plus 
innocents.  Une  terre  nouvelle  surgit  de  l'Océan,  plus  verte  et  plus  féconde. 
Une  autre  race  d'hommes  apparaît,  pieux,  pacifiques,  éternellement  heu- 
reux. La  prophétie  de  Vala  se  clôt  ainsi  par  un  tableau  de  l'âge  d'or 
placé,  au  rebours  des  Grecs,  à  la  fin  des  temps. 

Strabon  nous  apporte  un  témoignage  formel  que  les  Gaulois,  du  moins 
en  ce  qui  concerne  la  première  partie  de  la  prophétie,  avaient  les  mêmes 
croyances  que  les  Scandinaues  : 

h  Les  Druides  et  le  peuple,  a^to1.  x'al  àXXoi,  disent  que  les  âmes  et  le 
monde  sont  indestructibles,  âp9à?rooç  li-'o-j'y.  -à;  'jô/a;  /.où  tov  xotuov  ;  et 
que  cependant  un  jour  le  feu  et  l'eau  seront  plus  forts,  ÉTcixpatTiffeïv  3!  -ote 
Xas  Ttup  v.ol.  [iSàip. 

Il  est  probable  que  Strabon  n'avait  d'autre  but,  dans  cette  citation,  que 
de  montrer  la  contradiction  qui  ressort  des  deux  propositions  :  les  âmes 
et  le  monde  sont  éternels  ;  le  feu  et  l'eau  détruiront  les  âmes  et  le  monde. 
Mais  quelle  qu'ait  été  son  intention,  il  ne  nous  a  pas  moins  transmis  la 
doctrine.  Or  le  terme  «nxpomjosïv  qu'il  oppose  à  iyOiprouç  entraine  avec 
lui  l'idée  d'une  victoire  après  une  lutte  où  les  combattants  paraissent, 
d'un  côté,  les  âmes  et  le  monde,  les  esprits  et  la  matière  organisée  ;  de 
l'autre  côté,  le  feu  et  l'eau  ;  en  sorte  que  la  doctrine  eschatologique  des 
Gaulois  aurait  revêtu  exactement  la  forme  épique  de  la  prophétie  de 
Vala  :  l'univers,  les  Dieux  et  les  hommes  détruits  par  Surtur  et  par  le 
serpent  de  Mitgard. 

En  même  temps  ces  lignes  de  Strabon  répondent  au  desideratum  que 
laissaient  subsister  les  légendes  gauloises  sur  le  caractère  cosmogonique 
du  dragon  ;  car  c'est  lui  que  désigne  le  mot  -joJjp  dans  la  phrase  de 
Strabon  ;  il  est  le  combattant  destiné  à  détruire  la  terre  et  les  Dieux. 

En  cherchant  dans  nos  traditions  populaires  quelque  document  à 
ajouter  au  témoignage  si  important  du  géographe  grec,  je  n'ai  trouvé  que 
le  dicton  bien  connu  des  Dauphinois  : 

Lo  serpen  e  lo  dragon 
Mettron  Grenoble  en  savon. 


Taranis  et  Thor.  441 

Grenoble  est  actuellement  traversée  par  la  seule  Isère  ;  mais  avant  la 
construction  de  la  digue  qui  a  rejeté  le  Drac  en  aval,  le  confluent  se 
faisait  dans  la  ville  même,  et  les  inondations  étaient  fréquentes.  Le  danger 
en  quelque  sorte  permanent  a  favorisé  la  conservation  du  dicton,  dont  la 
forme  mythologique  est  évidente.  Car  les  termes  qui  désignent  les  deux 
rivières  sont  ceux  mêmes  que  nous  avons  rencontrés  à  chaque  pas  dans 
cette  étude  comme  personnifications  de  l'inondation  ;  et  le  symbolisme 
qu'ils  expriment  se  reproduit  dans  une  sculpture  placée  au  chevet  de  la 
très  ancienne  église  de  Saint-Laurent  qui  représente  deux  serpents  en- 
trelacés, à  tête  humaine.  Notez  aussi  que  le  dicton  affecte  une  tournure 
prophétique  qui  rappelle  la  Voluspa  et  Strabon. 

En  examinant  les  légendes  de  la  Tarasque,  du  Coulobre,  de  la  Gar- 
gouille, nous  n'avons  pas  pensé  que  la  tradition  localisée  à  Tarascon,  à 
Vaucluse,  à  Rouen,  fût  spéciale  à  ces  villes,  et  nous  l'avons  étendue, 
comme  doctrine,  à  toute  la  Gaule.  De  même,,  nous  nous  croyons  auto- 
risés à  étendre  à  toute  la  Gaule  le  dicton  que  des  circonstances  particu- 
lières ont  conservé  à  Grenoble.  Le  dicton  est  moins  compréhensif  que  la 
phrase  de  Strabon,  mais  on  peut  supposer  que  le  peuple,  voyant  le  danger 
imminent  par  les  eaux,  n'a  retenu  de  la  doctrine  que  ce  qui  le  touchait 
spécialement.  Jusqu'ici  Strabon  est  la  seule  autorité  qui  annonce  la  coo- 
pération du  feu  à  la  ruine  de  l'univers. 

La  palingénésie  annoncée  par  Vala  devait-elle  se  produire  dans  la 
Gaule  comme  dans  le  Nord  ?  Nous  ne  le  savons  pas  encore.  Mais  ce 
point  est  en  dehors  de  mon  sujet.  Ma  thèse  est  finie  quand  Thor  a 
disparu. 

J.-F.  Cerquand. 


NOTES. 

1.  On  peut  consul. er,  pour  les  textes  norrains,  les  éditions  suivantes  : 

i°  Snorri  Sturleson,  Edda  Island.  Havniae,  1665,  tr.  lat. 

20  Soemund,  Edda  rhytm.  Havn.  1787- 1828,  et  le  Icxicon  de  Finn  Magnussen. 

30  Vig'usson  et  Powell  :  Corpus  poeticum  boréale,  Oxford,  Clarendon  Press, 
1883,  2  vul.  in-8,  avec  traduction  anglaise,  et  commentaires. 

4°  Bergmann  :  Poèmes  islandais.  Paris,  imprimerie  royale,  1838;  Les  Chants 
de  Sol.  Strasbourg,  Treuttel  et  Wurtz,  1848;  La  Fascination  de  Gulfi,  ibid.,  1871, 
avec  traduction  française  et  commentaires  étendus. 


442  Tarants  et  Thor. 

2.  Gialpam,  garfredis  natam,  in  summo  valle  conspexit  qua?,  pedem  utrumq. 
in  utramque  ripim  protendens,  minctione  fluctuum  augebat  impetum.  «  Cohi- 
bendus  est  fons,  ait,  ubi  exoritur  »,  et  lapidem  ex  fundo  acceptum  in  Gialpam 
contorsit.  »  Cf.  Edda  Sôm.  Thor' s  drapa. 

3.  Aristote,  Je  moribus,  III,  18;  Eudcmior.,  III,  1.  TElien  (Var.  hist.,  XII, 
23)  éclaire  de  détails  importjnts  le  fait  trop  brièvement  énoncé  par  Aristote  : 
«  Les  Gaulois  en  foule  attendent  de  pied  ferme  la  marée  montante.  Quelques- 
uns  sont  armés  et  se  jettent  sur  le  flot  ou  attendent  son  choc  en  poussant  en 
avant  leurs  lances  ou  leurs  épées  nues,  comme  s'ils  avaient  le  pouvoir  de 
l'effrayer  ou  de  le  blesser  :  w^-spoù'v  rt  ooZf^xi  ouvi'jiîvoi  fj  tpwaai.  »  Ces 
lances  se  retrouveront,  avec  les  pierres,  arme  propre  à  Taranis,  entre  les 
mains  des  paysans  qui  portent  assistance  à  Marthe  contre  la  Tarasque. 

Un  préjugé  répandu  chez  nous  veut  que  le  romanisme,  aussitôt  après  la 
conquête,  ait  si  bien  absorbé  le  paganisme  gaulois  qu'il  n'y  a  plus  eu,  dès  le 
second  siècle  de  notre  ère,  d'autres  divinités  en  Gaule  que  celles  qui  concor- 
daient avec  les  divinités  romaines.  Sans  vouloir  examiner  dans  son  ensemble 
cette  importante  question,  plutôt  tranchée  que  dénouée,  je  trouve  dans 
J.-B.  Thiers  (Traité  des  superstitions.  Paris,  1697,  vol.  I,  p.  433,  434,  476, 
477)  la  preuve  que  la  doctrine,  gauloise  et  non  romaine,  de  l'assistance  des 
hommes  aux  dieux,  a  duré,  en  tant  que  superstition,  jusqu'au  xvne  siècle; 
c'est-à  dire  à  peu  près  jusqu'à  nos  jours.  Au  vr  siècle,  la  conversion  au  chris- 
tianisme était  loin  d'être  complète,  et  l'assistance  restait  encore,  pour  le  peuple, 
une  croyance  religieuse,  et  non  une  superstition. 

Voici  les  articles  spéciaux  recueillis  par  J.-B.  Thiers  : 

«  Il  y  en  a  qui.  étant  sur  mer,  et  voyant  une  certaine  nuée  s'élever,  la  con- 
jurent avec  certaines  paroles,  en  tenant  leur  épèe  toute  nue  entre  leurs  mains.  — 
—  Apaiser  la  tempête  en  écrivant  consummatum  est  d'une  certaine  manière  et  en 
le  mettant  ensuite  sur  la  pointe  d'un  couteau  à  manche  noir.  —  Conjurer  les  nues 
avec  certains  mots  et  en  jetant  des  pierres  contre  les  nues,  ainsi  que  (Arles  de 
Pampelune)  dit  avoir  vu  faire  à  un  certain  prêtre.  —  Arrêter  un  serpent  en  le 
conjurant  avec  ces  mots  :  adiuro  te,  etc.  » 

4.  Hom.,  Mas,  XXI,  124;  —  Harivamsa,  tr.  Langlois,  vol.  I,  p.  295;  — 
Vendidad-Sadé,  tr.  Anquetil-Duperron,  vol.  I,  p.  109. 

$.  Gregor.  Turon.  Hist.  cccles.  Franc,  VI,  1.  — Gregor.  pap.  Dia'og., 
III,  19.  Mais  Paul  Diacre,  dans  sa  vie  de  Grégoire  le  Grand,  transcrit  tout  au 
long  le  récit  de  l'évêque  de  Tours  avec  les  mêmes  circonstances  et  dans  les  mê- 
mes termes.  Il  est,  pour  ce  motif,  vertement  tancé  par  les  Bollandistes,  peu 
tendres  pour  les  histoires  de  dragon.  Cf.  Acta,  9  mai,  Beatus  de  Vendôme  ; 
ibid.,  13  septembre,  Venerius;  et  ibid,,  27  juillet,  Syrus,  de  Gênes.  «  Nous 
avons  montré,  disent  à  ce  sujet  les  éditeurs  des  Acta,  que  le  dragon  ne  signifie 
rien  autre  chose  que  l'idolâtrie.  »  L'observation  des  savants  éditeurs  est  juste 
en  général,  mais  n'est  pas  complète.  Le  dragon  représente  souvent  l'idolâtrie, 
mais  autre  chose  encore. 

6.  La  plus  ancienne  rédaction   de  la  légende  de  sainte  Marthe  et  de  la  Ta- 


Tara/lis  et  Thor.  445 

rasque  est  donnée  par  Raban  Maur  :  [Vita  beatae  Mariât  Magdal.  et  Sororis  tjus 
S.  Marthat,  cap.  40)  dans  la  collection  de  l'abbé  Migne  sous  le  titre  :  Monuments 
inédits  sur  l'apostolat  de  S.  Mari  -Magdtltmt,  etc.,  vol.  II. 

«  Inter  Arelaten  et  Avennicum,  circa  Rhodani  ripas,  inter  inrructuosa  fru. 
teta,  ferarum  reptiliumque  virulentorum  eremus  erat.  Ibi,  inter  cetera  venenosa 
animantia,  draco  terri bt lis  oberrabat,  increditilis  longiludinis  et  niagnae  molis. 
Fumuni  pesti'erum  flatu,  scintillas  sulphureas  oculis,  sibi'os  stridentes  ore,  ru- 
gitusque  horribiles  aduncatis  dentibus  pro'erens  ;  quidquid  incidisset  in  eum  un- 
gulis  et  dente  dilanians.  —  Incredibile  estquot  pecoia  paotoresque  devoraverit, 
quantam  hominum  multitudinem,  malo  odore  moribundos  ad  mortem  compu- 
lerit.  —  Mox  fidem  promittentes  Martha  ipsa  gratulanter  praccessit,  cubilia 
draconis  constanter  adiit,  signo  crucis  edito,  feritatem  ejus  compe^cuit,  zona 
sua  propria  collum  draconis  cinxit,  populosque  a  longe  spectantes  intuens  : 
«  Quid  est.  ait,  quod  trepidatis?  —  Accedite  fortiter  in  nemine  Domini  Salva- 
toris,  haneque  virulentam  belluam  in  frusta  conscindite.  »  Dixit,  hincqne  dra- 
coni  ne  flatu  cuiquam  vel  dente  noceret  interdicens,  —  turbas  —  vix  animavit. 
Armis  denique  insistentes.  bestiam  frustatim  discerpserunt,  fidem  et  constantiam 
Marthae  beatissimae  admirantes,  quod  tam  immanem  belluam  tam  facile  absque 
ullo  pavore.  zona  sua  fragili.  dum  truncaretur,  teneret  immobilem.  s 

Jacques  de  Voragine  et  Vincent  de  Beauvais  paraissent  n'avoir  pas  eu  con- 
naissance de  la  rédaction  de  Raban.  quia  été  publiée  récemment  sur  le  seul  ma- 
nuscrit qui  existe.  Le  texte  qu'ils  suivent  présente  des  circonstances  importantes 
que  Raban  ignorait,  notamment  le  séjour  du  dragon  dans  le  fleuve  et  la  lapi- 
dation exécutée  par  le  peuple. 

«  Erat  autem  tune  temporis  super  Rhodanum  in  nemore  quodam  inter  Are- 
laten et  Avenionem  dracho  quidam,  médius  piscis.  grossior  bove,  longior  equo, 
habens  dentés  spata  acutiores,  binis  pernis  utraque  parte  munitus,  qui  latens  in 
flumine,  omnes  transeuntes  penmebat,  et  naves  submergebat.  Venerat autem  per 
mare  de  Gallicia  Asiae,  generatus  a  Leviathan.  Qui  serpens  aquosus  et  ferocis- 
simus  tt  Bonacho  animali  similis  erat,  quod  Gallicie  regio  g'gnit  et  quod  contra 
insectatores  suos  per  spatium  jugeris  stercus  suum  velut  spiculum  dirigit  et 
quidquid  tetigerit,  velut  ignis  exurit. 

Ad  quem  Martha  a  populis  rogata  accedens,  ipsumque  in  nemore  quemdam 
hominem  manducantem  reperiens,  aquam  benedictam  super  eum  projecit  et  cru- 
cem  quamdam  sibi  ostendit.  Qui  protinus  victus  ut  ovis  stans  a  S.  Martha 
proprio  cingulo  alligatur  et  ilico  a  populo  lanceis  et  lapidibus  perimitur. 

Legend.  fiur.  Vita  S.  Marthae. 

«  Erat  tune  super  Rhodanum  inter  Arelaten  et  Avenionem  ingens  draco,  cujus 
primae  partes  usque  ad  médium,  animalis  t'ormam  proetendebant,  reliqua  cor- 
poris  in  piscem  desinebant.  Hinc  multos  transeuntes  et  supervenientesoccidebat, 
asinos  et  equos  perimebat;  naves  quoque  quae  per  Rhodanum  transibant,  sub- 
vertebat.  Veniebat  igitur  saepe  magna  populi  multitudo  eum  armis,  nec  illum 
perimere  vaiebant,  quoniam  projectus  a  nemore  in  flumine  latebat.  Erat  crassior 
bove.  etc.  Cum  autem  belluam  incolae  regionis  illius  aliquatenus  evadere  vel 


444  Tarants  et  Thor. 

superare  nequissent,  lama  praeconizante  audierunt  virtutum  insignia  quae  per 
beatam  Martham  Dominus  operabatur,  et  festinate  venerunt  ad  eam  humiliter 
rogantcs  ut  fines  eorum  visitaret  ft  a  pernicioso  dracone  qui  nimis  eos  inres- 
tabat,  liberaret.  Quibus  sancta  compatiens,  ad  locum  de^ignatumde  Christi  no- 
minis  virtute  confiders  proficiscitur  extermmantem  exlerminaturaDraconem.  Re- 
perit  autem  eum  in  nemore  cujusdam  hominis  quem  recens  occiderat  incubantem, 
praedamque  suam  devorantem  :  tum  hospita  Christi  nil  perterrita,  propius  ac- 
cessit et  aspersione  sacratae,  quam  secum  attulerat,  aquae  ma!ignam  bestiam  per- 
fundens  et  signum  sanctae  crucis  quam  praeferebat,  objiciens,  Draconem  adeo 
reddidit  invalidum  et  stupidum,  ut  nec  valeret  procedere  nec  saevitiae  quicquam 
exercere.  Perstitit  itaque  victus,  instar  ovis  nii  virium  habens  ;  et  sancta  nil  mo- 
rata  proprio  cingulo,  cunctis  admirantibus  ejus  triumphum  quem  ceperat,  colli- 
gavit.  Qui  protinus  ab  omni  populo  lanceis  et  lapidibus  est  obrutus.  «  Vincent. 
Bellov..  Spéculum  histor.,  IX,  99. 

7.  Acta  SS.  Samsonis  Dol.  Ep.  vita,  28  juillet. 

«  Guediana  Cornes  omnes  (populares)  venire  fecit  et  ille  una  cum  eis  veniens 
(ad  Sansonem)  ait:  «  Adhuc,  sancte,  scrupulum  ingens  habemus  mentis.  — 
S.  Samson  dixit  :  Quid  est  hoc  ?  —  Cornes  respondit  :  habemus  quemdam  agrum 
egregium  a  quodam  venenoso  ac  pessimo  serpente  occupatum.  Hic  vero  serpens 
in  quadam  impetrabili  spelunca  habitat,  propemodum  duos  p.^gos  delens,  nul- 
lumque  hominum  habitare  in  bi  licet.  u  Quo  audito,  S.  Samson  intrépide  dixit: 
in  nomine  Domini  nihil  dubitantes  eamus  ;  si  vero  creditis,  videbitis  oculis  in 
hoe  serpente  Dei  magnalia.  >>  Indubitanter  vero  inito  consilio,  abierunt  cum 
S.  Samsone.  Juvenis  autem  qui  nuper  suscitatus  fuerat,  clericatum  promittens. 
secutus  est  eum.  S.  itaque  Samson  praecedebat  exercitum,  et  puer  il!e,  qui  nuper 
fuerat  suscitatus,  ducatum  praebebat  ei.  usquequo  altéra  die  post  noctem  illu- 
minante, illud  horribile  antrum  ubi  serpens  erat,  suis  viderunt  oculis.  Tum  puer: 
«  Electe,  inquit,  Dei,  an  vides  antrum  ultra  flumen  in  quo  serpens  est?  »  At 
ille,  in  Domino  fisus,  exercitui  pariter  ac  suis  monachis  inibi  manere  jubens. 
ille  solus,  immo  et  Deus  cum  illo,  ultra  flumen  transivit,  suo  puero  insequente 
eum.  Venerunt  pariter  ad  ostium  terribilis  antri.  S.  vero  Sampson,  inspiciens 
puerum  insequentem  eum  atque  subridens  ita  dixit  :  «  Conforcare,  frater,  et  vi- 
riliter  âge.  —  Isque  subjunxit  :  «  Quem  timebo,  electe  Dei,  Deus  tecum  est.  » 
Praecipiens  vero  illi,  ut  paulo  eminus  staret,  illeaudenter  antrum  ingressus  est  : 
Serpens  vero  ut  vidit  eum,  valde  intremuit,  volens  rotare  ad  suam  caudam  furi- 
bunde  rodendam;  ille  vero,  confestim  apprehensam  lineam  zonam  qua  erat  ac- 
cinctus,  confestim  in  collo  ejus  imposuit,  ac  juxta  se  trahens,  de  quadam  eum 
grandi  altitudine  praecipitavit  (in  flumen),  praecipiens  in  nomine  J.-C.  ne  am- 
plius  viveret,  etc. 

La  rédaction  de  cette  belle  légende  est  attribuée,  pour  des  raisons  qui  me  pa- 
raissent valables,  à  un  écrivain  contemporain  de  Samson  ou  peu  postérieur  :  du 
viie  siècle  C'est  une  des  plus  anciennes  et  la  plus  précieuse.  Le  tableau  est 
vivant.  L'inondation  arrive.  Le  chef  fait  prendre  les  armes  à  son  peuple,  il  se 
rend  avec  eux  sur  le  rivage  avec  les  prêtres.  Les  enfants  se  joignent  à  leurs  pa- 


Taranis  et  Thor.  445 

rents,  aussi  hardis  qu'eux.  Je  ne  doute  pas  que  l'expédition  n'ait  été  précédée 
d'un  acte  religieux,  d'une  prière  publique  au  Dieu  défenseur  des  hommes. 

La  légende  qui  suit,  aussi  ancienne,  n'est  pas  moins  intéressante.  Vigor,  Ep. 
Baioc,  Surius.  3  novembre. 

Volusianus  quidam,  homo  opulentus.  venit  ad  virum  Dei,  aitque  illi  :  «  Scio 
miraculis  polentem  te  esse,  quae  per  te  Dominus  efficit.  Oro  igitur  ut  venias  in 
possessionem  meam.  Est  enim  illic  in  sylva  serpens  immanis,  qui  flatu  suo  et 
hommes  et  pecora  multa  adurit,  ut  nemo  ausit  in  ejus  Ioci  circuitu  quicquam 
attingere.  Tu  nos  precibus  tuis  ab  illo  libéra.  »  Respondit  vir  Dei  :  *  Non 
possum  ego  quicquam  per  me  eificere,  nisi  Christus  films  Dei,  qui  dédit  disci- 
pulis  suis  potestatem  calcandi  super  serpentes  et  scorpiunes  et  super  omnem 
potestatem  inimiu,  ronstantiam  mihi  praestet  ad  coiiterendam  callidissimi  ser- 
pentis  nequitiam.  Abi  nunc  igitur  et  die  tertio  hue  revertere  et,  si  Deo  visum, 
ibo  tecum .  Suo  ergo  more  vir  Dei  in  preces  incumbens  et  biduana  inedia  se  a'fi- 
ciens,  multasque  effundens  lachrymas,  implorabat  Dei  misericordiam.  Inde  teriio 
accedens  ad  locum,  reperit  viam  qua  serpens  ibat  ad  lontem  et  rursus  redibatad 
speluncam  suam  Eam  autem  viam  antiquae  macenes  et  arbor  ingens  obtegebant. 
Propius  ad  specum  se  adjungens  exclamât  vir  Dei  :  i  Serpens  antique  et  Satan, 
praecipio  tibi  in  nomine  J.-C.  filii  Dei  vivi,  qui  servis  suis  dédit  virtutem  ambu- 
landi  super  serpentem  et  basiliscum  et  conculcandi  leonem  etdraconem,  ut  exeas 
abhoespecu.  »  Mox  prodit  ille,  stridensdentibus,  eterectocapiteflammas  vomens 
tanquam  jam  devoraturus  hominem  Dei.  F'ertur  longus  fuisse  ad  pedes  XXXX. 
aspectu  terri bîlis.  Postquam  autem  vidit  Christi  servum,  mox  contracto  ore  et 
abjecta  cervice,  venit  ad  eum.  At  vir  sanctus  sublato  manu  crucis  signum  ex- 
primens  orarium  suum  injicit  in  collum  ejus,  eumque  ligatum  tradit  discipulo 
suo  ceu  ovem  mansuetam,  dicens  ei  :  «  Duc  eum  ad  littus  maris,  nec  ultra 
liceat  et  in  hoc  loco  commorari.   » 

La  biographie  de  Vigor  (ibid)  fait  mention  de  deux  actes  analogues,  dont  le 
second  seul  est  significatif. 

Alius  autem  serpens  exiit  e  loco  quem  cellam  nominant;  sed  illum  quoque 
vir  beatus  profligavit.  Sed  et  apud  Cameronem  trans  fretum  aiius  mirae  magni- 
tudinis  egressus,  audivit  a  vîro  Dei  :  a  Praecipio  tibi,  draco,  ne  humum  dein- 
ceps  attingas,  neque  ullo  homini  nocere  ausus  sis  ><;  atque  ita  mox  ille  praeceps 
in  maie  ruit.  » 

Volusianus,  à  qui  Vigor  avait  assigné  une  date  pour  venir  le  trouver,  ne  re- 
paraît qu'à  la  fin  pour  faire  au  saint  une  concession  de  terre.  Il  est  probable 
que  Y  h  mme  opulent  jouait,  dans  le  récit  primitif,  un  rôle  analogue  à  celui  du 
comte  Guediana  dans  la  biographie  de  Samson. 

8.  De  l'église  de  Cavaillon.  Office  du  saint  dans  le  bréviaire  de  la  cathédrale 
(Avignon,  1^24.  de  Penne). 

«  (Veranus)  diversas  pro  aedificatione  gentium  provincias  perlustravit,  divini 
verbi  semen  erogando  et  miraculis  coruscando,  demum  civitatem  Cavailicensem 
ingreditur  :  Cives  vero  Cavallicences  de  suo  jucundo  plaudentes  adventu,  ei  ob- 
noxius  supplicarunt  se  ejus  Sanctitatis  precibus  liberari  a  quodam  crudelissimo 


446  Tarants  et  Thor. 

dracone,  prope  per  sex  milliaria,  juxta  mirae  magnitudinis  fontem  dictum  Sor- 
giae  latitante,  et  plerumque  in  campis  hommes,  jumenta  et  peccra  a  fligente.  — 
In  Christi  nomine  gressum  dirigit  confidenter.  Quem  draco  videns  tam  intre- 
pidum  et  propinquum  ex  cre  flammam  horribilem  evomet.at,  et  illi,  qui  secum 
vénérant,  eminus  aspicientes  pallebant  et  tremebant.  ipsum  ab  ipsa  cruenta 
bestia  protinus  trucidandum.  S.  Veranus,  signo  crucis  et  fidei  clypeo  commu- 
nias propius  accessit,  Deum  trinum  in  personis  et  unum  in  essentia  devotissime 
exorando.  Mox  draco  in  terra  tanquam  mortuus  stat  prostratus.  Quem  S.  Ve- 
ranus cum  catena  quam  ad  hoc  afferri  tune  jusserat,  alligavit,  et  eum,  quasi 
emortuum  extra  vallem  traxit  fere  per  tria  milliaria  catenatum.  Tandem  ab  eo 
jussus,  et  solutus  ut  surgeret  et  abiret  ad  loca  déserta,  nulli  unquam  hominum 
nociturus,  contestim  draco  surrexit.  per  tria  millia  supra  cacumina  montis  Le- 
bresonis  visus  est  evolare  et  totaliter  disparere 

S.  itaque  Veranus,  ad  fontem  regressus  ad  quem  erat  accessus  difficiiis,  saxa 
d'jrissima  scidit  mar.u  propria,  et  viam  ad  fontem  euntibus  patefecit  et  ibidem 
ecclesiam  construxit.  etc.   » 

Ojficmm  S.  Verani  (Aven:one,i.  Bramereau,  1620,  in- 12,  37  p. l  contient  une 
variante  importante  de  ces  trois  dernières  lignes,  p.  20  : 

«  Ad  fontem  Scrgie  reversus,  cùm  difficiiis  ad  montem  esset  accessus.  firma 
fide  propria  manu  dura  saxa  montis  iliius  scidit,  viamque  aperuit  ad  pianitiem 
usque,  ubi  in  praedio  paternae  hereditatis  ecclesiam  nobilis  structurae  ad  ho- 
norem  Beatiss.  Virginis  extruxit,  ac  aediculam,  seu  cellam  in  ejusdem  montis 
vertice  quae  ambae  usque  ad  hanc  diem  conspiciuntur,  devoteque  visitanlur.  » 

De  l'église  d'Albenga.  Collection  des  manuscrits  de  Pcircsc  à  la  bibliothèque  de 
Carpenlras.  L,  tome  2,  f.   103. 

Le  recueil  de  Peiresc  donne  une  nouvelle  version  de  la  légende  de  Vaucluse. 
et  la  légende  propre  à  Albenga. 

*  Cavallicences  ad  ejus  (Verani)  sanctimoniam  deferunt  querimoniam  vasta 
esse  omnia.  urbemque  et  colonias,  ac  totam  prope  modum  partem  iliius  regionis 
a  furore  iliius  immanissimi  draconis.  Quoaud:to,  vir  Dei  ta!i  condolens  rei,  mox 
populum  et  clerum  usque  draconis  specum  jubet  adiré  secum  Tune  omnes  con- 
gregati  pergunt  cum  eo  statim  gaudentes.  ac  scientes  quod  is  illis  esset  mira  ac- 
turus  quo  îbat  tam  securus.  Qjjos  divino  auxilio  non  fefellit  opinio.  Sed  ut 
specum  viderunt,  omnes  longe  steterunt.  Nullus  enim  ausus  est  adiré:  at  ges- 
tiebant  omnes  icernerel  quid  ageret  vir  Dei,  in  facto  hujus  rei. 

Hic  solus  sine  duce  tendens  ad  speluncam,  absque  ullo  cunctamine,  in  Jesu 
Christi  nomine  draconem  de  foramine  jubet  egredi  foras,  nullas  agendo  moras. 
At  draco  ta!i  jussu  convictus,  summa  velocitate  deponens  feritatem,  egreditur 
speluncam.  Stans  rediturns  nunquam  et  sese  ante  pedes  beati  viri  sterneris  ac  si 
exanimatus,  diu  iacet  prostratus.  Hi  autem  qui  haec  spectabant  longius,  acce- 
dentes  propius,  dum  vident  tanta  gratia  victam  esse  fallaciam  draconis  et  au- 
daciam,  mox  Dei  talia  Iaudant  in  Verano  magnalia.  Mirantureum  —  ut  privatam 
totam  prostratam  nec  se  movere  ausam  absque  Verani  causa.  1  Surge,  ait  \re- 
ranus.  sequere  quo  jubemus.  1  Tune  ille  homo  Dei  ultra  fines  Cavailicos  ducit 


Taranis  et  Thor.  447 

more  catelli  soevissimum  draconem  usque  in  Debresonem  <i).  dans  illi  hoc  prae- 
ceptuin  ut  dehinc  ad  vivendum  nulli  parcat  (?l  vel  laedcndum 

La  légende  propre  à  l'église  d'Albenga  ne  diffère  pas  sensiblement  de  celie  de 
Vaucluse.  Les  paysans,  encore  idolâtres,  sacrifiaient  tous  les  ans  à  leur  dieu  un 
jeune  garçon  ou  une  jeune  vierge,  un  bceut  ou  une  génisse  iibid.,  f.  101-102). 
Molestés  par  un  dragon,  ils  demandent  secours  à  Véranus  : 

«  Quod  non  aspernatus,  sed  pro  timoré,  divino  fidei  ardore  succensus.  ad  lo- 
cum  ubi  draco  ilie  dicebatur  in  cavernis  lapidum  habitare,  non  dubitavit  acce- 
dere,  ut  increJulis  satisfaceret  et  omnium  vota  compleret.  S.  Veranus,  auxilio 
crucis  munitus,  cum  oratione  flexus  genibus,  faciem  terrae  proximans,  altiori 
voce  precatusest,  dicens  :  1  Summe  Deus  —  praescripto  majestatis  tuae  aut  hic 
draco  lubricus  intereat.  aut  alio  diftugiat,  ad  conversationes  hcminum  nunquam 
rediturus.  »  Hac  oratione  compléta,  horribilis  immensusque  draco  ex  ipso  loco 
elap  us.  fluminis  alveum  petens.  mare  usque  visus  est  accessisse  nec  ulterius 
alicubi  depulsus  apparuit,  quem  virtus  divina  (ugavit.  » 

La  mention  de  la  chaîne  est  au  même  M.  S.  L.,  f.  1 34.  « 

In  ista  Gorgolli  iGergolii  ecclesia  exstat  testimonium  manifestum.  Nam 
post  altare  S.  Verani  patet  omnibus  catena  lerrea  qua  draconem  in  fonte  Sorgia 
ligavit.  » 

S.  l'église  d'Albenga  connaît  la  légende  de  Vaucluse,  Cavaillon  fait  mention 
de  la  légende  d'Albenga   Offic.  S.  Verani,  p.  21  : 

«  Sorgiae  serpens  laiitans  in  antro 
Vinculo  vinctus  procul  effugatur; 
Alter  Albingam  populans  ab  ejus 
Pellitur  agris.   » 

Outre  les  M. M. S. S.  de  la  biblioth.  de  Carpentras,  la  vie  de  S.  Veran  dans 
les  Acta.  et  le  bréviaire  de  Cavaillon,  on  peut  consulter: 

i°  Notice  historique  sur  S.  Véran,  par  l'abbé  André.  Carpentras.  Devillario, 
1852,  br.  in-32  —  et  Paris,  Prinquet,  1858,  in- 1 2. 

2°  La  vie  admirable  du  bienheureux  S.  Véran,  évèque  de  Cavaillon,  par  M.  Fr. 
Mathieu,  chan.  pénitencier  de  l'église  cathéd.  de  Cavaiilon.  Avignon,  1665. 

30  Storia  délia  Cittâ  e  diocesidi  Albenga,  da  Girolamo  Rossi.  Albenga,  1870. 

9.  Acta  SS.  Julianus,  cvêque  du  Mans.  27  janvier. 

■  In  vico  cui  Artinas  vocabulum  est,  tempium  erat  et  in  eo  Jovissimulacrum, 
falsorumque  innumera  portenta  Deorum,  quae  varb  errore  delusa  g-ntilitas 
priscis  temporibus  erexerat  ad  suam  et  sequentium  pernicîein  populorum.  Ad 
quae  de->truenda  cum  Julianus  lorica  fidei  indutus,  galea  salutis  protectus,  gladio 
spintus  praecinctus  praeparatur,  e  diverso  ru^ticana  et  ignobilis  manus.  pro  de- 
fensione  deorum  qui  sibi  auxilii  epem  ferre  nequibant.  obstinatissime  resi^tens  ar- 
ma'.ur.  Sed  Julianus  imprrterritus  inler  Irementes  et  garrientes  insanientium 
voces  tempium  irgressus,  invocato  veri  Dei  J.  C.  nomine,  simulacrum  énorme, 
ipsoque  visu  terribile  in  cinerem  resolvit  sola  sanctae  jussionis  auctoritate.  Ut 
vero  insani  popu.i  cognoscerent  cui  ealenus  culturam  deitatis  exhibuissent.  ex 


448  Taranis  et  Thor. 

everso  simulacro  immanissimus  erupit  draco  qui,  facto  impetu  contra  cuitores 
proprios,  flatu  sulphureo  et  atrocis  verbere  caudae  devotorum  sibi  phalanges  in 
mortem  caepit  ardenter  urgere.  —  Porro  Julianus,  Dei  athleta,  elevata  cum 
signo  crucis  in  sublime  dextera,  draconi  imperat  ut  nullum  amplius  laedens 
fugiat,  et  Ioca  humana  cultura  prorsus  carentia  petat.  Ad  cujus  imperium  draco 
soevissimus  effugit  vivacissimus.  » 

Marcel,  évêque  de  Paris  (cf.  Greg.  Turon.,  Gloria  Confess.,  89;  Venant.  For- 
tunatus,  S.  Germani  vita,  I,  et  le  Bréviaire  de  Parts,  3  septembre). 

s  Matrona  quaedam  nobilissima  quae  conjugis  integritatem  non  servavit  in 
mundo,  intégra  non  meruit  jacere  insepulcro.  Nam  serpens  qui  viventem  in  cri- 
mine  traxerat,  adhùc  in  cadaver  desoeviebat,  quo  perterriti  homines  de  suis 
sedibus  migraverunt.  Hoc  cognito  Marcellus,  collecta  plèbe,  de  civitate  progre- 
ditur  et,  relictis  civibus,  in  populi  conspectu  solus  ad  locum  accessit,  et,  cum 
coluber  de  sylva  rediret  ad  tumulum,  Marcellus  caput  ejusbaculoter  percutiens, 
misso  in  cervicem  serpentis  orario,  triumphum  suum  ante  civium  oculos  extra- 
hebat.  Tune,  praecedente  pontifice,  best:am  fere  tribus  millibus  omnes  pro- 
secuti  sunt.  Mox,  dimissa  bellua,  nulla  ejus  indicia  sunt  inventa.  •>  La  tra- 
dition populaire (Duiaure,  Hist.  de  Paris)  n'a  aucun  sens. 

Grégoire  le  Grand  (D;a!og.,  cap.  38  et  39)  cite  deux  moines  de  son  temps, 
qu'en  punition  de  l'hypocrisie  de  l'un  et  de  la  gourmandise  de  l'autre,  un  dragon 
dévorait  au  moment  de  leur  agonie.  Les  prières  de  leurs  frères  et  leur  propre 
repentir  les  sauvèrent  tous  les  deux. 

Ib'id.,  m  B.  Job.,  lib    I,  c.  12  ;  lib.  XX,  c.  29  ;  lib.  XXI,  c.  39. 

10.  Acta  SS.  Romanus,  Rotomagi  Episcopus,  23  septembre. 

Les  Rouennais  vont  demander  le  secours  de  l'Evêque  : 

«  Altéra,  Sancte,  tuis  par  est  irruptio  mortis  : 
Nam  Sequanae  vastum  patimur  discrimen  aquarum. 
Dum  cor.tra  morem,  metam  superando  priorem 
Alveus  exundat,  late  confinia  vastat, 
JEdes  subvertit,  parvos  et  ad  ubera  perdit, 
Exilium  rnultis  infert  et  damna  salutis... 

Talibus  auditis  Romanus,  praesul  herilis 
Exorat  Christutn,  totius  eger.tis  asylum, 
Parcat  ut  afflictis,  veluti  quondam  Ninivitis, 
Avertat  mortein,  bonitatis  conterat  hostem.. 

Ergo  dux  fidei  mox  ad  loca  perniciei 
Et  centra  fortes  provocans  (?)  ad  be  la  cohortes, 
Psalmicmes  ex  more  grèges,  reliquosque  fidèles 
Cum  crucibus  sacris,  cum  pigr.onbus  pretiosis 


.     .  fiumen  adivit 

Stipatus  nitidis  reliqua  cum  plèbe  ministris 
Armatusque  fide  calcantis  in  aequore  Pétri, 
Per  nomen  Triadis  per  virtutem  Trinitatis 
Peique  crucis  signum  quod  submovet  omne  nocivum. 


Taranis  et  Thor.  449 

Imperat  ut  staret  nec  ad  ulteriora  mearet, 

Quem  tenuit  primum  rep-;tens  ab  origine  cursum. 

Paret  huic  fidei  natura  fluens  elementi 
Atque  sinum  repeiit,  nec  ripas  fluminis  exit... 
Urbs  ita  salvatur,  tantisque  malis  spoliatur 
Fertiii.s  et  pleno  ridet  sibi  copia  cornu  ; 
Mors  fugit,  hostis  abest,  aqua  stat,  devotio  gaudet.  0 

Ibid.,  Romani,  Vita  II. 

«  Surgit  a  latere  meridiano  grave  nimis  incommodum  et  retroactis  temporibus 
insoiitum .  Repentina  siquidem  aquarum  inundatio  Rothomagenses  prima  noctis 
vigilia  occupavit.  Surgunt  itaque  suisque  vix  parvulis  assumptis  et  rébus  quas 
egrediendo  manus  invenit.  montes  vicinos  conscendunt.  Cetera  diluvio  prae- 
valente,  disperierunt.  Tune  Sanctus  aberat  Episcopus  pro  causis  ecclesiasticis 
apud  Rcgem  occupatus  ;  sed  misso  à  civibus  nuncio  soliieitus  pastor,  omissis 
pluribus,  cito  revertitur.  Assumpta  vero  in  manu  cruce  dominica,  contra  va- 
gantesprodiit  aquàs.  Fusa  deinde  oratione  ad  Dominum,  funduntur  pariter  aquae 
ac  refugiunt  et  Sto  Episcopo  persequente,  arva  quae  pervaserant  derelinquunt, 
suoque  alveo  reintunduntur.  » 

La  légende  populaire  figure  pour  la  première  fois  dans  une  chronique  écrite 
de  1394,  ce  qui  veut  dire  qu'elle  était  répandue  et  acceptée  bien  auparavant. 
L'inondation  y  est  représenté?  sous  la  forme  d'une  gargouille,  domptée  par  Ro- 
manus  et  précipitée  du  haut  d'un  pont  dans  la  Seine  Une  autre  tradition  con- 
fondant la  gargouille  avec  un  autre  monstre  la  fait  périr  sur  un  bûcher  (Cf.  Flo- 
quet,  Privilège  de  S.  Romiin).  Les  archevêques  de  Rouen  avaient  obtenu,  en 
mémoire  du  miracle,  le  droit  de  gracier  tous  les  ans  un  condamné  à  mort.  Ce 
droit,  ce  privilège  leur  fut  enlevé  par  un  jugement  du  Grand  Conseil,  sur  le  ré- 
quisitoire de  Sacy,  en  1698.  Je  donne  ici  le  texte  de  la  légende  telle  qu'elle  est 
résumée  dans  la  préface  des  Bolland,  à  la  vie  de  Romanus. 

i  Vulgaris  narratio,  quam  privilegio  Rotomagensi  originem  ferunt,  haec  fere, 
si  leviusculas  circumstancias  negligamus,  est.  Temporibus  Dagoberti  régis,  ac- 
cidit  ut  serpens  mirae  magnitudinis,  prope  urbem  Rotomag.  in  loco  palustri 
stabulans,  devoraret  homines  et  jumenta,  neque  tutum  esset  civibus  exire  urbe. 
Beatus  autem  Romanus,  tantam  calamitatem  miseratus,  ingenli  malo  occurrere 
statuit.  Accepit  igitur  e  carcere  criminosum,  multis  criminibus  inîamem  et 
certae  morti  addictum,  quoeum  urbe  egressus,  ubi  ad  latibulum  ferae  pervenit, 
signo  crucis  eam  circuravit  et  stola  sacerdotali  ligatam  in  urbem  ducendam  cri- 
minoso  tradidit.  Quando  illuc  perventum  est,  serpens  igni  traditus  est,  ejusque 
cineres  in  adjacentem  fluvium  dispersi  fuerunt.  Sub'totanti  miraculi  fama  totum 
regnum  pervasit  et  admirationem  régis  totiusque  curiae  rapuit.  Dagobertus 
autem,  ut  de  tota  re  certior  fieret,  S.  Romanum  advocavit;  qui  eum  adveniens, 
cum  rem,  prout  gesta  erat,  narrasset,  voluit  rex  ut  in  tanti  miraculi  memoriam 
jus  esset  Ecclesiae  Rotom.  liberar.di  quotannis,  in  die  Ascensionis,  unum  faci- 
norosum,  mortis  reum.  » 

11.  Cf.  sur  le  Kraulla  ou  grand  Bâilla  'Remensiana,  de  L.  Paris,  Techener, 
Rev.  Celt.  VI.  29 


4J0  Tarants  et  Thor. 

