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REVUE
HISTORIQUE
.-Tl
REVUE
HISTORIQUE
Paraissant tous les deux mois.
Ne quid faUi audeat, ne quid veri non audeat hiitoria.
Cicinoif, de Orat., II, 15.
DIX-HUmâMB ANNÉE
TOME CINQUANTE ET UNIEME
Janvier-Avril 1893.
• #•■«•«. • ^ ■*» "
, < » • «
PARIS
ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BAILLIÈRE bt C*
FÉLIX ALGAN, Éditeur
108, BOULEVARD SAINT-QBRUAIN
AD COIN DB LA RDB HADTEPBDILLE
1893
1 30249
NAPOLÉON A L'ILE D'ELBE'
En France, on parlait sans cesse du prochain retour de l'em-
pereur, A l'île (i'Elhe, nul ne semblait y songer. Napoléon
causait, écrivait, agissait comme s'il acceptait en philosophe sa
nouvelle destinée, « Mariez-vous ici, disait-il à Drouot, car,
désirant vous conserver auprès de moi, je tiens à vous voir
Cûntracler des liens qui voua attachent pour toujours à l'île
d'Elbe'. » Rien dans ses conversations, rapportées par Peyrusse,
par Foresi, par Campbell, par Koller, par Vincent, par Litta,
par lord Ebringlon', rien dans sa conduite ne trahit une arrière-
pensée, et, à lire sa nombreuse correspondance de Porto-Fer-
rajo, où il n'est question que de l'administration, des finances,
des routes, des bâtiments et des fortiâcattons de llle*, il semble
1 . Ces pages fnmieiit le cb. iv d'un ouvrage que U. Ilenrj Houssaje va pro*
dutaeraent faire paraître sous le tilre de i 1815 > et qui comprendra le rtcil
àm èTènements depuis le premier retour de Louis X^'I)I juiiqu't U Terreur
bttpclie.
2. lolerrogatoire de Draoot (Procèi de Drouot, 14).
3. Pejrmue, Iréwrier général & Vile d'Elbe : Vinceal Fureaï, Elbois, fournie
ttuT de* Tivreii; le colonel Oampbell, cammissaire anglais; le général Koller,
eommUMire autrichien; le colonel Vincent (plus tard général), inspecteur du
génie i l'Ile d'Elbe, au terrice de la France; il quitta l'Ile vera le 10 juin 1814.
Le Uilanais Lltla cl lord Ebriogton vinrent voir l'emperGUT it Porlo-Ferrajo
en décembre 1814.
t. Napoléon. Oorretp., !I,56G i 2t,6S0. — Sur ces cent quatorze lettres, il
n'en est qne quinze qui n'aient pninl rapport A l'administration de l'ile d'Elbe,
et, panai celles-ci, quatre seulement, dnlècs d'ailleurs des 16, Il et 'J6 Tévrier,
sool relatives aux préparatifs de l'expédition. Dans les onie antres, il est
i(ueRlii« de Uarie- Louise, de Madame mère, de la princesse Dorgbèse, de
Uurat; od n'y trouve pas un mot qui puisse faire soupçonner un projet de
départ. — Il faut remarquer aussi que tous les rapports adressés de l'Ile d'Elbe
ou de IJToume à Paris, par les agents secrets, représentent Napoléon, ao
moins Jusqu'en décembre 1814, comme résigné i rester dana l'Ile.
Rbï. HistOR. L1. \" FA8C, i
3 DB.'tlIT HODSSIIE.
que Napoléon comptait user le reste de sa vie dans cet empi
de huit mille hectares.
Débarqué le 4 mai, aux acclamatioDs des habitants', dès le 7,
Napoléon avait parcouru à cheval l'île tout entière , visité les
mines et les salines, inspecté les ouvrages de défense, et il s'oc-
cupait d'organiser ses nouveaux États*. Son indicible activité,
si péniblement contenue pendant le séjour à Fontainebleau,
trouva son emploi à cette ceu\Te dont, au temps de sa puissance,
il eût chargé un garde-charapètre.
Sous la domination française, l'île d'Elbe formait une sou9>j
préfecture du département de la Méditerranée, chef lieu Livourna.
Napoléon transforma le sous-préfet Balbi en intendant de l'île,
ât Drouot gouverneur et ÏDstîtua son trésorier des voyages, Pey-
russe, trésorier général et payeur général. Ainsi, Balbi avait
l'intérieur, Drouot la guerre, Peyrusse les finances. Avec la
grand maréchal du palais, Bertrand, qui était comme le minisi
d'Etat, ils formaient le conseil de ce royaume lilliputien. Napo-'
léon créa une cour d'appel, car, depuis 1808, le tribunal ressorti
tissait à la cour de Florence. Il nomma un inspecteur des pontS'
et chaussées, un directeur de» domaines, un Inspecteur auX'
revues, un fournisseur des vivres. Pons de l'Hérault, directeorj
des mines de l'île, en conserva l'adrainistration. Cambronne eul
le commandement de Porto-Ferrajo'.
Trois bataillons du 35' de ligne et un du régiment colonial
italien tenaient garnison dans l'Ile à l'arrivée de Napoléon. Il fit
savoir qu'il accepterait les sous-officiers et soldats qui voudraient
rester à son service, et constitaa le noyau d'un bataillon désigné J
1. A la nouvelle de la chute de l'empire, les Elbois avalent voulu se donner j
anx Anglais. Le pailllon bril&nnique fut arboré sur quelques pointa de l'fle;
la garniaon française se relira i Forlo-Fcrrajo el A Porto- Longone. Dans plo*
s villages ou bnlta Napoléou en ctGgie. Mais l'annonce de sa procbaîne
arrivée paoilla (ont. Quand il débarqua, la toule des Elbois se pressait ear son
passage. Les tnalaons étaient pavoisées, les rues joncbées de verdure (cf. (jimp-
bell, napoléon al Elba, dt: BalaUon dtu eommisiaire auMclHen Koller, it-iS;
Pefraste, Mémoriùl, 23i-'i3h ; E. Foresl. mpoleone aW isola dalf Ktba, 20-
23; rapports de l'amiral Lbermitte et du capitaine de vaissuau de Moncabriè, i
Toulon, ?1 mai el 13 juin (Arcb. de la marine, Bb41â).
2. Campbell, 316-217: Pejrrnsse, 234-236; Foresi, 27-78; Napoléon, Corrap.,
21,5G6; extrait de la correspondance du général Duvat, 27 mal (Arch. des af. 1
étr-, 675).
3. Napoléon, Oorretp., 21,566, 21,567, 21,568, 21,676, elc.; Peyrusse, 2Î6-237; 1
Foresi. 2S, 31.
i
sous le nom de 1*^ bataillon ou BatalUon de chasseurs ou Batail-
lon corse ; il fut complété à 400 fusils, au moyen d'bomraes recru-
tés en Toscane et surtout en Corse'. Un deuxième bataillon, dit
Bataillon franc on Bataillon de l'île, d'un effectif de 400 hommes,
fut organisé avec les miliciens elbois'. Napoléon attendait en
outre un escadron de chevau-légers polonais licenciés du service
de France et le détachement de la vieille garde que le traité de
Fontainebleau l'autorisait à avoir à l'île d'Elbe. Ces troupes
débarquèrent le 28 mai. Les grenadiers et chasseurs formèrent
un bataillon de 607 hommes (oflBciers compris) appelé le Batail-
lon Napoléon. Les Polonais, qui comptaient parmi eux quelques
mamelacks et chasseurs à cheval de la garde, furent répartis en
deux compagnies, l'une à cheval, de 22 hommes, l'autre à pied,
de 96 hommes; celle-ci destinée au service des pièces. Le chef
de bataillon Mallet, promu colonel, eut le commandement des
grenadiers et chasseurs, le major Jerraanowski celui des deux
compagnies polonaises. 43 canonniers de la garde, 31 marins
de la garde, un peloton de vétérans, trois brigades de gendar-
merie complétaient cette petite année, forte d'environ 1 ,600 hom-
mes'. Les soldats conservèrent l'uniforme français, mais ils
1. Napoléon, Corretp., ÎI.566. ÎI,56S; Koirer, 53-51; Campbell, 199; siloa-
UoQ des troupes stationiiées A l'Ile d'Elbe an ■"fËvrier 1814 (Arch, delà guerre),
2. Napoléon, Corretp., 21,563.
3. Napoléon, Conesp., 21,568, 21,669, 21,519, 21,619; conlrflles noinÎDBtifs
du Balaillon Napoléon et de l'Escadron Napoléon (cîté9 par FielTé, iKapotéon
et la garde. 119-126); élals des services des ofOelers du Bataillou Napoléon
[Atcb. nat.. AF IV', 1706); rap|>orls du capîlaioe de vaUseau de Moncabrié,
13jnJn, et de l'amiral LhermiUe, Toulou, 3 nepl. (Arcb. de la marine, Bb 415).
— Les effectifs cités dans les Œuvres de Sainte-Hélène (Corretp. de Piapolion,
XXX, IG), ainsi qae beaucoup d'autres détails sur le séjour i l'Ile d'Elbe, sont
Aux termes de l'article XVII du traité de Fontainebleau, Napoléon élail auto-
risé à emmener dans sa nonvclle résidence quatre cents hotaines de boane
mionlé. Mais, les grenadiers et chasseurs s'étant présentés en plus grand
nombre, les généraux Petit et Cambrunne avaient cédé i leurs prières et les
avaient désignés pour partir, A Savone, où ils s'embarquérenl, le commandant
de b llotlîlle anglaise chargée de les transporter n'avait Tait nulle obeerTalIon.
I^ fait, connu peu après, donna lieu à an échange de lettres entre Talleyrand,
Dnponl et Ualouet (Arch. de la guerre, 2, 21 et 22 Juin), Quant aux Polonais,
N^MléOD s'était entendu à Fonlainebleati avec Jennaaoweki ponr en recruter
nn escadron de qnatre-Tîngls hommes destiné à l'Ile d'Elbe el un autre de
qoarante qui devait former la garde de Harie-Louise i Parme. Les premiers
s'embarquèrent à Savone avec les grenadiers , les autres allèrent d'abord à
Parme, mais comme ils n'y troavËrent pas l'impératrice et qne l'on refusa de
4 HBIfET HOUSSATB.
prirent la cocarde elboise, blanche et rouge, semée d'abeilles
d'or, — 4c des abeilles qui piqueront un jour, » écrivait un grena-
dier^ Napoléon avait adopté pour ses nouvelles armes un ancien
écusson de Tîle, datant de Cosme P' : d'argent à la bande de
gueules chargée de trois abeilles d'or'.
Le brick V Inconstant y de 16 canons, cédé par la France en
vertu du traité de Fontainebleau, Tespéronade la Caroline,
armée d*un canon de fonte, les deux felouques V Abeille et la
Mouche, appartenant aux mines de Rio, le demi-chebec V Etoile,
acheté par l'empereur 8,822 francs, et un grand canot consti-
tuèrent la marine de guerre. L'enseigne de vaisseau Taillade,
qui s'était marié à Porto-Longone et qui fut promu lieutenant,
eut le commandement de cette flottille montée par 129 hommes
d'équipage'.
« Ce sera l'île du Repos, » avait dit Napoléon en débarquant^.
Or, au moins pendant les six premiers mois, il déploya une acti-
vité presque fébrile. Obéissant à son génie organisateur, qui le
poussait à mettre sa marque partout où il passait, il voulut
transformer l'île d'Elbe. Il réorganisa la douane, l'octroi, l'enre-
gistrement, leva les droits d'entrée sur les blés, sauf sur ceux à
consommer dans Porto-Ferrajo, afierma à nouveau les salines et
les madragues. U établit un lazaret^ réunit l'hospice à l'hôpital
militaire, construisit un théâtre, augmenta les fortifications,
répara les casernes, planta de la vigne, s'occupa de l'acclimata-
tion des vers à soie, encouragea des défrichements en distribuant
des terres, assainit et embellit la ville, qui fut pavée, pourvue
d'eau et entourée d'allées de mûriers. Â deux lieues marines au
lear donner lear solde, Napoléon les fit venir aussi à l'tle d'Elbe (rapp. de Ber-
trand à Gaolaincoart, Paris, l** juin 1815. Arch. des aff. étr., 1802). L*enipe-
renr se trouva avoir ainsi plus de soldats qu'il ne croyait. D*après sa note
du 10 mai {Corresp., 21,568), il est clair qu'il attendait seulement quatre cents
grenadiers et chasseurs et quatre-vingts Polonais.
1. Vraincourt, grenadier à la 5* compagnie du Bataillon Napoléon, à M"* Cher-
vin à Verdun; Porto-Ferrajo, l*' déc. (Arch. des aff. étr., 675).
2. Corresp. du général Duval, 27 mai (Arch. des aff. étr., 675). — Le nouveau
pavillon fut arboré le 9 mai dans toutes les communes de Ttle (Napoléon, Cor-
resp., 21,566).
3. État des dépenses ponr les bAtiments de S. M., Porto-Ferrajo, 26 sept.;
rapp. de l'amiral Lbermitte, 2 juin et 3 sept (Arch. de la marine, Bb 415) ;
Napoléon, Corresp., 21,570, 21,571, 21,601,21,605,21,631; rapport de Mariotti,
Llvonme, 28 sept. 1814 (Arch. des aff. étr., 1800).
4. Bztrait de la corresp. du général Davai, 27 mai (Arch. des aff. étr., 675).
iTiPOL^oiv i l'Ile d'elbe. 5
sud-est de l'île se trouve l'îlot de Pianosa. L'empereur en prit
possessioD, le fortifia et y mit une garnison de trente hommes
avec cinq bouches k feu. C'était un poste militaire, mais l'empe-
reur projetait aussi de peupler cet îlot et de le fertiliser par de
grauds travaux d'irrigatioD, Le plan d'un village fut même
dressé, et Napoléon nomma le curé de la future paroisse. < L'Eu-
rope, dît-il en riant, va m'accuser d'avoir déjà fait une con-
quête! » Dans l'île, les routes étaient rares et mauvaises. Il les
fit réparer, élargir et en fit ouvrir cinq nouvelles. 11 établit une
rampe carrossable k la place de l'escalier accédant au sommet de
Porto-Ferrajo. Les geos du pays et les soldats de la garde étaient
employés k ces divers travaux'. * Le grand plaisir de Bona-
parte, lit-on dans les rapports adressés de l'île d'Elbe à Paris,
est d'ouvrir les chemins. Il aime les hommes utiles et a admi-
rablement traité un maître jardinier et un maître maçon vêtus
sordidement. Il ne les lâchait plus et les accablait de questions.. .
Il emploie ses soldats k démolir des murs. Ils ne sont pas contents
et disent qu'ils ne veulent pas faire le métier de maçon. Il les
appelle grognards et, malgré tout, les fait travailler'. ■
En effet, les grognards grognaient un peu, car ces Français
s'ennuyaient sur ce rocher italien, dont ils disaient : « C'est un
Ikmeux refuge pour un renard. » Mais Us prenaient leur mal en
patience, grâce à leur idolâtrie pour le Petit Caporal. L'empe-
reur passait parfois six heures de suite au quartier, louchant la
literie, goûtant la soupe, le pain, le vin, causant familièrement
avec les hommes et se montrant toujours, selon sa coutume,
« sévère pour les officiers et bienveillant pour les hommes^. ■ Il
avait acquis des vignes dans l'île. En voyant les raisins mûrir,
il dit à Peyrusse : « Mes grognards les vendangeront avant
moi. » Les soldats n'y manquèrent pas. Quand ils savaient
qu'une vigne était à l'empereur, ils la regardaient comme à eux
et y maraudaient sans scrupule. Un jour, l'empereur rencontra
cinq ou six grenadiers qui regagnaientla caserne Saint-François
1. Napoléon, Corretp., 2I,S06, 21,567, 51,577, 21,58î, 21,583, 21,586, 21,594,
21,596, 21,604, 21,618, 21,636, 21,673 (cf. Peyrusse, Campbell, etc., Foresi, et le
MimAriat dt l'Ut d'Elbe du général ViDcenl, dans les Mémoires de loas, \U).
2. Rapport de Honubrié, Toulon, 13 Juia (Arch. de la marine, Bb 115]; rap-
port iniMjme, 17 sept. (Arcb. de la gnerre).
3. Rapport précité, 17 aepl. (Arch. de la guerre); rapport de DncoumeaD,
ir de tAnlitope, Iranamis par le moire de Bordeaui, novembre [Arcb.
., P 7. 3,773)-, Campbell, 247, 249; général Vinoinl, Mém. de tous, 111, 190.
6 HBlflT HOVSSATB.
arec une provision de raisins : < — D*où venez-vous ainsi ? » dit-il
en affectant un air sévère. < — Sire, nous revenons de Saint-
Cloud. » Le mot fit fortune chez les soldats, qui n'appelèrent plus
que Saint-Cloud le petit domaine de San Martino * .
Chaque jour l'empereur faisait de longues courses à cheval,
des promenades en mer, de rudes ascenûons. < On dirait, écrit
Campbell, que Napoléon veut réaliser le mouvement perpétuel.
n prend plaisir à fatiguer tous ceux qui l'accompagnent dans ses
excursions. Je ne crois pas qu'il lui soit possible de s'asseoir pour
écrire, tant que la santé lui permettra les exercices du corps. . .
Hier, après une promenade à pied par un soleil ardent, qui a
duré de cinq heures du matin à trois heures de l'après-midi, et
après avoir visité les frégates et les transports, il est monté à
cheval pendant trois heures encore, pour se dé fatiguer,
m'a-t-il dit ensuite '. » Ainsi, Napoléon ne pense pas à tenir sa
promesse de Fontainebleau aux soldats de la vieille garde
< d'écrire les grandes choses qu'ils ont faites ensemble. » Cela
sera l'œuvre du prisonnier de Sainte-Hélène. Le souverain de
l'île d'Elbe est encore trop homme d'action pour écrire autre
chose que des ordres. Il commande, il organise, il construit, il
inspecte, il marche, il monte à cheval, cherchant à s'étourdir et
à oublier dans cette agitation incessante qui lui donne l'illusion
de l'action.
Ce besoin de mouvement, cette impossibilité de tenir en place
expliquent la multitude des habitations de l'empereur à l'île
d'Elbe. Descendu à l'hôtel de ville, il avait aussitôt choisi
comme résidence la Palazzina des Mulini^ située dans la ville
haute, entre le fort Stella et le fort Falcone. Cette maisonnette
fut réparée, surélevée d'un étage et augmentée au rez-de-chaussée
d'une grande pièce pouvant servir à la fois de salle de spectacle
et de galerie de fietes. En même temps, l'empereur fit aménager
à son usage < le château » de Porto-Longone. Pourvu à la ville,
il s'occupa de sa résidence d'été. Il acheta dans une jolie vallée
une grange appelée San Martino, qui fut tant bien que mal
transformée en maison de campagne. Le salon fut décoré de
peintures à fresques, représentant des vues d'Egypte dans la
manière de Hubert Robert. L'empereur voulut aussi un pied-
1. PejniBse, 363; Monier, Ueatenant de grenadiers, wie Année de Napoléon,
73-74.
2. GampbeU, Napolaim ai Biba, 243.
_ _ 1
HÀVOhion A l'Ilb d'elbe. 1
ii-terre pràs des mines de Kio. Puis, au cours d'ane excursion au
mont Capanna, le point le jjIus élevé de l'île (800 mètres d'alti-
tude), il s'arrêta sous une châtaigneraie séculaire, non loin delà
petite ^lisa de la Madone de Marciana. Séduit par le site, il
ordonna d'y construire un bâtiment fort simple, mais assez vaste,
composé de cinq pièces d'enfilade et d'une cuisine eu retour. U y
habita du 23 août au 4 septembre. Le 18 septembre, il acquit
l'istluoe du cap Stella, au sud de l'île, pour en taire un parc de
chasse qui devait être iêrmè à sa base par un mur de trois cents
toises sur cinq pieds de hauteur'.
Les nominations et décrets faits par Napoléon portaient :
■ Napoléon, empereur el souverain de l'île d'Elbe, avons décrété
et décrétons'... > Il avait une armée, une âotte, des domaines. Il
se crut obligé d'avoir abssi une cour. Il adjoignit au grand
maréchal deux fourriers du palais, quatre chambellans et six
officiers d'ordonnance elbois. Chaque soir, aux Mulini, on jouait
BU reversi. Parfois, il y avait cercle, et le colonel Campbell était
choqué dans sa fierté aristocratique de reconnaître, parmi les
cinquante ou soixante femmes présentes, une couturière de Porto-
Ferra jo qui avait raccommodé ses uniformes. La troupe du nou-
veau théâtre se composait de comédiens amateurs, dames de l'île
on de passage et officiers de la garde; la musique des grenadiers
faisait l'orchestre. En janvier et en février, il y eut six grands
bals, dont trois masqués, au palais et au théâtre. L'empereur
avait réglé lui-même l'ordonnance de ces réceptions dans les plus
petits détails. < Les invitations, écrivait^il, doivent s'étendre sur
toute l'ile, sans cependant qu'il y ait plus de deux cents per-
sonnes, maximum de ce que peut contenir la salle. En supposant
qu'il y ait plus île deux cent,s personnes à inviter dans l'île, il
^udrait faire deux séries... Les invitations seront &ites pour
oeuf heures. 11 y aura des rafraîchissements sans f^laces, vu la diffi-
culté de s'en procurer. 11 y aura un buffet qui sera servi à minuit.
Il ne faudrait pas que tout cela coûtât plus de mille francs', »
1. >»poléon. Corrap., Î1.578, îl,584. Î1.5M, 11,615, îl,635, 21,640, 21.648;
cf. Fmcm. Napoleme aW iiola delf Elba, 22, 31. 40, 61 ; Peyruette, M^nw-
rlol. ïbO; Cunpbell, filapol. at Elba, 30S; Harcellln Pellel, Napoléon à t'tle
fBbt, 104.
2. PeTruBse (Appendire, !I.29j cite nombre de décrets ain»i libellis. — En
décenibn teulement, Nipoléon écrivit i Drouol : o Vous eflacerez celte Tor-
mate de souTerain de l'Ile d'Elbe qui est ridicnle • {Corrap.. 21.658).
3. Nipotèoii, Corretp., 21,665; Peyruase, 263i général Vincent, 183-187;
8 HBNET HOUSSATE.
Madame mère, puis la princesse Pauline avaient rejoint Tem-
pereur : la première le 2 août, la seconde le 30 octobre ^ Ces
deux princesses, le grand maréchal et M"*^ Bertrand, Drouot,
Cambronne, le colonel Mallet, le major Jermanowski, le direc-
teur des domaines Lapi et sir Neil Campbell, le commissaire
anglais, formaient la société habituelle de Napoléon. De nombreux
visiteurs venaient sans cesse rompre la monotonie d'un commerce
continu avec les mêmes personnes. C'étaient des officiers de Tes-
cadre anglaise de la Méditerranée, des gentilshommes italiens,
comme le comte Litta, des pairs d'Angleterre, comme lord Dou-
glas, lord Ebrington, lord Bentinck, des touristes de tous les
pays, comme le Norvégien Kundbzov et le conseiller d'État prus-
sien Klamproth. C'était aussi une foule d'aventuriers des deux
sexes, inventeurs de villages en bois pour la colonisation de la
Pianosa, conspirateurs de Gênes, de Milan, de Bologne, offrant
de faire insurger l'Italie, intrigants porteurs de nouvelles pour
l'empereur et prêts à l'espionner au profit de qui les voudrait
payer, comtesses jersiaises, grandes dames romaines, belles pha-
nariotes, aussi jalouses d'obtenir les faveurs de Napoléon que
s'il fût encore aux Tuileries •. Afin de rendre son île hospita-
lière, Napoléon donna l'ordre d'établir à Porto-Ferrajo « une
bonne auberge avec une vingtaine de lits de maître^. > Ce
n'était pas trop, car, dans un de ses rapports, l'espion que
Mariotti, consul général de France à Livourne, entretenait à
Campbell, 216,231 ; rapports de l'agent de Mariotti, 3, 25 déc., 6 janv., 19 févr.,
cités par Pellet, d'après les archives du consulat de Livoorne.
1. Napoléon, Corresp., 21,611; rapp. de Mariotti; Livourne, 6août(Arch. des
aff. étr., 1800). — Dès le 17 mai, l'empereur avait envoyé la frégate the
Undaunted chercher Pauline à Fréjus, mais la princesse était déjà partie pour
Naples depuis quelques jours (Campbell, 83, 89). Pauline vint de Naples à l'Ile
d'Elbe le 1*' juin et en reparUt le surlendemain (général Vincent, 203). — Elle
y revint en octobre , sur le brick l'Inconstant. Peyrusse, 261 ; cf. Napoléon,
Corresp., 21,633, et lettre du grenadier Vraincourt, Porto-Ferrajo, 1*' décembre :
f La princesse Borghèse nous aime comme ses yeux. C'est nous qui l'avons été
chercher à Naples. Murât nous a très bien reçus et fait des cadeaux » (Arcb.
des aff. étr., 675).
2. Peyrusse, 253, 263; rapport de Mariotti Livourne, 9 août (Arch. des aff.
étr., 1800); ConversatiOHS de lord Ebrington (Reme britanniquef 1827); rap-
ports de l'agent de Mariotti, f, 2, 3, 4, 5, 7, 26, 27 déc, 16 et 18 févr. (cités
par Pellet); Campbell à Mariotti, 26 déc. (citée ibid.); Adye à sa femme, Porto-
Ferrajo, 22 janv. (Arch. des aff. étr., 675); rapp. de l'amiral Lhermitte, 3 sept.
(Arch. de la marine, Bb 415).
3. Napoléon, Corra^,, 21,644.
KiroLËo» i l'Iie d'elbe. 9
l'île d'Elbe, signalait pour nn seul jour rarrivée de cent pas-
sagers'.
Dans ctitte multitude de visiteurs, les Français, généralement
d'humeur peu voj'ageuse et retenus en outre par la difficulté
d'obtenir et même de taire viser des [.asseports pour l'île d'Elbe,
étaieDt les moins nombreux. Il venait surtout des Italieus et des
Anglais, les premiers par intérêt, les seconds pour satisfaire un
sentiment de curiosilé admirative. * Les Anglais, écrivait
Mariotti, ont une vive admiration pour Napoléon. Ils ont acheté
k Florence tous ses bustes en albâtre. Tous les capitaines anglais
ont son portrait dans leur cabine'. » L'empereur tenait l'Angle-
terre pour la plus redoutable des ennemies de la France. De là
était née sa haine ardente pour cette puissance. Mais ce senti-
ment, par sa violence mâme, impliquait qu'il reconnaissait la
grandeur, la force et l'énergie terrible et superbe du peuple
anglais. Napoléon était le moins vindicatif des hommes. Empe-
reur, il avait combattu les Anglais par tous les moyens et avec
un sauvage acharnement. A l'île d'Elbe, il ne songeait pas à leur
garder rancune d'avoir précipité sa chute; et la curiosité, l'ad-
miration, les hommages des citoyens de la nation qu'il regardait
comme la première du monde, après la France, flattaient son
juste orgueil. Les Anglais étaient donc les bienvenus. 11 les
invitait à sa table et leur rendait encens pour encens, II vantait
leur marine, leur armée, leur parlement, leurs orateurs et leurs
hommes d'Etat; il exaltait « leur aristocratie respectable et puis-
saute, » la fermeté et la conscience de leurs politiques ■ qui ne
changent Jamais d'opinion, » se proclamait sujet anglais, < puis-
ipi'il liabitait une île et que l'Angleterre possédait toutes les
lies. » Il demandait à Campbell une grammaire anglaise, s'in-
quiétait s'il ne serait pas lapidé par le mob de White Cliapel, au
cas où il viendrait à Londres, et se montrait disposé à accepter
comme pis-aller de finir ses jours en Angleterre. Il appelait son
canot de plaisance Vsher, du nom de « son bon ami le capitaine
de V Undaunted, > et, le 4 juin, il assista à bord d'un bâtiment
1. Bippnrt à Marintti, Porlo-Ferrajo, 5 déc. (cité par Marccllio Pellet).
2. BapporI de HarioUi, Livouine, août (Arcb. des aiT' étr., ISOO); ef. N...,
Atit. et pair, A H" d'Arbourille, Aii, 17 août : < ... Les Anglais qui abondent
dms l'Ile ont pour loi la curiosité la plus sluptde. Aussi, il fait tout les frais
poar le* Anglais.., Cet imliécile de Campbell est tout k fait captivé • (Arch. dei
«S. étr,, 675}.
40 HlIflT BOUSSATl.
anglais k une fête donnée pour l'anniversaire de la naissance de
Georges III*.
Le colond Campbell était admis dans l'intimité de l'empereur.
Cet officier, l'un des quatre commissaires chargés de conduire
Napoléon de Fontainebleau à Fréjus, avait été spécialement
désigné, avec le général autrichien KoUer, pour le suivre jusqu'à
l'île d'Elbe, < afin de lui fiaciliter les moyens d'installation. »
KoUer quitta l'île d'Elbe le 14 mai. Une dizaine de jours après,
Campbdl fit savoir au grand maréchal qu'il était prêt à partir
< si Napoléon ou tout autre attribuait son séjour dans l'île à
qudque motif inavoué. » Aux termes du traité de Fontainebleau,
l'empereur devait être libre et maître dans son île, et Campbell
n'avait point pour mission, — du moins pour mission officielle, —
de le surveiller. Bertrand ayant répondu à Campbell que l'em-
pereur « croyait sa présence encore utile, indispensable même et
toujours agràable, » le commissaire anglais ne se contenta pas
de ces paroles. Il exigea un écrit. En conséquence, Bertrand lui
adressa, le 27 mai, une note se terminant par ces mots : < Je ne
puis que réitérer au colonel Campbell combien sa personne et sa
présence sont agréables à l'empereur Napoléon. » C'est ainsi
que Campbell resta à l'île d'Elbe, où, désormais assuré de n'être
plus suspect à Napoléon, il ne manqua pas d'informer le Foreign
Office^ avec la plus grande conscience, de toutes ses actions et
de toutes ses paroles '.
L'insistance de l'empereur à retenir Campbell s'explique par
plusieurs raisons. Il se sentait abandonné dans son île, privé de
1. Gampbell, 173, 180, 225, 241, 247, 329; Sketch of a eonveraatUm with
Napoléon ai Elba, 13, 24, 45 ; Conversations de lord Ebrington {Revue M-
tannique, 1827); général Vincent, 203; N..., dac et pair, à M- d'Arboarille,
Aix, 17 août (Arch. des aff. étr., 675); rapport de l'agent deMariotti, 2, 6 déc,
16 féTrier (cités par Pellet); extraits de rapports, 25 joillet, 3 noy. (Arch. nat.,
F 7, 3,738). Voy. aussi, dans la Rev. hist,, l, 238, one Gonrersation de Sismondi
avec Napoléon après le retour de l'tle d'Elbe.
2. Gampbell, 241-242, 273. — A l'appui de son récit, Campbell donne le texte
de la lettre de Bertrand et cite une dépêche de CasUereagh, du 15 juin, f l'in-
Titant à se considérer comme résident anglais à l'Ile d'Elbe sans prendre d'autre
titre officiel que celui qui lui a déjà élé reconnu (c'est-à-dire de commissaire
anglais) et à communiquer comme par le passé avec le Département des affaires
étrangères, i Castlereagh avait d'ailleurs écrit à Campbell, le 16 avril, f qu'il
résiderait dans l'Ile jusqu'à nouvel ordre, si Napoléon Jugeait que la présence
d'un officier anglais pAt lui élre de quelque utilité pour défendre l'Ile et sa per-
sonne contre toute attaque ou Insulte, i
iuroL£o:f a l'îlb d'blbe. If
tonte relation diplomatique avec l'Europe. Or, telle ou telle cir-
coastanc« pouvait survenir où il eût besoin d'un intermédiaire
auprès des puissances. Campbell était dans sa pensée désigné
pour remplir ce rôle. En outre, l'empereur appréhendait quelque
entreprise contre l'île et contre lui-même, soit des corsaires bar-
haresques, soil de l'Espagne, qui n'avait pas été appelée k rati-
fier le traité de Foula inebleaa, soit du gouvernement français,
qui, quoique l'ayant ratifié, était bien capable de ne point l'exé-
cater. La présence d'un commissaire anglais lui paraissait une
saav^arde. Sacs doute, pour s'assurer cette intervention éven-
tuelle, il s'astreignait h une surveillance de tous les instants,
mais ne savait-il pas qu'à défaut d'un soldat comme Campbell il
y aurait dii agents secrets pour l'espionner? Et, en acceptant de
boDne grâce un surveillant plus ou moins officiel, en le priant
même de rester auprès de lui, il prenait le meilleur moyen pour
calmer 1<
II.
Pendant les premiers mois, Napoléon crut k la venue de l'im-
pératrice et de son fils. Il comptait que Marie-Louise habiterait
tonr à tour Parme et l'île d'Elbe'. L'hypothèse d'une séparation
n'ayant même pas été énoncée au cours des négociations de Fon-
tainebleau, il semblait implicitement convenu que l'abdication ne
pouvait, sous aucun prétexte, priver l'empereur de ses droits
d'époux et de père. Des appartements furent préparés pour Marie-
Louise au palais des Mulini, et l'empereur indiqua ce sujet au
pÔDtre chargé de décorer l'un des plafonds de San Martino :
<deaz pigeons attachés à un même lien dont le nœud se resserre
à mesure qu'ils s'éloignent'. » Il donna l'ordre de ne point tirer
les feux, d'artifice du 15 août et de les conserver pour l'arri-
vée de l'impératrice, qu'il attendait dans les premiers jours de
septembre'. Cette croyance était partagée par l'entourage de
l'empereur et par tous les Elbois*, si bien qu'une jeune femme,
1. NipoléoD, Corresp., 21.560, îl,562. 21,569, 21,604; Bertrand i Meneval,
19 ■vril, 9 août {lettres cilées par Heneval, Souvenirs, 11, 156, 161); général
ViDcenl, htm. de nie dElbe, 168.
1. Napoléon, CoTTttp., !1,597; Harcellln Pellel, Napoléon à l'Ile iCElbe, 1D5.
— Gc madrigal peiol existe encore dans la villa San Marlina.
3. napoléon, Correip., 21,593, 21,604.
t. Berlruid i UmeTal, 27 mai, 25 juin, 9 aoâl (Meaeval, II, &'i>ut<., 15S, 159,
42 HBlflT HOUSSATE.
accompagnée d'un enCant de quatre ou cinq ans, ayant débarqué
mystérieusement, le 1*' septembre, dans la baie de Marciana et
étant restée deux jours enfermée à la Madone avec l'empereur,
personne ne douta que ce ne fut Marie-Louise. Les habitants pré-
parèrent des illuminations ; les canonniers attendaient l'ordre de
tirer une salve. « Ce fut un rêve, dit Peyrusse. L'empereur revint
seul de Porto -Ferrajo. Il avait reçu la visite de la comtesse
Walewska*. »
A Fontainebleau, Napoléon, se plaignant aux commissaires
alliés de n'avoir pas déjà Marie-Louise auprès de lui, disait qu'il
était sûr qu'elle aussi désirait le rejoindre'. C'était vrai. A ce
moment, Marie-Louise comptait suivre la.destinée de l'empereur,
c Ma place est auprès de l'empereur, disait-elle. Je veux le
rejoindre. Je me trouverai bien partout où je serai avec lui^. »
Mais déjà les puissances avaient disposé d'elle et de son fils.
Napoléon était encore trop populaire en France pour qu'on ne
voulût pas supprimer sa dynastie. A l'île d'Elbe, le fils de Marie-
Louise serait le prince impérial; à Vienne, on ferait de lui, s'il
vivait, un duc autrichien ou un évêque*. Dès le 8 avril, le comte
Schouvaloff, commissaire des Alliés, fut envoyé à Blois, bien
moins pour protéger l'impératrice que pour s'assurer de sa per-
sonne^.
Par un reste de respect humain, l'empereur d'Autriche, c'est-
à-dire Metternich, son tout-puissant conseiller, recula devant le
scandale d'une séparation ou d'un divorce imposés. II préférait
amener Marie-Louise à abandonner Napoléon d'elle-même. Afin
d'éviter une première révolte de sa part, qui eût traversé ce beau
projet, on prit garde de ne point lui signifier tout de suite qu'elle
ne reverrait pas son mari. On temporisa ; on mit en avant divers
prétextes ; on usa graduellement le peu de volonté qui pouvait être
161); Peyrusse, Mémorial^ 258; Campbell, Napoléon ai Elba, 272, 302; Mar-
chand à sa sœur, Porto-Ferrajo, 3 juillet (Arch. des afi. étr., 675).
1. Peyrusse, 259; Campbell, 302-303; rapport de Mariottl, Liyoume, 13 sept.
(Arch. des aff. étr., 1800). — Le 29 septembre, l'amiral Lhermitte annonçait
gravement au ministre que Tarchiduchesse Marie-Louise, accompagnée de son
fils, avait débarqué incognito à TUe d*Elbe (Arch. de la marine, Bb 415).
2. Campbell, Napoléon ai Slba, 178.
3. Relation du colonel Galbois (citée par Bausset, Mém,, II, 276-277); cf. Mène-
rai, Souv., II, 93-94.
4. C'éUit ridée de l'impératrice d'Autriche en 1814 (Meneval, II, 209).
5. Rapport de Mènerai (Arch. des aff. étr., 1802); cf. Bausset, Mém., 11,
284-285.
NàPOL^oH A l'Ile d'blbe. 13
en celte àme d'enfant, Coryîsart lui avait conseillé les eaux d'Aix.
