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Full text of "Revue historique"

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X^-V^Ç^ 


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REVUE 


HISTORIQUE 


Paraissant  tous  les   deux  mois. 


Ne  quid  faUi  audeatt  ne  quid  veri  non  audeal  historia. 

CicfeoR,  de  Orat.t  II,  15. 


VINGT-TROIS] 


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ANNÉE. 


TOMB   SOIXANTB-SIXIÉMB 


Janvier-Avril  1898. 


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ANCIENNE  LIBRAIRIE  GERMER  BAILLIÈRE  bt  C 

FÉLIX  ALGAN,  Éditeur 

108,    BOULEVARD   SAINT-aBRU AIN 
AU  COIN  DB  LA  RUE  HADTBVBOILLB 

1898 


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LES  AVENTURES 


DU 


MARQUIS  DE  LANGALERIE 


(1661-1717). 


«  Sangsues,  espions,  suborneurs  et  corrupteurs,  pestes  et  gan- 
grènes mortifères,  qui,  à  force  de  factions,  de  révoltes,  de  guerres 
civiles,  d'intelligence  avec  les  ennemis  de  FÉtat,  et  depuis  à  la  tête 
des  armées  du  roi,  ont  vécu  de  toute  sorte  de  félonie  et  d'abolition, 
ravissant  les  plus  grands  établissements  en  alliances,  en  charges, 
en  gouvernements,  tirant  des  ignominies  des  honneurs  et  des 
distinctions,  »  tels  Saint-Simon  dépeint  ces  princes  étrangers 
issus  de  maisons  souveraines.  Lorraine,  Savoie,  Bouillon,  «  dont 
les  trahisons  et  rébellions  particulières  rempliroient  de  nom- 
breuses bibliothèques.  »  Jeune  encore,  en  1710,  il  avait  dénoncé 
leurs  «  brigandages  »  dans  un  virulent  Êictum  sur  la  «  retraite  » 
du  cardinal  de  Bouillon,  en  suivant  pas  à  pas  d'Ossat,  Davila, 
Sully,  Fontenay-Mareuil,  Péréfixe  ;  trente  ans  plus  tard,  d'un 
bout  à  l'autre  des  Mémoires,  il  ne  s'est  jamais  lassé  de  renou- 
veler son  implacable  réquisitoire*.  L'histoire  ne  peut  que  s'y 
associer  quand  elle  compte,  dans  le  seul  règne  de  Louis  XIV , 
combien  de  transfuges  ces  mêmes  trois  maisons,  comblées  par  lui 
de  grâces  et  de  bienfaits,  fournirent  à  ses  ennemis  héréditaires. 

De  tous  le  plus  illustre,  et  le  plus  redoutable  pour  la  France 
parce  que  ni  le  temps,  ni  les  victoires,  ni  les  défaites  non  plus,  ne 
purent  éteindre  sa  rancune  contre  le  royaume  où  il  avait  pris 
naissance,  ou  du  moins  contre  le  maître  qui  avait  méconnu  ou 

1.  teriU  inédits,  poblîés  par  Pr.  Faagère,  t.  III,  p.  255-309;  Projets  de  gcu» 
vemement  du  dw  de  Bourgogne,  publiés  par  M.  Paul  Mesaard,  p.  100-102; 
Mémoires,  éd.  nouv.,  t.  V,  p.  288,  VI,  p.  71-90,  IX,  p.  256-257,  X,  p.  252,  etc. 

EIbv.  Histor.  LXVI.  !•'  fasg.  1 


2  A.   DB  BOISLISLE. 

dédaigné  sa  vocation  militaire,  ce  fut  Eugène-François  de  Savoie- 
Soissons,  le  prince  Eugène  de  la  première  et  de  la  seconde  coali- 
tion, à  la  gloire  duquel  il  ne  manque  que  <  d'avoir  servi  son  roi 
et  sauvé  sa  patrie  ^  »  Dans  le  triumvirat  formé  avec  Heinsius  et 
Marlborough,  Eugène,  fils  d'une  nièce  de  Mazarin,  pupille  et 
presque  enfant  de  la  maison  royale  de  France,  se  montra  tou- 
jours impitoyable,  acharné  contre  ses  anciens  compatriotes, 
contre  les  compagnons  de  ses  premiers  débuts.  Au  bout  d'une 
lutte  de  vingt-cinq  ans,  il  disait  encore  à  un  prisonnier  d'Oude- 
narde  :  «  Je  suis  un  homme  que  le  roi  a  méprisé.  Il  ne  crut  ni 
mon  frère  ni  moi  dignes  de  recueillir  la  charge  de  colonel  gén^ 
rai  laissée  par  notre  père  ;  il  m'est  doux  de  lui  faire  sentir  que  je 
méritais  un  autre  traitement.  »  Il  eût  voulu  rejeter  Louis  XIV 
au  delà  de  la  Loire  et  lui  enlever  une  moitié  de  la  monarchie. 

Cest  en  pleine  paix  que  le  «  petit  abbé  »  était  allé  prendre  du 
service  dans  l'armée  impériale,  sous  les  auspices  de  Charles 
de  Lorraine,  et  Caire,  comme  volontaire,  cette  brillante  cam- 
pagne de  Hongrie  qui  lui  valut  son  premier  régiment.  Le 
même  prince  Charles  attira  alors  à  lui  un  Lorraine -Elbeuf, 
Charles-François  de  Lillebonne-Commercy,  dont  toute  la  Camille 
vivait  dans  la  plus  étroite  familiarité  avec  l'héritier  de  Louis  XIV, 
et  qui,  lui  aussi,  avait  été  destiné  à  l'Église  par  la  cour  de  Ver- 
sailles. Très  valeureux,  très  agissant,  désireux  de  s'instruire  et 
d'avancer,  le  prince  de  Commercy  fit  une  rapide  carrière  inamé- 
diatement  derrière  Eugène,  commanda  comme  lui  les  armées  de 
la  coalition,  et  nous  ne  pouvons  douter  qu'il  n'eût  fait  autant 
de  mal  à  la  France,  si  le  cours  de  ses  exploits  n'avait  été 
prématurément  arrêté  au  début  de  la  guerre  de  la  Succession 
d'Espagne  2. 

Dans  le  cours  de  la  précédente  guerre,  la  double  désertion  d'Eu- 
gène et  du  prince  de  Commercy  avait  provoqué  des  imitateurs.  Ce 
fut  d'abord,  en  1694,  le  propre  firère  d'Eugène,  ce  piteux  et  misé- 
rable comte  de  Soissons,  déjà  maréchal  de  camp,  mais  marié 
malgré  presque  toute  la  cour  à  la  belle  Uranie,  et  qui  se  mit  à 
«  rôder  toute  l'Europe  »  sans  que  personne  lui  offrît  ni  pain  ni 
service,  jusqu'au  jour  où,  par  pitié,  Eugène  le  fit  nommer  génè- 


1.  Villars  d'aprèt  sa  correspondance,  par  le  marquis  de  Vogué,  t.  II,  p.  179. 

2.  ÉcrUs  inédiU  de  Sain^SifOon,  t.  m,  p.  302,  303,  et  t.  VIII,  p.  3^  51-52; 
Mémoires,  éd.  nouT.,  U  IV,  p.  337,  IX,  p.  328,  et  X,  p.  226-227. 


\ 


LES   ITgnrïïBES   DIT  «IIQUIS   I)B    LlNfilLEBIE.  3 

ral  d'artillerie'.  Un  autre  Lorrain,  celui-là  Ëls  unique  du  prince 
de  Vaudémont  que  la  France  et  l'Espagne  maintinrent  dans  le 
gDuvememeutdu  Milanais  à  partir  de  1701,  le  prince  Charles- 
Thomas,  servait  également  sous  les  drapeaux  ennemis',  si  bien 
que  l'on  eut  alors  le  singulier  spectacle  de  trois  sujets  français 
commandant  l'armée  de  lempereur  eo  Italie  :  le  prince  Eugène 
en  chef,  et  Commercy  et  Vaudémont  «  les  deus  premiers  gèné- 
raui  après  lui,  par  leur  rang  de  guerre^,  »  Eugène  les  perdit 
l'un  et  l'autre  avant  qu'ib  eussent  eu  le  temps  de  donner  toute  la 
mesure  de  leur  valeur  militaire';  mais  la  maison  de  Bouillon 
et  les  Lorraine-Harcourt  fournirent  de  nouvelles  recrues  à 
la  seconde  coalition  :  en  1702,  le  prince  d'Auvergne,  neveu  du 
duc  etdu  cardinal  de  Bouillon,  qui,  pour  «  porter  aux  Hoilandois 
répée  de  Turenne,  déserta  de  garde  en  garde  comme  ceux  qui 
tout  pendus  lorsqu'ils  sont  trouvés  sur  le  fiait'';  >  en  novembre 
i704,  le  prince  de  Montlaur,  propre  fils  de  cette  princesse  d'Har- 
ccnirt  la  très  originale  familière  de  M"*  de  Maintenon  et  des  prin- 
Montlaur  s'échappa  de  la  maison  paternelle  pour  aller 
fsceroir  le  commandement  d'un  régiment  impérial,  sans  que  sa 
mère  en  fût  moins  considérée  et  choyée  à  Versailles  ou  à  Marly*. 
EnfiD,  au  début  de  l'année  1700,  ce  fut  encore  un  Lorrain. 

Emmanuel,  prince  d'Elbeuf  et  frère  cadet  du  duc  de  ce  nom, 
n'appartenait  pas  à  l'armée,  quoi  que  le  roi  eût  pu  faire  pour  lui 
Irouver  un  emploi.  C'était  «  une  manière  de  brigand,  mais  à 
bbgue  dorée,  avec  beaucoup  d'esprit',  »  qui,  après  avoir  tiré  de 


I.  I)  inoarut  presque  aussilùt,  devant  Landau,  Voy.  l'appendira  consacré  A  sa 
feBma  bI  i  loi  dans  l'édition  nouTellc  des  Mémoires,  t.  X,  p.  â39-&72.  La  des- 
Ceodanu  de  ce  conile  de  Soissons  se  lit  loale  allemaDde. 
1.  Au  moins  il  n'avait  jamais  servi  la  France,  ma  pËre  rayant  combattue 
1. 
•4  de  Sainl-Stmoa,  éd.  nouv.,  I.  IX,  p.  49. 

4.  Ooumercj  périt  à  Luzzara,  et  la  jeune  Vandémanl,  blessé  dans  le  mém? 
,  ne  survécut  que   deui  aas.  Ou  remarqua  l'empressement  do  Grand 

jiûn  à  canwler  la  famille  de  li,  de  Commercy,  qui  cepeadanl  ne  se  faisait 

KlMenii  scrupule  »  de  le  Toir  bientôt  à  la  l€le  des  armées  de  l'empereur  et 

*    «  le*  premiers  postes  du  miaislèrc  à  Vienne  >  {Écritt  inédits,  I.  VIII,  p.  52). 

5,  ÉtriU  inrdiU  de  Saint-Simon,  t.  III,  p.  272-373;  Mémoires,  éd.  nouv., 
L IV,  p.  17<t9,  el  X,  p.  2i7-251.  Uu  frère  alué  avait  é(«  obligé  de  se  retirer  à 
■*"  ■  «  t  la  suite  d'un  duel  trts  suspect. 

K.  ÈeriU  ine'diU,  t.  III,  p.  303 1  MénuHret,  éd.  nouv,,  t.  XIII,  p.  1.  Cdoi- 
là  maorul  en  chemin  avant  d'arriver  à  Vienne. 
7.  SaifU-Sinton,  éd.  1873,  l.  XVI,  p.  346,  el  éd,  nouv.,  t.  Xlll,  p.  333;  ÉcrUs 
^IWJtt»,  t.  m,  p.  303,  et  Mn,  p.  27-28. 


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4  A.    DE  BOISLISLE. 

Louis  XIV,  en  argent,  en  indulgence  et  en  protection,  bien  plus 
que  ne  méritait  aucun  de  ces  princes  étrangers,  alla  prendre  du 
service  chez  l'empereur  sans  qu'on  sût  pourquoi,  ni  que  lui- 
même  peut-être  se  rendît  compte  de  ce  que  c'était  qu'une  défec- 
tion en  face  de  l'ennemi.  Sa  sœur  la  princesse  de  Yaudémont 
et  son  beau-frère  avaient  vainement  essayé  d'empêcher  qu'on 
lui  permît  de  les  venir  voir  à  Milan;  pendant  le  carnaval,  il 
gagna  Venise  et  de  là  l'armée  impériale,  où  il  eut  un  régiment 
de  cuirassiers,  mais  d'ailleurs,  croyons-nous,  ne  combattit  point 
contre  les  Français.  Louis  XIV  se  consola  facilement  de  cette 
perte*. 

Deux  autres  désertions  consommées  dans  le  même  temps  purent 
l'affecter  bien  autrement,  et  par  les  conditions  où  elles  se  pro- 
duisirent, et  par  la  qualité  des  ofSciers  de  l'armée  d'Italie  qui 
allèrent,  en  compagnie  du  prince  d'EIlbeuf,  ofirir  leurs  épées  au 
nouvel  empereur. 

Ils  n'appartenaient  plus  aux  maisons  de  princes  cosmopolites, 
mais  à  la  noblesse  française,  jusque-là  pure  de  pareilles  trahi- 
sons ^.  Sans  doute,  au  cours  de  la  guerre  civile,  on  avait  vu  les 
noms  les  plus  illustres  passer  dans  les  rangs  de  l'armée  espa- 
gnole plutôt  que  de  subir  la  dictature  de  Mazarin^,  et  la  Révoca- 
tion de  1685  avait  également  réduit  une  élite  d'officiers  et  de  gen- 
tilshommes, les  Schonberg,  les  Ruvigny,  les  Miremont,  les 
Belcastel,  les  Rochegude  et  tant  d'autres,  à  prendre  service  dans 
les  rangs  de  nos  ennemis  protestants.  Mais,  qu'en  dehors  de  toute 
passion  politique  ou  religieuse  un  officier  général  aussi  renommé 
pour  sa  vaillance  que  le  marquis  de  Langalerie,  un  colonel  de 
nom  aussi  illustre  que  le  chevalier  de  Bonneval  désertassent 
l'armée  du  duc  de  Vendôme  pour  aller  prendre  de  l'avancement 
dans  celle  que  le  prince  Eugène  commandait  de  l'autre  côté  du 
Pô  ou  de  l'Adige,  c'était  là  un  symptôme  inquiétant,  ces  défec- 

i.  Oa  avait  cependaDt  pris  des  mesures  pour  le  faire  arrêter  entre  Bologne 
et  Ferrare;  il  en  eut  yent  et  passa  par  Ravenne.  Voir  les  lettres  de  Saint-Fré- 
mond  et  du  prince  de  Vaudémont  au  Dépôt  de  la  guerre,  vol.  196 1,  n"  58  et 
79.  Le  diplomate  anglais  Richard  Hill  l'amena  à  Venise,  où  il  retrouva  Lan- 
galerie et  les  autres  mécontents  de  môme  espèce  (voyez  sa  Correspondance, 
publiée  en  1845,  t.  11,  p.  691,  12  mars  1706);  mais  le  prince  ne  fit  que  passer, 
et  partit  pour  Vienne  après  une  visite  à  l'ambassadeur  Ercolani. 

2.  Addition  de  Saint-Simon  au  Journal  de  Dangeau,  dans  le  t.  Xlll  des 
Mémoires,  éd.  nouv.,  p.  506. 

3.  Voir  des  exemples  dans  la  Rébellion  d'Hesdin,  Fargues  et  le  premier  pré- 
Ment  Lamoignon  (1897). 


LES   ITEimiBES   DU  lUBQÏÏIB  DE  LINGILEBIE. 

lions  ii'aj'ant  été  provoquées  que  par  des  mobiles  mallieureuse- 
lueut  commuDs  à  toutes  nos  armées. 

Tous  les  historiens  de  ce  temps-là,  tous  les  documents  révèlent 
k  quels  excès  de  luie,  de  faste  et  de  folle  dépense  s'abandonuaieul 
\e6  officiers  en  campagne.  Vainement  Louis  XIV  avait  essayé  de 
réagir'  :  ou  bien  les  généraux  ne  veillaient  pas  à  ce  que,  loiu  de 
la  cour,  ses  ordonnaoces,  ses  règlements  fussent  observés,  ou  ils 
se  déclaraient  impuissants  contre  «  les  gens  sans  ordre  qui 
veulent  se  ruiner,  et  se  ruineot  partout  aussi  bien  dans  la  paix 
que  dans  la  gueiTe-,  »  Quarante  ans  plus  tard,  carie  mal  se  per- 
pétua et  empira  toujours  sous  Louis  XV,  Saint-Simon  pouvait 
encore  s'écrier'  :  «  Le  luxe  de  la  cour  et  de  la  ville  est  passé 
avec  tant  d'excès  dans  les  armées...,  que  la  dépense  ruine  les 
officiers,  qui,  les  uns  pour  les  autres,  s'efforcent  à  l'envi  de 
paraître  roagniSques...  Il  y  a  longtemps  qu'on  s'en  plaint,  ceux 
mêmes  qui  font  ces  dépenses  qui  les  minent,  sans  qu'aucun  ose 
les  diminuer...  On  ne  tient  la  main  à  aucun  règlement,  et  il 
arrive  que,  souvent  même  dès  la  première  année,  tout  est  enfreint, 
et  qu'on  n'y  pense  plus  dès  la  seconde.  » 

Luxe  du  train,  luxe  des  équipages,  luxe  de  la  table  et  de  la 
chèi-e*,  autant  de  causes  de  perditioni  Et  lejeut  Voyez  ce  qu'en 
disent  les  Mémoires  d'un  brave  officier  de  l'armée  dans  laquelle 
Bonneval  et  Langalerie  commandaient  en  1706",  ou  ce  cas  de 
frénésie  rappelé  plus  tard  par  le  duc  de  Luynes,  de  trois  colonels 
de  l'armée  du  maréchal  d'Harcourt  s'engageant  à  jouer  entre 

1    i.  JTiAnoè-ei  de  Saial-Simon,  éd.  doqt.,  I.  Xm,  p.  343,  note  9. 

t.  Leitre  do  M  juillel  1705  donnée  par  M.  le  marquis  de  Vogiié  dan«  l'Appen- 
dice du  t.  Il  de  son  édition  des  Mémolru  du  maréchal  de  VUlart,  p.  Shl. 

3.  MémoiTU,  éd.  IS73,  L  V,  p.  189. 

4.  1  Bagouts,  liqueur»,  entrées,  entremets...,  comment  ces  mots  peurenl-ils 
(Xk  «nlendus  ilani  le  temps  de  la  guerre  et  d'une  misère  publiijue,  à  la  vue  de 
l'unwiai,  à  li  veille  d'un  combat,  pendant  un  siégeT  •  {Caraetèret  dt  J.  de  la 
Bnfirt.  éd.  Servoig,  t.  Il,  p.  195-ige  et  tOS-409.} 

5.  Mémoire!  du  ntarqaii  de  Franelleu,  publiés  i  Auch,  en  1696,  par  H.  L.  de 
Germon,  p.  39  :  <  Je  gagnai  tin  jour  onze  cents  pisloles  d'or  (It, 000  Ut.)  a  une 
léance...  De  retour  cbei  moi,  Delisle,  capitaine  dans  le  mtme  régiment  que 
RMï,  m'aida  a  compter  cet  argent.  Tout  mon  lit  étoit  couvert  d'or;  tout  i  coup 
U  M  jeta  dessus,  rao  disant  :  a  Je  reui  pouvoir  dire  que  je  me  suis  roulé  snr 
<  t'orl  u  Cette  Tartane  dora  peu;  toiUs'en  relouruaau  jeu.  H.  de  Saînt-Frèmond 
Icnnit  la  banque  cl  rninoît  tous  le»  olDciers.  Il  avuii  un  bel  équipage  sans  faire 
de  dêpeusc,  ce  qui  faisoit  dire  au  comte  de  Hursa;  ;  u  Salot-Prémond  n  autant 

■  de  mulets  d'équipage  que  moi  ;  mois  la  moitié  porte  de  l'avoine,  et  l'antre  des 

■  cartes.  ■ 


à 


6  A.   DB  BOISUSLB. 

eux  tous  leurs  biensjusqu'à  ce  qu'un  seul  eût  gagné  les  trois  lots^ 
D'autre  part,  le  duc  de  Vendôme  n'était  que  trop  connu  pour 
tolérer  ouvertement,  publiquement,  la  licence  et  l'exaction  à 
tous  les  degrés.  Louis  XIV,  cependant,  avait  toujours  condamné 
un  si  détestable  abus.  «  Tout  prince,  disait-il^,  qui  chérira  sa 
réputation  avec  un  peu  de  délicatesse  ne  doutera  pas  qu'elle  ne 
soit  aussi  bien  engagée  à  défendre  le  bien  de  ses  sujets  du  pillage 
de  ses  propres  troupes  que  de  celles  de  ses  ennemis.  »  Mais  la 
guerre  a  ses  compromissions,  et  Vendôme,  avant  tout,  tenait  à 
s'attacher  soldats  et  officiers.  Presque  tous  ses  familiers  étaient 
gens  de  sac  et  de  corde^  aussi  pillards  que  débauchés,  habitués 
à  se  donner  libre  carrière,  et  peu  lui  importait  même  que  ce  fût  à 
ses  propres  dépens.  Un  de  ses  «  domestiques  »  voulant  le  quitter 
plutôt  que  de  le  voir  effrontément  grugé  par  ses  camarades  : 
€  N'est-ce  que  cela?  lui  dit-il  ;  eh  bien  !  pille  toi-même.  »  L'ar- 
mée, officiers  généraux,  officiers  inférieurs  ou  soldats,  se  réglait 
sur  cet  exemple  pernicieux,  sans  souci  ni  de  la  morale,  ni  des  lois 
militaires,  ni  de  la  discipline,  de  la  subordination,  du  droit  des 
gens 3.  Si,  dans  les  derniers  jours  de  1705,  le  châtiment  suprême 
fut  tiré  d'un  auxiliaire,  le  comte  Galéas  Boselli,  colonel  d'un 
régiment  de  dragons  au  service  de  ia  France,  c'est  que  le  prince 
de  Vaudémont  intervint  en  personne  pour  faire  tomber  la  tête  de 
ce  condottiere  redouté  dans  toute  l'Italie  du  Nord,  à  laquelle 
cependant  le  rattachait  son  origine  première,  et  que  non  seule- 
ment ses  exactions  réitérées,  mais  aussi  ses  cruautés  et  ses 
crimes,  relevant  du  droit  commun,  ne  permettaient  pas  une  plus 
longue  indulgence^. 

Tel  n'était  pas,  je  me  hâte  de  le  dire,  le  cas  de  Langalerie  et  de 
Bonneval  ;  mais  leurs  pilleries  avérées  et  leur  indiscipline  notoire 
méritaient  un  châtiment  dont  la  désertion  seule  put  les  sauver  le 
jour  où  l'honnête  Chamillart,  poussé  à  bout,  voulut  y  mettre 
ordre  ;  ce  jour-là,  le  patriotisme  fut  impuissant  à  les  retenir. 

Les  aventures  de  Bonneval,  qui  ne  mourut  qu'en  1747,  pacha 
à  trois  queues  et  topigi-bachi  du  sultan  Mahmoud  V,  sont  bien 
connues  aujourd'hui  par  des  publications  modernes,  notamment 
par  l'étude  du  comte  Albert  Vandal.  Quoique  l'existence  de 

1.  Mémoires  du  duc  de  Luynes,  t.  XIH,  p.  150-151. 

2.  Mémoires  de  Louis  XIV,  éd.  Dreyss,  t.  ï,  p.  248-250. 

3.  Mémoires  de  Saint-Simon,  éd.  nouT.,  t.  XIII,  p.  286  et  492-493. 

4.  Ibid.,  p.  226-228. 


série 


I 


LES   ATENTUBES   DU   HiRODtS   DE   UtfGlLBME.  T 

Langalerie  ait  abouti  ii  des  aveDtures  non  moins  extraordinaires, 
le  souvenir  D'en  subsiste  plus  guère  que  cliez  quelques  curieux, 
et  mêlé  à  tant  de  fables  ou  de  légendes,  que  nos  biographes,  si 
sérieux  que  fussent  leurs  efforts,  ne  sauraient  y  déoièler  la  réa- 
lité bi&torique.  La  raison  en  est  que  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  lui 
M  IrouTe  vicié  en  principe  par  le  contact  de  romans  et  de 
loires  apocryphes. 

On  sait  qu'en  ces  temps  de  guerres  européennes,  nombre  de 
romanciers  de  bas  étage,  ou  plutôt  d'industriels  littéraires, 
gîtes  au  fond  de  la  Hollande,  inondaient  tous  pays  de  leurs 
petits  volumes  à  tendances  antifrançaises,  mais  d'une  lecture 
Ëtcile  et  parfois  amusante.  L'un  d'eux,  dont  on  ne  connaît 
pas  au  juste  la  personnalité',  avait  publié  en  1702  la  Guerre 
iltalie,  ou  Mémoires  du  comte  D'",  et  un  continuateur, 
également  anonyme  et  tout  aussi  médiocre,  en  avait  donné 
une  nouvelle  édition  en  1706'.  Dana  cette  même  année  1706, 
le  même  auteur,  ou  un  concurrent,  avait  fait  imprimer  à  Cologne 
(lisez  :  Rouen)  l'équivalent  de  celte  compilation  insipide  sous 
un  titre  analogue  :  la  Guerre  d'Espagne,  de  Bavière  et  de 
Flandre,  ou  Mémoires  du  marquis  D'",  contenant  ce  qui 
t'est  passé  de  plus  secret  et  de  plus  particulier  depuis  le 
commencement  de  cette  guerre  jusqu'à  la  campagne  de 
i706^.  Des  bibliographes  attribuent  ce  second  roman  à  Catien 
des  Courtilz  de  Sandras,  ou  à  un  certain  marquis  de  Souffenage, 
comme  le  premier  à  Grandchamp*  ;  mais  il  ne  faut  pas  connaître 
les  œuvres  innombrables  de  Sandras  pour  mettre  à  son  compte 
des  volumes  qui  ne  rappellent  en  rien  ni  son  faire,  ni  sa  connais- 
sance surprenante  des  ^its  et  des  gens  du  temps. 

C'est  ce  que  l'on  peut  dire  également  des  deux  petits  v 


1.  Selao  Des  Uaiseaui,  ce  sérail  an  de  aes  amis,  Dotnmé  Grandchïmp,  capi- 
taloe  aa  régimeal  da  colonel  émigré  Lille-Harais,  dont  nous  aurona  à  parler 
plu  lard,  Grandcbamp  périt  en  1702  i  l'allaque  de  la  citadelle  de  Liège. 

3.  Une  trolBième  édillon  parut  encore  en  1707,  ■  conteuant  qaanlité  de  rhoses 
puttculjèr«8  et  secrètes  qui  se  sont  passées  dans  les  tours  d'Alleuiagae,  de 
Pnnoe,  d'Espagne,  Je  SaToie  et  d'Italie,  aognieatée  des  derniers  éTéoemenls  de 
celle  ({lierre,  u  avec  un  portrait  du  prince  Eugène  et  des  plans  de  Manloae,  du 
combat  de  Loziara  et  de  la  bataille  d'BochsIedt.  Une  quatrième  est  datée 
ite  1710  ou  de  1713.  Chaque  éditiun  nouvelle  continuait  le  récit  jusqu'à  la  date 
où  eUe  était  mise  sous  presse,  et  reproduisait  les  lettres  qui  venaient  de  paraître 
dut  les  gasettes. 

3.  M  T  ent  d'autres  éditions  en  1707  et  1712. 

4.  Lelong,  SibUoihequt  hulorigue,  a"  2441S  et  24137. 


fpie  i'Irr.'pritMnr  jnzTZAlr^  Piarre  ^iaLrr^An  i:  :ara:tre  à  Cologne 
qri^(Tî^  noTiL^  apr»fl  la  'itdecûijti  ie  L^i^zalt^je.  accâ  ce  titre  : 
la  Otufrre  d' Italt^,  ou  J/e>/V>t>ef  «wjr'>/n</»i*?^.  pjiitiqiLes  et 
galante  du  rruirquvt  4e  LanQoll^rxe.  «  C'-ist  ^i.  rocnaL  'ians 
k  g<rnr«i  dfî  oiiix  ie  Oatiet  ie  G^urilz  ir:  Saii-iraî.  >  dit  la 
hMUAhèrpju>  kUtorypâe^ .  «>.  Sandnu,  qui  avait  sucoessÎTe- 
icïfitit  pm  pour  hftTos  «l'Artagnaû.  «^iavag^ac,  J.-B.  ie  la  Foq- 
taine,  k  vicomte:  de  Tarenûi*,  le  comte  «ie  Rochefort.  put  être 
certainemerit  tenté  d'ajouter  à  cette  série  on  personnage  tel 
qae  [^n;?alehe,  lieutenant  gênerai  tranifiige  des  armées  du  roi 
très  chrétien.  Quoirpie  renfermé  d'une  façijn  presque  constante 
à  la  Bastille  pendant  les  dix  premières  années  du  nouveau  siècle, 
grâce  à  ses  correspon'lances  avec  les  nouvellistes  de  Paris  et  les 
gazetiers  étrangers»  grâce  aussi  à  certaines  complicités  de  la 
police,  qui  ne  laissait  pas  d'apprécier  l'exactitude  de  ses  infor- 
mations *,  Sandras  n'eût  pas  été  embarrassé  de  fournir  un  volume 
de  plus  à  ses  éiliteurs  ;  mais,  en  tant  que  compositeur  de  mémoires 
apocryphes,  il  se  respectait  lui-même  et  n'aurait  pas  eu  Timpu- 
dence  d'offrir  à  ses  lecteurs  une  production  où  le  héros  ne  figurait 
que  sur  le  titre,  et  où  l'histoire  réelle  ne  tenait  absolument  aucune 
place.  Tel  est  le  cas  des  deux  volumes  mis  en  vente  au  commen- 
cement de  1707%  qui  furent  traduits  en  anglais  l'année  suivante 

1.  N»  24419. 

2.  En  1701,  on  coirespondaat  de  M.  d'Argeason,  chargé  d'eximiaer  les 
Annales  de  la  cour  et  de  PariSy  y  recoaoat  sans  peine  la  plame  de  l'autear 
des  Mémoires  du  comte  de  Roche  fort  et  de  ceux  de  M.  d'Artagnan,  qui  araient 
en  tant  de  sucrés.  «  Même  genre,  disait-il,  même  style  et  même  hardiesse  de 
médire  de  tout  le  monde  et  de  s'y  débiter  pour  un  personnage  qni  a  eu  part 
aux  intrigues  et  qui  sait  quUl  rex  reginae  dixertt  et  quid  Juno  fabulata  est 
cum  Jove.  Cependant  c'est  un  petit  particulier  sans  bien,  sans  fortune,  et  qui 
apparemment  n'écrit  tout  cela  que  pour  le  Tendre  aux  libraires  de  Hollande.  Il 
faut  pourtant  qu'il  ait  quelque  habitude  aTec  les  fainéants  de  Paris,  qui  lui 
apprennent  tout  ce  qui  s'y  conte  de  Trai  ou  de  faux  entre  les  nouyellistes.  On 
souhaitcroit  que,  dans  quelque  journal,  on  décréditAt  les  ouTrages  de  cet 
homme-là...  Il  faut  couTenir  qu'il  débite  des  faits  fort  curieux  et  fort  singuliers; 
mais  quelle  impudence  de  donner  pour  des  mémoires  de  M.  d'Artagnan  trois 
Tolumes  dont  il  n'y  a  pas  une  ligne  faite  par  M.  d'Artagnan!  i  (Rayaisson, 
Archives  de  la  BastilUf  t.  X,  p.  8-9.)  Un  écrivain  dont  la  police  parlait  si  favo- 
rablement, —  et  elle  avait  raison,  —  mériterait  mieux  que  l'article  tout  super- 
ficiel qui  lui  a  été  consacré  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes  du  15  février  der- 
nier et,  moyennant  quelques  précautions,  l'historien  a  le  droit  de  se  servir  de 
ses  publications,  si  apocryphes  qu'elles  soient.  Le  jeune  Brienne  a  bien  cm 
devoir  discuter  sérieusement  dans  ses  Mémoires,  t.  H,  p.  264,  274  et  soiv., 
plusieurs  passages  du  Testament  politique  de  J.-B.  Colbert  (1694). 

3.  L«  préfiee  de  P.  Marteau  est  datée  de  Cologne,  26  novembre  1706. 


lions 
I        proie 


ï 


LES  AVENTIIKES  DD  11110018  DB  URGUEUE.  9 

qui  eurent  une  nouvelle  édition  française  en  1709.  J'ai  tout 
u  d'ailleurs  de  cralre  que  nos  bibliographes  n'ont  pas  connu 
de  visu  ces  deux  éditions.  Elles  sont  aussi  restées  introuvables 
pour  moi,  quoiqu'un  récentcataloguede  librairie  en  ait  annoncé 
uu  exemplaire;  mais  j'ai  sur  les  bibliographes,  si  j'ose  te  dire, 
cet  avantage  d'avoir  Jait  examiner  à  Londres  la  traduction 
anglaise',  et,  des  renseignements  qui  m'ont  été  obligeamment 
envoyés,  il  me  semble  résulter,  comme  d'ailleurs  le  titre  peimettait 
de  le  prévoir,  que,  k  part  l'addition  du  nom  de  Langalerie  sur  le 
titre,  ce  n'est  autre  chose  que  la  Guerre  d'Italie  qui  avait  com- 
mencé à  paraître  en  1702  -,  Reraa  niée  et  continuée  jusqu'en  1707, 
nous  n'y  trouvons  qu'un  tableau  imaginaire  d'opérations  deguerre 
et  de  négociations  diplomatiques  tendant  à  cette  seule fiu  de  faire 
ressortir  la  fourberie  et  l'ambition  de  Louis  XIV.  C'est,  par 
exemple,  Langalerie  qui  aurait  été  chargé  en  Italie  d'organiser 
une  ligue  contre  Innocent  XI,  puis,  à  Bruxelles,  en  1693,  de 
détacher  Guillaume  III  delà  coalition  par  l'entremise  de  l'élec- 
teur de  Bavière.  Récits  et  documents  sont,  les  uns  et  les  autres, 
de  pure  invention;  on  verra  toutàl'heure  que  Langalerie  ne  prit 
aucune  part  à  des  événements  de  ce  genre.  L'tiistoire  n'a  donc 
rien  à  faire  ici. 

Trente-cinq  ans  plus  tard,  un  autre  faiseur  d'apocryphes, 
Gautier  de  Faget,  qui  devait  être  un  réfugié  français  établi  en 
Hollande,  reprit  le  sujet  sans  tenir  aucun  compte  des  publica- 
tions de  1707^,  et,  cette  fois,  eut  la  prétention  de  reconstituer 
l'existence  entière  de  Langalerie,  ses  origines,  sa  jeunesse,  sa 
'ière  militaire,  sa  vie  errante  et  aventureuse  en  Allemagne, 
conversion  au  protestantisme,  son  traité  avec  la  Turquie,  ses 
projets  de  croisade  et  de  colonisation,  sa  fin  dramatique.  Le 

1.  UDsée  britannique,  tl9â  d  11  :  Tht  Memoirs  of  tht  marques!  de  Langat- 
lirit,  eoAlaintnii  an  accovnt  of  the  moil  secret  intrigues  of  Ihe  frenck,  »pa- 
ni*h  and  bacariaa  rourli,  ami  the  moit  remarkable  baltlet,  sièges  and  encam- 
pnmft  In  Cermani/,  Spain  and  Flandert,  iagelher  ii-Hh  the  moU  consideral/le 
trtatia  and  allîancet  maiIe  wlth  France  from  the  year  1687  to  the  year  1707, 
M«miU^  Kitk  lèverai  original  privale  Uilers  {never  before  mode  public) 
VrtUmt  hg  the  trench  king,  cardinal  Parlocarrero.  duke  of  Anjou,  elecfor  of 
Bararia,  Chartes  in  of  Spain,  iake  of  Marlboroagh,  duke  of  Ormond,  if  Ak- 
Wtr^nerque,  M' Fogti,  etc.;  Iranslaled  from  llie  french;  Londcjn,  17U8.  En  lètc 
Ht  une  Induction  de  \a  iiréfact:  frani^jge  de  P.  Harleaii. 

2.  Ci-dessus,  p.  T. 

3.  Dans  son  épitre  dèdicatoira  au  député  bollandais  Vau  Uaaren,  il  ne  fail 
■lluslou  i  ces  publications. 


40  A.    DE  I0I8LI8LB. 

volume  qu'il  fit  paraître  à  la  Haye,  en  1748,  chez  Daniel  Âil- 
laud,  a  pour  titre  :  Mémoires  du  marquis  de  Langallery  (sic), 
lieutenant  général  des  armées  de  France,  général-fèldn 
m^réchal^lieutenant  au  service  de  V  empereur  Charles  VI; 
histoire  intéressante  où  se  trouvent  un  grand  nombre 
d^ anecdotes  qui  concernent  ilf"**  de  Maint enon,  MM.  de 
Catinat,  de  Vendâm^,  le  duc  de  Savoie,  le  prince  Eugène j 
etc.,  écrite  par  lui-^même  dans  sa  prison  à  Vienne  en 
Autriche. 

Ce  petit  livre  est  aussi  commun  que  celui  de  1707  paraît  introu- 
vable, et  nombre  d'historiens,  de  biographes,  de  critiques,  à 
commencer  par  Fontenelle,  ont  cru  ou  croient  encore  à  son 
authenticité.  Comme  la  Guerre  d'Italie^  il  eut  les  honneurs 
d'une  traduction,  non  plus  en  anglais,  mais  en  allemande  Ce 
n'est  cependant  qu'un  tissu  d'inventions  futiles,  d'événements 
imaginaires  et  d'épisodes  de  pur  roman,  où  toutefois  quelques 
détails  prouvent  que  Gautier  de  Faget  avait  entendu  vaguement 
parler  de  la  première  partie  de  l'existence  de  Langalerie,  qu'il 
avait  tout  au  moins  suivi  dans  les  gazettes  le  reste  de  sa  vie 
d'aventures,  mais  qu'il  ne  connaissait  bien  exactement  que  les 
circonstances  de  sa  mort,  par  le  récit  d'un  serviteur  qui  remplit 
les  trois  dernières  pages  du  livre. 

Les  descendants  laissés  par  Langalerie  se  devaient  de  protester 
contre  un  abus  aussi  flagrant  des  droits  de  l'écrivain  sur  les  per- 
sonnages marquants;  c'est  seulement  en  1759  que  l'un  d'eux,  ou 
quelque  ami  de  la  famille,  sous  la  qualification  d'  «  une  personne 
très  instruite,  »  fit  insérer  dans  la  dernière  édition  du  Diction-- 
naire  de  Moréri*  une  notice  où  du  moins  la  biographie  est  à 
peu  près  établie,  quoique  avec  des  erreurs  de  dates.  «  Il  a  paru 
en  1753  {sic),  y  lisons-nous,  des  «  Mémoires  du  marquis  de 
«  Langalerie,  histoire  écrite  par  lui-même  dans  sa  prison  à 
«  Vienne  en  Autriche  ;  à  la  Haye,  chez  D.  Aillaud.  »  C'est  un 
roman  qu'on  a  voulu  débiter  à  la  faveur  d'un  nom  connu;  les 
noms,  les  faits,  les  dates^  tout  y  est  confondu,  et  presque  toute 
l'histoire  est  composée  à  plaisir.  » 

1.  Musée  britanniqae,  10658  aa  27  :  Lebens-Beschreibung  det  Markis  von 
Langallerie,.,  woHnnen  sehr  viel  geheime  Naekrtchten  enÛialten.,.  wn  ihm 
selbst,..  aufgezeUhnety  nun  aber,,.  ins  Teuische  Ubersettt  von  C.  E,  S,;  Gotha, 
1747. 

2.  T.  VI,  2*  partie,  p.  543-S44,  addlUoo  à  la  p.  131. 


LES  ITBflTDSKB  DO  lUlQDtB  DE   UNGILEUE.  ^^ 

Tels  sont  donc  les  éléments  sur  lesquels,  jusqu'en  notre  temps. 

les  biographes  français  ont  pu  travailler,  et  il  Haut  avouer  que 

loua  à  peu  près  préférèrent  les  romans  et  lea  faux  mémoires  h 

l'article  beaucoup  plus  authentique  relégué  dans  les  dernières 

^_    pages  <l'uu  volume  du  Moréri.  Quant  aux  documents,  personne 

^H   D'y  avait  encore  songé,  lorsqu'un  historien  allemand,  le  doc- 

^H   tetip  Charles  de  Weber',  utilisa  dans  ses  Souvenirs  de  quatn> 

^^L  siècles  (1861)  la  correspondance  d'un  diplomate  saxon  qui  jetait 

^^H  un  jour  tout  nouveau  sur  les  projets  chimériques  conçus  en  1715 

^^||t  1716  par  Langalerie,  et  sur  la  catastrophe  finale".  Quatre 

^^ftunnèes  plus  tard,  un  énidit  de  notre  province  d'Angoumols, 

^^VM.  Henry  ti.  de  Montégut,  composa  une  notice  biographique  sur 

^^B-BOD  compatriote  Langalerie  pour  le  Bulletin   de  la  Société 

^^  archéologique  et  historique  de  la  Charente,  et,  ayant  eu 

l'heureuse  fortune  de  connaître  à  temps  l'article  du  docteur  de 

Weber,  en  put  joindre  la  traduction  à  son  étude^. 

La  notice  aUeraande  avait  attiré  l'attention  des  érudits  d'outre- 
Rhin  ;  l'uQ  de  ceux  qui  s'occupent  avec  le  plus  de  succès  de  l'his- 
II  toire  de  l'Europe  au  temps  de  Louis  XIV,  M.  le  docteur  Marcus 
j^H  Landau,  de  Vienne,  consacra  successivement  à  notre  héros  deux 
^^Karticles  de  revue^,  pleins  de  révélations  que  lui  avaient  fournies 
^^Fles  archives  d'Autriche  et  les  papiers  saisis  sur  Langalerie  lui- 
1^^  même  en  1716. 

ËQÛn,  tout  récemment,  les  descendants  allemands  et  suisses 

r de  la  dernière  Langalerie  ont  fait  paraître,  mais  pour  la  famille 

1^^^  Beolement,  une  notice  que  feu  le  colonel  Hermann  de  Rotenhan, 
^^Barrière-petit-fils  du  lieutenant  général,  avait  préparée  sous  ce 
^^Hfitre  :  Philippe  de  Gentils,  marquis  de  Langalerie,  franzô- 

^^^m    I.  Fils  Au  groDil  compositeur. 

^^^F    î.  Le  lilra  est  :  Dfr  Marquis  von  Langallerie  unil  der  KUnig  von  ilada- 

f^^  fcucar  (1716),  datia  Avs  tter  Ja/irhunderlen,  neue  Folge,  t.  U,  p.  163-16*. 

3.  Tirage  t  (jarl,  en  186S  ;  Philippe  île  Gentils  de  LajanekapI,  marquis  de 
langalltTie,  premier  baron  de  Saintange,  Ueutenaid  général  des  armées  du 
Toi,  feld-maréeliat  au  lertiiee  d'AiUriche,  eU.  (1661-1717),  avec  un  portrait 
|raTè  d'iprèï  la  toile  originale. 

\.  Dans  le  Saripléraent  de  VAllgemeiiu  Zeitvng  <les  13  el  24  mai  188S  : 
Dtr  GeneralUsmut  der  TheoKratie  ;  dans  le  t'rankfurler  Zeilung  Jcs  H  et 
13  mai  1893  :  Ein  franîdsIsch-Oiilerreichischer  General  ait  Induslrleritler  unil 
SAtMrmer.  M.  Landau  lui-infme  a  bien  foulu  me  Mmmuniquer  ses  derniers 
■rtiele«  de  1393.  —  Avant  le  docteur.  lllltisCrlric  Zeilung  de  New-York,  du 
13  juin  1883,  «Tait  [lublié  un  article  signé  :  Oscar  Schwebel,  el  intitulé  :  Ein 
Kaiitr  von  Madagaskar  In  der  Mark. 


^^_     auHBT  vun 


42  A.    DE  B0I8LI8LB. 

sischer  Generallieutenant,  ôsterreischer  General  der  Cava- 
lerie, angehlich  Kaiser  von  Madagaskar,  polnischer  Gène- 
rai  der  Cavalerie,  etc.  (1661-1717)^  und  Geschichte  der 
Familie  Gentils  de  Langalerie^.  Malheureusement,  Tauteur 
de  cette  étude  n'avait  pu  la  terminer,  et  ses  héritiers  ont  eu  le 
tort  de  la  livrer  telle  quelle  à  l'impression  *.  Les  fables  de  1743 
s'y  trouvent  si  étroitement  mélangées  avec  les  données  authen- 
tiques des  récents  travaux,  que  le  lecteur,  déjà  gêné  par  les  fautes 
de  l'imprimeur,  ne  peut  faire  le  départ  qu'à  grand'peine^.  C'est  la 
meilleure  preuve  qu'un  historien  ne  devrait  tenir  aucun  compte  de 
l'œuvre  apocryphe  de  Gautier  de  Faget,  ni  comme  chronologie, 
ni  comme  détails  se  rattachant  à  l'histoire  générale  ou  à  la  bio- 
graphie de  Langalerie^. 

Si  à  cette  énumération  bibliographique  j'ajoute  un  article 
publié  chez  nous,  en  1894,  dans  la  Revv£  des  Etudes  juives '^^ 
par  M.  David  Kaufmann,  d'après  les  papiers  de  Thèbraisant 
Alexandre  Sûsskind,  qui  fut  une  des  dupes  de  Langalerie  et  le 
suivit  dans  ses  dernières  aventures,  et  d'après  les  Mémoires 
apocryphes  de  1743;  si  enfin  je  mentionne  quelques  articles  des 
biographies  françaises*,  j'aurai,  je  crois,  établi  l'état  actuel  du 
sujet.  On  peut  dire  qu'il  n'a  jamais  été  traité  dans  son  ensemble, 
que  surtout  nos  documents  français  n'ont  point  été  mis  jusqu'ici 
à  contribution  ;  nous  connaissons  même  un  peu  mieux  la  partie 
de  l'existence  de  Langalerie  qui  s'écoula  en  pays  étranger  et 
ennemi,  que  ses  services  sous  son  roi  légitime  et  les  circonstances 
où  il  se  fit  transfuge  et  déserteur.  Un  passage  des  Mémoires  de 
Saint-Simon'*  m'ayant  donné  l'occasion  de  constater  ou  des 
lacunes  ou  des  erreurs  capitales  dans  tout  ce  qui  a  été  écrit,  j'ai 
cru  qu'il  ne  serait  pas  sans  intérêt  d'étudier  un  si  extraordinaire 
personnage  de  plus  près.  Je  ne  dis  pas  :  complètement  et  défini- 

1.  Imprimée  à  Munich  en  1895. 

'2.  La  brtidiure  n'a  pas  été  mise  dans  le  commerce.  J'en  ai  connu  l'existence 
par  M.  le  vicomte  de  Grouchy,  qui  a  bien  voulu  s'entremettre  pour  moi  auprès 
de  la  famille  de  Saugy,  descendue  d'une  sonir  de  l'auteur. 

3.  A  la  fin,  on  trouTe  une  bibliographie  assez  complète;  mais  l'auteur  ne 
s'était  certainement  i^as  serri  de  tout  ce  qu'il  y  indique. 

4.  Des  études  faites  sur  Langalerie,  il  n'en  est  aucune  absolument,  je  le 
répète,  qui  n'ait,  sur  quelque  point,  souffert  du  contact  de  l'apocryphe. 

5.  T,  XXVlll,  p.  193-211. 

6.  Biographies  Michaud  et  Didot;  Encyclopédies  diverses;  la  France  proies- 
tante,  etc. 

7.  Éd.  nouT.,  t.  XIII,  p.  334-336. 


^ 


LB3  «TENTUBES   DC   IHIBQOIS  DE   LtKGALBBIE.  13 

tivement.  En  effet,  le  brillant  lieutenant  général  de  notre  armée 
d'Italie,  une  fois  sorti  du  bon  chemin  et  devenu  chevalier  errant 
et  chevalier  d'industrie,  a  traversé  pendant  dix  ans  tous  les  Etats 
de  l'Europe  centrale,  côtoyé  tous  les  plus  hauts  personnages, 
frappé  aux  portes  les  plus  diverses,  demandé  asile  à  toutes  les 
religions,  cherché  des  ressources  dans  toutes  les  spéculations, 
dans  les  entreprises  les  plus  chimériques,  avant  d'aboutir  h  une  an 
misérable;  et  partout  il  a  laissé  des  traces  qu'il  y  aurait  profit 
à  relever,  comme  celles  d'un  type,  dirai-je  un  précurseur?  qui 
allait  laisser  son  empreinte  sur  le  xvui"  siècle  naissant.  Ces 
traces,  de  même  que  M.  de  Weber  les  a  recueillies  dans  les 
archives  diplomatiques  de  la  Saxe,  le  docteur  Marcus  Laodau 
dans  celles  de  l'Autriche,  ou  d'autres  écrivains  modernes  dans 
les  annales  des  communautés  protestantes  et  des  communautés 
juives,  il  faudrait  les  suivre  plus  profondément  dans  le  dépùt  de 
Vienne  où  les  papiers  de  Langalerie  sont  allés  échouer,  dans 
ceux  de  la  Prusse,  à  laquelle  il  s'adressa  comme  à  la  Suède,  au 
rk,  à  la  Hesse,  à  la  Russie,  à  la  Turquie,  dans  le-s 
archives  du  Saint-Siège,  que  menacèrent  un  moment  ses  folles 
Tiaées,  jusque  dans  les  souvenirs  de  notre  nouvelle  colonie  de 
Madagascar,  enfin  dans  les  gazettes  de  tous  pays,  dont  je  n'ai  pu 
consulter  qu'une  partie.  Kt,  lorsque  l'historien  aura  épuisé  ces 
filons  épars,  il  restera  encore,  pour  le  psychologue,  à  analyser 
r  «  état  d'âme  »  d'un  si  étrange  «  dévoyé,  »  et,  pour  un  nouveau 
Lesage,  —  ou  un  Casanova  de  Seingalt,  —  à  tirer  un  roman 
«  réellement  vécu  »  des  déchéances  successives  qui,  de  chute  en 
chuld,  amenèrent  fatalement  le  drame  final  '. 


I. 


ORIGDfB  ET   DÉBOTS   DE   LaNOALERIE. 


Philippe  de  Gentils,  marquis  de  Langalerie,  appartenait  à  une 
lamille  de  Saint-Yrieix,  en  Limousin,  anoblie  par  la  régente  de 
France  au  mois  de  décembre  1515,  dans  la  personne  d'Hélie 
Gentil,  sieur  du  Mas  et  de  la  Jonchapt,  qui  avait  fidèlement  servi 
cette  princesse'^.  Le  âls  d'Hélie  épousa  en  1543  une  Salaiguac, 


l.  L.'«bbé  de  Wallevillc,  autre  Iranstuge  et  re 
prii  pour  bèros  d'un  roraaii  bislorique. 

•  le  plas  «impie  gentilhomme, 


légal  célèbre,  Tient  d'être  ainsi 
»  ou  *  tout  au  plus  un  gealil- 


4â  a.  db  boislislb. 

de  la  Camille  d*où  devait  sortir,  au  siècle  suivant,  Tarchevêque 
de  Cambray.  L'aîné  des  petits-fils  forma  la  branche  des  sei- 
gneurs de  la  Jonchapt,  qui  firent  leurs  preuves  de  noblesse  pour 
Malte  et  pour  Saint-Gyr  ;  le  cadet,  Yrieix  Gentil  ou  de  Oentils, 
gouverneur  de  Cognac  en  Tabsence  de  M.  d*Ambleville,  épousa 
en  1598,  à  Angoulème,  la  fille  d*un  certain  Thomas  Géraud, 
ardent  calviniste  qui  avait  été  exécuté  en  1586  pour  avoir 
essayé  de  livrer  cette  ville  au  Béarnais.  Henri  lY ,  devenu  roi, 
s*était  empressé  de  réhabiliter  la  mémoire  de  Thomas  Géraud  et 
de  restituer  à  sa  fille  les  biens  confisqués  lors  de  la  tentative 
de  1586.  Ces  biens,  dit-on,  étaient  considérables  à  Ângoulême 
même,  et  ils  comprenaient  en  outre  la  seigneurie  de  la  Motte- 
Charente,  dans  la  paroisse  de  Nersac,  avec  un  péage  très  pro- 
ductif*. C'est  alors,  aux  environs  de  1600,  que  le  même  Yrieix 
commença  à  se  qualifier  sieur  de  Lagalerie,  et  ce  surnom  ne 

homme,  i  a  dit  Saint-Simon  (éd.  1873,  t.  XIII,  p.  67).  —  C'est  par  lettres  doDBées 
à  Lyon  que  la  duchesse  d'Angouléme,  régente  de  France,  anoblit  Hélie  Gentil, 
seigneur  du  Mas,  demeurant  à  Saint-Yrieix,  c  tant  en  considération  de  ses 
Tertus  et  de  l'honnête  Tie  qu'il  sToit  toujours  menée,  qu'il  étoit  issu  de  notable 
lignée,  et  qu'il  aToit  des  parents,  des  biens  et  de  la  chevance  pour  entretenir 
honorablement  l'état  de  noblesse,  qu*ea  considération  de  plusieurs  bons  et 
grands  services  qu'aucuns  des  parents  et  alliés  dudit  seigneur  du  Mas,  qui  pour 
lui  afoient  supplié  et  requis  cette  grâce,  avoient  faits  par  ci-devant  aux  rois 
Charles  et  Louis  derniers  décédés,  i  De  plus,  le  dernier  fils  d'Uélie,  Poucet 
Gentil,  sieur  de  Panthenie,  figuier  de  Saint- Yrieix,  fut  également  anobli  en 
juillet  1528  {Ordonnances  du  roi  François  /«',  t.  I,  p.  586,  et  VI,  p.  136),  pour 
sa  bonne  extraction,  ses  services  et  ceux  de  son  beau-frère,  le  président  de 
Calvymont,  ancien  ambassadeur  de  France  auprès  de  Charles-Quint.  Hélie 
lui-même  eut  soin  de  faire  confirmer  son  anoblissement  par  le  roi  François  I**, 
étant  à  Couches  le  4  avril  1544.  Si  M.  de  Montégut  et  le  colonel  de  Rotenhan 
n'ont  pas  fait  mention  de  ces  anoblissements  dans  la  généalogie  dressée  par 
eux,  c'est  qu'ils  ignoraient  Texistence  de  certains  dossiers  du  Cabinet  des 
titres,  parmi  lesquels  il  faut  signaler  le  volume  159  du  Cabinet  d'Hozibr,  les 
copies  d'actes  conservées  dans  le  volume  291  des  Carrés  d^Hozibr  et  le  vol.  310 
des  Dossiers  bleus  (doss.  7887  et  7892),  ces  derniers  présentant  des  variantes 
suspectes  empruntées  aux  Mémoires  apocryphes  de  1743.  Il  n'y  a  pas  non  plus 
trace  de  l'anoblissement  dans  les  trois  dossiers  de  titres  de  famille  que  la  sœur 
de  notre  Langalerie  déposa  en  1753  chez  le  notaire  Vanin,  pour  assurer  la  con- 
servation de  ces  souvenirs  «  d'illustration  et  de  noblesse,  »  et  que  M*  Nottin, 
successeur  actuel  de  Vanin,  a  bien  voulu  me  communiquer.  —  Les  armoiries, 
compliquées  comme  l'étaient  généralement  celles  des  anoblis,  se  composaient 
de  trois  roues  de  Sainte-Catherine,  encadrant  un  chevron,  et  une  épée  brochant 
sur  le  tout. 

1.  Les  titres  de  cette  seigneurie  sont  actuellement  déposés  aux  archives  du 
département  de  la  Charente,  série  E,  liasses  27-35,  p.  10-15  de  VInventaire 
sommaire. 


LES  AVENTURES   DC   HIRQCIS    DE    UIGILBRIB.  15 

paraît  être  devenu  Langalerie  que  trente  ans  plus  tard'.  Était-il 
aapnintê  à  quelque  arrière-fief  situé,  comme  la  Motte-Charente, 
sur  le  territoire  de  Nersac,  ou  bien  dans  la  ville  môme  de  Saint- 
I  Yrieisî  Et  n'est-ce  pas  une  coïncidence  singulière  qu'une  femille 
^  Gérault  (sic),  non  pas  d'Angoulème,  mais  de  l'Agenais,  pos- 
s^àt  depuis  14ï)6  une  autre  terre  de  Langalerie',  dont  elle  porte 
encore  honorablement  le  nom  dans  le  clergé  et  dans  l'armée^ï 
Autant  de  petits  problèmes  que  nos  généalogistes  n'ont  pas 
résolus*.  Je  ne  parle  pas  de  la  question  secondaire  d'orthographe  : 
les  Gâutils  écrivaient  Langalerie,  les  Gérault  Langallerie. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  premiers,  séparés  désormais  de  leurs  aînés 
les  seigneurs  de  la  Jonchapt,  s'établirent  déâDÎtivement  dans 
l'Angoumois  et  firent  leur  résidence  à  la  Motte-Chareute, 

Le  fils  d'Vrieix  Gentils  et  d'Anne  Géraud  épousa,  eu  1635, 
Judith  de  la  Motte-Fouqué,  d'une  tamille  de  Saintonge  qui  a 
marqué  particulièrement  dans  l'tiistoire  de  l'émigration  protes- 
tante, et  celte  alliance  donne,  des  relations  qui  s'établirent  entre 
M"*  de  Maioteuou  et  nos  Langalerie,  une  explication  bien  plus 
satisfaisante  que  la  fable  ridicule  des  Mémoires  apocryphes 
de  1743\  Non  seulement,  en  effet,  les  La  Motte-Fouqué  appar- 
I  tenaient  presque  à  la  même  province  que  Françoise  d'Aubigné, 
I  nuds  aussi  une  sœur  de  Judith,  ayant  épousé  Gédéon  de  Martel, 
'  eut  pour  petite-fille  la  belle  Uranie  de  la  Gropte-Beauvais,  com- 
tesse de  Soissons^  :  par  cette  tante,  surtout  par  les  Martel  et  par  la 
maréchale  d'Albret,  notre  Langalerie  se  trouva  tout  naturelle- 
ment recommandé  à  leur  grande  amie  M°'°  de  Maintenoo'. 

I.  Actes  de  1601, 1610,  IÛ23, 1632,  dans  les  dossiers  déposés  chez  Vacia  ea  1TS3, 

7.  ignoble  rËnoumé,  sur  la  commune  de  Saiat-QueDtiD-de-Capiang,  à  onze 
Ulomèlres  sod-ouest  de  Sainle-Fo y-la- Grande  (Gironde). 

3.  U  y  CD  s  une  généalogiit  moderne  dans  le  rcgUtre  VU  (^lupplémentaire]  de 
\:Armorial  général  des  d'Ûozler. 

i.  Le  rédaclear  de  la  geniulogie  qui  vient  d'dlre  indiquée  croit,  mais  sans 
pvu>oir  le  prouver,  que  les  Gérauld  d'Agenais  el  les  Géraud  d'Aoganlénio  éUient 
il'nne  seule  et  même  souche;  quant  au  âef  de  Langalerie,  il  dit  que  celui  des 
Gentils  n'était  pas  le  même  que  la  terre  des  Gérauld,  et  il  le  place  dans  la 
livoÎMe  de  Nersac,  par  conséquent  A  câté  de  ta  Uotte- Charente.  D'autre  part, 
un  document  de  178!),  publié  daos  les  Archives  Kisloriqva  de  la  Gironde, 
L  IVIt,  p.  195,  mentionne  deux  Oefs  de  Langalerie,  l'un  sur  la  paroisse  de 
Siiiil^uenlin  (c'est  celai  qae  Jeanne  Béraud  apporta  aux  Géranld  en  1i9G],  et 
l'autre  sur  la  paraisse  d'Eynesse,  Toislae  de  Saint-Quentin. 

5.  P.  îô,  41,  54-92  et  suiv. 

6.  Ci-après,  p.  18. 

^.  To).  l'appendice  consacré  A  Uranie  dans  le  I.  X  dea  Mémoires  de  Saint- 


à 


46  A.    Dl  BOISLtSLE. 

Le  mari  de  Judith  de  la  Motte-Fouqué  est  peu^-etre  le  Langa- 
lerie,  maréchal  de  bataille  dans  les  troapes  de  Coudé  rebelle,  qui 
fut  tué  le  6  mars  1653  à  la  défaite  du  marquis  d*Aubeterre^ 
Leur  fils,  Hemri-François  de  Gentils,  marquis  de  Langalerie*, 
père  de  notre  héros,  fit  une  très  brillante  carrière  militaire,  dont 
la  Chronologie  militaire  de  Pinard  donne  le  tableau  3.  Quoique 
Boileau  ait  oublié  son  nom  dans  le  Passage  du  Rhin^  c'est  lui 
qui,  commandant  comme  major  quarante  maîtres  du  régiment 
des  Cuirassiers,  décida  par  sa  hardiesse  le  succès  de  cette  journée 
du  12  juin  1672,  ainsi  que  l'atteste  QuincyS  et  il  y  gagna  le 
régiment  du  jeune  duc  de  Longueville,  tué  en  prenant  terre 
immédiatement  derrière  lui.  Il  parvint  au  grade  de  lieutenant 
général  en  mars  1690,  fit  les  campagnes  suivantes  en  Catalogne 
sous  Noailles,  puis  en  Piémont  sous  Catinat,  mais  dut  se  faire 
donner  comme  retraite  le  commandement  des  troupes  de  la  Pro- 
vence et  du  comté  de  Nice,  et  mourut  à  peine  arrivé  à  Riez,  le 
24  octobre  1693.  Fort  vif  et  orgueilleux,  se  croyant  oublié  et 
lésé,  il  donna  parfois  à  son  fils  l'exemple  de  l'indiscipline  et  de  la 
rébellion  contre  les  chefs  ^.  Au  dire  des  Mémoires  apocryphes 
de  1743,  ce  Langalerie  aurait  épousé  une  fort  belle  demoiselle, 
Charlotte-Henriette  de  Nesmond,  nièce  de  l'évêque  de  Montauban, 
qui  serait  la  Damestriane  dont  Somaize  raconte  une  histoire 
galante^,  bien  autrement  dramatique  dans  ces  mêmes  Mémoires. 
Charlotte-Henriette  n'existe  pas  dans  les  généalogies  authen- 

Simon,  éd.  nouT.,  p.  541-542.  Madame,  qui  parle  de  cette  parenté  dans  plusieurs 
de  ses  lettres  à  la  raugraTe  Louise,  connut  de  très  près  notre  Langalerie  comme 
mari  de  la  gouvernante  de  ses  filles  d'honneur.  On  la  Toît,  en  1712,  assister, 
ainsi  que  M"*  de  Maintenon  et  que  la  sœur  de  Langalerie,  au  mariage  du  comte 
de  Butant  avec  une  Gentils  de  la  Jonchapt  que  la  toute-puissante  marquise 
avait  fait  entrer  à  Saint-Cyr  en  1696  (brochure  Montégut,  p.  17-18). 

1.  Gazette,  p.  289. 

2.  On  ne  trouve  pas  trace  d^érection  de  ce  marquisat.  En  1696,  le  personnage 
même  qui  nous  occupe,  faisant  eoregislrer  ses  armes  à  TArmorial  général,  ne  se 
qualifia  que  de  seigneur  de  la  Moite-Charente,  Tonnay-Boutonne ,  Biron  et 
autres  lieux. 

3.  T.  IV,  p.  346-348. 

4.  Histoire  militaire  du  règne  de  Louis  le  Grand,  t.  I,  p.  321.  Par  une  sin- 
gulière erreur,  la  Biographie  générale  attribue  le  rôle  glorieux  du  père  au  fils, 
qui  n'ayait  pas  douze  ans  alors. 

5.  C'est  lui,  en  effet,  et  non  son  fils,  comme  on  l'a  écrit,  qui  eut  arec  le 
maréchal  de  Noailles  un  différend  fort  vif  en  1690  et  s'attira  une  disgrâce  tem- 
poraire {Mémoires  de  Noailles,  p.  35-37). 

6.  Dictionnaire  des  Précieuses,  t  I,  p.  263-265,  et  t.  II,  p.  264-265.  La  clef 
dit  que  Dambstrianb  est  la  comtesse  d'Angalbrib. 


LiB  ivznruREa  nu  habquis  de  L1ITG1I.KBIE. 


47 


tiques  de  la  maison  de  Nesmond',  et  il  n'y  eut,  de  ce  nom, 
uu  évoque  de  Montauban  que  de  1687  k  1703.  Le  vrai  est  que 
Henri-François  de  Laugalerie  se  maria  deux  fois  :  1'  en  1650, 
avec  une  Lubersac  de  la  Brosse,  de  bonne  famille  du  Pèrigord; 
2"  le  28  septembre  1660,  avec  Anne-Marie  Decouleura  de  Rou- 
velliè,  fille  d'un  président-trésorier  de  France  au  bureau  des 
Snances  de  Lyon"-.  C'est  de  ce  second  mariage  que  vinrent 
d'abord  notre  marquis,  puis,  sept  ans  plus  tard,  une  fille  nommée 
Suzan  ne- V  ictoi  re . 

Le  fils,  Philippe,  naquit  et  fut  baptisé  à  Lyon  le  24  septembre 
1661  '.  A  quinze  ans  il  débuta  (1676),  comme  cornette,  dans  le 
régiment  de  son  père*.  A  partir  de  là,  Pinard  nous  fait  suivre 
très  exactement  les  étapes  de  sa  carrière  militaire''.  11  combattit 
à  l'armée  du  Rhin,  sous  Luxembourg  en  1676,  sous  Créquy 
l  en  1677,  devint  capitaine  en  1678,  et  fit  encore  cette  campagne 
I  sur  le  Rhin.  Sa  compagnie  fut  réformée  à  la  paix,  puis  rétablie 
'  le  7  mai  1682,  et,  quand  son  père  monta  au  grade  de  maréchal 
de  camp,  il  passa,  comme  mestre  de  camp  de  Langalerie,  dans 
l'année  qui  couvrait  le  siège  de  Luxembourg  ;  mais  la  trêve  de 
Batisbonne  fit  encore  licencier  le  régiment,  et,  simple  officier 
réformé  à  la  suite  de  Locmaria  pendant  les  quatre  années  sui- 
vantes, sa  situation  devint  fort  précaire.  C'est  ainsi  qu'en  1685 
Dous  le  voyons  forcé  de  prendre  une  surséance  de  deux  ans  contre 
ses  créanciers*  ;  la  passion  du  jeu'  et  les  exigence.s  du  luxe  des 
camps  épuisaient  ses  ressources,  comme  celles  de  tant  d'autres 

.  Dans  une  généalt^e  (Oossiers  bleus,  vol.  85,  dossier  12740,  fol.  2  v 
f  tl  3),  oo  n'a  ajoute  qu'nprâs  coup  Cbarlotte-Henrietle,  comme  fille  de  U"'de 
I  Hinunion  née  en  1640,  et  par  coaséqoeat  comme  sieur  da  présideat  et  du  marin. 
I  Cf.  le»  Uémoires  de  1743,  p.  34,  13  et  B8. 

2.  Philippe  Decouleurs  do  Koavelllé,  Ticomte  d'Aruas,  seigneur  de  la  Bour- 
I  loDnière  el  de  la  Dousonnïére.  cberaller  de  l'ordre  da  roi  (Saint -Michel],  tré- 

!r  de  France  arec  breTet  de  conseiller  aui  conseils  d'Ëlat  et  privé.  Sa  femme 
I  t'appelait  Suzanne  Vidaud. 

3.  Et  non  I65tj,  comme  le  dlseot  nombre  de  biographies. 

4.  È[uA  fils  uDÏqne  et  dÉbutanl  si  jeune  dans  la  carrière  militaire,  il  est 
iBMjmUsible  qu'on  l'eùl  destiné  d'abord  à  l'Église,  comme  le  disent  les 
Mfmoirei  de  1743.  sous  préleite  que  son  père  s'élait  dégoûté  du  service  mili* 
liift  ta  boni  de  dii  ans. 

i.  Chronologie  mtlitaire,  I.  IV,  p.  518-520.  Les  Hémoiru  de  1743  le  font 
débuter  dans  le  rcgimenl  d'infanterie  da  Boi  en  1674. 

5.  Arr«t  do  Conseil  du  7  février  1686  [Arcb.  nat.,  E  1833). 

T.  Le  laoce-canet  (sic)  figure  constamment  dans  le  récit  de  ses  années  de 
Hrriees  militaires  fabriqué  par  les  Mimotre*  apocryphes. 

Bbv.  HiaToa.  LXVI.  1"  fabc.  2 


4  s  A.    DR  BOISLISLE. 

officiers.  La  Révocation  put  relever  un  moment  le  niveau  de  ses 
finances,  car,  son  grand-oncle  Charles  de  la  Motte-Fouqué,  pos- 
sesseur de  Tonnay-Boutonne,  la  première  baronnie  de  Saintonge, 
ayant  émigré  en  Hollande  plutôt  que  d'abjurer  le  protestantisme, 
Langalerie  et  sa  cousine  Uranie^  obtinrent  le  don  des  biens  con- 
fisqués sur  le  fugitif,  ou  tout  au  moins  de  sa  baronnie,  qui  pas- 
sait pour  rapporter  quelque  vingt  mille  livres  par  an*.  On  en 
peut  donc  conclure  que  Langalerie  était  bien  en  cour  ;  mais  ce 
qui  trahit  encore  les  embarras  financiers  du  jeune  colonel  sans 
régiment,  c*est  que,  dans  le  courant  du  mois  de  juin  1687,  âgé 
alors  de  vingt-six  ans,  beau,  grand,  fait  à  peindre^,  et  assuré  d'un 
bel  avenir,  il  se  maria  avec  une  femme  de  quarante-six  ans, 
Marie- Anne  de  Pourroy  de  Voissan,  veuve  du  président  de 
Simiane  de  la  Goste,  qui  venait  de  perdre  une  fille  âgée  de  vingt 
et  un  ans,  et  à  laquelle  il  restait  un  fils  de  dix-sept  ou  dix-huit 
ans,  un  autre  fils  destiné  aux  ordres,  un  troisième  destiné  aux 
armes,  et  une  dernière  fille  qui  fut  placée,  elle  aussi,  dans  la  mai- 
son de  Madame,  comme  les  fils  dans  le  service  du  duc  d*Orléans 
plus  tard  régent^.  La  disproportion  d'âge  ne  laissa  pas  de  faire 
scandale''.  Autrement  la  présidente  était  d'une  assez  bonne 
noblesse  de  Dauphiné,  bien  alliée,  et  qui  touchait  d'ailleurs  à  la 
famille  maternelle  de  Langalerie.  Sa  mère,  Catherine  d'Orgeoise 
de  la  Tivolière,  s'étant  remariée  en  1651  au  comte  de  Viriville, 
en  avait  eu  la  femme  du  futur  maréchal  deTallard®,  de  qui  Lan- 

1.  La  belle  comtesse  était  aussi  uoe  besogneuse  réduite  à  tous  les  expédients. 

2.  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  du  protestantisme  français,  années 
1887,  p.  132-133,  et  181K),  p.  135-137  et  331-332.  Étaient  héritiers  :  Emmanuel, 
comte  de  Soissons,  et  sa  sœur  Anne- Victoire,  comme  enfants  dX-ranie,  Gédéon 
de  Martel,  François  de  la  Cropte-BeauTais,  Langalerie  et  sa  sœur. 

3.  D*fIozier  le  dépeignait  ainsi  vingt  ans  plus  tard  (dossier  4112,  foL  11). 
M.  de  Montégut  a  placé  en  tête  de  sa  brochure  la  reproduction  d'un  portrait  de 
la  même  époque. 

4.  Le  père  avait  été  président  à  mortier  en  la  cour  de  parlement,  aides  et 
finances  de  Dauphiné.  Le  premier  fils  devint  successivement  écuyer  et  che- 
valier d'honneur  de  Madame;  le  second,  abbé  de  Marcillac,  fut  maître  de  Tora- 
toire  du  Régent.  La  fille  aînée,  horriblement  laide,  morte  en  mai  1687,  avait 
remplacé  M"*  de  Loubes  dans  la  chambre  des  filles  de  Madame,  et  la  fille  sur- 
vivante y  entra  Aussi  plus  tard.  Le  troisième  fils  fut  page  du  duc  d*Oriéans, 
devint  mostre  de  camp,  et  continua  la  descendance  masculine,  l'atné  n'ayant 
eu  qu'une  fille,  mariée  au  président  Durey  de  Noinville.  —  Les  Mémoires  de  1743 
ne  parlent  que  d*un  fils  de  quinze  ans. 

5.  Mémoires  de  Sourthes^  t.  Il,  p.  61  :  c  M**  la  présidente  de  la  Goste,  mère 
de  défunte  M***  de  Simiane,  épousa  le  jeane  Langalerie,  mestre  de  camp  de 
cavalerie,  dont  l'Age  étoit  assez  peu  proporUonné  an  sien.  > 

t>.  En  1687,  il  n'est  encore  que  brigadier,  mais  s'eat  déjà  distiagoé. 


LES  1T8NTDRES    l>D  HABQDIS   DE    L4ItGtLERIB.  {9 

galerie  se  troava  être  ainsi  demi-bean-frère  par  alliance.  Que 
M"°  de  MaintenoQ,  comme  le  racontent  les  Mémoires  apo- 
crrpbes,  ait  négocié  cette  belle  union',  ou  qu'elle  n'y  ait  été 
pour  rien,  il  paraît  du  moins  \raiseniblable  qu'elle  aida  l'ex-prè- 
stdente  à  obtenir  pour  quelque  milliers  de  livres  un  emploi  d'ordre 
secondaire  qui  toutefois  dounait  rang  à  la  cour,  la  charge  de 
gouvernante  des  filles  de  Madame,  devenue  vacante  sur  la  fin 
de  1696*;  mais  un  contemporain  nous  raconte,  à  ce  propos,  que 
les  deux  époux  étaient  déjà  «  fort  brouillés^,  »  et  d'ailleurs  la 
guerre  les  avait  séparés  de  fait  depuis  1688,  Le  régiment  de  Lan- 
galeriâ  ayant  été  rétabli  dans  la  réorganisation  des  armées,  le 
tneslre  de  camp  le  mena  d'abord  à  l'armée  du  maréchal  de  Duras 
sur  le  Rhin,  puisa  celle  du  maréchal  de  Luxembourg  en  Flandre, 
et  prit  part  au  combat  de  Fleurus,  où  il  contribua  fort  à  la  victoire, 
i  ceux  de  Leuze  et  de  Steinkerque.et  au  siège  do  Namur'.  Pen- 
dant ce  temps,  sa  femme  s'occupait  des  Intérêts  du  ménage. 
Quand  on  créa  des  lieutenances  de  roi  dans  les  provinces,  elle 
acheta  pour  Langalerie,  au  prix  de  quarante-cinq  mille  livres, 
la  lieutenance  de  son  pays  d'Angoumois  et  de  Saintonge,  et  l'en 
fit  pourvoir  le  16  mai  1692  ;  mais,  soit  pour  faire  pièce  à  cette 
dévouée  épouse,  soit  parce  que  son  service  le  retenait  k  l'armée, 
il  ne  vint  prêter  serment  entre  les  mains  du  roi  que  le  27  février 
1703.  De  ce  fait,  il  n'avait  pas  droit  aux  gages  de  la  charge  pour 
les  années  comprises  entre  la  date  des  provisions  et  celle  du  ser- 
raent.  D'ordinaire,  ies  gens  bien  en  cour  obtenaient  aisément  le 

I.  Bien  enteniln.  ce  insriage  annule  celui  <]iic,  bcIuii  tes  Mémoirts,  Langalerie 
•nndl  coDlraclé  dËs  1675,  c'eBl-à-dire  A  moinn  de  quluze  ans,  dans  le»  conditions 
tu  plus  romanesques,  aveu  une  demaisette  de  Fay  d'AthIs,  parenle  de  U.  de  SU- 
lerï  ou  de  Silly.  Eli»  ne  aoraîl  raorlu  que  TÎngl  ans  plus  lard,  ayant  perdu  deui 
Bis.  et  les  Mémoires  placent  on  1G%  ou  t6%  le  second  mariage  avec  U"  de 
SiDilDt,  dont  its  font  une  Castellaoe,  jeune  veuve  charinanle,  mais  pauTie, 
ttcHBte  par  11"  de  Uaialcnun  pour  faire  passer  au  Qls  de  sou  premier  mari  te 
H^iMat  de  Langalerie.  De  plus,  ils  raeoDient  graTemenl  commenl  les  deux 
ludraa  fiancé*  reçurent  la  bénSdjclion  du  roi  dans  l 'an licb ambre  de  H"  de 
binlenoB.  et  ils  font  mourir  H*"  de  Langalerie  en  1703. 

1.  Journal  de  Dangeait,  t.  VI,  p.  48,  l'è  décembre  1G9G.  La  marquise  de  la 
R*cbe-dM-Aubiers  Tendait  ponr  six  ou  sept  mille  livres. 

3.  Mémoires  de  Sourchei.  t.  V,  p.  323.  En  note  ;  (  La  marquise  de  Langalerie 
(TOU  iponsê  en  premières  noces  le  président  de  Simiane,  préùdenl  au  mortier 
ia  parlement  de  Grenoble,  et  ensuite,  eu  secondes  noces,  le  jeune  Langalerie, 
fnÛle  «Toi(  ^ris  par  amour  ;  mais  celle  inclination  n'avoit  pas  duré  longtemps, 
il  Ut  ttoienl  alors  fort  brouitléa.  i 

t.  C'est  i  ce  ftitige  que  les  l^étnoire*  placent  une  scène  grolesqne  entre  U"  de 
HainLeaon  et  le  Jeune  me>lre  de  caup. 


i 


20  A.   DE  BOISLISLE. 

don  de  ces  gages  intermédiaires,  qui  ne  représentaient  qu'un 
faible  intérêt  de  la  finance  déboursée  par  eux  ;  mais  M"^  de  Lan- 
galerie  le  réclama  en  vain,  et,  malgré  Tappui  du  duc  de  la  Feuil- 
lade^  le  contrôleur  général  Chamillart  et  le  roi  lui-même  ne 
répondirent  que  par  des  refusa  II  est  vrai  que  les  temps  étaient 
durs,  et  le  Trésor  royal  fort  embarrassé  pour  rien  payer.  Ainsi, 
lorsque  le  père  de  Langalerie  vint  à  mourir  en  1693'^,  on  con- 
sentit bien  à  reporter  deux  tiers  de  sa  pension  de  quatre  mille 
cinq  cents  livres  sur  le  fils  et  la  fille  ;  mais  ni  Tarriéré  ni  les 
arrérages  courants  n'en  furent  régulièrement  payés,  puisque,  au 
commencement  de  1695,  nous  voyons  Langalerie  réclamer  treize 
mille  cinq  cents  livres  pour  le  temps  passé^,  et  voici  en  quels 
termes,  deux  ans  plus  tard,  il  sollicitait  la  pitié  du  contrôleur 
général  Pontchartrain  ^  : 

De  Verssalle,  se  26  feuvrié  4  697. 
Monseigneur 

Quoy  que  ie  soy  an  lieu  de  vou  faire  ma  cour  et  de  vou  parler,  îe 
ne  laisse  pas  que  de  prandre  la  liberté  de  vous  escrire  pour  pouvoir 
mieu  vou  marquer  le  besoin  que  iay  destre  mis  sur  létat  de  distri- 
bution pour  les  cinq  cents  escud  de  ma  pantion  qui  me  sont  du  par 
une  ordonance  signée  du  six  septembre  mile  six  cent  quatre  vingt 
seize.  le  vou  proteste  Monseigneur  que  ie  suis  sans  un  soi,  et  dans 
un  état  de  convaléssance  qui  peut  me  faire  retombé  si  iépargne  se 
quil  faut  pour  me  réparer  de  la  foyblesse  ou  mat  mis  la  grande  mala- 
die que  ie  vien  dessuyé  an  Piedmon.  le  vous  suplie  très  bumble- 
ment  pour  que  ie  soy  an  état  daié  iusqua  la  campagne  prochaine  de 
macorder  se  secour  sette  protection  et  surtout  la  grâce  de  me  croyre 
aveque  un  très  profond  respect  Monseigneur  vostre  très  humble  et 
très  hobeissant  serviteur.  Langalerie. 

Pontchartrain  voulut  bien  porter  le  nom  du  suppliant  sur  une 
des  feuilles  de  distribution  ;  mais  ces  habitudes  du  Trésor  royal 
n'expliquent  que  trop  quelle  nécessité  il  y  avait,  surtout  pour  les 
ofSciers  employés  au  loin  dans  les  armées  ou  pour  les  person- 
nages suivant  la  cour,  de  prendre  des  lettres  d*état,  des  arrêts  de 

1.  Arch.  nat.,  Papiers  da  Contrôle  général.  G'  1004,  5  octobre  1705,  et  1007, 
9  août  1706. 

2.  Langalerie  vint  en  Aogoamois  pendant  le  quartier  d'hiver,  en  février  1694, 
et  fit  faire  l'inventaire  de  la  Motte-Charente. 

3.  Papiers  du  Contrôle  général,  G^  994,  feuille  de  distribution  du  29  avril  1695. 

4.  ibid,,  G'  997,  feuille  du  5  mars  1697.  Je  conserve  l'orthographe  barbare, 
qui  ne  se  retrouve  pas  dans  les  lettres  postérieures  conservées  au  Dépôt  de 
la  guerre. 


LIS  ITEHTHKES  DV   lUBQDlS   DE   LtNGlI.EKtB.  2| 

ipttou  de  surséance  contre  les  importunités,  tracasseries,  saisies 
«tprocÀlures  iadiscrètes.  Langalerîe  avait  toute  sorte  de  niutifs 
d'en  user  chaque  année,  et  il  y  manqua  d'autant  moins  que  son 
père  laissait  une  succession  embarrassée'. 

Pendant  que  ses  créanciers  étaient  ainsi  tenus  en  respect,  il 
lisait  bravement  son  métier  de  brigadier  de  cavalerie  à  l'armée 

la  Moselle,  à  la  bataille  de  Nerwinde  et  au  siège  de  Charleroy 
(1693),  j)  l'amiée  des  maréchaux  de  Lorge  et  de  Joyeuse  en 
Allemagne,  où  Saint-Simon  put  le  connaître,  k  celle  de  Catinat, 
qui  finit  les  opérations  de  Piémont  en  1696,  et  à  celle  du  maré- 
chal de  Cboiseul  sur  le  Rhin,  en  1697-. 

Cette  dernière  campagne  lui  valut  la  croix  de  Saint-Louis  ; 
mais  la  paix  survenue  sur  ces  entrefaites  et  le  licenciement  des 
années  rouvrirent  pour  lui  l'ère  des  préoccupations.  Il  s'ingénia 
pour  faire  face  aux  créanciers.  Nous  le  vo.yons,  en  février  1699, 
stflUâter,  à  l'instar  des  concessions  accordées  depuis  longtemps 
aux  demoiselles  de  Sautour,  au  baron  de  Beauvais,  à  M*""  du 
Fresnoy  et  au  major  Brissac,  un  privilège  pour  établir  des  voi- 
tures et  charrettes  destinées  à  faire  le  service  des  ports  de  Paris 
an  tarif  de  quinze  sols  par  heure  pour  deux  chevaux,  et  de 
trente  pour  quatre  chevaux.  Le  mois  suivant,  il  offre  d'assurer 
aux  pauvres  de  Paris  un  profit  de  cinquante  mille  livres  par  an,  si 
on  lui  accorde  k  vie  le  droit  de  lever  pour  lui-même  la  botte  de  foin 
ou  de  paille  que  les  marchands  donnaient  en  sus  de  chaque  quar- 
teron. Enfin,  il  demande  à  vendre  son  régiment,  comptant  qu'eu 
cas  de  nouvelle  guerre  il  retrouverait  quand  même  un  emploi  de 
brigadier.  Cela  était  contraire  à  l'usage  :  le  roi  se  refusa  donc  à 
donner  son  agrément;  le  ministre  fit  également  repousser  les  deux 
propositions  de  finance',  et  il  fallut,  en  juillet  1700,  reprendre 
un  nouvel  arrêt  de  surséance^.  Heureusement,  la  guerre  recom- 
meoce,  le  régiment  est  désigné  pour  servir  h  l'armée  de  Catinat 
60  Piémont,  et  la  première  campagne  de  1701  se  termine  par 
l'élévation  du  brigadier  au  grade  de  maréchal  de  camp. 

'    I.  Arcb.  nat.,  G  1886,  nnft  du  17  mai  imi,  et  E  1894.  arrêt  du  24  décembre 

1  Î-Les  Mémoires  de  1743  le  font  serrir,  an  wnlrsire,  en  Catalogne,  où  il  se 
~ïaï(  brouillé  arec  H.  do  NuaJIIes,  inai«  aurait  ensuite  couquis  les  bonues 
a  da  duc  de  Vendôme  el  prie  lui-même  Ilostalrich,  comme  il  aaralt  (ait 
tr  à  Catinat  la  Tictolre  de  la  Harsaille  eu  Piémont. 
S.  D*p*t  de*  affaires  étrangères,  vol,  Fiukcb  1069;  Bitloire  journalière  ou 
Coufle  de  la  naye.  1690,  n-  li. 
i.  Arch.  nat-,  E  1914.  n-  38,  18  joillel  1700. 


i 


22  1.   DE  B0IBLI8LE. 

Dans  le  recaeil  des  Lettres  de  M"^^  de  Maintenons  publié 
—  et  fabriqué  en  grande  partie  —  par  La  Beaumelle,  on  trouve 
cette  épître  annonçant  à  Langalerie  la  bonne  nouvelle  *  : 

Le  roi  vous  a  mis  sur  la  liste  des  maréchaux  de  ses  camps  et 
armées.  Vous  en  recevrez  le  brevet  par  M.  de  Gatinat,  qui  doit  par- 
tir incessamment  d'ici  pour  aller  prendre  le  commandement  des 
armées  en  Piémont.  Vous  n*avez  plus  besoin  de  ce  que  vous  appelez 
ma  protection  ;  le  roi  se  chargera  de  votre  fortune.  Renvoyez  à  Dieu 
tous  les  remerciements,  et  songez  que  vous  n'étiez,  il  y  a  quatre  ans, 
que  capitaine  sans  espérance.  Je  suis  bien  aise  que  vous  soyez  con- 
tent de  M.  d'Aubigné;  je  compte  qu'il  ne  sera  pas  mécontent  du  tour 
que  prennent  votre  fortune  et  la  sienne.  Signalez-vous;  vos  services 
ne  seront  pas  perdus,  ils  seront  remarqués,  et  vous  ne  manquerez 
pas  de  gens  qui  les  feront  valoir.  Quelque  répugnance  que  j'aie  à 
me  mêler  des  places,  j'accepte  vos  offres  au  sujet  de  votre  régiment, 
et  je  les  accepte  avec  d^autant  plus  de  plaisir  que  j'espère  que  vous 
ne  vous  opposerez  pas  au  dessein  que  j'ai  de  vous  marier,  supposé 
que  la  femme  que  vous  regrettez  ne  vous  ait  pas  dégoûté  de  toutes 
les  autres.  Le  petit  Simiane  aura  votre  régiment,  et  vous  aurez 
Madame  sa  mère.  Vous  trouverez  en  elle  naissance,  jeunesse,  beauté 
et  assez  de  bien.  Ce  dernier  article  est  celui  qui  doit  le  moins  vous 
embarrasser.  Voyez,  et  mandez-moi  vos  sentiments  sans  complai- 
sance et  sans  détours. 

Le  style  familier  de  cette  lettre  impliquerait  une  véritable  inti- 
mité entre  la  signataire  et  le  destinataire;  mais  elle  a  tout  sim- 
plement été  empruntée  par  La  Beaumelle  aux  Mémoires  de  1743, 
où  les  éléments  en  figurent  (p.  139-140  et  144-147)  sous  la  date 
de  1695  et  d  avril  1696.  Sa  fausseté*  ressort  de  l'examen  le  plus 
superficiel,  soit  qu'on  la  place  en  avril  1696,  comme  Tavait  fait 
l'auteur  des  Méynoires,  soit  qu'on  la  reporte  à  janvier  1702, 
date  véritable  de  la  promotion  de  Langalerie  3. 

En  1696,  il  n'y  eut  de  promotion  que  le  3  janvier,  et  Langa- 
lerie n'y  fut  point  compris  par  la  raison  que  son  grade  de  briga- 
dier ne  datait  que  du  30  mars  1693.  —  En  1702,  la  promotion 
eut  lieu  également  dans  le  cours  de  janvier. 

1.  Lettres  de  M'*  de  Maintenon,  éd.  1756,  t.  II»  p.  218-220,  et  1789,  t.  II, 
p.  196-197. 

2.  Il  peut  être  nécessaire  de  la  démontrer,  puisque  le  texte  en  a  été  repro- 
duit par  de  tout  récents  biographes  de  Langalerie,  et  que  ni  Lavallée,  ni  Gef- 
froy  n'en  ont  fait  la  critique,  faute  sans  doute  d'avoir  connu  ce  texte. 

3.  Journal  de  Dangeau,  t.  VlU,  p.  304;  Mémoires  de  Sowches^  t.  VU,  p.  191. 


LES  ATERTUaKa  DC  liBQUIS  Bt  UNaiLERIB.  K9 

1  Voua  n'étiez,  il  y  a  qualre  ans,  que  capitaine  sans  espé- 
p.niuce,  >  (lit  M"*  de  Maintenon.  —  On  a  vu  qu'il  avait  été  fait 
mestre  de  camp  du  régiment  de  son  père  en  16S3  (4  novembre), 
à  vingt-deux  ans,  et  qu'il  le  commandait  encore  comme  bri- 
gadier. 

En  i696,  Catinat  alla  bien  commander,  pour  la  troisième  fois, 

l'armée  de  Piémont;  mais  il  avait  quitté  la  cour  dès  les  pre- 

,  miers  jours  de  janvier  :  ainsi  donc  M'""  de  Maintenon  ne  pouvait 

[enuoDcer  en  avrd  son  départ  imminent.  —  En  1702,  il  com- 

landa  l'armée  du  Rhin,  où  Langalerie  ne  fut  pas  employé. 

Le  d'Aubigné  dont  M"'^  de  Maintenon  compare  la  fortune  à 

B  de  Langaleriene  peut  être  le  comte  son  frère,  qui,  depuis 

niiigt  ans  passés,  n'avait  plus  que  des  pensions  et  des  gouver- 

leDts;   pas  davantage  ce  prétendu  cousin  Louis- François 

i'AabigBy  de  Tigny  que  les  Mémoires  de  1743  font  nommer 

r  M"*  de  Maintenon,  en  1694,  lieutenant-colonel  du  régiment 

Is  Laogalerie  :  ué  vers  1685,  celui-lk  n'entra  aux  mousquetaires 

n'en  1700,  n'eut  un  petit  régiment  d'infanterie  que  le  3  sep- 

3 1702,  et,  en  réalité,  ne  servit  jamais  avec  Langalerie. 

Quant-à  la  proposition  matrimoniale,  ou  a  vu  plus  haut  que 

le  prétendu  premier  mariage  de  Langalerie  doit  être  considéré 

cumme  une  pure  fable;  que,  depuis  le  mois  de  juin  1687,  il  avait 

pris  pour  femme  la  veuve  du  président  de  Simiane,  laquelle  ne 

lui  avait  apporté  ni  jeunesse  {en  1696,  elle  comptait  cinquante- 

ciaq  printemps!)   ni  grande  naissance   (fille  d'un  maître  des 

comptes  de  Grenoble)  ',  mais  du  bien  au  contraire  ;  et  c'est  ce  qui 

n'avait  dû  guère  embarrasser  le  jeune  mari. 

Le  «  petit  *  Simiane,  son  beau-fils,  hérita  eneffetdu  régiment 
ds  Laogalerie,  mais  en  1703;  né  vers  1669,  capitaine  sous  les 
ordres  de  son  beau-père  depuis  i6S9,  sa  jeunesse,  à  lui  aussi, 
n'était  que  relative. 

II  n'est  pas  besoin  d'insister  davantage  sur  ce  document. 
D'ailleurs,  nous  avons  d'autres  preuves  que  La  Ueaumelle,  qui 
Ini  a  donné  sa  forme  définitive,  a  fait  encore  d'autres  emprunts 
aux  Mémoires  de  1743  :  il  en  cite  textuellement  trois  pages  sur 
l'origine  des  relations  de  Langalerie  avec  M""  de  Maintenon.  et 
iwume  d'après  eux  la  fin  de  son  existence^. 


1,  Il  Ml  vrai  (fat!  1m  Mt'moiria  iIp  IT43  ^n  raiisient  ane  CaRldlans. 
1.  mmiOm  mr  H"  lie  Mninttnm.  éd.  1756,  t.  111,  p.  Î91-294. 


24  A.   DK  BOISUSLB. 


IL 


Lanoalerie  a  l'armée  d'Italie. 

Quelques  semaines  à  peine  s'étaient  écoulées  depuis  la  promo- 
tion au  grade  de  maréchal  de  camp,  lorsque,  le  11  février  1702, 
Madame  licencia  ses  filles  d'honneur  ^  Ce  fut  un  grave  événe- 
ment pour  M'"*'  de  Langalerie,  quoique  indemnisée  en  partie  de 
sa  gouvernance  par  une  pension  de  cinq  mille  livres  pour  elle  et 
sa  fille  Simiane,  et  par  un  logement  au  Palais-Royal.  Quant  au 
mari,  vivant  toujours  à  l'armée  et  séparé  de  biens,  il  se  ressentait 
peu  des  embarras  du  ménage  et  s'en  souciait  encore  moins.  Des 
lettres  de  service  du  21  février  l'avaient  attaché  à  l'armée  du  duc 
de  Vendôme,  et  il  avait  passé  son  régiment  à  son  beau- fils'.  C'est 
seulement  par  aventure  qu'il  prit  part  au  brillant  combat  de 
Luzzara'  :  venu  en  curieux  à  l'aile  gauche  et  prié  par  M.  de 
Tessé  de  rester  là  avec  Albergotti,  ce  fut  lui  qui  soutint,  à  la 
tête  de  la  brigade  de  Piémont,  les  derniers  efibrts  de  l'ennemi, 
de  neuf  heures  du  soir  à  une  heure  de  la  nuit;  mais,  en  fin  de 
compte,  il  fut  obligé  de  faire  une  retraite  de  flanc  «  un  peu 
hardie.  >  Selon  son  habitude,  il  ne  manqua  pas  de  réclamer 
pour  lui-même  tout  l'honneur  de  l'afiaire,  et  adressa  directement 
cette  lettre  au  roi*  : 

Je  prends  la  liberté  de  rendre  compte  à  Votre  Majesté  qu'ayant  eu 
le  bonheur  de  la  servir  utilement  au  combat  de  Luzzara,  m'y  étant 
trouvé  commandant  six  bataillons  et  un  régiment  de  cavalerie  qui 
ont  combattu  avec  toute  la  valeur  et  Tintrépidité  du  monde,  je  me 
donne  Thonneur  d*en  rendre  compte  à  Votre  Majesté,  parce  que  Fac- 
tion a  roulé  sur  moi,  qui  me  suis  trouvé  hors  de  communication 
avec  l'armée  de  Votre  Majesté,  et  que  les  ennemis  étoient  entre  elle 

1.  Mémoires  de  Saint-Simont  éd.  dout.,  t.  X,  p.  99-tOO. 

2.  Dangeau,  t.  VIII,  p.  307  et  347. 

3.  Quincy,  Histoire  militaire  du  règne  de  Louis  le  Grand,  t.  III,  p.  677-678. 
Cf.  les  Mémoires  de  1743,  p.  324.  Ces  Mémoires  le  font  assister  en  spectateur, 
pris  de  vin  et  iTre-mort,  à  la  journée  de  Crémone  (1*^  février  1702)  ;  mais  son 
nom  ne  figure  dans  aucune  des  relations. 

4.  Lettre  du  18  août,  reproduite  dans  les  Pièces  du  t.  II  des  Mémoires  mili^ 
iaires  pour  servir  à  l'histoire  de  la  guerre  de  la  Succession  d'Espagne^ 
p.  737-738. 


us  IVEITCREB   DD   HIBQI^ 

l  el  les  troupes  que  j'avois  l'honneur  de  commander*...  Heureux, 
Sire,  de  m'élre  trouvé  dans  cette  occasion  pour  marquer  à  Votre 
AUjestê  moD  zèle  à  son  service,  pour  lequel  je  m'estimerai  toujours 
trop  heureuï  de  pouvoir  sacrifier  ma  vie  en  l'assurant  du  très  pro- 
fond respect,  etc. 

I  En  1703,  après  une  courte  apparition  à  Versailles  ",  il  fil  encore 
I  Campagne  sous  M.  de  Vendôme.  Celui-ci,  sans  l'aimer,  semblait 
ipprécier  sa  vigueur  et  son  activité  ;  il  lui  confia  le  commandement 
de  Mantoue  et  le  chargea,  à  la  fin  de  l'année,  de  couper  les  deux 
mille  Impériaux  du  corps  du  général  Viaconti'.  Chamillart  l'en 
lèlicita  très  chaudement  :  <  Si  vous  continuez  de  servir  S.  M. 
comme  vous  avez  fait  jusqu'à  présent,  vous  vous  rendrez  de  plus 
plus  digne  de  ses  grâces  royales,  et  j'y  contribuerai  volon- 
tiers en  tout  ce  qui  pourra  dépendre  de  moi^.  »  Mais  M.  de  Ven- 
dôme changea  subitement,  se  plaignit  que,  faute  de  vigilance, 
Visconti  eiit  pu  se  retirer  en  Piémont^  et  tint  Langalerie,  pour 
quelque  temps,  en  disgrâce.  On  verra  plus  loin  que  la  conduite 
du  maréchal  de  camp,  soit  à  l'égard  des  pays  occupés  et  mis  k 
contribution  par  l'année  française,  soit  vis-à-vis  de  certains 
généraux  ennemis,  tels  que  le  comte  de  Linange,  qu'il  avait  pu 
connaître  jadis  à  la  cour  de  Versailles*,  ne  prêtait  que  trop  aux 
soupçons.  Avant  que  ceux-ci  eussent  pris  corps,  une  promotion 
de  onze  lieutenants  généraux  fut  fciite  le  10  février  1704',  et 
Langalerie  y  fut  compris.  De  son  commandement  de  Mantoue,  il 
se  bâta  de  remercier  très  chaudement  le  ministre,  tout  en  protes- 
tant contre  la  nouvelle  attitude  de  M.  de  Vendôme'. 


I 

I 

I 

^Ê        traire  toutes  |i 


t.  La  lettre  de  Tessé  i  U  duchesse  de  Bourgogne  reproduite  dans  l'Appendice 
du  1.  VII  de  Soureli^i,  p.  481-4S2,  reconnart  que  la  résislance  fuL  admirable  de 
M  cAtè-lt.  Le  lendemaio,  Langalerie  prit  le  cbAtcao  de  Lntura;  quelque  temps 
plus  tard,  il  força  la  ville  de  Borgofarle.  Vùj.  la  publication  olHcielle  des  Feld- 
iUft  dta  Pfinzen  fufren  von  Savayen.  t.  IV,  p.  301,  30G  el  38G. 

!.  En  févrlEr,  il  vint  prêter  sertncut  pour  sa  charge  de  lieutenant  de  roi. 

î.  PMiUge  dei  Prinsen  Eugen.  t.  V,  p.  223  el  233-334. 

4.  Lellre  dn  2S  novembre  citée  par  Laogalerie  lui-méine  dans  md  manifeste 
dalTOe,  «â-après,  p.  29. 

5,  Dangean,  I.  IX,  p.  365;  Mémoira  militaires,  t.  [11,  p.  315-316, 
G.  Uénioirtt  de  Saint-Simon,  éd.  nouv.,  t.  XTI,  p.  386. 
T.  Cette  promotion  ne  fui  connue  que   peu  A  peu  et  lardiTemenl,  rers  le 

milieu  dn  mois  (Sourches,  t.  VIII,  p,  286). 

S.  Lettre  du  30  mars  1704,  au  Dèpût  de  la  guerre,  roi.  1782,  n*  100.  Le  jour 

tnlTuil,  i  Paria,  un  a;r"it-droit  de  son  maître  d'iiùtel  obtenait  du  Conseil  la 

U  surséance  que  tes  lettres  d'Etal  lui  assuraient,  comme  i  l'ordinaire, 

poursuites  de  créanciers  (Arch.  ual.,  E  1930,  n'  311).  En  rcmer- 


26  A.   DB  BOISLISLE. 

La  campagne  de  1705  s'engagea  dans  ces  conditions.  Langa- 
lerie  n'y  eut  qu'un  rôle  effacé.  L'orage  grondait  sur  sa  tête;  on 
en  suit  la  marche  dans  les  correspondances  du  Dépôt  de  la  guerre^. 
Le  11  février,  il  se  plaint  à  Chamillart  que  ce  ministre  ait  en 
r  <  injustice  »  de  le  forcer  de  remettre  au  trésorier  de  Milan  cin- 
quante mille  livres  en  billets  du  duc  de  Massa  et  de  lui  retenir  la 
moitié  de  ses  appointements  et  de  ses  fourrages  ;  il  le  prie  d'ap- 
puyer auprès  du  roi  sa  réclamation  contre  lui-même,  ministre.  Cha- 
millart répond  que  l'on  a  su  par  une  plainte  du  nonce  qu'il  avait 
dissimulé  ce  versement  de  M.  de  Massa,  et  que  le  roi  s'est  décidé 
à  lui  retirer  son  emploi  ;  pour  éviter  cette  disgrâce,  il  serait  plus 
prudent  de  se  faire  oublier  que  de  réclamer.  La  réponse  était 
méritée;  ne  fallait-il  pas  que  Chamillart  réagit  contre  des  ten- 
dances que  Vendôme  lui-même  ne  favorisait  que  trop  publique- 
ment^? Le  16  mars  suivant,  il  adressa  à  Langalerie  une  lettre 
singulièrement  équivoque  sur  ses  <  étranges  »  rapportsavec  l'Alle- 
mand Linange.  Langalerie  avait  alors  un  commandement  dans 
le  Bressan  et  la  Lunégiane,  en  face  de  ce  général^.  Selon  lui- 
même,  il  y  rendit  les  plus  grands  services  en  rétablissant  la  cava- 
lerie du  grand  prieur,  frère  cadet  du  généralissime,  en  harcelant 
celle  de  Linange,  etc.  ;  au  contraire,  toute  l'armée  l'accusait  de  lever 
à  son  propre  profit  des  contributions  énormes,  peut-être  même  de 
méditer  quelque  coup  de  tête,  une  trahison.  A  cela,  peu  après  le 
combat  de  Cassano,  auquel  il  ne  prit  point  part^  il  ajouta  l'im- 

ciant  le  ministre,  Langalerie  lui  dit  qu'il  n'avait  plus  besoin  de  demander  de 
l'argent,  mais  ambitionnait  d'obtenir  un  jour  la  lieatenance  générale  d*Angou- 
mois  et  le  gouTernement  de  Cognac,  et  souhaitait  que  le  roi  lui  envoyât  son 
portrait,  comme  au  prince  de  Vandémont,  pour  le  porter  au  bras. 

1.  Vol.  1863  A  1867. 

2.  C'est  ce  que  ne  semble  pas  bien  comprendre  Saint-Simon,  qui  dit  (nouT. 
éd.,  t.  XII],  p.  334-335  et  505)  :  «  Langalerie  étoit  brave  et  réglé,  appliqué  et 
bon  officier  ;  il  étoit  parvenu  assez  vite  à  être  lieutenant  général.  Il  avoit  toujours 
paru  sage  et  modeste...  Je  ne  sais  ce  qui  lui  tourna  la  tète.  L'ambition  le  saisit; 
il  se  piqua  de  quelque  pillage  qui  lui  fut  reproché  de  la  cour,  tandis  qu'il  en 
voyoit  ^ire  sans  cesse  de  bien  plus  considérables  à  d'antres  à  qui  on  ne  disoit 
mot  parce  qu'ils  étoient  plus  appuyés...  •  Il  est  vrai  que,  plus  loin  (p.  336),  il 
le  qualifie  de  t  court  d'esprit  i  et  que,  plus  tard  (éd.  1873,  t.  Xin,  p.  67),  il 
parlera  des  t  horribles  concussions  de  ce  gueux,  pillard  et  fort  borné,  ambitieux 
et  plein  de  son  mérite,  i  Évidemment  il  n'a  eu  qu'une  Tagne  idée  du  person- 
nage et  de  ses  méfaits. 

3.  Gazette,  p.  200,  248,  268.  Le  corps  d'armée  était  celui  du  grand  prieur. 

4.  Il  était  encore  du  corps  d'armée  que  le  grand  prieur,  avec  qui  il  se  trou- 
vait en  meilleurs  termes  qu'avec  son  aîné,  emmena  à  Rivolta  et  tint  toute  la 
journée  dans  la  plus  incroyable  inaction. 


U8  ITEimiIlES   un  KiBQDIS   DE   U.'^GlLBRn. 


27 


prudence  d'envoyer  h  l'adresse  du  roi  lui-même  tin  «  faclum  » 
contre  son  général,  et  cette  pièce,  tombant  entre  les  mains  du 
ministre  par  l'infidélité  du  porteur,  acheva  de  le  compromettre. 
Aussi,  lorsque  M,  de  Vendôme  exprima  ses  inquiétudes  person- 
nelles sur  le  tieiiteniint  général,  ChamiUart  répondit  qu'il  ne  suf- 
fisait pas  de  le  mettre  en  observation,  que  mieux  valait  le  ren- 
voyer en  France'.  La  lettre  du  ministre  parvint  à  l'armée  lorsque 
las  troupes  allaient  prendre  leurs  quartiers  d'hiver  ;  Vendôme,  tou- 
jours indulgent,  n'en  tint  compte-,  et  déclara  même  publique- 
ment qu'ayant  un  homme  tel  que  Langalerie  pour  défendre  l'Oglio 
contre  toute  tentative  des  Impé^iaux^  U  n'aurait  plus  scrupule 
de  se  rendre  à  Paris.  De  nouvelles  injonctions  étant  arrivées 
en  décembre,  il  voulut  bien  les  communiquer,  *  les  larmes  aux 
j«ux,  >  h  notre  lieutenant  général,  l'engagea  à  partir  pour  la 
cour,  où  il  l'aiderait  à  se  justifier  pleinement,  et  même  à  indemni- 
ser l'intendance*,  et,  croyant  l'avoir  décidé,  lui  remit  sous  cachet 
volant  une  lettre  destinée  au  ministre,  où  U  plaidait  en  ces  termes 
les  circonstances  atténuantes^  :  ■  M.  de  Langalerie  est  un  homme 
qui  pense  quelquefois  un  peu  exlraordlnairement;  mais  cela 
n'empêche  pas  que  ce  ne  soit  un  homme  plein  de  courage  et  de 
bonne  volonté,  et  de  qui  on  peut  très  bien  se  servir.  Sur  bien 
des  choses,  sa  conduite  n'est  pas  excusable;  mais  il  est  à  l'au- 
mône et  dans  un  état  digne  de  pitié...  > 

Au  moment  de  prendre  la  poste,  Langalerie  ressentit,  ou  du 
moins  affeola  de  ressentir  une  profonde  terreur  d'aller  se  jeter  à 
Paris  aux  mains  de  ses  créanciers,  qui  seraient  capables  de  l'em- 
prisonner pour  le  reste  de  sa  vie,  puisqu'il  n'avait  plus  un  sou. 


I*  3U;  Bibl.  aal.,  ma.   fr,   14178.  Toi.  311, 


1.  Dipbl  de  la  guerre,  toL  I 
leilre  ia  6  octobre. 

2.  Chsmiliart  le  Iroofa  Tnrt  tnaoTais  [Gaerre,  vol.  196D,  n-  73). 

3>  Pour  le  quartier  d'iiiier,  Lanealerie  Tut  cantonné  â  Ticeago,  en  Crimoiiaig. 

i.  langalerie  a  raconté  ainsi  les  faits  dans  le  manifeste  dont  il  sera  parlé 

^nt  hrin,  et  les  correspondances  confinnenl  celte  trersion.  On  trouve  même  ces 

diUilt  rampl^iiDentaireg  dans  un  article  rétrospectif  du  Journal  de   Verdun 

(nclobre  1716,  p.  7\1)  que  l'aurai  souvent  occasion  de  citer  :  ■  Le  duc  de  Ven- 

,  qui  le  cansidÉrait  et  l'almoit ,  lui  offrit  sa  protection ,  l'invita  de  le 

■e*  Paris,  et  Ini  promit  d'obtenir  sa  grftce  du  roi,  même  de  prendre  sur  ion 

I    couple  les  sommes  qu'il  ne  seroit  pas  eu  étal  de  rendre,  et  qu'en  attendant 

t   !•  décision  de  cette  affaire,  il  ponrrolt  être  en  refuge  as«Dré  dans  eon  ciiâteau 

d'Anet,  pris  de  Paris.  > 

Sl  Lettres  do  dnc  de  Vendûme  au  rni  et  i  Ctuuiitlart,  IS  décembre  (Guerre, 
t  130). 


28  ▲.    DE  BOISLISLB. 

Au  liea  de  se  diriger  vers  la  France,  il  partit  à  petites  journées 
pour  les  terres  pontificales.  Quant  à  la  lettre  de  Vendôme,  il 
chargea  son  secrétaire,  dépêché  comme  courrier  du  généralis- 
sime, de  la  porter  en  cour  et  de  la  faire  présenter  au  roi  par  le 
P.  de  la  Chaise,  qui  s'était  déjà  entremis  en  sa  faveur^ 

Avant  de  faire  un  pas  de  plus,  Langalerie  s'arrêta  quelque  temps 
sur  le  territoire  de  l'Eglise,  dans  un  couvent  de  Bologne  ;  il  y  reçut 
même  la  visite  de  son  ami  Saint-Frémond',  et  promit  que,  si, 
avant  la  an  d'avril,  le  ministre  lui  pardonnait  le  «  manifeste  publié 
mal  à  propos,  >  il  reviendrait  à  son  poste,  sinon  il  s'attache- 
rait à  une  puissance  neutre,  le  pape  par  exemple,  préférant  tout, 
même  la  mort,  plutôt  que  de  servir  contre  son  roi  l^itime^.  Mais 
le  bruit  s'était  répandu  à  la  cour  que  le  ministre  avait  décidé  de 
le  rappeler^,  c'est-à-dire  de  lui  retirer  son  emploi  à  l'armée,  et 
les  nouvelles  de  plus  en  plus  inquiétantes  le  firent  partir  pour 
Venise.  Il  n'y  avait  pas  encore  désertion,  puisque  cette  ville  de 
plaisir  était  un  rendez-vous  neutre  pendant  l'inaction  de  l'hiver, 
surtout  durant  les  mois  de  carnaval,  pour  les  officiers  de  toute 
nationalité  ;  beaucoup  des  nôtres  y  allaient  aussi  avec  l'intention 
ou  sous  le  prétexte  de  prendre  du  service  dans  l'armée  des  Mécon- 
tents hongrois.  Mursay,  qui  s'y  trouvait  en  permission  régulière, 
et  qui  rencontra  Langalerie  dans  les  premiers  jours,  attesta, 
comme  Saint-Frémond,  qu'on  pouvait  espérer  qu'il  vînt  à  rési- 
piscence''. En  effet,  notre  lieutenant  général  avait  commencé, 
très  correctement  et  sous  mine  de  se  justifier,  par  rendre  visite  à 
l'ambassadeur  de  France,  abbé  de  Pomponne*;  mais  celui-ci, 

1.  Guerre,  vol.  1960,  n*'  37  et  44,  9  et  11  janvier. 

2.  Aussi  son  compagnon  de  jeu. 

3.  Guerre,  toI.  i960,  n*  133,  lettre  de  Saint-Frémond  datée  du  25  janvier. 

4.  DangeaUf  t.  XI,  p.  15;  Sourcha,  t.  X,  p.  18. 

5.  Guerre,  vol.  1960,  n*  182,  2  février.  En  même  temps  (n*  201),  le  duc  de 
Mantoue  écrivait  en  sa  faveur  à  Chamiilart.  —  Il  est  superflu  de  démontrer 
que  cette  correspondance  détruit  toute  la  légende  des  Mémoires  de  1743  qui  le 
représente  se  rendant  directement  auprès  du  prince  Eugène,  sous  Pizzighi- 
tone.  D'ailleurs,  à  cette  époque  de  l'année,  les  opérations  étant  suspendues, 
le  prince  demeurait  A  Vienne. 

6.  L'abbé  écrivait  de  Venise,  le  13  février,  an  ministère  (Affaires  étran- 
gères, vol.  Vbnisb  146,  fol.  126  v*),  que  Langalerie,  arrivé  le  10,  avait  protesté 
pour  qu'on  intercédât  en  sa  faveur  A  Versailles,  mais  qu'il  avait  auparavant 
réclamé  la  protection  de  la  république,  et  que  l'ambassadeur  impérial  lui  avait 
fait  faire  des  propositions  à  Bologne.  Les  inquisiteurs  d'État  répondirent  à 
Langalerie  que  ce  n'était  pas  leur  affaire  de  protéger  un  sujet  intidèle  à  son 
souverain. 


LES  ATEKTOHES  00  HIKQDIB  DE  LlHBUmB. 

I  mis  au  courant  de  la  situatîou,  le  reçut  très  froidement,  comme 
r  bien  on  pense,  et  interdit  aux  officiers  français  qui  se  trouvaient 
alors  à  Venise  de  fi'équenter  un  camarade  si  suspect.  Laoga- 
lerie  s'imagina  même,  et  non  peut-être  sans  \Taiserablance, 
qu'il  y  avait  un  projet  de  l'arrêter  à  la  première  uccasion  et  de 
l'expédier  sur  la  13astitle.  11  demanda  donc  au  gouvernement 
réuitien  de  le  mettre  sous  la  protection  de  quelques  gardes,  et, 
malgré  les  nouvelles  objurgations  de  ses  compatriotes,  prêta 
l'oreiUe  aux  avances  qui  lui  avaient  été  faites  dès  l'abord  par  le 
prince  Ercolani',  ambassadeur  de  l'empereur  Joseph.  Co  des 
Français  qui  avaient  essayé  de  l'en  détourner  écrivait  alors  à 
Ghamillart  :  «  Si  nos  ennemis  l'attirent  à  leur  service,  ils  auront 
certainement  un  officier  de  courage,  mais  dont  les  continuelles 
Tisious  et  disparates  leur  feront  peut-être  plus  de  mal  que  de 
bien',  »  Enfin,  le  17  février,  il  adressa  au  prince  une  lettre  dans 
laquelle  il  se  disait  prêt  à  aller  prendra  du  service  à  Vienne,  si 
l'empereur  voulait  bien  lui  assurer  un  grade  de  capitaine  géné- 
ral, intermédiaire  entre  celui  de  lieutenant  général  qu'il  avait 
en  France  et  les  feld -maréchaux  autrichiens^.  Il  envoya  à 
son  beau-fils  Simîaoe,  qui  était  dans  Mantoue,  l'ordre  de  vendre 
l'équipage  qu'il  avait  laissé  h  Bologtie',  et  se  mit,  du  20  février 
au  10  mars,  à  rédiger  contre  le  ministre  Chamillart  un  mani- 
feste oô  nous  relevons  sans  peine  les  premiers  symptômes  du 
délire  des  grandeurs  et  de  la  manie  de  la  persécution  qui  rem- 
plirent son  existence.  Quant  à  ses  griefs,  voici  très  sommaire- 
ment^ quels  Us  étaient;  d'ailleurs  on  les  devine  par  avance. 

Comme  tant  d'autres  officiers  généraux  poussés  par  le  ministre 
au  désespoir,  aux  dernières  extrémités",  il  a  été  la  victime  de 
Chamillart,  qui  n'est  pas  homme  h  tenir  compte  ni  des  soixante- 
dix  années  passées  par  son  père  et  par  sou  aïeul  dans  les  armées 

1.  Philippe  Ercolftoi,  prince  da  Sainl-Empire  et  coaseiller  d'ËUt  impérial, 
latMk  Venise  de  1705  à  1714. 
i.  Guerre,  vol.  1060,  n-  ?G4,  lettre  de  La  Perrière,  Venise,  13  Tévrier. 
3.  Lettre  reproduite  dans  le  manifeale  dont  II  va  filre  parlé, 
t.  Guerre,  *ol.  1060,  n-  323,  lettre  de  Simiaae,  24  février.  Le  miiilBlre 

5.  D'après  l'exemplaire  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale  dans  le  recueil 
Ctnge,  Réeerva  F  167,  pièce  34. 

6,  Outre  ses  campagnon»  ile  désertion  le  prince  Emmanuel  et  le  chevalier 
it  BouoeTal  (ci-aprèa,  p.  34-3G),  il  citait  le  marquis  d'EaclaioTilUers  et  le 

n  Quiuson,  Câlinât,  le  prince  d'Auvergne,  Surville,  etc. 


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30  ▲.    D8  B0I8L18IJS. 

de  Louis  XIII  et  de  Louis  XIY ,  ni  des  services  que  lui-même  a 
rendus  pendant  trente-deux  ans,  et  notamment  en  Italie,  dans 
ces  dernières  campagnes.  Un  premier  ordre  de  proscription  n*a  été 
arrêté  que  par  la  bienveillance  et  la  gratitude  du  grand  prieur» 
frère  de  M.  de  Vendôme,  un  second  l'a  privé  de  la  moitié  de  ses 
appointements  pendant  quinze  mois  ;  on  lui  a  fait  un  «  mécompte  » 
de  quarante-deux  mille  livres;  on  voudrait  l'enlever  pour  faire 
tomber  sa  tête  ou  pour  le  plonger  à  jamais  dans  un  cachot;  on 
défend  aux  officiers  ses  amis  de  le  voir,  et  même  de  le  recon- 
naître; on  empêche  que  ses  lettres  n'arrivent  jusqu'à  M.  de  Ven- 
dôme, son  général  ;  on  rejette  sans  examen  les  protestations  faites 
en  sa  faveur  par  des  collègues  tels  que  Médavy,  Saint-Fré- 
mond  et  Montgon  ;  on  persuade  même  au  roi  qu'il  a  traité  avec 
l'empereur. 

Conclusion  :  il  ne  lui  reste  qu'à  quitter  son  pays,  son  comman- 
dement, quatre  cent  mille  livres  de  bien,  pour  échapper  à  la  haine 
envenimée  et  aux  persécutions  du  ministre  ^ 

Ce  manifeste  ne  resta  pas,  comme  le  factum  de  l'année  précé- 
dente, entre  celui  qui  l'avait  rédigé,  le  roi  et  le  ministre.  Langa- 
lerie  eut  soin  de  lui  donner  une  grande  publicité'  ;  selon  l'expres- 
sion de  Madame,  c'était  se  «  casser  le  cou^,  »  renoncer  à  toute 
possibilité  de  réhabilitation.  «  Ce  que  le  roi  peut  le  moins  souffrir, 
disait  cette  princesse^,  c'est  qu'on  attaque  ses  ministres.  Il  punit 
cela  aussi  sévèrement  que  si  on  l'avait  attaqué  lui-même.  C'est 


1.  On  remarquera  qa*il  n'y  a  pas  d'allusion  aux  persécutions  de  M"*  de  Main- 
tenon  dont  parlent  toutes  les  biographies. 

2.  Cette  pièce  fut  publiée  dès  l'automne  suivant  dans  les  journaux  ennemis 
d'après  l'imprimé  de  Venise  (Gazette  d' Afnsierdam,  n*  xci,  de  Vienne,  30  octobre 
1706),  et  elle  parut  en  feuille  volante  A  Cologne  en  1707,  à  la  Haye  en  1714,  etc. 
Titre  :  t  Manifeste  de  Philippe  de  Gentils,  marquis  de  Langalerie,  ci-devant  lieute- 
nant général  des  armées  de  S.  M.  très  chrétienne  et  son  pensionnaire,  seigneur 
des  terres  de  la  Motte^harente,  Tonnay-Boutonne  et  Biron,  lieutenant  de  roi  et 
premier  baron  de  la  province  de  Saintonge,  et  chevalier  de  l'ordre  militaire  de 
Saint-Louis.  •  Lamberty  en  a  donné  le  texte  dans  son  recueil,  t.  IV,  p.  127-143. 
Le  Musée  britannique  en  possède  (702  f  25)  une  réimpression  de  1712,  avec 
addition  des  pièces  relatives  à  son  abjuration,  dont  il  sera  parlé  ci-après. 

3.  Lettre  de  1711,  dans  la  traduction  Jaeglé,  t.  11,  p.  159  :  t  J'ai  bien  pensé 
que  Langalerie  n'avait  pas  fait  son  livre  lui-même;  il  n'est  pas  savant  du  tout, 
mais  fort  entendu  à  la  guerre.  Il  aurait  mieux  fait  de  ne  pas  publier  de  Uvre, 
car  celui  qu*il  fit  composer  et  imprimer  contre  M.  de  Chamillart  lui  a  cassé  le 
cou.  Aussi  était-ce  une  grande  folie  de  dire  la  vérité.  » 

4.  Lettre  antérieure  :  ibidem,  p.  130. 


fliTW 


LES  AVB11TCUS   DD   HtBQCIS   DE  UKGILBBIE.  H 

poorqooi  Laogalerie  et  La  Hoatan'  oe  pourront  rentrer  eu 
Ûirear.  • 

n  Eant  le  dire,  le  ministre  ne  fut  pas  soutenu  par  l'opinion 
lique.  On  n'était  plus  accoutumé  à  la  sévérité  de  Louvois; 

iciers  ou  courlisaus  eussent  considéré  comme  plus  généreux,  et 
anssi  comme  plus  prudent  en  temps  de  guerre,  de  ue  pns  pousser  k 
bout  nu  lieutenant  général  de  valeur  bien  établie.  Mais  Chamil- 
lart  tint  bon.  A  la  lettre  de  Mursay  citée  plus  haut',  il  répondit, 
le  22  février*  :  «  H  seroît  à  désirer  que  Laugalerie  eut  autant  de 
règle  dans  l'esprit  qu'il  a  de  courage.  Il  s'est  attiré  la  disgrâce 
du  roi  par  tous  le^  mauvais  propos  et  les  lettres  les  plus  imperti- 
nentes qu'un  homme  puisse  jamais  écrire,  et  il  n'est  pas  possible 
de  prendre  jamais  aucune  confiance  en  lui  après  s'être  oublié 
comme  il  a  fait.  > 

Un  correspondant  qu'il  avait  dans  Mantoue,  le  sieur  de  la  Fer- 
rière,  chevalier  de  Vîncelles,  lui  écrivait,  le  23  février*  : 

M.  de  Langalerie  est  un  bomme  d'un  sens  si  extraordinaire  qu'on 
ne  peut  rien  s'en  promellre  de  fixe  et  d'assuré.  U  recommence  ses 
protestations  el  envoie  même  son  équipage  a  ManLoue,  comme  une 
e»pu<:e  de  gage  de  sa  lldélilè.  Il  est  à  souhaiter  que  cette  aiïaire  se 
termine  sans  augmenter  le  dérangement  audacieux  et  mutin  qui 
semble  régner  dans  Tesprit  des  troupes  du  roi,  el  qu'on  croit  avoir 
phis  besoin  d'exemple  de  sèTérllê  que  de  clémence.  Je  me  crois 
même  obligé  d'ajouter  ici  que  M.  l'abbé  de  Pomponne  m'a  dit  conru- 
Staient,  à  Venise,  qu'il  avoit  des  soupçons  que  ledit  sieur  de  Langa- 
lerie  avoit  eu  des  commerces  avec  les  ennemis  dans  le  temps  qu'il 
commandoiL,  il  y  a  trots  ans,  à  Mantoue  :  sur  quoi  néanmoins  il  ne 


1.  Les  éilllenre  oal  lu  La  Hautan.  Il  l'agîl  du  baron  gasuiii,  un  clés  eiplora- 
leurt  (lu  Canada,  ifai,  éUat  lieutenant  de  roi  à  Terre-Neuve  et  ajïnl  él*  accusé 
ils  MDcus»luafl,  se  uura  en  IG94.  de  peut  d*élre  nritxé,  et  se  iita  i  Amsterdam, 
puit  t  Hanovre,  Leibniz,  qni  |ml>liB  de  lui  un  iiainplilel  i  |iropus  du  manifeste 
il»  l'Angtelcrre  contre  U  Suède,  s'exprime  en  ces  lermes  dans  nne  tellre  du 
3G  juin  ITIQ  i  U  prinwNic  de  Galles  :  n  Le  pauTre  La  llontan  avoil  meilleur 
Traloir  que  dm  TorcBi  pour  servir  le  roi  ;  m  qu'il  dil  n'e«t  pas  IrèB  bien  rai- 
sonné, elc.  »  Il  avait  compoié  une  «mère  critique  de  l'église  romaine  et  de  la 
civlliulion  iiuro)iéenue,  que  l'apcislal  GueudevillH  publia  en  1704  «ans  le  lilre 
lie  :  Diatogue  de  .V.  le  baron  de  la  Hontan  et  d'un  sauvage.  O'esl  pour  tout 
crli  qun  Madame  rapprochail  «on  cas  de  celui  de  Langalerie. 

î.  Ci'deMus,  p.  28. 

l.  Guerre,  vol.  19G0,  n*  305. 

(.  Ibidem,  a' 3\0.  En  lâte  de  la  leltre,  le  ministre  a  fait  écrire  celte  apostille  : 
<  A  H.  Pinsonneau  (premier  commiB)  ;  A  garder.  * 


32  A.    DR  BOISLISLB. 

m'a  rien  dil  de  fort  positif,  et  peut-être  même  qu'on  a  pris  mal  à 
propos  ces  sentiments  sur  l'afRnité  qu'il  a  avec  M^^  la  comtesse  de 
Soissons,  qui  est  sa  proche  parente. 

Je  vois,  Monseigneur,  des  gens  qui  se  réjouissent  de  cette  affaire 
de  M.  de  Langalerie  dans  Tidée  qu'il  pourra  vous  en  revenir  du 
blâme  et  de  Tinquiétude,  comme  s'il  n'étoit  pas  constant  que  cet 
homme  a  voulu  manifestement  voler  quarante  mille  francs  au  roi  et 
qu'à  la  valeur  près  c'est  un  des  sujets  le  plus  mince  qu'il  soit  pos- 
sible de  trouver,  et  même  reconnu  pour  une  cervelle  entièrement 
démontée.  Mais  les  élévations  comme  la  vôtre  ne  sont  jamais  sans 
envieux. 

Je  crois  que  c'est  de  là  que  naît  la  principale  source  des  tournures 
impertinentes  et  criminelles  qu'on  continue  de  donner  au  peu  de 
succès  de  la  dernière  campagne  de  Piémont,  et  des  paris  que  quelques 
gens  font  insolemment  et  ouvertement  que  M.  le  duc  de  la  Feuillade* 
(poussé  par  des  sentiments  d'un  extraordinaire  qu'on  n'oseroit  vous 
exprimer)  fera  trouver,  cette  campagne,  des  obstacles  à  l'entreprise 
ou  au  succès  du  siège  de  Turin.  J'ai  confondu  deux  ou  trois  des  dis* 
coureurs... 

A  toutes  les  lettres  de  La  Perrière,  Chamillart  ne  répondit  que 
par  cette  profession  de  foi,  bien  honorable  pour  lui'  : 

J'ai  su,  avant  que  je  fusse  ministre,  un  discours  qui  étoit  familier 
à  M.  le  cardinal  de  Mazarin,  et  que  j'ai  bien  retenu.  On  parloit,  de 
son  temps,  du  moins  avec  autant  de  liberté  que  Ton  fait  présente- 
ment contre  ceux  qui  étoient  dans  les  premières  places,  et  particuliè- 
rement contre  lui.  Il  n'avoit  à  opposer  à  ces  discours  que  d'aller  tou- 
jours son  chemin  en  disant  qu'il  falloit  les  laisser  dire  pourvu  qu'ils 
le  laissassent  faire.  S'il  y  a  des  gens  qui  aiment  assez  M.  de  Langale- 
rie pour  croire  que  j'ai  fait  tort  au  service  du  roi  de  l'en  éloigner,  ils 
ont  des  sentiments  qui  ne  les  doivent  pas  beaucoup  faire  estimer.  Le 
plus  brave  homme  du  monde,  sans  vertu,  sans  probité  et  sans  mérite, 
ne  me  paroit  bon  à  rien,  quand  il  n'a  pas  assez  d'arrangement  dans 
la  tête  pour  faire  usage  de  cette  bonne  qualité.  J'ai  vu  dans  d'autres 
temps  que  Ton  auroit  mis  un  ofQcier  comme  M.  de  Langalerie  à  la 
Bastille  pour  un  long  temps,  sans  l'avoir  aussi  bien  mérité. 

Pour  ce  qui  est  de  M.  de  Bonneval,  c'est  une  tête  démontée,  qui  se 
fera  aisément  connoitre  pour  ce  qu'il  est,  et  dont  on  ne  doit  pas  foire 
assez  de  cas  pour  se  mettre  en  peine  de  ce  qu'il  est  devenu. 

1.  Gendre  du  ministre. 

2.  Guerre,  vol.  1961,  n*  74,  minute  da  12  mars. 


LIS  iTE^mrilBS  no  MiHQPIS   DE  UNGILEBIE.  33 

A  un  officier  qui,  le  20  mars,  crut  également  devoir  le 
prévenir  de  tous  les  mauvais  discours  répandus  contre  lui,  il 
répliqua  encore'  ; 

Je  crois  que  j'ai  beaucoup  contribué  au  parti  que  M.  de  Laogale- 
rie  a  pris;  mais  Je  n'aurai  jamais  de  regret  à  la  perle  d'un  oftlcier 
qui,  pour  tout  mérite,  n'aqiio  la  bravoure  d'un  soldat,  et  qui  compte 
pour  rien  de  voler  son  maître,  .le  me  tiendrois  bien  plus  coupable, 
si  je  ne  l'avois  pas  fait  connoilre  à  S.  M.  Tel  qu'il  est,  si  les  enae- 
niis  n'ont  de  béros  parmi  eux  que  ceux  que  nous  perdrons  à  ces 
conditions-là,  jl  faut  s'en  consoler... 

Vous  me  mandez  que  l'on  me  reproche  de  promettre  aisément  et 
d'oublier.  Il  est  vrai  que  je  réponds,  ou  verbalement  ou  par  écrit, 
trop  bonnètement,  et  que  les  ofliciers  qui  étoienl  accoutumés  à  être 
refusés  durement  prennent  ces  lionnétetés  pour  des  promesses.  Ce 
qui  est  de  certain,  c'est  que  les  grâces  se  sont  répandues  si  abondam- 
znent  depuis  que  je  suis  dans  la  place  de  secrétaire  d'Ëlat,  que  j'ai 
doQpé  la  hardiesse  à  ceux  qui  n'auroient  osé  en  demander  sous  un 
autre  ministère,  de  les  solliciter  avec  la  même  hardiesse  que  si  elles 
leur  étoient  dues.  Il  y  a  quelques oillciers raisonnables;  mais  il  y  en 
a  encore  davantage  qui  ne  le  sont  p^s. 

Chamillart  jugea  même  nécessaire,  quelques  mois  plus  tard,  de 
Caire  réfuter  par  le  Mercure  les  termes  du  manifeste"^,  comme  on 
«ût  fait  pour  l'œuvre  d'une  puissance  étrangère,  de  la  Hollande, 
de  l'Angleterre  ou  de  l'Autriche.  M.  de  Langalerie  ne  parle 
Jtoitit  de  son  affaire,  dit  le  rédacteur  officieux  ;  il  ne  donne  aucune 
explication  des  faits  qui  lui  sont  imputés,  et  remplace  cela  par  des 
Jjortraits  satiriques,  par  des  appels  venimeux  à  l'iadiscipline. 
Que  n'est-U  donc  venu  se  justifier?  Tout  le  monde  sait  qu'il  s'est 
approprié  une  somme  de  soixante  mille  livres  versée  au  compte  du 
roi  par  la  principauté  de  Masaa  et  la  Garfagnane^  Pouvait-on 
faire  autrement  que  de  lui  réclamer  cette  contribution?  Ses  pré- 
tendus persécuteurs,  dont  la  douceur  et  les  manières  obligeantes 
aoDt  généralement  connues,  auraient  su  passer  sur  bien  des  griefs 
I  es  considération  de  sa  valeur  passée  et  de  ses  services. 


1.  VoJ.  1961,  a'  125,  rëpoQM  margiaale  sur  une  lettre  d«  CimI,  W  man. 
î.  Vol.  de  février  1707,  p.  Î30-Î41, 

3.  Petit  paya  des  Apennins  partagé  ealre  le  duc  de  Uodéne  et  la  répablique 
de  Lucqnes,  sur  le  SercMo. 

Rbv.  HisTOB.  LXVI.  1«  FABC.  3 


h 


34  ▲.    DE  BOISLISLE. 

m. 

Langalerie  au  service  des  Allemands. 

Le  manifeste  nous  a  entraînés  un  peu  loin  ;  il  faut  reprendre  les 
faits  au  moment  où  la  réponse  de  Vienne  était  attendue.  L*am- 
bassadeur  Ercolani  avait  promis  d'obtenir  un  grade  de  général 
de  la  cavalerie,  un  régiment  et  une  sonmie  sufi^nte  pour  payer 
dettes  et  équipage  ;  l'empereur  Joseph  n'accorda  que  le  grade  de 
generalwachtmeister  (général-vaguemestre  ou  major),  cinq 
mille  florins  de  pension  et  autant  de  frais  d'équipage^  Langalerie 
accepta  quand  même  et  partit  pour  Vienne,  mais  non  pas  seul, 
car  il  avait  été  rejoint  par  cet  autre  déserteur,  le  chevalier  de 
Bonneval,  qui  venait  de  rompre  avec  leur  patrie  conmiune  dans 
des  conditions  identiquement  pareilles,  et  ils  retrouvèrent  en 
Autriche  le  troisième  transfuge  dont  j'ai  dit  un  mot  au  début*,  le 
prince  d'Elbeuf.  Il  faut  bien  faire  connaître  aussi  qui  était  Bon- 
neval et  quelles  analogies  ou  quelles  différences  il  y  avait  entre 
son  cas  et  celui  de  Langalerie. 

Cadet  d'une  très  ancienne  maison  de  chevalerie  limousine  et 
proche  allié  de  Fénelon,  Claude-Alexandre,  chevalier  puis  comte 
de  Bonneval  (1675-1747),  avait  débuté  sur  mer  à  l'âge  de  onze 
ans',  sous  son  parent  Tourville,  puis  avait  quitté  ce  service  en 
1697,  à  la  suite  d'un  duel,  pour  prendre  une  sous-lieutenance  aux 
gardes  et  enfin  le  commandement  du  petit  régiment  d'infanterie 
de  Labour.  Tandis  que  Langalerie  passait  pour  «  court  d'esprit 
et  ignorants  »  Bonneval,  <  bien-disant,  éloquent  avec  du  tour 
et  de  la  grâce,  avec  beaucoup  d'esprit,  fort  orné  de  lecture,  et 
beaucoup  de  talents  pour  la  guerre,  »  mais,  conmie  le  lieutenant 

1.  C'est  du  moins  ce  que  Conche,  aide  de  camp  de  M.  le  duc  de  Vendôme, 
déposa  pins  tard,  au  cours  du  procès,  avoir  entendu  dire  A  l'abbé  de  Pom- 
ponne en  passant  A  Venise.  Le  Journal  de  Verdun  (juin  1706,  p.  420-421)  ne 
parle  que  de  six  mille  florins,  équivalant  A  douze  mille  livres  de  France.  On 
indique  le  5  avril  comme  date  du  brevet  impérial.  Dangean  sut  les  promesses 
de  rambassadeur  le  25  mars  :  Journal,  t.  XI,  p.  62. 

2.  Ci-dessus,  p.  4. 

3.  Garde-marine  en  1687,  enseigne  en  1691. 

4.  C'est  Madame  qui  dit  qu'il  n'était  a  pas  savant  do  tout,  i  et  son  ortho- 
graphe, an  moins  celle  de  1697,  ne  donne  qu'une  très  médiocre  idée  de  l'ins- 
truction quMl  avait  pu  recevoir. 


t: 


LBS  ATSNTiniBS  M  MlftQÏÏIfl   DE   LiHnâtBRIE. 

géoèrat,  <  fort  gueux,  fort  dépensier,  extrêmement  débauché', 
grand  escroc,  et  qui  se  peut  dire  sans  honneur  ni  conscieace,  fort 
pillard,  avoit  rudement  vexé  ces  petits  princes  d'Italie  que  nous 
ménagions  assez  mai  à  propos;  il  avoit  pris  aussi  assez  d'argent 
des  contributions'.  »  M.  de  Vendôme  l'avait  habitué  k  abuser  de 
son  indulgence,  lui  avait  permis  des  trafics  peu  convenables  pour 
un  colonel';  mais,  au  lieu  de  s'enrichir,  il  laissait  des  dettes  par- 
tout, d'autant  que,  posté  suria  route  des  officiers  allant  k  l'armée 
ou  en  revenant,  il  ne  manquait  pas  à  les  traiter  très  luxueuse- 
ment et  à  tenir  table  ouverte'.  Aussi,  Vendôme  et  le  lieutenant 
général  d'Arenoes  l'ayant  chargé  de  venir  a  bout  des  habitants 
du  Biellois,  vallée  située  entre  le  Cervo  et  la  Sesia,  dont  l'hosti- 
lité pouvait  couper  les  communications  avec  Ivrèe,  et,  ae  trou- 
vant abandonné  dans  ce  canton  pendant  le  long  siège  de  Verne, 
il  lui  imposa  de  sa  propre  autorité  une  contribution  de  près  de 
cinq  cent  mille  livres,  pareille  à  l'imposition  que  le  duc  de  Savoie 
y  levait  en  temps  ordinaire.  Il  prétendait  avoir  l'autorisation  de 
M.  de  Vendôme;  mais  l'intendant  d'Egrigny  n'avait  pas  même 
été  consulté.  Loi-squ'un  commissaire  des  guerres  apprît  et  l'énorme 
contribution  dont  le  colonel  s'était  approprié  une  bonne  part,  et 
les  Irais  de  table  ouverte  pendant  sept  mois,  et  les  traités  passés 
avec  des  entrepreneurs  pour  rétablissement  d'un  hôpital,  pour 
une  fourniture  de  chaussures,  etc.,  le  commissaire,  l'intendant, 
le  ministre  ûnalemeut  refusèrent  de  ratifier  les  comptes  et  préten- 
dirent se  rembourser  sur  les  appointements  et  les  fourrages  du 
looel  :  procédure  identique  à  celle  qu'ils  suivirent,  et  à  peu  près 


t.  Selon  le  marquis  de  Francliea  {MéniÀret,  p.  17),  Bonneral  était  comme 
Vn  enragé  dans  le»  parties  de  débucha  et  j  laocail  des  ciianionR  qui  eassenl 
noériU  l«  BuUlle. 

2.  Ménoira  de  Saint-Simon,  éd.  nouv.,  t.  XIII,  p.  33G-337  et  505-5OG. 

3.  Son  ami  et  camarade  le  marquis  de  Franclieu  racoole  [Mémoiret,  p.  38) 
«jue,  a'ayaDl  point  d'équipage,  il  se  Qt  attribuer  par  le  général  tons  les  che- 
'^ani  des  déserteurs  qui  arriTaient  de  l'année  împâriaie  et  que  l'on  ne  Isiait 
^u'à  quatre  pîsloles  par  t£tc  :  i  II  se  mil  i  revendre  ces  cbeTiux  en  y  gagnant 
«Miuidérableincnt;  il  en  garda  vingt-quatre  pour  lui,  et  en  vendit  assez  pour  les 
SHjer  et  pour  &e  mettre  en  argent.  On  en  avertit  H.  de  VendOme,  qui  relira 
sa  grtce,  pour  l'accorder  ft  d'antres  qui  en  avoienl  besoin  ;  sans  quoi  Booneval 
se  «croit  mis  IrËa  à  son  ai&e.  Je  cite  cette  particularité  parce  qne  c'est  utte 
kjidustiie  isieî  honaélc  et  qui  peut  servir  dans  l'occasion,  s 

\.  I  Courageui,  dianil  VendAme,  mais  point  boa  pour  la  police;  revient  plus 
^leiu  qu'il  n'ëloil  poTlJ.  Son  tort  est  d'avoir  tenu  grande  table  i  tous  les 


36  A.    DB  BOISLISLB. 

pour  les  mêmes  motifs,  contre  Langalerie^  De  là  une  correspon- 
dance qui  se  prolongea  pendant  deux  mois  et  plus  entre  M.  Cha- 
millart  et  Bonneval.  Celui-ci,  soutenu  par  Vendôme  selon  toute 
apparence^  et  plein  d'une  morgue  aristocratique,  se  permit  des 
réponses  insultantes  pour  le  ministre  et  pour  les  «  gens  de 
plume,  »  mais  cependant  finit  par  comprendre  ses  torts,  tout 
au  moins  son  imprudence,  sollicita  la  permission  de  s'engager  au 
service  de  quelque  prince  étranger,  en  Hongrie  ou  en  Espagne, 
obtint  en  attendant  un  congé  pour  aller  passer  le  carnaval  de  1706 
à  Venise,  et  enfin,  ne  recevant  aucune  réponse  de  la  cour,  n'ayant 
plus  de  ressources,  et  cédant  aux  instances  de  Langalerie  plu- 
tôt qu'aux  remontrances  amicales  de  l'abbé  de  Pomponne^,  il 
s'adressa  aux  agents  impériaux.  Sa  belle  conduite  à  Luzzara 
avait  été  remarquée  par  Eugène,  et  le  duc  Victor- Amédée  s'em- 
pressa aussi  de  le  recommander  à  Vienne;  il  trouva  donc,  en 
arrivant  dans  cette  capitale,  un  brevet  de  colonel  de  cuirassiers, 
de  même  que  Langalerie  eut  son  brevet  de  général-major. 

A  la  rigueur,  prendre  du  service  chez  l'ennemi  héréditaire  en 
pleines  hostilités  eût  pu  s'excuser  dans  ces  temps  où  le  condot- 
tiérisme  n'était  pas  encore  oublié,  mais  à  la  condition  de  ne  point 
combattre  contre  son  propre  souverain,  contre  ses  compagnons  de 
la  veille,  et  Chamillart  persista  jusqu'au  dernier  moment  à  espé- 
rer que  Langalerie  et  Bonneval  ne  franchiraient  pas  cette  su- 
prême étape  de  la  dégradation^.  Mais  de  pareils  scrupules  ne 

1.  Ci-dessas,  p.  26  et  sai?. 

2.  Il  prétendit  même  qae  «a  réponse  la  pins  mordante  Ini  arait  été  dictée  par 
Vendôme,  et  qae  celui-ci  faillit  rompre  avec  la  coar  de  dépit  ponr  son  jeune 
colonel. 

3.  L'abbé  accusa  formellement  Langalerie  d'avoir  entraîné  Bonneval  alors  que 
celui-ci  ne  demandait  qu'à  rester  fidèle,  et  de  Tavoir  décidé  à  porter  sa  démis- 
sion à  l'ambassade  et  à  prendre  le  chemin  de  Vienne  (AfT.  étr.,  vol.  Venise  146, 
fol.  177  et  258). 

4.  Apprenant  que,  sous  main,  on  essayait  de  faire  déserter  les  officiers  ou 
les  soldats  de  l'ancien  régiment  cédé  par  Langalerie  à  son  beau-fils  en  1702  et 
cantonné  alors  à  Mantoue,  le  ministre  écrivait  à  M.  de  Vendôme,  le  2  avril 
(Bibl.  nat.,  ms.  fr.  14178,  fol.  55  V  et  320  v*)  :  c  II  me  revient  de  plusieurs 
endroits,  Monseigneur,  que  l'intention  de  M.  de  Langalerie  est  de  débaucher 
autant  qu'il  pourra  les  cavaliers  du  régiment  de  Simiane,  qui  a  été  le  sien, 
et  les  Irlandois  qui  ont  servi  avec  lui.  Il  seroit  facile  de  prévenir  l'inconvé- 
nient de  perdre  une  partie  du  régiment  de  Simiane  en  le  faisant  passer  à  Tar- 
mée  de  Piémont  et  le  changeant  contre  un  autre.  Pour  ce  qui  est  des  Irlan- 
dois, vous  les  aimez  trop,  et  ils  vous  ont  assez  d'obligations  pour  croire  qu'ils 
vous  donneront  la  préférence  sur  M.  de  Langalerie,  puisqu'ils  ont  éprouvé  en 


LRS   ATenrURES   do   IliRQniS  DE   LinGALBBTB.  37 

comptaient  point  pour  le  prince  Eugène,  et,  de  plus,  il  se  trou- 
vait presque  parent  de  Langalerie  par  sa  belle-sœur  la  comtesse 
Uraoîe;  aussi,  dans  sa  toute- puissance  de  généralissime  des 
armées  d'Italie  et  de  président  du  conseil  aulique  de  guerre,  il  se 
hâta  d'emmener  à  sa  suite  le  lieutenant  général  et  le  colonel,  de 
leor  donner  des  commandements  en  Lombardie,  en  face  même 
de  leurs  anciens  camarades  de  l'armée  française,  et  de  faire  valoir 
ï  la  Haye  comme  à  Londres  l'importance  de  ces  recrues  de 
disti  action*. 

Sur  cette  nouvelle,  Louis  XIV  donna  ordre  au  parlement  de 
Paris  de  procéder  conjointement,  par  contumace,  contre  les  deux 
déserteurs  et  contre  le  prince  Emmanuel'.  De  même,  quand  le 
prince  d'Auvergne,  en  1702,  avait  franchi  la  frontière  «  comme 
un  cavalier*,  »  on  avait  tout  d'abord  étouffé  l'affaire  par  com- 
passion et  dans  la  croyance  qu'il  resterait  en  pays  ami,  chez  sa 
lante  de  Bavière  ;  c'est  seulement  à  la  nouvelle  qu'il  avait  mis 
<  Vépée  de  Turenne  *  au  service  des  Hollandais,  et  même  donné 
l'exemple  de  la  cruauté  lors  du  sac  de  Venloo,  que  Louis  XIV 
l'avait  fait  pendre  en  effigie,  tout  comme  son  frère  aîné  l'avait 
^té  en  1697  pour  affaire  de  duel*.  Seulement,  cette  fois-ci,  en 
^■706,  on  eut  soin  de  prendre  toutes  mesures  pour  que  l'instruc- 

^Unt  d'occasioas  que  vous  leor  arez  tenn  lieu  de  père  à  la  cour  st  i  l'armée. 
Il  me  paroU  bien  nËcesuIra  que  tous  tous  expliquiez  aiec  eux,  el  que  voas 
leur  titfjct  enlendre  que  ces  (aux  bruits  ae  vans  atil  danui  aucune  inquiétude. 
Ce  disconrs,  ar.mmpagné  d'hannélelés,  écartera  jusqu'au  muipilre  nuage.  Je  ne 
Murois  croire  que  U.  de  Langalerie,  quelque  mauvaise  opinion  que  j'aie  de  sa 
l^te,  soit  assez  malheureux  pour  servir  l'empereur  contre  le  roi.  a  Voici  com- 
ment la  c^onduile  des  deux  Innsfuges  fut  jugée  par  an  de  leurs  camarades 
(.VÂnolru  du  marquU  de  Franclieu,  p.  39)  :  «  Vojaiit  leur  perle  assurée,  ces 
deux  messieurs  traitèrent  avec  l'empereur  et  enlrèreut  à  son  service,  extrémité 
tlcbeuse  pour  deux  personnes  de  marque  et  de  distinction.  On  iloit  y  blAmer 
un  esprit  de  vengeance  toujours  bien  condamnable  lorsqu'il  porte  un  sujet  i 
quitter  le  service  de  son  maître  pour  passer  tout  d'un  coup  dans  celui  de  son 
moani.  Ce  qu'ils  ont  fait  depuis  ne  peut,  en  aucune  façon,  les  jnslilier.  Bou- 
■enl,  eomiue  ayant  été  rooo  ami,  lorsqu'il  sut  que  j'allois  sertir  en  Espagne 
ItUait  par  nictsiiU  el  avec  l'agrément  du  roi),  Bt  ce  qu'il  put  pour  m'enga- 
|et  à  passer  chex  l'empereur;  mais  j'ai  toujours  cru  que,  si  des  raisons  obli- 
gHienl  un  galant  homme  A  quitter  sa  patrie,  ïl  devoit  du  moins  s'employer  de 
(i^  i  De  rien  faire  contre  elle  ni  contre  le  roi  son  maître,  d 

\.  ioumal  de  Verdun,  mai  1706,  p.  3S6. 
'  1.  Dangeaii,  t.  XI,  p.  96. 

).  Ci-dessus,  p.  3, 
[  4.  Mémoires  de  Saint-Simon,  éd.  nouT.,  t.  IV,  p.  17-19,  X,  p.  347-154,  et  XIII, 


38  1.  DE  BOISLISLE. 

iion  ne  fût  pas  entravée  par  les  démarches  intéressées  de  MM.  de 
Lorraine,  et  le  roi  manifesta  son  désir  que  tout  marchât  vite^ 
Sous  ce  rapport,  il  fut  impossible  de  lui  donner  satisfaction. 

L'information  commença  le  8  mai,  et  les  témoins  entendus  sur 
Langalerie  et  Bonneval  furent  d'anciens  camarades  de  l'armée 
d'Italie  qui  se  trouvaient  être  venus  en  mission  à  Paris  :  Conche, 
aide  de  camp  du  duc  de  Vendôme,  le  jeune  colonel  Cotron,  fils  de 
son  capitaine  des  gardes,  et  le  chevalier  de  Maulévrier.  Le  12, 
après  récolement  des  dépositions,  les  accusés  furent  décrétés  de 
prise  de  corps  «  pour  être  ouïs  et  interrogés  sur  les  faits  résultant 
de  l'information  par-devant  le  conseiller  rapporteur,  si  pris  et 
appréhendés  pouvoient  être  ;  sinon,  assignés,  et  leurs  biens  saisis 
et  annotés  suivant  l'ordonnance.  »  Quant  au  prince  Enmianuel, 
l'accusation  ne  reposait  que  sur  une  lettre  arrogante  qu'il  avait 
adressée  à  l'un  des  ministres  en  franchissant  la  frontière.  Deux 
experts  furent  désignés  pour  vérifier  l'authenticité  de  cette  pièce  ; 
ce  fut  un  long  travail,  de  même  qu'il  fallut  épuiser  les  délais  pres- 
crits par  la  procédure  criminelle  en  cas  de  contumace,  car  on 
pense  bien  que  ni  assignations  ni  perquisitions  n'avaient  abouti. 
Enfin  il  y  eut  lieu  d'entendre  et  de  récoler  de  nouveaux  témoins  : 
si  bien  que  la  sentence  ne  fut  rendue  que  le  20  janvier  1707*.  Elle 
déclarait  la  contumace  bien  instruite  et  les  trois  accusés  dûment 
convaincus  de  lèse-majesté  et  félonie,  les  privait  de  tous  états, 
honneurs,  ofSces  et  dignités,  les  condamnait  à  «  avoir  la  tête 
tranchée  sur  un  échafaud  par  effigie  en  un  tableau  attaché  à  une 
potence  qui,  pour  cet  efiet,  seroit  plantée  en  la  place  de  Grève, 
leurs  biens  féodaux  tenus  et  mouvant  médiatement  ou  inunédia- 
tement  du  roi  retournés  audit  seigneur  et  réunis  au  domaine  de 
sa  couronne,  et  leurs  autres  biens,  meubles  et  immeubles,  acquis 
et  confisqués  au  profit  dudit  seigneur  roi,  en  quelques  lieux  qu'ils 
fussent  situés,  sur  iceux  préalablement  pris  la  somme  de  soixante 
mille  livres  d'amende,  payable  par  tiers  pour  chacun,  et  sans 
solidité,  vers  ledit  seigneur  roi.  » 

L'exécution  par  effigie  eut  lieu  ;  mais  il  était  rare  que  la  rigueur 
de  la  confiscation  s'étendit  jusqu'aux  familles  des  coupables  : 

1.  Registres  da  secrétaire  d'État  de  la  Maison  do  roi  :  Arch.  nat.,  O^  367, 
fol.  121  ▼%  130,  131  T-,  141,  152,  230,  254,  etc.;  Depping,  Correspmdanee 
administrative  du  règne  de  Louis  XIV,  t.  II,  p.  271-272. 

2.  L'original  du  jugement  est  dans  le  registre  dn  Parlement  X^  540,  et  les 
pièces  du  procès  dans  le  carton  X2b  1284. 


I 


LES   ifE^ITClBES   DD   XlRQDtS   DE   L1NC1LER1E.  31) 

Suzanne  de  Langalerie  obtint-elle',  par  brevet  lic  31  jaii- 
\  la  jouissance  des  biens  patrîmoDiaux  qui  étaient  restés  iodi- 
entre  son  frère  et  elle  depuis  la  mort  de  leur  père,  et  cela  tant 
que  durerait  le  délai  quinquennal  de  la  coatuinace*.  Par  la  suite, 
elle  vendit  les  terres  à  viager,  et  vécut  ainsi  dans  TopuleDce  jus- 
iju'h  sa  mort'.  Quant  h  la  lieutenance  de  roi  que  possédait  tou- 
jours Langalerie,  elle  fut  supprimée  par  un  édit  consécutif  à  la 
condamnation',  mais  revint  plus  tard  aux  mains  du  dernier  de 
ses  beaux-fils  Simiane  et  des  descendants  de  celui-ci. 

Tandis  que  durait  la  procédure,  Langalerie  et  Bonneval  se  dis- 
tinguaient au  combat  de  Calcinât»,  h  la  tête  de  ces  mêmes  troupes 
que,  pendant  les  précédentes  campagnes,  ils  avaient  glorieuse- 
ment combattues,  et,  quelques  mois  plus  tard,  ils  prirent  une  part 
active,  devant  Turin,  à  l'écrasement  de  l'armée  commandée  par 
le  propre  neveu  du  roi  de  France^.  Mais  Langalerie  s'accom- 
moda encore  plus  mal  de  ses  nouveaux  cunapagnons  d'armes,  et, 
disoDS-le  à  sa  décharge,  il  ne  tarda  pas  à  marquer  que,  quoique 
déserteur  et  transfuge,  il  entendait  toujours  soutenir  l'bonneur 
de  33  patrie  et  de  son  souverain  légitime.  Le  bruit  même  courut, 
à  l'entrée  du  printemps  de  1707,  qu'il  venait  de  tuer  en  duel  le 
prince  d'.^VnhaU,  commandant  des  troupes  brandebourgeoises  dans 
le  Mantouau,  et,  suivant  un  contemporain",  voici  comment  se 
passa  la  scène  : 

S'étant  trouvé  à  un  dîner  où  le  prince  d'Anbalt  preaoit  la  liberlé 
de  dire  beaucoup  de  choses  outrageuses  contre  le  roi,  Langalerie  lui 

I.  Sflcin  le  dosKier  du  Cïbinel  d'HoziPr  [loi.  159,  dussier  Gsntil4112,  fol,  1(1), 
H  j  avaii  ea  une  brouille  aasaz  longue  eulre  1«  ttÈte  et  la  sœur. 

S.  Arcb.  anl..  0'  51,  fnl.  22.  C'est  alosl  que  les  dames  de  Lillebonae  araienl 
obteon  ta  conflsMtion  de  lenr  ttiae  Commerce  (Dangeav,  l,  I,  p.  409,  III, 
|>.98et  Itl,  «t  IV,  p.  366). 

3.  Dietioniiaire  de  Moréri,  I.  VI,  p.  543. 

4.  DtpAt  des  affaires  ctrangâres,  loi.  Fbancb  1145,  fol.  409. 

5.  A  lire  les  Mémoires  apocryphes  de  1743  (p.  350-362.  etc.).  c'est  Langalerie 
qui  aorait  tout  fait  dans  cplte  joarnée  néfaste  de  Turin  et  décidé  la  Ticloirc  eu 
pénétrant  le  premier  dans  les  lignes  inachevéen  de  l'armée  franchise;  son  rûle 
etl  rUiiil  A  de  plus  jnstes  proportions  dans  le  recueil  ofllciel  des  Fddiitge  du 
Print^Eugen,  t.  VIII,  p.  22G,2&3.'n\  et  277,  et  même  la  quatrième  édilion  de 
l'apocrjphe  Guerre  iltalie  oh  Mimoiru  du  marquit  D""  (1710)  ne  parle  que 
de  la  part  prise  par  lui  i  la  défaite  d'un  convoi  français  la  veille  de  la  bataille 
(I.  II.  p.  327).  Toutefois,  un  passage  du  Journal  du  contmusatre  iVarbonne 
(p.  HO)  proute  que.  sous  Louis  XV,  on  croyail  encore  que  le  succès  de  la  bataille 
d«  Turin  avait  été  asinré  par  Langalerie  et  Bonnevai. 

6.  Hénmrti  dt  Smtrelut,  t.  X,  p.  3TT-27S. 


40  k.    DE  BOISLISLG. 

avoit  dit  qu'encore  qu'il  fût  alors  au  service  de  l'empereur,  le  pol  étoit 
toujours  son  maître,  el  qu'il  ne  lui  éloit  pas  permis  de  soufTrir  qu'on 
eu  parlai  outrageusement,  et  que  le  prince  d'Anhalt  lui  feroîl  plaisir 
de  ne  pas  tenir  do  semblables  discours  ;  que  cela  ne  l'avoit  pas  empêcbé 
d'en  tenir  encore  d'autres  plus  forts,  el  que,  Langalerle  a^ant  insisté 
pour  l'obliger  à  se  taire,  il  l'avoit  insulté  personnellement;  qu'au 
sortir  de  là,  ils  s'éLoient  rencontrés;  que  Langalerie  lui  avoit  fait 
mettre  l'épée  à  la  main,  l'avoit  tué  et  s'étoit  rérugié  à  Gènes. 

La  nouvelle  n'était  qu'à  demi  vraie,  et  le  prince  d'Anhalt  n'avait 
pas  succombé' ;  maison  aime  à  relever  cette  attestation  de  patrio- 
tisme à  l'actif  de  Langalerie,  comme  à  lire  dans  Guillot  de  Mar- 
cilly,  qui  le  pratiqua  huit  ans  plus  tard',  que,  malgré  une  «  inca- 
pacité de  solide  et  mûre  réflexion,  »  il  conser\'a  toujours  <  des 
sentiments  très  respectueux  et  très  soumis  aux  ordres  de  son 
roi,  joints  à  un  amour  et  une  tendresse  filiale  pour  sa  patrie*.  ■ 
Bonneval,  lui  aussi,  six  mois  après  être  arrivé  en  Allemagne, 
asséna  un  coup  de  poing  formidable  sur  la  large  face  de  certain 
général  prussien  qui  se  permettait  de  traiter  devant  lui  le  roi 
Louis  XIV  d'  «  indigne  j...  f...;  »  il  se  battit  deux  fois,  pour  la 
même  cause,  pendant  les  conférences  d'Utrecht,  puis,  plus  tard, 
rompit  une  intimité  de  dix-huit  ans  avec  le  pinnce  Eugène,  le 
provoqua  même  en  duel,  parce  qu'il  avait  attaqué  la  réputation 
de  la  seconde  femme  de  Philippe  V,  et  enfin,  à  Bruxelles,  pour 
quelque  pareil  motif,  fit  un  esclandre  non  moins  retentissant. 
Mais  Bonneval,  pendant  la  fin  de  la  guerre,  demeura  en  Italie  ou 
en  Flandre  avec  Eugène,  tandis  qu'un  reste  inefi'açable  de  loya- 
lisme poussa  Langalerie  à  fuir  si  loin  qu'une  rencontre  fût  désor- 
mais impossible  entre  les  Français  et  tui.  Il  rompit  à  l'occasion 
d'une  nouvelle  querelle.  Le  20  juillet  1707,  le  correspondant  de 
la  Gazette  d' Amsterdam  annonçait  de  Vienne  :  «  On  dit  que  le 
marquis  de  Langalerie  demande  son  congé  à  cause  qu'il  n'est  pas 
content  du  jugement  qui  a  été  rendu  au  sujet  du  démêlé  qu'il  a  eu 
avec  le  chevalier  de  Montigny^.  »  Et.  le  1"  novembre  suivant, 
l'abbé  Dubois  écrivait  au  duc  d'Orléans"  :  «  On  dit  que  M.  de 

I.  Journal  de  Dangeau,  I.  \1,  p.  338;  Journal  dt  Verdun,  mai  1707.  |i.  378. 
î.  Voir  la  chapitre  V, 

3.  Belttlion  historique  d'\in  voyage  en  Hollande,  p,  i46-448. 

4.  11  est  Trai  que  Bonneval  se  coaaidérail  comuie  allié  à  la  maison  Je  France 
par  les  Puii  et  les  Albrcl. 

5.  Gaietle  d' AmUerdam,  Eilr,  lxi. 

6.  Vabbé  Dtiboit,  par  le  caraU  de  Seilliac  (1862),  t.  I,  p.  350. 


LBB  «TRUTDBES   ira  KiBQOIB   DE   LlNGiLEBIB. 


H 


L«ingalerie  a  quitté  le  service  de  l'empereur  et  s'est  offert  au 
roi  de  Suède  ;  mais  le  comte  P[iper]  lui  a  répondu  que  le  roi  son 
tnaître  avoit  peu  de  goût  pour  les  incoastants.  Oa  croit  qu'il  va 
prendre  de  l'emploi  dans  les  troupes  du  czar'.  » 

Il  était  donc  en  quête  lorsque  put  lui  parvenir  la  nouvelle  que 
sa  fenune  était  morte  le  12  janvier  1708,  dans  l'appartement 
qu'elle  occupait  au  Palais  Royal,  au-dessus  de  la  chapelle  du  Com- 
mun'. On  se  doute  que  cette  épouse  surannée  était  le  moindre  de 
ses  soucis,  d'autant  qu'il  y  avait  déjà  séparation  de  biens  entre 
eux;  cependant  il  regagnait  sa  liberté,  et  ne  tarda  pas  à  en  user. 

Au  mois  de  juillet  de  la  même  année,  le  bruit  courut  —  sans 
doute  à  son  instigation  —  qu'il  allait  commander  en  Pologne  la 
cavalerie  moscovite  contre  le  roi  de  Suède^;  mais  il  n'en  fut 
rien.  Au  début  de  l'année  1709,  nous  le  trouvons  à  Berlin,  tout 
désemparé^  :  <  Le  général  de  Langalerie  est  ici  depuis  quelque 
temps.  Son  état  est  assez  triste,  car  il  se  voit  sans  bien  et  sans 
espérance  de  secours.  Un  inconnu,  touché  de  son  sort,  lui  a 
envoyé  une  somme  de  deux  mille  florins,  et  lui  a  écrit  une  lettre 
fort  honnête  et  pleine  d'estime,  à  laquelle  cet  illustre  malheu- 
reux a  fait  réponse  en  des  termes  qui  marquent  également  sa 
douleur  et  sa  juste  reconnaissance.  * 

En  ce  temps-là,  Auguste  de  Saxe  méditait  de  reprendre  la 
lutte  contre  l'usurpateur  Stanislas  et  reformait  son  armée,  Lan- 
galerie, s' étant  transporté  à  Leipzig  au  début  d'avril,  le  rencon- 
tra au  milieu  de  nombre  de  grands  personnages  qui  y  avaient 
pris  rendez-vous,  et  nous  pouvons  croire  que  le  prince  était  son 
bienfaiteur  anonyme,  puisque,  trois  mois  plus  tard,  la  même 
gazette  —  prabablement  encore  renseignée  par  lui-même  — 
annonça  qu'il  venait  de  recevoir  d'Auguste  un  présent  de  mille 

1.  Cf.  Ir  Journal  de  Verdun,  oclobre  I7IG,  p.  2i2.  On  voit  (|ue  LaDgalerie 
ne  put  prendre  pari  à  l'iavusion  <le  la  Provence  ea  loût  1707,  ni  au  iiège  de 
Toulon,  comme  le  racanlent  les  Mémoires  de  1743,  p.  367-377. 

i.  Mereare  de  «trier,  p.  18G-Î87;  Journal  de  Verdvn,  mars,  p.  229.  Roche- 
blliâre  nous  a  conwrvé  le  leile  de  l'acte  d'iabumalioa  A  Saint- A adré-den- Arcs 
<Bil>l.  nat.,  ma.  doqt.  acq.  fr.  3619,  a'  1902).  Nons  avons  aux  Archives  nationales, 
T  1 1537.  le  procès-verbal  d'appositiao  des  scellés  d  la  requête  de  l'abbé  de  Har- 
dllac  (les  deui  antres  Slmlane  étant  i  l'armée  d'Elspagne)  et  des  créanciers  au 
Ibartiîsseurs.  —  Le  Mercure,  mal  renseigné,  crut  et  dil  que  u'élail  une  Grolee 
«le  Viriiille.  Us  Mémoires  de  1743  la  font  mourir  en  1703. 

3.  Casrile  d' Amtlerilam,  n'  \.\iv,  de  Vienne.  Le  U  octobre  suivant,  Pierre 
le  Grand  iulligea  aux  Suédois  une  sanglante  défaite. 

4.  Gssette  d'Anutfrdam,,  16  mars,  n*  xKv. 


42      ▲.  DE  B0ISLI8LK.  —  LES  ITBIlTUaBS  DU  MARQUIS  DB  URGALERIB. 

ducats  et  l'offre  d'un  emploi  analogue  à  celui  qu'il  avait  eu  dans 
l'armée  impériale*,  c'est-à-dire  le  grade  de  général  de  la  cava- 
lerie étrangère  entretenue  dans  le  grand-duché  de  Lithuanie, 
auquel  furent  joints  deux  régiments  et  le  titre  d'administrateur 
de  la  terre  de  Eazogne. 

Auguste  était  en  relations  étroites  avec  les  Juifis,  qui  l'aidèrent 
à  rentrer  en  campagne';  c'est  ainsi  que  Langalerie  fut  amené  à 
se  lier  avec  certains  personnages  de  cette  religion,  et  notamment 
avec  le  financier  Berend  Lehmann  d'HalI)erstadt^.  Celui-ci, 
dit-on,  lui  donna  l'hospitalité,  et  le  fit  rencontrer  avec  une  jeune 
protestante  d'origine  languedocienne,  qui  s'appelait  Marguerite 
de  Frère,  fille  du  baron  de  Gratens  et  de  Marguerite  de  Bar^. 
Quoiqu'elle  n'eût  pas  vingt-cinq  ans^,  et  que  Langalerie  en 
comptât  presque  le  double,  ils  s'épousèrent  le  24  août  1709®.  Un 
premier  fils,  nommé  Philippe-François-Frédéric,  leur  naquit  le 
6  août  suivant,  et  M"*^  de  Langalerie  en  mit  au  jour  un  second, 
douze  mois  plus  tard,  à  Francfort-sur-l'Oder.  A  cette  époque, 
son  mari  venait,  tout  à  la  fois,  d'abjurer  la  religion  catholique 
et  de  quitter  le  service  du  roi  de  Pologne,  comme  nous  le  verrons 
dans  le  chapitre  suivant. 

A.   DE  BOISUSLE. 

{A  stUvre.) 

1.  Gazette  d'Amsterdam,  Eztr.  xxix,  n»  xxxvi,  correspondance  de  Dresde, 
0'  Lxi,  correspondance  de  Berlin,  20  juillet  1709,  et  Extr.  lxiii.  C'est  le  28  juil- 
let que  Langalerie  quitta  Berlin  pour  aller  prendre  possession  de  son  serrice  à 
Dresde.  Le  roi  de  Prusse  Tenait  tout  récemment,  par  un  édit  du  13  mai  {ibid., 
n'  Lxxxv),  d'accorder  la  naturalisation  aux  réfugiés  protestants  Tenus  de  France. 

2.  Ibid,,  1708,  Extr.  xil 

3.  11  représentait  la  Pologne  à  Dresde  et  était  le  financier  attitré  d'Augaste. 
On  pense  que  c'est  le  personnage  dcTenu  Lezana  ou  Lenzana  dans  les  Mémoires 
de  1743,  p.  381. 

4.  On  croit  qu'ils  étaient  apparentés  aux  Rapin-Thoiras  ;  mais  je  n'ai  pu  trou- 
Ter  aucune  généalogie.  La  France  protestante  ne  parle  pas  d'eux,  que  je  sache. 

5.  Elle  était  née  en  1686.  Je  ne  pense  pas  qu'elle  fût  tcutc  d'un  émigré 
comme  l'a  dit  M.  Landau.  Le  Journal  de  Verdun  a  cm,  à  tort  aussi,  qu'elle 
appartenait  à  la  maison  de  la  Force. 

6.  Des  auteurs  disent  :  1710;  mais  le  colonel  de  Rotenhan  aTait  en  main 
(p.  93)  l'acte  de  mariage,  du  24  août  1709,  passé  devant  le  Ticaire  général  de 
Pologne.  La  notice  du  Morëri  dit  seulement  ceci  :  a  Voyant  qu'il  ne  ponrrolt 
pas  tenir  longtemps  à  la  cour  de  Vienne,  il  prêta  d'abord  l'oreille  aux  proposi- 
tions que  le  roi  Auguste  de  Pologne  lui  fit  faire,  et  les  accepta  peu  après...  Pas- 
sant par  Berlin,  en  1709,  pour  aller  en  Pologne,  il  vit  à  la  cour  une  jeune  Fran- 
çoise, un  peu  de  ses  parentes,...  fille  de  Charles,  baron  de  Frère...  11  l'éponsa 
en  secondes  noces  et  l'emmena  en  Pologne.  » 


LES  DEBUTS 

DE 

«  L'AFFAIRE  DE  BRETAGNE 

(1763-1764). 


I 


La  fin  de  la  guerre  de  Sept  ans,  loin  de  procurer  au  gouver- 
nement de  Louis  XV  un  peu  de  tranquillité,  le  laissait  aux  prises 
aTec  les  plus  terribles  embarras,  Toujours  à  court  d'argent,  aussi 
inea  pendant  la  paix  que  pendant  la  guerre,  il  voyait  avec  épou- 
Tante  venir  le  moment  où  fa  suppression  du  second  et  du  troisième 
vingtième  et  des  suppléments  à  la  capitation,  formellement  pro- 
mise pour  le  moment  de  la  publication  de  la  paix,  allait  le  priver 
d'une  ressource  très  nécessaire,  quoique  d'ailleurs  fort  insuffisante 
pour  subvenir  à  des  charges  énormes  et  à  un  formidable  arriéré. 
Force  fut  au  contrôleur  général  Berlin  de  proroger  et  même  d'ag- 
graver les  mesures  ânanciéres  prises  pendantla  guerre.  Des  édits 
d'avril  1763,  tout  eu  supprimant  le  troisième  vingtième  et  les 
doublement  et  triplement  de  capitation,  prorogèrent  pour  six  ans 
le  second  vingtième,  pour  six  ans  aussi  les  dons  gratuits  des 
Tilles,  qui  devaient  unir  en  1764,  créèrent  un  sixième  sol  pour 
livre  des  droits  des  fermes,  donnèrent  h  l'impôt  du  centième 
donier  une  extension  considérable  et  menaçante  pour  les  intérêts 
des  parlementaires,  et  surtout,  en  ordonnant  un  dénombrement 
exact  de  tous  les  biens-fonds  du  royaume,  sans  exception, 
annoncèrent  l'intention  de  faire  rendre  à  l'impôt  des  vingtièmes 
tout  ce  qu'il  devait  rendre  régulièrement  :  ce  qui  porta  au  plus 
haut  point  l'irritation  des  privilégiés  en  général  et  des  Parie- 
meuts  en  particulier.  Appliqués  par  un  gouvernemect  sage  et  par 

e  administration  vigoureuse,  ces  édits  auraient  pu  être  le  salut 
du  royaume;  appliqués  par  un  pouvoir  Eaible  et  discrédité,  ils 


J 


44  M.  Miaioif. 

ne  servirent  qu'à  augmenter  la  confusion  générale  et  valurent  à 
l'autorité  royale  les  plus  dures  humiliations  qu'elle  ait  subies  sous 
ce  règne  de  Louis  XY ,  où  elle  en  subit  de  si  nombreuses. 

Entre  autres  conséquences  fâcheuses  que  devait  amener  cette 
tentative  inopportune  d'une  réforme  fiscale  alors  impossible,  les 
troubles  de  la  Bretagne,  dont  les  édits  de  1763  ont  été  sinon  la 
cause,  du  moins  l'occasion  déterminante,  furent  certainement  la 
plus  grave.  Cette  province  ne  fut  pas,  d'ailleurs,  atteinte  une  des 
premières  :  elle  ne  devait  même  entrer  en  combustion  qu'assez 
tardivement;  mais  l'incendie  y  prit  des  proportions  plus  vastes 
qu'ailleurs,  et  il  ne  devait  plus  pouvoir  y  être  éteint  qu'après 
avoir  embrasé  tout  le  royaume. 

Au  début,  en  effet,  le  ministère  fort  embarrassé,  comme  tou- 
jours, lorsqu'il  s'agissait  de  passer  de  la  parole  à  l'exécution,  aux 
prises  d'ailleurs  avec  un  soulèvement  général  des  cours  souve- 
raines du  royaume,  le  plus  formidable  qu'on  ait  vu  depuis  la 
Fronde,  n'osa  pas  essayer  d'introduire  en  Bretagne  les  nouveaux 
impôts;  il  borna  son  ambition  à  assurer  la  continuation  du  second 
vingtième  après  le  terme  fatidique  du  21  septembres  et  cette 
prétention  même,  si  modeste  qu'elle  fût,  n'allait  pas  sans  de 
graves  difScultés.  Sans  doute,  l'abonnement  des  vingtièmes  avait 
été  voté  dans  les  derniers  états  pour  deux  ans,  1763  et  1764  ; 
mais  la  clause  de  l'arrêt  d'enregistrement  du  Parlement  de  Rennes 
du  29  mars  1757,  qui  stipulait  cessation  du  second  vingtième  (et 
même  aussi  du  premier)  trois  mois  après  la  publication  de  la  paix, 
n'en  subsistait  pas  moins,  et,  dans  ce  conflit  entre  les  deux  auto- 
rités provinciales,  il  ne  fallait  guère  espérer  que  la  conmiission 
intermédiaire,  quoique  émanée  des  Etats,  osât  prendre  sur  elle 
d'adopter  le  parti  le  moins  favorable  aux  intérêts  de  ses  adminis- 
trés. C'est  ce  que  d'Aiguillon,  à  la  veille  de  son  retour  en  Bre- 
tagne, cherchait  dans  une  lettre  du  19  juillet  à  faire  entendre  à 
l'incorrigible  optimisme  du  contrôleur  général  :  il  lui  représen- 
tait que  le  seul  moyen  régulier  d'obtenir  le  second  vingtième  pour 
le  dernier  trimestre  de  l'année  était,  à  défaut  d'une  session  d'Etats 
extraordinaires  dont  personne  ne  se  souciait,  de  promettre  k  la 
commission  qu'il  en  serait  tenu  compte  sur  le  premier  vingtième 
de  1764,  quitte  à  trouver  d'ici  là  quelque  procédé  pour  assurer 

1.  Le  second  yingUème  derait  disparaître  trois  mois  après  la  pabUcation  de 
la  paix,  qui  arait  en  Uea  le  21  jaio  1763. 


p 


LB9  D^BDTS    DE    ■    l'iFTIIJIB    DE  BKETIGNE.   *  45 

en  1764  la  levée  de  tous  les  deux  ;  et  il  réussit  enfin  k  obteuir  la 
permission  de  faire  k  la  commissioa  des  déclarations  conformes  k 
ce  programme. 

Dans  cette  même  lettre,  averti  que  Berlin  songeait  k  faire 
enregistrer  ses  édits  au  Parlement  de  Rennes  et  à  lever  les  impôts 
en  conséquence,  d'Aiguillon  s'élevait  avec  torce  contre  ce  plan, 
qu'il  jugeait  illégal  et  désastreux  ;  d'abord,  parce  que  l'autorité 
royale  était  tombée  dans  un  tel  discrédit  et  la  hardiesse  des  Par- 
lements portée  à  un  si  haut  point  qu'on  se  heurterait  certaine- 
ment à  une  opposition  irréductible  ;  le  refus  obstiné  qu'avait  fait 
ce  Parlement  d'enregistrer  les  édits  d'avril  1758  et  de  février 
1760  ne  laissait  aucun  doute  à  cet  égard;  ensuite,  parce  qu'en 
supposant  même  le  succès,  l'enregistrement  ainsi  obtenu  resterait 
inutile  jusqu'à  ce  que  les  Etats,  seuls  en  droit  de  consentir  des 
levées  d'argi^nt  dans  la  province,  eussent  à  leur  tour  donné  leur 
adhésion.  Cette  théorie  si  avantageuse  aux  Etats,  dont  d'Aiguil- 
lon a  en  réalité  toujours  vivement  défendu  les  droits,  bien  que  par 
ime  des  bizarreries  si  multipliées  dans  cette  histoire  l'artiâce  de 
ses  ennemis  soit  parvenu  à  lui  créer  une  réputation  toute  difTé- 
rente,  était  celle  qu'il  s'était  formée  et  qu'il  s'efforçait  d'appliquer 
depuis  plusieurs  années  déjà  ;  aux  États  le  droit  imprescriptible 
de  consentir  l'impôt,  leur  fidélité  leur  faisant  d'ailleurs  toujours 
un  devoir  de  se  conformer  aux  volontés  du  roi  et  de  subvenir 
pour  leur  part  aux  nécessités  du  royaume  ;  au  Parlement  le  rôle 
plus  modeste  de  promulguer  la  loi  émanée  de  l'autorité  royale  et 
acceptée  par  l'assemblée  représentative  de  la  province.  <  Si  on 
commence  par  ce  dernier,  disait-il,  le  coup  est  porté  aux  privi- 
lèges des  Etats,  et  ils  n'ont  plus  de  ménagements  à  garder;  si,  au 
contraire,  on  se  borne  k  leur  faire  entendre  qu'en  cas  de  refus  de 
leur  consentement  ou  aura  recours  à  l'euregistrement,  ils  acquies- 
ceront vraisemblablement  à  la  an  à  ce  qu'on  exigera  d'eux,  dans 
la  crainte  de  laisser  entamer  leurs  privilèges...  Si  on  n'envoie  les 
édita  au  Parlement  qu'après  un  refus  des  États,  en  le  supposant, 
ce  que  j'ai  peine  à  imaginer,  on  lui  dira  que  le  roi,  mécontent 
avec  raison  de  ses  sujets  de  Bretagne,  qui  lui  ont  refusé  les 
secours  dont  il  a  besoin...  est  dans  la  volonté  de  se  les  procurer 
par  la  voie  de  l'iutendaDt  et  que  c'est  pour  faire  connaître  ses 
intentions  dans  la  forme  prescrite  par  les  règles  législatives  qu'il 
loi  ordonne  d'enregistrer  les  édits  dont  les  États  ont  refusé  l'exé- 
culioa...  Le  roi  peut  justement  punir  des  sujets  rebelles  et  se  ser- 


1 


K  cuUûn.-.L 


46  M.   MABION. 

yir  de  toute  son  autorité  à  oe  sujet,  mais  il  ne  doit  pas  enfreindre 
les  privilèges  de  ceux  auxquels  il  en  a  accordé  ni  lee  en  priver  sans 
raison  ^ . .  Nos  parlementaires  qui  diront  et  feront  toutes  les  extra- 
vagances imaginables,  si  on  veut  qu'ils  enregistrent  les  nouveaux 
édits  avant  que  les  États  en  aient  eu  connaissance,  demandttt>nt 
avec  instance  qu'on  les  leur  envoie  à  enregistrer  brsque  les  États 
les  auront  abonnés. . .  Les  États  sont  certainement  très  déraison- 
nables et  fort  difficiles  à  mener,  mais  cependant  on  peut  en  venir 
à  bout  avec  de  la  patience  et  de  l'adresse  ;  je  ne  connais  point  de 
moyen  pour  persuader  ou  dompter  le  Parlement  de  Bretagne, 
quoique  j'y  aie  plus  d'amis  et  de  gens  affidés  que  dans  l'assemblée 
des  Etats,  mais  ils  ont  des  préjugés  qu'il  faudrait  détruire  pour 
les  persuader,  au  lieu  que  je  persuade  les  États  avec  le  secours 
de  leurs  préjugés^.  »  Le  contrôleur  général  se  rendit  à  ces  repré- 
sentations et  se  décida  à  ne  pas  soumettre  ses  édits  au  Parlement 
avant  l'acceptation  des  États,  ou  plutôt  à  distinguer  dans  les 
édits  deux  sortes  de  dispositions,  celles  qui  intéressaient  les  États, 
et  celles  dont  cette  assemblée  n'avait  point,  du  moins  à  ses  yeux, 
à  s'occuper,  comme  le  don  gratuit  des  villes,  les  sols  pour  livre  des 
droits  des  fermes  et  des  octrois  municipaux,  droits  dont  le  prin- 
cipal n'était  pas  soumis  au  consentement  des  États  et  dont  la  sur- 
taxe additionnelle  devait,  à  plus  forte  raison,  nepas  Têtre  davan- 
tage, et  enfin  la  réfection  du  cadastre  3.  Il  ne  serait  pas  question 
des  premières  avant  une  réunion  d'États  extraordinaires  ou  avant 
la  session  régulière,  qui  devait  se  tenir  à  la  fin  de  l'année  1764  ; 
quant  aux  autres,  elles  feraient  l'objet  d'un  édit  particulier,  que 
Bertin  se  flatta  d'abord  d'envoyer  au  Parlement  de  Rennes  avant 
vacations  (il  était  particulièrement  pressé  de  faire  travailler  au 
cadastre  en  Bretagne,  où  il  le  jugeait  encore  plus  nécessaire  que 
nulle  part  ailleurs),  mais  que  les  graves  complications  de  la  lutte 


1.  Addition  à  la  lettre  de  d'Aigaillon  du  19  jaillet  1763  (Arch.  nat.,  H.  636). 

2.  Lettre  de  d'AiguiUoo  à  Mesnard,  9  oct.  1763  (H.  534). 

3.  Sur  ce  dernier  point,  d'Aiguillon  et  le  contrôleur  général  étaient  fort  loin 
de  s'entendre.  Le  premier  pensait  que  le  cadastre  ne  regardait  en  aucune  façoa 
le  Parlement  :  on  jugeait  au  contraire  au  contrôle  général  (lettre  de  Mesnard  à 
d'Aiguillon,  25  oct.,  H.  534)quMl  serait  dangereux  c  de  soumettre  aux  États  one 
opération  qui  y  trouTerait  beaucoup  de  contradiction  par  rapport  aux  intérêts 
particuliers  et  à  l'arbitraire  dont  elle  doit  détruire  les  abus  énormes,  sortoat 
de  la  part  de  la  noblesse,  i  A  Trai  dire,  le  cadastre,  lésant  les  intérêts  et  du 
Parlement  et  de  la  noblesse  des  États,  n'arait  chance  d'être  accepté  de  bon 
gré  par  aucun  de  ees  deux  corps. 


LES   DiBPTS   HE    «   t'iFPilEE    DE   BKETÀ0!1E.  •  17 

avecles  Parlements  de  Rouen,  de  Toulouse,  de  Grenoble  et  autres, 
ne  lui  penDireot  pas  de  Caire  k  temps.  Ce  retard  fut  des  plus 
Ckcbeux,  car  il  fit  perdre  le  seul  moment  peut-être  où  l'enregis- 
tremeot  eût  encore  été  possible.  La  crise  parlementaire  prit  pen- 
dant les  vacances  un  lel  caractère  d'acuité,  elle  excita  si  gra- 
'vement  les  passions,  inconsciemment  révolutioanaires,  qui 
fermentaient  plus  ou  moins  dans  toutes  les  cours  souveraines  du 
rojaume,  que  le  succès,  bien  difficile  déjh  avant  les  scènes  inouïes 
<|Qi  signalèrent  la  mission  de  Fitz  Jaroes  à  Toulouse  ou  celle  de 
Damesnil  à  Grenoble,  était  certainement  impossible  à  la  rentrée. 
Bertin  n'eut  pas  d'ailleurs  à  tenter  cette  nouvelle  épreuve.  Il  ne 
pouvait  tenir  tcte  bien  longtemps  au  déchaînement  des  fureurs 
parlementaires.  Une  véritable  révolution  ministérielle  ne  tarda 
pas  à  se  produire  à  Versailles  :  le  chancelier  Lamoignon  fut 
exilé,  Bertin  perdit  le  contrôle  général  des  finances  ;  deux  parle- 
mentaires prirent  leur  place  :  l'un,  Maupeou,  eut  les  sceaux, 
avec  le  titre  de  vic&chancelier  ;  l'autre,  Laverdy,  eut  les  Bnances'; 
DÏ  plus  ni  moins  qu'un  monarque  constitutionnel,  Louis  XY  sacri- 
âait  ceux  de  ses  ministres  dont  ses  Parlements  ne  voulaient  plus 
8t  allait  chercher  leurs  successeurs  sur  les  bancs  de  l'opposition. 
Bd  oiême  temps  le  gouvernement  n'hésitait  pas  à  s'infliger  à 
lat-mêrae  le  plus  pénible  démenti  en  retirant  les  édits  d'avril 
1763,  dont  il  avait  proclamé  si  haut  la  nécessité,  et  alors  que  la 
France  entière  retentissait  encore  des  éclats  de  la  lutte  entreprise 
pour  en  imposer  l'enregistrement  aux  cours  souveraines.  Il  y 
stibstituait  la  déclaration  du  21  novembre  1763,  où  l'on  faisait 
dire  au  roi  qu'il  voulait  régner,  non  par  l'impression  seule  de  son 
autorité,  mais  par  l'amour  de  la  justice  et  l'observation  des  règles 
dâs  formes  sagement  établies  dans  son  royaume  :  le  centième 
ier  était  retiré,  les  règlements  pour  le  cadastre  devaient  être 
"'acceptation  des  cours,  celles-ci  étaient  invitées 
présenter  des  mémoires  et  avis  sur  les  moyens  d'améliorer  l'état 
des  finances  el  de  perfectionner  la  répartition  et  le  recouvrement 
des  impositions.  Il  fut  entendu  que  les  vingtièmes  ne  pouiTaient 
Être  perçus  que  sur  le  pied  des  rôles  actuels,  sans  augmentation, 
8008  peine,  pour  les  préposés,  d'être  poursuivis  extraordinaire- 
méat.  La  victoire  de  la  magistrature  était  complète. 


auwnie,  ma 
^Hat  dâs  forme: 
^^Banier  était  : 
^^nsbordoimés 
^^^  présenter  à 


I.  L'oi 


elle  orthographe,  Le  r 


48  M.   MARION. 

Le  Parlement  de  Rennes,  qui  n*ayait  pas  été  à  la  peine,  puisque 
la  bataille  avait  été  donnée  et  gagnée  sur  d'autres  points,  n'en 
fut  pas  moins  à  l'honneur,  du  moins  dans  la  personne  de  son  pro- 
cureur général.  M.  de  la  Chalotais,  qui,  lui  aussi,  marchait  de 
triomphe  en  triomphe,  qui  venait  d'ajouter,  à  ceux  de  ses  compter- 
rendus,  les  lauriers  plus  glorieux  peu^-etre  et  en  tout  cas  moins 
fanés  aujourd'hui  de  son  Essai  d'éducation  nationale  — 
ouvrage  excellent  et  qui  n'a  pas  perdu  toute  actualité,  encore 
que  dans  un  passage  célèbre  il  heurte  violemment  une  des  idées 
les  plus  en  faveur  de  nos  jours  —  menait  depuis  quelque  temps 
une  négociation  au  succès  de  laquelle  il  attachait  un  prix  consi- 
dérable. Il  s'agissait  de  faire  passer  à  son  fils,  M.  de  Caradeuc, 
alors  conseiller  au  Parlement  après  avoir  rempli  pendant  quelque 
temps  les  fonctions  de  substitut  de  son  père,  sa  charge  de  procu- 
reur général,  tout  en  conservant  pour  lui-même  le  droit  de  con- 
currence et  celui  de  survivance,  en  cas  de  prédécès  de  M.  de 
Caradeuc.  Cette  combinaison,  que  M.  de  la  Chalotais  a  eue  extrê- 
mement à  cœur,  avait  vraisemblablement  pour  motifs  —  nous 
sommes  sur  ce  point  réduit  aux  conjectures  —  le  désir  d'être  plus 
libre  de  son  temps  et  de  ses  actions,  sans  rien  perdre  d'ailleurs  de 
son  empire  sur  le  Parlement  de  Rennes  et  en  conservant  toujours 
le  moyen  de  faire  mouvoir  cette  compagnie  à  son  gré,  d'avoir 
plus  de  facilité  pour  venir  à  Paris  jouir  de  sa  gloire,  se  mêler  aux 
groupes  influents  de  la  société  d'alors,  fréquenter  les  chefs  du 
parti  philosophique,  qui  le  tenaient  en  haute  estime,  et  s'appro- 
cher du  ministère,  pour  lequel  il  a  pu  se  croire  désigné  le  jour  où 
l'influence  des  Parlements  triompherait  décidément  dans  l'État. 
Une  autre  considération,  semble-t-il,  a  dû  aussi  inspirer  sa  con- 
duite :  en  faisant  passer  sa  charge  à  son  fils,  M.  de  la  Chalotais 
donnait  une  preuve  nouvelle  de  sa  puissance,  démontrait  le  dan- 
ger qu'il  y  avait  à  ne  pas  s'attacher  à  sa  fortune  et  mettait  la 
rage  dans  le  cœur  à  Tun  de  ses  principaux  adversaires  dans  le 
Parlement,  l'avocat  général  Le  Prestre  de  Chàteaugiron,  qui 
depuis  tantôt  dix  ans  attendait  que  la  retraite  du  procureur  géné- 
ral laissât  vacante  cette  charge  plus  brillante  et  regardée  géné- 
ralement comme  la  récompense  réservée  aux  avocats  généraux  ^ 
Bien  qu'il  ne  fut  que  le  second  des  avocats  généraux  par  ordre 


1.  Lettres  de  l'aTOcat  général  Le  Prestre  de  Chàteaugiron  à  Laverdy,  13  jao« 
vksr  1765  (H.  358)  et  f  mai  1765  (H.  436). 


ï 


LB9   D^KDTS   DE    «   L'AFFilKE    DE    BBETICNB.  "  49 

d'aztcieDDeté  (son  collègue  Duparc  Porée  le  primait),  il  comptait 
positivement  sur  cet  avancement,  encouragé  par  diverses  circons- 
taQCsesetentreautres.peut-être,  par  un  proposqui serait,  paraît-il, 
éctiappè  à  M.  de  la  Chalotais  lui-même'.  Dès  qu'il  fut  bruit  de 
la  «l^iaission  prochaioe  du  procureur  généra],  les  Le  Prestre  de 
CbâteaugiroD,  soutenus  par  le  duc  d'Aiguillon,  firent  d'activés 
démsrcbes  en  cour  pour  ne  pas  laisser  échapper  cette  succession, 
qu'ils  croyaient  déjà  tenir;  mais  celles  de  M.  de  la  Chalotais  en 
bv^nr  de  son  fils  furent  non  moins  vives  et  se  trouvèrent  plus 
puissantes.  Il  mit  en  campagne  ses  parents,  amis  et  protecteurs, 
les  Coetraen,  les  Goyoïi,  les  Matignon,  les  Duras,  les  Maupeou, 
le  duc  de  Choiseul,  M""  de  Pompadour,  et  jusqu'à  Saint-Floren- 
tin lui-même,  qu'il  devait  plus  tard  flétrir  comme  l'âme  damnée 
du  duc  d'Aiguillon  et  qui  n'en  paraît  pas  moins  avoir  eu  dans 
cette  affaire  une  attitude  fort  différente  de  celle  que  La  Chalotais 
lui  a  prêtée  dans  ses  Mémoires,  fort  différente  aussi  de  celle  que 
(i'A.iguillon  eût  désirée".  Les  députés  des  Etats  de  Bretagne  en 
coat-  furent  chargés  défaire  des  démarches  dans  le  même  sens; 


!-  M.  de  la  Chalotais  aurait  autrefois  représenté  au  chancelinr  V.  Le  Prestre 
de  CSblteaugiroD  comme  le  sent  tiomme  capable  de  lui  succéder.  —  Ce  détail 
cnri^aii,  nais  doDl  l'eiacUlude  aurait  d'aJUeurs  besoin  d'élre  démontrée,  est 
nlaS^  diDS  une  lettre  que  M.  de  Robien,  procureur  général  syndic  des  ËtaU  de 
BnL^Lgne,  gendre  du  président  de  Chiteau giron,  adressait  à  «on  frère  H.  de 
Cmî^c,  sénéchal  de  Rennes,  le  28  juillet  I76S.  —  La  correspondance  de  M.  de 
Bobi^n  avec  H.  de  Cooiac,  source  de  renseignements  souvent  précieux,  nous  a 
*t*  cscuomuniquée  avec  la  plus  grande  complaisance  par  M.  Pelage  de  Coniac, 
4eIl^Bnea,  grâce  A  l'enlremise  de  M.  Saulnier,  conseiller  i  la  cour  de  Rennes, 
tia  connu  par  de  nombreux  et  importants  travaux  généalogiques  et  bisto- 
■^a^s  sur  la  Bretagne;  nous  sommes  heureux  d'adresser  ici  i  tous  deux  nos 
f\n    -vih  remerciemenls. 

^  ^  Vous  ne  devez  pas  douter,  écriiait  Saint-Florentin  à  La  Cbalotaia  le 
10  ackfii  1763  (O.  459;,  que  je  ne  snidisse  avec  empressement  les  o 
't  vcMis  obliger.  Je  parlerai  avec  plaisir  &  M.  le  chancelier  su 
1**  ^'«Hs  désirez  obtenir  de  Totre  charge  puur  Monsieur  votre  fils,  et  je  serai 
"*'^«»*«i  je  peux  contribuer  à  vous  procurer  cette  récompense  de  vos  services.  > 
"  ^â  aoùi,  tiaini-Flofentin  adressait,  sur  le  même  sujet,  une  lettre  fort  encou- 
"Ee^Cite  à  M.  de  Caradeuc:  et,  quand  la  chose  fut  faite,  il  l'en  félicita  chau- 
"•O^aal  dans  une  autre  lettre  du  30  décembre.  —  Quelque  opinion  que  l'on 
*nii  1 1^  ,^^j^  jg  1^  sincérité  du  ministre,  toujours  est-il  que  ces  lettres  per- 
"f'-^ient  k  M.  de  la  Chalotais  de  dire  el,  au  besoin,  de  prouver  que  M.  de 
^'^^— Flarentin  lui  était  favorable,  et  elles  devaient  singulièrement  géuer  l'op- 
V^'^-^on  que  ce  ministre  aurait  pu  être  tenté  de  faire  aux  projets  du  procureur 

«M«»-s»i. 

Rev.  HisTOB.  LXVI.  1"  FA8C.  4 


50  M.  MiaioN. 

M.  de  Choiseal  les  mit  lui-même  en  ayant  et  les  pria  de  recom- 
mander au  chancelier,  comme  de  leur  propre  mouvement,  la  can- 
didature de  M.  de  Caradeuc.  Parfaitement  au  courant  de  toutes 
ces  intrigues  et  fort  au  fait  des  dispositions  dominant  dans  le  sein 
du  ministère,  d* Aiguillon  prévit  de  bonne  heure  et  même  prédit 
ironiquement  au  premier  commis  des  finances,  Mesnard,  que 
M.  de  la  Chalotais  finirait  par  en  arriver  à  ses  fins.  Il  avait  vu 
juste.  Bertin  et  le  chancelier  étaient  seuls  à  tenir  bon  encore^; 
leur  chute  presque  simultanée  débarrassa  le  procureur  général 
des  derniers  obstacles  qu'il  rencontrait  ;  lui-même  vint  le  2  no- 
vembre à  Paris*,  où  il  sentait  que  le  vent  lui  devenait  décidément 
favorable,  pour  aplanir  toutes  difScultés;  et  un  des  premiers 
actes  de  la  nouvelle  administration  fut  de  lui  accorder  la  faveur 
sollicitée  avec  tant  d'insistance;  le  20  décembre,  M.  de  Caradeuc 
reçut  la  charge  de  procureur  général  au  Parlement  de  Bennes, 
avec  concurrence  et  survivance  au  profit  de  M.  de  la  CSialotais'. 
Dans  ses  Mémoires,  M.  de  la  Chalotais  a  présenté  cet  événe- 
ment comme  une  nouvelle  victoire  remportée  sur  la  cabale  jésui- 
tique et  qui  plongea  dans  la  consternation  les  amis  de  la  société 
proscrite,  surtout  l'archevêque  de  Paris  ;  il  est  en  efiet  possible,  et 
même  probable,  que  les  partisans  des  Jésuites  aient  déploré  cette 
faveur  éclatante  accordée  au  principal  auteur  de  leur  destruc- 
tion. Mais  M.  de  la  Chalotais  a  négligé  d'ajouter  qu'il  n'était  pas 
nécessaire  d'être  un  ami  du  premier  degré  des  Jésuites  pour  voir 
avec  étonnement  et  avec  regret  un  choix  aussi  singulier  que  celui 
de  M.  de  Caradeuc.  Ce  magistrat  était  alors  universellement  con- 
sidéré comme  une  intelligence  des  plus  médiocres.  D'un  caractère 
violent  et  emporté,  comme  ne  l'ont  que  trop  prouvé,  lors  de  son 
procès,  les  dépositions  du  notaire  Berthelot  et  du  frère  Silvestre, 
ainsi  que  sa  conduite,  dans  sa  prison  de  Saint-Malo,  envers  tous 
ceux  qui  avaient  la  redoutable  mission  de  rapprocher^,  il  repro- 
duisait, peut-être  en  les  exagérant,  les  défauts  paternels,  sans 
avoir  l'esprit  mordant  et  la  véhémence  dans  l'invective  que 
possédait  à  un  si  haut  degré  M.  de  la  Chalotais.  D  subit  tou- 

1.  Berlin  à  (TAiguilloD,  20  août  1763  (H.  355). 

2.  11  deTait  y  séjourner  (oa  à  Versailles)  de  novembre  1763  à  mai  1764. 

3.  Arcb.  nat.,  0.  459. 

4.  Gf.  Carré,  La  Chalotais  et  le  duc  d'Aiguillon,  p.  155,   156,  158,  167, 
etc.,  etc. 


^ 


LES    néenrS   de    «  L'âFFtIKE    ns   BHETiGUB.  n  51 

jours  docilemeot  l'impulsion  de  son  père,  et  fit  bien,  car  il  ne 
paraît  guère  qu'il  eût  été  autrement  capable  de  se  conduire,  et 
Ini-même  semble  en  avoir  été  convaincu.  Il  avoua  dans  ses 
interrogatoires  qu'il  ne  taisait  rien  sans  le  consulter  et  reconnut 
sans  ambages  qu'il  n'avait  pas  «  les  connaissances  supérieures 
que  demandait  la  place  qu'il  exerçait  concurremment  avec  son 
père'.  >  M.  de  la  Chalolais  lui  écrivait  les  brouillons  de  ses 
lettres  de  bonne  année^  :  et  un  tremblait,  à  l'hôtel  de  Cara~ 
deuc,  quand  on  le  supposait,  dans  les  circonstances  délicates, 
livré  aux  seules  ressources  de  son  inspiration  individuelle^ 
C'était,  dans  toute  la  force  du  terme,  «  un  bien  mince  sujet,  » 
comme  le  disait  M.  de  Robien^,  d'autant  plus  digue  de  foi 
en  cela  qu'exempt  de  tout  fanatisme,  ses  sympathies  pour  d'Ai- 
guillon ne  l'empèchaieût  pas  de  voir  avec  commisération  les 
iofortunes  des  procureurs  généraux  et  qu'il  ne  manquait  jamais 
l'occasion  de  faire  leur  apologie  et  même  l'éloge  de  leurs  qualités 
morales.  M.  Le  Pelletier  de  Beaupré,  membre  de  la  commission 
de  Saint-Malo.  le  jugeait  <  le  plus  ingénu  des  cinq  magistrats 
prisonniers  »  et  plus  bête  que  méchante  Telle  était  bien  aussi 
i'impressioa  qu'il  produisait  parla  suite,  lorsque  le  calme  était 
depuis  longtemps  rétabli  en  Bretagne,  sur  ceux  que  la  curiosité 
atUntit  auprès  de  lui.  «  Je  n'ai  pas  manqué  d'aller  rendre  mes 
devoirs  aux  procureurs  généraux  de  Bretagne,  >  lit-on  dans 
l'Espion  anglais,  t.  VIII,  cti.  ii;  «  mais  vous  l'avouerai-je? 
Major  e  longinquo  reverentia. ..  Le  premier  (M.  de  la  Chalo- 
tais),  affaissé  sous  le  poids  de  l'âge  et  du  malheur,  m'a  semblé 
n'être  plus  que  l'ombre  de  lui-même  et  ne  répondre  que  faible- 
ment à  la  haute  opinion  que  j'en  avais  conçue;  le  second  ne 
répoudre  que  trop  par&itement,  au  contraire,  à  celle  qu'en  don- 
nèrent ses  ennemis  dans  leurs  pamphlets,  qui  le  peignent  comme 
un  homme  ignorant  et  borné.  »  L'auteur  de  ces  lignes  n'était  pas 


I.  Batiporl  de  Le  Huit  ai 

t.  Lettre  de  L»  Ctialotais  i  son  (ils,  décembre  I7ti4,  (iroduile  an  Procès, 
1,231. 
3.  «  TSchex  de  savoir  ce  que  répondra  votre  papa.  ■  La  recomioandatioa 

IreTieat  à  plasieur»  reprises  dans  les  lettres  que  M*>  de  Caradeuc  lit  passer  i 
•00  mari  en  décembre  1765  [Procèi,  11,  275  et  Buiv.). 
4.  Lettre  de  H.  de  Holiiun  ^  H.  de  CoDÎac,  21  oct.  1765. 
%.  Le  Pelletier  de  Beaupré  k  Urerdy,  1-2  févr.  1766  (H.  139}. 


â 


52  M.   MAftlOX. 

un  ennemi  systématique,  puisqu'il  ajoute  que  M.  de  Caradeuc  a 
eu  d'ailleurs  le  bon  esprit  de  suivre  Timpulsion  de  son  père,  de 
ne  jamais  se  détacher  de  ses  intérêts,  et  que  cette  conduite  le  ren- 
dra toujours  «  fort  intéressant,  p 

Ce  n'était  donc  pas  sans  de  sérieux  motifs  que  d'Aiguillon 
s'était  prononcé  assez  haut  contre  l'acte  inique  de  népotisme  que 
M.  de  la  Chalotais  s'était  juré  d'obtenir  ;  et  il  fut  d'autant  plus 
fondé  à  déplorer  la  complaisance  extrême  dont  on  avait  usé 
envers  le  procureur  général  qu'il  ne  pouvait  pas  se  Caire  la 
moindre  illusion  sur  les  conséquences  regrettables  qu'une  telle 
politique  ou,  pour  mieux  dire,  qu'une  telle  absence  de  politique 
devait  nécessairement  produire.  Cette  prime  accordée  à  l'homme 
qui  était  le  véritable  chef  d'un  Parlement  frondeur  et  toujours 
prêt  à  repousser  les  édits  bursaux,  cette  grâce  accordée  en  récom- 
pense d'une  opposition  sourde  que  l'on  ne  cessait,  depuis  quelques 
années,  de  trouver  sur  sa  route,  devaient  singulièrement  ajouter 
aux  difficultés  déjà  si  grandes  qu'allait  rencontrer  en  Bretagne 
l'exécution  des  dernières  volontés  du  roi.  Infliger  un  échec  per- 
sonnel au  commandant,  au  moment  où  il  allait  s'agir  pour  lui 
d'entreprendre  les  négociations  les  plus  pénibles  et  les  plus  déli- 
cates et  où  il  imjportait  le  plus  que  parlementaires  et  membres 
des  États  eussent  une  haute  idée  de  son  crédit,  était  une  singu- 
lière inconséquence.  «  Ce  ne  sera  pas  avec  de  belles  phrases, 
disait  très  justement  d'Aiguillon  ^  que  je  persuaderai  les  Etats 
de  payer  les  deux  vingtièmes,  les  sols  pour  livre,  etc.;  il  en  faut 
quelques-unes  dans  certaines  occasions,  mais  elles  ne  suffisent 
pas,  et  si  ma  position  vis-à-vis  de  la  cour  n'est  pas  telle  qu'on 
puisse  croire  que  ceux  qui  me  serviront  bien  seront  récompensés 
dans  leur  personne  ou  dans  celle  de  leurs  proches,  et  que  ceux 
qui  ne  se  prêteront  pas  à  mes  insinuations  seront  privés  de  grâces 
ainsi  que  tout  ce  qui  leur  appartient,  je  ne  réussirai  certainement 
point.  »  Et  ce  n'était  pas  seulement  le  service  du  roi  qui  allait  lui 
être  rendu  plus  difficile  :  sa  situation  personnelle  elle-même,  son 
honorabilité,  sa  bonne  conduite  dans  son  gouvernement  de  Bre- 
tagne allaient  être  mises  en  question,  et  ce  danger,  qu'il  ne  paraît 
pas  avoir  aperçu  tout  d'abord,  ne  tarda  pas  à  lui  être  révélé. 

La  victoire  de  M.  de  la  Chalotais,  en  efiet,  n'était  pas  complète 

1.  Leitre  da  18  août  1764  à  La?erdy  (bibl.  de  Nantes,  ms.  672,  pièce  3). 


us  DEBUTS  DE   ■   L'irriUB  DE   BBBTAGH8.  « 


58 


tant  qu'il  n'avait  pas  abattu  l'homme  coupable  d'avoir  dît  tout 
haut,  sur  le  compte  de  son  fils,  ce  que  tantdegeDS  pensaient  tout 
bas.  Partout  alors  les  Parlements  triomphaient  des  commandants 
de  provinces  ;  le  nouveau  ministère  sacrifiait  Dumesuil  à  Gre- 
noble, d'Harcourt  à  Rouen,  Fitz  James  à  Toulouse;  la  magistra- 
ture, comme  l'écrivait  M.  de  la  Chalotaisà  M.deCaradeuc,  avait 
partout  le  haut  du  pavé';  était-il  possible  que  cet  abaissement 
universel  des  représentants  de  l'autorité  royale  ne  s'étendît  pas  à 
la  province  turbulente  entre  toutes,  à  celle  qui  avait  les  Etats  les 
plus  tumultueux  et  le  Parlement  le  plus  agité,  à  celle  où  les  habi- 
tudes de  résistance  étaient  les  plus  invétérées?  Etait-il  possible 
surtout  qu'un  commandant  aussi  énergique  que  d'Aiguillon,  aussi 
connu  pour  son  zèle  à  maintenir  intacte  l'autorité  royale, 
survécût  presque  seul  îi  cette  espèce  de  mortalité  politique  qui 
&-appa  tant  de  représentants  moins  éminents  du  pouvoir  central 
pendant  celte  année  1703?  M.  de  la  Chalotais  avait  trop  de  ran- 
cunes contre  d'Aiguillon  et  trop  de  raisons  de  souhaiter  sa  dis- 
parition pour  l'entendre  ainsi  :  et  le  Parlement  de  Rennes  conte- 
nait un  certain  nombre  de  tètes  ardentes  qu'indignait  profondément 
la  lenteur  des  magistrats  bretons  à  suivre  les  traces  glorieuses  de 
ceui  de  Toulouse,  Rouen  et  Grenoble,  et  qui  étaient  pour  les  vues 
de  La  Chalotais  de  précieux  auxiliaires  tout  trouvés.  «  Je  vous 
plains,  >  disait  un  de  ces  boute-feu,  M.  de  la  Gascherie,  à  un 
autre,  M,  de  Montreuil,  dans  une  lettre  du  10  décembre  1763, 
dont  on  essayera  vainement,  lors  du  procès,  de  donner  des  expli- 
cations satisfaisantes-,  «  je  vous  plains  d'être  spectateur  d'une  si 
étonnante  léthargie.  »  Aussi  bien  cette  léthargie  allait-elle  bien- 
tôt faire  place  h.  une  agitation  fébrile.  Lorsque  M.  de  la  Chalotais 
eut  acquis  la  certitude  de  l'excessive  faiblesse  du  gouvernement 
envers  les  cours  souveraines,  lorsqu'il  vit  que  les  influences  hos- 
tiles à  d'Aiguillon  prédominaient  à  Versailles^,  la  campagne 
s'engagea  immédiatement. 

1.  LeUre  du  M  letrier  1764,  Procès.  I,  225.  GeUe  lettre  serait  i  citer  tout 
entière-,  elle  fournit  les  preuves  tes  plui  décisives  du  peu  de  crédit  qu'avait 
d'Aiguillon  i  Versailles,  (|noi  que  La  Chalotais  ail  plus  tard  prétendu,  et  de 
l'extrirne  timidité  du  gouvernement  enfers  la  magisiralnre. 

î.  Procts,  1,  358.  —  H.  de  la  Gascherie  était  l'ennemi  mortel  du  duc  d'Ai- 
gnillun  depuis  son  arrestation,  en  t?57. 

3.  Soulavie.  dans  ses  Mémoires  da  minutire  du  dite  d'Aiguillon,  parle  de 
canfèrences  tenues  en  JaUTier  1764  entre  Cbuiseut,  U"  de  fumpadour  et  La 


M  H.   MAUOll. 

Tout  prétexte,  il  est  vrai,  faisait  défaut  :  les  nouveaux  impôts 
n'ayant  pas  encore  été  proposés  au  Parlement  de  Rennes, 
cette  cour  n*avait  pas  eu  Toccasion  d'imiter  les  emportements 
des  autres  cours  de  province;  quand  même  ils  l'eussent  été, 
cette  occasion  ne  lui  eût  pas  sans  doute  été  fournie,  car  d'Aiguil- 
lon désapprouvait  les  violences  dont  on  avait  usé  envers  plusieurs 
Parlements,  et  il  ne  se  serait  probablement  pas  prêté  à  introduire 
en  Bretagne  la  pitoyable  comédie  des  enregistrements  militaires  ^ 
Mais  le  désir  de  perdre  d'Aiguillon  et  le  plaisir  de  Caire  du  bruit 
firent  passer  par-dessus  cette  difficulté.  On  profita  de  la  situation 
générale  du  royaume  pour  lancer  contre  le  duc  des  accusations 
que  le  Parlement  était  coupable  de  hasarder  si  elles  étaient  fausses, 
et  coupable  aussi  de  n'avoir  pas  formulées  plus  tôt  si  elles  étaient 
vraies,  car  elles  se  référaient  pour  la  plupart  à  des  pratiques  déjà 
fort  anciennes.  L'affaire  des  Parlements  de  Toulouse,  Rouen  et 
Grenoble  servit  de  prétexte  pour  engager  les  hostilités;  ce  fut  en 
exhalant  son  indignation  contre  Dumesnil,  d'Harcourt  et  Fitz 
James  qu'il  trouva  le  moyen  de  mettre  d'Aiguillon  lui-même  sur 
la  sellette. 

Le  30  décembre  1763,  alors  que  le  Parlement  de  Toulouse  était 
déjà  rétabli  et  qu'une  intervention  en  sa  faveur  avait  cessé  par 
conséquent  d'être  utile,  le  Parlement  de  Rennes,  ou  plutôt  un 
quart  à  peine  des  membres  qui  composaient  cette  compagnie^, 


Chalotais  poar  perdre  d*AigailIoD.  Ce  sont  des  faits  quil  est  impossible  de 
proQTer,  mais  qui  restent  fort  Traisemblables. 

1.  Il  n'était  nullement  partisan  c  de  ces  coups  d'autorité  qui  ne  font  qu'ai- 
grir les  esprits  et  qu'on  se  repent  toujours  d'afoir  frappés.  »  c  Voos  saTez, 
écrirait-il  à  Larerdy  le  18  aoàt  1764,  combien  j'ai  bUmé  la  dureté  aYeclaqaelle 
on  agissait  Tannée  dernière.  » 

2.  11  y  arait  ce  jour-là  (Reg.  secrets  du  Parlement  de  Rennes)  cinq  présidents 
et  Tingt  conseillers;  or  le  Parlement  comptait  de  cent  à  cent  Tingt  oflBciers.  Les 
remontrances  ne  passèrent  qu'à  deux  Toix  de  majorité,  et  encore  parce  qae 
parmi  les  opposants  il  s'en  trouva  plusieurs  qui  étaient  parents  et  dont  les 
Toix,  selon  la  coutume,  furent  réduites,  c'est-à-dire  comptées  pour  une.  — 
Nulle  part  peut-être  le  scandaleux  mépris  que  la  magistrature  parlementaire 
dn  XVIII*  siècle  faisait  de  ses  obligations  professionnelles  n'était  poussé  an 
même  degré  que  dans  le  Parlement  de  Bretagne.  Chaque  année,  pendant  les 
mois  de  noTembre  et  de  décembre,  le  palais  était  presque  désert  ;  et,  dès  les 
premiers  beaux  joors,  on  arait  peine,  en  réunissant  toutes  les  chambres,  à  en 
composer  une  entière.  Les  charges  n'étaient  achetées  le  plus  souvent  qu'à 
causa  des  privilèges  qu'elles  conféraient  et  de  l'importance  qu'elles  donnaient 
à  leurs  titulaires,  vénérés  et  craints,  chacun  dans  son  petit  territoire,  à  Tégal 


IlE  DB  BRBUGin.  i 

résolut  d'adresser  au  roi  des  remontrances  sur  les  violences  exer- 
cées par  le  doc  de  Fitz  James.  Bientôt  après,  le  12  jauvier  1764, 
il  fut  décidé  d'en  ajouter  d'autres  relatives  aux  événements  de 
Oreuoble  et  de  Rouen.  Ce  fut  dans  ces  dernières,  arrêtées  le 
1"  révrier  par  une  faible  minorité  de  ses  membres',  que  le  Par- 
lement lança  sa  déclaration  de  guerre  :  «  Les  peuples,  dlsait-il, 
«spèraient  enfin  jouir  des  fruits  de  la  paix,  lorsqu'un  nouvel 
ennemi  a  paru  dans  le  sein  delà  monarchie  pour  la  déchirer;  plus 
•cruel  mille  fois  que  la  guerre,  le  despotisme  personnel  du  com- 
mandant  dans  les  provinces  de  votre  royaume  ose  enfin  se  mon- 
trer à  découvert  :  11  porte  une  main  hardie  sur  le  dépût  sacré  des 
lois,  il  avilit,  il  opprime  les  magistrats,  il  abuse  de  l'autorité 
royale  pour  les  mettre  dans  les  liens.  *  La  Normandie,  le  Dau- 
pÛné  et  le  Languedoc  n'étaient  pas  seuls  à  souSrlr  de  ces  excès 
de  pouvoir;  la  Bretagne  ne  les  connaissait  aussi  que  trop  :  «  Le 
propriétaire  n'est  pas  siîr  s'il  jouira  le  lendemain  de  sa  maison, 
de  son  champ  ;  votre  province  de  Bretagne  ne  voit  plus  rien  de 
sacré  dans  ses  privilèges  ;  on  attaque  la  loi  fondamentale  de  ses 
Etats;  jusqu'ici,  les  trois  ordres  se  réunissaient  pour  multiplier 
leurs  dons  toujours  au-dessus  de  leurs  forces;  à  présent,  on  veut 
que  deux  ordres  donnent  des  biens  qui  ne  leur  appartiennent  pas, 
et  on  enlève  à  l'autre  ordre  jusqu'à  la  consolation  de  vous  ofîrir 
ce  qui  lui  appartient.  Les  communautés  qui  composent  votre  pro- 
vince de  Bretagne  ne  sont  plus  maîtresses  de  leurs  choix  ;  il  faut 
que  leurs  députés  soient  pour  ainsi  dire  du  choix  de  vos  commis- 
saires ;  elles  ne  les  voient  plus  partir  comme  de  zélés  défenseurs 
de  leurs  intérêts,  inséparables  de  ceux  de  V.  M.,  mais  comme  de 

d^iR  BODcerain,  Seules  les  affaires  qui  inl^reBBaieDt  les  passiona  de  la  magU- 
IratnK,  comme  des  arrêts  A  rendre  contre  le»  Jésuites  ou  contre  le  comman- 
dul  de  Is  proriace,  attiraient  aa  palais  une  aSluence  un  pej  plus  nombreuse. 
Lore  de»  contocations  générales  qui  précédèrent  les  démissions  de  (765,  on  vil 
aiTJ*er  aa  ParJement  quelques  Qgures  i  peu  près  iRconaues,  qu'on  ne  se  sou- 
Tenait  pat  d'y  UToir  «ues  depuis  le  juur  de  la  réception.  Il  y  eut  des  contelUers 
qui  ne  roagirent  pas  île  se  faire  indiquer,  dans  les  mes  de  Rennes,  le  chemin 
du  palais.  (Mémoire  de  M.  de  Sérant,  conseiller  au  Parlement  de  fleanes,  sur 
l'administration  de  la  justice  en  Bretagne,  1767,  U.  138.  U.  de  Séranl  était 
un  chaud  parlementaire,  admirateur  de  Laverdy.) 

1.  Il  n'y  araii  aussi  ce  jnur-là  que  quatre  présidents  et  vingt  et  un  conseil- 
lerv  C'était  ainsi  qne  quelques  mauvaises  têtes,  quelques  jeunes  gens  lurbu- 
lenls.  engageuienl  des  démarches  auxquelles  riuimcnsc  tna}urité  de  la  compagnie 
était  totalement  étrangère,  mais  qu'elle  se  croyait  ensuite,  tant  était  puissant 
l'emplie  de  l'esprit  de  corps,  obligée  de  soutenir  k  tout  prix. 


li^Mh 


56  M.  maiON. 

vils  esclaves  qui  ne  mériteront  jamais  leur  coniBaDce.  Si  oepen* 
dant  quelques-uns  restent  attachés  à  leur  devoir  et  défendent  avec 
zèle  les  intérêts  qui  leur  sont  confiés,  bientôt  on  les  menace,  et, 
s'ils  ne  cèdent  pas,  on  les  fait  succomber  sous  les  coups  d'auto- 
rité. »  Des  expropriations  violentes,  l'ordre  du  12  octobre  1762 
et  un  arrêt  du  conseil  du  11  juin  1763  relatif  aux  mairies  S  tels 
étaient  donc  les  griefs  que  le  Parlement  trouvait  alors  à  allégua: 
contre  le  duc  d'Aiguillon,  dans  ces  remontrances  auxquelles 
M.  de  la  Chalotaisa  afSrmé  avoir  été  absolument  étranger,  chose 
peu  croyable,  car  elles  le  comblèrent  de  satisfaction,  et  il  ne  leur 
reprocha  que  d'être  trop  douces*.  On  devait  allonger  cette  liste, 
quelques  mois  plus  tard,  en  trouvant  de  nouveaux  chefs  d'accu- 
sation, corvées,  dépenses  exagérées  des  villes,  etc.,  etc.  Il  sera 
temps  alors  de  les  examiner. 

Rien  n'avait  permis  de  prévoir  cette  attaque.  En  partant  pour 
faire  sur  les  côtes  de  Bretagne  sa  tournée  annuelle,  d'Aiguillon 

1.  L'arrêt  da  11  juin  1763,  particulier  à  la  Bretagne,  astreignait  les  maires, 
soit  élus,  soit  en  titre  d'office,  à  obtenir  Tagrément  du  gouTemeur  ou  du  com- 
mandant et  confirmait  le  droit  des  maires  d'être  les  députés-nés  de  leurs  Tilles 
aux  États  de  la  province.  En  cas  d'absence  de  leur  part,  les  députés  nommés 
par  les  communautés  de?aient  faire  approuver  leur  nomination  par  les  commis- 
saires du  roi.  Cette  dernière  disposition  seule  constituait  à  vrai  dire  une  nou- 
veauté. Il  est  évident  que  cet  arrêt  choque  entièrement  nos  idées  modernes  de 
liberté  électorale.  Mais  c'est  Tancien  régime  tout  entier  qui  est  ici  en  cause,  et 
non  pas  personnellement  le  duc  d'Aiguillon.  Nulle  part  on  n'entendait  concéder 
plus  de  liberté  pour  les  élections  à  ce  qui  subsistait  encore  d'assemblées  d'États. 
L'arrêt  du  11  juin  1763  est  d'ailleurs  resté  en  vigueur  après  le  départ  du  duc 
d'Aiguillon,  et  il  subsistait  encore  à  la  veille  de  la  Révolution.  Trois  fois  de 
suite,  à  Dinan,  de  1772  à  1778,  la  ville  s'étant  obstinée  à  ne  présenter  pour  U 
mairie  que  des  personnes  dont  le  gouverneur  ne  voulait  pas,  on  tourna  la  dif- 
ficulté en  prolongeant  d'autorité  les  fonctions  du  maire  qui  devait  sortir  de 
charge.  L'Mit  de  mai  1765,  qui  stipulait  la  nomination  des  maires  par  le  secré- 
taire d'État  de  chaque  province  sur  une  liste  de  trois  noms  élus  dans  chaque 
ville,  allait  aussi  loin,  comme  Linguet  l'a  fait  remarquer,  que  l'arrêt  du  11  juin 
1763.  —  Quant  aux  prétendus  coups  d'autorité  frappés  sur  des  députés  du  tiers 
trop  indépendants,  le  récit  des  précédentes  sessions  d'États  fournit  des 
exemples  de  membres  de  cet  ordre  pouvant  faire  de  l'opposition  impunément. 
Dans  une  note  relative  aux  remontrances  du  Parlement  (H.  625),  d'Aiguillon 
affirme  n'avoir  jamais  eu  recours  qu*à  des  avertissements  et  avoir  toujours 
évité  «  ces  actes  de  violence  que  ses  prédécesseurs  avaient  été  quelquefois 
obligés  de  mettre  en  usage.  » 

2.  LeUre  du  11  février,  ProcèSy  1,  224  :  «  Votre  petit  despote  est  donc  bien 
fâché  des  remontrances  de  votre  Parlement  ?  Tant  mieux,  tout  le  monde  en  est 
bien  aise  ici...  Vos  remontrances  sont  au  miel  et  au  sucre  contre  lui  auprès 
de  celles  des  autres  Parlements,  n 


t 


LES   DEBUTS   DB    <•   I.'4FPilBR   DK   BBETtONR.  >  S7 


I 


.^rait,  quelques  semaines  auparavanl,  quitté  le  Parlement  en  fort 
Itoas  termes.  Aussi  sa   stupéfaction   fut-elle  extrême  lorsqu'il 
■apprit  à  Saint-Brieuc  les  actes  de  despotisme  qu'on  lui  imputait. 
31  s'empressa  de  revenir  à  Rennes  (6  février)  et  témoigna  le  len- 
'^emain  au  Parlement,  venu  chez  lui  selon  la  coutume,  combien 
â!  était  affecté  de  cette  violente  sortie.  Il  se  montra  ému  et  vive- 
inent  peiné,  mais  ne  fut  d'ailleurs  ni  amer  ni  offensant'.  On  se 
sépara  de  part  et  d'autre  sans  éclat  ni  vivacité,  ce  qui  n'empêcha 
JWs  le  Parlement,  délibérant  le  8  sur  ce  qui  s'était  passé  la  veille 
«bez  le  duc,  de  voter  que  l'on  serait  mécontent  et  de  charger  son 
jppfânier  président  de  faire  des  observations  sur  l'accueil  qu'il 
avait  reçu,  D'Aiguillon  répondit  que  sa  sensibilité  avait  été  trop 
grande  pour  pouvoir  la  cacher  et  qu'il  faisait  trop  de  cas  de  l'es- 
time du  Parlement  pour  ne  pas  voir  avec  une  douleur  extrême 
qu'il  l'avait  perdue;  il  insista  en  même  temps  pour  que  le  Parle- 
xnent  donnât  des  preuves  de  ses  allégations.  D'Amilly  s'entremit, 
ca.liiia  les  dissentiments,  promit  que  les  remontrances  ne  seraient 
pas  imprimées  et  ménagea  une  réconciliation  apparente.  Bien  prit 
a.u  duc  de  se  montrer  accommodant.  S'il  avait  persisté  à  vouloir 
eatjger  des  preuves  et  à  écrire  au  roi,  comme  il  en  avait  d'abord 
formé  le  projet,  il  aurait  été  plus  que  médiocrement  soutenu. 

M.  de  Laverdj,  eu  effet,  auquel  un  des  choix  les  plus  fàdieux 
«jMe  Louis  XV  ait  jamais  faits  venait  de  dnnner  le  contrôle  géné- 
ï"^!,  était  l'homme  le  moins  capable  de  maintenir  les  Parlements 
«lans  le  devoir.  Fils  d'un  avocat  au  Parlement  de  Paris,  ardent 
Janséniste,  conseiller  lui-même  k  la  première  chambre  des  enquêtes 
*ie  cette  compagnie*,  ayant  grandi  et  vécu  exclusivement  dans 


I.  Lettre»  de  d'Aiguillon  A  Saint-Florentin,  7  février,  et  à  Laverdy,  9  février 
C^.  630).  D'Amilly  écrit  do  aon  c<Vlé  le  10  Kvrier  :  »  Il  ne  lui  échappa  pas  uD 
*>»ot  qui  put  oQ'enser  ea  rien  la  Cotnpiignie.  et  la  vivacité  arec  laquelle  il  par- 
^^î(  èiAÎt  plulâl  une  marque  de  m  MDsibilité  que  de  calËre  un  de  mécoolenle- 
*kKeat.  »  C'est  ce  que  la  Réponae  de»  ÊLals  an  Mémoire  de  Lingoet  appelle 
*    avoir  mallrailé  la  Compagnie  publiquement  avec  beaucoup  de  vivacité.  • 

2-  II  venait  de  conquérir  une  certaine  illusIraUon  par  la  part  qu'il  avait  prise 
4«i  procis  des  Jësuilcs.  Son  rapport  du  12  novembre  17B3  sur  les  collèges  de 
f^atifl,  rapfiorl  qui  inspira  les  leUres  patentes  du  31  novembre  pour  le  transfert 
^M  collège  Louis- te- Grand  du  collège  deLisîeui  et  dei  boursiers  des  petits  col- 
l^iges  de  la  capitale,  parntt  avoir  été  l'occasioa  déterminante  de  sa  nomination. 
Il  avait  une  bonne  réputation  et  passait  pour  un  magistrat  honnête,  ïtlé  et 
tiutnill.  On  ue  pouvait  pas  encore  connaître  son  inauDisance,  qui  n'avait  pas 
CD  l'occailon  de  se  manifester. 


] 


58 

cette  société  parlementaire  dont  il  avait  entièremeot  adopté  les 
doctrines  et  les  préjugés,  il  ne  pouvait  être  au  pouvoir  que  le 
protecteur  des  hotaiaes  auxquels  l'unissaient  et  la  comimioaut 
des  idées  et  des  relations  de  longue  date  ;  et  les  Parlementa  pou- 
vaient être  dix  fois  coupables  sans  paraître  tels  à  ses  yeux,  n 
n'osait  user  envers  eux  que  d'objurgations  timides  et  de  suppli- 
cations éplorées,  dont  le  danger  des  manœuvres  jésuitiques  faisait 
généralement  le  thème  ;  et,  si  loin  qu'ils  allassent,  ils  étaient  sûrs 
de  ne  jamais  épuiser  sa  patience.  C'était  chez  lui  un  système 
de  tout  leur  pardonner  et  de  n'attendre  le  rétablissement  de 
l'autorité  que  des  excès  du  désordre  et  de  l'anarchie.  La  pensée 
de  Louis  XV,  quand  il  alla  chercher  un  contrôleur  général 
dans  le  sein  de  la  magistrature,  avait  été  certainement  que  cette 
preuve  de  déférence  la  flatterait  et  que  le  monde  parlementaire, 
devenu  si  redoutable,  en  serait  plus  facile  h  conduire  ;  jamais  cal- 
cul ne  fitt  aussi  complètement  déjoué  par  l'événement.  M.  de 
Laverdy  était  intègre,  zélé,  rempli  de  bonnes  intentions,  sincère- 
ment désireux  de  tirer  la  France  de  cette  espèce  de  décomposition 
dans  laquelle  elle  tombait  visiblement;  c'était  uu  travailleur 
infatigable'.  Malheureusement,  il  joignait  à  ces  heureuses  qua- 
lités les  plus  graves  défauts;  la  feiblessede  son  caractère  était 
extrême;  très  peu  au  fait  des  matières  administratives,  il  était 
incapable  de  mener  de  front  les  affaires  multiples  et  pressantes 
qui  surgissaient  h  chaque  instant,  et  ne  tarda  pas  à  se  troaver 
entièrement  débordé  ;  il  était  dépourvu,  non  seulement  d'habileté, 
mais  même  de  cette  sagacité  élémentaire,  et  pour  ainsi  dire  de  cette 
sorte  d'instinct  de  gouvernement,  qui  constitue  la  première  et  la 
plus  essentielle  qualité  d'an  homme  d'État.  Incapable  de  la  plus 
vulgaire  discrétion,  il  livrait  sans  cesse  les  plus  intimes  pensées 
du  gouvernement  à  des  confidents  plus  que  suspects  qui  se  fai- 
saient un  jeu  de  le  trahir.  Par  sa  simplicité  excessive,  par  le  trop 
de  facilité  de  son  abord  comme  par  la  familiarité  incorrecte  et 
triviale  de  son  style,  il  déconsidérait  l'autorité  dont  il  était  revêtu 
et  prêtait  à  rire  à  ses  dépens.  Des  aveux  d'ignorance  d'une  humi- 
lité touchante,  mais  singulièrement  maladroite,  revenaient  à 
chaque  instant  sous  sa  plume.  Sa  crainte  excessive  de  nouveaux 

1.  f  Je  travaille  12  i  13  heures  par  Jour,  éeriTait-il  4  d'Aiguillon  le  27  dé- 
cembre 1763  (H.  630),  je  raaaemble  aatoDl  que  je  puis  des  coanaissancet  de 


LES   DÉBOTS   DE   <!   l'iFFAIU  DE  IKETifiHE.  I 

cooflits  avec  les  cours  excitait  tout  natureUeinenl  k  lui  résister 
el  semait  partout  des  germes  d'insubordination.  Soucieux  d'ail- 
Imrs  de  dissimuler  sous  des  apparences  d'énergie  son  Inépuisable 
feiblesse,  il  flottait  sans  cesse  entre  la  politique  de  rigueur  et  celle 
des  concessions  k  outrance,  prenait  des  attitudes  impérieuses  iné- 
TJtablenient  suivies  de  quelque  piteuse  reculade,  conseillait  au 
besoin  des  procédés  k  la  Terray,  engageait  des  démarches  qu'il 
n'était  point  capable  de  soutenir  et  multipliait  dans  ses  actes 
cotame  dans  ses  paroles  les  plus  grossières  coutradictions.  11  put, 
grâce  aux  amitiés  qu'il  y  comptait  et  à  force  de  concessions, 
pacifier  pour  quelque  temps  le  Parlement  de  Paris  ;  mais,  après 
une  courte  accalmie,  son  élévation  même  ne  pouvait  guère  qu'ag- 
graver les  querelles.  Les  ambitions  parleraeutaires  étaient  stimu- 
lées par  son  exemple  et  encouragées  par  son  incapacité.  11  n'y 
eul  pins  de  jeune  conseiller  aux  enquêtes  qui  ne  se  crût  capable 
(le  gouverner  l'Etat,  et  les  Parlements  de  province,  notamment, 
qui  avaient  alors  contre  celui  de  Paris  plus  d'un  grief',  devaient 
nécessairement  être  tentés  d'avoir  leur  tour.  M.  de  la  Chalotais, 
^  qui  les  chaudes  félicitations  de  Voltaire,  de  d'Alembert  et  des 
pliiloBophes  avaient  inculqué  une  haute  idée  de  sa  valeur  et  de 
*8  supériorité,  d'ailleurs  réelle,  sur  les  hommes  les  plus  en  vue 
ào  Parlement  de  la  capitale-,  trouva  certainement  que  le  choix 

'■  Le  Parlement  de  Paris  avait  contre  lui  sa  théorie  qu'il  Élail  seul  et  eiclu- 
UTOnenl  la  cour  des  pairs,  sa  compoeiUon  sociale  pluLAt  inférieure  A  celle  de 
'*Pla|)arL  de»  cours  proTinciales,  son  Taiialisiae  JHnséniste  el  l'esprit  gouver- 
■■"iieaui  (du  moins  relatiremeni;  qui  l'aaima  dans  les  premiers  temps  du 
iniiJstïre  de  Laverdy.  Nul  doute  que  M.  de  ta  Chalotais  n'eilL  été  bien  aise 
d'tiu  tyiillff  celle  cour,  qui  devait  plus  lard  épouser  sa  cause  avec  tanl  d'éner- 
C"  :  n  11  a'esl  que  Irop  TÎsible,  u  lui  a  écrit  sou  correspondant  de  Reynes  dans 
""  lettre  qui  métlle  allenlion  [15  mai  1765.  Procès,  I,  Î82),  »  que  le  Parle- 
■°«>t  <|e  Paris  »eot  loot  subjuguer,,.,  bien  des  bons  eiloyens  trouvent  étrange 
1"*  Vos  douze  eonrrëres  (les  douze  Parlements)  ne  se  soient  pas  éleïès  contre 
lenir^priiedu  nôtre,  qui  semble  ne  respirer  et  ne  cbercber  que  tous  les  moyens 
de  ront  meltre  sous  son  joug.  > 

'-  Orlmm  dit  en  juin  1T63,  à  propos  de  VEiiai  d'éducation  nationale  :  i  La 
I'"''^*' ili,  qui  placera  lU.  de  la  ChalotaÏB  an  premier  rang  de  la  magislraluro  de 
'^'*c«,  renurqnera  avec  élonnemenl  qu'il  est  le  seul  magistrat  qui  ait  su  Ira- 
"r  Uq  |,|aQ  d'éducation,  tandis  que  te  premier  Parlement  du  royaume  s'est 
ure&^  am  pédants  de  l'Université  pour  avoir  un  plan  d'études...  >  —  <  Vous 
^"uei  de  beaui  exemples  en  pins  d'un  genre  au  Parlement  de  Paris,  >  lui 
«uivail  VolUire  â  son  tour  (22  juin  1763};  a  on  préteud  que  maître  Orner  Joly 
^  ^«ury  ne  les  a  pas  suivis  en  faisant  son  réquiaitoire  contre  l'inoculation... 
"ioaa,  ne  paraissez  le  procurear  général  de  la  France  entière  ■  (2S  sept.  1764], 


60  M.   MARIOX. 

du  roi  aurait  pu  être  plus  éclairé  et  comprit  qu'il  lui  serait  facile, 
eu  suscitant  des  troubles,  de  se  frayer  la  voie  vers  cette  place 
enviée,  quoique  peu  eoviable,  que  l'infortuné  ministre  occupait 
sans  motif  explicable,  «  par  accident  à  son  être  S  »  et  qu'il  était 
si  peu  apte  à  remplir. 

Tel  était  Thomme  que,  pour  son  plus  grand  malheur,  pour  le 
malheur  du  royaume,  pour  le  malheur  surtout  de  la  Bretagne, 
dans  les  troubles  de  laquelle  il  a  eu,  par  son  insufSsance,  une 
lourde  part  de  responsabilité,  on  était  veou  prendre  pour  le 
mettre  à  la  tête  du  département  le  plus  difficile,  au  moment  de  la 
crise  la  plus  violente  que  le  royaume  eût  depuis  longtemps  tra- 
versée. Il  a  toujours  affirmé  n'avoir  pas  désiré  cette  distinction 
dangereuse  et  avoir  été  surpris  tout  le  premier  qu'on  soit  venu 
le  chercher  «  dans  son  coin^;  »  et  sa  sincérité  en  cela  ne  parait 
pas  douteuse,  carie  pouvoir,  auquel  il  finit  plus  tard  par  prendre 
goût,  auquel  même  il  se  raccrocha  désespérément,  ne  fut  pour 
lui  au  début  qu'une  source  de  tribulations  de  toute  sorte,  et  il 
semble  bien,  par  sa  correspondance  en  1764  et  1765,  qu'il  ait  été 
alors  l'homme  le  plus  malheureux  de  tout  le  royaume.  Assiégé 
d'embarras  incessants,  qui  certes  étaient  grands,  mais  que  son 
caractère  pessimiste  le  portait  à  s'exagérer  encore,  succombant 
sous  le  poids  d'une  besogne  trop  lourde  pour  sa  pauvre  tête,  U 
aurait  peut-être  quitté  la  place,  s'il  n'avait  été  retenu  par  l'idée 
singulière  (M.  de  Laverdy  appartenait  à  la  fraction  dévote  du 
parti  janséniste)  que  Dieu  avait  eu  ses  desseins  en  l'élevant  si 
haut  et  qu'il  n'avait  plus  le  droit  d'éloigner  de  lui  ce  calice.  Ce 
pouvait  être  un  moyen,  certes  douloureux  et  pénible,  mais  d'au- 
tant plus  méritoire,  de  faire  son  salut  éternel,  que  de  travailler  au 
salut  temporel  de  sa  patrie.  «  Je  périrai  peut-être  victime  de  mon 
zèle  et  de  mon  assiduité,  écrivait-il  à  d'Aiguillon  le  27  décembre 
1763,  mais  j'ose  espérer  qu'il  peut  être  dans  le  ciel  des  récom- 
penses pour  ceux  qui  ne  désespèrent  pas  tout  à  fait  du  salut  de 
leur  patrie  et  qui  lui  consacrent  leurs  travaux.  »  Soutenu  par 
cette  perspective,  il  tint  bon  et  jura  qu'il  mourrait  à  la  peine  ou 
qu'il  sauverait  ses  concitoyens  malgré  eux  :  «  Je  vois  les  suites 
afireuses  de  tout  ceci  comme  une  punition  de  la  Providence  et, 

1.  L'expression  est  de  M.  de  L&ferdy  lai-méme  (lettre  du  2  mai  1765,  Pro' 
ces,  I,  271). 

2.  Lettre  du  4  mare  1764  à  d*Aigalllon  (H.  630). 


Pqpo 
fin 


LES   DéeOTS    DB    ■   L'tFFitBK   DE  RKETIGNE. 

mallieureuse  victime  de  sa  rigueur  pour  moi ,  je  me  dispose  k 
avaler  le  calice  de  l'amertume  qu'elle  me  propose  jusqu'à  ce  que 
ina  santé,  anéantie  par  de  si  grands  malheurs,  ait  fait  cesser  mon 
existence  physique  ou  qu'une  heureuse  révolution  m'ait  conduit 
k  un  état  plus  tranquille  et  plus  fait  pour  le  ccBur  d'un  véritable 
citoyen,  que  les  infortunes  de  son  maître  et  de  sa  patrie  pénètrent 
de  la  plus  vive  douleur  '.  » 

Ses  premiers  actes  donnèrent  sa  mesure.  Lorsqu'il  devint  con- 
trôleur général,  il  y  avait  à  Versailles  des  députés  du  Parlement 
de  Grenoble  mandés  en  cour  pour  rendre  compte  de  la  conduite 
de  leur  compagnie  envers  le  malheureux  Dumesnil.  Laverdy  ne 
trouTa  rieu  de  mieux  à  faire  que  de  les  renvoyer  avec  de  bonnes 
paroles  et  en  leur  payant  leurs  frais  de  voyage  et  de  séjour  "  ;  et 
cet  acte  de  faiblesse  inouïe  avait  lieu  dans  un  temps  où,  selon  le 
mot  du  premier  commis  du  contrôle  général,  le  gouvernement  en 
«tait  réduit  k  compter  pour  un  écu''.  Il  était  tout  occupé  de  réta- 
**lir  ïa  paix  à  Toulouse  et  à  Rouen,  à  force  de  concessions,  lorsque 
^*"^it  la  malencontreuse  affaire  de  Rennes.  Il  fallait  à  tout  prix 
^^  pas  aigrir  ce  Parlement  pour  ne  pas  faire  éclater  là  aussi  de 
Qou-veaux  orages.  Aussi  ses  recommandations  à  d'Aiguillon 
"iï*ect-eiles  dans  le  sens  de  la  conciliation  quand  même,  et  il 
'e  supplia  de  ne  pas  porter  plainte  au  roi  des  remontrances  du 
rafleraent  :  <  llue  situation  si  critique,  écrivait-il  le  12  février^, 
®^ge  plus  de  modération  que  jamais...  Ne  vaudrait-il  pas 
*°l^Ux  que  le  roi  répondît  à  ces  remontrances  en  annonçant  son 

****our  pour  la  tranquillité,  le  rétablissement  du  Parlement  de 
'"^Tioble,  qui  sera  consommé  demain  lundi,  et  des  espérances 
^*»f  Rouen,  auxquelles  on  va  s'attacher  après  que  Toulouse  sera 

^f*i.  et  que  de  lui-même  il  rendît  justice  à  votre  administration! 
/  1«  Parlement  enregistre  la  réponse,  tout  est  dit.  S'il  la  rejette, 
^st  lui  qui  devient  accusateur  en  forme  et  vous  n'êtes  que  défen- 

r^**»",.,  >  En  tout  cas,  on  gagnait  ainsi  du  temps  :  et  il  importait 
P^t  peu  à  cet  étrange  ministre  de  laisser  sous  le  coup  d'inculpa- 

^**ïis  graves  les  plus  fidèles  serviteurs  du  roi,  pourvu  qu'il  eût  la 

*^**  avec  les  cours  et  qu'il  pût  obtenir  de  leur  complaisance  les 
'^^'^istremeuts  dont  il  avait  besoin. 

*-    Utlredu  3  féTriet  t76S{U.  G3I). 

^-    LtTCrdyd  d'AiguillOQ,  4  mars  (H.630J. 

^-    Uctnard  à  d'Aiguillon,  7  Beplembre  1762  (H.  3dI). 

*-  H.e30, 


L^ 


62  W.   WARlOlf. 

Ce  qui  disposait ,  en  effet,  le  nouveau  contrôleur  général  S*  ^ 
toutes  les  faiblesses,  ce  n'était  pas  seulement  la  timidité  natoreU^K^Je 
de  son  caractère  et  la  difficulté  de  rompre  en  visière  avec 


alliés  de  la  veille,  c'était  plus  encore  peut>-etre  l'affreuse  pénurie  Jè*i( 
d'argent  qu'il  avait  trouvée  en  arrivant  au  ministère^  etla  n 
site  impérieuse  de  se  procurer  des  fonds,  donc  de  se  procurer  d 
enregistrements,  coûte  que  coûte  et  sans  délai.  La  déclaration  d 
21  novembre  1763,  qui  avait  retranché  des  édits  d'avril  ce 
blessait  le  plus  les  intérêts  de  la  magistrature,  à  savoir  le  cen- 
tième  denier  et  les  dispositions  primitives  prises  pour  le  cadastre 
mais  qui  maintenait  le  second  vingtième  et  le  sixième  sol  pours 
livre  des  droits  des  fermes,  pouvait  fournir  quelque  argent  ;  c'était', 
une  dernière  planche  de  salut  dont  il  importait  d'user  i 
ment.  «  Ce  moment,  »  écrivait  Laverdy  à  d'Aiguillon  dans  ao! 
style  plat  et  trivial',  «  ce  moment  est  celui  de  la  crise;  il  faut^-^^ 
que  tout  pète  ou  que  la  déclaration  ait  lieu  partout,  afin  d'avoir'K^ 
le  temps  de  prendre  les  arrangements  convenables.  »  Aussi, 
les  premiers  jours  de  son  ministère,  contrairement  aux  intentions  ^3  iS 
dernières  de  son  prédécesseur,  qui  étaient  de  réunir  en  Bretagne 
une  assemblée  d'Etats  extraordinaires,  parut-il  disposé  &  e 
la  déclaration  au  Parlement  de  Rennes,  sans  plus  attendre,  en 
même  temps  que  l'édit  d'avril  1758  et  que  la  déclaration  de 
février  1760,  toujours  non  enregistrés.  Les  objections  de  d'Aiguil- 
lon sur  la  nécessité  du  consentement  préalable  des  Etats,  et  la 
nouvelle  que  le  Parlement  persistait  à  cet  égard  dans  le  système 
adopté  par  lui  en  1760  le  firent  changer  d'avis  ;  dans  une  lettre 
du  15  février  1764,  il  sembla  résigné  à  attendre  la  session  des 
Etats  ordinaires.  Mais  il  ne  se  prêtait  qu'avec  beaucoup  de  regret 
à  cette  combinaison,  qui  retardait  singulièrement  la  perception 
des  nouveaux  impôts  en  Bretagne  et  qui  avait  de  plus  l'inconvé- 
nient d'y  laisser  en  souffrance,  non  seulement  le  second,  mais 
même  le  premier  vingtième;  et,  pour  répondre  aux  désirs  non 
dissimulés  du  ministre,  d'Aiguillon  venait  précisément,  lorsqu'il 


1.  c  L'état  des  finances  est  dans  un  délabrement  qui  ne  peut  s'imaginer... 

C'est  un  miracle,  au  pied  de  la  lettre,  que  nous  ayons  été  cette  année Jogei 

de  la  position  du  pauvre  diable  qui  conduit  une  administration  oà  il  dépend 
également,  par  la  pénurie  extrême  où  elle  est  réduite,  des  financière  et  des 
magistrats  qui  se  détestent  également  »  (l^ettres  de  La?erdy,  27  décembre  1763, 
29  octobre  1764  ;  H.  630  et  631). 

2.  Uttre  du  12  février  (H.  630). 


_     n 


^  lES   DEBUTS   DE    «  t  AFF 

reçut  cette  dernière  lettre,  de  faire  dans  le  Parlement  une  certaine 
propagande  et  de  sonder  le  terrain  en  vue  d'un  enregistrement 
yar  celle  compagnie  antérieurement  à  l'acceplatioL  des  États. 
Pareil  procédé,  on  le  sait,  était  absolument  contraire  à  son  opi- 
nion personnelle,  mainte  fois  répétée  et  toujours  invariable;  mais 
il  lai  parut  impossible  de  refuser  à  Laverdy  ce  service,  alors  que 
3e  gouvernement  venait,  dans  une  déclaration  solennelle,  d'an- 
noncer son  intention  d'avoir  recours,  dans  une  large  mesure,  aux 
conseils  et  aux  lumières  de  la  magistrature  ;  en  agissant  autre- 
ment, il  eût  craint  d'être  accusé  de  trahir  les  intentions  ministé- 
rielies,  de  s'obstiner  par  parti  pris  à  reléguer  les  Parlements  au 
second  plan,  peut-être  de  conserver  un  ressentiment  trop  vif  des 
mauvais  procédés  que  les  magistrats  rennais  venaient  d'avoir 
envers  lui.  11  avait  donc  entretenu  quelques-uns  des  membres  les 
jlus  influents,  leur  avait  Êiit  entendre  que  les  Parlements,  appe- 
lée désormais  à  prendre  tant  d'influence  dans  le  i-oyaume,  ne 
jouvaient  guère  se  contenter  de  se  traîner  à  la  remorque  des 
États,  et  avait  fait  quelque  impression.  «  Je  crus  m'apercevoir 
il  y  a  deux  jours,  écrit-il  le  22  février,  qu'on  désirait  recevoir 
au  plus  tôt  la  déclaration  pour  l'enregistrer  avant  la  tenue  des 
États...  Je  crois  que  vous  ne  devez  pas  balancer  à  l'envoyer, 
parce  que,  si  elle  est  enregistrée,  comme  je  l'espère,  sans  autres 
modiScatioDS  que  celles  du  Parlement  de  Paris,  nous  aurons 
beaucoup  plus  de  facilité  k  taire  consentir  par  les  États  les  impo- 
sitions qui  y  sont  contenues,  et  la  tranquillité  sera  plus  aflermie 
que  jamais  dans  cette  province.  »  D'Aiguillon  a  été  accusé  d'à  voir 
voulu  par  là  brouiller  les  deux  corps'  ;  il  l'eût  été,  s'il  eût  agi 
autrement,  d'avoir  voulu  l'abaissement  de  la  magistrature  et  de 
l'avoir  calomniée  auprès  du  trône.  Son  véritable  tort,  en  celte 
■circonstance  comme  en  plusieurs  autres,  fut  d'avoir  trop  facile- 
ment ajouté  foi  aux  assurances  des  parlementaires.  Sincères  peut- 
être,  les  promesses  qui  lui  furent  faites  n'allaient  pas  moins  per- 
mettre aux  (auteurs  de  troubles  de  tendre  au  contrôleur  général 
lia  piège  dans  lequel  celui-ci  alla  donner  avec  une  naïveté  qui 
étonne. 