éd..  Paris,  184s)  un  chapitre  où  l'auteur,  après  avoir  décrit  la  procession  du 
dragon  de  Reims,  cite  les  traditions  et  cérémonies  populaires  analogues.  Le  plai- 
doyer de  Sacy,  qu'il  connaît  bien,  la  notice  de  Delmotte  sur  le  Dou-dou  de 
Mons.  qu'il  reproduit  avec  détails,  avaient  conduit  L.  Paris  à  une  interprétation 
très  vraisemblable  ;  mais  l'abandonnant  aussitôt,  il  finit  par  s'égarer  sur  une 
autre  piste  :  «  Une  communauté,  peut  être  la  collégiale  de  Saint  Timothée  qui 
remonte  aux  premiers  temps  du  christianisme  à  Reims,  a  pu  travailler  au  des- 
sèchement de  quelques-uns  de  ces  marais  impurs  (de  la  Vesle)  et  perpétuer  par 
cette  représentation  symbolique  le  souvenir  de  son  œuvre.  —  Ou  mieux  encore, 
ce  spectacle  d'un  monstre,  vaincu  par  la  croix,  ne  serait-il  pas  simplement  un 
emblème  du  démon  terrassé  par  le  Christ  ?  Timothée  fut  en  effet  un  des  pre- 
miers apô:res  du  pays  de  Reims.  •  Aucun  document  de  l'église  de  Reims  ne 
fait  allusion  à  l'origine  de  la  procession  du  Bâilla  —  il  paraît  en  être  de  même 
en  ce  qui  concerne  les  dragons  de  Bordeaux,  de  Niort,  de  Lyon  —  et  Paris, 
sans  étudier  ceux  qui  peuvent  exister  ailleurs,  les  condamne  en  bloc:  «  On  ne 
trouve  pas,  dit-il.  une  seule  histoire  de  dragon  dans  les  légendes  antérieures  au 
XIIe  siècle.  En  conséquence,  toutes  ces  histoires  sont  des  inventions  du  moyen 
âge  copiées  sur  le  combat  de  Gozon  et  du  dragon  de  Malte.  «  Le  récit  «  tel  que 
le  donne  Vertot  »  est  le  premier  exemple  d'un  animal  monstrueux  vaincu  par 
un  chevalier  chrétien.  »  La  dernière  assertion,  dont  on  ne  voit  pas  bien  la  re- 
lation avec  la  première,  n'a  pas  besoin  de  rectification  ;  mais  il  est  important 
d'examiner  si,  en  effet  «  on  ne  trouve  aucune  histoire  de  dragon  dans  les 
légendes  antérieures  au  xn°  siècle  ».  Or,  Grégoire  de  Tours,  VIe  siècle,  men- 
tionne la  légende  de  Marcel  et  du  dragon,  que  raconte  tout  au  long  Fortunat, 
son  contemporain  (préface  à  la  vie  de  saint  Germain).  Le  même  Fortunat  écrit 
aussi  la  vie  d'Hilaire  de  Poitiers  avec  une  histoire  de  dragon.  La  vie  de  saint 
Amand,  vir  siècle,  est  écrite  par  un  contemporain  ;  ainsi  que  très  probablement 
celles  de  Pol  de  Léon,  de  Joava,  de  Samson  où  se  trouvent  aussi  des  histoires 
de  dragon.  C'est  à  Raban-Maur,  vnr  siècle,  que  nous  devons  la  plus  ancienne 
version  de  la  légende  de  sainte  Marthe  où  figure  un  dragon,  à  Paul  Diacre, 
viie  siècle,  celle  de  Clément  de  Metz,  vainqueur  d'un  dragon  et  d'une  troupe  de 
serpents.  Enfin,  l'écrivain  le  plus  autorisé  du  vie  siècle.  Grégoire  le  Grand,  re- 
late deux  histoires  de  dragons  et  de  moines. 

La  phrase  déjà  citée  de  Grégoire  :  •  Quand  nous  parlons  du  dragon,  nous 
entendons  le  péché  (maîitia)  »,  permet  d'établir  des  catégories  dans  les  légendes  où 
figure  le  dragon.  La  première  comprend  nécessairement  celles  où  le  péché  est 
désigné  en  termes  formels,  telles  que  celles  qu'il  rapporte  des  deux  moines.  L'un 
a  rompu  le  jeûne  prescrit  par  la  règle,  l'autre  a  été  hypocrite.  La  légende  de  la 
parisienne  délivrée  du  démon  par  saint  Marcel  met  en  drame  la  punition  de 
l'adultère.  L'idolâtrie  est  désignée  dans  la  légende  de  Julianus,  du  Mans,  devant 
qui  le  dragon  sort  d'une  statue  de  Jupiter  (V.  les  notes  9,  10)  et  de  Beatus.  de 
Vendôme. 

Une  seconde  catégorie  pourrait  comprendre  les  fléaux,  épidémies  et  inon- 
dations, qui  sont  bien  des  malltiat.  des  actes  du  malin.  La   légende  de  Syrus, 


Tarants  et  Thor.  45 1 

évêque  de  Gênes,  donne  un  exemple  du  premier.  »  Un  dragon  avait  pris  domi- 
cile dans  un  puits  d'où  i!  sortait  pour  répandre  la  mort  dans  le  voisinage.  Les 
gens  du  quartier  allèrent  implorer  Syrus  qui  se  fit  conduire  auprès  du  puits,  y 
fit  descendre  une  écuelle  attachée  par  une  corde  et  ordonna  au  dragon  de  sortir. 
Le  dragon  obéit,  se  recroquevilla  et  entra  dans  l'écuelle.  Syrus  prononçant 
l'anathème,  la  fit  jeter  à  la  mer,  contenant  et  contenu.  »  On  hausse  les  épaules 
à  de  tels  récits  qui  scandalisent  les  éditeurs  des  Acta  eux-mêmes.  Je  conviendrai 
avec  eux  que  l'existence  de  l'évèque  Syrus  à  Gènes  n'étant  pas  bien  démontrée, 
l'histoire  est  suspecte  avec  raison.  Mais  la  légende  existe  et  elle  a  un  sens 
obscur  pour  nous  peut-être,  mais  qu'aurait  compris  un  clerc  du  vr  siècle.  Syrus 
avait  fait  vider  et  nettoyer  un  puits  empoisonné  et  jeter  à  la  mer  l'eau  et  la  vase 
qu'il  contenait.  A  cette  catégorie  appartiendrait  encore  l'histoire  du  Kraulla  de 
Reims,  comme  le  pensait  d'abord  L.  Paris.  Le  Kraulla,  tapi  dans  les  marais  de 
la  Vesle,  infestait  les  environs,  Timothée  l'anathématisa  et  lui  fit  vider  les  lieux. 
C'est-à-dire  que  le  chapitre  de  la  Collégiale  canalisa  et  draina  les  terrains  dont 
il  était  propriétaire.  Mais  la  présence  de  la  statue  miraculeuse  de  Notre-Dame 
à  la  procession,  le  nom  même  de  Kraulla  indiquent  mieux  une  inondation.  A 
Bollène  (Vaucluse)  Notre-Dame  rejette  un  dragon  dans  le  Lez. 

Les  formules  d'excommunication  employées  par  les  évêques  pour  réduire 
l'inondation  sont  une  preuve  qu'ils  la  considéraient  aussi  comme  une  malitia. 
Leurs  croyances  sur  ce  point  concordaient  avec  celles  des  Gaulois  et  des  Scan- 
dinaves ;  car  le  serpent  de  Mitgard  est  appelé  Y  ennemi  du  genre  humain.  Il  n'en 
faudrait  pas  conclure  que  les  légendes  de  l'inondation  sont  absolument  chré- 
tiennes. Le  paganisme  gaulois  s'y  révèle  au  contraire  par  la  brutalité  de  l'action, 
peinte  comme  une  bataille,  par  l'emploi  d'engins  matériels  tels  que  les  pierres 
et  les  chaînes.  L'anathème  intervient  comme  le  sceau  du  christianisme,  prenant 
possession  du  mythe,  substituant  une  solution  chrétienne  à  la  solution  païenne. 
Ces  caractères  manquent  aux  deux  catégories  précédentes  et  justifient  une  caté- 
gorie à  part  pour  les  légendes  où  le  dragon  personnifie  l'inondation. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  que  la  prise  de  possession  des  légendes  par  le  chris- 
tianisme n'a  pu  s'opérer  qu'à  la  condition  d'en  relater  tous  les  incidents,  en  op- 
posant la  solution  chrétienne  à  la  solution  païenne.  C'est  ainsi  que  le  mythe  de 
Taranis  et  de  la  gargouille  nous  a  été  conservé  par  des  prêtres  chrétiens. 
Quelquechosed'analogueest  arrivé  aux  mythes  Scandinaves,  conservés  aussi  par 
des  prêtres  chrétiens  qui  croyaient  refaire  leur  histoire  nationale  lorsqu'ils  re- 
cueillaient l'histoire  d'une  religion  dont  ils  devaient,  comme  prêtres,  anéantir 
les  derniers  vestiges. 

12.  Acta  SS.  Amandus  Ultraj.  Ep.  VI  février. 

«  Amandus  puer,  quum  deambularet  in  insula  Ogia  (Aquitaniae)  fit  ei  repente 
obviam  mirae  mjgnitudinis  serpens,  sicut  idem  vir  Dei  narrare  consueverat,  ita 
ingens  atque  immanis,  qualis  r.ec  post,  nec  antea  in  eadem  visus  est  insula.  Quo 
viso  perterritus  puer,  sicut  ipsa  patiebatur  aetas,  quid  ageret  ignorabat.  Tum 
subito  superna  respectus  gratia,  ad  orationum  confugit  auxilia,  statimque  solo 
prostratus,  cum  aliquantisper  orationi  incubuisset,  signum  crucis  contra  im- 


452  Tarants  et  Thor. 

manem  opposuit  anguem,  potentique  virtute  verborum  ut  ad  latebras  quanto- 
cyub  rediret,  imperavit.  Qui  dicto  obediens,  atque  ad  dictum  viri  Dei  fugiens, 
rapidoque  cursu  ad  latebras  remeans,  in  insula  eadem  nunquam  apparuit    » 

L'île  à'Ogia  est  rattachée  à  l'île  de  Rhé  par  un  seuil  guéable  à  basse  nier. 
Le  monastère  où  saint  Amand  fit  son  noviciat  n'a  laissé  d'autre  souvenir  que 
le  nom  donné  à  la  Route  de  l'Abbaye. 

13.  Cf.  Hérodote,  VII,  35.  «  On  compte  sept  stades  d'Abydos  à  la  rive  op- 
posée. Xerxès  fit  jeter  sur  le  détroit  un  pont  que  rompit  une  tempête  subite,  ce 
que  le  roi  ayant  appris,  il  s'indigna  et  ordonna  qu'on  frappât  PHellespont  de 
300  coups  de  fouet  et  qu'on  jetât  dans  l'eau  une  paire  d'entraves.  On  m'a 
même  conté  qu'il  avait  envoyé  des  fouetteurs  spéciaux  qui,  en  exécutant  le  châ- 
timent, devaient  prononcer  ces  mots  injurieux  et  barbares  :  «  0  méchante  eau 
salée!  Ton  maître  te  punit  ainsi  parce  que  tu  lui  as  fait  du  tort,  n'en  ayant  pas 
reçu  de  lui.  Le  roi  Xerxès  te  franchira  bon  gré  mal  gré,  et  nul  ne  t'offrira  de  sa- 
crifice, perfide  eau  salée.  »  Ailleurs  (ibid.,  VIII,  109)  Thémistocle  accuse  aussi 
Xerxès  d'avoir  fouetté  et  entravé  la  mer.  De  très  bonne  heure,  ces  détails  ont 
été  mis  en  doute.  «  Ceux  qui  ont  écrit  sur  les  Mages,  dit  Diogène  de  Laërte 
(proœm.)  assurent  qu'Hérodote  a  menti  et  que  Xerxès  n'a  point  lancé  de  traits 
contre  le  soleil,  ni  jeté  d'entraves  dans  la  mer,  parce  que  les  Mages  regardent 
la  mer  et  le  soleil  comme  des  Dieux  ;  qu'il  a,  il  est  vrai,  renversé  les  images 
divines  de  la  Grèce,  et  qu'il  l'a  fait  avec  raison  (slv.ôzu;)  »  Les  modernes  ont 
argué  de  l'absurdité  de  l'acte:  point  de  vue  faux,  parce  que  les  actes  ne  peuvent 
être  jugés,  dans  l'histoire,  que  par  rapport  aux  principes  ou  à  la  doctrine  qui 
est  variable  d'un  âge  à  l'autre,  de  pays  à  pays.  Une  objection  plus  spécieuse  est 
tirée  des  vers  suivants  d'Eschyle:  «  Xerxès  pensait  pouvoir  retenir  par  des 
liens,  comme  un  esclave,  PHellespont  sacré  coulant,  les  flots  du  dieu  Bosphore. 
(Il  pensait)  dompter  le  détroit  et,  l'entourant  d'entraves  forgées,  ouvrir  un  large 
chemin  à  son  armée.  »  On  peut  comprendre  en  effet  que  les  entraves  forgées 
\-pjy.'.;  sçocïiXàto'.ç)  se  rapportent  métaphoriquement  à  la  chaîne  qui  assujet- 
tissait les  vaisseaux  d'uie  rive  à  l'autre,  et  que  l'impiété  de  Xerxès,  aux  yeux 
des  Grecs,  a  consisté  uniquement  à  construire  le  pont.  C'est  en  ce  sens  qu'Ho- 
race écrit  :  «  Neqjicquam  Deus  abscidit  —  Prudens  oceano  dissociabili  — 
Terras,  si  tamen  impiae  —  non  tangenda  rates  transiliunt  vada.  »  ./Eschyle 
écrivait  sans  doute  sous  une  impression  religieuse  analogue  ;  mais  le  mot  neot- 
6aXwv  ne  s'entend  guère  d'une  chaîne  tendue  et  l'envoi  des  fouetteurs  officiels 
n'a  pu  naître  des  métaphores  d'Eschyle.  Le  démenti  opposé  par  les  Mages 
semble  jouer  sur  les  mots.  Xerxès  ne  lançait  pas  ses  flèches  contre  le  soleil, 
comme  le  croyaient  les  Grecs,  cela  est  vrai;  mais  contre  les  nuages,  ennemis  du 
soleil.  Il  n'essayait  pas  d'entraver  Neptune,  comme  le  croyaient  les  Grecs, 
cela  est  vrai  encore:  mais  il  voulait  enchaîner  Kâliya,  le  serpent  mal'aisant.  // 
prêtait  assista  ce  à  Ormuid  contre  Ahrimane.  Le  système  religieux  des  Perses, 
fondé  sur  le  dualisme,  comme  celui  des  Scandinaves,  donne  une  certaine  proba- 
bilité à  cette  interprétation. 

14.  Acta  SS.  12  Mart.  Saint  Pol,  évêque  de  Léon. 


Taranis  et  Thor.  4$$ 

Saint  Pol  (Paulus)  mort  centenaire  en  $94,  était  originaire  de  Cornouailles. 
Les  légendes  de  l'inondation  abondent  dans  sa  biographie.  Disciple  du  savant  et 
pieux  Hyldut,  en  même  temps  que  Gildas  et  Samson.  il  habite  avec  eux  un  mo- 
nastère construit  sur  un  rocher.  «  Les  jeunes  gens  le  prièrent  d'obtenir  de  Dieu 
que  leur  territoire  fût  un  peu  élargi.  Le  saint  dit  cette  oraison  :  «  Dieu  dont  la 
parole  a  séparé  de  la  terre  la  masse  des  eaux,  qui  as  enserré  la  mer  dans  les 
limites  qu'il  lui  est  interdit  de  franchir,  accorde  à  nous,  tes  serviteurs,  que  ce 
flux  nuisible  de  la  mer  soit  enchaîné  dans  le  profond  abîme,  retombe  dans  son 
lit  et  n'ait  plus  l'audace  d'entrer  dans  notre  territoire  (praesta  ut  iste  nocuus 
maris  accessus  in  profonJum  constringatur  ahyssum,  suum  rebbendo  in  alveum  et 
nunquam  deinceps  nostrum  audeat  adiré  territorium.  Aussitôt  la  mer  commença 
à  se  retirer.  Les  moines  la  suivaient  pas  à  pas  jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  arrivés 
au  bord  de  l'eau  pro'onde  lad  littus  alveil.  Hyldut,  avec  son  bâton,  fit  une 
marque  sur  le  bord,  et  la  mer  ne  l'a  jamais  franchie.   » 

Le  dragon  n'est  pas  nommé,  mais  les  mots  soulignés  se  rapportent  à  lui.  Ro- 
manus  suit  aussi  pas  à  pas  la  retraite  des  eaux  de  Seine. 

A  seize  ans,  Po!  se  fait  ermite  ;  puis  il  reste  à  la  cour  du  roi  Marcus  (?). 
Appelé  en  Armorique,  il  s'arrête  chez  sa  sœur  qui  lui  dit  :  0  L'île  que  j'habite 
est  agréable,  mais  mon  domaine  est  resserré  par  ceux  de  méchants  voisins  et  par 
les  empiétements  de  i'Océan.  Obtiens  de  Dieu  par  tes  prières  que  la  mer  reste 
dans  ses  limites  et  que  mon  champ  s'étende  un  peu.  —  Prions  Dieu  ensemble, 
dit  Pol.  —  Pendant  qu'ils  priaient  la  mer  se  retira,  laissant  à  sec  une  grande 
pièce  de  terre.  Pol  alla  y  voir  avec  ses  disciples,  suivant  le  retrait  du  flot.  Quand 
le  mouvement  eut  cessé,  Pol  dit  à  3a  sœur  de  prendre  des  galets  sur  le  terrain 
conquis  et  de  les  disposer  tout  le  long  de  la  rive.  Cela  fait,  Pol  parla  à  la  mer: 
1  Les  galets  que  ;e  t'ai  imposés  seront  un  signe  entre  toi  et  moi.  Tu  ne  les  fran- 
chiras plus  pour  envahir  la  terre  qui  nous  appartient.  »  Et  cela  s'est  fait  ainsi. 
En  s'en  retournant  ils  virent  que  les  galets  étaient  devenus  de  puissantes  co- 
lonnes. La  version  populaire  de  ces  actes  manque. 

Il  semble  que  ce  récit  n'est  qu'une  variante  du  précédent.  En  Armorique,  Pol 
se  trouve  en  présence  du  dragon,  dont  le  biographe  fait  une  peinture  qui  rap- 
pelle la  Tarasque  :  «  Le  serpent  avait  120  pieds  et  plus  de  longueur;  ses 
écailles  griffues  lui  servaient  de  mains,  ses  côtes  en  se  contractant  remplaçaient 
des  jambes  ;  les  traits  rebondissaient  sur  son  dos  ;  il  mordait,  il  écrasait,  il  em- 
poisonnait de  son  haleine  ;  il  dévorait  tous  les  jours  deux  hommes  et  deux  bœufs. 
Malgré  les  prières  du  comte  Withur,  Po!  alla  contre  lui.  «  Serpens  autem  in- 
tuens  beatum  virum  sibi,  tanquam  valentiorem,  auxilio  crucis  armatum  occur- 
rere,  flexis  luminibus  contremuit,  fugaeque  subsidium  quaerenti  effectus  est  pro- 
tinus  similis.  S.  autem  Paulus  memor  Dominicae  promissionis  qua  milites  pro- 
prios  Christus  Dominus  corroborât  :  quia  calcabatis,  inquiens,  super  serpentes 
et  scorpiones  et  non  nocebunt  vos,  propius  illi  incunctanter  assistens  :  «  Quid 
hic,  infitj  maligne  hostis  machinaris  ?  etc.  »  Hic  dictis,  stola  qua  induebatur, 
collum  serpentinum  astringens.  baculumque  suum  arripiens,  via  qua  borealem 
plagam  respicit,  velut  canem  furiosum  sœpe  feriendo,  tanquam  invitum,  sequi 


454  Tarants  et  Thor. 

usque  ad  mare  serpentem  venerabilis  homo  deduxit  ;  quem  in  confinio  terrae  et 
maris  Sanctus  respiciens,  ait  :  «  Antequam  marinis  charybdibus  demergans, 
coerulea  extende  colla  et  mea  recipiam  indumenta.  Quo  recepto,  in  praecipitium 
maris  jussit  eum  abire,  etc.  » 

Un  bubale  i?)  se  plaisait  à  renverser  la  hutte  d'un  ermite  aussi  souvent  que 
l'ermite  la  reconstruisait.  Paul  vint  à  son  secours.  A  sa  vue  le  bubale  perd  sa 
férocité:  «  Pavens  et  tremens  ad  terram  prccidit  et  propius  demum  mansuetu- 
dine  accedens,  tertio  genua  flectens,  flexo  capite,  ante  pedes  illius  terrae  pros- 
ternitur,  tanquam  veniam  culpae  efflagitans.  S.  autem  vir  nil  moratus,  satisla- 
cienti  culpam  induisit,  dicens  :  «  hanc  tibi  noxam  indulgeo  :  vade  in  pace. 
Tantum  autem  cave  ne  in  his  locis  amplius  appareas.  »  A  nemine  postea  ibidem 
visus  est.  » 

\bid.,  ex  vita  S.  Joavae,  Leonn  ep.  2  Mart. 

Un  dragon  désolait  les  terres  du  seigneur  de  Fou  (Faovii  toparcha)  qui  ap- 
pela Paul  à  son  secours.  «  Paulus,  templum  egressus  draconem  voce  compellal 
et  innoxium  adesse  jubet.  Mora  nulla  :  adest  monstrum  execrabiie  ore  patulo, 
ardentibus  oculis  et  in  orbem  sese  rotantibus;  prosteinit  se  illico  ad  sacros  viri 
pedes  ;  hic  illius  collo  stolam  alligat,  scipionem  suum  terrae  infigere  nepoti  suo 
(Joavae  scilicet)  praecipit,  cui  et  draconem  aifigit,  non  renitentem,  non  dimo- 
ventem  se  loco,  sed  jam  quasi  cicurem  et  mansuetactum.  »  Ensuite  Paul  va 
trouver  le  seigneur  de  Fou,  lui  impose  une  pénitence,  revient  au  dragon. 
Comme  il  se  rendait  à  Léon,  on  l'avertit  que  la  bête  a  laissé  un  petit.  Paul  or- 
donne au  dragon  d'aller  chercher  son  petit.  Il  obéit,  amène  le  petit  aux  pieds 
du  saint  qui  conduit  tous  les  deux  dans  l'île  de  Batz,  les  y  attache  à  une  souche 
et  les  laisse  mourir  de  faim.  Les  deux  bêtes  sont  alors  jetées  dans  la  mer.   n 

La  mention  des  pierres  dans  le  second  récit  semble  indiquer  la  construction 
d'une  digue  comme  base  historique  à  la  légende.  Cette  même  mention  doit  être 
notée  aussi  à  propos  de  sainte  Marthe  et  de  saint  Véran. 

1 $.  Clément  de  Metz.  Hist.  des  évêques  d?  Metz,  dans  D.  Calmet,  Histoire  de 
Lorraine,  tome  IV,  p.  5 1 . 

«  Cum  ergo  pervenisset  BeatusClemens  Mediomatricum  civitatem,  in  cavernis, 
utferunt,  Amphitheatri,  quod  extra  eamdem  urbem  situmest,  hospiiium  habuit, 
in  quoetiam  loco  oratorium  construxit,  altare  in  eo  statuit,  ac  B.  Pétri  apostoli 
praeceptoris  sui  nomine  consecravit. 

Asseverant  qui  ejusdem  loci  cognitionem  habent,  quod  in  amphitheatro  ubi 
primitus  adveniens  habitavit  usque  ad  praeser.tem  diem  nec  serpens  consistere 
queat,  sed  et  omnino  noxiae  pestes  illum  locum  refugiunt.  Fcrunt  namque  anti- 
quiores  nobis  a  senioribus  priscis  cultui  sanctae  religionis  admodum  deditis,  ve- 
racissimo  per  varios  temporum  successus  relatu  vulgatum,  hujus  Simi  Praesulis 
atque  apostolici  viri  tam  ingens  quod  occuli  non  decet  miraculum.  Eo  namque 
temporis  articulo  quo  isdem  venerabilis  Pontifex  ad  praefatamdevenerat  urbem, 
maxima  ejusdem  pagi  clades  devastabat  plebem.  Amphitheatrum  quippe  jam  su- 
perius  dictum,  tanta  erat  serpentium  multitudine  plénum  ut  non  solum  venire 
quisquam  sed  nec  appropinquare  ad  eundem  auderet  locum.  Nam  ex  eorum  fia- 


Taranis  et  Thor.  45  $ 

tibus  veneniteris  mortalitas  efferbuerat,  non  modo  hominum,  verum  etiam  equo- 
rum,  boum...  nimis  crudelis. 

Jam  vero  beatissimo  Clémente  moenia  ipsius  propinquante  urbis,  eadem  ita  se 
dilataverat  pestis  ut  nullus  adeundi  eam  atque  redeundi  cursus  fieret  cuiquam 
salubris.  —  Qui  ubi  eorum  vidit  miseriam  statim  non  distulit  conferre  medi- 
cinam  —  Posteaquam  se  suosque  sacro  munivit  libamine,  antiqui  hostis  non  est 
veritus  certamina  adiré;  sed,  spe  una  commissa  coeli  terraeque  Domino,  ca- 
vernas  adiit  Theatri  intrépide,  pugnaturus  cum  antiquo  serpente,  videlicet  dia- 
bolo. Ut  autem  sonitum  pedum  senserunt  appropinquantium  serpentes,  mox  ex 
cavernis  caeperunt  prodire,  certatim  cupientes  devorare  hominem  Dei.  Il'e  vero, 
tacto  signo  crucis,  eminus  ad  eos  properare  intrepidus,  cujus  dum  virtuti  resis- 
tere  non  valerent  amplius,  tumentia  colla  protinus  deposuerunt.  Vir  autem  Dei, 
sicut  refert  antiquitas,  stolam  quam  gerebat  in  collo  deposuit,  maximum  eorum, 
ea  cuncto  spectante  popu'o  alligavit,  atque  usque  ad  fluvium  Saliae  qui  juxta 
decurrit,  vinctum  manibus  duxit,  eumque  ibi  solvens  dixit  :  1  In  nomine  Smae 
et  individuae  Trinitatis...  praecipio  tibi  ut  nul i i  hominum  ac  bestiarum  nocens, 
hoc  flumen  ocius  cum  omni  cohaerenti  tibi  pestilera  multitudine  pertranseas, 
atque  eas  partes  adeas,  quo  nullus  habitationis  usus  haberi  valeat.  V'ix  ergo 
Smus  sacerdos  verba  compleverat,  et  ecce  serpens  immanissimus  cum  ceteris 
omnibus  coepit  festinus  abire,  atque  post  illum  diem  ita  praefatus  ab  omni  im- 
munditia  serpentium  mundatus  est  locus.  ■ 

3.  Beatus,  de  Vendôme,  Acta.  9  mai. 

a  Videns  speluncam  in  lapide  cavato,  remotam  ab  omni  lucis  consortio,  sil 
varumque  densitate  contectam,  gaudebat  nimis  super  ipsam  Beatus.  Tradunt 
autem  ei  hoc  de  eodem  loco  commanentes  haud  procu!  ab  inde  homines,  ser- 
pentem  ibi  mirae  magnitudinis  aliquando  habitaculum  illud  possedisse,  qui  in 
eadem  regione  magnum  excidium  tam  in  hominibus  quam  in  jumentis  fertur  per- 
patrasse.  Quem  vir  Domini,  divmo  fretus  auxilio,  cum  exterminasset,  atque  lo- 
cum  illum  a  sordibus  illias  ac  fœtoribus  emundasset,  quasi  in  ergastulo  sese 
retrusit  in  antro,  etc.  » 

Tel  est  le  fonds  de  la  légende  de  saint  Bienheure,  que  les  éditeurs  des  Acta 
commentant  ainsi  :  «  Chez  Agricola  il  est  dit  que  Beatus  avait  navigué 
sur  un  lac  jusqu'au  pied  d'une  montagne.  Aux  détails  très  sobres  que  renferment 
les  Actes  anciens  sur  le  grand  serpent  ou  dragon,  il  en  ajoute  d'autres  très 
étendus,  notamment  sur  les  ailes  du  serpent  qui  sont  figurées  sur  un  tableau  de 
Murer.  Nous  avons  montré  ailleurs  que  le  dragon  n'est  pas  autre  chose  qu'un 
symbole  de  l'idolâtrie  ou  du  démon  vaincu.  »  Le  passage  auquel  font  allusion 
les  éditeurs  se  trouve  au  commentaire  de  la  vie  de  Venérius,  ermite  de  Porto  Vé- 
nère, peu  historique  :  *  Toute  cette  histoire  de  dragon,  où  tant  d'invraisem- 
blances sont  réunies,  doit  être  absolument  suspecte.  Sérieusement,  je  crains  que 
le  dragon  de  Venérius  ait  été  copié  sur  celui  dont  parle  Paul  Diacre,  dans  la  vie 
du  pape  saint  Grégoire,  qui  était  long  et  large  comme  une  grosse  poutre.  »  La 
vie  de  Syrus,  évêque  de  Gênes,  dont  le  nom  manque  aux  anciens  martyrologes, 
est  aussi  accompagné  d'un  commentaire  :  «  Je  me  trompe  bien,  dit  l'éditeur,  si 


4$6  Tarants  et  Thor. 

ce  miracle  ne  doit  être  rangé  parmi  ceux  que  la  peinture  et  non  l'histoire  nous 
a  transmis.  Quand  on  a  voulu  exprimer  que  saint  Jean  PEvangéliste,  par 
exemple,  avait  bu  sans  dommage  une  coupe  empoisonnée,  on  l'a  peint  faisant  le 
signe  de  croix  sur  le  calice,  d'où  sort  le  serpent.  Il  en  est  ainsi  de  l'acte  de 
Syrus.  Il  sortait  d'un  puits  une  eau  empoisonnée  que  le  saint  exorcisa  après 
l'avoir  tirée  avec  une  écuelle,  et  fit  jeter  dans  la  mer,  comme  s'il  eût  jeté  à  la 
mer  le  démon,  auteur  de  la  malignité.  Plus  tard  on  a  pris  les  choses  à  la  lettre.  » 

16.  Hilarius,  Ep.  Pict.  Acta,  13  Janv.  (auctore  Fortunato). 

«  Cum  circa  Galliarum  (gallinariam  M.  S.)  insulam  propinquaret  (Hilarius), 
relatione  agnovit  vicinorum  ibidem  ingentia  serpentium  volumina  sine  numéro 
pervagare,  et  ob  hoc,  quamvis  illis  haec  insula  videretur  vicina,  propter  inac- 
cessibilpm  tamen  locum  longius  illis  videbatur  esse  quam  Africa.  Quo  audito, 
vir  Dei  sentiens  sibi  de  bestiali  pugna  venire  victoriain,  in  nomine  Domini, 
praecedente  crucis  auxilio,  descendit  in  insulam,  eoque  viso,  serpentes  in  fugam 
conversi  sunt,  non  tolérantes  ejus  aspectum.  Tune  baculum  figens  in  terram 
quasi  metam,  quousque  deberent  excuirere,  virtutis  potentia  designavit  :  nec 
amplius  libertas  est  illis  orcupare  quod  vetuit.  » 

C'est  sur  cet  acte  que  les  Poitevins  ont  construit  la  légende  de  la  Grand  - 
Gueule  et  de  la  Sainte-Vermine,  donnant  à  tort  les  deux  noms  à  un  même 
monstre  lorsqu'ils  expriment  deux  monstres  distincts.  La  sainte  vermine  (sainte 
dans  le  sens  de  detestanda  ;  detestandum  ve  minum  genus,  la  sacrée  vermine)  ne  peut 
que  représenter  en  effet  les  serpents  qui  grouillent,  comme  dans  les  légendes  de 
Marthe,  deClément,  etc.  ;  et  la  Grand'-Gueule  convient  spécialement  au  dragon, 
dont  les  serpents  sont  les  sujets.  Cette  rectification  n'est  pas  sans  valeur,  puis- 
qu'elle offre  un  exemple  de  plus  de  la  formation  indépendante  des  récits  popu- 
laires à  côté  des  textes  écrits.  Mais  le  principal  intérêt  de  l'acte  est  dans  la  der- 
nière phrase.  Le  saint  fiche  son  bâton  en  terre  comme  une  borne  où  devaient 
s'arrêter  les  courses  des  serpents,  lisez  des  flots.  Saint  Pol  fait  placer  des  galets 
à  l'extrémité  du  terrain  conquis,  puis  il  dit  à  la  mer  :  «  Les  galets  que  je  t'ai 
impesés  seront  un  signe  entre  toi  et  moi.  Tu  ne  les  franchiras  plus  pour  envahir 
notre  terre.  »  Qu'on  se  rappelle  aussi  Veranus  construisant  le  quai  deVaucluse, 
et  on  aura  le  fait  historique  dont  les  biographies  de  Paul  et  d'Hilaire  donnent 
les  formules  légendaires.  La  digue  est  construite  et  bénie  par  l'évêque,  le  fleuve 
ne  sortira  plus  de  son  lit. 


TARANIS. 


A  PROPOS  DES  MARTEAUX   D'URIAGE. 

En  : 878,  pendant  une  saison  aux  eaux  d'Urbge,  près  Grenoble,  je  remarquai 
dans  le  petit  musée  du  château  d  Uriage  quelques  marteaux  en  plomb  qui  avaient 
été  trouvés  dans  les  travaux  de  captage  de  la  source  avec  divers  objets  gallo- 
romains.  Le  médecin  inspecteur  de  la  station  thermale,  M.  le  docteur  Doyon, 
voyant  l'intérêt  que  je  prenais  à  ces  petits  objets  qui  étaient  pour  moi  l'occasion 
d'une  théorie  mythologique,  me  pria  de  lui  rédiger  mes  observations  pour  les 
insérer  dans  la  nouvelle  édition  qu'il  préparait  de  son  livre  sur  les  Eauxd'Uriage. 
J'adressai  cette  note  à  M.  Doyon  au  printemps  de  1879,  note  fort  résumée, 
parce  que  je  ne  pouvais  y  développer  mes  idées  et  parce  que  je  me  proposais  de 
publier  une  étude  spéciale  sur  le  Dieu  Gaulois  au  marteau.  Depuis,  je  n'ai  pas 
eu  le  loisir  de  l'écrire.  En  attendant,  et  pour  prendre  date,  je  me  permets  de 
publier  cette  note,  malgré  son  caractère  succinct,  puisque  la  question  de  Taranis 
est  de  nouveau  introduite  dans  la  Revue  Celtique  par  M.  Cerquand.  La  nouvelle 
édition  du  livre  du  docteur  Doyon  n'a  paru  qu'en  1884',  mais  ma  note  était 
écrite  et  remise  entre  ses  mains  au  printemps  de  1879.  H.  G. 

Ces  marteaux  ou  ces  haches  en  plomb  ;car  on  peut  y  voir  l'un  et 
l'autre),  offerts  en  ex-voto  au  génie  de  la  source  d'Uriage,  sont  des  mo- 
numents d'autant  plus  curieux  qu'on  n'en  a  pas  encore  découvert  ou  du 
moins  signalé  ailleurs2.  Ils  se  rattachent  évidemment  aux  pratiques  tra- 
ditionnelles dont  les  haches  en  silex  étaient  l'objet,  et,  représentant  les 
mêmes  symboles,  ils  avaient  le  même  sens.  Ce  que  le  paysan  contem- 
porain appelle  la  «  pierre  de  foudre  ou  pierre  de  tonnerre  »  en  France, 
et  nomme  de  termes  correspondants  non  seulement  dans  toute  l'Europe, 
mais  en  Asie  Mineure,  dans  l'Inde,  etc.,  c'est  la  hache  en  silex  qui,  chez 
les  Romains,  était  employée  traditionnellement  dans  certains  rites  et  sur 
laquelle  on  prêtait  les  serments  les  plus  sacrés,  per  Jovem  silicem  jurare. 

Le  caractère  sacré  de  ces  haches  en  silex  vient  de  ce  qu'on  regardait 
primitivement  la  foudre  comme  une  arme,  comme  un  trait  lancé  par  un 

1.  Uriage  et  ses  eaux  minérales,  par  le  docteur  A.  Doyon,  deuxième  édition.  Paris, 
Masson,  1884,  un  vol.  in- 12. 

2.  [Depuis  que  ces  lignes  ont  été  écrites,  on  en  a  découvert  ailleurs.] 


4j8  Taranis. 

être  doué  de  puissance  surnaturelle,  et  de  ce  qu'on  l'assimilait  au  trait 
le  plus  en  usage  aux  premiers  temps  de  l'humanité,  à  la  hache  en  pierre. 
De  là  à  croire,  dans  bien  des  cas,  que  de  semblables  armes  tombaient 
réellement  du  ciel,  il  n'y  a  qu'un  pas,  et  aujourd'hui  même,  dans  plus 
d'une  partie  de  la  France,  le  paysan  assure  que  ces  haches  en  silex  qu'il 
appelle  pierres  de  tonnerre  sont  réellement  tombées  du  ciel  avec  le  ton- 
nerre !  Par  suite  on  les  regarde  comme  ayant  des  propriétés  merveil- 
leuses, on  les  porte  comme  talisman  ou  amulette  ;  on  les  garde  dans  les 
étables  pour  les  préserver  du  tonnerre  ;  dans  la  Cornouaille  anglaise,  on 
croit  que  l'eau  dans  laquelle  on  les  a  fait  bouillir  guérit  du  rhuma- 
tisme, etc  '.  C'est  par  la  même  conception  d'idées  que  les  fragments  de 
fer  météorique,  c'est-à-dire  provenant  d'aérolithes,  se  rencontrent  fré- 
quemment comme  amulettes  précieusement  transmises  dans  les  familles 
de  génération  en  génération. 

Les  Gaulois  avaient  les  mêmes  croyances.  Nous  le  savons  indirec- 
tement par  la  tradition  vivante  encore  dans  nos  campagnes,  qui  ne  peut 
avoir  d'autre  source,  et  par  les  représentations  figurées  de  quelques  mo- 
numents gallo-romains.  On  a  trouvé  des  haches  d'un  type  analogue  aux 
haches  en  silex  et  à  nos  marteaux  d'Uriage  figurées  sur  des  autels  Sil- 
vano  Deo  du  sud-est  de  la  Gaule,  et  dans  la  même  région  on  trouve  fré- 
quemment des  statuettes  représentant  un  Dieu  barbu,  à  la  tête  olym- 
pienne, appuyé  sur  une  longue  tige  terminée  par  un  marteau.  Le  même 
dieu,  dans  une  statuette  trouvée  à  Vienne  (Isère)  en  1866,  est  repré- 
senté d'une  façon  plus  pittoresque  encore  :  derrière  sa  tête  figure  un 
marteau  auquel,  par  de  légères  tiges,  se  rattachent  d'autres  marteaux 
plus  petits.  C'est  le  symbole  de  la  foudre,  se  divisant  et  se  multipliant 
en  quelque  sorte  par  ses  éclats.  Ce  symbolisme  n'est  pas  particulier  à  la 
Gaule,  car  le  dieu  germanique  Thôrr,  Dieu  du  tonnerre,  a  aussi  le  mar- 
teau pour  arme,  c'est-à-dire  pour  emblème. 

Dans  l'état  peu  avancé  où  est  encore  la  mythologie  gauloise,  on  ne 
saurait  donner  un  nom  précis  à  ce  dieu,  d'autant  que  les  monuments  où 
il  figure  ne  sont  pas  accompagnés  d'inscriptions.  M.  Anatole  de  Barthé- 
lémy, qui  a  étudié  tout  particulièrement  cette  classe  de  monuments,  a 
voulu  y  voir  d'abord  le  Dieu  de  la  nuit,  que  César  assimilait  au  Dis  Pater 
ou  Fluton  des  Romains  ;  plus  tard  il  y  a  vu  le  Dieu  nommé  Taranis  par 
les  écrivains  latins,  et  comme  le  nom  de  ce  dieu  est  dérivé  du  nom  cel- 
tique du  tonnerre  [toron),  l'assimilation  est  des  plus  vraisemblables. 

Ce  dieu  était-il  le  patron  des  eaux  d'Uriage  ?  Cela  est  tout  à  fait  pos- 

1.  Voir  notre  note,  Revue  Celtique,  t.  I,  p.  5. 


Tarants.  459 

sible,  vu  le  nombre  des  haches-marteaux  offerts  en  ex-voto  ;  mais  en  l'ab- 
sence de  monuments  épigraphiques  inscriptions  ,  il  est  difficile  de  l'af- 
firmer. Les  sources  thermales  delà  Gaule,  déjà  exploitées  par  les  Gaulois 
avant  la  conquête  romaine,  étaient  toutes  regardées  comme  sacrées  et 
placées  sous  l'invocation  d'un  dieu  ou  d'un  génie.  Quelquefois  le  nom  de 
ce  génie  se  confond  avec  celui  de  la  localité,  comme  à  Luxeuil,  où  l'on 
trouve  des  dédicaces  Luxovio  Deo;  le  plus  souvent  les  sources  sont  dé- 
diées à  Apollon,  dont  le  nom  est  accompagné  d'une  épithète  indigène,  ou 
à  des  divinités  indigènes  féminines,  Damona  et  Sirona,  qui  paraissent 
tantôt  seules,  tantôt  à  côté  d'Apollon,  et  qui  sont  des  sortes  d'Hygies 
gauloises.  La  divinité  que  les  Gallo-Romains  ont  appelée  du  nom  étranger 
d'Apollon  semble  avoir  correspondu  à  la  fois  à  Apollon  et  à  Esculape. 
Une  des  épithètes  gauloises  les  plus  fréquentes  de  ce  Dieu,  dans  les  ins- 
criptions, était  le  nom  de  Borvo  ou  Bormo,  et  on  a  trouvé  des  inscriptions 
Apollini  Borvoni  dans  trois  stations  thermales  qui  ont  gardé  le  nom  de  ce 
dieu,  Bourbonne-les-Bains,  Bourbonne-l'Archambault  et  Bourbon- 
Lancy.  Peut-être  de  nouvelles  fouilles  amèneront-elles  à  Uriage  la  dé- 
couverte d'inscriptions  votives,  de  même  qu'on  y  a  trouvé  déjà  de  nom- 
breux ex-voto.  On  saurait  alors  à  quel  nom  rattacher  cet  hommage  de 
naive  reconnaissance  au  génie  de  ces  eaux  salutaires  ;  mais  la  présence 
seule  des  haches-marteaux,  comme  ex-voto,  suffit  à  montrer  qu'on  attri- 
buait ces  bienfaits  à  un  Dieu  qui  régnait  dans  l'Empyrée. 

Cette  assimilation  n'est  pas  sans  raison  d'être  pour  des  eaux  sulfu- 
reuses. N'est-ce  pas  une  remarque  de  tous  les  jours  que  la  traînée  de  la 
foudre  laisse  derrière  elle  une  odeur  de  soufre  ?  L'homme  a  toujours 
cherché  les  rapports  et  les  causes  en  se  les  expliquant  suivant  l'état  de 
ses  connaissances  ou  mieux  de  son  ignorance.  Ici  l'assimilation  était  toute 
naturelle,  aussi  naturelle  pour  les  esprits  d'une  époque  antérieure  aux 
découvertes  de  la  science,  que  les  rapports  que  l'on  cherche  aujourd'hui 
à  établir  entre  l'électricité  de  l'atmosphère  et  celle  des  eaux  thermales. 
Ceci  vient  de  cela  est  le  fond  de  tous  les  raisonnements  humains,  jusque 
dans  l'erreur. 

H.  Gaidoz. 


L'ÉMIGRATION  BRETONNE  EN  ARMORIQUE 


Tous  les  systèmes  présentés  jusqu'à  présent  sur  l'établissement  des 
Bretons  insulaires  en  Armorique  peuvent  se  réduire  à  trois  : 

i°  Le  système  légendaire,  ultra  breton,  de  Nennius  et  de  Geoffroi  de 
Monmouth  :  conquête  violente,  en  2.83,  de  la  péninsule  armoricaine  par 
les  Bretons  du  tyran  Maxime,  destruction  des  indigènes,  transformation 
instantanée  du  pays  en  royaume  de  Petite-Bretagne  sous  le  sceptre  de 
Conan  Mériadec  et  de  sa  glorieuse  dynastie. 

20  Le  système  critique  breton  :  établissement  en  Armorique  de  bandes 
bretonnes  émigrées,  chassées  de  l'ilede  Bretagne  par  l'invasion  saxonne; 
émigration  dont  le  point  de  départ  est  fixé  par  les  premières  victoires 
des  Anglo-Saxons  vers  45$  ;  qui  s'opère  successivement,  sans  concert 
préalable  entre  les  fugitifs,  mais  qui  se  prolonge  longtemps  de  façon  à 
remplir  de  Bretons  toute  la  partie  de  la  péninsule  placée  à  l'ouest  d'une 
ligne  allant  de  l'embouchure  du  Couësnon  à  la  ville  de  Vannes. 

3"  Le  système  anti-breton  :  diminuant  autant  que  possible  l'impor- 
tance de  l'émigration  bretonne  en  Armorique,  la  retardant  jusqu'au 
vr'  siècle,  la  réduisant  à  un  groupe  insignifiant  noyé  dans  la  population 
indigène  gallo-romaine  ,  incapable  dès  lors  d'imprimer  à  la  péninsule  le 
caractère  breton  et  de  l'empêcher  de  subir,  comme  le  reste  de  la  Gaule, 
le  joug  des  Franks  :  le  tout,  sauf  à  expliquer  fantastiquement  ou  à  ne  pas 
expliquer  du  tout  la  substitution  du  nom  de  Bretagne  à  celui  d'Armo- 
rique. 