Lors de sa visite à Rambouillet, l'empereur d'Autriche persuada à
sa fille qu'au lieu d'aller directement à Parme ou à l'île d'Elhe, elle
Eeratlbieii de se rendre d'abord à Vienoe, près de sa famille, et d'y
attendre la saison des eaux'. Après avoir beaucoup pleuré, Marie-
Louise partit pour l'Autriche. Mais, pendant ce voyage et pen-
dant son premier séjour à Schœnbrunn, elle écrivît plusieurs fois
k Napoléon', et, dès la fin de mai, elle réclama l'exécution de la
promesse qui lui avait été faite d'aller aux eaux d'Aix et, de là,
à Parme et à Tile d'Elbe*. La cour de Vienne l'invita à attendre
l'arrivée prochaine de l'empereur d'Autriche. La reine Caroline
des Deux-Siciles , la grand'mère de Marie-Louise, se trouvait
alcHTs à "Vienne. Bien qu'elle eût voué une haine ardente à Napo-
léon, elle était indignée de ces manœuvres. « Quand on est mariée,
c'est pour la vie, disait-elle. Si j'étais à la place de Marie-Louise,
j'attacherais les draps de mon lit à une fenêtre et je m'échappe-
rais*. > Mais Marie-Louise ne savait que pleurer.
Au mois de juin, l'empereur d'Autriche ne crut pas pouvoir
refuser plus longtemps le voyage à Aix. Toutefois, comme on se
défiait encore des sentiments de Marie-Louise, il fut décidé qu'elle
laisserait son fils à Schœnbrunn et qu'elle aurait auprès d'elle un
chambellan autrichien pour lui servir de conseil. François I"",
qui ne pensait pas à mal, avait désigné le vieux prince Ester-
hazzy, mais Metternich, mieux avisé, choisit le général comte
Neipperg '•.
« Neipperg, dit Meneval, avait pour mission de &ire oublier à
l'Impératrice la France et, par conséquent, l'Empereur*. » Il y
I. [U|<port de Kenefal A Napoléon (Arch. des aff. étr., tëOI); Meneval, II,
IIS-119, cf. 7^1 voir Buasi les Mémoirtt de ta générale Durand, 2I1--212, et la
lettre de Bausset à Mounler, Rambouillet. 14 avril IS14 (cilËe par d'Uérissoii,
U Cabtntt noir, 397-300), oii il eet quetiloo de la ■ niaiserie eentimenlale de
riiD|itritriee. >
ï. UeaeTal, U, 139, IS3; lettres de Bertrand à Ueneval, Porto -Ferrsjo,
25 jfliD et 3 Juillet (citËes par Heoeval, 11, I58-1G0).
3. Rapport de Meneval i Napoléon (ArcU. des alT. étr., \sm): cf. Bailli de
Femlla an grand-doc de Bade, Paria, 23 juin : < La dnchesae de Honl^ello,
de lelonr à Paris, a laissé â Vienne Uarie-Louise plus enlicbée et plus amou-
reuse qne jamais de Bonaparte, qu'elle prétend aller rejoiadre cet été, aprts
avoir été au eaux d'Aix o (Arcb. des aff. élr., Q75J.
t. Rapport de Ueneval à Napoléon [Arch. des alT. ètr., 1802;.
h. Meneval, Stmcenin, 11, 151, 433.
C. Meueval. M, 3IC.
44 HBlflT H0US8ATE.
réussit Imôd» prenant à la lettre, sans nul scrupule, ses instruc-
tions secrètes « de pousser les choses jusqu'où elles pourraient
allers »
— Et que m'ordonnez-vous, seigneur, présentement?
— De plaire à cette femme et d'être son amant.
Ce n'était pas cependant que Neipperg parût destiné à ce rôle
par ses avantages physiques. Agé de quarante-deux ans, d'une
taille moyenne, les cheveux blonds et rares, le visage sillonné de
rides, le teint rouge et hâlé, il avait eu l'œil crevé par un coup
de feu et portait sur le front un bandeau noir pour cacher cette
cicatrice. Mais ce soldat, qui ne s'était pas épargné à la guerre,
— cette blessure et trois ou quatre autres l'attestaient, — était
en même temps un diplomate et un homme de cour. Ministre à
Naples en 1813, c'était lui qui avait entraîné Murât à s'allier
avec l'Autriche. Dans le monde, qu'il aimait et dont il avait
l'usage, il comptait de nombreuses bonnes fortunes. Soigné de sa
personne, fort élégant dans son uniforme de hussard hongrois,
il possédait au suprême degré la distinction et le charme des
manières. Il composait son attitude de gravité et de bienveillance,
parlait avec grâce, d'une voix mâle, chaude, caressante, et se
montrait empressé à plaire. Il était cavalier remarquable et
excellent musicien*.
Quand Neipperg se présenta à Marie-Louise, à deux postes
d'Aix, il lui fit une impression déplaisante qu'elle ne dissimula
pas. Pendant les premiers temps, elle ne le vit qu'en audience
oflBcielle, réservant son intimité pour Meneval, Bausset, M"®* de
Brignoles et Hurault de Sorbée, qui faisaient partie de sa suite,
et pour les Français qui venaient en assez grand nombre lui rendre
visite dans cette ville française. Elle reçut la duchesse de Monte-
belle, Corvisart, Isabey, Talma, le comte de Cussy, d'autres
encore, et, très vraisemblablement, on lui fit des ouvertures pour
une restauration de Napoléon II avec elle comme régente'. Ces
1. MeneTal, II, 442. MeneTal dit encore (365) : f L'empereur d'Autriche, qui,
daos des circonstances ordinaires, aurait recommandé à Marie-Louise de gar-
der la fidélité à son époux, lui conseilla Foubli de ses liens. » Selon Tauteur
de Maria-Luise und der Henog wm Reichsiadi (144, 154-155, 189), Mettemich
aurait pensé, dès le lendemain de l'abdication, à faire de Neipperg l'amant de
Marie-Louise.
2. Meneyal, Souvenirs, II, 166-167, 420, 432-435; Maria-Luise und der Her*
zog von ReiehOadt, 149, 155, 156.
3. Rapport de Mènerai à Napoléon (Arch. des aff. étr., 1802) ; Meneyal, n,
propositions ne pouvaient qu'effrayer Marie-Louiae, qui, sans
aucun doute, répondit aux émissaires de Paris de façon à leur
ôler tout espoir. Elle n'envisageait plus qu'avec effiroi les gran-
deurs, les émotions et les dangers du trône impérial. Tous ses
désirs tendaient maintenant à la modeste souveraineté de Parme,
où elle vivrait bourgeoisement, selon sas goûts, élevant son âls
et allant chaque année passer plusieurs mois avec son mari. Le
15 août, elle écrivit à Meneval : « Comment puis-je être gaie,
quand je suis obligée de passer cette fête, si solennelle pour moi,
loin des deux personnes qui me sont les plus chères'? > Pendant
le 9^our à Aix, plusieurs lettres furent échangées entre Marie-
Louise et l'empereur, et elle reçut même un envoyé de lui, Hurault
de Sorbée. capitaine au Bataillon Napoléon et mari d'une de ses
dames d'annonce'. Elle espérait bien ne pas retourner dans < son
exil de Schœnbrunn, » selon son expression, et, sa saison d'eaux
s'avançânt, elle écrivît à l'empereur d'Autriche de l'autoriser à
se rendre à Parme. Metternich, puis François I" répondirent que,
les circonstances politiques ne permettant pas encore qu'elle prît
possession du duché, elle devait revenir à Schœnbrunn, pour y
attendre la clôture du congrès. Marie-Louise se résigna'.
D'ailleurs, en l'absence de Meneval, Neipperg était parvenu à
faire revenir l'impératrice de ses préventions et avait peu à peu
gagné sa confiance et son amitié. Les nouveaux sentiments de
Marie-Louise prirent plus de force encore pendant son voyage
d'Aix à Vienne, que Neipperg sut faire durer tout le mois de sep-
tembre, et dont il profita pour se trouver sans cesse auprès de la
jeune femme. Si, en arrivant à Schœnbrunn, Neipperg n'était pas
encore l'amant de Marie-Louise, il avait porté le trouble dans
IST-tCa, 192; BausMt, II, 46-47; leltrei au duc de Haitlé et aun'e« p«rM)nnages.
AIi et Chambéry, 20, 25 juillet, 17 aodl, S sept. (Arcb. don afT. ètr., 67â);
cf. les parote» iu doc de BeiT} au conseil des minislre», du h août : a Uarie-
Loniae se canduil A Ail de la manière la plus ridicule. Elle ne prend pas les
ean et est ealourée d'ofBciers frani^ais. Il Tant écrire i l'empereur d*Aulricbe
pour la rappeler i (Arch. nat,, AF* V).
1. Uttre de Marie. Louise. Ail, 15 aoQl 1811 (ciUo par Meneval, 11, 182).
2. KapoléoQ, Corretp., 2l,6tl ; Meneval, 11, 19Î, 199-200. — D'après Meue-
Tal, le capitaine Burault éUit chargé par Napoléon d'amener Marie-Louise A
nie d'BUw. Celle-cj refu«a de partir dans la crainte de mécoDlenter l'empereur
d'Autriche.
3. Bipport de Mènerai à Napoléon [Arch. des aff. élr., 1802]. Lettres de
Haria-Loaise et de Hetlemicli, 4, 7, 15, 10 août, citées par Heueval, II, 178-
W; H- B. i l'abbé de Gordio, Ohambér;, 8 sept. (Arch. des «ff. élr.. 675J.
46 HENET H0US8ATB.
son cœur et était maître de sa pensée. L*intrigant Autrichien
devait achever deux mois plus tard cette très agréable et très pro-
fitable conquête en s'employant ardemment à £aire obtenir à Tex-
impératrice, par l'intervention du tzar, la souveraineté des Etats
de Parme*.
C'est d'Âix que Marie-Louise envoya ses dernières lettres à
Napoléon •. Pendant son voyage à travers la Suisse et le Tyrol,
elle n'eut point l'occasion de lui écrire, — grâce à Neipperg, elle
n'en eut peut-être pas le désir, — et, quand elle fut de retour à
Schœnbrunn, Mettemich lui arracha la promesse de cesser per-
sonnellement toute correspondance avec l'île d'Elbe et même de
remettre, sans les lire, à son père l'empereur d'Autriche, les lettres
qu'elle pourrait recevoir de Napoléon'. Marie-Louise s'était
transformée sous l'influence de l'homme à qui l'avait livrée la
politique autrichienne. Bientôt elle allait consentir à vendre son
fils pour un duché. Elle allait avoir l'impudence de dire à Met-
ternich, afin qu'il le répétât au congrès, qu'elle n'accepterait pas
la souveraineté de Lucques parce que, à Lucques, elle serait trop
près de Napoléon^.
1. Meneval, II, 168, 192, 197, 203, 205; Maria-Luise und der Herzog von
Rekhstadi, 155-157, 162-166; cf. Corresp. de BÊarie-Louise avec la comtesse de
Creneville, 11 avril, 10 mai, 18 déc. 1815. — Comment Moimier, dans des
Mémoires inédiU (cités par d'Hérisson, le Cabinet noir^ 267), ose-t-il dire :
f Qnand l'impératrice partit de Rambouillet, sons la garde de Neipperg, dès la
première nuit, elle couclia avec loi » ? Marie-Lonise, de Rambouillet à Schœn-
brunn, fut f sous la garde, » non de Neipperg, mais du général-major Kinski;
quand Neipperg se présenta à Marie-Louise, le 17 juillet, à Carrouge, c'était
la seconde fois qu'elle le voyait. Elle l'avait vu une première fois à Prague
en 1812, où il faisait le service de chambellan (Meneval, II, 166 ; Bausset,
m, 46).
2. La dernière lettre que Marie-Louise ait écrite à Napoléon est du 31 juil-
let ; elle la confia à Bausset, qui la fit passer à l'Ile d'Elbe par un prétendu
colporteur italien. L'empereur la reçut le 10 août (Napoléon, Corresp,, 21,624,
21,651 ; Bausset, II, 48; Meneval, II, 220).
3. Rapport de Meneval à Napoléon (Arch. des alT. étr., 602). — C'est ainsi
que la lettre de Napoléon, du 10 octobre (Meneval dit à tort du 20 novembre,
voir Corresp. de Napoléon, 21,651), envoyée par l'entremise du grand-duc de
Toscane, fut décachetée par l'empereur d'Autriche et communiquée aux membres
du congrès.
4. Talleyrand à Louis XVIIl, 15 févr. 1815 (Corresp. de Talleffrand pendant
le congrès de Vienne); Meneval, II, 233, 236, 238 ; cf. la lettre de Vienne ana-
lysée dans les Mémoires de Lavallette (II, 178) : f ... L'impératrice, livrée à X...,
ne prend plas même le soin de cacher son goût bizarre pour cet homme qui
est autant maître de son esprit que de sa personne, i
^ipiiL^of * l'Ile d'elbe. 17
Informé par Mènerai de la contrainte imposée à Marie-Louise,
l'empereur ne put plus douter des intentions de la cour de Vienne;
déjà les obstacles mis à sa correspondance avec sa femme les lui
avaieut Eait soupçonner*. A plusieurs reprises, il se plaignit avec
amertume k Campbell de la conduite inhumaine de l'empereur
d'Autriche : « — Ma femme ne m'écrit plus ! dit-il d'une voix, trem-
blante d'émotion, qui impressioQDa le commissaire anglais. Mon
fils m'est enlevé comme jadis les enfants des vaincus pour orner
le triomphe des vainqueurs. On ne peut citer, dans les temps
modernes, l'exemple d'une pareille barbarie'. » Telle était cepen-
dant chez l'empereur la ténacité des illusions qu'il ne désespérait
pas. II demanda à Campbell d'écrire à Castlereagh aân de savoir
si les puissances et surtout l'Angleterre. « si juste et si libérale, »
étaient d'accord avec l'Autriche pour le séparer de son fils et de
sa femme. Il voulut faire parvenir une lettre h Marie-Louise par
l'intermédiaire de lord Burghers. Des journaux ajant annoncé,
au commencement de décembre, un prétendu voyage du général
autrichien KoUer à l'île d'Elbe, il crut que cet officier avait pour
mission de lui parler de Marie-Louise, Le 28 décembre, dans une
lettre à Bertrand sur des détails d'nménagement. Napoléon se
laissait aller à écrire encore : < Si l'impératrice et le roi de Rome
Tenaient ici'. »
III.
Aux chagrins de l'empereur s'ajoutaient des soucis d'un autre
ordre. L'article III du traité de Fontainebleau portait qu'il serait
donné à Napoléon un revenu annuel de deux millions de francs en
rentes sur le grand livre de France. Or, le cabinet de Louis XVIII
ne paraissait nullement disposé à tenir cet engagement. Dans le
courant de février, le tzar et lord Castlereagh firent même à ce
sujet de sérieuses représentations au prince de Talley rand. Celui-ci
répondit, avec son imperturbable sérénité, qu'absent de Paris
<]epuL3 cinq mois il igaorait ce qui s'y passait et que d'ailleurs,
vu l'agitation de l'Italie, < il pouvait y avoir danger à fournir
t. NaïKiléon, Correip.. 21,G0t, 21,651; rippondelIeneTalÂNatx*!^». ISmai
1S)&; rapport de Berlrimd i CiDluncoart, t" juin 1815 (Arch, de» aff. tir.,
\SUl).
!, Citnpbell, ffapoUon at Elba, 297-Î98, 3Î7-328, 33t.
3. Nipoltoa, CoTTttp., '21,eCI; Campbell, 29S, 3^1, 318, 33G.
Kbt. HiBTOa. LI. I« FABc. 2
18 HBfflT BOUSSATB.
des moyens d'intrigue aux personnes disposées à en formera »
Cependant, les revenus de l'île d'Elbe étant insufSsants', Napo-
léon ne pouvait se passer de la rente qui lui était assurée par le
traité du il avril. Jusqu'ici il avait pourvu aux dépenses avec
l'argent sauvé des griffes du gouvernement provisoire. Mais ce
petit trésor, -— reste du £ameux trésor des Tuileries économisé sur
la liste civile et dont les huit dixièmes avaient été ^nployés à des
1. Wellington à Castlereagh; Paris, 15 sept. {DUpaidigs, Xll); Talleyrand i
Louis XVIII, Vienne, 15 féyr.; cf. Lonis XVJII i Talleyrand, 3 et 7 mars [Cor-
resp. avec Louis XVIII). — Le rappel à l'exéention d*ane clanse secondaire du
traité étonne, de la part de Castlereagh, qui se préparait à en violer odieuse-
ment la clause principale en se prêtant à la déportation de Napoléon. C'est
toujours la question de forme. Castlereagh s'autorisait de la raison d'état pour
enlever Napoléon, mais, jusque-là, il ne jugeait pas que la France eût aucun
motif de ne point exécuter le traité.
2. Les budgets de Tfle d'Elbe pour 1814 et 1815 existent dans la Corresp. de
Napoléon (21,581, 21,582, 21,662) et dans le Mémorial de Peynisse (240*241,
263 et Annexes). Mais, comme tous les budgets de prévision, ces budgets étaient
sujets à des variations en cours d'exercice. Pour établir le bilan de Napoléon
à l'fle d'Elbe, nous avons donc pris, non les budgets, mais le livre de caisse de
Pey russe, reproduit dans les Annexes (122 à 155) de son Mémorial. — On sait
que Peyrusse, trésorier de l'empereur, fut chargé d'encaisser toutes les recettes
et de payer toutes les dépenses depuis le 11 avril 1814 jusqu'au 20 mars 1815.
— Nous avons naturellement retranché du compte de Peyrusse toutes les
dépenses antérieures au 4 mai ou postérieures au 26 février. Noua avons pu
ainsi établir exactement l'état des recettes et des dépenses de l'empereur à
l'fle d'Elbe, depuis le 4 mai 1814, jour de son arrivée, jusqu'au 26 février 1815,
jour de son départ. Nous donnons ces chiffres :
RxcBTTBS oaDiNAiBU : Solde en caisse 13,596 fr.
Arriéré des contributions 2, 282
Timbre, enregistrement, douanes ... 38,164
Contributions foncières 18,984
DoMAiMBS : Mines, saUnes, madragues, etc 528,734
Vente de farine et divers 4,549
Vente d'approvisionnements de guerre (pour mé-
moire).
606, 809 fr.
DKPBM8B8.
Admikisteation db L*iui. Traitements, frais de bureaux, clergé,
postes, assistance publique, travaux publics, etc 145,732 fr.
ARMiB ST MABINB 1,446,309
Maison db l'bmpbrbur. Traitement des officiers, gages des
employés, cuisine, écurie, toilette, cassette, gratiications, biblio-
thèque, bals et réception, palais impériaux (constmction, amé-
nagement, mobilier, jardin, 250,000 fr.) 840,845
2,432,886 fr.
^AroLÉo5 A l'Jlb d'elbs. 19
(lépeflsesile guerre, — n'était pas inépuisabLe. 0653,800,000 francs
qu'avait t'erapereur à sou arrivée dans l'Ue', la moitié était dépeo-
«éele26 février 1815, quand il s'embarqua pour la France', et,
bien avant cette époque, il avait prévu que dans un temps donné
»D trésor serait vide*.
De l'ensemble des rapports secrets, envoyés de Porto-Ferrajo
à Paris et à Vienne, ii ressortait que Napoléon resterait dans sou
'lie tant qu'il aurait de l'argent pour y vivre'. L'inexécutioa par
Louis XVIIl des engagements pris envers l'empereur n'était donc
pas seulement un manque de foi ^; c'était une imprudence. A la
I. Le 11 «vril 1814, qnand P«yra«se fol nommé trésorier, U y
afiit CD Clisse à Fonliinebleau 489,913 fr.
Le l'î Bcril, Pe)TU»se reçut à Orléans, des njsins de La Bouil-
Ifrie, 6,nOO,00U, dont il Gt cbarger dana les fourgons de l'impé-
rtlrice 3,419,998 fr. Il apporta donc i Fontainebleau 3,580,00!
Lm tS et 19 avril, it reçat de Ramboaillet sur l'argent remis
tl'inpérfttrico 911,000
3,980,915 fr.
Do U »ril au 4 mai, date de l'arrivée à l'Ile d'KIbe, il fut
Mpeut eu KraliQcatioQS, rruia de chancellerie, frai» de vojage . 149, S37 fr.
Ls Iréaor ne tnonlail donc plus au 4 mai (pi'Â 3,831, OTS fr.
Cf. livre de caisse de Peyru»se {Èlëmor., Annexes); Mènerai, Soiipenirs, 11,
Si-lOI ; ËUIs du Trésor [Aroii, nal., AF IV, i933).
1. L'avsot-veille de son embarquement, il restait i l'empereur environ
3,004,000 fr. (Peyrusse, JUr'mor., Annexes].
3. C«inpbcll écrit dans son journal, Â la date du 13 octobre : < Napoléon
puill Irta agité par le besoin d'argent. » — On voit néanmoins par les
Cdûiplcs précités que l'empereur n'était pas encore t court d'argent et qu'il
an ttait pas réduil, comme il L'a prétendu (rapport dn conaeil d'Élal, du
1 iiril. inséré dans le Moniteur, du 13 avril), i reraurir aui Itanquiers de
OteM ti de Rome, Pejrusae, trésorier de l'empereur, était bieu, en elTet, en
nw*'rt avec c«a banquiers, mais c'était afin de négocier des traites qu'il rece-
Ml u pttàemeal pour le raiaerai de Kio.
4. Kipporl sur la situation de l'Italie et de l'Ile d'Elbe. 19 aepl. (Arch. de la
Pmt]: eiliail de lettres, 31 jan*. (Arch. nal., P 7, 3739); Canpl>ell, 344;
"■ n|ipart de Jordan, Rotne, 4 août (Arch. de» afT. élr., 1800).
>■ kux termes du traité du 11 avril (art. VI et IX], la France devait servir
Mwlra une renie annuelle de 2,500.000 fr. aux membres de la ramille impè-
''*'«ciKi|uitier, juiqu'i concurreocu de 2,000,000 de fr,, les donations et gra-
ciions de l'empereur i des «lliciers de la garde et k des perBoanes de sa
^tw c( de celle de l'impératrice. Le gouiemement des Bourbons regarda ces
t'iuws aimme également nulles, et, non seuleuieiit il ne paya rien, mais le
''*'eil des ministres adopta la proposition du général Beurnonville, minisire
''•1*1, de mellre sous séquestre tous les biens appartenant aux Booapartea
|pnic«i.v«rb»ui de» séance» du conseil des ministres, 5 aepl. Arch. nat-.
dO BENIT H0US8ATB.
véisriià, le gouveroement français avait toute raison de croire
qu'avant que Bonaparte eût épuisé ses dernières ressources, il
aaraît pourvu à son sort d*une façon définitive.
A Vienne, Tallejrand et Castlereagh s'entendaient pour la
déportation de Napoléon dans uneile de l'Océan. Ce projet n'était
uu Mecret pour personne. On en parlait dans les salons, dans les
jouriiaux, dans les lettres particulières. Louis XVIII devait aban-
donner sans trop de déplaisir son Horace ou son Virgile pour
lire ces extraits de correspondance de Londres, que le Cabinet
n(iir lui communiquait : « Le sort de Buonaparte est décidé. On
va l'envoyer à Sainte-Lucie. Il est dommage qu'on ne l'envoie
pas à Uotany-Bay. » «... Ce n'est pas à la Trinité, conmie le
disent les journaux, que Ton transportera Buonaparte, parce que
l'ile est salubre et assez jolie, tandis que le climat de Sainte-Lucie
purgera bientôt le monde de notre ami Buonaparte ^ » Sans doute,
l'exécution de cette mesure de salut public était ajournée à la
clôture du congrès, et, de plus, le tzar n'y avait pas donné encore
son assentiment. Mais, au cas où il le refuserait et où l'Angleterre,
la France et l'Autriche ne passeraient pas outre à ses représenta-
AF* VS); cf. la décision du 18 décembre 1814, publiée dans le ManUewr da
11 avril 1815. A en croire La Fayette {Mém., \, 364), si la mesure ne fut pas
appliquée, c'est que les bureaux de la Chambre des pairs la repoussèrent à une
assez grande majorité.
Or, il faut remarquer :
1* Que ces sommes étaient représentées en tout ou partie par les fonds appar-
tenant à Napoléon et placés sur le grand livre, à la Banque de France et en actions
des canaux, dont, par l'article IX du traité, il arait ratifié le retour au domaine
de la couronne ;
V Que 10 millions du trésor priré de l'empereur (économies sur la liste civile
que Napoléon s'était expressément réservées par l'article XI du traité) avaient
été induement saisis, — pour ne pas dire davantage, — par les ordres da goa-
▼ernement provisoire, le 13 avril, à Orléans, et que ces 10 millions, après avoir
été quelque peu écornés par les familiers du comte d'Artois, avaient défrayé
les premières dépenses de l'administration royale;
3* Que le traité de Fontainebleau avait rendu à Louis XVIII le tr6ne de France,
avec 25 millions de liste civile pour lui et 6 millions pour sa famille ; sans
compter les 30 millions qui lui furent donnés pour payer ses dettes contractées
en exil ;
4' Que les clauses de ce traité, dont l'exécution concernait la France, avaient
été garanties, le 1 1 avril, par une déclaration ofQcielle des membres du gouver^
nement provisoire, et, le 30 mai, par une déclaration officielle de Talleyrand
au nom de Louis XVIII.
1. Extraits de lettres d'Angleterre, 26 et 27 oct., 4 noT., 6 mars (Arch. nat,
F 7, 3739) ; cf. N... A comte Dumoustiers, Londres, 8 déc. (Arch. des aff. étr.,
675).
nipOL^ON 1 l'Ile d'elbb. 21
tions, plus d'oo moyen resterait pour mettre l'empereur en lieu
sûr. D était question de l'envoi à l'île d'Elbe d'une escadre espa-
gnole, l'Espagne prétextant qu'elle était encore en état de guerre
avec Napoléon puisqu'elle n'avait pas ratifié le traité de Fontaine-
bleau'. An défaut de l'Espagne, les corsaires algériens pouvaient
se charger, pour un bon prix à forfait, d'opérer une descente dans
l'île. Déjà même le dey d'Alger avait signifié au consul d'Angle-
terre « qu'ordre était donnéà tous ses croiseurs de saisir les bàti-
Dients naviguant sous le pavillon de l'île d'Elbe ainsi que la per-
sonne du souverain de celte île, si l'occasion se présentait de
s'emparer de lui'. >
D'autres projets étaient à l'étude. Mariotti, nommé par Talley-
rand consul de France à Livourne, s'efibrçait de bien mériter de
son puissant protecteur. 11 cherchait^ gagner le lieutenant Tail-
lade, commandant le brick l'Inconstant. « Napoléon, écrivait,
le 28 septembre, Mariotti à Talleyrand, va souvent à la Pîa-
nosa. On m'a assuré que, n'ayant pas de logement dans cette île,
il coucte à bord. Il sera facile à Taillade d'enlever Napoléon et de
le mener à l'île Sainte-Marguerite^. •
1. Mariotli, consal de Lirourne, au départemeal. LiTouroe, 23 aoùl, 1i jan-
TJcTfArcb. des aff. étr., 1300); lettre du préfet de Corse, Sférrier (Arch. nal.,
F 7, 3M7).
!. DicUratïoD da dey d'Algpr i Mac Donnel, traoEiniae à l'amiral Uallowcl
et par celui-ci i Campbell, le 31 août (Campbell. Napoléon at Elba, 291):
cT- Campbell A Caallereagh, 17 sept, [aupplèmeiit aux DlspaUhei of Wellington,
U). Voe phra&e assez aaibigue de Campbell pourrait faire croire que le gou-
TOuemml fnoenk n'était pas étranger i la déctaralion du dey, — Dès Foulai-
Mbieaa et pendant tout son séjour A l'île d'Elbe, l'empereur redouta les insultes
de* Birbaresques. C'était surtout pour se proléger contre ces corsaires qu'il
avait ton! de suite porté sou armée & seixe cents hommes el augmenté les for-
nications de l'Ile. Au mois d'aoiil, le bruit se répandit en France qae les Algé-
riens «raient tenté une descente dans l'Ile d'Elbe. Cf. Napoléon, Corresp.,
ll.eH; Campbell, 179. 792, 199; Mariotti au département, LiToumc, 1î août;
M(m i H» d'ArbouTilte, Aix, 17 août (Arch. des alT. étr, 1300, 875).
S. Hariotti i N... (Talleyrand), Lirourne, 28 sept. ISU(Arcb. des aff. étr., 1800).
Cette lettre ae porle pas de suscriplion, mais les expressions qu'emploie
Hariotti : • Monseigneur, Votre Altesse, > ne pennetlent pas de douter qu'elle
H tu adressée à Talleyrand. On ne peut douter non plue, d'après le teite de
cette lettre, que Hariotti, en cbcrcbont à ultentcr à la liberté de l'empereur,
M fût d'accord avec Talleyrand : « ... Tous les renseignements que j'ai reçus
de Porto-Fcrrajo et qae j'ai eu l'bonneur de porter A ta connaissance de Votre
Jlllesse iu pr/ienlent pat beaucoup de faciliiéi à faire enlever Napoléon. Les
[irtc*nlJon« qu'il a prises sont des obstacles qui me mettent dans l'impossibi-
Uté dt tien tenter contre lui à prêtent, arec qoelqoeB probabilités de succès.
It M perd» pat courage, et en allcndant je proposerai- à V. k. un plan qui
22 HBNai HOU86ATI.
La prison aurait été bien, la tombe eût été mieux. Plus d'au
pensait, en France et ailleurs, que « c'était une très grande faute
d*aYoir laissé vivre Bonaparte, » et qu'on ne pourrait être tran-
quille « tant que Bonaparte n'aurait pas six pieds de terre sur h
tête'. » Au mois d'avril, l'assassinat de l'empereur concerté i
l'hôtel Tallejrrand avait manqué par la faute de Maubreuil', maû
il était loisible de réitérer l'entreprise. A Rome, des moines £ana-
tiques se tenaient prêts à aller poignarder Napoléon'. Le 12 juin,
réuuira peut-être plut facilement que les autres,.. Je fend loat ce qui dépeo
(Ira de moi ponr pronrer à S. M. mon zèle et ma fidéUté et pour mérUer k
confiance dont vous m* honores. •
1. Géraud, Journal inUme, 121 ; N..., dac et pair, à M"* d'ArboorUle, Alx
17 août (Arch. des aff. étr., 675).
2. Lea 2 et 3 avril 1814, l'assaMinat de Napoléon à Fontainebleau fut oon
certé à l'hâtel Talleyrand entre Roux-Laborie, secrétaire da goaTemement pro
Tisoire, et Manbreuil. La défection probable de Marmont, annoncée à Paris de
le soir du 3 arril, fit abandonner ce projet, qui paraissait désormais inntile
Mais on se ravisa les 16 et 17 avril, la mort de Napoléon étant préférable à soi
exil. Maubreuil quitta donc Paris dans la nuit du 17 an 18 avril, muni de sauf
conduits et d'ordres de réquisition signés : Dupont, Angles, Bonrrienne, Sac
ken et Brokenhausen et mettant toutes les autorités civiles et militaires, firan
çaises et étrangères, à sa disposition c pour une mission secrète de la plu
haute importance. > Plus tard, les royalistes prétendirent que le but de cett
mission était c la reprise des diamants de la couronne et de fonds appartenan
à l*État. » Or, les diamants de la couronne, que d*ailleurs Napoléon ne songeai
pas à eropi)rter, et les fonds du trésor privé avaient été repris à Orléans dès li
13 avril. Le but réel de cette mission était donc bel et t>ien l'assassinat de l'en
pereur sur la route du Midi. Mais Maubreuil, soit qu'il fût pris de tcrupolei
soit qu'il reculât devant les difficultés et les périls de l'entreprise, soit encor
qu'il préférât le vol au meurtre, ne suivit pas Napoléon et se contenta d'arré
ter, près de Montereau, les voitures de la princesse Catberine de Wurtemberg
femme du roi Jérûme, et de lui voler son or et ses diamants. Sur la plainte di
tzar, Maubreuil fut arrêté aux Tuileries, le 25 avril, et laissé an secret Jui
qu'au mois de mars 1815. Le 10 octobre, k>rs de son transfèrement de la Gon
ciergerlc à la prison de l'Abbaye, des amis ou des protecteurs restée ineomin
bousculèrent les gendarmes et mirent Maubreuil â même de s'évader. Mais 1
refusa, disant qu'il voulait être jugé (il prétendit toujours qu'il avait rapport
intacte aux Tuileries la cassette de la princesse Catherine et qnll n'était per
sécuté que iH>ur avoir manqué le coup contre Napoléon). Le 19 mars, Louis XVUI
avant de quitter les Tuileries, donna l'ordre de mettre en liberté le comte à
Maubreuil.
Cf. Intemtgaloire de Maubreuil, lettres, dépositions, etc. (Arch. de la gnerre
dossier de Maubreuil, et Corresp, générale^ â la date du 3 décembre 1814 c
du {" mars 1815); Vitrolles, Mém,, II, 69-96: Talleyrand, jrfm., Ili, 319-322
II. iloossaye, les Mémoires de Talleifrand (article du Journal des DéboiSy di
16 août lâ9U et « 1814, • 588-590. Voir aussi le Journal de la reime Catkê
nne, dans la Ret, hist., XLIX, 66.
3. Rapp^^rts de Mariotti, Livonme, 23 sept, 14 févr. (Arch. des aff. étr.» 1800]
HiPOLriON à l'iLE d'clbe. 23
le colonel de G. de B. écrivait de TouIod au comte d'Artois pour
lui proposer de faire assassiner BoDaparte par des geudarmes de
l'île d'Elbe arec lesquels il avait noué des intelligences'. Bnûot
il y a des soupçons que Bruslart, l'acden chouan Dommé maré-
chal de camp par Dupont, s'était donné cette mission libératrice
en venant prendre le comnaandement de la Corse*.
Napoléon, qui soupçonnait ces trames, en avait l'eaprit anxieux
1. Le colonel cqihIc Je C, de B., adjoint au comroisaaire extraordinaire dans
Il 33* ditiïioa militaire, *□ comte d'Artois, Toulon, 11 juin ISU (Arcb. nal.,
KV iV, 1934). — Non* donnons seulement les initiales dn slgaalBire parce que
nous trouvons au moins inulile de dtsboaorer un nom bien |iarlé aujourd'hui.
2. Exaspère par la mort de Frotté, fu»illé, Bruslart aurait écrit jadis au pre-
mier consul qu'il périrait de sa main (W. Scott, VU de napoléon, XVI, 90).
Quoi qu'il en soll. quand Napoléon apprit à llle d'Elbe qae Bruslart était
nommé commandant de la Corse, il ne douta pas que cet bomme n'y vint arec
de* deiteias hofflieidea (Campbell, 338; rapport de Uariottl, 24 Janv. Arch. de*
iff. tir., 1800). — D'après une note coalideulielle, annexée à la lettre précitée du
colonel C. de B. (Arch. nat., AF IV, 1934), ce serait, en effet, pour assassiner
l'emperear que Brnslart aurait été nommé en Corse, > aoniinalioD qui a étonné
tout le monde, même les émigrés. > Une lettre d'une dame Oervoni, patriote
corM, sclifeinenl mêlée au mouvement bonapartiste de mars ISlâ, rapparie
«i*si que, vers le milieu de janvier, elle empécba avec des bommes k elle el un
sommé Sandrescbi, ei-cbef de balaillon, l'embarquement i Altssio des émiS'
taires de Bruslart [lettre de Corse, 9 mai 1315. Arch. nal., F 7, 37T4j. On 111
enBn dans la relation du lieulenant-colonel Laborde, qui était k l'Ile d'Elbe
sdjadanl -major au Bataillon NapoléiHi, qu'un assassin, envojè par Bruilarl,
arriva i Porlo-Perrajo. Il fut soupçonné, reconnu, maltraité par la foule qui
voulut l'écbarper : des grenadiers le dégagËrenI, et Napoléon loi Ql grflce f jVopo-
Irfm et la ijarde, rtlnlion du, vogage de Fonlatneàleau à l'ite d'Elbe et de Vile
4'Klbe ù Parti, p. 43). A signaler encore la lettre de Giraud, chancelier du
consulat de CivilU-Veccbia, 13 février ISI5 [Arch. des afT. élr., ffome, 94G);
Il lettre du roi Joseph au général Lamarque, 9 septembre 1630 {Mém., X, 310);
la proclamation de Napoléon A l'armée de Corse, ^6 février [Arch. de U guerre);
(a Itttre A Davoul. du ti mai tSlâ, cl la note de Divout annexée (Aroh. de la
gO«rve)i ses ordres d'arrêter Bruslart (Oorrfsp., 31,701, 3t,SD0), enOo les termes
ntpriianU dunii lesquels Maaséna ordonna de mettre en liberté Bruslart, qui,
échappé de Corse après le IQ mars, venait d'ôlre arrêté A Marseille (rapp. du
lieutenant de police de Toulon, 21 mal. Arch. nat., F 7, 3774).
Il fiiat citer cependant, A la décharee de Bnislarl, la lettre de son aide de
camp Ddinuel au eomie de Marans, aide de camp du duc do Bourbon. Bastia,
tl) mm leiS (Arch. nat., AF IV, IQ3SJ : i ... Buonaparle avait pensé que
M. de Bmslarl voulail le faire assassiner ou empoisonner. Ce soupçon avait
fort affligé U. de Bruslart. ■ Dehoucl ajoule d'ailleurs : i SI l'on eût écoulé les
avisdngénérat aux minisires, on aurait évité ce qui arrive, liais on l'a abreuvé
lie refus de toute sorte dans ce qu'il demandait pour le bien de sa mission. •
— La missioa de Bruslart étail-elle donc, non pas de faire assassiner Napoléon,
K^, comme le prétend U. de Uarlel {La Biitorim* fantaittsit*, 11, 194), de
I* faire enlever de l'Ile d'Ëlbe'
24 HUOir H0U88ATB.
et le cœur ulcéré. Il ue se lassait pas de questionner Campbell :
€ — Avez-vous des nouvelles du congrès?... Croyez-vous qu*on
pense à me déporter?... On ne trouvera rien qui puisse me com-
promettre chez les conspirateurs italiens. . . On veut me taire assas-
siner! » Pendant une promenade avec Bertrand, Drouot et Camp-
bell , il s'arrêta soudain et s'écria , comme en se parlant à lui-même:
« — Je suis un soldat. Qu'on m'assassine, j'ouvrirai ma poitrine,
mais je ne veux pas être déporté. » Un autre jour, il dit au
commissaire anglais : « — Qu'on sache bien que jamais je ne
consentirai à me laisser enlever. Il faudra faire brèche à mes for-
tifications ^ »
Toutes les précautions étaient prises, en effet, contre une ten-
tative d'assassinat ou un coup de main sur l'île. Les nouveaux
débarqués devaient présenter leurs passeports à la Santé, puis à
la Place, subir un interrogatoire, indiquer un répondant dans l'île;
ceux qui paraissaient le moins du monde suspects étaient rembar-
ques ou restaient sous la surveillance de la petite police elboise.