Dès  qu'il  eut  reçu  la  lettre  de  d'Aiguillon,  il  s'empressa  de 
i^prendre  un  plan  qu'il  n'avait  jamais  abandonné  que  mal- 


1.  Réponse  des  ÉUls  au  Uémoire  de  Liuguel. 


^B-l.  RépanM  des 


64  W.   WABION. 

gré  lui  et  De  songea  plus  qu'à  adapter  la  déclaration  du 
21  novembre  aux  conditions  particulières  dans  lesquelles  se 
trouvait  la  Bretagne.  Au  lieu  d'établir  un  sixième  sol  pour 
livre  des  droits  des  fermes,  comme  le  cinquième  n'avait  jamais 
été  enregistré  au  Parlement,  la  déclaration  destinée  à  cette  pro- 
vince créa  deux  sols  pour  livre  de  tous  les  droits  perçus  au  profit 
du  roi,  des  Etats,  ou  des  villes,  corps  et  communautés,  du  1®'' juil- 
let 1764  au  31  décembre  1772*.  On  renonça  à  parler  du  don 
gratuit  des  villes,  les  rapports  de  d'Aiguillon  ayant  affirmé  que 
la  province  n'en  voulait  à  aucun  prix.  Quant  au  reste  de  la  déda- 
ration,  il  continuait  à  avoir  bonne  opinion  de  l'accueil  que  le 
Parlement  lui  ferait,  et  ses  lettres  étaient  fort  optimistes. 

Le  projet  de  déclaration  fut  donc  envoyé,  non  pas  encore  pour 
que  le  Parlement  l'enregistrât,  mais  pour  en  négocier  avec  lui 
l'enregistrement  et  lui  permettre  de  présenter  ses  observations,  s'il 
avait  à  en  faire,  car  on  redoutait  par-dessus  tout  un  enregistre- 
ment avec  modifications  et  restrictions,  qui  compromettrait  sin- 
gulièrement le  succès  auprès  des  États  au  lieu  de  le  faciliter. 
  peine  eut-il  été  connu  du  Parlement  et  des  commissaires  nom- 
més pour  l'examiner,  qu'un  certain  courant  d'opposition  com- 
mença à  se  manifester.  Sur  la  motion  de  M.  de  Montreuil,  on 
donna  lecture  à  l'assemblée  des  commissaires  du  mémoire  rédigé 
en  1762  par  les  États  contre  l'imposition  du  sol  pour  livre,  et  les 
raisons  en  furent  trouvées  convaincantes.  On  ne  voulait  pas 
davantage  du  second  vingtième,  qui  d'ailleurs  n'était  plus  perçu 
en  Bretagne  depuis  le  commencement  de  l'année  1764*.  Très  ras- 
surantes jusque-là,  les  lettres  de  d'Aiguillon  deviennent,  à  partir 
du  18  mars,  presque  alarmantes  :  «  Je  prévois  avec  douleur, 
écrit-il  à  cette  date,  que  l'avis  des  commissaires  passera  de 
trois  ou  quatre  voix,  quoique  le  nombre  des  gens  décidés  pour 
l'enregistrement  de  la  déclaration  soit  plus  considérable  que  celui 
de  ceux  qui  s'y  opposent  ;  mais  il  s'en  trouve  plusieurs  des  pre- 
miers qui  ne  font  qu'une  voix  entre  deux  ou  trois,  tels  que 
MM.  les  présidents  de  Châteaugiron  et  de  Cucé^;  d'ailleurs,  les 

1.  Au  31  décembre  1771,  pour  les  droits  perçus  au  profit  des  États,  afin  de 
tenir  compte  à  ceux-ci  des  deux  années  1762-1764  pendant  lesquelles  ils  aTaient 
abonné  un  sol  pour  livre. 

2.  C'est  à  grand'peine  que  d'Aiguillon  a?ait  décidé  la  commission  à  imposer 
encore  le  premier. 

3.  Le  président  de  Cncé  était  gendre  dn  président  de  Châteaugiron. 


jeunes  conseillera  des  enquêtes,  qui  sont  fort  ignorants,  croient 
iâir-«  merveille  de  demander  des  soulagements  fort  étendus  et  sont 
persuadés  qu'on  ne  les  leur  refusera  pas,  s'ils  y  insistent  forte- 
ment;  c'est  réjiidêmie  du  temps,  beaucoup  plus  générale  et  plus 
TÎolente  dans  cette  province  que  dans  le  reste  du  royaume,  attendu 
la  forme  de  son  administration.  » 

Ij«  21  mars,  en  effet,  il  fut  convenu  dans  une  assemblée  des 

chambres  que  la  commission  rédigerait  un  mémoire  concluant  à 

diverses  modifications  dans  le  texte  de  la  déclaration.  Ce  mémoire 

insista  sur  l'accablement  de  la  province  et  représenta  que  les  ving- 

bàiues  et  sols  pour  livre  constitueraient  un  fardeau  intolérable 

sous  lequel  elle  succomberait  inévitablement.  Le  cadastre  surtout 

serait  inutile,  impraticable,  contraire  aux  constitutions  de  la 

pfO"vince.  •  Le  plan  de  régie  établi  en  Bretagne,  affirmait  la 

commission,  est  bien  plus  simple  pour  connaître  la  vraie  valeur 

lies   kieus  et  pour  exclure  l'arbitraire...  Chaque  propriétaire  a 

foni-ni  une  déclaration  de  ses  biens,  il  a  communiqué  au  soutien 

ses  fermes  authentiques,  ses  partages  ou  autres  pièces  semblables, 

les  déclarations  ont  été  vérifiées  par  l'inspection  des  lieux  et  sur 

la  vve  des  titres,  elles  le  sont  encore,  pour  ainsi  dire,  tous  les 

J<*nrB  par  les  soins  du  grand  nombre  de  patriotes  qui.  chargés 

de  Cette  partie  d'administration,  travaillent  pour  en  exclure  l'ar- 

"it'*aire  ;  en  introduisant  le  cadastre,  le  travail  de  trente  années 

''fist^rait  sans  effet  et  les  dépenses  des  déclarations  et  vérifications 

s^naieni  perdues  pour  le  propriétaire  ;  il  serait  inquiété  de  nouveau 

daas  ses  possessions  et  se  détacherait  de  plus  en  plus  de  la  culture 

et  3^  l'amélioration  d'un  bien  qui  lui  deviendrait  à  charge.  «Cette 

™'"r*ur  pour  la  réfection  du  cadastre  se  comprend  aisément  : 

P8''l^mentaires  et  privilégiés  avaient  tout  à  y  perdre,  et  en  Bre- 

*8&*»«  plus  que  partout  ailleurs.  Là  était  la  véritable  raison  pour 

laquelle  le  cadastre  était  contraire  aux  institutions  de  la  pro- 

î^eu  importait  d'ailleurs  au  succès  de  la  négociation,  puisque 

1*  K<iaTernement  avait  renoncé  à  exécuter  sérieusement  ce 

cadastre,  qui  aurait  révélé  de  si  étranges  anomalies  dans  la 

répartition  des  vingtièmes,  et  se  déclarait  prêt  k  soumettre  h 

l'approbation  des  cours  les  règlements  qui  seraient  faits  pour  y 

fri'Vailler,  même  à  différer  de  rien  ordonner  sur  cet  article  jus- 

Httà  la  réunion  des  Etats.  C'est  sur  quoi  Laverdy  insistait  dans 

Hev-  HrsTOB.  LXVI.  1"  fasc.  5 


66  M.   MABIOlf. 

sa  réponse  au  Parlements  où  il  réfutait  également  dans  le  plus 
grand  détail  toutes  les  autres  objections  qui  lui  avaient  été  Eatites; 
la  Bretagne  avait  moins  payé  que  nulle  autre  province;  on 
emploierait  pour  l'acquittement  du  second  vingtième  des  moyens 
qui  rempliraient  les  vues  et  les  désirs  du  Parlement  pour  le  sou- 
lagement des  contribuables  ;  Sa  Majesté  était  dans  les  dispositions 
les  plus  favorables  pour  concéder  à  ses  fidèles  sujets  de  Bretagne 
le  traitement  le  plus  avantageux  quant  à  la  levée  des  sols  pour 
livre;  ce  n'était  pas  encore  le  moment  de  traiter  ce  qui  regardait 
les  corvées,  mais  on  aurait  grand  égard  en  temps  et  lieu  aux 
observations  du  Parlement  ;  qu'il  prit  seulement  une  décision  à 
bref  délai,  sans  quoi  on  serait  obligé  de  réunir,  sans  plus  attendre, 
des  États  extraordinaires  pour  traiter  avec  eux  de  la  levée  des 
vingtièmes  et  des  autres  impositions. 

A  cette  mise  en  demeure,  le  Parlement  ne  fit  qu'une  réponse 
vague  et  équivoque.  <  Le  Parlement,  y  était-il  dit'^,  paraît 
disposé  à  enregistrer  la  déclaration  telle  que  l'annonce  M.  le  con- 
trôleur général,  parce  qu'il  ne  sera  fait  aucun  changement  dans 
la  forme  de  la  perception,  sous  quelque  prétexte  ou  dénomination 
que  ce  puisse  être,  même  de  cadastre  ou  autrement,  réservant 
de  mettre  les  modifications  convenables  sur  les  articles  de 
la  déclaration,  »  On  ne  pouvait  se  moquer  plus  complètement 
du  ministère,  qui  ne  s'était  prêté  à  toute  cette  négociation  que 
pour  éviter  des  modifications  et  avoir  la  certitude  d'un  enr^is- 
trement  intégral.  Laverdy  commençait  à  le  comprendre,  mais  il 
comprenait  aussi  qu'il  s'était  désormais  trop  avancé  pour  recu- 
ler. Se  sentant  obligé  de  continuer  malgré  tout  cette  négociation 
dangereuse,  il  écrivit,  le  24  avril,  au  premier  président,  La  Brifie 
d'Amilly,  deux  lettres.  L'une,  ostensible,  se  plaignait  que  Tarrêt 
du  Parlement  ne  fut  pas  plus  décisif,  protestait  contre  la  pensée 
d'insérer  aucune  réserve  sur  le  cadastre^  puisque  la  déclaration 
n'en  parlerait  point,  et  réclamait  l'assurance  positive  qu'U  ne 
serait  mis  dans  l'arrêt  d'enregistrement  aucune  modification  de 
nature  à  déplaire  à  Sa  Majesté.  L'autre,  particulière,  annonçait  au 
premier  président  l'envoi  du  texte  définitif  de  la  déclaration,  qui 
lui  parviendrait  secrètement  par  l'intermédiaire  de  Le  Bret, 


1.  Lettre  du  14  avril  (H.  630). 

2.  Arrêté  du  17  ayril. 


if  Wt  *'t^ifP»niB    DB   BEETiGNE.  B  "W 


et  qu'il  aurait  à  présenter  aux  chambres  lorsqu'il  jugerait  le 
moment  favorable.  Ainsi,  le  même  jour,  le  ministre  exigeait  un 
eugageinent  et  avouait  cependant  qu'il  se  résignerait  à  s'en  pas- 
ser; et  il  prenait  pour  couBdentde  cette  faiblesse  un  homme  dont 
k  d'Aiguillon  lui-même,  qui  le  défeodail  en  général  et  qui  croyait 
4  ses  bonnes  intentions,  avait  cependant  mainte  fois  reconnu  le 
1  caractère  timide  et  faux  et  la  parole  indiscrète.  Très  vraisembla- 
lllementileParlement,  à  supposer  même  qu'ilTaitignorèJusque-là, 
fut  dès  lors  fort  instruit  qu'Û  pouvait  sans  rien  risquer  tenir  ferme. 
Anssi,  à  l'assemblée  des  chambres  du  2  mai,  le  parti  de  l'obèis- 
saDce  eut-il,  comme  toujours,  le  dessous  :  douze  voix  seulement 
s'y  prononcèrent  pour  envojer  au  contrôleur  général  un  précis 
fies  modifications  jugées  convenables;  seize,  dont  trois,  selon  une 
lettre  non  signée  qui  fut  écrite  deux  jours  après  à  d'Aiguilloo', 
ne  se  décidèrent  que  sous  la  pression  de  la  menace  et  par  l'effet 
<i«  la  peur,  s'y  refusèrent,  par  la  raison  que  ces  modifications, 
devant  être  libres,  ne  pouvaient  être  déterminées  à  l'avance  et 
que  le  contrôleur  général  devait  d'ailleurs  être  content  de  savoir 
qu'elles  ne  porteraient  atteinte  ni  k  la  prorogation  des  deux  ving- 
t-ièmes  ni  à  l'établissement  des  sols  pour  livre.  Le  Parlement  ajou- 
t-ait  que,  si  la  déclaration  faisait  mentiou  du  cadastre,  il  mettrait 
dans  son  enregistrement  une  modification  analogue  à  celle  du 
I^arlemeut  de  Rouen,  à  savoir  que  le  cadastre  ne  pourrait  avoir 
lieu  qu'autant  qu'on  aurait  reconnu  qu'il  était  possible,  néces- 
saire, et  ne  dérogeait  pas  aux  droits  particuliers  et  privilèges  de 
la  province;  que,  si  cet  article,  au  contraire,  était  rayé  de  la 
déclaration,  il  mettrait  une  réserve  conçue  dans  les  mêmes  termes 
que  son  arrêté  du  17  avril;  enfin,  que,  si  la  déclaration  n'était 

Ï.s  envoyée  à  bref  délai,  il  serait  dans  la  nécessité  d'interdire  la 
rée  du  premier  vingtième,  conformément  à  son  enregistrement 
i  29  mars  1757 -.  Et,  comme  îa  réponse  du  contrôleur  général 
cette  sommation  impérieuse  et  grosse  de  menaces  se  fit  quelque 
I.  Rapport  du  4  mai  [U.  4:13). 
^  3.  H-  de  Is  Gascherle,  tiaus  son  Mémoire  JustiGcalif,  p.  32,  a  aOeclè  de  ne 

ftarler  que  du  second  vingtième,  il  uublle  ou  veut  oublier  que  le  secoad  viag- 
Uteie  a'ét«it  plus  perçu  depuis  le  1"  janrier  t7tl4.  C'est  bien  du  premier  qu'il 
Vi'agil,  et  la  menace  d'en  défendre  la  levée  devait  tire,  le  Parlement  ue  l'igno- 
tttît  pu,  d'nn  elTet  infaillible  sur  le  roalheureui  niinislre,  qni  sentait  confusé- 
ta«nt  qu'on  l'entraînait  dans  un  piège,  mais  qui  était  déjà  trop  compromis  pour 
poUTOir  l'éviter. 


68  M.   MABIOlf. 

temps  attendre,  le  premier  président  eut  grand*peine  à  empêcher 
cette  interdiction  d'être  prononcée  dès  rassemblée  des  chambres 
du  12  mai. 

Le  14,  la  réponse  du  ministre  arriva.  Laverdy  s'y  plaignait 
des  dispositions  du  Parlement,  disait  avoir  évité  d'en  rendre 
compte  au  roi,  pour  lui  laisser  le  temps  de  revenir  à  d'autres 
déterminations,  et  laissait  entrevoir  qu'à  défaut  de  solution  plus 
satisfaisante  on  pourrait  bien  avoir  recours  à  une  réunion  d'Etats 
extraordinaires.  La  menace  était  d'autant  moins  redoutable  que 
Laverdy,  avec  son  imprudence  ordinaire,  ne  se  faisait  pas  faute 
de  dire  très  haut  dans  Paris  qu'il  n'y  aurait  pas  d'États  extraor- 
dinaires, et  il  ne  manquait  pas  de  gens  dans  la  capitale  pour 
transmettre  ces  propos  à  leurs  amis  et  parents  de  Bretagne.  Aussi 
ses  observations  furent-elles  fort  mal  reçues  ;  l'assemblée,  «  avec 
un  esprit  d'aigreur  étonnant,  >  chargea  le  premier  président 
d'exprimer  au  contrôleur  général  combien  elle  était  affectée  de 
sa  méfiance;  qu'elle  n'avait  pas  de  raison  d'être,  puisque  les 
modifications  projetées  ne  porteraient  aucune  atteinte  aux  ving- 
tièmes et  aux  sols  pour  livre ,  et  seraient  conformes  à  celles  de  Rouen 
pour  le  cadastre  ;  que  les  délibérations  devaient  être  libres  et  volon- 
taires, que  rien  ne  devait  les  gêner  et  que  des  magistrats  ne  pou- 
vaient se  décorer  de  ce  titre  si  leur  consentement  à  la  loi  proposée 
n'était  que  précaire  et  dépendant  de  la  volonté  d'autrui'.  Le  pré- 
sident de  Montbourcher  représenta  en  vain  que  ce  principe  pou- 
vait être  juste  en  lui-même,  mais  qu'il  ne  pouvait  avoir  son 
application  dans  le  cas  présent,  puisque  la  négociation  avait  été 
entamée  précisément  pour  qu'on  put  s'entendre  préalablement  sur 
la  teneur  de  l'arrêt  d'enregistrement;  il  parlait  à  des  gens  déter- 
minés d'avance  à  ne  pas  entendre  ou  trop  timides  pour  élever  la 
voix'-',  et  entièrement  asservis  à  quelques  meneurs  dont  le  plan 
était  tout  formé  pour  insérer  dans  l'enregistrement  certains 
articles  tendant  à  inculper  le  commandant,  à  gêner  le  ministre, 
à  entraver  le  succès  de  la  future  assemblée  des  Etats,  et  particu- 
lièrement une  protestation  vigoureuse  contre  l'ordre  du  12  oc- 
tobre 17623. 

1.  Lettre  de  La  Briffe  d'Amiliy  à  d'Aiguillon,  16  mai  (H.  630). 

2.  c  Personne  n'osa  répliquer,  i  mande  dans  cette  lettre  le  premier  prtei^* 
dent,  c  excepté  trois  ou  quatre,  encore  fort  doucement,  on  se  serait  fait  dire 
des  injures  personnelles.  • 

3.  c  L'arrangement  a  été  fait  avec  les  gens  d'ici  et  ceux  de  Paris  :  je  me 


I 


LES   D^BUTH   nB   ■   L'iFFATBE   DE   BaETiCNE.  ■>  fit) 

U  était  le  point  le  plus  délicat.  On  sait  combien  cet  ordre  avait 
eiaspèrè  la  noblesse,  privée  par  lui  de  son  procédé  ordinaire 
d'obslrnctioD.  On  redoutait  de  sa  part  quelque  éclat  particulière- 
nenl  grave  lorsqu'il  s'agirait  aux  prochains  États  de  faire  voter 
par  l'assemblée,  en  pleine  paix,  des  impôts  déjà  si  difficilement 
accordés  en  temps  de  guerre.  On  s'était  persuadé  qu'une  politique 
de  concessions  offrirait  moins  de  dangers  que  le  maintien  de  ce 
i%leiDent  détesté.  D'Aiguillon  lui-même,  qui  eut  parfois,  lui 
sissi,  le  tort  d'incliner  vers  des  partis  de  faiblesse,  avait  conseillé 
àLaverdy,  lorsqu'il  vint  à  Paris  en  avril  1764,  de  faire  retirer 
l'ordre  du  12  octobre  dès  l'ouverture  même  des  prochains  États. 
Le  ministre  n'était  que  trop  disposé  à  écouter  ce  langage,  con- 
forme à  son  caractère,  conforme  aussi  aux  objurgations  que 
M.  de  la  Chalotais,  qui  le  fréquentait  alors,  ne  lui  ménageait 
certainement  pas'.  Le  retrait  de  cet  ordre  nécessaire,  mais  diffi- 
cileà  feire  respecter  vu  le  discrédit  profond  dans  lequelétait  tombée 
l'autorilé  royale,  fut  donc  décidé  en  principe  dès  le  printemps 
del764;  mais  il  importait  que  cette  concession  parût  spontanée 
de  la  part  du  gouvernement,  et  tout  l'effet  qu'on  en  attendait 
nrait perdu,  la  situation  serait  même  singuhèrement  empirée,  si 
le  Parlement  prenait  les  devants  et  si  on  paraissait  n'agir  qu'à 
is  requête  et  sous  l'impression  de  la  crainte  qu'il  Inspirait.  La 
bclique  était  puérile  et  n'avait  pu  être  imaginée,  comme  l'écri- 
vit M,  de  Eersalaijn  à  M.  de  la  Chalotais,  que  par  des  hommes 
croyant  le  public  aussi  sot  qu'ils  l'étaient  eux-mêmes'.  Malheu- 
Basemeot  tel  était  peut-être  le  cas  pour  M.  de  Laverdy,  qui 
ittachait  un  prix  énorme  à  ce  que  le  Parlement  gardât  là-dessus 
le  silence,  et  qui  attendait  de  cette  rétractation  de  Tordre  de  1702, 
ifclennelleraent  annoncée  aux  États  le  premier  jour  de  leur  tenue, 
1*8  plus  surprenants  et  les  plus  merveilleux  effets^  Et  comme  la 


lis  longlemps  que  lelle  élail  l'intention  :  mercredi  (î  mai),  il  j  en 
ex  indiBcret  pour  le  dire  t  (Rapport  àa  i  mai  à  d'Atguillan).  — 
ITittlt  prèciaâmenl  1  ce  inonieDl  que  M.  de  la  Cbalolais  revenait  à  Reiinea, 
*lp*4>énieiit  cliar^é  par  UH.  Je  L.averdy  et  de  Ctioisoul  d'empecber  l'ardre 
*■  lî  octobre  ITUl  d'être  visé  dans  l'iirrél  d'enregislreroeol.  Un  des  deni 
Bl>Ulm,  u]  moïDs,  cbolsiïMit  bien  mat  son  confident. 

'■  Cr.  le  Mémoire  justiQcalir  de  U.  de  la  Cbalotais. 

!■  fTMh,  I,  281  CJO  septembre  17G4). 

3-  H  wmblerait  m#me  que  le  reirait  de  l'ordre  du  13  octobre  176!  ail  été 
■  OQM  de  ta  part  de  H.  de  Larerdj'  de  quelque  promesse  faile  i  des  tiers  et 


70  M.   MAJUON. 

dernière  lettre  du  premier  président  n'était  évidemment  rien 
moins  que  satisfaisante  à  cet^ard,  le  contrôleur  général,  sérieu- 
sement inquiet,  hésita  ou  du  moins  voulut  paraître  hésiter  plus 
que  jamais  à  envoyer  la  déclaration  et  laissa  percer  dans  une 
lettre  du  23  mai  au  premier  président  son  intention  de  n'en 
rien  faire. 

Cette  détermination  n'était  pas  ce  que  voulait  la  cabale  ;  aussi 
n'épai^na-t-elle  rien  pour  l'y  faire  renoncer.  Bientôt  affluèrent 
à  Paris  des  lettres  de  divers  magistrats  de  Rennes^  assez  influents 
pour  que  leur  opinion  pût  être  regardée  à  bon  droit  comme  celle 
du  corps  tout  entier,  qui  toutes  affirmaient  qu'il  ne  serait  ques- 
tion dans  l'enregistrement  ni  de  l'arrêt  du  12  octobre  ni  de  rien 
de  ce  qui  concernait  les  États.  M.  de  la  Gascherie  l'écrivit  à 
Lambert  S  conseiller  au  Parlement  de  Paris,  et  intime  ami  du 
contrôleur  général,  tout  en  faisant  ses  réserves  sur  le  parti  que 
le  Parlement  pourrait  prendre  ultérieurement  à  l'égard  de  l'ordre 
du  12  octobre.  La  Chalotais  l'assura  à  l'abbé  Chauvelin^.  M.  de 

qo*ii  ait  dû  payer  de  ce  prix  certaines  concessions  accordées  sar  d'antres  points 
à  sa  politique.  Les  documents  que  nous  ayons  pu  consulter  ne  nous  per- 
mettent pas  malheureusement  de  préciser  davantage,  mais  le  fait  loi-méme 
paraît  être  bien  établi  par  certaines  lettres  du  contrôleur  général  :  c  On  a  été 
forcé  de  l'abandonner  (l'ordre  du  12  octobre)  par  des  raisons  bien  plus  impor- 
tantes encore  que  la  tranquillité  de  la  seule  province  de  Bretagne,  qu'on  avait 
espéré  en  même  temps  assurer  par  là...  Tout  se  tient  et  se  touche  aujoardlioi, 
le  choc  aux  uns  produit  le  contre-choc  des  autres,  et  il  a  fallu  considérer  l'en- 
semble pour  éviter,  s'il  se  peut,  un  incendie  général  qui  dévorerait  la  finance 
et  la  France...  i  (Lettres  des  28  oct  et  11  nov.  1764;  H.  625  et  631.)  Le 
premier  commis,  Mesnard,  s'exprimait  dans  les  mêmes  termes  (lettre  da 
28  oct.). 

1.  H.  433.  c  Cet  ordre,  quelque  destructif  qu'il  soit  de  la  liberté  des  États» 
n'a  jamais  pu  faire  l'objet  de  modifications  à  la  déclaration  dont  il  s'agit...  Par 
la  suite,  il  n'échappera  pas  à  la  vigilance  du  Parlement,  dépositaire  et  gardien 
des  lois,  de  réclamer  contre  une  interversion  aussi  marquée  de  l'ordre  public. 
C'est  un  moyen  auquel  il  ne  renoncera  pas  en  gardant  le  silence  sur  cet  objet 
dans  le  moment  présent.  » 

2.  c  Je  crois  pouvoir  assurer  à  M.  le  contrôleur  général,  disait  M.  de  la 
Chalotais  dans  cette  lettre  (25  mai,  H.  433),  que  Ton  ne  songe  pas  à  mettre  la 
modification  qu'il  craint  :  je  vous  dirai  que  la  seule  modification,  avec  celle 
de  Rouen  sur  le  cadastre,  serait  de  mettre,  sans  préjudice  des  droits^  fran' 
chises  et  immunités  de  la  province.,.  M.  Lambert  pourra  lui  dire  à  peu  près 
la  même  chose.  Il  a  reçu  une  réponse  à  peu  près  pareille  à  laquelle  je  me 
réfère,  i  La  promesse  était  formelle.  M.  de  la  Chalotais  sera  réduit  après  coup, 
pour  se  disculper,  à  chercher  une  pitoyable  défaite  :  il  prétendra  que  le  Par- 
lement avait  promis  qu'il  n'y  aurait  pas  de  modification,  mais  non  point  qu'il 


LES   nÉBCTS    D£    «   L  «FFilBE    Dt   BBETAU^E.   »  71 

Montbourcher  écrivit  au  duc  d'Aiguillon  des  lettres  fort  rassu- 
raotes'  ;  le  premier  président  donna  de  son  côté  toutes  les  assu- 
rances possibles  au  contrôleur  général'.  Laverdy  se  laissa  cod- 
vaincre.  Au  fond,  d'ailleurs,  il  avait  toujours  été  persuadé  de  la 
nécessité  de  l'envoi  de  la  déclaration,  et  dans  ses  lettres  particu- 
lières U  n'avait  cessé  d'avoir  ou  tout  au  moins  d'affecter  d'avoir 
confiance  dans  la  pureté  des  vues  du  Parlement^.  Il  se  décida 
donc  à  hasarder  le  tout  pour  le  tout,  non  pas  d'ailleurs  sans 
prendre  quelques  précautions  suprêmes.  Il  adressa  au  premier 
président  force  recommandations  ;  il  lui  écrivit  deux  lettres  pour 
lui  ordonner  d'arrêter  la  délibération,  dans  le  cas  où  le  Parle- 
ETtent  se  hasarderait  sur  le  terrain  défendu  ;  il  chargea  Choiseul 
ti'ÎDsister  lui-même  auprès  de  M.  de  la  Chalolais  pour  que  l'en- 
«'^gistrement  ne  contînt  rien  de  relatif  à  l'ordre  du  12  octobre*  ; 
iX  alla  jusqu'à  adresser  de  véritables  prières  à  ses  correspondants 
dans  le  Parlement  de  Rennes,  notamment  à  M.  de  la  Gascherîe^, 


Kk'j  aurait  pu  de  représeKlaliotu  comprises  dans  l'arrêt  lui-même,  n  aarait, 
s-^DS  nal  daule,  viTement  relevé  cette  disliaction  ptus  que  subtile  si  c'était  un 
^^soite  qni  se  l'était  permise. 
I.  24  et  30  mai  (H.  630). 

'L  25  mii  (U.  630].  «  Autant  i(u'oa  peut  compter  sur  les  avis  d'une  compa- 
lïe,  autant  je  crois  que  ce  qui  aura  été  mandé  est  Térilablc...  Ceux  qui  u'ont 
voulu,  par  amour-propre,  vous  faire  écrire  par  moi  tout  uoimenl  ce  qu'on 
'«alait  mettre  dans  les  modifications  vous  auront  Tait  instruire  par  ailleurs  de 
v::^  qu'elles  contiendraient.  > 

3.  Letlro  du  6  mai  Â  d'Aiguillon  (H.  630),  etc. 

\.  0  Je  ne  peui  ïous  cactier,  »  écriïil  Cliolfleul  i  La  Chalotais  le  29  mai 

Cfti.  433),  <  que  toul  serait  perdu  si  le  Parlement,  soit  dans  la  modification, 

■^«if  «I  tupplication  ou  aufre  voie  quelconque,  allait  limiter  ce  qui  r^rde 

ordre  do  1!  octobre  1762  i  nous  serions  alors  dans  la  nécessité  de  proposer  an 

elle  vient  de  l'être,  comme  tous  le  savez  sans 

contre  la  prétention  de  l'un  des  ordres.  Votre 

;st  assez  connu  pour  qne  je  puisse  compter  que 

or  empêcher  un  pareil  événement,  i  On  remer- 

iangage,  duquel  il  résultait  qne  le  roi  aurait  été 

nom  le  \1  octobre. 

5.  Cette  lettre  (ïd  mai,  H.  433)  était  d'une  singulière  naïveté.  Le  minislre  y 

.^TODait  son  ignorance  de  la  constitution  bretoune  et  annonçait  qn'il  recevrait 

^*ee  pUiiir  les   renseignements  qu'on  voudrait  bien   Ini  donner  :   a  J'ignore 

^xacore  à  fond  les  usages  et  les  droits  de  la  Bretagne,  je  ne  proposerai  pas  de 

k«s  décider  sans  les  avoir  étudiés,  si  malheureusement  il  est  nécessaire  d'en 

"««air  là,  et  je  mus  serai  fort  aise  de  recevoir  personnellement  de  votre  part 

«3ea  instmclioos  à  ce  sujet,  i  Puis  il  prenait  U.  de  la  Gascherie  pour  confident 

43e  la  peur  extrême  qu'il  éprouvait  de  voir  aborder  dans  l'enregistrement  l'ar- 

■M  do  13  octobre  et  de  la  confiance  qa'il  voulait  avoir,  malgré  toul,  dans  la 


i  de  décider  la  question,  e 
«loDie,  pour  les  États  d'Arloi 
^èle  pour  le  service  du  Roi  n: 
'^'ous  ferez  tout  au  monde  p 
«guera  ta  perfide  habileté  de  ci 
^btranger  à  l'ordre  donné  ei 


72  M.   MABIO!!. 

et  insinua  même  qu*il  était  disposé  à  entamer  avec  les  principaux 
membres  de  la  compagnie  une  correspondance  sur  les  droits  et 
privilèges  de  la  province  qui  le  mit  en  état  de  décider  en  toute 
connaissance  de  cause  avant  les  prochains  Etats  sur  la  question 
de  Tunanimité  des  ordres,  dans  Tespérance  sans  doute  que  la 
perspective  d*avoir  gain  de  cause  dans  cette  discussion  pourrait 
détourner  le  Parlement  de  mettre  dans  son  arrêt  la  modification 
si  redoutée.  Était-il  possible  qu'une  administration  coupable  d'une 
si  inqualifiable  faiblesse  ne  se  vît  pas  bientôt  aux  prises  avec  les 
plus  cruels  embarras? 

Le  Parlement  était  donc  pourvu  des  armes  nécessaires  iK)ur 
frapper  un  double  coup  sur  le  ministre  et  le  commandant  de  la 
province,  et  dûment  averti  du  point  où  ce  coup  serait  le  plus  sen- 
sible. Il  n'eut  garde  de  laisser  échapper  cette  magnifique  occa- 
sion de  satisfaire  ses  rancunes,  et  cet  amour  du  désordre  pour 
lui-même  qui  depuis  quelques  années  s'était  tant  développé  dans 
les  cours  souveraines;  et  il  oublia  entièrement  pour  la  circons- 
tance l'anathème  qu'il  avait  fulminé  lui-même  quatre  ans  plus 
tôt  contre  les  cours  qui  enregistraient  avant  l'acceptation  des 
États*.  Le  5  juin,  dix-neuf  voix  contre  quatorze-  votèrent  l'en- 


droiturc  des  Tues  do  Parlement  :  c  ...  Si  le  Parlement  aTait  pris  sur  loi  de 
mettre  des  modifications  sur  cet  objet,  il  en  serait  résulté  une  querelle  inter- 
minable entre  le  Roi  et  le  Parlement  d'une  part,  entre  le  Roi  et  les  États  àt 
l'autre,  peut-être  entre  le  Parlement  et  les  États.  Or,  le  Roi  déteste  les  que- 
relles, son  cœur  est  porté  naturellement  à  la  paix  et  à  la  tranquillité,  ne  soyez 
donc  pas  surpris  qu'il  en  ait  conclu  quMl  ne  devait  pas  envoyer  la  déclaration 
dans  de  pareilles  circonstances.  Votre  lettre  m'a  mis  à  |K)rtée  de  le  rassurer..., 
mais  tout  serait  perdu  si  contre  mon  attente  ce  malheureux  objet  était  abordé 
par  le  Parlement  soit  dans  l'enregistrement,  soit  avant  les  premiers  États,  et 
le  Roi  serait  convaincu  que  le  Parlement  n'a  désiré  la  déclaration  que  pour 
faire  naître  un  nouvel  obstacle  aux  vues  de  pacification.  • 

t.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  rappeler  ici  le  passage  des  remontrances  du 
18  juillet  1760  relatif  à  cette  question  :  a  Enregistrer  votre  édit  et  votre  décla- 
ration du  mois  de  février  1760  concernant  les  nouveaux  impôts  sans  l'accep- 
tation préalable  de  la  nation  serait  prononcer  l'abolition  et  l'anéantissement  de 
ses  Constitutions  primitives,  de  ces  lois  sacrées  dont  nous  sommes  les  déposi- 
taires, les  conservateurs  et  les  juges  ;  le  cri  de  la  nation  et  plus  encore  le  cri 
de  la  justice  et  des  lois  expirantes  s'élèverait  contre  nous  pour  nous  reprocher 
notre  infidélité.  »  On  a  quelque  peine  à  garder  son  sérieux  en  lisant  ces  décla- 
mations boursouflées  et  puériles,  quand  un  sait  quel  compte  en  tenaient  leurs 
auteurs  eux-mêmes,  dès  qu'elles  allaient  à  rencontre  de  leurs  i^etites  combi- 
naisons. 

2.  Il  y  avait  à  cette  séance  quatre  présidents  et  trente-sept  conseillers.  Mais 


t-BS    O^BDIS   DE    1   L'il 


!   DE  BBBTA6IR.  1 


f  istmnent  fnmeux  qui  devait  être  le  point  de  départ  de  cinq 
dées  de  troubles.  Après  les  modifications  ordinaires  et  con- 
mes  sur  les  deux  vingtièmes  et  le  cadasire',  après  la 
rve  habituelle  des  droits,  franchises  et  libertés  de  la  pro- 
Tii».«e,  après  avoir  demandé  qu'un  traitement  avantageux  lui 
fut  accordé  pour  les  cinquième  et  sixième  sols  pour  livre 
dts^  droits  des  fermes,  et  que  la  perception  n'en  fût  pas  con- 
tia«_aée  eo  Bretagne  au  delà  du  terrai  fixé  pour  les  autres 
pr«z>  "winces ',  le  Parlement  décrivait  sous  les  couleurs  les  plus 
sor-»ibres  la  triste  situation  de  la  Bretagne  sous  le  despotisme  du 
(ltt<:s  d'Aiguillon  :  «  Les  corvées  ruinent  et  écrasent  les  labou- 
ret».«?s;  ce  genre  de  travail,  toujours  onéreux,  est  devenu  insuppor- 
tât* le  en  Bretagne  par  la  multitude  de  routes  ouvertes  en  même 
I8c*a.p8,  par  la  précipitation  avec  laquelle  on  veut  les  perfection- 
n6»~^  [ar  les  ordres  violents  qui  arrachent  le  laboureur  à  la  cul- 
tur^^  et  à  la  récolte...  la  levée  pour  les  milices  garde-côtes  se 
Ûit  sans  le  consentement  des  États  et  sans  enregistrement  au 
Pa-i~leinent;  les  dépenses  dans  lesquelles  on  constitue  les  villes, 
SOVS.S  prétexte  de  travailler  à  leur  embellissement,  ruinent  sans 
"'s^oiirces  les  communautés,  sans  sufBsamment  dédommager  le 
P»«-|icuiier  d'un  bien  dont  il  se  voit  dépouillé  presque  toujours 
"l'&lgré  lui.  »  Pois  l'ordre  du  IS  octobre  avait  son  tour  :  «  Les 
assurances  que  le  seigneur  roi  veut  bien  donner  de  régner  par 
lannonr,  par  la  justice,  par  l'observation  des  règlesetdes  formes 
^'K^ment  établies  dans  son  royaume  pénètrent  son  Parlement  de 


^  ^'ViUme  d«s  rédactions  de  voix  entraînai!  souvent  celte  conséquence  qae  le 
°!***fcrDdes  saffnges  fût  inférieur  â  celui  des  présenta.  —  Tout  éUil  combiné 
'^'^M,  et  il  paraît  (lettre  ilu  premier  président  à  Laverdy,  G  juin,  H.  630)  que 
'"~*^iiis  magistrala,  que  la  cabale  s'était  réserTé  de  faire  venir,  rei 
'"''^Vibordre  an  dernier  mûmeni,  par  la  rdion  que  l'on  arail  ïaCBsamtnenI 
''*    *-«ii, 

'  -     On  s'était  décidé  délinîtivemeal  i  lalïBer  dans  le  texte  l'article  relatif 
"*^^lre. 

^  -     Il  e&l  t  remarqner,  à  cause  de  l'importance  que  In  queglion  prendra  p 
.  ^Oite,  que  le  Parlement  ne  demandait  aucun  chaugemeol  quant  an  moine 
°^'*»  perception  des  iwU  pour  livre  devait  commencer;  or  l'article  Vll  de  la 
~*^arïtion  indiquait  rormellement  le  I"  juilleL  Le  Parlement  soutiendra  plus 
j '"'^  qu'en  acc«rdanl.  il  avait  entendu  n'nccurder  qu'4  dater  du  moment  où  les 
,^^«  auraient  accordé  enx-mémes.  Si   telle  avait  été  son  intention,  con 
"^pliquer  le  silence  gardé  sut  celle  date  du  1"  juillet?  N'eel-il  pas  évident 
"t"^    Ib  Parlement,  ici  encore,  n'nvalt  d'autre  intention  que  de  se  méoaefr  un 
l"^t«iie  ponr  faire  «urgir  plus  tard  de  nouvelles  diMcultés? 


74  M.   MARION. 

la  plus  vive  reconnaissance;  elles  lui  garantissent  que  tout  va 
rentrer  dans  l'ordre,  que  les  coups  d'autorité  sont  à  jamais  ban- 
nis, que  les  actes  de  despotisme,  dont  ledit  seigneur  roi  se  déclare 
l'ennemi,  seront  réprimés  en  tout  lieu  par  le  Parlement  armé  du 
glaive  de  la  justice  pour  en  frapper  le  coupable  tel  qu'il  soit  ;  la 
Bretagne  va  recouvrer  ses  droits  et  ses  privilèges...  S.  M. 
n'attend  que  l'assemblée  des  trois  Etats  pour  révoquer  l'ordre  du 
12  octobre  1762,  surpris  à  sa  religion  et  inscrit  sans  aucuc 
motif  sur  les  registres  de  la  province  assemblée.  Ledit  seigneui 
roi  sera  très  humblement  supplié  de  considérer  que  cet  ordre 
détruit  l'essence  primitive  des  États,  que  tant  qu'il  subsistera 
aucun  octroi  ne  sera  légitime,  parce  qu'il  n'y  a  que  la  nation 
composée  des  trois  ordres  qui  puisse  octroyer;  qu'il  est  des  pre- 
miers devoirs  de  son  Parlement  de  réclamer  avec  les  instances 
les  plus  vives  et  les  plus  respectueuses  des  privilèges  dont  il  esl 
le  gardien,  et  à  la  conservation  desquels  il  ne  cessera  jamais  de 
veiller*.  » 

Il  faudrait,  pour  discuter  la  vérité  des  accusations  portées 
contre  le  duc  d'Aiguillon,  refaire  ici  toute  l'histoire  de  son  admi- 
nistration, et  c'est  chose  évidemment  impossible.  Rappelons  seu- 
lement que  la  corvée,  loin  d'avoir  été  rendue  plus  lourde,  avait 
au  contraire  été  allégée  par  les  ordonnances  de  1754  et  de  1757, 
et  qu'en  admettant  même  une  certaine  précipitation  dans  l'ou- 
verture des  routes,  peu  importait  à  chaque  paroisse  qui  n'avait 
jamais  qu'une  tâche  strictement  limitée  à  accomplir,  et  qui  après 
s'en  être  acquittée  était  à  l'abri  de  toute  nouvelle  exigence  ;  un 
grand  bénéfice  en  résultait  au  contraire  pour  les  populations,  qui 
jusque-là  avaient  été  astreintes  à  des  fatigues  au  moins  égales, 
mais  sans  résultat,  et  qui  commençaient  maintenant  (quoique 
encore  incomplètement)  à  être  pourvues  des  moyens  de  conunu- 
nication  indispensables.  On  a  allégué,  il  est  vrai,  qu'il  avait  été 
commis  des  infiractions  aux  ordonnances  de  1754  et  de  1757, 
mais  on  n'a  pu  en  fournir  aucune  preuve  bien  établie,  et  l'enquête 
faite  par  les  États  de  1764  a  démontré  le  contraire.  En  réalité, 

1.  La  forme  affirmative  était  ici  employée  pour  éluder  les  promesses  faitei 
par  certains  correspondants  da  contrôleur  général,  quMl  n'y  aurait  pas  de  récla- 
mation à  ce  sujet.  On  ne  demandait  rien,  on  prévoyait  seulement  que  le  roi 
rétracterait  Tordre  du  12  octobre...  C'est  ce  misérable  prétexte  que  le  premlei 
président  ne  craignit  pas  d'alléguer  poor  se  jusUfier  de  n'avoir  pas  fait  usage 
des  ordres  du  contrôleur  général. 


LES   D^RIJTS   DE   «    l'iFFIISB    DE   BRETlGHe.  » 

aoEis  le  duc  d'Aiguillon,  la  corTée  avait  été  exigée  à  la  fois  avec 
plus  de  régularité  et  avec  moins  de  rigueur  que  dans  la  période 
précédente;  d'où  quelques  plaintes  ;  maïs  les  populations  rurales 
û'avaienl  pas  tanié  à  comprendre  le  bien  qui  résulterait  pour 
files  de  rétablissemeDt  d'uu  réseau  étendu  de  routes,  et  elles  le 
déclarèrent  très  haut.  Il  y  aurait  eu  d'ailleurs,  pour  le  Parle- 
ment et  la  noblesse  des  Étals,  un  moyen  très  simple  de  soula- 
ger les  corvéables,  dont  ils  faisaient  profession  de  tant  déplorer 
les  souffrances;  c'était  d'améliorer  la  répartition  delà  capitation, 
excessive  dans  les  paroisses  rurales,  très  faible  pour  la  noblesse, 
el  pour  les  cours  souveraines',  et  qui  servait  aussi  de  règle 
pour  la  répartition  de  la  corvée,  en  sorte  que  tout  le  far- 
imu  en  retombait  sur  les  plus  misérables;  mais  de  ce  moyen 
noblesse  et  Parlement  ne  voulaient  pas  entendre  parler,  et  pour 
cause,  et  l'intendant  ou  le  ministre  qui  l'eût  proposé  n'aurait 
pas  manqué  d'attirer  sur  sa  tête  la  plus  formidable  tempête. 
Le  fonds  pour  les  milices  garde-côtes  avait  été  régulièrement 
accordé  par  les  États  depuis  1758;  l'ordre  du  12  octobre  1762 
n'était  pas  une  innovation,  et  n'avait  été  sollicité  par  d'Aiguillon 
qo'à  contre-cœur  et  en  désespoir  de  cause,  pour  les  plus  sérieux 
rtles  plus  pressants  motifs.  Quant  aux  prétendues  dépenses  exa- 
gérées pour  les  travaux  publics  des  villes,  le  crime,  si  c'en  était 
tu,  n'était  pas  plus  celui  de  d'Aiguillon  que  celui  des  Etats,  qui  à 
chaque  session  votaient  des  fonds  pour  constructions  de  quais,  répa- 
rationsde  ports,  etc.  (fondsmoins  élevés  précisément  sous  d'Aiguil- 
loa  que  sous  le  duc  de  Cbaulnes'),  et  qui  en  avaient  voté  en  1760 
de  fort  importants  pour  l'embellisseraeiit  de  Nantes  :  ou  que  celui 
Qo  F*arlement,  qui  homologuait  sans  difficulté  les  emprunts  muni- 
opaui,  et  qui  —  circonstance  remarquable  —  n'avait  jamais 


'.   Sur  f,SO0,OOOIiv.auiquelles  se  montait  d'ordinaire  la  capitation,  la  noblesse 
°"'    iMjiitqae  100,000, 

^  *-    1 1  est  assez  carieui,  à  cet  égard,  de  comparer  le«  si 
***'*    dans  ce  bat,  STant  el  pendant  l'adininisl ration  d 
idniinigtration  de  la  prov.  de  Bretagne). 


Dicii^; 


s  volées  par  les 
i  d'AlguilloD  (U.639  : 


Etats  de  1752. 
**»»-ai.  lî.OOOI. 

*-**     Cruisic.  30,0iW 

8»i«ii.Brieuc.  25,000 


"•iw-liii. 


30.000 

!n,ooo 


1756. 

4,0001. 

10.000 

10,000 

15,000 

10,000 


1760. 
6,0001. 
1.000 


1762. 
2,0001. 


76  M.    MABIO!!. 

songé,  depuis  dix  ans,  même  dans  ses  plaintes  les  plus  vives  sur 
la  misère  et  Tépuisement  de  la  province,  à  dénoncer  les  travaux 
d'amélioration  des  villes  comme  une  cause  de  ruine  pour  elles  ^ 
Certes  les  finances  municipales  avaient  été  plus  d'une  fois  malme- 
nées dans  la  province;  elles  l'étaient  encore,  elles  continuèrent  à 
l'être  après  le  départ  du  duc  d'Aiguillon;  mais  le  Parlement 
aurait  eu  fort  à  faire  s'il  avait  voulu  en  rechercher  toutes  les 
causes,  et  il  aurait  été  amené  plus  d'une  fois  à  incriminer  des 
pratiques  dont  d'Aiguillon  n'était  certes  pas  responsable*,  et  cer- 
tains personnages  qui  tinrent  précisément  une  place  notable 
dans  le  parti  chalotiste.  C'est  ainsi  que  l'épuisement  des  deniers 
d'octroi,  tant  reproché  au  commandant  dans  la  Réponse  des 
États  au  Mé)noire  de  Linguet,  était  beaucoup  moins  impu- 
table à  celui-ci  qu'au  camp  adverse,  comme  le  prouve  par 
exemple  la  fâcheuse  histoire  du  bail  des  octrois  de  Rennes.  Cette 
ville  avait  affermé  ses  droits  d'entrée,  en  1758,  à  un  sieur  Adde- 
nin  pour  le  prix  de  H 4, 500  livres  par  an,  plus  l'obligation  pour 
le  fermier  de  tenir  en  bon  état  les  écluses  de  la  Vilaine.  A  peine 
entré  en  jouissance,  celui-ci  mit  tout  en  œuvre  pour  se  soustraire 


1.  Les  remontrances  du  t8  juillet  1760  sont  particalièrement  instroctiTes  à 
œt  égard,  f>ar  ce  qu'elles  disent  et  surtout  par  ce  qu'elles  ne  disent  pas.  Le 
Parlement  y  fait  une  description  lugubre  de  l'épuisement  des  ailles  bretonnes; 
il  attribue  tout  le  mal  à  la  cessation  du  commerce,  à  la  capture  des  bâtiments 
par  les  Anglais,  au  discrédit  public  et  particulier.  Il  ne  pense  pas  à  allégaer  les 
dépenses  exagérées  d'embellissement.  De  même,  parlant  de  la  misère  des  cnl- 
tirateurs,  il  déplore  a  leur  capitation  eYcessive,  les  fouages,  le  taiUon,  U  gen- 
darmerie, les  garnisons,  la  solde  des  milices,  les  ▼ingtièmes,  les  sols  poor  livre, 
les  droits  sur  les  cuirs,  droits  de  contrôle,  de  franc-fief,  de  centième  denier, 
etc.,  etc.;  »  mais  il  ne  parle  pas  des  conrées.  Pourquoi  ce  silence T  C'est  peut- 
être  dans  les  premières  années  de  Tadministration  de  d'Aiguillon  que  les  In- 
▼aux  furent  le  plus  considérables  et  que  la  construcUon  des  grands  diemins 
eut  le  plus  d'aclirité.  Mais  le  Parlement  ne  pouvait  éyidemment  pas  prévoir 
que,  quatre  ans  plus  tard,  le  mot  d'ordre  serait  de  crier  sas  aux  oorrées  et 
aux  dépenses  d'embellissements  des  villes. 

?.  Ainsi  les  dépenses  qu'elles  avaient  toutes  la  manie  de  faire  lors  du  pas- 
sage de  personnages  de  disUnction.  D'Aiguillon,  auquel  elles  offrirent  mainte 
fois  des  fêles  trop  splendides  et  des  festins  trop  coûteux,  cherchait  platAt  à 
leur  inspirer  des  vues  d'économie.  Duportal,  maire  de  Trégnier,  nn  des  pins 
chauds  partisans  de  d'Aiguillon,  le  priant,  en  janvier  1766,  d'accepter  an  iMn- 
quet  que  la  ville  comptait  lai  offrir  à  son  prochain  passage,  s'efilnrce  de  préve- 
nir un  refus  qull  craint,  parce  qull  sait  que  le  duc  n'aime  point  à  acoorder 
ces  grâces  aux  villes,  «  par  rapport  à  la  dépense  que  cela  leur  oecasioiiDe.  » 
(U.  624.} 


LRB   O^BCTTS   DE    «   L'APFJmB   DE   BRKTiSXE,  «  77 

aux  conditioDS  de  son  bail,  et,  grâce  à  une  maladie  de  Le  Bret, 
toujours  très  hostUe  aux  concessions  de  celte  sorte,  il  obtint  par 
surprise,  le  18  août  1761 ,  ud  arrêt  du  Conseil  réduisant  sou  bail 
h  90,000  livres  pour  toutes  charges,  avec  effet  rétroactif,  ce  qui 
mit  la  comnmnauté  de  Reunes  dans  le  plus  cruel  embarras  ' .  Elle 
se  pourvut  contre  cet  arrêt  et  chargea  du  soin  de  poursuivre  l'af- 
faire son  maire,  le  fameux  Hévin,  dont  une  publication  récente 
a  essayé  inutilement  de  réhabiliter  la  triste  mémoire*.  Hévin 
apporta  dans  cette  mission  une  négligence  poussée  k  un  tel  point 
que  le  mot  de  complicité  serait  infiniment  plus  exact.  Tout  en 
ayant  l'air  de  poursuivre  Le  Boucher,  négociant  de  Rennes,  le 
principal  membre  delà  société  Addenin,  avec  la  dernière  rigueur, 
il  laissa  rendre  par  l'influence  d'un  sieur  Héron,  premier  commis 
deM.  de  Courteille,  homme  d'une  probité  douteuse,  un  jugement  en 
Terta  duquel  le  bail  d'Addeuin  fut  définitivement  fixé,  le  13  juillet 
1762,  à  92,500 livres'';  or,  en  ce  moment  même,  il  y  avait  des 
compagnies  qui  offraient  de  le  prendre  pour  105,000  s'il  était 
résilié*.  Ces  pratiques  frauduleuses  eurent  bientôt  mené  la  ville  de 
Rennes  à  la  ruine  et  les  fermiers  de  ses  octrois,  notamment 
Le  Boucher,  à  la  richesse^.  Toutes  les  villes  de  Bretagne  avaient 

I.  Lellre  de  Vedier,  sabdél^é  gèoéral  de  l'inlendaDt  Le  Bret,  1  sept.  t7til 
(B.  633). 

%  Loui»  de  Viller»,  Jacques  Bévin  et  le  due  d'AigMtlloa  (Revue  de  Bretagne, 
de  Vmdée  et  d'Anjou,  mai  el  join  1896).  L'auleur  reproduit  un  mémoire 
jmUlicalit  du  sieur  Hévin,  sans  apporter  à  l'appui  de  ce  donuineiit  si  suspect 
par  lui-même  la  tuoindre  preuie. 

3.  Ilévia  avait  annoucé  en  parlaet  que.  si  sa  mission  n'avait  pas  le  suci^ès 
qu'il  wubailajl,  ii  refuserait  le  remboursement  de  ses  Trais  de  Tuyage  [lettre 
i  il'Aieuillon,  27  ocl.  1761,  H.  ùti).  Or,  en  176!,  Uérin  présenta  une  note  de 
1.573  lie.  h  s.  pour  une  partie  de  ces  dépenses  et  se  Gt  allouer  eu  outre  une 
iadcmnitê  de  6,0U0  liv.  [H.  G23).  Les  2,50Û  livres  de  supplément  autquelles 
Addenin  consentit  ne  figuri^rent  sans  doute  dans  l'arrél  que  pour  fournir  k 
llè«iu   nu  prételle  honnête  de  puiser  une  fois  de  plus  dans  la  caisse  muni- 

4.  LetUe  de  Le  Bret,  21  oclobre  1763  (Arch.  d'ilIc-et-Vilaine,  0.263).  — 
Par  ■irr^t  du  ÏS  novembre  1766,  toutes  ces  circonstauces  a^anl  été  dévoilées, 
lea  parties  lurent  reiuiiies  dans  le  même  élut  qu'avant  les  arreis  de  ITGi  el  1762 
et  Addenin  condamné  à  satisfaire  A  toutes  les  conditions  de  Bon  bail.  Ce  fol 
alors  i  son  lonr  de  faire  opposition  à  cet  arrêt,  d'où  un  procès  inlertninable 
encore  pendant  en  1770. 

5.  On  ne  peut  pas  ne  pas  remarquer  que  plosicurs  des  hommes  avec  lesqueU 
H.  de  la  Chalotais  était  le  plus  lié  se  sont  trouvés  compromis,  t  des  degrés 
divers,  dans  cette  vilaine  affaire.  Abeille  était  ua  des  intéressés  dans  le  hait 


L^B 


J 


78  M.    MARIOIV. 

plus  OU  moins  de  semblables  difficultés  pour  se  faire  payer  de 
leurs  fermiers  S  grâce  aux  complaisances  exagérées  que  les  inté- 
ressés savaient  se  procurer  dans  le  Conseil  d'Etat,  et  malgré  les 
vigoureuses  protestations  de  l'intendant  et  du  commandant^,  qui 
ne  cessaient  de  montrer  les  conséquences  néfastes  d'un  pareil 
système.  Le  Parlement  ne  pouvait  ignorer  ces  détails  quand  il 
rédigeait  ces  remontrances,  où  il  rendait  d'Aiguillon  respon- 
sable de  la  déroute  des  budgets  municipaux.  Mais  on  n'en 
voulait  qu*à  lui,  et  voilà  pourquoi  l'on  faisait  le  silence  sur  des 
manœuvres  bien  autrement  condamnables  et  bien  autrement 
ruineuses. 

M.  de  la  Gascherie,  dans  son  Mémoire  justificatif,  accuse  le  duc 
d'Aiguillon  d'avoir  couru,  sitôt  qu'il  eut  connaissance  de  Tarrêt 
du  5  juin,  de  Véretz  à  Compiègne  pour  inspirer  aux  ministres  la 

Addenin  (lettre  de  Duclos  au  contrôleur  général,  30  juin  1770,  H.  611)  :  Hévin 
était  un  parent  de  M.  de  la  Chalotais;  et  Le  Boucher,  dont  le  Me  fut  aussi 
plus  que  suspect,  était  un  des  agents  et  un  des  protégés  du  procureur  géné- 
ral. 11  était  un  des  intermédiaires  de  ta  correspondance  active  qui  s'échangeut 
entre  les  meneurs  du  Parlement  de  Rennes  et  les  autres  Parlements  du  royaume 
(billet  de  M.  de  la  Gascherie  à  M.  de  Montreuil,  Procès,  l,  258  :  interrogatoire 
de  M.  de  Montreuil,  ibid.,  Il,  432).  D'Aiguillon  l'appelle  c  un  homme  taré  sor 
tous  les  points  •  (lettre  à  Larerdy,  16  juillet  1764,  H.  636).  Ce  jugement  sévère 
paraît  bien  ne  pas  l'aroir  été  trop,  car  il  est  entièrement  corroboré  par  le  témoi- 
gnage si  grave  en  pareille  matière  de  M.  de  Robien,  homme  essentieUement 
impartial  et  modéré  dans  ses  appréciations  comme  dans  ses  expressions,  qui 
représente  constamment  dans  sa  correspondance  le  sieur  Lie  Boucher  comme 
un  fripon  :  c  Je  tranche  le  mot  hardiment,  »  écrit-il  le  6  janvier  1766,  «  car 
J'ai  à  peu  près  toute  certitude  de  ce  qui  s*est  passé  entre  lui  et  le  maire,  lorsqae 
celui-ci  fut  député  pour  s'opposer  à  la  demande  de  réduction  de  prix  do  baiL«.  > 
M.  de  Robien  tenait  ces  détails  de  M*  Roux,  son  avocat  au  conseil,  qui  TaTait 
été  aussi  de  Le  Boucher,  lors  de  sa  contestation  avec  la  ville  de  Rennes. 

t.  Des  faits  du  même  genre  s'étaient  passés  à  Nantes;  à  Brest,  on  autre  favori 
du  bastion,  Gratien,  pour  qui  le  duc  de  Duras  et  la  noblesse  montrèrent  une 
partialité  si  exclusive  aux  Etats  de  1769,  alors  fermier  des  octrois  de  celte 
Tille,  était  aussi  en  instance  pour  compter  de  clerc  à  maître,  an  lien  de  rem- 
plir les  conditions  de  son  bail,  et  sur  le  point  de  Tobtenir. 

2.  Le  15  septembre  176t,  Le  Bret  écrivait  à  Courteille  une  lettre  remplie 
des  protestations  les  plus  vives  contre  le  trop  de  facilité  du  conseil  à  délier  les 
adjudicataires  de  leurs  engagements,  et  d'Aiguillon  Tannotait  de  la  façon  sui- 
vante :  <K  Cette  lettre  est  très  bien  et  devrait  faire  ouvrir  les  yeux  à  M.  de  Gooi^ 
teille  sur  les  injustices  que  ses  bureaux  lui  font  commettre  tous  les  jours..., 
mais  je  ne  serais  pas  étonné  que  les  fermiers  des  octrois  de  Brest  ne  fussent 
aussi  bien  traités  que  ceux  de  Rennes  et  de  Nantes  l'ont  été.  Il  est  certain 
qu'il  est  impossible  de  soutenir  l'administration  si  on  admet  de  pareilles 
demandes.  Je  n'ai  cessé  de  le  dire  et  je  le  répète  à  chaque  instant.  »  (H.  623.) 


L*S  DËBITTS   DB    I 

fureur  dont  il  tut  rempli  en  se  voyant  démasqué.  Il  y  a  ]; 
ine'Xactitude  et  une  calomoie  :  d'ÂiguilIoD  ne  vint  k  Compiègne 
qu'en  juillet,  sur  l'invitation  de  Choiseul  lui-même;  et  quelle 
qu'ait  pu  être  son  indignation  légitime  contre  ta  conduite  du 
parlement,  elle  était  moins  grande  probablement  que  l'irritation 
et  la  déception  du  contrôleur  général,  dont  l'arrêt  du  5  juin  con- 
trecarrait tous  les  plans.  Sans  oser  toutefois  faire  casser  cet 
arrêt,  M.  de  Laverdy  adressa  de  vife  reproches  au  premier  prési- 
dent, à  MM.  de  la  Chalotais  et  de  la  Gascherie,  à  tous  ceux  qui 
lui  avaient  donné  des  assurances  si  complètement  démenties  par 
l'événement,  et  il  prit,  avec  autant  d'énergie  qu'il  était  capable 
de  le  faire,  la  défense  du  duc  d'Aiguillon  :  «  L'administra- 
lion  des  grands  chemins,  écrivait-il  au  premier  président', 
est  aussi  douce  que  bien  entendue,  et  il  serait  peut-être 
heureux  de  pouvoir  l'établir  dans  les  autres  provinces  du 
royaume  :  administration  qui  a  pour  base  des  règlements  faits 
et  concertés  avec  les  États,  et  sur  laquelle  j'ai  des  preuves  non 
équivoques  de  la  satisfaction  des  différents  onires  de  la  province. .. 
La  ville  de  Nantes  est  peut-être  la  seule  où  il  ait  été  fait  des  tra- 
vaux uo  peu  considérables,  au  fur  et  à  mesure  des  fonds  qu'elle 
a  pu  y  employer,  sur  u  n  plan  arrêté  par  le  conseil  depuis  nombre 
d'années,  et  dont  il  me  paraît  devoir  résulter  une  véritable  utilité 
pour  cette  ville  commerçante,  qui  en  désire  l'exécution...  J'ai 
bit  rechercher  s'il  y  avait  des  plaintes  de  la  part  des  proprié- 
taires de  cette  ville  ou  de  quelque  autre  de  la  province,  et  il  ne 
l'enest  trouvé  aucune...  C'est  avoir  voulu  prévenir  S.  M.  bien 
psn  favorablement  sur  ce  qu'elle  doit  attendre  des  mémoires  qui 
loi  seraient  envoyés  que  d'avoir  parlé  de  plusieurs  de  ces  objets 
M  la  manière  que  le  Parlement  l'a  fait...  »  D'autres  ministres  ne 
fwtil  pas  moins  amers  dans  les  reproches  qu'ils  adressèrent  au 
Pariement,  et  entre  autres  Choiseul,  soit  qu'il  voulût  avoir  l'air 
<!<  blâmer  toute  cette  intrigue,  soit  qu'il  regrettât  réellement  que 
l'on  fût  allé  aussi  loin  :  «  S.  M-,  écrivit-Il  à  M.  de  la  Chalotais*, 
**t  mécontente,  nommément  de  vous  et  de  M,  de  la  Gascherie. 
^  a  cru  que  son  contrôleur  général  l'avait  engagée  mal  à  pro- 
pos à  envoyer  son  édi  tau  Parlement  de  Bretagne.  M.  de  Laverdy, 

1.  H.  630  :  celU!  lettre  a  été  citée  par  Lingoet. 
J  ^  11  InU  1764  (ibiO.).  Elle  a  été  cilée  au  Frocis,  I,  290,  sous  la  date  du 
fl^ltia. 


80  M.    MARIOIf. 

pour  son  excuse,  a  montré  au  roi  les  lettres  que  vous  lui  av 
écrites,  et  l'on  ne  comprend  pas,  après  ces  lettres,  comment  vo 
pouvez  soutenir  Tarrêt  de  modification.  Vous  êtes  accusé  ici  h 
fortement  d'avoir  voulu  exciter  du  trouble  ;  je  ne  le  croyais  pa 
mais  je  ne  puis  me  refuser  aux  preuves  que  Ton  me  donne, 
n'ai  qu'à  me  reprocher  d'avoir  été  dans  Terreur.  »  Pour  toi 
justification,  M.  de  la  Chalotais  renvoya  l'accusation  cent 
d'Aiguillon,  et  afiecta  d'attribuer  tout  l'esclandre  aux  manœuvi 
perfides  du  commandant  pour  le  perdre  et  pour  discréditer 
Parlement  auprès  du  roi.  Â  l'exemple  de  son  procureur  génén 
la  compagnie  aussi  ne  songeait  à  rien  moins  qu'à  des  excuse 
fort  au  contraire,  la  commission  qu'elle  avait  nommée,  en  enr 
gistrant  la  déclaration,  pour  rédiger  les  mémoires  et  avis  prév 
par  l'article  premier,  parlait  très  haut,  émettait  les  prétentio 
les  plus  exagérées,  affichait  Tintention  de  prendre  counaissan 
des  registres  des  communautés,  de  ceux  de  la  commission  inte 
médiaire  et  de  la  commission  des  contrôles,  de  toutes  les  somm 
levées  par  les  Etats  et  de  l'emploi  qu'ils  en  faisaient  S  et, 
19  juin,  la  grand'chambre  osa  refuser  d'écouter  la  lecture  d'ui 
lettre  du  contrôleur  général  contenant  diverses  observations  à  • 
sujet,  ainsi  qu'au  sujet  de  l'arrêt  d'enregistrement '. 

Le  parti  était  décidément  bien  pris  à  Rennes  de  se  moquer  c 
gouvernement,  et  Laverdy  lui-même  ne  pouvait  se  le  dissimul* 
plus  longtemps.  Le  22  juin,  ordre  fut  adressé  au  Parlement  d'ei 
voyer  à  Compiègne  une  députation  composée  d'un  président,  < 
trois  conseillers  et  du  procureur  général.  Le  Parlement  désigi 
à  cet  eflet  le  président  de  Robien  et  ilM,  de  la  Gascherie,  ( 
Montreuil  et  de  Kersalaiin,  alloua  à  chacun  des  députés  30  livr 
par  jour  pendant  la  durée  de  leur  voyage,  contracta  à  cet  eff 
un  emprunt  de  0,000  livres,  fixa  au  2  juillet  la  date  de  lei 
départ,  et  les  chargea  jusque-là  de  se  procurer  <  toutes  instnic 
tions  et  mémoires  dont  ils  auraient  besoin  pour  répondre  au 
objections  qui  pourraient  leur  être  faites  au  sujet  de  l'enregistre 
ment  de  la  déclaration  du  21  novembre"^,  »  et  pour  faire  valo 
les  motifs  des  représentations  qui  avaient  été  faites.  Admirons 
en  passant,  la  logique  et  la  bonne  foi  du  Parlement,  qui  ava 

1.  L^ttK  de  d'Amilly  ta  contrMear  général,  6  jaio  {fl.  630). 

2.  Ibid..  ^  juin  (h/433). 

3.  AivHés  des  25  et  %  juin. 


Ln   D^BOTS  DE  >   l'aPFAIRB  PB   BMTIGITB.   >  fil 

coxvitnencé  par  lancer  ses  inculpatious,  quitte  à  réunir  plus  tard 
le»  jreuves  à  l'appui.  Ou  pouvait  d'ailleurs  compter  sur  le  zèle 
lie  la  plnpart  d'entre  eux  à  cet  égard',  notammeut  de  M.  de  la 
Ca.  ^icherie,  qui  mettait  alors  uti  homme  à  lui  en  campagne  pour 
ae  jarocurer,  coule  que  coûte,  des  plaintes  contre  l'admimstrattoQ 
de^    grands  chemins*. 

^Rd,  de  la  Chalotais,  affectant  une  grande  joie  d'avoir  ainsi 
l'otKasion  de  réfuter  les  calomnies  de  d'Aiguillon,  partit  eu 
S.V  ^  nce,  dès  le  29  juin  ;  mais  il  trouva  une  lettre  de  Saint-Flo- 
rentin,  lui  défendant  de  paraître  à  Corapiègne  avant  le  reste  de 
la  <3«putation.  Tousarrivèrentdoncensemblele  8  juilletet  eurent 
an-dleoce  du  roi  le  surlendemain.  Les  documents  dont  ils  s'étaient 
mtiBisleur  furent  inutiles,  car  ils  ne  furent  pas  appelés  à  discu- 
ter- :  «r  Je  n'ai  pu  voir  sans  peine,  leur  dit  le  roi,  que  dans  une 
ocoasion  où  j'ai  donné  à  mon  Parlement  les  plus  grandes  marques 
•le  confiance  et  où  je  ne  devais  attendre  que  des  témoignages  de 
9on  zèle  et  de  sa  reconnaissance,  il  ait  ajouté  par  un  arrêté  com- 
P^a,  contre  la  règle  ordinaire,  dans  son  arrêt  d'enregistrement 
''»  ma  déclaration  du  21  novembre  dernier,  des  objets  qui  y 
^laiçui  totalement  étrangers  et  qui  ne  tendent  qu'à  jeter  des 
"liages  sur  une  administration  dont  je  suis  aussi  content  que  la 
pi'o-vince,  ou  même  à  élever  des  difficultés  qui  pourraient  exciter 

'  -  De  la  plupart,  mais  non  de  tous.  11  semblerait,  d'après  divers  rapports 
inonjniM,  et  DoUmineut  d'après  celui  du  25  juin  (H.  433),  que  M.  de  Kersa- 
'"**!  «tslt  loin  de  penser  du  mal  de  l'adoiiaiatratioD  des  grands  cbemins  et  ne 
*    It^iuil  pas  pour  proclamer  IrÈa  haut  qu'elle  était  ud  grand  bien  pour  la 

i'"*-*-i»«,. 

*-  Il  vagit  de  noltaod,  grefller  d'une  des  terres  de  M.  de  la  Gascberic,  dont 
"'■«Inire  trouvera  place  plus  loiu.  Quaot  à  M.  de  la  Chalotais,  il  a  nié  Tigon- 
'"*^*tiimt  «voit  fait  faire  des  recherches  et  suscité  des  plaintes.  L'ingénieur 
''"■■ollc,  dans  une  lettre  à  d'Aiguillon,  qui  est  citée  dan»  le  JoumcU  du  coJB- 
°"^*t<l<j7ieni  (III,  264],  douae  i  celle  assertion  un  démeoti  catégorique,  montra 
''"  *>n  ae  chercbait  qu'A  échauffer  les  esprits  et  se  plaiol  des  tracasseries  qui 
'"'  ^Uienl  suscitées  partout  :  i  Je  tous  supplie,  ècril-it,  de  me  continuer  Totra 
l'^^1<3cliun  et  de  me  soutenir  contre  toutes  les  clabauderies  excitées  seulemeat 
'"*'  cinq  ou  six  particuliers  qui  ne  respirent  que  l'humeur  et  qui  ont  été  les 
'''^•*»lers  aotrefois  à  demander  des  routes,  u  —  Est-ce  à  M.  de  la  Chalotais  que 
"'t«  phrase  fait  aUusioaî  Toujours  est-il  qu'il  avait  multiplié  les  démarches 
V°^w  obtenir  le  pavage  du  faubourg  Saint -Hélier,  i  Rennes,  qui  menait  i  la 
''^(^  de  Vem  (H.  623).  —  D'Amiily  cuaslate  aussi  (lettre  au  contrôleur  général, 

j*>îllet,  H.  630)  que  €  des  plaintes  étaient  quémandées  cheE  les  curés  et  syn- 
'''^^  des  paroisses,  qui  ne  sougeaienl  nullement  à  en  faire,  mais  qui  n'osaient 
1^^  en  refuser  i  ceux  qui  les  provoquaient.  • 

Rbv.  HiBTOK.  LXVI.  I"  FAsa.  6 


A 


82  M.   MARION. 

des  divisions  entre  mes  sujets  s'ils  m'étaient  moins  attachés. 
Retournez  sans  délai  dire  à  mon  Parlement  que  je  yeux  que  cetto 
affaire  n'ait  aucune  suite.  »  Puis,  la  députation  sortie,  le  roi 
rappela  La  Chalotais  et  lui  dit  en  particulier  de  prendre  garde  à 
la  conduite  qu'il  tiendrait  personnellement  dans  cette  aflEadre. 
«  Conduisez-vous  avec  plus  de  modération,  c'est  moi  qui  vous  le 
dis.  »  Mais  ils  trouvèrent  moins  de  fermeté  auprès  de  M.  de 
Laverdy,  avec  qui  ils  avaient  conféré  avant  l'audience  rojale; 
du  moins  ils  se  vantèrent  de  l'avoir  fait  convenir  qu'ils  avaient 
eu  raison,  quant  à  l'arrêt  du  12  octobre,  et  ils  assurèrent 
qu'en  général  M.  de  Laverdy  leur  avait  parlé  si  faiblement  qu'on 
voyait  bien  qu'il  agissait  à  contre-cœur  ^  M.  de  la  Chalotais  a 
dit  dans  son  Mémoiy^e  justificatifs  et  peut-être  avec  vérité,  avoir 
amené  M.  de  Laverdy  à  convenir  que,  n'ayant  été  chargé  qae 
d'empêcher  des  modifications  et  l'arrêt  ne  contenant  que  des 
représentations,  sa  conduite  était  à  l'abri  de  tout  reproche. 

Aussi  revinrent-ils  à  Rennes  (13  juillet)  irrités,  mais  non 
intimidés,  et  ils  eurent  vite  fait  de  communiquer  leur  colère  au 
Parlement,  qui  décida,  le  16  juillet,  à  défaut  d'une  cessation  de 
service  que  quelques-uns  de  ses  membres  eussent  vivement  dési- 
rée, de  nouvelles  remontrances  au  roi,  et  prit  par  vingt  et  une 
voix  contre  dix-huit'  un  arrêté  de  scission  contre  le  comman- 
dant :  «  La  cour,  toutes  chambres  assemblées,  a  arrêté,  pour 
bonnes  et  justes  causes  à  elles  connues,  que  le  sieur  duc  d'Ai- 
guillon ne  sera  visité  par  aucun  des  membres  de  la  cour,  à  l'ex- 
ception de  ceux  qui  pourraient  être  obligés  de  se  trouver  chez  lui 
pour  les  affaires  de  S.  M.  ou  pour  leurs  affaires  particulières, 
auquel  dernier  cas  ils  en  informeront  la  cour,  chambres  assem- 
blées. »  M.  de  Laverdy  fut  indigné  de  cette  déraison;  mais  telle 
était  sa  faiblesse  qu'au  lieu  d'agir  il  s'enquit  dans  le  plus  grand 
secret,  auprès  du  premier  président,  des  moyens  de  rétablir 
l'ordre  sans  frapper  de  coup  d'autorité  :  «  Je  n'aurais  jamais  ima- 
giné, disait-il  naïvement^,  que  le  Parlement  fut  assez  mené  pour 
se  porter  à  des  arrêtés  de  cette  nature  ;  au  surplus,  je  crois  que 

1.  Rapport  anonyme  du  15  juillet  (H.  434). 

2.  Ce  résultat  fut  obtenu,  d'une  part,  par  une  réduction  de  toIx,  d'autre  part, 
en  prenant  les  voix  de  quatre  conseillers  au-dessous  de  vingt-cinq  ans,  qui,  réga- 
lièrement,  n'auraient  pas  dû  l'être  (rapport  du  17  juillet,  H.  630). 

3.  Lettre  du  21  juillet  (H.  630). 


LES   vitVTS    DB    "    t'AFFilHB   BE   HRETlr,?(E.  «  83 

plus  il  mettra  de  chaleur  dans  ses  démarches,  plus  on  mettra  ici 
de  flegme  et  de  fermeté;  je  voudrais  bien  en  même  temps  trouver 
le  moyen  de  ramener  l'ordre  sans  qu'on  en  vînt,  de  la  part  du 
gouvernement,  à  des  mesures  effectives  qui  pourraient  ranimer 
les  troubles  qui  viennent  de  s'éteindre.  >  Et  il  engagea,  selon  son 
habitude  incorrigible,  avec  les  principaux  meneurs  du  Parle- 
ment, d'inutiles  négociations  qui  ne  servirent  qu'à  accroître  leur 
audace  et  à  leur  ménager  le  temps  de  vaquer  paisiblement  à  la 
rédaction  de  leurs  nouvelles  remontrances. 

Celles-ci,  lues  le  11  août  à  l'assemblée  des  chambres,  étaient 
nne  répétition  et  un  développement  de  ce  que  les  remontrances 
du  1"  février  et  l'arrêt  du  5  juin  avaient  déjà  allégué  :  les  cor- 
vées arbitraires  et  écrasantes,  la  ruine  des  villes  par  des  emprunts 
multipliés,  la  destruction  des  franchises  de  la  province  par  l'ar- 
rêl  du  12  octobre  et  par  celui  du  1 1  juin  1763,  étaient  les  points 
successivement  aboi"dés;  puis  le  Parlement  s'élevaîtavec  énergie 
contre  la  mauvaise  réception  faite  à  ses  députés  et  en  accusait 
ces  hommes  qui,  perfides  ennemis  de  la  magistrature,  l'étaient 
doDc  aussi  de  leur  roi  :  ■  Votre  Parlement,  en  enregistrant, 
avait  jugé  que  nul  moment  n'était  plus  favorable  pour  supplier 
V.  M.  de  jeter  un  regard  paternel  sur  les  corvées  excessives,  sur 
les  dépenses  extraordinaires  et  superflues  des  villes,  sur  les  impots 
non  enregistrés  ni  compris  aux  contrats  des  États...  Voilà  ces 
représentations  que  l'un  a  taxées  de  criminelles...  Loin  de  nous 
les  hommes  qui  intriguent  pour  vous  inspirer  de  la  méfiance 
contre  le  zèle  le  plus  pur,  contre  la  fidélité  la  plus  inaltérable... 
A  eux  le  reproche  de  faire  naître  des  difficultés  qui  tendent  à 
intercepter  cette  communication  si  naturelle  du  souverain  avec 
les  ministres  essentiels  des  lois  du  royaume,  qui  veulent  vous 
EEÙre  envisager  la  liberté  légitime  de  vos  sujets  comme  incompa- 
tible à  votre  puissance  souveraine,. ,  A  eux  le  reproche  de  faire 
naître  des  difficultés  qui  pourraient  exciter  des  divisions  entre 
vos  sujets,  s'ils  vous  étaient  moins  attachés.  Punissez  votre  Par- 
letneat,  s'il  est  coupable,  mais  si  on  t'a  calomnié,  les  lois  vous 
demandent  vengeance.  »  Le  17  août,  à  la  suite  d'une  délibéra- 
tion tronquée,  à  laquelle  avaient  été  conviés  pour  la  forme  tous 
les  membres  absents',  les  remontrances  furent  définitivement 

1.  Il  ;  eut  ce  joor-lt  »ix  prégidenta  et  solianto-dii-sepl  coDseillers.  On 
impow  bmiammeot  ûlence  i  toaa  ceux  qui,  cODune  MU.  de  Langle  el  de  U 


84  M.   MARI05. 

arrêtées,  cachetées  et  scellées.  Le  roi,  toujours  débonnaire,  avait 
consenti  qu'elles  lui  fussent  apportées  par  une  grande  députation 
de  huit  membres  du  Parlement,  et  non  par  un  président  et  deux 
conseillers,  comme  il  Tavait  d*abord  demandé.  On  nomma  pour 
cette  grande  députation  MM.  de  Robien,  du  Pont,  de  Boux  de 
Saint-Mars,  de  Gouvello,  de  Grimaudet,  de  Montreuil,  de  Ker- 
salaiin  et  de  Guiray,  avec  défense  expresse  d'engager  aucune 
négociation  avec  aucun  des  ministres,  et  d'écouter  aucune  pro- 
position sans  en  donner  avis  à  la  cour  et  avoir  reçu  ses  ordres. 

La  députation  se  mit  en  route  et  présenta  ses  remontrances  le 
26  août.  Le  31,  elle  eut  audience  pour  recevoir  la  réponse  de  Sa 
Majesté.  Le  ton  en  était  sensiblement  moins  énergique  que  celui  de 
la  réponse  précédente,  et  les  ennemis  de  d'Aiguillon  purent  remar- 
quer avec  plaisir  que  pas  un  mot  n'y  était  dit  pour  défendre  l'ad- 
ministration du  duc  contre  les  attaques  du  Parlement.  Evi- 
demment le  gouvernement,  irrésolu,  divisé,  subissant  tour  à  tour 
toutes  les  influences,  ne  savait  pas  à  quel  parti  s'arrêter  pour 
prévenir  les  troubles  graves  qu'il  prévoyait  et  qu'il  redoutait  à 
l'excès.  4c  J'ai  désapprouvé,  disait  le  roi,  que  mon  Parlement  de 
Bretagne  ait  fait  entrer  dans  son  arrêt  d'enregistrement  de  ma 
déclaration  du  21  novembre  des  objets  étrangers  à  cette  loi,  et 
j'ai  voulu  lui  en  faire  sentir  les  conséquences,  mais  mon  Parle- 
ment n'a  pas  dû  penser  que  j'aie  douté  de  sa  fidélité  et  de  son 
zèle,  sur  lesquels  je  lui  ai  toujours  rendu  assez  de  justice  pour 
qu'il  n'ait  pas  besoin  de  se  justifier  auprès  de  moi  ;  ainsi  je  vous 
répète  que  mon  intention  est  que  cette  afiaire  n'ait  aucune  suite. 
Je  serai  toujours  attentif  à  maintenir  les  privilèges  légitimes  des 
Etats  et  à  pourvoir  dans  le  temps  et  de  la  manière  que  je  le  juge- 
rai convenable  aux  objets  qui  intéressent  le  véritable  bien  d'une 
province  qui,  à  son  ancienne  et  première  dépendance  de  ma  cou- 
ronne, que  mon  Parlement  ne  doit  jamais  lui  laisser  oublier, 
joint  les  avantages  qui  lui  ont  été  assurés  lors  de  sa  réunion  et 
qui  ne  me  sont  pas  moins  chers  qu'à  elle-même  ^  Je  connais 

Biochaye,  voulurent  protester  contre  la  teneur  des  remontrances  et  défendre 
l'administration  des  grands  chemins.  Toute  objection  fut  étouffée  avec  scandale, 
i.  M.  de  Laverdy  méditait  dès  lors  l'ouvrage  historique  qu'il  devait  faire 
paraître  Tannée  suivante  pour  démontrer  que  Tunion  de  la  Bretagne  à  la  France 
n'avait  pas  été  l'associaUon  de  deux  États  souverains  et  indépendants,  mais 
la  réunion  d'un  fief  compris  de  temps  immémorial  dans  la  mouvance  de  la 
couronne. 


LB3   D^BCTS   I 


!   DE   BRETlGm.  > 


l'utilité  des  usages  qui  y  ont  lisu  par  rapport  aux  corvées,  et  si, 
(fans  la  suite,  il  s'y  glissait  quelques  abus,  j'emploierai  mon  «uto- 
rité  pour  y  remédier.  Mon  Parlement  ne  doit  pas  perdre  de  vue 
qne  le  bien  de  mon  service  exige  la  plus  parfaite  ÎDtelligence  entre 
tous  ceux  qui  exercent  mon  autorité  dans  la  proTÎnce,  et  que  ce 
qiii  y  serait  contraire  ne  pourrait  que  me  déplaire.  »  M.  de 
Laverdy  avait  précédemment  dit  et  répété  à  ses  correspondants 
lie  Rennes  que,  si  l'enregistrement  contenait  des  articles  de 
nature  à  déplaire  au  roi,  rien  ne  pourrait  lui  ôter  de  l'esprit  la 
conviction  que  son  Parlement  n'avait  demandé  la  déclaration  que 
liour  exciter  des  troubles  et  des  querelles,  ni  l'empêcher  de  faire 
usage  de  son  autorité  pour  réprimer  cette  audace.  L'attentat 
avait  été  commis,  et  le  roi  déclarait  maintenant,  en  termes  soi- 
gneusement calculés  pour  ne  pas  irriter  la  susceptibilité  de  sa 
coor,  n'avoir  jamais  douté  de  sa  fidélité  et  de  son  zèle  !  Dans  une 
lettre  du  même  jour  à  son  neveu,  Saint-Florentin  déplorait  le 
lieu  Je  fermeté  de  cette  réponse  et  aflîrmait  que,  si  on  l'eût  cru, 
elle  eût  été  d'un  autre  style.  Ce  fut  sans  doute  pour  suppléer  k  ce 
qu'elle  ne  disait  pas  ou  ne  disait  pas  assez  que  Maupeou  et  lui 
prirent  k  part  MM.  de  Montreuîl  et  de  Kersalaiin,  et  leur  décla- 
rèrent que  le  roi  était  très  mécontent  d'eux  per-sonnelleraent, 
qu'ils  s'étaient  faits  les  instruments  de  la  haine  de  M.  de  la  Gas- 
cherie  contre  le  duc  d'Aiguillon,  que  le  roi  leur  défendait  très 
■■'ïpressément  de  faire  imprimer  leurs  dernières  remontrances, 
lue  c€  qui  y  était  avancé  sur  les  grands  chemins  était  faux  et 
qu'on  avait  bien  voulu  leur  épargner  l'humiliation  de  le  leur  dire 
*û  fece;  mais  cette  démarche  nouvelle,  venant  après  une  décla- 
'"8  tion  royale  d'un  ton  extrêmement  différent,  était,  elle  aussi,  une 
"OOTelle  maladresse,  qui  montrait  au  grand  jour  à  quel  point  le 
1*iMistérc  était  divisé  et  qui  ne  pouvait  qu'encourager  les  sédi- 
"^Hx  à  aller  de  l'avant. 

ïln  effet,  dès  leur  retour  à  Rennes,  les  deux  conseillers  ainsi 
^  *»cés  n'eurent  rien  de  plus  pressé  que  de  laisser  transpirer  les 
P^^ipos  que  les  ministres  leur  avaient  tenus,  encore  qu'ils  eussent 
^*^u  de  ceux-ci  défense  expresse  de  les  faire  connaître;  le  Parle- 
"^^at  s'empressa  de  son  côté  de  leur  enjoindre  par  arrêt  du 
■^,  ^«pterabre  de  répéter  tous  les  détails  de  cette  conversation  par- 
,  '^'SMlière,  ce  qu'ils  firent  immédiatement  sans  plus  de  résistance. 
T^^^llTrer  à  Um  nombre  de  conseillers  copie  des  remontrances  du 
F  *  *  août,  afin  que  le  gouvernement  ne  sût  sur  qui  feire  retomber 


86  M.    MARIOlf. 

la  responsabilité  de  Timpression  qu*0Q  était  fermemeDt  résolu  à 
faire  :  en  décider  de  nouvelles  :  charger  de  leur  rédaction  MM.  de 
Robien,  de  la  Gascherie,  de  Mon  treuil  etdeKersalaûn,  qui  peut- 
être  se  seraient  bien  passés  de  cet  honneur,  et  qui  commençaient 
à  ne  pas  être  sans  quelque  inquiétude  sur  les  suites  de  leur  déso- 
béissance, fiit  Taffaire  de  peu  de  temps  (4  septembre).  Mais  ils 
étaient  désormais  trop  avancés  pour  pouvoir  reculer,  et  le  Parle- 
ment lui-même,  où  beaucoup  aussi  regrettaient  de  s*être  engagés 
sans  preuves  dans  cette  affaire,  ne  pouvait  plus  battre  en  retraite 
sans  se  couvrir  de  ridicule.  Cet  argument  était  décisif  pour  impo- 
ser silence  aux  modérés,  qui  n'eussent  pas  été  éloignés  de  souhai- 
ter une  conciliation.  Aussi,  lorsque  les  quatre  messieurs  propo- 
sèrent, d'un  ton  assez  mal  assuré  et  d'une  mine  assez  piteuse^ 
le  canevas  des  nouvelles  remontrances,  il  fut  accepté  tout  d*une 
voix  ;  on  remit  la  lecture  du  texte  définitif  à  la  rentrée,  au  3  dé- 
cembre, puis  on  se  sépara  après  avoir  confirmé  par  trente  et  une 
voix  contre  vingt-huit  l'arrêté  de  scission  pris  contre  le  duc 
d'Aiguillon  (7  septembre). 

Les  héros  de  cette  aventure  n'avaient  pas  tort  de  trembler.  Il 
ne  parut  pas  possible  de  laisser  impunie  leur  flagrante  désobéis- 
sance, et  MM.  de  Montreuil  et  de  KersaLoûn,  auxquels  on  adjoi- 
gnit M.  de  la  Gascherie,  regardé  à  Versailles  comme  le  principal 
meneur  de  toute  l'intrigue,  à  cause  de  son  inimitié  personnelle 
contre  d'Aiguillon,  reçurent  le  12  septembre  l'ordre  de  se  rendre 
à  Versailles,  où  ils  trouvèrent  des  lettres  de  cachet  leur  enjoi- 
gnant de  partir  pour  Sens  et  d'y  rester  jusqu'à  nouvel  ordre. 
Mais  il  était  visible  que  le  ministère  n'avait  recours  à  ces  rigueurs 
qu'en  tremblant.  Le  plus  vif  désir  de  M.  de  Laverdy  était  de 
trouver  quelque  prétexte  pour  mettre  un  terme  à  leur  punition, 
dans  la  crainte  qu'elle  ne  mît  en  combustion,  à  la  rentrée,  tous 
les  Parlements  du  royaume,  et  il  insinua  à  d'Aiguillon  de  deman- 
der lui-même  leur  rappel  2.  Comme  le  bruit  public  les  accusait 
de  n'avoir  agi  que  par  inimitié  contre  le  commandant,  ce  serait 
un  procédé  noble  et  généreux  qui  éteindrait  tous  les  ressenti- 
ments et  réconcilierait  tous  les  cœurs;  d'ailleurs,  ajoutait  le 
ministre,  qui  était  pour  la  magistrature  le  plus  compromettant 
des  amis,  et  sous  la  plume  duquel  reviennent  à  chaque  instant 


1.  Rapports  da  3  septembre  et  jours  suivants  (H.  630). 

2.  Lettre  du  10  septembre  (ibid.)- 


des  aveux  dépouillés  d'artifice  sur  les  molifs  peu  élevés  qui  la 
faisaient  agir,  on  serait  toujours  forcé  de  les  rendre  a  la  rentrée, 
par<»  que  le  Parlement  de  Rennes  finirait  par  se  porter  à  des 
folies  pour  les  ravoir,  et  que  M.  Lambert,  accusé  par  M.  de  la 
Gascherie  de  mauvaise  foi,  mettrait  celui  de  Paris  en  feu  pour  se 
disculper... 

Cette  nouvelle  preuve  de  faiblesse  o'apprit  certainement  rien 
à  d'Aiguillon,  qui  en  avait  déjà  fait  l'expérience,  mais  elle  lui 
donna  singulièrement  à  réfléchir  à  la  veille  d'une  session  d'États 
que  les  fautes  déjà  commises,  celles  qu'il  était  facile  de  prévoir 
encore,  et  les  exigences  fiscales  du  gouvernement  devaient  certai- 
nement rendre  particulièrement  redoutable.  Forcé,  par  les  vives 
instances  qui  lui  étaient  sans  cesse  renouvelées,  de  conserver  ces 
fonctions  périlleuses  dont  il  eût  souhaité  être  débarrassé,  il  crut 
nécessaire  de  s'adresser  au  roi  lui-même  et  de  lui  demander  une 
enquête  solennelle  sur  son  administration  en  Bretagne,  et  il  écri- 
vit à  Louis  XV  la  lettre  suivante  (15  septembre)'  : 

«  Sire,  votre  Parlement  de  liretagne,  excité  et  animé  par  les 
ennemis  de  votre  autorité,  qu'on  attaque  partout  aujourd'hui,  et 
que  je  défendrai  jusqu'à  mon  dernier  soupir,  vient  de  publier  les 
Causses  accusations  qu'il  a  osé  porter  contre  moi  à  V.  M.  et  de 
les  renouveler  avec  plus  de  violence  que  jamais  dans  des  objets 
de  nouvelles  remontrances  qu'il  a  arrêté  de  lui  présenter,  malgré 
les  défenses  expresses  et  réitérées  qu'Elle  lui  a  faites  de  parler 
d'une  aSaire  qui  ne  la  regarde  point.  Si  les  plaintes  qu'il  fait  de 
mon  administration  étaient  vraies,  je  devrais  payer  de  ma  tête 
l'alms  que  j'aurais  fait  de  l'autorité  qu'Elle  a  daigné  me  confier, 
mais  si  je  n'ai  employé  cette  autorité  que  pour  le  bien  de  son  ser- 
vice et  l'avantage  des  peuples  de  cette  province,  comme  je  l'ai 
prouvé  d'avance  à  V.  M.  et  à  son  conseil,  et  comme  je  puis 
encore  le  démontrer  plus  positivement  aujourd'hui,  je  suis  fondé 
h  me  plaindre  des  imputations  calomnieuses  de  votre  Parlement 
et  à  supplier  V.  M.  d'en  faire  une  justice  éclatante.  Si...  Elle 
avait  quelque  doute  sur  la  sagesse  et  l'exactitude  de  ma  conduite, 
j'ose  lui  demander  avec  les  plus  vives  et  les  plus  respectueuses 
instances  d'envoyer  en  Bretagne  un  membre  de  son  conseil  pour 
l'examiner  dans  le  plus  grand  détail,  sur  tous  les  points,  et  lui 
en  rendre  compte.  Quelque  humiliant  que  puisse  être  un  pareil 


88  M.   MilION. 

examen...,  je  m'y  soumettrai  avec  joie,  bien  conyainca  qu< 
résultat  lui  fera  connaître  que  je  ne  suis  point  indigne  de  la  [ 
tection  qu*Elle  a  daigné  me  promettre  lorsqu*Elle  m'a  ordoj 
de  me  rendre  en  Bretagne,  et  que  ma  fermeté  inébranlable  po«^^ 
le  maintien  de  son  autorité  est  le  seul  motif  des  indécents  proo^ 
dés  du  Parlement  à  mon  égard...  »  Et  il  écrivit  le  même  jour  ^ 
son  protecteur  attitré  le  dauphin  une  lettre  conçue  presque  dan^ 
les  mêmes  termes. 

La  réponse  du  roi  fut  bienveillante,  mais  quelque  peu  évasive  : 
«  Mon  cousin,  lui  disait  le  monarque,  je  ne  suis  pas  surpris  que 
vous  ayez  eu  toutes  les  plus  jolies  femmes  à  la  vivacité  et  à  la 
ténacité  que  vous  apportez  à  tout  ce  que  vous  désirez.  Oh  !  que 
n'ai-je  été  comme  c^a  toujours  !  Je  suis  content  de  vous,  je  vous 
l'ai  dit  et  vous  le  répète;  mais  votre  style  ampoulé  et  plein  de...^ 
ne  me  fera  pas  changer  :  servez-moi  avec  probité,  vigilance, 
exactitude,  zèle,  et  comptez  avec  cela  sûrement  sur  mon  appui. 
Le  membre  de  mon  conseil  que  je  pourrais  vous  envoyer  en  serait 
le  chef.  S'il  était  plus  jeune  et  moins  timide,  il  irait,  mais  dans 
tout  autre  vue  que  les  vôtres.  »  Celle  du  dauphin,  conçue  en 
termes  plus  satisfaisants,  n'était  pas  beaucoup  plus  rassurante  : 
«  ...  Je  ne  vois  encore  rien  de  bien  disposé  à  vous  répondre  sur 
ce  ton,  et  tout  ce  que  je  puis  vous  dire,  c'est  que  les  accusations 
énoncées  dans  les  remontrances  dans  des  termes  obscurs  sont  si 
atroces,  si  éloignées  de  la  vérité  que,  quelque  désir  que  la  faction 
parlementaire  ait  de  vous  attaquer,  je  ne  puis  croire  qu'ils  osent 
en  venir  jusque-là.  Pour  ce  moment-ci,  permettez-moi  de  me 
réjouir  de  voir  encore,  pendant  cette  tenue,  les  affaires  du  roi 
entre  vos  mains.  J'espère  qu'enfin  vous  surmonterez  tout  ce  que  le 
malheureux  esprit  qui  règne  vous  suscite  de  difficultés;  nos  inté- 
rêts sont  si  unis  que  vous  souhaiter  du  succès  c'est  nous  en 
souhaiter  h  nous-mêmes;  mais  ce  motif  n'est  pas  le  seul  :  vous 
savez  combien  je  m*intéresse  personnellement  à  ce  qui  vous 
reganlo,  et  je  vous  prie  d*en  être  aussi  convaincu  que  de  ma  par^ 
faite  estime.  » 

Ainsi,  de  la  part  du  dauphin,  un  bon  vouloir  absolu,  mais 
impuissant  ;  de  celle  du  roi,  de  banales  protestations  de  satisfac- 
tion qu  il  ne  fallait  pas  s'attendre  à  voir  suivies  d'effet;  un  minis- 
tère divisé  et  irrésolu,  dupe  ou  complice  des  parlementaires, 

1.  Ici  eftt  un  mot  ettacé. 


«TetB 


LES    DEBUTS    DE    ' 


ETemblant  sans  cesse  devant  eux;  la  calomnie  sûre  de  l'impunité 
^t  bénèSciaot  déjà  de  la  laveur  de  l'opinion  publique,  séduite  ou 
subjuguée;  voilà  daus  quelles  conditions  se  trouvait  d'Aiguillon, 

»la  veille  d'une  session  d'États  qu'on  avait  tout  fait  pour  rendre 
Ltrêmeroent  difficile,  et  où  l'intrigue  nouée  pour  le  perdre  allait 
Ejuver  de  puissants  moyens  d'action. 

Tels  furent  les  évéDements  qui,  au  ^témoignage  de  M.  de  la 
Chalotais  lui-même,  furent  le  principe  de  tous  les  troubles  de  la 
province,  de  la  mauvaise  querelle  que  le  Parlement  allait  susci- 
ter en  défendant  la  perception  des  sols  pour  livre  après  l'avoir 
permise,  de  la  démission  du  Parlement  qui  en  fut  la  conséquence, 
du  procès  de  M.  de  la  Chalotais,  de  celui  du  duc  d'Aiguillon  et 
de  la  longue  agitation  que  «  l'affaire  de  lîretagne  »  entraîna.  Le 
duc  d'Aiguillon  a  passé,  sur  la  foi  des  Mémoires  de  M .  de  la  Cha- 
lotais, pour  avoir  été,  par  dépit,  par  vengeance,  et  par  servilité 
envers  les  Jésuites,  le  moteur  de  toute  l'intrigue.  Le  récit  qu'on 
vient  de  lire  laissera,  croyons-nous,  dans  tout  esprit  impartial, 
une  impression  différente.  Ce  fut  au  moment  du  triomphe  du  parti 
parlementaire  à  Versailles  (donc  lorsqu'une  campagne  contre  la 
magistrature  et  ses  chefs  ne  présentait  aucune  chance  de  succès) 
que  l'aSaire  s'engagea  :  ce  fut  alors  que  le  Parlement  de  Rennes, 
subissant  l'influence  de  quelques  meneurs  qui  haïssaient  le  com- 
mandant, lui  lança  sa  déclaration  de  guerre,  qui  tout  d'abord 
ne  fut  pas  relevée;  ce  fut  ce  même  Parlement  qui  revint  avec 
persistance  à  la  charge  et  mit  tout  en  œuvre  pour  iaire  naître 
une  de  ces  querelles  qui  fatiguaient  le  roi  et  dont  il  ne  se 
débarrassait  généralement  qu'en  sacrifiant  les  représentants  de 
soc  autorité;  et  ce  fut  le  gouvernement  qui,  par  sa  pusillanimité 
et  son  irrésolution,  laissa  grandir  des  germes  de  troubles  dont  la 
avitè  devait  surpasser  toutes  ses  craintes. 

M.  Marion. 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS 


LE  LIEU 

DE  LA  RENCONTRE  DES  FRANCS  ET  DES  WISIGOTH 

SUR  LES  BORDS  DU  CLAIN 

EN  507. 


C'est  en  Poitou  que  les  Francs,  par  leur  victoire  surles  Wisigoths 
donnèrent,  en  507,  le  dernier  coup  à  la  civilisation  antique.  Vivani 
depuis  deux  ou  trois  générations  au  milieu  de  la  Gaule  romanisée^ 
les  Goths  de  l'ouest  avaient  en  effet  hérité  de  tout  ce  qu'ils  n'avaien! 
pas  détruit,  et  maintenant,  à  demi  dégrossis,  ils  se  trouvaient  éti 
chez  nous  les  gardiens  et  les  défenseurs  de  ce  qui  restait  de  TandeiB. 
monde. 

On  n'est  pas  d'accord  sur  l'endroit  qui  fut  le  théâtre  de  oeUi^ 
mémorable  rencontre,  à  la  suite  de  laquelle  la  Gaule  devint  la  France^ 
On  a  successivement  placé  le  champ  de  bataille  à  Givaux,  à  Nouaillé^. 
à  Ghauvigny,  à  Youlon,  à  Gbampagné-Saint-Hilaire,  à  Mougon,  à_ 
Youillé,  etc.,  à  Test,  au  sud  et  à  Pouest  de  Poitiers,  de  tous  les  c&té^ 
en  un  mot,  excepté  au  nord,  où  il  aurait  été  pourlant  naturel  de  le^ 
chercher,  puisque  c'est  la  direction  dans  laquelle  arrivait  devis, 
marchant  sur  Poitiers,  occupé  par  son  adversaire. 

Nous  allons  commencer  par  donner  tous  les  textes  anciens  qui  sem- 
rapportent  à  notre  sujet.  Gela  fait,  nous  demanderons  au  lecteur  de^ 
les  avoir  toujours  présents  à  l'esprit  et  de  vouloir  bien  de  temps  à^ 
autre  porter  les  yeux  sur  une  carte,  soit  pendant  que  nous  discute- 
rons l'opinion  la  plus  généralement  admise,  soit  quand  nous  expo- 
serons notre  propre  manière  de  voir. 

VUa  Maxentii,  dans  Acta  Sanctorum^  die  26  junii,  p.  472  : 

Eo  tempore  contigit  ut  Franci  cum  Gothis  confllcto  bellico  adveoi- 
rent,  praecedente  eos  Ghlodoveo  rege.  Gum  autem  monasterio  propin- 
quassent  in  quo  8.  Maxentius  pastor  habebatar  egregius,  et  venissent 
in  villam  vocabulo  Vocladom,  instinctu  diaboii  cogitare  coopérant  nt 
idem  monasterium  debellare  deberent... 


RBnCDNTKB   DES   FR1NC3   ET   DEH  WISIGOTHS  EN  507.  91 

Gregorii  Turonensis  Hist.  Francorum,  II,  ïxitii,  éd.  Arndl  el 
K-i-uscli,  dans  ScripCares  rerum  Merovingicarum,  I,  101.  —  Gré- 
goire de  Tours,  Hist.  des  Francs,  publ,  par  Oraont,  II,  hyii  : 

CblodovechuB...,  commolo  esercitu,  Peclavus  diregît.  Ibi  tune  Ala- 
ricus  commorabatur.  Sed  quoniam  pars  hoslium  per  territurium  Toro- 
nicunQ  Iransiebat,  pro  reverenlia  boaii  Mariini  dédit  edictum,  ut  nullus 
de  rc-gtane  illa  aliud  quam  herbarum  alimenta  aquamque  praeEumeret, 
QuicJajn  autem  de  exercitu,  invento  cajusdam  pauperis  fenum,  ait  ; 
•  N'ourle  rex  herba  taittum  praesiimi  mandavtt,  nihil  aliud?  Et  hoc, 
in<iviit,  lierba  est.  Non  ecim  primus  transgressores  praecepti  ejus  si 
^am  praesumimus.  u  Cumque  vim  faciens  pauperi  faenum  virtute 
tutissct,  factura  pervenit  ad  regera.  Quem  dicto  citius  gludio  peremp- 
'um,  oit  :  «  Et  ubi  erit  epes  vicluriae,  si  beaio  Martino  offendimus?  ■ 
Satis^^uo  fuit  eieroîlu  nihil  ulterius  ab  hac  regione  praesumere.  Ipse 
ïero  roi  direxit  nuntios  ad  beati  basilecam.  {Suit  le  récit  du  présage  de 
'*  •^•«^ttirc.)  Porro  ille,  cum  ad  flitvium  Vincennam  ciim  exercitu  adve- 
'**^®*3t,  in  qno  loco  eam  iranRÏre  deberet,  paenitiis  ignorabat.  lutumue- 
^^  ^nim  ab  iaundatione  pluviarum.  Cumque  illa  nocte  Dotninum 
°'P*'^a.eoatus  fuisset,  nt  eî  vadum  quo  transjre  posait  digoaretur  osten- 
®''^-,  mane  facto  cerva  miras  magnitudinis  ante  eos  nutu  Dei  Dumine 
8*"^ditur,  iliaque  vadanie,  populos  quo  transire  posait  agnovit.Veniente 
****^ni  régi  apud  Pectavus,  dum  In  tonturiis  coiamoraret,  pharus  ignea, 
^  ^^*Q.aileca  sancti  Hilarii  egresaa,  visa  est  ei  tamquam  aaper  ae  advenire. 
'**•"<  le  récit  du  miracle  lie  saint  Uaixent.) 

^^*-Qlerea  Ghlodovechua  rex  cum  Alarico  régi  Gothorum    in  campo 
^Blsdenaï  (allait  Vocladensi,  Vocladense)  decimo  ab  urbe  Fectava 

T**Wrio  convenii Migravit  autem  poat  Vogladensem  {alias  Voola- 

^^Oftem)  belium  an  no  qninto  (ïsin). 

Predegarii  Chronica,  II,  lviii,  III,  iiir,  hyiii,  éd.  Knisch,  dans 
Wpf.  rerum  Merov.,  II  : 


1^ 


ChlodoveuB  adversua  Alaricum  arma  commovit,  quem  in  campania 
.^^ogtadeDSPm  decimo  ab  urbe  Pectaïa  miliario  interfecit.  —  Obiit  poat 
Voglensim  beltum  anno  5. 

Getta  regum  Franeorum,  x?ii,  éd.  Rntscb,  dans  Seript.  rerum 
-^erov.,  II  : 

Commovit  Rex  (Cblodoveos)  cunctum  exercltnm  snum,  populo  {alias 
^opnium,  populuaque,  populnmque)  Francorum  Pectavia  dirigit;  ibi 
^DÎm  tune  Alaricus,  rex  Gothorum,  commorabatur.  Muita  para  hostium 
tter  terreturium  Toronicum  transiebat.  Precepit  autem  rex  pro  reve- 
Yealia  sancti  Martini  nihil  aliud  nisi  herbam  preaumerent  ad  eorum 
«quoe  Gustenlandum.  Dtreiit  iiaque  nuncios  rex  ad  beati  Martini  basi- 
Ucam  cum  maneribus  et  equo  guo  velocisaimo...  Cum  veaisaet  autem 
TDX  ad  fluvium  Vincenna  cum  exercitu  suo,  in  quo  loco  eum  vadare 


92  MiLANGBS  ET  DOCUMENTS. 

deberet,  non  inveniebat;  inundayerat  enim  a  multitudine  pluviamm. 
Deprecatasque  Dominum,  ut  ei  vadum  ostenderet,  nocte  illa  fuit. 
Mane  autem  facto,  cervia...  vadum  ostendit,  illaque  vadante,  populus- 
que  sequens  vadavit...  Ghiodoveus  autem  rex  cum  Alarico  rege  Gotho- 
rum  in  campo  Yogiadinse  {alias  Vogiatlinse,  Vocladinense,  Voclan- 
dinse,  Vocladiense)  8uper  fluvium  Glinno  miliario  decimo  ab  nrbe 
Pectava  convenit;  iilisque  inter  compugnantibus  Gothi  cum  rege  suo 
nimis  conloesi  terga  verterunt. 

Vita  Remigii,  auclore  Hincmaro,  dans  Duchesne,  Hisioriae  Fran- 
corum  ScriptoreSy  I,  529;  —  Acta  Sanctorum,  die  prima  odobris; 
—  Script,  rerum  Merov.^  III  : 

Gum  Alarico...  in  campo  Mogotense  (alias  Moglotinse),  super  fluviam 
Glinno,  miliario  decimo  ab  urbe  Pictavis  bellum  conseruit. 

Dans  cette  reproduction  des  sources,  nous  n'avons  pas  compris 
rbistorien  byzantin  Procope.  Il  s'est  particulièrement  occupé  des 
Goths  et  a  vécu  au  temps  même  des  événements  ^  mais  il  a  composé 
son  livre  loin  du  tbéâtre  de  la  guerre  et,  dans  son  ignorance  de  la 
géographie  de  l'Occident,  il  va  jusqu'à  confondre  Poitiers  avec  Gar- 
cassonne. 

Les  chroniques  veisigothiques  fournissent  des  renseignements  sur 
l'ensemble  des  fails  qui  ont  précédé  ou  suivi  la  guerre,  mais  n'en 
donnent  aucun  sur  la  marche  des  armées.  Une  seule  mentionne  l'en- 
droit où  se  produisit  le  choc  et  l'appelle  Boglodoreta*,  nom  de  lieu 
qui  reste  à  idenlifier,  à  moins,  ce  qui  parait  probable,  qu^il  ne  soit 
une  altération  de  Vocladum, 

La  Vie  de  saint  Maixent,  écrite  au  temps  de  Childebert,  c'est-à-dire 
par  quelqu'un  que  Ton  pourrait  presque  considérer  comme  contem- 
porain, nous  fait  connaître  le  nom  de  l'endroit  où  s'est  livrée  la 
bataille,  mais  rien  de  plus. 

Grégoire  de  Tours,  qui  appartient  déjà  à  une  autre  génération, 
a  emprunté  diverses  parties  de  son  récit  à  des  sources  antérieures^, 
et  il  nous  offre  de  plus  une  garantie  particulière  :  il  a  vécu  dans  le 
voisinage  des  lieux  où  l'événement  s'est  passé;  il  les  connaît.  Ses 
renseignements  sont  précis  ;  le  seul  embarras  qu'ils  causent  aujour- 
d'hui et  dont  on  ne  saurait  se  prendre  à  lui,  c'est  que  le  nom  qu'il 
donne  au  champ  de  bataille  ne  se  retrouve  plus.  Telles  quelles  cepen- 
dant ses  indications  sufDsent  pour  nous  conduire  à  rendrait  où  Ala- 
ric  perdit  la  moitié  de  son  royaume  et  la  vie. 

1.  Hist.  des  règnes  de  Childerich  et  de  Chlodovech,  par  W.  Janghans,  trad. 
par  Gabriel  Monod,  p.  91  et  150. 

2.  Jaoghans,  BUt,  de  Chlodaoechj  trad.  par  Monod,  p.  154. 


roEBwraraoTHS 


1  507. 


Le  récit  de  Grégoire  est  la  source  où  ont  puisé  les  chroniqueurs 
des  siècles  suivants.  Ils  le  reproduisnnl  avec  de  simples  variantes  de 
forme.  L'un  d'eus  cependant,  l'auteur  des  fieWa  ou  Liber  hisloriae, 
y  ijjoutc  un  détail  géographique  très  précis,  qui  nous  interdit  de 
chercher  le  lieu  de  la  reuconlre  ailleurs  que  là  où  Grégoire  l'avait 
déjà  placé  et  |qui  prouve  que  lut-méme  connaissait  les  lieux  dont  il 
parle  ou  avait  à  sa  disposition  un  document  que  nous  n'avons  plus. 

Ilincniar,  qui,  longtemps  après,  a  emprunté  en  gros  son  récit  aui 
Gesta,  donne  cependant  un  nom  difTérenl  au  champ  de  bataille,  tout 
en  lui  assignant  exactement  la  même  situation.  Malheureusement,  ce 
nom  lui-même  varie  sensiblement  suivant  les  copies  :  dans  l'une 
c'est  campus  Mogolemis,  dans  l'autre  c'est  campus  Moglotensis. 
Cette  dernière  forme,  si  elle  était  seule  et  en  y  metlant  do  la  bonne 
volonté,  pourrait  être  prise  pour  une  mauvaise  lecture  de  Vogladefi~ 
ns;  mais  ce  serait,  a  notre  avis,  aller  un  peu  loin  que  de  voir  dana 
Mogotemit  une  simple  variante  de  Vogladensis.  Et  si  c'est  réelle- 
ment là  le  vocable  qu'a  employé  Hincmar,  il  y  aurait  lieu  de  recher- 
cher à  côlé  de  Vocladum  un  autre  endroit  susceptible  d'être  identiflé 
avec  le  campus  Mogoteiuis.  Nous  avons  indiqué  ailleurs  un  nom 
ayant  quelque  rapport  avec  celui-là  :  Moussais-la-Balaiile.  Nous  n'y 
reviendrons  pas  ici,  n'ayant  aucun  moyen  de  fïiire  préalablement  un 
choix  entre  les  deux  versions  des  copies  d'Hincmar  et  n'ayant  pas 
non  plus  besoin  du  témoignage  de  cet  auteur  pour  fixer  le  lieu  de  la 
rencontre. 

Complétons  celle  bibliographie  des  sources  parcelle  des  monogra- 

L  phies  qui,  depuis  un  siècle  et  demi,  ont  été  consacrées  à  l'événement 

1  et  par  l'indicalion  de  quelques  ouvrages  plus  généraux  dont 

i  ont  émis  sur  la  question  une  opinion  plus  ou  moins 


^_    tin  de  ^ 


IjS  p.  Routh,  Oburvattom  sur  le  Campus  Vociadensû,  à.  la  suite  de 
Rtcherehes  sur  Ja  manièrB  d'inkumer  des  anciens.  Poitiers,  1736.  — 
Lebeaf,  Diisertation  toucliant  la  situation  du  Campus  Vocladtnsis,  dans 
Diutrtations  sur  fhist.  de  Paris.  Paris,  1739, 1,  304.  —  Affiches  du  Poitou, 
OCU  1774.  —  Dufour,  De  l'ancien  Poitou.  Poitiere,  1826.  —  Mesoard, 
d'après  de  Beauregard,  Dissertation  sur  te  Campus  Vocladensis,  dans 
Mim.  dt  la  Soc.  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  année  1836.  —  Saint-Hypo- 
lïte.  Notice  sur  la  bataille  dr.  Vouion,  dans  Mim.  des  Antiquaires  de 
l'Ouest,  1S44,  exCraîLe  du  Spectateur  militaire.  —  La  Fontenelle  de 
"Vaadorê,  Notice  sur  le  monastère  de  Sainl-ifaixtnt,  à  la  suile  de  jour- 
nal de  Lericlie.  Poitiers,  1846.  —  L'abbé  Pourtault,  le  Cliamp  de 
batatU»  de  Ciwis  contre  àlaric  est-il  à  Vouillé?  Est-il  à  Vouhm  Poi- 
tiâfs,  1873.  —  &..-P.  Lièvre,  Du  lieu  o 
tin  de  la  Soc.  aead.  de  Poitiers,  1S73 


t  Clovis  défit  Àlaric,  dans  BulU- 
—  Longaon,  Géographie  de  la 


94  irfUlfGBS  BT  DOGUnilTS. 

Gaule  au  VI*  siècle.  Paris,  1878.  —  Lévesque,  le  c  Campus  Vocladeruis^  b 
dissertation  sur  le  champ  de  bataille  de  507,  Niort,  1880.  —  Rédet,  Die- 
tionnaire  topographique  de  la  Vienne.  Paris,  1881.  —  D.  Ghamard,  la 
Victoire  de  Clovis  en  Poitou,  dans  Revue  des  Questions  historiques, 
t.  XXXIII.  Paris,  1883,  p.  5  et  624.  —  A.  Richard,  les  Légendes  de  saint 
Maixent  et  la  victoire  de  Clovis  en  Poitou,  dans  Revue  des  Questions  his- 
toHques,  t.  XXXIU,  p.  609.  —  k.  Richard,  la  BatailU  de  VouilU,  dans 
Bulletin  de  la  Faculté  des  lettres  de  Poitiers,  1888,  p.  62.  —  Kurth,  CUnris. 
Tours,  1896. 

Des  textes  que  nous  avons  mis  sous  les  yeux  du  lecteur  il  résulte  : 

V  Que  Clovis,  ayant  résolu  de  faire  la  guerre  aux  Wisigolhs,  se 
dirige  sur  Poitiers,  où  se  trouve  Alaric,  traverse  une  partie  de  la 
Touraine,  sans  passer  par  Tours,  et  franchit  la  Vienne  à  gué; 

2®  Qu'à  son  approche  Alaric  sort  de  Poitiers  et  se  porte  à  la  ren- 
contre des  Francs  ; 

3*"  Que  les  deux  armées  s'abordent  à  dix  milles  de  Poitiers,  près 
du  Clain,  dans  un  endroit  appelé  Vocladum  par  la  Vie  de  saint 
Maixent,  campus  Vocladensis  par  Grégoire  et  les  autres  chroniqueurs. 

Tout  ce  qu'on  ajoutera  à  ces  conditions  ne  sera  qu'hypothèse,  et 
hypothèse  pour  le  moins  inutile  s'il  se  trouve  que  les  données  four- 
nies par  les  textes  sont  suffisantes  pour  résoudre  le  problème  proposé. 

Lorsque,  au  xn*  siècle,  on  se  mit  à  écrire  notre  histoire  en  fran- 
çais, on  ne  chercha  pas  tout  d'abord  ou  on  ne  trouva  plus  la  localité 
désignée  en  latin  par  le  nom  de  Vocladum,  et  dès  lors  commença  la 
série  des  suppositions  arbitraires,  dans  lesquelles  tantôt  l'un,  tantôt 
Taulre  des  éléments  de  la  question  était  négligé,  quand  ils  n'étaient 
pas  tous  faussés.  Jean  Boucbet,  par  exemple,  songea  à  Givaux, 
parce  qu'il  y  a  là  beaucoup  de  sarcophages.  Presque  tous  les  auteurs 
locaux  demandèrent  à  la  tradition  le  souvenir  du  gué  où  la  biche 
merveilleuse  avait  montré  un  passage  à  Glovis;  on  en  trouva  un, 
puis  deux,  puis  trois.  Nicole  Gilles,  qui  le  premier  risqua  une  iden- 
tification philologique  du  campus  Vocladensis^  imagina  le  substantif 
€  Nagladiense  ou  Vocladence  »  et  affirma  que  c'était  c  Nouailles,  » 
apparemment  Nouaillé,  qu'il  place  près  du  Glain.  Personne  avant  le 
xvii^  siècle  ne  pensa  à  Youillé  ;  mais  depuis  que  ce  nom  a  été  mis  en 
avant,  il  a  fait  fortune;  grâce  à  l'importance  de  l'événement  qu'il 
rappelle,  il  est  maintenant  du  nombre  de  ceux  qu'il  fout  savoir  pour 
obtenir  dans  nos  écoles  le  plus  élémentaire  de  tous  les  brevets.  Voici, 
d'après  l'opinion  la  plus  communément  reçue,  comment  il  se  ratta« 
cherait  au  vocable  latin  :  Vocladum  serait  devenu  Vodade  ou  Voglade, 
puis  Voglai,  Vouglé  et  enfin  Vouillé. 

Nous  pourrions  accorder  cette  dérivation  sans  que  pour  œla  le 


BBIfCOIlTRE   DES   FHiNCS   ET    l>ES   WISIGOTBS   E^    507. 


95 


I 


problème  fût  résolu;  car  la  question  n'est  pas  là  toutentière.  Bemsr- 
quoos  cependant  que  celte  idenlirication  de  Vouillé  et  do  Vocladum 
se  faeurle  à  deux  dimcullés.  La  première  c'est  que  toulea  les  rormes 
intermédiaires  sont  supposées;  ce  sont  des  resUlulions  théoriques. 
La  seconde  c'est  que  cette  Filiation  de  noms,  dont  aucun  ne  saurait 
justiHer  par  litres  qu'il  a  réellement  existé  à  un  moment  donné,  laisse 
de  côté  un  certain  VoUiacas  ou  Volliacum,  qui,  lui,  est  bien  Vouillé 
el  possède  des  chartes  pour  le  prouver.  Dès  le  siècle  dernier,  le 
P.  Routb  avait  fait  observer  que  dans  les  documents  anciens  cette 
localité  est  appelée  Votliacum  et,  par  suite,  il  doutait  qu'elle  eût 
jamais  élé  Vocladum.  Ces  pièces,  il  ne  les  citait  ni  ne  les  discutait,  et 
peu  de  ^ns  alors  ou  depuis  avaient  t^it  attention  à  sa  remarque.  Un 
savant  de  nos  jours,  M.  Longnon,  a  compris  qu'il  y  avait  là  un  dan- 
ger latent  pour  Vouillé  et,  avant  même  que  ces  documents  aient  été 
publiés,  il  a  essayé  de  le  conjurer  en  les  discutant.  D'après  lui, 
«  ces  chartes  ne  sont  certainement  pas  antérieures  au  xii"  siècle,  data 
à  laquelle  les  scribes  Torgeaient  des  noms  par  analogie.  A  notre  avis, 
dit-il,  il  n'y  a  pas  lieu  de  tenir  compte  ici  des  formes  postérieures  à 
l'an  1100,  el  l'on  doil  seulement  examiner  si  Voctadis'  a  pu  donner 
en  français  Youillé;  >  or,  ajoute-l-il,  «  cette  question  ne  semble  pou- 
voir être  résolue  que  par  raffirmalive,  puisque  Va  long  accentué  de 
Voctadis,  placé  devant  une  consonne  simple,  a  nécessairement  pro- 
duit i  français,  tandis  que  le  groupe  cl-gl  donnait  une  mouillure 
représentée  dans  la  notation  de  la  langue  vulgaire  par  le  groupe  Ul; 
de  là  Voillé,  ancienne  forme  du  nom  de  Vouillé.  i 

Nous  ne  contesterons  pas  à  un  des  maîtres  de  la  science  la  valeur 
théorique  de  ces  considérations;  mais  nous  estimons  qu'on  n'en 
saurait  accepter  la  conclusion  que  dans  deux  cas  :  celui  oii  Vouillé 
satisferait  aux  autres  conditions  du  problème  el  celui  où  il  n'existe- 
rail  pas  une  explication  plus  simple  du  nom  même  de  cette  localité. 

Rédel,  dans  son  Dictionnaire  topographique  de  la  Vienne,  cite 
une  dizaine  de  textes  du  mojen  âge  oii  Vouillé  est  nommé  ;  Volhé, 
"Voilhé,  1383;  Vouilhé,  <375;  Voulbé,  1370;  Voillé,  4298;  Votia- 
eum,  \îm\  VoilUacus,  1252;  Voyilé,  1250;  Vollec,  1231  ;  VoUiacus 
ou  Volliacum  |tn  Volliaco),  vers  1095.  Aucune  de  ces  formes  ne 
nous  rapprocbe  de  Vocladum,  et  les  latines  nous  en  éloignent  même 
tout  à  fait,  en  faisant  apparaître,  au  lieu  de  la  désinence,  cladum, 

1.  a  MoDS  écriTOOS  Voeladit,  dit  H.  Longnon,  p.  577,  parce  que  la  termi- 
e  aoia  est  iodiquée  par  un  coaUmporain,  l'auleur  de  la  Vie  de  sainl 
MAisenL  •  C'est  U  une  erreur^  la  Vie  de  saiot  MaJxeot  porte  Vocladum  el  non 
Vocladem,  el  la  Vie  du  saint  qui  seule  conltenl  ce  renseignemeut  prÉdeux  n'est 
pas  celle  à  laquelle  renvoie  la  GëograpMe  de  la  Gaule,  p,  582,  mais  celle  qui 
ne  Inate  dam  les  Ac(a  Sanetorum. 


96  MELANGES  ET  DOCIWEIfTS. 

un  des  suffixes  gallo-romains  œus  ou  acum.  Prétendre  que  des 
clercs  du  moyen  âge,  ayant  à  mettre  en  latin  le  nom  de  Vouillé,  ont 
forgé  cette  forme  Volliacus,  ce  serait  admettre  quMls  étaient  aussi 
dépourvus  que  nous  de  chartes  antérieures  pouvant  les  renseigner. 
Or,  les  documents  qui  nous  restent,  à  l'exception  de  celui  de  4252, 
proviennent  du  trésor  du  chapitre  de  Sainte-Radegonde  de  Poitiers; 
est-il  supposable  que  cette  importante  communauté,  qui,  soit  dit  en 
passant,  prétendait  tenir  de  la  libéralité  des  Mérovingiens  sa  terre  de 
Vouillé,  n'ait  jamais  eu  dans  ses  archives  de  chartes  relatives  à  ce 
domaine  avant  celle  de  4  095  ou  environ,  la  plus  ancienne  que  nous 
ayons  aujourd'hui?  Ce  qui  est  probable,  au  contraire,  c'est  que  œ 
vocable  Volliacus  s'était  transmis  traditionnellement  et  de  charte 
en  charte. 

Volliacus  n'a  pas  été  imaginé  par  un  clerc  qui  aurait  ignoré  Vockh 
dum,  il  est  lui-même  le  nom  primitif.  Du  sufllxe  aciu  est  venue  natu- 
rellement et  directement  la  finale  é  :  de  Volliacus  on  a  fait  Vouillé, 
comme  de  Roliacus,  mentionné  en  889,  on  a,  non  loin  de  là,  bit 
Rouillé.  Nos  voisins  de  la  Charente  ont  mieux  que  nous  gardé  le  sou- 
venir de  cette  ancienne  terminaison  :  de  Roliacus,  Floriacus,  Vol* 
liacus^  ils  ont  fait  Rouiliac,  Fleurac,  Vouillac,  tandis  que  chez  nous 
ces  mêmes  formes  primitives  ont  produit  Rouillé,  Fleuré,  Vouillé. 

Vouillé,  qui  ne  parait  point  avoir  été  Vocladum,  ne  répond  pas 
non  plus  à  une  autre  exigence  du  problème.  Vocladum  était  sur  le 
Glain;  Vouillé  est  sur  l'Auzance,  à  une  quinzaine  de  kilomètres  du 
Glain.  On  a  longuement  disserté  sur  cette  condition  topographique 
sans  réussir  à  faire  que  cela  ne  soit  ainsi.  L'auteur  de  la  Géographie 
de  la  Gaule  au  Vl^  siècle  reconnaît  qu'il  y  a  là  une  difficulté  et  il 
est  porté  à  l'expliquer  par  une  erreur.  Vouillé,  dit-il,  est  sur  les 
bords  de  l'Auzance,  qui  verse  ses  eaux  dans  le  Clain  et  c  qu'un 
étranger  voyageant  en,  Poitou  pourrait  prendre  de  la  sorte  pour  la 
partie  supérieure  du  flurius  Clinnus.  »  A  ce  compte-là,  et  pour  ce 
voyageur,  Poitiers  lui-même  ne  serait  plus  sur  le  Ulain. 

C'est  surtout  cette  situation  de  Vouillé  qui,  dès  le  siècle  dernier, 
fit  douter  de  ses  titres.  On  se  mit  alors  à  chercher  sur  les  bords  du 
Clain  un  endroit  dont  le  nom  eût,  lui  aussi,  quelque  ressemblance 
avec  Vocladum,  et  on  découvrit  Voulon,  à  cinq  ou  six  lieues  au  sud 
de  Poitiers,  dans  l'entonnoir  où  la  Dive  et  la  Bouleur  confondent 
leurs  eaux  avec  celles  du  Clain.  Aujourd'hui,  bien  que  Henri  Martin 
(autorité  bien  faible,  surtout  en  pareille  matière;  s  y  soit  rallié,  la 
cause  de  Voulon  parait  perdue  sans  appel,  et  nous  ne  voyons  aucune 
utilité  à  revenir  sur  la  discussion  à  laquelle  nous  l'avons  soumise 
au  temps  où  elle  était  en  faveur,  il  y  a  un  quart  de  siècle. 


■BHGOimiE   DES  FRAnCS  RT  DBB   TVtSIGOTHS   EU  507. 


97 


Veuille,  qui  n'est  pas  sur  le  Clain,  et  qui  ne  saurait  justifier  cpi'il 
œ  «»î  t  jamais  appelé  Vorladum,  peut  du  moins  soutenir  qu'il  se 
Itwve,  par  rapport  à  Poitiers,  à  la  distance  exigée  par  les  textes. 
Miiï  cet  argumeut  ne  saurait  être  isolé  des  autres  conditions  à  rera- 
l^it,  el  îi  perd  sa  valeur  s'il  est  en  opposition  avec  elles.  On  nous 
[lermcllra  d'ajouter  qu'en  s'en  servant  maladroitement  on  a  infirmé 
eucore  le  peu  de  force  qu'il  pouvait  avoir  en  lui-même.  Grégoire  dit  : 
dmmo  ab  urbe  milliario.  MilUarium  signifie  borne  milliaire,  mais 
par  eitension  il  a  aussi  parfois  le  sens  de  mille  romain,  et  c'est  dans 
ce  sens  dérivé  qu'il  faut  l'entendre  pour  que  Vouillé  se  trouve  décima 
mitiario.  Or,  deux  des  tenants  de  Vouillé  l'ont  compris  autrement. 
L'un  d'eux,  M.  Pourlault,  bien  convaincu  que  ce  mot  ne  peut  signi- 
fier que  milliaire,  n'a  pas  hésité  à  y  ajouter  celui  de  lapide  et  nous 
a  de  cette  façon  interdit  de  prendre  milliarium  dans  le  sens  favo- 
lable  à  sa  thèse,  celui  de  mille  romain;  il  a  altéré  un  texte  sans 
autre  résultat  que  de  gâter  un  argument.  Les  bornes,  en  effet,  étaient, 
cbez  ODIJS,  placées  de  lieue  en  lieue,  et  non  de  mille  en  mille;  or,  la 
lieue  gauloise  ayant  955  mètres  de  plus  que  le  mille  romain,  on 
sniTe  à  celte  conséquence  que  le  dixième  milliaire  ne  pouvait  se 
trouTer  qu'à  plus  de  six  railles,  ou  environ  neuf  kilomètres  et  demi, 
au  delà  de  Vouillé. 

Un  autre  défenseur  de  Vouillé,  M.  Richard,  aggravant  cette  méprise, 
a  prétendu  nous  indiquer  la  place  précise  que  ce  milliaire  aurait 
occupée.  A  lui  aussi  nous  répéterons  que  nos  bornes  indiquent  des 
lieues,  que  la  lieue  gauloise  et  le  mille  romain  ne  sont  pas  des  équî- 
valenls  el  que,  à  supposer  qu'il  y  eût  à  Vouillé  un  milliaire,  ce  ne 
pouvait  être  que  le  sixième,  el  non  le  dixième,  à  partir  de  Poitiers. 

Nous  verrons  tout  à  l'heure  ce  qu'il  faut  penser,  non  plus  de  celle 
boroe  et  de  sa  position,  mais  de  la  chaussée  même  sur  laquelle  elle 
aurait  existé. 

Vouillé  est  à  dix  milles  romains  de  Poitiers,  voilà  ce  qu'il  fallait 
dire,  lien  de  plus-,  et  nous  nous  serions  contenté  de  donner  acte  de 
Mlle  coïncidence.  Mais  puisque  l'occasion  nous  en  est  offerte,  nous 
ferons  remarquer  qu'en  le  prenant  à  la  lettre  sur  ce  point,  nous 
'ttordons  peul-étre  à  Grégoire  plus  de  rigoureuse  précision  que  lui- 
"■ê'uen'a  prétendu  en  mettre  dans  son  récit.  L'évoque  de  Tours,  qui 
wnaissait  assurément  bien  les  environs  de  sa  ville  épiscopale,  nous 
■"l  quelque  part,  en  parlant  de  Monllouis,  que  celte  localité  est  sexio 
ai  «rôe  milliario.  Or,  la  distance  de  Tours  à  Montlouis  est  de  onze 
•"'"mètres,  qui,  divisés  par  six,  donnent  ^.833  mètres,  c'est-à-dire 
3âO  mètres  de  plus  que  le  mille  romain  et  600  mètres  de  moins 
..S"*  ^  lieue  gauloise.  L'Auvergne,  son  pays  d'origine,  était  avec  la 
Rev    liisTOB.  LXVI.  1"  p*«c.  7 


98  MéLlTCGBS  ET  DOCUMEIfTS. 

Touraine  celui  que  Grégoire  connaissait  le  mieux.  H  évalue  de  même 
à  six  milles  la  distance  de  Clermont  au  monasterium  Chrononense^ 
où  son  oncle  saint  Gall  embrassa  Tétat  ecclésiastique,  et  que  M.  Lon- 
gnon  a  identifié  avec  Gournon,  situé  à  dix  ou  douze  kilomètres  du 
chef-lieu,  ce  qui  nous  donne  encore  des  unités  supérieures  au  mille 
et  inférieures  à  la  lieue.  Conclusion  :  Grégoire  n'a  pas  chaîné  les 
routes  dont  il  parle,  et  la  précision  pour  nous  doit  consister  à  n'en 
mettre  que  dans  ce  qui  en  comporte. 

Tout  ce  qu*il  importe  de  retenir  de  cette  discussion  concernant  le 
prétendu  milLiaire  de  Vouillé,  c'est  qu'en  la  soulevant  on  a  implici- 
tement admis  que  la  rencontre  a  eu  lieu  sur  une  des  grandes  chaus- 
sées dont  les  Romains  avaient  doté  la  Gaule.  Mais  Vouillé  n'est  pas 
sur  une  de  ces  voies,  et  celle  qui  en  passe  le  plus  près,  —  à  environ 
huit  iLiiomètres,  —  vient  de  Nantes  et  d'Angers. 

Or,  Glovis  est  parti  du  nord-est-,  comment  se  fait-il  qu^au  lieu  de 
le  voir  arriver  par  la  voie  de  Paris  nous  le  rencontrions  ainsi  au 
nord-ouest  de  Poitiers,  comme  s'il  venait  de  Nantes  ou  d^Âogers? 
Presque  tous  les  partisans  de  Vouillé  gardent  à  ce  sujet  le  silence; 
quatre  seulement  ont  entrepris  de  nous  l'expliquer,  et  à  eux  quatre  ils 
nous  donnent  à  choisir  entre  cinq  explications  absolument  diôérentes  : 
Le  premier,  M.  Pourtault^  inspecteur  primaire,  veut  que  les  Francs 
aient  passé  la  Vienne  vers  Ghinon,  après  quoi  on  les  trouve  au  lieu 
convenu  :  Vouillé. 

Le  second,  M.  Richard,  archiviste  de  la  Vienne,  a  émis  sur  la 
marche  de  Glovis  deux  opinions.  Eu  4883,  il  le  fait  arriver  de  l'est, 
vraisemblablement,  dit-il,  par  la  voie  romaine  d'Argenton-,  son 
armée  campe  d'abord  à  l'orient  de  Poitiers,  vers  le  Breuil-l'Abbesse; 
puis,  à  un  signal  parti  de  la  ville,  elle  va  traverser  le  Giain  à  l'en- 
droit où  depuis  fut  bâti  Saint-Benoit;  de  là  elle  continue  à  contour- 
ner la  cité,  dans  un  faubourg  de  laquelle,  entre-temps,  Glovis  va 
faire  ses  dévotions  à  Saint- Elilaire;  elle  remonte  ensuite  la  Boivre, 
s'allonge  un  peu  pour  éviter  une  forêt  impénétrable,  passe  TAuzanoe 
à  Vouillé  et  revient  enfin  par  la  chaussée  de  Nantes  vers  Géneret,  où 
l'on  suppose  que  se  trouvait  le  roi  des  Wisigoths.  En  4888,  M.  Ri- 
chard, contrairement  à  cette  première  thèse,  dont  il  ne  dit  plus  mot, 
soutient  que  les  Francs  ont  longé  la  Loire  jusqu'à  cinquante  kilo- 
mètres en  aval  de  Tours  pour  la  franchir  à  Gandes,  au  point  même 
où  elle  reçoit  la  Vienne,  et  de  là  les  ramène  vers  Vouillé  par  une 
voie  secondaire  qui  vient  se  souder  à  celle  de  Nantes  à  Poitiers. 

Le  troisième  opinant,  D.  Ghamard,  admet  que  Glovis  passa  la 
Vienne  au  nord  de  Poitiers  et  considère  comme  certain  qu'il  occupa 
la  ville  avant  la  bataille,  mais  n^est  pas  bien  convaincu  que  le  com- 
bat principal  ait  eu  lieu  à  Vouillé. 


KnCOITKE    DBS    ritlHCS   ET    DES   WISIOOTOS   Bit   507.  99 

Le  qualrième  et  dernier  qui  ait  essayé  de  nous  expliquer  la  marche 

l     fle  Clovis  est  M.  Kurth,  professeur  à  rUoiversité  (te  Liège.  D'après 

^*",  lea  francs  traversèrenl  la  Loire  à  Amboise,  d'où  ils  gagnèrent 

^^^  bords  de  la  Vienne;  ensuite,  «  quittant,  dit-il,  la  railée  do  la 

k^itnnu  a  partir  du  confluant  du  Glain,  en  amont  de  Cliâtelleraull, 
On  remonta  allègrement  celle  dernière  rivière,  au  bout  de  laquelle  on 
*^v&il  rencontrer  Poitiers.  >  Admettons  sur  parole  Tallégresse  des 
ïterbares;  mais  par  respect  pour  Ja  géographie,  généralement  moios 
^dtommodaule  que  rhJaloire,  ne  parlons  pas  ici  du  •>  bout  ■  de  la 
rivière  :  ce  serait  rogner  le  Glaiu  de  cent  kilomètres  ou  transporter 
'c  chel-lieu  du  département  de  la  Vienne  à  la  Chapelle- Beauclai  a, 
<^!>  celui  de  la  Charente.  A  part  cette  légère  incorrection,  la  marche 
de  l'envahisseur  est  logique  et  ne  heurte  en  rien  les  textes.  Mais  si 
'es  Francs  arrivent  de  ce  côté,  c'est-à-dire  par  la  chaussée  romaine 
*}ui,  vuiiant  du  nord,  longe  la  rive  droite  du  l^laia,  on  s'explique 
d'autant  moins  que  l'auteur  place  la  rencontre  à  VouiUé.  M.  Kurth 
o»us  décontenance  même  tout  à  fait  lorsque,  appelant  eu  témoignage 
^urce  point  notre  plus  ancien  chroniqueur,  il  ajoute:  <  Le  lieu  précis 
'^^  l'engagement  doit  être  cherché,  selon  Grégoire  de  Tours,  à  quinze 
Itiloinetres  de  Poitiers,  des  deui  côtés  de  la  chaussée  romaine  qui  de 
*e*le  ville  allait  à  Nantes  et  à  rOccan.  »  On  reste  enlin  tout  à  fait 
•"«sanné  devant  cette  autre  aflirmation  que  le  camp  gaulois  de  Céne- 
*^^>  SUT  l'Auzance,  occupé,  d'après  lui,  par  Alarîc,  «  commandait  le 
chemin  par  lequel  devait  arriver  Clovis.  n  Après  tout,  nous  n'avons 
(^"l-èlre  pas  le  droit  de  nous  étonner;  M.  K-urth  nous  avait  averti  : 
"■''ai  essayé  plus  d'une  fois,  dit-il  dans  sa  préface,  de  suppléer  a 
•  'iSurOsance  de  mes  documents  par  l'elïort  intense  de  l'esprit  pour 
*'^'Ter  à  l'inluilion  du  passé.  »  Celte  méthode,  si  c'en  est  une,  l'a 
"**'  servi  dans  son  récit  de  la  campagne  de  507;  mais  comaie  les 
produits  de  l'intuition  ne  sonl  point  des  documents  que  l'on  puisse 
''■^ter  à  l'égal  des  textes,  nous  ne  nous  attarderons  pas  a  relever  les 
'^  où,  eu  eiret,  l'imagination,  guidant  sa  plume,  a  suppléé  aux 

E"nioi^nages  écrits. 
On  voudra  bien  aussi  nous  excuser,  n'étant  pas  militaire,  de  ne 
*  Uous  engager  dans  la  discussion  des  questions  de  pure  stratégie 
■  -*  Soulèvent  les  divers  plans  de  campagne  altribués  aux  deux  chefs 
^^  particulièrement  a  Clovis,  plans  qui  uon  seulement  dilTèreut  tous 
BQtre  eux,  mais  dont  quatre  sur  cinq  n'ont  rien  de  commua  non 
P'Us  avec  l'itinéraire  que  suivrait  un  voyageur  ordinaire  allant  de 


Pari 


3  à  Poitiers.  Nous  nous  contenterons  de  faire  remarquer  que 


'^^  ce  qu'oD  nous  dit  a  ce  sujet,  parlois  d'une  façon  bien  confuse, 

^^'^où  au  contraire  avec  les  délailâ  les  plus  circonstanciés,  n'est 

^  b^poibése,  ne  repose  sur  aucun  texte  el  découle  aeulemenl  de 


I: 


400 


M^LANGBS  ET  BOCUHENTS. 


cette  opinion  préconçue  que  Vouîllé  est  Vocladum.  Voeladum^  c'est 
Vouillé,  voilà  tout  ce  qu'ont  de  commun  entre  elles  ces  thèses 
variées  et  opposées.  Il  fallait  dès  lors,  n'importe  par  où  et  commeat, 
amener  à  Vouillé  les  deux  armées.  Or,  nous  savons  maintenant  ce 
que  vaut  cette  identification  du  Vouillé  moderne  avec  le  Voelad^nt 
mérovingien,  et  dussions-nous  ne  pas  retrouver  Vocladumy  Veuille 
nous  paraît  d'ores  et  déjà  hors  de  cause. 

Reprenons  maintenant  la  question  avec  les  textes  et  une  carte  soiifl 
les  yeux. 


Le  roi  des  Francs  a  annoncé  son  intention  de  faire  la  guerre  à 
celui  des  Wisigoths,  dont  le  royaume  s'étend  jusqu'à  la  Loire  et  qui 
se  trouve  maintenant  à  Poitiers  ^  Glovis,  de  son  côté,  a  depuis  peu 


1.  Citons  ici  un  exemple  des  singalières  déviations  qu'a  produites  l'hypo- 
thèse de  Vouillé  sur  l'esprit  de  ceux  qui,  après  l'avoir  trop  facilement  acceptée, 
n'ont  plus  eu  d'autre  souci  que  de  la  démontrer.  Grégoire  dit  :  CModoveehus 
Peciavus  diregit;  ibi  lune  Alaricus  commorabatur.  Un  des  tenants  de  VoeUh 
dum  =  Vouillé,  et  non  le  moindre,  traduit  :  Alaric  f  posté  auprès  de  Poitiers...  i 
{Revue  des  Questions  historiques,  t.  XXXIII,  p.  615).  Auprès  de  Poitiers,  cela 
▼eut  dire  à  Céneret,  proche  de  Vouillé.  Non  moins  étrange  est  l'idée  d'invoquer 
à  l'appui  de  cette  thèse  le  témoignage  de  Procope  {BuU,  de  la  FùeuUé  des 
lettres  de  Poitiers,  année  1888,  p.  65). 


r 


1 


BEDCONTaE    DES   FB1NC5   ET   DES   WIS1G0TBS   BV  507.  101 

transporté  sa  résidence  de  Soissons  à  Paris'.  La  guerre  déclarée,  il 

a  intérêt  à  aller  vite  et  rien  dans  Ibs  textes,  ahsolumeDt  rien,  n'auto- 

'       rîse.i  supposer  qu'il  n'a  pas  pris  le  chemin  le  plus  court.  Or,  le  che- 

I      m'iD  qui  reliait  la  nouvelle  capitale  de  (ilovis  à  la  capitale  momen- 

laoée  d'Alaric,  c'était  la  grande  chaussée  romaine  dont  le  tracé  s'est 

imposé  depuis,  sans  grands  écarta,  à  la  route  royale  du  xnii"  siècle 

et  même  à  la  voie  ferrée  du  xii*.  Les  contrées  peu  accidentées  qu'elle 

iraverse  sont  lea  plus  fertiles  de  la  France  :  la  Beauce,  la  vallée  de 

la  Loire  el  les  plaines  du  Poitou,  au  delà  desquelles  le  roi  franc  a 

déjà  porté  sea  regards  sur  l'Aquitaine.  A  raison  de  ses  avantages,  ot 

pour  ie  malheur  des  provinces  qu'elle  parcourt,  celte  route  a  été  de 

tout  temps  la  grande  artère  des  invasions. 

Que  Clovis  l'ait  suivie  jusqu'à  Blois,  ce  n'est  pas  douteux.  Hais, 
arrivé  dans  cette  ville,  il  pouvait,  soit  continuer  par  Tours,  soit 
prendre  une  voie  secondaire  plus  courte,  qui,  par  Loches,  l'amenait 
dîreclemenl  dans  la  vallée  de  la  Vienne,  où  il  retrouvait  la  chaussée 
principale.  A  passer  par  Loches,  il  gagnait  près  d'une  journée  do 
marche,  raison  suffîsarrte,  à  supposer  qu'il  n'en  eût  pas  d'autre,  pour 
éviter  Tours.  Il  est  certain  en  tout  cas  qu'il  ne  traversa  pas  celte 
ville,  puisqu'il  y  envoya  des  messagers  avec  des  présents  pour  la 
basilique  du  bienheureux  Martin.  Mais  si  l'armée  laissa  Tours  à 
l'écart,  une  parlie  n'en  foula  pas  moins  le  territoire  de  la  cité,  pars 
hostium  per  territorium  Turonicum  transiebat,  et  )a  suite  du  récit 
de  Grégoire  montre  que  le  roi  en  personne  était  à  la  tète  de  celte 
division.  Les  Gesta  prétendent  que  c'était  là  le  gros  de  l'armée, 
nvlta  pars,  et  cela  paraîtrait  vraisemblable  alors  même  que  nous 
n'aurions  pas  ce  témoignage.  En  suivant  la  chaussée  de  Loches,  l]lo- 
Tii  coupait  tout  le  sud-est  du  diocèse  de  Tours,  ce  qui  explique  qu'il 
ïil  tenu  à  se  rendre  saint  Martin  favorable. 

A.  franchir  la  Loire  à  Blois.  il  y  avait  sans  doute  un  autre  avan- 
^Se ,  celui  d'opérer  le  passage  loin  de  l'ennemi  et  dans  un  pays  peut- 
^^  soumis  déjà  sur  les  deux  rives". 

A  quatre  cents  mètres  avant  d'arriver  à  la  Vienne,  la  voie  de 
lâches  rejoint  celle  qui  vient  de  Tours,  à  laquelle  elle  imprime,  pour 
''^verserla  vallée,  sa  propre  direction,  el  les  deux  chaussées  con- 
'oodues  abordent  la  rivière  en  face  de  Cenon,  un  peu  en  amont  du 
^fifïuent  du  Clain.  Clovis  n'a  pas  eu  h  langer  la  Vienne;  il  a  suivi 
'*  ctiemin  ordinaire,  el  il  la  rencontre  au  point  même  où  il  avait 
'^^^lu  de  la  passer,  cum  ad  fluvtum  Vincennata  advenissel ;  mais  il 

sut,  ia  ChUderieh  tt  de  Cklodmxck,  par  JaDgbans.  trad.  par  G.  Uoiiod, 

M,  Loognon,  ÂUm  hiil.  de  la  France,  pi.  Itl  (Gaole  en  âOG],  étnnd,  en 
«  oAti  Im  possesdans  des  Francs  jusqu'au  Cher. 


402  ]fâ.A?(G£S   ET  DOGUMEirrS. 

la  trouve  grossie  par  les  pluies  et  ne  sait  où  la  franchir.  Dans  la  nuit 
il  prie  et  au  matin,  mane^  une  biche,  en  passant  l'eau  sans  avoir  à 
nager,  lui  fait  connaître  un  gué. 

La  Vienne  à  Genon,  où  Glovis  se  trouve  ainsi  arrêté,  parait 
aujourd'hui,  même  en  temps  ordinaire,  une  assez  grosse  rivière. 
Gela  tient  au  barrage  établi  à  Ghâtellerault  pour  la  manufocture 
d^armes  et  qui  fait  remonter  le  niveau  de  Teau  jusqu'au-dessus  de 
Genon.  Mais  avant  cet  obstacle  à  son  écoulement  naturel  la  Vienne 
était  guéable  à  peu  près  partout  au-dessus  du  confluent  du  Glain,  et 
presque  en  toute  saison.  Les  vieux  chasseurs  du  pays  se  rappellent 
le  temps  où,  en  général,  la  rivière  ne  les  gênait  guère  pour  suivre 
une  compagnie  de  perdreaux  d'une  rive  sur  Tautre.  Si  Glovis  n*a  pas 
pu  la  firanchir  à  Genon,  c^est-à-dire  à  Taboutlssement  même  de  la 
chaussée,  ou  à  un  gué  voisin,  il  n'a  pas  eu  à  la  remonter  plus  de 
quatre  kilomètres  et  a  pu  la  passer  à  Ghitré.  C'est  la  seule  fois  que 
nous  le  voyons  quitter  l'ancienne  voie  et  cette  insigniflante  déviation, 
dont  Grégoire  nous  a  fait  connaître  le  motif,  s'explique  tout  naturel- 
lement. 

La  Vienne  franchie,  les  Francs,  en  une  demi-heure  de  marche, 
ont  pu  rejoindre  la  chaussée  romaine,  qui  maintenant  longe  la  vallée 
du  Glain  en  se  tenant  toujours  sur  le  plateau.  Nous  allons  pour  le 
moment  les  laisser  sur  ces  hauteurs,  d^où  ils  peuvent  déjà  aperce- 
voir Poitiers. 

Pendant  ce  temps,  que  faisaient  les  Wisigoths? 

Un  officier  supérieur,  M.  Saint-Hypolite,  qui  a  écrit  une  notice 
sur  la  bataille  de  507  et  qui  estime  comme  nous  que  Glovis,  venant 
de  Paris,  a  dû  arriver  à  Genon,  fait  cette  observation  :  «  Alaric  aurait 
dû  couvrir  Poitiers  en  défendant  le  passage  de  la  Greuse  ou  au  moins 
celui  de  la  Vienne;  il  devait  se  porter  à  Genon.  »  Nous  allons  voir 
que  c'est  bien,  en  effet,  ce  qu'il  fit,  et  que  le  reproche  porte  absolu- 
ment à  faux.  Mais,  manifestement  étranger  à  la  critique  des  textes, 
autant  qu'il  est  compétent  en  matière  de  stratégie,  M.  Saint-Hypolite 
a  admis  de  confiance  l'opinion,  alors  en  faveur,  que  Vocladutn  était 
Voulon;  il  n'a  su  se  défendre  ni  contre  les  prétendues  traditions,  ni 
contre  les  étymologies  imaginaires  et  il  a  fait  comme  il  a  pu  pour 
amener  les  deux  adversaires,  sinon  à  Voulon,  du  moins  dans  les 
environs,  au  sud  de  Poitiers.  Il  est  piquant  et  d'autant  plus  remar- 
quable de  voir  qu'en  envisageant  la  situation  théoriquement^  il  va 
droit  à  la  solution  et  que  c^est  après  avoir  touché  cette  solution  qu'il 
s'égare  à  la  suite  d'érudits  du  cru,  qui  faisaient  de  Voulon  non  seu- 
lement Vocladum,  mais  par  surcroit  Vallis  Cladis,  »  la  vallée  de 
la  défaite,  »  et  de  Champagne  «  le  champ  de  bataille,  »  Campus 
pugnae. 


lËB   FUncS   ET  DES   WISIGOTBS    Eli   307.  4D3 

Alaric  s'est  bien  porlé  à  la  rencontre  des  Francs,  comme  il  le 
devait,  et  naturellement  il  a  marché  dans  la  direction  de  Cenon  par 
où  il  les  attendait;  mais  il  les  a  rencontrés  avant  d'arriver  a  la 
Vienne.  Ciovis  l'avait  passée  le  matin  el  c'est  entre  Poitiers  et  Cenon 
que  le  choc  eut  lieu.  Il  nous  reste  à  préciser, 

Les  deux  armées  se  sont  rencontrées  à  dix  milles  de  Poitiers,  ou 
au  dixième  milliatre,  decimo  tnilUario.  S'il  s'agit  de  milles  romains, 
les  dix  nous  portent  au  delà  de  Dissais,  mais  pas  tout  à  f^it  jusqu'à 
Saint^Cyr;  si,  par  decimo  milliario,  on  veut,  au  contraire,  entendre 
U  dixième  borne,  c'est-à-dire  dix  lieues  gauloises,  comptées  à 
a,436  mètres,  nous  sommes  conduits  jusque  près  du  Vieux-Poitiers, 
el  comme  nous  sommes  ici  sur  une  chaussée  bien  authentique  et 
bornée,  nous  ferons  remarquer  en  passant  que  ce  dixième  milliaire, 
si  c'est  lui  que  Grégoire  a  eu  en  vue,  exisie  encore  tout  près  de  là, 
dans  le  parc  du  château  du  Fou,  où  il  a  été  transporté.  C'est  entre 
eus  limites  extrêmes,  le  Vieux-Poitiers  et  Dissais,  que  l'action  s'est 
passée.  Si  entre  la  lieue  et  le  mille  on  préfère  accepter  une  éva- 
luation intermédiaire,  nécessairement  arbitraire,  mais  probable, 
comme  celle  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus  à  propos  de  la  distance 
de  Montlouis  à  Tours  et  de  celle  de  Clermont  à  Cournon,  nous  arri- 
verons à  circonscrire  le  théâtre  de  la  lutte  entre  Sainl-Gyr  cl  Mous- 
sais. Cette  difTérence  d'évaluation  a,  au  surplus,  fort  peu  d'impor- 
tance: l'écart  est  minime,  et  comme  il  ne  s'agit  pas  de  déterminer 
on  point  mathématique,  nous  accepterons  l'interprétation  que  l'on 
voudra. 

La  voie  romaine  dans  œtte  partie  de  son  parcours  ne  s'écarte  nulle 

part  de  plus  d'un  kilomètre  et  demi  de  la  rivière  et  n'en  est  souvent 

n'a  sept  à  huit  cents  mètres.  C'est  donc  bien  sur  les  bords  du  Clain, 

r  ftwium  Clinno,  que  la  bataille  s'est  livrée,  et  sur  ce  point, 

î  plus  que  sur  les  autres,  nous  n'avons  aucune  complaisance  à 
demander  aux  textes,  aucune  torture  â  leur  infliger. 

Le  théâtre  de  l'action  est  appelé  Vocladum,  campus  Vocladenm. 
Aucun  nom  dans  le  pays  ne  se  rapproche  de  celui-là  ni  n'en  dérive. 
Esl-ce  une  localité  détruite?  Nous  ne  le  pensons  pas;  dans  les 
limites  indiquées  on  n'en  a  pas  signalé  et  nous  n'y  avons  pas  reconnu 
le  moindre  vestige  d'habitations  antiques  disparues.  Le  Vieux-Poi- 
tiers,  qui  d'ailleurs  est  en  dehors  de  ces  limites,  ne  saurait  être  la 
viiia  voeabuio  Vocladum;  son  ancien  nom  est  aujourd'hui  connu  : 
c'itAil  BrivQ. 

Vocladum  est  un  lieu  qui  a  changé  de  nom.  C'est  le  cas  de  presque 
toutes  les  anciennes  paroisses  qui  sont  aujourd'hui  sous  le  vocable 
d'un  saint.  Lorsque,  dans  ces  endroils-là,  on  a  bâti  une  église,  il  y 
avait  déjà  apparemment  un  centre  do  population,  sans  quoi  elle 


404  MELANGES  ET  DOCUMENTS. 

n*aurait  pas  eu  de  raison  d'être.  Le  nom  du  patron  de  la  nouvelle 
paroisse  Ait  d*abord  ajouté  à  celui  de  la  localité;  on  a  dit,  par 
exemple,  Saint-Jouin  d'Ansion,  Saint-Clémentin  de  Segora,  puis 
ensuite  tout  simplement  Saint-Jouin,  Saint-Glémentin.  Vacladum 
doit  de  même  porter  aujourd'hui  le  nom  d'un  saint.  Quel  est-il? 

A  onze  milles  de  Poitiers^  c'est-à-dire  à  la  distance  indiquée  par 
les  chroniqueurs,  se  trouve,  entre  la  chaussée  romaine  et  le  Glain, 
un  petit  bourg  où,  en  agrandissant  l'église,  il  y  a  une  trentaine  d'an- 
nées, on  reconnut  un  cimetière  mérovingien  et  où  antérieurement 
on  avait  déjà  découvert  des  monnaies  gauloises;  c'est  Sadnt-Gyr. 
Saint-Gyr  est  donc  incontestablement  plus  ancien  que  son  nom 
actuel.  Quel  est  celui  qu'il  portait  primitivement?  Pour  nous,  étant 
donnés  la  situation  de  cette  bourgade  et  le  foit  qu'elle  a  changé  de 
nom,  le  doute  ne  nous  parait  guère  possible  :  Saint-Gjrr,  c^est 
Vocladum. 

Les  témoignages  que  nous  venons  d'interpréter  proviennent  de 
deux  sources  différentes,  Grégoire  et  les  Gesta;  loin  de  se  contredire 
en  quoi  que  ce  soit,  ils  se  complètent,  et,  parfaitement  concordants 
entre  eux,  ils  deviennent  au  contraire,  chacun  en  particulier  et  tous 
deux  ensemble,  inexplicables  dès  qu'on  attribue  aux  belligérants  une 
autre  stratégie  que  celle  qui  a  consisté  pour  Glovis  à  marcher  tout 
droit  sur  Poitiers,  pour  Alaric  à  aller  tout  droit  à  la  rencontre  de 
Glovis. 

Nous  concluons  : 

La  bataille  de  507  ne  s'est  pas  livrée  à  Vouillé,  VoUiaeus^  près  de 
l'Auzanoe  et  sur  la  chaussée  de  Nantes;  mais  près  du  Glain,  à  dix  ou 
onze  milles  de  Poitiers,  sur  la  route  de  Paris,  dans  un  endroit  appelé 
alors  Vocladum^  qui  pour  nous  est  Sainl-Gyr. 

Et  maintenant,  qu'on  appelle  du  nom  que  l'on  voudra  la  bataille 
de  507;  nous  n'espérons  pas  avoir  raison  auprès  de  tous  d'une 
erreur  enseignée  dans  toutes  nos  écoles  et  que,  depuis  cent  ans  et 
plus,  chaque  génération  répète  à  celle  qui  la  suit.  Nous  nous  tien- 
drons pour  satisfait  si  les  philologues,  sur  le  domaine  desquels 
nous  avons  dû  fkire  une  incursion,  reconnaissent  que  nous  ne  nous 
y  sommes  pas  égaré;  si  les  militaires  conviennent  que  nous  n'avons 
attribué  ni  aux  Francs  ni  aux  Wisigolhs  une  stratégie  de  âtnlaîsie; 
si  eutln  ceux  qui  ont  étudié  les  textes  nous  accordent  que  nos  con- 
clusions remplissent  et  ne  dépassent  pas  les  conditions  du  problème 
posé  au  commencement  de  cette  étude. 

A.-F.  LrivEB. 


BULLETIN    HISTORIQUE 


FRANCE. 


I 


u 


PdBLiCÂTioira  oe  textes.  —  M.  l'abbé  V.  Gubtiueb  vient  de  Taire 
paraître  la  Qn  de  soq  Itepertorium  liymnologicum  [Louvain,  Polen- 
nis,  IS97,  iii-8°),  auquel  le  recueil  des  Analecla  BoUandiana  avait 
duimê  asile.  Ce  travail,  aride  et  simple  dictionnaire,  rendra  de  très 
grands  services  à  l'histoire  du  moyen  âge;  beaucoup  de  ces  poésies 
liturgiques  sont  fort  anciennes,  et  dans  bien  des  cas,  quand  il  s'agit 
d'un  saint,  elles  reorerment  tout  ce  que  nous  savons  de  certain  sur 
lui.  De  plus,  certains  de  ces  morceaux  sont  loin  d'éLre  sans  valeur, 
el  les  allributjoos  Tantaisisles  données  par  les  anciens  scribes  indiquent 
sufnsamment  en  quelle  estime  on  les  tenait  jadis.  Il  ^  a  là  toute  une 
mine  à  exploiter. 

L'auteur  de  cet  utile  répertoire  a  en  même  temps  entrepris  la 
publication  d'une  Bibliothèque  liturgique;  en  quoi  il  a  fkit  preuve  de 
courage;  ces  études  spéciales  sont  aujourd'hui  trop  négligées  des 
laïques  qui  s'occupent  de  l'histoire  du  moyen  âge,  et,  depuis  l'adop- 
tion iinivorsello  en  Franco  du  rite  romain,  elles  paraissent  sans  inté- 
rêt au  clergé.  Et  pourtant  de  quel  secours  peuvent  être  ces  vieux 
textes  pour  tout  médiéviste?  On  ne  saurait  parler  des  religions 
uitiques  sans  entrer  dans  des  dâlails  analogues;  de  même,  pour 
connaitre  le  moyen  âge,  il  est  bon  d'avoir  une  connaissance  sum* 
saole  des  anciens  cérémontaux  des  églises  de  Francp.  Le  tome  VI  de 
la  nouvelle  Bibliothèque  liturgique  (Paris,  Picard,  in-S")  est  occupé 
par  deut  ordinaires  de  l'église  de  Laon.  On  appelait  de  ce  nom  dans 
l'ancienne  Ëglîse  des  recueils  indiquant  pour  chaque  jour  de  l'année 
les  offices  et  parties  d'office  à  réciter,  les  cérémonies  à  faire;  le  nom 
vient  de  ordo,  ordo  officii.  Les  deux  textes  imprimés  par  les  soins 
de  l'abbé  Chevalier  datent,  le  premier  du  in*  siècle,  —  il  parait 
avoir  été  rédigé  par  les  soins  de  Lisiard,  doyen  de  la  cathédrale  de 
LaOQ  de  4)55  à  H68,  —  le  second  du  un',  et  ce  dernier  a  été  com- 
posé par  ordre  du  doyen  .\dam  de  Courlandon  (1196-1223],  tbéolo- 
giea  eélèbreen  son  temps  et  dont  on  a  quelques  ouvrages  importants. 
Le  premier  recueil  contient  l'ordinaire  du  temps,  le  second  l'ordi- 
naire des  saints.  Le  volume  se  termine  par  le  texte  de  deux  mystères 


'lOô  BULLETIN  HISTORIQUE. 

lilurgiques,  empruntés  aux  manuscrits  de  T>aon,  les  Prophètes  du 
Christ  et  TAdoration  des  mages,  Tun  et  l'autre  fort  curieux.  Espé- 
rons que  ni  le  courage  ni  les  collaborateurs  ne  manqueront  à  M.  Tabbé 
Chevalier  pour  la  suite  de  cette  très  intéressante  collection. 

On  connaissait  depuis  le  xytp  siècle  le  recueil  des  miracles  de 
sainte  Foy  de  Conques;  les  ossements  de  cette  jeune  vierge,  marty- 
risée à  Agen  au  début  du  iv^  siècle,  et  longtemps  conservés  à  Agen 
même,  furent  volés  par  un  moine  de  Conques  au  cours  du  ix* 
et  transportés  par  lui  dans  l'abbaye  rouergate;  la  translation  était 
un  fait  accompli  dès  Tan  883.  Sainte  Foy  ne  parait  pas  avoir  gardé 
rancune  du  procédé  quelque  peu  cavalier  des  moines  de  Conques, 
et  dans  sa  nouvelle  demeure,  comme  auparavant  à  Agen,  elle 
signale  sa  présence  par  une  foule  de  miracles  plus  surprenants  les 
uns  que  les  autres.  Bientôt  Conques  devient  un  lieu  de  pèlerinage 
célèbre  dans  la  France  méridionale  et  dans  les  pays  voisins;  les 
malades  viennent  en  foule  demander  à  la  nouvelle  patronne  la  gué- 
rison  de  leurs  maux;  on  Fimplore  pour  tous  les  fléaux,  pour  toutes 
les  misères,  et  ce  concours  de  dévots  est  loin  de  déplaire  aux  habi- 
tants de  Tabbaye  que  leurs  offrandes  enrichissent.  Au  x*  siècle, 
pour  honorer  la  sainte,  on  fabrique  une  statue  en  orfèvrerie  encore 
aujourd'hui  existante  et  qui  est  un  des  monuments  les  plus  curieux 
de  la  ciselure  au  moyen  âge.  Cette  statue,  d'aspect  hiératique  et 
assez  effrayant,  ne  fait  que  redoubler  la  dévotion  et  aussi  la  terreur 
des  fidèles,  qui  la  respectent  un  peu  à  la  foçon  d'une  déesse  antique, 
capricieuse  comme  une  femme,  exauçant  volontiers  les  requêtes  de 
ses  dévots,  mais  plus  souvent  encore  obligeant  les  visiteurs  à  satis- 
faire ses  fantaisies  et  punissant  sévèrement  la  moindre  des  irrévé- 
rences ou  les  attentats  commis  contre  les  personnes  ou  les  biens  des 
moines  de  Conques.  De  là  le  caractère  tout  spécial  de  ce  recueil  de 
miracles.  Dans  les  deux  premiers  livres  surtout,  dus  à  la  plume  d'un 
élève  de  Fulbert  de  Chartres,  Bernard  TÉcolâtre,  on  trouve  peu  de 
ces  miracles  courants  qui  encombrent  les  productions  hagiogra- 
phiques du  moyen  âge,  sortes  de  thèmes  reproduits  à  satiété  par  les 
écrivains.  La  plupart  de  ces  récits,  caractère  miraculeux  à  part,  rap- 
portent des  faits  réels,  et  dans  plus  d^n  cas,  ce  que  Fauteur  du 
XI''  siècle  appelle  miracle  peut  s'expliquer  tout  naturellement.  Le 
tout  constitue  un  recueil  de  premier  ordre  pour  l'histoire  politique 
et  sociale  du  midi  de  la  France  au  xi*  siècle,  pour  un  pays  qui  ne 
nous  a  laissé  que  des  chartes,  fort  utiles  sans  doute,  mais  ne  don- 
nant que  des  dates  et  des  noms  sans  plus.  Dès  le  xvn''  siècle,  Labbe 
avait  publié  des  fragments  des  miracles,  d^autres  avaient  été  donnés 
par  les  BoUandistes  au  tome  III  d'octobre  ;  ils  n'avaient  point  encore 


puinci;,  40T 

élé  l'objet  d'une  édition  intégrale.  M.  l'abbé  Bodillët  vient  de  coœ- 
iler  cette  lacune'  ;  il  a  pris  pour  base  un  précieux  recueil  de  Scblo- 
studt,  datant  du  début  du  iri'  siècle,  qui  provient  du  prieuré  de  Sainte- 
Foy,  fondé  par  des  moines  de  Conques  dans  cette  ville  en  1094,  et 
représente  probablement  le  recueil  officiel  des  nairacles,  loi  qu'il 
existait  à  la  maison  mèro.  Ce  recueil  est  divisé  en  quatre  livres;  les 
deux  premiers,  dus  à  Bernard  riîcolâlre  et  dédiés  par  lui  à  Fulbert, 
sont  donc  antérieurs  à  ^027,  les  deux  autres,  un  peu  plus  récenlâ, 
ont  été  rédigés  à  Conques  même  par  un  anonyme,  moine  de  cette 
maison.  En  appendice,  l'éditeur  donne  quelques  autres  miracles 
empruntés  à  divers  manuscrits  de  Conques,  de  Rome,  de  Chartres 
et  de  Londres.  Un  tableau  d'ensemble,  qui  termine  l'introduction, 
indique  l'ordre  des  chapitres  de  chaque  livre  dans  les  difTérenles 
copies  manuscrites,  le  codex  de  Schlestadt  étant  pris  comme  terme 
(le  comparaison.  Ce  dernier,  en  général  excellent,  a  servi  de  base 
pour  l'établissement  du  texte.  Bernard  l'ÉcoIâtro  élait  un  écrivain 
soigneiu,  amateur  du  mot  rare  et  de  Texpression  recherchée;  de  la 
une  certaine  obscurité  et  des  passages  dirOciles  à  comprendre.  La 
suite  est  moins  travaillée,  mais  encore  déparée  par  de  fausses  élé- 
gances, et  souvent  on  a  peine  à  trouver  un  sens  saliafaisant  aux 
balbutiements  du  malheureux  auteur.  C'est  du  resl«  le  défaut  ordi- 
naire du  latin  du  moyen  âge.  Ces  taches  n'enlèvent  rien  à  l'intérêt 
du  recueil;  tous  ceux  qui  veulent  connaître  l'état  inteUcctuel  de  nos 
ancélres  auront  à  recourir  a  ce  volume  dont  l'intérêt  est  de  tout 
premier  ordre. 

Le  P.  Henri  Denffle,  en  dépom'llant  les  registres  du  Vatican  du 
XV  siècle  pour  la  préparation  du  Charlularium  univeTsitatU  Pari- 
*<«i*m',  avait  remarqué  quantité  de  documents  curieux  sur  l'état 
des  églises  françaises  vers  la  lin  de  la  guerre  de  Cent  ans.  La  pensée 
ïtii  est  venue  de  réunir  les  plus  importantes  de  ces  Imlles  et  de  ces 
suppliques.  Le  premier  volume  du  recueil  vient  d'être  distribué  par 
l'auteur  à  ses  amis,  mais  l'ouvrage  ne  sera  mis  en  vente  qu'après 
l'ochèvemenl  du  tome  H.  Le  P.  Deuiflc  lui  a  donné  le  litre  suivant, 
«lue  lui  fournissaient  les  auciens  auteurs  du  xv"  siècle:  la  Désolation 
<S«3  églises,  monastères,  hôpitaux  en  Fratice  vers  le  milieu  du 
-\*r"  $ièele.  On  aurait  peine  a  exagérer  la  valeur  historique  de  cette 
l>ublicâtion.  Tout  le  monde  sait  en  général  que  la  guerre  de  Cent  ans, 
les  luttes  civiles  et  le  brigandage  avaient  ruiné  lu  pays  de  France  au 

1.  Paris,  Picard.  IS97,  in-S-  (ColleclioD  de  textes  pour  serfir  &  l'ensetgne- 
VciEnl  de  l'hisloire). 

2.  Le  tome  IV  de  eu  Carluloire  paraisMit  au  niomeDt  même  oii  dous  faUioas 
iUprlmBr  ces  lignes. 


BULLETIN   fitSTOaiUDE. 

temps  de  Charles  VII.  On  a  cilé  bien  des  fois  quelques  lignes  dol 
Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  les  doléances  de  rUoiversilâ  ou] 
certaines  lettres  royales,  mais  on  n'avait  pas  un  recueil  un  peu  rictM'l 
de  textes  sur  le  sujet.  Le  P.  Ilenille  nous  le  donne  et  puisé  aux  meit-  1 
leures  sources;  propriétaires  d'une  bonne  partie  du  sol.  les  établis: 
ments  religieux  étaient  les  premiers  à  soufTrir  des  ravages  de  la 
guerre  et  de  la  ruine  des  paysans.  Souvent  isolés  en  pleine  cam- 
pagne, les  monastères  servaient  de  refuge  aux  haliilanlsdu  plat  [lays 
menacés  par  les  brigands  ou  par  les  hommes  d'armes;  leur  réputa- 
tion de  richesse,  la  renommée  jde  leurs  trésors  les  exposêùent  aux  É 
attaques  des  pillards.  De  là  des  sièges  à  main  armée,  des  coups  de  1 
maiu,  des  incendies,  dont  les  moines  et  les  chanoines  avaient  grand'- 1 
peine  à  réparer  les  suites  désastreuses.  Mais  l'Ëglise  ne  soufTnûtl 
pas  seulement  dans  ses  intérêts  matériels;  la  vie  spirituelle  étiûtj^ 
aussi  profondémenl  atteinte.  Toujours  en  alarmes,  les  religieux  et  les  J 
prêtres  en  arrivaient  à  négliger  leurs  devoirs;  certaines  paroisses] 
étaient,  durant  de  longues  années,  dépourvues  de  pasteurs,  nul  d 
se  souciant,  dans  la  tiédeur  universelle,  d'accepUr  des  fonctions  ^ 
périlleuses  et  mal  rétribuées.  Dans  les  cloîtres,  aucune  régularité  ;  des 
abbés  souvent  peu  dignes,  égoïstes  et  ne  songeant  i|u'à  leurs  intérêts 
personnels  et  des  moines  soucieux  avant  tout  de  vivre  tant  bien  que 
mal,  C'est  donc  pour  l'Église  une  ruine  presque  universelle,  un 
relâchement  extraordinaire,  que  Charles  VU,  une  fois  l'ennemi  héré- 
ditaire expulsé,  pourra  dimcilement  guérir.  Il  s'y  emploie  pourtant 
avec  ardeur,  et,  tandis  que  le  conseil  du  roi  Henri  VI  n'avait  rien  fait 
pour  adoucir  les  maux  infligés  par  la  guerre  aux  nouveaux  sujets  de 
la  couronne  d'Angleterre,  le  prince  français  s'entremet  volontiers 
auprès  du  pape  pour  remédier  dans  la  mesure  du  possible  à  toutes 
ces  misères.  11  semble  bien,  en  un  mot,  que,  campés  sur  le  soi  fran- 
i;ais,  les  Anglais  n'ont  jamais  cherché  à  s'attacher  les  populations 
conquises,  et  de  là  sans  doute  leur  insuccès  déHnilif;  un  coup  du 
sort,  la  sottise  de  leurs  adversaires  avaient  fait  pour  un  instant 
de  Henri  V  et  de  Uedford  les  maîtres  d'un  pays  plus  grand  que 
l'Angleterre;  pour  conserver  cette  conquête,  il  leur  aurait  fkllu 
se  montrer   meilleurs  administrateurs   que  leurs   devanciers;   ils 
paraissent  au  contraire  n'avoir  songé  qu'a  pressurer  leurs  nouveaux 
sujets.  Ces  quelques  réflexions  donneront  au  lecteur  un  aperçu  de 
l'intérêt  du  nouveau  recueil  du  P.  DcniQe;  on  peut  aflirmer  que 
depuis  la  publication  des  œuvres  do  Thomas  Itasin,  par  Jules  Qui- 
ctieral,  il  n'avait  paru  sur  le  it"  siècle  aucune  collection  aussi  impor- 
tante de  documents. 
Le  deuxième  volume  du  Carlulaire  et  histoire  diplomatique  de 


saint  Dominique',  par  le  P.  Bilhe,  de  l'ordre  des  Prêcheurs,  ren- 
^Jerme  l'hisloiro  du  fondateur,  de  12(6  à  1220;  l'auteur  s'est  fait 
ider  pour  celte  partie  par  un  de  ses  confrères,  le  P.  Leiaîdier.  Gomme 
le  premier  volume,  il  donne  le  texte  intégral  de  chaque 
tce  et  le  fait  suivre  d'un  copieux  commentaire  expliquant  dans 
jtielles  circonstances  l'acte  a  été  écrit  et  donnant  la  biographie  som- 
aire  de  tous  les  personnages  cités.  Certaines  de  ces  petites  disserta- 
Ûons  sont  â  noter;  par  exemple,  à  propos  de  la  première  confirma- 
tion de  la  règle  du  nouvel  ordre  par  Honorius  III,  le  P.  Balme  explique 
avec  beaucoup  de  netteté  comment  saint  Dominique  fut  amené  à 
emprunter  à  l'ordre  des  Prémontrés  ses  premières  constitutions  et 
compare  longuement  les  deux  règles.  Ailleurs  ce  sont  d'abondants 
«lét^s  sur  la  fondation  des  premiers  couvents  dominicains  :  Prouille, 
Toulouse,  Paris.  En  un  mot,  ce  nouveau  tome  sera  comme  le  précé- 
«Jent  indispensable  à  quiconque  s'intéresse  a  l'histoire  du  iiii'  siècle; 
pour  la  croisade  des  .\lbigeois  notamment,  si  souvent  étudiée  de  nos 
jours,  on  y  trouvera  quautilé  de  renseignements,  des  pièces  inédites 
ou  perdues  dans  d'anciens  ouvrages  peu  consultés  et  que  le  savant 
auteur  a  mis  de  nouveau  pour  ainsi  dire  en  circulation.  Le  dernier 
"volume  renfermera  l'bisloii-e  de  saint  Dominique  durant  sa  dernière 
année  et  celle  de  la  canonisation  du  saint. 

M.  l'abbé  Fbbet  vient  de  faire  paraître  le  quatrième  et  dernier 
"volume  de  son  ouvrage  ;  la  Faculté  de  théologie  de  Paris';  il  y 
traite  du  iv"  siècle,  époque  extrêmement  importante  pour  la  corpo- 
ration, laquelle  prend  une  part  active  à  toutes  les  discussions  qui 
troublent  l'Ëgliso  et  l'État.  L'autorité  doctrinale  des  théologiens  de 
Paris  est  universellement  reconnue,  et,  bien  que  les  études  y  soient 
plutôt  en  décadence,  la  Faculté  a  pour  représentants  quelques-uns 
des  docteurs  les  plus  émiiienls  du  temps.  Elle  s'oppose  éner^que- 
ment  par  la  voix  de  ses  docteurs  à  toutes  les  nouveautés  qui  se  font 
Jour,  combat  énergiquement  les  abominables  paradoxes  du  misérable 
Jean  Petit  louchant  le  tyrannicide  et  s'efforce,  au  milieu  de  la  déca- 
dence navrante  et  universelle  de  l'Église,  de  maintenir  les  anciennes 
croyances  dans  U)ute  leur  pureté.  Elle  est  bien  dès  lors,  toute  galli- 
cane qu'elle  paraisse,  le  corps  entêté  et  profondément  réactionnaire 
qui  prendra  une  large  part  à  la  lutte  contre  la  reforme  du  xvi»  siècle. 
Me  est  du  reste  ici  dans  son  rôle  et  un  ne  saurait  l'en  blâmer,  non 
plus  que  de  son  aversion  pour  les  doctrines  ultramontaines.  En  une 
■-oocasion  toutefois  elle  dépasse  certainement  la  mesure,  et  la  part 


I   1.  Puis,  bureaux  de  ■  l'Année  daminicïiae,  i 
l.  [>iri«,  Picard,  1897,  in-S-. 


440  BULLETIN  HISTORIQUE. 

qu'elle  prend  au  procès  de  Jeanne  d*Arc  reste  une  tache  ineffaçable 
pour  la  mémoire  de  tous  ces  docteurs^  chez  lesquels  le  caractère  ne 
valait  pas  le  savoir.  La  Sorbonne,  qui  condamna  Jeanne  d^Arc,  était, 
il  est  vrai,  une  Sorbonne  expurgée,  et  ceux-là  seuls  étaient  restés, 
qu'une  aberration  singulière,  partagée  par  toute  la  bourgeoisie 
parisienne,  avait  rendus  partisans  de  la  domination  anglaise.  La 
seconde  partie  du  volume  est,  comme  dans  les  tomes  précédents, 
occupée  par  la  biographie  des  principaux  sorbonnistes  du  temps, 
classés  d'après  leur  origine.  En  général,  ces  biographies  sont  fort 
intéressantes,  et  Fauteur  parle  de  tous  ces  théologiens  en  homme  du 
métier,  connaissant  à  fond  les  questions  souvent  difficiles  agitées 
par  eux.  On  a  pu  reprocher  à  M.  l'abbé  Féret  de  renvoyer  surtout  à 
des  ouvrages  anciens,  de  ne  point  citer,  par  exemple,  aussi  souvent 
quUl  l'aurait  pu,  l'admirable  cartulaire  du  P.  Denille  et  de  M.  Châte- 
lain ;  à  ce  reproche,  qui  ne  s'applique  pas  en  tout  cas  et  pour  cause 
au  présent  volume,  l'auteur  répond  dans  un  avertissement;  il  foit 
remarquer  que  ses  notes  étaient  réunies  avant  la  publication  du 
recueil  cité;  cette  excuse  paraîtra  peut-être  insuffisante  à  quelques- 
uns;  il  y  a  lieu  toutefois  d'en  tenir  compte  dans  une  certaine  mesure. 
En  somme  et  pour  conclure.  Fauteur  aura  honorablement  accompli 
la  tâche  qu'il  s'était  imposée  ;  il  a  mis  à  la  portée  du  public  une 
quantité  énorme  de  renseignements  épars  un  peu  partout,  et  il  donne, 
sous  une  forme  un  peu  décousue  peut-être  (le  reproche  lui  a  été  fait 
ailleurs),  beaucoup  de  remarques  personnelles  dont  on  devra  désor- 
mais tenir  grand  compte  à  l'avenir. 

Les  études  sur  Thistoire  de  l'ancien  droit  se  multiplient  depuis 
quelques  années,  et  cette  multiplicité  prouve  sans  doute  une  renais- 
sance des  études  juridiques.  Ces  études,  en  effet,  quand  elles  ne 
sont  point  vivifiées  par  Thistoire  ou  par  la  philosophie,  risquent 
fort,  soit  d'aboutir  à  une  sorte  de  scolastique  d'un  nouveau  genre, 
plus  dangereuse  encore  que  l'ancienne,  soit  de  se  réduire  à  la 
simple  pratique,  terre  à  terre,  des  règles  de  la  chicane  procédu- 
rière. On  sait  que  ces  recherches  sont  fort  goûtées  en  Allemagne 
depuis  longtemps;  il  est  heureux  que  les  juristes  français  suivent 
cet  excellent  exemple;  ce  sera  revenir  à  une  vieille  tradition  un 
peu  oubliée  dans  le  présent  siècle.  De  ces  ouvrages  historico-juri- 
diques,  nous  citerons  d'abord  un  très  intéressant  :  Essai  histo- 
rique sur  le  droit  des  marchés  et  foires^  de  M.  Huvelin*;  l'auteur 
a  donné  à  son  étude  les  plus  grandes  proportions  et  tracé  rapi- 
dement une  histoire  de  ces  institutions  commerciales  depuis  les  ori- 

1.  Paris,  Arthur  Roasseaa,  1897,  in-S*. 


FtuncE.  m 

I  gines  de  la  civilbalion  jusqu'à  nos  jours.  Il  avoue  avec  bonne 
gr&ce,  dans  la  prérace,  qu'embrassant  un  sujel  aussi  élendu,  il  a  dû, 
dans  plus  d'un  cas,  s'en  rapporter  aux  ouvrages  de  seconde  main, 
sans  recourir  aux  leiles  aussi  souvent  qu'il  l'aurait  voulu,  mais,  par 
contre,  il  connaît  fort  bien  la  littérature  du  sujet,  el cite,  à  côté  desprin- 
cipales publications  françaises  sur  le  sujet,  un  foule  de  livres  étran- 
gers dont  il  a  su  s'assimiler  la  substance.  Le  cadre  du  travail  est 
fort  étendu  :  après  une  étude  générale  sur  l'origine  des  marchés  et 
des  foires  chez  les  peuples  primitifs,  il  parle  successivement  des 
foires  chez  les  peuples  de  l'Orient  et  de  l'Kxtrème-Orient,  grec  el 
romain,  en  Occident,  au  moyen  âge  el  dans  les  lemps  modernes; 
c'oal  l'bisloire  externe  du  droit.  Puis  un  second  livre  embrasse 
l'histoire  interne,  les  mesures  prises  à  chaque  époque  chez  les 
dilTépenls  peuples  pour  assurer  la  prospérité  des  marchés  el  des 
foires  el  la  sécurité  des  marchands  el  des  acheteurs;  il  expose  ensuite 
le  droit  particulier  des  foires  :  franchises  et  privilèges,  usages  com- 
oaerciaui.  Le  cadre,  on  le  voit,  est  immense;  l'auteur  nous  parait 
l'avoir  bien  rempli,  el  les  conclusions  générales  sont  fort  sages. 
M.  Huvelin  y  montre  quel  a  été  le  rôle  de  ces  vieilles  institutions  au 
point  de  vue  économique  et  social,  comment  elles  ont  vu  naître  la 
loi  de  la  concurrence  et  ont  permis  au  capital,  argent  ou  marchan- 
dise, (Ib  se  créer  a  côté  du  capital  terre  ;  ii  monlre  encore  l'inlluence 
du  droit  des  foires  sur  le  droit  moderne,  les  notions  ajoutées  par  lui 
*  l'ancien  Jus  romanum,  enfin  comment  le  développement  de  ces 
*®ntrcs  commerciaux  a  contribué  à  celui  des  centres  urbains.  Au 
commerce  périodique,  en  Europe  tout  au  moins  el  en  Amérique, 
5  est  substitué  le  commerce  permanent,  nouvelle  étape  de  la  civi- 
"sation,  destinée  sans  doute  à  se  modifier  prochainement  dans  un 
sens  que  le  plus  clairvoyant  des  prophètes  ne  pourrait  prédire  à 
*=oup  sur. 

A.  côté  de  l'ouvrage  de  M.  Huvelin,  nous  citerons  l'étude  de 
*■-  François  Mobel  »ur Im  Juridictioiis commerciales aa  moyendge*; 
*Q  lôte,  l'auteur  a  placé  une  courte  introduction  sur  ces  institutions 
'^Qs  l'antiquité  ;  elle  n'est  pas  sans  intérêt,  mais  le  moyen  âge  ayant 
"***'.  innové  sur  ce  point,  elle  aurait  pu  facilement  être  supprimée.  Vient 
*Qsmie  une  étude  sur  les  juridictions  italiennes,  les  premières  éla- 
^*'Ob  et  qui  ont  servi  de  modèle  pour  les  tribunaux  similaires  hors 
7*^  Ut  Péninsule.  Elles  naissent  en  même  lemps  que  les  communes 
''tiennes  el  sont  une  conséquence  du  développement  extraordinaire 
°^  l'organisation  corporative;  dès  le  milieu  du  xit*  siècle,  il  existe 

l-  P»ri»,  Routseau,  1897,  in-fl-. 


à 


442  BULLBTIll  HISTOKIQUV. 

dans  les  grandes  villes  des  eonsules  mercaiorum,  dont  la  compétence, 
d'abord  très  étendue,  se  restreindra  peu  à  peu  aux  affaires  oommer- 
ciaies.  Enfln  le  tribunal  spécial  de  commerce,  la  mercansia^  apparaît 
au  début  du  iiv*  siècle,  et  bientôt  il  a  une  procédure,  une  compé- 
tence réglées  avec  une  entente  particulière  des  besoins  du  négoce. 
Ces  tribunaux  exercent  leur  action  en  Italie  même  et  hors  de  l'Italie; 
ils  ont  pour  justiciables  les  innombrables  marchands  génois,  vénn 
tiens,  pisans,  florentins  ou  lombards,  spéculant  dans  TEorope 
entière  ;  en  un  mot,  Torganisation  est  à  peu  près  parfoile  et  fonc- 
tionne avec  une  aisance  étonnante.  En  Allemagne,  les  premiers  tri- 
bunaux temporaires  ou  à  compétence  restreinte  paraissent  être  d'ins- 
titution impériale  et  sont  des  tribunaux  de  marché,  qui^  le  jour  où 
le  marché  devient  une  ville,  se  transforment  en  tribunaux  urbains. 
Peu  à  peu  les  assesseurs  supplantent  le  représentant  de  Fautorité 
supérieure,  le  Schultheiss;  la  plupart  sont  des  marchands,  et  trans- 
forment le  tribunal  échevinal  en  tribunal  de  commerce;  la  révolu- 
tion est  achevée  au  milieu  du  xiv*  siècle.  A  côté  des  tribunaux  locaux 
fonctionnent  ceux  delà  Hanse,  devenue  puissance  politique;  ils  sont 
répandus  non  seulement  en  Allemagne,  mais  encore  en  dehors, 
dans  tous  les  comptoirs  de  la  puissante  association.  En  France,  le 
développement  de  la  juridiction  commerciale  est  tout  différent  et 
parait  avoir  des  causes  diverses  suivant  les  temps  et  les  provinces. 
Dans  le  sud-est,  il  est  au  xii®  s.  une  suite  de  Textension  du  commerce, 
et  on  y  imite  visiblement  les  institutions  similaires  de  Tltalie;  i 
Paris,  le  Parloir  aux  bourgeois,  association  des  marchands  de  la  capi- 
tale, est  la  seule  représentation  municipale  de  la  ville.  Puis  on  trouve 
la  juridiction  spéciale  des  gardes  des  foires  de  Champagne  et  de  Brie 
et  certaines  cours  particulières,  celle  des  conventions  royales  de 
Nîmes,  par  exemple,  création  de  Tautorité  royale;  ailleurs  la  eon- 
servation  de  Lyon.  Enfîn,  vers  le  milieu  du  xvi*  siècle,  paraissent  les 
juges  consulaires,  établis  par  édit  royal,  et  qui  bientôt  fonctionnent 
dans  toutes  les  villes  un  peu  importantes.  En  un  mot,  dans  notre 
pays,  dans  les  provinces  non  soumises  à  l'autorité  centrale,  la  juri- 
diction commerciale  est,  comme  en  Italie,  une  création  des  marchands 
réunis  en  corporation  ;  partout  ailleurs,  dans  les  provinces  dépen- 
dantes de  la  couronne,  elle  est  un  octroi  de  la  royauté,  un  organe 
administratif;  c'est  ainsi  que,  dans  cette  matière  spéciale  comme  ail- 
leurs, les  lois  fondamentales,  qui  ont  régi  notre  histoire,  trouvent 
leur  application. 

Nous  avons  reçu,  en  même  temps  que  les  deux  volumes  précédem- 
ment annoncés,  la  traduction  par  M.  J.  Yil^rt  d*un  mémoire  d'un 
jurisconsulte  italien  bien  connu,  M.  Bs^rsi,  sur  VHittaire  du  contrai 


^^xttHrattce  au  moyen  âge'.  L'ouvrage esl  composé  en  grande  partie 
d'a.prè8  les  archives  génoises,  et  l'auleur  y  parle  presque  unique- 
menlde  l'assurance  contre  les  risques  de  moi';  au  foud,  c'est  une 
histoire  abrégée  d'uue  des  Forines  de  l'association  pour  le  commerce 
maritime.  Dans  le  dernier  chapitre,  H,  Bensa  parle  d'une  espèce  par- 
ticulière d'assurance  sur  la  vie,  qui  parait  dans  des  contrats  du 
\v"  siècle,  et  qui  jette  un  singulier  jour  sur  les  mœura  de  l'époque. 
Le  travail,  fort  intéressant,  est  précédé  d'une  préface  de  M.  J.  Leforl. 
HisTOiBE  LOCALE.  —  Lc  Gonseil  géoéral  de  la  Seine  a  décidé  de 
publier  sous  le  titre  suivant  :  Étai  des  communes  à  la  fin  du 
.ï/,1'"  siècle  (in-8°),  une  description  des  soixante-seize  municipa- 
lités du  département.  Quatre  ont  déjà  paru  :  Épinaj,  Pîerrefitle, 
Stains  et  Villetaneuse.  Chaque  fascicule  comprend  les  parties  sui- 
vantes :  une  notice  historique  sur  la  commune  due  à  M.  F.  BocBso.f, 
puis  une  description  minutieuse  de  la  commune  actuelle:  population, 
instruction,  viabilité,  imposition,  agriculture  et  Industrie,  etc.  A  la 
suite,  des  tableaux  indi()uent  le  mouvement  de  la  population  et  la 
marche  ascensionnelle  des  impôts-,  ils  marquent  également  la  place 
occupée  à  ce  double  égard  par  la  commune  en  question  dans  la  liste 
des  communes  du  département;  viennent  enQn  deux  cartes,  une  de 
la  commune  actuelle,  l'autre  empruntée  à  la  fameuse  carte  des 
"^basses  ((773)  ;  sur  cette  dernière  on  a  reporté  les  limites  commu- 
nales actuelles.  Chacune  de  ces  différentes  parties  a  un  intérêt 
'P^ial;  la  notice  historique  est  abondante  et  précise,  telle  qu'on 
devait  l'attendre  de  M.  Bournon,  du  nouvel  éditeur  de  l'abbé  Lebeuf; 
"  suite,  sous  le  titre  de  Renseignements  adminislratifs,  est  une  des- 
tripUon  complète  de  la  commune  moderne  et  aura  un  intérêt  tout 
Particulier  dans  l'avenir.  La  collection  des  soixante-seize  monogra- 
phies sera,  dit-on,  complète  en  l'an  1900  et  figurera  à  l'Exposition 
"^'verselle;  espérons  que  M.  Bournon  aura  les  loisirs  et  le  courage 
••^cessaires  pour  terminer  cette  lourde  lâche,  dont  seuls  les  gens  du 
"•^Uer  connaissent  les  difficultés  multiples. 

Oo  conserve  aux  Archives  nationales  la  collection  complète  des 
•^K'slres  de  délibérations  du  chapitre  Notre-Dame  de  Paria,  de 
*32b  à  i7'J0;  celte  série  imposante  de  volumes,  si  utiles  pour  l'bia- 
f^MTC  de  l'aris  et  pour  l'histoire  générale  du  moyen  âge,  n'a  encore  été 
<li*e  p^u  utilisée,  sans  doute  a  cause  des  difficultés  de  lecture  que 
présentent  les  registres  du  iv*  s.  Fort  heureusement,  il  en  existe  un 
répertoire,  admirablement  dressé,  œuvre  du  chanoine  Claude  Sarra- 
K  *Q,  znort  vers  nse,  et  ce  répertoire,  classé  par  matières,  permetde 

L 


-  ï*«rU,  FonUmoing,  1837,  io-S-. 

Rbv,  Uistob.  LXVI.  \"  PASO. 


141 


nrtr.En!i  butouditi. 


retrouver  à  peu  près  Inus  les  renseignemenU  épars  dans  (ea  cent 
doquante  volumes  orJginaut.  M.  labbé  CHtSTiEs  vient  d'en  tirer  les 
élâiDeals  d'un  intêreaeaut  volume  iolilulê  :  PAneien  thapUre  d» 
/fotn-Dame  de  Paru  el  ta  mailrise\  La  maîtrise  cathédrale  était 
digne  de  la  vieille  réputation  do  l'église  de  Paris,  el  le  chapitre 
n'épargnait  rien  pour  avoir  une  école  de  chant  do  premier  ordre.  Uû 
grand  nombre  denfaoLs de  chœur,  choisis  parmi  les  pluà  belles voii 
de  la  capitale,  y  apprenaient  les  premiers  cléments  de  l'arl;  à  leur 
ttle,  on  mettait  des  organistes  de  talent,  des  maîtres  éprouvés;  enfla 
pour  stimuler  le  zèle  de  tout  ce  personnel,  on  avait  établi  des  con- 
cours de  chant,  concours  publics,  avec  pris  et  récompense  et  à  Vo&- 
ca^on  desquels  on  donnait  aux  membres  de  la  maîtrise  un  festin 
extraordinaire.  La  discipline  était  assez  difficile  â  maintenir  dans 
tout  ce  petit  monde  ;  si  le  maître  était  séfère,  les  verges  jouaient  leur 
r61e,  mais  les  enfants  de  cbœur  se  vengeaient  du  châtiment  en  chan- 
tant Taux;  que  le  maître  Tùt  trop  doux,  l'indiscipline,  la  paresse 
régnaient  dans  l'école;  de  la  mille  conflits,  vraies  tempêtes  dans  ua 
verre  d'eau,  que  le  chapitre  avait  à  apaiser  et  sur  lesquels  le  livre  de 
M,  l'abbé  Cbartier  renferme  plus  d'un  détail  piquant.  Ajoutons-;  une 
monographie  du  cloilre  Notre-Dame,  enceinte  fermée,  soumise  à  uns 
police  particulière;  elle  englobait  rcxlrémité  orientale  de  l'Ile  de  la 
Cité  et  formait  une  sorte  de  ville  à  part.  L'attribution  des  maisons 
canouiales,  la  location  des  appartements  vacants  donnaient  lieu  â 
maintes  discussions,  que  l'auteur  expose  en  délail.  Enfin  en  appen- 
dice, les  amateurs  de  musique  sacrée  trouveront  quelques  morceaux 
des  meilleurs  compositeurs  religieux  des  irn*  el  xfiii"  siècles  :  Abra- 
ham Blondel,  Jean  Mignon,  Henri  Frémart,  et  un  Sanclw  de  Louis 
Vanpulaer,  musicien  flamand  du  xti°  siècle,  qui  Hit  maître  de  chœur 
à  Notre-Uame  de  Paris  de  1 307  à  1 327. 

Sous  le  titre  de  Inscriptions  de  l'ancien  diocèse  de  Sens,  MM.  Paul 
Qdesvess  et  Henri  Srei»  viennent  de  terminer  le  premier  volume  d'un 
ouvrage  très  important  pour  l'histoire  d'une  vaste  région  de  l'an- 
cienne France,  lin  léle,  on  trouve  un  pouillé  du  diocèse,  déjà  annoncé 
par  la  Hevue  historique';  puis  le  texte,  avec  copieux  commentaires, 
de  toutes  les  inscriptions  existant  aujourd'hui  aoit  en  originaux,  soit 
en  copies.  Ce  tome  1"  renferme  les  litres  de  Sons  même,  au  nombre 
de  près  de  deux  cents;  les  auteurs  estiment  qu'il  leur  faudra  encore 
quatre  volumes  pour  remplir  le  cadre  tracé.  Il  existe  encore  aujour- 
d'hui pas  mal  de  monuments  funéraires  anciens  à  Sens,  maîa  Uj 


p^«n  bien  plus  encore.  Au  xTin*  siècle,  quand  on  voulut  réparer 
révise  cathédrale  de  Saint-Étienne,  on  relounia  cl  ou  dclailla  en 
cai-reaui  toutes  les  pierres  anciennes  qui  pavaient  la  nef  et  le  sanc- 
lLi.;9Jre,  détruisant  ainsi  sottement  une  foule  de  monuments  respec- 
laJ>les;  on  voit  que  le  vandalisme,  à  Sens  comme  ailleurs,  ne  date 
pa^  de  la  Révolution.  Un  peu  plus  lard,  on  éprouva  pourtanl 
quelques  scrupules,  et,  pour  conserver  le  souvenir  des  dignitaires 
et    des  bienfaiteurs  de  l'église  sénonaise,  on  grava  sur  le  nouveau 
pavage,  un  peu  au  hasard  et  avec  raille  fautes  d'orlhographo  el  de 
nombreuses  erreurs  de  date,  les  noms  des  pauvres  chrétiens  dont  on 
avait  ainsi  troublé  le  repos  el  violé  la  sépulture.  Tous  ces  monu- 
ments el  beaucoup  d'autres  avaient  été  copiés  et  estampés  par  feu 
ICdmoad  Michel,  président  de  la  Société  du  Gâtinais  ;  c'est  à  l'aide  de 
ces  estampages  et  grâce  à  des  subsides  d«  la  famille  du  savant  défunt, 
que  les  éditeurs  ont  pu  entreprendre  celle  œuvre  de  longue  baleine. 
En  cfTet,  ils  onl  tenu  à  joindre  aux  moiiuaienls  tous  les  éclaircisse- 
ments désirables,  el  chaque  inscription  est  accompagnée  d'un  com- 
mentaire souvent  fort  étendu,  donnant  sur  le  défunt  et  sa  famille  tous 
les  renseignemenls  désirables;  ils  y  ont  joint  le  texte  des  épitaphes 
P^ues  et  relevées  jadis  par  Gaigniéres  et  autres  collectionneurs  ; 
plus,  la  liste  des  personnes  enterrées  à  Sens  el  dont  les  monuments 
funéraires,  disparus  aujourd'hui,  sont  signalés  par  d'anciens  auteurs. 
El  un  mot,  tout  en  suivant  en  général  le  plan  de  Guilhermy,  éditeur 
^  ioscriplions  du  diocèse  de  Paris,  ils  ont  modifié  ce  même  plan 
sur  plusieurs  points  essentiels,  et  leur  recueil  sera  un  véritable  épi- 
tspMer  de  l'ancien  diocèse  de  Sens.  Faire  ressortir  Tutillté  de  pareils 
recueils  serait  inutile;  seuls,  ils  donnent  pour  la  mort  de  person- 
nages plus  ou  moins  illustres  des  dates  précises,  et  les  éclaircisse- 
toeaUa  de  MM.  Quesvers  el  Stein  ne  peuvent  que  rendre  le  recueil 
Mcore  plus  précieux.  Espérons  que  nous  pourrons  bientôt  en  annon- 
***■  la  suite,  011  l'on  trouvera  les  monuments  funéraires  de  villes  telles 
lue  fVovins,  Monlereau,  Melun  et  Ëlampes,  pour  ne  citer  que  les 
principales. 

Jacqueline  de  Rueil,  comtesse  de  Moret,  fut  une  des  nombreuses 
iBilresses  de  Henri  IV  el  non  la  moins  connue.  M.  G.  Liobet'  a 
'WUi  tout  ce  qu'ont  raconté  les  chroniqueurs  et  littérateurs  du  temps 
*^  celle  liaison  du  grand  roi,  dont  les  mœurs,  on  le  sait  depuis 
''Mgteinps,  ne  valaient  pas  l'intelligence  politique;  rivale  de  la  Ver- 
"suil  el  de  bien  d'autres,  Jacqueline,  mariée  par  le  roi  à  M.  de  Chan  • 

!■  Étude  kùtortquê  nir  Jatqvetine  de  Btteil,  eomieue  de  Moret.  Horet, 
S«»i,  iB-8'. 


44f>  BULLETIN   HISTOKIQCB, 

vallon,  qui  ne  fut  jamais  qu'un  époux  honoraire,  eut  de  Henri  un 
fils,  Anloine,  comte  de  Moret  et  légitimé  de  France,  qui  disparaîtra 
mystérieusement  au  combat  de  Castelnaudary  en  4632.  Remariée 
plus  tard  à  Vardes,  mêlée  à  toutes  les  intrigues  de  la  cour,  chas- 
sée de  France  avec  la  reine  mère,  Marie  de  Médicis,  elle  finit  par  mou* 
rir  tragiquement  en  4  664 ,  empoisonnée  par  son  mari,  disent  quelques- 
uns,  victime  d^un  accident,  suivant  les  autres.  M.  Lioret,  dans  œ 
mémoire  fort  agréablement  écrit,  nous  fait  l'histoire  des  royales 
amours  de  Jac([ucline,  et  nous  donne  de  nombreux  détails  sur  l'ad- 
ministration du  comté  de  Moret,  d'après  les  pièces  trouvées  dans  les 
archives-,  le  tout  est  de  lecture  fort  intéressante,  et  cette  figure 
curieuse  et,  en  somme^  moins  antipathique  que  celles  de  beaucoup 
d'autres  grandes  dames  du  temps,  y  est  fort  bien  présentée. 

L'ouvrage  de  M.  A.  Lacroix,  archiviste  de  la  Drôme,  Rotnans  H  U 
Dourç'dU'Péage^  est  le  résumé  de  tout  ce  que  l'auteur  a  rencontré 
dans  les  archives  du  pays  sur  ces  deux  petites  villes.  Pour  Romans, 
il  n'a  pu  ajouter  grand'chose  aux  recherches  de  M.  Giraud  sur  Tab- 
baye  de  Saint-Barnard  et  aux  Annales  du  docteur  Chevalier,  annon- 
cées ici  même  tout  récemment.  Pour  le  Bourg-du-Péage,  au  contraire, 
il  avait  à  traiter  un  sujet  moins  rebattu  et  cette  partie  de  Pouvrage 
est  peut-être  la  plus  intéressante.  Cette  petite  ville  fut  d'abord  une 
simple  agglomération  de  maisons  sur  la  rive  gauche  de  Plsère,  au 
débouché  du  pont  jeté  sur  le  fleuve;  le  lieu  s'appelait  déjà  Bourg-du- 
Péago  en  4  231  -,  le  principal  commerce  y  était  celui  du  sel.  Longtemps 
uni  à  Romans,  il  finit  par  on  être  détaché  au  xvii*  siècle,  et,  en  dépit 
des  eflbrts  de  cette  dernière  communauté,  la  séparation  devint  bien- 
tôt définitive.  Naturellement  l'histoire  de  ces  deux  petites  villes  se 
confond  durant  tout  le  moyen  âge,  chaque  chapitre  du  travail  inté- 
ressant autant  Bourg-du-Pcage  que  ilomans.  M.  Lacroix  parle  suc- 
cessivement des  églises,  de  la  commune,  des  écoles,  des  hôpitaux, 
des  épidémies  et  des  fléaux,  des  charges  et  revenus,  de  l'industrie,  etc. 
C^est  de  rhisLoire  locale  très  menue.  Ou  pourra  toutefois  y  glaner 
quelques  renseignements  utiles  pour  Phistoire  générale.  Les  annales 
mêmes  du  xvP  siècle  nous  ont  paru  moins  fournies  et  moins  détail- 
lées que  la  partie  correspondante  de  l'ouvrage  du  docteur  Chevalier. 

M.  l'abbé  Sabartuès,  ayant  retrouvé  un  manuscrit  intéressant  pour 
Thistoire  de  la  petite  ville  de  Montréal  dans  l'Aude,  vient  d^en  publier 
le  texte  intégral  ^.  Ce  volume,  qui  d'après  les  fac-similé  donnés  par  Pédi- 

1.  Valence,  Céas  et  Uls,  1897,  gr.  in-8*. 

2.  Les  Coutumes,  libertés  et  franchises  de  Montréal  (Aude).  Carcissoiuiey 
G.  Servières,  1897,  in-S-, 


Sur  paraît  dalerde  la  fin  du  xiy's.,  reiiTerme,  non  point,  comme  le 

il  M.  i'abbé  S, ,  les  rranchises  et  couLumes  de  Montréal,  mais  les  tari  ïs 

de  la  leude  et  autres  droits  levés  pour  le  compte  de  la  communauté. 

Ces  lariTs,  nolammenl  celui  de  la  leude  et  de rincan/oïor,  ou  vendeur 

Juré  de  la  ville,  sont  d'autant  plus  intéressants  que  Montréal  était  au 

KIT"  siècle  une  place  de  commerce  fort  importante  et  un  centre  Jndus- 
■iel  de  premier  ordre,  principalement  pour  la  draperie.  Plus  tard,  à 
■lie  copie  on  joignit  un  calendrier  et  divers  passages  des  évangiles 
et  du  Te  tgitur  ou  Credo  de  la  messe.  lia  copie  du  leudaire  fut  ainsi 
t  ransformée  en  livre  de  serment,  et  c'est  vraisemblablement  celui  qui 
figura  dans  la  cérémonie  d'inslallalion  des  nouveaux  consuls;  on  lui 
ajouta  une  courte  chronique  consulaire,  énumérant  de  1374  h  nJ22 
les  magistrats  municipaux  de  chaque  année  et  indiquant  la  date  de 
leur  élection.  C'est  eu  un  mot  un  de  ces  recueils  comme  il  s'en  ren- 
contre tant  dans  les  archives  communales  du  midi  de  la  France:  il 
n'en  est  pas  moins  fort  curieux,  et  méritait  d'être  publié,  L'éditeur 
a.  donné  le  manuscrit  aux  archives  départementales  de  l'Aude,  le 
niettanL  ainsi  à  l'abri  de  toute  nouvelle  chance  de  perte. 

M.  l'abbé  Torhbilles,  dont  la  Reuite  historique  a  déjà  signalé  plu- 
sieurs travaux  intéressants,  vient  de  faire  paraître  sous  ce  titre  : 
^^erpiçnan  sotti  fa  ftéi'olulion' ,  ane  élude  fort  complète  sur  l'histoire 
<3e  cette  ville  do  1780  à  1800.  L'ouvrage,  qui  forme  trois  volumes 
oompacts,  ne  renferme  à  peu  près  que  des  faits  précis  puisés  aux 
rneîlleures  sources  :  archives  publiques,  correspondances  particu- 
1  ières,  journaux  manuscrits  d'émigrés;  voici,  brièvement  expliquée, 
l'économie  de  l'ouvrage,  qui  mérite  d'être  lu.  Le  tome  I  va  de  1789 
à  la  déclaration  de  guerre  de  l'Espagne  (1793);  il  s'ouvre  par  un 
Lableau  de  Perpignan  au  début  de  la  Révolution  :  topographie,  orga- 
ciisation,  classes,  état  des  esprits;  l'auteur  insiste  sur  le  caraclcrn 
particulier  que  le  Roussillon  a  gardé  en  dépit  de  la  conquête  fran- 
çaise; le  pays  est  encore  à  demi  catalan,  la  religion  très  forte,  en 
dépit  d'une  certaine  tiédeur.  Les  idées  un  peu  vagues  de  réforme  qui 

É vaillent  la  France  entière  ont  pénétré  ici  comme  ailleurs;  de  là 
e  inquiétude  singulière,  une  sorte  d'anxiété  et  des  troubles  violents 
e  fois  l'ancien  régime  tombé.  A  Perpignan  comme  dans  toute  la 
nnce,  les  événements  de  Paris  amènent  de  terribles  émeutes  ;  aigri 
■par  de  longues  soulTrances,  manquant  de  pain,  le  peuple  profite  du 
i-elâchement  de  l'autorité;  de  là  des  pillages,  puis  une  anarchie  com- 
plète. Les  anciennes  autorités  n'agissent  plus,  lo  nouvel  organisme 
s'existe  pas  encore  ;  les  clubs  commencent  à  s'agiter,  et,  à  Perpignan 

1.  Perpiftnan,  Lairulie,  ISQ6-1897,  3  lol.  petit  in-Sv 


comme  ailleurs,  ils  joueront  un  rôle  néfaste.  F-n  un  mol,  jusqu'eï^ 
4Ti3,  c'esl  une  lente  désorgaaisaliou,  un  ùmietLemunt  de  l'autorité^ 
qu'accompagnent  un  arTolemenl  grandissant  de  la  masse  populaire^- 
un  désarroi  général.  Luttes  entre  les  clubs  modéré  et  révolutionn^pe»- 
émeutes  continuelles,  troubles  dans  la  rue,  querelles  religieuses,  toa  C^ 
se  réunit  pour  préparer  les  malbeurs  de  n93-(794.  A  Perpignan» 
on  peut  noter  quelques  traits  spéciaux  ;  la  haine  des  douaniers,  paa~ 
exemple;  on  a  cliangé  leur  nom,  on  a  pris  toutes  les  précautions  pos — 
sibles;  le  peuple,  qui  a  longtemps  vécu  de  contrebande,  les  attaque.*, 
en  massacre  plusieurs,  en  dépit  de  toutes  les  mesures;  évidem — 
ment,  il  est  rebelle  à  toutes  les  taxes  indirectes,  et  il  tiiudra  ui»-~ 
régime  de  Ter  pour  lui  fkire  respecter  ta  loi.  Bientôt  les  événement^^ 
se  précipitent;  l'émigration  commence  avec  toutes  les  misères — 
qu'elle  entraîne;  l'armée  prend  part  à  la  lutte  civile;  la  aitualioo-^ 
politique  et  économique  devientchaque  jour  plus  critique.  Les  Giron- 
dins triomphent  après  le  iO  août,  et  avec  eux  la  République;  mais,  _ 
à  Perpignan  comme  dans  toute  la  France,  ils  vont  avoir  à  luttei 
contre  les  partis  extrêmes  cl  à  soutenir  en  même  temps  la  guei 
avec  l'Espagne,  que  le  supplice  de  Louis  \V[  a  décidée  à  entrer  dans 
la  coalition. 

Le  Roussillon  et- Perpignan  étaient  en  grand  danger,  et  l'invasion 
ennemie  trouvait  le  pays  en  désarroi  complet,  une  armée  désorganisée, 
des  pouvoirs  toujours  en  lutte,  uue  population  alTolée  et  divisée.  Des 
généraux  qui  se  succèdent,  les  uns  sont  incapables,  les  autres  para- 
lysés par  les  intrigues  des  meneurs  jacobins,  qui  suspectent  toutes 
les  démarches  et  qui  jugent  toutes  les  opérations.  Au  milieu  de  ce 
désordre  général,  quelques  esprits  plus  froids  et  moins  exaltés  tra- 
vaillent à  sauver  le  pays;  enlln,  le  misérable  Barl>cntane  quitte  le 
commandement.  Dagoberl,  qui  le  remplace,  a  fort  heureusement  la 
faveur  des  clubistes,  et,  le  17  octobre  1793,  la  victoire  de  Peyres- 
tortes  arrêtn  un  instant  les  envahisseurs.  Ce  premier  succès  est,  U 
est  vrai,  suivi  de  revers,  mais  le  parti  terroriste  établit  cependant 
sa  domination  dans  le  département,  et,  devenus  gouvernants  â  iear 
tour,  les  anciens  anarchistes  des  clubs  savent  se  faire  ul)éir;  les  nou- 
veaux commissaires  de  la  Convention,  Milhaud  et  Soubrany,  fVappeat 
sans  pitié  tout  ce  qui  leur  résiste,  changent  les  étals-majors,  réorga- 
nisent l'armée;  Uugommier  les  rejoint  en  janvier  1794  et  bîent&l 
l'armée  ennemie  est  rejetée  en  Espagne,  où  les  Français  la  suivent 
et  imposent  la  paix  h  l'Espagne,  A  Perpignan,  cependant,  c'esl  d'abord 
la  Terreur,  avec  toutes  ses  abominations,  puis  la  réaction  thermido- 
rienne, le  maximum,  la  disette,  la  dépréciation  des  assignats,  enfin 
tous  les  maux  qui  marquent  presque  partout  en  b^rance  cette  ter- 


e  époque.  Dans  le  Iroisième  volume,  l'auLeur  nous  montro  l'anar- 

he  directoriale,  jouant  à  la  bascule  avec  les  parLis  et  laissant  la 

noce  aller  à  vau-l'eau;  cfaa<)ue  coup  d'élat  de  Paris  a  son  coutre- 

Up  en  prorince;  de  toutes  ces  agitations  naît  cette  lassitude  qui 

ivail  cire  le  meilleur  auxiliaire  de  Bonaparte  et  de  sa  bande  au 

?8  Brumaire.  M.  Torreilles  ne  couclut  pas,  malgré  l'engagement  pris 

par  lui-même  dans  la  préfacei  pout-êiro  a-t-il  mieux  fait  en  elfel  de 

s'alistoitir;  les  faits  qu'U  nous  rapporte  porlent  leur  enseignement 

avec  eux,  et  il  est  peut-être  plus  simple  de  laisser  au  lecteur  le  soin  de 

conclure.  L'histoire  de  la  Révolution,  ainsi  étudiée  dans  le  détail  et 

AUT  un  terrain  étroit,  perd  un  peu,  avouons-lo,  de  sa  grandeur  épique, 

0  réduit  le  plus  souvent  soit  à  l'action  aveugle  de  la  masse  popu- 

hire  eo  mouvement,  soit  à  de  misérables  haines  personnelles.  Mnjor 

m  tonginquo  reverenCia. 

A.  MOLnlLS. 

HISTOIRE    MODERNE, 

Uarie-Thérèse  Rodet,  née  en  4699  d'un  ancien  valet  de  la  garde- 
de  la  dauphine,  devenu  «  commissaire-contrûleur-juré-mouleur 
bois  de  la  ville  de  Paris,  »  ne  semblait  assurément  promise  à 
!une  royauté  ni  à  l'honneur  de  frayer  un  jour  avec  les  RomanolT 
et  les  Habsbourg.  Orpheline  do  bonne  heure,  elle  fut  élevée  par  sa 
grand'mère  Ghemineau,  type  accompli  de  la  bourgeoise  parisienne, 
intelligente,  économe  et  légèrement  dévote.  Un  matin  qu'à  Saint- 
Rocb,  ■  en  cornetle  très  plate,  en  minée  et  légère  siamoise,  jolie 
comme  un  ange,  »  la  petite  Rodel,  pour  lors  âjjée  de  quatorze  ans, 
■  joignait  au  pied  des  autels  les  plus  belles  menottes  du  monde,  d 
—  c'est  Uiderot  qui  parle,  —  un  bourgeois  de  quarante-huit  ans, 
veuf,  grisonnant  et  ridé,  mais  enrichi  par  ses  «  parts  »  dans  la 
manufacture  de  glaces  de  Sainl-Gobain,  la  vit,  la  désira,  la  demanda 
en  mariage,  Tobtint  sans  difficulté  et  l'épousa  le  15  juillet  1713. 
A  seize  ans,  la  jeune  femme  donnait  le  jour  à  une  lllle,  la  future 
marquise  de  la  Ferté-Imbault;  un  au  plus  lard  naquit  un  fils  qui  ne 
Ici  se  termine  sa  vie  de  famille;  grâce  à  la  dévotion 
ieuse  de  son  épouse  et  à  son  tempérament  placide,  M.  Geolfrin' 
Il  la  bonne  fortune  d'échapper  auï  accidents  qu'eût  pu  faire  craindre 
un  mariage  aussi  disproportionné  que  le  sien;  il  ne  se  <  tira  pas 
plus  mal  que  bien  d'autres  de  remploi  toujours  difficile  de  mari 
d'une  femme  célèbre.  »  Après  avoir  essajé  d'abord  de  regimber 
coDlre  le  gouvernement  absolu  de  sa  moitié,  il  poussa  jusqu'à  quatre- 


marq 

Ëuil 
■iei 
lia 


II*        1.  £ff  lloV<""'te  lie  la  rue  Sainf-Bonarë.  Madame  Geoffrin 
j^^Ham  de  Ségur.  ParU,  Calmunn  Livy,  IS^IT,  VI,  503  p.  m-S°, 


10  fille.  p.-ir 
c  portrait. 


420  BULLETI?!   HISTORIQUE. 

vingt-trois  ans,  intendant  résigné,  puis  zélé  de  la  partie  matérielle 
de  ses  dîners  célèbres,  peu  remarqué  d^ailleurs  par  les  convives  de 
son  hôtel.  Plusieurs  mois  après  son  décès,  un  des  habitués  de 
H""*  Geoffrin  lui  demandait  par  hasard  :  «  Qu*est  donc  devenu  ce 
vieux  monsieur,  qui  était  toujours  au  bout  de  la  table  et  qui  ne 
disait  jamais  rien?  »  —  «  fi'était  mon  mari,  répondit^lle  sèche- 
ment; il  est  mort.  » 

L^oralson  funèbre  était  quelque  peu  froide  pour  un  homme  qui 
lui  laissait  tant  de  milliers  de  livres  à  distribuer  à  ses  chers  hommes 
de  lettres.  Gomment  d'ailleurs  la  petite  bourgeoise  était-elle  devenue 
la  «  reine  ou  l'une  des  reines  au  moins  de  la  société  littéraire  pari- 
sienne? »  Ce  fut  une  voisine,  M""*  de  Tencin,  cette  dévergondée 
sans  cœur  et  de  beaucoup  d'esprit,  qui  forma  la  jeune  dévote  aux 
façons  du  grand  monde  et  lui  fît  entrevoir  les  premiers  philosophes. 
Elle  Tadmil  ensuite  dans  son  propre  salon,  et,  quand  elle  mourut,  ce 
fut  M""®  Geoffrin  qui  recueillit  sa  succession  littéraire  et  régna  sur 
un  peuple  soumis  pendant  près  de  trente  ans.  La  «  nouvelle  reine 
de  Saba,  »  comme  l'appelait  Voltaire,  a-t-elle  réellement  exercé  sur 
son  entourage  une  influence  aussi  profonde  que  Taffirment  certains 
de  ses  admirateurs*  ?  On  jugera  sans  doute  un  peu  différemment  de 
cette  activité  mondaine  et  littéraire  de  M"**  Geoffrin,  selon  qu'on  se 
range  parmi  les  hommes  du  monde,  amateurs  de  l'esprit  qui  brille 
aux  mille  facettes  des  causeries  de  salon^  ou  parmi  ceux,  moins  bien 
doués  ou  plus  austères,  qui  croient  le  silence  du  cabinet  de  travail 
plus  propice  au  développement  de  la  science  et  de  la  philosophie. 
De  nos  jours,  en  tout  cas^  la  presse  remplace  avantageusement,  et  à 
moins  de  frais,  les  salons  littéraires  du  xviir  siècle,  pour  la  mise  en 
circulation  des  idées  nouvelles,  en  leur  donnant,  il  est  vrai,  une 
enveloppe  plus  vulgaire,  mais  en  les  répandant  avec  une  rapidité  et 
une  puissance  autrement  redoutables.  En  défînitive,  tous  les  philo- 
sophes et  les  révolutionnaires  en  chambre  qui  tiraient  leurs  brillants 
feux  d'artiflce  devant  les  comtes  et  les  barons  polonais,  anglais, 
russes  et  allemands,  tout  en  dégustant  les  crus  choisis  du  vieux 
Geoffrin,  ne  sont  pas  bien  dangereux  pour  le  pouvoir  absolu^. 

Mais,  quoi  qu'on  pense  de  leur  rôle  et  de  celui  de  leur  «  reine,  » 
il  est  impossible  de  ne  pas  prendre  un  plaisir  extrême  à  la  façon  dont 
on  vient  de  nous  raconter  son  histoire  intime  et  leur  ménage  com- 
mun. Le  livre  de  M.  de  Ségur,  riche  en  détails  nouveaux,  empruntés 

1.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'elle  ne  lisait  pas  les  auteurs,  pas  même  les 
siens.  Le  catalogue  de  sa  bibliothèque  contient  quelques  grammaires,  quelques 
recueils  d'Ana,  le  Sopha  de  Crébillon,  mais  pas  un  philosophe. 

2.  Disons  d'ailleurs  que  M"'  Geoffrin  ne  voulut  jamais  permettre  qu'on  ftt 
de  la  politique  chez  elle;  cela  l'eanuyalt. 


I  FUNCE.  i  2l 

aux  papiers  de  la  marquiae  ilo  la  Ferlé-Imbaull,  eal  écrit  d'une 
^Dlume  alerte  et  spiriluelle,  avec  une  compétence  indiscutable,  et  pré- 
^^taote  c«  cbarme  particulier  aux  biographies  qui  font  valoir  l'impor- 
^^■Doe  de  leur  héros  sans  jamais  l'exagérer,  et  dont  l'auteur  s'est 
^BiSservé  le  droit  d'en  sourire  parfois  discrètement  lui-même.  C'est 
moins  peut-être  dans  les  chapitres  consacrés  plus  particulièrement  à 
M*'  Geoffrin  que  cet  art  du  narrateur  se  feil  sentir.  La  reine  de  la 
rue  Saint-Honoré  reste,  en  définitive,  toujours  un  peu  trop  bour- 
geoise (comme  elle  mendie  la  visite  de  Joseph  II I),  un  peu  trop  com- 
passée, un  peu  solennelle;  ainsi,  dans  son  voyage  de  Pologne,  auprès 
de  son  ■  fils  adoptif,  "  le  roi  Stanislas-Auguste.  Sa  philosophie  n'est 
pas  bon  teint,  et  sur  la  fin  de  ses  jours  elle  revient,  presque  aveugle, 
aux  pratiques  dévoles  de  son  enftince,  proférant,  à  la  grande  colère 
(le  tl'Alemberl,  la  lecture  de  V  Imitation  à  celle  de  Y  Encyclopédie.  Ce 
n'est  pas  pour  cette  raison,  bien  entendu,  mais  il  est  certain  que 
c'est  moins  Marie-Thérèse  I",  qui  est  l'héroïne  du  livre  de  M.  de 
Ségur,  que  Marie-Thérèse  II,  et  que  la  bonne  BeUe-Minelte  est 

Rlrônée  par  le  capricieux  Beau-Matou;  assurément,  les  chapitres 
nsacrés  à  la  fille  de  M'°"  Geoffrin  sont  les  plus  curieux  de  l'ou- 
^.  Une  vérilalile  toquée,  d'ailleurs,  que  cette  marquise  de  la 
rté-Imbault,  la  fondatrice  de  l'ordre  dos  Lantureîus,  auquel  ont 
appartenu  Tempereur  Paul  1"'  de  Russie  et  le  prince  Henri  de  Prusse, 
N'"  de  Staël  et  le  conventionnel  Le  Pelletier-Sainl-Kargeau.  KHe  était 
l'amie  du  vieux  roi  Stanislas  Lecrinski,  qui  lui  avouait  candidement 
que  sa  femme  et  sa  (llle  étaient  i  les  deux  reines  les  plus  ennuyeuses 
qu'il  eût  jamais  rencontrées;  n  elle  était  aussi  Tamie  du  cardinal  de 
Bemis,  qui  l'appelait  Rimilièrement  Toinette.  Mais,  bien  qu'elle  sou- 
pàt  sans  scrupule  avec  M""  de  Pompadour,  c'était  une  fort  honnête 
femme,  qui  mordit  jusqu'au  sang  lo  prince  de  Conli,  un  jour  que 
cette  altesse  lui  réclamait  un  baiser.  Seulement,  malgré  tout  son 
esprit,  la  pauvre  marquise  ne  savait  que  faire  pour  mettre  en  fuite 
l'ennui,  ce  mal  inexorable  qui  ronge  toute  la  haute  société  d'alors. 
Toujours  effarée  dans  son  oisiveté,  toujours  surexcitée,  M°"  de  la 
t'crté-lrabault  s'effondre  et  reste  anéantie  quand  éclate  la  Révolu- 
lion,  >  quand  Paris  n'est  plus  Paris  et  la  cour  n'est  plus  la  cour.  ■> 
Adieu  les  folies  gaknles  du  temps  passé,  alors  qu'elle  faisait  danser 
le  cardinal  de  la  Rochefoucauld  ou  l'archevêque  de  Narbonne  dans 
les  salons  de  l'hôtel  de  Luynes,  et  que,  pour  l'égayer,  l'aimable  car- 
dinal de  Tavannes  déguisait  ses  valets  en  'prêtres  et  les  lui  présen- 
tait comme  ses  grands  vicaires!  La  llllc  s'éteint  dans  la  peur  et  la 
mélancolie,  en  mai  I79t,  comme  la  mère,  treize  ans  auparavant, 
s'était  éteinte  dans  la  dévotion,  rapidement  oubliée  par  les  plus  assi- 

L. vives.  Ces  deux  Uns  de  vie  jettent  une  ombre  un  peu 


422  BULLBTm   HISTOfilQUE. 

lugubre  sur  le  tableau  si  spirituel  et  si  vivant  de  M.  de  Ségur;  elles 
nous  donnent  la  note  élégiaque  flnale  sur  un  ordre  de  choses  qui 
s'en  va,  sur  cette  société  élégante  et  frivole  qui  creusa  si  gaiement  la 
fosse  où  elle  allait  s'ensevelir,  entraînant  dans  sa  chute  la  reine  des 
Tuileries,  comme  celles  des  boudoirs  et  des  salons. 

C'est  dans  la  sphère  d'activité  d'un  autre  monarque,  un  peu  plus 
autoritaire  que  la  bonne  M""*  GeofTrin,  que  nous  introduit  le  volume 
de  M.  Tabbé  Le  Sueur  ^  sur  Maupertuis.  C'est  essentiellement  un  fxi 
recueil  de  pièces  inédites,  tirées  des  archives  du  château  d'Estouilly,  ^^ 
dans  le  département  de  la  Somme,  et  mises  à  la  disposition  de  Tédi-  — â\ 
teur  par  leur  propriétaire  actuel,  M.  le  comte  de  Vaudrimey-d'Es-  <e3 
touilly,  qui  les  tient  en  héritage  des  La  Gondaminc.  Elles  avaient  été  »-St 
parcourues  déjà  par  La  Bcaumelle  pour  sa  vie  de  Maupertuis,  msûs  ^  Si 
il  n'en  avait  fait  copier  que  la  correspondance  du  président  de  l'Aca- 
démie de  Berlin  avec  Frédéric  II,  correspondance  mise  au  jour  par 
son  arrière-neveu,  M.  Maurice  Angliviel  de  la  Beaumelle,  en  4854.  -  ^ 
Le  recueil  s'ouvre  par  une  introduction  de  quatre-vingt-trois  pages,  «  -€:£ 
où  Maupertuis  est  impartialement  apprécié,  sans  qu'on  y  dissimule  ^M  \ 
le  moins  du  monde  son  despotisme  scientiflque,  sa  vanité,  sa  crainte  ^J I 
du  ridicule  et  sa  misanthropie;  on  y  trouve  aussi  le  croquis  réussi  i^«: 
de  ses  principaux  correspondants  :  La  Beaumelle,  Tressan,  etc.,  ,  -  * 
et  Ton  peut  croire,  en  général,  que  les  victimes  des  sarcasmes  et  des 
vengeances  souvent  mesquines  de  Voltaire  ont  dû,  à  ces  persécu- 
tions mémos,  les  jugements  très  équitables  de  M.  l'abbé  Le  Sueur.  ."Xi 
Quant  aux  documents  réunis  ici,  ils  sont  de  valeur  fort  inégale.  On  mtm  Ci 
n'y  trouve  guère  du  roi  de  Prusse  que  quelques  apostilles  à  des  ^^^c 
rapports  et  à  des  placets  de  Maupertuis-,  on  reconnaîtra  çà  et  là  le^-E  ' 
coup  de  griffe  du  moqueur  couronné.  Nous  apprenons  par  contre  à 
connaître  Kœnig,  le  modeste  savant,  qui  refuse  de  sacriOer  les 
droits  de  la  science  et  ses  convictions  personnelles,  et  préfère  le  res*  * 
pect  pour  Leibnitz  mort  à  l'appui  de  Maupertuis  vivant;  des  lettres^ 
d'Ëuler,  de  Hallcr,  du  président  Hénault,  il  n'y  a  pas  grand'chose  ài&  ^ 
dire.  En  revanche  on  parcourra,  non  sans  plaisir,  les  lettres  amu —  MiM  u 
santés  et  dévotieuses  écrites  par  La  Beaumelle  de  Paris,  du  Vigan.  .ctm^  Jin, 
de  Nîmes  et  de  Montpellier-,  il  y  entretient  son  patron  de  ses  tra- 
vaux littéraires,  de  ses  projets  de  mariage,  voire  même  de 
amours  ancillaires,  et  lui  dépeint  la  vie  de  province  sur  un  ton 
fois  assez  cynique.  On  trouvera  là  quelques  tableautins  de  la  v  ^^^r/e 
languedocienne  d'alors  assez  réussis.  Les  lettres  du  comte  de  Tj 


1.  Maupertuis  et  ses  correspondants.  Lettres  inédites  du  grand  Frédéric,  da 
prince  Henri  de  Prusse,  de  la  Beaumelle,  du  président  Hénault,  etc.,  pir 
M.  l'abbé  A.  Le  Sueur.  Paris,  Picard,  1897,  1  vol.  In-S*. 


m 

nient  un  intérêt  analogue;  la  silhouelLe  de  ce  lieulenanl  géné- 

;prit,  quémandeur  infatigable  de  dignités  académiques  et 

autres,  aniidéricnl  prononcé,  comme  on  dirait  aujourd'hui,  se  retrace, 

pour  ainâi  dire,  d'elle-même  dans  ces  effusions,  presque  naïves,  d'un 

fbrveat  philosophe,  au(|uel  aa  chienne  Flora  tient  plus  à  cœur  que 

terlains  prochains  qui  me  paraissent  bien  plus  hétérogènes  à  mon 

ice  que  cette  jolie  petite  créature.  >  Malheureusement  l'éditeur 

commis  bien  des  erreurs  dans  la  lecture  de  ses  documents,  pour 

ce  qui  regarde  les  noms  propres,  et  n'a  pas  toujours  compris  ce  qu'il 

copiait' .  t'.erlaines  données  dans  les  notes  soûl  erronées  ou  témoignent 

d'une  inattention  singulière  de  l'annotateur,  trop  pressé  de  terminer 

jjÉtÂcbe'. 

■Xies  Mémoires  du  général  marquis  de  Maleyssie,  mis  au  jour  par 
K.  RosESTi^,  tiennent  une  place  à  part  parmi  les  souvenirs  person- 
nels relatifs  à  la  Bévolulion  et  à  l'Empire,  qui  surgissent  chaque 
jour  plus  nombreux.  Ce  n'est  ni  un  homme  d^Ëlat  ni  un  chef  mili- 
taire que  ce  jeune  sous-lieutenant  dont  on  vient  de  déterrer  les 
â  la  Bibliothèque  royale  de  Turin  ;  ou  ne  trouvera  dans  ses 
loirei  ni  révélations  inattendues  ni  vues  profondes,  et  moins 
ire  une  appréciation  impartiale  des  événements  dont  il  fut  le 
imoin.  M.  de  Maleyssie  n'était  ni  en  position  de  les  voir  de  bien 
haut  ni  de  les  juger  avec  calme;  mais  les  récits  de  ce  jeune  émigré, 
imbu  de  tous  les  préjugés  de  sa  caste,  de  toutes  les  illusions  de  son 

i|e,  se  lisent  néanmoins  avec  plaisir  et  présentent  un  véritable  intc- 
1.  C'est  «intî,  —  pour  ne  citer  que  (luelqnes  exemples,  —  que  le  nom  de 
"  de  rAtrfm«j«r  est  écrit  successive  m  en  l  Fuimayrtn,  Fulmater  et  ToiUmar. 
I  trouve  Horbadi  au  lieu  de  ttonbach,  Chol:.emiUa  ponr  Ckotuiils,  Zornor- 
ff  juniT  ZondorlJ;  Fermée  pour  Fermor,  Koenilgrats  pour  Koenigxgraiitt, 
fn/du  |>our  Kanluiu,  clc.  —  A  la  pwe  250,  il  Tanl  lire  "  6lé  son  honneur  a 
peur  •  été  ton,  tionneur;  ■  p.  350,  le  prétendant  Jacques 
pr/iUent;  p.  319,  le  céKbre  physicit 
QQe  contractloo  hardie,  Hoane, 

!.  M.  Le  Sueur  sait  a«surément  que  c'est  Soobise  et  non  le  maréchal  de 

Richelieu  {p.  337)  qui  Tut  baltu  à  llDSiiliacb.  Il  aurait  pu  s'épargner  aussi  d'écrire 

que  I  l'eat  boudas  me  dea  pralestanli  de  Nîmes  pour  le  roi  proteslaat  Frédéric 

donne  la  triste  roeaure.  de  leur  patriotisme,  i  car  il  ne  saurait  ignorer  que  la 

_toot  et  la  lille  cbansonnèrenl  Soubise  après  sa  défaite  el  qu'on  raffolait,  à 

t  à  Versailles  (où  il  n'y  avait  guère  d'hérétiques],  du  philoiophe 

^roBDé.  Il   édite  lui-même  des  lettres  de  Tressan  (p.  3!0)  et  de  l'abbé  de 

iiiUtc  (p.  386),  pleines  du  même  enlbousiaame.  —  Il  sait  sans  doute  aussi 

»  et  n'est  pas  i  la  guerre  de  Trente  aja  qui  Cl  Taloir  le  génie  vaste  de  Fré- 

■    -  •  [p.  ISG). 

I.  Oénérat  marqua  de  Haleysiie.  Mêmoiret  d'un  officier  aux  gardes  fran- 
B  (1789-1793),  publiés  par  U.  G.  Roberti,  professeur  A  l'Académie  militaire 
fc  Tarin.  Pari»,  Pion,  Nourrit  el  C-,  1807,  1  vol.  in-8-,  porirnil. 


424  BULLETI?r  HISTORIQUE. 

rêt  à  Thistoire.  Leur  accent  de  grande  franchise,  la  vivacité  des 
impressions  du  moment,  fldèlemenl  rendue,  maint  petit  détail  qui 
trahit  Tobservateur  attentif  des  hommes  et  des  choses  inspirent 
confiance.  On  se  sent  en  présence  d^un  narrateur  qui  ne  raconte  que 
ce  qu'il  a  vu,  qui  n'af^rme  que  ce  qu'il  sait,  sans  broder  et  sans 
farder  sciemment  la  vérité.  Les  violences  de  langage  et  de  pensée 
elles-mêmes  contribuent  à  nous  mieux  faire  sentir  la  flèvre  de  ces 
temps  révolutionnaires,  et  Ton  peut  glaner  dans  ces  pages  d^un 
auteur  obscur  plus  d^un  trait  nouveau  pour  Thistoîre  du  grand 
drame  militaire  de  4792  à  4793  et  pour  celle  des  intrigues  de  Témi- 
gralion  de  Coblence.  Antoine-Charles-Marie-Anne  de  Tardîeu,  comte, 
puis  marquis  de  Maleyssie,  né  en  4764,  n*avait  que  vingt-cinq  ans 
au  moment  où  commence  la  lutte  entre  la  royauté  et  la  nation. 
Sous-lieutenant  aux  gardes  françaises,  il  avait  aidé,  dès  Tannée  pré- 
cédente, à  l'arrestation  d'Espréménil  et  de  Montsabert;  il  n'aurait 
pas  mieux  demandé  que  d'étouffer  aussi  le  soulèvement  du  44  juillet; 
il  croit  même  assez  naïvement  qu'il  eût  réussi  si  ses  chefs  avaient 
eu  quelque  courage  et  si  ses  soldats  étaient  restés  fidèles^;  mais, 
abandonné  par  eux^  il  fut  arrêté  et  presque  écharpé  dans  les  couloirs 
de  rhôtel  de  ville.  Réfugié  en  province,  il  reprend  du  service  sous 
Bouille,  assiste  à  la  répression  des  troubles  de  Nancy,  en  août  4790, 
et  flnit  par  émigrer  en  juin  4794.  Nous  le  rencontrons  d'abord  à 
Luxembourg  comme  aide  de  camp  do  Klinglin,  puis  il  est  envoyé 
avec  deux  collègues  dans  le  midi  de  la  France  pour  examiner  les 
chances  d'une  insurrection  royaliste  dans  ces  parages^;  il  part  sous 
le  déguisement  d'un  garçon  chirurgien  et  revient  à  travers  mille 
dangers  à  Coblence,  où  il  reprend  son  service  d'informations  sur  la 
frontière  au  profit  de  l'armée  des  princes  et  de  celle  des  alliés.  Son 
récit  s^arrête  après  Valmy;  c^est  probablement  quelques  mois  plus 
tard,  durant  l'hiver  de  4792-93,  qu'il  fut  écrit.  S'il  a  continué  de 
servir  en  Allemagne,  puis  en  Angleterre,  aux  Pays-Bas,  à  Saint- 
Domingue  et  au  Portugal  jusqu'en  4804,  M.  de  Maleyssie  n*a  plus 
rien  noté  de  ses  aventures  subséquentes.  Revenu  en  France  en  4802, 
il  refusa  de  servir  Tempercur  et  ne  rentra  dans  l'armée  qu'à  la 
seconde  restauration;  mais,  frappé  de  paralysie,  il  est  retraité  comme 
maréchal  de  camp  dès  4820  et  meurt,  trente  ans  plus  tard,  le 
44  novembre  4854. 

1.  (  Aujourd'hui  même,  je  sais  convainca  que,  si  le  dimanche  on  m*eût  fiut 
marcher  avec  mon  artillerie,  j'aurais  pu  tirer  sur  le  peuple,  le  dissiper  et  san- 
yer  la  monarchie.  » 

2.  11  signale  avec  colère  l'enthousiasme  général  des  protestants  de  ces  régions 
pour  le  mouvement  révolutionnaire  (p.  261). 


I3S 

bn  peut  négliger  ses  colères  aveugles  contre  Lafayetlo,  «  manne- 
1  révolutionnaire  qu'on  ne  remuait  qu'à  force  de  ressorts  étran- 
fiere,  »  ou  contre  Necker,  ce  s  ministre  hypocrite  et  perfide,  »  qui 
avait  Tait  à  Montmartre  n  un  assemblage  immense  de  bandits  de 
toutes  les  provinces.  »  Mais  ou  croira  sur  parole  le  fervent  royaliste 
quand  il  nous  dépeint  l'incurable  incapacité,  l'aveuglement  inouï  de 
ce  monde  des  émigrés  massés  sur  les  frontières  de  leur  patrie,  leurs 
fanfaronnades  et  leur  indiscipline,  s  Le  luxe,  le  jeu,  la  débauche, 
]câ  intrigues,  les  sottises,  t'égoisme,  la  mauvaise  foi  y  (à  Coblence) 
régnaient  avec  autant  d'empire  que  dans  n'importe  quelle  cour  d'Eu- 
rope. Les  femmes  conduisaient  tout,  et  ceUes  qui  conduisaient,  éloi- 
gnées elles-mêmes  du  chemin  de  la  vertu,  ne  pouvaient  qu'égarer.  = 
Il  s'arrête  pourtant  dans  ses  descriptions  :  «  Le  tableau  serait  trop 
noir,  il  faudrait  dévoiler  trop  d'horreurs,  o  Sur  difTérents  autres 
pointa  (les  journées  d'Octobre,  le  procès  de  Favras,  l'alTaire  de 
Nancy,  etc.)  l'on  trouvera  dans  les  Mémoires  de  Maleyssie  des  indi- 
cations utiles;  par  contre,  son  récit  de  la  fuite  de  Varennes  (à  laquelle 
il  n'assista  pas)  n'apporte  aucun  détail  nouveau. 

C'est  par  un  tout  autre  côté  que  nous  abordons  le  drame  révolu- 
tionnaire dans  le  substantiel  volume  de  M.  Georges  Mocssom,  con- 
sacré au  conventionnel  Hyacinthe  Richand'.  C'est  presque  un  écrit 
de  circonstance;  mais  on  n'a  pas  besoin  d'être  natif  de  Versaillea 
pour  s'intéresser  am  destinées  de  ce  parfait  honnête  homme,  auquel 
on  va  dresser  un  monument  dans  sa  ville  adoptive,  et  qui  eut  dans 
sa  modeste  existence  un  jour  d'honneur,  un  bel  élan  de  courage 
civique,  et,  grâce  à  lui,  ses  entrées  dans  i'histoire.  Né  en  1757,  dans 
nu  village  du  Dauphiné,  Hyacinthe  Richaud,  après  avoir  été  clerc  de 
notaire  à  Chalon-sur-Saône,  était  employé  dans  le  commerce  de  draps 
(te  son  oncle,  à  Versailles,  au  moment  où  s'ouvre  l'époque  révolu- 
tionnaire. Il  entre  dans  la  vie  publique,  en  juin  (790,  comme  con- 
seiller du  district,  et,  en  novembre  1791,  il  est  élu  maire  de  la  ville. 
Il  rélait  encore  an  moment  où  Claude  Fournier,  l'Américain,  avec 
dos  volontaires  parisiens  et  marseillais,  entraînait  vers  l'ancienne 
résidence  royale  et  vers  la  mort  les  accusés  de  la  haute  cour  d'Or- 
léans, le  duc  de  Brissac,  le  ministre  de  Lessart  et  tant  d'autres  mal- 
heureux. Au  milieu  du  désordre  matériel  et  moral  qui  paralysait 
toutes  les  énergies,  Richaud  fut  a  peu  près  le  seul  a  faire  son  devoir, 
01  lutta.  Jusqu'à  l'entier  épuisement  de  ses  forces,  contre  les  assas- 
sins de  la  rue  de  l'Orangerie  et  de  la  maison  d'arrêt.  S'il  ne  peut 


1.  Georgei  UoUMoir,  la   CoiWtlUionnel  H^aeinlhe   Richaad.   Paris,   Plan, 
Noorril  «I  C".  1897,  l  vol.  in-lS,  porirait. 


426  BULLSTIN  HISTOEIQUE. 

empêcher  le  hideux  massacre  du  9  septembre,  sll  tombe  évanoui, 
couvert  du  sang  des  victimes  quil  couvre  de  son  corps,  du  moins  il 
a  prolesté  jusqu'au  boul  au  nom  de  Phumanîté  et  au  nom  de  la  loi. 
Ses  concitoyens^  qui  n'avaient  osé  le  seconder  ^  le  récompensèrent 
de  son  courage  en  l'élisant,  quinze  jours  plus  tard,  comme  suppléant 
à  la  Convention  nationale,  et,  par  une  coïncidence  curieuse,  il  y  entra 
comme  titulaire,  quand  le  courageux  Kersaint  eut  donné  sa  démis- 
sion, le  20  janvier  4793,  «  pour  défendre  sa  mémoire  contre  le 
reproche  d^avoir  été  le  complice  et  le  panégyriste  des  assassinats  du 
2  septembre.  »  11  y  siégea  «  sans  laisser  aucune  trace  d'une  inter- 
vention quelconque  dans  les  affaires  publiques,  »  et,  quand  la  Ter- 
reur s'accentue,  il  cherche  à  s'éloigner  du  champ  de  bataille  des  par- 
tis, sans  cependant  déserter  le  service  de  son  pays.  Le  décret  du 
49  juillet  4793  l'envoie  en  mission  à  Tarmée  de  la  Moselle.  Nous  le 
trouvons  dans  les  rangs  des  soldats  à  Ritche,  à  Sarrebruck,  dans  le 
Palatinat,  et,  le  44  septembre,  il  couvrait  bravement  la  retraite  de 
l'armée  à  la  défaite  de  Pirmasens.  Mais  bientôt  on  le  juge  trop  modéré 
dans  ses  allures,  et  lui  et  son  collègue  Soubrany  sont  remplacés  en 
novembre  par  Lacoste  et  Baudot.  De  retour  à  Paris,  quand  vint  le 
9  thermidof,  Richaud  n'avait  rien  à  se  faire  pardonner  et  put  agir, 
avec  d'autant  plus  de  succès,  dans  le  sens  de  la  modération,  durant 
une  mission  passablement  difficile  auprès  des  Lyonnais  affamés. 
Reconnaissants,  ils  le  nommèrent  député  de  leur  ville  au  conseil  des 
Cinq-Cents,  où  d'ailleurs  il  ne  tint  qu^un  rôle  assez  effacé.  Commis- 
saire du  Directoire  executif  auprès  de  l'administration  de  Seine-et- 
Oise,  en  4798,  il  se  rallia,  comme  tant  d'autres^  au  48  brumaire,  et 
le  premier  consul  le  nomma  conseiller  de  préfecture  à  Versailles. 
Depuis  longtemps  il  avait  liquidé  sa  maison  de  commerce;  il  resta 
vingt-sept  ans  dans  cette  situation  relativement  modeste,  n^ayant 
jamais  rien  demandé,  soit  par  candeur,  soit  par  fierté.  Député  durant 
les  Cent  Jours,  décoré  malgré  lui  par  Louis  XVIII  en  4821  pour 
l'acte  de  courage  du  9  septembre  4792,  il  s'est  éteint  doucement  dans 
son  domicile  de  Tavenue  de  Saint-Cloud,  en  4827,  entouré  du  res- 
pect et  de  Testime  de  tous.  Richaud  ne  fut  pas  un  homme  de  capa- 
cités supérieures,  mais  un  citoyen  probe  et  dévoué,  aux  mains  pures 
d'or  et  de  sang,  en  ces  temps  de  sang  et  de  pillage  ;  il  montra  aux 
armées  son  courage  militaire,  comme  beaucoup  d'autres,  et,  dans 
l'exercice  de  sa  magistrature,  un  courage  civique  qui,  trop  souvent, 
flt  défaut  aux  hommes  publics  de  son  temps.  M.  Moussoir  a  composé 

1.  c  La  population  se  plaisait  à  constater  qu'elle  était  restée  étrangàre  à  cet 
scènes  de  carnage,  •  dit  l'auteur.  C'était  se  satisfaire  à  bon  compte. 


volume  avec  beaucoup  de  soin;  il  a  tiré  des  archives  de  Ver- 
tes beaucoup  de  prece.s  inédites  et  réuni  tous  les  renseignements 
irabics  sur  la  vie  privée  de  son  héros,  sur  sa  carrière  adminis- 
trative, sur  les  services  rendus  par  lui  duraul  l'époque  révolution- 
naire. Il  a  raconté  la  vie  de  Rîchaud  comme  il  convenait  de  le  faire, 
simplement  et  sans  phrases;  cela  lui  a  porté  bonheur;  son  livre  est 
■in  bon  livre,  racontant  l'existence  d'un  homme  de  bien. 