Du  XIe  jusqu'au  xvne  siècle,  le  système  légendaire  régna  sans  partage. 
Lobineau  y  substitua  le  système  critique  11707'.  Mais  —  pour  conserver 
aux  Rohan-Guémené  leurs  privilèges  de  cour  et  leur  qualité  de  princes 
étrangers  —  Dom  Morice,  s'étayant  de  la  fausse  critique  de  Gallet,  releva 
en  1 7  s  0  le  trône  de  Conan  Mériadec,  qui  sut  s'y  maintenir  encore 
pendant  un  siècle,  malgré  une  vive  attaque  de  M.  Varin  en  1841  ,  vi- 
vement repoussée  par  M.  de  Courson. 

1.  L'Emigration  bretonne  en  Armorique  du  x*  au  vne  siècle  de  notre  ère,  par  J.  Loth, 
professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Rennes.  Paris,  Alphonse  Picard,  82,  rue  Bonaparte. 
1  vol.  in-8. 


L'Emigration  bretonne  en  Armorique.  461 

C'est  contre  cet  antique  Conan  que  je  me  permis  de  faire  mes  pre- 
mières armes.  J'attaquai  de  front  sa  légende  [Biographie  bretonne,  1852, 
t.  I,  art.  Conan  Mériadec  ;  et  malgré  une  protestation  de  feu  M.  Lejean 
18$  5  qui  m'obligea  de  revenir  à  la  charge,  le  trône  de  Conan,  la  con- 
quête de  585,  le  royaume  de  la  Petite-Bretagne,  la  dynastie  conanienne, 
si  péniblement  extraite  par  Gallet  des  fables  de  Geoffroi,  —  tout  croula 
du  même  coup,  et  tout  est  resté  par  terre,  définitivement  abandonné. 

Le  système  critique,  inauguré  par  D.  Lobineau,  que  je  m'efforçai  de 
remettre  en  lumière,  avec  des  développements  et  des  arguments  nou- 
veaux Annuaire  historique  de  Bretagne  de  1861  et  1862  ,  prévalut  géné- 
ralement dans  les  esprits. 

Toutefois,  le  système  anti-breton  trouva  aussi  des  adeptes.  Il  avait  été 
inauguré  en  1720  par  l'abbé  de  Vertot  ^Histoire  critique  de  l'établissement 
des  Bre'.ons  en  Gaule\  dans  l'intérêt  d'une  thèse  politique  ;  l'archéologie 
le  ressuscita.  Quelques  antiquaires  en  quête  de  ruines  romaines  s'absor- 
bèrent si  bien  dans  la  contemplation  de  ces  vénérables  débris  qu'ils  ne 
trouvèrent  plus  en  Bretagne  place  pour  rien  autre  chose,  même  pas  pour 
les  Bretons.  Exclure  de  la  Bretagne  l'élément  breton,  lui  dénier  toute 
importance  dans  l'histoire  de  cette  contrée,  cette  idée  est  si  bizarre  qu'on 
a  peine  à  la  prendre  au  sérieux. 

II. 

M.  Loth  ne  prétend  pas  inaugurer  un  système  nouveau,  il  adopte 
franchement  le  système  breton,  le  système  de  Lobineau  —  que  je  m'ho- 
nore d'avoir  remis  en  honneur;  —  mais,  en  étudiant  avec  une  méthode 
exacte,  une  attention  pénétrante,  la  situation  de  l'Armorique  et  ceile  de 
Pile  de  Bretagne  à  l'époque  des  émigrations  bretonnes,  il  jette  sur  ce 
fait  de  nouvelles  lumières,  fortifie  par  de  nouveaux  arguments  la  thèse 
de  Lobineau  et  imprime  à  son  étude  le  caractère  d'un  travail  original. 

L'argument  tiré  par  lui  de  la  linguistique  a  une  importance  particu- 
lière, d'autant  que  nul  ne  pouvait  le  présenter  avec  plus  de  compétence. 
Au  xr,  au  xif  sièc'e  —  M .  Loth  le  constate  par  des  témoignages  irré- 
cusables —  «  le  breton  armoricain  n'était  pas  seulement  très  rapproché 
«  du  breton  insulaire  ou  breton  gallois  ;  il  lui  était  identique  »  p.  92  . 
Cependant,  dès  le  i"r  siècle,  entre  la  langue  des  indigènes  armoricains, 
c'est-à-dire  le  gaulois,  et  celle  des  Bretons  de  Pile,  on  constatait  des  dif- 
férences sensibles  p.  86  .  Si  donc  le  breton  armoricain  s'était  formé  par 
la  fusion  du  gaulois  avec  la  langue  de  Pile  de  Bretagne  apportée  aux  vc- 
vie  siècles  par  les  émigrés,  on  y  retrouverait,  auxie,  notablement  accrues 


462  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

ces  différences  déjà  sensibles  au  Ier  entre  les  deux  idiomes  :  au  xi°  siècle, 
le  breton  armoricain  et  le  breton  gallois  seraient  deux  langues  distinctes. 
Au  contraire,  c'est  une  même  langue;  c'est  la  langue  des  émigrés  venus 
de  la  Grande-Bretagne  aux  v"  et  vic  siècles  ;  c'est  elle  qui  a  évincé, 
supprimé  la  langue  des  indigènes  armoricains,  —  soit  que  cette  langue 
des  indigènes  fût  le  gaulois,  soit  qu'elle  fût  le  latin  rustique.  Mais  pour 
opérer  un  tel  changement,  il  faut  autre  chose  qu'un  groupe  insignifiant 
d'insulaires,  versé  dans  la  masse  armoricaine,  comme  le  veut  le  système 
anti-breton  ;  il  faut  autre  chose  qu'une  conquête  :  ni  les  Franks  deClovis. 
ni  les  Normands  de  Guillaume  ne  purent  imposer  leur  langue  ni  à  la 
Gaule  ni  à  l'Angleterre.  Pour  annihiler  l'idiome  d'un  payset  le  remplacer 
de  toutes  pièces  par  un  autre,  il  faut  dans  ce  pays  la  survenance,  l'éta- 
blissement d'une  population  nouvelle,  capable,  par  sa  supériorité  numé- 
rique, de  fondre  en  elle-même  la  race  indigène,  comme  elle  absorbe  sa 
langue.  Cet  argument,  qui  n'avait  jamais  été  présenté  avec  autant  de 
force  et  de  précision,  suffirait  à  démolir  la  thèse  du  système  anti-breton. 

Aussi  M.  Loth  n'hésite  pas  à  proclamer  1  importance  de  la  révolution 
accomplie  par  les  émigrations  bretonnes  dans  la  péninsule  armoricaine  : 
«  Au  milieu  du  vi"  siècle,  dit-il,  nom,  langue,  moeurs,  tout  est  changé. 
"  Ce  n'est  pas  une  infiltration,  c'est  une  inondation  »  (p.  95  . 

Quelques  critiques  ont  conclu  de  laque,  selon  M.  Loth,  l'établissement 
des  Bretons  en  Armorique  et  les  changements  si  profonds  qu'il  a  en- 
traînés, c'est-à-dire  la  suppression  du  nom,  de  la  langue,  des  mœurs,  des 
institutions  et  circonscriptions  territoriales  de  l'époque  armorico-romaine, 
que  toute  cette  révolution  se  serait  accomplie  d'un  coup,  en  bloc,  tout 
au  plus  en  quelques  années,  comme  un  véritable  déménagement  qui,  au 
jour  du  terme,  fait  disparaître  le  mobilier  de  l'ancien  locataire  pour  ins- 
taller celui  du  nouveau.  Ce  serait  là  une  médiocre  contrefaçon  de  la 
légende  de  Conan  Mériadec.  M.  Loth  en  est  innocent.  Au  §  rr  de  son 
chapitre  IV,  il  indique  la  durée  des  émigntions  bretonnes  en  Armorique  : 
il  en  voit  avec  raison  quoi  qu'on  en  ait  ditl  le  début  marqué  par  la  pré- 
sence de  Mansuetus  episcopus  Pritannorum  au  concile  de  Tours  en  461 
et  par  les  Bretons  de  la  Loire  de  Sidoine  Apollinaire  vers  468  (p.  1  $  3- 
155.  Plus  loin  p.  1  $8;  il  ajoute  que,  pour  les  Comavii  et  les  Domnonii 
insulaires,  «  le  fort  de  l'émigration  a  dû  être  entre  les  années  509  et 
«  $77  »,  que  «  l'émigration  a  dû  même  se  prolonger  jusqu'au  commen- 
«  cernent  du  vne  siècle.  »  Depuis  461  cela  fait  un  siècle  et  demi,  pen- 
dant lequel  les  émigrations  se  sont  succédé,  plus  ou  moins  nombreuses, 
plus  ou  moins  pressées,  selon  ce  qui  se  passait  dans  l'île,  s'accumulant 
peu  à  peu  en  Armorique,  absorbant  peu  à  peu  la  race  indigène,  de  façon 


L'Emigration  bretonne  en  Armorique.  463 

à  former,  vers  le  commencement  du  vu"  siècle,  une  inondation  qui  cou- 
vrait tout,  mais  qui  ne  s'était  point,  on  le  voit,  accomplie  d'un  coup. 

III. 

M.  Loth,  il  est  vrai,  a  donné  un  peu  lieu  à  cette  interprétation  erronée 
de  son  opinion  en  attribuant  à  la  violence,  même  à  la  conquête  le  mot 
y  est),  une  place  trop  grande  dans  le  mode  d'établissement  des  Bretons 
insulaires  sur  le  sol  armoricain.  Ce  n'est  pas  le  seul  point,  mais  c'est  le 
seul  important  sur  lequel  je  me  trouve  en  dissidence  avec  lui. 

Il  serait  puéril  de  soutenir  que,  dans  l'établissement  successif  des  nom- 
breuses bandes  venues  de  la  Grande-Bretagne  en  Armorique  aux  V  et 
VIe  siècles,  il  n'y  eut  entre  les  indigènes  et  les  nouveaux  venus  aucun 
fait  de  violence.  Toutefois,  au  moment  des  émigrations  bretonnes  — 
nous  l'avons  prouvé  ailleurs  '  —  il  y  avait  dans  la  péninsule  armoricaine 
assez  de  terres  inoccupées  pour  loger  les  émigrés  sans  troubler  les  indi- 
gènes. Plus  tard,  quand  les  émigrations  en  se  renouvelant  eurent  comblé 
la  plupart  des  vides  ;  quand  les  bonnes  places  devinrent  rares  et  que  les 
rangs  se  pressèrent,  alors  sans  doute  il  put,  il  dut  y  avoir  çà  et  là  quel- 
ques conflits  entre  les  colons  venus  de  l'île  et  les  anciens  habitants. 
Mais  ces  conflits  durent  être  rares,  purement  locaux  et  accidentels,  sans 
portée  générale  :  à  ce  moment  la  supériorité  de  l'élément  breton  était 
déjà  assez  prononcée  pour  rendre  une  lutte  impossible  ;  les  deux  races 
se  connaissaient,  leur  fusion  avait  déjà  commencé  ;  enfin  —  ce  qui  est 
décisif  —  dans  les  anciens  documents  de  notre  histoire,  même  dans  les 
traditions  un  peu  sérieuses,  on  ne  trouve  pas  un  fait  de  ce  genre.  Im- 
possible donc,  en  bonne  critique,  d'attribuer  à  la  violence,  dans  la  colo- 
nisation bretonne  de  l'Armorique,  un  rôle  important  et  d'y  voir  à  un 
degré  quelconque  le  résultat  d'une  conquête. 

Voyons  maintenant  les  arguments  opposés  de  M.  Loth,  —  après  avoir 
toutefois  posé  nettement  la  question,  qui  est  de  savoir  s'il  y  eut  lutte, 
non  entre  les  Bretons,  établis  dans  la  partie  occidentale  de  la  péninsule 
armoricaine,  et  les  Callo  Romains  de  Rennes,  de  Nantes  et  du  Vannetais 
oriental,  soumis  aux  Franks,  mais  entre  les  émigrés  bretons  et  les  an- 
ciens habitants  du  pays  où  ils  s'établirent,  c'est-à-dire  de  la  partie  de 
l'Armorique  située  à  l'ouest  d'une  ligne  allant  de  la  ville  de  Vannes  à 
l'embouchure  du  Coësnon. 


1.   Voir  notre  Précis  dis  origines  bretonnes,  dans  V Annuaire  historique  de  Bretagne  de 
18(1  et  de  1862. 


464  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

M.  Loth  allègue  d'abord  les  textes  de  Grégoire  de  Tours  relatifs  aux 
guerres  de  W'aroch  contre  les  Francs  et  contre  les  Gallo-Romains  de 
Nantes  et  de  Rennes  :  nous  venons  de  dire  pourquoi  ces  textes  sont  tout  à 
fait  hors  de  la  question.  Mais  on  insiste  p.  181)  Ecoutez,  dit-on.  l'évêque 
de  Vannes  «  Regalis,  entouré  de  son  clergé  et  des  habitants  de  la  cité, 
«  s'adressant  à  Ebracaire,  l'un  des  généraux  du  roi  Gontran  envoyés 
«  pour  soumettre  Waroch  :  «  Nous  ne  sommes  nullement  coupables  en- 
ce  vers  nos  seigneurs  les  rois  mérovingiens1!  ;  jamais  nous  n'avons  eu 
«  l'audace  de  porter  atteinte  à  leurs  droits  ;  mais  tenus  en  captivité  par 
«  les  Bretons,  nous  sommes  soumis  à  un  joug  pesant  »  'Greg.  Turon, 
Hist.}  X,  24).  Vannes,  à  cette  époque  1 5 9 0 ' ,  ne  faisait  point  partie  du 
territoire  occupé  régulièrement  et  à  demeure  par  les  Bretons.  Waroch 
lui-même  reconnaissait  cette  ville  pour  être  aux  Franks  (Greg.  Turon. 
Hist.,  V,  27  .  Mais  comme  elle  touchait  immédiatement  la  frontière  des 
Bretons,  ceux-ci  l'envahissaient  fréquemment  pour  la  piller,  surtout  pour 
vider  les  coffres  contenant  le  tribut  dû  au  fisc  mérovingien.  L'évêque 
tient  à  se  disculper,  lui  et  les  siens,  à  cet  égard  ;  en  quoi  il  a  d'autant 
plus  raison  que,  quelques  années  auparavant,  le  roi  Chilpéric  avait 
châtié  son  prédécesseur  Eunius,  suspect  de  sympathie  pour  Waroch 
(Greg.  Tur.,  Hist.,  V,  27).  Tel  est  le  sens  des  paroles  de  Regalis  ;  nous 
ne  voyons  pas  comment  cela  peut  prouver  que  les  Bretons  eussent  eu  be- 
soin de  violence  et  de  conquête  pour  s'établir  dans  les  territoires  pos- 
sédés par  eux  à  l'ouest  et  au  nord  de  Vannes.  Au  contraire,  leurs  inva- 
sions sur  l'empire  des  Franks  prouvent  bien  que  chez  eux  ils  vivaient  en 
paix,  qu'ils  en  sortaient  quand  bon  leur  semblait,  en  toute  sécurité,  sans 
craindre  de  laisser  le  champ  libre  à  des  ennemis  domestiques  :  ce  qui 
implique,  entre  eux  et  les  indigènes,  absence  de  lutte. 

Un  autre  fait  invoqué  par  M.  Loth  p.  182)  à  l'appui  de  son  opinion, 
c'est  l'histoire  de  deux  guerriers  bretons,  Risweten  et  Tredoc,  qui,  au 
cours  d'une  campagne  contre  les  Franks  sous  les  ordres  du  roi  Erispoë 
851  ou  852),  embusqués  dans  un  village  dit  Jencglina,  près  d'une  église 
dédiée  à  S.  Pierre,  s'y  voyant  surpris  par  une  troupe  franke,  se  cachè- 
rent sous  un  tas  de  paille  et  furent  dénoncés  par  les  gens  du  lieu  qui 
crièrent  aux  Franks:  «  Si  vous  cherchez  les  Bretons,  ils  sont  là  sous  la 
«  paille.  »  M.  Loth  voit  dans  ce  trait  une  preuve  de  l'antipathie  des  gens 
de  Jeneglina contre  les  Bretons,  et  il  a  raison.  Il  place  le  fait  à  Peillac,  et 
il  a  tort  A  Peillac,  entre  Vannes  et  Redon,  dans  le  Vannetais  oriental 
bretonisé  à  ce  moment  depuis  vingt  ans  à  peine  ',  ce  fait  serait  encore 

1.  Depuis  la  fondation  du  monastère  de  Redon,  vers  l'an  8jo.  Peillac  se  trouve  mêlé  à 


L'Emigration  bretonne  en  Armorique.  465 

peu  concluant.  Mais  il  s?est  passé  ailleurs.  Voici  le  début  de  ce  récit  qui 
émane  d'un  contemporain  : 

a  Le  roi  Charles  Charles  le  Chauve  mit  en  marche  toute  son  armée 
«  pour  porter  en  Bretagne  la  guerre,  le  massacre,  et  soumettre  tout  ce 
<  pays  à  sa  domination.  Mais  Erispoë,  qui  gouvernait  alors  la  Bretagne, 
«  l'ayant  appris,  fit  préparer  son  armée  et  manda  à  tous  les  siens  de  se 
«  meure  en  point  et  d'aller  à  la  rencontre  de  Charles  au  delà  du  fleuve 
«  de  Vilaine.  Aussitôt  tous  les  Bretons  s'élancèrent  de  leurs  demeures. 
«  Alléchés  par  l'espoir  du  butin,  Risweten  et  Tredoc  se  hâtèrent  de 
«  marcher  avec  eux,  et  ils  se  postèrent  près  d'une  église  dédiée  à 
«  S.  Pierre,  dans  un  village  dit  Jeneglina,  qui,  trois  ou  quatre  jours 
a  après,  fut  tout  à  coup,  au  milieu  de  la  nuit,  envahi  par  les 
0    Franks  .  etc 

Ainsi,  pour  empêcher  l'armée  franke  d'envahir  la  Bretagne,  les 
Bretons  d'Erispoë  avaient  franchi  la  Vilaine,  c'était  leur  tactique  ordi- 
naire depuis  Nominoë  ;  ils  s'étaient  postés  en  avant  de  ce  fleuve,  à  l'est, 
en  plein  pays  de  Rennes  ou  de  Nantes.  Jeneglina  était  donc  en  dehors 
du  territoire  occupé  par  l'émigration  bretonne;  et  le  fait  dont  ce  village 
fut  le  théâtre  reste,  comme  le  discours  de  Regalis,  en  dehors  de  la  thèse 
soutenue  par  M.  Loth. 

En  définitive,  nous  sommes  réduits  aux  vers  où  Ermold  Nigel,  en 
tête  du  récit  de  l'expédition  de  Louis  le  Débonnaire  en  Bretagne  en  818, 
nous  donne  ses  vues  sur  l'établissement  des  Bretons  en  Armorique. 

Mais  Ermold,  panégyriste  d'une  guerre  destinée  à  châtier  les  Bretons, 
chargeait  ceux-ci  de  parti  pris,  souvent  très  grossièrement,  comme 
quand  il  les  accuse  de  n'avoir  pas  de  tribunaux  et  de  vivre  habituel- 
lement dans  l'inceste  -. 

En  outre,  quoique  son  récit  de  cette  guerre  de  818  soit  fort  curieux, 
il  était  mal  renseigné  sur  les  choses  bretonnes,  au  point  de  mettre  la 
ville  de  Vannes  à  l'embouchure  de  la  Loire.    Son  témoignage,  surtout 


la  suite  de  ce  récit,  parce  que  Convoion.  abbé  de  Redon,  à  qui  Risweten  avait  extorqué 
une  ïomme  d'argent,  alla  après  sa  mort  à  Pei.lac  pour  tâcher  de  la  recouvrer  et  l'obtint 
d'un  homme  du  lieu  à  qui  Risweten  l'avait  confiée  en  garde  :  ce  qui  prouve  que  ce  dernier 
était  de  feillac.  mais  non  qu'il  y  fut  tué. 

1.  «  F.rispoê.  qui  tune  Britanniam  regebat,  ...mandavit  ut  omnes  parati  essent  et 
prœirent  ewn  iCarolum)  ultra  Visnoniœ  fluvium.  Statim  Britones  cuncti  a  sedibus  suis  sur- 
rexerunt  Tune  Riswetenus  et  Tredoc  una  cum  eis  properaverunt  ..  habueruntque  hospi- 
tium  in  villa  quae  vocatur  Jeneglina,  prope  eedesiam  S  Pétri  apostoli.  Cumque  ibi  man- 
sissent  per  très  aut  quatuor  dies,  subito  irrr.erunt  Franci  per  noctem  »  t Actes  des  SS.  de 
Redon,  dans  D.  Morice,  Preuves  del'Hist.  de  Brrt.,  1,  2 59  .  Dans  la  régi  n  ici  indiquée, 
il  y  a  plusieurs  églises  dédiées  à  S.  Pierre,  entre  autres  celles  de  Fougerai,  de  Derval, 
de  Nozai,  etc. 

2.  Ermoldi  Nigelli,  De  rébus  gestis  Ludovici  Pii,  lib.  111,  v.  48-50  et  5  3-54. 

Rev.  Celt.    VI  30 


466  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

pour  ce  qu'il  n'a  pas  vu  et  qui  n'est  pas  de  son  temps,  ne  peut  donc 
être  de  grand  poids. 

Tel  qu'il  est,  il  constate  nettement  le  caractère  pacifique  de  l'établis- 
sement des  Bretons  en  Anr.orique;  car  parlant  de  leur  arrivée  et  de 
leurs  premiers  rapports  avec  les  indigènes,  il  dit  : 

Mox  spatiare  licet  et  colère  arva  simul. 

Ensuite,  il  est  vrai,  selon  lui,  les  Bretons  remis  de  leurs  fatigues  au- 
raient suscité  des  guerres  cruelles  [movent  mox  korrida  bel!a<  et  donné  des 
coups  de  lance  au  lieu  de  tribut  \lancea  pro  censu  1 ,  en  retour  des  terres  où 
on  les  avait  laissés  s'établir.  Puis  il  ajoute  :  «  La  nation  franke  (Francia 
«  étendait  alors  son  empire  par  d'autres  victoires  qui  lui  offraient  plus 
«  de  péril.  C'est  pourquoi  elle  laissa  pendant  longtemps  [du  côté  des 
«  Bretons]  les  choses  en  l'état.  Mais  cette  race  (bretonne  ,  croissant  de 
«  plus  en  plus,  couvre  le  territoire  et  pousse  déjà  l'audace  jusqu'à  atta- 
«  quer  le  royaume  des  Franks1.  »  C'est  pour  cela,  c'est  pour  arrêter 
ses  incursions,  pour  la  forcer  de  payer  tribut  à  l'Empire,  que  Louis  le 
Débonnaire  va  faire  contre  la  Bretagne  l'expédition  chantée  par  Ermold 
et  dont  l'exposé  ci- dessus  est  le  prologue  :  prologue  destiné  à  expliquer, 
justifier  cette  expédition.  Mais  le  but  de  Louis  le  Pieux  n'était  point  de 
forcer  les  Bretons  à  réparer  leurs  torts,  vrais  ou  prétendus,  envers  les 
Gallo-Romains  non  soumis  aux  Francs,  c'est-à-dire  fixés  à  l'ouest  de 
Vannes  et  du  Coësnon.  Le  tribut  qu'il  prétendait  imposer  n'était  point 
une  indemnité  au  profit  de  ces  indigènes,  dont  les  griefs  —  cela  est 
cLiir  —  le  touchaient  peu.  Les  seuls  méfaits  qu'il  voulait  réprimer  et 
punir  étaient  ceux  des  Bretons  contre  les  Franks,  au  premier  rang  des- 
quels figuraient  ces  incursions,  ces  pillages  contre  les  Gallo-Romains  ou 
Gallo-Franks  de  Rennes  et  de  Nantes,  dont  les  compatriotes  et  les  des- 
cendants de  YVaroch  s'étaient  fait,  à  son  exemple,  une  douce  habitude2. 
Aussi  y  a-t-il  tout  lieu  de  croire  que,  par  les  horrida  bella  reprochées 
aux  Bretons  contre  les  Gaulois,  Ermold  n'entend  autre  chose  que  leurs 
invasions  désastreuses  dans  le  Rennais,  le  Nantais,  le  Vannetais  oriental, 
en  un  mot,  dans  le  pays  soumis  aux  Franks.  C'est  là  le  sens  naturel  de 
ses  vers. 

Si  l'on  veut  prendre,  au  contraire,  le  sens  le  plus  favorable  à  la  thèse 
de  M.  Loth  —  en  tenant  compte  de  l'hyperbole  inhérente  à  toute  versi- 
fication et  surtout  de  la  partialité  anti-bretonne  d'Ermold,  —  que  trou- 

1.  Ermoldi  Nigelli,  De  rébus  gestis  Ludovici  Pii,  lib.  III,  25-29.  Cf.  Loth,  L'Emi- 
gration bretonne,  p.  171 . 

2.  Voir  trmold  Nigcl,  liv.  III,  v.  255-256. 


L'Emigration  bretonne  en  Armorique.  467 

vons-nous  dans  ses  vers  ?  Un  établissement  d'abord  très  pacifique,  puis 
quand  la  population  nouvelle  s'accroit,  quand  les  rangs  se  pressent,  çà 
et  là  quelques  conflits.  C'est  ce  que  nous  admettions  tout  à  l'heure  à 
priori,  comme  résultant  de  la  force  des  choses,  même  dans  un  établis- 
sement pacifique.  Mais  ce  qui  prouve  que  ces  conflits  furent  peu  de 
chose,  quelques  cli.im.iillis  sans  conséquence,  c'est  qu'aucun  fait  de  ce 
genre,  nous  le  répétons,  ne  se  trouve  consigné  ni  dans  les  documents 
historiques  ni  dans  la  tradition  :  on  n'en  citera  pas  un  seul. 

Donc,  en  bonne  critique,  l'établissement  des  Bretons  dans  la 
péninsule  armoricaine  doit  être  tenu  pour  un  événement  d'un  ca- 
ractère pacifique,  où  on  ne  doit  faire  intervenir  ni  conquête,  ni  lutte 
de  races,  —  malgré  le  goût  si  prononcé  de  nos  jours  pour  ces  ressorts 
à  effet. 

IV. 

Sur  les  origines  chrétiennes  de  la  péninsule  armorique,  je  suis,  on 
peut  le  dire,  entièrement  d'accord  avec  M.  Loth  :  «  Sans  aller  jusqu'à 
«  prétendre,  écrit-il,  que  les  habitants  de  l'Armorique  fussent  pour  la 
«  plupart  pa'iens,  nous  montrons  que  les  évêchés  de  Vannes,  de  Nantes 
«  et  de  Rennes  seuls  sont  gallo-romains,  que  la  fondation  des  autres 
«  évêchés  est  due  aux  insulaires  »  (p.  xxi  .  Qu'il  y  eût  ou  qu'il  pût  y 
avoir,  à  la  fin  du  ive  et  au  commencement  du  Ve  siècle,  dans  la  pénin- 
sule armoricaine  avant  la  venue  des  Bretons  —  en  dehors  des  évêchés 
de  Vannes,  de  Rennes  et  de  Nantes  —  un  certain  nombre  de  chrétiens, 
je  l'admets  sans  peine, et  je  ne  crois  pas  l'avoir  jamais  nié  J'ai  dit  seule- 
ment qu'on  n'en  peut  administrer,  par  un  fait  ou  par  un  texte,  la  preuve 
directe.  Mais  combien  il  y  en  avait,  qui  le  peut  dire  ?  Seulement,  s'ils 
n'avaient  point  d'organisation,  point  d'évêché  avant  les  Bretons,  la 
conséquence  forcée  c'est  qu'ils  n'étaient  guère  :  car  pourquoi  n'eussent- 
ils  pas  fait  ce  que  les  chrétiens,  même  en  minorité,  faisaient  partout  là 
où  ils  étaient  assez  pour  constituer  une  église  ?  En  fait,  la  seule  ques- 
tion saisissable  pour  la  discussion  historique,  c'est  de  savoir  s'il  y  avait 
ou  non,  dans  la  péninsule  armoricaine,  en  dehors  de  Nantes,  Rennes  et 
Vannes,  des  évêchés  avant  la  venue  des  frétons.  Sur  ce  point,  entre 
M.  Loth  et  moi,  accord  parfait,  et  cela  emporte  le  reste.  Dans  le  détail, 
et  sur  les  évêchés  de  Domnonée,  l'accord  serait  moins  complet;  mais  je 
n'insisterai  pas,  d'autant  que  depuis  la  publication  des  Actes  de  S.  Malo 
écrits  par  Bili,  il  y  a  lieu,  surtout  en  ce  qui  touche  l'évêché  d'Aleth,  de 
reprendre  cette  matière,  et  je  le  ferai  peut-être  bientôt. 


468  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

Même  accord  sur  les  cités  gallo-romaines  de  la  péninsule  :  accord  qui 
a  valu  à  M.  Loth  certaines  attaques  dont  je  dois  prendre  ma  part  et  dont 
je  parlerai  plus  loin. 

Nous  sommes  heureux  de  voir  l'importance  accordée  par  M.  Loth  aux 
Actes  des  saints  bretons,  comme  source  de  notre  ancienne  histoire.  Il  y 
a  plus  d'un  préjugé  contre  ces  légendes,  plus  d'une  précaution  à  prendre 
pour  s'en  servir;  il  faut  surtout  bien  fixer  l'autorité  que  mérite  chacune 
d"el!es  (travail  critique  à  peine  abordé  jusqu'à  présent  ;  mais  enfin,  en 
dehors  de  ces  documents,  auxquelles  Bénédictins,  Mabillonet  Lobineau 
entre  autres,  accordent  une  valeur  historique  fort  appréciable,  l'histoire 
de  Bretagne  avant  l'époque  carolingienne  se  réduirait  à  quelques  lignes,  à 
ce  qu'on  peut  tirer  de  Gildas  et  de  Grégoire  de  Tours.  A.  la  fin  de  son 
travail,  en  appendice,  M.  Loth  a  donné  un  catalogue  fort  utile  des  sources 
hagiographiques  bretonnes  et,  pour  plusieurs  d'entre  elles,  des  appré- 
ciations intéressantes  au  §  3  de  son  premier  chapitre.  Dans  cet  essai  fort 
méritoire,  il  s'est  glissé  quelques  inexactitudes.  Nous  ne  les  relèverons 
pas  ici'.  Mais  nous  ne  pouvons  passer  à  M.  Loth  son  opinion  sur 
Gildas.  Indigné  du  mal  que  cet  écrivain  a  dit  des  Bretons,  il  l'accable  de 
son  mépris  :  «  Gildas  ne  sait  pas  plus  voir  ce  qui  se  passe  autour  de  lui 
«  que  lire  les  documents  qu'il  a  sous  les  yeux  ;  sa  clairvoyance  est  égale 
«  à  sa  science  historique,  »  son  récit  un  <  entassement  de  puérilités  -> 
p.  28  et  151,.  etc->  etc-  Très  bien.  Mais  alors  il  ne  faut  pas  invoquer 
l'autorité  de  Gildas  —  et  de  Gildas  seul  —  pour  établir  l'événement  le 
plus  important  de  l'histoire  des  Bretons  aux  ve  et  vie  siècles,  celui  qui 
fait  l'objet  même  du  travail  de  M.  Loth,  l'époque  de  l'invasion  anglo- 
saxonne  et  l'émigration  des  insulaires  sur  le  continent.  Gildas  est  en  effet 
le  seul  témoin  contemporain  qui  dépose  du  fait;  sans  son  témoignage 
nous  serions  réduits  à  fonder  la  première  assise  de  notre  histoire  bre- 
tonne-armoricaine sur  les  douteuses  légendes  de  Nennius.  Certains 
Gallois,  irrités,  eux  aussi,  contre  Gildas,  n'ont  pas  hésité:  dans  les  ceu- 

1.  Disons  seulement  que,  à  la  p.  248.  article  Huvernus  (Hervé),  l'indication  «  Bibl. 
Saint-Cennain,  B.  B.  44  »  doit  être  remplacée  par  «  Bibl.  Sainte-Geneviève,  ms.  coté 
BB.  L  4.  »  —  L'indication  «  Bibl  Saint-Germain  1085  ».  à  l'art.  Léonore  ou  Lunaire 
(p.  249),  doit  aussi  être  fautive.  —  Le  S.  Félix,  dont  on  indique  'p.  245  des  Actes  dans 
les  ms.  lat.  9739  et  17625  de  la  Bibl.  Nat  ,  n'est  pas  l'évêque  de  Nantes  et  n'a  pas  de 
rapport  avec  la  Bretagne.  —  v^age  38  le  ms  lat.  1148  ne  reproduit  qu'une  partie  de 
l'ancien  légendaire  de  ïre^uier:  et  le  manuscrit  Je  Saint-Vougai  même  page)  n'est  pas  un 
légendaire,  mais  un  missel  du  x.p  siècle  conservé  de  tout  temps  et  encore  aujourd'hui, 
croyons-nous,  dans  l'eg  ise  de  cette  paroisse  'voir  Vies  des  SS.  ce  Bret.  d'Albert  Legrand. 
édit.  de  1837,  p.  2081.  —  Où  se  trouve  un  bréviaire  de  Saint- :.:alo.  imprimé  en  1480 
ou  1489?  M.  Loth  p.  39  et  176,  ne  le  dit  pas,  nous  n'en  avions  jamais  ouï  parler.  — 
Nous  regrettons  enfin  qu'il  n'ait  pas  accordé  une  mention  spéciale  à  U  belle  collection  ha- 
giog:ap  .ique  rassemblée  par  les  Bénédictins  bretons  du  xvn°  siècle  dans  le  vol.  38  des 
Blancs-Manteaux,  auj.  ms.fr.  22321  delà  Bibliothèque  Nationale. 


L'Emigration  bretonne  en  Armorique.  469 

vres  qu'on  lui  attribue  ils  voient  une  invention  apocryphe  de  quelque 
moine  an^lo-saxon  du  vir'  siècle,  dont  tout  le  but  est  de  dénigrer  les 
Bretons,  et  ils  mettent  résolument  l'autorité  de  Nennius  fort  au  dessus 
de  la  sienne.  M.  Loth  n'en  est  pas  là,  nous  l'en  félicitons  ;  mais  dépré- 
cier un  auteur  avec  une  sorte  de  p.ission  —  patriotique —  et  cependant 
admettre  son  autorité,  est-ce  bien  logique? 

Il  serait  aisé  de  réfuter  les  attaques  portées  contre  Gildas.  En  ce  mo- 
ment nous  rappellerons  seulement  l'opinion  unanime  de  la  race  celtique 
qui,  depuis  le  VIe  siècle  car  cela  commence  à  S.  Colomban  ,  pendant 
tout  le  moyen  âge.  on  peut  dire  jusqu'à  nos  jours,  a  constamment  ho- 
noré en  Gildas  le  docteur,  l'historien  par  excellence  des  Bretons.  Quant 
à  la  critique  moderne,  il  suffit  de  renvoyer  les  détracteurs  de  Gildas  au 
très  savant  allemand  quelque  peu  hypercritique  Ch-G.  Schcell  :  son  ju- 
gement très  motivé  est  à  peu  près  le  contrepied  du  leur  '. 

En  raison  de  la  valeur  du  travail  de  M,  Loth,  nous  tenions  à  indiquer 
les  divergences  peu  nombreuses  qui  nous  séparent.  Nous  allons  main- 
tenant, sur  des  points  où  nous  sommes  complètement  d'accord,  répondre 
à  certaines  critiques  formulées  contre  lui  et  dont  nous  ne  pouvons,  en 
bonne  justice,  refuser  de  prendre  notre  part. 

V. 

Pour  M.  Loth  —  comme  pour  bien  d'autres  que  nous  nommerons  tout 
à  l'heure  —  la  présence  de  Mansuetus  «  éiêque  des  Bretons  »  au  concile 
de  Tours  de  461  est  un  évident  indice  du  début  des  émigrations  bre- 
tonnes en  Armorique.  On  conteste  ;  on  veut  voir  dans  Mansuetus  l'evêque 
de  l'armée  bretonne  de  Riothime,  postée  dans  le  Berri  par  l'empereur 
Anthémius.  Mais  ce  prince,  n'ayant  commencé  de  régner  qu'en  467, 
n'aurait  pu  en  461  poster  des  Bretons  nulle  part.  Cependant  on  insiste. 
A  la  vérité,  dit-on,  Jornandès  «  semble  placer  sous  Anthémius  l'arrivée 
<  de  Riothime;  mais  cet  historien,  très  rapide  en  cet  endroit,  peut  fort 
«  bien,  en  parlant  du  règne  d'Amhémius,  avoir  songé  surtout  à  la  défaite 
v  de  Riothime  par  les  Wisigoths  à  Déolsen  Berri2.  »  Ce  qui  veut  dire, 
apparemment,  que  Jornandès  ou  plutôt  Cassiodore  qu'il  abrège-  n'au- 
rait pas  connu  directement  la  date  de  la  venue  de  Riothime  en  Berri  et 
l'aurait  placée  sous  le  règne  d'Anthème  par  une  simple  conjecture, 
fondée  sur  la  date  de  sa  défaite.  —  Cette  hypothèse,  absolument  gra- 
tuite, ne  tient  pas  devant  le  texte,  qui  porte: 

1.  De  ecclesiasticœ  Britonum  historiœ  fontibus,  p.  19-20. 

2.  Bulletin  Critique,  n°  du  1 5  juin  1884,  p.  242-245,  note  article  de  M.  l'abbé  Duchesne;. 


470  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

«  Euricus,  Vesegotharum  rex,crebram  mutationem  Romanorum  prin- 
ce cipum  cernens,  Gallias  suo  jure  nisus  est  occupare.  Quod  comperiens 
a  Anthemius  imperator.  protinus  solatia  Britonum  postulavit.  Quorum 
«  rex  Riothimus  cum  xn  miilibus  veniens,  in  Biturigascivitatem,  Oceano 
«  e  navibus  egressus,  susceptusesî.  Ad  quos  rex  Vesegotharum  Éuricus 
«  innumerum  ductans  exercitum  advenit.  diuque  pugnans  Riothimum 
«  Britonum  regem,  antequam  Romani  in  ejus  societate  conjungerentur, 
(  superavit.  Qui,  ampla  parte  exercitus  amissa,  cum  quibus  potuit  fu- 
«  giens,  ad  Burgundionum  gentem  vicinam,  Romanis  in  eo  tempore  fœ- 
«  deratam,  advenit.  »  \De  reb.  Getic,  xlv). 

De  Riothime  et  de  ses  Bretons  Jornandès  ne  dit  rien  de  plus.  Où  voit-on 
qu'il  soit  réduit  aux  conjectures  sur  l'époque  de  leur  venue  en  Berri  ?  Il 
ne  semble  pas  la  mettre  sous  le  règne  d 'Anthemius,  il  l'y  met  trèsformel- 
lement,  sans  aucune  hésitation  ;  bien  plus,  la  cause  qu'il  assigne  à  l'évé- 
nement le  rejette  forcément  après  461.  C'est  pour  résister  aux  entre- 
prises du  roi  Euric  contre  la  puissance  romaine  que  l'empereur  met  ces 
Bretons  dans  le  Berri  ;  or  Euric  ne  commença  de  régner  qu'en  466. 
Donc,  en  461,  point  de  Bretons  dans  le  Berri;  donc  Mansuetus,  évéque 
des  Bretons  en  461,  n'avait  pas  là  ses  ouailles.  Et  comme  nous  voyons 
cet  évêque  prendre  part  à  un  concile  de  Tours,  métropole  de  l'Armo- 
rique  et  de  la  troisième  Lyonnaise  ;  comme  on  n'a  jamais  oui  parler  d'émi- 
grations bretonnes  sur  le  continent  gaulois  établies  ailleurs  qu'en  Armo- 
rique,  impossible,  en  bonne  logique,  de  mettre  ailleurs  qu'en  Armorique 
les  Bretons  de  Mansuetus. 

Nous  avons  insisté  sur  ce  point,  de  grande  importance  dans  l'histoire 
des  Bretons. 

Le  plus  ancien  et  le  plus  sûr  mémorial  de  l'invasion  anglo-saxonne 
dans  Pile  de  Bretagne,  le  Chronicon  Saxonicum  '  mentionne,  en  455  et 
457,  les  batailles  d'Ailesford  et  de  Craiford,  début  de  la  grande  lutte  des 
envahisseurs  Saxons  contre  les  Bretons  insulaires.  Quatre  ans  plus  tard 
[en  461  ,  on  voit  poindre  dans  la  troisième  Lyonnaise  un  groupe  de 
Bretons  assez  nombreux  pour  avoir  un  évêque,  Mansuetus.  Une  telle 
correspondance  entre  les  événements  de  Pile  et  ceux  du  continent  ne 
peut  être  l'effet  du  hasard  :  les  Bretons  de  Mansuet  sont  ie  premier 
ban  d'émigrés  bretons  chassés  de  Pile  et  poussés  en  Armorique  par  l'in- 
vasion saxonne,  le  premier  germe  ou  mieux  la  première  assise  de  la 


l.  Ou  Chronique  Anglo  -  Saxonne  ;  voy.  l'édition  de  Gibson  de  1692  avec  trad.  latine, 
p.  n,  et  celle  des  Monumenta  historica  britannka,  p.  299. 


L'Emigration  bretonne  en  Armorique.  471 

nation   bretonne  du  coninert  :  tel  est  le  sentiment  formel  de  tous  les 
grands  critiques  des  derniers  siècles,  Tiilemont,  r  ',  etc. 

Sans  tenir  compte  de  l'autorité  et  des  arguments  de  ces  savants 
hommes,  quelques  critiques  de  nos  jours  voudraient  supprimer  l'émi- 
gration bretonne  du  v"  siècle  et  ne  l'admettre  qu'au  vr*.  L'un  d'eux, 
après  avoir  mis  l'épisode  des  Bretons  de  Riothime  en  475  ?  ,  dit  cou- 
ramment :  -  L'histoire  de  la  Eretagne  insu! .ire  indique  clairement  que 
-  la  première  moitié  du  vr  siècle  vit  le  grand  mouvement  d'émigration 
a  de  l'ile  2.  s  Je  serais  assez  curieux  de  savoir  comment  l'histoire  de 
la  Bretagne  insulaire  indique  cela  clairement,  et  de  voir  au  moins  une 
preuve  au  bout  de  cette  assertion.  En  tout  cas,  cela  ne  saurait  infirmer 
le  témoignage  contemporain  et  irrécusable  de  Gild?.s,  qui  montre  le 
début  de  l'émigration  suivent  immédiatement  le  début  et  les  premiers 
ravages  de  l'invasion  saxonne.  Cela  ne  peut  détruire  le  Bri'annos  super 
Li:erim  sitos  de  Sidoine  Apollinaire,  qui  ne  désigne  point  le  corps 
breton  porté  dans  le  Berri  par  Anthémius,  mais  des  Bretons  établis, 
par  rapport  à  Sidoine,  au  delà  super  de  la  Loire,  c  est-à-dire  au  nord 
de  ce  fleuve  et  par  conséquent  en  Armo:ique.  Cela  ne  détruit  point  la 
signification  naturelle,  légitime,  de  la  présence  d'un  évêque  des  Bretons 
dans  la  troisième  Lyonnaise  en  461.  Faits  et  témoignages  qui  ne  per- 
mettent pas  à  la  critique  sérieuse  de  faire  descendre  au-dessous  de  460 
les  débuts  de  l'émigration  en  Armorique. 

VI. 

L'affaire  de  Mansuetus  n'est  qu'une  escarmouche.  La  vraie  bataille 
que  l'on  a  livrée  à  M.  Loth  porte  sur  les  évêchés  et  les  cités  de  la 
péninsule  armoricaine. 

Il  y  a  une  école  qui  professe  que  la  Notice  des  cités  de  la  Gaule  est  une 
nomenclature  épiscopale,  et  que  toutes  les  cités  de  cette  Notice  étaient 
évèchés  en  Pan  400.  On  n'essaie  pas  de  démontrer  directement  ce  prin- 
cipe, parce  que  cela  serait  sans  doute  difficile,  mais  on  l'affirme  «  très 
résolument ;  »,  puis  on  raisonne  comme  si  on  l'avait  prouvé. 

1.  Tiilemont,  Hist.  des  Empereurs,  VI,  p.  470,  cf.  p.  ^3;  Hadr.  Valesii  Rer.  Franck. 
lib.  V,  t.  1,  p.  212:  Nicol.  Vignier,  Traité  de  l'ancien  état  de  la  Petite-Bretagne,  p.  72. 