Au mois de décembre, époque où l'empereur reçut un mystérieux
visiteur qui lui apportait des nouvelles du congrès et où trois
frégates françaises, la Néréide, la Fleur de Lys et la Melpo-
mène, vinrent croiser dans les eaux de l'île, Porto-Ferrajo fut
mis pour ainsi dire en état de siège. Les forts furent armés et
approvisionnés, les garnisons augmentées, les canonniers exercés
au tir à boulets rouges ; il y eut pour consigne de commencer le
feu sur les navires de guerre s'ils entraient dans la rade en nombre
supérieur à trois*. Les paisibles habitants de l'île d'Elbe redou-
taient un bombardement. Us désiraient d'ailleurs que Napoléon
restât leur souverain, car ses façons simples et accueillantes pour
les humbles, la vie nouvelle qu'il avait donnée à l'île, les travaux
qu'il y avait faits, les nombreux visiteurs qu'il y attirait, enfin
tout l'argent qu'il y dépensait le rendaient populaire. < Le pays,
1. Note à lord Llverpool, Rome, 9 férrier (supplément aux JHspaiches of
WeUington, IX); Campbell, 318, 328. 330, 352; rapports de Mariotti, Livourne,
23 août, 28 sept., 1" noT., 16 déc, 24 jan?., 14 et 24 férr. (Arch. des aft. étr.,
180U). — La même crainte existait dans Tenlourage de l'empereur (John Adye
à sa femme, Porto-Ferrajo, 22 jany. Arch. des aff. étr., 675).
2. Napoléon, Corresp., 21,656, 21,660; Peyrusse, 263; rapports à Mariotti,
Porto-Ferrajo, 23 nov., 4, 5, 30, 31 déc, !•', 6 et 9 janv., 18 févr. (cités par
Pellet, Appendice); rapports de Mariotti, Livourne, 28 déc., 26 janr. (Arch. des
aff. étr., 1800); cf. rapports et ordres de l'amiral Lhermitte, Toulon, 7, 20 et
21 déc. (Arch. de la marine, Bb 415).
fiiTOLÊo^ 1 l'Ile d'elbe. 25
dit Poresi non sans quelc[ue hyperbole, avait pris l'aspect d'une
île fortunée', »
A l'île d'Elbe, Napoléon ne cesse de répéter : « Je veux désor-
mais vivre comme uo juge de paix... L'empereur est mort, je ne
suis pins rien... Je ne pense à rien en dehors de ma petite ile. Je
n'existe plus pour le monde. Rien ne m'intéresse maintenant que
ma famille, ma maisonnette, mes vaches et mes mulets*. » A sup-
poser que sa résignation sott sincère, son ambition morte, son
àme rassérénée, et qu'il prenne au sérieux sa nouvelle devise
inscrite dans la salle à manger de San Martino : Napoleo ubi-
ctanque felix, il faut reconnaître que l'on fait tout pour réveiller
en lui le lion endormi. Louis XVIII le laisse sans argent, l'em-
pereur d'Autriche séquestre son fils, Melternich livre sa femme à
un rufian de cour, Castlereagh veut le déporter. Talleyraod com-
plote de le jeler dans une oubliette, d'autres songent à l'assassiner.
Est-ce à dire que, si l'on avait servi à Napoléon la rente sti-
pulée, qu'où lui eut rendu sa femme et son fils et qu'on e^ï\. assuré
sa sécurité, il n'aurait pas tenté l'héroïque et fatale aventure qui
aboutit il Waterloo? 11 est possible, après tout, que dans ce^ con-
ditions l'empereur fut resté dans sa retraite, mais combien l'hy-
lotbèse est invraisemblable ! Les diverses violations du traité de
Fontainebleau dont il eut à souffrir, et celles, plus graves encore,
que tout l'engageait à raiouler, lui servirent de prétexte pour
sou expédition. Mais elles n'en furent que les causes secondaires.
La cause déterminante fut l'étatde la France sous la Restauration.
La cause première, c'est que le petit souverain de l'île d'Elbe
s'appelait Napoléon, et qu'il avait quarante-cinq ans.
Henry Hocssayb.
1. Foresi, Napol. alV iiola delV Etba, Ï6, cf. 23, 24; rapports précités de
l'^enl de HarioUi, 5, 27 iléc. 2 jaav., 26 et 27 téVT.; Peyrusse, 231, 235, 255 ;
liealenaot-colonel Laborde, Napolémi et la garde à l'Ile d'Elbe, 40-43.
2. 0«int>bell 1 Castlereagh, Porto- Ferrajo, 17 sept. [Dispalclies of WelUngioA,
Sappltmeot, l\]\ Sieich ofa converiatlon with yapol. al Elba, 27; Campbett,
Kipoteon al Elba, 179, 230. 2!X), 317, cf. 305, et ra]iporl sur l'île d'Elbe, du
17 tept. (Arch. de la guerre); rapport de JordAo, Roiae, 14 août (Arch. des aff.
«t., 1800).
LA FRANCE EN ALSACE
APRÈS LA PAIX DE WESTPHALIE.
Les droits de la France en Alsace remontaient à la paix de
Westphalie. Aux termes de l'art. LXXIII du traité de Munster,
Tertio Imperator^ l'empereur, tant en son nom qu'en celui de
la maison d'Autriche, cédait, conjointement avec l'Empire, au
roi très chrétien tous leurs droits, propriétés, domaines, posses-
sions et juridictions sur la ville de Brisach, le landgraviat de la
haute et basse Alsace, le Sundgau, la préfecture provinciale des
dix villes impériales : Haguenau, Colmar, Sélestadt, Wissem-
bourg. Landau, Obernai, Rosheim, Miinster, Kaysersberg et
Tîirkheim, avec tous les villages ou autres droits qui dépendaient
de la préfecture. L'art. LXXIV, Itemque dictus landgravia^
ttis^ stipulait ensuite que l'un et l'autre landgraviat et le Sund-
gau, comme aussi la préfecture provinciale des Dix villes, tous
les vassaux, sujets, villes, bourgs, châteaux, maisons, forte-
resses, forets, taillis, mines, cours d'eau, pâturages, < en un
mot, tous les droits, régales et appartenances, sans réserve
aucune, » appartiendraient au roi et seraient incorporés à per-
pétuité à la couronne de France, avec toute sorte de juridiction
et de souveraineté, c'est-à-dire la supériorité et le domaine
suprême , sans que l'empereur ni la maison d'Autriche pussent
y mettre opposition.
A prendre ces textes dans leur sens littéral, il semble que rien
ne limitât cette cession : elle était intégrale, irrévocable et abso-
lue. Seulement, un peu plus loin, l'art. LXXXVII, Teneattir
reœ christianissimus ^ porte que le roi sera tenu de laisser,
non seulement les évêques de Strasbourg et de Bàle et la ville de
Strasbourg, mais aussi les autres états ou ordres, les abbayes de
Murbach et Lure, d'Andlau, de Miinster, les comtes palatins de
la Petit^Pierre, les comtes et barons de Hanau, de Flecken-
Li FBi!1CE El ILSICE irais U PlII DE WESTFHILIE. 37
steîn, la noblesse équestre de la basse Alsace, les Dix villes qui
dépendent de la prétecture de Haguenau. dans l'état de liberté et
dans la possession de l'iiumédiateté dont ces états avaient joui
jasqae-là, de sorte qu'il ne poisse prétendre sur eux aucune
souTerainflté royale et se contente des droits qui compétaient à la
nuiiaoïi d'Autriche, sans qu'il soit contrevenu par cette clause
ta droit de suprême domaine reconnu à la France.
Si peu Eamilier qu'on soit avec les subtilités du droit public du
Saint-Empire romain, il est impossible de n'être pas frappé de la
contradiction, au moins apparente, que présentent ces textes :
d'une part, tes deux tandgraviats, le Sundgau, te corps des Dix
villes, qui semblait constituer le grand bailliage de Haguenau,
cédés et incorporés à perpétuité à la France avec tous les droits
de juridiction et de souveraineté; de l'autre, la liberté et l'immé-
dialeté garanties aux mêmes villes, comme aux autres états de
l'Empire en Alsace, sans que S, M. très chrétienne y puisse pré-
tendre aucune souveraineté royale. Si l'équivoque est encore
patente, aujourd'hui qu'aucun de ces intérêts complexes n'est
plus en jeu, elle l'était bien davantage pour les contemporains,
qu'elle menaçait dans tout ce qui leur était le plus cher : leur
autonomie sous la suzeraineté de l'Empire.
L'obscurité n'était même pas le seul vice de cette rédaction.
Les territoires auxquels la maison d'Autriche renonçait dans la
haute Alsace, elle ne les possédait pas au même titre. Le comté
de Ferrette, qu'elle y englobait tacitement, était un fief qu'elle
relevait de l'église de lîâle. et U n'était pas admissible que le
vassal en disposât sans l'aveu du seigneur direct, et, quant au
landgraviat de la basse Alsace, qu'elle mettait sur la même ligne
que celui de la haute, elle n'y avait jamais eu aucun droit : le
titulaire était l'évêque de Strasbourg, qui l'avait acquis, en 1359,
des comtes d'Œlingen.
Cette dernière méprise tenait sans doute à la fausse idée que
le» négociateurs se faisaient de la préfecture ou grand bailliage
de Haguenau. A l'origine, c'était un frano-alleu des Uoheitslau-
féo, comprenant, dans la mouvance d'un château fort, un certain
nombre de villages, que leur avènement au trùne avait incorporés
à l'Empire. Au lieu de s'en dépouiller au proât d'un nouveau
ieudataire. Us confièrent la gestion de ce domaine à un grand
bailli, advocatus terrœ, officier à leur choix et révocable à
volonté. Us en firent de plus leur représentant au regard des
ft
28 X. VOSSMAIflf.
communautés où le fisc avait conservé quelques droits. Jusque-là
l'Alsace n'avait compté que deux villes épiscopales, Strasbourg
et Bâle; à dater du commencement du xm^ siècle, elle eut un
certain nombre de villes impériales, entourées de fossés et de
remparts, habitées par des populations libres et qui faisaient
contrepoids à la féodalité. Pour le groupe de la haute Alsace,
qui alors comprenait encore Mulhouse, l'élection de Rodolphe de
Habsbourg, qui en était le landgrave, ne fut pas favorable à
leur sécurité ; pour lui et pour sa race, c'étaient des territoires
soustraits à leur juridiction, et ils eurent de bonne heure la ten*
tation de les y réintégrer. Tout prouve que ce fut pour leur per-
mettre de résister à leurs entreprises que l'empereur Charles IV,
de la maison de Luxembourg, obligea les Dix villes à constituer,
sous la protection du grand bailli de Haguenau, une ligue per-
manente, au lieu des alliances temporaires que plusieurs avaient
parfois conclues entre elles. Ce qu'était cette protection, on
peut le deviner, quand on sait que souvent le grand bailli
n'était que le fermier des revenus que l'Empire tirait des villes.
L'oflBce ne devint sérieux que quand, en 1413, l'empereur Sigis-
mond l'engagea à prix d'ai^ent, avec faculté de rachat, à l'élec-
teur palatin Louis III le Barbu, que son père, le roi des Romains
Robert, en avait déjà investi, en 1410, à titre viager. La
maison Palatine était assez puissante pour tenir en bride la
turbulence des barons féodalix et même les convoitises des
Habsbourg, tant qu'il ne fut pas donné à la maison d'Autriche
de remonter sur le trône impérial. Il n'en fut plus de même une
fois que, par l'élection d'Albert II, en 1439, la couronne de Char-
lemagne devint en fait héréditaire dans la maison d'Autriche.
Dès ce moment, elle chercha, elle saisit toutes les occasions de
se substituer à l'Empire, au moins dans la haute Alsace, et,
comme la protection dont leur grand baiUi couvrait les viUes
impériales y mettait obstacle, tous ses efforts tendirent à dépos-
séder les électeurs palatins de cet office. C'est ainsi qu'en 1470,
l'empereur Frédéric lU essaya de l'enlever à Frédéric le Victo-
rieux, et qu'en 1504, Maximilien I*' s'en mit lui-même en posses-
sion au détriment de Philippe Tlngénu. En 1558, les archiducs
finirent par l'emporter, en remboursant le prix de l'engagement
à la maison Palatine.
Cependant, en dépit de l'aliénation du grand bailliage, les
villes n'avaient point ponlu leur inimédiateté. Sauf Haguenau,
U ritiîICE El ALSiCE APttÈB Li PMX OE WESTPHiLIE. 29
le graad bailli a'exerçait sur elles aucun droit de juridiclioD et
ne pouvait par conséquent pas prétendre à la supériorité territo-
riale. La plupart avaieut profité de la détresse financière des
empereurs pour acquérir à prix d'argeut l'oÉBce de prévôt, ce
qui mettait l'administration de la justice entre leurs mains. Si
le grand bailli percevait pour sou compte le tribut à l'Empire et
certains droits d'accise, ce n'était pas contre sa quittance, mais
contre celle de l'empereur, qu'elles versaient leurs contributions.
Sans doute, quand 11 prenait possession de son office, elles étaient
tenues de le reconnaître pour leur avoué, leur protecteur, de lui
prêter serment, de lui délivrer leurs réversales; mais leur hom-
mage était conditionnel et ne les obligeait qu'autant que le grand
bailli ne les assimilerait pas aux villages impériaux, qu'il res-
pecterait leurs privilèges et leur immédlateté. Après cela, il
était tenu de présider, chaque année, au nom de l'Empire, au
renouvellement du conseil. Sa mort, comme celle de l'empereur,
reodait l'office vacant, et, jusqu'à ce qu'il y eût été de nouveau
pourvu, le lieutenant que le titulaire s'était donné ne remplissait
plus aucune fonction au regard des villes. C'est ainsi que,
nonobstant l'engagement du vieux domaine des Hohenstaufen,
la Décapole avait réservé son droit, successivement reconnu et
confirmé par les empereurs, de n'être pas distraite de l'Empire.
n est évident que le traité de Miinster n'avait pas tenu compte
de ces nuances compliquées, de ces subtiles distinctions. Ses sti-
pulations avaient méconnu et obscurci toutes ces notions tradi-
tiounelles de droit public, confondu comme à plaisir les tenitoires
de l'Elmpire et ceux de la maison d'Autriche. Les archiducs
tenant de l'hérédité leurs possessions de la haute Alsace, ils
avaient toujours été portés k traiter le grand bailliage et le
corps des villes comme une partie intégrante de leur patrimoine,
k assimiler le collège de leurs officiers à Haguenau à la régence
d'Ensiabeim. On dirait qu'à Miinster les plénipotentiaires s'étaient
[)Iu à transférer à la France non seulement les droits indéniables
des Habsbourg, mais encore leurs visées et leurs prétentions.
La phraséologie qui les masquait était pleine de dangers pour
l'avenir le plus prochain. Ce qu'il y avait de particulièrement
grave, c'est qu'en recevant comme en bloc tous ces territoires, le
Poi de France avait accepté le mandat, aux termes de l'art. LXXV,
SU tamen rex obligatus, de conserver en tous et chacun de
* paya la religion catholique, comme elle y avait été maintenue
80 X. voeaiAifif.
sous les princes autrichieos, et d'en extirper toutes les nouveautis
qui s*y étaient glissées pendant la guerre. C'était une menace
pour la liberté de conscience; aussi les villes protestantes, ou
celles, comme Golmar, où le pouvoir était entre les mains des
protestants, s'en étaient-elles justement alarmées. Avant même
que la paix fiit signée, on avait mis tout en œuvre pour Caire
amender ce texte, pour obtenir une rédaction moins sujette aux
méprises et aux malentendus. Dès qu'elle lui fut connue, le
député de Colmar, Jean-Baltbasard Schneider, qui représentait
la Décapole en Westphalie, avait dénoncé l'accord survenu
entre les plénipotentiaires français et les Impériaux : à la suite
de ses démarches , les états de l'Empire , réunis à Munster, le
15/25 novembre 1647, avaient Cait entendre leur protestation
solennelle. En se référant tant à l'accord qui s'était fait au sujet
des villes impériales d'Alsace, lesqudles, sous le nom de grand
bailliage, devaient être comprises dans la satisfaction française,
autant du moins qu'elles dépendaient de la maison d'Autriche,
qu'aux informations qui avaient été produites contre cette ces-
sion, les envoyés des électeurs, des princes et des autres états
avaient déclaré s'en tenir, comme probants, aux dires desdites
villes, qui justifiaient qu'à l'instar des autres cités .impériales
elles n'avaient jamais été dans la dépendance ni de la maison
d'Autriche, ni d'aucune autre, et qu'elles ont joui, de tout temps
et jusqu'à ce jour, de l'immédiateté et des autres fi^anchises et
droits régaliens qui en dérivent; qu'ils en ont conclu que le
grand bailliage était une institution indépendante des susdites
villes, qu'elles n'ont rien de commun avec lui et ne doivent pas
y être comprises, et que si, malgré cela, les villes en question,
comme parties intégrantes, devaient être englobées dans la satis-
faction française, on pouvait conclure, du mémorial où elles ont
consigné leurs objections et leurs remontrances, qu'il n'en pour-
rait résulter que des difficultés inextricables entre le Saint-
Empire et la couronne de France, sans parler des complications
à l'intérieur qu'il est aisé de prévoir, notamnaent pour le recou-
vrement des contributions ordinaires et des autres impositions
énumérées dans ledit mémorial. Par ces motifs et d'autres sem-
blables, suffisamment développés dans l'imprimé qui leur a été
soumis et qui prouve que la maison d'Autriche n a jamais exercé
sur ces villes ni droit de domaine et de propriété, ni droit d'enga-
genoant et d'hypothèque, et que tout se réduit à un droit d'avoué-
Ll FRinCE EX ILSACB iPRHS LA TIII DE WKSTPHiUE. 94
rie et de protection, qu'elle tenait de l'Empire à titre personnel
et temporaire et oullemeot héréditaire, les états ne pouvaient
admettre que la satisfaction prétendue par la France s'étendît à
(les cités qui, sans conteste, relevaient immédiatement de l'Em-
pire, et ils invitaient en conséquence les plénipotentiaires impé-
riaux, pour prévenir tous les malentendus ultérieurs, à faire en
soi^que, daus la suite des négociations avec la France, leurs
droits, privilèges et immédiateté fussent maintenus à ces villes et
qu'elles ne fussent pas distraites de l'Empire.
Malheureusement pour la Décapole, il n'y avait plus à revenir
SOT ces stipulations de la première heure ; elles devaient être
insérées ne varietur dans ces traités qui, après trente ans de
guerre, assuraient la paix de l'Europe et que l'empereur allait
revêtir de sa signature, au nom de l'Empire, sans égard pour la
protestation des états. La maison d'Autriche avait d'ailleurs un
intérêt particulier à maintenir telles quelles les conditions une
fois convenues : la France s'était engagée à lui payer une indem-
nité de trois millions, et, si l'on avait donné satisfaction aux Dix
villes, il eût été à craindre qu'elle ne diminuât proportionnelle-
ment à son mécompte la somme quelle avait promise. Compre-
nant enfin que la diplomatie ne tiendrait aucun compte de leurs
répugnances, les électeurs, les princes et les états prirent une
dernière mesure pour sauvegarder les intérêts dont elle disait si
bon marché, et, le 12/22 aoiit 1648, à Osuabriick, ils déclarèrent
qu'ils ne donnaient leur aveu à la cession de l'Alsace, avec le
Sundgau et la préfecture de Haguenau, sous la réserve du
domaine suprême qui resterait acquis à l'Empire, qu'à la condi-
tion que le roi de France et ses successeurs tiendraient leurs
droits en flef perpétuel et immédiat de l'empereur et de l'Empire,
qu'ils donneraient satisfaction ^ l'évèque de Bâle, quant au
comté de Ferrette, et qu'ils seraient appelés à siéger aux diètes
sous le titre de landgraves d'Alsace.
Le droit de session aurait fait de S. M. très chrétienne un
membre du Saint-Empire et l'aurait rendu justiciable de la
diète : c'était le plus sûr moyen de prévenir les conflits ; mais,
par la même raison, le roi aurait pu être appelé au trône impé-
rial et cette perspective ne pouvait convenir à la maison d'Au-
triche, à laquelle un si redoutable compétiteur aurait fait
ombrage. L'affaire fut discutée au Congrès dans des négociations
où nous n'entrerons pas, aSn de consacrer ce travail uniquement
ï ce qui ae passa eu Alsace.
32 X. vossvAifit.
I.
L'archiduc Léopold avait été le dernier grand bailli de Hague-
nau; il s'était démis, en 1625, de révêché de Strasbourg pour
épouser Claude de Médicis, et il était mort en 1632. Les événe-
ments n'avaient pas permis de pourvoir à son remplacement. Le
gouvernement français ne lui donna de successeur qu'en 1649.
Par provisions du 20 avril, Louis XIV avait nonmié à cet office
Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, grand écuyer de France
et lieutenant général du roi en haute et basse Alsace. Le 11 mai,
le prince prêta serment en cette qualité entre les mains du chan-
celier Séguier. Mais il ne semble pas qu'il se soit prévalu immé-
diatement de sa nomination : du moins l'expédition qu'il fit
lever des lettres patentes, pour la notifier à la Décapole, n'est-
elle datée que du 3 et la légalisation que du 4 juillet 1651'.
S. A. était alors à Paris, où, sous la date du 1^ juillet, elle
venait de pourvoir un sieur Jean de Perche de l'emploi de
« forstmestre ou capitaine des chasses » des eaux et forêts dépen-
dantes du bailliage de Haguenau ^.
Ce n'était évidemment pas le premier acte de son administra-
tion ; car les Dix villes venaient précisément de se réunir pour
délibérer sur la présentation du nouveau grand bailli dont elles
étaient menacées, et il avait été décidé qu'on en écrirait à la fois
à l'empereur et à l'électeur de Mayence^. Nos archives ne ren-
ferment le texte ni de l'une ni de Tautre de ces missives; mais la
substance de la première, datée du 19 septembre, nous a été
conservée par le rapport qui en fut fait, le 9 décembre suivant,
au conseil aulique. Les villes avaient pris occasion de la confir-
mation générale de leurs privilèges par Ferdinand IIP, pour
remercier S. M. delà sollicitude dont elle avait fait preuve à leur
égard, en ne les livrant pas, par le traité de paix, à une domi-
nation étrangère ; cependant, continuaient-elles, comme dans le
passage où il est question de la cession de l'Alsace, le texte ne
faisait aucune distinction entre le grand bailliage de Haguenau
1. ArchÎTes de Colmar, AA, villes impériales; rapports politiques arec la
France.
2. ArchÎTes de Colmar, ibid.
3. Lettre de Hagaenan à Colmar, 12/22 juillet 1651, ibid.
4. Da 4 Juillet 1651 (Archives de Oolmar,- AA, villes impériales ; rapports poli-
tiques avec l'Empire, et AA, confirmation des privilèges).
U FU5CB EN ALSiCE «Pftts L« PlII DR WESTrBiUE.
et le corps des villes, si même leur immédiateté était réservée e
la cession limité» aux droits de la maison d'Autriche, il était à
craindre que la nominatioD du comte d'Harcourt comme grand
bailli ne suscitât aux villes d'inextricables difficultés. Non con-
tent en effet de nommer aux fonctions qui dépendaient de son
office et de prendre possession du palais et de la forêt de Hague-
naa, dont il avait l'administration, ce prince cherchait dès main-
tenant à étendre ses droits aux dépens des villes. Ce qui lea
mettait surtout en défiance, c'est que déjà, lors des négociations
de la paix de Westphalie, l'ambassade française, comme aujour-
d'hui le roi, s'était toujours dérobée, quand on la pressait de
souscrire à la déclaration des états sur le transfert de l'Alsace
à la couronne de France, pour s'en tenir exclusivement aux
termes de l'instrument. C'est pour prévenir tout malentendu
qu'encore, avant la conclusion de la paix, les villes ont présenté
à l'empereur un mémoire où elles lui expliquaient quelle était au
vrai la constitution du grand bailliage, et lui faisaient part de
leur crainte que le roi de France ne refusât de tenir de l'Empire
le droit de protection sur les villes impériales et de prêter le ser-
ment qui en fait foi; mais que, se bornant à la chevauchée tra-
ditionnelle du grand bailli, il ne s'ingérât de force dans leur
gouvernement intérieur et ne finit par s'arroger la supériorité et
prétendre le tribut k l'Empire, qui en est le signe et la dépen-
dance, à moins que l'empereur ne revendique la protection avec
le tribut, ce qui réduirait la cession au grand bailliage, que
personne ne contestera à S. M. très chrétienne'. Quoi qu'il en
soit, s'il faut passer condamnation sur le droit de protection, que
l'empereur veille du moins à ce que, lorsque le nouveau grand
bailli en prendra possession, tout se passe comme la coutume
l'exige, c'est-à-dire que sa présentation se fesse par des commis-
saires impériaux, qu'il prête le serment et délivre les réversales
traditionnelles ; de plus, pour couper court à toute prétention
lur la contribution à l'Elmpire, qu'il soit entendu qu'elle ne sera
payable, comme par le passé, que contre une quittance impé-
riale, et qu'enfin, pour éviter que l'office ne devienne héréditaire,
il y ait lieu, à chaque vacance, de procéder derechef h la présen-
tation du nouveau titulaire.
Mais, presque en même temps qu'on prenait son recours à
l. ArchiTCft de Colmar, AA, villes impériales; rapporta politiques avec la
FruM.
RbV. HlStOB. LI. t""FA80. 3
84 X. VOSSMAlfH.
Vienne, Louis XIY écrivit aux villes une lettre, en date du
27 septembre» où il leur confirmait la nomination de leur nou-
veau grand bailli :
Très chers et bons amys, par le traité heureusement eoodo de h
paix de TEmpire, le landgrauiat d'Alsace nous ajant esté cédé auee
la protection des Dix villes impérialles, nous avons pourueu an gou-
uernement dudit pays d^Alsace et du bailliage de Haguenau nostre
très cher et amé cousin Henry de Lorraine, comte de Hareourt, grand
escuyer de France, comme personne très capable d'en fliire digne-
ment les fonctions. C'est ce ijue nous auons bien voulu vous ftdre
sçauoir par cette lettre, afBn que vous ne fleusiez point de difBeulté de
le recognoistre en cette qualité et de luy rendre les mesmes honneurs
et defferences que vous faisiez à l'archiduc d'Autriche, lors qu'il oom-
mandoit en Alsace soubs Tauthorité de l'empereur, et nous promet-
tant que vous entretiendrez en bonne correspondance auec nostredit
cousin, auquel nous auons donné ordre de vous maintenir en vos
antiens priuileges et immunités, nous prions Dieu qu'U vous ait,
très chers et bons amys, en sa s^ garde.
Cette missive était accompagnée d'une lettre du comte d'Har-
court, datée du 28 septembre * :
Messieurs, le Roy m'ayant pourueu du commandement de la haute
et basse Alsace, cédée à Sa Maiesté, par le traicté de la paix de l'Em*
pire, avec la préfecture prouincialle sur les Dix villes impérialles
situées audit pays, Sa Majesté m'a donné en mesme temps la charge
de bailly de Haguenau, et M' de Moirous, con**' du Roy en ses con-
seils et intendant gênerai de ma maison et de mes affaires, estenuoyé
de la part de Sa Majesté pour vous en auerUr et pour prendre pos-
session, en mon nom, de ladite charge de bailly, auec les solennitez
et formalitez requises et accoustumées et auxquelles nous sommes
respecUuement obligez, de quoy je luy ay donné plain pouuoir en ce
qui me concerne. Ainsy, me remettant à luy de faire tout ce qui se
devra pour vostre satisfaction et pour le deub de ma charge, je vous
prieray seulement de prendre créance aux asseurances qu'il vous
donnera de mon amytié et de la considération singulière que je fay
de vos interests et de vos personnes.
Ce fut M. de Moirous lui-même qui envoya ces deux lettres
aux destinataires quand, à quelques semaines de là, il vint en
Alsace. Il convia en même temps les villes d'envoyer leurs dépu-
1. Archifes de Golmar, U>id.
lés k Haguenau, le 20 novembre, « avec plein pouvoir d'exécuter
de leur part tout ce à quoy elles sont obligées '. >
Au moment où les villes reçurent communication de ces
dépêches, l'empereur n'avait pas encore répondu à leur mémoire
do 19 septembre; par contre, elles avaient reçu une lettre de
l'électeur de Mayence, en date du 19 octobre, qui, s'en tenant à
la déclaration des états du 28 septembre 1648, renouvelée,
disait-il, à Nuremberg, en décembre 1650, leur avait confirmé
que la couronne de France n'avait rien à prétendre sur les Dix
villes en sus des droits de la maison d'Autriche'. Sauf Wissem-
bourg et Landau, la Décapole se réunit en toute hâte à Sélestadt
le 5/15 novembre. Il ne parut pas à ses envoyés que le point de
vue où se plaçaient le comte d'Harcourt et son mandataire fût
conforme au traité de Munster, et, par une lettre collective du
i"/!! novembre^, ils en firent leurs représentations à M. de
Moirous:
La résolution que S. M. vient de prendre de se mettre en posses-
sion du droit de protection qui lui compète, comme le choix qu'elle
a dit de S. A. pour Tcxercer, n'est pas pour nous déplaire; carnous
Bonimes persuadés que le gouvernement n'a rien de plus à cœur que
de nous laisser jom'r en paix de notre bien-être, de notre tranquillité
et de notre liberté [comme étals de l'Empire]. Aussi ne doutons-nous
pas, Monsieur, que votre întenlion ne soit de procéder à la présen-
tation du nouveau grand bailli dans les formes usitées de toute
ancienneté, pour qu'il n'y ail rien à y reprendre, ni dans un sens,
ni dans l'aulre. Disposés, comme nous le sommes, à reconnaître le
roi pour notre protecteur, nous n'avons qu'à nous en tenir au texte
du traité, qui porte que S. M. jouira de ce grand bailliage de la
mime manière que précédemment la maison d'Autriche ; mais nous
croyons devoir faire observer que les Dix villes en sont un corps
abAolumentdistinct et qu'elles n'ont rien de commun avec les villages
qui lui sont incorporés, tandis que nous n'en dépendons qu'en rai-
soo de la protection a laquelle nous avons droit. C'est pour cela que
Is présentation d'un nouveau grand bailli s'est toujours faite par des
commissaires impériaux : lui-même prêtait serment de maintenir
aux villes leur iramédiateté, leurs privilèges, leurs droits et juridic-
Uons, leurs chartes, dipl&mes et bonnes coutumes.
I. Ensiabeim, I" nOTeinbre (Archives de Colmar, ibid.).
1. cr. lettre A l'élecUur de Uayeoce, du 23 Dovembre (ibid.).
S. ArchÎTM de Colmar, Ibid.
36 X. MOSSMANN.
Nous espérons en conséquence qu^on ne nous en voudra pas, si
nous nous en tenons à l'ancien usage et que nous demandions^ avant
tout, que Tempereur nomme une commission : une fois que, par la
prestation des serments réciproques et par l'échange des réversales,
nous serons assurés que le grand bailli exercera son droit de protec-
tion au nom de TEmpire et qu^il respectera nos franchises, nous ne
demanderons pas mieux que de lui rendre tous les devoirs auxquels
il a droit.
En attendant, comme il ne nous appartient pas de nous prêter à
rien qui puisse préjudicier à ce que nous devons à Fempereur et à
l'Empire, nous vous prions, Monsieur, de nous excuser si nous décli-
nons votre invitation, tant que les questions relatives au grand bail-
liage n'auront pas été réglées ; entre-temps nous espérons que S. H.
trj^ chrétienne voudra bien nous traiter avec les égards que nous
saurons mériter, et que, dans la suite, elle aura encore plus que pré-
cédemment sujet de témoigner de son affection à ces états de PEmpire
qu^elle compte parmi ses voisins.
Haguenau et Colmar, qui avaient la préséance, furent chargés
de remettre cette lettre à M. de Moirous. Dans raudience qu*il
donna à leurs députés à Ensisheim, il fit de son mieux pour réfu-
ter les objections de leurs commettants. Il soutint qu'il n'était pas
nécessaire de faire intervenir Tempereur pour la présentation du
grand bailli; que, le souverain et le corps germanique ayant
transféré toutes leurs prétentions à S. M. très chrétienne, la tra-
dition des lieux cédés résultait du texte même du traité, et que,
dès lors, ce prince pouvait se mettre en possession, sans autres
formalités, du droit de protection sur les Dix villes et du tribut à
l'Empire qu'il impliquait. Cette solution semblait à M. de Moi-
rous tout à fait acceptable, et il demanda que les villes lui ren-
dissent réponse au plus tôt.
Sur le rapport que les députés des deux villes firent de leur
entrevue, Haguenau convoqua la diète de la Décapole, le
17/27 novembre, à Strasbourg. La session se prolongea jusqu'au
20/30 du mois, qui est la date du recès^ Toutes les villes
s'étaient fait représenter. Colmar avait envoyé jusqu'à trois
députés : le greffier-syndic Jean-Jacques Salzmann, Jean-Bal-
thasard Schneider et le conseiller Daniel Birr. Après mûre dâi-
bération, on décida d'écrire d'abord à M. de Moirous, puis à
1. Archires de Colmar, ibid.
u FuncE I
E WESTPDlLtE,
l'enipereiir, en sa qaa.litë de supremumcaputpacis, el à l'élec-
teur de Mayence, en même temps qu'au roi de France et au
comte d'Harcourt. Comme on prévoyait qu'il faudrait poursuivre
l'aflaire à Paris, on décida d'eu charger M. Beck, l'agent de la
Décapole prèa de la cour de France, et, en outre, de s'entendre
avec Strasbourg pour qu'il la portât devant le collège des villes
de l'Empire.
Sans désemparer, la diète s'occupa de la rédaction des diffé-
rents mémoires dont l'envoi avait été décidé. Le greffier Salz-
mann se chargea de celui pour M. de Moirous. Tout en remer-
ciant le roi de continuer à étendre sur les villes la protection dont
plusieurs avaient déjà joui pendant la guerre, il fit remarquer
([u'en dépit des obscurités du traité, la Décapole ne devait pas
être assimilée au grand bailliage. Sans doute, dans le texte, il
règne une incertitude apparente sur l'étendue des droits cédés à
la France, maïs le § Teneatur montre qu'au fond il ne s'agis-
sait que de ceux de la maison d'Autriche, notamment quant aux
Dix villes. Du temps des archiducs, quand l'empereur ou le grand
baîUî venait à mourir, sur la demande des cités, des commissaires
impériaux venaient leur présenter en personne le nouveau titu-
laire. Avant d'exercer ces fonctions, cet officier prêtait serment
et délivrait ses rèversales aux villes; après ces formalités seule-
ment il pouvait déléguer ses pouvoirs à un lieutenant, qui était
tenu aux mêmes prestations et qui allait de ville en ville recevoir
l'engagement réciproque des ressortissants. Tel était l'usage, et
la Décapole espérait que M. de Moirous ne passerait pas outre à la
reconnaissance du comte d'Harcourt, avant que l'empereur n'y
eût donné son agrément, d'autant plus que le collège des électeurs
venait encore de recommander au corps des villes de ne se prêter
à rien sans son aveu, attendu que le roi de France ne pouvait
exercer son droit de protection qu'au nom de l'empereur, et que
le consentement de S. M. impériale était même l'unique sauve-
garde de leur immédiateté. Quant au tribut à l'Empire, s'il est
vrai que les villes le payaient aux archiducs, cela ne s'est cepen-
dant jamais lait que contre une quittance de l'empereur, d'où
l'on peut conclure que cette contribution n'a jamais été le prix
du service que leur rendait le grand bailli.
Quoi qu'il en soit, pour prévenir les conséquences que pourrait
avoir toute démarche non autorisée par l'empereur, el pour défé-
rer à l'avis qui leur est parvenu de ne pas passer outre à des
38 X. MOSSHlIflf.
actes qui pourraient porter préjudice à i*Einpir8, les Dix villes
insistaient pour que M. de Moirous sursît à rexécution de scm
mandat, pour le moins en ce qui concernait le corps de la Déca-
pote^ jusqu'après la réception des ordres qu*on attendait de
Vienne, afin qu'on pût rendre en conscience tous les devoirs
auxquels de fidèles clients sont tenus envers leur protecteur.
D*ici là, les villes se prêteront sans réserve, Haguenau en parti-
culier, à Texercice de toutes les autres prérogatives qui compé-
taient au grand bailli.
Ce fut également Salzmann qui minuta la supplique à l'empe-
reur. En se référant à leur communication antérieure, où elles
lui avaient fait part de la nomination de M. d'Harcourt, les Dix
villes commencent par protester que leur intention n'était nulle-
ment de traverser Texécution de la paix de Westphalie, quels
que fussent les sacrifices qu'elle leur impose. Il est certain cepen-
dant que la cession du grand bailliage ne pouvait s'entendre que
des droits de la maison d'Autriche, qui, sur la Décapole, n'a
jamais prétendu que l'avouerie. C'est pour sauver leur inunédia-
teté qu'elles ont cru devoir résister à M. de Moirous. Tout ce
qu'elles demandaient, c'était que la France leur présentât le
nouveau grand bailli avec les mêmes garanties qu'anciennement,
et, la première de toutes, c'était que l'empereur donnât lui-même
son agrément à la nomination. Mais aux représentations qu'on
lui a faites par lettre et par députa tion, M. de Moirous répond
que le traité de paix, qui a virtuellement transféré le grand bail-
liage au roi de France, rendait superflue la présentation du
grand bailli par l'empereur, et qu'il ne pouvait être question,
pour S. M. très chrétienne, d'exercer le droit de protection au
nom de l'Empire, ni de tenir le tribut d'un autre que d'elle-
même. Mais leur devoir envers l'Empire passe avant l'opinion de
M. de Moirous, et elles lui ont remontré que, sans examiner si,
quant aux cessions territoriales, l'instrument pouvait ou non tenir
lieu d'envoi en possession, ce qui, pour les villes, est certain,
c'est que le droit de protection est resté ce qu'il était du temps
des archiducs, qui ne l'ont jamais exercé qu'au nom de l'Empire.