Cent  ans  avant  la  Révolution  Trançaise,  une  autre  révolution  s'opc- 
Tait  à  rextrémité  orientale  de  notre  continent,  sanglante  comme  elle, 
mais  imposée  de  haut  par  une  volonté  souveraine,  La  Russie  du 
svm'  siècle,  le  siècle  où  elle  naquit  à  l'Europe,  compte  deux  puis- 
santes Ggures  :  Pierre  I"  à  son  début,  Catherine  II  à  son  déclin. 
Quel  que  soil  d'ailleurs  le  jugement  que  l'on  porte  sur  l'homme  et 
sur  la  femme,  ils  ont  été  les  deux  facteurs  principaux  du  développe- 
meiil  de  la  Russie  moderne,  les  deux  créateurs  de  l'Empire  des  tsars, 
tel  qu'il  se  présente  aujourd'hui.  Que  leur  inlluence  ait  été  bienfai- 
sante ou  nél^le,  elle  est  un  fait  acquis  à  l'histoire  et  qui  n'en  sau- 
rait plus  être  elTacê.  On  comprend  que  les  historiens  et  les  romanciers 
reviennent  toujours  à  de  pareils  personnages,  auxquels  leurs  bizar- 
reries sauvages  et  leurs  vices  privés  ont  fait  une  réputation  plus 
universelle  encore  que  leurs  vertus  politiques.  Après  avoir  eu  un 
très  grand  succès  avec  ses  ouvrages  sur  (Catherine  11,  le  Roman  d'une 
impératrice  et  Autour  d'un  trône,  M.  K.  WiUszEwsKi  a  dû  tout 
nalurellementétre  entraîné  à  remonter  à  Pierre  le  Grand  pour  peindre 
à  sou  tour  ce  barbare  de  génie,  initiateur  de  son  peuple  à  ta  civih- 
salion  européenne,  cet  «  homme  unique  peut-éire  dans  l'humanité.  » 
Il  a  »  voulu  faire  palpiter  dans  ces  pages  l'àme  d'un  grand  homme 
et  d'un  grand  peuple,  >  et,  se  servant  do  la  littérature  la  plus  récente, 
étrangère  et  nationale,  —  aussi  bien  les  archives  n'ont  plus  guère  de 
secrets  à  nous  révéler  sur  son  compte,  —  il  a  retracé  de  Pierre  un  por- 
trait vivant,  d'une  psycholi^ie  très  fouillée,  dans  un  langage  nerveux 
et  poétique  qui  lui  vaudra  certainement  de  nouveaux  succès  auprès 
du  grand  public,  el  qui  est  sufQsammenl  documenté  pour  ne  pas 
déplaire  même  aux  plus  savants  ' . 

L'ouvrage  de  M.  Walisïewski  n'est  point,  à  vrai  dire,  une  Histoire 
de  Pierre  le  Grand,  dans  le  sens  ordinaire  de  ce  mot.  Divisé  un  trois 
livres,  l'Sducation,  r Homme  oi  l'OEuore,  il  étudie  successivement, 
dans  une  longue  série  de  chapitres,  les  origines  de  Pierre,  son  édu- 

t.  K.  Wallszewski,  Pierre  le  Grand.  L'Éducation,  l'Homme,  l'Œuvre,  d'après 
des  docuDDents  noareaai.  Paris,  Pion,  Noarrit  el  G'*,  1897,  1  vol.  gr.  in-3', 


k 


428  BULLBTIlf  HISTORIQUV. 

cation  à  Técole  du  monde  civilisé^  sa  personnalité  physique  et  morale^-  ^ 
son  entourage  officiel  et  intime,  ses  collaborateurs,  ses  amis, 
favoris  et  ses  favorites.  Puis  il  passe  à  Tétude  de  son  oeuvre  poli- 
tique et  sociale  :  la  lutte  au  dehors,  contre  la  Suède  et  la  Turquie, 
la  lutte  au  dedans,  contre  les  strélitz,  les  boyars  et  le  clergé.  Il  exa- 
mine le  nouveau  régime  violemment  installé  parle  tsar  sur  les  débris 
des  traditions  presque  orientales  du  vieil  empire,  en  dépit  des  pré- 
jugés des  siens  et  de  l'antipathie  de  la  nation  presque  tout  entière. 
Choisis  avec  discernement,  avec  un  très  vif  sentiment  de  Tart  dra- 
matique, les  menus  détails  groupés  par  lauteur  dans  son  récit  cons- 
tituent un  tableau  des  plus  pittoresques  et  des  mieux  Ikits  pour 
frapper  l'imagination  du  lecteur;  peut-être  trouvera-t-on  les  conclu- 
sions du  livre  un  peu  flottantes,  un  peu  troubles,  j'allais  dire  un  peu 
contradictoires.  Est-ce,  comme  on  Ta  dit  déjà,  le  Polonais  vaincu  qui 
se  révolte  parfois  contre  le  Russe  victorieux,  ou  cette  hésitation,  très 
légitime  à  mon  avis,  ne  proviendrait-elle  pas  plutôt  du  conflit  perpé- 
tuel entre  l'admiration  pour  le  génie  et  l'horreur  pour  la  brute, 
réunis  dans  le  même  homme,  entre  Tadmiration  pour  TefTort  prodi- 
gieux du  despote  Imposant  à  tout  un  peuple  une  civilisation  nou- 
velle et  la  réaction  de  l'idéalisme  occidental,  constatant  qu'après  tout 
Pierre  n'a  pris  et  compris  dans  cette  civilisation  que  le  côté  pure- 
ment matériel  ? 

Peut-ôtrc,  pour  faire  marcher  un  peuple  encore  barbare,  Ikllait-il 
être  un  barbare  soi-même;  car  il  est  indéniable  qu'il  a  marché  à 
pas  de  géant  et  (lue,  bon  gré  mal  gré,  à  travers  des  torrents  de  sang, 
la  Russie  a  dii  marcher  avec  lui.  Mais  ce  mélange  de  cruauté  et  de 
corruption,  ces  relents  d'alcôve  mêlés  à  ces  émanations  de  boucherie, 
qui  ont  conslituo  l'histoire  intime  de  la  Russie  jusqu^'au  début  de  ce 
siècle,  c'est  à  lui  aussi,  c'est  à  son  exemple  qu*il  faut  les  faire  remon- 
ter, et  l'histoire  a  le  droit  et  le  devoir  de  s'en  souvenir.  A-t-il  vrai- 
ment violenté  le  génie  de  sa  race  par  sa  révolution  politique  et  sociale, 
ou  n'a-t-ii  fait,  en  déflnitive,  que  hâter  une  métamorphose,  qui  se 
serait  accomplie,  moins  brutalement,  quelques  siècles  plus  tard? 
Qui  pourrait  résoudre  ce  problème  qui  divise  encore  aujourd'hui  les 
historiens  et  les  publicistes  de  son  vaste  empire  ?  Ce  qui  seul  parait 
certain,  c'est  qu'il  a  agi  contrairement  aux  aspirations  nationales  de 
son  temps,  et  que  c'est  aussi  parfois  en  réformateur  inconscient  qu'il 
a  jeté  dans  le  sol  natal,  d'une  main  capricieuse,  les  semences  qui 
ont  germé  et  fructiflé  plus  tard.  Ce  cynique  agité,  toujours  en  mou- 
vement, s'occupant  des  moindres  détails  comme  des  plus  grandes 
choses,  est  une  incarnation  prodigieuse  de  l'action  du  pouvoir  absolu 
dans  le  monde;  on  l'admire,  malgré  soi,  comme  une  force  naturelle 


w 


«Jécbamce  par  le  sort,  mais  il  n'impose  pas  le  respecl.  Il  manque  â 
ce  bourreau  de  sa  famille,  qui  se  complail  dans  la  crapule,  au  milieu 
de  ses  compagnons  de  débauche,  et  qui  ne  craint  pas  d'asseoir  sur 
son  trône  une  mie  à  soldais,  il  lui  manque  tout  ce  qui  constitue  la 
{grandeur  morale;  je  ne  saurais  découvrir  pn  lui,  pour  ma  part,  ce 

■  grand  idéaliste  i  qui  rêve  d'une  Russie,  «  non  seulement  capable 
de  défendre  el  d'agrandir  son  patrimoine  matériel,  mais  susceptible 
de  revendiquer  un  jour  l'héritage  spirituel  de  la  Grèce  et  de  l'Italie.  > 
La  liberté  de  penser  et  le  culte  des  arls  étaient  absolument  indiffé- 
rents à  ce  recruteur  de  sous-officiers,  do  marchands,  de  matelots  et 
d'iogénieurs.  On  ne  saurait  lui  en  faire  un  reproche;  il  avait  une 
besogne  plus  pressée  k  accomplir.  Il  l'accomplit,  et  c'est  son  excuse 
el  sou  titre  de  gloire.  Mais  quand  on  examine  d'un  peu  près  à  quel 
prix  il  atteignit  le  but,  pour  peu  qu'on  ait  l'àme  un  peu  haute,  on 
restera  toujours  en  suspens  entre  l'horreur,  l'admiralion  et  le  dégoût. 

L'ouvrage  de  M.  André  Lbcuï  sur  les  Origines  historiques  de 
l'alliance  franco-msse* ,  évidemment  inspiré  par  les  événements 
récents  de  notre  histoire  contemporaine,  n'est  pas  précisément  un 
travail  d'érudition  el  n'élève  aucune  prétention  à  l'être.  Il  y  aurait 
donc  quelque  Injustice  à  juger  à  ce  point  de  vue  ces  aimables  cause- 
ries, entrecoupées  de  digressions  nombreuses*,  et  dont  les  éléments 
sont  empruntés  à  des  sources  d'importance  fort  diverse,  enumérées 
à  la  (lu  du  volume,  depuis  Voltaire  jusqu'aux  articles  des  revues 
parisiennes  de  l'année  dernière;  on  y  signalerait  sans  peine  des 
lacunes  fort  nombreuses,  puisqu'aucun  historien  de  langue  étran- 
gère n'est  admis  à  y  figurer.  L'idée  du  livre  elle-même  était  intéres- 
sante :  retracer  les  origines  des  courants  sympathiques  actuels  qui 
portent  les  Russes  et  les  Français  de  la  fin  du  xti'  siècle  les  uns  vers 
les  autres  et  permettent  aux  politiciens  hardis  de  conjecturer  des 
modifications  plus  ou  moins  profondes  sur  l'échiquier  des  États  euro- 
péens au  siècle  prochain.  Mais  il  peut  sembler  bien  inutile  de  remon- 
ter pour  cela  au  xr  siècle  ;  le  mariage  de  Henri  I"  et  d'Anne  de 
Russie,  uniquement  provoqué  par  la  crainte  des  censures  de  l'Ëglise 
contre  toute  alliance  matrimoniale  à  un  degré  prohibé  par  elle,  est 
un  fait  sans  conséquences  politiques  aucunes.   Encore  que  cette 

■  descendante  de  la  vigoureuse  lignée  des  Rurik  »  ail  fait  «  reverdir 
la  race  des  Capétiens,  >  le  tableau  presque  lyrique  de  ses  amours 


1.  André  Leglaj,  lei  Originu  hisloriquet  de  l'atUanee  franea-rtuse.  Pre- 
ni^Tt)  térie.  Paris.  CLiim|>i<>D,  1897,  !  rnl.  in-lS. 

'î.  Par  exemple  sur  Aago,  l'armaUur  die|)poi«,  sur  Boi».Robert,  sur  lu»  ori- 
giiiM  d«  |J  presse  frannaUe,  cic. 

Bbv.  Hihtob.  LXVL  1"  F*ac.  9 


430  BULLETIII   HISTOEIQUB. 

avec  Raoul  de  Créquy  forme  un  épilogue  assez  inattendu  à  œti 
existence  de  reine  «  se  confinant  dans  ses  devoirs  d'épouse  et 
mère.  »  II  faut  descendre  ensuite  jusqu^à  la  fin  du  m*  siècle  poi 
retrouver,  non  pas  des  relations  politiques  entre  les  deux  natiou 
mais  un  simple  négociant  français  vendant  ses  marchandises  au  po: 
d'Archangel.  L'arrangement  commercial  de  4  587  n'eut  aucune  poi 
politique  et  ne  pouvait  en  avoir,  et,  cent  ans  plus  tard,  la  Ru 
restait  pour  nous  une  contrée  barbare.  Les  quelques  relations  qcz 
en  parlent  se  lisaient  comme  nous  lisons  aujourd'hui  les  descripUo; 
de  la  cour  du  sultan  du  Maroc  ou  du  roi  de  Népaul,  et  quels  qi 
soient  les  éloges  donnés  par  l'auteur  au  tsar  Alexis  le  Paisible,  qi 
<  aux  qualités  de  cœur  joignait  celles  de  Tesprit,  »  je  pense 
Louis  XIV  aurait  été  vivement  choqué  d*un  parallèle  tracé  entre  l 
et  le  grand-duc  de  Moscovie,  coiffé  de  sa  tiare  mongole,  bordée 
zibeline.  Aussi  bien  toutes  les  ambassades  de  boyars  et  de  diaks 
vinrent  alors  à  Saint-Germain  ou  à  Versailles,  —  les  plus  coom 
sont  celles  de  4668  et  de  4684,  —  n'aboutireut-elles  pas  à  des 
tats  pratiques.  Si  Potemkine  eut  Thonneur  de  voir  Molière  lui  offri 
des  confitures  et  de  passer  en  revue  le  régiment  de  Monsieur  à  Mi 
treuil,  il  ne  rapportait  à  son  maitre  que  <  les  formules  babltuell 
de  politesse,  »  ainsi  que  Fauteur  le  reconnaît  lui-même;  et  eneoi 
en  4684,  le  roi  refusait  catégoriquement  toute  alliance  avec  le  tsar 
M.  Leglay  s'est  arrêté  naturellement,  avec  de  longs  détails,  sur 
séjour  de  Pierre  le  Grand  à  Paris  en  4746,  et  c'est  là  surtout  que 
disposition  des  esprits  à  Theure  présente  a  le  plus  singulière! 
influé  sur  l'optique  de  notre  historien^.  Il  trouverait  sans  peine 
les  mémoires  contemporains  les  correctifs  nécessaires  à  son  engoui 
ment  pour  le  terrible  visiteur  du  petit  Louis  XV,  qu'il  dépeint  avi 
des  nuances  inûnlmeut  trop  modernes^.  Le  présent  volume  s' 


1.  A  |»ropo9  des  négociations  de  1687,  M.  L.  a  confonda  Jean-Baptiste 
berty  mort  depuis  longtemps,  avec  son  frère  Charles  Golbert  de  CroUsy. 

"î.  Ce  tsar,  qui  éprouve  la  plus  vive  satisfaction  t  à  vivre  de  la  vie  ioteUi 
tuelle  et  artistique  •  de  la  capitale,  ne  ressemble  guère  ao  bérot  des 
plus  que  bizarres  dont  le  souverain  et  sa  suite  donnèrent  le  spectacle  à  Pi 
et  à  Versailles,  et  qui  montrèrent  leur  barbarie  naUve  de  la  façon  la  plus 
cutable. 

3.  Quand  Pierre  exprime  par  exemple  à  la  eonr  de  Frédérie-GoUUome 
Prusse  le  désir  d'avoir  des  enfants  comme  celui-ci,  M.  L.  s'apitoie  :  c  Que 
mélancolie  dans  cette  i^irople  pbrase  du  souverain  qui  n*avait  pas  été  heurea 
dans  ses  enfants  !  •  Ce  lyrisme  parait  hors  de  saison  quand  on  songe  que  l'ai 
née  suivante  il  lit  |»érir  sous  le  knoal  le  lils  qu'il  avait.  —  M.  L.  sait  anad  qu 
Catherine  l'*  t  avait  un  culte  pour  tout  ce  qui  loaehalt  à  soa  épom  diéri 
Téaérê.  »  11  fera  bien  de  lire  dans  le  volume  de  M.  WalisMwtki  par 
orgies  elle  prouvait  sa  c  vénération  >  pour  son  défont  cpoox. 


&t]  traité  d'Amsterdam,  signé  le  4  5  août -1717,  qui  ne  contient  guère, 
'1  est  vrai,  que  des  généralités,  mais  n'en  est  pas  moins  un  acte 
'diplomatique  sérieux,  —  le  premier,  —  entre  les  deux  couronnes. 
M.  Leglaj  est  également  l'auteur  d'une  plaquette  inspirée  sans 

Iiloule  par  l'insurrection  crétoise  actuelle  et  parl'interïenlion  plus  ou 
Wrins  efficace  des  grandes  puissances  dans  cette  ile'.  11  nous  y 
Ktrïce  le  tableau  des  dernières  luttes  que  les  Vénitiens  aux  abois 
soutinrent  contre  les  soldats  de  Mohammed  IV,  derrière  les  murs 
délabrés  de  Candie,  de  (668  à  1669,  et  celui  du  secours,  malheu- 
reusement inutile,  que  vint  leur  porter  le  marquis  de  Ville  avec  un 
Irillanl  cortège  de  volontaires  français,  les  ducs  de  Beaufort,  de  la 
f'euillade,  de  Navailles  et  bien  d'autres.  C'est  d'après  la  correspon- 
ffanoe  diplomatique  de  l'ambassadeur  de  France  à  Venise,  Pierre  de 
Honsy,  évèque  de  Béziers,  que  M.  Leglay  raconte  cet  épisode  de  la 
dernière  croisade  chrétienne,  qui  fit  alors  grand  bruit  en  Europe, 
comme  le  siège  d'Ostende  au  début  du  siècle,  ou  comme  celui  de 
Brisach  trente  ans  auparavant.  L'auteur  ne  s'est  guère  occupé  que 
du  rôle  joué  par  les  Français  dans  la  défense  de  la  place,  jusqu'au 
moment  où  leurs  querelles  incessantes  avec  le  général  Morosini  les 
engagèrent  à  quitter  la  partie,  départ  qui  amena  bien  vile  la  reddi- 
tion de  la  ville  aux  troupes  du  sultan,  et  leur  vnlut  de  violents 
reprocbea,  assez  peu  mérités  d'ailleurs,  de  la  part  de  leurs  alliés 
d'un  jour.  II  aurait  fallu  peut-être,  pour  se  montrer  absolument 
impartial,  tenir  un  peu  plus  compte  de  la  littérature  italienne  et 
^Irangère  du  temps,  très  abondante  sur  ces  faits  de  guerre  un  peu 
oubliés  de  nos  jours,  mais  illustrés  par  les  beaux  coups  d'épée  de  la 
jeune  noblesse  française,  et  au  milieu  desquels  disparut,  après  une 
™  t>ien  inutile,  le  petit-fils  de  Henri  IV  et  de  la  belle  Gabrielle. 

La.  correspondance  du  roi  Stanislas-Auguste  avec  son  conseiller  et 
McréLaire  intime  Maurice  Glayre,  tirée  par  M.  Eugène  Motriz  des 
areiiî-ves  de  la  famille  de  Lerber  â  Romainmôtier,  nous  fait  assister 
^  '^  i^nle  agonie  de  la  république  de  Pologne  pendant  les  vingt  der- 
Dierei;^  aiioées,  si  troublées,  de  sa  lamentable  existence*.  Klle  ne 
•^•"tirend  pas  seulement  les  lettres  du  monarque  et  celles  du  jeune 
<an4i^J3t  en  théologie  vaudois,  qui  se  voit  soudain  promu  apprenti 
dtplcfc»^ate  par  un  caprice  du  sort  et  ministre  plénipotentiaire  de  son 
™'*-»~«  a  Saint- Pèle rsbourg,  dans  sa  vingt-quatrième  année.  On  y 

'•  -^«idré  Urinj,  Une  iniervealion  en  CrèU  (1668-1669).  Paris,  Champion, 
'3^.     brochure  in-IS.  (Exlrdt  de  la  Reeue  d'htiloire  diplomatique.) 

^  ^«ig«ne  HoIUje,  StanisUa  Poniùlowikl  tt  Maurice  Glayre,  c4)iTeBpondance 
"^*v«aui  partages  de  la  Pologne.  Paris,  Calmann  Uvy,  1897,  1  toI.  iu-lS, 


4S2 


BIILLITIII  HiaTDKtQm. 


trouve  encore  une  partie  de  la  correspondaDcc  de  Stanislas  avec  les 
successeurs  de  Glabre,  ses  agents  ofîlcieux  auprès  du  cabinet  de  Ver- 
sailles, le  général  de  Monel  el  le  comLe  Branicki,  correspoadance 
éijalement  déchilTrée  par  le  Jeuuo  professeur  d'hisloiro  au  coll^ 
d'Yverdon.  On  pourrait  désirer  que  l'éditeur  eût  été  un  peu  moins 
BObre  de  renaeiguemeuls  biographiques  sur  son  héros.  Son  introduc- 
tion ne  nous  apprend  pas  même  rannée  de  la  naissance  de  Glajrre 
ni  la  date  exacte  de  son  entrée  au  service  de  Sa  Majesté  polonaise. 
Elle  nous  oriente  suffisamment  sur  le  r&le  joué  par  le  jeune  conseiller 
intime  à  Varsovie  elsur  ses  missions  diplomatiques  en  France  (1771- 
17S8),  mais  on  ne  serait  pas  Htché  iVy  trouver  quelques  renseigne- 
ments supplémentaires  sur  la  seconde  partie,  fort  dissemblable,  de 
sa  carrière  politique.  En  elTel ,  Glayre,  après  dii  ans  d'une  vie  calme 
au  pays  natal.  Tut  saisi  par  la  tourmente  révolutionnaire  qui  boule- 
versa la  vieille  organisation  des  Treize  Cantons;  il  s'associa  au  sou- 
lèvement de  ses  compatriotes  vaudois  contre  le  gouvernement  de 
Berne,  ûgura  parmi  les  membres  du  Directoire  belvélique  el  repré- 
senta plus  tard  la  Suisse  au  congrès  du  Lunéville.  Puis  il  rentra  daus 
sa  retraite  et  mourut  à  Lausanne  en  1X19, 

Sa  correspondance  nouâ  le  Tait  connaître  sous  un  jour  très  fhvo- 
rable,  comme  un  conseiller  intelligent  et  bonnêle  de  son  malheureux 
et  débonnaire  souverain.  Ce  n'était  d'ailleurs  pas  l'intelligence  qui 
manquaità  Stanislas-Auguste',  mais  plutôt  Ténergie  du  caractère; 
mais  quelle  forcené  se  serait  changée  en  faiblesse  devant  trois  adver- 
saires solidement  liés  par  une  même  convoitise,  comme  l'étaieot 
Catherine,  Marie- Thérèse  et  Frédéric  II,  alors  qu'il  ne  trouvait  contre 
eux  aucun  appui  ?  La  politique  française  restait  profondément  indif- 
férente et  le  duc  d'Aiguillon  disait,  dès  1772,  à  Branicki  ;  «  Que 
voulez-vous  qu'on  fasse  pour  vous  autres?  Vous  ne  pouvez  rien  par 
vous-mêmes,  le  roi  de  France  est  fort  éloigné.  Il  faut  détacher  la 
Russie,  et  c'est  ce  que  le  roi  de  Polognedoil  faire  par  ses  inHuences.  ■ 
Stanislas  était  bien  du  même  avis.  Il  disait  à  Monet,  en  1778  :  a  Us 
vœux  ardents  de  tous  les  bons  Polonais  sont  de  voir  agir  de  concert 
la  Russie  el  la  France...  Au  reste,  mon  système  ne  change  point; 
je  me  tiens  à  la  Russie  et  je  désire  beaucoup  qu'elle  se  réunisse  à  la 
France.  »  Mais  il  n'avait,  hélas  !  plus  aucune  iniluence  a  la  cour  de 
Catherine,  qui  n'était  pas  femme  à  rêver  longtemps  à  ses  amours 
d'anlan.  Encore  en  nsT,  Glayre  proposait  au  roi  de  demander  à 


t,  Pour  t'en  uonfainere,  on  n'a  qu'A  lire  le  tableau  remarquable  de  la  sitat- 
tion  inlérieure  et  etUrieure  de  la  Pologne  qu'il  relrace  i  la  veille  da  premier 
partage,  dans  m  lellre  i  Hoaet  du  7  octobre  I77'2. 


<S3 


rir 


h 


><np«raLrice  un  de  ses  pcLiLs-fiIs  comme  successeur,  en  garantissant 
^iresleà  ia  Pologne  une  aulonomie  complète.  C'est  un  long  mémoire, 
'^ont  il  Taut  lire  les  déductions  très  curieuses  et  dont  les  indications, 
'Balisées  à  temps,  et  sans  arrière-pensée  des  deui  parts,  eussent  con- 
juré peut-être  la  crise  fetale  et  douloureuse  prévue  partout  le  monde. 
^  le  26  mai  1788,  Glayre  écrivait  de  Paris  à  son  souverain  :  «  U 
"e  Taut  point  se  faire  illusion;  telle  est  la  position  de  la  Pologne  que 
sa  restauration  ne  peut  être  l'ouvrago  do  ia  prudence  humaine.  Elle 
appartient  à  ce  genre  d'événements  où  la  Providence  aime  à  interve- 
nir avec  ce  de;;rè  d'évidence  qui  ne  permet  pas  de  la  méconnaître*,  n 
ifais  la  Providence,  on  le  sait,  ne  jugea  point  à  propos  d'intervenir 
W  la  république  succomba.  Le  volume  se  termine  sur  cette  lettre 
Pressée  à  Glajre  par  la  princesse  Lubomirska  :  «  Oui,  la  voilà 
''énouée  celte  malheureuse   tragédie  polonaise,  mais    par  quelle 
affreuse  catastrophe!  Le  roi  est  parti,  sans  espérance  de  retour... 
^fîn  tout  est  fini,  il  n'y  a  plus  de  Pologne.  Il  ne  nous  reste  que  des 
'*K«*et8  inutiles,  des  souvenirs  déchirants  et  le  désespoir  !  » 

Rod.  Rëoss. 

'*.-5.  —  Un  mot  de  notre  dernier  Bulletin  a  pu  laisser  à  nos  lec- 
*^Vip-s  une  impre&sfon  erronée.  Noua  avons  parlé  du  manuscrit  de 
Poésies  inédites  de  Marguerite  de  Navarre  que  M.  A.  Lefranc a  publié 
•  er»  majeure  partie;  »  nous  aurions  dû  dire  «  presque  intégrale- 
"*eia  i,  B  car  les  quelques  pièces  qu'il  a  laissées  de  coté  comptent  peu 
^  côté  des  12,000  vers  inédits  dont  il  a  enrichi  l'héritage  littéraire  de 
1^  r-eine  de  Navarre.  Aucun  de  nos  lecteurs  d'ailleurs,  après  avoir  lu 
•^^  «rue  j'ai  écrit  (LXI,  92)  sur  la  publication  de  M.  Lefranc,  n'a  pu 
penser  que  je  n'en  appréciais  pas  le  juste  prix,  ni  que  je  jugeais  ses 
Quelques  omissions  aussi  graves  que  l'oubli  total,  commis  par  les 
P>'é<ï«dents  éditeurs  des  Poésies  de  Marguerite,  du  manuscrit  publié 
f**^  lui-  G.  M. 


1  -  Iliïloriqiiiïment  p«rlanl,  la  piËce  la  plus  inléreseanle  du  Tolume  est  peul- 
^*'*'^  ia  loDgne  lettre  dii  roJ  i  Glayre  [21  juin  1791),  dans  laquelle  il  lui  expose 
"^nt^ïslea  inlrÎRues  de  la  Diète,  sa  position  douloureuse  entre  les  partis;  ou  y 
f**^*>d  tnr  le  TÎf  sa  faiblesse,  &es  incertitudes  perpétuelles,  son  optimisme  naïf, 
lut  luj  f^t  croire  qu'il  pourra  toujours  réclamer  contre  Catherine  i  le  casus 
.  /*«<*«rij  auprès  de  notre  allié  le  roi  de  Prusse,  t 


434  BOLLSTlff  HISTOUQUB. 


BELGIQUE. 

4886-4895. 

(Suite  et  /in*,) 

NAifua.  —  Nous  devons  mettre  hors  de  pair  Touvrage  de  M.  Ro- 
LA3(D,  Orchimont  et  ses  fiefs^.  C'est  un  modèle  à  suivre  pour  ceux 
qui  s'occupent  d^hisloire  locale.  EnQn,  nous  citerons  aussi  le  volu- 
mineux travail  de  M.  G.  Lamotte  sur  le  Comté  de  Rochefort  ^. 

Histoire  u.^iterselle.  —  Nous  n'avons  à  citer  sous  cette  rubrique 
qu'un  seul  ouvrage;  empressons-nous  de  dire  qu'il  est  excellenL 
M.  L  Leclère  a  voulu,  dans  son  Histoire  générale  ^^  mettre  en  relief 
les  faits  capitaux  de  l'histoire,  en  montrer  sous  une  forme  concise 
les  causes,  les  conséquences,  la  Ûiiation,  esquisser  à  larges  trails  le 
tableau  des  formes  successives  de  la  civilisation,  dégager  des  fkits 
que  fournit  Thistoire  le  sens  de  sa  marche  et  les  résultats  obtenus  à 
la  fin  de  chaque  grande  période.  Il  a  mené  à  bonne  fln  ce  délicat  tra- 
vail de  synthèse. 

HisToiEE  DE  L'OaiEifT.  —  L'Unlvcrsité  de  Louvain  est  depuis  de 
longues  années  un  centre  important  d'études  orientales.  Nous  rele- 
vons dans  la  longue  liste  de  ses  récentes  publications  d'abord  une 
série  de  travaux  dus  à  un  savant  aussi  renommé  comme  sinologue 
que  comme  indianiste,  M.  Ch.  de  Harlez  :  Nuc-Tchiset  Mandchoux^; 
la  Religion  nationale  des  Tartares  orientaux  mandchoux  comparée  à 
la  religion  des  anciens  Chinois^;  l'Histoire  de  l'empire  de  Kin  au 
Empire  d'or''^  traduit  du  mandchoux;  Le  plus  ancien  rituel  de  la 
Chine  ^;  puis  surtout  deux  ouvrages  où  les  critiques  les  plus  compé- 
tents se  plaisent  à  reconnaître  une  érudition  immense  :  les  Religions 


1.  Voir  Revue  Mstoriqve,  LXV,  p.  135. 

1.  Annales  de  l Académie  d^archéoloçie  de  Belgique,  XLVn-XLVIlI. 

3.  Namar,  Delraux,  1893,  600  p. 

4.  Bruxelles,  Rosez,  1894,  259  p. 

5.  Paris,  Leroux,  1888,  32  p. 

6.  Bruxelles,  Ilayez,  1888,  216  p. 

7.  Louvain,  Peelers,  1889,  288  p. 

8.  Paris,  Leroux,  1889,  44  p. 


d«  la  CAine,  aperçu  historique  et  critique  ' ,  et  le  Liire  des  esprits 
«des  immortels,  essai  de  mythologie  chinoise'.  M.  J.-B.  Abbeloos, 
recleur  de  l'Université  de  Louvaio,  a  publié  les  actes  de  Mar  Karda- 
ghi  ',  gouverneur  de  province  sous  Sapor  H.  Son  livre  est  une  con- 
tribution imporUinle  à  l'histoire  de  l'Église  d'Orient  sous  les  Sassa- 
nidcs.  \u  iiii*  siècle,  un  prêtre  neslorien  d'origine  chinoise,  qui 
devint  archevêque  de  Pékio  et  patriarche  de  Bagdad,  provoqua  une 
véritAble  renaissance  du  Christianisme  dans  la  Haute-Asie,  il  rentra 
dans  la  communion  romaine  et  prépara  une  espèce  de  croisade  contre 
l'Islam.  M.  T.  Ltsr  a  publié  la  biographie  de  ce  personnage,  qui  est 
une  véritable  révélation'.  M.  k.  Viit  KoomcKeB,  dans  son  étude  sur 
SVéhémie  et  Esdras,  avait  proposé  pour  les  événements  rapportés 
dans  le  livre  de  Néhèmie  et  dans  les  chapitres  vu  à  i  d'Esdras  un 
systèmechronologiquequi  ruine  toutes  les  hjpothèaes  tma;;inées  jus- 
qu'ici pour  justi lier  la  chronologie  traditionnelle.  M.  KDE.'(E?i''a  com- 
battu en  Taveur  de  celle  dernière.  M.  Van  lloonacker  lui  a  répondu 
par  une  nouvelle  dissertation  :  Né/iémie  en  l'an  30  d'Artaxenès  l"; 
Esdras  en  l'a»  7  d'Arlaxersès  //*.  11  s'est  également  livré  à  des 
reeberches  chronologiques  sur  les  événements  révélés  par  les  six  pre- 
miers chapitres  du  livre  d'Esdras,el  il  dérend  la  valeur  historique  de 
ce  livre  avec  beaucoup  d'érudition'.  t^nRn,  poursuivant  ses  éludes 
critiques  sur  la  Bible,  M.  Van  Hoonacker  discute  la  question  des 
sacriUces  humains  dans  l'Ancien  Testament  ".  Le  P.  Delattre  a  exposé 
les  progrès  réalisés  dans  le  domaine  de  l'assyriologie  depuis  1878 
Jusqu'à  1889,  en  ce  qui  concerne  la  découverte  et  la  publication  des 
textes  ainsi  que  les  travaux  de  philologie".  Nous  lui  devons  aussi  un 


Braïf 


1.  LeipriR,  Gerhard,  I89Î,  270  p. 

?.  Uémourei  île  l'Académie  royale  de  Belgique,  coll.  in-t',  LI,  tiré  k  part. 
Bral<>llM,  Ua^ez,  192  p.  —  Voy.  aussi  \' Infanticiiie  en  Chint  d'après  tesdocu- 
elUnoU.  LuQTain,  Peelers,  IS93,  46  p. 
Ada  Mar  Kardaghi.  mazbani,  sab  Sapore  II  martgrtt,  Syriace  nunc  pri- 
juxta  codicem  ecelesUe  S.  Pethionta  in  Diarbettr,  et  latina  édita. 
[elles,  Schepens,  1890,  S25  p. 

4.  Job-AlaKa  ou  une  page  de  l'histoire  du.  Pleslonanism*,  au  XllJ'  siècle, 
IMU  les  Mongolt.  Bruiellei,  Schepens,  1889,  24  p. 

5.  Chronologie  tan  lut  persische  tydvak  derjoodsche  geschiedenis  [Mémoires 
de  VAcadémie  des  Pays-Bas,  1890). 

e.  Gand.  Engelcke,  ISUt,  01  p. 

7.  Chronologie  des  six  premiers  chapitres  du  livre  d'Etdras.  Gand,  Eo^telclie, 
I.  118  p. 
le  Vœu  de  Jephlé.  Étade  sur  le  chapllre  xr  du  livre  des  luges,  euivie 

notiu  sur  Ézéchiei,  X\,  25-26.  Louvain,  Istas,  1892,  173  p. 
L'ÀStyriologie  depuis  onte  ans.  Paris,  Leroux,  1891,  122  p. 


■DU 

mémoire  inléreasant  sur  les  Travaux  hydrauliques  en  Babylonie*. 
M.  L.  DELiHTSBEtiKE  3  anal^sé  et  discuté  louLes  les  inrormaLions  que 
fouraissenl  sur  les  Hittites'  la  Bible,  lus  documents  égypUens, asg- 
riens  et  les  monumeuls  hittites  eux-mêmes.  Sous  le  pseudonyme  de 
L.  DB  LA  GjLnnE  de  Died,  uo  écrivain  doué  d'un  véritable  talent  litté- 
raire, m<iisquj  suit  en  histoire  une  méthode  quelque  peu  TanUiisisIe, 
a  présenté  une  synthèse  de  X'Uisloire  de  l'hlamisme  et  de  l'empire 
ottoman  '.  11  insiste  sur  les  événements  des  quarante  dernières  années 
et  prophétise  la  solution  de  la  question  d'Orient  par  le  démembre- 
ment définitif  de  la  Turquie  à  la  suite  d'une  guerre  générale  où  la 
ï^rance  et  la  Russie  défendront  la  Porte  contre  l'assaut  de  la  triple- 
alliance.  M.  Victor  Ghacth  a  Tait  œuvre  à  la  fois  d'historien,  de  phi- 
lologue et  de  juriste  dans  une  dissertation  sur  le  crime,  analogue  au 
/Sauvai»  gré,  propre  aux  peuplades  arabes,  qu'on  appelle  le  scopé- 
lisme*. 

Histoire  dd  hote^  ige.  —  H.  G.  Kchtd  est  l'auteur  d'une  puia- 
sante  synthèse  sur  les  Origines  de  la  cioilimfion  moderne".  Après 
avoir  déterminé  les  caractères  des  trois  facteurs  qui  vunl  former  le 
monde  nouveau,  c'est-à-dire  l'empire  romain,  le  monde  germanique 
et  l'Église,  il  montre  leur  action  réciproque,  leurs  vicissitudes  et  les 
transformations  sociales  qui  se  succèdeul  jusqu'à  ravènemoDt  de 
Charlemagne.  Se  plaçant  à  un  point  de  vue  très  élevé,  il  aborde  les 
plus  diritciles  problèmes  de  la  vie  sociale,  reli^jieuse  et  politique  de 
l'humanité.  On  lui  a  reproché  d'avoir  produit  surtout  une  œuvre  apo- 
logétique, de  méconnaître  le  caraclèrc  complexe  de  la  civilisation,  de 
ne  pas  tenir  compte  de  l'influence  exercée  par  l'hellénisme,  de  juger 
Byzance  avec  trop  de  sévérité,  de  négliger  les  antécédents  juifs  du 
christianisme,  enQn  d'exagérer  la  grandeur  du  rôle  de  Charlemagne, 
dont  l'œuvre  fut  si  éphémère.  Ces  critiques  sont  fondées  dans  une 
certaine  mesure,  mais  on  ne  pourrait  sans  injustice  nier  la  haute 
valeur  de  l'ouvrage  considéré  dans  son  ensemble.  C'est  en  même 
temps,  chose  assez  rare  en  Belgique,  un  livre  d'un  réel  mérite  litté- 
raire. Il  y  a  tels  chapitres,  par  exemple  celui  que  M.  Kurth  consacre 
à  l'élude  du  monde  germanique,  qui  charmeront  les  lettrés  autant 
qu'ils  satisferont  les  érudils. 


1.  Beeutila  Queitioni  tcien.ti/i'iua,  XXIII,  I8S3. 

2.  De  la  race  el  du  la  langue  de»  HttUles.  Mémoire  prÉscnlé  an  second  con- 
grès scienlinque  intemalional  Jes  catimliques,  tenu  i  Paria  au  mois  d'avril  18tH>  | 
Bruxelles,  GoAinaere,  132  p. 

3.  Bruxelles,  Schepens,  1893,  278  p. 

4.  Bulletin  de  l  Académie  royale  de  Balgiqwe,  3'  série,  XXUI,  1S99J 

5.  LooTiin,  Peetere,  ISB6,  2  tqI.,  387,  37S  p.;  2'  édil.,  I8SS,  380,  i  ' 


Dom  Be&liIbe  a  fait  paraître  une  étude  sur  les  Origines  du  mona- 
fhisme  et  la  critique  moderne^.  M.  L.  Vi^  dke  KnDEiiE  a  étudié  la 
*  miatuTa  »  dans  les  textes  francs^  ;  il  discute  [es  hypothèses  émisea 
par  Pltbou,  Waitz,  Tbonissen,  elc.,el  conclul  que  la  •  dilatura  » 
TeprésGQle  le  >i  lucrum  cessaus.  <>  Le  travail  de  M.  Sehesia  sur  l'époque 
frajique'  est  un  bon  livre  de  vulgarisation  ;  il  n'apporte  aucun  Tait  ni 
3ucun  point  de  vue  nouveau.  M.  G.  Kdbth  a  démontré  que  la  plupart 
des  historiens  exagèrent  l'importance  du  rôle  joué  par  Pierre  l'Ermite 
à  la.  première  croisade.  Le  véritable  et  unique  inspirateur  de  la  guerre 
Sainte  fut  le  pape  Urbain  11,  et  Pierre  ne  fut  que  son  actif  collabora- 
teur'. Nous  devons  à  M.  L.  Leclère  deux  excellentes  dissertations 
qui  témoignent  d'un  esprit  hautement  scientilique  et  d'une  parfàile 
cou  naissance  des  méthodes  de  recherche  et  de  critique.  La  première 
tot.    consacrée  à  l'Élection  du  pape  Clément  V^;  l'autre,  plus  impor- 
'aiiti;,  traite  des  Rapports  de  la  papauté  et  de  la  France  sous  Phi- 
''>>^3B  ///  (1270-1 285|,  d'après  un  grand  nombre  de  documents  ori- 
gi«^Eiui,  dont  plusieurs  inédits*.  Même  après  le  livre  de  M.  Langlois 
si"-»~   Philippe  m,  le  travail  de  M.  Leclère  conserve  toute  sa  valeur. 
ITemps  hooerkes.  —  L'ouvrage  le  plus  étendu  que  nous  ajons  à 
'■i^ «itionner  est  rflisïoire  mo(/erne  du  baron  de  BLiliGKiBr-SuBLKT'. 
■'*"S*-Kheureusemenl,  il  n'a  aucune  valeur;  c'est  une  compilation  faite 
®^k:*s  méthode,  sans  ordre,  encombrée  de  digressions  fatigantes  et 
^^^«~lte  de  la  manière  la  plus  incorrecte.  La  notice  de  M.  V.  Bhahts  sur 
-^^^^■an  Bichardot^,  rédigée  d'après  des  documents  Inédits,  nous  fait 
*^o  *~»  naître  des  particularités  curieuses  au  sujet  de  la  création  des  rap- 
ï***  *~ls  diplomatiques  entre  le  Saint-Siège  et  les  Pays-Bas  au  xvi"  siècle. 
^'■^^«js  nous  bornerons  à  rappeler  les  deux  grands  ouvrages  consacrés 
^-    -^(ïarie  Stuart  par  MM.  Kervïi  de  Lettenqoïe*  et  M.  Philipfson  '", 
^^      -^ttime  historique  en  ayant  rendu  compte  d'une  manière  détaillée. 

"■-   -   Htwe  bénédictine,  XI,  1894. 

^S  —  Mémoirtj  dt  l'Académie  roi/ale  ils  Belgique.  colL  ia-S',  X.LI,  tiré  è  pari. 
^■"^^Jxelles,  Hayei,  188«,  56  p. 

■^^  -   Ltglise  et  l'État  sous  Its  rois  francs  au   Vf  Oèete.  Gand,  Vuristeke, 
*^-S,  153  p.  \KtTk  en  staai  onder  de  frankixhe  Koniagen  der  Vf  eeuv.] 

**-  -  fierre  fEnnile.  Liège,  Demarleiiu.  1892,  \1i  p. 
_    ^*  —  Annaletittia  Faculté  de  philosophie  el  Mires  de  t' Oniveriité  de  Bruxellet, 
■     ^*rniellei,  Weissembruch,  1889. 
^  _  Bruxelles,  Umertin,  1891,  140  p. 

"^  -  Liège,  Demarteau,  1880-1892,  5  vol.,  315,  381,  352,  264,  315  p. 
^-  LouToia,  Istan,  1891,  25  p, 
^^  -  Marie  Sluarl;   l'amere   purilaiiw:   le   procès;  le   supptice,    1585-1587. 
^**~"i,  Perrin,  188U,  i  ïoI.,  460,  jJ6  p.  —  Voj,  flevue  hlitorique,  XLll,  îlOj 
*■—  •  11,  103. 

"^  C  aui.  du  rigtu  de  Marie  Stuarl.  Paris,  BouiUon,  1891,  3  t.,  344, 408, 530  p. 


4BS  BULLETIN  HISTOEIQUV. 

M.  DE  ViLLERMONT  a  accumulé  une  grande  abondance  de  documral 
pour  réhabiliter  les  acteurs  catholiques  de  la  guerre  de  Trente  ans^ 
Il  accepte  sans  discussion  tous  les  témoignages  qui  servent  sa 
et  dans  le  nombre  il  en  est  de  passablement  suspects.  Son  œuvre 
peu  sérieuse.  H.  de  Bdeexstam  a  rédigé  une  espèce  de  journal  di 
séjour  que  la  reine  Christine  de  Suède  fit  dans  les  Pays-Bas  '  ;  il  a 
recours  aux  archives  suédoises,  hollandaises,  espagnoles,  italieniiec::sss= 

et  belges.  Nous  y  trouvons  des  renseignements  très  neufs  sur  les  rela - 

Uons  de  la  reine  avec  Pimentel,  sur  sa  conversion  par  les  Jésuites,  er^ 
sur  rintérèt  qu'elle  portait  à  la  guerre  franco-espagnole.  M.  de  Vil^ 
LERMO!<rr  a  condensé  en  deux  volumes  les  faits  les  plus  importants  Au 
règne  de  Marie-Thérèse^  d'après  le  grand  ouvrage  du  chevalier 
A.  d'Arneth.  Il  expose  d'une  manière  assez  piquante  les  contradic- 
tions du  caractère  de  l'impératrice  et  explique  clairement  les  compli* 
cations  de  la  politique  extérieure.  Les  réformes  introduites  en  matière 
religieuse  font  l'objet  de  vives  critiques  et  Fauteur  ne  dissimule  pas 
ses  préférences  pour  l'ancien  régime.  L'abbé  Jehin,  le  fameux  cory- 
phée du  mouvement  révolutionnaire  au  pays  de  Franchimont,  séjourna 
à  Paris  pendant  les  années  4793-4794.  Il  notait  chaque  jour  les  évé- 
nements dont  il  était  le  spectateur.  M.  Bodt  a  publié  cet  intéressant 
journal  de  voyage*.  Le  P.  Vax  Duerm*  a  tâché  d'éclaircir  l'histoire 
assez  obscure  des  débuts  du  pontiûcat  de  Pie  VII. 

Histoire  coxiemporâine.  —  Le  général  Viif  dee  Smissex  *,  qui  fut 
le  chef  vaillant  et  distingué  du  corps  belge  au  Mexique,  a  retracé  avec 
beaucoup  de  clarté  et  de  précision  non  seulement  ses  souvenirs  de 
campagne,  mais  aussi  les  tristes  péripéties  du  court  et  malheureux 
règne  de  l'empereur  Maximilien.  Il  complète  les  ouvrages  du  colonel 
Loizillon  et  de  M.  Gaulot,  il  pourra  servir  à  les  rectifler,  notamment 
en  ce  qui  concerne  la  conduite  de  Bazaine.  Le  grand  mérite  de  M.  Van 
der  Smissen  consiste  en  ce  qu'il  n'avance  rien  sans  fournir  immédia- 
tement les  preuves  péremptoires  de  son  dire.  Le  colonel  de  Schetn- 
mâëkers^  a  traité  le  même  sujet  avec  plus  de  détails. 

1.  TUly  ou  la  guerre  de  Trente  ans.  Bruges,  Desclée,  1887,  437  p. 

2.  La  reine  Christine  de  Suède  à  Anvers  et  à  Bruxelles  en  1654-1655. 
Bruxelles,  Vromant,  168  p. 

3.  Bruges,  Desclée,  1895,  432,  436  p. 

4.  Le  Carnet  de  Cabbë  Jehin  à  Paris  (Bulletin  de  Vlnstitut  arehéoiogiçue 
liégeois,  XXU,  1894). 

5.  Un  peu  plus  de  lumière  sur  le  conclave  de  Venise  et  sur  le  commence- 
ment du  pontificat  de  Pie  VIL  Louvain,  Peeters,  1895,  700  p. 

6.  Souvenirs  du  Mexique,  1864-1867.  Bruxelles,  Lebègue,  1892,  232  p. 

7.  Le  Mexique.  Histoire  de  l'établissement  et  de  la  chute  de  l'empire  de 
MaximUien.  Bruxelles,  Gastaigne,  1890,  358  p. 


BELAian- 

Woici  trois  ouvrages  écrrls  de  manière  à  se  Faire  lire  sans  TaLigue, 
.  la  défense  de  convicLioiis ,  d'ailleurs  respeclahles,  y  tieut 
beaucoup  plus  de  place  que  le  souci  de  l'biskiire.  Nous  voulons  parler 
d'abord  de  la  Lulti^  de  l'Irlande',  de  M.  Kebtin  ok  Voluersoeee, 
oii  des  antipathies  politiques  el  religieuses  se  maaifeslenl  souvent 
hors  de  propos.  Le  P.  V*n  Ddehm  espose  en  un  gros  volume,  avec 
UDQ  précision  et  une  clarté  louables,  les  VicmitutUn  du  pouvoir 
temporel  des  papes  depuis  uh  siècle^.  Il  cite  beaucoup  de  pièces  im- 
portantes, mais  il  a  une  tendance  fâcheuse  à  passer  sous  silence  les 
faits  qui  ne  concordent  pas  avec  sa  thèse.  A  le  lire,  on  pourrait  croire 
que  l'adminislration  pontificale  a  toujours  été  impeccable,  et  <|ue  ses 
adversaires  ont  toujours  fait  preuve  du  la  plus  noire  duplicité,  Le 
P.  Van  Uuerm  n'a  pas  pu  faire  usage  des  documenta  publiés  récem- 
ment par  k  baron  Rlanc  sur  les  événements  de  septembre  1870^; 
s'il  les  avait  connus,  peut-être  aurait-il  retouché  Ie3  derniers  chapitres 
de  son  livre  et  modiDé  certaines  de  ses  conclusions.  UUistoire  du 
Calturkampf  en  Suisse*,  de  M.  Ch.  Woeste,  présente  un  puissant 
ialérél;  le  récit  est  vivant,  il  y  a  beaucoup  de  recherches  et  de  ren- 
seignements dont  l'historien  fera  son  profit,  mais  il  ne  perdra  pas  de 
vue  qu'il  se  trouve  devant  une  apologie  el  une  œuvre  de  propagande. 
Les  obàcrvalions  pénélranles  faites  par  E.  de  LiVELEvs  au  cours  de 
ses  voyages  en  Croatie,  eu  Bosniu,  en  Serbie,  en  Bulgarie,  etc.,  et 
qu'il  avait  condensées  dans  la  Péniimule  des  Balkans'^,  présentent 
autant  d'intérêt  pour  l'historien  que  pour  l'économisle  ou  pour 
l'homme  politique. 

Histoire  LiTTÊaiiUE.  —  L'Histoire  poétique  des  Slérovingistu^,  de 
M.  (j-  KuBTfl,  a  fait  l'objet  d'un  compte-rendu  détaillé  qui  a  paru  id 
même'.  Nous  nous  bornerons  donc  à  citer  pour  mémoire  ce  beau 
livre  <  plein  d'idées,  plein  do  choses,  très  intéressant,  très  instructif,  * 
qui  a  obtenu  récemment  le  grand  prix  quinquennal  du  gouvernement 
belge.  D'autres  ouvrages  d'bistoire  littéraire  mérilenl  des  éloges  :  les 
Études  morales  el  lilléraires  de  feu  L.  de  MoMce"  ;  les  traités  d'His- 

kBrugM,  Deaclée,  IS9I,  384  p. 
Ibid.,  180U,  156  p. 
Taj.  F.  Carry,  le   Vatican  et  le   Quirinat   daoa   U   Correspondant   àa 
tO  dtcembre  1895. 

4.  BniielleB,  V»n  den  Broeck,  1887,  Î80  p. 

5.  Broielles,  Fnik,  1SS8,  2  vol.,  300,  435  )i. 

6.  Paris,  Picard,  IB'.JS,  552  p. 

1.  Afime  hitijirique,  LU,  32â-323. 
fi.  Louvain,  Peeters.  IS87,  430  p. 


440  BOLLBTIIf  HISTOaiQUB. 

toire  de  la  littérature  française  de  MM.  GoFFlRT^  Pergame^'  c 
Stibr^^et^;  le  Wallon,  histoire  et  littérature  des  origines  à  4789* 
par  M.  M.  Wilmotte;  enfin  le  travail  magistral  de  feu  Félix  NivESui 
V Arménie  chrétienne  et  sa  littérature^. 

Biographies.  —  Le  baron  P.  de  ïIaulleyille  a  réuni  en  dei 
volumes*  une  série  de  portraits  de  contemporains  célèbres, 
d'un  crayon  alerte  et  délicat,  qui  ont  paru,  les  uns  dans  le  Corres 
pondant  j  d'autres  dans  la  Revue  générale.  Tour  à  tour,  Napoléon  III 
Pie  IX,  Thicrs,  le  roi  Guillaume  III  des  Pays-Bas,  Lacordaire,  Mon— 
talembert,  des  écrivains,  des  artistes,  des  hommes  d'État  défilen 
devant  nous,  et  sont  l'objet  d'ingénieuses  observations  et  d'une  ana — 
lyse  psychologique  souvent  pénétrante.  Les  appréciations  de  récri— 
vain  sont  parfois  inQuencées  plus  que  de  raison  par  les  principes  di» 
l'homme  politique,  mais  il  est  en  général  soucieux  de  l'équité,  et  Toi 
doit  rendre  hommage  à  l'élévation  de  ses  vues. 

Histoire  religieuse.  —  M.  E.  Goblet  d'Alvielu  a  bit  paraître  un^ 
remarquable  Introduction  à  l'histoire  des  religions''^  résumé  d'à 
cours  ^it  à  l'Université  de  Bruxelles.  C'est  également  le  précis  d 
ses  leçons  que  M.  le  chanoine  Liagrb,  professeur  au  grand  séminal 
de  Tournai,  nous  a  donné  dans  son  Essai  sur  la  philosophie  de  Phis^ 
toire  au  point  de  vue  catholique^.  M.  J.  Fredeeichs  a  présenté 
cours  pratique  de  M.  P.  Fredericq,  à  Gand,  une  dissertation  excel«- 
lente  sur  Robert  le  Bougre, premier  inquisiteur  général  en  France^ 
La  critique  des  sources  est  particulièrement  bien  soignée-,  Tauteus 
discute  les  travaux  de  Holder  Egger,  de  Waitz,  de  Lea,  et  termine  par 
les  utiles  Regestes  de  l'Inquisiteur.  Dom  G.  Vax  Galoeh  a 
l'intéressante  carrière  de  Dom  Maur  Wolter  et  les  origines  de  la  eon 
grégation  l)énédictine  de  l'abbaye  de  Beuron^^j  si  intimement  liée  ^ 
l'histoire  religieuse  et  littéraire  de  la  France.  M.  H.  ScHUBuiAifs,  pi 
mier  président  de  la  cour  d'appel  de  Liège,  a  rompu  une  lance  ei 
faveur  des  légistes  contre  les  canonistes,  et  déployé  beaucoup  d'éru 

1.  Histoire  de  la  littérature  française  depuis  ses  origines  Jusqu'à  nosf 
Namur,  Wesmael,  1889,  547  p. 

2.  Bruxelles,  Mayolez,  1889,  669  p. 

3.  La  Littérature  française  au  XVII*  siècle.  Braxelles,  Schepens,  18S7,  357 

4.  BruxclleB,  Rosez,  1893,  160  p. 

5.  Louvain,  Peeters,  1886,  403  p. 

6.  Portraits  et  silhouettes.  Bruxelles,  Lacomblez,  1892-1893, 2  vol.,  327,  359 

7.  Bruxelles,  Muquardt,  1886,  176  p. 

8.  Tournai,  Decalonne,  1892,  157  p. 

9.  Recueil  de  travaux  publiés  par  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres 
V Université  de  Gand,  VI.  Gand,  Engelcke,  1892. 

10.  Bruges,  Desclée,  1891,  132  p. 


I 


BBLGigilB.  m 

ditîon  pour  établir  l'authenlîcilé  dd  h  Pragmatique nanction  de sainl 
Louis  '.  Il  a  égalenietiL étudié  le  rùle  d'Amijol  au  cnncilf  de  Trente.*. 
M.  Vkhki^debën  a  abordé  uo  sujet  peu  explore,  les  relations  deClirîs- 
lopbe  Colomb  avec  les  Franciscains^,  M.  Edmond  Picahd  *  est  à  la  fois 
tin  brillant  littérateur  et  un  des  maîtres  du  barre^iu  belge;  il  s'est 
avenLuré  sar  le  terrain  de  l'hisloire  religieuse,  et  a  Irailé  diverses 
questions  qui  se  ratlaclient  à  l'antisémitisme.  L'éminent  adversaire 
des  Jtiirs  sait  donner  un  puissant  intérêt  à  tous  les  sujets  qu'il  traite; 
mais  il  alTectionne  le  paradoxe,  et  soutient,  nolammunt  en  matière 
d'etli nographie  et  d'histoire  biblique,  des  tlièses  plus  que  contes- 
tables ;  son  argumentation  révèle  trop  souvent  le  défeul  de  prépara- 
tion spéciale,  et  il  a  ainsi  donné  beau  jeu  aux  critiques'.  Auxatlaques 
conLre  les  JuiTs,  M.  L.  EsKEBia  répondu  par  la  poignante  description 
de  Pétat  misérable  de  ses  coreligionnaires  cruellement  persécutés  en 
Russie",  La  colonisation  du  Congo  par  les  Belges  a  été  l'occasion  pour 
le  P.  EccHEH  de  faire  paraître  un  curieux  Essai  sur  l'histoire  reli- 
gie^tae  du  Congo  depuis  sa  découverte,  en  USi,  jusqu'à  nos  jours''. 
Nous  pouvons  aussi  raltacber  â  rfaisloire  religieuse  l'imporlanle 
pa±>Ii«alion  liturgique  de  Dom  G.  Moaix,  Anecdota  Maredsolana,  /, 
Litter  comieus  sii'e  Lectionarius  mïssx  quo  Tolelana  Ecclesia  ante 
t^nnoi  mille  et  ducenlos  utebalur*. 

HisToiiE  ér,o\on[QCE,  —  L'étude  précise  et  délaillée  qu'E.  de  Lite- 
••KïB  a  consacrée  aux  Formes  primitives  de  la  propriété'  esl  une 
(Buvre  d'bistorien  autant  que  d'économiste.  L'éminenl  écrivain  nous 
"aonLre  la  propriété  d'abord  confuse  entre  les  groupes  et  ne  devenant 
indi -V iduiMle  et  héréditaire  que  plus  tard,  dans  la  mesure  où  la  cul- 
ture devient  plus  intensive.  M,  V.  Bbants  nous  présente  une  analyse 
t'es    "théories  économiques  au  XIII"  et  au  XI V'  siècle  '*.  Nous  j  Irou- 

'■     -e«/jiçue  ;titfjc(0tre,  1890. 
^-     -Mitvne  de  Belgique.  1831. 
.^-      ^2hnitùff^  Colomb  ;  syn;  betrekkingen  met  de  Franeiseanen.  Gand,  Sifler, 

*  -     ■'SgiUltèse  de  fanlisëmitiime.  Bniielles,  Larcier,  1893, 3Î3  p.  —  Voj.  ausii 
.^^•*~<6u/(mi  ù  la  recUion  des  origines  du  chriitiatUsme.  BruiellM,  Honnom, 


5. 


55  p. 


^oy.  A.  Delalire,  le  Cerveau  picaresque.  Bruxelles,  Schepens,  1897,  Î76  p. 
^  **^    une  attaque  savante  et  apirituelle,  mais  qui  dégénère  soureol  en  tioleoce» 
**»aoïals  goûl. 
^-    Uf  Juifs  russes.  Bruxelles,  Huquardt,  1893,  184  p. 
'  -  Baj,  CbarpenUer,  1895,  264  p. 
*-   Bruges,  Desclée,  1893,  gr.  iD-4-,  463  p. 
^.  Paris,  Alcao,  1894.  4-  édil..  562  p. 
^0.  LouTaia,  Peelers,  1895,  279  p. 


I4Ï  BïïtLKTTB   KISTORIQDR. 

vooB  beaucoup  de  détails  inédils  sur  la  propriété,  la  Ihéorie  de  la 
valeur  et  des  échanges,  le  travail  el  l'organisation  industrielle,  les 
échanges  et  la  circulation  des  biens,  la  population,  elr.  Le  beau  livre 
d«  M.  R.  Ni9,  professeur  à  l'Université  de  Bruxelles,  sur  les  Ort£rin« 
du  droit  international*  semble,  à  première  vue,  destiné  aux  seuls 
juristes.  Les  historiens  en  rolireront  cependant  le  plus  grand  rniit. 
Nous  signalerons,  entre  autres,  les  suggestifs  chapitres  sur  la 
papauté  et  l'empire,  la  guerre  et  la  diplomatid, 

RiSToiBE  HiLiTiiRE.  —  Un  anonyme  a  résumé  avec  une  préd^on 
et  une  clarté  irréprochables  les  Campagnes  de  t7'J6  el  I7'J7  en  Italie 
et  en  Allemagne^,  d'après  les  travaux  de  Jomini,  en  profitant  de  tous 
les  ouvrages  qui  ont  paru  depuis.  C'est  une  œuvre  de  très  haute 
valeur.  Les  expéditions  du  duc  de  Mariborough  en  Belgique  exer- 
cèrent une  inHuence  considérable  sur  la  politi()ue  générale  de  l'Eu- 
rope; il  suflit  de  rappeler  Ramillii.<s,  Audenarde  el  Malplaquet.  Do 
nouvel  exposé  do  ces  campagnes  a  été  Tait  d'une  manière  très  vivante 
parH°"E.  LAGaincE^;  il  est  malheureusement  déparé  par  des  erreurs 
graves,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  constitution  des  Pays-Baa. 

ËTHiOGBiFHiE.  —  M.  J.  Sodpfret'  a  voulu  démoDtrcr  qu'il  Rmt 
chercher  le  principe  Tondamental  de  la  diversité  des  civiUsations  dans 
la  disparité  originelle  et  indélébile  des  caractères  dislinctifs  des  races. 
Ses  arguments  sont  souvent  ingénieux,  mais  la  partie  historique  de 
son  livre  est  empruntée  avec  trop  de  conlïance  à  des  travaux  surao- 
nés.  MM.  J.  FsAipn^  et  M.  Lboest  ont  publié  le  résultat  de  leurs 
recherches  sur  la  Bace  humaine  de  Neanderthal  ou  de  Camtadt  m 
Belgique  *. 

AttcHiSotoGiB.  —  MM.  Henri  et  Louis  SrasT,  à  la  suite  de  fouilles 
faites  par  eux  de  1881  àl8S7,ont  fait  paraître  sur  les  Premier»  (Ij« 
du  métal  dans  le  sud-est  de  l'Espagne^  un  important  ouvrage  qui  a 
obtenu  en  I^spagne  un  prix  de  20,000  francs.  Feu  H.  le  professeur 
P.  J.  Van  Beneden  en  a  écrit  la  prefttce,  et  M.  le  D' Jacques  j  a  joint 
une  élude  ethnologique.  M.  le  comte  E.  Goslet  d'Alvielu^  a  réuni 
el  refondu  les  essais  qu'il  a  publiés  dans  le  Bulletin  de  l'Académie 
royale  de  Belgique  et  dans  la  Bévue  des  Deux-Mondes.  Il  recherche 


1.  Pari»,  Thorin,  1894,  414  p. 

1.  BrDielles,  Uoqnardt,  1889,  447  p. 

3.  I.e  Duc  de  Marlborough  en  Belgique.  BruiclleB,  Hayei,  1893,  .180  p. 

4.  De  la  disparue  phi/tique  et  mentale  des  race*  humaines  et  de  ses  f 
eipet.  Uatines,  Godenne,  1891.  322  p. 

5.  Oand,  Van  der  Poorlen,  1888,  I&5  p. 

6.  LoDTiiin,  Peelers,  1S8S,  433  p.  în-fol, 

7.  La  Migration  des  symbolei.  Parii,  Leroox,  1891,  3f3  p. 


comment  certains  symboles  religieux  se  sonl  transmis  de  peuple  a 
peuple  cl  dans  quelle  me>siire  leur  signification  et  leur  forme  ont  pu 
se  modifier  au  cours  de  leur  migration.  Au  commcnr^ment  de  notre 
ère,  la  religion  de  Mithra,  originaire  de  Perse,  envahit  l'Europe  et 
parut  une  rivale  redoutable  du  Christianisme.  Reprenant  les  travaux 
de  L^jard  sur  ce  curieux  phénomène  religieux,  et  les  complétant  par 
dos  recherches  persfmuelles  poursuivies  dans  toute  l'étendue  euro- 
péenne de  l'empire  romain,  M.  Cifhokt  a  commencé  la  publication 
d'un  ouvrage  considérable  sur  les  Textes  et  inonumenls  /igurés  rela- 
tifs aux  mystères  de  Milltra'.  Ea  1891  a  paru  la  cinquième  édition 
(le  l'ouvrage  de  feu  le  chanoine  de  Bleser  sur  Rome  et  ses  monu- 
ments *. 

ÉpicHiPHtE.  —  La  science  épigraphique  s'est  enrichie  de  plusieurs 
prodoclions  importantes  dues  à  M.  J.-P.  W^i.tzi»g,  professeur  à 
rUoiversîlé  de  Lii^e  :  le  Recueil  général  des  iiucripUons  latines  et 
f^pigrapkie  latine  depuis  cinquante  ans^;  rÉpiçraphiect  leneorpo- 
rations  professionnelles  de  l'empire  romain  \  et  surtout  YÊiude  his- 
torique sur  les  corporations  professionnelles  chez  les  Itoinains  depuis 
'*»  origines  jusqu'à  la  chute  de  l'empire  d'Occident",  couronnée  par 
''Académie. 

GéoGKAFBiE.  —  Parmi  les  nombreux  ouvrages  qu'a  fait  naître  la 
***loiiisation  du  Congo  par  le  roi  Lcopold  H,  nous  signalerons  comme 
parlicuJièremenl  importants  la  Vie  en  Afrique^,  de  M.  J.  Becker; 
■>«r  ic  Haut-Congo'',  par  M.  J.  Goqviibat,  al  \ea  lettres  sur  le  Congo", 
P*^  M.  Ed.  DcpOfïT.  Le  livre  de  M.  Max  Rooses,  Op  reis  naor  heinde 
^^  t>er',  contient  d'intéressantes  notices  sur  les  monuments  et  les 
5^**T«s  d'art  de  l'Espagne,  de  l'Angleterre,  de  l'Allemagne,  de  la 
****Uande,  des  pajs  Scandinaves  et  de  la  Russie.  Nous  devons  men- 
^•*t»er  aussi  plusieurs  livres  de  voyages  oii  l'histoire  tient  quelque 
"**<»:  ceux  de  M.  J.  ht.cLt&cti,  Du  Caucase  aux  monts  Ala'i*";  Voyage 
tnont  Ararat**  ■,ùe}A.^.Viùi^b,  El  Maghreb  al  Ahsa,  Une  mis- 


«i« 


^-  Brniellea,  Uroertin,  1394-1395,  in-l*,  3  fuBcicules  paras,  Mb  p. 

^.  Re»ufl  par  Uarucctii  et  Roger.  LouTain,  Poalejn,  2  vol,,  540,  161 

^.  LonTain,  Peeters,  1892,  156  p. 

'^.  Gand,  Sifler,  1892,  133  p. 

^.  Untaiii,  Peelers,  1895,  2  vol.,  5Î8,  553  p. 

^  Bruielle».  Lebigue,  1887,  2  Tot.,  5DU,  528  p. 

*>.  Paris,  Ubèguc,  1838,  535  p. 

%.  Paris,  ReiDWuld^  1889,  724  p. 

Qtai,  Qosle,  tS8!),  2M  p. 

I.  Paris,  Pion,  |g9U,  270  p. 

.  fliid..  1892,  319  p, 


444  BULLBTIFf  HISTORIQUE. 

sion  belge  au  Maroc  *  ;  de  M.  E.  db  Gbootb,  Islande^;  du  P.  G.  G&ocri^ 
NB11BBRGHS,  le  Mexique^ ^  où  l'on  trouvera  un  important  chapitre  su  ^ 
l'empire  de  Maximilien.  Le  même  voyageur  nous  a  décrit  les  Étais-  "^ 
Unis*.  Le  Bulletin  consulaire^  contient  de  nombreuses  monogra — - 
phles,  œuvres  de  nos  diplomates  et  de  nos  consuls,  qui  envisagent, 
surtout  les  questions  économiques. 

Il  nous  reste  à  signaler  dans  ce  domaine  une  étude  de  géographie 
militaire,  à  laquelle  les  spécialistes  ont  fiait  un  accueil  très  favorable» 
la  France  par  rapport  à  l'Allemagne^,  par  le  colonel  d'état-major 
Pent,  commandant  TÉcole  de  guerre  de  Bruxelles. 

Bibliographie.  —  M.  E.  Bâcha  a  essayé  de  fkciliter  les  recherches 
des  travailleurs  par  une  énumération  rationnelle  des  Bibliographies 
méthodiques"^.  Les  BoUandistes  ont  dressé  le  catalogue  des  manus- 
crits hagiographiques  de  la  bibliothèque  royale  de  Bruxelles".  M.  Y. 
CHADViPr  a  commencé  la  publication  d'une  Bibliographie  des  ouvrages 
arabes  ou  relatifs  aux  Arabes  publiés  dans  l'Europe  chrétienne  de 
i8i0ài885\ 

Chbonologie.  —  M.  Cb.  LAGRiNGEest  l'auteur  d'un  mémoire  Sur  la 

concordance  qui  existe  entre  la  loi  historique  de  Brikk,  la  chrono^ 

logie  de  la  Bible  j  et  celle  de  la  grande  pyramide  de  CheopSj  avec  une 

interprétation  nouvelle  du  plan  prophétique  de  la  RévélatUm^^.  Ge 

travail  a  été  très  vivement  attaqué  dans  le  tome  XIII  des  Analeeta 

bollandiana, 

Eug.  Hubert. 

1.  firaxelles,  Lacomblez,  1893,  430  p. 

2.  Paris,  1889,  327  p. 

3.  Ibid.,  Delhomme  et  Brigaet,  1893,  420  p. 

4.  Ibid.,  2  vol.,  392,  372  p. 

5.  Bruxelles,  Weissembruch. 

6.  Paris,  Alcan,  1887,  375  p. 

7.  Bruxelles,  1892,  83  p. 

8.  Catalogus  codicum  hagiographicorum  BibUothecx  regUe  BruxêUensit. 
Bruxelles,  Polleunis,  1890,  2  vol.,  600,  650  p. 

9.  Liège,  Vaillant,  1892,  72  p. 

10.  Bruxelles,  Hayez,  1893,  228  p. 


ALLEMAGNE. 


l'OQUË   MODERNE, 


L'historiographie  allemande  n'a  produit,  dans  le  cours  de  1896, 
ri^n  de  bien  saisissant  ni  de  magistral  pour  l'époque  moderne,  mais 
un  grand  nombre  de  bons  et  ulileâ  ouvrages  dont  je  voudrais  carac- 
téi-5ser  ici  les  plus  importants.  Il  est  vrai  que  le  fait  le  plus  intéres- 
s^Ei  t  de  l'année  passée,  la  lutte  entre  les  Kullurhistoriker,  repré- 
s^ïr^tcs  surtout  par  M.  Lahf&ecdt,  de  Leipzig,  et  les  faistoriens 
f>o£-  iliques,  a  été  si  bien  exposé  par  M.  Pirensb  dans  cette  Revue 
(msii-juin  1897)  que  je  n'ai  pas  à  y  revenir. 

Il..es  causes  du  déclin  économique  tle  l'Ës|)agne  pendant  le  ivi*  siècle 
orst  Été  étudiées  de  nouveau  parM. Maurice-Jules  Boxn'.  Son  ouvrage, 
qu  î  est  en  grande  partie  destiné  à  combattre  les  travaux  antérieurs 
d^  2il.  HiEULEB,  prouve  que  t'énorine  hausse  des  prix  en  Espagne, 
jxyEsilanl  les  règnes  de  Charles-Quiut  et  de  Philippe  II,  n'a  pas  été 
a-cnenée  par  l'afllux  des  métaux  précieux  d'Amérique,  mais  par  le  peu 
d^  jiroduction  industrielle  dans  le  pajs  même;  et  que  les  causes  de 
ce  déclin  du  travail  national  étaient  la  paresse  du  peuple,  la  sévère 
■"é^lementation  par  la  bureaucratie  et  la  pression  énorme  exercée  par 
l'itrapol.  Quoique  l'étude  de  M,  Bonn  ne  soit  pas  tout  à  fait  com- 
ï»l«ï  tj;,  elle  est  fondée  sur  des  bases  raisonnables  et  sérieuses  et  marque 
ui:i    "véritable  progrés  dans  la  question  dont  elle  traite. 

ÎVI.  KtEDLEK  lui-même  a  dirigé  ses  recherches  vers  les  relations 
économiques  de  l'Allemagne  avec  la  péninsule  ibérique;  il  nous 
«ti  feii  connaître  maintenant  une  partie  :  l'Histoire  des  affaires  de 
*■»■  naisoD  allemande  des  Fugger  en  Espagne',  Ge  travail,  bien 
I*'**3  mûri  que  les  publications  antérieures  du  même  auteur,  est 
principalement  puisé  aux  riches  archives  de  la  famille  princiére 
«es  Pugger.  D'une  manière  aussi  authentique  qu'intéressante,  il 
•***us  montre  le  développement  surprenant  de  celle  grande  maison 
^c  commerce  qui,  d'une  médiocrité  de  petits  bourgeois,  s'est  élevée 
^    Une  imporUince  européenne,  jusqu'au  moment  où  les  terribles 


L 


i.  JahrkmutertM. 

'-   0(e  Gachichie  lier  Fuggerschen   /landlung   (SocialgeichiehtUche  For- 
"^^^^Hçen.  herauag.  »on  Baner  cl  Hartmann,  ?(.l,  I).  Weimnr,  Feller,  1897. 


Kbv.  II18TOB.  LXVI.  1" 


iU  BCLLETin   BISTOUIQIIB. 

désordres  de  la  guerre  de  Trente  ans  anoanlirenl,  sinon  ses  ricbesses, 
au  moins  son  aclivilé  commerciale.  Nous  voyons  les  Fugger,  pen- 
dant le  xTi*  siècle,  être  les  banquiers  principaux  du  roi  catholique  el 
des  premiers  personnages  de  l'F.spagne,  ainsi  que  les  Termiers  des 
grandes  mines  de  raercuii!  d'Almaden.  Ce  n'est  qu'en  (640  que  la 
mauvaise  Toi  du  gouvernemeul  espagnol,  la  débâcle  de  son  immense 
empire  et  les  malheurs  de  la  grande  guerre  forcèrent  les  Fugger  a 
liquider  leurs  affaires  en  Espagne. 

M.  Richard  lÎDBE^iBERr.,  bien  connu  par  ses  recherches  sur  les  reia> 
lions  économiques  de  l'Allemagne  avec  l'Angleterre  pendant  le 
ivi'  siècle,  traite  d'une  manière  plus  vaste  que  M.  Haebler  de 
l'époque  des  Fugger'.  Sous  ce  titre,  il  nous  donne  une  histoire  du 
capital  mobilier  et  des  formes  du  crédit  public  et  privé  pendant  le 
ïïi'  et  la  première  moitié  du  nvii"  siècle.  Cet  ouvrage,  en  deux 
volumes,  est  écrit  d'après  des  recherches  à  la  fois  très  étendues  et 
fort  minutieuses  dans  les  archives  les  plus  diverses  de  l'Europe,  a 
l'exception  de  celles  de  rFspagne.  11  est  vrai  que  le  séjour  de  Siman- 
cas  est  fait  pour  décourager  le  chercheur  le  plus  intrépide.  La  lillê- 
ralure  imprimée  est  également  mise  à  profit  avec  une  très  vaste  éru- 
dition, quant  aux  livres  spéciaux;  la  littérature  historique  générale, 
au  contraire,  est  un  peu  négligée.  C'est  une  des  causes  qui  ont  amené 
M.  Ehrenberg  â  exagérer  l'influence  des  motifs  matériels,  aux 
dépens  des  motifs  politiques,  rehgieux  et  sociaux,  selon  la  mode  de 
l'école  historique  la  plus  récente.  Mais  cette  tendance,  d'ailleurs 
facile  à  reconnaître  el  partant  à  rectifier,  n'empêche  pas  le  travail 
de  M.  Rhrenherg  d'être  d'une  utilité  très  grande  et  d'une  impor- 
tance capitale  pour  l'histoire  économique  de  l'époque  de  la  Réforme. 
Le  développement  merveilleux  de  la  puissance  Hnancière  des  grandes 
maisons  do  commerce  de  l'Allemagne  méridionale  aussi  bien  que  des 
Géoois  nous  est  exposé  sur  la  foi  des  documents  authentiques,  aJoat 
que  leur  déclin  dA  à  l'injustice  et  à  la  rapacité  brutale  des  rois  qui 
les  avaient  fait  servir  aux  liesoins  de  leur  politique.  Nous  assistons 
au  fonctionnement  surprenant  des  grandes  bouries  de  Lyon  et  d'An- 
vers, et  nous  les  voyons  disparaître  au  profit  de  celles  d'Amsterdam 
et  de  Francfort.  Les  terribles  crises  pécuniaires  de  celle  époque  ont 
exercé  des  ravages  bien  plus  durables  cl  plus  pernicieux  que  les  faits 
semblables  de  la  période  actuelle.  Quelque  soucieux  qu'il  soit  du 
détail,  M.  l'^hrenberg  n'y  reste  jamais  attaché  et  nous  élève  toujours 
aux  hauteurs  des  grandes  considérations  politiques  et  économiqi 
Bref,  c'est  un  travail  très  considérable. 

1.  Doi  ZeUaitar  ifcr  Fusger,  2  vol.  Jtna,  Fischer. 


iuraieiTE.  447 

De  l'histoire  économique  du  iTt*  siècle,  nous  arrivons  à  son  mou- 
'ement  religieux.  Le  père  jésuite  OtLo  BRiuKSBBAGEit  nous  montre  un 
'les  héros  de  la  conlre-Réforme,  te  jésuite  Pierre  Canisius,  par  la 
Collection  de  ses  lettres  et  actes'.  Canisius  fut  le  premier  Germain 
<]uî  devint  membre  de  la  jeune  Compagnie,  en  1543.  Ce  fut  surtout 
hi  qui  organisa  les  provinces  allemandes  de  l'ordre,  qui  encouragea 
/e  roi  Ferdinand  et  les  princes  calholiques  à  la  lutl«  contre  l'hérésie, 
qui  écrivit  des  livres,  — particulièrement  son  fameux  Catéchisme,  — 
Aussi  importants  pour  l'Église  que  ceux  de  Luther  pour  les  protes- 
tants. En  outre,  il  entretenait  une  immense  correspondance  que 
M.    Braunshcrger  publie  pour  la  première  fois  en  entier,  autant  qu'il 
fa      reste.  L'éditeur  a  mis  en  réquisition  plus  de  260  archives  et 
bibliothèques  ave«  une  ardeur  et  une  patience  réellement  admi- 
'a.bles,  et  il  publie  ses  trouvailles  nombreuses  avec  une  science  qu'il 
feiit  hautement  reconnaître.  Sa  connaissance  de  la  littérature  rela- 
tive à  son  sujet  est  très  vaste,  et  il  la  met  à  profil  avec  la  plus 
gra.Mde  impartialité.  La  correspondance  de  Canisius  est  en  effet  fort 
u*ï  Fkorlanle,  non  seulement  pour  sa  propre  biographie  et  pour  l'his- 
**>«n«  de  l'ordre  des  jésuites,  mais  encore  pour  l'histoire  de  l'Église, 
*te   l'Université  de  Cologne  et  de  l'Allomagne  occidentale  et  méridio- 
nale. En  dehors  des  lettres  de  iM\  à  1556,  ce  premier  volume  con- 
*-*en  t  encore  une  édition  de  l'autobiographie  de  Canisius,  —  incom- 
plète, d'ailleurs,  —  et  ses  JUonumenCa,  c'est-à-dire  les  passages  des 
s<3iarces  contemporaines,  oii  Canisius  est  mentionné.  Ainsi,  le  père 
BrîM-unsberger  coalribue  d'une  manière  eicellente  a  la  vaste  œuvre 
tïîslorique  que  son  ordre  vient  d'entreprendre  dans  différents  pays. 
E^ts     face  de  l'hoslihté  que  la  Compagnie  rencontre  de  tant  de  côtés, 
"rten  ne  saurait  lui  être  plus  utile  que  de  dévoiler  au  public  les 
Sources  mêmes  de  son  histoire,  pour  le  mettre  à  même  de  juger  en 
parfaite  connaissance  de  cause. 

O'est  un  liislorien  laïque,  M.  Jos.  Hlisen,  archiviste  de  la  ville  de 
Cologne,  bien  connu  comme  éditeur  de  documents,  qui  nous  donne 
les  Actes  des  jésuites  de  Cologne,  de  Mayence  et  de  "Trêves,  jusqu'à 
Is  constitution  définitive  de  ces  trois  collèges  de  la  Compagnie^. 
^  actes  sont  très  importants  pour  l'histoire,  soit  de  la  Compa- 
iS"*^  elle-même,  soit,  dans  un  sens  plus  large,  des  affaires 
'^fiïeuses  de  l'Allemagne.  Il  est  regrettable  que  cette  publica* 


'•   Astttri   Pétri   Canitii,  Soeietatis  Jesu.  Epùtuiae  et  acttt.   Prlbaui^-eD- 
Brisgau.  Mohr, 
^  ftA«JrtticJie  Akun  sur  GetckkkU  dei  JesvOenorieiu,  1S41-15S2.  Bonn, 


148  BULLrriIf  HISTOEIQUE. 

tion  ait  coïncidé  avec  celle  de  M.  Braunsberger;  ainsi  beaucoup 
lettres  de  Ganisius  se  trouvent  imprimées  inutilement  dans  I 
deux  ouvrages.  De  nombreuses  autres  lettres,  publiées  déjà 
leurs,  auraient  pu  être  données  par  M.  Hansen  en  extraits,  et  m 
pas  en  entier,  comme  il  le  fait;  de  cette  sorte,  il  aurait  diminué 
beaucoup  l'étendue  de  son  livre.  Mais  tel  qu'il  est,  il  est  encore 
intéressant.  Nous  y  voyons  que,  partout  où  les  princes  ne  favorisai! 
pas  la  Compagnie,  elle  rencontrait  la  plus  grande  méflance  :  à  Gologi=3r^ 
notamment,  elle  dut  mettre  quarante  ans  à  vaincre  la  résistance  »      ^ 
Conseil  de  la  cité,  du  clergé  et  de  TUniversité,  avant  d'arriver^^ 
pouvoir  ériger  un  collège.  Mais  nous  admirons  aussi  l'énergie 
jésuites  qui,  malgré  leur  position  précaire  dans  la  Rome  allemaf 
fondent  de  là  des  colonies  à  Trêves,  à  Mayence,  dans  d'autres  vill  ^kJi 
forcent  TUniversité  à  leur  céder  des  chaires,  combattent  le  prot  ^*^ 
tantisme  et  toute  tendance  vers  la  tolérance  religieuse,  organisi^^ESa/ 
partout  la  contre-Réforme,  soumettent  à  leurs  idées  même  les  nou— ^ 
apostoliques.  Nous  assistons  à  l'éclosion  de  la  branche  allemande    ^ 
Tordre  et  au  développement  de  son  activité  fiévreuse  et  pourtant  si 
considérable  en  faveur  de  l'Église,  menacée  dans  son  existence  mèoie 
dans  tout  l'empire  germanique.  Pour  arriver  à  leurs  fins,  les  jésuites 
devaient  faire  preuve  d'une  abnégation  personnelle  et  d^une  énergie 
de  tous  les  instants  qui  étaient  au-dessus  des  forces  d'individus 
médiocrement  doués  en  intelligence  ou  en  caractère;  de  là  de  nom- 
breux cas  de  démence,  dont  l'un  amena  même,  en  4574,  l'assassi- 
nat des  trois  membres  les  plus  iniluents  parmi  les  jésuites  de  Cologne 
par  un  de  leurs  frères.  Saint  Ignace  désirait  éviter,  du  moins,  toute 
possibilité  d'insubordination  et  de  relâchement  des  mœurs  dans  la 
Compagnie;  c'est  pourquoi  il  défendit,  en  4548,  comme  principe, 
d'admettre  les  femmes  a  l'obédicnco  de  Tordre  et  de  les  laisser 
prononcer  les  vœux  (p.  425).  Dans  une  lettre,  écrite  sur  le  comman- 
dement du  général  par  son  secrétaire  Polanco  aux  frères  de  Lou- 
vain,  en  4549,  les  institutions  de  la  Compagnie  sont  déjà  brièvement 
indiquées  (p.  458  et  suiv.),  preuve  nouvelle  que  Loyola  lui-même,  et 
nullement  son  successeur  Lainez,  a  été  le  véritable  législateur  des 
jésuites.   Très  intéressantes,  aussi,   les  lettres  des  jésuites  qui 
avaient  assisté  à  la  Saint-Barthélémy,  à  Paris  (p.  627  et  suiv.).  Elles 
répètent  les  calomnies  que  les  assassins  ont  répandues  alors  sur  leurs 
victimes;  les  huguenots  auraient  été  tués  au  moment  où  ils  atta- 
quaient le  roi  et  sa  famille;  ces  hérétiques  auraient  déjà  détruit  deux 
corps  de  garde  du  monarque  et  auraient  été  vaincus  et  anéantis,  seu- 
lement lorsqu'ils  attaquèrent  la  troisième  et  dernière  garde  du  sou- 
verain. Ces  mensonges  conscients  sont  caractéristiques. 


Knstilut  prussien  d'histoire  dn  Rome  et  la  catholique  Société  de 
î  se  sont  partagé  la  tâche  da  publier  les  dépêches  et  relations 
des  nonces  apostoliques  en  Allemagne,  de  sorte  que  la  Société  se 
contente  de  s'occuper  des  nonces  de  1SS5  à  1605,  depuis  SixLe-Qutnl 
jusqu'à  Clément  VIII,  L'Institut  prussien  édite  maintenant  le  pre- 
mier volume  de  la  troisième  partie  (nonciature  du  comte  Barlholomé 
de  Porta  dans  l'Allemagne  du  sud)  de  sa  troisième  série  (4572  ix 
(S85)'.  Ce  volume,  rédigé  par  M.  Karl  Schellbiss,  embrasse  les 
années  1573  et  4574.  Nous  y  assistons  aux  premières  tentatives  faites 
pour  réformer  le  clergé  allemand  par  la  discipline  et  par  l'instruction, 
tentatives  qui  ont  rendu  des  services  immenses  à  la  cause  catholique. 
On  commença  par  s'adresser  dans  cette  intention,  non  pas  à  l'empe- 
reur Maximiiien  11,  dont  le  zèle  pour  l'Église  était  fort  suspect,  mais 
aux  petits  princes  de  l'Allemagne  méridionale,  plus  dignes  de  la  con- 
fiance de  la  cour  de  Rome.  M.  Schellhass  expose  très  bien  ces  f^ils 
dans  l'introduction,  dont  il  fait  précéder  l'impression  des  docu- 
ments mêmes.  Ceux-ci  prouvent  de  nouveau  la  grande  amitié  que  le 
pape  Grégoire  XllI  portait  aux  jésuites  et  l'assistance  qu'il  leur  prê- 
tait partout.  Le  nonce  est  obligé  de  reconnaître  l'indignité  absolue 
d'un  grand  nombre  de  prélats  de  l'Allemagne  du  sud  (p.  19S)  et  la 
pénurie  de  sujets  vertueux ,  capables  d'être  promus  à  l'épiscopat. 
Les  faits  que  cite  le  comte  de  Porta  sont  de  la  plus  haute  gravité. 

La  Société  de  Goerres  nous  donne,  par  les  soins  de  MM.  Stephan 
Enses  el  Al.  Meisteb,  le  premier  volume  de  sa  première  série  :  la 
Nonciature  de  Cologne^  Il  contient  d'ailleurs,  à  côté  de  la  noncia- 
ture de  Bouomi  à  Cologne  (1584-1587),  celle  de  Santonio  en  Suisse, 
autant  qu'elle  se  rapporte  aux  affaires  d'Allemagne  et  de  France. 
Quant  a  ces  dernières,  nous  y  trouvons  surtout  des  faits  concernant 
les  mercenaires  suisses  du  roi  très  chrétien.  Les  documents  relatifs 
à  la  nonciature  de  Bonomi  sont  plus  intéressants  pour  l'histoire  de 
la  réforme  catholique  que  pour  l'histoire  politique  de  l'Allemagne. 
L'immixtion  de  la  cour  de  Rome  dans  la  lutte  pour  l'évèché  de 
Strasbourg  et  l'intercession  des  princes  protestants  en  faveur  des 
chanoines  évangèliques  de  cette  ville  y  jouent  également  un  rùle  con- 
sidérable. MM.  Ehses  et  Moister  ont  enrichi  leur  pubUcation  d'une 


1.  Nanliaturbericlile  aiu  Deutichland,  heraatg.  ton  dem  Kûn.  Preuu.  Int- 
l.tiil  in  Rom  und  der  Klin.  Preva.  ÀTehiv-Yern-allang ;  série  tll  :  1572-1585; 
ptirlie  III  ;  Die  Silddmliche  yuntiatar  du  Grafen  Bartkol.  von  Porta;  toI,  I  : 
1573-1574.  Berlin.  RalL. 

2.  Qvellett  tiitiJ  Fonchangen  auf  item  Geblete  der  Geachiclite,  herausg.  von 
r  GOTTtf-GeietlKkafl;  roi.  IV  ;  yanlîatarberielite  oui  DeutsclUand,  I  ;  Die 

r  jVfindafur.  Paderborti.  Scbitningh. 


L 


\ 


450  BULLKTIFI  HISTORIQUE. 

introduction  fort  étendue  et  de  notes  explicatives  très  mMioir^^&. 

L'administration  des  archives  de  Prusse  a  continué  d'une  mani^^sci 
très  louable  ses  publications  de  documents  ^  Le  64*  volume  ooi^km 
tient  :  la  Politique  de  la  Poméranie  pendant  la  guerre  de  Trei^E-x 
ans,  par  M.  M.  Bjer.  Nous  y  trouvons  surtout  les  documents  relal:^  J 
à  la  succession  de  la  Poméranie,  avant  et  après  que  la  couronne  duc 
de  ce  pays  Ait  devenue  vacante  par  la  mort  de  son  dernier  duc  ini 
pendant,  Bogislav  XIV,  en   4637.  L*introduction  historique 
M.  Bœr,  assez  développée,  se  basant  particulièrement  sur  les  d< 
ments  publiés  pour  la  première  fois  dans  son  volume  même,  proi^^iui 
à  l'évidence  que  Gustave-Adolphe  de  Suède  était  d^accord  avec-'  Je 
gouvernement  poméranien  lors  de  son  arrivée  devant  Stettin,       em 
4630,  et  que  la  défense  de  la  religion  protestante  n'était  pas  le  motff 
principal  qui  amenait  alors  ce  monarque  en  Allemagne.  C'était,  eo 
premier  lieu,  le  projet  de  dominer  la  Baltique;  en  second,  le  désir 
de  se  venger  de  Tasslstance  prêtée  à  ses  ennemis,  les  Polonais,  par 
l'empereur  Ferdinand  II  et  par  son  général  Wallenstein.  Sans  se  sou- 
cier des  droits  incontestables  que  son  beau-frère,  l'électeur  de  Bran- 
debourg, avait  à  la  succession  de  la  Poméranie,  Gustave-Adolphe  en 
prépara  l'annexion  à  la  Suède,  contre  le  gré  des  Poméraniens  eux- 
mêmes.  Il  est  vrai  que  la  conduite  maladroite  et  indécise  de  l'électeur 
George-Guillaume  aida  merveilleusement  les  Suédois  dans  leurs  pro- 
jets de  conquête. 

Le  66*  volume  nous  donne  le  tome  IV  des  Procès-verbaux  et 
relations  du  conseil  secret  du  grand  électeur  Frédéric-Guillaume,  par 
M.  Othon  Mbinardcts.  Le  conseil  secret  du  grand  électeur  jouait  un 
rôle  très  important  pendant  les  premières  années  de  son  règne,  à  une 
époque  où  ce  prince,  jeune  homme  d'une  vingtaine  d'années,  était 
encore  trop  incertain  dans  ses  propres  idées  pour  rien  décider  sans 
l'avis  de  tous  ses  conseillers.  Mais  à  l'époque  dont  traite  ce  volume, 
Frédéric-Guillaume  avait  déjà  reconnu  le  peu  de  valeur  des  anciens 
ministres  de  son  père  et  prenait  ses  résolutions  sans  eux,  avec  un 
nombre  très  restreint  de  confidents.  Par  conséquent,  ce  volume  est 
beaucoup  moins  important  que  les  précédents.  Les  documents  quMl 
publie  roulent,  à  quelques  exceptions  près,  sur  des  aflfkires  d'admi- 
nistration, d'un  ordre  inférieur,  et  même  la  plupart  des  avis  vrai- 
ment politiques  formulés  par  le  conseil  secret  ont  peu  influé  sur  la 

1.  Publikathnen  au$  den  Kôn.  Preuss.  Staatsarehiven,  Veraniaut  und 
herausg.  vonderKôn.  Archiv-Verwallung ;  vol.  LXIV  :  DiePolUik  Pommenu 
itnhrend  des  dreissigjflhrigen  Krieges;  vol.  LXVI  :  ProtokoUe  und  RetaHo- 
nen  des  Brandenburg.  Geheimen  Rathes  aus  der  Zeit  dm  KurfUnien  Frie- 
drich WUMm  ;  vol,  IV  :  1647-16S4.  Leipzig,  Hirxel. 


ILLEKAGNB. 


Kfeci 


marche  dos  événemenls.  La  partie  de  beaucoup  la  plus  imporLanle  du 

.Tolume  est  l'introducLion  où  M.  Meinardus,  avec  la  précision,  avec  la 

lence  cl  la  largeur  de  vues  qu'on  lui  connaît,  eipose  l'btsloirc 

luttes   lanlot  diplomatiques  tantôt   militaires  entre  le  jeune 

;teup  et  le  duc  de  Neubourg  pour  les  provinces  formant  la  succes- 
sion de  Julîers-Glèves,  de  1047  à  1651.  En  outre,  le  volume  coutient 
quelf^ues  documents  intéressants  relatifs  à  la  chute  du  ministre  de 
Burgedorf  et  à  l'avènement  au  pouvoir  de  son  successeur,  M.  de 
Slumenthal. 

Jo  ne  fais  que  citer  le  premier  volume  d'une  biographie  du  grand 
électeur,  que  j'ai  fait  paraître*.  Mon  but  était  surtout  de  réunir,  dans 
un  tableau  aussi  vivant  que  possible,  les  résultat»  des  innombrables 
publications  de  sources  et  monographies  qui  ont  paru  sur  ce  sujet, 
et  qui,  naturellement,  restent  inconnus  du  public. 

Ed  profitant  des  éludes  préparatoires  faites  par  feu  le  professeur 
Ernest  Fiscber,  en  vue  d'une  biographie  de  Derfllinger,  le  l'amcui 
maréchal  du  grand  électeur,  M.  Wilhelm  vo^t  Uiïgkh  les  a  complétées 
par  des  recherches  personnelles*.  11  nous  a  fourni  ainsi,  pour  la  pre- 
mière fois,  une  histoire  vcridique  et  assez  complète  du  vieux  troupier 
qui,  d'ailleurs,  était  un  excellent  organisateur  militaire.  Le  fait  que 
M.  de  Unger  est  lui-même  ancien  soldat  rend  sa  biographie  de  Derf- 
ninger  doublement  précieuse  pour  nous.  Par  ce  travail  ainsi  que  par 
les  biographies,  antérieurement  publiées,  d'un  certain  nombre  des 
liommes  d'État  du  grand  électeur,  celui-ci  est  descendu  de  la  liauleur 
isolée  sur  laquelle  Droysen  et  Ranke  l'avaient  placé,  au-dessus  de 
l'humanité  ordinaire;  nous  comprenons  de  plus  en  plus  l'origine  de 
s«3  décisions  en  matières  politiques  et  militaires  et  l'inlluence  exercée 
sur  lui  par  son  entourage. 

Le  successeur  de  Frédéric-Guillaume,  Frédéric,  le  dernier  électeur 
de  Brandebourg  et  premier  roi  de  Prusse,  ne  lui  ressemblait  que  par 
l'ambition.  Au  fond,  c'était  un  homme  faible,  parfois  colérique  et 
passionné,  mats  incapable  de  résolutions  fermes  et  constantes,  dirigé 
par  les  influences  du  moment,  cédant  â  des  considérations  mesquines. 
Tel  il  nous  parait  de  nouveau  dans  l'excellent  travail,  peut-être  trop 
miQuIieux  pour  les  détails  infimes,  de  M.  P.  H*iee,  sur  la  politique  et 
les  actions  militaires  du  Brandebourg  en  U\88  et  1689^. 


1.  Der  Groue  Kwfîlrsl  Friedrich  WUkelm  «on  Brandatburg;  vol.  1 :  1640- 
1660.  Beriin,  Crotibach,  I3a7. 

3.  PeldmarJchall  Berf/linger  {Beihefl  lum  MUiWrwochenblatl,  18%,  o-  7 
et  S). 

3.  Brand^burgisclie  PolUik  und  KrieçfiUtruiig  1G88  uad  1689.  KaMol, 
vBruiin(!aiii.iii 


^w  Bruiin(!aiii.iiiu 


4  sa 


DDLUETIIf  HiSTOKlgOB. 


La  vie  d'un  archevêque  de  Maj'ence  du  xth"  siècle  est  raconlée  dans 
deux  ouvrages,  dus  à  rinfluenco  de  M.  E&Dm^^fsiKsaKFiiK  :  le  premier, 
par  l'inlermédiaire  de  son  excellente  Bistoire  d'Allemagne  drpuit  la 
paix  de  Wnlp/ialie  ;  le  second,  directement.  Le  fait  i]ue  deux  auteurs 
s'occupent  en  même  temps  de  Jean-Philippe  de  Schonboni  s'explique 
par  le  râle  relativomeot  important  joué  par  ce  prince  dans  la  plus 
triste  période  de  l'histoire  d'Allemagne,  et  par  la  faveurqu'il  a  mon- 
trée aux  hommes  de  science,  surtout  au  i^rand  Leibniz.  M.  George 
Mentï,  privât  docent  k  Jéna*,  a  un  but  plus  vaste  que  son  rival  : 
il  désire  présenter  la  biographie  entière  du  prince  ecclésiastique, 
dont  le  premier  volume  raconte  la  politique  extérieure,  tandis  qu'un 
second  volume  exposera  son  administralionelsavie  intime.  M.  MenU 
a  fait  des  études  sérieuses  aux  archives  de  Rome,  de  Vienne  el  de 
Wiirzbourg;  malheureusement,  il  a  négligé  celles  de  Paris,  pourt^il 
si  importantes,  et  les  archives  de  la  [kmille  de  SchOnboro,  à  Wie- 
sentheid.  .\usâi  ne  saurail-on  prétendre,  malgré  beaucoup  de  détails 
nouveaux,  qu'il  ait  réellement  enrichi  nos  connaissances  sur  l'homme 
et  sur  l'époque,  sauf  peut-être  pour  les  négociations  relatives  à  la 
conservation  de  la  Lorraine,  en  ^670  et  1671.  M.  Charles  WiLD*a 
limité  sou  travail  plus  élroilement  :  il  ne  va  que  jusqu'à  la  conclu- 
siou  de  la  paix  de  Westphalie.  En  tirant  prolît  des  papiers  de 
ramilles  conservés  à  Wiesentbeid,  il  consacre  son  livre  surtout  à 
l'action  de  Sclionborn  dana  les  longues  négociations  de  Munster  et 
d'Osnabruck.  Son  héros  y  contribua  avec  succès  en  se  liguant 
autant  avec  les  princes  protestants  qu'avec  la  Bavière  et  avec 
la  France,  et  aida  beaucoup  à  forcer  l'empereur  à  se  séparer  de 
l'Espagne  et  à  accepter  une  paix  peu  profitable  à  la  maison  de  Habs* 
bourg.  Mais  faut-il  écrire  tout  un  volume  pour  constater  ces  fUts 
relativement  peu  intéressants  d'un  point  de  vue  général?  Le  talent  et 
la  puissance  de  Schonborn,  ainsi  que  l'inlluence  qu'il  a  pu  exercer, 
étaient,  ce  me  semble,  trop  faibles  pour  justifier  tant  de  peine,  et  de 
la  part  du  lecteur  et  de  celle  de  l'auteur. 

M.Albert  vo.t  K'ofiu.iL,  privât  docent  a  Halle,  raconte  l'Histoire  de 
la  diète  de  l'empire,  tenue  à  Ratishonne  pendant  les  années  1653  et 
1654^.  Destinée  a  réaliser  des  réformes  importantes  dans  La  législa- 
tion et  dans  radministration  de  l'empire,  celte  dicte  échoua  complè- 

1.  Johann- PhUipp  von  Schontiorn,  Kurplrsl  von  Mainz,  Bitckof  ton  Wilrsr- 
burg  und  Wonni;  toI.  I  :  1605-1673.  Jéna.  Fischer. 

2.  Joliann-PhUipp  von  Schonborn,  eJn  FriedemfUrsl  sur  Zeit  des  dreittlg- 
Jahrigen  Krieges.  Heidelberit.  Winter. 

3.  Die  Kaiierliehe  PotiM  auf  devt  Begensbtirger  Reiekttag»,  l^:i-l6U. 
Berlin,  Gutlenti^. 


»  areuug-     i 
165:^-16».     Jj 


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PP 


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ILLBIfâSHB.  48S 

tocncnt  et  se  sépara  saiis  aucun  résullat  considérable.  S'appu^ranl sur 
les  matériaux  des  riches  archives  de  Vienne,  l'auLeur  cherche  à  jus- 
t.iHfST  l'empereur  el  la  majorité  de  la  diète.  Cepcodaut  il  ne  conTain- 
ci"«a.  que  peu  de  personnes;  il  n'aura  réussi  qu'à  détruire  plusieurs 
eï-K-e!iirs  de  détail  et  à  rendre  un  peu  plus  cléments  les  jugemenla  à 
j>or-teraur  les  pouvoirs  cenlraux  de  l'ancien  empire  germanique. 

£>ans  notre  revue  précédente,  nouâ  avons  parlé  de  l'Hisloire  de  la 
{^is^rre  de  la  succession  d'Autriche,  publiée  par  les  archives  de  la 
^u^  rre  autrichiennes.  Le  premier  volume  contenait  l'introduction  ;  le 
cl<3a.a:iieme,  rédigé  par  le  colonel  Karl  ton  Ucivcger,  traite  de  la  pre- 
ETxi  ère  année  de  la  première  guerre  de  Silésie  (décembre  1740-auLomne 
■■  "ST-*  l)'.  Il  faut  encore  louer  la  parraiLe  impartialité  de  cet  ouvrage. 
Af^isen  revanche,  quel  fatras  de  détails  inutiles,  quel  manque  ahsolu 
d^      talent  d'historien  I  II  vaudrait  vraiment  mieux  que  l'auteur  se 
rm  tentât  d'exposer  les  faits  militaires,  sans  s'aventurer  dans  des 
ck-sidéraUons  politiques  et  psychologiques. 
2M-  0.  Webeh  décrit  uo  épisode  de  la  guerre  de  la  succession  d'Au- 
*■■•»  c=.he,  l'occupation  de  Prague  par  les  Frannais  et  les  Bavarois  eu  174 1 
*it-      -i7*3*.  Il  y  emploie  surtout  des  journaux  tenus  à  cette  époque 
«^n.ë  me  par  des  habitants  de  Prague,  et  en  second  lieu  des  matériaux 
Ifo  wïês  aux  archives  de  Prague  et  de  Vienne  ;  et  tout  cela  est  jugé  et 
m  i  s  a  proOt  avec  beaucoup  de  sagesse  el  de  saine  critique.  La  lilté- 
""a-l-ure  imprimée,  cependant,  n'est  pas  sufûsamnient  connue  à  M.  We- 
Ij^r- .  Nous  voyons  que  les  Français,  martres  de  Prague,  s'y  montrèrent 
bk^weillants  et  doux  envers  les  habitants,  mais  négligents  et  im- 
prévoyants pour  leurs  propres  intérêts.  L'incapacité  du  maréchal  de 
Broglie  est  mise  hors  do  doute,  quoi  qu'en  ait  dit  son  illustre  des- 
cendant actuel. 

Ou  sait  que  M.  Albert  Njiddé  a  été  enlevé  par  une  mort  prématurée 
à  l'enseignement  et  à  la  science  historiques  peu  de  mois  après  avoir 
piitilié  la  seconde  partie  de  ses  Études  sur  l'origine  de  la  guerre  de 
^Ptans*.  Comme  la  première  partie  traitait  des  intentions  politiques 
'^^  fies  préparatifs  militaires  de  l'.Yutriche,  le  second  fascicule  s'oc- 
^Pe  des  projets  et  des  armements  du  roi  de  Prusse.  Ce  travail,  basé 
^KcJitgiveiaeDt  sur  des  recherches  infetigables  aux  archives  de  la 
guerre  de  Berlin,  néglige  de  parti  pris  les  paroles  et  les  écrits  de  Fré- 
"ûï^c  B,  qu'on  a  taxés  d'hypocrites,  et  ne  cite  que  des  faits  incontcs- 


.  K.  Kriegsarnhiv,  Der  Œsttmicliische  Erbfolgtkrteg :  vol.  Il  : 


l'46.  t  718.  Vienne,  Scidsl. 
'"     ■*>*«  Okkupation  Prags  dureh  Pramoien  vnd  Baiern.  Pr3|;ue,  Cnivc. 
,'  -^mlra-ge  sur  SnUtehUTigigeKhiehte  des  Subeajxhrigen  Krieget,  fut.  11. 
'*'i»».ig,  Ouoclser  el  Humblol, 


J 


454 


BULLETIN  HISTORIQUE. 


que 
ar- 
bilh 


te, 


ci» 


tables  el  inattaquables.  Sur  la  foi  des  documents  militaires,  H.  Naadé 
prouve  que  les  prétendus  préparatifs  militaires  du  roi  mentioDiiii& 
par  M.  Lehmann  n^existaient  point  dans  la  première  partie  de  T^ 
4756,  que  les  forteresses  de  Silésie  étaient  inachevées,  que  leurs 
nisons,  leur  artillerie  étaient  peu  nombreuses,  que  l'armée  de 
pagne  n^était  point  augmentée,  que  le  trésor  était  loin  de  possédeKr*^fi& 
sommes  que  Frédéric  II  avait  toujours  estimées  nécessaires  m 
pour  une  guerre  défensive,  que  grand  nombre  d'ofnders  avaient 
des  congés,  en  partie  justement  pour  les  villes  d^eau  de  Bohême, 
la  plupart  des  régiments  avaient  renvoyé  leurs  réservistes,  que 
mée  manquait  d'armes,  d*uniformes  et  de  munitions  pour  la  mOi 
sation.  Les  premières  mesures  de  mobilisation  se  firent  depui    Ss  le 
47  juin  4756,  mais  exclusivement  pour  le  corps  dVmée  de  la 
orientale,  contre  L'attaque  dont  la  Russie  menaçait  alors  cette 
vince;  et  elles  furent  contremandées  dès  le  29  juin,  lorsque  la 
priée  par  TAutriche  d'ajourner  la  guerre  jusqu'à  Tannée  suiv 
arrêta  ses  colonnes  de  marche.  Ce  n'est  qu'après  avoir  reçu 
communications  sûres  dévoilant  les  grands  préparatifs  de  l'Auti 
et  la  formation  d'une  terrible  confédération  dirigée  contre  l'exister  ^^ 
même  de  son  État,  c'est-à-dire  depuis  le  45  juillet  4756,  que  Frfe'^®" 
rie  se  décide  à  plutôt  praevenire  quant  praeveniri  et  qu'il  comma^^^f 
la  mobilisation  de  son  armée.  En  réalité,  la  situation  politique  é 
de  nature  à  décourager  le  joueur  le  plus  intrépide  d'une  guerre  oRî 
sive  et  de  conquêtes.  Aucune  des  conditions  que  Frédéric,  dans 
rêveries  de  Tan  4752,  avait  posées  comme  indispensables  pour  n. 
telle  guerre,  n'était  accomplie-,  au  contraire,  la  Prusse  était 
ment  isolée  en  face  d'innombrables  adversaires. 

On  le  voit,  les  faits  sont  d'accord  avec  les  paroles  du  roi,  je  ne 
pasavec celles  qui  étaient  destinées  à  la  publicité  et  qui,  naturellemi 
ne  contiennent  ()as  la  vérité  toute  pure,  mais  avec  ses  explicatl 
envers  ses  frères,  ainsi  qu'envers  ses  principaux  ministres  et  générau::^ 

Il  va  sans  dire  que  M.  LBHMi^in,  dans  les  Goiiinger  Geteh 
Anseigen  de  4896,  p.  814  et  suiv.,  s'est  efforcé  d'aOkiblir  Tarj 
mentation  de  M.  Naudé.   L'unique  allié  important  du  fougu 
professeur  de  Gœttingue,  M.  Delbruck  (Preussische  JahrhUeh 
t.  LXXXVI,  p.  446  et  suiv.),  avoue  que  Naudé  l'a  réfuté  en  pluslei 
endroits,  ainsi  que  Lehmann,  et  il  confesse  que  l'Autriche  était 
moins  autant  l'agresseur  que  Frédéric  II  (voir  p.  425).  Cependant, 
cherche  à  démontrer  que  les  résultats  établis  par  Naudé  et  Koser  soi 
peu  considérables  et  que  tout  ce  qui  reste  encore  debout  de  sa  prop 
thèse  et  do  celle  de  Lehmann  est  très  important.  Malheureusemen 
il  emploie,  pour  prouver  ces  faits,  des  artifices  peu  dignes  d'un  bi 


3.- 


e 


ILLBHAOlte.  455 

torien  sérieux  ;  par  exemple,  il  cite  les  paroles  d'une  lettre  de  Fré- 
déric lï  du  A  juillet  1 756  :  «  Si  les  Autrichiens  ont  la  guerre  dans  le 
Wnlre.  on  les  fera  accoucher;  s  mais  il  omet  ce  qui  suit  immédiale- 
ttenl  :  <  S'ils  se  sont  précipités  avec  leurs  démonstrations,  ils  ren- 
gaineront bien  vile,  >■  ainsi  que  le  commencement  de  la  même  lettre, 
fjpique  pour  toute  ta  correspondance  du  roi  pendant  ces  semaines  : 
«  Je  vois  par  tout  ceci,  —  les  nouvelles  d'armements  autrichiens,  — 
beaucoup  de  mauvaise  volonté,  mais  point  de  projet  solide.  «  il  répote 
constamment,  dans  ses  lettres  les  plus  confidentielles,  qu'il  fera 
dépendre  ses  propres  résolutions  sur  la  paix  et  la  guerre  des  projeta 
de  l'Autriche  et  de  la  Russie  (Politische  Correspondem,  t.  XIII,  p.  33, 
39,  42).  Le  10  et  le  13  juillet,  il  dit  expressément  qu'il  ne  croit  pas 
il  La  guerre  pour  la  même  année  {fbid.,  p.  53,  59).  Ce  n'est  qu'après 
avoir  reçu  la  nouvelle  de  son  ministre  à  la  Haye  du  ^  3  juillet  que 
l'A^nlricbe,  avec  80,000  hommes,  et  la  Russie,  avec  420,000,  allaient 
r<]Lttaquer  au  printemps  suivant,  qu'il  se  décide  à  la  lutte. 

fHistoire  de  l'Angleterre  pendant  le  iviii"  siècle  est  traitée  par 
M.    Wolfgang  Michibl,  professeur  â  Fribourg'.  Son  ouvrage  est 
conçu  d'après  un  vaste  plan  :  le  premier  volume,  déjà  gros  de  plus 
de    850  pages,  ne  contient  que  l'histoire  de  quatre  années,  de  4714 
à  4  74S.  Si  l'auteur  continue  sur  ce  même  pied,  il  lui  Faudra  vingt 
volumes  du  même  calibre  pour  arriver  à  la  (in  de  sa  tâche.  Il  serait 
▼raiinenl  à  désirer,  dans  rintérét  des  auteurs,  des  lecteurs  et  de  ta 
propagation  des  connaissances  historiques,  que  les  historiens  se  sou- 
vinssent du  mot  de  Gœtbe  :  que  le  maître  se  montre  dans  la  restric- 
"oo  et  dans  la  limitation.  On  souhaitera,  d'ailleurs,  que  M.  Michael 
^'gne  davantage  son  style,  fatigant  parfois  et  rebutant  par  la  trop 
«"é<|uenie  répétition  des  mêmes  mots  et  des  mêmes  phrases.  Cepen- 
''^■■it,  si  on  a  le  cou  rage  de  se  hasarder  dans  la  lecture  de  son  ouvrage, 
'"'   en  est  récompensé  par  la  quantité  de  détails  historiques  présentés 
"^*"  la  base  solide  d'études  approfondies  et  consciencieuses.  Jamais, 
P*^ur  cette  partie  de  l'histoire,  ils  n'ont  été  exposés  avec  celte  ampleur 
^'-    Cette  précision,  progrès  évident  sur  le  livre  bien  connu  de  lord 
«ation.  Tandis  que  Leckï  nous  donne  pluttît  Ihistorique  du  mouve- 
■^^ïit  de  la  civilisation  et  de  la  culture  matérielle  et  inlellectuelle  de 
.      ^  ^lelerre  pendant  le  xviii'  siècle,  M.  Michael  décrit  les  faits  poli- 
"lUea  d'une  manière  définitive. 

En  arrivant  à  l'époque  de  la  Révolution,   noua  pouvons  noua 
■^*3lenter  de  citer  seulement  la  correspondance  de  l'archiduchesse 

_      ^-  BngliKhe  Gtfchichte  iM  adUieknten  JaliThu»d«rt,  l.  1.  Uamboarg  et 


156  BULLETni  HISTORIQUE. 

Marîe-Christînc  avec  l'empereur  Léopold  IIS  ouvrage  dont  il  a 
été  parlé  dans  cette  Revue,  numéro  de  mai-juin  1897. 

M.  HannsGuGio  inaugure  la  série  des  Études  historiques  put 
par  M.  E.  Eberhcg,  par  une  étude  sur  l'Assemblée  législative  et 
gine  des  guerres  de  la  Révolution'.  Re  travail,  sorti  du  sémii 
historique  de  Fexcellent  professeur  Max  Lenz,  traite  surtout  de 
fluence  du  comte  de  Narbonne  sur  le  ministère  des  Feuillants  e 
l'origine  de  la  guerre  de  i  792.  Il  montre  que  la  fuite  de  Yareni 
déchaîné  la  méflance  générale,  en  France,  contre  Marie-Antoinei 
contre  ses  négociations  secrètes  avec  la  cour  de  Vienne.  Tandis 
le  ministère  des  Feuillants  cherchait  à  apaiser  Tindignation  c 
craintes  populaires,  Narbonne  désirait  la  guerre,  et  sa  chute  se 
à  augmenter  l'antipathie  de  la  nation  contre  ses  collègues  feuil 
et  contre  la  cour  des  Tuileries,  et  à  grandir  ainsi  les  chance 
guerre.  M.  Glagau  nous  donne  de  nombreux  détails  et  docun 
nouveaux  d'un  haut  intérêt,  sans  contribuer  beaucoup  à  la  soli 
définitive  de  la  question  de  savoir  à  qui  revient  la  faute  d^i 
déchaîné  les  immenses  luttes  de  la  Révolution  et  de  l'Empire. 

Nous  avons  déjà  parlé  des  publications  que  les  archiducs  Alb< 
Guillaume  ont  fait  paraître  sur  la  vie  de  leur  célèbre  père.  Tard 
Charles.  Les  deux  princes  ont  malheureusement  disparu  après  ; 
jeté  les  premières  bases  du  monument  qu'ils  ont  voulu  élev< 
rhonneur  du  grand  général.  Ce  sont  ses  petits-fils,  les  archiducs 
déric  et  Eugène,  qui  continuent  actuellement  cette  œuvre  import 
Six  volumes  de  ses  (Huvres  choisies  ont  paru  ;  de  même  deux  vol 
de  sa  biographie  par  M.  de  Zeissberg.  Maintenant  le  colonel  Ma 
D'AifGELi  vient  de  publier  les  trois  premiers  volumes  d'une  his 
militaire  de  Tarchiduc  Charles'.  L'importance  de  ce  dernier  ou' 
pour  rhistoire  générale  consiste  surtout  dans  l'emploi  que  Faut 
pu  faire  de  la  correspondance  tant  officielle  qu'intime  de  son  fa 
Celui-ci  y  parait  plein  de  la  plus  grande  modestie,  diminuant  < 
tamment  ses  propres  mérites  en  faveur  de  ses  subordonnés, 
désormais  on  ne  pourra  plus  juger  les  actions  militaires  de  Gï 
sans  tenir  compte  de  la  jalousie  haineuse  que  son  frère,  l'erope 
a  toujours  montrée  envers  sa  supériorité  de  talent  et  de  cara< 

1.  Hanns  Schlitter,  Briefe  der  Erzhenogin  Marie  Christine,  Statihc 
der  Niederlande,  an  Leopold  II.  Vienne,  Gerold. 

2.  JHe  franzôsitche  Législative  und  der  Ursprung  der  Révolutions-  / 
1791-1792  {llistorische  Studien,  verôffentlichl  von  D'  E.  Ebering,  t.  I) 
lin,  Ebering. 

3.  Erzherzog  Karl  von  Otsterreich  als  Feldherr  und  Heeresorgam 
vol.  I,  II,  III.  Vienne  et  Leipzig,  1896. 


ALLSHIGRE.  i  57 

el  des  empéchemenls  de  lout  genre,  par  lesquels,  même  aux  ilépena 
de  l'Élal,  François  !"  a  essayé  de  détruire  les  résulLala  oblenus  par 
les  victoires  de  l'archiduc.  De  même,  la  condamnation  de  la  poli- 
tique do  Tliugut  ressort  aussi  bien  des  lettres  de  l'archiduc  et  des 
pa^s  de  son  biographe  militaire  que  des  écrits  des  historiens  prus- 
siens, que  Ton  a  voulu  taxer  de  partiahtê  sur  ce  point.  Jugeant  le 
prioce  d'après  leur  propre  petitesse,  l'emirereur  et  son  ministre 
étaient  pleins  de  méGance  pour  lui  et  le  soumettaient  continuelle- 
rnenL  a  des  humiliations  et  des  dégoûts  sans  nombre,  a  une  dcpen- 
'hnce  ridicule  pour  la  moindre  décision,  à  des  reproches  Iracassiera, 
à  des  actions  contraires  à  sa  conviction.  Ces  faits  expliquent  en 
graode  partie  ses  hésitations  et  son  irrésolution  apparentes.  11  est 
vrai  que,  même  après  tout  cela,  l'archiduc  Charles  restera  un  géné- 
ral plutôt,  prudent  et  méthodique  que  hardi,  et  que  son  énergie  était 
étroilemenl  limitée  par  une  certaine  lenteur  dans  ses  décisions.  — Il 
esL  re^retlahle  que  M.  d'Angeli,  toujours  équitable  envers  les  armées 
et  les  généraux  Trançais,  se  montre  très  partial  pour  ses  compatriotes, 
<^ont  il  cache  soigneusement  les  fautes  et  les  faiblesses,  et  fort  injuste 
pour  les  Busses  et  leur  général  Souvoroff.  La  biographie  de  celui-ci 
^L  d'ailleurs  enrichie  de  détails  aussi  authentiques  que  piquants  : 
daos  son  ambition  démesurée,  Souvorotf  trouvait  tout  naturel  qu'il 
Commandai  même  à  l'illustre  archiduc.  De  son  côté,  le  Isar  Paul  ne 
™vail  rien  de  moins  que  de  mettre  le  comte  de  Provence  sur  le  trône 
de  France  par  ses  troupes  seules  et  par  le  génie  de  SouvorofT  (voy. 
'-  II,  p.  436],  Malgré  quelques  restrictions  que  nous  avons  dû  faire, 
lous  n'héaitons  pas  â  dire  que  les  volumes  de  M.  d'Angeli  sont 
pleins  de  renseignements  importants  et  uUles  pour  l'époque  des 
guerres  de  la  Révolution  et  du  Consulat. 

Un  des  épisodes  les  plus  curieux  de  ces  grandes  luttes,  la  guerre 

"^   montagnes  en  Suisse,  en  1791),  est  exposé  dans  deux  ouvrages 

"^''itaires.  Le  premier,  écrit  par  M.  Heinh.  GDntueb,  traite  de  la 

*^'**pagne  de  la  division  Lecourhe  dans  les  hautes  montagnes'.  Ce 

'  ^fe,  qui  a  été  couronnépar  la  Société  des  oHiciera  suisses,  est  hase  sur 

^s  recherches  minutieuses  faites  aux  archives  de  la  guerre,  à  Paris, 

'-le  la  famille  de  Lecourbe  elle-même;  très  consciencieux  et  bien 

**^*"*t,  il  est  pourtant  plus  important  encore  pour  le  militaire  que 

Pour  l'historien.  M.  Giinther  justifie  pleinement  le  général  Lecourbe 

"    »"eproche  de  rapacité  qu'on  lui  a  fait  et  prouve,  au  contraire, 

"**  *J    maintenait  une  stricte  discipline  et  l'équité  envers  les  popu- 

ItZ     **""  ^'^^"9  '^  Uioaion,   Lecourbe  iin   ScUa>ei:.erisclien.   llocligebirge. 


.J— É 


158  BULLSTIlf  HISTOtlQUB. 

lations  paisibles.  Ce  n^étaienl  que  les  fonctionnaires  civils  de  Vi 
française  qui  exaspéraient  les  habitants  par  leurs  exactions 
nelles  et  amenaient  ainsi  des  émeutes  dangereuses  et  sanglante 
L'auteur  juge  très  sévèrement,  avec  raison,  Farmée  autrichienne  t 
Tyrol,  dont  la  conduite  misérable  et  le  mauvais  esprit  contrasta 
étrangement  avec  le  courage  et  le  patriotisme  des  paysans  tyroli^i 
et  avec  la  fermeté,  souvent  vraiment  héroïque,  des  troupes  CraL 
çaises.  —  Le  lieutenant-colonel  suisse  Rod.  von  RedilTg-Bibieis 
s^occupe  de  la  campagne  de  Souvoroff  dans  les  Alpes ^  Égalerai 
rédigé  sur  les  matériaux  que  les  archives  de  Paris  ont  fournis,  < 
ouvrage  est  de  beaucoup  inférieur  à  celui  de  M.  Gûnther  coolk 
clarté  et  comme  valeur  historique.  D^ailleurs,  les  résultats  des  d^ 
livres  sont  presque  identiques.  M.  de  Reding  a  cependant  étudia 
topographie  militaire  de  la  Suisse  d'il  y  a  un  siède  plus  profoii.c 
ment  que  son  rival,  dont  quelques  erreurs,  à  ce  point  de  vue, 
corrigées  par  les  déductions  du  colonel. 

Nous  rentrons  sur  le  terrain  politique  avec  le  quatrième  volu 
publié  par  M.  Charles  Obser,  de  la  correspondance  politique  du 
grave  Charles-Frédéric  de  Bade,  de  i7SS  ki 806 ^.  L'éditeur  a  pis.î 
surtout  aux  archives  de  Karlsruhe,  en  second  lieu  à  celles  de 
lin,  de  Vienne,  de  Paris,  de  Copenhague  et  de  plusieurs 
nobles.  Le  volume  comprend  les  années  de  4804  à  1804.  Par  stm 
de  la  faiblesse  de  la  Prusse  et  de  Thostilité  manifeste  de  TAutriel^ 
le  margrave,  après  la  paix  de  Lunéville,  s'attacha  au  premier  con»* 
qui  résolut  de  se  servir  de  son  petit  pays  comme  d'une  avant-gac*^ 
contre  l'Autriche.  11  l'agrandit  par  des  concessions  territoriales  et  ^ 
procura  la  dignité  électorale.  Remarquons  que  c'est  justement  le  jei» 
Éméric-Joseph  de  Daiberg,  —  le  futur  grand-duc  de  Francfort  p 
la  grâce  de  Napoléon,  —  alors  ministre  du  nouvel  électeur  à  Paris,  c^ 
chercha,  mais  en  vain,  à  l'enlrainer  dans  une  politique  anti-françal  ^ 
11  y  a,  dans  ce  volume,  encore  d'autres  détails  historiques  très  intér^ 
sants  dus  aux  relations  des  diplomates  badois.  Je  n'en  mentionner 
ici  que  les  récits  authentiques  sur  l'assassinat  du  tsar  Paul,  ^ 
modiflenl,  en  plusieurs  endroits,  la  tradition  historique  actu^ 
(p.  440  et  suiv.). 

L'an  4  806  amena  la  guerre  entre  Napoléon  I"  et  la  Prusse,  lu 
magistralement  racontée  par  le  colonel  Oscar  de  Lettow-Vobbe^ 
dont  le  livre  classique  est  terminé  maintenant  par  son  quatriètf 


1.  Der  Zug  Suworoffs  durch  die  Schweit.  Zarich,  Schulthess. 

2.  Politische  Correspondenz  Karl  Friedrichs  von  Baden,  1783-1806,  vol. 
Heidelberg,  Winter. 


volame,  auasi  plein  de  résultats  nouveaux  et  sûrs  que  les  parties 
précédentes'.  Nous  y  voyons,  par  exemple,  que  le  rôle  joué  par 
Schariihorsl  en  1 807  fut  beaucoup  plus  effacé  que  le  récent  bio- 
graphe du  général,  M.  Max  Lebman:!,  ne  l'avait  fait  croire.  Le 
ministre  de  Hardenberg,  au  contraire,  parait  dans  les  publications 
modernes  sous  un  jour  plus  favorable  qu'autrefois.  M.  de  Leltow 
expose  avec  franchise  les  intrigues  qui  rendaient  stériles  les  conseils 
courageux  et  patriotiques  de  Hardenberg.  Il  montre  également  le 
manque  de  décision  de  la  part  du  général  en  chef  russe  Bennigsen, 
ainsi  que  l'immixtion  pernicieuse  de  l'empereur  Alexandre  I"  et  du 
roi   Frédéric-Guillaume  III  dans  les  opérations  militaires.  L'auteur 
rend  pleine  justice  au  génie  militaire  de  Napoléon,  presque  infail- 
lible BOUS  ce  rapport.  S'il  semble  parfois  plus  hésitant  que  la  situa- 
Lion   militaire   ne  l'exige,  c'est  que  des  nécessités   politiques  Vy 
ïorcMnt  absolument.  Comme  diplomale,  il  est  également  d'une  habi- 
leté  consommée,  dépourvue,   il   est  vrai,   de   toule  considération 
«noraie.  Mais  comme  homme  d'État,  il  commet  la  faute  énorme  de  ne 
Jamais  songer  à  l'avenir  et  de  méconnailro  l'impossibilité  d'une 
"Xïonarchie  universelle  durable,  telle  qu'il  cherchait  à  la  réaliser. 
ï-*iœparlialité  absolue  de  M,  de  Lellow,  égale  seulement  au  zèle  avec 
I^kquel  il  s'efforce  de  fonder  partout  les  faits  sur  des  documents 
^mîèrement  dignes  de  confiance,  ne  se  change  jamais  en  froideur; 
t^&     caractères  des  protagonistes   ressortent  vivement   du  tableau 
^•*>ouvanl  qu'il  réussit  à  nous  tracer  des  grands  événements  de 
^^tte  époque  mémorable, 

X..*  major  général  Albert  Pfister  expose  le  sort  des  contingents 

^''"** rlembergeois  pondant  les  campagnes  de  1812  et  de  1«I3,  en 

■*^lant  des  lumières  parfois  très  vives  sur  les  rapports  pohtiques  du 

'^•^u-veau  royaume  de  Wurtemberg  avec  les  puissances  voisines  et 

*-***tflul  avec  Napoléon  I"'.  La  matière  du  volume  est  fournie  sur- 

~*^**t  par  les  archives  de  Stuttgart  et  de  Berlin.  Nous  vojons  la  sourde 

^'^stiiilé  des  Ëtats  de  la  confédération  du  Rhin  contre  le  joug  que  les 

■^■"^a-inçais  leur  imposaient  et  qui  était  d'autant  plus  lourd  à  porter 

"ï^e    les  maîtres  ne  cichaient  guère  leur  mépris  pour  leurs  infé- 

■^d»rs.  De  là  des  conlhts  cruels  qui  finissaient  toujours  par  de  nou- 

^^Uea  humiliations  pour  les  Allemands.  Le  roi  Frédéric  de  Wurlem- 

"^r-g  disail  lui-même  qu'il  se  soumettait  à  Napoléon  seulement  d'après 

'<»  if»i  de  la  nécessité.  En  elfel,  la  gratitude  était  inconnue  à  ce  petit 


I 


1  -    J>er  Kritg  von  I80G  witd  ISO?,  t.  IV,  Berlin,  Mittler. 
î-  Jfudem  Lagerdes  Pheinb^miU,  1812-1SI3,  Stuttgart  elLdplig,  DeuUchfl 
\trt«(Sanslilt,  1897. 


160  BULLETIff  HISTORIQUE. 

despole  sans  cœur,  qui  oubliait  volonliers  combien  renapereur  avait 
agrandi  sa  position.  D'ailleurs,  Touvrage  du  général  Pflster  montre 
de  nouveau  que  la  défaite  de  la  grande  armée  de  4842  était  déddée 
dès  son  arrivée  à  Moscou  par  les  pertes  énormes  que  la  inarcbe  pré- 
cipitée à  travers  un  immense  pays  désert  et  dévasté  lui  avait  ioffi- 
gées.  Les  chiffres  que  Tauteur  donne  sur  les  pertes  des  contingente 
wurtembergeois  et  bavarois  parlent  un  langage  terrible. —  Dès  le  mw^ 
d'avril  4843,  le  roi  Frédéric  prépara  sa  séparation  d^avec  la  Frane^^ 
Néanmoins,  ses  troupes  prirent  une  part  brillante  à  la  bataille  (%.« 
Baulzen  et  furent  complètement  anéanties  dans  les  batailles  de  Des:^- 
newitz  et  de  Wartenburg.  Le  petit  reste  de  ce  nouveau  continge«:i.t, 
500  hommes  de  cavalerie,  passa  aux  alliés  dans  la  bataille  de  Leip- 
zig, livrée  par  Napoléon  contre  le  conseil  de  tous  ses  généraux.,    l^ 
livre  de  M.  PHsler  est  riche  de  faits  authentiques  qui  intéresseront 
au  plus  haut  degré  les  lecteurs  français. 

Le  contingent  saxon  fut  moins  maltraité  pendant  la  campagae  de 
4842,  parce  qu'il  était  attaché  au  corps  autrichien  commando    p^ 
Schwarzenberg,  sauf  la  brigade  de  cavalerie  sous  les  ordres  de  T*i^' 
mann,  dont  seuls  vingt  officiers  et  sept  cavaliers  rentrèrent  c1ai>s 
leur  patrie.  L'histoire  de  ce  contingent  est  décrite  par  H.  Maurî^ 
ExNER^,  d'après  des  sources  officielles  et  d'une  manière  très  coïïm^ 
ciencieuse.  Il  ne  réussit  pas,  cependant,  à  expliquer  pourquoi    ^ 
maréchal  autrichien  n'obtempéra  pas  aux  ordres  de  Napoléon  ^^ 
protéger  sa  retraite  et  ainsi  ne  le  sauva  pas  des  désastres  de  l^ 
Bérézina.  Nous  pensons  que  cette  question  ne  saurait  être  txsxM 
chée  par  des  raisons  militaires,  mais  seulement  par  des  raison, 
politiques. 

I^a  campagne  de  4843  fut  Tépoque  d'une  activité  particulière  des 
partisans,  et  ceci  pour  deux  raisons  :  la  grande  supériorité  des  alliés 
sur  las  Français  en  cavalerie  légère,  et  les  sympathies  que  les  popu- 
lations du  théâtre  de  la  guerre  nourrissaient  naturellement  pour  la 
cause  des  alliés.  Le  lieutenant-colonel  E.  Sghxackexburg  raconte  les 
actes  d'un  des  plus  hardis  partisans  prussiens,  Frédéric  de  Helwlg*. 
La  seconde  partie  du  travail  est  une  histoire  complète  de  la  lutte  que 
le  général  Maison  a  glorieusement  soutenue  en  Belgique  contre  des 
troupes  alliées  beaucoup  plus  nombreuses.  Ce  volume  est  rédigé  avec 
beaucoup  de  soins,  d'après  tout  ce  que  la  littérature  historique  offrait 
en  matériaux  et  d'après  un  grand  nombre  de  documents  inédits. 


1.  Der  Anthril  der  KônigL  sxchsischen  Armée  am  Feldsuge  gegen  Ihustoiul, 
1812.  Leipzig,  Duncker  et  Humblot. 

2.  Der  Parteigxnger  Friedrich  von  Hdwig.  BerUn,  Bath. 


\a  part  importante  que  le  général  Charles  de  Grolman  a  prise 
siii  guerres  de  délivrance  a  été  exposée  dans  le  second  volume 
de  l'eicellenl  ouvrage  de  M.  le  général  E.  m  Go?(badt,  dont  nous 
amns  p.irlé  dans  notre  précédent  comple-rendu.  Le  troisième  el  der- 
nier volume  traite  de  la  vie  de  Grolman  en  temps  de  paix  jusqu'à  sa 
Uforl,  en  1M43'.  Si  pendant  ces  vingt-liuit  années  le  général  n'eut  plus 
l'ot^asion  de  raonlrer  ses  qualités  de  stralégîsle,  il  exerça  une  grande 
in  n  uence  sur  le  développement  des  institutions  militaires  de  sa  patrie, 
1(11*  il  aimait  passionnément,  et  sur  le  sort  de  la  province  de  Posen, 
i|L&'il  cherchait  à  priver  de  son  caractère  polonais  el  à  rattacher  élroi- 
li^rnenl  â  la  Prusse  allemande.  Chef  de  Pétat-major  après  la  guerre, 
il  devint,  avec  Guillaume  de  Humboldl  el  le  minisire  de  la  guerre 
iioyen,  le  représenlantdes  idées  libérales  modérées  et  de  l'inslilution 
populaire  dv.  la  landwehr,  battue  en  brèche  par  les  éléments  réac- 
lionnaires  qui  entouraient  Frédéric-Guillaume  III.  Tout  en  rendant 
justice  à  la  landwehr,  M.  de  Conrady  essaie  vainement  de  concilier  ses 
propres  convictions  réactionnaires  avec  le  libéralisme  et  l'unitarisme 
^1  en  ami  de  son  héros.  Il  condamne  sévèrement  les  tendances  cons- 
titutionnelles de  la  jeune  Allemagne  d'alors,  el  pourtant  il  ne  peut 
pas  cacher  que  Grolman  les  approuvait  en  principe,  sans  être  d'ac- 
•^rd  avec,  tous  les  écarts  d'une  fervente  jeunesse  universitaire.  Pour 
le  pas  montrer  Grolman  comme  coreligionnaire  politique  du  libéral 
'luoilioldt,  l'auteur  fait  déjà  quitter  à  celui-ci  le  ministère  en  1.S17, 
'^ndi;^  qu'en  réalité  Humboldl  tomba  en  même  temps  que  Boyen  el 
''■^Iman,  en  décembre  18(9;  et  il  dépeint  l'ennemi  de  Grolman, 
l'u-l  Ira-reaclionnaire  ministre  de  la  police  Wiltgenstein,  comme  ami 
''•^"Voué  du  demi-libéral  Hardenberg  (p.  60),  lorsque,  en  vérité,  il  en 
«•^il  ilevenu  depuis  longtemps  l'adversaire  victorieuï.  Quelles conlre- 
l'^riies  historiques!  Grolman  prit  sa  démission  parce  que  le  »  roi 
avait  peur  du  peuple  »  (p.  76)-,  dans  sa  demande  au  roi,  il  parle 
0  ^Câ  triâtes  années  qu'il  avait  passées  depuis  1813,  ■>  el,  quoique 
Pauvre,  il  renonça  à  toute  pension  pour  montrer  d'autanl  plus  clai- 
rement son  opposition  contre  le  triomphe  de  la  réaction  politique  et 
miliUiire.  La  position  précaire  de  sa  Fortune  le  fonja  à  rentrer  dans 
le  service  en  4823,  et,  après  quelques  années,  il  devint  général  com- 
mandant le  3'  corps  d'armée  â  Posen,  oii  le  roi  lui  confia  également 
k  baute  main  sur  l'administration  civile.  Grolman  fut  partisan  du 
service  mililaire  de  deux  ans  pour  l'infanterie;  il  croyait  même  un 
service  plus  long  nuisible  à  la  discipline  (p.  209).  11  est  donc  d'accord 
afBC  les  idées  défendues  par  l'opposition  parlementaire  de  1860  à 

I.  £«6m  Viut  Wirken  des  GeneraU  Cari  von  Grolman,  l.  ni.  Berlin.  Uittler. 
Rbv.  Hibtor.  LXVL  1"  p*8c.  Il 


162  BULLETIPf  HISTOEIQUE. 

i  866  et  avec  la  législation  allemande  actuelle  contre  le  principe  1 
service  de  trois  ans,  maintenu  par  le  roi  et  empereur  Guillaume  1' 
M.  de  Gonrady  communique  des  faits  très  intéressants  au  point  de vn-^^^ 
politique  sur  les  préparatifs  de  guerre  de  TAUemagne  et  de  l'Autridies^ 
dans  Tautomne  de  4840,  contre  Tattaque  dont  M.  Thiers  menapi.^^^ 
les  provinces  rhénanes.  Bref,  malgré  quelques  dé&uts  que 
avons  dû  signaler,  Touvrage  du  général  de  Gonrady,  basé  partOQ 
sur  des  documents  authentiques  et  en  grande  partie  încoonus,  eer 
un  beau  monument  élevé  à  la  mémoire  de  Grolman  qui,  avec  Schirn-. 
hurst,  Blucher,  Gneisenau,  Boyen,  rendit  les  plus  grands 
pour  la  délivrance  de  TAllemagne  du  joug  de  Napoléon  I*'  et  pour^  -^ 
l'organisation  de  Tarmée  prussienne  moderne. 

Guillaume  de  Humboldt,  comme  homme  d*État,  a  trouvé  un  bic 
graphe  dans  M.  Bruno  Gebhardt^  Le  premier  volume  de  cet  excel- 
lent ouvrage  va  jusqu'au  congrès  de  Prague,  en  août  i  8<3.  Philosopher^* 
esthétique,  poète,  linguiste  émincnt  et  homme  d'État,  Guillaium 
de  Humboidt  nous  est  pour  la  première  fois  dépeint  dans  cette  de^  ^ 
nlère  qualité  par  M.  Gcbhardt,  d'après  des  matériaux,  en  majeure 
partie  inexplorés,  des  archives  prussiennes.    L'immense  mérite 
de  Humboidt  est  de  s^être  toujours  inspiré  de  grandes  idées  générales 
et  de  les  avoir  appliquées  aux  affaires,  sans  pourtant  se  perdre 
dans  la  théorie,  parce  qu'il  étudiait  à  fond  les  détails  et  possédait  un 
sens  historique  très  fin.  Avec  Stein  et  Hardenberg,  mais  d*une 
manière  plus  ferme  et  décidée  que  ce  dernier,  il  représente  le  libé- 
ralisme parmi  les  hommes  d'État  prussiens,  après  les  terribles  catas- 
trophes de  4806  et  de  4807.  A  trente-cinq  ans,  il  commença  sa  car- 
rière politique  par  le  poste  d'envoyé  de  la  Prusse  à  Rome,  où  il 
défendit  le  point  de  vue  séculier  et  protestant  contre  les  prétentions 
de  la  cour  pontificale.  Mais  l'activité  la  plus  féconde  fut  exercée  par 
lui  comme  chef  de  Tinstruction  publique  en  4809  et  4840.  Quoiqu^il 
ne  pût  se  maintenir  longtemps  contre  les  intrigues  des  hauts  fonc- 
tionnaires qui  le  haïssaient  à  cause  de  sa  supériorité  intellectuelle,  et 
contre  Taversion  du  roi  pour  ses  idées  réformatrices  et  pour  son  libé- 
ralisme religieux,  il  réussit  à  marquer  sa  présence  au  département 
de  l'instruction  par  des  créations  importantes  et  durables,  dont  la 
plus  considérable  fut  la  fondation  de  l'Université  de  Berlin,  non 
seulement  le  plus  grand  centre  de  la  science  en  Allemagne,  mais 
encore  un  foyer  ardent  du  patriotisme  prussien  et  allemand.  Pen- 
dant les  premiers  huit  mois  de  l'année  4  84  3,  il  fut,  comme  minisire  de 
Prusse  à  Vienne,  l'allié  diplomatique  des  Scharnhorst,  des  Blucher, 

1.  Wilhdin  von  Hunboldt  aU  SUuUsmann^  L  I.  Stuttgart,  CotU. 


<les  Gneisenau,  et  il  contribua,  plus  que  Hardenlierg,  à  reLenir  le  roi 
f  rêderic-Guillaume,  toujours  méfiant  el  crainlif,  dans  la  voie  de  la 
liilte  libératrice.  M.  Gebhardt,  il  est  vrai,  commet  la  faute  de  ne  voir 
<(ue  les  beaux  côtés  de  son  héros;  mais  il  s'est  servi  d'excellents 
malériam  el  il  fait  parler  autant  que  possible  Humboldt  lui-même, 
de  naanîere  que  nous  obtenons  de  celui-ci  un  portrait  très  vivant, 
quoique  un  peu  flatté. 

Un  autre  libéral  parmi  les  hauts  fonctionnaires  prussiens  de  cette 
époque,  Théodore  von  Scbœï,  président  supérieur  de  la  province  de 
Prusse  et  plus  lard  ministre,  a  toujours  beaucoup  occupé  la  curiosité 
de  s«s  contemporains  et  de  la  poslériLé.  La  marche  de  son  dévelop- 
pement intellectuel  est  expliquée  par  les  papiers  reslant  de  son 
enfance  et  do  sa  jeunesse  et  que  son  fils  vient  de  publier  '.  Bien  plus 
ioiporlanlj  est  la  correspondance  de  Schœn  avec  les  historiens  Pertz 
et  Droysen,  éditée  par  M.  Franz  Rùhl'.  Elle  jette  une  vive  lumière 
sur  l'éminent  homme  d'Étal  ijui  nous  parait  un  peu  vaniteui,  pré- 
Icodantavoirtoujoursraison,  dur  envers  les  faiblesses  d'autrui,  iras- 
cible, mais  plein  de  l'amour  de  l'idéal,  porté  vers  les  belles  et  grandes 
choses,  prompt  à  l'enthousiasme,  profondément  vrai  et  sincère,  ce 
iKëme  homme  que  Treitschke,  dans  sa  haine  aveugle  contre  tout  ce 
<pà  est  libéral,  a  osé  accuser  de  mensonge!  Malgré  toutes  ses  décep- 
[iODs  politiques  et  personnelles,  au  milieu  de  la  plus  triste  réaction, 
SchoBD,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans,  crojait  encore  à  ravènemenl  du 
règne  de  la  raison.  Quoique  manquant  d'impartialité,  ses  jugements 
91»*  Sleiû  et  sur  Hardenberg,  qu'il  a  si  bien  connus,  sont  fort  dignes 
de  considération,  ainsi  que  beaucoup  d'indications  contenues  dans  ses 
lellrea  a  Schwinck,  à  Bunsen  et  à  Friccius,  que  l'éditeur  a  ajoutées, 
D**i8  les  lettres  émanant  de  J.-G.  Droysen,  ce  célèbre  historien  se 
montre  sous  un  jour  des  plus  sympathiques  dans  toute  sa  manière 
de  sentir  et  de  penser.  Bref,  cette  correspondance  est  fort  inté- 
rt<Mat)le,  et    nous   sommes  reconnaissants  de   sa    publication  à 
M-  Rûfal  qui,  du  reste,  l'a  accompagnée  d'un  avant-propos  et  de 
flûles  très  utiles. 

La  femme  d'un  homme  d'Ëtat  prussien,  le  comte  de  Bemslorff, 
oiifiistre  des  AfTaires  étrangères  sous  Frédéric-Guillaume  III,  a  laissé 
dss  mémoireâ  qui  ont  déjà  paru  eu  seconde  édition'.  Ëlise  de  Beb^s- 

*;Ziir  Kititben-  vnd  JUnijUngizeU  Thaod.  von  Schôna,  naeh  dtisen  Papie- 
muammeageilelU  von  leinem  Sohne.  Berliu,  SituiOD. 
Briefweelael    des  Ministeri   und    BurggTafen   Theod.   von  Schen   mU 
G.-B.  Perti  und  J.-G.  Droijsen.  Leipzig,  Dunclier  et  Iluinblol. 

3.  firx^n  fliMteUi  von  Bernslorff.  Ein  BUd  aus  der  Zeit  iwn  1789-1835. 
j»«  Utren  Aufiekhnnnuen.  2>  AnUiige,  2  vol.  Berllo,  Hiltlei. 


i(U 


BDLLBTtN  BISTOBIQDE. 


lUBFF,  née  comlesse  Dernatli,  de  naissance  danoise  comme  soo  mari, 
est  une  Ccmme  vraiment  aimable  et  gracieuse,  dont  les  souveain 
nous  Tont  connaître  la  hauLe  société  européenne,  surtout  allemande, 
dans  ses  dehors,  dans  ses  lignes  extérieures.  L'histoire  propremeul 
dite  y  a  peu  à  gagner,  sauf  le  sentiment  de  Tair  ambiant  de  ce  monde 
étranger  à  tout  progrès  littéraire,  social  ou  politique. 

M.  Horst  K.OHL  s'est  fait  une  spécialité  du  grand  chancelier  de  fer,^ 
dont,  enelTet,  ilTaitmieui  connaître  la  biographie  par  des  document^ 
fortcurieuxËttrosauthenliquea.  Le  troisième  volume  de  son  Annuair  -^ 
de  Bismarck  <  nous  donne  de  nouveau  des  choses  très  intéressaol 
dans  sa  première  partie,  intitulée  Documents  et  Uttres.  Quatre  lettre^^s, 
écrites  en  1846  par  M.  de  Bismarck  à  Louis  de  Gerlach,  moolre^cuf 
encore  le  futur  ministre  comme  fanatique  de  réaction  féodale,  adver- 
saire du  prince  de  Prusse,  son  Tulur  maître,  et  surtout  de  la  pric»- 
eesse  Augusta,  suspecte  de  libéralisme.  Très  importantes  aussi  les 
lellrea  du  président  du  conseil  Othon  de  Manteuffel  à  Bismarck,  «^ 
1835  à  1838.  Elles  contiennent  des  données  nouvelles  sur  la  condu-*^ 
de  la  Prusse  pendant  la  guerre  de  Crimée,  ainsi  nue  sur  les  inlrig»»^ 
qui  se  croisaient  constamment  autour  du  faible  roi  Prédéric-Oui^' 
laume  IV,  enfin  sur  la  lutte  du  parti  féodal  contre  la  régence  ^^^ 
prince  de  Prusse,  après  que  son  frère  fut  tombé  en  démence.  ^Ji 
mémoire  très  curieux  de  Bismarck ,  de  l'année  1 8ei ,  prouve  que,  **** 
cette  époque,  il  était  rempli  de  méfiance  envers  les  gouverneme**: 
allemands  et  demandait  une  représentation  popuLiire  à  côlé  d^ 
diète  princière,  comme  signe  et  comme  base  de  l'unité  allemaa^'' 
Quels  changements  dans  ses  idées,  depuis  .-;on  ancienne  hostilité  coi»  *-* 
tout  élément  populaire,  et  ensuite  jusqu'au  moment  où,  plus  (arcf  -* 
déclarait  en  pleine  séance  du  Reickslag  que  l'unité  allemande  résicï-^ 
beaucoup  plus  dans  les  princes  que  dans  le  parlement!  Le  fame^^ 
projet  de  Tannexion  de  la  Belgique  à  la  France  est  traité  dans  u^  -  ^ 
dépêche  du  comte  de  Goltz,  ministre  de  Prusse  â  Paris,  du  \2  seP^^ 
lembre  1866.  Comme  Goltz  répète  l'assertion  de  Rouher  que  ce  pr""^ 

jet  était  l'œuvre  commune  de  Benedelti  et  de  Bismarck,  celui ' 

écrit  à  la  marge  :  «  Benedelti  le  tira  tout  fait  de  sa  poche  >  (p.  2^^ 
et  suiv.)  ;  annotation  qui,  faite  pour  le  chancelier  lui-même. 
parait  pas  manquer  de  sincérité.  Une  correspondance  entre  Bismarc^^ 
et  Koon  prouve  de  nouveau  combien  il  fut  difQcile  à  ces  deu 
ministres  d'amener  le  roi  Guillaume  à  se  déclarer  contre  le  prini 
d'Augustenbury  et  à  rompre  avec  l'Autriche  et  que  leur  propre  chul»-^ 
sembla  parfois  très  prochaine.  Leur  hostilité  contre  le  prince  impé- 

t.  Bimarek-Jaitrbvek,  t.  III.  B«rlin,  HKHag. 


nal  cl  surloul  contre  sa  femme  se  montre  ardente  (cf.  p.  2ii].  Les 
^euï  autres  parties  du  volume,  —  discours,  conférences,  essais  et 
chronique,  —  ne  contiennent  guère  rien  do  nouveau  ni  d'inLéressanl. 
r.'eât  une  tendance  très  louable  de  la  part  d'un  Itls  que  de  servir 
la  mémoire  d'un  père  célèbre.  Le  lieutenant-général  Waldemar  de 
Roon,  membre  conservateur  du  Reicbslag,  avait  déjà  publié  les 
mémoires  et  lettres  de  l'ancien  ministre  de  la  guerre,  (jui  avait  réa- 
lisé la  réorganisation  de  l'armée  prussienne  avec  beaucoup  d'énergie 
el  détalent.  11  en  publie  également  les  discours*.  M.  Albrechl  de 
Roon  pcre  avait  été  un  des  adversaires  les  plus  décidés  du  parlemen- 
tarisme pendant  Vépoque  du  confiit,  de  '1862  à  1866.  Orateur  adroit, 
couple,  toujours  prêt  à  l'attaque  et  à  la  défense,  généralement  poli 
dfins  la  forme,  il  soutenait  pour  le  principe  que  la  constituUon  et 
l«s  lois  doivent  être  observées,  sauf  quand  elles  gênent  le  gouverne- 
ment dans  ce  qu'il  croit  bon  et  utile.  Il  avait  élé  prêt  à  accorder  le 
«nrice  militaire  de  deux  ans  et  n'avait  relire  sa  promesse  de  s'y  sou- 
niettre  que  devant  le  veto  du  roi;  mais  c«la  ne  l'empêcha  pas  de 
défendre  cette  décision  du  monarque  avec  une  ardeur  due  à  l'obéis- 
since  du  soldat  envers  les  ordres  du  supérieur.  M.  Waldemar  de 
Roon  Dis  a  caché  autant  que  possible  celle  palinodie  de  son  père.  Il 
Kl  encore  aujourd'hui  champion  du  service  de  Irois  ans,  abandonné, 
pniA  à  rinfïinterie,  par  l'empereur  actuel,  qui  a  approuvé  ainsi  les 
^dances  de  la  majorité  parlementaire  de  4  862.  Le  général  actuel  de 
itoon  ne  s'en  console  pas;  il  n'y  a  pas  d'adjectif  méprisant  dont  il 
>'tise  enrers  le  parlement  et  le  parlementarisme.  11  est  facile  a  la 
"fcc  de  se  moquer  du  droit  quand  elle  a  les  canons  pour  elle;  si  la 
t^4xnbre  des  députés  de  1862  à  1866  avait  en  les  épées  de  son  côlé 
»xinie  le  parlement  anglais  en  1643  et  en  1688,  la  verve  de  M.  de 
■t^Ofl  n'aurait  aucune  raison  de  se  donner  libre  carrière.  Quand  on 
''iUi  les  discours  d'un  personnage  politique  en  ue  donnant  des 
*-roIes  de  ses  adversaires  que  quelques  maigres  résumés,  le  jour 
^  le  vent  sont  déjà  fort  inégalement  partagés;  mais  le  général  de 
l^oon  aggrave  celte  inégalité  en  travestissant  d'une  manière  inad- 
foissible  et  eu  injuriant  les  paroles  des  adversaires  de  son  père.  Son 
injustice  est  surtout  criante  envers  le  célèbre  député  Lasker,  devant 
\>»]uel  son  père  avait  pourtant  reconnu  pleinement  ses  torts  lors  de 
In  fameuse  affaire  de  concussion  des  chemins  de  for  nouvellement 
concédés  en  1873.  Il  est  vrai  que  les  coupables  étaient  surtout  des 
ibres  de  la  haute  aristocratie  prussienne;  de  là  les  colores  du 


WKriigtmiKliler  von  Roon  aU  Rtdner.  PolUitài  und  mMUtrUch  erlûidert, 
Kn  el  III.  Breslaa,  Treneadt. 


166  BULLETIlf  HISTORIQUK. 

comte  Albert  de  Roon  contre  le  juif  libéral  qui  les  avait  aœusés 
convaincus. 

L'importante  publicaUon  de  ia  correspondance  militaire  du  maW 
chai  DB  MoLTKB  est  arrivée  à  ses  U*  et  III*  volumes  * .  Elle  a  un  intéri 
non  seulement  militaire,  mais  encore  vraiment  historique.  Goil 
laume  I*'  et  M.  de  Bismarck  ne  prenaient  de  résolutions  importante 
que  d'après  la  constatation  des  forces  militaires  relatives  des  diffi 
rentes  puissances  fournie  par  Moltlie.  Celui-ci,  d'ailleurs,  était  hia 
loin  d'être  exclusivement  soldat.  Les  nombreux  mémoires  imprima 
dans  ces  deux  volumes  démontrent  en  lui  un  profond  politique,  unia 
sant  les  réflexions  générales  aux  déductions  purement  militaires 
Dès  Tannée  4  860,  il  prépara  les  guerres  contre  P Autriche  et  la  Franc 
par  ses  écrits  d'une  argumentation  serrée,  d'une  logique  claire  ■ 
mathématique,  fondés  sur  des  connaissances  aussi  multiples  ■ 
variées  que  précises.  Le  II*  volume  comprend  la  correspondance  se  ni 
portant  à  la  guerre  allemande  de  4866.  Convaincu,  comme  Bismardi 
de  la  nécessité  d'une  lutte  décisive  avec  la  rivale  allemande  de  3 
Prusse,  Moltke  désirait  pousser  en  avant  le  roi  Guillaume  pour  atte 
quer  TAutriche  avant  que  celle^i  eût  terminé  ses  armements.  Ce  fL 
en  vain  ;  le  roi  craignait  la  responsabilité  du  premier  coup  de  cano- 
et  était  effrayé  de  rhostilité  que  lui  montrait  l'Allemagne  du  Sud.  L 
conséquence  de  ces  hésitations  fût  que  les  armées  prussiennes,  di£ 
persées  sur  une  ligne  de  plus  de  450  kilomètres  pour  défendre  un: 
frontière  très  étendue,  se  trouvaient  au  début  de  la  campagne  dan 
une  position  détestable.  Les  butes  et  les  lenteurs  des  Autrichien 
sauvèrent  la  Prusse  de  cette  situation  dangereuse  et  lui  permirent  d 
prendre  l'ofTensive.  Ces  faits  sont  pleinement  mis  en  lumière  par  c 
volume,  ainsi  que  les  excellents  conseils  donnés  par  M.  de  Moltk 
au  roi  Victor-Emmanuel  sur  la  guerre  de  Vénétie. 

Le  III<  volume,  qui  se  rattache  à  la  guerre  de  1870-71,  seraeneoi 
plus  intéressant  pour  le  lecteur  français.  La  première  partie,  seo! 
publiée  en  4896,  va  jusqu'à  la  capitulation  de  Sedan.  Les  mémoin 
militaires  de  M.  de  Moltke  nous  font  comprendre  pour  la  premièi 
fois  la  politique  de  la  Prusse  pendant  la  guerre  d'Italie  en  4  859. 1 
prince  régent  ne  s'était  décidé  à  assister  TAutriche  contre  la  Frani 
que  parce  que  les  hommes  d'État  et  de  guerre  prussiens  étaient  pe 
suadés  que,  TAutriche  mise  hors  de  combat,  la  France  se  jetten 
immédiatement  sur  les  provinces  rhénanes.  Avec  un  intérêt  puissa 
nous  voyons,  dans  les  différents  mémoires  relatifs  à  la  future  guer 

1.  MoUkes  miUiArische   Werke:  1'*  térie   :   MilUOrische  Corresponde! 
Tol.  II  et  III,  f  partie.  Berlin,  MitUer. 


ILLENiGNE.  167 

tranco-prussienne,  se  développer^  sous  la  plume  du  grand  slraté- 
fiste,  les  idées  qui  l'ont  mené  pendant  l'immeose  luLle  de  1870. 
Iléjàenaoûl  4866,  Mollke  démontra  que  l'armée  prussienne,  alliée 
aai  troupes  de  rMlemagoo  du  Sud,  était  a  même  de  braver  à  la  fois 
l'Autriche,  affaiblie  par  Sadowa  et  allaquée  par  l'Italie,  et  la  France, 
doDl  l'armée  était  épuisée  en  hommes  et  en  matériel  par  l'expédition 
dn  Mexique.  Se  tenant  sur  la  défensive  envers  l'Autriche,  les  Prus- 
siens auraient  à  prendre  hardiment  l'ofTensive  contre  la  France.  C'est 
l'idée  qui  prévaulégalemeotpendaiit  les  années  suivantes  quand  une 
sUlance  austro-française  était  vraisemblable.  Le  plan  de  campagne 
ttfltre  la  France,  rédigé  par  Mollke  en  mai  4870,  est  admirable  de 
clarté,  de  précision  et  de  brièveté.  Quel  contraste  avec  les  plans 
inlerminables  el  artittciels  des  stralégistes  de  l'ancien  régime  I  Même 
quand   l'invasion  française  semblait  imminente,  en  juillet  J870, 
Moltke  était  résolu  à  prendre  l'offensive  dès  que  les  forces  aile- 
mindcs  seraient  complètement  réunies.  Très  intéressants  aussi  les 
(télails  concernant  la  résistance  opposée  aux  ordres  de  Mollke  par  le 
général  de  Sleinmelz,  qui,  comme  on  le  sait,  en  fui  puni  par  la  perle 
de  aon  commandement.  On  attendra  avec  impatience  la  publication 
des  documents  relatifs  à  la  seconde  période  de  la  guerre  franco- 
lUemande. 

Ia  guerre  de  1S66  a  été  surtout  décrite  par  des  historiens  et  des 
mititaires  prussiens.  Il  est  d'autant  plus  précieux  d'entendre  une 
fài  autrichienne  raconter  les  faits  politiques  et  militaires  de  la  lutte 
pmr  la  domination  en  Allemagne.  M.  Henri  Fkiedjung  base  son  Ira- 
rail»  très  important',  sur  les  archives  de  la  guerre  de  Vienne  et  sur 
les  lérnoignages  de  nombreux  hommes  d'Étal  et  de  guerre  autrichiens  ; 
"  peut  nous  donner  ainsi  une  idée  juste  de  la  manière  dont  les  évé- 
uBinenls  se  sont  développés  du  côté  de  l'empire austro- hongrois  depuis 
l'an  1 859.  Le  livre,  du  reste  très  impartial,  caractérise  avec  bonheur 
"^  personnages  marquants  de  Vienne;  il  prouve  que  l'empereur 
François-Joseph  a  toujours  influencé  le  sort  de  sa  monarchie  avec 
'*aucoup  plus  d'énergie  el  de  constance  qu'on  ne  le  pense  ordinaire- 
'"'Ot.  Les  généraux  envisageaient  avec  beaucoup  de  craintes  une 
S^erre  avec  la  Prusse,  et  ce  sont  l'empereur  lui-même  et  son  funeste 
"'oseiller  personnel,  le  comte  Esterhazy,  qui  ont  bâté  la  catastrophe 
P*''  des  mesures  politiques  el  militaires.  Des  faits  analogues  s'étaient 
f^^sês  en  1 859,  lorsque  le  général  Giulay  avait  déconseillé  d^atlaquer 
P'^maturémenl  le  Piémont,  mais  où  François-Joseph  s'était  laissé 


^  -  Xur  Kampf  um  die  Vorhemchaft  hi  Deutsthland,  1859-  1S 
*n,  CMU,  1897. 


468  BULLSTIlf  HISTORIQUE. 

entraîner  par  son  entourage  à  une  offensive  que  Tétat  imparftdl  des 
préparatifs  militaires  ne  justiflait  nullement.  La  véritable  respoDsa- 
bilité  des  fautes  commises  pendant  la  campagne  de  1866  incombe  aa 
général  Krismanic,  chef  de  la  chancellerie  cPopéralions  du  maréchal 
Benedek,  et  non  pas,  comme  on  Ta  cru  jusqu'ici,  au  général  de 
Henikstein,  qui  n'a  joué  qu'un  rôle  effacé. 

Très  animée  el  toujours  intéressante,  la  narration  de  M.  Friedjang 
est  moins  originale  quant  aux  faits  relatifs  à  la  Prusse.  Quoique  grani 
admirateur  de  M.  de  Bismarck,  Fauteur  justifie  les  bommes  d^ÈUd 
italiens  de  s'être  méfiés  du  chancelier,  leur  allié,  qui,  en  effet,  av3i^ 
toujours  été  prêt  à  les  sacrifier  à  TAutriche,  à  laquelle,  encore  p^*^ 
de  semaines  avant  la  guerre,  il  offrait  le  partage  de  TAllemagne  elL  la> 
garantie  de  la  Vénétie.  L'ouvrage  do  M.  Friedjung  est  une  des  publ^' 
cations  les  plus  importantes  de  Tannée  4896. 

Après  avoir  terminé  son  livre  capital  sur  la  guerre  de  4806-4  SOTT^ 
le  colonel  de  Lettow-Vorbeck  entreprend  de  raconter  celle  de  4860  *  - 
Le  premier  volume  comprend  les  préparatifs  politiques  et  militai*"^® 
et  les  faits  qui  ont  amené  l'occupation  de  la  Hcsse  et  du  Hanovre  p^'^ 
la  Prusse.  Avec  son  impartialité  bien  connue,  M.  de  Lettow  a  le  co^^" 
rage  de  dire  hautement  (p.  44)  que  c'est,  non  la  diplomatie  de  Bismarc^^  » 
mais  seulement  les  victoires  rapides  et  écrasantes  de  l'armée,  —  €[ 
personne  n'avait  pu  prévoir,  —  qui  ont  décidé  la  lutte  avec  F- 
triche  en  faveur  de  la  Prusse  et  que,  par  conséquent,  les  bésîtatî^^*^^ 
antérieures  du  roi  Guillaume  el  de  ses  proches,  responsables  de  Y* 
nir  du  pays  et  de  la  famille  des  IlohenzoUern,  étaient  entièrement  j  U 
tifiées.  Nous  apprenons  des  détails  fort  intéressants  sur  les  négociatic^ 
entre  la  Prusse  et  le  Hanovre.  Le  jugement  militaire  du  colonel  ^® 
Lettow  n'est  pas  moins  clair  et  juste.  Les  causes  de  la  catastrophe 
Hanovriens  à  I^angensalza  sont  exposées  pour  la  première  fois  d*"' 
manière  authentique  et  impartiale.  Nous  voyons  que  les  généra 
prussiens  ont  commis  à  cette  occasion  de  lourdes  fautes  et  que 
succès  final  n'est  dû  qu'à  l'aveuglement  physique  et  intellectuel  ^^*? 
roi  George  V,  à  la  faiblesse  de  son  général  en  chef  Arentschildt  e^ 
la  chance,  alors  si  favorable  aux  Prussiens.  Les  volumes  ultéri»^^^ 
de  M.  de  Lettow-Vorbeck  auront  à  exposer  des  faits  plus  glori^ 
pour  les  chefs  de  l'armée  prussienne. 

La  même  impartialité  domine  le  livre  par  lequel  M.  GAEinBB  déc^ 
les  premières  batailles  livrées  par  les  armées  allemandes  sur  le 
français,  en  4870^.  Dans  sa  narration  très  vivante,  l'auteur  recc^ 

1.  Geschichte  des  Krieges  von  t86G,  t.  1.  Berlin,  Mittler. 

2.  Die  Einmarschkxmpfe  der  de^itschen  Armée  imAugust  1870.  Berlin, 


ALLKHAGNE.  '  '16$ 

naît  pleinement  la  tenue  admirable  des  soldats  de  Mac-Mahon  contre 
le  nombre  très  supérieur  des  troupes  allemainies;  il  célèbre  surtout 
les  zouaves  et  les  lurcos  comme  modèles  des  vertus  guerrières. 
M.  Garnier  constate  que  seuls  les  corps  d'armée  de  la  vieille  Prusse, 
mais  point  ceux  des  provinces  annexées  en  4866  ni  les  Allemands 
du  Sud,  étaient  égaux  en  valeur  militaire  aux  régiments  du  4"  corps 
fraudais. 

Deux  ouvrages  traitent  du  siège  de  Metz  dans  un  sens  plul&t  de 
critique  que  d'histoire  militaire.  Le  major  Kdstz',  auteur  que  nous 
avons  déjà  mentionné  dans  nos  comptes-rendus  précédents,  se  dis- 
tingue par  la  nouveauté  de  ses  recherches;  le  général  Guillaume  de 
ScHERFF^  qui  s'appuie  presque  eielusivemenl  sur  l'ouvrage  de  l'état- 
major  prussien,  surpasse  son  rival  par  la  sûreté  du  jugement  poli- 
tique et  militaire.  Tandis  que  M.  Kuntz  voit  dans  Bazaine  un  trailre 
ayant  sacrifié  ses  devoirs  militaires  à  ses  projets  d'ambition  person- 
nelle, M,  de  Scherff,  —  avec  raison,  ce  me  semble,  —  explique  les 
fautes  commises  par  le  maréchal  surtout  par  son  incapacité  et  par 
son  manque  de  résolution.  Bien  loin,  d'ailleurs,  d'attribuer  la  catas- 
trophe de  l'armée  du  Rhin  au  seul  Bazaine,  il  trouve  des  défauts 
semblables  dans  ses  subordonnés,  qui,  autant  que  lui,  ont  manqué 
l'occasion  de  battre  le  i"  corps  d'armée  prussien,  presque  trois  fois 
plus  ^ible  que  refTeclir  Français,  dans  la  bataille  de  Noissevtlle.  Le 
général  de  ScherfF  n'a  pas  non  plus  une  opinion  très  favorable  des 
talents  du  prince  Frédéric-Charles  comme  général  en  chef.  Ici,  il  est 
<ïu  cnénie  avis  que  M.  Fritz  Hce^ig. 

C'est  avec  plaisir  que  je  rends  compte  do  l'éminent  livre  de  ce 
''ernier  auteur  sur  la  Campagne  de  la  Loire  en  automne  1870'. 
^^  grand  mérite  de  M.  Hœnig  est  d'introduire  dans  l'histoire  mili- 
•^re  les  éléments  ethnographiques  et  psychologiques.  Pour  lui,  il 
^'y  a  pas  que  des  chiffres  et  que  des  unités  tactiques;  sous  tout  cela, 
'1  sent  les  hommes,  les  nations  dans  leur  vie  individuelle.  Les  por- 
^•ts  des  chefs,  tant  allemands  que  français,  sont  tracés  de  main  de 
"Maître,  avec  une  impartiahlé  et  une  bonne  foi  parfaites,  et  à  l'aide 
0  etutJeg  fort  étendues  et  contrôlées  par  une  critique  sérieuse  et 
"•^thodique.  L'aul«ur  n'expose  pas  moins  bien  l'état  physique  et 
■Qoraj  des  troupes,  leur  organisation  et  leur  armement.  A  côté  de 


t  der  Loire  Un  Berbst  1870,  val.  111  et  rv.  Berlin, 


470  BULLBTIff  HISTOEIQUB. 

rimmense  littérature  déjà  imprimée,  ainsi  que  des  archives  de  la 
guerre,  M.  Hœnig  s'est  servi  de  nombreuses  informations  particu- 
lières, écrites  ou  orales.  De  cette  sorte,  son  récit  gagne  énormémait 
en  animation  et  en  largeur.  Cependant,  nous  trouvons  dans  ces 
espèces  de  sources  les  mêmes  inconvénients  que  Ton  a  souvent  obser- 
vés dans  les  mémoires  historiques  :  l'auteur,  volontairement  ou  par 
instinct,  cherche  à  se  faire  valoir,  à  cacher  les  fautes  qu'il  aura  com- 
mises et  à  agrandir  son  rôle  dans  des  événements  déjà  fort  lointains. 
M.  Hœnig  n'a  pu  éviter  entièrement  les  pièges  que  ce  genre  d'infor- 
mations lui  tendait  inévitablement.  Cependant,  la  grande  quantité  et 
diversité  de  ses  matériaux  et  la  critique  qu'il  cherche  à  exercer  par- 
tout lui  ont  permis  de  redresser  de  nombreuses  erreurs,  et  notam- 
ment les  batailles  de  Villepiou  et  de  Loigny-Poupry  (4 '^  et  2  dé- 
cembre 4870)  ont  pris  sous  sa  plume  une  figure  toute  nouvelle. 
—  Les  deux  premiers  volumes,  parus  en  4894,  avaient  mené 
le  récit  jusqu'à  la  bataille  de  Beaune-la-Rolande;  les  deux  volumes 
nouvellement  publiés  traitent  des  événements  décisifs  du  4*'  et  du 
2  décembre,  où  TofTensive  française  et  l'offensive  allemande  se  heur- 
tèrent pour  finir  par  la  défaite  de  Tarmée  française.  L'auteur,  qui 
reconnaît  firanchement  les  fautes  commises  par  plusieurs  généraux 
allemands  et  même  par  leur  grand  état-major,  rend  hommage  à  l'hé- 
roïsme inattendu  de  Paris,  au  talent  et  à  la  force  de  caractère  de 
Chanzy,  au  mérite  de  plusieurs  autres  chefs  français  et  au  courage 
malheureux  de  leurs  soldats  improvisés,  ainsi  qu'au  patriotisme 
ardent  de  la  nation  française.  Depuis  le  général  von  der  Goltz,  aucun 
écrivain  militaire  allemand  n^a  apprécié  aussi  justement  le  génie 
politique  et  organisateur  de  Gambetta;  M.  Hœnig  est  d'autant  plus 
sévère  pour  M.  de  Freycinet,  dans  la  présomption  et  l'insufOsanœ 
militaire  duquel  il  voit  une  des  causes  principales  des  malheurs  qui 
ont  fait  échouer  les  efforts  surhumains  du  dictateur  et  du  peuple 
firançais.  L'ouvrage  de  M.  Hœnig  sera,  non  seulement  pour  les  mili- 
taires, mais  encore  pour  les  historiens,  une  des  sources  de  connais- 
sances les  plus  complètes  pour  cette  époque  do  la  grande  lutte  de 
4870  à  4874. 

Nous  avons  à  rendre  compte  d'un  certain  nombre  d'ouvrages  con- 
cernant l'histoire  entière  d'un  pays.  L'Histoire  du  Wurtemberg,  par 
M.  Eugène  Schneider  ^  comble  une  véritable  lacune  en  nous  donnant 
un  ouvrage  basé  sur  des  études  scientifiques  et  accessible  au  grand 
public.  Si  la  majeure  partie  du  volume  est  rédigée  d'après  les  travaux 
antérieurs  sur  le  même  sujet,  les  xviii"  et  xix"  siècles  sont  racontés 

1.  WUrttembergische  Getehichie.  Stuttgart,  Metzler. 


'  la  foi  de  recherches  nouvelles  et  même  d'après  des  sources 
naiiuserites.  Le  livre  est  intéressant  el  bien  écril  et  jette  des  lumières 
très  caracLérisliques  sur  l'histoire  de  l'Allemagne  du  Sud  peudaut  les 
int*  et  iTiii'  siècles.  Les  études  de  l'auteur  sur  les  évéuements  con- 
ceraaDl  le  Wurtemberg  pendant  le  xiï*  siècle,  faites  sur  les  doeu- 
menls  mêmes,  montrent  de  nouveau  la  manière  partiale  et  injuste 
dont  M.  de  Treilscbke  a  traité  tout  ce  qui  n'était  pas  prussien  ni 
absolutiste,  et  combien  peu  de  foi  on  peut  prêter  aux  opinions  et  aux 
tai\s  contenus  dans  son  Histoire  d'Allemagne.  Les  parties  du  livre 
de  M.  Schneider  qui  se  rapportent  au  règne  du  premier  roi  de  Wur- 
temberg sont  importantes  pour  l'époque  de  Napoléon  I"  et  coïncident, 
dans  leurs  conclusions,  avec  l'ouvrage  du  général  Pflster.  Peut^lre 
le  roi  Frédéric  est-il  jugé  trop  favorablement  par  M.  Schneider.  De 
mémo,  le  récit  des  luttes  coListilutioiinelles  sous  le  roi  suivant, 
Ouillaume  1",  est  très  intéressant.  Ce  souverain  parait  réellement 
favorable  aux  idées  constitutionnelles  et  libérales  et  pour  cette  raison 
même  en  butte  aux  hoslililés  de  l'Aulriche  et  de  la  Prusse.  Mais, 
depuisles  événements  de  1848,  la  question  principale  pour  les  princes 
allemands  devint  celle  de  l'hégémonie  toiyours  menaçante  do  la 
Prusse.  Guillaume  de  Wurtemberg  s'écria  :  •  Je  veux  bien  me  sou- 
mettre à  un  Habsbourg;  à  un  Hohenzollern,  jamais  1  »  Et  une  autre 
fois  :  <  Plutôt  l'allié  de  la  France  que  le  vassal  de  la  Prusse  I  > 
Cependant,  tout  comme  pour  d'autres  pays  allemands,  la  révolution, 
tant  de  fois  blâmée  et  injuriée,  de  iSiS  eut  pour  le  Wurtemberg  des 
ccHiséquences  heureuses  et  durables  :  beaucoup  de  libertés  proclamées 
par  le  parlement  de  Francfort  s'introduisirent  dans  la  constitution 
vurtembergeoise.  —  M.  Schneider  aurait  pu  accorder  une  place  plus 
lat^  à  l'histoire  du  développement  intellectuel  et  matériel  du  peuple 
mirtembergeois. 

M.  Alphonse  Hobkb  continue  son  excellente  Histoire  d'Autriche, 
qui  vient  d'arriver  a  son  cinquième  volume,  comprenant  l'époque  de 
4609  à  1648'.  Écrit  sur  les  meilleurs  matériaux  déjà  connus,  sans 
la  recherche  de  Tinédit,  cet  ouvrage  est  ftiit  de  manière  à  donner  au 
public  lettré  une  histoire  digne  de  toute  conllance,  impartiale  et  bien 
rédigée.  Il  ne  veut  rien  offrir  de  nouveau  à  Thistorien  de  métier. 

H.  Huber  édite  également  l'Histoire  de  l'administration  publique 
en  Autriche  de  (710  à  1848,  laissée  par  feu  le  conseiller  de  cour 
d'appel  Ignaz  Beidtel'.  Le  premier  volume  en  a  paru.  Le  conseiller 


1.  Geiehlchte  Œsterreleh»,  t.  V.  Gotha,  Pertbes, 
.  î.  Gachichle  der  œslarekhiiehen  Staatnerwaltung,  1740-1: 

L 


Bcidlcl,  qu'une  biographie  rédigée  par  M.  Kuhcrnous  fait  inllmemet^'' 
connaître,  était  un  clérical  vraiment  fanaticpie,  letlemenl  homme  d** 
mo^eu  âge  qu'il  condamna  même  rô),'alité  de  tous  devant  les  Irit»*^ 
naui  cl  dans  la  pépression  des  cricnes.  Par  consé<iuenl,  il  est  adve*" 
saire  décidé  de  l'empereur  Joseph  II  el  de  son  œuvre,  ainsi  que   ^ 
toute  sorte  de  liberté.  Cependant,  malgrù  sa  criante  partiallli,  1 '*>**' 
vrage  de  M.  Beidtel  mérite  d'être  consulté  sur  nombre  de  détails    ***j 
réformes  administratives  réalisées  sous  Marie-Thérèse,  Joseph  t*-   j. 
Léopold  II.  M.  Huber,  qui  a  publié  ce  livre  selon  les  vœux  du  111^ 
l'auteur,  ajoute  des  notes  contenant  des  citations  d'ouvrages  moder-^'^ 
el  réfutant  parfois  les  indications  erronées  de  feu  M.  Beidtel. 

La  vieille  et  vénérable  collection  de  l'Histoire  des  ÉtaUs  d'Euro^t^ 
commencée  il  y  a  soiiante-huit  ans  par  Hebbeii  et  Ukebt,  est  repr. 
maintenant  parCtiarksLtHPBËcaT,  le  professeur  bien  connu  deLei 
£ig.  Le  premier  volume  qu'il  y  fait  publier  est  le  tome  1  d'une  Hf 
toire  de  la  Russie  jusqu'à  h  fin  du  \nu'  siècle,  par  A.  BauECKNEa 
L'éditeur  expose,  dans  un  avant-propos,  le  plan  d'après  lequel  il 
continuer  la  grande  entreprise.   Comme  autrefois,  de   nombre 
maîtres  y  contribueront,  selon  leur  individualité;  mais  on  appuiei 
désormais  beaucoup  plus  sur  la  KuUurgeschickte  qu'auparavant, 
tendance  qui,  comme  tout  le  monde  le  sait,  a  toujours  été  celle  d^^ 
M.  Lamprecht. 

L'ouvrage  de  Briickner  est  fort  original.  Il  ne  donne  pas  une  his— ^ 
toire  de  Russie,  comme  ses  prédécesseurs,  mais  il  «pose  les  progrès^ 
du  procès  à'etiropéisation  de  ce  pays.  Au  lieu  d'unp  narration  chro-  " 
nologiquB,  nous  y  trouvons  des  coupes  transversales  de  la  société 
russe  d'après  des  époques  un  peu  arbitraires.  Le  livre  est  très  spirï* 
tuel,  cependant  plutôt  une  collectiOD  d'anecdotes  qui,  inévilablemeut, 
sont  plus  ou  moins  choisies  au  hasard  des  études  de  l'auteur.  Il  fait 
mieux  comprendre  l'histoire  de  l'ancienne  Russie,  maïs  il  ne  l'en- 
seigne pas.  11  est  bon  à  lire  à  côté  des  histoires  proprement  dites, 
mais  il  ne  les  rend  nullement  superflues.  C'est  un  ouvrage  fait  plutôt 
pour  le  curieui  et  peut-être  pour  l'ethnographe  que  pour  celui  qui 
voudrait  étudier,  sous  tous  les  rapports,  le  passé  d'une  grande  nation. 
Malheureusement,  M.  Briickner,  cet  excellent  connaisseur  de  l'histoire 
russe,  est  mort  dans  cette  même  année  de  ^896;  qui  continuera  son 
œuvre  dans  son  esprit  el  avec  ses  qualités?  —  Fait  importaol  :  après 
des  recherches  approfondies,  Briickner  arriva  à  nier  complètemenL 
l'inDuence  que  les  Scandinaves  auraient  exercée  sur  l'origine  de  l'État 


I ,  Gtich.  Buutands  bii  zum  Ende  de*  IK.  JahrhuaderU,  (.  I.  Gotha,  Pertltet.  J 


AiXEUGrre,' 


EUd  aulre  ouvrage  de  la  même  coDecLîon  est  la  Iraduclion,  assez 
ibre,  de  la  Finlands  Bistoria,  de  M.  M, -G.  Scaïbeagsos,  par  M.  Yritz 
AuiEEiH*.  L'auleurarevu  lui-mêitie  son  texte  original  et  l'a  continué 
jusqu'à  la  mort  du  Isar  Alexandre  III.  Le  traducteur  l'a  abrégé,  sur- 
tout dans  les  parties  relatives  à  Tliistoire  générale  de  la  Suède.  C'est 
mil  excellent  livre,  qui  contient  l'hisloire  du  développement  intérieur 
fuissi  bien  que  celle  des  événomeols  politiques. 

La  politique  coloniale  de  la  France,  depuis  l'an  J6Gf  jusqu'à 

l'époque  actuelle,  est  exposée  par  M.  A.  vos  BaAaDT^.  Il  y  a  surtout 

«leiu  époques  qui  rintéressent  :  celle  de  Colliert,  qu'il  cherche  à  jus- 

llfter  contre  les  reproches  des  physiocrates  et  des  historiens  qui  les 

M«nt  suivis,  et  celle  des  traités  de  commerce  visant  au  libre-écbange 

^Btiaugurêe  par  Napoléon  III.  Basé  sur  des  recherches  sérieuses  et  sur 

^Hfes  résultats  de  la  statistique,  el  pourvu  d'un  riche  matériel  de  faits 

suUientiques,  ce  livre  est  également  utile  à  l'économisle  el  à  rhis- 

lorien. 

Colbert  est  dérendu  aussi  dans  un  volume  de  M.  Guillaume  Navùé 
«lédié  à  la  politique  frumentaire  des  États  européens  depuis  le  ini' 
jusqu'au  iviii"  siècle.  C'est  une  partie  de  la  grande  collection  des 
^ctes  de  l'administration  intérieure  de  la  Prusse,  publiée  par  l'Aca- 
«Jémie  de  Berlin  sous  la  direction  spéciale  de  M.  Schmollee^.  Ce  pre- 
.mier  volume  forme  l'introduction  à  l'histoire  de  la  politique  fru- 
^■□cntaire  de  la  Prusse  pendant  le  ivii[°  siècle.  On  pourrait  se 
«leniander  si,  pour  une  publication  destinée  à  donner  les  résultats 
«les  documents  prussiens,  il  est  vraiment  indiqué  d'exposer  la 
|)oUtique  du  commerce  des  céréales  dans  tous  les  États  européens 
«Icpuis  le  iiii"  siècle.  De  celte  manière,  les  Acta  Borussica  soiil 
xoeitacés  du  sort  de  tant  d'autres  collections  semblables,  de  ne 
Jamais  être  terminées.  Abstraction  faite  de  celte  considération,  le 
Vravail  de  M.  Guill.  Naudé  monlre  une  connaissance  très  étendue  de 
-Ka  liltérature  spéciale.  .Mais  ce  qui  fait  défaut  à  cet  auteur,  c'est  à  la 
•bis  l'approfondissement  Intellectuel  de  la  matière,  la  largeur  des 
foinls  de  vue  et  le  soin  des  détails.  Le  livre  fourmille  d'erreurs. 
Comment  peut-on  dire,  par  exemple,  sur  la  foi  de  quelques  plaintes 
accidentelles,  que  l'agriculture  française  était  entièrement  ruinée  vers 


_    I.  GetchkshU  f^imlaitiU.  Deulscbe  Bearbeitung.  Gatba,  Perlh«s. 

1    2.  Beitriege  sur  GeuMchle  dtr  fraaXœsiKhen  HaruleUpoUiik  ivn  Colbert 

PMi  t»r  Gegeiticart.  Leipzig,  Dnncker  el  Humblot. 

3.  Âeta   Boruuica.    Dentm-rter  der   PreuuUchea    Slautiverivallung    iwi 

18.    Jahrhundtrl.  Herauâgegeben  Ton    der  Akudeinie    der    Wissenschallen. 

Ctir^dêhaitdeUpalUik,  1.  Band  :  Die  GelreidthandeUpoliUk  der  europxlic/ien 

SUaten  vom  13.  bii  iS.  Jahrhunderl.  Berlin,  Parey. 


474  BULLETIIff  HT8T0EIQUB. 

le  milieu  du  zyii«  siècle  (p.  34),  que,  même  au  iyiii*  siècle,  rAngleterre 
était  beaucoup  inférieure  à  la  France  et  à  la  Hollande  dans  son  déve- 
loppement industriel  (p.  403),  que  la  grandeur  de  la  marine  anglaise, 
pendant  ce  même  siècle,  dépendait  surtout  de  l'exportation  des 
céréales,  qui  était,  en  moyenne,  de  700,000  quarters  par  an  (p.  424)? 
M.  Naudé  a  prouvé,  comme  M.  de  Brandt,  que  Colbert  n*a  pas  été 
aussi  nuisible  à  Fagriculture  qu'on  a  voulu  le  prétendre.  Mais  il  est 
feux  de  dire,  comme  Fauteur  le  fait  (p.  56),  que  le  grand  ministre  a 
voulu  faire  de  toute  la  France  une  unité  douanière.  En  vérité,  les 
douanes  provinciales  sont  restées  sous  son  administration  eequ'elles 
avaient  été  auparavant.  La  meilleure  partie  du  livre  est  encore  l'ex- 
posé de  la  politique  du  commerce  des  céréales  de  la  Hanse  et  du  Nord 
Scandinave. 

Il  faut,  au  contraire,  approuver  sans  restriction  l'Histoire  des  pro* 
ces  contre  les  sorcières  en  Bavière,  par  M.  Sigismond  RiEZLEa  *.  Elle 
est  fondée  sur  des  études  approfondies  et  rédigée  avec  une  complète 
imparlialité.  L^auteur  montre  que  le  terrible  fléau  des  procès  contre 
les  prétendues  sorcières  date  de  l'antiquité  germanique  païenne,  que 
rÉglise  ancienne  ne  l'adoptait  qu'à  moitié,  mais  que,  depuis  le 
XIII*  siècle  et  surtout  depuis  saint  Thomas  d'Aquin,  elle  ftdsait  de  la 
superstition  magique  un  dogme  et  de  la  persécution  des  magiciens 
et  des  sorcières  une  de  ses  préoccupations  principales.  L'humanisme 
avait  refoulé  ces  horreurs,  qui  furent  malheureusement  ressuscitées 
par  la  bulle  Summis  desideratUes  affectibus  d'Linocent  YIII,  du  5  dé- 
cembre 4484.  C'est  depuis  cette  bulle  néfaste  que  la  persécution  corn* 
mença,  plus  terrible  que  jamais.  Après  la  réforme  religieuse,  les  trois 
confessions  chrétiennes  rivalisèrent  de  rigueur  contre  sorciers  et  sor- 
cières dans  le  pays  où  elles  se  trouvaient  réunies  toutes  les  trois^ 
c'est-à-dire  en  Allemagne.  En  Bavière,  les  Jésuites  se  font,  depuis 
4590,  les  propagateurs  principaux  de  la  persécution.  La  dernière 
sorcière  y  a  été  brûlée  en  1756,  mais  des  prescriptions  détaillées 
pour  de  tels  procès  se  trouvent  encore  en  4769  dans  les  livres  de 
procédure  criminelle  en  Bavière.  Et  on  s'étonne  que  l'affreuse  supmi^ 
tition  n'a  pas  encore  disparu  aujourd'hui  de  ce  pays  ! 

L'habitude  se  répand  chez  nous  de  plus  en  plus  pour  les  auteurs 
de  faire  réimprimer  et  réunir  en  volume  les  moindres  bribes  de 
littérature  qu'ils  ont  jadis  publiées  dans  un  journal  ou  dans  une 
revue.  C'est  à  cette  catégorie  d'écrits  qu'appartiennent  les  essais  de 
M.  Hermann  Grihm,  qui  portent  le  titre  passablement  prétentieux 

1.  Getehichte  der  Hexenproiesse  in  Bayem.  Stattgart,  GoUia. 


ALLEHAGNE.  175 

de  CoatribuUons  à  l'histoire  de  la  cullurB  allemande'.  En  réalité,  ils 
ne  traitent  que  de  quelques  sujets  de  littérature  et  d'art  assemblés 
au  hasard,  La  partie  la  plus  intéressante  de  ce  volume  sont  les  notes 
coaoernant  les  célèbres  père  ei  oncle  de  l'auteur  et  Torigine  des 
eootea  populaires  qu'ils  ont  réunis  el  narrés  d'une  manière  si  heu- 
reuse (p.  2-14-247].  M.  Herm.  Grimm  (ils  est  un  auteur  plein  d'es- 
prit, mais  sans  suite  ni  clarté  dans  le  développement  de  ses  idées,  et 
(fun  sljle  tout  individuel  qui  n'est  pas  l'afTaire  de  tout  le  monde, 
MoD  moins  originales  sont  ses  opinions  personnelles;  il  trouvera  peu 
de  partisans,  par  exemple  lorsqu'il  prétend  (p.  ii9]  que  i  Millet  est 
le  seul  véritable  peintre  que  la  France  ait  jamais  produit.  > 

La  collection  d'essais  que  M.  Ottokar  Lobenz  a  Tait  paraître  sous 
le  Ulre  d'fiommes  d'Ëlats  et  bistoriens  du  m'  siècle  °  contient  pour 
la  plupart  des  articles  donnanldes  critiques  ou  des  extraits  de  livres 
publiés  depuis  vingt  ans  et  peu  intéressants  aujourd'hui.  11  n'y  a 
rjeu  d'original  dans  ces  Irailés,  sauf  quelques  jugements  qui  tendent 
généralement  à  être  le  contraire  des  convictions  du  monde  entier, 
comme  c'est,  depuis  quelque  temps,  l'habitude  constante  de  M.  Lo- 
renz.  Partisan  enthousiaste  du  passé,  ennemi  du  consUtutionalisme 
et  de  toute  liberté  populaire,  croyant,  avec  feu  Léopold  de  Gerlach, 
((ue  le  bon  Dieu  punit  comme  de  méchants  enfants  les  États  qui  com- 
mettent des  erreurs,  il  combat  le  développement  moderne  avec  un 
^cbttrnement  peu  digne  d'un  historien  qui  devrait  comprendre  el  non 
P^s  condamner  en  bloc.  Le  Verre  d'eau  de  Scribe  est  encore  pour  lui 
le  Qn  fonds  de  l'histoire  :  les  plus  grands  événements  sont  dus  à  de 
petites  intrigues  de  comparses  cachés.  Je  ne  saurais  admettre  qu'un 
'^^'l  des  principes  énoncés  par  M.  Lorenz  :  «  J'espère  que  le  ton 
•iêclaraaloire  que  les  historiens  ont  inautiure  dernièrement  sera  Iran- 
^•loire.  iVest  une  méthode  peu  recommandable  de  traiter  Thistoire 
*^»*ïttie  le  marquis  Posa  (dans  le  Don  Carlos  do  Schiller)  joue  au 
'*'éâlre,  et  je  me  trouve  du  côté  de  ceux  qui  croient  les  déclamations 
***«*  içg  personnages  morts  alTaire  du  curé  el  point  de  l'historien,  i 

L'essayiste  bien  connu  Charles -Théod.  Keigel  publie,  dans  ses 
Iniages  et  esquisses  d'histoire^  le  cinquième  volume  de  ses  petits 
**^*ts  historiques.  Comme  toujours,  ils  sont  bien  rédigés,  agréables 
*  *îre,  sans  grandes  prétentions  littéraires.  A.u  point  de  vue  histo- 

*■  SffHrarjeu 


**rtii».  Hertz. 

^-  GtÊChielUlicke  BUder  und  Skizien.  Uunicli,  Lebmi 


476  BULLBTIlf  H18T0EIQUE. 

rique,  ils  sont  d^une  valeur  bien  inégale.  Quelques-uns,  tels  que  1 
essais  sur  Taine  et  sur  le  divorce  de  Napoléon  P',  ne  contienne 
rien  de  nouveau  et  parfois  des  erreurs  manifestes.  Les  articles  oo 
sacrés  à  l'empereur  Léopold  P'  et  à  la  politique  prussienne  penda 
la  guerre  de  Grimée  donnent  des  extraits  intéressants  de  correspo 
dances  inédites,  mais  sont  trop  exclusivement  basés  sur  ces  matéria 
insuffisants,  en  négligeant  toute  autre  source  de  connaissances,  po 
ne  pas  arriver  à  des  résultats  foncièrement  inexacts.  D'autres  essa 
au  contraire,  sont  fort  instructifs.  M.  Heigel  démontre  déflnitivemc 
la  fausseté  du  prétendu  envoi  d'une  épée  et  d'un  chapeau  consaci 
par  le  pape  Clément  XII  au  maréchal  autrichien  Daun  après 
bataille  de  Hochkirch.  Il  donne  pour  la  première  fois  une  bistoi 
documentée  du  pacte  de  famille  conclu,  en  4724,  par  tous  les  princ 
de  la  maison  de  Wittelsbach  et  placé  sous  la  protection  de  la  Fran( 
point  de  départ  de  l'élection  impériale  de  Charles-Albert  de  Baviè 
en  4744.  Un  autre  essai  prouve  que  la  lâche  reddition  de  Hannhei 
aux  faibles  troupes  républicaines,  en  4  795,  doit  être  imputée,  non  p 
à  une  trahison  des  ministres,  mais  à  la  pusillanimité  de  l'électeur  pal 
tin  lui-même.  D'autres  articles  traitent  des  questions  d'art  et  de  dn 
public.  Tout  le  monde  trouvera  à  glaner  dans  les  pages  de  M.  Heig( 
Le  quatrième  congrès  d'historiens  allemands  s'est  réuni  à  Innsbra 
du  44  au  44  septembre  4896^  Le  nombre  des  participants  ne  fut  p 
grand,  à  peu  près  420,  presque  tous  Allemands  du  Sud  ou  Âutr 
chiens.  On  discuta  l'édition  d'un  atlas  historique  des  pays  alpin 
puis  l'origine  des  élats  des  pay;3  du  moyen  âge.  On  formula  une  séi 
de  questions  à  résoudre  par  les  académies  allemandes.  On  ne  p 
s'entendre  sur  la  manière  dont  les  archives  devraient  être  ouvert 
aux  recherches  historiques,  et  on  finit  par  se  contenter  de  demand 
au  comité  du  congrès  d'énoncer  des  vœux  en  faveur  d'une  liberté  pi 
grande  dans  l'accès  des  archives  pour  les  historiens.  La  lutte  enl 
l'histoire  politique  et  la  Kulturgeschichte  était  un  des  points  prop 
SOS  aux  discussions  du  congrès.  Au  lieu  de  cette  question,  on  dispt 
sur  l'objectivisme  et  le  subjectivismo  dans  l'historiographie.  GN 
une  question  de  tempérament  et  de  sentiment.  Il  va  sans  dire  qi 
la  fin  tout  le  monde  garda  son  opinion  première. 

M.  Philippso3I. 

1.  Voir  l'article  de  H.  Blondel  dans  la  RevtLt  historique,  LXV,  323. 


W.  le  chevalier  d'Arneth  est  mort  à  Vienne  le  30  juillet  1897. 
Comme  il  arrive  aux  esprits  vraimeul  supérieurs,  son  nom  élait 
connu  bien  au  delà  des  frontières  de  son  pajs.  Grand  officier  de  la 
Lê^an  d'honneur,  Il  est  connu  en  France  par  ses  nombreuses  publi- 
cations concernant  l'histoire  de  la  Franco  aussi  bien  que  celle  de 
l'Aulricbe;  il  est  juste  que  la  Bévue  historique  lui  consacre  autre 
ctiose  qu'une  simple  notice  nécrologique. 

Dans  un  ouvrage  en  deux  volumes,  paru  en  1891  et  intitulé  : 

AusMctnei/i  Leben,  Arneth  a  raconté  lui-même  comment  il  s'était 

formé.  Il  est  né  à  Vienne  le  )0  jullletlSlO,  de  parents  remarquables 

pat- kor  culture  intellectuelle.  Son  père  élait  un  savant  dislingué; 

sa    mère,  —  plus  connue  sous  son  nom  de  jeune  fille,  Antoinette 

A- clam  berger,  — était  aussi  célèbre  par  sa  beauté  que  par  son  latent; 

^ife  était  actrice  au  Burgthealer  de  Vienne.  En  1 809,  elle  avait  joué 

*'*"«î«;  toute  la  troupe  devant  Napoléon  I"  à  Schœnbrunn;  elle  racon- 

*^it  de  lui  que,  le  libretto  français  à  la  main,  il  avait  suivi  la  repré- 

^^'i talion  allemande  avec  la  plus  grande  attention. 

ï*our  perfectionner  son  éducation,  Arneth  fui  envojé  avec  son 

'•"fet-e  aîné  à  Krerasmiinster,  oii  il  reçut  une  instrucliou  solide.  A  dix- 

®^C>(ans,  il  suit  les  cours  de  droit  à  l'Université  de  Vienne.  Là,  dans 

*^    Vile  natale,  il  s'adonne  avec  zèle  à  Tétude  des  plus  importantes 

■t*^t*ioi  les  langues  modernes;  ses  connaissances  en  celte  matière  lui 

*^^*"cnt,  pour  sa  carrière  future,  de  la  plus  grande  utilité.  Son  amour 

^*>tir  M'"  de  Schœffer,  qui  devint  plus  tard  sa  femme,  faillit  le 

**^tourner  de  la  carrière  scientifique.  .\fin  de  pouvoir  demander  en 

f**a.riage  sans  relard  la  charmante  jeune  fille,  il  étail  prél  à  accepter 

^    la.  campagne  un  modeste  emploi  dans  l'admiiiislralion  des  domaines 

*  ■*>  F>ériaux.  Si  son  père  ne  s'élail  énergiquement  opposé  à  ces  projets, 

:^^**rjetb,  au  lieu  de  devenir  le  biographe  de  la  grande  impératrice 

**a.fie- Thérèse,  aurait  achevé  sa  carrière  dans  un  poste  d'intendant. 

V^^   ''ut  donc  une  résolution  décisive  pour  lui  qu'il  prit  en  cédant  aux 

***st.anccs  de  son  père;  au  lieu  de  partir  [tour  la  campagne,  il  entra 

^*^x  Archives  de  l'État  de  Vienne,  dont  les  trésors  eurent  vile  fait 

'^^  l'eiilbousiasmer  pour  l'élude  de  l'histoire.  Ce  qui  fascinait  surtout 

^**<i   esprit,  ce  n'était  pas  tant  les  documents  concernant  le  moyen 

^S^  que  ceux  des  temps  modernes.  Aussi  le  xviii"  siècle  a-t-il  trouvé 

^*^  Arneth  un  de  ses  plus  zélés  et  plus  heureux  hialoriens.  Avec  l'ins- 

tiBï,  iliaioR.  LXVl.  1"  fASC.  15 


478  BULLETIN  HISTOltQUI. 

tinct  de  rhomme  d'État  qui  s'efforce  de  saisir  le  lien  entre  le  préseik. 
et  le  passé,  il  cherche  à  pénétrer  dans  Tesprit  de  Tépoque  d'où  pi 
cède  le  siècle  où  il  vit.  Il  s'était  proposé  de  raconter  Thistoire 
temps  modernes,  mais  sans  se  laisser  entraîner  par  les  passions 
partis.  Il  est  le  premier  qui,  en  Autriche,  ait  étudié  aux  sources  1 
plus  directes  et  dépeint  avec  une  grande  largeur  d'esprit  ce  passé 
nous  touche  de  si  près.  U  avait  un  penchant  tout  particulier 
les  études  biographiques;  raconter  la  vie  de  personnages  é 
est  un  goût  auquel  il  est  toujours  resté  fidèle.  Après  avoir  publi 


en  4853,  la  biographie  du  maréchal  Starhemberg  et,  en  4858, 
un  ouvrage  en  trois  volumes,  celle  du  prince  Eugène  de  Savoie,  il 
paraître,  en  4  863,  le  premier  volume  de  son  histoire  de  Tim 


Marie-Thérèse.  Il  était  orgueilleux  de  puiser  dans  des  documen 
jusqu'alors  complètement  inédits  pour  présenter  à  ses  contemporair — ms^ 
l'image  de  cette  princesse,  qui  peut  être  considérée  comme  aja^Kitt 
réellement  créé  la  vie  politique  moderne  en  Autriche.  Son  ou^ 
en  dix  volumes  sur  Marie-Thérèse  est  vraiment  un  monument 
de  l'activité  féconde  et  bénie  de  la  noble  princesse.  Ceux  même  q 
ne  seront  pas  toujours  d'accord  avec  l'auteur  devront  reconnalt^g'c 
qu'il  a  fait  là  une  œuvre  belle  et  méritoire,  qui  est  un  honneur  m 
seulement  pour  lui,  mais  pour  le  pays  dont  il  est  le  fils. 
de  ceux  qui  voudraient  se  faire  une  juste  idée  de  raetivité  cM^ 
cette  grande  souveraine  ne  devra  négliger  de  consulter  ce  livre.    XI 
pourra  être  complété,  amélioré  dans  certains  détails,  —  c'est 
sort  commun  à  tout  ouvrage  scientifique,  —  mais  son  im] 
n'en  sera  pas  diminuée.   Dans  l'intérêt  de  l'œuvre,  il  eût 
lement  été  désirable  qu'Arneth  eût  mieux  dominé  ses  matériau^^- 
Quoique  son  récit  soit  plein  de  vie  et  qu'il  écrive  d'un  bon  style,     ^^ 
ne  possède  cependant  pas  la  puissance  d'évocation  d'un  Macaula^^* 
Outre  ses  ouvrages  biographiques,  Arneth  attira  encore  Tattentii^''^ 
générale  par  la  publication  d'un  grand  nombre  de  sources  impor^*^ 
tantes  pour  l'histoire  du  xviii"^  siècle.  En  première  Ugne,  il  flu^^ 
mentionner  la  correspondance  de  Marie-Thérèse  avec  Joseph  Vf-^ 
celle  de  Joseph  II  avec  son  frère  Léopold  et  avec  Catherine  II  d^ 
Russie.  Mais  ce  qui  excita  au  plus  haut  point  l'attention,  ce  fut  sa 
publication  de  la  correspondance  de  Mario- Antoinette.  Tous  ceux  qui 
se  sont  occupés  de  l'histoire  de  la  malheureuse  reine  savent  de  qudle 
importance  sont  ces  lettres,  filles  ont  modifié  de  fond  en  comble  le 
jugement  porté  sur  elle  par  le  monde  savant.  Des  satires^  des  écrits 
haineux  et  des  lettres  falsifiées  présentaient  à  la  postérité  l'image  de 
la  reine  sous  le  jour  le  plus  défiâivorable  ;  sa  correspondance  authen- 
tique, —  eUe  est  maintenant  dans  toutes  les  mains,  —  l'édaire  d^une 


J 


^m 


tUTBICBR.  479 

lumière  difTérente  et  la  rend  plus  sympathique.  Il  est  intéressant  de 
roirdaus  les  mémoires  d'Arueth  les  raisons  qui  l'ont  délermiué  à 
[>LB.])lier  cette  correspondance.   Dans  les  dix  dernières  années  du 
s,^^3nid  Empire,  l'impératrice  Eugénie  avait  mis  à  la  mode  à  Paris  le 
i^&xlte  de  l'infortunée  souveraine.  Arnetti  avait  entendu  raconter  par 
le    général  bavarois  von  der  Tann  qu'il  s'était  trouvé  présenta  plu- 
sieurs reprises  quand  on  faisait  circuler  dans  les  salons  de  l'impé- 
raLrice  des  lettres  de  Marie-Antoinette,  lettres  qui  y  excitaient  autant 
d'admiration  que  de  pitié  pour  le  sort  de  la  malheureuse  princesse. 
Les  tirades  emphatiques,  ,dont  étaient  remplie3  ces  [lettres  lues  avec 
l£Lnt  d'enthousiasme  dans  le  boudoir  de  l'impératrice,  donnèrent  à 
^.i-ueth,  dès  qu'il  put  en  prendre  connaissance,  l'impression  d'une 
Ca.isiflcalion.  A  ce  moment,  il  était  peut-être  le  seul  à  avoir  vu  des 
leLtrijs  authentiques  de  Marie-Antoinette.  11  n'hésita  pas  un  instant 
a  les  publier  et  il  obtint  un  succès  complet.  Il  fallut  avouer,  quoique 
a  regret,  que  presque  toutes  les  lettres  de  Marie-Antoinette,  publiées 
auparavant,  étaient  falsiliées.  Seul  le  comte  P.  d'Hunolstein,  un  des 
édiUurs  trompés,  ne  voulut  pas  se  laisser  convaincre  ;  il  ne  put  jamais 
I     IB  résoudre  à  comparer  les  lettres  apocryphes  qui  étaient  en  sa  posses- 
I     tioD  avec  les  lettres  authentiques  conservées  aux  Archives  de  l'Ëtat 
<le  \iHDne,  bien  qu'il  y  eût  été  souvent  invité  par  Arneth.  Un  peut 
direavec  certitude  que  celte  correspondance,  de  même  que  les  recueils 
publiés  par  lui  en  collaboration  avec  les  savants  français  Geffroy 
{VaTie-Anloinel{e,  correspondance  teeréte  entre  Marie-Thérèse  et  le 
'^fnlfde  Hercy-Argenteau.  Paris,  187'!)  et  Flammermonl  [Corres- 
pondance secrète   du  comte  de  Mercif-Argenteau.  Paris,    1889), 
'"^^iudls  qui  contiennent  les  matériaux  essentiels  pour  une  biogra- 
phie ilèllnilive  de  Marie- Antoinette,  ont  acquis  au  nom  d'Amelh  une 
•^'ébrité  européenne.  Son  volume  sur  ■  Beaumarchais  et  Sonnenfels  ■ 
t  Vieillie,  1868)  a  de  plus  une  importance  toute  particulière  pour  la 
*^ra.nce.  Il  y  décrit  avec  verve,  et  en  s'appuyaut  sur  des  documents 
^*étlii3,  un  des  plus  gais  épisodes  de  la  vie  du  grand  écrivain  et  le 
Pt'ésenle  comme  un  des  plus  impudents  aventuriers  qui  aient  été. 

La  valeur  d'Arnelh  ne  réside  cependant  pas  exclusivemeut  dans 
*^n  activité  littéraire.  11  a  de  plus  ce  grand  mérite  d'avoir  le  premier 
r^'ormé  le  service  des  Archives.  Les  pénibles  difficultés  auxquelles 
^  s'était  heurte  lui-même,  (|uand  il  avait  voulu  y  travailler  au  début 
***  sa  carrière  littéraire,  lîreut  de  bonne  heure  naître  en  lui  l'idée  de 
■^■^■voquer  des  réformes  dans  cette  administration.  Rappelons  a  ce 
t*«'opoB  l'amusante  historiette  qu'Arneth  a  contée  lui-même  dans  ses 
^^^^■noires.  Vers  i  850,  époque  où  il  taisait  déjà  partie  du  miulslère  des 


4S0  BULLETIN   HISTORIQUE. 

affaires  étrangères,  il  publia  dans  les  comples-rendus  de  rAcadéimede& 
sciences  à  Vienne  la  correspondance  du  roi  Charles  III  d^Espagne,  — 
plus  lard  Tempereur  Charles  VI,  —  avec  le  comte  Jean  Wenceshs 
Wratislaw.  Dans  l'espoir  de  recueillir  les  éloges  qu'il  croyait  méri- 
ter, il  apporta  ce  travail  à  son  chef,  le  baron  Werner,  de  qui  dépen- 
daient également  les  Archives  de  l'État.  Quelle  ne  fût  pas  sa  décep- 
tion lorsqu'il  n'obtint  du  baron,  au  lieu  des  louanges  qu'il  attendait, 
que  le  blâme  le  plus  amer  :  «  Malheureux,  »  s'écria  celui-d,  c  qu*a- 
vez-vou5  fait?  Comment  avez-yous  pu  avoir  l'idée  de  faire  imprima* 
la  correspondance  d'un  membre  de  la  maison  impériale?  Qui  vous 
en  a  donné  Tautorisation?  Je  vous  préviens  que,  si  quelque  vieille 
dame  de  la  cour  trouve  un  cheveu  dans  votre  publicalion  et  vous 
dénonce  en  haut  lieu,  je  m'en  lave  les  mains;  je  ne  m'occuperai  pas 
de  vous  un  seul  instant,  je  vous  abandonne  complètement.  »  — 
A  peine,  en  4868,  Arneth  fut-il  nommé  directeur  des  «  archives 
secrètes  de  la  cour  et  de  TÉtat  »  qu'il  établit  en  principe  qu'on 
pourrait  librement  en  utiliser  les  trésors.  Il  ne  fit  à  cet  égard 
aucune  différence  entre  amis  et  ennemis  de  l'État  dont  il  étùt 
citoyen.  U  est  bien  permis  de  dire  qu'Arneth  créa  ainsi  un  précédent 
qui  fit  époque  dans  la  direction  des  archives  européennes. 

Arneth  n'était  pas  seulement  un  érudit.  Historien  de  valeur,  Q 
entra  aussi  dans  la  politique  militante.  La  Révolution  de  4848  lui 
offrit  une  première  occasion  d^y  jouer  un  rôle;  il  fut  à  cette  époque 
délégué  au  parlement  de  Francfort.  U  y  déploya  une  éloquence  qui 
commanda  instantanément  l'attention.  Nous  devons  résister  à  la 
tentation  de  donner  ici  un  portrait  détaillé  d'Arneth  comme  hooune 
politique.  Nous  nous  bornerons  donc  à  dire  qu'il  fit  constamment 
preuve  d*un  esprit  indépendant  et  libéral.  A  aucun  moment  il  n^a 
hésité  à  se  poser  en  champion  d'une  monarchie  constitutionnelle. 
Dans  la  chambre  des  seigneurs  autrichienne,  dont  il  faisait  partie,  il 
s'éleva  toujours,  avec  de  chaleureuses  et  éloquentes  paroles,  contre 
l'absolutisme  et  le  «  zélotisme  »  de  tout  genre.  U  avait  le  courage  de 
dire  en  haut  lieu  la  vérité  ouvertement  et  sans  fard. 

Le  portrait  d'Arneth  serait  incomplet  si  nous  ne  disions  un  mot 
de  l'homme  même.  11  faut  avoir  été  mis  en  contact  avec  lui  pour  se 
faire  une  idée  juste  de  l'extraordinaire  bienveillance  de  cet  homme 
qui  ne  dédaignait  pas  cependant  une  fine  satire.  Il  n'avait  rien  des 
duretés  et  des  aspérités  si  fréquentes  chez  les  hommes  qui  passent 
leur  vie  au  milieu  de  parchemins  jaunis.  Ses  manières  accomplies 
étaient  celles  du  grand  seigneur  élevé  dans  le  monde  aristocratique; 
elles  n'avaient  rien  de  pédantesque.  Malgré  l'énergie  qu'il  lui  fellut 


iUTBICHE.  iS4 

déployer  pour  atteiDdre  au  but  qu'il  s'était  proposé,  son  caractère 
était  d'une  douceur  qui  ennoblissait  et  embellissait  tout  son  être. 
Cette  impression  était  fortiQée  encore  par  un  organe  bien  timbré, 
harmonieux  et  sympathique,  un  héritage  de  sa  mère.  C'est  de  cette 
noble  femme  aussi  qu'Arnelh  semble  tenir  le  sens  du  beau,  et  à  son 
influence  que  nous  devons  sûrement  attribuer  beaucoup  des  qualités 
qui  le  faisaient  tant  aimer  ;  mais  à  lui  seul  revient  le  mérite  de  n'avoir 
jamais  démenti  ces  qualités  si  profondément  humaines.  Les  sen- 
timents d'envie,  si  fréquents  parmi  les  savants,  lui  étaient  aussi 
étrangers  que  la  tendance  au  dénigrement.  Il  n'était  pas  de  ceux 
qui  n'ont  d'yeux  que  pour  les  «  arrivés  ;  »  il  soutenait  et  excitait  au 
contraire  de  préférence  ceux  qui  voulaient  faire  quelque  chose. 

Arneth  acheva  au  milieu  des  honneurs,  —  il  était  aussi  président 
de  l'Académie  des  sciences  de  Vienne,  —  cette  vie  si  utile  et  si  méri- 
tante. Il  put  terminer  encore  avant  sa  mort  la  biographie  de  l'homme 
d'État  autrichien  Wessenberg.  Cette  œuvre,  qui  vient  d'être  publiée, 
est  une  preuve  de  l'infatigable  activité  et  de  la  vigueur  persistante 
avec  lesquelles  Arneth  s^est  occupé  jusqu'à  un  âge  avancé  des 
sciences  historiques.  Elles  perdent  en  lui  un  de  leurs  plus  nobles  et 
plus  fldèles  représentants. 

Edouard  Werthbimer. 


482  COMPTBS-aENDUS  CRITIQUES. 


COMPTES-RENDUS  CRITIQUES. 


Histoire  de  Bretagne,  par  Arthur  Le  Motne  de  la  Bordeue,  U 
Paris,  Picard  ;  Rennes,  Plihon.  In-4'',  iy-592  pages. 

Dans  rhistoire  ancienne  de  Bretagne,  le  fait  le  plus  import 
aussi  le  plus  obscur,  c'est  la  fondation  et  Taménageinent  des  co 
bretonnes.  Que  ces  colonies  soient  venues  de  la  grande  île,  q 
soient  postérieures  au  iv«  siècle,  c'est  ce  que  personne  ne  conteste 
Grégoire  de  Tours  {Hist,  Pr,,  IV,  4)  nous  les  montre,  au  mili 
Yi*  siècle,  dirigées  par  trois  chefs  qui  paraissent  bien  correspond 
trois  principautés  traditionnelles  de  Broerech,  Gornouaille  et 
nonée.  Nous  savons  aussi  par  lui  que  ces  principautés,  qu'il  a 
encore  des  royaumes  (régna) ^  avaient  eu  d'abord  à  leur  tète  des  p 
nages  qualifiés  de  rois,  mais  que,  depuis  la  mort  de  Glovis,  on  t 
reconnaissait  plus  que  le  titre  de  comtes.  Antérieurement  à  Gri 
une  lettre  écrite  vers  515  par  trois  évèques  francs  nous  permet  de 
tater  la  présence  d'émigrés  bretons  établis  probablement  sur  le 
toire  de  la  cité  de  Rennes  et  desservis  par  un  clergé  indigène.  E 
un  évêque  Drittannorum  figure  dans  une  assemblée  épiscopale  à  '. 
quelques  années  plus  tard,  un  corps  de  Bretons,  commandé  par 
Riothime,  est  posté  en  Berry,  sur  la  frontière  entre  les  Romains 
Wisigoths.  Sans  pouvoir  l'afBrmer  avec  une  pleine  certitude, 
porté  à  croire  que  les  Bretons  de  l'évéque  Mansuetus  et  ceux 
Riothime  avaient  leurs  établissements  dans  l'ouest  ou  dans  le  n 
la  péninsule  armoricaine. 

A  s'en  tenir  aux  textes  bien  autorisés,  on  ne  saurait  guère  c 
plus  long.  Mais  il  y  a  les  vies  de  saints.  Les  saints  bretons 
presque  tous  venus  d'outre-mer,  presque  tous  aussi  à  la  tète  de  g 
d'émigrants,  leurs  biographes  ont  dû  conserver  plus  d'une  tn 
intéressante  sur  les  circonstances  de  l'émigration.  D'autre  pa; 
saints,  ou  du  moins  ceux  qui  ont  fait  sur  le  sol  armoricain  des 
tions  importantes,  ont  dû  se  trouver  en  rapport  avec  les  chefs  ci 
militaires  du  pays.  On  peut  donc  s'attendre  à  ce  que  ces  chefs 
mentionnés  dans  les  légendes  et  aussi  les  principales  divisioni 
tiques. 

G'est  en  effet  ce  qui  arrive.  Mais  comme  ces  légendes  sont  toi 
presque  toutes  d'une  date  notablement  postérieure  aux  fonc 
qu'elles  racontent,  la  tradition  qu'elles  nous  présentent  est  une 
tion  peu  précise  ou  peu  sûre.  On  en  déduit  aisément  que  tel  sa 
le  fondateur  de  tel  établissement  monastique,  qu'il  a  laissé  on 


^  L£  MOINE   DE  L*   BOSDERIB   :    BISTOIBR   DB  BBETiGHt. 

renom  de  vertu  et  de  miracteg,  que  telle  uu  telle  localité  a  coaeervé  de 
lai  un  Eouveoir  particulier,  que  telle  autre  a  rentré  d'aboid,  ou  du 
mninfi  reotTail  au  temps  dn  biographe,  daus  la  mouvance  du  monas- 
tfere  principal.  Eu  égard  aux  habitudes  des  écriTains  ccltiqucii,  on  peut 
stissi  considérer  comme  digaee  d'attention  les  généalogies  des  saints  et 
le«  traditions  sur  la  patrie  de  leur  famille.  Au  delà,  on  n'est  plus  en 
sûreté.  Les  anecdotes,  miraculeuses  ou  autres,  opl  trop  longtemps  llotté 
dans  lamémoirepopulaire,  et  dans  une  mémoire  particulièrement  fertile, 
pour  <{ne  l'on  puisse  faire  fond  sur  elles,  surtout  dans  le  détail.  Le» 
données  chronologiques,  les  synchronismes  avec  les  princes  francs  ou 
mém^  avec  les  chefs  hretoos,  sont  encore  moins  propres  à  iuspirer  con- 
fiance. Il  est  trop  clair  qu'ici  nous  sommes  exposés  à  rencontrer  des 
arrangements  artiliciels,  plus  ou  moins  ingénieusement  combiaês  par 
1^8  biographes  eui-mémee,  eu  dehors  de  toute  tradition.  Sans  doute, 
il  faut  considérer  conntne  possible  que,  dans  certains  cas,  les  noms  de 
princes  aient  été  relevés  sur  des  chartes.  Enajre  faudrait-il  ^tre  en 
niAsurede  savoir  si  le  biographe  ea  a  fait  un  usage  prudent  et  légitime. 

C'est  pourtant  sur  ces  légendes  et  sur  leurs  données  les  plus  cootes- 
Ubleeque  se  fonde  tout  l'édifice  historique  de  M.  de  la  Borderie,  notam- 
ment son  ossature  chronologique.  La  vie  de  saint  Tudual,  particulière- 
iQ^ni  ancienne  et  sobre,  contient  un  passage  d'uoe  importance  capitale 
•Qr  l'origine  de  l'émigration.  Il  y  est  dit  que  le  saint  fut  en  rapport 
&VOC  Deroch,  fils  de  Riwal,  et  que  ce  Riwal  est  le  premier  des  Bretons 
*loi  soit  venu  d'outre-mer  ;  qui  primus  venit  de  Briltonibvs  extra  mare. 
l'C  souvenir  n'a  rien  de  légendaire.  Bien  que  je  n'attribue  pas  à  la  vie 
d^  eaint  Tudual  une  si  baute  antiquité  que  M.  de  la  B.,  je  serais  porté 
^  la  croire  en  ceci,  à  voir  dans  ce  qu'elle  dit  de  Riwal  l'expression  d'une 
'''•«ïition  ancienne  ei  respectable.  H.  de  la  B.,qui  rapporte  au  vi« siècle 
'*  vie  de  gaînt  Tudual  et  saint  Tudual  lui-même,  ne  devrait  avoir  ici 
*acun  doute.  Pour  être  conséquent,  il  devrait  commencer  avec  Riwal 
'  histoire  de  l'émigration  bretonne,  au  moins  en  ce  qui  regarde  la 
^^Oinonée. 

ï^oin  de  là,  négligeant  la  vie  de  saint  Tudual  qui  devrait  être  pour 
'ai  Un  tejcte  sacré,  il  se  Se  à  celle  de  saint  Guénolé.  laquelle  est  d'au- 
^'^r  <x)nnu  et  de  date  bien  assurée,  mais  de  la  fin  du  ix»  siècle.  Sur  un 
''^**il  de  ce  texte,  d'ailleurs  faussement  interprété,  il  fonde  toute  une 
^ai-onolc^ie  de  l'émigration  dans  la  baie  de  Baint-Brieuc  et  dans  la 
'^•Tiouailie.  Voici  le  cas  ; 

^4int  Guénolé,  fondateur  du  monastère  de  Landevenec,  mourut,  dit 
7^^  biographe,  le  3  mars,  mercredi  de  la  première  semaine  de  Carême. 
^^  acceptant  ceci  comme  une  tradition  conservée  dans  le  monastère, 
**  en  conclut  que,  l'année  de  la  mort  de  saint  Guénolé,  Pâques  tomba 
^  I  I  avril.  C'est  le  cas  en  ^99.  510,  .521,  532,  583,  594, 605.  M.  de  la  B. 
'■^rte  les  trois  dernières  dates  comme  trop  tardives,  les  trois  pre- 
^'^ree  comme  trop  précoces.  Le  saint,  en  effet,  mourut  pienas  die- 
**"(,  et  M.  de  la  B.  a  ses  raisons  de  le  faire  naitre  peu  apréï  460. 


18J 


COMrTES-UEKDDS   CRITIQUES. 


Noua  allons  bientôt  voir  ce  que  valent  ces  r&iaoQS.  Il  choisit  donc  l'a 
nce  532. 

Malheureusement  c«s  calculs  Bout  faits  sur  les  tables  pascales  a 
lemeat  en  usage,  non  sur  celles  dont  m  servaient  les  Bretons*. 
celles-ci,  fondées  sur  un  cycle  de  quatre-vingt-(|uatre  ant,  la  piijue  <l.^Er:3 
Il  avril  ne  ae  préseuie  qu'aux  années  34  et  45  du  cycle,  c'est-à-dirr^  — , 
pour  la  périwlc  qui  nous  occupe,  en  426,  499.  510,  5S3,  594  et  667.  L«^_^ 
première  et  la  dernière  a'écartc^nt  toutes  seules.  Des  quatre  anlre^k^ 
aucune  ne  convient  à  M.  de  la  B.  Celle  de  53^  est  impossible.  Avec  elLV 
disparait  le  fondement  du  système. 

Mais  venons  à  la  naissance  de  Guénolé.  Son  biographe,  Wrdisten  a^t^_-— 
Gurdestin,  dit  en  son  prologue  que  l'émigration  des  Bretons  iasulair^^^^_ 
eut  lieu  tentpore  quo  gens  Saxonum  maternuin  po.iiedit  eeuptletn.  •  c'ec^      -^ 

■  à-dire,  d'apr^s  M.  de  la  B.,  que  l'émigration  bretonne  cammrnça  ^^^^  . 

<  moment  où  commença  aussi  la  prise  de  possession  île  la  Graude-Br-      ^^^ 

<  tagne  par  l'invasion  saxonne,  après  les  premières  victoires  des  Saiot^^^^ ^ 
«  sur  les  Bretons,  de  455  à  iCO.  Donc,  d'après  Wrdisten,  les  d^tmtt      ^^e 

■  l'étaigratiou  bretonne  se  placent  vers  460.  i  Un  de  ces  premiers  itxr^  m- 
grants  s'appelait  Fracau*;  c'est  le  père  de  Guénolé,  qui  naquit  no  ^».xi 
après  le  dèbarquemeut,  soit  en  461. 

A  cela  je  répondrai  ;  i»  que  le  biographe  se  borne  à  dire  que  l'éc*»  *" 
gratitm  des  Bretons  eut  lieu  lors  de  l'invasion  saionoe,  sans  parler  «** 
commetieement.  L'invasion  saxonne  est  un  fait  de  quelque  durée,  ell» 
répartit  sur  plusieurs  siècles.  Bleu  n'indique  que  le  narrateur  ait  ex*  ' 
vue  un  stade  de  la  conquête  plutôt  qu'un  autre;  2"  que  le  biogra  f>**^' 
loin  de  dire  que  Fracan  ail  émigré  des  premiers,  le  range  eipressétX*  ^^ 
parmi  ceuï  qui  restèrent  et  qui  furent  chassés  de  leur  pays,  non  p^  *"  , 
guerre,  mais  par  la  peste.  Il  semble  bien  avoir  ici  en  I&te  la  gr3- ~*^*' 
peste  du  vC  siècle,  que  tes  Annales  do  Carobrie  mentionnent  à  ft  '^^ 
née  547.  S'il  en  est  ainsi,  on  voit  ce  que  devient  la  chronologie  <^^^ 
posée;  s'il  s'agit  d'une  épidémie  sans  date,  nous  retombons  dans  %-  * 
certain.  _^^^ 

Ainsi  on  n'a  pas  le  droit  de  déterminer,  comme  le  fait  M.  de  la  ' 

la  date  de  l'émigration  de  Fracan  et  de  la  naissance  de  saint  Guén^^^^ 
ni  surtout  do  faire  intervenir  cette  date  dans  le  choix  entre  les  diveir^^*" 
années  auxquelles  le  calcul  de  Piques  permettrait  de  rattacher  la  ra^^* 
du  saint.  L'époque  de  celui-ci  demeure  indéterminée.  Indétermitï^^ 
aussi  l'époque  du  roi  Grallon,  car  la  chronologie  ne  l'atteint  que  par  ^^  ' 
rapports  avec  Guénolé. 

A  Vannes  aussi,  M.  de  la  B.  découvre  une  colonie  bretonne  ^^ 
y  siècle.  Cela  parait  d'abord  impossible,  car  la  ville  de  Vannes  n'^^* 
devenue  bretoime  que  très  tard,  si  môme  elle  l'est  devenue  ava::-  ^ 

1,  Voy.  ces  tables  daas  le  Ifeaei  Arehie,  l.  IX,  p.  167. 

2.  Son  nom  se  conserve  dans  celai  de  Ploufragan,  localilË  située  â  une  liei^^' 
au  sud  de  Sainl-Brieuc. 


LE   XOT!<E    DE    Le    BORDEBIE    :    BISTOIRE   DE   DRETlG^fE. 


iS$ 


fons  les  canons  d'un  concile  qup  le 

!  4C1  et  4'JO,  avec  ses  suffraganCs,  à 

e  Paterne.  Ces  canons  ne  trahissent 

I  le  voisinage  des  Bretons,  Mais  ce 

I  saiiit  gallu! 


ptominoé',  et,  d'autre  part,  nous  a 
métropolilain  de  Tours  y  tint,  entt 
l'occasion  de  l'ordination  de  l'évêqi 
p3.r    aucun  détail  la  présence  o 
ï*aterne,  confondu  plus  lard  ave 

l'objet  d'une  légende  des  plus  fabuleuses,  et,  dans  celte  légende,  on 
racontait  qu'nn  roi  breton,  Garadauc,  qui  résidait  à  VanneG,  lui  donna 
BOO  palais  pour  bâtir  une  cathédrale.  M.  de  la  B.  ne  fait  pas  grand  cas 
de  la  légende,  mais  il  retient  le  détail  du  roi  Garadauc  et  de  son  palais 
transformé  eu  église.  Ce  détail,  en  effet,  a  passé  de  la  légende  dans  nu 
■«rroon  prêché  à  Vannes  vers  l'an  lîOO,  ce  qui,  suivant  M.  de  la  B., 
lai  donne  une  valeur  traditionnelle  très  considérable.  Je  n'insiste  pas. 
De   tels  procédés  critiques  sont  aisés  à  apprécier. 

Re-renoos  à  Riwal.  Aucune  légende  ne  dément  expressément  la 
priorité  qui  lui  est  attribuée  par  la  vie  de  saint  Tudual.  Beaucoup 
mentionnent  son  règne  ou  sa  généalogie;  mais  il  est  difficile  de  savoir 
en  c]  Del  temps  au  juste  il  a  vécu.  Selon  Gurdestin,  c'est  un  contempo- 
•"airi  de  Fracan.  D'autres  récits  le  mettent  au  temps  des  fils  de  CIotîb. 
I*onr  accorder  ces  données  divergentes,  M.  de  !a  B.  a  imagine  de 
dédoubler  le  personnage,  de  distinguer  entre  le  Riwal  contemporain  et 
****rne  voisin  de  Fracan  et  le  Riwal  des  autres  légendes,  connu  aussi 
P^T"  les  généalogies  et  les  chroniques.  Le  premier  serait  du  v"  siècle, 
^  avatre  du  vi".  Pour  mieux  inculquer  ce  dédoublement,  il  altère  t'ortho- 
8'^.phe.  Les  textes,  qui  ne  parlent  jamais  que  d'un  seul  et  même  Riwal, 
Varient  quelquefois  sur  la  façon  d'écrire  son  nom  :  on  trouve  les  formes 
At'truottM,  Bigualis,  Biwalus.  Suivant  M.  de  la  B.,  celui  de  Gurdestin 
•  appelait  Rliigall.  On  intercale  une  h,  on  supprime  l'u  {gii=:uu:=.w], 
^n^Gjd  au  redouble  VI  finale  et  l'on  obtient  un  personnage  différent  de 
**i^w^al. 

Ci'est  beaucoup  d'ingéniosité  et  peat-ôtre  d'audace,  le  tout  inutile- 
^*^^rxi.  Puisque  l'on  a  besoin  de  deus  Riwal,  pourquoi  ne  distingue-l-on 
**^^  entre  Riwal  !"■  et  Riwal  II,  comme  on  distingue  entre  Weroc  I" 
'  AWeroc  II?  Le  premier  Riwal  et  le  premier  Weroc  seraient  aussi 
'^'^itaDériqueB  l'un  que  l'autre,  mais  on  respecterait  au  moins  la  tradition 
ï^* '^«graphique, 

tin  réalité,  la  tradition  légendaire  ne  connaît  qu'un  seul  Riwal;  Gur- 

^**t-in  lui-même,  dont  on  s'autorise  pour  le  dédoublement,  le  qualifie, 

'^^-■t.  comme  les  autres  biographes,  de  dux  Domnonieae  partis.  Quant 

a  Age,  il  semble  que  les  légendes  l'aient  plutôt  abaissé  que  recalé. 

^Somar,  moine  de  Saint-Mêen,  qui  écrivit  au  ii' siècle  une  vie  du  saint 


^ 


tôt; 


^^^i»s  de  ce  prince  et  sur  les  origines  de  son  royaume.  En  ce  tomps-lâ, 
**Ï8loiro  de  l'émigration  bretonni 


Judicael,  se  trouva  conduit  par  soasujet  à  disserter  sur  les  prédéces- 
les  de  son  royaume.  En  c 
'émigration  bretonne  avait  pris  la  forme  que  v 


^  -  Le  Icile  alléeué.  p.  505,  pour  prouver  ([ne  Ptpin  le  Bref  reconquit  Vannes 
**  753,  est  tiré  des  Annata  de  Metz,  document  bien  peu  anlorisé. 


fCUTlQDBS. 

i  crmoricaiDe  (Léuvie)  fat  cCO- 
•  habitants  et  s'iDsUllèreul à  lent 
Fët  sa  feinine  Aletba.  Celle-ci  ayAnt 
■  .ut  «un  chef  friaon,  Goraold  se  mit  aux  troasses   <li> 
kdt4  j^tma  COarchioD,  avec  tout  son  monde, de  sorte qn'il  ne 
M 1)*  l^Mwie.  Les  FrisODs  ne  revinrent  pas  ;  l'émigration 
nù  ta  place  libre.  Elle  se  prodaiïiit  au  temps  de  Clo- 
i.  Hoa  chef  fut  RiwaI,  Bis  de  Deroch,  fils  de  Wilbol, 
,  U»  <im  Cath«T,  61s  de  Gerenton.  Il  posséda  toute  la  B>-e- 
I  la  -«jri*  ti*  ses  successeurs  ;  Deroch,  fils  de  RiwaI,  cnge»>" 
.    imUU  loua,  lona  Judwal,  Judwot  Juthael,  Juthael  Jadi" 
itt^iotwa  dn  roi  Dagoben. 
t-imf»  t«Ot  parle  de  la  Dornoonée  comme  si  c'était  toute    Ls 
iak  La  l«9»od«  de  Corsold  et  d'Aletha  s'est  évidemment  fonn^^ 
mil  n lift  Ûlw  symbolise  les  dernières  destinées  des  établissement^ 
»4»  Uo««il  et  d'Alet,  Quant  au  synchronisme  de  RiwaI  a-vC^ 
«,  tMi  I»  ivirouve  dans  nne  ■  géné-alogie  princière,  rédigée    *'*' 
ii^\  >  il  dans  certaines  chroniques  d'assez  basse  époque*-     ^ 
[  |HM»ibh'  de  l'accepter.  Clolaire,  en  effet,  n'a  régné  sur 

I  sur  ses  confins  qu'après  la  mort  de  Chitdebert,  en  &5®- 
n  avec  Childebert  que  les  saints  bretons  ont  atTatre.  Si   1'*^" 
I  ^laai  du  temps  de  Clotalre  les  légendaires,  généalogis^ 
I,  aionl  désigné  d'une  façon  générale  le  temps  de-s  fil» 
\,<yitk  iM1-56ll.  leur  synchronisme,  qui  devient  alors  fort  vogue^       *" 


«3e 


l'émigration  bretonne  aV* 


ftv«  «vulivilit  par  tout  ce  qu'on  sait  si 

tt  ftiwal  n'a  pas  d'attaches  chronologiques  h  la  Tois  soli  ■ 

IMI  M  qu'il  y  a  de  sérieux  dans  les  vies  de  saints  sur 

k  W  psnonnage,  c'est  le  gui  primus  venil  de  Brilonibus  ei 

1  ce  que  M.  de  la  B.  néglige.  Ce  çui  prïmus  nt? 

I  ponse.  au  déclin  du  V  siècle.  Il  faudrait  le  concilier  a 

k  du    roi    Riothime,  inconnu   aux    légendaires.    Mais  ( 

tiUX  panonnes  pour  qui  la  vie  de  saint  Tudual  est  une  piè* 

ntaDOnde  ftiwal  et  son  râle  aux  premiers  temps  de  l'émigratio^ 
^  MM^^  noua  font  connaître  les  divisions  politiques  du  pays.  Ma.  -^ 
^Ibtiw  WM>  renseignent  pas  sur  leurs  origines.  Quant  au  pays  de  Vanner 
ym'v  %  ^  do  difficulté.  I..e  terme  Broerec  on  Browaroch 


\  VvrtM>  l>  '211-  Li'lEB  de  cette  gânéalogie  n'est  pas  établi  par  M,  de  la  B^ 
IN»  math  provenir  d'uoe  «ie  de  saint  Wiaaoc,  plus  andenne  que  celle  d^ 

iMiM  V«  """■1'  1"'  "'  ''"  *'"  *'**='*■ 

t  WwtK«.  I.  3  Cette  chronliiue,  illéguËe  par  U.  de  la  B.  (p.  350],  se  ter — ' 
MM*  a  t  Mu*>«  'ï''*>'  !'■">  autre  chronique,  du  MnDt-Sainl-Michel,  A  laquelle  il^ 
l«M<vt*  <))*'*'''*'*'■  ""  '"*i'>">"  P*^  Clolaire.  Elle  provient  d'un  tnannscrit  du 

>  ktMW  kUtUala,  Chnniqat  ola  ilMert  de  TAor^y,  i.  U,  p.  208.) 


ï 


'.  LA   BOBDERtR   :    DtSTOISB  DE  BRËTIGME. 

de  AAfaroch  et  dârlve  du  nom  du  célèbre  comle  qui  lient  tant  de  place 
d(i.Exs  les  récite  de  Grégoire  de  Tours  comme  ennemi  de  Cbilpéric,  de 
CÎ-OÏ3.  Iran  et  de  Childebert  II.  Restent  la  Domnonée  ot  la  Gornouaille, 
Oitrri^iionia  et  Cornubia.  Cee  termes,  inconoug  des  historienG  Trancs, 
«■^viennent  à  chaque  instant  dans  les  légendes  bretûnneii.  Gelles-ei  ne 
ae  «3  onuent  jamai):  la  peine  de  les  expliquer;  ils  sont  chose  courante  et 
d*ï»saage  immémorial.  Il  est  clairqu'ils  remontent  auï  origines.  L'expli- 
ca.t.i<3n  naturelle  serait  que  l'émigration  s'est  aménagée  autour  de  deux 
B*'o«-«pes  principanx.  ïeous  l'un  de  cheî  les  Dumnonii,  l'autre  de  chez 
l98  dfmvbii  ou  Cornovii  de  la  grande  ile.  Cbose  singulière,  les  Ômigra- 
t'ioKS  s  dont  il  est  question  dans  les  vies  de  saints  ne  viennent  jamais  de 
ch^sc  les  Cornovii;  en  des  cas  très  rares,  elles  ont  quelque  lien  avec  le 
P«-y^  des  Dumnonii;  presque  toutes  viennent  de  la  Cambrie,  rarement 
de    i»  Bretagne  du  Nord  (Stratclyde)  ou  de  l'Irlande. 

*îi  n  ce  qui  regarde  la  Cornubia,  M.  de  la  B.  reproduit  une  eiplicalioa 
•1"«^  j'ai  eu  déjà  occasion  de  repousser'.  La  Ifolitia  Dignilalum  nous 
*I>F»«-eod  que  la  cohorte  casernée  à  Pons  .€lii  (Newcastle)  s'appelait 
eo/c«>r]  /»  Cornoviorum,  ce  qui  suppose  qu'à  l'origine  elle  avait  été 
•"««^•■«itie  chez  les  Cornovii.  Mais  qu'en  était-il  au  v*  siècle?  Jusqu'à 
l*-»**!.  point  cet  élément  ethnique  y  était-il  représenté?  Nul  ne  peut  le 
^^"^  c»ir.  C'est  k  cette  petite  troupe,  A  cette  compagnie  de  soldats,  que 
»**^«^»-  Bllribup  la  Tondationde  la  Cornubia  bretonne,  au  lieu  de  s'adresser 
*  '^  nation  ou  cité  des  Cornouiï  elle-même.  Pourquoi?  Parce  que  la  gai^ 
'^•^<»ii  de  Newcastle  offre  plus  de  commodité  pour  expliquer  l'origine  de 
^•-■ÎBiiper.  Cette  localité  s'appelait  en  latin  Corisopilum;  ses  évéques, 
**^ï*«ais  le  «•  siècle,  se  qualî6ent  d'epùcopi  CorifopiUnscs.  Le  nom  de 
"**'»» ji«r  (en  breton,  coDOiient)'  semble  bien  avoir  été  Introduit  par  les 
^'■^lons  de  l'émigration,  tandis  que  celui  de  Corisopilum  doit  provenir 
"«^  temps  romains.  Cette  explication  s'accorde  avec  la  mention  d'une 
^*^<'Cai  Corisopitum  dans  ta  Notice  des  Gaules.  M.  de  la  B.  préfère  la 
«ystiine  suivant. 

-A.  «ix  lieues  et  demie  de  Newcastle  et  do  sa  compagnie  de  Comoviens 
*^  trouvait  une  «  ville  importante  s  appelée  Corisopitum.  On  conjec- 
^^*"^  que  les  habitants  de  cette  ville  céiièrenl,  en  même  temps  que  la 
*^*lorte  des  Cornubii,  aux  attaques  des  Pietés  et  des  Saxons  et  qu'ils  se 
'^^'-«giêrenl  avec  eux,  vers  475,  aux  bords  armoricains  do  l'Odet.  Là, 
J^**"  un  amical  partage,  les  Corisopitains  de  la  grande  ile  donnèrent 
^»*r-  nom  à  ta  ville  fondée  en  commun,  et  les  Gornubiens  de  la  cohorte 

•***Bèrent  le  leur  à  la  province  qui  lui  fut  assijjnée  comme  ressort. 
^^  '-^^  serait  beaucoup  de  changement  pour  peu  de  monde,  car  la  pré- 
^j  **«ioe  1  ville  importante  >  de  Corisopitum  n'était  qu'une  simple  sta- 
"'       postale  sur  une  voie  romaine  et  les  Cornubii  de  Newcastle  qu'une 


ttOT 


*  -    Bulltliti  crUique,  I.  V,  p.  Îi4. 
^     -    Qnimper,  en  effet,  se  Irouve  au  «latlueat  de  deux  petites  riviËres,  l'Odet 
^    >^«ïSler. 


k 


488  COMPTES-REÏIDUS   CRinQUBS. 

bien  faible  troupe.  Encore  devait-elle  être  fort  réduite  après  la  défc 
énergique  qu'elle  opposa,  dit  M.  de  la  B.  (qui  n*en  sait  rien  du  tootf.^M), 
aux  attaques  des  Saxons  et  des  Pietés.  Mais  il  n*y  a  pas  lieu  d'û 
là- dessus,  car  la  Corisopitum  insulaire  n'a  jamais  existé  que 
quelques  imaginations  armoricaines  et  modernes.  Le  seul  texte  qui  l.V     la 
mentionne,  Titinéraire  d'Antonin,  appelle  cette  station  Gorstopitum  c^^    et 
non  Corisopitum.  M.  de  la  B.  a  tort  de  s'en  rapporter  pour  ceci  à  TédÎK  Ci- 
tion  Wesseling.  Celle  de  Parthey  et  Pinder,  postérieure  et  bien  mieor  ^cjai 
documentée,  nous  apprend  que,  sur  douze   manuscrits,  six  porteici^snt 
Corstopitum;  que  les  variantes  des  six  autres,  Corstopilum  (3  fois),  (7oK..'^z3f- 
topitum,  Constopitum,  Corstopitu,  se  ramènent  aisément  à  la  premièHr^^re 
leçon;  enfin  qu'aucun  exemplaire  ne  porte  Corisopitum. 

Il  y  a  donc  lieu  de  laisser  en  paix  )a  garnison  de  Newcastle  et  T  la 
station  de  Corstopitum.  Ce  n'est  pas  là  qu'il  faut  aller  chercher  les  fos- fon- 
dateurs de  notre  Cornouaille.  Jusqu'à  ce  qu'on  ait  trouvé  mieux,  .  il 
faudra  se  contenter  de  la  rattacher  à  la  Comubia  de  la  grande  île,  sac^  .-ins 
prétendre  tirer  au  clair  le  lien  qui  les  unit. 

L'origine  de  la  Dumnonia  n'est  pas  plus  facile  à  expliquer.  Je 
bien  que  M.  de  la  B.  nous  offre  une  solution.  Riwal  étant  par  lui  coh 
sidéré  comme  contemporain  de  Clotaire,  il  remarque  que  c'est  précis» 
ment  au  temps  de  ce  roi,  à  partir  de  515,  que  la  Dumnonia  insulai 
fut  atteinte  par  l'invasion  saxonne.  Riwal  sera  venu  de  cette  régies  -ion 
de  l'île  et  en  aura  transporté  le  nom  sur  la  côte  nord  de  rArmoriqi]^^-'*^^' 
Ce  système,  hélas!  se  fonde  sur  un  synchronisme  des  moins  admi^Sr  .is- 
sibles,  en  même  temps  que  sur  une  hypothèse  tout  à  fait  gratuite^^^  • 
Riwal  ne  peut  être  considéré  comme  contemporain  de  Clotaire  et  n  .^a^inl 
ne  sait  s'il  est  venu  de  chez  les  Dumnonii  ou  d'une  autre  partie  de  ^^ 

Grande-Bretagne. 

Ainsi,  ni  pour  la  date  des  premières  émigrations,  ni  pour  l'origi^  ^^nne 
des  dénominations  géographiques,  rien  à  tirer  des  légendes.  L'histoi  M-  ^^^^ 
suivie,  enchaînée,  datée  à  une  année  près,  quelquefois  à  une  heu.  .^l^^^ 
près,  que  nous  présente  M.  do  la  B.,  n'est,  d'un  bout  à  l'autre,  qu*iE-^     -^^ 
tissu  d'hypothèses  et  de  combinaisons.  Car  les  légendes  elles-mèm»  ^^^^ 
sont  souvent  en  désaccord.  Pour  les  concilier,  soit  entre  elles,  soita?^"^^  *^ 
les  véritables  documents  historiques,  il  ne  faut  pas  être  avare  de  oouK^  ^^  '^^ 
de  pouce. 


J'ai  déjà  signalé,  en  ce  genre,  l'évanouissement  du  texte  qui  primf^  -^  "^  ^"^^ 
de  Britonihus  et  la  création  du  personnage  de  RhigalH.  Voici  celle  £>     ^  .* 
Waroch  !«»•.  Le  vrai  et  unique  Waroch,  bien  connu  par  Grégoire  4^      ^  . 
Tours,  succéda  en  576  à  son  père  Macliav  comme  chef  des  Bretons  dC>     ^ 
Vannetais.  Depuis  lors,  on  le  voit  souvent  en  guerre  avec  les  Francr^> -•^-'"^ 

Presque  toujours  victorieux,  il  laissa  parmi  les  siens  un  souvenir -»-«3S8< 

imposant  pour  que  son  nom  ait  servi  à  désigner  le  pays  qu'ils 

1 .  Notez  aussi  la  suppression  de  Riatha,  dans  la  généalogie  tradilioniMUe  tw 
saint  Judicasi  (p.  351,  400),  sons  prétexte  qu'elle  est  trop  longna. 


'WQ^I 


LE   VOTKE    DE   U   BOBDËRIE   :    HISTOIRE    DE   BRETiGXE.  489 

paient,  flro  Waroch,  Broérec.  Ud  Warocli,  ou  Weroc,  prince  du  Van- 
oeiais,  est  menlionné  dans  pliiBieure  légendes,  noiarament  celles  de 
saint  Gunhiern  de  Quimperlê,  de  saint  Gildas  de  Rhuys  et  de  saint 
Mêen  de  Gael;  il  y  a  peut-être  quelque  cbose  de  vrai  dans  lee  rapports 
qu'elles  établissent  entre  ces  saints  et  lui.  Mal  hou  reu  sèment,  non  pour 
cette  tradition,  maïs  ^lour  le  système  chronologique  de  M.  de  la  B.,  ces 
rapports  abaisseraient  us  peu  la  date  des  saints  en  question.  Saint 
Gunhiern  est  l'ami  de  Waroch  et  du  roi  Grallon.  Or,  celui-ci  vivait 
au  temps  de  saint  Guénolé,  lequel,  d'après  le  système,  mourut  en  532. 
Saint  Méen  fit  un  voyage  à  Vannes,  oii  il  se  rencontra  avec  Waroch, 
en  554,  d'après  le  sijstéme.  Longtemps  avant  ce  voyage,  loujours  d'aprèt 
U  sytltme,  saint  Giidas  fut  eo  rapports  fréquenta  avec  le  même  prince. 
Comment  accorder  tout  cela  avec  la  date  de  576,  bien  connue  comme 
celle  de  l'avènement  de  Waroch?  Par  un  procédé  très  simple  ;  on 
dédouble  ce  personnage.  Il  y  a  un  Waroch  I"  et  un  Waroch  II,  le 
premier  dont  parlent  les  légendes,  le  second  dont  parle  l'histoire.  Il 
^aoie  pourtant  aux  yeux  que  les  légendes  et  l'histoire  ont  en  vue  le 
tnéme  Waroch.  Si  quelques  détails  secondaires,  dans  les  vies  de  saints, 
s'accordent  mal  avec  la  chronologie  réelle  du  célèbre  chef  breton,  cela 
ne  prouve  qu'une  chose,  c'est  qu'elles  méritent  correction  sur  ces 
points.  H.  de  la  B.,  qui  rectifie  si  volontiers  les  légendes  quand  elles 
iQi  paraissent  exorbitantes  ou  fautives,  ne  doit  pas  refuser  aux  autres 
te  droit  d'y  faire  aussi  leur  triage. 

Je  dis  qu'il  les  rectifie.  Dans  la  vie  de  saint  Gildas,  il  est  question 

'''dd«  résurrection.  TriBne,  la  personne  ressuscitée,  ayant  eu  la  télé 

Uaachée,  M.  de  la  B.  a  jugé  le  miracle  trop  fort  et  retouché  le  récit. 