2.  Revue  des  questions  historiques,  cahier  d'octobre  1884.  p.  <<?-,  article  sur  le  livre 
de  M.  Loth.  L'auteur  de  cet  article  écrit  que  les  Bretons  de  Riothime  p-uveient  bien 
venir  du  midi:  supposition  qui  (à  notre  sens'  va  de  pair  avec  la  date  fantaisiste  de  47$ 
assignée  à  cet  événement.  —  Un  autre  critique,  dissertant  aussi  sur  l'émigration  bre- 
tonne, conclut  que  a  nous  sommes  rejetés  du  ve  siècle  au  vie.  »  [Bulletin  critique, 
n°  du  1  j  juin  1884,  p.  243.) 

5.  «  Je  suis  donc,  et  très  résolument,  de  l'avis. de  M.  L   .:    au  v«  siècle,  toute  cité 


472  L'Emigration  bretonne  en  Armoriaue. 

Pour  cette  école  la  Lyonnaise  troisième,  la  province  ecclésiastique  de 
Tours,  est  un  objet  de  scandale  :  il  y  a  là  certaines  cités  auxquelles  on  ne 
peut  attribuer  d'évêques,  et  à  côté,  d'autres  qui  en  ont  trop.  Dans  l'ouest 
de  la  pénin  ule  armoricaine,  les  diocèses  dont  on  peut  historiquement  cons- 
tater l'existence  cadrent,  non  avec  les  anciennes  cités  gallo-romaines,  mais 
avec  les  petits  états  bretons  fondés  aux  ve  et  vi  siècles.  C'est  une  vraie 
insurrection  contre  le  système  si  régulier,  si  bien  aligné,  imaginé  par 
l'école  ci-dessus.  M.  Loth,  qui  prend  les  faits  comme  ils  sont,  commeils 
résultent  des  documents  les  plus  sûrs  et  des  traditions  les  plus  auto- 
risées, qui  ne  se  pique  point  de  les  redresser  au  moyen  d'une  con- 
ception systématique,  --  M.  Loth  a  eu  le  tort  de  ne  rien  faire  pour 
réprimer  ou  pour  dissimuler  celte  révolte.  Il  expose  sans  détour  cette  si- 
tuation incorrecte,  il  en  déclare  la  principale  cause,  qui  n'est  autre  que 
l'émigration  bretonne  :  ce  qui  revient  à  dire  que  l'organisation  ecclésias- 
tique de  l'extrême  Armorique  est  notoirement  postérieure  à  l'an  400 
et  ne  procède  pas  de  la  Notice.  Gros  péché  aux  yeux  de  l'école  notitiaire. 
Aussi  on  se  lâche  sans  ménagement  contre  lui  ;  on  le  montre  armé  d'un 
pennbas,  d'un  «  terrible  gourdin  »  ' ,  dont  il  assomme  sans  pitié  ses  adver- 
saires :  plaisanterie  d'un  goût  et  d'un  à-propos  douteux  pour  quiconque  a 
Iule  livre  de  M.  Loth  et  connaît  par  conséquent  l'urbanité  constante  de  sa 
forme,  la  convenance  irréprochable  de  sa  discussion. 

Ce  qui  est  aussi  étrange,  ce  sont  les  expédients  auxquels  on  recourt 
pour  remettre  dans  le  rang,  ramener  à  la  ligne  du  devoir  les  insoumis  de 
la  troisième  Lyonnaise.  Nous  nous  bornerons,  crainte  de  longueur,  à 
quelques  exemples. 

Un  peuple,  entre  autres,  les  Diablintes,  pour  sa  peine  de  n'avoir  point 
d'évêché,  s'est  vu  soumis  aux  plus  durs  traitements.  Depuis  la  publi- 
cation des  Gestes  des  évêques  du  Mans  dans  les  Vetera  analecta  de  Ma- 
billon  et  les  découvertes  archéologiques  du  dernier  siècle,  le  chef-lieu 
des  Diablintes  était  placé  par  tout  le  monde  sans  difficulté  au  lieu  de 
Jublains,  près  Mayenne  ;  d  é  p .  de  la  Mayenne.  Un  adepte  du  système 
notitiaire  veut  bien  reconnaître  que  «  le  nom  de  Jublains  rappelle  celui 
des  Diablintes 2  ».  Il  ne  le  rappelle  pas,  c'est  ce  nom  lui-même  :  du  vr 
au  ixe  siècle,  nombre  de  documents  authentiques  5   nomment   formel- 

avait  son  évêque.  »  {Bulletin  critique,  du  1$  juin  1884,  p.  245).  En  tant  que  principe 
absolu,  cette  opinion  est  rejetée,  plus  ou  moins  explicitement,  par  la  plupart  des  cri- 
tiques, entre  autres  par  Adrien  de  Valois,  d'Anville.  Guérard,  les  auteurs  du  Gallia  Chris- 
tiana,  etc. 

1.  Bulletin  Critique  an  15  juin  1884,  p.  243. 

2.  Re\ue  des  Questions  historiques,  t.  XXXVI,  cahier  d'octobre  1884,  p.  s 93 . 

3.  Voir  mon  mémoire  Diablintes,  Curiosolites  et  Corisopites  (Paris,  Champion,  1881, 
p.  5-7)  publié  dans  le  compte  rendu  du  Congrès  breton  de  Quintin  de  1880.  Mais  il  ne 


L'Emigration  bretonne  en  Armorique.  473 

lement  Diablintes  ou  Diablentcs  cette  bourgade  qui,  en  français,  s'est  ap- 
pelée successivement  Jablent,  Jeblent,  Jublent  aujourd'hui  Jublains  ,  et 
placent  dans  la  circonscription  qui  en  dépendait  diverses  localités  répan- 
dues sur  un  territoire  de  quinze  ou  vingt  lieues  de  diamètre.  Du  sol  de 
Jublains  les  fouilles  archéologiques  ont  exhumé  un  temple,  un  amphi- 
théâtre, une  citadelle,  des  rues,  des  maisons,  nombre  de  médailles  et 
d'antiquités  variées,  en  un  mot  tout  ce  qui  constitue  une  ville  gallo- 
romaine  importante.  Nulle  part  ailleurs  on  ne  trouve  le  nom  de  Dia- 
blintes  ni  rien  qui  le  rappelle  attaché  à  aucune  localité.  Pour  démontrer 
l'existence  des  Diablintes  à  Jublains,  il  y  a  donc  une  évidence  complète1. 

Mais  nous  avons  dit  plus  haut  le  crime  de  Jublains  :  il  n'a  pas 
d'évêque.  Dès  lors  ses  Diablintes,  si  Diablintes  qu'ils  soient,  n'ont  plus 
droit  à  l'existence,  selon  le  système  notitiaire  :  ils  ne  peuvent  absolument 
représenter  les  Diablintes  de  la  Notice  ;  il  faut  de  toute  nécessité  les  dé- 
porter ailleurs,  là  où  on  pourra  découvrir  un  évêché  à  leur  colloquer. 
Tout  ce  qu'on  peut  accorder  aux  gens  de  Jublains  —  et  encore  par 
grâce,  parce  que  leur  nom  'comme  on  le  dit  avec  un  ingénieux  euphé- 
misme'  rappelle  celui  des  Diablintes,  —  c'est  qu'ils  sont  une  colonie  d-;s 
Diablintes  de  la  Notice.  Cet  heureux  expédient  imaginé,  reste  à  décou- 
vrir la  cité  mère  :  car  comment  traiter  de  colonie  une  population  dont 
la  mère-patrie  ne  se  trouve  nulle  part  ?  Cette  soi-disant  colonie  serait  un 
effet  sans  cause,  prolem  sinematre  creatxm,  c'est-à-dire  une  fantaisie  non 
avenue  aux  yeux  de  la  critique  sérieuse. 

On  s'est  donc  mis  à  la  recherche  de  la  cité  mère.  On  a  découvert  un 
évêché  ne  se  rattachant  à  aucun  peuple  de  la  Notice,  évêché  qui,  à  la  vé- 
rité, ne  se  montre  ni  en  400  ni  en  500,  mais  seulement  sur  la  fin  du 
vic  siècle,  et  dont  les  habitants  prétend-on  .  dans  un  texte  que  l'on  dit 
du  ixe  siècle,  seraient  nommés  Dialethenses  :  dont  on  a  fait  sans  façon  Dia- 
blentenses,  Diablentes,  d  où  on  a  conclu  que  le  siège  de  cet  évêché  devait 
s'appeler  originairement  Diablentum,  Diabletum,  devenu  ensuite  Dialetum, 
et  enfin  par  contraction  Aletum  Je  tout  hypothétiquementi,  c'est-à-dire  Met 
ou  Aleth,  ville  gallo-romaine,  contre  les  ruines  de  laquelle  s'est  bâti 
au  moyen  âge  Saint-Servan,  et  dont  le  siège  épiscopal  a  été  au  xne  siècle 
transféré  à  Saint-Malo.  Conception  fort  ingénieuse  -  pour  un  château 
de  cartes,  —  dont  la  base,  la  base  unique  et  bien  frêle  —  le  nom  Dé- 
faut pis  comprendre  parmi  ces  documents  authentiques  le  prétendu  testament  de  S.  Julien, 
évêque  du  Mans,  que  j'ai  cité  'd'après  M.  Cauvin)  comme  du  iv-'  siée  e,  et  qui  est  une 
pièce  apocryphe  sans  valeur  sérieuse,  d'une  fabrication  bien  postérieure,  ce  que  d'Anville 
avait  déjà  remarqué. 

1 .  a  Rien  ne  souffre  moins  de  difficulté  actuellement  (dit  d'Anville)  que  la  demeure  des 
Diablintes  dans  un  canton  du  Maine  ».  Notice  des  Gaules  (1760).  p.  487. 


474  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

lethenses  —  n'est,  au  vrai,  qu'une  variante  erronée  d'un  manuscrit  du 
xv"  siècle  sans  autorité. 

J'ai  soufflé  sur  cette  fantasmagorie  dans  mon  mémoire  des  Diablintes, 
Curiosoliies  et  Corisopites,  et  je  l'ai  ruinée  de  telle  sorte  que  les  premiers 
inventeurs,  M.  Kerviler  et  M.  Longnon,  avec  une  bonne  foi  et  une 
loyauté  parfaites,  l'ont  abandonnée  comme  insoutenable. 

Mais  il  y  a  toujours,  on  le  sait,  des  gens  plus  royalistes  que  le  roi  :  après 
que  les  premiers  auteurs  de  cette  opinion  y  ont  renoncé,  il  est  encore 
des  adeptes  qui  s'obstinent  à  la  soutenir.  L'un  d'eux  en  rendant  compte, 
lui  aussi,  de  ['Emigration  bn  tonne  de  M.  Loth,  a  écrit  cette  phrase  : 
«  Si  le  véritable  établissement  des  Diablintes  ne  doit  pas  être  placé  là 
■  où  le  propose  M.  Longnon  [c'est-à-dire  dans  le  pays  d'Aleth],  il  faut 
«  le  chercher  ailleurs  que  dans  le  Maine1.  »  Ce  qui  en  bon  français 
veut  dire  :  Nulle  part,  si  ce  n'est  dans  le  Maine,  on  ne  trouve  la 
moindre  trace  des  Diablintes:  donc  il  ne  faut  pas  les  chercher  dans  le 
Maine2.  Mais  cette  p'.rase  est  précédée  d'une  autre  non  moins  notable: 
«  Le  nom  de  Jublains,  dit  le  critique,  rappelle!  les  Diablintes.  Mais...  les 
»  textes  les  plus  anciens  du  moyen  âge  ne  révèlent  rien  en  faveur  de  Jublains, 
a  dont  le  nom  indiquerait  simplement  qu'il  se  trouva  dans  cette  région 
«  une  colonie  de  Diablintes.  » 

Qui  ne  croirait  d'après  cela  que  la  seule  base  de  l'opinion  qui  place 
les  Diablintes  à  Jublains,  c'est  la  ressemblance  plus  ou  moins  prochaine 
entre  ces  deux  noms,  dont  le  second,  comme  on  dit,  rappelle  le  premier  ? 
En  réalité,  de  la  seconde  moitié  du  vie  siècle  à  la  première  moitié  du  ix1', 
le  nom  Diablentes,  Diablenticus,  est  donné  plus  de  dix  fois,  par  des  actes 
et  documents  très  authentiques,  non  seulement  à  Jublains,  mais  à  six  ou 
huit  localités  qui  l'entourent  i entre  autres  la  rivière  d'AronJes  communes 
actuelles  de  Trans,  de  Marcillé-la-Ville,  de  Chalon,  de  Mésange,  la  pa- 

i.  Revue  des  Questions  historiques,  du   rr  octobre  1884,  p    505. 

2.  Le  prétexte  imaginé  pour  justifier  cette  bizarre  affirmation  c'est  que,  dans  les  do- 
cuments qui  appliquent  à  Jublains  le  nom  de  Diablintes,  cette  localité  est  qualifiée  oppi- 
dum, non  civitas,  et  la  circonscription  qui  en  dépend  vicaria,  condita  et  non  pagus,  bien 
que  pagus  soit  d'ordinaire,  sous  les  Mérovingiens,  le  titre  attribué  aux  territoires  qualifiés 
cités  dans  la  Notice.  Donc,  dans  la  Notice,  les  Diablintes  sont  une  cité,  dans  les  docu- 
ments de  l'époque  mérovingienne  ils  sont  tombés  à  l'état  de  peuplade  subalterne  et  de 
simple  subdivision.  Mais,  entre  ces  documents  et  la  Notice,  il  y  a  (faut  il  le  rappeler  ?)  la 
grande  invasion  barbare  du  V  siècle,  fléau  effroyab  e  dont  nous  ignorons  le  détail,  mais 
qui  sema  la  Gaule  de  ruines,  d'affreux  désastres.  Quoi  d'étonnant  si  la  ci'.é  des  Diablintes, 
ruinée  par  ce  cataclysme,  était  devenue  une  bourgade  et  un  territoire  malgré  son  étendue) 
subalterne  ?  Les  partisans  du  système  notitiaire  sont  d'autant  moins  recev  blés  à  rejeter 
cette  très  naturel  e  exp  ication  que,  selon  eux,  même  avant  l'invasion  du  V  siècle,  il 
n'était  pas  rare  de  voir,  en  Gaule,  des  cités  tomoer  eu  ruines,  s'effacer  et  disparaître  ; 
voir  Bulletin  Critique,  n°  du  ij  juin  1 88^ ,  p.  244,  note  1. 

5.  Il  le  rappelle  en  effet  tout  comme  le  nom  de  Paris,  orthographié  Paris,  rappelle  le 
nom  de  Paris,  pas  davantage,  puisque  Jublains,  en  latin,  c'est  Diablintes. 


L'Emigration  bretonne  en  Armoriaue.  475 

roisse  de  Saint-Martin  de  Mayenne^,  lesquelles  délimitent  un  territoire 
d'environ  quinze  lieues  de  diamètre.  Ces  documents,  ce  sont  les  Vies  de 
S.  Domnole  vi«  siècle  ,  de  S.  Siviard  vu8  s.  ,  de  S.  Aldric  vm  s. |, 
qu'on  trouve  dans  les  Bollandistes,  Mai,  III,  p.  608  édit.  d'Anvers  ; 
Mars,  I,  p.  65;  dans  Baluze,  Miscellanea,  I,  p.  1  16  édit.  in-folio;.  Ces 
actes,  c'est  le  testament  de  S.  Bertrand,  évêque  du  Mans  en  616,  des 
chartes  et  diplômes  de  Beraire,  aussi  évéquedu  Mans  en  710  ,  de  Louis 
le  Débonnaire  et  de  Charlemagne,  actes  publiés  par  D.  Mabillon,  Ve- 
tera  Analecta,  III,  p.  1 52,  144,  21  3,  264,  265  première  édition,  in-Sj, 
et  par  Baluze,  Miscellanea,  I,  85  et  86. 

Voilà  comme  il  est  exact  de  dire  que  «  les  textes  les  plus  anciens  du 
moyen  âge  ne  révllent  rien  en  faveur  de  Jublains  !  »  Assertion  d'autant 
plus  singulière  que  j'avais  déjà  indiqué  ces  textes  dans  mon  mémoire  Dia- 
blintes, Curiosolites  et  Corisopitcs,  et  qu'il  était  aisé  de  les  vérifier.  Sans 
doute,  le  moyen  le  plus  simple  de  se  débarrasser  d'un  fait  ou  d'un  argu- 
ment qui  gêne,  c'est  de  passer  à  côté  comme  s'il  n'était  pas,  au  besoin 
même,  d'en  nier  l'existence.  Mais  est-ce  là  un  procédé  de  discussion 
sérieuse,  et  si  les  adeptes  du  système  notitiaire  sont  obligés  de  recourir 
à  de  tels  expédients,  que  penser  de  leur  thèse  ? 

VII. 

Le  critique  qu'on  vient  de  citer,  s'il  interdit  de  placer  les  Diablintes 
dans  le  seul  lieu  du  monde  où  «  les  textes  les  plus  anciens  du  moyen 
âge  révèlent  »  leur  existence,  admet  cependant,  au  moins  à  titre  d'hy- 
pothèse, qu'on  pourrait  se  trouver  réduit  à  la  dure  nécessité  de  les  cher- 
cher hors  du  pays  d'Aleth.  Celui  dont  nous  allons  parler  n'a  point  de 
ces  faiblesses.  Il  ignore  ou  affecte  d'ignorer,  en  tout  cas  il  ne  mentionne 
même  pas  les  nombreux  textes  mérovingiens  qui  appliquent  le  nom  de 
Diablintes  à  Jublains.  Il  ne  connaît  de  Diablintes  que  dans  la  péninsule 
armoricaine,  dans  le  pays  où  les  meilleurs  géographes  bretons  entre 
autres  M.  de  la  Monneraye,  M.  Bizeul>  placent  les  Curiosolites,  dont 
Pévêque  se  nomme  ■  episcopus  Aletensis  ou  selon  ce  critique;  Dialetensis  . 
dont  le  siège  épiscopal  est  Aleth  '.  De  ceux  du  Maine  il  ne  soufffe  mot, 
pour  lui  ils  n'existent  pas.  il  a  d'autres  soucis. 

Si  Jublains  n'a  pas  d'évêque,  le  territoire  arbitrairement  octroyé  aux 
Diablintes  par  ce  critique  en  a  trop,  il  en  a  deux  :  un  à  Aleth,  un  à  Dol. 
Tout  le  souci  et  tout  l'effort  du  critique  est  de  supprimer  l'un  de  ces 

1.  Voir  Bulletin  Critique  du  ij  juin  1884,  p.  244,  246  et  247 


476  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

sièges  épiscopaux  iDoli  au  profit  de  l'autre  :  à  cela  il  consacre  une  bonne 
part  de  son  article  sur  le  livre  de  M.  Loth,  car  c'est  dans  un  compte 
rendu  de  l'Emigration  bretonne  que  se  produit  cette  thèse  :  circonstance 
qui  nous  oblige  de  l'examiner  de  près. 

Les  meilleurs  historiens  de  la  Bretagne,  dom  Lobineau,  dom  Morice, 
admettent,  comme  un  double  fait  incontestable,  i°  la  fondation  de 
l'évêché  de  Dol,  vers  le  milieu  du  vf  siècle,  par  S.  Samson,  émigré  de 
la  Grande-Bretagne,  2"  la  transformation  irrégulière  de  cet  évêché  en 
métropole  bretonne  par  le  roi  breton  Nominoë,  en  848. 

Selon  le  critique  de  M.  Loth,  il  n'y  aurait  pas  eu  du  tout  d'évêché  à 
Dol  avant  l'érection  en  ce  lieu  de  la  métropole  de  Nominoë:  Dol,  jusque- 
là,  aurait  dépendu  de  l'évêché  d'Aleth.  Pour  établir  ce  système  original, 
il  faudrait  tout  d'abord  discuter  la  Vie  de  S.  Samson,  publiée  par  Ma- 
billon  dans  le  Premier  Siècle  des  Actes  des  Saints  de  l'ordre  de  S.  B  noit: 
document  composé  peu  de  temps  après  la  mort  du  saint  sur  des  té- 
moignages contemporains,  sur  une  relation  écrite  laissée  par  un  de  ses 
parents  '  ;  donc,  document  très  autorisé,  qui  nous  montre  nettement 
Samson  fondant  à  Dol  un  évéché  tout  à  fait  distinct  de  celui  établi,  vers 
le  même  temps  ou  peu  après,  par  S.  Malo  au  milieu  des  ruines  delà  ville 
gallo-romaine  d'Aleth.  Dans  cette  Vie  figurent  en  outre  deux  suc- 
cesseurs de  Samson,  évêques  du  même  siège  :  Leucher,  Tigernomagl 
à  qui  cette  Vie  est  dédiée  2. 

Ce  témoignage  primordial,  essentiel,  ne  peut  donc  être  passé  sous 
silence  dans  une  discussion  sérieuse.  Pourtant,  comme  il  rase  par  pied 
le  nouveau  système,  l'inventeur  de  ce  système  ne  le  mentionne  même 
pas;  il  parle,  il  raisonne,  comme  si  ce  témoignage  n'existait  point: 
comme  premier  document  sur  la  question,  il  cite,  d'après  la  Chronique 
de  Nantes,  le  récit  de  l'érection  de  Dol  en  métropole  par  le  roi  Nominoë. 

Dans  la  forme  où  nous  l'avons  aujourd'hui,  la  Chronique  de  Nantes  est 
un  centon,  dont  toutes  les  parties  sont  loin  d'avoir  une  égale  valeur; 
nous  doutons  que  le  critique  de  M.  Loth  se  rende  clairement  compte  de 
la  provenance  et  de  la  composition  de  ce  document.  Admettons  cette 
partie  de  la  Chronique  de  Nantes  comme  écrite  au  ix"  siècle:  il  serait  sûr 
dès  lors  qu'elle  l'a  été  sous  l'influence  directe  d'Actard,  évéque  de 
Nantes  en  848.  le  plus  fougueux  adversaire  de  la  métropole  de  Dol,  et 
par  un  auteur  tout  dévoué  aux  Franks,  ouvertement  hostile  aux  Bretons, 


1.  Voir  Vit.  S.  Samsonis,  §  2  et  4,  dans  Mabillon.  Acta  SS.  Ord.  S.  Bened.,  Saec.  1. 
p.  165  et  io6. 

2.  Ibid.,  p.  185. 


L'Emigration  bretonne  en  Armoriqut.  477 

surtout  à  Nominoë  qui,  dans  l'érection  de  cette  métropole,  avait  eu  pour 
but  de  combattre  l'influence  franke  et  s'était  servi  de  l'occasion  pour 
chasser  de  leurs  sièges,  avec  Actard,  les  prélats  de  race  germanique  im- 
posés à  la  Bretagne  par  Louis  le  Débonnaire.  En  de  telles  conditions  — 
qui  ne  sont  pas  contestables  —  le  témoignage  du  Chroniqueur  de  Nantes 
sur  cette  affaire  est  a  priori  suspect. 

Selon  lui,  avant  la  métropole  de  Nominoë  établie  en  848  ,  Dol  n'au- 
rait été  qu'un  monastère  ;  aussi,  entre  les  prélats  chassés  de  Bretagne  à 
cette  époque  ne  met-il  point  d'évêque  de  Dol,  mais  un  Salacon  qualifié 
par  lui  évêque  d'Aleth,  Salaconem  Aletensem. 

Sur  ces  deux  points  la  Chronique  de  Nantes  est  contredite  par  deux 
témoignages  d'une  autorité  très  supérieure  :  1"  par  la  Vie  de  S.  Samson. 
dont  nous  parlions  tout  à  l'heure,  qui  atteste  la  fondation  d'un  siège 
épiscopal  à  Dol  au  vic  siècle  et  l'occupation  de  ce  siège  par  une  suc- 
cession d'évêques  ;  2"  par  une  lettre  du  concile  de  Soissons  de  866,  qui 
qualifie  Salacon  évêque  de  Dol,  non  évêque  d'Aleth. 

La  façon  dont  on  prétend  éluder  l'irréfutable  témoignage  de 
ce  concile  est  curieuse,  a  Les  évêques  d'Aleth  dit-on),  dans  le 
«  diocèse  desquels  se  trouvait  Dol  [c'est  justement  la  question],  pou- 
«  voient  fort  bien  se  qualifier  d'évêaues  de  Dol...  d'autant  plus  qu'on  leur 
«   contestait  alors  leur  juridiction  sur  le  pays  de  Dol  '  ». 

Il  y  aurait  fort  à  dire  sur  cette  assertion.  Mais  pour  en  montrer  l'ina- 
nité, il  suffit  de  citer  le  texte  du  concile  de  Soissons: 

s  Plus  d'une  fois  déjà,  nous  avons  entretenu  la  sainte  Eglise  romaine 
«  des  évêques  témérairement  chassés  par  les  Bretons  et  dont  plusieurs 
«  vivent  encore,  quoique  exilés,  savoir:  Salacon,  évêque  de  Dol,  dont  les 
«  Bretons  prétendent  contre  tout  droit  que  le  siège  est  une  métropole,  et  aussi 
«  Susannus,  évêque  de  Vannes  2  ». 

Voilà  ce  qu'écrivaient  au  pape  Nicolas  1er,  en  866,  une  vingtaine 
d'évêques  gallo-franks  ;  et  comme  jamais  les  Bretons  n'ont  prétendu 
avoir  une  métropole  à  Aleth  ni  nulle  part  ailleurs  qu'à  Dol,  Salacon,  — 
au  témoignage  de  ce  concile,  très  bien  renseigné  par  deux  de  ses  mem- 
bres, les  évêques  de  Nantes  et  de  Tours,  —  Salacon,  avant  d'être 
chassé   de    Bretagne,  c'est-à-dire   avant  848,   avant  la  métropole  de 


1.  Bulletin  Critique,  ij  juin  1884,  p.  236. 

2.  u  De  episcopis  autem  ab  eisdem  Brito-iib'is'  temere  et  irreverenter  ejectis,  id  est,  de 
Salacone  Do  ense,  adhuc  superstite,  cui  loco  se  jactitant  mctropolim  contra  fas  habere... 
î de  1  Susanno  etiam  Veneter.si  adhuc  superstite,  .  .  frequens  ad  sanctam  Romanam  ecdesiam 
processif  mentio,  cum  adauc  ipsi  exules  deinorentur  »  Lettre  des  évêques  du  concile  de 
Soissons  dans  D.  Morice,  Preuves  de  l  H ist.  de  Bretagne,  I,  322,  et  dans  Mansi.  Concilia. 
XV,  733- 


478  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

Nominoë,  n'était  aucunement  évêqued'Aleth,  mais  très  formellement  évê- 
que  de  Dol.  Quant  a  la  divergence  qui  existe  sur  ce  point  entre  le  con- 
cile de  Soissons  et  le  Chroniqueur  de  Nantes,  —  pour  préférer  au  témoi- 
gnage très  désintéressé  du  premier  les  allégations  très  passionnées  du 
second,  il  faudrait  abjurer  tout  sens  critique. 

L'hypothèse  bizarre  d'un  prétendu  amalgame  des  titres  épiscopaux 
d'Aleth  et  de  Dol  est  donc  insoutenable. 

Un  autre  fait  de  cette  même  année  866  —  dont  on  a  encore  voulu 
tirer  parti  contre  M.  Loth  —  prouve  clairement,  tout  au  contraire, 
l'existence  de  l'évêché  de  Dol  avant  848. 

En  866,  Festinien,  détenteur  du  siège  de  Salacon  et  qui  se  disait  lui- 
même  archevêque  de  Dol,  avait  demandé  le  pallium  au  pape  Nicolas  I"1', 
en  se  fondant,  entre  autres,  sur  ce  que  l'un  de  ses  prédécesseurs,  Res- 
toaîd  '  aurait  été  consacré  archevêque  par  le  pape  Sévérin  ien  640),  et 
un  autre,  Juthmaël,  gratifié  du  pallium  par  un  autre  pape,  Adrien  Itr 
(772  à  79$).  Nicolas  1er,  qui  voyait  la  prétendue  métropole  de  Dol  com- 
battue vivement  par  celle  de  Tours  et  par  toute  l'église  de  France,  qui 
lui-même,  avec  raison,  la  condamnait,  ne  voulait  point  donner  le  pallium 
à  Festinien  et  traitait  même,  dans  ses  lettres,  celui-ci  fort  durement. 
S'il  n'y  eût  pas  eu  de  siège  épiscopal  à  Dol  avant  848,  tout  le  monde 
ecclésiastique,  le  pape  le  premier,  aurait  parfaitement  connu,  en  866,  la 
date  si  récente  de  cette  érection  2;  dès  lors  Nicolas  IL'r  n'eût  pas  manqué 
de  dire  à  Festinien  :  —  Votre  siège  n'a  pas  vingt  ans  d'existence,  et 
vous  venez  me  parler  de  soi-disant  prédécesseurs  remontant  à  un  et  à 
deux  siècles:  Allez,  vous  vous  moquez  de  moi!  —  Au  lieu  de  cela,  le 
pape  répond  : 

«  Vous  nous  avez  écrit  que  Restoald,  votre  prédécesseur,  comme  on 
«  le  voit  dans  nos  registres  (decessorem  vestrum,  sicut  in  nostris  legiîur 
«  gestis),  aurait  été  consacré  archevêque  par  Sévérin,  pontife  de  la 
«  sainte  Eglise  romaine,  et  un  certain  Juthmaël  gratifié  du  pallium  par 
«  Adrien.  En  vain  avons-nous  feuilleté  les  registres  de  ces  deux  papes, 
«  nous  n'y  avons  rien  trouvé  de  cela  3  ». 


1.  Altération  probable  de  la  forme  bretonne  Rethwal.  —  C'est  la  réponse  de  Nicolas  I" 
qui  nous  fournit  ces  informations  sur  la  lettre  de  Festinien,  car  cette  lettre  n'existe  plus  et 
n'est  pas  connue. 

2  D'autant  que  Nicolas  I"  était  monté  sur  le  trône  pontifical  en  858,  dix  ans  à  peine 
après  la  date  de  ce  fait  supposé. 

3.  «  Scripsisiis  praeterea  nobis  ut  hujus  Romanae  sanctae  Ecclesia?  praesul  Severinus  Res- 
toaldum,  decessorem  vestrum,  sicut  in  nostris  legitur  gestis,  in  archiepiscopum  con- 
secrasset,  et  Adrianus  cuidam  Jutlimaëlo  pa.lium  dedisset  :  sed  nos,  utrorumque  gestis 
revolutis,  nihil  in  eis  super  his  penitus  vaiuimus  îeperire.  »  Lettre  de  Nicolas  Ie'  à  Festi- 
nien. dans  D.  Morice,  Preuves,  I,  321,  et  dans  Mansi,  Concilia,  XV,  473. 


L'Emigration  bretonne  en  Armoriaue.  479 

Donc,  du  titre  archiépiscopal  de  Restoald,  du  pallium  de  Juthmaë!, 
même  de  l'épiscopat  de  ce  dernier,  nulle  trace,  en  866,  dans  les  ar- 
chives de  l'Eglise  romaine  :  mais  pour  Restoald  lui-même,  le  pape 
admet  sans  difficulté  que  les  registres  pontificaux  le  mentionnent 
comme  prédécesseur  de  Fes  inien,  c'est -à-dire  comme  évêque  de  Dol, 
seule  qualité  reconnue  à  celui-ci  par  Nicolas  Ier.  Nouvelle  preuve  bien 
authentique,  bien  irréfutable,  ce  semble,  de  l'existence  de  l'évêché  de 
Dol  avant  848.  Voici  comme  le  critique  de  M.  Loth  croit  détruire  cette 
preuve  : 

il  est  clair  dit-il  que  le  sicut  in  nostris  legitur  gestis  est  tiré  de  la 
a  lettre  de  Festinien,  sauf  le  changement  de  vestris  en  nostris.  »  —  Et 
il  conclut:  <  Si  M.  Loth  avait  consulté  les  textes,  il  n'aurait  pas  dit  que 
■  le  pape  Nicolas  déclare  qu'il  a  trouvé  mention  de  Restoald  dans  les 
«.  registres  de  l'Eglise  romaine  '  ». 

«  Les  textes  »  que  M.  Loth  a  omis  de  consulter,  ce  n'est  pas  la  lettre 
de  Nicolas  Tr  à  Festinien.  puisqu'il  h  cite.  Ce  ne  peut  être  que  celle 
de  Festinien,  dont  le  critique  allègue  ici  avec  assurance  une  clause,  qui 
selon  lui;  infirmerait  la  valeur  du  texte  de  Nicolas  1er  relatif  à  Restoald. 
Pourtant  M.  Loth  a  une  excuse:  c'est  que  cette  lettre  de  Festinien 
n'existe  pas.  le  texte  en  est  perdu  depuis  longtemps,  on  n'en  connaît  pas 
un  mot.  et  ce  que  nous  en  dit  le  critique  est  une  pure  invention  de  son 
esprit.  M.  Loth  pourrait  donc  dire  à  son  tour:  —  Si  mon  adversaire 
prenait  les  textes  comme  ils  sont,  sans  y  mêler  ce  qui  n'existe  pas, 
sans  écarter  systématiquement  ce  qui  existe  entre  autres  la  Vie  de 
S.  Samson  ,  il  y  verrai:  exactement  ce  que  j'y  vois,  ce  qu'ont  vu  les 
meilleurs  esprits  qui  ont  touché  à  cette  matière,  D.  Morice,  D.  Lobineau, 
D.  Martène,  c  est-à-cire  des  preuves  nombreuses,  irréfragables,  de 
l'existence  de  l'evéché  de  Dol  depuis  le  vr  siècle  2. 

En  effet,  pour  tout  esprit  non  prévenu,  il  est  peu  de  faits  historiques 
de  ce  temps  et  de  ce  genre  mieux  établis.  Mais  le  systèrr.e  qui 
transforme  la  Notice  des  Gaules  en  nomenclature  épiscopale,  exigeant 
impérieusement  —  parait  il  —  que  les  Diablintes  eussent  un  évêché  et 
n'en  eussent  qu'un,  on  a  d'abord  expulsé  ce  malheureux  peuple  du  pays 
du  Maine,  malgré  tous  les  documents  qui  l'y  rattachent,  pour  le  trans- 
porter dans  celui  d'Aleth,  où  on  ne  peut  montrer  de  lui  la  moindre  trace. 
Et  comme,  sur  le  territoire  où  on  l'installait  on  trouvait  deux  évêchés, 


1.  Bulletin  Critique,  n°  du  15  juin  1884.  p.  247. 

2.  Ces  preuves  (en  dehors  de  ce  que  nous  en  avons  dit),  nous  les  omettons  ici,  parce 
que  nous  ne  faisons  pas  un  travail  spécial  sur  cette  question,  mais  nous  aurons  l'occasion 
d'y  revenir. 


480  L'Emigration  bretonne  en  Armorique. 

on  a  jugé  tout  simple  0  d'extirper  •>  celui  qui  gênait  ;  il  fallait  pour  cela 
écarter  des  documents  essentiels,  tordre  des  témoignages  authentiques 
parfaitement  clairs:  on  l'a  fait  «  résolument  '  ». 

Ces  procédés,  au  moins  singuliers 2,  il  était  nécessaire  de  les  décrire 
parce  qu'ils  jugent  un  système,  surtout  quand  ce  système  les  impose  à 
d'excellents  esprits  qui,  libres  de  telles  entraves,  sont  aptes  à  produire 
et  produisent  effectivement  d'excellentes  œuvres. 

VIII. 

Sur  cette  question  des  cités  et  des  évêchés  de  la  péninsule  Armorique, 
nous  avons  dû  insister,  puisque  c'est  sur  ce  terrain  que  l'ouvrage  de 
M.  Loth  a  été  principalement  attaqué. 

Attaques  vives,  comme  tout  ce  qui  part  de  l'esprit  de  système,  quoique 
fondées,  on  vient  de  le  voir,  sur  des  raisons  bien  légères,  incapables  de  faire 
brèche  dans  la  théorie  de  l'émigration  bretonne  développée  par  M.  Loth. 

Nous  tenions  à  le  constater;  car,  malgré  quelques  rares  divergences 
avec  l'auteur  portant  sur  des  points  secondaires,  cette  théorie,  on  le  sait, 
c'est  la  nôtre.  Elle  peut  se  résumer  ainsi  : 

i°  Négation  du  système  qui  attribue  la  colonisation  bretonne  de  l'Ar- 
morique  aune  expédition  conquérante,  laquelle  aurait  expulsé  ou  anéanti 
d'un  coup  les  indigènes  pour  leur  substituer  les  conquérants. 

2°  Colonisation  par  bandes  d'émigrés,  isolées,  successives,  poussées 
hors  de  la  Grande-Bretagne  par  l'invasion  saxonne,  débarquant  à  la  file 
en  Armorique  pendant  plus  d'un  siècle. 

5"  Comme  résultat  de  ces  longues  et  nombreuses  émigrations,  pré- 
pondérance de  la  race  bretonne  dans  la  nation  formée  en  Armorique  du 
mélange  des  émigrants  et  des  indigènes.  —  Prépondérance  dans  l'ordre 
civil  :  principautés  bretonnes  substituées  aux  cités  gallo-romaines.  — 
Prépondérance  dans  l'ordre  religieux:  organisation,  par  les  Bretons 
émigrants,  d'évêchés  dont  les  limites  coïncident  avec  celles  des  princi- 
pautés bretonnes.  —  Prépondérance  de  la  langue  :  substitution  du 
breton  au  gaulois,  ou  plutôt  au  latin  vulgaire  et  corrompu,  parlé  au 
ve  siècle  en  Armorique  comme  dans  le  reste  des  Gaules. 

1.  On  avoue  d'ailleurs  nettement  que  le  tout  a  pour  but  de  faire  rentrer  Dol  dans 
la  chimérique  cité  diablintique  d'Aletn;  voir  BulL'tin  Critique  du  15  juin  1884,  p.  247. 
D'ailleurs,  en  dehors  du  système  qui  assimi  e  la  Notice  des  Gaules  à  une  nomenclature 
épiscopale  et  déclare  obligatoire  la  si-perposition  d'un  évêc^.e  à  chacune  de;  cités,  im- 
possible de  trouver  même  un  prétexte  pour  transborder  les  Diablintesde  Jublains  à  Aleth. 

2.  Nous  en  laissons  de  côté  plusieurs  autres  du  même  génie,  dignes  pourtant  d'être  si- 
gnalés ;  mais  il  faut  se  borner. 


L'Emigration  bretonne  en  Armonqut.  481 

40  Conclusion:  ce  sont  les  Bretons  qui  ont  fait  la  Bretagne,  c'est-à- 
dire  la  société,  la  nation  bretonne  du  continent. 

Conclusion  peu  téméraire  et  bien  naturelle,  ce  semble  ;  adoptée  tout  à 
la  fois  par  la  saine  érudition  qui  la  confirme  et  par  le  simple  bon  sens; 
nuis  contestée  encore,  ça  et  là,  fort  opiniâtrement  par  l'esprit  de  sys- 
tème. 

Cette  conclusion,  le  livre  de  M.  Loth  contribuera  efficacement,  nous 
le  croyons,  à  en  assurer  le  triomphe  définitif;  la  distinction  si  méritée 
qu'il  a  obtenue  de  l'.nstitut  en  est  un  gage.  Et  l'auteur  aura  ainsi  rendu 
un  grand  et  réel  service  à  la  cause  des  études  celto-bretonnes,  à  celle  de 
la  saine  critique  et  de  la  vérité  historique. 

Arthur  de  La  Borderie. 


LES  MISSIONS  GALLOISES  EN  BASSE-BRETAGNE. 

Nous  traduisons  la  note  suivante  de  la  chronique  du  Red  Dragon  de  juin  1 88  ^ . 

«  D'après  le  Freeman,  la  Société  des  Missions  Baptistes  a  l'intention  de  sup- 
primer sa  mission  en  Bretagne.  Le  Rev.  John  Howeil  écrit  à  la  S  ten  pour  en- 
gager les  baptistes  gallois  à  reprendre  l'œuvre  qui  a  été  abandonnée  par  cette 
Société.  Il  rappelle  ce  fait  que  l'œuvre  des  missions  en  Bretagne  a  été  inaugurée 
par  le  pays  de  GiiKv;  qui,  il  y  a  bien  des  années,  y  avait  envoya  feu  M.  Jenkins. 
Appuyant  sur  le  fait  de  l'idolâtrie  virtuelle  (virtual  ido'atrj)  qui  règne  en  Bre- 
tagne et  sur  l'identité  de  race  entre  G.'llois  et  Bretons,  M.  Howeil  demande 
que  le  piys  de  Galles  ne  laisse  pas  son  enfant  mourir  faute  de  soins.  La  propo- 
sition est  appuyée  avec  chaleur  par  M.  Jones,  Gal'ois  baptiste  de  Birkenhead. 
M.  H  nvell  et  M.  Jones  on».  dé|à  p'uùeurs  fois  visité  la  Bretagne  et  montré 
avant  cette  crise  un  vif  intérêt  pour  la  mission  bretonne,  n 

Il  y  a  plus  de  quarante  ans  dé|à  que  de  zélés  Gallois  ont  envoyé  des  missions 
protestantes  en  Bretagne;  elles  n'ont  eu  d'autre  effet  que  de  causer  une  émo- 
tion irritée  au  clergé  catholique  dont  on  cherchait  à  suborner  les  ouailles.  C'est 
l'occasion  de  signaler  rétro-.p-cîivement  un  petit  livre  écrit  d'un  ton  très  mesuré 
et  qui  a  conservé  tout  son  intérêt:  La  Bisse-Bretagne  ei  le  pays  de  Galles; 
queiqu-.s  par: les  simples  et  véridques,  adressées  à  M.  le  c  mte  Hersa  t  de  La  Vil- 
lemaïquè,  de  l'Institut,  par  J.  Williams,  pasteur  gallois  à  Quimper.  Paris, 
Meyrueis,  1860.  in-12.  —  Le  même  sujet  avait  auparavant  déjà  inspiré  un 
livre  anglais:  Britanny  aid  the  B'ùle,  by  J.  Hope.  London,  Longman,  i8j2, 
in-12. 

Le  souvenir  des  saints  bretons  qui  sont  venus  évangéliser  l'Armorique  aux  v 
et  vi 'siècles  ne  doit  pas  faire  illusion  aux  missionnaires  gallois  de  notre  temps. 
Ces  vieux  missionnaires  faisaient  des  miracles  ;  souvent,  par  exemple,  ils  tra- 
versaient la  Manche  dans  une  auge  en  pierre;  —  dans  plusieurs  églises  de  Bre- 
tagne  on  montre  encore  l'auge  miraculeuse  du  saint  patron.  Quand  les  pasteurs 
baptistes,  méthodistes  et  autres  du  pays  de  Galles  seront  aussi  forts  en  thau- 
maturgie, alors  ils  pourront  espérer  obtenir  en  Armorique  le  succès  de  saint 
Cado  et  de  saint  Gildas.  H.  G. 

Rev.  Celi.,  VI  ji 


MÉLANGES 


SUR    LA    FORME    DE  QUELQUES  NOMS   GÉOGRAPHIQUES   DE 
LA  PÉNINSULE  IBÉRIQUE. 

Vacua . 

La  vraie  forme  du  nom  de  ce  fleuve  nous  est  offerte  par  Strabon  (3, 
j,  4,  Ojaxo'a),  comme  il  est  prouvé  parla  forme  moderne  Vouga  [Vauga 
dans  les  documents  en  bas  latin  antéiieurau  xntf  siècle  .  Comparer auga, 
forme  populaire,  pour  agua,  lat.  aqua.  Il  faut  donc  corriger  les  formes 
Vacca,  Vagia  dans  Pline  (4,  21,  $$,  113L  S'il  y  a  ici  un  nom  qui  se  rat- 
tache aux  langues  celtiques,  il  faut  comparer  pour  la  terminaison  Addua, 
Mcsua,  etc.  Voir  Zeuss-Ebel,  Gramm.  celt.,  p.  764.  La  racine  se  retrou- 
verait dans  Bello-vaci  [comp.  Bello-vix,  Bello-vesus,  etc.]  \Caes.l,  Vacus 
Steiner,  n°  9 ?6^ ,  Vaco  \ibid.,  n"  115),  Vaca'.us  Caes,£.  G.,  îv,  10,  1  ; 
Gluck,  Die  bel  C.  J.  Caesar  vork.  ke'Jischen  Namen,  p.  16,  1). 

Erminius  mons. 