Les villes sont donc fondées à exiger que, dans la présentation
du grand bailli, on respecte les anciennes formes, afin qu'on ne
puisse pas un jour leur contester leur immédiateté. « Quoi qu'il
en soit, concluaient les villes, nous ne nous faisons aucune illu-
sion sur l'issue des démarches, où notre liberté et notre sécurité
Lt PU!ICG EV ILSICE «FR^S LÀ Fill DE WESTFOILIE. 39
B(Htt paiement engagées : si V. M. oe seconde pas vigoureuse-
ment DOS efforts, il est certain qu'on s'en fera un grief contre
nous et que, tôt ou tard, on tirera vengeance de l'une ou de
l'autre, qui paiera alors pour tout le monde. C'est pourquoi nous
supplions V. M. de nous tenir en sa grâce comme de fidèles étals
Je l'Empire et de nous diriger de ses conseils. Nous demandons
Dotacnment à savoir si son intention est que la présentation se
fasse en son nom, ou si, au contraire, elle pense que la cession
de la protection la dispense réellement de toute nouvelle ingé-
rence; mais, dans ce cas, qu'elle tienne la main & ce que, sous
la réserve expresse des droits de l'Empire, la prestation du ser-
ment et la délivrance des réversales se fassent comme par le passé,
et que le tribut à l'Empire ne puisse être recouvré, comme
anciennement, qu'au vu d'une quittance impériale. »
La minute de la lettre à l'électeur de Mayence est de la main
<le Schneider. On a vu que ce prélat venait de donner aux villes
de nouveaux gages de sa bienveillance, et Schneider ne négligea
rien pour l'éclairer sur les dangers dont les entreprises de M. de
Moirous les menaçaient. D'âpre ce que les députés avaient rap-
porté d'Ensisheim, disait-il, le délégué du comte d'Harcourt ne
roulait entendre la satisfaction que la France avait obtenue que
comme une cession de l'Alsace avec la juridiction universelle et
le suprême domaine ; il ne tenait compte ni du § Teneatur, ni
de la déclaration des états, trouvait oiseux de taire procéder k la
présentation du grand bailli dans les formes accoutumées, par la
raison que la signature du traité tenait lieu de tradition, estimait
que le grand bailli devait proléger la Décapole, non plus au nom
de l'Empire, mais au nom et pour le compte du roi, et considérait
le tribut comme la rémunération de cette protection.
< Si nous nous pliions aux vues de la France, continuait
Schneider, si nous renoncions k l'échange des serments et des
réversales réciproques, il est certain que nous perdrions tous nos
titres à la protection de l'Empire, et que, si nous contractions de
nouveaux engagements incompatibles avec les anciens, c'en
serait fait de notre immédiateté et de notre sécurité ; nous nous
permettons donc de soumettre à Votre Grâce la réponse que noua
venons de faire à M. de Moirous, pour qu'Elle puisse, si Elle le
juge à propos, porter ces agissements aussi contraires au texte
du traité qu'à la déclaration qui le complète, devant les états de
l'Empire actuellement réunis à Francfort. »
40 X. MOflOU!!!!.
Dans la lettre au roi, les villes loi rappelaient que la protec-
tion que, pendant la guerre, il avait accordée à plusieurs d'entre
elles, les avait empêchées de partager la ruine générale, et elles
lui exprimaient la confiance que, sous son égide, elles conti-
nueraient à jouir des bienfaits de la paix, sans que S. M. fît tort
ni à leur immédiateté ni à leur liberté. Tout au contraire,
disaient-elles, elles comptaient que le roi leur maintiendrait leurs
franchises, en obligeant le comte d*Harcourt à se faire recon-
naître grand bailli dans les formes consacrées. Si les villes en
exprimaient le vœu, S. M. devait être persuadée que ce n'était
nullement pour entraver l'exécution du traité, mais uniquement
pour sauvegarder leurs devoirs envers l'Empire. Dans les occa-
sions où l'empereur avait lui-même pris en main l'administration
du grand bailliage, il ne s'était jamais départi des rites usités.
Que le nouveau grand bailli en fasse de même ! A ce prix seule-
ment les villes promettaient de se toujours comporter envers leur
protecteur en fidèles et respectueux clients.
Au comte d'Harcourt on écrivit plus sommairement pour l'in-
former qu'on ne pourra pas le reconnaître comme grand bailli
avant de savoir si l'empereur, que l'on consultait à ce sujet, les
y autorisait ou non.
C'est ainsi que nos villes comprenaient l'opposition où elles
s'engageaient. C'était le début d'une campagne dont elles ne pou-
vaient prévoir l'issue, mais qui serait dispendieuse. Pour en
couvrir les frais , on décida de constituer, entre les mains de
Sélestadt, un premier fonds de 360 florins. Haguenau et Colmar
y contribuaient chacun pour 60, Sélestadt pour 50, Landau et
Obemai pour 35, Kaysersberg et Munster pour 25, Wissem-
bourg, Rosheim etTûrkheim chacun pour 20 florins. Ces avances
étaient destinées avant tout à pourvoir aux dépenses des cour-
riers; on décida de payer les messagers qui porteraient les
dépêches 2 sous 8 deniers de Strasbourg par mille, 5 sous par
jour et 2 sous 6 deniers par demi-jour d'attente.
Il ne restait plus, après cela, à la diète qu'à prendre connais-
sance d'un incident survenu entre les deux villes de Kaysersberg
et de Tùrkheim, d'une part, le lieutenant du roi à Brisach, M. de
Charlevois, de l'autre, ce dernier ayant, à leur égard, outrepassé
les droits que la paix de Westphalie avait reconnus à la France ;
on lui écrivit, sous la date du 19/29 novembre*, pour le rappeler
t. Archives de Colmar, ibid.
h l'observance du traité. Avant de se séparer, on avertît encore
lee députés de la gravité des circonstauces où tes villes étaient
engagées ; il s'agissait de ne laisser passer rien qui pût porter
préjudice k leurs droits et à leurs franchises, de se référer ea tout
au corps de la Décapole et de dénoncer soit au Directoire, soit,
eu cas d'urgence, à la ville présèante la plus rapprochée, toutes
les tentatives qui se produiraient, afin de sauvegarder les moin-
drâs intérêts par la solidarité de tous.
Mis au courant de toutes ces déniarches, Strasbourg se char-
gea volontiers d'en entretenir les autres villes de l'Empire. Il
transmit à Nuremberg, à Francfort et à Ulm aussi bien la mise
en demeure de la couronne de France que la répoose à M. da
Moirous ; si raèrae, fit-il remarquer, les troubles de la Fronde
donnaient actuellement quelque répit aux Dix villes, l'interpré-
tation que les agents français cherchaient il donner au traité de
paix n'en était pas moins une menace pour leur immédiateté et
leur qualité d'états de l'Empire, surtout quand l'exemple de
Besançon, que l'empereur venait de céder à l'Espagne pour obte-
nir l'évacuation de Frankenthal, démontrait qu'en haut lieu on
se faisait un jeu de démembrer le corps des villes ' , Ce fut égale-
ment Strasbourg qui prépara les voies à Vienne, en écrivant à
son nouvel agent près de la cour impériale, Jean Graass, qui se
chargea de la cause de la Décapole'.
Cependant les premiers encouragements vinrent encore une
fois de Mayence. Sous la date du 20 décembre', l'électeur répon-
dît aux Dix villes qu'il ne doutait pas que l'empereur et les états
de l'Empire ne prissent à cœur le danger que la France faisait
courir à leur immèdîatetê ; mais qu'il ne leur conseillait pas de
(aire intervenir la diète présentement réunie à Francfort, qui
n'était pas quaMée pour cela, et que, entre-temps, il n'y avait
rien à faire, si ce n'est gagner du temps et n'acquiescer en rien
aux vues de la France.
II.
Vienne, pour prendre feu, il avait suffi à Graass que Stras-
1. Leltrc du 1" décembre [ArchiTCS île Calmar, ibiJ.).
1, LcHre du D' D. Imlin à Coimnr, du 5 décembre ; de» Dix villes à Graass,
iId 8/18 (lénmibre ; réponse de Graass, du 3 janner IGS2 (ibid,),
3. Ibid.
42 X. MossmiiN.
bourg lui reoommandftt Tafifaire. n s'enquit avant toat du pre-
mier mémoire que la Décapole avait adressé à l'empereur ; mal
renseigné, il comprit d*abord qu'on n'y avait pas donné de suite.
Pour le moment, la cour célébrait les fêtes de Noël, et, avant
l'Epiphanie, aucune démarche n'aurait été de mise^ Mais, le
8 janvier, sans autre titre que la confiance que Strasbourg avait
placée en lui, il écrivit au conseil aulique pour lui rappeler la
requête des Dix villes. Quand, deux jours après, il reçut enfin la
lettre qui lui donnait mandat d'agir en leur nom, il appuya sa
première démarche d'une copie de cette dépêche*.
Une fois sur la piste, il apprit que, contrairement à ce qu'il
avait admis d'abord, une décision était déjà intervenue, et que,
sur le rapport qu'on lui avait fait, le 22 novembre, de la requête
du 19 septembre, S. M. avait donné ordre de rechercher l'acte
par lequel le grand bailliage avait été engagé jadis à la maison
d'Autriche, et de s'informer de ce qui s'était passé avec la France
à son sujet, lors des négociations de la paix de Westphalie'.
Nos villes s'entendirent pour envoyer à leur agent de nouvelles
instructions, dont la minute, sans date, est encore de la main de
Salzmann. On y insiste derechef sur cette singulière prise de pos-
session que la France projetait, sans que l'empereur s'en mêlAt,
nonobstant les droits que la paix de Westphalie réservait expli-
citement à l'Empire. Si, à la rigueur, on pouvait admettre que,
pour cette fois, le traité tînt lieu de tradition, d'envoi en posses-r
sion du grand bailliage et de présentation du grand bailli, il fal-
lait au moins prévoir ce qui arriverait dans la suite, si cet officier
était dispensé de prêter serment et de reconnaître qu'il tenait
l'office de l'Empire; on pourrait affirmer à l'avance que cette
prétention aurait pour efiet certain de relâcher et de rompre peu
à peu les liens qui y rattachaient la Décapole. Pour parer au
danger dont l'avenir menaçait sa liberté, si, une fois pour
toutes, on ne fixait pas le sens du traité, Graass devait s'enquérir
de ce qu'il y aurait lieu de faire, dans le cas que la France pas-
sât outre à ses prétentions.
Cependant, nos villes avaient à la cour de Vienne un défen-
seur bénévole, dont le crédit valait bien celui de leur agent atti-
1. Lettre dé Graass à Strasbourg, du 3 janyier t652 (Archives de Colmar, ibid.}.
2. Lettre à la Décapole, da 13 janTier, n. M, (ibid.).
3. Lettre de Graass, da 14/24 janTîer (Archives de Colmar, ibid.}.
U FIANCE EN iLSACE APRES LA PAIX DE WESTPHALIE. J3
tré; c'était l'ancieu bourgmestre de Sélestadt, Jean-GuiUaume
de Goll. Devenu conseiller caméral de l'archiduc Ferdinand-
Charles et directeur, il semble avoir été attaché à la nouvelle
régence de Fribourg, où il jouissait de toute la confiance du
comte Khurz, le vice-président du conseil aulique. Il avait con-
servé des relations avec sa ville natale, et il l'avait même entre-
tenue, sous la date du 29 janvier, de la première résolution du
conseil; lui-même avait prié ses anciens collègues, le D. Isaac
Vûlmar et Crâne, de rechercher dans leurs papiers ce qui avait
trait au grand bailliage ; il avait également pris des notes à ce
sujet; seulement elles étaient à Sélestadt, et, pour les compulser,
il comptait venir lui-même après la Purification'. Maïs les docu-
ments qu'il importait de consulter avant tout, c'étaient ceux des
archives de Vienne; leurs préposés avaient bien reçu ordre de
les rassembler ; mais ils avaient peu de loisir, et Graass n'en put
rien obtenir qu'en offrant un ducat à un sous-ordre et en pro-
mettant davantage encore, s'il trouvait ce qu'on cherchait'.
X. MOSSMANN.
{Sera continué.)
1. Lettre de Sélealadt i Cotmar, du ]•■ février (Archives de Colmar, ibid.).
2. Lettre de Griass, du 26 rèvrier/6 mars (ArctiiTes de CoIidbt, ibid.J.
MÉLANGES ET DOCUMENTS
AUTOGRAPHES DE CHRISTOPHE COLOMB
RÉCEMMENT DÉCOUVERTS.
I.
Lorsqu'à l'approche du quatrième centenaire de la découv^te de
rAmérique on vit TEspagne accueillir, avec une juste fierté, le projet
de célébrer ce grand événement, les jeunes gens studieux conçurent
Pespoir que la science historique allait profiter de celte explosion d'en-
thousiasme. Dans leur imagination surexcitée, ils voyaient déjà Siman-
cas, TArchive des Indes, les minutiers des notariats, les greffes et les
papiers de la Grandesse bouleversés de fond en comble pour amener
à la surface des masses de documents inconnus. Enquêtes, lettres
patentes, cédules, instructions, conventions, contrats, etc., etc., miroi-
taient déjà dans leur esprit, publiés, annotés, illustrés et mis à la por-
tée des travailleurs pour que tous les &its de la découverte du nou-
veau monde pussent être étudiés à nouveau et définitivement compris.
Il faut déchanter. Jusqu'ici, Christophe Colomb et sa mémorable
entreprise n'ont été, à Madrid comme à Séville, que l'objet de confé-
rences et d'écrits puérils, voire de diatribes et de prétendues reven-
dications dictées par un orgueil national absolument morbide. L'effet
en a été déplorable hors du pays. C'est qu'on n'a pas encore vu un
peuple, intelligent d'ailleurs, prendre autant de peine pour exhiber
son indigence et ses faiblesses.
Académiciens, hommes politiques, publicistes, amateurs des deux
sexes, se sont tous mis de la partie, et un flot d'inventions, de paroles
vaines et d^ambitieux discours est venu envahir les salles de confé-
rence et la presse. Ces patriotes exaltés doivent à une femme, — qui
en vérité n'est pas certaine conférencière de l'Athénée de Madrid, —
d'échapper, autant que ikire se peut, au ridicule.
H""" la duchesse d^Albe, à Pinverse des savants de son pays, a com-
pris que l'histoire ne se fait pas avec des phrases, mais avec des docu-
ments, et qu'il est du devoir des grandes maisons de l'aristocralie qui
imES DE CDBtSTOPtlE COLOUB RECSIIHENT DECODTEBTS. 45
possèdeul encore des archives de ne pas les laisser pourrir dans les
greniers ou de les vendre au poids pour faire des rognures d'embal-
lage. Colle, palricienae, élevée à l'étranger, éprise de l'étude dès son
enTance, recherchant la compagnie des hommes do science et des let-
trés de la France, de l'Allemagne et de Pltalie, s'était toujours pro-
posé de contribuer au progrès des travaux historiques. C'est sous
l'empire de ce sentiment, donl nous connaissons peu d'exemples
au delà des Pjréoées, qxie M"' la duchesse d'Albe publia l'année der-
nière les Documentas escogidos del Archivo de la Casa de Alba, qui
est le recueil de documents le plus important et le mieux préparé
paru en Espagne depuis cinquante ans*.
La commémoration de la découverte du nouveau monde était bien
faite pour encourager la duchesse d'Albe dans celte voie, car, non
seulement tous les descendants de Christophe Colomb sans exception,
et ils sont nombreux', ont du sang d'Albe dans les veines, mais les
litres et privilèges qui furent la récompense de cette grande entreprise
ont été possédés par l'illustre maison de Portugal-Albe pendant cent
quatre-vingtrdeux ans. Peut-être devrait-elle en jouir encore'.
Diego, seul flls légitime et héritier de Christophe Colomb, épousa,
en ^ 508, dona Maria de Toledo, (111e de Fernando, seigneur de Villo-
rias, grand fauconnier et commandeur de Léon en l'ordre de Saint-
Jacques, frère de don Rodrigue, deuxième duc d'Albe. De ce mariage
naquirent sept enfants : trois fils et quatre filles. C'est du second fils,
Christoval II, et de deux des tilles dudit Diego, Juana, qui épousa
Luis de la Cueva, et Isabelle, mariée à Jorge do Portugal, que des-
cendent les Colomb actuels.
Ce fut le petit-QIs d'Isabelle, Nuno de Portugal, qui, le premier
dans celte branche, devint, en ^608, duc de Veragua et de la Vega,
ainsi qu'amiral des Indes. Ses descendants mâles directs jouirent de
tous ces titres jusqu'en 1733, année où mourut Pedro-Nuno sans
laisser de postérité.
La sœur de Pedro-Nuiio, Gatarina- Ventura de Portugal, qui en
secondes noces avait épousé James Francis Filz-James Stuarl, duc de
Liria, Qls unique du premier lit du fameux duc de Berwick, se déclara
1. Doeumenlos etcogidoi del Archivo de la Casa de Alba, loi publka la
Duqueta de Berwick y de Alba, Condesa de Siraela. Madrid, 1891. in-8*,
xxm et 610 p. Cf. Revue historique, eept.-oct. 1391, nrl. de M. Alired Horel-
Falio.
2. Il ]> a des descendants de Ctiriïtophe Colomb (par Christoval II, 61s de
Diego) parmi les Qairos et les GoIQd ; (par Isabelle] parmi les A1iag.i, les Hijar
et les Slaart; (par Jaaoa] parmi les Pacheco et les IbaBei, etc., etc.
S. Notre ChrUtophe Colomb, t. II, p. 290.
vëu^GRS KT
DOCUHBNTS.
héritière, du chef de son frère et de son ancêtre paternel, des Ulres
laissés aux Colomb el les porta sa vie durant, ils restèrent dans sa
descendance directe jusqu'en K90.
Le titre de duc d'AIbe entra dans cette lignée en 4802 par la mort
de Maria delPilar Alvarez de Toledo, treizième duchesse d'AIbe, tante
de l^rlos Miguel, duc de Bcrwick et de Liria, qui en bérits.
L'époux et tes enfants de la présente duchesse d'Alhe, dofla Rosa-
rio Falcà, comtesse de Siruela et fille atnée de feu le duc de Feman
Nufiez, sont donc des descendants absolument authentiques de Chris-
tophe Colomb.
IL
Colomb a beaucoup écrit. Son activité épistolaire passa même en
dicton. Francisco de Viamoute, plus connu sous le nom de France-
silio de Zuùiga, le houlTon do Charles-Quint, dans une de ses lettres
au marquis de Pescara, dit : v Je prie Dieu que Gutierrez ne manque
jamais de papier, car il écrit plus que Ptolémée el que Colomb, cdui
qui découvrit les Indes. > Il Tait sans doute allusion aui nombreux
^ctums que l'amiral a dû adresser aux rois catholiques en revendi-
cation des droits qui lui avaient été conférés par les capitulations de
'1492 et sur lesquels on empiétait chaque jour. Ces pièces, d'ailleurs
d'un intérêt secondaire pour l'histoire, ont presque toutes disparu.
Les écrits de lui qui nous reateut consistent pour la plupart en rela-
tions de ses voyages, pièces s'y rapportant et lettres d'un caractère
privé.
A l'époque où, bénévolement el avec une naireté à nulle autre
pareille, nous préparions un Corpus de tous ces écrits pour la corn-
mission royale italienne, il était arrivé à notre connaissance, en ori-
ginaux, en extraits ou en simples mentions, cent cinquante-sept de
ces pièces, toutes rédigées par Christophe Colomb, mais n'existant en
autographes qu'au nombre do vingt-trois ' ; ce qui était déjà un joli
ehttfre. La pubhcation de M"" la duchesse d'AIbe', que nous allons
maintenant examiner, augmente de plus d'un tiers cette dernière
catégorie de richesses.
Colomb était d'une régularité remarquable et toute génoise dans la
1. On enlrouïcrala liste dus i\olTBChri$topkerColunU»u and lA< Bankof
St. George: New- York, 1888, grand iii-4-, p. 45-47, et dan» la version ilaUenae
de cet oufrsge, publiée aux frais de la muaicipaliû de GéDea, p, 66-69.
2. AvlSgrafos de CrUtobat Colon y Papela de America lo$ publiea la
Duquaa de Beraick y de Atbo, Condeta de Sirwia. Hadrid, 1892, in-fol., v
et !03 p.
[TlirrOGKAPBES DE CHBtSTOPUË COLOHD RÉCEHHETfT n^CODTEHTS. 47
lenoe de ses comptes et de ses écritures. Sor plnstenrs on ratrouTe
encore des rubriques de classement. Il conserva ses archives d'abord
dans une cassette', puis dans une caisse de liège doublée de cire',
à laquelle Ait substitué un grand coffre de fer^ déposé de son vivant
à la chartreuse de Las Cuevas, près de Séville, sous la garde du
P. Gaspard Gorricio, son ami*.
Lorsqu'eo 1509 Diego Colomb transféra les restes mortels de son
père de ValladoUd audit monastère, la cofTre en fer contenant les
papiers de famille, y compris ceux de ses oncles, fut placé dans la
chapelle de Santa Aoa, où ces restes furent inhumés, apparemment
dans le même caveau. Bien que cette chapelle existe encore, il n'y a
plus aucune trace de tombe ou de cénotaphe, ce qui s'explique parle
fait que le monastère de Las Cuevas est aujourd'hui une fabrique de
porcelaine. Il n'y a pas non plus le moindre renseignement sur ce
que ftit ce tombeau ni sur l'inscription que sans doute on y grava.
Les épitaphes données par l'évêque Capilupo, par Juan de Castella-
nos, par Peler Heylin, sont de pures inventions.
Les restes de Christophe Colomb furent extraits de la chartreuse
et transférés à Santo Domingo entre ^537 et iSiÂ. Les archives des
Colomb restèrent néanmoins dans la chapelle de Santa Ana, au moins
en grande partie, jusqu'au ^5 mai 1609. A cette date elles furent
remises à Nuiïo de Portugal, qu'une décision du Conseil des Indes
avait déclaré troisième duc de Veragua et héritier des titres ainsi que
de ta fortune de Diego Colomb, quatrième amiral des Indes, (Ils de
Christophe II et dernier descendant par la ligne masculine directe,
mort le 27 janvier 1578 sans laisser de postérité. Enfin, en 1790,
lorsque don Mariano de Larreategui , aussi descendant légitime de
Christophe Colomb par le susdit Christophe II, mais en passant par
trois femmes : Franctsca, épouse de Diego Ortegon, Josefa, épouse
de Paz de la Serna, et Josefa, épouse du premier Larreategui,
1. Mi arquila para algunas etcrituras. Lettre aaP. Gorricio, 4 ami (1502);
Navarrele, I. I. p. 331.
2. Querria mandar hacer una eaja da eorcha enfomda de cera. Lettre au
Rktme, 4 janvier 1505; NaTairete, l. I, p. 333,
3. Certificat de Arliaga, dans le Mémorial del Pleyto.
t. Le P, Gorricio. noa seulement fouraissail ï Colomb les extraits des saintes
Silures et des Pères de l'Église, nécessaires pour élayer sa théorie que Dieu
l'atait choisi afin de faire connaître au genre: humain les contrées inconnues
annl la Sa du monde, fixée au 15 seplembre 1656 [Chriilophe Colomb devant
l'hUtoire, p. 43 et note 71), mais il parait avoir aussi écrit sur la découverte
du nouveau monde. Nou& avons relevé, à la Bibliothèque Golombiae, la men-
tion saivante : Gaiparii Gorricio Epitlola de Inventione Indiarvm ad
lteget.MS.
48 lliLlIfGBS ET DOCUMBim.
entra dans la famille ^ ces archives lui furent remises. G^est ainsi
qu'elles se trouvent aujourd'hui en la possession de don Ghristoval
de Larreategui y de la Cerda, duc de Veragua actuel.
Au cours de ces longs procès d'hoirie, les Colon-Portugal s'eflTor-
cèrent, naturellement, de réunir autant de pièces que possible se
rapportant à leur illustre ancêtre et provenant de sources diverses,
particulièrement des archives conservées à Gelves, dont ils étaient
comtes. Ces dossiers disparurent avec la masse de papiers communi*
qués au Conseil des Indes par les parties litigantes. Un résidu étiqueté :
Antiquailles inutiles, bon à jeter au panier*, qui se trouvait dans le
chartrier de la maison, attira l'attention de la duchesse d'Albe. Et
c^est à cette heureuse circonstance que l'on doit Futile et curieux
recueil qu'il nous reste à décrire.
m.
Cette nouvelle collection contient cinquante-sept pièces, toutes con«
cernant l'histoire du nouveau monde depuis 4495 jusqu'en 4646.
Quinze documents se rapportentà Christophe Colomb ou émanent de
lui directement; quatorze concernent son fils et héritier, Diego. Les
plus importantes des autres pièces de la première moitié du xvi* siède
se rattachent à Alonso de Hojeda, à Diego de Nicuesa, à Femand
Cortez, à Sébastien Cabot, à Diego Mendez et à Fernando Pizarre.
Nous ne parlerons ici que de la série se rapportant à Christophe
Colomb personnellement.
Les fac-similés de pièces manuscrites sont au nombre de dix, tous
pris sur des autographes de l'Amiral. Il y a en plus le fac-similé d'un
document imprimé en 4497, totalement inconnu sous cette forme.
Nous y reviendrons.
Les autographes de Christophe Colomb sont :
4^ Une annotation ajoutée aux instructions données à Juan Aguado
par les rois catholiques en 4495 pour être communiquées à Colomb
à Hispaniola (trois lignes).
Ces instructions, jusqu'ici inédites et dont il ne paraît pas exister
de copie aux Archives des Indes, contiennent la réponse que flrent
Ferdinand et Isabelle aux questions pour affaires de service que
Colomb leur avait adressées, par Tentremise de Alonso de Carvigaly
le 24 février 4495. Cette pièce portait sans doute la date du 49 avril.
1. Tableau généalogique, n* l\ bis, dans notre Christophe Cohmb, I. II,
p. 284.
2. Inutiles. Buenos para el caméra. Solo sirven para antêfnualla.
WRIPBES DE CBBISTOPBE COLOMB RliCEIDIERT llÉCOUTEaTS. 49
%lle vieot s'ajouler aux cédules publiées dans la Coleccion de docu-
'mfnton itwditos dr Indias, lome XXX, pages 217, 338 et ZM.
\ 'if Une magnillqui! pièce de trois pages in-folio (94 lignes] , non
isignée ni datée, mais portant en lélc l'invocation Jesu$ cum Maria
'\til nobi» in via. A l'exception du tiliro de Profecias, c'est le seul
«rit do Colomb connu où elle se trouve, bien que les Historié rap-
|i portent qu'il • essayait toujours sa plume avec celte phrase aïant
! d'écrire, el d'une calligraphie si parfaite qu'eUe eût pu lui servir de
gagne-pain'. > Ici, cependant, ce sont surtout des mots abrégés, des
I espèces de sigles difUciles à décbiiTrcr. Le corps du document est de
la petite écriture qu'on retrouve dans la lettre de 1504 conservée à
' Gènes.
C'est une consultation adressée à Christophe Colomb par un avocat
et résumant les droits qu'il tenait du chef des capitulations. Tout
d'abord, nous remarquons que Colomb lient implicilfiment pour nul
et non avenu le traité de Tordesillas.
Le lectcurn'ignore pas que, par une bulle papale du j mai tM>3',
:1e point de départ du domaine transatlantique do l'Espagne fut fixé
;àcent lieues à l'ouest des Açores. L'année suivante, le 7 juin 1J9J,
'uD trailé intervint entre le Portugal el l'Espagne^, aux termes duquel
lia démarcation hispano-portugaise fut portée à 370 lieues dans l'ouest
■Ides lies du cap Vert. C'est en verlu de ce traité, dit de Tordesillas,
[que le Portugal a possédé le Brésil.
Christophe Colomb ne fut pas consulté au sujet de cette concession,
'H se trouvait d'ailleurs en mer lorsqu'elle fut accordée. Mais, comme
e^était lui enlever une part considérable de sa sphère d'action, ainsi que
.la découverledu Brésil le montra six ans après, Colomb n'y acquiesça
Jamais. Le document que nous examinons débute par une manifesla-
Ition tacite de ce sentiment, car la ligne de démarcation n'y est indi-
quée que par una raya que pana de las yslas del cabo verde aguellas
de lof Açorts eien léguas de polo a polo. Elle devrait être décrite
lOomine se trouvant a Ircscienlas setenla léguât de las islas de Cabo
I Verde para la parte de poniente. Ceci fut sans doule le premier grief
'dont Colomb eut à se plaindre*.
i| I. Bt, se aleuna cota haueua da scrivere, non prowiwt la penna, lenza
brima lerhtere queste parole, letus cum Maria eit aobia in l'm; e di lai ûarat-
i^e dt leiura, che con iolo qiteUo il poteua gwidagnare il pane inislorte,
|57l. fol. 7).
f 3. NMirrete, t. II, p. 33.
■ 3. Nanrreie, t. 11, p. 136.
t. Ce* 370 tieaeH représentaîenl 1S> 13' en tangitade, donl environ 19" por-
Rbv. Hibtor. U. 1" FASc. 4
50 idLANen et docuiuiitb.
n semble aussi avoir soulevé dès le début la prétention de recueil-
lir une redevance du dixième et du huitième des proflts tirés de toutes
les terres que découvriraient d'autres navigateurs au nouveau monde,
attendu que ces découvertes n'étaient que la conséquence des siennes
propres : y que si algo se descobre, que es par vuestra [mi\ industria.
C'est-à-dire que Hojeda, Vicente Yaûez Pinzon, Guerra et Rodrigo
de Bastidas auraient dû lui payer cette redevance. Les capitolatioiis
du 4 7 avril 4492 ne parlent que de todas aquellas itlas e tierroê^fir*
mes, que par su mano 6 industria se descobrieren. Aussi, dans le pré-
sent documait, les rois catholiques se contentent de loi dire qu'il
aura ce huitième et ce dixième « si tels sont les droits de l'amiral de
Gastille dans sa propre amirauté. »
Cette réclamation, cependant, ne Ait portée devant le Conseil qu'a-
près la mort de Christophe Colomb, par son fils Diego en 4 506-4 508.
C'est au cours des instances qui suivirent que le fiscal procéda à ces
curieuses enquêtes, où les témoins relevèrent tant de bits curieux et
que r Académie de l'histoire se décide seulement depuis peu à publier \
avec une sage lenteur et sans notes aucunes, naturellement; ce qui
n'est peutrêtre pas à regretter. Ce sera le seul service que cMd iUustre
compagnie aura rendu aux études historiques à propos du quatrième
centenaire.
Un point à noter en passant. Diego avait intenté cette action comme
héritier de son père et aux termes des capitulations octroyant ces
droits despues dél muerta à sus herederas é sucesares de uno en airo
perpeiuamente. Le Conseil s'y opposa, prétendant que les fils de
Colomb, ni personne de sa famille, n'avaient qualité pour réclamer
quoi que ce soit de ce chef et que tout ce qui lui avait été aoo(»tié,
bien que ce fût à perpétuité, était nul ab inUio. Le prétendu point
de droit mérite d'être rapporté :
c Aux termes de Tordonnance d'Alcalà, si le roi concède de tels
droits à son vassal domicilié dans le royaume, alors la conceasion est
valable ; mais, si cette concession a été fkite à un individu qui n'est
ni vassal ni domicilié dans le royaume ou qui est étranger, cette ooo-
cessîon est sans valeur et ne doit pas être respectée. Or, Christophe
Colomb étant étranger et ni vassal ni domicilié dans le royaume, la
taieot Bar le conUnent, au Brésil (caria anooyme de Weimar). U est à remaïquer
qo£ cette reveodicaUon tacite se continoe chez les dasceadaota de Chiistoplie
Colomb ; Pleitos de Colon, tome I, p. 2.
t. ColeceUm de documentos inedUos reUUiwu al deseubrimàeitii^ eatkqiMa
y organisacién de las antiçuas poseskmes espaioias de «/tramer, 2* série,
t. VU. Madrid, t892, in-S*.
ICTOGEIPHES DE CBKISTUFIIE r.OLOKB aÉCEMMKTT DÉCOUTGHTS. 5<
concession IHile à lui et à ses hérjliers, quoique perpétuellement, ne
vaut absolument rien '. n
11 €st vrai que, grâce à l'influence du due d'Albe, dont, ainsi que
nous l'avons dit, Diego avait épousé la ni6ce, Ferdinand d'Aragon
nomma ce dernier gouverneur des Indes occidentales, mais ce fut
avec les plus expresses réserves : .tin perjuicio del derecho.
Viaal maintenant la question si compliquée des proilts alTérents à
ces drotLs. Le légiste de Colomb pose le principe avec la plus grande
clarté :
( Un gentilhomme équipe un navire et dit à un de ses serviteurs :
■ Je Ee nomme capitaine de ce navire, et tu recevras pour ta peine le
■ tiers des profits après déduction des Trais, n A un autre il dit :
« Toi, tu seras lieuleuant et tu auras un dixième. » EnOn, il aonune
commis un troisième serviteur avec droit à un huitième.
a Le navire revient de son vojage, rapportant dix ducats de profits.
Le capitaine dit alors au commanditaire : s Donnez-m'en le tiers, que
< TOUS m'avez promis, > et ce dernier le lui donne. Le Ueutenant, a
son tour, réclame la dixième partie de ces dix ducats, le commandi-
taire s'exécute. Arrive le commis, qui demande la huitième partie
des dix ducats, et elle lui est accordée^, n
En d'autres fermes, aucun des trois ne supporte de déduction à
cause de la part pa^ée aux deux autres. Nous ne savons si ce Tut ainsi
que le partage se fît; muîs il est certain que les rois catholiques ne
parlent jamais du tiers que Colomb devait prélever d'abord comme
amiral des Iodes. Ici, cependant, son droit à cette redevance était
iocoDleslable. La première pièce insérée dans le fameux recueil de
privilèges, dont une des expéditions authentiques, annotée par Colomb
lui-même, se conserve au ministère des afl'aires étrangères à Paris',
esl une cédule de Ferdinand et Isabelle, du 23 avril ^497, adressée à
Ferdinand de Soria, lieutenant du grand amiral de Castille, le requé-
rant de fournir sans délai à Colomb une copie légalisée des privilèges
que possède ledit grand amiral, afin que Colomb, qui est mis sur le
mêoie pied que ce dernier, sache quels sont ses droits de ce chef. Cet
ordre est suivi du texte des lettres-palenlefi octroyées à don Alphonse
Euriquez, grand amiral, le i avril 1 J05, et on y relève, entre autres
I. Ptro ty la daaacion o tnajeaacioii te Miiese ea pinotui no wttural ny
«eclno del reino o estranjero del reiito, en lai caso la donacion o ennjenaeion
de lot diehat eota» no vale ny debe ter gaardada, de donde se concluye que
pitet «l dieho don Oolon hera ettranjero^ etc. [Op. cit., p. 16).
t. ÂiUàgrofoi, p. 19.
S, Eu ce moment exposée dans la section de géographie (!c la Bibliolbëqne
aalionale de PirlE.
52 utunGB» n DocoMEfm.
priviièges considérables (que Colomb ne cessa pas non plus d'exiger),
la disposition suivante : « Tous les profils que fera ledit grand amiral
sur la flotte et sur la mer seront divisés en trois parts, dont une
part lui appartiendra en propret »
Certes, ce droit était léonin, mais, à cette époque, pas plus au
nouveau monde qu'en Espagne. Il en est de même des privilèges
accordés à Colomb et à ses descendants par les premières capitula-
tions. On vient nous dire aujourd'hui que ces concessions « feites à
un étranger » étaient « absurdes et insensées^. » Isabelle la Catho-
lique, Fernand d'Aragon et leurs ministres, Mendoza (jusqu^en 4495),
Ximenès, Fonseca n'étaient pas des enfants, et c'est avec connais-
sance de cause qu'ils confirmèrent ces privilèges, puisqu'on 4497
Colomb avait déjà fait deux voyages, et c'est en vue d'un troisième
que les rois catholiques augmentèrent même ses droits. Il avait donc
raison de se plaindre et d'exiger qu'on respectât les engagements pris
à son égard.
Ce document porte en marge une annotation, également de la main
de Colomb, en quatre lignes, dont voici la traduction : « Je ne
demande rien et remets le tout dans les mains de la reine. » Cette
pièce est conséquemment antérieure au 26 novembre 4504, date de la
mort d'Isabelle.
Le papier porte un filigrane à la colombe. Il ne faut pas voir dans
cet emblème, très fréquent dans les rames de la fin du xv* siècle, el
conocido escudo de la antigua fatnilia de los Colombo. Cet oiseau se
trouvait dans toutes les armes parlantes des Colomb de l'Europe qui
avaient des prétentions à la noblesse. Quant à Christophe Colomb,
lorsque, par une formule de chancellerie, les rois catholiques l'auto-
risèrent à ajouter aux armes qu'ils venaient de lui octroyer /a5 arinas
vuestras que soliades lener, il fournit au héraut, non une colombe,
mais un écusson d'or à la bande d'azur au chef de gueules ; écusson
d'ailleurs tout à fledt imaginaire'.