^  légendaire  dit  expressément  que  le  méchant  Gonomor  avait  coupé 

*^  tête  Je  sa  lemme  :  exempta  mueront  amputavit  caput  tiai.  D'après 

^'  de  la  B.<,  il  dirait  que  Couomor  o  lui  abattit  son  glaive  sur  la  télé 

^^   Ift  laissa  pour  morte.  ■  Un  temps  notable  s'écoule,  plusieurs  jours 

**iis  doute.  Gildas  arrive,  trouve  le  cadavre  de  la  pauvre  femme,  tra- 

'*''*»«  cadaver  mulierii  inUrlectae,  se  met  en  prières,  rapproche  la  léte 

*•_«  tronc  et  dit  :  «  Au  nom  de  Jésus-Christ,  TriBne,  lève-toi.  »  Elle  se 

^Ve  auBsitdt.  Voilà  ce  que  dît  le  légendaire.  Voici  la  traduction  de 

^>    de  la  B.  :  I  Sur  la  bruyère  tachée  de  sang  gisait  le  corps  de  la 

'   princesse,  à  la  tête  une  plaie  horrible,  au  front  et  aux  joues  le  marbre  de 

'    'a  mort.  Malgré  cette  plaie  effroyable,  avec  l'aide  de  Dieu  et  le  secours 

*  "ios  antiques  secrets  de  la  médecine  druidique,  qu'il  tenait  de  son 

*  **ïaitre  saint  lltud,  Gildas  ne  désespéra  point  de  ramener  la  princesse 

*  i  la  vie.  Combien  dura  cette  cure  merveilleuse,  désespérée?  On  ne 
^^^■Ut.  Hais  un  jour  vint  où  la  moine  dit  :  Au  nom  de  N.-S.  J.-C., 
^HDtrifine,  je  te  l'ordonne,  lève-toi  et  marcfae.  Et  TriGne  se  leva,  i 

.  1-  P.  412.  Notez  bien  que  M.  de  la  D.  entend  comniuniquer  au  lecteur  non 
^  t«^4>o  dont  il  interprète  le  récit,  mais  le  récit  lui-mftne  :  ■  Voici,  dit-il  ea 
*  Commençant,  conime  la  légende  de  Gildas  racoale  celte  tragédie.  > 


490  coiipn8-EB!n)US  CEinQinn. 

Gomme  escamotage  de  miracle  %  c'est  bien  réussi.  Je  compreods  qpm^ 
M.  de  la  B.  n'accepte  pas  le  témoignage  du  légendaire,  mais  il  n'a 
le  droit  de  le  falsifier.  Le  biographe  dit  que  saint  Giidas  opéra,  par 
prières,  la  résurrection  subite  d'une  personne  qni  avait  eu  la  tète 
chée;  M.  de  la  B.  lui  fait  guérir,  par  des  remèdes  savants  et  un  traite 
ment  prolongé,  une  simple  plaie  à  la  tête.  S'il  s'est  permis  une 


liberté  avec  son  document,  et  cela  dans  le  principal  épisode  du  récit. 


pourquoi  attache-t-ii  tant  d'importance  aux  ointer  dicta  dans  lesquels 
rencontrent  les  indications  chronologiques? 

Gonomor,  le  mari  assassin  de  Trifine,  joue  un  grand  rôle  dans 
légendes  bretonnes.  C'est  un  personnage  réel.  Grégoire  de  Tours  (FV,  4 
le  mentionne  à  propos  d'événements  qui  se  passèrent  dans  le  pays 
Vannes  vers  550.  Un  «  comte  des  Bretons  »  appelé  Ckanao  fait  mouri: 
trois  de  ses  frères  ;  il  se  disposait  à  se  débarrasser  aussi  du  quatrièmi 
Macliav,  mais  l'évéque  de  Nantes  Félix  parvint  à  le  sauver.  Peu 
Macliav,  de  nouveau  poursuivi  par  son  frère,  fut  obligé  de  s'enfuir;  i 
trouva  refuge  auprès  d'un  autre  comte,  Ghonomor,  qui  le  tira  d' 
une  seconde  fois.  Macliav,  évincé  de  sa  part  d'héritage,  se  réfugia 
Vannes,  où  il  parvint  à  se  faire  installer  évoque.  Enfin,  Ghanao  é 
mort,  il  abandonna  la  carrière  ecclésiastique,  reprit  sa  femme  et  La  pi 
de  son  frère  à  la  tête  du  royaume.  Les  conditions  chronologiques  d 
récit  paraissent  bien  impliquer  que  toute  cette  série  de  faits  tient  en 
549  et  552. 

On  identiâe  généralement  le  Cfionomor  nommé  ici  avec  le  Cho: 
dont  il  est  question  dans  un  autre  récit  de  Grégoire  (IV,  20);  c'est 
Chonoober  qui  soutint  Ghramne  dans  sa  révolte  contre  Glotaire  et  pôrir 
en  560,  victime  de  cette  alliance.  La  différence  entre  les  formes  Choi 
mor  et  Chonoober  n'est  pas  une  objection  contre  l'identification^  com 
le  savent  les  gens  experts  en  philologie  celtique^.  Gependant,  M. 
la  B.  tient  pour  la  distinction  des  deux  personnages.  Libre  à  lui, 
où  il  me  semble  avoir  tout  à  fait  tort,  c'est  quand  il  prétend  que  Chih' 
noober  et  Chanao  ne  font  qu'un.  Pour  en  arriver  là,  il  se  fonde  sur  des 
variantes  paléographiques.  Dans  le  manuscrit  de  Gorbie,  sur  trou  fois 
que  se  rencontre  le  nom  de  Ghanao,  il  est  écrit  une  fois  Cfumoone  (à 
l'ablatif)  ;  le  même  manuscrit,  sur  deux  fois  qu*il  donne  le  nom  de  ChO' 
noober,  l'écrit  deux  fois  Chonoo,  indéclinable'.  Or,  le  ms.  de  Gorbie  est 

i.  Il  y  eo  a  bien  d'autres;  une  apparition  de  saint  Tudoal  mort  transformée 
en  une  apparition  de  saint  Tudual  malade;  les  cerfs  de  saint  Lunaire  changés 
en  bœufs  (p.  369):  la  levée  de  terre  dressée  par  les  disciples  de  saint  Iltot 
pour  arrêter  la  mer  (p.  276);  le  texte  de  la  vie  de  saint  Pol  parle  sealement 
d'une  ligne  tracée  sur  le  sable  par  saint  Iltut,  avec  son  bâton,  et  pas  dm  tout 
d'une  levée  de  terre. 

2.  Sur  ceci,  voy.  Zimmer,  dans  les  Jlfon.  Germ.  Scrtpt.  aniiq.,  t.  Xin,  p.  5. 

3.  M.  de  la  B.  dit  (p.  568)  que  cette  dernière  variante  se  rencontre  deux  fois 
dans  le  ms.  de  Beau  vais,  une  fois  dans  le  ms.  de  Cambrai.  J'ai  vérifié.  L'asser- 


*      le  plu 


LE   KOIHB    DE   Ll    BORDEKIE    :    BISTOIBE   IIE    BBBTlCnE.  <491 

le  plus  aocien  des  exemplaires  de  Grégoire  de  Tours.  C'est  possible, 
mAii  il  est  loin  d'être  le  plus  autorisé  :  son  copiste  se  permet  très  sou- 
vent des  changements  de  mots  ol  de  Torme.  Il  n'a  donc  pas  d'autorité 
dans  ia  question,  contredit  qu'il  est  par  tous  les  autres  mactuscrits, 
ftnxqaele  se  joÎQt,  en  ce  qui  regarde  Chonoober,  l'autorité  de  Frédé- 
gaîre  et  da  Liber  historiae  Francorum,  deux  ouvrages  qui  représentent 
des  manascrits  du  tu*  siècle.  Comment  d'ailleurs  Chanao,  qui  mourut 
vers  5ô2,  pourrait-il  être  identique  à  Chonoober,  tué  en  560? 

a.  de  la  D.  se  félicite  beaucoup  de  sa  mètbode  qui,  dit-il,  est  la 
vraie  critique,  également  éloignée  de  rbypercritique  et  de  l'hypocri- 
lique-  On  voit,  hélas  I  —  et  les  preuves  s'en  multiplieraient  aisément, 
—  que  cette  vraie  critique  ressemble  souvent  à  ses  voisines. 

C'est  que  le  savant  historien  y  met  de  la  passion,  de  la  passion 
pUriotique,  bien  entendu.  César  a  vaincu  les  Vénètes,  ces  oncles  éloi- 
gnés des  Bretons  du  vi*  siècle.  M.  de  la  B.  l'accorde;  mais  si  César 
«vaiLété  un  vrai  chevalier,  s'il  se  fût  refusé  l'usage  de  stratagèmes  sub- 
lita,  si  seulemeat  le  vent  n'eût  pas  molli  pendant  la  bataille,  les  <  lâches,  ■ 
les  €  dégoûtants  >  Homains  eussent  été  mis  en  déroute.  Cela  se  voit 
P*r  Dioa  Gassius,  un  auteur  qui  écrivait  trois  siècles  après  l'evéne- 
meat  et  dont  le  témoignage  doit  prévaloir  contre  celui  de  César,  qui 
était  li. 

Grégoire  de  Tours  décrit  en  termes  compromettants  les  iocursions 
■W  Bretons  sur  le  territoire  franc;  il  parle  de  leur  perpétuel  manque 
■JB  Toi  à  l'égard  de  leurs  voisins.  M.  de  la  B.  ne  l'en  croit  qu'à  moitié. 
£st-c«  qu'un  écrivain  franc  est  recevable  quand  il  dit  du  mal  des  Ere- 
loQs?  Il  parvient,  du  reste,  par  une  exégèse  des  plus  ingénieuses,  à 
nioinrer  que,  même  d'après  Grégoire,  ces  invasions  bretonnes  étaient 
*^fX  anodines.  Quelques  fermes  brûlées,  quelques  vendanges  sur  les 
^if^a  d'autrui,  voilà  tout.  Les  Bretons  na  tuaieut  jamais  personne. 

Alais  leurs  légendes  elles-mêmes  sont  remplies  d'histoires  peu  édi- 
~*Ote3  :  pupilles  frustrés,  moines  persécutés,  monastères  livrés  au  pil- 
^■go,  ôgorgemonls  de  femmes  et  d'enfants.  Conomor,  en  particulier, 
J*^tie  les  rôles  les  moins  recommandables.  Eh  bieni  même  pour  Coqo- 
''***^>",  M.  do  la  B.  trouve  moyen  de  plaider  les  circonstances  atténuantes. 
^^  Qe  fut  pas  un  saint,  non;  mais  on  a  beaucoup  exagère. 

^Uant  aux  auteurs  contemporains  qui  ont  eu  le  malbeur  de  n'être 
***«    de  l'avis  de  M.  de  la  B,,  je  laisse  à  penser  quels  égards  il  a  pour 
***-   Ah  I  pauvres  Twut/ 

L.  Ddghebne. 

^**<>    de  U.  de  la  R.  est  fausse  eu  c«  ((ui  regarde  te  ms.  de  Beauvais  (Parii, 
>^â4),  fausse  également  eu  ce  qui  regarde  le  ms.  de  Cambrai. 


492  COMPTES-EB.fDUS  GBniQUBS. 

I.  Francesco  Catazzi.  Le  scuole  dell'  antico  Stndlo  Bol< 

Bologne,  U.  Hœpli,  4896.  In-8^  344-Lxyiii  pages. 

II.  Mauri  Siari  et  Mauri  Fattorim.  De  clarla  archlgymnasU  Bmn 
niensis  professoribus  a  saeculo  XI  usqae  ad  saeciiliim  XF 

iterumedidenintCaesar  Albicixius et  Garolus  Hiligola.  Bom 

niae,  ex  officina  regia  frairum  Merlani,  4888-4896.  2  vol.  in-fol 
27-xxiyi-675  et  386  pages. 

I.  Étude  d'histoire  locale,  plutôt  archéologique  qu'historique,  do:^ 
Tauteur,  qui  n'est  pas  un  historien  de  profession,  se  proposait  d'abo:^ 
de  faire  simplement  une  lecture  à  la  Deputazione  di  storia  patria 
Romagne.  L'ouvrage  a  pris  des  proportions  considérables  et  for 
maintenant  un  volume,  illustre  avec  somptuosité  et  avec  goût.  On 
trouvera  des  documents,  et  des  renseignements  qu'il  y  a  tout  lieu 
croire  exacts,  sur  les  bâtiments  où  furent  logées  les  écoles  univers 
taires  do  Ik>logno  depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours.  —  L'aut^s= 
aurait  peut-être  pu  se  dispenser  de  rapprochements  entre  l'histoire 
l'Université  de  Bologne  et  celle  de  l'Université  de  Paris.  Ce  qu'il 
de  Paris  (p.  15  et  suiv.,  ci  passim)  est  superficiel  et  emprunté  à 
livres  sans  autorité. 

II.  L'histoire  littéraire  de  l'Université  de  Bologne  au  moyen 
commencée  par  Mauro  Sarti  sous  les  auspices  de  Benoit  XIV  (le  Bol 
nais  Lambertini),  est  célèbre  :  c'est  un  des  principaux  monuments 
l'érudition  italienne  au  xvui«  siècle.  Savigny,  Tiraboschi  l'ont,  à  b 
droit,  vantée,  et  le  plus  grand  éloge  que  l'on  en  puisse  faire,  c'est  q^ 
Ton  s'en  sert  encore. 

Le  comte  Cosare  Albicini  eut  l'idée,  à  l'époque  de  ces  fêtes  du 
tenaire  de  TUnivorsité  de  Bologne  dont  le  souvenir  est  encore 
à  tous  les  historiens,  de  rééditer  le  De  claris  archigymnasii  Bonanien — -^''* 
pro/essoribus,  L'ouvrajie  de  Sarti,  mort  en  1766,  avait  été  continué       ^' 
publié  par  le  P.  [«'attorini.  Le  P.  Fattorini  était  un  homme  négligera'  ^' 
qui  imprima  sans  soin  les  pièces  justiticatives;  et  ce  n'était  pas  m^^ 
homme  très  actif  puisque,  en  vingt-deux  ans,  il  n'avait  pas  trouvé    ^^ 
temps  de  poursuivre  les  recherches  de  son  prédécesseur  au  delà  de  /^ 
première  moitié  du  xiv«  siècle;  par  sa  faute,  le  De  claris  archigymnasii 
Bononiensis  i-rofcssoribus,  dont  l'érudition  et  la  critique  de  Mauro  Sartf 
font  le  prix,  est  un  livn^  inachevé  et  insutlisamment  correct.  —  C  â1- 
bioiui  ue  se  proposa  pas  de  le  terminer  :  c'eût  été  une  entreprise  trop 
vaste;  mais  de  le  réimprimer  purement  et  simplement  en  effaçant  les 
uéglik^enoos  du  P.  Fattorini  et  en  ajoutant,  rà  et  là,  en  note,  quelques 
n»ferences  à  des  travaux  modernes.  Il  mourut  en  1891,  après  avoir  sur* 
veille  le  tome  l*»"  de  la  présente  reimpression. 

C.  Malacola  a  dirigé  la  reimpression  du  tome  II,  qui  contient  les 
pitVes  justiticatives  et  qui  forme,  dit-il  \U  p.  16».  un  véritable  Codes 
diplomatkus  de  l'ancienne  Université  de  Bologne.  Tons  les  textes  publiés 


1 


KDENTZEL   :    HtSS-ITnD   r.EWICDTSWESGIf    l"C   DetlTSnHLAIfD.  i93 

rlaos  h  prpmiêrp  édilion  ont  élé  cocsciencieuspmenl  collaiionDés  sur 
Ips  originaux.  De  pius,  M.  Malagola  a  recherché  les  papiers  inédits  de 
Sarti  et  de  faltorini  (notes,  épreuves,  etc.)  et  publié  ceux  qiii  en 
valaient  la  peine.  Enfin,  il  est  l'auteur  d'une  excellente  préface  où  se 
trouve  racontée  en  détail  l'hislflire  du  Dt  clarù...,  les  elTorts  M  les 
déboires  de  ses  auteurs. 

Ch.-V,  Lakolois, 


tieber  die  Vernialtung  des  Mass-und  Gewichts'wesena  in  Dent- 
sdUand  wœhreDd  des  Uittelaltera,  piir  le  !)'  Guorg  KÎîntzel. 
Leipzig,  DuiickiT  el  Humlilol..  1894.  Iti-8°,  viii-J02  pages. 
Die  Qrdentllchen  direkten  Staatsstenern  des  Mlttelalters  Im 
FarstblBtbnm  MOnster,  par  Joseph  iUktzën.  Miinsler,  Regens- 
berg,  1895.  Ia-8°,  95  pages. 
I>1«  Osnabrticker  LalBchaften,  par  le  {)'  F.  Philippi,  archiviste 
d'Osnabriick  [mfkinl«i]aiUiJeMilnijler).Osnabriick,Itackhorst,  I8<J6. 
ln-8",  35  pageâ. 
'Weicbblld,  par  le  D'  Philippi.  (ExLrail  des  llansische  Geschichts- 
blSUer,  l.  XXIII.)  In-H%  55  pages. 

Ces  quatre  opuscules  méritent  d'être  signalés  à  ceux  qui  s'occupent 
••e  la  formation  el  de  l'histoire  des  villes  allemandes  au  moyen  âge. 

Ia  dissertation  de  M.  K.  n'est  pas  seulement,  comme  le  titre  pour- 

•^'l  le  faire  croire,  une  sèche  étude  sur  l'administration  des  poids  et 

ŒMaros;  OQ  y  trouve  dps  ^■ues  Tort  judicieuses  sur  cette  question  tou- 

iourg  discutée  de  l'origine  des  villes,  les  uns  persislaat  à  les  rattacher 

b"  *°^  Gildes,  les  autres  cherchant  la  cause  de  leur  développement  dans 

Hp^  développement  des  relations  commerciales  et  du  MarUrecht,  d'autres 

^HPtofin  croyant  que  les  villes  n'unt  été  au  tond  que  des  communes  rurales 

'     *'«»8ies.  C'est  là,  on  le  sait,  la  théorie  de  M.  G.  de  Below,  contre 

'"quelle  s'était  déjà  élevé  le  professeur  Schmoiler  (voy.  Jahràuch  far 

"c^elsjfiuny...,  1893,  p.  289  et  suivi  en  attirant,  avec  raison,  l'intérêt 

^ur  l'utilité  d'une  élude  minutieuse  de   l'organisation  des   poids  et 

*^6s  mesures. 

*ï.  K.,  dont  le  travail  a  provoqué  naturellement  une  réplique  de 
^-  de  Below  \Zeitschrifl  fur  Social-  «nd  WirtkscluiftsgocliwlUe,  1894, 
^-  ^Sl|,  s'est  livré,  à  cet  égard,  à  des  recherches  trÈs  pénétrantes,  con- 
Ouil^^s  avec  beaucoup  de  méthode  et  présentées,  eu  dehors  de  toute 
^"^'^mique  personnelle,  dans  ce  ton  digne  qui  seul  convient  à  la  science, 
*  •dissertation  éclaire  par  un  côté  intéressant  les  rapports  qui  existent 
'^l^e  la  vie  économique  et  la  vie  juridique  des  sociétés;  elle  montre 
*^*Qnienl  le  droit  public  du  moyen  âge  dépendait  de  celte  organisation 
~*inun)ique  naturelle  {Haturalwirtschafti  que,  dans  noire  vie  écoao- 
nev.  HtsTOB.  I.XVI.  1"  CASc  13 


494  COMPTES-RBNDCS  CRITIQUES. 

mique  modornc  où  l'argent  joue  un  si  grand  rôle  (Getdwirthsehaj 
nous  comprenons  mal  ;  elle  prouve  aussi  que  la  marche  vers  une  ci 
nisation  plus  moderne  a  dépendu  surtout  du  développement  des 
tiens   commerciales   et  do   conceptions   économiques   nouvelles,  l»- 
emprunts  faits  aux  institutions  romaines  n'ont  pas  changé  le  fond  d.  ^ss 
choses.  L'organisation  financière  des  Romains  n'a  guère  modifié  A.  ^3s 
procédés  usités  par  les  villes  ou  par  les  seigneurs  de  toute  catégorie  ^slvj 
moyen  âge  pour  rémunérer  leurs  employés.  Remontant  jusqu'à  répo<|^^«^c 
carolingienne,  M.  K.  étudie  avec  soin  les  droits  respectifs  du  roi  et 
seigneurs  (p.  il).  Il  cherche  à  dégager  des  capitulaires  et  des  docnme: 
relatifs  aux  droits  régaliens  les  points  intéressants  pour  son  snjet. 
Miroir  de  Saxe  est  en  tout  cas  le  premier  document  où  l'on  voit      la 
réglementation  des  poids  et  mesures  confiée  expressément  aux  bon  r^- 
mestres.  ÏA  encore  est-il  bien  douteux  (p.  18)  que  ce  soit  là  un  prîKX- 
cipo.  Pout-on  croire  en  définitive  avec  M.  K.  que  les  droits  et  préro- 
gatives des  conseils  de  ville  et  spécialement  la   compétence  de  €^^s 
conseils  en  matière  de  poids  et  mesures  aient  été  un  legs  des  commui 
rurales  (ce  que  Schmoller  ne  paraît  point  admettre)?  Après  avoir 
au  début  et  dès  l'époque  de  Cbarlemagne  un  droit  régalien,  le  droit 
réglementation  des  poids  et  mesures  passa  par  suite  de  l'impuissaD-^^* 
des  souverains  à  un  grand  nombre  de  seigneurs  laïques  ou  ecclésii 
tiques,  et  enfin  aux  communes  rurales  elles-mêmes,  mais  sans  cj 
théoriquement  le  pouvoir  royal  y  renonçât,  ce  qui  explique  l'influezi' 
qu'il  conserva  sur  les  marchés  publics.  Gela  étant,  est-il  certain  qu©    1* 
compétence  du  conseil  de  ville  en  matière  de  poids  et  mesures  soi^ 
empruntée  à  l'organisation  ancienne  des  communes  rurales?  N'est— ^^c 
pas  plutôt,  comme  tout  ce  qui  concerne  le  droit  de  marché,  une  p^^*" 
celle  de  la  puissance  publi(}ue  passée  aux  mains  des  pouvoirs  miiO'-' 
cipaux?  Les  recherches  de  M.  K.,  c'est  la  principale  conclusion  que  no^^ 
dégageons  de  sa  judicieuse  étude,  prouvent  une  fois  de  plus  à  qO^' 
point  la  diversité  a  été  la  loi  du  moyen  âge  allemand  et  combien  ox^^ 
agi  différemment  sur  les  constitutions  urbaines  les  divers  facteurs  Q^^ 
ont  concouru  à  leur  formation. 

Sur  un  terrain  plus  spécial,  M.  Metzen  nous  donne  une  excellente  ant* 
lyse  des  diverses  sources  des  revenus  des  princes-évéques  de  Munster  et 
distingue  avec  soin  ceux  que  ce  personnage  percevait  comme  grand  pro* 
priétaire  et  seigneur  foncier  (Grundherr)  de  ceux  qull  percevait  comme 
souverain  (Landeslierr).  A  leur  tour  les  premiers  se  décomposèrent  ea 
prestations  fixes  et  redevances  irrégulières.  Les  seconds,  sur  lesquels  il 
insiste  longuement,  comprennent  les  péages,  le  trésor,  les  impôts.  On 
trouve  dans  cette  brochure  d'intéressants  détails  sur  le  trésor,  rectifiant 
diverses  assertions  de  Lamprecht  et  montrant  surtout  comment  il  se 
forma.  On  doit  distinguer  la  redevance  appelée  pemio  (Pacht)  qui  rentre 
dans  la  catégorie  des  droits  seigneuriaux  d'ordre  privé,  de  Vexactio,  qui 
a  été  précisément  constitutive  par  excellence  du  trésor  (Schais)  et  où  le 
caractère  do  droit  public  apparaît  déjà  très  accentué  et  qui  ne  se  rat- 


PBILIPPI    :    niB   09»BBDRCR8R    LilSCHAFTEN.  493 

laclie  nullemenl  aux  droits  appartenanl  à  l'évoque  en  lanl  que  proprié- 
taire funciFr.  Le  trésor  a  son  origiao  premiëre  dans  \es  proGts  découlant 
de  l'eieruice  de  la  paissance  judiciaire;  el  on  peut  dire  qu'il  devint  un 
des  éléments  conEtitutil'a  de  la  souveraiaeti  territoriale  [Landeshohfit). 
M.  M.  lait  ressortir,  par  une  étude  minutieuse  des  documents,  le  carac- 
téra  d'impôt  des  petitioms,  precariae,  Eeden,  examine  avec  soin  les  Ion- 
demenis  juridiques  sur  lesquels  s'appuyaient  les  droits  et  met  en  relief 
les  exceptions  dont  jouissait  le  clergé.  Cette  dissertation,  bien  docu- 
mentée, mais  un  peu  touQue  et  à  laquelle  manque  une  table  des 
matières,  sera  utile  à  consulter  par  ceux  qui  cherchent  à  voir  clair  dans 
cetie  organisation  financière  si  compliquée  du  moyen  âge  allemand. 

M,  Pbilippi,  le  savant  éditeur  de  V Urkundenbuch  d'Osnabriick,  vient 
de  faire  de  curieuses  recherches  sur  les  Laischaflen  de  celte  régiou. 
Laùchafl,  Letscap  a  le  sens  de  collegium;  il  s'agit  ici  des  associations 
fiirméee  pour  l'exploitation  et  l'utilisation  des  pâturages  des  environs 
d'Oinabruck  {Weidegenossensehaften).  Appuyée  sur  des  documents  iné- 
dits dont  quelques-uns  ont  été  reproduits  en  appendice,  cette  disserla- 
tioE  sura  un  grand  intérêt  pour  tous  ceux  qui  étudient  l'histoire  du 
régime  de  la  propriété  foncière  et  de  ces  Peldmarken,  dont  quelques- 
unet  fd  sont  maintenues  jusqu'à  nos  jours  dans  la  région  westpha- 
lienae,  qu'on  s'occupe  de  partager  aujourd'hui  (j'ai  vu  procéder  à  ces 
partages  dans  la  vallée  de  l'Ems  et  la  région  du  Hiimmling')  et  qui  ont 
eu  une  inQueace  considérable  sur  l'organisation  sociale  et  la  vie  écoDO< 
inique  de  toute  cette  partie  de  l'AUeaiagno.  Nous  sommes  ea  présence 
d'ane  très  vieille  iostilulion  germanique,  et  M.  P.  nous  montre  que  la 
poseessioQ  ou  la  jouissance  de  ces  pâturages  était  une  question  vitale 
pour  les  bourgeois  d'Osnabrùck;  il  ne  peut  malheureusement  noua 
dire,  Taute  de  documents,  quel  était  exactement  le  régime  de  ces  pâtu- 
'^B«s  et  des  associations  ou  Laùchaflen  avant  le  xv*  siècle.  C'est  dans  la 
'econde  moitié  du  xvi'  siècle  que  leur  situation  se  précise,  et  ces  asso- 
ciatioas  s'arrogent  ou  oblienuent  le  droit  de  régler  les  choses  à  peu 
près  à  leur  gré.  On  verra  quels  furent  leurs  divers  modes  d'activité  en 
inaiLére  de  défrichements  [Rodungen),  soit  de  routes  et  chemins,  et  ce 
qu'il  faai  entendre  par  l'expression  Wegeherren,  seigneurs  des  chemins. 
*^  travail  sera  très  instructif  pour  ceux  qui  recherchent  dans  ia  persis- 
■^DCB  de  certaines  communautés  agraires  partielles  les  vestiges  (?j  d'une 
*^n»aunautê  agraire  primitive;  pour  ceux  aussi  qui,  au  point  de  vue 

^ciai,  se  demandent  quelles  furent  les  transformations  heureuses  et  les 

^nsformaUous  funestes  des  classes  rurales  au  moyen  âge,  quels  furent 
^*  divers  procédés  qai  permirent  aux  tenanciers  de  conquérir  peu  à 

P®*J  «ne  plus  grande  liberté. 
^o  a  longtemps  discuté  sur  le  sens  exact  du  mol  V/eiclibUd.  A  la 

'^'ïWirquable   dissertation    de    Richard    Bchrceder,  M.    Philîppi  vient 

'-  Cr.  mes  ^Judet  sur  lei  populatioiu  rurale»  de  l'AOemagne,  1807,  p.  S3, 
'"''■  I,  88,  04,  437-440. 


495  COMPTES-RENDUS   CRITIQUES. 

d'ajouter,  en  serrant  de  très  près  les  textes  de  ces  dépôts  d'archives 
TÂIlemagne  du  Nord  qu*il  connaît  si  bien,  d'intéressants  complémem. 
Le  sens  du  mot  Weichbild  s'est  étendu  par  la  suite.  Mais  il  est  certain  <2 
le  mot  Wic  avait  primitivement  le  sens  de  ville  ou  localité.  BU,  comm^ 
savant  archiviste  d*01denburg,  le  D''  Sello,  Ta  établi,  c'est  la  racine  qn  "* 
retrouve  encore  dans  le  mot  actuel  billig  (convenable,  raisonnable,  s'^ 
pliquant  à...).  Et  la  désinence  ilhi  est  un  vieux  mot  saxon  indiqua 
ridée  de  pluralité.  Wicbîlithi,  Weichbild,  peut  être  traduit  en  allem 
moderne  par  Stadtgerechtsame,  ce  qui  concorde  avec  des  chartes 
xii«  siècle  où  on  lit  Jus  civile  quod  wicbilethe  dicitur.  L'expresam 
Weichbild  qui  se  retrouve  d'ailleurs  dans  des  documents  thuringien^ 
hessois  est  d'origine  saxonne.  C'est  peu  à  peu,  par  l'intermédiaire 
colons  saxons,  qu'elle  se  répandit  dans  toute  la  Basse- Allemagne. 
Munster  clic  rayonna  dans  la  direction  de  Paderbom,  d'Osnabrûck, 
Minden,  plus  tard  de  Halle  et  de  Magdebourg.  Le  plus  ancien  doov3' 
ment  qui  en  parle  est  une  charte  de  1178  relative  au  couvent  d'Uet>^r- 
wasser  à  Munster,  et  pendant  un  siècle  au  moins  le  sens  qui  pa.r^/t 
s'attacher  à  ce  mot  est  celui  de  collation  de  tenuro  bourgeoise  hérédi- 
taire (Erbzinsleifierecht),  Mais  le  terme  Weichbild  ne  pouvait  s'appli- 
quer à  toute  teuure  héréditaire.  Celles  auxquelles  il  convenait  se  €Ïis- 
tinguaient  surtout  en  ce  que  les  différends  qui  pouvaient  surgir  a  ieuf 
propos  no  pouvaient  être  tranchés  que  par  le  tribunal  territorial  {Larui' 
gerichi).  M.  P.  étudie  avec  soin  quelques  statuts  anciens,  notamment 
ceux  de  Soest  (où  )o  mot  Weichbild  n'apparaît  d'ailleurs  qu'au  xiu"  siècle^, 
et  divers  documents  westphaliens  d'où  ressort  la  liberté  présomptî^^ 
des  tenanciers  (Erbzinsleute)  soumis  au  Weichbildrecht,  Ce  droit  péné^ 
tra  dans  les  colonies  fondées  par  les  Saxons  grâce  à  l'intermédiaire  do> 
droit  de  Magdebourg  et  du  droit  jusqu'ici  peu  connu  de  Schartau  (qu^ 
n'est  plus  aujourd'hui  qu'un  simple  village  entre  Jerichovir  et  Bnrg9 
dans  le  Brandebourg).  La  théorie  du  Weichbildrecht  est  particuHèremen^ 
intéressante  à  étudier  dans  cette  région  parce  qu'on  voit  comment  il 
permit  de  créer,  à  côté  des  anciens  bourgeois  complets  (Fo//66r^er),des 
bourgeois  d'un  type  nouveau  (Neubùrger)  qui,  bien  qu'investis  de  piéro- 
galives  moins  étendues,  purent  facilement  acquérir  au  point  de  vue  de 
la  propriété  foncière  les  mêmes  avantages  que  les  autres^. 

Georges  Blondbl. 


Les  grandes  époques  de  rhistoire  économiqae  Jnsqa^à  la  fin  du 
xv«  siècle,  par  Claudio  Ji.vxet.  Paris  et  Lyon,  Delhomine  et  Bri- 
guet.  In-12,  vi-410  pages. 

M.  Pierre-Claudio  Jannet  a  réuni  et  publié  avec  soin  les  derniers 

1.  M.  Philippi  vient  de  publier  sons  ce  titre  :  Zwr  OsnabrUcker  Verfoêt^mg^ 
geschichte,  Osnabriick,  1897,  un  petit  volome  que  nous  signalona  à  ceax  qn'ia- 


:    LES   GRANDES   ^rOQDUS   DE  L'bISTQIBE   ËCONOMIQOE.      407 

travaux  <lo  son  père.  Toub  les  amis,  les  élèves  et  les  admirateurs  du 
maître  lui  en  exprimeront  leur  gratitude.  M.  Claudio  Janaet  est  de  ceux 
i|ui  ont  souvent  attiré  notro  étude  sur  les  questions  sooialei!  dans  le 
l'imaine  historique,  nous  avons  été  souvent  sous  l'empire  de  sa  parole, 
irailuisant  avec  taat  d'éclat  et  de  précision  sa  pensée  vive  et  pénétrante. 
M.  Claudio  Jannel  est  un  des  économistes  de  ce  temps  qui  ont  le  plus 
[ravaillé,  qui  ont  éteadu  leurs  investigations  infatigables  auï  champs 
\ff  plus  vastes  et  les  plus  variés,  et  qui  ont  mis  en  œuvre  l'abondante 
récolte  de  recherches  incessantes  avec  le  plus  de  personnalité.  Ce  der- 
nier livre,  comme  ses  aines,  est  imprégné  de  la  conviction  profonde  de 
l'écrivain,  —  parmi  les  économistes  M.  Claudio  Jannel  n'a  jamais  été 
un  d  i  tcllanie,  comme  beaucoup  d'autres,  —  il  se  distingue  par  des  con- 
ciuBioDs  personnelles  exposées  avec  Torce  et  netteté. 

Pourquoiavoirinlitulé  ce  livre  tes  Grandes  époques  de  Vkistoire  feono 
miquef  Ou  peut  dire  que  l'histoire  militaire  a  eu  de  grandes  époques 
1"^  premier  Empire  par  exemple,  par  opposition  à  d'autres  époques. 
comme  aotre  lin  de  siècle,  où  il  n'y  a  que  des  guerres  sans  importance 
mais  l'histoire  économique?  En  tous  temps,  les  hommes  ont  eu  besoin 
de  \■i^■^e  et  d'élever  leurs  familles,  et  ils  ne  l'ont  pas  fait  plus  grandi 
ment  à  une  époque  qu'à  une  autre.  Peut-être  certaines  époqui 
para lEseot-el les  plus  claires  que  d'autres,  par  la  lumière  qu'y  jetteni 
W  documents  conservés  et  le  travail  des  historiens;  mais  il  suffirait  de 
déplacer  cette  lumière  pour  que  l'éclat  se  déplaçât  également.  Nous 
'-royoQs  hicn  que  ce  que  M.  Claudio  Jannet  appelle  les  grandes  époques 
^^iBt  les  époques  de  transformation;  mais,  ici  encore,  il  faut  ee  défier  de 
'u  pression  :  les  dilfèrentes  époques  de  l'histoire  paraissent  plus  ou 
i^iiiits  des  époques  de  transformation  selon  qu'on  les  envisage  sous  tel 
""  tel  aspect. 

I' 'introduction  est  une  large  esquisse  :  ■  La  société  moderne  et  son 
unité  historique.  »  Cette  unité  historique  est,  dans  la  pensée  de  l'au- 
[rar,  l'iEuvre  de  l'Eglise.  M.  Claudio  Jannet  a  commis  la  même  erreur 
r)aô  Fastel  de  Coulanges  avait  commise  en  écrivant  la  Cité  antique. 
Diios  l'ensemble  d'une  civilisation,  la  religion  n'est  jamais  une  cause 
elfici«Dte,  elle  est  toujours  un  eifet;  ce  n'est  pas  la  religion  qui  fait 
l'eiat  Rocial,  c'est  l'état  social  qui  fait  la  religion  ;  le  monde  moderne  a 
eu  de  l'unité  au  xiii°  siècle,  non  parce  que  la  religion  était  commune, 
0iaU  la  religion  a  été  commune  parce  que,  sur  les  diflérents  points  de 
t'iSnrope  occidentale,  l'état  social  était  identique, 

s  chapitres  traitant 


La  all^me  observation  s'adresse  a 
de  I&  Rfforme  iimale  par  le  chrUtianisme  aui 
(option  de  l'auteur  est  poussée  si  loin  que 
fclêye  à  peine  do  la  critique  historique. 

Le  chapitre  m,  bien  que  très  court,  est  d 


liiiK.  U.  Jaunet  y  t 


premiers  siècles,  où  la  ci 
cette  partie  de 


I  beaucoup  le  meilleur  du 


•.c  des  idées  parfois  nouvelles  et  qui  frappent 


l'blstoira  des  villm  allemudos  an   moyen  ftge  et  f 


par  louf  justesse,  do  la  formation  de  la  société 
IX*  siècles. 

Itelevons  les  cinq  pointa  suivants  qui  dominent  la  conceplion 
l'aulpur  et  qui,  à  notre  avis,  dominent  réellement  celte  question 
controversée  de  la  formation  de  l'ancienne  France  : 

1°  t  Le  caractère  essentiel  de  la  société  féodale,  c'est  que  chaip 
localité  doit  pourvoir  à  6a  dèfenae  contre  l'ennemi  extérieur,  satislââ 
elle-même  à  tona  ses  besoins  économiques,  et  que  tous  les  membres  ■ 
même  groupe  sont  unis  entre  eux  par  nn  lien  social,  celai  de  la  féavlm 
{p.  151-52). 

2°  ■  La  prédominance  de  la  vie  rurale.  C'eEit  un  changement  con 
plet  avec  le  monde  ancien  »  (p.  157). 

Dans  cet  ordre  d'idées,  M.  Claudio  Jannet  va  plus  loin  que  ses  prâil 
cessetirs  par  cette  observation  très  intéressante  el  très  importante 
■  Lo  ctmus,  prix  du  loyer  de  la  terre,  est  toujours  payé  en  nature,  e 
bœufs,  quelquefois  en  brebis,  le  plus  fréquemment  en  porcs.  Cela  indiqa 
que  ces  redevances  ont  été  établies  à  une  époque  où  l'élevage  du  béui 
l'emportait  aor  la  culture  des  céréales  •  (p.  168|. 

3"  La  coutume  locale  qui  régit  la  terre  a  son  origine  dans  la  juridt 
tion  domestique  (p.  171}. 

40  C'est  la  coutume  qui  fait  loi  et  non  l'arbitraire  individuel  |p.  (T— 

b'  On  peut  définir  d'un  mot  cet  état  social  :  c'est  le  patronage  obi 
gatoire  ip.  173).  Le  mot  "  obligatoire  •  nous  parait  inutile.  Cet  et 
social  était  l'organisation  patronale*. 

Tels   sont,  tracés  à  grands  traits,  les   éléments    fondamentaux 
l'État  social  où  s'est  formée  la  France  du  vii°  au  ix*  siècle.  Il  est 
table  qa'ayantvu  si  juste  et  ayant  dit  si  bien  dans  l'ensemble  M.  Claa^ 
dio  Jannet  se  soit  embarrassé,  dans  le  détail,  au  milieu  d'expressicrs 
fieillies  sur  les  Homains  et  les  Germains  et  dans  des  considérali^= 
théolûgiquesqne  l'on  doitBB  garder  d'introduire  dans  un  livre  d'iiistot — 

Four  en  donner  une  idée,  prenons  ce  paragraphe  dans  le  cliapitre 
Une  municipalité  du  midi  de  la  France  de  l'époque  romaim  à  1789,  5«— * 
ron.  M.  Claudio  Jannet  estime  que  les  éléments  qui  ont  concouru  ^* 
formation  des  municipalités  du  moyen  âge  sont  au  nombre  de  troi^ 

1°  •  L'élément  germanique  qui  représente  la  sauvage  liberté  '' 
«  forêts.  « 

î'  '  Les  traditions  romaines  qui,  grâce  à  leur  passé  glorieux  ^ 
B  leurs  formes   savantes,  subjuguent   l'imagination   souple  des  e?*- 

3'  «  L'Église  enfin  qui,  animée  d'une  vie  indéfectible,  lutte  »* 
(  reUche  contre  la  barbarie  des  peuples  du  nord  et  le  sensuall^ 
1  païen,  toujours  vivace  cbez  ceux  du  midi.  ■ 

t.  Celle  idée  a  été  dëvelopp^e  avec  beaacuup  de  talent  el  de  forre  pur  U. 
Punck-Brentano  ilana  riatroductiori  Je  sa  réimpression  du  Traité  d'écono*^ 
pnlitiqtie  de  Honcbrétion.  M.  Jannet  aurait  certainement  cité  ce  travail 
nvail  pu  mettre  ta  dernière  main  h  son  tenvrc.  (Nolo  de  la  Direclion.) 


^ 


niKnro^  :  u  aércBUCte  hks  MtOTiNCES-irinES.  49'J 


Or,  Qua  srnlement  ces  trois  éléments  n'ont  pas  été  les  élêineQlR 
essentiels  de  la  furmation  des  villes  à  l'origine  du  moyen  âge,  mais  ils 
n'v  oat  eiercé  aucune  action.  Les  villes  «a  sont  formées  tout  natu- 
rellement au  milieu  des  conditions  économiques  et  sociales  que 
M.    Claudio  Jannpt  a  si  bien  dëGaies  précédemment. 

IL.«  chapitre  vi,  le  plus  important  du  livre  comme  dimensions,  traito 
de  La  criae  économique  du  xvi'  siècle.  Il  n'a  pas  êlé  écrit  par  M.  Jan- 
Det  lui-même;  c'est  le  résumé,  par  un  élève,  M.  Victor  Taiiuay,  de 
leçckcs  faites  à  l'Université  catholique.  Le  livre  se  termine  par  une 
étnc3«  sur  le  a  crédit  populaire  et  les  banques  en  Italie  du  xv»  au 
xviiT"  siècle.  » 

KA^algré  les  réserves  que  nous  avons  cm  devoir  faire,  nous  avons 
peia  K.-étre  montré  l'importance  et  l'intérêt  de  cet  ouvrage.  Notre  dernière 
parole  sera  un  hommage  respectueux  à  la  mémoire  du  maître  que  la 
niOT-«  a  enlevé  duue  manière  prématurée  aux  éludes  où  il  se  distin- 
Bi^tii  si  noblement. 

FVaciK  Fubck-Bbentano. 


A.  ^flfiDDiSGTON.  La  rëpnbllqae  des  Provinces- Unies,  la  France 
^t.  les  Pays-Bas  espagnols  de  1630  â  1650.  T.  1.  Paris,  Mas- 
SOD.  1895.  I  vol.  in-8°,  iii-44fi  pages. 

Xja  critique  procède  parfois  si  lentemenl  et  elle  a  quelquefois  affaire 
à  des  auteurs  si  diligents  qu'au  moment  où  elle  se  met  en  mesure  d'ap- 
précier la  première  partie  d'un  ouvrage,  la  seconde  vient  déjà  s'offrir 
à  ses  arrêts*.  CVsi  ce  qui  est  arrive  pour  M.  W.  et  pour  le  signataire 
du  présent  article.  Heureusement,  le  livre  de  M.  W.  n'est  pas  de  ceux 
(lai  perdent  à  attendre  la  publicité;  s'adressant  àuu  public  aussi  éclairé 
<\Vi  restreint,  il  peut  se  passer,  pour  obtenir  son  suffrage,  de  l'a.^sis- 
t*acr  de  la  critique  et,  si  celle-ci  no  vient  que  tardivemeul  lui  assi- 
gner an  rang  que  tous  los  lecteurs  compéteots  lui  ont  déjà  donné, 
c'est  tant  pis  pour  elle  et  non  pas  pour  lui. 

Il  est  peu  de  sujets  aussi  attrayants,  et  d'un  attrait  plus  varié,  que 
c^lui  que  M.  W.  a  choisi.  La  lutte  héroïque  des  coufédérés  d'Ulrocht, 
'^  complexité  et  l'originalité  de  leurs  institutions,  l'inllueiice  que  les 
Provinces-Unies  ont  exercée  sur  la  politique  européenne  et  qui  fut  si 
•Opérieure  à  leurs  moyens  matériels,  leur  génie  industrieux,  l'éclat 
*lQ'elleE  ont  jeté  dans  les  arts,  que  de  litres  â  l'intérêt  et  à  la  sympa- 
^*e  !  Les  dix  provinces  restées  fidèles  à  l'Espagne  offrent  moins  d'ori- 
ginaliié  et  exercent  moins  de  séduction,  et  pourtant,  par  leur  loya- 
lisme, leur  ardeur  laborieuse,  leur  fidélité  i  leur  religion  et  à  leurs 
"iimirji^  la  gloire  qu'elles  ont  acquise  aupsi  dans  les  arls,  elles  ne  sont 
Etuêre  moins  attachantes.  Si  on  envisage  l'histoire  des  uuw  et  des 


'•  Voir  Mevue  hUlotiqW,  1.  LXV,  p.  454. 


200  COMFTES-ftB^IDUS   CRITIQUES. 

autres  dans  sos  rapports  avec  la  nôtre,  si  uu  étudie  la  place  qu'elles 
tenue  dans  la  politique  française,  l'intérêt  s'accroît  et  il  est  d'aul 
plus  vif  que  les  questions  qui  se  sont  autrefois  agitées  à  leur  sujet 
occupé  aussi  notre  siècle,  que  leur  union  ou  leur  séparation,  1 
annexion  ou  leur  indépendance  ont  été,  aujourd'hui  comme  autrefc 
des  solutions  projetées  ou  réalisées. 

Richelieu  avait  compris,  dès  son  avènement  définitif  au  pouvc:::=^^'> 
rimportanco  de  la  diversion  que  les  Provinces-Unies,  par  leur  lu  —^^e 
contre  l'Espagne,  opéraient  au  profit  de  la  France,  mais  ce  ne  fut  gutH^'"'® 
avant  la  fin  de  1629  qu'il  put  se  livrer  avec  liberté  d'esprit  et  avec  suil.    -*ite 
à  l'organisation  de  la  lutte  européenne  contre  la  maison  d'Autricl:=^^* 
Aussi  est-ce  l'époque  à  laquelle  s'ouvre  l'exposé  suivi  que  M.  W.      —  * 
tracé  des  relations  do  la  France  avec  les  Provinces-Unies  et  les  Pay      ^^8- 
Bas.  La  soumission  et  le  désarmement  du  parti  protestant  avaient  é  -s-^^té 
accomplis  en  1G29.  La  diète  de  Ratisbonne,  en  faisant  éclater.  Tanner    -ée 
suivante,  rimpuissance  de  l'empereur  en  face  des  collèges  de  l'Empire — ïc» 
allait  fortifier  indirectement  l'autorité  de  notre  pays.  Le  13  juin  163^  ^0, 
un  traité  de  subsides  était  conclu  avec  les  Provinces-Unies.  Richelie^^^en 
se  refusa  longtemps  à  aller  plus  loin,  à  passer  de  l'assistance  pécL-v  ^u* 
niaire,  inscrite  déjà  dans  le  traité  du  10  juin  1624,  à  l'alliance  défeiczar  d- 
sive  et  oifensive.  Sa  circonspection,  ou  ne  le  redira  jamais  assez,  ne  K         le 
cédait  pas  à  la  généreuse  hardiesse  qui,  toutes  les  précautions  une  foc  ^ois 
prises,  lui  faisait  affronter  l'inconnu  inséparable  des  entreprises  1^  ^es 
mieux  conçues  et  les  mieux  préparées.  On  est  frappé  une  fois  de  pla-  ^^qs, 
en  lisant  le  livre  de  M.  W.,  de  l'impuissance  à  laquelle  se  trouva  si  sor  <^u. 
vent  réduit  par  les  complots  et  les  tentatives  de^soulèvement,  par  Ti^     n- 
certitudo  du  ministre  au   sujet  de  l'appui  du  roi,  aussi  persévéra  ^.^nt 
pourtant  en  réalité  que  précaire  en  apparence,  un  gouvernement 
finit  maljijrê  tout  par  faire  de  si  grandes  choses.  A  défaut  d'une  par 
cipation  militaire  aux  hostilités  contre  l'Espagne,  Richelieu  et  le 
Joseph,  qui,  dans  cette  circonstance  moins  que  dans  toute  autre, 
doit  pas  être  séparé  de  lui,  se  prêtèrent  avec  empressement  aux  off' 
et  aux  sollicitations  des  mécontents  qui  se  flattaient  de  fomenter  d* 
les  Pays-Bas  une  insurrection  générale.  M.  W.  adonné  sur  ces  med^* 
des  détails  plus  complets  que  ne  l'avaient  fait  ses  prédécesseurs.  Il 
parait  pas  pourtant  avoir  connu  les  marchés  offerts  ou  conclus  par 
agents  secrets  du  Père  Joseph  pour  faire  entrer  les  Français  à  Lanci 
cies,  à  Bapaume,  à  Namur  et  à  Béthune^  Il  ne  parle  que  du  projet  ^ 
Arras  et  nous  révèle  le  nom  du  traître,  Pierre  François,  qui  avait  voi 
livrer  celte  ville  à  la  France. 

Il  arriva  un  moment  pourtant  où  le  concours  pécuniaire  de  la  Fran^ 
ne  parut  plus  suffisant  pour  faire  pencher  du  côté  de  la  guerre  la  balaie 
où  pesaient  en  faveur  de  la  paix  de  grands  intérêts  et  de  vivaces  p^-  *" 
sions.  Ce  fut  après  la  mort  de  Gustave-Adolphe.  Pour  entraîner  ve^ 

1.  Le  Père  Joseph  et  Richelieu,  11,  209-211. 


c 


m 


TlkhBtKaiOH    :    U   HRrDBLIQDE   DG»   rKOTI<fCB»-tI.1IR9.  201 

guerre  les  ProvioceE-Unies  hésitantes,  pour  combattre  le  projet  de 
We  entre  elles  et  l'Espasaa,  Gharnaci-  fut  envoyé  auprps  des  lïtala 
généraux  et  de  FrédËric-Ueari.  Bien  qu'il  ail  élA  écrit  à  un  (joint  de 
vue  particulier  et  avec  la  pensée  con^tanle  d'y  distinguer  et  d'y  mettre 
en  relief  le  rûle  du  Père  Joseph,  l'ejspoaé  de  la  nénociotiun  de  Char- 
nacé,  lel  que  nous  l'avons  présenté*,  aurait  pu  être  coneulté  utilement 
par  M.  W.  Il  y  aurait  vu  que  nous  avons  expliqué  autrement  que  lui 
les  ateriDoieaieni!^  de  Charuacé.  Là  où  M.  W.  voit  uoiquemont  l'habile 
mèDagcment  des  concessions  que  la  France  était  résignée  à  faire,  nous 
avons  cru  dii^tinguer  l'embarras  où  le  mettaient  le  défaut  de  pouvoirs, 
l'inllueuce  perfide  de  Servien*.  Nous  avons  interprété  aussi  l'avis  de 
Riclielieu  au  roi  du  commencement  de  juin  i&H  dans  un  sens  opposé 
à  celui  que  lui  donne  M.  W,  ^.  Ces  divergences  méritaient  d'être  discu- 
ttVee.  L'auteur  aurait  dû  signaler  le  manifesle  écrit  par  le  Père  Joseph 
à  l'adresse  des  provinces  des  Pays-Bas  dont  le  soulèvement  était  espéré'. 
Le  lecteur  devra  rapprocher  ce  que  M.  W.  a  écrit  do  la  retraite  et  de  la 
BÎlualion  de  l'armée  française  après  la  bataille  d'Âvcia^  el  ce  que  nous 
en  avons  dit  nous-méme*.  M.  W.  a  négligé  de  mentionner  le  passage 
de  La  Gardie  à  la  Haye  en  1637',  Cette  omission  a  d'ailleurs  bien  peu 
d'importance,  et  les  observations  qui  précèdent  n'en  ont  pas  beaucoup 
plus.  Klles  n'ùtent  rien  au  mérite  du  livre  de  M.  W.  envisagé  dans  son 
ensemble.  Le  sujet  en  est  nouveau  pour  le  lecteur  Crançaip,  et  l'auteur, 
pour  le  traiter,  ne  parait  avoir  laissé  de  cùlé  aucune  source  d'informa- 
tions. L'intérêt  en  est  heureusement  ménagé  par  !a  variété  qui  résulte 
du  jeu  discordant  des  institutions  néerlandaises  où  le  stathoudérat  prend 
une  place  de  plus  en  plus  importante,  du  régime  mixte  el  original  aussi 
des  dix  provinces,  des  relations  avec  la  France  qui  sont,  au  contraire, 
en  elles-mêmes  empreintes  d'une  certaine  monotonie,  mais  qui  s'élèvent 
et  s'agrandissent  par  instants  grâce  aux  échappées  qu'elles  ouvrent  sur  la 
politique  générale  de  Richelieu.  C'est  il  peine  si  nous  oserons  regretter 
que  la  composition  de  l'ouvrage  soit  un  peu  lâche  et  que  le  style  ne  soit 
pas  plus  soutenu':  les  lecteurs  auxquels  s'adresse  M.  W.  lui  sauront 
plus  de  gré  de  leur  donner  un  ouvrage  de  plus,  aussi  solide  et  aossi 
instructif,  qu'ils  ne  lui  en  auraient  su  d'avoir  serré  davantage  la  trame 
et  plus  rigoureusement  châtié  la  forme  de  celui>là, 

G.  P. 

t.  U  Pire  Joseph  et  Rie^etieu,  11,  127-129,  WMU. 

3.  Ibid.,  II,  Î0Î-Î04. 

3.  Ibui.,  II,  -JOS.  WaddingloD,  I,  2«. 

4-  Ibld.,  Il,  2G7. 

â.  WariJingIfln,  1.  271,  271-279. 

6.  U  Pire  Joiepit  et  Hithelieu.  II.  288-296,  29g-302. 

7.  Ibid-,  tl.  393. 

8.  A«(iaseinFnlg  (paulm).  Se  Ht  tniil  voir  (p.  ISfi).  Allactier  le  grelot  (p.  166]. 
Se  mettre  i  dos  [p.  113).  Potins  (p.  352). 


202  COMPTBS-RBIIDOS  CEITIQUBS. 

Der  Grosse  Knrfllrst  Friedrioh-'WlUielm  Ton  Braiid6iibi]A>rg, 

von  Martin  Philippsox.  ErsterTheil  :  4640  bis  4660.  Berlin,  G vr-on- 
bach,  4897.  In-S*»,  vn-452  pages. 

La  publication  des  documents  d'archives  relatifs  au  grand  élec^-^enr 
est  loin  d'être  terminée.  Il  manque  plusieurs  volumes  à  la  grande       col- 
lection des  Urkunden  und  Actenstûcke  sur  Geschichte  des  Kurfïtm^^sten 
Friedrich' Wilhelm,  Dans  la  collection  des  documents  sur  l'hls'iK^^jj^ 
intérieure  du  règne,  il  n'a  paru  que  le  premier  tome  de  VHisUnr^  des 
finances  brandebourgeoises,  par  M.  Breysig.  La  publication  des  Pw^oto^ 
coles  du  conseil  secret,  par  M.  Meinardus,  n'embrasse  encore  que  les 
premières  années  du  règne.  Mais  le  nombre  des  monographies  coDfia- 
crées  à  l'histoire  de  l'électeur  est  infini,  et  sa  personne,  sa  politique, 
son  administration  sont  en  grande  partie  étudiées.  M.  Pbilippson  a 
pensé  qu'il  était  dès  maintenant  possible  et  utile  de  rassembler  les 
résultats  acquis  et  de  les  présenter  dans  leur  ensemble  en  les  groupant 
autour  de  la  personne  môme  du  grand  électeur.  Il  ne  prétend  pas  fûre 
œuvre  définitive,  et  bien  qu'il  n'ait  point  négligé  de  recourir  am 
manuscrits  de  la  bibliothèque  royale  de  Berlin,  aux  archives  d*État  et 
à  celles  de  la  Guerre,  chaque  fois  qu'il  l'a  jugé  nécessaire,  il  n'a  point 
voulu  apporter  à  l'histoire  une  contribution  nouvelle,  mais  seulement, 
comme  il  le  dit  lui-même,  tirer  des  publications  déjà  faites  et  des 
innombrables  monographies  un  tableau  d'ensemble,  aussi  clair  que 
possible,  de  ce  qu'a  voulu  et  accompli  l'électeur  Frédéric-Guillaume. 

L'histoire  du  grand  électeur  comprendra  deux  volumes,  dont  le  pre- 
mier seul  a  paru.  Celui-ci  nous  conduit  jusqu'en  1660.  La  jeunesse  de 
Frédéric-Guillaume,  son  avènement,  son  mariage;  les  dernières  années 
de  la  guerre  de  Trente  ans  et  les  avantages  assurés  au  Brandebonrg  par 
la  paix  de  Westphalie;  les  complications  de  la  guerre  du  Nord  et  l'ac- 
quisition de  la  souveraineté  en  Prusse,  consacrée  par  la  paix  d'Oliva; 
les  premières  luttes  entre  l'électeur  et  les  états  provinciaux  :  telle  en 
est  à  peu  près  la  matière.  Mais  l'intérêt  en  est  surtout  de  voir  se  for- 
mer le  caractère,  les  idées,  la  politique  de  Frédéric-Guillaume.  Jus- 
qu'en 1660,  on  peut  douter  s'il  gouverne  vraiment  par  lui-ménie,  tant 
semble  grand  le  rôle  personnel  de  certains  ministres,  comme  Bargsdorf 
ou  surtout  Waldeck;  en  tous  cas,  il  a  tant  de  résistances  à  vaincre, 
tant  de  difficultés  à  résoudre,  tant  de  périls  à  éviter,  qu'il  lui  faut  lou- 
voyer sans  cesse  et  qu'une  politique  à  longues  vues  lui  est  interdite. 
Après  la  paix  d'Oliva,  l'État  brandebourgeois-prussien  devra  bien  sou- 
vent encore  vivre  au  jour  le  jour,  et  la  souplesse,  l'esprit  pratique  qui  se 
contente  de  résultats  modestes,  mais  immédiats  et  réels,  resteront  les 
caractères  essentiels  de  sa  politique.  Pourtant,  certains  résultats  sont 
acquis  déjà  :  avec  les  premiers  éléments  d'une  armée,  l'électeur  Fré- 
déric-Guillaume, duc  souverain  en  Prusse,  n'est  plus  pour  l'Europe  une 
quantité  négligeable;  à  condition  d'être  prudent  et  hardi  à  la  fois,  il 


H.    DE   SilNT-LËOIf 


"ïfe  conpouTions  de  vinsw. 


poorn  vouloir  et  agir.  Les  vingt  années  de  luttes  el  de  périls  qui 
s'élcndani  de  1640  à  IfiCO  ont  été  ses  années  d'apprentissage. 

Peut-être  la  personne  de  Frédcric-Guillaiime  n'a-t-elle  pas,  dans 
l'ouvrage  de  M.  Philippson,  toute  la  vie  et  tout  le  rplief  qu'elle  pour- 
rait avoir;  mais  je  crois  qu'il  serait  injuste  de  lui  en  faire  une  critique. 
Pendant  cette  première  partie  du  r&gne,  les  événements  sont  trop  mul- 
tiples, trop  dispersé»,  et  surtout  l'action  personnelle  de  l'élecieur,  si 
réelle  qu'elle  puisse  être,  n'est  point  assez  prépondêraole  encore  pour 
que  rtiisloire  politique  de  l'Ëtat  brandebout^eois-prussicn  se  confonde 
avec  ses  pensées  et  ses  actes.  Or,  M.  Philippson  n'a  pas  voulu  nous 
donner  seulement  une  biographie  du  prince,  mais  une  histoire  de 
l'Étal.  Du  moins  a-t-il  bien  analysé,  sinon  rendu  très  vivant,  le  c 
tére  de  Frédéric-Guilloume  ;  nous  ne  retrouvons  plus  ici  le  portrait 
légeodaire  auquel  Droysen  lui-même  s'est  encore  trop  souvent  complu: 
et  Frédéric-Guillaume  n'y  perd  rien. 

Il  est  inutile  de  dire  que  rien  d'intéressant,  dans  la  littérature  du 
enjet,  D'à  échappé  à  l'auteur  et  que  l'on  peut  toujours  se  fiera  ses  réfé- 
rences; le  nom  de  M.  Philippson  en  est  une  garantie  suffisanic. 

G.  Pages. 

klstolre  des  corporations  de  métiers  depuis  leurs  origines  jus- 
qu'à letir  suppression  en  1791,  suivie  d'une  étude  sur  l'évolution 
de  l'idée  corporative  au  in°  siècle  et  sur  les  syndicats  profession- 
nels, par  Etienne  Màbtlv-Saimt-Léom.  Paris,  libr.  Guillaumin, 
1897.  Iii-8°,  1-671  pages. 
On  ne  pouvait  choisir  un  plus  beau  sujet  que  celui  qui  fait  l'objet  de 
œ  livre  ni  un  sujet  qu'il  fùl  plus  opportun  de  traiter.  L'organisalioQ  du 
travail  est  le  fondement  même  de  la  vie  d'un  peuple,  la  source  de  sa 
civilisation.  Écrire  l'histoire  des  corporations  ouvrières  en  France 
depuis  leurs  origines  jusqu'à  nos  jours,  c'est  traiter  L'histoire  de  notre 
pays  dans  ses  parties  les  plus  importantes;  quand  on  y  aura  joint  i'his- 
loire  de<j  classes  agricoles,  on  aura  écrit  l'histoire  de  France  tout 
entière  II  est  vrai  que  l'histoire  des  classes  agricoles,  malgré  quelques 
monographie-î  admirables,  est  encore  très  loin  do  ponvoir  être  écrite 
dans  son  ensemble  II  n'en  est  pas  de  même  de  l'histoire  des  corpora- 
tions ouvrières 

M  Martin-Saint- Léon  sera  peut-être  étonné  de  s'entendre  repro- 
cbpr  par  un  aucien  élève  de  l'École  des  chartes  de  s'être  livré  à  des 
recherches  parmi  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  et  les 
liasses  des  Archives.  Du  moment  où  M.  Martin- Saint -Léon  s'enga- 
geait dans  des  recherches  de  documents  inédits,  étant  donnée  l'éti^ndue 
du  sujet  qu'il  avait  choisi,  il  y  devait  consacrer  sa  vie  entière  ;  encore 
■a  vie  n'aurait-elle  pas  sufG.  Il  aurait  dû  se  résoudre  franchement  à 


204  coiiptes-rb:hdus  critiques. 

n'utiliser  que  les  textes  imprimés  et  les  ouvrages  des  historiens 
prédécesseurs,  s'efforcer  sur  ce  point  d'être  complet  et  résumer  ces  "Ck^^- 
vaux,  déjà  si  nombreux  et  si  considérables,  en  un  ouvrage  d'enscn^lz»  le 
au  cadre  large  et  précis.  La  magnifique  bibliographie  des  corporatio^ns 
publiée  par  M.  Blanc  en  1885  lui  devait  être  d'un  grand  secours;  il      la 
cite  d'ailleurs  dans  son  introduction.  Ce  que  M.  Martin-Saint-Léais.     a 
tiré  des  documents  inédits  est  insignifiant,  une  goutte  d'eau  en  prof>«=>  r- 
tion  de  ce  qu'il  avait  à  on  tirer,  et  combien  d'ouvrages  imprimés   q^ui 
lui  eussent  apporté  des  indications  importantes  a-t-il  négligés!  Gitosns 
au  hasard  la  précieuse  monographie  des  métiers  de  Blois,  par  M.  ÂlTrc^^ 
Bourgeois,  les  ghildes  marchandes  de  M.  Vander-Landen,  l'origine   cl.^s 
constitutions  urbaines  de  M.  Pirenne,  et,  oubli  incroyable,  les  livi 
de  M.  Flach. 

Du  moment  où  M.  Martin-Saint-I^on  avait  pris  pour  objet  de  s 
livre  l'histoire  des  corporations  en  France,  il  eût  dû  laisser  de  côté 
étude  des  corporations  dans  la  Rome  antique,  absolument  étrangères  ^ 
son  sujet,  et  que  nous  ne  lui  reprocherions  d'ailleurs  pas  si  cette  par*^  ^® 
n'était  de  beaucoup  la  plus  faible  de  son  ouvrage.  Nous  ne  nous  arrô  '•-^ 
rons  pas  à  analyser  ces  trente  premières  pages,  où  chacune  prête r*^»*^ 
matière  à  critique.  Nous  ne  leur  adresserons  que  deux  reproches,    <3.  ^^ 
portent  sur  l'ensemble.  Le  premier  est  de  ne  pas  indiquer  le  moia  '^^  *' 
mont  de  transformation  des  collèges  d'artisans  depuis  l'époque  où  l*^^'* 
ganisation  en  paraît  avoir  été  codifiée  sous  Numa  ou  Servius  Tulli^-^-f' 
jusqu'au  premier  siècle  avant  notre  ère  où  fut  promulguée  la  loi  Ji-»  ^  ^ 
qui  abolit  les  collèges  et  les  sodalitia.  Ce  qui  eût  été  intéressant  et»       ^ 
qui  eût  justifié  cette  sorte  d'introduction  étrangère  au  sujet,  c'eût    ^^ 
de  montrer,  —  comme  M.  Flach  l'a  si  bien  fait  en  étudiant  l'organi  -s^  ^^ 
tion  de  la  famille  romaine  dans  ses  Origines  de  l'ancienne  Prar^^^^* 
—  de  montrer  comment  dans  la  Rome  antique  des  conditions  Bocis-  ^^ 
semblables  à  celles  qu'a  traversées  notre  pays  produisirent  une  orga.^^^*" 
sation  semblable  du  travail,  et  que  le  travail  subit,  en  France,  les  mênr"^' 


crises  et  les  mômes  révolutions.  La  seconde  critique  n'e^it  pas  mo 
grave.  M.  Martin-Saint-Léon  a  ignoré  les  travaux  les  plus  importaï^^^^^^;;^ 
faits  avant  lui  :  W.  Liebenam,  Zur  Geschichte  und  Organisation 
Bœmischen  Vereinwesens  (Leipzig,  1890);  Waltzing,  Étude  historique  s 
les  corporations  professionnelles  chez  les  Romains  (Louvain,  1895). 

Arrivant  à  l'étude  des  collèges  d'artisans  dans  la  Gaule  romaine 
aux  ghildes  germaniques,  l'auteur  aborde  son  sujet  —  en  supposant  q 
les  corporations  de  métiers  telles  que  nous  les  trouvons  en  France  ^ 
XI"  siècle  fussent  sorties  des  collèges  gallo-romains  et  que  les  ghild^^ 
germaniques  eussent  eu  sur  elles  la  moindre  action.  Or,  ceci  n'est  ri^ 
moins  que  prouvé.  Pour  notre   part,  nous  nions  complètement  ViO 
fluence  des  ghildes  germaniques  sur  la  formation  de^;  corporations 
la  France,  sur  les  corporations  m4>me  de  la  Flandre;  et  quant  à  l'ori 
gine  gallo-romaine,  ce  n'est  pas  encore  M.  Martin-Saint-Léon  qui  l'aura 
démontrée.  O'ailleurs,  cette  partie  du  livre  souffre  encore  de  la  manière 


s 
is 
es 
if 


t 
e 
u 


foSS  BES  fiORPORITIO-ra   HB  lltTtBRg. 

ftcheusf!  de  l'ignorance  des  travaux  récents,  siirloiil  de  ceox  do 
h  et  de  M.  Plrenne,  dont  nouE  parlions  plus  baut.  M.  Martin- 
éon  00  est  encore  k  Raynouard,  à  ['Histoire  du  droit  municipal 
ce,  publiée  en  1829. 

les  XI"  et  xu'  siècles,  M.  Marlin-Sainl-Loon  entre  dans  son 
nais  oombiea  nous  regrettons  ici  le  temps  perdu  à  des  prê- 
tes inutiles,  à  l'exameti  de  problèmes  historiques  que  l'auteur 
ipuissaDt  i  résoudre  I  Le  sn'  siècle  a  été  la  grande  époque  de 
[tation  corporative,  époque  puissante  et  prodigieuse;  seul  le 
ipement  de  quelques  cités  modernes,  grùce  anx  progrès  vertigi- 
B  l'inilustrie  et  de  la  science  et  à  la  multiplication  vraiment 
)  des  moyens  de  transport,  peut  nous  donner  une  idée  du  déve- 
enl  des  villes  au  xn*  siècle  sur  quelques  points  de  la  France, 
pcment  produit  par  les  seules  vertus  morales  et  l'orgaaisation 
I  des  corps  de  métiers.  C'était  la  partie  de  l'œuvre  la  plus  intë- 
)  à  traiter.  D'un  pied  léger  l'auteur  passe  en  courant. 
<  arrivons  au  xui'  siècle.  Ici  nous  avons  une  élude  coDSciencieuse, 
doanée,  précise  et  exacte  des  corporations  parisiennes  d'après 
ible  livre  d'Etienne  Boileau. 

artin- Saint- Léon  commet  cependant  une  erreur  quand  il  écrit  : 
rporaiion  est  née.  La  codiScation  d'Etienne  Boileau  lui  a  donné 
inisation  délinitive.  i  L'auteur  ne  parait  pas  comprendre  quel  a 
Lractére  de  l'œuvre  du  célèbre  prévût.  Boileau  n'a  rien  organisé 
U  II  s'est  contenté  de  mettre  par  écrit  les  dis'erses  coutumes 
corps  de  métiers  parisiens  s'étaient  données  eux-mâmes,  cou* 
(ni  allëreut  se  modifiant  dans  la  suite  peu  à  peu  comme  elles 
t  mudiBées  précâdemment.  Si,  au  lieu  de  séparer  l'étude  de 
•atiOQ  corporative  dans  les  autres  provinces  de  l'élude  des 
parisiens,  l'auteur  les  avait  groupés,  il  aurait  vu  qu'Etienne 
;  avait  fait  si  peu,  que  partout  la  constitution  des  métiers  était 
<B  :  preneï  Metz,  ou  Gand,  ou  aaiol-Omer,  ou  Paris,  ou  Orléans, 
II,  ou  Lyon, "ou  Bordeaux,  ou  Florence,  ou  Home.  Partout  où 
tdal  était  le  tnême,  l'organisation  du  travail  était  la  même  et 
Ballon  corporative  identique. 

rre  m,  les  Corporations  de  13-28  à  îkGl,  nous  introduit  dans  la 
I  partie  de  l'ouvrage.  Hàlons-ûous  d'ajouter  que  nous  la  pré- 
Ae  beaucoup  à  la  première;  le  premier  chapitre  du  livre  lU 
ne  très  remarquable.  Le  sin*  siècle  a  marqué  l'apogée  de  l'or' 
ion  corporative;  le  xiv*  siècle  est  rempli  par  l'histoire  de  con- 
■  intestines,  puis,  après  l'éclat  de  la  Renaissance,  commencera 
idiable  décadence.  M.  Martin- Saint- Léon  caractérise  bien  le 
sent  dirigé  par  Et.  Marcel.  •  Il  ne  faut  pas  s'y  tromper,  ce  n'est 
euple,  c'est  la  haute  bourgeoisie  de  la  hartse  et  des  métiers  qui 
la  întte  avec  la  monarchie;  c'est  elle  qui  donne  au  soulèvement 
iciioa,  un  mot  d'ordre  et  des  chefs.  »  Les  émeutes  de.»  Maillo- 


206  GOMPTBS-RBIIDUS  CRITIQUES. 

tins  et  des  Gabochiens  furent,  au  contraire,  des  mouvements  essent-di^   ^]. 
lement  populaires. 

Arrivant  à  la  Renaissance,  on  voit  bien  que  M.  Martin-Saint-La^^^kOii 
comprend  l'importance  du  rôle  que  les  métiers  y  ont  joué|  qu'ils.  en 

furent  les  facteurs  principaux,  mais,  —  est-ce  timidité?  —  il  se  rcm^^bat 
sur  des  lieux  communs,  qui  sont  des  explications  superficielles  et  m^^r — ti- 
ficielles  :  c  La  grande  idée  païenne,  le  culte  de  la  nature  et  de  la  bea.^c^  -té, 
abandonné  pendant  tout  le  moyen  âge  pour  le  cuite  de  l'idée  pare,       ^ast 
restauré,  etc.  » 

La  décadence  des  corporations  de  métiers  commence  an  zvu*  si&<^Ie; 
décadence  lente,  fatale.  On  a  bien  tort  d'en  rendre  responsable  le  pc=>ii- 
voir  royal.  Gomme  tous  les  organismes  vitaux,  les  métiers  ava.i«^iit 
des  germes  féconds  et  des  germes  de  mort  ;  lorsque  les  premiers  eu  iCBrjt 
épuisé  leurs  forces  vives,  les  seconds  commencèrent  leur  œuvre  destrmsc* 
trice.  M.  Martin-Saint- Léon  montre  très  bien  comment,  après  a'voir 
favorisé  les  progrès  de  l'industrie,  les  métiers  étaient  devenus  on  oft>»- 
tacle  à  tout  progrès.  Nous  avons  toujours  été  frappé  de  ce  fait   <|[iae 
c'étaient  les  mômes  historiens  qui  reprochaient  le  plus  vivemeat     ^Q 
pouvoir  royal  d'avoir  combattu  les  métiers  aux  derniers  temps  de      It 
monarchie  et  félicitaient  le  plus  cordialement  les  hommes  de  la  Ré^vo- 
lution  de  les  avoir  supprimés. 

La  dernière  partie  du  livre  de  M.  Martin-Saint-Léon,  l'étude  de  I'on 
ganisation  ouvrière  dans  notre  siècle,  de  la  loi  du  21  mars  1884  sux*  ^^ 
syndicats  professionnels  en  particulier,  sort  du  cadre  des  travaux  a.i3.a- 
lysés  dans  la  Revue  historique.  Elle  est  d'ailleurs  faite  avec  une  grsxs^^^ 
compétence  et,  avec  la  partie  où  il  est  question  des  métiers  à  l'épcxx;^^ 
de  la  guerre  de  Gent  ans,  la  meilleure  du  livre. 

Nous  avons  fait  beaucoup  de  critiques  qui  doivent  se  résumer  fiix^^^ 
ment  en  beaucoup  d'éloges.  Le  travail  de  M.  Martin-Saint-Léoa  ^^^ 
considérable  et  lui  fait  grand  honneur.  Quand  on  veut  exposer  toi^  ^  ^ 
qu'un  auteur  n'a  pas  fait  et  les  erreurs  que  l'on  croit  qu'il  acommi^*^' 
on  doit  parler  longuement,  et  il  est  si  facile  de  dire  ce  qu'il  aurait  ^ 
faire.  Gelui  qui  signe  ces  critiques  eût-il  fait  mieux? 

Frantz  Fungk-Brentano. 


UCBItLa  F^IDniQVES. 


HECUEILS  PÉRIODIQUES  ET  SOCIETES  SAVANTES. 


X..  —  La  Correspondance  historique  et  archéologique.  ]!497, 
n.**  45.  —  Fr.  Punck-Brentano.  La  deuïième  conférence  bibliographique 
in  t^rnationale  de  Druxelle?  (expose  les  améliorations  apporléeB  par  l'Uf- 
tice  Internalioual  au  classement  méthodique  des  livres  d'après  le  sye- 
tfemc  décimai).  —  Cominission  nommée  par  le  Directoire  pour  rapporter 
des  monuments  d'art  et  de  science  de  l'abbaye  de  Saint-Denis,  l"  oct. 
179i.  ^  N°  i6.  P.  Meïeb.  Les  arcbivcs  communales  d'une  ville  du 
Midi  (décrit  l'élat  lamentable  où  se  trouvent  les  archives  d'une  ville 
■  ancienae  cité,  colonie  romaine,  déjà  mentionnée  dans  Pline,  et  qui 
est  maintenant  le  siège  d'une  ^ous-préfecture,  >  et  demande  qu'on 
applifjue  le  récent  décret  sur  les  bibliothèques  communales  autorisant 
le  transport  aux  archives  du  département  d'archives  ainsi  laissées  à 
l*al>a.Qdoo|.  ^  N"  47.  F.  Boohnon.  La  création  du  département  de  Paris 
et  soo  étendue,  ITSfl-llM.  —  F.  Chaubon,  Documents  révolutionnaires 
(deux   lettres  de  1794  sur  les  affaires  militaires  en  avant  du  Quesnoy). 

-Alph.  RosKBOT.  Contribution  au  glossaire  de  la  basse  latinité  (publie 

"i  mandement  du  pape  Léon  X  ordonnant  à  l'official  du  diocèse  de 
"^«"Oyes  de  procéder  à  une  information  tendant  à  faire  restituer  à  l'ab- 
**^ye  de  la  Chapelle-aux- Planches  les  biens  meubles  et  immeubles  qui 
'**»  avaient  été  enlevés,  1519).  —  Relation  »  do  ce  que  causa  l'hyver 
^^''^lier  de  la  présente  année  1709  dans  la  ville  de  Toulouse.  • 

*-  —  La  Révolution  française.  (897,  14  octobre.  —  A,  Mostieb. 

Robert  Lindet  avant  et  depuis  le  18  Brumaire  Idepuis  l'acquittement  de 

ancien  ministre  des  Finances  du  Directoire  par  la  haute  cour  de  Ven- 

*****^ne.  25  mai  1797,  jusqu'aux  derniers  jours  de  1799,  où  il  refusa  de  se 

*'**-"i*ir  au  coup  d'Étal).  —  Ch.  Picqdbsahd.  La  Société  du  Panthéon  et 

®    Parti  patriote  de  Paris,  de  brumaire  h  ventôse  an  IV  (d'après  les  rap- 

^^''t-s    de  police  et  les  journaux  du  parti).  —  Henri  C*hhé.  Un  précur- 

«ta  r-    inconscient  de  la  Révolution,  le  conseiller  Du  Val  d'Épremesnil, 

'"''^^~— 1788;  suite  et  fin  le  14  novembre.  —  Fr.  Galabeby.  La  fuite  du 

^*  »      lettre  d'un  patriote  montalbanaia.  ^  14  novembre.  J.  CLAHETtE, 

*'"<"^d'ÉglantiDoà  la  Comédie-Prançaise(fournitquelques détails  nou- 

^^"^^^   sur  la  vie  privée  du  conventionnel  et  sur  ses  héritiers).  — 

"    -SuETTS.  Une  rectification  à  la  France  tittéraire  de  Quérard,à  propos 

^,  ^r, -Xavier  Pages  (montre  que  l'rançois-Xavier  Pages  et  Pages  de 

*^*Ou7.c  sont  un  seul  et  raéme  perflonnage.  Il  joua  pendant  la  Révolu- 

^•^    un  certain  r6le  en  Auvergne  en  publiant  le  Cantalisle).  —  A.  Cobhe. 

^^  *'***Oiir  du  10  août  et  des  journèee  de  ^ptembre  1792  (publie  quelques 


208  RECUBILS   P^RIOniQUES. 

Icltres  de  fédérés  da  Finistère  ;  lettres  écrites  de  Paris  à  la  municipalité  ^ 
de  Brest). 

3.  —  Revue  des  Questions  historiques.  1897,  l*''  cet.  —  Paulf 
Allard.  I^a  jeunesse  de  IVmpereur  Julien.  —  A.  de  Boislisle.  LArébeU^ 
lion  d'IIesdin.  Fargues  et  le  premier  président  de  Lamoignon,  1658^  ^ 
1668  ;  fin  (convaincu  des  crimes  de  péculat,  larcins,  faussetés,  abas  e^^ 
malversations  commis  au  fait  du  pain  de  munition  qui  avait  été  founc:^ 
pendant  plusieurs  années  à  la  garnison  d'Hesdin,  Fargues  fut  penda 
27  mars  1665  à  Abbeville.  Montre  comment  Saint-Simon  a  dénaturé  li 
suites  de  ce  jugement).  —  Geoffroy  de  Grandmaison.  Un  envoyé  c^e 
Napoléon  en  Espagne  en  1810,  Carrion  Nisas  (analyse  un  rapport  «=le 
Garrion  Nisas  que  Napoléon  avait  envoyé  auprès  de  Macdonald  c  po^uir 
se  procurer  des  renseignements  sur  Tétat  passé  et  présent  de  la  Cat*a* 
logne.  »  Biographie  de  Carrion  jusqu'à  sa  mort,  en  1842).  —  Conate 
L.  RiouLT  de  Neits'ille.  Le  duc  de  Richelieu  et  les  premières  années  de 
la  Restauration  (d'après  les  mémoires  du  temps).  —  Abbé  Vagandabd. 
Encore  un  mot  sur  la  scola  du  palais  mérovingien  (cette  scola  avait  pour 
chef  le  major  domus  ;  elle  désignait  primitivement  un  corps  spécial  de 
comités,  de  gardes  du  roi,  que  le  biographe  de  sainte  A Idegonde  désigne 
sous  le  nom  de  hellaiores,  sans  doute  les  autrustions;  plus  tard,  le  mot 
parait  avoir  désigné  l'ensemble  de  tous  les  palatins.  M.  Yacandard  ne 
paraît  pas  avoir  connu  l'opinion  exprimée  par  la  Rev,  hist.,  LXV,4iO|. 
—  J.  ViARD.  I^s  origines  de  la  guerre  de  Cent  ans.  Philippe  le  Bel  en 
Flandre  (à  propos  de  l'ouvrage  de  Funck-Rrentano).  —  Tamizey  de  Lai- 
uoQUK.  Une  nouvelle  biographie  du  poète  breton  Jean  Meschinot  (par 
M.  de  la  Borderie).  —  Jean  d'Estienne.  Le  congrès  scientifique  de  Fri-. 
bourg. —  M.Sepbt.  Léon  Gautier.  =  Bulletin  bibliographique:  Raukhoi. 
Jahrbûcher  der  christlichen  Kirche,  378-395  (beaucoup  de  faits  et  de 
résultats  nouveaux).  —  Mémoires  du  comte  Ferrand,  ministre  d'État 
sous  Louis  XVIII  (agréables  et  utiles).  —  I^s  hussards  de  Chamborant^ 
2^'  hussards,  1735-1897  (curieux).  —  Abbé  Grente.  Une  paroisse  de  Paris 
sous  lancien  régime,  Saint-Jacques-du-lIaut-Pas,  1566-1793  (curieux). 

4.  —  Revue  d*histoire  et  de  littérature  religiense.  Année  I, 
1896.  —  Gette  revue  a  pour  collaborateurs  les  hommes  les  plus  distin- 
gués parmi  les  savants  catholitiues  contemporains  et  elle  mérite  la  plus 
sérieuse  attention  des  érudits.  La  chronique  bibli({ue  y  est  faite  par 
M.  Jacques  Simon  et  la  chronique  de  littérature  chrétienne  par  M.  Paul 
Lejay.  M.  Ilommer  y  fait  une  chronique  d'histoire  de  TËglise  gallicane. 
M.  F.  Thureau-Dangin  y  traite  des  questions  d'archéologie  orientale. 
Parmi  les  principaux  travaux  parus  en  189G,  nous  citerons  une  série 
irarticlos  de  l'abbe  Duohesne  sur  les  premiers  temps  de  l'État  pontitical 
de  Ziicharie  à  Léon  VIII,  continués  eu  1897  jusqu'à  Nicolas  II,  où  nous 
retrouvons  la  netteté  dldees  et  de  vues  et  la  sûreté  d'érudition  de  Fédi- 
teur  du  Liber  pontificalis  :  une  étude  impartiale  sur  Richard  Simon  de 
11.  Maruival,  continuée  dans  les  n^*  1  et  3  du  l.  II;  un  article  de 


"abbé  PisABi  Bur  les  chrétiens  Jis  rite  orientiil  à  Venise  et  dans  les 
gationa  véDitleanes  de  1439  à  1791  ;  une  dissertation  excellenle  de 
■     K^'iBBE  sur  les  colons  dans  l'Église  romaine  au  vi"  s.,  d'après  une 
',^*-*~«  de  saint  Grégoire  le  Grand  ;  un  article  de  M.  Cumont  sur  l'éler- 
'"^^     des  empereurs  romains.  Citons  encore  ;  Bburlier.  Saint  Paul  et 
■^^■^^opage.  —  Dei-abochblle.  L'idée  do  l'Église  dans  saint  Cyprien.  — 
^■*»aii.  Les  monuments  de  la  prédication  de  saint  Jérôme.  ^  Année  U, 
^  -  Bbitrubr.  Les  Juifs  et  l'Église  da  Jérusalem.  —  Hekmeb.  Manning 
^^*-Hl  sa  conversion;  fin  dans  le  a'  !.=;  N=  i.  Cduoht.  La  propagation 
^?*    mystères  de  Milhra  dans  l'empire  romain;  suite  dans  le  n"  h.  — 
rr^VniHHON.  Sur  l'histoire  de  la  pénitence  (critique  modérée  et  impar- 
tie de  l'ouvrage  de  Lea.  Expose  comment  la  conTession  auriculaire 
«SI  introduite  comme  adoucissement  à  l'ancienne  péuitence  publique). 
'^'^  IIemueb.  Manning  et  New man  et  laquestioD  de  l'éducation  des  cathO' 
'  >ques  &  Oxford.  -~  Joly.  Le  schisme  de  l'Église  de  France  pendant  la 
ttévolutioo.  —  On  trouvera  aussi  dans  celts  revue  des  articles  impor- 
tants d'exégèse  biblique  par  l'abbé  Loisy. 

B.  —  Revue  d'histoire  diplomatique.  !!•  année,  1897,  n"  4.  — 
Frédéric  Masson.  Les  secondes  noces  de  Paulelte  (histoire  du  mariage 
de  Pauline  Bonaparte  avec  le  prince  Borghôse.  Le  mariage  religieux  fui 
célébré  à  Mortefontaine  parCaprara  deux  mois  avant  le  mariage  civil  ; 
la  chose  se  lit  k  l'iusu  de  Donaparte,  qui  ne  laissa  pas  d'en  témoigner 
son  mécontentement,  sans  oser  faire  un  éclat].  —  Victor  Du  Bled.  Une 
femme  premier  ministre  :  Madame  des  Ursina  (publie  quelques  lignes 
tirées  du  chartrier  du  duc  de  la  Trémoîlle).  —  A.  Le  Glaï.  Une  mis- 
sîoo  délicate.  Le  cas  d'un  ambassadeur  génois  à  Florence,  1743  (le  baron 
de  NeuliofT,  qui,  en  1738,  s'était  fait  proclamer  roi  par  les  Corses,  était 
venu  en  1743  se  cacber  à  Florence,  oi!i  il  eut  des  conférences  secrètes 
avec  Mann,  le  résideul  anglais,  ami  et  correspondant  de  Walpole. 
A  GAnes,  on  le  soupçonnait  de  vouloir  soulever  l'île  avec  laconniveuce 
des  Anglais;  aussi  la  République  cbargea-t-elle  son  ambassadeur  à  Flo< 
rence  de  rechercher  l'ai-roi  et  de  le  faire  tuer.  Neuhoff  réussit  cepen- 
dant à  s'échapper  et  alla  mourir  tranquillement  t  Londres  eti  17û6).  — 
G.  Salles.  L'institution  des  consulats;  son  origine,  son  développement 
au  moyen  &ge  che»  les  dilTérents  peuples;  fin  <le  consul  n'a  pas  à  l'ori- 
gine le  caractère  d'un  agent  commercial;  il  est  nommé  par  le  gouver- 
nement de  sa  patrie  pour  gouverner  et  juger  ses  compatriotes  dans 
l'étendue  de  son  ressort.  En  fait,  il  joua  souvent  aussi  un  rôle  poli- 
tique, sans  avoir  jamais  eu  le  rang  ol'Bciel  de  diplomate.  Ses  attribu- 
tions judiciaires  étaient  très  étendues  ;  c'est  devant  lui  qu'étaient  por- 
tées toutes  les  causes  civiles  et  la  plupart  des  causes  criminelles,  dans 
lesquelles  te  défendeur  était  un  de  ses  compatriotes). 

6.  —  Bulletin  critique.  18'J7,  n"  29.  —  Castonmt  dus  Fosies.  LAbys- 
sinie  et  les  Italiens  (bon  résumé  de  l'histoire  de  l'Ethiopie  ;  un  seul  cha- 
pitre, ajouté  après  coup,  se  rapporte  aux  rapports  des  Italiens  avec  Méné- 
Hkv.  iliBTos.  LXVL  l"  fASa.  M 


240  RECUEILS  PERIODIQUES. 

lik).  —  Chronique  d'Italie  (par  Albert  Dufourcq).  =  N*  30.  Furtumngler. 
Intormezzi  (recueil  d'importants  mémoires  sur  l'histoire  de  l'art  antique; 
beaucoup  de  science  et  quelques  témérités).  ^  N«  31.  Pfeilschifter.  Der 
Ostgothenkœnig  Theodorich  der  Grosse  und  die  katholische  Kirche 
(excellent).  =  N*"  32.  H.  Ehrensberger.  Libri  liturgici  bibliothecae  apot- 
tolicae  Vaticanae  manuscripti  (très  bonne  description  de  554  msi.,  avec 
de  bonnes  tables).  =  N*  33.  Comte  Benedetti.  Essais  diplomatiques  ;  noo- 
velle  séné  (détails  fort  piquants  en  particulier  sur  Méhémet  ÂJi).  —  U 
R,  P.  Constant.  Les  Juifs  devant  l'Église  et  l'histoire  (l'auteur  s'est  pro* 
posé  de  faire  connaître  la  législation  de  l'Église  touchant  les  Juifs  et  il 
a  pubhé  seize  constitutions  pontificales,  plus  quelques  autres  doeuments 
choisis  un  peu  au  hasard  et  non  d'après  un  plan  rigoureusement  sden- 
tifique.  Le  commentaire  est  remarquable).  ^  N»  34.  Allard.  Le  chris- 
tianisme et  l'empire  romain  de  Néron  à  Théodose  (excellente  mise  an 
point  des  travaux  antérieurs).  —  Abbé  Le  Bourgeois,  Les  martyrs  de 
Rome,  d'après  l'histoire  et  l'archéologie  chrétiennes  ;  1. 1  :  les  martyrs 
des  voies  Nomentane  et  Tiburtine  (bon  résumé  de  tout  ce  qui  a  été  écrit 
sur  le  sujet).  —  Ch.  Michel,  Recueil  d'inscriptions  grecques,  fasc.  1 
(excellent  recueil).  —  G.  Bonnefoy,  Histoire  de  l'administration  civile 
dans  la  province  d'Auvergne  et  le  département  du  Puy-de-Dôme,  depuis 
les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  nos  jours;  1. 1  et  IV  (recueil  assez 
indigeste  de  documents,  de  listes  et  de  notices  qui,  d'ailleurs,  ne 
remonte  pas  plus  haut  que  1635).  —  R,  de  Vissae,  Chronique  vivaroise. 
Anthoine  du  Roure  et  la  révolte  de  1670  (récit  bien  documenté,  mais 
d'une  forme  très  déclamatoire). 

7.  —  Journal  des  Savants.  1897,  octobre.  —  L.  Delislb.  Catalogue 
général  des  incunables  des  bibliothèques  publiques  de  France  (à  propos 
du  t.  I,  publié  par  M^*  Pellechet;  très  important  pour  l'histoire  des 
origines  de  l'imprimerie).  —  Berthelot.  Quelques  renseignements  sur 
l'alchimie  persane  et  indienne.  =  Novembre.  Albert  Sorbl.  Les  origines 
do  la  guerre  de  Cent  ans  (à  propos  de  l'ouvrage  de  Funck-Brentano  sur 
Philippe  le  Bel  et  la  Flandre  ;  fait  ressortir  les  grands  mérites  du  livre 
et  reproche  à  l'auteur  quelques  exagérations).  —  G.  Paris.  Histoire  de 
la  langue  française,  3<>  et  dernier  article  (intéressant  résumé  et  substan- 
tielle critique  du  livre  de  M.  Brunot.  Le  livre  et  ces  articles  seront  i 
méditer  par  tous  ceux  qui  étudient  l'histoire  de  la  civilisation). 

8.  —  PolyblbUon.  1897,  octobre.  —  H.  Glagau,  Die  franzôsische 
Législative  und  der  Ursprung  der  Révolu tionskriege,  1791-92  (publie 
quelques  documents  utiles  sur  l'histoire  des  sept  premiers  mois  de  l'an* 
née  1792).  —  Duchemin  des  Cépeaux.  Lettres  sur  l'origine  de  la  chouan- 
nerie et  sur  les  chouans  du  Bas-Maine  (très  intéressant).  —  Angot. 
Mémoires  épistolaires  sur  la  Révolution  à  Laval,  avec  une  notice  sur 
Duchemin  de  Villiers  (utile).  —  BrUckner,  Geschichte  Russlands  bis 
zum  Endo  des  xviii  Jahrh.  (très  important).  —  A.  d'Avril.  La  Serbie 
chrétienne  (bonne  élude  sur  l'église  serbe).  —  Lippi,  L'archivio  comunale 
di  Gagliari  (bon).  =  Novembre.  Rouard  de  Gard.  Les  traités  de  protec- 


«vcnns  rfaroDtQvis.  211 

torat  conclus  par  la  France  en  Afrique,  IST0-lâ95.  —  Y.  Guyot.  Quea- 
nay  et  U  Physiocratie  (intéressaot).  —  Chailley  Bsrt.  Léon  Say.  —  G.  F. 
mu.  Sources  for  greek  history  beiween  the  Persian  and  PeloponoeBian 
wars  (recueil  indispensable,  bien  que  mal  distribué).  —  Scli^/cr.  Luther 
als  Kirehhistoriker  (beaucoup  d'érudition;  mais  l'auteur  se  placp  à  un 
point  do  vue  trop  luthérien.  En  fait,  Luther  ne  voyait  dans  l'histoire 
qn'uQ  arsenal  d'arguments  contre  la  papauté).  —  imbert  de  Saint-Âmand. 
Louis  Napoléon  et  M"°  de  Montijo  (piquant  par  endroits,  souvent  mono- 
tone, rauwur  voulant  ne  déplaire  à  personne).  —  V.  Fiorini.  Gii  attl 
det  coDgreeso  cîspadano  nella  città  di  Reggio,  27  dicembre  1796-9  gen- 
uaio  1797  (excellent).  —  A.  Roussel.  Lamennais  intime  (d'après  sa  cor- 
reepondance  inédite  avec  Eugène  Bore,  qui  mourut  en  1877  supérieur 
des  Laiaristea.  Les  documents  publiés  ici  se  rapportent  aux  années  1B29- 
IB36t. 

9.  —  Revne  critliiae  d'histoire  et  de  littérature.  1897,  n°  41. — 
Gretnidge.  A  baadbook  of  greek  constiiulîonal  hislory  (bibliographie 
incomplète;  dea  considérations  générales  intéressantes).  —  Heiienberg. 
Nicepliuri  Uleramydae  currlculum  vitae  et  carmina  (autobiographie  inté- 
ressante, à  la  fois  pour  l'histoiro  littéraire  byzantine  et  pour  celle  des 
querelles  religieuses  du  xiii"  «.).  —  ilarnûck.  Die  Chronologie  der  Lit- 
teratur  bis  Irenaeus  (ce  second  volume  de  la  chronologie  de  la  littérature 
chrétienne  jusqu'à  Eusèbe  abonde  eu  résultats  nouveaux).  —  Br.  Violet. 
Die  palais linischen  Mœrtyrer  des  Eusebius  von  Gssarea  (publie  une  tra- 
duction allemande  du  texte  syriaque  de  cet  ouvrage  et,  en  regard,  en 
autant  de  colonnes  parallèles,  les  sources  de  cette  rédaction.  Cette  rédac- 
tion est  un  remaniement  fait  par  Eusèbe  lui-même  d'un  premier  récit 
plus  court  qu'il  avait  inséré  dans  son  Histoire  ecclésiastique).  —  Glagau. 
Die  rraniusische  Législative  und  der  Ursprung  der  Itevolulionskriege 
(jette  quelques  lumières  nouvelles  sur  le  rôle  joué  par  Narbonne  en 
1793).=:  N"  42.  B.  Zelter.  U  minorité  de  Louis  XUI,  Marie  de  Médicls 
et  Villeroy  (utilise  beaucoup  de  documents  nouveaux,  mais  exagère 
l'importance  du  rôle  joué  par  Villeroy).  ^  N"  i3.  J.  Mly.  Recht  und 
Bitte  (admirable  résume  sur  le  droit  et  la  coutume  de  l'Inde  antique). 
—  S.  Reinaeh.  Répertoire  de  la  statuaire  grecque  et  romaine,  l.  I  Iréé- 
dilion  du  recueil  de  Clarac,  avec  une  excellente  biographie  de  cet  anti- 
quaire. 6)7  planches  contenant  plus  de  4,000  reproductions.  Le  tout 
pour  b  francs).  —  G.  Gilbert,  fieitrœge  zur  Entwickelutigsgescbichte  des 
griecbischen  Gerichtsverfahrens  und  Rechtes  (de  l'originalité,  beaucoup 
de  précision  et  de  clarté).  —  Franchina.  Le  condizioni  economiche 
délia  Bicilia  ai  tempi  di  Verre,  I*  parte  (sons  valeur).  —  D'  K.  Jacob. 
Die  Erwerbung  des  Ëlsass  durch  Frankreich  im  westf<elischen  Krlege 
(ouvrage  très  consciencieux  et  en  partie  nouveau;  mais  l'auteur,  en  pré- 
lut  qu'il  ne  s'est  agi  il  Munster  que  de  la  cesaiou  de  l'Alsace  aulri- 
a  ruridu  inintelligible  l'histoire  des  événements  postérieurs, 
a  loui«  l'Alsace  que  les  Impériaux  cédèrent  à  Louis  XIV).  — 


242  RECDEILS  PERIODIQUES. 

Eug.  Hubert,  La  torture  aux  Pays-Bas  autrichiens  pendant  le  zvm*  s. 
(très  intéressant).  —  G.  de  MortilUi.  Formation  de  la  nation  française 
(S.  Reioach  relève  dans  cet  ouvrage  un  nombre  incroyable  de  bévues  et 
une  déplorable  facilité  à  prendre  des  hypothèses  pour  des  vérités  sdeo- 
tifiquement  démontrées).  z=  N<*  44.  E,  Mûhlbacher.  Deutsche  Geschicbte 
unter  den  Karolingern  (travail  très  consciencieux  et  qui  serait  un  exœl* 
lent  manuel  s'il  y  avait  les  renvois  aux  sources  et  une  table).  — P.  /^ 
dericq.  Oe  Secten  der  Geeselars  en  der  Dansers  in  de  Nederlaaden 
(excellente  étude  sur  les  Flagellants,  1349-1400).  -~  Mahrenholtx.  Féo»' 
Ion,  Ërzbischof  von  Cambrai  (excellent).  —  Pfriffèr,  Der  Feldxag  Luck- 
ners  in  Belgien,  1792  (récit  déânitif).  —  Knod.  Die  aiten  Matrikeln 
der  Univerâitœt  Strassburg,  1621-1793  (bon).  =  N»  45.  Beauchet.  His- 
toire du  droit  privé  de  la  république  athénienne  (ouvrage  considérable; 
bibliographie  très  bien  renseignée  et  des  idées  personnelles).  —  E,  d^Bo»- 
terive.  Un  soldat  de  la  Révolution,  le  général  Alexandre  Dumas,  176^ 
1806  (récit  très  agréable  d'une  vie  qui  a  été  un  vrai  roman).  —  ?.  Boppe, 
La  légion  portugaise,  1807-1813  (très  long,  mais  nouveau).  =:  N<*  46. 
Laizarini.  Marino  Faliero,  la  congiura  (détruit  la  légende  et  rétablit 
l'histoire  en  ce  qui  concerne  cette  célèbre  conspiration).  =  N*'  47. 
H.  Peter.  Die  geschichtliche  Litteratur  ûber  die  rômische  Kaiseneit  bis 
Theodosius  1  und  ihre  Quellen  (le  pian  de  Touvrage  est  un  peu  l&che, 
mais  le  fond  est  excellent).  —  Chantepie  de  la  Saussaye.  Lehrbnch  der 
Religionsgeschichte,  2«  édit.  (très  remarquable). 

10.  —  Revue  de  Tliistoire  des  reli|^ona.  Tome  XKXVI,  n*  1. 
Juillet-août  1897.  —  G.  Maspero.  La  table  d'offrandes  des  tombeaux 
égyptiens  ;  fin  (description  minutieuse  de  scènes  dont  l'ordonnance  a  été 
fixée  depuis  les  plus  anciens  temps  et  qui  sont  un  des  éléments  essen- 
tiels de  la  vie  que,  selon  les  idées  égyptiennes,  les  morts  vivaient  dans 
le  tombeau).  —  E.  Aymonier.  Le  Cambodge  et  ses  monuments  (l*Koh« 
Ker,  où  Ton  a  relevé  plus  de  40  inscriptions  comprenant  environ 
1,500  lignes  et  plus  de  4,000  noms  de  serfs  ou  d^esclaves  sacrés; 
2*  Phoom-Sandak,  où  l'on  a  relevé  aussi  des  inscriptions.  Ces  monu- 
ments épigraphiques  remontent  au  x«  et  au  xi«  siècle  de  notre  ère).  — 
L.  Knappert.  La  religion  germanique  (d'après  le  dernier  ouvrage  de 
M.  Golther  :  Handbucli  der  germanischen  Mythologie,  1895.  L'auteur  fait 
un  très  grand  éloge  de  ce  livre).  :=  Comptes-rendus  :  PameU.  The  cuits 
of  the  greek  states  (important  traité  de  théologie  grecque,  où  la  liturgie 
et  la  ritologie  sont  étudiées  avec  un  soin  particulier).  —  Â,  de  Bidder. 
De  ridée  de  la  mort  en  Grèce  à  Tépoque  classique  (l'auteur  s'efforce  de 
montrer  que,  vers  le  v«  s.,  une  transformation  commença  à  s'opérer 
dans  i'àme  hellénique,  où  s'introduisit  un  souci  mélancolique  de  ce  qui 
attend  l'homme  après  cette  vie).  —  Fr.  Spitta.  Zur  Geschicbte  und  Lit- 
teratur des  Urchristenlums  (important  et  original).  —  1)*^  Boàinet,  Le 
mouvement  religieux  à  Paris  pendant  la  Révolution,  t.  1  (l'auteur  ne 
devait  que  réunir  et  publier  les  documents  relatifs  à  ce  mouyement  reli* 


^^^^^^^  RECOEILS    rfmOOIQDES. 

gxeni  :  il  a  fait  mallieureusement  beaucoup  plus  en  s'occupant  de  cbosGK 
étrangères  à  son  sujet  ot  en  jugeant  un  peu  trop  les  évéoements  et  les 

KiinineE  d«  la  ftévolution  d'après  les  théorieB  d'Ang.  Comte). 
11.  —  Le  Correspondant.  10  octobre  1897.—  Un  ancien  diplomate  : 
Uiance  franco-ruBse ;  fin  le  25  oct.  —  E.  Daodbt.  Le  duc  d'Aumale  : 
Dne  jouroèe  historique.  M.  Thiers  et  les  priDces.  Au  seuil  de  l'Assem- 
blée nationale  (récit  détaillé  et  impartial  de  la  part  prises  à  la  guerre  par 
les  princes  d'Orléans  et  des  démarches  faites  par  eux  pour  pouvoir  sië- 
^r  à  l'Aesemblée;  suite  le  35  oct.  et  le  iO  nov.  M.  D.  y  raconte  le  pro- 
cès Bazaine  et  le  rôle  ei  patriotique  et  ai  brillant  joué  par  le  dnc  comme 
commandant  du  !•  corps,  puis  les  douloureux  évânements  qui  devaient 
le  rejeter  en  exil.  Tout  ce  récit,  très  vivant  et  très  documenté,  est  puisé 
au3  meilleures  sources  orales  et  écrites).  —  Lanzac  db  Labomb.  Le 
maréchal  Buchet  (d'après  le  livre  do  M.  F.  Rousseau),  ==  25  octobre. 
Lafenestiig.  Jean  de  la  Foniaine  et  les  artistes  de  son  temps  (jolie 
addition  au  joli  livre  de  M.  L.  sur  La  Fontaine).  —  Dbuon.  L'édoca- 
tioD  des  Bourbons  (Fragments  de  l'ouvrage  ingéaicux  de  M.  Druon  sur 
un  sujet  qui  éclaire  assez  vivement  l'histoire  de  nos  derniers  rois].  ^ 
10  novembre.  Tninios.  La  France  et  l'Angleterre  en  Afrique.  La  boucle 
du  Niger  (excellent  exposé  de  la  question).  —  Lanzac  de  Laborib.  La 
France  en  1814,  d'après  Ipb  rapports  inédits  du  comte  Angles  (ces  pré- 
cieux ijocumenis  d'un  des  chefs  de  la  police  générale  vont  être  publiés 
par  M.  C.  Finnin-Didot). 

12.  —  Étades  pnbUées  par  d«8  Pères  de  la  Compagnie  de 

JAans.  1897,  '20  oct.  —  M.  L.-J.  Le  centenaire  de  saint  Augustin  de 
Cantorbéry.  —  L.  Mëcuiheau.  La  bjble  d'Ethiopie;  second  article  :  ses 
origines;  troisième  article  (5  nov.)  :  sa  valeur  littéraire,  dogmatique  et 
critique.  —  Doizë.  Léon  Gautier  (article  nécrologique  à  signaler;  l'au- 
teur Élit  les  réserves  nécessaireg  sur  l'œuvre  de  L.  Gautier  au  point  de 
vue  de  la  sévère  érudition,  mais  fait  ressortir  avec  autant  de  mesure 
que  d'équité  la  valeur  pédagogique  de  son  enseignement.  De  lui  aussi 
on  peut  dire  :  son  meilleur  livre,  ce  sont  ses  élèves].  —  A.  Houard.  La 
vérité  sur  Carrier  (combat  le  Carrier  de  M.  Ghassin  par  le  Carrier  de 
M.  le  comte  Fleury).  ^  5  nov.  V,  B.  (Jn  Russe  calomnié  (l'empereur 
Paul,  qui  voulut  être  l'aillé  de  la  France,  qui  a  protège  le  conclave  de 
1800,  qui  fut  le  sauveur  et  le  grand  maitro  d'un  ordre  militaire  catho- 
lique et  qui  procura  la  résurrection  de  la  Compagnie  de  Jésus,  Il  fat 
honnête  et  généreux  ;  il  mérile  d'être  placé  en  un  bon  rang  parmi  les 
souverains).  —  S.  Harent.  La  part  de  l'Ëglise  dans  la  détermination  du 
rite  sacramentel  (elle  est  probablement  nulle,  dit  le  P.  Sasse  dans  ses /ni- 
tittitioïKi  theologîcae;  c'est  le  contraire  qui  est  plus  probable).  =  20  nov. 
i.  Satirin.  Note  sur  le  culte  perdu  des  saints  Dizole  et  Recesse  (ces 
saints  ont  été  honorés  à  Saint-Omor  à  partir  de  1618,  année  où  le  P.  Van 
Crombeck,  recteur  du  collège  wallon  de  cette  ville,  fit  la  reconnaissance 
canonique  de  leurs  reliques,  jusqu'à  la  Révolution,  oii  elles  ont  disparu. 


Ces  saints  Bont  d'aillours  par  rai  te  m  (?Dt  iucoimus;  peut-être  doivent^ib 
l'existence  à  une  erreur  de  lecture  dans  les  Catacombes,  au  iftmps 
l'eiplo ration  qu'y  Gt  Bosio). 


la.  —  La  Revue  de  Parla.  1897. 15  octobre.  —  Lahenhaib.  1 

h  MoDtalemberl ;  suite  le  1°''  nov,  (correspondance  fort  importante  pcvo' 
l'histoire  du  roouTement  intellectuel  dans  le  monde  catholique  frani^^s-^ 
après  la  chute  do  la  Restauration).  —  Duc  de  Richelibii.  Ma  retraite 
pouvoir;  suite  et  Qn  le  !"■  novembre  (ce  récit,  très  remarquable,  a  • 
publié  pour  la  première  fois  par  la  Revue  hislorigue  en  1890.  M.  *^ 
Cisteroes,  qui  le  publie  aujourd'hui  dans  tin  volume  sur  Ricbelieu.  1 
croyait  inédit).  ^  15  novembre.  E,  Lavisbs.  Bur  les  galères  du  ::^'~* 
(tableau  très  coloré  des  misères  auxquelles  étaient  condamnés  ^V-* 
forçats  sous  le  grand  règne,  et  l'un  sait  qu'aprè.s  la  Révocation  b  ^'"^ 
nombre  de  protestants  furent  soumis  à  ce  régime).  ^  1"  décemb^r"' 
E.  Renan,  H.  RBi(AK,M.BERrBEi.OT.  Correspondance,  1847-1892;  2"  sér^S- 
1"  art.  {la  plupart  de  cps  lettres  appartiennent  au  temps  de  la  missi^C^ 
archéologique  que  Ronan  dirigea  en  Palestine.  Elles  témoignent,  enti^  -' 
autres  choses,  de  l'extrême  ardeur  que  Renan  apportait  à  son  travai  -  ^ 

14.  —  Revne  dea    Deux-Hondea,    1897,  1"  juillet.  —  Com 
E.  Lefbdtbb  db  Bèhainb,  Léon  XIIl  et  le  prince  de  Bismarck.  3*  art,     — 
l'arbilragi'  des  Caroline»;  la  fin  du  Culturkampr.  —  Paul  Girash.  L^^* 
orateurs  et  l'opinion  publique  chez  les  Athéniens.  —  Valbe^t.  Pier^^M 
le  Grand  et  son  dernier  biographe  (à  propos  du  livre  récent  de  M.  Walis^ 
Kevski).  ^  ib  juillet,  Albert  Souel.  L'Europe  et  le  Directoire,  l^^art.     —— 
le  congrès  de  Bastadt  et  la  cession  de  la  rive  gauche  du  Rhin  ;  !■  arir  ' 
{15  août)  :  les  républiques  tributaires  ;  la  mission  de  Bieyès  &  Berlin  ^* 
3*  art.  (15  sept.)  ;  la  seconde  coalition;  la  république  napolitaine  (eipos^^ 
brillant  et  lumineux  de  la  politique  téméraire  du  Directoire  ;  beau  por^ 
trait  de  Cbampionnet|.  —  Ch.  Denoist.  La  révolte  des  Philippines  e^£ 
les  mœurs  politiques  de  l'Espagne.  —  Eug.  Guillauhe.  Les  ruines  d»  J 
Palmyre  et  leur  récent  explorateur  (raconte  la  chute  de  l'Étal  de  Pal—  ^' 
myre  en  213  ;  décrit  les  monmnonta  de  Palmyre  d'après  les  travaux  d^  ^^ 
M.  Bertone,  qui  a  reconstitué  cette  ville,  construite  selon  les  principes ^^ 
de  l'art  grec  :  comparaison  Instructive  avec  Balheck  où  t'arl,  également'  -^^ 
gréco-syrien  de  caractère,  a  subi  l'influence  romaine).  =:  {"  août.  V,  DcJ" 
Bled.  Berryer,  d'après  ses  deraiers  historiens.  —  G.  Valsbbt.  Les  année^s^ 
de  retraite  du  prince  de  Bismarck.  ^  15  août.  Etienne  Laxï.  Les  lutter*-* 
entre  l'Eglise  et  l'Étal  au  su"  s.  1"  art.  :  les  causes  ;  2*  art.  |15  nov.)  :  — 
les  phases;  la  Révolution  française  et  le  Premier  Empire  (étude  très  ^*^ 
documeatée  et  fortement  pensée).  =:  l*'  sept.  G.  Goyau.  L'Allemagne  ^^ 
religieuse.  La  vie  protestante  :  les  églises  officielles  et  les  eecles.  —  Rrt-  — ^ 
TES.  Les  nouvelles  recherches  sur  J.-J.  Rousseau.  3'  art.  :  la  seconde    ^ 
partie  des  Con/«jjionj|beaucoup  de  faits  très  précis;  curieux  portrait  de    ^ 
Ml''  Lo  Vasseur  ;  influence  morale  exercée  sur  les  âmes  par  Rousseau.       — 
Voltaire  jeta  le  trouble  dans  bien  des  consciences  qui  voyaient  uu  ap6m     ' 


dsiM  4«*n-Juqaes,  quand  il  s'avisa  de  iui  demander  ce  qu'étaient  dere- 
DttstneDbntei.  —  Cb.BEKoisT.  Don  Â.  Canovas del  Castillo.^  15  sepL 
Êmil»  Uictm.  Les  missions  diplomatiques  de  P.-P.  Rabens,  16^7-1630 
{d'après  VBùioirt  dîpUmiatique  de  Hubtm  parGschardl.^  I«  ocl.  Mar- 
quis deGâbuic.  Chiieaubriand  et  la  guerre  d'Espagne,  d'après  des  docu- 
meau  inédits.  1"  art.  .-  les  conférences  de  Vienne  ei  le  coogrès  de 
Vérone  4 ces  documents  inédits  sont  des  noies  prises  au  jour  le  jour, 
pendant  le  coi^rès,  par  M.  de  Gabriac,  père  de  l'auteur,  et  par  M.  de 
Boi«-le-Gomte)  ;  3*  art.  |I«  oov.j  :  Cbàteaubriand  ministre  des  aSàires 
éU-sAgèrw  (montre  que  la  guerre  d'Espagne,  qui  était  une  partie  du 
*  snnd  detsein  •  imaginé  par  Chateaubriand,  a  été  bien  accueillie  par 
les  cdiiaets  eoropéecu,  sauf  l'Angleterre,  et  le  profit  moral  qu'en  relira 
le  ^memement).  —  Pierre  M iixe.  En  Tbessalie.  Journal  de  campagne; 
fin  le  1&  oct.  ^  15  ocl.  Cb.  Bekoist.  La  monarchie  ans tro- hongroise  et 
I*éqiiilî]ire  ennipéen.  1"  art.  :  les  nationalités  et  l'empereur. 

as.  —  Bania  des  UniTerslUs  dn  Midi.  1897,  oct.-déc.  —  M.  Hol- 
'  **n.  L'expédition  d'Altale  I"  en  liS  Ireprend  la  question  déjà  étu- 
*lié«i  par  M.  Radet  dans  le  même  recueil  et  présente  des  conclusions 
^^at  à  fait  différentes.  Altale  ■  se  s'est  pas  montré  en  318  le  tacticien 
**»daciieui  et  le  manœuvrier  de  grande  allure  qu'a  cru  voir  M.  Radet  ; 
**<**](  le  reirooTon»,  cette  année-là  comme  toujours,  circonspect,  limi- 
**»«  »e»  eotreprises  à  ses  moyens  d'action  et  se  hftlant  d'accomplir, 
*it4t  qne  s'en  offre  l'occasion,  des  besognes  immédiatement  miles.  > 
^*  -  Radei  a  reconnu  qu'il  s'est  trompé).  —  H.  Babckhausen.  Montesquieu 
^^  ta  tbéorie  des  gouvemetnents  |que  la  distinction  établie  par  Montes- 
*ï^%ieo  entre  l'Ëtat  républicain,  monarchique  et  despotique  est  fondée 
^^T  ane  idée  philosophique  très  juste  et  non  sur  les  aspects  fournis  par 
^Observation  de  quelques  États  civilisés).  ^  Bulletin  historique  rëgio- 
***J  :  A.  DscesT.  Landes  (bibliographie  très  minutieusei. 

18.  —  SociéU  de  l*hlstoir«  dn  Protestantisme  b^nçais.  Bul- 
*&tin  historique  et  littéraire,  1897,  15  oct.  ~  D.  Benoit.  Les  prédicants 
tnartyrE  de  la  Révocation;  les  frères  Plan,  1686-169".  —  A.  Bebsus. 
l>e  tecUment  autobiographique  d'un  des  premiers  pasteurs  do  France, 
K^iem  Pomelet,  1593.  —  A.-L.  Hermimu(d.  Une  plaquette  ioèdite 
4* Agrippa  d'Aubigné,  16ÎI-1630  (les  éditeurs  de  IST3  avaient  découvert 
^t  publié  la  minute  manuscrite  de  cette  lettre;  on  en  donne  aujourd'hui 
Uq  teste  dèveloppeetretouchéqui  avait  été  réimprimé  sous  Louis  Xm, 
tuais  dont  on  ne  soupçonnait  même  plus  l'existence).  —  N.  Weiss.  La 
liberté  religieuse;  ses  ennemis  et  ses  défenseurs  en  1765  et  1789,  d'après 
trois  leiUes  inédites  de  Rabaut  de  Saint-tïtienne.  —  G.  Pascal.  La 
l^uiiie  d'Anlun  et  Jean  Goujon  (attribue  à  Jean  Goujon  une  fontaine 
datée  de  )543;  c'est  doni^  peu  après  V  '  expiation  ■  qu'il  avait  dû  subir 
fc  Paris  en  1543.  et  juste  à  un  moment  ou  jusqu'ici  l'on  perdait  sa  trace, 
qoe  l'oD  retrouve  le  célèbre  sculpteur  à  .\uiun;  et  c'était  peut-être  sa 
«lia  aaUle).  =:  15  mare.  J.  Viéhot.  La  régime  de  la  séparation  de 


216  RECUEILS  ptfRIODIQDBS. 

l'Église  et  de  rËtat  dans  Taucienne  principauté  de  Montbéliard  de  1793 
à  1804.  —  F.  Tbissier.  La  date  précise  de  l'abjuration  des  réformés 
d'Anduze  (en  oct.  1685).  —  N.  Weiss.  Le  médecin  Daniel  Pajon  après 
la  Révocation  à  Sainte-Menehould,  1701  (il  était  en  prison  pour  avoir 
tenu  des  assemblées  prohibées). 

17.  —  Académie  des  Inscriptions  et  belles-lettres.  Comptes- 
rendus  des  séances  de  Tannée  1897,  4«  série,  t.  XXV,  1897,  juilI.-aoùL 

—  DiEULAFOY.  Simon  de  Montfort  et  la  bataille  de  Muret.  —  Glermort- 
G ANNEAU.  Les  tombeaux  de  David  et  des  rois  de  Juda  et  le  tunnel- 
aqueduc  de  ii^iloé  (ces  tombeaux  n'ont  pas  encore  été  retrouvés;  l'auteur 
indique  dans  quelle  direction  il  faudrait  chercher.  Expose  les  fouilles 
exécutées  dans  le  tunnel  de  Siloé).  —  Emile  Berteadx.  Gastel  del  Monte 
et  les  architectes  français  de  l'empereur  Frédéric  II  (ce  château  a  été 
construit  dans  le  plus  pur  style  français  par  Philippe  Chinard  en  1340; 
c'était  un  seigneur  français  que  Frédéric  II  ramena  de  Chypre.  Signale 
d'autres  monuments  apuliens  élevés  aussi  par  des  architectes  français). 

—  Ph.  Rerger.  L'église  du  Saint-Sépulcre  sur  la  mosaïque  géographique 
de  Mâdaba.  i=  Sept. -oct.  J.  Oppert.  Un  dieu  commerçant  |c  nous  pou- 
vons suivre  les  opérations  commerciales  du  Dieu-Soleil  jusqu'au  xxTi«i. 
avant  l'ère  chrétienne:  mais  certes  la  fondation  de  cette  maison  remon- 
tait plus  haut  :  on  peut  dire  que  la  maison  de  haute  banque  sous  h 
raison  sociale  «  Dieu-Soleil  i  est  le  plus  antique  établissement  finan- 
cier dont  l'histoire  nous  ait  laissé  le  souvenir;  aucun  autre  ne  peut  se 
prévaloir  d'une  existence  aussi  longue,  car  il  a  subsisté  pendant  trois 
ou  quatre  mille  ans.  i  Le  siècre  de  cette  c  maison  du  trésor  i  était  à 
Sippara-EIèliopoUs).  —  Id.  Une  d^'nastie  d'usurpateurs  (Bel-Sum-isknm 
régna  pendant  quelques  mois  de  l'année  561  ;  il  fut  tué  par  Evil  Méro« 
dach,  fils  de  Nabuchodonosor,  et  vengé  par  son  fils  NérigUssor,  qui 
assassina  Evil  Mérodach,  son  l>eau-frère).  —  Gagnât.  Note  sur  un  non* 
veau  diplôme  militaire  de  Bulgarie,  avec  une  photographie  (transcrip- 
tion et  traduction;  le  diplôme  est  daté  du  16  sept.  93.  Il  mentionne 
pour  la  première  fois  le  nom  complet  de  la  cohorte  des  Cisipaderuei ; 
mais  on  ne  sait  identifier  ce  dernier  nom).  —  Vidal  de  la  Blaghb.  Note 
sur  l'origine  du  commerce  de  la  soie  par  voie  de  mer.  —  Hêboh  db  Yilp 
LETOssB.  Fragment  d'un  diplôme  militaire,  de  Tannée  99,  relatif  &  la 
flotte  de  Misène. 

18.  —  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques  et  natv- 
relles  de  l'Yonne.  Année  1896,  vol.  L«  1897.  —  Ch.  Moisbt.  Les  t  Idées 
sinlnlli^^es  •  de  Rétif  de  la  Bretonne  (analyse  les  idées  contenues  dans 
les  ouvrages  où  Rétif  se  proposait  de  réformer  la  société  et  les  mœurs; 
la  forme  en  est  licencieuse  et  le  fond  chimérique).  —  Abbé  Jobir.  Le 
prieuré  de  Franchevaux  idepiiis  sa  fondation  eu  1159  jusqu'à  sa  des- 
truction totale  à  la  tin  du  siècle  dernier  ;  liste  des  religieux  et  des 
prieurs  de  Franchevaux  ;  en  appendice,  24  chartes  des  xii*  et  xni«  s.), 
'■'  Gaston  Gauthier.  Rogny  et  Saint-Eusoge,  Yonne,  depuis  les  cri- 


UCDEILS   friRlOOIQDM. 


217 


■r' 


jusqu'à  GOS  jours  (monographie  de  14-^  p.,  avec  dix  documeats 
lit»,  DUO  carte  et  plusieurs  croquis|.  —  Fr.  Molabd.  Le  iivre  de 
on  des  familles  Bnrbanceys  et  Gbadenier.  —  E.  Pbtit.  Quatre  lettres 
l'abbé  LebeuF  {à  Martène  et  à  Monlfauconj.  —  Abbé  Blondel,  Esa- 
nien  crillque  du  système  de  l'abbè  LebeuT  sur  la  chronologie  des  pre- 
liera  évéques  d'Auierre  (Peregrinua,  premier  évêque  d'Auserre,  fut 
■tyrÏBé  en  287  et  non  eo  303,  comme  le  veut  Lebeuf.  Celui-ci  a  eu 
lorl  également  de  prétondre  que  Valôre  et  Valérien,  le  Kccuud  el  le 
lisiëme  successeur  de  salut  Pèlerio,  étaient  une  seule  et  m<>me  per- 
sonne :îajnt  Valérien;  enGn,  il  a  sans  raison  placé  saint  Praleme  avant 
saint  Alode|,  —  Loiseau.  Un  syndicat  agricole  à  Chitry  en  1163.  — 
Fr.  MoLARD.  Études  hagiographiques  :  la  passion  de  saint  PêleHo;  la 
cbronologie  des  premieri  évéques  d'Auxerre  [longue  discussion  qui 
aboutit  aux  conclusions  suivanteu  ;  1°  saint  Pèlerin  a  été  martyrisé  le 
16  mai  259,  sous  le  principat  de  Yalérien  et  de  Gallien  et  sous  le  con- 
sulat d'Ëmilianus  et  de  Bassus.  1°  Cette  date  laisse  dans  la  suite  des 
évéque«  d'Auierre  une  lacune  de  Tingt-neuf  ans;  on  peul  la  combler 
d'abord  en  donnant  saint  Marcdlîen  pour  successeur  presque  immédiat 
saint  Pèlerin,  puis  eu  admettant  de  286  ou  ?a9  à  313  une  longue 
:e  du  siège  épiscopal.  3°  La  passion  de  saint  Pèlerin  telle  que 
'avons  a  été  rédigée  vers  la  fin  du  vi*  s.  d'après  un  récit  beaucoup 
ncien,  et  son  auteur  probable  est  Etienne  l'Africain  ou  quelqu'un 
disciples  immédiats). 

-—  Bulletin  Ustorlqae  et  aolentlflque  de  l'Anvergne.  1S07, 

—  J.  Delmas.  Les  loges  maçonniques  de  Saint-Flour  au  xvm"  s. 

ibé  Mioche.  Rectification  à  l'hagiographie  d'Auvergne  (les  martyrs 

"  ■  n  et  Agape  n'appartiennent  pas  au  diocèse  de  Clermont; 

ilroduits  dans  le  Propre  de  Clermont  au  xvn»  s.  par  suite 

I  de  BarouiuB   mal  traduit).  =:  N"  6.  Abbé  Attaix.  Les 

.nton  d'Ennezat, 


égnm 


k  HeTu«  archéologique,  historique  et 

-  F,  SteuNÉE,  Notes  sur  l'histo 
tee  deux  chartes  do  1376  et  de  M^ij.  =  Mi 
|de  N,-D.  de  Loretle  en  Berry.  ^  J 


aclentlSqae  dn 

re  de  Saiul-Char- 
i.  Abbé  DuBOiBKL, 
Id.  Le  temporel  de 


fAe  la  VernuBse  |d'aprés  un  terrier  dressé  de  1700  à  1727).  - 
Iabou.  Le  tombeau  d'Aldeberl,  archevêque  de  Bourges,  109?- 
!t  abbé  de  Déols,  1087-1007. 

—  Revue  bourgnlguonne  de  l'Enseignement  Bnpértear 

rsité  de  Dijon).  Tome  VII,  cl.  —  Gaffahel.  Baylen  et  Vimeiro. 

S  N"  2.  Kl^nclausz.  Leçon  d'ouverture  du  cours  d'histoire  de  la  Bour* 

-,  faite  à  l'Université  de  Dijon,  le  9  fôvr.  1897. 

S2.  —  Revue  de  Champagne  et  de   Brie.  1896,  nov.-déc.  — 

J.-A.  Blancrbt.  Bellement  des  potiers  d'étain  à  Troyes  an  I57G.  — 

l*.  GuAUA'ET.  Extraits  des  anciens  registres  paroissiaux  du  Potit-Mesnil. 

—  Abbè  MiLLASD.  Histoire  de  Gigny-aux-Boie;  suite.  —  Jad«bt  et  Lb 


248  IBCUBILS  FifilODIQUIS. 

Grand.  L'ancienne  baronnie  du  Thour  en  Champagne,  d'après  unairea 
de  1390  comparé  au  cadastre;  appendice;  suite  en  janv.-févr.  1897.  ^ 
1897,  janv.  Â.  Pétel.  Les  seigneurs  de  Ville-sur-Ârce  ;  saite  en  man 
et  avril.  —  Abbé  Millard.  Histoire  de  Bussy-au-Bois;  suite  ea  man 
et  juin.  —  Abel  Rioault.  Documents  sur  Bouillon  conservés  aux 
archives  du  ministère  des  Affaires  étrangères  (bref  inventaire).  =:  Févr. 
P.  Ghauvbt.  Actes  religieux  du  Petit-Mesnil  ;  suite  en  mars-juin.  = 
Mai-juin.  Gaston  Paris.  Le  poète  Guillaume  Goquillart,  chanoine  et 
ofGcial  de  Reims.  —  L.  Mongb-W.  La  mission  de  Reims  en  1821.  — 
RosEROT.  Répertoire  historique  de  la  Haute-Marne  contenant  la  nomen- 
clature des  ouvrages,  articles,  dissertations  et  documents  imprimés 
concernant  l'histoire  de  ce  département;  2*  part.  :  Catalogue  des  actes. 

23.  —  Revue  de  Oascogne.  1897,  9«  et  10«  livr.,  sept.-oct.  — 
Ph.  Lauzun.  Châteaux  gascons  de  la  fin  du  xin*  siècle.  Valence-sur- 
Baîse;  l***  partie  (son  histoire  jusqu'au  xvm«  s.).  —  Cypr.  La  Plagme- 
Barris.  Seigneuries  du  pays  d'Angles.  1*^  partie  :  Pouylebon;  1*'  art 
(son  histoire  du  xrv«  au  xyu«  siècle)  ;  suite  en  novembre  :  Pouylebon 
jusqu'à  la  fin  de  la  Révolution.  —  T.  de  L.  Une  lettre  et  une  note  de 
1619  sur  les  antiquités  de  la  ville  d'Auch  (lettre  adressée  à  Peyresc).  — 
Carsalade  du  Pont.  La  noblesse  du  diocèse  d'Auch  au  siège  de  Salces 
en  1639.  =  Bibliographie  :  Abbé  Dubarat  Bétharram  et  le  Mont-Valé- 
rien  (documents  inédits  relatifs  surtout  à  l'histoire  du  xvii*  s.).  —  J,de 
Jaurgain.  Châteaux  basques.  Urtubie  (intéressant).  —  LabaU  Le  châ- 
teau de  Marrac  (construit,  à  une  demi-lieue  de  Bayonne,  par  Marie- 
Anne  de  Neubourg;  c'est  là  que  fut  consommée  en  1808  la  déchéance 
des  Bourbons  d'Espagne;  intéressant  pour  l'histoire  de  cet  épisode 
tragi-comique  de  l'affaire  d'Espagne).  —  Breuils  et  Gardère,  Ck)mptes 
des  consuls  de  Montréal-du-Gers,  1411-1450.  —  Lauxun,  Le  château  de 
Cauzac;  le  château  de  Nérac  (bonnes  monographies).  =:  Novembre. 
L.  Couture.  La  reine  Marguerite,  d'après  quelques  publications  méri- 
dionales (il  s'agit  de  la  première  femme  de  Henri  IV;  utilise  les  publi- 
cations récentes  de  MM.  l'abbé  Douais,  Pb.  Lauzun  et  Tamizey  de 
Larroque). 

24.  —  La  Province  du  Maine.  1897,  n9  8.  —  L.  DeiTis.  La  maison 
Bérengère  au  Mans.  —  Ë.-L.  Dubois.  Le  prieuré  de  Baint-Juiien-la- 
Tourette  au  diocèse  du  Puy-en-Velay.  —  L.  Frooer.  De  la  significa- 
tion du  mot  saint  au  xv*  siècle  {saint  =  cloche,  ce  qu'on  savait  depuis 
longtemps).  —  Lettres  royales  ;  suite  au  n^  2  (deux  lettres  de  Henri  FV 
à  Charles  de  Ghambes,  13  juin  1590  et  15  mai  1597).  =r  N<»  9.  Lbdru. 
Les  pèlerinages  â  la  sainte  Vierge  dans  le  diocèse  du  Mans. 

26.  —  Revue  historique  et  archéologique  du  Maine.  T.  XLII, 

1"  livr.  1897,  second  semestre.  —  Dieudonné.  Hildebert  de  Lavardin, 
évoque  du  Mans,  archevêque  de  Tours  ;  suite  (examen  méthodique  des 
lettres).  —  M.  Robert.  L'instruction  primaire  au  xviii*  s.  dans  le  can- 
ton de  Fresnay.  —  L.  Briére.  Bibliographie  du  Maine  pour  Tan- 


UCUULS   PBBtOftKtlln. 

=  3°  livr.  Baron  S.  de  la  Bouilleoib.  Une  émeute  au  Mans 
D  Ift75,  &  propos  de  droits  il'ociroi  {la  victime  de  cette  éateute  fiit  un 
avocat,  Claude  Blondrau,  dont  la  maison  fui  mise  au  pillage  après 
SToir  été  assiégée  par  la  pupulace).  —  D^  Candë  Ud  livre  de  gages  des 
chitelains  du  Lude  au  coinmpncementdu  xvii*  s.;  contribution  à  l'élude 
de  la  vie  privée  des  anciens  seigneurs  en  province.  —  Dieudonnë.  Hil- 
debert  de  Lavardin,cvéque  du  Mans;  suite  (chronologie  de  ses  leltres|. 

28.  —  Revae  de  Salntonge  et  d'Annls.  1897,  )"  sept.  —  E.  G. 
Los  Fleuriau  de  la  Rochelle.  —  Le  culte  de  sainte  Radegonde  en  Sain- 
tonge.  —  L*  MoBiNERiE.  Le  marquis  de  Montalembert  et  son  second 
mariage  (le  général  de  Montalemliert  épousa  en  premières  noces  M"'  de 
Commarieu;  ce  mariage  étant  resté  stérile,  il  divorça  en  1794,  à  l'âge 
de  qnatre-vingls  ans,  pour  épouser  Rosalie  Cadet,  divorcée  également, 
et  dont  il  eut  une  fille).  —  J,  Pemssow.  Notes  sur  les  enseignes,  le 
commerce  et  l'industrie  en  Saiotonge  et  en  Aunis  ;  fin.  =  1"  novembre. 
LËTELtË.  Un  cnré  constitutionnel  :  Léonard,  curé  de  Marennes.  — 
J.  PEL1.1B90N.  Balzac,  Thiers  et  Alfred  de  Vigny  devant  les  électeurs 
chareutais.  —  E.-G,  La  Famille  Oiialle,  de  la  Rochelle  (gi''néalogie  de 
celle  aacience  famille  protestante).  —  L.  Am>uT.  Une  baronnie  en 
Angoumois  |baronoie  de  Marthon,  au  diocèse  d'Angoulôme,  d'après 
une  monographie  récente  par  l'abbé  A.  Mondon).  —  Th.  Phelippot. 
Étude  historique  sur  la  baronnie  de  l'ile  de  Ré:  réponse  aux  obser^'a- 
tioos  du  D'  Kemmerer  et  du  D'  .\tgicr  (cette  baronnie  n'a  pas  été  créée 
par  Louis  XIV;  ajoute  quelques  noms  aux  neuf  possessears  de  cette 
baronnie  signalés  par  le  D'  Kemmerer). 

fi7.  —  Travaux  de  l'Académie  nationale  de  Reims.  Vol.  XCFX, 
année  1895-96,  t.  I  (Reims,  Mlchaud.  1897).  —  M.  Fboussabd,  Jeanne 
d'Arc  champenoise;  rapport  sur  la  brochure  de  M.  Mi.iset  en  réponse  à 
celle  de  M.  Poinsignon  (tient  pour  l'origine  champenoise  de  la  Pncelle). 
—  Abbé  Chaules.  Une  contrefaçon  de  Jeanne  d'Arc  (quelques  pages 
sar  Claude  des  Armoises).  —  Ch.  Coyon.  DécouvertPs  et  fouilles  dans 
un  cimetière  gaulois,  lieu  dit  le  Monlèqueux,  territoire  de  Beine, 
Marae.  —  Atph.  Gobset.  Monographie  de  la  basilique  de  Saint-Rcmi 
de  Reima.  —  Jadaiit,  Vieilles  rues  et  vleilIeH  enseignes  de  Reims.  — 
A-bbé  MissET.  Proses  en  l'honneur  de  saint  Rémi. 


28.  —  Beitreege  znr  Bayerlschen  KlrcbeogeBChlchte.  Bd.  m, 
H^ft  1,  1896.  —  0.  EsHAEn.  J.  Schwanhausen,  le  réformateur  de  Bam- 
Bn  dans  Heft  2.  —  Mmei.  Letlres  d'Adolf  de  Harless  à  Hod. 
'agner  (I8&3-&S  ;  important  pour  l'histoire  des  luttes  politiques  et  reli- 
luses  à  cette  époque).  —  Th.  Koldb.  Un  évêque  élu  de  'Wiirzboarg 
î  passe  au  luthéranisme  (J.  Pettendorfer,  1524).  =  Heft  2.  In.  Trois 
tetlres  du  temps  do  la  Réforme  (de  Gbr.  Scheurl,  Th.  Billican  et 
A.  Dœber,  1521,  1524,  1546).  —  Ehoebs.  La  correspondance  de  Caspar 
LcBner;  suite;  fin  dans  Heft  3  (1545-1555).  —  0.  Rieder.  L'histoire 


220  lECUEILS  FiaiODIQUES. 

religieuse  dans  les  revues  des  sociétés  historiques  de  Bavière;  suite 
dans  Heft  5-6.  =  Heft  3.  Ney.  Le  prétendu  soulèvement  du  pasteur 
réformé  Georg  Infantius  à  Spire  en  1577  (montre,  d'après  des  documents 
inédits,  qu*il  n'y  a  rien  de  fondé  dans  le  récit  qui  montre  ce  pasteur  et 
les  membres  de  TÉglise  réformée  formant  un  complot  contre  les  luthé- 
riens). —  Th.  Ladter.  L'oppression  de  TËglise  évangélique  dans  le 
duché  de  Sulzhach,  1627-1649  (d'après  les  registres  ecclésiastiques).  — 
Braun.  Hans  Ehinger  de  Memmingen  (publie  une  apologie  écrite  par 
Ehinger  en  1539  où  il  montre  les  services  qu'il  a  rendus  à  la  réforme 
luthérienne).  ^ Heft  4.  Jordan.  Les  registres  ecclésiastiques  de  Nurem- 
berg au  xvi«  s.  (article  très  soigné  sur  ces  registres  paroissiaux,  leur 
contenu,  leur  importance  pour  l'histoire  ecclésiastique  et  morale).  — 
KoLDE.  La  réforme  luthérienne  à  Rothenburg-sur-Ia-Tauber  (publie 
13  lettres  de  1544-1546,  avec  un  abondant  commentaire).  —  Id.  Le  ser- 
vice divin  à  Nuremberg,  d'après  les  notes  d*un  contemporain,  1783- 
1784.  :=  Heft  5.  H.  de  Schubert.  Le  conflit  relatif  aux  cérémonies  du 
culte  luthérien  à  Nuremberg  en  1750.  —  Fr.  Braun.  Le  monastère 
augustin  de  Memmingen  (1<>  extraits  des  statuts  de  1453;  2<>  acte  de 
1516  relatif  à  la  situation  des  monastères  de  femmes  dans  l'ordre  de 
saint  Augustin).  =  Heft  6.  Kawerau.  Johannes  Draconitès  de  Gari- 
stadt,  1494-1566  (théologien  luthérien  distingué.  Publie  des  lettres  iné- 
dites et  une  oraison  funèbre  de  Draconitès  sur  Luther  le  11  mars  1546). 

—  G.  Brunner.  Les  mss.  allemands  relatifs  à  l'histoire  religieuse  de  la 
Bavière  qui  se  trouvent  à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  (d'après  le 
Catalogue  des  mss.  allemands  de  Huet). 

29.  —  Dentsch-evangelisclie  BlssUer.  Jahrg.  XXU,  1897,  Heft  1. 

—  Th.  ScHOTT.  Renée  de  France,  duchesse  de  Ferrare  (esquisse  biogra- 
phique d'après  le  récent  ouvrage  de  Rodocanachi  ;  sa  situation  à  l'égard 
du  protestantisme).  —  Brausewbtter.  J.-J.  Rousseau  moraliste  et 
pédagogue;  suite  dans  Heft  2.  —  L'évêque  Ross  (biographie  de  cet 
évéque  titulaire  évangélique  qui  joua  un  rôle  important  dans  l'Église 
évangélique  des  pays  rhénans  et  de  la  Westphalie,  1772-1854).  =  Heft  3. 
Nasemann.  La  Palatine,  duchesse  d'Orléans  (brève  esquisse  historique). 
=  Heft  4.  Reinthalbr.  Ernest-Maurice  Amdt  (sa  biographie;  tableau 
de  sa  vie  politique).  —  Billes.  Les  tablettes  d'argile  de  Tell-el-Âmama 
et  les  livres  de  Josué  et  des  Juges  (à  la  fin  du  règne  d'Aménophis  HI, 
roi  d'Egypte,  toute  la  Palestine  était  occupée  par  les  Hébreux.  Ces 
tablettes  fournissent  d'importants  renseignements  sur  la  situation  du 
culte  que  professait  à  cette  époque  le  peuple  juif).  ^  Heft  5.  Sodeur. 
L'amiral  Goligny  (surtout  d'après  la  biographie  publiée  parE.  Marcks). 

—  Naseicann.  Le  prince  Eugène  de  Savoie  (rien  de  nouveau).  :=  Heft  6. 
Andlbr.  La  vie  du  réformateur  John  Knox  comparée  avec  celle  de 
Luther.  —  Nasemann.  Marie-Thérèse  d'Autriche.  —  Charles  Walker. 
Montesquieu,  champion  du  protestantisme  en  France. 

30.  —  Neue  kirclUiche  Zeitsdirilt.  Jahrg.  Vm,  1887,  Heft  f. 


■BCOErLS   F^ftlODIQUES.  221 

—  lfu>ETEuiiflN.  Gotnmcat  s'est  lormd  le  Pentateuque  ;  suite  (étude 
criliqae  sur  tes  récits  du  Pentateuque  relatifs  au  sauciuaire  mudaique 
du  Tabernacle  et  à  la  disposUiun  du  camp  iaraèlitc.  Attaque  vivement 
la  luelLoiIe  suivie  par  Wellbau^en  dans  la  critique  du  PeniateuqueJ; 
suite  daus  Heit  3  et  4  ;  lin  dans  lleft  5  (ces  récits  sont  du  temps  de 
David  ou  de  Salomon).  ;=  Hcft  S.  Lehius.  La  aitualion  religieuse  de 
Hèlaacbton.  —  Seebero.  La  situaiion  de  Mélanchtou  dans  l'bistoire  du 
dggme  et  de  la  dogmatique.  —  Blasb.  Hélanchlon  considéré  comme 
humaniste  et  pédagogue.  =  Heft  4.  Sellui.  Auguste  Kohier,  tbéolosien 
et  historieui  article  nécrologique.  —  WoRLENBBtio.  Jésus  Sirach  et  la 
question  sociale  (il  est  complètement  faux  qu'il  y  ait  dans  les  ideer^  de 
Jésus  Sîracli  des  idées  semblables  à  celles  du  socialisme  moderne).  — 
UoMMSL,  Arpaksliad  (dans  VAcademy  du  17  octobre  1896,  l'auteur  avait 
donné  uue  explication  de  ce  nom  qui  se  trouve  dans  la  Genèse,  10,  22 
et  24,  et  dans  11,1'^;  il  l'avait  identilié  avec  UrKasdim,  patrie  d'Abra- 
ham. Ctaeyne  avait,  dans  VE^posîtor,  soulevé  des  objections  que  réfute 
l'auteur  dans  le  présent  article).  ^  Ueft  5,  Z&ubpfvsd.  La  situation  de 
l'apOire  saint  Paul  au  regard  de  la  loi  mosaïque.  —  Wieoànd.  Les 
mosaïques  du  ba|>tistère  de  Kaveune  (elles  représentent  la  liturgie  du 
baptême  dam  l'Eglise  primitive;  très  importantes  à  cet  égard). 

3t.  —  Studien  uod  Mlttheilungen  ans  dem  Benedictlner-and 
CUterci«nser-Orden.  Jabrg.  XVll,  IHSb,  Ueft  3.  —  Vbith.  Les  mar- 
tyrologes des  Grecs  (explique  minutieusement  la  situation  présente  de 
la  science  sur  ce  domaine,  d'après  l'étude  de  nombreux  martyrologes 
inédiuji  suite  dans  lleft  4  et  dans  Bd.  XVUl,  Ueft  i.  —  Leistlb.  Les 
Eciedces  et  les  arts  au  monastère  bénédictin  de  Saim-MagnusàFOssen; 
euiU)  irelaUve  au  xvu"  s.)  ;  suiie  dans  Heft  4  et  dans  Bd.  KVIU,  Befl  2. 

—  QjtjiHiBB.  Sctiolae  Benediciinae  (des  progrès  que  les  Bénédictins 
firent  accomplir  à  la  science)  ;  suite  dans  Heft  4  et  dans  Bd.  XVIII, 
Ueft  2.  —  Renz.  Contributions  à  l'histoire  de  l'abbaye  bénédictine  de 
âainl-^acques  et  du  prieuré  ■  Weicb  -  Saint- Peter  •  à  liattsbonne; 
suite  :  1384-U22;  lin  dans  He^  4  et  dans  Bd.  XVlll,  Ueft  2  (l'auteur 
s'arrête  en  (499).  —  ScnNsmER.  Jobaiin  Bertels,  abbé  de  Munster  et 
d'Ëctaternach  1  Un  :  1594- 1Ë07.  —  GBiLLËMBEflaga.  Documents  et 
recherclies  sur  l'bistoire  de  l'ordre  cistercien',  suite  dans  Ueft  4  et  dans 
Bd.  XVIU,  Ueft  2.  =  Ueft  4.  W'^oneb.  Gillon  li  Muisi,  abbé  de  Saint- 
Martin  de  Tournai  (biographie  détaillée,  d'après  des  documents  inédita, 
1272-1353).  —  P.  WirriTANN.  Jean  Nibling,  prieur  de  l'abbaye  cister- 
cienne d'Ëbrach,  et  ses  œuvres,  1500-1526  (extraits  de  ses  chroniques)  ; 
suite  dans  Bd.  XVIII,  Ueft  2,  —  Kukcla.  Lettres  écrites  de  Rome  par 
des  religieux  de  Cjaiut-Maur  en  1699  (douze  pièces  de  dom  Guillaume 
Laparre,  Mabillon,  MonLfaucon  et  autres;  importantes  en  ce  qu'elles 
montrent  la  situatiuu  de  la  congrégation  de  Saiut-Maur  à  l'égard  de  la 
cour  de  Home,  ses  rapports  avec  les  Jésuites  et  tes  luttes  qu'elle  eut  à 
aui>ir  k  propos  de  la  publication  des  œuvres  de  saint  Augustin).  ^ 
^d.  XVIll,  1S97,  Ueil  2.  Ponsgbàb.  Le  ■  Liber  pontificalis  •  de  l'évéque 


222  UCOBILS  PlffilODIQUES. 

d'Ëicbstsett,  Gundekar  II,  et  le  bienheureux  Utto  de  Metten;  suite 
(détails  sur  les  débuts  de  Torganisation  ecclésiastique  dans  l'évéché 
d*£ichstœtt  au  viii«  s.  et  sur  les  premiers  monastères  qui  y  furent  éta- 
blis). —  Plena.  Histoire  du  culte  de  la  Vierge;  suite  :  ix^xii*  s. 

32.  —  Zeitochrift  fOr  deutsche  PhUologie.  Bd.  XKX,  Heft  1, 

1397.  —  H.-G.  BoBR.  Sur  la  Gretissaga  (l'auteur  prépare  une  édition  de 
cette  saga  ;  le  présent  mémoire  lui  sert  d'introduction,  i®  Les  divers 
remaniements  de  la  saga;  l'authenticité  de  chaque  strophe  et  les  inter- 
polations. 2<»  Rapports  de  la  saga  avec  d'autres  récits  de  l'ancienne 
Scandinavie,  en  particulier  avec  la  Fostbroedra  et  la  légende  de  fieo- 
wulf.  3»  Luttes  des  Grettir  avec  des  spectres  et  des  esprits  méchants; 
origine  mythologique  de  ces  récits).  —  Fr.  Eauffiunn.  L'arianisme 
d'LJlIilas  (Jostes  a  récemment  exprimé  l'opinion  qu'Ulfilas,  l'évoque  des 
Gotbs,  le  traducteur  bien  connu  de  la  Bible,  a  d'abord  appartenu  à 
l'Eglise  orthodoxe  ;  c'est  seulement  en  383,  Tannée  même  de  sa  mort, 
qu'il  se  fit  arien  et  qu'il  amena  do  cette  façon  tout  son  peuple  à  passer 
à  l'arianisme.  L  auteur  réfute  cette  opinion  ;  il  étudie  la  situation  reli- 
gieuse des  Goths  au  iv«  s.).  =  Gomptes-rendus  :  Loewt,  Die  Reste  der 
Germanen  am  Schwarzen  Meere  (peu  de  valeur).  —  W.  Hœhler,  Luther's 
Scbrift  an  dcn  christlichen  Adcl  im  Spiegcl  der  Kultur-und  Zeitge- 
schichtc  (remarquable,  malgré  beaucoup  d'erreurs  de  détail). 

d3.  —  Nene  Mitiheilungen  ans  dem  Gebiet  hlatorlscli-aiitl- 
qaartscher  Forsolinngen.  Bd.  XIX,  Heft  2,  1896.  —  Firrnio.  Pour 
servir  à  l'histoire  des  Universités  de  Halle  et  de  Wittemberg  (histoire 
d'une  bourse  fondée  à  l'Université  de  Wittemberg  au  xvm*  s.  pour  les 
étudiants  hongrois).  —  Jul.  Meyer.  Rapports  de  l'Université  de  Halle 
avec  la  Franconie  (signale  un  certain  nombre  d'hommes  remarquables 
provenant  de  Franconie,  qui  demeurèrent  à  Halle,  soit  comme  profes- 
seurs, soit  comme  étudiants).  —  Rambeau.  Une  image  de  pierre  érigée 
à  Gûmmritz,  non  loin  do  Wettin  (une  pierre  de  ces  environs  montre 
le  profil  d'un  homme  plus  grand  que  nature;  l'auteur  croit  qu'elle  est 
de  l'époque  préhistorique).  —  Kohlmann.  Pour  servir  à  l'histoire  de  la 
réforme  luthérienne  à  Halle  (traite  de  l'ordonnance  ecclésiastique  pro- 
mulguée en  iô43j.  —  R.  Sghmidt.  Gontributions  à  l'histoire  de  la  ville 
de  Zôrbig  et  de  ses  environs  (préhistoire,  trouvailles  de  monnaies;  his- 
toire du  moyen  âge  et  moderne).  —  Hub.  ërmisgu.  Les  tablettes  de  cire 
du  curé  Hermann  Westfal  dans  les  archives  municipales  de  Delitssch 
(contiennent  des  notes  historiques  de  1409-1435  qui  apportent  des  résul- 
tats en  partie  nouveaux.  Texte  et  commentaire).  —  R.  Sghmidt.  Une 
plainte  du  conseil  municipal  de  Zôrbig,  1636  (adressée  à  l'éleclenr  de 
Saxe  au  sujet  du  pillage  de  la  ville  par  les  Suédois).  — J.  FcBasTSMAKK. 
Fragments  d'un  livre  de  dépenses  du  comte  Guuther  de  Beichlingen 
en  1448.  —  Fabarius.  La  bataille  de  Riade,  15  mars  933  (recherche  les 
péripéties  de  la  bataille  et  le  lieu  où  elle  fut  livrée.  Ge  lieu  doit  être 
cherché  à  l'est  de  Halle  et  au  nord  de  Mersebourg). 


84.  —  Scban  ins  Land.  Jahrg.  XXUI,  1896.  —  Hermann  Mayeb. 
Le  prédicateur  Jean  Geiler  de  Kaysersberg,  1445-1510  {ses  rajiporls 
avec  Fribonrg  en  Bade).  —  P.  Albert.  Le  corps  des  soldaW-ciluyena 
de  Fribourg;  de  lu  part  qu'il  prit  aux  mmbata  de  Wagenstadt,  7  et 
14  août  17116,  d'après  des  documents  iaédits  et  avec  des  illuntrations. 

—  U,  Langer.  La  prise  de  Brisacb  par  les  troupes  Trançaises  eu  1103. 

—  Obser.  La  maiBOQ  où  mourut  Mirai)eau-Tonneau,  chef  des  émigrés 
ffaaçais. 

35.  —  Jabrbnch  ftlr  Oesetzgebang,  Terwaltung  and  Volks- 
wfrtluchaft  Im  dentBclien  Relcb.  Jabrg.  XXI,  1897,  HeFt  1.  — 
fiBEVBTo.  Le  développement  social  des  principaux  peuples  de  l'Europe 
à  l'cpoque  moderne  et  contemporaine;  ï°  art.  (compare  le  groupement 
économique  et  social  des  différentes  classes  dans  les  divers  États  de 
l'Europe  au  commencement  de  l'époque  moderae,  groupement  dans 
lequel  se  reilète  l'inQuence  politique  des  classes.  Important  article  de 
99  p-].  —  SiEvEKiNo.  L'industrie  de  la  soie  à  Gènes  au  xv  el  au  ivr'  s. 
(débuts  de  celte  iaduslrie  en  Italie  et  à  Gènes;  fondation  de  la  corpo- 
ralion  de  la  soie  en  1432;  orpnisaiion  de  cette  corporation  :  de  l'obli- 
galion  imposée  aux  marchands  d'y  entrer.  Happorl  des  gros  fabricants, 
des  seaterii,  avec  les  ouvriers  el  le  travail  à  la  maison  ;  importaoce  des 
déboDcbés,  concnrience  avec  Lyon  et  avec  l'organisation  des  métiers 
libres  dans  cette  ville;  Lyon  a  complètement  dépassé,  dans  le  cours  du 
XVI*  S-,  rindostrie  génoise  ;  la  peste  de  Id79  lui  donna  le  coup  de  mort. 
Comparaison  avec  ce  qui  se  passait  à  Florence,  à  Venise  et  à  Lncques 
an  XV*  et  au  xvi*  s.  Utilise  un  grand  Bombre  de  pièces  d'arcbivesj.  — 
CarlGfiiJEKBBBa.  Étude  sur  l'histoire  et  la  politique  agraires  en  Autriche; 
3*  art.  (expose  les  conditions  auxquelles  était  attachée  l'acquisition  de 
la  propriété  foncière  seigneuriale  dans  les  pays  bohèmes  avant  1848,  ce 
qti'oD  appelait  ia  ■  Gruodeigeathumsriehigkeit.  ■  Avant  1848,  les  noD- 
Dobles  en  étaient  exclus.  Expose  le  droit  et  la  pratique  en  usage  à  cel 
égard  depuis  le  xvni'  s.  Ges  mesures  restrictives  avaient  puur  but  de 
maintenir  la  noblesse  dans  son  ancienne  autorité  poliCique.  Depuis  1848, 
ta  noblesse  boliéme  n'a  vu,  pour  ainsi  dire,  porter  aucune  atteinte  à  son 
énorme  prépondérance  politique).  ^=  Comptes -rend  us  ;  Aviirlis,  Moderne 
Volkerkunde  (erreurs  nombreuses).  —  Cunningham  et  Arlhur.  Grund- 
Unien  der  englischen  Industrie-Gescbichte  (excellent).  —  Ehrenberg. 
DuA  Zeitaller  der  Fugger  (boa).  —  Benger.  Rumienien  (superficiel).  — 
Baieoianu.  Geacbichte  der  rumsnischen  Zollpolitik  vom  xiv  Jahrb.  bis 
1874  Ibon).  —  Mûniterberg.  Der  auswœrtige  Handel  Japans,  1542-1854 
(•ans  grande  valeur).  =  Heft  2.  Strcell.  Le  développement  économique 
el  politique  de  la  Bulgarie  depuis  1878.  —  Ziuhebmanh.  De  l'iollucnco 
dfls  milieux  sur  la  formation  de  la  population  dans  lo  doclie  de  Bruns- 
wick (exposé  très  approfondi  ;  tableaux  établissant  les  influences  exer- 
cées par  la  condition  géologique  du  sol,  les  hauteurs,  la  qualité  du  sol, 
les  champs  et  les  bois,  les  cours  d'eau,  le  commerce,  les  chemins  de 
fer,  l'industrie,  les  villes,  sur  la  densité  et  l'accroissement  de  la  popn- 


224  aiGUEILS  PjffilODIQUBS. 

iation  peadaat  an  siècle).  =  CSomptes-rendus  :  Gumplowics.  Sociologie 
und  Politik  (manqué).  —  Bematzik.  Republik  und  Monarchie  (excel- 
lent). —  Siegel.  Deutsche  Rechtsgeschichte  ;  3«  édit.  (bon).  —  Keuigen. 
Untersuchungen  ûber  den  Ursprung  der  deutschen  Stadt-Verfassong 
(bon  ;  objections  présentées  par  Liesegang).  —  Spahn.  VerfiBissungs-and 
Wirthschaftsgeschichte  des  Herzogthums  Pommern,  1468-1625  (excel- 
lent). —  Blumenstock.  Ëntstehung  des  deutschen  Immobiliar^Êigen- 
thums  ;  Bd.  I  (important).  —  Ludwig,  Der  Badische  Baner  im  xvm  Jahrfa. 
(bon).  :=  Heft  3.  0.  Hintze.  W.  Hoscher  et  sa  théorie  de  révolution 
politique  (analyse  approfondie  et  appréciation  de  la  Politik  de  Roscher, 
dont  la  2«  édit.  parut  en  1893).  —  ëberstadt.  Les  c  maîtres  par  don  de 
Roy  1  ou  «  maîtres  par  lettres  de  Roy  ;  »  histoire  de  cette  charge  ;  sa 
place  dans  ^organisation  corporative  de  la  France  depuis  le  moyen  âge 
jusqu'au  xviii"  s.  (on  désignait  par  ce  nom  les  ouvriers  qui  étaient  reçus 
par  décision  royale  dans  une  corporation  tout  en  étant  dispensés  des 
obligations  relatives  à  Tapprentissage,  au  compagnonnage  et  au  chef- 
d'œuvre.  On  a  prétendu  jusqu'ici  que  la  création  des  c  maîtres  par  don 
de  Roy  i  était  un  acte  de  l'absolutisme  royal  sous  Louis  XI  et  qu'elle 
datait  de  1461  ;  un  acte  inédit  permet  à  Fauteur  d'en  constater  l'exis- 
tence déjà  en  1388.  Au  moyen  âge,  cette  ingérence  royale  dans  le  droit 
des  corporations  a  été  bienfaisante  ;  plus  tard,  la  nomination  de  ces 
f  maîtres  »  donna  aussi  lieu  à  des  abus.  Somme  toute,  l'institation  des 
t  maîtres  par  don  de  Roy  i  a  été  très  utile  pour  le  développement  de 
la  classe  ouvrière  en  France  et  pour  les  corporations  elles-mêmes).  — 
LouTSGHiTSKY.  Los  formcs  de  la  propriété  foncière  dans  la  Petite-Rus- 
sie; 2«  art.  (à  l'aide  de  documents  inédits  tirés  des  archives  de  Kiev, 
Tauteur  décrit  certaines  formes  de  la  propriété  agraire  qui  se  sont  main- 
tenues jusqu'au  xviii"  s.,  en  opposition  avec  le  droit  écrit  dans  l'Ukraine, 
surtout  sur  la  rive  gauche  du  Dnieper).  —  £.  von  Halle.  Revue  des 
publications  récentes  sur  l'histoire  du  commerce  et  de  la  situation  éco- 
nomique à  Hambourg.  =  Comptes-rendus  :  Bûcher.  Arbeit  und  Rhyth- 
mus  (excellent).  —  Luschin  von  Ebengreuth.  CËsterreichische  Rechts- 
geschichte  (très  bon).  —  Breysig,  Geschichte  der  Brandenborgischen 
Finances,  1640-97  (excellent). 

36.   —  Jahrbflcher   flir  Nationalœkonomie    und   Statiatik. 

3«  Folge,  Bd.  XIII,  Heft  1,  1897.  —  Steinuausen.  Lettres  de  commerce 
de  la  Hanse  écrites  au  xv«  s.  (publie  huit  lettres  de  marchands  de  Riga 
adressées  à  des  marchands  de  Lubeck  et  de  Bruges,  1458  ;  elles  sont 
intéressantes  pour  l'histoire  du  commerce  à  cette  époque).  =:  Heft  2. 
0.  Seeck.  De  l'emploi  de  la  méthode  statistique  dans  l'histoire  ancienne 
(prévient  contre  l'abus  de  cette  méthode  ;  combat  les  ouvrages  de  Beloch 
et  d'£d.  Meyer).  =  Compte- rendu  :  JelUnek.  Die  Ërklœrung  der 
Menschen-  und  Bûrgerrechte  (remarquable).  ^Heft  3.  J.  Beloch.  His- 
toire de  la  population  dans  l'antiquité  (réplique  au  mémoire  de  Seeck 
dans  le  précédent  fascicule).  =:  Comptes-rendus  :  Von  Brdberg^Krezen" 
ciewski.  Johann-Joachim  Bêcher  (bon).  —  Ehrenherg.  Hamburg  und 


BECCTBItS    P^HIODIftireS. 


225 


I 


EogUnil  im  Zeitalter  der  Kônigin  ElisabeLh  (excellent).  =  Heft  i.  Eu- 
UCNBURQ.  Du  Dombre  des  éludiants  qui  onl  TréqueDlé  les  univerBÎtés 
allemandes  du  itv  au  xvti°  b.  (étude  de  statistique  très  détaillée).  ^ 
Heft  5.  RACUFtHL.  Sur  une  théorie  d'une  science  a  collectiviEle  >  de 
l'histoire  (critique  la  théorie  soutenue  par  Lamprechl  et  qu'il  tient  pour 
Gomplèiemeut  fausse.  On  ne  saurait  bannir  l'individualité  de  l'hia- 
loirej.  =  Compte-rendu  :  Wiebe.  Zur  Geschichte  der  Preis-Revolulioa 
des  XVI  u.  x™  Jahrh.  (excelleot).  =  Heft  6.  K.  Laupabcht.  L'individna- 
lUme  et  la  force  du  socialisme  psychique  en  histoire  (réplique  à 
Bachfahl). 

-  Staata-  nnd  Social wis  se  nscbafUiche  Forscbungen. 
Bd.  XV,  Heft  ?.  -~  H.  Eberstaut.  Magisterium  et  fraterniUs  (âtude 
approfondie,  et  qui  conduit  à  des  résultats  nouveaux,  sur  l'origine  des 
corporations;  l'auteur  y  a  été  amené  par  des  travaux  sur  l'bisloire  du 
droit  industriel  et  sur  les  origines  des  corps  de  métier  en  France,  pour 
lesquels  il  a  utilisé  un  grand  nombre  de  documents.  Mém.  de  241  p.).  ^ 
Hofl  3.  A.  DosEN.  Développement  et  organisation  de^  corps  de  métier 
à  Florence  au  xni'  et  au  siv»  s.  (d'après  des  documents  inédits  dont 
plusieurs  sont  publiés  en  appendice.  'Travail  de  114  pages). 

38.  —  Zeltschrlft  f&r  die  geaammte  Stants^vissenschaft. 
Jahrg.  UU,  1897,  Heft  I.  —  MiraABus.  Appréciation  critique  des 
prix  marqués  dans  l'Ëdit  de  Dioclélien,  au  point  de  vue  de  l'économie 
politique  (étude  approfondie  sur  la  manière  de  vivre,  la  nourriture,  le 
vêtement,  l'habitation  dans  le  monde  antique,  sur  le  système  monétaire 
des  Romains  à  l'époque  impériale,  sur  les  salaires  à  cette  époque  et 
leur  rapport  avec  ce  qui  était  strictement  indispensable  au.ï  ouvriers 
pour  vivre,  La  condition  de  ces  derniers  n'était  pas  trop  dcfavorable). 

39.  —  Zeitschplft  fOr  (lie  geaammte  Strafpechtswlsaenschaft. 
Bd.  XVU,  Heft  4-5.  (897.  —  P.  Fbaubnstj;!.!.  Mendicité  et  vagabon- 
dage en  Silèsie  du  xvi'  au  zvhp  s.,  d'après  des  documents  inédits 
(article  très  détaillé).  ^  Heft  6.  Id.  Le  droit  de  gr&co  an  moyen  âge 
(blsloire  de  ce  droit;  détails  sur  la  pratique  du  droit  de  grâce  et  sur  les 
personnes  qui  en  bénèGciaient  ;  de  l'efficacité  de  la  «  Fiirbilte.  »  L'idée 
que  la  grâce  appartenait  uniquement  aux  chefs  d'État  ne  s'est  formée 
qu'à  l'époque  moderne). 

40.  —  K.  Sachalsche  GeselUchaft  der  vriBsenBChaften. 
Atihandlungen  der  philoiogisch-historischen  Classe,  Bd.  XVII,  n°  5, 
1896.  —  C.  BuECHEB.  Travail  et  rythme  (mémoire  de  130  pages  sur 
Torigine  et  le  développement  du  travail  et  les  procédés  de  travail  des 
peuples  primitifs,  sur  la  forme  rythmique  du  travail,  l'importance 
Eociaie  et  morale  du  rythme  du  travail,  tes  chanta  populaires  appliqués 
à  certains  travaux,  tels  que  filer,  tisser,  ramer,  battre  le  blé,  sur  l'ori- 
gine de  la  poésie  et  de  la  musique,  sur  l'importance  du  rythme  comme 
principe  dn  développement  économique).  ^  Bd.  XVUI,  a"  1,  1897. 

^^.C  Wachsuuth.   Nouvelles  contribuLioQS  à  la  topographie  d'Athènes 
^^  Hbv.  UisTOB.  LXVI.  i«  FAsc.  15 


J 


226  RECUEILS  PriRÎODIQlTBB. 

(explique  l'importance  des  fouilles  dirigées  par  Dœrpfeld  sur  le  Tersant 
occidental  de  l'Acropole,  pour  Tintelligence  de  la  plus  ancienne  topo- 
graphie d'Athènes.  Réfute  l'opinion  de  Dœrpfeld  sur  la  situation  de  la 
«  Krene  Ënneakrunos  i  et  du  «  Lenaion.  »  Les  fêtes  athéniennes  des 
Lenaia  et  des  Anthestéries  ne  sont  pas  identiques). 

41.  —  Schriften  des  Vereins  fOr  Geschichte  nnd  Natarge- 
schichte  der  Baar  nnd  der  angrenzenden  Theile  in  Donan- 
eschingen.  Heft  9,  1896.  —  G.  Tumbuelt.  Le  comté  de  Furstemberg 
et  l'accroissement  de  son  territoire,  par  le  comte  Frédéric,  1510-59.  — 
Id.  Journal  de  l'archiviste  J.-B.  Mûller  sur  les  événements  militaires 
et  les  marches  des  troupes  à  Donaueschingen,  de  1799  à  1814  (notes 
très  détaillées).  —  Roder.  Un  procès  de  sorcellerie  à  Villingen  en  1641 
(ce  procès  a  obtenu  une  certaine  célébrité  dans  l'histoire  de  la  sorcel- 
lerie. Publie  des  documents  nouveaux).  —  E.-G.  Kuerz.  Le  traité  de 
Georges  Pictorius  de  Villingen  sur  l'élevage  des  abeilles  en  1563  (tra- 
duction et  commentaire).  —  Tuiibuelt.  Monnaies  trouvées  à  Stetten  et 
près  de  Hubertshofen  (1<»  700  bractéates  du  xm«  siècle;  2<>  22  monnaies 
d'argent,  de  1592-1674). 

42.  —  Zeitschrift  des  Aachener  Geschichtsvereins.  Bd.  XVII, 

1895.  —  A.  Pauls.  L'anneau  de  Fastrade  (ce  mémoire  a  provoqué 
l'étude  publiée  par  G.  Paris  dans  le  Journal  des  Savants),  —  A.  Car- 
TELLiERi.  Henri  de  Klingenberg,  prévôt  d'Aix-la-Chapelle,  1291-1293 
(il  fut  plus  tard  évéque  de  Constance  et  s'est  fait  connaître  comme 
homme  politique,  historien  et  poète.  Détails  sur  ses  rapports  avec  Aix- 
la-Chapelle).  —  BucHKREMER.  Les  architectes  Jean-Joseph  Gouven  et 
Jacques  Couven,  1701-1780  (important  pour  l'histoire  de  l'art  dans  les 
pays  rhénans).  —  E.  Fromm.  L'entrée  et  le  couronnement  de  l'empe- 
reur Charles-Quint  à  Aix-la-Chapelle  en  oct.  1520;  récits  contempo- 
rains (étude  bibliographique  très  détaillée;  texte  des  récits  principaux, 
avec  commentaire).  —  Bellesheim.  Étudiants  d'Aix-la-Chapelle  on 
i  CoUcgium  germanicum  »  de  Rome,  1583-1789.  —  Keussbn.  Docu- 
ments relatifs  aux  villes  impériales  données  en  gage  au  daché  de 
Juliers  (deux  pièces  de  1472).  ^Kelleter.  Gens  d'Aix-la-Chapelle  pri- 
sonniers à  Alger,  1591.  —  Wissowa.  Bibliographie  des  articles  relatifs 
à  l'histoire  locale  qui  ont  paru  dans  les  journaux  d'Aix-la-Chapelle, 
de  1815  à  1890. 


43.  —  Archiv  fur  œsterreichische  Oeschichte.  Bd.  LXXXUI, 
Heft  2,  1897.  —  Kaindl.  Origine  et  développement  des  colonies  de 
Lippovanes  en  Bukovine  (les  Lippovanes  étaient  une  secte  religieuse 
qui,  au  xvii»  s.,  se  sépara  de  l'église  gréco-russe  et  dont  les  partisans 
s'enfuirent  en  grand  nombre  de  Ilussie  dans  les  pays  voisins  ;  ils  sont 
aujourd'hui  dissémines  en  Russie,  en  Prusse,  en  Autriche,  en  Rou- 
manie et  en  Bulgarie.  Détails  sur  leur  émigration  en  Bukovine  depuis 
1770,  sur  le  développement  des  colonies  qu'ils  y  fondèrent  et  snr  les 


RECUEILS   FliKIODIQrBS.  227 

panlcularilés  de  leucs  croyances  religiGusee  jusqu'au  lempe  présent. 
Publie  en  appendice  109  documents,  de  1783  à  1865).  —  Eqoeii.  La 
tainille  des  Aribones  (rocliercbes  généalogiques  fort  intéresRanles  sur 
l'histoire  primitive  de  cette  famille  et  sur  les  rameaux  qui  ea  sortirent 
plue  tard.  L'aneflre  le  plus  anciennement  connu  est  Aribo,  marquis  de 
U  Marche  orientale,  qui  vivait  ver»  l'an  'JOO;  la  demeure  primitive  da 
L  la  famille  n'était  pas  placée  dans  le  disiricl  bavarois  de  Chiem,  mais 
I  plue  au  nord,  dans  celui  d'Iseu.  La  maison  a  poussé  beaucoup  plus 
de  rameaux  qu'on  ne  le  croyait  jusqu'ici;  s'y  rattachent  en  eiTet  non 
Beulement  la  famille  des  anciens  comtes  palatins  de  Ijavière,  mais  encore 
les  familles  des  palatins  Chuno  et  Rapoto,  les  comtes  de  Lurngau  et 
ceux  de  Gcarz ,  sans  doute  aussi  les  comtes  de  Tirol.  Les  comtes 
d'Ortenburg  ont  socceilé  aux  .^ribones  dans  la  possession  du  comté  de 
la  vallée  inférieure  de  t'Inol. 

44.  —  Zeitschrlft  des  Verelns  fflr  die  Oeschlchte  Bïœhrens 
n&d  Scbleaiena.  Jahrg.  I,  Ilefi  3.  —  Janetschek.  Le  monastère  augus- 
tin  de  Saini-Tlitimas  4  Brûnn  pendant  la  guerre  de  Trente  ans  (détails 
sur  le»  maux  qu'il  souffrit  alors],  —  Bkehak.  Poteries  anciennes  trou- 
vées en  grand  nombre  &  Brùnn  (elles  sont  du  moyen  âge).  —  Rolle- 
DBa.  Pour  servir  à  l'bistoire  de  la  ville  d'Odrau  (l'emplacement  qu'oc- 
cupe aujourd'hui  cette  villes'appelaitaulrefois  Winanowet  appartenait 
aux  margraves  de  Moravie,  qui  en  firent  don  au  monastère  de  Tisch- 
nowitiE;  plus  tard  il  passa  aux  seigneurs  de  Siernberg.  Ces  derniers 
èUblireut  des  coious  allemands  sur  lo  lieu  qu'avaient  saccagé  lesTartares, 
et  c'«st  d'eux  qu'il  reçut  le  nom  nouveau  d'Oder  ou  Odrau).  — Simbicck. 
Tombes  et  inscriptions  à  iglau,  xv°'XV]u'  s.  —  Pour  servir  à  l'bistoire 
de  U  ville  de  Znaïm  pendant  la  Contre- Réforme;  d'après  des  documents 
inédits.  —  ScHHAM.  Documents  nouveaux  sur  t'bisU)ire  de  Brùnn 
(extraits  des  comptes  municipaux,  de  lEi&O  à  1700).  =  Comptes-rendus  : 
FrUdrieh.  Ueber  Kanzler  und  Urkunden  der  Markgrafen  Vladislav  und 
Premyslav  von  Miebren  (excellent).  —  ParUck.  Bclilesiou,  1"  partie 
fiemarquable). 

46.  ^  The  Athennnm.  1897,  25  sept.  —  l.  Sergeant.  Groece  in  the 
xixtli  ceutury  |livrc.  vieux  de  près  de  vingt  ans,  qui  n'a  pas  été  remis 
au  point;  intéressant  néanmoins).  —  Bridges.  Tbe  o  Opus  majus  t  of 
Boger  Bacon  (mauvaise  édition;  le  texte  fourmille  de  fautes;  la  préface 
ne  traite  presque  aucune  des  questions  que  soulève  cet  ouvrage;  est-il 
m^tae  bien  sûr  que  cet  Opus  mnjus  soit  l'œuvre  qu'avait  rêvée  Bacou?). 
=  2  ocl.  Bume.  Sir  Wulter  Raleigh  ;  tUe  britisli  duminion  of  the  West 
(bon  résumé  biographique;  l'auteur  a  ramené  son  héros  à  des  propor- 
doo s  .vraiment  historiques;  cependant  il  lui  attribue  encore  des  projets 
et  des  entreprises  qu'il  serait  bien  en  peine  de  justifier  par  des  textes). 
—  Ilatéls.  Letters  and  documents  of  the  dutch  church  of  London, 
1463-1874,  vol.  III  (publication  très  copieusel.  ^  9  oct.  A.  ff.  Johnson. 
Europe  in  the  xvith  ceutury  (beaucoup  de  faits  présentés  en  bon  ordre 


228  RgCDBILS  P^&IOOIQUBS. 

et  avec  iateiligeace,  mais  de  trop  nombreuses  erreurs  de  détail).  ^ 
23  oct.  Bedford,  The  blazon  of  episcopacy  (nouvelle  édition  très  rema- 
niée d'un  ouvrage  très  utile  pour  les  généalogistes).  :=  30  oct.  S.  R.  Gar- 
diner,  llisiory  of  the  Gommonwealth  and  Protectorate;  vol.  II,  1651-1654 
(excellente  méthode,  qui  consiste  à  suivre  toujours  d'aussi  près  que 
possible  Tordre  chronologique;  intéressant  exposé  de  la  guerre  anglo- 
hollandaise.  Blake  n'y  montra  pas  les  qualités  d'un  grand  amiral.  Il 
était  certainement  inférieur  à  Tromp).  ^  6  nov.  Ch.  S.  RyanetJ.  Sandyi, 
Adventures  of  an  english  surgeon  with  the  Turkish  army  at  PlevDi 
and  Ërzeroum  (fort  attachants  récits;  Tauteur  rend  un  éclatant  hom- 
mage aux  vertus  guerrières  des  soldats  turcs).  :=  13  nov.  M^^  J,  Dar^ 
mesteter.  The  life  of  Ernest  Renan  (livre  charmant  dont  on  ne  sait 
qu^il  faut  le  plus  louer,  du  fond  ou  de  la  forme).  —  Le  c  Cahier  d' 
roi  •   (l'historien  de  Henri  IV,  M.  Wylie,  examinant  un  point  A.  « 
l'étude  récemment  publiée  ici  môme  par  M.  Jusserand,  établit  que  S^e 
roi  d'l!]cosso  Jacques  I*"*  a  éié  l'ait  prisonnier  en  1406  et  non  en  1405;     SI 
relève  aussi  plusieurs  erreurs  manifestes  de  M.  Brown).  ^  20  no^^^. 
Ross-of'Bladensburg.  Â  historyof  the  Goldstream  guards,  1815-1825  (troj) 
long;  seule  la  part  que  prit  ce  régiment  à  la  guerre  de  Grimée     ^ 
quelque  importance).  —  Hay  Fleming.  Mary,  queen  of  Scots,  from  hcr 
birth  to  her  ûight  into  England  (très  consciencieux,  mais  ennuyeux  ; 
1  auteur  en  outre  no  dissipe  aucune  des  obscurités  qui  enveloppent 
encore  l'histoire  de  Marie  Stuart). 

46.  ^  The  Gontemporary  Revieixr.  1897,  juillet.  —  Gomtesse 
Martinengu-Gesaresco.  L'économie  domestique  dans  les  drames  grecs. 
^  Sept.  Germanigus.  La  révolte  de  TAllemagne  du  Sud  (de  l'inimitié 
que  professent  les  Allemands  du  Sud  pour  les  Prussiens  en  général  et 
en  particulier  pour  le  hobereau  prussien,  qui  parait  aujourd'hui  mener 
la  politique  impériale).  —  R.  G.  NiQHTrNOALE.  Les  saints  et  les  martyrs 
méthodistes.  —  Sir  Gharles  G.  Duffy.  La  Ghambre  des  Gommunes  il 
y  a  cinquante  ans  ;  fragment  d'autobiographie.  2«  partie,  1852-1855.  ^ 
Décembre.  Gomtesse  Martinenqo-Gesaresgo.  Le  paysan  de  la  Grèce 
antique  (d'après  Homère  et  Hésiode).  —  E.  H.  Parker.  La  Ghine  et  les 
Pamirs,  avec  une  carte  (surtout  au  xvm«  et  au  xix«  s.  Des  voies  de 
pénétration  de  la  Ghine  vers  la  région  des  Pamirs). 

47.  —  Tiie  Nineteenth  Gentary.  1897,  août.  —  Vincent  Hev^tabd. 
Réjouissances  au  temps  d'Elisabeth  (fôtes  du  couronnement  de  la  reine; 
fêtes  que  Leicester  donna  à  la  reine  dans  son  château  de  Kenilworth, 
etc.).  =:  Sept.  L.  Gourtney.  Ganning  et  la  question  d'Orient  (il  voulait 
le  maintien  de  l'empire  ottoman  et  n'avait  qu'une  foi  médiocre  dans  la 
volonté  des  Grecs  d'être  libres).  —  Marquis  de  Ruviqnv  et  Granstoun 
Metcalfe.  Le  parti  légitimiste  en  Angleterre  (origines  de  ce  parti; 
ses  tendances  actuelles).  —  Major  M.  Hume.  Gomment  le  sceptre  de  la 
mer  a  passé  à  l'Angleterre  (raconte  comment  fut  détruite  l'Invincible 
Armada).  —  Gomte  A.  de  Galonné.  L'aristocratie  française  (histoire 


HKCCBILS   PJKIOBIQIFBa.  £M 

des  titres  de  noblesse  et  de  Ih  particule  nobiliaire  depuis  la  Révolution). 
:=  Novembre.  Cmspc.  La  double  iilliaoce  et  la  triple  alliance.  —  I.ainI 
Glowes.  La  généalogie  de  Nelson  (le  premier  de  ses  ascendants  que 
Von  connaisse  était  un  manufacturier  de  Norwich  au  xvn"  siècle).  — 
J.  MoBLE¥.  Guichardin.  ^  Décembre.  Fr.  de  Pressenbé.  La  double 
alliance  et  la  triple  alliance,  et  l'Angleterre.  — Jcerqensen.  La  question 
du  âlesvÎR-HoUteîn  envisagée  an  point  de  vue  danois  (réplique  à  l'ar- 
ticle de  Max  Millier  sur  le  sujet.  Cette  ri^ptique  est  insérée  à  la  prière 
^^£aa  t  haut  personnage  qui  est  intéressé  au  c^lé danois  do  la  question;  • 
^^■r  contre-coup,  elle  répond  au  livre  de  Jensen  et  Samwer,  auquel  Max 
^^BUer  avait  emprunté  les  faits  et  ses  priocipaux  arguments). 

4B.  —  Johrbnch  ffir  achwelzerlsche  Geschichte.  T.  XXII,  1897. 

—  Rodolphe  LcotsDUEHL.  Les  réquisitions  do  Masséna  à  Zurich,  k 
Saint-Gall  et  à  Bâie,  I7D9-1800.  —  Karl  Getser.  La  Suisse  pendant  la 
guerre  de  SmalkaUlen,  —  Placido  Buetleh.  Ulrich  d'Eppensteiu,  abbé 
de  Saiot-Gall  et  patriarche  d'AquIléo,  —  Robert  Hoppei.eh.  L'alliance 
de  Berne  avec  l'évéque  de  Sioo,  17  juillet  1252. 

49.  —  Quellen  znr  SchwoiMr  Geschichte.  T.  XVU,  iSUT.  — 
0.  Hdnziker.  Récits  contemporains  des  troubles  dans  le  canton  de 
Zunch.  1794  à  1798, 

50.  —  Bulletin  de  l'Institut  national  genevois.  T.  XXIV,  1897. 

—  Eng.  RiiTEB.  DiFcours  (le  procès  de  Jacques  Gruet).  —  Cb.  nu  Bois 
Mellv.  Le  déclin  de  la  chevalerie  et  gendarmerie,  du  règne  de  Jean 
le  Bon  à  celui  de  Louis  XI  (1350  à  1483).  —  Fontaire-Bobqbl.  A  la 
mémoire  de  Nicolas  Lemaitre,  citoyen  de  Genève,  ami  de  Pierre  Fatio, 
exécuté  à  Plainpalais  le  23  août  1707.  —  Eog.  Ritteb.  La  république 
de  Genève,  d'après  Pierre  Davity.  — Ch.  on  Bois-Melly.  Uq  chapitre 

Kl  livre  de  messire  de  la  Tour  Landry,  1372. 

fil.  —  Archlvlo  délia  SooLetà  romana  di  storla  patria. 
ol-  XIX,  fasc.  i-2.  189ti.  —  8*vignoni.  Les  archives  historiques  de 
la  commune  de  Viterbe;  suite  (n"  139-2200,  1286-1300;  important); 
Eoite  au  vol.  XX  [iv<  s.|.  —  D.  Orano.  Le  journal  de  Marcello  Albe- 
rini,  1fi21-153S^  appendice  (fragment  de  son  -  Libni  dellî  rîcordi  e 
tpese,  t  1536;  mémoire  concernant  les  événements  de  l'année  1548: 
armes  et  tableaux  Rénéalogiques,  avec  des  noies).  —  V,  Capùhlanohi. 
Notes  concernant  les  monnaies  Frappées  par  le  sénat  romain  de  MBi  à 
1439;  suite  Igrosse  monnaie  d'argent),  —  G.  Tomabsetti.  De  la  cara- 
pace romaine;  suite  au  vol.  XX  (monuments  et  fouilles  d'Ostie).  — 
B.  FoNTANA.  Sommaire  du  procès  d'Aonio  Paleario  pour  cause  d'héré- 
Me,  15G9-1370  (public  le  texte  de  ce  procès,  avec  des  notes).  —  Zakelli, 
noberio  Sansoverino  et  les  tentatives  de  paix  entre  Innocent  VTII  et 
le  roi  de  Naples  (publie  deux  documenis  de  l'année  1585).  =  Biblio- 
ibie  :  C.-P.  Burger.  Neue  Forschungen  zur  aeltern  Geschichte  Roms 


230  RECUEILS  PERIODIQUES. 

(rauteur  étudie  les  relations  de  Rome  avec  les  États  étrangers,  le 
développement  de  l'État  romain-latin  et  les  origines  de  la  guerre  latine. 
Les  conclusions  en  paraissent  très  vraisemblables).  —  Schipa.  StorÎA 
del  ducato  napoletano  (tire  un  bon  parti  des  sources  et  sait  se  faire 
lire).  —  Capasso,  Topogratia  délia  città  di  Napoii  neir  xi  secolo  (beau- 
coup de  faits  étudiés  avec  soin;  résultats  importants).  —  Krah,  Der 
Reformversuch  des  Tiberius  Gracchus  im  Licbte  alter  nnd  neuer  Ge- 
schichtsschreibung  (analyse  de  cette  dissertation,  ainsi  que  de  celles 
de  E.  Meyer  et  de  E.  Gallegari).  —  Lud.-M,  Hartmann,  Ecclesiae  S. 
Mariae  in  Via  lata  tabularium  ;  pars  vetustior,  quae  complectitor  char- 
tas  921-1045  conscriptas  (très  belle  publication,  accompagnée  d'un 
album  de  21   planches  en  phototypie).  :=  Vol.  XX,  1897;  fasc.  1-2. 
G.  Glaretta.  La  princesse  Marie  Golonna-Mancini;  ses  relations  parti- 
culières avec  le  duc  de  Savoie  Gharles-Ëmmanuel  n  (ajoute  des  ren- 
seignements et  documents  intéressants  à  ceux  que  l'on  connaissait 
déjà).  —  M.  Antonelli.  Une  révolte  contre  le  vicaire  du  Patrimoine, 
Bernard  de  Goucy,  1313-1317  (Bernard  de  Goucy  était  le  lieutenant  du 
gouverneur,  Gagliardo;  sa  tyrannie  et  sa  rapacité  soulevèrent  les  gibe- 
lins d'Orvieto,  qui  faillirent  s'emparer  de  Montefiascone,  mais  furent 
repoussés  par  les  guelfes  de  Viterbe). 

62.  —  Archivio  storico  italiano.  1897,  disp.  2.  —  F.  Tocco.  Les 
Apostoliques  et  fra  Dolcino  (histoire  de  la  secte  ;  procès  et  mort  de  fra 
Dolcino;  analyse  critique  du  traité  composé  sur  son  hérésie  par  Ber- 
nard Gui  ou  quelqu'un  de  ses  amis).  —  P.  Santini.  Documents  nou- 
veaux sur  l'ancienne  constitution  de  la  commune  de  Florence  (texte 
et  commentaire  de  treize  chartes  de  1192  à  1230).  —  L.  Zdekaoeb. 
Archives  communales  de  Macerata,  dans  les  Marches;  notes  prélimi- 
naires (publie  cinq  chartes  des  xni«  et  xn'«  s.).  =  Correspondances  : 
France.  Publications  relatives  à  Thistoire  d'Italie,  1894-1896,  par  L.-G. 
Pélissier;  fin.  —  Hongrie.  Les  principales  publications  historiques  de 
l'année  1896,  par  A.  Aldasy.  =  Bibliographie  :  D.  Comparetti,  Virgi- 
lio  nel  medio  evo;  2«  édition  (excellent).  —  Ad,  Ehner,  Quellen  und 
Forschungen  zur  Geschichte  und  Kunstgeschichte  des  Missale  Roma- 
num  im  Mittelaltor.  Iter  italicum  (travail  considérable).  —  G.  Papa^ 
leoni.  Gli  statuti  del  comune  di  Darzo.  Comuni  e  feudatorî  nelTrentino. 
Privilegî  veneziani  alla  Valle  Trentina  del  Chiese  (important  pour 
l'histoire  des  communes  rurales  du  Trentin).  —  S.  Mitis,  Storia  d'Ezze- 
lino  IV  da  Romano,  con  spéciale  riguardo  ad  Aquileia  e  Trente 
(ouvrage  de  pure  compilation  ;  c'est  un  simple  remaniement  da  livre 
de  Gitterman,  avec  cette  différence  que  Gitterman,  comme  tous  les 
autres  historiens,  désigne  Ëzzelino  comme  le  troisième  des  Da  Romano, 
tandis  que  Mitis,  sans  aucune  raison  d'ailleurs,  l'appelle  le  quatrième). 
—  /.  Del  Lungo,  Florentia.  Uomini  e  cose  del  Quattrocento  (réédite, 
avec  des  corrections  et  des  additions,  ses  études  sur  A.  Politien).  — 
L,  Beltrami,  Storia  documentata  délia  Gertosa  di  Pavia  (très  intéres- 
sant). —  G,  Maizatinti,  La  biblioteca  dei  re  d'Aragona  di  Napoii  (ins- 


raiLS  rtfnioDiQUis. 
troctif).  —  //.  Varnhagen.  Lautrecho;  eine  italieniBchs  Dichlung  des 
FnnceBCO  MauLovano  aua  deu  Jaliren  1521-1523;  nebsl  einer  Ge- 
«chichle  des  fraDEôeiechen  FeldzugGs  gegea  Mailand  i.  J.  15S2  (bonne 
iotroduction  historique,  avec  l'indication  très  miauLieuBe  des  Bourcps). 

—  P.  Vayra.  La  le^enda  di  una  corona;  Carlo  Allierto  e  le  porlidie 
au^triache  (prouve  éloijuemment  la  Tausseté  de  cea  prétendues  perfidies 
eu  18211.  =  Nécrologie  :  Gabrîele  Reisa.  Federico  Stefani. 

53.  —  Apchlvio  «topico  lombarde.  Anno  XXIV,  1897,  30  juin. 

—  Stefano  Davasi.  Notes  hist'jriquea  sur  la  topographie  de  Mantoue 
au  xni>  et  au  xiv*  s.;  suite  et  lia.  —  G.-B.  Intra.  Le  monastère  de 
8.  Denedetto  Potirone  (hlBtoire  de  ce  monastère).  —  E.  Galu.  Facino 
Cane  et  les  guerres  des  Gueires  et  des  Gibelios  dans  l'Italie  sepien- 
trionale,  1360-1400;  recherches  et  documents;  1"  article.  —  D.  Sant' 
Ambrooio.  Deui  monuments  bmharda  pour  la  délivrance  de  Favîe 
as)>iêfzée  par  les  Français  en  1655.  —  In.  Le  tombeau  de  l'archevêque 
de  Milan,  Bartolomeo  Capra,  dans  la  cathédrale  de  Dâle  (cet  archevêque 
mourut  à  Bàle  en  1133).  —  G.  Gahotti,  Rapport  sur  les  objets  antiques 
qui  sont  entrés  au  Musée  archéologique  de  Milan  en  1896.  =  Bulletin 
bibliographique  de  Tbistaire  lombarde. 

64.  —  Archivio storico  per le provincle napotetane,  Anno XXII, 
fasc.  '2.  —  Gebasoli.  Innocent  VI  et  Jeanne  I  de  Naples.  Uociiments 
laéditK  des  archives  du  Vatican  ;  suite.  —  E.  Nunziahte,  Les  premières 
années  de  Ferdinand  d'Aragon  et  l'invasion  de  Jean  d'Anjou;  suite.  — 
Fahaolm.  I^e  receniiement  de  la  population  Tait  à  Naples  eo  1591, 
1593,  1595  (publie  le  teile  du  dénombrement  par  feux  et  par  per- 
sonnes).  —  Geci.  I.s  jeu  à  Naples  sous  les  vice-rois.  —  R.  Bevbbe. 
Vêtements  et  joyaux  en  usage  dans  les  provinces  napoUtaines  du  ïh» 
au  ivi°  s.  —  G.  OE  Petra.  Liste  des  monnaies  acquises  par  le  Musée 
jiational  de  Naples  à  la  vente  de  la  collection  Sambon. 
^■^  66.  —  Archivio  atorlco  siclllano.  Anno  XXI,  1897.  Fasc.  3-4.  — 
^HQ.'A.  Gabufi.  Recherches  sur  les  usages  nuptiaux  observés  en  Sicile 
Bipenilant  le  moyen  âge  (mémoire  copieusement  annoté  et  suivi  de  docu- 
menls  inédite}.  —  8.  Rohano.  La  construction  de  la  tour  do  Ligne  et 
les  soulèvements  populaires  du  Trapani  en  1673  (cette  tour  a  été  élevée 
en  1671  par  le  vice-roi,  prince  de  Ligne,  pour  défendre  le  littoral  contre 
l'ennemi  extérieur,  en  particulier  contre  les  Turcs,  et  non  pour  tenir 
en  bride  les  habitants  de  Trapani).  —  V.  m  Giovanni.  La  copie  des 
diplAmea  du  monastère  du  ■  Presbitero  Scbolaro  •  de  Messine  (publie 
le  texte  de  cette  transcription).  —  Salomonb-Marino.  Notes  sur  l'his- 
toire  de  la  Sicile  du  xiv«  s.  au  xix*.  Seconde  série  (1"  une  victoire  et 
nne  défaite  de  l'armée  ottomane  décrites  dans  deux  estampes  sici- 
liennes du  XVI*  s.;  2"  inventaire  des  biens  de  don  Berlinghieri  Reque- 
sensl.  =  Bibliographie  :  Al.  d'Ancona.  Cariepgio  di  Michèle  Amari, 
coir  elogio  di  lui.  —  C.  Manfroni.  La  marina  mdilare  del  Granducalo 
xnediceo  (bon).  —  R.  Accademia  Peloritana.  Gommemorusione  del 


232  E£G0£ILS  P<aiODIQ0ES. 

IV  centeaario  di  Praacesco  Maurolico,  1894  (volume  important  consa- 
cré à  la  mémoire  d'ua  mathématicien  célèbre  du  xvi*  s.,  né  à  Messine 
en  1494  et  mort  en  1575).  —  Magani.  Degli  scritti  di  Mgr  Isidoro 
Garini. 

56.  —  Naovo  Archivio  Teneto.  Anno  Vil,  n*  26.  Tome  XHI, 
2«  partie,  1897.  —  G.  Berghet.  L'adresse  des  Véronais  à  8.  M.  Victor^ 
Emmanuel  (adresse  envoyée  au  roi  de  Sardaigne  après  que  la  paix  de 
Villafranca  eut  rétabli  le  joug  autrichien  à  Vérone;  cette  adresse,  rédi- 
gée par  Pietro  (Portes,  fut  copiée  en  cinq  exemplaires  pour  chaque 
membre  du  (Comité  secret  de  Vérone,  et  les  signatures  recueillies  secrè- 
tement par  chacun  d'eux.  Donne  le  texte  de  cette  adresse  et  les  noms 
des  signataires,  qui  risquèrent  leur  vie  pour  afGrmer  leur  attache- 
ment à  la  patrie).  —  Ant.  Medim.  La  chronique  de  Bartolomeo  Gatari, 
d'après  le  ms.  262  de  la  Bibliothèque  nationale  à  Paris  (Bartolomeo  a 
écrit  cette  chronique  pour  faire  suite  à  celle  de  son  père  Galeazzo  ;  son 
œuvre  commence  en  1358  et  continue  jusqu'en  1407.  Rapports  entre  la 
chronique  de  Bartolomeo  et  celle  d'Andréa,  son  frère.  Variantes  four- 
nies par  le  ms.  de  Paris  aux  parties  du  texte  déjà  publiées  par  Mura- 
tori).  —  V.  Lazzarini.  Marine  Faliero.  La  conjuration;  suite  et  fin  (en 
appendice  des  tables  généalogiques  et  quelques  documents).  —  Ant. 
Spaonolo.  Histoire  littéraire  de  la  bibliothèque  capitulaire  de  Vérone; 
1896.  —  G.  GiPOLLA.  Publications  relatives  à  l'histoire  de  l'Italie  au 
moyen  âge  ;  1895.  =  Comptes-rendus  :  Cola.  G\ï  studenti  bormiesi  ail' 
università  di  Padova  (bon).  —  ManfYoni.  Storia  délia  marina  italiana 
dalla  caduta  di  Gonstantinopoli  alla  battaglia  di  Lepanto,  t.  I  (très 
utile). 

57.  —  Rivista  storica  italiana.  Vol.  II,  fasc.  3,  1897,  mai-juin. 
—  Pollini,  Notizie  storiche,  statuti  antichi,  documenti  e  anticbità 
romane  di  Malesco,  comune  délia  valle  Vigezzo  neir  Ossola  (excellent; 
mais  consacrer  700  pages  à  une  commune  qui  ne  compte  pas  aujour- 
d'hui  800  âmes,  c'est  beaucoup  !).  —  Sorricchio,  Sulle  probabili  origini 
Abruzzesi  (la  population  des  Âbbruzzes  est  d'origine  pélasgique  ;  or,  le 
mot  de  Pélasges  veut  dire  :  étrangers,  Hétéens,  donc  cette  population 
est  d'origine  asiatique  et  hétéenne!).  —  Allcroft  et  Mason,  The  tuto- 
rial  history  of  Rome  to  14  A.  D.  (simple  manuel  pour  l'étude  de  l'his- 
toire romaine  dans  les  classes,  mais  mis  au  courant  des  plus  récents 
travaux).  —  L,  Borsari,  Topografia  di  Roma  antica  (excellent).  —  Testa. 
Pandolfo  Gapodiferro  fra  gli  eventi  del  suo  tempo  961-981  (bon).  — 
Schipa,  Pei  nomi  Calabria,  Sicilia  e  Italia  nel  medio  evo  (réponse  aux 
critiques  de  Grivellucci;  ces  critiques  sont  sans  force).  —  P.  Valente. 
Il  commune  astigiano  e  la  lotta  contre  Federico  I  (travail  soigné; 
Gabotto  présente  d  assez  graves  objections).  —  Gabotto.  Accenni  inediti 
di  storia  politica  subalpina,  1292-1410,  dai  conti  e  dai  registri  délia 
curia  del  comune  di  Pinerolo.  —  Ftlippi.  Dell'  arte  délia  lana  in 
Savona  nei  sec.  xiv  e  xv  (publie  quelques  documents  intéressants).  — <• 


^ 


KECDBILS  FéHIODIQDES.  233 

7.  Joppi.  Lettere  storiche  dall'  anna  1508  al  1528  di  Girolamo  6avor- 
gnano,  colla  vita  e  documeoti  cootemporanei.  —  Pralo.  Il  Parco  vec- 
chîo  e  il  campo  dplla  baita^lia  di  Pavia  (excellent).  —  Bosi.  Documenti 
genovosi  sqU'  assedio  di  Sieoa  (utile).  —  fl.  de  IJinojosa.  Los  despachos 
de  la  dîplomacia  pontiGcia  en  Espaiîa,  t.  I  (important  pour  l'œuvre  de 
la  diptumatie  poniiGcale  en  Espagne  de  1450  à  1605).  —  Fiarini  et 
BtiUurini.  Chî  inventô  la  baodiera  tricolore?  (les  trois  oouleurg  ita- 
liennes apparaissent  pour  la  première  fois  dans  le  plan  d'organisa- 
tion do  la  lépon  lombarde  en  octobre  1796;  l'année  suivanle,  elles 
furent  adoptée?  par  la  république  cisalpine).  ^  Fascicule  4,  juil- 
lei-aoUt,  Ed.  Durando.  Il  tabeltionato  o  notariato  (beau  travail,  qni 
embrasse  toute  rbî?loire  du  notariat  depuis  l'époque  romaine;  pourles 
temps  modernes,  l'auteur  étudie  surtout  la  législation  sarde,  qui  est 
devenue  celle  de  l'Italie  en  ce  qui  concerne  le  notariat).  —  Maddio. 
Notifie  sloricbe  del  comune  di  Gassino.  —  Pannelta.  Cenni  biograiici 
di  alcuni  uomini  illuslri  délia  provincia;  t.  II  (il  s'agit  de  la  province 
de  Teramo).  —  Fr.  Savini.  Délia  famiglia  Teramana  di  Valle,  domina- 
trice dp|)«  palria  nel  sec,  irv  (fait  d'après  les  riches  archives  de  Teramo). 
—  Annuarto  délia  nobilità  iUliana,  aono  XIX.  —  L.  Schiaparelli. 
Origitii  del  comune  di  Biella  (bon).  —  G.  Maiialinti.  La  bihiioteca 
deî  r6  d'Aragona  in  Napuli  (excellent).  —  Mastrojanni.  Sommario  degU 
atti  délia  cancelleria  di  Carlo  VIII  a  Napoli  (très  intéressant).  —  Cam- 
pagne del  principe  Eugénie  di  Savoîa,  vol.  V-IX.  —  Il  Monténégro,  da 
relazioni  dei  provveditori  Teneli,  1687-1735  (texte  important,  tiré  k 
petit  nombre).  —  Schipa.  Un  ministro  napoletano  del  sec.  ïviii  :  D.  Ca- 
racciolo  (très  intéressant).  —  Ouvrages  relatifs  à  la  période  de  la  Révo- 
lution française,  1798-IS15,  et  i  celle  da  »  Hisorgimento,  >  1815-1896. 


68.  ^Hiatorlsk  Tidsskrlft.  6*  série,  vol.  VI.  —  Matzbn.  Leges 
"Waldemari  Hegis  (ce  sont  des  lois  du  temps  de  Valdemar  II  ;  l'ordon- 
nance dite  d'Abel-Chri.'îlophe  date  du  règne  d'Abel,  et  non  de  1241, 
comme  le  prétend  M.  Holberg.  Polémique  à  ce  sujet  enlre  les  deux 
auteurs  dans  les  numéros  suivants).  —  Ladridsen.  Usages  suivis  dans 
la  construction  des  maisons  de  paysans  en  SIesvic  (polémique  avec 
H.  Mejborg.  qui  se  continue  dans  les  numéros  suivants).  —  Job.  Steens- 
Taup.  A  quelle  époque  remonte  l'origine  des  Danois  en  Danemark? 
(études  sur  la  force  démonstrative  des  matériaux  archéologiques.  La 
nationalité  n'a  jamais  pu  être  prouvée  par  des  objets  trouvés  ni  à 
l'étranger  ni  en  Danemark.  On  ne  peut  faire  remonter  les  Danois 
qu'aux  premiers  siècles  après  J.-C.),  —  Mackepbano.  Les  fiefs  princiers 
eu  Danemarfa  (ils  datent  des  fonctions  comme  Jarle  dans  les  provinces 
froDliires  et  semblent  avoir  été  héréditaires.  Les  droits  et  devoirs  des 
fendataires).  —  Kr.  Ehslev.  Constitutio  Valdemariana  (prouve  l'au- 
thenticité de  ce  célèbre  article  de  13?6).  —  Steenstritp.  Les  noms  des 
dieoz  dans  les  noms  de  lieu  [règles  générales  sur  la  formation  de  ces  noms 


234 


UCCBILS   riEBIODIQUBB. 


de  lieu;  ils  ne  sont  composée  qu'avec  des  Dome  pris  de  la  oatara^ 
comme  ruiESeau,  culline,  etc.,  ou  avec  les  dénomiDationa  de  templ»^ 
jamais  avec  les  mois  villes,  hameaux,  elc),  —  Erslbv.  Recherches  sot: 
l'époque  (le  la  domiaaiion  des  Holsleinuis,  1325-40  |de  l'eadroil  où  /qk-  ^ 
livrée  la  bataille  de  1325;  l'échange  des  provioces  en  1340.  Le  comt^ 
Gerhard  ne  St  pas  une  coQceasîon  en  cédaut  la  Jutland  au  duc  Valde — _ 
mar.  Polcmique  sur  cette  assertion  entre  l'auteur  el  Jœrgensen  dan^ 
les  numéros  suivants).  —  Jon  Jonsson.  Le  gouvernement  danois  el  1^^  i 
commerce  monopolisé  en  Islande  (les  plaintes  au  sujet  de  l'abus  dt^-  ~ 
monopole  par  le  gouvernement  au  détriment  des  Islandais  sont  iain^^ 
aocun  Fondement.  Les  Islandais-  eux-mêmes  craignaient  l'affranchieec 
ment  du  commerce).  —  Hans  Olrik.  Recherches  concernant  répoqu^L__j| 
des  tils  de  Valdemar  U.  —  Matzen.  L'ordonnance  de  1276  et  le  jnc^^^ 
Worihffid.  =:  Comptes- rend  us  :  Sckàfer.  Geschiciite  vou  Oienemark,  I^^^; 
(excellent).  —  Bochtruh.  Un  corps  danois  en  Italie  et  en  Hoiigr^S..p, 
nOI-9  (bon).  —  A.-D.  Jœrgetam.  Christian  VIII  et  la  question  ^e 
Slesvic  (original),  —  Jvl.  Clausen.  Frédéric  Christian,  duc  d'Auge»  »- 
tenburg  |ban).  —  Holberg.  Roi  et  assemblée  des  Danois  au  xiii*  siëi=.k- 

—  Schuxilm.  Hermann  Korner.  —  Schwerin.  Helgoland  (ces  livre»  b«3»iW 
excellent6|.  —  Bussche-Kesid.  La  coralesse  Élise  de  BenstorlT  (intér^**" 
sanl).  —  J.~0.  Andersen.  Holger  Rosenkrantz  (excellent).  —  Ma^^'*' 
prang.  Bibliographie  historique,  1894-95.  ^  7°  série,  vol.  I,  cab.  1-  -« 
Jul.  Clausen.  Hommes  de  lettres  français  à  Copenhague  sous  le  të^^ 
de  Frédéric  V  (La  Beaumelle,  Mallet,  Hoger,  des  Roches  de  ParteC*^''^ 
Reverdil),  —  9.  Nïoaaru.  Noms  do  lieux  et  de  personnes  en  Danena  ^"^ 
(les  noms  avec  tes  terminaisonit  en  Uf  6l  sied  sont  composés  avec? 

plus  anciens  noms  de  personnes,  les  noms  en  tnrp.  balle  daienC      ^ 
l'époque  chrélifnne).  —  Zahbtmaks.  Les  Suédois  de  l'île  de  Bornhc^^ 
en  1658  (le  gouverneur  suédois  Printzeoslcœld  n'était  pas  cruel). 
E.  Madseb.  L'infanterie  des  armées  danoises  au  XVI' siècle.  ^=  Compt.-^^^ 
rendus  :  G.  Bang.  La  déchéance  de  l'ancienne  noblesse  danoise  (étuC^ 
intéressantes  et  originales,  mais  résultats  erronés).  —  Nouvelles  de 
science  historique  en  Danemark  et  A  l'étranger. 

69.  —  Danske  Magasin.  5"  série,  vol,  III,  cah.  4.  —  O.  NtEUS'^' 
Documents  relatifs  à  l'histoire  de  Copenhagae  au  milieu  du  xvii*  siècle 

—  BoBÈ.  Rapports  adressés  par  le  résident  H.-C.  MeiniR  au  gouverna— "" 
raent  des  villes  Hanséaiiques  en  1770-72.  —  E.  Hoi.«.  Exposé  de  la  ^ 
grande  guerre  du  Nord  par  le  ministre  Dillev  Wibe.  —  W,  CbristeH- 
BBH.  Documenta    relatifs  à  l'histoire  de    l'cvéché  de    Roeskîlde  sous 
Niela  Bkave. 

60.  —  Aarbœger  for  nordisk  Oldkyndlghed.  1896.  —  Bunkbr- 
BEso.  Antiquités  prémycéniques.  —  Kaaluno.  VHiitoria  de  profeetiom 
Danortirti  in  terram  tanclam  appartient-elle  à  la  littérature  danuisel^ 
(non,  l'auteur  est  norvégien  el  sans  doute  identique  avec  l'auteur  de 
Theodoriei  monachi  hûtorta).  —  Lauridsen,  La  formation  des  a 


RECUEILS  PÉRIODIQUES.  235 

villages  danois  (études  intéressantes  sur  d'anciennes  cartes;  l'auteur 
prétend  que  la  répartition  des  terres  d'un  village,  connue  des  lois  du 
moyen  âge,  ne  date  pas  du  temps  de  l'immigration  ni  de  la  coloni- 
sation, elle  est  due  à  une  régularisation  qui  eut  lieu  au  moyen  âge).  — 
L.  Daae.  Études  sur  t  le  miroir  des  rois  »  (date  d'environ  1250  et 
semble  écrit  par  le  maître  Guillaume).  —  Uldall.  Églises  du  Jutland 
en  granit  (la  plupart  sont  du  xiip  s.).  =  1897.  Fabrigius.  Expéditions 
des  Normands  en  Espagne. 

61.  —  Oversie^  over  Videnskabernes  Selskabs  Forhandlin- 
ger.  1896.  —  Hoeffding.  L'influence  de  Rousseau  sur  la  forme  défini- 
tive de  l'éthique  de  Kant  (elle  a  été  considérable).  —  Œstrup.  La  des- 
cription de  l'Egypte  par  Omar  ibn  Muhammed-al-Kindi.  —  Fridericia. 
Remarques  sur  l'économie  politique  de  Christian  IV  et  sur  ses  relations 
avec  la  bourgeoisie  jusqu'en  1625.  —  Joh.  Steenstrup.  Recherches  sur 
les  anciennes  divisions  du  Danemark.  ^  1897,  cah.  1-3.  Jap.  Steens- 
trup. Contributions  à  l'étude  des  bractéates  trouvés  dans  les  pays 
Scandinaves  (ils  sont  d'origine  orientale,  un  exemplaire  porte  une 
inscription  en  lettres  hindoues).  —  J.-L.  Ussing.  Sconica,  à  propos  de 
l'ouvrage  de  MM.  Dœrpfeld  et  Reisch  sur  le  théâtre  grec. 

62.  —  Videnskabernes  Selskabs  Skrifter.  6«  série,  section  des 
lettres,  vol.  IV,  n®  3.  —  J.-L.  Ussing.  Observations  sur  Vitruve  et  sur 
le  temps  où  peut  avoir  été  écrit  l'ouvrage  qui  porte  son  nom  (Vitruve 
n'était  pas  un  architecte,  mais  un  lettré;  il  ne  vivait  pas  à  Rome  du 
temps  d'Auguste,  mais  sans  doute  à  Ravenne,  au  ni«  s.  ou  plus  tard). 


236  CHRONIQUE   ET  BIBUOGKiPHIB. 


CHRONIQUE  ET  BIBLIOGRAPHIE. 


France.  —  M.  A.  Bardoux  est  mort  le  23  novembre,  à  Page  de 
soixante-sept  ans.  Nous  lai  consacrerons  dans  le  prochain  naméro 
une  notice  détaillée. 


—  MM.  Dbveria  et  Babelon  ont  été  élus  membres  de  l'Académie 
inscriptions  et  belles-lettres. 

—  Dans  le  rapport  du  secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  (l^'  semestre  de  1897),  nous  voyons  que  le  t.  X 
et  dernier  des  Œuvres  de  Borghesi  vient  de  paraître  ;  il  complète  le  t.  IX. 
Ces  deux  volumes  contiennent  deux  mémoires  inédits  sur  les  préfets 
de  Rome  et  les  préfets  du  prétoire  que  Borghesi  avait  laissés  inachevés 
et  qui  ont  été  menés  à  bonne  fin  par  MM.  de  Villefosse  et  Guq.  —  Sur 
les  fonds  de  la  donation  Plot,  l'Académie  a  fait  publier  le  t.  IV,  3«  fasc., 
des  Monuments  et  Mémoires,  le  Catalogue  des  v<ises  antiques  du  Louvre, 
publié  par  M.  Pottibr,  et  le  Catalogue  des  camées  de  la  Bibliothèque 
nationale,  publié  par  M.  Babelon.  —  Le  t.  XXIV  des  Historiens  des 
Gaules  et  de  la  France  verra  sans  doute  bientôt  le  jour,  car  le  texte  est 
imprimé  en  entier,  on  achève  la  revision  des  tables  et  on  prépare  l'in- 
troduction. —  Enfin  l'impression  des  Rouilles  et  des  Obituaires  est  pous- 
sée avec  une  grande  activité  sous  la  direction  de  M.  Longnon. 

—  Le  tome  II  des  Études  d'archéologie  orientale,  par  M.  Glermont- 
Ganneau,  vient  de  se  terminer  avec  les  livraisons  24-29  (Bibliothèque 
des  hautes  études.  Bouillon,  fasc.  il3,  in-4<>);  elles  contiennent  la  fin 
du  mémoire  sur  les  stèles  araméennes  de  Neîrab,  que  l'auteur  est  dis- 
posé à  attribuer  au  règne  de  Nabonide. 

—  Le  24«  fascicule  du  Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines 
(Hachette)  contient  entre  autres  mémoires  les  suivants  :  Horae,  par  J.*A. 
Hild;  Horologium,  par  Ë.  Ardaillon;  Horreum  (avec  le  plan  du  port  de 
Trajan),  par  H.  Thédenat;  Hortus,  par  6.  Lafaye;  Hospitium,  par  Gh. 
LÉGRiVAni;  Hydraulus  (orgues  hydrauliques),  parG.-E.  Ruelle;  Hygieia, 
par  H.  Lechat;  Hymnodus  et  Hymnus,  par  Th.  Reinach;  Hypotheca,  par 
Éd.  Guq;  lliacae  tabulae,  par  Et.  Mighon;  Illustres,  vir  illustris,  par 
G.  Jullian;  Imago,  par  Gourbaud. 

—  Ghargé  de  publier  pour  la  Société  des  Anciens  textes  français  la 
Prise  de  Cordres  et  de  Sebille,  chanson  de  geste  du  xn«  siècle  (F.  Didot), 
M.  Ovide  Densusianu  a  dû  rechercher  quels  pouvaient  être  les  éléments 
historiques  de  ce  poème.  Il  a  conclu  que  c'est  une  pure  fiction,  sans 
aucune  base  réelle.  Mais,  en  même  temps,  il  a  été  amené  à  étudier  les 


CHlOIflUOB  ET  BtBLlMlAFHII. 


237 


lattes  des  Français  contre  les  Sarrasins  en  Espagae  ei  il  a  préE^nté 
diverses  ubaervaiions,  dont  les  historieas  devroat  tenir  compte,  sur  la 
prise  de  Barcelone  par  Cbarlemagae  el  la  façon  dont  cet  événement  est 
raconté  dans  les  Carmina  in  honorem  Iliudowiei  d'Ernioldus  Nigellus, 
sur  la  conquête  de  Tortose  on  811  et  de  Barbaste  en  lO&t  ou  1065,  sur 
la  défaite  que  les  BarrasiuB  Brent  éprouver  aux  troupes  chrétiennes 
sous  les  murs  de  Fraga  en  1134  et  sur  le  témoignage  qu'en  a  conservé 
Orderic  Vital.  Ces  faits  liislorlques  ont  donné  naissance  à  autant  de 
poèmes  qui  sont  venu»  se  foodre  dans  le  cycle  de  Guillaume  d'Orange. 
Quant  au  personnage  d'Aimeri,  qui  joue  un  si  grand  rôle  dans  l'épopée, 
M.  Densusiaou  incline  à  penser  qu'il  n'est  autre  que  le  comte  Aimeri  II 
de  Narbonne,  tué  à  la  bataille  de  Fraga. 

—  Les  Rtgistres  d'Innocent  IV,  publiés  par  M.  Ëlie  Behoeb,  viennent 
d'être  terminés  avec  le  II*  fascicule  (Fontemoing).  Le  chiffre  total  des 
actes  analysés  ou  publiés  in  extenso  est  de  3,352.  Celte  importante  réu- 
nion de  documents  n'attend  plus  pour  pouvoir  être  consultée  avec  fruit 
qu'une  bonne  table.  —  La  table  et  l'introduction  des  RegUlrn  il'Hono- 
rtiw  IV,  après  avoir  très  longtemps,  trop  longtemps  attendu,  sont  enfin 
MUS  presse;  elles  paraîtront  prochainement. 

—  Vient  enfin  de  paraître,  dans  la  CoHecliun  des  documents  inédits, 
le  poème  français  d'Ambroise  sur  la  troisième  croisade.  Le  texte  de  cette 
longue  chronique  riœée  est  précédé  d'une  importante  préface  par 
M.  Gaston  Paris.  Noue  y  reviendrcms.  —  Dans  la  même  collection  a 
paru  aussi  le  l.  VI  de  la  Correspondance  de  Catherine  de  Médicis,  publié 
par  M.  Baoubnaui.t  db  Puchbsse,  qui  a  pris  la  suite  du  gros  travail 
commencé  par  le  comte  H.  de  la  Ferriére. 

—  M.  limile  Cukvi.uu,  qui  avait  publié  l'an  dernier  un  volume  sur 
les  Anciennes  corporations  des  médecins,  chirurgiens  et  apothicaires  de 
Mural  [1680-1776).  vient  d'en  consacrer  un  nouveau  aux  pharmaciens 
de  Bordeaux  :  Histoire  de  la  corporation  des  apothicaires  de  Bordtaux,  de 
l'enseignement  et  de  l'exercice  de  la  pharmacie  dans  celte  ville  {1355-1802) 
(Bordeaux,  A.  MoUai;  Paris,  A.  Picard.  138  p.  in-S".  Prix  :  7  fr.  50). 
11  y  expose,  en  s'appuyant  sur  des  documenta  inédits,  t' organisation 
lie  la  confrérie,  sa  police  intérieure  lluttes  contre  les  chirurgiens,  les 
moioes,  les  jurais),  son  régime  financier,  ses  dernières  années  et  sa 
euppresEÎon;  un  cbapitre  (le  9*)  est  consacré  à  t  une  boutique  d'apo- 
Lbicaire  au  xvi'  siècle  i  et  de  jolies  planches  nous  donnent  le  dessin  de 
faïences  et  de  mortiers  du  xvi»  au  iviii°  siècle. 

—  M.  Dast  le  Vacher  de  BoisvaLE  a  publié  dans  le  Bulletin  du 
eamilt  des  travaux  historiques  (Itidti)  et  à  part  plusieurs  documents  iné- 
dite relatifs  à  Simon  Millanges,  imprimeur  à  Bordeaux  de  1572  à  1623. 

—  La  librairie  Pion  a  publié  récemment  un  ouvrage  de  M.  Oscar- 
Gusiave  de  Bbidenbtau  sur  Une  smur  du  grand  Frédéric,  Louise- l'irigue, 
reine  de-  Suéde.  M.  Fritz  Arnbeih  se  plaint  dans  la  IHslorisclit  Zeitschri/t 

.  LXSX^  Ueft  1,  déc.  1897)  d'avoir  été  impudemment  pillé  par 


388 


CBRO:iIQUE    ET    BIBLIOr.BiPRIB. 


l'anlaur.  Il  lui  avait  gracieusement  communique,  non  wulemeDV divef^ 
mémoireB  inBérés  dans  les  Forsehungm  tar  llrandenb.  u.  Prtust.  Gr 
ichiehte,  mais  lea  copies  de  pièces  numlireuses  copiées  par  lui  au^= 
archives  de  Berlia,  de  Btockbolm  et  d'Upsal  et  doat  il  s'était  formelle  ^ 
meut  réservé  la  publication;  or,  M.  de  Beidenstam  a  publié  ces  piêce^c: 
comme  s'il  les  avait  trouvées  lui-même,  et  nulle  part  il  n'a  même  cil 
lenomde  M.  Arnheim.  M.  ArnlieimprèvientenBn  le  public  savant  qut 
les  documenta  pablié!-  par  M,  do  HeidcQSlatn  méritent  peu  de  conliance, 
parce  qu'ils  ont  été  maintes  fois  tronqués,  interpolés  ou  adultérés  avea 
ia  plus  arbitraire  fantaisie. 

—  M.  Lucien  Marcheix  a  publié  dans  l'Arliitt  «  à  part  (Leroni,; 
181  p.  in-4'')  un  très  piquant  el  intéressant  récit  du  voj-age  A'Un  Par^ 
lien  |J.-J.  Bouchard)  à  Rome  et  à  Kapics  en  1632,  avec  de  nombreus^^^ 
citations  eucadrées  dans  un  excellent  texte  explicatif. 

—  M.  Eugène  Duval,  avocat  général  k  la  Cour  de  cassation,  a  cho^^g,' 
■  pour  sujet  du  discours  qu'il  a  ^té  charge  de  proDoncer  il  l'audience     «de 

rentrée  du  16  octobre  tH97  la  Préparation  des  Ordonnances  dt  i661  et 
de  ÎG70  et  Guiltaume  d»  Lamoignon  (Paris,  Marchai  et  Billard,  Ul8  p- 
in-S").  Sans  insister,  plus  que  la  circonstance  ne  l'exigeait,  sur  la  p^tr- 
tie  parement  juridique,  il  u  tenu  à  montrer  avec  quelle  passion  de  c^n- 
traUsation  monarchique,  dans  quel  esprit  d'hostilité  pour  le  Parletxx^"^ 
de  Paris,  Colbert  et  Pussort  dirigèrent  les  premiers  travaux  et  *^ 
discussions  préliminaires,  puis  avec  quel  art  Lamoignon,  premier  p*^' 
sident  du  Parlement,  réussit  k  impuser  à  ces  fougueux  serviteur^  ^ 
la  royauté  sa  collaboration  et  jusqu'à  un  certain  point  son  conlf"^^ 
aes  luttes,  pour  adoucir  la  rigueur  d'une  procédure  qui  livrait  le  f^ 
venu  sans  défense  aux  mains  de  juges  sou  veut  impitoyables,  lanobl^ 
d(t  son  caractère  et  de  sa  conduite.  Plusieurs  documents  nouveaux 
permis  à  M.  Ûuval,  toujours  égal  à  lui-même  dans  toutes  tes  élix- 
qu'il  aborde,  de  préciser  certains  traits  de  cette  belle  Ggure. 

—  Les  plus  récentes  livraisons  de  VAilai  universel  de  géogrt 
publié  par  MM.  Vivien  de  SAiBT-MAnim  ot  ScHaAOBB  (Hachelle| 
tiennent  la  fin  de  la  carte  de  Franco  |6°  feuille,  région  du  suil-oni 
et  la  carie  do  l'Afrique  politique,  oii  sont  marquées  les  limites  Bx< 
par  les  nations  européennes  jusqu'au  30  sept.  1897. 

—  A  la  même  librairie  est  paru  le  t.  XUI  des  Mémoires  de  Sait 
Simon,  publiés  par  M.  A.  de  Roislisi.e;  il  contient  les  années  1705 
1706.  En  appendice,  outre  les  Additions  de  Sainl-Himon,  le  savant 
leur  a  publié  une  lettre  de  Ninon  de  Lenclos  à  la  marquise  de  VilleL.' 
el  une  donation  d'elle  à  son  fils,  plusieurs  documents  relatifs  aux  Ve* 
dôme  el  au  maréchal  de  Tessé,  des  Mémoires  d'économie  politique  ^ 
de  philosophie  de  M.  de  Bélébat,  divers  arrêts  et  pièces  concernai 
Sainl-Simon. 


-  La  librairie  A.  Colin  a  mis  en  vente  le  t,  IV  de  VHiiloirt  de 


«^- 


CHKOHIQDB  ET   BtBlIOGUPBrE. 


239 


iançtte  et  de  la  lUléralure  fYançaùe.  qui  se  rapporte  au  xvn'  siècle  (pre- 
mière partie,  )60i-l660),  et  le  t.  VI  des  Discours  el  Opinioiu  de  Julei 
Ferry.  1880-1885. 

—  M.  le  D'  A.  CoBRE,  ancien  arcbivigle  de  la  ville  de  Brest,  vice" 
prÉ-sideni  de  la  Société  d'archéologie  du  Finistère,  vient  de  publier,  k 
50  exemplaires,  pour  la  Société  de  l'Histoire  de  la  Révolution,  un  choix 
lies  Papiers  du  générai  A  .-JV.  de  ta  Salle,  relatife  à  Saint-Domingue  (f  792- 
(793)  (Quinipor,  Cotonnec,  18'J7,  in-8»,  251  p.j.  Ces  papiers,  qui  appar- 
tiennent aux  archives  municipales  de  Drest,  Torment  a  deux  registres 
et  plus  de  t,500  pièces,  mémoires,  rapports,  élAts  militaires,  lettres 
originfties  d'hommes  célèbres  (Rocliambeau,  Laveaux,  Polverel,  San- 
thonaii.  I  Ils  furent  évidemment  saisis  à  l'arrivée  du  général  à  Brest, 
sur  l'ordre  des  représentants  du  peuple  en  mission.  La  Salle  avait  pré- 
cédé La  Fayette  dans  le  commandement  de  la  garde  nationale  en  1789. 
U  représente  assez  bien  le  type  des  aristocrates  ralliés  aux  idées  nou- 
velles; mais  il  ne  perd  jamais  l'occasion  de  soutenir  ses  intérêts. 

—  La  librairie  A.  Ourlacher  vient  de  publier  le  cinquième  et  dernier 
volume  du  l'Htstoire  îles  Juifs,  de  Graetz,  traduit  par  M.  Moïse  Bloch. 
Ce  volume,  qui  va  de  l'époque  de  la  Réforme  (15001  jusqu'à  1880,  est 
précédé  d'une  Préface  par  M.  Zadoc  Kash,  grand  rabbin  de  France,  et 
se  termine  par  un  Index  alphabétique  des  cinq  volumes. 

—  On  trouvera  des  détails  inléressanls  sur  l'histoire,  l'éliulogie  el  la 
propagation  de  la  peste  dans  l'ouvrage  du  D'  Pboust  sur  ta  Offense  de 
^Europe  contre  la  Peste  et  ta  Conférence  de  Venise  en  1397  (Masson). 

—  Presque  au  moment  même  uù  paraissait  la  belle  édition  du  manus- 
crit original  des  Pensées  de  Pascal,  par  M.  Michaut,  un  autre  norma- 
lien, M,  tintiMscHviQc,  donnait  une  éditiun  classique  des  Optiseutes  et 
Pensées  (Hachette)  excellente  de  tous  points,  comme  texte,  introduc- 
tion et  notes. 

—  M.  J.  Laude  vient  de  donner  une  excellente  traduction  revue  par 
l'anteur  et  considérablement  augmentée  de  l'excellent  Manuel  de  biblio- 
Ihteonomie  {Welter),  de  A.  GmeseL.  C'est  le  traité  le  plus  complet  et 
to  plus  compétent  sur  la  matière. 

—  A  Moutreuil-sur-Mer,  subsistait,  au  ivm*  siècle  encore,  une 
société  de  marchands  privilégiés,  qu'on  nommait  ta  gliilde.  L'ensemble 
de  ses  prérogatives  constituait  une  sorte  de  fief,  pour  lequel  la  corpora- 
tion rendait  hommage  au  roi  de  France  et  lui  offrait  divers  objets, 
quand  le  souverain  passait  dans  la  ville.  Montreuil  faisait  partie,  au 
xiv*  siècle,  de  la  grande  hanse  du  nord  de  la  France,  qui  comptait  dix- 
sept  villes  marchandes.  A  quelle  époque  fut  fondée  la  ghilde,  on  l'ignore 
et  on  a  peu  de  documents  relatifs  à  cette  association.  M.  A.  OHABreN- 
TfiR  vient  d'en  publier  quelques-uns  des  xvii°~xvij['  siècles  qui  font 
connaitre  ce  qu'était  alors  devenue  cette  corporation  autrefois  puis- 

.  {La  Ghilde  de  Montreuil- sur- Mer,  documents  inédits.  Abbeville, 
lurdrinjer,  1897,  in-8*.) 


^lurdr 


240  CHRONIQUE  BT  BIBLIOGliPHfB. 

—  Sous  ce  titre  :  la  Franche-ComU  et  la^  Gazette  de  France,  »  de  1633 
à  iSkk  (BesançoQ,  Paul  Jacquiu,  1897,  in-8o),  M.  £.  Lonoin  examine  les 
nouvelles  sur  les  opérations  françaises  dans  cette  province,  insérées  par 
Rcnaudot  dans  son  célèbre  journal.  Ces  relations,  souvent  fort  curieuses, 
sont  de  provenance  très  variée,  et  les  épreuves  de  la  Gazette  étant  revues 
avec  grand  soin  par  le  cardinal,  elles  avaient  un  caractère  officiel  tout 
particulier.  On  sait,  du  reste,  que  Renaudot  compta  parfois  Louis  lîlU 
lui-même  au  nombre  de  ses  collaborateurs. 

—  M.  l'abbé  Torbbilles  vient  de  publier  sous  le  titre  :  le  RoussUUm,  ât 
1789  à  1830,  des  extraits  des  Mémoires  de  Jaubert  de  Passa  (38*  Bul- 
letin de  la  Société  agricole  des  Pyrénées-Orientales).  Ces  fragments 
sont  du  plus  grand  intérêt;  l'auteur,  sous-préfet,  puis  conseiller  de 
préfecture  sous  plusieurs  régimes,  avait  vu  beaucoup  de  choses,  connu 
beaucoup  de  grands  personnages,  et  il  a  écrit,  on  peut  le  dire,  sine  ira. 
On  signalera  aux  curieux  les  pages  où  il  peint  la  fatigue  de  toutes 
les  classes  sociales  à  la  fin  de  l'Empire,  la  retraite  de  l'armée  de  Cata- 
logne en  1814  ;  citons  encore  le  passage  sur  la  stupeur  qui  accueillit 
l'annonce  de  la  criminelle  équipée  de  Napoléon  en  1815,  bien  éloignée 
de  l'enthousiasme  que  peignent  la  plupart  des  historiens  encore  aujour- 
d'hui; enfin  de  curieux  détails  sur  l'étrange  invasion  du  Roussillonen 
1815,  après  la  paix  signée,  par  les  troupes  du  méprisable  Ferdinand  VII 
et  sur  la  très  honorable  conduite  du  duc  d'Angoulême  en  cette  cir- 
constance. 

—  M.  Picard,  dans  une  intéressante  brochure,  intitulée  :  le  Corn- 
merce  du  bois  de  chauffage  et  du  charbon  de  bois  à  Dijon  au  XVIU*  siècle 
(Dijon,  Darantière,  1896,  in-8<>),  donne  de  nombreux  détails  sur  la 
matière,  sur  les  droits  perçus  par  la  ville,  sur  le  roi  et  les  officiers  spé- 
ciaux créés  par  Louis  KIV,  en  un  mot,  sur  toutes  les  entraves  appor- 
tées à  la  liberté  du  commerce  par  une  réglementation  compliquée 
et  une  administration  passablement  tracassière. 

—  M.  Henri  Omont  a  publié  pour  la  Société  nationale  des  Antiquaires 
de  France,  et  à  part,  le  Catalogue  des  collections  manuscrites  et  impri' 
mées  relatives  à  Vhistoire  de  Metz  et  de  la  Lorraine,  liguées  par  M.  Au» 
guste  Prost  (114  p.  in-8<»).  Ce  Catalogue  énumère  145  volumes  manus- 
crits, plus  un  certain  nombre  de  livres  imprimés  et  quelques  dessins 
relatifs  à  l'histoire  de  Metz  et,  accessoirement,  de  la  Lorraine. 

—  M.  Emile  Amé  vient  de  publier,  sous  les  auspices  du  ministère  de 
Tinstruction  publique,  le  Dictionnaire  topographique  du  département  du 
Cantal  (E.  Leroux,  un  vol.  in-4o.  Prix  :  10  fr.). 

Livres  nouveaux.  —  Lnventaires  et  Documents.  —  G,  Amiot.  Inventaire 
analytique  des  archives  de  la  ville  de  Cherbourg.  Cherbourg,  impr.  LhAtelier, 
327  p.  —  Arbois  de  Jubainville  et  André.  Inventaire  sommaire  des  archives 
départementales.  Aube.  Archives  ecclésiastiques,  série  G  (clergé  séculier},  t.  II. 
A.  Picard,  xxvni-481  p.  —  E.  Desplanque.  Département  des  Pyrénées-Orien* 
taies.  Ville  de  Thuir.  Inventaire  sommaire  des  archives  communales.  Perpi- 
gnan, impr.  de  l'Indépendant,  xxxu-148  p.  in-fol.  ^  Abbé  EsnauU.  Inventaire 


^nSLIOGSlFBIK. 

■ks  mimites  «ncieniiGS  des  Doliùrea  du  Uans,  xvu-xviir  s-  l,  V,  Le  Uidb, 
Lcgaicheui,  328  ]>.  —  J.  Finot.  DéparUnncnl  du  Nord.  Ville  de  Morlagne-du- 
Nord.  iDientitire  «oinmiiire  dcsarchiTetcniiiraunales,  Li[le,  impr.  Daiiel,  ïixvii- 
V>  p.  io-4'-  —  P.  de  Pleitry.  Invealaire  sommaire  de«  arcliive»  départemen- 
Ules.  Charente.  ArcbîTes  civiles,  série  E.  Angoulfime,  impr.  CbuHseïgnac, 
409  p.  ~-  Gavpel,  Dacler  et  BertliÊlé.  Départemeal  des  Deai-SèvreR.  Inven- 
Uira  somniaire.  Archives  civiles  et  ecclésiastiques,  série  G.  à  H.  Helle, 
Lacave.  —  A.  BrettiU.  Comptes  des  consuls  de  Uontréal-du-Gera,  1435-39. 
BordeBDi,  impr.  GouDOuilbou,  S4  p.  in-4'.  —  Grosie-Dupéron  et  Couvrion. 
Cartalaire  de  Tabbaje  cistercienae  de  Fontaine- Daniel.  Mnjeime,  impr.  Poi* 
rier-Béaln,  437  p.  —  L.  Uerlet  et  t.  Jairi/.  Carlulaire  de  l'abbaye  de  la  Made- 
leine de  Chlteandun.  —  Séjalon.  Nomasticon  Cislerciense,  seu  anUquiores 
urdinïs  Cisterciensts  cous ti lut iones.  Edit.  nova.  Solesmea,  impr.  de  Saiat- 
Pierre,  XLvn-821  p.  —  Detackenat.  Gartulaire  du  Temple  de  Vaux,  119U-I2Ï3. 
A.  Picard. 

HiaroiHB  LOCALS.  —  F.  Aulorde.  Les  charités  de  la  ville  de  Felletia, 
CreuM,  an  iv*  siècle.  Guéret,  Amlaud,  111  p.  —  BeawItet-FUieaK  et  Ck.  de 
Chergë.  Oictkinaaire  historique  et  généalogique  des  familles  du  Poitou;  2'  édit., 
t.  m,  fasc  1.  Poitiers,  impr.  Oudln,  160  p.  —  J.  Bordai.  La  commune  de 
Ctiiteauneuf  de  Galaure  et  son  chAleau.  Valence,  impr.  Valentinoise,  24  p.  — 
Esquisse  tiistorique  sur  Moatluel.  Bourij,  impr.  Dureuil,  112  p.  in-lè.  — 
fitude  historique  sorTilly-aur-Seutea,  Caen,  impr.  Valio,  29  p.  —  Abbé  E.  Per- 
ret. Histoire  de  Marcbeseuil,  Cùte-dOr.  Cbâtillon-sur-Seine,  impr.  Pictiat, 
vi-204  p.  —  L.  Lebœu{.  Histoire  de  la  Cbarilé.  La  Charité,  impr.  Taureau, 
3^2  p.  —  J.  Maticome.  Documents  et  courte  notice  sur  l'abbaye  de  Blvat,  du 
m-  s.  jusqu'en  1799.  Rouen,  impr.  G;,  99  p.  —  Abbé  Kicolcu.  Histoire  de 
G«nolhac.  Klmes,  impr.  Chastanier,  iïi  p.  —  L.  Niepee.  Ljoa  militaire.  Notes 
et  docamenls  pour  servir  à  l'histoire  de  cette  ville  depuis  son  origine.  Lyou, 
BeraouK  et  CnniiD,  vi-624  p.  —  Fouaereau.  Uisloire  des  comtes  et  des  ducs 
de  Nevers.  Nevers,  impr.  Valliere,  tïl  p.  in-16.  —  Àl.  Rivière.  Les  commu- 
nautés religîeaKes  de  l'ancieD  Cbilans.  Gbllons,  Martin,  is-70  p.  —  Toumieux. 
U«  quelques  seigneuries  de  la  Marche,  du  Limousin  et  des  enclaves  poile- 
vines  :  la  vicomte  de  Monteil  et  ses  arriére-llers,  Guérel,  impr.  Amianlt, 
20U  p.  —  P,  de  Vérax.  Histoire  d'Atnplepuis.  L]od,  impr.  Mougin-Husand, 
394  p.  —  Mtmrel.  Histoire  de  la  commune  de  Puimoisson  et  de  la  commande- 
ri«  des  chevaliers  de  Malle,  langue  de  Provence,  1120-1792.  A.  Picard.  — 
Devans.  Origines  gAIinaises.  Ibid. 

Alsace-Lorraine.  —  La  maison  La  mu  Ile  cl  Poisson  (Paris)  va  faire 
pamilreprochaiaemeat  par  souscription  UQ  volume  sur  Mils;  DocumenU 
giiUalogiquu,  d'après  les  regislret  des  paroisses  11561-1792),  par  l'abbé 
F.-J.  PumiEH.  On  y  trouvera  les  actes  (baptêmes,  mariages,  décès, 
abjurations)  concernant  les  familles  indigènes,  que  l'auteur  a  relevés 
de  1561  è.  1792  dans  les  registres  des  paroisses,  et  aussi  les  pièces 
fort  nombreuses  intéressant  une  population  étrangère  que  les  circoDs- 
taucee  ont  amenée  daos  les  Troia-Évôebés  et  qui  a  rempli  l'armée,  la 
noblesse,  la  magistrature  et  la  baule  bourgeoisie  de  la  proviace. 

Belgiqne.  —  Sous  le  titre  modeste  de  Essai  d'une  notice  bibliogra- 
phique sur  la  question  d'Orient',  M.  Georges  Benqesco,  ministre  pléni- 


Bnixelles,  Liicomblez;  Paris,  Le  Soudier,  in-â' 
Kbv.  Hibtob.  LX.VI.  l"  PABc. 


^K         Hbv.  B 


329  p. 


pownliaire  de  Roumanie  «  Bruxelles,  a  rpuni,  eo  suivant  l'ordre  chro— 
noiogiijue,  les  titres  de  plusieurs  milliers  d'ouvrages  ee  rapportant  »u^ 
complication);  diplomatiques  et  militaires  fameuses  dont  la  piétiiasul^M 
dee  Balkans  et  les  répons  voiainei;  ont  été  le  théâtre  depuis  1821. 

C'est,  en  effet,  l'Orient  européen  seul  qui  a  fait  l'objet  des  rechercher 
mcnëes  à  bonne  Go  par  l'érudit  bibliographe,  t^oo  livre  est  une  mine^ 
de  renseignements  précieux  sur  l'affranchisBcment  de  la  Grèce,  ta  ques— - 
tion  des  priacipaulés  danubiennes,  la  guerre  de  Crimée,  le  traité  de  * 
Paris,  etc.,  jusqu'à  la  guerre  torco-grecque  de  1896-1897.  Il  a  laissé  de  s 
côté  les  parties  africaine  et  asiatique  de  la  question  d'Orient,  c'est-4-  - 
dire  l'Egypte  et  le  Soudan  égyptien,  d'une  pan;  et,  d'autre  pari,  la 
Syrie,  l'Afghanistan,  l'Inde  et  T Extrême-Orient.  Nous  ne  pouvons  que 
le  regretter,  tout  en  admettant  que  ce  complément  aurait  grossi  le  tra- 
vail k  l'extrême,  et  nous  devons  constater  d'ailleurs  qu'une  double 
exception  a  été  faite  pour  la  rivalité  de  Mahmoud  et  de  Mebemel-AU  m  I  - 
et  pour  la  question  arraéoienae.  Nous  signalerons  aussi  des  relevés  ^^ 
bibliographiques  très  soignés  concernant  les  révolutions  hongroise  et 
polonaise,  le  panslavisme  et  même  la  récente  alliance  franco-russe. 
D'excelknteE  tables  rendent  le  maniement  de  ce  volume  très  facile  et 
permettent  de  trouver  rapidement  les  indications  voulues. 

Ce  nouvel  ouvrage  est  digne  de  Vnutear  de  ]a.  Bibliographie  des  auvru 
de  Voltaire:  il  rendra  de  réels  services  aux  travailleurs  en  les  guidant 
à  travers  le  dédaia  des  innombrables  imprimés  consacrés  à  la  question 
brûlante  ouverte  depuis  plus  d'un  siècle  et  malheureusement  non 
encore  close. 

Allemagne.  —  Le  16  octobre  est  mort  le  D'  François- Xavier  de 
Weqele,  professeur  d'histoire  à  l'Université  de  Wurïbourg,  à  l'âge  de 
soixante-quatome  ans.  Ëiève  de  Gervinus  et  de  Schlosser,  il  fut,  de  1851 
à  1857,  professeur  à  r  Université  d'Iéna;  il  appartenait  à  celle  de  Warx* 
bourg  depuis  1857.  L'année  suivante,  il  devint  membre  de  la  Commis- 
sion d'histoire  instituée  .près  de  l'Académie  des  sciences  de  Munich,  et 
c'est  sous  ses  auspices  qu'il  entreprit  la  publication  de  la  Deutsche  Bio- 
graphie et  des  Forschungen  lur  deuUclien  Getchichte.  Parmi  ses  travaux 
historiques,  nous  signaleroos  :  Carl-Auguil  oon  Weimar  (1850);  Dante 
Atighieri's  Uben  und  Werke  (3'ôdit.,  1879);  ThûringiscKt  Gfsehiehlsqwl- 
Un  (3  vol.  1854-55);  Priedriche  der  Freidige,  Markgrafvon  lleissen\\%'<i)\ 
Gathe  ab  Uisloriker  (1875);  Gesckiehte  der  deutschen  Hisloriographie 
(1884);  Gesckiehte  der  Cniversitxt  Wvribourg[^  vol.  1882).  —  Le  16  no- 
vembre également  est  mort  le  D' W.-H.  de  Riebl,  professeur  d'histoire 
à  l'Université  de  Munich  ;  il  était  né  le  6  mai  1823,  à  Biberich,  et,  après 
avoir  étudié  la  théologie,  la  philosophie  et  l'histoire,  il  se  voua  aux 
études  d'histoire  de  l'art  et  de  la  civilisation.  Après  avoir,  pendant 
longtemp.'!,  écrit  dans  les  journaux,  il  fui,  en  1853,  nommé  professeur 
à  l'Université  de  Munich;  depuis  1862, il  était  membre  de  l'Académie. 
La  noblesse  personnelle  lui  fut  conférée  en  1880.  En  1885,  tout  en  con- 
servant sa  chaire,  il  devint  directeur  du  Musée  national  de  Bavière  et 


CBBO-dQCE  er  UBLIOOUPHIE. 


248 


[«ervateur  général  des  monumeute  ai  anllquités  du  paye.  A  c6Lé  de 
inibreux  romans  historiques,  de  composiiions  musicales  et  des  Slusika- 
Utcha  CharakterkSpft,  il  a  publié  plusieurs  ouvrages  d'érudition,  dont 
nous  mentionnerons  deux  seulement  :  Die  Pfxlter  et  EuUttrsl^niien  atu 
drei  Jahrhundfrten.  Il  a  aussi  dirigé  la  Bavaria  et  le  UiHorischts  Tas- 
chenhuch.  —  Le  14  octobre  est  mort  à  Blaiikenburg  l'économisle  Kuno 
Fbakkehbtbib,  de  Berlin  ;  i!  avait  fondé  la  Zeitschrift  fur  Literatur  unrf 
Geschithte  der  Slaatswissenschafï  et  dirigé  le  Hand-und  Lehrbuch  dtr 
Staaliwissenscha(ten.  —  Le  25  novembre  est  mort  le  professeur  Alfred 
BE  Sallet,  directeur  du  Cabinet  des  médaillea  des  musées  royaui  de 
Berlin.  FiU  du  poète  Frédéric  de  Sallet,  il  était  né  à  Breslau  en  1842. 
Il  déploya  dans  ses  études  une  remuante  tectivitë  et  composa  un  grand 
nombre  de  travaux.  En  1874,  il  foniuli  Zeitschrift  filr  Ifumiimalik,  qui 
a  rendu  de  signalés  services.  Sans  doute,  il  ne  se  renferma  pas  dans 
ces  études  spéciales,  puisqu'il  s'occupa  aussi  de  l'histoire  de  l'art  en 
général,  mais  c'est  à  la  numismatique  et  à  l'antiquité  que  se  rapportent 
ses  principales  publications.  Il  a  décrit  les  monnaies  antiques  des 
musées  de  Berlin  ;  Beschreibttng  der  anliken  lHànzen  der  k.  Museen  in 
Berlin  (1888);  et  on  lui  doit  en  outre  :  Btitrxge  sur  Geschichle  und 
Nvmiimatik  der  Kônigê  des  Cimmerischen  Boiporxis  utid  Pontus  (1866|; 
Di»  FUrsUrt  von  PalmyraunterGallitnui,  Ciaudius  und  Aurelian  |1866); 
Dit  Ktinitter-Inschri/Xen  der  griecMschtn  Mùnzen  (1871);  Die  Daten  der 
Àlesandrînischen  Kaisarmùmen  (1870);  Die  Nackfolger  Atexandera  Gr.  in 
Baktrien  und  Indien  (1879)  ;  AlexandriniscKe  Kaisermùnten  (1893). 

—  Le  30  novembre  dernier,  l'illustre  professeur  Théodore  Momusen 
a  fêté  le  80°  anniversaire  de  sa  naissance.  On  sait  qu'il  a  encore  deux 
frères,  l'un  Tycho,  né  en  1819,  connu  par  ses  études  sur  Pindare  et 
Bbakespeare,  l'autre  Auguste,  né  en  1821,  auteur  de  travaux  sur  la 
chronologie  dans  l'antiquité. 

—  Le  D'  B.  Saueb  a  été  nommé  professeur  extraordinaire  pour 
l'archéologie  et  l'histoire  à  l'Université  de  Giessen;  le  D'  Stieda 
professeur  d'économie  politique  à  celle  de  Greifswald  ;  le  D'  Heitnëb 
professeur  ordinaire  de  géographie  à  celle  de  Tubiogue;  le  D'  Cari 
Bbakdi  professeur  pour  les  sciences  auxiliaires  de  l'histoire  à  celle  de 
Harbourg;  le  D'  L.  Pastor  professeur  d'histoire  à  celle  de  Fribourg 

Bade. 

Le  D'  KoHLMANN  a  été  nommé  archiviste  aux  archives  secrètes  de 

'lin;  il  a  été  remplacé  à  la  tête  des  archives  d'État  à  Munster  par 

1e  D'  pHn.EPP],  et  ce  dernier  remplacé  à.  Osnahruck  par  le  D''  Max  B^n. 

—  L'Académie  des  sciences  de  Prusse  a  nommé  le  roi  de  Suède, 
Oscar  IL,  membre  honoraire,  et  le  D'  E.-J .  Bekkbh,  professeur  de  droit 
à  rUniversilé  do  Heidelberg,  membre  correspoudant.  —  L'Académie  a 
Tolé  3,000  m.  au  professeur  HAanACK  pour  pousser  les  travaux  préli- 
minaires d'une  Histoire  de  l'Académie,  qui  a  été  entreprise  pour  le 

itlé  de  cette  célèbre  société;  900  m.  pour  l'édition  du  tableau  des 


Hari 
Herl 


244  CHEOIVIQUE  BT  BIBLIOGKlPHtB. 

éclipses  dans  l'antiquité,  dressé  par  M.  Gihzel;  400  m.  poor  TéditioD 
des  lettres  privées,  écrites  en  allemand  au  xiv«  et  au  zv*  s.,  entreprise 
par  M.  Steinhausen.  —  Sous  les  auspices  de  TAcadémie,  une  missioOf 
dirigée  par  Torientaliste  Saghau  et  Tarchitecte  Koldewby,  est  partie 
pour  la  Mésopotamie,  où  elle  devra  explorer  les  ruines  de  Kalaat-Sche^ 
gat,  emplacement  de  l'ancienne  ville  d'Assur. 

—  L'Académie  des  sciences  de  Munich  a  nommé  membre  extraordi- 
naire pour  la  classe  de  philosophie  et  de  philologie  le  I>  Hirth,  direc- 
teur des  douanes  en  Chine;  membres  correspondants  pour  la  mètx^^ 
classe,  le  D'  Hugo  Schuchardt,  professeur  de  philologie  romane    ^ 
l'Université  de  Graz,  et  le  Di*  Erwin  Rohdb,  professeur  de  philolos^^ 
classique  à  celle  de  Heidelberg;  membres  correspondants  de  la  cla.^Kse 
d'histoire,  MM.  Erdmannsdcerffer  et  Adolf  Harnagk. 

—  La  Commission  pour  Thistoire  de  Saxe  a  décidé  de  ^publier  les 
biographies  et  correspondances  du  duc  Georges  le  Barbu,  de  Félect^^ur 
Maurice  ot  de  i'électrice  Marie-Antoinette  (morte  en  1780),  un  aK^las 
agricole  de  la  Saxe;  les  procès-verbaux  des  diètes  saxonnes,  une  b^is- 
toire  de  l'administration  centrale  de  la  Saxe  an  xvi«  s.,  on  tableau^  de 
la  peinture  saxonne  au  xv«. 

—  La  Commission  d'histoire  badoise  a  nommé  membre  ordinaires»  le 
D'  A.  DovE,  professeur  d'histoire  à  l'Université  do  Fribourg;  M.  de 
Weech  a  été  renommé  président  pour  cinq  années. 

—  La  Faculté  de  philosophie  dléna  a  conféré  le  titre  de  docteur  ho  Mào- 
raire  au  P.  Leontius  Alishan,  des  Méchitaristes  de  Venise,  le  sav^uit 
arménien  bien  connu. 

—  On  a  découvert  récemment  au  château  de  Heidelberg  des  re^^ 
d'architecture  qui  font  remonter  plus  haut  qu'on  ne  l'avait  admis  j  i-s^' 
qu'alors  la  fondation  de  ce  château,  sans  doute  aux  premières  ana^^ 
du  xiii"^  s. 

—  La  Société  pour  l'histoire  et  les  antiquités  de  la  Lorraine  à  }£^^ 
a  décidé  de  publier  un  dictionnaire  des  dialectes  allemands  employ^^ 
dans  cette  province.  Une  commission  composée  de  MM.  Wolfrah    ^^ 
Grimme  a  été  nommée. 