Serra  da  Esîrella  est  le  nom  moderne  de  cette  montagne  de  la  Lusi- 
tanie  ;  il  n'y  a  que  le  nom  de  lieu  Aramen'ia  qui  paraisse  se  rattacher  à 
Erminius.  Je  crois  que  dans  'Ëpp.iv.'ôv  Spoç  (Dio  Cassius,  37,  $2,  53), 
Herminius  mons  iCaes.,  B.  Alex.,  48,  2),  l'aspiration  est  aussi  peu  jus- 
tifiée que  dans  les  noms  Hercynia,  Helvii,  Helvetii,  etc.  (voir  Gluck, 
p.  10  ;  s'il  est  permis  d'y  voir  un  nom  d'origine  celtique,  il  est  composé 
de  er  et  d'un  thème  mino-.  La  particule  tr,  qui  sert  à  renforcer  la  signi- 
fication, est  le  premier  élément  d'Er-cunia  Hercynia  ;  comp.  mod.  kymri 
er-chynu  «  elevare  »,  er-chyniad  «  elevaiio  »,  erdirym  er  -f-  trym>  «  com- 
pactus  »  Zeuss-Ebel,  p.  89 5 ! .  La  racine  cun  se  retrouve  dans  le  mod. 
kymri  cwn  «  altitudo  »,  cunu  «  exsurgere  »,  etc.,  et  peut-être  dans  les 
anciens  noms  Cuneîion  It.  Ant.},  Cunc-bellinus,  Cunotamus,  etc.  (Zeuss- 
Ebel,  p.  92,  860;  Gluck,  p.  ni,  Conembriga  * Conenobriga) ,  etc.  Le 
thème  mino-  serait  dérivé  de  la  racine  min  du  lat.  pro-min-eo,  e-min-eo, 


Noms  géographiques  de  la  péninsule  Ibérique.  483 

im-min-eo,  men-tu-m,  mon-ti-.  Voir  Pictet,  Origines,  I2,  147.  Corssen, 
Krit  Nachtr.,  p.  79;  Ueber  Aussprache,  etc.  II,  29  i cf.  Curtius,  Crund- 
zuege,  n°  41 3  .  Il  y  a  en  moy.  kymr.  minid,  mont,  en  moy.  comique  menith, 
en  armor.  menez  (Ebel,  Beitraege  z.  vergl.  Sprachf.,  II,  158;  d'Arbois 
de  Jubainville,  Revue  celtique,  II,  207;  1,  94;  Mém.,  Soc.  de  ling., 
IV,  p.  2721.  Comp.  encore  Minaticum,  lieu  de  la  Gaule  Beitraege  zur 
vergl.  Sprachforsch,  III,  418,  Zeuss-Ebel,  p.  806],  Vindo-mined  imons 
albus,  Zeuss-Ebel,  p.  1  32).  *  Er-minos,  d'où  la  forme  adjective  Erminius, 
aurait  donc  la  même  signification  que  *  Fr-cunos,  d'où  Ercunia,  Ércunius, 
c'est-à-dire  très  élevé,  celui  qui  est  très  élevé. 

lacca. 

'Iaxxa  iPtol.,  2,  6,  67  ville  dans  la  Tarraconaise;  'la/.xrjvo' iStrab.; 
Ptol.,  2,  6,  72),  peuple  de  la  Tarraconaise,  dont  le  territoire  est 
nommé  'la-/.xr,Tavi'a  iStrab. ,  III,  4,  10).  Sur  les  variantes  de  ces  noms 
et  la  question  géographique  qui  s'y  rattache,  voy.  E.  Hubner  [Hermès, 
I,  357-342,  qui  établit  que  lacca  n'était  pas  une  ville  des  Vase  nés, 
comme  le  dit  Ptolémée.  La  forme  mod  rne  du  nom,  Jaca,  prouve  jus- 
qu'à l'évidence  que  lacca  est  une  bonne  forme  :  le  /  moderne  représente 
régulièrement  l'ancien  i,  j  ;  le  double  c:est  représenté  par  c;  s'il  y  avait 
dans  la  même  forme  un  simple  c,  la  forme  moderne  serait  plutôt  Jaga 
(cf.  Diez,  Gramm.  des  langues  rom.,  trad.  fr.,  I,  237-8  et  226K  II  se 
présente  une  explication  possible  par  le  celtique.  L'irlandais  ic,  icc 
s  salus,  salutis  »,  icct'ie  «  silvatus  »,  «  sanatus  »,le  kymr.  mod.  iach 
«  sanus  »,  le  vieil  arm.  jechet,  proviennent,  d'après  Zeuss-Ebel,  p.  49, 
d'un  proto-celtique  *  jacca.  Fick  (Zeitsckrift  fur  vergl.  Sprachforschung, 
xx,  173-4)  Y  compare  le  grec  a<o;  qui  peut  représenter  un  ancien 
*jaxo;.  M.  Stokes,  à  qui  a  peut-être  échappé  ce  rapprochement  de  Fick, 
dit  dans  son  glossaire  d'Oengus  On  the  Calendar  of  Oengus,  p.  cclxxiv): 
«  icc,  s.  f.  salus,  gen.  icce  F2  49,  225,  w.  iach,  from  isaccâ  or  isancâ 
cf.  iy.oy.a-.  from  [caoaai,  see  Fick,  I,  30).  »  Il  y  a  là  une  question  que 
nous  ne  sommes  pas  à  même  de  résoudre.  Comp.  encore  Jecora  «  flu- 
violus  s  1B0II.,  Sept.  5,617;  Zeuss-Ebel,  p.  7791.  Nous  ne  rappelons 
pas  le  nom  Salus  Julia,  attribué  à  une  ville  de  l'Espagne  ancienne,  à 
cause  des  doutes  d'E.  Boecking  >Not.  dignitat.  248*1 

Allotriges. 

'AÀÀo-:'.y;;  et  non  'A/.Xd'lp'.yô;  est,  je  suis  porté  à  le  penser,  la  vraie 
forme  du  nom  du  peuple  dont  il  est  fait  mention  dans  Strabon  iIII,  3,  7). 


484  Les  noms  de  lieu  du  pays  de  Malmédy. 

Allobriges  est  une  mauvaise  forme  pour  Al'obroges  ;  Allotriges  porte  les 
traits  d'une  forme  celtique  composée  de  allot  -\-  rigts;  comp.  Durotriges, 
peuple  de  la  Britannia  Ptol..  2,  5,  29  =  '  durotoriges,  dont  l'élément 
durol  se  retrouve  dans  Durotix  [comp.  Calitix]  Gluck,  p.  70  ,  Duro- 
tincum   Zeuss-Ebel,  p.  SoS  . 

Les  thèmes  allot,  durot,  pour  alloto,  duroto  comp.  Lugolo-rix,  Caes. 
B.  C,  v,  22,  2  sont  dérivés  de  allô,  duro.  comme  lugotode  lugo  comp. 
Lug-dumim  pour  *  Lugo-dunum,  Linetus  =  irLnd.  Lugith,  Gluck,  p.  75), 
Seno'um  de  seno  comp.  Senones,  etc.  . 

On  retrouve  allô  dans  Allobrox  Horat.,  Epod.  16,  6;  Juvenal,  7,  21, 
41  ^,  plur.  Alhbrôges  Liv.,  Plin.,  Me!a,  etc.  ,  =  kymri  all-fro  «  alieni- 
gena  ».  Sur  brog  «  terra,  regio  »,  voy.  Zeuss-Ebel,  p.  90,  1 37,  207,  etc. 
Allô  correspond  au  grec  aX).o;,  lat  alius.  Le  nom  hispanique  Allucius 
xCorp.  inscript,  lat.  II,  n'3  737,  2465,  etc.  [Alluqius],  et  Dion  Cassius, 
57,  44  rappelle  le  lat.  Aliénas,  l'ail.  Anderst. 

Le  second  élément  de  Allotriges,  Durotriges,  —  riges,  —  est  le  plu- 
riel de  rix,  et  correspond  au  lat.  rex,  reaes  Zeuss-Ebel,  p.  20;  Gluck, 
p.  2  n.). 

Autrigones. 

On  a  identifié  quelquefois  les  Autrigones  de  Mêla.  III  (1,  10,  Plin. 
(III,  j),  Ptol.  II,  6.  7  ,  avec  les  Allotriges  de  Strabon  ;  ces  noms  sont, 
nous  le  croyons,  de  formation  bien  diverse.  On  peut  voir  dans  Autri- 
gones un  dérivé  de  Autricum,  qu'on  ne  rencontre  pas  dans  la  péninsule, 
mais  que  nous  avons  dans  la  Gaule;  sur  ce  nom  voyez  Zeuss-Ebel 
(p.  799  ,  d'Arbois  de  Jubainville   Rev.  celtique,  I,  471). 

F.-Adolpho  Coelho. 
Lisbonne.  22  mars  1882. 


LES  NOMS   DE  LIEU   DU   PAYS   DE   MALMÉDY. 

Le  jojrnal  de  ce  bout  de  pays  wallon  englobé  dans  la  Prusse  rhénane 
où  ont  paru  les  études  toponomastiques  de  M.  Esser  '  n'étant  guère  ac- 
cessible à  la  plupart  de  nos  lecteurs,  j'en  ai  extrait  et  traduit  en  partie 
ce  qui  m'a  paru  le  plus  propre  à  les  intéresser,  en  abrégeant  la  forme. 


I.  Bemerkungen  ùber  die  Ortsnamen   des  Kreises  M'tvedy,  par   le  Dr  Esser,  dans  le 
Kreisblattfùr  den  Kreis  Malmedy,  S.  Viih,  séries  d'articles  depuis  le  5  août  1882. 


Les  noms  de  lieu  du  pays  de  Malmédy.  48$ 

Les  chiffres  entre  crochets  renvoient  aux  numéros  des  articles  de  M.  le 
Dr  Esser;  je  les  fer.ii  suivre  de  quelques  remarques. 

-âcum,  de  *-an:o  ,  correspond  au  germain  -ingen,  de  -anga-,  qui 
s'ajoute  de  mêjne  aux  noms  de  personne  pour  former  des  noms  de  lieu 
[XVIII  a,  $6  /;  XV. II  b;  XX,  58].  —  Le  rapprochement  desemplois  de 
ces  deux  suffixes  a  sans  doute  sa  raison  d'être,  mais  l'etymologie  donnée 
pour  le  premier  est  phonétiquement  inadmissible  ;  -âcum  est  proprement 
le  neutre  d'une  terminaison  celtique  d'adjectif,  cf.  lat.  merus,  merâcus. 
Ce  suffixe  doit  s'être  formé  d'abord  sur  d^s  thèmes  de  la  première  dé- 
clinaison :  cf.  lat.  verbena,  verbenâca,  verbenâceus  ;  viola,  violâceus,  gallina, 
gallinlceus,  etc. 

Arduenna  silva  =  *  Arduo-penn.i,  «  altum  caput,  altus  mons  »,  ou 
■  altus  saltus  »,  cf.  Ardobrica,  en  Espagne,  Mêla  3,  1,  9,  «  collis  »  ou 
"  mons  altus  »  ?  [IX,  33].  —  Etymologie  fondée  sur  la  possibilité  d'une 
chute  du  p  gaulois  (=  c:itique  primitif  qu,  irlandais  c  ,  analogue  à  celle 
du  p  ario-européen  en  celtique  primitif  Mais  rien  ne  montre  que  le  p 
fût  sujet  à  disparaître  en  gaulois,  bien  que  le  trécorois  éal  poulain  deux 
syllabes  soit  identifié  à  ebeul  =  *ep.\'.os,  Et.  gramm.  2.  Je  crois  plutôt 
que  éal  =  comique  e'ial,  «  pecus,  jumentum  »,  Z2  1075,  de  *  p  esalos, 
cf.  vieux  haut  allemand  fasal,  foetus,  gallois  al,  vieil  irl.  âl,  proies; 
bret.  eala,  ala,  vêler,  P.  Grég.  ;  halhf  faire  un  petit,,  «  selon  quelques 
vieux  dictionnaires  ».  D.  Le  Pell.,  gall.  alu. 

-cêtum.  Bevercé,  plus  anciennement  Beverché,  Bevrsé  =  '  Biv.no- 
cêtum  «  bois  où  coule  la  Bever  »,  de  *  Bivara  =  «  eau  vive  »),  et  cêtum, 
bois,  v.  irl.  ci.id,  v.  gall.  co/r  — germ.  haitha,  lat.  bà-cêlum,  =al!em. 
Kuh-heide),  quer'cu)-cêtum  (Wîndisch,  Beitr.  z.  vergl.  Spr.  VIII,  39), 
sali  ci  -cêtum.  Cf.  Cîtobriga,  en  Espagne  =  Heidberg;  Utocêtum  (Bretagne), 
Forbiger,  H.xndb.  d.  alten  Geogr.  III,  295;  Etocêtum,  ib.  294;  Lacto- 
cêtum,  ib.  293  ;  Cêtius  mons  Norique  ;  Aelium  Cêlium;  Vo-cêt'.us=  a  Nie- 
derwald  »,  cf.  Cuno,  Vorgesch.  Roms,  485  ;  Vicus  Tuscaet:um,  Rétie,  de 
*  Taxocêtum  «  bois  d'if  »,  =  peut-être  Tettscheid  Kr.  Daun  ,  écrit  Texscith 
en  1161  \Mittelrh  Urbek.,  I,  68}  .  On  peut  ajouter  avec  vraisemblance 
Caes'u  silva,  cf.  Tac.  Ann.,  I,  $0  et  des  formes  où  il  y  a  à  au  lieu  deé, 
comme  Côtia,  auj.  Cuise,  dép.  de  l'Oise  ;  S  Iva  Côtia,  la  forêt  de  Corn- 
piègne  (cf.  Quicherat,  109  ;  der  Coien-forast  en  882  Kr.  Bonn,  Mit- 
telrh.  Urbek.,  I,  126.  Cf.  les  noms  de  personne,  gaul.  Càtius.  dans  le 
nom  de  lieu  fréquent  Côtiàcum  ;  irl.  Ci.xddn,  gall.  Coetvalhwn,  bret. 
Worcoet  =  *  Ver-cêtus  ;  comme  en  germain  Haid-rich,  en  lat.  Silvia,  etc. 
Le  gaul.  cêtum,  bois,  prononcé  zêtum  vers  le  vnc  siècie,  est  devenu 
-scheid  dans  un  grand  nombre  de  composés,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin  : 


486  Les  noms  de  lieu  du  pays  de  Malmédy. 

Burtscheid,  près  d'Aix-la-Chapelle  =  Burcithum  ou  Borcetum,  de  *  Borvo- 
cêtum,  composé  de  Borvus  ou  Borva,  Bormus  ou  Borma,  plus  tard  Wur- 
m'us  fluviolus  cf.  Marjan,  Kelt  Ortsn.,  I,  15  auj.  die  Wurm.  De  même 
Trierscheid,  K.r.  Aderuu,  =  *  Tiêro-cêtum  «  bois  traversé  par  le  Trier- 
bach  »,  au  x"  s.  Triera.  Ce  mot  scheit  ou  scheid,  bois,  semble  avoir  été 
adopté  parles  peuples  habitant  le  cours  moyen  du  Rhin  ;  car  on  trouve 
vingt  exemples  de  composés  où  ce  mot  est  déterminé  par  un  complément 
germanique,  par  exemple  Quirinescheit  nemus,  Mitlelr.  Urbek.  III,  268; 
Hoenscheid  silva,  ib.,  III,  355.  Ce  complément  est  souvent  un  nom 
d'arbre  ou  d'animal.  Il  faut  observer  aussi  que  dans  l'Eifel  l'expression 
im  Scheit  est  très  commune  comme  désignation  de  district  boisé  [XV,  { }]. 
—  Un  des  points  qui  me  semblent  douteux  dans  cette  dissertation  si 
instructive  est  1  assimilation  des  formes  gauloises  par  0  avec  celles  qui 
ont  ê. 

Humes,  Humes,  ein  Flurname,  m.  «  durch  den  ganzen  Kreis  Oitweiler 
ein  kurzes,  nichttiefes  Thaï  a  ;  vgl.  Schmitt,  Der  Kieis  Saariouis,  S.  1 39. 
Sollte  dièses  dialectische  h  Humes  b  nicht  der  deutsche  Reflex  des  Kel- 
tisch-romanischen  cumbeta,  Hochthâlchen.  sein  ?  Zu  cumbeta  vgl.  Buck, 
Obcrdeulsclies  Flurnamenbuch,  S.  94  [VII,  24,  n.]. 

Jiïnkeralh  cercle  de  Prum  est  d'origine  germanique,  et  a  été  rap- 
proché à  tort  de  Icorigium  ou  Ecorigium  'Ptolemée  .  Cf.  Dca  Ico-vellauna. 
kio-durum.  Icio-magus.  n.  de  lieu,  Icos,  Icus,  Iccius,  Icco,  kcianus,  le- 
cavos,  n.  de  pers.,  et  l'ethnique  Icini  [VIII,  30,  n  ]. 

Kolvender  idie),  oder  der  Kolvenderb.ich,  scheidet  die  Pfarrgemeinden 
Manderfeld  und  Heppenbach.  Das  Bestimmungswort  Colvo-  erscheint 
noch  in  Kolvenbach  iWeiler  im  Kr.  Schleiden  ,  Kolveren  im  Arr.  Hasselt1 
aus  *  CoUara,  und  im  Familienn.  von  Kolf.  Wer.n  in  Colvo-  das  /  aus  r 
entstanden  ist,  so  gehôrt  das  Wort  zu  europ.  Karva,  graeko-ital.  corvo, 
krumm.  [iV,  b.  1].  —  L'existence  d'un  correspondant  celtique  du  lat. 
curvus  n'est  pas  prouvée.  On  pourrait  penser  au  breton  korv-igel  «  état 
de  ce  qui  est  entortillé  »,  au  fig.  «  duplicité  ».  Ce  mot  est  tiré  dekoulm, 
nœud,  Et.  gramm.,  si-,  ma's  'e  changement  d'm  en  v  n'a  ici  aucune 
vraisemblance  :  comparez  plutôt  l'analogie  de  Kammigellou,  zigzags, 
mot  qui  peint  le  vol  du  papillon  Bombard  Kerne,  10  ,  tréc.  Kamigel,  ac- 
tion de  boiter,  Kamigelat,  de  Kamm,  courbe.  Seulement  Korv-  doit  être 
emprunté  au  latin  curvus^  comme  cyrf-  dans  le  gallois  cyrfol.  rond1. 

2.  Il  est  possible  aussi  que  Korvigella,  brouiller,  soit  identique  à  cozriguella.  tordre, 
que  cite  D.  Le  Peil  d'après  «  le  plus  vieux  des  dictionnaires  qu'il  a  lus  »,  et  que  celui-ci 
vienne  de  * cot-tric-ellam,  cf.  v.  bret  guo-tric.  <<  differ  »,  lat.  in-tricare  (cf.  Rev.  Celt  . 
v.  128). 


A  propos  des  Lugoves.  487 

Liège  ideutsch  Lùttich,  holl.   Luik,  im  aachener  Dialekt  Lùck,  wall. 
Lit^e  .  Dieser  Ortsname  scheint  mir  mit  Riicksicht  auf  die  «   echteren 
Formen  »  Luticha,  Luthecha,  Leudic.i,  Leodicum    bei  F.  II2,  S.  1010  f. 
unbedingt  den  gallo-keltischen  Ortsnamen  auf -tkumzuge.viesen  und  als 

*  Luiiàcum  'von  einem  Personenn.  Lutius  oder  Loutius  :  Or.  4994  auf- 
gefasst  werden  zu  mùssen  ;  ein  Ortsn.  Lutiaco,  womit  allerdings  Lùttich 
nichts  zu  schaffen  hat,  figurirt  im  Mittelrh.  UB,  I,  S.  220  in  einer  Ur- 
kunde  aus  dem  J.  912.  Mit  Lùttich  aus  Lutiàcum  stehen  zu  vgl.  :  Kuttig 

Kx.  Mayenï  aus  Cuttiâca  villa  :  Mittelrh.  UB,  I,  S.  276,  und  Rùttich 
vgl.    Hardt,    Lux.    Weisth.,   S.    150,  frz.   Roussy,  bei  Thionville   aus 

*  Rutiàcum  von  einen  Personenn.  *  Ratius,  der  auf  dasselbe  gall.  Na- 
menelement  Ruto-  zuruckgeht  wie  der  Kelt.  Volksn.  Ruteni  [XIV,  5 1 ,  n.  . 

Stavelot,  Stablo,  wall.  Stâveleù,  Stavleu,  piattd.  Stâvel,  en  651  Stabe- 
laco,  en  695  Stabulacho,  Stabelasco,  se  présente  dans  d'autres  documents 
sous  la  forme  Stabulaas,  pour  Stabulagus.  Stabulacus  ;  c'est  à  tort  que  la 
Gramm.  celt.,  2e  éd,  p.  32,  voit  ici  une  diphtongue  au.  On  trouve  aussi 
Stabuletum,  par  assimilation  de  ia  terminaison  celtique  -àcum  au  suffixe 
roman  -êtum,  comme  dans  Tulpetum,  M.ucetum,  Hurcetum,  formes  assez  fré- 
quentes dans  les  chartes,  pour  Tulpiâcum,  Zùlpich;  Marciàcum,  Merzig  ; 
Urtiàcum,  Uerzig.  La  forme  originaire  doit  être  Stabulâcum,  du  nom 
d'homme  Stabulus,  qu*on  lit  dans  une  charte  de  l'an  804,  cf.  le  gaul. 
Cingius  Stabulo,  Orell.,  269.  Ce  nom  Stabulus  doit  être  celtique,  puis- 
qu'il n'est  ni  latin  ni  germain  et  qu'en  gaul.  stabulo-  répond  bien  au  grec 
"avjÀo-,  raisin,  cf.  Fick,  Die  griech.  Personenn.unen,  87  [II,  8;  IX.  32]. 
—  Cette  explication  de  Stabulus  est  au  moins  bien  douteuse;  en  général, 
M.  le  Dr  Esser  ne  se  défie  pas  assez  des  interprétations  de  syllabes  pré- 
sumées gauloises  par  des  mots  appartenant  à  des  langues  autres  que  les 
idiomes  néo-celtiques.  Sur  la  chute  de  la  gutturale  dans  Stabulaus, 
cf.  D'Arbois  de  Jubainville,  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique,  V,  427. 

Emile  Ernault. 


A   PROPOS   DES   LUGOVES. 

Dans  une  récente  séance  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France  f  18  mars  1 83  s  - 
M.  D'Arbois  de  Jubainville  a  cité  incidemment  le  nom  des  Lugoves  des  inscrip- 
tions gallo  romaines  comme  étant  un  pljriel.  et  le  pluriel  du  nom  du  dieu  Lug 
qui,  pour  lui,  est  le  véritable  nom  du  Mercure  gaulois.  A  cette  occasion,  j'ai 
présenté  quelques  observations  que  je  reproduis  ici  d'après  le  Bulletin  de  ladite 
Société  : 


488  A  propos  des  Lugoves. 

Ce  nom  se  rencontre  en  effet  deux  fois  : 

I  au  nominatif,  en  Suisse. 

LVGOVES 

L'inscription  se  compose  de  cet  unique  mot,  et  le  général  Creuly  la 
décrit  ainsi  :  «  sur  le  tailloir  d'un  chapiteau  de  colonne  corinthienne  en 
lettres  creuses  de  12  cent.,  ayant  reçu  des  caractères  en  bronze,  dont 
l'un  subsiste,  le  dernier.  Musée  d'Avenches'.  » 

2)  au  datif,  en  Espagne  (Tarraconaise  . 

LVGOVIBVS 

SACRVM 

L.L.  VRCI 

CO. COLLE 

GIO.  SVTORV 

M  D.D 

M.  Hùbner,  en  publiant  cette  inscripton,  ajoute  :  qualis  fuerint  Lu- 
goves sutorum  fortasse  numina  tutelaria  nescimus  2. 

Rien  dans  ces  inscriptions  —  qui  ne  paraissent  pas  accompagnées  de 
représentations  figurées  —  n'indique  s'il  s'agit  de  dieux  ou  de  déesses,  ou 
même  de  divinités  en  général. 

Dans  son  livre  le  Cycle  mythologique  irlandais' et  la  mythologie  celtique, 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  avait  référé  à  ces  deux  inscriptions,  mais  sans 
en  citer  le  texte.  Son  lecteur  était  laissé  dans  l'ignorance  de  la  forme  plu- 
rielle de  ces  noms.  Ce  fait  pourtant  a  de  l'importance,  lorsque  M.  d'A. 
de  J.  voit  dans  le  Lug  irlandais  le  type  authentique  et  surtout  le  nom  par 
excellence  du  dieu  gaulois  qui  nous  est  connu  sous  le  nom  latin  de  Mer- 
cure 3.  C'est  ce  nom  qu'il  retrouve  dans  le  nom  de  Lugudunum,  ancien 
nom  de  plusieurs  villes  de  Gaule*. 

II  me  parait  bien  hardi  d'affirmer  le  vrai  nom  du  Mercure  gaulois  et 
gallo-romain  en  l'absence  de  texte  épigraphique  qui  serve  de  point  de 
départ  à  une  identification.  En  attendant  ce  texte,  qui  est  encore  à 
trouver,  l'affirmation  de  M.  d'A.  de  J.  me  semble  contredite  par  ces 


1.  Revue  Celtique,  t.  III,  p.  300.  —  Cf.  Mommsen,  Inscr.  Conf.  Helv.,  n°  161. 

2.  C.  I.  L.  t   II,  nr-  2818. 

î.  D'Arbois  de  Jubainville:  Le  Cycle  mythologique,  etc.,  p.  178. 

4  MM.  Siegfried  et  \\  h.  Stokes  avaient  expliqué  le  premier  terme  de  ce  nom  par  l'ad- 
jectif lugu  =  gr.  i-Xayyç,  (cf.  irl.  laigiu  «  plus  petit  ».  W.  S.,  Three  Irish  r4ossaries. 
p.  xxx),  soit  a  le  petit  fort  ».  M.  d'A.  de  J.  l'explique  par  Lug  «  soit  le  fort  de  Lug  ». 


A  propos  des  Lugoves.  489 

deux  faits  qui  se  tiennent  l'un  l'autre  :  1  '  on  ne  trouve  Lug  au  singulier 
dans  aucune  inscription;  2"  on  le  trouve  au  pluriel  dans  les  deux  seules 
inscriptions  qui  nous  font  connaître  son  nom.  Or,  si  ce  nom  est  em- 
ployé au  pluriel,  cela  par_.it  indiquer  qu'il  s'agit  non  d'une  divinité  par- 
ticulière et  personnelle,  mais  d'un  ensemble  de  divinités  comme  les  Ma- 
ires, les  Pat' es,  les  Digenes,  etc  ,  tous  noms  de  divinités  collectives  et, 
par  conséquent,  des  DJ  minores  au  point  de  vue  de  la  hiérarchie  géné- 
rale des  dieux. 

Cet  argument  s'appuie  sur  l'analogie  que  nous  fournissent  les  dieux 
personnels  du  panthéon  gallo-romain.  Mercure,  que  M.  d'A.  de  J.  nous 
dit  être  Lug,  est  adoré  et  nommé  dans  de  nombreuses  inscriptions  ;  mais 
jamais  l'hommage  ne  s'adresse  Mercuriis  «  aux  Mercures.  »  Jamais  on  ne 
trouve  d'inscription  Ioiibus  a  aux  Jupiters  ».  On  trouve,  il  est  vrai,  une 
fois  MARTIBW5.  mais  ce  pluriel  suit  deux  noms  indigènes  de  dieux,  et 
cela  montre  qu'il  s'agit  de  deux  noms  distincts,  assimilés  l'un  et  l'autre 
à  Mars  et  réunis  par  suite  de  ce  fait  dans  une  même  invocation  '. 

M.  d'A.  de  J.  a  cité  par  analogie  la  pluralité  du  culte  de  la  Vierge 
Marie.  J'aurais  cru  téméraire  d'introduire  ic;  des  comparaisons  avec  le 
christianisme,  mais  puisque  M.  d'A.  de  J.  me  donne  l'exemple,  je  le 
suivrai  dans  cette  voie  :  je  le  ferai  d'autant  plus  volontiers  que  je  consi- 
dère l'étude  des  manifestations  popuLires  du  christianisme  comme  la 
meilleure  préparation  à  l'étude  des  religions  de  l'antiquité.  F.n  étudiant 
ces  religions  seulement  en  elles-mêmes,  dans  les  fragments  qu'elles  nous 
ont  laissés,  on  serait  dans  la  situation  où  étaient  les  pauvres  physiolo- 
gistes d'avant  la  Renaissance,  qui  étudiaient  le  corps  humain  dans  Galien, 
Hippocrate  et  Aristote,  au  lieu  de  l'étudier  dans  l'homme  lui-même  par 
la  dissection  et  l'autopsie.  Ce  n'est  pas  dans  des  débris  morts  qu'on  peut 
saisir  les  phénomènes  de  la  croyance,  c'est  dans  les  manifestations  de  la 
croyance  vivante,  directement  et  complètement  connaissable. 

Je  prends  donc  l'analogie  que  m'offre  M.  d'A.  de  J.,  mais  elle  se 
tourne  contre  lui.  La  Vierge  Marie,  en  effet,  n'est  Jamais  adorée  que 
comme  unité,  N.-D.  de  la  Salette.  N.-D.  de  Lourdes,  N.-D.  de  Bé- 
tharram,  N.-D.  de  Roc-Amadour,  etc.  Jamais  on  n'invoque  les  Vierges 
Maries  »,  les  «  Notres-Dames  a  au  pluriel.  On  dit  et  on  invoque  1  les 
saints  et  les  saintes  du  Paradis  »,  de  même  qu'on  parle,  pour  les  ordres 
de  la  hiérarchie  céleste,  des  Confesseurs,  des  Vierges,  des  Pro- 
phètes, etc.  Mais  jamais  on  ne  dit  ■  les  Maries  »,  pas  plus  qu'on  ne  di- 

1.   L.  COELIVS.  RVFVS  '\  IVLIA.  SEVERA.  VXOR  J|  L.  COELIVS.  MANCIVS.  F  ||  DI- 
VANNONI  II  DINOMOGETIMARO  il  MARTIB  II  V.    S.     L.    M.    —   Saint-Pons    (Hérantl 
Allmer.  Revue  èpigraphique  du  Midi  de  la  France,  t.  I.  n°  286,  p.  245. 


490  A  propos  des  Lugoves. 

rait  «  les  Jésus  »,  parce  qu'il  s'agit  dans  ce  cas  d'une  divinité  person- 
nelle. On  peut  fixer  la  divinité  dans  un  lieu  spécial,  le  concevoir  sous  un 
aspect  particulier,  en  vénérer  une  qualité  distincte,  multiplier  en  quelque 
sorte  la  divinité  par  ce  procédé  de  fissip.uité,  pour  emprunter  une  heu- 
reuse expression  à  notre  confrère  M.  Flouert.  Mais,  dans  cette  suc- 
cession de  formes  diverses,  le  personnage  divin  n'en  garde  pas  moins  sa 
personnalité  ;  et  ces  épithètes,  ces  qualités,  ces  appellations  invoquées  à 
part  n'arrivent  jamais  à  la  multiplication  du  personnage  invoqué.  Et  cela 
n'est  pas  seulement  vrai  de  la  théologie,  ce  l'est  aussi  du  culte  populaire. 
Celui  qui  invoque  N.-D.  de  la  Salette,  ou  N.-D.  de  Lourdes,  ou  N.-D. 
de  Bétharram,  etc.,  invoque  l'une  d'elles  séparément  :  i!  ne  pense  pas  à 
les  invoquer  toutes  ensemble.  Jamais  la  piété  populaire  ne  parle  «  des 
Maries  ». 

Je  n'ai  pas  à  parler  ici  du  culte  des  «  Saintes  Maries  »  dans  la  Ca- 
margue, en  Provence  —  nom  collectif  qui  se  rencontre  aussi  ailleurs 
dans  les  légendes  et  les  croyances  populaires  —  parce  qu'il  n'y  est  pas 
question  de  la  Vierge  Marie  multipliée,  mais  de  trois  saintes  appelées 
chacune  Marie  .Marie-Madeleine,  Marie-Salomé  et  Marie-Jacobé  ,  qui 
seraient  venues  de  Palestine  en  Gaule  après  la  mort  de  Jésus-Christ. 

Pour  en  revenir  à  la  question  générale,  je  crois  qu'il  faut  être  extrê- 
mement prudent  dans  la  comparaison  entre  les  Dieux  de  la  Gaule  et  les 
personnages  de  la  légende  irlandaise.  En  effet,  on  ne  compare  pas  ici 
des  choses  correspondantes  ni  des  choses  qui  se  ramènent  à  une  même 
mesure.  En  Gaule,  on  a  des  noms  dans  des  inscriptions  et  quelques  rares 
symboles  figurés:  pas  de  sagas.  En  Irlande,  on  n'a  pas  de  monuments 
figurés,  et  l'on  n'a  que  des  sagas  souvent  altérées  :  les  anciens  dieux  y 
sont  devenus  des  héros  d'histoires  merveilleuses  et  d'aventures  evhéme- 
risées.  Si  l'on  avait  les  légendes  authentiques  de  la  Gaule,  il  y  aurait 
matière  à  comparaison  directe  ;  mais  on  ne  lésa  pas.  On  ne  procède  que 
par  à  peu  près,  en  s'aidant  de  données  d'âges  différents  et  de  couches 
différentes.  Je  ne  conteste  nullement  l'utilité  de  la  comparaison  de  l'Ir- 
lande avec  la  Gaule  ;  on  en  retire  tous  les  jours  de  précieux  enseigne- 
ments, et  M.  d'Arbois  de  Jubainville  nous  en  a  fourni  plus  d'un.  Mais 
cette  confrontation  doit  être  menée  avec  prudence  ;  il  faut  soumettre 
chaque  hypothèse  à  une  contre-épreuve,  et  surtout  établir  une  ligne  de 
démarcation  bien  nette  entre  ce  qui  est  un  fait  acquis  —  et  ce  qui  est 
une  hypothèse,  même  séduisante. 

H.  Gaidoz. 


Eleuthère  et  le  roi  breton  Lucius.  491 

ELEUTHÈRE  ET  LE  ROI  BRETON  LUCIUS  . 

La  notice  d'Eleuhère  contient  une  phrase  à  laquelle  se  rattache  un 
vaste  développement  de  légendes  :  Hic  accepit  epistoLim  a  Lucio  Britjnnio 
rege  ut  christianus  effceretur  per  eius  mandatum.  En  reproduisunt  ces  mots 
dans  son  Histoire  ecclésiastique2,  Bède  apprit  aux  Anglo-Saxons  et  aux 
Bretons  un  fait  dont  ils  ne  paraissent  p:is  avoir  eu  connaissance  aupa- 
ravant, la  conversion  de  leur  pays,  au  temps  du  pape  Eleu.hère  et  de 
l'empereur  Marc-Aurèle,  sous  les  auspices  d'un  roi  nommé  Lucius. 
L'Histoiia  Eritonum  du  pseudo-Nennius  ix'  siècle  ,  disserte  déjà  sur  le 
nom  celtique   Lever  maur  auquel  devait  correspondre  le  latin  Lucius'. 

De  nouveaux  détails  apparaissent  au  xne  siècle  dans  les  compilations 
historiques  locales.  Ainsi  le  Liber  Landavensis,  cartulaire  de  l'église  de 
Landaff.  ville  du  pays  de  Galles,  située  à  peu  de  distance  de  Cardiff  4, 
marque  les  noms.  Elvanus  et  Modivinus,  des  ambassadeurs  de  Lucius, 
auxquels  le  pape  aurait  donné  l'initiation  sacerdoiale  et  les  pouvoirs  de 
missionnaires.  Selon  Geoffroy  de  N'.onmouth  s,  le  pape  envoya  en  Bre- 
tagne deux  personnages  appelés  Faganus  et  Duvanus.  Guillaume  de  .Yal- 
mesbury  6  localise  l'histoire  à  Glas.onbury,  ville  du  comté  de  Somerset, 
au  sud  du  golfe  de  Bristol.  D'autres  traditions  la  rattachent  au  pays  situé 
au  nord  du  même  golfe,  aux  alentours  de  Cardiff  7.  On  n'a  pas  manqué, 
bien  entendu,  de  retrou.er  la  lettre  par  laquelle  le  pape  Eleuthère  ré- 
pondit à  la  demande  du  roi  Lucius8. 


1.  Cette  note  est  empruntée  à  b  nouvelle  édition  du  Liber  pontificalis  par  M.  l'abbé 
Duchesne,  t.  I,  p  ai.  —  Le  Liber  pontificalis  est  une  histoire  ces  papes  divisée  en 
notices  biographiques,  rédigée  à  Home  par  un  clerc  de  cette  église,  v<;rs  le  commencement 
du  »•■  siècle.  —  Le  pape  Eleuthère,  Jont  il  est  ici  question,  a  siégé  de  l'an  174  à 
l'an  189  environ.  —  (Note  de  la  direct  on  . 

2.  Anno  ab  incarnatione  Domini  CLVi,  M.  Antoninus  Verus,  decimus  quartus  ab  Au- 
gust:,  tegnum  cum  Aur.  Coinniodo  fratre  suscepit  ;  quorum  temporibus  cum  tbutherus 
vir  sai.ctus  Rominae  ecdesiae  praesset,  misn  ad  eum  Lucius  Britannia  um  iex  episiolam, 
obsecrans  ut  per  eius  mandatum  ciristianus  efficeretur;  et  mox  eff;ctuir.  piae  postulationis 
consecutus  est,  susceptamque  fidem  Briianni  usq  1e  in  tempora  DiocletLni  principis  in- 
violatam  integramque  qu  eta  in  pace  servabant  Hist.  eccles.,  1,  4;  cf.  Chron  ,  ad  ann  180). 

3.  Anno  Dom  inc.  CLXIV  Lucius  Britannicus  rex  cum  uuiversis  regulis  totius  Bri- 
tanniae  baptismum  susceperunt,  mbsa  legauone  ab  imperatoribus  Romanorum  et  a  papa 
Romano  Evarùto  s:c  :  Lucius  agnomin;  Leve.-maur,  id  est  magni  splendoris,  propter 
fidem  quae  in  eius  tempore  venit  (Nennius,  Hist.  Brit.,  c.  18,  dans  des  Monum.  histor. 
Britann.,  t.  I,  p.  61). 

4.  Ed.  Rees,  Llandovery,  1840,  p    67. 

5.  H  st.  Regum  britannlae,  iv,  19,  dans  les  Rerum  Britannicaram  Scriptores,  Heidel- 
berg,  1(87    p-  30-31. 

6.  Gesta  Regum  Anglorum,  1,  19.  éd    Hardy.  Londres,  t.  I.  p.  31-32. 

7.  Articles  Lux. us  et  Eleutherius  dans  le  Dictionary  of  Christian  Bwgraphy  de  Smith 
et  Wace. 

«.  Jaffé  f  60:  —  Coustant.  App..  P.  23  ;  Migne,  P.  G.,  t.  V,  p.  1143. 


492  Eleuthère  et  le  roi  breton  Lucius. 

Il  est  inutile  d'insister  sur  ces  développements  postérieurs  ;  revenons 
au  Liber  pontificalis,  source  première  de  toutes  ces  légendes.  Où  son  au- 
teur a-t-il  pu  trouver  un  tel  renseignement  ?  En  général  il  ne  s'inquiète 
guère  des  p:iys  éloignés  de  Rome;  la  fondation  des  autres  églises,  leur 
apostolat  primitif,  les  relations  de  leurs  premiers  missionnaires  avec 
l'église  romaine  et  les  conséquences  de  subordination  qui  peuvent  s'y 
rattacher,  sont  des  choses  qui  le  préoccupent  fort  peu.  Chercher  ici  une 
intention  dogmatique,  une  tentative  en  faveur  de  la  suprématie  de  Rome 
sur  les  églises  de  Bretagne,  c'est  égarer  son  exégèse.  Du  reste,  au  mo- 
ment où  il  écrivait,  ces  églises,  isolées  du  reste  de  la  chrétienté  par  l'in- 
vasion des  Anglo-Saxons,  ne  pouvaient  guère  exciter  son  intérêt.  Aucun 
document  ne  montre  qu'on  s'en  soit  alors  occupé  à  Rome  d'une  façon 
particulière. 

Que  le  fait  soit  invraisemblable,  cela  saute  aux  yeux.  Sous  Marc-Au- 
rèle  et  Commode,  la  Bretagne,  et  notamment  les  pays  désignés  par  les 
légendes  du  xne  siècle,  était  certainement  une  terre  provinciale,  dans  la- 
quelle il  ne  pouvait  y  avoir  aucun  roi  proprement  dit.  A  la  rigueur  ce- 
pendant, il  serait  concevable  que  quelque  chef  de  clan,  dans  les  mon- 
tagnes de  la  Cambrie,  où  l'autorité  romaine  avait  peu  d'action,  se  fût 
donné  le  titre  de  roi  ;  mais  qu'un  roi  de  ce  genre  ait  eu  l'idée  d'ouvrir 
des  négociations  avec  un  évêque  chrétien  aussi  éloigné  de  lui  que  le  pape 
Eleuthère,  c'est  une  chose  trop  invraisemblable  pour  être  admise  sur  un 
témoignage  aussi  faible.  Gildas,  l'historien  des  Bretons,  auteur  du 
vie  siècle,  n'a  pas  l'ombre  d'un  souvenir  à  ce  sujet. 

Mais  si  les  rois  bretons  ou  n'existaient  pas,  ou  n'étaient  guère  appa- 
rents au  [Ie  siècle,  en  revanche  ils  étaient  assez  connus  au  ve.  Gildas  en 
fait  souvent  mention.  Dans  les  derniers  temps  de  la  domination  romaine. 
En  Gaule,  on  avait  vu  figurer,  parmi  les  défenseurs  de  l'empire,  un  corps 
de  Bretons,  commandés  par  le  roi  Riothime  ou  Riothame  '  ;  battus  par 
Euric,  roi  des  Wisigoths,  à  Déols  en  Berry,  ils  s'étaient  repliés  sur  la 
Bourgogne.  On  ne  sait  ce  qu'ils  devinrent.  Ces  Bretons  étaient  chrétiens; 
ils  avaient  des  évêques  spéciaux,  dont  deux,  je  crois,  sont  connus  :  Man- 
suetus,  qui  assista  au  concile  de  Tours,  en  461.  et  Riocatus.  ami  de 
Fauste  de  Riez  et  de  Sidoine  Apollinaire  v.  472  .  C'est  vers  ce  temps- 
là  que  commence  l'émigration  des  Bretons  insulaires  sur  les  côtes  de  la 
presqu'ile  qui  porte  maintenant  leur  nom;  comme  le  corps  de  Riuthame. 
ces  troupes  d'émigrés  avaient  à  leur  tête  des  évêques  et  des  chefs  aux- 
quels pourrait  conver.i;  le  titre  de  roi,  suivant  l'acception  alors  en  usage. 

i.  Jordanes,  Getica.  xlv,  p.   118,  éd.  Mommsen  ;  Sidoine  Apoll    ep.  111,  9;  ix,  9. 


A  propos  des  tours  rondes  d'Irlande.  495 

C'est,  je  pense,  à  cette  organisation  que  se  rattachent  les  faits  ou  les 
idées  qui  ont  porté  l'auteur  du  Liber  pontifie  .lis  à  s'occuper  des  Bretons. 
Un  moine  breton,  le  célèbre  Pelage,  av„it  vécu  à  Rome  un  siècle  aupa- 
ravant ;  Fauste  de  Riez,  Breton  lui  aussi,  y  vint  plusieurs  fois  vers  le 
déclin  du  ve  siècle  ;  sa  science,  ses  venus,  le  grand  à  .je  auquel  il  par- 
vint, purent  lui  v?!oir  une  considération  spéciale;  les  debatsauxquelsses 
écrits  donnèrent  lieu  ne  furent  agitée  que  sous  Hormisdas  ',  et  encore 
plutôt  en  dehors  de  Rome  et  entre  théologiens  proprement  dits.  On  peut 
rappeler  la  mission  de  Palladius,  que  le  pape  Célestin  envoya  convertir 
les  Scots  (Irlandais  et  la  commission  donnée  par  le  même  pape  à  saint 
Germain  d'Auxerre  2  pour  aller  en  Bretagne  prêcher  contre  l'hérésie  pé- 
lagienne. 

Tout  cela  peut  servir  à  montrer  que  les  Romains  de  la  fin  du  ve  siècle 
et  du  commencement  du  siècle  suivant  n'avaient  perdu  de  vue  ni  la  Bre- 
tagne ni  les  Bretons  ;  mais  je  m'empresse  de  reconnaître  qu'il  n'y  a  pas 
là  une  explication  suffisante  de  l'assertion  précise,  quoique  fausse,  de 
notre  auteur  sur  la  lettre  du  roi  Lucius  au  pape  Eleuthère.  D'où  l'a-t-il 
tirée  ?  C'est  ce  que,  dans  l'état  actuel  des  documents,  je  dois  me  resigner 
à  ignorer. 