3» Extrait feit par un scribe d'une bulle d'Alexandre VI dont la
date n'est pas donnée, mais qui n'est ni la première ni la seconde de
mai 4493 et que nous ne connaissions pas. En tète on remarque une
note, de la main de Colomb, nous apprenant qu'il laissa aux Indes
Toriginal de cette bulle, lors de son retour en Espagne dans l'année
4495 (sic) : el quai queda en las yndias^ el ano de 95. quando yo
1. Codicê IHplonuUieo Oohmbo-Americano, doc. I, p. 24.
2. Criterio hisiorico. Confereneia inavupêral de D. Antonio Cànowu del
CasttUo. Madrid, 1892, iii-8% p. 21.
3. Notre Christophe Cokmb, t. II, p. 170.
IDTOGUPBES DE CB8IST0PUE COLOHH BJCEHHENT D^COCVERTS. 53
ffM S eastilla. Notons, nonobstant, que Colomb passa toute l'année
149S aux Antilles et qu'il ne revînt pas en Espagne avant le prin-
temps de 1496.
V Compte de l'or envoyé par Christophe Colomb et vendu à Séville,
à Valladolid et à Btirgoa, de Juillet à décembre (4499?) et de janvier
â mars (15007), respectivement, par Crislobal de Terres, par Alonso
Sanchez de Carbajal et par un Juan Antonio, qui est probablement
le Juan Antonio Colombo que Las Casas dit avoir été parent de l'Ami-
ral. Nous supposons que cet or fut obtenu au cours du troisième
vojrage et expédié d'Hispaniola en Espagne pour son compte particu-
lier. Cette pièce est entièrement écrite de la main de Colomb de sa
petite écriture. Elle couvre le recto d'un feuillet in-folio et contient
trente-deux lignes, avec deux annotations marginales, dont une cun-
lient cette phrase : « Deux cent trente-quatre daredos [?] que m'a
donnés don Diego le... n
Ce serait une question curieuse à étudier que le rendement en or
du nouveau monde, depuis ta découverte jusqu'à la conquête du
Darion, époque à laquelle les Espagnols commencèrent à obtenir le
mêlai précieux en quantités relativement considérables. Il doit y avoir
à l'Archive des Indes nombre de connaissements qui faciliteraient ce
travail. En attendant, peut-être l'économiste pourrait-il trouver dans
le mémorandum précité les éléments pour déterminer la quantité d'or
reçue en Espagne pendant neuf mois. On établirait le calcul sur les
dues suivantes :
i marc =
1 once =
1 oebava =
i tomine =
1 grano =
230,04641! grammes.
28,75581 —
3,594n —
0,04992 —
Le total de l'or envoyé par Colomb pour son compte particulier, de
juillet 4499 à mars ISOO, fut de 12 marcs, 80 onces, 57 ochavas,
%6 lomines et 20 grains. Par conséquent :
42 marcs = 2760,5575200 grammes.
80 onces = 2300,4648000 ~
57 ochavas = 204,8851320 —
3e tomines = 21,5668548 —
20 grains = 0,9984656 —
Total :
5288,4727724 grammes.
Maintenant, que représente ce poids en francs?
A 948 de On, le gramme vaut 3,2587. Ce serait donc 17,228 francs
94 irfLAlfGIS ET DOCUHEIITS.
de l'époque que Colomb aurait touchés pour sa part en neuf mois;
soit de dix à douze fois cette somme, si nous considérons la valeur
relative de l'or à la On du xr^ siècle.
Que toucha TEspagne pendant ces neuf mois? C'est ici que la ques-
tion se complique.
Aux termes des capitulations de 4492, Christophe Colomb avait
droit à un dixième et à un huitième sur le produit total. En outre,
comme amiral des Indes, il jouissait, ainsi que nous l'avons dit, des
prérogatives de l'amiral de Gastille, soit à un tiers de ce même total.
Maintenant, Colomb préleva-t-il ces trois droits sur la somme totale,
ou bien le tiers sur le tout, le dixième sur le produit diminué du tiers
et, enfln, le huitième sur le produit diminué du tiers et du dixième?
Aux yeux de Coiomb, le premier système était le seul admissible,
ainsi qu'on le voit par le mémoire précité de son avocat. Cette manière
d'envisager ses droits lui fut évidemment contestée par la couronne,
qui même parait n'avmr jamais voulu lui reconnaître ou lui payer le
tiers aflérent à Tofflce d'amiral des Indes. En tout cas, la seule fois
quil est question dans les cédules royales de payements de cette
nature, on ne parie que del ochavoydiezmo*. Aussi nous trouvons-
nous en présence d'un fait qui entraîne deux hypothèses. La première
est que Colomb a pu foire la répartition lui-même et, naturellement,
selon la méthode qu'il tirait de ses droits. Dans ce cas, sa part s'est
élevée pour neuf mois à 47,228 francs, tandis que TEspagne n'aurait
reçu que 43,628 francs sur un rendement total, pour ces neuf mois,
de 30,856 francs d'or. Mais nous voyons que dans les trois dernières
expéditions Colomb fut accompagné de trésoriers et de séquestres.
Ces fonctionnaires impliquent un contrôle de TËtatetune répartition
n'accordant à l'amiral qu'un huitième sur le tout et un dixième éga-
lement sur le tout, mais après défalcation de ce huitième. Il s'ensuit
que le rendement total pour cette période de neuf mois a été de
84,073 francs d'or, sur lesquels TEspagne en a perçu 63,845.
Ce chiffre ne serait pas loin, selon nous, de la moyenne, de 4498 à
4504, quand, sous l'administration de Nicolas de Ovando, les mines
commencèrent à être exploitées avec autant de cruauté, mais avec un
peu plus de méthode et des équipes de travailleurs assez nombreuses,
grâce au dépeuplement des Lucayes, dont les habitants furent trans-
portés dans les grandes îles adjacentes '. Ce rendement ne parait pas
bien fructueux, mais il faut se rappeler que ces chiffires doivent être
1. Nous prenons pour base de nos calculs les pragmaUques du temps; Heiss,
Manedas Hispan., U \, p. 323, 325, 413.
2. Navarrete, t. II, p. 203.
lirrOGUrRES de CSBISTOrBE cotons R^CBMMEST DÉCOtVgRTR. 53
multipliés par dix ou douze pour se rendre comple de la valeur réelle
s celle époque. Néanmoins, les proIlLs répondaienL alors si peu aux
espérances des Espagnols qu'un témoin oculaire, Andrès Bemaldez,
dit ; a Les dépenses étaient tellement considérables et les produits si
minimes qu'on arriva à soupçonner, là-bas comme en CasliUe, qu'il
n'y avait pas d'or au nouveau monde'. ■
5° Brouillon d'une réponse faite par Colomb à quelque mémoire
d'an jurisconsulte de la couronne, — peut-être à des obJecLions for-
mulées par Fonseca, — concernant surtout la perception du buitième.
Notons à ce propos que cette redevance ne pouvait avoir pour base
qu'un buitième des frais, que Colomb s'engageait à supporter. Pas
de mise de fonds, pas de huitième. Rappelons aussi que nos récentes
investigations permettent enfin de savoir qui lui fournît les capitaux
pour cette partidpation. Ce furent des négociants génois et florentins
établis en Andalousie. Pour le premier vojage, Jacopo de Negro,
Lui^p Doria et Juanoto Berardi ; pour le second (ou pour le troisième?),
Franeesco de Rivarol. Franccsco Doria, Fraocesco Cataneo et Gaspar
Spinola'. Mais nous sommes encore à nous demander comment
Colomb s'y prit pour les rembourser.
Dans ce document, il est fait allusion à des difficultés au sujet des
caries marines, que nous voudrions bien connaître par le détail. Celte
pièce, in-folio de cinquante lignes, est entièrement transcrite de la
main de Colomb et de sa petite écriture.
ti* Une contresignature en date du 29 janvier 1500, curieuse en ce
âcas qu'au myslérieui monogramme
-S.
.S. A. S.
XMY
86 trouvent ajoutés son litre do Viretj et la seule empreinte connue
de son cachet, lequel est parfaitement circulaire, du diamètre de seize
millîmèlres et porte le monogramme ci-dessus, surmontant un globe
terrestre, placé sous la lettre M.
7° Une demande de cent castellanos d'or, datée du 22 octobre 1501,
pour pouvoir se rendre à Séville, avec prière de remettre la somme à
son majordome Diego Tristan. Pièce de six lignes, entièrement écrite,
datée et signée par Christophe Colomb de sa grosse écriture.
A cette date, il était à Grenade. Les 100 castellans furent comptés
à Trislan le jour suivant par le trésorier Alfonso de Morales, ainsi
1. Bernildei, Reyes CaloUeos, cliap. cixii, t. It, p. 17.
3. Ue«. de la biblialhËque de l'\cadéiiiie de l'Iiisloirt, ■ Eal. 27, ^r. 3* E,
■r 93 •; et eoUtclion de Vargas Poaw, t. UV, p. 1423-25.
56 MâJLlIGES BT DOCUMENTS.
quMl appert du reçu inscrit au dos de la demande. Colomb y a ajouté
un mémorandum en trois lignes, rappelant qu'étant à Séville au
mois de janvier (suivant), il avait reçu 450,000 maravédis (environ
4,587 francs), desquels ftirent déduits les 400 castellans précités
(» 48,500 mrs).
Cette mention de payement n'est pas sans intérêt. Angelo Trivi-
giano, secrétaire de la légation vénitienne en Espagne, dirigée alors
par Domenico Pisani, se trouvant à Grenade, se mit en rapport avec
Christophe Colomb, dont il conquit Tamitié. Ce diplomate était en
correspondance active avec son ancien chef, le célèbre amiral Dome-
nico Malipiero. Au 24 août 4504, c'est-à-dire deux mois avant l'émar-
gement précité, il lui écrit : a J'ai eu des rapports si suivis avec
Colombo que nous sommes maintenant sur un pied de grande amitié.
Il est en ce moment dans une très mauvaise veine, en déftiveur auprès
de ces rois et avec peu d'argents »
C^était dans les huit mois qui suivirent Tarrivée de Colomb à
Cadix, chargé de chaînes par Tordre de Bobadilla. Mais les rois
catholiques avaient &it amende honorable pour la conduite de leur
mandataire et ordonné qu'on remit à Colomb 2,000 ducats', dit Las
Casas, bien informé sur toutes les circonstances de cette malheureuse
affaire. Colomb ne pouvait donc être dans l'état de pénurie que la
lettre du Trévisan porte à entendre.
Au 27 septembre 4 504 , Ferdinand et Isabelle donnèrent l'ordre à
Gimeno de Bnbiesca de tenir compte à Colomb du huitième des pro-
fits qu'on encaisserait à Tavenir'.
Le lendemain, 28 septembre, ils notifièrent à Ovando de lui ftûre
restituer tout ce que Bobadilla avait confisqué et de le foire bénéfi-
cier du dixième et du huitième (pourquoi pas aussi du tiers sur le
tout?), selon le relevé envoyé en même temps par Leurs Altesses.
Cette pièce n'a pas été retrouvée; mais le fait qu'en janvier 4502
Colomb toucha 450,000 mrs., desquels furent déduits les 48,500
payés au 23 octobre, nous porte à croire qu^il ne s^agit pas ici d'une
largesse, mais d'un règlement de comptes. Dans ce cas, sa part des
profits pour l'année 4504 se serait montée à 450,000 maravédis
(environ 4,587 francs) ; abstraction faite du tiers, que sans doute on
ne lui solda pas^.
1. Christophe Colomb, t. II, p. 116-119.
2. Las Casas, Historia de las Indias, t. II, p. 512. En partant da prindpe
que ce ducat était la même pièce que l'excellent, ces 2,000 ducats représentent
22,059 francs d'or, valeur de l'époque : chiffre si élevé (plus de 250,000 firancs
d^anjourd'hui) que nous ne pouvons l'admettre.
3. Navarrele, doc. CXLIII, t. II, p. 278.
4. SI ces 150,000 maravédis sont le total de ce que reçat Golomb pour ses
^^^^UDTOGKÂFBES Dt CDBISTOPHE COLOMB BÉCEUUE^T DËCODVEaTS. 57
*• Ordre dooné par Colomh à Francisco de Horillo de payer à
Diego Rodriguez, palron d'une caravelle, cerlainos sommes pour
achats de biscuit. Cette pièce, en date du 7 septembre 1504, est aine
loeo, mais elle Tut certainement rédigée à Santo Domingo, quatre
jours avant son départ pour l'Espagne'. La signature seule est do la
main de Colomb, et sous sa forme la plus simple : Xpo ferens, sans
le monogramme; ce qui devait être la signature habituelle pour les
actes peu importants, bien qu'il ait prescrit à ses héritiers de ne
jamais signer sans ajouter : El Almirante.
tt* Ordre semblable au précédent, mais daté du 8 septembre 1304,
CQ Taveur de Rodrigo Viscayno.
lO" Ordre semblable aux précédcnls, mais en date du Sseplemli-e,
en Taveur de Diego de Saizedo.
{{" \^\Xk s\%aie> Miguel Molyart, adressée à ■ l'illustre el magni-
fique seigneur. » Au bas, on lit, de la petite écriture de Christophe
Colomb : < Lettre de Mtgel ifuliart, concernant 29,000 maravédis
qu'il me doit, s
Ce Miguel Muliarl n'est rien moins que le propre beau-frère de
Christophe Colomh. étant l'époux de la sœur de Felrpa Moniz, cette
dernière seule femme légitime que Christophe Colomb ait jamais eue
el mère de son fils el héritier Diego.
Dans l'enquête conduite parle fiscal en 1515, le médecin de Palos,
Garcia Hcniandez, déclare que, lorsque Christophe Colomb tentait
des démarches auprès des rois catholiques pour obtenir leur appui,
il se rendit de Palos à Huelva, chez un nommé Maliar, lequel était
répoox d'une sœur de la femme de Colomb^.
Selon nous, ceci se passait en 1491, alors que Colomb avait été
chercher son Hls Diego à Cordoue, pour le confier à ce beau-frère, et
c'estàcelle époque qu'il faut placer le fameux incident de la Rabida.
Le dernier acte de Colomb, avanl de s'embarquer pour son second
l'oyage, en mai I J03, fut un service rendu à ce parent de sa femme.
U demanda une autorisation à l'effel de saisir les biens d'un nommé
ttortolomé de Séville, demeurant à iluelva, pour être séquestrés pen-
dant riiistance introduite par Miguel Mulierte el Briolanja^ Muâiz,
4etix part» (eo catcutaDl de la manière adoptée par l'Espagne; Nararrele, 11,
S>. 203], Boit 1/8 de la somme entière, plus 1/10 de la Nomme entière dimiauée
«Se i/8, la tomnc entière était 705,SS2 raataTéditi, ou en fratios 21,590,b50. Ba
V-etrancbant les 1,587 francs pajf*s i Colomb, il est resté pour la part des pro-
CiU de l'Espagne en 1501 environ 17,000 TraDCS de notre époque ou à pea pria
«3e 180 1 200,000 francs d'alors.
1. Ub Casas. 1. m, p. 189.
î. Nararreta, t. 111, p, 561.
3. El non Violanle, comme l'écrit M. Duro, le sprcialisle de l'Académie de
58 WâhàMGtS ET DOGraUHTft.
épouse de ce dernier, en recouvrement sans doute d'une créance.
LMntervention du Saint-OfDœ nous bit croire que peut-Atre le débi-
teur était Juif ou Maure.
*
Immédiatement au-dessous de la signature, le document porte le
chiffre 94. Ce doit être la date de 4494 abrégée.
Cette lettre est très mutilée. On y remarque deux mois : a mypor^
tida et que dy a tarres.
Dans les instructions données par les rois catholiques à Juan
Aguado, en avril 4495, nous lisons la phrase suivante : « Qu'il
[Colomb] permette au Frère Jorge, à don Fernando, à Bemaldo le
Yalencien et à Miguel Muliarte de revenir [en Espagne], selon la
requête adressée à Leurs Altesses, se plaignant d*ètre détenus et mal-
traités. » D'autre part, il y a une cédule royale, adressée à Christophe
Colomb et lui enjoignant de laisser partir, à bord des caravelles por-
tant ce message, lors de leur voyage de retour ^ « don Fernando de
Guevara, Fornisedo [?], Bemardo Yeneciano [sic] et Miguel Muslfr-
tarte [sic\^ et, s'ils ont commis quelque délit, d'envoyer en même
temps le dossier^. >
Nous concluons de ces faits que Miguel Muliar, Moliar ou Muliarte,
alla tenter la fortune au nouveau monde, s'embarquant sur Teseadre
de Torres, dans Tété de 4494^; qu'au cours de celte année, il em*
prunta, très probablement dans la ville d'Isabella, à son beau*f)rère
Christophe Colomb, environ 40,000 maravédis, dont il resta devoir
29,000; qu'à Hispaniola Muliart eut des difQcultés, ce semUe, avec
Colomb, puisque, passant sur sa tète, c'est aux rois catholiques qu'il
s'adressa pour pouvoir quitter Tile, et qu'il revint en Bqpagne à la
fin de 4496. C'est tout ce qu'on sait de lui.
IV.
Ainsi que nous l'avons dit, le recueil de la Duchesse renferme éga-
lement le fac-similé de la première page d'une pièce imprimée : ame^
l'histoire, qai, ne remontant Jamais anx sources, suit serrilement la copie, clai-
rement écrite, mais faoUve, de Vargas Ponce : ce qui est bien plus facile. Le
texte que nous sulTons est celui de l'ÀrchiTe des Indes, Pairtmaio, Est, 1,
Ct^j. 1, Lêç. 2/9. Ce prénom se trouTe corroboré par le legs que Diego Colomb
fit dans son testament de 1509 : a mi iia Brigulaga Monis (Christophe
Colomby t. n, p. 460).
1. C'est Tescadre qui partit de SéTille le 5 août 1495 et revint en Espagne à
la fin de 1496 {The Discovery ofNorth America, p. 672).
2. Ooleceion de documenios inédites de Indias, t XXX, p. 360.
3. Chronoloçy of Voyages, n* Vin, dans notre Déscaverp of America, p. 670.
lCTnr.a*rHE5 de CBRt&TOFHE COLOMB B^CBHHË^T nÉCOrVEBTH. 59
ficmtum, d'une insigne rareté, paisiiue c'est le seul exemplaire connu.
Les bibliographes n'en soupçonnaient pas même l'existence.
C'est un îo-rolio, imprimé en caractères gothiques moyens, de deux
feuillets doubler, soil de 8 pages, non chtITrées, à 46 lignes, portant
deux signatures, / et t. Le texte couvre les quatre premières pages
et huit li^es de la cinquième, laissant les trois dernières pages abso-
lument blanches. Il n'y a ni colophon, ni marque d'imprimeur, ni
litre. Au troisième feuillet, en flligrane, une main ouverte, sans
manchette, le médius surmonté d'une fleur à cinq pétales, sur tige.
Au quatrième feuillet, autre filigrane ; une sorte de gros M gothique*.
Le premier Teuillet commence, sans litre de départ, par cette phrase
en cinq lignes :
Eite es traslado bien y fielmentn sacado de vna carta de priuile-
ffio deto$ ca-|| tolicos reijes don Fernando y dona YMabel de gloriosa
memoria : escrito en |) pergamino de cuero & firmado de sus reaies
nùmbrtt <& librado & firtnado delos || del su muy alto consejo & sei-
lado eon su real sella de plomo pendiente en (ihs de \\ ieda a colores
teffun que en ellos xe conliene : su ténor del quales 9[ue] se stgue. ||
Immédiatement après, commençant par un E orné, de 20 milli-
mètres, sous forme d'arbre entouré de Feuilles d'acanthe, commence
le text« de l'acte en date du 23 avril iAOl, confirmant les capitula-
lions du 1 7 avril \i9i entre les rois catholiques et Christophe Colomb.
Le libellé nous était déjà connu", et il ne présente aucune difTérence
DOlablo, sauf dans le certiticat final. Ici, il est en ces termes :
Yo Fernand Alueires de Toledo secretario del rey & de la reyna
nueslros senorei la fise escreuir por su mandado. Anlonius doctor.
Htfistrada doeCor Rodericus doctor. Antonivs doctor. Femanda-
Imrex Jnan Velazques <£ en las espaldas de la dieha caria de pri-
uîlegio estaua escrilo h sigttiente : Siji cAancUleria & fin âerechos
por mandado de sut altezai.
C'est-à-dire que Leurs Altesses font remise à Colomb des frais et
formalités de chancellerie.
Nous n'avons pas d'éléments suffisants pour découvrir l'imprimeur
lie cette inléressanle publication*. A priori, cependant, nous la sup-
1. NoDB deToati ces détails & notre ami Don M. R. Zarco det Valle, qui ■
bita Toolu aianiDcr iDiuutieusemBat ce rarisainie imprimé i uolre iolentiOD.
2. Codtce diplomallco Colombo- ^mericano, doc. III, |>. G2-S4; Navarrete,
t. n, doc. CIX, p. 191-195.
3. A moins d'adopler ii méthode andaluiise, r|iii acmble iMiaaister A rfiuoir des
ïnpriDtès en gottiique i, filigrane nanirormc et à tirer à pile ou face. Voir Qui
tt ii^trimê la lettre de Colomb!', dans le CentralUatt fUr BibUaihekupesen,
\m, I. m.
60 MiLlHGIS BT DOCUVERTS.
posons provenir de quelque ofQcine de Burgos ou de SéviUe. Elle a
été découverte par M"* la duchesse d^Albe dans un recueil de pièees
manuscrites des archives de sa maison.
Cette confirmation porte la même date que les sept (Mrdoniianoes
concernant les préparatifs pour la troisième expédition de Christophe
Colomb, et die indique le désir de Ferdinand et d'Isabelle d'apporter
quelque adoucissement à ses chagrins ^ Ainsi que nous l'avons écrit :
c Une lutte de tous les instants contre les hommes et les éléments;
de douloureuses attentes, suivies de résultats aussi soudains qu'éda-
tanls; des maladies aggravées par les veilles et les inquiétudes; le
chagrin de voir ses droits méconnus, ainsi que les blessures fiiites à
son juste orgueil, commençaient à triompher de cet esprit jusqu'alors
si bien équilibré^. » La publicité insolite donnée à ce document visait
évidemment Pedro Margarite, le P. Boil et leurs complices, que Colomb
était à la veille de retrouver à Hispaniola.
V.
Nous voici en présence d'un document n'émanant pas de Chris-
tophe Colomb, mais qui se rapporte à sa troisième expédition.
Un voyage des plus importants est le premier que Alonso de Hojeda
entreprit pour son propre compte, en 4499, et au cours duqud il
découvrit la partie septentrionale de la côte de PAmérique du Sud,
qui s'étend depuis les Bouches-du-Dragon jusqu'au cap de la Vda,
soit du 56^ au 66* de longitude. Cette expédition a aussi beaucoup
occupé l'attention des historiens de la géographie, qui la croient iden-
tique avec le second voyage de Yespuce, opinion que nous ne sommes
pas loin de partager. Malheureusement, on a peu de rensdgnements
sur cette exploration. Nous ne pouvions qu'interroger Las Casas,
lequel a seulement résumé la relation du navigateur florentin et la
commission rogatoire de 4543.
Aujourd'hui M"* la Duchesse nous fait connaître deux importants
témoignages, recueillis à Hispaniola, dans une enquête ordcmnée par
le fiscal, nous ne savons en quelle année, mais, à notre sens, dans la
première décade du xvi* siècle, sous l'administration de Nicolas de
Ovando.
Les deux témoins sont Juan Yelasquez et maître Alonso, chirur-
gien, tous deux compagnons d'Hojeda dans ce voyage.
11 appert de leurs dépositions que le hardi capitaine, avant de par-
1. Lu Gasâs, t. U, p. lS4-i95.
2. ChrUiopKe Colomb, t. n, p. 62.
àtTOClUPHES DE CBRISTOrBE COLOHB RricEHHEF(T DécOUVESTS. 61
lir, chercha à s'emparer par force ou surprise d'une caravelle appelée
la Corda, qui é\A\l ancrée hors de Cadix. N'ajant pu y réussir, il
envoya la ituil des hommes de sod équipage voler une barque basque,
â laquelle ils subsliluèrenl leur mauvais canol. Le lendemain 48 mai :
XVllIde mayo de XCtX afios, l'expèdiliou mil à la voile, du Porl-
Sainte-Marie.
Au cap de Aguer (sur la cûte du Maroc?), Hojeda s'empara de la
même foçon de la meilleure caravelle qui se trouvait en cet endroit,
pillant aussi, dans les autres navires, tout le matériel à sa convenance.
Débarquant à tanzarote, il fit main basse sur les pipes de vin, ton-
neaux de résine et de cire, madriers et tous objets d^armement à sa
portée. C'est ainsi que cet aventurier à allures de forban équipa en
partie les navires de son expédition.
De la Gomera, Hojeda mil le cap sur Paria, alléché par les rensei-
gnements qui lui étaient parvenus touchant la découverte que Colomb
avait (kite de ces régions, où se trouvaient en abondance, disait-on,
l'or et les perles. A peine débarqué, il maltraite, lue et fait tout le
ma] possible aux indigènes, qu'ils fussenl amis ou ennemis.
Après avoir longé la côte vers l'ouest, arrivé à l'île des Géants
(Curaçao], ses hommes voulaient, sans y élre autorisés, embarquer
du bois de teinture et des Indiens, pour être vendus comme esclaves,
et revenir directement en Espagne. Selon ces témoins, Hojeda aurait
répondu que telle n'était pas son intention, préféranl aller à Haïti
s'emparer de quinze à vingl mille ducats que Christophe Colomb y
possédait.
Il se rendit en effet à llispaniola et débarqua dans la province de
Xaragua, oii sa bande fit des incursions auxquelles prirent part des
Indiens guerriers, amenés d'Iles voisines. Se mettant en rapport avec
Francisco Roldan, Hojeda aurait comploté avec lui contre l'Amiral.
Jusqu'ici, les seuls compagnons connus de Hojeda dans celle expé-
dition étaient :
Juan de la Cosa;
Diego Martins ;
Juan Pinlor, ou le Manchot-,
Diego Femaudez Colmenero;
Andres Morales ;
Juan de Valencia;
Barlolomé Roldan
Juan Velasquez ;
Nicolas Ferez;
Anton Garcia (7) -,
Pedro de Soria ;
Americ Vespuce.
Le document de U'°' la duchesse d'Albe nous permet d'ajouler les
Qonisgulvanls :
fernando Ladron de Guevara, Juan Sanchez, de Séville, pi-
capitaine; lote;
«
If JUNRES ET
ftCiguel de Toro ;
Juan de Alegria, de FraxeDal:
Juan Luis;
Gonzalo de Xerez, de Sêtille;
Hecueiico, de Marcbena ;
Gordero, duPorl-Saiul«-Marie|
Bartolomé Garcia ;
Juan Garcia;
Juan Alonso Vizcaino;
Alonso Gomez;
BoLa le Génois ;
Rodrigo Alonso de Carmona;
Juan Rodriguez.
Juan Lopez, de Sérille, idem ;
Pero Mateos. cootre-maitre;
Nicola le Vénilien, idem ;
Maître Alonso, de Guele, chi-
rurgien ;
HalLre Bernai, apothicaire;
Pedro de Loredo, calfat;
Sjmon le Génois, tonnelier;
Diego Marlin Cbamorro ou El
Cbamorro, du PorL-Saintc-
Harie;
Troxillo, de Xérès ;
Comacho ;
Miguel de Cordova, de Séville;
Itien que, selon la propre déclaration de Hojeda, Americ VespuMÊ
fit partie de celle expédilion, on noiera que nos deux témoins omeUcoit
de le menlionner'.
En ce qui concerne Colomb, nous trouvons dans cette enquête d'in-
téressants détails sur la mission qu'il avait conDée h Francisco Rol-
dau en l'envoj'ant à Jacmel pour s'enquérir des projets de Hojeda
lorsque ce dernier débarqua à Hispaniola*.
Une autre pièce très iniéreasanlo de ce recueil, et se rappor-
tant aussi à Colomb, est la déclaration de créance contre lui, faite
par l'armateur bien connu Juanoto Borardi, devant notaire, à Séville,
I» articula mortis, le 15 décembre <495. Nous y relevons le
suivant :
passage
rit. i'vf W
< Notaire ici préaânt, soyaK («moin que moi, Juanoto Berardi,
ciant Qareatin, demeurant en celte ville, sain de pensée et d'esprit, j'&p*
prouve et con&rme le leBtameal qu'en votre présence j'ai fait bier^. Bt
je dis en toute vérité, devant Dieu, sur le salul de mou àme, que Sa
Seigneurie l'Amiral Don Cristoval Colou me doit et devrait me payer,
aux icrmeii de son compte courant, 180,000 maravédis, plus ou moins,
ainsi qu'il appert de mes livres, et surtout pour mes services et mon
labeur dans son iatérét et celui de ses Trères et de ses fils et pour ses
affaires il y a trois ans, abandoonaot, a&n de le mieux servir, mon com-
merce et ma demeure, perdant ot BacriliaDt mes biens et ceux de met
amis. Et si, par suite de la maladie dontjo suis atteint, Notre-Seigneur*
1. The Discovery o[ SoHh America, p. G77.
ï. Ibid., p. 32»-29, 67G-77.
3. Cet acte est r.ontresigaé par les notaires séTlIlans, Jobia de lIoiBa et B
tolomé Sanchez Portas ; mais le notaire instrumealaDl est Juan de Alcoeerj'l
dont les liasses se trouvent peut-flre ilaas VArehivo général de protoeolM, de |
Séville. Il 7 aurait intérêt i rechercher ce leglaaent.
it'TOCKiPHES IIB CHKISTOFllE COLOMB aÉCEUHENT U^COCTEBTS. 03
m'enlàve de ce monde, ce sera à cause de meEefforUetdesfaUKQesque
i'at éprouvées ea r^ndaot service à Ha. Scigueurie, voyageant à cet effet
«ur bien des roules et supportant de grandes peines. Et, comme je suis
trop Cailile pour lui écrire ce que je voudrais, je déclare en voire pré-
lence que je prie et supplie ledit Seigneur Amiral, par pitié, de faire
payn* à Jcronimo Rufaldi et à Atnerigo Vespuchi, mes exécuteurs tes-
tamentaires, ce qu'il me doit, pour qu'ils puissent acquitter certaines
dettes que je leur ai déclarées, ainsi que le legs fait à ma fille, une
enfant, que je laisse orpheline et pauvre. '
Les trois ans, écoulés au -IS décembre ti95, nous reporlent à
l'époque où Christophe Colomb accomplissait son premier voyage,
et dont les résultats étaienl encore inconnus en Espagne. Bien que
les termes dont Berardi ae sert n'impliquent pas absolument que la
detle fut contractée pour l'armement de l'expédition, le chiffre rela-
tivement considérable de 180,000 maravédis' nous aulorlse à croire
qu'une partie de la somme a clé employée à parfaire le huiliéme des
frais dont Colomb s'était chargé. C^le supposition est d'autant plus
probable que ce huitième donnait droit à des profits correspondants
et que ce furent des négociants itaUens établis en Aiidalousie qui
fournirent la somme.
En décembre 1 493, Colomb n'était pas encore revenu de son second
voyage, et nous ne voyons pas qu'on eût déjà reçu en Espagne des
quantités d'or de quelque importance. Colomb n'aurait donc pu à
ccUe époque salisiàire aucun de ses créanciers. D'autre part, le fait
qu'il ne mentionne pas cette dette dans le codicille ajouté à son testa-
ment de 4506, où se trouve une liste des sommes qu'il enjoint à son
Ois Diego de payer, et que nous le voyons en termes d'Intimité et de
confiance réciproque, dans Tannée 4509*, avec Americ Vespuce,
chargé, oeuf années auparavant, de liquider ta succession de Juanoto
Berardi, est une preuve que la créance de ce dernier fut remboursée
par Ghristopbe Colomb.
Ce même document est aussi important pour l'histoire du premier
voyage transatlantique de Vespuce.
Le lecteur n'ignore pas que l'expédition décrite par lui-même
comme ayant été faite en 1497-4498, et au cours de laquelle il aurait
découvert une étendue de dites considérable, ne couvrant pas moins
que le littoral actuel des États-Unis, est révoquée en doute par la plu-
1. EaTiron b.iû\ francs, de l'époque; au moins 60,000 francs d'iDioard'hai.
2. Lettre de Colomb i Mtn Gis Diego, Séville, i féTrier ISOli, dans Navarrcte,
t, I, p. 351. Les «iprussions : Atiterigo Vespvehi siempre litvo dato de me
Kaeer placer ,- et tnticfto hombre de Mon, se rapportent pent-eire i quelque
64 mfLANGES ET DOCUMENTS.
part des historiens. Le fait est que cette relation (qui est seulement
un abrégé d'une description détaillée, aujourd'hui inconnue ou per-
due) renferme des impossibilités, dues peut-être à un texte tronqué,
mal résumé ou mal traduit. Mais la raison principale, invoquée par
les critiques, est un prétendu alibi. Yespuce, à cette époque même,
se serait trouvé à Séville, préparant, pour le compte de la maison
Berardi, la troisième expédition de Colomb. Il n'a donc pu être en
même temps sur les c6tes du nouveau monde ! Le seul document
produit jusqu'ici à l'appui de cette objection est un reçu donné par
Yespuce à Séville^ le 42 janvier 4496, un an avant l'époque de son
départ pour ce voyage contesté. Nous avons démontré ailleurs^ que
cette pièce ne sufQt pas pour prouver l'alibi et qu'il n'y a pas de
document connu où il soit fait mention du navigateur florentin entre
cette date et le 48 mai 4499. Yespuce a donc pu être en mer de mai
4497 à octobre 4498, comme il le prétend.
Maintenant, Pacte notarié, que nous venons de décrire, confirme
encore cette conséquence, car il indique clairement que la maison
Berardi ne survécut pas à son fondateur, mort pauvre et endetté, et
que Yespuce fut uniquement chargé de la liquider. De fait, le nom de
Berardi disparait des comptes d'armement et de tous les documents
espagnols après le 42 janvier 4496 '.
Les trois cent soixante documents publiés en moins de deux ans
par M"« la duchesse d'Albe montrent quelles richesses renferment
les archives de son illustre maison. Il est possible que d'autres
membres de la Grandesse possèdent autant et même plus de précieux
écrits non encore publiés. Mais, ce que nous n'avions pas encore vu,
ce que nous ne re verrons probablement pas de sitôt, c'est une patri-
cienne espagnole, jeune et belle, inspirée uniquement par Tamour de
la science et du vrai, entrant résolument dans le chartrier de sa
famille, y passant des journées entières à compulser les registres et
les liasses, enfin choisissant avec tact et savoir ce que les historiens
ont intérêt à connaître et rétablissant les textes, pour en former des
recueils aussi curieux qu'utiles qu'elle livre à la publicité. Et lorsque,
portant les regards ailleurs, on voit ce que produisent les académiciens
de son pays, par quels flux de phrases creuses et d'élucubrations sans
portée ils remplacent les recherches patientes et l'étude loyale des
sources de l'histoire, le contraste est trop grand en vérité I U incom-
bait à la Revue historique de le signaler.
Henry Hàerissb.
1. The Discoverif of Norih America^ p. 353-57.
2. Nous retrouvons cependant un Juanoto Berardi en Espagne, mais seixe ans
après la mort de celai-cl, en 1512, Dœ. inedUoi de Indias, t. I, p. 241.
LAUTEUR DES VINDICIAE CONTRA TYRANNOS.
Ayant rencontré, au cours de mes travaux ordinaires, un texte
relatif à l'auteur des Vtndkiae contra tyrannos', («xte négligé jus-
qu'ici, je crois intéressant de le signaler aux lecteurs de la Hevue his-
torique, de résumer en une courte note la question qu'il sert à éclair-
cir et d'indiquer la solution à laquelle je suis parvenu.
Les Vindiciae, publiées vers 1380 sous le pseudonyme de Junius
Brulus, sont, comme on sait, uti livre de polémique, dont l'auteur,
tout en recommandant l'obéissance aux rois légitimes, s'élève avec
force contre les tyraua et les oppresseurs el revendique hautement le
droit qu'ont les peuples de leur résister et de les renverser. Des allu-
sions aux guerres religieuses en France et une sympathie évidenle
pour les huguenots persécutés prouvent que l'ouvrage est d'un pro-
testant français à la fois très royaliste et très libéral.
Depuis le rvi* siècle, on se demande quel est ce protestant, et la
question est encore pendante aujourd'hui; toutefois, après d'assez
laborieuses enquêtes, plusieurs noms [ceux de Théodore de Bèze, de
Bucbanan, d'Holman) ont été définitivement mis de côté, et l'on n'hé-
site plus qu'entre Hubert Languet et Du Plessis-Mornay. Ces deux
personnages semblent également capables d'avoir écrit le pamphlet :
tous deux sont protestants convaincus, tous deux sont pleins de res-
pect pour la royauté et pleins de haine pour la tyrannie, tous deux,
dans leurs écrits, ont préconisé maintes fois, comme le font les Vin-
diciae, l'appel à des princes étrangers, pour repousser la persécuUon
«1 combaltre l'oppression. Voilà pour le fond. Quant à la forme, elle
nefajt pas pencher Ea balance d'un c6lé plus que de l'autre : legénéa-
I(^8le d'Hoïier', examinant le livre à ce point de vue, prétendait
reconnaître à n'en pas douter le style d'Hotman, qui pourtant n'est
pas l'auteur; Papillon^ a reconnu avec autant d'assurance le style de
Languelj pour moi, qui ai lu toutes les œuvres de ce dernier la plume
I. * Vindidae conlrn lyranDoa, «ive de principis \a populum popaliqoe in
principem légitima potcstale, Stepbano Junio Bruto CelU auctore. • Ëdim-
boorR. 1579, ia-\2. Eo réalité à BAIe, ctiez Thomas Guérla.
î. Armoriai gén&at de ta France, 10 ^ol. in-fol.. 1738-68, II, ï* registre,
p. 73.
l. BMiothèque <Ut nuteurs de Bourgogne, Dijon, 1715, In-fol-, p. 371-73.