—  M.  0.  Redlich  vient  de  mettre  au  jour,  dans  les  Beitrxge  xur  O^^ 
schischte  des  Nicderrheins  (t.  XI,  Dusseldorf,  Lintz,  1897),  un  mémo*^^ 
détaillé  sur  l'intervention  amicale  du  roi  Louis  XH  dans  les  querella ^ 
entre  le  duc  Guillaume  IV  de  Juliers  et  Charles  d'Ëgmont,  duc  *** 
Gueldre  (FranzcBsisctie  Vermittlungspolitik  am  Niederrhein  im  Anfang 
XVI  Jahrhunderts),  Il  avait  obtenu  la  renonciation  de  ce  dernier  au  ti^ 
ducal  de  Juliers  par  le  traité  d'Orléans  (29  décembre  1499),  et  le  A^^^ 
Jean  II  de  Clèves,  quoique  absent,  ayant  été  inclus  dans  cette  paix  ^  *"* 
politique  française  avait  enlevé  de  la  sorte,  semblait-il,  à  Maximilien 
ses  principaux  alliés  sur  le  Rhin  inférieur.  L'auteur  suit,  dans  tous 
détails,  les  efforts  contradictoires  de  la  diplomatie  impériale  et  de  c^^  ^^ 


I 
I 


iriQDE   ET   BIECIOGBAPHtI, 

.^e  Loais  XII  et  de  Français  1°',  soit  pour  affcrinîr,  soit  pour  renverser 
cet  état  de  choses,  peu  agréable  aux  Habsbourg;  il  nous  les  raconta 
d'après  les  oombreux  documente  conservés  aux  archives  de  DusseldorF, 
et  soo  récit  s'étend  jusqu'au  moment  où  la  France  est  mise  en  échec 
par  l'élection  du  28  juin  1519.  L'avènetnent  de  Charles-Quict  amène 
l'alliance  de  Cléves  et  de  Juliers  avec  la  maison  de  Habsbourg  contre 
l'iinirpateur  gueldrois  et  le  retour,  au  moins  momentané,  de  la  supré- 
matie impériale  dans  ces  parages  rhénans.  L'historien  de  la  politique 
étrangère  de  la  France  au  ïvi»  siècle  trouvera  dans  le  travail  conscien- 
cieux de  M.  Rediich  une  série  d'indications  nouvelles.  R. 

—  M.  W.  At.TM4NW  vient  de  rénnir,  dans  un  volume  qui  sera  très 
ntile  aux  séminaires  historiques  et  juridiques,  tous  les  principaux 
textes  relatirs  à  l'histoire  des  constitutions  non  allemandes  depuis  I7T6  : 
AwgewahUe  Drkundêti  sur  ausserdeatscken  Verfassungsgfschichte  seit  1796 
(Berlin,  Gtertner).  Le  recueil  fait  suite  à  un  autre  du  même  genre  sur 
l'histoire  constitutionnelle  et  administrative  du  Brandebourg  et  de  la 
Prusse. 

—  La  librairie  Hertz  de  Berlin  a  mie  en  vente  le  t.  II  de  la  belle 
Histoire  de  l'Europe  depuis  1815,  par  M.  Alfred  Stbbn  [Gtsckiclite  Euro- 
pas  sait  dcn  Verlragen  von  1815].  Il  comprend  les  années  de  1850  à  1826, 
c'est-à-dire  qu'il  se  rapporte  à  la  guerre  d'Espagne  et  à  la  guerre  de 
''indépendance  hellénique. 

-  I^a  librairie  Velbagen  et  Klasiitg,  de  Leipzig,  a  entrepris  une  col- 
ion  destinée  à  raconter  l'histoire  universelle  sous  forme  de  biogra- 
ihiee.  Elle  aura  pour  directeur  M.  Ed.  Hëyck  et  pour  titre  :  Monogra- 
phien  sur  WeUgesehichte.  Chaque  volume  sera  illustré.  Le  premier 
volume  est  consacré  aux  Médicis  {die  Medketr},  par  M.  Hevck  lui- 
même.  Le  second,  intitulé  ;  Kônigin  Etisabelh  von  England  und  ihre 
Zeit,  a  pour  auteur  M.  Ericb  Mabgks,  professeur  à  Leipzig,  l'auteur 
connu  et  apprécié  en  France  d'une  excellente  biographie  de  l'amiral 
ODiïguy.  Ces  volumes,  dénués  de  tout  appareil  bibliographique  et  cri- 
tique, s'adressent  plutôt  au  grand  public;  mais  les  noms  d'auteurs  que 
^ous  venons  de  donner  attireront  aussi  l'attention  des  gens  du  métier. 

—  Dans  les  importantes  Études  sur  les  populations  ruraUs  de  l'AlU- 
et  la  cnse  agraire  (Larose),  publiées  par  M.  Georges  Blohdbl, 

avec  la  collaboration  de  MM.  Brouilhet^  Julhiet,  de  Bainte-Croix  et 

Quesnel,  ou  trouvera  une  foule  de  précieux  renseignements  historiques 

l'évolution  de  l'agriculture  en  Allemagne,  sur  les  coutumes  qui 

règlent  la  vie  agricole,  sur  les  associations  de  paysans,  sur  l'émancipa- 

paysans  au  xvni"  a. 

—  A  la  suite  des  vives  attaques  dont  il  a  été  l'objet  depuis  quelque 
'temps,  et  auxquelles  nous  avons  fait  plusieurs  fois  allusion  (voy.  notre 

micle  sur  le  congrès  d'Iimsbriick,  nov.-dec.  1807),  M.  Lampbecht  vient 
de  faire  paraître,  sous  ce  titre  :  Zwei  Streittchriflen,  un  remarquable 
opuocnle  que  nous  tenons  à  signaler  à  tons  ceux  qu'intéressent  ces 


^ftnag' 
ave" 
Qu 

lufoj 
Vtea 


k. 


246  CHROHIQITE  BT  BIBLIOGRAPHIB. 

délicates  questions.  Nous  avons  dit  quelles  réserves  il  convient  de  foire 
en  appréciant  Tœuvre  du  trop  fécond  écrivain.  Quelles  que  soient  sa 
puissance  d'assimilation  et  la  finesse  de  son  esprit,  il  travaille  trop 
vite,  et  Ton  a  pu  relever  dans  son  livre  quantité  de  petites  erreurs. 
Mais  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  trouver,  d'antre  part,  qu'on 
s'est  attaqué  à  lui  avec  une  passion  et  une  àpreté  qui  dissimulent  mal 
un  sentiment  de  jalousie  peu  honorable  pour  ces  critiques.  Dans  la 
brochure  que  nous  signalons  ici,  Lamprecht,  sans  se  départir  d'une 
courtoisie  qui  lui  fait  honneur,  ramène  à  leurs  véritables  proportions 
les  critiques  de  détail  que  Lenz,  Deibrûck,  Oncken  surtout  ont  dirigées 
contre  lui.  Quand  on  connaît  son  écriture,  on  n'éprouve  aucune  diffi- 
culté à  admettre  que  beaucoup  de  fautes  relevées  par  ce  dernier  sont 
de  simples  fautes  d'imprimeur,  qu'il  a  eu  le  tort  d^ailleurs  de  ne  pas  cor- 
riger. Nous  signalerons  aussi,  dans  le  chapitre  de  polémique  avec  Lenz, 
intitulé  :  c  Halbwahrheiten,  •  les  idées  complémentaires  qu'il  émet 
sur  le  développement  de  la  puissance  territoriale  et  la  situation  de  la 
noblesse  allemande  à  la  fin  du  moyen  âge.  M.  Lamprecht  s'est  senti  blessé 
par  quelques-unes  des  appréciations  émises  par  moi  dans  l'article  rap- 
pelé plus  haut  (note  1  de  la  page  326).  Après  avoir  lu  son  nouveau 
travail,  et  les  explications  qu'il  m'a  données,  je  retire  volontiers  les 
expressions  dont  je  m'étais  servi  en  disant  qu'il  avait  pillé  ses  devan- 
ciers. Les  deux  articles  de  Hermann  Oncken,  qui  doivent  être  lus  en 
même  temps  que  le  sien  {Preussische  Jahrbûcher,  t.  LXXXIX  (1897), 
p.  83  et  353),  permettront  de  se  rendre  un  compte  exact  de  la  façon  dont 
il  a  souvent  procédé.  G.  B. 

—  Signalons  un  nouveau  recueil  de  Lectures  historigties  allemandes, 
publié  par  M.  Paul  Durandin  (Paris,  Masson,  in-8<>).  L'auteur  a  classé 
les  fragments  par  périodes  historiques,  et,  rompant  avec  les  anciennes 
traditions,  il  donne  des  fragments  des  grands  historiens  allemands 
modernes,  comme  des  écrivains  de  l'époque  classique.  En  quoi  il  a  grand 
raison,  la  langue  allemande  ayant  bien  changé  depuis  Gœthe  et  les 
écrivains  modernes  ayant  un  vocabulaire,  une  syntaxe  parfois  assez 
différents  de  celle  du  début  du  siècle. 

Ajigleterre.  —  M.  George  Clément  Boasb,  l'auteur  de  la  Bibliotheea 
Comubiensis  (3  vol.,  en  collaboration  avec  M.  P.  Gourtney),  est  mort  à 
l'âge  de  soixante-huit  ans,  le  i*'  octobre  dernier.  Il  a  donné  en  outre 
un  grand  nombre  d'articles  au  DicHonary  of  national  biography. 

—  On  annonce  également  la  mort,  le  5  octobre,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-huit  ans,  de  don  Pascual  Gayawqos  y  Arce.  Né  à  Séville,  le 
21  juin  1809,  il  fit  son  éducation  en  France,  où  il  compta  parmi  les 
élèves  de  Sylvestre  de  Sacy;  une  traduction  de  l'Histoire  des  dynasties 
mahométanes  en  Espagne  d'Almakkari  le  désigna  pour  la  chaire  d'arabe 
à  l'Université  do  Madrid.  Fort  curieux  pour  lui-même  de  mss.  orien- 
taux et  de  livres  rares  de  l'ancienne  littérature  espagnole,  il  fut  un  des 
fondateurs  de  la  Société  des  bibliophiles  espagnols.  Vers  la  fin  de  sa 


CHKOHIQ»  ST  BIBLtOGUFHtS.  SiT 

vie  il  s'éiablil  en  Angleterre,  où  il  s'éiail  marié,  et  fut  chargé  de  conlî- 
nuer,  dans  la  série  des  Cakndars.  l'œuvre  de  Bergearoth;  il  y  publia 
quatre  volumes  ea  huit  tomes  qui  coDlJeaneat  l'invenlaire  des  lettres, 
dépAcbes  et  papiers  d'Ëiat  relatifs  aux  néj^ociatioas  outre  l'Auglolerre 
et  l'Espagne,  qui  sont  conservés  aux  archives  de  Simaocas  et  ailleurs 
(I5Î5-I542|.  On  lai  doit  aussi  le  GaUlogue  des  mss.  grecs  au  Britisb 
Muséum. 

—  Nous  ne  pouvons  qu'annoncer  aujourd'hui  le  premier  faBoiculodu 
grand  travail  que  M.  le  professeur  F.  Liboermann  prépare  depuis  long- 
temps et  dont  nous  avoos  od  plusieurs  fois  l'occasion  de  parler  :  Die 
Gitetu  der  Angelsacksen  (Halle,  Niemeyer,  p.  1-191,  in-4*).  Cette  livrai- 
EOn  contient  lee  lois  des  rois  du  Kent,  celles  d'Alfred  et  d'ine,  le  texte 
des  deux  traités  conclus  avec  les  Danois  dans  l'Est-Anglie,  les  lois  des 
rois  Edouard  I",  Athelstan  et  Edmond  I".  L'auteur  publie  en  colonnes 
parallèles  les  rédactions  différentes  de  ces  luis,  avec  les  traductions 
latiDes  empruntées  au  Quadripartilus  et  aux  Instituta  Cnuti,  eniin  une 
traduction  littérale  en  allemand.  Les  variantes  sont  notées  au  t>as  des 
pages;  les  notes  explicatives  sont  renvoyées  au  tome  II.  Nous  avons  & 
peine  besoin  d'ajouter  que  celte  nouvelle  édition  des  lois  anglo-saxonnes 
est  établie  avec  le  soin  le  plus  méritoire  et  qu'elle  fera  époque  dans 
l'érudition. 

—  La  volume  des  Pipe  rolls  pour  1897  contient  le  texte  du  grand  rôle 
de  l'échiquier  pour  la  vingt-unième  année  de  Henri  II  (1174-1175); 
comme  le  précédent,  il  renferme  encore  des  traces  nombreuses  du 
bouleversement  causé  en  Angleterre  par  le  soulèvement  féodal  de  H73. 

—  La  Revue  historique  il  signalé  en  son  temps  (LIV,  138)  la  publica- 
tion des  Statuts  de  la  cathédrale  de  Lincoln,  préparés  par  feu  llenry 
Bbadshaw,  et  en  fait  ressortir  l'importance.  H.  Chr,  Wobdswortk  nous 
apporte  aujourd'hui  le  complément  de  l'ouvrage  dans  un  volume  en 
deux  tomes  où  il  a  réuni ,  à  càié  des  textes  relatifs  à  l'élection  de  l'èvéque 
de  Uncoln,  à  ses  fonctions  spirituelles,  à  ses  rapports  avec  le  chapitre, 
&  l'organisation  du  service  divin  de  la  cathédrale,  un  grand  nombre 
d'autres  documents  analogue.^  empruntés  aux  usages  de  Salisbury,  de 
LicbGeld,  de  Hereford  et  d'York,  églises  dont  les  chapitres  étaient, 
comme  on  sait,  composés  de  chanoines  séculiers.  L'intérêt  que  pré- 
sente cette  collection  de  textes  est  très  vif;  l'éditeur,  M.  Wordsworth, 
s'est  acquitte  avec  le  zélé  le  plus  louable  de  sa  t&che  souvent  difficile, 
et  il  fkut  remercier  les  syndics  de  l'Imprimerie  universitaire  de  Cam- 
bridge d'avoir  fait  les  frais  de  cette  coûteuse  publication  \Slatutts  of 
lineoln  çathrdrat,  wilh  iUuslraliw  docurnenU,  edited  hy  Chr.  Words- 
wonb,  2*  partie.  Cambridge,  at  the  University  press,  1897,  ccxc-xxvi 
et  957  p.  in-8°). 

—  Le  t.  III  el  dernier  des  MemoHah  of  Saint  Edmund's  abbey,  publiés 
par  M.  Thomas  Arnolo  (Rolls  séries,  1896),  est  fait  de  pièces  et  de 
morceaux  :  1°  une  chronique  (Chronica  Burieiuis,  1020-1446),  composée 


À 


248  CDRoinQUE  et  bibliographib. 

par  un  moine  de  Saint- Benet-Hulme  ;  2«  documents  divers  emprunta 
à  une  collection  que  forma,  en  1426,  un  des  moines  de  rabl>aye,  Andrew 
Aston;  le  plus  important  concerne  le  différend  relatif  à  l'élection  de 
John  Tymworth  en  1379;  3o  extraits  d'un  ms.  de  Cambridge,  parmi 
lesquels  nous  citerons  nn  récit  des  violences  exercées  contre  l'abbaye 
par  les  travailleurs  soulevés  en  1381  ;  c'est  une  traduction  française 
d'un  document  plus  long  en  latin  qui  Ggure  déjà  dans  la  collection 
Aston;  ajouter  le  récit  d'une  visite  faite  à  l'abbaye  par  l'arcbevôque  de 
Gantorbéry  en  1401  ;  4o  chartes  anciennes  de  l'abbaye  traduites  en  vers 
anglais  au  xv*  siècle,  sans  doute  par  John  Lydgate  ;  b^  diverses  lettres 
tirées  du  registre  de  l'abbé  Curtys,  et  dont  plusieurs  concernent  la 
guerre  avec  la  France  sous  Henri  VI  ;  6®  deux  pièces  sur  rincendie  de 
l'église  de  Saint-Edmond  en  1465;  7o  une  très  brève  chronique,  rédigée 
à  Bury,  et  allant  de  1263  à  1469.  Le  volume,  accompagné  d'un  plan  de 
l'abbaye  ot  de  ses  dépendances,  se  termine  par  un  glossaire  et  un 
copieux  index. 

—  Nous  devons  remercier  le  Rév.  F.  C.  Hinoeston-Rahdolph  de  nous 
avoir  fait  envoyer  la  seconde  partie  du  Registre  de  l'évêque  d'Exeter, 
John  de  Grandisson  (cf.  Rev.  hist,,  LVIT,  144).  Ce  volume  se  rapporte 
aux  années  1331-1360  et  est  remph  de  documents  intéressants.  Une 
courte  introduction  nous  apprend  comment  ont  été  formés  les  trois 
volumes  contenant  le  registre  de  l'évêque  (un  quatrième  a  péri  depuis 
longtemps)  et  quelles  en  sont  les  divisions.  Nous  reviendrons  plus  en 
détail  sur  cette  belle  publication  quand  elle  sera  terminée,  ce  qui  ne 
tanleni  guèn^  \The  register  ofJohn  de  Grandisson,  bishopof  ExeUr,  Î327' 
Î369,  part.  Il,  1331-I3G0.  Londres,  Bell;  Exeter,  Eland,  p.  605-1212, 
in-8»). 

—  La  nouvelle  édition  de  ÏOpus  mqjus  du  moine  franciscain  Roger 
Bacon,  que  vient  de  donner  M.  John  Henry  Bwdoes  (The  «  Opus 
Majus  »  of  Rouer  Bacon.  Oxford,  at  the  Clarendon  press,  1897,  2  vol. 
clxxxvij-404  et  566  p.;  prix  :  32  sh.),  diffère  de  celle  de  Jebb  (1733)  en 
plusieurs  points  :  \^  elle  est  plus  complète,  Jebb  ayant  omis  de  donner 
ce  qui  nous  a  été  conservé  de  la  7«  partie,  consacrée  à  la  philosophie 
morale»  conclusion  nécessaire  de  tout  l'ouvrage;  2»  elle  supprime  an 
traité  de  Baam,  c  De  multiplicacione  specierum,  i  que  Jebb  avait 
intercalé  entre  la  5*  et  la  6*  partie  et  qui  ne  fait  pas  partie  de  VOptu 
nu^us:  il  a  été  retniité  en  appt^udice.  Le  texte,  qui  nous  est  donc  pré- 
sente jKïur  la  premièr^^  fois  dans  son  inti^riié,  a  été  revu  avec  un  soin 
minutieux  sur  les  manuscrits  et  la  lecture  en  a  été  facilitée  par  un 
ivpieux  sommaire,  des  titres  courants  et  de  nombreuses  m&nchettes. 
L^iutrvxiuction  traite  de  la  vie  de  Bacon,  de  la  place  qu'il  occupa  dans 
les  ci^ntn^verses  métaphysique>  du  xiir«  siècle,  de  son  t  Scriptnm  prin- 
cii^Ue,  »  de  sou  système  philoloiîique,  de  ses  connaissances  sur  les 
mathomatiqucs,  Tastn^Ioisie ,  la  propaiMtion  de  la  force,  réplique, 
r«lohiroio«  U  science  oxpénmemale  et  sur  sa  philosophie  morale. 


CBUNHIDB  ET  BIBLIMnAPHII.  249 

—  Dans  le  l.  II  des  SeUci  pUas  in  Ihe  court  of  Admiralty  (Selden 


Sodety, 


.  XI.  Quanlch,  18971,  M.  Mae 


<  a  continué  de  publie 


Bon  choix  de  procédures  devant  la  cour  de  ramirauté  jusqu'à  !a  fin  du 
r^tie  d'Elisabeth.  Jusqu'à  cette  époque,  les  actes  sont  pour  la  plupart 
rédigée  en  latin.  Us  sont  accompagnés  d'une  traduction  anglaise  en 
K^rd, 

—  La  3»  fascicule  des  Facsimiles  of  royal,  hUlorical,  UUerary  and 
ùther  aulograph),  publiés  par  ordre  des  administrateurs  du  Driilsli 
Huseam,  contient  un  choix  fort  intéressant  de  documents  répartis  sur 
quatre  siècles,  de  1171  à  1839.  Deux  autres  volumes  compléteront  la 
collection. 

—  L'Angleterre  n'a  pas  d'épopée  nationale,  mais  quelques-uns  de 
ses  écrivains,  et  di;s  plue  grands,  se  sont  complu  à  raconter,  à  drama- 
tiser les  épisodes  les  plus  populaires  de  son  histoire.  Elle  possède  ainsi 
toute  UDe  littérature  de  romans  historiques  dont  certains  sont  devenus 
classiques.  La  librairie  A.  Constable  iWestminster)  s'est  proposé  de 
le«  rééditer,  règne  par  règne,  avec  nn  commentaire  et  une  illustration 
vraiment  scientifiques,  et  il  a  chargé  de  cette  entreprise  M.  G.  Lau- 
rence GoHUK.  Le  t.  I  est  l'histoire  de  Harold,  que  lord  Litton  a  publiée 
en  18*8  {Harold,  ihe  ttul  of  Vie  Saxons.  Pris  :  3  sh.  6  d.|;  le  t.  U  sera 
consacré  à  Guillaume  le  Conquérant  (Cam^  of  refUge,  par  Macfarlanej 
et  le  t.  m  à  Guillaume  II  le  Roulx  (Rufus,  or  Ihe  red  king).  Dans  le 
vol.  sur  Harold,  où  nous  retrouvons  certains  dessins  empruntés  à  la 
Tapisserie  de  Bayeux,  M.  Gomme  a  montré  qu'il  est  ait  courant  des  tra- 
Taax  tes  plus  récents  et,  entre  antres,  des  controverses  sur  la  bataille 
de  Uastings. 

SdIsbs.  —  M.  le  pasteur  François  Naef  est  mort  à  Genève  le 
4  novembre  dernier;  on  lui  doit  plusieurs  travaux  historiques,  entre 
autres  :  une  Hisloir»  de  la  Héformalion  (l-^  édit.,  1856,  2"  édil.,  1867); 
On  unitaire  au  XVI'  tiènle  [Gribaldi\  {Étrennes  ehriliennei,  1874); 
Ztmngli  réformateur  et  patriote  {ibidem.  1876);  (m  Premiers  jours  du 
ehriiUanisme  en  Suisse;  Trois  grandes  individualités  du  IV*  siècle  [ibidem, 
18791;  Anna  Rheinhard,  femme  d'Ulrich  Zivingli  [ibidem,  18801;  avec 
Théod,  Clapâhède,  Histoire  des  Églises  réformées  du  pays  de  Gex,  1891  ; 
eiiQn,  en  1892,  il  publia  le  plus  important  de  ses  ouvrages,  une  Histoire 
de  t'Uglise  chrétienne.  Paris,  Pischbacher,  in-8°  de  440  p. 

—  MM.  W.  Oechbu,  professeur  d'histoire  à  Zurich,  et  A.  Baloauus, 
ft  Leiping,  viennent  de  publier  une  Carte  murale  historique  de  la  Suisse 
(édit.  G.  Lang  à  Leipzig)  qui  rendra  de  grands  services. 

—  M.  Ernest  Mchet,  professeur  à  l'Université  de  Genève,  vient  de 
faire  paraître,  dans  tes  Archives  suisses  des  traditions  populaires  {ï"  &naÉe, 
i897,  p.  284-3171,  une  curieuse  étude  sur  la  Légende  de  la  reine  Bertht. 
Tout  un  cycle  de  traditions  s'est  groupé,  dans  la  Suisse  romande, 
autour  de  la  femme  de  Rodolphe  II,  roi  de  la  Bourgogne  transjurane, 
fondatrice  de  l'abbaye  de  Payerne.  Les  contemporains  ont  à  peine  parte 


250  CH10?(IQUB  ET  BIBUOGBIPHU. 

de  «  la  bonne  reine  Berthe,  de  la  royale  filandière  ;  »  après  le  mémoire 
de  M.  Maret  et  jusqu'à  faits  nouveaux,  les  historiens  feront  sagement 
d'imiter  cette  réserve  dont  ils  ne  se  sont,  jusqu'à  ce  jour,  que  trop 
départis. 

—  Dans  son  intéressant  travail  sur  la  Théocratie  à  Genève  au  temps 
de  Calvin  (Genève,  Ëggimann,  in-8«  de  288  p.)  M.  Eugène  Ghoist  a 
montré  <  en  quoi  Genève  a  été  soumise  dans  sa  vie  politique  comme 
dans  sa  vie  ecclésiastique,  dans  la  vie  publique  de  ses  cit03^ns  comme 
dans  leur  vie  privée,  à  un  principe  théocratique.  » 

—  M.  Alfred  Boissier  a  réuni  en  une  élégante  brochure,  intitulée  : 
En  Cappadoce  (Genève,  1897,  in-8o  de  51  p.,  ornée  de  nombreuses  repro- 
ductions de  photographies),  des  notes  prises  par  lui  au  cours  du  voyage 
qu'il  a  fait  en  Âsie-Mineure,  durant  l'été  1894,  avec  M.  et  M»*  Chantre. 

—  M.  le  chanoine  Pierre  IBourban  vient  d'écrire,  sous  le  titre  de  : 
V Enseignement  à  Saint-Maurice  du  F*  au  III*  siècle  (Fribourg,  18%, 
in-8o  de  129  p.),  un  chapitre  de  l'histoire  de  cette  abbaye.  Rappelons  à 
ce  propos  que  M.  le  chanoine  Bourban  a  fait  entreprendre  dans  l'ab- 
baye même  des  fouilles  qui  ont  donné  des  résultats  très  curieux. 

—  Du  16  au  20  août  dernier  s'est  tenu  à  l'Université  de  Fribourg  le 
quatrième  congrès  scientifique  international  des  catholiques.  Le  précé- 
dent congrès,  dont  il  a  été  parlé  ici  même,  s'était  tenu  à  Bruxelles  en 
1894.  Le  congrès  de  Fribourg  a  réuni  environ  sept  cents  personnes,  ce 
qui  serait  beaucoup  pour  un  congrès  scientifique,  si  parmi  ces  sept  cents 
personnes  il  n'y  avait  un  énorme  contingent  de  c  démocrates  chré- 
tiens •  venus  pour  faire  figure  de  «  sociologues,  »  et  de  là,  à  la  sec- 
tion de  sociologie,  de  bruyantes  séances,  que  la  présidence  de 
M.  Decurtins  n'était  pas  de  nature  à  rendre  plus  scientifiques. 
Quelques  sections  ont  fourni  de  sérieuses  discussions.  —  En  tête  la  sec- 
tion des  «  sciences  exégétiques,  »  présidée  avec  infiniment  de  tact  et 
d'autorité  par  le  R.  P.  Lagrangb,  a  entendu  de  solides  mémoires  pré- 
sentés par  MM.  Bardenhewer  (de  Munich),  von  Hoeobl  (de  Londres), 
P.  ScHBiL  (de  Paris),  Mjnocghi  (de  Florence),  Labourt  (de  Paris),  Rose 
(de  Fribourg),  Séjourné  (de  Jérusalem),  témoignant  des  progrès  accom- 
plis depuis  quelques  années  par  l'exégèse  catholique,  particulièrement 
en  France. — La  section  de  philologie  mérite  une  mention  honorable  pour 
quelques  travaux,  comme  celui  de  M.  Weimann  (de  Munich)  sur  les 
poètes  chrétiens  et  celui  de  M.  Audollent  (de  Glermont)  sur  l'ortho- 
graphe des  lapicides  carthaginois.  —  A  la  section  d'histoire,  où,  par 
une  exception  qui  a  été  très  commentée,  le  bureau  ne  comptait  pas  un 
Français,  les  travaux  français  ont  été  les  plus  nombreux.  Citons  :  M.  l'abbé 
DuGHESNE,  sur  la  Vie  des  Pères  du  Jura;  M.  l'abbé  Batiffol,  sur  Ôabi- 
nos,  source  de  Sozomène;  M.  Guiraud,  sur  le  pèlerinage  de  Rome  au 
V*  siècle;  M.  Allard,  sur  la  jeunesse  de  l'empereur  Julien;  M.  Paul 
Fournies,  sur  l'œuvre  canonique  d'Yves  de  Chartres  et  son  influence  ; 
M.  Edouard  Jordan,  sur  les  relations  des  papes  avec  les  banquiers 


^   4 


CBHOIIIQCIE    RT   BIBLIOGUPflIB.  251 

^Delfes^  H.  Douais,  sur  la  formule  Communieato  bonorum  virorum 
eontilio  des  senteaces  inquifitoriale!:  ;  du  P.  Mandohnet,  Gur  l'ordre  de 
la  pénitence  et  les  origines  des  liers-ordres  franciscain  et  domiaicaiD; 
de  M.  Constantin,  sur  l'ordre  tetitonique  h  Arles.  Quelques  l'rudits 
suiraee  avaient  apporté  des  recherches  d'histoire  iodigène  :  le  capucin 
MùLLBR,  sur  l'iQtroductioQ  des  Capucine  en  Suisse;  le  carë  Ddpraz, 
sur  l'tuitioa  religieuse  et  sociale  des  papes  dans  le  canton  de  Vaud  ]ub- 
qu*Bn  XTi»  siècle;  le  curé  Tdemp,  sur  l'évêque  Greith  et  le  myslicisme. 
M.  Graubht  (de  Municb)  était  seul  à  représenter  l'Allemagne  par  un 
travail  :  «  Ueber  Jordanus  von  Osnabriick.  >  M.  Gauchie  (de  LouTaia) 
reprêsenldt  la  Belgique  par  un  travail  sur  *  La  paix  de  Clément  IX.  n 
Lee  Bollaadistee  s'étaient  abstenus.  Quant  à  l'Angleterre,  au  lieu  d'en- 
voyer là  des  hommes  de  la  solidité  de  M.  Bishop  ou  de  Dom  Gasquel, 
elle  n'avait  pour  la  faire  valoir  qu'un  caméripr  de  cape  et  d'épép,  avec  un 
petit  devoir  sur  <  Les  épées  d'honneur  envoyées  par  les  pape»  aus  rois 
de  Portugal  au  svi'  siècle.  •  —  11  y  avait  aussi  une  section  dite  des 
«  sciences  religieuses,  t  On  se  perd  en  conjectures  sur  le  programme 
de  cette  section,  à  moins  qu'elle  n'ait  eu  d'autre  raison  d'être  que  d'ac- 
cueillir les  travaux  repousses  par  les  autres  sections  et  de  servir  de 
■  salon  des  refusés.  ■  La  valeur  de  la  plupart  des  travaux  qui  y  furent 
lue  confirmerait  cette  conjecture.  Et  pourtant  on  avait  mis  à  la  prési- 
dence un  bomme  de  la  valeur  du  prof.  Fdnk  (de  Tubingue)  I  —  En 
résumé,  avec  d'excellents  éléments,  lo  congrès  de  Fribourg  a  été  inté- 
rieur à  ceux  qui  l'avaient  précédé.  La  commission  organisatrice  ne 
e'est  pas  salBsarament  préoccupée  de  déterminer  à  chaque  section  un 
programme  net,  de  choisir  longtemps  i  l'avance  le  bureau  propre  à 
chaque  section,  d'investir  chacun  de  ces  bureaux  de  pouvoirs  sévères 
d'élimination.  Le  prochain  congrès  scientiQquo  international  des  catho- 
liques se  tiendra  à  Munich  en  1900. 

—  Sous  le  titre  Die  schweiîerùchm  BUdtrchroniken  und  ihre  Arclii- 
tektur-Darstellungen  (Zurich,  Schulless,  in-8°,  vm-368  p.,  avec  gravures 
Bl  TÎgnetiesl,  M.  Joseph  Zeup  a  publié  un  beau  volume  sur  les  chro- 
niques k  images  de  la  Suisse;  il  montre  combien  celte  étude  est  utile 
à  quiconque  veut  connaître  les  mœurs,  les  idées,  l'histoire  même  de 
certaines  époques. 

—  Nous  avons  déjà  annoncé  {Revue,  t.  LX,  p.  239-340)  la  publica- 
tiOD  de  l'Histoire  de  Genève  des  origines  à  l'année  169Î  par  Jean- Antoine 
Gautibb.  Le  tome  H  a  paru  l'an  dernier,  le  tome  I"  vient  de  paraître 
par  les  soins  de  MM.  Victor  van  Bergheh  et  Edouard  Favbe  (Genève, 
gr.  in-S°,  avec  portrait)  et  comprend  la  période  des  origines  à  la  fin  du 
XV»  siècle.  Quoique  le  moyen  ^e  ne  soit  pas  la  meilleure  partie  du 
travail  de  Gautier,  cependant  ce  volume,  grâce  aux  notes  des  éditeurs, 
peut  être  très  utile.  Ne  pas  le  publier,  c'eût  été  détruire  la  belle  ordon- 
nance de  cette  œuvre,  si  remarquable  pour  le  temps  où  elle  aété  écrite 
(1708-17291.  Les  deux  éditeurs  de  ce  volume  l'ont  fait  précéder  d'une 
étode  sur  les  circonstances  dans  lesquelles  Gautier  a  composé  son  HtS' 


H^    étode  sur  les 


252  CHRO?ÏIQUB   BT  BIBLIOGRAPHIE. 

toire.  L'impression  du  tome  III,  qui  comprendra  les  années  4538-1555, 
est  déjà  très  avancée. 

—  La  Revue  a  mentionné  (t.  LXIII,  p.  238)  le  jubilé  de  M.  A.-L 
Hbrminjabd.  Les  organisateurs  de  cette  belle  manifestation  ont  tenu  à 
ce  qu'il  en  restât  un  souvenir  tangible  et  ils  ont  réuni  en  une  char- 
mante plaquette  (Lausanne,  impr.  G.  Bridel,  in-4o,  119  p.)  le  portrait 
du  jubilaire,  les  soixante-six  adresses  qui  lui  ont  été  envoyées  et  deux 
articles  de  la  Gazette  de  Lausanne.  —  M.  Hbrminjabd  vient  de  donner 
une  nouvelle  preuve  de  cette  «  énergie  trempée  à  la  vraie  source  etqni 
défie  les  vulgaires  lassitudes  •  en  publiant  le  tome  IX  de  la  Correspon- 
dance  des  réformateurs  dans  les  pays  de  langue  française.  Ce  volume  ne 
comprend  qu'un  peu  plus  d'une  année,  du  18  août  1543  au  3  oc- 
tobre 1544. 

—  M.  Arthur  Piaqet  a  fait  paraître  dans  le  Musé^  neuchâtelois  puis 
en  tirage  à  part  (Neuchâtel,  1897,  in-8o,  56  p.,  avec  fac-similé)  une 
série  intéressante  de  Documents  inédits  sur  Guillaume  Farel  et  sur  la 
réformation  dans  le  comté  de  Neuchâtel  tirés  des  registres  du  notaire 
Bretel,  secrétaire  du  conseil  et  des  archives  de  l'État  de  Neuchâtel. 

—  La  Société  d'histoire  du  canton  de  Fribourg  avait  décidé  d'offrir  à 
l'abbé  Jean  Gremaud,  en  1897,  à  l'occasion  du  50«  anniversaire  de  sa 
première  messe,  un  volume  contenant  quelques  travaux  d'histoire  fri- 
bourgeoise.  Malheureusement,  l'abbé  Gremaud  étant  mort  pendant 
l'impression  {Revue,  t.  LXV,  p.  236),  le  volume  a  été  dédié  à  sa  mémoire. 
On  trouve  dans  les  Pages  d  histoire  dédiée  par  la  Société  d'histoire  au 
canton  de  Fribourg  à  la  mémoire  de  son  président  M,  le  professeur  Jtei^ 
Gremaud  (Fri bourg-en-Suisse,  1897,  in-S®,  xxui-199  p.)  une  excellente 
biographie  et  une  liste  des  ouvrages  de  Gremaud,  par  M.  Max  de  Dibs* 
BACH,  une  étude  sur  les  Professions  de  foi  à  Fribourg  au  IVI^  siècle,  pat 
M.  Gh.  HoLDER,  enfin  les  Comptes-rendus  des  séances  de  la  Société  d^his^ 
toire  du  canton  de  Fribourg  de  1886  à  1896,  par  M.  Max  de  Diesbagh. 

États-Unis  d^Amériqae.  —  Le  22  octobre  dernier  est  mort  L^ 
bibliographe  et  historien  bien  connu,  Justin  Windsor,  à  l'âge  d^ 
soixante-six  ans.  Il  avait  été  administrateur  en  chef  de  la  bibliothèque 
publique  de  Boston  avant  d'être  mis  à  la  tête  de  celle  de  Harvard  Gol"^ 
lege,  et  s'était  fait  un  nom  dans  les  deux  hémisphères  par  ses  publica-^ 
tions  spéciales  :  Bibliography  of  the  original  quartos  and  folios  of  Sha^ 
kespeare  (1876),  Reader' s  handbook  of  the  american  Révolution  (1879)^ 
Bibliography  of  Ptolemy*s  geography  ;  mais  il  était  encore  plus  connu,^ 
en  France  du  moins,  par  ses  deux  volumes  sur  le  comté  de  Frontenac^ 
et  le  Bassin  du  Mississipi,  où  il  raconta  la  chute  de  la  domination^ 
française  au  Canada.  On  a  parlé  longuement  ici  même  de  la  grande^ 
entreprise  qu'il  dirigea  de  faire  écrire  par  des  spécialistes  une  histoire 
critique  et  narrative  de  l'Amérique.  Il  s'y  réserva  la  partie  géographique 
et  cartographique  et  la  traita  avec  une  érudition  consommée. 

—  Le  tome  V  des  «  Harvard  historical  studios  •  est  une  vaste  Biblio^ 


CBKONIQUE  8T    BIBLlOGHtPHrE. 

ffaphy  of  municipal  histary.  iiiclttdini/  Gilds  and  parliamtnlary  reprt- 
I   untation,  par  M.  Ch.  Gross  (New- York,  i^agmaas,  xi:tiv-461  p.  iii-6*). 
-  Le  P.  Lujgi  Tdsti,  abbé  dti  Monl-Cassin,  est  mort  en 
B  dernier,  &  l'âge  de  quatre- viogt-aept  ans.  Nous  lai  cooMcreroDs 
l'te  prochaÎD  numéro  une  notice  détaillée. 

-  Charlee  Castellani,  bibliographe  et  helieDiste  très  connu,  préfet 
àt  Is  bibliothèque  de  Saint-Marc,  est  mort  à  Venise  au  mois  d'octobre, 
âgé  de  BoixaDte-quiaze  ans.  Travailleur  infatigable,  il  avait  publié 
'  Wucoup,  particulièrement  des  catalogues  de  manuscrits;  de  ees 
ouvrages  nous  rappellerons  ;  le  Oibliotecke  dai  tempi  piû  remoli  alla  fine 
'W/'  impero  romano;  la  Stampa  in  Vent:ia  dalla  ma  origine  alla  morte 
di  Aldo  Manu:io. 

—  On  annonce  également  la  mort  de  Thomas  Valudrt,  latiniste  très 
éoiineiit,  professeur  à  l'Université  de  Tarin,  sénateur,  membre  de 
l'Académie  des  Kciences,  etc.;  il  était  né  en  1805,  Dans  le  grand  nombre 
•le  s«8  publications  nous  rappellerons  seulement  :  Sioria  délia  potsia 
"I  Piemonle,  Sioria  deW  Univeriilà  in  Piemonte,  Vila  di  Tommoio  Val- 
tau»-!  scritta  da  esso. 

—  L'illustre  historien  de  l'art,  Jean-Baptiste  Cavalcasbli-b,  mort 
*  Rotne  au  mois  de  novembre  1897,  était  u 


S'ait  pris  une  part  très  active  au  mouvement  de  1848,  et,  après  les 
■lé8a.streE  de  1849,  il  s'était  réfugié  en  Angleterre,  où  il  publia,  en  cot- 
'l'^oration  de  M.  Ghowe,  la  Sioria  delta  pittura  in  llalia  dal  secolo  II  al 
""Oto  svi.  Revenu  en  Italie,  il  fut  inspecteur  des  musées  de  Florence 
y  plus  lard  appelé  à  Rome  à  la  direction  des  beaux-arts  au  ministère 
l'iQslmcliun  publique.  H  pubha  encore  :  llaff'aello.  la  sua  vila  e  le  lUe 
'f^*~*i  i  Us  Anciens  peintres  flamands,  leurvie  et  leurs  œuvres,  et  plusieurs 
'ûtr-es  ouvrages  sur  l'histoire  de  l'art,  qui  ont  été  très  remarqués. 

~ —    te  gouvernement  vient  de  nommer  une  commission  chargée  de 
"""lier  les  documents  financiers  de  la  république  de  Venise.  Ce  sera 
^^î*-inement  une  publication  très  intéressante, 

A  Barl- des- Fouilles  s'est  (ondée,  il  y  a  quelques  années,  une 

r'^*^** mission  provinciale  d'archéologie  et  d'histoire.  Elle  a  fait  paraître 

*  ,*■-    t  du  Cadiee  diplomatico  Barese,  où  sont  publiés  les  actes  sur  parcbe- 

'"'■'^  de  la  cathédrale  de  Bari,  de  952  à  1261;  en  tout  107  documents, 

^^*ï.  17  seulement  avaient  été  déjà  publiés.  Cette  publication,  qui  com- 

V^^'Od  des  bulles  de  pajtes,  deâ  diplôraes  de  rois  et  de  ducs,  des  chartes 

°^Vscopales,  ecclésiastiques  et  privées,  est  une  bonne  contribution,  non 

''^U\ement  à  l'histoire  de  l'évèche  de  Bari,  maïs  encore  aux  études 

*^Vlomaliques,  juridiques  et  linguistiques.  Une  préface  de  M.  G.-B. 

^iTro  r>E  Rossi,  qui  a  la  prétention  de  montrer  l'importance  des  docu- 

UeDlB  publiés,  aurait  pu  être  plus  concise  et  moins  saperficielle  ;  les 

actes  ont  été  publiés  par  M.  Prancesco  Nim  m  Vite,  ancien  élève  de 

l'école  de  paléographie  de  Florence,  avec  beaucoup  de  soin  et  de  cri- 

liipie,  et,  grâce  à  lui,  le  volume  a  été  enrichi  d'excellentes  tables. 


254  CHlONiQUfi  BT  BIBLIOGUPHIE. 

—  M.  Girolamo  Mancini  a  publié  an  gros  volume  sur  CarUma  ntl 
medio  evo  (Florence,  Garnesecchi).  L'ouvrage  se  divise  en  trois  parties: 
la  première  traite  de  la  commune  libre  jusqu'à  1325,  la  seconde  de  la 
domination  des  Gasali  jusqu^à  1409,  la  troisième  de  l'époque  de  sou- 
mission à  la  république  florentine,  de  1411  à  1529.  C'est  un  tranil 
d'une  érudition  très  grande,  parfois  trop  minutieuse;  ajoutons  qae, 
suivant  la  nouvelle  manière  d'écrire  l'histoire,  à  côté  de  l'histoire  poli- 
tique, l'auteur  a  donné  une  grande  place  à  celle  des  institutions,  des 
usages,  de  la  situation  économique  et  de  la  civilisation. 

—  On  a  publié  (Sienne,  Lazzeri)  le  t.  V  de  l'important  ouvrage  de 
Narciso  Mbnoozzi,  Il  monte  de'  Paschi  di  Siena,  Ce  célèbre  établisse- 
ment de  crédit,  qui  remonte  aux  temps  les  plus  florissants  de  la  répu- 
blique et  qui  a  une  existence  tout  à  fait  autonome,  méritait  qu'on  en 
étudiât  de  près  Torganisation  et  l'histoire.  M.  Mengozzi  Ta  fait  avec 
soin  et  avec  une  science  parfois  surabondante  :  sous  le  nom  de  MtmU 
de'  Paschi  passe  toute  l'histoire  civile  et  économique  de  Sienne  et  en 
partie  même  celle  du  reste  de  la  Toscane.  Mais,  si  cela  nuit  à  l'écono- 
mie de  l'ouvrage,  cela  donne  aussi  à  l'érudit  de  riches  matériaux  puisés 
à  des  sources  originales  et  en  partie  inconnues.  L'ouvrage  embrasse 
toute  l'histoire  du  Mont  et  des  agences  qui  lui  ont  été  jointes,  des  ori- 
gines au  XV*  siècle  (sans  compter  ce  que  dit  l'auteur  du  prêt  à  nsnre 
exercé  par  les  Juifs  avant  l'institution  des  monts-de-piété),  jnsqn'à  la 
fin  du  règne  du  premier  grand-duc  lorrain  de  Toscane. 

—  Le  baron  Domenico  Garutti  a  donné  la  3*  édition  de  son  Histoire 
de  Victor-Âmédée  III  (Turin,  Glausen),  qui  fut  publiée  pour  la  pre- 
mière fois  en  1856;  il  y  a  mis  d'importantes  additions  et  lui  a  donné 
un  nouveau  titre  :  Il  primo  re  di  casa  Savoia. 

—  En  1097,  le  comte  Roger  de  Sicile  tint  à  Mezzara  une  assemblée 
des  barons  et  des  évêques  de  Sicile  pour  régler  un  conflit  qui  avait 
éclaté  entre  les  uns  et  les  autres  au  sujet  des  dîmes.  L'accord  qui  ea 
résulta  est  connu.  Gependant,  pour  solenniser  le  haitième  centenaire 
de  cette  assemblée,  qu'ils  considèrent  comme  le  premier  parlement 
sicilien,  MM.  Paterne  Gastbllo  et  Gaoliani  en  donnent  une  nouveli^ 
édition  critique  \  avec  le  fac-similé  de  la  copie  que  possèdent  les  archiv^^ 
capitulaires  de  Girgenti.  Les  auteurs  se  sont  beaucoup  plus  mis  en  frai-^ 
pour  l'édition,  qui  est  riche,  que  pour  le  commentaire  historique  doiP-  ^ 
la  pauvreté  touche  à  la  misère. 

—  G'est  une  série  d'études  sur  les  anciennes  annales  de  EHse  qu  ^ 
M.  Otto  Langer  a  publiée  sous  le  titre  général  de  Die  Annales  Pisao^- 
und  Bernardo  Maragone  (Zwickau,  Zuckler,  1897,  in-A®,  p.  39).  Il  ^ 
examine  tour  à  tour  si,  comme  on  le  croit  depuis  longtemps,  Bemar"^ 
Maragone  est  Tauteur  de  ces  annales  du  xn«  siècle,  comment  se  présenta 

1.  SM*  oitavo  crnienario  del  primo  Parlammiio  Sidliano,  Gatane,  Gia^3 
noU,  1897,  ia-8%  46  p. 


mSînflCB  ET  BlBtlOGBlPBIB. 

dans  cette  compilalion  historique  la  série  des  conBula  plsans,  enfin  il 
montre  l'importance  qu'a  le  manuscrit  parisien  de  ces  Annales. 

—  Après  avoir  étudié,  dans  une  brochure  précédente,  dont  la  Revue 
hiitorique  a  rendu  compte  (t.  LXIV,  p,  448),  les  tentatives  de  réforme  du 
calendrier  faites  au  concile  du  Lalran,  sous  Léon  X,  M.  Marzi  aborde 
la  queelion  de  la  réforme  grégorienne  et,  dans  un  article  de  peu  d'éten- 
due*, il  étudie  les  projets  présentés  par  Giglio  et  par  le  coadjuleur  de 
Sienne,  Piccolomini,  lous  deux  e'inspiranl  des  recherches  antérieures 
de  ToloBaoi. 

—  8ouB  le  titre  général  de  Carattcre  giuriàico  del  governo  costilusio- 
natf^,  M.  MicELi,  professeur  à  l'Universilé  de  Pérouse,  a  publié  deux 
fascicules  de  droit  constitutionnel  ;  dans  le  premier,  il  étudie  les  fonc- 
tiouE  de  la  Couronne  ou  de  la  Présidence;  dans  le  second,  celui  da 
Cabinet.  Comme  il  le  déclare  lui-même  dans  sa  préface,  il  n'a  pas  voulu 
taire  une  théorie  pure;  il  a  tenu  compte  le  ptus  possible  de  l'expérience 
et  de  la  marche  des  faits.  Quoique  s'intéressant  plus  spécialement  à 
l'Italie,  il  n'a  pas  laissé  de  prendre  des  points  de  comparaison  dans 
tous  les  autres  pays  placés  sous  un  régime  analogue.  Frappé  du  discré- 
dit où  le  parlementarisme  lui  semble  tombé,  il  cherche  à  montrer  les 
troubles  qui  se  sont  produits  dans  le  fonclionnement  régulier  du  régime 
constitutionnel  et  à  en  indiquer  le  remède.  Œuvres  d'un  esprit  à  la 
fois  logique  el  pratique,  doué  d'une  grande  pénétration  ei  dépourvu 
autant  que  possible  de  parti-pris,  ces  études  sont  remarquables,  et  tout 
homme  préoccupé  de  ces  graves  problèmes  politiques  les  lira  avec  profit. 

—  M.  CoHAzïCNi*  étudie  les  paroisses  gentiltces  qui  esisteol  encore 
en  Italie  ;  après  les  avoir  définies  d'après  les  canonistes,  il  cherche  à  en 
déterminer  l'origine  et  il  la  fait  remonter  aux  paroisses  des  fundi  et 
des  massae  de  l'époque  mérovingienne.  Malheureusement,  cet  article 
de  huit  pages  est  un  sommaire  plutôt  qu'un  traité  de  la  question. 

—  Dans  un  autre  article  plus  étudié',  le  môme  auteur  cherche  & 
déterminer  ia  condition  juridique  des  presbytères  dans  les  diverses 
régions  de  l'Italie  et  en  France,  où  il  cherche  des  points  de  comparai- 
son.  Quels  en  sont  les  propriétaires,  sont-ce  les  communes,  les  fabriques 
ou  les  curés?  Si  ces  derniers  n'en  sont  que  les  usufruitiers,  quelle  est 
la  limite  de  leurs  droits?  A  qui  incombent  les  frais  d'entretien?  Telles 
sont  les  principales  queslions  que  M.  Corazzini  se  pose  et  qu'il  cherche 
à  résoudre  non  seulement  d'après  les  textes  de  loin,  mais  encore  d'après 
la  jurisprudence  des  Conseils  d'^.tat,  des  Cours  de  cassation,  les  com- 
mentaires des  jurisconsultes  et  des  canonistes. 

1.  Giov.  Maria  Toloiani,  Àlesiandro  Piccolomini  e  Luigi  Giglio.  CaslelQo- 
reolina,  1897,  in-8-,  p.  lî. 

2.  Péroune,  lip.  Umbra,  1894,  !  fasc.  in-8-,  p.  1-136,  1-îïO. 

3.  Parrochie  genlilisie.  Etirait  de  la  Riviala  dl  dtrltto  ecclesiasiico,  \&%, 
io-8-,  p.  8. 

i,  PrabUerli  o  eau  canonicAe  (extrait  de  la  même  revue),  1S96,  p.  52l-57a, 


256 


CfllOIVIQUB   BT  BIBLIOGBIPHIB. 


—  M.  G.-B.  S1RAGU8A  a  publié,  pour  Vlstituto  starico  italiano,  nne 
nouvelle  édition  de  l'Histoire  do  la  Sicile  de  Hugo  Falcandus  (la  Hih 
toria  0  liber  de  regno  Sicilie  e  la  epislola  ad  Petrum,  Panormitane  eeeUnt 
iiiesaurarium,  di  lîgo  Falcando,  Rome,  Forzani,  1897,  xlv-197  p.  in-8«. 
Prix  :  10  lire). 

Danemark.  —  La  science  danoise  a  fait  une  grande  perte  par  la  mort 
du  directeur  général  des  archives  de  i'Ëtat,  le  D' A.-D.  JGEEOEMSEXfdéoédë 
le  5  octobre.  Il  tenait  en  Danemark  une  place  importante  par  ses  travaux, 
écrits  d'un  style  facile  et  élégant  ;  il  s'était  fait  aimer  comme  historieo 
populaire;  son  grand  patriotisme  et  la  lutte  infatigable  qu'il  avait  entre' 
priso  en  faveur  des  Danois  annexés  du  Slesvig  lui  avaient  valu  TestimecL^ 
tous;  rexcellentc  direction  qu'il  avait  imprimée  aux  archives  a  mont^T"^ 
à  quel  point  il  fut  un  administrateur  éminent.  Né  à  Graasten  en  SletyS-  l 
en  1840,  il  vint  à  Gopenliai^uc,  lors  de  la  guerre  de  1861;  il  y  obtint,  ^p^'^ 
1869,  un  emploi  aux  archives  du  ministère  et  fut  mis,  en  1883,  à  la  té 
de  ce  dépôt.  Il  le  réorganisa  et  Gt  publier  d'importants  catalogaei 
tableaux  do  l'administration  générale  pour  faciliter  les  recherches  hisi 
riques.  C'est  à  son  initiative  que  l'on  doit  l'établissement  des  trois 
provinciales  en  1881K  Connaissant  à  fond  le  contenu  de  ses  archives,  il 
en  tirer  des  documents  d'un  trè^  grand  intérêt,  concernant,  par  exem 
la  Réforme,  la  captivité  de  Christian  II,  les  atTaires  politiques  du  zix* 
Ses  premiers  ouvrages  se  rapportent  à  l'histoire  du  moyen  âge; 
Études  sur  l'histoire  du  Nord  au  moyen  âge  et  sa  grande  Histoire  de 
fondation  de  l'Église  chrétienne  dans  les  pays  Scandinaves  témoi 
de  Toriginalité  de  se.^  études,  faites  directement  sur  les  sources,  d 
la  pénétration  avec  laquelle  il  comprenait  les  caractères  humains 
l'esprit  particulier  de  chaque  époque.  Ce  sont  les  mêmes  qualités 
se  font  jour  dans  ses  Quarante  récits  de  l'histoire  nationale,  ouvrage 
répandu,  où  il  a  présenté  des  points  de  vue  tout  nouveaux,  sartout  ai^ 
sujet  de  l'histoire  du  Slesvig.  •Tturgensen  a  aussi  publié  toute  une  séri^ 
d'importantes  recherches  sur  l'histoire  de  cette  province.  La  biographie 
l'intéressait  beaucoup,  et  il  a  tracé  d'excellents  portraits  de  rarchéo-^ 
loguc  Zoêga,  de  l'anatomiste  et  géologue  Sténo,  du  psalmiste  Bro 
du  poète  EvaUl,  entin,  dernièrement,  dans  un  ouvrage  en  deux  volnmi 
de  l'homme  d'État  GrifTcufeid.  Dans  la  Danmarks  Riges  Historié,  J^ 
gensen  a  décrit  répo<iue  de  1814  à  1838;  la  suite,  jusqu'en  1852, 
entièrement  terminée. 

—  Le  D'  C.-F.  nuiCKA,  connu  surtout  par  son  grand  dictionnaii        '^^ 
Dansk  Biografisk  Lcxikon,  a  été  nommé  directeur  général  des  aitbives  ^— - 


L'un  des  propriétaires'^érants,  G.  Monod. 


Nogent-le-Rotrou,  imprimerie  Daupblbt-Gouvbbxcbur. 


LES  AVENTURES 


DU 


MARQUIS  DE  LANGALEME 

(1661-1717). 

(Suite  et  fin*.) 

IV. 

Langaler[b  protestant. 

€IZeile  même  année  1711  vit  se  produire  une  nouvelle  incar- 
AtL'îcû  de  Langalerie. 

^^^aturellement  porté  vers  les  spéculations  religieuses,  si  nous 
en  rapportons  à  ses  propres  déclarations,  il  avait  cru  rame- 
sa  nouvelle  épouse  dans  le  giron  de  l'église  catholique  ;  au 
on  traire,  ce  fut  elle  qui,  protestante  ardente  et  versée  dans  les 
'-^^laties  de  la  controverse,  le  décida  à  embrasser  le  calvinisme, 
^^y  le  dimanche  19  juillet  1711,  en  grande  cérémonie,  devant 
^ne  nombreuse  assistance  que  la  foire  de  Francfort-sur-l'Oder 
^vaît  encore  grossie,  il  fit  son  abjuration  dans  le  temple  français 


^  yeux  de  certains  contemporains,  les  mobiles  religieux  ne 
ïw^n  t  pas  seuls  à  faire  du  transfuge  de  1706  un  renégat  ;  il  y  en  eut 
f^^^î  de  politiques.  Sa  situation  auprès  du  roi  Auguste  était  devenue 
Jûsoutcnable.  Non  seulement  les  Lithuaniens  protestaient  contre 
^  lourde  surcharge  que  leur  imposaient  douze  régiments  de  cava- 
ievx^  étrangère  cantonnés  par  le  prince  saxon  dans  leur  pays, 
malg^^  eux,  et  contre  les  exactions  écrasantes  de  ces  mercenaires, 


^  •  Voir  Revue  historique^  LXVI,  p.  1. 

Rbv.  Histor.  LXVI.  2«  pasc.  17 


258  1.   OB  BOrSLISLS. 

encore  plus  que  contre  les  dépenses  d'entretien  d*un  pareil  arme- 
ment* ;  mais  grands  et  petits  généraux  n'entendaient  pas  qu'un 
étranger,  un  Français,  empiétât  sur  leurs  emplois.  Il  Mut 
chercher  fortune  ailleurs^.  L'Autriche  étant  désormais  fermée 
au  générais  il  ne  restait  de  ressource  que  du  côté  des  Etats 
protesta nts^'.  Quittant  donc  le  commandement  qui  lui  avait  été 
confié  sur  les  frontières  de  Pologne  et  de  Hongrie,  Langalerie 
se  transporte  d'abord  à  Hambourg,  et,  là,  remontre  à  la  com- 
munauté protestante  qu'au  milieu  des  ravages  effrayants  de  la  ^ 
peste  il  a  vu  comment  sa  «  chère  épouse  »  avait  «  mené  battant  »  — 
les  prêtres  catholiques  chargés  de  la  ramener  à  la  religion  romaine;  ^ 
que  lui-même,  <  catholique  à  brûler  et  jusqu'à  vouloir  faire  d( 
prosélytes,  »  il  s'est  mis  à  étudier  Y  Abrégé  des  controverses  Ai 
brelincourt^  le  Bouclier  de  foi  de  Dumoulin*,  YAccomplissi 
7iient  des  prophéties  de  Jurieu"',  surtout  la  Bible  de  Louvain 
que  ces  lectures  l'ont  décidé  à  s'instruire  plus  complètement  dan^.^ 

la  religion  protestante,  qu'elle  soit  luthérienne  ou  calviniste. 

l^es  Hambourgeois  Taccueillent  pendant  six  mois,  font  une  collecte 
h  son  profit,  et,  le  1*""  mai  1711,  lui  délivrent  une  chaleureuse 
recommandation  pour  leurs  coreligionnaires  de  Brème,  où  il 

1.  Gazette  d'Amsterdam,  1710,  Extr.  xx,  xxii,  xlvii,  et  n*  xcin,  et  1714, 
n*  i:iv;  Gazette  de  Leyde^  année  1713»  n*  16. 

2.  Journal  de  Verdun^  octobre  1710,  p.  243. 

3.  Les  Mémoires  de  1743,  p.  387-391,  racontent  qaMl  alla  à  Vienne,  du» 
rété  de  1711,  pour  réclamer  du  nouvel  empereur  an  arriéré  de  plu  d* u 
demi-million  de  florins,  mais  que  le  prince  Eugène  fit  échouer  tontes  ses 
démarches,  et  qu'il  revint  dans  le  Nord  en  jurant  de  se  Tenger.  Tout  cela  ne 
paraît  pas  Traisemblable. 

4.  Auguste  de  Pologne  aTait  abjuré  le  luthéranisme  pour  le  catholicisme  Ion> 
qu'il  s'était  fait  élire  en  1GU7;  mais  son  fils,  le  prince  électoral  de  Saxe,  passa 
au  luthéranisme  en  1710. 

5.  Une  vingtième  édition  avait  paru  à  Charenton  eo  1674. 

6.  Bouclier  de  la  foi.  ou  Défense  de  la  confession  de  foi  des  égUse$  réfor- 
mées  du  royaume,  publié  à  Charenton,  en  1618,  par  Pierre  da  Moalin. 

7.  l^  titre  do  cet  ouvrage,  publié  en  168(3  et  1687,  et  inspiré  da  chapitre  xi 
de  V Apocalypse,  explique  quelle  influence  il  put  avoir  sor  l'esprit  do  néophyte: 
r Accomplissement  des  prophéties,  ou  la  Délivrance  prochaine  de  rÉgÙte; 
ouvrage  dans  lequel  il  est  prouvé  que  le  papisme  est  V empire  antichréden; 
que  cet  empire  n'est  pas  éloigné  de  sa  ruine;  que  cette  ruine  doit  commMoer 
dans  peu  de  temps;  que  la  persécution  présente  peut  finir  dans  trois  ans  et 
demi,  apri's  quoi  commencera  la  destmction  de  l Antéchrist j  laquelle  se  con- 
tinuera dans  le  reste  de  ce  siècle  et  s'achèvera  dans  le  commencement  A» 
siîxle  prochain:  et  en/in  le  règne  de  Jésus-Christ  tiendra  sur  la  terre,  Poor 
ré|H>ndre  aux  railleries  de  ses  adversaires,  Jurien  publia  deux  on  trois  laites 
ou  a|H)logies. 


LES  AVBNTORBS  DD   VÀIQUIS  DE  UIIOilElI£. 

i  aller  fixer  sa  résidence.  Fut-il  mal  accueilli  dans  cette 
le?  C'est  ce  que  nous  ne  savons  pas;  toujours  est-il  que  les 
••randebourgeois  de  Francfort-sur-l'Oder  eurent  la  préférence, 
eï  qu'il  se  mit  entre  les  mains  de  deux  pasteurs  renommés  de 
celte  ville,  le  luthérien  allemand  Strimesius'  et  le  calviniste  fran- 
sa/s  Causse*.  Après  six  ou  huit  semaines  de  conférences  et  decon- 
tyvenes,  ce  dernier  l'emporta  et  eut  l'honneur  insigne  de  pré- 
d^tr  à  la  cérémonie  du  19  juillets 

I^e  la  part  d'un  visionnaire  à  tendances  mystiques,  tel  que 
'vxs  connaissons  Langalerie,  on  peut  admettre  que  l'abjuration 
k  ï  t  sincère;  il  voulut  immédiatement  la  justifier  aux  yeux  des 
EXEA patriotes  et  des  amis  qui  l'apprendraient  par  les  gazettes 
r";^  ngères*.  Celle  qui  se  publiait  à  Leyde  '",  sous  la  direction  du 
E°Ugié  français  Antoine  Detafont,  fut  choisie  spécialement  par 
-*-  »  et,  à  suivre  les  diverses  insertions  qu'il  y  obtint,  on  ne  peut 
•^'admirer  son  instinct  de  l'action  que,  dès  ces  temps  primi- 
^Ï'S,  le  journalisme  pouvait  exercer  sur  l'opinion  publique,  et  son 
Caresse  à  manier  cet  instrument*.  En  premier  heu',  un  compte 
^ndu,  qui  commençait  par  l'énumération  de  tous  les  titres  du 
èophyte*,  annonça  les  splendeurs  émouvantes  de  l'abjuration 
dique.  Onze  numéros  plus  loin',  nouvel  article  ; 

tauit  jours  après  que  M.  le  marquis  de  Langalerie  '"  eut  fait 
I  abjuration  publique  des  erreurs  de  la  religion  romaine  dans 
bise  des  réformés  de  cette  ville,  S.  Eic.  y  fut  admise  à  la  sainte 

E  Samuel  Strimesins,  mort  en  1730. 

[  Jean  Csusse,  ordonné  à  Berlin  en  I6â8,  mgUllè  A  Prancforl  en  l&S<l. 

C  Les  lUànoira  de  1713,  p.  402,  iilacenl  celle  abjuration  en  1711  et  en  attri- 
•Benl  l'honneur  au  fameat  llMusobrB:  mais  ceiui-ci  èUil  éubli  â  Berlin,  el  le 
Icile  mttae  de  l'ubjuration.  publié  en  dernier  lieu  dans  le  Bullelin  de  la  Société 
de  Chttloira  du  prolestantUme  (Tançais,  année  IS90.  p.  4%-40S,  ne  parle  que 
de  Strimesius  et  Cnusae.  C'est  cette  conversion  qui,  dè«  ISS6,  n  râla  it  Langa- 
lerie un  article  des  auteurs  de  la  France proleslunie  (I.  VI,  p.  515-517);  «  U 
Mcande  édition  de  ce  grand  recueil  continue,  il  est  i  Mubniter  que  l'on  expurge 
l'arLicle  des  fautselés  empruntées  par  les  frères  Haag  aux  Mémoiret  apocryphes. 

4,  Gaittte  liAmslerdam,  171],  Eitr.  lxii;  Journal  de  Verdun,  août  t7lt, 

m  et  299. 

I  Sou»  le  titre  de  youveltn  extrat/rdinairei  de  diaeri  endroUi. 
a  déji  usé  en  17U». 

tiBttielte  de  Leyde.  1711,  n*  61,  correspond  a  née  de  Francrorl. 

f  Depuis  son  arrivée  en  Allemagne,  Langalerie  arborait  ta  i|ualiricBlian  double 
i  marquis,  ce  qni  ne  ae  fniMlt  pu  en  France. 

E  N*  7t.  Il  y  a  deux  numéros  par  semaine. 
I,  Celle  ortbograplie  sulGrait  pour  révéler  l'origine  de  l'article. 


260  1.   DE  BOISLISLS. 

communion  avec  M*"^  la  marquise  sa  1res  digne  et  vertueuse  épouse, 
cl  cela  après  une  mûre  délibération  du  consistoire  de  la  même  église. 
Toute  rassemblée  fût  extrêmement  édifiée  de  la  piété  et  du  zèle  que 
ces  deux  illustres  personnes  firent  paroitre  à  cette  occasion.  Depuis 
ce  temps-là,  M°"''  la  marquise  est  heureusement  accouchée  d'un 
second  fils  dans  le  château  du  général  de  Micrander,  qui  est  aux 
portes  de  cette  ville,  ce  généreux  seigneur  ayant  bien  voulu  y  loger 
M.  et  >!"»•  de  Langalerie  :  de  sorte  que  cette  illustre  marquise  a  en 
presque  en  même  temps  une  double  joie,  celle  de  voir  M.  son  époux 
embrasser  la  religion  réformée,  et  celle  d'avoir  mis  au  monde  un 
jeune  marquis,  qu*on  va  baptiser  au  premier  jour  dans  le  sein  delà 
même  église.  M.  le  marquis  son  époux  mettra  bientôt  au  jour  un 
écrit  en  forme  de  lettre,  contenant  quatorze  motifs  également  forts 
et  solides  qui  ont  obligé  S.  Exe.  à  faire  abjuration  des  erreurs  de 
réglise  romaine  pour  professer  les  vérités  de  la  religion  réformée. 

De  la  Gazette  de  Leyde,  ces  importantes  nouvelles  passèrent 
dans  le  Journal  de  Verdun^;  mais  la  première  feuille  inaéra 
encore  une  relation  du  baptême  du  nouveau-né,  qui  se  fit  dans 
l'église  française,  par  la  main  du  ministre  français  Cabrit,  rem- 
plaçant M.  Causse,  et  où  les  parrain  et  marraine  furent  le  roi 
Frédéric  et  la  reine  Sophie-Louise  de  Prusse,  représentés  par  le 
gouverneur  de  la  ville  et  sa  femme'.  A  la  suite  venait  cette  der- 
nière annonce,  qu'il  faut  reproduire  intégralement^  : 

Le  grand  et  bel  exemple  que  M.  le  marquis  de  Langalerie  a  donné 
en  embrassant  dernièrement  la  religion  réformée  a  fait  tant  d'im- 
pression sur  l'esprit  d*un  gentilhomme  irlandoisnomméM.  O'Bryen, 
homme  de  réputation  qui  a  été  ci-devant  major  dans  les  troupes  du  roi 
de  Suède  et,  en  dernier  lieu,  commandant  des  grenadiers  à  cheval  du 
prince  Kagotski,  qu'après  avoir  été  instruit  pendant  cinq  semaines 
par  M.  Gausse,  l'un  de  nos  pasteurs,  et  convaincu  des  erreurs  du 
papisme  par  la  lecture  de  \  Abrégé  des  controverses  de  M.  Drelin- 
court,  lequel  le  général  de  Langalerie  lui  a  fourni,  [il]  fit  hier  abjura- 
tion publique...  Ce  qu'il  y  a  de  plus  admirable  dans  cette  conversion 

1.  Octobre  1711,  p.  209  :  c  La  marquise  de  Langalerie  ayant  été  joindre  son 
époux  en  Saxe,  où  elle  a,  comme  lai,  abjuré  la  religion  catholique  pour  embras- 
ser la  proleslanle  suivant  la  réforme  de  Calvin,  accoucha  d'oa  fils,  à  Franc- 
fort-sur-i'Oder,  au  mois  d'août.  Ce  marquis  travaille  à  doooer  au  pubUc  les 
motifs  qui  l'ont  engagé  à  changer  de  religion.  • 

2.  Gazette  de  Leyde,  n*  87.  Ce  fils  reçut  eo  conséquence  les  noms  de  Frédè- 
ric-UIric-Charles-Philippe. 

Z,  Ibidem. 


us  ITEffrCSES   DD   KiRQITlS   DR   Ll^IGlLERIB.  26\ 

est  qu'elle  s'e^t  Taile  avec  une  pleine  connoissancc  de  cause;  car 
M.  le  major  O'Brycn  diâputoit  Lous  les  jours  avec  M.  Gausse,  ayant 
on  main  son  Etichiridion  Echij  contre  Luther',  d'où  il  liroit  ses 
arguments  pour  appuyer  les  erreurs  de  l'église  romaine;  mais, 
comme  ce  nouveau  prosélyte  est  mathématicien,  qu'il  a  l'esprit 
juste,  et  qu'il  parle  bien  françois  et  latin,  il  a  facilement  compris  les 
erreurs  de  la  religion  où  il  étoit  né  et  les  vérités  de  la  m'ilre.  Au 
reste,  celte  conversion  s'est  faite  sans  aucune  vue  d'intérêt  mondain, 
puisque  M,  O'Bryen,  avant  que  d'embrasser  la  religion  réformée, 
étoit  déjà  pourvu  d'un  emploi  également  honorable  et  lucratif.  M.  le 
marquis  de  Langalerie  a  fait,  depuis  trois  semaines,  divers  vojages 
à  Berlin,  et  de  celle  capitale  à  Landsherg,  où  la  cour  est  â  présent. 
On  dit  que  c'est  pour  proposer  au  roi  de  Prusse  un  projet  de  guerre 
très  important  que  ce  général  a  formé,  et  pour  l'exécution  duquel  il 
offre  ses  services  à  S.  M.  Prussienne  et  à  ses  hauts  alliés;  et  l'on 
ajoute  qu'il  a  été  goûté  par  S.  M.  Pr.  et  par  M.  le  Prince  rojat  son 

»  unique  et  hérédilaire'. 
I^à  uae  correspondance  envoyée  de  Berlin  le  13  octobre,  et 
lue  dans  le  n"  85  de  la  même  Gazelle  de  Leyde,  avait 
répandu  la  aouvelle  par  toute  l'Europe  : 

Le  marquis  de  Langalerie,  qui  a  ci-devant  servi  le  roi  de  France 
avec  beaucoup  de  distinction  en  qualité  de  lieutenant,  cl  qui  a  été 
depuis  titré  général  de  la  cavalerie  de  l'empereur,  etc.,  a  eu  audience 
à  Landsberg  de  S.  M.  Prussienne,  qui  lui  a  fait  un  accueil  très  f^vo- 

Kl,  et  l'on  dit  qu'il  lèvera  un  régîmenl  de  cavalerie  pour  le  sér- 
ie la  reine  de  la  Grande-Bretagne. 
i  Anne,  ni  Frédéric-Guillaume  n'avaient  probablement  rien 
connu  de  ces  relations  que  la  gazette  leur  prêtait  avec  le  transfuge 
français^.  Du  moins,  celui-ci  tint  sa  promesse  de  justifier  son  évolu- 
tion religieuse.  Le  manifeste  annoncé  parut  en  Saxe,  puis  en  Hol- 
lande, au  mois  de  septembre  1711  '■.  Sous  forme  de  réponse  à  un 
ami^,  il  y  racontait  les  circonstances  qui  l'avaient  décidé  à  se 

*Kne)\tndion  eontroversiarum,  eomraentariat  In  Aristoietis  libros  PhijU- 
p  «t  lit  Meteora,  par  l'Allemand  Jeoa  Eck,  mort  ea  1543. 
Fridirlc-Guillauma,  qui  monta  »ur  le  irûne  en  1713. 
3.  Lh  ilêmolret  lie  174î  parlent  (p.  404)  ilcs  offres  du  général  an  roi  da 
Prusse.  maU  ilisenl  qn'il  fut  caitrUiisemenl  icnnduil, 
i.  Journal  de  Verdun,  même  mois.  p.  t9!-l94, 
^TiUv  :  Ltltre  dv  giji^ral  nariiuù  de  langalerie  eontenattl  en  abrégé 


262  i.    OB  B0I8LI8LE. 

mettre  entre  les  mains  des  ministres  de  Francfort,  et,  à  rioTene 
du  duc  Antoine-Ulrich  de  Brunswick- Wolfenbîittel,  qui  avait 
publié,  deux  ans  auparavant,  les  cinquante  motifs  de  son  abju- 
ration du  protestantisme,  il  énumérait  ses  quatorze  motife,  à  lui, 
pour  renier  le  catholicisme,  sans  compter  deux  cent  quarante- 
cinq  versets  de  la  Bible  relevés  à  l'appui;  motifis  bien  coddos 
d'ailleurs  :  Tantichristianisme  des  papes,  leur  vie  impure  etleor 
simonie,  le  culte  des  images,  la  croyance  aux  miracles  et  aux 
légendes,  la  persécution  des  hérétiques,  etc. 

Annoncé  d'avance  par  les  gazettes,  comme  on  l'a  vu,  ce  mani- 
feste passa  jusqu'en  Angleterre  grâce  à  une  traduction  de  l'année 
suivante,  mais  sans  produire  l'effet  espéré;  et  cependant  les 
circonstances  étaient  favorables  pour  que  le  condottiere  trouvât 
emploi  dans  l'une  des  coalitions  qui  partageaient  alors  l'Europe 
centrale  :  d'un  côté,  la  Suède,  le  roi  Stanislas  et  la  Turquie;  de 
l'autre,  le  Danemark,  la  Russie  et  le  roi  Auguste.  Le  roi  de 
Prusse  ayant  éconduit  Langalerie  *,  une  tentative  auprès  du  czar 
Pierre  le  Grand  ne  réussit  pas  mieux*.  Pendant  dix-huit  mois, 


l'histoire  et  les  motifs  de  sa  conversion^  avec  un  discours,  etc.  —  Noos  avons 
un  exemplaire  de  l'édition  de  1711  dans  le  dossier  Gentil  du  Cabinet  db  d'Ho- 
ziHit,  vol.  150,  dossier  4112,  fol.  11-22,  et  une  traduction  anglaise  publiée  on 
an  et  demi  plus  tard  (Musée  britannique,  700  r25}.  11  paraît  même  que  cette  plt* 
quette  a  eu  les  honneurs  de  la  réimpression  en  1852.  Voir  le  BuUeUn  de  lA 
Société  de  l'histoire  du  protestantisme  français,  années  1862,  p.  315,  et  1890, 
p.  490. 

1.  Ci-dessus,  p.  261.  Le  roi  Frédéric  mourut  le  25  février  1713.  On  sait  combien 
de  sacrifices  la  Prusse  fit  alors  pour  s'assurer  Tincorporation  des  réfugiés  fnQ' 
(^ais;  Frédéric-Guillaume,  à  peine  monté  sur  le  trône,  leur  offrit  quinze  années 
de  franchise  {Gazette  d'Amsterdam,  avril  1714,  Extr.  lvui). 

2.  M.  de  Weber  dit  (brochure  Montégut,  p.  24)  :  «  Nous  trouvons  de  loi  bb 
mémoire  adressé  au  czar  Pierre  le  Grand  durant  la  guerre  des  Russes  contre 
les  Turcs.  Langalerie  conclut  en  proposant  d'envoyer  une  personne  de  confiance 
pour  faire  continuer  la  révolte  des  Monténégrins  et  leur  promettre  de  la  pirt 
de  S.  M.  czarienne  une  forte  assistance.  On  devait  aussi  se  mettre  en  nls- 
tions  avec  les  chefs  d'autres  tribus  qui  entretenaient  depuis  quelque  temps  ane 
correspondance  avec  lui,  Langalerie.  Il  s'offrit  même  à  désigner  uo  port  de 
Grèce  qui  fût  propre  à  recevoir  une  flotte  et  facile  à  fortifier;  il  se  déclara 
ensuite  prêt  à  enrôler  un  corps  de  six  mille  hommes  et  à  l'embarquer  dans  on 
port  de  l'État  pontifical,  dans  l'espérance  que  le  pape  favoriserait  une  entf^ 
prise  dirigée  contre  l'ennemi  du  nom  chrétien  et  autoriserait  ses  sujets  à  louer 
leurs  vaisseaux  pour  cela.  Langalerie  avait  donc  alors  en  vue  une  guerre  contre 
les  Turcs  en  faveur  du  czar  et  avec  l'aide  du  pape.  Mais  ce  plan  est  resté  une 
simple  feuille  de  papier.  •  Langalerie,  dit-on,  fil  une  démarche  pareille 
auprès  de  Rakoczy,  le  chef  de  l'insurrection  hongroise,  qui  tendait  à  sa  in. 


i  iVIHTirKES   DC   HIRQUIS    DE   Ll>1CALEItIC. 

le  général  chercha  vainement  un  placement  de  ses  projets  chimé- 
riques, de  ses  visées  ambitieuses.  A  la  fin  d'août  1712,  il  fit  faire 
ane  nouvelle  édition  de  son  manifeste  comme  appel  à  la  sympa- 
thie des  protestants,  en  y  joignant  non  seulement  le  certificat  de 
la  commuDauté  de  Hambourg',  mais  aussi  une  prière  aux  com- 
munautés de  réfugiés  français  de  faire  parvenir  en  franchise  aux 
pasteurs  de  Brème  les  subventions  qu'il  sollicitait  d'elles-.  C'est 
seulement  au  printemps  de  1713  que  le  prince  héréditaire  de 
Hesse-Cassel \  auquel  il  avait  jadis  rendu  quelque  service  dans 
la  campagne  de  1705  en  Italie,  vint  à  son  aide. 

Ce  prince,  l'un  des  plus  brillants  généraux  delà  coalition  contre 
Louis  XIV '',  obtint  du  landgrave  son  père^,  pour  Langalerie  et 
pour  sa  famille,  une  pension  considérable,  une  terre  et  un  titre  de 
général-lieu  tenant  dans  cette  petite  armée  de  mercenaires  qu'il  met- 
tait à  la  solde  des  puissances  étrangères  et  qui  jouissait  d'un  très 
bon  renom.  L'installation  de  ses  protégés  à  la  cour  de  Cassel  dut 
avoir  lieu  vers  le  l"  avril  1713",  Les  charmes  de  M™"  de  Lan- 
galerie opérèrent  bientôt  :  quoique  peu  jolie,  et  affligée  en  outre 
d'une  humeur  diflScile,  quinteuse,  elle  devint  la  maîtresse  en  titre 


Quant  BU  Monléoègro,  il  y  eul  effectiTement,  dans  \'élé  de  ITIS,  on  loulèvement 
considérable  et  une  lutte  acEiarnée  {Gatelle  rT Anulerdam,  q"  lxsi  et  Lxxni). 
t.  Ci-detsue,  p.  Z58. 

2.  Aéiinpre8«ion  datée  du  !5  août  1712  (Musée  brilannique).  A  la  deroiËre 
page  :  a  Vous  êtes  très  bnmbleineat  suppliés  d'avoir  ta  boolé  d'aUraDchir  lei 
paquet}  que  vous  leur  adresserez  pour  cet  efTet.  ■  --  C'est  précisémenl  à  cette 
époque  rie  l'anoèe  1712  qu'eut  liea  le  siégé  de  Stade,  dans  le  ducbé  de  Brétue, 
où  les  Ménolrn  de  1743,  p.  393-394.  prétendant  que  Langalerie  eul  un  com- 
mandement dans  l'armée  du  roi  Auguste  de  Pologne  anie  Â  celle  du  Danemarb. 
C'est  le  général  Hohendorp  qui  commandait  les  troupes  assiégeantes  au  oom  de 
Frédéric  IV  de  Danemark;  le  siège  dura  d'août  k  septembre  et  finit  par  un 
bombardement  terrible.  Même  dans  les  articles  très  circonstanciés  de  la  Gasette 
lU  Leyde  (n"  63  A  76),  je  n'ai  pu  trouver  uealion  de  Langalerie. 

3.  Frédéric  de  Hesse  {1676-1751),  celui  qui  épousa  en  1715  Ulrique  de  SuËde, 
soeur  de  Charles  XII,  et  monta  avec  elle  sur  le  IrÛne  après  la  mort  de  ce 

4.  Après  avoir  servi  en  Italie  sous  tes  ordres  d'Eugène,  ce  prince  avait  pris 
une  pari  active  et  glorieuse  aux  campagnes  de  Flandre  et  d'Allemagne,  comme 
général  de  la  cavalerie  bollandaise,  et  avait  même  commandé  en  chef  l'armée 
alliée  pendant  l'absence  du  prince  Eugène  et  de  Tilty. 

5.  Charles  de  Hesse  (1G51-I730). 

G.  Cette  dale  e<t  donnée  par  le  propre  journal  de  Langalerie  conservé  & 
%'icnDe.  —  Les  Mèmeirex  de  1743  prétendent,  p.  405-406,  que  Langalerie  fut 
lèduil  à  recevoir  quelque  vingt  mille  nurins  pour  fournir  aux  frais  de  l'instal- 
tj^i  *e  nipper,  etc. 


264  i.   OB   B0I8USLB. 

du  très  mûr  landgraveS  et,  avant  qu*un  mois  se  fût  écoulé,  h 
général  ne  put  plus  douter  de  rien^. 

Quoique  restant  fort  épris  de  l'épouse  infidèle,  il  essaya  de 
chercher  une  consolation  dans  les  spéculations  théologiques  et 
mystiques  ;  le  plus  clair  résultat  des  lectures  auxquelles  il  s'était 
adonné  depuis  1710  fut  de  le  pousser  de  la  «  mégalomanie  »  à 
la  <  théomanie.  >  Le  Journal  de  Verdun  raconta  cela  un  peu 
plus  tard^  : 

Il  s^appliqua  à  Tétude  de  la  Bible,  faisant  des  remarques  sur 
divers  textes,  principalement  sur  les  prophéties  et  sur  le  livre  de 
V Apocalypse,  quoiquMl  ignorât  les  langues  savantes,  mèmelelallD^ 
Cette  élude  el  diverses  chimères  qu'il  rouloit  dans  sa  tète  cootn- 
huèrent  beaucoup  à  lui  brouiller  la  cervelle.  La  preuve  que  son  bon 
sens  l'abandonna  dans  ce  temps-là  se  tire  de  la  lecture  de  ses  propres 
écrits,  car  il  fit  imprimer  quelques  brochures  dans  lesquelles  il 
avançoil  «  que  Dieu  Tavoit  destiné  à  abattre  et  anéantir  toutes  le» 
religions  opposées  à  celle  qu'il  venoil  d^cmbrasser.  i  II  se  fortiDa 
dans  cette  pensée,  lorsqu'il  reçut  la  lettre  d'un  fanatique  d^ Allemagne 
dans  laquelle  il  le  qualifloit  de  mon  ange  de  Langalerie.  Ce  fana- 
tique, nommé  Joseph  de  Latre,  se  disoit  être  prophète  ',  et,  en  cette 
qualité,  il  tira  deux  lettres  de  change  sur  la  nation  juive  de  la  ville 
d'Amsterdam,  Tune  de  douze  cents  florins,  l'autre  de  huit  cents 


1.  Agé  de  ciaquanle-sept  ans,  il  Tenait  de  perdre  sa  femme,  uoe  Courlande 
qui  lui  ayait  donné  au  moios  quinze  enfants.  Voir  les  notes  de  Chr.  Ton  Rom- 
mel  sur  la  colonie  de  prolestants  français  établie  en  He^se,  dans  Zeitsehrifl  det 
Vereins  ftir  Hessische  GeschicMe  und  Landeskunde^  t.  VII  (1858),  p.  125.  — 
La  Beaumelle  s'est  demandé  s'il  s'agissait  du  père  ou  du  fils. 

2.  Mémoires  de  1743,  p.  406  :  a  Je  Toulois  solliciter  un  noureau  titre  d'hon- 
oenr  pour  joindre  à  ceux  que  j'aTois  déjà  dans  les  plus  puissantes  cours  de 
TEurope  ;  mais  que  j'y  aurois  peu  pensé,  si  j'avois  préru  l'insigne  affront  que 
j'y  ai  reçu  et  les  chagrins  cuisants  qu'il  m'a  causés!  Le  cœur  d'un  scaro^n, 
quelque  vieux  et  usé  qu'il  soit,  a  toujours  des  attraits  séduisants  pour  la  plut 
sage  des  femmes.  Si  son  penchant  amoureux  n'en  est  point  flatté,  sa  ranité  y 
trouTe  son  compte.  La  mienne  est  jolie,  aimable,  bien  faite;  elle  a  beaucoup 
d'esprit,  et  elle  joint  à  toutes  ces  belles  qualités  une  âme  noble,  un  cœor  tendre 
et  généreux,  t 

3.  Dans  une  très  intéressante  relation  datée  de  Hambourg,  le  17  août  1716, 
que  ce  journal  publia  en  octobre,  p.  242-249. 

4.  Le  livre  de  Jurieu  dont  il  s'était  servi  pour  préparer  son  abjuration,  ci-des- 
sus, p.  260,  facilita  l'interprétation  du  texte  apocalyptique. 

5.  Selon  les  Mémoires  de  1743,  p.  410,  ce  juif  reconnaissait  aux  prénoms  de 
Langalerie,  Philip|)e-i4nytf,  que  c'était  l'ange  annoncé  par  Baruch  comme  devant 
rétablir  l'empire  juif.  Le  second  prénom  n'avait  jamais  existé. 


us  ITBNTIIBIS  DD   lURQDlB  Dl   LlItULUII.  26i 

(lorias,  leur  ordonnant  de  la  part  de  Dieu  d'en  faire  le  paiement  à 
Yanyff  de  Laiigaterie  ' . 

Cet  Ange  de  nouvelle  création  fil  assembler  les  principaux  de  la 
syQagoj^ue  pour  leur  nolifler  l'ordre  qu'il  avoit  de  la  part  de  Dieu  et 
de  soa  nouveau  prophète  eu  les  Hattant  d'un  prompt  changement  de 
leur  misérable  condition,  puisque  toutes  les  nations  alloient,  par  son 
uinistère,  être  réunies  en  une  seule  communion.  A  la  vue  des  lettres 
le  change,  on  pria  M.  de  Langaierie  de  se  retirer,  pour  leur  laisser 
a  liberté  de  délibérer.  Un  moment  après,  on  le  rappela,  et  on  lui  dit 
|ue,  n'ayant  pas  encore  reçu  la  lettre  d'avis  de  la  part  de  Dieu,  ils 
'allendroient  et  ferotenl  le  payement  dès  qu'ils  l'auroient  reçue; 
|ue  cette  règle  étoil  universellement  reconnue  de  tous  ceux  qui  iiégo- 
:ient  eu  lettres  de  change. 

L'Ange  et  le  Prophète  attribuèrent  ce  refus  à  l'aveuglement  de  la 
lalion  juive,  et  convinrent  de  cherclier  d'autres  eipédienta  pour 
rouver  de  l'argent.  Ces  circonstances  m'ont  été  certifiées  vériUbles 
»ar  deux  riches  juifs  d'Amsterdam,  qui  ont  fait  ici  quelque  séjour, 
evenant  de  la  dernière  foire  de  Leipzig'. 

M.  de  Langaierie  fil  imprimer,quelque  temps  après,  une  brochure, 
idressée  à  trente-neuf  des  principaux  marchands  d'Amsterdam,  qui 
itoit  un  espèce  de  rôle  de  l'argent  que  chacun  d'eux  devoit  fournir 
lour  l'accomplissemenl  des  prophéties  qui  erabrouilloienl  son  esprit; 
nais  cette  aouvelle  tentative  fut  aussi  sans  effet.  Gomme  il  ne  se 
■ebutoit  point,  il  présenta  requête  au  consistoire  wallon  d'Amster- 
lam  pour  emprunter  treize  mille  florins  de  l'argent  des  pauvres,  sous 
sromesse  qu'il  faisoit  d'en  rendre  vingt-six  mille  dans  unan.  11  n'en 
!ut  pas  une  réponse  plus  favorable  que  celle  que  lui  flrent  les  juifs. 

En  effet,  M.  le  docteur  Landau  a  retrouvé  un  manifeste  que 
Langalme  adressa  alors  {19  juin  1713)  à  ses  compatriotes  les 
réfugiés  protestants.  Il  leur  annonçait  son  projet  de  «  contraindre 
.e  pape,  aotechrist  d'Ocoident,  à  ne  plus  prendre  d'autre  grade 
{ue  celui  d'évèque  de  Rome,  et  à  ne  plus  faire  d'autres  fonctions.  > 
La  seconde  décadence  du  Souverain  Pontife  devait  commencer 
l'année  suivante  et  finir  eu  1750,  <  comme  c'est  un  fait  connu 
par  tous  ceux  qui  ont  des  oreilles  pour  entendre  et  qui  com- 


clque  loul  n'Éclatât.  ■ 


1.  Sous  menace  que  "  Ira  grandes  roue 
Voir  l'article  du  doclenr  Landau. 

2.  Tous  ces  délails  sont  uiniiriiiés  par  l'article  de  la  Ketme  d«s  r.tudet  juitti, 
ïù  l'on  ¥0(1  qoe  le  |irincipal  inlennédiaire  élail  l'hébraïsanl  Aleiandre  Sosskind, 
l'origine  messine,  mai»  habitant  à  Aiusierdain,  qui  conserva  l>eaucou[i  de  noies 

ifl.doeaineDt»  sur  Lugalerie  (ci-après,  p.  284). 


266  A.    Dl  B0ISLI8LB. 

prennent  les  divines  prophéties  de  Daniel  et  de  saint  Jean.  > 
Lui,  Langalerie,  se  chargerait  de  diriger  sur  les  États  de  TÉglùe 
ou  sur  la  France  une  bande  de  missionnaires  évangéliques  sou- 
tenus par  une  armée  de  dix  mille  hommes.  On  le  voit,  tout  œ 
fatras  était  inspiré  de  V Accomplissement  des  prophéties  de 
Jurieu. 

Les  réfugiés  se  récusèrent,  sauf  un  seul,  ancien  camisard,  qui, 
encore,  était  empêché  d*agir  par  son  grand  âge  ;  les  autres  déda- 
rèrent  que  la  propagande  évangélique  ne  pouvait  ni  ne  devait  se 
faire  par  les  armes. 

Quelque  dix  mois  plus  tard,  une  rupture  se  produisit,  qui 
empira  la  situation  de  Langalerie  et  aggrava  son  état  mental. 

Vers  le  milieu  d'août  1714,  il  quitta  sa  femme,  ses  enfants  et 
la  cour  de  Cassel.  Pour  quels  motifs?  cela  parait  difficile  à  déter- 
miner. On  ne  croira  guère  que  ce  fût  par  honte  de  la  puUiciti 
donnée  aux  amours  de  la  marquise  avec  le  landgrave  leur  hôte, 
puisque  le  docteur  Landau  a  vu  dans  son  journal  et  dans  sa  cor- 
respondance qu*il  conserva  toujours,  et  quand  même,  un  fonds  de 
tendresse  imperturbable  pour  M™'  de  Langalerie,  qu'il  lui  écrivait 
fréquemment,  et  qu'il  recevait  en  retour  des  lettres  et  des  envois 
d'argent  qui  toujours  arrivaient  à  point  nommé  dans  les  moments 
d'extrême  indigence  ^  La  brouille  vint-elle,  comme  on  le  lit  dans 
une  note  du  vieux  d'Hozier  ',  de  ce  que  Langalerie  avait  eu  la  pré- 
tention de  marier  sa  propre  sœur  èr  son  beau-flls  Simiane?  Ou,  tout 
simplement,  l'incompatibilité  d'humeur  ne  s'était-elle  pas  décla- 
rée entre  une  femme  à  l'esprit  acariâtre,  brouillon  et  indépendant, 
fière  déjouer  le  rôle  de  favorite,  et  l'étrange  personnage  à  qui 
elle  se  trouvait  associée  depuis  cinq  ans  par  le  lien  conjugal?  Ou 
bien,  enfin,  Langalerie  ne  fut-il  pas,  de  son  côté,  entraîné  parle 
besoin  d'aventures  et  la  manie  de  visions  qui  le  menèrent  rapi- 
dement à  une  dernière  déchéance^? 

1.  M.  LaQdau  cite  plusieurs  phrases  comme  celle-ci  :  f  Je  riens  de  rece?oir 
de  ma  chère  femme  un  petit  secours  que  Dieu  m'a  gratuitement  envoyé,  et 
qui  est  Tenu  fort  à  propos,  car  je  n'arois  pas  de  quoi  payer  le  port  de  cette 
lettre,  i 

2.  Cabinet  des  titres,  dossier  Gentil  (n*  4112)  du  yoI.  159  dn  CAsnnn:  de 
d'Hozier,  fol.  10. 

3.  Oserai-je  faire  un  rapprochement  avec  le  fondateur  dn  saint-simonisme, 
lui  aussi  noble  ruiné  et  mendiant,  aventurier  et  agioteur,  ponssé  par  cette  opi- 
niâtreté de  l'inventeur  qui  ramène  tout,  et  à  tout  prix,  à  son  rére,  utopiste  et 
positif,  un  pied  dans  la  réalité  et  l'antre  dans  la  cliimère  ? 


LIS  tTERTUESB   BD   UIQIFIS  DE  UUGALBBIB. 


Langalerie  et  le  faox  Linanoe  en  Hollande. 


De  Cassel,  LaDgalerie  était  venu  en  Hollande'  pour  provoquer 

élan  des  communautés  protestantes  et  des  coroniunautés  juives, 

[otéresfler  les  unes  à  ses  projets  d'expédition  contre  la  France  et 

contre  Rome,  les  autres  à  ses  visions  de  rétablissement  du 

royaume  de  Jérusalem*,  et  enfin  fondre  christianisme  et  judaïsme 

une  seule  et  même  religion  dont  le  Tout-Puissant  lui  avait 

élé  les  principes.  Son  ardeur  et  celle  de  quelques  adhérents  de 

première  heure,  tous  juifs  semble-l-îl,  n'avaient  guère  eu  de 

i,  lorsque  le  hasard  amena  sur  le  même  théâtre,  à  Amster- 

'.m,  certain  aventurier  qui,  depuis  quelques  années,  se  faisait 

ippeler  le  comte  ou  le  landgrave  de  Uoange,  tout  comme  le 

loéral  impérial  avec  qtd  nous  avons  vu  que  Langalerie  avait 

des  relations  suspectes  en  Italie. 

Cet  étrange  personnage,  d'origine  française,  venu  des  mêmes 
riions  du  sud-ouest  que  Langalerie,  et  issu  d'une  familJe  qui 
avait  des  points  de  contact  avec  les  Gentils,  arborait  un  titre 
bien  connu  de  notre  marquis.  Voici,  au  juste,  d'après  les  meil- 
leures sources^,  ce  qu'il  était  et  quelles  aventures  l'avaient 
amené,  lui  aussi,  en  Hollaude;  des  marchands  à  qui  il  proposa 
alors  la  constitution  d'une  compagnie  de  commerce  demandèrent 
les  références  d'usage  à  leurs  correspondants  de  Genève,  où  il 
disait  avoir  séjourné,  et  au  lieutenant  général  de  police  de  Paris, 
M.   d'Argenson,    puisqu'il  était  Français   de   naissance   :   les 

rponses  ne  tardèrent  point  à  arriver.  Le  prétendu  landgrave  de 
[.  Le«  Mémoires  de  1743  lai  foDl  dire  alore  (p.  411-413)  :  «  Le  fameux  con- 
grès d'Ulrechl  alloil  finir,  lorsque  J'y  passai.  Je  m'y  arrêtai  qDelqaes  jours  pour 
solliciter  les  plénipotentiaires  de  l'empereur  1  me  faire  touclier  quelque  acompte 
(les  sommes  que  me  devoit  ce  monarque;  mais  ce  furent  dee  rocbers  auiquels 
j'adressai  mes  plaintes.  J'y  vis  le  marécbal  d'Huxelles.  qui  me  proposa  de  faire 
ma  paii  avec  la  cour  de  Frani^e;  mais  je  ne  m'y  âais  pas  :  on  n'auroil  pas  si 
rsr.ilement  oublié  mon  eipéditioo  devant  Turin.  > 

'2.  Ce  rélnbiissemenl  aTait  été  annoncé  d'après  les  prophétiss,  en  (TOT,  dans 
la  Ditsertalion  thtologiqte  du  professeur  J.  Meyer  [iovrnul  des  Savanli, 
aaai*  1708.  p.  i9î.l93], 

3.  Ravaisson.jtrcAtuM  de  lit  DattilU.  t.  XI,  p.  4(11-467;  Lamberty,  Mémoirei 
pour  ternir  à  VIMotre  du  XVIIl'  siiele,  t.  IX  (1735),  p.  566  et  suir.;  Bibl.  de 
ITArMiial, dossiers  Bistilm  1U58(i,  IU6I6  et  10621  ;  Journal  de  Verdun,  novembre 
ai6,  p.  303-305. 


268  i.   OB  BOI8L18LE. 

Linange,  priDce  de  l'Empire  et  de  Cbabanais,  etc.,  s'appelait  de 
ses  vrais  noms  René-Godefroy-Louis-ErnestrJoseph  Joumard, 
mais  d'ailleurs  appartenait  à  une  bonne  famille  qui,  substitaée 
depuis  quelque  cent  ans  aux  anciens  Tizon  d'Ârgence,  et  plus 
anciennement  aux  Achard  ou  Hachard^  prétendait,  de  ce  dief, 
se  rattacher  aux  princes  de  Montpellier,  aux  comtes  de  Poitou  et 
à  un  Achard  <  très  considéré  dans  Poitiers  sous  le  règne  de 
ClotairelII,  en  l'an  680  de  l'ère  chrétienne,  de  même  race  que 
saint  Roch  et  saint  Achard*.  >  De  plus,  René-Godefiroy,  etc., 
se  vantait  de  posséder  des  droits  au  duché  d* Angoulême  ^  paroe 
que  sa  mère  était  une  Taillefer  de  Barrière  et  qu'il  y  avait  eu 
des  Taillefer  comtes  d'Angoulême  depuis  le  milieu  du  ix*  siècle 
jusqu'à  la  fin  du  xm*. 

Né  vers  1677,  destiné  dans  le  principe  à  l'Église  conmie  cadet, 
et  admis  au  Noviciat  de  Saint-Sulpice,  René-Godefroy  avait 
volé,  dans  ce  séminaire,  les  papiers  d'un  missionnaire  destiné  à 
révêché  de  Macao,  et,  sous  les  noms  et  titres  de  celui-ci,  s'était 
retiré  à  Genève  pour  y  embrasser  la  religion  calviniste,  ou  plu- 
tôt pour  tirer  des  subsides  du  consistoire  de  cette  ville  et  de  la 
chambre  des  prosélytes,  alors  présidée  par  le  marquis  du  Quesne. 
Son  esprit,  sa  politesse,  sa  mémoire  imperturbable  l'aidèrent  à  se 
soutenir,  jusqu'au  jour  où,  mieux  édifiés.  Messieurs  du  consistoire, 
sans  autre  éclat,  mais  en  lui  donnant  quelque  argent,  le  prièrent 
d'aller  chercher  fortune  ailleurs.  On  était  alors  aux  environs 
de  1706,  en  pleine  guerre.  Trop  prudent  pour  rentrer  en  France, 
le  renégat  se  dirigea  vers  la  Hollande,  terre  de  prédilection  des 
aventuriers.  Il  y  fit  le  métier  d'agent  secret  et  s'afifubla  de  toutes 

1.  La  Mothe-Achard,  citée  plus  loin,  p.  273,  est  aujourd'hui  un  chef-liea  de 
canton  du  département  de  la  Vendée,  au  nord-eftt  des  Sables. 

2.  Les  Tizon  ayant  fini  au  commencement  du  xvu*  siècle,  le  fils  issa  du 
mariage  (15  juillet  1608)  de  la  dernière  du  nom  avec  Gaspard  Joumard  de  la 
Brangelie,  gentilhomme  de  la  chambre  du  roi  Henri  IV,  releva  le  nom  et  les 
prétentions  de  sa  famille  maternelle.  Il  laissa  lui-même  quatre  fils  :  François, 
qui  épousa  en  1683  Marguerite  de  Forges  de  la  Rocheandry,  d'où  an  fils  qui  se 
maria  avec  une  parente  de  M.  d'Argenson  ;  Gabriel,  qui  se  qualifiait  chevalier 
Joumard  on  Jaumard  Tizon  d'Argence,  et  fut  tué  sur  le  Fier  le  24  août  1704 
étant  garde-marine  depuis  dix  mois  ;  et  un  troisième  enfin,  Pierre.  Voir,  tu 
Cabinet  des  titres,  le  vol.  605  des  Carrés  db  d'Hozier  et  le  dossier  bien  9781 
du  Toi.  370.  Notre  faux  Linange  ne  figure  dans  le  dossier  7892  du  vol.  310  des 
Dossiers  dleus,  fol.  3,  que  parce  que  Bertin  du  Rocheret  y  a  consigné  ce  que 
disent  de  lui  les  Mémoires  de  1743,  p.  414;  mais  son  état-civil  est  suffisam- 
ment établi  par  les  pièces  du  temps  émanées  de  lui-même  ou  venues  de  la  Bastille. 

3.  Voir,  dans  le  dossier  du  vol.  370  des  Dossiers  bleus,  fol.  14,  un  projet 
de  lettres  patentes  préparé  sons  le  règne  de  Louis  XV. 


ISS   IVENTDHBS   DU   MIBQDIS   DE   LINGILERIK.  20!) 

9  de  titres  et  de  noms,  prétendant  être  baron,  comte,  land- 
fcve  ou  prince  de  Lînange  (Leiningen)  -Westerlwurg  parce 
qu'une  fille  de  sa  famille  avait  pris  alliance  dans  cette  bonne 
maison  rUénane'.  Allant  et  venant  sous  ces  faux  noms  de  Hol- 
lande en  France,  mais  dénoncé  pour  quelque  projet  de  descente 
en  Saintonge  qu'il  avait  présenté  aux  États-Généraux  et  aux 
réfugiés  protestants,  il  fut  arrêté  par  la  police  française  en 
décembre  1709',  mis  à  la  Dastille,  facilement  démasqué  par 
d'Argenson,  et  donna  pour  toute  excuse  qu'étant  né  sans  bien, 
puisque  sou  aîné  même  n'en  possédait  que  fort  peu,  il  avait  pria 
de  grands  titres  pour  s'attirer  de  la  considération  dans  les  paya 
étrangers  oii  le  libertinage  le  conduisait  et  pour  y  faire  croire 
que  la  situation  qu'il  avait  en  France  le  rendait  propre  à  exécu- 
ter les  plus  grandes  entreprises,  que  ses  compatriotes  les  gen- 
tilshommes de  Marennes  l'attendaient  avec  impatience  pour 
secouer  le  joug,  qu'il  devait  épouser  l'héritière  de  Linange  en 
Lorraine,  qu'il  avait  eu  des  entretiens  secrets  avec  Marlborough, 
avec  le  prince  Eugène,  etc.  D'Argenson  le  considéra  comme 
dangereux  quoique  ses  projets  politiques  ne  présentassent  aucune 
valeur,  et  le  retint  cinq  ans  pleins  à  la  Bastille,  jusqu'au  moment 
où  la  paix  eut  été  conclue.  Dans  cette  prison,  il  avait  fini  par 
renier  le  protestantisme,  et  même  avait  rédigé  une  démonstration 
m  mystère  de  la  Transsubstantiation  opérée  dans  le  sacrement  de 
tticharistie  et  une  interprétation  en  vers  des  Psaumes  de  David^ 
û  sortit  que  le  16  novembre  1714.  Son  premier  soin  fut 
i  s'associer  avec  quatre  ou  cinq  fripons  pour  proposer  à  de  cré- 
dules bourgeois,  éblouis  par  les  somptuosités  de  son  installation 
dans  l'hôtel  de  Soissons*,  la  recherche  de  trésors  qu'il  prêten- 

tt  avoir  été  cachés  dans  telle  ou  telle  maison.  Ordre  fut  lancé 
conséquence  de  le  ramener  à  sa  chambre  de  la  Bastille  ;  mais 
I 


md  de  c< 


n  {/oarnal  de  fordun, 


D'autres  l«  disaieal  bAUrd  d'ui 

ire  1718,  p.  349;  cf.  d-a|.rè3,  p-  232). 

OoieUe  d' Anulerdarii,  n'  civ,  correspondance  de  la  Haye,  25  dpcemlre 

Quelques  ans  de  TourDa;  disent  que  lea  Francis  oal  trouvé  le  mojeo 

A'y  inleTer  te  corato  de  Linange  et  qu'il»  l'onl  conduit  à  la  cour  de  France.  11 
est,  dit-on,  toupçonnÈ  d'avoir  voulu  favoriser  l'invasion  do  comte  de  Merc;r 
en  Bourgogne,  ■  M^me  mpolion,  venant  de  Bruxelles,  dans  la  Gaiette  de 
ID5.  Voir  dans  Dangeau  el  dans  Saial-Siiaon  le  rédl  de  U  lentaliTe 

Ces  jdices  août  dans  un  des  dossiers  de  la  Bastille. 

Àtlle  privilégié  el  respecté  des  aventuriers  ou  fripoDS  de  toulc  prove- 


270  A.    DE  BOI8LI8LI. 

il  se  hâta  de  reprendre  le  chemin  des  pays  protestants,  et,  dans 
Tété  de  1715,  revenant  de  Hambourg,  il  parut  de  nouveau  sur 
la  place  d'Amsterdam  ^ . 

Langalerie  s'j  trouvait  alors  en  position  très  critique. 

D*une  part,  ses  appels  n'avaient  pas  eu  plus  de  succès  chez  les 
anglicans  ou  les  presbytériens  que  parmi  les  calvinistes^  : 

Le  marquis  de  Langalerie  écrivit  une  lettre  circulaire  aux  églises 
d'Angleterre,  datée  d'Amsterdam  du  30  mars  4745,  pour  leur  fisdre 
part  de  ses  prétendus  projets,  les  invitant  de  les  approuver  par  sous- 
cription au  bas  de  sa  lettre,  sous  peine  de  c  l'ire  de  TÉtemel;  > 
que,  pour  marque  de  leur  union,  il  demande  que  les  ministres  et 
prédicateurs  d'Angleterre  fassent  mention  de  lui  (marquis  de  Langa- 
lerie) dans  les  prières  publiques,  de  même  que  pour  «  D.  Hierôme 
Ximenez  de  Gisneros  y  Mendoza,  »  qu^il  envoya  dans  la  Grande- 
Bretagne  pour  communiquer  de  bouche  à  «  ses  frères  d'Angleterre  > 
les  c  mystiques  >  desseins  qu'il  devoit  exécuter,  lesquels,  disoit-ii, 
ne  pouvoient  pas  manquer  de  réussir,  puisque  les  «  fondements  »  en 
étoient  «  solides  et  inébranlables.  »  On  voit,  dans  cette  lettre  impri- 
mée en  six  pages,  un  langage  tout  à  fait  fanatique,  puisque  l'auteur 
se  met  en  parallèle  avec  Abel,  Enoch,  Abraham,  Josué,  Jaoob, 
Joseph,  Moïse,  Gédéon,  Samson,  David,  Samuel,  etc. 

De  même  que  les  juifs,  sauf  quelques  exceptions,  ne  furent  pas 
assez  simples  pour  livrer  leur  argent  sur  le  seul  espoir  de  ren- 
trer dans  Jérusalem,  les  protestants  restèrent  insensibles  à  la 
promesse  d'une  prochaine  «  délivrance  de  l'Eglise  militante'.  » 

D'autre  part,  M"'**  de  Langalerie,  venue  inopinément  pour 
rejoindre  son  mari  en  avril  1715,  l'avait  abandonné  de  nouveau, 
après  un  séjour  de  quatre  semaines  dont  on  verra  tout  à  l'heure 
le  motif  probable ^  Puis,  un  Français,  étudiant  en  théologie,  qui 
voyageait  alors  en  Hollande  et  était  possédé  de  la  passion  du 
prosélytisme,  entreprit  de  le  ramener  au  catholicisme,  et  il  s'en- 
suivit, entre  Langalerie  et  ce  Guillot  de  Marcilly ,  toute  une  série 
de  conférences,  par  lettres  ou  par  entretiens,  qui  ne  firent  que 
surexciter  la  manie  religieuse  du  général.  D'ailleurs,  il  Caut 
reconnaître  autant  de  bonne  foi  et  de  naïveté  chez  l'un  que  chez 

1.  Journal  de  Verdun,  septembre  1716,  p.  245;  Revue  des  éhules  juivtt, 
t  XXVIII,  p.  198.  —  A  en  croire  les  Mémoires  de  1743,  c'est  alors  que  Linange 
aurait  pris  du  service  eo  MoscoTie  sous  le  nom  de  Molac. 

2.  Journal  de  Verdun,  article  cité  d'octobre  1716,  p.  248«249. 

3.  Article  du  docteur  Laodau. 

4.  Ci-après,  p.  281. 


r 


LES   AVENTURES   DC   HiBQria   HE   Li)TGALËBie.  271 

l'autre.  L'attention  de  Guillot  de  Marcilly  avait  été  attirée  sans 
doute  par  uoe  nouvelle  plaquette  surtîe  de  la  plume  de  Laagale- 
rie  et  par  l'annonce  d'un  Journal  chrétien  qui  devait  achever 
la  justification  de  celui-ci'  ;  Langalerie  accepta  de  grand  cœur 
la  provocation  de  son  ardent  compatriote,  se  fil  seconder  de  deux 
pasteurs  d'origine  française,  MM.  Clairmoiit  et  d'Arbussy-,  et 
s'engagea  à  faire  retour  au  catholicisme  pour  peu  que  son  erreur 
lui  fût  prouvée  avec  évidence;  mais,  au  bout  de  deux  mois, 
la  joute  cessa,  Guillot  de  Marcilly  craignant  de  se  faire  une  mau- 
vaise affaire  avec  les  protestants,  et  Langalerie  déclarant  que 
ses  engagements  politiques  avec  une  pulssauce  étrangère  ne  lui 
permettraient  de  redevenir  catholique  qu'en  secret^. 

Tel  était  l'état  des  choses,  lorsque  le  hasard  des  aventures 
amena  le  prétendu  Linange  en  face  de  Langalerie'.  Ils  étaient 
presque  compatriotes;  tout  fier  de  pouvoir  s'appuyer  sur  un  per- 
sonnage qui  avait  jadis  rempli  l'Europe  de  son  nom,  Linange 
établit,  par  une  «  illustre  généalogie^,  »  qu'il  y  avait  parenté 
entre  eux,  que  même  Us  étaient  oncle  et  neveu  à  la  mode  de  Bre- 
tagne", et,  se  trouvant  tous  deux  bons  protestants  antipapistes, 

1.  Journal  de  Verdun,  avril  IT15,  p.  Mb.  —  1^  plaquelle  sTsit  pour  tilre  : 
Lettre  de  M—  la  tomlesie  If.  jV.  ëerUe  de  Paris  à  son  Excellence  le  général 
marjuiê  de  Lanjalerie,  le  l'îjanvier  1715,  lur  ion  changement  de  religion 
el  SUT  quelguei  points  de  controverses,  avec  la  réponse  de  Sadite  excellence 
à  ladite  dame,  en  date  du  H  Janvier  I71â;  Amsterdain,  chez  Olnude  Jorilin; 
annoacée  dans  la  Gaiette  d'Amsterdam,  d*  xvi.  C'eal  du  pur  radotage.  Celle 
fois,  il  dil  avoir  en  quinze  natifs  pour  abjurer  le  cathulicUme  et  cite  à  tort  et 
i  travers  les  textes  sacrts  oii,  dil-il,  ■  ses  jeui  se  sont  usés.  »  —  Le  Journal 
chrétien  est  dans  les  papiers  de  Langalerie  actuellemenl  conserrës  i  Vienne. 

2.  Le  pasteur  Antoine  d'Arbussjr,  issu  d'une  bonne  famille  de  Kouergue,  téfu' 
g\t  d'abord  en  Pri.te  el  i  Utrecbt,  arriva  &  Amsterdam  en  1713,  et  j  parvint  à 
lemériUil  en  1735. 

3.  Gnillot  de  Uarcilly  publia,  quatre  ans  plus  lard,  avec  dédicace  au  jeune 
r(H  Louis  XV,  une  Relation  hittoriqae  el  tliéologiqae  d'un  voyagé  en  Eollande 
el  autres  provinces  des  Pays-Bas,  dans  laquelle  on  verra  le  détail  des  conver- 
sations de  l'aalear  avtc  M.  le  tnarquis  de  Langalerie  sur  les  principaux  points 
de  la  religion.  Les  anecdoUs  et  descriptions  de  pays  s'y  trouvent  ealremelées 
avec  la  correspondance  écbaugËe  enUe  l'auleur  et  le  renégat  à  convertir.  L'au- 
teur des  Mémoires  de  1713  s'est  servi  de  cette  relation,  et  d'Arligny  en  a  donné 
de«  «itraits  dans  les  youveaai  mémoires  de  critique  el  de  Uttéralure  (1749), 
1. 1,  p.  Ï41-ÎM. 

4.  Journal  de  Verdun,  octobre  1716,  p.  245. 

5.  Soixante  an»  plus  lard,  La  Cheniye  des  Bois  disait,  dans  son  DictUmnaire 
d«  la  Noblesse,  t.  XII,  col,  169  :  t  Nous  avons  no  Taui  mémoire  de  lui  sur  la 
flutton  de  Linange.  > 

6.  De  plus,  on  a  TU  (ci-dessas,  p.  ^5]  que  Langalerie  avait  eu,  en  1703-1705, 


272  A.    DE  B0I8LI8LE. 

ils  s*associèrent,  par  un  traité  passé  double  le  8  octobre  1715, 
pour  entreprendre  le  renversement  de  «  Tabominable,  infâme  et 
déloyal  monstre,  Texécrable  et  infernal  anthropophage  nommé 
le  pape  de  Rome,  et  du  barbare  tribunal  de  l'Inquisition  par  lequel 
il  fait  gémir,  dans  ses  diaboliques  fers,  une  grande  partie  do 
genre  humain.  >  Ils  s'engageaient  sur  leur  honneur,  pour  tonte 
leur  vie,  à  employer  à  cette  tâche  sacrée  €  les  talents  militaires 
qu'ils  avaient  reçus  de  l'Éternel  leur  Dieu  tout-puissant,  »  à 
gagner  à  cette  cause  les  puissances  ennemies  du  monstre  san- 
guinaire, et  à  délivrer  les  peuples  <  si  cruellement  tourmentés  en 
leurs  corps  et  si  effroyablement  tyrannisés  en  leurs  consciences.  > 
Si  les  actes  officiels  de  la  constitution  de  cette  croisade,  sous  le 
titre  de  Théocratie  du  Verbe  incarne  S  n'étaient  parvenus 
jusqu'à  nous  dans  leur  forme  authentique,  tels  que  les  deux  aven- 
turiers les  livrèrent  alors  à  la  publicité,  l'esprit  se  refuserait  à 
admettre  de  pareilles  divagations.  Cependant  avons-nous  le 
droit  de  tant  nous  étonner?  Un  éminent  aliéniste  ne  renoon- 
trait-il  pas  tout  dernièrement  certain  prêtre  <  halluciné  unilaté- 
ralement >  qui,  sous  l'inspiration  de  *  voix  divines,  »  proposait 
à  nos  pouvoirs  politiques  et  religieux  de  fonder  une  Théog&atis 
universelle,  où  Dieu  seul  remplacerait  tous  les  souverains? 
€  Pour  atteindre  ce  but,  le  gouvernement  français  devait  créer 
une  chancellerie  divine,  et,  naturellement,  c'est  le  malade  lui- 
même  qui  occuperait  le  poste  de  chancelier  divin.  Il  lui  serait 
alloué  vingt  mille  francs  d'appointements,  etc.*.  >  Telle  était 
précisément  la  Théocratie  de  1715,  programme  d'un  État  qui  ne 
devait  reposer  que  sur  la  parole  de  Dieu,  la  Révélation*.  Nul 


des  relations  suspectes  arec  le  vrai  comte  de  Linange,  qui  commandiit  lue 
(Nirtie  de  Tannée  da  prince  Eugène  en  Italie. 

1.  Il  est  étonnant  que  Voltaire,  qui  résida  en  Hollande  peo  après  et  y  fréqneoti 
le  même  monde  que  Langalerie,  par  exemple  Limiers  et  M"*  du  Noyer,  ii*ait  |ms 
parlé  de  cette  manifestation  de  1715  dans  l'article  Théocratie  du  DkiUmnain 
philosophique.  Les  Mémoires  de  1743  prétendent  (p.  413}  que  Langalerie  aTiit 
préalablement  soumis  son  système  à  Limiers.  Voir  ci-après,  p.  2S4. 

2.  Bail,  Leçons  iur  les  maladies  mentales,  éd.  1890,  p.  584. 

3.  L'auteur  des  Mémoires  de  1743,  assez  bien  informé  en  ce  qui  est  de  la 
Théocratie,  fait  dire  à  son  héros  (p.  410-411)  :  «  Je  prétendois  qu'il  n'y  eût 
dans  ma  nouvelle  république  d'autre  règle  et  d'autre  loi  que  la  seule  parole  de 
Dieu  prise  à  la  lettre  ;  de  sorte  que  je  proscrirois  prêtres,  juges,  aTOcals,  gouh 
mentaires,  gloses,  interprétations,  et  toutes  les  lois  des  hommes.  Je  nommoii 
ce  système  :  THéocRATiB  ou  Vehbb  divix,  prenant  ces  deux  demie»  tenues 
pour  des  synonymes  de  Parole  de  Dieu,  i 


LBS  IVRNTUKBS    DIT 

doute  (jue  le  pauvre  Langalerie  ne  fût  de  bonne  foi; 
Liaaoge  ne  saurait  béuéficier  de  la  u 

Les  deux  fondateurs  de  la  Théocratie  se  partagèreut  les  r 
k  l'uD  les  armées  de  terre  de  la  Divine  Providence,  à  l'autre  les 
armées  navales;  mais  combien  les  titres  de  Langalerie,  authen- 
tiques ou  à  peu  près,  se  trouvent  éclipsés  par  ceux  < 
associé'  1 

Nous,  Philippe  le  Gentil,  marquis  de  Langalerie,  seigneur  de  la 
HoUe-Cbarenle,  de  Biron'  et  de  la  ville,  lerre  et  barounie  de  Ton- 
na;-Boulonne,  premier  baron  et  lieutenant  de  roi  de  la  province  de 
Saiotonge,  ci-devant  lieutenant  général  des  armées  de  France  et 
chevalier  de  l'ordre  rojal  et  militaire  de  Saint-Louis,  ensuite  général 
de  la  cavalerie  de  l'empire  d'Allemagne,  puis  Teld-maréchal  de  Saxe, 
admiuislrateur  de  Kazogne,  colonel  de  deux  régimenls  et  général  de 
la  cavalerie  des  troupes  du  grand-duché  de  Lithuanie,  et  présente- 
ment, pr  la  Divine  Providence,  grand  maréchal  généralissime  des 
armées  sur  terre  de  la  Théocratie  du  Verbe  incarné,  faisons  aujour- 
d'hui un  vœu  irrévocable  el  jurons  devant  l'Éternel  notre  Dieu  que,  le 
plus  promptement  qu'il  nous  sera  possible,  nousprendrons  les  armes 
et  ferons  continuellement  la  guerre  contre  rinTernal  monstre  nommé 
le  Pape  de  Rome,  jusques  à  ce  que  le  diabolique  tribunal  qui  s'ap- 
pelle l'Inquisition  soit  entièrement  aboli  dans  tout  l'univers. 

Pareillement,  nous,  llené  -  Godefroy  -  Louis  -  Ernest  >  Joseph  Le 
Hachard,  par  la  grâce  de  Dieu  landgrave  de  Linango,  prince  de 
l'Empire  romain  et  de  Ghabanois,  duc  d'Angelponl,  de  .Madagascar, 
d'Ophtr  el  de  l-'oros*,  marquis  de  Lusignan,  d'Oleron,  de  Balanzac, 
de  Pisani  el  de  Rugé*.  comte  de  la  Mothe- Hachard,  de  Saujon,  de 
Hichecourt,  d'Ansel  cl  d'Aspremonl,  vicomte  de  Vaxin,  de  Morial  et 
d'Aubetcrre,  premier  baron  de  Guyenne  et  d'Angoumois,  ci-devaut 
chef  d'escadre  des  armées  navales  de  France'',  puis  capitaine  général 

1.  Je  lionne  le*  leiles  d'aprâs  la  reprodaclion  du  recueil  de  Lambert;,  t.  IX, 
p.  5TU-5TI,  <|ui  les  a  empruiilès  aai  imprimés  du  lemps  dont  parle  le  Journal 
(i«  Vfriiun.  CouipareE  l'article  de  Cli.  du  Welier,  dan^  la  brochure  de  U,  de 
Mont^ut,  p.  19.  —  Je  corrige  quelques  noina  mal  lus. 

2.  Uiron,  en  Siinlonge,  commune  de  la  Uollu^barente,  tcdsK  des  La  Uolt»- 
Fonquè. 

3.  Voir  ci-aprÈs,  pi«7D-281. 

f.  Ces  nami'ci  uinl  ceux  de  Icrrei  cl  fiers  située  dans  les  dèparlemenls 
acUiels  de  la  Cbarente  el  de  la  Veudée. 

â.  Je  ne  trouve  dans  les  répertoires  de  notre  marine  d'autres  Joamard  el 
Tizoo  d'Argeuce  que  celui  qui  lut  tué  eu  1701  (ci-dessus,  p,  268,  note  i)  et  nn 
gard^marine  qui  serrit  de  1Q93  à  lti95. 

Rbv.  Histob.  LXVI.  2-  fasc.  18 


274  i.    DE  BOISLISLE. 

des  mers  et  commandant  suprême  des  armateurs  indépendamment 
établis  dans  les  fies  et  ports  de  l'Amérique,  de  FAsie,  de  l'Afrique 
et  de  TEurope,  et  présentement,  aussi  par  la  grâce  de  Dieu,  grand 
amiral  généralissime  des  armées  navales  de  ladite  Théocratie;  étant 
embrasé  du  même  zèle  qui  enflamme  Son  Excellence  le  susdit  maré- 
chal général  noire  cher  oncle,  voulant  concourir  de  notre  part  en 
tout  ce  qui  nous  est  et  sera  possible  à  Texécution  du  pieux  et  chari- 
table dessein  ci-dessus  expliqué,  nous  faisons  aussi  vœu  irrévocable 
et  jurons  devant  TËternel  notre  Dieu  que,  le  plus  promptement  que 
nous  le  pourrons,  nous  prendrons  les  armes  et  ferons  continuelle- 
ment la  guerre  contre  Tinfernal  monstre  nommé  le  Pape  de  Rome, 
el  que,  tant  que  nous  aurons  un  instant  de  vie,  nous  ne  cesserons 
de  faire  tous  nos  eiTorts  pour  que  le  diabolique  tribunal  qu'on  appelle 
Inquisition  soit  aboli  dans  tout  Tunivers. 

De  plus,  nous,  grand  maréchal  général,  et  nous,  grand  amind 
généralissime,  reconnoissons  devant  TÉternel  notre  Dieu  que  Son 
adorable  Majesté  veut  que  nous  soyons  dès  à  présent  entre  nous,  et 
toujours  sans  cesse  à  Tavenir,  étroitement  unis  ensemble  par  une 
amitié  à  jamais  inviolable  et  par  une  concorde  que  rien  ne  soit 
capable  d'altérer... 

U  y  eut  plus  encore. 

Pour  sa  part,  S.  A.  S.  le  prétendu  landgrave  de  Linange 
annonça  par  une  déclaration  publique^  que  «  les  peuples  des 
îles  de  TAngelpont,  Madagascar  et  Ophir,  et  un  grand  nombre 
d'armateurs  européens  établis  depuis  longtemps  dans  ces  îles  et 
dans  plusieurs  autres  de  TAmérique,  de  TAsie  et  de  l'Âfirique  > 
s*étaient  mis  sous  son  obéissance  et  lui  avaient  conféré  le  titre  de 
roi  avec  la  suprême  autorité  ;  que,  seul,  il  aurait  le  droit  et  le  poor 
voir  de  faire  transporter  où  bon  lui  semblerait  la  prodigieuse 
quantité  de  richesses  dont  ces  peuples  et  armateurs  étaient  en 
possession,  et  que,  par  amitié  pour  les  Hollandais,  il  était  dis- 
posé à  céder  ce  monopole  merveilleux  à  telle  compagnie  qu'ils 
voudraient  former,  ne  faisant  de  réserve  que  pour  le  cas  où  la 
guerre  éclaterait  entre  lui  et  une  puissance  non  protestante,  et  où 
ses  propres  vaisseaux  feraient  des  captures. 

Ledit  prince  s'engagera  de  protéger  ladite  compagnie  et  de  Tassis- 

1.  Recueil  Lainberty,  t.  IX,  p.  566-568,  manifeste  intitulé  :  Réponse  à  ta  pn- 
position  qu'on  a  faite  àS.A.S,  Mgr  le  landgrave  de  Linange,  prince  de  f  J?«- 
pire  et  de  Chabanois,  etc,  pour  l'éiablissemeni  d'une  compagnie  de  Tin- 
gelpont. 


LES   ITBTmBBS   DIT  MIBQÏÏIR  Di;    UlfGâLERIE.  375 

ter  avec  toute  la  puissance  nécessaire,  aliD  d'empêcher  qu'il  ne  soit 
en  n'en  contrevenu  au  conlraL  que  ledit  prince  fera  avec  ladil«  com- 
pagnie, qui  conviendra  dès  à  présent  avec  ledit  prince  d'un  tarif  de 
ce  qu'elle  devra  pajer  des  effets,  fruits  et  denrées  et  aulres  choses 
qu'elle  prendra  en  échange  de  chaque  chose  qu'elle  portera  d'Europe 
dans  lesdites  iles;  et  le  prince  promettra  de  ne  faire  aucun  change- 
ment dans  ledit  tarif  pendant  trcole  années. 

Ledit  prince,  étant  le  fondateur,  protecteur  et  chef  de  ladite  com- 
pagnie, se  réserve,  un  tiers  de  plus  de  la  partie  de  la  répartition  qui 
se  fera  tous  les  ans,  que  n'eu  avoit  dans  la  compagnie  des  Indes, 
comme  membre  d'icelle,  le  feu  roi  de  la  Grande-Bretagne  Guillaume 
de  Nassau,  de  très  glorieuse  mémoire. 

De  plus,  ledit  prince  se  réserve  aussi  de  faire  venir  pour  son 
compte  toutes  sortes  de  munlUons  de  guerre,  avec  des  conditions 
expresses  que  tous  les  vaisseaux  qu'il  envolera  pour  cela  ne  seront 
chargés  d'aucune  autre  marchandise... 

SI  ladite  compagnie  l^it  des  avances  audit  prince,  il  s'engagera  de 
payer  six  pour  cent  d'intérêt  jusqu'à  l'entier  payement  des  sommes 
il  lui  avancées. 

Et  quand  le  prince  donnera  en  payement  à  ladite  compagnie  des 
efl'els,  fruits  ou  denrées  provenant  des  domaines  à  lui  appartenant, 
elle  ne  recevra  qu'à  cent  pour  cent  de  profil  pour  elle. 

Il  est  prêt  à  contracter  sur  ce  pied-là  avec  ladite  compagnie  dès 
que  LL.  HH.  PP.  les  Étals-Uénéraux  des  sept  provinces  y  auront 
donné  leur  consentement. 

Ceci  était  l'apport  particulier  de  Linange;  mais,  pour  com- 
mencer l'exécution  du  grand  dessein  de  la  'l'iiéocratie,  nos  deux  i 
aventuriers  eurent  la  bonne  fortune  de  rencontrer  un  représen- 
tant de  la  puissance  la  mieux  qualifiée  qu'ils  pussent  souhaiter                          ' 
en  cette  circonstance. 

Certain  Turc,  du  nom  d'Osman-aga',  venait  d'arriver  à  la 
Haye'  avec  une  créance  du  sultan  Ahmed  III  et  une  mission  du 
tapitan-pacha  ou  grand  amiral  de  la  flotte  ottomane  pour  obte- 
nir quelque  dédommagement  d'une  prise  faite  par  la  marine  hol- 

I.  E«t-ce  I ' Osman -dgn,  premier  écujer  >lu  suItaD  et  kiaya  du  panA-i'air 
UebciDRl-Pacha,  qui,  h  ta  auile  de  la  disgrdce  de  ce  minlatre  (''0  norembre 
\7M),  a*ait  6lé  enfermé  aux  gc|>l-Tours  et  condamné  à  pajer  une  très  %io*se 
(oramc  d'argent,  «insi  que  son  rrureAli-a(!a,  tténéral  dea  «pahia  (Gasetle  d'Àjru- 
(trdam,  l7t2,D*  vu)''  Dan»  l«  Iritité  avec  les  deux  aveoluriers, Osman  se  qtia- 
lîfie  pacha  des  spahis  et  de  lu  mer  ;  ci-après,  p.  277. 

S.  Ibid.,  1715,  n*  xcvni.  Cf.  le  récit  dea  Htinotra  de  1743,  p.  415-418. 


i 


276  1.   DB  B01SLI8LB. 

landaise  sur  les  Arabes  ^  Or,  à  cette  époque,  la  Turquie  était  en 
guerre  avec  les  puissances  catholiques,  ou  du  moins  la  déclara- 
tion de  guerre  lancée  le  8  septembre  1714  contre  Venise,  puis 
les  hostilités  ouvertes  en  Morée  contre  les  troupes  alliées  de  cette 
république,  de  Tordre  de  Malte  et  du  pape  Clément  XI,  rendaient 
imminente  une  rupture  de  la  paix  de  Carlowitz  entre  Vienne  et 
Constantinople.  De  part  et  d'autre  on  se  préparait  à  une  lutte 
nouvelle  :  les  Turcs,  outre  leur  puissante  flotte,  comptaient  diri- 
ger trois  armées  sur  la  Dalmatie,  la  Hongi*ieetla  Pologne;  l'em- 
pereur allait  bientôt  être  en  mesure  de  leur  opposer  cent  soixante- 
douze  mille  hommes  sous  la  bannière  victorieuse  du  prince 
Eugène.  On  a  vu  plus  haut  que,  en  1712  ou  1713,  Langalerie 
avait  proposé  au  czar  Pierre  le  Grand  de  fomenter  ou  de  soutenir 
une  diversion  des  Monténégrins  contre  la  Turquie;  il  ne  lui  en 
coûta  pas  plus,  changeant  du  tout  au  tout  son  orientation,  d'of- 
frir ses  services  à  la  Turquie  contre  le  catholicisme  représenté 
par  l'empereur  Joseph  et  le  pape  Clément  XL  Conunententra-t-il 
en  relation  avec  l'agent  Osman  ;  comment  celui-ci  se  crut-il  en 
droit  de  traiter,  sincèrement  ou  non,  au  nom  de  son  maître, 
avec  deux  aventuriers,  l'un  homme  à  chimères,  l'autre  repris  de 
justice,  et  à  conclure  avec  eux  un  pacte  diplomatique  tout  aussi 
solennel  de  formes  et  gros  de  conséquences  que  s'ils  eussent  été, 
lui  un  plénipotentiaire  dûment  accrédité,  eux  des  puissances 
régulières  et  de  premier  rang?  De  quel  côté  fut-on  dupé?  Ce 
sont  là  des  dessous  que  les  biographes  allemands  eux-mêmes  ne 
sont  pas  parvenus  à  pénétrer*.  Toujours  est-il  que  l'acte  diplo- 
matique existe,  qu'il  fut  divulgué  sur  le  moment  même,  sans 
qu'on  parût,  il  est  vrai,  en  faire  trop  de  cas,  mais  aussi  sans  que 
personne  en  contestât  l'authenticité,  et  nous  en  trouvons  le  texte 
à  peu  près  partout  ^  :  si  bien  même  qu'ici  il  suflira  d'en  faire  un 
résumé. 


1.  Mémoires  de  Lamberty,  t.  IX,  p.  565-566. 

2.  fin  tout  cas,  Boaneval  n'était  pour  rieo  dans  Taffaire,  paisqall  ne  se  fil 
musulman  que  quinze  ans  plus  tard. 

3.  Il  ne  resta  pas  inconnu  dans  le  temps,  comme  l'ont  cm  la  plupart  des  bio- 
graphes modernes  de  Langalerie,  ou  du  moins  il  fut  divulgué  dès  qoe  les  deux 
aTenturiers,  avec  leurs  papiers,  tombèrent  au  pouvoir  de  la  police  impériale  : 
Journal  de  Dangeau,  t.  XVl,  p., 404;  Journal  de  Jean  Buvat,  t.  I,  p.  16S-170. 
Notre  Mercure  galant  le  publia  dès  août  1716,  p.  231-238,  et  le  Journal  de 
Verdun  trois  mois  après  (novembre  1716,  p.  305-311);  c'est  là  que  poreot 
le  prendre  plus  tard  Lamberty  (Mémoêres,  t.  IX,  p.  575-578}  et  Fauteor  des 


1   DU  HillQUIS   DE   Ll^GlLBBIE. 

Osmao-bacba,  aga  des  spahis  et  de  la  mer,  se  disant  aiiil>as- 
sadeur  extraordinaire  du  sultan,  acceptait  les  offres  du  gèaèra- 
lissime  et  du  grand  amiral  de  la  Théocratie  de  faire  que  l'Otto- 
mau  devînt  maître  de  Rome  par  uu  niojeD  infaillible  :  moyeDDant 
quoi  il  leur  promettait  la  réception  dans  CoDstautioople  et  une 
installation  «  la  plus  noble  et  la  plus  digne  de  leur  rang  et 
leur  mérite;  >  eux  et  leur  suite  ne  seraient  pas  seulement  assurés 
de  toute  «  liberté  de  conscience,  »  mais  aussi  défrayés  de  tout 
entretien  pendant  six  années  consécutives,  et  ils  auraient  le  pou- 
Toirde  lever  et  préparer  un  corps  do  dii  mille  hommes  de  cavale- 
rie avec  une  flotte  de  cinquante  vaisseaux  «capitaux*  de  guerre, 
d'enrôler  à  leur  service  même  les  esclaves  chrétiens,  et  de  prendre 
sous  leur  juridicUon  tous  les  chrétiens  ou  juifs  qui  voudraient 
venir  s'établiren  Turquie,  avec  la  pleine  liberté  et  l'exercice  public 
de  leur  religion,  sans  payeraucun  tribut.  «  Aussitôt queleGrand 
Seigneur  sera  maître  de  Rome,  il  jure  et  promet,  par  Mahomet 
notre  saint  prophète,  de  donner  et  céder  auxdits  seigneurs,  sans 
division,  certaines  îles  de  la  mer  Méditerranée  et  les  provinces 
stipulées  dans  leur  convention  particulière,  et  de  les  leur  céder 
en  toute  souveraineté,  et  même  de  les  en  reconnoitre  rois  en 
sorte  que  leurs  descendants  et  héritiers  en  jouiront  à  perpétuité 
pour  y  régner  indépendamment  de  toute  puissance.  » 

D'ailleurs,  le  sultan  prendra  Langalerie  et  Linange  sous  sa 
irotection,  les  fera  rentrer  dans  leurs  biens  de  France  ou  d'Eu- 
n  ipe,  et  les  protégera,  ainsi  que  leur  expédition,  contre  toute  entre- 
prise des  <  empereurs,  rois,  princes  et  républiques  de  ses  amis.  * 

Cet  acte  diplomatique,  que  nous  donnons  pour  ce  qu'il  vaut, 
ayant  été  signé  et  scellé  à  la  Haye  «  le  iô  du  mois  de  zilhezzi 

l'annéâ  1128  de  l'hégire',  »  puis  translaté  en  arabe  par  un 


•Ires  spocryphes  de  1743  [p.  424-430).  De  noire  temps,  HM.  de  Weber, 
Kaufman,  àr.  Rolcnhan  l'ont  de  nouveau  publié- 
1 .  Le  mais  de  UllieL:J  ou  »ilhidjé,  plus  correctement  iovt-ki4ièh,  est  le  der- 
nier du  l'auDée  musulmane  el  (correspond  pour  nous,  en  année  ordinaire,  à 
novembre-décembre.  D'autre  pari,  l'année  1I2S  de  l'hégire  nous  placerait  en 
décembre  1716,  ce  qui  eatau^sl  inadmissible  que  les  mlttésinies  1 108,  1123,  1I7S, 
qu'on  trouve  daes  certaines  Iranslalions  du  Iraîlë,  puisque  nous  Terrons  toal  i 
l'heure  que  ao«  aventurier»,  i  la  date  de  décembre  1716,  éUieat  au  fond  des 
prisons  autricblennes.  Il  faut  dono  supposer  que  le  traité  original  portait  la  date 
de  1 137,  mal  lue  par  les  copistes  ;  et  ainsi,  puisque  nons  trouvons  dans  Ham- 
mer  (llUtoire  de  l'empire  ottoman,  1.  XIII,  p.  !77)  que  t  G  silhidjé  =  3  dé- 
eoiubre  1715,  •  le  Ib  nous  mellrsit  au  12,  el  dod  pas  au  18,  comme  l'ont  dit 
qDAlqDes  auteurs,  encore  moins  lu  ib  févrtei  ou  an  15  mars  suivant  (et.  Wils- 


278  1.    DB  BOISLISLE. 

orientaliste  de  LeydeS  Osman-aga  l'emporta  trois  mois  plos 
tard,  en  reprenant  le  chemin  de  Constantinople*.  Le  soumit-il 
réellement  à  son  maître  ?  Je  ne  saurais  le  dire  ;  mais  les  événe- 
ments furent  immédiatement  décisifs,  soit  pour  nos  deux  aventu- 
riers, soit  pour  la  Turquie  elle-même,  comme  on  le  verra  tout  k 
rheure,  et  le  sultan  ne  manqua  pas,  l'année  suivante,  de  désa- 
vouer son  plénipotentiaire^. 

Au  milieu  d'articles  incohérents,  on  se  rend  assez  dair^nent 
compte  des  visées  des  contractants  français.  Ils  n'entraient  pas 
au  service  du  sultan,  ce  qui  eût  comporté  une  apostasie  :  c'était 
plutôt  une  alliance  offensive  en  vue  de  diversions  analogues  à 
celles  des  Rakoczy  et  des  Tœkoely  ;  mais  sur  quoi  l'appuyaient-ils? 

Ici,  je  me  risquerai,  par  exception,  à  reproduire  une  ou  deax 
pages  des  Méywires  de  1743^  où  se  marque  nettement  la  cod- 
nexité  du  traité  turc  avec  les  projets  chimériques  de  Linange 
sur  Madagascar  et  sur  les  pirates  de  la  mer  des  Indes  : 

Le  traité  ne  faisoit  aucune  mention  d'un  autre  projet  que  nous 
avions,  qui  nous  auroit  efncacement  servi  à  réussir  dans  oeloî 
qui  y  est  exprimé.  Nous  nous  proposions  de  faire  sentir  au  Grand 
Seigneur  la  nécessité  de  nous  donner  d'abord  une  des  îles  do  TAr- 
chipel  où  il  y  eût  un  bon  port,  afln  d'y  recevoir  les  flibustiers  et  les 
corsaires  dont  fourmilloit  alors  Tile  de  Madagascar.  Nous  avions 
parole  de  ces  gens-là  qu'aussitôt  qu'ils  auroient  reçu  leur  passeport 
do  la  Porte,  ils  s'y  rendroient  en  toute  diligence  avec  une  flotte  de 
soixante  vaisseaux  armés  en  guerre  et  chargés  do  la  meilleure  partie 
de  leurs  immenses  trésors.  Us  en  dévoient  laisser  le  reste  dans  cette 
île  et  une  partie  de  leurs  camarades^  afin  d'établir  et  de  soutenir  le 
commerce  entre  ce  pays  et  notre  nouvel  État.  Cet  expédient  levoit 

leofeld,  VergleichungS'Tabellen).  —  On  pourrait  se  demander  si  cette  erreor 
de  datation  de  milléâime  ne  ferait  pas  douter  que  l'acte  ait  été  réellement  dressé 
par  Osman-aga  ;  mais  elle  peut  aussi  venir  soit  du  traducteur  de  la  minote  ori- 
ginale, soit  des  copistes  venus  après  lui. 

1.  Lamberty,  t.  LX,  p.  575.  Les  Mémoires  de  1743  disent  (p.  430)  que  l'ori- 
ginal avait  été  dressé  en  langue  italienne,  et  que  la  traduction  donnée  dans  les 
journaux  fut  fort  inexacte,  par  ignorance  ou  par  malice. 

2.  Après  avoir  eu  plusieurs  conférences  avec  les  régents  et  avoir  rendu  visite 
au  résident  impérial,  il  partit  vers  le  25  mars  {Gazette  d'Anuterdam,  I7t6, 
n**  XIX  et  xxvi).  Le  mois  précédent,  on  avait  ordonné  un  jour  de  jeune  et 
des  prières  solennelles  à  Constantinople  pour  obtenir  l'appui  de  Mahomet 
contre  la  Chrétienté  {ibid.,  Extr.  xviii). 

3.  Lamberty,  t.  X,  année  1717,  p.  258-260. 

4.  P.  431-433. 


î  iTEUTCSES  DD   MIBQDIS   Di!   UNGILEBIE.  279 

loutes  les  difflcullés  qu'auroit  pu  former  le  Grand  Seigneur  sur  les 
grandes  avances  qu'il  auroil  dû  faire  pour  Iravailler  à  l'heureuse 
issue  de  notre  dessein,  et,  par  là,  nous  nous  serions  trouvés  en  état 
d'y  suppléer.  Nous  comptions  sur  plus  de  vingt  mille  braves  gens 
que  ces  corsaires  de  loutes  nations  dévoient  nous  amener.  Cétoîent 
là  les  fruits  des  négociations  que  le  comte  de  Linange  avoit  heureu- 
sement terminées  avec  eux  pendant  son  séjour  à  Pétershourg  et 
à  Arckangel,  Geuit  qui  savent  combien  sont  riches  et  nombreux  ces 
corsaires  comprennent  aisément  que  leur  union  nous  auroit  rendus 
formidables.  Osman-bassa  n^étoil  point  initié  dans  ce  mystère;  nous 
nous  réservions  de  le  développer  à  Sa  Hautesse,  qui  n'auroil  pas 
manqué  d'en  saisir  tous  \ea  avantages. 

Nous  avions  encore  un  dessein  qui  nous  auroit  procuré  des 
richesses  immenses  :  c'étoit  de  nous  emparer  du  trésor  de  l'église  de 
LorelUi,  et,  de  la  f^çon  dont  il  étoil  concerté,  nous  y  aurions  inikil- 
liblenient  réussi... 

Les  écrivains  étrangers  ont  insisté  particulièrement  sur  le 
projet  d'établissemeut  à  Madagascar  :  l'un  d'eux  a  même  raconté 
très  sérieusement  qu'il  fut  mis  à  exécution  avec  succès,  que  le 
général  français  trôna  comme  empereur  dans  la  grande  île,  qu'il 
ne  fut  forcé  d'en  revenir  qu'au  bout  d'un  assez  long  temps,  etc.'; 
un  autre  l'a  comparé  au  Messin  Théodore  de  Neuhof  qui,  vingt 
ans  plus  tard,  se  fit  roi  de  Corse,  et  l'on  a  estimé  que  Langalerie, 
n'eût  été  sa  folie  des  grandeurs,  aurait  pu  réussir  tout  aussi  bien... 
C'est  absolument  méconnaître  et  le  caractère  cbimèrique  de  toutes 
ses  hallucinations,  et  même  l'état  des  choses  à  cette  époque.  Sans 
doute  un  vent  de  colonisatiou  soufflait,  non  seulement  sur  la 
France,  qui  allait  bientôt  mettre  le  Mississipi  en  actions,  mais 
aussi  sur  l'Angleterre,  d'où  partirent  en  1716  les  premiers  occu- 
pants de  l'Acadie*,  sur  la  Prusse,  où  le  chevalier  Fraser'  avait 
apporté  des  projets  qui  paraissent  avoir  intéresséle  roi  Frédéric', 
sur  la  Suède  enfin,  où  l'on  croit  que,  précisément,  le  barou  de 
GœrXz.  appelé  par  Charles  XII  à  la  restauration  de  ses  finances, 

t.  Arilele  de  ['lUuitrirte-Zellunç  de  New-Tork,  reproduit  el  analjKè  dans  la 
brocbure  Holenhan.  p.  39-40.  Vojm  ci-dessus,  p.  11. 

2.  Gatette  iFÀmtterdam,  1T1G,  Bilr.  liimii. 

3.  Fils  du  médecin  de  Charles  II  d'Anglel^rre  et  beau-frère  de  lord  Peler- 
borough. 

4.  En  IT'B,  on  pcrWail  de  Berlin  à  la  Catulle  d'Amsterdam  {Eilr.  kxuilI  qat 
le  roi  avait  résolu  de  rétablir  des  relations  commerciales  arec  l'Aïîe  et  mfime 
l'Afrique,  et  que,  pour  cet  effet,  il  enverrait  uae  ambasaade  en  Perte. 


280  1.   DE  BOISUSLB. 

eut  quelque  idée  de  reprendre  pour  son  propre  compte  le  projet 
de  nos  deux  aventuriers  et  qu*il  fit  étudier  la  question  parlkni.de 
Cronstrom  et  de  Mendal  ^  ;  mais  Frédéric  était  mort,  et  Charles  Xn 
ne  se  trouvait  guère  en  mesure  de  porter  ses  visées  vers  des  aven- 
tures lointaines,  alors  surtout  que  Madagascar  appartenait  ii> 
tuellement  à  la  France. 

En  fait,  nous  avions  renoncé  à  l'exploitation  des  côtes  depuis 
les  désastres  subis  par  nos  colons  en  1671  et  1672,  et  Louis  XIV 
n*avait  maintenu  qu'une  souveraineté  nominale  par  sa  dédara- 
tion  de  1686^.  A  la  place  des  postes  français,  quelques  centaines 
d'écumeurs  cosmopolites  étaient  venus  faire  de  Madagascar 
comme  leur  port  d'attache,  d'où  ils  s'élançaient  tantôt  dans  la 
mer  Rouge  ou  dans  la  mer  des  Indes,  tantôt  vers  les  étabUss^ 
ments  espagnols  de  la  mer  du  Sud,  et  ils  y  venaient  rapporter 
leur  immense  butin  :  tel  le  fameux  Avery,  dont  les  forces  et  Tao- 
dace  avaient  fini  par  en  imposer  même  à  la  compagnie  anglaise 
des  Indes-Orientales  3. 

Au  cours  de  ses  pérégrinations  aventureuses,  Linange  avait 
pu  entendre  parler  des  hardies  prouesses  de  ces  flibustiers,  fo^ 
bans  et  pirates;  il  ne  lui  en  coûta  pas  plus  de  grossir  jusqu'à  on 
chiffre  fabuleux  leur  très  petit  nombre,  que  de  persuader  à  Lan- 
galerie  et  d'annoncer  à  toute  l'Europe  que  €  cent  mille  flibus- 
tiers >  leur  offraient  à  tous  deux  de  venir  s'installer  sous  leurs 
ordres  dans  Tîle  de  l'Archipel  que  donnerait  le  Grand  Seigneur, 
et  d'établir  ainsi,  entre  la  Méditerranée  et  la  mer  des  Indes,  ou 
même  la  mer  Blanche*,  le  va-et-vient  d'une  puissance  €  formi- 
dable »  par  ses  innombrables  vaisseaux  et  par  ses  énormes 
réserves  de  butin.  L'Angelpont  et  Ophir,  de  légendaire  mémoire, 

1.  Je  dois  cette  indication  à  l'obligeance  de  mon  confrère  M.  Grandidier, 
l'explorateur  et  l'historien  de  Madagascar. 

2.  Lors<]ue,  en  1776,  Taventurier  hongrois  Beniowski  se  fit  proclamer  roi  des 
SakalaTOà  dans  le  kabar  du  17  septembre,  ce  ne  fnt  qa'après  s'être  régulière* 
ment  démis  des  fonctions  que  le  roi  de  France  lai  a?ait  conférées  trois  ans 
auparavant. 

3.  Voir  Ch.  Johnson,  Histoire  des  pirates  anglais  depuis  leur  éiablissemeiit 
dans  rHe  de  ta  Providence^  trad.  17Î6,  p.  1-32,  etc.  Cf.,  en  1709,  la  dodU 
d'Amsterdam,  Exir.  xlvii  et  xcvii,  et  la  Gazette  de  Le^dCy  n*  97;  en  1711,  I> 
Gazette  de  Leyde.  n*  54  et  n*  90;  en  1712,  iWd..  n»  14:  en  1713,  la  Gûsette 
dÀmsterdam,  n*  i.xvi. 

4.  Par  un  décret  de  Pierre  le  i^rand,  en  1713,  Arckangel  avait  été  dépossédé 
du  ct^mmerro  de  rei|H>rlation  russe  au  profit  de  Pétersbourg.  Les  Hoilandiiset 
les  Anglais  y  envoyaient  de  nombreux  vaisseaux. 


LES  ITEIITCHES   DU   HIHQUIS   DE   LtRGllEKrS. 

compIétaîeDt  la  prestigieux  programme,  auquel,  comme  le  dit  un 
gazetier  du  temps,  il  ue  manquait  qu'une  carte  géographique 
indiquant  la  situation  de  ces  fabuleuses  contrées'. 

Mais,  allant  au  plus  pressé,  c'est-à-dire  à  la  croisade  contre  le 
papisme  concertée  avec  Osman-aga,  et  surtout  au  pillage  des  tré- 
sors accumulés  par  la  piété  des  catholiques  à  Lorette  ou  dans  les 
autres  sanctuaires  italiens,  Langalerie  chercha  sur  le  littoral  de  la 
mer  du  Nord  un  paya  où  il  pût  former  le  corps  de  dix  ou  vingt 
mille  hommes  qui  était  nécessaire  pour  entrer  en  campagne 
et  pour  seconder  par  les  armes  l'actio!)  émancipatrice  des 
ministres  de  rEvangile-.  H  jeta  son  dévolu  sur  le  plat  pays  situé 
entre  Gliicksladt  et  Altona,  et,  k  la  fin  du  printemps  de  1716,  il 
proposa  au  roi  Frédéric  IV  de  lui  permettre  d'y  établir  un  camp 
et  de  coopérer  ainsi  à  la  grande  œuvre  de  «  l'avancement  du  règne 
de  Jésus-Christ'.  »  On  se  doute  de  l'accueil  que  le  résident  danois 
et  son  maître,  au  plus  fort  de  la  lutte  suprême  où  ils  étaient  enga- 
gés, ainsi  que  la  Prusse,  contre  Charles  XII,  purent  faire  à  ces 
propositions  chimériques;  mais  les  détails  nous  manquent. 

Cependant  Langalerie  songeait  toujours  à  sa  femme  :  quoiqu'il 
sût  qu'elle  était  enceinte,  et  sans  tenir  compte  de  ce  détail  *,  il  lui 
attribuait  un  rôle  dans  ses  grands  projets.  Au  commencement 
de  1716.  elle  venait  de  quitter  Cassel  pour  Paris,  et  le  marquis 
avait  quelque  raison  de  craindre  que  ses  propres  visions  et  sa 
folie  ne  fussent  dévoilées  à  Madame  et  au  Régent  son  fils.  A 
Madame,  il  adressa  un  exemplaire  de  son  «  catéchisme,  >  et  l'on 


Kl.  Oi 


1.  On  peol  voir  dans  \ea  Disserlatlofu  d'Adrien  Rdand  (1707}  et  dans  le 

dietionnoire  géographique  de  Bruxen  do  la  Uartinîire.  I.   VI  (1736), 

6^2,  qnelJcs  étaient  lej  opinions  diverses  sur  Ophir;   mais  J'y  ai  raine- 

menl  cbercbé  l'Angelpont.  E«l-ce  unn  Torme  francisée  du  nom  grec  d'Arckan- 

i;el,  ArchangelùpoUif  Baudrand   érriTsit  :  l'Archangel.  Quant  k  Feras,  qni 

bguro  ci-dea«us,  p.  273,  dane  les  litres  de  Linange,  ne  serail-ee  pas   l'arcbipel 

>is  des  PèrDë? 

signalé  duns  les  papiers  d'Antoine  Court  un  eiemplaire  Imprimé  d'un 
ijel  dn  général  marquis  de  t^nKalerie,  prosélyte,  de  leTer  dix  mille  hnmaies 
CKorter  Tingl  on  trente  ministres  dans  les  États  papistes  pour  y  faire 
iher  l'ËTatigile  et  être  en  étal  de  «e  défendre,  etc.  >  {BitlUim  de  la  SoeUlè 
\ThitMre  du  protestantisme  français,  t.  XI,  ISG2,  p.  92). 

T.etire  du  l'A  mai  HIG  au  roi,  et  négociation  avec  son  résident  de  la  Haye, 
par  Cb.  de  Weber.  Dans  la  IcUre,  Langalerie  annonçait  qu'il  propase- 
mx  puissance»  maritimes  nne  i  élrolle  amilié,  alliance  et  confédération 
contribuer  ensemble  à  l'aTénement  du  régne  de  Jésus^^hrisl.  i 
I.  Dans  son  journal  cité  par  le  docteur  Landau,  il  écrivait,  A  la  dalf  des 
M  27  novembre  1715  :  i  Voilà  douze  jours  que  ma  femme  me  bt  pari  de  ton 
Le  public  savait  à  quoi  s'en  Icnir. 


282  A.    DE  BOI8LI8LE. 

peut  penser  comment  cet  envoi  fut  reçu^  Au  Régent,  il  écrivit, 
en  son  nom  et  au  nom  de  Linange,  comme  le  faisaient  alors  cer- 
tains souverains  protestants,  que  la  France,  maintenant  assurée 
de  la  paix,  eût  à  relâcher  leurs  frères  les  religionnaires  détenus 
sur  les  galères^.  A  M°*"  de  Langalerie,  le  19  mars  1716,  il 
adressa  un  double  du  traité  Osman,  en  la  sommant  de  venir  le 
rejoindre  lorsque  la  flotte  de  la  Théocratie  longerait  les  côtes  du 
Languedoc  ou  de  la  Provence,  afin  qu'il  pût  la  remettre,  avec 
ses  enfants,  aux  mains  du  sultan,  «  pour  gage  des  paroles  don- 
nées par  lui,  >  et  qu'il  reprit  possession  des  effets  et  <  machines  de 
guerre  »  laissés  sous  sa  garde  à  Cassel,  notamment  d*un  modèle 
d'artillerie  de  son  invention^.  Sinon,  disait-il,  €  je  suis  contraint 
de  vous  répudier  et  de  me  remarier  à  la  première  venue.  J'ai  déjà 
pris  une  concubine,  et,  marque  que  je  ne  mens  pas,  voici  ci-jointe 
la  convention  que  j'ai  faite  avec  elle  il  y  a  trois  jours.  Le  marché 
se  fit  à  l'instant  que  j'eus  appris,  par  la  troisième  lettre  de  mon 
adjudant,  que  vous  ne  vouliez  pas  absolument  me  venir  joindre.  » 
Le  fait  était  vrai  :  pour  se  mieux  donner  des  allures  de  vrais 
souverains,  souverains  peu  fortunés,  il  est  vrai,  et  dotés  d'une 
médiocre  liste  civile,  Langalerie  et  Linange  venaient  de  s'atta- 
cher par  un  contrat  authentique,  et  moyennant  la  promesse  d'une 
pension  annuelle  de  quatre  cents  florins  chacune,  deux  péron- 
nelles hollandaises  qui,  à  défaut  de  la  marquise  et  de  sa  nièce 
(celle-ci  refusait  de  venir  épouser  Linange),  les  serviraient  «  en 
tout  ce  qu'il  leur  plairait  dans  leurs  besoins  tant  nocturnes  que 

1.  Madame  écrit  à  la  raugrave  Louifte,  le  29  octobre  1715  :  c  Dieo  seal  sait 
qui  m'a  envoyé  ce  catéchisme;  car  la  lettre  n'est  pas  signée.  Je  mlmagiiie 
qa'll  Tient  de  Langalerie  ;  mais  il  me  semble  qa'il  n'est  pas  bien  réfléchi.  Qae 
peut-on  a^oir  de  meilleur  que  le  catéchisme  d'HeideU>erg?  »  (Éd.  Stuttgart, 
t.  CVII,  p.  662;  trad.  Jaeglé,  t.  II,  p.  241.) 

2.  Lettre  de  la  (in  de  février  t716  mentionnée  dans  l'autre  épttre  dont  il  va 
être  parlé.  En  1715  et  1716,  précisément,  le  marquis  de  Rochegnde,  agent 
général  des  protestants  français  à  l'étranger,  alla,  au  nom  de  la  Suisse,  du 
landgrave  de  Hesse-Cassel  et  de  la  reine  de  Prusse,  solliciter  le  roi  Georges 
d'Angleterre  pour  qu'il  intervint  auprès  du  régent  de  France  et  agit  par  une 
énergique  pression  en  ce  sens. 

3.  Cette  lettre,  datée  d'Amsterdam,  fut  communiquée  par  M"*  de  Langalerie 
aux  gazettes,  et  Lamberty  l'a  reproduite  in  extenso  dans  son  tome  IX,  p.  579- 
582.  Les  Mémoires  apocryphes  racontent  (p.  422)  quMl  lui  avait  écrit,  an 
moment  de  la  signature  du  traité  Osman,  de  venir  partager  sa  félicité,  ou  an 
moins  de  lui  envoyer  ses  deux  fils,  mais  qu'elle  ne  répondit  point,  c  Qu'est-ce 
qu'une  femme,  lorsque,  conduite  par  une  passion  effrénée,  elle  donne  dans  des 
travers  si  aff'reux  1  » 


journaliers,  »  Tout  était  prévu,  jusqu'aux  enfants  qui  pourraient 
naître  du  concubinage,  et  que  les  deux  aventuriers  se  réservaient 
d'élever  eux-mêmes.  L'engagement  devait  entrer  en  exécution 
1"  mai  suivant,  si  M™"  de  Langalerie  n'était  alors  «  revenue 
de  son  égarement  >  pour  ■  partager  avec  son  mari  et  son  neveu 
la  sainte,  brillante  et  glorieuse  fortune  que  Dieu  venait  de  leur 
accorder  par  sa  grâce*.  * 

tCe  c'était  qu'un  prélude  à  l'organisation  du  grand  état-major 
et  de  la  maison  des  princes  de  la  Tliéocratie.  Tout  d'abord 
JB*éU)it-U  pas  essentiel  que  les  deux  cbefs,  a&n  de  mieux  repré- 
senter la  sainte  Trinité,  s'adjoignissent  en  tiers  un  ■  grand  séné- 
chal chargé  du  commandement  tant  militaire  que  politique?  »  Ils 
trouvèrent  pour  jouer  ce  rôle,  que  dis-jeî  pour  en  payer  Thon- 
neur  au  prix  de  douze  mille  florins,  un  émigré  français  de  bonne 
fetnille^,  Henri  Roisbelland  ou  Boisbellaud  de  Montassier,  sei- 
gneur de  Lille-Marais,  qui  possédait  un  régiment  d'infeuterie 
au  service  des  Etats-Généraui%  avait  fait  les  campagnes  d'Es- 
pagne comme  major  général,  et  avait  été  revêtu,  en  1710,  du 
grade  de  général-major*.  Et  les  tmis  cbefe  suprêmes,  ■  se  regar- 
dant dès  k  présent,  et  pour  toute  leur  vie,  quoique  foibles  instru- 
ments, comme  des  vases  d'élection  chargés  en  unité  du  gou- 
vernement de  la  Théocratie  du  Verbe  incarné,  en  sorte  qu'ils 
représentent  tous  trois  la  sainte  Trinité^,  •  s'engagent  par  un 
pacte  solennel  à  <  agir  tous  les  trois  ensemble  de  concert  dans  un 
même  cœur  et  dans  un  même  esprit,  en  répondant  le  plus  sainte- 
ment qu'il  leur  sera  possible,  et  d'une  manière  la  plus  convenable, 
&  leur  commune  et  divine  TOcalion^  » 

Leur  suite  devait  être,  non  seulement  respectable,  mais  pom- 
peuse, au  moins  sur  le  papier^  :  un  adjudant  général  et  douze 

I.  Le  texte  dii  cnnlrut  [lariit,  sept  moi»  plus  tard,  dans  le  Journal  de 
rertlvn,  novembre  ITIG,  p.  311-313.  il  est  ausai  dans  le  recueil  Laraberly. 
p.  578.579. 

3.  Enwre  an  SnlntangeolH. 

3.  Le  régimenl  dans  lequel  le  romancier  Grandcbanip  était  en  1703  (ei-dea- 
»as,  p.  7.  noie  I). 

L  Ce  personnage  manque  dans  la  seconde  édilioo  de  ta  France  proleslante. 

i.  Itemedes  t^linies  juteei,  t,  XXVIII,  p.  209. 

G.  Traite  du  !li  avril  1716,  reproduit  dans  le  recueil  Lamberly,  I.  IX, 
p.  ^7î-575. 

7.  I  Elut  de  la  maison  de  la  Tlitocralie  t  dressa  i  Amalerdani  le  9  mai  1716, 
relTOUvé  plus  Urd  dans  les  itapiers  de  Sâsskind,  et  publié  en  1391  dans  la 
Mme  dei  étudeê  juivei,  p.  209-210. 


284  1.    DR   BOI8LI8LE. 

adjudants,  un  chancelier  et  six  secrétaires»  six  pages,  dix- 
huit  valets  de  pied  à  la  livrée  de  la  Théocratie,  six  cochers,  six 
postillons  et  six  palefreniers,  une  compagnie  de  cent  gardes,  un 
suprême  maître  d'hôtel  et  six  maîtres  d'hôtel  ordinaires,  autaot 
de  cuisiniers,  vingt-quatre  marmitons,  etc.,  etc. 

Quelques  charges  même  eurent  des  titulaires  :  un  Suisse  du 
nom  de  Meyer,  comme  secrétaire;  un  juif  portugais,  Manassè 
Mendez  ou  Da  Costa,  comme  consul,  et,  comme  résident  de  la 
Théocratie  à  la  Haye,  Thistorien  français  Limiers',  qui  achevait 
alors  la  France  sous  le  règne  de  Louis  XIV.  Les  relations 
avec  la  presse  furent  même  confiées  à  une  Française,  M**'  Do- 
noyer,  qui  rédigeait  depuis  deux  ans,  à  Amsterdam,  la  Quintes^ 
sence  des  nouvelles  historiques,  critiques  et  politiques'^. 

Enfin  il  y  avait  un  ordre  de  chevalerie,  avec  la  devise  :  Sic  ione 
SUPERBI  PBRiBUNT,  et  dont  les  insignes,  dit-on,  se  voient  encore 
à  Vienne,  dans  les  archives  de  la  Théocratie. 

Il  semblerait  que  tant  d'extravagances  n'eussent  dû  exciter  que 
de  l'indifiérence  ou  de  la  pitié  parmi  les  Hollandais  à  l'esprit 
positif;  cependant  les  croyants,  les  dupes  furent  relativement 
nombreux,  généreux  même.  A  l'exemple  du  général  Lille-Marais 
payant  douze  mille  fiorins  son  titre  de  grand  sénéchal,  le  juif  mes- 
sin Sùsskind,  qui  était,  paraît-il,  un  érudit  hébraïsant  et  que  Laoga- 
lerie  avait  trouvé  secrétaire  dans  la  maison  de  Berend  Lehman', 
céda  une  créance  de  vingt-cinq  mille  fiorins  sur  son  ancien  patronS 

1.  c  Uo  certain  Ltnier,  »  daos  le  texte  de  Ch.  de  Weber.  Les  Mémoires  apo- 
cryphes disent  (p.  413-414)  :  c  Ayant  mis  au  net  et  perfectionné  le  système  de 
mon  mieux,  je  le  proposai  à  un  homme  de  lettres  qui  méritoit  plus  de  la  fo^ 
tune  qu'elle  ne  lui  accordoit.  Il  a?oit  beaucoup  de  génie  et  un  esprit  coltivé 
par  les  belles  sciences  :  il  le  trouva  de  son  goût  et  y  applaudit.  Il  ne  me  fat 
pas  si  aisé  de  le  faire  approuver  de  la  nation  juive.  » 

2.  Gazette  en  français  qui  avait  eu  pour  premier  directeur  an  disciple  de 
Spinosa,  et  que  M"*  Dunoyer,  bien  connue  pour  ses  Lettres  galantes  et  pour 
l'hospitalité  qu'elle  donna  à  Voltaire,  continua  jusqu'en  1730. 

3.  Ci-dessus,  p.  42.  Deux  frères  du  nom  de  Behrens,  banquiers  juifs  à  Hanom, 
firent  banqueroute  quelques  années  plus  tard  {Mercure  d'avril  1721,  p.  183].^ 
M.  Kaufmau,  qui  a  trouvé  les  éléments  de  son  article  de  la  Rewte  des  éttàis 
juives  dans  les  papiers  saisis  sur  Siisskind  et  transportés  à  Vienne  (Bibliothèque 
impériale  et  royale,  ms.  11263),  comme  on  le  verra  tout  à  l'heure,  s'est  fait  iUQ- 
sion  sur  la  valeur  de  son  personnage.  Peut-être  était-ce  réellement  un  émdil  en 
fait  de  livres  saints;  mais  son  rôle  dans  l'entreprise  de  la  Théocratie  fut  celai 
d'un  niais,  sinon  d'un  fripon.  M.  Kaufman  ne  veut  pas  croire  non  plus  qne  ses 
coreligionnaires  aient  contribué  à  l'entreprise  et  fourni  des  fonds. 

4.  Revue  des  études  juives,  p.  210,  transport  du  6  mai  1716. 


tBS  1TE!(TÏÏBE3   DD   MiagCtS   DE   URGILRRIË.  285 

et.  soit  fanatisme  religieux,  soit  simple  spéculation,  un  certain 
nombre  d'adhérents  se  présentèrent  aux  guichets  de  la  Théocratie, 
sans  avoir  une  idée  bien  nette,  cela  est  évident,  ni  du  but  visé, 
DÎ  des  ressources  et  des  moyens  dont  on  faisait  état,  ou  croyant 
|>eut-^tre  que,  réellement,  le  roi  de  Prussa  et  le  Grand  Seigneur 
avaient  donné  leur  appui  au  projet.  Aucun  ne  se  demandait  si  les 
îles  promises  étaient  «  moins  fabuleuses  que  celle  que  Ptolémée 
donoe  comme  inaccessible  et  qui  se  dérobe  toujours  à  la  rue  des 
pilotes  qui  la  cherchent'.  » 

Malheureusement,  les  gazettes  ne  dévoilèrent  que  trop  tard  le 
fond  des  choses,  alors  que  le  mal  était  fait  et  la  confusion  des 
aventuriers  consommée. 

Ceux-ci  menaient  déjà  grand  train  aux  dépens  de  leurs  com- 

Ïanditaires  et  commençaient  à  préparer  l'expédition  '  : 
Ou  fut  fort  surpris,  au  mois  d'arril  tUfî,  de  voir  le  marquis  et 
D  prétendu  neveu  en  magnifiques  équipages.  On  savoil  qu'aupa- 
ravant ils  ne  subsisloient  que  de  charités  :  Linage  [sic]  n'étoil  arrivé 
qa'avec  un  bonnet  a  la  polouoise  et  un  méchant  habit  de  friperie; 
OD  le  vil  enâuile  suivi  do  laquais  proprement  velus,  un  plumet  jaune 
sur  le  chapeau.  Les  maîtres  firent  faire  plusieurs  tiabils  galonnés, 
du  linge  et  des  dentelles  à  proportion  ;  M,  de  Langalerie  se  donna 
UQ  carrosse  fort  propre.  On  porta  chez  lui  des  sommes  considérables. 
Gomme  l'on  ne  vojioit  pas  par  où  ces  richesses  pouvoient  être  venues 
si  subitement,  on  jugea  que  l'aga  les  avoiL  procurées'. 

M.  de  Langalerie  acheta  quantités  de  marchandises  propres  pour 
le  Levant',  il  engagea  plusieurs  pauvres  familles,  lant  hommes, 
femmes  qu'enfants,  auxquels  il  fournil  quelque  argent,  leur  disant 
qu'il  alloil  leur  procurer  une  haule  fortune  en  les  menant  dans  une 
nouvelle  colonie  qu'il  alloit  établir.  Lorsque  quelqu'un  lui  deman- 
doit  le  lieu  où  il  voulait  mener  tout  ce  monde,  il  répondoit  :  «  Bien 
des  princes  et  des  souverains  voudroienl  savoir  ce  que  vous  me 

1.  Journal  de  Verdun,  jaillet  1716,  p.  8. 

3.  Journal  de  Verditn,  octobre  1716,  p.  34&-247.  Comparez  tes  corrcspun- 
■JkQCes  de  l'eoTojrË  6»ion  ciWes  par  Ch.  de  Weber.  Les  Mémoires  <le  1743, 
p.  4tS-tl9.  proleilenl  contre  les  euppusitioas  malveillaales  ilea  gazelles. 

3.  L'anleur  des  Uimoirtt  de  1743  a  cannu  ces  arlîclei  du  Journal. 
<  L'équïpHge,  dil-il  (p.  414].  dans  lequel  Linange  arriva  rèpondoil  IrËa  mal  & 
sa  coaditiiiD,  Il  aroil  loul  l'air  d'uo  Moscovite  du  lulgaire,  et,  n'élanl  pas  en 
■rgenl,  il  ne  m'étoit  pas  possible  de  le  mettre  dans  une  situation  plus  décente.  • 
FJus  loin  (ti.  41&-ilS],  il  assure  que  ce  Tut  ea  effet  le  <  cbiaoutb-aga  »  qui 
leur  donna  deut  mille  ducats  pour  se  nipper. 


286  A.   DE  B0ISL18LE. 

demandez  ;  mais  ni  vous  ni  eux  ne  le  saurez  que  lorsque  mon  projet 
sera  entièrement  accompli.  » 

Cependant  les  Hollandais  en  général,  et  particulièrement  Mes- 
sieurs des  États-Généraux,  se  tenaient  sur  la  réserve.  En  gens 
pratiques  ils  comprenaient  que  tout  établissement  nouveau  dans 
Tocéan  Indien  serait  une  concurrence  pour  leur  conunerce  colonial. 
Vainement,  à  l'instigation  de  Linange,  Langalerie  leur  révéla  que 
Tantechrist  Clément  XI,  le  roi  de  France  et  le  Prétendant  (Jacques 
Stuart)  avaient  conçu  et  préparé  un  infernal  projet  pour  la  des- 
truction de  la  Hollande  entière  par  Teau  et  par  le  feu^  :  les  États 
firent  la  sourde  oreille;  mais  un  moment  vint  où  il  leur  fallut  bien 
intervenir,  soit  pour  éclairer  leurs  concitoyens  sur  Tinanité  des 
projets  que  les  deux  aventuriers  faisaient  colporter  de  caie  en 
café,  soit  pour  éviter  des  complications  internationales'. 

VI. 

La  fin  de  Langalerie. 

Un  traître,  le  secrétaire  même  de  la  Théocratie,  soi-disant  pour 
soulager  sa  conscience,  mais  en  réalité  contre  une  somme  d'ar- 
gent comptant  et  de  bonnes  promesses  d'emploi,  s'était  empressé 
de  communiquer  la  copie  du  traité  turc  aux  représentants  du 

t.  Le  projet  est  dans  Lamberty,  p.  582-584.  Voici  comment  tout  cela  a  été 
paraphrasé  dans  les  Mémoires  de  1743  (p.  418-419)  :  c  Ce  brillant,  dont  on 
ignoroit  la  source,  fournit  d'abord  matière  à  raisonner,  et  à  raisonner  faux,  an 
grand  nombre  de  curieux  que  renferme  la  Haye.  Chacun  mit  son  grain  de  sel 
à  la  capilotade  où  l'on  nous  mit.  Les  uns  publièrent  qu'un  colonel  au  serrice 
des  Provinces-Unies,  nommé  M.  de  Lille-Marais,  nous  a?oit  prêté  uoe  somme 
considérable  conséquemment  à  l'adoption  qu'il  avoit  faite  de  notre  système 
théocratique.  D'autres  assurèrent  que  les  plus  riches  juifs  de  la  Haye  nous 
avoient  mis  dans  l'état  dont  on  étoil  ébloui.  Ceux  qui  passoient  pour  aroir  le 
nez  le  plus  fin  pensèrent  que,  Linange  et  moi  ayant  découvert  à  l'Étal  le  des- 
sein qu'on  disoit  avoir  été  formé  de  percer  les  digues  pour  inonder  la  proTÎnoe 
de  Hollande,  les  Etats-Généraux  nous  avoicnt  donné  une  récompense  propor- 
tionnée au  service  que  nous  avions  rendu  à  la  république.  Personne,  comme 
l'on  voit,  ne  devina  :  quand  on  n'est  point  libéral,  on  pense  qu'il  est  rare  de 
trouver  des  gens  qui  pratiquent  celte  vertu  héroïque,  et  l'on  pensoit  eocore 
moins  qu'un  Turc  en  fût  capable.  » 

2.  Par  un  placard  du  21  octobre  1715,  tous  les  réfugiés  doroiciliés  en  Hol- 
lande avaient  reçu  la  naturalité  et  les  droits  civiques,  sauf  celui  de  parrenir  à 
certains  emplois  {Gazette  d'Amsterdam,  n*  lxxxvii). 


LES  ATK:VTCRES   du   MlBQinS   DE   LimiAtEBtE. 


287 


I 


I 


î  h  Bruxelles  et  de  l'empereur  à  la  Haye.  Ce  deroier,  le 
m  de  Heems,  en  fit  part  à  la  cour  de  Vieoue,  et  put  annoncer 
que  les  préparatifs  militaires  avançaient  grâce  aux  fonds  fournis 
par  un  banquier  d'Amsterdam  ou  venus  de  «  haute  main;  »  une 
frégate  avait  été  payée  entièrement  au  comptant  et  une  autre  à 
moitié,  des  matelots  enrôlés  à  n'importe  quel  prix,  un  agent  otS- 
ciel  de  la  Théocratie  envoyé  au  ministre  danois  pour  qu'il  obtînt 
l'autorisation  de  faire  camper  des  troupes  sur  les  terres  de  sou 
maître.  L'empereur  Charles  s'émut  et  ordonna  de  présenter  des 
objurgations  motivées  aux  Ktats-Généraux  sur  ce  qu'ils  laissaient 
préparer  chez  eux  des  complots  abomiuables  contre  le  repos  de  la 
Chrétienté.  Les  États  répondirent  qu'il  n'y  avait  là  rien  de 
sérieux  ;  que  les  aventuriers  n'avaient  organisé  ni  flotte,  ni  armée  ; 
qu'ils  n'avaient  rien  reçu  des  Turcs,  ni  d'aucune  autre  puissance; 
que,  seul,  LUle-Marais  avait  sottement  versé  douze  mille  florins 
qui  avaient  servi  à  remonter  la  garde-robe  et  le  train  des  chefs, 
et  que  ceux-ci  n'avaient  guère  enrôlé  que  quelques  pauvres  diables 
pour  aller  coloniser  Madagascar. 

Craignant  néanmoins  une  algarade  de  la  police  hollan- 
daise, les  généralissimes  se  décidèrent  à  s'embarquer  sur  leurs 
frégates  avant  la  date  de  juin  primitivement  fixée.  Langalerie 
partit  le  premier,  dans  la  direction  des  villes  hansèatiques, 
&isant  escale  à  Emden,  à  Brème,  à  Hambourg,  pour  solliciter 
l'adhésion  des  riches  communautés  juives'.  La  police  impériale 
ne  lui  permit  pas  de  pousser  plus  loin. 

Depuis  longtemps  des  ordres  étaient  donnés  partout  pour  que 
Messieurs  de  la  Théocratie  fussent  arrêtés  le  jour  où  ils  tnet- 
traieot  le  pied  en  terre  allemande;  des  avis  en  ce  sens  avaient  été 
«dressés  aux  princes  et  aux  villes  libres'^,  des  troupes  disposées 


1.  Les  Mémoires  rie  1743  disenl  (p.  434-43S)  qu'ils  s'einbarqiièreii 
pottr  BrAme,  Lioange  deraat  aller  de  li  â  Francfort,  et  Laiiguler: 
bourg  et  DanUick. 

ï.  L'agent  Pusiar  écriïail  de  Vienne,  le  21)  juin,  ou  président  du  conaeil  des 
Affaires  âtrangîtres  de  France  {vol.  Viknnb  115,  fol.  49  t")  ;  •  L'empereur  a  fiit 
puier  t  l'enTOfé  d'ilollanile  contre  ce  pntjel  du  gênerai  Langalerie,  et  il  ■  écrit 
■u>  directeurs  de  tous  les  cercles  d'Allemagne  et  aux  principales  cilles  libres 
de  CarrAler,  si  il  passe  par  ces  cercles  ou  ces  villes.  Votre  Excellence  n 
«ana  doute  connoisannce  dudil  projet.  Ou  l'avoil  regardé  comme  cLImérique; 
mais  J'apprends  (|ue  le  nonce  A  celte  cour,  sur  des  aris  refus  du  nunee  i 
Cologne,  l'a  repréuolâ  A  l'empereur  comme  pouvant  produire  quelque  clmao 
de  réel.  , 


288  1.   DE  BOISLISLB. 

pour  aider  à  Tarrestation,  des  étapes  même  et  des  relais  préparés 
pour  transporter  les  prisonniers  à  Vienne. 

Dociles  à  l'invitation  de  Tempereur,  les  Hambourgeois  expé- 
dièrent Langalerie  et  son  secrétaire  à  Stade,  dans  le  duché  de 
Brèmes  tandis  que  le  navire  de  la  Théocratie,  son  équipage  et 
ses  autres  passagers  restaient  consignés  dans  le  port.  Langalerie 
arriva  à  Stade  dans  la  seconde  semaine  de  juin'.  H  crut  tout 
d*abord  pouvoir  demander  un  emplacement  pour  le^  adhérents  qui 
l'avaient  suivi,  ou  qu'il  pourrait  enrégimenter,  jusqu'à  ce  que  l'ex- 
pédition poussât  plus  loin  ;  mais,  au  contraire,  les  autorités  de  la 
ville  le  firent  plus  étroitement  garder,  s'emparèrent  de  ses  papiers 
et  les  firent  expédier  à  Vienne  par  courrier  exprès'.  On  y  trouva 
le  texte  du  traité  turc,  qui  fit  surtout  l'efiet  d'une  machine  de 
guerre  dirigée  contre  le  commerce  de  la  France  et  de  la  Hol- 
lande^  et  l'ordre  fut  donné  de  faire  conduire  les  deux  pri- 
sonniers, sous  bonne  escorte,  par  Erfurt,  Gœttingue,  Eger  et 
Prague,  jusqu'à  Vienne,  où  les  attendait  la  juridiction  militaire. 
Lies  agents  de  l'électeur  de  Hanovre  et  roi  d'Angleterre,  quoique 
protestants,  se  prêtèrent  à  cette  extradition  de  leur  coreUgion- 


1.  C'étail  précisément  la  yille  forte  que  les  Mémoires  de  1743  représentent 
oomnae  ayant  été  assiégée  et  conquise  par  Langalerie  pour  le  compte  d'Auguste 
de  Saxe  :  ci-dessus,  p.  263,  note  2.  Les  Uanovriens  occupaient  Stade  et  le  duché 
de  Brème  depuis  le  15  octobre  1715. 

2.  Son  journal,  saisi  sur  lui  et  aujourd'hui  conser?é,  avec  le  reste  de  ses 
papiers,  à  la  Hofbibliolhek  de  Vienne,  s'arrête  sur  la  date  du  13  juin,  À  Stade. 

3.  Voir  les  Tabulae  codicum  mss,  in  bibliotheca  Vindobonensi,  etc.,  t.  V, 
p.  82-83,  mss.  6966-6976.  Les  mss.  6969, 6970,  6973,  6975  et  6976  sont  le  Jour- 
nal chrétien  dont  il  a  été  parlé  ci-dessus,  p.  271.  Le  n*  6974  est  an  recueil 
d'extraits  d'histoire  et  de  théologie  protestante.  Le  journal  commencé  à  Cassel 
le  1*'  avril  1713  porte  les  n»*  6966,  6968,  6971  et  6972.  Le  n*  6967,  commencé 
à  Amsterdam  le  1*'  octobre  1715,  est  intitulé  :  «  Minute  des  occupations  jour- 
nalières qui  se  mettent  par  écrit  par  Son  Excellence  ou  de  sa  part.  »  Le 
n*  107'77  est  un  livre  de  comptes  de  l'année  1713.  Le  docteur  Marcus  Landan 
est  peut-être  le  seul  des  biographes  de  Langalerie  qui  se  soit  aventuré  dans  ce 
fatras;  M.  Kaufman  parait  n'avoir  connu  que  les  papiers  de  Siisskind  (ms.  11263) 
et  les  Mémoires  apocryphes  de  1743. 

4.  Voir  la  Gazette  de  Cologne  (en  latin),  n**  lui,  lvi,  lviii  et  lxii,  ou  les 
douze  articles  du  traité  du  15  zoul-hidjèh  1127  furent  immédiatement  et  très  exac- 
tement analysés.  Cf.  la  Gazette  de  Bruxelles,  qui  donnait  les  mêmes  noayelles, 
mais  en  français,  p.  414,  415,  423  et  439.  fin  ce  dernier  endroit,  elle  ajoute  : 
«  On  a  aussi  trouvé  un  projet  agréé  par  le  sultan  pour  l'établissement  dans  le 
royaume  de  Morée  des  manufactures  que  les  négociants  françois,  anglois  et  hol- 
landois  font  passer  en  Turquie  afin  de  ruiner  par  ce  moyen  le  commerce  de 
ces  nations.  » 


Ji 


LES  ÀysHTcaes  dc  hasqu»  de  li.igilb&ib. 


2S» 


I 


laîre,  en  stipulant  toutefois  qu'il  ne  serait  ui  coDdaïuné  à  mort, 
ni  soumis  k  la  question  :  moyennant  quoi  ils  remirent  Langalerie 
et  son  secrétaire  à  une  escorte  autrichienne,  qui  continua  le  tra- 
jet à  petites  journées,  pour  n'entrer  dans  Vienne  que  le  14  août, 
au  milieu  de  la  foule  accourue  pour  contempler  le  «  général 
lurc'.  »  Par  égard  pour  celui-ci,  on  l'installa  assez  convenable- 
ment dans  la  prison  Pallen-Thor,  et  on  lui  donna  un  serviteur, 
taudis  que  son  secrétaire  était  beaucoup  moins  bien  traité  dans 
une  prison  vulgaire'. 

Linange  les  rejoignit  bientôt  dans  la  capitale  impériale.  Avec 
ses  deux  compagnons  les  riches  juifs  Siissktnd  et  Da  Costa  âls,  il 
s'était  prudemment  débarrassé  de  la  partie  de  l'expédition  confiée 
à  ses  soins  et  avait  cru  trouver  un  asile  chez  le  prince  d'Ost- 
Frise,  à  Auricli  ;  mais  celui-ci  les  fit  arrêter  le  22  juillet,  et,  par 
les  mêmes  étapes  que  Langalerie,  les  trois  prisonniers  arrivèrent 
à  Vienne  le  .31  août'.  On  trouva  entre  leurs  mains  beaucoup 
d'argent  comptant,  tandis  que  Langalerie  n'avait  emporté  que 
des  lettres  de  change,  et  celles-ci  étaient  fausses, 

Aononcées  tout  de  suite  par  le  Wienerisches  DiaHuni,  puis 
par  les  autres  gazettes,  ces  arrestations  firent  grand  bruit  jus- 
qu'en France^,  jusqu'en  Angleterre,  jusqu'à  Rome,  et  jusque  chez 


I 


1.  Dépôt  des  Affaires  élrangère»,  vol.  Viennb  115,  fol.  89  v  el  115, 

2.  Goielte  de  Colayne,  n-  lxu,  lxii  el  lix;  Gatette  de  Bruxelles,  p.  492, 
5)9  el  bii.  On  a  uu  Musée  britannique  (II52I  a  i)  une  chanson  nHemsnde  sur 
l'urestiklioD  lie  Langalerie  el  son  arrivée  i  Vienne. 

3.  Gawtle  dx  Coloijne,  a"  ls,  lxviii,  lsx  el  Lxxiv:  Gazelle  de  Bnixetlet, 
|i.  581  el  5%,  Le  vorres[>ondanl  d'Erfurt  écrirait  à  la  première  de  cea  gazelles, 
le  17  août  :  ■  Vir  nobilis  et  conOilenlo  alloquio  dlcll  comills  doUtII  acre 
Utlm  discretumque  jadicluin,  unimumque  falia  aaimosum,  proprii  quldein 
•rmti  contcmiitorem;  alque,  ul  ait,  unice  appreliendil  ac  dolet  Tices  alioram 
■wUe  polioris  bouiuam  qui  hoc  ipso  grande  damnuni  palieiilur.  Vemni  de 
caaue  meritis  Vienna  judicabil.  > 

4.  GaseKe,  corresp.de  Rome,  p.  415  ;Joiu-nafd«/]an?niu,l.  XVI,  p.  404;  Jour- 
Moi  de  Jean  Bavai,  1. 1,  p.  I6S-ITO1  Journal  lU  Verdun,  octobre,  p-  24t.  Noire 
ambuudeur  en  Autriche,  le  comte  du  Luc,  écrivait  le  ■■'juillet  (vol.  Vignnb  115, 
fïil.  79)  :  <  Le  marquis  de  Langalerie,  soi-disant  généralissime  de  la  Théocra- 
Ue,  et  dont  la  manœuvre  faisoil  grand' peur  i  la  cour  de  Rome,  a  eu  l'impru- 
dance  de  venir  en  Allemagne.  Les  ordres  étoiejit  donnés  partoul  de  l'arréler, 
el  cela  s'est  eiéculé  dans  le  pajs  de  Brème.  Je  ne  sais  point  si  les  protestants 
voudront  ie  remettre  i  l'empereur;  mais,  s'ils  prenoient  ce  parti,  ce  général  de 
Boavelle  édilioa  auroil  de  mauvais  quarts  d'heure  i  essuyer.  ■  On  s'étonna,  en 
effet,  qae  le  roi  Georges  eill  consenti  à  livrer  son  prisonnier  (Journal  de  Yer- 


^  Rxv. 


janvier  1717,  p.  38). 
Rey.  Histob.  LXVI.  2- 


290  i.    DE  BOrSLTSLE. 

les  Turcs,  qui,  selon  une  gazette,  menacèrent  d*us6r  de  reprè- 
sailles^  Généralement  on  s*apitoya  sur  ce  «  pauvre  fou  »  de  Las- 
galerie  ^  et  il  y  eut  des  amis  pour  regretter  qu'il  eût  échoué  dans 
une  tentative  d'évasion  quelques  jours  avant  de  comparaître 
devant  ses  juges  ^.  Les  Mémoires  de  1743  racontent  que  cette 
évasion  avait  été  préparée  par  l'ancien  camarade  de  Laogalerie, 
Bonneval,  qui,  devenu  général-major  et  grâce  k  son  crédit  auprès 
de  l'empereur,  pouvait  faire  de  fréquentes  visites  dans  la  prison 
de  Pallen-Thor.  Mais  Bonneval,  deux  fois  blesse  k  la  bataille  de 
Salankemen  ou  Peterwaradin,  le  5  août,  n'était  pas  encore  ren- 
tré à  Vienne,  ou  tout  au  moins  n'était  point  remis  de  ses  bles- 
sures ;  il  partit  le  3  décembre  pour  la  France,  où  l'attendait  une 
amnistie  bien  méritée  par  sa  brillante  conduite  dans  la  campagne 
contre  les  Turcs  ^. 

Nous  manquons  de  renseignements  authentiques  sur  le  procès^. 
Il  fut  renvoyé  devant  des  commissaires  militaires  nommés  par 
l'empereur,  et  porta,  dit-on,  sur  ces  trois  griefs  :  alliance  avec 
les  Infidèles,  désertion  du  service  de  l'empereur,  préparation 
d'hostilités  contre  le  pape  et  les  princes  italiens.  Ce  qui  est  cer- 
tain, c'est  que,  contrairement  à  l'assertion  des  Mémoires  apo- 
cryphes^, le  prince  Eugène  ne  jugea  pas  lui-même,  conoune  pré- 
sident du  conseil  de  guerre,  son  ancien  lieutenant  :  parti  pour 
l'armée  de  Hongrie  le  1^  juillet,  il  n'en  revint,  triomphant,  que 

1.  C'est  la  Galette  de  Bruxelles  qui  innonçâ,  le  9  septembre  (p.  614-615), 
que  la  Porte  avait  menacé  de  faire  subir  au  résident  impérial  Fleischmami, 
alors  détenu  à  Gonstantinople,  le  même  traitement  que  Langalerie  eMoierall  à 
Vienne,  mais  qu'on  ne  laissa  pas  de  donner  la  question  au  secrétaire  arrêté 
avec  celui-ci.  Fleischroann  fut  rendu  au  bout  de  quelque  tempe  et  reparut  à 
Vienne  le  4  décembre. 

2.  L'expression  est  répétée  plusieurs  fois  par  Madame,  dans  ses  lettres  à  la 
raugrave  Louise,  qui  la  tenait  au  courant  de  tous  les  inddents.  La  princesse  ile 
Galles  aussi  répondait,  le  26  septembre,  à  la  lettre  ci-coatre  de  Leibniz  (recneil 
O.  Klopp,  t.  XI,  p.  197)  :  c  Je  ne  puis  m'cmpécber  d'avoir  pitié  du  paarre  Lan- 
galerie.  Je  crois  qu'une  tête  plus  forte  que  la  sienne  auroit  eu  de  la  peine  à 
résister  aux  impertinences  de  Madame  sa  femme.  Je  sonbaiterolt  le  pauvre 
homme  dans  les  Petites- Maisons.  » 

3.  On  écrivit  de  Vienne,  le  5  septembre,  À  la  Guuette  de  Coloffie,  ■*  lxxv, 
qu'il  avait  enivré  ses  gardiens  et  était  prêt  à  sortir  de  la  prison,  lorsqn'u 
soldat  le  reconnut  au  passage. 

4.  Ci-après,  p.  294. 

5.  M.  Landau  lui-même  n'a  pu  découvrir  les  pièces,  et  les  giiiettet  sont  à 
peu  près  muettes. 

6.  P.  436  et  440-441. 


I 


I 


us  iTGIfTVRES  AU   MiROD'S   DE   LAItClLEBIE.  291 

e  9  DOTembre.  La  correspoodancâ  diplomalique  de  Vienne  con- 
tient UDe  seule  feuille  de  nouvelles  du  22  août  et  quelques  lignes 
de  l'ambassadeur  comte  du  Luc'.  La  feuille,  que  je  traduis  de 
l'italien,  dit  : 

L'interrogaloire  et  le  procès  du  général  seront  TalLs  par  le  conseil 
aulique,  ayant  été  arrèlé  sur  le  Lerritoire  de  l'Empire.  Le  roi  d'An- 
gleterre, eu  le  remettant,  a  stipulé  qu'il  lui  seroit  fait  grâce  de  la 
Tïe,  et  qu'on  ne  lui  ferait  pas  subir  de  tourments  pour  avoir  des 
«Teui,  supposant  que,  dans  ses  projets,  il  y  avoit  plus  de  fantaisie 
et  d'idée  de  fonder  une  religion  comme  celle  de  Malte  contre  la 
eour  de  Rome,  que  d'intelligences  avec  les  Turcs.  Il  se  peut  pour- 
tant qu'on  l'enferme  pour  le  reste  de  ses  jours  dans  quelque  châ- 
teau, sans  autres  recherches.  En  venant  ici,  il  se  plaignoitque  le  roi 
d'Angleterre  l'eût  fait  arrêter  après  avoir  promis  de  le  protéger  et 
de  ne  point  s'opposer  à  son  idealo  disegno  per  la  dilalazione  délia 
religione  ri  formata. 

Le  comte  du  Luc  écrivait,  le  2  septembre  : 

Notre  brave  Langaierie  est  aux  fers  depuis  deux  jours.  Je  ne  sais 
pas  encore  d'où  vient  cette  rigueur.  Se  pourroil-il  qu'un  fou  de  cette 
espèce  ait  eu  le  secret  de  faire  donner  les  Turcs  dans  ses  chimériques 
projets?  Il  est  certain  qu'il  a  pâli  lorsqu'il  a  appris  que  tous  les 
papiers  du  grand  vizir  éloient  pris  *, 

Seule,  une  lettre  de  Leibniz  à  la  princesse  de  Galles' noua  donne 
quelques  autres  détails  : 

V.  A.  R.  aura  sans  doute  été  informée  des  étranges  déportements 
du  marquis  de  Langalerie,  que  j'ai  connu  à  Berlin,  où  il  me  parut 
assez  raisonnable;  mais  les  malhuurs  lui  ont  tourné  la  tête.  On 
m'écrit  de  Vienne  qu'ayant  été  interrogé  devant  les  commissaires  de 
rEmpereur,  il  a  avoué  d'abord  son  traité  avec  le  Turc;  mais  il  a 
i^outé  qu'il  n'y  avoit  point  eu  de  guerre  alors  entre  l'Empereur  et 
les  Ottomans,  et  qu'il  avoit  eu  sujet  de  croire  qu'il  n'y  en  auroit 
point;  que,  depuis  qu'il  éloit  sorti  du  service  de  France,  il  n'avoil 
jamais  eu  engagement  avec  des  ennemis  de  S.  Ai.  Impériale;  que  son 
dessein  avoit  élé  de  faire  la  guerre  au  pape  comme  h  un  ennemi  de 
Jésus-Christ,  de  livrer  le  pape  aux  Turcs  et  la  ville  de  Borne  à  l'em- 

1.  Affaires  étrangères,  toI.  Vibkhe  119,  fol.  ISO  et  189. 

î.  Le  griod  «izir  élail  tombé  dans  la  journée  du  5  août;  i  \»  suite  de  rette 
dâ(ut«,  le»  Turcs  avaionl  perdu  Temesnar  e[  leré  le  ïîËge  de  CorFou. 

3.  LeUre  écrile  de  Uuiorre,  le  11  icplembre,  daas  le  reoueil  d«s  Œuvra 
pnblii  par  O   Klopp,  t.  XI,  p.  1S3, 


k^ 


292  ▲.   DB  B0ISLI8LK. 

pereur;  que  les  Turcs  lui  avoieni  promis  en  échange  un  royaume 
dans  quelque  île  de  la  Méditerranée,  et  que  l'échange  d*un  prêtre 
contre  un  royaume  n'auroit  point  été  mauvais.  Les  comoiissaîres 
ont  eu  de  la  peine  à  s'empêcher  de  rire.  Quelques-uns  disent  que  le 
prétendu  prince  de  Linange^  qui  est  aussi  arrivé  à  Vienne,  est  on 
flis  naturel  d'un  comte  de  Linange;  d'autres  prétendent  quil  est 
gentilhomme  du  Poitou  et  qu'après  avoir  ftiit  mille  fourberies  en 
France,  il  est  venu  en  Hollande  se  disant  premièrement  prince  député 
des  pirates  à  Madagascar  qui  tranchent  de  souverain  dans  cette 
grande  ile,  et  puis  il  a  voulu  (klre  le  Messie,  ou  du  moins  le  précur- 
seur du  Messie  des  Juifs,  et  a  trouvé  des  fous  qui  lui  ont  donné  de 
l'argent.  On  croit  donc  qu'il  y  a  de  la  malice  dans  son  bit,  mais  de 
la  folie  dans  celui  du  marquis. 

En  effet,  considéré  comme  fou  plutôt  que  comme  ennemi  de  la 
paix  européenne,  Langalerie  fut  condamné  à  une  détention  per- 
pétuelle et  envoyé  dans  la  forteresse  de  Raab  (Javarin),  sur  le 
Danube ^  Les  renseignements  que  donnent  les  Mémoires ieilH 
sur  son  séjour  dans  cette  prison  ne  méritent  aucune  confiance. 
Au  contraire,  les  circonstances  dramatiques  de  sa  mort  sont  par- 
faitement établies.  Ce  n'est  pas,  comme  l'ont  dit  nombre  d'auteurs, 
le  20  juin  ou  le  7  septembre  1717  que  ses  aventures  et  ses  mal- 
heurs finirent,  mais  dans  la  nuit  du  18  septembre  ^^.  A  cette  époque, 
il  avait  été  ramené  de  Raab  à  Vienne  ;  une  lettre  datée  de  cette 
dernière  ville,  le  jour  même  3,  porte  ceci  : 

Ce  matin,  Langalerie  est  mort  après  avoir  refusé  de  prendre 
aucune  nourriture  depuis  déjà  plusieurs  jours  et  n'avoir  bu  rien  que 
de  Teau.  Depuis  le  temps  où  est  arrivée  ici  la  première  nouvelle  de 
la  victoire  remportée  sur  les  Turcs^  il  s'est  considéré  comme  tout  à 
fait  désespéré  et  a  continué  à  vouloir  manger  peu  ou  point  du  tout, 
si  ce  n'est  quelquefois  un  peu  de  raisin  sec  ou  d'eau,  et  cela  jusqu'à 
sa  fîn,  quoiqu'on  lui  fit  prendre  quelquefois  par  force,  mais  inuti- 
lement. 

Madame,  qui  n'avait  jamais  cessé  de  s*apitoyer  sur  le  mal- 

1.  Journal  de  Verdun,  noTembre  1716,  p.  313. 

2.  Voir  les  gazettes  de  Cologne,  de  Leyde,  de  BruxeUes,  de  Vienne,  etc.,  et 
le  Journal  de  Verdun,  noTembre  1717,  p.  390. 

3.  Donnée  dans  l'article  de  Ch.  de  Weber,  traduite  dans  la  brochure  de  M.  de 
Montégut,  p.  32,  et  confirmée  par  deaz  autres  lettres  de  Vienne  (Affaires  étrai- 
gères,  Tol.  Vibnnb  122,  fol.  155,  et  toI.  126,  fol.  85). 

4.  Prise  de  Belgrade,  18  août. 


V 1  t.^ 


iTBirruBBB  DU  Hingcis  de  ungjlbrte. 

loreux  prisonnier',  reçut  ce  conaplèmeot  de  détails  touchants*  : 

'  La  duchesse  de  Hanovre  ra'écril  que  Laugalerio  est  bien  mort  de 
(^ra  il  y  a  vingt  et  un  Jours  ',  ne  voulant  ni  manger  ni  boire.  A  son 
liBuro  dernière,  il  c'a  pas  recommandé  aouâmeàN.  S.  Uieu*;  mais, 
comme  il  sentait  qu'il  allait  mourir,  il  prit  le  portrait  de  sa  femme 
et  se  mit  à  lui  parler  comme  si  elle  était  la.  Cet  entretien  était  plein 
de  tant  de  tendresse,  que  tous  les  assistants  Tondirent  en  larmes. 
C'est  une  mort  bien  triste,  et  l'objet  d'une  telle  passion  en  était  bien 
peu  digne,  car  son  inlldélilé  était  notoire  et  des  plus  scandaleuse". 

Selon  la  même  princesse,  le  prisonnier  avait  été  plus  étroite- 
ment resserré  depuis  certain  jour  oii,  l'empereur  passant  devant 
la  fenêtre  de  sa  chambre,  il  avait  versé  un  pot  de  chambre  sur  le 
carrosse;  cependant  il  fut  conté  que  ses  geôliers  le  traitaient 
bien,  et  qu'il  leur  voulut  laisser  dix  mille  florins  à  valoir  sur 
l'arriéré  qu'il  réclamait  depuis  1709  au  gouvernement  impérial*. 
Par  ordre,  son  corps  reçut  les  honneurs  funèbres  dus  au  grade 
qu'il  avait  occupé  dans  l'armée  autrichienne,  et  fut  porté  dans  le 
cimetière  protestant  que  protégeaient  les  ambassades  de  Dane- 
mark et  de  Hollande'. 
^LOq  dit  que  diverses  puissances  avaient  fait  des  instances  pour 


^■rl.  Lettre  du  11  aofll  1717,  dans  le  recaeil  de  Staltgart,  t.  CXXD,  p.  79: 
«  LïDgaterie  me  fait  pilié.  C'esl  un  malbeureui  homme  que  je  connais  beau- 
coup. II  aTttil  une  cousine  qui  Tul  de  mes  filles  d'honocar.  cbez  laquelle  il 
éUil  toujours,  et,  comme  elle-même  me  suiïail  très  assidûment,  il  élall  sans 

^^gase  chn  moi.  Je  n'avais  jamais  pensé  que  c«t  homme  dût  devenir  Ton.  > 

^^B.  Lettre  da  10  octobre,  ibid.,  p.  107;  cf.  Ja  Iradnclion  Brunet,  l.  I,  p.  337. 

^^H^  Sans  doute  A  compter  jusqu'au  jour  où  la  lettre  Tut  écrite  de  Hanovre. 

^^H.  Un  brait  courut  qu'il  avait  dËclaré  mourir  dans  la  religion  mahométane 

^^ttaîres  élrangères.  vol.  V[ekt(e  n6,  fol.  85). 

5.  Madame,  peu  de  jonri  après,  apprit  la  mort  <le  la  comtesse  de  Soiason», 
etUe  cousine  deLangalerie  (ci-dessus,  p.  15  el  18)  dont  parle  sa  leltre- 

6.  Quatre  cent  mille  florins,  selon  les  Mémoires  apocniphes.  Voir  ci-dessua, 
p.  3&8,  note  3. 

7.  Cr.  l'épilogue  des  Mémoires  de  1743,  attribué  par  Gautier  de  Fagel  bu 
valet  de  chambre  de  Langalerle,  et  qui  est  peut-être  la  seule  portion  «utlien- 
tiqne  de  ce  livre.  La  nouvelle  de  la  mort  était  arrivée  IrËs  rapidement  en 
Fmnce  ;  Dangeau  la  counul  dès  le  23  septembre  {Journal,  L  .WII,  p.  16^  ;  cf.  te 
Mercure  du  mois,  p.  175).  —  Madame  écrit,  te  11  novembre  (t.  CXXII,  p.  121- 
123)  :  a  Je  pensais  que  l'abbé  Buuquois  (Bucquojr)  aurait  composé  l'épilaphe  de 
Lingalerio  d'après  M.  de  Honseau  {'!);  mais  l'abbé  n'a  pas,  suivant  la  coutume 
lies  cstiioliqnes,  recommandé  son  âme  aui  priËres  des  Gdéles,  et  a  slmple- 
meot  mis  :  i  Priez  Dieu  pour  mou  âmel  i  L'abbé  dont  parle  Madame  est  ce 
fameux  comte  du  Bucquoj,  ancien  prisonnier  de  la  Bastille,  dont  M"  Dunoyer, 

^^onift  Fransois  Ravaisson,  ont  raconté  les  aventures  el  les  moltiples  avatars. 


294  i.   DE  B0I8LI8LB. 

que  la  cour  de  France  accordât  k  Langalerie  des  lettres  d'aboli- 
tion ou  Tadmît  à  bénéficier  de  Tamnistie  qui  était  la  conséquence 
des  traités  de  1714  ^  Bonneval  avait  ainsi  obtenu  sa  grâce  du 
Régent  en  septembre  1716*,  et  le  prince  Emmanuel  d*Elbeuf, 
«  ne  sachant  plus  que  devenir  ni  de  quoi  subsister,  »  revint  de 
Naples  à  la  fin  de  1719  pour  se  faire  pareillement  réhabiliter'. 
Encore  que  fou,  l'ancien  lieutenant  général  du  duc  de  Yendftme 
eût  tout  aussi  bien  mérité  que  ses  complices  de  désertion  d'éprou- 
ver les  efiets  de  la  clémence  du  Régent. 

Linange,  semble-t-il,  ne  fut  jugé  qu'après  Langalerie,  et  sépa- 
rément^. Celui-là  était  bien  un  fripon,  un  escroc,  un  chevalier 
d'industrie.  On  avait  découvert  en  sa  possession  une  liste  de 
joyaux  achetés  ou  soutirés  à  un  bijoutier  d'Amsterdam,  et  deux 
lettres  de  change  tirées  par  des  négociants  chrétiens  de  la  même 
place  pour  la  somme  d'un  million  et  demi  de  florins  d'or.  C'étaient 
des  faux  de  sa  fabrication^.  Sur  le  fond  de  l'affaire,  pendant  l'in- 
terrogatoire et  le  procès  comme  lors  de  son  arrestation*,  il  s'em- 
brouilla de  mensonge  en  mensonge,  tantôt  sur  sa  propre  identité, 
tantôt  sur  l'authenticité  et  la  portée  du  traité  turc,  dont  on  tenait 

1.  Le  mémoire  donné  an  Moréri  dit  :  c  II  moarut  de  chagrin  le  20  juin  (tàe) 
1717,  malgré  les  espérances  que  dévoient  lui  donner  les  moQTemenU  que  le 
roi  d'Angleterre,  de  Suède,  et  même  le  Tare,  dit-on,  se  donnoienl  pour  le 
remettre  en  liberté.  > 

2.  Il  la  sollicitait  depuis  le  congrès  de  Bade. 

3.  Marié  à  Naples  avec  une  Stramboni  et  derenu  propriétaire  de  Portid, 
c*e8t  lui,  dit-on,  qui  eut  la  bonne  fortune  d'y  découvrir  en  1719  THerciilanoBi 
enseveli  sous  la  lave.  Neuf  ans  auparavant,  il  avait  déjà  mis  an  jour,  soit  au 
même  endroit,  soit  dans  son  c  bôtel  de  Naples,  v  comme  le  raconta  «lors  la 
Gaielte  de  Leyde  (1711,  n*  1),  une  c  grotte  »  ornée  de  statues  de  marbre  blanc. 

4.  Voir  le  second  article  du  docteur  Landau.  Un  rapport  détaillé  que  le  baron 
de  Hecms  envoya  de  la  Haye  le  16  octobre  1716  dut  servir  au  procès. 

5.  Selon  les  pièces  utilisées  par  Ch.  de  Weber,  c'est  sur  Langalerie  lui-même 
qu'on  découvrit  (ci-dessus,  p.  289)  ces  lettres  de  change  do  banquier  Gliffort 
qu'une  bande  de  fripon»  lui  avait  passées  pour  bonnes. 

6.  Affaires  étrangères,  vol.  Vibnne  119,  fol.  51,  nouTelles  da  25  Juillet  1716: 
c  Depuis  l'arrestation  du  fanatique  général  Langalerie,  son  amiral  général  le 
comte  de  Linange  a  été  mis  aussi  en  prison.  Le  premier  sera,  sous  peu,  conduit 
à  Rastadl  (iic)^  où  il  finira  ses  jours.  Il  persiste  à  nier  sa  prétendue  conTention 
avec  les  Turcs  et  à  soutenir  que  son  unique  projet  étoit  d'aller  aux  Indes  pour 
propager  sa  religion,  particulièrement  dans  la  NouTelle- France  et  les  Iles  voi- 
sines. On  n'a  saisi  ni  lettres  ni  écrits  d'importance,  i  Le  correspondant  italien 
ajoutait  que  les  bruits  répandus  par  Vanghel  dans  sa  fameuse  gazette  étaient 
faux;  qu'on  avait  arrêté,  avec  Linange,  un  jeune  Juif,  fils  de  gros  banquier 
hollandais,  qui  avait  cru  aller  dans  la  Terre-Promise,  et  qne  beancoop  de  juifs 
et  de  marchands  crédules  s'étaient  laissé  duper. 


L£S  ATENTCKES    DD   HiBQDIS   DE   LlXCALEStG.  39S 

l'original  entièrement  écrit  de  sa  main;  prétendant  alternative- 
ment que  ce  traité  était  une  feinte  ponr  donner  le  change  aux 
Anglais  et  aux  Hollandais  qui  refusaient  leur  coopération  contre 
Rome,  et  que  le  véritable  projet  —  qu'il  avait  voulu  faire  pré- 
senter h  l'empereur  par  le  prince  d'Ost-Frise  —  était  de  tomber 
à  l'improviste  sur  les  Dardanelles  et  Constantinople,  de  mettre  le 
feu  à  la  flotte  turque,  et  de  détruire  ou  piller  la  Mecque  avec  l'aide 
d'Abyssins  commandés  par  des  officiers  catholiques. 

Reconnu  coupable  de  fourberie,  de  faux,  de  blasphème  et  de 
lèse-majesté,  condamné  en  conséquence  à  la  prison  perpétuelle, 
Linange  fut  conduit  à  Spielberg'  ;  il  j  finit  ses  jours-,  mais  sans 
avoir  jamais  renoncé  à  l'entreprise  de  Madagascar^. 

Siisskind,  les  deux  jui&  portugais  arrêtés  avec  Linaage,  et 
même  le  secrétaire  de  Langalerie,  ayant  persisté  les  uns  et  les 
autres  à  soutenir  qu'il  n'avait  jamais  été  question  que  de  coloni- 
sation pour  eux,  qu'ils  n'étaient  en  rien  instruits  des  projets  de 
croisade,  que  même  leurs  coreligionnaires  n'avaient  point  ali- 

inté  les  caisses  de  la  Théocratie,  ils  finirent  par  se  trouver  quittes 
après  une  détention  un  peu  longue. 

VU. 

La  descendance  de  Langalerib. 


M""  de  Langalerie  survécut  une  viugtaine  d'années  au  mari 
qu'elle  avait  refusé  de  suivre  dans  ses  dernières  aventures.  Hono- 
rée de  toute  sorte  de  distinctions  parle  sexagénaire  landgrave,  ce 
devait  être  cependant  une  piètre  Maintenon  au  dire  de  Madame. 
Celle-ci  eut  à  la  recevoir  à  plusieurs  reprises  comme  favorite  de 
son  parent,  et  l'on  a  vu  qu'elle  vint  une  première  fois  à  Paris  peu 
de  temps  avant  l'arrestation  de  Stade. 

Lorsqu'elle  était  ici,  raconte  quelque  part  la  mordante  Bavaroise  ', 

t.  La  fameuse  prison  d'État,  proche  de  BrQna,  en  Horafie. 

7.  Les  iUmoirei  de  1743  prétenJenl  à  lorl  qu'il  fut  relaie. 

3.  Les  biographes  signalent  ea  dlteraes  archives  la  trace  d'une  conlinualioo 
des  projets  de  Linange  purdet  sTenluriers  d'ef^penii  aaalngue;  te  docteur  Landau 
j  ratUche  la  tentiIlTe  faite  par  le  niaréclial  de  Saxe  pour  se  faire  céder  I'IIh 
par  LonU  XV  et  y  établir  une  colonie  allemiDde, 

i.  Lettre  da  13  août  1717,  dans  le  recueil  Bjninet,  L  1,  p.  310. 


296  ▲.    DB  B0I8LI8LB. 

on  disait  que  l'enfant  dont  elle  était  enceinte  appartenait  au  land- 
grave. Elle  n'est  pas  belle  et  a  des  manières  très  affectées,  comme 
celles  des  coquettes  de  province...  On  ne  peut  pas  la  voir  sans  rire, 
tant  elle  est  ridicule.  Langalerie  me  fait  vraiment  de  la  peine;  il  est 
fort  malheureux.  Je  n'ai  pas  entendu  dire  que  mon  cousin  le  land- 
grave ait  eu  d'autre  galanterie  que  celle-ci... 

Toute  la  correspondance  de  Madame  est  sur  ce  ton,  ou  pis 
encore.  La  marquise  ayant  reparu  devant  elle  en  1721 ,  voici  ce 
qu'elle  écrit  de  cette  pécore*  : 

Il  convient  bien  à  la  Langalerie  de  parler  contre  les  bâtards,  alors 
qu'elle-même  en  a  fait  un  qui  devrait  être  placé  en  tête  dans  son 
registre,  et  à  la  première  place,  comme  (Ils  de  landgrave'.  Cette  imper- 
tinente m'aurait  fait  perdre  patience.  Elle  me  parla  avec  tant  d'arro- 
gance, que  mes  dames  en  étaient  outrées  ;  mais,  à  force  de  rire,  ma 
colère  tomba.  Je  crois  qu'elle  s'est  aperçue  que  nous  nous  moquions 
d'elle  ». 

Vingt  jours  après,  elle  donne  plus  de  détails  : 

M°*®  de  Langalerie  m'a  dit  mille  sottises.  Elle  demandait  que  je  lui 
fasse  restituer  les  biens  de  son  mari  confisqués  lors  de  la  fuite  de  œ 
dernier  et  donnés  par  le  roi  à  sa  sœur...  Je  lui  dis  que  cela  ne  se 
pouvait  faire,  vu  que  Langalerie  avait  pris  du  service  contre  le  roi. 
Là-dessus,  elle  s'écria  que  je  ne  savais  pas  faire  mon  métier,  que 
j'ignorais  ce  que  c'était  que  d'être  généreuse,  et  mille  impertinences 
du  même  genre,  assez,  en  un  mot,  pour  me  décider  à  la  faire  pousser 
par  mes  laquais  hors  de  chez  moi  par  les  épaules.  Mais,  par  consi- 
dération pour  mon  cousin  le  landgrave,  qui  a  un  fils  de  cette  femme, 
je  me  contentai  de  dire  à  M.  de  Martine  :  «  Vous  entendez  comme 
elle  parle  !  Je  n^en  ferai  que  rire,  à  cause  de  mon  cousin  le  land- 
grave; sans  cela,  je  saurais  bien  comment  la  traiter.  Voilà  assez 
d^extravagance;  emmenez-la.  » 

Et  encore,  le  8  mai^  : 

Il  est  impossible  d'avoir  plus  d'impertinence  que  M"«  de  Langale- 
rie. Je  ne  puis  la  souffrir,  et  je  regarderais  mon  cousin  le  landgrave 
comme  fort  heureux  s'il  pouvait  se  débarrasser  de  cette  folle.  Ce 

1.  Lettre  du  22  mars  1721,  t.  CLVII  du  recueil  de  Stuttgart,  p.  55-56. 

2.  Le  petit  bâtard  était  heureusement  mort,  dit  Madame. 

3.  Traduction  Jaeglé,  t.  III,  p.  96,  lettre  du  11  avril. 

4.  Recueil  Brunet,  t.  II,  p.  324-325. 


LES   1TE5TUHES  D0  ffilÔme  DE  UnCiLBU 

n'est  au  feît  qu'une  campagnarde  imbécile,  qui  ne  sait  nullement 
/rre,  mais  qui  se  met  à  rire  sans  savoir  ce  qu'elle  dit,  et,  lors- 
l'elïe  a  dit  cenl  sottises,  elle  esl  tout  étonnée  de  ce  qu'on  ne 
dfoire  pas.  Elle  ne  doit  m'avoir  aucune  obligation  de  ne  l'avoir 
3  cbassée  de  ma  chambre;  mais  je  n'ai  pas  voulu  tracasser  mon 
xsi  n  te  landgrave  au  sujet  de  son  cher  objet,  car,  lorsqu'on  a  été 
sicbé  à  quelqu'un  comme  il  Ta  été  à  cette  folle,  on  éprouve  une 
rie  violente  en  le  voyant  maltrailer, 

One  dernière  lettre'  nous  apprend  que,  pour  la  plus  grande 
^IsCaction  de  Madame,  il  y  eut  brouille  entre  le  landgrave  et  sa 
kirquise  vers  les  derniers  mois  de  cette  même  année  1721; 
pextdant  l'article  du  Moréri  affirme  qu'elle  ne  quitta  Cassel 
'hu  la  mort  du  prince  régnant  (1730).  On  voit,  d'autre  part, 
l'elle  était  restée  en  rapport  avec  Auguste  de  Saxe,  lui  rendant 
is  services  de  toute  nature,  même  de  police,  jouissant  de  toute 
i  confiance  et  bénéficiant  de  sa  générosité-.  En  même  temps, 
lose  assez  singulière,  elle  se  voua  à  la  cause  de  l'ancien  com- 
Ètiteur  d'Auguste,  Stanislas  Leszczynski^  et  la  fille  de  ce  prince, 
yant  épousé  Louis  SV,  fit  rendre  aux  fils  de  Langalerie  le  droit 
*  servir  en  France  et  d'y  recueillir  des  successions,  comme  si 
**""  père  n'eût  quitté  la  France  que  contraint  et  forcé  par  les 
^'^^cutions  de  Chamillart.  L'acte  en  fut  expédié  le  30  juillet 
^S  *  ;  le  26  décembre  suivant.  M"*  de  Langalerie  et  ses  trois 
"•^ts  prenaient  la  naturalisation  suisse.  C'est  sur  le  territoire 
'■«tique  qu'ils  se  retirèrent  après  la  mort  du  landgrave,  et  la 
"^  y  finit  ses  jours  en  1736,  dans  son  cbâteau  d'AUaman,  au 
^  ci«  Lausanne.  Le  fils  aîné,  François-Philippe,  héritier  du 
"■    <ie  marquis,  né  en  1710  et  élevé  à  l'Université  de  Ham- 


^•«««eil  de  Slutlgflrt,  t.  CLVI!,  p.  582,  27  noTetnbre  1721. 
r***t.«  de  Ch.  de  Weber,  dias  U  brochure  Montégut,  p.  29. 
^*^     «olonel  do  RoleDhan  prétend  menie  qne  Langalerie  aurait  leconin  8U- 
"*^rs  de  son  relour  de  Bender  el  de  «an  ioslallalion  t  Deux-Ponls  [juin 
■     ^t    que  nos  deux  èpom  n'allèreol  prendre  asile  A  la  conr  de  Cassel  qne 
***■    pouvnir  suivre  leur  t  prolégÉ  •  anr  le  territoire  français.  On  a  tu  plu» 
^*»^  lea  Langalerie  prirent  asile  A  Caaael  dès  1713,  el  Stanislas  ae  s'ias- 
^K^iaBenitiaurg  qu'en  1720.  D'aulre  part,  en  1714,  le  marqnU  n'était  guère 
^^    «le  prêter  aide  A  personne.  Tant  cela  a'éelaircirait  A  l'aide  de  la  cor- 
^l^nee  des  Lesznijnskt  qui  etisie  encore  entre  les  mains  des  descen- 
LJ**s    [jiogalerie. 

"-aUoii  dans  les  pièces  L»NQi^sB^a  conservées  aui  Archi»es  administra- 
*    ^^«   la  Oaene,  dossier  389. 


298  i.    DB  BOISLISLB. 

bourg  S  fut  appelé  par  le  roi  Auguste,  en  1728,  à  oommaDder 
une  compagnie  de  ses  gardes.  Après  la  mort  d* Auguste,  Stani»- 
las,  ayant  été  rappelé  au  trône  de  Pologne,  prit  en  estime  le  jeune 
capitaine.  Celui-ci  quitta  tout  pour  suivre  son  nouveau  maître  à 
Kœnigsberg,  puis  le  ramena  en  France,  et,  là,  chercha  un 
emploi  avec  Tappui  de  Stanislas,  de  la  reine  sa  fille,  et  de  Tam- 
bassadeur  Monti  ;  mais,  par  horreur  du  nom  de  Langalerie,  k 
cardinal  Fleury  fit  échouer  toutes  les  démarches,  et  il  fallut  ren- 
trer en  Suisse.  Dans  la  suite,  Stanislas  obtint  pour  son  fidèle 
serviteur  l'autorisation  de  lever  un  régiment  au  service  de  Fem- 
pereur  Charles  VU,  et  lui  fit  même  donner  un  brevet  d*aide  de 
camp  :  ce  fut  pour  peu  de  temps,  car,  à  la  mort  de  Charles,  k 
Bavière  ayant  rompu  ses  attaches  avec  la  France,  il  Mat  se 
retirer  de  nouveau  en  Suisse.  Fleury  disparu,  le  marquis  ne 
cessa  pas  de  solliciter  un  emploi  dans  le  pays  d'origine  de  son 
père.  Il  ne  voulait  pas  moins  que  le  brevet  de  brigadier  au  titre 
étranger,  soit  suisse,  soit  allemand,  avec  une  pension  propo^ 
tionnée  à  ses  services  militaires.  Ces  prétentions  étaient-elles 
justifiables? 

La  sœur  de  son  père,  celle  qui  avait  bénéficié  de  la  confisca- 
tion de  1707^,  étant  morte  au  mois  de  mai  1754,  la  famille  Tint 
à  Paris  en  juin  1755,  pour  recueillir  la  succession  et  solliciter 
le  rétablissement  de  la  pension  qui  remontait  jusqu'au  temps  du 
grand-père,  mort  en  1693,  mais  qui  avait  été  réduite  à  deux 
mille  deux  cent  cinquante  livres  en  1726.  Il  fut  répondu  que 
chacun  des  deux  frères  pourrait  avoir  une  pension  de  cinq  cents 
livres,  mais  seulement  s'ils  entraient  au  service  de  la  France  et 
tant  qu'ils  y  resteraient^. 

Cette  démarche  fut  renouvelée  quelques  années  plus  tard  dans 
de  curieuses  conditions. 


1.  Le  réfugié  Jean  des  Champs,  qui  vécut  à  Berlin  et  à  Cassel,  rap(»rie, 
dans  ses  mémoires  inédits,  qu'il  arait  tu  les  (ils  à  EIamlK>urg  en  1727,  tlon 
que  leur  mère  était  notoirement  la  fayorite  du  landgrave. 

2.  Ci-dessus,  p.  39  et  266.  Suzanne  de  Langalerie  avait  vendu  d'une  part  la 
Motte-Charente  pour  soixante-cinq  mille  livres  (Archives  de  la  Charente,  B  33] 
et,  d'autre  part,  avait  cédé  sa  moitié  de  Tonnay-Boutonne  aux  La  Trémoîlle-Tal< 
mond  contre  une  rente  viagère  (1719).  C'est  six  mois  avant  sa  mort  qu'elle  déposa, 
le  22  novembre  1753,  chez  le  notaire  Vanin,  les  titres  de  famille  dont  il  a  été 
parlé  ci-dessus,  p.  14.  Une  copie  de  son  acte  d'inhumation  est  dans  la  collec- 
tion formée  par  Rochebilière  :  Bibl.  nat.,  ms.  nouv.  acq.  fr.  3619,  n*  4903. 

3.  Ministère  de  la  Guerre,  Archives  administratives. 


BC   KiaVCnS  DB   UTCGILEIIE. 


3» 


B  marquis  avait  vendu  Ailaman  en  1756  et  était  allé  s'èla- 
r  dans  le  iaubourg  de  Lausanne  où  Voltaire  acquit  aossi  use 
maison  en  1757.  Des  relations  d'intimité  s'établirent  d'une  rési- 
dence à  l'autre;  M.  de  Langalerie  ayant  monté  un  théâtre  àe 
société.  Voltaire  en  devint  tout  k  la  fois  le  directeur,  le  principal 
acteur  et  le  fournisseur  attitré.  Pour  témoigner  sa  gratitude  k 
son  hôte,  il  essaya  de  nouveau  de  lui  rouvrir  les  portes  du  pays 
^  l'on  refusait  de  le  recevoir  dans  des  conditions  honorables.  Le 
janvier  1760,  il  écrivit  cette  lettre  au  vieux  Pâria-Duvemey, 
[rand  arbitre  des  choses  de  la  guerre  : 

Vous  avez  peut-èlro  connu  autrefois  le  marquis  de  Langalerie, 
ntenanl  général  des  armées  que  son  humeur  trop  vire  et  l'ineptie 
11.  de  Chamillart'  obligèrent  d'aller  servir  l'empereur.  J'ai  engagé 
son  (ils,  qui  est  un  bomme  de  probité  et  de  mérite,  à  retourner  en 
France.  La  religion  prolealante,  qu'il  professe  en  Suisse,  où  il  a 
t|uelques  possessions  encore,  ne  mettra  aucun  obstacle  à  son  relour. 
Votre  École  mililairc  est  la  vraie  place  do  ses  enlknts  '.  Une  pension 
pour  eux  sur  les  économats  paraîtra  très  bien  appliquée,  un  grade 
de  maréchal  de  camp  pour  le  père  n'est  qu'un  parchemin.  D'ailleurs, 
M.  le  marquis  de  Gentil-Langalerie,  âgé  de  quarante-huit  ans,  peut 
rendre  service,  parlant  l'allemand  comme  le  français  et  connaissant 
tous  les  buissons  des  paya  où  l'on  fait  la  guerre.  J'ose  confier  celte 
négociation  à  votre  générosité  et  à  votre  discrétion.  Si  vous  entre- 
prenez l'atraire,  elle  réussira.  Voulez-vous  en  parler  à  M"°  de  Pom- 
padour?  Je  crois  servir  TÉtat  en  servant  M.  le  marquis  de  Gentil, 
quoique  le  roi  ne  manque  pas  de  braves  orticiers.  J'ai  cru,  dans  cette 
affaire,  ne  devoir  ra'ouvrir  qu'à  vous,  le  marquis  de  Gentil  ayant  de 
grands  méaigements  a  garder  en  Suisse,  où  il  a  encore  une  partie 
gea  fortune... 


'à  insinuante  et  habile  que  fut  cette  épître,  il  est  à  croire  que 
Itaire  no  s'était  point  abusé  sur  son  effet.  Le  marquis  de  Lan- 
galerie ne  fut  pas  appelé  en  France  ;  il  continua  à  habiter  Mont- 
Repos,  Voltaire  y  donna  en  1766  la  première  représentation  de 
Scythes,  et  c'est  là  que  le  marquis  finit  ses  jours  le  37  oc- 
1773.  Toutefois,  les  deux  fils  qu'il  avait  eus  de  son  mariage 
une  Constant  de  Rebecque,  d'origine  française  et  âUe  d'une 


r  de  tout  ce  qni  avait  pu  Ctre  dil  eo  1706  coalre  le 
Et-deisus,  p.  :;9-33. 
L  nrït-DDieniei'  était  le  fondateur  et  t'iDiendaat  de  cette  école  (1751). 


300      ▲.  DK  B0I8LISLE.  —  LES  AVeNTITEES  DU  MABQUIS  DB  LANGALBEfE. 

Saussure,  entrèrent  au  service  de  Louis  XY,  Tun  comme  capi- 
taine d'infanterie,  l'autre  comme  capitaine  dans  un  régiment 
suisse.  L'héritière  unique  du  premier  se  maria  d'abord  avec  un 
commissaire  des  guerres  français,  puis  avec  le  baron  Pelletier,  du 
corps  de  l'artillerie,  qui  devint  lieutenant  général  sous  le  r^ne 
de  Louis-Philippe,  en  1836.  Le  second  Langalerie  eut  un  fils,  qui 
servit  également  dans  la  garde  suisse  jusqu'à  la  révolution  de 
1830,  puisse  fit  rendre  la  naturalité  française  comme  descendant 
d'émigrés  protestants,  entra  dans  la  légion  étrangère  d'Afrique, 
et  mourut  en  1873,  dernier  des  nom  et  titre.  La  descendance 
n'est  plus  représentée  que  par  les  petits-enfonts  de  ses  deux 
sœurs,  mariées  en  Allemagne  ^ ,  et  par  ceux  de  sa  tante,  la  baronne 
Pelletier. 

A.   DB  BOISLISLB. 

1.  La  filiation  el  Thistoire  de  ces  derniers  degrés  ont  été  établies  mTec  soin 
dans  la  brochure  du  colonel  de  Rotenhan,  fils  de  la  seconde  sœar. 


5"  CORPS  DE  L'ARMEE  D'ITALIE 

EN  1859. 


En  1859,  le  5°  corps  de  larmée  d'Italie  rendit  de  réels 
services;  ils  n'ont  jamais  été  mis  en  lumière;  ils  ont  même  été 
plutôt  méconnus  par  les  contemporains.  La  véritable  impopula- 
rité dont  était  l'objet,  à  tort  ou  à  raison,  le  commandant  en  chef 
prince  Napoléon  '  fut  sans  doute  pour  beaucoup  dans  le  déni  de 
justice  de  l'opinion  publique. 

Mon  père  ayant  fait  partie  de  ce  corps  d'armée,  j'ai  trouvé 
dans  ses  papiers  des  notes  et  des  renseignements  susceptibles  de 
Caire  connaître  avec  exactitude  le  rôle  du  5'  corps. 

Par  suite  de  cii-conslances  toutes  personnelles,  mon  père  rejoi- 
gnit assez  tardivement  l'armée  expéditionnaire.  Il  avait  pourtant 
demandé  un  des  premiers  à  faire  la  campagne,  avant  même  la 
déclaration  de  guerre.  —  Lorsqu'elle  eut  été  déclarée,  le  général 
comte  de  Tascher  La  Pagerie,  grand  maître  de  la  maison  de 
l'impératrice,  avec  lequel  mon  père  était  en  relations  journalières 
pour  la  rédaction  des  Mémoires  du  prince  Eugène  de  Beauhar- 
nais*,  engagea  mon  père  à  se  iaire  attacher  au  grand  état-major 
général. 

«  Il  faut  qu'on  vous  place,  lui  dit-il,  k  la  section  historique  et 
politique  ;  vos  aptitudes  vous  mettent  à  même  d'y  rendre  de 
grands  services;  du  reste,  il  n'y  a  qu'à  signaler  la  chose  à  l'em- 

t .  Aux  griefs  Dès  de  la  cooduile  prËLée  an  prince  pendant  ruipèdition  de  Cri- 
mée a'^joulitil  le  reproche  d'aroir  poussé  à  la  guerre  ea  1858,  pour  amener 
l'agraDdissement  des  EtaUdu  roi,  son  beau-père,  avec  peut-fitre  le  secrel espoir 
ds  cueillir  liii-raéine  une  couronne  aou«  le  beau  ciel  d'Italie  où  afaient  élé  rois 
ses  oncles  Mural  el  Joscpb. 

2.  Le  général  de  Tascher  la  Pagerie  était  parent  du  prbce  Eugène,  fiU  d'une 
Tascher  (l'impératrice  JosËphiae). 


302  BiBON  BOBEBT  DU  CASSE. 

pereur;  il  sait  que  vous  êtes  l'auteur  du  Mémoire  sur  les  États 
italiens  qu'il  m'avait  demandé  et  que  je  lui  ai  remis  récemment, 
dont  il  a  été  fort  satisfait.  Sa  Majesté  sera  trop  heureuse  de  vous 
avoir  è  son  état-major  général.  Je  vais  lui  écrire  à  ce  sujet  pour 
fixer  son  attention.  » 

Séance  tenante,  le  général  Tascher  écrivit  à  rempereur,  puis, 
la  lettre  expédiée,  il  se  retourna  vers  mon  père  en  lui  disant  : 

«  C'est  demain  dimanche  ;  allez  à  la  chapelle  du  château  et, 
à  l'issue  de  la  messe,  vous  causerez  de  votre  affaire  avec  TeiQ- 
pereur.  > 

Sous  le  second  empire,  le  chef  de  l'État  recevait  après  la  messe, 
dans  la  grande  galerie  faisant  suite  à  la  chapelle  des  Tuileries, 
tous  les  officiers  généraux  et  supérieurs  qui  s'y  présentaient. 

Le  jour  suivant,  mon  père  se  rendit  au  château,  s'attendant  à 
recevoir  de  la  bouche  du  souverain  la  confirmation  de  sa  nomi- 
nation . 

Précédé  du  maréchal  Magnan,  commandant  de  Tannée  de 
Paris,  et  du  grand  chambellan  duc  de  Bassano,  chargés  de 
nommer  les  officiers  présents,  Napoléon  III  arriva  devant  mon 
père  : 

«  Bonjour  Du  Casse  ;  j'ai  reçu  de  Tascher  une  lettre  qui  vous 
concerne.  Ce  serait  avec  plaisir,  mais  j'ai  tellement  de  demandes 
que  cela  me  sera  impossible.  » 

Mon  père,  qui  venait  pour  remercier,  surpris  et  froissé  du 
refus,  pâlit  et  ne  put  s'empêcher  de  répondre  à  haute  voix  : 

«  Sire,  je  ne  m'attendais  pas  à  cette  parole  de  V.  M.  Depuis 
plusieurs  années  déjà  Elle  avait  daigné  promettre  qu'un  des  pre- 
miers officiers  qu'Elle  attacherait  à  sa  personne  serait  le  gendre 
du  général  Girard,  blessé  mortellement  à  Ligny  le  16  juin  1815, 
en  assurant  la  dernière  victoire  de  l'Empire.  V.  M.  l'a  oublié.  Je 
le  regrette.  » 

Voici  à  quoi  mon  père  faisait  allusion.  Peu  de  temps  après  le 
rétablissement  de  l'Empire  s'était  posée  la  question  de  la  recon- 
naissance en  bloc  des  titres,  dignités,  pensions  accordés  pendant 
les  Cent  jours.  Le  comte  de  Casabianca,  ministre  d'État,  chargé 
d'élucider  la  question,  excellent  homme  de  beaucoup  de  valeur  et 
de  mérite,  mais  cachant  sous  des  dehors  afiables  d'extrême  amé- 
nité, d'exquise  courtoisie,  un  rigorisme  d'une  austérité  sans 
borne,  faisant  du  népotisme  à  rebours,  c'est-à-dire  au  détriment 
des  siens,  avait  conclu  à  la  non-reconnaissance  des  âdts  qui 


U  s*  CORPS   08  l'iBlris   n'iTlLUt  EIT  i 

aurait  entraîné  le  paiement  des  arrérages  considérables  de  juil- 
let 1815  h  juillet  1830.  L'adoption  des  conclusions  du  comte  de 
Casablanca  avait  comme  résultat  pour  ma  famille  maternelle 
qu'on  n'avait  pas  reconnu  la  dignitèdeducde  Liguj  conférée  au 
général  Girard  le  21  juin  1815,  et  qu'elle  avait  perdu  les  arré- 
rages de  la  pension  à  titre  de  récompense  nationale  votée  par  les 
Chambres  le  25  juin  1815  à  la  veuve  du  général,  pension  qui 
n'avait  jamais  été  payée. 

Napoléon  III,  en  se  ran^jeant  à  l'avis  du  comte  de  Casablanca, 
le  chargea  d'annoncer  officiellement  de  sa  part  k  la  famille  du 
général  Girard,  duc  de  Ligny,  que  le  premier  otficier  d'ordon- 
nance qu'il  prendrait  serait  le  capitaine  Du  Casse,  gendre  du 


Après  s'être  respectueusement  incliné  (tandis  que  l'empereur, 
firisant  sa  moustache  saus  rien  dire,  passait  k  un  autre  officier), 
mon  père  se  retirait  lorsqu'il  fut  rejoint  par  le  maréchal  Magnan  : 

«  Abl  çk,  mon  cher  commandant,  êtes-vous  fou? 

—  Hé  bien  quoi,  monsieur  le  maréchal,  quand  votre  empe- 
reur entendrait  la  vérité  une  fois  par  hasard,  où  serait  le  malî 
Du  reste,  il  ne  s'agit  pas  de  moi.  Je  ferai  la  campagne  dans  n'im- 
porte quelle  condition.  » 

Puis  traversant  la  cour  des  Tuileries,  mon  père  entra  conter 
sa  mésaventure  au  comte  Tascher,  qui  s'en  montra  fort  surpris. 

Resté  quelques  jours  sans  recevoir  de  destination,  puis  nommé 
dief  d'état-major  de  la  division  UhricL,  mon  père  reçut  l'ordre 
de  surseoir  à  son  départ.  Enfin,  le  27  mai,  il  reçut  une  lettre  de 
service  l'enlevantde  la  division  Uhrich  pour  l'accréditer  à  l'état- 
major  général  du  5'  corps  en  remplacement  du  lieutenant- 
colonel  Faure, 

Le  29  mai,  mon  père  quitta  l'hôtel  des  Invalides  et  son  gou- 
verneur le  général  (plus  tard  maréchal)  d'Ornano,  dont  il  était 
l'aide  de  camp.  Il  fit  route  pour  Marseille  avec  le  lieutenant- 
colonel  Aymard,  du  61'  de  ligne,  qui  allait  rejoindre  à  la  divi- 
sion de  Ladmirault,  et  voulut  bien  se  charger  de  remettre  au 
général  Cler  les  premiers  exemplaires  de  l'ouvrage,  fruit  de  la 
fM>llaboration  des  deux  camarades  de  Saint-Cyr,  Cler  et  Du  Casse  : 
Soucenirs  d'un  officier  du  2"  zouaves.  Le  général  reçut  ce 
livre  deux  ou  trois  jours  avant  Magenta  et  n'eut  pas  le  temps 
d'en  accuser  réception  à  mon  père. 

Arrivé  le  31  mai  à  Marseille,  à  quatre  heures  de  l'après-midi, 


304  BABOIf  BOBtET  D0  GÂSSB. 

mon  père  reçut  à  six  heures  ses  chevaux  et  son  ordonnance,  les 
premiers  affamés,  le  second  tellement  malade  que  mon  père  dot 
le  conduire  à  l'hôpital  et  mener  lui*même  en  main  ses  trois  che- 
vaux à  un  quartier  de  cavalerie  distant  de  la  gare  d'environ  six 
kilomètres. 

Dès  le  lendemain  l***"  juin,  à  la  première  heure,  mon  père  fut 
trouver  le  général  qui  commandait  la  division  territoriale  d'Ao- 
relles  de  Paladines  pour  obtenir  l'autorisation  de  prendre  dans 
la  garnison  un  remplaçant  à  son  ordonnance  malade.  Bien  ^e 
fort  raide  dans  le  service,  le  futur  vainqueur  de  Coulmiers  apporta 
une  bonne  grâce  relative  dans  cette  affaire,  et  mon  père,  le  jour 
suivant  2  juin,  s'embarqua  sur  l'aviso  le  Vatican  à  destination 
de  Livourne. 

Le  corps  d*armée  (dont  mon  père  allait  rejoindre  Tétat-major 
général)  était  déjà  presque  en  entier  passé  dans  la  péninsule. 

L'armée  d'Italie  comprenait  cinq  corps  d'armée  : 

Le  premier  corps  commandé  par  le  maréchal  comte  Baraguey- 
d'Hilliers  ; 

Le  second  par  le  général  comte  de  Mac-Mahon  ; 

Le  troisième  par  le  maréchal  Canrobert; 

Le  quatrième  par  le  maréchal  comte'Niel  ; 

Le  cinquième  enfin  sous  les  ordres  du  prince  Napoléon  (Jérôme). 

La  composition  du  5®  corps  était  la  suivante  : 

Aides  de  camp  du  général  en  chef  :  le  colonel  d'état-major  de 
Franconnière,  le  commandant  Ferri-Pisani,  le  commandant 
Clère,  le  chef  de  bataillon  du  génie  Ragon. 

Officiers  d'ordonnance  :  le  capitaine  de  cavalerie  Ravel,  le 
capitaine  d'infanterie  Blum,  le  capitaine  de  frégate  Georgette 
du  Buisson,  le  lieutenant  de  dragons  de  Chérisey,  le  lieutenant 
Villot,  le  sous-lieutenant  de  cavalerie  de  Teulières,  faisant  fonc- 
tions d'écuyer. 

Chef  d'état-major  général  du  corps  d'armée  :  le  général  mar- 
quis de  Beaufort  d'Hautpoul. 

Sous-chef  d'état-major  :  le  lieutenant-colonel  Henry. 

Officiers  d'état-major  :  le  commandant  Du  Casse,  les  capi- 
taines Hubert  de  Castex,  de  Chàtillon  et  Tiersonnier. 

Officier  étranger  attaché  à  l'état-major  général  :  le  lieutenant 
toscan  de  Corsi. 

Artillerie  :  commandant,  le  général  de  brigade  Fiereck;  chef 
d'état-major,  le  colonel  de  Vercly . 


LB   5°   COEPS   DB   L'iUtE   D'iTlLtS  BK   I 


SOS 


Génie  ;  commandant,  le  général  de  brigade  CoEBnières  de 
Nordedc. 

•  IntendaDce  :  l'intetidant  militaire  Moisey. 
Geadarmerîe  :  prévôt,  le  commandant  Maociai. 
Service  religieux  :  aumônier,  l'abbé  Doussot. 
l"divisto[i  d'iufaoterie  :  commandant  la  division,  le  général 
d'Aatemarre  d'Ervillé. 

Aides  de  camp  :  les  capitaines  d'état-major  Tissier,  Lafouge; 
ofBcîer  d'ordonnance  :  le  lieutenant  Bocher,  détaché  du  3'  de 
zouaves. 

Chefd'élat-major  :  le  lieutenant-colonel  de  Sulseau-Malroy. 
Officiers  d'état-major  :  le  commandant  Wenger  et  le  capitaine 
de  Divouiie. 

Commandant  l'artillerie  :  le  chef  d'escadron  Collard. 
Commandant  le  génie  :  le  chef  de  bataillon  Fervel, 
Intendance  :  le  sous-intendant  Le  Creurer,  l'adjoint  Audenard. 
Prévôt  :  le  capitaine  Vesco. 

1"  brigade  (général  Nègre,  aide  de  camp  le  capitaine  Linet)  : 
3°  de  iiouaves,  25'  et  89"  de  ligne,  colonels  de  Gbabron,  de  Les- 
tellet  et  Pelletier  de  Montmarie. 

2"  brigade  {général  Corrèard)  :  93°  et  99°  de  ligne,  colonels  de 
BellefondsetL'Hèrillier. 

2°  division  :  général  Uhrich  ;  aides  de  camp,  les  capitaines  de 
la  Haye,  Samuel  et  de  Chabannes. 

Chef  d'état-raajor  ;  le  colonel  Regnard;  attachés  à  l'état^ 
major,  les  capitaines  Guillet  et  Renouard. 

Commandant  l'artillerie  :  le  commandant  d'Ubesi. 
Commandant  le  génie  :  le  commandant  de  Cuurville. 
Prévôt  :  le  capitaine  de  gendarmerie  Shisne. 
1"  brigade  (général  Grandchamp  ;  aide  de  camp,  le  capitaine 
de  Bresson;  officier  d'ordonnance,  le  lieutenant  Dariot)  :  14' batail- 
lon de  chasseurs  à  pied,  commandant  Séverin;  18°  et  26*  de 
ligne,  colonels  d'Auteroche  et  de  Sorbiers, 

2"  brigade  (général  Cauvin  du  Bourguet  ;  aide  de  camp,  le 
capitaine  Jeanjean)  :  80°  et  82"  de  ligne,  colonels  Chardon  de 
Chaumont  et  Becquet  de  Sonnay. 

Artillerie  divisionnaire  :  13°  batterie  du  7'  rég  imenl,  13°  du  8'  ; 
5'  et  6°  batteries  du  9°  régiment  :  quatre  batteries  de  réserve. 
Génie  :  une  compagnie  du  2"  régiment,  deux  du  3°. 

.  LXVI.  2-  PASO,  20 


^L         Rbv.  1 


806  BABOX  ROBERT  DU  CASSE. 

Brigade  de  cavalerie,  le  général  de  Lapérouae  :  6«  et  8*  hus- 
sards. 

Le  chef  d'état-major  général  du  5*  corps,  le  marquis  de  Beaa- 
fort  d'Hautpoul,  fort  connu  de  l'armée  d'Afrique  où  il  avait  servi 
longtemps  et  brillamment  sous  le  gouvernement  de  Juillet,  appro- 
chant de  près  les  princes,  devint  par  la  suite  divisionnaire  et  est 
mort  après  avoir  commandé  en  chef  l'expédition  de  Syrie. 

Le  colonel  Henry,  devenu  brigadier,  est  mort  au  cadre  de 
réserve. 

Lo  capitaine  Hubert  de  Castex,  de  la  même  famille  que  le 
célèbre  général  de  ce  nom,  est  devenu  lui  aussi  officiar  général. 
Lors  de  la  suppression  du  corps  d'état-major,  versé,  par  décision 
du  général  Farre,  dans  l'arme  de  la  cavalerie,  aussi  brillant 
officier  de  cavalerie  qu'il  avait  été  brillant  officier  d*état-major, 
intem{)estivement  retraité  comme  général  de  brigade  par  M.  de 
Freycinet  au  moment  où  toute  l'armée  attendait  sa  promotion  de 
divisionnaire,  le  général  de  Castex  est  toujours  plein  de  verdeur, 
très  apte  à  faire  campagne  de  nouveau. 

[jes  commandants  de  l'artillerie  et  du  génie,  Fiereck  et  Gof- 
finières  de  Nordeck,  sont  devenus  tous  deux  divisionnaires; 
le  second  a  joué  un  rôle  qui  l'a  mis  en  évidence  à  l'armée  de 
Metz. 

Le  général  d' Autemarre  d'Ervillé,  devenu,  croyons-nous,  séna- 
teur, est  mort  depuis  longtemps  déjà. 

Son  officier  d*ordonnance,  le  lieutenant  Bocher,  de  la  célèbre 
famille  do  ce  nom,  qui  a  marqué  dans  les  £astes  politiques  et  par- 
lementaires contemi>orains  après  avoir  fourni  une  belle  et  vigou- 
reuse carrière,  est  mort  général  de  division,  laissant  un  flls,  bril- 
lant otHcier  d'infanterie  de  marine,  décoré  l'un  des  plus  jeunes  de 
rarméo  fran<,\iise  pour  faits  de  guerre  à  la  prise  de  Dréné  pendant 
la  cam|>agne  du  Scmilan. 

Ui  plupart  des  chefs  de  corps  de  la  division  d'Autemarre  sont 
devenus  officiers  généraux  :  les  colonels  de  Chabron,  de  Mont- 
luarie.  L'Uôrillier. 

Lo  cvMumandant  de  la  2*  division,  le  général  Llirich,  était  issa 
d'une  f;mùUo  alsacienne  essentielloment  militaire,  fils  d'un  offi- 
cier suivriour  du  cônio  de  la  fia  du  xvnr  siècle,  firère  d'un  inten- 
dant militaire  et  d*uu  colonel,  aussi  connu  par  ses  beaux  états  de 
service  que  jvar  une  singulière  blessure.  Le  général  Uhrich,  dont 
on  |K^urr;iil  re(vt4Nr  avec  justesse  le  mot  de  Napoléon  I*  sur 


iB  5*  coire  Dt  L'iuiu  o'iTiLnnn 
Girard,  petit  de  corps  mais  grand  de  cœur,  devait  dix  ans 
plus  tard  jeter  va  lustre  immortel  sur  son  nom  indissolublement 
lié  désormais  à  celui  de  Strasbourg  et  au  souvenir  de  la  glorieuse 
défense  de  celte  ville. 

Le  commandant  de  sa  1"  brigade,  le  général  Grandchamp, 
dont  la  figure  balafrée  est  un  de  mes  plus  vivaces  souvenirs  d'en- 
fance, était  un  homme  superbe,  de  taille  élancée,  d'aspect  mar- 
tial, aimable  et  bienveillant,  adoré  du  soldat.  Étant  capitaine,  il 
avait  été  fait  prisonnier  en  Afrique  par  un  parti  arabe  avec  sa 
compagnie.  Sa  tète  avait  servi  de  billot  aux  Arabes  pour  couper 
le  cou  de  vingt-deuï  de  ses  camarades.  Lorsque  vint  son  tour 
d'être  décapité,  les  Arabes,  «  dans  ce  mélange  affreux  d'os  et  de 
chairs  meurtries,  *  ne  surent  trouver  oii  faire  la  section  du  col, 
opération  en  laquelle  ils  sont  pourtant  si  experts,  et  laissèrent  le 
capitaine  de  Grandchamp  pour  mort,  sur  place.  Trouvé  quelques 
heures  plus  tard  par  les  troupes  françaises,  sur  le  point  d'être 
enterré,  il  reprit  connaissance.  Un  chirurgien  militaire  lui 
épingta  la  figure  au  moyen  d'un  nombre  invraisemblable  d'ai- 
•guilles.  Je  connais  ce  nombre,  je  ne  l'écrirai  pas  ici  pour  ne  point 
être  traité  de  romancier.  La  figure  de  M.  de  Grandchamp,  par 
la  dextérité  du  chirurgien,  avait  été  reconstituée  dans  son  entier. 
Couturée  en  tous  sens,  elle  présentait  l'aspect  le  plus  singulier 
qui  se  puisse  imaginer,  étrange  au  point  d'impressionner. 