L.  Duchesne. 


A   PROPOS   DES  TOURS   RONDES   D'IRLANDE. 

On  ne  conteste  plus  aujourd'hui,  croyons-nous,  que  les  tours  rondes 
d'Irlande  soient  simplement  la  survivance  d'un  mode  de  construction 
ecclésiastique  disparu  ailleurs  de  bonne  heure  devant  les  progrès  de  l'ar- 
chitecture. La  tour  ronde  était  la  tour  qui  servait  de  lieu  d'observation 
et  de  refuge  et  de  sacristie  pour  les  objets  précieux.  Ailleurs,  elle  est 
arrivée  à  faire  partie  intégrante  de  l'église  ;  en  Irlande,  elle  est  restée 
distincte;  et  comme  elle  était  b  nie  en  pierre,  tandis  que  l'église  était 
d'ordinaire  en  bois,  la  tour  a  survécu  aux  incendies  qui  ont  détruit 
l'église. 

A  ce  propos,  et  comme  comparaison  historique,  il  est  curieux  de  re- 
marquer que  le  nom  par  lequel  les  langues  germaniques  expriment  l'idée 
d'église,  ail.  k'v.che,  angl.  c'iurca,  etc.,  désignait  originairement  une  tour 
et  qu'il  est  un  emprunt  au  gaulois.   La  traduction  gothique  de  la  Bible 

1.  Ep.  124  [Thiel,  p.  929)  de  l'année  520. 

2.  Prospérai  ann.  421,  429. 


494  A  propos  des  tours  rondes  d'Irlande. 

par  Ulfïlastraduit  par  kelikn  les  mots  grecs  xv&yaeôv  et  Trôpyo;  (Luc,  xiv, 
28,  et  Marc,  xn,  l,  et  xiv,  1  $).  C'est  de  ce  mot  kelikn  que  J.  Grirr.m 
dérivait  l'allemand  kirche  et  ses  congénères,  la  forme  ancienne  n'étant  pas 
seulement  chincha,  mais  aussi  chilicha  (et  dans  un  dialecte  suisse  on  dit 
aujourd  hui  chilclie)  :  «  chaque  église  ayant  une  tour,  disait  Grimm,  la 
réunion  des  deux  spns  s'explique  par  là  '.  »  L'église,  c'était  la  tour. 
«  Cette  explication  [par  kelikn],  ajoutait  Grimm,  est  meilleure  que  toutes 
celles  qu'on  a  présentés  pour  le  mot  kirche2.  » 

Pour  des  raisons  d'ordre  phonétique,  Grimm  regardait  le  mot  kelikn 
comme  étranger  aux  langues  germaniques  et  comme  emprunté  à  une 
autre  langue.  Mais  à  quelle  langue  ?  Les  recherches  avaient  été  conjec- 
turales et  vaines  lorsque  la  découverte  de  l'inscription  gauloise  de  Sainte- 
Reine  d'Alise  révéla  le  mot  gaulois  celicnon,  et  permit  d'y  reconnaître 
l'original  de  l'énigmatique  kel.kn  de  la  Bible  gothique  ?.  Plus  tard,  Gluck 
a  expliqué  ce  mot  par  la  racine  cel  «  s'élever  4.  » 

Dans  la  transformation  de  l'arc!ii:ecture  ecclésiastique,  les  Germains 
ont  donc  gardé  le  mot,  tandis  que  les  Irl  ndais  gardaient  la  chose. 

Cet  emprunt  du  gaulois  celicnon  date  sans  doute  du  temps  où  les 
Gaulois  dominaient  en  Allemagne  et  dans  la  région  alpestre.  La  trace  de 
cet  empire  gaulois  est  attesté  par  des  noms  de  lieux,  de  montagnes  et  de 
rivières  bien  connus  des  philologues:  et  l'archéologie  ajoutera  bientôt 
son  témoignage  à  ces  documents,  car  il  semble  bien  qu'on  doive  rap- 
porter à  cet  empire  gaulois  des  œuvres  d'art  fort  curieuses  que  l'on  com- 
mence à  découvrir  dans  la  Haute-Italie  et  en  Autriche  et  qui  représentent 
des  scènes  de  la  vie  militaire  et  sportive  s. 

Ce  mot  n'est  pas  le  seul  qui,  dans  la  langue  germanique,  atteste  une 
origine  gauloise.  M.  Kluge,  dans  son  récent  dictionnaire,  déclare  que  le 
gothique  reins  «  roi  »  et  ses  mots  congénères  dans  les  langues  germa- 
niques y  compris  l'allemand  relch  «  empire  »]  dérivent  du  gaulois  rig-. 
Le  mot  français  riche  qui  est,  directement,  d'origine  germanique,  serait 
donc,  indirectement,  d'origine  celtique6.  M.  Kluge  pense  ausssi  que  le 
mot  allemand  amt  «  emploi  »  pourrait  venir  du  gaulois  ambact-os  a  ser- 


1.  J.  Grimm,  cité  dans  les  Beilrœge,  t.  IV.  p.  ijy. 

2  La  plus  en  voçue  de  ces  explications  est  cel  e  du  grec  /.jv.a/.ov  qui  est  reprise  de 
nouveau  par  M.  Kluge  dans  son  récent  Etynnhgisches  Woerterbuch  der  deutse'ien  Sprcche. 
Strasburg.  18S2.  M.  K  uge  reconnaît  pourtant  les  difficultés  que  présente  ceite  explication. 

j.  Cotte  i  lentification  est  due  au  Dr  Crav.s;  cf.  Stokes  dans  les  Bdtr.,  t.  Il,  p.  108, 
et  Becker.  ibid  .  t.  IV,  p.  136. 

4.  Bdtr  ,  t.  V,  p.  07. 

j.  Voir  not  e  article  l'Art  de  l'Empire  gaulois ,  en  cours  d'impression  en  ce  moment  à 
la  Revue  Archéologique. 

6.  Kluge,  op.  cit.,  s.  v.  Reich. 


Traditions  populaires  de  la  Basse-Bretagne.  49$ 

viteur  ».  Nos  lecteurs  apprendront  avec  plaisir  que  la  question  des  em- 
prunts des  langues  germaniques  au  gaulois,  qui  a  tant  d'intérêt  au  point 
de  vue  de  l'histoire  de  la  civilisation  en  Europe,  va  être  reprise  et  appro- 
fondie par  M.  d'Arbois  de  Jubainville.  H.  G. 


TRADITIONS  POPULAIRES   DE  LA  BASSE-BRETAGNE. 

INTERSIGNES    ET    PRÉSAGES    DE    MORT. 

Tout  malheur  est  généralement  annoncé  par  un  intersigne,  par  un  pré- 
sage quelconque:  il  y  a  des  intersignes  d'incendie,  de  naufrage,  de 
guerre,  de  perte  d'argent,  de  procès,  mais  les  plus  communs  se  rap- 
portent à  la  mort.  Peu  de  gens,  à  la  campagne,  atteignent  l'âge  où 
poussent  les  dents  de  sagesse  sans  avoir  reçu  quelque  avertissement  de 
ce  dernier  genre. 

La  nuit  est  profonde,  —  depuis  longtemps,  déjà,  le  sommeil  a  clos 
vos  yeux,  —  tout  à  coup  un  gr..nd  bruit  vous  réveille,  on  dirait  une  pile 
de  planches  qui  dégringole  dans  votre  grenier.  Ecoutez  !  on  traîne  de 
lourds  morceaux  de  bois  là-haut,  la  scie  grince,  le  rabot  lui  répond.  Pas 
n'est  besoin  de  chercher  longtemps  à  quels  ouvriers  vous  avez  affaire: 
un  de  vos  plus  proches  parents  est  à  l'agonie,  et  les  menuisiers  invisibles 
travaillent  pour  lui. 

Pan,  pan!  on  frappe  sur  votre  table,  sur  vos  meubles,  tout  près  de 
vous,  souvent  à  la  tête  ou  au  pied  de  votre  lit.  Pan,  pan!  c'est  le  mar- 
teau, le  petit  marteau  de  la  Mort  qui  cloue  un  cercueil.  Dans  quelques 
jours,  avant  la  fin  de  la  semaine  peut-être,  l'un  des  vôtres  mourra  cer- 
tainement. 

Clic,  clac! 2  c'est  le  bruit  de  l'eau  qui  dégoutte  ;  clic,  clac!  on  jurerait 
qu'il  pleut  à  côté  de  vous.  Pour  sûr,  un  marin  de  vos  parents,  votre 
père,  votre  frère,  votre  fils  peut-être,  meurt  en  ce  moment  noyé. 

Cocorico!  votre  coq  chante  à  une  heure  où  il  devrait  être  endormi.  Il 
annonce  une  mort  prochaine.  Si  vous  êtes  un  homme  avisé,  levez-vous 
et  tuez-le  sans  plus  attendre  !  Cette  mort  qu'il  prédit  sera  peut-être  la 
vôtre,  en  effet,  ou  celle  de  l'un  de  vos  plus  aimés,  si  ce  n  est  la  sienne. 

Ouaho,  ouaho  !  les  chiens  aboient  et  se  répondent  d'un  village  à  l'autre. 


1.  Sur  l'étymologie  d'ambactos  qui  signifie  litt.  «  circumiens  »,  voir  un  article  de 
Gluck,  cité  plus  loin  à  la  necro  ogie  de  Gluck. 

2.  au  risque  de  paraître  abuser  d  s  mimclogismes,  je  crois  devoir  conserver,  autant 
que  faire  se  peut,  aux  traditions  que  ja  donne  ici,  la  forme  sous  laquelle  je  les  ai  ren- 
contrées. 


496  Traditions  populaires  de  la  Basse- Bretagne. 

Ils  ne  peuvent  s'en  prendre  à  la  lune  :  la  lune  est  noyée  dans  des  nuages. 
Leurs  aboiements  continus  sont  des  présages  de  mort. 

Ului'u,  u'.u'.u  !  voici  maintenant  que  les  chouettes  et  les  effraies  s'en 
mêlent.  U'whu  !  Dieu  prenne  en  pitié  le  malade  qui  s'éteint  dans  le  voi- 
sinage !  Le  malheureux  ne  reverra  pas  le  soleil  béni. 

Ourlic,  ourlic!  j'entends  la  charrette  mal  graissée  de  la  Mort  qui  des- 
cend la  côte.  Tous  les  cœurs  sont  glacés  d'épouvante.  Qui  vient-elle 
chercher?  La  Mort,  enveloppée  dans  un  grand  linceul  blanc,  fouette  à 
tour  de  bras  ses  deux  maigres  haridelles  blanches.  Owlic,  ourlic!  Quelle 
hâte!  La  grande  faucheuse  a,  sans  doute,  beaucoup  de  besogne  à  faire. 

Et  ce  n'est  pas  tout  :  il  y  a,  pendant  la  nuit,  mille  autres  bruits,  mille 
autres  voix  qui,  pour  les  sages,  pour  ceux  qui  savent  entendre,  ont  une 
signification  semblable.  Il  y  a  aussi  les  visions,  les  visions  terribles. 
Tantôt  c'est  un  de  vos  parents,  un  de  vos  amis,  dont  le  plus  souvent  une 
grande  distance,  l'immensité  des  mers  vous  sépare,  qui  incline  sur  le 
vôtre  son  visage  doucement  éclairé  par  la  lune  et  vous  regarde  triste- 
ment; tantôt  c'est  une  main  blanche  et  froide  qui  arrache  vos  couver- 
tures ou  vous  tire  par  les  pieds.  Nombre  de  gens  ont  vu  pareillement 
des  chandelles  se  promener,  toutes  seules,  d'une  chambre  à  I  autre,  de 
petites  flammes  bleues  courir  sur  la  queue  des  poules  au  perchoir,  des 
châsses  posées  de  travers  sur  la  pierre  du  foyer,  et  que  sais-je  encore  ! 

Si  les  ombres  de  la  nuit  sont  favorables  à  ces  avertissements,  il  ne  faut 
pas  croire  qu'il  ne  puisse  s'en  produire  à  la  lumière  du  jour.  Parfois,  en 
plein  midi,  des  gouttes  de  sang  tombent,  sans  que  l'on  puisse  savoir  d'où, 
sur  le  front  ou  sur  la  main  des  gens  ;  des  points  jaunes  apparaissent  au 
bout  des  doigts,  sur  le  pouce  principalement,  et  grandissent  et  s'étendent 
comme  des  taches  d'huile  ;  —  des  chants  funèbres  traversent  l'air;  des 
soupirs,  des  sanglots,  des  gémissements,  des  cris  d'angoisse  semblent 
s'échapper  de  tombes  mal  fermées  :  autant  de  présages  sinistres,  à  la  suite 
desquels  on  ne  peut  tarder  d'apprendre  la  mort  d'un  être  tendrement  aimé. 

Midi  !  J  ai  parlé  de  midi  :  c'est  l'heure  où  l'on  dine,  sans  prendre  tou- 
jours le  soin  de  se  compter.  Précaution  bien  utiie  pourtant,  puisque,  si 
treize  personnes  se  trouvent  assises  à  la  même  table,  l'une  d'elles  doit 
inévitablement  mourir  dans  l'année. 

La  plupart  des  oiseaux  de  mauvais  augure  choisissent  aussi  le  jour 
pour  révéler  à  l'homme  les  mal:eurs  dont  il  est  menacé. 

Quand  vous  voyez  la  pie  ramasser  sur  un  chemin  des  brins  de  paille 
ou  de  petits  morceaux  de  bois  pour  les  porter  dans  le  champ  voisin  où 
elle  les  enfouit,  vous  pouvez  vous  dire,  en  assurance,  que  sur  ce  même 
chemin  un  enterrement  passera  bientôt. 


Traditions  populaires  de  la  Basse-Bretagne.  497 

Et  le  corbeau  donc,  avec  ses  croassements  agaçants  et  lugubres,  n'est- 
il  pas  aussi  prophète  de  malheur  ? 

Cou.:c,  couac,  cou.;c  !  En  voici  un  qui  semble  vous  poursuivre  ;  i!  vole 
d'arbre  en  arbre  jusqu'auprès  de  vctre  maison  ;  un  peu  plus,  s'il  n'avait 
peur  du  bâton,  ii  entrerait  avec  vous.  Et  il  crie,  il  crie  à  tue-tête,  il  se 
démène  avec  rag*,  vous  n'entendez  que  lui.  Un  membre  de  voire  fa- 
mille, tenez-le  pour  certain,  est  sur  le  point  de  trépasser. 

Une  jeune  fille  de  Plouguerneau  avait  promis  à  l'une  de  ses  amies 
d'aller,  à  l'époque  du  carnaval,  passer  quelques  heures  près  d'elle.  D'un 
village  à  l'autre  il  pouvait  y  avoir  deux  petites  lieues  de  pays.  Au  jour 
dit,  la  mignonne  part  joyeuse,  après  avoir  fait  un  brin  de  ioilette.  En 
traversant  son  courtil,  elle  entend  un  corbeau  jeier  des  cris  assourdissants 
et  le  voit  tout  à  coup  s'abattre  auprès  d'elle.  Elle  fait  quelques  pas  en 
avant,  le  corbeau  la  suit,  toujours  criant.  Peu  soucieuse  d'avoir  pour 
l'escorter  un  compagnon  aussi  désagréable,  elle  lui  jette  des  pierres. 
L'oiseau  les  évite  avec  adresse,  mais  ne  s'éloigne  pas.  Une  telle  obsti- 
nation n'était  pas  naturelle.  La  jeune  fille  se  demande  s'il  n'y  faut  pas 
voir  un  avertissement.  Sur  le  sort  de  son  père  et  de  sa  mère  elle  ne  peut 
être  inquiète,  eile  vient  de  les  quitter  l'un  et  l'autre  dans  l'état  de  santé 
le  plus  rassurant  ;  mais  elle  a  un  cousin  malade,  et  les  jours  de  ce  cousin, 
pense  t-elle,  pourraient  bien  être  menacés.  Elle  n'en  continue  pas  moins 
son  voyage,  un  peu  troublée  toutefois,  et  arrive  chez  son  amie.  A  peine 
a-t-elle  eu  le  temps  de  s'asseoir  qu'un  homme  tout  essouflé,  baigné  de 
sueur,  accourt  lui  annoncer  la  mort  de  son  père.  Vous  comprenez  le 
saisissement  et  le  désespoir  de  la  pauvre  tille.  Son  père  mort,  est-ce  donc 
possible  ?  C'est  à  tourner  le  sang  de  la  femme  la  plus  courageuse.  Ah! 
l'ingrate  et  l'écervelée  !  Dieu  lui-même  a  pris  soin  de  l'avertir,  et  elle  n'a 
pas  écouté  sa  vcix  !  Elle  tombe  sans  connaissance  et,  quand  des  soins 
empressés  l'ont  rendue  à  elle-même,  elle  reste  inconsolable,  s'arrachant 
les  cheveux,  maudissant  son  aveuglement. 

Une  dame  de  Lesnevcn  av.;it  un  fils  de  vingt  ans,  malade  depuis 
quelques  jours,  mais  la  maladie  semblait  légère,  rien  ne  faisait  prévoir 
qu'elle  dût  avoir  un  lugubre  dénoûment.  Un  matin,  la  pauvre  femmeen- 
tend,  en  se  levant,  quelque  chose  comme  le  bruit  d'un  bâton  ferré  sur 
lequel  on  se  serait  appuyé  fortement  à  chaque  marche  de  l'escalier,  pour 
monter  dans  la  c  .ambre  dj  jeune  homme.  Tôt  après,  un  choc  pesant 
ébranle  la  por:e  de  la  rue.  Elle  accourt,  inquiète.  Personne  auprès  du 
malade,  personne  dans  les  pièces  voisines,  personne  dans  la  rue.  Eh 
bien  !  deux  jours  plus  tard,  on  portait  son  fils  en  terre.  Quand  les  prê- 
tres vinrent  faire  la  levée  du  corps,  le  pied  de  la  croix  résonna  sur  les 
Rev.  Celt.   VI  52 


498  Traditions  populaires  de  la  Basse-Bretagne. 

marches  de  l'escalier  avec  le  même  bruit  de  ferrailles  qu'elle  avait  en- 
tendu l'avant-veille.  Quand  on  sortit  le  cercueil  de  la  maison,  une  de  ses 
extrémités  heurta  violemment  la  porte.  Ce  choc  avait  aussi  été  entendu. 
Toujours  des  avertissements,  et,  ceux-ci,  la  malheureuse  mère  les  avait 
compris. 

Un  fermier  de  Ploudaniel  fut  un  jour  bien  affligé.  N'avait-il  pas  oublié 
d'ensemencer  l'un  des  sillons  de  son  champ  !  Quand  vint  le  moment  où 
les  blés  sortent  de  terre,  il  alla  voir  si  la  vermine  n'avait  pas  trop  mal- 
traité son  bien.  L'apparence  était  bonne  partout,  sauf  sur  le  point  dont 
il  vient  d'être  parlé.  Je  vous  laisse  à  penser  s'il  se  mordit  les  doigts. 
Semblable  distraction  est,  en  effet,  impardonnable,  s'il  est  vrai  pourtant 
que  l'on  soit  toujours  maître  de  l'éviter.  D'aucuns  pensent  que  non  ; 
peut-être  n'ont-ils  pas  tort.  Donc,  notre  homme  se  demanda  qui  de  sa 
maison  mourrait  dans  l'année,  car  c'est  là,  tout  le  monde  le  sait,  pré- 
sage de  mort.  Si  le  sillon  non  ensemencé  est  le  plus  long  du  champ,  c'est 
le  chef  de  famille  qui  s'en  va  ;  si  ce  sillon  ne  vient  qu'en  seconde  ligne, 
la  moitié  de  ménage  peut  se  préparer  à  recevoir  les  saintes  huiles  ;  s'il 
est  court,  l'un  desenfanis  est  condamné;  s'il  n'est  ni  court  ni  long,  l'un 
des  valets  ou  l'une  des  servantes  mourra  sans  tarder.  Le  sillon  laissé  de 
côté  appartenait  à  cette  dernière  catégorie.  Voilà  pourquoi  la  petite  gar- 
deuse  de  vaches,  qui  paraissait  si  alerte  et  plus  saine  que  poisson,  fut 
conduite  au  cimetière  quelques  semaines  après.  Ce  malheur  en  entraîna 
un  autre.  Pendant  la  veillée  mortuaire,  une  voisine  restée  seule,  un 
moment,  près  du  cadavre,  le  vit  tout  à  coup  rouvrir  les  yeux.  Quand  un 
mort  dont  les  yeux  ont  été  soigneusement  fermés  s'avise  de  les  rouvrir 
pour  regarder  les  personnes  qui  l'entourent,  c  est  pour  leur  apprendre 
que  l'heure  dernière  de  l'une  d'elles  approche.  La  chère  femme  ne  se 
trompa  pas  à  ce  muet  avertissement.  Le  dimanche  suivant,  une  fièvre 
pernicieuse  s'empara  d'elle  et  l'emporta  en  neuf  jours. 

Combien  d'indices  aussi  certains,  aussi  infaillibles,  ne  serait-il  pas  fa- 
cile d'ajouter  à  ceux  que  nous  connaissons  déjà  ! 

L'une  de  vos  poules  se  met-elle  à  chanter  le  coq  ',  tremblez  pour  la 
vie  de  l'un  des  vôtres  ! 

Avez-vous  chez  vous  un  malade  qui,  malgré  son  état  de  faiblesse,  de- 
mande à  changer  de  lit,  dites  vous  qu'il  ne  se  relèvera  pas. 

Voire  lampe,  bien  pourvue  d'huile  et  de  mèche,  vient-elle  à  s'éteindre 
sans  cause  apparente,  attendez-vous  à  perdre,  à  bref  délai,  quelqu'un  de 
votre  entourage. 

1 .  A  imiter  le  chant  du  coq. 


Traditions  populaires  de  la  Basse-Bretagne.  499 

Apercevez-vous  le  matin,  en  sortant  de  chez  vous,  une  croix  tracée 
sur  votre  porte,  signe  de  deuil  prochain. 

Quand,  dans  I  àtre,  la  cendre  forme  des  pelotes,  la  Mort  sans  tarder 
fera  parler  d'elle,  et,  si  la  femme  chante  en  balayant  la  maison,  il  y  a 
pour  celle-ci  grand  danger'. 

Assistez-vous  à  une  messe  de  mariage  et  voulez-vous  savoir  lequel  des 
deux  époux  vivra  le  plus  longtemps  :  regardez  les  deux  cierges  allumés 
sur  l'autel,  l'un  à  droite  pour  l'homme,  l'autre  à  gauche  pour  la  femme. 
Celui  qui  jettera  le  plus  de  clarté,  tout  en  se  consumant  le  plus  lente- 
ment, vous  donnera  la  répense  attendue.  «  Flamme  vive  et  longue,  belle 
santé  et  longue  vie  ;  —  flamme  terne  et  courte,  petite  santé  et  courte 
vie.  ■  Si  l'un  des  cierges  vient  à  s'éteindre  avant  la  fin  de  l'office  reli- 
gieux, attendez-vous  à  apprendre,  avant  le  douzième  mois  révolu,  la 
mort  decelui  des  mariés  à  qui  il  appartiendra. 

Une  femme  enceinte  ne  peut  accepter  d'être  marraine,  sans  condamner 
à  une  mort  prompte  et  sûre  son  filleul  ou  l'enfant  qu'elle  porte  dans  son 
sein.  Encore  une  prédiction  facile  à  faire,  à  l'occasion,  et  pour  laquelle 
on  n'a  point  à  craindre  les  démentis. 

Le  matin  de  la  S  u'nt-Jean,  les  gens  qui,  la  veille  au  soir,  ont  fait  un 
feu  de  joie,  ne  manquent  pas  d'accourir,  d'ordinaire,  avant  le  lever  du 
soleil,  pour  en  visiter  l'emplacement.  Si  quelqu'une  de  ces  personnes 
doit  mourir  dans  l'année,  la  trace  de  son  pied  nu  existe  certainement  au 
milieu  des  cendres  chaudes,  et  il  n'est  pas  malaisé  de  la  reconnaître.  Bien 
rarement  on  revient  de  cette  recherche  sans  trouble  et  sans  serrement  de 
cœur.  Encore  un  présage  de  mort  dans  le  quartier. 

Si  l'herbe  à  la  reprise1,  passée  neuf  fois  dans  la  flamme  des  bûchers 
de  la  Saint-Jean  et  placée,  au  moment  du  retour  à  la  maison,  entre  la 
maîtresse  poutre  et  les  solives,  vient  à  se  dessécher,  même  menace,  et 
menace  qui  n'a  jamais  trompé  personne. 

Que  vous  dirai-je  de  plus?  Les  avertissements  ne  font  point  défaut  à 
l'homme;  tant  pis  pour  lui  s'il  ne  les  écoute  pas  et  se  laisse  surprendre  ! 

L.-F.  Sauvé. 


Pa  bouloud  al  ludu  en  oaled, 
Ar  Maro  prest  a  vo  annonset, 
Ha  mar  kan  ar  vreg  'n  eur  skuba  'nn  fi, 
E-z-euz  danjer  bras  evit-ih. 
Sedum  tekphium. 


$00  Gouspero  ar  Raned. 


G0USPER0  AR  RANED. 

Ces  «  Vêpres  des  Têtards  »  ont  quelque  rapport  avec  les  «  Séries  »  du 
Barziz-Brelz,  mais  pour  le  poème  dialogué  seulement  ;  les  deux  mélo- 
dies n'ont  rien  de  commun. 

M.  de  La  Yillemarqué  mentionne  lui-même  certaines  «  Vêpres  des 
Grenouilles  »  ;  en  trécorrois,  cette  traduction  de  «  Gouspero  ar  Râned  >■ 
est  inexacte.  La  grenouille,  c'est  «  ar  glesker  »  ;  mais  le  têtard,  voilà  «  ar 
rân  »  ;  les  «  Vêpres  des  Grenouilles  •>,  ce  serait  donc  «  Gouspero  ar  Glis- 
kiri  »,  ou  «  ar  Gleskered  ». 

A  Trézélan  Côtes-du  Nord  ,  où  j'ai  recueilli,  la  première  fois,  cette 
berceuse,  un  savant  de  l'endroit  me  disait  :  «  ar  ranned  »,  les  Séries  ; 
non  :  «  ar  râned  »,  les  têtards.  Le  peuple  entend  et  prononce  toujours  : 
«  gouspero  ar  tâncd.  » 

La  mélodie  en  est  une  phrase  à  trois  membres,  qui  coupe  les  couplets 
d'inégale  façon,  suivant  le  sens  et  à  mesure  que  le  couplet  s'allonge. 
Elle  a  la  cadence  d'une  berceuse. 


--/- —  O — o —  o 


—  o — e-T o — o  —  c-\ >-  T — 


rzpzzzzzz\zzzzlzz}zz^zzr^zz  ^zz-^zr— 


Les  paroles  sont  absolument  inintelligibles  :  en  vouloir  quelque  inter- 
prétation, c'est  demander  aux  gens  du  peuple  qu'ils  traduisent  les  chants 
latins, qu'ils  répètent,  le  dimanche,  à  la  messe. 

—   i°  Kan  ker,  Killore 

—  Jolik,  petra  fell  d'id-de  < 

—  Kanoen  digan-id-de. 


Gouspero  ar  Raned.  $01 

—  Petra  kanin-me  d'id-de  ? 

—  Keran  eur  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Eur  biz  da  virc'ha  d.i  Vari  ', 
Perc'l.en  tri  m.ib2  Heri. 

Keran  eur  rann  a  gement  ouzcnn-me. 

Chante  fort,  Killoré  —  Jolie,  que  (tel  faut-il  à  toi  ?  —  (Une)  chanson 
de  ta  paît.  —  Que  te)  chanterai-je  à  toi  ?  —  La  plus  belle  série  d'un 
de  toutes  celles  que  tu  connais.  —  Un  doigt  à  immobiliser  vouer!  à 
Marie,  —  maîtresse  sur  les  trois  fils  de  Henri.  —  1  Voilà)  la  plus  belle 
série  d'un  de  toutes  celles  que  je  connais. 

2°  Kan  ker,  Killore... 

Keran  daou  rann  a  gement  ouzoud-te. 

-  Daou  vil  da  varc'ha  da  Vari, 
Perc'hen  tri  mab  Heri. 
Keran  daou  rann  a  gement  ouzonn-me. 

Chante  fort,  Killoré...  La  plus  belle  série  de  deux  de  toutes  celles 
que  tu  connais.  —  Deux  doigts  à  immobiliser  à  Marie,  —  maîtresse  sur 
les  trois  fils  de  Henri.  —  iVoilàj  la  plus  belle  série  de  deux  de  toutes 
celles  que  je  connais. 

}°  Kan  ker.  Killore... 

Keran  tri  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Tri  biz  da  varc'ha  da  Vari  ; 
Perc'hen  tri  mab  Heri. 

Keran  tri  rann  a  gement  ouzonn-me. 

Chante  fort,  Killoré...  La  plus  belle  série  de  trois  de  toutes  celles 
que  tu  connais.  — Trois  doigts  à  immobiliser  à  Marie,  —  maîtresse  sur 
les  trois  fils  de  Henri.  —  .Voilà)  la  plus  belle  série  de  trois  de  toutes 
celles  que  je  connais. 

4"  Kan  ker,  Killore. . . 

Keran  pewar  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Pewar  goèle  0  kana  Lexodie. 
Treminidi,  lavar  din-me. 
Perc'hen  tri  mab  Heri. 

Keran  pewar  rann  a  gement  ouzonn-me. 


1.  C'est  peut-être  :  un  doigt  pour  y  mettre  l'anneau... 

2.  J'ai  toujours  entendu  tri  mab  et  pas  une  fois  tri  vab  (Heii)  :   Heri  serait  donc  un 
nom  de  femme. 


^02  Gouspero  ar  Raned. 

Chante  fort,  Killoré...  La  plus  belle  série  de  quatre  de  toutes  celles 
que  tu  connais.  —  Quatre  taureaux  chantant  Lexodie.  —  Gens  qui 
passez,  dites-moi.  —  Maîtresse  sur  les  trois  fils  de  Henri.  —  t Voilà  la 
plus  belle  série  de  quatre  de  toutes  celles  que  je  connais. 

S0  Kan  ker,  Killore... 

Keran  pemp  rann  a  gement  ouzond-te. 

—  Pemp  buoc'h  du  awalfh  o  tremen  douar  douar. 
Pewar  goêle  o  kan.i  Lexodie. 

Trcmenidi,  lavar  d'in-me. 

Perc'hen  tri  mal  Heri. 

Keran  pemp  rann  a  gement  ouzonn-me. 

Chante  fort,  Killoré...  La  plus  belle  série  de  cinq  de  toutes  celles  que 
tu  connais.  — Cinq  vaches  noires  assez  traversant  (une)  terre  >unei  terre. 
—  Quatre  taureaux  chantant  Lexodie.  —  Gens  qui  passez,  dites-moi.  — 
Maîtresse  sur  les  trois  fils  de  Henri.  —  iVoilàï  la  plus  belle  série  de 
cinq  de  toutes  celles  que  je  connais. 

6°  Kan  ker,  Killore... 

Keran  Chouecli  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Chouec'h  breur,  cVwuec'h  c'hoar. 
Pemp  buoc'h  du... 

Keran  c'houec'h  rann  a  gement  ouzonn-me. 

Chante  fort,  Killoré...  La  plus  belle  série  de  six  de  toutes  celles  que 
tu  connais.  —  Six  frères,  six  sœurs.  —  Cinq  vaches  noires.  .  —  Voilà 
la  plus  belle  série  de  six  de  toutes  celles  que  je  connais. 

7°  Kan  ker,  Killore... 

Keran  seiz  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Seiz  de,  seiz  loar. 
Chouec'h  breur,  c'houec'h  c'fwar. 
Pemp  buoc'h  du... 

Keran  seiz  rann  a  gement  ouzonn-me. 

Chante  fort,  Killoré...  La  plus  belle  série  de  sept  de  toutes  celles  que 
tu  connais.  —  Sept  jours,  sept  lunes.  —  Six  frères,  six  sœurs.  —  Cinq 
vaches  noires...  —  Voilà  la  plus  belle  série  de  sept  de  toutes  celles  que 
je  connais. 

8»  Kan  ker,  Killore... 

Keran  eiz  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Eiz  dornerik  xvar  al  leur 


Gouspero  ar  Raned.  <;ch 

0  torna  piz,  o  torna  kleur. 

S:iz  de,  seiz  lo.ir... 

Keran  en  rann  a  peinent  ouzonn-me. 

Chante  fort,  Killoré,..  La  plus  belle  série  de  huit  de  toutes  celles  que 
tu  connais.  —  Huit  petits  batteurs  sur  l'aire  —  battant  des  pois,  battant 
des  cosses.    -  Sept  jours,  sept  lunes.. .  —   Voilà    la  plus  belle  série  de 
huit  de  toutes  celles  que  je  connais. 
9°  Kan  ker,  Killore. . . 

Keran  nao  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Nao  mab  armet 

O  ton  et  deux  a  Naoned. 

Ho  c'hleveio  torret. 

Ho  rochedo  goadek; 

Gwasan  mab  c'houre  ! 

Poan  '  oa  ouz  ho  gwelet. 

Eiz  dornerik  war  al  leur. . . 

Keran  n.w  rann  a  gement  ouzonn-me. 

Chante  fort.  Killoré...  La  plus  belle  série  de  neuf  de  toutes  celles  que 
tu  connais.  Neuf  fils  garçons  armés  —  venant  de  Nantes.  —  leurs 
épées  brisées.  —  leurs  chemises  ensanglantées  ;  —  quel  terrible  garçon 
dessus!  —  C'était  peine  pitié  de  les  voir.  —  Huit  petits  batteurs  sur 
l'aire...    Voilà   la  plus  belle  série  de  neuf  de  toutes  celles  que  je  connais. 

i  o°  Kan  ker,  Killore. . . 

Keran  dek  rann  a  gement  ouzoud-te, 

Deg  istor  linker1 
Karget  a  win,  a  vezer. 
Nao  mab  armct 
0  tonet  deuz  a  Naoned... 
Keran  dek  rann  a  gement  ouzonn-me. 
Chante  fort,  Killoré...  La  plus  belle  série  de  dix  de  toutes  celles  que 
tu  connais.  —  Dix  histoires  glissantes  légères,  scabreuses  ?  —  chargées 
de  vin,  de  drap.  —  Neuf  garçons  armés  —  venant  de  Nantes... 
Voilà  la  plus  belle  série  de  dix  de  toutes  celles  que  je  connais. 

1 1  °  Kan  ker,  Killore. . . 

Keran  eunnek  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Iourc'hel,  diourc'hel. 

i.  Une  autre  version  dit  :  Penn  oa.  . 

î.  Voilà  un  bel  exemple  de  non -sens  dans  les  chansons  populaires. 


S  04  Gouspero  ar  Raned. 

Eunneg  gwiz,  eunnek  porc'hel, 

0  tonet  deuz  ann  ourc'hel. 

Deg  istor  llr.hr 

Kargct  a  w:n,  a  vezer... 

Keran  eunnek  rann  a  gement  ouzonn-me. 

Chante  fort,  Killoré...  La  p'u^  belle  série  de  onze  de  toutes  celle1;  que 
tu  connais.  —  Crier  (hûcher  ,  crier  à  tue-tête.  —  Onze  truies,  onze 
pourceaux  verrats  gras  —  venant  de  la  crèche.  —  Dix  histoires  lé- 
gères —  chargées  de  vin,  de  drap...  —  ''Voilà  la  plus  belle  série  de 
onze  de  toutes  celles  que  je  connais. 

12°  Kan  ker,  Killore... 

Kcran  daouezek  rann  a  gement  ouzoud-te. 

—  Daouzek  kleve,  mignon, 

Staget  ouz  da  bignon. 

Digaz  ar  mib-man  d'he  goan  : 

Re  bell  a  delc'hez  anez-han  en  poan. 

lourc'hel,  diourc'hel. 

Eunneg gw'z,  eunnek  porc'hel. 

Deg  islor  linker. 

Karget  a  win,  a  vezer. 

Nao  mab  armeî 

0  tonet  deuz  a  Naoned. 

Ho  c'hle\eio  tonet, 

Ho  rochedo  goadek  ; 

Gnasa  mab  c'houre  ! 

Poan  oa  ouz  ho  sellet. 

Eiz  dornerik  war  al  leur 

0  torna  piz,  o  torna  kleur. 

Seiz  de,  seiz  loar. 

C'houec'h  breur,  c'houec'h  c'hoar. 

Pemp  buoc'h  du  awalc'h  o  tremen  douar  douar. 

Pewar  go'ele  o  kana  Lexodie. 

Tremenidi,  lavard'in-me. 

Perc'hcn  tri  mab  Heri. 

Keran  daouzek  r.inn  a  gement  ouzonn-me. 

Chante  fort,  Killoré...  La  plus  belle  série  de  douze  de  toutes  celles 
que  tu  connais.  Deux  glaives,  mon  ami,  —  attachés  à  ton  pignon.  — 
Emmène  ce  garçon-ci  à  son  souper  :  —    voilà    trop  longtemps   que^  tu 


Folk-Medicine  in  Wales.  (jo^ 

le  tiens  en  peine.  —  Crier,  crier  à  tue-tête.  —  Onze  truies,  onze  pour- 
ceaux gras  —  venant  de  la  crèche.  —  Dix  histoires  légères,  —  char- 
gées de  vin,  de  drap.  —  Neuf  garçons  armés,  —  venant  de  Nantes,  — 
leurs  épées  brisées,  —  leurs  chemises  ensanglantées; —  quel  terrible 
garçon  dessus  !  —  C'était  peine  de  les  regarder.  —  Huit  petits  batteurs 
sur  l'aire  —  battant  des  pois,  battant  des  cosses.  —  Sept  jours,  sept 
lunes.  —  Six  frè  es,  six  sœurs.  —  Cinq  vaches  noires  assez  traversant 
une  terre  une  terre.  —  Quatre  taureaux  chantant  Lexodie. —  Gens  qui 
passez,  dites-moi.  —  Maîtresse  sur  les  trois  fils  de  Henri.  —  Voilà  la 
plus  belle  série  de  douze  de  toutes  celles  que  je  connais.  — 

Cette  poésie  m'a  été  chantée  bien  des  fois  par  le  docteur  Geffroy,  de 
Pontrieux.  Les  mères  et  les  nourrices  en  font  une  berceuse.  On  l'enseigne 
aux  enfants  pour  leur  exercer  la  mémoire.  Ceux  qui  la  débitent  d'un 
bout  à  l'autre,  sans  hésitation,  passent  pour  des  «  gens  d'esprit  ». 

On  donne  encore  à  ce  «  Gouspero  ar  Râned  »  une  autre  dénomination  : 
•  Gouspero  ar  C'houHed  »,  mot  à  mot  :  «  Vêpres  des  Insectes  ».  Mais  il 
faut  entendre  :  «  Vêpres  des  Hannetons  »  ;  avec  c'houiled  on  sous-en- 
tend  le  déterminatif  «  deio  »  —  chêne.  A  La  Roche-Derrien,  il  y  a  un 
petit  bois  de  Saint-Jean  où  vont  les  paroissiens  les  moins  dévots  passer 
le  temps  des  offices;  quand  ils  rentrent,  on  leur  dit  qu'ils  ont  été  aux 
«  Vêpres  des  Hannetons  »  ;  et,  comme  une  auberge  est  non  loin,  dont  le 
cidre  est  renommé,  si  quelqu'un  revient  de  Saint-Jean,  le  dimanche,  en 
état  d'ébrieté,  c'est  qu'il  était  allé  «  chanter  les  Vêpres  des  Hannetons  ». 
Du  reste,  cette  locution  «  Gouspero  ar  C'houiled  »  est  à  peu  près  aussi  ré- 
pandue dans  tout  le  pays  de  Tréguier  que  l'autre,  «  Gouspero  ar  Râned  ». 

N.  Ojjellien. 


FOLK-MEDICINE  IN  WALES. 

I 

Hère  are  a  few  items  of  Folk-medicine  which  are  growing  less  and 
less  every  year. 

To  get  a  new  tooth.  —  The  owner  after  getting  the  old  tooth  out, 
was  to  take  it  in  his  right  hand,  and  throw  it  over  his  head,  previously 
reciting  the  following  rhyme 

Black  crow  white  crow, 

Over  my  head  my  tooth  I  throw  ! 

But  he  was  not  to  see  where  it  dropped. 

For  indigestion.  —  Get  a  gold  plate  bearing  a  number  of  strange 


506  Folk-Medicine  in  Wales. 

çharacters  engraved  by  a  gold-pointed  instrument  when  the  moon  is 
at  a  certain  âge.  This  pLte  is  to  be  rolled  up  and  enclosed  in  a  tube 
made  of  gold,  the  top  of  which  should  be  covered  with  a  pièce  of 
goat's  skin  ;  this  should  be  attached  by  a  leather  string  to  the  right  foot  if 
the  pain  to  which  you  are  subject  be  on  your  right  side;  if  it  be  on  your 
left,  fasten  il  toyour  left  foot;  the  sufferer  is  cautioned  not  to  go  through 
a  churchyard,  nor  put  the  right  shoe  before  the  left. 

For  Lameness.  —  Sleeping  on  a  heap  of  stones  on  a  certain  night  is 
recommended  as  an  effectuai  remedy. 

For  Lumbago.  —  Wearing  round  the  loins  a  hank  of  yarn  which  has 
been  charmed  by  a  wise  woman. 

For  the  Whooping  Cough. —  Many  remédies  are  recommended  for  this 
painful  sickness  :  cutting  some  of  the  hair  of  the  oldest  child  in  small 
pièces,  mixing  it  with  milk,and  giving  it  to  the  sufferer;  putting  a  pièce 
of  red  flannel  round  the  neck  (which  is  now  very  common^,  is  believed 
to  be  a  very  effectuai  thing  ;  holding  a  toad's  mouth  in  the  child's  mouth  for 
a  few  seconds;  the  child  by  breathing  the  cold  breath  of  the  toad  getsrid 
of  the  whooping  cough. 

Pain  in  the  Eye  called  a  llyfelyn  »  Anglicè,  «  a  stye  »).  —  When  the 
new  moon  appears,  get  a  hair  of  a  black  cat's  tail  and  draw  it  nine  times 
over  the  «  Llyfelyn  »;  or  rub  it  with  a  gold  ring. 

For  Fits.  —  Wearing  a  steel  ring  on  the  middle  finger  of  the  left 
hand  is  considered  a  certain  cure  for  this  p.;inful  malady. 

For  Warts.  —  lt  is  believed  that  good  or  bad  luck  follows  those 
who  are  troubled  with  warts;  if  on  the  hands,  good  luck  ;  but  if  on  the 
face  bad  luck  ;  a  believer  in  this  theory  says  that  those  on  the  face  as  a 
rule  turn  out  to  be  cancer  ;  the  remedy  is  to  get  a  wise  woman  to  reckon 
them,  and  put  her  finger  on  each  one  ;  or  totakea  small  stone  forevery 
wart  ;  tie  them  in  paper  ;  and  throw  them  away,  and  the  warts  will  follow 
them. 

For  the  Toothache.  —  Carriy  a  double  nut  in  the  pocket;  or  get  a 
tooth  from  a  corpse,  and  hang  it  to  the  neck,  and  «  rest  and  be  thankful. 

The  foregoing  are  some  examples  of  Folk  Medicine  which  hâve  been. 
and  arestill  used  in  many  parts  of  Wild  Wales. 

Ll.-G.-J. 


iVhooping  Cough.  —  Another  popular  remedy  for  this  malady,  which 
has  obtained  great  vogue  among  ihe  mining  population   of  Glamorgan- 


Folk-Medicine  in  Wales.  507 

shire,  since  the  introduction  of  raihvays,  is  to  take  thesufferingchild  upon 
a  rail  vay  journey.  and  on  entering  a  tunnel,  the  child's  head  is  put  out 
of  the  window  and  the  patient  made  to  inhale  the  air  in  the  tunnel.  I 
hâve  repeatedly  seen  this  done  in  a  long  tunnel  bet.veen  the  towns  of 
Merthyr  Tydfil  and  Aberdare.  Children  are  also  occasionally  taken  into 
Coalmines  with  the  same  object. 

Watls.  A  common  practice  hère  was  to  steal  a  pièce  of  méat  and 
bury  it  in  the  earth,  and  as  the  méat  rotted  the  VVarts  gradually  disap- 
peared. 

Wens.  —  I  hâve  known  a  case  of  a  young  woman  hère  drawing  the 
hand  of  a  dead  woman  across  her  neck  in  order  to  get  rid  of  a  Weri. 