Rhv. Hibtob. LI. I" FABC. 5
66 MÛiAlfaRS ET DOGUMBNTS.
à la main^ je Q*y trouve aucune analogie de forme avec les Vindiciae;
le style est beaucoup plus clair, beaucoup plus sobre; les phrases
sont plus bâchées ; quand Languet donne des exemples, c'est à Tan-
tiquité grecque ou romaine qu'il les emprunte, non à la Bible, comme
Junius Brutus; les citations des Vindiciae rappelleraient plutôt celles
des écrits de Du Plessis-Mornay, car Du Plessis eçt plus théologien
que Languet. A vrai dire, je crois qu'il faut renoncer ici à se déter-
miner d'après des arguments intrinsèques : pour le fond, le pamphlet
convient également aux deux écrivains; pour la forme, il ne convient
guère plus à Tun qu^à Tautre.
Pour arriver à une solution, il ne reste à consulter que le témoi-
gnage des contemporains. Sans vouloir entrer dans les détails d'une
longue discussion, d'ailleurs déjà foite et refaite ^ je me bornerai à
indiquer les principaux textes à alléguer dans un sens ou dans l'autre.
La plus imposante autorité en faveur de Languet est celle d' Agrippa
d'Aubigné, qui, à plusieurs reprises, dans son Histoire urUverseUe,
parle du livre de Junius Brutus; après l'avoir attribué, dans la pre-
mière édition de son Histoire (4646)^, à un docte gentilhonmie du
royaume, « vivant encores aujourd'hui avec aulhorité, » d'Aubigné
change d'avis dans la seconde édition (4626), et, en deux passages
successif^', il déclare que le véritable auteur est Hubert Languet; il
ne donne du reste aucune raison de cette opinion, tout en rapportant
sans autre commentaire qu'un gentilhomme français (celui dont il
parlait dans la première édition) avait réclamé la paternité des Fiii-
diciae. L'assertion de d'Aubigné, ainsi formulée, semble pour le
moins étrange; le gentilhomme auquel il fait allusion est évidemment
Du Plessis-Mornay, c'est-à-dire un personnage éminemment franc et
droit et qu'il est impossible de soupçonner de mensonge. Sa parole
vaut celle de d'Aubigné. Les textes contradictoires de YHistoire uni-
verselle ne prouvent donc rien et pourraient être invoqués aussi bien
à l'avantage de Mornay qu'à celui de Languet.
Après d'Aubigné, le théologien hollandais Gisbert Voet (Voetius) a
adopté le même avis^*, la meilleure preuve, suivant lui, que Languet
1. Cf. Bayle, Dictionnaire historique et critique, Rotterdam, 1720, 4 toI.
in-fol., IV, p. 2939-2947; Thieme, Bisputatio juridica inauguralis de aput-
culo c Vindiciae contra tyrannos, • Grouingae, 1852, iii-8*; M. Losseii, SU'
MMngsberidUe der K. B, AkadenUe der Wistenschaften xu MUnehen, 1887,
Hefl 2, p. 215-54 (Philos.-philol. and hisiorûcbe Classe).
2. Maillé, 2 vol. in-fol., II, II?, d, ch. 2, p. 108.
3. Amsterdam, in-fol., I, liv. n, ch. 17, p. 124, et II, liv. m, ch. 3, p. 670.
4. Selectarum désputationum theoloificarum pars quarto. Amstelodami, i667|
iii-4% p. 231-244.
I. ADTECB DBS « Ti:YlllCIlE CONTKA TTSA^NOB. i
6T
&rit les Vindîciae, c'eaL que le faita été adirmé par l'érudit, Simon
loularl, fort au couranL de loules les publications du temps. Remar-
quons en passant t|ue ce n'est pas dans un écrit do Goulart qu'on a
Mt>uv6 celle assertion et qu'il ne s'agit que d'un on dit, d'une anec-
dote racontée par le théologien Troncbin dans l'oraiaon funèbre de
Goulart (Taite à Genève en 4628] ; d'après Troncbin, Goulart aurait
refiisé de dire au roi Henri III quel était l'auteur des Vindiciae, bieo
qu'il eût que c'était Languel et que le pamphlet avait élé publié après
sa mort par son ami Du Plessis-Mornay ' . Ainsi relaté, le témoignage
de Goulart est d'une médiocre valeur; cependant il a servi de base à
toutes les afiirmations ou dissertations ultérieures en faveur de Lan-
gue!, comme celles de Sorbtôre*,deB(Bclerus^, de Baillet*. de De La
Mare* ou de Vincentius Placcius'; celle de Bajie lui-même^, la plus
sérieuse et la plus complète, repose surtout sur le texte de Troncbin.
Cela est ai vrai qu'au milieu de la discussion, Bayle, pris de scru-
pule, s'arrête poiu* déclarer qu'il ne peut attribuer, a sans difllculté
ni embarras, t les Vindiciae à Languet et s'écrie : « Si l'on pouvait
prourer que l'écrit de Juniua Brutus a été publié avant la mort de
Languet, adieu toute la déposition de Goulart. » Or, il est aujourd'hui
Admis que l'écrit a élé publié avant la mort de Languet, arrivée le
90 septembre 1581 ^; eu cITet, si l'on reruse de se fier aux dates de
4579 et de 4580, que portent les deux premières éditions des Vindi-
tiae et qui pourtant seraient très plausibles, on n'a pas de raison de
repousser le témoignage de Du Verdier, qui dit expressément* que
la traduction française du pamphlet a paru en i^Ht ; il n'est pas
probable que l'original et la traduction aient élé publiés en même
temps dans les trois derniers mois de 1581; le récit de Troncbin
apparaît donc comme une histoire inventée à plaisir. Baj'le avait rai-
loa, comme il le dit, de demeurer en fin de compte « dans le pyr-
rbonisme > à l'égard de Junius Brutus.
On a encore allégué en bveur de Ixinguet le témoignage d'un pas-
teur protestant, Jean Oailié [I!>tl-1-1G70), qui vécut sept ans près de
Mornaj comme précepteur de ses petits-fils. Ce témoignage n'est
1. nu., p. "isi.
% SerbeHanù. Totoue, 1691, iii-16, préface.
3. /MWwdonM poliUeae. Argentorili, 168B, io-l?, p. 322 et p. 409.
t. Aulmrt degaûei lotts des rtomi élrangen. Paris, tSUO, m-i2, p. 313-
5. Buberll Langueti vifa. Halle, 1700, Îq-IS, p. 124-35.
6. Thtatmm anmiymorum et pievdonymorum. Uamburgi, 1T08, 2 vol. ÎD-fol,,
1. p. 141-43.
T. Voir plu» b«ut.
R. et. A. WtddiDgtoQ, De Bulierti langveli vUa. Paris, I8S8, in-8-, p. 105.
9. BiiUolhiqu» françaUt, 1585, in-rol., p. 300,
68 mbAJUGES ET DOGUMERTS.
nallement décisif : suivant Golomiès\ Daillé avait appris que Tauteur
des Vindiciae était Hubert Lauguet; mais, et c'est id que se plaee
tout naturellement le texte nouveau dont j'ai parlé au début, un frag-
ment des Mémoires de Conrart (f 4 675) prête à Daillé un tout autre
langage^. Voici ce texte :
Quelqu'un ayant demandé à M. Daillé si M. Du Plessis-Momay, avec
lequel il avoit demeuré longtemps, étoit auteur du livre intitulé Junitu
Brutiu, il répondit : « C'est une question que je n*ai jamais osé ûdre à
M. Du Plessis parce qu'elle me sembloit trop délicate ; mais je vous dirai
que M. Du Plessis, au bout de la galerie où étoient ses livres, dans le
château de Saumur, avoit un petit cabinet dans lequel il n'y avoit que
ceux qu'il avoit faits ou composés, bien reliés et môme la plupart impri-
més sur du vélin. Parmi ces livres-là, il y avoit aussi un exemplaire du
Junius Brutus, lequel M. Du Plessis me faisoit éter toutes les fois que
quelque personne de qualité désiroit de voir ce petit cabinet. U me don-
noit la clef et disoit que j'allasse devant et que j'ouvrisse la porte, ajou-
tant tout bas ou me faisant signe que j'ôtasse ce livre de Junius Brutus,
ce que je faisois; car M. Du Plessis savoit bien que ce livre n'étoit pas
dans l'approbation de tout le monde et vouloit éviter les occasions d'en
parier. »
Conrart était fort curieux de pièces et de documents, et certes son
récit vaut celui de Colomiès. L'autorité de Daillé ne peut, dans tous
les cas, être invoquée pour Languet.
En somme, des trois seuls témoignages un peu sérieux allégués eiL
faveur d'Hubert Languet, il n'en est pas un qui soit probant : le pre--
mierne présente aucun caractère de certitude; le second ne tient pa^
debout, et le troisième est annulé par un texte opposé.
Du Plessis-Mornay, au contraire, en dehors des textes précédents^
dont deux pourraient être regardés comme lui étant favorables, &.
pour lui, d'une part, l'autorité d'Hugo Grotius, dont Pérudition esU
incontestable et qui se prononce sans hésiter', d^autre part, celle d»
M""* de Mornay, sa femme. Celle^û, dans ses Mémoires^ a voulu uni*
quement exposer en détail la vie de son mari; qui mieux qu'elle a pa
savoir ce qu'il avait écrit? De plus, elle était Tamie d^Hubert Languet^
et Tassista dans ses derniers moments; elle n'aurait donc pas voulu,
lui retirer un de ses ouvrages. La manière même dont M"^ de Momaj
parle de la composition des Vindiciae est faite pour donner toute oon*
Qance dans son récit : en 4574, dit-elle, M. Du Plessis était avei?
1. Opéra, Hambargi, 1709, in-4% p. 328, dans le Recueil de particulwrUe**
2. Édit. Michaad et Poajoalat. Paris, 1S38, in-4% 3* série, I. IV, p. 6^^
D'après les manuscrits de Conrart, à la bibliothèque de i'Araenil, XI, p. 1112 <•
3. Opéra omnia. Amstelodami, 1679. 5 toI. in-foi., V, p. 949.
iOnE.^iL ET COBHESF07CDA7ICE DE U BElIfE CATHERINE.
69
M. de Buhy à Jametz et t paasoit son temps à faire quelques escritz;
entre autres, il fit en latin un livre intitulé : la Puissance légitime
d'un prince sur ton peuple* , lequel a esté depuis imprimé et mis en
lumière, sans toutelTois que beaucoup en ayent seu Tautheur'. x
Voilà qui est catégorique, je pense. Après une pareille assertion,
sortie d'une bouche aussi autorisée et aussi peu suspecte de partialité
et (ie mensonge, il n'y a plus qu'a s'incliner et à proclamer que Du
Plessis-Mornay est décidément et sans conteste l'auteur des Vindieiae
, contra tyrannos.
A. Waddihcton.*
JOURNAL ET CORRESPONDANCE
' iA REINE CATHERINE DE WURTEMBERG.
La reine reprit son intéressant journal le i'I avril 1818. Voici
comment elle le recommence, étant à Schônau, dans les États aulri-
cbieos :
Le i3 avril. — Après avoir été près de trois ans et demi sans conti-
DDer mon journal, je veux recommencer; que de choses se sont passées
dspuis celte époque I à quelles épreuves n'ai-je pas été condamnée'
lorsqu'on lira un jour les détails de toutes mes souffrances, on ne pourra
W figurer que j'aie pu les supporter. Dieu, dans sa divine miséricorde,
^ cepondant eu pitié de mes malheurs en me conservant un époux adoré
et un enfant chéri 1
Pour donner une idée de notre vie journalière, je vais tracer ici l'em-
ploi de noire temps d'un jour :
Nous nous levons a sept heures du matin, je m'habille ; à onze heures,
QOQE déjeunons i après le déjenner, nous nous promenons pendant une
heure*, alors je rentre, je lis, j'écris, je travaille; à trois heures, nous
t. CmI la Mus-lltre des Vindieiae.
MiiiM de IH-' de Mornay, édil. Paris, 1868-69, 2 vol. in-8', I, p. 81.
70 irfLANGBS BT DOGUmilTi.
sortons en voiture; i six heures et demie, nous dinons; après ce repas,
nous causons, je ûiis de temps en temps une patience, puis nous jouons
au boston jusqu'à dix heures, où nous nous couchons. Voilà la vie mono-
tone que nous menons.
Le 15 avril. — M. Moreau, architecte du prince Ësterhazy, est venu
ici; il nous a raconté la manière de spoliation dont M. de Dreux et le
comte Palfy ont usé envers M. de Marialwa; on a peine, quand on
apprend de pareilles choses, à croire qu'on vive dans un pays policé.
M. Durbac eât arrivé ici ce soir de Wald.
Le 16 avril. — M. de Pfuhl est venu pendant que nous déjeunions;
le roi a désiré le voir pour savoir où en étaient les bateaux à vapeur,
entreprise dans laquelle nous avons mis des fonds; M. de Pfuhl espère
qu'il naviguera au mois de juin. Le soir, nous avons fait la conversation;
elle a roulé sur divers sujets, entre autres sur le prétendu Louis XVn,
et, à cette occasion, M. de Pfûhl nous a raconté l'histoire qui se débite
à Vienne. On prétend effectivement que cet enfant n*a pas été la victime
des fureurs révolutionnaires, qu'on l'a sauvé du Temple, et voilà com-
ment un émigré, dont j'ignore le nom. Ta caché dans un manchon. Ta
transporté ainsi jusque dans un village de Westphalie, où il est resté
plusieurs années, au bout desquelles cet émigré est mort ; sentant sa fin,
il conOa Louis XVII à une sœur qui demeurait dans les États autri-
chiens ; il y fut et s'établit à Vienne, où il vit; l'empereur Napoléon le
vit trois fois dans les différentes fois qu'il conquit cette capitale; ayant
examiné ses papiers, il lui fit une assez forte pension ; M. de Talleyrand
le vit et lui parla aussi ; il entretenait une femme comme il faut, en
eut un fils qui s'appelle Isidore et qui est encore à Vienne à l'heure
qu'il est; Louis XVII avait pris le nom du comte de Outiller. Toute
cette histoire me paraît un conte fait à plaisir, surtout d'après le pro-
cès qu'on vient de lui faire en France.
Nous contâmes après à M. Daban, qui était de notre causerie, la pro-
phétie que le professeur Molk (homme de soixante-dix ans qui habite
Stuttgard, qui est un fameux géomètre et mathématicien) a faite spr
l'empereur Napoléon; elle est ainsi conçue : c L'empereur Napoléon
reviendra en 1820 en Franco; en 1825, il sera élu empereur d'Alle-
magne et sera plus puissant qu'il ne l'a jamais été ; en 1836, du 30 sep-
tembre au l*** octobre, l'empereur Napoléon mourra; la même année,
Rome sera détruite, ainsi que l'Empire des papes, et il s'élèvera dans
tout le monde chrétien une doctrine dont l'empereur Napoléon aura
jeté les fondements. » Ce qui est à remarquer, c'est que ce professeur
Molk avait prédit en 1811 l'incendie de Moscou, la guerre horrible de
Russie, les désastres de l'empereur en 1813, sa chute, son exil à Tîle
d'Elbe, sa venue en France en 1815, sa nouvelle défection et enfin son
emprisonnement à l'ile de Sainte-Hélène; un ami du professeur Molk,
M. Lebrette, autre professeur, homme d'un grand talent et napoléonien,
craignant pour les jours de l'empereur Napoléon, lui dit souvent que
JOCBNIL ET COBSESPO^IDitCE DE LA REINE CATHERinE,
71
In ADglAÎB le feront périr sur ce roc inculte, ei toujours il lui répond
non; on le dira Bouvanl mort, mai» il doit revenir. A force de recherches
et de calcals, il a trauvé que la première comète dont parle la Bible a
dû être celle qui a paru en 1769, lors de la naissance de l'empereur
Napoléon ; il écrit un ouvrage à ce sujet, en latin.
Lt 7 mai. — V... nous vient d'arriver; il nous a apporté des lettres
de Julie, de Laecases ei de 0...; ce dernier nous développe la politique
du jour; il parait certain qoe la Russie travaille à mettre le prince
d'Orsngo snr le trâne français ; uae alliance entre la Prusse, la Belgique,
l'Espagne et la Russie vient d'être conclue; l'Antrlche paraît s'en dou-
ter et ee rapprocher de l'Angleterre, qui s'oppose toujours à ce que le
prince d'Orange moule sur le trône de France, apportant avec lui la
Belgique, le doché de Luxembourg, etc.; il n'est pas douteux que le
parti du roï de Rome n'ait beaucoup diminué; la manière outrageante
flont l'Aulricbe a paru accueillir tous les individus de cette cause les a
refroidis. 81 l'Angleterre voyait qu'elle ne peut plus soutenir le parti
bourbonien, il ne serait pas invraisemblable qu'elle mit l'empereur en
avant.
L€ ?4 mai, — A Torsdorf, qui est la poste avant Munich, j'ai fait
faire le café pour mon bis qui avait dormi toute la nuit d'un profond
sommeil- EltaoL arrivée à Munich à huit heures et demie, j'ai appris que
le baron de Liodeu y était, et j'ai envoyé mon médecin pour le voir et
s'assurer do l'état de sa santé. Ensuite, ne voulant pas m'arréter à
Munich, je suis partie de suite pour Schwobhauseu, où je voulais
déjeuner, laissant en arrière M. Planât pour remplir les formalités de
{Milice. Il m'a rejointe à Schwobbausen, une heure après que j'y étais
^urivée. M. de Linden s'y est également rendu pour me voir. Je l'ai fait
déjeuner avec nous. I) m'a dît que le prince Eugène avait témoigné le
désir d'être informé de mon arrivée à Muutch, atin de pouvoir me faire
sa cour- M. de Linden nous a raconté entre autres choses un événement,
bien fâcheux pour le vice-roi, qui venait de se passer. Un Français, se
disant fédéré et proscrit par les Bourbons, se présenta chez lui pour
demander de l'emploi et insista surtout pour parler lui-même au prince
Bugène. Gomme on a de fortes raisons pour être en garde contre ces
sortes d'individus, on fit difficulté de le recevoir et de l'introduire
auprès du prince, qui lui fit dire qu'il n'avait aucun emploi à lui don-
ner. Cet homme, s'apercevant qu'il était suspect, attendit le vice-roi k
son passage, et, l'ayant joint, il lui dit ; t Monseigneur, je vois bien
que vons m'avez pris pour un espion, mais je suis Français et homme
d'bonneur, je vais vous le piouver, o En disant ces mots, il se perça de
plusieurs coups de couteau et tomba aux pieds du vice-roi, qui, désolé
de cette scène affligeante, le fit porter dans un hùpital, où ce malheu-
reux est Boigué à ses irais, sans qu'on ait beaucoup d'espoir qu'il en
tevlenne. J'ai dit à M. Planât d'écrire à M. le colonel Berger de venir
pnodre mes ordres à Augsbourg. Nous sommes ensuite partis de
72 WfLAlfGBS BT DOCUMBRTS.
Schwobhausen et sommes arrivés i Augsbourg vers sept heures et
demie. En descendant de voiture, je me suis rendue, avec toutes les
personnes de ma suite, chez la reine Hortense, qui m'a fait l'accaeii le
plus cordial et le plus gracieux; elle a surtout insisté pour que je prisse
un logement chez elle avec mon fils et M. de Reding, ce que j'ai accepté.
Nous avons trouvé dans un salon le général Laborde, vieux militaire
respectable, proscrit et persécuté comme tant d'autres pour avoir aimé
sa patrie, M. Ciochelet, frère de la lectrice si connue de la reine Hor-
tense. Il était arrivé à Augsbourg peu d'heures avant nous, venant de
Paris et du Brésil. Il donne des détails fort curieux et fort intéressants
sur tout ce qui se passe dans ce pays-là. M. de Lavalette était hier à
Augsbourg, où il vient très souvent pour voir la reine Hortense; mal-
heureusement je suis arrivée vingt-quatre heures trop tard pour pouvoir
rencontrer chez elle cet illustre et intéressant proscrit. On m'a dit qu'il
avait marié sa fille à un ancien marquis d'une très grande maison de
France, lequel allait venir s'établir à Ëichstaedt. Ge marquis avait été
jadis employé sous ses ordres dans l'administration des Postes.
J'ai reçu dans la soirée une lettre de mon mari, datée de Lintz, le
lendemain de mon départ, et une autre du roi mon frère, dont voici la
copie :
c Je vous adresse, chère sœur, ces lignes à Augsbourg, comme vous
l'avez désiré dans votre dernière lettre; j'ai tout fait préparer pour votre
réception à Louisbourg et espère vous y recevoir en bonne santé. Croyez,
chère sœur, que c'est pour moi un bien grand et véritable plaisir de
vous revoir après une si longue absence. Je me flatte que l'air de la
patrie et la conviction de vous trouver chez des parents qui vous ché-
rissent de tout leur cœur servira aussi efficacement au rétablissement
de votre santé que Tinfluence de nos eaux. Notre belle-mère est absente
à Francfort et y attend son frère le duc de Kent, qui se rend à Amor-
bach pour y épouser la princesse de Linange. Elle ne sera de retour
que vers la fin du mois. Ma femme me charge de mille choses pour vous
et est bien curieuse, ainsi que moi, de faire la connaissance de notre
neveu. Vous trouverez à Ulm un de mes aides de camp qui me donnera
la nouvelle sûre de votre arrivée. Adieu, chère sœur, c'est de vive bouche
que je vous répéterai bientôt tous les souvenirs de mon cœur.
« Stuttgard, 20 mai 1818. Signé : Wilhblm. •
Voici ce que je lui ai répondu :
« Mon cher frère, hier, à mon arrivée ici, j'ai trouvé votre lettre du
20; je n'ai pu être rendue plus tôt à Augsbourg, n'étant partie de Schô-
nau que le 18; une grande inondation m'a empêchée de suivre mon
plan do me mettre en voyage le 15, et les retards que j'ai éprouvés en
route m'ont retenue en chemin jusqu'à hier. Je partirai d'ici le 27, et
j'espère être rendue le 28 à Louisbourg. J'ai été bien contrariée de
n'avoir pu réaliser mon premier projet, celui de me trouver auprès de
JOïïDNiL ET COKBKSPO^DtnCE DE lA KEINE GITDEKIHE. 73
TOUS pour le jour de la nais^nce àe la reins. Vouîllcz bien, moQ cher
frère, être t'interprc^te de tous mes regreis auprès d'elle. Le moment où
je vous «mbrasserai tous les deux sera compté parmi les plus beaux de
ma vie, et, ea y pensant, moo cœur bat de joie et d'impatience. Adieu,
mon cher frère, recevez l'assuranco de mes seutimenls les plus tendres.
■ Augsbourg, 35 mai 1818. Signé : Catherine, d
Le soir, nous avons appriB que Gourgaud avait quitté Saiate-Hélène
et était arrivé eu Angleterre, c« qui a surpris et affligé tout le monde.
On attribuait ce départ à des différends très violents entre lui et les
généraux Bertrand et Montholon. D'autres assurent que c'est un fait
exprès et que Gourgaud a eu de bonnes raisons pour revenir, noue le
croyons pour $on honneur.
Après le souper, la comtease Atteins, M. Planât et le docteur sont
retournés pour coucher à l'auberge des Trois- Maures, ou j'étais descen-
due et où j'avais laissé mes gens et mes voitures. La reine Hortense
aurait bien voulu pouvoir nous loger tous,, mais sa maison est beaucoup
trop petite.
Le 2â mai. — J'ai passé toute celte journée avec ma helIo-sœur, qui
a coQtinné d'avoir pour moi tous les soins et toutes les attentions pos-
sibles. Mon fils, qui, la veille, s'était montré un peu sauvage, a fait
complètement connaissance avec sa tante et avec son cousin Louis,
jeune prince cbarmant, que sa mère élève à merveille.
Hortense m'a dit que le comte de Lascaaes avait voulu venir la voir
à Augsbourg, ainsi que le vice-roi, mais qu'eux le lui avaient décon-
seillé parce que cela pourrait paraître suspect. Le prince Eugène lui a
fait proposer de venir le voir à Gacleu, uù il doit se rendre dans le cou-
rant de juillet. Elle m'a aussi parlé d'un projet de note ou pétition à
remettre au Congrès en faveur de l'empereur. Cette pétition devait être
rédigée à Rome et ne traiter uniquement que des moyens d'adoucir le
■onde l'empereur et de lui envoyer les objets dont il peut avoir besoin,
tels que livres, objets d'babillement, etc. Il faudrait aussi dans cette
note insister pour que sir Hudson Lowe fût rappelé de Sainte-Hélène
ei se garder surtout d'y rien mettre qui ait trait à la politique, ni direc-
tement ni indirectement. Cette pétition devrait être rédigée par Madame
aux souverains alliés el signée par tous les membres de la famille, llor-
leuse se propose d'en faire la proposition lorsqu'elle sera aux eaux de
Lucqnes; elle espère qu'on ne fera pas de difficultés pour lui donner
des passeports. Elle a un moyen sûr de faire cette proposition à Rome,
puisqu'elle enverra son 51b cadet près du roi Louis, pendant son séjour
lui eaux. Bon Bis aîné doit venir les rejoindre là. Nous sommes con-
B8, Hortense et moi, d'un chiffre pour nous écrire sur cet objet.
Gela consiste à lui demander si elle s'occupe toujours du dessin qu'elle
m'a promis et que j'e^prrc qu'elle me l'enverra bientSi. Elle croit que nous
totnmes mieux h mémo que tous les autres de faire parvenir celte pièce
L sa destination, mais le tout est de l'avoir entre nos mains.
74 irfLAifGis BT Docmnim.
J'ai un peu plaidé le faux pour savoir le vrai, en disant à Hortense
que le vice-roi, à cause de sa position actuelle et de ses relations poli-
tiques, ne pourrait pas signer cette note : c Vous vous trompes, me
dit-elle, Eugène serait très peiné si la famille ne voulait pas le lui per-
mettre, je vous assure qu'il est tout-à-fait pour notre cause, mais, dans
sa position, il croit devoir agir avec beaucoup de prudence. D n'est sou-
tenu que par le roi; le prince royal le déteste, et je doute fort qu'il reste
à Munich après la mort de son beau-père ; le prince Chartes, au con-
traire, lui veut du bien, mais ce sera un bien faible soutien, lorsque le
roi lui manquera. •
Hortense jouit ici d'une existence agréable; elle se trouve henreuse
dans son intérieur; elle est aimée et honorée par tout le monde à Âugs- -
bourg, quoiqu'elle n'admette dans sa société aucune distinction de rang.
Les nobles et les marchands sont étonnés de se voir chez elle, réuni&-
pour la première fois. Il est faux (comme on a voulu nous le fisiire croire)
qu'elle ait une maison montée comme à Paris. Tout y est très décent^
même comme chez un très simple particulier. La maison est jolie, mais
petite, et la somptuosité des meubles n'est que dans l'imagination d»
certaines gens. Elle n'a de la Malmaison que quelques meubles eU-
quelques tableaux qu'elle est môme à la veille de vendre et qni sonU
estimés 100,000 florins. Hortense ne reçoit que le jeudi, et seulemenU
le soir, pendant une couple d'heures; le reste du temps elle vit i Augs-
bourg comme nous vivons à la campagne. Elle s'occupe beaucoup de
dessin et de peinture et fait des portraits charmants au lavis à la manière
d'Isabey ; elle nous a aussi chanté de fort jolies romances qu'elle a com*
posées, pendant son séjour en Suisse, sur les exilés, sur l'armée, sur la
gloire nationale, etc., etc.
Lors de son arrivée en Bavière, elle est descendue à Munich dans
l'hôtel de son frère, qui a exigé que le roi et la reine la reçussent, afin
d'avoir de suite une attitude convenable dans le pays. Lorsque le roi et
la reine l'ont vue, ils l'ont bien traitée et l'ont invitée à dîner. Il n'y
avait à dîner, outre Hortense, le roi et la reine de Bavière, que le vice-
roi et sa femme.
Depuis, elle va souvent à Munich, et le vice-roi vient plus souvent
encore à Augsbourg. J'aurais vu ce dernier, s'il n'avait justement dans
ce moment-ci célébré la fôte anniversaire de la naissance du roi. îl n'y
a que le prince royal qui soit décidément mal pour le vice-roi et pour
Hortense ; car, lorsqu'elle l'a vu à Munich, à l'occasion des couches de
sa belle-sœur, il lui a à peine adressé la parole.
Le prince de Lôwenstein-Wertheim, qui était arrivé hier soir à l'au-
berge des Trois-Maures, m'a fait demander si je voulais permettre qn'il
vint m'offrir ses respects. Ck)mme je voulais passer le reste de la jour-
née avec ma belle-sœur, je lui ai fait dire par M. Planât que, s'il vou-
lait venir demain dans l'après-midi, je le recevrais avec plaisir.
J'ai dit à M. Planât d'écrire à mon mari pour lui rendre compte de
notre arrivée et pour lui donner quelques autres détails, j'ai moi-méme
JOFHKilL ET CORBESFO:<ID«NCE DE LA SEIHE ClTDEHrKE,
uDe lelLre imigiifianle pour répondre à txWe c
reçuo hier.
le ?S mai. — Jo Euis montée en voiture à six lieurea du marin; nous
avons trouvé, eaire Ulm et Geielingea, un chemin montueux, ce qui
nous a beaucoup retardés, en sorte que, au lieu d'arriver à onze heures
k Oœppingen, comme nous l'avions calculé, noua n'y sommes arrivés
qn'i midi. Je n'ai pria que le temps néceEsaire pour m'habiller et faire
dAbairasEer ma voilure et suis repartie à midi et demi, sans avoir pris
autre chose qu'un bouillon.
J'ai ameaé avec moi mon fila, M. de Reding, la comtease Alterna et
M. Planât, laissant en arrière le docteur et mes femmes. A Wangeo,
nous avons trouvé des chevauï du roi, et pins loin deux autres relais,
fnsorteqoele trajet s'est fait rapidement; nous sommes arrivés àLouis-
boarg à cinq heures. A la descente de la voilure, j'ai été reçue par un
cbAinbellan, le comte de Ijeutrom; le roi mon frère m'attendait au bas
du grand escalier ; en le voyant, je me suis sentie vivement émue et me
•ois jetée dans ses bras avec toute l'effusion d'une tendresse véritable.
tl y a répondu froidement, et sa figure, m'a-t-on dit (car j'étais bore
cl*étal de le reman[uer|, n'annonçait qu'une parfaite insensibilité. Il a
bit peu d'attention à mon fils, disant sculeoient : o II doit être bien
^^tigné. D A l'entrée des grands appartements du feu roi, j'ai trouvé
ma belle-s(pur, qui m'a reçue avec politesse. Nous avons traversé les
uppartements et nous nous sommes assis dans le cabinet de feu mon
père- Émue par mille souvenirs douloureux, attendrie par la présence
d9 mon frère et en même temps blessée par la froideur de son accueil,
ï 'étais dans un état difDcile à décrire. Il y a justement deux ans qu'à
^lar^il jour j'arrivai à Gteppingeu, Je n'ai pu m'empécher d'en faire la
vemarijUG au roi, qui n'a pas paru y faire attention. Le premier mot
«pi'il m'adresaa fut pour me dire que j'étais prodigieusement engraissée.
Pendant toute la conversation, il n'a fait que s'agiter, sortir de l'appar-
tement, y rentrerpourressortir après, témoignant une sorte d'impatience
île voir finir notre entrevue. Dans ces intervalles, la reine n'a jamais
manqué de me demander des détails sur le genre d'incommodité que
j'eprotivals, mais, à tout ce que j'ai pu lui dire, elle répondait avec un
air de doute et alla même une fois jusqu'à me dire : o Mais le vieux
Franck eat-il encore dans le cas d'être consulté? Il me semble bien Agé
poar cela. » Je l'assurai qu'il n'y avait point à Vienne de consaltalion
importante où il ne fût appelé. Le roi, pendant toute cette séance, fut
froid et peu communicatif. Il m'a parlé des désagréments qu'il avait
éprouvés dans l'année qui vient de s'écouler et de l'expérience fâcbeuso
qa'il avait faite, regrettant son père et disant, avec une sorte d'afl'ecta-
Ûoo : I Je reconnais maintenant qu'il avait raison dans beaucoup de
choses. ■ Il s'est plaint avec amertume du changement des esprits depuis
Wn avènoment au trône. Je lui dis qu'effectivement c'était un malheur
qui provenait do ce que les peuples attendent toujours trop d'un chan-
78 HBLIITGGS ET DOCUMENTS.
gement de goavernemeut. Pariant de mon fils, il me demiuida : ■ Aime-
t-il à voyager? s — • Oui, > répoadis-je. — a Ah ! il tient cela de aa
mère. I — I Vous voue trompez, * rppm-je, t il faut une néceaEltâ
absolue pour me détorminer à voyager, t
La reine s'ctant levée, j'ai saisi ce moment pour remettre ta lettre l
mon frère. Il la prit el ne me dit autre chose que ces mots : ■ Se porte-
t-il bien ? ■ La reine me dit ansei avec affectation que de tout cAté on
lui disait que l'impératrice mère devait venir au mois de septembre en
Allemagne, mais que, pour elle, elle n'en savait rien. Mon frère prit
alora la parole et ajouta : • Ma foi, convenez que ce serait <m voyage
bien ridicule; quand on est aussi vieille, il faut rester chez soi : car,
ai l'on se trouve mieux chez les autres, il en coûte après cela pour s'en
aller. • Il parla aussi de Paul et de son établissement à Paria, mais j'y
fis peu d'attention, étant fortement agitée et troublée de l'accueil que
je recevais et auquel je devais si peu m'attendre. Je me rappelle «enle-
meut qu'il me dit que, lorsque ses oncles ou son frère ne faisaient pas
ce qu'il voulait, il avait un bon moyen de les y forcer. C'était de leur
ôter leur apanage, et qu'alors ils devenaient souples et dociles. Ce ton
absolu me frappa.
A six heures, on a prévenu le roi que le diner était servi ; il est veau
aussitôt me le dire, et, à mon grand étonuement, il a. pris la reina uns
le bras, m'embrassant à peine, et ils sont partie pour Bellevue, SiprtA
m'avoir dit un très froid : i Adieu, ma sccur. d Je les ai acoom]
jusqu'au dernier eslon, mais ils n'eurent pas même la polil
retourner. Stupéfaite et étourdie de ces procédés, je suis
mes appartements, sans vouloir prendre part au
J'oubliais de dire qu'au moment où le roi et
M. de Reding leur a, ponr ainsi dire, barré le passage en leur présen-
tant notre enfant, qu'ils ont été, pour ainsi dire, forcés d'embrasser.
Après le dîner, j'ai fait appeler M. Planât, qui m'a trouvée tout en
larmes et dans une violente agitation, ne pouvant dissimuler l'indigna-
tion dont j'étais pénétrée pour la manière indécente dont on me trai-
lait. M. Planât, tout en convenant des torts qu'on avait vis-i-vis de
moi, s'efforça de me calmer et me conseilla de ne pas trop m'abandon-
neraux premières impressions, mais d'attendre les éclaircissements que
pourraient me donner mes véritables amis. Je n'ai pu m'empéchtr ds
demander à M. Planât si je n'avais pas raison de préférer la famille de
mon mari à la mienne propre. « Comparez, » lui ai-je dit, « l'accueil
que m'a fait Hortense avec celui que je reçois ici de mon propre frèrei
La famille do mon msiri m'a toujours comblée de bons procédé? et la
mienne ne m'a cause que des chagrins, n
Vers neuf heures, on est venu annoncer que la reine douairière êl
sur le point d'arriver. Je me suis rendue aussitét avec toutes les per>
sonnes do ma suite dans les appartements de ma belle-mi-re, qui est
arrivée à neuf heures et demie. Je l'ai reçue à la descente de sa voitnn*.
iiievue, apru
accompBgMfe
ilitewrtH^H
JOURNAL ET
'. LA RBINE CATBEBINE.
77
La reine doaairiére m'a embrassëe tendrement et a montré une joie
extrême de me revoir. Nous nous sommes retirées ensuite dans son
intérieur, où nous avons soupe seules. Je n'ai voulu entretenir ma
l)elle-mère ce soir-là ni de mes affaires ni des motifs que j'ai de me
plaindre de mou frère, ne voulant pas troubler ces premiers moments
de rèuaiOD. Elle était d'ailleure très fatiguée, étant en route depuis cinq
heures du matin. J'ai remis à demain à lui parler à cœur ouvert. Nous
nous sommes séparées après minuit...
On n'avait consulté que l'ostentatioa sans avoir égard aux souvenirs
pénibles dont ces lieux sont remplis pour moi. C'est dans cet appartâ-
mentque j'aivu mon père pour la dernière fois; c'est là qu'il me mon-
tra nn front sévère et irrité. De plus, on n'avait point averti la reine
donairiërc de cette disposition, qui doit lui déplaire. Elle ne l'a appris
qu'à la dernière poste, hier avant son arrivée. Je suis logée et nourrie
avec toute ma maison aux dépens de la reine. J'ai eu une longue con-
versation ce matin avec elle; je ne lui ai pas cacbé la manière dont on
m'a rcrue hier. Elle m'a dit que la froideur du roi était la suite d'un
système de conduite qu'il s'est fait ; il est de même avec tout le monde.