Je  vis  souvent  le  bon  général  au  camp  de  Boulogne,  quand  il 
était  un  des  deux  brigadiers  et  mon  père  le  chef  d'état-major  de 
la  division  Uhrich.  J'étais  bien  enfant  alors  et  néanmoins  la  phy- 
sionomie de  M.  de  Grandchamp  ne  s'effacera  jamais  de  ma 
mémoire. 

Le  colonel  Becquet  de  Sonnay,  solide  et  vigoureux  soldat,  est 
devenu  officier  général  comme  les  deux  colouels  du  général  de 
Lapérouse,  MM.  de  Valabrègne  et  de  Foutenoy. 

L'empereur  et  le  prince  Napoléon  débarquèrent  à  Gênes  le 
12  mai.  —  Le  lendemain  13,  un  télégramme  leur  annonçait  la 
présence  sur  la  Trebbia,  à  Bobbio  (trois  étapes  de  Gènes),  dans 
les  montagnes,  à  l'est,  d'un  corps  de  1,500  Autrichiens.  Ordre 
fut  aussitôt  donné  de  former  une  colonne  composée  du  3°  de 
zouaves,  d'une  compagnie  de  sapeurs  du  génie,  d'une  section 
d'artillerie  de  montagne  sarde  et  de  diriger  cette  colonne  sur 
Bobbio,  sous  le  commandement  du  colonel  de  Chabron.  Le  14,  k 
mt  heures  du  matin,  le  prince  Napoléon  passa  en  revue  ces 


308  BARON  ROBBRT  OU  GAS8B. 

troupes  S  qui  se  mirent  en  marche  à  huit  heures  et  demie.  Elles 
(levaient  coucher  le  même  jour  à  Torriglia,  le  15  à  Ottone  et  être 
rendues  le  16  à  Bobbio.  Cette  colonne  comptait  dans  ses  raogs 
le  capitaine  de  Tétat-major  général  du  5^  corps  Hubert  de  Castex, 
un  capitaine  d*artillerie  et  le  sous-intendant  militaire  Le  Breton. 

A  trois  heures  de  l'après-midi,  un  convoi  de  vivres  et  de  muni- 
tions, escorté  par  deux  sections  du  3*  de  zouaves,  partit  égale- 
ment de  Gênes,  sous  la  direction  du  sous-intendant  Le  Craurer, 
de  la  division  d*Âutemarre.  Le  16  également,  l'empereur,  accom- 
pagné du  grand  état-major,  se  rendit  à  Alexandrie,  où  il  établit 
son  quartier  général  impérial;  il  laissait  à  Gênes  son  cousin  le 
prince  Napoléon,  qui  devait  y  rallier  Tétat-major,  les  généraux, 
les  troupes  de  son  corps  d'armée. 

La  colonne  de  Chabron  (du  5*  corps)  rencontrait  de  pénibles 
difficultés  à  Taccomplissement  de  sa  mission. 

Des  chemins  détestables  dans  la  montagne  et  un  temps  affineux 
n'avaient  pas  permis  au  3^  de  zouaves  de  faire  plus  de  douze 
kilomètres  le  premier  jour.  Il  avait  dû  bivouaquer  à  Prato. 
Le  14  au  soir,  le  colonel  Chabron  fit  demander  au  commissaire* 
royal  sarde  cent  mulets  de  réquisition  qui  partirent  pour  Prato, 
le  15  au  matin,  sous  la  direction  d'un  des  officiers  d'ordonnance 
du  prince,  le  lieutenant  Villot. 

Le  même  jour  15,  le  colonel  de  Chabron  se  remit  en  route  d 
fit  demander  quatre-vingts  autres  mulets,  qui  partirent  le  lende- 
main 16,  au  point  du  jour. 

L'empereur  envoya  à  Bobbio  un  de  ses  aides  de  camp,  le  colo- 
nel d'état-major  Waubert  de  Genlis,  avec  ordre  de  l'informer 
directement  de  la  situation  des  choses. 

L'armée  alliée  occupait  alors  les  positions  suivantes  : 

Les  Sardes  à  Casale,  Borgo-San-Martino  et  Ciarole,  avec 
avant-postes  sur  la  rive  gauche  du  Pô,  en  avant  de  Casale. 
Quartier  général  à  Occimiano. 

Le  l*'''  corps  français  (Baraguey  d'Hilliers)  à  Voghera,  Casei, 
Castelnuovo  di  Scrivia,  les  avant-postes  au  delà  de  Voghera  et  de 
Casei,  ainsi  qu'une  brigade  de  cavalerie  sarde.  Quartier  général 
à  Pontecurone. 

Le  2«  corps  (Mao-Mahon)  entre  Castelnuovo  di  Scrivia  et  Rive- 
rone  (où  un  pont  devait  être  jeté  sur  le  Tanaro),  se  reliant  par 

1.  Ce  fut  la  seule  revue  que  le  prince  passa. 


LE  9*  COBPS   DE  t'iRHéG  n'rTlLIE  Elf   18S0. 


309 


sa  droite  au  l"  corps  et  par  sa  gauche  aux  Sardes,  avec  nue 
brigade  de  cavalerie  sarde  sur  son  front.  Quartier  général  à  Sale. 
Le  3'  corps  (Canrobert)  une  division  entre  Pontecurone  et 
Tortone,  une  autre  entre  Sale  et  Tortone  (seconde  ligne).  Quar- 
tier général  à  Tortone,  avec  ordre  de  construire  un  pont  sur  la 
Scrivia  pour  pouvoir,  au  besoin,  réunir  les  deux  divisions  occu- 
pant les  routes  de  Sale  et  de  Pontecurone,  sa  cavalerie  près  de 
Tortone  pour  assurer  la  communication  avec  le  grand  quartier 


Le  4°  corps  (Niel)  une  division  à  Valenza,  une  à  Pecetto,  gar- 
dant le  pont  de  Riverone.  Quartier  général  à  San  Salvatore.  La 
garde  impériale  à  Alexandrie,  avec  une  brigade  à  Castel-Ceriolo 
et  à  Mareogo. 

Le  i6  avril,  le  général  d'Autemarre,  son  chef  d'état-major, 
colonel  de  Su Iseau-Malroy,  et  le  général  Nègre,  commandant  la 
1"  brigade,  débarquèrent  à  Gènes.  Le  général  Corréard,  com- 
mandant la  2°  brigade,  arriva  le  lendemain. 

Une  dépèche  du  colonel  de  Chabron  annonça  que  les  Autri- 
chiens avaient  quitté  Bobbio. 

Le  17  mai,  le  prince  Napoléon  se  disposait  k  partir  pour  se 
rapprocher  de  l'armée  avec  sa  première  division,  lorsqu'un  offi- 
cier d'ordonnance  de  l'empereur,  le  prince  Mural,  lui  apporta 
l'ordre  de  s'embarquer  pour  Livourne  et  de  Ik  gagner  Florence 
avec  la  division  Uhrich,  mise  en  route  directement  de  France 
vers  cette  destination.  I^e  commandant  du  5'  corps,  dès  le  lende- 
main matin  18,  se  rendit  auprès  de  l'empereur  à  Alexandrie,  afin 
d'obtenir  de  Napoléon  IH  que  le  5°  corps  ne  ae  séparât  pas  du 
gros  de  l'armée  et  que  l'opération  sur  Florence  et  les  duchés  fût 
confiée  à  un  autre  ofBcier  général.  Les  instances  furent  des  plus 
vives,  mais  vaines;  l'empereur  tint  bon,  déclarant  ne  pouvoir 
remettre  en  d'autres  mains  qu'en  celles  de  son  cousin  un  mouve- 
ment qui  était  au  moins  autant  une  mission  politique  et  diplo- 
matique de  la  plus  haute  importance  qu'une  opération  militaire. 

La  diversion  sur  les  duchés  était  habile.  Le  5'  corps  comptait 
seulement  à  son  actif  deux  divisions  d'infanterie  et  une  brigade 
de  cavalerie  légère,  mais  une  artillerie  formidable,  neufbatteries 
de  campagne  du  nouveau  modèle,  artillerie  hors  de  proportion 
avec  l'effectif  des  troupes.  La  première  division  allait  être  dis- 
traite et  se  trouvait  eu  partie  déjà  engagée. 

était  de  faire  croire  à  l'ennemi  qu'un  corps 


340  BIROX  ROBERT  DU  CASSB. 

ce  matériel  et  ayant  à  sa  tête  un  prince  de  la  Camille  impMak 
était  de  force  à  tenir  tête  à  toutes  les  forces  autrichiennes  ooco- 
pant  Florence,  Parme,  Plaisance  et  les  duchés.  Le  corps  du 
prince  Napoléon,  qu'on  allait  augmenter  des  forces  toscanes  et 
romagnoles,  devait  prendre  aux  yeux  de  Fennemi  des  propoN 
tions  considérables,  retenir  et  annihiler  une  partie  de  l'armée 
autrichienne  et  aider  au  soulèvement  des  duchés.  Ces  prévisions 
se  réalisèrent  en  effet.  L'empereur  avait  bien  calculé  et  jugé  aTec 
raison  que  la  présence  de  son  cousin  dans  les  pays  dspadans 
produirait  les  meilleurs  effets,  sans  distraire  beaucoup  de  forces 
de  l'armée  alliée.  Napoléon  III  était-il  bien  aise  aussi  de  tenir 
éloigné  son  cousin?  c'est  possible.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  prince 
Napoléon  revint  à  Gênes,  très  contrarié  du  rôle  qui  lui  édiéait, 
fort  ennuyé  de  la  mission  qui  lui  était  confiée.  La  division  Uhrich 
avait  reçu  l'ordre  en  France  d'embarquer  directement  pour 
Livourne,  d'où  elle  devait  se  rendre  à  Florence  avec  la  brigade 
de  cavalerie  légère  du  général  de  Lapérouse. 

La  division  d'Autemarre,  mise  à  la  disposition  du  maréchal 
Baraguey-d'Hilliers,  reçut  l'ordre  de  gagner  Voghera  à  l'ex- 
trême droite  de  la  ligne.  Il  ne  resta  plus  au  prince  Napoléon  cpe 
les  deux  brigades  d'infanterie  du  général  Uhrich  et  la  brigade 
de  cavalerie  Lapérouse,  mais  il  conservait  tout  son  matérid 
d'artillerie.  Il  devait,  en  plus,  augmenter  ses  forces  par  l'ad- 
jonction des  corps  italiens  en  voie  de  formation,  sous  les  ordres 
du  général  toscan  Jean  d'UUoa  et  du  général  napolitain  Mez- 
zacapo. 

L'effectif  de  la  division  Ulloa  était  sur  le  papier  de  douze  mille 
fantassins  et  douze  cents  chevaux,  Mezzacapo  devait  avoir  six 
mille  combattants.  En  réalité,  il  n'y  avait  pas  dans  les  deux  divi- 
sions trois  mille  hommes  de  troupe.  Pas  armés,  pas  habillés,  à 
peine  chaussés,  pas  aguerris,  peu  disciplinés,  ils  n'étaient  bons 
à  rien  qu'à  embarrasser  la  marche  du  5*  corps,  véritables  impe- 
dimenta  gênants  et  nuisibles. 

A  l'exception  de  trois  à  quatre  escadrons  de  carabiniers  (anciens 
gendarmes  toscans)  assez  bien  montés,  le  reste  n'était  bon  qu'à 
entraver  les  opérations  et  à  faire  tomber  aux  mains  de  Tennemi 
les  armes  qu'on  était  obligé  de  leur  fournir. 

Le  prince,  contraint  de  gagner  Livourne  et  Florence,  donna 
l'ordre,  le  18  mai,  au  général  Cîoffinières  de  Nordeck  de  se 
rendre  le  19  à  Livourne  pour  préparer  la  marche  des  troupes. 


^P  IR  S*  CORPS   DE  L'iimJE   d'itaue   E!f  4859.  344 

BLe  général  était  porteur  d'une  lettre  adressée  par  le  prince  au 
Tbmmissaire  extraordinaire  de  Victor- Emmanuel  à  Florence, 
dans  laquelle  il  déclarait  qu'il  venait  en  Toscane,  sans  visées 
politiques,  pour  la  simple  conduite  d'opérations  militaires. 

Le  ïï>  mai,  le  général  d'Autemarre  fui  prendre  à  Alexandrie 
les  ordres  de  l'empereur,  et  le  75*  de  ligne  se  rendit  par  les  voies 
ferrées  k  Voghera.  Ce  même  jour,  le  général  Coffinières,  son 
personnel,  l'adjoint  à  l'intendance  d'Audemard  montèrent  à  bord 
du  Sakel.  Le  François  I"'  embarqua  en  même  temps  une 
compagnie  du  génie,  les  deux  bâtiments  appareillant  de  conserve 
pour  Livourne. 

L'ordre  fut  expédié  au  colonel  de  Chabron  de  renvoyer  à 
rêtat-major  généi'al  le  capitaine  de  Castex  et  de  correspondre 
directement,  à  l'avenir,  avec  son  général  de  division  k  Voghera. 
Les  mouvements  de  troupes  du  B"  corps  continuèrent  les  jours 
suivants.  Le 20,  le  transport  l'AïW^n'fj'Me  embarqua  pour  Livourne 
divers  détachements  ;  le  même  jour  débarquait  à  Gènes  le  lieute- 
nant-colonel Hue  de  Mathan  avec  plusieurs  escadrons  du  8'  hus- 
sards. Les  généraux  d'Autemarre  et  Nègre  se  rendirent  à  Voghera , 
ville  en  avant  de  laquelle  avait  eu  lieu  la  veille  la  bataille  de 
Montebello,  si  glorieuse  pour  la  division  Forey.  Pendant  cette 
belle  journée  du  19  mai,  un  bataillon  du  93'  de  ligne  de  la  divi- 
sion d'Autemarre,  de  passage  à  Voghera,  entendant  le  canon, 
s'était  porté  spontanément  sur  le  champ  de  bataille.  Arrivé  à 
Fossagozza  et  dirigé  sur  la  brigade  Blanchard,  il  avait  reçu  la 
garde  d'un  poste  important  et  du  chemin  de  fer. 

Le  lendemain  21  mai,  à  cinq  heures  du  soir,  le  bâtiment  le 
Panama  chauffa  pour  Livourne,  ayant  à  son  bord  le  colonel  de 
Mathan  et  ses  hussards,  les  ambulances  (matériel  et  personnel) 
du  quartier  général  du  5'  corps  et  delà  division  Uhrîch. 

Enân,  le  22,  le  prince  de  sa  personne  embarqua  avec  son  état- 
major  sur  la  Reine-Hortense ;  les  chevaux,  ainsi  que  le  per- 
sonnel de  l'intendance  et  de  la  gendarmerie,  montèrent  sur  le 
Tfiouars. 

Le  23,  à  neuf  heures  du  matin,  les  deux  navires  pénétrèrent 
dans  le  port  de  Livourne.  Les  autorités  se  rendirent  à  bord  du 
yacht  impérial  et  furent  admises  en  présence  du  prince.  Puis  à 
rnidi  enli'ée  triomphale  dans  la  ville. 

La  veille  et  le  matin  étaient  arrivés  dans  la  ville  :  le  colonel 
jS&Franconnière,  premier  aide  de  camp,  le  colonel  Henry,  le 


342  BARON  aOBERT  OU  CÀSSB. 

capitaine  de  ChâtilloD,  de  Tétat-major  général,  le  14*  bataillon 
de  chasseurs  à  pied  et  un  bataillon  du  18"  de  ligne. 

Le  24,  le  général  de  Grandchamp,  commandant  la  1*^  brigade, 
débarqua  avec  le  26"  de  ligne  et  les  deux  derniers  bataillons  du 
18"  de  ligne  amenés  par  le  Char  les- Albert,  le  ChtHstophe- 
Colomb,  le  Malfatano  et  le  Mozembano. 

Le  25  mai,  le  général  Uhrich,  son  état-major  et  le  80* de  ligne 
débarquèrent,  en  sorte  que  la  2*  division  se  trouva  presque  an 
complet. 

Le  27  mai,  deux  colonnes.  Tune  formée  des  services  adminis- 
tratifs, du  Trésor,  des  gendarmes  à  pied,  l'autre  du  18*  de  ligne, 
partirent  :  la  première  pour  Florence,  la  seconde  pour  Pistoïa, 
petite  ville  entre  Florence  et  Lucques. 

L'armée  toscane  fut  réunie  au  5*  corps  et  prit  ses  positions  au 
nord-ouest  de  Florence,  où  elle  établit  son  quartier  général  arec 
le  général  Jean  d'Ulloa  et  550  chevaux  (carabiniers  toscans). 
L'avant-garde  occupa  Prato,  à  seize  kilomètres  nord-ouest  de 
Florence,  le  centre  à  San-Piero  et  Secoli,  tenant  les  roules  de 
Filigare  et  de  Porretta.  La  division  Mezzacapo,  composée  en 
majeure  partie  déjeunes  Romagnols,  adolescents  non  équipés, à 
demi  vêtus,  dépourvus  de  tout,  eut  son  quartier  général  à  Veo- 
chia,  occupant  Borgo-San-Lorenzo,  sur  la  route  de  Faenza  ^ 
Dicomano,  sur  la  route  de  Forli. 

En  fait,  les  deux  divisions  d*Ulloa  et  de  Mezzacapo  n'avaient 
pu  mettre  en  ligne  trois  mille  combattants. 

Le  mouvement  avait  pour  objet  de  s'opposera  la  marche  du 
général  autrichien  de  Wimpfien,  signalé  comme  descendant,  avec 
un  corps  d'armée,  du  Tyrol,  pour  envahir  les  duchés.  Le  prince 
Napoléon,  prévenu  par  le  grand  quartier  général,  envoya  deux 
officiers  du  génie  à  Florence  et  à  Pistoïa  reconnaître  les  routes 
do  Porretta  et  de  Filigare. 

Le  30,  le  général  de  Lapérouse  arriva  à  Livourne  et  le  géné- 
ral Uhrich  en  partit  avec  son  état-major  et  le  82«  de  ligne  pour 
se  rendre  à  Florence. 

Des  dispositions  furent  prises  pour  faire  occuper  par  les  troupes 
les  trois  défilés  de  Porretta  (sur  Bologne),  de  Filigare  (sur  Bologne 
et  Ferrare),  de  l'Abetone  (sur  Modène).  Ce  dernier  défilé  était 
celui  qui  devait  être  le  plus  rigoureusement  observé,  car  le  grand- 
duc  se  trouvait  aux  environs,  ainsi  que  les  troupes  autrichiennes. 
Le  prince  Napoléon  fit  en  personne,  le  29,  avec  les  généraux 


18  5'  COKPB   DE  L'iBM^K   d'iTALIE   I 


tus 


Cauvio  du  Eourguet.  Coffinières  et  de  Beaufort  d'Hautpoul,  la 
reconnaiisanee  des  défilés  jusque  sur  le  territoire  de  Modène,  ea 
avant  du  col  de  l'Abetooe,  puis  il  revint  à  Livourne. 

Le  leudemain  30  mai,  le  général  Cauvin  du  Bourguet,  à  la 
tête  du  80°  de  ligue,  d'une  compagnie  du  génie,  d'une  compagnie 
du  train,  quitta  Pistoïa  et  s'installa  le  soir  h  San-Marcello, 
au-dessous  de  Porretta  et  du  col  de  l'Abetooe,  à  cheval  sur  la 
route  de  Florence  h  Modène  el  k  Reggio.  Dans  la  nuit,  lesbatail- 
loDS  de  chasseurs  toscans,  quittant  San-Marcello,  se  dirigèrent 
par  la  montagne  sur  Porretta,  poste  qu'ils  occupèrent,  taudis 
qu'une  compagnie  de  voltigeurs  du  80^  bivouaquait  au  col  même. 
Pendant  que  le  général  Cauvin  du  Bourguet  faisaitce  mouve- 
ment, la  1"  brigade  de  la  division  Uhrich  et  le  82'  (de  la  2''  bri- 
gade) se  concentraient  sous  les  ordres  de  leur  général  de  division 
à  Florence,  ainsi  que  la  brigade  de  hussards  Lapérouse. 

Le  31  mai,  le  prince  quitta  Livourne  et  vint  établir  son  quar- 
tier général  à  Florence.  Il  descendit  avec  son  état-major  au 
palais  de  la  Santa-Croce,  résidence  d'été  du  grand-duc,  et  ren- 
força le  général  du  Bourguet  d'un  demi-bataillon  du  14°  de  chas- 
seurs à  pied. 

La  position  en  Toscane  du  5^  corps,  le  1^''  juin  1859,  était  la 
suivante  : 

1°  Le  général  du  Bourguet  avec  le  80'  de  ligna,  occupant  des 
positions  au  nord-ouest  de  Florence  sur  l'Apennin,  surveillant  le 
duché  de  Modène,  sa  droite  appuyée  aux  volontaires  de  Mezza- 
capo  et  auï  Toscans  d'UUoa.  Ce  dernier  était  au  défilé  de  Filigare. 
2°  Le  gros  de  la  division  Uhrich  et  la  brigade  de  cavalerie 
l^ère,  concentrés  à  Florence,  au  bivouac,  sur  les  Caséines. 
L  3"  Les  magasins  généraux  et  les  petits  dépôts  à  Livourne, 
Bâtée  la  base  d'opérations  du  5'  corps. 

r  Des  reconnaissances  furent  poussées  h  l'ouest  dans  la  direction 
de  Bagni  et  en  avant  de  Fiumalbo;  on  apprit  par  elles  que 
quelques  cavaliers  autrichiens  se  retiraient  en  Élisant  sauter  les 
^ODts  que  les  habitants  s'empressaient  de  réparer. 

Ainsi,  les  Autrichiens  paraissaient  disposés  h  battre  en  retraite 
st  à  abandonner  les  duchés  plutôt  qu'à  les  défendre.  Le  prince 
Napoléon,  sur  cette  assurance,  s'installa  de  son  mieux  dans  le 
palais  de  la  Santa-Croce. 

Le  4  juin,  mon  père  débarqua  à  Livourne,  et  arriva  quelques 
s  plus  tard  à  Florence.  Il  se  rendit  immédiatement  auprès  du 


344  BARON  ROBKRT  DU  CÂ8SB. 

prince  Napoléon  ;  ce  dernier,  fort  brusque  de  son  naturel,  n'ayait 
pas  été  avisé  de  la  nomination  de  mon  père.  Il  reçut  assez  mal  le 
nouvel  arrivant  et  semblait  refuser  de  l'admettre  à  l'état-major 
général  du  corps  d'armée. 

Mon  père ,  décidément ,  jouait  de  malheur  dans  ses  relations 
avec  la  famille  impériale.  Il  se  contenta  de  dire  au  prince  : 

«  Monseigneur,  j'ai  demandé  à  faire  la  campagne  et  non  à 
venir  me  promener  sur  les  bords  de  l'Arno.  Je  serai  donc  recon- 
naissant à  Votre  Altesse  de  me  remettre  à  la  disposition  du 
ministre  de  la  guerre  et  heureux  d'obtenir  un  service  dans  un  des 
corps  en  contact  avec  l'ennemi.  Toutefois,  je  ferai  observera 
Votre  Altesse  qu'envoyé  à  l'état-major  du  5*  corps  j'y  prendrai 
et  garderai  mon  service  jusqu'au  jour  où  j'en  aurai  été  relevé  par 
une  décision  régulière.  » 

Le  prince  fit  appeler  le  général  de  Beaufort  : 

Comment  trouvez-vous  Du  Casse,  qui  vient  ici  sans  que  je  l'aie 
demandé  et  qui  prétend  rester  avec  nous  malgré  moi? 

—  Mon  général,  dit  mon  père  portant  sa  lettre  de  service 
sans  répondre  au  prince,  voici  mon  ordre. 

—  Monseigneur,  le  commandant  est  parfaitement  en  règle; 
c'est  d'ailleurs  un  fort  bon  officier  que  je  serai  heureux  de  comp- 
ter à  notre  état-major. 

—  C'est  bien,  en  ce  cas. 

Mon  père  sortit  avec  le  général,  qui  le  présenta  à  ses  nouveaux 
camarades,  le  colonel  Henry,  les  capitaines  Hubert  de  Castex  d 
de  Châtillon.  Sur  ces  entrefaites,  un  valet  de  pied  apporta  à  mon 
père  une  invitation  du  général  en  chef  à  dîner  pour  le  soir  même. 

Encore  sous  l'impression  de  la  réception  du  matin,  mon  père 
dit  au  valet  de  pied  : 

Veuillez  dire  à  Monseigneur  que  je  le  remercie,  mais  que 
mon  état  de  fatigue  ne  me  permettra  pas  de  me  rendre  à  son  invi- 
tation. 

—  Oh  !  Du  Casse,  ne  faites  pas  cela,  je  vous  en  prie,  dit  M.  de 
Beaufort.  Acceptez. 

—  Soit,  mon  général,  puisque  cela  vous  est  agréable. 

Le  soir,  la  mauvaise  humeur  du  prince  était  dissipée.  H 
accueillit  mon  père  avec  bienveillance.  Ils  étaient  à  table,  sépa- 
rés par  le  général  Jean  d'Ulloa.  Vers  le  milieu  du  dîner,  se  pen- 
chant, derrière  le  général  toscan,  vers  mon  père,  le  prince 
lui  dit  : 


1 


ut    5*   COIFS   DK   l'Atuis   D'rTALIE   t^    4859. 


313 


Comment  trouvez-vous  ma  popotte? 
Détestable,  Monseigneur, 

—  Dites-le  donc  ii  Georgette  du  Buisson,  qui  en  est  chargé; 

ms  me  ferez  plaisir. 

Après  le  dîner,  mon  père  servit  ce  mauvais  compliment  au 

ipîtaine  lie  frégate  Georgette  du  Buisson. 

Comment  le  prince  veut-il  que  ce  soit  autrement?  »  riposta 
icier  de  marine.  <  Il  veut  que  j'utilise  pour  sa  popotte  les 
trente-six  rations  de  campagne  qui  lui  sont  allouées  comme  com- 
mandant de  corps  d'armée.  » 

Le  lendemain,  mon  père,  installé  au  palais  grand-ducal  de  la 

nta-Croce,  prit  son  service.  Profitant  de  quelques  heures  de 
lîsir,  il  fut  voir  la  marquise  Bartolini,  qui,  très  heureuse  de  le 
'oir,  le  retint  à  dîner  et  le  pria  de  revenir  le  plus  souvent  pos- 

ile. 

La  marquise  Bartolini,  charmante  et  vertueuse  Florentine, 
bonne,  aimable  et  gracieuse,  était  la  troisième  femme  du  vieux 
roi  Jérôme,  encore  \'ivant  à  celte  époque.  Le  dernier  des  frères 
de  Napoléon  I"  oS'rit  cette  curieuse  particularité  dans  sa  vie 

vée  d'avoir  toujours  deux  femmes  légitimes  simultanément 

:TaQtes.  Aspirant  de  marine  à  l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  avait 
lusè  à  Baltimore  miss  Palerson,  mariage  nul  aux  yeux  de  la 
loi  française  et  contracté  en  violation  de  la  législation  du  code 
cdvil.  Après  que  Madame  mère  eut  fait  reconnaître  par  les  tribu- 
naux compétents  l'illégalité  de  cette  union,  le  plus  jeune  frère  de 
Napoléon  épousa  en  1807  la  princesse  Catherine  de  Wurtemberg, 
Après  la  mori  de  cette  princesse,  longtemps  après,  il  épousa  la 
marquise  Bartolini. 

Le  dimanche  5  juin,  au  soir,  parvint  à  Florence  la  nouvelle 
de  la  victoire  de  Magenta.  Aussitôt  la  ville  s'illumina,  les 
musiques  parcoururent  les  rues  en  jouant  l'air  national  italien, 
et  une  ovation  spontanée  fut  faite  au  prince  Napoléon  sous  les 
fenêtres  du  palais  ducal,  vers  minuit. 

Le  lendemain,  lundi  6,  mon  père,  dans  une  lettre  à  ma  mère, 
lui  marquait  k  propos  des  événements  de  la  veille  : 

Hier,  5  juin,  à  six  heures,  tandis  que  nnus  dînions,  est  arrivée  la 
nouvelle  de  la  gj-andc  victoire  de  Magenta.  C'est  fort  beau  et  cela  fait 
désirer  ici  que  nous  nous  menions  aussi  en  marche,  mais  nous 
n'avons  que  neuf  mille  hommes;  quant  aux  armées  toscanes,  ita< 
Ueones,  roraagnoles,  quelle  bonne  farce  ! 


nriv 
^nivi 
^iipoi 


346  BARON   ROBKIT  OU  CASSB. 

Le  soir,  à  la  suite  de  cette  nouvelle,  la  ville  était  comme  folle.  Les 
musiques,  le  peuple,  les  drapeaux  sout  venus  à  minuit  attendre  te 
retour  du  prince  et  lui  ont  fait  une  ovation  à  la  lueur  des  torches. 
C'était  superbe. 

On  nous  apporte  une  autre  dépêche  sur  Plnsurrection  de  Milan  et 
sur  la  poursuite  des  Autrichiens.  Si  cela  continue  ainsi,  ce  ne  sm 
pas  long;  aurons-nous  seulement  le  temps  d^entrer  en  ligne? 

Le  6  juin,  le  cousin  de  Napoléon  in  donna  un  diner  de  gala, 
à  la  Santa-Croce,  en  l'honneur  des  victoires  de  Tannée  française; 
le  repas  fut  fort  gai.  Le  prince,  homme  d'un  savoir  incomparable, 
causeur  accompli,  d'une  intelligence  très  développée,  d'un  esprit 
vif  et  délié,  quand  il  voulait  s'en  donner  la  peine,  tenait  un  audi- 
toire sous  le  charme  et  exerçait  une  séduction  fascinatrice. 

Le  chef  d'état-major  général,  le  marquis  de  Beaufort  d'Haut- 
poul,  profita  de  cette  longue  soirée  pour  entretenir  le  commandant 
en  chef  de  la  situation  des  troupes  bivouaquées  aux  Cascines,  Bois 
de  Boulogne  de  Florence,  assez  humide. 

Depuis  plusieurs  jours,  la  pluie  n'avait  cessé  de  tomber;  les 
soldats,  les  pieds  dans  l'eau,  étaient  fort  mal  sous  leurs  petites 
tentes-abris.  Le  général  Beaufort  d'Hautpoul  obtint  l'autorisa- 
tion de  les  faire  rentrer  dès  le  lendemain  à  l'intérieur  de  la  ville, 
où  ne  manquait  pas  le  logement,  ne  fût-ce  que  dans  les  vastes 
monastères. 

Le  prince  s'était  composé  une  sorte  de  petite  cour.  Auprès  de 
lui  vivaient  plusieurs  familiers  venus  de  Paris,  entre  autres  le 
spirituel  académicien  Emile  Augier,  le  richissime  comte  Branicki, 
qui  avait  endossé  pour  la  circonstance  un  uniforme  passablement 
hétéroclite  de  colonel  de  la  garde  nationale. 

On  menait  joyeuse  vie  à  la  petite  cour  du  prince,  installée  à  la 
Santa-Croce.  Les  amis  venus  de  France  n'engendraient  pas  la 
mélancolie. 

La  politique  et  l'ambition  ne  laissaient  pas  non  plus  que  d'avoir 
leur  place  dans  les  préoccupations  du  général  en  chef.  Il  eût 
volontiers  relevé  à  son  profit  le  royaume  d'Étrurie  en  ce  beau 
pays  de  Toscane,  où  le  cher  cousin  l'avait  forcé  de  pénétrer  en 
triomphateur  et  le  maintenait  bien  longtemps.  Mais  le  rêve  poli- 
tique du  prince  n'était  pas  précisément  celui  de  l'empereur.  Le 
ministre  de  France,  marquis  de  Ferrières-Levayer,  avait  des 
ordres  fort  différents. 


"^COIPB  DE  L'iUBB  D ITILEB  tIM 

A  ce  sujet,  mon  père  écrivait  à  ma  mère  le  7  juin  : 
J^ai  dîné  ce  soir  chez  Dolre  ministre  a  Floreuce.  Nous  avons  causé 
du  prince,  qui  no  laisse  pas  que  de  l'embarrassep  beaucoup  en  surei- 
cîtanl  les  passions  politiques.  Toujours  la  même  chanson.  Le  ministre 
a  demande  son  rappel,  car  il  ne  sait  comment  se  tirer  d'affaire.  Il  y 
a  ici  un  parti  pour  la  réunion  de  la  Toscane  â  la  Sardaigiie,  un  autre 
avec  annexion  des  duchés  pour  former  un  royaume  au  bénétice  du 
prince  Napoléon;  il  y  a  aussi  un  parli  pour  la  république.  Le  clergé 
séculier  et  régulier,  Tort  riche  et  influent  dans  ce  pays,  désire  l'ancien 
duc  avec  la  protection  de  TAutriche. 

Telle  est  la  posilioa  de  la  Toscane  en  ce  moment.  Nous  chantons 
le  Te  Deum  pour  nos  victoires,  les  Autrichiens  adressent  au  ciel  des 
prières  pour  le  succès  de  leurs  armes.  Le  prince  Napoléon  invoque 
Satan  pour  qu'une  couronne  lui  monte  de  l'enfer  ou  lui  descende  du 
ciel.  Comme  disait  plaisamment  un  ahhé  quelque  peu  folâtre  :  «  Que 
Dieu  et  le  diable  se  tirent  d'afl'aire  I  o 

Vous  comprenez  comme  les  arrangements  seront  faciles,  la  paix 
Ulc. 

f  J'ai  été  chargé  d'inspecter  les  fameuses  divisions  d'Ulloa  et  Mezza- 
0,po.  J'en  ris  encore,  Au  train  dont  vont  les  choses,  la  guerre  sera 
e  avant  que  les  Toscans  d'Uiloa  aient  des  vêlements  et  les  Roma- 
tols  de  Mezzacapo  des  chaussures.  Et  tout  ce  monde-là  nous  crie- 
_  yt  encore  aujourd'hui  tiien  volontiers  :  Allez-vous  en,  nous  n'avons 
pas  besoin  de  vous.  Italia  farà  da  se!  Oh  I  si,  à  l'insLar  des  murs 
de  Jéricho,  il  sufïisait  pour  avoir  raison  des  troupes  autrichiennes 
de  chansons  patriotiques,  quelles  belles  victoires  remporteraient  les 
belliqueux  tmorini  et  soprani  italiens  ! 

Nous  venons  d'apprendre  la  mort  de  ce  brave  Cler,  celle  de  mon 
camarade  Senneville.  Le  pauvre  colonel  de  Senneville  a  été  embroché 
d'un  coup  de  lance,  par  un  cavalier  autrichien,  dans  une  imprudente 
reconnaissance  faite  par  le  maréchal  Canrobert,  dont  il  était  le  chef 
d'étal-major.  Senneville  était  le  beau-frère  de  Ferrières'.  Vous  com- 
prenez si  les  pauvres  gens  sont  tristes.  Les  Autrichiens  avaient  tendu 
une  embuscade  à  Cauroberl,  qui,  lui  et  ses  ofQciers,  uni  dû  mettre 
répée  à  la  main  pour  se  tirer  de  leurs  mains. 

Les  Aulricbiena  ont  quitté  Bologne.  Us  sont  bien  ballus,  Cela  ne 
peut  durer  longtemps.  Cette  guerre  sera  courte. 

Le  leademain  du  dîner  de  gala,  conformément  aux  instructions 
b'U  avait  obtenues  du  prince,  le  général  Ueaufort  donna  à  mou 

.  Le  nuiqais  de  Fenières-Lev»yer,  ninlslre  de  France  i  Florence. 


348  BARON  ROBBRT  OU  CASSB. 

père  Tordre  de  s'entendre  avec  le  gonfalonier  (maire)  pour  loger 
les  hommes  et  les  chevaux  du  corps  d'armée  encore  à  Florence 
et  se  rendre  compte  de  la  place  disponible  dans  les  couvents  de 
la  ville. 

Mon  père  se  convainquit  vite  des  immenses  ressources  que  œs 
nombreux  établissements  pouvaient  fournir.  Il  y  avait  telle  de 
ces  vastes  maisons,  admirablement  aménagées,  dont  les  cloîtres 
pouvaient  contenir  un  régiment  tout  entier  et  qui  n'était  occupée 
que  par  une  trentaine  de  religieux. 

Néanmoins,  l'installation  des  troupes  n'alla  pas  sans  certaines 
difficultés.  La  municipalité  de  Florence  était  bien  disposée  à  four- 
nir des  lits  pour  les  hommes,  de  la  paille  pour  les  chevaux  ;  mais 
les  bons  moines,  fidèles  sujets  de  Thonnête  et  pieux  grand-duc, 
no  voyant  dans  les  Français  que  les  alliés  du  roi  Victor-Emmanuel, 
cherchaient  de  puérils  prétextes  pour  éviter  de  loger  nos  troupes. 

Au  premier  couvent  où  mon  père  se  présenta,  TAnnonciade, 
impossible  d'ouvrir  aucune  porte,  les  clefs  étaient  égarées.  Mon 
père  offrit  alors  d'installer  ses  hommes  dans  les  cloîtres.  Autre 
objection.  Les  cloîtres  étaient  indispensables  aux  religieux,  ils 
touchaient  à  la  chapelle.  L'écurie,  très  vaste,  ne  pouvait  receToir 
de  chevaux;  la  mule  du  supérieur  l'occupait.  Impatienté  de  toutes 
ces  tergiversations,  mon  père  se  retourne  vers  les  cavaliers  d'es- 
corte, entrés  avec  lui  dans  la  cour  intérieure  du  couvent  : 

«  Six  hussards  pied  à  terre,  commande-t-il.  Prenez  vos  mous- 
quetons et  enfoncez-moi  toutes  les  portes  dont  les  clefs  ne  peuve&t 
se  trouver.  » 

Ce  fut  un  véritable  «  Sésame,  ouvre-toi.  »  Les  clefis  se  retrou- 
vèrent comme  par  enchantement.  Mon  père  établit  son  caserne- 
ment, et  une  heure  plus  tard  les  troupes  s'installent. 

Le  8  juin,  un  ordre  du  jour  fit  connaître  la  belle  afiaire  du 
3"  de  zouaves,  de  la  division  d'Autemarre,  à  Palestro,  sous  les 
yeux  du  roi  Victor-Emmanuel*.  Un  Te  Deum  fut  prescrit  pour 
le  même  jour  à  la  cathédrale  de  Florence,  en  actions  de  grâces 
pour  les  victoires  remportées  par  nos  troupes.  Les  bataillons  et  les 
escadrons  français  et  italiens  prirent  les  armes  et  formèrent  la 
haie  du  palais  de  la  Santa-Groce,  quartier  général,  à  l'église. 

1.  Ce  fut  à  cette  affaire  qae  les  zoaayes  français  samommèrenl  Vietor-EmiM- 
nael  U  commandant  Victor,  comme  jadis  les  grenadiers  avaient  surnommé 
Bonaparte  le  petit  caporal. 


e  commandant  en  chef,  entouré  de  son  état^major,  à  cheval, 
i  rendit  à  la  pieuse  cérémonie.  A  l'intérieur  du  d6me,  les  com- 
pagnies d'élite  formaient  la  haie. 

A  l'issue  du  Te  Beum  arriva  à  Florence  la  nouvelle  de  l'éva- 
cuation de  Pavie  par  les  Autrichiens  et  de  l'entrée  du  roi  de  Sar- 
datgDe  à  Milan  à  la  tête  de  son  armée.  Napoléon  UI,  dont  l'armée 
venait  de  battre  l'ennemi  à  Magenta  et  de  sauver  le  Piémont, 
faisant  preuve  d'un  tact  exquis  et  d'une  courtoisie  toute  française, 
avait  eu  la  délicate  pensée,  le  bon  goût  de  vouloir  que  le  futur 
roi  de  Lombardie  entrât  le  premier  dans  sa  nouvelle  capitale  et 
seul  au  milieu  de  ses  futurs  sujets. 

Les  murs  de  Florence  se  couvrirent  d'affiches  invitant  les  Tos- 
cans à  demander  leur  aunesâon  au  Piémont. 

Plusieurs  partis  politiques  se  dessinaient  en  Toscane.  Le  grand- 
duc  avaitlaissé  des  partisans  dévoués  et  en  grand  nombre.  C'était 
la  masse  des  habitants,  et  la  chose  s'explique  d'elle-même.  Ce 
prince  était  excellent;  son  gouvernement  bienveillant,  doux, 
facile,  tolérant.  Pas  de  conscription;  peu  de  service  militaire; 
peu  d'impôts;  une  somme  de  liberté  très  réelle.  C'étaient  là  de 
grands  avantages,  que  la  Toscane  n'a  jamais  retrouvés  depuis 
cette  époque.  Il  eu  était  de  même,  il  faut  bien  le  reconnaître,  des 
duchés  de  Parme  et  de  Modène.  Un  autre  parti  poussait  à  l'an- 
nexion piémontaise.  Il  était  le  moins  nombreux  et  le  plus  bruyant, 
et  eu  dessous  main  fortement  appuyé  par  l'empereur  Napoléon  111. 
Déjà  avait  germé  dans  l'esprit  de  ce  dernier  l'idée  de  donner  à 
Victor-Emmanuel  les  trois  duchés  en  compensation  de  Nice  et 
de  la  Savoie.  Quelques  isolés  désiraient  l'étaLlissement  de  la 
république.  Enfin,  comme  si  ce  n'était  pas  assez  de  trois  partis 
dans  ce  petit  pays,  le  prince  Napoléon  poussait  à  la  création  d'un 
quatrièjne,  le  sien.  Ce  quatrième,  à  la  vérité,  comptait  peu 
d'adhérents.  Le  pauvre  prince  Napoléon  n'a  jamais  fait  naître 
chez  personne  le  désir  de  devenir  son  sujet. 

«  Voyez-vous,  >  disait  un  officier  du  corps  d'armée,  *  si  l'on 
réunissait  dans  les  Caséines  tous  les  partisans  de  notre  général 
en  chef,  ils  pourraient  y  jouer  à  cache-cache  plusieurs  jours  sans 
se  rencontrer,  » 

Parmi  les  officiers  attachés  à  sa  personne,  pas  davantage 
d'entrain,  de  prosélytisme. 

Le  commandant  du  ô°  corps  se  faisait  des  illusions  sur 
ses  chances  de  succès.  Il  mettait  daua  un  cruel  embarras  notre 


.r-l^' 


,uls  de  corp* 


3{g  RkBON    BOBERT   DU   CISSE  .. 

père  l'ordre  de  s'entendre  avec  le  gootaloiiL  « 
163  hommes  elles  chevaux  du  corps  J'aria 
et  ae  rendre  compte  de  la  place  dispouîblo 
la  ville. 

Mon  père  se  convainquit  vite  des  ipur 
nombreux  établissements  pouvaient  f' 
ces  vastes  maisons,  admirablement  ■ 
pouvaient  contenir  un  régiment  to- 
que par  une  trentaine  de  religiei' 

Néanmoins,  l'iustallalion  de- 
diflficultés.  La  municipalité  di 
I  nir  des  lits  pour  les  homme 

I  les  bons  moines,  fldèlaa  r  ,  - 

f  ne  voyant  dans  les  Frao  "î"r'  militaire  instruit,  offl^ 

l  cherchaient  de  pu&rilf  .[.agnie,  en  arrivant  au  grand  qu»*; 

Au  premier  oouv  ■"^'■^  ''"P"'^^  "^^  '"^j«'"  ^^"^^1  Vailla'"'- 

f  impossible  d'ouvr"         mauvais  goût  inhérent  h  sa  nature  grf" 
père  offrit  alors        "^  ^"^  "^«iP  ^"^  P""**  P^^"  cett«  plwased»" 
1  objection.  Lep       ■'"'''  ■  ■- 

touchaient  h     -M^"^'  ^'^  ^"  ^^'^''P^  ®''  ^°  ^'^  contiDuenl  à  ae  cott^ 
\  de  chevau' 

|ces  tergi-      \i.,'("*'  Monsieur  le  maréchal,  lui  repliqua  son  io^^vé 
'  ,,^  uQ  spirituel  sang-froid,  le  5*  corps  et  son  <^ 
,  .\  préparer  la  vôtre,  car  sans  notre  occupation  \0  ** 
'  tiius  ne  seriez  pas  aussi  avancé  aujourd'hui, 


iTL'mieraidede<an'P' 
.aveur  de  marchera'  ^''' 


r 


n^''_^te  était  aussi  bien  trouvée  que  vraie  et  juste  j  le  5*  co("f  ^.! 
^    \ièine  roue,  par  sa  présence  dans  les  duchés,  retec»'^* 


'  -i^nde  partie  des  forces  ennemies  loin  du  théâtre  des  opé»^' 
*^  jfl  guerre.  11  rendait  ainsi  un  service  capital  et,  en  eû*-^^ 
'?7utrement,  rien  n'était  plus  déplacé  que  de  plaisanter  et       ' 
ijpjjher  à  tourner  en  ridicule  la  conduite  d'un  corps  d'aror^^' 
j_jt  I»  ^^  '^■'t'  ^tait  d'exécuter  les  ordres  du  commandem^^' 
jppérieur. 
\ji  colonel  vit  ensuite  l'empereur.  Napoléon  III,  malgré 
\  priôre  de  son  cousin,  persistait  à  vouloir  que  le  5'  corps  restât  ^^ 
I  ^cane.  M,  de  Franconnîère  avait  des  ordres  formeb  du  prince^ 
comprenait  d'ailleurs,  aussi  bien  que  son  général,  le  ridicule,  ai^^  - 
yeux  delà  France  et  de  l'armée,  du  rôle  qu'où  lui  faisait  jouer*— 

Il  osa  insister;  en  parlant  à  S.  M.,  il  éleva  la  voir  de  SéJ-^ 
sorte  que  le  maràchal  Vaillant,  inquiet,  crut  devoir  entrer  dux^ 


320  BARO!f  ROBERT  DU  CASSB. 

ministre  plénipotentiaire,  le  marquis  de  Ferrières-Levayer.  Les 
inclinations  personnelles xde  ce  dernier  le  portaient  à  désirer  la 
restauration  du  grand-duc  ;  les  instructions  secrètes  du  gouver- 
nement impérial  l'incitaient  à  pousser  à  Tannexion  au  Piémont. 
Lassé  des  rôles  qu*on  voulait  lui  faire  jouer,  le  marquis  de  ¥&- 
rières  finit  par  demander  son  rappel. 

Malgré  ses  velléités  royales,  le  prince  Napoléon  désirait  quitter 
la  Toscane  et  rallier  le  gros  de  Tannée.  Il  sentait  Tivement  le 
fâcheux  de  sa  position,  seul  de  tous  les  commandants  de  corps 
éloigné  de  Tennemi. 

Il  envoya  au  grand  quartier  général  son  premier  aide  de  camp, 
le  colonel  de  Franconnière,  solliciter  la  faveur  de  marcher  à  Ten- 
nemi. 

Franconnière,  homme  de  valeur,  militaire  instruit,  ofiBder 
calme,  réservé,  de  bonne  compagnie,  en  arrivant  au  grand  quar- 
tier impérial,  se  rendit  d*abord  auprès  du  major  général  Vaillant. 
Le  maréchal,  avec  le  mauvais  goût  inhérent  à  sa  nature  gros- 
sière, accueillit  Taide  de  camp  du  prince  par  cette  phrase  d'an 
tact  tout  particulier  : 

Eh  bien,  colonel,  le  5*^  corps  et  son  chef  continuent  à  se  couvrir 
de  gloire? 

—  Du  moins.  Monsieur  le  maréchal,  lui  répliqua  son  inter- 
locuteur avec  un  spirituel  sang-froid,  le  5*  corps  et  son  chef 
travaillent  à  préparer  la  vôtre,  car  sans  notre  occupation  de  la 
Toscane  vous  ne  seriez  pas  aussi  avancé  aujourd'hui. 

La  riposte  était  aussi  bien  trouvée  que  vraie  et  juste  ;  le  5'  corps, 
la  cinquième  roue,  par  sa  présence  dans  les  duchés,  retenait 
une  grande  partie  des  forces  ennemies  loin  du  théâtre  des  opéra- 
tions de  guerre.  Il  rendait  ainsi  un  service  capital  et,  en  eût-il 
été  autrement,  rien  n'était  plus  déplacé  que  de  plaisanter  et  de 
chercher  à  tourner  en  ridicule  la  conduite  d'un  corps  d'armée 
dont  le  seul  tort  était  d'exécuter  les  ordres  du  commandement 
supérieur. 

Le  colonel  vit  ensuite  l'empereur.  Napoléon  III,  malgré  la 
prière  de  son  cousin,  persistait  à  vouloir  que  le  5*  corps  restât  en 
Toscane.  M.  de  Franconnière  avait  des  ordres  formels  du  prince.  11 
comprenait  d'ailleurs,  aussi  bien  que  son  général,  le  ridicule,  aux 
yeux  de  la  France  et  de  l'armée,  du  rôle  qu'on  lui  faisait  jouer. 

Il  osa  insister;  en  parlant  à  S.  M.,  il  éleva  la  voix  de  telle 
sorte  que  le  maréchal  Vaillant,  inquiet,  crut  devoir  entrer  dans 


..j 


LE  5'  CDKFS  DE  L'iKH^E  D'iTitlE  SK  48! 


321 


e  l'empereur.  Ce  dernier  termina  l'audience  en  disant 
tout  haut  au  colonel  :  ■  Si  Napoléon  ne  veut  pas  faire  ce  que  je 
veux,  qu'il  tasse  donc  ce  qu'il  voudra.  »  M.  de  Franconnière,  en 
rentrant  à  Florence  le  14  au  soir,  rapporta  ces  paroles  à  son 
général.  Le  prince  décida  de  quitter  immédiatement  Florence 
pour  se  porter  sur  Lucques  et  Massa,  de  façon  à  rallier  l'armée 
le  plus  rapidement  possible. 

La  division  Uhrich,  la  brigade  La  Pérouse  et  l'artillerie 
reçurent  l'ordre  de  gagner  Parme  par  Lucques,  Massa,  Pontre- 
moli,  Casal-Maggiore  ;  les  Toscans  du  général  Ulloa  par  Pistoïa, 
San-Marcello  et  Reggio. 

Quant  à  la  malheureuse  division  Mezzacapo,  sans  l'intelligence 
politique  et  la  prudence  de  son  chef,  elle  changeait  peut-être  la 
face  des  choses  et,  par  la  faute  du  prince  Napoléon,  mettait  la 
France  dans  une  situation  fausse,  peut-être  dangereuse  et  cri- 
tique. Le  prince,  ayant  appris  par  le  colonel  de  Franconnière 
la  retraite  des  troupes  autrichiennes  qui  occupaient  la  ville  de 
Bologne,  envoya  au  général  Mezzacapo  l'ordre  secret  de  partir 
immédiatement  avec  ses  volontaires,  d'entrer  sur  le  territoire  des 
Romagnes,  d'aider  au  soulèvement  du  pays,  alors  en  fermenta- 
tion, et  de  se  mettre  aui  trousses  des  Autrichiens.  Or,  une  expé- 
dition de  ce  genre  était  tout  simplement  la  violation  des  Etats  de 
l'Église,  dont  la  neutralité  avait  été  hautement  proclamée  par  la 
France. 

Cela  donnait  un  excellent  prétexte  à  la  Prusse,  qui  en  cher- 
chait uu  à  peu  près  plausible  pour  se  déclarer  contre  nous.  Le 
prince  Napoléon  ne  l'ignorait  pourtant  pas,  et  il  eut  l'inconce- 
vable distraction  de  perdre  de  vue  cette  redoutable  éventualité  ; 
elle  venait  pourtant  de  lui  être  rappelée  par  le  ministre  de  la 
guerre  dans  une  lettre  toute  récente  (1 1  juin)  que  voici  : 

Monseigneur', 
J'allends  les  ordres  de  l'empereur  au  sujet  des  officiers  du  grade 
de  colonel  ou  de  lieulenanl-colonel  que  V.  A.  L  mo  fait  l'honneur 


1.  Celle  langae  lettre,  tout  entière  de  la  main  du  maréchal  comte  Rudon, 
4Lait  une  réponM  i  une  demande  d'oOicicrs  Taile  par  le  prince,  qui,  ne  Toyaot 
dans  les  troupes  auiiliairci  peraonne  en  élat  de  commander  des  brigades,  avait 
écrit  au  nlnUtre  de  lui  eavojer  des  cotooels  [raoçaiB  poar  les  inveslir  du  com- 
mandemenl  des  brigades  toscanes  et  romagnoles,  sous  ien  ordres  des  (ténéraux 
<i^Ulloa  el  Mezzacapo. 

,   Rbv.  HisTOB.  LXVI.  2'  FABc.  21 


322  BiBOn  EOBIIT  DU  CiSSI. 

de  me  demander  pour  exercer  le  commandement  des  brigades  de 
Tarmée  toscane,  car  je  ne  pourrais  pas  me  permettre,  sans  une  auto- 
risation formelle  de  S.  M.,  de  donner  une  pareille  mission  à  des  oiB- 
ciers  quelconques  de  Tarmée. 

Je  ferai  toutefois  remarquer  à  Y.  A.  1.  que  je  ne  pourrais  trouYer 
que  parmi  les  colonels  d'état-major  les  ofQders  de  ce  grade  suscep- 
tibles de  vous  être  envoyés,  puisque  les  autres  colonels  sont  attachés 
au  commandement  de  leurs  régiments,  et  que  ce  ne  serait  pas  sans 
les  plus  graves  inconvénients  que  Ton  pourrait  les  en  distraire.  Or, 
je  n'ai  pas  un  seul  colonel  d'état-major  qui  ne  soit  employé  très  uti- 
lement pour  le  service,  déjà  si  réduit,  de  Tarmée  de  Tintérieur. 

11  resterait  donc  à  chercher  dans  les  lieutenants-colonels  d'iafan- 
terie  les  chefs  de  brigade  que  V.  A.  I.  voudrait  donner  à  Parmée 
toscane.  Je  me  permettrai  à  cette  occasion  de  lui  faire  observer 
qu'elle  aurait  bien  plus  d'avantage,  bien  plus  de  facilités  à  reocoD- 
trer  les  officiers  de  ce  grade  dans  les  régiments  qui  composent  son 
corps  d'armée,  que  de  recevoir  de  France  des  officiers  supérieurs  qui 
auraient  sans  doute  été  choisis  parmi  ceux  bien  notés,  mais  qui 
pourraient  parfaitement  ne  pas  réunir  les  conditions  ou  qualités  spé- 
ciales que  V.  A.  I.  est  en  droit  de  réclamer. 

Ces  observations  étant  faites,  j'attends  les  ordres  de  Tempereur, 
et  m'acquitterai  de  mon  mieux  de  ce  qu'il  aura  décidé  et  de  ce  qui 
fait  le  sujet  de  la  demande  de  V.  A.  I. 

Les  congés  renouvelables  avaient  en  grande  partie  rejoint  les  ré^- 
ments  de  la  division  Uhrich  avant  son  départ  de  Paris;  tous  ceux  qui 
sont  encore  aux  dépôts,  aussi  bien  que  les  soldats  dont  rinstructiou 
est  terminée,  sont  incessamment  dirigés  sur  les  bataillons  de  guerre; 
j'y  tiens  la  main  très  sévèrement,  parce  que  je  comprends  l'utilité 
de  renforcer  les  bataillons  de  guerre. 

Les  armes  destinées  aux  troupes  toscanes  que  Y.  A.  L  avait 
demandées  sont  en  mer  ou  bien  ne  tarderont  pas  à  être  embarquées; 
il  a  fallu  les  tirer  d'autres  arsenaux  que  ceux  du  littoral;  c'est  ce  qui 
a  causé  un  peu  de  retard. 

Les  médecins  et  vétérinaires  demandés  par  Y.  A.  I.  doivent  être 
arrivés;  ce  n'est  pas  sans  de  grandes  difllcultés  que  je  puis  fournir 
et  satisfaire  aux  exigences  continuelles  qui  fondent  sur  le  ministère 
de  la  guerre.  Si  de  grands  intérêts^  si  de  grandes  choses  5*arcom- 
plissent  en  Italie,  notts  avons  de  grands  devoirs  à  remplir  en 
France  et  de  très  sérieuses  préoccupations  à  dominer  du  côté  de 
V  Allemagne. 

Il  nous  faut  pour  cela  l'aide  de  Dieu  et  la  patience  des  hommes. 

J'ai  demandé  avec  instance  à  Tétat-major  général  que  Ton  me  fit 


I 


LE  5*  GOBTS  oi  l'ikm^Er  d'itilik  bh  48S9. 
lailre  les  besoins  en  approvisionnements  de  toute  espèce  des 
tapes  sous  le  commandcmenl  de  V.  A.  I.,  aussi  bien  que  les  dis- 
positions à  prendre  pour  y  pourvoir.  Jusqu'à  ce  jour,  je  n'ai  rien 
reçu  ;  cela  pourra  expliquer  le  retard  que  quelque  partie  du  service 
peut  éprouver. 

Je  comprends  que  V.  A.  1.  est  dans  une  position  qui  réclame  une 
vigilance  toute  particulière,  cL  il  ue  dépondra  pas  de  moi  que  tout 
marche  réguliëremenl. 
Je  vous  prie,  Monseigneur,  d'agréer,  etc. 

Maréchal  Rindor. 

On  voit,  par  le  paragraphe  relatif  à  nos  relations  avec  l'AlIe- 
magneà  cette  époque,  à  quoi  le  coraraaiidautdu  5"  corps  exposait 
la  France,  de  gaieté  de  cœur,  par  son  ordre  intempestif. 

Heureusement,  le  général  Mezzacapo  ne  fut  pas  pris  au 
dépourvu.  Son  aide  de  camp,  le  baron  Magliano,  était  fort  lié 
avec  mon  père  et  avec  plusieurs  autres  officiers  de  l' état-major 
général  du  5°  corps.  Ceux-ci,  aussitôt  qu'ils  connurent,  par  leur 
camarade  Franconnière,  les  intentions  du  prince,  patriotiquement 
effrayés  des  conséquences  possibles,  avisèrent  le  baron  Magliano 
afin  qu'il  avertit  son  général.  —  Mezzacapo  (devenu  depuis 
ministre  de  la  guerre  du  royaume  d'Italie)  était  un  homme  de 
sens  et  de  valeur.  —  Ainsi  prévenu  d'avance,  il  put  prendre  le 
temps  de  la  réflexion  et,  d'accord  avec  son  aide  de  camp  (en  qui 
il  avait  avec  raison  grande  confiance),  arrêter  la  conduite  qu'il 
aurait  à  tenir.  Aussi,  lorsqu'il  reçut  l'ordre  du  prince  de  pénétrer 
dans  les  Romagues  et  de  violer  la  neutralité  des  Etats  pontificaux, 
il  manifesta  un  empressement  et  un  désir  extrême  d'exécuter 
l'ordre,  ajoutant  toutefois  que,  lui  et  ses  volontaires  étant  à  la 
dolde  du  roi  de  Sardaigne,  il  ne  pouvait  agir  sans  l'autorisation 
dd  ministre  de  Sardaigne  en  Toscane,  M.  Buoncompagni.  Ce 
dernier  refusa  l'autorisation  et  en  référa  à  son  souverain.  Ainsi 
furent  évités  les  dangers  d'une  escapade  politique  qui  avait  pour 
but  de  renverser  le  pouvoir  temporel  du  pape  et  pouvait  jeter  la 
France  dans  les  embarras  d'une  guerre  européenne  contre  la 
lition  de  plusieurs  puissances  continentales. 

Baron  Robert  Dd  Casse. 
{Seracontimié.) 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS 


M.  THIERS  ET  LA  SITUATION  PARLEMENTAIRE 


Eff  4839. 


Le  tome  VI  des  Souvenirs  du  baron  de  Barante  (G.  Lévy)  ou,  pour 
mieux  dire,  de  la  correspondance  politique  du  baron  de  Barante,  car 
il  se  compose  exclusivement  des  lettres  échangées  entre  M.  de  Barante, 
alors  ambassadeur  à  Saint-Pétersbourg,  avec  lecomte  Mole,  M.  Tbiers, 
le  maréchal  Soult,  M.  et  M™'  Anisson  Du  Perron,  M.  de  Sainl-Aulaire, 
M.  Mounier,  la  duchesse  de  Broglie,  M™*  de  Talleyrand,  etc.,  est  un 
des  plus  intéressants  d'un  recueil  où  rien  n'est  indifférent.  II  com- 
prend la  période  qui  s'étend  d'avril  -1837  à  août  'I84'l ,  c'est-à-dire  de 
l'avènement  du  ministère  Mole  à  la  signature,  par  le  ministère  Soult- 
Guizot,  de  la  convention  des  Détroits.  Le  poste  diplomatique  occupé 
par  M.  de  Barante  auprès  de  Tempereur  Nicolas,  à  un  moment  où  les 
affaires  d'Orient  avaient,  de  la  manière  la  plus  anormale,  uni  la  Rus- 
sie  et  l'Angleterre  contre  la  France,  qui  protégeait  Mébémet-Ali,  donne 
à  sa  correspondance  un  intérêt  vraiment  dramatique,  et  cet  intérêt 
est  doublé  aujourd'hui  par  les  liens  nouveaux  qui  unissent  la 
France  et  la  Kussie.  On  voit  que  déjà  en  ^1840  M.  de  Barante  et  même 
M.  Thiers  se  demandaient  si  la  France  et  la  Russie  ne  devraient  pas 
faire  cause  commune  en  Orient,  et  l'on  entend  Nicolas  I*'  dire  à  Tarn- 
bassadeur  de  France  :  «  L'Egypte  !  les  Anglais  la  veulent.  Ils  en  ont 
besoin  pour  la  nouvelle  communication  qu'ils  veulent  ouvrir  avec  les 
Indes.  Ils  s'établissent  dans  le  golfe  Persique  et  la  mer  Rouge.  Vous 
vous  brouillerez  avec  eux  pour  l'Egypte.  Votre  prospérité  intérieure 


M.   TIIIBS3   ET   Ll   SITDtTIOlf   PABLEXENTÂIltS   EN    iSA9. 


325 


irrile  les  Anglais.  Ils  s'en  irritent  comme  de  celle  de  l'Allemagne.  Ils 
ont  besoin  de  consommateurs  au  deliors.  Ils  ont  besoin  de  débouchés. 
C'est  une  loi  de  leur  politique,  d  La  répugnance  invincible  qui  lenait 
Nicolas  I"  éloigné  du  gouvernement  de  Juillet,  né  sur  les  barricades, 
livra  alors  l'Europe  à  la  politique  insolemment  égoïste  de  l'Angle- 
terre, cette  politique  qui  allait  jusqu'à  Taire  main  basse  en  pleine  paix 
sur  des  navires  de  commerce  napolitains,  pour  interdire  au  roi  des 
Deux-Siciles  de  concéder  à  une  compagnie  française  le  monopole  des 
soufres.  L'Angleterre,  alors  comme  aujourd'hui,  sacrifiait  au  souve- 
nir d'un  antagonisme  héréditaire  ses  véritables  intérêts  qui  devraient 
la  rapprocher  de  la  France,  sa  naturelle  associée  commerciale,  inca- 
pable d'être  sa  rivale.  Il  est  vrai  que  la  France,  de  son  côté,  ci3de  le 
plus  souvent  au  même  préjuge  et  oublie  que  sa  prospérité  est  indis- 
solublement liée  à  celle  de  l'Angleterre. 

Ce  qui,  dans  ce  volume,  touche  la  politique  intérieure  n'est  pas 
moins  important  que  ce  qui  concerne  les  alTaires  européennes.  On  y 
voitalors,  comme  aujourd'hui,  les  querelles  parlementaires  de  partis 
et  de  personnes  s'agiter  aux  dépens  des  intérêts  supérieurs  du  pays.  On 
mesure  dans  c£s  lettres  la  mesquinerie  de  ces  querelles  qui  se  pro- 
duisaient sur  le  terrain  prodigieusement  étroit  du  pays  légal  d'alors 
et  l'on  voit  avec  peine  des  hommes  de  la  valeur  de  M.  Guizot  et  de 
M.  Thiers  se  compromellredansdes  intrigues  aussi  pitoyables  que  la 
coalition  qui  brisa  le  ministère  Mole  et  qui  engendra,  au  moment 
même  où  la  question  d'Orient  était  le  plus  aiguë,  l'anarchie  rainiaté- 
rielle  qui  dura  pendant  toute  l'année  4839.  On  lira  avec  intérêt, 
croyons-nous,  comme  complément  aux  nombreuses  lettres  des  cor- 
respondants de  M.  de  Garante  qui  racontent  et  jugent  la  conduite  et 
les  tergiversations  de  M.  Thiers  en  1839,  ce  qu'écrivait  le  J5  avril  de 
cette  année,  sur  >  la  situation  de  Thiers,  "  M.  d'Argoul,  qui  avait 
été  cboisi  par  M.  Thiers  comme  ministre  des  finances  dans  le  minis- 
tère du  32  février  1 836.  Nommé  gouverneur  de  la  Banque  de  France 
après  que  Louis-Philippe,  par  une  sorte  de  caprice  royal,  avait  ren- 
voyé le  ministère  Thiers  pour  former  le  ministère  Mole  (6-12  juillet 
^836),  d'Argout  était  resté,  sinon  attaché  à  la  politique  du  centre 
gaoclie,  du  moins  sympathique  à  la  personne  de  Thiers,  tout  en  le 
jugeant  avec  indépendance. 


326  ■<LAN6BS  BT  DOCUMENTS. 


DE  LA  SITUATION  DE  THIER8. 
15  AVRIL  4839. 

Plus  la  crise  ministérielle  se  prolonges  plus  elle  se  complique;  la 
Chambre  se  morcelle  en  fractions,  les  hommes  politiques  se  divisent. 
Le  centre  gauche  tend  à  se  séparer  en  deux,  la  doctrine  pareillement. 
Thiers  est  mécontent  de  Sauzet,  de  Passy^,  qui  veulent  entrer  au  minis- 
tère sans  lui.  Il  ne  peut  parvenir  à  s'entendre  avec  Guizot,  qui  refase 
de  porter  Barrot  à  la  présidence.  Duchàtel,  Duvergier  et  Hubert 
échappent  à  Guizot,  le  maréchal  Soult  se  livre  à  une  haine  aveugle 
contre  Thiers,  Humann  s'est  laissé  entraîner  au  centre  droit,  Dapin 
déclame  contre  tout  le  monde,  et  le  duc  de  Broglie,  en  cherchant  à  con- 
cilier le  centre  gauche  et  la  doctrine,  pourrait  bien  hériter  de  Tnne  et 
de  l'autre  en  acceptant  un  portefeuille  avec  les  hommes  de  seconde 
ligne  do  ces  deux  couleurs  3. 

Le  centre  droit,  c'est-à-dire  les  224  réduits  à  180^,  sont  lessealsqoi 
demeurent  unis.  Ce  parti,  sans  chef  apparent,  dépourvu  de  capacitée 
parlementaires,  se  maintient  cependant  dans  une  parfaite  cohésion;  les 
hommes  sont  inhabiles  et  le  parti  manœuvre  avec  constance  et  habi- 
leté. Ce  fait  serait  inexplicable  si  l'on  ne  savait  que  le  roi  en  est  Tàme 
cachée  et  que  l'adhésion'  du  centre  droit  est  cimentée  par  la  haine  et 
la  peur. 

Les  divisions  sont  fomentées  par  les  rivalités  des  chefs,  par  leurs  pré- 
tentions exorbitantes  et  surtout  par  les  manœuvres  du  roi.  Avoir  le  pins 
petit  ministère  possible  pour  demeurer  le  maître,  tel  est  son  but.  Exdare 
Thiers,  ou  ne  l'admettre  que  dans  une  position  humiliée,  ce  serait  un 
grand  triomphe  pour  son  amour-propre,  et  il  n'épargne  rien  pour  y 
parvenir. 

1 .  Elle  durait  depuis  le  22  Janvier  et  ne  devait  prendre  fin  que  le  12  mai. 

2.  Passy  avait  été  élu  le  6  avril  président  de  la  Chambre  en  opposition  à 
Odilon  Barrot.  Au  moment  où  d'Argout  écrivait  ces  lignes,  il  cherchait  à  fo^ 
mer  un  ministère  centre  gauche  sans  Thiers.  Dupin  fit  échouer  la  combinaison 
par  son  refus  d'y  entrer  (30  avril). 

3.  D'Argout  soupçonne  ici  le  duc  de  Broglie  de  calculs  tout  à  fait  étrangen 
à  son  caractère.  11  avait  réussi  à  réunir  dans  le  ministère  dn  il  octobre  1835 
M.  Thiers  et  M.  Guizot.  Leur  désaccord  avait  été  la  cause  de  sa  chote.  Au  lien 
de  leur  garder  rancune,  il  travaillait  à  les  réconcilier,  convaincu  qne  leur  boa 
accord  était  nécessaire  à  la  monarchie. 

4.  Le  ministère  MoIé  avait  eu,  lors  du  vote  de  l'adresse,  221  voix  en  sa 
faveur  contre  208.  Ne  trouvant  pas  celle  majorité  suffisante,  il  avait  dissous  la 
Chambre,  et  ses  partisans  n'étaient  revenus  qu'au  nombre  de  180,  vaincus  par 
la  coalition  des  légitimistes,  des  doctrinaires  et  de  la  gauche. 

5.  D'Argout  veut  dire  «  cohésion,  i 


.  >  .• 


^^^^^it.   THIEB8   ET   U   SlTOiTIOK    PiRLEHENTilEE   EH    iS39, 

Le  calcul  du  roi  manque  de  justesse  et  de  loyaulé.  Son  obslioaiion  à 
maÎDieoîr  l'incapable  ministère  du  <5  avril*  a  déjà  produit  graad  mal. 
Le  roi  aggravera  ce  mal  en  chercbanl  à  afl'aiblir  d'avance  le  minislèra 
qn'il  sera  forcé  de  subir,  c'est-à-dire  les  instruments  futurs  de  la  royauté. 
Le  roi,  en  maîtrisant  le  ministère  Mole,  croyait  agrandir  son  inllHence 
pergonnelle,  tandis  qu'il  dirigeait  contre  lui-même  les  mécontentements 
ffxciléa  par  une  administration  déplorable;  dominateur  de  Luit  per- 
sonon,  son  induence  ne  s'étendait  pas  au  delà  des  étroites  limites  de 
la  salle  du  conseil  au  palais  Bourbon.  Ses  volontés,  mal  défendues  par 
des  ministrcB  complaisants,  subissaient  échec  sur  échec,  et  c'est  ainsi 
que  l'autorité  royale  s'est  momentanément  perdue.  L'autorilâ  minislê' 
rielleapéri  du  même  coup,  La  Chambre  des  pairs,  toujours  aui  ordres 
du  roi,  est,  par  cela  même,  devenue  sans  crédit.  A  la  Chambre  des 
députés  seule  demeure  quelque  autorité,  c'est  là  l'unique  pouvoir  igui 
demeure  debout.  Mais  la  Chambre  esl  partagée  par  moitié  et  le  roi  tra- 
vaille méchamment  à  la  diviser  davantage;  bientôt  elle  sera  également 
ruinée  dans  l'opinion.  Alors  l'anarchie  morale  deviendra  complète,  et  en 
France  l'anarchie  matérielle  la  suit  toujours  de  près. 

Celte  situation  étant  donnée,  quelle  conduite  Thiers  doit-il  suivre  '{  Il 
a  déjà  fait  manquer  une  combinaison  de  centre  gaucho  en  élevant  une 
controverse  sur  le  sens  du  programme  accepté  par  le  roi.  Thiers  a  été 
sévèrement  blâmé,  à  raison,  selon  mol,  car  s'il  lui  répugnait  d'entrer 
dans  un  cabinet  qui  ne  lui  offrait  point  de  suffisantes  garanties,  mieux 
valait  le  déclarer  dès  l'abord,  plutôt  que  de  rompre  par  le  fâcheux  expé- 
dient d'une  mauvaise  querelle'. 

De  cette  rupture  est  provenuo  l'irritation  du  maréchal  Soult  et  la 
quasi  défection  de  Passy,  si  funeste  au  centre  gauche.  La  pofiilion  de 
'Thiers  s'en  est  alTalbUe  ',  il  n'en  est  pas  moins  demeuré  intraitable  sur 
la  Cfuestion  de  la  présidence  de  Barrot.  La  condition  une  qua  non  de 
toulss  ses  négociations  avec  las  doctrinaires  a  Hé  un  engagemenl  txigé 
if«ujr  de  donner  leurs  votes  à  Odilon.  Il  a  fait  de  ce  vote  une  question 
de  cftbtaet.  Les  doctrinaires  ont  refusé,  en  alléguant  que  la  nomination 
de  M.  Barrot  était  plus  qu'incertaine  et  qu'en  votant  pour  ce  candidat 
iU  s'aliéneraient  i  jamais  le  centre  droit.  <  Après  cet  échec,  disaient-ils, 
la  situation  du  centre  gauche  n'en  sera  pas  moins  puissante  el  honorée 
dans  le  pays,  mais,  pour  nous,  quel  sera  notre  sort  ?  A  quel  isolement 

1.  Le  15  avril  1S37,  MM.  Barthe,  de  Uonlallvel.  Lacave-Laplagne  et  de  Sal- 
vandjr  avaicDt  remplacé  dans  le  rainiïlère  MdIë  MU.  Persil,  de  Gasparin, 
DucbMel  et  Gnizot.  Depuis  lors  le  ininiatère  ne  Gt  plus  que  végéter  rualgré 
la  dissolution  d'octobre  1837.  Guizat  se  vengea  en  s'alJiant  à  Thiers  puar  rcn- 
rerser  Holé.  Gelui-cl,  dans  une  lettre  à  Baraate  du  3  juin  IS39,  avoue  que 
c'est  le  roi  qui  l'a  empêché  de  s'assurer  l'appui  de  la  gauche  aprËe  les  nou- 
velles élections  de  1838. 

2.  Thiers  lit  échouer  eu  effet  le  SI  mars  1839  une  combinaison  ceulre  gauche 
sous  la  présidence  du  marËchal  Soult. 


328  MELANGES  ET  DOCUMENTS. 

ne  serions-nous  pas  condamnés  ?  Quelle  occasion  trouYerions-nous  de 
nous  relever  ?  i  Ces  considérations  ne  manquaient  ni  de  justesse  ni  de 
vérité. 

Les  motifs  d'insistance  allégués  par  Thiers  n'étaient  pas  moins  fon- 
dés. «  Si  les  doctrinaires  refusent  de  se  compromettre  par  un  Yote, 
disait-il  à  son  tour,  quelle  foi  puis-je  faire  sur  la  loyauté  de  leur  con- 
cours ?  Une  fois  admis  au  pouvoir,  il  leur  sera  facile  de  s'entendre  avec 
le  centre  droit  et  de  former  une  majorité  qui  m'expulserait  bientôt.  Qui 
m'appuiera  dans  le  nouveau  cabinet?  8ur  qui  devrai-je  compter?  Sur 
le  maréchal  ?  Il  se  proclame  mon  ennemi.  Un  raccommodement  ne  sera 
ni  sincère  ni  durable.  D'ailleurs,  quoi  de  plus  aisé  que  de  changer  ses 
dispositions  ?  Passy,  Dufaure  et  Sauzet  devraient  être  nos  alliés  natu- 
rels. Mais  le  seront-ils  en  effet?  Sauzet  est  vaniteux  et  pusillanime \  il 
tourne  à  tout  vent,  il  a  la  monomanie  du  ministère,  il  le  désire  trop 
pour  ne  pas  le  conserver  à  tout  prix.  Dufaure,  homme  loyal,  est  neuf 
aux  grandes  affaires,  il  est  plein  de  scrupules  et  d'hésitation.  Passy, 
pâle  et  prolixe  discoureur,  habile  à  discerner  les  difficultés^  impuissant 
à  les  résoudre,  est  animé  d'une  jalousie  furieuse  contre  moi,  il  me  tra- 
hira aussitôt  qu'il  pourra  trahir  avec  sécurité.  Je  me  trouverais  donc  à 
la  discréliou  des  doctrinaires,  mes  vieux  ennemis,  et  je  vivrais  sous  leur 
protection,  (^elte  position  serait  intolérable.  Mais  si  je  les  contraignais 
à  porter  iiarrot,  cette  tentative,  dût-elle  échouer,  m'assurerait  la  bien- 
veillance de  la  gauche  et  l'appui  de  ses  journaux.  Entrant  au  ministère 
avec  cette  formidable  clientèle,  alors  je  pourrais  contrebalancer  les  doc- 
trinaires, tenir  en  respect  les  ministres  du  centre  gauche  et  lutter  avec 
chance  île  succès  contre  le  roi  lui-môme.  Si  je  m'obstine  à  exiger  la  pré- 
sidence de  Barrot,  ce  n'est  ni  par  caprice  ni  par  entêtement,  mais  une 
rigoureuse  nécessité.  » 

Tel  a  dû  être  le  langage  de  Thiers,  ou  du  moins  ses  pensées.  Son  lan- 
gage, je  ne  Tai  point  entendu,  ses  pensées,  il  ne  me  les  a  point  com- 
muniquées, mais  jo  le  connais  assez  pour  être  certain  qu'il  a  été  dominé 
par  ces  considérations.  Toutefois,  en  y  persévérant  avec  opiniâtreté,  il 
sert  merveilleusement  les  projets  de  ceux  qui  veulent  l'exclure  du  minis- 
tère. Puisque  la  nomination  de  Barrot  est  impossible,  même  avec  le 
concours  des  doctrinaires,  pourquoi  ces  exigences  tyranniques  ?  Thiers 
a  donc  dos  engagements  secrets  avec  la  gauche?  S'il  en  est  ainsi,  sa  pré- 
sence au  conseil  ne  deviondra-t-elle  pas  dangereuse  ?  Il  poussera  le  gou- 
vernement de  ce  côté  ;  une  fois  lancé  sur  cette  pente,  qui  pourra  l'arrê- 
ter? On  marchera  vers  une  révolution  nouvelle*.  Mieux  vaut  exclure 


t.  Sauzet  justifia  le  24  février  1848  le  jugement  de  d'Argoat.  On  se  rappelle 

le  vers  des  Châtiments  : 

Kt  Dupin  accusant  Sauzet  de  lâcheté  1 
2.  i  M.  Thiers,  écrivait  Mole  à  M.  de  Barante  le  25  avril  1840,  in  à  gauche, 
quoi  qu'il  veuille...,  il  a  certainement  beaucoup  d'esprit,  de  dextérité,  mais  iJ 


H.  TBIBRB  ET  U  BIIHilIOH  PABLBHBireilU  BIT  i 

Thiers  <lu  ministère.  Le  cabinet  sera  moins  fort,  mais  ses  tendaDCCS 
seront  moins  périlleu^QB.  Le  cabinet  aura  une  majorité,  plus  faible 
il  est  vrai,  mais  qui  ne  vivra  pas  sous  la  dépendance  da  parti  révolu- 
tjoonaire. 

La  formation  d'un  parmi  ministère  n'a  rien  d'impossible,  tout  dppend 
de  la  volonti^  du  duc  de  Broglie.  Le  maréchal,  le  duc  de  Broglie,  Dupin, 
Humann,  Dnchàlel,  Duperré,  Passy,  Bauzet  et  Dufaure  formeront  un 
cabinet  suffisant  pour  la  politique  et  pour  les  affaires  ;  ce  caLieiet  rassu- 
rerait les  esprits  et  obtiendrait  la  majorité,  car  bien  des  gens  sont 
inquiets  ou  fatigués  et  ne  demandent  qu'une  occasion  pour  se  rallier  au 
gouvernement. 

Eu  admettant  qu'un  ministère  s'organise  en  dehors  de  Ouizot  et  de 
Tbiere,  que  deviendrait  ce  dernier,  sa  position  ne  serait-elle  pas  plus 
fausse  et  plus  dangereuse  que  s'il  entrait  dans  Se  ministère  sans  exiger 
la  garantie  d'un  vote  en  faveur  de  Barrot? 

Thiers,  exclu  du  ministère,  n'aurait  que  deux  partis  k  prendre,  celui 
d'un  silence  qui  l'annulerait,  ou  celui  de  l'opponition,  ce  qui  le  jellerut 
À  gauche.  Son  caractère  moral  recevrait  la  plus  rude  atteinte;  d'odieuses 
et  df>  lâcbes  calomnies  ont  déjà  ruiné  sa  réputation;  des  vivacités  de 
la  Irilmoe  peuvent  donner  prise  contre  lui  ;  bientôt  il  passerait  pour  un 
ambitieux  qui  a  déclaré  une  guerre  personnelle  au  roi  ou  comme  un 
conspirateur  qui  veut  le  renverser.  Peut-être,  dominé  par  l'csaspéra- 
tion,  commettrait-il  des  fautes  irrémédiables?  Thiers  se  perdrait,  mais 
combien  de  mal  no  forait-il  pasâ  la  monarchie  ?  Qui  peut  répondre  des 
chances  de  l'avenir?  Une  révolution  est  toujours  possible  dans  un  pays 
oit  elles  ont  été  si  fréquentes.  Oi'i  serait  la  certitude  qu'un  jour  Tbiers 
ne  parviendrait  pas  à  l'accomplir?  Son  immense  talent,  son  audace,  sa 
dextérité  le  rendraient,  du  moins,  un  ennemi  bien  dangereux. 

Thiers  se  trouve  dans  une  triple  alternative.  Il  peut  entrer  au  minis- 
tère, mais  sans  les  ^rantics  nécessaires  pour  y  jouer  un  rôle  important; 
il  peut  se  détruire  par  le  silence  ou  se  perdre  en  s'enrûlant  sous  le  dra- 
peau de  la  gauclie. 

Le  choix  est  hasardeux.  Néanmoins,  &  sa  place,  je  n'bésitQraiB  pas, 
le  moindre  danger  est  celui  d'entrer  au  ministère.  Thiers  tient  trop  de 
compte  des  obstacles  prévus  et  de  la  disposition  présente  des  esprits,  et 
pas  assez  des  hasards  de  l'avenir  et  du  parti  que  son  talent  pourrait 
tirer  du  changement  probable  des  dispositions  des  partis. 

Thiers  croit  que  la  gauche  l'abandonnera  s'il  se  borne  à  porter  Barrot 
sans  exiger  le  concours  des  votes  des  doctrinaires  ;  il  se  trompe,  la 
gauche  aura  de  l'humeur,  mais  elle  lui  reviendra  bientôt. 


inan(|ne  de  jagemeat,  de  prévojiaace,  do  profondeur;  il  ne  connaît  ni  les 
honiLies  ni  la  nature  des  partis  et,  on  particulier,  des  opinions  de  gauche,  dont 
le  propre  est  de  ne  pouvoir  s'arrêter.  Les  partis  n'ont  pas  de  dernier  mol, 
voilA  pourquoi  il  ne  faut  jamais  leur  céder.  > 


J 


330  MELANGES  ET  D0GU1IK1IT8. 

L'instinct  des  partis  les  porte  à  favoriser  toujours  celui  des  ministrei 
qui  se  rapproche  le  plus  de  leur  nuance. 

Thiers  se  méûe  de  Passy  et  de  Sauzet,  et  il  n'a  pas  tort,  mais,  l'ae- 
tion  ministérielle  une  fois  engagée  dans  les  chambres,  Passy  et  Sauzet, 
tout  aussi  bien  que  Thiers,  auront  à  défendre  le  pavillon  du  centre 
gauche;  le  combat  rétablirait  la  fraternité;  la  supériorité  de  Thien, 
incontestable,  forcerait  des  rivaux  secrets  à  devenir  de  loyaux  auxi- 
liaires. Thiers  redoute  l'esprit  d'envahissement  et  les  vieilles  hostilités 
des  doctrinaires,  il  apprécie  justement  les  inconvénients  de  leor  carac- 
tère, mais  il  ne  rend  pas  assez  de  justice  à  leur  sagacité.  Ils  savent  qae 
l'avenir  appartient  aux  opinions  de  la  gauche,  ils  connaissent  lenr  impo- 
pularité, ils  n'ignorent  pas  que  cette  impopularité  a  été  affaiblie  parleur 
coopération  à  la  coalition,  ils  ne  se  presseront  pas  de  reprendre  une  cou- 
leur rétrograde.  Peut-être  deviendront -ils  les  plus  fidèles  alliés  de 
Thiers. 

Enfin,  Thiers  croit  à  la  persévérance  de  la  haine  du  roi  et  il  mécon- 
naît son  véritable  caractère.  Le  roi  n'a  ni  haine  ni  amour,  les  bons  et 
les  mauvais  services  laissent  peu  de  traces  dans  son  souvenir.  Le  roi  est 
cssontiellcment  mobile,  il  est  tout  au  caprice,  à  la  passion,  à  l'intérêt 
du  moment.  Quels  sont  les  sentiments  qui  exercent  dans  son  cœur  un 
empire  tenace?  L'amour  de  la  famille,  une  préoccupation  presque 
maniaque  d'assurer  l'avenir  de  ses  enfants,  la  passion  du  pouvoir. 
Aujourd'hui,  le  roi  est  violemment  irrité  contre  Thiers,  il  ne  peut  en 
être  autrement,  il  y  a  lutte  personnelle.  Mais  que  Thiers  rentre  dans  le 
cabinet  et  le  roi  oubliera  bientôt  ses  mécontentements,  séduit  par  Thiers 
dont  l'esprit  l'a  toujours  captivé.  Il  lui  rendra  sincèrement  ses  bonnes 
grâces.  Combien  de  déclarations  le  roi  n'a-t-il  pas  faites  contre  Humann 
et  surtout  contre  Passy!  Maintenant,  il  ne  jure  que  par  eux,  tant  ses 
colères  sont  fragiles.  A  la  vérité,  la  lutte  recommencera  aussitôt  qu'il 
s'élèvera  dans  le  conseil  une  dissidence  entre  Thiers  et  le  roi  sur  une 
question  étrangère,  mais  ce  danger  est  inévitable.  Quand  bien  môme 
Thiers  serait  aujourd'hui  l'objet  de  prédilection  du  roi,  une  lutte  n'en 
serait  pas  moins  à  redouter,  à  moins  que  Thiers  ne  se  résigne  à  demeu- 
rer en  dehors  du  ministère  pendant  la  vie  du  roi.  Il  faut  bien  qu'il 
subisse  un  inconv('Qient  irrémédiable.  Le  roi  a  une  qualité  précieuse, 
il  n'aime  pas  à  changer  de  ministère,  il  ne  recommencerait  pas  volon- 
tiers le  6  Juillet^  et  il  gardera  probablement  pendant  un  certain  temps 
la  mémoire  des  cruels  embarras  qu'il  éprouve  aujourd'hui. 

Enfin,  la  prééminence  des  talents  de  Thiers  et  surtout  la  promptitude 
et  la  sagacité  de  ses  jugements  lui  donneront  de  grands  avantages  dans 
le  Conseil.  Il  y  entre  avec  de  mauvaises  chances,  le  savoir-faire  les  ren- 
dra favorables.  Ajoutez-y  l'immense  chapitre  de  l'imprévu  qui  ruine  la 

1.  Le  6  juillet  1836,  quand  Louis-Philippe  renvoya  le  ministère  Thiers  pour 
former  le  ministère  Mole. 


M.    THIBBS  ET  LA   SITUATION   PARLBMENTAIBB  EN   ^1839.  33^1 

ae  politique  des  hommes  médiocres  et  qui  grandit  celle  des  hommes 
rieurs.  Chose  singulière  et  pourtant  véritable,  les  chances  calculées 
celles  qui  se  réalisent  le  moins  fréquemment, 
résultat,  j'aime  mieux  Tbiers  aux  affaires,  même  dans  une  posi- 
périlleuse,  qu'au  dehors.  S'il  tient  les  cartes  en  main,  les  as  lui 
Iront;  s'il  demeure  en  dehors,  il  se  condamne  à  une  inaction  des- 
ive  ou  à  des  hostilités  qui  le  rendront  odieux.  Le  mot  d'ordre  du 
haut  grade  de  la  franc-maçonnerie,  c'est  :  osez  ;  c'est  une  parole  d'un 
1  sens  et  qui  explique  presque  tous  les  succès  dans  ce  monde, 
i  carrière  administrative  et  politique  ne  saurait  être  comparée  à 
de  Tbiers,  mais,  je  le  déclare,  je  ne  suis  sorti  do  l'obscurité  qu'en 
iprenant  des  affaires  désespérées  et  cola  m'a  toujours  réussi. 

D'Arqodt^ 

liers  n'osa  pas.  Le  'l  2  mai  fut  constitué  le  ministère  Soult,  sans 
ic  de  Broglie,  resté  fidèle  à  ses  vues  désintéressées^  mais  avec 
lâtel,  Duperré,  Passy,  Dufaure,  Villemain,  Gunain-Gridaine^ 
leider.  Sauzet  fut  président  de  la  Chambre.  Ce  ne  fut  qu'en  i  840, 
'  mars,  que  Thiers  devint  premier  ministre,  dans  des  conditions 
moins  favorables  que  celles  d'avril  4839. 

G.  MoxoD. 

Mous  avons  acquis  de  M.  Et.  Gharavay  le  texte  autographe  de  ce  docament. 


BULLETIN    HISTORIQUE 


FRANCE. 

NECROLOGIE.  —  Les  études  historiques  ont  éprouvé  dans  ces  der- 
niers mois  des  pertes  sensibles.  Le  baron  de  Ruble  était,  avec  M.  Ludo- 
vic Lalanne,  M.  de  la  Perrière,  M.  Baguenault  de  Puchesse,  M.  F.  de 
Grue  et  quelques  autres,  un  des  hommes  qui  ont  le  mieux  connu  notre 
xvi'  siècle  et  le  plus  contribué  à  en  éclairer  Thistoire.  Il  apportait  à 
cette  étude  la  conscience  d'un  érudit  scrupuleux  et  rimpartialité 
d'une  âme  élevée  et  droite.  Cette  âme  vraiment  française  savait 
sentir  la  grandeur  d'une  Jeanne  d'Albret  aussi  bien  que  celle  d'un 
François  de  Guise.  Le  pieux  éditeur  des  Poésies  et  Mémoires  de 
Jeanne  d'Alhret  venait  d  imprimer,  au  moment  où  il  est  mort,  une 
étude  sur  Y  Assassinat  du  duc  de  Guise  par  Poltrot  de  Méri^  où  il 
met  en  pleine  lumière  la  figure  d'un  des  plus  grands  hommes  de 
guerre  du  xti«  siècle.  11  avait  débuté  dans  la  carrière  de  l'érudilion 
comme  éditeur  des  Commentaires  et  des  Lettres  d'un  autre  grand 
capitaine.  Biaise  de  Monluc,  très  inférieur  moralement  au  duc  de 
Lorraine,  mais  à  qui  la  postérité  a  presque  pardonné  son  fanatisme 
féroce  et  naïf,  sa  cynique  mauvaise  foi  envers  ses  adversaires,  en 
faveur  de  sa  verve  gasconne  et  de  son  incomparable  talent  de  narra* 
teur.  La  publication  des  œuvres  de  Moniuc,  qui  fit  le  plus  grand 
honneur  à  la  collection  de  la  Société  de  l'histoire  de  France,  av^t 
préparé  M.  de  Ruble  à  des  travaux  plus  importants.  Son  grand 
ouvrage  sur  Antoine  de  Bourbon  et  Jeanne  éPAlbret  (auquel  vinrent 
s  ajouter  des  travaux  de  détail  sur  François  de  Montmorency,  sur  la 
jeunesse  de  .Marie  Stuart,  sur  le  Colloque  de  Poissy,  etc.),  qui  lui  a 
ouvert  les  portes  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  est 
une  œuvre  puisée  tout  entière  aux  sources  originales  el  a  beaucoup 
ajouté  à  ce  que  Ton  savait  sur  l'histoire  des  premières  guerres  de 
religion.  On  peut  regretter  sans  doute  que  M.  de  Ruble  n'eût  pas  le 
talent  littéraire  qui  aurait  donné  la  vie  aux  événements  et  aux  per- 
sonnages et  ressuscité  les  passions  d  autrefois;  mais  on  admire  en 
lui  le  chercheur  infatigable*  le  critique  scrupuleux,  le  narrateur 
exact  et  im|>arUai.  M.  de  Ruble  inspirait  à  ceux  qui  le  connaissaient 
comme  à  ceux  qui  le  lisaient  le  {dus  haut  d^ré  de  l'estime. 


Si  la  carrière  de  M.  Edouard  Stvooa  n'a  pas  tout  à  f^U  répondu 
aui  brillantes  espérances  que  ses  débuts  avaient  fait  concevoir,  c'est, 
en  grande  partie,  parce  qu'une  crise  morale  du  caractère  te  plus 
élevé  l'a  arraché  pendant  quelques  années  à  la  vie  de  professeur  et 
d'historien  pour  faire  de  lui  un  prédicateur  et  un  ministre  de  l' Enlise 
réformée.  Il  faut  [Murtant  l'attribuer  aussi  à  ce  que,  soit  par  suite 
des  circonslances,  soit  par  une  disposition  naturelle,  il  a  plusieurs 
fois  changé  de  direction  dans  ses  études.  Après  avoir  publié  une 
thèse  de  doctorat  sur  la  France  sous  saint  Louis,  composée  trop 
hâtivement  au  sortir  de  l'École  normale,  il  eut  la  très  heureuse 
pensée  de  se  consacrer  à  l'étude  du  hongrois  et  de  l'histoire  de  Hon- 
grie. Il  arriva  vite  à  se  rendre  maître  d'une  langue  dimcile,  à  être 
au  couranl  des  travaux  allemands  et  hongrois  sur  la  Hongrie,  et  il 
publia  en  {87G  une  Histoire  des  Hongrois  en  deux  volumes  qui, 
malgré  des  imperfections  faciles  à  comprendre  dans  une  œuvre 
embrassant  un  aussi  vaste  sujet,  mit  cependant  le  jeune  professeur 
en  évidence  et  fit  croire  qu'il  allait  poursuivre  ses  recherches  dans 
ce  sens,  être  en  France  pour  les  études  hongroises  ce  que  L.  Léger  a 
été  pour  les  études  slaves,  un  initiateur,  un  interprèle,  un  maître  dans 
tous  les  sens  du  mot.  Malheureusement,  en  dehors  d'un  bon  volume 
sur  la  Hongrie  contemporaine  et  de  rares  articles  critiques,  M.  Sayous 
ne  continua  pas  à  creuser  le  sillon  qu'il  avait  ouvert,  et  quand  il  fut 
nommé  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Toulouse,  puis  à  celle 
de  Besançon,  il  s'occupa  successivement  de  la  reli^^ion  romaine,  de 
la  quatrième  croisade,  enfin  de  l'histoire  d'Angleterre  au  wW  et  au 
ivnr  siècle.  L'excellent  volume  qu'il  publia  sur  l'Angleterre  au 
temps  de  Charles  II  dans  la  collection  Quantin  n'était  que  la  pro- 
messe d'études  approfondies  qu'il  préparait  sur  l'bistoire  des  mœurs 
et  des  idées  un  Angleterre.  Ce  sujet  lui  convenait  admirablement;  il 
connaissait  el  comprenait  bien  l'Angleterre,  il  sentait  vivement  les 
côtés  pittoresques  de  la  vie  anglaise  des  derniers  siècles;  il  retrou- 
vait eu  lui-même  la  passion  pour  les  libertés  politiques  et  les  pro- 
fondes préoccupations  religieuses  qui  ont  fait  la  grandeur  de  nos 
voisins  d'outre-Manche.  On  pouvait  donc  beaucoup  attendre  des  tra- 
vaux qu'il  noua  promettait,  quand  la  destinée  jalouse,  qui  l'avait 
toujours  poursuivi  et  entravé  dans  ses  élans,  a  mis  brusquement  fm 
à  sa  trop  courte  carrière  de  professeur  et  d'écrivain.  Ses  amis,  qui 
ont  seuls  connu  tout  ce  qu'il  valait,  lui  garderont  uu  lidèle  souvenir 
lie  regrets  et  d'aft'ection. 

M.  Agénor  BinooDi  n'était  pas  un  historien  de  profession,  et  le 
l>arreau  et  la  politique  ont  absorbé  la  plus  grande  partie  de  son  acti- 
vité, mais  soo  libéralisme  politique  même,  qui  faisait  de  lui  uu  deâ 


334  BULLBTIlf  HISTORIQUE. 

représentants  les  plus  convaincus  et  les  plus  aimables  de  la  grande 
tradition  de  i  789  et  de  cette  bourgeoisie  éclairée,  désintéressée  el 
patriote  qui  a  fondé  en  France  le  régime  constitutionnel,  Ta  con- 
duit à  entreprendre  une  série  d'études  historiques  et  littéraires,  qui 
se  rapportent  toutes  au  même  ordre  d'idées  et  de  préoccupations, 
qui  toutes  éclairent  Thistoire  de  la  bourgeoisie  française  et  des  ori- 
gines du  gouvernement  représentatif.  De  valeur  inégale  au  point  de 
vue  scientifique,  mais  d'une  forme  toujours  animée,  et  puisés  en 
partie  à  des  sources  inédites,  ces  ouvrages  constituent  par  har 
ensemble  une  contribution  importante  à  notre  histoire  contempo- 
raine. M.  Bardoux  avait  été  d^abord  attiré,  alors  quMl  plaidait  aa 
barreau  de  Glermont-Forrand,  par  le  rôle  des  légistes  dans  Tandeone 
France,  ces  légistes  qui  ont  été  les  plus  efficaces  fondateurs  de  l'ab- 
solutisme monarchique,  mais  en  qui  cependant,  comme  adversaires 
de  la  noblesse  et  du  clergé,  la  bourgeoisie  libérale  a  voulu  voir  des 
ancêtres.  Ses  travaux  sur  les  légistes  du  xvi«  et  du  xviii*  siècle  (4856 
et  4  859)  et  sur  J.  de  Doyat  (4863)  sont  venus  se  fondre  dans  un 
livre  sur  les  Légistes  et  leur  influence  sur  la  société  françat$e 
(487(;),  livre  intéressant  et  utile,  tout  incomplet  quil  est.  Le 
volume  sur  le  Comte  de  Montlosier  (4884)  étudie  un  ty[)ecuri«ix 
de  grand  seigneur  devenu  à  la  fois  un  serviteur  de  Bonaparte  et  un 
théoricien  de  révolution  démocratique  et  libérale  de  la  France.  Ge 
conflil  d'idôes  et  de  tendances  avait  paru,  avec  raison,  à  H.  Bardoux, 
offrir  rintérét  le  plus  piquant.  Ses  deux  volumes  sur  La  Fayette 
(4852-4853),  composés  malheureusement  avec  trop  de  précipitation, 
nous  présentent  un  portrait  Adèle,  quoique  trop  flatté,  de  celui  qui 
fut  une  incarnation  d'autant  plus  exacte  de  la  bourgeoisie  libérale 
moitié  ré[)ublicaine,  moitié  monarchiste  de  la  première  moitié  de  ce 
siècle,  que  «  le  libérateur  des  deux  mondes  »  unissait  au  plus  noble 
caractère  la  vanité  la  plus  naïve  et  une  médiocrité  intellectuelle  que 
sa  popularité  cacha  à  ses  contemporains.  —  M.  Bardoux  montre 
ensuite  en  M.  Guizot  (4895)  le  représentant  et  le  théoricien  le  plus 
émincnt  du  régime  orléaniste,  et  s'il  ne  put  rendre  qu'un  hommage 
imparfait  au  grand  historien,  il  sut  peindre  l'homme  politique  tel 
qu'il  fut,  avec  ses  qualités  supérieures  et  ses  singulières  étroitesses. 
Avant  d'écrire  l'histoire  de  ces  deux  représentants  éminents  du  libé- 
ralisme constitutionnel,  Bardoux  avait,  en  4887,  tenté  de  donner 
une  histoire  de  la  Bourgeoisie  française  de  4789  à  4848;  mais  il 
n'avait  ni  la  force  d'esprit  philosophique  ni  la  largeur  et  la  précision 
de  vues  qui  permettent  les  vastes  généralisations  et  les  fécondes  syn- 
thèses. L'analyse  psychologique  et  sentimentale  lui  convenait  mieux. 
Il  a  consacré  à  Chateaubriand  et  à  deux  de  ses  amies  les  deux  meil- 


mp 


RBors  volumes  qui  soient  sortis  de  sa  plume  ;  Pauline  de  B^aumonl 
188-1)  el  Madame  de  Custine  (1888).  Après  Sainte-Beuve,  il  a  su 
ajouter  des  pages  neuves  eL  pénétrantes  à  la  biographie  du  grand 
charmeur  blasé  et  fhire  revivre  dans  deux  de  ses  types  les  plus  déli- 
cats la  société  féminine  du  commencement  du  siècle.  M.  Bardoux  a 
disparu  avant  d'avoir  pu  nous  donner  un  livre  qu'il  eût  été  particu- 
lièrement bien  préparé  à  écrire,  un  livre  sur  Benjamin  Constant.  Il 
était  fait  pour  peindre  au  vrai  ce  perpétue!  amoureux  sans  ten- 
dresse, ce  libéral  qui  a  su  si  bien  comprendre  cl  qui  a  si  mal  servi 
la  liberté,  ce  sceptique  qui  a  si  admirablement  pénétré  l'essence  el 
la  nécessité  de  la  religion.  Ce  livre  manquera  au  couronnement  de 
l'œuvre  de  M.  Bardoux.  Telle  qu'elle  est,  et  bien  qu'aucune  de  ses 
parties  ne  paraisse  en  elle-même  de  tout  à  feit  premier  ordre,  elle 
oe  manque,  prise  dans  son  ensemble,  ni  de  portée  ni  d'originalité. 

G.  MoNOD. 
I  La  science  historique  vient  de  faire  une  périodes  plus  regrettables 
s  la  personne  de  M.  Ernest  Hiuei,  sénateur  radical  de  Seine-ct- 
■,  président  honoraire  de  la  Société  des  gens  de  lettres,  qui  est 
brt  à  Paris  le  6  Janvier  iS9H.  Rn  laissant  de  côté  une  histoire  de 
I  France  depuis  le  Directoire  qui  eut  plusieurs  litres  et  plusieurs 
mes  et  n'est  guère  qu'une  tentative  de  vulgarisation,  il  est  sur- 
ht  connu  par  son  Histoire  de  Saint-Just  (1859],  donl  il  préparait 
e  troisième  édition,  el  par  sou  Histoire  de  floôcï/iierrc  (1865-1867, 
1-8°).  On  sait  que  ces  deux  ouvrages  sont  avant  tout  des 
>.  Le  premier,  qui  fut  mis  au  pilon  sous  l'empire  comme 
(ditieux,  est  de  beaucoup  inférieur  au  deuxième.  Ce  dernier,  malgré 
jvisible  parti  pris  de  l'auteur,  demeure  des  plus  utiles  â  consulter; 
I si  l'on  se  reporte  à  l'époque  à  laquelle  il  fut  écrit,  on  reconnaîtra 
B  M.  Hamel,  par  le  soin  qu'il  apporta  à  réunir  tous  les  documents 
^Ijcornant  son  héros  el  par  la  critique  qu'il  en  lit,  est  un  des  pré- 
curseurs de  la  reaaissauce  des  études  historiques  sur  la  France  révo- 
lutionnaire. Il  y  a  peu  d'ouvrages  contemporains  de  l'iîijfoira  de  Itobes- 
«  dont  la  construction  demeure  aussi  solide,  qui  inspirent  autant 
IlesUme  et  apportent  autant  de  secours  à  celui  qui  les  consulte. 

A.  L. 
F  H.  Le  Btiirr'  n'a  jamais  écrit  un  livre  d'bisloire;  ses  principaux 


^  1.  Né  le  12  aadt  1318,  élu  le  15  novembre  1S67  ù  l'Acadéidie  des  iosc ri ]j lions, 
"■Jlfeclenr  de  l'École  de  Rome  du  1"  juiTicr  I8S3  au  1"  jiinvier  1889,  mort  le 
5jaillel  1897.  —  Les  Uélanges  de  l'École  de  Home,  l.  Xlll,  dooDeol  la  biblii»- 
Kraphie  de  su  wuTre^  jusqu'en  1892;  le  (iremler  mémoire  de  H.  Le  Bliut  mt 
farcUtologie  ebrètienae  date  de  1856. 


k 


336  BULLETIN  HISTORIQUE. 

ouvrages  sont  des  recueils  archéologiques^  ou  épigraphiques*,  et  il 
était  rare  que  ses  mémoires  ne  fussent  pas  inspirés  par  une  vie  de 
saint^,  une  sculpture,  une  gemme  ou  une  inscription  *.  Cependant,  peu 
d'archéologues  français  ont  rendu  plus  de  services  immédiats  à  l'his- 
toire, je  parle  de  la  véritable  science  historique^  qui  s'intéresse  à  la  vie 
des  religions  et  des  âmes. — D'abord,  H.  Le  Blant  limita  ses  recherches 
à  une  période  assez  courte  et  fort  bien  circonscrite,  celle  qu'inau- 
gure Tarrivée  en  Gaule  des  premiers  évangélistes  et  qui  se  ter- 
mine par  l'avènement  des  Carolingiens,  la  période  qu^on  pourrait 
appeler  du  christianisme  primitif  et  spontané;  si  de  cette  période 
il  exploitait  plus  volontiers  les  ressources  lapidaires,  il  en  avait 
exploré  avec  soin  tous  les  documents,  ne  négligeant  aucun  profit 
scientifique  :  voyez  ses  études  sur  la  prononciation  du  latin  à  l'époque 
mérovingienne,  et  songez  à  tout  le  temps  qu'il  a  consacré  à  de 
pénibles  investigations  dans  les  manuscrits  des  bibliothèques  provio* 
ciales'.  M.  Le  Blant  pensait,  comme  tout  vrai  savant,  qu^il  n'y  a 
point  de  petits  gains  dans  la  science,  et  que  les  plus  grands  ont  par- 
fois besoin  des  moindres  choses.  —  Puis,  il  avait  précisément  choisi 
les  siècles  où  notre  histoire  nationale  est  le  moins  connue,  le  plus 
troublée  et  le  plus  troublante,  où  il  suffit  souvent  d'une  inscnplion 
portant  le  nom  d'un  roi  barbare  pour  jeter  le  doute  et  la  discorde 
dans  le  camp  des  historiens  :  le  groupe  épigraphique  de  la  Gaule 
chrétienne  est,  dans  les  pays  classiques,  un  de  ceux  qui  oQVentle 
plus  de  surprises.  —  Enfin,  M.  Le  Blant  a  toujours,  dans  ses  études 
d'archéologie,  tiré  des  conclusions  historiques.  Il  n'est  jamais  parti 
de  l'histoire,  il  y  est  toujours  arrivé.  Ce  qui  l'intéressait  le  plus  dans 
les  sarcophages  chrétiens,  c'étaient  les  croyances  religieuses  que 
révélaient  les  sculptures  :  à  travers  la  scène  figurée  et  au  delà  du 
marbre  taillé,  il  cherchait  à  deviner  la  pensée  de  l'artiste  et  le  rêve 

du  fidèle.  Croyant  de  la  bonne  race,  il  aimait  à  replacer  ces  tombes 

• 

1.  Étude  sur  les  sarcophages  chrétiens  antiqiies  de  la  ville  d Arles,  1878; 
les  Sarcophages  chrétiens  de  la  Gaule,  1886. 

2.  Inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule  antérieures  au  VII*  siècle,  2  toL, 
1856-1865;  Nouveau  recueil  des  inscriptions,  etc.,  1892;  Manuel  dépi{fr(^hie 
chrétienne,  1869  ;  VÉpigraphie  chrétienne  en  Gaule  et  dans  V Afrique  romaine, 
1890. 

3.  Les  Actes  des  martyrs,  supplément  aux  Acta  sincera  de  dom  Ruinart, 
1882. 

4.  Les  principaux  ont  été  réunis  en  1893  sous  le  titre  :  les  Persécuteurs  el 
les  Martyrs  aux  premiers  siècles  de  notre  ère. 

5.  M.  Le  Blant  a  rendu  le  service  de  remettre  en  lumière  les  Ticilles  collec- 
tions archéologiques  de  Peircsc,  Séguier,  Calvet,  Boahier,  etc.  Dans  les  iiu- 
tructions  du  comité  de  1890,  il  recommandait  encore,  avec  raison,  de  tes  con- 
sulter sans  cesse. 


FtilIGE.  337 

dans  l'exubérance  de  la  vie  religieuse  des  premiers  âges;  dans  une 
page  qui  doit  resler',  Il  a  montré  l'histoire  ae  faisant  autour  des 
tombeaux,  créateurs  de  miracles,  inspirateurs  de  combats,  fonda- 
teurs de  ba!)iliques  et  de  pèlerinages.  Ce  qu'il  recherchait  le  plus  dans 
les  inscriptions,  c'était  à  retrouver  par  elles  les  destinées  du  christia- 
nisme gallo-romain,  les  premières  traces  de  l'évangéUsation ,  les 
secousses  de  la  foi  nouvelle  pendant  les  invasions;  c'était  à  rattacher 
les  épitaphos  à  quelque  grand  fait  de  l'histoire  politique,  religieuse  et 
littéraire.  Son  dernier  manuel  d'épigraphie  chrétienne  nous  révèle, 
plus  que  tout  autre  de  ses  ouvrages,  celte  curiosité  très  générale  et 
ces  amhitions  très  scienlillques.  —  Tout  ce  que  M.  Le  Blant  écri- 
vait, du  reste,  était  fait  avec  une  précision,  une  sûreté,  une  ueltelé 
patiente  et  sobre  qui  le  mettent,  comme  érudit,  tout  à  fait  à  côté  de 
Léon  Renier.  Mais  il  a  eu  de  plus  tout  ce  qui  a  manqué  à  celui-ci, 
la  volonté  de  terminer  ses  œuvres,  la  joie  de  les  savoir  finies*,  et, 
GODUue  couromiement  à  sa  longue  vie,  la  mort  en  plein  IravaiP. 

^^  C.  JOLLUS. 

^H  TRAVAUX  SOR   l' ANTIQUITÉ  BOMAINE. 

^^fl.  HlSTOiRB  Lin^RUBE,  POLiTiUDE  KT  iiHLmiEDSB.  —  L'Htstoire  de  la 
littérature  latine  de  M.  Pichox'  relève  à  peine  de  la  Hevue  histo- 
rique.  Un  historien  regrettera  deux  choses  dans  ce  livre.  —  Il  ren- 
ferme  trop  peu  d'allusions  aux  événements  politiques  contemporains 
des  œuvres  littéraires,  aux  transformations  sociales,  religieuses  ou 
morales  qui  les  ont  précédées,  accompagnées,  déterminées.  Le  peuple 
romain  est  peut-être  celui  dont  la  littérature  a  vécu  le  moins  à  part 
de  la  vie  publique;  presque  tous  les  écrits  sont  chez  lui  des  actes 
politiques  ou  des  exercices  sociaux  autant  que  des  produits  litté- 
raires. Or,  M.  P.  se  conforme  encore  trop  aux  vieilles  traditions 
de  rhistoriographie  littéraire,  qui  bâtit  tout  en  l'air,  en  dehors 
des  circonstances  sociales,  sans  contact  avec  le  sol  politique,  la 
critique  des  œuvres  et  l'évolution  des  genres.  M.   P.,  qui   n'est 

1.  Sarcophaçet  chrélieiu  de  la  Gaule,  p.  vi. 

1.  Le  Catalogue  des  monumenli  chrétieru  du  mutée  de  Marseille,  auquel  il 
lenail  beaucoup,  a  paru  en  1H94. 

3.  C'est  quelques  semaines  aprei  au  inoK  que  la  Revue  archéologique  a  pubiiè 
lit  Pn  de  BUD  mémoite  sur  la  Paléographie  des  InteriptioTu  ekrtlienneM  dv 
llf  au  VII'  tiède  (septembre  1897).  —  D'eicellenles  noliccB  sur  M.  Le  Blant 
oui  été  écrites  par  M.  Héron  <le  Villeroise  (discours  prononcé  aux  funérailles, 
ImlUul,  1897,  18),  M.  Péralé  {Itevuc  arcMologique,  juillet  1897).  M.  StereD- 
•011  (BulUtitno  dl  arckeologia  crùtiana,  IHtJS). 

ÏBUUire  de  la  littérature  latine,  pur  René  Pichon,  professeur  de  rhélo- 
an  Ijcée  Hocbe.  Paris,  Hacbelle,  1897,  ia-12  de  tvm-988  p. 
ftEv.  Hjstuh.  LXVI.  2"  FA8C,  22 


388  bullbth  hutouqui. 

point  ingrat  envers  ses  maîtres,  rappelle ,  dans  sa  préface,  les 
services  rendus  par  M.  Boissier  à  la  scienee  de  la  Uttératore 
romaine  :  on  regrette  que  M.  P.  ait  assez  peu  suivi  Texemple  de 
H.  B.,  dont  le  très  grand  mérite  est  précisément  de  n*avoir  jamais 
séparé  la  société  et  les  œuvres.  La  vie,  les  sujets  d'étude,  le  style, 
les  préjugés  et  les  Csiiblesses  des  écrivains  du  siècle  d^ Auguste  ne  ee 
comprendront  jamais  sans  la  connaissance  approfondie  des  tendaœee 
politiques  du  premier  empereur  :  on  est  profondément  surpris  de 
voir  H.  P.  expédier  en  huit  pages  les  caractères  généraux  du  siècle 
d'Auguste,  et,  dans  ces  huit  pages,  on  cherche  en  vain  un  mot  sur 
la  restauration  religieuse  qui  a  dicté  la  plupart  des  œuvres  de  ce 
temps;  en  revanche,  on  y  trouve  des  remarques  sur  la  manière 
dont  une  littérature  arrive  à  Tétat  «  classique,  »  remarques  qui 
paraissent  à  la  fois  très  brillantes  et  très  contestables  * .  U  y  a, 
entre  les  premières  années  du  règne  de  Tibère  et  le  gouverne- 
ment de  Claude,  une  des  plus  fortes  dépressions  littéraires  de 
l'histoire  romaine,  déclin  qui  a  ses  causes  dans  les  conditiODS 
nouvelles  du  régime  impérial  :  elle  ne  se  trouve  pas  indiquée 
dans  le  livre  de  M.  P.,  où  les  mômes  chapitres  sur  la  décadence 
impériale  vont  do  Phèdre  à  Pline  TAncien,  de  Tibère  à  Nerva. 
—  Un  second  reproche  qu'un  historien  peut  faire  à  M*  P.,  e'esi 
d'avoir  abusé  des  comparaisons  et  des  parallèles  entre  Rome  et  le 
présent.  11  faut  être  Renan  pour  s^en  permettre  un  tel  nombre,  et 
encore  lui  reproche-t-on  parfois  d'avoir  songé  à  Troppmann  à  propos 
de  David.  Pour  être  de  nature  moins  criminelle,  les  allusions  de 
M.  P.  n'en  sont  pas  moins  de  petits  péchés  historiques.  On  ne  com- 
prendra pas  tout  de  suite  ce  que  viennent  faire  Balzac  et  Voiture  i 
coté  de  Uuintilien,  et  les  Trois  Motuquetaires  en  (ace  de  Quinle- 
Gurce.  Il  n'y  a  aucun  rapport,  pas  Tombre  d'une  similitude,  entre  le 
courtisan  Dangeau  et  les  écrivains  de  l'Ulstoire  Auguste.  De  telles 
comparaisons  compliquent  et  n^expliquent  pas;  ce  sont  des  rideaux 
mis  par  devant  la  vérité.  —  Le  livre  de  M.  P.  se  lit,  du  reste,  avec 
plaisir;  il  est  lestement  écrit,  il  témoigne  de  beaucoup  de  lecture, 
d^un  effort  de  travail  considérable,  d'une  facilité  surprenante,  et  il 


1.  A  quelle  réalité  historique  peuvent  correspondre  des  phrases 
celles-ci  :  c  Les  écrivains  du  siècle  d'Auguste  sont  classiques  sans  le  Tooloiroi 
le  savoir...  La  période  classique  d'une  littérature  coïncide  avec  le  momeDtoà 
le  sentiment  national  est  le  plus  fort...  Une  littérature  ne  peut  être  cUssiqne 
du  premier  coup  •  ?  Tout  cela  est  factice,  et  nous  fondrions  que  i'Uoifersité 
renonçât  enfin  à  ces  généralités  TieiUes  de  cent  ans  et  d'une  moaolone  abstnfr 
Uon.  Ce  qu*il  £aut  montrer  aux  élôves  des  lycées,  ce  sont  des  Ufret,  des 
hommes,  un  pays,  et  non  pes  de  ces  chimères  de  métaphysique  UUénire. 


feul  savoir  gré  à  l'auteur  d'avoir  fort  bien  parlé  de  Lucain  et  d'Am- 
micn  Marœllin,  et  d'avoir  consacré  œnt  bonnes  pages  à  laULléra* 
lure  cbrétiennc.  Somme  toute,  sauf  son  classicisme  à  outrance,  cette 
œuvre  est  une  bonne  recrue  pour  l'enseignement  dans  les  lycées, 
dans  les  facultés  et  partout  où  l'on  veut  s'instruire  des  lettres 
latines'. 

Malgré  sou  titre,  le  volume  de  M.  Fontamb  sur  les  Barbares'^  n'est 
pas  davantage  une  œuvre  liistorique.  C'est  (avec  inOniment  moins 
d'ordre,  de  soin,  d'exactitude  et  do  bon  sens  que  chez  M,  Pichon) 
une  série  de  considérations  littéraires,  religieuses,  morales  et  sur- 
tout ethnographiques,  sur  les  destinées  du  monde  romain  depuis 
Hadrien  jusqu'à  Théodose.  Au  reste,  la  plupart  de  ces  remarques 
ont  une  grande  saveur  de  nouveauté  ;  en  voici  (p.  14)  sur  ■  la  Grèce 
moderne,  l'Hellénie,  qui  s'oppose  par  l'extravagance  do  sa  courli- 
sanerie  à  Rbodes,  l'ancienne  Grèce,  intelligente,  consciente  de  sa 
valeur  intellectuelle,  et  déplaisante;  •>  en  voila  sur  Marc-Aurèle 
(p.  73),  a  le  plus  navrant  exemple  de  ce  que  la  philosophie  hellé- 
nique, parvenue  a  ses  fins,  adaptée  au  gouvernement  des  hommes, 
leur  réservait.  •  Ce  que  M.  F.  semble  approuver  le  plus  chez  Marc- 
Aurèle,  c'est  d'avoir  choisi  Commode  pour  successeur  ;  a  Ce  fut 
peut-être,  quoique  abominable,  l'acte  le  plus  courageux  que  Marc- 
Aurèle  accomplit  (p.  76).  »  Le  règne  de  Constantin  a  eu,  suivant 
M.  F.,  des  conséquences  inattendues  [p.  28H]  -.  a  Le  monde  aryen, 
prêt  à  recevoir  l'Évangile,  peuplait  presque  toute  la  largeur  de  l'Eu- 
rope. La  fondation  de  Constanlinoplc  et  le  schisme  d'Arius  allaient 
htentôt  diviser  les  Hindous,  les  Perses,  les  Scythes  et  les  Celtes,  et 


I.  Sar  les  écriTains  latins,  Toy.  de  La  Ville  de  Hirmoat,  ta  VU  et  Vœuvre 
de  Livtus  Andronicui.  II.  L'Œuvre,  dans  la  Revue  de»  Universitéi  da  Midi, 
1897  (rearermc  des  parties  [|ui  «ont  de»  t  modëJes  de  cansclence  et  de  séTé- 
filé,  >  dit  M.  aaveliaiisleiOonp(ei-rendiisderAead.des  inscr.,  IS97,  p.  5t3J; 
Fabla,  les  TMA(rei  de  Borne  au  tempt  de  Plante  etde  Térence.àmi  la  Revue 
de  pMlologie  de  janvier  1897.  Le  livre  de  M.  Bertrand,  Cicéron  au  théâtre 
(Àntxalet  de  la  Faculté  de  Grenoble,  1897,  et  tiré  à  part],  eal  approfondi  et 
t  plaira  aux  lettrés  t  (p.  Tbomas,  Jane  la  Reme  critique,  octobre  1897,  p.  220); 
LécrivaiD,  Quelques  points  de  droit  grec  dans  les  plaidoyers  de  CleéroK 
(eicelleat  de  prècisian),  dans  lea  Méinoires  de  t'Acadtmie  des  sciences,  etc.,  de 
routouw,  t.  VIII,  18%;  Carlault,  Étude  sur  tes  Bucoliques  de  Virgile,  Parla, 
Oollii  (cité  d'aprËa  le  comple-reada  de  M.  Boissier,  Journal  de*  Havanti,  août 
1897);  sur  lea  apparentés  de  la  cens  Virgtlta ,  une  intéressante  note  de 
H.  Gagnai  [Comptes-rendus  de  l'Acad.  des  i-nscr.,  IBQ7,  p.  7). 

3.  Uarlus  Pontano,  Histoire  universelle,  I.  IX,  les  Barbares  (de  117  A  395  ap. 
J.-C).  Paris,  Lemerre,  1897,  in-S'  de  518  p.  et  5  cartes.  Le  l.  VIII,  le  Chris- 
tianitme,  ne  nous  est  point  parvenu.  Sar  le  t.  Vil,  Rome,  vo;.  Revue  hUto- 
rique  de  mars  1892,  p.  317. 


340  BULLmH  HISTORIQUE. 

retarder,  pour  des  siècles  et  des  siècles,  Tanion  de  race,  l'unioD 
européenne.  »  De  tous  nos  livres  d'histoire,  celai  de  H.  Fontane 
s'est  le  mieux  inspiré  de  la  Légende  des  Siècles. 

Après  ces  deux  gros  livres  d'histoire  générale,  on  arrive  avec  plai* 
sir  aux  monographies  érudltes,  dont  Taspect  est  moins  brillant, 
mais  où  les  profits  sont  plus  solides. 

Le  Lulletin  de  correspondance  hellénique  nous  apporte,  comme 
à  l'ordinaire,  un  très  précieux  contingent  de  renseignements  nou- 
veaux sur  les  premiers  temps  de  la  Grèce  romaine.  M.  Homolli*  a 
retrouvé,  avec  la  sûreté  de  sa  méthode  habituelle,  la  vraie  situation 
de  Nabis  :  «  Descendant  de  la  famille  divine  et  royale  des  Uéradides, 
il  fut  traité  en  roi  et  reconnu  comme  tel  sous  le  patronage  de  Rome 
elle-même^  ]>  M.  Perdrizet^,  qui  fait  bien  tout  ce  qu'il  fait,  a  recons- 
titué l'histoire  de  ces  Scordistes  qui  pillèrent  Delphes,  que  le  pro- 
consul M.  Minucius  Rufus  combattit  en  409,  et  qui  furent  les  plus 
terribles  saccageurs  des  Balkans. 

C'est  un  modèle  du  genre  que  Télude  consacrée  par  M.  Vidal  de 
LA  Blicoe  aux  voies  de  commerce  dans  Tompire  romain  du  n^siède'. 
Par  la  richesse  des  informations,  la  précision  des  détails,  la  rigueur 
des  déductions,  cette  brochure  est  d'une  excellente  venue  :  pour  la 
première  fois,  nous  voyons  avec  quel  soin,  par  quelle  méthode  et 
grâce  à  quels  documents  Ptolémée  a  dressé  ses  Tables  et  quelle 
nature  de  renseignements  on  peut  en  tirer.  —  Le  commentaire  que 
M.  Tii.  Reinach  donne  du  décret  de  Mylasa^  (209  ou  240  ap.  J.-G.) 
abonde  en  remarques  savantes  et  en  vues  ingénieuses  sur  la  rédae- 


1.  iMcriptions  de  Délos  :  le  roi  NabiSy  dans  le  Bulletin  de  eorrespondanct 
helléniqt^y  décembre  1896. 

2.  Ibidem,  1896,  p.  481  et  saiT. 

3.  Les  Voies  de  commerce  dans  la  Géographie  de  Piolémée,  extrait  dM 
Comptes-rendus  de  V Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres^  6  nofembre 
1896.  Paris,  in-8*  de  32  p.  et  2  cartes.  —  L'ooe  de  ces  cartes  n'est  antre  qoeU 
reproduction  de  la  carte,  déjà  célèbre,  de  l'Atlas  Vidal- Lablache  (p.  ISàcJsor 
V l'état  économique  du  monde  gréco-romain  au  II*  t.;  mais  celte  seconde  édi- 
tion renferme  une  addition  qui  est  bien  l'indice  de  la  conscience  tonjoon  es 
éveil  de  M.  Y.  Les  récents  travaux  de  MM.  Ilourst  et  Bluzet  (BuUeiin  de  la  Soc. 
de  géogr.^  1895)  ont  mis  en  évidence  le  caractère  lacustre  du  moyen  Nigpr; 
M.  Y.  a  tout  de  suite  pensé  aux  lacs  du  Niger  de  Ptolémée  (IV,  6}  et  an  Nuckfd 
de  Mêla  (111,  9)  :  il  a  pu  ainsi  étendre  considérablement  le  domaine  desconaais- 
sances  géographiques  des  Romains.  —  Dans  sa  Note  sur  Vorigine  du  commerce 
de  la  soie  par  voie  de  mer,  M.  Y.  de  L.  Bl.  montre  que  le  IliSpec  de  Pansi- 
nias  (YI,  20)  désigne  les  habitants  dn  Tonkin  {Comptes-rendus  de  VAcad.  des 
inscr.,  1897,  p.  520). 

4.  Une  Crise  monétaire  de  Mglasa  {Bull,  de  corr.  heU.,  1896,  p.  523). 


FUXCE.  3H 

Ion  des  décrels  impériaux  ' ,  sur  l'or^'anisalion  des  banques  municï' 
pales  et  sur  la  crise  monétaire  que  subit  la  ville  de  Mylasa  par  suite 
(le  l'accaparemeiit  ou  de  la  migration  du  numéraire  ;  c'est  un  des  Ira- 
vaux  les  plus  garnis  qu'ait  livrés  cet  érudit. 

M.  Roger  était  un  charmant  élève  de  l'École  normale  supérieure, 
que  la  maladie  a  enlevé,  à  l'âge  de  vingt-six  ans,  en  juillet  4895. 
Ses  parents  et  ses  amis  ont  eu  la  touchante  pensée  de  réunir  en  un 

volume  ses  principaux  mémoires  d'École";  l'un  d'eux,  sur  l'empe- 
reur Postume,  composé  sur  l'inspiration  de  M.  Bloch,  intéresse  les 
études  romaines  :  il  est  diligemment  Tait  et  judicieusement  pensé; 
M.  R.  insiste  avec  raison  sur  te  caractère  latin,  nullement  gaulois, 
du  gouvernement  de  Postume.  —  M.  Mow*t  a  apporté  de  fort  utiles 
contributions  à  la  connaissance  des  monnaies  de  Probus^  et  des  empe- 
reurs de  la  tétrarchie*.  —  Le  travail  de  M.  Alurd  sur  la  Jeunesse 
de  Fempereur  Julien'^  mérite  des  éloges  pour  la  conscience  avec 
laquelle  il  est  Tait  et  appelle  quelques  réserves  sur  les  tendances  de 
l'auteur. 

C'est  avec  un  sentiment  d'admiration  que  je  ferme  le  premier 
volume  de  M.  André  \.nymTVio:i  sur  la  Chronique  de  Sulpice  Sévère*. 
L'exemple  que  nous  oiTre  l'auteur  est  d'une  rare  grandeur  et  presque 
d'une  haute  vertu.  M.  L.  est  un  vétéran  de  nos  luttes  politiques,  uo 
de  ceux  qui  ont  combattu  pour  la  conquête  de  nos  libertés  avec  le 
plus  d'bonnéte  vaillance.  Journaliste,  diplomate,  député,  membre  du 


I.  Je  ne  crois  pas  qiie  H.  R.  ait  raison  de  Totr  un  s  paradoxe  ■  [p.  H^)  duns 
l'hjpothësc  de  M.  HommseD,  que  les  Tables  de  Claude  renrerment  de»  Iraceg 
d'acclamations  ou  plutôt  d'interrap lions;  le  texte  de  Pline,  qni  porte  sotebant, 
n'esclnt  pas  toute  eicepllon. 

î.  Maurice- Antoine  Roger,  FragmenU  d'histoire.  Paris,  Roger  et  ChemoTb 
[18961,  lû-1*  de  xii-UO  p.;  p.  1-76  :  FragmenU  lur  VkisMre  de  Postumui.  — 
Sur  l'influence  persistante  des  monnaies  de  TËtricus,  Toy.  une  note  intéresBanle 
de  H.  ProQ  dans  te  Bulletin  des  Antiqvaim  de  France,  18%,  p.  339. 

3.  Bulletin  des  Antiquaires  de  Franc»,  I89ti,  p.  352.  —  Dans  les  Mémoirn 
de  V  Académie  de  Lyon,  >  s.,  t.  IV,  ISSB,  p,  355:  le  Livre  du  préfet  et  ledit  de 
maxtatum,  notes  sur  le  protecUonnisnie  dans  l'empire  romain,  par  M.  Pariset, 

t.  Combinaisons  lecrèles  de  lettrei  dam  les  marques  monétaires  de  t'empire 
romain,  dans  la  Reoae  numismatique,  tS9T,  et  tirage  à  part. 

5.  Dans  la  Jlevue  des  Questions  historiques  d'octohre  IS97.  —  Le  volume  de 
H.  Allard  sur  le  Chrisllanitme  et  l'empire  romain  de  fféron  à  Théodoie 
[itt-li  de  iic-307  p.j,  annoncé  dans  la  Becue  historique  de  mars  IS37,  p.  310, 
a  paru  :  nous  ne  l'avona  pas  reçu. 

6.  La  Chronique  de  Sulpice  Sévère,  lette  crllicfue,  traduction  et  commen- 
lAire  :  lirre  I,  avec  prolégomènes  sur  Sulplce,  sur  ses  écrits  et  sur  son  mattra 
Martin  de  Tout*.  Paris,  HacheUe,  13%,  iD-4*  de  r.xxw314  p.  —  L'ouvrage, 
turtî  des  presses  Gounouilhou,  est  d'impressioa  parfaite.  —  Ct.  Revue  histo- 
rique, man  1S9^,  p.  3!4. 


842  BULLBTIlf  HISTORIQUB. 

gouvernement  de  la  Défense  nationale,  sénateur  enfin,  il  ne  cessa  un 
instant,  au  milieu  de  i'âpreté  des  batailles  parlementaires  ou  de  b 
banalité  des  conflits  parisiens,  de  songer  aux  travaux  de  science  pure. 
Sulpice  Sévère  a  été  pour  lui,  autant  que  Tamour  de  la  liberté,  le 
compagnon  habituel  de  ses  pensées.  Il  s*est  souvent  entretenu  da 
chroniqueur  chrétien  avec  Jules  Ferry;  Renan  lui  a  donné  de  pré- 
cieux conseils;  Gernuschi  lui  a  fourni  des  éditions  rares,  et c*est  Jules 
Simon  qui  lui  fit  connaître  Hauréau,  et,  par  Hauréau,  les  bous 
manuscrits  des  opuscules  martiniens.  Les  braves  gens  et  les  grands 
travailleurs  1  Dernier  survivant  de  cette  génération,  H.  L.  a  aban- 
donné le  Sénat  et  la  vie  publique  et  s'est  retrouvé  seul  à  seul  avec 
Sulpice  Sévère.  Voici  le  premier  volume  de  son  œuvre,  qui  en  ren- 
fermera cinq  :  il  comprend  des  prolégomènes,  le  texte  et  la  traduction 
du  livre  P'  de  la  Chronique,  et  un  très  long  et  très  copieux  commen- 
taire de  ce  livre.  Le  texte  parait  établi  avec  scrupules  et  témoigne  de 
la  connaissance  de  la  critique  de  Halm  et  des  travaux  linguistiques  de 
MM.  Gœlzer  et  Bonnet  ^  Les  prolégomènes  sont  fort  attachants  par 
la  franchise  de  leur  allure.  Les  commentaires  sont  une  vaste  forêt 
touffue  et  vigoureuse  où  il  y  a  des  souvenirs  personnels,  une  lecture 
très  complète  des  documents  du  bas*empire  romain,  des  études 
bibliographiques,  des  aperçus  sociologiques,  et  surtout  des  remarques 
très  originales  et  souvent  très  profondes  sur  les  hommes  et  les  idées 
du  iv^  siècle^.  Ce  siècle,  si  violent  et  si  décadent,  remueur  d'idées  et 
forgeur  de  mots,  pauvre  d'inventions  et  grand  d^aspirations',  M.  L. 
le  connaît  comme  pas  un  et  en  parle  avec  une  passion  qui,  nulle  part, 
n'exclut  la  justesse  du  jugement  et  l'impartialité  du  sentiment.  li 
faut  recommander  à  tout  le  monde  ses  pages  sur  saint  Martin^  et 
son  livre  tout  entier  à  ceux  qui  veulent  réfléchir  sur  les  derniers 
temps  de  la  société  romauie. 


1.  M.  L.  D'est  jamais  ingrat  pour  ses  devanciers,  même  les  plos  lointains.  Il 
parle  en  termes  enthousiastes  et  justes  de  Jacques  Godefroy  (p.  lxxv),  «  le 
grand  bienfaiteur  de  l'histoire  du  iv*  siècle,  •  de  M.  l'abbé  Dnchesne,  c  mi  suc- 
cesseur des  Bénédictins  du  bon  temps  »  (p.  xxi). 

2.  Tout  ce  que  dit  M.  L.  (p.  129  et  suiT.)  sur  c  la  Bible  incorporée  à  llii^ 
toire  •  par  Sulpice  Sévère  m'a  paru  nouveau  et  vrai.  —  Il  en  est  de  même  do 
passage  sur  l'art  militaire  au  iv*  siècle  (p.  uu),  et  le  rôle  des  Barbares  et  de 
l'empereur  Julien  :  cela  est  excellent. 

3.  M.  L.  (p.  lxxv)  dit  du  iv*  siècle  :  «  Celte  période  si  sèche,  si  compliquée, 
si  bouillonnante,  où  plongent  les  racines  de  l'histoire  occidentale,  etc.  » 

4.  P.  218,  M.  L.  marque  très  bien  que  Martin  c  est  le  premier  type  complet 
de  la  sainteté  catholique  :  •  a  Je  suis  disposé  à  soutenir,  quand  on  voudra, 
que  les  opuscules  martiniens  ont  été,  après  les  Évangiles,  le  livre  qui  a  le  plus 
influé  sur  la  culture  catholique.  •  C'est  tout  à  fait  vrai.  — >  P.  gxvu  :  «  L'a^ 


nuRCR.  348 

Vu.  l'isirrrrioNS,  dhoit,  ^tceioiocn.  —  L'Académie  des  iascrip- 
ns  vient  de  publier  le  tome  X  des  Œuvres  de  Borgkest*  ;  il  ren- 
ferme la  liste  critique  des  préfets  du  prétoire,  aussi  bien  ceux  d'avant 
Constantin  [i"  p.)  que  les  préfets  régionaux  [i"  et  2°  p.|.  A  cette 
tàcbe  considérable  ont  collaboré  trois  savants  de  grand  mérite  et 
également  désignés  par  leur  compétence  pour  annoter,  compléter, 
rectifier  les  nchede  de  Borghesi  :  WiDDisoTO»,  M.  Héron  ue  Villb- 
FOSSE  et  M.  GuQ.  M.  de  Villefosse  annonce  l'ouvrage  au  public  en 
proclamant  la  part  prépondérante  que  ce  dernier  a  eue  dans  la  mise 
au  point  du  travail.  —  Ce  qu'il  y  a  eu  à  faire  est  énorme.  Une  grande 
partie  des  notes  de  Borghesi  datait  de  i&il  :  en  ce  demi-siècle,  la 
science  de  l'antiquité  romaine  a  été  remaniée  de  fond  eo  comble. 
Il  a  Mu  également  bouleverser  les  papiers  qui  apparaissent  seule- 
inenl  çâ  et  là,  comme  des  jalons  branlants.  En  somme,  les  édi- 
teurs de  ce  volume  ont  dîi  tout  refaire,  et,  pour  dire  toute  ma 
pensée,  ce  n'est  pas  le  travail  de  Borghesi,  c'est  surtout  celui  de 
M.  Cuq*,  que  nous  avons  sous  les  yeux  :  heureusement,  du  reste,  car 
n  travail  tout  moderne,  clair,  complet,  au  courant^,  et  bien  nôtre, 
ïe  volume  des  Œuvres  de  Borghesi  sera  le  dernier.  On  renonce  à 
htinuer  la  publication  des  schede  du  vieux  maître.  Et  on  a  raison, 
mettre  à  jour,  par  exemple,  les  Fastes  consulaires,  eût  été  une 
simple  folie.  Il  sera  plus  commode  de  faire  le  travail  à  nouveau;  les 
Gcbes  horghésiennes  ne  peuvent  qu'encombrer  et  gêner.  —  Quand 
fl'a^t  d'cBQvres  posthumes,  qui  n'ont  qu'une  valeur  scientifique, 
'tut  se  hâter:  les  découvertes  vont  parfoisaussi  vile  que  la  plume. 


e^tlsme  de  Uarlio  eet  d'une  antre  nature  que  celai  qui  ïDspirait  ta  plaparl  des 
wlilaîrcs.  II  est  tout  ipaDtaoé.  Le  régime  de  sèTérilé  et  de  priratiea  qu'il 
adopte  lui  esl  nulurel  et  ne  lui  ceilte  riea.  Il  ne  semble  pas  qu'il  ]r  ail  jamais 
eo  Inlle  entre  ses  pencliaots  et  ses  principes,  etc.  i  Tuut  cela  est  à  lire. 
Vl,  Paris,  Imprimerie  nationale,  1837,  ia-4-  de  840  p. 

^H.  H.  de  Villefosse  dit  avec  aa  courtoisie  habituelle  :  <  M,  Cuq  a  accepté  de 
^Klplèler  et  de  remelire  an  point  tes  notes  de  Borghesi.  Il  l'a  fait  aiec  an 
Vvfionenient  auquel  aous  sommes  heoroui  de  rendre  bommage.  Tuntes  les 
additions  placées  entre  crochets  lai  apparlienneoL  a  il  faut  ajouter  qne 
M-  de  V.  a  placé,  outre  un  grand  nombre  de  notes  courantes,  quelques  notes 
fort  longues,  qui  sont  de  véritables  dissertations  origiaaies  (cf.  p.  797,  300}> 
3.  Il  j  a  çà  et  lA,  comme  il  va  de  sol  dans  un  volume  ou  il  ;  a  tant  de  textes 
rionis,  des  réserves  à  faire,  par  exemple  p.  687  ;  je  remanierais  (ouïe  la  ques- 
tion de  PI.  SbIIusUus;  cf.  De  Sallustio  praefeeto  praetario  GatUarum,  par 
H.  G imazane,  Toulouse.  l889(liTTeqai  n'est  pas  du  reste  convaincant |.  —  ['.741: 
il  Caul  rappeler  A  ce  propos  p.  748.  A  celle  p.  748  cl  ï  propos  de  Magnus  Pelii, 
tout  est  à  retaire.  On  a  les  uoms  complets  et  on  possède  l'épilaphe  de  ce  pré- 
fet, et  il  r  a  A  ce  snjet  une  dissertalioa  1res  netle  d'Albanès  {voy.  Corpus.  XU, 
SS  [cf.  VIU,  1356],  et  Alb«aËs,  Dmx  i^ten^imu  vUtriqy^,  Mtneille,  1886). 


344  BULLETUf  HI8T01IQ0E. 

Cinq  ans  après  la  mort  de  Borghesi,  son  travail  n'était  plus  au  eon- 
rant.  Et  il  est  mort  en  4  860  ;  et  le  premier  volume  d6  ses  couvres  a 
paru  en  4862^ 

Pourtant,  c'est  avec  tristesse  qu'on  voit  cette  grande  publication  à 
jamais  incomplète.  Que  d'opéra  inierrvpta  la  génération  du  second 
empire  nous  a  laissés  :  le  Voyage  cTAsie  mineure  et  les  Inserip^ 
tions  (T Algérie,  la  Table  de  Peutinger  et  les  Diplômes  militaires^  le 
Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule.  Que  de  belles  besognes 
vaillamment  commencées  et  brusquement  arrêtées!  Peut-être  un  jour 
rechercherons-nous  les  causes  de  cet  effondrement,  dont  la  princi- 
pale cause  n'est  point  la  mort. 

Voici  le  dernier  fascicule  du  Manuel  élémentaire  de  droit  romain 
de  M.  P.-Fr.  Girard^.  A  l'heure  annoncée,  l'ouvrage  s*achève,  et 
sans  que  la  fln  ait  démenti  les  promesses  du  début  :  beaucoup  de 
science,  une  grande  clarté  dans  la  disposition  et  dans  Texposition, 
une  abondance  de  textes,  et,  ce  qui  ne  gâte  rien,  une  excellente  cor- 
rection typographique.  Nous  avons  déjà  formulé  nos  réserves  :  le 
livre  ne  présente  peut-être  pas  assez  le  développement  historique  du 
droit  romain,  et,  pour  un  manuel,  est  un  peu  trop  savant.  Il  fiiut 
déjà  bien  connaître  le  Droit  pour  l'étudier  avec  fruit;  c^est  surtout 
un  excellent  point  de  départ  pour  des  études  de  fond,  par  exemple, 
pour  des  thèses  de  doctorat,  j'entends  pour  des  thèses  que  Ton  veut 
faire  très  sérieuses. 

Il  est  peu  de  lois  aussi  importantes,  dans  l'histoire  du  droit 
romain,  que  la  lex  Aebutia  qui  substitua  définitivement  la  procédure 
formulaire  aux  actions  de  la  loi  *,  aussi  est-il  d^un  très  grand  intérêt 
d'en  fixer  la  date.  Seize  solutions  ou  à  peu  près  ont  été  proposées 
pour  cette  question  :  dans  un  mémoire  très  net,  très  sobre,  trèsappro* 
fond!,  M.  P.-Fr.  Girard  indique  comme  date  à  peu  près  certaine 
entre  les  années  605  et  629^.  —  Nous  souhaitons  la  bienvenue  i 

1.  T.  I,  1862;  t.  VII  et  VIII,  1872;  t.  IX,  1879  et  1884. 

2.  Quatrième  [et  deroier]  fascicule.  Paris,  Rousseau,  1897,  in-8*  de  (657)- 
1050  p.  Cf.  Revue  historique,  1*'  mars  1896,  p.  346;  l*  mars  1897,  p.  311.  - 
Nous  rece?oos  à  rinstaat  la  deuxième  édiUon  du  volume  (1898, 1088  p.)  :  Tao- 
leur  a  vérifié  les  citations  de  textes,  mis  la  bibliographie  au  courant  et  joint  an 
travail  une  excellente  table  alphabétique. 

3.  La  date  de  la  loi  Aebutia,  extrait  de  la  Nouvelle  Revue  historique  de 
droit,  1897  [déjà  paru  en  1893  dans  la  Zeitschrift  Savigny,  XIV,  1893,  Ràm, 
Abth.,  mais  Tauteur  a  fait,  dans  cette  réimpression,  des  additions  nombreuses]. 
—  M.  Willcms  place  en  181  la  loi  Aquilienne  (/a  Date  et  la  portée  de  la  loi  Aq., 
dans  la  Retrue  générale  de  droit,  mars  1897).  —  Thèses  de  droit  :  Maria,  U 
Vindex  dans  la  legis  actio  per  manu^  injectionem  et  dans  Vin  Jus  voeatiOf 
Paris,  Rousseau,  1895  (précis  et  soigné)  ;  Olphe-Galiiard,  De  Vin/luenee  de 


M.  Beskibb,  il  fait  ses  débuis  dans  la  science  des  institutions 
romaines  par  une  élude  épigraphiquo,  précise  et  fouillée,  sur  l'épi- 
taphe  d'un  lablifer  des  équités  singulares  '.  —  A  propos  des  exagia 
du  bas-empire,  M.  Cuq  cherche  à  prouver  que  le  litre  de  ëuap/o; 
*Pû|j.ii]i;  a  pu  s'appliquer  à  Gonslantinople^. 

L'archéologie  nous  vaut  celte  année  de  bons  inventaires  et  d'utiles 

mémoires. — ^'ts,\.\QCalalogue  desCamées^  de  la  Bibliothèque  nalio- 

Mdfo,  par  M.  Bibelot,  le  Catalogue  sommaire  des  marbres  antiques 

<t  Louvre,  publié  par  les  soins  de  M.  Hiaoi  de  VrLLEFossE,  avec  le 

rours  de  M.  Micho:^',  et  cet  admirable  Glarac  de  poche  do  M.  Salo- 

IDn  HEinACH  *,  qui  rendra  tant  de  services  el  ou  il  y  a  lant  de  science 

b  de  dévouement. 

ftNos  sociétés  locales  et  nos  revues  françaises  apportent  leur  conlri- 
ptiou  à  l'archéologie  et  à  la  religion  romaiaes.  Une  urne  sépulcrale 
k  musée  de  Laval^  suggère  à  M.  Mowit  une  bonne  notice  sur  les 
résenlations  de  dauphins  dans  la  sépulture  funéraire;  un  dis- 
irs  prononcé  à  l'Académie  de  Lyon  traite  des  Animaux  domes- 
I  dans  les  cultes  antiques'^ ;  MM.  Pabhentier  et  GmoMT  nous 
pnent  de  très  curieux  détails  (presque  des  révélations)  sur  les 
lamales  romaines,  à  propos  et  à  l'aide  des  Actes  grecs  do  saint 
"  ;  c'est  enfin*  une  étude  sur  l'extirpation  des  varices'*. 

tfduealion  el  de  l'inilrucCion  svr  la  législation  romaine,  Paria,  Jonre,  1S96 
(trop  de  généralités  et  de  bors-d  œuvre). 

1 .  !fole  sur  une  inscription  inédite  trouvée  à  Borne,  dans  les  Mélange*  d'ar- 
ehéùlogle  et  d'histoire,  t.  XVII. 
ï-  Revue  orcWofojiîue,  juillet-août  1897. 

3-  Antiguet  et  modernes.  Paris,  Lcroui,  I33T(Ï),  in-S-  et  76  pi.;  non  vidi.  — 

l^mAme  U.  Babelaa,  tel  CoUectiom  de  monnaie  antiennes,  utUilé  scienti- 

t.  Paris,  Leroui,  1897,  in-lS;  non  oidi. 

L  Piri»,  Maj  el  Motteroi,  [1896  fj,  iii-12  de  344  p.  et  16  gr.  Prii  -  I  tr.  85. 

i.  Bépertoire  de  la  ttaluaire  grecque  el  romaine,  1. 1,  Clarac  de  poche,  con- 

*int  les  baa-reliefs  de  l'ancien  fonds  du  Louvre,  el  tes  Statues  antlquei  du 

k  de  sculpture  de  Clarac,  avec  aoe  introducllon,  des  nolices  et  an  indei. 

il,  Leroni,  1897,  petit  iii-4*  de  i,j[iv-66U  p.,  doni  617  p.  de  planclies  doubies. 

I  :  5  f r.  Il  faudrait  que   te  Tulanie  Fût  entre  les  mains  de  quiconque  en 

s'intéresse  aux  beaui-arls  et  A  l'anliquilé.  —  On  a  annoncé  chez  Leroux  : 

ont,  Textes  el  monumeaU  /igurés  relatifs  aux  mystères  de  lUitkra,  l.  II, 

6.  Deux  urnes  funéraires,  eitrail  du  Bulletin  historique  el  archéologique 
de  ta  Mayenne,  181)7. 

7.  Par  M.  Camevin,  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Lyon,  3*  «érie, 
t,  IV,  1896,  p.  3U5  (tous  les  animaui  ont  été  divinisés,  sauf  le  mulet  et  le 
lapin  :  H.  C.  est-il  bien  sQr  de  cet  deux  exceplionsî]. 

8.  Le  roi  des  Saturnales,  dans  la  Revue  de  philologie  de  juillet  1897. 

9.  L'opération  de  Marias,  par  H.  Delore,  même  recueil  Ijonnais,  p.  17. 
l'IO.  Sur  la  religion,  voy.  reicellent  Bulletin  archéologique  de  la  religion 


846  BULLETIN  HISTORIQUE. 

M.  McNrTET*  publie,  pour  la  première  fois  et  avee  an  tarée  boneom- 
mentaire,  un  eurieux  formulaire  sur  les  pnqportions  des  oolonnes  : 
il  le  rapproche,  avec  raison,  des  écrits  des  Arpenteurs  romains  et  lui 
assigne  la  même  date',  «  la  plône  époque  de  l'Empire  romain*,  i 

III.  Gaule.  —  Décidément,  le  problème  de  nos  origines  nationales 
a  toujours  ses  idolâtres.  Yoid,  coup  sur  coup,  deux  livres  sur  la 
Gaule  primitive,  celui  de  M.  Laibih ^,  que  je  ne  connais  pas,  eelni 
de  M.  DE  Mortillbt',  que  les  comptes-rendus  ne  me  donnent  pas 
envie  de  connaître. 

Les  partisans  de  la  domination  ligure*  en  Gaule  ont  recruté  on 
nouvel  adhérent  en  M.  Dblochb  :  il  a  relevé  tous  les  noms  de  locali- 
tés qui  évoquaient  un  souvenir  ligure,  il  en  a  retrouvé  dans  les  bas- 
sins de  la  Loire  et  de  la  Garonne,  jusque  dans  ceux  de  la  Seine  et  de 
la  Meuse,  et  il  en  conclut  que  ce  peuple  a  occupé  toute  la  Gaule  au 
moins  jusqu'au  vu*  siècle^.  —  Que  les  Celtes  soient  en  Gaule  des 
tard-venus,  et  qu^ils  s'y  soient  superposés*  à  une  très  nombreuse 
population  de  race  différente  et  depuis  longtemps  domiciliée  sur  le 

romaine,  de  M.  Aaâollent,  dans  la  Revue  de  thlUMre  de»  reUgiom^  novemke 
1S96.  —  Une  deuxième  édition  dn  lîTre  célèbre  de  U.  Dachesne  rar  lei  Ort- 
gines  du  culte  chrétien  rient  de  paraître.  —  Je  ne  connais  l'ooTragie  de  M.  Dei- 
roches  (le  Labarum,  étude  critique  et  archéologique)  que  par  la  très  Tolnmi- 
neose  analyse  faite  par  M.  Ganet  (dans  les  Annales  de  V Académie  de  Mâam, 
1895).  —  Notes  d'archéologie  figurée  :  sur  Horus  {Bull,  des  AnUq.  de  FnmeSj 
1896,  p.  356,  par  M.  Blanchet);  sur  les  lampes  représentant  des  l>étes  (aofes 
dévorant  des  êtres  humains  (Id.,  1897,  p.  107;  c(.  1892,  Mémoires^  p.  99,  et 
Bulletin  du  Comité,  1896,  p.  45,  par  le  même)  ;  snr  les  angnipèdes  {BuU.  des 
Antiq.,  p.  116,  par  M.  Mowat);  sur  Bacchus  enfant,  par  M.  Héron  de  Yillefbsie 
(fondation  Piot,  1896),  etc. 

1.  La  Mesure  des  colonnes  à  la  /in  de  l'époque  romaine  d'après  un  très 
ancien  formulaire  (conservé  surtout  dans  deux  mss.  de  Unnich).  Extrait  de 
U  Bibliothèque  de  VÉcole  des  chartes,  1896,  t.  LVII. 

2.  Je  préférerais  ne  pas  placer  la  rédaction  de  ce  formulaire  avant  le  v*  siède. 

3.  Nos  lecteurs  connaissent  déjà  V Astrologie  romaine  de  M.  Bouché-Leclercq 
(Revu^  historique,  nov.-déc.  1897). 

4.  Histoire  de  France,  la  Gaule  primitive,  Paris,  1897,  in-8*  de  vui-79  p. 
Cité  d'après  la  Revue  critique,  1897, 1,  p.  357. 

5.  Formation  de  la  nation  française,  Paris,  Alcan,  1897,  in-8*  de  336  p., 
153  grav.  Cité  d'après  la  Revue  critique,  1897,  II,  p.  263,  et  la  Revue  histth 
riqtie,  septembre  1897,  p.  112. 

6.  Cf.  Revue  historique,  mars  1892,  p.  333;  mars  1893,  p.  320;  mars  1894, 
p.  332. 

7.  Des  Indices  de  roecupaUon  par  les  Ligures  de  la  région  qui  fistphts  tari 
appelée  la  Gaule,  extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  des  inecr^pHons  et 
belles'lettres,  t.  XXXVI,  1'-  p.  (Paris,  Klincksieck,  1897). 

8.  Un  argument  nouveau  est  fourni  par  M.  Reinach,  Revue  celtique,  1897, 
p.  146,  à  l'aide  du  vers  de  Lacain  :  Et,  nunc  tome,  iAgur  (I,  v.  442).  Mais 


FuncE.  ai7 

sol,  c'esl  ce  qui  parait  de  plus  en  plus  prouvé;  que,  dans  cette  popu- 
lation, l'élément  soi-disant  ligure  est  le  plus  imporlanl.,  el  qu'il  faille 
reléguer  vers  l'ouest  los  peuplades  dites  ibériques,  c'est  encore  pro- 
bable '.  Mais  il  est  cependant  difticile  de  ne  pas  tenir  compte  de  ces 
dernières,  et  il  est  fort  délicat  de  vouloir  tirer  des  noms  de  lieux 
modernes  une  conclusion  détïniLive  sur  l'extension  d'une  race.  Il  fau- 
drait pouvoir  contrôler  l'origine  de  chacun  de  ces  noms,  et  la  chose 
est  impossible.  De  ce  qu'il  y  avait  en  Aunis,  au  x°  siècle,  une  villa 
Ligariacum,  on  ne  peut  supposer  qu'une  chose,  c'esl  qu'elle  a  ét« 
habitée  par  un  romain  nommé  ou  surnommé  Ligus  ou  Ligurius.  Les 
documents  du  iii"  siècle  citent  en  Périgord  une  foret  de  Ligurio;  qui 
,1  noui  dire  exactement  par  quelles  vicissiludes  ce  nom  a  passé 
luis  les  Ligures  du  tu*  siècle  jusqu'au  temps  de  Louis  VI 7  Quinze 
vingt  siècles  changent  terriblement  la  physionomie  d'un  mot. 
Pauvre  nation  celtique  I  Tandis  que  quelques  érudîts  français 
cberchenl    à    pénétrer   l'âme    du    s    génie  africain^,   >   d'autres 
dépouillent  le  «  ^nie  celtique  i  de  tout  ce  qui  faisait  son  patri- 
line.  Comptons  les  perles  qu'il  a  subies  cette  année.  — On  a  vu  que 
Deloche,  après  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  a  singulièrement  res- 
lint  le  domaine  propre  et  l'erTectif  historique  des  nations  gauloises^. 
lus  avons  des  inscriptions  dites  celtiques  :  erreur,  écrit  M.  Bréal, 
texte  de  bon  nombre  d'entre  elles  semble  indiquer  un  dialecte  ila- 
[ue^  et  M.  d'Arhois  de  Jubainville  ne  proleste  pas'.  On  connaît 
légende  des  vierges  de  l'île  de  Sena;  c'est,  dit  M.  Reinach*,  une 
ipte  f^ble  grecque  que  les  navigateurs  et  les  grammairiens,  se 
ivenant  de  Circé  et  de  son  Ile,  ont  transplantée  sur  les  rivages 
tains  de  la  Gaule.  L'autel  (wrisien  de  Tarvos  Trigaranus  a  fait 
bonheur  des  ccllistes  :  M.  Reinach  indique^  toutes  les  hypothèses 

li  de«  doutes  :  au  lieu  det  Ligures,  ou  l'aUendrail  chez  Lncain  i  quelque 
Blpl«  germain  ou  betge. 
I  1.  nu.  Hirachfeld  et  Sieglin  (cf.  Ravue  épigrapkique,  1897,  p.  473).  On  ne 

t  pas  asêeï  compte,  duni  lout  cela,  du  telle  de  Scjlai, 
I.S.  CL  Utoue  kistorique,  mars  1897,  p.  321. 
I  3,  H.  d'Arbois  de  JabïJnvillB  rerieat  sur  celU  question  de  l'arriTée  tardive 

«  Ginloiï  daoi  le  Midi,  Beoue  cdltque,  juillet  1837,  p.  319. 
f  4.  Société  de  linguistique,  séance  du  23  mai  IS37;  cf.  Sur  le  mol  gaulois 
tou4e,  dans  la  llevue  arehéologique,  n.  s.,  XXXI,  p.  lOi. 
i.  D'Arbois  de  Jubainville,  Sur  quelques  irueripHoni  en  caractères  gréa  ite 
ia  Gaule  IVarlionnaiie,  dans  la  Itevue  celtique  de  juillet  1397. 

6.  Let  Vierges  de  Sena,  dans  ta  Revue  celtique  de  Jaurier  1S97. 

7.  Tarvos  Trigaranus.  dans  la  Revue  celtique  de  juillet  1837.  M.  R.  a  raison 
de  rappeler  l'impurlaure  de  l'arbre  ligure  sur  l'aulel.  —  Contre  l'asBiinilaliou  de 
Dis  Pater  et  du  dieu  au  inaillul,  cf.  Morillol,  Bulletin  des  Antiquaires,  1S!)7, 


348  BULLETIN  HI8T0&1QUB. 

et  toutes  les  comparaisons  possibles  à  propos  de  œ  monumenl,  et, 
par  sa  critique  si  fortement  armée,  détruit  en  nous  toute  certitude. 
Il  ne  reste  plus  rien  de  la  glorieuse  triade  celtique  Esus,  Taranis, 
Teutatès,  lorsque  examine  de  sang-froid,  avec  le  même  H.  Rei- 
nach  * ,  les  textes  à  Taide  desquels  l'enthousiasme  néo-druidique  Ta 
constituée  :  ce  sont  des  dieux  particuliers  aux  peuples  d'entre  Seine 
et  Loire,  et  s'ils  sont  trois,  c^est  uniquement  parce  que  Lucain  D*a 
pas  jugé  à  propos  d'en  énumérer  un  plus  grand  nombre. 

Les  coups  de  hache  de  M.  Reinach  abattent  bien  des  vieux  chênes 
de  la  tradition  celtique;  Henri  Martin  et  R.  de  Belloguet  auraient 
éprouvé,  à  lire  ces  articles,  le  même  désespoir  que  les  Gaulois  en 
voyant  les  cognées  des  légionnaires  fendre  les  troncs  séculaires  des 
divinités  siivestres.  Pour  nous,  qui  n'avons  la  superstition  d'aucune 
légende  et  la  peur  d'aucun  dieu,  il  nous  plait  inflniment  de  voir  enfin 
une  habile  libre-pensée  mettre  à  leur  vraie  place  les  romantiques 
produits  d'un  patriotisme  gaulois.  Nous  souhaitons  seulement  qu'a- 
près avoir  trop  cru,  on  ne  s'avise  pas  de  trop  nier^.  —  Au  surplus, 
il  est  probable  que  les  Celtes  ne  manqueront  pas  de  défenseurs  et 
les  Druides  d'enthousiastes;  nous  n'avons  pas  encore  lu  le  livre  de 
M.  Alexandre  BEATRifro  sur  les  Druides  et  le  druidisme*^  mais  le 
titre,  des  extraits^  et  des  indiscrétions  permettent  de  croire  que 
notre  cher  maître  est  un  fervent  admirateur  de  l'enseignement  droi* 
dlque. 

Nous  attirons  TattenUon  des  archéologues  sur  les  plombs  antiques 
trouvés  en  Gaule',  dont  les  légendes  sont  formées  par  les  initiales 
des  noms  de  villes  gallo-romaines:  M.  Maxb-Wbblt  les  étudie  à  nou- 

1.  Teutatès,  Esus,  TaraniSy  dans  la  Revue  eeUique  d'aTiil  1897.  Son  com- 
mentaire du  Et  quibus  de  Lucain  (I,  y.  444)  est  excellent.  Tout  ce  qu'il  dit  pour 
relever  la  valeur  historique  du  poète  est  parfait. 

2.  Il  serait  bien  possible  qu'il  y  ait  eu  à  Sena  quelque  mystère  religieux  qui 
ait  donné  lieu  à  la  transplantation,  dans  cette  lie,  de  la  légende  de  Gircé  :  les 
Bretons  avaient  bien  une  manière  d'Ile  sainte,  Mona,  voisine  du  rivage.  —  H 
est  douteux  que  Esus  soit  simplement  (comme  le  suppose  M.  Reinach)  uae 
divinité  particulière  à  un  peuple,  par  exemple  celui  des  ParisH.  La  manière 
même  dont  Lucain  Tannonce  {Et  quibus,  etc.),  lui  et  les  deux  autres  dieux, 
semble  indiquer  qu'ils  étaient  généraux  aux  peuples  de  la  Gaule  centrale.  — 
Il  n'est  pas  sûr  qu'il  n'y  ait  aucun  lien  entre  le  culte  de  ces  trois  dieux  et  les 
Druides,  et  mal^  tout  je  ne  puis  m'empécher  de  rapprocher  ces  trois  dienx 
des  grandes  divinités  adorées  par  les  Gaulois,  d'après  César. 

3.  Nos  origines.  III  :  la  Religion  des  Gaulois^  les  Druides  et  le  druidisme, 
leçons  professées  A  TÉcole  du  Louvre  en  1896.  Paris,  Leroux,  1  vol.  in-8*.  Ct. 
Revue  historique,  mars  1892,  p.  333. 

4.  Dans  la  Revue  archéologique,  1886.  t.  II,  p.  112. 

5.  Dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  1894,  p.  109. 


nuRCB.  349 

)aa.  sans  pouvoir  former  à  leur  sujel  une  conclusion  définitive.  On 

tonne  an  peu  de  ce  qu^il  ne  rappelle  pas  l'explication  donnée  à 
propos  des  objets  de  la  collection  Récamier,  qu'il  s'agissait  là  de 
plomlis  de  la  douane*. 

Nos  provinces  gallo-romaines  produisent,  comme  toutes  les  terres 
vigoureuses,  leur  moisson  périodique  de  mémoires,  ivraie  et  froment 
mêlés.  En  Narbonnaise,  nous  avons  un  Iwn  relevé  de  toutes  les 
fouilles  faites  à  Martres-Tolosanes  avant  la  dernière  campagne,  qui 
parait  avoir  été  très  fructueuse:  ce  relevé,  accompagné  d'un  cata- 
logue, est  dû  à  .M.  jACLt?!*.  L'excellent  M.  Bochetin'  nous  entretient 
d'Uzès*  et  du  Pont-du-Gard^.  De  l'autre  côté  du  Rbône,  M.  Boubggs 
étudie  et  restitue  avec  soin  te  Monument  triomphal  de  CavaiUon^. 
M.  MokIjI  nous  apporte  des  «  données  nouvelles  «  sur  saint  I^zare 
et  saint  Maximiu,  les  saints  de  Provence^,  qui  ne  me  paraissent  pas 
offrir  toute  l'importance  annoncée  par  l'auteur.  M.  Siige  nous  rap- 
pelle les  débuts  de  Monaco*.  M.  Gillbs  nous  promène  sur  les  terres 
des  Arlesiens,  au  gré  de  ses  rêves  archéologiques  que  doivent  lui  faire 

Ïtrdonner  sa  verte  vieillesse,  sa  belle  vaillance  et  les  services  rendus  '. 
t.  Cf.  Gagnât,  Impôts  ii^irects,  p.  GS. 
t.  La  FontiOet  Ae  Uartres-Tolosanei,  IS16,  1S40,  1890,  dgmg  les  Mëmoirei 
it'Aeadimie  dei  (ct«ncsi,  inicripUont  et  beUes-lettret  île  TotUoufe,  l.  Vlli. 
L  H.  ttochelin  est  mort  en  août  1997;  cf.  le  discojra  de  H.  Ubsnde, 
Mémoires  de  lAcadémie  de  Vauclute,  I.  XVI,  p.  311. 

i.  Mémoires  de  lAcadémie  de  Vauctuui,  t.  XVI,  p.  153  et  tair.  :  Études 
d'archéologie  et  d'histoire  sur  la  ville  d'Usés.  Le  costrum  d'Utèi,  du  iV  liâcle, 
n'aurait  laissé  aucune  trace.  —  Cazalis  de  FonUoucu,  Une  fonderie  antiqae  de 
broiœ  des  eavlroivs  de  Montpellier  (extrait  des  Mémoires  de  la  Soc.  arch.  de 
MotUpellier). 

5.  tl>id.,  t.  XVI,  p.  2t)â.  Je  ne  suis  pas  encore  conTaincu  que  le  Poal-dn- 
Gard  soit  contemporain  d'AugusIe.  Si  l'inscription  de  Veranlus  [Corpus,  -Vil, 
?980J  eti  antique  (Cbarret  l'affirrae.  Soc.  d'Alais,  1873,  p.  152),  rien  ne  prouve 
qu'elle  donne  Je  nom  de  l'architecte. 

6.  Ibid.,  t.  XVI,  p.  199  (il  j  a  un  tirage  i  part), 

7.  Mémoires  des  Antiquaires  de  France,  1835,  p.  27-51  :  Données  nouvelles 
sur  plusieurs  personnages  de  ta  tradition  de  Provence  (l'inicription  de  LaiM~ 
T\as\  p{a)p{a)  était  connue  de  M.  AlbauM  et  de  moi  depuis  1IJH5,  el  déjà  bien 
des  personnes  ont  aonge  A  y  voir  le  texte  autour  duquel  s'est  cristallisée  la 
tradition  de  saint  Lazare,  mais  il  Tandrait  d'uutres  documents  que  la  copie 
manuscrite  d'une  épilapbe.  L'orij^ne  arvernique  du  culte  de  saint  Maiimio 
aurait  tiesoia  d'être  prouvée  autrement  que  par  les  textes  donnés  par  H.  U.). 

S.  Les  Origines  phéniciennes  de  Monaco  et  la  voie  Héracltenne,  imprimerie 

de  Honaco,  1897,  iQ-4°  de  24  p.  Gela  est  bien  court.  P.  23  :  l'Itinéraire  Anto- 

sttn  e«t  antérieur  i  la  On  do  m-  siËcle. 

9.  Le  Pays  d'Arles  et  ses  trois  tribus  saliennes,  les  Avattques,  les  Dt'euriates 

t  Im  AnalOes,  1"  partie,  InlrodueUon  (époque  celttque,  période  romain*. 


350  BULLITIH   HIBrOEIQUI, 

Il  feut  que  tous  les  trois  ans  paraisse  un  nouveau  travail  sur  le 
passage  des  Alpes  par  Hannibal.  A  Télude  de  M.  RomaD,  publiée  en 
4894%  répond  aujourd'hui  celle  de  M.  GEirpuis,  œuvre  très  eom- 
pacle  d'un  homme  qui  était  plein  de  ses  textes  et  de  son  sujet  ^  qui 
connaissait  fort  bien  le  pays*,  il  fait  passer  les  Gartba^nois  par  la 
Drôme,  le  col  de  Cabre,  la  vallée  de  Buech,  Gap,  Ghorges,  la  Duranee 
et  la  vallée  de  Barcelonnette  '.  DMci  à  trois  ans,  nous  verrons  indiquer 
un  autre  tracé  et  nous  savons  qui  le  prépare. 

En  Lyonnaise,  M.  Bolliot',  M.  Aubertoc^,  M.  Afprb'  continuent 
à  travailler  chez  les  Éduens,  M.  Julliot  chez  les  Senon^*^  M.  Ha- 
BBRT  chez  les  Hèmes^;  M.  Ariiauldet  achève  son  Corpus  (bien  som- 
maire) des  Inscriptions  antiques  de  la  IV^  Lyonnaise^.  A  Lyon,  c'est 
M.  Lapon  qui  étudie  l'amphithéâtre  de  Fourvière'.  —  On  Mt  de 
belles  découvertes  en  Armorique,  et  MM.  Mowat  et  Loth  les  com- 
mentent avec  leur  habileté  ordinaire^®.  —  En  Aquitaine,  la  question 


époque  chrétienne),  Paris,  Fontemoing,  (s.  d.,}  iii-8*  de  196  p.  Je  n'ai  pas  tu 
la  2*  partie  :  Fin  de$  Déeuriates, 

1.  Revue  historique,  mars  1895,  p.  337. 

2.  Annibal  dans  les  Alpes,  dans  les  Annales  de  FUniversiU  ée  GremUtU, 
1897.  K.  Ch.  aTait  déjà  esquissé  sa  théorie  en  1862;  ef.  Desjardins,  Gauk 
romaine,  I,  p.  96. 

3.  Journal  l'Autunois  du  17  juin  1896,  non  vidi;  cf.  BuOeHn  des  Ântiquakts 
de  France,  1896,  p.  289.  Je  n'ai  pas  encore  reça  la  thèse  latine  de  M.  Gobin  : 
Viae  apud  Arvernos  romanae,  etc.,  1897. 

4.  Recherches  sur  la  fondation  de  la  viUe  de  Beaune,  dans  les  ITffrtMÉw 
de  la  Société  de  Beaune,  1895  [1896J,  p.  59. 

5.  Apollo  Medicus,  laraire  de  Santosse,  Und.,  p.  149.  Sor  les  dieux  topiques 
de  cette  région,  cf.  p.  115.  On  traTaille  bien  à  Beaane. 

6.  Une  façade  des  thermes  romains  élevés  au  commencement  du  It  siède 
dans  la  capitale  des  Senones,  dans  les  Mémoires  des  Antiquaires  de  France, 
1894,  p.  123  et  s.  La  restitution  de  cette  façade  m*a  paru  ingénieuse,  mais  pro- 
blématique :  quelques-uns  des  bas-reliefs  nUlisés  penvent  convenir  à  des 
monuments  funéraires.  —  M.  Le  Clert  a  donné  an  catalogue  très  précis,  très 
minutieux  des  Monnaies  gauloises  du  musée  de  Troyes  (dans  les  Mémoires  de 
la  Société  académique  de  l'Aube,  1896). 

7.  Je  regrette  de  n'aToir  point  parlé,  en  son  temps,  du  liTre  de  K.  Habert  sur 
la  Poterie  parlante  (Pans,  Reinwald,  1893, 2  toI.  in-4*)  qui  est  une  très  impor- 
tante contribution  à  la  connaissance  des  c  sigles  fignlins  »  dans  la  régk»  des 
Rèmes,  des  Tricasses,  des  Senones  et  des  Lingons. 

8.  Mémoires  delà  Société  des  Antiquaires  de  Ftanee,  1894,  p.  265  et  s. 

9.  Amphithéâtre  de  FourvièreSy  lu  A  l'Académie  des  sciences  de  Lyon,  3*  tMt, 
t  IV,  1896,  p.  397  et  tirage  à  part. 

10.  Mowat,  dans  le  Bulletin  des  Antiquaires  de  France,  1896,  p.  297,  et  Loth, 
dans  les  Annales  de  Bretagne,  1897,  p.  266.  J'ai  peine  A  croire  qoe  le  paçus 
Camutenus  (p.  300)  ne  soit  pas  un  pagus  des  Bedones.  —  Une  note  plue  que 
sommaire  sur  les  Antiquités  de  LiUebonne,  dans  VArchaeologia  de  Farts,  1897, 


FKincE.  354 

3  piles',  les  Touilles  de  Chagnoa-Villepouge  ont  agité  les  érudils 
locaux',  celles  d'Yzeurea  ont  occupé  MM.  le  P.  ob  u  Gboix  el  Ha»^. 
—  Mais  c'esl  surtout  en  Gascogoe  que  les  joutes  archéologiques  oui 
été  vives  ^. 

M.  CiHOBKiT  a  droit  à  une  sincère  sympathie.  Simple  professeur 
de  dessin  dans  un  collège  sous-préfecloral,  il  travaille  avec  beaucoup 
d'ardeur  et  inQniment  peu  de  ressources  livresques,  mais  il  tire  le 
meilleur  parti  possible  de  ces  ressources  el  de  cette  ardeur;  c'est  un 
convaincu,  un  passionné,  un  désintéressé,  et  il  tient  avec  une  iné- 
branlable ténacité  à  LecLoure  son  pays  el  aux  idées  qui  lui  sont 
propres.  Aussi  convient-il  de  ne  point  répondre  par  d'autres  colères 
aux  emportements  que  M.  C.  a  laissés  réguer  dans  sa  Ville  des 
Sotiales^.  —  M.  C.  avait  identlQé  autrefois  Voppidam  célèbre  des 
Sotiales  avec  la  ville  de  Lectoure';  l'abbé  Breuils  lui  a  répondu  ea 
défendant  les  droits  du  pays  d'Eauze^;  et  M.  Hirschfeld  a  supposé 
ensuite  que  Lectoure  avant  le  troisième  siècle  était,  non  pas  cité 
municipale,  mais  simple  sanctuaire  religieux^.  De  là  l'irriLatiou  crois- 
sante de  M.  C,  el  le  virulent  pampUet  par  lequel  il  réplique  à  l'un 

■•*  1-3  (cf.  p.  60).  —  JVoa  vidi:  P.  du  Chalellier,  la  Poltrie  aux  épogwfpri- 
hUtorique*  el  gauloites  en  Armoriqut.  Paris,  Lechevalter,  IS37(7),  ia^i';  Afe- 
neau  de  la  Orancière,  tes  Parures  préhialorlques,  eic,  el  le*  colliers  taliimans 
eelloarmoriealns.  Paris,  Leroui,  I897(?),  ia-â*. 

1.  Voy.  surtout  le  très  îiaporiant  traiail  de  U.  Lièvre  (toutes  résenres  faites 
■ur  la  condusiOD,  que  ies  piles  sont  des  fatta  ou  temples)  dans  le  Congrts 
arekcoloffique  ik-  France,  LXl*  i^ssion  [1834J,  I8'Jlj;  Pirelongut  el  la  juulion 
det  piles;  cf.  Revue  de  Saialoage  el  d'Aunil,  1"  mai  1S9&;  ma  couTiction 
absolue  est  que  les  pilea  sont  d'origine  funérure. 

2.  Voy.  Revite  de  Sainloaçe  el  dàunis  du  1"  Juillet  1897,  du  l"  septembre; 
Bulltan  de  la  Sùcûllé  ilgt  anliquaires  de  l'Ouest,  avril  1397. 

3.  £iM  MonanumU  gallo-romain*  dYteures,  état  le  BuUeUn  de  ta  Sociéli 
des  antigtuUrei  de  iOueU,  I.  Vlll,  2-  série,  1S96.  —  Voj.  une  Excuraon  à 
Murtens,  dans  le  B^tUetin  de  la  Société  des  éludes  du  Lot,  I.  XXI,  1896.  — 
Le  catalogue  qu'a  iaaaè  M.  Vialettcs  des  Sigles  fig\Uiti*  relevés  s\tr  Us  pole- 
ru$  trouvées  dans  l'Aveyron  (surlont  de  la  fabrique  de  la  Graufeseoqae)  et  à 
Sanesiac  appelle  tant  de  reclilicatioos  qu'il  est  presque  inutilisable  {Mémoires 
lie  la  société...  de  l'Axieyron,  t.  \V,  3'  livr.). 

4.  L'AguUaine  hislorique  el  monumenlale,  de  UM.  Dufourcel  et  Camade  (je 
n'ai  TU  que  le  t.  III,  Dai,  1897,  ia-S'),  est  un  simple  ré»unié  des  travaQi  anlé- 
rieurs.  Elle  parait  à  la  suite  des  actes  de  la  Société  de  Borda. 

i,  Étuties  de  géographie  liistorigae  ;  la  ville  des  Sollatei.  Auch,  Bousquet, 
1867,  iD-12  de  I5U  p.,  grav.  et  plans. 

6.  L'Emplacement  de  l'oppidum  des  Soliates.  Paris,  Champion,  el  Auch, 
Folx,  1883. 

7.  l'Oppidum  des  SoUates,  dans  la  Revae  de  Gascogne  de  1895. 

8.  SUtuitgsberlchU  de  l'Académie  de  Berlin,  t.  XX,  1896;  cf.  AeoM  épigra- 
pHiqve,  1897,  p.  ihi. 


M 


352  BULLBTIII  HI8T0UQUB. 

et  l'autre.  ~  Il  but  avant  tout  déplorer  et  blâmer  bautement  le  too 
agressif,  les  allusions  personnelles,  les  longues  invectives  que  ren- 
ferme le  travail  de  M.  C.  On  constate  avec  regret  que  de  Êcheuses 
habitudes,  contraires  à  Tintérét  de  la  science  et  à  la  dignité  da 
savant,  se  répandent  de  plus  en  plus  dans  le  monde  de  TéruditioD^ 
gangrené  à  son  tour  par  les  maladies  du  journalisme  politique  et 
des  luttes  parlementaires.  Nos  cbers  amis  de  Gascogne  et  de  Pro- 
vence' en  particulier  ne  peuvent  écrire  sans  combattre,  et  ils  vous 
lancent  une  ligne  ou  une  lettre  dinscription  comme  une  flèche 
empoisonnée.  C^est  un  peu  Thabitude  de  M.  Bladé',  qui,  en  cela 
comme  en  d'autres  choses  (celles-ci  bien  meilleures},  a  été  oo 
maître  de  cbœur  en  Gascogne'.  Si  on  n'y  met  bon  ordre,  le  travail 
scientiQque  sera  impossible  avec  ces  d'Artagnan  de  la  géographie 
historique.  Remarquez  qu'ils  gâtent  leur  cause  et  que  M.  C.  en  par- 
ticulier en  avait  une  excellente.  —  Il  est  probable  en  effet  que,  si 
Lectoure  n'est  peut-être  pas  Toppidum  des  Sotiatesj  la  cité  dont  die 
était  la  métropole  n^est  autre  que  Tancienne  peuplade  aquitanique: 
le  nom  de  Lectoure  apparaît  à  la  fln  du  premier  siècle,  au  moment 
où  disparai  t  celui  des  Sotiates,  et  l'une  et  l'autre  cité  ont  été  parmi 
les  plus  importantes,  sinon  les  plus  importantes,  de  TAquitaiDe 
propre.  D'autre  part,  on  ne  peut  admettre  que  Lectoure  ait  été  sim- 
plement une  bourgade  sacrée,  sans  organisation  municipale;  on  oe 
comprendrait  guère  qu'à  la  fln  du  premier  siècle  un  intendant  impé- 
rial ait  été  tour  à  tour  procurateur  en  Lyonnaise  et  Aquitaine,  puis 
procurateur  à  Lectoure,  si  cette  ville  n'était  pas  une  cité  et  le  centre 
d'une  circonscription  flscale. 

Ce  qui  est  l'origine  de  ces  interminables  discussions  que  suscitent 
depuis  trente  ans  le  nom  des  Neuf  Peuples  et  rinscripUon  d^Has- 
parren,  c'est  ceci  et  uniquement  ceci  :  Ptolémée  place  dans  l'Aqui- 
taine propre  cinq  peuples  seulement,  Auch,  les  Tarbelles,  les 
Gonvènes,  Bazas,  et  un  cinquième,  les  Data,  dont  le  nom  est  déna- 
turé. Quel  est  ce  cinquième  peuple?  Les  uns,  parmi  lesquels  M.  Ga- 


1.  M.  Gilles  n'a-t-il  pas  écrit  récemment  (cf.  p.  359,  n.  3)  qu*il  était  la  victime 
(l'un  complot  tramé  contre  lui  par  les  Arcbives  des  Boaches-du-Rhône,  et  que 
j'avais  été  Tagent  principal  de  ce  complot  préfectoral  ?  cela  parce  qae  je  diffé- 
rais d'avec  lui  sur  la  question  du  parcours  des  routes  romaines  en  ProTcace. 

2.  Cf.  Revue  historique,  mars  1893,  p.  320. 

3.  Voy.  avec  quelle  ardeur  il  combat  ses  adversaires  A  propos  de  l'antiqiiilê 
du  diocèse  de  Bayonne  (Bladé,  Mémoire  sur  Vévéehé  de  Bayonne^  Pan,  1897, 
extrait  des  Éludes  historiques  et  religieuses  du  diocèse  de  Bayonne).  IL  Blidé 
est  contre  l'antiquité;  M.  Poydenot  lui  a  répondu  (cf.  p.  362,  d.  5),  avec 
beaucoup  de  calme  et,  bêlas  1  d'assez  mauvais  arguments. 


niitcB.  3S3 

loreyl*,  disent  Lecloure,  les  autres,  et  M.  Hirschfbid*  parmi  eux, 
"disent  EauEe*.  —  Tous  ces  conflits  disparaîtraient  si  l'on  voulait  une 
bonne  Tûis  discuter  ce  LoUl  des  cinq  peuples  et  douter  un  peu  du 
chiffre  donné  par  Ptolémée*-,  il  ;  a,  certes,  bien  d'autres  omissions 
et  d'autres  erreurs  chez  le  géographe  grec,  l^  meilleure  solution  est 
de  dire  qu'il  y  a  eu  neuf  peuples  constitués  en  Aquitaine  bien  avant 
Ptotêmée.  et  peut-Stre  dès  Auguste,  et  qu'il  faut  admettre  de  con- 
serve parmi  eus  les  Élusates,  comme  les  Lectorates,  sans  parler  des 
Consérans,  des  Itoiens  et  d'Oloron.Lejouroùonse  donnera  la  peine 
de  les  chercher,  on  trouvera  les.'preuves  de  l'eiistencc  continue  de 
ces  neuf  cités  sous  l'empire,  et  l'on  aura  apaisé,  au  sud  de  la 
Garonne,  bien  de  vaines  colères*. 

IV.  Afrtqdk.  —  Le  seul  gros  ouvrage  qu'on  nous  ait  adressé  sur 
l'Afrique  romaine  est  la  suite  des  Fastes  des  Provinces  africaines* 
de  M.  PtLLo  DE  Lessebt  :  elle  renferme  une  nouvelle  édition,  rema- 
niée, des  Fastes  de  la  Numidie,  parus  en  1888.  L'auteur  n'a  pas 
épargné  sa  peine  :  l'utilité  du  hvi'c  aurait  éLé  peut-être  plus  visible 
s'il  avait  été  moins  étendu,  plus  condensé.  Ce  tome  1"  renferme 
570  pages  grand  in-4°  et  n'étudie  que  les  gouverneurs  d'Afrique 
proconsulaire  et  de  Numidieavant  Dioclétien,  L'auteur  était  d'autant 

I.  Bt  U.  Allmer,  Bevve,  1895,  p.  389. 

S.  Hirscbretd.  op.  Revut  épigraphlqite,  1897,  p.  4SI. 

3.  Duc  des  preuves  serait,  d'après  l'abbé  Breuils  '.Revue  épigraphîque,  1897, 
p.  159),  t|ue  le«  Data  avatenl  ponr  capitale  Tasta  et  qu'an  liou  dit  d'Eauze 
«'appellerai!  la  Tasle.  M.  C.  râpond  (p.  III)  qu'il  y  a  un  Tailo  k  Lecloure, 
el  (p,  114)  il  en  conclol,  lui  aussi,  que  Lecloure  s'appela  d'abord  TaUa.  — 
Hais  il  ï  a  une  quantité  cousidérable,  en  Gascotjne.  de  Toile,  la  Taile.  Tasiet, 
etc.,  il  ;  en  a  autant  que  de  Lalande  ou  de  Latttothe. 

i.  Celait  la  théorie  de  Sacaze  {Inscriptions  des  Pyrénia,  p.  545)  :  >  L»  l(st« 
ploléméenae  est  sùremenl  incomplète.  »  Voill,  Je  crois,  la  réritè. 

5.  Est-ce  bien  silr?  Plus  d'une  question,  qu'on  croyait  â  jamais  résolue,  repa- 
rall  au  jour  après  des  siècles.  On  était  bien  persuadé,  de  notre  temps,  que  U 
cité  des  BoTeas  correspondait  au  pays  de  Bucb.  et  il  y  a  1  cette  persuasion  au 
moins  quatre  raisons,  dont  une  seule  eAt  suffi.  U.  C,  nous  parle  de  celle  ciié 
connue  •  introuTable,  n  et  M.  Poydenot  {<[e  t'AntiquiU  dt  l'rvichè de  Bayonne. 
Bayonne.  Lasserre,  1897,  in-8'  de  84  p.),  renouTelaut  la  très  vieille  bypothèse 
de  Scaliger,  identifie  la  cité  de  Bayonue  4  celle  des  Hoiens  :  mais  au  moins 
11.  Poydenot  jiarle  de  toutes  ces  cboses  sans  colère  et  avec  une  loucbanle 
Miortoisie.  —  Sur  l'bistoire  du  sol  en  Gascogne,  cf.  Uurègne,  Duna  primUinet 
et  forits  antiques  de  la  c6te  <lé  Gaseogne  (extrait  du  Bulletin  de  la  Soeiiilé  de 
géographie  commerciale  de  Bordeaux,  5  avril  1897)  :  une  carte  montre  en 
teinte  plate  les  forêts  d'origine  ancieime. 

6.  Tome  1",  2*  [et  dernière]  partie,  p.  307-572.  Paris,  Leroux,  1897,  in-*'. 
Cr.  Amue  historique,  mars  1893,  p.  318;  mars  1897,  p.  319.  Il  y  a  beaucoup 

K.iins^périeDC«  dans  la  manière  de  préseoler  les  citations- 
Rbv.  Ujstob.  LXVI.  2*  fasg.  23 


354  BULLETIN  HIBIORIQirB. 

plus  tenu  à  la  concision  que  ce  genre  de  travail  peut  recevoir,  à  tout 
moment,  de  nouvelles  additions. 

Le  ministère  de  l'instruction  publique,  fort  généreux  pour  les 
choses  de  l'Afrique  \  a  pris  sous  sa  protection  une  Bibliothèqm 
d'archéologie  africaine  dont  voici  les  deux  premiers  fascicules;  ils 
rappellent  tous  deux  les  noms  de  deux  vaillants  explorateurs  égale- 
ment disparus  :  le  premier  {Tombes  en  mosaïques  de  ThabroM; 
douze  stèles  votives  du  musée  de  Bardo^)  est  Tœuvre  de  Du  Gov- 
DRAT  La  Blaivchère,  l'autre  [Études  sur  les  ruines  romaines  de  Ttg* 
zirt^)  est  dû  à  Tarchitecte  Gàvault;  celui-là  a  été  publié  par  les  soins 
de  M.  Cag^tat,  celui-ci  a  été  mis  au  point,  complété  et  édité  par 
M.  GsBLL.  —  Le  même  M.  Gsell  nous  envoie  une  ample  provisk» 
(X* Inscriptions  inédites  de  l'Algérie^;  M.  Gaucklee  nous  livre  eatn 
autres  découvertes  de  nouvelles  épitaphes  provenant  du  cimetière 
carthaginois  des  officiâtes^ ^ei  les  fort  curieuses  mosaïques  deSousse*; 
il  y  a  entre  autres  une  mosaïque,  où  sont  Ûgurées  des  variétés  nom- 
breuses de  poissons,  qui  ravira  les  historiens  de  la  pisciculture  et  les 
commentateurs  d'Ausone. 

C'est  une  fort  belle  inscription  que  celle  d'Henchir-Mettich^  une 

t.  Le  livre  de  M.  Pillu  de  Lessert  paraît  également  soas  ses  auspices. 
'2.  10-8-  de  56  p.  et  7  pi.  Paris,  Leroux,  1897. 

3.  Iu-8*  de  136  p.,  2  pi.  et  23  dess.  Paris,  Leroax,  1897. 

4.  Extrait  du  BulletiH  arckéoiogique  du  Comité,  1896.  N**  2  et  3,  iiscrip- 
tions  intéressantes  de  soldats  légionnaires  origiftaires  de  Chartres  et  d'Antu. 
—  ïit^9>  Marques  céramiques  grecques  et  romaines  ont  été  publiées  par  M.  Ds- 
lattre  dans  la  Hevue  tunisienne  de  1897. 

5.  Découvertes  archéologiques  en  Tunisie,  dans  les  Mémoires  des  Àjsih 
quaires  de  France,  1895.  —  Voy.  plus  récemment  fiesnier,  Inscriptions  et  u»- 
numents  figures  de  Lamàèse  et  de  Tëbessa,  dans  les  Mélanges  de  Rome,  déc 
1897.  —  Je  reçois  à  l'instant  Ballu,  Les  ruines  de  Timgad.  Paris,  Lenrax,  ia-^. 

6.  Les  Mosaïques  de  Sousse,  dans  la  Revue  archéologique  de  jniltet-aodL 
Sur  les  routes  romaines  de  la  Tunisie,  cf.  Winckler  dans  la  Revue  timlsémM 
de  1897,  et  Granal  dans  le  Congrès  de  Carthage,  1896.  Sur  {'Enceinte  romaint 
d'Uadruinète,  cf.  llannezo  dans  la  Revue  archéologique,  janTier  1897,  p.  22. 
Vo>.  encore  Carton,  In  édi/ice  de  Dougga  en  forme  de  temple  égyptieii 
{Mémoires  des  Antiquaires  de  France,  1895,  p.  52);  les  Sépultures  à  enceinttt 
de  Tunisie  (extrait  de  l  Anthropologie,  1897).  ~  Les  découTertes  du  P.  Oe- 
lattre  (Compfe-rendu  de  l'Académie  des  inscriptions,  1897,  p.  92)  ont  proTO- 
qut\  rhoz  M.  liéron  de  Villefosse,  de  belles  actions  de  grâces,  auxquelles  bous 
nous  assiKMons  volontiers. 

7.  L'imcription  d^ Henchir-Mettich  [près  du  confluent  de  la  Medjerdah  et  de 
ro.  Siliane],  extrait  des  Mémoires  présentés  par  divers  savants  à  F  Académie 
des  inscripUons  et  t^etles-lettres,  1**  série,  i.  XI,  f*  partie,  1897,  iA-4*  de 
56  p..  A  pi.  ~  On  connaissait  trois  autres  règlements  sur  l'exploitation  rurale 
de  l'Afrique,  mais  il  ne  s'agissait  que  de  domaines  impériaoi;  ici  il  s'agit  à*u 
faste  territoire  conbé  à  la  colonisation  privée. 


des  plus  inléressantes  découvertes  que  l'épigraphie  ait  fournies 
depuis  longtemps,  et  M.  TooTiis  a  eu  la  bonne  Tortune,  dont  il  était 
digiie,  de  s'en  voir  confler  le  commentaire  par  son  maître,  M.  Gagnât. 
C'est  le  règlement,  très  complet,  très  nainutieux,  de  l'exploitation 
d'une  grande  ville  africaine  au  temps  de  Tr^yan.  Presque  tout  est 
nouveau  dans  ce  document,  mais  ce  qui  intéresse  le  plus  et  ce  que 
M.  T.  a  fort  bien  mis  en  lumière,  c'est  la  situation  des  colons,  vrai- 
semblablement des  indigènes',  sur  un  grand  domaine  de  l'Afrique 
latine*.  Où  il  s'avanœ  peut-être  un  peu  trop,  c'est  quand  il  rattache 
directement  leur  condition  à  la  couquéLe  de  l'Afrique  (p.  54)^  :  qui 
sait  toutes  les  transformations  que  le  sort  des  indigènes  d'Henchir- 
Metlich  a  pu  subir  entre  les  temps  des  Gracques  et  le  règne  de  Tra- 
jan  7  —  M.  Cartox  vient  de  coordonner  en  un  volume  ses  travaux  de 
dix  années  sur  les  installations  hydrauliques  romaines  en  Tunisie*,  et 
M.  GiccELEK,  sur  le  même  sujet,  conduit  une  vaste  Ew/uète  officielle'^, 
dont  les  premiers  résultats  concernent  surtout  les  régions  d'Ël-Djem 
et  l'arrière-pays  de  Sfax.  El  M,  Toulain  conclut  sa  note  très  précise 
sur  l'Histoire  des  carrières  de  marbre  Similku^  en  donnant  d'excel- 
lents conseils  sur  la  manière  dont  il  faut  procéder  pour  utiliser  sage- 
ment ces  carrières.  —  Espérons  qu'il  en  sera  de  ces  travaux  comme  de 

1.  C'est  11  le  point  wwntict,  selon  moi,  de  ce  méiDoire.  Il  a&t  «wlement 
flcbeai  qu'il  n'y  ait  pas  une  preuve  formelle  île  l'iaillgÉaat  de  [ous  ces  colons. 

2.  Vo}.,  p.  ïi,  l'importante  disaerUtiuo  sur  les  deleniorei  des  groupemenU 
iodigiaeE. 

3.  Je  ne  saie  «i  H.  T.  n'eiagËre  pas  en  disani  (p.  %'i)  que  ces  douaincs 
fuient  de  petilea  priacipautés  ■  presque  îadépenilanles,  •  Ils  ont  pa  le  deve- 
nir, ils  ae  le  sont  pas,  et  il  est  IodI  oaLurel  que  dans  no  rËglemeut  de  ce  genre 
il  ne  soit  pas  queslion  île  droits  politiques.  —  Au  deraler  moment,  nous  rece- 
vons une  Ëtnde  1res  profonde  de  M.  Cuq  sur  le^^  problèmes  juridiques  que  sou- 
levé celte  inscription,  et  en  particulier  sur  celle  du  colonat  partiaire  des  indi- 
gènes, s  qui  n'a  rien  de  commun,  >  dit-il,  i  arec  le  colonat  du  bas-empire  s 
\le  Colonat  partiaire  dans  l'Afrique  romaine,  extrait  des  Mimaires  présen- 
tét,  etc.,  1"  sériE,  t.  XI,  1"  partie,  1837,  iu-f  de  6fi  p.).  Voy.  encore  ScliulteD, 
AbkandlMigen,  etc., delà  Société  de  Gœttingen,pft<I.-Aiif.  Klasse,  nouv.  série, 
1.  II.  (Of.  un  récent  comple-rendu  par  H.  Toutain,  Rev.  erit.,  1896.) 

4.  Étude  iUT  les  travaux  hydrauiiqaet  des  Romains  en  Tunisie.  Tunis,  impr. 
Rapide,  1897,  un  la-S-  de  1.16  p.  (extrait  de  la  Reme  tuTUsIenne). 

j.  Enquête  sur  les  Intlallalions  hydrauliques  romaines  en  Tunisie.  1.  La 
BfsaçtM  orientale.  Tunis,  Nicolas,  1897,  in-8'  de  62  p.  Auteurs  :  MM.  Maa- 
inen#,  Toussaint,  Blauchel,  Flick  et  Holios.  Conclusion  de  H.  Blancbet  pour 
le  centre  de  la  Tunisie  ;  <  Il  n'a  jamais  été  couvert  de  cultures  irrigables;  les 
seuls  Iravani  hydrauliques  qu'où  y  relève  sont  destinta  h  l'utilisation  alimen- 
taire des  eani  de  plnle.  > 

6.  fatrait  dn  Cottgrit  de  Carthage,  1896. 


356  BCLLITIN  HISTOUQUB. 

ceux  qu'entreprit  M.  Bourde  sur  la  culture  de  Tolivier;  qulls  aunmt 
une  conséquence  pratique  el  profltable  à  notre  belle  ootonie. 

Enfin  rhistoire  de  TÉglise  chrétienne  d'Afrique  doit  on  intéressant 
erratum  à  M .  Gsell.  C'est  à  Lambèse  qu'il  faut  placer,  et  non  à  Goos- 
tantine,  le  lieu  du  martyre  des  saints  Jacques,  Marien  et  leurs  com- 
pagnons ^ 

y.  Orieutt,  Espàgub.  —  L^archéologie  de  TOrient'  est  toi^yours  on 
peu  une  chose  française.  —  Nous  nous  affirmons  en  Syrie,  et  M.  Dos- 
SAUx  nous  en  a  rapporté  des  inscriptions  intéressantes  qu'il  aurait 
dû  commenter  un  peu  plus  longuement'.  —  Le  voyage  de  MM.  Foos- 
SBT  et  Pëedrizkt  dans  la  même  région  a  été  fructueux  et  nous  a  fiût 
connaître,  entre  autres  nouveautés,  l'origine  et  l'époque  de  la  flotte 
stationnée  à  Séleucie^.  —  Les  RR.  PP.  copient  avec  soin  les  inscrip- 
tions de  Palesline,  et  ils  ont  souvent  le  coup  d^œil  heureux'  et  la 
chance  favorable*.  —  Un  diplôme  militaire  fournit  à  M.  Riioii  de 
ViLLEFossE^  l'occasion  de  nous  donner  la  situation  militaire  et  poU- 
tique  de  la  Palestine  en  439.  —  il  fout  apporter  une  attention  toute 
particulière  à  la  monographie  faite  par  M.  Hokolle  du  temple  de 
Delphes  sous  Tempire  romain'  ;  elle  renferme,  sous  une  forme  très 
concise,  trop  concise,  une  quantité  prodigieuse  de  renseignements, 

1.  ObêervaUons  sur  l'irucripiion  des  martyrs  de  CwistanUné  [Vm,  7924]. 
Extrait  des  actes  de  la  Société  de  ConstatUineCi), 

2.  Voy.,  de  M.  Dobrasky,  la  Description  d^une  copieuse  trouvaille  diMKrif- 
tiens  et  d'ex-voto  (ii*  et  m*  siècles)  dans  un  sanctoaire  des  Nymphes  thneei 
(Bulletin  de  correspondance  hellénique,  jaoTier  1897).  —  Sar  la  via  Egnatk 
et  la  Macédoine  sous  l'empire,  cf.  Perdrizet,  iM.,  p.  161. 

3.  Voyage  en  Syrie^  dans  la  Revue  archéologique,  mai  1897  ;  cf.  BulMn  é» 
correspondatice  hellénique,  1897,  p.  165. 

4.  Bulletin  de  correspondance  hellénique,  janTier  1897. 

5.  Cf.  Revue  biblique,  1896,  p.  603;  Bulletin  des  Antiquaires,  1897,  p.  111. 

6.  Par  exemple,  pour  l'extraordinaire  mosaïque  de  MadaK>a,  figurant  ui  pUs 
des  contrées  bibliques;  cf.  Compte-rendu  de  V Académie  des  inscriptions ie 
1897,  p.  140,  169,  189,  211,  284,  457;  Revue  biblique,  1*'  atril  1897;  Cosmos, 
24  avril  1897. 

7.  Comptes-rendus  de  l'Académie  des  inscriptions  de  1897.  Je  n*ai  pas  fu 
Yalessie,  la  XII'  légion  bis  de  l'armée  romaine  en  garnison  à  Jérusalem  m 
l'an  34  de  J.-C,  dans  la  Revue  du  clergé  français  d'avril  1897.  Deux  aoti«s 
diplômes,  de  Bulgarie,  dans  les  Comptes-rendus  de  V Académie  des  insaip' 
lions,  1897,  p.  498  (Gagnât)  el  p.  538  (Héron  de  Villefosse). 

8.  Bulletin  de  correspondance  hellénique,  1896,  p.  702-732.  P.  715,  rappro- 
cher l'inscr.  de  Vespasien  des  autres  règlements  de  territoire  faits  par  cet  empe 
reur  {Bulletin  épigraphique,  t  IV,  p.  136).  P.  717,  remarquer  le  rôle  de  Nénn 
et  de  Domitien  à  Delphes.  P.  729  :  Gonstant  est  le  dernier  empereur  qoi  soit 
mentionné.  Tout  cela  a  vraiment  un  grand  intérêt  historique. 


ruRCB.  3S7 

presque  tous  inédits  ;  lousceux  qui  s'occupent  de  l'histoire  religieuse 
de  l'empire  romain  devront  la  consulter  longuement. 

Ue  toutes  parts,  en  revanche,  nos  archéologues  français  sont  allés 
à  la  conquête  de  l'Espagne.  Aux  Antiquaires  de  France  arrivent  des 
inscriptions  d'Andalousie,  de  Garthagène,  de  Tarragone  ' ,  un  utile 
complément  à  l'étude  des  sources  de  l'êpigraphie  hispanique*;  de 
Portugal  même  l'Académie  des  inscriptions  reçoit  un  texte  sur  l'em- 
pereur  Domitien';  M.  Enckl  nous  envoie  de  précieux  renseignements 
sur  les  musées  publics  et  privés  de  la  province  de  Barcelone*-  On  n'a 
pas  à  parler  ici  des  découvertes  de  M.  PiRrs,  si  utiles  à  la  connais- 
sance de  PEspagne  anlé-romaine  :  mais  c'est  ce  qui  noua  vient  de 
meilleur,  cette  année,  d'au  delà  les  Pyrénées*. 

(Emilie  Jdlluit. 

HisTOïKE  CONTE  H  FOR*  IRE.  —  Le  nouveau  volume  de  M.  Acubd*  se 
compose  de  huit  études  relatives  à  l'histoire  de  la  Révolution  fran- 
ç<iis«,  déjà  parues  dans  diverses  revues.  Elles  sont  toutes  de  premier 
intérêt  et  Taites  de  main  de  maître,  et  renouvellent  en  grande  partie 
les  questions  qu'elles  traitent.  La  première  {Auguste  Comte  et  la 
fiéitilufion  française)  nous  rappelle  de  quelle  singulière  manière  le 
Tondateur  du  positivisme  se  permit  de  travestir  l'histoire.  Dans  la 
deuxième  \Danfon  et  lesmassacres  de  Septembre),  M.  Aulard  disculpe 
Danton  d'avoir  eu  une  responsabilité  dans  les  égorgemenls.  11  eâl 
certain  qu'il  n'en  fut  pas  l'auteur;  sans  parler  de  Murât,  le  rôle  de 
Roland  fut  peul-élre  plus  lamentable  que  le  sien.  Il  n'empêche  qu'on 
ne  peut  l'innocenter  complètemenl  selon  moi.  Les  deux  articles  sur 
la  séparation  de  TÉgliseet  de  l'État  sont  neufs  et  intéressants.  J'aime 
particulièrement  l'étude  sur  les  Causes  du  18  Brumaire.  Il  ya  Iéi  des 
pages  Unes  et  profondes  où  M.  Aulard  montre  à  merveille  comment 
la  disposition  générale  des  esprits  devait  faire  accueillir  favorable- 
ment le  1 8  Brumaire.  L'étude  suivante  sur  le  lendemain  du  18  Bru- 
maire montre  comment  il  le  Ait  en  effet.  Le  volume  se  termine  par 
deux  chapitres  sur  l'Établissement  du  Consulat  à  vie  et  sur  l'Au- 
Ihenticité  des  Mémoires  de  Talleyrand.  On  se  souvient  des  polé- 

I.  Biaielln,  1896,  p.  349  [de  HH.  de  Bourgade  cL  H.  de  Villefosse),  1897, 
p.  t3l  (de  U.  G.  Vcrnet),  etc. 
i.  Ibid..  1S9T,  p.  143  (de  H.  Hichon). 

3.  Complet-ren-ius,  1897,  p.  172. 

4.  Dans  la  Betme  internationale  des  archives,  des    biblialhèç^es  i 
musées.  Welter,  1S96. 

5.  Je  parle  du  busle  déjà  fameai  d'Elche.  Cf.  Heaiey,  Académie  des  ins- 
criptions. 1S9T,  p.  507.  Sera  publie  par  U.  Paris,  dans  U  Fondation  Piot 

6.  F.-A.  Aulard,  Études  et  teçoTU  sur  ta  Rivolution  française,  seconde  série. 
^wfa,  AlciD,  inl?,  307  p. 


358  BULLBTIll  HISTOEIQUB. 

miques  soulevées  sur  ce  dernier  sujet.  U  est  certain  que  les  mémoires 
publiés  ne  sont  pas  tels  quMls  sont  sortis  de  la  plume  de  TaUeyrand; 
il  ne  l'est  pas  moins  qu'ils  ont  une  réelle  vaieur  historique,  à  la 
condition  d*être  employés  avec  critique.  —  M.  Aulard  a  dirigé  des 
fouilles  profondes  dans  les  sources  de  l'histoire  de  la  Révolution. 
G*est  lui  qui  a  publié  les  Actes  du  Ctmité  de  salut  publie  et  les  Docih 
ments  relatifs  à  V histoire  de  la  Société  des  Jacobins,  U  est  de  plus 
l'auteur  d'une  multitude  d'études  sur  les  personnages  et  les  événe- 
ments les  plus  considérables  de  l'histoire  intérieure  de  la  RévolalioD. 
Il  est  donc  assurément,  à  tous  les  points  de  vue,  le  seul  homme 
capable  de  l'écrire  actuellement.  Or,  il  y  a  longtemps  que  noos 
n'avons  plus  eu  d'histoire  de  ce  genre  ;  depuis  la  dernière,  la  science 
des  choses  de  l'époque  s'est  renouvelée.  Il  est  nécessaire  de  temps 
en  temps  d'écrire  des  ouvrages  généraux  qui  durent  et  qui  fixent 
l'état  de  la  science  historique  sur  telle  grande  période.  H.  Aulard 
ne  nous  donnera-t-il  point  cette  œuvre  dont  il  a  déjà  écrit  tant  de 
fragments,  qu'il  a  esquissée  dans  plusieurs  chapitres  de  VBistm 
générale  et  qu'on  est  en  droit  d'attendre  de  lui  ? 

M.  BoppE  étudie,  dans  un  volume  substantiel,  Thistmre  de  la 
légion  portugaise,  de  4807  à  4843,  ou  plutôt,  comme  il  le  dit  lui- 
même,  ce  n'est  pas  une  véritable  histoire  qu'il  nous  donne,  c'esl  on 
choix  de  documents  officiels  puisés  en  général  aux  archives  de  la 
guerre  et  aux  Archives  nationales  et  destinés  à  servir  de  commen- 
taire aux  lettres  de  l'empereur  concernant  la  légion  portugaise.  On 
sait  que  la  légion  portugaise  fut  créée  à  la  suite  de  l'occupation  du 
Portugal  par  Junot.  Quoique  primitivement  ses  officiers  eussent  dû 
surtout  servir  d'otages  auprès  de  Napoléon  et  l'aient  suivi  fort  à 
contre-cœur,  elle  se  distingua  à  Wagram,  à  Smolensk  et  à  la  Mos- 
kowa.  Ses  débris  rentrèrent  en  France  et,  les  régiments  étrangers 
ayant  été  licenciés  par  Louis  XVIIl,  les  malheureux  officiers  portu- 
gais se  trouvèrent  entraînés  dans  le  désastre  de  celui  qui  les  avait 
arrachés  à  leur  patrie.  Ils  écrivaient  mélancoliquement,  le  8  sep- 
tembre I8H,  au  ministre  de  la  guerre  :  t  Nous  sommes  des  mal- 
heureux qui  roulons  depuis  longtemps  de  malheur  en  malheur  sans 
en  avoir  été  la  cause,  s  II  est  difficile  d'imaginer  une  odyssée  plus 
douloureuse  que  celle  de  ces  infortunés  qui,  après  avoir  semé  tous 
les  chemins  d'Europe  des  cadavres  de  leurs  compagnons,  se  trou- 
vaient du  jour  au  lendemain  jetés  sur  le  pavé.  Il  est  fâcheux  que, 
par  un  excès  de  modestie,  le  commandant  Boppe,  au  lieu  de  nous 

1.  Commandant  P.  Boppe,  ia  Légion  portugaise,  1807-1813.  Paris,  Berger- 
Levraolt,  1897,  in-8%  xii-519  p. 


donner  une  histoire,  n'ait  Tait  que  publier  des  documents  qui  n'ont 
guère  d'uliliLé  que  pour  l'hisloire  militaire  technique. 

Ce  sont  au  contraire  tous  les  historiens  qui  sauront  gré  au  com- 
mandant MiRGD£ito<(  de  l'importante  publication  qu'il  vient  d'entre- 
prendre' et  dont  le  second  volume  paraîtra  prochainement.  Son 
recueil  a  sans  doute  été  i  publié  surtout  en  vue  de  riusiruclion 
militaire,  »  mais  co  même  temps  il  a  groupé  i  les  matériaux  qui 
forment  ta  substance  essentielle  de  l'histoire  de  la  campagne  de  1812, 
sans  les  modirer  ni  les  tronquer,  en  laissant  aux  esprits  éclairés  le 
soin  d'apprécier  tous  les  faits,  ■  et  par  là  se  trouve  avoir  aecoiapli 
une  œuvre  de  toute  première  ulililé  pour  les  historiens.  Ils  trouve- 
ront dans  le  livre  de  M.  Margueron  un  choix  raisonné  de  documents 
bien  classés,  précédés,  réunis  el  complétés  par  des  notices  succinclos 
et  précises.  Un  grand  nomtire  de  piècessont  inédites;  elles  proviennent 
principalement  des  archives  du  ministère  de  la  guerre.  Le  volume 
qui  vient  de  paraître  foit  connaître  avec  détail  les  forces  que  réunit 
l'empereur  en  vue  de  la  campagne  de  Russie;  il  montre  comment 
peu  à  peu  l'armée  s'organisa  et  grossit  de  manière  à  être  prête  à 
toute  éventualité;  quelques  documents  se  rapportent  aux  projets  que 
l'empereur  nourrissait  contre  l'.\ngleterre. 

Ce  ne  sont  pas  les  érudits  seulement,  mais  même  le  grand  public, 
qui  s'intéressera  aux  Souvenirs  de  Pons  de  l'Hérault,  puhUés  par 
M.  PÉLiBsiEB*.  Je  disais  naguère  que  son  introduction  était  ce  qu'il 
y  avait  de  meilleur  dans  son  récent  volume  des  lettres  de  Napoléon 
de  l'ile  d'Elbe.  Ou  n'en  dira  pas  autant  du  présent.  Non  que  l'intro- 
duction qui  est  en  tète  soit  insuffisante  :  elle  est  au  contraire  etcel- 
lcnl£,  sotire,  nette  et  précise,  et  expliqua  à  merveille  l'intérêt  de  la 
publicalioD.  Mais  cette  publication  en  elle-même  est  tout  à  fait  impor- 
tante. Je  sais  peu  de  volumes  aussi  intéressants  en  ce  qui  concerne 
la  personne  de  Napoléon  vaincu.  M.  Pélissier  a  retrouvé  à  la  biblio- 
Ibëque  de  Carcassonne  les  manuscrits  de  Pons  de  l'Hérault,  ancien 
jacobin,  qui  fut  nommé  administrateur  des  mines  de  l'Ile  d'Elbe, 
quj,  sans  cesser  d'être  républicain,  se  dévoua  à  Napoléon  détrôné, 
rentra  avec  lui  en  France  et  vécut  ensuite  longtemps  dans  l'exd.  U 
avait  de  bonne  heure  entrepris  la  rédaction  de  ses  souvenirs,  qui 


l.  CatHpagne  de  Riiiaie.  t"  partie  :  Prétimiaairei  île  la  campagne  àe  ffui- 
tie,  IH  caïues,  sa  préparation.  OrgatiUalion  de  t'arntfe  du  {"janvier  tSIO 
m  3[jaaaer  mi.  ParU,  CbarlM-UTauzeltc,  in-8',  vn-333  ]>. 
F^Z.  Fons  de  l'IIcraull,  Souvenirs  et  anecdolex  de  l'ile  iTBlhe,  |>aliliés  d'après 
't  orïginul  par  Léon-G.  PéliMier.  Paris,  Pion,  IS9T,  Id-8',  xi.m- 


360  BULLBTIIf  HI8T0EIQUB. 

devaient  être  publiés  sous  le  titre  d^Essai  sur  le  règne  de  Napoléon 
à  nie  d'Elbe,  Mais  le  premier  brouillon  fut  détruit,  et  ce  n'est  qa*à 
la  fin  de  sa  vie  que  Pons  a  rédigé  les  notes  publiées  par  M.  Pélissia*. 
Elles  formaient  trois  grosses  liasses  de  fiches  incomplètes  et  décou- 
sues. M.  Pélissier  les  a  fort  bien  classées  et  émondées.  L'indéniable 
sincérité  du  brave  Pons,  la  précision  de  ses  souvenirs,  la  lucidité  de 
son  esprit,  le  soin  qu'il  eut  de  s'entourer  de  tous  les  témoignages 
possibles,  donnent  à  son  récit  une  valeur  véritable,  malgré  la  date 
reculée  à  laquelle  il  fut  rédigé.  Le  récit  est  amusant  par  la  persoD* 
nalité  de  Fauteur,  brave  homme  têtu,  sensible  et  méridional.  Le  style 
en  est  des  plus  pittoresque.  Entremêlé  de  locutions  méridionales 
(a  petitote,  »  a  trop  à  bonne  heure,  »  etc.),  il  est  parfois  incorrect 
et  souvent  d'une  enflure  qui  prête  au  sourire.  Il  fkut  lire  les  amours 
du  brave  général  Drouot  avec  la  charmante  M"'  Henriette  (p.  472)) 
ou  encore  la  description  de  l'arrivée  de  la  garde  à  Tile  d^Elbe  :  o& 
voit  «  de  vieux  soldats  qui,  avec  une  flgure  rébarbarative  (ne),  versent 
de  douces  larmes  comme  la  jeune  fllle  qui  retrouve  le  père  chéri 
au-devant  duquel  elle  courait  »  (p.  323).  Mais  c'est  naturellement  la 
flgure  de  Tempereur  qui  tient  le  premier  plan.  Assurément,  comme 
le  remarque  fort  bien  M.  Pélissier,  Texcellent  Pons  est  loin  d'être 
assez  grand  psychologue  pour  en  démêler  toute  la  complexité.  Mais 
il  note  un  grand  nombre  de  traits  intéressants  de  sa  vie  et  nous 
donne  l'impression  exacte  et  sincère  qu'il  a  produite  sur  un  fort 
honnête  homme  qui  lui  était  hostile  en  principe  et  qui,  tout  en  se 
laissant  séduire  par  lui,  ne  perdit  pas  entièrement  la  liberté  de  le 
juger.  Peut-être,  comme  le  signale  M.  Pélissier,  peut-on  remarquer 
dans  les  mémoires  de  Pons  quelques  signes  d'afl*aissement  intellec- 
tuel chez  Napoléon.  Il  est  évident  que  le  fait  de  remplir  de  petits 
poissons  la  poche  du  général  Bertrand,  puis  de  lui  demander  son 
mouchoir,  n'est  pas  un  acte  de  génie  (p.  250-254).  Plus  signiflcatib, 
de  mauvais  choix  fréquents,  des  petites  vanités,  des  jugements  hâtifs, 
des  résolutions  inconsidérées  frappent  le  lecteur.  Mais,  en  somme, 
tout  cela  est  peu  de  chose.  Certains  traits  de  caractère  vraiment  plus 
importants  s'accusent  dans  la  publication  de  Pons.  C'est  par  exemple 
les  merveilleux  dons  d'acteur  qu'il  y  avait  chez  l'empereur,  gardant 
au  milieu  de  ses  plus  grandes  colères  jouées  ou  réelles  une  posses- 
sion entière  de  lui-même  et  le  pouvoir  de  rendre  pleine  justice  à  ses 
contradicteurs.  Le  brave  Pons  était  tout  bouleversé  d'une  scène  vio- 
lente qu'il  venait  de  subir  pour  n'avoir  pas  voulu  livrer  à  l'empereur 
des  sommes  qu'il  jugeait  dues  à  la  Légion  d'honneur  :  il  fut  stupé- 
fait de  le  voir  quelques  secondes  après  venir  lui  causer  cordialement 


UNCB.  364 

comine  si  rien  ne  s'étaîl  passé.  «  Il  n'avait,  dit-U,  pas  plus  de  flel 
qu'un  poulcl  »  (p.  ^^51.  «  L'empereur  n'élail  pas  haineux.  Surtout 
il  n'était  pas  vindicatiT  n  (p.  <<>().  «  Il  n'était  pas  télu  et  admettait 
fort  bien  qu'on  eût  raison  contre  lui  »  [p,  2S0).  Bien  d'autres  traits 
seraient  à  rappeler.  Le  livre  abonde  en  clioses  nouvelles  et  mérite 
un  vrai  succès'. 

Il  faut  en  souhaiter  également  à  celui  que  M.  Giffjirel  vient  de 
consacrer  à  l'histoire  de  Dijon  en  18)4  et  en  1«15',  pendant  la  pre- 
mière occupation  autrichienne,  les  Genl-Jours  et  la  deuxième  occu- 
pation. L'auteur  a  trouvé  un  grand  nombre  de  pièces  d'archives,  de 
lettres  et  de  mémoires  locaux,  pleins  de  détails  curieux  et  importants. 
Il  nous  a  donné  une  bonne  monographie  de  la  vie  d'une  ville  de  pro- 
vince pendant  ces  jours  troublés.  Entre  autres  questions  générales, 
il  aide  à  élucider  celle  des  sentiments  de  la  France  à  la  Un  de  l'em- 
pire et  au  début  de  la  Restauration.  Ce  volume  n'apporte  pas  de  faits 
et  d'idées  nouveaux,  mais  il  sert  à  vérifier  abondamment  les  faits 
historiques  généralement  admis  :  la  lassitude  du  pajs  à  la  cbute  de 
l'empire,  la  joie  qui  accueillit  la  première  entrée  des  alliés,  les  désap- 
pointements qui  suivirent  le  retour  des  Bourbons,  la  surprise,  la 
crise  d'espoir  qui  secoua  le  pays  pendant  les  Cent-Jours.  enfin, 
après  la  chute  déflnilive  de  l'empire,  le  malaise  et  la  colère  qui  résul- 
tèrent de  la  nouvelle  occupation  el  des  exactions  des  alliés  obligés 
de  rentrer  en  France.  La  publication  de  M.  GaCTarel  n'a  rien  d'oiseux 
comme  trop  souvent  celles  du  même  genre.  Elle  est  utile  et  originale, 
et,  tout  en  intéressant  par  elle-même,  elle  donne  à  l'érudit  qui  le 
désire  le  moyen  de  la  vérifier  et  de  la  compléter.  Regrettons  un  style 
parfois  un  peu  «  bavard  »  dans  son  allure  rapide  et  une  incorrec- 
tion trop  fréquente  des  noms  propres. 

Le  litre  seul  du  volume  de  M.  Philibert  AonEBS^ND^  annonce  qu'il 
n'est  pau  un  livre  d'histoire.  II  consiste  en  une  série  de  dialogues 
précédés  de  deux  courts  morceaux  sans  importance.  Des  interlocu- 
teurs aux  noms  fantaisistes  y  causent  sur  Napoléon  sans  que  rien 
indique  le  motif  de  leurs  conversations  et  les  sources  de  leurs  affir- 
mations. Bien  qu'écrit  dans  une  langue  laborieuse  et  contournée  qui 
manque  de  précision  et  de  finesse,  le  livre  se  lit  facilement.  L'auteur 


1.  Va  indoi  faciltle  les  recherches.  Dans  une  procbaine  éditioa,  quelque* 
recliSealionB  de  nams  propres  sont  aécessaires.  Le  infime  personnage  est  appelé 
Ltmbers.  p.  242  et  326,  et  Louberl,  p.  330  el  352. 

•L  Paul  Gaffatel.  Dijon  ttn  1814  et  en  1815.  Dijon,  impr.  Daranlître,  1897, 
iD-8*,  3BÏ  p. 

3.  Pbllitierl  Audebrand,  Kapoléon  a-l-U  tti  un  homint  htwrvuxf  Parle, 


Ïalmann-Liv;,  I 


n-lS, 


[I-30S  p. 


362  BULLETIN  HISTORIQUB. 

est  au  courant  de  tous  les  potins  de  Phistoire  et  y  ajoute  sa  bonne 
part.  Étant  donné  qu'il  semble  viéer  à  l'exactitude,  on  peut  lui 
reprocher  d'accepter  sans  contrôle  certains  dires  par  trop  erronés 
tels  que  l'imputation  à  T Autriche  d'avoir  volontairement  détruit  le 
fils  de  Napoléon.  L'ouvrage  de  M.  Audebrand  est  un  de  ces  livres 
a  à  côté  de  l'histoire  »  comme  il  s'en  écrit  de  bien  pires.  Il  se  par- 
court sans  désagrément  et  quelques  pages  sont  amusantes  et  non 
dénuées  de  vérité. 

M""'  Arvëde  Barine  a  retracé  dans  son  charmant  volume,  Bourgeois 
et  gens  de  peu^  la  physionomie  d'un  brave  grenadier  anglais  qui  a 
eu  l'heureuse  idée  d'écrire,  ou  plutôt  de  dicter  (car  il  ne  savait  pas 
écrire)  ses  souvenirs  de  campagne.  On  s^étonne  de  ne  pas  voir  men- 
tionner cette  élude  dans  l'introduction  dont  M.  H.  Gauthier- Villars  a 
fait  précéder  la  traduction  qu'il  nous  donne  des  Mémoires  de  William 
Lawrence  ^  Ils  sont  d^une  lecture  bien  intéressante,  moins  d'ailleurs 
au  point  de  vue  proprement  historique  qu^au  point  de  vue  psycholo- 
gique. Ils  n^apportent  guère  de  détails  nouveaux  à  l'histoire  des 
guerres  d'Amérique,  d'Espagne  et  de  la  campagne  de  Waterloo.  En 
revanche,  ils  nous  fournissent  une  curieuse  psychologie  du  soldat 
anglo-saxon.  M'"*'  Arvëde  Barine  et  M.  Gauthier- Villars  se  sont  plu 
à  rapprocher  ces  mémoires  des  souvenirs  de  Goignet  et  de  Fricasse. 
Malgré  les  différences  de  race,  il  demeure  bien  des  traits  communs, 
et  lo  principal  est  qu'en  temps  de  guerre  la  question  du  «  ventre  »  est 
celle  qui  concentre  presque  toute  l'attention  du  soldat,  quelle  que  soit 
sa  nationalité.  La  traduction  de  M.  Gauthier- Villars  est  fort  agréable, 
d'une  langue  alerte  et  simple,  très  appropriée  au  style  de  l'auteur. 

Le  dernier  volume  des  Mémoires  des  autres,  de  la  comtesse  DASH^ 
est  peut-être  le  plus  amusant.  Il  est  moins  «  bâclé  »  que  les  autres, 
si  l'on  peut  dire,  et  il  renferme  une  foule  de  détails  sur  Barbey  d'Au- 
revilly, Henri  do  Saint-Georges,  Victor  Hugo,  Roger  de  Beauvoir, 
Ida  Ferrier,  Gérard  de  Nerval,  Dumas  surtout,  et  bien  d'autres. 
J'imagine  que  l'aimable  narratrice  a  dû  plus  d'une  fois  confondre  et 
enjoliver  ses  récits.  Il  faut  signaler  ses  notes  de  voyage  et  particuliè- 
rement l'amusante  description  qu'elle  donne  d'un  séjour  qu'elle  fit 
dans  un  harem  de  Gonstantinople,  où  elle  vit  des  choses  cachées  au 
commun  des  voyageurs.  Malheureusement,  ici  encore  Je  me  défie  de 
son  imagination  exubérante. 

t.  William  Lawrence,  Mémoires  d'un  grenadier  anglais,  1791-1867,  tradniti 
par  Henry  Gauthier-Villars.  Paris,  Pion  et  Noorrit,  in-18,  xx-2%  p. 

1.  Mémoires  des  autres,  par  la  comtesse  Dash.  Souvenirs  aneâiotiques  sur 
mes  contemporains,  publiés  par  Clément  Roche! .  Paris,  Librairie  illastrée, 
in-18,  262  p. 


I  IDC 


FUIfCE.  SAS 

On  consultera  avec  plus  de  conflance  le  dernier  ouvrage  de  M.  de 
•(SLBEKCH  dk  LorEiTJouL,  OÙ  le  savant  érudit  étudie  avec  son  soin 
accoutumé  un  cerlaiii  nombre  de  particularités  relatives  à  la  vie  et 
aux  ouvrages  de  Dalzac,  dont  il  s'est  Tait  un  domaine  particulier'. 
M.  DE  MeiDi  a  consacré  à  Montalemberl,  qui  fut  son  beau-pére  et 
ami,  une  élude  biographique  grave,  pondérée,  un  peu  solennelle, 
ti  en  même  temps  qu'une  œuvre  d'bistoire  est  un  hommage  pieux  '. 
Me  est  écrite  avec  une  simplicité  austère  et  donne  bien,  je  crois,  le 
portrait  de  l'homme  honorable  qu'elle  décrit.  Elle  n'emprunte  rien 
au  reportage  ni  aux  préoccupations  d'une  amitié  mesquine  et  fami- 
lière.  Elie  montre  â  quelles  grandes  questions  Montalemberl  tlil 
lëlé,  comment  il  les  comprit,  de  quelle  manière  il  aida  à  les  Iran- 
lilier.  Elle  f^it  ressortir  les  deux  sentiments  qui  l'inspirèrent  toute 
vie  :  l'amour  do  la  religion  catholique  et  celui  de  la  liberté,  et 
:poso  de  quelle  manière  Monlalemltert  pensa  les  concilier.  L^histo- 
m  est  de  la  même  race  que  son  héros,  et  l'on  croit  lire  par  moment 
biographie  simple  et  austère  de  quelque  grand  parlementaire  d'au- 
Tois  écrite  par  un  fils  respectueux  qui,  en  retraçant  la  mémoire  de 
m  père,  pense  honorer  à  la  fois  sa  race,  son  Dieu  et  son  pays. 
Martial  Delpit  fut  un  des  membres  de  la  droite  modérée  dans  l'As- 
semblée nationale  de  tSlt.  Son  nom,  à  peu  près  ignoré  de  ceux  qui 
o'ont  pas  étudié  spécialement  notre  histoire  politique,  peut  l'être  sans 
înconrément.  On  ne  lira  pas  néanmoins  sans  prollt  l'étude  que  M.  des 
'audes  vient  de  consacrer  à  ce  très  honnête  homme'.  Elle  consiste 
un  choix  de  lettres  et  de  manuscrits  de  Martial  Delpit  reliés  par 
tn  commentaire  très  sobre.  Nous  avons  des  renseignements  assez 
abondants  sur  la  jeunesse  de  Martial  Delpit,  ses  relations  avec  Au^-'us- 
tin  Thierry,  sa  mission  dans  les  archives  anglaises,  plus  lard  sur  son 
rôle  dans  l'Assemblée  nationale.  Par  contre,  il  semble  qu'il  n'ait  pas 
vécu  de  18J6  à  1871.  Martial  Delpit  apparall  comme  un  homme  très 
droit,  d'un  style  et  d'une  pensée  fermes.  Ses  lettres  depuis  i^lt  sont 
parfois  intéressantes.  Quelques-unes  sont  belles  et  méritaient  d'être 
ipubliées. 

M.  MékiIbes  a  groupé,  sous  le  titre  de  Morts  et  vivants*,  dix-buit 
■Ucles  consacrés  à  divers  personnages  littéraires  et  politiques  des 


1.  vicomte  de  Sposlberch  <te  Lovenjaul,  Jutour  de  Honoré  de  Balxae.  Paris, 
WmaDn-Léïï.  1897,  in-18,  itv-!91  p. 
I   2.  Vicomie   de  Meaui,  Montalentberl.   Pam,  Ca1tniinii-L.évy,   IK97.  in-IS, 

I   3.  P.-B.  des  Vutacles,  Martial  Delpil,  dépalê  à  l'AutmbUe  italioaale.  Jo'ir- 

■al  tt  Cùrrespùndance.  Puh,  Didol,  in-8'.  vu- 363  p, 

y  4.  A.  HétiËres,  MorU  et  nininti.  Paris,  Hacbelle,  tB97,  iii-I6,  370  [i. 


364  BULLETIN  HI8T01UQUB. 

deux  derniers  siècles.  Ils  ont  généralement  été  écrits  à  propos  de 
volumes  récents.  Us  n'ont  donc  point  de  prétention  à  l'érudition  et  se 
contentent  d'indiquer  les  traits  caractéristiques  et  la  véritable  valeur 
de  leurs  héros.  Presque  tous  me  semblent  «  justes,  >  c'est-à-dire  que 
M.  Mézières  a  énoncé  sur  les  livres  qu'il  étudie  comme  sur  leurs 
héros  des  jugements  qui  sont  ceux  de  la  critique  impartiale.  11  est 
excessivement  facile  d'utiliser  les  matériaux  réunis  par  un  érudit 
pour  démolir  son  œuvre;  il  ne  l'est  pas  moins  de  lancer  tel  paradoxe 
bruyant  ou  de  caricaturer  telle  figure  historique.  Ces  deux  procédés 
courants  forcent  l'attention  du  public  et  facilitent  la  vente  d'un  livre. 
Ne  les  pratiquer  à  aucun  degré  est  un  mérite,  négatif  si  l'on  veut, 
mais  réel.  M.  Mézières  choisit  pour  peindre  ses  personnages  des  traits 
simples,  souvent  déjà  connus,  sur  lesquels  il  ne  craint  pas  de  reve- 
nir. Aussi  les  petits  tableaux  qu'il  nous  offre,  pour  n'être  pas  des 
originaux,  ont  tous  leur  valeur,  se  lisent  avec  agrément  et  avec  uti- 
lité. J'aime  tout  particulièrement  douze  pages  charmantes  sur  l'abbé 
Prévost.  Il  faut  aussi  remercier  M.  Mézières  d'avoir  défendu  Texquis 
Fénelon  contre  les  agressifs  prôneurs  de  son  rival.  Je  note  encore  un 
intéressant  croquis  du  feld-maréchal  Paskevitch.  Dans  les  dernières 
études,  consacrées  à  des  personnages  qu'il  a  connus,  M.  Mézières 
ajoute  le  charme  de  ses  souvenirs  personnels.  Il  y  a  plaisir  à  suivre 
ce  cicérone  aimable  dans  les  chemins  bien  tracés  où  il  nous  promène. 

L'Algérie  de  M.  Maurice  Wahl  n'est  pas  non  plus  entièrement  une 
nouveauté  <.  C^est  la  troisième  édition  d'un  ouvrage  paru  il  y  a  déjà 
plusieurs  années.  L'auteur  en  a  rafraîchi  les  statistiques  et  complété 
quelques  détails.  Il  n'y  a  pas  à  revenir  sur  ce  volume,  dont  le  sérieux 
mérite  est  déjà  connu.  Je  rappelle  qu'il  se  compose  de  six  livres  :  il 
y  en  a  un  consacré  à  la  géographie  physique,  deux  à  l'histoire,  un  à 
Tethnographie,  un  aux  questions  politiques,  un  à  l'économie  poli- 
tique. U  est  regrettable  que  l'auteur  n'ait  pas  complété  son  volume 
par  une  bibliographie  raisonnée  et  par  un  index.  L'une  et  l'autre 
auraient  rendu  de  grands  services.  Espérons  que  nous  les  verrons 
dans  une  prochaine  édition. 

L'étude  que  M.  Lipib  vient  de  consacrer  à  la  société  tunisienne,  ou, 
comme  il  le  dit  fort  bien,  «  aux  civilisations  tunisiennes',  >  est  tout 
à  fait  agréable  à  lire.  L'auteur  a  bien  vu  ce  dont  il  parle  et  il  a  lu 
tout  ce  qui  s'est  publié  de  considérable  sur  son  siûet.  Malheureuse- 
ment, —  nous  en  sommes  très  loyalement  avertis,  —  il  ne  sait  pas 


1.  Maurice  Wabi,  l'Algérie,  Paris,  Alcan,  iii-8%  442  p. 

2.  Paal  Lapie,  les  Civilisations  tunisiennes.  Musulmans,  Israélites,  Buropéens, 
Étude  de  psychologie  sociale.  Paris,  Alcan,  1898,  in-12,  304  p. 


paincB.  86S 

l'arabe,  ce  qui  doit  inspirer  quelques  réserves  sur  bien  des  points, 
&u  moins  jusqu'à  ce  que  les  arabisiints  en  aient  conlr6lé  l'eiacLitude. 
Pour  ceui  qui  savent  encore  beaucoup  moins  l'arabe  que  M.  Lapie, 
il  est  possible  seulement  de  constater  que  son  volume  parait  bien 
informé  et  bien  construit.  Il  distingue  les  trois  éléments  ethniques 
principaux  qui  composent  la  population  tunisienne,  JuiTs,  Arabes  et 
Européens,  et  étudie  successivement  les  traits  caractéristiques  de  la 
langue,  de  l'économie,  de  la  Taniille,  de  l'Élat,  de  la  religion  et  de 
l'art  dans  chaque  langue,  Tout  ce  que  nous  apprend  M.  Lapie  est 
intéressant  et  bien  exposé.  J'aurais  préféré  un  autre  ordre  des 
matières.  Il  est  bien  cerlain  aussi  qu'il  y  a  quelque  chose  d'artificiel 
dans  les  distinctions  nu  peu  absolues  et  les  généralisations  parfois 
hâtives  de  M.  Lapie.  Les  portraits  de  l'âme  arabe  et  de  l'âme  juive 
soat  joliment  tracés,  mais  d'un  dessin  évidemment  trop  accusé.  Ne 
le  lui  reprochons  pas  trop.  Comme  il  le  dit  lui-même,  «  isoler,  c'est 
exagérer,  k  II  a  voulu  isoler  les  éléments  ethniques  très  enchevêtrés 
de  la  population  tunisienne.  Il  en  a  sans  doute  exagéré  les  caractères 
el  rendu  violenta  les  contours.  Il  n'empêche  qu'il  nous  a  bien  intel- 
ligemment expliqué  l'étal  psychologique  et  social  des  trois  peuples, 
leur  action  et  leur  réaction  réciproque.  Uans  sa  conclusion,  M.  Lapie 
essaie  d'indiquer  comment  ils  peuvent  se  partager  l'activité  de  la 
nation,  et  l'on  ne  peut  que  s'associer,  peut-être  avec  quelque  scepti- 
dsme,  aux  vceux  qu'il  forme  pour  que  les  progrès  de  l'inslruction 
et  de  l'éducation  facihtenl  leur  fusion,  afin  qu'il  en  résulte  une  nation 
nouvelle  où  soient  concentrées  les  qualités  des  trois  races. 

La  question  d'Orient  apparaît  comme  un  effroyable  chaos  à  tous 
ceux  qui  ne  suivent  pas  avec  quelque  soin  l'évolution  politique  de 
l'Europe.  Ils  sauront  gré  à  M.  Cdoubliks  du  volume  clair  et  substan- 
tiel qu'il  vient  de  lui  consacrer  ' .  Une  introduction  expose  l'hislorique 
de  la  question  avant  le  traité  de  Berlin.  Itans  la  première  partie  de 
l'ouvrage,  l'auteur  analyse  le  traité  et  montre  les  complications  qui 
viennent  tant  de  la  situation  de  la  Turquie  elle-même  que  du  réveil 
nationalités  en  Orient  et  des  intérêts  des  puissances.  Dans  la 
ixième  partie,  de  beaucoup  la  plus  considérable,  il  expose  les  dif- 
tes  étapes  de  la  question  d'Orient  jusques  et  y  compris  les  récentes 
ires  d'Arménie  et  de  Crète.  Ëufhi,  une  troisième  partie,  beaucoup 
plus  brève,  examine  l'état  actuel  de  la  question  d'Orient.  L'auteur  est 
au  courant  de  la  littérature  de  son  sujet  en  anglais,  eu  français  et  en 
allemand.  11  est  exempt  d'idées  préconçues  et  de  déclamation.  Les 


vienn 

Hi|Duxii 
^■renl 


1. 1.  Haï  ChoubU«r,  la  Question  d'Orient  lUpuii  le  traité  de  Berlin,  Élude 
ItHitoite  diplomatique.  Paris,  Roubuiu,  1897,  io^S*,  53S  p. 


366  BULLETIN  HISTORIQUE. 

conclusions  sonl  justes  et  modérées.  Il  est  certain  qu'on  ne  peut 
qu'approuver  le  rôle  qu^l  indique  à  la  France  dans  ces  laborieux 
débats  :  favoriser  avec  modération  le  développement  des  nationalités 
tout  en  tachant  d^obtenir  des  réformes  du  gouvernement  turc.  Mal- 
heureusement, ce  rôle  est  terriblement  difficile^  et  à  le  jouer  mal,  oo 
même  bien,  on  risque  fort  de  s'aliéner  les  deux  parties  ^ 

La  biographie  que  publie  le  comte  Geàbinski^  sur  le  comte  Arese 
intéresse  presque  autant  Thistoire  de  France  que  celle  d'Italie.  C'est 
la  reproduction,  avec  quelques  additions,  de  trois  articles  parus 
naguère  dans  le  Correspondant.  Ces  articles  eux-mêmes  avaient 
pour  but  de  faire  connaître  au  public  français  des  pièces  inédites 
publiées  en  italien,  en  4894,  par  H.  Bonfadini,  dans  sa  Vita  di 
Francesco  Arese^  et  qui  sont  pour  la  plupart  extraites  de  la  corres- 
pondance d'Arese.  On  sait  qu'après  avoir  commencé  par  être  un  agi- 
tateur et  un  carbonaro  et  avoir  été  Tami  de  jeunesse  du  futur  empe- 
reur des  Français,  Arese  devint  un  des  hommes  politiques  les  {dus 
considérables  de  la  monarchie  piémon taise  puis  italienne.  Son  amiUé 
avec  Napoléon  III  Taida  en  maintes  reprises,  comme  agent  de  Gavour, 
à  obtenir  des  concessions  favorables  à  Tltalie.  La  partie  la  plus 
importante  do  la  correspondance  consiste  dans  les  lettres  qu'il  échan- 
gea avec  Napoléon  et  avec  le  docteur  Conneau.  Les  premières  attestent 
clairement  la  politique  au  jour  le  jour  et  décousue  de  l'empereur; 
les  deuxièmes  démontrent  l'influence  considérable  et  souvent  funeste 
qu*eut  sur  cette  politique  le  docteur  Gonneau,  qui  déclarait  lui-même  : 
«  Je  suis  Français  parce  quo  les  circonstances  m'ont  fait  tel,  mais  je 
sens  qu'au  fond  du  cœur  je  suis,  j'ai  été  et  je  serai  toujours  Italien» 
(p.  440).  Il  faut  savoir  gré  au  comte  Grabinski  d'avoir  mis  ces  pièces 
curieuses  à  la  portée  du  public  français. 

Sous  le  titre  de  l'Espagne^  Cuba  et  les  États-Unis^,  M.  Gharles 
Benoist  a  réuni  un  certain  nombre  d'articles  de  revue  consacrés  à  la 
question  cubaine,  au  soulèvement  des  Philippines  et  au  roie  histo- 
rique de  M.  Canovas  dei  Gastillo.  Il  a  vu  les  hommes  politiques  prin- 
cipaux d'Espagne  et  est  bien  au  courant  de  ses  sujets.  Malgré  une 

1.  Oq  voudrait  un  peu  plus  de  précision  dans  les  référenees  et  de  soin  dans 
les  indications  typographiques.  M.  Choublier  cite  à  plusieurs  reprises  (p.  3Î2, 
440,  4in)}  le  soi-disant  testament  de  Fuad-Pacha  daté  de  i8(>9  et  publié  dans  U 
Revue  de  Paris  en  novembre  1896.  H  e^t  très  vraisemblable  que  ce  docament 
est  apocryphe. 

l  Comte  Joseph  Grabinski,  Un  ami  de  SapoUon  III,  U  comte  Arese  et  la 
polUique  italienne  sous  le  second  Empire.  Paris,  Bahl,  1897,  in-l8,  259  p. 

3.  Charles  Beuoist,  l'Espagne,  Cuàa  et  les  États-Unis.  Paris,  Perrio.  ia-lô, 
xvii-*2G9  p.  y  »  t 


FBiflCE.  36T 

prédiloction  visible  pour  l'Espagne  et  pour  Canovas,  il  j  a  un  efTorL 
d'imparLiaiilé,  ut  la  valeur  hi&torique  de  Touvra^  est  réelle.  Il  a  de 
grandes  «(ualités  de  netteté  et  de  précision.  Il  faut  y  regretter  un  style 
un  peu  sautillant  et  un  procédé  d'écriture  qui  rappelle  souvent  plutôt 
l'interviewer  que  l'historien.  La  partie  de  beaucoup  la  meilleure  du 
volume  eut  celle  qui  traite  de  la  question  cubaine.  Il  expose  à  mer- 
veille son  origine  et  son  évolution.  La  volonté  séculaire  cl  inébran- 
lable de  l'Espagne  de  maintenir  sa  domination  sur  la  colonie,  quelque 
socriDce  qu'il  puisse  lui  en  coûter,  est  assurément  uo  bel  exemple  de 
nerté  nationale.  M.  BenoisI  n'explique  pas  moins  bien  le  désir  d'indé- 
pendance d'un  peuple  dont  les  chefs  rêvent  d'être  des  ■  Guacinton,  » 
des  o  LaiTayet,  »  des  <  Bolibar  s  (p.  43),  et  aussi  l'attitude  des  lîtals- 
Unis,  qui  depuis  le  commencement  du  siècle  guettent  l'île,  laquelle, 
selon  eux,  doit  rorcémeul  tomber  dans  leur  domaine;  leur  politique 
onicielle,  correcte  et  diplomatique,  ne  cesse  d'en  négocier  l'achat, 
tandis  que  le  sentiment  populaire  appuie  l'idée  d'une  dépossession 
brutale.  Le  conllît  entre  ces  trois  ambitions  était  inévitable.  11  semble 
que  l'aveuir  ne  pouvait  que  l'exaspérer;  les  trois  adversaires  se 
réclameitt  de  principes  irréconciliables  :  les  Espagnols  de  leur  tradi- 
tion nationale  et  do  leur  propriété,  les  Cubains  du  droit  du  peuple  à 
disposer  de  lui-même,  tes  .'Vméricains  de  la  géographie  et  de  leur 
intérêt.  Celui  de  ces  droits  qui  l'emportera  est  sans  doute  celui  du 
plus  fort.  L'avenir  est  gros  d'orage. 

M.  Legee  vient  de  publier  une  deuxième  édition  de  son  Monde 
stavt*.  Il  y  a  ajouté  une  introduction  où  il  raconte  de  quelle  manière 
il  a  été  amené  a  s'occuper  d'études  slaves  et  un  fragment  imporlaoL 
sur  la  langue  russe  et  l'expansion  des  langues  slaves.  Le  bvre  est 
assez  connu  pour  qu'il  soit  inutile  de  le  recommander.  Quelque 
anciens  que  soient  quelques-uns  des  essaisqu'il  comprend  (plusieurs 
datent  d'avant  la  guerre  de  lëTO),  ils  n'out  rien  perdu  de  leur  inté- 
rêt ;  ou  pourrait  même  dire,  hélas  !  qu'ils  sont  presque  aussi  nouveaux 
pour  nous.  En  dehors  de  la  littérature  Journalistique,  nous  sommes 
demeurés  terriblement  peu  instruits  de  tout  ce  qui  se  passe  dans  le 
monde  slave.  Chaque  fois  qu'on  traduit  un  volume  du  russe,  nous 
nou«  apercevons  de  notre  prorunUo  ignorance  de  l'àme  et  de  la  vie  du 
peuple  allie.  11  faut  bien  avouer  que  les  travaux  de  M.  Léger  et  de 
quelques  autres  sont  trop  peu  connus,  n'apprennent  pas  assez  et  ont 
eu  trop  peu  d'imitateurs.  i'uJsse  l'enseignement  do  M.  Léger  au  Col- 

e  deFrance  susciter  des  disciples  qui  aient  la  science,  la  prÉcisioa 

h.  Lonlt  Leeer,  le  Mondt  tlave.  Étvdei  politiquei  et  UtUrairu-  2'  éd.,  revue 
jiDHtie.  Paris,  Hachette,  1897,  b-lfi,  xxii-34t  p. 


d68  BULLBTIlf  HISTOJUQUB. 

et  la  clarté  d'esprit  du  maître  !  U  est  certes  plus  lieicile  aetueUemeot 
que  jadis  d'aborder  ces  études  et  les  avantages  qu^elles  comportent 
sont  plus  immédiats.  Soyons  toujours  reconnaissants  à  M.  Léger  de 
ce  qu'il  a  fait  et  espérons  encore  davantage. 

Le  livre  de  M.  Pob^donostzeff  constitue  un  document  très  préciraz 
pour  la  connaissance  de  cette  âme  slave^  H.  Jules  Lemattre  Ta  signalé 
dans  un  intéressant  article,  qui,  hélas,  a  eu  moins  de  retentissement 
que  celui  qu'il  avait  consacré  à  l'ouvrage  de  U.  Demolins.  Publié  il 
y  a  deux  ans  en  Russie  sous  le  titre  de  Recueil  de  Maseouj  œ  livre  ; 
a  fait  une  très  grande  impression.  G^est  ce  qu'on  pourrait  appeler  le 
catéchisme  raisonné  de  Tàme  russe  conservatrice.  Dans  des  chapitres 
détachés,  l'auteur^  qui  occupe  une  très  haute  situation  dans  Téglise 
orthodoxe,  passe  en  revue  un  certain  nombre  des  idées  du  jour  en 
matière  philosophique,  politique,  religieuse,  etc.,  et  il  les  dissèque 
avec  une  simplicité  forte  et  rude  qui  n'est  pas  sans  produire  un  grand 
effet.  En  phrases  nettes  et  sûres,  il  énonce  les  propositions  les  pbs 
hostiles  à  toutes  nos  habitudes  de  juger  modernes,  et  il  &ut  recon- 
naître qu'il  critique  admirablement  les  institutions  dont  nous  sommes 
fiers  ou  vouions  le  paraître.  La  séparation  de  l'Église  et  de  l'État  est 
absurde;  «  on  ne  peut  séparer  le  corps  de  l'esprit.  >  Le  sufiDrage  uni- 
versel est  fondé  sur  une  théorie  absurde  et  engendre  forcément  la 
corruption  la  plus  effroyable.  Absurde,  le  principe  de  la  souverainelé 
du  peuple  et  le  gouvernement  parlementaire  :  «  Le  Parlement  est  une 
institution  qui  sert  à  satisfaire  l'ambition  et  la  vanité  et  les  intérêts 
personnels  des  représentants.  Cette  institution  est  une  des  preuree 
les  plus  éclatantes  des  illusions  de  l'esprit  humain  »  (p.  40).  Absurde, 
le  régime  démocratique;  absurde,  l'organisation  du  journalisme 
moderne  :  des  aventuriers  y  exercent,  grâce  à  la  liberté  de  la  presse, 
la  première  magistrature  de  l'État  sans  donner  aucune  garantie,  sans 
avoir  aucune  responsabilité.  Nous  sommes  hypnotisés  dans  l'idolâtrie 
de  mots  abstraits  mal  compris.  Le  chapitre  intitulé  <  Des  maladies 
de  notre  temps  »  est  un  des  plus  curieux.  Celui  qui  traite  de  l'Église 
est  aussi  très  important.  Mais  tout  le  volume  est  à  lire  et  à  méditer. 
C'est,  à  ma  connaissance,  le  manifeste  récent  le  plus  remarquable  de 
l'esprit  chrétien  conservateur.  Il  est  rédigé  dans  un  ton  très  modéré 
et  fourmille  d'observations  profondes  et  délicates.  Dans  son  genre, 
c'est  un  chef-d'œuvre,  et  il  est  particulièrement  intéressant  comme 
révélation  de  l'esprit  russe  traditionnel. 