Ll.  R 

Merthyr  Tydfil. 


LE  MADOC  DE  TH.  STEPHENS. 

Les  amis  de  la  littérature  galloise  apprendront  avec  plaisir  que  le  travail  de 
Stephens  sur  la  légende  de  Madoc,  écrit  pour  l'E'stedd'od  de  Llangollen  en  1858 
(nous  en  avons  raconté  l'histoire,  t.  III,  p.  1  î  3  "i  et  resté  inédit,  va  être  publié 
très  prochainement.  Cette  édition  posthume  est  faite  par  les  soins  d'un  savant 
gallois  que  nous  voudrions  voir  plus  souvent  paraître  en  public,  M.  Llywarch 
Reynolds,  et  son  nom  donne  toute  gaiantie  d'exactitude  et  de  critique.  Cela  fera 
un  volume  qui  paraîtra  prochainement.  En  voici  le  sommaire  qu'on  nous  com- 
munique par  avance  : 

Introduction. 

Chap.  I.  The  Facts  and  statements  usually  cited  to  prove  the  Discovery  ol 
America  by  Madoc  ab  Owen.  —  1)  Bardic  Testimonies  ;  —  2)  Historié  Testi- 
monies  ;  —  3)  Travellers'  Taies. 

Chap.  II.  Impressions  produced  by  thèse  Facts  and  Statements  upon  the 
mir.d  ot  Historical  writers.  —  1)  Affirmative  view  ;  —  2)  Tentative  view;  — 
$)  Négative  view. 

Chap.  III.  A  critical  Examination  of  the  preceding  Facts,  Statements,  and 
Opinions.  —  1)  Are  there  Welsh  Indians?  —  2)  Was  the  Madoc  Narrative 
written  before  the  Voyages  of  Columbus?  —  3)  Does  the  Narrative  bear  the 
marks  of  Originality  and  Probability  ?  —  4)  Did  Madoc  leave  Wales  ?  —  $) 
The  Growth  of  the  Legend. 

Appendix  :  Madoc  Litcrature.  —  i.  The  letters  of  Charles  Lloyd  and  John 
Evans.  -  ii.  The  letter  of  Dr  Samuel  Jones.  —  iii.  John  Evans  's  Adventures. 
—  iv.  Southey's  Madoc.  —  v.  Madog  yn  Ymadaw  a  Chymru.  —  vi.  Prince 
Madoc  at  sea.  —  vii.  Letter  ofT.-T.  Roberts.  —  viii.  The  Llangollen  Award. 


BIBLIOGRAPHIE 


Etude  sur  le  dialecte  breton  de  la  presqu'île  de  Bats,  par  Emile 
Ernault  (Extrait  de:>  Mémoires  de  l'Association  bretonne}.  38  p3ges  in-8,  1883.  Saint- 
Brieuc,  Prudhomme,  (Paris,  Vieweg).  Frix  1  fr.  50. 

M.  Ernault  a  tiré  les  éléments  de  cette  étude  de  deux  manuscrits  con- 
tenant un  grand  nombre  de  phrases  avec  deux  dictionnaires,  qui  lui  ont 
été  communiqués  par  M.  Léon  Bureau.  Les  lecteurs  de  la  Revue  cel- 
tique '  connaissent  déjà  de  M.  Bureau  une  traduction  de  la  parabole  de 
l'enfant  prodigue  en  dialecte  de  la  presqu'île  de  Batz.  Ce  dialecte  se 
meurt  et  MM.  Bureau  et  Ernault  auront  bien  mérité  des  études  celtiques 
en  en  recueillant  les  restes  et  en  en  fixant  les  principaux  traits.  Leurs 
recherches  auront  amené  un  premier  résultat  bien  prévu  d'ailleurs,  mais 
qui  ne  laissera  que  d'étonner  un  certain  nombre  d'archéologues,  c'est 
que  ce  dialecte  ne  renferme  aucun  élément  saxon  :  or  on  sait  qu'on 
voulait  à  tout  prix,  particulièrement  dans  le  pays  nantais,  faire  des  gens 
du  pays  de  Batz  une  colonie  saxonne.  La  linguistique  donne  un  dernier 
coup  à  cette  opinion  contredite  également  par  l'histoire. 

Le  travail  de  M.  Ernault  est  divisé  en  trois  parties  :  phonétique, 
grammaire,  vocabulaire. 

Il  eût  été  bien  désirable  que  M.  Ernault  représentât  tout  d'abord  la 
valeur  phonétique  exacte  des  caractères  qu'il  emploie  ;  il  eût  évité  à  ses 
lecteurs  un  embarras  sérieux.  Certains  faits  phonétiques  auraient  aussi 
besoin  d'être  éclaircis  et  même  justifiés  par  des  phrases.  C'est  ainsi  que 
nous  éprouvons  quelque  scrupule  à  admettre  que  \'s  soit  une  lettre 
additionnelle  dans  pous  Kec'h  pauvre  cher.  Il  faudrait  savoir  si  pous 
Kec'l.  est  féminin  ou  masculin.  En  effet  en  bas-vannetais,  on  dit  au  mas- 
culin pou-kec'h  ou  plutôt  paw-kec'h  pour  pawi -kec'h  et  au  féminin  paus- 
kec'h  pour  pawres-kec'h.  A  Batz,  suivant  M.  Ernault,  on  préfixe  un  s  dans 
chtrao  ailleurs  îtao  ,  or  page  3  nous  lisons  treo  etîro:  dans  quel  cas  le 
phénomène  indiqué  a-t-il  lieu  ? 

1.  Revue  celt..  vol.  III,  n°  2  (juin  1877,  p.  230.. 


Bibliographie.  $09 

Le  dialecte  de  Batz,  tout  en  ressemblant  plus  au  dialecte  de  Vannes 
qu'à  aucun  autre,  a  pris  par  son  isolement,  suivant  M.  Ernauit,  une 
physionomie  spéciale  qui  l'en  rend  tout  aussi  distinct  que  le  cornouail- 
lais  ou  même  le  trécorrais  l'est  da  léonnais.  C'est  peut-être  aller  un  peu 
loin,  le  dialec;e  de  Batz  conservant,  comme  M.  Ernauit  lui  même  en  a 
fait  la  remarque,  surtout  dans  la  partie  la  plus  caractéristique  de  sa  pho- 
nétique, dans  son  vocalisme,  les  traits  distinctifs  du  vannetais.  Il  serait 
plus  exact  de  dire  que  l'idiome  de  Batz  est  une  variété  du  vannetais, 
un  sous-dialecte  vannetais  avec  des  traits  propres  assez  accusés.  Plu- 
sieurs des  faits  considérés  comme  caractéristiques  du  dialecte  de  Batz 
par  M.  Emau'.t  se  produisent  même  sur  d'autres  points  du  territoire 
vannetais.  Voici  les  inexactitudes  ou  les  lacunes  qui  nous  ont  paru  valoir 
la  peine  d'être  relevées  dans  le  travail  d'ailleurs  si  consciencieux  et  si 
nourri  de  M.  Ernauit. 

F.  2.  M.  Ernauit,  remarquant  que  !e  dialecte  de  Batz  et  le  vannetais 
rejettent  l'accent  sur  la  dernière  syllabe,  ajoute  qu'en  cela  ils  sont 
fidèles  à  la  sylllabe  primitivement  accentuée,  cette  syllabe  étant  deve- 
nue la  dernière  par  la  chute  des  terminaisons.  Cela  reviendrait  à  dire 
qu'en  gaulois  ou  pour  employer  un  terme  plus  exact,  en  vieux  celtique. 
l'accent  était  toujours  sur  la  pénultième,  ce  que  personne  ne  sou- 
tiendra. Le  rapprochement  eue  fait  M.  Ernauit  de  la  loi  de  l'accentua- 
tion vannetJse  avec  l'accentuation  du  français  est  inexact,  l'accent 
français  ayant  deux  places  possibles.  Le  vannetais  a  en  réafté  unifor- 
misé l'accent,  comme  les  autres  dialectes,  mais  à  une  place  différente 
qui  se  trouve  en  effet,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  ê  re  la  même 
qu'en  vieux  celtique.  Le  gallois  a  été  évidemment  dans  le  même  cas: 
l'orthographe  actuelle,  sans  parler  de  faits  phonétiques  très  probants  en 
vieux  galicis,  le  prouve  :  tyran  des  tours  à  côté  du  singulier  hvr,  byrd- 
dau  à  côté  de  bwrd,  etc.,  montrent  bien  par  l'affaiblissement  de  la 
pénultième  que  l'a:cent  a  été  sur  la  dernière. 

P.  3.  A  propos  du  pluriel  en  ou,  M.  Ernauit  nous  semble  con- 
fondre deux  suffixes  différents,  mais  que  la  chute  des  terminaisons  a  ren- 
dus semblables  en  moyen  breton  et  en  breton  moderne  :  le  suffixe 
-avo,  -ava  que  l'on  retrouve  dans  un  certain  nombre  de  substantifs  et 
d'adjectifs,  et  la  diphtongue  -aa,  reste  de  -ares,  nominatif  pluriel  des 
thèmes  en  -u,  diphtongue  qui  est  devenue  par  la  chute  de;  désinences 
casuelles  marque  du  pluriel  et  a  passé  à  des  substantifs  qui  tout  d'abord 
n'étaient  pas  en  -u;  le  vieux-breton  hencassou  «  antiquités  »  correspond 
exactement  au  pluriel  irlandais  senchassa,  de  même  que  litau  (Letavia 
correspond  à  l'irlandais    letha.   Genou,  que    cite    M.    Ernauit  et  qu'il 


$io  Bibliographie. 

identifie  fort  justement,  comme  on  l'a  fait  d'ailleurs  bien  souvent  après 
Zeuss,  avec  Genwa,  n'est  pis  plus  un  piurie!  queiifctu.  Le  vieux-breton, 
qui  a  au  pluriel  -ou  on  ne  trouve  au  que  deux  foisi,  donne  souvent 
-au  pour  le  suffixe  -avo,  -ava.  M.  Ernault  a  été  amené  par  l'orthographe 
française  à  commettre  une  autre  erreur  :  la  terminaison  léonnaise  -ou 
n'est  nullement  identique  à  Y  ou  du  vieux  breton  :  ou  en  vieux  breton 
est  une  diphtongue,  -ou  en  léonnais  est  une  voyelle  simple.  Il  n'est 
pas  exact  non  plus  de  faire  de  -on  la  propriété  du  léonnais  Une  bonne 
partie  de  la  Cornouaille  l'emploie  également.  La  forme  -aw  ou  -ao 
également  n'est  pas  seulement  cornouaillaise  ;  elle  est  usitée  en  bas- 
vannetais.  Enfin  la  forme  -eo,  que  M.  Ernault  croit  particulière  à  Batz, 
est  en  usage  à  Groix  et  fort  probablement  dans  d'autres  iles  du  pays 
vannetais. 

P.  4.    Miteniac'h,  henderviac'h  existent  dans  tout  le  vannetais. 

P.  j.  La  forme  ùen  n'est  nullement  particulière  à  Auray  et  ne  peut 
être  identifiée  au  gallois  wyf,  armoricain  oun,  moyen  breton  ouf,  on.  La 
forme  -on  existe  d^ns  tout  le  vannetais  concurremment  avec  ùen;  on  est 
un  présent,  ùen  un  présent  habituel.  Ex.  :  pe  ùen  me  e  labourai  «  lorsque  je 
suis  à  travailler.  »  ùen  aurait  pour  équivalent  dans  les  autres  dialectes  ven. 

P.  6.  Gir  n"est  pas  la  seule  forme  en  vannetais;  ger  est  également 
en  usage,  notamment  en  bas-vannetais;  —  kreiz  est  usité  dans  plus 
d'endroits  en  vannetais  que  kres. 

P.  7.  Le  vannetais  se  sert  tout  autant  de  pad  «  pendant  »  que  de 
abad.  Abad  n'est  pas  en  usage  en  bas-vannetais.  Ket  nameii  n'est  pas 
la  seule  forme  non  plus  pour  «  seulement  »,  «  ne  que  »  :  on  dit  en 
beaucoup  d'endroits  ke'  meld,  meid.  En  bas-vannetais  on  se  sert,  au  lieu 
de  aveit  ou  eh  «  pour  »  de  avit,  euh,  ùh,  ùi. 

P.  8.  A  côté  de  gulé,  on  a  en  vannetais  guelé,  gueli;  à  côté  de  gue- 
ner,  guenir;  à  côté  de  guneh.  gunoc'h-tu,  guinic'h.  Sioul  est-il  un  mot 
celtique  ?  !l  n'existe  ni  en  comique  ni  en  gallois.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  ne 
semble  pas  possible  de  le  faire  remonter  à  une  forme  stamillos,  qui 
eût  donné  aujourd'hui  sevel.  Le  terme  vieux-celtique  nous  parait  préférable 
à  giulo's  qu'emploie  M.  Ernault  pour  stam-il'os  :  outre  que  la  légiti- 
mité de  ce  terme  est  contestable,  il  peut  amener  parfois  une  véri- 
table confusion.  Ce  qui  nous  parait  plus  grave,  c'est  cette  tendance  à 
remonter  d'un  bond  d'une  seule  forme  moderne,  existant  d^ns  un  seul 
dialecte,  à  une  forme  pré-historique  N'oublions  pas  l'histoire  d'En- 
cina.  Ces  reconstitutions  ne  nous  semblent  légitimes  que  pour  résumer 
sous  une  forme  concrète  une  série  de  faits  phonétiques,  ramener  une 
série  de  formes  dialectales  à  un  type  unique.  Si  nous  étions  sûr  de  la 


Bibliographie  ^  1 1 

celticité  de  sioul,  nous  le  rapprocherions  volontiers  du  gothique  stiiih 
«  calme     ,  «  patience     ;  le  suffixe  naturellement  serait  différent. 

P.  9.  Le  bas-vannetais  se  sert  non  seulement  de  ui,  mais  de  u  œuf , 
de  guis'. cin  plutôt  que  de  guskei-i,  de  toueein,  tou.o,  toaei'ct. . 

P.  11.  Le  haut-vannetais  se  sert  aussi  de  miten  avec  son  nasal. 

P.  12.  Le  vannetais  emploie  à  côté  de  riket  «  dû  »  reke.t. 

P.  14.  On  dit  en  vannetais  non  seulement  hanter-hand  mais  encore 
hanter-kant.  De  même  que  le  dialecte  de  Batz  a  kimat  pour  timat  vite), 
le  bas-vannetais  a  kiek  pour  t.ek  «  chef  de  ferme  »,  «  chef  de  famille  -, 
-  laboureur  ». 

P.  16.  On  dit  aussi  en  bas-vannetais  iorh  et  lïorh,  ies  et  lies;  chudei 
pour  skudel,  dichuic'h  pour  diskuic'h.  Comme  à  Batz,  en  vannetais,  la 
dentale  finale  tombe  dans  un  g,  and  nombre  de  cas,  si  le  mot  suivant 
commence  par  une  consonne  :  on  dit  abre'  mat  et  non  abred  mat  a  de 
bien  bonne  heure  »,  etc. 

P.  18.  il  est  impossible  que  gou'.en  demander  soit  pour  gourven 
venant  de  gour-menn  ;  gourven  fût  certainement  resté  :  aucun  dialecte 
breton  n'a  de  répugnance  pour  ce  son  rv.  Le  vieux-breton  dogurbonneu 
ne  peut  sans  témérité  être  rattaché  à  la  racine  -menn.  On  irouve  en 
gallois  un  mot  aujourd'hui  disparu  auquel  il  doit  être  rattaché  :  bwnneiaid 
«  prières  »    Richards  Welsh  diciion..ry  . 

P.  19.  Comme  à  Batz,  dans  une  partie  du  haut-vannetais,  à  Quibe- 
ron.  par  exemple,  l'article  se  contracte  avec  la  préposition  a  :  a'enn 
daol  «  de  la  table 

P.  2].  !l  n'est  pas  exact  que  la  terminaison  oc'h  ne  se  trouve  dans 
les  dialectes  armoricains,  à  l'exception  de  celui  de  Batz,  qu'avec  le  son 
du  futur.  Presque  partout  on  se  sert  de  ouzoc'h  «  vous  savez  », 
sans  parler  de  oc'h  «  vous  êtes  ». 

P.  2S-  En  haut-vannetais,  on  a  formé,  comme  à  Batz,  toute  une 
conjugaison  sur  me  wer  «  je  sais  ►. 

P.  26.  Il  est  impossible  que  dans  gober  «  faire  ».  le  g  soit  altéré 
d'un  d.  Les  deux  formes  dober  et  c,oler  existent  dans  les  mêmes  lieux 
en  vannetais,  dober  ou  dobir  avec  le  sens  de  be;o:n,  gober  ou  go'  ir  avec 
le  sens  de  faire.  Le  g  de  gober  est  peut-ê:re  dû  à  l'analogie  de  gobr 
•<  salaire  ».  sans  en  être  tiré  L'infinitif  tiré  de  gobr  est  goprat. 
P.  27.  M.  Ernault  remarque  avec  raison  que  nous  avons  eu  tort  dans 
notre  étude  sur  le  verbe  avoir  en  breton  Mémoires  de  la  Société  de  lin- 
guistique de  Paris,  t.  IV,  fasc.  1,  p.  40  ,  où  il  y  a  d'ailleurs  plus 
d'une  autre  erreur,  de  rapprocher  du  léonnais  beza  les  formes  du  présent 
en  ez.  La  forme  hoès  ou  mieux  e  hoès  -oc'h  eus   1  vous  avez  »  existe  dans 


s  12  Bibliographie. 

tout  le  vannetais,  mais  Iwpes  ou  plutôt  e  pes  est  beaucoup  plus  usitée 
en  bas-vannetais  et  n'est  inconnue,  croyons-nous,  sur  aucun  point  du 
territoire  vannetais  Chant  à  la  présence  de  de  aux  troisièmes  personnes, 
l'explication  de  M.  Ernault  nous  parait  inadmissible  à  tout  point  de 
vue  :  nous  nous  proposons  de  reprendre  ce  sujet. 

P.  ji.  M.  Ernault  revient  sur  la  forme  hopysy  du  breton  de  l'Avocat 
Pathelin  que  nous  avons  adoptée.  Nous  reconnaissons  avec  lui  que  ho 
indique  un  pluriel,  tandis  que  pysy  semble  une  deuxième  personne  du 
singulier,  et  qu'une  correction  ici  est  légitime,  mais  cette  forme  hybride 
n'est  pas  une  forme  hypothétique,  c'est  la  leçon  des  manuscrits,  que  nous 
aurions  peut-être  traitée  avec  moins  de  scrupule,  si  d'autres,  en  maint 
autre  endroit  du  texte,  avaient  usé  d'un  peu  moins  de  liberté,  nous 
pourrions  dire  de  fantaisie. 

Dans  la  dernière  partie,  le  vocabulaire,  il  y  a  un  certain  nombre  de 
mots  propres  au  dialecte  de  Batz,  empruntés  pour  une  bonne  part  au 
français  ;  on  y  remarque  aussi  quelques  mots  bretons  usités  dans  ce 
dialecte  avec  une  acception  particulière. 

L'étude  de  M.  Ernault  prouve  une  connaissance  des  dialectes  bretons 
modernes,  fort  approfondie  et  bien  difficile  à  acquérir  pour  quelqu'un 
qui,  comme  lui,  n'est  pas  d'un  pays  bretonnant.  Elle  montre  aussi  d'un 
autre  côté  que  l'étude  des  sous-dialectes  bretons  ne  sera  jamais  exempte 
de  lacunes  et  d'inexactitudes,  tant  que  les  Bretons  bretor.nants  résidant 
dans  le  pays  ne  se  seront  pas  mis  sérieusement  à  l'œuvre. 

J.   Loth. 

Collection  Ju'ien  Gréau  :  Bronzes  antiques,  vi-273  p.  in-4  'avec  un  appen- 
dice de  huit  p3ges  pour  le  musée  secret).  Paris,  1885.  Pr.x  du  catalogue  illust.é  de 
48  pi.  et  de  1  jo  vignettes,  p  fr.:  sans  les  planch  s,  10  fr. 

La  vente  des  bronzes  antiques  de  M.  Gréau  a  été  l'événement  archéologique 
du  mois  de  |uin  :  le  catalogue  (dû  à  M.  Frœhneo,  par  le  détail  de  ses  descrip- 
tions et  par  le  grand  nombre  de  ses  gravures,  permet  aux  savants  de  s'instruire 
à  cette  belle  collection  aujourd'hui  dispersée.  Les  objets  d'origine  gallo-romaine 
sont  nombreux  ici,  et  nous  signalerons  par  exemple  une  inscription  à  Apollon 
Grannus  (déjà  publiée  du  reste)  sur  une  base  de  statuette  trouvée  dans  le 
Rhin,  à  Arnheim.  PATERNX  est  une  erreur  évidente  du  graveur  pour 
PATERNVS:  une  statuette  analogue  à  celle  que  l'on  trouve  figurée,  t.  I, 
p.  2  de  la  Rtvue  Celtique,  avec  un  article  de  M.  de  Barthélémy  qui  a  si  heureu- 
sement inauguré  notre  recueil  ;  car  il  s'agit  là  d'un  des  plus  grands  dieux  de  la 
Gaule  Cette  statuette  a  o"i  1  de  hauteur. 

Ces  citations  suffisent  à  montrer  l'intérêt  de  ce  catalogue  pour  les  archéo- 
logues.   Nous   y  avons  encore  noté  entre  autres  objets  des    casseroles   avec 


Bibliographie.  )H 

manche  orné  de  bas-reliefs  et  quelquefois  des  inscriptions  (ncs  34,  3$  et  29$)  ; 
une  série  de  hachettes  (que  les  archéologues  d'outre-Manche  app- lient  des  celts) 
trouvées  en  Irlande  (nv,692  et  suiv.),une  série  de  statuettes  des  Dieux  de  Rome 
{pr*  995  et  suiv.).  Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  que  les  archéologues  qui 
sortent  des  limites  de  la  Gaule  et  des  pays  celtiques  trouveront  ici  bien  plus 
encore.  H.  G. 

Collection  des  Monuments  épigraphiques  du  Barrois,par  LéonMAXE- 
Werly.  Paris,  Champion,  1883,  93  p.  avec  une  planche  et  plusieurs  gravures  inter- 
calées dans  le  texte. 

Des  publications  de  ce  genre  ont  la  plus  grnde  utilité  lorsque,  comme  dans 
le  cas  présent,  elles  émanent  d'archéologues  qui  ont  fouillé  leur  province  avec  le 
plus  grand  soin  et  en  qui  on  peut  avoir  confiance  pour  la  fidélité  des  transcrip- 
tions. La  plupart  des  inscriptions  sont  données  ici  en  fac-similé,  ce  qui  est  la 
plus  désirable  des  reproductions.  M.  Maxe-Werly  catalogue  et  étudie  succes- 
sivement: les  monuments  épigraphiques  en  pierre;  —  les  plaques  métalliques  à 
inscriptions;  — les  marques  sur  fragments  de  verre;  — les  inscriptions  sur  vases 
en  terre;  —  les  bagues  et  fibules  épigraphiques;  —  les  cachets  d'oculistes;  — 
les  monuments  faux  ou  douteux. 

Au  point  de  vue  spécial  de  notre  revue,  nous  signalerons  dans  cet'e  complète 
et  curieuse  collection  :  p.  3,  un  monument  d'Epona  (avec  gravure;,  inscription 
déjà  publiée  par  M  Ch.  Robert  dans  son  Epigraphic  de  la  Muselle;  p.  1 3.  l'ins- 
cription 'ormée  par  le  mot  MOGOVNVS  suivi  d'un  mot  de  lecture  incertaine; 
et  comme  un  A  est  inscrit  dans  le  premier  O.  on  peut  croire  qu'il  faut  peut-être 
lire  MAGOVNVS  ;  —  p.  $6,  le  nom  gaulois  VRNACVS,  sur  une  fibule  en 
bronze;  —  p.  85,  M.  M.-W.  regard-1  comme  probablement  fausse  la  plaque 
en  bronze,  souvent  citée,  qui  porte  l'inscription  :  TEN  ME||QjA  FVG  ETjj 
REVOC  MaD  COLLIVM  IN  ||  NASIVM.  Aucun  archéologue  n'a  vu  l'objet, 
cité  d'après  des  témoignages  sans  autorité;  et,  du  reste,  les  plaques  d'esclaves 
authentiques  sont  toutes  particulières  à  la  ville  de  Rome.  H.  G. 

Études  d'archéologie  et  de  mythologie  gauloise.  Deux  stèles  de 

Laraire.  ..  par   Ed     Flojest,   membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France. 
vi-94  p.  in-8  et  19  planc/.es.  Paris,  Leroux,  1885.  — Prix:  6  fr. 

Le  culte  du  dieu  gaulois  au  marteau,  fondé  par  M.  Anatole  de  Barthélémy, 
continué  par  M.  Cerquand,  vient  detrouver  un  troisième  zélateur  dans  M.  Flouest, 
et  le  lecteur  a  pu  voir  par  une  note  publiée  plus  haut  »p.  4571  que  nouc-même 
comptions  aussi  nous  en  occuper.  Le  conflit  des  théories  qui  peut  résulter  des 
opinions  diverses  qui  passent  successivement  sous  les  yeux  du  public  savant  ne 
peut  manquer  de  dégager  une  théorie  moyenne  avec  des  chances  de  probabi- 
lité, et  comme  chaque  érudit  qui  s'occupe  à  son  tour  de  cette  question  apporte 
de  nouveaux  documents,  la  collection  de  monuments  et  de  faits  s'accroît  tous  les 
jours.  La  question  gagne  ainsi  en  étendue  et  en  profondeur. 

Rcv.  Ctlt.   VI.  33 


H  4  Bibliographie. 

Le  travail  de  M.  Flouest  est  double.  Comme  mythologue,  il  étudie  une  stèle 
représentant  un  personnage  à  massue  et  à  serpent,  une  autre  stèle  où  est  figuré 
le  dieu  au  marteai'  (et  c'est  là  le  principal  objet  de  son  mémoire),  et  encn  ce 
qu'il  appelle  i  le  signe  symbolique  en  S  ->,  détail  curieux  et  peu  remarqué 
jusqu'ici  de  l'art  gaulois  M.  FI.  est  un  grand  ami  du  symbolisme  et  d'un  sym- 
bolisme qui  nous  paraît  être  une  idéalisation  ingénieuse  des  objets  figurés 
plutôt  qu'une  déduction  de  croyances  constatées.  Ainsi  ce  qu'il  dit  du  vase 
comme  «  symbole  do  fécondité,  symbole  de  l'eau  »  (p.  21)  nous  paraît  très  sub- 
jectif. De  même  aussi  nous  avons  peine  à  croire  que  le  marteau  suit  un  symbole 
de  créat:cn  (p.  25)  et  nous  croyons  que  sa  signification  désigne  du  tonnerre  est 
primitive,  tandis  qu°  M.  FI.  voit  dans  ce  dernier  cas  «  un  symbolisme  adventif  » 
(p.  jjl.  Hâtons-nous  de  dire  que  ce  n'est  pas  pour  diminuer  le  mérite  du  travail 
de  M.  FI.  que  nous  faisons  ces  réserves.  Nous  recommandons  son  travail  aux 
amis  de  la  mythologie  gauloise  et  nous  leur  signalons  spécialement  les  pages 
préliminaires  sur  la  transformation  vraisemblable  de  la  mythologie  gauloise,  des 
textes  intéressants  sur  le  Silvain  des  Romains  (p.  ?o)  et  une  ingénieuse  remarque 
sur  une  con'usion  possible  entre  le  chien  et  Is  loup  (p.  67). 

En  tous  cas,  ce  que  l'on  ne  contestera  pjs  à  M.  FI.,  ce  sont  ses  collections 
d'archéologue  et  ses  dix-neuf  planches  qui  forment  un  véritable  album  de  figures 
fidèlement  reproduites.  En  mythologie  gauloise,  la  publication  des  monuments 
est  le  commencement  de  la  sagesse,  et  M.  FI.  a  des  paroles  très  justes  sur 
l'utilité  de  pubier  «  tout  ce  qu'il  y  a  d'inédit,  de  nég'igé,  d'inaperçu  même, 
dans  les  collections  publiques  ou  privées  de  la  province  ».  Nous  même,  nous 
connaissons  quelques  monuments  qui  se  rattachent  au  dieu  au  marteau  (et  nous 
en  avons  indiqué  une  série  plus  haut,  p.  457),  et  nous  espérons  les  réunir  avant 
longtemps.  La  my:hclog:e  gauloise  est  comme  un  cairn  qui  se  fera  par  l'accumu- 
lation de  beaucoup  de  pierres;  et  bien  loin  de  se  faireconcurrer.ee,  l'on  s'entre- 
aide  et  l'on  s'entre-instruit  —  quand  même  les  théories  sont  divergentes. 

H.  G. 


The  Cath  Finntraga  ;  or  Battle  of  Ventry.  Edited  from  Ks.  Rawl. 
B.  487  in  the  Bodleian  Library,  by  Kuno  Meyer,  Pli.  D.,  M.  A.,  Lecturer  on  Teuto- 
n:c  Langnages,  l'niversity  Collège,  Liverpool.  Part.  IV,  vol.  I,  of  the  a  Medisva!  and 
Mode.n  Séries  »  of  a  Anudota  Oxonknsia.  »)  xxn-115  p.  petit  in  4,  Oxford,  Claren- 
don  Fress,  iS8>.  —  Frix  :  6  s.  (7  fr.  50  . 

L'heure  tardive  et  l'espace  restreint  ne  nous  permettent  pas  de  nous  étendre 
sur  cette  publication  comme  elle  le  mériterait.  M.  M.  a  publié,  avec  traduc- 
tion, commentaire,  glossaire  et  excursus,  le  plus  ancien  texte  connu  (vv  siècle) 
de  la  Bataille  de  Ventry.  La  BataiLe  de  Ventry  appartient  à  ce  genre  de  litté- 
rature de  chevalerie  et  de  batailles  qui  fait  partie  du  «  genre  ennuyeux  »  dont 
parlait  Voltaire,  mais  qui  fut  en  si  grand  honneur  au  moyen  âge  jusqu'à  ce  que 
Cervantes  rendit  cette  littérature  ridicule,  —  pour  les  classes  lettrées  du  moins; 
car  les  classes  populaires  en  sont  encore  fournies  par  l'imprimerie  du  colpor- 


Bibliographie.  5 1 5 

tage.  La  Bataille  de  Ventry  n'a  donc  rien  de  populaire,  ni  même  d'original  ;  elle 
n'a  d'irlandais  que  le  nom  doses  personnages  qui  sont  censés  défendre  l'Irlande 
contre  une  descente  du  «  Roi  du  Monde  »  et  de  ses  alliés  et  vassaux,  et  quel- 
ques traits  de  mœurs,  surtout  un  épisode  final  avec  une  sorte  àecaoine. 

Cette  Bataille  de  Ventry  est  (à  nos  yeux  du  moins^  sans  intérêt  historique  et 
sans  valeur  littéraire,  d'autant  plus  qu'elle  est  écrite  dans  ce  style  ampoulé  et 
redondant,  caractérisé  par  une  avalanche  d'épilhètes  aMitératives  qui  est  d'usage 
dans  la  prose  des  lettrés  du  moyen-irlandais.  Mais  M.  M.  a  su  donner  de  l'in- 
térêt à  ce  texte  par  la  critique  avec  laquelle  il  l'a  édité,  et  surtout  par  les  ob- 
servations et  les  petites  dissertations  dont  ce  texte  a  été  pour  iui  l'occasion. 
M.  M.  a  dédié  cet  ouvrage  à  M.  Windisch  en  termes  qui  font  un  égal  honneur 
au  maître  et  au  disciple. 

Dans  l'introduction,  p.  vii-xxii,  M.  M.  énumère  et  décrit  les  manuscrits  qui 
contiennent  son  texte,  ses  rapports  avec  la  littérature  irlandaise,  soit  originale, 
soit  traduite1,  et  c'est  pour  lui  d'occasion  de  citer  d'intéressants  textes  relatifs 
aux  Tiiatha  De  Danand.  Après  le  texte  qui,  avec  la  traduction  en  regard,  oc- 
cupe les  pages  1-57,  viennent  les  variantes  d'un  autre  manuscrit  (p.  59-70);  — 
des  notes  (p.  71-87)  sur  les  passages  intéressants  au  point  de  vue  de  la  langue 
ou  de  l'histoire  littéraire  ou  des  légendes;  signalons  notamment  les  documents 
que  M.  M.  a  recueillis  sur  les  proverbes  irlandais,  sujet  dont  on  ne  s'est  pas 
encore  occupé2.  A  l'occasion  des  trois  femmes  que  rencontre  Conncrithir  et  qui 
se  donnent  pour  trois  filles  d'un  roi,  notons  qu'elles  ont  sans  doute  pris  la  place 
de  trois  fées;  —  un  «  Excursus  on  Old-Irish  metric  »  (p.  88-99)  où  M.  M. 
développe  contre  M.  Zimmer  la  thèse  que  l'ancienne  métrique  irlandaise  repo- 
sait non  sur  l'accent,  mais  sur  le  nombre  de  syllabes,  et  sur  la  rime;  il  donne 
des  exemples  d'un  certain  nombre  de  mètres  qu'il  a  relevés  dans  ses  lectures. 
M.  M.  oublie  de  parler  de  l'allitération,  qui  joue  un  rôle  si  important  dans 
l'harmonie  de  !a  parole  chez  les  Irlandais.  La  po?sie  des  skaldes  ou  anciens 
bardes  Scandinaves  reposait  également  sur  le  nombre  de  syllabes  et  sur  l'allité- 
ration ;  et  M.  Ed/ardi  a  supposé  là  une  influence  irlandaise;  —  Index  verbo- 
rum  (p.  99-109)  —  donnant  les  mots  et  les  acceptions  rares,  avec  de  nombreux 
exemples  que  M.  M.  a  tirés  de  ses  lectures;  —  Index  nominum  et  Index  loco- 
rum  (p.  1 10  1 1 $). 

L'Université  d'Oxrord  fait  chose  très  utile  en  publiant  des  œuvres  inédites  des 
manuscrits  de  ses  bibliothèques,  et  M.  M.  s'est  acquitté  de  sa  tâche  d'éditeur 
de  ce  texte  ingrat  avec  érudition  et  critique.  C'est  le  cas  de  citer  le  mot  du 
poète  latin  :  matcrïam  supembat  opus. 

H.  G. 


(1)  Par  ce  terme  nous  entendons  les  œuvres  de  la  littérature  européenne  du  moyen 
âge  qui  ont  ete  traduites  en  irlandais. 

(2)  Il  nous  semble  nous  rappeler  qu'une  col'ection  de  proverbes  irlandais  a  été  publiée 
dans  VUlstcr  Journal  of  A'chaiology,  mais  comme  cette  collection  ne  se  trouve  pas  à 
Paiis,  nous  ne  pouvons  contrôler  notre  souvenir. 


$16  Bibliographie. 

Irish  Lexicography  :  an  Introductory  Lecture,  by  Robert  Atkinson,  M.  A., 
34  p.  in-8.  Dublin,  published  by  îhe  Academy,  1885. 

C  tte  brochure  contient  la  leçon  d'ouverture  de  M.  A.  comme  chargé  de  la 
«  Todd  Professorship  ».  Le  pro  esseur  énunière  et  classe  les  matériaux  existants 
de  la  lexicographie  de  l'ancien  Irlandais,  et  il  montre  par  de  nombreux  spécimens 
l'utilité  d'exemples  parallèles  pour  l'élucidation  des  mots  rares  ou  di  ficiles.  La 
lumière  ne  pénétrera  certainement  dans  tous  les  coins  de  l'ancienne  littérature 
irlandaise  que  lorsqu'on  aura  ce  secours  inappréciable  d'un  dictionnairedonnant 
des  exemples  nombreux  tirés  des  textes  et  contenant  tous  les  mots  de  l'ancien  et 
du  moyen  Irlandais.  C'est  une  œuvre  d'Atlas.  M.  Zimmer  et  M.  Atkinson  ont, 
chacun  de  son  côté,  annoncé  une  entreprise  de  ce  genre  :  nous  ignorons  qui 
arrivera  le  premier.  Les  critiques  ne  manqueront  pas  à  cette  œuvre  future,  pas 
plus  qu'elles  ne  manquent  aujourd'hui  au  glossaire  volontairement  limité  de 
M.  Windisch  :  mais  elle  n'en  rendra  pas  moins  les  plus  grands  services  à  ceux 
qui  la  critiqueront  —  comme  aujourd'hui  le  glossaire  de  M.  Windisch.  C'est 
l'histoire  des  progrès  de  la  science  et  l'effet  de  la  médisance  naturelle  à  l'homme. 

Cette  brochure  forme  la  première  partie  du  t  II  d'une  collection  intitulée 
ToJd  Lecture  Séries.  Le  t.  I  n'a  pas  paru  :  il  doit  contenir  les  leçons  que 
M.  Hennessy  a  faites  en  1882-84,  comme  chargé  du  même  cours  dont  il  s'est 
démis  l'an  dernier.  Nous  regrettons  d  autant  plus  ce  retard  que  personne  ne 
possède  aujourd'hui  comme  M.  Hennessy  l'ancienne  littérature  de  l'Irlande  et 
qu'il  nous  aurait  charmés  autant  qu'instruits.  H.  G. 

Chants  populaires  de  la  Haute-Bretagne,  recueillis  par  un  Guérandais 
de  1809,  habitant  Savenay  depuis  cinquante  ans.  Savenay,  lib.  Allair.  In  8,  64  p.  — 
Piix:  1  fr. 

Les  chants  populaires  de  la  Haute-Bretagne  se  révèlent  de  tous  les  côtés. 
M.  Decombe,  en  Ille-et  Vilaine,  vient  de  publier  un  beau  recieil  dont  M.  Er- 
nault  a  parlé  ici  (voir  plus  haut,  p.  386:  et  sur  lequel  M.  Rolland  a  écrit  un 
article  instructif  par  ses  comparaisons  (Mélusine,  t.  II,  col.  296  et  suiv.). 
M.  Orain,  nous  dit-on,  imprime  en  ce  moment  un  recueil  analogue.  En  même 
temps,  dans  une  petite  ville  de  la  Loite-lnférieure.  à  Savenay,  un  amateur,  quia 
voulu  garder  l'anonyme,  publiait  en  une  forte  brochure  un  recueil  d'un  caractère 
local.  L'auteur  de  Savenay  n'a  aucune  prétention  scientifique:  «  On  trouvera 
dans  ce  petit  recueil,  dit-il,  quelques-uns  de  ces  refrains  qui  ont  égayé  notre 
enfance,  et,  malgré  notre  âge  avancé,  il  nous  semble,  quand  nous  les  chantons, 
ressentir  la  fraîcheur  du  génie  de  la  vieille  Armorique.  »  Ce  petit  recueil  est 
fait  avec  une  paraite  sincérité  et,  pour  cette  raiso-1,  les  savants  devront  lui  faire 
bon  accueil  malgré  son  apparence  modeste.  Il  comprend  vu;gt-quatre  rondes, 
quatre  chansons  de  «  bals  croisés  »,  deux  chansons  de  mer  et  un  noël  fort  ori- 
ginal. Les  amateurs  regretteront  seulement  que  l'auteur  n'ait  pas  pu  donner  en 
même  temps  les  airs  de  ses  chansons.  H.  G. 


Bibliographie  517 

Les  populations  agricoles  de  la  France,  pir  Henri  Bvudrillart,  membre 
de  l'Institut  —  Normandie  et  Bretagne,  passé  et  présent.  Kœurs,  coutumes,  in- 
struction, popu'ation,  famille,  valeur  et  divisi  n  des  te  res,  fermage  et  métayage,  ou- 
vriers ruraux,  sahires,  nourriture,  habitation.  V-6;8  p.  in-S.  Paris,  Hachette,  1 885 . 
—  Prix:  7  fr.  50. 

Le  titre  de  ce  livre  indique  son  caractère  spécial  ;  mais  le  tableau  qu'il  donne 
de  la  Bretagne  contemporaine  est  trop  intéressant  pour  qu'on  ne  le  signale  pas 
ici.  «  C'est  l'image  même  de  nos  populations  rurales,  dit  M.  Baudrillart,  que  je 
m'efforce  de  placer  sous  les  yeux,  à  savoir  leurs  mœurs,  leurs  travaux,  leur 
degré  d'instruction  et  de  moralité,  leur  régime  de  vie,  ainsi  que  l'état  des  terres, 
la  valeur  des  propriétés,  la  division  des  cultures,  la  situation  des  fermages, 
celle  de:,  métayers  et  des  ouvriers  ruraux,  leur  nourriture,  leur  habitation,  et 
enfin  le  paupérisme  et  l'assistance  dans  les  campagnes.  Le  plus  que  j'ai  pu,  j'ai 
cherché  a  éclairer  le  présent  par  la  comparaison  avec  le  passé,  soit  avant  1789, 
soit  dans  les  périodes  qui  ont  suivi  cette  date  célèbre,  en  m'attachant  tout  par- 
ticulièrement à  signaler  les  changements  opérés  depuis  quarante  ou  cinquante 
ans.  » 

Dans  un  ouvrage  qui,  comme  on  voit,  est  surtout  économique  et  vise  spécia- 
lement les  temps  modernes,  nous  aurions  mauvaise  grâce  à  chicaner  l'auteur  sur 
des  questions  qui  touchent  à  la  littérature  et  à  l'histoire.  Mais  il  est  décourageant 
de  voir,  et  nous  avons  le  droit  de  le  constater,  que  les  travaux  accomplis  dans 
le  domaine  des  études  celtiques  restent  lettre  morte,  non  pas  seulement  pour  le 
public,  mais  pour  des  écrivains  instruits  comme  M.  Baudrillart,  membre  de 
l'Institut  et  professeur  au  Collège  de  France.  Pour  le  côté  moral,  littéraire  et 
mythographique  de  son  œuvre,  nous  ne  lui  voyons  citer  queCambry,  Souvestre 
et  M.  de  La  Vil  emarqué  :  pour  lui,  comme  pour  le  public,  la  Bretagne  se  résume 
dans  ces  trois  écrivains.  Il  ne  purjît  pas  se  douter  que  le  B.'rzaz  Bmzy  char- 
mant comme  œuvre  poétique,  ne  peut  être  cité  qu'avec  précaution  comme  do- 
cument de  la  pensée  bretonne,  et  que  Souvestre  a  souvent  poétisé  ses  tableaux. 
Les  noms  de  MM.Luzel,  Le  Men,  Sauvé,  lui  paraissent  inconnus.  lia  connu  et 
il  cite  le  récent  livre  de  M.  Loth  sur  l'Émigrat  on  Bretonne,  mais  il  ne  paraît 
pas  en  avoir  tiré  le  profit  possible.  M.  Baudrillart  se  place  aussi  à  un  point  de 
vue  erroné  et  depuis  longtemps  dépassé,  quand  il  veut  voir  dans  les  superstitions 
des  campagnes  bretonnes  un  reste  de  «  druidisme  ». 

Mais,  nous  le  répétons,  nous  adressons  ces  critiques  moins  à  M.  Baudrillart 
qu'aux  écrivains  français  qui  jugent  et  décrivent  la  Bretagne  bretonnante  d'après 
des  ouvrages  vieillis  et  des  préjugés  dissipés  par  le  progrès  des  études  ;  car 
nous  n'avons  pas  \r-  droit  de  demander  à  un  économiste  d'être  versé  dans  les 
études  bretonnes.  Nous  regrettons  seulement  que  les  résultats  de  ces  études  ne 
soient  pas  sortis  d'un  petit  groupe  d'initiés. 