Elle se loue des procédés qu'il a pour elle. Elle m'a promis de faire tout
ce qu'elle pourrait pour contribuera l'arrangement do nos affaires. Elle
trouva toutes nos réclamations très justes et m'a promis aussi d'inviter
M. Malchus pendant mon séjour ici; elle croit qu'il est plus que tout
autre dans le cas de nous servir à cause de la grande faveur et de la
contiance dont il jouit. Elle m'a dit qu'on est irrité de ce que j'aie besoin
des eaux et m'a conté à ce sujet que, dans le principe, c'était la reine
régnante qui s'était opposée à mon arrivée, mais que, pour elle, elle
avait trouvé la chose injuste et avait fait sentir à mon frère que, si
pourtant ma santé exigeait l'usage des eaux, 11 y aurait de la cruauté
i m'en priver. C'est pour cela que le roi a envoyé la consultation de
Franck à Bartegg, et ce n'est point, comme je le croyais, par des motifs
de générosité ou de bienveillance qu'il s'est déterminé. Il n'a jamais été
question de raisons politiques, et l'on n'a émis ce raisonnement que pour
«voir un prétexte plausible pour s'opposer à ce que je vinsse ici. Dès
lors, on conçoit l'humeur qu'on a éprouvée, lorsque, du moins en appa-
rence, j'étais bien portante. Au reste, on ne veut pas même admettre
qae la reine douairière soit souffrante, quoiqu'elle le soit elTectivement,
bout cela pour se soustraire à l'obligation de veniràLouiabourg s'iafor-
ner de sa santé.
La reine douairière m'a fait cadeau de petites tablettes charmantes en
nacre de perles montées en or.
Vers quatre heures, la reine régnante est venue; elle est d'abord des-
cendue chez la reine douairière, et tontes deux sont passées chez moi.
Quelques moments après, M. de Leutrom, chambellan du roi en service
près de moi, entra dans l'appartement avec une attitude des plus res-
pectneusee. La reine régnante lui demanda en allemand, du ton le plus
impérieux : « Qu'est-ce? i A quoi il répondit : < Madame, c'est la com-
78 ■JLANGES ET DOCUVEltTS.
tesse Adélaîska qui vient d'arriyer. • — < Vous lai faites beaucoup trop
d'honneur, ce n'est point une comtesse. > — « Elle est dans les appar-
tements de Votre Majesté. • — « C'est bon, j'y vais. • Tout cela fut
dit d'un ton hautain que je ne saurais décrire, ne pouvant, du reste,
concilier ces manières dures avec l'espèce de recherche qu'elle met tou-
jours à faire oublier son rang et à se montrer affable et prérenanle.
Cette dame russe est une femme qui l'a élevée.
Le roi, qui devait venir demain samedi, ne viendra pas ; il a remis
cette visite à dimanche et dînera chez la reine douairière. J'ai prié ma
belle-sœur d'engager le roi à me délivrer du chambellan qu'on a mis
près de moi, n'étant plus dans le cas de faire des cadeaux. J'ai appris
avec bien du plaisir que je pourrais voir demain Malchus et sa femme.
Après le dîner, nous avons pris le thé dans le salon drapé en nankin
qu'on appelle rotonde et d'où 1 on a de fort beaux points de vue.
La maison de la reine se compose de son grand maître le comte de
Gôrliz, homme aimable et obligeant et d'une politesse recherchée, du
général baron de Bûnau, grand maréchal de la cour, du baron de Gejn-
mingen, premier chambellan, et du baron de Wechmer, chambellan et
capitaine du château ; puis des dames du palais : baronnes d'Unnih, de
Roeder et de Ziethen. M°>«* de Seckendorff et de Gaismar, aussi dames
du palais, ne sont pas à Louisbourg : elles habitent Stuttgard et viennent
seulement faire leur semaine de service.
Voilà le genre de vie de la reine douairière. Elle se lève tous les jour»
de très bonne heure; on se réunit après midi dans son salon et on dîno
aune heure; on reste fort longtemps à table et on se sépare vers quatre
heures, pour se réunir de nouveau à six heures pour prendre le thé ;
après quoi l'on passe dans le salon. La reine s'assied à une grande tabler
ronde autour de laquelle se placent les personnes qui ne jouent pas.
Elle cause, elle fait des patiences, elle joue aux énigmes chinoises»
etc., etc., laissant à chacun sa liberté d'en faire autant; il y a ordinai-
rement trois parties d'ombre. A neuf heures, on soupe, ce qui mèn»
jusqu'à dix heures et demie, et après le souper chacun se retire.
Cette distribution de la journée ne nous laisse presque aucun moments
de libre, car, en outre, la reine douairière passe presque toute sa mati-»
née chez moi.
Tout le monde dîne habituellement avec la reine ; mais, quand mon.
frère ou ma belle-sœur viennent dîner chez elle, ils mangent tons le^
trois ensemble, et l'on fait une table séparée pour les personnes de la^
cour. La reine invite ordinairement deux ou trois personnes à dîner,
soit de Louisbourg soit de Stuttgard. Elle se promène souvent dans d»
petites calèches basses traînées par des chevaux nains qui ne vont jamais^
qu'au pas ; elle ne peut supporter une autre allure, même en voyage.
Elle aflectionne particulièrement le petit château Mon-Repos, dont*
elle a la jouissance et qui est, en effet, un séjour délicieux à cause de»
promenades.
J'ai écrit ce soir à mon mari une lettre dont voici le post-scriptum :
, ET COBRESPOfDl^ICE DK U REINB CATHEKINE. 79
« J'ai été accueillie froidement, maÎB cette froidear tient, dit-on, à un
syei«iao général de condaito et ne parait pas devoir èirc mal interprété.
■ Mon fr^re n'est piuii ce <|ii'il était à GiDunden : il est eili^Dcieux et
réservé; dans cette première entrevue, jo n'ai pu l'eulrolenir d'aucune
affaire importante. Nous n'avons causé que d'afiaires de famille doat jo
le rcadrai compte plus tard.
« M. d'Uaruii est tr^ bien ; d'après son conseil, j'ai tout confié à la
reine douairière, qui se montre égalemeat bien disposée.
■ Ba résumé, je ne puis encore te donner ni espéracceB ai craintes
poor le anccès du voyape. M. Malchus, qui doit venir demain, nous
donnera sans doute des éclaircissements qui pourront fixer nos idées.
• La roi doit revenir aprês-demaiD.
( On m'a Tait venir à Louisbour^; sans que la reine douairière en fût
informée. Je suis avec toute ma maison à la cbarge de cette dernière.
L'amour de l'argent est à l'ordre du jour et infliteoce toutes les opéra-
tiou*. Et cependant on dépense quatre fais plus.
■ On croit que, si nous obtenons quelque chose, ce sera sur l'article
du contrat de mariage. La reine douairière, qui entre parfaitement dans
mes intéréls, croit qu'il serait bon d'avoir à ce sujet une lettre du prince
de Melteroicb dans le sens de ce qu'il a dit. s
Lt i juin. — Le Boir à souper, j'ai reçu une lettre du roi et son joli
cade&u. J'ai écrit le même juur la lettre suivante (suit la lettre dont je
ne transcris que le post-scriptum). J'ai eu nn long entretien avec Mal-
chua le 30; il est toujours très dévoué. Je relate dans mon journal la
conversation que j'ai eue avec lui ainsi qu'avec le roi et le comte de
Wintzingerode sur le même sujet; c'est par le conseil de Malcbus que
je me suis décidée à informer ce dernier du but de mon voyage; il est
de même bien intentionné ; il a une influence marquée, quoique point
ostensible; il ne serait pas étonnant qu'il reprit son ancien poste; il est
poU tique de le ménager.
Le roi consent à appuyer notre demande, pour ce qui regarde mon
Contrat de mariage, sous la condition expresse qu'il ne sera pas ques-
Uoa du traité de Fontainebleau dans la note qu'on présentera. Les rela-
tions politiques ne lui permettent pas de prendre l'initiative dans cette
ft&ire; ceci est à peu près égal dans le principe; je lui ai dit l'opinion
<la prince de Melteroich à ce sujet; il ne m'a pas cacbé qu'il craintque
Iq prince, en donnant de l'espoir, ne veuille ménager tous les partis à
cause des relations dans lesquelles il peut se trouver dans la suite, il
croit que le prince ne le soutiendra pas au Congrès; cependant, le roi,
tUalchuset Wintïingerode sont d'avis que, si nos intérêts sont soutenus
d'uD commun accord, nous aurons gain de cause; il faut surtout à cet
ellél intéresser la Russie; l'empereur doit se rendre à Vienne dans le
courant du mois d'août; l'on me conseille de demander à le voir, et
Von suppose qu'il ne me refusera pas cette entrevue. Ce qu'il y a de
pins Ucbeux, c'eat qu'on ne veut pas se convaincre que nos embarras
4e fiHtaoe soient tels que je les représente ; Wiatzingerode conBeille à
so
M^U^fCES KT DOCOMBHTS.
cet effet de donner un état exact des fonds qae n
dettes que doub avons coQtractéea et des réclamations et préeentatioiu
quelconques qne nous avons à faire; le contrat de maria^ et le trtilâ
de FoDtainchleau doivent y trouver leur place; le principe est adopta
par Halchns et Wintziugerode que le roi doit me fixer un sort; le roi
a assuré lui-même à Malcbus (qui le lui a demandé jusqu'A trois total
qu'il s'en occuperait; mais c'est toujours remis à l'aveair. Wintsin
rode croit donc qu'en remettant au roi un état bien détaillé de noi
afTaîreB de fortune, qui viendrait directement de SchOnau et non pas de
moi, le roi ne pourrait éviter de se rendre à l'évidence, et qu'alors U
serait, pour ainsi dire, forcé de prendre un parti. Wintxingenxli
demande le secret absolu sur le conseil qu'il donne. Réponds-moi II
plus tM possible à ce sujet, le temps presse, toutes les dëmarchefl i
faire doivent Être mises à exécution pendant que les alliés se tronveid
en France; après leur sortie, il ne faut plus compter sur rien. Planfl
doit-il s'occuper de rédiger une note sur mon contrat de mariage?
deux dernières fois que j'ai vu le roi, il a été plus amical envers moi
que la première. Étant à Louisbourg, je ne peux envuyer mes lettres m
comte de Winlzingerode, ni par estafette venu chez moi i se{
heures et demie et ne m'a quittée jusqu'au moment où je suis montés
en voiture. Je suis partie A onze heures moins un quart de Louisbon^
ayant avec moi mon fils, M. de Rcding et la comtesse Alterna. H. PL^
nat est allé directement à Stuttgard dans une voiture de voyage, et m
sommes convenus qu'il viendrait prendre mes ordres au château pour Is
départ. Bu passaut sous les aveuues de Louisbourg, j'ai trouvé U jolît
M""" de Taubenheim, qui est venue à moi avec un gros bouqget d
roses qu'elle m'a olfert en prenant congé de moi ; cette apparition m'a éti
très agréable et j'ai trouvé celte attention charmante de sa part.
Je suis arrivée à Bellevue une heure après mon départ de Louisbourg.
Le roi et la reine sont venus à ma rencontre, et nous sommes resté*
quelques instants sur une terrasse où ils ont fait venir la petite Marie ^
c'est vraiment une créature délicieuse, et je ne me lasse pas de l'adml*
rer. Lorsqu'on lui demande en anglais où est l'ange de son père, elle ai
montre. Jérôme, quoiqu'il n'ait pas pleuré, n'a jamais voulu parler;,
cependant, il ne s'est pas fait prier pour embrasser » jolie cousine. C*
qui m'a fort étonnée, c'est qn'ayant été assailli à la fois par cinq chien
de l'espèce de ralsan(?|, mais beaucoup plus grands, il ne s'en est pal
eifrayé et a fait bonne contenance.
Le roi et la reine m'ont proposé de le prendre dans leur calèche, maîi
j'ai craint que sans M. de Reding il ne voulût pas y rester. J'ai dou
préféré le laisser aller dans la seconde voiture.
En montant dans la calèche, je voulais me mettre sur le devant; Il
reine me dit fort plaisamment : ■ Vous voulez donc que Fritz sott MV
dans le fond?» et elle exigea qne je prisse place à sa droite. Ils mo final
parcourir toutes les plantations de Bellevue et le parc de Stntlgard«
Arrivés au ch&teau, ils me firent voir leur appartement, qui e«t eàt^
JomtniL GT COBBESFOnDinCE DE LA BBrifE C
■pie noDE avons habile ensemble bous le litre d'appartement weatphalien,
nom qu'on lui donne encore quelqnefoiB.
t^B appartements de !a reine Gonl meublés avec goût et magniGcence ;
*8ux de mon frère sont très simples, sa seule chambre à coucher est
niBiib16Benaoie;ma belle-sœur occupe une partie de mes appartements
'ittous les fiiens, mon frère occupe les chambres qui me sen'aieni de
E^rde-robe et cabinet de toilette. Le seul portrait de notre fils pend dans
Hn cabinet à écrire au-dessus do son bureau.
Nous déjeunâmes dans la rotonde, qui est le cabinet où la reine se
ifenlil? préférence. Le roi fit déjeuner mon 61s avec nous; j'étais assise
'Br le csnapé et eux sur de petits fauteuils; mon lils en avait un troi-
sième; notre conversation roula sur des sujets indifférents. La reine me
présenta les petits princes d'Uldenhourg, ses Els, qui assistèrent à notre
dêjeoner. Ils ne sont pas jolis et ne parlent pas français. L'ainé est trts
•érieui, le cadet espiègle et grand favori de mon frère; ces deux jeunes
princes ont leur maison entièrement séparée de celle du roi et de la
f^oe; louB leurs gens sont russes, ils n'ont dans ce moment qu'an gou-
^«nieur allemand. Il est à propos ici de parler de la manière de vivre
'''' *vti. Il n'existe aucune étiquette à la cour, point de chambellan de
•^t^ice, le seul aide de camp de jour reste soit au château, soitàBelie-
'^P- Il n'y a que deux dames de la reine qui soient logées au château :
'^^st H") de Bauer ei M"' de Liitzow, toutes deux dames d'honneur, la
première seule à table; môme !a troisième dame d'honneur, M"" de
•yuopffen, et les deux dames du palais, M™"* de Seckendorff et Bcrol-
^'^BUen, ne viennent que lorsqu'elles sont invitées, elles ont une somme
7*® par mois pour leur nourriture. Il n'y a que les anciens aides de camp
" *"oi et M. de Seckendorff, son grand maître, qui de droit aient la
.***©- Après le dîner, qui a lieu à cinq heures, tout le monde s'en va,
^moins que la reine n'ait invité personnellement quelqu'un pourlethè.
" ** <ie Bauer elle-même n'a pas le droit d'y être si elle n'est pas invitée
J^^THinaiivement. Le roi et la reine passent, pour la plupart du temps,
^•^ soirées en tête à lÈte. Lorsqu'ils vont au spectacle, ce qui arrive
^•^ment, ils ne sont accompagnés que du seul aide de camp de service.
~^ »)inB ne voit jamais aucune de ses dames, la seule M"' de Bauer
^It tous les matins prendre ses ordres à neu& heures pour savoir s'il
' ^ des invitations à faire. Le reste du temps, à moins qu'elle ne sorte
**tts le roi, elle ne la voit pas.
l-e roi, lorsqu'il sort, est presque toujours seul avec la reine, soit en
'''^'ture ouverte à quatre chevaux, soit en coupé. Jamais aucun ofBcier,
^'^ 4ide de camp, ni dame de la maison, ne les accompagne. Il n'y a
"ï" *iB seul piqueur qui les précède, et ils n'ont qu'un chasseur sur leur
'•"itiim. C'est ainsi qu'ils viennent toujours à Louisbourg. Lorsqu'ils
''Qt i Uellevue, le roi se rend tous les matins à Stuttgard à cheval
«ccompagné de l'aide de camp de jour et d'un seul palefrenier. La reine
ï ^" Jent à neuf heures avec la seule M"» de Bauer. A onze heures, ils
'"tiennent ensemble à Bellevue et se promènent soit à pied, Eoit en
HeV. UlBTOa. LI. I*r FA8C. 6
82 HiLinCES 8T DocDKtnrs.
voiture, maii toujours seuls. Personne de leur maisoD i
Bellevue. Il n'y a que l'aide de camp de serrice qui couche dans l'anti-
chambre du roi. I^a petite princesse Marie demeure avec &a Ixinne dîna
unpaviilon attenant à celui que le roi et la reine habitent. Les persoonet
qui dînent habituellement et celles qui sont invitées n'arrivent que pour
le moment du diaer et s'en retournent après.
Avec un esprit supérieur, de l'amabilité, même de l'adabUitè et u
désir réel de plaire à tout le moude indistinctement, la reine n'est point
aimée; on lui reproche, en général, une grande ambition et nne 08teii«
lation tant dans ses bienfaits que dans ses charités. Dans les institations
qu'elle crée et qui pourront devenir utiles dans la suite, elle y fait con*
courir toutes les classes. Mais le moyen qu'elle a employé pour poarroir
ans emplois dans ces établisucments a mécontenté beaucoup de monde.
Elle a fait venir cbez elle des femmes d'employés, même subalternes,
et les a comblées de prévenances et de politesse ; ces femmes, croyant
que c'était, comme on dit, pour leurs beaux yeux, ont d'abord été
enchantées, mais cela n'a pas duré; elles ont reçu quelques jours aprda
l'ordre de prendre dans les institutions tels on tels autres emplois qui
ne leur convenaient pas, les détournant de leurs occupations domM-
tiques.
Ainsi la reine mécontente à la fois la noblesse et ces femmes. Os
l'accuse de dominer le roi. Je ne sais jusqu'à quel point on a raison
mais du moins est-il sûr qn'elle le circonvient de toutes fogoos ï
l'isole en quelque sorte et de sa famille et de son peuple. C'est à tal
poiot que je n'ai jamais pu entretenir mon frère qu'en sa présence, at
qui m'a beaucoup gtoée, car il y a nue infinité de choses qu'o
dire vis-à-vis d'un tiers, quel qu'il soit. J'ai de fortes présomptions qns
c'est elle qui a dit à Malchas et à Wintzingerode de me recommander
de ne jamais parler au roi de mes affaires pour en tenir elle-même c
tamment le fil. Un grand lort qu'on lui reproche aussi, c'est de ne pu
occuper les ouvriers du pays el de tout faire veuir de France, d'Aagle<
terre ou même de Russie. Cala forme un contraste singulier avec la r«iild
douairière, qui affecte au contraire de ne rien faire faire que dans Ifr
pays. Je veux croire qu'on est injuste vis-à-vis de la reine régnante, O
elle m'a paru foncièrement bonne, mais je crois que son génie est trop
vaste pour le petit théâtre où elle se trouve placée.
Quant au caractère du roi, le changement qu'il a éprouvé pravieitli
à ce qu'on dit, des désagréments qu'il a eus dous les premiers mcHneoH
de son règne; son malheur a été de ce qu'on attendait plus de lui el dl
ce qu'il a promis plus qu'il ne pouvait tenir. L'ancieo pays lut a niâotri
moins d'atuchemenl que le nouveau, et l'on est à regretter que le f
roi n'existe plus. Ce qui lui a fait beaucoup d'ennemis parmi les ge
de cour, c'est qu'un beau jour U a retiré toutes les clefs de chambellaiL.
La duchesse L^uis jouit de toute l'amitié el de toute la confiance de
la reine. Personne n'a pu me dire si elle est aussi bien dans l'esprit do
roi, mois tout ce qui est de la cour la déteste. Elle ne doit retourner
dans lo pays que vers le 18 de ce mots ; elle assistera aui couches de U
JOCBNIL BT COttRESPOTOASCB DK 1* HEtSE CATBE&tNE. 83
reiae, ei dons le mois de juillet elle part pour l'Italie, où elle doit séjour-
ner Tin an.
II e»t à remarquer que, dans touB les entreliens que j'ai eus avec mon
frère et ma belle-Bœnr, îLh ne m'ont jamais parlé de toi et ont afTeclé
même de l'éviter, ce qni cadre peu avec la proposition doat Malcliua
m'a. parlé.
Je suis partie de Stuttgardà trois heures et demie; un moment avant
(le monter en voiture, je dis au roi ce dont j'étais convenue avec Mal-
thiis ; il me répoodit : t Malcbus m'a déjà, parlé de vos intentions. »
Jusqu'à Calw, nous arrivâmes beureusement; là nous trouvâmes lécha*
riot tâe poste qui avait encore une fois cassé la même roue qu'à Braunau
«lui avait versé; personne heureusement no s'était fait mal. J'ordonnai
qu'on fit venir mes femmes dans une calèche de poste avec tout ce dont
nous avions besoin pour cette nuit, et nous partîmes de Calw à huit
hnires; après avoir passé Hirechau, nous trouvâmes une montagne aï
iHTible que j'ai vraiment cru que ma grosse voiture, quoique attelée de
huit chevaux, n'arriverait jamais au sommet. Aussi pris-je le parti de
dpscendre de voiture et de faire une grande partie du chemin à pied,
^tt« poste est uae des plus pénibles que j'aie jamais faites. Nous arri-
^iraee enfin à minuit sains et saufs, mais harassés de fatigue, à Wildbad.
'^ 4 juiiUt. — Je viens de recevoir une lettre adressée à M. Planât
°'i M. Abbatucci ; je l'ai ouverte en son absence ; la voici en original :
■ NoQ cher Planât, j'ai reçu votre lettre duU de ce mois et j'ai appris
^o TOUS pourriez quitter le Wurtemberg dans les premiers jours du
■Kois prochain. La présence de la reine étant d'un grand secours à l'ob-
J«L qui doit me conduire à Stuttgard,jevous prie de porter cette obser*
titioD à la connaissance de 8. M. et lui dire qu'avant le 15 juillet j'au-
"* l'honneur d'être auprès d'Elle, à moins d'un empêchement majeur
^^ot je lui rendrais compte s'il survenait. ■
I—a reine m'a envoyé le troisième volume de l'ouvrage de M""" de
Slaë! ; elle a chargé M"* de Bauer, sa dame d'honneur, de m'écrire et
"* l'eicuser de ne pouvoir encore écrire elle-même.
/-«âjutllef. — J'ai répondu à M"' de Bauer; je me suis occupée toute
^ journée à rédiger mon journal.
Ultreà J("'de Baur:r. '
« Madame,jevoua prie d'eïprimeràla reine combienjesuis sensible
* Son attention de m'envoyer le troisième volume de l'ouvrage de
^■"ila Staël. VeuiLez lui dire que, si je ne lui écris pas aussi souvent
<tae je le désirerais, c'est la crainte de l'incommoder qui me retient,
''««përe que la faiblesse dont elle se plaint aux yeux ue sera que pas-
»^re.
• Wildbad, 5 juillet 1818. Signé ; Catherinb. i
Baron De Cassb.
BULLETIN HISTORIQUE
NicBOLOGii!. — La Revue historique a eu l^honneur de compta
M. E. He;^!!^ au nocnbre de ses coUaboraLeurs. II est difficile d'ap-
précier l'importance et la nature do son œuvre historique sans li
ralLacher à sa vie et à l'ensemble de ses écrits ; aussi crojons-noB
devoir reproduire ici en entier l'article que nous avons consacré, e
novembre dernier, à Ernest Renan, dans la Ctmlemporary Review tel
Londres.
ERNEST RENAN.
Il eat dirScilc de parler avec équité d'un grand homme au momen
où la mort vient de l'enlever. Pour juger dans leur eosemble une vie et ^
une œuvre, il faut qu'un temps asseï ioDg nous permette de les consi-
dérer à distance et comme eu perspective, de même qu'il fautun certain
recul pour jouir d'un objet d'art. Le temps simplifie el harmonise toutes---
choses; il fait disparaître, dans uae œuvre, les parties secoodairea «
caduques et met en lumière les parties essentielles et durables. Cm
le temps seul qui, dans les matériaux de valeur inégale dont e
pose la réputation d'un grand homme de son vivant, choisit les plM
solides pour élever à sa mémoire un monument impérissable.
Il est encore plus difdcile de juger avec impartialité un grand boinin
qui vient de mourir quand on l'a connu et aimé, quand on peut eneo
se rappeler le son caressant de sa voix, la finesse de son sourire, la pid
fondeur de son regard, la pression aHectueuee de sa main, quand on •
sent encore, non seulemeoL subjugué par la supériorité de son esprit
mais enveloppé de sa bienveillance et de sa bunté,
A ces dirScultés d'ordre général s'en joint une autre quand il s'aj
du mort illustre dont le monde civilisé tout entier déplore en ce momH
la perte, d'Ernest Renan. Son œuvre est si considérable et si variés
son érudition était si vaste, les sujets auxquels se sont attachées a
recherches et sa pensée sont si divers qu'il faudrait, pour être en
de parler dignement de lui, une science égale h la sienne et u
capable comme le sien d'embrasser toutes les connaissancss homùiu
toute la nature et toute l'histoire.
r toutes ces raisons, on comprendra qn'au lendemain da la mort
«j'Eraost Renan, j'éprouve quelque hésitation à parler de lui et que je
xie puisse avoir la prétention de jugpr ni sa personne ni son œuvre. Je
xie me sens pour cela ni la compétence sufBsante ni une indépendance
^esez complète d'esprit et de cœur vis-à-vis d'un homme que j'aimais
entant que je l'admirais. Mais, ayant eu le privilège de le voir de près,
appartenant à i& génération qui a suivi la sienne et qui a été nourrie
aie ses écrits et de son esprit, je puis essayer de rappeler ce qu'il a été
et ce qu'il a fait, et de dégager la nature et le-s causes de l'inQuence qu'il
« exercée en France pendant la seconde moitié de notre siècle.
I.
Rien do plus uni et de plus simple que la vie d'E, Renan. Elle a été
tout entière occupée par l'élude, l'enseignement, les joies de la famille.
Ses seules distractions ont été quelques voyages et les plaisirs de la eau-
sericdansdesdiners d'amis et dans quelques salons. Si,àdeux reprises,
en 1869, aux élections législatives de Seine-et-Marne, et en 187(), ans
élections sénatoriales des Bouches- du- Rhône, E. Renan sollicita un
mandat politique, il y fut poussé par l'idée qu'on homme de sa valeur
a le devoir de donner une partie de son temps et de ses forces à la chose
pnbliqne, s'il en a l'occasion. li n'avait apporté à ces campagnes élec-
uralee aucune fièvre d'ambition. Quand il vit que la majorité des suf-
frages ne venait point spontanément à lui, il renonga sans peine et
laus regret à les briguer.
Cette vie si tranquille et si heurease eut pourtant ses heures de
trouble, on pourrait dire ses drames, mais des drames tout intérieurs,
des troubles purement intellectuels, moraux et religieux.
E. Renan était originaire de Tréguier (C6tes-du-Nord), une de ces
anciennes villes épiscopales de Bretagne qui ont conservé jusqu'à nos
jours leur caractère ecclésiastique, qui semblent un vaste couvent grandi
i l'ombre de la cathédrale et qui, dans leur pauvreté un peu triste,
n'ont rien de la banalité et de l'aisance bourgeoises des villes de pro-
rince du nord et du centre de la France. On peut encore visiter l'humble
maison, toute proche de la belle cathédrale fondée par saint Yves, où
llenan naquit le 27 février 1823; le petit jardin planté d'arbres fruitiers
nii ii jouait tout enfant, laissant errer sa vue sur l'horiKon calme et
mélancolique des collines qui encadrent la rivière de Trégoier. Son
pëie, capitaine de la marine marchande et faisant un petit commerce,
était de vieille race bretonne (le nom de Renan est celui d'un des pins
vieux saints d'Armorique). Il transmit à son fils l'imagination rêveuse
de la nce, son esprit de simplicité désintéressée. La mère était de Lan-
oion, petite ville commerçante, qui n'a rien do l'aspect monacal de Tré-
guier. Très pieuse, elle avait cependant une élasticité et une gaieté de
caractère que son fils attribuait à son origine gasconne et dont il avait
hérita. Sérieux breton, vivacité gasconne, Renan a trop souvent insisté
86 BULUTUI nSTOElQUB.
sur la coexistence en lui de ces deux natures pour qu'il nous soii per-
mis de le contredire sur ce point ; mais, en dépit d'apparences qui ont
fait croire à des observateurs superficiels que le gascon Tavait en lui
emporté sur le breton, le sérieux a eu la première, la plus large part
dans ce qu'il a pensé, fait et écrit.
La vie du reste commença par être pour lui plus qu'austère; elle fot
sévère et dure. Son père périt en mer, alors que son fils était encore
enfant, et ce ne fut qu'à force d'économie et de privations que sa
mère put subvenir à l'éducation de ses trois enfants. Ernest Renan,
loin de garder rancune à la destinée de ces années miaèrableB, lui
resta reconnaissant de lui avoir fait connaître et aimer la pauvreté.
Il eut toute sa vie Tamour des pauvres, des humbles, du peuple.
U ne s'éloigna jamais des parents de condition plus que modeste
qu'il avait conservés en Bretagne. Dans les dernières années de sa
vie, il aimait à les aller revoir, comme il avait tenu à conserver
intacte la petite maison où s'était écoulée son enfance. Sa sœur Hen-
riette, de douze années plus âgée que lui, personne remarquable par la
force de son esprit et de son caractère comme par la tendresse passion-
née de son cœur, se dévoua aux siens et, après avoir donné des leçons
à Tréguier, elle se résigna d'abord à entrer dans un pensionnat à Paris,
puis à accepter une place d'institutrice en Pologne, sans cesser de suivre
avec une sollicitude maternelle les progrès de son plus jeune frère, dont
elle avait deviné la haute intelligence. Le jeune Ernest disait à Tréguier
ses humanités dans un séminaire dirigé par de bons prêtres ; il y était
un écolier doux et studieux, qui remportait sans peine tous les premiers
prix et ne voyait pas devant lui de plus bel avenir que d'être, dans son
pays natal, un prêtre instruit et dévoué, plus tard peut-être chanoine
de quelque église cathédrale. Mais sa sœur avait connu à Paris un jeune
abbé, intelligent et ambitieux, M. Dupanloup, qui venait de prendre
la direction du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Ghardonnet, et qui
cherchait à recruter des sujets brillants. Elle lui parla des aptitudes et
des succès de son frère, et, à quinze ans et demi, Ernest Renan se
trouva transplanté à Paris. Il émerveilla ses nouveaux maîtres par sa
précoce maturité, par sa merveilleuse facilité de travail, et, après avoir
fait brillamment sa philosophie au séminaire d'Issy, il entra à Saint-
Sulpice pour y faire sa théologie. Saint-Sulpice était alors en France le
seul séminaire où se fût perpétuée la tradition des fortes études et en
particulier la connaissance des langues orientales. Les Pères qui y
enseignaient, et spécialement le P. Le Hir, orientaliste éminent, rappe-
laient, par l'austérité de leur vie, par la profondeur de leur érudition, les
grands savants que l'Église a produits au xvu« et au xvui* siècle.
Renan devint rapidement l'ami, puis l'émule de ses maîtres. Geux-d
voyaient déjà en lui une gloire future de la maison, sans se douter que
les leçons mômes qu'il y recevait allaient l'en détacher pour toujours.
C'est une crise purement intellectuelle qui fit sortir Renan du sémi-
naire. L'état de prêtre lui souriait; il avait reçu avec une joie pieuse
hi ordres mineurs, et aucune ies obligations morales de la vocation
ecclésiastique ne lui pesait. La vie du monde lui faisait peur; celle de
l'Église lui paraissait douce. Il n'y avait en lui aucun penchant à la
raillerie ou à la frivolité. Mais, en lui ensei poani la philolt^ie comparée
et la critique, en lui faisant scruter les livres saints, les prêtres âe
Saint-Sulpice avaient mis entre les maina de leur jeune élève le plus
redoutable des instruments de négation et de donle, Son esprit lucide,
pénétrant et sincère, vit la faiblesse de la construction théologique sur
laquelle repose toute la doctrine catholique. Ce qu'il avait appris à Issy
de sciences naturelles et de philosophie venait confirmer les doutes que
la critique philologique et historique lui inspirait sur l'infailliliililé de
l'Église et de l'Écriture sainte et sur la doctrine qui fait de la révélation
chrétienne le centre de l'histoire et l'eipiication de l'univers. Le cteur
déchiré, car il allait contrister non seulement des maîtres vénérés, mais
encore une mère tendrement aimée, il n'hésita pourtant pas un instant
i obéir au devoir que la droiture de son esprit et de sa conscience Ini
imposait. Il quitta l'asile paisible qui lui promettait un avenir assuré
pour vivre de la dure vie de répétiteur dans une institution du quartier
lïlin et entreprendre, h vingt-deux ans, la préparation des examens qui
pouvaient lui ouvrir la carrière du professorat. Bon admirable sœur lui
vint en aide dans ce moment difBcile. Arrivée avant lui, par ses propres
réflexions et ses propres éludes, aui mêmes convictions négatives, elle
avait évité de jamais troubler de ses doutes l'esprit de son jeune frère.
.Mais, quand il s'ouvrit à elle et lui écrivit ses motifs de quitter le
séminaire et de renoncer à la prêtrise, elle fut inondée de joie et lui
envoya ses douze cents francs d'économies pour l'aider à franchir les
difficultés des premiers temps de liberté.
n n'eut pas besoin d'épuiser ce fonds de réserve. Grâce à ses prodi-
gieuses facultés intellectuelles et à la science déjà considérable acquise
pendant ses années de séminaire, Renan put rapidement se créer une
. ntoation iodépendante et marcha dësorm.ais de succès en succès. On
I reste confondu en voyant ce qu'il sut faire et produire pendant les cinq
années qui suivirent sa sortie de Saint-Sulpice, de la fin de 1845 à 1850.
' n conquit tous ses grades universitaires, du baccalauréat à l'agrégation
dephilosophie, oùil fut reçu premier en 1848. Il obtint, la même année,
de l'Académie des inscriptions, le prix Voiney, pour un grand ouvrage :
WUtoire générait tt ayitème comparé des langues lémiliquei (publiée en
IS55), et, deux ans plus tard, un autre prix sur l'Étude du grec au moyen
ige. n foisait des recherches dans les bibliathèques d'Italie et en rappor-
tait sa thèse de doctorat soutenue en 1852, un livre sur Averroès et t'Aver-
rtnime, capital pour l'histoire dfl l'iotroduciion de la philosophie grecque
En Occident par les Arabes. Eu même temps, il publiait dans des
lecueils périodiques plusieurs essais, entre autres celui qui, remanié,
«tt devenu son livre sur VOrigine du tangage, et il écrivait un ouvrage
considérable sur VAwnir de la tcience, qu'il n'a imprimé qu'en 1890.
Ce livre, composé en quelques mois par un jeune homme de vingt-
88 BULLRIlf mSTOlIQUE.
cinq ans, contient déjà tontes les idées sar la vie et snr le monde qa'il
répandra en détail dans tons ses écrits; mais elles sont affirmées ici avec
nn ton de conviction enthousiaste et de certitude qu'il atténuera de
plus en plus dans ses écrits ultérieurs, sans rien abandonner d'ailleurs
du fond même de sa doctrine. U salue l'aurore d'une ère nouveUe, où
la conception scientifique de l'univers succédera aux conceptions méta-
physiques et théologiques. Les sciences de la nature surtoot ^ les
sciences historiques et philologiques sont non seulement les libératriees
de l'esprit, mais encore les maîtresses de la vie. Pédagogie, politique,
morale, tout sera régénéré par la science. Par elle seule, la justice sera
fondée parmi les hommes, et elle deviendra pour eux une source et une
forme de religion.
Sur les conseils d'Augustin Thierry et de M. de Sacy, E. Renan ne
publia pas ce volume, dont le ton dogmatique et sévère aurait rebuté
les lecteurs et dont les idées étaient trop neuves et trop hardies pour
être acceptées toutes à la fois. Les Français auraient pu aussi s'étonner
de l'admiration enthousiaste de Renan pour l'Allemagne, en qui il voyait
la patrie de cet idéalisme scientifique dont il se faisait l'apôtre. Augus-
tin Thierry enfin était inquiet de voir son jeune ami dépenser d'un seul
coup tout son capital intellectuel. Il lui persuada de le débiter en détalL
dans dos articles donnés à la Revue des Deux-Mondes et au Journal
des Débats. C'est ainsi que Renan devint le premier de nos essayistes,
et, dans des articles de critique littéraire et philosophique, mit en cir*
culation, sous une forme légère, aisée, accessible à tous, ses idées les
plus audacieuses et toutes les découvertes de la philologie comparée et^
do Toxôgèse rationaliste. Ce sont ces essais, où son talent littéraire s'af-
fina et s'assouplit ot où le fouds le plus solide de pensées et de connais*
saucos s'unissait à une virtuosité prestigieuse de style, qui ont formé
les admirables volumes intitulés : Essais de morale et de critique ; Études'
d'histoire religieuse; Nouvelles études d*histoire religieuse. Sa renomméo
littérairt> grandissait rapidement, tandis que ses ouvrages d'émditioa
le faisaient entrer, dès 1856, à l'Académie des inscriptions, âgé seule-
mont de trente-trois ans.
11.
Depuis 1851, il était attaché à la Bibliothèque nationale, et cette place
modeste, avec le revenu, de plus en plus important, de ses essais litté-
raires, lui avait permis de se marier en 1856. Il avait trouvé en Mu« Schef-
for, fille du peintre Henry Schefler et nièce du célèbre Ary ScheflTer
une compagne capable de le comprendre et digne de Faimer. Ce mariage
faillit être dans sa vie l'occasion d un nouveau drame intime. Depuis
t850, Kmest Heuan vivait avec sa swur Henriette; leur communauté
do sentiments et do pensées s'était encore accrue par cette communauté
d*exi»tonco et de labour, et Henriette, qui pensait que son frère, en quit-
tant r%UM> |H>ur la science, n avait lait que changer de prêtrise ne
cappoealt pas que cotLe union pût jaDiEiiB Atre dissoute. Quand son frère
Ini parla de ses inlenCions de mariage, eï\e laissa voir un si cruel truublo
tnUrieur que celui-ci résolut Ae renoncer à un projet qui paraissait
meoocpr le bonheur d'un être si dévoué et si cher. Mais alors ce Tut
M'" Itenan elle-même qui courut chez M"» Scheffer la supplier de ne
pa» renoncer à son frère et qui bâta la conclusion d'une union dont
l'ùlée seule l'avait bouleversée. Sa vie, da reste, ne fut pas séparée de
eslle do son (rère. Elle s'attacha passionnément à ses enfants. Quand
lEmest Renan partit en 1860 pour la Phénicie, chargé d'une mission
vchéologique, elle l'accompagna et y resta avec lui quand M"»> Ilenan
(lut rentrer en France. Ces quelques mois de vie à doux furent sa der-
nière joie, La Bèvre les saisit l'un et l'autre à Beyrouth. Elle mourut,
tandis que lui, terrassé par le mal, avait à peine conscience du mal-
tieuf qai le frappait. Dans le petit opuscule biograpbique consacré à
8a soeur Henriette, la plus belle de ses oeuvres, et un des plus purs
cbefs-d'œuvre de la prose française, E. Renan a gravé pour la posté-
rité l'image de cette femme supérieure et dit avec une éloquence poi-
Snaote ce que sa perte fut pour lui.
m.