Certainement  beaucoup  moins  curieux,  le  volume  de  M.  Louis 

1.  G.-P.  PobédoDosUeff,  Questions  religieuses,  sociales  et  politiques.  Puis, 
iB-8*,  II-2S3  p. 


Leg&a:(d  sur  l'Hie  de  patrie*  mérite  d'élre  lu  avec  esUme.  C'est  un 
traité  didactique  à  la  manière  des  philosophes  du  zviu'  aiède  sur  les 
origines,  l'historique  et  les  conséquences  de  l'idée  de  pairie.  Nous  y 
trouvons  peu  do  choses  nouveUes,  mais  des  idées  sages,  justes  et 
salues,  qu'il  n'est  pas  oiseux  de  répéter  en  bons  termes.  Un  livre 
comme  celui  de  M.  Legraad  n'est  pas  sans  valeur  à  l'heure  actuelle, 
où  l'idée  de  patrie  subit  des  attaques  ii^uslifiées  et  où  il  est  de  mode 
de  se  singulariser  par  des  paradoxes.  Le  livre  de  M.  Legrand  «bL 
d'une  sage  doctrine  et  d'une  grande  probité  littéraire.  Je  ne  veux  pas 
examiner  ici  l'idée  qu'il  se  fait  de  l'idée  de  patrie  ni  la  manière  dont 
il  conçoit  son  avenir.  Ce  ne  sont  pas  la  des  matières  historiques,  à 
proprement  parler,  et  J'avoue  m'éloigner  de  son  sentiment  sur  ces 
quesl'ons.  Mais  on  peut  louer  son  historique  de  l'idée  de  patrie,  qui 
est,  en  somme,  exact.  J'y  voudrais  plus  de  relier.  L'idée  de  patrie  a 
traversé  des  phases  plus  diverses  qu'il  ne  semble  par  le  livre  de 
M.  Legrand.  La  forme  actuelle  ne  date  certainement,  en  réalité,  que 
de  la  Révolution.  Il  est  évident  qu'un  régime  démocratique,  où  régne 
le  sulTrage  universel  el  où  chacun  est  partie  agissante  de  la  patrie, 
doit  en  exalter  l'idée  jusqu'au  moment  où  d'autres  raisons  viennent 
modifier  la  forme  de  celte  idée.  L'idée  actuelle  de  patrie  est  donc, 
somme  toute,  comme  celle  que  nous  avons  de  la  propriété,  issue  de 
la  Hévolulion  française,  ou  du  moins  a  été  très  profondément  modi- 
fiée par  elle.  C'est  un  fait  que  je  constate  sans  prétendre  d'ailleurs 
en  tirer  ici  aucune  conclusion  :  l'abolition  de  l'esclavage  est  aussi  une 
création  moderne  et  n'en  est  pas  moins  respectable.  Faire  de  l'idée 
que  nous  avons  aciuellement  de  la  patrie  une  ancienne  tradition  ou 
le  résultat  d'une  évolution  plus  récente  n'est  en  soi  ni  en  alTermlr  ni 
en  ébranler  la  légitimité,  on  ne  saurait  trop  le  répéter. 

André  Lightenbekgbb. 

Dn  des  derniers  numéros  de  la  Science  sociale  a  résumé  el  discuté 
assez  longuement,  quoiqu'on  les  «  dissociant  «  d'une  manière  qui 
pourrait  induire  en  erreur,  les  lignes  que  j'ai  consacrées  ici  au  récent 
volume  de  M.  Demolins.  Disposant  de  peu  de  place,  je  n'ai  pu  rele- 
ver dans  cette  revue  qu'un  petit  nombre  des  fantaisies  hisloriques 
de  H.  Demolins.  La  Science  sociale  a  voulu  en  Justifier  quelques- 
unes.  J'y  renvoie  sans  commenUtire  ceux  que  ce  petit  débat  peut 


,   1.  Louis  Legrund,  t'ItUe  dt  patrie.  Paris,  Hacbelte, 


Hbv.  Histom.  LXVI.  ï'  fasc. 


870  BULLITU  HlBTOJUQni. 


ESPAGNE. 


4895-4896. 


La  littérature  historique  est  en  Espagne  plus  abondante  qu^on  m 
croit.  Elle  partage  avec  le  roman  presque  toute  Taetivité  littéraire  de 
notre  pays,  et  Ton  peut  afRrmer,  sans  chauvinisme,  que  dans  m 
deux  genres  les  auteurs  espagnols  produisent  des  œuvres  dignes 
d*être  connues  partout. 

Les  deux  années  4895-4896  ont  été  particulièrement  fécondes  en 
livres  de  caractère  historique.  Notre  bulletin  sera  donc  un  peu  plu 
long  qu*à  l'ordinaire.  Nous  tâcherons  pourtant  d^ètre  bref,  ne  fai- 
sant d'analyses  détaillées  que  pour  les  ouvrages  les  plus  importants. 

DocDMBNTS.  —  Si  l'on  ne  compte  dans  cette  section  que  les  publi- 
cations exclusivement  consacrées  aux  documents  inédits,  la  liste  ne 
serait  pas  considérable  à  vrai  dire;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que, 
comme  nous  le  ferons  remarquer  à  l'occasion,  la  plupart  des  travaux 
historiques  qu^on  imprime  maintenant  sont  accompagnés  d*appeiH 
dices  où  Ton  insère  les  documents  concernant  le  sujet  étudié. 

L'Académie  de  l'histoire,  après  les  sept  volumes  de  son  Memorid 
histârico  publiés  en  4894,  semble  avoir  ajourné  cette  riche  eoUee- 
tion.  Elle  n'a  fait  paraître  de  nouveau  que  le  volume  XXXIV  où 
finit  V Histoire  de  Charles  /K,  par  Mitribl,  et  une  riche  édition  delà 
Lex  romana  Wisigothorum,  d'après  un  palimpseste  trouvé  à  Léon*, 
et  dont  la  nouveauté  (vraiment  très  mince)  est  de  renfermer  une  loi 
inédite  de  Theudis  concernant  Tadministration  de  la  justice.  Ije  texte 
peu  important  do  cette  loi  et  l'existence  d^une  très  belle  édition  anté- 
rieure de  la  Lex  romana  rendaient  superflue,  à  notre  avis,  la  publi- 
cation très  coûteuse  du  palimpseste.  Le  commentaire  historique  et 
critique  qui  précède  le  texte  a  été  imprimé  en  latin,  probablement  i 
Tcxemple  des  Monumenta  Germaniae  historica  ou  du  Corpus  tm- 
criplionum  de  Berlin.  Mais  ce  qui  est  très  naturel  pour  les  Alle- 
mands, dont  Tidrome  est  peu  répandu  dans  le  monde,  ne  semble  pas 
aussi  nécessaire  pour  une  langue  latine^  qui,  môme  pour  les  étran- 
gers cultivés,  est  très  accessible  au  moyen  du  latin  et  de  l'italieD. 
Par  contre,  il  n'est  pas  douteux  qu'à  cause  de  la  décadence  dee 
études  classiques  en  Espagne  il  y  aura  chez  nous  beaucoup  de  per- 

1.  Legis  romanae  Witigolhorum  fragmenta  ex  codice  palimpsetto  sametai 
Legionemis  ecclesiae,  Madrid,  1896. 


usftùm.  371 

sonnes  pour  qui  la  lecture  du  lalin  académique  sera  une  difficulté 
assez  embarrassante. 

Les  doux  n  collections  de  documenls  inédita,  >  dues  aux  soins  du 
marquis  de  la  Fuensanla  et  de  MM.  Zabalburu  et  Sancho  Rayon, 
n'ont  pas  trop  prospéré  depuis  1894.  Dans  la  première  ont  paru 
deux  volumes  (C)CI  et  CXIl)  concernant,  l'un  la  correspondance  dea 
princes  d'Allemagna  avec  Philippe  II  et  l'autre  les  documents  de 
la  >  Hermandad  »  de  Cordoue,  formée  au  temps  de  l'infant  D.  Sancho. 
Dans  la  secnude  on  a.  publié  le  tome  VI,  comprenant  des  documenls 
relatifs  au  Pérou  [1559-1570)'.  —  La  mort  du  martiuis  de  la  Fuen- 
santa  et  de  M.  Zabalburu,  survenue  récemment,  a  rendu  diftlcile  la 
continuation  de  ces  deux  séries. 

En  revanche,  les  érudits  régionaux  font  des  efforts  très  louables 
pour  publier  les  documents  concernant  leur  province.  En  Catalogne, 
la  collection  de  Documents  inédits  del  Arxtu  municipal  de  Barce- 
lona  a  donné  de  nouveaux  volumes  qui  arrivent  à  la  seconde  moitié 
du  XVI*  siècle,  et  lo  direct«ur  des  archives  communales  de  Manresa 
a  entrepris  une  Biblioleca  hislorica  Manrexana*  dont  le  premier 
volume  comprend  une  œuvre  inédite  de  Magi  Cangellaa,  auteur  du 
iTti*  siècle;  elle  est  intitulée  :  Descripciod«  lagrandetay  anttquilals 
de  la  ciutal  de  Manresa.  En  même  temps  la  Revista  de  Calalunya, 
nouvellement  parue,  donne  en  feuilles  séparées  le  célèbre  Tractât 
del  régiment  delà  princeps  e  de  comunilats  de  Fr.  F.  Eiimenis  et 
d'autres  écrits  inédits.  Les  érudils  des  lies  Baléares  font  de  même 
avec  les  Informacioju  judiciaU  xobre'ls  adictes  a  la  Germania  trou- 
vées aux  archives  de  Majorque  par  M.  Quadrado,  et  le  Diari  de 
Malte  de  Juan  Roca. 

De  leur  cùté,  les  Aragonais  ont  donné  un  nouveau  volume  de  la 
Biblioleca  de  escritores  aragoneses,  qui  renferme  l'ilinerario  de 
Araçiin  de  Labaûa^,  et  les  Basques  ont  fondé  une  Biblioleca  bascon- 
gada  qui  publie  des  documents  et  des  travaux  historiques  '.  Une 
attention  particulière  doit  être  donnée  à  \a.Colecciàn  de  Monumenlos 

l.  Nueea  co/eceinn  de  documentoi  inéditot  para  la  liislorla  de  Bipana  y 
de  tus  ladlat.  Tomo  VI.  Docuinentoi  referentes  al  vireynalo  del  Peru,  1559- 
1570.  Mndrid,  18%.  In-4*.  ïeii-383  p. 

3.  BlblMeea  hiator.  Manraana.  Tomo  I.  Descripciii  de  la  grandeia  y  ttnU- 
quUats  de  ta  clutat  de  Manresa,  abra  mediia  de  Magi  Cangellas  ab  la  bio- 
grafia  del  autor.  Manresii,  iSSti. 

3.  lltneraria  del  ittiaa  de  AragOn.  Obra  impresa  y  public,  por  la  Excou, 
DipuUciun  pravinc.  de  Zaraguza.  Zara^oza,  lS'J5-96,  la-rol.,  lxxi-213  p, 

4.  Uilbao,  1896.  In-S'.  Quatre  Toliime»  onl  été  publiés  avec  des  Douvres  de 
Horua  (dlanours  politlqDe)  el  Camplou,  et  des  Iraraux  lur  Ipirrigulrre  et 

pl'ftrbre  de  Guernica. 


372  BULLETin  HISTORIQUE. 

hUtôricos  de  VaUnda  y  $u  Reino  due  aux  soins  de  M.  Gbabas,  el 
dont  les  deux  premiers  volumes  sont  consacrés  à  Touvrage  inédit  da 
P.  Teixidor  (xtiii*  siècle)  :  Antigûedades  de  Valencia,  très  impor- 
tant pour  les  rectiflcations  qu'elle  apporte  aux  histoires  classiques  de 
Beuter,  Ercolano,  Ësclapés,  etc. ,  et  même  aux  écrivains  modones, 
tels  que  Llorente.  M.  Ghibis  a  publié  avec  un  soin  très  méritoire  le 
manuscrit  du  P.  Teixidor  et  Toffre  aux  lecteurs  enrichi  de  notes, 
d'appendices  et  de  planches  ^ 

D'un  intérêt  plus  général  est  le  Secundo  proceso  instruido  for  k 
Inquisiciôn  de  Valladolid  contra  Fray  Luis  de  Leôn,  dont  étaient 
connus  des  fragments  depuis  4882  (publiés  par  H.  Alvarez  Guijarro 
dans  la  Revue  Hispano- Américaine).  Le*P.  Blanco  Garcu  le  publie 
maintenant  en  entier  avec  des  notes  intéressantes. 

Les  Jésuites  travaillent  beaucoup  à  leurs  Monumenta  Histori» 
Societatis  Jesu  (un  fascicule  par  mois),  qui  sont  à  leur  troisième 
année  et  renferment,  dans  différentes  séries,  des  documents  coneer- 
nant  Thistoire  de  la  Compagnie  {Chronicon  Soc.  Jesu^  Lilterae  qu(h 
drimestres)  en  général,  et  en  particulier  saint  Ignace  de  Loyola  et 
saint  François  de  Borja. 

Pour  ce  qui  concerne  les  études  arabes,  il  faut  signaler  un  petit 
volume  de  Escrituras  mozarabes  toledanas  que  se  conservan  en  d 
Archiva  histôrico  nacional^^  recueillies  et  annotées  par  M.  Pois 
BoiGUEs  et  intéressantes  pour  connaître  la  vie  sociale  et  les  mœurs 
de  Tolède  pendant  les  zi^^  xu"*  et  xrii*  siècles,  et  le  tome  X  de  la 
Bibliotheca  arabico-hispana^y  qui  continue  V Index  librorum  de 
diversis  scieniiarum  ordinibus  quos  a  magisiris  didicit  Abu  Beqwr 
ben  Khair,  M.  Riesai,  de  concert  avec  MM.  Codera,  Pons  et  autres 
arabisants,  commencera  prochainement  la  publication  d^une  série 
d'études  hispano-arabes,  où  seront  insérés  plusieurs  documents.  Si 
cette  série  réussit,  elle  prendra  la  place  de  la  Bibliotheca^  meoaoée 
de  disparaître,  malgré  les  efforts  de  ses  éditeurs,  TÉtat  lui  retirant 
la  subvention  qu'elle  a  reçue  jusqu'aujourd'hui.  —  Une  des  études 
arabes  annoncées  sera  consacrée  aux  bibliothèques  et  bibliophiles 
arabes.  M.  Ribera  a  donné  d^avance  un  spécimen  de  cette  étude  dans 
une  conférence  lue  à  TUniversitéde  Saragosse  et  qui  est  arrivée  dqà 
à  sa  seconde  édition^. 

1.  Monumentos  histôricos  de  Valencia  y  su  reino,  Tomos  I  y  II.  AnlifU- 
dades  de  Valencia...  Escribiolas  en  17G7  f)r.  Josef  Teixidor...  Valeoeia,  ld9> 
18U6.  Ia-4%  xxxix-467  el  bOi  p.,  a?ec  planches. 

2.  Madrid,  1897.  ia-8%  320  p.  Texte  arabe  et  tradacUoo  pariieUe. 

3.  Tomus  X.  CaesaraugusUe,  1895.  ln-4%  xui-51  feuiUes. 

4.  BtiUiofUos  y  Biàliotecas  de  la  Espana  mtuulmana.  Zaragou,  1897. 


ESPIGHE.  373 

M.  UDiGon  a  publié  dans  la  Mbiiolhèque  des  bibliophiles  plusieurs 
lielacionns  hinlâricas  de  los  siglosÀVlyXVlf,  dont  q  indiques- unes 
relalenl  des  voyages  royaux,  d'après  des  manuscrils  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  et,  dans  un  fascicule  à  part,  la  curieuse  Helacion 
tle  lot  festinfii  que  se  celebraron  en  el  Valirano,  con  motivo  de  las 
bodai  de  Lucrecia  Borgia  con  Alotuo  de  Aragon. 

iteveiianl  à  l'hislorrc  locale,  on  trouve  encore  à  signaler  un  volume 
de  Docutnentot  hiitàricos  det  Archiva  municipal  de  San  SebaKlian, 
qui  comprend  des  documents  depuis  l'an  1200  jusqu'en  l^tis';  les 
trois  lettres  de  Antonio  Tallander'  et  surtout  le  Testamenlo  de  Rai- 
mond  Lulle',  publications  dues  à  M.  Bofarull  et  dont  la  seconde  a 
été,  à  diverses  reprises,  analysée  dans  des  revues  périodiques  de 
France,  à  cause  de  son  importance  historique:  la  Nolida  de  las 
fiettas  en  honor  de  la  Marquesa  de  Denin,  célébrées  à  Séville  en  1 599, 
imprimée,  avec  d'autres  documents  de  l'époque,  par  M.  TBfiORio*. 
Au  même  genre  appartiennent  les  relations  des  fêtes  célébrées  â 
Madrid  en  honneur  du  prince  de  Guastalla,  avec  une  pièce  drama- 
tique de  Tirso  de  Molina,  publiées  à  Séville*. 

Parmi  les  œuvres  des  mémorialistes,  ont  paru  le  second  et  le  Iroi- 
sième  volume  des  Memorias  de  la  rida  del  Exc""  F.-D.  José  Garcia 
de  Leàn  y  Pisarro  ^  la  Refulacion  de  D.  Jeràmmo  Vnldés  al  Mani- 
fiesio  de  D.  Joaquin  de  la  Pezuela,  1824  ",  qui  concerne  l'histoire 
de  riniJépeiidaoce  des  colonies  espagnoles  de  l'Amérique  et  les  Memo- 
rins  del  Marqués  de  Ayerbe  relatifs  au  séjour  de  Ferdinand  VI!  à 
Valençay  et  au  commencement  de  la  guerre  de  l'Indépendance  (1N08)'. 

Il  suffira  de  citer  deux  anciens  traités  inédits  :  Compretitiàn  de 
la  deslreza,  par  A.  Ghebiu  de  la  Vbgi,  el  Ejercicios  de  la  brida, 
par  A.  DE  Ojeda,  dont  l'intérêt  historique  est  assez  mince,  el  qui  ont 

1.  VoL  XXXVII  de  la  t  Soclnlad  de  BibliofiloB  espiiioles.  i  In-f,  vii-lSl  p. 
Il  compread  trente  et  une  retalions  el  de»  noies. 

%.  9an  Seba»liiin,  189S.  ln-4',  236  \>, 

3.  Trei  cariât  auMgrafwi  t  tncdilas  de  Antonio  Tallander,  Houtn  Borra, 
tHtieilro  dt  lo'  atbanîana  de  D.  Frrnando  el  de  Aniequera,  s  algunoi  docu- 
tnenioi  deseoimeidos  relativoi  al  miimo  personaje.  Birceloni,  1895,  100  p. 

\.  El  Itttameato  de  Ramtin  LvU  y  la  escuafa  luliana  en  Baredona.  Barce- 
lona,  18%. 

5.  SevilU,  1S96.  viii-U6  p. 

6.  Grandùuat  fieilai  qne  en  la  Carte  se  hieieron  à  la  enirada  del  seior 
Principe  de  Guasiala...  eon  una  Loa  al  naeimienlo  del  Principe  de  Espana, 
compuetto  par  Gabriel  Tdlen.  Sevllla,  1896.  17  p. 

7.  Le  |>rernier  volnroe  a  été  signalé  dan«  lo  Bulletin  précèdent  (CotecciilH  de 
eicriiorei  eatleltanot). 

8.  Madrid,  I89S.  513  p.  et  nne  carte. 

9.  Zango»,  1893-95.  Id-S>,  805  p.  el  m  portrait. 


k 


874  BULLBTIlf  HISTORIQUE. 

été  publiés  par  le  marquis  de  Jerez  de  los  Caballeros,  avec  des  avertis- 
semenls  bibliographiques  de  M.  Leguiua.  Ces  deux  petites  plaquettes 
(39  et  23  pages)  exciteront  pourtant  la  curiosité  des  amateurs  de 
sport. 

Nous  parlerons  ailleurs  d'autres  publications  de  documents  relatif 
à  rhistoire  littéraire  et  à  celle  de  nos  colonies  d'oulre-mer. 

RéiifPREssiO!fs.  —  L^amour  de  nos  bibliophiles  pour  les  réimpres- 
sions de  livres  rares  ou  peu  connus  est  toijgours  aussi  vif.  Malhea- 
reusement,  dans  la  plupart  des  cas,  la  réimpression  fkite  à  très  petit 
nombre  d'exemplaires  devient  aussi  rare  que  Tœuvre  reproduite,  au 
grand  regret  des  lecteurs  ordinaires.  Quelquefois,  il  s*agit  d'ouvra^ 
considérables  et  vraiment  importants,  tels  que  les  Flores  depoeta 
iluslres  de  Espaha^  dont  nous  nous  occuperons  dans  un  autre  para- 
graphe. Mais,  en  général,  il  s'agit  de  livres  comme  le  LibroquetnUa 
de  los  ini^enlores  del  arte  de  marear  *  et  le  Menosprecio  de  corte  y  ola- 
banza  de  aldea^  écrits  composés  par  Antonio  de  Gctbvabi,  auteur  da 
xvi^  siècle,  ou  bien  les  Grandezas  de  Eeija^  de  A.  Flou^do,  la 
Caballeriza  de  Côrdoba,  de  A.  Garbillo  (imprimé  pour  la  première 
fois  en  4625),  Thistoire  de  Santa  Isabel  de  Aragon^  reina  de  Portu- 
gal^ écrite  par  Fr.-D.  Gor5bjo  et  publiée  de  nouveau,  avec  des  corre^ 
tions  el  additions,  par  le  P.  Coll^,  etc.  Parmi  les  plus  importants, 
il  faut  compter  le  dernier  volume  des  Complementos  à  la  obra  de 
Averiguaciones  cantabricas  é  ignacianas,  par  le  P.  Hettao*^  et  les 
œuvres  dramatiques  do  Lopb  de  Rueda  *  parues  dans  la  Coleceiân  de 
Libros  raros  y  curiososj  et  d'une  valeur  considérable  pour  notre  his- 
toire littéraire. 

Bibliographie.  —  Les  travaux  de  ce  genre  ne  sont  pas  nombreux, 
mais  ils  sont  importants.  Mettons  en  tête  le  catalogue  des  Manuscrits 
catalans  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Madrid',  rédigé  avec  soin  par 
M.  Mass6  Torrents,  et  Tindex  des  privilèges  de  Majorque*,  dernier 
ouvrage  d'un  archiviste  fort  zélé,  M.  Qcadrado.  On  trouvera  beau- 
coup do  faits  utiles  à  recueillir  dans  la  Imprenta  en  Médina  dd 
Campo,  de  M.  Pérez  Pastor,  et  dans  THistoiro  et  Bibliographie  de  la 


1.  Bilbao,  1895.  glviii-84  p. 

2.  Ud  Tol.  de  304  p.  Madrid,  1896.  Avec  des  graTnres. 

3.  Vol.  VII.  Tolosa,  1895.  In-4%  450  p. 

4.  Obras  de  Lope  de  Rueda,  Tomo  I.  Madrid,  1895.  In-S*,  xii-331  p.TomoII. 
Madrid,  1896.  In-8%  x-294  p. 

5.  Mantucrits  catalans  a  la  BibUoteca  nadonal  de  Madrid,  NoUeies  per  w 
catalog  raonat.  Barcelona,  1896.  In-S*,  216  p. 

6.  Indice  de  los  PrivUegios  y  Franquezas  de  Mallorea,  Deox  fascicoles  ont 
été  publiés  à  Majorque. 


presse  sévillane',  de  M.  Manuel  Hh^tes,  Pour  ce  qui  concerne  ies 
ilia  Philippines,  M.  Retii^i  a  publié  deux  forts  volumes  de  rensel- 
^nemenLâ  bibliographiques'.  Moins  importants  sont  les  Apuntes 
para  eseribtr  una  bibliografia  eucaristica  valenciana,  de  M.  CanaiT, 
YEnsayo  bibliografieo-histàrico  de  la  provincia  de  Jaen,  par  le 
P.  Aconso,  qui  apporte  des  additions  aux  ouvrages  antérieurs  de 
HuAoz  Romero,  Garnica  y  Lafliente'  et  les  Apunles  para  una  biblio- 
leea  eiparlola  de  politicos  y  tratadiiias  de  filosofia  polUica,  de 
M.  Bkcker*.  m.  Ferndndei!  Dubo  a  augmenté  ses  publîcaliotia  sur  la 
science  cosmographiqne  avec  une  curieuse  monographie  sur  Alg-anas 
obrat  desconocidas  de  costHografia  y  navegaciàn^. 

HtsToïKE  DE  l'aht.  —  La  plupart  des  livres  et  brochures  apparte- 
nant a  ce  f^roupe  sont  relatiTs  à  l'histoire  des  arts  plastiques;  mais 
il  y  a  aussi  pour  la  musique  des  publications  dont  l'importance  com- 
pense le  petit  nombre. 

Les  Catalans,  qui  ont  toujours  cultivé  les  études  archéologiques, 
continuent  à  apporter  des  documents  nouveaux  et  des  analyses  :  tels 
sont  ceux  de  M.  Gispbbt  sur  les  crucifix*,  de  M.  Boikt  sur  les 
sépultures  romano-chrétiennes  de  la  l^lalogne^,  de  M.  Fîtes  sur  les 
tlenlelles*,  de  M.  Seseailacu  sur  l'église  do  San  Pedro  de  lîampro- 
don»,  de  M.  Rogbnt  sur  l'architecture  moderne  a  Barcelone'",  enfin 
de  M.  iUssKGUDi  sur  la  chapelle  de  Santa-Agueda". 

Les  monuments  du  nord-ouest  de  la  péninsule  ont  été  aussi  étu- 


t.  BUtorla  y  bibliografia  da  la  prnua  seviUana.  SctIIIs.   1836.  ln-4', 
XLn-37S  p.,  i«ec  des  Krivurm. 
Z  Archiva  del  bthlia/ilo  fillpiTiO.  Madrid,  1895-36.  !□.«■. 

3.  Un  Tolumo  de  %  p.  Jnen,  18%. 

4.  La  Iradieién  polUiea  apanola.  ApuMa  para  una  blbliotfca,  etc.,  I  tdI. 
Hidrid,  1896. 

5.  Àlgunai  abras  dttconocidas  de  Cosmografia  y  Nafcgaciôn,  y  singular- 
HMfrie  delitqiie  eicribUi  Alfmto  Chatei  ù  prineipio*  del  $igto  XVI.  Madrid, 
1896.  46  p. 

6.  Vntt  nofa  dorqueologia  cristiaria.  La  indvmentaria  en  lot  Cntcifixi. 
BwMtona,  1895.  89  p.  el  8  phologravares. 

T.  Sarcàfagos  romanoi  crtstianos  esculturadai  que  te  eontervan  en  Cata- 
luRd.  Barceloaa,  1895.  9£i  p. 

8.  Contideraeiones  r«taUvat  ri  lot  eneajet,  tu  earaeler  arOaico  r  proeeta 
hitlàrieo,  etpeeialmmte  en  Espaàa.  Barceloaa,  1896. 

9.  San  Pedro  de  Camprodôn.  Apuatet  y  planât  relativot  à  tu  rtilttura- 
drfn.  BarceloDB,  1896.  19  i>. 

tO.  Arquilectura  mmlerna  «n  Barcelima.  Primn  caaderno.  BitmIou,  1896. 
32  p.  «t  la  phololypieA. 

11.  La  fteal  CapiUa  de  Sonia  Agueda  dtl  palacta  dt  lai  seiorei  re$et  de 
Arofihi  en  Bareeltma.  Barcelooa,  1896. 


I 


376  BULLinif  HISTOUQUI. 

diés  avec  soin.  D  sufQt  de  citer  les  deux  remarquables  moDographies 
de  M.  ViLLAiviL  T  Castro  sur  San  Francisco  de  Lugo  et  Santa  Mam 
de  Meira  (église  du  même  type  que  celle  de  Silvacane)  et  la  luxoeott 
publication  de  M.  Rios  t  Serraho  sur  la  Cathédrale  de  Léon*.  Poor 
la  Castiile,  nous  avons  une  importante  étude  de  M.  Amador  m  lob 
Rios  sur  le  monastère  de  Saint-Pierre  d'Arlanza'  et  le  premier  volame 
de  la  Biblioieea  artistiea  entreprise  par  IfM.  La  Toreb  et  Azrai,  et 
où  sont  reproduits  les  détails  d'ornementation  de  nos  monuments 
nationaux'.  La  sigillographie  n'a  reçu  d'autre  contribution  qu'une 
brëve  étude,  estimable  d'ailleurs,  de  H.  Sagarra  sur  les  sceaux  do 
roi  Pierre  IV  d'Aragon*. 

En  revanche,  pour  l'histoire  de  la  peinture,  il  y  a  eu  deux  pul)!!- 
cations  d'un  genre  différent,  mais  d'une  réelle  Importance  :  une 
étude  sur  Goya^^  de  M.  Araujo,  remarquable  par  sa  sincérilé,  la 
discrétion  de  ses  jugements  et  la  critique  des  légendes  qui  ont  été 
répandues  sur  la  vie  et  les  œuvres  du  grand  maître  des  Caprim^ 
et  VInventario  de  los  cuadros  sustraidos  por  el  gobiemo  ininuo  (de 
Joseph  Bonaparte)  en  Sevilla  el  aào  de  4840*;  ce  dernier  inventaire 
a  été  soigneusement  reproduit  par  M.  Gomez  Imaz,  d'après  le  doco- 
ment  original  qui  est  conservé  aux  archives  du  Real  patrimanio,  ei 
enrichi  de  notices  historiques  et  de  divers  documents  inédits. 

Pour  l'histoire  de  la  musique,  il  faut  mettre  en  tête  la  série  considé- 
rable de  la  Hispaniae  Scholae  Musica  Sacra'' ^  publiée  par  M.  Peouu, 
et  par  laquelle,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  ont  été 
sauvées  de  l'oubli  ou  restaurées  dans  la  faveur  des  artistes  et  da 
public  les  importantes  œuvres  musicales  de  Victoria,  Guerrero, 
Morales,  Cabezôn  et  autres.  M.  Pedrell,  qui  est  en  même  temps  que 


1.  La  catedral  de  Le6n.  Vol.  II.  Madrid,  1895.  244  p.,  arec  des  graTomet 
5  phototypies  hors  texte. 

2.  Las  ruinas  del  monasterio  de  San  Pedro  de  Arlanta  en  la  provineia  ii 
Burgos.  Madrid,  1896.  25  p.  et  2  photo. 

3.  Biblioieea  ariistica.  DeialUs  de  ornamentaciôn  de  los  principales  num^ 
mentos  de  Espana  y  con  especialidad  de  los  hispano-arabes.  Tomo  I.  Madrid, 
1896.  ÀTec  24  planchea. 

4.  Apuntespara  un  estudio  de  sellos  del  rey  D.  Pedro  IV  de  AragUn.  Ba^ 
celona,  1895  (27  documents  et  23  gravures).  Du  même  auteur,  Le  SegréU  de 
S.  Bernât  Calvô,  Bisbe  de  Vick  (segle  Xlll),  Barcelona,  1895.  16  p. 

5.  Goya,  por  Z.  Araujo.  Madrid,  1895.  1  vol. 

6.  Sevilla,  1896.  103  p. 

7.  Ont  été  publiés  jusqu'ici  six  volumes,  comprenant  les  œuvres  de  Victoria, 
Guerrero,  Morales,  Gabezon  et  Gincs  Pérez.  Chaque  volume  contient  une  préfaça 
biographique  et  critique  (en  espagnol  et  français)  et  plusieurs  pages  de  innsiqiie, 
12  francs  le  volume. 


E6P1GITB.  377 

lUque  el  érudit  un  composiLeur  remarquable  (témoin  son  opéra 
Eoi  Pirineos,  dont  le  prologue  a  été  joué  à  Venise),  donnera  bienLùl 
à  SDR  (Buvre  monumcnlale  un  complémenl  en  publianl  des  œuvres 
musicales  antérieures  au  irx*  siècle,  dont  beaucoup  méritent  d'élre 
connues  et  chantées  encore  '. 

L'impulsion  donnée  par  M,  Pedrell  à  ces  études  a  produit  les  trois 
monographies  suivantes  :  celle  de  M.  Loztxo  sur  la  musique  popu- 
laire à  Saragosse*,  celle  de  M.  Blisco  sur  la  musique  à  Valence'  et 
celle  de  M.  Vilub  aurlesmusiciensd'Alicanle*.  Le  fascicule  fxcur- 
siôn  d  Elche'',  écrit  par  M.  Herseu,  est  curieux  par  le  document 
musical  auquel  il  renvoie,  mais  la  transcription  en  est  très  défec- 
tueuse. La  Biblioteca  Sacro- Musical,  publiée  à  Valence  par  MM.  An- 
TicB  et  Teri,  donnera  prochainement  les  œuvres  inédites  du  maître 
Pereï  y  Gasc6n  dont  Eslava  avait  fait  connaître  seulement  deux 

'sels. 
iinscFiSTiccE.  —  11  faut  ici  distinguer  deux  groupes  de  publica- 

ms  correspondant  à  deux  courants  traditionnels  en  Espagne  ;  l'un, 
qui  mène  à  l'étude  des  langues  régionales,  et  l'autre,  qui  pousse  à  la 
connaissance  des  langues  indigènes  de  uoa  colonies  d'outre-mer. 

Dans  le  premier  groupe  sont  a  signaler  :  la  monographie  du 
P.  Novell',  Analisis  fonolôgick-ortografich  de  la  Uengua  eatalana 
antifja  y  moderna,  complément  de  l'ouvrage  publié  précédemment 
par  Tauleur  sous  le  litre  :  Aruilisix  marfofogich  de  la  Uengua  cala- 
laaa  antiga  eomparada  ab  la  moderna;  la  conférence  de  M.  Cisis  t 
C^BBti,  Catatunya  trilingiie,  estitdi  de  biologia  tlingiiiiliea'' ;  le 
Tratado  etimolàgico  de  los  apellidos  eitskéricos^,  par  M.  ABi.f*,  en 
cours  de  publication,  et  l'étude  de  M.  Balibi,  savant  professeur  de 
rUniversilé  de  Barcelone,  maître  de  la  plupart  de  nos  philologues, 
sur  les  Inlensivos  y  superlativos  de  la  lengua  eatalana*.  A  noter 


Père 


1,  Teairo  lirieo  eipaiiot  antertor  al  stglo  XIX  Idceumenloi  para  la  hisloria 
>  la  mutica  espanola,  colecdonaibu,  traTuaitot  é  ilialradoi).  Publié  par  la 

■iioD  Gerea,  à  la  Corogne. 
^1.  La  muiica  popular  retigioia  y  dramiUiea  en  Zaragota ,  deide  et  aiglo  XVI 

a  nueilroi  diai.  1'  édition.  Zaragoza,  1895.  Ia-8',  viir-MS  p. 
PS.  La  mtuica  en  Calcncia..  A  punies  liiBlâricos.  Alicinle,  1896.  Ia-8-,  102  p. 

4.  Alitante  arfUUco-inuiîeat.  AUcante,  1894. 

5.  Escurtiân  li  Etcke.  Aulo-tirico-retlgiosa,  repretentado  lodtii  loi  anos  tn 
la  patroquia  de  Santa  Maria  lot  diai  H  y  \h  dt  Agosto.  Iladrtd,  1896.  ln-4*, 
8  p.  cl  20  de  muniiine. 

6.  Barcelona,  1896. 

7.  Barcelona.  1896. 

8.  Bilbao,  1896. 

9.  BirMloni,  1895.  Id-4',  92  p. 


378  BULLBTIll  HISTORIQUE. 

aussi  deux  utiles  dictionnaires  de  la  langue  catalane*  et  de  cdlede 
Valence*. 

Le  deuxième  groupe  est  peu  nombreux  et  tous  les  ouvrages  quile 
forment  sont  relatifs  aux  langues  indigènes  des  Iles  Philippines.  Ce 
sont  VEstudio  de  los  arUiguos  alfabeios  fUipinos^^  par  le  P.  Hii- 
GiLLA,  livre  utile,  mais  incomplet;  le  Diccionano  Hispano^Bisayatj 
Bisaya-Espanol*^  parle  P.  Sinchbz  db  la  Rosa,  œuvre  considérable^ 
qui  contient  plusieurs  vocabulaires  spéciaux,  et  la  Gramatiea  ibh 
eana  du  P.  Lopbz,  corrigée  par  le  P.  Gibbo'. 

D'un  caractère  tout  à  fait  différent  est  le  livre  de  M.  Salillas,  El 
delincuente  espahol,  El  lenguaje^y  où  Fauteur  étudie  l'argot  des  cri- 
minels espagnols^  —  dont  l'usage,  dans  nos  romans  «  picarescos  i 
des  XVI*  et  xvii*  siècles,  est  si  fréquent,  —  à  un  point  de  vue  plutôt 
sociologique,  il  est  vrai,  que  proprement  philologique.  La  nouveauté 
de  ses  procédés  et  la  richesse  de  son  investigation  sur  la  <  jerga  >  et 
le  «  calé  jergal  »  font  de  ce  livre  une  monographie  remarquable, 
dont  les  mérites  ont  été  appréciés  déjà  à  l'étranger  par  les  spécia- 
listes dans  ce  genre  d'études.  A  la  fin  du  volume  sont  imprimés  deux 
vocabulaires,  celui  de  Juan  Hidalgo  et  un  autre  inédit  de  «  cal6.  > 

Histoire  LirréRAiRB.  —  Après  la  mort  du  professeur  M.  Mili  et  de 
ses  collègues  de  l'ancienne  génération,  qui  a  donné  un  si  grand  essor 
à  l'étude  de  nos  auteurs  classiques,  les  historiens  de  la  littérature 
espagnole  ont  été  pendant  quelques  années  presque  réduits  à  un 
seul  nom,  celui  de  M.  Mb^teudez  t  Pelato.  C'est  lui  encore  qui  four- 
nit la  plus  grande  partie  du  travail.  Pendant  les  deux  années  com- 
prises dans  ce  bulletin,  il  a  fkit  paraître  les  volumes  V  et  VI  des 
Œuvres  de  Lope  de  Yega  ^,  dont  les  préfaces  historiques  et  critiques 
constituent  des  monographies  d'une  grande  valeur;  le  volume  Vide 
l'Anthologie  des  poètes  castillans^,  exclusivement  consacré  à  l'étude 


1.  Diceionario  de  la  lengua  caUMina  con  la  correêpondietUê  eatalMO* 
Barcelona,  1895  (tome  111). 

2.  DUxionario  valencian(H:asiellano,  3*  édit.  augmentée.  Valencia,  1887-96. 

LXIV-1Î31  p. 

3.  Manila,  1895.  109  p. 

4.  Deux  Tolumes.  Manila,  1895.  480-332  p. 

5.  3*  édit  Malabôn,  1895.  In-4*,  xiv-356  p. 

6.  Eitudio  fUolôgicOy  piicolagico  y  sockdôgieo,  ean  dos  vocabularioi  jer- 
gales,  Madrid,  1896.  In-8*,  vn-344  p. 

7.  Obras  de  Lope  de  Vega.  Tomo  V.  Comedias  de  vidas  de  Sanios.  Madrid, 
1896.  Tomo  VI.  Comedias  mitolôgicas.  Comedias  historiau  de  asunio  extran- 
gero.  Madrid,  1896. 

8.  Antologia  de  poeias  liricos  castellanos.  Tomo  VI.  Madrid,  1896.  In-8*, 
401  p. 


ESPAGNE.  879 

de  la  poésie  lyrique  et  du  mouvement  liUérairo  el  social  (le  Gastille 
pendanl  les  règnes  de  Henri  IV  et  des  Rois  catholiques,  travail  où 
l'auleur  a  presque  atteint  la  perfection  du  slyje  historique;  le 
volume  IV  de  l'AntboIoi^ie  des  poètes  américains',  rclalifà  ceux  du 
Chili,  de  la  République  argentine  et  de  l'Uruguay,  et  le  tome  II  des 
ÛEuvresdu  P.  Marchena',  enrichi  d'une  élude  biographique  el  cri- 
tique (t59  pages  in'4''),  dans  lequel  M.  Menéndcz  y  Pelayo,  tout  en 
proRlanL  des  travaux  antérieurs  de  Morel-Falio  et  de  Castro,  a 
Tourni  des  renseignements  nouveaux  qui  permettent  de  dessiner 
pleinement  la  flgure  historique  et  liltéraîre  du  célèbre  révolution- 
naire espagnol.  Le  volume  contient  en  outre  la  traduction  du  poème 
de  Lucrèce  et  deux  essais  de  critique  de  Marchena. 

Un  disciple  de  M.  Henéndez  y  Pelayo,  M.  Memëndez  Pidal  (D.  Ra- 
miin),  est  venu  tout  récemment  augmenter  la  liste,  bien  courte  à 
vrai  dire,  des  œuvres  vraiment  remarquables,  avec  une  monographie 
sur  la  légende  des  iofanls  de  Lara  dans  la  littérature  espagnole^ 
L'auteur  a  étudié  son  sujet  dans  les  anciens  «  canlares  de  gesia,  ■ 
les  chroniques  et  les  histoires,  les  ■  romances,  >  le  théâtre,  les  tra- 
ditions populaires  et  la  poésie  narrative  moderne.  Il  a  travaillé  sur 
quarante  manuscrits  de  chroniques  et  est  arrivé  à  recomposer  les 
fragments  de  l'ancienne  épopée,  à  distinguer  les  différents  textes  de 
celle-ci,  à  trouver  des  <>  romances  >  nouvelles  (non  connues  do 
Durân)  et  à  établir  certaines  conséquences  importantes  concernant  la 
métrique  des  gestes  et  la  première  rédaction  de  VEsloria  du  roi 
Alphonse  X.  Dans  un  appendice,  l'auteur  fait  l'étude  comparative 
des  divers  textes  des  chroniques  après  avoir  donné  plusieurs  de  ces 
textes  dans  la  seconde  partie  de  son  ouvrage.  Les  éloges  qui  ont  été 
donnés  au  travail  de  M.  Menéndez  Pidal  par  d'aussi  grandes  autori- 
tés que  M.  Gaston  Paris  el  M.  Morel-Falio  me  dispensent  d'insister 
sur  les  mérites  de  la  Leyenda  de  Ioê  siele  Infantes  de  Lara. 

M.  Cotàselo,  —  dont  nous  avons  déjà  signalé  aux  lecteurs  de  la 
Revue  hisloTique  l'étude  sur  Tirso  de  MoHna,  —  a  donné  successi- 
vement trois  ouvrages  du  même  genre.  Le  plus  considérable  est  une 
monographie  sur  Don  Bnrique  de  Villena',OLi  l'auteur  a  réuni  (sauf 
de  légères  et  peu  importantes  exceptions)  tous  les  renseignements 
H)Qnus  sur  la  biographie,  les  œuvres  et  la  légende  du  fameux  noble 


tl.  Àntologia  de  poêlas  hiipano-amerieanos.  Tomo  IV.  Madrid,  1895.  [n-*', 

HTui-tao  p. 

t.  Obrat  tlUrarias  àc  D.  José  Marehetto  (el  abale  Marckna)  recogidat  de 
Miseritos  y  raroi  impresot.  ScrilU,  lï<96.  tn'4*,  ::ljx-42I  p. 
V.  La  taijenda  dt  toi  iiete  Infantes  de  Lara.  Madrid,  18%.  In-t*,  sn-448  p. 
L  Don  Enrique  de  ViUena,  nt  vida  f  obrat.  Utdrid,  1896.  178  p. 


380  BULLBTIlf  HISTOUQUS. 

du  xy«  siècle.  M.  Gotarelo  a  essayé  aussi  de  dresser  le  catalogue  de  la 
bibliothèque  de  Don  Enrique,  et  il  Ta  fait  avec  succès.  Parmi  les 
documents  inédits  qu'il  publie  se  trouve  une  lettre  de  Don  Enrique 
à  Suero  de  Quiûones,  trouvée  dans  un  manuscrit  du  xy«  siècle.  Diri- 
geant ses  recherches  vers  des  temps  plus  récents,  H.  Gotarelo  a  fait 
paraître  deux  fascicules  d'une  série  d^études  sur  Thistoire  de  l'art 
théâtral,  dont  Tun  est  la  biographie  d'une  actrice  du  xviii*  siède, 
Maria  Lad  venant  ^  et  Tautre  celle  de  «  la  Tirana,  b  actrice  contem- 
poraine de  celle-là.  M.  Gotarelo  a  fait  des  recherches,  pour  ces  deux 
études  biographiques,  dans  les  archives  municipales  de  Madrid,  où 
il  a  trouvé  des  papiers  fort  intéressants  et  tout  à  (kit  inédits  sur 
rhistoire  de  notre  théâtre  au  siècle  dernier. 

Signalons  dans  ce  même  genre  deux  autres  livres  :  celui  de  M.  Diiz 
DE  EsGOBAR  sur  Ic  théâtre  à  Malaga^  et  le  premier  volume  (à  corriger 
dans  beaucoup  d'endroits)  de  la  Déclamation  espagnole^,  par  M.  Fuxbs. 
Très  brève,  mais  utile,  est  la  monographie  de  M.  SALriiAs  sur  Part 
dramatique  en  Galice^. 

Pour  le  théâtre  ancien^  la  publication  la  plus  importante,  après 
les  Œuvres  de  Lope  de  Vega,  a  été  celle  des  deux  volumes  des 
Œuvres  de  Lope  de  Rueda  déjà  signalée,  et  Télude  de  M.  MirjAiii 
sur  Juan  del  Encina',  qui  renferme  des  renseignements  tout  à  fait 
inédits  sur  cet  ancien  auteur  et  musicien. 

La  poésie  lyrique  a  été  honorée  de  deux  publications.  Mettons 
d'abord  les  deux  volumes  d^anciens  poètes  castillans  (le  second  est 
inédit,  le  premier,  imprimé  en  <605,  est  très  rare),  formés  par 
Pedro  de  Espinosa  et  D.  Juan  Antonio  Calderôn  et  publiés  en 
entier  maintenant  par  les  soins  de  MM.  Quiaos  db  los  Rios  et  Roou- 
GUBz  MARiif*.  La  collection  d'Espinosa  comprend  des  pièces  de 
soixante-trois  auteurs,  dont  Gôngora,  Argensola,  Quevedo,  Alcàzar, 
Lope  de  Vega,  etc.,  et  celle  de  Calderôn  de  trente-cinq,  dont  vingt-un 
ne  figurent  pas  dans  le  volume  d'Espinosa.  Quelques-uns  de  ces 
poètes  étaient  jusqu'ici    inconnus  dans  notre  histoire  littéraire. 


1 .  Esiudios  sobre  la  historia  del  arie  eseénico  en  Eiptùia.  /.  Maria  Ladw- 
fiant  y  Quirante,  primera  dama  de  las  teatros  de  la  Carie,  Madrid,  1896. 
205  p.  et  un  portrait. 

2.  El  teatro  en  Mdlaga  (siglos  XVI,  XVII  y  XVIII).  Mdiaga,  1896. 

3.  La  declamacidn  etpahala,  I.  Borqu^a  Mslônco,  Sevilla,  1895.  In-4', 
608  p. 

4.  Memoria  acerca  de  la  dramdtiea  gallega,  La  Corona,  1896.  867  p. 

5.  Jium  dd  Encina,  musico  y  poeta.  Mâlaga,  1896. 

6.  Primera  y  segunda  parte  de  las  fores  de  poeUu  ilustres  de  Sspasa, 
SeTilla,  1896.  vii-459  et  vin-427  p. 


KSPicnE.  3Sf 

H.  Rodriguez  Hariii  3C  propose  de  Taire  imprimer^  comme  complé- 
tneai  a  cet  ouvrage,  un  volume  de  biographies  déjà  commencé  par 
M.  Quiros  de  los  Rios. 

A  Séville  aussi  a  été  publiée  l'édilion  complète  des  (ffiuvres  du 
grand  PélrarquisLe  espagnol,  GuUerre  de  CeLina',  avec  une  préface 
et  des  Dotes  par  M.  HiZAi^Aa  i  l*  Roi,  qui  a  soigné  l'impression  et  a 
doaaé  des  reoseignemeuls  nouveaux  sur  la  vie  et  les  relatioas  lillo- 
raires  de  (îutierre  avec  les  poètes  de  l'Itabe. 

L'Université  do  Saragosae  possède  un  manuscrit  d'un  chansonnier 
catalan,  jusqu'ici  inédit.  11  vient  d'être  publié  par  M.  Biselgi,  mais 
l'édition  est  al  fautive  qu'elle  devient,  à  diverses  reprises,  prci>que 
inutile'.  Très  curieuse  est  la  brochure  de  M.  Tbuioïebes  sur  la 
poésie  populaire  valencienne  dite  «  fallera',  s  parce  qu'elle  est  com- 
posée à  l'occasion  des  ■  fallas  >  ou  scènes  plastiques  improvisées 
dans  les  rues,  tous  les  ans,  le  jour  de  Saint-Joseph,  et  d'ordinaire 
pour  tourner  en  ridicule  des  individus  el  des  faits  de  la  vie  politique 
ou  privée. 

Au  même  genre  de  httérature  populaire  appartient  le  petit  volume 
de  M.  Diaz  Cassod,  la  Literalura  panacha* .  On  appelle  ^/awocAos  les 
habitants  de  la  campagne  (Huerla)  qui  environne  la  ville  de  Mur- 
cia.  M.  Cassou  a  réuni  dans  son  livre  quelques  contes,  légendes  el 
autres  pièces  de  la  littérature  rurale,  telles  qu'elles  sont  sorties  de  la 
bouche  du  peuple.  La  collection  a  un  double  intérêt  philologique  et 
ii  lierai  re. 

Le  P.  Blanco  tiiBcii  a  llni  son  Histoire  de  la  littérature  espagnole 

au  xii°  siècle  avec  le  troisième  volume,  qui  comprend  les  liltéra- 

lures  régionales  el  celles  de  l'Amérique  espagnole^.  L'auteur  a  été 

encore  moins  heureux  pour  cette  partie  de  son  programme  que  pour 

les  précédentes.  11  ne  connaît  assez  bien  ni  les   langues  ni  les 

^■UUératures  de  ces  diverses  régions.  On  voit  souvent  qu'il  parle  par 

^^pu-dirc,  et  l'extrême  concision  qu'il   s'est  imposée  pour  mettre 

^Beaucoup  de  choses  eu  un  seul  volume  nuit  à  la  clarté  et  à  fexac- 

^Khide  de  ses  choix.  Les  lecteurs  étrangers  surtout  risquent  de  s'éga- 

^B)r  fortement  s'ils  prennent  pour  guide,  à  travers  la  littérature 

1.  Obrat  de  Culierre  i«  Cetlna.  2  roi.  SevilU,  1S95.  ln-8-,  iciu-312  et 
Slip. 
1.  Caneionero  eatalnn  de  la  Untveraidad  <U  Zaragoia.  ZcfagoM,  189G. 

3.  Lileralura  •  fallera.  ■  Valenda,  ISQS.  la-i',  15  p. 

4.  Lileralura  popalar  marciana.  La  LUeralttra  panodta.  Uidrid,  1895. 
In-S',  III  |).  N'est  pas  <Jans  le  commerce. 

5.  La  llUratara  apaàola  en  «I  sigla  XIX.  Parle  lercera.  loi  literiUvrat 
gttgioitala  y  la  ttttpano-americana.  Madrid,  1896.  xvi-408  p. 


382  BULLSTllf  HISTOErQUS. 

contemporaine,  le  livre  du  P.  Blanco,  dont  les  Jugements  manquent 
aussi  de  la  sérénité  nécessaire  aux  études  historiques. 

Les  travaux  de  Woir  sur  les  littératures  castillane  et  portugaise 
viennent  d'être  traduits  et  publiés  en  deux  volumes  avec  des  addi- 
tions et  des  notes  de  M.  MB?(B!fDBz  t  Pblato^  L'impression  a  mal- 
heureusement beaucoup  de  Tantes,  spécialement  dans  le  tome  I^. 

Les  Gervantistes  ont  apporté  aussi  leur  contingent  à  l'histoire 
littéraire,  avec  deux  monographies  de  caractère  local  :  Cervantes 
vascùfilo^^  par  M.  Apeaiz,  et  Lo  CervatUisme  à  Barcelona^,  de 

H.  ClRREaAS  T  ClNDI. 

Je  regrette  ne  pouvoir  parler  dans  ce  bulletin  du  premier  voIuqm 
de  la  magniûque  Bibliographie  de  Cervantes^,  rédigée  par  Térudit 
bibliophile  catalan,  M.  Rins  ;  mais,  bien  que  ce  volume  ait  été  imprimé 
en  4895,  Tauteur  ne  veut  pas  le  donner  à  la  publicité  jusqu'à  ce  que 
le  second  soit  terminé,  avec  les  appendices  du  premier.  D'autre  part, 
obligé  de  nous  borner  aux  livres  parus  en  4895-96,  il  nous  est 
impossible  de  faire  l'analyse  de  l'importante  collection  de  Docuwien-' 
tos  cervantinos  hasta  ahora  méditos  que  vient  de  publier  M.  Pérez 
Pastor,  avec  le  millésime  de  4897;  mais  nous  la  signalons  aux  lee- 
teurs  comme  étant  une  des  contributions  des  plus  intéressantes  et 
plus  neuves  qui  aient  été  apportées  aux  éludes  cervantistes. 

Pr^histoirb.  —  Histoire  A!fciE:viiB.  —  Très  maigre  seetion.  A  signa- 
1er  seulement  pour  la  préhistoire  la  monographie  de  M.  Poig  sur  les 
Cavemas  y  simas  de  Espana^,  qui  comprend  la  description  de  plus 
de  deux  mille  cavernes,  avec  leur  répartition  géographique,  forma- 
tion géologique,  la  bibliographie  particulière  à  chacune,  une  biblio- 
graphie générale  et  des  index  géographique  et  alphabétique,  et  les 
nouvelles  explorations  des  Yacimientos  prehUtoricos  en  la  provineia 
de  Sevilla^y  par  M.  Canal,  Tauleur  bien  connu  de  Sevillaprehisiérica. 
Il  n'y  a  pas  lieu  à  parler  d'autres  descriptions  de  cavernes  peu 
importantes. 

1.  HiUoria  de  las  lUeraturas  castellana  y  poriuguesa,  por  Femando  Wolt 
Primera  y  segnnda  parte.  Madrid,  g.  d.  (1895-96). 

2.  Cervantes  vascôfilo,  6  *ea  Cervantes  vindicado  de  su  supuesU)  anUviieiU' 
nismo.  Nouvelle  édition,  très  augmentée.  Vitoria,  1895.  287  p. 

3.  Barcelona,  1895. 

4.  Bibliografia  eritica  de  las  obras  de  Miguel  de  Cervantes  Saavedn. 
Tomo  I.  Barcetona,  1895.  In-4%  viii-402  p.,  arec  des  graynres  et  planches. 

5.  Cavernos  y  simas  de  Espana  y  notas  bibliogràfieas,  Madrid,  1896.  Iii-4', 
xu-392-51  p.  (Bolettn  de  la  Comisiàn  dd  Mapa  geolàgico  de  EspaMa,  Temo  I, 
2*  série.) 

6.  Nuevas  exploraciones  de  yacimientos  prehistôrieas  en  la  pnmneia  de 
SeviUa.  Madrid,  1896.  25  p.  (Bztratt  des  Anaie»  delaSoc.de  JIM.  noHÊrol^) 


ESPIGNE.  3ft3 

MoTBiT  AfiB.  —  Ceux  qui  connaissaient  les  quelques  chapitres  de 
VHitloire  tle*  Vingotkg^  do  M.  Pérez  Pdjol,  publiés  à  l'avance  par 
des  revues  allemandes  et  espaguoles,  désiraient  vivement  la  publica- 
tion de  l'œuvre  entière.  Le  savant  professeur  de  TUniversité  de 
Valence  ne  voulut  pourtant  la  faire  de  8on  vivant.  Ce  sont  ses  héri- 
tiers qui  ont  accompli  cette  tâche,  et,  malgré  le  soin  apporté  à  l'im- 
pression, on  voit  bien  que  la  main  de  l'auteur  a  manqué  pour  la 
dernière  revision,  dont  tout  travail  d^udition  a  besoin,  et  que  l'au- 
teur seul  peut  faire  comme  il  faut.  Tout  de  même,  la  Uisioria  de 
ftuliluciones  sociales  de  la  Espana  goda*  reste  une  œuvre  considé- 
rable, la  plus  importante  peut-être  qui  ait  été  publiée  en  Espagne 
depuis  bien  des  années.  Elle  est  le  fruit  de  toute  une  vie  de  travail 
acharné  sur  les  sources  originales  et  sur  les  livres  modernes  concer- 
nant son  sujet;  elle  ofTre  beaucoup  de  faits  nouveaux  et  de  rectiOca- 
tions  aux  histoires  déjà  classiques  de  Dahn,  Hoeffler  et  autres  auteurs 
étrangers. 

Le  premier  volume  est  presque  en  entier  consacré  aux  précédents 
historiques  de  l'époque  visigotbique  (temps  primitifs,  colonisations 
phénicienne  et  carthaginoise,  domination  romaine).  L'auteur  ne  fait 
que  résumer  et  ordonner  les  recherches  déjà  connues  des  Ibérisles 
et  Romanistes  espagnols  et  étrangers,  mais  il  le  fait  très  bien,  avec 
des  aperçus  critiques  qui  éclairent  les  questions  principales.  A  la  lin 
du  volume  commence  le  travail  propre  de  l'auteur,  qui  étudie  l'ori- 
gine cl  les  mœurs  du  peuple  golh.  Puis  vient  le  tableau  de  son  Inva* 
sion  en  iîspagne,  des  changements  produits  par  le  contact  de  deux 
peuples  dans  les  classes  sociales  et  l'organisation  juridique,  avec 
rexamea  des  institutions  économiques,  delà  vie  scientifique  et  artis- 
tique et  de  la  constitution  religieuse.  La  dernière  partie  de  l'ouvrage, 
—  institutions  du  droit  gothique  en  Espagne,  —  manque.  M.  Pérez 
Pujol  ne  put  parvenir  à  la  rédiger  complètement,  bien  qu'il  eiït  con- 
sacré à  ce  sujet  des  études  très  approfondies  ;  il  est  dommage  que 
les  résultats  de  ses  recherches  et  de  sa  critique  swent  perdus,  juste- 
ment pour  les  points  les  plus  douteux  de  l'histoire  de  l'E&pagne 
wisigotbique.  La  mémo  chose  arrive  pour  les  travaux  de  M.  Hino- 
losi  {D.-E.},  qui,  ni  dans  son  Histoire  du  droit  espagnol  ni  dans  les 
chapitres  qu'ila  écrits  (avec  M.  Fernàndez  Guerra)  dans  le  tome  l"dB 
l'Histoire  de  l'époque  wisigolhiqne  *,  n'a  Tait  t'êtude  critique  des 


I.  4  volumes.  Valericia.  tS96.  ta-4-. 

!.  Bisforla  de  Espana  lUsde  la  invaMn  de  lospueblot  germ4nieo$  haita  la 
ruina  de  la  monarqaia   vUigoda.  Tomo  I.  Madrid,  1896.  483  p.  [>e  Iitts  «»t 
#  par  H.  Rada  y  D^do. 


384  BULLBTrif  HISTOIUQUE. 

sources  et  des  institutions  juridiques,  sujet  qu'il  connaît  cependant 
mieux  que  personne.  Quoi  quMl  en  soit,  ces  deux  ouvrages,  —  odoi 
de  M.  Pérez  Pujoi  en  première  ligne  et  celui  de  MH.  Hinojosa  et 
Fernândez  Guerra,  —  sont  des  travaux  qui  honorent  nos  études  his- 
toriques et  qui  peuvent  rivaliser  avantageusement  avec  la  plupart 
des  livres  étrangers  qui  jusqu'ici  étaient  les  seuls  guides  recomman- 
dables  pour  cette  sorte  d'études. 

Le  reste  des  publications  concernant  le  moyen  âge  est  forcémoit 
moins  important.  Notons  d'abord  les  deux  volumes  de  M.  L6pb 
Fbbrbiro  sur  les  «  Tueros  »  de  Saint-Jacques-de-Clompostelle%  qui 
valent  plutôt  par  les  documents  inédits  qu'ils  renferment  que  par  les 
observations  de  l'auteur,  qui  manquent  souvent  de  critique.  Le  premier 
volume  est  surtout  une  esquisse  de  Torganisation  sociale  de  Léon  et 
de  Castille  pendant  les  premiers  siècles  de  la  Reconquête  ;  il  apporte 
des  Taits  considérables  sur  la  condition  des  serfs,  leur  émancipation 
au  XII*  siècle  et  les  luttes  pour  la  liberté  communale  dont  furent  le 
théâtre  spécialement  les  villes  ecclésiastiques.  Le  second  vq^ume 
comprend  la  période  du  xiv«  siècle  jusqu'à  nos  jours;  il  contient 
80  documents  nouveaux  et  quelques  fragments  du  Forum  Judieum 
avec  une  traduction  castillane,  que  H.  Lôpez  Ferreiro  croit  feiteà 
la  fln  du  règne  d'Alphonse  IX  (f  4230),  et  très  différente  de  celle  qui 
est  vulgairement  connue. 

Au  même  sujet  appartient  la  monographie  de  M.  YiixiiMa,  El 
senorio  temporal  de  los  obispos  de  Lugo^  qui  contient  seize  docu- 
ments inédits. 

Pour  l'histoire  scientiflque,  il  y  a  l'Essai  sur  le  philosophe  Bai- 
mond  de  Sebonde',  par  M.  Rové;  ce  travail  est  très  incomplet  ^ 
superficiel  ;  l'auteur  n'a  fait  que  copier  quelques  travaux  modernes, 
sans  même  indiquer  où  il  a  pris  ses  renseignements  et  la  substance 
de  ses  paragraphes. 

L'histoire  politique  est  représentée  par  la  monographie,  très  sm- 
gnée,  de  M.  Llabe^s,  sur  la  conquête  de  Tile  de  Minorque  ',  et  les 
études  numismatiques  ont  reçu  une  contribution  assez  considérable 
avec  la  description  faite  par  M.  FEaiiAXDEz  t  Lopbz^  des  nombreux 
types  monétaires  trouvés  il  y  a  peu  de  temps  dans  la  ferme  nommée 

1.  Fueros  munieipalei  de  Santiago  y  de  su  iierra.  Santiago,  1895-96.  xm- 
397  et  321  p. 

2.  Assaig  critich  sobre  7  filosoph  barceloni  En  Ramon  Sibtude.  Barcdotu, 
1896.  213  p.  L'autear  a  trooyé  que  le  rrai  nom  de  Sebonde  était  Sibiode. 

3.  La  conquista  de  Menorca  per  Alfom  JII,  Publié  dans  le  Tolume  dei 
Jochi  HoraU  de  Barcelana.  Any  XXXVIIL  1896. 

4.  El  ietoro  visigôtieo  de  la  CapiUa.  Serilla,  1896.  166  p.  et  une  planche. 


ESPICHG.  385 

la  Capilla,  près  de  Carmona,  et  doal  quelques-uas  soûl  tout  à  bit 
nouveaux  et  très  importants. 

Histoire  HoDSKifË.  —  L'ouvrage  le  plus  remarquable  pour  celle 
période  est  celui  de  M.  KiKOiosi  (D.  Ricardo)  iulltulé  Los  depac/ioi 
de  la  diplomacia  pontificia  en  Espaha,  et  qui  est,  en  quelque 
sorte,  une  vaste  collection  de  documents  iuédits  présentés  méthodi- 
quement et  mis  en  valeur  par  la  critique  de  l'auteur.  M,  Hinojosa 
fut  chargé  en  ^891  d'étudier  dans  les  archives  du  Vatican  les  docu- 
ments concernant  notre  histoire.  Il  travailla  pendant  plus  de  dix-huit 
mois  au  dépouillement  des  fonds  de  ces  dépôts  (notamment  des 
archives  secrètes,  et  plus  spécialement  des  fonds  di  Segretaria  d% 
Stato  et  de  la  chambre  apostolique),  aussi  bien  que  d'autres  appar- 
tenant à  t'Ëlat  et  aux  particuliers  à  Rome,  Milan  et  Florence.  11  put 
ainsi  réunir  une  grande  quantité  de  documents,  dont  il  donne  la 
traduction,  l'extrait  ou  l'indicalion  précise,  tout  en  les  utilisant  pour 
raconter  l'histoire  de  la  diplomatie  pontiOcale  à  la  cour  d'Espagne. 
Ce  premier  volume  comprend  la  description  el  l'histoire  des  archives 
poDliltcales,  une  notice  sur  les  collections  les  plus  imporlantes  rela- 
tives aux  nonciatures  et  une  étude  spéciale,  en  huit  chapitres,  des 
papiers  qui  appartiennent  à  la  période  de  1^30  à  1603. 

Le  hvre  de  M.  Lasili,  duc  de  Mi»dâs,  sur  la  paix  de  Bàle  *  a  aussi 
uae  réelle  valeur,  noiammuni  par  les  nombreux  documents  insérés 
dans  les  appendices;  celui  de  M.  Babado  sur  le  siège  d'Anvers' est  de 
même  à  remarquer. 

L'époque  la  plus  en  faveur  auprès  de  nos  historiens  a  été  le 
xviii"  siècle;  il  ne  faut  pas  regretter  cette  préférence,  puisque,  si 
rapproché  qu'il  soit  de  nous,  le  iviir  siècle  est  encore  une  des 
périodes  de  notre  histoire  qui  sont  le  plus  ignorées,  le  plus  obscur- 
cies par  la  légende  et  les  préjugés.  Aussi  convient-il  de  faire  bon 
accueil  à  deux  livres  qui  se  complètent  mutuellement,  et  dont  le 
sujet  est  la  ligure  de  dona  Maria  Manuela  Pignatelli,  duchesse  de 
Villahermosa  :  l'un  de  ceux-ci,  Relratos  de  antano,  a  été  écrit  par  le 
fameux  romancier  P.  Colosia^;  l'autre,  qui  porte  pour  titre  le  nom 
de  la  duchesse,  par  M,  OaTi;  tous  deux  ont  été  imprimes  luxueu- 
sement aux  frais  de  la  duchesse  actuelle  de  Villahermosa. 

Le  premier  est  moins  complet  que  le  second.  Il  esquisse  une 


1.  La  leparadén  de  Guipyaeoa  y  la  pat  de  Baillea.  Madrid,  1893.  loA', 
vm-393  p. 

2.  El  iUio  de  Amberes  en  \àU-\bib.  Uadrid,  1S95. 

3.  Doâa  Maria  Maimtla  PtgnaUlU  de  Aragon  y  de  Gomaga,  duqueia  de 
ruiahermoia.  2  Totume».  1Sô-i[  1  p.,  avec  plaache»  et  fac-almilis. 

Rbv.  Histor.  LXVI.  a»  FASC,  25 


386  BULLSTIir  HmORIQUB. 

partie  de  la  biographie  de  dona  Maria  et  de  son  mari  le  due,  ambas* 
sadeur  d'Espagne  à  la  cour  de  Louis  XV,  ainsi  que  des  poriraili 
d'autres  individus  de  la  femille  el  des  personnages  de  la  sociélé 
française  avec  lesquels  Villahermosa  fut  lié  d'amitié,  tels  que  d'Alem- 
bert.  La  correspondance  de  celui-ci  et  de  Galiani  a?ec  le  duc,  k 
journal  de  Villahermosa  et  les  lettres  de  la  duchesse,  qui  renferment 
de  très  curieux  détails  sur  les  événements  et  les  mœurs  de  l'époque, 
font  l'attrait  principal  de  ce  volume,  écrit  avec  un  parti  pris  très 
naturel,  étant  donné  le  caractère  religieux  de  l'auteur. 

Les  deux  volumes  de  M.  Orti,  plus  dégagés  de  thèse  morale  et 
philosophique,  sont  aussi  plus  exclusivement  consacrés  à  la  bio- 
graphie. Le  tome  I  comprend  l'histoire  du  duc  jusqu'à  sa  mort  ee 
septembre  noo.  En  appendice  on  trouve  des  extraits  du  Journal  de 
voyage  en  Italie  écrit  par  Vieyra  et  dont  M.  Morel-Fatio  a  donné  un 
paragraphe  dans  la  deuxième  série  des  Êtiuies  sur  l'Espagne  (p.  380). 
—  Le  second  volume  raconte  le  reste  de  la  vie  de  la  duchesse  pen- 
dant son  veuvage,  jusqu^en  4Siù.  Il  est  particulièrement  intéressant 
en  ce  qui  concerne  les  rapports  de  la  duchesse,  fervente  catholique, 
avec  les  Jésuites  et  les  papes  Pie  VI  et  Pie  VU,  et  son  intervention 
dans  la  guerre  de  notre  indépendance.  En  appendice  on  trouve  des 
documents  relatifs  au  P.  Pignatelli.  Des  fac-similés  de  lettres  écrites 
par  Villahermosa,  Iriarte,  le  P.  Nicolau,  Pignatelli,  Floridablanca,  le 
cardinal  Gerdil,  Palafox  et  autres  personnages,  sont  nombreux  et 
rehaussent  la  valeur  du  livre,  ainsi  que  les  planches  (portraits  pour 
la  plupart),  qui  sont  vraiment  magniflques. 

Très  modeste,  mais  assez  important,  est  le  livre  du  P.  Migvelbz 
sur  le  Jansénisme  et  le  Régalisme  en  Espagne  au  xyiii^  siècle  ^  Il  y 
étudie  les  luttes  poursuivies  par  la  couronne  et  les  tribunaux  ecclé- 
siastiques de  Madrid  contre  ceux  de  Rome  et  les  disputes  et  jalou- 
sies entre  les  différents  instituts  religieux,  qui  aidèrent  beaucoup 
l'œuvre  des  ministres  éclairés  de  Ferdinand  VI  et  de  Charles  III. 
Par  les  documents  inédits  qu'il  contient  et  les  responsabilités  histo- 
riques qu'il  dévoile  chez  quelques  personnages  ecclésiastiques,  au 
sujet  des  victoires  du  régalisme,  l'ouvrage. du  P.  Miguelez  porte  des 
enseignements  dont  les  historiens  devront  faire  leur  profit. 

Aux  relations  entre  l'iiistoire  politique  de  TEspagne  et  de  la 
France  pendant  les  premières  années  de  ce  siècle  se  rapportent  les 
Memorias  (que  nous  avons  déjà  mentionnés)  del  marques  de  Ayerbe 
sobre  In  estancia  de  Don  Fernando  Vil  en  Valençay  y  el  prine^ 
de  la  guerra  de  la  Independencia,  et  à  la  première  de  nos  guerres 

t.  Jansenismo  y  Regalismo  en  Espana.  ValladoUd,  1895.  486  p. 


BSFiGHB.  387 

viles,  le  tome  11  de  l'ouvrage  du  marquis  de  Si»  Rouan  sur  les 
iTOpagnes  du  général  Orùa*.  Aux  événements  politiques  de  la 
même  époque,  M.  Vilulbi  HEavAS,  ancien  député  eL  journaliste,  a 
eonaacré  uu  volume  fort  curieux  intitulé  Reeaerdoi  de  cineo  lunlros 
[tsi'd-liS)';  il  a  clé  suivi,  dans  les  premiers  mois  de  4897,  d^un 
autre,  Una  década  iongrienla,  qui  retrace  l'hisloire  des  années 
4  >t33-40  *.  Un  épisode,  assez  obscur  jusqu'ici,  de  la  guerre  avec  les 
républiques  occidentales  de  l'Amérique  du  Sud,  a  été  mis  en  lumière 
par  M.  Co.icis,  offlcier  de  marine  el  témoin  pei-sonnel,  dans  son 
petit  livre  inlilulê  Bl  combate  naval  drl  Papudo  el  26  de  noviembre 

dé  is'j.')*. 

CoLoifiEs  ESPAGNOLES,  iiiaEiTiES  ET  HODEanBS.  —  Avec  le  tome  IV 
M.  JiMEHEz  DE  L*  EspiDi  a  terminé  la  publication  de  l'important 
ouvrage  inédit  du  P.  Cobo  sur  l'histoire  de  l'Amérique';  l'édileur 
l'a  enrichi  de  notes  et  de  documents.  De  son  côté,  la  Coleccion  de 
libroa  rarus  à  earioios  que  tralan  de  Ataérica  a  fait  réimprimer  le 
livre  de  RoHin  t  Ziiioa*,  Repéblicas  de  Indîas^  et  la  Relaeiàn  kis- 
lorial  de  las  misiones  de  Indio»  Ckiquitos''  du  P.  FEnninoEï.  Le 
P.  dm  a  fait  paraître  les  volumes  Xlll  à  XVIU  de  ses  Études  sur 
ta  domination  espagnole  en  Amérique;  ils  concernent  les  beaux-arts. 
Aux  lies  Philippines  se  rapportent  plusieurs  livres,  dont  quelques- 
uns  ont  de  la  valeur.  C'est  d'abord  l'Histoire  générale  de  M.  Montebo 
r  ViiuL  *,  excellent  résumé  des  travaux  imprimas,  mais  qui  manque 
(le  renseignements  nouveaux  puisés  aux  sources  manuscrites,  assez 
nombreuses  pourtant.  Le  P.  Octo  a  imprimé  un  Compeadio  de  la 
ttesena  biogrà/tca  de  los  lieligiosos  de  la  provincia  del  Santisimo 
Hosario  de  Filipinas,  de»de  su  fundaciàit  hasta  nuestros  dias^, 
abrégé  du  volumineux  ouvi-age  qui  a  commencé  de  paraître  eu  1894. 

1.  Guerra  eivU  de  1833  à  1840  en  Aragon  ji  Valenela;  Campahai  del  gêne- 
rai Orâa.  Madrid,  IS96.  ua-lH  p.,  on  plan  et  on  porlrait. 

2.  Madrid,  1896.  Id-8*. 

3.  Madrid,  1897,  In-SS  39S  p. 

4.  Madrid,  18%.  11-103  p.  et  dem  grararea. 

5.  Bistoria  del  Satvo  .Vtmdir.,.  puMicada  par  primera  pes...  Tomo  [T. 
Serilla,  1895.  In-*',  347  p. 

6.  nepùfilieai  de  Indias,  idatalrias  g  gobiernos  en  Mexico  y  Perù  antes  de 
la  eonquuta.  Vol.  XIV  el  XV  de  la  Oolecclàn. 

7.  Helae.  h<it.  de  las  mis.  de  Indioi  CAiquitos  qae  en  el  Paraguay  tieneii 
los  Fadres  de  la  Cmnpaiia  de  Je*ùf.  La  première  édilion  de  cel  ourrage  esl 
de  17:0. 

8.  inttoha  gênerai  de  Filipinas.  Vol.  Il  el  111.  Madrid,  I39â.  Le  premier 
en  de  1887. 

9.  HaaîU,  ISSe. 


1 


388  BULLSTIlf  HISTOUQUE. 

A  M.  BÀLÀGUBa,  ancien  minisire  des  colonies,  on  doit  un  mémoire 
très  concis  sur  les  Iles  %  et  à  M.  Rbtàna,  infatigable  chercheur  de  h 
bibliographie  philippine,  un  curieux  livre  sur  le  journalisme  ^,  un 
autre  sur  le  gouvernement  du  maréchal  Weyler  '  et  un  petit  tàsà- 
cule  sur  les  courses  de  taureaux  *.  Les  études  anthropologiques  sont 
représentées  par  une  monographie  du  P.  Guipa  sur  les  mayàifooi*. 
Parmi  les  ouvrages  de  caractère  général  il  fout  citer  VHistaria  de  loi 
dominios  espanoles  en  Oceania^  de  M.  Alcazaa,  livre  assez  minée 
pour  son  sujet,  et  les  Études  sur  les  lies  Carolines^  de  M.  Gabiza. 

Les  deux  guerres  actuellement  soutenues  aux  Philippines  et  à 
Cuba  ont  donné  lieu  à  plusieurs  publications  de  circonstance,  la  plu- 
part sans  valeur  historique,  bien  que  quelques-unes  fossent  con- 
naître les  courants  de  Topinion  nationale  et  les  conditions  politiques 
où  ces  luttes  s'accomplissent.  Citons  pour  mémoire  :  En  la  Mam- 
guay  par  M.  Rioja,  récit  de  quelques  foits  d'armes  de  la  guerre  de 
Cuba^;  Filipinas  y  sus  habitantes,  par  M.  Gonzalez  t  Hartlt*^ 
Esiudios  acerca  del  régimen  y  administraciàn  de  Espana  en  UUror 
mar,  par  M.  Casas  ^^  ;  Crônica  de  la  guerra  de  Cuba,  par  M.  Gou- 
RERO  ^  *  ;  Xa  guerra  de  Cuba^  par  M.  Rbpaeaz^^,  etc. 

Pour  les  documents  il  faut  tenir  compte  du  tome  IX  de  la  CoteC" 
ciôn  de  docutnentos  inéditos  relatives  al  descubrimientOf  conquista 
y  organizaciôn  de  las  antiguas  posesiones  espanolas  de  Ultramar*^; 
pour  rhisloire  religieuse  de  l'Amérique,  de  la  première  partie  du 
livre  du  P.  Péebz,  La  Compania  de  Jesûs  en  Colombia  y  centre 
Atnérica  *^  ;  et  pour  les  questions  concernant  la  découverte  et  les  pre- 


1.  Islas  FUipinas.  Madrid,  1895.  67  p. 

2.  El  periodismo  fUipino.  Noticias  para  su  historia  (1811-1894).  Madrid, 
1895.  G4G  p. 

3.  Manda  del  gênerai  Weyler  en  Filipinas,  Madrid,  1896.  464  p. 

4.  Fiestas  de  toros  en  Filipinas,  Madrid,  1895.  31  p. 

5.  Etnografia  filipina.  Los  mayàyaosy  la  rara  ifugao.  Madrid,  1895.  165  p. 

6.  Manila,  1895.  207  p. 

7.  Esiudios  sobre  Carolinas,  Un  isla  de  Ponapé.  Geografia.  Etnografia.  H»- 
toria.  Manila,  1895.  xiii-241  p.,  arec  des  gravures. 

8.  Uabana,  1896.  32  p. 

9.  Bejar,  189G.  285  p. 

10.  Madrid,  1896.  xviii-421  p. 

11.  D'après  des  reaseigaeraenU  des  journalistes  de  la  Uarane  et  de  New-Yoïi 
et  des  documents.  Ont  paru  les  t.  I  et  II.  Barcelona,  1896.  —  M.  Pirtla  a 
commencé  aussi  à  publier  par  U?raisons  une  Historia  de  la  guerra  de  Cuba. 

12.  Madrid,  1896.  216  p. 

13.  Madrid,  1895.  lxxx-471  p. 

14.  VaUadolid,  1896. 


raiera  élablissements,  le  volume  d'essais  Bspana  y  America,  de 

M.  SiKCOEZ  MOGDEL, 

Uoe  crilîque  soulevée  par  l'auteur  péruvien  M.  PjLMi  contre  le 
tome  I  des  Documents  publiés  par  le  comte  de  Toeiti  a  donné  lieu 
à  une  réplique  de  celui-ci  qui  mérite  d'être  connue'. 

BioGRiPHiRS.  —  Plus  de  dix-sept  éludes  biographiques  ont  été 
publiées  dans  les  années  1895  et  f  896.  La  plupart  sont  sans  impor- 
tance. Parmi  celles  qui  méritent  d'être  lues,  mentionnons  :  flernàn 
Tello  PortocaTTfTO  y  Manuel  de  Veça  Cabeza  de  Vaca,  par  M.  Fer- 
nàndoz  Duro  '  ;  El  doclor  nararro  D.  Mnrtin  de  Asjnlcueta,  y  sut 
ohrns,  par  M.  Anir.iTi,  livre  très  bien  composé  et  de  valeur';  Vida 
del  llt^"  y  Vénérable  vizeaino  D.  Fr.  Juan  de  Zutnarraga*,  par 
M.  L*B*iii[i;  Dif-go  de  Alava,  par  M.  Oliver-Copoks";  (lôngora 
racionero,  recueil  de  notices  concernant  la  vie  ecclésiastique  du 
célèbre  poète,  extraites  de  livres  et  papiers  authentiques,  par  M.  Gon- 
lALEï^;  Nuevos  datospara  ilnufrar  tas  biografias  del  maestro  Juan 
de  .Valara  y  de  Mateo  Aleman,  par  M.  Gëstdso  ',  et  la  nécrologie  de 
Herculano,  lue  à  l'Académie  de  l'histoire  par  M.  Sabcdeib  Mouoël  *. 
—  Pour  la  biographie  des  contemporains,  citons  Set'illa  intellectual, 
tus  eserilores  y  arlùtas  conlempordneos,  par  M.  CissiLES*,  et  Bio- 
çra/las  cordobesas  eontemporineas,  par  M.  Gokzilëz  i  Saenz'". 
M.  Feruândez  Nivibrkte  a  rectifié  quelt^ues  points  de  la  biographie 
de  l'historien  D.  Martin  Feroandez  de  Navarrele,  dans  ses  Brèves 
recti/icaeiones  d  lu  biografia,  etc.". 

D'une  manière  toute  spéciale  il  faut  attirer  l'attention  sur  la 
remarquable  monographie  de  M.  Rodbigcez  Vill*  sur  U.  Francisco 
de  Rojas  ",  qui  a  paru  d'abord  dans  le  Bolelin  de  la  fl.  Aeademia  de 
ta  BUtoria.  Elle  renferme  beaucoup  de  documents  inédits  trouvés  par 
M.  R.  Villa  dans  la  collection  de  Salaxar  et  dans  les  archives  de  la 

l.  Cmttitaeiôn  al  artkiUo  btbliogrâ^a  ptibliçado  por  D.  Pieardo  Palma... 
fobre  el  lamo  I  de  Documenl^i  para  la  historia  de  la  giterra  separaUiia  det 
Péril.  Madrid.  1S»5,  ln-4-,  34  p. 

a.  Madrid,  1895.  In-*-,  70  p. 

3.  Punploaa,  1893.  xxvii.6e7  p.  (137  de  docuiuents). 

4.  Bilbao,  IS96.  3*  éd.,  336  p. 

5.  Hadrid,  1896. 

e.  Ofirdnba,  1896.  83  p. 
T.  Sevilla,  1896.  n  p. 

8.  Alejandro  Hercalano  de  Carvalho.  Madrid.  tS86.  50  p. 

9.  SerilU,  1896.  iv[-56!  p. 

10.  (Uirdaba,  I89&.  xm-190  p. 
ll.ZaraRoM,  189&.  Iti-4*.  16  p. 

\2.  D.  eraneUco  de  Bojai,  embajador  de  lot  Heyet  eaUicoi.  Madrid,  1896. 
ln-4-,  Î21  p. 


J 


SM  BULLETIH  HltTOUQUE. 

comtesse  de  Teba.  Ds  ont  été  utilisés  avec  toute  rhabiklé  qa'oo 
devait  attendre  de  l'historien  de  Jeanne  la  Folle. 

HtsToiRB  LOCALE.  ^  Les  trayaux  ooncernant  Thistoire  locale  coatt- 
nuent  à  être  très  abondants,  mais  par  suite  des  conditions  dans  les- 
quelles ils  sont  écrits  pour  la  plupart,  il  j  en  a  peu  qui  aient  une 
réelle  valeur  historique.  L'Essai  sur  les  provinces  basques  à  la  fin 
du  moyen  âge  S  de  M.  Echegarat,  est  un  des  plus  remarquables.  Il 
étudie  les  luttes  des  partis  politiques  (bandas)  et  la  fondation  des 
villes;  11  renferme  un  certain  nombre  de  documents;  malheureuse- 
ment Texposition  est  médiocre,  et  Tauteur  tombe  fréquemment  dans 
des  analyses  trop  minutieuses  de  fiJts  qui  se  répètent  beauoonp. 
Garthagène  a  trouvé  deux  historiens  dans  MM.  Diaz  Gassou  et  Mai- 
TiiiEz  Rizo.  Le  premier  a  publié  d'abord  un  livre  sur  les  évéques  de 
la  ville',  puis  un  supplément  avec  des  additions  et  corrections^.  Aa 
second  appartient  le  volume  de  Feehas  y  fechos  de  Cartagena* 
imprimé  en  ^1874,  mais  paru  réellement  en  4895. 

Pour  l'histoire  contemporaine  de  Gordoue,  M.  GrtL  a  écrit  deux 
volumes  consacrés  surtout  aux  événements  littéraires'.  Grenade  a 
eu  dans  le  professeur  M.  SinoifBT  un  excellent  chroniqueur  ^,  et  Vigo, 
dans  M.  Sattiago,  un  chercheur  émérite  de  ses  antiquités^. 

Les  Catalans  n'ont  pas  négligé  l'histoire  de  leurs  villes,  et  il  but 
leur  rendre  la  justice  qu'ils  accomplissent  leur  tâche  avec  amour  et 
sans  épargner  les  recherches.  C'est  ainsi  que  M.  Grahit  a  donné  la 
deuxième  partie  de  sa  copieuse  Besena  histôrica  de  las  sitios  de 
Gerona  en  4808  y  4809^;  M.  Montsalvatje  le  tome  VI  de  ses 
Notices  historiques';  M.  Alsius  TEsquisse  historique  de  Serinyi'*; 
M.  Grecs  une  Monographie  sur  les  luttes  féodales  à  Villanueva  ei 
Geltrû  *',  et  M.  Gonzalez  la  Chronique  très  curieuse  de  la  République 

1.  lAU  provincias  bareongadas  à  fines  de  la  Edad  Media.  Bnsayo  kUt&rico, 
Tomo  I.  San  Sébastian,  1895.  496  p. 

2.  Série  de  lo$  obispos  de  Cartagena.  Sus  hechos  y  su  tiempo,  Madrid,  1895. 
In-4%  304  p. 

3.  Série  de  les  obispos  de  Cartagena.  Addenda  ei  corrigenda»  Madrid,  189& 
40  p.  N'est  pas  dans  le  commerce. 

4.  GarUgena,  1894.  In-4%  xxxiv-326  p. 

5.  Côrdoba  contemporànea.  1891-96.  iviii-293  et  222  p. 

6.  Cuadros  histàricos  y  descriptives  de  Granada.  Madrid^  1896.  xzi-388  p. 

7.  Historia  de  Vigo  y  su  comarca.  Madrid,  1896.  604  p. 

8.  Gerona,  1895.  In-4*,  773  p. 

9.  Monasterios  del  antigiw  eondado  de  Besalu.  Obt,  1895. 

10.  Serinyd,  Gerona,  1895. 

11.  Bosquejo  histôrico  de  la  parte  que  tomaron  VUlanuêoa  y  GeUru  en  Is 
lueha  gênerai  contra  el  feudalismo  en  los  siglos  XIII,  XIV  y  XV,  ViilaooeTi 
y  Geltrù,  1895. 


li*e, 
MU 


à  Barculoue *.  De  M.  iiiuHi  esl  une  Uislorin  d«  Ui  lieal  Acadttnia 
de  Cienelas  y  Artes  de  liarcelona  (203  pages). 

Les  érudits  des  lies  fialearca  verseol  la  graode  masse  de  leurs 

lerches  diins  le  Boletin  de  la  Sociedad  arqtteolâgica  litlinna,  une 

revues  les  plus  importantes  de  l'Ëspii^ne;  c'est  peut-être  pour 

oelte  raison  qu'ils  impriment  peu  de  livres.  Nous  ne  pouvons  donc 

citer  que  la  seconde  édition  du  livre  Forenses  y  eiudadanoi'*,  de 

M.  Qdaohioo,  une  des  études  les  plus  remarquables  parmi  celles  qui 

icernenl  l'histoire  de  nos  luttes  sociales.  Le  volume  apparlicnt  aux 

vres  complètes  de  M.  Quadrado,  en  cours  de  publicatiou. 

,1(.  MiLuuEs  a  llni  son  Histoire  des  lies  Canaries  avec  les  tomes  IX 

X',  et,  pour  les  Asluries,  MM.  Bkllhd.tt  et  CiXELus  ont  entre- 

une  publication  illustrée  où  seront  étudiés  l'Iiisloire,  lus  œonu- 

Is,  les  mœurs,  les  traditions,  le  langage  [bable] ,  tous  les  éléments 

In  de  la  vie  passée  et  présente  de  la  région*. 

.ui  Castilles  appartient  le  livre  superficiel,  mais  bien  documealé, 

H.  Salti  sur  l'intervention  de  la  ville  de  Burgos  dans  la  guerre 

Comunidades'^ ;  l'Iiistoire  du  collège  royal  de  Saint-Thomas 

vila*,  par  le  P.  Cienfdecos  ;  les  Excursions  artistiques  à  la  Tierra 

Campoi'',  par  M.  Sihon  ï  Nieto,  et  la  petite  monographie,  assez 

faite,  de  M.  F.-B.  NiviEBo,  Fortalezas  y  casUltos  en  la  edad 

\ia,  JUaqueàa  y  Escalona  ^. 

'our  la  région  alicantine,  il  n'y  a  à  signaler  qu'une  nouvelle  His- 
d'Elcbe",  par  M.  Ibirba,  et,  pour  l'Aragon,  le  Guide  de  Sara- 
le  et  sa  province  ">,  par  M.  Jotbh  Giscon. 

ie6  érudits  andalous  ont  ajouté  à  l'histoire  de  leur  pays  deux 
lOgraphJes  relatives  à  Arcos  de  la  Fronlera",  par  M.  Mi.xche»o, 


.,  La  Repùbllca  en  Barcetoita.  Apunles  para  uiia  crônica.  Barceloaa,  iSdS. 
IP- 

\,  Segnnda  «dicioa  aurafntada.  Palma  de  Haltorca.  1895.  In-4',  413  p. 
B.  Hiitoria  gênerai  de  las  Islas  Canarias.  Tonios  VII  y  VIII.  Laa  Palma«, 
>.  Iii-4*.284et28!  p. 
L  àtturia*.  CijûD,  \&%.  In-fol.,  avec  des  phototypes.  En  cours  de  publi- 

L  Bvrgoi  en  lat  comunidadei  de  CasHUa.  BurgoB.  1895.  189  p. 

t,  Bme  reseâa  histàrica  dM  rtal  eolesto  de  Santo  Tovidi  de  ÀvUa.  Madrid, 
I,,  avec  graTures. 

t.  Excurtiones  artUticai  à  la  Tterra  de  Campos.  Madrid,  IS9â.  164  p.,  iTec 

bchea  et  gruTures. 

%  lUdrid,  1895.  In-l',  à  deai  colonnes.  3%  p.,  arec  grsTnres. 
f^.  Btrtoria  de  Elehe.  Alieante.  In-S-,  329  p. 

Il  6via  de  Zaragoza  y  *u  provincia.  Zarngoza,  1896.  SOD  p. 
kl.  Apunten  para  unahiitorta  tleAreos  de  la  Fronlera.  \t(x»,  181(3-96.  675  p. 
wtùt  tfleiiaJi  parroqutales  de  Arcos  de  la  Fronlera.  Sito»,  1896. 


392  BULLBTIlf  HI8T0BIQUI. 

et  un  volume  de  notes  sur  Sanlucar  de  Barrameda,  par  M.  EuGcs^ 
M.  Almagro  a  fait  paraître  un  supplément  à  son  Museo  granaâm 
de  antigHedades  drabes^^  et  M.  Guichot  a  imprimé  une  histcnre 
générale  de  la  Montagne  des  Anges',  très  célèbre  par  son  monastère 
et  par  ses  légendes,  surtout  celle  de  la  femme  pénitente,  qui  a  été 
mise  à  profit  par  le  duc  de  Rivas  dans  son  Don  Alvaro.  Le  livre  de 
M.  Guichot  est  travaillé  avec  amour  et  renferme  de  curieux  rensei- 
gnements. 

M.  LoPEz  Fbrreiro,  dont  nous  avons  loué  déjà  Timportante  mono- 
graphie sur  les  Fueros  de  Saint-Jacques,  a  donné  aussi  la  deuxième 
édition  de  la  Galicia  en  el  ultimo  tercio  del  siglo  XV *^  écrite  à  Taide 
de  documents  très  nombreux,  tirés  des  archives  de  la  cathédrale. 
M.  LoPEz  Peliez  a  publié  de  son  côté  une  étude  sur  le  P.  Sarmieoto' 
et  une  autre  sur  les  bénédictins  de  Monforte*,  qui  n^ont  pas  le  même 
mérite  que  les  livres  de  M.  Ferreiro.  Les  archives  cathédrales  de 
Saint-Jacques  ont  encore  fourni  à  M.  Olmeda  les  matériaux  d'an 
mémoire  dont  le  sujet  principal  est  le  codex  du  pape  Calixle  11^.  Les 
conclusions  de  M.  Olmeda  sont  très  discutables. 

L'histoire  juridique  régionale  est  représentée  par  deux  livres,  qui 
ajoutent  peu  de  nouveau,  mais  qui  remplissent  bien  leur  rôle  vul^- 
risateur  :  les  InstUuciones  y  reyes  de  Aragon^  par  H.  Balagubr^,  el 
les  Instiiuclons  de  Catalunya^  par  H.  Bo?tf '. 

Histoire  G^:féRiLE.  —  VHistoria  gênerai  de  Espana^  écrite  par 
des  académiciens  et  dont  nous  avons  parlé  à  plusieurs  reprises  dans 
ces  bulletins,  avance  très  lentement  dans  sa  publication.  Elle  conti- 
nue d'ailleurs  à  être  très  inégale  dans  ses  diverses  parties,  inconvé- 
nient inévitable  dans  un  ouvrage  confié  à  diverses  mains  et  dont  le 
directeur  ne  peut  pas  surveiller  ni  même  corriger  les  travaux,  comme 
il  serait  bon  de  le  faire.  Laissant  de  côté  les  histoires  de  cette  vaste 
collection  dont  la  publication  est  à  peine  commencée,  nous  citerons 
seulement  THistoire  de  Charles  IV  *^,  par  M.  Govez  Arteghb,  impor- 
tante au  point  de  vue  politique  et  militaire,  et  celle  de  Charles  III, 

1.  Sanlucar  de  Barrameda.  Apuntes  de  un  vk^ero.  Madrid,  1896.  142  p. 

2.  Album  adicionaL  Granada,  1896. 

3.  La  Montana  de  los  Angeles,  Senlla,  1895.  250  p. 

4.  Tomo  I.  La  Goruna,  1896  (toI.  XLVI  de  la  Bibl.  Galleça). 

5.  La  Coruna,  1895. 

6.  La  Gorana,  1896. 

7.  Memoria  de  un  viaje  à  Santiago  de  Galicia,  6  examen  criticù-^uskal 
del  càdice  del  papa  Calixto  IL  Burgos,  1895.  44  feailles,  plus  85  p.  et  3  pL 

8.  Madrid,  1896.  311  p. 

9.  Barcelona,  1896. 

10.  Reinado  de  Carlos  IV.  Tomo  IL  Madrid,  1896.  527  p.  et  21  planches. 


893 

par  M.  Daxtiu,  dont  les  tomes  IV  à  VI  ont  paru  aussi  abondants  en 
documents,  en  général,  que  faibles  au  point  de  vue  de  la  critique  et 
de  la  composition. 

L'histoire  des  découvertes  géographiques  est  représentée  par  une 
série  de  petites  études  de  M.  ViDiHT  sur  Vasco  de  Gama  et  ses 
voyages*;  il  y  examine  le  point  de  vue,  cerlainement  trop  étroit, 
où  se  sont  placés  certains  érudits  portugais  à  l'occasion  du  cenleuairc 
de  la  découverte  de  la  route  qui  mène  aux  Indes. 

Pour  l'histoire  économique  et  sociale,  il  faut  signaler  le  remar- 
quable programme  d'un  livre  sur  le  collectivisme,  le  communisme 
et  le  socialisme  dans  le  droit  positif  espagnol',  rédigé  par  M.  J.  Costa, 
programme  qui  contient  des  renseignements  historiques  nombreux 
et  qui  exprime  des  idées  assez  larges  et  neuves  sur  ce  sujet.  M.  Costa 
compte  développer  son  plan  dans  un  livre  prochain.  Sur  l'état  actuel 
des  études  économiques  en  Espagne^,  M.  Ouscoici  a  imprimé  une 
étude  en  général  bien  renseignée,  mais  incomplète,  où  manquent 
plusieurs  chapitres  sur  certaines  manifestations  scientiUques  et  poli- 
tiques importantes  de  nos  jours. 

L'histoire  de  la  marine  espagnole,  commencée  par  M.  Fermadez 
DoBo  avec  son  livre  la  Marina  de  Castilla,  dont  nous  avons  parlé 
dans  le  bulletin  précédent,  a  été  continuée  par  le  même  auteur  dans 
uo  ouvrage  plus  étendu,  dont  le  premier  et  le  second  volume  seuls 
ont  été  publiés.  Ils  comprennent  les  règnes  de  Ferdinand  et  d'Isabelle, 
de  Charles  V  et  de  Philippe  II  jusqu'à  1S87,  et  passent  en  revue 
tous  les  événements  politiques,  militaires  et  géographiques  auxquels 
prit  part  alors  notre  marine,  tant  en  Europe  que  dans  les  deux  Amé- 
rtques.  L'auteur  a  étudié  minutieusement  chacun  de  ces  points  et  il 
ne  se  contente  pas  de  résumer  les  travaux  des  autres;  tout  au  con- 
traire, il  apporte  de  nouveaux  faits  et  de  nouveaux  documents  (dont 
quelques-uns  sont  reproduits  en  appendice)  qui  éclairent  beaucoup 
de  questions  concernant  les  gloires  de  nos  marins  et  la  politique 
inlcrnalionale  de  nos  rois.  Les  écrivains  qui.  â  l'étranger,  font  de 
celte  sorte  d'études  une  spécialité,  ont  accueilli  très  favorablement 
l'œuvre  de  M.  t'ernandez  Duro\  qui  est  ornée  de  beaucoup  de 
gravures  assez  bien  exécutées. 

t.  Vasea  de  Gama.  Hadrid,  18%.  24  p.  —  El  deseubrimienlo  de  la  Indin 
par  Vaaco  de  Gama.  Idem.  16  p.  —  La  partida  de  Vasco  de  Gama.  fdem. 
16  p.  —  El  dacubrimiento  de  Oeeania  par  lot  Parlugaetei.  Jdem.  64  p. 

2.  ColtetiKûmo,  eomaniimoi  toeialiimo  en  derecko  positiva  apaSol.  Snsago 
dé  tin  plan.  Madrid,  1896.  In-rot.  31  p.  M'Mt  pat  dans  1«  comment. 

3.  Ettado  aetual  de  loi  aludiot  econotnieos  «n  Espaha.  Madrid.  1B36.  llii  p. 

4.  Armaila  espaàota  deade  la  union  de  loi  retnot  de  Cattilla  y  de  Arat6n. 
Tomo»  1  T  U,  Uadrld,  1895-96.  Iii-4*,  346-131  el  532  p. 


894  BULLSTIN  H18T0UQUB. 

OuyftAGBS  oiTBis.  —  N0U8  réuniroQS  sous  cette  déDominaUoa 
d'abord  les  œuvres  non  historiques  d'anciens  auteurs  que  Ton  vient 
de  publier  et  qu'il  importe  de  signaler  aux  lecteurs.  G^esl  ainsi  que 
des  œuvres  inédites  de  Fr.  Luis  de  Lbon  *  ont  été  imprimées  à  Sala- 
manque  et  qu'une  nouvelle  édition  de  celles  de  Jean  de  Avila  a  paru 
à  Madrid'. 

L'étude  des  proverbes  a  été  cultivée  par  M.  Rodriguez  Hiiur, 
auteur  d'un  discours  sur  les  Proverbes  en  général  et  particulière- 
ment sur  les  Proverbes  espagnols^,  et  d'un  livre  sur  les  Proverbes 
de  l'almanach,  relatifs  aux  mois  de  l'année  et  aux  saisons^,  et  par 
M.  PoE!fTK,  qui  a  fait  paraître  le  tome  I  d'un  recueil  de  proverbes 
météorologiques'.  Ces  travaux,  d'un  caractère  vraiment  folklorique, 
nous  amènent  à  citer  le  Folk-lore  caialâ^  de  M.  Mbstres,  recueil  très 
curieux  de  traditions  populaires.  Un  naturaliste,  M.  Gk)L]iBiao,  est 
revenu  sur  le  compte  de  Don  Quijote  et  a  donné  une  notice  des 
animaux  et  plantes  cités  par  Cervantes^,  tandis  qu'un  médecin, 
M.  GoMENGB,  a  étudié  les  maladies  de  quelques  personnages  histo- 
riques dans  son  volume  Clinica  egregia^. 

Les  voyages  de  Charles  V  ont  été  décrits  par  H.  Foeonda  dans  ses 
Estanciat  y  viajes  de  Carlos  F^,  et  les  édifices,  musées  et  richesses 
royales,  aussi  bien  que  la  vie  et  en  quelque  sorte  les  mœurs  de  la 
cour  espagnole  de  nos  jours,  se  trouvent  exposés  dans  la  GuiaPala- 
ciana,  qu'édite  M.  Jorreto  et  dont  le  quatrième  fascicule,  consacré 
à  ÏArmeria  ReaV^^  est  particulièrement  à  signaler;  il  a  pour  auteur 
le  comte  de  Valencia  de  Don  Juan. 

Dans  le  domaine  des  études  géographiques  qui  intéressent  l'his- 

1.  Mag,  Luisii  Legloneruis  Augmtiniani  Divinorum  lihrorum  primi  apv4 
SalmanUeemes  intarpretis  Opéra  nunc  primum  ex  ms$.  ejutdem  omidbfu 
P.  P,  Agustiniensium  studio  édita.  Torons  VI.  SalmanUcae,  1896.  457  p.  Le 
premier  yolume  a  été  publié  en  1891. 

2.  Pfueva  ediciôn  de  las  obras  del  Beato  Juan  de  AvUa,  aposiol  de  Anda- 
Ittcia,  con  prôlogos,  notas,  etc.  Madrid,  1896.  4  toI. 

3.  Diseursos  leklos  ante  la  Real  Academia  Sevillana  de  Buenos  Leiras.., 
por  D.  Francisco  Rodriguez  Manu  y  d.  Luis  Montato...  Sevilla,  1895.  99  p. 

4.  Los  refranes  del  Almanaque,  recogidos,  explicados  y  coneordados  coâ 
los  de  varias  paises  românicos.  Sevilla,  1896.  viii-189  p. 

5.  Meteorologia  popular  é  refranero  meteorolégico  de  la  PeninsiUa  ib&ieaj 
ordenadamente  expuesto  à  tUulo  de  ensayo,  I.  Climatologia,  Madrid,  1896. 
In-8',  279  p.,  ayec  gravures. 

6.  Barcelona,  1895.  304  p. 

7.  Madrid,  1895.  15  p. 

8.  Apuntes  histôricos.  Barcelona,  1895.  xxi-603  p. 

9.  Madrid,  1895.  ln-4-.  47  p. 

10.  Madrid,  s.  d.  (1896).  40  p.  avec  des  photogravures. 


ESPIGNE.  395 

toire,  il  ne  faut  pas  oublier  le  volume  d'études^  de  M.  D.-R.  Torres 
Gampos,  qui  contient  des  notices  et  jugements  de  valeur  sur  des 
questions  coloniales  de  l'Espagne  et  du  Portugal,  sur  certains  fleuves 
de  la  péninsule  et  sur  les  conditions  géographiques  et  historiques  de 
nos  régions  du  Nord.  Sur  quelques-uns  de  ces  points,  on  trouvera 
de  nouveaux  renseignements  dans  le  volume  des  Actes  et  rapports 
du  premier  congrès  africaniste-espagnol,  qui  vient  d^être  publié  par 
H.  Almagro*. 

En  fleiit  de  recueils  de  travaux,  il  suffira  de  citer  le  tome  IJ  de 
Cotas  de  EspaHa^y  par  M.  le  comte  de  las  Nayas,  bibliothécaire  du 
roi,  qui  comprend  des  notices  historiques  sur  Ferdinand  Colomb, 
Juan  de  la  Gosa,  le  Maestre  Juan,  le  jeu  de  paume  et  autres  sujets 
divers,  et  les  Études  historiques  de  M.  le  comte  de  GASA-VALEnciA^ 
concernant  l'ambassade  de  Jorje  Juan  au  Maroc  en  4767,  la  guerre 
d'Espagne  avec  le  Pérou  en  4866  et  un  journal  de  Ferdinand  VII 
en  4823. 

Finissons  ce  long  bulletin  avec  la  citation  de  l'utile  Index  des 
vingt-cinq  premiers  volumes  du  Boletin  de  la  Real  Academia  de  la 
Histaria^j  rédigé  par  M.  Rodriguez  YaLA. 

Rabel  Altamira. 


1.  EUudios  geogrâfieos.  Madrid,  1895.  Iii-4%  475  p. 

2.  Àetas  y  memorias  del  primer  Congreso  espanol  de  Afrieanistas,..  êefui- 
dos  de  una  resefia  de  la  Expotiâén  Morisea.  Granada,  1896.  308  p. 

3.  Madrid,  1895.  151  p.  N'est  pas  dans  le  commerce. 

4.  Estudios  hisiôricos.  Madrid,  1895.  249  p. 

5.  Madrid,  1895.  Iii-4%  91  p. 


396  BULLETIN  HI8T0EIQUB. 


ITALIE. 

LE  PÈRE  LUIGI  TOSTI.  —  MARCO  TABARRINI. 

En  des  temps  où  les  moines  ont  semblé  passés  de  mode,  un  béné- 
dictin, le  Père  Luigi  Tosti,  sut,  non  seulement  acquérir  un  raiom 
toujours  croissant,  mais  se  faire  aimer  de  tous,  ce  qui  n'appartient 
pas  à  une  âme  vulgaire.  Il  appartenait  à  cette  génération  qui,  dans 
rintime  harmonie  de  i^esprit  et  du  cœur,  eut  la  force  de  rendre  llta- 
lie  digne  d'être  une  nation,  et  plus  spécialement  à  cette  génération 
de  4848  chez  qui  s'unissaient  la  foi  et  la  raison,  la  religion  et  b 
patrie.  Elle  eut  ce  qu'un  moine  et  philosophe  éminent  du  moyen  âge 
appelait  c  fldes  quaerens  iutelleclum,  »  jointe  à  Tardeur  du  patrio- 
tisme moderne.  Chez  le  Père  Tosti,  le  moine  n'a  pas  tué  Thomme, 
le  citoyen  Tltalien  ;  il  Fa  élevé  au  contraire  à  une  haute  puissance 
idéale.  Là  est  le  secret  de  la  sympathie  que  tous  eurent  pour  lui; 
Renan,  par  exemple,  qui  Ta  connu,  a  parlé  de  lui  en  termes  qui  font 
honneur  à  son  esprit  large  et  compréhensif.  Dans  la  phalange  des 
écrivains  et  des  patriotes  italiens,  maintenant  descendus  presque 
tous  au  tombeau,  Tosti  ne  fut  pas  à  vrai  dire  un  des  combattants;  il 
fut  un  des  plus  modérés,  mais,  tout  en  conservant  le  caractère  paci- 
flque  du  prêtre,  il  s'éleva  à  des  audaces  peu  communes.  Sans  se 
jeter  dans  la  mêlée,  il  collabora  au  triomphe  du  droit  italien,  tout  en 
restant  soumis  à  l'obéissance  monastique.  Il  a  conservé  jusqu'à  la  6n 
la  fraîcheur  juvénile  de  l'âme,  la  foi  intime  à  son  idéal  de  religion  et 
de  patrie.  Après  une  longue  et  fructueuse  vie,  la  mort  le  prit  à 
quatre-vingt-six  ans,  serein,  souriant^  fidèle  à  la  maxime  bénédic- 
tine :  ora  et  labora, 

II  était  né  à  Naples  en  4804.  Thiers  a  dit  de  lui-même  :  c  Ha  vie 
a  été  une  longue  étude  historique;  »  on  pourrait  en  dire  autant  de 
Tosti,  dont  la  longue  vie  fut  consacrée  à  étudier  Thistoire  de  la 
papauté,  de  l'Italie  et  de  son  abbaye  du  Mont-Cassin,  illustre  monu- 
ment de  l'histoire  de  la  papauté  et  de  la  civilisation.  L'âme  de  Tosti 
est  dans  ses  œuvres  et  dans  ses  recherches  par  lesquelles,  soit  dans 
sa  retraite  du  Mont-Cassin,  soit  à  la  bibliothèque  du  Vatican,  il  a 
cherché  à  répandre  la  lumière  sur  les  points  les  plus  controversés  et 
les  plus  obscurs  des  événements  du  moyen  âge.  Sur  la  montagne  où 
s'élève  Tabbaye,  il  était  à  son  poste,  accueillant  les  érudits  ou  les 
aidant  généreusement  dans  leurs  recherches.  Plus  d'un,  qui  croyait 


mtie.  397 

rencontrer  un  moine  austère,  était  agréablement  surpris  de  se 
trouver  en  face  d'un  gentilhomme  gai,  spirituel,  d'une  eiquise  poli- 
tesse :  avant  d'être  moine,  il  était  comte;  mais,  avant  d'être  comli', 
il  avait  reçu  de  la  nature  une  âme  noble  et  généreuse.  L'année  1880 
fui  mémorable  |}our  les  Bénédictins  du  monde  entier,  quand  ils 
célébrèrent  le  i  i'  centenaire  do  la  mort  de  saint  Benoit.  D'illustres 
représentants  du  monde  civilisé  gravirent  la  montagne  sainte  et  les 
Bénédictins,  familiers  avec  les  grandes  choses  et  les  grands  bommes, 
surent  se  montrer  a  la  hauteur  de  Tévénement.  Parmi  les  dignitaires 
brillait  Tosli,  humble  dans  tant  de  gloire;  on  le  vojait  se  promener 
seul  dans  les  corridors,  évoquaut  peut-être  ces  visions  du  moyen 
âge  qui  prennent  tant  do  vie  dans  ses  œuvres'.  On  peut  mieux 
mesurer  i'afTection  que  nourrissaient  pour  lui  ses  frères  par  la  fête 
qu'ils  donnèrent  pour  célébrer  sa  guérlson  d'une  très  grave  maladie; 
mais  toujours,  en  toute  circonstance,  Tosti  était  devenu  comme  le 
génie  lulélaire  de  l'illustre  abbaye  où  fréquentèrent,  à  la  recherche 
de  documents,  de  souvenirs  et  d'inspirations  historiques  et  artis- 
tiques, Bluhme,  Pertz,  Belhmann,  Mommsen,  Gregorovius,  Renan 
et  cent  autres. 

Les  œuvres  de  Tosti  sont  nombreuses.  En  18H7,  Loreto  Pasqua- 
lucci  les  a  données  presque  toutes  en  une  édition  nouvelle,  élégante, 
corrigée  et  augmentée  par  l'auteur.  Sans  prétendre  en  fournir  la 
bibliographie  détaillée,  citons  ;  Storta  délia  lega  tombarda  (1  vol.); 
Storia  deW  abbazia  di  Monle-Catsino  (4  vol.j;  Storta  di  fioni- 
faiio  VIII  e  rfe"  moi  tempi  (2  vol.)  ;  Storia  deW  origine  dello  scisma 
ffreco  (2  vol.)  ;  /  protegomeni  delta  storia  delta  ckiesa  [i  vol.)  ;  Sto- 
ria di  Abelardo  e  de'  suoi  tempi  (1  vol.);  Storia  delta  contesta 
Matilde  \\  vol.)  ;  Storia  del  concilia  di  Cosianza  [2  vol.)  -,  Il  votgari- 
zamento  di  Salluslro  [i  vol.)  ;  Ricordi  biblici  [\  vol.)  ;  Scritii  varî 
\i  vol.).  Dans  ce  dernier  recueil  iigurenl  les  articles  :  Rome  éter- 
nelle; De  la  théologie  dans  l'art-,  le  Centenaire  de  saint  Benoit,  paroles 
adressées  aux  Napolitains;  la  Bibliothèque  des  mss.  du  Mont-Cassin  ; 
les  Ordres  religieux  dans  la  Divine  Comédie  ;  l'Ëloge  de  saint  Vincent 
de  Paul;  le  Christ  et  la  Révolution;  Le  Tasse  et  les  Bénédictins  du 
Mont-Cassin,  et  enfin  b  Prière  du  soldat  et  la  t^ncilialion.  La  simple 
énumération  de  ces  écrits  montre  la  variété  du  génie  et  l'étendue  des 
connaissances  de  Tosti.  Çà  et  là  il  se  répète,  comme  il  arrive  à  qui 
écrit  beaucoup;  il  multiplie  les  préfaces,  les  dissertations,  les  digres- 

I~'~us  philosophiques,  échos  de  certaines  fanfares  à  la  Gioberti  ;  mais, 
.  Voir  la  yoilone  de»  16,  V  iepU  et  2  ocl.  1897,  U  Trilmna  du  27  sept,  et 
\auegna  leUiina}iatt:  Ju  3  octobre. 


3fS  BULLETIN  KI8T0EIQ1TV. 

quand  il  commenee  ou  qu*il  reprend  1»  fil  du  récit  éUbli  avec  une 
conscience  admirable  sur  les  sources  qu'il  croyait  les  plus  pures,  on 
a  plaisir  et  profit  à  le  lire.  Du  reste,  toutes  les  parties  de  son  œuvre 
n'ont  pas  la  même  valeur  ni  une  égale  importance.  Certaines  ont  Dut 
grand  bruit  à  leur  heure^  mais  toutes  peuvent  être  consultées  avec 
fruit,  n  choisissait  heureusement  ses  sujets,  prenant  de  frétmoxt 
ceux  qu*il  appelait  des  «  faits  générateurs  ;  »  ainsi  la  Ligue  lom- 
barde, le  Schisme  grec,  Boniface  VIII,  Abélard.  Dans  tous  ses  livres 
rayonne  le  même  idéal,  manifesté  surtout  dans  la  Ligue  lombarde 
(qui  est  un  peu  un  livre  de  circonstance,  mais  qui  a  l'avantage  d^avoir 
été  le  premier)  et  dans  la  dédicace  quMl  fait  de  son  Boniface  VIII  à  la 
mémoire  de  Dante.  L^esprit  de  conciliation  devait  vraiment  pénétrer 
rame  du  bon  Père,  s'il  croyait  rapprocher  Dante  et  le  pape  Bonifiice. 
Il  souhaite  qu'on  écrive  ces  mots  sur  le  livre  de  la  Divine  Comédie  : 
«  Que  les  dés  reposent  en  paix  en  signe  de  cette  union  qui,  seule, 
peut  féconder  les  espérances  de  la  mère  patrie  !  »  Ce  sont  les  idées 
mêmes  de  Gioberti,  qui  a  loué  la  Storia  délia  lega  lombarda^  née 
dans  le  milieu  même  qui  a  produit  II  Primato. 

Peut-être  les  œuvres  les  plus  utiles,  les  meilleures  au  point  de  vue 
scientiflque,  de  Tosti,  ne  sont-elles  pas  celles  qui  eurent  le  plus  de 
vogue.  Ainsi,  THistoire  du  Mont-Cassin,  qui  fut  à  vrai  dire  <  son  nid  b 
et  qui  fut  réellement  écrite  avec  toute  la  conscience  et  la  sérénité  de 
rhistorien,  avec  Taffection  d'un  flis  reconnaissant,  diaprés  de  nom- 
breux mémoires  et  documents  publiés  ou  inédits,  dont  il  donne  la 
substance  avec  une  critique  sagace.  Le  récit  s'avance,  solidemeal 
documenté,  vif  et  simple,  parfois  éloquent,  sans  l'emphase  et  les 
digressions  qu'offrent  d'autres  travaux.  On  l'a  plus  loué  que  lu,  mais 
il  restera  toujours  digne  de  l'illustre  monastère,  titre  durable  à  la 
renommée  du  moine  qui,  en  l'écrivant^  a  fait  une  œuvre  neuve  et  ori- 
ginale. Malgré  des  fautes  et  des  lacunes  inévitables,  cette  œuvre  est 
un  fondement  et  un  guide  sur  pour  tous  ceux  qui  aborderont  le  même 
sujet.  On  peut  en  dire  presque  autant  de  la  Dissertation  sur  les  mss. 
du  Mont-Cassin,  qui  n'est  pas  un  simple  catalogue,  mais  un  tableau 
de  la  civilisation  dont  l'abbaye  a  été  le  centre  et  la  maltresse,  ainsi 
que  de  l'Histoire  de  Boniface  VIII,  qui  n'est  pas  une  réhabiiitatioo 
systématique,  mais  une  synthèse  lumineuse  et  assez  précise  d'un  des 
fdus  importants  moments  de  Thistoiredu  moyen  âge.  La  défense  que 
Tosti  eutrepritdece  pape,  que  Benvenuto  d'Imola appelait  un  «  magna- 
nime pécheur,  »  est  plausible  sur  plusieurs  points,  et  la  discussion  de 
certains  épisodes  controversés  de  cette  orageuse  période,  par  exemple 
le  récit  de  la  reddition  de  Paiestrina  et  de  Gui  de  Montefeltro  avec  soq 
c  consiglio  fraudulento  »  (cf.  Dante,  Div.  Corn.,  Inferno,  ch,  xxvir),a 


e  valeur  critique  k  laqudto  l'histoire  impartiale  a  autrefois  reodij 
pleine  justice.  Si,  pour  plusieurs  de  ses  livres,  tes  recberches  imL  été 
insunisaiiles  (comparez,  par  exemple,  sa  Ligue  lomlKirde  aïec  le  tré- 
sor de  documents  réunis  par  Vignali  dans  son  Codice  diphmalico 
ilella  lega  lombarda),  ce  reproche  ne  saurait  s'adresser  à  son  Boni- 
face  Vin  ni  à  son  Histoire  de  l'abbaye.  De  môme  encore,  l'Histoire 
des  origiacs  du  schisme  grec,  la  seule  monographie  que  nous  ayons 
en  Ilalie  sur  ce  sujet,  est  fortement  conçue  et  écrite  d'un  style 
solide.  Sans  doule,  le  P.  Tosti  se  place  au  point  de  vue  d'un  catho- 
lique et,  si  l'on  veut,  d'un  moine,  mais  le  moine  n'arrête  pas  la  main 
de  l'historien,  qui  ne  dissimule  pas  certains  torls  de  ses  héros.  Comme 
Mabillon,  comme  les  Bénédictins  de  Sainl-Maur,  comme  Huralori,  il 
n'oublie  pas  que  le  rôle  de  l'hislorien  est  celui  d'un  juge  impartial. 

Il  y  eut  un  moment  (en  I8ST)  où  Tosti  crut  que  son  idéal  devien- 
drait une  réalité,  que  le  Quiriual  et  le  Vatican  allaient  se  rapprocher 
et  vivre  en  frères.  .\Iors,  dans  la  Prière  du  soldat,  il  avait  écrit  : 
*  0  Dieu,  par  le  souffle  de  la  puissance,  tu  as  fait  QoUer  la  bannière 
I  ma  patrie  et  l'as  déployée,  redoutable,  à  la  face  du  monde... 
^saiole  liberté  l  Heureux  ceux  qui  sont  morts  pour  Dieu  et  pour  la 
Itrie.  ■  Plein  d'espoir,  il  écrivit  la  Co/tcitiozione.  Dans  cette  bro- 
fcure,  avec  un  trop  Juvénile  enthousiasme,  lui,  un  vieillard,  applau- 
t  a  la  solution  de  la  quesliou  romaine.  Le  Vatican,  qui  avait  d'abord 
mbié  l'encourager,  lit  entendre  sa  voix  autorisée  et  Don  Pacihco, 
le  protagoniste  de  la  Conciliation  (c'est-à-dire  l'abbé  Tosli),  honora- 
bitUer  se  subjecit .  En  mourant,  illaisse,  avec  son  souvenir,  un  ■  docu- 
ment vivant  ■  do  la  plus  glorieuse  période  de  l'histoire  de  rilalie 
lerne,  des  éludes  et  des  recherches  utiles  à  qui  voudra  pénétrer 
s  les  grands  souvenirs  du  moyen  âge. 

Giuseppe  RofDoi^i. 

i  Le  sénateur  Marco  TiBiBsiflc,  mort  le  44  janvier  à  Rome,  a  été  un 
B  hommes  qui  ont  le  plus  contribué  à  la  renaissance  des  études 
bloriques  ea  Itahe,  comme  moyen  d'éducation  civile  et  de  prépara- 
renaissance  politique  de  la  nation.  M.  Tabarrioi  naquit  à 
marance  (Pise|  le  ii  septembre  1818^  Qt  ses  cours  de  lettres  â 
■Volterra;  fut  reçu  docteur  eu  droit  à  Piscen  1842,  avocat  à  Florence 
en  484ii,  Employé  au  Conseil  d'Ëlat  sous  le  gouveruement  grand- 
ducal  de  Toscane,  il  rc^ut  du  gouvernement  italien  d'importantes 
nkissious  politiques  et  administratives.  Dn  1871,  il  se  transféra  avec 
le  Conseil  d'iDlat  à  Rome  el  fut  nommé  sénateur.  Il  a  élfi  quelque 
temps  vice^présideat  du  Sénat  et  il  était  actuellement  présidenl  du 
wseil  d'Ëtal  du  royaume.  Il  faut  ajouter,  à  l'honneur  de  son  patrio- 


400  BULLirm  HISTOUQUB. 

tisme,  quMl  flt  la  campagne  de  4848  pour  Tindépendanee  de  Plialie 
comme  capitaine  d'infonterie. 

Nous  le  trouvons  parmi  les  plus  anciens  rédacteurs  de  VArehivio 
storico  italiano  (fondé  en  4842  par  J.-P.  Yieusseux),  où  Gino  Gap- 
poni  le  fit  admettre  dès  4846.  En  4853,  il  y  fut  inscrit  parmi  tes 
rédacteurs  ordinaires,  et  il  en  a  été  un  des  inspirateurs  les  plus 
écoutés. 

De  la  collaboration  de  Tabarrini  à  VArehivio  du  vivant  de  J.-P. 
Yieusseux  (Prima  Série,  Appendice,  Nuova  Série),  il  faut  citer,  avant 
tout,  deux  Cronache  Volterrane  du  xiv«  au  xn*  siècle,  avec  une 
introduction  et  des  notes  (4846),  et  un  mémoire  très  intéressant  sur 
certaines  tablettes  de  cire,  découvertes  à  Florence  en  4846^  qui  con- 
tiennent des  notes  d'un  marchand  de  draps  se  rapportant  à  ses  rela- 
tions avec  les  foires  et  les  marchés  de  la  France  et  des  Flandres 
(4846)  :  le  texte  intégral  de  ces  tablettes  a  été  publié  plus  tard,  en 
4877,  par  les  soins  de  TÉcole  de  paléographie  de  Florence.  —  En 
4856,  il  y  flt  paraître  un  discours,  Degli  studi  storici  in  Italia  e  dd 
ptù  fruttuoso  loro  indiriszo^  qui  est  le  programme  de  l'école  néo- 
guelfe libérale.  Nous  ne  dirons  pas  que  ce  discours  soit  rigou- 
reusement scientifique  :  d^autres  tendances  aussi  l'ont  inspiré. 
Il  faut  se  rappeler  que,  pour  Tabarrini,  patriote  fervent,  esprit 
modéré  et  chrétien,  la  préparation  morale  à  l'indépendance  poU- 
tique  prévalait  alors  sur  toute  autre  considération  ;  c'est  pourquoi, 
dans  son  article,  il  insiste  sur  la  conception  d'une  histoire  italienne 
du  moyen  âge  à  base  nationale  (même  en  prenant  pour  centre  la 
papauté)  et  qu'il  proclame  que  Thistoire  doit  être  une  chaire  de  mora- 
lité. —  Admirable  entre  tous  est  Tarticle  qu^il  consacra  en  4  862-4863 
à  la  Cronaca  di  Fra  Salimbene  da  Parma.  Il  faut  reconnaître  que 
cette  étude  est,  jusqu^à  ce  jour,  la  plus  attrayante  qui  ait  été  jamais 
faite  sur  la  célèbre  chronique  ;  d^autres  travaux  plus  érudits  ont 
paru  dans  la  suite,  mais  le  mémoire  de  Tabarrini  reste  toujours, 
au  point  de  vue  de  la  peinture  morale  de  Tépoque  décrite  par  le 
brillant  chroniqueur  franciscain,  le  compte-rendu  le  plus  vif  et  le 
plus  expressif.  —  Tabarrini  publia,  jusqu'à  4862,  dans  VArehivio, 
d'autres  études  critiques  qu'il  serait  trop  long  d'énumérer;  elles 
sont  réunies  pour  la  plupart  dans  le  volume  :  M.  TiBA&aiia,  StuéU 
di  eritiea  storiea  (FirenzCi  Sansoni,  4876),  dont  la  Revue  historique 
s'est  occupée  en  4877. 

En  4862,  une  commission  royale  d'histoire  nationale  [R.  DqnUih 
zione  di  storia  patria]  fut  instituée  à  Florence.  Tabarrini  en  fut  un 
des  fondateurs  avec  le  marquis  Gapponi,  le  professeur  Bonaini, 
G.  Guasti  et  d'autres;  le  bureau  fut  composé  de  Gapponi,  président, 


ITiUB.  AM 

etdeTabarrinî,  secrétaire,  el  celui-ci  fui  élevé  à  la  présidence  après 
la  mort  de  Capponi,  en  4876.  Lorsque  la  D'rpulazione,  en  4864, 
acheta,  des  héritiers  Vieusseux,  l'Archioio  (donl  elle  continue  la 
publication  â  ses  frais  el  par  ses  soins),  Tabarrini  en  fui  nommé  aus- 
sitôt un  des  directeurs  el  s'en  occupa  avec  zèle,  quoique  sa  collabo- 
ration personnelle  fût  1res  rare. 

n  faut  mentionner  parliculièremBiil  les  commémorations  et  les 
nécrologies  d'hommes  illustres  qu'il  publia  dans  VArchivio  sloricoel 
ailleurs.  Styliste  élégant  sans  affectalion,  écrivain  plein  de  convic- 
tion el  de  sentiment,  mais  sans  ombre  de  rhétorique,  on  le  lisait 
avec  le  plus  grand  intérêt.  Ses  essais  biographiques  sont  des  portraits 
vivants  et  suggestifs  ;  on  peut  leur  reprocher  d'être  quelquefois  un  peu 
inexacts  dans  les  détails  du  dessin,  mais  les  caractères  y  sont  tracés 
avec  justesse  el  en  ressortent  avec  relief;  ce  sont  de  petits  chefs- 
d'œuvre  en  leur  genre.  Nous  rappellerons,  entre  autres,  les  commé- 
morations de  Repetti  (1853),  Troya  (1837},  Rosmini  (1864),  Peyron 
(1870),  Cibrario(J871),  d'Azeglio  |I872),  Lambruschini  (4873), Man- 
zoni  (4873),  Tommasei  (3*)),  RicasoH  [360|,  etc.",  et  le  beau  discours 
en  l'honneur  d'Alfred  de  Reumont  prononcé  en  4  883  à  la  Socieià 
Colombnria  de  Florence. 

Quant  aux  autres  publications  dues  à  Tabarrini,  il  suffira  de 
citer,  pour  ce  qui  concerne  les  éludes  historiques,  le  Sommario  sto- 
rieo  délia  r.  Accademia  dfi.i  Oeorgofiti  (Firenze,  Cellini,  4856),  le 
Chronkon  Tolosani  canonici  Faventini  (Ibid.,  4876,  t.  VI  des  publi- 
cations de  la  Deputazione  di  sloria  palria) ,  les  Scrilli  edili  ed  ine- 
dm  di  Gino  Capponi  (Firenzo,  Barbera,  4  877),  en  deux  volumes, 
précédés  d'une  introduction  remarquable,  son  livre,  non  moins 
remarquable,  sur  Gino  Capponi,  i  suoi  tempi,  etc.  (Ibid.,  4879, 
cf.  Iteoue  historique,  i.  XX],  sa  conférence  sur  les  Consorterie  nella 
storia  fiorenlina  del  medio  evo  (Milan,  Trêves,  4892),  etc.  Ces  publi- 
cations et  d'autres  que  nous  omettons  pour  être  bref  ont  apporté 
une  riche  contribution  à  la  culture  littéraire  el  historique  de  l'Ilalie 
contemporaine,  à  laquelle  Taharrini  prit  aussi  une  large  part  comme 
académicien  de  la  Grusca  el  des  Georgofili,  président  de  Vhtitulo 
storico  italiano,  président  de  la  Consallà  aratdica,  président  du 
Conseil  des  archives,  etc. 

Tabarrini  était  une  haute  intelligence  el  un  esprit  modéré  et  par- 
faitement équilibré  ^  sous  une  apparente  nonchalance,  sous  un  aimable 
scepticisme,  qui  est  propre  au  caractère  toscan,  il  avait  un  cœur 


1.  Voir  le  ïOlui 


I.  T;iD4RaiNi,  Vite  e  rlcordi  di  uomini  iUuilri  (Fitenze, 


Rev.  lIisTOR.  LXVL  2*  i 


402  BULLBTm  HISTOUQUB» 

excellent,  un  sentiment  profond  d'équité,  un  patriotisme  éclairé;  il 
attirait  facilement  les  sympathies  de  tous  ceux  qui  rapprochaient.  On 
se  souviendra  de  lui  dans  tous  les  cercles  où  le  culte  de  la  littérature 
et  de  la  science  s'accorde  avec  le  sentiment  de  la  moralité  et  la  poli- 
tesse des  mœurs. 

Gesare  Paou. 


œRRESPONDANCE. 

Paris,  28  janvier  i898. 
Mon  cher  directeur, 

M.  Martin-Saint-Léon  me  fait  l'honneur  de  m'écrire  pour  formnier 
des  réserves  au  sujet  de  plusieurs  des  critiques  que  j'ai  cru  devoir  ûdre 
à  son  livre,  l'Histoire  des  corporations  de  métiers  (voir  plus  haut,  p.  203). 
Tout  en  croyant  devoir  maintenir  mon  opinion,  je  suis  heureux  de 
rendre  hommage,  comme  je  l'ai  déjà  fait  dans  mon  compte-reuda,  i 
son  travail  considérable  et  qui  rendra  de  grands  services. 

Veuillez  croire,  mon  cher  directeur,  à  mon  respectueux  dévouement. 

FrantZ  FuNCK-fiRENTAKO. 


W.    M.    COWBI  : 


I   RI8TAKT   OP  ne   ROD. 


COMPTES-RENDUS  CRITIQUES. 


W.  M.  CoopEB.  A  history  of  the  Rod.  London,  William  Iteeves, 


Un  paBtaar  anglais,  le  révéread  W.  M.  Cooper,  a  eu  l'idée  BingulIËre 
de  nous  conter  l'histoire  de  la  verge  ■  dans  tous  les  pays,  depuis  les 
plus  ancieos  temps  jusqu'à  nos  jours.  >  L'auteur  nous  prévient  spiri- 
tuellement qu'il  n'a  pas  essayé  de  remonter  au  delà  du  déluge.  Mais, 
depuis  Noé,  il  a  constaté  l'emploi  de  la  verge  chez  tous  les  peuples. 
Elle  a  eu  presque  toujours  un  douhle  caraclèfe  ;  laotôt  simple  châti- 
menl,  tantôt  pénitence  anticipée,  instrument  de  progrès  moral.  M.  Coo- 
per suit  l'évolution  et  les  transformations  de  cette  coutume  chez  les 
anciens  Juifs  et  dans  toute  l'antiquité;  puis,  à  partir  du  v*  siècle  de 
notre  6re,  dans  les  monastères  chrétiens,  dans  les  divers  ordres  reli- 
gieux (chap.  v-xi)  ;  au  moyen  âge,  dans  les  sectes  de  pageltants  jchap.  xu- 
xiu),  plus  tard,  dans  celle  des  quakers  (cbap.  xvn|,  enfin,  dans  l'ancienne 
médecine,  dans  l'armée  et  la  marine,  dans  les  écoles  et  les  tribunaux 
(chap.  xvrii-xxii;x:iïi-xixvi).  Il  constate  que  la  verge  est  encore  fort 
en  honneur  dans  la  Russie  et  la  Chine  de  nos  jours,  dans  tnute  l'Arrique 
et  tout  l'Orient  (chap.  xkiu-xxvui)  ;  môme  en  Angleterre,  non  seule- 
ment dans  les  universités,  —  ce  que  nous  savions  tous,  —  mais  jusque 
dans  les  «  houdoirs  i  et  les  pensionnats  de  demoiselles  (chap.  xiivm- 
XLV).  L'ouvrage  se  termine  par  une  revue  des  poèmes  qui  ont  trait  au 
sujet  :  une  véritable  Anthologie  de  la  verge  {chap.  xlvu-xlviii). 

Voilà,  sans  doute,  un  thème  quelque  peu  monotone.  M.  Cooper  l'a 
relevé  par  d'innombrables  anecdotes,  agréablement  contées  d'un  ton  de 
pince-aans-rire.  A  vrai  dire,  la  valeur  historique  du  livre  est  assez 
mince.  L'auteur  nous  prévient  lui-même  qu'il  s'agit  d'une  *  compila- 
tion. •  J'ajouterai  :  d'une  compilation,  sur  plusieurs  points,  fort  incom* 
plète.  Par  exemple,  les  chapitres  sur  l'antiquité  sont  tout  à  fait  insuf- 
tisanls  et  trahissent  un  auteur  mal  renseigné;  il  y  avait  bien  autre 
chose  à  dire  sur  le  rôle  et  le  caractère  de  la  llagellation  n  Sparte  et 
dans  certains  cultes  d'Orient,  sur  les  Litpercales  de  Rome,  etc.  Les  cha- 
pitres sur  les  couvents  et  les  sectes  de  /lagellanU  sont  beaucoup  plus 
heureux.  Malgré  cela,  ils  seront  une  maigre  conLributioa  à  l'histoire  du 
temps;  car  l'auteur  n'apporte  guère  de  nouveau,  et  il  a  supprimé,  de 
parti  pris,  toutes  références.  Ainsi  compris,  son  livre  ne  saurait  être 
qu'un  recueil  de  curiosités  et  d'aaecdotes  humoristiques. 

P.  M. 


404  COMPTBS-EBIfDUS  G&ITIQUIS. 

Arth.  ScHRErDBH.  Das  Alte  Rom,  Ent'wickeliiiiif  seines  Gnud- 
risses  nnd  (ïeschichte  seiner  Banten,  in-folio  renfermant 
\  A  planches  (avec  287  gravures)  et  4  2  caries,  un  plan  de  la  Rome 
actuelle  et  une  introduction  historique  de  42  pages.  Leipzig,  Teub- 
ner,  4896. 

Le  livre,  ou  platôt  l'atlas  de  M.  Schneider,  est  destiné  à  nous  faire 
connaître  la  topographie  et  les  monuments  de  Tancienne  Rome.  Ge 
n'est  pas  un  travail  d'érudition,  mais  de  vulgarisation  par  le  plan  et 
l'image.  On  ne  saurait  en  donner  une  meilleore  idée  qu'en  le  comparant 
à  l'album  de  M.  Fougères  :  encore  ce  dernier  ouvrage  nous  paralt-il 
plus  scientifique,  suppose  chez  le  lecteur  plus  de  connaissances  histo- 
riques et  plus  d'habitude  de  la  réflexion.  M.  Schneider  parait  trop  préoc- 
cupé d'éviter  tout  effort  à  ceux  qui  le  consultent.  G*est  ainsi  que  (pi.  I|, 
donnant  le  tracé  du  Palatin,  il  reproduit  à  côté  le  plan  des  quartiers 
importants  de  Berlin,  Vienne,  Leipzig  ou  Munich  qui  occupent  U 
même  superficie.  Il  reproduit  parfois  les  dessins  de  monuments  qui 
n'ont  qu'un  rapport  fort  éloigné  avec  l'époque  dont  il  est  immédiate- 
ment question;  cest  un  procédé  dont  on  a  abusé  dans  l'illustration  de 
V Histoire  des  Romains  de  Duruy  et  auquel  la  librairie  française  i 
aujourd'hui  complètement  renoncé  :  M.  Schneider  a  tort  de  l'importer 
dans  la  librairie  allemande  et  de  représenter  un  denier  de  P.  Satrienust 
propos  de  la  Roma  qucuiraia  ou  la  piazza  Navona  à  propos  du  stade  de 
Domition,  dont  elle  n*a  gardé  que  le  contour.  Une  troisième  critique 
que  l'on  pourrait  faire  à  M.  Schneider  est  d'avoir  multiplié  les  plans  sup- 
posés de  Tancienne  Rome;  un  plan  de  la  Roma  quadrata,  un  de  la 
Rome  du  SepUmontium,  un  troisième  de  la  Rome  des  c  quatre  régions,  t 
un  quatrième  enfin  de  la  Rome  de  Sen'ius  Tullius  :  c'est  beaucoup 
pour  1  époque  des  rois,  où  il  est  plus  facile  de  bâtir  des  hypothèses  que 
de  restituer  des  édifices  ^  —  Ces  reproches  faits,  reconnaissons  que  les 
plans  sont  bien  gravés,  clairement  dessinés,  empruntés  aux  bons  livres 
sur  la  topographie  romaine,  que  les  reproductions  de  vues  et  de  monu- 
ments sont  choisies  avec  habileté  et  admirablement  venues,  que  les 
restitutions  de  la  vieille  Rome  sont  vraisemblables  et  attachantes,  et 
qu'enfin  l'ouvrage  doit  à  Tordre  historique  qu'il  a  suivi  une  véritable 
originalité.  C'est  uu  excellent  livre  d'étrennes  scientifiques  et  un  fort 
utile  vadc^mecum  pour  les  meilleurs  des  étudiants  en  philologie  ou  pour 
les  architectes  qui  ne  dédaignent  pas  les  secours  de  l'histoire. 

Camille  Jclliar. 
1.  J'ai  bien  des  doutes  au  sujet  de  la  resUtation  du  foroin  d'Auguste  (VII,  H). 


LCUS    ;    BTiDT  TTSDS  ZOR   ZEIT  DER   KHErZZIfEGE. 


405 


iBt  HiDViLLBR.  Ulrich  von  Clnny,  eln  blographlacher  Beltrag 
■ur  OescUchte  der  ClanlaceDBer  Im  11  Jabrbnadert.  Mun^ 
1er,  H.  Schëningh,  1896,  In-S",  86  pages.  (Dans  les  Kirchengc' 
tekichtliche  Siudien,  de  KnSpIler,  Scbrdrs  et  Sdralek,  Lomé  III, 
3'  livraison.) 

Ulrich  de  Cluny  est  le  moine  du  xi*  siècle  qu'on  appelle  ordinaire- 
ment en  France  Udalric,  l'auteur  des  célèbres  Gonslitutionti  Ctunia- 
censes.  La  bîograptiie  de  M.  Hauviller,  rédigée  a^ec  soin  et  méthode, 
renferme  d'aburd  une  étude  sur  les  sources  employées  :  deux  vies 
anciennes,  en  somme  assez  banales,  du  moine  clunisien,  et  tes  Consti- 
tvtiones;  puis  vient  un  chapitre  sur  la  jeunesse  d'Ulrich.  Né  à  Ratis- 
bonne  es  t029,  il  fait  son  éducation  à  Saint-Emmeran  ;  il  est  appelé  à 
In  cour  d'Henri  III  vers  ID44  et  devient  chapelaia  de  l'empereur.  Puis, 
son  père  et  son  oncle  ayant  trahi  ce  dernier,  il  doit  quitter  la  cour  et 
se  rend  à  Preisingen,  où  son  oncle,  l'évèque  Nitker,  lui  confère  les 
ordres.  On  le  trouve  ensuite  en  Italie  en  1046,  puis  en  Palestine,  puis 
UD  peu  plus  tard,  quand  la  mort  de  l'êvéque  Nitker  lui  a  enlevé  son 
seul  protecteur  à  Freisingen,  il  se  décide  à  entrer  dans  un  monastère 
|106tl.  Reçu  il  Clnny  avec  son  compagnon  Gérald  par  l'abbé  S.  Hugues, 
il  reçoit  la  prêtrise  et  devient  d'abord  chapelain  et  secrétaire  de  ce  pré- 
lat, puis  prieur  de  Marcigny.  EnDn,  revenu  dans  son  pays  natal,  il 
construit  le  monastère  de  Zell  en  Brisgau,  travaille  à  étendre  la  réforme 
clunisienne  dans  l'Allemagne  méridionale  et  meurt  aveugle  en  1091!. 
L'opuscule  se  termine  par  une  étude  intéressante  des  écrits  d'Ulrich  et 
du  principal  d'entre  eui,  les  Co/tstitutiones,  si  utiles  à  qui  veut  con- 
Tiailre  l'état  intérieur  des  abbayes  cluoisiennea  au  si'  siècle.  Telle  e-it 
cette  monographie,  qui  méritait  d'être  signalée  aux  historiens  français 

tqni  complète  sur  plusieurs  points  le  savant  ouvrage  de  M.  Sadtur. 
A.  L. 
'  Leopold  Lccts.  Gescblchte  der  Stadt  Tyms  sur  Zelt  der 
KTBaBzflge.  Berlin,  Majer  et  Millier,  1896.  In-K°,  »2  pages. 
La  ville  de  Tyr  ne  fut  enlevée  aux  Musulmans  par  les  Lalins  que  le 
7  juillet  1124,  après  plusieurs  attaques  infructueuses.  Elle  devint  bien- 
tôt, aux  mains  de  ses  nouveaux  maitres,  ui  des  ports  les  plus  fré- 
quentés et  une  des  meilleures  places  de  commerce  de  la  c&te  syrienne. 
Assiégée  inutilement  par  Baladin,  elle  est  à  la  fin  du  siècle  au  pouvoir 
de  Conrad  de  Moatferrat,  M.  Lucas  retrace  d'abord  l'bistoire  politique 
de  la  ville  jusqu'au  19  mai  1291;  à  cette  dernière  date,  la  place,  aban- 
donnée des  gens  de  guerre,  est  réoccupéc  sans  combat  par  le  sultan 
Malik-al-Aschraf.  La  seconde  partie  du  mémoire  est  occupée  par  une 
brève  étude  de  l'organisation  de  la  ville  durant  ce  siècle  et  demi;  l'au- 
buir  parle  successivement  des  tribunanx,  du  commerce,  des  habitante, 


406  COMPTES-RENDUS  CaiTIQUBS. 

des  églises,  dont  plusieurs  appartiennent  aux  Vénitiens,  des  colonies 
pisane  et  génoise,  des  chapelles  et  des  abbayes.  En  appendice,  une 
courte  étude  sur  les  différends  entre  les  patriarches  d'Antioche  et  de 
Jérusalem,  dont  chacun  revendiquait  la  suprématie  snr  la  province  de 
Tyr,  et  une  liste  des  dignitaires  ecclésiastiques  et  sécnliers  de  la  cité 
au  temps  des  croisades. 


L^abbé  Pisani.  A  travers  rOrlent.  Études  d'histoire  religieuse. 
Paris,  Bloud  et  Barrai  (sans  date).  4  vol.  in-8«,  xin-344  pages. 

L'abbé  Pisani  est  professeur  à  l'Institut  catholique  de  Paris.  On  sait 
quels  efforts  Léon  XIII  a  faits  depuis  quelques  années  pour  réunir  i 
rÉglise  romaine  ou  tout  au  moins  pour  rapprocher  d'elle  les  diverses 
chrétientés  orientales  qui  en  sont  séparées  par  des  questions  de  dogmes 
ou  de  rites.  M.  l*abbé  Pisani  a  choisi  l'histoire  de  ces  églises  pour  sujet 
d'un  de  ses  cours  et  il  publie  le  résultat  de  ses  leçons.  L'ouvrage  est 
clair,  aussi  agréable  à  lire  que  le  permet  Taustérité  des  matières  traitées. 
L'auteur  part  nécessairement  du  point  de  vue  catholique,  et  l'on  aurait 
mauvaise  grâce  à  s'en  étonner.  Il  n'a  pas  prétendu  épuiser  la  matière; 
il  ne  fournit  ni  notes  ni  références.  La  bibliographie  qu'il  donne  en 
tète  de  son  volume  est  un  peu  succincte.  Nous  regrettons  particulière- 
ment de  ne  pas  y  voir  cité  l'ouvrage  de  Pelesz,  Geschichte  der  Union  der 
ruthenischen  Kirche  mit  Rom  (Vienne,  1878,  2  vol.)  et  l'excellent  ouvrage 
anonyme  de  M.  E.  Picot,  Les  Serbes  de  Hongrie  (Prague,  1873).  Du  reste 
M.  l'abbé  Pisani  a  passé  assez  légèrement  sur  l'histoire  de  l'église  russe 
unie  ou  ruthène.  Il  y  a  là  une  question  particulièrement  délicate,  si 
l'on  considère  d'une  part  les  rapports  actuels  de  la  France  avec  la  Rus- 
sie, d'autre  part  l'extrême  prudence  de  la  cour  de  Rome,  qui  tient  i 
entretenir  avec  Pétersbourg  les  plus  cordiales  relations. 

Je  n'ai  pas  qualité  pour  apprécier  dans  toutes  ses  parties  un  ouvrage 
dont  certains  chapitres  échappent  absolument  à  ma  compétence.  D  sera 
lu,  il  aura,  je  l'espère,  une  nouvelle  édition,  et  c'est  dans  cette  espé- 
rance que  je  me  permets  de  signaler  à  l'auteur  quelques  corrections  oa 
additions. 

P.  9.  Tous  les  Slaves  étaient  convertis  au  christianisme  avant  lexi^s. 
Il  faudrait  dire  tous  les  peuples  slaves  actuellement  encore  existants; 
au  xi«  siècle,  les  Slaves  baltiques  ou  de  l'Elbe  étaient  encore  païens.  La 
mission  d'Otto,  évoque  de  Bamberg,  date  de  1128;  la  destruction  do 
temple  de  Svantovit  dans  l'île  de  Rugen,  par  Valdemar  de  Danemark, 
eut  lieu  en  1168.  Il  y  avait  encore  des  idoles  et  des  Slaves  païens  dans 
les  régions  de  la  Prusse  actuelle  au  xiii*  siècle. 

P.  10.  La  puissance  éphémère  des  Avares  était  tombée  sous  les  oonps 
des  Croates.  L'auteur  oublie  les  expéditions  de  Gharlemagne  (791)  et  de 
son  fils  Pépin,  qui  détruisirent  les  Hrings  et  repoussèrent  les  Avares  au 
delà  du  Danube  et  de  la  Tisza. 


Cubé  pisini  :  i  tuters  L'oBiBitr. 


407 


f  P.  17.  Dn  moment  où  l'auteur  cite  parmi  les  églises  orientales  les 
"tnlgares  unis,  pourquoi  oe  pas  citer  aussi  les  Berbes  unis  et  les 
Russes  unis  ou  Rulbènes,  dont  il  sera  d'ailleurs  question  plus  loin 
dans  le  volume? 

P.  95.  Nicolas,  abbé  de  Stade.  Est-ce  bien  ainsi  qu'il  convient  de 
désirer  le  monastère  connu  en  grec  sous  le  nom  de  "ù  Erouîiou,  tûv 
SiauJi'iovT  Stoudios  était  le  nom  dQ  fondateur  du  monastère.  P.  105.  Je 
suis  un  peu  étonné  de  ne  pas  voir  les  Bulgares  mentionnés  parmi  les 
peuples  slaves  à  c&té  des  Russes,  des  Polonais,  des  Tchèques  et  des 
Serbes.  C'est  évidemment  un  oubli  purement  typographique,  car  ils 
figurent  dans  le  chapitre.  C'est  exagérer  que  de  dire  qu'ils  ne  sont 
pas  des  Slaves,  mais  des  Tatares  (p.  107).  Ces  Tatares  ont  été  absolu- 
ment absorbés  par  les  Slaves  balkaniques  ;  les  Bulgares  sont  pour  Le 
moins  aussi  slaves  que  les  Russes,  qui  doivent  leur  nom  à  des  Scandi- 
naves H  qui  ont  absorbé  d'énormes  éléments  ficnoi». 

P.  111.  La  Bulgarie  était  le  seul  pays  où  la  langue  liturgique  fût  le 
slavon.  Mais  quelle  était  donc  la  langue  liturgique  des  pays  serbes  et 
russes?  Celait  aussi  le  slavon.  P.  115.  Les  Russes  envoyaient  des 
s  au  tombeau  des  apdtres.  Quelles  sont  ces  ambassades?  Il 
lAt  été  bon  de  préciser.  P.  149.  Il  est  question  d'une  lettre  adressée 
r  Boris,  roi  des  Bulgares,  au  pape  Innocent  III,  Le  souverain  bul- 
)  ne  s'appelait  pas  alors  Boris,  mais  Kaloian  (Jireczek,  Histoire  de> 
fdgares].  La  Bulgarie  n'a  eu  que  deux  Boris.  Le  second  vivait  au 
■  siècle.  P.  151.  Il  aurait  fallu  donner  la  date  de  l'établissement  à 
sriovci  du  patriarche  d'Ipek  (1690).  D'une  façon  générale,  M.  l'abbé 

&  négligé  les  dat^s. 
P,  166.  Les  rapports  des  provinces  russes  de  la  Pologne,  dites  pro- 
Inces  rulbènes,  avec  l'église  romaine  sont  indiqués  d'une  façon  un 
I  sommaire.  L'Union  oftïcielle  de  Brest  Litovsk  n'est  pas  même 
e'  ;  c'est  une  grave  lacune.  P.  166.  Sur  le  nom  que  les  Russes 
tonent  à  Constant!  no  pie  (Tsarigrad,  la  ville  impériale],  M.  Pisaoi 
mble  répéter  une  erreur  que  j'ai  relevée  naguère  à  propos  du  livre 
b  M.  C.  Rousset  sur  la  guerre  de  Crimée;  ce  nom  de  Tsarigrad  a  été 
|r6é  par  les  Slaves  balkaniques,  les  Serbes  et  les  Bulgares;  c'est  eux 
hii  l'ont  importé  en  Russie. 

|P.  174.  L'origine  du  raskol  parait  rapportée  à  l'époque  de  Pierre 
I  Grand.  Or  ce  raskol  remonte  au  patriarcat  de  Nicon  (1651-1658). 
pt-il  bien  sur  que  les  raskoloiks  "  aient  fait  la  force  des  terribles 
lepirations  du  nihilisme  »  (p.  175)?  Cette  assertion  m'étonne  nn  peu 
b  j'aimerais  à  la  voir  prouvée  par  des  faits  précis.  P.  560.  Le  prince 
t  Monténégro  ne  s'est  jamais  appelé,  en  dépit  des  journaux,  Nikita 
[ni  représente  le  grec  Nicetas),  mais  Nicolas.  Je  termine  par  nn  ren- 
t  qui  sera  particulièrement  agréable  à  notre  savant  collègue. 

^  1.  Je  me  suis  eOorcé  d'eipliquer  le  caractère  de  cette  Union  dans  VUUtoire 
raie  de  UU.  Lavlsse  et  Rambaud,  (orne  V,  p.  129. 


408  GOMPTBs-UNDUs  caiTiQinis. 

Mgr  Hassonn  n'est  pas,  comme  il  le  croit^  le  premier  prélat  orientai 
nommé  cardinal  depuis  Bessarion.  Le  16  juin  1856,  Mgr  Lewicki, 
métropolitain  de  Lemberg,  a  été  préconisé  par  Pie  IX  (Pelesz,  t.  n, 
p.  229).  n  est  vrai,  pourrait  dire  pour  sa  décharge  M.  Pisani,  que  le 
cardinal  Lewicki  est  mort  sans  avoir  été  à  Rome  recevoir  le  chapeau 
et  le  titre  cardinalice.  Ces  observations  minutieuses  attesteront  avec 
M.  Pisani  le  soin  avec  lequel  je  Tai  lu  ;  son  livre  est  instructif  et  atta- 
chant. Avec  un  peu  plus  de  bibliographie,  un  peu  plus  de  dates,  un 
peu  plus  de  précision  dans  les  détails,  il  pourra  être  excellent. 

Louis  Leoer. 


R.  FosTEa.  Gommentaries  on  the  Constitution  of  the  United 
States.  (Uistorical  andjuridical^  tvith  observations  upon  the  ordi' 
nary  provisions  of  State  constitutions  and  a  comparison  with  the 
constitutions  ofother  countries,)  T.  L  Boston  et  Londres...,  1896. 
6r.  in-8*^,  yii-714  pages. 

Il  est  difficile,  d'après  ce  premier  volume,  d'apprécier  exactement  le 
caractère  de  l'ouvrage,  d'autant  plus  que  l'auteur  entre  en  matière 
brusquement  sans  expliquer  ni  son  but  ni  son  plan^.  D'après  le  sous- 
titre  on  peut  supposer  qu'il  a  voulu  faire  une  étude  d'histoire  comparée 
des  institutions  ;  il  annonce  des  observations  sur  les  constitutions  des 
États  particuliers  de  l'Union  et  une  comparaison  avec  les  constitutions 
des  autres  pays.  Le  tome  I  ne  contient  encore  qu'un  commentaire  de  la 
constitution  fédérale. 

L'ouvrage  est  boaucoup  plus  juridique  qu'historique.  L'histoire  s'y 
réduit  à  une  courte  introduction  historique  sur  les  origines  de  la  cons- 
titution; c'est  un  chapitre  de  vulgarisation  fait  avec  les  histoires  clas- 
siques. Puis  commence  l'oxposition  juridique  qui  est  la  véritable  raison 
d'être  de  ce  travail.  L'auteur,  professeur  de  jurisprudence  fédérale,  est 
ici  sur  son  terrain  ;  il  revient  à  la  méthode  d'exposition  habituelle  aux 
juristes,  le  commentaire  des  textes  officiels. 

Après  un  exposé  juridique  des  théories  sur  la  souveraineté  de  l'Union 
et  des  Etats  et  sur  la  nature  du  contrat  fédéral,  il  commente  phrase  par 
phrase  lo  préambule  de  la  constitution  et  discute  la  question  du  droit  de 
sécession  et  de  nuUification.  Puis  il  analyse  le  gouvernement  créé  par 
la  constitution,  examine  la  séparation  des  trois  pouvoirs  (ch.  ni)  et  étu- 
die chacun  des  organes,  le  Congrès  (ch.  iv),  la  Chambre  des  représen- 
tants (ch.  v-x),  le  Sénat  (ch.  xi-xii),  le  droit  d'accusation  (ch.  xm);  il 

1.  P.  283. 

2.  Le  I  1,  Paper  Constitutions,  où  Ton  trouve  une  liste  des  questions  que 
soulève  la  longue  durée  de  la  constitution  fédérale  des  États-Unis,  semble  pro* 
mettre  une  explication  du  but  de  l'auteur,  mais  s'arrête  sur  une  longue  période 
oratoire  où  il  est  question  de  Tacite  et  de  Simon  de  Montfort. 


LOOTCDIBII    :    LA    TEifTB   DES   BIEIfS  RinoniUX.  409 

itiint  en  appendice  une  histoire  de  Vimpeachment  dans  le»  États.  ÏA 
trêie  le  lome  I,  au  milieu  de  l'étude  de  la  constitution  fédérale.  On 
it  que  l'ouvrage  sera  volumineux  s'il  tient  toutes  les  promesses  de 
|l  eous-titre. 

léthode  d'exposition  est  une  combinaifion  judicieuse  du  procédé 
Tistorique  et  du  procédé  juridique.  Pour  cliaque  détail  de  la  constitu- 
tion l'auteur  expose  historiquement  comment  il  a  été  établi  en  renvoyant 
aux  travaux  historiques,  —  juridiquement  comment  le  texte  a  été  inter- 
prété en  citant  les  arrêts  rendus  sur  des  cas  particuliers.  L'ouvrage 
forme  ainsi  un  répertoire  de  tous  les  faits  et  do  tous  les  textes  relatifs 
au  développement  de  la  constitution  fédérale.  On  y  trouve  même  repro- 
duits in  fxtenso  certains  documents  qu'il  n'est  pas  toujours  facile  de  se 
procurer  {VAgreemtnt  of  Ihe  people,  de  1648,  ou  du  moins  ses  parties 
essentielles,  les  ordonnances  de  nulliUcation,  l'opinion  de  JeCferson  et 
le  rapport  de  Webster  sur  les  bases  de  répartition  des  textes).  C'est  dire 
que  ce  répertoire  peut  rendre  de  grands  services  à  quiconque  étudie 
l'histoire  des  institutions  dos  ftlats-Unis.  On  y  trouvera  aussi  (p.  347- 
354)  quelques  pages  remarquables  de  philosophie  politique  sur  k  rai- 
son (l'être  du  suffrage  uaiversel. 

Ch.  Seionobos. 


J.  LorTCQiSKi.  La  petite  propriété  en  France  avant  la  Révola- 
tion  et  la  vente  des  biens  nationaux.  Paris,  Champion,  4  897. 
Id-S",  ((J4  pages. 

Il  n'est  pas  de  question  de  notre  histoire  sociale  plus  débattue  que 
celle  de  la  répartition  de  la  propriété  foncière  avant  et  après  la  Révo- 
lution. C'est  ce  problème  que,  après  Tocqueville,  Lavergne,  Kareiev, 
Gimel  et  Min;!és,  M.  Loulchisky  a  repris  dans  un  article  de  la  Heime  fiis- 
torique,  septembre  1895,  et  dans  l'opuscule  précité.  Il  a  compulsé  dans 
les  archives  de  cinq  départements  :  Pas-de-Calais,  Aisne,  Côte-d'Or, 
Bouches-dn-Rhûne.  Haute-Garonne ,  les  r6lcs  des  vingtièmes  et  les 
actes  de  vente  des  biens  nationaux.  M.  L.  a  travaillé  avec  une  patience 
de  bénédictin;  mais  il  a  vu  tant  de  chiffres,  tant  de  documents  qu'il 
n'expose  pas  toujours  ses  recheruhfls  avec  une  clarté  parfaite. 

Il  étudie  d'abord  la  propriété  en  t789.  Combien  y  avait-il  de  proprié- 
lairea?  Gimel,  qui  a  travaillé  sur  les  rôles  des  vingtièmes  de  vingt-sept 
départements,  donne  le  nombre  de  4,600,000.  M.  L.  critique  Gimel,  qui 
compte  deux  fois  des  propriétaires  déjà  inscrits  sur  les  rAles  et  qui 
applique  au  iviit"  siècle  la  proportion  de  59,4  %  entre  le  nombre  des 
cotes  et  celui  des  propriétaires,  laquelle  n'est  vraie  que  pour  l'année  1879. 
M.  L.  dit  que  la  proportion  est  de  65,2  "/o  dans  le  Laounais  (p.  77).  — 
Outre  que  ces  deux  proportions  sont  asse;  voisines  l'une  de  l'autre, 
M.  L.  n'a  pas  du  tout  démontré,  comme  il  le  croit,  que  la  proportion 
de  Gimel  est  trop  faible.  La  proportion  de  M.  L.  est  vraie  du  Laon- 


440  GOMPTBS-KBIfDUS  GUTIQUIS. 

nais  ;  peut-on,  en  bonne  méthode,  l'appliquer  à  tonte  la  France?  ~~ 
Quelle  était  la  répartition  de  la  propriété  entre  les  di'v^ves  classes? 
Dans  le  lAonnais,  les  privilégiés  avaient  50,5  <>/o  du  sol,  les  bourgeois 
19,4  o/o  et  les  paysans  30  <>/o.  Dans  tout  village  il  y  avait  :  1*  la  pqm- 
lation  purement  agricole  (laboureurs,  fermiers,  manœuvriers  et  joumi- 
liers);  2^  les  marchands,  artisans,  qui,  en  dehors  de  leur  industrie, 
possédaient  souvent  quelques  arpents  de  terre  dont  ils  tiraient  leur 
principal  revenu.  C'est  la  vie  agricole  qui  dominait  dans  le  village.  La 
paysans  avaient  30  <»/o  du  sol  dans  le  Laonnais.  Arthur  Young  dit  que  lei 
petites  propriétés  occupaient  un  tiers  du  territoire  français  ;  la  statistique 
confirme  son  opinion.  M.  L.  aurait  pu  utiliser  davantage  Young  etanss 
les  cahiers  des  états  généraux  de  paroisses  qui  lui  auraient  fourni  des 
renseignements  parfois  statistiques  et  surtout  très  vivants.  Le  cahier 
du  tiers  de  Nemours,  rédigé  par  Dupont,  donne  la  répartition  des  terres 
suivant  leur  nature  économique  :  5/6  des  terres  labourables  et  1/5 
environ  des  prés,  bois,  étangs  appartiennent  aux  non  privilégiés  (Ârch. 
pari.,  IV,  iÎ4).  M.  L.  omet  cette  question  si  intéressante.  —  Surtout 
il  néglige  la  question  des  charges  qui  grèvent  le  sol.  Gomment  étudier 
la  propriété  foncière  en  1789,  sans  parler  des  droits  domaniaux?  U  dit 
bien  (p.  70)  que  dans  le  Laonnais  on  ne  connaît  guère  le  cens;  que  les 
paysans  possèdent  leurs  terres  «  à  titre  de  propriété  ;  >  mais  ce  terme 
est  vague.  Les  alleux  ne  sont  qu'une  exception  au  xvni*  siècle;  le  paysan 
propriétaire  paie  toujours  un  cens,  un  cbampart  ou  une  rente  foncière, 
sans  compter  toute  la  série  des  droits  seigneuriaux. 

Quelle  a  été  l'influence  de  la  vente  des  biens  nationaux  sur  la  répar- 
tition du  sol?  Contrairement  à  l'opinion  émise  sans  preuves  par  Lavergne 
et  d'Avenel,  les  paysans  ont  acquis  une  grande  partie  des  domaines 
nationaux  ;  au  début,  l'aliénation  s'est  faite  par  petites  parcelles.  D'après 
tous  les  exemples  donnés  par  M.  L.,  qui  réserve  ses  conclusions  pour 
un  ouvrage  prochain,  il  semble  que  les  paysans  ont  acquis  à  peu  près 
autant  de  terre  que  les  bourgeois.  Il  faut  distinguer  deux  catégories  de 
biens  :  les  biens  ecclésiastiques  et  les  biens  d'émigrés.  Les  premiers  sont 
allés  très  souvent  aux  bourgeois  :  il  en  a  été  ainsi  dans  la  G6te-d'0r, 
le  Pas-de-Galais,  la  Haute-Garonne  (Aev.  hist,,  sept.  1895,  p.  83  et  107); 
dans  le  Laonnais,  au  contraire,  les  paysans  en  ont  acheté  plus  de  la 
moitié,  de  1790  à  1792  (53,5  o/o).  Les  biens  d'émigrés  ont  été  acquis 
surtout  par  les  paysans  dans  les  trois  départements  mentionnés,  et  à 
peu  près  également  par  les  paysans  et  les  bourgeois  dans  le  Laonnais. 
—  Les  deux  groupes  rivaux  ont  obtenu  à  peu  près  autant  l'un  que 
l'autre.  Mais  les  bourgeois  ont  eu  les  terres  situées  près  des  villes. 
Minzès  avait  déjà  montré  l'influence  des  grandes  villes,  Paris  et  Ver- 
sailles, sur  les  achats.  M.  L.  montre  qu'il  n'est  pas  de  ville,  môme  très 
petite,  comme  Tarascon,  qui  n'ait  réussi  à  accaparer  les  domaines 
nationaux  des  villages  voisins  (p.  i25-i32).  —  De  plus,  les  paysans 
n'acquièrent  en  général  que  de  petits  lots;  les  bourgeois  en  acquièrent 
de  considérables.  Dans  le  Laonnais,  les  paysans  et  les  bourgeois  achètent 


.j 


scBinuim  :  sEmBicH  toit  thbitschie. 


Ht 


respectivement 23 ,200  arpenta  ot  IS,800  arpents  de  biens  ecclésiastiques, 
de  1790  à  1793  ;  les  paysans  sont  4,787  et  les  bourgeois  seulemenl  171. 
—  La  lutte  entre  la  bourgeoisie  et  les  classes  rurales  a  été  très  vive; 
pour  obtenir  les  terres  situées  !<ur  le  territoire  de  leur  vitlafte,  les  pay- 
sans se  sont  associés.  Ces  coalitions  se  sont  surtout  développées  dans 
l'A-isne  ;  là,  elles  ont  été  beaucoup  plus  nocnbreuaea  et  plus  consid^ 
râbles;  elles  se  composaient,  non  plus  de  5  à  10  membres, mais  de  30, 
parfois  100  et  mémo  325  individus  (p.  117);  elles  ont  duré  jusqu'au 
décret  du  24  avril  1793,  qui  les  a  supprimées.  M.  L.  n'étudie  pas  révo- 
lution de  la  législation  relative  aux  biens  nutionaui.  Minzés  avait  en 
partie  toucbé  le  sujet;  mais  son  travail,  mal  ordonne,  contient  des 
erreurs  graves  d'interprétation  de  text«6.  C'est  un  point  très  important 
que  M.  L,  eftleure  seulement  dans  un  appendice,  qui  n'est  pas  fondu 
avec  l'enfiemble.  Le  travail  de  M.  L.  est  capital;  nous  enavons  tiré  un 
grand  pro6t  pour  un  travail  que  nous  donnerons  cette  année  sur  le  droit 
civil  de  la  Révolution.  Attendons  l'ouvrage  déSnitif  de  M.  L.  et  souhai- 
tons qu'il  soit  mieux  ordonné,  mieux  fondu,  plus  complet  sur  certains 
point*  et  plus  vivant  que  l'opuscule  que  nous  venons  d'examiner.  H.  L. 
a  rendu  an  grand  service  à  l'histoire  sociale  de  la  France. 

Ph.  Saqhag. 


teodor  ScHiEHt!<N.  Helnrlch  von  Treitachbe'a  Lehr-nnd  Wan- 
Iderjohre  1834-1866.  {Historische  iiibliolheh  herausg.  von  der 

BedaktioD  der  Ilistorischen  Zeilschrift.)  Mucnchea  und  Leipzig, 
iB.  Oldenhurg,  18«6,  vir-270  pages. 

rAujonrd'hni  on  s'occupe  beaucoup  de  Treitschke  en  Allemagne. 
1  mort,  de  nombreuses  études  ont  été  publiées  par  les  hommes 
les  plus  compétents,  G.  Schmoller,  P.  Bailleu,  Eric  Marx,  Max  Lpdk, 
G.  Kaufmann'.  A  en  croire  quelques-uns  de  ces  critiques,  l'historien 
défunt  éclipserait  déjà  toutes  les  gloires  de  son  pays.  On  oublie  que, 
sans  compter  que  dans  le  domaine  scienlilique  l'Allemagne  a  de  plus 
grands  noms  à  opposer  au  sien,  en  hisuiire  même  elle  compte  des  talents 
pluâ  considérables,  pour  ne  citer  que  Lêopold  de  Ranke. 

A  la  lin  de  189li  a  paru  la  première  partie  d'une  biographie  de 
M.  Théodore  Schiemann  où  Treitschke  est  étudié  avec  un  soin  et  une 
minutie  qu'on  n'a  guère  que  pour  les  écrivains  entrés  dans  l'immor- 


i^ 


,.  Gaslave  Sclimolier,  Ged'ichlnUirede  avf  H.  von  Sybel  und  H,  von  Treit- 
Aus  den  Abbandlungea  der  Berl,  Akademie,  18%,  p.  31.  —  Paul  BaJl- 
'.  von  Treitschke,  Deulsche  Rundtchait,  oct.-nov.  1S36.  —  Max  Lenz, 
Heinrieli  uon  Treitiehke.  Anspraeke  an  dig  Berl.  SltuienlenKh.  bei  Ihrer 
Trauerfeier  am  17  mai  ISM.  Berlin,  Waller,  1896.  —  G.  KaufroanD,  TreiUchtei 
Deulielie  Geiehiehie  und  der  Vorv>urf  der  Tendeia.  Vorirag  geballea  xu 
der  Schl.  Cesellschafl  Tùr  vaterl.  Kttllar,  nov.  I8!I6. 


442  GOMPTKS-RBIfDDS  CEITIQUU. 

talité.  Â  en  jager  par  quelques  mots  de  la  préface  :  t  8a  TÎe  fut  si  pure... 
Cette  lutte  de  héros...  Cet  ardent  désir  d'être  utile...  Ce  cœur  plein 
d'amour...  Ce  courage  moral  qui  ne  connaissait  aucune  peur...,  •  on 
pourrait  même  craindre  de  se  trouver  en  face  d'une  de  ces  apolo- 
gies dont  Macaulay  disait  qu'elles  semblent  être  composées  en  vertu 
d'un  contrat  par  lequel  la  famille  s'engage  à  fournir  les  papiers  et  le 
biographe  les  éloges.  Mais  il  n'en  est  rien.  L'auteur  n'est  h3^rboiiqQe 
que  dans  les  dernières  lignes  de  sa  préface.  Dans  le  corps  même  de  la 
biographie,  il  s'efface  très  discrètement  derrière  les  faits.  H  cite  beau- 
coup de  lettres  ou  des  fragments  de  lettres  choisis  judicieusement,  et 
il  se  contente  de  les  relier  par  un  sobre  commentaire  qui  montre  da 
sens  et  du  tact.  Pour  une  biographie  faite,  semble-t-il,  rapidement,  peu 
de  mois  après  la  mort  de  l'auteur,  elle  est  excellente. 

Ce  que  M.  Sch.  fait  admirablement  connaître,  c*est  la  nature  morale 
de  Treitschke.  A  en  juger  par  ses  écrits,  la  violence  de  ses  attaques  et 
la  grossièreté  de  sa  polémique,  celui-ci  ne  paraît  point  toujours  fwt 
sympathique.  Dans  ses  lettres,  au  contraire,  il  se  montre  généreux  et 
affectueux.  Le  meilleur  ami  de  ce  fougueux  antisémite  est  un  juif, 
Alphonse  Oppenheim.  Il  y  a  dans  sa  vie  des  actions  qui  témoignent 
d'une  rare  délicatesse  de  sentiment  (voy.  par  exemple,  p.  256,  pourquoi, 
en  4867,  il  refusa  de  succéder  à  Hœusser,  à  Heidelberg).  D'un  bouti 
l'autre,  sa  correspondance  le  révèle  rude,  franc,  ardent,  droit,  dévoué, 
serviable,  inébranlable  dans  ses  principes,  mais,  en  pratique,  plein  de  con- 
descendance pour  les  hommes.  L'épisode  de  la  rupture  avec  son  père, 
au  sujet  des  événements  de  1866,  est  tout  simplement  admirable.  II  y 
a  là  trois  ou  quatre  lettres  qui  font  le  plus  grand  honneur  à  celui  qui 
les  a  écrites  (p.  255,  258). 

A  côté  de  cette  nature  généreuse,  Treitschke  montre  un  robuste  opti- 
misme, celui  d'un  homme  de  volonté  et  de  réflexion  qui  «  ne  veut  point 
se  laisser  dominer  par  les  choses.  »  Et  cela  devait  lui  être  d'autant  pins 
difficile  qu'à  la  suite  d'une  maladie  d'enfant  il  était  resté  presque  entière- 
ment privé  de  l'ouïe.  Treitschke  trouve  dans  cette  infirmité  une  occasion 
de  plus  de  s'élever.  Constamment  on  le  voit  en  travail  sur  lui-même, 
c  Être  toujours  probe,  honnête,  moral,  devenir  un  homme,  un  brave 
homme,  utile  à  l'humanité  >  (p.  28),  voilà  l'idéal  de  vie  qu'il  se  pro- 
pose à  quatorze  ans,  et  à  cet  idéal  il  essaya  toujours  de  rester  fidèle.  Ce 
qui  l'attache  surtout  à  son  premier  maître,  Dahlmann,  c'est  qu'il  trouve 
chez  lui,  comme  chez  le  baron  Stein,  «  un  sentiment  du  devoir  extra- 
ordinaire, la  simplicité,  le  dévouement  absolu  à  la  cause  qu'il  a  em- 
brassée »  (p.  61). 

Au  point  de  vue  intellectuel  aussi,  de  bonne  heure  Treitschke  lutte 
contre  certaines  dispositions  de  sa  nature.  Imaginatif  et  poétique,  ils 
besoin  d'efforts  pour  plier  son  esprit  aux  études  arides  •  de  l'économie 
politique  et  dos  systèmes  sociaux.  >  Il  se  reproche  à  lui-même  c  de 
manquer  do  concentration  »  et  c  de  se  laisser  trop  dominer  par  ses 
impressions  »  (p.  52). 


SCBIEHjINH  :   BEtNIICU  ro^  TBEITSCHEE. 


m 


C'est  que,  forl  jeune,  il  s  conçu  le  plnn  de  eu  vie.  Ce  plau  eei  de 
travailler  à  créttr  le  véritable  éut  al!>-maiid.  Ua  grand  sentiraeni  l'em- 
plit, l'amour  de  sa  patrie,  dont  il  incarne  les  destinées  avec  la  politique 
prussienne. 

Treitschke  fut  en  ce  siècle  un  des  plus  ardents  défenseurs  de  cette 
politique.  On  est  même  étonné  de  voir  là-dessus,  dans  sa  correspondance, 
la  maturité  de  ses  jugements.  Né  dans  une  famille  entièrement  dévouée 
à  la  politique  autricbienne,  et  qui  prit  ouvertement  parti  contre  la 
Prusse  dans  le  couOil  de  1866,  dès  quatorze  ans,  nonobstant  une  profes- 
sion de  foi  républicaine,  toute  théorique  du  reste  (p.  27),  et  une  admi- 
ration un  peu  juvénile  pour  le  général  Cavaignac,  il  est  déjà  Prussien 
résolu.  En  Iâ49,  il  juge  avec  une  précocité  remarquable  >  les  erreurs 
et  les  fautes  du  Parlement  de  Francfort  >  et  il  exprime  la  conviction 
que  I  la  Prusse  est  l'instrument  choisi  qui  fera  l'unile  allemande.  * 
Il  parte  déjà,  eu  termes  identiques  à  ceui  dont  il  se  servira  plus  lard 
dans  sou  histoire,  de  «  ces  Habsbourg  qui  veulent  mêler  leur  sale  mar- 
melade slave  aux  pares  eaui  germaniques  ■  (p.  50),  et  il  s'élève  avec  non 
moins  de  véhémence  contre  le  radicalisme  t  antipatriotique  de  la  jeune 
Allemagne  i  (p.  bù).  Treitschke,  entre  quinze  et  vingt  ans,  était  déjà  le 
politique  intransigeant  de  son  âge  mùr. 

Toute  la  partie  de  ta  vie  de  Treitschke  qui  s'étend  de  ses  années 
d'études  à  ses  débuts  comme  professeur  oSre  un  intérêt  général.  On  y 
voit  ce  qu'était  la  vie  politique  des  universités  ou  de  certaines  univer- 
sités allemandes,  entre  ISbQ  et  1860;  ce  que  Dahlmann  était  alors  pour 
les  étudiants;  commentauasi  se  forma  cette  génération  pratique  et  com- 
bative après  les  dures  expériences  de  IS48.  Treitschke  remarque,  dans 
une  lettre  à  son  père,  que  ce  qui  manque  le  plus  aux  professeurs  qui 
easeigaenl  i'bistoire  et  la  acieuce  politique,  c'est  la  pratique  des  affaires. 
■  Aus»i,  dit-il,  après  avoir  passé  mon  examen,  mon  intention  est  de 
voyager  et  de  faire  un  séjour  dans  un  institut  agricole  ou  technique  ' 
tp.71). 

Les  débuts  do  Treitschke  comme  professeur  ne  sont  pas  moins  inté- 
ressants. M.  Scb.  nous  le  montre  inaugurant  à  Leipzig  cet  enseigne- 
ment histurico-politique  destiné  à  préparer  le  triomphe  de  la  politique 
prussienne  (voy.  p.  148)  ',  l'opposition  que  le  jeune  professeur  rencontra 
de  la  part  de  ses  collègues  qui  réprouvaient  cette  transformation  des 
chaires  universitaires  en  tribunes  d'assemblées  (Ranke  fut  du  nombre) 
et  te  mécontentement  des  gouvernements  et  des  ministres  saxons,  Fat- 
kenstein  et  Beust  |p.  134);  l'énergie  avec  laquelle,  sans  se  laisser  trou- 
bler, il  poursuit  sa  route  ;  le  succès  prodigieux  qu'il  obtient  et  l'estime 
toute  particulière  que  lui  témoigne  le  prince  de  Bismarck,  qui,  voyant 
en  lui  un  précieux  aide  pour  sa  politique,  lui  lit  des  olfree  fort  curieuses 


1.  Sdunoller  dit  de  la  première  partie  ds  l'activité  de  Treitschke  comme 
proCessear  et  pabliciste  :  «  Ohne  ilenn  Hilfe  wïro  da*  deulsclie  Reicti  akbt  zu 


^SUnde  gckomoi 


4U  GOMPTBS-BBIfDUS  CUTfQUn. 

dans  deux  lettres  publiées  par  M.  Sch.  (p.  240,  347).  Tout  cela  apporte 
une  contribution  importante  à  Thistoire  de  la  politique  pnusleime 
durant  ces  années. 

L'œuvre  deTreitschke,  malgré  ses  partis  pris,  ses  défauts  et  ses  Laconei, 
n'en  est  pas  moins  une  des  œuvres  littéraires  les  plus  conridérabltt 
du  nouvel  Empire  allemand.  Aussi  tout  ce  qui  contribue  à  la  faire  con- 
naître a,  dès  aujourd'hui,  son  prix.  L'auteur,  qui  arrête  sa  biographie 
en  1866,  ne  nous  dit  par  conséquent  pas  grand*cho8e  de  cette  ceuvre, 
mais  on  peut  déjà  voir  dans  le  Treitschke  de  ces  années  se  dessiner  le 
futur  historien.  A  côté  de  l'homme  de  parti  et  du  moraliste  an  peu  âpre 
qui  exprime  toujours  sa  pensée  sans  ménagements  (p.  104),  on  aperçoit 
aussi  l'artiste  et  l'écrivain  qui  dans  Macaulay  admire  c  la  conception 
grandiose  de  son  histoire  »  (p.  72),  et  qui  trouve  c  que  l'Histoire  romaine 
de  Mommsen  est  la  plus  belle  œuvre  historique  des  Allemands  »  (p.  100); 
le  poète  qui  se  révèle  dans  de  charmantes  lettres  (  c  tout  fleurit  ici,  les 
arbres  sont  blancs,  >  p.  60);  le  peintre  des  scènes  populaires  ou  des  des- 
criptions de  coins  de  terre  allemande  (l'émeute  de  Dresde  en  mai  1849 
racontée  d'une  manière  saisissante  en  trois  lettres,  p.  34-39)  ;  l'humo- 
riste enfin  qui  s'essaye  déjà  à  ces  peintures  de  la  vie  germanique,  si 
caractéristiques  dans  son  œuvre  (le  joueur  d'accordéon,  p.  77  ;  le  ridicnle 
des  petites  cours  gothiques,  p.  96  ;  la  vie  philistine  des  bourgeois  de 
Dresde,  p.  98). 

Toutes  ces  lettres,  qui  sont  des  lettres  de  grand  écrivain,  nous  montrent 
davantage  encore  que,  la  meilleure  part  de  son  succès,  Treitschke  la  doit 
à  ses  qualités  littéraires. 

Antoine  Guillahd. 


Eugène  d'Eichthil.  Alexis  de  TocqueviUe  et  la  démocratie  libé- 
rale. Galmann-Lévy,  1897.  lu-12,  354  pages. 

Ge  livre  n'est  pas  un  ouvrage  d'histoire  pure,  mais  ici  comme  dans  une 
étude  antérieure  dont  j'ai  déjà  rendu  compte  S  M.  d'Eichthala  reconnn 
la  nécessité  de  recourir  à  l'histoire  pour  éclairer  la  politique;  son  exa- 
men critique  des  œuvres  de  TocqueviUe  est  encadré  dans  une  biogra- 
phie. Partisan  déclaré  du  libéralisme,  il  veut  remettre  en  lumière  le 
grand  penseur  qui  eut  le  culte  de  la  liberté;  se  préservant  de  cette 
admiration  à  outrance  qui  est  le  travers  habituel  des  biographes,  il 
recherche  dans  quelle  mesure  les  prévisions  et  les  jugements  de  'Tocque- 
ville  ont  été  depuis  cinquante  ans  confirmés  ou  démentis  par  les  ùlt&. 
Les  réserves  de  M.  d'Ëichthal  sur  la  séparation  de  l'Église  et  de  l'État, 
surtout  sur  la  décentralisation  tant  glorifiée  par  TocqueviUe,  prouvent 

1.  Souveraéneté  du  peuple  et  gouvernement.  Alcaa,  1895. 


b'BICBTHU  :  i.  I)B  TOCaOBTILLB  ET  U  OSMOCRITIE  URtULB. 

que  les  libéraux  actuels  (k  part  quelques  économistes  intraosi géante) 
foot  à  l'État  uae  part  bien  plus  grande  que  leurs  devanciers  et  désirent 
trouver  en  lui  le  défenseur  dos  droits  individuels  contre  les  tyrannies 
locales.  M.  d'Eictittial  a  très  bien  montré  le  problème  qui  préoccupa 
tODJours  Tocqueville;  la  démocratie  étant  un  Tait  inévitable,  la  religion 
et  la  liberté  formant  l'idéal  qui  lui  était  cher,  U  voulut  concilier  l'idéal 
avec  la  réalité. 

Je  signalerai  un  seul  point  que  l'auteur  n'a  pas  suffisamment  traité, 
c'est  l'étude  des  circonstances  qui  préparèrent  le  succès  de  la  Déinocra- 
lû  en  Àmériqite.  Ce  livre  fait  l'apologie  de  la  liberté  religieuse;  or, 
quelques  aimées  auparavant,  la  Société  de  la  morale  chrétienne  avait 
couroimé  le  remarquable  mémoire  de  Vinet  sur  la  liberté  des  cullOB. 
Après  l'auteur  protestant,  un  grand  écrivain  catholique  soutint  la  même 
thèse;  les  articles  de  Lamennais  dans  l'Avenir  gloriSaient  â  la  fois  la 
liberté,  la  religion  et  la  démocratie.  Ce  que  Lamennais  ei  Vinet  souhai- 
taient de  voir  en  Europe,  Tocquevlile  le  montra  eiistaol  déjà  on  Amé- 
rique. —  Mèmeobservalionà  propos  du  gouveroemeut.  Les  libéraux  qui 
luttaient  sous  Charles  X  n'auraient  pas  compris  Tocqueville;  tous. 
Benjamin  Cunsiant  à  leur  tête,  jugeaient  les  droits  politiques  insépa- 
rables de  la  propriété.  La  révolution  de  Juillet  changea  ces  idées;  les 
trois  jours  de  combat  où  les  prolétaires  s'étaient  montrés  braves,  humains 
et  désintéressé B,  posèrent  en  France  la  question  des  droits  du  peuple; 
et,  pour  le  dire  en  passant,  voilà  qui  prouve  que  l'histoire  des  théories 
politiques  ne  saurait  être  séparée  de  celle  des  événemonts.  AussitAt  la 
démocratie  trouva  des  partisans  :  tandis  que  l'abbé  de  Geooude  faisait 
dans  la  GasHte  dt  france  un  amalgame  bizarre  de  la  légitimité  avec 
la  souveraineté  du  peuple,  les  républicains  se  proclamèrent  les  défen- 
seurs des  classes  exclues.  Leur  journal,  la  Tribune,  à  cAtè  de  polé- 
miques violentes  contre  la  monarchie,  renfermait  des  articles  remar- 
quables sur  ces  questions*.  A  ta  Chambre  des  députés,  Garnier-P&gès 
parlait  «  des  hommes  qui  n'ont  pas  de  droits,  i  et,  se  plaignant  des 
injustices  de  l'impùt,  disait  i  ■  L'égalité  des  charges  n'existera  que 
quand  il  y  aura  égalité  de  droits.  ■  Enfin  Armand  Garrel,  converti  à 
la  République,  prit  dans  le  National  la  défense  des  ouvriers  contre 
ceux  qui  les  traitaient  de  a  barbares  »  et  glorifia  fréquemment  le  régime 
des  Ëlats-Unis;  ses  articles  avaient  de  nombreux  lecteurs,  même  parmi 
les  partisans  de  la  dynastie.  Voilà  dans  quel  milieu  parut  l'ouvrage  de 
Tocqueville;  ce  livre  sérieux,  où  rien  n'était  fait  pour  l'agrément  du 
lecteur,  obtînt  aussitôt  un  grand  et  légitime  succès.  —  Ajoutons,  sans  y 
insister,  que  les  circonstances  ne  furent  pas  moins  favorables  eu  1856 
pour  l'Ancien  régime  et  la  lUvoludon.  Les  panégyriques  enthousiastes 
des  Micbelet,  des  Lamartine  et  des  Louis  Blanc  avaient  représenté  la 


'.  Voy.,  par  exemple,  les  numéros  des  23  juia,  13  jaillet,  27  aoat,  5  se 
:,  el  le  programme  coateou  daas  le  numéro  du  3t  jaDTieT  IS33. 


446  GOMPTBS-RBNDUS  GRinQUEB. 

Révolution  comme  un  événement  sans  précédents,  comme  la  naissance 
miraculeuse  d'un  monde  nouveau;  après  les  déceptions  causées  par  les 
journées  de  Juin  et  le  Deux-Décembre,  le  public  français  n*eat  point 
de  peine  à  goûter  l'étude  précise  et  austère  où  Tocqueville  rem^tait 
les  événements  de  1789  à  leur  place  dans  la  suite  des  fiaits  bistoriques. 
En  résumé,  le  livre  de  M.  d'Ë.  est  très  intéressant,  parce  qu'il  ert 
très  personnel;  c'est  Tocqueville  jugé  par  un  disciple  respectueux  et 
indépendant.  L'ouvrage  contient  en  appendice  la  traduction  des  entre- 
tiens de  Tocqueville  avec  Senior,  parus  en  anglais  en  1872,  et  qui  n'avaient 
jamais  été  publiés  en  français.  M.  d'Eicbtbal  donne  également  çà  et 
là  quelques  extraits  de  la  correspondance  inédite  de  Tocqueville  avec 
son  ami  Gorcelle,  et  à  ce  propos  il  exprime  le  vœu  qu'on  nous  fasse 
bientôt  connaître  les  nombreuses  lettres  de  lui  qui  n'ont  pas  encore  été 
mises  au  jour.  Tous  ceux  qui  ont  lu  les  merveilleux  Souvenirs  publiés 
en  1893  s'associeront  à  ce  désir. 

Georges  Wbill. 


James  BarcE.  The  american  common'wealth,  t.  Il,  3*  édition. 
Londres,  MacmîUan,  4895.  In-8<»,  904  pages. 

Après  avoir  expliqué  le  mécanisme  des  institutions  politiques  dans 
le  tome  I***  (voir  Rev.  hist.»  LVII,  189),  l'auteur  a,  dans  le  tome  II, 
décrit  la  vie  politique  et  sociale  du  peuple  américain.  Ce  second  volume 
est  donc  la  partie  la  plus  importante  de  louvrage. 

J'éprouve  quelque  confusion  à  constater  que  ce  livre,  répandu  à  des 
centaines  de  milliers  d'exemplaires  dans  le  monde  anglais,  cinq  ans 
après  son  apparition  n'est  pas  encore  traduit  en  français,  et  n'est  même 
guère  connu  chez  nous  que  par  ouï-dire.  Pourtant  ce  livre  a  été,  je  n'exa- 
gère pas,  un  des  événements  intellectuels  de  notre  siècle,  puisqu'il  adonné 
à  la  plus  grande  des  nations  civilisées,  la  république  des  États-Unis,  ane 
notion  précise  et  exacte  de  son  caractère,  de  ses  vertus,  de  ses  défauts 
et  de  sa  destinée  probable. 

Le  tome  II  se  compose  de  67  chapitres  groupés  en  4  «  parties.  ■  —  Le 
c  Système  des  partis  >  (p.  1>246)  est  une  description  de  l'organisation  da 
recrutement,  du  fonctionnement  et  des  habitudes  des  partis  où  est 
expliqué  tout  ce  qui  fait  le  caractère  de  la  vie  politique  des  Ëtats-Unis, 
les  conventions  et  les  nominations,  les  politiciens,  le  c  système  des 
dépouilles,  »  les  rings,  le  boss,  la  corruption  électorale  et  la  vénalité. 
—  c  L'opinion  publique  »  (p.  247-376)  est  une  analyse  détaillée  de  la 
formation  de  l'opinion,  de  ses  organes,  de  ses  caractères,  de  son  action, 
de  ses  conséquences.  —  Sous  le  titre  «  Illustrations  et  réflexions  i 
(p.  377-616)  sont  reunies  une  série  d'études  spéciales  :  trois  exemples 
de  corruption  ou  de  tyrannie  politique  (Tammany  ring  de  New- York, 
Giis  ring  de  Philadelphie,  Kameyanisme  de  Californie),  deux  tableaux 


I.    BUTCE   :   TBC   IHBHtClN  COHHOTWEiLTH.  it7 

dn  Bod,  la  condition  des  Degrés',  la  politique  étrangère,  le  sulTrage  dea 
remmes,  los  dèfatils  et  la  force  de  la  démocratie  américaine.  —  La  der- 
nière partie  «  Infililulions  sociales  ■  (p.  611-871)  décrit  le  barrean,  les 
tribunani,  les  cbemins  de  fer,  le  centre  financier  do  Wall  Slreet,  lea 
universités,  les  églises,  la  condition  des  femmes,  l'ictluence  de  la  démo- 
cratie sor  la  pensée,  les  relations  avec  l'Europe,  les  résultats  de  l'absence 
de  capitale,  l'éloquence,  le  charme  et  la  monotonie  de  la  vio  américaine, 
le  tempérament  de  l'Ouest.  —  Les  deux  derniers  chapitres  sont  consa- 
crés à  l'avenir  politique  et  social  des  Ëtats-Unis. 

Le  plan  n'est  pas  très  méthodique  ;  on  a  l'impression  d'un  recueil 
d'essais  réunis  par  un  lien  très  lâche,  et  il  ne  serait  pas  difficile  de 
montrer  de  nombreuses  répétitions.  Mais  ce  procédé  d'eiposilioa  peu 
rigoureuï  a  peat-étre  l'avantage,  en  laisKantàl'ameurles  mouvements 
plus  libres,  de  donner  à  ses  descriptions  une  allure  plus  naturelle  et 
plus  vive.  Chaque  chapitre  devient  une  étude  indépendante  dirigée 
par  la  préoccupation  unique  d'analyser  entièrement  un  des  phénomènes 
de  la  vio  américaine  et  de  le  faire  voir  au  lecteur  sous  tous  ses  aspects. 

Le  livre  de  M.  Bryce  est  un  de  ces  ouvrages  si  rares  qu'on  estime  au 
point  d'être  embarrassé  pour  en  parler.  On  ne  peut  guère,  tant  il 
contient  de  choses,  le  discuter,  car  il  est  toujours  bien  renseigne' et 
bien  pensé.  Il  ne  reste  qu'à  recommander  insiamment  de  le  lire,  C'est 
une  lecture  indispensable  pour  quiconque  veut  connaître  la  vie  politique 
et  sociale  des  Étals-Unis;  or  il  n'est  guère  possible  de  comprendre  la 
moDde  contemporain  si  l'on  ne  connaît  la  vie  de  la  plus  puissante  et  de 
la  plus  civilisée  des  nations. 

Dans  un  ouvrage  qui  louche  k  tant  de  questions  il  serait  naturelle- 
ment  facile  de  retenir  quelques  jugements  sujets  à  discussion.  Mais  des 
polémiques  de  ce  genre,  où  les  sentiments  subjectifs  du  critique  ont 
rorcémenl  une  grande  part,  seraient  sans  intérêt  pour  les  lecteurs  de  la 
Revue  historique.  En  fait,  par  sa  tournure  d'esprit  logique  et  rationaliste 
et  par  ses  habitudes  politiques,  libérales  et  démocratiques,  M.  Bryce 
se  nipprocbe  tellement  des  façons  de  penser  des  libéraux  français  que 
je  suis,  à  peu  près  sur  toutes  les  questions,  ea  communion  non  seule- 
ment de  pensée,  mais  de  sentiment,  avec  lui.  Je  me  borne  donc  à  signaler 
les  traits  par  lesquels  se  marque  le  plus  nettement  la  supériorité  intel- 
lectuelle de  l'auteur.  Tous  les  vices  de  méthode  auxquels  sont  exposés 
les  historiens  qui  font  le  tableau  d'une  société,  il  a  su  tes  éviter,  et  je 
crois  vraiment  qu'il  eei  le  seul  qui  les  ait  évités  tous,  —  Chez  lui  pas  de 


t.  Ces  trois  ctkapîtres  oui  été  ajoulés  daas  cette  derniëre  èdilion. 
Z.  Sur  quelques  erreuri  de  ilèlail  et  quelques  fausses  interprétations,  voir, 
dans  les  PitblicalUmi  de  l'Académie  des  sciences  polilijues  de  PkiladàpKie , 
D>  172.  l'excelteute  élude  de  M.  E.  3.  James,  doul  l'auleur  rend  d'ailleurs 
pleine  juslice  à  la  valeur  eicepliouDelle  du  livre  de  Brjce-,  il  l'appelle  «  un 
ouvrage  unique,  •  la  meilleure  dcscriplioa  (aeeounf)  des  instilutions  poliliquen 
«  ^ande  nation, 

Rbv.  HisToa.  LXVI.  2-  fasc,  87 


448  ftULLRTIX  HISTORIQUI. 

généralisation  hâtive  ;  il  a  distingué  nettement  les  difléranls  groupes 
réunis  sous  le  nom  commun  d'Ëtats-Unis,  il  a  partagé  le  tenitoire  en 
cinq  régions  et  il  a  décrit  Tétat  social  de  chacune  en  prévenant  ses  \&> 
teurs  de  ne  pas  étendre  les  caractères  propres  de  chacune  de  ces  sodéiâ 
juxtaposées  aux  autres  sociétés.  —  Il  a  résisté  à  la  tentation  si  forte  de 
nos  jours  d'exprimer  les  phénomènes  sociaux  en  termes  biologiques; 
il  s'est  abstenu  rigoureusement  de  la  terminologie  pseudo-scientifiqiie 
et  des  métaphores  de  la  société-organisme  ;  et,  quand  il  a  traité  U 
question  semi-biologique  de  Tinfluence  du  milieu,  il  Ta  fait  avec  une 
précision  et  une  prudence  do  raisonnement  qui  l'a  préservé  de  tous  les 
excès  de  Tanthropogéographie.  —  Il  a  évité  aussi  la  terminologie  abstndte 
des  juristes  et  a  su  décrire  les  faits  sans  le  secours  de  ces  substantifs 
abstraits  qui  mènent  si  vite  à  personnifier  les  abstractions  et  à  leur 
attribuer  une  force  propre,  il  n'emploie  que  des  noms  concrets  ou  col- 
lectifs et  toujours  dans  leur  sens  habituel,  en  sorte  qu'il  reste  toujoun 
intelligible  et  précis.  On  voit  surtout  dans  la  description  des  phénomènes 
complexes  et  vivants,  tels  que  la  formation  de  Topinion  publique,  l'or- 
ganisation  des  partis,  le  tempérament  politique  et  social  de  la  nation, 
avec  quelle  sûreté  et  quelle  précision  il  procède.  C'est  qu'il  a  Texpérienee 
personnelle  de  la  vie  politique  et  sociale  et  qu'il  possède  cette  puissance 
d'analyse  psychologique  qui  est  la  condition  essentielle  de  toute  étude 
des  sociétés.  De  là  vient  aussi  qu'il  a  échappé  à  ce  préjugé  contre  la 
démocratie,  presque  universel  chez  les  hommes  de  sa  génération.  Ne  se 
payant  jamais  de  mots  et  ne  formulant  de  jugement  qu'après  une  ana- 
lyse psychologique  profonde  et  une  synthèse  méthodique  des  phénomènes 
analysés,  il  a  vu  que  la  démocratie  moderne  a  pour  fondement  la  liberté 
individuelle  et  la  libre  discussion  et  que  la  force  de  la  majorité  ne  se 
fait  pas  sentir  sous  forme  de  tyrannie.  Aussi  a-t-il  pu  exprimer  une  foi 
sincère  dans  l'avenir  de  la  démocratie  américaine. 

Gh.  Seionobos. 


G.  DE  Grbef.  L'évolntion  des  croyances  et  des  doctrines  poli' 
tiques.  Bruxelles  et  Paris,  Alcan,  4895.  In-48,  334  pages. 

M.  de  Grcef,  le  socialiste  bien  connu,  professeur  à  l'Université  non- 
velle  de  Bruxelles,  a  réuni  deux  leçons  doctrinales  d'ouverture  |1& 
méthadologic  des  sciences  sociales,  les  conditions  de  la  démocratie)  et 
la  série  de  ses  articles  sur  l'Évolution  des  croyances  politiques  parus  dans 
la  Revue  socialiste. 

Cet  ouvrage  n'a  aucun  intérêt  historique.  C'est  une  histoire  de  la 
civilisation  des  empires  despotiques  du  Pérou,  du  Mexique,  de  l'Egypte 
et  de  l'Ethiopie  antique  faite  au  moyen  de  livres  modernes  de  valeur 
très  différente,  employés  sans  aucun  discernement  critique  et  indiqués 
à  la  tin  de  chaque  chapitre  pôle-mêle  et  sans  indication  de  dates. 

U  s'agit  ici  évidemment  d'un  essai  de  philosophie  de  l'histoire.  M.  de 


C.    DB  GBBEF   :    l'JVOLDTIOa    DES  CHOTlnCES. 


419 


Oreef,  une  des  âmes  les  plas  géDéreuEes  du  Eociatisœe  contemporain, 
ne  s'esl  psa  senti  à  l'atse  dans  l'inUriirétaiion  exclusivement  matéria- 
liste de  l'histoire  par  les  phénomènes  économiques.  Il  a  tenu  à  mon- 
trer l'action  capitale  des  croyances  et  des  doctrines  politiques  sur  la 
consUtolion  des  sociétés.  Il  a  commencé  son  étude  par  les  sociétés  où 
l'unité  des  croyances  lui  a  paru  élre  la  plus  complète,  celles  où  le  sou- 
verain est  absolu  et  où  la  coutume  n'est  pas  encore  disculée. 

Il  est  très  difTictle  de  faire  ici  la  critique  d'une  théorie  qui  repose 
toul  entiËre  sur  la  métaphore  de  la  société  comparée  à  un  organisme; 
je  connais  des  philosophes  qui  acceptent  cette  méthode  de  raisonne- 
ment, je  ne  crois  pas  qu'elle  soit  intelligible  pourunliistorieu;  les  faite 
«H  histoire  ne  se  présentent  jamais  que  sous  la  forme  d'actes  indivi- 
duels, isolés  ou  collectifs.  M.  de  Greef  au  contraire  ne  voit  daos  ies 
actes  humains  que  les  manifestations  d'un  organisme  social.  Il  déhnit 
la  politique  ;  i  Le  système  de  représentation  et  de  délibération  de  la 
société  par  lequel  elle  détermine  sa  volonté  et  transforme  celte  dernière 
en  acte  >  (p.  88)  ;  te  progrès  politique  est  t  le  perfectionnement  des 
organes  de  la  triple  fonction  représentative,  délibérante  et  executive.  * 
Il  ne  considère  donc  que  les  a  phénomènes  de  représentation,  de  déli- 
bération, de  volition  et  d'exécution  ■  des  sociétés,  non  ceux  des  indi- 
vidus, et  il  les  cherche  dans  les  institutions.  Ce  qui  en  forme  le  fon- 
dement, ce  sont  les  croyances  politiques  qui  établissent  l'unité  de 
conscience. 

M.  de  Greef  pousse  sa  métaphore  au  point  de  considérer  les  luttes 
entre  partis  d'opinion  différente  comme  des  «  dédoublements  de  la  per- 
sonnalité collective,  •  t  phénomènes  pathologiques  d  comparables  à  la 
maladie  individuelle  connue  sous  ce  nom.  a  Alors,  dit-il,  les  partis 
s'injurient  et  se  brutalisent  comme  s'ils  ne  faisaient  point  partie  de  la 
même  collectivité.  >  Il  serait  inutile  d'objecter  que  les  nations  ies  plus 
civilisées  sont  celles  où  les  partis  sont  les  plus  nombreux  et  les  plus 
actifs  et  qu'elles  se  trouvent  mieux  de  leur  dédoublement  pathologique 
que  les  sociétés  traditioaaUstes  de  leur  unité  de  croyance.  Car  nous  ne 
sommes  pas  ici  sur  le  terrain  de  l'histoire.  Mais  on  ne  voit  pas  ce  que 
ces  métaphores  ajoutent  à  notre  connaissance  de  l'évolution  humaine. 
Ch.  Sbconobus. 


420  EBGDBILS  PitlODIQUIS. 


RECUEILS  PÉRIODIQUES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


1.  —  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes.  1897,  juillet-août.  — 
L.  Delisle.  Notice  sur  un  psautier  duxin*  siècle  appartenant  an  comte 
de  Grawford  (livre  de  grand  luxe  écrit  et  peint  en  France  au  temps  de 
saint  Louis;  il  appartient  à  la  reine  Jeanne  de  Navarre,  fille  de  Gharlei 
le  Mauvais  et  femme  de  Henri  IV  d'Angleterre).  —  Bourbl  de  la.  Rok- 
ciÈRE.  Un  inventaire  de  bord  en  1294  et  les  origines  de  la  navigation 
hanturière  (parle  surtout  des  instruments  de  pilotage  qui  se  trouvaient 
à  bord  :  la  carte  marine  et  la  boussole.  Montre  que  le  prétendu  Jean 
Goya  d'Amalû,  à  qui  on  attribuait  l'invention  de  la  bouasolevers  1300, 
n'a  jamais  existé).  —  P.  Fournier.  Les  collections  canoniques  attri- 
buées à  Yves  de  Chartres;  suite  (influence  de  ces  collections).  — 
H.  d'ârbois  de  JuBAiNviLLE.  Notico  sur  un  texte  concernant  Thistoire 
de  la  Gaule  au  v*  siècle  de  notre  ère  (sur  une  glose  d'un  vers  de 
Lucain,  I,  435,  où  les  Gévennes  sont  indiquées  comme  séparant  les 
Burgondes  des  «  Galli;  »  elle  a  sans  doute  été  écrite  vers  473).  = 
Bibliographie  :  Sievers,  Die  politischen  Beziehungen  Kaiser  Ludwigs 
des  Baiorn  zu  Frank reicb,  1314-1337  (consciencieux,  mais  fait  sans 
critique).  —  E.  Mùller.  Senlis  et  ses  environs  (intéressant  pour  les 
archéologues).  —  Jadari,  Vieilles  rues  et  vieilles  enseignes  de  Reims. 
—  y.  IJalkin,  Les  prieurés  belges  de  l'ordre  de  Gluny;  1"  partie  :  les 
prieurés  clunisiens  de  l'ancien  diocèse  de  Liège  (bon).  —  U.  Berlièn. 
Monaslicon  belge  (excellent).  ==  Chronique  :  Confirmation  par  saint 
Louis  d'un  traité  conclu  entre  le  duc  de  Bretagne  et  André  de  Vitré, 
juin  1237  (texte  nouveau,  d'après  l'original  de  la  confirmation).  — 
y.  Viard,  Une  ordonnance  de  Philippe  VI  de  Valois  mal  datée  (une 
lettre  pour  saint  Gilles  en  Provence,  publiée  dans  les  Ordonnances, 
t.  III,  p.  605,  a  été  donnée,  non  à  Pradèro  en  Armagnac,  mais  dans  la 
prairie  de  Saint- André  près  d'Aire  en  Artois). 

2.  —  La  Révolution  française.  1897,  14  déc.  —  Aulard.  L'his- 
toire, d'après  xMM.  Langlois  et  Seignobos.  —  J.  Flammermont.  Une 
nouvelle  édition  des  lettres  de  Marie-Antoinette  (explique  pourquoi 
M.  d'Arneth  refusa  de  communiquer  à  MM.  de  Beaucourt  ei  de  la  Roche- 
teric  certaines  lettres  de  Marie- Antoinette,  relève  dans  lenr  publication 
un  certain  nombre  d'erreurs  et  montre  comment  ils  auraient  pu  et  dû 
s'y  prendre  pour  grossir  notablement  la  correspondance  de  la  reine).— 
Debidour.  L'expédition  de  Home  et  la  loi  Falloux.  —  J.  Deuus. 
Pages  et  le  journal  le  Cantaliste  (ajoute  quelques  documents  nouveaux 
à  ce  qu'avait  déjà  dit  M.  A.  Brette),  —  A.  Bretib.  Journal  de  l'émo- 
tion do  Lyon,  29  juia-5  juillet  1769. 


BBCOBItFI  P^RIODIQneS. 


421 


S.  ^  Rcme  d'histoire  diplomatique.  1898,  n°  1.  —  Charles 
Tbubte.  Relations  (te  Gon^aguo,  marquis  de  Maotoue,  avec  la  conr  de 
Fran»,  H95-!526  (met  en  œuvre  des  documents  copiég  à  Mantoue  par 
A.  Baschet).  —  P.  Matteb.  Les  misBione  de  M.  de  Persigny  à  Berlin, 
1840-50  (l'ambassade  de  Persigny  en  Allemagne  ne  produisit  aucun 
rcBullat  heureux  pour  la  France  ni  pour  le  président,  à  cause  de  la 
maladresse  de  l 'ambassadeur). —  Dbdouvres.  Le  Père  Joseph  diplomate: 
le  Mercure  d'Estat  ou  Hecueil  de  divers  discours  d'Estat,  168i  |ces  dis- 
cours sont  cerlainempnt  du  P.  Joseph;  ils  sont  fort  importants  pour 
l'êludo  des  idées  politiques  de  l'Éminence  grise).  —  Louis  Pasbv.  Le 
voyage  de  François  Vettori,  ambassadeur  de  la  République  llorentîne, 
près  de  l'empereur  Maximilien,  27  juio  1507-13  mars  150B  ;  liv.  IV. 

4. —Revue  orltlqne  d'histoire  et  de  littérature.  JS97,  n"  49.— 
Hamtj.  Études  historiques  et  géographiques  {recueil  fort  intéressant  où 
sont  représentés  le  Spilzberg,  le  Sénégal,  les  Moluques,  les  Carolines, 
etc.).  —  Id.  Galerie  américaine  du  musée  d'ethnographie  au  Tracadéro 
(eoixaute  plancbes  renTermant  cent  soixante-quatorze  figures  concer- 
nant les  antiquités  de  l'Amériquel.  —  G.  Bienaymé.  Prii  des  princi- 
paux objets  de  consommalioti  à  Paris  depuis  deux  siècles.  Le  coût  de 
la  vie  à  Parisà  diversesépoques  (travaux  excellents,  reposaaten  grande 
partie  sur  tes  comptes  de  l'Hôlel-Dieu).  =  N"  50.  E.  Amélineau.  Les 
nouvelles  fouilles  d'Abydos,  1896-97  (découvertes  i  m  po  riantes  ;  des 
réserves  par  G.  Maspero).  —  W.  Mœller.  Lehrbucb  der  Kirchenge- 
acbîclite;  2»  édil,  remaniée  par  H.  de  Schubert  (édition  aoigneueement 
revue  et  complétée),  —  Harnack.  Ijehrbucb  der  Dogmengeschichte ; 
tome  m,  3*édit.  (cette  édition  contient  un  assez  grand  nombre  d'addi- 
tions nouvelles;  le  Toud  n'a  pas  été  modifié).  —  F.  Slxhelin.  Gescbichle 
der  Kleinasiatischen  Galater  bis  sur  Erricbtung  der  rOmîschen  Provinz 
Asia  (excellente  dissertation).  —  Eug.  Miinli.  La  tiare  pontificale  du  vm* 
an  ivi'  siècle  (excellent).  —  E.  Lameere.  Essai  sur  l'origine  et  les  attri- 
butions de  t'audiencier  dons  les  anciens  Pays-Bas  (utile  dépouillement 
de  documents;  la  mise  en  œuvre  laisse  à  désirer).  —  II.  Witle.  Zur 
Geschichte  des  Deutschtums  im  Elsass  und  im  Vogesengeblet  (étude 
bien  dirigée  sur  l'bistoire  de  la  germanisation  de  l'Alsace;  des  consi- 
dérations politiques  qui  manquent  d'objectivité  et  de  justesse  scienti- 
fique). ^  N"  51.  Podineiev.  La  Mandchourie  (important).  —  P.  Albert. 
Geschichte  der  Stadt  Radolfzell  am  flodensee  (très  bonne  histoire 
locale!,  —  P.  Kalko/f.  Die  Depeschen  desNuuliuB  Aleandor  von  Worm- 
ser  Reicbslag,  1521  (traduction  allemande  accompagnée  de  notes  nom- 
breuses et  substantielles).  — A.  Pieper.  Die  pœpstlichen  Legaten  und 
Nuntien  in  Deutscbland,  Frankreicb  und  Bpanieu  seit  der  Mitte  des 
XVI  Jahrh.  (dépouillements  considérables;  biographie  aussi  précise 
qti 'abondante).  —  t.  Seller.  Grundfragen  der  Reformatîonsgeschichte 
(ouvrage  de  polémique  personnelle).  —  Tliatloc:y  et  Barabàs.  Codes 
diplomaticuB  comitum  de  Blagnay  (265  documents  allant  de  1200  - 
h  1578).  —  B.  Toth.  Les  curiosités  de  l'histoire  universelle  (en  bongivis; 


422  EBCUBILS  P<RI00IQUB8. 

recueil  fort  intéressant).  —  Labriola.  Essai  snr  la  conception  maté- 
rialiste de  l'histoire  (long  et  important  compte-rendn  par  A.-D.  Xéoo- 
pol).  ^  N<»  52.  Hunier,  Life  of  Brian  Houghton  Hodgson,  british  rési- 
dent at  the  court  of  Népal  (importante  biographie).  —  BuhU  Géographie 
der  alten  Palestina  (consciencieux).  —  /.  Jung,  Grundrûs  der  Géogra- 
phie Yon  Italien  und  dem  Orbis  romanus  (2*  édition  améliorée  ;  mais 
la  bibliographie  est  toujours  fort  incomplète).  =:  1898,  n»  1.  SehœmMOL 
Griechische  Âlterthûmer,  4*  édit.  revue  par  Lipsius,  1. 1  (nouvelle  édi- 
tion tout  à  fait  mise  au  courant  de  la  science;  elle  permet  de  meiii- 
rer  les  immenses  progrès  qui  ont  été  accomplis  depuis  un  quart  de 
siècle  dans  l'étude  des  antiquités  grecques).  —  Kaufmann  et  Bewk, 
Akten  und  Urkunden  der  Universitœt  Frankfurt  a.  O.  (texte  du  registre 
du  doyen,  1506-1597).  =  No  2.  Ed.  Hahn.  Demeter  und  Baubo  (excel- 
lent essai  d'une  théorie  sur  Torigine  de  l'agriculture  chez  les  peuples 
civilisés).  —  E.  Marcks,  Kônigin  Elisabeth  von  England  und  ihre  Zeit 
(excellent  travail  de  vulgarisation).  —  Al,  d*Ancana,  Federico  Gonfalo- 
nieri  su  documenti  inediti  di  archivi  publici  e  privât!  (excellent  travail 
sur  un  des  martyrs  du  Risorgimento).  =:  N®  3.  Àm.  Hauvette.  Extraits 
de  Thucydide  (édition  assez  remarquable).  —  L,  Marcheix,  Un  parisien 
à  Rome  et  à  Naples  en  1632  (curieux  et  publié  avec  science  et  goût). 
=  No  4.  /.  Tapffer,  Beitrœge  zur  Griechischen  Alterthumswissenschaft 
(intéressant  recueil  de  mémoires  composés  par  un  jenne  savant  mort 
en  1895  à  l'âge  de  trente-cinq  ans).  —  Eug,  Choisy,  La  théocratie  i 
Genève  au  temps  de  Galvin  (bon).  =:  N»  5.  il.  von  Hirsch-Gereuth.  Sto- 
dion  zur  Geschichte  der  Kreuzzugsidee  nach  den  Kreuzzïîgen  (expose 
rhistoire  de  la  politique  pontiGcale  en  ce  qui  concerne  la  croisade  pen- 
dant les  pOQtiticats  de  Grégoire  X  et  de  ses  successeurs  jusqu'à  la  fin 
du  xiuo  siècle).  —  Labriola.  Essai  sur  la  conception  matérialiste  de 
l'histoire  (Seignobos  :  le  matérialisme  historique  est  trop  superfîdel  et 
trop  inexact  pour  fournir  une  méthode  à  la  science  naissante  de  l'his- 
toire, mais  il  aura  fait  pour  le  progrès  de  l'histoire  plus  qu'aucun  antre 
système  du  xix*  siècle). 

6.  — >  Bulletin  de  Correspondance  hellénique.  1896,  décembre. 
—  Paul  Tanner  Y.  Inscriptions  de  Delphes.  Deux  fragments  concernant 
des  systèmes  d'écriture  abrégée.  —  E.  Ardaillon.  Rapport  sur  les  fouilles 
du  port  de  Délos  (ces  fouilles  ont  permis  de  déterminer  exactement  la 
ligne  de  l'ancien  rivage,  les  dispositions  du  port,  l'emplacement,  la 
forme  et  la  construction  des  jetées,  la  distribution  des  magasins;  avec 
un  plan  détaillé).  —  P.  JounuBT.  Inscriptions  métriques  d'ApoUino- 
polis  Magna  (gravées  sur  des  stèles  conservées  au  musée  de  Gixeh).  — 
Paul  Perdrizet.  Inscriptions  de  Delphes  (1<»  inscription  concernant  les 
fils  du  roi  Odryse  Kersébleptès  ;  2o  décret  de  proxénie  de  Néarqne; 
3»  proxénie  pour  un  Macédonien  d'Europos  sur  l' Axios  ;  4«  relations  de 
Delphes  avec  un  roi  Odryse  du  ni«  siècle;  5®  le  proconsul  M.  Minucius 
Rufus,  vaimiucur  des  Gaulois  Scordistes  et  des  Thraces  en  109).  — 
G.  Millet.  Inscriptions  byzantines  de  Trébixonde.  —  Th.  floMOUS. 


BBCCBIIS  P^BIODIQQRS. 


43» 


e  roi  Nahis  (rectifie,  à  l'aide  d'un  décret  de  Délos,  certaines  erreurs, 

lias  volontaires,  des  historiens  anciecs  sur  ce  tyran).  —  Tfa. 

Reinach.  Une   crise   monéUire   au    m*    siècle  de    l'ère   chrétienne: 

inscripliou  de  Mylasa.  —  Paul  Perdrizbt.  Inscriptions  de  Delphes. 

napii<rf]|iEi  de  villes  sur  des  stèles  de  proxénie  (ce  sont  des  ioscrlptioDS 

lOnoriSques  décorées  de  l'emblème  ardioairo  de  la  ville  à  laquelle 

Mrtieat  le  personnage  honoré).  —  W.  Dcerppeld.  Le  thê&tre  de  Deios 

lia  scène  du  théâtre  grec  (discute  et  réfute  l'opinion  exprimée  eur  ce 

Rjet  par  M.  Charoonardl.  =  Institut  de  Correspondance  hellénique 

I  signaler  dans  les  compte  s- rend  us  des  séances  de  cet  Institut  les  con- 

rences  de  M.  Th.  Homolle  concernant  Delphes  :  1°  sur  le  trésor  de 

(phnos  qui,  en  réalité,  est  le  trésor  de  Cnide;  'îf  sur  quelques  ex-voto 

mvés  à  Delphes,  importants  pour  la  topographie  et  l'histoire   du 

nctnaire;  3°  sur  l'histoire  du  temple  de  Delphes;  4°  sur  les  sculptures 

Il  trésor  de  Sicyone  et  le  décret  des  Thurieus;  ce  dernier  est  coutem- 

1  de  la  construction  du  nouveau  temple  qui  fut  achevé  dans  le 

r  quart  du  iV  siècle;  lo  temple  le  plus  récent  fut  dédié  eu  84 

krès  J.-C.  Le  christianisme  s'installa  dans  le  sanctuaire  delphique  au 

P  siècle  et  depuis  lors  sa  destruction  s'effectua  rapidement).  ^  1897, 

Divier-aoùt.  A.  db  Ridoer.  Inscriptions  de  Paros  et  de  Naxos.  — 

ION-  Trouvailles  de  monnaies  du  moyen  âge  à  Delphes.  —  Ch.  Fos- 

,  luBcriptions  de  Syrie.  —  Perdrizet  et  Possev.  Voyage  dans  la 

frie  du  Nord.  —  Ë.  Leorand.  Inscriptions  de  Paphlagonie.  —  Psa- 

ST.  Proxènes  macédoniens  à  Delphes,  —  Dobbusky.  Inscriptions  et 

înts  figurés  de  la  Thrace.  —  P.  Jouoobt.  Documents  ptolé- 

aïques  (concernant  Ptolémée  H  Soier  et  la  révolte  de  la  Thébaïde). 

-  Mélanges  d*arohéologie  et  d'histoire.  1897,  juill.-déc.  — 
k  Madelin,  Les  premières  applications  du  concordat  dp  1516,  d'après 
•  dossiers  du  cbdteau  Saint-Auge  (l'auteur  a  retrouvé  vingt-sept  dos- 
ne  relatifs  aux  aomiuations  de  prélats  français,  entre  1516  et  1521  : 
i  ces  prélats,  on  trouve  encore  plus  d'abbés  que  d'êvéques,  et 
i  les  abbés  plusieurs  avaient  été  d'abord  élus,  les  élections  abba- 
a  ayant  été  supprimées  seulemeut  en  1531.  Publie  le  dossier  de  la 
raination  d'Eymar  Gouffler,  abbé  de  Saint-Denis,  à  l'abbaye  de 
jnny;  GoufQer  était  frère  de  l'amiral  de  Bonivet}.—J,  Gav.  Le  menas- 
'  e  de  Tremiti  au  xi'  siècle,  d'après  un  cartulairc  inédit  (ce  monastère, 
|cé  dans  une  petite  ile  de  l'Adriatique,  au  nord  du  Gargano,  fut  flo- 
it  jusqu'au  xiii°  siècle.  Les  chartes  du  carlulaire  se  rappoitent 
XI"  siècle  ;  elles  donnent  des  détails  nouveaux  sur  les  râp- 
ais de  i'abbaye  avec  le  Mont-Casain  et  sur  l'état  politique  et  social 
'  me  partie  de  la  Pouillc).  —  P.  Lbcacuecx.  La  première  Italien  de 
Dillaume  Grimoard  en  Italie;  juillet-novembre  1352  (publie  et  corn- 
e  plusieurs  documents  relatifs  à  celte  légation,  qui  fut  le  début, 
I  les  grandes  aiïaires  de  la  papauté,  de  l'abbé  de  9ainl*Germaia- 
j&uzerrois,  plus  lard  pape  sous  le  nom  d'Urbain  V|.  —  M.  Besnier. 
■criplions  et  monuments  figurés  de  Lambëse  et  d 


424  lECUBILS  P<EI0DIQUE8. 

Mànteybr.  Les  légendes  saintes  de  Provence  et  le  martyrologe  d'Arles* 
Toulon,  vers  1120  (da  silence  que  garde  ce  martyrologe  an  sojet  de 
Maximin,  de  Lazare,  de  Madeleine,  Marthe,  Sidonie  et  des  Marie,  il 
résulte  que  ces  légendes  n'étaient  pas  encore  officiellement  reconnues 
en  Provence  vers  1120;  Tunique  tradition  admise  alors  était  que  le  pays 
avait  été  évangélisé  au  i«'  siècle  par  Trophime,  disciple  immédiat  des 
apôtres  Pierre  et  Paul). 

7.  —  Revue  archéologique.  Sept.-oct.  —  J.  Stz.  Un  lécythe  en 
argent  (trouvé  dans  la  province  néerlandaise  de  Drenthe).  —  Edm. 
Le  Blant.  Paléographie  des  inscriptions  latines  du  m*  siècle  à  la  fin 
du  vii«;  &n.  —  L.  Le  Bas.  Voyage  archéologique  de  Ph.  Le  Bas  en 
Grèce  et  en  Asie  Mineure,  du  i*^  janvier  1843  au  1*'  décembre  1844; 
extraits  do  sa  correspondance  ;  suite  en  nov.-déc.  =:  Novembre-décembre. 
Gh.  Jacquerel.  Les  ruines  de  Hatra  (ville  située  au  sud  de  Mossoal; 
monuments  à  décoration  imitée  de  Tart  grec).  —  F.  de  Mélt.  Le  c  de 
monstris  »  chinois  et  les  bestiaires  occidentaux.  —  R.  Gagnât.  Revae 
des  publications  épigraphiques  relatives  à  l'antiquité  romaine;  juillet- 
décembre. 

8.  —  Nouvelle  Revue  historique  de  droit  français  et  étran- 
ger. 1897,  sept.-oct.  —  Paul  Gollinet.  Deux  papyrus  gréco-égyptiens 
d'Angleterre  (traduit  et  commente  :  1®  un  acte  de  divorce  de  l'an  305- 
306  après  J.-G.;  2®  un  fragment  de  jurisconsulte  classique).  —  Edouard 
Bbaudouin.  Les  grands  domaines  dans  l'Empire  romain  ;  suite  en  nov.- 
déc.  (importante  étude  de  généralisation).  —  Prou.  La  charte  de  cou- 
tumes de  Saint-Julien-du-Sault,  1259  (cette  charte  a  fait  quelques 
emprunts  à  celle  de  Lorris  et  en  a  subi  l'influence.  Texte  et  commen- 
taire). =  Gomptes-rcndus  :  Beauchet,  Histoire  du  droit  privé  de  la 
République  athénienne  (ce  n'est  pas  une  histoire,  mais  seulement  un 
exposé  du  droit  athénien;  exposé  d'ailleurs  remarquable  et  qui  résume 
avec  science  et  clarté  les  documents  et  les  travaux  si  nombreux  qui  ont 
été  publiés  sur  le  sujet.  Discussion  de  plusieurs  points  particuliers  par 
R.  Dareste).  —  M.  Conrat.  Die  Ghristenverfolgungen  im  rômischen 
Reiche  (excellent;  les  conclusions  ne  sont  pas  neuves,  mais  le  grand 
mérite  de  l'auteur  est  d'avoir  soigneusement  distingué  les  époques).  — 
Seehokm,  The  tribal  System  in  Wales  (intéressant;  mais  l'auteur  a  le 
tort  de  croire  particuliers  au  pays  de  Galles  des  faits  juridiques  qui 
sont  le  résultat  des  principes  généraux  admis  dans  les  autres  branches 
de  la  famille  indo-européenne).  —  H.  Jireêek.  Ginquante  ans  d'activité 
littéraire  publique  (on  donne  ici  la  bibliographie  complète  des  œuvres 
du  grand  jurisconsulte  tchèque).  =:  Nov.-déc.  A.  Lefas.  L'adoption 
testamentaire  à  Rome.  —  Ant.  Bodcomont.  L'ancienne  coutume  de 
Nivernais  (coutume  rédigée  en  1490;  elle  a  déjà  été  imprimée  trois  fois 
au  xvi»  siècle,  mais  ces  éditions  sont  presque  introuvables.  Texte  assez 
différent  de  la  rédaction  de  1534).  —  P.-F.  Girard.  Los  mss.  de  l'Epi- 
tome  exactis  regibus  (signale  un  nouveau  ms.  à  la  bibliothèque  Sainte- 
Geneviève,  n»  2785). 


HECDEILS   P^BIODIQDES.  425 

9.  —  Revue  générale  da  droit.  IS97,  DOv.-dêc.  —  J.  BaisBAUD. 
De  l'utilité  de  l'étude  dp  l'histoire  du  droit  (introduction  à  au  Manuel 
d^hiatoire  du  droit  français.  L'auieur  affirme  que  «  l'histoire  du  droit  a 
encore  besoin  d'être  défendue  contre  bien  det<  préjagés  ■).  ^=  Biblio- 
graphie :  Besta.  L'opéra  d'Irnerio  (escellente  étude  critique  sur  la  vie 
d'Irnérius  et  sur  les  œuvres  qu'on  peut  lui  attribuer).  —  Salvioli.  Il 
dirclto  di  guerra  in  Itatia  ail'  epoca  dei  Cooiuai  (bon). 

10.  —  Revne  biblique  Internationale.  ISdS,  1"  janvier.  — 
P.  LiOBANOB.  Les  sources  du  troisième  évangile.  —  P.  Schbil,  Psaume 
de  pénitence  chaldéen  inédit.  —  P.  Batiffol.  L'auteur  véritable  de 
r  <  Epistula  ad  Zenam  et  Serenum  >  du  faux  saint  Justin.  —  P.  Sé- 
journé. Fouilles  des  Anglais  à  Jérusalem.  =  1"  avril.  M.  na  Hablek. 
La  Bible  et  l'Avesla  (date  probable  de  l'Avesta,  rapporta  probables 
entre  le  zoroaslrisme  et  la  Bible).  —  P.  Baiiffol.  Les  prétendues 
a  Odae  in  scripturas  ■  do  saint  Hippolyte  (sont  supposées  d'après  une 
mauvaise  transcription  de  l'inscription  du  Latran).  ^^  Compte-rendu  : 
P.  Sckeil.  Du  travail  de  de  Moor  sur  la  date  de  la  chute  de  Ninive  (tra- 
vail d'uD  homme  incompétent),  ^  \"  juillet.  P.  GEHUER-DuRAin).  La 
basilique  du  Saint-Sépulcro  au  temps  ilo  Conslaniin  et  an  temps  des 
Croisés.  —  M.  de  Voqub.  Nouvelle  inscription  samaritaine  d'Amwils. 

—  M.  HrvERNAT.  Étude  sur  les  versions  coptes  de  la  Bible.  —  P.  La- 
enAitaB.  Ain  Kedeis  (remet  au  point  les  descriptious  fantaisistes  de 
Trnmbull).  =  Compte-rendu  par  le  même  du  livre  de  Raabe  sur  Pierre 
libère  (excellent).  =  1"  octobre.  P.  Rose.  L'épïtre  de  saint  Jacqaes 
est-elle  un  écrit  chrétien  ?  (réfute  le  paradoie  de  Spillaj.  —  H.  Mui-ler, 
Discours  de  Malachie  sur  le  rite  des  sacriBces.  —  M.  Hyvbbnat.  Élude 
sur  les  versions  coptes;  suite.  — P.  Scheil.  Kodorlabomor  dans  les 
iuscriptiuns  chaldéennes.  —  P.  Gbhher-Durand.  Ëpigraphie  palesti- 
nienne (une  série  de  milliaires  inédits  et  d'inscriptions  byzantines).  — 
P.  Lagbanoe.  De  Suez  au  Sinal  (journal  d'une  exploration  archéo- 
logique) . 

11.  —  Revue  de  l'histoire  des  rellgtons.  1S97,  sept.-oct.  — 
A.  Sabatleh.  Une  nouvelle  vie  do  Jésus  |le  Jésus  de  Nazareth  par 
Alberd  Réville;  <  c'est  la  première  biograpbie  scientiSque  de  Jésus 
que  la  France  aura  lue  >).  —  ScHBri..  Gboiide  textes  religieux  assyriens. 

—  Li.  Mabiluer.  La  place  du  totémisme  dans  l'évolution  religieuse 
(à  propos  du  livre  do  M.  Jevons);  1"  article;  suite  en  noï.-déc.  — 
A.  RâviLLB.  Gn  essai  de  philosophie  de  l'histoire  religieuse;  étude  sur 
r  <  Introduction  à  la  science  de  ta  religion  >  par  G. -P.  Tiele.  =^ 
Comptes-rendus  :  Gœtî.  Geschicbte der  Slavenapostel  Constantinus  und 
Methodius  (bon  exposé  des  faits).  —  J.-H.  Maronier.  Histoire  du  pro- 
testantisme, de  la  paix  de  Munster  à  la  Révolution  française,  164S-IT89 
(bon  manuel).  —  fi.  Pariset.  L'État  et  les  églises  ea  Prusse  sous  Prô- 
déric-Guitlaume  I",  IT13-t710  (important  article  do  RuJ.  Reuss,  com- 
Dlétant  l'analyse  donnée  ici  même,  LXIV,  343). 


426  UC0BII.8  PiUOOIQUBS. 

12.  -«  Reme  des  Études  Juives.  T.  XXXV,  jiiiU.«sept.  4897.  — 
Th.  REmAOH.  Josèphe  sur  Jésus  (le  passage  où  Josôphe  a  parlé  de  Jésoi 
est  le  seul  témoignage  non  chrétien  que  l'antiquité  nous  ait  laissé  sur 
le  Christ,  car  Tacite  a  copié  Joséphe;  ce  passage  est  authentique  pour 
le  fond,  mais  il  a  été  interpolé  par  un  chrétien  qui  a  voulu,  à  l'aide  ds 
quelques  retouches,  transformer  le  «  testimonium  de  Ghristo  •  en  un 
f  testimonium  pro  Ghristo.  >  Essaie  de  rétablir  le  texte  original  de 
rhistorien  juif).  —  L.  Blau  et  J.  Lévy.  Quelques  notes  sur  Jésus  ben 
Sirach  et  son  ouvrage.  —  D.  Kautmann.  Menahem  Azarya  da  Fano  et 
sa  famille  (notes  pour  la  biographie  de  ce  juif  du  xvi«  s.,  auteur  d'une 
grande  réputation  littéraire  auprès  de  ses  coreligionnaires).  —  N.  Roo- 
BiN.  La  vie  commerciale  des  Juifs  comtadins  en  Languedoc  au  xvni*  s.; 
suite.  —  G.  Bloch.  L'opinion  publique  et  les  Juifs  au  xvin«  s.  en 
France  (publie  un  manifeste  sur  c  la  nécessité  de  rappeler  les  Juifs  en 
France  pour  augmenter  la  population  i).  =  Â  part  :  Jos.  LEmuxx. 
Assistance  publique  et  privée  d'après  l'antique  législation  juive  (confé- 
rence faite  à  la  Société  des  Études  juives  le  29  mai  1897). 

13.  —  Revue  de  géoin!*aphie.  1897,  oct.  —  F.  Fwom.  L'ingénieur 
Lamblardie,  successeur  de  Perronet  à  l'École  des  ponts  et  chaussées  et 
fondateur,  avec  Monge,  de  l'École  des  travaux  publics  ou  École  polytech- 
nique, 1767-1797;  fin.  —  J.  Gobcbllb.  Formation  de  la  nation  française 
(analyse  fort  élogieuse  de  Touvrage  de  M.  de  Mortillet).  =  Nov.  H.  Haï* 
RISSE.  Sébastien  Gabot,  pilote-major  d'Espagne,  considéré  comme  navi- 
gateur (établit,  d'après  des  documents  conservés  aux  archives  des  Lidesi 
8ôvillo,quo  l'incapacité  de  Gabot  fut  cause  du  désastre  qui  détruisit  la  flotte 
espagnole  envoyée  en  1 526  dans  les  mers  de  l'Inde.  Il  faot  ajouter  que 
la  direction  ordonnée  par  Gabot  à  ses  navires  était  contraire  aux  ins- 
tructions qu'il  avait  reçues).  =  Décembre.  L.  Drapbyron.  J.-A.  Rixxi 
Zannoni,  géographe  italien,  1736-1814  ;  son  séjour  en  France  (avec  une 
bibliographie  de  ses  œuvres).  —  L.  Dmisa.  Entreprises  coloniales  de  la 
Prusse  au  xvn*  s.;  suite.  =  1898,  janv.  E.  Reglus.  Attila  de  Grérando; 
notice  nécrologique.  —  Marcel.  Mendafia  et  la  découverte  des  Bi&r- 
quiscs. 

14.  —  Académie  des  soiences  morales  et  politiqnes.  Séances 
et  travaux.  Gompte-rendu.  1897,  décembre.  —  Bardoux.  Un  girondin  : 
le  comte  de  Kersaint.  —  L»EFè\'RS-PoirrALis.  Les  élections  en  Hongrie. 
—  L.  WiESENER.  Lord  Stair  et  John  Law,  à  propos  du  Système  (le  gou- 
vernement anglais  surveilla  de  près  l'évolution  du  Système,  qui  pouvait 
lui  créer  des  difficultés  politiques  et  économiques  ;  à  Paris,  lord  Stair 
était  résolument  hostile  à  Law;  mais  à  Londres  on  ne  cessa  d'agir 
et  d'écrire,  au  contraire,  dans  le  sens  d'une  entente  amiable  avec  l'heu- 
reux aventurier).  =  1898,  janv.  G.  Picot.  Notice  historique  sur  la  vie 
et  les  travaux  de  M.  le  duc  d'Aumale.  —  M.  Blogk.  Guillaume-Georges- 
Frédéric  Roscher;  notice  nécrologique. 

15.  -*  Société  de  Tliietoire  du  protestantisme  firançais.  Bul- 


KBCCBItS  PtfBIODIQUiS. 


427 


I 


hislorlque  et  lilléraire.  1897,  15  déc.  —  N.  Wriss.  Notes  et  docu- 
ments eur  la  Rérorme  en  Brie,  1518-1516,  —  In.  Documents  (I"  Une 
requête  de  l'évêque  Henri  de  Gondy  réclamant  l'exhumation  de  Barbe 
Sanglé,  19  janv.  1606,  et  un  arrêt  du  Parlement  snr  cette  requête.  Arrêt 
du  Parlement  do  Paris,  du  \  oct.  1546,  contre  les  Luthériens  de  Meaux, 
d'après  le  registre  original.  Une  requête  inédite  de  Bossuet  à  Louis  XTV 
contre  le  culte  protestant  de  Bois-le-Vicomte,  1685.  Procès-verbal  de 
la  démolition  du  temple  de  NanteuiMès-Meaux.  20  oct.  1685),  =  1898, 
15  janvier.  PorinRUNE-BËaBmAC.  En  Cévennes  en  1690.  —  J.  Gauphès. 
L'esprit  de  réforme  avant  Lutlier  (à  propos  du  livre  récent  de  M.  Roc- 
rjuain).  —  H.'V.  Ausebt.  Etablissement  de  l'église  rërtirmëe  de  Mâcon 
(quelques  documents,  1561-1562).  —  H.  Gelim.  Lee  tombes  de  Mursay, 
sépultures  de  ta  famille  d'Aubigoé. 

18.  —  Société  des  Antiquaires  de  rOuest.  1897,  l«  trimestre.  — 
Eii'D.  L'inscription  de  Pcn-Berland  (elle  nous  révèle  un  vocable  nou- 
veau d'Apollon,  qui  y  parait  identiSé  avec  un  dieu  celtique  inconnu). 
—  Abbé  CoLLON.  Le  trésor  des  raliqaes  de  la  cathédrale  de  Poitiers  ; 
leliques  do  saint  Irènée.  —  Alfred  Babbier.  Notes  sur  les  gages  et  pen- 
sions des  ofGciers  de  la  vicomte  de  Chàtellerault  en  1429.  —  Alfrod 
R]GR,iBD.  Les  armoiries  de  l'Université  de  Poitiers.  ^2»  trîm.  Bois- 
80NNADE.  La  police  municipale  à  Poitiers  au  xvii'  e.  —  A. -F.  Lièvre. 
Anstrapius  elles  Taifales  du  Poitou;  examen  de  l'opinion  de  M,  Richard 
sur  la  Theiphalia  et  le  Scllense  caslrum  Ile  Sellense,  ou  mieux  Cellenst 
cattrum,  est  Celle-l'Evécault,  qui  n'a  jamais  formé  le  chef-lieu  d'un 
évêché  occupé  par  Austrapius,  nun  plus  d'ailleurs  que  Chaatoceaux. 
Celte- l'Ëvécault  était  simplement  le  centre  des  possessions  de  cet  évèquG 
'dans  une  région  voisine  de  Poitiers,  au  milieu  de  laquelle  se  trouve  un 
village  appelé  la  Tiffaille.  C'est  sans  doute  un  souvenir  de  la  Tai- 
[ïftlie  mérovingienne). 

Annales  de  Bretagne,  1897,  n 
SAKS.  Quelques  considérations  sur  Icf 
pays  guérandais  (avec  trois  cartes).  — 
gje  du  cartulaire  de  Redon;  suite  au  n 
Nantes  (corrige  ce  que  la  chronique  de  Nantes  dit  de  ce  personnage,  qui 
fat  abbé  de  Redon  avant  d'être  évêqnel.  —  Comptes-rendus  :  P.  Atibry. 
Journal  d'un  bourgeois  de  Dinan,  1637-1690.  —  Les  publications  his- 
toriques de  M.  le  D'  Corre  (elles  se  rapportent  à  l'histoire  des  corpora- 
tions, à  la  marinfi  et  aux  colonies,  à  la  criminologie,  etc.).  ^  1898, 
janv.,  n*  ?-  M.  Marion.  Le  second  vingtième  aux  états  de  Bretagne, 
rf756-1757  (épisode  de  la  lutte  entre  l'autorité  centrale  et  les  parlements. 
[Xie  gouvernement  d'Aiguillon  en  Bretagne  fut  habile  et  humain,  mais 
H  s'attira  de  violentes  inimitiés  en  luttant  contre  les  cours  souveraines 
pour  les  contraindre  d'accepter  les  impôts  exigés  par  le  roi).  —  J.  Le- 
uoiHE.  La  révolte  dite  du  papier  timbré  ou  des  bonnets  rouges  en  Bre- 
tagne en  1675;  ch.  vi  :  la  Répression,  l'amnistie  (politique  ferme  cl 


T.Xm,n>'i.  —  H.  QtiiL- 

its  mégalithiques  du 

BoRDEBtE.  La  chronolo- 

F,  Lot,  Hervi,  évéqoe  de 


428  UCUI1L8  pfelOMQUM. 

prudente  du  duc  de  CShaulnes;  la  répression,  quoique  dnre,  ne  fut  pu 
excessive;  mais,  en  évitant  de  donner  aucune  suite  aux  plaintes  les 
plus  légitimes  des  paysans,  le  gouvernement  eut  le  tort  d'entretenir  des 
éléments  de  trouble  dans  la  province.  Nombreux  documents  inédits  à 
la  suite).  =  Compte-rendu  :  Abbé  Peyron,  Documents  ponr  servir  i 
l'histoire  du  clergé  et  des  communautés  religieuses  dans  le  Finistère 
pendant  la  Révolution  (beaucoup  de  faits  précieux). 

18.  —  Annales  de  l^st.  4897,  octobre.  —  Duvbrnot.  Longwy,  de 
Louis  XIV  à  la  Révolution.  —  Le  peintre  J.-J.  Walter  et  sa  «  Chro- 
nique strasbourgeoise,  i  traduit  par  Rod.  Reuss;  suite  (bataille  de 
Turckheim  et  reprise  do  TAlsace  par  les  Français,  4674-1675).  =  Biblio- 
graphie :  Bonvalot.  Histoire  du  droit  et  des  institutions  de  la  Lorraine 
et  des  Trois-Évéchés,  843-1789  (art.  important  de  Chr.  Pfister,  qui  note 
d'assez  nombreuses  erreurs,  un  emploi  téméraire  de  chroniques  fausses, 
mais  un  travail  considérable,  des  idées  personnelles,  beaucoup  de  faits 
nouveaux  clairement  présentés).  —  Lehr.  Les  monnaies  des  landgraves 
autrichiens  de  la  Haute- Alsace  (bon).  =:  1898,  janvier.  —  A.  Debidoub. 
Le  général  Fabvier  ;  suite  (Fabvier  sur  la  Bidassoa,  au  début  de  la 
guerre  d'Espagne,  en  Angleterre  et  en  Belgique  ;  son  départ  pour  la 
Grèce).  —  J.  Kruq-Basse.  Histoire  du  Parlement  de  Lorraine  et  de 
Barrois;  suite  :  ch.  xrv  et  xv.  —  Le  peintre  J.-J.  Walter  et  sa  t  Chro- 
nique strasbourgeoise,  i  trad.  par  Rod.  Reuss;  suite  (fin  de  Tannée 
1675,  depuis  la  mort  de  Turenne).  =  Bibliographie  :  Abbé  Dacheui. 
Fragments  des  anciennes  chroniques  d'Alsace;  HI  :  les  Chroniques 
strasbourgeoises  de  Jacques  Trausch  et  do  Jean  Wencker;  les  Annales 
de  Sébastien  Brant.  —  Le  vieux  Mulhouse.  Documents  d'archives;  t.I. 
—  A.  Waltz.  Chronik  des  Golmarer  Kaufhauses  (excellent).  —  Bod. 
Reuss.  Souvenirs  alsatiques  :  Jean-Pierre  Massenet,  cultivateur  à  Hei- 
ligenstein,  député  du  Bas-Rhin,  professeur  à  l'Académie  de  Strasbourg 
(curieuse  biographie  d'un  homme  médiocre). 

19.  —  Revue  de  FAgenals.  1897,  n^  5.  —  G.  Tholin  et  Ph.  Lauzck. 
Le  château  de  Perricard,  commune  de  Montayral.  —  Abbé  Durengues. 
Vie  de  M.  Hébert,  évoque  et  comte  d' Agen  ;  suite.  —  Baronne  de  Gervadt. 
I/O  baron  Portai;  suite.  —  T.  de  L.  Note  sur  les  Mémoires  de  Du  Caaze 
de  Nazelles  (ces  Mémoires,  retrouvés  par  M.  Ernest  Daudet,  seront  pro- 
chainement publiés).  =:  N<>  6.  G.  Tholin  et  Ph.  Ladzun.  Le  château 
d'Estillac,  xiii«  et  xvi«  s.  —  J.-Fr.  Bladé.  L'évèché  des  Gascons  (entre- 
prend de  réfuter  tout  ce  qu'a  dit  Marca  de  cet  évêché,  et  qui  est  com- 
plètement faux.  1«>'  art.  oii  il  est  question  de  deux  des  ciuq  évéques  que 
l'on  attribue  à  cet  évéché  :  Gombaud  et  Hugues).  —  Abbé  Dureicgues. 
Vie  de  M.  Hébert,  évèque-comte  d'Agen  ;  suite  (M.  Hébert  et  les  affaires 
de  la  constitution  Unigenitus).  —  Nouvelles  des  affaires  de  France 
(publie  un  nouveau  frai^mont  de  correspondances  adressées  au  jeune 
Henri  II,  roi  de  Navarre,  sopt.-oct.  1519.  Il  est  de  même  nature  et  sans 


BECDEIL8  FÉKIODIQCBS. 

doute  de  mâme  provenance  qu'an  aulre  fragment  publie  dans  la  Biblio- 
thique  de  l'ÊcoU  des  chartes.  4-  série,  t,  V,  p,  3C9|. 


3H>.  —  Dentsche  Zeltschrift  fBr  GeachlchtawiaMnsGhaXt.  Neue 
Folge,  Jahrg.  U,  Verteljahrshofl  1,  avnl-juin  1897.  —  W.  Soboltze. 
Le  principal,  le  comilat,  la  noblesse,  au  cb.  xiii  de  la  Gcrmania  de 
Tacite  (les  s  priacipeH  i  sont  des  cbefs  et  le  droit  d'avoir  un  <  comita- 
tos  t  était  un  privilège  de  ces  chefs;  la  t  aobilitas  >  désigne,  noo  une 
Doblesse  de  naissance,  mais  une  aristocFatie  sociale  dont  U  situation 
était  déterminée  par  la  richesse}.  —  R.  Uoltzmanh.  Philippe  le  Bel,  roi 
de  France,  et  la  bulle  a  Âusculla  fili  •  (la  bulle  «  Deum  Urne,  •  dalée 
de  Rome  le  5  dec.  1301,  est  un  faux  labriquè  par  un  homme  qui  con- 
naissait la  bulle  ■  Ausculta  Êli;»  ce  faussaire  est  Pierre  Flotte,  et  c'est 
la  l'auBse  bulle  qui  a  été  brûlée).  —  G.  Wolf.  L'intérim  d'Augsbourg. 
^  Vierieljabrshefl  2,  juill.-sept.  W.  Soltau.  Les  «  laudationes  >  chez 
les  Romains  el  leur  iniluence  sur  l'an nalisti que.  —  U.  Rresscad.  Poar 
servir  à  l'histoire  des  élections  royales  en  Allemagne  depuis  le  milieu 
du  1111"  s.  jusqu'au  milieu  du  xiv.  —  Otto  Cleuen.  Jean  de  Wesel  ;  sa 
I  ne  et  ses  Oiuvres.  —  F.  Kuhze.  Uartwig,  abbé  de  Hersfeld,  considéré 
I  comme  historien.^  MonalsblicUer,  n»  1-2,  avril -mai  1897.  G.  Ssbliqbr. 
Aecberches  sur  l'origine  du  collège  électoral.  ^  Comptes-rendus  : 
W.  Beyd.  Dibliographie  dor  Wûrtlembergischen  Geschicble.  —  P.  Witt^ 
tnann.  Kurzer  Abriss  der  schwedischen  Geschichte  (résumé  trop  bref 
pour  être  utile).  —  G.  Pfeiiichijter.  Der  Oslgotenltijuig  Theodoric  der 
Grosse  und  die  kaibolische  Kirche  (travail  soigne).  =  N"*  3-4,  Juin- 
juiliel.  Ratzbl.  L'ethnographie  el  la  science  hisloriquo  en  Amérique. 
^  Comptes-rendus  :  0.  Zaekler.  Askese  und  Mônchtum  (nouvelle  édi- 
tion eutièremonl  remaniée;  important).  —  0.  Kjsmmtl.  Der  Werdegang 
des  deulscheo  Volkes;  I,  daa  Miitelalter  (travail  habile  et  solide,  mais 
qui  donne  un  tableau  trop  raccourci  de  l'bistoire  d'Allemagne).  — 
H.  Sehoh.  Beilrœge  zur  Geschictite  der  Hobeitsrecbie  (1er  deutscbea 
Kôttigs  zur  Zeil  der  erslen  Staufer,  1138-1197  (bon).  ^  N"  5-(i,  aoill- 
eepl.  H.  Rdbffbr.  Les  Mémoires  de  Barras.  ^Comptes-rendus:  A.  Jung. 
Uas  historiscbe  Archiv  der  Stadt  Frank/urt-a.-M.  —  A.  Ilalban.  Zur 
Geschichte  des  deutscbea  Reiches  in  Podolien,  Wolbjnien  und  der 
Ukraine  (excellent).  —  Baumann  et  Tumbûtt.  Quellen  zur  Geschichte 
des  Uauses  Pitrstemberg,  lâl0-l!)59.  —  A.  Heinrich.  Wallenstein  als 
Herzog  von  Sagan  (excellent).  —  S.  ilellmann.  Die  sogcnannten  Memoi- 
ren  de  Grandcbamps,  und  die  sogenaunleu  Memoiren  des  marquis  de 
Sassenage  (montre  que  ces  Mémoires,  composés  par  des  adversaires  de 
la  France,  tienneul  au  moins  autant  du  roman  que  de  rtaisloire). 

21.  —  BUtoriache  ZeltaobriR.  Bd.  LXXIX. ,  Eeft  I,  —  Ben. 
NiBSB.  Jugement  sur  l'œuvre  d'Alexandre  le  Grand  (combat  l'opinion 
de  Kœrst,  reprenant  celle  de  Grote,  qu'après  les  batailles  d'Issus  el  de 
tangamela,  Alexandre,  abandonnant  les  projets  do  son  père,  rêva  de 


430  RECUEILS  PERIODIQUES. 

dominer  le  monde  et  de  faire  reconnaître  partout  sa  dÎTinité.  En  réalité, 
Alexandre  n'eut  qu'un  but,  de  renverser  Tempire  de  Oarins  et  d'orga- 
niser Tempire  perse  conquis  par  ses  armes).  —  W.  WnncH.  La  condi- 
tion économique  des  Germains  au  temps  de  César  (discute  la  méthode 
et  certaines  opinions  de  R.  Hildebrand  dans  son  livre  :  Recht  und  SitU 
aufden  verschiedenen  wirthsckafllichen  Kulturstufen).  =z  Comptes-ren- 
dus :  Àlf.  Vierkundt,  Naturvôlker  und  Kulturvôlker  (ouvrage  fortement 
pensé).  —  0.  Meltzer.  Geschichte  der  Karthager;  t.  U  (allant  de  306  i 
218av.  J.-C.;  traite  de  Torganisation  politique  et  administrative,  expose 
les  résultats  des  plus  récentes  recherches  sur  le  soi  de  Pantiqae  Car- 
thage).  —  A,  Stauffer,  Zwœlf  Gestalten  der  Glœnzzeit  Athens  im Zosam- 
menhange  der  Kulturentwickelung  (remarquable).  —  Lœve,  Die  Reste 
der  Germanen  am  Schwarzen  Meere  (très  hasardeux).  —  M,  Spahn, 
Yerfassungs-und  Wirthschaftsgeschichte  des  Herzogthums  Pommem, 
1478-1625  (travail  fort  incomplet  d'un  débutant  encore  inexpérimenté). 