Cette  part  faite  à  la  critique  (et  un  peu  trop  grande  peut-être),  nous  recom- 
manderons le  livre  de  M.  B.  comme  un  tableau  aussi  instructif  qu'intéressant 
de  la  Bretagne  contemporaine.  C'est  comme  l'histoire  de  la  transformation  de 


5 1 8  Bibliographie. 

ce  pays  celtique,  longtemps  fermé  aux  influences  extérieures,  qui  subit  de  plus 
en  plus  l'influence  de  la  société  française.  Ce  livre  restera  comme  un  document 
pour  l'histoire  des  mœurs  et  de  la  Bretagne  au  xixe  siècle,  et  son  intérêt  ne 
pourra  que  grandir  avec  le  temps.  Nous  ne  citons  rien,  parce  qu'il  y  aurait  trop 
à  citer.  Signalons  pourtant  ce  que  M.  Baudriilart  dit  du  domaine  ccngéable 
(p.  387  et  594),  de  l'organisation  si  curieuse  des  îlots  d'Houat  et  d'Hoedic 
(p  521),  de  l'influerce  du  sentiment  religieux  sur  la  moralité  du  pays  (p.  450), 
de  l'ivrognerie  (p.  453  et  suiv).  Les  moralistes  ne  sauraient  trop  condamner  ce 
vice  national  des  Bretons  ;  mais  peut-être  a-t-il  son  origine  dans  la  pauvreté,  le 
manque  de  bien  être  et  la  misérable  chère  du  paysan  breton  que  nous  décrit 
M.  Baudriilart  et  qui  est  encore  le  fond  de  sa  vie.  C'est  sans  doute  pour  cela 
que  l'ivrognerie  ne  se  rencontre  plus  guère  en  Bretagne  que  dans  les  classes 
inférieures,  et  elle  y  a  pour  cause  fréquente  et  inconsciente  l'insuffisance  de  l'ali- 
mentation. H.  G 


M.  Kuno  Meyer  avait  bien  voulu  se  charger  de  rendre  compte  ici  du  récent 
ouvrage  de  MM.  Stckes  et  Windisch,  Irische  Texte,  2te  série,  1  he!t,  Leipzig. 
Hirzel,  1884.  Malheureusement  son  article  ne  nous  est  pas  arrivé  au  moment 
où  nous  mettons  sous  presse. 


Paris,  7  juillet  188$. 
Cher  Monsieur  Gaidoz, 

Je  crois  vous  devoir,  ainsi  qu'aux  lecteurs  de  votre  bienveillant  article  sur  la 
3e  livraison  de  ma  Bibliographie  générale  des  Gaules  (mai  1885,  p.  403),  un  mot 
d'explication  concernant  le  système  de  renvois  de  la  seconde  partie  à  la  première. 
Votre  critique  est  parfaitement  fondée.  Malheureusement  je  me  suis  vu  contraint 
d'adopter  ce  système,  dont  je  sens  mieux  que  personne  les  inconvénients,  pour 
diminuer  les  frais  d'impression  qui,  nonobstant,  seront  encore  égaux,  sinon  su- 
périeurs au  produit  de  la  vente  totale. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Ch. -Emile  Ruelle, 

Bibliothécaire  à  la  bibliothèque  Sainte -Geneviève. 


NÉCROLOGIE 


LES   ANCETRES. 


Un  de  nos  amis,  il  y  a  déjà  quelques  années,  nous  a  exprimé  le  désir  de  nous 
voir  donner  une  nécrologie  du  fondateur  de  la  philologie  celtique,  Zeuss,  ainsi 
que  de  son  digne  élève  Gluck,  sur  lesquels  il  est  di.'ficile  de  se  procurer  des 
renseignements,  afin  que  notre  recueil  se  trouvât  contenir  l'hi>toire  de  tous  les 
celâtes  de  marque,  depuis  la  renaissance  de  ces  études.  Avant  de  quitter  la  di- 
rection de  ce  recueil,  c'est  le  moment  de  donner  satisfaction  à  ce  vœu. 

Jean-Gaspard  Zeuss  est  né  le  22  juillet  1806  a  Vogtendorf,  près  Kronach, 
dans  la  Haute-Franconie,  royaume  de  Bavière.  Après  de  brillantes  études  au 
progymnase  de  Kronach  et  au  lycée  de  B.>mberg,  le  jeune  Z.  alla  étudier  à 
l'Université  de  Munich,  un  peu  contre  le  gré  de  sa  famille  qui  aurait  voulu  lui 
voir  embrasser  l'état  ecclésiastique.  Il  s'y  occupa  surtout  d'études  linguistiques, 
y  compris  les  langues  orientales,  et  la  nécessité  de  donner  en  même  temps  des 
leçons  particulières  n'arrêta  pas  l'activité  du  jeune  étudiant.  En  1832,  il  entra 
dans  l'enseignement  secondaire  comme  professeur  suppléant  au  gymnase  de 
Munich,  et  il  remplit  ce  poste  jusqu'en  1839. 

En  1837,  il  avait  publié  son  grand  ouvrage  d'ethnographie  ancienne  Die 
Dcutschen  und  die  Nachbarslamme  (Yiii-778  p.  in-8)  qui  est  encore  aujourd'hui 
un  des  principaux  ouvrages  sur  la  matière,  et  c'est  sur  ce  livre  que  s'appuie  la 
partie  ethnographique  de  l'Histoire  de  la  langue  allemande  de  J.  Grimm.  Ce 
livre,  qui  fit  époque,  ne  trouva  pas  d'éditeur,  et  Zeuss  le  publia  à  ses  frais,  avec 
le  fruit  de  ses  économies. 

La  16  août  1838,  Zeuss  prit  le  grade  de  docteur  à  l'Université  d'Erlangen. 
Au  mois  de  novembre  suivant,  il  adressa  au  Ministre  de  l'Instruction  publique  de 
Bavière  une  demande  à  l'effet  d'être  chargé  de  l'enseignement  de  la  philologie 
allemande  à  l'une  des  deux  Universités  de  la  Bavière  du  Nord,  Wurzbourg  ou 
Erlangen.  «  Cet  enseignement,  disait-il  dans  sa  requête,  outre  une  partie  pure- 
ment linguistique,  grammaire  historique  de  la  langue  allemande  et  explication 
d'anciens  textes  allemands,  comprendrait  la  mythologie  des  peuples  du  Nord 
(surtout  Allemands  et  Scandinaves)  l'explication  historique  et  archéologique  delà 
Germanie  de  Tacite  et  de  la  Géographie  de  Ptolémée,  et  aus^i  —  si  on  le  désirait 
—  'l'enseignement  du  sanscrit,  si  utile  pour  la  grammaire  comparée.  »  Le  Mi- 
nistre envoya  cette  requête  à  l'examen  du  Sénat  académique  de  l'Université  de 


520  Nécrologie. 

Wurzbourg.  Celui-ci  répondit  que  la  création  de  cette  chaire  serait  très  utile 
et  le  choix  du  processeur  excellent,  mais  qu'il  y  avait  des  lacunes  plus  impor- 
tantes à  combler  dans  l'enseignement  de  l'Université  avant  qu'on  pût  penser  à 
celle-ci.  Le  Sénat  académ'que  d'Erbngen,  consulté  à  son  tour,  répondit  que  la 
philologie  allemande  était  certainement  une  chaire  importante,  mais  une  science 
bien  nouvelle  ;  qu'il  serait  bon  aussi  que  le  requérant  eût  donné  des  preuves  de 
sa  capacité  de  proésseur  par  un  cours  libre  comme  «  privat-docent  »  à  l'Uni- 
versité de  Munich.  Zeuss  demanda  l'autorisation  défaire  ce  cours  :  on  le  lui  re- 
fusa (en  date  du  19  juillet  1839)  par  la  raison  qu'il  ne  s'était  pas  habilité  pour 
l'enseignement  supérieur.  —  C'était  deux  ans  après  la  publication  d'un  livre  qui 
faisait  époque  dans  l'histoire  de  l'ancienne  Allemagne. 

Zeuss  tenta  une  semblable  démarche  à  Berlin.  Là  on  connaissait  son  nom  et 
on  appréciait  son  mérite,  mais  on  repoussa  sa  demande  par  un  motif  confes- 
sionnel :  il  était  catholique. 

Zeuss  entra  alors  (le  $  septembre  1839)  comme  professeur  d'histoire  au  lycée 
de  Spire.  11  venait  de  publier  une  dissertation  sur  l'origine  de  la  race  bava- 
roise (Die  Htrkuni  der  B.iyem  von  dei  Markomannen.  xxxvn-57  p.  in-8>.  Les 
ressources  littéraires  et  les  livres  lui  manquaient  à  Spire;  aussi  en  184^  fit-il 
une  nouvelle  requête  auprès  du  Sénat  académique  de  Wurzbourg  à  l'effet  d'y 
obtenir  l'enseignement  qu'il  désirait.  Sa  demande  fut  encore  repoussée,  et  par  la 
même  raison.  Il  resta  à  Spire  jusqu'en  1847. 

En  1842,  Zeuss  publia  pour  la  Société  Historique  du  Palatinat  un  recueil  de 
documents  relatif  à  Wissembourg  en  Alsace  :  Tra.îitiones  Possessioncsque  Wi- 
zenburgenses,  publication  utile  non  pas  seulement  pour  l'histoire  et  la  topographie 
locale,  mais  aussi  pour  l'onomastique,  par  suite  du  grand  nombre  de  noms  qu'il 
renferme.  L'année  suivante  il  publia  comme  programme  de  gymnase  une  disser- 
tation d'histoire  locale  :  Die  freie  Reichsstadt  Speyer  vor  ihrer  Zerstœrung,  nach 
urkundlichen  Quellen  œrtlich  geschildert. 

C'est  à  Spire  que  Zeuss  commença  à  s'occuper  des  langues  celtiques.  La 
tâche  était  d'autant  plus  ardue  que  tout  ce  qui  avait  irait  à  leurs  origines  et  à 
leur  histoire  n'était  que  rêverie,  exception  faite  de  deux  essais  de  Pictet  et  de 
Bopp.  Zeuss  reconnut  bientôt  que  rien  ne  pourrait  se  fonder  que  sur  l'étude 
des  plus  anciens  monuments  de  la  langue:  il  les  chercha  dans  les  gloses.  Chaque 
année,  à  l'époque  des  vacances,  il  voyageait  à  Londres,  à  Oxford,  à  Saint-Gall, 
à  Milan,  etc.,  étudier  et  copier  ces  documents.  Ses  petites  économies  passaient 
dans  ces  voyages  :  son  ami  et  biographe  Gluck  nous  assure  même  que  c'est  pour 
subvenir  à  ces  dépenses  qu'il  aurait  renoncé  à  se  marier. 

Le  4  avril  1847,  Zeuss  fut  nommé  professeur  d'histoire  à  l'Université  de  Mu- 
nich. C'était  un  honneur  et  une  position  qui  lui  assurait  de  plus  larges  res- 
sources littéraires  que  dans  la  petite  ville  de  Spire.  Il  hésita  d'abord  pour  des 
raisons  de  santé  ;  prédisposé  par  sa  constitution  à  des  affect'ons  de  poitrine,  le 
rude  climat  de  Munich  et  la  parole  dans  de  grands  auditoires  l'effrayaient.  Il 
accepta  pourtant;  mais  ses  craintes  se  réalisèrent  presque  aussitôt.  Le  mois  de 
septembre  de  la  même  année,  il  demanda  à  quitter  Munich  et  à  rentrer  dans 


Nécrologie.  521 

l'enseignement  secondaire,  et  le  12  octobre  il  entra  au  lycée  de  Bamberg  comme 
processeur  d'histoire.  Ce  fut  le  dernier  poste  qu'il  occupa. 

C'est  à  Bamberg  que  Z.uss  acheva  sa  Grjmmaticj  Ccllicj  quipiruten  1855. 
De  ce  livr*.  qui  .1  crée  la  philologie  celtique,  il  est  inutile  de  parler  ici.  Son 
cuteur  se  plaçait  au  rang  de  Grimm  et  de  D'ez,  plus  haut  peut-être,  parce  qu'il 
avait  eu  plus  de  di  ficultes  è  surmonter  pour  se  frayer  un  chem.n.  C'est  à  juste 
titre  qu'en  1861  M.  Wh  Stokcs,  par  un  heureux  jeu  de  mots,  lui  appliquait  le 
vers  du  poète  orphique  : 

Zïv»;   iy/r[,    Z:j:   't-ii^x,   A'.o:   8*BC  r.£/-.x  tfcuXTOU. 

Ce  travail  avait  achevé  de  ruiner  sa  santé.  En  1855,  i!  se  sentit  plus  grave- 
ment atteint  et  il  dut  demander  un  congé  à  l'hiver  et  le  faire  renouveler  au 
printemps  suivant.  Il  mourut  le  10  novembre  i8$6  dans  son  village  natal  de 
Vogtendorf. 

Zeuss  n'était  pas  correspondant  de  notre  Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres.  On  ne  s'y  doutait  pas  que  la  philologie  celtique  —  qui  a  pourtant  pour 
la  France  un  intérêt  national  —  avait  été  créée  de  toutes  pièces  par  un  mo- 
deste chercheur  bavarois.  Il  ne  faut  pas  trop  s'en  étonner.  Les  Académies  ne 
sont  au  courant  du  mouvement  scientifique  de  l'étranger  que  dans  les  branches 
représentées  par  leurs  propres  membres.  Il  y  a,  dit-on.  des  étoiles  dont  la  lu- 
mière met  des  années  entières  à  nous  parvenir  :  il  en  est  de  même  de  branches 
nouvelles  de  la  science  dont  les  premiers  pionniers  ne  sont  appréciés  et  souvent 
même  connus  dans  un  cercle  un  peu  plus  étendu  qu'après  un  long  intervalle. 
C'est  ce  qui  explique  comment,  à  ce  point  de  vue,  'es  Académies  peuvent  être 
en  certains  cas  en  retard  sur  les  progrès  de  la  science.  Mais  Zeuss  travaillait 
pour  b  science,  et  comme  tous  ceux  qui  se  sont  donnés  à  elle  par  amour  et  avec 
désintéressement,  le  sentiment  de  l'œuvre  accomplie  était  sa  meilleure  récom- 
pense. Si  nous  rappelons  cet  oubli,  ce  n'est  pas  que  Z.uss  en  soit  diminué  aux 
yeux  de  personne,  c'est  par  le  regret  que  la  France.  le  pays  celtique  par  excel- 
lence, n'ait  pas  rendu  un  public  hommage  aux  dernières  années  du  fondateur  de 
la  philologie  celtique. 

Nous  avons  emprunté  les  détails  qui  précèdent  à  une  notice  de  Gluck:  Erin- 
mrung  an  Kaspar  Zeuss,  Miinchen.  G.  Franz,  1857,  18  p.  in-8,  brochée  à  la 
suite  des  exemplaires  restants  de  la  dissertation  de  Zeuss  :  De  Hakunft  dtr 
Baycrn. 

Nous  nous  rappelons  avoir  lu  autrefois  une  notice  de  O'Donovan  sur  Zeuss; 
elle  contenait  le  touchant  récit  d'une  visite  que  Siegfried  fit  à  Zeuss  dans  l'été 
de  18 $6  ;  mais  cette  notice  a  été  publiée  dans  YUlster  Journal  of  Archaiology  que 
nous  n'avons  pas  à  notre  disposition  à  Paris. 

Christian-Guillaume  Glueck  était  Bavarois  comme  Zeuss.  Nos  seuls  rensei- 
gnements biographiques  sont  un  passage  d'un  article  de  VAUgemeine  Zeitung 
d'Augsbourg  1 1"  novembre  1866,  Beihge)  L'article  n'est  p2s  signé,  mais  nous 
savons  que  l'auteur  en  est  Bacmeister  :  il  est  consacré  aux  publications  des  Cel- 


$*a  Nécrologie 

tomanes  allemands,  Obermûller  et  O9.  Nous  traduisons  le  passage  qui  concerne 
Gluck  : 

«  Gluck  est  mort  le  13  juin  [1866]  et  il  a  enfin  trouvé  le  sommeil  après  de 
longs  mois  de  souffrance.  La  vie  n'avait  pas  été  bien  douce  pour  lui,  autant  que 
nous  avons  pu  le  connaître.  Né  à  Erlangen,  le  dernier  jour  de  l'an  1 8  ■  0,  fils  du 
célèbre  pandectiste,  Dr  Chr.-Fr.  Gluck,  il  étudia  à  l'Université  de  sa  ville  na- 
tale pour  se  consacrer  à  la  même  science  que  son  père.  De  l'Université  d'Er- 
langen  il  passa  à  celle  de  Tubingue.  Là  il  fut  atteint  par  les  poursuites  dirigées 
contre  la  «  Burschenschaft  »  (association  d'étudiants)  pour  accusation  de  haute 
trahison:  il  s'enfuit  en  Suisse  et  acheva  ses  études  aux  Universités  de  Zurich  et 
de  Berne  :  il  se  destinait  à  la  carrière  de  l'enseignement.  Il  débuta  comme 
«  privat-docent  »  à  l'Université  de  Berne  et  il  y  enseigna  pendant  trois  ans  le 
droit  canon.  Mais  en  1843,  excité  par  les  querelles  religieuses  du  temps,  il  fit 
paraître  une  brochure  de  polémique  (Sr.  Heiligkei'Gregorius  XVI  Verdammungs- 
bulle  der  jungen  Schweiz  im  Kanton  Wallïs).  Cette  «  imprudence  »  ne  lui  fit  pas 
seulement  perdre  la  perspective  de  devenir  professeur  titulaire,  elle  le  mit  en 
butte  à  une  persécution  qui  devint  menaçante  pour  sa  personne.  Il  dut  fuir  de 
nouveau  et  il  se  réfugia  à  Strasbourg  où  il  vécut  un  an.  Pendant  son  absence, 
les  autorités  de  Berne  le  poursuivaient  au  criminel  et  obtenaient  contre  lui  une 
condamnation  à  quatre  ans  de  prison,  condamnation  que  cassa  le  tribunal  su- 
périeur. 

»  Ces  mésaventures  lui  inspirèrent  le  désir  de  rentrer  dans  son  pays,  et  il  en 
obtint  l'autorisation  en  1845.  Son  ancienne  accusation  de  haute  trahison  se  ter- 
mina par  un  acquittement  le  20  novembre  1 846  et  Gluck  se  trouva  entièrement 
innocenté.  Pendant  les  années  suivantes,  il  s'occupa  d'études  d'histoire  et  de 
linguistique,  et  plusieurs  publications  en  portent  témoignage.  En  18^9,  il  entra 
comme  employé  à  la  Bibliothèque  de  Munich.  Mais  dès  l'été  de  l'année  précé- 
dente [1865]  son  activité  fut  arrêtée  par  de  grandes  souffrances  physiques, 
manque  de  sommeil,  excitation  nerveuse,  qui  altérèrent  son  caractère.  La  mort 
fut  pour  lui  un  bienfait...  » 

Gluck  ne  savait  pas  avoir  raison  avec  calme,  et  les  celtistes  se  rappellent  cette 
apreté  de  langage  qui,  depuis,  a  été  remise  à  la  mode  dans  le  domaine  des 
études  irlandaises. 

Il  faut  dire  à  sa  décharge  qn'il  avait  à  combattre  des  celtomanes  faisant  auto- 
rité auprès  du  public  allemand  et  que  la  patience  pouvait  lui  échapper.  De  ses 
polémiques  nous  retenons  un  proverbe  allemand  qu'il  citait  à  la  fin  d'une  bro- 
chure dirigée  contre  Holzmann  et  qui  ren'erme  la  philosophie  des  discussions 
portées  à  un  diapason  trop  aigu  :  Au/  einen  groben  Klotz  gehœrt  ein  grober  Keil 
«.  A  corsaire,  corsaire  et  demi  »  (litt.  A  grosse  souche  convient  un  grossier  coin). 

Voici,  à  notre  connaissance,  la  liste  des  traavux  de  Gluck  qui  se  rattachent  à 
nos  études  : 

Die  Bïsthiimer  Njricums,  besonders  das  Lorchische,  zur  Zeit  der  rœmischen  Herr- 
schaft,  Ein  Beitrag  7.ur  Urgeschichte  des  Christenthums  in  Otsterreich,  Salzburg 
Sttitrmark  and  Ksrnten;  dans  les  Sitz.  Ber.  d.  phil.  Hist.  Classe  derKaïs.  Akad. 


Nécrologie.  s  *  \ 

des  Wiss.  [zu  Wien]  XVII.  Bd.  S.  60  ff.    18$  j.  Tirage  à  part  de  93  p.  — 
Traite  en  passant  de  questions  onoir.atologiques. 

Dit  bei  C.  J.  Casar  v:rkommenJen  Keltischcn  Namen  in  ihrer  Echtheit  festge- 
stellt  und  erlxulert,  Miinchen,  1857,  xxii-192  p.  in-8.  —  L'ouvrage  le  plus  im- 
portant pour  l'étude  de  l'onomastique  gauloise  ;  cf.  un  article  de  Heller  dans  le 
Philologus,  t.  xvii  (1861),  p.  270-287. 

Uibcr  das  Wort  Ambactus,  dans  les  Vuhandl.  dcr  2\Un  Versammlung  Deutscher 
Philologm  in  Augsburg  (1862),  Leipzig,  1863,  in-4,  p.  107-109. 

Die  neueste  Htrleitung  d  s  Namens  B.uer  aus  dem  Kcltischen  (Extrait  des  Ver- 
kandlungen  de  la  Société  Historique  de  la  Basse-Bavière).  Miinchen,  1S64,  17  p. 
in-8. 

Dcr  Deutsche  .\'.ime  Braehio  nebst  einer  Ântwort  auf  einen  Angriff  Holzmanns. 
Miinchen,  1864,  1 $  p.  in-8. 

Kellische  Etymologien  dans  les  Jahrb.  f.  class.  Philologie  (hgg.  von  Fleckeisen). 
1864,  p.  $96-604  (cf.  p.  832)  ;  et  [866,  p.  166-168. 

Rènos,  Moïnos  und  Mogontidcon,  dit  galhschen  Namen  des  Flûsse  Rein  und  Main 
und  der  Stadt  Main:.  27  p.  in-8.  Miinchen,  186$  (Extr.  des  comptes  rendus  de 
l'Académie  de  Bavière). 

Enfin  des  articles  publiés  dans  les  Beitnege  de  Kuhn  et  de  Schieicher  ;  mais 
cette  publication  est  trop  connue  pour  que  nous  y  relevions  les  articles  de 
Gluck. 

H.  G. 

M.  Amable-Emmanuel  Troude  est  né  en  1803,  et  mort  à  Brest  le  6  jan- 
vier 188$.  P"ils  du  contre-amiral  qui  est  connu  par  le  combat  d'Algésiras, 
M.  Troude  entra  à  Saint-Cyr  à  dix-huit  ans,  prit  part  à  la  guerre  d'Espagne  en 
1823,  au  siège  d'Anvers,  et  aux  campagnes  d'Afrique.  Sa  santé  compromise 
lui  fit  prendre  sa  retraite  le  24  août  1852  (cf.  le  journal  YOcéan,  de  Brest,  nu- 
méro du  12  janvier  1885).  Il  s'occupa  toujours  avec  passion  de  la  langue  bre- 
tonne; ce  zèle  était  d'un  bon  exemple  à  ses  compatriotes,  et  n'a  pas  été  inutile 
à  la  science.  Le  GoniJec,  dont  M.  Troude  était  l'élève,  le  chargea  en  mourant 
de  corriger  les  épreuves  de  sa  traduction  de  !a  Bible.  M.  Troude  a  partagé  ce 
soin  avec  M.  Milin,  et  indiqué  par  un  T  les  corrections  qu'il  a  faites  au  texte 
du  manuscrit.  M.  Milin  a  aussi  collaboré  à  quelques-uns  des  travaux  du  co- 
lonel, à  partir  de  1856. 

Voici  les  principales  publications  de  Troude  : 

Dictionnaire  français  et  cello-breton,  par  A.-E.  Troude,  chef  de  bataillon.  Brest, 
Lefournier,  1842;  in-8,  LXV-594  p.  Troude  fit  détruire  en  1869  les  exemplaires 
qui  restaient  chez  le  libraire,  un  millier  environ. 

N.uvtlles  conversations  en  breton  et  en  français...  Saint-Brieuc,  Prud'homme- 
18 $7,  in- 12,  xvi- 1 35  p.,  sans  nom  d'auteur  (par  MM.  Troude  et  Milin). 

Vocabulaire  français-breton  et  breton-français  de  M.  Le  Gonidec,  revu  par 
M.  Troude,  colonel  en  retraite.  Saint-Brieuc,  Prud'homme,  1860,  2  vol.  in- 18 
de  242  et  144  p 


5  24  Nécrologie .' 

Colloque  français  et  breton  ou  nouveau  vocabulaire,  6°  édition  entièrement  re- 
fondue sur  un  plan  nouveau  Brest,  Lefournier,  1862,  in-12,  147  p.,  sans  nom 
d'auteur  'par  MM.  Troude  et  Milin).  E.  Erxault. 

Jezuz-Krist  skouer  ar  gristenien,  da  lavaret  eo  Imitation  Jezu:-Krist...  cant. . . 
A.  Troude...  ha  G.  Milin.  Brest,  Le'ourr.ier,  in- 1 8,  s.  d.  (approbations  de  1862), 
612  p. 

Nouveau  dictionnaire  pratique  français  et  breton...,  par  A.-E.  Troude,  colonel 
en  retraite.  Brest,  Lefournier,  1869,  gr.  in-8,  xxxn-940  p. 

Ar  marvaillcr  brezounek  pe  marvaillou...  dastunul  gant...  A  Troude  ha  G.  Mi- 
lin. Brest,  Lefournier,  1870,  xi-347  p.  (breton  et  français). 

Nouveau  dictionnaire  pratique  breton-français...,  par  A.-E.  Troude.  Brest,  Le- 
fournier, 1876,  xxm-823  p  La  participation  0  ficieuse  de  M.  Milin  à  cet  ou- 
vrage (cf.  p.  vil  a  été  beaucoup  moins  importante  que  pour  le  précédent. 

—  On  annonce  la  mort,  au  château  de  Kernuz  (Finistère),  de  M.  Armand- 
René  du  Chatelier,  né  à  Quimper  en  1797,  correspondant  de  l'Académie  des 
sciences  morales  et  politiques  depuis  1858.  Il  a  publié  :  Histoire  de  la  Révolution 
dans  les  départements  de  l'ancienne  Bretagne  (1856,  6  vo!.  in-8);  —  Du  pays  de 
Galles  et  de  quelques-unes  des  O'igines  de  notre  histoire  (1859);  —  La  représentation 
provinciale  en  Bretagne  après  l'union  à  la  France  (1857,  in-8)  ;  —  La  Baronnie  du 
Pont  [Pont-l'Abbé),  ancien  èvêché  de  Cornouailles  (1858,  Nantes,  in-8)  ;  —  Brest 
et  le  Finistère  sous  la  Terreur  (1858,  Brest,  in-8);  —  De  quelques  modes  de  la 
propriété  en  Bretagne  II  861,  Orléans,  in-8);  —  L' Agriculture  et  les  classes  agri- 
coles de  la  Bretagne  (1862,  in-8).  (Extrait  du  Polyb.blion.) 

M.  Brinley  Richards,  mort  en  mai  1 88 $ ,  né  à  Carmarthen  en  1819,  était 
un  de  ces  musiciens  de  mérite  que  le  pays  de  Galles  a  donn:s  à  l'Angleterre. 
Mais  M.  B.  R.  était  resté  très  attaché  à  son  pjys,  prenait  part  aux  Eisted.l'odau, 
écrivait  la  musique  d'eeuvres  de  poètes  gallois,  et  s'occupait  de  l'histoire  de  la 
musique  en  Galles.  Il  a  souvent  fait  des  con'erences  et  écrit  des  articles  sur  ce 
dernier  sujet.  Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  ici  de  ses  compositions  musi- 
cales, lors  même  qu'elles  sont  devenues  populaires  en  Galles,  par  exemple  la 
mélodie  de  God  bless  the  Prince  of  Walcs.  Mais  nous  devons  signaler  son  recueil 
de  mélodies  populaires  galloises,  avec  harmonisation  et  accompagnement,  The 
Songs  of  Wales,  v-20{  p.  in-4,  London,  Boosey.  Dans  les  dernières  années  de 
sa  vie,  M.  B.  R.  s'était  occupé  activement  de  remettre  en  honneur  et  en  usage 
la  harpe  galloise  à  trois  cordes.  H.  G. 

Archbishop  Mac  Hale. —  In  Revue  Celtique,  V,  276,  there  appeared  a  short 
obituary  notice  of  this  famous  Irish  prelate.  In  référence  to  that  notice  it  may 
be  worth  mentioning  that  Dr  Mac  Hale  translated  into  Irish  8  Books  of  the 
Iliad,  the  short  introductions  to  the  /th  and  8th  Books  being  dated  respec- 
tively  «  Dec.  20,  1869  »,  and  «  March  6,  1871   ». 

He  translated  also,  not  merely  the  book  of  Genesis,  but  the  whole  Penta- 
teuch  ;  and  in  1865  he  published  an  Irish  version  of  a  short  devotional  work, 
«  The  way  of  the  Cross  »  by  Liguori.  Thomas  Powel. 


Celtic  Notes  and  Queues  525 

Miss  Jane  Williams  (Ysga'ell  de  son  surnom  bardiquet,  est  morte  à  Chelsea, 
en  mars  18^.  dans  sa  quatre-vingtième  année.  C'est  elle  qui  avait  réuni  et 
publ.é  les  écrits  de  Carnhuanawc  :  The  LiUrary  R:mains  0}  the  Rev.  Thomas 
Prue  (Carr.haanawc),  2  vol.  in  8,  Llandovery,  1854;  et  elle  écrivit  et  publia 
plus  tard  une  History  0'  Wa'es,  Londcn,  Longman,  1869,  1  vol.  in-8.  Sur  ce 
dernier  livre  voir  notre  compte  rendu  dans  The  Academy,  AprW  9,  1870,  p.  187, 
et  un  article  de  VAth.nxum,  December  10,  1869,  p.  81$.  H.  G. 


CELTIC  NOTES  AND  QUERIES. 


LE  MUSÉE  DE  SAINT-GERMAIN-EN-LAYE. 

Voici  longtemps  déjà  que  nous  nous  proposions  de  parler  dans  une  de  nos 
chroniques  du  Musée  des  Antiquités  Nationales  installé  dans  l'ancien  château 
royal  de  Saint-Germain-en-Laye,  à  quelques  lieues  de  Paris.  Ayant  eu  le 
26  avril  1 88 5  l'occasion  de  le  visiter  de  nouveau  pour  y  conduire  notre  ami 
M.  Rhys,  nous  avons,  en  voyant  des  collections  aussi  riches  et  aussi  bien 
classées,  éprouvé  quelque  remords  de  ne  lui  avoir  pas  consacré  plus  tôt  quelques 
lignes  dans  un  recueil  qui  s'appelle  la  R;vui  Celtique. 

Le  Musée  de  Saint-Germain,  comme  la  Commission  de  la  Topographie  des 
Gaules,  est  sorti  des  fantaisies  archéologiques  de  l'empereur  Napoléon  III.  Son 
projet  d'écrire  l'histoire  de  Jules  César  nécessitait  des  travaux  préparatoires  sui- 
tes antiquités  de  la  Gaule  avant  et  pendant  la  conquête.  Telle  opinion  politique 
qu'ils  professent,  les  archéologues  et  les  celtistes  doivent  un  souvenir  recon- 
naissant à  ce  puissant  protecteur  de  l'archéologie  nationale.  Nous  avons  déjà 
parlé  de  la  Commission  de  la  Topographie  des  Gaules  (t.  II,  p.  504);  après 
avoir  subi  diverses  transformations,  elle  est  aujourd'hui  décidément  morte  :  son 
grand  Dictionnaire  d'archco'ogie  celtique  reste  inachevé  '  et  ses  autres  publications 
projetées  ne  verront  pas  le  jour. 

Plus  heureux,  le  musée  de  Saint-Germain  a  survécu,  et  grâce  au  talent  et  à 
l'activité  de  son  éminent  directeur,  M.  Alexandre  Bertrand,  il  est  devenu  un  de 
nos  premiers  musées,  non  pas  seulement  par  !a  richesse  de  ses  collections,  mais 
surtout  par  la  bonne  disposition  des  objets  conservés.  Cla.sé  par  âges  et  par 
familles  d'objets,  ayant  ses  murs  couverts  de  caites  où  l'on  voit  d'un  coup  d'œil 


1.  Le  dernier  fascicule  para  est  le  premier  du  t.  II;  il  s'arrête  à  la  p.  96  et  au  milieu 
de  l'article  Ligures. 


526  Celtic  Notes  and  Queries. 

la  distribution  et  la  statistique  des  débris  de  nos  anciennes  civilisations,  le 
musée  de  Saint-Germain  'orme  un  cours  d'histoire  par  les  yeux  ». 

Au  rez  de-chaussée  on  a  installé  des  catapultes  reconstituées  d'après  l'antique, 
des  moulages  de  la  colonne  Trajane,  et  de  l'arc  d'Orange,  ce  dernier  si  impor- 
tant pour  I3  connaissance  de  l'armement  des  Gaulois  2. 

Salles  du  premier  étage  :  i°  Une  salle  tonnée  de  stèles  funéraires  nous 
montre  les  métiers  et  les  costumes  de  la  Gaule  romaine,  telle  qu'elle  se  repré- 
sentait elle-même  sur  ses  monuments  funéraires.  —  2°  Une  autre  salle  contient 
les  monuments  mythologiques,  inscriptions.  bas-r?liers  et  statues.  Une  des  plus 
curieuses  séries  est  celle  du  dieu  assis  à  l'orientale  (ce  qu'on  nomme  l'attitude 
bouddhiquei  et  cornu  5.  Dans  un  coin  de  cette  salle,  figurent  en  moulage  les 
principales  inscriptions  gauloises  de  la  France  et  de  la  Haute-Italie.  —  $°  Alesia 
forme  une  section  à  part  avec  des  objets  trouvés  à  Alise-Sainte-Reine  2  et  un  plan 
en  relief  de  la  colline  et  des  travaux  du  siège  entrepris  par  César.  —  40  Pote- 
ries rouges  et  blanches.  La  curieuse  collection  des  poteries  blanches  de  l'Allier 
décrites  par  Tudot  dans  son  grand  ouvrage  Les  Figurines  gauloises  y  figure 
presque  entière  avec  les  moules  originaux  de  ses  potiers. 

Le  second  étage  est  consacré  à  ce  qu'on  appelle  l'archéologie  préhistorique. 
i°  salle  des  cavernes:  20  salle  des  dolmens  :  de  grandes  cartes  murales  en  in- 
diquent la  distribution  et  l'importance  dans  les  différentes  régions  de  la  Gaule. 
Les  vitrines  contiennent  les  objets  provenant  de  ces  civilisations  anonymes,  y 
compris  ces  os  de  renne  travaillés  au  trait  qui  décèlent  une  grande  habileté  de 
main  et  un  sentiment  artistique  très  délicat.  L'homme  de  cette  époque  pouvait 
vivre  dans  des  cavernes  et  défendre  péniblement  sa  vis  contre  les  animaux  et 
l'implacable  nature:  mais  il  avait  dans  sa  pensée  l'aspiration  de  l'art.  —  Des 
plans  en  relief  de  dolmens,  d'allées  couvertes,  des  alignements  de  Carnac  (avec 
une  grande  peinture  murale  qui  en  rend  très  bien  l'aspect),  du  tumulus  de  Gavr- 
Inis  (avec  le  moulage  de  ses  énigmat:ques  pirres)  complètent  cet  ensemble. 
Nous  regrettons  de  ne  pas  y  voir  figurer  aussi,  par  manière  de  comparaison. 

1 .  Le  musée  est  ouvert  au  public  les  dimanche,  mardi  et  jeudi  de  onze  heures  et  demie 
à  quatre  heures  'cinq  heures  en  été';  les  mercredi,  vendredi  et  samedi  aux  personnes  mu- 
nies d'une  carte  d'étude.  Saint-Germain- en-Laye  est  à  une  heure  de  Paris  (gare  Saint- 
Lazare). 

2.  Sur  l'arc  d'Orange,  voir  un  article  de  M.  de  Saulcy  dans  le  Journal  des  Savants  du 
mois  de  janvier  1880,  p.  43,  et  E.  Desjardins,  Géographie  de  la  Gaule  romaine,  t.  III, 
p.  272  tt  suiv. 

3.  M.  Al.  Bertrand  a  groupé  et  étudié  les  représentations  de  ce  dieu  dans  un  imp-r- 
t3nt  mémoi  e:  L'autel  de  Saintes  et  Us  Triades  gauloises  favec  cinq  planches  et  seize  bois 
dans  e  texte\  Paris.  Didier,  188-1.  —  Des  découvertes  postérieures  ontfourni  à  M.  Ber- 
trand l'occasion  de  plusieurs  articles  supplémentaiiei  pub  iés  depuis  dans  la  Revue  archéo- 
logique. 

4.  A  ce  propos  rappelons  qu'il  existe  à  Alise-Sainte-Seine  même  un  petit  musée  d'ob- 
jets trouvés  dans  les  gnndes  fouilles  entreprises  par  ordre  de  l'empereur  Le  célèbre 
plateau  d'Alise,  où  Napoléon  III  a  fait  élever  une  statue  à  Vercingétorix.  mérite  aussi  une 
visite.  Nous  recommandons  cette  visite  aux  celtistes  et  aux  arc  .eologues  qui  passent  par 
la  ligne  de  Pa  is  à  Dijon.  On  voit  la  statue  de  Vercingétorix  du  wagon.  Alise  est  à  trente 
minutes  de  la  station  des  Laumes  et  on  peut  faire  ce  pèlerinage  entre  deux  trains  La  station 
des  Laumes  a  un  buffet  fort  bien  servi  (du  moins  le  jour  où  nous  nous  y  sommes  arrêté). 


Celtic  Notes  and  Queries.  W 

des  plans  en  relief  des  cerc'es  de  Stonehenge  et  de  l'allée  d'Abury,  ni  des  mo- 
numents analogues  d'Irlande.  d'Ecosse  et  des  Orcades.  Mais  des  photographies 
de  ces  monuments  sont  déposées  à  la  Bibliothèque  du  musé1;  et  reliées  en  album, 
à  la  disposition  des  travaillent.  —  Plus  loin  une  grande  salle  contient  des 
objets  d.'  comparaison  de  tous  I  s  pays  du  monde,  y  compris  des  objets  conteui- 
porains  qui  montrent   ta  persistance  et  la  survivance  d'anciens  types. 

Avec  les  salles  du  troisième  étage  nous  rentrons  dans  ta  Gaule  historique  : 
elles  sont  consacrées  aux  instruments,  aux  armes,  aux  monnaies  et  aux  bijoux 
de  l'époque  gauloise.  La  sépulture  d'un  chef  gaulois  sur  son  char  y  a  été  trans- 
portée tout  entière  de  La  Gorge-Me;!let  (Marne). 

Les  objets  originaux  ne  sont  qu'en  nombre  restreint;  mais  M.  Bertrand, 
voulant  former  des  s  ries  complètes  pour  l'étude,  et  non  un  ramassis  de  curio- 
sités, a  fait  prendre  des  moulages  de  tous  les  objets  conservés  ailleurs  qui  ont 
leur  place  marquée  dans  un  musée  de  nos  antiquités  nationales.  C'est  là  l'origi- 
nalité du  musée  de  Saint-Germain,  ce  qui  lui  donne  une  valeur  scientifique.  Ce 
que  nos  musées  de  province  ren'erment  d'important  y  est  représenté  par  d'ex- 
cellents moulages.  Le  musée  de  Mayence  même  y  a  envoyé  toute  une  série  de 
moulages  de  stèles  funéraires  importantes  pour  l'histoire  des  légions  romaines 
cantonnées  en  Gaule. 

Une  Bibliothèque  spéciale  renfermant  les  principales  Revues  et  ouvrages  en 
opuscules,  articles  de  journaux,  tirages  à  part,  etc.,  relatifs  aux  époques  repré- 
sentées au  Musée  est  annexée  aux  salles  des  collections.  —  On  est  admis  à  y 
travailler  sur  une  demande  adressée  au  Directeur. 

Dans  ces  quelques  lignes  nous  ne  pouvons  qu'indiquer  l'intérêt  du  musée 
dont  M.  Al.  Bertrand  a  su  taire  une  œuvre  si  importante  pour  l'étude  de  la 
Gaule.  Pour  plus  de  détails,  nous  renvoyons  les  lecteurs  à  un  excellent  article 
de  la  Rsvuc  lies  D.ux-MonJes  115  août  1881,  p  721-7491  où  M.  Boissier,  à 
l'occasion  de  ce  musée,  a  fait  revivre  tout  le  passé  que  ces  collections  recèlent: . 
Mais  nous  recommandons  surtout  une  visite  au  musée  lui  même.  Hors  deFrance. 
i!  ne  paraît  pas  connu  des  savants,  et  nous  nous  trouvons  souvent  apprendre  son 
existence  aux  étrangers  dont  nous  recevons  de  temps  à  autre  la  visite.  Et  si 
nous  avons  écrit  cet  article,  qui  n'apprendra  rien  à  nos  lecteurs  français,  c'est 
pour  dire  à  nos  lectejrs  étrangers  qu'aucun  celtiste,  aucun  archéologue  ne  doit 
traverser  Paris  sans  faire  une  visite  au  musée  de  Saint-Germain.  Il  y  a  des 
guides  pour  les  Anglais  intitulés  Paris  en  quatre  jours:  le  musée  de  Saint- 
Germain  pourrait  s'appeler:  La  Gaule  en  un  jour.  H.  G 


MOTS  GALLOIS  DÉRIVÉS  DU  LATIN. 

Pour  achever  de  remp'ir   cette  page,   nous  donnons  une  liste  de  quelques 
mots  gallois  dérives  du  latin,  par  manière  de  complément  à  l'étude  de  M.  Rhys. 


1.  M.  boissier  a  oublié  seulement  de  raconter  l'histoire  de  la  fondation  du  musée. 


528  Celtic  Notes  and  Queries. 

Wclsk  Words  borrowcd  from  Latin,  Crctk  and  Hebrew,  dans  !' 'Archaologia  Cam- 
brensis,  de  1873  74  75. 

ami  «  fréquent  »,  d'amplus. 

camp  1  jeu,  exploit  »,  de  campus   Cf.  le  Cid  Campeador. 

cuan  «  hibou  »,  du  bas-latin  cauannas  (ou  inversement  ?).  (Wh.  Stokes,  Rev. 
Cclt..  IV,  345).  Peut-être  notre  chat-huant  est-il  déformé  par  fausse  analogie 
et  vient-il  de  cauannus  mod  fié  par  Pétymologie  populaire. 

cwmwl  «  nuage  a  de  cumulus. 

cyfaint  «  couvent  »,  en  moyen  gallois  kyven  Venuy  «  conventus  Meneviae  il 
Black  Book  of  Carmarthen,  xxm,  18. 

eysgu  a  dormir  »,  du  bas-latin  qiscere  (pour  qu'usure)  connu  par  les  ins- 
criptions. 

elusen  «  aumône  »,  en  moyen  gallois  al6issen,  d'eleemosyna ;  m  est  devenu 
w,  puis  u. 

grawys  «  carême  »,  en  moyen  gallois  amser  e  garawys  «  tempus  jejunii  », 
Préface  des  Lois,  cité  dans  Z*,  p.  218,  de  quadragesima.  De  même  origine  sont 
le  breton  koraïz  et  l'irlandais  corgas  (même  sens).  Foley  (Engl.  Irish  Dict.) 
donne  comme  a  vernacular  »  la  forme  coraigeas. 

melyn  «  jaune  »  de  melinus. 

mynu  «  chercher,  demander,  désirer  »,  en  moyen  g?llois  mynnu,  de  mandare. 

ostruth  «  autruche  »,  d'avis-struthio  (W.  Stokes,  Rcv.  Celt.,  IV,  345). 

poc  «  baiser  »,  de  pacem.  Cf.  R>v.  Ce//.,  t.  V,  p.  143. 

pwll  «  mare,  étang  »,  du  bas  latin  padulus,  par  métathèse  de  /w/u*,  -udis. 

tynu  «  tirer  »,  en  moyen  gallois  tynnu,  de  tendere. 

ystarn  ■  seller  »,  de  shrnere.  H.  G. 


LA  PRIERE  DU  CHAT. 

On  dit  à  Trévérec  (Côtes-du-Nord),  quand   le  chat  fait  ron-ron  :  Man   ar 
c'haz  'lard  i  bâter,  «  le  chat  dit  sa  prière  »  (le  mot  pater  a  ce  sens  général). 
La  prière  du  chat  s'interprète  ainsi  : 
Me  a  bed  da  gez/tan 
Wid  a'  re  'ro  d'in  de  brejan; 
Wit  0  kerertt  ha  më  ré, 
A  ré  de  ré,  a  red  e  hé. 
i  Je  prie  d'abord  pour  ceux  qui  me  donnent  à  manger  ;  pour  vos  parents  et 
les  miens,  de  génération  en  génération,  et  il  le  faut.  » 

Comparez  la  formule  de  Lanrodec,  également  en  pays  trécorois  : 
A  ré  de  ré, 

Më  ?ad  se  laer  a  me  zo  ye. 
■  De  génération  en  génération,  mon  père  est  voleur  et  je  le  suis  aussi.  » 

Emile  Ernault. 

Le  Gérant  :  F.  VIEWEG. 


Chartres.  —  Imprimerie  DURAND. 


PB  1001  .R5  V.6  SMC 
Revue  celtique 


Does  Not  Circulate 


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