—  À.  Overmann,  Grsefiin  Mathilde  von  Tuscien  (bon).  —  Max.  Claar. 
Die  Entwicklung  der  Venetianischen  Verfassung,  1172-1297  (travail 
très  consciencieux  où  ne  manquent  pas  cependant  les  hypothèses  sans 
fondement).  =  Heft  2.  Jul.  Belogh.  L'histoire  de  la  Grèce  à  Tépoque 
primitive;  l"**  art.  :  ethnographie.  —  R.  Sghroedbr.  Les  travaux  récents 
sur  l'histoire  du  droit  franc;  2«  art.  —  M.  Ritteb.  La  politique  palatine 
et  l'élection  au  trône  de  Bohème  en  1619  (résume  et  discute  les  rensei- 
gnements fournis  par  les  documents  déjà  publiés).  —  Karl  von  Heqsl. 
Les  coutumes  municipales  de  Sienne  au  moyen  âge  (d'après  les  publi- 
cations de  Zdekauer).  —  Erhardt.  Condition  politique  et  économique 
des  Germains  au  temps  de  César  (proteste  contre  la  méthode  de  R.  Hil- 
debrand, qui  prétend  expliquer  la  condition  économique  des  Germains 
par  la  comparaison  avec  d'autres  peuples  pris  au  même  degré  de  civi- 
lisation. Il  ne  tient  pas  compte  des  sources  qui  nous  montrent  dans  les 
Germains  des  tribus  guerrières  et  dans  leurs  princes  des  chefs  guerrierB, 
fait  qui  a  exercé  une  influence  capitale  sur  leur  organisation  politique). 
=  Comptes-rendus  :  B.  Croce,  Le  teorie  storiche  del  Prof.  Loria  (sans 
valeur).  —  F,  Tœnnies.  Hobbes'  Leben  und  Lehre  (bon).  —  K.  Kautsky. 
Die  Geschichte  des  Sozialismus  in  Ëinzeldarstellungen  ;  l^^  partie  (de 
Platon  jusqu'aux  anabaptistes.  Prétentieux,  insuffisant,  souvent  erroné). 

—  Greenidge.  Infamia;  its  place  in  roman  public  and  private  law 
(reprend,  avec  plus  de  détails,  l'opinion  de  Savigny).  —  L.  Kcmig,  Die 
pœpstliche  Kammer  unter  Clemens  V  und  Johann  XXII  (bon).  — 
0.  Dobenecker.  Regesta  diplomatica  necnon  epistolaria  historiae  Thu- 
ringiae,  1120-1152.  —il.  Sach.  Das  Herzogthum  Schleswig  in  seincr 
ethnographischen  und  nationalen  Entwicklung  (consciencieux).  == 
Heft  3.  R.  PoEHLMANN.  Los  origines  du  socialisme  en  Europe;  l'*  part, 
(considérations  sur  le  socialisme  dans  l'antiquité  grecqne).  —  0.  Hn- 
SGHFELD.  Decimus  Clodius  Albinus  (biographie  très  documentée  de  ce 
général  romain,  qui  fut  prétendant  à  l'empire  en  Gaule  et  que  battit 
Septime  Sévère).  =  Comptes-rendus  :  H.  v.  Schwerin,  Helgolaâd  (excel- 


lente  esquisse  historique  et  géographique).  —  P.  Uehme.  Das  Lûbecker 
Ober-Stadtbucb.  —  E.  Hillîgms.  Geschichte  fier  Lûbcckischen  Kirche, 
1530-1896  (ce  n'est  qu'une  histoire  de  l'évéché  catholique  de  Lubeck. 
Insuffisant).  —  S.  Wfitke.  Studien  ûher  die  Eatwicklung  des  Bergregals 
in  Scblesren  (excellent).  — if.  Kiem.  Geschichte  der  Beoediktiner-Abiei 
Uuri-Gries.  —  Diercks.  Geschichte  Spanieus;  Bd.  II  (très  insuffisant). 

—  Undalrôm.  Anteckninger  om  Gottands  modellid  (bon).  ^  W.  Chris- 
ttmtn.  Unîanskongeme  og  Hansesiaederue ,  1439-1466  (imporUinl). 

—  Brandrud,  Klosterlasselbon.  Le  nom  des  Klosteriasse  •  était  le  sobri- 
quet populaire  du  jéHUÎte  Lauritz  Nilsson,  qui  dirigea  une  école  à  Stock- 
holm de  1576  à  1580  et  qui  travailla  très  activement  à  ramener  la  Suède 
au  caiholicisme).  —  Y.  Nielxen.  Aktstykkor  veâkommeude  stormagternes 
missioD  UlKjubenhavnog Christiania  1814  (documents  importants  pour 
l'histoire  de  l'union  de  la  Norvège  à  la  Suède).  —  Wauwerraans.  His- 
toira  de  l'école  cartographique  belge  et  anversoise  du  xvi*  siècle  (sans 
valenrl;  l'auteur  est  absolument  incompétent),  =:Jahrg.  LXXX.Heft  1. 
E.  BHANDBNDtiEio.  Le  traité  de  Ratisboune  entre  les  Habsbourg  et  Mau- 
rice de  Saxe  en  1546  (publie  le  texte  latin  du  traité).  —  C.  Mibbt. 
IjjnacB  de  Loyola  (appréciatioo  sur  le  caractère  et  l'œuvre  de  Loyola,  à 
propos  de  l'ouvrage  de  Goihein).  —  K.  Zeumeh.  Wilhelm  Watteobach. 

—  R.  Datidsohn.  Les  registres  du  trésor  des  papes  au  moyen  Age  out- 
ils été  conservés?  (il  y  en  a  au  moins  des  traces).  ^  Comptes-rendus  : 
W.  SitgUn.  Spruner-Bieglin's  Handallas;  1  :  Atlas  antiquus  {cet  atlas 
a  été  mis  au  courant  des  plus  récentes  recherches  archéologiques).  — 
Tiel».  Geschichte  der  Religion  im  Altberthum  bis  auf  Alexauder  den 
Oroesen;  Bd.  I  (traduction  allemande,  par  Gerich,  d'un  ouvrage  excel- 
lent). —  B.  Langwerlh  von  Simmem.  Die  KreisYcrfassung  Maximilian'sl 
und  der  Schwasbische  Reichskreis  in  ihrer  rechtsgeschicbt lichen  Knt- 
wicklung  bis  zum  Jahre  1648  (bon).  —  Lùdemann.  Reformation  und 
Tiuufertbum  in  ibrem  Verhœltniss  zum  cbristlichen  Princip  (remar- 
quable). —  Rud.  Schinidt.  EinKalviuistals  kaiserlicher  Fetdmarscholl  im 
3U  jsbr.  Kriege  (il  s'agit  de  P.  Melander,  comte  de  Hoizapfel,  sur  lequel 
l'auteur  a  réuni  d'utiles  documents;  mais  une  biographie  du  général 
reste  à  faire).  —  W.  von  Brtinneck.  Zur  Geschichte  des  Grundeigenlhums 
ïa  Ost-und  Westpreussen  (excellent). 

2S.  —  Hermès.  Bd.  XXXIII,  Heft  3, 1897.  —  B.  Këil.  Les  comptes 
de  Delphes  (commente  le  document  publié  par  Bourguet  dans  le  Bull. 
de  corresp.  heltén.,  1896,  p.  198.  Le  passage  U,  41,  ■  Hapà  Baisùiu<[i; 
'AJ!e[ï]ivJfou  *Ap)[iico)>iî,  'Athutoî,  AWîopxOî,  KsiUifEcvof,  isiçot,  >  est  tra- 
duit :  de  la  part  du  roi  Alexandre,  A,  II,  A,  k,  [tous  quatre]  Delphiens. 
Suivent  des  additions  et  des  corrections  aux  remarques  de  Bourguet  sur 
les  délais  dans  lesquels  les  comptes  devaient  être  rendus  et  sur  l'organisa- 
tion des  agents  chargés  des  constructions.  La  composition  du  conseil  del- 
pbique  changea  de  346  à  334  ;  Alexandre  se  Ql  attribuer  quatre  voix  au 
lieu  des  deux  de  son  père,  sans  doute  après  la  ruine  de  Thèbes.  C'est 
sans  doute  Alexandre  qui  introduisit  dans  la  formule  le  BaoïXiOc  dont 


432  EEGUfiUS  PiAlODIQUBS. 

Philippe  n'avait  pas  fait  usage).  —  Tli.  Mommsbv.  Eugippiana.  Saappe 
contre  Knœll  (Saappe  donne,  contre  KnœLl,  la  préférence  à  la  classe  des 
mss.  italiens  de  la  Vita  Severini;  aussi  Mommsen;  Tétude  des  mss. 
conservés  en  Allemagne  ne  change  rien  aux  résultats  acquis).  — 
F.  MuBHZBB.  Les  fragments  de  Yalérius  Ântias  (les  Annales  d'Antiis 
comprenaient  30  livres.  Parle  des  fragments  qui  en  ont  été  consenrés). 
—  K.-J.  Neum ANN.  f  Lege  pulsus  »  dans  Tacite  (Annal. ,  3,  24  ;  cette 
expression  se  rapporte  au  bannissement  par  le  jugement  d'une  «  quaei- 
tio  »).  —  Ul.  WiLGKEN.  Tettalos  (dans  r'ASnv.  noXir.,  18,  2,  les  moU«a 
Toùc  irtp\  *Avaxpe6vta  jusqu'à  OérroXoc  U  vecircpoc  noXû  forment  une  paren- 
thèse. Tettalos  est  encore  trop  jeune  pour  être  dit  9iX6|iouooc). — P.  Meyes. 
Choses  romaines  en  Egypte  et  en  Arabie  (!<»  L.  Mantennius  Sabinus  et 
les  autres  t  praefecti  Aegypti  i  sous  Sévère;  2<»  les  i  focariae  militum,  i 
expression  technique,  depuis  la  réforme  militaire  de  Septime  Sévère, 
pour  désigner  les  concubines  des  soldats;  Z^  «  praefecti  montis  Bereni- 
cidis,  »  liste  de  cinq  noms  ;  4»  le  premier  gouverneur  de  la  province 
d'Arabie,  d'après  la  pierre  milliaire  publiée  par  Gagnât,  Année  épigr., 
1896,  n.  135).  =  Heft  4.  G.-G.  Brandis.  Une  lettre  du  triumvir  Marc- 
Antoine  aux  États  provinciaux  d'Asie  (publié  par  Kenyon,  Ckusieal 
Review,  1893,  p.  476;  elle  est  de  l'an  33-32  av.  J.-G.  Uétablissement  da 
Koivôv  ''Aotoïc  est  postérieur  à  la  bataille  de  Philippe  et  est  l'œuvre  d'An- 
toine; c'est  Auguste  qui  a  établi  le  lien  entre  le  culte  des  empereurs  et 
le  Kotv6v.  De  sa  transformation  sous  Trajan).  —  A.  Sghultbic.  Les  colo- 
nies militaires  dos  Macédoniens  (Tidée  de  ces  colonies  appartient  i 
Aloxandro  et  témoigne  du  prestige  exercé  par  la  Macédoine.  Des  colo- 
nies militaires  formées  par  les  Séleucides  ;  leur  organisation  munid- 
palo).  —  Th.  MoMMSE!!.  Consularia  (remarques  sur  les  désignations 
consulaires  do  307  après  Jésus -Christ  jusqu'au  partage  de  Tempire  : 
Sévère   et  Maximin   en   305;   Dioclêtien,  pour  la  dixième   fois,  et 
Galère,  pour  la  septième,  en  308,  d'après  les  listes   publiées  par 
Groutoll  et  llunt;  Acilius  Sevorus  et  Vettius  Rufinus  en  323;  JuÛiis 
Amaniius  et  Hutius  Albinus  en  345,  d'après  les  papyrus  de  Vienne, 
n*»  247  et  269;   Feslus,  cousul  pour  TOccident,  et  Marcianus,  pour 
l'Orient,  en  17C;  Basilius,  nommé  par  Odoacre  et  reconnu  par  l'Orient, 
est  anisul  do  rOccidonten  iSO;  Paulinus,  dernier  consul  de  l'Occident, 
est  inst^illé  par  le  roi  Athalaric.  La  repartition  des  consuls  entre  les 
doux  parties  de  l'empire  a  olo  opérée  d'une  façon  très  inégale).  — 
Kii.  ScHWARTZ.  Les  rràtj:  relatifs  à  la  conjuration  de  Gatilina  (critique 
los  rvoiis  do  Sallusto,  qui  a  consulté  les  mémoires  de  Gicéron;  celai 
do  Tiio-Livo,  qu'on  poui  reconstruire  à  l'aide  de  Dion  Gassius;  celai 
do  Phiuin]ue,  Iviso  sur  un   n^cit   dallurc  pedantesque   fait  par  an 
hommo  qui  oss^io  do  combiner  Gicéron,  Salluste,  plusieurs  pamphlets; 
celui  d'.Vppiou,  qui  est  ua  roman  louddnc:eux|.  —  E.  Zikbarth.  Les 
doUtours  d'aj^n'^s  lo  droit  grec  .commente  le  passage  de  Platon,  Rép-, 
p.  745a.;  art.  trvs  dôtaiilê  .  — L.  Mitteis.  Les  papyrus  de  Berlin;  suite 
\pubho  plusieurs  textes  fort  importants  i.  —  Th.  MoxMsra.  Epinikos 


..] 


RBCCEILS  P^BIODIQURS. 


433 


mmente  uno  inscription  bilingae  trouvée  par  n&mta;  en  1S34  ;  elle 
I  de  l'année  475-476.  Indications  biographiques  sur  EpinikoK,  d'après 
b  auteurs  byzantins).  —  A.  Stein.  Praefecti  Aegypti  (cutnplèle  et  cor- 
mémoire  de  P.  Meyer  mentionné  pluf>  huut|,  —  Jul.  Bbloch. 
etolica  (remarquer  à  propos  des  Ricerche  itoriche  intorno  alla  Uga  eto- 
Uca  publiées  dans  la  Rivista  di  storia  antica,  n,  95). 

as.  —  Jahrbaoher  fOp  claasische  PhUoloele.  fid.  CLIU,  1896, 
Helï  12.  —  K,  Khauth.  Pays  dOrient  disparus;  6»  ait.  [les  districte 
financiers  de  la  Perse  orientale  peuvent  être  dél«rminès  d'après  Uéro- 
dole,  in,  S9,  d'après  la  liste  des  guerriers,  VU,  61,  et  d'après  lea  ins- 
criptions de  Darius  ;  on  connaît  la  situation  respective  de  certains 
d'ealre  eux.  Le  méridien  de  Demawaod,  la  ligne  de  faite  qui  longe 
l'Araxe  Terek  marquent  la  froDtière  uord-est  du  royaume.  Hérodote 
place  an  Dombre  dee  ilee  de  la  mer  Bouge  des  iles  placées  à  l'emboa- 
cbure  de  l'Araie.  Hérodote  tient  l'Indos-Kura  comme  étant  le  cours 
supérieur  de  l'Indos -Indus.  L'Inde  s'étend  du  Terek-Araïe  jusqu'à 
l'Indos-InduB;  c'est  dans  l'intérieur  d'une  Inde  ainsi  circonscrite  que 
se  trouvaient  les  provinces  orientales  du  royaume  persiquej.^Bd.  CLV, 
1B9T,  Uelt  4-5.  G.  Piuëdrici].  Comment  Thucydide  a  composé  son  His- 
toire du  PêlopoDÈse;  suite  (Thucydide  a  publié  tout  d'abord,  vers  418, 
la  guerre  d'Ârcbidamos,  puis  celle  de  Sicile,  l'histoire  des  années  421- 
\ib,  eu&Q  le  S"  livre.  Alors  il  reprit  l'ensemble  de  son  travail  pour 
refondre  dans  une  composition  uoique  les  parties  déjà  traitées).  — 
0.  Mëltzer.  Topographie  de  la  Carthage  punique  (analyse  el  discute 
les  travaux  de  Babeion,  Gauckler,  Vellard,  Delattre  el  F.  de  Duhn  ; 
critique  l'hypothèse  de  ce  dernier  d'après  laquelle  l'emplacement  pri- 
mitif de  la  ville  était  sur  le  plateau  de  la  colline  de  saint  Louis).  — 
W.  Hehocus.  Sur  l'ëdît  de  Dioclètien  (explique  certains  passages  de  ce 
document  à  l'aide  des  ouvrages  des  glossateurs).  ^  Hefl  6.  W.  Soltad. 
Macer  ei  Tubëron  (à  côté  de  Pison  el  d'Aatias,  Tîte-Live,  dans  la  pre- 
mière décade,  a  utilisé  Gaius  Licinius,  Macer  et  LuciuB  Aelius  Tubè- 
run.  Macer  a  intlueucé  Tiie-Live  dans  un  sens  hostile  aux  o  Optimales  t 
et  Tubérun  en  faveur  de  l'aristocralie  modérée.  Monlre  comment  Tite- 
Live  a  combiné  ses  sources).  —  K.  Lmcas.  Socrate  et  Xénophon; 
3»  art.  [analyse  le  4°  livre  des  Mémoires  de  Xénophon  ;  ce  livre  esl  une 
addition  aux  Mémoires.  Le  remaniement  le  plus  récent  3  une  tendance 
hostile  à  l'Académie), 

3Î4.  —  PhUologna.  Bd.  LVI,  Heft  1,  1897.  —  Perd.  DoEUMLBe. 

Études  sur  l'histoire  des  mœurs  (1°  signification  rituelle  du  uu^  cultes 
et  antiquités  militaires  des  Doriens;  '2<>  do  l'usage,  fréquent  chez  les 
peuples  européens,  de  jeter  dans  ta  mer  un  objet  venant  de  la  patrie 
quand  on  débarquait  snr  un  rivage  étranger,  etc.).  —  Itod.  Hsrzoo. 
'Traductions  de  noms  propres  (traductions  de  noms  sémitiques  en  grec; 
l'auteur  n'a  pas  trouvé  un  seul  exemple  sûr  d'une  traduction  de  noms 
égyptiens  ca  grec;  1°  adaptation  de  noms  persans  en  grec;  2"  traduC' 
Rkv.  HisTOB.  LXVI,  -l'  rASc.  28 


434  EECUBILS  PâllODlQUBS. 

tion  et  adaptation  de  noms  carthaginois  en  latin  en  Afrique  ;  3*  romi- 
nisation  de  noms  ibériques;  4»  rapports  des  noms  romains  avec  tel 
noms  grecs.  Considérations  générales  sur  l*onomatologie).  —  H.  Lun. 
Histoire  de  Corcyre  (!•  la  colonie  corinthienne  de  Gorcyre  ftit  fondée 
trente  ans  environ  après  la  fondation  de  Syracuse,  734.  Prétend  contre 
G.-G.-A.  Mùller,  De  republ.  Corcyraeorum,  1835,  p.  15,  qu'en  625,  à  k 
fondation  d'Ëpidamne,  Gorcyre  appartenait  déjà  à  l'empire  colonial  de 
Corynthe.  L'inscription  3189,  publiée  par  Kollitz,  Grieeh,  Insehr.,  prouve 
qu'au  temps  de  Kypselos  Gorcyre  était  déjà  sous  la  dépendance  de 
Gorinthe.  Hypothèses  relatives  à  la  chronologie  des  voyages  accomplis 
par  Timothée  et  à  sa  déposition  en  373  et  374).  —  W.  Soltatj.  L'anna- 
liste Pison  (Gicéron  a  suivi  Pison  dans  son  De  Rep.,  II,  4-41  et  45-63. 
Rapports  de  Pison  avec  Tite-Live  dans  la  première  décade).  —  E.  Schwb- 
OER.  La  carte  du  monde  et  la  chorégraphie  de  l'empereur  Auguste;  suite 
(les  divergences  qu'on  observe  entre  Pline  et  Mêla  n'empêchent  pas 
qu'ils  aient  puisé  à  une  source  commune.  Il  convient  d'établir  une 
comparaison  minutieuse  de  Pline  et  de  Mêla  avec  ce  qui  reste  de  la  carte 
du  monde.  De  la  forme  qu'avait  probablement  la  chorographie  d'Au- 
guste). =  Heft  2.  P.  Meybr.  De  la  terminologie  employée  dans  les 
documents  égyptiens  (commente  surtout  le  terme  d'iicCxpuriç,  en  partico* 
lier  réicCxpteric  xar  otxfov  àicerrpric).  —  Rud.  Hblm.  Fulgentins  et  le  Dt 
aetaiibus  mundi  (le  mythographe  Fulgentius  et  l'auteur  du  De  aetatibus 
mundi  no  font  qu'un  seul  et  même  personnage).  —  W.  Libbekam.  I^ 
c  Gurator  rei  publicae  »  (ce  fonctionnaire  apparaît  au  temps  de  Trajan; 
il  était  nommé  par  le  gouvernement  pour  surveiller  l'administratioD 
générale;  en  331,  il  devint  un  fonctionnaire  municipal.  Son  importance 
fut  amoindrie  par  celle  que  prit  le  «  defensor  >  à  partir  de  364).  — 
J.  Miller.  Byzanco  est-elle  une  colonie  de  Mégare?  (c'est  probable, 
mais  d'autres  villes  encore  contribuèrent  à  la  formation  de  Byzancej. 
—  II).  La  colonisation  de  l'Afrique  septentrionale  selon  Salluste,  Jug-, 
18  (Hiempsal  soutient  la  parenté  des  peuples  asiatiques  et  africains  à 
cause  de  la  ressemblance  des  Perorsi  et  des  Persae  ;  Ëliempsal  suit  Sal- 
luste). —  J.  KiERST.  Ptolémée  et  les  Ëphémérides  d'Alexandre  le  Grand 
(Arrien  n'a  pas,  comme  le  prétend  Wilcken,  Philologus,  LUI,  80, 
emprunte  sa  citation  des  Éphémérides  aux  mémoires  du  roi  Ptolémée I*'. 
D'ailleurs,  il  est  certain  que  des  notes  officielles  ont  été  utilisées  dans 
le  récit  de  la  vie  d'Alexandre).  =  Heft  3.  E.  Samter.  Les  rites  expiatoires 
chez  les  Romains  (Th.  Mommsen,  R.  Staatsrecht,  1,  414,  dit  que  la  tra- 
bœa  fut  le  premier  costume  militaire  des  Romains  ;  non  :  elle  a  une 
origine  sacrale;  il  faut  la  comparer  à  l'usage  de  la  pourpre  chez  les  sol- 
dats Spartiates;  celui  qui  endossait  l'habit  de  pourpre  se  consacrait 
symboliquement  à  TOrcus).  —  J.  KiERST.  La  correspondance  d'Alexandre 
le  Grand  (marque  les  différences  entre  Arrien  et  la  correspondance  rap- 
portée par  Plutarque  dans  le  récit  de  la  bataille  contre  Porus.  Arrien 
reproduit  le  témoignage  oculaire  de  Ptolémée.  Néanmoins,  on  ne  peat 
se  déclarer  catégoriquement  sur  l'authenticité  des  lettres  d'Alexandre).  — 


HECDStLS   l'ËBIODtQITBS.  43S 

r.SoLTAD.  Claudius  Quadrigarius  (défend,  contre Holzapfel et  ZiBlinski, 

fpinion  qu'il  avait  déjà  esprimèe  dans  eaa  livre  sur  les  sources  de 

!-Livc  dans  la  3°  décade,  1S94;  c'est  bien  la  mdmc  personne  à 

pieile  se  rapportent  les  citations  de  Claudius  par  Tite-Livo  et  Aulu- 

Ûle.  Uutre  hce  Annales,  Ctaudlus  Quadrigarius  a  composé  un  autre 

e  où  il  célébrait  les  Claudius  et  les  Fulviue,  ainsi  que  la  Tamille 

cipion  l'Africain.  Tite-Live  les  a  utilisés  l'un  et  l'autre,  sans  omettre 

li  Polybe).  —  J.  Kbouaver.  Uisloire  de  la  flotte  romaioe  depuis  la 

e  des  Pirates  jusqu'à  la  bataille  d'Actium  (discuta  les  chilTres  don- 

I  pour  déterminer  le  nombre  des  vaisseaux  mis  en  ligne  par  les 

;,  chiiïres  pour  la  plupart  très  exagérés.  Discute  aussi  le  chiffre 

pages  embarqués  :  il  y  avait  120  hommes  sur  une  pentère  et  de 

soldats  sur  une  trière).  =  Heft  4.  J.  KiCnST.  Recberches  sur 

biagène  d'Alexandrie  (dans  Quinle-Curce,  Justin  et  Pausanias,  Tima- 

K.  de  tendance  hostile  aux  Romains,  est  peut-être  l'unique  source 

J  de  Trogue-Pompéej . 

—  RheialBches  Muséum  tdr  Philologie.  Neue  Folge,  Bd.  LU, 
k  i,  1897.  — 0.  RoBBACB.  he  ■  Prodigiorum  liber  »  de  Julius  Obfic. 
s  (l'auteur  n'est  pas  chrétien,  c'est  un  paien  très  orthodoxe.  Son 
livre  ne  nous  est  point  parvenu  sous  sa  forme  primitive  ;  il  appartient 
à  l'époque  d'Hadrien  ou  des  premiers  Antûnins.  Des  moyens  dont 
on  dispose  pour  la  critique  du  texte  et  premiers  essais  de  correction). 
—  J,  K^asT.  La  fondation  du  culte  d'Alexandre  et  des  Ptolémée 
en  Egypte  (le  culte  de  Ptolémée  Soter  et  d'Alexandre  le  Grand  n'a  pas 
été  établi  sous  Ptolémée  Philadelphe;  il  ne  coïncide  donc  pas  avec  le 
commencement  de  la  prêtrise  éponyme  d'Alexandre  et  des  9cal  ttiti^al; 
c'est  ce  (jue  l'auteur  essaie  d'établir  contre  Wilamowitz,  Gœtl.  gelehrle 
Ameigtn,  1894,  p.  '28,  n.  I,  en  s'appuyant  sur  des  documents  et  des 
témoignages  littéraires.  Alexandre  a  été  adoré  à  Alexandrie  et  Ptolé- 
mée Soter  à  Ptolémais  comme  dieux  municipaux.  D'aprfes  Diodore, 
l.  XVIII,  p.  28,  le  corps  d'Alexandre  fut  placé  par  Ptolémée  dans  on 
temple  en  forme  de  tombeau  à  Alexandrie;  avec  cela  concorde  le 
témoignage  de  Strabon,  XVII,  794,  qui  ne  manque  pas  de  précision, 
Au  contraire,  la  tradition  de  Pausanias  ne  tient  pas  debout.  M6me  le 
Paeudo-Callisthène  ici  n'est  pas  sans  valeur  :  il  dit  qu'on  avait  l'babi- 
ludede  célébrer  à  Alexandrie  le  jour  anniversaire  de  la  mort  d'Alexandre. 
Plus  tard,  ce  culte,  sous  les  Ptolémée,  devint  de  plus  en  plus  égj'p- 
lien).  —  H.  Poutow.  Contributions  delphiques;  suite  :  les  Alcméo- 
nides  à  Delphes  (l'aide  apportée  par  les  Alcméonides  à  la  conetniction 
du  temple  de  Delphes  ne  s'est  pas  produite  aussitôt  après  la  défaite  de 
Leipsydrion,  comme  on  pourrait  le  conclure  d'un  passage  d'Hérodote, 
V,  62.  Aristote,  'M.  itoi..  19,  et  Philochore,  70,  ont  suivi  Hérodote.  Il 
est  faux  que  les  Alctnéonides  aient  détourné  ou  emprunté  des  sommes 
d'argent  au  trésor  du  temple).  —  C.  Wachsudth.  L'héroon  de  Thémis- 
tocle  k  Maf>nésie  du  Méandre  (la  monnaie  publiée  par  Rboosopoulos 
dans  les  MUih.  d.  Athen.  Institutt,  XXI,  21,  représente  Thémisiocle  en 


t 


M 


436  ABCUBILS  PIÎ1I0D1QUI8. 

héros.  Le  récit  do  son  suicide  est  une  fable).  =  Heft  2.  L.  Jeep.  Les 
sources  de  l'histoire  d'Orient  dans  l'antiquité  (parle  de  rËpilomé  de 
rhistoiro  ecclésiastique  de  Philostorgios,  III,  4-11.  Les  remarques  sur 
les  Iloméritcs  et  les  Axoumitcs  en  Arabie  proviennent  d'un  manuel  de 
géographie.  Parallélismes  avec  Agatharchidès  et  Artémidore  dans  la 
description  d'animaux  prodigieux.  L'identité  de  Moptoéte  et  de  Sd^  w 
tire  de  Philostorgios.  L'indépendance  politique  des  Homérites  a  per- 
sisté jusqu'au  début  du  v«  s.;  Tauteur  a  contre  lui  la  lettre  même  de  Tins* 
cription  axoumite  dans  Gosmas,  Topogr.  christ.,  p.  142,  mais  cette  ins- 
cription «  prenait  de  simples  désirs  pour  des  réalités  §).  —  Krombholl 
Les  Assyriaca  de  Gtêsias,  V  (compare  Justin,  I,  1-8,  et  Diodore,  II.  La 
sourco  de  Justin  donne,  sous  une  forme  remaniée,  l'introduction  des 
Assyriaca.  Do  la  division  des  livres  de  Gtésias.  Il  existe  d'étroits  rap- 
ports entre  KephuUon  et  Justin;  l'un  et  l'autre  utilisent  un  remanie- 
meut  des  Assyriaca.  La  liste  des  rois  d'Assyrie  donnée  par  Gtésias  oe 
saurait  être  dressée  à  l'aide  des  données  chronologiques  de  Kephalion; 
elle  n'a  pas  été  faite  sur  des  documents  officiels  et  n'a  aucune  valeur.  Rap- 
ports de  Gtésias  avec  Hérodote,  Glitarque,  Tzetzès,  Diodore).  —  0.  Hn- 
scHFELD.  L'incendie  de  Lyon  (il  a  eu  lieu  en  64  et  non  58  ap.  J.-G.).  ^ 
A.  KccRTE.  Sur  les  fêtes  de  Dionysos  à  Athènes  (Aïowaia  xk  hd  Xnvaûf; 
les  I^uceuues  sont  distinctes  ues  Anthestéries.  Les  jeux  donnés  aux  fétef 
Lénéonnes  ont  été  de  bonne  heure  transportés  au  nouveau  dcotpav  qui, 
au  v«  s.  déjà,  était  installé  au  pied  de  l'Acropole).  —  U.  de  Prott.  Boa- 
phonies  (la  légende  de  Diomos  marque  la  transformation  des  dipolies 
non  sanglantes  on  un  saoritice  sanglant.  A  Athènes,  les  Bovçdvia  ne 
sont  qu'une  partie  des  Ai;t6Xix.  La  légende  de  Sopatros  marque  l'ori- 
giue  dos  Houphonies;  elle  n'est  pas  attique;  elle  a  été  portée  à  Athènes 
par  IV^rphyro.  Les  sacriticos  de  taureaux  remplacèrent,  à  Athènes  et  eu 
lonio,  les  sacriticos  humains  do  Icpoquo  primitive),  zz  Heft  3.  Max 
Ihm.  Mars  Mullo,  Mars  Vicinnus  et  les  trois  pagi  des  Redones  (combat 
l'opinion  oxpriméo  par  R.  Mowat,  Revue  celtique,  t  XVIII,  p.  8".  Le 
«  (kagus  Garuutonus  i  ne  peut  être  identifie  avec  le  «  pagus  Gamote- 
nus  0  mentiùuno  par  Grégoire  de  Tours,  Glor.  Conf.,  97.  Nous  connais- 
s<.ms  maiutonant  trois  (tagi  des  Redones  :  Sextanmandui,  Matantes, 
Carnutouii.  —   P.   Stunoel.   Houphonies  (combat  l'opinion  d'E.  de 
Prott I.  =  lloft  t.  «1.  k.cRST.  La  ligue  do  Gorinthe  (fondée  en  337  sous 
riiégomonio  mact\ionieune  ;  le  tribunal  de  la  ligue  n*était  pas  formé 
(Kir  lo  consoil  aniphictyoniquo,  mais  c*o«t  à  Gorinthe  que  le  xotv^  t6v 
'tlÀV^vw*  <r-^£5piov  oxoroaii  son  activité  (H)litique  et  judiciaire.  Le  «vW- 
^ft?>  n'otait  pas  permanent;  le  nû  de  Macédoine  commandait  les  forces 
do  la  liguo  tant  ^K>ur  les  ontrvprisos  oirangères  que  pour  la  défense  da 
pay^.  Situaûon  juridique  des  membnes  do  la  ligue;  contributions  dont 
ils  son;  lonus.  Los  KtaL<  do  la  ligue  n'avaient  pas  de  politique  indépen* 
danto;  loui  ;iivord  avec  le  roi  do  Perse  était  n^pnte  trahison.  Relations 
dWloxandrx'  avtv  la  liguo;  les  idée$  et  les  institutions  panhelléniques 
qu'oilo  r\'pn's<'uuu:  :urt'nt  sacriôées  à  la  politique  de  domination  oui- 
\or^llo  of  au  caractôro  divin  do  la  monarchie  d'Alexandre). 


P^BIODIQCES.  49T 

2e.  —  ZeiUchrin  tar  romanlsche  PhUologl«.  Bd.  XXI,  Heft  3, 

1897.  —  Zenkeh.  FolquBt  de.  Romaoa  et  Foiquel  de  Marseille  (deux 
poèmes  récemment  publiés  par  Thomas  et  atlrihuëe  à  uq  Folquet,  saoe 
autre  désignation,  sont  de  Foiquel  de  Romaos,  qui  lêcat  de  1170  à 
15.13|.  — H.  Peters.  La  chronique  de  Floreffe;  suite  (publiée  par  Reif- 
Teoberg  dans  les  Mon.  pour  servir  à  Vhist.  de  la  prov.  de  ffamur.  1848, 
t.  vni,  p.  63,  moins  la  premifre  partie  qui  comprend  le  prologue,  et 
environ  un  tiers  de  l'ouvrage.  Publie  cette  partie  d'après  le  me.  de 
Bruxelles,  B.  R.  18064-69).  —  Todlbh.  Bur  la  vie  de  saint  Martin  par 
Pean  Gatîneau  (publii^e  récemment  par  Sœderhjelm  pour  U  biblio- 
thèque de  la  Société  lilléraire  dp  Stuttgart;  oiontre  que  celle  édition 
fourmille  d'erreurs).  ^  Ueft  4.  Biedbrhann.  Additions  a  la  bibliogra- 
phie des  manuels  but  la  chasse  en  ancien  français,  composée  par  Werth. 

27.  —  ArcUv  nir  kathoUsches  Kirchenrecht.  Bd.  LXXVU, 
Heft  3,  1897.  —  Stibqler,  Les  disppnses  ecclésiastiques,  du  ix»  siècle 
jusqu'à  Gratien;  suite  (étudie  les  théories  présentées  sur  la  dispense 
ecclésiastique  par  Abbon  de  Fleury,  Bonizo  do  Sutri,  Geoffroi  de  Ven- 
dôme, Yves  de  Chartres;  suite  dans  HeFt4).i=Gomptes-reQdus  :G.  Pu- 
riset.  L'État  et  les  Églises  en  Prusse,  1713-1740  (remarquable,  mais 
xussi  des  erreurs).  —  Pudolphi.  Zur  Kirchen-Politik  Preussena  (bon). 
=  Heft  4.  Compte-rendu  :  Festscbrifl  zum  elfhundertjebrigeQ  Jubi- 
)xum  des  deutschen  Campo  santo  in  Rom  (cxcel!ent|. 

SB.  —  Studien  nnd  UinbeUanKen  aua  dem  Benediotiner  nnd 
dem  CUterclenBer-Orden.  Jahrg.  XVIII,  Ilefl  3,  1897.  —  Veith. 
Les  martyrologes  des  Grecs;  suite  (comment  ils  nous  sont  parvenus  et 
de  leur  valeur  historique).  —  Pb.  Waqnbh.  Giilon  le  Muisi,  abbé  de 
Baiut-Martia  de  Tournai  ;  sa  vie  et  ses  œavres;  suite  (utilise  les  notes 
inédites  de  cet  abbé).  —  P.  Lbistle.  La  science  et  les  arts  au  monas- 
tère bénédictin  de  Saint-Magnus  à  Fuessen;  suite,  1763-1803.  — 
P.  WrmiAHK.  Jobannes  Nibling,  prieur  à  Ebrach,  et  ses  cenvrea 
(publie  quelques  notes  historiques  et  des  lettres  de  ce  prieur,  datées 
du  commencement  du  xvi'  s.).  —  GwLi.NnËBoeii.  Sources  et  études 
pour  servir  à  l'histoire  do  l'ordre  de  Cîteaux  au  xvt«  et  au  ivli'  s.  — 
Cabmines.  Le  monastère  de  Disentis  dans  les  Grisons,  depuis  la  fin  du 
moyen  fl;je  jusqu'en  1584. 

S9.  —  Theologlsche  Quartalfichrift.  Jahrg.  LXXIX,  1897, 
Hofl  1.  —  Bludmi.  L'Apocalypse  et  la  traduction  do  livre  de  Daniel 
par  Theodotion  (la  traduclion  du  livre  dé  Daniel  par  les  Septante  était 
déjà  hors  du  commun  usage  au  ii°  siècle  ;  elle  avait  été  remplacée  par 
une  autre  qu'utilisa  Theodotion  quand  il  revisa  la  traduction  de  ce 
livre).  —  ScHAHz.  L'absolution  des  péchés  dans  l'ancienne  Église  (dis- 
cute les  hypothèses  récemment  émises  sur  la  question  de  savoir  qui 
avait  le  droit  de  remettre  les  péchés).  —  A.  Koch.  Le  système  moral 
d'Alfonsc  de  Ltguori  d'après  ses  lettres  (il  n'a  pas  été  toute  sa  vie  par- 
tisan du  probabilisme,  qu'il  a  condamné  à  partir  de  1763  jusqu'à  sa 


438  RBGUBILS  P<A10DIQini8. 

mort  en  1787,  il  fat  partisan  de  l'Aeqaiprobabilisme).  =  Compte»- 
rendus  :  Realencyclopsedie  fur  protestantische  Théologie;  3*  édit 
(important).  —  F.-J.  Kraus.  Geschichte  der  christlichen  Kanst  (excel- 
lent). —  HoUweck.  Der  apostolische  Stuhl  and  Rom  (bon).  =:  Heftl 
EuRiNOER.  L'état  présent  de  la  science  dans  les  études  bibliqnes  en  Ita- 
lie. —  GiQALSKi.  Le  pape  Urbain  n,  les  simoniaques,  les  schismatiques 
et  les  hérétiques  (combat  l'opinion  de  Mirbt  ;  le  pape  n'a  pa»  considéré 
comme  dénuées  de  valeur  les  consécrations  faites  ni  les  sacremeato 
administrés  par  les  évéques  et  prêtres  excommuniés).  =  Heft  3. 
S.  Wbbbr.  La  c  Réfutation  de  Thérésie  t  par  l'Arménien  Eznik  (Eznik 
de  Kolb ,  apologiste  arménien ,  est  le  même  qu'Ëznik ,  évéque  de 
Bagrewand,  qui  composa  cette  Réfutation  vers  441-449).  =  Comptes- 
rendus  :  Mirbt.  Quellen  zur  Geschichte  des  Papstthums  (bon).  —  Kunu, 
Marcus  Eremita  (important).  —  Brûck.  Geschichte  der  katholischen 
Kirche  im  xix  Jahrh.  Bd.  III  (n'est  pas  impartial).  —  Kirsch.  Die 
Finanz-Yerwaltung  des  Gardinal-Gollegiums  im  xm  u.  xiv  Jahrh. 
(important).  —  Sellin.  Beitrœge  zur  israelitischen  und  jûdlschen  Reli- 
gions-Geschichte.  I  (excellent).  —  Alker,  Die  segyptische  Chronologie 
im  Einklang  mit  der  biblischen  (bon).  —  Schneider.  Fontes  juris  eccle- 
siastici  novissimi  (important).  —  Hommel.  Die  alt-israelitische  Ueber- 
lieferung  in  epigraphischer  Beleuchtung  (excellent). 

80.  —  Theologische  Studien  nnd  KriUken.  Jabrg.  1897,  Heft  i. 
—  Drbscher.  La  deuxième  épître  de  saint  Paul  aux  Corinthiens  et  ce 
qui  s'était  passé  à  Gorinthe  depuis  la  première  épitre  (important).  — 
H.  Becker.  Les  ordinations  de  prêtres  évangéliques  au  c  gymnasium 
illustre  »  de  Zerbst  par  le  superintendant  W.  Amling,  1578-1606  (impor- 
tant pour  l'histoire  des  conflits  religieux  dans  le  sein  de  l'Église  évan- 
gélique  de  l'Allemagne).  —  Knaake.  Remarques  sur  la  correspondance 
de  Luther  et  de  Mélanchthon.  —  Enoers.  Luther  était-il  à  Grimma 
le  24  février  1539?  (non).  :=z  Heft  2.  Clemen.  Gomment  se  suivent  les 
principales  lettres  de  saint  Paul?  —  G.  Bossert.  La  c  Wartburg-Po»- 
tille  »  de  Luther  (étude  sur  ce  recueil  de  sermons,  importante  pour 
l'histoire  de  la  vie  et  des  idées  de  Luther  en  1521).  —  J.  Dr^sekb.  La 
question  Dionysienne  (en  1895,  J.  Btiglmayr  avait  émis  l'opinion  qne 
les  écrits  du  pseudo-Denys  ne  pouvaient  avoir  été  composés  avant  bO0\ 
montre,  au  contraire,  qu'ils  remontent  au  rv«  s.).  =:Heft  3.  Tschackbot. 
Le  récit  de  Justus  Jonas  sur  l'entrée  de  Luther  au  couvent  en  1505 
(texte  de  ce  récit  inédit).  —  lo.  Les  sources  pour  Thistoire  de  la  Réforme 
luthérienne  réunies  par  Johann  Aurifaber  (ce  recueil  doit  être  consulté 
avec  circonspection).  —  Haussleiter.  Les  thèses  pour  la  dispute  de 
Mélanchthon  le  16  nov.  1538.  —  Burkharot.  Les  persécutions  des  Juifs 
dans  la  Saxe  électorale  depuis  1536.  z=  Heft  4.  O.  Albreght.  De  récrit 
de  Luther  sur  la  nécessité  d'établir  des  écoles  savantes,  1524  (commen* 
taire  très  détaillé;  détails  importants  sur  l'état  de  renseignement  à 
cotte  époque).  —  Samuel  Berger.  Les  leçons  de  Mélanchthon  sur  This- 
toire  universelle  (détails  intéressants  sur  un  ms.  jusqu'ici  inconna  de 


BBCDEILS   P^BlODlgiIBB. 


^se 


ces  leçons).  —  Bbatke.  <  Evn,  •  poème  de  Mclanchthon.  —  Ci.guen. 
Mélanges  sur  l'histoire  de  la  ReforroB  (documents  gur  l'histoire  du  col- 
loque teaa  à  RatisboQQe,  en  1541,  entre  les  thèologieuB  proiestauts  et 
catholiques;  texte  d'uoe  ordonnance  municipale  de  Willenherg  en 
1522,  eLc.j.  —  KixsTtiN.  Le  tombeau  de  Lulher  à  Willenberg  (il  a  été 
ouvert  en  1892  et  l'on  y  a  retrouvé  les  ossements  de  Lalher). 

31.  —  Beitreege  ssnr  Geschlcbte  dep  dentschen  Spracbe  ond 
Llteratur.  Bd.  XXH,  Ueft  2,  1897.  —  H.-C.  Boeb.  La  légende 
héroïque  du  Danemark  [l'Âsmandar  Saga  a.  été  interpolée  et  augmen- 
tée. Montre  comment  ont  été  peu  à  peu  constituées  et  transformées  les 
légendes  de  Halfdan,  de  Belgi  et  de  Hagbadr).  ^  Hell  Z.  SrttenuEna. 
En  quelle  année  est  mort  Ulfilas,  l'evéque  des  Goths?  {en  383;  l'auteur 
signale  dans  le  code  Théodosien  16,  5,  Il  et  12,  deux  diplômes  impé- 
riaux ijai  se  rapportent  à  l'histoire  des  conQits  ecclésiastiques  ea  cette 
annéel,  —  Jostes.  L'erianisme  d'Ultilas  (défend,  contre  KautTmann, 
l'hypothèse  qu'il  avait  émise  antérieurement  sur  !a  situatiou  d'L'lljlas 
dans  les  partis  ecclésiastiques  de  son  temps). 

32.  —  Jahrbnch  des  k.  deutschen  arcbreologischen  Instituts, 
Bd.  XII,  Heft  1,  1897.  —  Dbaqënoohff.  Deux  peintures  sur  marbrerie 
l'ancienne  Attique  (1°  d'un  disque  de  marbre  qui  est  conservé  au  musée 
national  d'Athènes.  Il  représente  le  médecin  Aineios,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  l'Aineios  nommé  par  Galien,  Xn,  589.  La  peinture 
date  d'environ  525  ou  500.  Aineios  est  de  la  famille  des  Âsclépiades  de 
CobI.  —  In.  L'archéologie  dans  la  Russie  méridionale  {parle  des  collec- 
tions réunies  s  Odessa,  Kichenef,  Cherson,  Bébastopol,  Kertch|.  — 
H.  Lebneb.  Le»)  collections  archéologiques  de  l' Allemagne  occidentale. 
—  HiLLER  DE  G^BTRiNOEN.  FouiUcs  opérées  à  Théra.  ^  Hefi  2. 
G.  Kieute.  Une  peinture  murale  de  Vuici  servant  de  document  pour 
l'histoire  des  rois  de  Rome  (cette  peinture  est  de  la  première  moitié 
du  iv°  siècle;  le  morceau  principal  représente  une  armée  étrusque  pre- 
nant Rome  dans  une  action  où  Tarquin  l'Ancien  trouve  la  mort.  Le 
fait  qui  amena  cet  heureux  coup  de  main  est  la  capture  par  les  Romains 
du  chef  étrusque  Caele  Vipinas.  Le  récit  de  Claude,  sur  les  tables  de 
Lyon,  est  un  compromis  entre  la  légende  romaine  et  la  tradition 
étrusque.  La  famille  étrusque  des  Trachnas,  qui  fut  ensevelie  dans  le 
tombeau  de  Caere,  n'a  rien  à  voir  avec  les  Tarquin.  C'est  à  Rome 
même  que  Maslarna,  chef  de  mercenaires,  commença  de  s'élever).  — 
Trouvailles  archéologiques  en  1896  (fouilles  exécutées  à  Priène;  à 
Théra,  en  Locride,  en  Étolie  et  en  Acarnanip,  a  Delphes). 

33.  —  Ultthellnngen  des  b,  dentacben  archaBologlaoben  Ids- 
tttnts.  Rœmiacha  Abtheilung.  Bd,  XII,  Heft  1,  1837. —  M.  Siebouho. 
Fabriques  italiennes  de  vases  mégariens  (marques  des  fabricants;  vases 
fabriqués  sans  marques.  Origines  de  l'industrie  d'Arezzo).  —  E.  Lcbwt. 
Scopas  le  Jeune  et  la  statue  d'Hercule  (commente  l'inscription  expli- 

par  Petersen  dans  Ueft  XI,  p.  99.  It  ne  faut  pas  confondre  ce 


440  EBCUBIL8  P<AI001QUB8. 

Scopas  avec  celui  des  inscriptions  détiennes;  il  a  été  mentionné  par 
Pline,  N.  H.,  34,  86.  Il  ne  vivait  pas  après  le  iii*  siècle.  L'Hercule  ds 
musée  Ghiaramonti  est  sans  doute  l'œuvre  de  Scopas  le  Jeune).  — 
W.  ÂMBLDNG.  Statues  transformées  en  figures  de  saints  (parle  du  saiot 
Sébastien  qui  est  dans  Téglise  de  Sainte- Agnès  à  Rome;  le  torse  eit 
celui  d'un  Jupiter  ou  d'un  empereur  assis.  La  tête  de  saint  Joseph  i 
San-Giuseppe  est  un  portrait  d'Ântonin  le  Pieux).  —  M.  Rostowzbw. 
*Âiro<JT6Xiov  (r  ^Aicoox6Xtov  (ncoictirrov  t^  *Apa6apx^a  n*est  pas  identique  avec 
le  a  Vectigal  Alabarchiae  >  du  Gode.  La  taxe  était  payée  pour  la  pro- 
tection que  TArabarchie  recevait  du  préfet  des  caravanes.  Cf.  Pliaden 
Pétrie  et  Hogarth,  Koptos,  p.  27,  pi.  xxvu  et  xxvm). 

34.  —  Untersachongen  car  deatschen  Staats-and  Rechtsge- 
BOhichte.  Heft  52,  1897.  —  Lieseqanq.  Les  villes  du  bas  Rhin,  surtout 
au  moyen  âge  (institutions  municipales  deGlèves).=:Heft&3.  Doiceibb. 
Les  papes,  juges  des  rois  d'Allemagne,  du  milieu  du  xi*  s.  jusqu'à  la 
fin  du  XIII*  (important  pour  l'histoire  des  institutions  de  TAllemagaeet 
de  l'influence  pontificale  en  Allemagne  à  cette  époque).  =  Heft  54. 
M.  HuBER.  Les  «  Geraeinderschaften  v  de  la  Suisse  (des  formes  de  la 
propriété  commune;  leur  origine  et  leur  développement  depuis  le  moyen 
âge,  leur  diffusion  et  leur  état  actuel). 

35.  —  Zeitschrift  fiir  deuiBches  Alterthnm  and  dentsche  Lit- 
teratur.  Bd.  XXI,  Heft  3,  1897.  —  A.  Schulte.  Une  nouvelle  hypo- 
thèse sur  la  patrie  du  poète  Hartmann  von  Aue  (Hartmann,  mort 
en  1220,  vécut  sans  doute  à  Eglisau,  au  service  des  seigneurs  de  Ten- 
gen.  Recherches  généalogiques  sur  les  seigneurs  d'Eglisau,  de  Wes- 
pershûhl  et  de  Tengon).  —  Rcethe.  La  famille  noble  d'Eschenbach  en 
Franconie  au  xiii*  et  au  xn«  s.  (relativement  au  poète  Wolfram  d'Es- 
chenbach). =  Comptes-rendus  :  Heitner,  Bericht  liber  die  Erforschung 
dos  obergermanisch-n'etischen  Limes  (excellent;  Kossinna  explique 
l'étymologie  du  mot  c  Pfahlgraben  »).  —  Golther,  Handbuch  der  germa- 
nischen  Mythologie  (peu  de  nouveau).  =:  Heft  4.  Nieoner.  La  mort  do 
dieu  Baldr  (recherches  approfondies  sur  les  différentes  versions  da 
mythe  Scandinave  de  la  mort  de  Baldr  et  sur  l'histoire  de  ce  mythe  an 
X*  et  au  xp  s.).  —  Von  Grienberoeh.  Une  prière  à  la  nuit  en  ancien 
allemand  (commentaire  important  pour  la  mythologie  germanique).  = 
Comptes-rendus  :  Thoroddseri'Gebhardt,  Geschichte  der  islsendiscben 
Géographie.  Bd.  I  (important).  —  Deutsche  Chroniken  und  andere 
Gcschichtsbûcher  des  Mittelalters.  Bd.  VUI  (important.  Sources  et 
patrie  du  lied  de  Saint-Anno). 

36.  —    Zeitschrift    fiir    die    gesamte    Staats^sirlsseiiscliaft. 

Jahrg.  LUI,  Heft  4,  1897.  —  Grupp.  I^es  origines  du  capitalisme  au 
moyen  âge.  —  Rodinson.  Le  fédéralisme. 

37.  —  ZeitschHft  fiir  Kultargeschichte.  Bd.  IV,  Heft  i-5, 1897. 
—  G.  Guupp.  T/Cs  orij^'ines  de  la  monnaie  (rien  de  nouveau).  —  C.  vos 
RozYCKi.  L'humanisme  on  Pologne  (article  approfondi  et  important. 


OECCEILS  pJaioDidUBs.  4A4 

I  débuts  de  l'humanismo  ea  Pologne  se  ratlachent  au  concile  de 
lonetauce;  il  y  a  enfoncé  de  profondes  taciDes  au  xv<  el  au  xvi'  s.,  et 
conduit  i.  DDe  importante  floraison  de  la  littérature  nèo-latiae).  — 
Bdqkhahdt.  Comment  on  6t  la  conduite  à  l'arclievêque  de  Mayence, 
Anselme- François,  à  partir  de  la  frontière  heaso-thuringienne,  à  tra- 
vers le  territoire  de  la  Saxe  électorale,  eu  16S0  {publie  une  lettre  de 
1660  qui  donne  les  détails  les  plus  circonstanciés  sur  les  formes  et  les 
cérémonies  de  cette  conduite).  —  C.  Menke.  La  baloille  du  bouleau 
(abondants  détails  sur  l'idée,  fort  répandue  encore  aujourd'hui  en 
Westphalie,  qu'une  bataille  décisive  sera  livrée  prés  d'un  bouleau  ;  elle 
se  rattache  k  la  légende  de  la  résurrection  de  l'empereur  Frédéric  U  ou 
de  Barberousse).  —  C.  Auui.  La  campagne  de  presse  en  Allemagne 
en  18*8-49;  suite  (extraits  de  journaux,  pamphlets  et  autres  produc- 
tions littéraires,  qui  montrent  les  dilTéreate  courants  de  l'opinion 
publique).  =  Comptes-rendus  :  WiVJft.  Geschichte  des  Geldes  (bon).  — 
Boas.  Gcschichte  des  cerzllichen  Standes  uod  der  medicinischen  Wis- 
senschaften  (boni.  —  Osborn.  Die  Teufels-Litteratur  des  xvi  Jahrh. 
(intéressant).  —  Liehe.  Das  Kriegwesen  der  Stadt  Erfurt  (excellent).  — 
Weddigen.  Westfalen  (bon).—  G.-A.  von  Maivenledl.  Urkundenbuch 
zar  Gescbichte  des  Geschlechles  von  Oppen  (important).  —  E.  Wotff. 
Die  Stellung  voa  Gotb^ched  im  deutschen  Ditdungsleben  (boni.  — 
Koichwitt.  Franzûsîsche  Volks-Stimraungen  wœhrend  des  Urieges 
1870-71  (bou).  —  Bibliographie  der  Culturgeschichte  fQr  das  erste 
Halhjabr  1896  (art.  très  détaillé,  qui  comprend  aussi  les  revues).  = 
Ei^.iïDzungsheft  (Beitrsge  zur  Kulturgeschichte,  Hefl  4).  J.  Meieb. 
L'émeute  des  étudiants  à  Halle  en  1733  (suscitée  par  des  luttes  avec  la 
garnison  prussienne.  Utilise  le  ms.  d'un  étudiant  de  Halle,  qui  est 
conservé  à  la  bibliothèque  de  Bamberg).  —  C.  Sckodoeeupf.  Ud  poème 
gatirique  sur  l'inauguration  de  l'Université  de  Halle  en  1694.  =:Bd,  V, 
^^^[t  1-3.  —  F.  DE  KnONRS.  Les  années  de  jeunesse  du  baron  W.  de 
^^Pawata,  1573-1604  (ses  études,  ses  voyages,  sa  conversion  au  catboli- 
^Hnme).  —  Rîchard-M.  Mbïeh.  Histoire  de  la  donation  (l'époque  primi- 
^^ve  ne  connaissait  pas  la  donation  pure,  irrévocable,  mais  seulement 
trois  sens  très  voisins,  d'où  est  sortie  en  partie  la  signification  de  la 
donation  pure;  ce  sont  ceux  de  prêter,  d'acheter,  de  partager;  autre- 
pient  dit,  toute  douaiion  était  alors  révocable  on,  si  elle  était  irrévo- 
ible,  fondée  sur  une  obligation  de  l'une  ou  de  l'autre  partie.  Même 
gBiim6ne  du  moyen  âge  n'est  pas  une  donation  pure;  c'est  la  mise  en 
ratique  d'une  obligation.  Le  roi,  le  seigneur,  le  père  qui  fait  une  dona- 
i,  partage  en  réalité  ce  qu'il  est  obligé  de  partager  comme  adminis- 
Ikteur  de  la  possession  commune.  Le  sens  moderne  de  donation  repose 
r  l'idée  qu'on  peut  disposer  absolument  de  la  propriété,  idée  inconnue 
Kl'époque  primitive).  —  A.  Kcebealin.  Comptes  de  voyage  et  relation 
mbassude  do  !..  d'Eglolfslein,  1499  (il  fut  envoyé  par  l'évèque  de 
ur  ie  Fthin  et  aux  Pays-Bas,  à  la  cour  du  roi  Maximilîeo  1"'). 
»KavLL.  Description  poétique  de  la  saline  d'Âuesee  en  Styrie,  1595 


442  UCUSIL8  P<AIODIQUBS. 

(avec  d'utiles  remarques  sar  le  travail  minier  an  moyen  âge).  — 
F.-W.-E.  RoTH.  Histoire  de  la  civilisation  dans  la  vallée  du  Rhin; 
{•'  article  (statistique  de  la  population  dans  les  localités  aujonrd'hoi 
prussiennes  d*Eltville  et  de  Rûdesheim  ;  impôts  et  dîmes^  revenus  des 
monastères  et  des  paroisses^  etc.).  =  Comptes-rendus  :  Von  WretaMo. 
Das  œsterreichische  Marschall-Amt  (excellent).  —  Eriehsan.  Das  theo- 
logische  Studien-Stift  Ck)llegium  Wilhelmitanum  in  Btrassborg,  1544- 
1894  (bon). 

38.  —  PreusBlBche  JahrbAcher.  Ed.  LXXXIX,  Heft  1,  1897. 
—  H.  Oncken.  De  la  plus  récente  manière  d*écrire  Thistoire  (montre 
comment  a  été  fabriqué  le  t.  Y  de  THistoire  d'Allemagne  de  Lam« 
precht).  =:  Heft  2.  G.  Adam.  Situation  des  états  et  des  professions  en 
Prusse  à  Fégard  du  mouvement  national  de  1848.  —  P.  SmsoR.  Le  car- 
dinal Stanislas  Hosius,  évèque  d*£rmland,  1504-79  (sa  biographie;  son 
activité  religieuse  et  politique.  Il  a  livré  la  Prusse  évangélique  à  la 
Pologne  et  à  TÉglise  catholique;  c'était  un  personnage  très  influent 
dont  rhistoire  ne  pourra  de  longtemps  encore  s'empêcher  de  parler  avec 
passion).  —  LAMPascHT.  Réplique  à  Tarticle  d*Oncken.  =  Compte- 
rendu  :  A  us  Polens  und  Kurlands  letzten  Tagen.  Mémoires  des  Baron 
Garl-Henri  Heyking,  1752-1796  (important).  =  Heft  3, 1897.  P.  Frade»- 
sTiEDT.  Mendicité  et  vagabondage  en  Silésie,  du  xvi*  jusqu'au  xvui*  s. 
=  Compte-rendu  :  0.  Lorenz,  Die  materialistische  Gescbichts-Auffas- 
sung  (excellent).  =  Bd.  XC,  Heft  1.  Eb.  Gothein,  H.  Dblbbuegk.  U Al- 
lemagne et  Tultramontanisme  (analyse  et  critique  de  l'ouvrage  de  Tex- 
jésuite  comte  Paul  de  Hœnsbrœch,  Der  Ultramontanismus).  —  Alf. 
Heubaum.  Sœren  Kierkegaard  (biographie  de  Kierkegaard;  ses  idées 
sur  la  réforme  religieuse,  morale  et  sociale).  —  P.  Rohrbach.  Touran 
et  Arménie;  4«  art.  (topographie  et  ethnographie  de  TArménie;  son 
caractère  national,  son  histoire);  5«  art.  dans  Heft  2.  —  Pahohicus. 
Politique  d'administration  nationale  (expose  la  politique  de  l'État  hon- 
grois en  ce  qui  concerne  la  compression  des  éléments  ethniques  alle- 
mands, slaves  et  roumains  en  Hongrie,  et  indique  comment  s'y  prendre 
avec  la  population  polonaise  de  la  Prusse).  :=  Heft  2.  C.  Buechbr.  La 
situation  économique  des  civilisations  primitives  (chapitre,  moins  les 
preuves  et  les  notes,  de  la  seconde  édition,  qui  paraîtra  bientôt,  de  Die 
Entstehung  der  Volkswirthschaft;  il  est  consacré  à  cette  étape  de  la  civi- 
lisation que  l'auteur  appelle  «  la  recherche  individuelle  des  moyens  de 
subsistance  v  et  qu'il  retrouve  chez  tous  les  peuples).  —  Comte  Paol 
DE  HocNSBRoccH.  L'Allemagne  et  l'ultramontanisme  (réponse  à  l'art,  de 
H.  Delbrueck  cité  plus  haut,  et  réplique  de  celui-ci). 

39.  —  Bayerisohe  Akademle  der  "Wlssenschaften.  Sitzungs- 
berichte  der  philosophisch-philologischen  und  historischen  Classe. 
1897,  Heft  3.  —  Hefker-Altenegk.  Les  tablettes  de  cire  au  moyen  âge 
(résumé).  —  Heigbl.  Les  rapports  de  la  France  et  de  l'Autriche  lors  du 
coup  d'ÉUt  en  Pologne  du  3  mai  1791.  —  W.  Krumbagher.  Kasii 


BECVIItB   riBfOffFQDRS.  44  S 

me  auteur  célèbre  du  u°  s.;  ello  composa  des  chanLs  d'i'glise,  des 
K^tlgraoïineB  et  des  Sûatencos.  Sa  biographie;  publie  quelques-uns  do 
ses  poèmes.  A  noWr  dans  ses  épigrammes  la  liaîne  et  le  mépris  qu'elle 
proresse  contre  la  nation  arménienne).  —  In.  Une  nouvelle  biograpliie 
du  chroaiiiueurTLéopbaaeCocressor  (conservée  dans  le  ms.  Synod.  183 
de  la  bibliothèque  du  synode  de  Moscou  ;  elle  est  anonyme.  C'est  un 
remaniement  abrégé  de  la  biographie  encore  inédite  de  Tbéophune  que 
composa  le  patriarche  Métbodius  et  a  peu  de  valeur  historique.  Publie 
le  texte  avec  ua  commentaire).  —  FuhtwjEnbler.  Un  bas-relief  attique 
représentant  un  festin  funéraire  |Zeus  y  est  appelé  IniT^ia;  xa\  fiXiot; 
sa  mère  :  Pbilia;  sa  femme  :  Agathe  Ty'^'iê.  Culte  et  noms  des  divi- 
nités cbtoniennes  en  Attique).  —  Sigm.  Ribzler.  Le  carme  P.  Domi- 
nicus  a  Jesn-Maria  et  le  conseil  de  guerre  impérial  avant  la  bataille 
lie  la  Montagne- Blanche  en  16^0  (c'est  lui  qui,  par  ses  paroles  euQam- 
mées,  décida  le  général  Bucquoy  à  attaquer  l'armée  bohémlenno: 
celte  attitude,  qu'on  avait  révoquée  en  doute,  est  attesléo  par  des  docu- 
ments inéditsi. 

40.  —  K.  PreuBsiache  Ahademle  der  vrisBenBChaften  mn  Ber- 
Un.  SilïuORsberichtc.  1897,  Stùck  36-37.  —  Wattbnbagh.  Les  •  Quiri- 
nalia  »  de  Mélellus  de  Tcgernsee  (poème  intéressant  pour  l'histoire  du 
monastère  de  Tegprnsee,  composé  au  milieu  du  xn'  s.  tl  avait  déjà  été 
imprimé  par  Canisius;  nouvelle  édition  d'après  nu  ms.  d'Admont  plus 
correct  et  plus  complet.  Anecdotes  curieuses  <  de  intquitate  juJicum 
et  advocatorum.  i  Le  ms.  d'Admont  est  sans  doute  l'autographe  m6me 
du  leicte  remanié  des  >  Quirinalia  •).  ^  Stitck  38-39.  Klobtëbuanh. 
La  liste  des  écrits  d'Origène  dans  la  lettre  de  saint  Jérdme  à  Paula 
(eonoue  jusqu'ici  par  un  ms.  d'Arras;  l'auteur  en  a  retrouvé  deux 
antres,  à  Paris  et  k  Bruxelles,  et  donné  une  édition  critique  du  texte. 
Le  catalogue  de  saint  Jérôme  a  sans  doute  pour  base  le  Pampbilus- 
BasËbe,  mais  saint  Jérôme  contient  des  additions  et  corrections  nom- 
breuses). ^  BtiJck  41.  Bagbau.  Une  chronique  arabe  de  Zanzibar  |com> 
poGée  dans  le  second  quart  du  xvni*  s.;  important  pour  l'histoire  de 
i'islamiame-lbadi tique  et  de  sa  propagation). 

41.  —  JabPbQcher  der  k.  Académie  gemelanfitzlser  Wla- 
■enschaftea  zn  Erfort.  Noue  Folfue.  Hefl  22,  1890.  —  ZscHiKseiie. 
Sanctuaires  païens  en  Thuringe.  —  Bbode.  L'armée  suédoise  après  la 
paix  de  Prague  et  le  supplice  du  colonel  Joachim  Friedricb  de  Secken- 
dorff  (montre  la  désorganisation  de  l'armée  suédoise  en  Allemagne 
après  1633;  un  trait  caractéristique  est  la  conduite  de  ce  colonel  qui, 
en  1642,  songea  à  passer  du  service  dp  la  Suède  à  celui  de  l'empereur, 
mais  qui  fut  découvert  et  décapité).  —  A.  HtaiiiANn.  Hiab)ire  du 
Miroir  de  Saxe.  —  F.  Scbbbibbr.  Les  recherches  les  plus  récentes  sur 
le  Limes  romain  entre  le  Mein  et  le  Ncckar.  ~  Loru.  Bu|iervliUons  an 
xvi*  et  au  Kvii*  s. 

-  K.  G«Mltocbaft  der  Wlsaonscluiftca  m  Oattlncsa. 


444  EBCUBILS  P|(aI001QUI8. 

Philologisch-historische  Classe.  Abbandlangen.  N.  F.  Bd.  I>  1896,  n*  1. 

—  P.  Kehr.  Un  document  romain  sar  papyras  aux  archives  de  Mar- 
bourg  (avec  trois  fac-similés  et  deux  planches.  Les  archives  de  Biar- 
bourg  conservent  quatre  fragments  de  papyrus  provenant  de  Tabbaye 
de  Hersfeld;  ce  sont  des  fragments  d'une  t  carta  emphyteusis  • 
romaine  du  x*  s.,  d'un  «  libellas  tertii  generis,  i  ou  contrat  de  fermage 
héréditaire,  par  lequel  un  fonds  de  terre  est  donné  au  fermier  pour  trois 
générations.  On  y  voit  que  Tabbaye  de  Hersfeld  avait  à  cette  époque 
des  fonds  de  terre  à  Rome.  Détails  sur  récriture  des  chartes  privées  à 
Rome  et  des  bulles  pontificales;  recherches  sur  Torganisation  des 
c  tabelliones  >  romains).  =  N^  2.  W.  Meybr.  Les  recueils  de  propos 
de  table  de  Luther  formés  par  Lauterbach  et  Aurifaber  (sources  et 
valeur  de  ces  recueils  ;  on  y  constate  de  graves  lacunes  et  Ton  doit  les 
utiliser  avec  précaution).  ^  N*  4.  J.  Wellhausen.  Le  Josippus  arabe 
(extrait  d'une  traduction  en  arabe  du  t  Livre  des  Machabées  de  Josip- 
pus ou  Joseph  ben  Gorion  ;  recherches  sur  les  sources  et  la  valeur  de 
cet  ouvrage).  =  N»  3,  1897.  Â.  Schulten.  I^a  c  Ijex  Manciana,  >  règle- 
ment pour  les  domaines  africains  (nouvelle  édition  d'après  un  estam- 
page et  une  photographie,  avec  un  commentaire  très  détaillé  qui  traite 
surtout  l'histoire  des  dispositions  législatives  en  vigueur  sous  Tempire 
romain  en  ce  qui  concerne  le  fermage  des  domaines  agricoles). 

43.  —  Berichte  des  freien  deutschen  Hochstilts  sa  Frank- 
ftot-am-Main.  Neue  Folge.  Bd.  XIII,  Heft  1,  1897.  —  Ziehen.  Le 
musée  de  Gherchell  (analyse  élogieuse  du  t.  V  des  Musées  d'Afrique).  = 
Heft  2.  Œlsnbr.  Le  nom  de  saint  Boniface  (le  missionnaire  Vynfreth 
reçut  le  nom  de  Bonifatius  en  719  pendant  son  séjour  à  Rome;  en  lui 
donnant  ce  nom,  Ton  n'a  pas  songé  à  ce  qu'il  pouvait  signifier,  car 
c'était  un  nom  de  saint  souvent  employé).  =:  Heft  3-4.  Ltbrmann.  La 
Rcvellière-Lepeaux,  membre  du  Directoire  (d'après  ses  Mémoires  et 
ceux  de  Barras). 

44.  —  DioBceBanarchlT  von  Schixraben.  Jabrg.  XV,  n»  10,  1897. 

—  Stenqble.  Le  monastère  de  religieuses  franciscaines  de  Mœggingen, 
du  XIII»  au  xviiio  s.  —  Begk.  Introduction  de  la  Réforme  luthérienne  dans 
le  Vorariberg.  —  Brinzinger.  Histoire  du  monastère  augustin  d'Obem- 
dorf  sur  le  Neckar,  1557-1806;  suite  au  n®  11.  —  N.  Paulus.  Sermons 
contre  les  sorcières  au  xvi«  s.  à  Wittemberg.  —  Begk.  Un  témoignage 
contemporain  sur  la  Saint-Barthélémy  (Albert  de  Baldinger,  patricien 
d'Uim,  était  alors  à  Paris  et  assista  au  massacre  des  Huguenots.  Texte 
de  son  récit).  z=  N^  11.  Memoriale  San  Ulricanum;  sectio  U  (liste  des 
productions  littéraires  dues  aux  moines  bénédictins  de  Saint-Ulrich,  à 
Augsbourg,  au  xvii«  s.,  d'après  des  documents  inédits)  ;  suite  au  n^lS. 

—  Th.  ScHCEN.  Les  possessions  des  monastères  de  la  ville  libre  de  Reut- 
lingen;  suite  au  n»  12.  =:  N®  12.  N.  Paulus.  J.  Gaudentius  Anhaiiser 
(notable  théologien  catholique  de  Wurtemberg  au  xvi«  s.). 

45.  —  Forflohimgen  sur  Kultar-und  Litteratnrgeschiohte 


BBCUSILS   pfRIODIQlIBS. 


M» 

Bayeras.  Buch  IV,  1696.  —  S.  Gurnthe».  Jacques  Ziegler,  géographe 
ut  matliémalicien  bavarois,  fW0-1&t<J  (biographie;  critlqui>  de  fcb 
importants  travaux  sur  la  géographie  de  la  Scandinavie  et  des  régiouB 
orientales  de  la  Baltique).  —  P. -S.  Rbauss.  Mentions  de  la  Bavière 
duns  les  chanls  populaires  des  Slaves  du  8ud  (l'un  d'eux  se  rapporta 
au  siège  de  Vienne  ea  1683).  —  Comte  Du  Mouun-Ëckhabt.  Munich  et 
Vienne;  étude  sur  l'histoire  du  mouvement  philosophique  en  Bavière, 
de  IBOO  à  1805  (élude  approfuudie  sur  la  politique  religieuse  de  la 
Bavière  depuis  ravèuement  de  Maximilien  I",  sous  le  ministère  de 
Montgelas,  De  l'oppoEition  que  fit  l'Autriche  aux  sécularisai  ion  s  exé' 
culées  en  Bavière  el  des  négociations  qu'elle  poursuivit  à.  ce  sujet).  ^ 
Budi  V,  1897.  L.  Geioer.  Lettres  bavaroises  inédites  (écrites  par  divers 
savants  bavarois  à  la  fin  du  ivni'  s.;  intéressant  pour  l'histoire  de  la 
vie  liiiéraire  à  celte  époque),  —  Comte  De  MoDum-EcKHABr.  Une  apo- 
logie (biographie  de  Jos.  UUscbneider,  homme  d'État  bavarois  de  la  fin 
du  ivm'  s.;  ses  rapports  avec  l'illuminisme  et  avec  le  parti  jacobin  en 
Bavière  vers  l'an  180O.  On  a  prétendu  qu'Ulzschneider  s'était  mis  à  la 
tôle  de  ces  jacobins  el  qu'il  avait  aongé  à  se  faire  le  présideni  d'une 
république  bavaroise;  c'est  complèleraenl  faux).  —  C.  de  Reinhabd- 
Uqo  esquisse  de  l'histoire  de  Bavière  en  1627  (analyse  et 
iqne  le  traité  de  Nicolaus  Bellus,  intitulé  :  i  Œslreicbiscber  Lor- 
■erkranz,  ■  qui  contient  un  récit  détaillé  de  l'histoire  bavaroise). 

'  46.  —  Gesctiichtsblntter  far  Stadt  aad  Land  Uagdeburg. 
]abrg.  XX.XII.  llel't  1,  181:17.  —  NEuaAUER.  Les  registres  des  délibéra- 
Ions  du  conseil  municipal  d'Âken;  fia,  I'ia7.15à5.  —  G,  Stobdb.  La 
'justice  à  Magdebourg  au  ini'  s.  (les  différents  tribunaux  qui  rendaient 
ta  justice).  —  G.  UsaTEL.  Compte  des  dépenses  faites  pour  le  séjour  de 
l'archevêque  Sigismond  aux  élats  provinciaux  de  Galbe  en  1564.  — 
G,  WiTTicu.  Extraits  des  papiers  inédits  de  Cbrislian-GuillaDme  de 
Brandebourg,  administrateur  de  l'archevêché  de  Magdebourg,  1635- 
1629  (râle  politique  de  cet  administrateur;  ses  rapports  avec  le  comte 
de  Manafeld,  Wallenstein  et  Clirislian  IV  de  Danemark;  ses  négocia- 

Iins  avec  les  cours  de  Paris  el  de  Stockholm  et  avec  les  Pays-Bas  a6n 
âtre  rétabli  dans  t'adminislralion  de  Magdebourg  el  de  Halbersladt). 
47.  —  Hanslsche  Gesoblchtableatter.  Jahrg.  1696.  Leipzig,  1897. 
■  W.  DE  Beppem.  Comment  a  été  construite  la  ville  de  Brème,  du  x" 
1  iiï"  a.  —  Reuteb.  Quand  a  été  construit  Stralsund  ?  (en  1Î30  ;  inlé- 
ssaot  pour  l'histoire  de  Lubeck  et  des  princes  de  Rugen).  — 
.  Bbvhs.  Les  routes  commerciales  de  Labeck  à  la  fin  du  moyen  âge 
(arl.  très  intéressant,  d'après  de  nombreux  documents  inédits).  — 
E.  Mack.  Etienne  Paris  (récit  très  détaillé  d'un  procès  qui  fut  pour- 
suivi de  1577  à  15S3  au  sujet  d'un  navire  hambourgeois  enlevé  par  un 
corsaire  calviniste  de  la  Rochelle:  l'auteur  du  méfait  était  Etienne 
Paris;  les  navires  hanséates  s'en  vengèrent  en  transportant  en  Bruns- 
^rick  le  fils  de  Paris;  de  là  un  nouveau  procès  dans  lequel  le  roi  de 


446  RScnBiLs  p^eiodiqubs. 

France  intervint  en  faveur  de  Paris.  Ce  dernier  fat  aussi  prisonnier  en 
Brunswick,  mais  il  parvint  à  s'échapper).  —  Fibnsdorf.  Le  c  Ausheis- 
chen  >  dans  le  droit  de  Lubeck  (on  a  voulu  voir  l'origine  du  duel  dans 
Fusage  de  la  c  provocation.  •  Signale  dans  les  sources  des  exemples  de 
cette  coutume;  le  c  Âusheischen  >  n*est  pas  une  provocation  au  duel 
comme  on  Tentend  aujourd'hui  ;  dans  le  droit  de  Lubeck  c'était  consi- 
déré comme  une  insulte  faite  à  un  adversaire,  comme  une  injure  punis- 
sable). —  Bruns.  Hans  Reckemanet  Grerd  Hoffioiaker,  chroniqueurs  de 
Lubeck  (publie  douze  documents,  de  1523  à  1551).  —  Kunzb  et  Steut. 
Rapport  sur  une  mission  ayant  pour  but  de  rechercher  des  pièces  d'a^ 
chives  relatives  à  Thistoire  de  la  Hanse).  =  Comptes-rendus  :  Dàbner, 
Urkundenbuch  der  Stadt  Hildesheim;  Bd.  V-VI  (excellent).  —  RmUr, 
Lietz  et  Wehner.  Das  zweite  Stadtbuch  von  Stralsund,  1310-1342 
(important). 

48.  —  Jahresbericht  der  SohlesUchen  GtoselUchalt  fOr  vater- 
lœndiflche  Gultar.  Bd.  LXXIV,  1897.  —  Reimann.  Les  négociations 
du  président  Washington  avec  l'Angleterre  en  1790-1794  au  sujet  du 
rétablissement  de  relations  amicales.  —  A.  Sghulte.  La  bataille  de 
Salankemen  en  1691  et  la  bataille  de  Saint-Privat  ;  parallèle.  — 
6.  Bauch.  Le  plus  ancien  registre  du  doyen  de  la  Faculté  de  philoso- 
phie à  l'Université  de  Francfort-sur-l'Oder;  l^*  partie  (liste  des  promo- 
tions dans  la  Faculté  des  arts  et  de  la  philosophie  en  1506-1540). 

49.  —  Jahresbericht  XI  des  hlstorischen  Vereins  POlt  die 
GrafiBChaft  Ravensberg  bu  Bielefeld.  1897.  ^  Th.  Weddigek.  Le 
monastère  franciscain  de  Bielefeld,  1518-1829,  d'après  des  documents 
inédits.  —  Id.  La  suppression  de  la  collégiale  «  Ad  Sanctam  Mariam,  » 
de  Bielefeld,  en  1810.  —  Rebsb.  Histoire  de  l'industrie  linière  à  Biele- 
feld. —  WiLBRAND.  Biographie  de  l'historien  Gobelinus  Persona 
(quelques  notes  sur  son  séjour  à  Bielefeld).  —  W.  Frickb.  La  guerre 
dans  le  comté  de  Ravensberg,  1742-1814.  —  Tuempel.  Le  soulèvement 
du  major  Schill  à  Ravensberg  en  1809  (rien  de  nouveau). 

50.  —  Mlttheilungen  des  historischen  Vereines  der  Pfals. 

Heft  21,  1897.  —  L.  Eid.  Le  service  de  cour  et  le  service  d'État  dans 
l'ancien  duché-palatinat  de  Deux-Ponts,  1444-1604  (art.  de  325  pages. 
Tableau  très  minutieux  de  la  cour,  de  Tadministration  financière  et 
militaire  dans  ce  duché,  d'après  des  documents  inédits.  Très  important). 

51.  —  Mlttheilungen  aus  dem  Stadtarchiv  von  Kœln.  Heft  26, 
1897.  —  Inventaire  des  lettres  adressées  à  la  ville  de  Cologne  au  xiv* 
et  au  xv«  siècle  ;  2*  art.  —  G.  Mollwo.  Marchands  de  Cologne  aux  îles 
Canaries  (publie  un  document  de  1530,  d'où  il  résulte  qu'une  propriété 
de  la  maison  de  commerce  des  Welser  aux  Canaries  était,  vers  1515, 
passée  aux  mains  de  Jean  Bies,  marchand  de  Cologne.  L'associé  de 
celui-ci,  Jacques  Gronenberg,  s'établit  aux  Canaries  comme  adminis- 
trateur de  la  propriété  et,  après  une  mauvaise  gestion,  dut  soutenir  an 


I  RBCDBItB  PÉII0DIQITE3.  J4T 

procès  contre  les  héritière  de  J.  Bies).  —  Joa.  Habsen.  Arnold  Merca- 
tor  et  les  plans  récemment  déconverts  de  la  ville  de  Cologne,  1571 
et  1642. 

62.  —  N«nes  LaualtKUches  Magazin.  Bd.  LXXIII,  He»  1, 1S97. 

—  KoHsceELT.  Histoire  des  propriétaires  nobles  du  village  de  Haine- 
walde,  siii*-iii°  siècle.  —  H.  Knothe.  Les  plus  anciennes  seigneuries 
du  village  de  Hirachfeide,  iiv»-ivi'  siècle.  —  Helbiq.  Documents  rela- 
tifs à  l'histoire  des  familles  nobles  qui  ont  possédé  les  seigneuries  de 
Friedlandet  deSeidenberg(âlO  numéros).  —  KuEiraEL.  Les  noms  slaves 
de  plantes  et  de  lieux  en  haute  Lusace;  fin. 

63.  —  Quellea  kup  alten  Oeschichte  dea  Ftlpstenthttma  Bay- 
renth.  Bd.  II,  1896.  —  Chronique  do  la  ville  de  Hof,  1633-1643  (186  p.). 

—  Le  0  Livre  des  Befs  t  du  burgrave  de  Nuremberg,  Jean  III;  suite 
(fin  do  XIV  siècle  et  commencement  du  xv;  pages  187-320). 

64.  —  SchrUten  des  V«retns  fCr  Oeachlclite  des  Bodaneees. 

Heft25,  18S6.  —  Martin.  Fragments  de  l'histoire  de  Constance  Itraile 
surtout  de  l'histoire  du  concile).  —  G.  Meveh  de  Knonau.  Gebhard  III, 

^■Avôque  de  Constance  (son  rdle  dans  la  querelle  du  sacerdoce  et  de  l'em- 

H^  sous  Henri  IV  et  Henri  V). 

^r  6S.  —  Westdeatsclie  Zeitschrlft  f^r  Geaclilchte  and  Kanst. 
Jahi?.  XVI,  Hefi  I,  1897.  —  G,  "Wolff.  Voies  romaines  dans  la  Vet- 
tèravie  {art.  approfondi  do  46  pages  sur  les  voies  romaines  dans  lo  pays 
compris  entre  Francfort-sur- le- M eio  et  Giessen  ;  détails  abondants  sur 

t  construction  technique,  les  ponts,  etc.  Un  système  compliqué  de 
itea  eo  cette  région  permettait  aux  Romains  de  concentrer  et  de  con- 
ire  rapidement  leurs  troupes  sur  les  points  menacés).  —  W.  Scgkel. 
S  seigneuries  privées  dans  l'empire  franc;  suite  (condition  juridique 
sociale  des  personnes  subordonnées  qui  se  trouvaient  sur  les  grands 
mainesdans  l'empire  franc;  ce  qu'elle  est  devenue  jusqu'au  ix°  siècle). 
Sauehland.  Taxes  payées  par  les  archevêques  de  Trêves  à  la  cour 
pontificale  vers  la  lin  du  moyen  Age  (d'après  les  archives  du  Vatican; 
la  levée  de  ces  taxes  a  eu  pour  conséquence  d'obérer  l'archevêché  d'une 
façon  croissante  et  d'exciier  un  vif  mécontentement  contre  l'adminis- 
tration ûnancière  de  la  papauté).  ^  Heft  2.  Henkel.  L'autel  romain 
des  quatre  dieux  de  Oarmstadt,  —  Général  Popp.  La  ligne  droite  et  la 
construction  des  voies  romaines  en  arrière  du  '  Limes  Raeticus  «  (con- 
corde dans  les  points  principaux  avec  G.  Wolff;  mais  pense  que  cer- 
(Uoee  votes  se  détachaient  à  certains  points  de  la  ligne  principale). 
tToMBUELT.  Les  institutions  municipales  des  villes  allemandes  (ins- 
Itntion  de  Brœunlingen  ea  Bade  ;  son  origine  n'a  rien  à  voir  avec  la 
bodation  d'un  marché).  —  V.  Lcbwe.  La  France  et  l'Autriche;  élec- 
tion de  l'archevêque  de  Mayence  en  1647  (l'évoque  de  Wurzbourg, 
Jean  -  Philippe  de  Schcenborn,  qui  fat  candidat  à  l'archevêché  de 
'layence  en  1&47,  entretenait  en  mÔme  temps  des  rapports  avec  I& 


448  RECUEILS  PiEIODtQUBS. 

France  et  la  cour  de  Vienne;  il  dut  son  élection  surtout  à  l'habileté  de 
la  diplomatie  française.  Devenu  archevêque  de  Mayence,  Jean- Philippe 
fut  donc  la  cheville  ouvrière  de  la  ligue  du  Rhin,  qui  fut  fondée  pour 
affaiblir  la  maison  d'Autriche).  ==  Heft  3.  Asbagh.  La  victoire  de  Géria- 
lis,  près  de  Trêves,  en  70  ap.  J.-G.  (examen  critique  du  récit  de  Tacite; 
le  camp  romain  se  trouvait  sur  la  rive  droite  de  la  Moselle).  —  E.  Ahthbs. 
Les  monuments  romains  en  pierre  dans  TOdenwald  (travail  d'ensemble  : 
55  monuments,  avec  planches.  Remarques  sur  l'histoire  du  t  Limes 
imperii  >  dans  cette  région).  —  Hbidenheimeb.  Petrus  Ravennas  et  sa 
lutte  contre  les  hommes  noirs  à  Cologne  (analyse  un  pamphlet  de 
P.  Ravennas  publié  à  Mayence  en  1508,  mais  resté  jusqu'ici  inconnu, 
contre  deux  prêtres  de  Cologne,  avec  la  réponse  de  Tun  d'eux,  Jacques 
de  Hochstraten).  —  S.  Muller.  Une  cathédrale  mérovingienne  :  l'église 
Saint-Sauveur  à  Utrecht  ;  son  histoire  jusqu'au  xvii*  siècle. 

56.  —  WflrttemberglBOhe  Franken.  Neue  Folge,  Bd.  VI,  1897. 
—  Hâssleb.  Histoire  de  la  société  historique  de  la  Franconie  wnrtem- 
bergeoise,  1847-1897.  —  Kolb.  Biographie  du  chroniqueur  Geoiges 
Widman  de  Schwsebisch-Hall,  1486-1560.  Les  mss.  de  sa  chronique. 

57.  —  Zeitschrift  des  historischen  Vereins  fUr  den  Re^ernngs- 
besirk  Marienixrerder.  Heft  35,  1897.  —  R.  von  Flanss.  L'ancienne 
t  Niederung  >  de  Marienwerder  (colonisation  du  pays;  son  histoire 
politique,  ecclésiastique  et  économique  depuis  le  moyen  âge  ;  d'après 
des  documents  inédits).  —  Treighel.  Le  «  Thiergarten  •  de  Stuhm, 
d'après  le  «  Tresslerbuch  »  de  l'ordre  Teutonique  (c'était  un  parc  peuplé 
d'animaux  sauvages,  réservés  pour  les  classes  du  grand  maître).  —  Id. 
La  charte  de  fondation  de  Berent  en  1346. 

58.  —  ZeitBchrlft  des  Aachener  GeschlchtarereinB.  Bd.  XIX, 

1897.  —  £m.  Fromm.  Histoire  de  la  bibliothèque  municipale  d'Aix-la- 
Chapelle,  depuis  le  xvii*  siècle.  —  L).  Catalogue  de  la  bibliothèque 
dantesque  formée  par  A.  de  Reumont,  aujourd'hui  à  la  bibliothèque 
municipale  d'Aix.  —  O.-R.  Redligu.  Documents  relatifs  à  l'histoire 
d'Aix  au  xv«  siècle  (venant  de  Dusseldorf,  1406-1500;  ils  concernent 
surtout  les  rapports  des  ducs  de  Juliers  avec  Aix).  —  E.  Pauls.  Les 
archives  du  département  de  la  Roer,  1796-1816.  —  Th.  Likdnbb.  La 
fable  de  l'ensevelissement  de  Charlemagne.  Supplément  (détails  sur  la 
manière  dont  ont  été  ensevelis  les  prélats  grecs,  en  particulier  le 
patriarche  grec  de  Jérusalem,  mort  en  1896).  —  Bosbach.  La  fondation 
et  le  fondateur  de  Tabbaye  bénédictine  de  Burtscheid  (sous  l'empereur 
Otton  ni,  fin  du  x"  siècle  ;  l'abbaye  fut  fondée  par  l'abbé  calabrais  Gre- 
gorovius,  qui  fut  canonisé  plus  tard).  —  A.  Belleshedc.  Aix-la-Gha- 
pelle  au  xvi*  siècle  (publie  plusieurs  documents  d'origine  romaine).  — 
W.  Brubninq.  Aix  sous  la  domination  française  et  pendant  les  guerres 
de  l'indépendance,  d'après  des  documents  inédits.  —  E.  Pauls.  Inven- 
taire du  château  de  Montjoie  en  1436.  —  Bbllesheim.  Simon  Braun- 
mann  d'Aix,  abbé  du  monastère  prémontré  d'Averbode,  1673-1747.  — 


B  lEcnns  putoDigcES.  M» 

^fa».  GoiUchalk,  prévôt  d'Aix  (aDalyse  avec  élugee  la  biographie  de  ce 

Peligicni.  mort  en  1098.  qu'a  donnée  Dreves  au  t.  I  de  bbb  HymnologUeke 

Beitrxgt).  =  Compte- rendu  :  Liese<jaruj.  Niederrheiaisches  Slaedlewe- 

sen,  vornehinlich  ici  Mitlelaller  (G.  de  Bclow  :  iuBufflBant). 

59.  —  Zeitschrlft  der  GeseltBcIiaft  ftlr  Schleawig-Holatein- 
Lanenburglache  Geschichto.  Bd.  XSVI,  (896.  —  Eckebhakh.  His- 
toire des  digues  de  Bottschloot  (au  commencement  du  ivii'  siècle,  une 
société  bollandaise  entreprit  de  protéger  contre  la  mer,  au  moyen  de 
digues,  de  vastes  espaces  de  terre  entre  Waygaard  et  Wiedingharde, 
dans  le  duché  de  Slesvig.  Histoire  de  cette  entreprise  d'après  des  docu- 
ments inédits).  —  Id.  Projet  d'établissement  d'un  canal  entre  la  mer 
du  Nord  et  la  Baltique  en  1629.  —  Poseelt.  Le  conseiller  Christoph 
"^  insch  de  Breileoau;  sa  vie  et  son  action  politique,  1638-1732  (impor- 
it  pour  l'histoire  des  négociations  qui  amenèrent  l'incorporatioc  du 

Itiché  de  Slosvig  au  royaume  de  Danemark.  Publie  l'opinion  qu'ex- 
prima cet  itumme  d'f)tat  en  1721  sur  l'incorporation  du  duché  à  l'État 
danois).  —  R.  Uanseh.  Le.s  cartes  des  pays  marécageux  situés  entre 
Husum  et  l'Eider,  dressées  par  Iven  Knulzen  (vers  1560;  texte  et  com- 
menlairel.  —  R.  Beck.  Christian  Daum  ;  ses  rapports  avec  les  érudits 
du  Slesvig-Rolstoin  pendant  la  seconde  moitié  du  xvii"  siècle  (profes- 
seur, puis  recteur  de  l'école  latine  de  Zwickau,  Daum  entretint  une 
autre  correspondance  avec  de  nombreux  érudils  de  ces  provinces;  ses 
lettres  se  trouvent  à  la  bibliothèque  publique  de  Zwickau),  —  Ch.  Voiot. 
La  colonisation  des  bruyères  en  Slesvig,  1760-65.  —  Bangebi.  Le» 
pierres  avec  inscriptions  runiqaes  dans  le  duché  de  Slesvig;  leur 
importance  historique  (importantes  pour  l'histoire  du  Danemark  et  de 
Slesvig  au  x"  s.).  —  Hille.  Les  archives  des  ducs  de  Holstein-Gotlorp 
an  château  de  Gotlorp  (publie  deux  documents  de  l'année  1708  sur 
jL'administratioQ  de  ces  archives}.  —  A.  de  Bdob.  Les  archives  ducales 

|D  Holstein,  1727-1773.  —  Dccauio.  La  corporation  des  bateliers  à  Son- 

'burg  BU  xvu°  et  au  xvni*  s.  (son  organisation,  ses  statuts,  etc.).  — 

La  colonie  des  frères  moraves,  «  Pilgerruh,  •  à  Oldesloe, 

'37-41.  —  Wktzei..  Analyse  des  publications  récentes  publiées  sur 

ituire  du  Blesvjg  et  du  Holslein. 

-  Zeltscbrift  des  Hars-Vereina  fOr  Gescbicht«  nnd  AJter- 
tbttmsktinde.  Jahrg.  XXX,  1897.  —  Reinsckb.  Vie  de  sainte  Liut- 
bergii  (publiée  dans  Pertï.Scnpi,,  IV,  158.  Cette  biographie  n'a  pas  été, 
comme  le  croyait  Pertz,  composée  vers  870  par  un  contemporain  de  la 
sainte,  mais  dans  la  seconde  moitié  du  xii*  siècle;  c'est  un  documeat 
très  suspect),  —  Meieh.  L'artillerie  de  la  ville  de  Brunswick,  depuis  le 
moyen  ilgo  jusqu'en  1671,  d'après  des  documents  inédits.  —  Ed.  Jacobb. 

t  rétablissement  du  protestantisme  dans  l'archevêché  de  Magdebourg 
dans  l'évèché  de  Kalberstadt  par  Gustave- Adolphe  en  1632  (impor- 
it  mémoire  de  186  p.  Publie  22  documents  inédits).  —  C.  Heihe. 
chftteau  de  Seeburg  et  ses  habitants,  depuis  1016  jusqu'à  nOB  jours. 
Rbv.  HisTOB.  LXVI.  2«  FAsc.  29 


450  EBCUEILfl  PfelODIQUËS. 

—  Reisghel.  Ornements  romains  en  or  trouvés  à  Grottorf,  près  de  Hil- 
berstadt  (chaîne  de  bronze,  avec  cinq  monnaies  en  or  de  Tempereiir 
Postumus,  trouvés  dans  un  tombeau.  Détails  sur  d'autres  monnaies 
romaines  trouvées  dans  la  région  du  Harz).  —  6.  Poppb.  Avilissement 
de  la  frappe  des  monnaies  divisionnaires  dans  le  comté  de  Mansfeid, 
en  Saxe  et  dans  les  pays  voisins,  de  1618  à  1624.  —  In.  La  guerre  da 
landgrave  de  Thuringe  Frédéric  avec  le  comte  d'Orlamûnde  et  d'autres 
comtes  thuringiens,  vers  1350. 

61.  —  Zeitsohrift  des  ixrestpr6iiBsiaolie&  OeschichterereiBS. 

Heft  36, 1897.  —  R.  Fischer.  Âchatius  de  Zehmen,  voîvode  de  Marien- 
burg,  1500-1564  (biographie  très  détaillée  de  166  p.;  d'après  des  docu- 
ments inédits^  Achatius  de  Zehmen  joua,  dans  la  Prusse  occidentale, 
partie  polonaise  des  États  de  l'ordre  Teutonique,  un  rôle  capital  dans 
toutes  les  questions  relatives  à  la  situation  politique  et  nationale  de  la 
Prusse  occidentale,  il  eut  d'étroites  relations  avec  Albert,  duc  de  Prusse, 
et  exerça  une  grande  influence  sur  sa  politique.  Chef  du  parti  évangé- 
lique,  il  contribua  à  la  propagation  du  luthéranisme  dans  la  Prusse  et 
eut  de  violents  démêlés  avec  l'épiscopat  de  la  Pologne  prussienne). 

62.  —  Zeitschrift  tfOup  die  Oeschichte  des  Oberrheins.  Ed.  XII, 
Heft  3,  1897.  —  J.-A.  Zbhnter.  Les  Juifs  dans  le  margraviat  de  Bade- 
Durlach  de  1535  à  1771,  d'après  des  documents  inédits.  —  O.  Guntz. 
Les  voies  romaines  des  itinéraires  romains  en  Alsace  (fragment  d'un 
travail  d'ensemble  sur  les  itinéraires  romains  que  l'auteur  a  entrepris 
en  collaboration  avec  Kubitschek.  On  a  eu  tort  jusqu'ici  d'établir  un 
étroit  rapport  de  ces  itinéraires  avec  le  système  militaire  des  Romains; 
ils  servaient  bien  plus  encore  au  commerce.  Marque  l'emplacement 
d'un  certain  nombre  de  villes  romaines  qui  figurent  sur  ces  itinéraires  : 
Salatio  est  identique  à  Mo thern,  Goncordiaà  Lauterbourg,  Arialbinnum 
était  placé  entre  Saint-Louis  et  Bâle.  Les  erreurs  des  itinéraires  qui 
nous  sont  parvenus  sont  bien  moins  nombreuses  qu'on  ne  le  croit  d'or- 
dinaire et  faciles  à  corriger).  —  H.  Bloch.  Les  faux  de  Grandidier 
(17  diplômes  royaux  et  impériaux  jusqu'à  Henri  V  pour  les  monastères 
de  Schultern  et  d'Ëbersheim,  ainsi  que  pour  l'évèché  de  Strasbourg, 
ne  nous  sont  connus  que  par  Grandidier;  ce  sont  des  faux  imaginés 
par  Grandidier,  désireux  de  l'emporter  sur  son  prédécesseur  Schœpflin). 

—  A.  Klemm.  La  généalogie  des  seigneurs  de  Backnang.  —  PPAmoif- 
scHMiD.  Deux  chartes  du  roi  Frédéric  II  (corrige  le  texte  de  deux  docu- 
ments publiés  par  Winkelmann,  Acta  imperii,  n»»  161  et  178).  — 
A.  Wermjnghoff  et  A.  Winkelmann.  Ouvrages  sur  l'histoire  badoise 
parus  en  1896.  z=  Heft  4.  Kalkoff.  Jacques  Wimpfeling  et  le  main- 
tien de  l'église  catholique  à  Schiettstadt  ;  1«'  art.  (d'après  des  docu- 
ments inédits  de  cette  ville  ;  le  maintien  de  l'église  catholique  y  fiit 
favorisé  par  la  répression  de  la  guerre  des  Paysans  et  aussi  par  les 
efforts  persistants  et  méthodiques  du  parti  catholique.  Des  réformes 
que  Wimpfeling  et  ses  amis  proposèrent  pour  régénérer  le  clergé  et  la 


BBCtmLS   PfniONQPES. 


Ki 


s  prêtres  même  avant  Luther).  —  Le  P.  Bruno  Alubas.  PUlorius 

ï  le  margrave  de  Bade-Darlacli  Erneat- Frédéric  (d'après  les  archives 

l  Vatican,  qui  poesèdcat  des  lettres  nomlireuseB  de  PisloriuB  à  la 

|iur  de  Rome  ea  1595-1601;  ces  lettres  montrent  le»  vains  efforts  ten- 

I  par  Piâtorius  pour  convertir  le  margrave  au  catholicisme  après  y 

avoir  amené  déjà  son  frère,  le  margrave  Jacques).  —  Zehktsr.  Histoire 

des  Juifs  dans  le  margraviat  de  Bade-Durlach  ;  suite  :  1730-1738.  — 

F.  Platz.  Les  troubles  à  Zeli  en  Bade,  11  décembre  1760  (ils  éclatèrent 

ir  suite  de  conQils  entre  le  conseil  et  les  bourgeois;  procëe  devant  le 

Lbunal  de  la  chambre  impériale  à  ce  sujet).  — Inventaire  des  archives 

s  localités  badoises  de  Bonndorf,  Wolfach  et  Btaufen. 


-  E.  Alcademie  der  vrisBQnscliaften.  PhilosopbJscb-liisto- 
whe  ClasBe.  SU:iungsberkkle.  Bd.  GSXXVI,  18U7.  —  J.  Losebth. 
'  la  politique  ecclésiastique  de  l'Angleterre  au  xtv>  siècle 
(important  pour  l'histoire  de  Wycliffe  jusqu'en  1378).  —  Wolf  de 
Glarvell.  Le  recueil  de  canons  du  Cod.  Vatican.,  lat.  1348  (Corme 
vers  l'an  1100;  analyse  de  ce  recueil  où  sont  fortement  accentués  les 
privilèges  de  la  papauté).  — J.  .Muellcb.  Etudes  critiques  sur  les  lettres 
de  Sénèque.  —  âc&EitKi,.  Ëiblîotheca  patrum  lalinorum  britannica, 
VIII  (suite  du  catalogue  des  mss.  de  théologie  catholique  conservés  à 
Cambridge).  —  F.  Mdbllbr.  L'histoire  légendaire,  en  laugue  pebivie, 
du  fondateur  de  la  dynastie  des  Sassanides  (critique  du  texte  et  com- 
mentaire). —  Â.-E.  ScHCENBACB.  La  légende  de  Biterolf  et  de  Dietleip 
(cette  légende  et  la  Thidrekssaga  oui  une  commune  origine).  —  F.  Miïel- 
LEH.  1.08  éléments  Bémitiques  du  peliht  (cette  langue  fut  d'abord  celle 
de  la  cour  et  de  l'administration;  elle  devint  bientât  aussi  celle  de  la 
littérature  tbéologique,  surtout  en  Perse.  Après  la  chute  de  la  monar- 
chie nationale  et  la  disparition  de  la  religion  d'Étal,  le  goût  littéraire 
changea  ;  les  éléments  araméens  qui  avaient  pénétré  dans  la  langue 
persane  restèrent  inintelligibles  au  plus  grand  nombre).  —  C.  JmcÎEK. 
L'élément  chrétien  dans  la  nomenclature  topographique  de  la  région 
des  Balkans  (art.  très  détaillé  de  08  pages,  Eo  beaucoup  d'endroits,  les 
anciens  noms  ont  été  remplacés  par  d'autres  formés  avec  des  noms  de 
saints;  ces  noms  nouveaux  sont  plus  fortement  représentés  dans  les 
pays  où  dominent  depuis  longtemps  les  éléments  romains,  grecs  et 
albanais  que  dans  les  pays  slaves  venus  plus  lard  au  christianisme.  Ils 
remontent  pour  la  plupart  aui  iv"-vi"'  siècles.  Détails  sur  l'inOuence 
exercée  par  la  littérature  hagiographique  sur  la  toponymie).  —  L.  de 
tlocKiNQEB.  Les  mss.  du  Miroir  de  Souabe;  16*  art.  et  fin  (tableau  des 
500  mss.  décrits  par  l'anteur,  d'après  leur  origine,  l'époque  de  leur 
composition,  leur  langue,  leur  contenu  et  leur  ornementation).  — 
F.  MoBLLEB.  La  transcription  d'alphabets  étrangers.  ^  Philoso- 
phisch-historische  Classe.  Denksckriflen.  Bd.  XLV,  1897.  Hbeebdet 
l  Kalinka.  Relation  sur  deui  voyages  dans  la  sud-ouest  de  l'Asie 
ineurc,  entrepris  sons  les  auspices  de  l'Académie  des  sciences  de 
^enae  en  18^4  et  en  1S9â  (pour  préparer  un  recueil  des  inscriptionB 


452  EEG0BIL8  PiaiODIQUIS. 

aatiqaes  de  l'Asie  Mineure.  Publient  80  inBcriptions  dont  plusiean 
sont  longues  et  importantes).  —  Ad.  Bber.  Kûbeck  et  Mettemich  (le 
baron  Kûbeck,  président  de  la  cbambre  aulique  de  1840  à  1848,  ministre 
des  finances  en  1848,  président  du  conseil  impérial  en  1850,  mort  en 
1855,  était  un  partisan  déclaré  de  la  politique  de  Metternich  et  resta 
pendant  de  longues  années  en  rapports  intimes  avec  luL  Publie  de  leur 
correspondance  41  lettres  très  intéressantes  pour  l'histoire  des  années 
1849-1854;  les  lettres  de  Metternich  contiennent  de  longs  exposés  de 
ses  idées  sur  révolution  politique  de  l'Autriche  et  de  l'Allemagne,  sar 
les  réformes  qu'il  conseillait  et  sur  la  direction  qu'il  voulait  imprimer 
à  la  politique  autrichienne). 

64.  —  Jahrbach  des  Bakoixdner  Landes  Maseonis.  Jahrg.  III, 
1895.  —  Webenka.  Le  règlement  des  frontières  de  la  Bukovine  aa 
temps  de  son  annexion  à  l'Autriche,  1792.  —  Polek.  Les  voyages  de 
l'empereur  Joseph  IL  en  Galicie  et  en  Bukovine;  leur  importance  pour 
cette  dernière  province,  d'après  des  documents  inédits  (publie  des  lettres 
de  l'empereur).  =  Jahrg.  IV,  1896.  Kaindl.  L'empereur  Joseph  II  et 
la  Bukovine.  —  Fleisgheb.  Pour  servir  à  l'histoire  de  Sucxawa  (siège 
de  cette  forteresse  par  George  Stephan  en  1653.  Atelier  monétaire  pour 
la  Moldavie  à  Suczawa).  —  Reinegkb.  Antiquités  scythiques  en  Buko- 
vine. —  Polek.  Les  Lippovanes  en  Bukovine  (secte  schismatique  de 
l'Église  orthodoxe  russe  dont  les  partisans  émigrèrent  en  grand  nombre 
en  Bukovine  à  la  fin  du  xvm«  siècle.  97  documents  de  1780-1839  en 
appendice). 

65.  —  Mittheilangen  des  Nordbœhmischen  ExcnrBlons-Gliibs. 

Jahrg.  XX,  Heft  2.  Leipa,  1897.  —  R.  de  Wbinzierl.  Une  station 
préhistorique  à  Gastorf  (elle  appartient  à  la  période  néolithique).  — 
E.  Neder.  Histoire  du  «  Hals-Gericht  >  du  Markersdorf  (compétence 
de  ce  tribunal;  condamnations  qu'il  prononça  de  1580-1747).  — Hoo- 
KAUF.  Le  partage  de  l'héritage  de  Henri  de  Schleinitz  en  1566;  fin.  r: 
Heft  3.  Hantsgul.  Antiquités  préhistoriques  trouvées  dans  la  Bohème 
septentrionale;  suite  (article  très  soigné,  avec  une  carte).  —  Herglotz. 
Statuts  de  la  corporation  des  bouchers  à  Graber  en  1657. 

66.  —  Mittheilungen  der  prœhistorisohen  GommiBsion  der 
k.  Akademie  der  ^Wissenschaften  sa  ^Vien.  Bd.  I,  n»  4,  1897.  -^ 
M.  HcEaNEs.  La  doctrine  des  formes  préhistoriques;  4«  art.  (des  figures 
de  bronze  de  l'Italie  ancienne  et  leur  importance  au  point  de  vue  de 
l'histoire  de  la  civilisation.  L'auteur  estime  que  vers  l'an  600  avant 
notre  ère  il  y  eut  en  Italie  une  plastique  primitive  du  bronze,  qui  pro- 
duisit de  petits  objets  portatifs,  servant  au  culte,  dans  les  tombeaux  ou 
comme  talismans.  Les  formes  de  cette  plastique  sont  empruntées  i 
l'Orient  et  montrent  l'influence  du  commerce  phénicien  ;  mais  rien  da 
génie  grec,  rien  de  la  main-d'œuvre  grecque.  Ces  objets  représentent 
pour  la  plupart  Astarté,  Bès,  les  Gabires.  Hs  ont  été  imités  au  delà  des 
Alpes,  loin  dans  la  direction  du  Nord).  —  PALLuani.  Les  établissements 
néolithiques  à  céramique  colorée  en  Moravie  et  dans  la  basse  Autriche. 


EBcnBllS  P^BIODigUES.  453 

Zeitschrift  des  Vereins  fllr  die  Geschlchte  Mœhpena 
id  Schleolens.  Jahrg.  I,  Heft  4,  1897.  —  Losehth.  Les  adversaires 
Uttéraires  de  Jean  Huss  en  Moravie;  1°'  art.  (Etienne,  prieur  de  la 
chartreuse  de  Dolein  en  Moravie;  ses  lettres  et  traités  contre  lowyclif- 
fistne  et  le  hussitisme;  publie  deux  de  ces  lettres,  importantes  pour 
l'histoire  des  troubles  bussitiques  en  Bohême).  —  P.  pe  Kboneb.  Ori- 
gines du  monastère  cistercien  de  Saar  en  Moravie  et  wa  chroniqueur, 
Henri  de  Heimburg  (Henri,  chroniqueur  de  8aar,  né  en  1242,  est  le 
même  que  l'annalisle  Henri  de  Heimburg,  auteur  des  Annales  qui  ont 
été  imprimées  dans  Pertz,  Script.,  t.  XVII.  Histoire  des  monastères 
cisterciens  ea  Bohème  et  on  Moravie  jusqu'en  1250,  et  de  la  fondation 
de  celui  de  Saar  en  1252.  Détails  sur  la  gânéalogie  des  seigneurs  d'Ober- 
sess  ou  Obran).  —  G.  WnTttB.  Les  i  Moralitates,  »  traité  composé  par 
l'empereur  Charles  IV  (texte  et  commentaire  de  ce  tniité,  qui  fait  bien 
connaître  le  caractère  et  les  idées  directrices  de  l'omporeur;  il  a  forte- 
ment subi  l'influence  franraisel.  —  B.  Brethou.  Documents  tirés  des 
archives  municipales  de  Briion  (sur  l'histoire  du  sièpe  de  Briinn  par 
les  Suédois  en  1645).  —  C.  Woynab.  Histoire  d'une  ancienne  famille 
de  paysans  de  Moravie  |la  famille  Teltscbik,  qui  remonte  au  siv  siècle). 
66.  —  Bnlletla  international  de  l'Académie  des  sciences  de 
Cracovle.  1897,  octobre.  —  0.  Baiser.  De  la  euccession  au  trône  en 
Polopoo.  Étude  juridico-historique;  première  partie  :  la  succession  à 
ta  mon  de  Casimir  le  Grand  ol  les  lois  d'hérédité  des  Piast  (l'auteur 
étudie  sur  quelles  bases  légales  s'appuya  Casimir  le  Grand  pour  appeler 
la  maison  d'Anjou  à  la  succession  au  trône  de  Pologne  au  détriment 
de  ses  propres  filles  et  même  de  ses  parents  en  ligne  masculine;  ii 
montre  que  la  succession  par  les  femmes  avait  pour  but  de  hâter  la 
formation  politique  de  la  Pologne;  elle  conduisit  d'abord  â  l'union 
éphémère  de  la  Pologne  et  de  la  Hongrie  an  proGt  des  princes  angevins, 
puis  à  celle  de  la  Pologne  et  de  la  Litbuanîe,  qui  dura  et  qui  eut  une 
grande  importance  historique  |.  =:  Novembre.  Ciermak.  Scriplores 
remm  Poionicarum.  Vol.  XVI,  Stanisiai  Temberski  Annales,  1647- 
(curieui  mémoires  rédigés  par  un  contemporain,  historiographe 
l'Université  de  Cracovie). 


K, 


Tbe  engllsb  historical  Revlew.  1897,  octobre.  —  Prof. 
Maitland.  La  loi  canonique  en  Angleterre;  3"  article  :  Guillaume  de 
Drogbedaet  l'Ordinairp  universel  (publie  en  appendice  quelques  extraits 
de  la  Somme  de  Guillaume  de  Drogheda).  —  E.  AaMSTHONO.  L'Armada 
et  ses  conséquences,  d'après  les  dépêches  vénitiennes  (analyse  les  docu- 
ments parue  dans  un  récent  volume:  Calendar  of  State  paptn,  Venelian, 
1581-91).  —  J.-R.  Taîibbb.  L'administration  de  la  marine,  de  la  Res- 
tauration jusqu'à  la  Révolution;  2°  article:  1673-79;  suite  en  jan- 
vier 1898,  —  H.  RoBK.  La  presse  non  soumise  au  timbre,  de  1815  à  1836 
(parle  des  journaux  qui  réussirent  à  paraître  en  échappant,  par  tel  ou 
il  artifice,  à  l'impôt  du  timbre;  c'étaient  pour  la  plupart  des  journaux 


454  &BGUIIL8  ptfuOOlQUIS. 

d'opinion  très  avancée,  plus  ou  moins  républicains  et  révolationnairM). 
-—  W.  Heaolam.  Henri  de  Treitschke.  —  Sir  Edward  Frt.  Le  champ 
de  bataille  de  Cannes  (quelques  remarques  critiques  sur  les  auteurs, 
faites  en  présence  des  lieux  mêmes).  —  Les  monnaies  frappées  sons 
les  trois  Edouard  (d*après  des  renseignements  fournis  par  les  comptes 
des  gardes  de  la  Monnaie).  —  W.-H.  Stevenson.  Une  lettre  de  Des- 
penser le  Jeune,  écrite  le  21  mars  1321,  à  la  veille  du  soulèvement  des 
barons  (texte  de  cette  lettre,  écrite  en  firançais,  avec  un  copieux  ooni- 
mentaire).  —  Arghbold.  Lettre  racontant  la  mort  du  général  Wolfe.  = 
Cîomptes-rendus  :  Mtui  Ktchnie,  Tbe  State  andtbeindividual  (bon  résumé 
des  récentes  discussions  sur  le  sujet).  —  Koch.  Beitrœge  zur  Geschichte 
der  politiscben  Ideen  und  der  Regierungspraxis  ;  2«  partie  :  Demokratie 
und  Konstitution,  1750-179!  (expose  les  théories  constitutionnelles  qui 
furent  émises  en  France,  en  Angleterre  et  dans  TAmérique  du  Nord 
pendant  la  seconde  moitié  du  xviii*  siècle).  — Â.J.  Mason.  The  mission 
of  8'  Augustine  to  England  according  to  the  original  documents  (bon; 
les  textes  ont  été  traduits,  avec  des  notes,  et  suivis  de  quelques  disser- 
tations intéressantes).  —  Maitland.  Domesday  book  and  beyond  (impor- 
tant; compte-rendu  par  J.  Tait  à  signaler).  —  M.  Burrows,  Goilectanea; 
3«  série  (important  pour  l'histoire  d'Oxford).  —  GasqueL  The  last  abbot 
of  Glastonbury  and  his  companions  (excellent).  —  /.  F.  van  Sommtn, 
Archives  ou  correspondance  inédite  de  la  maison  d'Orange-Nassaa. 
Correspondance  du  prince  Guillaume  d'Orange  avec  Jacques  de  Wesen- 
beke  (important  supplément  au  recueil  de  Groen  van  Prinsterer).  — 
Th.  G.  Law,  The  Archpriest  controversy.  Documents  relatîng  to  the 
dissensions  of  the  roman  catholic  clergy,  1597-1602  (nouveaux  docu- 
ments tirés  des  rass.  Petyt).  —  J.  Gérard,  What  was  the  Gunpowder 
plot?  (la  thèse  du  savant  Père  jésuite  ne  tient  pas  debout  ;  M.  Gardiner 
l'a  ruinée).  —  A.  Fea,  The  flight  of  the  king  (ouvrage  très  bien  illustré 
sur  l'itinéraire  suivi  par  Charles  II  après  Worcester).  —  Mahan.  The 
life  of  Nelson  (excellente  biographie).  —  Schybergson.  Geschichte  Finn* 
lands  (bon).  =:  1898,  janvier.  Sir  Henry  Howorth.  Histoire  primitive 
de  la  Babylonie;  1«>^  article  :  les  rois  de  Kengi  et  de  Kish  (résumé  de 
travaux  antérieurs).  —  F.  Baring.  Les  traces  laissées  par  le  Conqué- 
rant dans  le  Domesday  (suit  pas  à  pas  la  marche  de  Guillaume  le  Bâtard, 
de  Hastings  à  Londres,  et  montre  les  ravages  exercés  par  l'armée  nor- 
mande en  comparant  les  chiffres  de  la  valeur  imposable  des  manoirs 
avant  la  Conquête  et  au  temps  où  fut  rédigé  le  Domesday).  —  J.  F. 
Chance.  John  de  Robetbon  et  les  c  Robethon  papers  i  (biographie  de 
ce  ministre  de  Georges  I<"^,  qui  était  un  huguenot  français,  fils  d'an 
avocat  au  Parlement  de  Paris,  et  qui  devint  le  ministre  et  le  confident 
du  premier  des  rois  hanovriens.  Inventaire  très  sommaire  de  ses  papiers, 
composés  en  grande  partie  de  documents  originaux).  —  W.  H.  Ste- 
venson. A  quelle  date  mourut  le  roi  Alfred  ?  (le  26  octobre  899,  deux 
ans  plus  tôt  par  conséquent  qu'on  ne  l'admet  d'ordinaire).  — J.  H.  Rouho. 
Les  revenus  de  Henri  III  (propose  une  correction  au  chiffre  du  produit 


sscniiLs  FJiioDiQins. 


«5 


U 15*  accordé  à  Henri  m  en  12^4,  qui  est  Tourni  parle  Livre  rouge  de 
■Ichi^ter.  Celte  correction  rétablit  une  exacte  proporiion  avec  les 
autres  chiffres  semblables  que  l'on  coonaitl.  —  Twehlow.  Note  sur  un 
mB.  de  Year  book  du  temps  d'Edouard  II  et  III  qui  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  nationale  de  Paris  (analyse  du  ms.  fr.  5577).  —  J.  Gaih- 
DNEB.  La  leurs  de  l'évâque  de  Quadra  et  la  mort  d'Amy  RoLsart  (un 
texte  plus  correct  de  la  lettre  de  Quadra  que  celui  Hur  lequel  s'appuyait 
Froude  fournit  a  l'auteur  de  nouveaux  arguments  pour  soutenir  qu'Ainy 
Robsarl  est  morte  de  mort  nalore!le|.  —  Miss  E.  H.  LEONino.  Le  sou. 
tagemeot  des  pauvres  par  une  réglementation  officielle  des  salaires 
(signale  plusieura  tentatives  faites  par  le  Conseil  privé  de  1629  à  1640). 
—  Augusta  S.  BcRN.  Correspondance  do  Richard  Cromwell  (publie 
*0  lettres  allant  de  (676  à  1708).  =  Comptes-rendus  :  G.  Busolt.  Hand- 
buch  der  griechiacben  Geachichte.  Bd.  III,  Th.  1  :  die  Penlekontaûtie 
(ouvrage  très  coDSciencieni) .  —  O'Connor  Morris.  Ilannlbal  (inléres- 
santa  biographie,  qui  n'est  pas  toujours  au  courant  des  dernières 
recherchesl.  —  W.  Bund.  The  celtic  church  in  Wales  (ingénieux  et 
brillant,  mais  téméraire).  —  W.  H.  Hitlton.  The  church  of  tlie  siith 
century  (six  mémoires  sur  i'£)glise  au  temps  de  Justinien;  agréable, 
mais  peu  sûr).  —  Fr.  Rûhl.  Chronologie  des  Mittelalters  und  der  Neu- 
zeit  (très  utile  traité,  à  la  fois  scientifique  et  pratique).  —  W.  Reinecke. 
Geschichte  der  Stadt  Cambrai  bis  zur  Ertheilung  der  Les  GodeFridi, 
1227  (c'est  une  suite  de  dissertations  plutôt  qu'un  livre;  l'auteur  n'a 
pas  consulté  les  archives  de  la  ville).  —  H.  Hall.  The  Red  book  of  the 
Eichequer  (édition  somme  toute  remarquable).  —  J.  H.  Bridges.  The 
Optii  Majus  of  Roger  Bacon  (édition  très  défeclueuse|.  —  Sir  Herbert 
Maxwell.  Robert  the  Bruce  (biographie  bnllante,  écrite  avec  un  certain 
esprit  critique:  l'auteur  prend  vivement  In  légende  à  partie,  maie  il 
n'est  pas  assez  précis  dans  le  détail).  —  fiibliotbeca  Erasmiaoa.  I  ;  Ada- 
gia.  —  H.  Atlingham.  Captain  Cuellar's  adveotures  in  Gonnacht  and 
Ulster,  1588  (bon).  —  Atf.  Kingston.  East  Anglia  and  the  civil  war  (très 
intéressant).  —  6.  Jones.  The  diplomatie  relations  betweea  Cromwell 
and  Charles  X  of  Sweden  (exce!lent|.  —  0.  Browning.  Journal  of  sir 
George  Rooke  (journal  iotéressaut  pour  les  événements  sur  mer  au 
début  de  la  guerre  de  la  succession  d'Espagne,  en  particulier  pour  les 
expéditions  de  Cadix  et  de  Vigo  en  1702;  mais  les  textes  pubhés  lour- 
mitlenl  de  fautes.  C'est  une  édition  à  refaire).  —  Sir  Augutttis  Paget. 
The  Paget  papers;  diplomatie  and  other  correspondence  of  the  Hight 
Hon.  Sir  Arthur  Paget,  179*-1807  (très  intéressant).  —  A.  B.  Hart. 
American  hîsiory  told  by  contemporaries  (bon).  —  Wittship.  The 
Coronda  expédition,  15i0-1542.  Cabot  bibliograpby  (bon).  —  G.  Mac 
CaU  Theal.  Uistory  of  South  Africa,  1652-1795  (eicellent). 


456  cmoinQOf  n  bibuogiafiui. 


CHRONIQUE  ET  BIBUOGRAPHIE. 


France.  —  Dom  Th.  Bârekoier,  bénédictin  à  Sainte-Madeleine  de 
Marseille,  est  mort  le  9  nov.  dernier,  âgé  de  soixante-dix  ans.  On  lui 
doit  un  certain  nombre  d'études  sur  des  évoques  provençaux  au  xvni«8.  : 
Belsunce,  évoque  de  Marseille  (1879),  Gadenet-Gharleval,  évèque 
d'Agde  (1884),  J.  de  Foresta-CoUongne,  évèque  d'Apt  (1885),  Forbin- 
Janson,  archevêque  d'Arles  (1885),  Lafiteau,  évèque  de  Sisteron  (1886), 
Scipion  de  Ruffo-Bonneval,  évèque  de  Senez  (1886),  J.-B.  de  Brancas, 
archevêque  d'Aix  (1888),  Malachie  dlnguimbert,  évèque  de  Garpen- 
tras  (1888),  J.  de  Mesgrigny,  évèque  de  Grasse  (1889),  J.-B.  deSurian, 
évèque  de  Vence  (1895).  On  lui  doit  encore  une  Vie  de  saint  Taribe, 
archevêque  de  Lima  et  apôtre  de  Pérou  (1872). 

—  M.  Henri  La  voix,  administrateur  de  la  bibliothèque  Sainte-Gene- 
viève, est  mort  le  28  décembre  dernier  à  Tâge  de  cinquante-deux  ans. 
On  lui  doit  divers  travaux  sur  l'histoire  de  la  musique  et  de  l'instru- 
mentation. 

—  M.  le  comte  Rosbllt  de  Lorgues,  mort  en  janvier  dernier,  s'est 
fait  une  place  particulière  dans  l'histoire  du  xvi*  siècle  par  les  travaux 
qu'il  a  publiés  sur  Christophe  Golomb  et  l'apostolat  qu'il  s'est  imposé 
en  vue  d'obtenir  en  cour  de  Rome  la  canonisation  de  son  héros.  Cette 
préoccupation  extra-scientifique  ne  laisse  pas  d'amoindrir  la  valeur  de 
ses  publications,  qui,  d'ailleurs,  ont  produit  peu  de  faits  nouveaux  et 
de  découvertes  originales.  Rappelons  seulement  son  Histoire  posthume 
de  Christophe  Colomb  (1885). 

—  Le  9  janvier  dernier  est  mort  M.  A.  Gouverneub,  ancien  impri- 
meur à  Nogent-le-Rotrou.  Il  a  dirigé  avec  un  soin  et  une  compétence 
technique  et  scientifique  remarquables  quelques-uns  des  recueils  qui, 
depuis  une  trentaine  d'années,  ont  imprimé  une  impulsion  vigoureuse 
aux  études  d'érudition;  il  a  été,  par  exemple,  l'imprimeur  de  la  Revue 
critique  d'histoire  et  de  littérature  et  de  la  Romania.  Il  était  lui-même  un 
érudit  :  il  a  publié  les  œuvres  complètes  de  Remy  Belleau  (Bibl. 
elzévirienne ,  3  vol.),  Un  coin  du  vieux  Nogent,  VHôtel'Dxeu  (1868), 
un  bon  volume  à' Essais  historiques  sur  le  Perche  (1882)  et  un  grand 
nombre  d'articles  sur  l'histoire  locale  parus  dans  le  Nogentais,  La  Revue 
historique  lui  doit  une  reconnaissance  particulière. 

—  La  soutenance  des  thèses  présentées  pour  obtenir  le  diplôme  d'ar- 
chiviste-paléographe de  l'École  des  chartes  a  eu  lieu  les  24, 25  et  26  jan- 
vier derniers.  Voici,  d'après  le  volume  des  Positions,  le  titre  des  thèses 
qui  intéressent  l'histoire  :  Pierre  Caron,  Noël  Béda,  principal  du  œUège 


caioKiQOB  n  BiBLioeiupats.  457 

de  Montaigu,  syndic  dt  la  FacuUt  de  Ihfoioçie  {f  1537)  ;  —  Emile  Oacibr, 
Ftorimond  itofr^rici,  tteritairt  àv  roi  ci  trésorier  de  France  (f  )527);  — 
Eug.  Dbphe/,,  la  Prévôté  dt.  Paris  sous  Charles  V  :  Hugues  Àubriot;  — 
Paul  Obslandbgs,  l'Ordre  des  Trinitairts  pour  te  rachat  des  captifs,  il98- 
159i:  —  G.  Du\-AL,  Anioine  Vérard;  —  Roger  Gband,  Contributions  à 
l'histoire  du  r/gime  des  terres;  It  contrai  de  comptant;  —  Henri  Lache- 
KAUD,  le  Corps  royal  des  galères  sous  Louis  XIV,  166i-i715:  —  Léon 
Levillain,  Examen  critique  des  chartes  mérovingiennes  et  carolingiennes 
de  l'abbaye  de  Corbie,  VW-X*  siècle;  —  G.  PénovBB,  Étude  sur  les  origines 
de  la  gabelle  et  sur  son  organisation  jusqu'en  Î380;  —  Jos.  Petit,  Eisai 
tur  Charles  de  Valois,  1270-1325;  —  Jos.  Podi,  Essai  sur  le  commun  de 
paix  ou  pesade  dans  le  Rmergue  et  dans  l'Albigeois;  —  Ed.  Paitat, 
Charles  III  le  Noble,  roi  de  Navarre,  ses  rapports  avec  la  France;  —  Mario 
BcRiFc,  la  Bibliothèque  de  don  Inigo  Lopes  de  Mendoza,  marquis  de  San- 
lillane:  contribution  à  l'étude  de  l'érudition  en  Espagne;  —  Al.  Vidieb, 
^^'Historiographie  à  Saint- Benoit-sur- Loire  ;  les  miracles  de  saint  Senoil. 
^H-  —  Le  t.  II  de  VUistoire  des  institutions  politiques  et  administratives  de 
^Hb  France,  par  Paul  Violi^et,  vient  de  paraître.  Il  est  consacré  au  moyen 
^^ftga  proprement  dit  et  contient  les  chapitres  suivants  :  I,  la  Royauté 
(avènement  do  Hugues  Capet;  succession  au  tr6ne,  minorité  et  tutelle, 
le  palais  et  les  grands  officiers,  le  domaine  et  le  royaume,  le  pouvoir 
royal);  H,  le  Clergé  et  l'Église  (juridiction  ecclésiastique,  le  clergé 
séculier  et  régulier,  les  biens  d'Église  et  l'impôt);  lU,  la  Noblesse 
(l'année  et  la  marine,  les  droits  seigneuriaux  et  la  justice  féodale). 
Chaque  chapitre  est,  comme  on  sait,  suivi  d'une  aboudante  bibliogra- 
phie (Larose,  1898,  470  p.  in-S».  Prii,  8  fr.). 

—  La  librairie  Emile  Bouillon  a  entrepris  de  publier  une  <  Biblio- 
thèque littéraire  de  la  Renaissance,  •  sous  la  direction  de  MM,  Pierre 
DE  Nqlhac  et  Léon  Dorez,  et  qui  sera  composée  d'ouvrages  relatifs  A 
l'histoire  de  la  Renaissance,  où  l'Italie  et  la  France  seront  particuliè- 
rement intéressées.  A  déjà  paru  :  la  Chronologie  du  «  Can:onicre  i  de 
Pétrarque,  par  M.  Henry  Cochin;  parutra  prochainemeut  :  Érasme  et 
le  monastère  de  Steyn,  par  M.  Léon  Dorez.  On  annonce  en  outre  :  Jean 
de  Itavenne  et  son  ■  Liber  memorandarum  rerum,  >  par  Francesco 
NovATi;  Alciat  en  France,  par  Louis  Delardelle ;  Robert  Gaguin  et  ses 
amis,  par  Louis  Thuas^e, 

—  Le  i.  XXVI  des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  l'Au- 
nJB  comient  la  deuxième  partie  des  délibérations  de  l'échevinage  de 

inl-Jean-d'Angély,  1396-1411.  Le  volume  se  termine  par  la  table 
S  matières  des  tomes  XXI-XXVI. 

-  Le  t.  UI  de  la  Correspondance  générale  de  Carnot,  publiée  par 
.  Etienne  Ch^bavay  (P.  Leroux),  se  rapporte  k  la  correspondance 
llitaire  du  Comité  de  salut  public  d'août  à  octobre  1793. 

-  H.  Paul  Ladraih  a  publié  une  brochure  intitulée  :  De  l'intervention 


458  GHIOHIQUB  IT  BULIOGAAPHU. 

des  laïques,  des  diacres  et  des  ahbesses  dans  Vadiministraiion  de  la  Mtî- 
tence,  étude  historique  et  théologique  (Paria,  Lethielleux,  4897).  Ge 
mémoire  a  serri  à  Tauteur  de  thèse  de  doctorat  devant  la  Faculté 
catholique  de  théologie  de  Paris,  et  c*est  Tindice  d'un  progrès  sensible 
dans  la  méthode  appliquée  aux  choses  théologiques  que  l'admission  de 
la  raison  historique.  On  nous  assure  que  la  Faculté  à  laquelle  M.  Lan- 
rain  s'adressait  a  témoigné  une  médiocre  intelligence  de  ce  progrès, 
ce  qui  n'est  pas  pour  nous  surprendre.  M.  Laurain  n'en  est  pas  moins 
dans  la  bonne  voie.  Car  il  est  bien  temps  que  les  théologiens  catbo- 
liques  se  mettent  à  étudier  l'origine  des  formules  consacrées  par  le 
concile  de  Trente,  s'ils  ne  veulent  pas  voir  ces  formules,  mal  com- 
prises, devenir  entre  les  mains  de  néo-scolastiques  ignorants  de  toute 
histoire  les  plus  redoutables  instruments  d'oppression  intellectuelle. 

—  MM.  F.  LoLiéE  et  Gh.  GrosL  ont  publié  dans  la  Bibliothèque  de 
dictionnaires'manuels  illustrés  de  la  librairie  Armand  CSolin  un  Diction' 
naire  des  écrivains  et  des  littératures.  L'histoire  et  les  historiens  y 
occupent  une  place  importante.  Ge  dictionnaire,  imprimé  avec  soin  et 
bien  illustré,  si  l'on  tient  compte  du  prix  modique,  représente  une 
somme  de  travail  considérable  condensée  avec  beaucoup  de  goût  et 
beaucoup  d'attention.  La  critique  trouverait  assurément  à  s'y  exercer. 
L'érudit  sera  surpris  qu'à  l'article  Chronique,  où  M.  Loliée  cite  les 
grandes  collections  d'annales  et  de  chroniques  que  se  sont  constituées 
les  nations  modernes,  la  France  ne  figure  que  pour  les  Chroniques  dt 
Saint" Denis  publiées  par  Paulin  Paris,  et  pour  les  recueils  de  Guizot 
et  de  Duchon,  et  la  Belgique  pour  le  Corpus  de  Swert  et  celui  de  Fop- 
pons.  IjO  Recueil  des  historiens  de  la  France  (dom  Bouquet),  des  his- 
toriens des  croisades,  le  monument  élevé  par  la  Société  de  l'histoire 
do  France,  la  vaste  collection  de  chroniques  belges  publiée  par  la 
Gommission  royale  d'histoire  ne  sont  pas  mentionnés.  Une  nouvelle 
édition  fera,  nous  l'espérons,  disparaître  ces  inexcusables  lacunes.  Ge 
qui  distingue  ce  nouveau  manuel  est  la  forme  vraiment  littéraire  don- 
née aux  notices.  La  collaboration  de  M.  Gidel  a  porté  plus  spéciale- 
ment sur  les  articles  consacrés  aux  littératures  grecque  et  latine. 

—  Deux  grandes  entreprises  de  bibliographie  scientifique  viennent 
de  commencer  presque  en  même  temps  :  !<>  le  Manuel  de  l'amateur  de 
livres  au  XI P  siècle,  1801-1893,  par  M.  G.  Vicairb,  dont  huit  fascicules 
ont  déjà  paru  (ils  vont  d^Abeille  à  Gyp.  Rouquette,  1894-1897,  in-8«); 
2o  le  t.  I  du  Catalogue  général  des  livres  imprimés  de  la  Bibliothèque 
nationale.  La  partie  commencée  est  consacrée  aux  auteurs  et  contient, 
des  mots  Aachs  à  Albyville,  11067  articles,  soit  environ  le  cinquième  des 
ouvrages  dus  aux  auteurs  dont  le  nom  commence  par  la  lettre  Â  (Impr. 
nationale,  in-8^  à  deux  col.). 

—  La  librairie  Leroux  a  mis  en  vente  le  1. 1  du  Catalogue  général  des 
Manuscrits  français,  ancien  Saint-Germain  français,  par  M.  Auveay.  On 
y  trouvera  l'inventaire  analytique  des  n»*  15370-170^8  (654  p.  in-8<»). 


cnomQOB  n  Biiuoeupni. 


4S9 


Mim 


i- 


B«lgl(pl0.  —  Feu  le  général  Guillaume  a  publié  jadis,  dans  les 

Mtmairts  de  l'Àcadimie  royale  de  Belgique,  une  euile  de  travaux  histo- 
les  fort  întéreBBaata  iotilulé!^  :  les  Belges  au  servid  de  l'Espagne,  de 
[utriehe  et  de  Naples.  M.  le  général  Bernaert  vient  de  compléter  la 
irie  de  ces  monographies,  interrompue  par  la  mort  de  l'auteur,  par 
livre  important  intitulé  :  Pastet  mililaires  des  Belges  au  sei-vice  de  la 
Fr&nea  (BnixelleB,  Lamertinj.  Ou  y  trouve  un  grand  nombre  de  notices 
biographiques  puisées  aux  meilleureB  sources.  C'est  une  eicellenio 
contribution  à  l'histoire  militaire  de  la  Belgique. 

—  Notre  collaboralfiur  M.  Paul  Fredehicq,  professeur  à  l'Université 
de  Gand,  vient  do  faire  paraître  la  seconde  partie  de  son  Histoire  de 
l'Inquisition  aux  Pays-Bas.  Il  y  étudie  successivement  les  troubles 
religieux  des  Pays-Bas  pendant  le  xiv*  siècle:  l'Inquisition  et  les  pre- 
mières poursuites  exercées  contre  les  Béguines  et  les  Beggards;  l'hé- 
résie de  Bloemardinnc  et  la  secte  des  t  Nouveaux;  i  l'apparition  de 
la  secte  des  Flagellants  en  1349  et  sa  résurrection  en  1400;  la  secte 
des  danseurs  en  1374;  le  procès  des  Templiers;  la  persécution  des 
Frères  et  des  Sœurs  de  la  vie  commune;  la  prépondérance  de  l'Inqui- 
sition épiscopale  au  xiv*  siècle  ;  l'Inquisition  et  la  puissance  temporelle 
à  la  même  époque,  et  il  termine  par  la  rentrée  en  scène  de  l'Inquisi- 
tion pontificale.  Ce  volume,  aussi  original  et  aussi  plein  d'intérêt  que 
le  précédent,  est  rédigé  en  flamand  (Gand,  Vuylsteke). 

Para-Bas.  —  Le  rapport  annuel  de  la  Société  d'histoire  i  Utrecht 
{Bijdr.  en  Meded.  van  het  hist.  gen.  te  Ulreehl]  contient  un  fragment  d'une 
ttutobiographie  de  Constantyn  Huygens  {"Wohp)  ;  les  comptes  du  hailU 
de  Drenthe  pour  les  années  13:16-1339  (S.  Muller);  une  étude  sur  un 
collège  commercial  ii  Amsterdam,  lequel,  de  1663  jusqu'à  166ô,  Ait 
chargé  de  surveiller  les  intérêts  du  commerce  iBruquans);  le  récit  d'une 
flDlrevue  d'Arnold,  duc  de  Gueldre,  et  d'Adolfe,  son  fils  rebelle,  en 
1459  (van  Vëen);  un  mémoire  sur  l'arrestation  de  quelques  membres 
des  États  de  Hollande  par  le  prince  Guillaume  II,  de  Nanning  Keyser, 
un  des  seigneurs  arrêtes  (Kehnkamp);  une  partie  des  notes  de  B.  van 
Leeuwea  louchant  l'inlluence  du  stadtiouder  sur  les  élections  des 
magistrats  municipaux  (Fruin).  —  Dans  les  œuvres  de  la  même  Société 
a  paru  le  t.  Il  des  papiers  de  Hans  Bontemantel,  régent  d'Amsterdam, 

ibtié  par  M.  Keiinkami'  avec  le  plus  grand  soin  et  enricbi  de  notices 

appendices  importants. 

—  Dans  la  i"  livraison  du  tome]  X  des  Bijdragen  voor  vadtrlandsche 
ùescliiedenis,  M.  Bbom  a  publié  une  protestation,  attribuée  par  lui  à 
Albert  Pigge,  contre  la  cession  de  l'autorité  tetnporelle  des  évêques 
d'Utrecht  à  Charles-Quint.  Au  même  érudit  nous  devons  la  publica- 

d'un  a  Discorso  latino  dell'  Imperaiore  Carlo  V  alla  Santitft  di 
ilo  III.  »  —  M.  Blok  u  étudie  tes  Mémoires  Je  llollando  (Paris, 
Ï1&);  après  en  avoir  discuLé  la  valeur  historique,  il  demande  à  quel 


460  GnONIQUB  RT  BlBUOGRAPHIl. 

auteur  il  faut  attribuer  ce  roman,  et  il  répond  qu'il  est  dû  à  la  colla- 
boration de  M.  Du  Buisson  et  d'un  second  auteur,  peut-être  de 
M.  Huet.  —  On  article  sur  les  dettes  des  Stuarts  à  la  maison  d'Orange- 
Nassau  est  de  la  main  de  M.  Worp.  —  Une  étude  intéressante  de 
M.  Fruin,  sur  la  médiation  de  la  République  entre  la  France  et  l'Es- 
pagne, rectifie  quelques  erreurs  commises  par  M.  A.  Waddington 
dans  son  livre  sur  Us  Provinces-Unies,  la  France  et  les  Pays-Bas  espa- 
gnolSf  en  louant  d'ailleurs  beaucoup  les  mérites  de  ce  travail  distingué 
du  professeur  lyonnais. 

—  Les  deux  volumes  consacrés  par  MM.  Joostino  et  Ovbbvoordb 
aux  corps  de  métiers  d'Utrecht  sont  d'un  très  grand  intérêt  {De  gilden 
van  Utrecht,  dans  les  œuvres  de  la  Vereeniging  toi  uitgave  van  bronnen 
van  het  oude  vaderlandsche  reeht).  Dans  une  savante  introduction,  les 
éditeurs,  après  avoir  rendu  compte  de  la  manière  dont  ils  ont  mis  à 
profit  les  sources  de  leur  publication,  traitent  les  corps  de  métiers 
d'Utrecbt,  premièrement,  en  tant  qu'associations  professionnelles, 
ensuite  dans  leurs  relations  avec  TÉglise,  enfin  comme  corps  poli- 
tiques, et  ainsi  ils  ont  donné  un  résumé  de  ce  que  contiennent  les 
nombreux  documents  qui  suivent.  —  Dans  les  œuvres  de  la  même 
Société,  M.  Bezemer  a  publié  des  droits  anciens  de  la  ville  de  Steen- 
bergen. 

—  Une  édition  très  soignée  des  Stadboeken  van  Zufolle,  par  M.  Tbl- 
Tiifo,  permet  d'étudier  le  développement  du  droit  de  la  ville  de  Zwolle. 
(Dans  les  œuvres  de  la  Vereeniging  tôt  beoefening  van  Overijsselsch  regt  en 
geschiedenis,) 

—  M.  DE  HuLLu,  le  savant  archiviste  de  la  ville  de  Deventer,  con- 
tinue l'importante  publication  des  comptes  de  cette  ville;  la  livraison 
dernièrement  parue  contient  les  comptes  des  années  1375-1376.  En 
même  temps  il  a  commencé  de  publier  une  collection  de  documents 
relatifs  à  la  Réformation  dans  là  province  d'Overyssel.  (Dans  les 
œuvres  de  la  même  Société.) 

—  Quelques  chartes,  tirées  des  Archives  nationales  à  Paris,  et  rela- 
tives aux  rapports  de  la  Frise  et  de  la  France  pendant  les  années  1337 
et  1338,  ont  été  publiées  par  M.  Blok  (Publications  de  Het  Friesch 
Genootschap), 

—  Dans  le  périodique  intitulé  Tijdschrift  voor  Geschiedenis,  t.  XIII, 
je  signale  une  étude  de  M.  Feith  sur  les  colonisations  néerlandaises 
dans  le  Brandebourg,  et  une  autre,  de  M.  de  Boer,  sur  la  trahison  du 
comte  Henri  van  den  Bergh  et  la  campagne  le  long  de  la  Meuse  en  1632. 

—  M.  Domela  NiEuwENHms  donne  la  suite  des  mémoires  de  son  grand- 
père  sur  les  dernières  années  du  xviii*  siècle  dans  la  revue  de  Tijà- 
spiegel  (juin  et  juillet). 

—  Une  étude  intéressante  sur  la  condition  du  paysan  frison,  du 


CB&OmQDB   ET   BIBLIOGHIPEII.  Mt 

moyen  âge  jusqu'à  nos  jours,  est  publiée  par  M.  de  Boer  dans  la  Twee- 
maaiuielijhsch  TijdschHfï  (sept.  1897-janv.  1898). 

—  Le  tome  U  de  l'iùstoire  populaire  des  Pays-Bas  au  xtii*  siècle, 
publiée  par  M.  P.-L.  Mulleh,  bou:)  le  titre  :  Onze  gouden  eeuui,  expose 
la  condition  sociale  et  politique  des  provioces  et  de  plusieurs  villes, 
ensuite  l'époque  de  Jean  de  Wltt  ei  l'année  terrible  de  1672;  il  se 
recommande  par  les  mêmes  mérites  que  le  premier  volume. 

—  Dans  les  deux  dernières  livraisons  du  tome  XLVU  des  Mémoires 
de  l'Institut  royal  de  philologie,  etc.,  des  Indes-Orientales,  M.  van  deh 
Keup  nous  fait  connaître  l'upmion  de  Pendal  et  de  HalQes  sur  le  traité 
de  Londres  du  13  août  1814.  Un  mémoire  sur  l'île  d'Ambon  en  161T, 
du  gouverneur  G.  Demmer,  est  publié  par  M.  Ueehbs.  Le  tome  XLVOl 
cuniieai  la  première  partie  d'une  grande  collection  de  documents  sur 
les  Uullaudais  en  Chine,  dont  nous  sommes  redevables  à  M.  GaiE- 


Alsace.  —  Noire  collaborateur,  M.  Rud.  REDss,'a  conquis  brillam- 
ment le  grade  de  docteur  es  lettres  en  Surbonne  avec  les  deux  ibèses 
suivantes  :  Ùe  Scriplorîbus  rerum  Âtsaticarutn  historiâs  inde  a  primor- 
diis  ad  laeculi  ÎViU  eailum  (Argenturati,  apud  Fred.  Bull,  xii-250  p.), 
et  l'Alsace  au  XVIh  siide,  au  point  de  uue  géographique,  hiiloriqut, 
adminitlralif,  économique,  social,  intellectuel  et  religieux,  1. 1  (DuuilloD, 
sixvi-735  p.,  D"  116  de  la  Bibliothèque  des  hautes  études).  Le  tome  1" 
contient  les  chapitres  suivants  :  i.  le  Pays;  ii.  Histoire  de  l'Alsace  au 
xvu'  siècle;  m.  Institutions  générales  du  pays  ;  iv.  les  Territoires  alsa- 
(ûens;  v.  État  économique  de  l'Alsace. 

Allemagne.  —  Le  3(J  nuv.  189T  est  mort  le  D^  H.  de  Marqu&rdsbn, 
professeur  de  druit  à  l'Université  d'Erlangen,  âgé  de  soiianle  et  onze 
ans.  Oa  lui  doit  do  nombreux  travaux  sur  le  droit  des  gens  et  sur  le 
droit  politique,  ainsi  qu'un  Uandbuch  des  offenlUchen  Heelites.  —  Le 
19  déc.  est  mort  le  I>G.  WBrim,  professeur  à  l'Académie  de  Liegnitz, 
en  Silésie,  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Die  Eroberung  und  Gtrmani- 
tirung  der  Uender  œstlicli  der  Elbe  «1364-1889).  —  Le  5  janv.  18118  est 
mort,  à  l'âge  de  cinquante-quatre  ans,  le  professeur  Mas  Lossen,  secré- 
taire de  l'Académie  des  sciences  de  Bavière  à  Munich,  auteur  d'excel- 
lents travaux  sur  l'histoire  de  la  Itéfûrme  et  de  la  Contre-Réforme; 
son  principal  ouvrage  est  :  Gesehichle  des  Kôlnischen  Krieges  î5d7-lS86 
(2  vol.  1882-1897}.  Citons  aussi  :  Dojuiuwarth  und  Heriog  Maximilian 
(I8SS);  tlriefe  von  À.  Masius  und  seinen  Freunden  (ISSli);  die  Lehre  von 
Tyramunmord  (189i).  —  Le  II  janv.  est  mort  le  D--  Erwin  Rhooe,  pro- 
fesseur de  philologie  classique  à  l'Université  de  Heidelberg,  âgé  de 
cinquante-trois  ans.  Après  avoir  enseigné  successivement  &  Kiel,  lêna, 
Tubingue  et  Leipzig,  il  fut,  en  1886,  nommé  à  Heidelberg.  Il  était  au 
premier  rang  des  philologues  allemands.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
itfr  grieehische  Boman  und  seine  Vorlieufer  (1878)  et  Psyché;  Seelen  Kult 


462  CHIOHIQUI  R  BIBLIOMIPH». 

und  Unsterblichkeitsglaube  d&r  Grieehen  (1890-1894)  ;  dont  il  entrepre- 
nait une  revision  quand  il  est  mort.  —  Le  18  janv.  est  mort  le 
D^  H.  Webbr,  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Bamberg,  auteur  de 
travaux  remarqués  sur  Thistoire  de  la  Franconie,  âgé  de  soixante- 
trois  ans. 

—  Le  I>  KosBB,  directeur  des  archives  de  Prusse,  a  été  nommé  histo- 
riographe de  rÉtat  prussien  ;  il  a  été  élu  dans  le  môme  temps  membre 
étranger  de  TAcadémie  des  sciences  de  Stockholm,  section  d'histoire. 

—  Le  D'  DE  HEnrBMANM  a  été  nommé  professeur  d'histoire  à  l'Uni- 
versité  de  Tubingue.  —  Le  directeur  de  la  bibUothèque  de  l'Universilé 
de  Halle,  O.  Hartwig,  bien  connu  par  ses  travaux  sur  Thistoire  d'Ita- 
lie, a  été  mis  à  la  retraite.  —  Le  D''  Stibda  a  été  nommé  professeur  de 
sciences  politiques  à  l'Université  de  Greifswald.  —  Le  D'  W.  Sibouk, 
auteur  apprécié  de  travaux  sur  l'histoire  et  la  cartographie  de  l'anti- 
quité, a  été  nommé  professeur  de  philologie  classique  à  l'Université 
d'Iéna. 

—  L'Académie  des  sciences  de  Bavière  a,  sur  les  revenus  de  la  fon- 
dation Savigny,  accordé  1,500  m.  au  D'  LnssBOAHO,  privat-docent  à 
Berlin,  pour  contribuer  aux  frais  d'impression  du  1. 1  des  Magdeburgtr 
Schœffenspriiche^  et  2,500  m.  au  D'  Knàppb,  de  Wurzbourg,  pour  lui 
permettre  de  publier  le  Zentbueh  des  HochsiifUt  Wiiriburg,  dressé  par 
L.  Fries  au  xvi«  siècle. 

—  L'administration  des  musées  de  Berlin  a  reçu  du  D^  O.-H.  Dei- 
BEL,  médecin,  récemment  décédé  à  Abbazia,  un  legs  de  100,000  m.,  i 
l'efTet  d'acheter  des  sculptures  d'origine  égyptienne,  assyrienne, 
grecque,  étrusque  ou  romaine. 

—  La  c  SaBchische  Missions-Gonferenz  »  a  mis  au  concours  la  ques- 
tion suivante  :  Exposer  les  principales  idées  religieuses  et  philoso- 
phiques des  Hindous,  d'après  les  Védas,  les  Oupanishads  et  la  philoso- 
phie brahmanique;  apprécier  ces  idées  au  point  de  vue  chrétien.  Le 
prix  est  de  1,000  m.  Les  mémoires,  rédigés  en  allemand  ou  en  anglais, 
devront  être  remis  avant  le  30  juin. 

—  Dans  la  séance  générale  de  la  Commission  d'histoire  badoise,  un 
rapport  sur  les  travaux  qu'elle  a  entrepris  fait  connaître  les  points  sui- 
vants :  en  ce  qui  concerne  les  Regestes  des  évéques  de  Constance, 
publiés  par  A.  Cartellibri,  la  4«  livraison  du  t.  U  paraîtra  en  1898;  la 
fin,  en  1899;  des  recherches,  aux  archives  du  Vatican,  par  Cartellieri 
et  Kurt  Schmidt  ont  fourni  de  riches  matériaux.  MM.  Koppeler,  de 
Zurich,  et  Bbyerle,  de  Waldshut,  préparent  une  édition  des  coutumes 
municipales  de  Constance  et  d'Ueberlingen;  M.  Beyerle  pubUera 
ensuite  la  liste  des  conseillers  municipaux  de  Constance  au  moyen 
âge.  Les  matériaux  du  t.  V  et  dernier  de  la  Correspondance  politique 
du  margrave  de  Bade,  Charles-Frédéric,  la  plupart  des  matériaux  sont 


déii  rénois;  il  mte  eepaaiUiit  à  «UpooiUer  tea  uchim  de  Puw. 
U.  Ihiocb  b  commeiicê  ton  Tolnme  aur  te*  ofigioea  de  I*  gnem  de  la 
nicees&ioo  paUUoe  li6ftâ-l6S8),  d'eprèa  tes  nppùnx  dea  uoiiUMdeun 
de  Vienoe  et  de  Pxiis.  —  UM.  bb  Wekb  et  Bwnxn  préparent  U 
IHibbcatioa  de  la  turreapuodaiice  de  Hanin  Gertten,  pnace-abbé  de 
Saim-BUiie,  qui  pareitn  anmt  uo  an.  Le  dernier  âûdcule  du  Dio 
tioutiaire  topograpbique  du  grand-ducbè  de  Bade,  jiar  le  [>*  Kbieoek, 
est  mu  presse,  amsi  que  le  dernier  Cucicuie  de  l'Ûàvrtiaditcfia  Gttth' 
UehUr-BiMh,  pubLé  par  le  lieuienant-colunel  KuioLea  ou  Kbublucq.  Les 
weaux  ei  armea  dee  communes  badoi&es  seront  publiés  en  trois  iua- 
cules.  Chaque  mmée,  la  Commiaaion  publie  ua  ■  NeujaiirsbUit  i  *  celui 
pour  l'annce  181J7,  par  Wiu^,  est  intitulé  :  Orvelual,  Bitdar  aw  eiium 
geMidun  Staate  da  IVIIIJahrh.:  celai  pour  |g!:»e,  par  le  £)•  de  Weecs, 
Sif  r6nùchtr  h-mUa  am  OOerrhein  i76i-6i.  Une  suite  des  Boéitehe 
BiografkittH  parailn  en  190U  ou  1901. 

—  L'Âcadéatie  des  sciences  de  Berlin  a  nommé  membres  currupon- 
danta,  pour  la  classe  de  piiiloso{>liie  et  il'bistuire,  les  prufesMurs  Corne- 
ucs,  de  Municb,  et  EaonAKssDiEarvEii,  de  fleidelberg.  —  Elle  a  accordé 
3,000  m.  au  professeur  bcBWEixFuaTH  pour  la  publication  des  cartee 
qu'il  a  levées  dans  le  désert  arabique  d'Egypte. 

—  Dos  Ôoctâlé  asiatique  vient  de  se  fonder  en  Allema^e  sous  la 
présidence  du  prince  Ueori  de  ScHieHAicti-CjiBDLAiH  et  la  vice-prési- 
Jence  de  l'amiral  lIoLuunN.  Celle  société  se  propose  d'exciter  et  de 
propager  l'inlérèt  pour  l'ancientie  avilisaltoa  orientale,  surtout  en 
ÂEsyne  et  en  Babylonie,  de  Mre  exécuter  des  fouilles,  etc.  £lle  a  déjà 
envoyt:  une  mission  scientiâque  en  Mésopotamie. 

—  L'administration  des  archives  militaires  du  royaume  de  Saxe  a 
récemment  occupe  le  nouveau  bltimeat  construit  aux  frais  de  l'empire. 

—  Le  musée  germanique  de  Nuremberg  va  s'agrandir  bieatùl  par 
l'acbat  d'une  grande  cousiruelion  voisine,  avec  cour  et  jardiu.  On  y 
installera  les  gravures  sur  cuivre  qui  comprennent  déjà  plus  de 
-200,000  plancbes,  la  bibliothèque,  qui  contient  plus  de  "200,000  volumes, 
et  les  archives. 

—  Le  professeur  Rudolpb  Vibchow  a  légué  au  musée  romain  et 
germanique  de  Mayence  une  collection  d'antiquités  cypriotes,  décou- 
vertes, il  y  a  de  longues  années,  par  le  D'  M.  Ohnefaiscb-Richter 
pour  la  I  R.  Vircbow  btiflung  ;  >  celte  collection,  qui  comprend  envi- 
ron 150  numéros,  se  rapporte  à  l'époque  du  cuivre  et  du  bronze  dont 
le  début  peut  être  placé  entre  3  et  4,000  ans  avant  l'ère  chrétienne. 

—  M.  Cari  Bleibtieu  a  publié  dans  le  n<>  268-^9  dea  Beiiage  lur 
—^Uffemeirun  Zeilung  un  mémoire  intéressant  sur  le  droit  de  la  guerre 

Il  temps  du  premier  empire. 
-  Sur  l'iDÎtialiTe  de  l'empereur  Guillaume  U,  on  a  tracé  le  plan 


464  OHEOinQUB  n  bibuogeaphii. 

d'un  grand  dictionnaire  égyptien,  dont  les  académies  allemandes  se 
partageront  la  publication. 

—  La  librairie  Hahn  (Hanovre  et  Leipzig,  1898,  210  p.  in-4»)  vient 
de  mettre  en  vente  la  deuxième  partie  du  tome  II  de  la  Chronologie 
de  Grotefend  :  Zeitrechnung  des  deutscken  MitteMters  und  der  Neiueii; 
elle  contient  les  calendriers  de  certains  ordres  religieux,  la  liste  des 
saints  avec  la  date  de  leurs  fôtes  et  vingt  pages  d'additions  an  glos- 
saire des  dates  qui  figure  dans  le  tome  I. 

—  La  librairie  Hoffmann,  à  Berlin,  avait  commencé  il  y  a  peu  de 
temps  un  Annuaire  de  biographie  sous  la  direction  de  M.  Ant.  Bn- 
TELHEiM  {Biographische  BUstter,  Jakrbuch  fûr  lebensgeschiehtlicke  Kutut 
und  Forsehung).  Deux  volumes  en  ont  paru.  —  Puis  cette  publication 
8*e8t  transformée,  et,  en  passant  à  la  librairie  Reimer,  mais  en  restant 
sous  la  môme  direction,  elle  est  devenue  un  Annuaire  biographique  et 
nécrologique  de  1* Allemagne  (Biographisck&s  Jahrbuch  und  deutsches 
Necrolog).  Le  t.  I  de  cet  Annuaire  comprend  :  1»  des  notes  biogra- 
phiques sur  Lud.  Richter,  d'après  les  papiers  d'Otto  Jahn,  par 
Ad.  MiGHABLis;  des  notices  nécrologiques  sur  Clara  Schumann,  par 
Bern.  Sguolz;  sur  Michel  Bernays,  par  H.  Um)E;  sur  Hugo  Bûrkner, 
par  le  D^  K.  Burkmer  ;  sur  Franz- A.  Buhl,  par  Marouaroseii  ;  des  sou* 
venirs  sur  Fr.  Bodenstedt  ;  2^  une  bibliographie  de  la  littérature  bio- 
graphique en  1896,  par  Joh.  Luther;  3®  une  très  longue  nécrologie 
(455  p.),  où  l'on  donne  la  biographie  de  tons  les  personnages  notables 
morts  en  Allemagne  dans  le  courant  de  Tannée  1896.  On  trouvera, 
dans  cette  dernière  partie,  d'utiles  indications  bibliographiques.  Le 
présent  volume  est  orné  de  deux  portraits  en  héliogravure,  de 
Treitschke  et  de  Du  Bois  Reymond  (vii-77  et  463  p.  in-8*.  Prix  :  12  m.). 

Autriche-Hongrie.  —  Le  D>^  David  de  Sghgenherr,  directeur  hono- 
raire des  archives  autrichiennes,  membre  correspondant  de  l'Acadé- 
mie de  Vienne,  est  mort  le  19  octobre  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans. 
—  Le  18  décembre  1897  est  mort,  à  Salzbourg,  âgé  de  quatre-vingt- 
un  ans,  l'avocat  A.  de  Rutuner,  le  Nestor  des  Alpinistes  autrichiens. 
Sous  le  titre  :  Dos  Kaiserthum  ŒsUrreich  (2  vol.,  1874-78),  on  a  de  lui 
un  grand  ouvrage  illustré  sur  l'histoire,  la  géographie  et  l'ethnographie 
de  l'Autriche.  —  Le  29  décembre  est  mort  à  Prague  le  professeur  Gons* 
tantin  de  Hoefler,  à  Tàge  de  quatre-vingt-six  ans.  B  était  né  en  1811, 
à  Memmingcn  eu  Bavière.  Il  enseigna  d'abord 'à  Munich,  puis  fut 
nommé  archiviste  de  l'État  à  Bamberg,  d'où  il  fut  appelé  à  l'Université 
de  Prague.  En  1872,  il  fut  élu  membre  de  la  chambre  des  seigneurs 
autrichiens  et  reçut  la  noblesse  héréditaire.  Il  prit  sa  retraite  en  1882. 
Il  a  beaucoup  écrit,  et  presque  sur  toutes  les  époques  de  l'his- 
toire; il  fut  aussi  un  poète  dramatique.  Parmi  ses  ouvrages,  publiés 
en  grande  partie  par  la  Société  des  sciences  de  Bohème  et  par 
l'Académie  de  Vienne,  nous  citerons  seulement  les  plus  importants  ; 


CHBOilIQUE   BT   BIBLIOGRjtfmK. 


465 


Mleruananlung  fur  frjinkisclie  Geschiclite  (4  vol.,  1849-1653),  Bupreclit 
I  dtr  Pfatz  (1861),  Condlia  Prageiuia  11862),  Magistcr  Johannes  Uns 
und  der  Absug  der  deutielien  Pro/nsaoren  und  Studenten  aun  Prag  (1864)  ; 
Gtscliiehlsehreîber  der  kusitUeher  Bewegung  (3  parties,  1856-1S66), 
Ahhandlungen  aut  dem  Gehiete  deralten  Geschtchle  (1870-18S0),  DU  roma- 
nUcliA  Welt  und  Mr  VtrhrltnUs  mu  den  Reformideen  des  Mitteiaiters  (18781, 
Papst  Hadrian  VlUmO),  Monumenla  Hùpanica  {iS8i-ii»E],  Don  Rodrigo 
de  Borgia,  Alexandtr  7/(18881.  —  Le  9  janvier  1898  est  mon  le  D'J.-Ad. 
ToiMAscHEK,  proleseeur  honoraire  de  droit  allemand  il  l'Université  de 
Vienne,  âgé  de  eoixanle-quaiorze  a.nB.  Il  était  membre  de  l'Académie 
den  sciences  de  Vienne  et  avait  tait  partie  du  parlement  de  Francfort. 
It  fut  cbargô  par  la  ville  de  Vienne  de  publier  :  RecMe  und  Privilegien 
der  Sladl  Wten  (2  vol.,  l8T7-)879),  et  a  donné  en  outre  de  nombreux 
mémoires  sur  l'histoire  du  droit  autrichien. 

—  Les  amis  et  anciens  élèves  de  Max  BDEDtHOEii,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Vienne,  se  préparent  à  fêler  le  soixante-diiième  anniver- 
saire de  sa  naissance;  un  comité  s'est  formé  pour  composer  un  volume 
de  mémoires  qui  paraîtra  chez  Wagner,  à.  Innsbruck. 

—  Un  article  de  F,  de  Kjiones  intitulé  :  Herr  Wilhelm  von  liosm- 
berg  «ind  die  seitgeschichttichen  Berichte  im  Archive  von  Wittingau, 
publié  dans  les  Beilage  der  AUgemeinen  Zeilung  (1897,  n<>?60),  fait  con- 
naître de  procieui  documents  sur  l'bisloire  du  xvi'  siècle,  W.  de  Ho- 
senberg  (1535-1592)  était  un  diplomate  fréquemment  employé  par 
l'empereur  dans  des  missions  à  l'étranger  et  un  homme  d'État  distin- 
gué. On  a  trouvé  dans  ses  papiers  des  instructions  des  empereurs  et 
rois  Ferdinand  I",  MaiiraiUen  II,  Rodolphe  II,  des  relations  sur  les 
cours  des  Habsbourg,  des  lettres  du  roi  d'Espagne  PhiUppe  11,  des 
correspondances  de  princes  allemands,  des  comptes-rendus  des  diètes 
impériales  et  des  états  provinciaux  de  Bohème,  des  reuseignemeata 
Rur  la  situation  intérieure  de  la  Bohème  et  de  la  Hongrie,  des  dépêches 
envoyées  de  Paris,  Venise,  Rome,  etc.,  des  lettres  de  l'ambassadeur 
espagnol  San  Ctemenle  et  du  résident  français  à  Vienne,  L'Abbé. 
M.  de  Krones,  dans  son  article,  doone  une  courte  biographie  de  ce 
dernier,  avec  des  pièces  justificatives  empruntées  à  ce  riche  dépât. 

Angleterre,  —  Sir  Frederick  Pollock  est  mort,  en  novembre  der- 
nier, à  l'âge  de  cinquante-deux  ans.  11  était  professeur  de  droit  à  l'Uni- 
versité  d'Oxford  et  dirigeait  le  Law  QiiarUrly  Bmew.  C'était  un  juris- 
consulte éminçât  qui  a  composé  plusieurs  chapitres  de  la  belle  Bisiory 
afengliih  law,  qu'il  signa  en  collaboration  avec  M.  MArrLAND, 

—  9ir  Edward  A.  Bond,  ancien  administrateur  général  du  British 
Muséum  1I8T8-I88S),  vient  de  mourir  b.  l'ige  de  quatre-vingt-deux  ans. 
On  lui  doit  une  édition  des  statuts  de  l'Université  d'Oxford,  des  Diî^- 
cours  prononcés  dans  le  procès  de  Warren  Hastings,  de  la  Chronique 
de  l'abbaye  de  Moaux  (Mclsa)  dans  la  colloclioa  du  Maitre  des  rôles. 

Rbï.  Histob.  LXVI.  2"  rASC.  30 


466  CHIOHIQUE  ST  BIBLI06EAPHIE. 

Mais  il  a  beaucoup  plus  fait  encore  en  fondant  la  c  Palseographical 
Society,  i  pour  laquelle  il  prépara  de  beaux  fac-similés  photographiques 
de  textes  grecs  et  latins,  et  surtout  en  poussant  très  activement  le 
Catalogue  des  mss.  possédés  par  le  British  Muséum. 

—  La  c  Somerset  Record  Society,  •  depuis  sa  fondation  en  1887, 
a  déjà  fait  paraître  dix  volumes  :  Bishop  Drohensford's  Regisier,  analysé 
par  M.  Hobuouse;  Somerset  chantries,  publié  par  £.  Grbbm;  Kirby's 
quest  for  Somerset,  par  feu  Dickinsob  ;  Prs-Reformation  Churchwardens' 
aecounts  in  Somerset  parishes,  par  Hobhouse  ;  Custumaria  of  the  IllI*^ 
cent,  abhots  of  Glastonbury,  par  G.  J.  ëlton;  Pedes  ftnium  for  Somerset^ 
par  Ë.  Green;  Two  chartularies  of  the  priory  of  Bath,  par  le  RéY. 
W.  Hunt;  Bruton  and  Montacute  eartularies,  par  Maxwell  Lyte  et 
T.  S.  HoLsiEs;  Hegistrum  Radulphi  de  Salopia  (2  vol.),  par  le  Rév.  T.  8. 
Holmes.  Le  plus  récent  volume  est  un  choix  de  Somersetshire  pUas, 
civil  and  criminal,  extraits  analysés  et  traduits  des  rôles  des  juges 
itinérants  pendant  la  première  moitié  du  xm«  siècle,  par  M.  Charles 
E.  H.  Chadwigk-Healey  (1  vol.  in-S®,  lxxxiij-520  p.). 

—  Les  quatre  dernières  livraisons  de  VHistorioal  Atlas  of  moden 
Europe  (Oxford,  at  the  Giarendon  Press,  livr.  12-15)  contiennent  les 
cartes  suivantes  :  l'Europe  au  temps  d'Otton  I"'  le  Grand,  vers  962, 
par  M.  R.  L.  Poole;  l'Allemagne  sous  la  maison  de  Hohenstaufeo, 
1138-1254,  par  le  môme;  la  maison  de  Savoie  en  Italie,  par  miss  Doro- 
thée Ewart;  l'Allemagne  religieuse,  montrant  les  divisions  ecclésias- 
tiques de  ce  pays  au  moyen  âge,  par  M.  Poole  ;  la  Pologne,  depuis 
Tunion  de  Lublin  jusqu'au  troisième  partage,  1569-1795,  par  Nisbet 
Bain  ;  l'Italie  après  la  paix  de  Lodi  (1454),  par  miss  D.  Ewart;  la 
France  au  xui"  siècle,  par  M.  W.  E.  Rhodes;  l'empire  romain  d'Orient 
au  x«  siècle,  par  le  professeur  Bury;  l'Ecosse  vers  1600,  par  M.  Gre- 
gory  Smith;  Torganisation  ecclésiastique  de  la  péninsule  espagnole 
(avec  une  liste  dos  diocèses  espagnols  et  l'époque  de  leur  fondation), 
par  M.  Poole  ;  l'Asie  occidentale  sous  les  dynasties  musulmanes  (97(^ 
1070),  par  le  même. 

—  Viennent  de  paraître  dans  la  série  des  Calendars  (Rolls  séries)  : 
le  t.  III  des  Calendar  of  entries  in  the  papal  registers,  1342-1362,  par 
W.  H.  Bliss  et  G.  Johnson,  le  t.  I  des  Pétitions  to  the  Pope,  1342-1419, 
extraits  des  mômes  registres  pontificaux,  par  M.  Buss,  le  1. 1  du  Calen' 
dar  ofthe  patent  rolls,  Edward  IV,  IkeMkSl,  et  le  t.  XVI  des  ÂcUof 
the  Privy  Council  of  England,  par  J.  R.  Basent. 

—  La  librairie  Simpkin  a  mis  en  vente  un  volume  de  Documents 
relating  to  the  history  of  the  cathedral  church  of  Winchester  in  the  IVIP^ 
ccntury,  publiés  par  MM.  Stephens  et  Madqe,  et  The  Registers  of  John 
de  Sandale  and  Rigaud  de  Asserio,  bishops  of  Winchester,  iSiô^iS^i, 
publiés  par  M.  Baigent. 

Italie.  —  Nous  ne  croyons  pas  utile  de  donner  des  détails  sur  li 
prétendue  représentation  de  la  crucifixion  que  M.  Marugghi  a  cra 


CaSONIQDE   ET   BtBLrOGlUPHie. 


46T 


'  découvrir  dans  uQgrallilodu  Palatin.  Ce  n'est  qu'une  scène  d'acrobat«e 

accumpuguéG  it'ime  iuBcriplion  erotique.  Un  autre  grafUta,oii  M.  Maruc- 
cbi  a  cru  auEsi  trouver  une  rupoose  d'Aleiamenos  à  la  fameuBe  uari- 
culure  qui  te  représeate  ailorant  sun  Dieu  cruciGi-  cl  à  tèle  d'ilne,  parait 
également  avoir  été  interprété  avec  plus  d'imagination  que  d'exactitude. 
—  En  1894  a  été  cuastituêe,  au  eein  de  l'Âcadi'inie  royale  des 
Ruzzi  à  Sienne,  une  cooimissiou  spéciale  d'histoire,  qui  s'est  appli- 
quée tout  de  suite  à  ses  travaux  avec  beaucoup  d'ardeur.  Dans  la 
ménie  année,  la  comiuission  a  commencé  la  publication  périodique 
d'un  ISulkilino  Stnese  di  sloria  patria,  très  bieu  fait;  ensuite  elle  a 
inauguré  dea  conférences  historiques,  lioût  deoi  volumes  ont  déjà 
paru  (Sieoa,  Laziari)  en  1895  et  1896.  Il  est  peut-être  trop  lard  pour 
résumer  te  contenu  de  ces  volumes;  il  suflira  que  nous  disions  qu'ils 
se  rapportent  exclusivement  h.  l'tiisloire  de  Sienne,  â  ses  institu- 
tions, à  SOS  traditions,  à  quelques-uns  de  ses  personnages  illustres. 
—  M.  P.  tlosEï,  président  de  la  commission,  eu  ouvrant  la  série  des 
conférences  en  1895,  avait  lu  un  savant  mémoire  sur  les  Origines  de 
Sitniu  avant  l'époque  romaine;  en  1897,  il  s'est  occupé  de  Sienne 
colonie  romaine.  Il  Exe  rétablissement  de  la  colonie  à  l'époque  d'Au- 
guste, décrit  la  topographie  de  Sienne  romaine,  traite  de  son  organi- 
sation administrative,  de  ses  institutions  religieuses,  de  sa  conversion 
au  christianisme  (rv  siècle),  etc.;  tous  ces  sujets  sont  étudiés  avec 
beaucoup  de  soin.  —  M.  L.  Zdekaubb  avait  traité,  dans  une  des  cooCé- 
rences  de  1696,  sur  la  Vie  privte  des  Siennois  au  Illl'  siècle,  et  donné 
sur  ce  sujet,  jusqu'ici  peu  étudié,  des  renseignements  tout  à  fait  iné- 
dits et  très  instructifs;  dans  une  seconde  conférence,  qui  fait  pendant 
à  la  première,  il  s'est  occupé  de  la  Vio  publique  à  la  màme  époque.  La 
source  principale  de  ses  recherchée  a  été  le  Statut  de  I26'2  (que 
M.  Zdekauer  lui-même  a  édité  en  1897  chez  Lazzari|  et  d'autres  docu- 
ments contemporains.  Il  ne  faut  pas  se  méprendre  sur  le  litre  de  cette 
brochure.  Ce  n'est  pas  une  narration  de  faits  historiques,  ni  même  une 
histoire  des  institutions  publiques  (à  ce  point  de  vue  on  pourrait  lui 
reprocher  d'être  un  peu  superficiel),  mais  c'est  uo  portrait  vif  et 
attrayant  de  la  vie  municipale  en  ce  qui  concerne  la  politique  et 
l 'administrât ion  publique. 

—  Depuis  que  M.  Felice  Toceo,  en  1884,  a  publié  son  livre  remar- 
quable sur  VEresia  nel  medio  ovo  (cf.  Revue  historique,  t.  XXVIII),  les 
études  italiennes  sur  les  hérésies  et  les  hérétiques  du  moyen  âge  uDt 
repris  avec  plus  d'activité  et  avec  une  méthode  sans  doute  plue 
sérieuse  et  plus  scientifique  qu'auparavant.  Nous  signalerons  entre 
autres  quelques  travaux  de  Dom  G.  Boffitu,  barnabite  piémontais.  11 
s'occupe  des  hérétiques  en  Piémont  et  dans  la  Ligurie.  En  1896  il  a 
publié  dans  le  BuUettino  storico  subalpino,  fasc.  6,  des  notices  sur  les 
hérétiques  li  Cuneu;  et  dans  le  Giorn.  stor.  délie  Utî.  ital.  (1897,  p.  304 
et  suiv,),  il  a  fiût  connaître  une  déposition  reçue  par  le  tribunal  iuqui' 
eiiorial  de  Toulouse,  où  est  mentionné  un  livre  du  Nouveau  Testa- 
meul  écrit  ïn  ronumo  si  tn  tatino  mixtim,  ce  qui  ajoute  un  nouveau 


É 


468  CHEO.NIQCE  ET  BIBUOGRAPHU. 

fait  à  l'histoire  de  la  Bible  vaudoise.  Deux  documente  qu'il  a  publiés 
dans  les  Atti  de  TÂcadémie  royale  sont  de  nature,  croit-il,  à  prou^rar 
la  propagation  rapide  de  Thérésie  des  Albigeois  à  Gènes,  ce  qui  ne 
nous  paraît  pas  bien  établi,  du  moins  par  lesdits  documents;  mais  ils 
sont  très  intéressants.  Ce  sont  :  une  sommation  faite  par  un  commis- 
saire pontiûcal  à  la  commune  de  Gènes  d'insérer  dans  ses  statuts  les 
constitutions  impériales  contre  les  hérétiques  et  d'en  supprimer  les 
chapitres  contraires  à  la  liberté  de  l'Eglise;  et  une  déclaration  &ite 
par  Pierre  Bouviile  aux  inquisiteurs  de  Toulouse,  d'où  il  appert  qu'en 
1274  quelques  Albigeois,  et  même  leur  évèque  Bernard  Olibe,  demeu- 
raient à  Gènes  et  dans  ses  environs.  Tout  récemment  a  paru  (Roma, 
tip.  Poliglotta)  un  opuscule  de  Dom  Botlito  sur  les  hérétiques  en  EHé- 
mont,  à  l'époque  du  Grand  Schisme  (1378-1417);  il  comprend  les  cha- 
pitres suivants  :  !<>  uq  fraticello  en  Piémont  {Jacobtu  Ristolaxius  tU 
Carmagnolia,  1395)  ;  2<»  une  croisade  contre  les  Vaudois  en  1400;  3*  li 
tin  du  catholicisme  en  Piémont. 

—  On  vient  d'ériger  à  Grevalcuore  (Romagne)  un  monument  à  Mar- 
cello Malpighi,  médecin  et  anatomiste  célèbre  du  xvu«  siècle;  à  cette 
occasion,  M.  Garlo  Frati,  bibliothécaire  à  Bologne,  a  publié,  sous  le 
titre  de  Bibliografia  Malpighiana,  un  catalogue  très  soigné  des  œuvres 
imprimées  de  M.  Malpighi  et  des  autres  publications  qui  se  rapportent 
à  lui.  Dans  Tintroductlun,  M.  Frati  mentionne  les  manuscrits  de  Mal- 
pighi qui  se  trouvent  à  Bologne  et  ailleurs;  il  rectiûe  l'opinion  com- 
mune qu'une  riche  collection  de  ces  manuscrits  existe  à  la  bibUothèque 
de  la  ville  de  Bastia  (Ombrie).  M.  le  baron  Cervoni,  bibliothécaire  de  cette 
ville,  a  récemment  fait  connaître  (Bologne,  Gamberini  et  Parmeggiani» 
1897)  que  des  six  volumes  conservés  dans  ladite  bibliothèque  sous  le 
titre  :  Malpichi.  Consueii  niedici,  un  seulement,  le  deuxième,  contient 
des  écrits  de  Malpighi. 

—  M.  Gaudenzio  GLiiaETTA  a  pubUé  dans  VArchivio  délia  Società 
Romana  di  Storia  patria,  XX,  p.  95  et  suiv.,  un  mémoire  sur  la  prin- 
cesse Maria-Golonna  Mancini,  nièce  de  Mazarin,  et  sur  ses  relations 
avec  Charles-Emmanuel  II,  duc  de  Savoie.  Ce  qu'il  raconte  de  ces 
intimes  relations  est  tout  à  fait  inédit  et  très  intéressant. 

—  Le  second  congrès  d'archéologie  chrétienne  sera  tenu  à  Ravenne 
dans  la  semaine  après  Pàiiues.  Pour  une  somme  de  10  1.,  le  secrétaire, 
A.  Bevignani  (3,  via  Grociferi,  Rome),  délivrera  un  billet  d'admission 
à  toute  personne,  de  quelque  nation  que  ce  soit,  qui  désirerait  suivre 
les  travaux  de  ce  congrès. 

Espagne.  —  M.  A.  Rodriquez  WiLLk  a  réuni  en  un  volume  in-^ 
d  environ  200  pages  les  articles  qu'il  a  publiés  dans  le  Boletin  de  U 
Real  Academia  de  la  Hisloria  sur  Don  Francisco  de  Rojas.  Ce  person- 
nage, deux  fois  ambassadeur  à  Rome,  ambassadeur  en  Angleterre, 
chargé  de  négocier  auprès  de  l'empereur  Maximilien  le  mariage  de 
l'archiduc  Philippe  avec  doâa  Juana  et  de  la  princesse  Marguerite 
avec  l'infant  don  Juan,  fut  mêlé  à  toutes  les  grandes  affaires  poUtiques 


CHlOinUDB   RT   BIBLIOCUPHrB. 


iS9 


règne  de  Ferdinand  et  d'Isabelle.  Les  documenta  réunis  par  M,  Ro- 
z  Villa  sont  extraits  de  la  coJleclioQ  de  don  Liiiz  de  Sala^ar  y 

&stro,  ainsi  que  des  archives  de  la  maison  de  Teba.  Noua  signalerons 
particulièrement  les  pièces  relatives  à  la  seconde  ambassade  de  Rojas 
à  Rome.  L'érudil  bibliothécaire  et  membre  de  l'Acadi'mic  de  l'histoire 
a  placé  en  tète  de  cet  opuscule  une  notice  biographique  où  il  a  indi- 
qué briêvemeDt  les  principales  négociations  confiées  par  les  rois  catho- 
liques à  Rojas  au  cours  de  ses  ^ingt  années  de  carrière  diplomatique. 

—  L'année  1897  a  tu  le  BoUtin  de  Archivas,  Biblioteeas  y  Mmcos  se 
transformer  en  Revista  de  Archivas,  Bibliolteas  y  Museos.  Ed  appor- 
tant au  titre  de  leur  périodique  ce  léger  changement,  ses  directeurs 
ont  voulu  attirer  l'attention  sur  le  développement  nouveau  qu'ils 
tentent  de  donner  à  cette  publication.  Leur  réussite  serait  un  des 
meilleurs  pronostics  de  la  renaissance  des  études  historiques  sérieuses 
dans  la  Péninsule,  renaissance  à  laquelle  travaillent  d'eicellents  esprits. 
Les  bonnes  volontés  ne  manquent  pas  en  Espagne  et  le  succès  du  livre 
de  M.  Rafaël  Altajiiba,  notre  collaborateur,  sur  l'enseignement  de  l'his- 
toire', en  est  une  preuve  évidente.  Espérons  que  la  Revista  de  Archi- 
aos  trouvera  la  même  faveur  auprès  du  public.  Nous  lui  souhaitons 
bon  succès  el  longue  vie. 

Brésil.  —  Sous  le  titre  de  Estudos  de  Hiatoria  Paraena.  M.  J.-Lucio 

d'Aïevëdo  a  réuni  quelques  articles  relatifs  à  l'histoire  de  l'État  du 
ParÂ*.  Les  plus  importantes  de  ces  études  ont  trait,  l'une  à  la  compa- 
gnie de  commerce  privilégiée  que  le  marquis  de  Pombal  institua  pour 
l'exploitation  du  Grand-ParÂ,  l'autre  à  l'expulsion  des  Jésuites  de  cet 
État.  Aux  historiens  qui  s'intéressent  aux  premières  expéditions  fran- 
çaises en  Amérique,  signalons  deux  courtes  notices,  l'une  sur  le  pilote 
Jean  Alfonse,  Saintongeois,  dont  on  a  contesté  la  nationalité,  la 
seconde  relative  aux  premières  apparitions  des  Français  aux  bouches 
de  l'Amazone. 


1.  f)ari«l  AllsmirB,  In  EnseSanta  de  la  fii^oria.  Ce  lîTre,  imprimé  pour  la 
première  fois  i  Madrid  en  IS9I,  a  ea  une  seconde  édition  sugmenlée  en  1S95. 
H.  Altaroira  ■  étudié  de  1res  près  l'eDHignement  supérieur  de  t'histolre  en 
France,  en  Belgique,  en  AllemiitQe  et  en  An);leterTG,  el  le  succès  de  son  livre 
llparfaileraeat  justifié  par  sa  compétence  toute  parlicutiËre  en  celle  queslion, 
I.  Paré,  Tavares  Cardozo. 


Erratum  oo  pbëcëdent  hliiëho, 

;e  147,  noie  1.  La  Correspondance  de  saint  Pierre  Cantsias  a  p»ru  cfaez 

ir  (et  non  cbei  Mohr). 
^e  zyi.   Nos   lecteurs   auront   d'eui-mjmes  corrigé   le   nom   de   l'érudit 
iiolhècaire  de  Boston,  J.  Winsor  (et  non  Wiudsor]. 


470 


IlfDEX  BIBLIOGRAPHIQUE. 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE* 


PRÊHI8T0IRB. 

Fraipont  et  LhoesU  La  race  hamaine 
de  Neanderthal  ou  de  Ganstadt  en 
Belgique,  142. 

Souffret,  De  la  disparité  physique  et 
mentale  des  races  humaines,  142. 

ANTIQUiré. 

Affl'e.  Apollo  Medicns,  laraire  de  San- 
tosse,  350. 

AUard.  Le  christianisme  et  l'empire 
romain,  de  Néron  à  Théodose,  341. 

Amauldel.  Corpus  des  inscriptions 
antiques  de  la  IV*  Lyonnaise,  350. 

Aubertin,  Recherches  sur  la  fonda- 
tion de  la  ville  de  Beaune.  350. 

Bertrand  [Alex,).  Les  druides  et  le 
druidisme,  348. 

Bleser  (chanoine  de).  Rome  et  ses 
monuments,  143. 

Boissier  [Alfred).  En  Capoadoce,  250. 

Borghesi.  (JEurres,  t.  X,  236,  343. 

Bourges.  Le  monument  triomphal  de 
Gavaillon,  349. 

Camoreyt.  La  ville  des  Sotiates,  351. 

Carton.  Étude  sur  les  travaux  hy- 
drauliques des  Romains  en  Tunisie, 
355. 

Chappuis.  Annibal  dans  len  Alpes,  350. 

Clermont-Ganneau.  Études  d'archéo- 
logie orientale,  t.  II,  236. 

Cumont.  Textes  et  monuments  figurés 
relatifs  aux  mystères  de  Mithra,  143. 

Cug.  Le  colonat  partiaire  dans  l'Afrique 
romaine,  355. 

Delanisheere.  De  la  race  et  de  la 
langue  des  Hittites,  136. 

Delaitre.  L'Assyriologie  depuis  onze 
ans,  135. 

—  Les  travaux  hydrauliques  en  Ba- 
bylonie,  136. 

Deloche.  Des  indices  de  Toccupation 
par  les  Ligures  de  la  région  qui  fut 
plus  tard  appelée  la  Gaule,  346. 

Dictionnaire  des  antiquités  grecques 
et  romaines,  236. 

Dufourcet  et  Camade.  L'Aquitaine 
historique  et  monumentale,  t.  III, 
351. 

Gauckler.  Les  mosaïques  de  Sousse, 
354. 


GavauU.  Étodes  sur  les  raines  n»- 
roaines  de  Tigzirt,  354. 

Gilles.  Le  pays  d'Arles  et  ses  trms  tri- 
bas  saliennes,  349. 

Girard.  Manuel  élémentaire  de  droit 
romain,  344. 

—  La  date  de  la  tor  Aelmtêa^  344. 
Gsell,  Inscriptions  inédites  d'Algérie, 

354. 

—  Observations  sur  rinscriptioo  des 
martyrs  de  Constantine,  356. 

Homolle.  Les  inscriptions  de  Délos; 
le  roi  Nabis,  340. 

Jaulin.  Les  fouilles  de  Martres-Toio- 
sanos,  349. 

JullioU  Une  façade  des  thermes  ro- 
mains élevés  dans  la  capitale  des 
iSeitones,  350. 

La  Blanchère.  Tombes  en  mosaîqaes 
de  Thabraca,  354. 

Lafon.  L'amphithéâtre  de  Fourvièresy 
350. 

Lambin.  La  Gaule  primitive,  346. 

Lavertujon.  Voy.  Sulpice  Sévère. 

Lièvre.  Pirelongue  et  la  question  des 
piles,  351. 

Mowat.  Combinaisons  secrètes  de  let- 
très  dans  les  marques  monétaires 
de  l'empire  romain,  341. 

Pallu  de  Lessert.  Les  fastes  des  pro- 
vinces africaines,  345. 

Parmentier  et  Cumont.  Le  roi  des 
Saturnales,  345. 

Pkhon.  Histoire  de  la  littérature 
latine,  337. 

Poydenoi.  De  Tantiquité  de  révéché 
oe  Rayonne,  353. 

Reinaàh  [Salomon).  Les  vierges  de 
Sena.  Tarvos  Trigaranus,  347. 

Reinach  [Th.).  Une  crise  monétaire  de 
MyUsa,  34Û. 

Rochetin.  Études  d'archéologie  et 
d'histoire  sur  la  ville  d'Uzès,  349. 

Roger  [M.- A.).  Fragments  sur  l'his- 
toire de  Postumus,  341. 

Saige.  Les  origines  phéniciennes  de 
Monaco  et  la  voie  Héracléenne,  349. 

Schneider.  Das  allé  Rom,  404. 

Sulpice  Sévère.  Chronique,  p.  p.  A. 

Lavertujon,  341. 
Toutain.  L'inscription  d'Henchir-Met- 

tich,  355. 


1.  Nous  indiquons  ici,  outre  les  ouvrages  qui  ont  été  l'objet  d'an  compte- 
rendu  spécial,  ceux  qui  sont  appréciés  dans  les  Bulletins  et  dans  la  Chronique. 


niDEI   IIBUOGUPBIQDE. 


VkUU   tte   la   Blachr.   Les   taies   de 

commerce  d«nï   la  géographie   de 

Ptolémée,  340. 
Walliing.  Élode  bittoriqoe  mr  les 

cotpnrationa   urofeMloDoelles   chez 

les  Rumaius,  143. 

HISTOIRE   GÉHBftALZ. 

Bengeseo  jCeorg»).  E«Mi  d'une  no- 
tice biblingraptiique  «ar  la  goeitiori 
dOrient,  !Î1. 

Benoùt  {Charla}.  L'Et^pagne,  Cubael 
lei  EUU-Uai«,  36e. 

Blaneiart-Snrtel  {baron'de).  Histoire 
iDOderae,  137. 

Campagoei  de  17X  et  1797,  142. 

Ckiriblier.  La  qaeslioa  d'Oricat  de- 
puis le  Irailé  de  Berlin,  365. 

Fonlane  (Uariiu].  Les  Barbares.  339. 

BauileviUe  (P.  de).  PorlraiU  et  sil- 
houettes, ita 

Kurth.  Lm  oriKÎnes  de  U  dvilisiUon 
moderne,  I3G. 

—  Pierre  l'Ennite,  137. 

IM  Garde  de  Dieu  {L.  dt).  Histoire  de 
l'ialamisnie  et  de  l'empire  ottoman, 
136. 

Leclire.  Histoire  générale,  134. 

—  L'élecIJuo  <lu  pape  Clément  V,  137. 

—  Rapports  de  la  papautË  et  de  ta 
France  soDS  Philippe  UI.  137. 

Penu  (colonel).  La  France  par  rapport 

é  l'AllemaeDe,  U4. 
ProuX  [D').  La  défense  de  l'Europe 

contre  la  peste  et  la  conférence  de 

Venise  en  1897,  239. 
Btding'Biberegg  [ffod.  ron).  Der  Zng 

StiworolTs  diiren  die  Schweiz,  15S. 
SUrit  {Alfred).   Geschicbte  Europas 

sell  1815,  t.  U,  lii. 
VUleraumt  {de),  Tilly  ou  la  guerre  de 

Trente  ans,  138. 

—  Harte-Thér^»e,  t3S. 

FHAHCB. 

Audebrand.  Napoléon  a-t-i[  été  un 

homme  heureaxT  301. 
Âulard.  Études  et  leçons  sur  la  Bè- 

Tolution  française.  3S7. 
Baguenault  de  Pachetu.  Voy.  Mc'dt- 

eii  [Catherine  rfej. 
Sody,   Le  carnet  de   l'abbé  Jehin  à 

Paris,  138. 
Boppe.  La  légion   porlogalse.   1807- 

1813,  358. 
Boultlel   (abbé).   Liber   miraculonim 

Sanctae  Hdis,  106. 
CAera{i«r(Bbbé  [/.).Repertoriumbym- 

noloBicum,  105. 

—  Bibliuthiique  liturgique,  t.  VI,  (05. 
Boiirnon.  Éûl  des  comiaunea  de  la 

Seine  à  la  tin  du  xii*  siècle,  113. 
Bnmiêekvige.  Vojr.  PokoI. 


Carnol.     l3orrespandan«c      géiiérak', 

t.  IH,  p.  p.  Éf.  Charavay.  157. 
Charpentier.  La  ghilde  de  Monlreull- 


Cheglud.  Histoire  de  la  corporation 

des  apothicures  de  Bordeaui,  337. 
Corre (D' .4.).  Voy.  La Salle{A  -A'. de). 
Dath  (comtesse].  Mémoires  des  antres, 

1.  III,  362. 
Datt  le  Vacher  d»  BoUvilte.  Simon 

Hillaages,  imprimeur  *  Bordcaui, 

I57M623,  23T. 
Denifle  (le  P.  Henri).  La  désolation 

des  églises,  monaslËres.  hdpilaoi  ei 

France  »—  "-  -   •'-  ' ■  ■ 

107. 


s  le  milieu  du  xv>  ^i^le. 


Deniasian»  {OMe).  La  prise  de  Cor- 

dres  et  de  Sebllle,  '23â. 
Dutal  {Eugène).  La  préparation  des 

ordonnances  de  1667  et  de  tG70  et 

Guillaume  de  Lamoignon,  23S. 
F&et  (abbé).  U  faculté  de  tUéolagte 

de  Paris,  109. 
Perrg  {Jviei).  Discours  et  opinions, 

t.  VI,  239. 
Gaffarel.  Dijon  eu  ISI4  et  en  1815, 

Clagau.  Die  frani^sische  Lecislatire 
und  der  Ursprnn);  der  RcTolutions- 
kriege.  156. 

Goffarl.  Bittoire  de  la  littérature  frao- 


pire,  366. 
Btmiô.  Der  Volkskrieg  an  der  Loire 

im  Hertist  1870,  169. 
Ituvelin.  Essai  historique  sur  le  droit 

des  marchés  et  des  foires,  MO. 
Jannet  {Claudio).  Les  ^ndes  époques 

de  l'histoire  économique  jusqu'à  la 

Hn  du  iT'  siècle,  196. 
KindereiL.  von  der). La  <  Ditalura  ■ 

dans  les  textes  francs,  137. 
KniUt.  Konntc  Marschall  Bnzaine  îm 

Jahre  IS70  Frankreicli  relten?  169. 
Lacroix  [A.).  Romans  et  le  Bonrg-du- 

Péage,  t16. 
La  Salle  [général  A.-y.  de).  Papiers 

relaUfs  à  Saint-Domingue,  1792-93, 

p.  p.  le  D'  À.  Carre,  Ï39. 
Le  Moj/ne  île  la  Borierie  {A).  His- 

toire  de  Bretagne   t.  I,  182, 
Le  Surar  (abbé).   Mauperluis  et  ses 

correspondants,  1!'2. 
lÂarel.  Etude  bitlorique  sur  Jacque- 

linn  de  fiueil,  comtesse  de  Horel, 


472 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE. 


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France  avant  ft  Rérolotion  et  la 
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Maleyssie  (général  marquis  de).  Mé- 
moires d'un  officier  aux  gardes  fran- 
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Marcheix  (Lucien).  Un  Parisien  à 
Rome  et  à  Naples  en  1632,  238. 

Marffueron.  Préliminaires  de  la  cam- 

f^agne  de  Russie,  organisation  de 
'armée,  359. 

MarUn'Saint'Léon.  Histoire  des  cor- 
porations de  métiers,  203. 

Meaux  (vicomte  dé).  Montalembert, 
363. 

Médicis  {Catherine  de).  Correspon- 
dance, t.  VI,  p.  p.  BaguenauU  de 
Puchesse,  237. 

Mézières,  Morts  et  vivants,  363. 

Moitssoir  (Georges).  Le  conventionnel 
Hyacinthe  Ricbaud,  125. 

Pascal.  Opuscules  et  pensées,  p.  p. 
BrunschvigCf  239. 

Pélissier  (L.-G.).  Voy.  Pons  de  VHé- 
rault. 

Picard.  Le  commerce  du  bois  de  cbauf- 
fage  et  du  cbarbon  de  bois  à  Dijon 
au  XVIII*  siècle,  240. 

Pons  de  VB&auli.  Souvenirs  et  anec- 
dotes de  l'tle  d'Elbe,  p.  p.  L.-G.  Pé- 
lissier,  359. 

Quetvers  (Paul)  et  Stein  {Henri).  Ins- 
criptions de  l'ancien  diocèse  de 
Sens,  144. 

Roberti.  Voy.  Maley$sie. 

Sabarlhès  (abbé).  Les  coutumes,  liber- 
tés et  franchises  de  Montréal  (Aude), 
116. 

Saint-Simon.  Mémoires,  t.  XIII,  p.  p. 
A.  de  Boisiisle,  238. 

Schuermans,  La  Pragmatique  Sanc- 
tion de  saint  Louis,  140. 

—  Amyot  au  concile  de  Trente,  141. 

Ségur  (Pierre  de).  Le  royaume  de  la 
rue  Saint-Uonoré.  Madame  Geoffrin 
et  sa  fille,  119. 

Seresia.  L'Bglise  et  TÉtat  sous  les  rois 
francs  au  vi*  siècle,  137. 

Spœlberch  de  Lovenjoul  (vicomte  de). 
Autour  de  Honoré  de  Balzac,  363. 

Stein.  Voy.  Qiiesvers. 

Stiemet.  La  littérature  française  au 
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TorreiUes  (abbé).  Perpignan  sous  la 
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Valades  {P.-B.  des).  Martial  Delpit, 
député  à  l'Assemblée  nationale,  j63. 

VioUet  {Paul),  Histoire  des  institu- 
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de  la  France,  t.  Il,  457. 

ALLEMAGNE. 

Altmann.     Ausgewœhite     Urkunden 


zur  ausserdeutschen  Ver&MUBgsn- 

schichte  seit  1796,  245. 
Baer.  Die  Politik   Pommerns  rnsb- 

rend  des  30  jœhr.  Krieges,  150. 
Bemsdorf  (comtesse  Élise  de),  fin 

Bild  aus  der  Zeit  1789-1835,  163. 
Blondel  (Georges).  Études  sur  les  po- 

Imlations  ruratot  de  rAUemagne  et 
a  crise  agraire,  245. 
Conrady  (général  E.  de).  Leben  und 

Wirken  des  Gênerais  Cari  von  Giol- 

manu,  161. 
Duncker  {K.  von).  Der  œsterreichische 

Brbfol^ekrieg,  153. 
Durandtn.  Lectures  historiques  alle- 
mandes, 246. 
Ehses  (Stiephan)  et  Meister.  Nnntia- 

turberichte  aus  Deutschland.  1,  die 

Ktilner  Nuntiatur.  149. 
Bxner.  Der  Antheil  der  k.  S»chsi- 

scben  Armée   am  Feldzuge  gegea 

Russland,  1812,  160. 
Friedjung.  Der  Kampf  um  die  Vor- 

herrschafl  in  Deutschland,  1859-66, 

167. 
Gamier.  Die  EinmarschksBmpfe  der 

deutschen  Armée  im  August  1870, 

168. 
Gebhardi  {Bruno).  Wilhelm  von  Ham- 

boldt  als  Staatsmann,  162. 
Grimm   (Hermann).    Beitrsge    znr 

deutschen  Kulturgeschichte,  175. 
Guenther.  Der  Feldzug  der  Division 

Lecourbe  1799,  157. 
Haake.  Brandenburgische  Politik  und 

Kriegfûhrung,  1688-89,  151. 
Bansen  (Jos.).  Rbeinische  Akten  zor 

Geschichte  des  Jesuitenordens,  1542- 

82,  147. 
Heidenstam  (O.-P.  de).  Une  sœar  do 

crand  Frédéric,  Louise-Ulrique,  reine 

de  Suède,  237. 
Beigel  [C.-Th.).  Geschichiliche  Bil- 

der  und  Skizzen,  175. 
Kohi  (Horst).  Bismarck-Jahrbuch,  164. 
KUntzel.  Ueber  die  Verwaltung  des 

Mass-     und     Gewichtswesens    in 

Deutschland  vvœhrend  des  Mittel- 

alters,  193. 
Lamprecht.  Zwei  Streitschriflen,  245. 
LettoW'Vorbeck  (0.   de).  Der  Kricg 

von  1806-1807,  159. 
—  Geschichte  des  Krieges  von  1866, 

168. 
Lorenz  (0.).  Staatsmœnner  und  Ge- 

schichtscnreiber  des  xix  Jahrh.,  175. 
Meinardus.  Protokolle  und  Relationen 

des  Brandenburg.  geheimen  Ratbes 

aus  der  Zeit  des  Kurfûrsten  Fried- 
rich-Wilhelm,  150. 
Meister  {Al.\.  Voy.  Ehses. 
Meniz.  J.-Pn.  von  Schœnbom,  Kar- 

fûrst  von  Mainz,  152. 
Metzen.    Die   ordentlicheo    direkten 


RUaUsteuem    des    Hittelallers  jtq 
PurslbîKtUuiD  Mùnsler,  193. 
MoUke  rntarécbal  de).    UiliUeriscbe 

Werke,  166. 
NauèU  [Albert).  B«i[rieRK  zur  Entste- 

haoggigescbicbleilesTjKtu'.  Krieges, 
153. 
ObitT.  PolilUche  Correspitndcnz  Karl 

FriedrichBTon  Badeo  I783-1B06. 158, 
Phillppi.  Die  OsnabrUcker  Laiscbaf- 

ten.  193. 
—  Weichbild,  193. 
PMUppion  [Martin).  Der  GrosM  Knr- 

fnrst  Friedrîcb-Wilbelm  Ton  Bran- 

denburu,  201. 
Pfi,tUr  (général  A.).  Aua  dem  Lager 

des  Rbeiabunds,  1812-13,  159. 
fiedffcA.  BcilragB  zur  Gescbicble  des 

NiederrheinR,  2M. 
BieUer  l,Stg.).  GeBcblchlR  der  Heiea- 

pn>c«Me  in  Bajern,  174. 
AooH  IWaldemar  de).   Krîegtninister 

von  Hoon  ais  Redner,  165. 
BUM,     Briehrechael    des    Hiniaterg 

Tbeod.  Ton  Sehœn  mil  G.-H.  PerU 

und  J.-G.  Dr«;seii,  163, 
fluviUe  [À.  ton).  Oie  kaisertJcbe  Poli- 

lik  aut  dem  Recensburger  Heicb*- 

lage,  1653-54,  152. 
SeheUhatS.  Die  SUddeutscbc  Nunlia- 

tur   des   Gtaren   Bort.   Ton   Porla, 

»ol.  1,  149. 
Seherff   {W.    de).   KriegslRhren    in 

kriwsRescbichllIcheD  Beispielen  der 

Neuze[t,  169. 
Sthiemann.   Heinricb   von   Treitsch- 

ks*!  Lebr-  nnd  Waaderjabre,  424. 
Sehnaekenbwg.     Dsr     Parleignnger 

Friedrir.h  von  Ueiwig.  160. 
SehtiMer[B}igim«).  WijrttembergiBcbe 

Gesebichle,  170. 
Sehœn.  Znr  KnabeU'  und  Jiingllngs- 

leit  Tbeod.  Ton  Schœo,  nach  dessen 

Papicren,  163. 
Vnoer  IW.  von).  Feldmaraohall  Derf- 

rfinKer,  151. 
Weeek.   Ein   rdmiseber   Prœlat   aua 

nbetrhein,  176-2-64.  463. 
mUe.  Brucbsal  im  xviii  Jahrb.,  463. 


Poirier  (abbé],  HeU,  dociimenls  gË- 
néalogtquBB,  1561-1792,  241. 

Aeiiu  (Jlod.).  De  scriploribu»  remm 
Altalicaruni  historins,  461. 

—  L'AI«ace  BU  xvti*  s.,  461. 


Àngeli  (colnnel  M.  d').  Erzfierzog 
Kart  ion  Œstermiub  als  FeJdberr 
und  UeereBorgoniulor,  156. 

Seidltl.  GeacbicbM  der  œslerreichi- 


I  SUataverwaltang,  IT40-1S4S, 


Krona  (F.  de).  Wilbeiro  ïon  Roseo- 
ber^  and  die  zeilgeschicbllichen 
Berichle  im  Arcbiv  von  Witlingau, 


ESPAONE  ET  POHTnOAL. 

Aleaiar.  llistoria  de  io»  dominïos  ef- 

pa  fi  oies  en  Oceania,  388. 
Almagro.  Musen   Granadina  de  antl- 

giiedades  arabes,  392. 
—  Aclas  y  raeraorias  del  primer  con- 

greao  espaiiol  de  AFrlcanislai,  305. 
Alonso.  Ensajiu  bibliograllM-bisIérico 

de  la  proTineia  de  Jaeo,  375. 
AUiua.  Serinja,  390. 
Amador  de  los  Bios.  La  ruinas  del 

munaslerio  de  S.  Pedro  de  ArlAnïa, 

376. 


Antoloua  de  poetas  lirjcos  caslella- 

nos,  378. 
Apralz.  Ccrranles  viisti>B]o,  382. 
Arana.   Traladn   etimotùsico   de   los 

apellidoB  euskéricoB,  377. 
Araujo.  Goya,  376. 
Arigita.  El  doclor  Navarro  d,   H.  de 

Azpilcuela,  389. 
Avila  !el  beato  1.  de).  Obras,  nouv. 

éd.,  39». 
Ayeroe  (marquis  de).  Hemorias,  386. 
Bataguer.  lilas  Filipïnu.  388, 
—  Inslilucjoncs  y  reyes  de  Aragân, 


391. 

jengaa  calai  a  lia,  3)7 
Barado.  El  sitio  de  Araberes,   I5S4- 

1585,  385. 
Baielga.    Caaeioaero    cataUn    de    la 

universidad  de  Zaragciza,  381. 
Baaegoda.   La  real  capLIa  de  SanU 

Agaeda,  375. 
Beeker.  Apuntea  para  una  bibtialeca 

espanola  de  poli 

de  GlosoSa  polilifta.  'i 
Bellmant  el  Canrllas.  Asturias,  391. 
Bloico.  La  mofiica  en  Valencia.  377. 
Bofantll.  Très  carias  ioâdita»  de  An- 
tonio Taltander,  373. 
Bonn    (.V,-J.),    Sraniens    Niedcrgang 

wiehrend    der   PrûsreTolution  des 

xv:  Jahrh.,  145, 


J 


474 


INDEX  BIBUOGBiPHIQITB. 


BoteU  SarcôfagoB  romanos  cristianos 
escultorados  qae  se  consemn  en 
GaUluna,  375. 

Bové.  Assaig  critich  sobrel  filosoph 
barcelone  en  Raroon  Sibiode,  384. 

—  Institaciôns  de  Calalunya,  392. 
Cabeza.  Estûdios  sobre  Carolinas,  388. 
Campa.  Etnografia  fiUpina,  388. 
Canal.  Yacimienlos  prehistôricos  en 

la  provincia  de  Serilla,  382. 

Carreras  y  Candi.  Lo  Cervantisme  À 
Barcelone,  382. 

Casa-VaUncia  (comte  de)»  Estûdios 
bistôricos,  395. 

Casas.  Estûdios  acerca  del  regimen 
de  Espana  en  Ultramar,  388. 

Ca$as  y  Carbo,  Catalunya  trilingue, 
377. 

Cassàles.  Sevilla  intellectual,  389. 

Chabas.  Voy.  Teixidor. 

Chaves.  Historié  y  bibliografia  de  la 
pressa  serillana,  375. 

Churat  Apuntes  para  escribir  nna  bi- 
bliografia ralenciana,  375. 

Cienfueaos.  El  r.  colegio  de  S.  To- 
mes de  ÂTila,  391. 

Cobo.  Historia  del  Nuero  Mundo,  p.  p. 
Jimenez  de  la  Etpada,  387. 

Colecciùn  de  documentos  inéditos  re- 
lativos  al  descubrimiento,  conquista 
y  organizacion  de  las  antiguas  po- 
sesiones  espanolas  de  Ultramar,  888. 

Coll.  Voy.  Comejo, 

Coloma.  Retratos  de  antano,  385. 

Comenge.  Glinica  egregia,  394. 

Concas.  El  combate  naval  del  Papndo, 
26  noT.  1895,  387. 

Comeio.  Santa  Isabel  de  Aragon,  rei- 
ne de  Portugal,  nouv.  éd.  par  Coll, 
374. 

Costa,  Golectivismo.  comunismo  y  so- 
cialismo  en  derecno  positivo  espa- 
nol,  393. 

Cotarelo.  Don  Enrique  de  Vilena,  379. 

—  Maria  Ladvenant  y  Quirante,  380. 
Creus,  Villanueva  y  Geltru  en  la  lu- 

cha  contra    el    reudalismo,    xiii*- 

XV  s.,  390. 
Danvila.  Reinado  de  Carlos  III,  393. 
Diaz  Cassou.  Literatura  popular  Mur- 

ciana,  381. 
-^  Série  de  los  obispos  de  Cartagena, 

390. 
Diaz  de  Escobar,  El  teatro  de  Màla- 

ga,  380. 
Diccionario  valenciano-castellano,  378. 
Diccionario  de  la  lengna  castellana, 

378. 
Documentos    histôricx)»    del    archivo 

municipal  de  San  Sebastien,  373. 
Documentos  referentes  al    vireynato 

del  Peru,  1559-70,  371. 


JDuro.  Alganas  obras  desoonoeidaB  de 
cosmografia  y  naTegaeién,  375. 

—  H.  Telle  Portocarrero  y  M.  de  Ve- 
ga  Cabeza  de  Vaca,  389. 

—  Armada  espanola,  393. 
Echegaratf.  Las  proTincias  bazeonga- 

das  a  fines  de  «lad  média,  390. 

Elices.  Sanlocar  de  Bammeda,  392. 

Ftmandez.  Relaciôn  historial  de  las 
missiones  de  Indice  Chiqnitas,  387. 

Fernandez  y  Lopez.  El  teaoro  liaigâ- 
Uco  de  U  CapiUa,  384. 

fUer.  Considerationea  relatÎTas  à  loe 
encajes,  375. 

Foronda,  Estancias  y  viales  de  Car- 
los V,  394. 

Funes»  La  declamacién  espanola,  3S0. 

Garcia  (le  P.  Blanco)»  Segnndo  pro- 
ceso  instmido  por  la  inqoi&iciôn  de 
Valladolid  contra  fray  Luis  de  Leôn, 
372. 

—  La  literatura  espanola  en  el  siglo 
XIX,  381. 

Garcia  de  Léon  g  Pizarro.  Mémo- 

rias,  373. 
Gestoso,  Biografias  dei  m.  J.  Malaray 

de  M.  Aleman,  389. 
Gil.  Cordoba  contemportinea,  390. 
Gispert.  La  indumentaria  en  los  cm- 

cifixos,  375. 
Gomez  Arteche.  Reinado  de  Carlos  lY, 

392. 
Gonzalez.  Gôngora  racionero,  389. 

—  La  repùblica  en  Barcelone,  390. 
Gonzalez  y  Martin,  Filipinas  y  sos 

habiUntes,  388. 
Gonzalez  y  Saenz.  Biografias  Cordo- 

besas  contempordneas,  389. 
Grahit.  Resena  bistérica  de  los  sitios 

de  Gerone,  1808-09,  390. 
G%terra  de  la  Vega,  Comprensiôn  de 

la  destreza,  373. 
Guerrero.  Crônica   de  la  gaerra  de 

Cuba,  388. 
Gttevara  (A.  cfe).  Libro  que  trata  de 

los  inrentores  del  arte  de  marear, 

374. 
Guichot,  La  Montana  de  los  Angeles, 

392. 
Gutierre  de  Cetina.  Obras,  p.  p.  Ha- 

zonas  y  la  Rua^  381. 
Benao.  Complementos  a  la  obra  de 

averiguaciones  cantabricas  e  igna- 

cianas,  374. 
Hinojota  (E.).  Historié  de  Espana  fi- 

sigoda,  t.  I,  383. 

—  [R.),  Los  despachos  de  la  diploma- 
cia  pontificia  en  Espana,  385. 

Ibarra.  ttlstoria  de  Elche,  301. 
itnaz.  Invcntario  de  los  cuadros  sus- 

traidos  en  Sevilla  1810,  376. 
Jorreto.  L'Armeria  real,  394. 


INDEX   BIBLiOCKtPBIQUE. 


Jonen  Gascon.  Goia  de  ZiracoM  y  si 

lirolndo.  301. 
labaha.  lUneraria  de  Aragon.  371, 
Lahayni.  WAi  de  d.  fr.  J.  du  Zutuaf' 

ngn,  Zm. 
La  Torfe  et  Jinor.  Biblioleca  arlis- 

tica,  :t73. 
Le^»    romanac    Wis'tgothorum    frag- 
menta, 370. 
Llabre».  La  cnnqulaU  de  Uenorcii  per 

Alfons  III,  3S4. 
Lope  de  Vfga.  Obrat,  p.  p.  Meneit- 

des  y  Felao,  378, 
lopei  Feireiro.  Kuero»  muoicipales 

<lo  Santiago  j  de  su  Uerra,  3S4. 
-  Galtria  en  el  nltiroo  tercio  del  fti- 


Bl»ii 


,392, 


Losano.  La  muiica  l'opular  religiou 
}  dramaiira  en  Zarattoia,  377. 

Lu**  ie  Léon.  Opéra,  39j. 

itagi  Cangellai.  Descripcio  do  ta 
gr4ndcsa  j  antiquilateï  de  Mauresa, 
371, 

itancheno,  Oialoria   Je   \rcai  de  la 


Frotili 


1,  391. 


Mandai  {Laiala,  duc  de).  La  acpara- 

eiùa  de  Guipuzcoa  y  la  pa2  de  Ba- 

sika.  385, 
Marchena.    Obra«    llterarias,   p.   p. 

3/9np«rf«î  y  Pflogo,  379. 
MarctUa  (le  P.],  E^indio  de  Im  anti- 

guo»  ulpliabcloï  Ulipinos,  378. 
Maria  i^ttodrigtin).  Los  refranea  del 

almanoque,  394. 
Martinm  Riio.  Fecba«  y  fechi»  de 

OarUgena,  390. 
iten»ndti  Pidal.  La  legenila  de  los 

alsLe  iufantes  de  Lara,  379, 
Jfennides  g  Pelayo.  Vuy,  U>pe  dt 

Vega,  Uardiena,  Wolf. 
MtkfTes.  Folk-lore  catalâ,  3Q4. 
iHgae.tn.  JasuaUmo  ;  regalisrao  ea 

Ëapaù*,  386. 
MiUara.  Ûi-ilùrii  gênerai  de  la»  ialat 

CanarUa,  391. 
MUjanii.  Juan  del  Encina,  380. 
MonttTo  g  Vidal.  Ittatôiia  gênerai  de 

Pilipinas,  387. 
MontiaU'otje.  Mouaatcrion  del  anUi;au 

roadado  de  Besalu,  390. 
Muriel.  Uisloire  de  Cbarles  IV,  370. 
Navarrtu.  Brève»  recllQcaclones  i  la 

bingrAfia  di  d.  H.  P.  Navarrele,  389. 
Itavarro.  Fortalezaa  j  caalillos  en  la 

od.id  tnedia,  391, 
Itavai  (coinle  de  lot),  Cosas  de  Em- 
pans, 39î^. 
JVonWf,  AnnlUUfonûlùgtch-nrtograGcb 

de  la  llengiia  ualslana,  377. 
Oeiit.  Ciimpendio  dn  In  re^tena  bîogrA- 

Ûca  de  II»  reliitiusaa  de  la  pnivtil- 

cia  del  SunlUiino  HoiiariD  de  Filtpj- 

nas,  387. 


Ojeda  (A.  de).  Ejerelcioa  de  la  brida, 

373, 
OlaKoaga.  Eslailo  aciual  de  los  eslu- 

dtua  ecanùinfcof  en  Eïpana,  393. 
Oliver-Coponi.  Dlefjn  de  Alavn,  389. 
Otmrda.  Sanliago  de  Gatlcia,  39i. 
Orli.  DoîîB  Maria  Hanuela  Pignalelli, 

386. 
Pailor.  Imprenla  en  Médina  del  Cnm- 

po,  374. 

—  DocumenlDs  cerrautino»  haala  abo- 
ra  iuÈditos,  382. 

Fedrtlt.  llispaolcae  scholno  niusica 
sacra,  376. 

—  Tcairo  lirico  espuSol  unterjur  al 
sifdo  XIX.  377. 

FoTts  Botgvei.  Esrriluras  mozijrabes 
luledanas  que  te  cooserYao  en  cl 
arcbiTo  bUiitrico  nacional,  372. 

Puent*.  Refranero  meleorulogico  de 
la  Peulnaula  ibériei,  394. 

Ptiig.  Carernas  j  siroas  de  Espaôa, 
383. 

Pi^jol.  Uisloria  de  iiisliludones  so- 
ciales de  la  Eapana  |çoda.  383. 

Qvadrado.  Indice  de  los  pririle^os  jr 
rranquexas  de  Uallorca,  37t. 

—  Foreiiie!  ï  cludadnnos,  391. 

Quiros  de  los  Biot  el  Roitrigues  Ma- 
rin. Flores  de  poêlas  ilustres  de 
Es|>ana,  3SU, 

Heparat.  Ln  guerra  de  Cuba,  388, 
B*tana.  ArcbÎTio  del  biblioBlo  filipi- 
no,  375. 

—  El  pcriodiaino  filipino.  388, 
Sibera.  Bibllotilos  y  blblintecaa  de  lu 

Espaîia  luusulmaoa,  372. 
Bioja.  En  la  Manigna,  388. 
Rloi  g  Serrana.  La  caledral  de  Leân, 

376. 
Rodriguei  Villa.  D.  Franrisr.o  do  Ro- 

jaï,  embajador  de  los  rcTes  catolJ- 

C09,  389,  kf». 
Kogenl.  Arquileclnra  modema  en  Bar- 

celoDO,  3ô, 
Koman    g    Zamora.    Repûblicas    de 

Indisf,,  387. 
Sagarra.  Apunles  para  un  esludio  de 

aellos  def  rej  d.  Pelro  iV  de  Ara- 


Icngaagc,  378, 
Salinat.   Memoria  eccrca  de  la  dra- 

mdlica  Ralle^a,  3S0. 
Salua.  Burgos  en  las  eomanidades  de 

Costilla,  391. 
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Sa^ehes  Mogûel,  Espana  ;  Araérica, 

389- 
—  Al-  llcrmhno  de  Carvalho,  389. 
San  Roman  (marquis  de).  Guerra  ci- 

Yit  de  1833-1840  en  Aragon  y  Va- 

luicia,  387. 


m^ 


476 


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Tenorio,  Noticia  de  las  fiestas  en  ho- 

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Teixidor  (le  P.)*  Antignedades  de  Va- 

lencia,  p.  p.  ChabaSy  372. 
Tùrata.  Documentos  para  la  historia 

de  la  gnerra  separatista  del  Perù, 

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395. 
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Uhagon.  Relaciôn  de  los  fesUnes  que 
se  celebraron  en  el  Vaticano  con 
motivo  de  las  bodas  de  Lncrecla 
Borgia  con  Alonso  de  Aragon,  373. 

Valdès  {Jerônimo).  Refutacion  al  ma- 
nifiesto  de  d.  J.  de  la  Peznela  1821, 
373. 

Vidart.  Vaseo  de  Gama,  393. 

ViUaamily  Castro,  San  Francisco  de 

Lugo,  3t6. 
—  El  senorio  temporel  de  los  obispos 

de  LugOy  384. 
yUUUha  Hervas.  Recnerdos  1843-^, 

387. 
VUlar.  Alicante  artistico  musical,  377. 
Wolf.  Historia  de  las  literaluras  cas- 

tellana  y  portusuesa,  tr.  p.  Menen^ 

dez  y  Pelayo,  382. 

ITALIE. 

Albieinius.  Voy.  Sarti  et  Fattorini. 

CaruUi,  11  primo  re  di  casa  Savoia, 

254. 
Casiello  et  Gagliani,  Nell'  ottavo  cen- 

lenario  de!  primo  parliamento  sici- 

liano,  254. 
Cavaiza  [Franc,),  Le  scuole  dell'  an- 

tico  Studio  Bolognese,  192. 
Cochin  (Henry).   La  chronologie  du 

c  Cauzonicre  •  de  Pétrar([ue,  457. 
Corazzini.  Parrochie  gentilizie,  255. 
Falcandus  (Httgo).  La  historia  o  liber 

de  regno  Sicilie  e  la  epistola  ad  Pe- 

trum,  Panormitanae  ecclesiae  the- 

saurarium,  p.  p.  G.-B.  Siragusa, 

256. 
Langer,  Die  Annales  Pisani  und  Ber- 

nardo  Maragone,  254. 
Malagola,  Voy.  Sarti  et  Fattorini. 
Mancini,  Cortona  nel  medio  evo,  254. 
Marzi.  G. -M.  Tolosani,  A.  Piccolo- 

mini  e  L.  Giglio,  255. 


Mengwui,  Il   monte  de'  Pischi  di 

Siena,  254. 
Miedi,  Garattere   giaiidieo   del  go- 

▼emo  costitoxîonale,  255. 
Nitto  de  Rasai  et  fmu  di  VUo.  Godiee 

diplomatieo  Barese,  253. 
SarU  (Maurt)  et  FattorinL  De  claris 

archigymnasii  Bononiensis  prolèsso- 

ribus  a  saec  xi  usqoe  ad  saec.  xiv; 

edid.  C.  AlbieMus  et  C,  Maiagala, 

192. 
Siragwa.  Voy.  Falcandus. 

PAYS-BAS    (BELGIQUE  ET   HOLLANDE). 

Bernaert,  Fastes  militaires  des  Belges 
an  service  de  la  France,  469. 

Brandts.  Jehan  Richardot,  137. 

Burestam  (de).  La  reine  Ghristine  de 
Suède  à  Anvers  et  à  Bruxelles,  138. 

Fredericg  {Paul),  Geschiedenis  der 
Inquisitie  in  de  Nederlanden,  t  U, 
459. 

JoosUng  et  Overvoorde,  De  Gildeo 
van  Utrecht,  460. 

Lagrange  (M"*  E.).  Le  duc  de  Jfarl- 
borongh  en  Belgique,  142. 

LamoUe.  Le  comté  de  Rochefort,  134. 

Muller.  Onze  Gooden  eeuw,  461. 

Roland.  Orchimont  et  ses  fiefs,  134. 

Rooses  (Max).  Op  reis  naor  heinde  en 
ver,  143. 

Telting.  Stadboeken  van  Zwolle,  460. 

Waddington  (Albert).  La  république 
des  Provinces-Unies,  la  France  et 
les  Pays-Bas  espagnols  (1630-1650), 
199. 

Wilmotte.  Le  wallon;  histoire  et  lit- 
térature, 140. 

ROYAUME-UNI. 

Arnold  {^Thomas).  Memorials  of  S*  £d- 

munds  abbey,  247. 
Bacon  (Roger).   Opus   majus,  p.  p. 

/.  H.  Bridges,  248. 
Baigent.  The  registers  of  John  de  San- 
dale and  Rigaud  de  Asserio,  bishops 

of  Winchester,  466. 
Bridges  (J.  H.).  Voy.  Bacon. 
Chadvick  -  Bealey,       Somersetshire 

pleas,  466. 
Basent.  Acts  of  the  Privy  Gouncil  of 

England,  t.  XVI,  466. 
Gauihier^Villars.  Voy.  Laurence. 
Gomme  (L.).  Voy.  Litton, 
Hingeston^Randolph.  The  register  of 

John  Grandisson,  bishop  of  Exeter, 

248. 

Kervyn  de  Volkaersbeke.  La  lutte  de 
ririande,  139. 


l.fDËI   BIBLtOfiBiPHtQDfl. 


-177 


I 


Lawrence  {Waiian).  Mémoires  d'un 
grenadier  anglais,  1701 -1867,  Irad. 
p.  B.  Gauthier- VUlars,  36Î. 

Ltebervumn.  Die  GmeUe  der  Aogel- 
Mchsen,  247. 

UUon  (lord).  Harold,  tlie  iaiil  nt  Ihe 
Saions,  p.  p.  l.  Gomme,  1i9. 

Mareki  (Erick).  Kilnigin  Elizabetb 
Ton  England  und  ihre  Zeil,  245. 

Mandem.  Selecl  pleas  in  the  court  of 
admirally,  t.  Il,  249. 

UlcAael.  Baalische  Geschichte  im 
xvmJarhrh.,  155. 

Pipe  rolla.  21  Henry  11,247. 

Poole.  llialorical  Atlsï  of  modem  Eu- 
rope, 4b6. 

Wordstporik.  Slalutea  ot  Lincoln  ca- 
Ihedral.  247. 

RUSSIE,    ÉTATS    SLAVES. 

AriAeim.  Voy.  Sdighergson. 
Brilekner  [Al.).  Geicbicble  Ruaslanda 

bis  lum  Ende  des  ivni  Jatirb..  173. 
Laveleye  (£.  de),  La  péninsale  des 

Balkans,  133. 
Léger  (KmU).  Le  monde  slave,  367. 
tegtay  {André).  Les  origines  hisln- 


lïô. 


I   de   1  alliance    franco -n 


-  Une  intervenLion  en  Crête,  16(^-69, 

131. 
MoOoi  (E\igèHf).  Stanislas  Ponialon- 

skj  et  Maurice  Glayre,  131. 
Fiâam.  A  Iravers  l'Orient,  406. 
Sehtbergion.   Gescbicble  FInnIaada, 

Irâd.  p.  Âmheini,  173. 
WalUsewikl.  Pierre  le  Grand,  127. 

SOISSE. 

Soudan  [chanoine  Pierre).  L'enseigne- 
ment à  Saint-Maurice,  du  v*  au 
ïii-  siècle,  Î50. 

CkùUi/  {Eug.).  La  théocratie  A  Ûe- 
nèTe  au  temps  de  Calvin,  250. 

Qauthîer  iJ.-A.).  Histoire  de  GenÈTe, 
I.  Il,  p.  p.  V.  van  Berehem  et  £d. 
Favn,  25  t. 

Merminjard.  Correspondance  des  ré- 
formateurs  dans  les  pays  de  langue 
françùse,  I.  1S,  2à2. 

Mttret  {Erntst].  La  légende  de  lu  reine 
Burlbe,  249. 

Œchili  et  Baldamus.  Carte  murale 
bistoriiiue  de  la  Suisse,  249. 

Pages  d'histoire  dédiées  i  la  mémoire 
du  prof.  Jean  Gremaud,  252. 

nagel  {Ar(liur).  Documents  inédits 
sur  Guillaume  Farul  et  sur  la  réfor- 
nutiou  dans  le  comté  de  Neufdiâtel, 


Zemp.   Die  schweizerischeo    I 


Bilder- 
Architektur- 
Darsiel langea,  25t. 
WotiU  (CA.y.  L'bistoire  du  Cnllur- 
kampf  en  Suisse,  13!). 

BISTOIBE    REUaiECSE. 


Berger  {Èlie).  Voy.  /nikocmf  JV. 
Berlitre  (Dom  V.).  Les  origines  do 

monacbisme  et  la  critique  moderne, 

137. 
Slocli  (MoUe).  Voy.  fir.ris. 
Brauiuberg   (le    P.   O,).    Beati   Pétri 

Canisii  epistulae  el  acta,  147. 
Caloen  (C.  van].  Dom   Maur  Wolter 

el  les  origines   de   la  congrégation 

bénédictine  de  l'abbaye  de  Deuron, 


140. 


I3S. 


te  P.  van).  Un  peu  plus  de 
e  sur  le  conclave  de  Venise 
le  commencement  de  Pie  Vil, 


rel  des  papes  depuis  u 
Errera.Lra  Juifs  russes,  141. 
FrederMu   (J.).    Robert    le    Bouere, 

premier  inquisiteur  de  France.  f40. 
GrxU.   Histoire   des   Juifs,    trad.   p. 

IH.  Btoch.,  239. 
HauviUer.  Ulrich  von  Cluny,  40â. 
Boanaeker  {A.  ran).  Néhémie  et  ES' 

dras,  135. 
—  Le  TtBu  de  Jepbté,  135. 
Innocent  IV.  Registres,   p.   p.  Élie 

Berger,  237. 
Kuenen.  Chronolitgic  van  bel  perzis- 

che  lydvak  der  joodiche  geschiede- 

nis,  135. 
Laurain.  De  l'intervention  des  laïques, 

des  diacres   et  des  abbesses  dans 

l'administration  de  la  Pénitence,  4^7. 
Marin  [Dom  G.).  Lectionarius  missae 

Îuo  Toletana  ecctesia  snle  annos 
200  ulebatur,  141. 
Picard  {Edmond).  Synthèse  de  l'an- 
tisémitisme, 141. 
Fwiiurfwtn.Chrislofiel Colomb;  zyne 
betreickingen  met  de  Pranciscanen, 
141. 


Abbelooi,  Acta  Mar  Kardagbi,  sub  Sa- 

pore  II  martyris,  135. 
Ambroiie.  Le  poËme  de  la  3*  croisade, 
p.  p.  G.  Paris,  237. 


478 


INDEX  BIBUOGIÂPHIQUE. 


torianisme  ao  xin*  siècle,  soqs  les 

Mongols,  135. 
Lucas,  Geschichle  der  Stadt  Tyrus 

zar  Zeit  der  Kreuzzûge,  405. 
Nève  ^Fëlix).  L'Arménie  chrétienne  et 

sa  littérature,  140. 
Parii  {Gaston),  Voy.  Ambroite. 

AFRIQUE. 

Bêcher  (/.}.  La  Tie  en  Afrique,  143. 
CoquUhai  (/.).  Sur  le  Haut-Congo, 

143. 
DuponL  Lettres  sur  le  Congo,  143. 
Eucher  (le  P.).  Essai  sur  1  histoire 

religieuse  du  Congo,  141. 
Lapie,  Les  cifilisalions    tunisiennes, 

36G. 
Wahl.  L'Algérie,  364. 

AMÉRIQUE. 

ÀMêvedo  {Lucio  cQ.  Estudos  de  histo- 
ria  Paraensc,  470. 

Bryce,  The  american  commonwealth, 
416. 

Croonenbergs,  Le  Mexique,  144. 

Foster.  Commentarles  on  the  consti- 
tution of  the  United  States,  408. 

Pérez,  La  compaHia  de  Jesiis  en  Co- 
lorabia,  388. 

Sehrynmaekers  (colonel  deY  Le  Me- 
xique. Histoire  de  rétablissement 
et  de  la  chute  de  l'empire  de  Maxi- 
milien,  138. 

Smissen  (général  van  der).  Souvenirs 
du  Mexique,  1804-67,  138. 

EXTRÊME-ORIENT. 

Bar  lez  [Ch.  de),  Nuc-Tchis  et  Mand- 
choux,  134. 

—  L'histoire  de  l'empire  de  Kin  on 
Empire-d'Or,  134. 

—  Les  religions  de  la  Chine,  135. 

CHRONOLOGIE  ET  PALÉOGRAPHIE. 

Facsimiles  of  royal,  historical,  litte- 

rary  and  other  autographs  (British 

Muséum),  249. 
Grotefend,   Zeitrechnung  des    deut- 

schen  Mittelalters  und  der  Neuzeit, 

464. 
Lagrange  {Ch.).  Sur  la  concordance 

2ui  existe  entre  la  loi  historique  de 
rttck,  la  chronologie  de  la  Bible  et 
celle    de   la   grande    pyramide   de 
Chéops,  144. 
Le  Blant.  Paléographie  des  inscrip- 
tions chrétiennes,  m*- vu*  s.,  337. 

THÉORIES  MORALES  BT  POLITIQUES. 

Chauvin  (  Victor),  Le  scopélisme^  136. 


Cooper,  A  hittory  of  the  rod,  403. 
Ekkthal  {Bug.  d*).  Alexis  de  Tocoue- 

ville  et  la  démocratie  libérale,  4l4. 
Gablet    d:AlvieUa.     Inlrodactioo    à 
■  l'histoire  des  religions,  140. 
—  La  migration  des  symboles,  142. 
Greef  (G.  de).  L'évolution  des  ero- 

vances  et  des  doctrines  politiques, 

4io. 

Laveleye  {E.  de).  Les  formes  primi- 
tives de  la  propriété,  141. 

Legrand  {Louis).  L'idée  de  patrie,  369. 

Liaare.  Essai  sur  la  philosophie  de 
l'histoire  au  point  de  vue  catholi- 
que, 140. 

Mange  {L.  de).  Études  morales  et  lit- 
téraires, 139. 

Nys.  Les  origines  du  droit  interna- 
tional, 142. 

Pobédonastze/f.  Questions  religieuses, 
sociales  et  politiques,  368. 

BIBLIOGRAPHIE, 
CATALOGUES   ET   INVENTAIRES. 

Aba  Beauer  ben  Khair.  Index  libro- 
rum  de  diversis  scienciarum  ordi- 
nibus,  372. 

Auvray,  Catalogue  général  des  ross. 
français.  Ancien  fonds  Saint-Ger- 
main, t.  I,  468. 

Babeton.  Catalogue  des  camées  de  la 
Bibliothèque  nationale,  236,  345. 

Bâcha  {E.).  Bibliographies  métho- 
diques, l44. 

Bettelheim.  Biographisches  Jahrbucb, 
404. 

Bliss  et  Johnson.  Calendar  of  entries 
in  the  papal  registers,  t.  III,  46G. 

Calendar  of  the  patent  rolls.  Ed- 
ward IV,  t.  I,  466. 

Catalogue  général  des  livres  imprimés 
de  la  Bioliothèque  nationale,  t.  I, 
458. 

Chauvin  {Victor).  Bibliographie  des 
ouvrages  arabes  ou  relatifs  aux 
Arabes  publiés  de  l'Europe  chré- 
tienne (1810-1885),  144. 

Frati.  Bibliograha  Malpigiana,  468. 

GrcBsel.  Manuel  de  bibliothéconomie, 
trad.  p.  /.  Laude,  239. 

Gross  {Ch.).  Bibliography  of  munici- 
pal history.  253. 

Beron  de  Villefosse  et  Michon.  Cata- 
logue sommaire  des  marbres  anti- 
ques du  Louvre,  345. 

Laude  (J.).  Voy.  Grœsd. 

LoUee  et  Gidel.  Dictionnaire  des  écri- 
vains et  des  littératures,  458. 

Omont.  Catalogue  des  collections  mss. 
et  imprimées  relatives  à  l'histoire 
de  Metz  et  de  la  Lorraine,  léguées 
par  A.  Prost,  240. 


INDEX  BTBLIOGliPHIQUB. 


479 


Positions  des  thèses  de  l'École  des 

chartes,  janvier  1898,  456. 
PotUer,  Catalogue  des  Tases  antiques 

du  LouTre.  ^136. 
Beinach  {Salomon).  Répertoire  de  la 

statuaire  grecoue  et  romaine,  Cla- 

rac  de  poche,  j45. 
Torrents»  Mss.  catalans  de  la  biblloteca 

nacional  de  Madrid,  374. 
Vicaire.  Manuel  de  l'amateur  de  li- 

Tres  au  xix*  s.,  458. 

GÉOGRAPHIE. 

HISTOIRE 

COMMERCIALE  ET  ÉCONOMIQUE. 

Amë.  Dictionnaire  topooranhique  du 

département  du  Caotal,  240. 
Bensa,  Histoire  du   contrat  d'assu- 


rance au  moyen  âge;  trad.  p.  J,  Fa- 
iéry,  112. 

BratuU  {A.  von),  Beitnege  zur  Ge- 
schlchte  der  franzôsischen  Handels- 
politik,  173. 

Brandis  (F.).  Les  théories  économi- 
ques au  XIII*  et  au  xiv*  s.,  141. 

Ekrenberg,  Das  Zeitalter  der  Fugger, 
146. 

Bxbler.  Die  Geschichte  der  Fugger^ 
schen  Handlung,  145. 

Morel  (Fr.).  Les  juridictions  commer- 
ciales au  moyen  Âge,  111. 

Naudé  iW.),  Die  Getreidehandelspo- 
lilik  der  europœischen  Staaten  xiii- 
xviii  Jahrh.,  173. 

Valéry.  Voy.  Bensa, 

Vivien  de  Saint-Martin  et  Schrader, 
Atlas  universel  de  géographie,  238. 


480  TABLB  DBS  MlTlilBS. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


ARTICLES  DE  FOND. 

A.  DB  B018LI8LE.  Les  aventures  du  marquis  de  Laugalerie 

(1661-1717) 1,257 

Baron  du  Casse.  Le  5*  corps  de  Tannée  d'Italie  en  1859    .    .  301 

P.  Marion.  Les  débuU  de  «  l'Affaire  de  Bretagne  »  (1763-1764).  43 

MÉLANGES  ET  DOCUMENTS. 

A. -F.  Lièvre.  Le  lieu  de  la  rencontre  des  Francs  et  des  Wisi- 

goths  sur  les  bords  du  Clain,  en  507 90 

6.  MoNOD.  M.  Thiers  et  la  situation  parlementaire  en  1839     .         324 

BULLETIN  HISTORIQUE. 

Allemagne.  Époque  moderne,  par  M.  Phiuppson 145 

Aatriohe.  M.  le  chevalier  d'Arnetb,  par  Ed.  Wbbtheimbr.    .  177 

Belgique  (1886-1896),  par  Eug.  Hubert 134 

Espagne,  par  R.  Altamira 370 

France.  Travaux  sur  Tantiquilé  romaine,  par  C.  Jullian  .  .  335 
—       Moyen  âge  et  temps  modernes,  par  A.  Lightenber- 

oer,  a.  MoLUfiER,  G.  MoNOD  et  Rod.  Reuss.  .  .  .  105,332 
Italie.  Le  Père  Luigi  Tosti,  par  G.  Rondoni  ;  Marco  Tabarrini, 

par  C.  Paoli 396 

COMPTES-RENDUS  CRITIQUES. 

Albigius  et  Malagola.  Mauri  Sarti  et  Mauri  Fattorini  De  Cla- 
ris archigymnasii  Bononiensis  professoribus.  (Ch.-V. 
I^anglois.) 192 

J.  Bryce.  Tbe  american  Commonwealtb.  (Gh.  Seignobos.)    .         416 

Fr.  Cavazza.  Le  scuole  deir  antico  studio  Bolognese.  (Ch.-V. 

Langlois.) 192 

W.  M.  CooPER.  A  bistory  of  tbe  rod.  (P.-M.) 403 

Eug.  d'Eighthal.  Alexis  de  Tocqueville  et  la  démocratie  lil)é- 

rale.  (G.  TVeiU.) 414 

R.  FosTER.  Commentaries  on  tbe  constitution  of  tbe  United 

States.  (Gh.  Seignobos.) 408 

G.  DE  Greef.  L'évolution  des  croyances  et  des  doctrines  poli- 
tiques. (Id.) 418 

E.  Hauviller.  Ulricb  von  Cluny 405 


TABLB  DES  MATliRBS.  481 

Ptge» 

Gl.  Jannet.  Les  grandes  époques  de  rhistoire  économique. 

(Fnnck-Brentano.) 196 

G.  KuENTZEL.  Ueber  die  Verwaltung  des  Mass-  und  Gewichts- 

wesens  in  Deutschland.  (G.  Blondel.) 193 

A.  Le  Moyne  de  la  Borderie.  Histoire  de  Bretagne.  (L.  Dn- 

chesne.) 482 

J.  LouTGHisKY.  La  petite  propriété  en  France  avant  la  Révolu- 
tion. (Ph.  Sagnac.) 409 

L.  Lucas.  Geschichte  der  Stadt  Tyrus  zur  Zeit  der  Kreuzzûge.  405 
Ë.  Martin- Saint-Léon.  Histoire  des  corporations  de  métiers. 

(Fnnck-Brentano.) 203 

J.  Mbtzbn.  Die  ordentlichen  direkten  Steuern  des  Mittelalters 

im  Fiirstbistbum  Munster.  (G.  Blondel.)     ....         193 

F.  Philippi.  Die  Osnabrûcker  Laischaften.  (Id.) 193 

—       Weichbild.  (Id.) 193 

M.  Philippson.  Der  Grosse  Kurfurst  F.-W.  von  Brandenburg. 

(G.  Pages.) 202 

P.  PiSANi.  A  travers  TOrient.  (L.  Léger.) 406 

Tb.  Schiemann.  Heinricb  von  Treitscbke.  (A.  Gnilland.)  .    .         411 

A.  Schneider.  Das  alte  Rome.  (G.  Jnllian.) 404 

A.  Waddinoton.  La  république  des  Provinces-Unies,  1630-1650. 

(G.  Fagnies.) 199 

LISTE  ALPHABÉTIQUE  DES  RECUEDLS  PÉRIODIQUES 

et  des  soGiéTÉs  savantes. 

FRANCE. 

1 .  Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 216 

2.  Académie  des  sciences  morales  et  politiques  ....  426 

3.  Annales  de  Bretagne 427 

4.  Annales  de  l'Est 428 

5.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes 420 

6.  Bulletin  critique 209 

7.  Bulletin  de  correspondance  hellénique 422 

8.  Bulletin  historique  et  scientifique  de  l'Auvergne.    .    .  217 

9.  La  Correspondance  historique  et  archéologique  .    .    .  207 

10.  Le  Correspondant 213 

11.  Études  publiées  par  les  PP.  de  la  Compagnie  de  Jésus.  213 

12.  Journal  des  Savants 210 

13.  Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire 423 

14.  Nouvelle  Revue  historique  de  droit 424 

15.  Polybiblion 210 

16.  La  Province  du  Maine 218 

17.  La  Révolution  française 207,420 

18.  Revue  archéologique 424 

19.  Revue  archéologique  du  Berry 217 

Rsv.  HiSTOR.  LXVI.  2*  fasc.  31 


482  TABLB  DBS  MlTliaSS. 

20.  Revue  biblique  internationale 425 

21.  Revue  bourguignonne  de  renseignement  supérieur.    .  217 

22.  Revue  critique  d'histoire  et  de  littérature 211,421 

23.  Revue  de  Champagne  et  de  Brie 217 

24.  Revue  de  Gascogne 218 

25.  Revue  de  géographie 426 

26.  Revue  de  TAgenais 428 

27.  Revue  de  rUistoire  des  religions 212,425 

28.  Revue  de  Paris 214 

29.  Revue  de  Saintonge  et  d'Aunis 219 

30.  Revue  des  Deux-Mondes 214 

31.  Revue  des  Études  juives 436 

32.  Revue  des  Questions  historiques 208 

33.  Revue  des  Universités  du  Midi 215 

34.  Revue  d'histoire  et  de  littérature  religieuse    ....  208 

35.  Revue  d'histoire  diplomatique 209,420 

36.  Revue  générale  du  droit 435 

37.  Revue  historique  du  Maine 218 

38.  Sociélé  de  l'Histoire  du  protestantisme  français  .    .    .  215,426 

39.  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest 427 

40.  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne.  216 

41.  Travaux  de  l'Académie  nationale  de  Reims   ....  219 

ALLEMAGNE. 

1.  K.  Akademie  der  Wissenschaften  (Berlin) 443 

2.  K.  Akademie  der  Wissenschaften  (Munich)   ...»  442 

3.  Arcbiv  f.  katbolisches  Kirchenrecht 437 

4.  Beitrœge  zur  Bayeriscben  Kirchengeschichte.    .     .     .  219 

5.  BeitriBge  zur  Geschichte  der  deutschen  Sprache.     .     .  439 

6.  Berichte  d.  freien  Hochstifts  zu  Frankfurt-a.-M.     .     .  444 

7.  Deutsch-evangelische  Blœtter 220 

8.  Deutsche  Zeitschrift  fur  Geschichtswissenschaft .    .     .  429 

9.  Diœcesanarchiv  von  Schwaben 444 

10.  ForschuDgen  zur  Kulturgeschichte  Bayerns   ....  444 

1  i .  Gesellschaft  der  Wissenschaften  zu  Gœttingen  .    .    .  443 

12.  Geschichtsblietter  fur  Magdeburg 445 

13.  ilansischc  Geschichtsblaetter 445 

14.  Hermès 431 

15.  Uistorische  Zeitschrift 429 

16.  Jahrbuch  des  k.  d.  archaelogischen  Instituts  ....  439 

17.  Jahrbuch  fur  Gesetzgebung 223 

18.  Jahrbûcber  d.  k.  Akademie  zu  Ërfurt 443 

19.  Jahrbûcher  fur  classische  Philologie 433 

20.  Jahrbûcher  fur  Nationalœkonomie 224 

21.  Jahresbericht  d.  histor.  Vereins  f.  Ravensberg    .    .    .  446 

22.  Jahresbericht  d.  Schlesischen  Greselischaft 446 


TABLE  DBS  MÂTliBES.  483 

PagM 

23.  MittheiluDgen  aus  d.  Stadtarchiv  Kôln 446 

24.  Mittheilungen  d.  histor.  Vereins  der  Pfalz 446 

25.  MittheiluDgen  d.  k.  d.  archœologischea  Instituts    .     .  439 

26.  Neue  kirchliche  Zeitschrift 220 

27.  Neue  Mittheilungen  aus  d.  Gebiet  historischer  For- 

schungen 222 

28.  Neues  Lausitzisches  Magazin 447 

29.  Philologus 433 

30.  Preussische  Jahrbûcher 442 

31.  Quellen  zur  aiten  (xeschichte  Bayreuths 447 

32.  Rheinisches  Muséum  fur  Philologie 435 

33.  Ssechsische  Gesellschaft  d.  Wissenschaften    ....  225 

34.  Schau  ins  Land 223 

35.  Schriften  d.  Vereins  f.  Geschichte  d.  Baar 226 

36.  Schriften  d.  Vereins  f.  d.  Geschichte  Bodensees.    .    .  447 

37.  Staats-und  wissentchaftliche  Forschungen 225 

38.  Studien  u.  Mittheilungen  aus  d.  Benedictiner  Orden  .  221, 437 

39.  Theologische  Quartalschrift 437 

40.  Theologische  Studien  und  Kritiken 438 

41.  Untersuchungen  zur  d.  Staatsgeschichte 440 

42.  Westdeutsche  Zeitschrift  fur  Geschichte 447 

43.  Wûrttembergische  Franken 448 

44.  Zeitschrift  d.  Aachener  Geschichtsvereins 226,448 

45.  Zeitschrift  d.  Gesellschaft  f.  Schleswig-Holstein-Lauen- 

burg.  Geschichte 449 

46.  Zeitschrift  d.  histor.  Vereins  f.  Marienwerder    .     .    .  448 

47.  Zeitschrift  d.  Harz  Vereins  f.  Geschichte 449 

48.  Zeitschrift  d.  Westpreussischen  Geschichtsvereins  .    .  450 

49.  Zeitschrift  fur  deutsche  Philologie 222 

50.  Zeitschrift  fur  deutsches  Âiterthum 440 

51.  Zeitschrift  fiir  die  gesamra te  Staatswissenschaft.    .     .  225,440 

52.  Zeitschrift  fur  die  gesammte  Strafrechtswissenschaft  .  225 

53.  Zeitschrift  fiir  die  Geschichte  des  Oberrheins ....  450 

54.  Zeitschrift  fiir  Kulturgeschichte 440 

55.  Zeitschrift  fur  romanische  Philologie 437 

AUTRIGHE-HONQRIB. 

1.  K.  Akademie  der  V^issenschaften 451 

2.  Archiv  fur  œsterreichische  Greschichte 226 

3.  Bulletin  de  l'Académie  des  sciences  de  Cracovie.     .     .  453 

4.  Jahrbuch  des  Bukowiner  Landes  Muséums    ....  452 

5.  Mittheilungen  d.  Nordbœhmischen  Ëxcursionsclubs    .  452 

6.  Mittheilungen  d.  prœhistorischen  Commission  d.  k. 

Akademie  der  Wissenschaften 452 

7.  Zeitschrift  d.  Vereins  f.  d.  Greschichte  Mshrens .    .    .  227, 453 


«M 


TiiLE  DW  nnftm. 


1.  Tbe  Academy 

2.  Ths  AtfaenaeuiD.    .....  .  '  7 

3.  The  Conteqjporaiï  K«view  .     ,  -  .^^ 

4.  Tbe  KogUsh  hbkirical  Hoview.     .     .              ....  iâ3 

b.  TbD  NiiicUraiiUi  Centnry ?%8 

itaub. 

(.  Areblvid  doUa  Kocietà  romana  ili  tlorla  patiia    .    .    .  S39 

2.  ArcfaJvEo  tUiticu  itallono 230 

3.  Archivio  Btiirico  lombonlo 331 

A.  Archivio  atorico  pcr  le  pruvincie  napOtflUDA  ....  231 

5.  Archivio  atdrici»  siciliano MJ 

6.  Nnovo  archivio  vonoto Î3Î 

7.  rtiviRta  Btorlca  iullana   ... 


4.  Bolletin  (le  llastîtot  genavois  .    . 

î.  Jahrbuch  Tiir  Schweiseriwhe  GASchichtP 

3.  Qnellsn  zur  Bcbw^ûer  Ge»chicbi«    .    , 


1.  AarbiEfer  for  nordiak  Oldk]nii]i|tfaed 

S.  Danske  MagKtin 

3.  Hifllorisk  Tidsdkrïn 

4.  Ovemgt  over  Vidcrskabemas  gelikoba  forbandlioiyr  . 

5.  Videos kabernes  âelskabii  Skriflar 


Chronfr[nR  et  Bibliographie 

Erratum 

lodtM  bJbliographiqae  . 


L'un  dtx  propriétairts-yérants,  (1.  Moroi 


NaB<Dl-la-ttotniu.  imprimerie  OADPBLnmoinmKBaa. 


^^^^^^^^H 

^     3   tlDS  D13  DSI   ISe          \S^       * 

1 

CECIL  H.  GREEN  LIBRARY                         ^M 

STANFORD  UNIVERSITY  IIBRARIES                 ^1 

STANFORD,  CALIFORNIA  94302-6004             ^H 

16501  723-1493                                   ^1 

grncirc@suimail-stanFord-edu                         ^H 

Alt  booki  are  subject  to  recall.                         ^M 

DATE  DUE                                         ^1 

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