Il rapportait de Syrie, non seulement les inscriptions et les observa-
Lâotts archéologiques qu'il publia dans levolumedelaJfùitonttfP'iAiici*;,
XMTD de 1863 à 18T4 par livraisons, mais aussi la première ébauche de sa
Vit d9 Jétus, l'introduction de l'œuvre capitale de sa vie : l'Histoin det
origiiiea du ChHsUanisme, qui forme sept volumes in-8'. Il avait déjà
^ibordé dans ses essais un grand nombre de problèmes religieux elde ques-
tions de critique et d'exégèse sacrées, mois il ne voulait pas se borner à
l'analyse et à la critique. Il voulait entreprendre quelque grand travail
^e synthèse et de reconstitution historiques. Les questions religieuses lui
avaient toujours paru les questions vitales de l'histoire et celles où
peuvent le mieui s'appliquer les deux qualités essentielles de l'hiatO'
rien : la pénétration critique et la divination Imaginative qui ressuscite
les civilisations et les personnages disparus. C'est au christianisme,
c'est-à-dire au plus grand phénomène religieux de l'tiistoire, que Renan
appliqua ses qualités d'érudit, de peintre et de psychologue. Il devait
plus tard compléter son ouvrage en y ajoutant, pour introduction, une
Histoire d'hrail, dont il a publié trois volumes et dont il laisse achevés
et prêts à paraître les deux derniers.
L'apparition de la Vie de Jisu> fut, non seulement un grand événe-
OMnt littéraire, mais un fait social et religieux d'une portée immense.
C'était la première fois que la vie du Christ était écrite à un point de
Tue entièrement laïque, en dehors de toute conception supra-natura-
lUte, dans un livre destiné, non aux savants et aux théologiens, mais
IQ grand public. Malgré les ménagements infinis avec lesquels Renan
•vwl présenté sa pensée, le ton respectueux et attendri qu'il prenait en
90 BULLinif mnoiiQUi.
parlant du Christ, peat-ètre à cause de ces ménagemenis et de ce raa-
pect mêmes, le scandale fut prodigieux. Le clergé senti! très bien que
cette forme d'incrédulité qui s'exprimait avec la gravité de la seienee et
Fonction de la piété, était bien plus redoutable que la raillerie voltai-
rienne ; venant d'un élève des écoles ecclésiastiques, le sacrilège à ses
yeux était doublé d'une trahison, l'hérésie aggravée d'une apostasie.
Le gouvernement impérial, qui avait nommé en i862 E. Renan profes-
seur de philologie sémitique au Collège de France, eut la fiiblesee de le
révoquer en 1863, en présence des clameurs que souleva la ViédeJéstu.
Il avait eu la naïveté de lui offrir, comme compensation, une place de
conservateur à la Bibliothèque nationale. Renan répondit an ministre :
f Pecunia tua tecum sit, » et, libre désormais de tout sonci matériel,
grâce au prodigieux succès de son livre, le c blasphémateur eoropéen, »
comme l'appelait Pie IX, continua tranquillement son œuvre. Ce ne fut
qu'en 1870, quand l'Empire fut tombé, que sa chaire lui fut rendue.
Ses cours, commencés au milieu même du siège de Paris, ont toujours
eu un caractère strictement scientifique et philologique qui en écartait
le public frivole et ne les rendait accessibles qu'à un petit nombre de
véritables élèves, alors qu'il lui était si aisé d'attirer la foule à ses cours,
rien qu'en y professant ses livres avant de les publier; il dédaigna tou-
jours ces succès faciles et ne songea qu'à faire progresser la science qu'il
était chargé d'enseigner. Il devint, en 1883, l'administrateur respecté du
grand établissement scientifique dont il avait été chassé comme indigne
vingt ans auparavant. Lancé, par la publication de la Vie de Jésus, dans la
lutte religieuse, attaqué avec violence par les uns, défendu et admiré
avec passion par les autres, ayant à souffrir souvent de la vulgarité de
certains admirateurs, E. Renan ne s'abaissa point à la polémique; il ne
permit point que la sérénité de sa pensée fût altérée par ces querelles,
et il continua à parler de l'Église catholique et du christianisme avec
la même impartialité, je dirai plus, avec la même sympathie respec-
tueuse et indépendante.
IV.
L'année 1870 marque une date importante dans la vie d'E. Renan.
Ce fut encore une année de crise. L'Allemagne, qui avait été, an
moment oii il s'était émancipé de son éducation ecclésiastique, la
seconde mère nourricière de son intelligence, l'Allemagne, dont il avait
exalté si haut le caractère purement idéaliste, en qui il voyait la maî-
tresse du monde moderne en érudition, en poésie et en métaphysique,
lui apparaissait maintenant sous une face nouvelle, froidement réaliste,
orgueilleusement et brutalement conquérante. Comme il avait rompu
avec l'Église, sans cesser de reconnaître sa grandeur et les services
qu elle avait rendus et qu'elle rendait encore au monde, il sentit, non
sans douleur, se relâcher presque jusqu'à se briser le lien moral qui
l'attachait à l'Allemagne, mais sans renier jamais la dette de reconnais-
FSincG. 91
maca contractée envers elle, sans châTcher jamais & rabaisser ses
méritôs et ses verlus. On trouvera l'expressiofl éloquente de ses sentî-
meQts dans ses lettres au D' Strauss, de (871, dans son discours de
réception à l'Académie rranrâise et dans sa lettre à un ami d'AUe-
tnagne de 1818. En mâme temps, une évolution se produisait dans ses
coacaptions politiques. Aristocrate par tempérament, monarchiste cons-
titntionael par raisonnement, il se trouvait appelé à vivre dans une
société démocratique et républicaine. Convaincu que le.s grands mou-
vements de rtiisUtire ont leur raison d'âtre dans la nature même des
choses et qu'on ne peut agir sur ses contemporains et son pays qu'en
en acceptant les tendances et les conditions d'existence, il sut appré-
cier les avantages de la démocratie et de la République sans en mécoa-
naitre les difficultés et les dangers.
£. Renan était désormais eu pleine possession de son génie, de son
originalité, et en pleine harmonie avec son temps. — Émancipé de
l'Église, il était l'interprète de la libre pensée sous sa forme la plus
élevée et la plus savante dans un pays r|ui voyait dans te cléricalisme
l'ennemi le plus redoutable de ses institutions nouvelles; émancipé de
l'Allemagne, il avait trouvé dans les malbeurs mêmes de la patrie un
aliment et un aiguillon à son patriotisme, et il s'efforçait de faire de
■es écrits l'expression la plus parfaite du génie français; émancipé de
Mute attache aux régimes politiques disparus, il pouvait donner â la
Pr&nce nouvelle les conseils et les avertissements d'un ami clairvoyant et
d'un serviteur dévoué. Professeur au Collège de France, le seul établisse-
ment d'enseignement qui se soit conservé à travers les siècles toujours
semblable à lui-même dans son organisation comme dans son esprit,
l'asile par excellence de la recherche libre et désintéressée, membre de
l'Académie des inscriptions et de l'Académie française, ces créations de
la monarchie réorganisées par la Révolution, l'une représentant l'érudi-
tion, l'autre le talent httérairc, £. Renan avait conscience que l'âme de
la France moderne vivait en lai plus qu'en tout autre de ses contempo-
rains. Il la laissa s'épanouir librement et se répandre au dehors, jouis-
sant de cette popularité qui faisait de lui l'hûte le plus recherché des
«alone mondains, l'orateur préféré des assemblées les plus diverses,
«avanies ou frivoles, aristocratiques ou populaires, et la proie favorite
ties inlerviewers. Il répandait sans compter les trésors de son esprit, de
ea science, de son imagination, de sa l)onne grâce. Il osait dans ses
écrits aborder tous les sujets et prendre tous les tons. Tout en conli-
nuant ses grands travaux d'histoire et d'exégèse, tout en traduisant
>lob, l'Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques, tout en donnant à l'his-
toire littéraire de la France des notices qui sont des chefs-d'œuvre d'éru-
dition sûre et minutieuse, tout en dressant chaque année, pour la Société
asiatique, le hilan des travaux relatifs anx études orientales, tout en
fondant et en dirigeant avec une activité admirable la difficile entreprise
dn CorpM in-viriptionum stmilioarum, qui sera son titre de gloire le
plos incontestable au point de vos scientitique, il exposait ses vues et
BISTOHIQDB.
Ms râvai sur l'anivera et sur l'huoiBailé, sur I& vie et lur U monk)
soit sous une [onne plus austère dans ses Ùialogva philoiopM<]uts. uit
sous une foMni? plus légère et doucement ironique liaas ses rantatsiu
dramatiqDeB : Caliban, l'Eau de Jouvtnix. le Préln de f/fmi, l'Àbbttttdi
Jouarre; il travaillait à la réforme du haut enseignetacnt i il écrivait
ces délicieux fragmente d'autobiographie qu'il a réunis bous le litre da
Souvenin d'mfance it dejeunatse.
Dana cet épanouissement de tontes ses facultés peueantes et agi»
soutes, favorisé par sa triple vie de savant, d'homme du monde a
d'homme de famille, E. Renan se sentait heureux, et cette joie de vivn
et d'agir lui avait inspiré un optimisme philosophique qui eemhlail, ai
premier abord, peu concillable avec labeence de toute certitude. Ai
toute conviction métaphysique et religieuse. On était étonné et no pet
scandalisé de voir l'auteur des Essais de critique tt de truirale, celui qu
avait écrit des pages iDoubliables sur l'&me rêveuse et mélancolique da
races celtiques, qui avait condamné si sévèrement la frivolité de l'es-
prit gaulois et la théologie bourgeoise de Bérangor, prêcher parfois tut
évangile de la gaité que Déranger n'eût pas désavoué, coasîdérer
vie comme un spectacle amusant dont nous sommes à la fois les marjon-
nettes et tes spectateurs et dirigé par un Démiurge ironique et îndîfK-
rent. A force de vouloir être de son temps et de son pays, tout CCQ-
naitre et tout comprendre, Renan semblait parfois montrer pour 1m
défauts même du caractère français une indulgence allant jusqu'à It
complicit«i. Quand il disait qu'en théologie c'est M. Homais et tiavrodu
qui ont raison, et que peut-être l'homme de plaisir est celui c\
prend le mieux la vie, ses amis même étaient bvissos, moins dans
leurs convictions personnelles que dans leur tendre admiration pour
celui qui avait su parler de saint François d'Assise, de Spinoza et da
Marc-Aurèle comme personne n'en avait parlé avant lui. Aux yeux ia
beaucoup de lecteurs, Renan, devenu l'apôtre du dilettantisme,
voyait plus dans la religion que le vain rêve de l'imagination et du
cœur, dans la morale qu'un endemhle de conventions et de convft*
nancep, dans la vie qu'une faousmagorie décevante qui ne pouvait
duperie Stre prise au sérieux. Ceux qui no l'aimaient pas l'appelaient la
Gélimène ou l'Anacréon de la philosophie, et plusieurs de uiui ijdI
l'aimaient pensaient que les succès mondains, le désir d'étonner et de
plaire l'amenaient i ne plus voir, dans la discussion des pins grvvM
problèmes de la destinée humaine, qu'un jeu d'artist«' et an exercice
littéraire.
Oux toutefois qui connaissaient mieux soo œuvre et surtout sa vis
savaient que ce dilettantisme, cet épicuréisme et ce scepticisme
rente n'étaient poiiil au fond de son ctvur et do sa pensée, mais elaieuk
le résultat do la coDtntdiction intime qui existait entre sa nature
iBt religieuse et sa conviction qu'il n'y a de science que des
pheDOmènes, par stiite, de certitude que sur les choses finies ; ils corn-
X d'autre part qu'il était trop eincëre pour vouloir rien affirmer
sur ce qni n'est pas objet do connaissance positive. Il était trop modeste,
trop enaemi de toute ombre de pose et de pharisatsme pour se proposer
an exemple et en règle, pour vanter, comme une supériorité, les vertus
« les principes de morale qui faisaient la base même de sa vie. 8a vie,
la dispOGtttoa habituelle de son âme étaient celles d'un stoïcien, d'un
stoïcien sans raideur et sans orgueil, qui ne prétendait point se donner
en modèle aux autres. Son optimisme n'était point la satisfaction béate
de l'homme frivole, mais l'optimisme volontaire de l'hooime d'action
qui pense que, pour agir, il faut croire que la vie vaut la peine d'être
'vècne et que l'activité est une joie. Personne n'était plus foncièrement
liieaveillaDt, ser^'iahle et bon qu'E. Renan, bien qu'il se soit accusé lui-
zx)6me de froideur à servir ses amis. Personne n'a été plus scrupuleux
observateurde ses devoirs, devoirs privés et devoirs professionnels, fidèle
jusqu'à rbéroïsmo aux consignes qu'il s'était données, n'acceptant
«lacune fonction sans en remplir toutes les obligations, s'imposent n la
^n de sa vie les plus vives souffrances pour accomplir jusqu'au bout
^ses obligations de professeur. Cet homme en apparence si gai avait
<5epnis bien des années à supporter des crises de mauK physiques très
^[wnibleB. Il ne leur permit jamais de porter atteinte à l'intégrité de sa
"^peaBée ni d'entraver l'accomplissement des lâches intellectuelles qu'il
^vait assumées. C'est dans les derniers mois de son existence que ce
^stoïcisme pratique se manifesta avec le plus de force et de grandeur.
31 avait souvent exprimé le vœu de mourir sans souffrances physiques
^l sans affaiblissement intellectuel. Il eut le bonheur de conserver jus-
qu'au bout toutes ses facultés; mais les souffrances ne lui furent pas
^pai^ées. Il les redoutait d'avance comme déprimantes et dégra-
dantes : il ne se laissa ni déprimer ni dégrader par elles. Depuis le
mois de janvier, il se savait perdu ; il le disait à ses amis et ne deman-
dait que le temps et les forces nécessaires pour achever son cours et
1 commencés. Il voulut aller encore une fois voir sa chère
; sentant son état s'aggraver, il tint à revenir à Paris à la fin
ds septembre, pour mourir à son poste, dans ce Collège de France dont il
éttit administrateur. C'est là qu'il est mort le 3 octobre. Pendant ces
huit mois, il fut en proie à des douleurs incessantes, qui parfois lui
liaient la possibilité même de parler; il resta cependant doux et tendre
SDverstous ceux qui l'a [jp roc baient, les encourageant et se disant heu-
faoi, U leur répétait que la mort n'est rien, qu'elle n'est qu'une appa-
rence, qu'elle ne l'effrayait pas. Le jour même de sa mort, il trouvait
«QCore la force de dicter une page sur l'architecture arabe. Il se félici-
tait d'avoir atteint sa soixante-dixième année, la vie normale de
l'bamme suivant l'Écriture. Une de ses dernières paroles fut : > Sou-
Qtettons-nous à ces lois de la nature dont nous sommes une des mani-
festations. La terre et les cieux demeurent. > Cette force d'àme, soutenue
jusqu'à la dernière minute à travers des mois de straffrancei conti--
□uelleB, moDtre bien quelle était ta eâréoité de ses convictions etlt
profondeur de sa vie morale.
VT.
Il laisse un souvenir inclîaçable à ceux qui l'ont connu. Il n'avait i
dans son apparence extérieure qui, au premier abord, parût de nature
h cbanner. De petite taille, avec une ti^te énorme euroacée dans ds
larges épaules, afQigo de bonne heure d'un embonpoint excessif qnl
alourdissait sa marche et a été la cause de la maladie qui l'a emporté|
il paraissait laid à ceux qui ne le voyaient qu'en passant. Mais il suift-
sail de causer un instant avec lui pour que celte impression s'ef^ti^t.
On élait Trappe de la puissance et de la largeur de sou Crout; ses yem
pétillaient de vie et d'esprit et avaient pourlanl une douceur cares»
santé. Son sourire surtout disait toute sa bonté. Ses manières,
s'était conservé quelque chose de l'affabilité paternelle du prêtre, avee
les gestes bénisseurs de ses mains potelées et le mouvement approba-
teur de sa tête, avaient une urbanité qui ne se démenlait jamais et où
l'on sentait la noblesse native do sa nature et de sa race. Mats ce
qui ne saurait se dire c'est le charme de sa parole. Toujoure simple,
presque négligée, mais toujours iucisive et originale, elle pénétrait et
enveloppait à la fois. Ba prodigieuse mémoire lui permettait sur tous
les sujets d'apporter des faits nouveaux, des idées originales; et ea
même temps sa riche imagisatton mêlait à sa conversation, avec au
tour souvent paradoxal, des élans de poésie, des rapprocbemenls inat-
tendus, parfois même des vues prophétiques sur l'avenir. 11 était
conteur incomparable. Les légendes bretonnes, passant par sa bouche, .
prenaient une saveur exquise. Nul causeur, sauf Micbelet, n'a su allier
& ce point la poésie et l'esprit. Il n'aimait pas la discussion, ot on a son*,
vent raillé la facilité avec laquelle il donnait son assentiment aux asser-
tions les plus contradictoires. Mais cotte complaisance pour les idée!
d'autrui, qui prenait sa source dans une politesse parfois un peu dédai-
gneuse, ne l'empêchait pas, toutes les fois qu'une cause grave était e;
jeu, de maintenir très fermement son opinion. Il savait être ferme pour
défendre ce qu'il croyait juste ; il avait fait assez de sacrifices à ses con-
victions pour avoir le droit de ne pas se fatiguer dans des discussions
inutiles. Il avait horreur de la polémique. Bile lui paraissait conlraîre.
à la politesse, à la modestie, i la tolérance, à la sincérité, c'est-à-dtre
aux vertus qu'il estimait entre toutes. Il savait, du reste, admirable- ,
ment, par des comparaisons charmantes, exprimer les nuances les plus,
rares de ses sentiments. Un jour, dans un diner d'amis, un convive,
en veine de paradoxe, soutenait que la pudeur est une conveulion
sociale, un peu factice, qu'une jeuno fille très pudique n'aurait aucune
gène à être nue si personne ne la voit. « Je ne sais, dit Renan. L'Ég
enseigne qu'auprès de chaque jeune fille se tient un ange gardien. La
vraie pudeur consiste à craindre d'offusquer même l'œil des anges, i
vil.
Le moment n'est pas encore venu, je l'ai dit en commençant, d'ap-
piicier l'œuvre et les idées d'K. Renan. It est cependant impossible,
iprès avoir dit ce que Tut sa vie, de ne pas chercher à indiquer quelles
oat été Iw causes de son immense renommée, quelle place il tient dans
notre siècle, et eo quoi il a mérité les honneurs exceptionnels que la
PitQce lui a rendus au moment de ses funérBilles.
D est on mérite que personne ne songe à lui contester, c'est d'avoir
M Le plus grand écrivain de son temps et un des plus admirables écri-
viins de la France de tous les temps. Nourri de la Bible, de l'antl-
quilé grecque et latine et des classiques français, il avait su se faire
QDe langue simple et ptourtant originale, expressive sans êtrangeté,
BOQple ttOB mollesse, une langue qui, avec le vocabulaire un peu res-
treint da xvn< ei du ivni* siècle, savait rendre toutes les subtilités de
!> pensée moderne, une langue d'une ampleur, d'uoe suavité et d'un
^lat «ans pareils. Il y a chez Renan des narrations, des descriptions
<'b passages, des portraits qui resteront des modèles achevés de notre
i^Qgae, et, dans ses morceaux philosophiques ou religieux, il est arrivé
i rendre les nuances les plus délicates de la pensée, du sentiment ou
''u rè*e. Chez lui la familiarité n'est jamais triviale ni la gravité jamais
BuiQdêe. 8i quelquefois, dans ses derniers écrits, le désir de se montrer
•ooderne, l'efTort pour faire comprendre le passé par des comparaisons
**% les choses actuelles lui a fait commettre quelques fautes de goût, ces
"Wses notes sont rares, et la justesse du ton égale chez lui la dèhcale
""r^ction du style et l'art consommé de la composition. Renan durera
'""'^Qte écrivain plus qu'aucun des auteurs de notre siècle, parce qu'il
* %Alc les plus illustres par la puissance pittoresque de l'expression
*'sc dtig simplicité plus grande de style et un sens artistique plus
délicni.
Ço qui (ait du reste la beauté et la richesse du style de Renan, c'est
quil n'a jamais été ce qu'on appelle un styliste; il n'a jamais eonsi-
^"'^ la forme littiJraire comme ayant sa hn en elle-même. 11 avait
''"Teur de la rhétorique et ne voyait dans la perfection dn style que le
""^D de donner à la pensée toute sa force, de la vêtir d'une manière
^4çne d'elle. C'était la simplicité de sa nature qui se redétait dans la
"Opllciié de son style ; la richesse et l'éclat de son style venaient de
** pKaiiude de sa science, de la puissance de son imagination et de
''*'*ondance de ses idées.
rteaan n'a pas été un créateur dans les études d'érudition. Il n'a ni
^ UngnigUque, ni en archéologie, ni en exégèse fait une de ces décou-
'wtçg, créé un de ces systèmes qui renouvellent une science; mais it
Uettpag d'homme qui ait eu une érudition à la fois aussi universelle et
"«l précise que la sienne : linguistique, littérature, théologie, phi-
•wopWe, archéologie, histoire naturelle même, rien de ce qui louche
96 BULLETni mSTOllQUI.
à la science de l'homme ne loi était étranger. Ses travanx d'épigraphie
et d'histoire littéraire sont admirables de méthode et de précision cri-
tique. Ha connaissance profonde du passé unie au don de le faire
revivre par la magie de son talent littéraire ont fait de loi on incom-
parablo historien. C'est là sa gloire par excellence. Dans un siècle qui
est avant tout le siècle de l'histoire, où les littératures, les arts, les
philosophies, les religions nous intéressent surtout comme les mani-
festations successives de l'évolution humaine, £. Renan a en au pins
haut dogré les dons et Tart de Thistorien. D est en cela un représen-
tant éminent de son temps. On peut dire qu'il a élargi le domaine de
rhistoiro, car il y a fait entrer Thistoire des religions. Avant loi c'était
un domaine réservé aux théologiens, qu'ils fussent du reste rationar-
listos ou croyants. Il a le premier traité cette histoire dans tm esprit
vraiment laïque et Ta rendue accessible au grand public. L'Ëglise n'a
imM eu tort de voir en lui le plus redoutable des adversaires. Malgré
tout Kon rospoct, sa sympathie même pour les choses religieuses, il
)H>rUit loA coups les plus graves à l'idée de surnaturel et de réirélation
en (kisant rentrer l'histoire des religions dans l'histoire générale de
reprit humain. D'un autre cèté, il répandait partout la curiosité des
questions religieuses, et, si les croyants ont pu l'accuser de profiuier la
n>ligiin\, on peut à plus juste titre lui accorder le mérite d'avoir &it
ctuuprt^ndre à tous Timportanœ de la science des religions pour Tin-
tWliginico do rhistûire et d'avoir éveillé dans beaucoup d'âmes le goût
dt!« chiV^>« religieuses.
IX^ mt^me qu'il n a pas èiê un créateur dans le domaine de l'énidi-
ti\\n, Utn^an n'a (>«s ete non plus on novateur en philosophie. Ses
^tu«Kv!i UuvU^que« ont développe en lui les qualités du critique et du
MNant ot Tont dè^^ùtô de$ sy^èmes métaphysiques. Il était trop his*
tivrieu ix>ur xvùr dan$ ct>» $y$tème« autne chow que les rêves évoqués
dan» nttMy(tnat)«>a d«r« homme» par le«r ignorance de Tensemble des
ch\>M«^ liMi min^^Mi $uc\>k:$i6» suj^ùtif^ dans leur esprit par le spectacle
chau^^i^ut du monde. Mais^ s'il n>st pas on phikw^ibe, ii est un
I^TaiK) petvjkettr. Il a n^paada à pMxïw maisa» dans tons ses écrits, sur
kHi;i^ W $H><i*« $ur Part vvmme s«r la podôfae« sar la relîgioo eomme
sar ta t^Mo^Kv^ W hâeif« W pcs» vY*<^naje$ ec k» pbs profoodes. C'est
auta^it AMiuwK' fi^rciW^r 4>ie cwscae hs^^rîec qw Renn a cce le fidèle
i^4erts^^<t^ iu lew^ <.v:t tl a x>^x Notre eM|W a p«ndm la lot cl nU-
WKA i'a^ire ^'Hkrwv À?* ceri;;*.die <^.2« sa jcaecDc«'« sais en Bène temps
fNÂ^ ^^ ',\jL ^ ^Nc«^à>N cwsrr^e > tvoi^:»:: > y^âiàriist, à ne pts
tNv^v^ir <K à ^ v&x:v >£4:r ;y <-.:>%> x^*c*f Eut a:aB)e i Mer la soode
is*;s>^ : xWMi:^ **:'s vjsi ^"^ >,ï\Vw:MU!îsi>if, i Tc\ncciRr àaas Imâiii les
î;>k^xK^v ^^ir .:: s;i^^->f i& :^r>fcor. à >^4»«<r j«r tas aite eu rêve
^âv^ ji^ ;feN.>»c^ ^ . v^^'!iu«ic^r. Vt:ie a ]ir :Ma]C:3SkRr ; ^ae» sa» m fiai a« Tes-
|NNft7 ^ ^NfCN!^ io ja x^ ?^::i^w«:Wv >r«r jt!^
«<jL a»«':^a;À a 4^«^ Ie^»jï>n^ 4âs àr
ABpîniUoiia. Renan a été l'iDlerprète de cel état d'âme et il a contribué
à le créer. Personne n'a. plus nettement, plus sévèrement que lui afSrmé
)m droits souverains de la science, seule source de certitude positive,
la nécessité d'y chercher une base suffisante pour la vie sociale et la vie
morale : personne n'a plus résolument exclu le surnaturel de l'histoire.
Mais ea m<^me temps il a pieusement recueilli tous les soupirs de l'hu-
naBtté aspirant à une destinée plus haute que celle de la terre ; il a
TBCréé cm lui l'âme des fondateurs de reliions, des saints et des m;s-
^ef ; il a proposé et s'est proposé à lui-même toutes les hypothèses
IQB la science peut permettre encore à l'àmereli^i^euse. Chose curieuse,
« «ont trois Bretons, trois fils de cette race celtique sérienBe, curieuBe
«mystique, qui ont en France représenté tout le mouvement religieux
àa siècle : Chateaubriand, le réveil du catholicisme par la poésie et
'însgiaation ; Lamennais, ta reconstitution du dogme, puis la révolte
<fe 11 raison et du cœur contre une Église fermée aux idées de liberté
F *' «Je démocratie; Renan, le positivisme scientiUque uni au regret de
l* foi perdue et h la vague aspiration vers une foi nouvelle.
Ce qu'on a appelé son dilettantisme et son scepticisme n'est que la
conséquence de sa sincérité. Il avait également peur de tromper et
à '^ tre dope, et il ne craignait pas de proposer des hypothèses conlra-
dicstoires sur des questions où il croyait la certitude impossible*. On
* TH s'étonner que te même homme qui a voulu qu'on mit sur sa
l^Dibe : Veritalem dileri, se soit si souvent demandé, comme Pilate :
* Cjo'est-ce que la vérité? > Mais ces Interrogations, mêlées d'ironie,
év^eot elles-mêmes un hommage rendu à la vérité. Il voyait que, pour
Ia. fluport des hommes, aimer la vérité c'est aimer, jusqu'à l'in tolérance,
jvisqD'au fanatisme, de» opinions particulières, reçues par tradition ou
conçues par l' imagination, toujours dépourvues de preuves et destruc-
t-i'^Mde toute liberté de penser. Affirmer des opinions qu'il ne pouvait
prouver lui paraissait un orgueil intolérable, une atteinte à la liberté de
1. C'c«t là ce qD*i1 faut se rappeler pour comprendre ce qui, daos son œuvre
h^slorlqDC, peut au premier abord paraître eolarbé d'inronsistance et de fsa-
VmîiU. Ou l'a accusé de dédaigner la vérité, de tout sacrifier d l'art, de mettre
UmiIh la triUque historique dans le talent o de solliciter doucement les textes. *
Il bot l'iToir peu ou mal lu pour le juger ainsi. Il a eu simplement la sincé-
Tilt lie retonnaltre que, daus des œuvres de sjutbèse, on ne peut appliquer
ïvtnil la même métbnite. Quand ou doit raconter une période ou la biui^a-
|>lilei|'an personnage pour lesquelles les documents posltira font défaut, l'his-
^t ■ le droit de reconstituer par dÎTinatioD o une des manières dont les
'iKiau ont pu être. <• Renan a toujours averti quand il procédail ainsi, qu'il
''^il dei origines d'Israël, de la vie du Christ ou de celle de Bouddlia. Mais,
i'"[ij il s'agit de décrire le milieu social et intElleclucl où s'est développé le
' ''n-UunlMne, ou d'étudier les œuvres des hommes du tnofen âge, ou d'établir
'li'< iriles, il a été le plus scrupuleux comme le plus pénéirant des critiques.
l'rnonne n'a mieux parlé que lui des régies et des devoirs de ta philologie;
l*nonnt ne les a mieux pratiqués.
Rxv. U»Ton. LI. 1" FASo. 7
I HISTORIQCK.
tn soi-mémeet envers 1« M
r jamais fait uq meDEODge consdeo
l'esprit, nn début de sincériié ei
sn reodait le témoignage de n'a'
mont, bien plus, d'avoir eu le courage dans ses écrits de dire toujoni
tout ce qu'il pensait. Il voyait du stoïcisme et non du scepticicmeÀpr*
tii]uer le devoir mqb savoir s'il a une réalité objective, à vivre po«
l'idéal eaoB croire à un Dieu personnel ni à une vie Tuture, et, dan
les tiSnèbres d'incertiiude où rbomme vit ici-bas, à créer, par la coopèn
tjon des fîmes nobles ot pures, une cité céleste où la vertu est d'autanl;
plus belle qu'elle n'attend pas de récompense. Quelques-uns des conteoy
porains de Renan se sont crus ses disciples parce qu'ils ont imilé Itf
chatoiements et les caresses de son style, ses ironies et ses donies. Ql
se sont gardés d'imiter ses vertus, son colossal labeur et son dévouemea^
6 la science. Ils n'ont pas compris que son scepticisme était fait de tolè
raoce, de modestie et de sincérité. Ceux qui liront l'Avenir de la leieru^
écrit à vingt-cinq ans, et qui verront les liens intimes qui rattacbei
ce livre à l'œuvre tout entière de nenan, diront, eux aussi, en coatea
plant cette longue vie si biea remplie : Veritatem diUsit.
Si nous nous demandons nnaiotenant ce qui caractérise Renan panât
les grands écrivains et les grands penseurs, on trouvera que s
riorité réside dans le don particulier qu'il a possédé de comprendra.
l'histoire et la nature dans leur variété infinie. On l'a comparé à Vol-
taire, parce que Voltaire, comme lui, a été le représentant de s
siècle, mais Voltaire n'avait ni sa science ni son originalité de pensif
et de style: on l'a comparé à Goithe, mais Gœthe est avant tout H
artiste créatenr, et son horizon intellectuel, si vaste qu'il fût, ne pou-
vait avoir, au temps où il a vécu, l'étendue de celui do Renan. Aucun
cerveaa n'a étâ plus universel, plus compréhensif que celui de Renan,
La Chine, l'Inde, l'antiquité classique, le moyen âge, les temps modernef
avec leurs perspectives infinies sur l'avenir, toutes tes civilisatiouSf
toutes les pbilosophies, toutes les religions, il a tout connu, toat cooh
pris. Il a recréé l'univers dans sa léle, il l'a repensé, si l'on peut dire,
et même de plusieurs manières différentes. Ce qu'il avait ainsi conçu
et contemplé intérieurement, il avait le don de le communiquer aut
autres sous une forme enchanteresse. Cette puissance de contemplation
créatrice de l'univers, qui est proprement un privilège de la divinitâf
a été la principale source de la joie qui a illuminé sa vie et de la sér^
nité avec laquelle il a accepte ta mort.
G. MONOD.
M. A. Dbsclozsaoi, qui avait consacré la plus grande partie de sa
vie à ses travaux de magistrat, n'avait abordé que lard les études
hisloriques et leur a été enlevé prématurément par une cruelle mala^^
die, a le mérile d'avoir été îe premier eu France à entreprendre u
examen critique des Mémoires de Sully. Nos lecteurs n'ont pas oublii
ses articles sur le Mariage et le divorce de Gabrieile d'Eilréei {Retf.
kist., t. XXX) et sur Gabrieile d'Eslrées et Sully (t. XXXIU). SoK
liyre sur Gabrielle d'Estrées (cf. Rev. hist., XLIII, <08, et XLIX, 69)
& Traiment renouvelé rhistoirc de l'amie de Henri IV et a mis au jour
des (locumeots inédits très précieui. La Bévue publiera bientôt de
nouvelles recherches sur les (Economies royales, f)iii soulèvent des
problèmes inléressants, bien que l'état de sanlé déjà très précaire de
notre excellent collaborateur ne lui ait pas permis de leur donner
toute l'ampleur et toute la précision qu'on pourrait souhaiter. Nous
espérons que d'autres travailleurs suivront M. Desclozeaux dans la
voie si récondc qu'il aura eu l'honneur de leur indiquer.
Nous avons fail, en la personne de M. H. de Gramkoxt, une perte
très sensible. M. Jacqueton a bien voulu nous envoyer une notice sur
notre regretté collaborateur :
Le comte Heori-Delmas de Grammonl, mort en septembre damier
it'&ge de soisante-deux ans, u'éiait pas un érudit de carrière. Soldat
et fonctionnaire , c'est sur le tard qu'il avait découvert sa vocation
d'historien. D'abord engagé volontaire aux zouaves, puis élève à l'Ëcole
militaire de Saint-Cyr, M. de Grammont avait fait, en qualité de lieu-
tenant, la campagne de Grimée. Quelques années plus tard, devenu
capitaine, il quittait l'armée et entrait dans l'administration des tinanccs.
Pendant la guerre de 1870-71, où un de ses frères fut tué à l'ennemi
et les deux autres grièvement blessés, il reprit du service et fut nommé
cbetde bataillon à l'armée de l'Est. A la paix, ît démissionna de nou-
veau et alla s'établir auprès d'Alger.
Ce fut là que lui vînt le goût de l'histaire, goût de famille au sur-
plas, car il avait pour cousin germain et beau-frère M. Tamizey de
l-Arfoque. Curieux de connaître le passé du pays oii il vivait, il se mit
3 étadier la période de la domination turque. Son premier mémoire,
»ur l'auteur du R'azaouat, parut en 1873 {Is It'aiaoual est-ti l'œuvre de
^heir-ed-din Ëarberousse? Villeneuve-sur-Lot, Dulin, in-S"). Il fut suivi
*e nombre d'autres. Parmi eux, les lecteurs de la Devue n'ont certaine-
"leni pas oublié ses articles sur (a Course, l'esclavage et la rédemption
•*"»« Paneienne régence d'Alger {ftevue hiilorique, t. XXV, XXVI et
XXVII, 1884-1885, tirés k parti ; cette trilogie, qui reste, croyons-nous,
•on chef-d'œuvre, constitue nn ensemble historique de tous points
("•^fait : Eùreté et variété d'information, rigueur de méthode, qualités
^^ ccmpoeition et de style, rien n'y manque. Le couronnement et la
synthèse de ces études de détail fut VlHitoire d'Alger sous la domina-
tion turque. 1515-1830 (Paris, Leroux, 1 vol. gr. in-8*). Mais la mise
*" jour de cette œuvre maîtresse n'arrêta pas M. de Grammont dans
*** tntanx. Lorsqu'il est mort, il avait sur le chantier, outre une seconde
™*lîoii de l'histoire d'Alger qui doit être toute préparée, deux volumes
<A oiain)!, l'un consacré aux entreprises européennes contre la régence,
l'»ïHTe où il comptait esquisser les figures les plus originales de l'Al-
C héroïque d'après k conqudte.
400 tuLLinH msTouon.
Gomme historien de notre colonie d'Afrique, M. de Grmmmont
mérite d'être mis au premier rang. Entre ses travaax et eeax de ses
devanciers, la distance est immense. On peut dire de loi, sans aacone
flatterie, qu'il a créé l'histoire algérienne, auparairant presque incon-
nue ou maladroitement dénaturée. Sans doute, on ajoutera des &its à
ceux qu'il a découverts et exposés, on élucidera certains points qu'il a
laissés dans l'ombre, on rectifiera quelques dates ou quelques noms;
mais nous ne pensons point que les grandes lignes de son oeavre et m
conception générale de l'Ëtat d'Alger en soient jamais altérées ; dans
l'ensemble, son tableau des révolutions algériennes an temps des Turcs
doit être considéré comme définitif. Ajoutons qu'au tempérament de
l'historien M. de Grammont joignait celui du lettré; il écriTait nata-
rellement bien, avec une chaleur ou plutôt une bonne homear irrésis-
tible qui donne à toutes ses productions un agrément du plus haut goût.
Après l'historien, qu'il soit permis à l'auteur de ces lignes, qui s'ho-
nore d'avoir connu et aimé M. de Grammont, d'apprécier aussi l'homme.
Il valait mieux encore que l'historien ; d'une bienveillance discrète et
inépuisable, il ne voyait personne autour de lui qu'il ne tint à cœur
d'obliger. Il prodiguait ses bons offices avec tant de spontanéité que le
service était rendu avant même d'avoir été demandé. Jusque dans les
mois qui ont précédé sa tin, alors qu'U souffrait cruellement et presque
sans intermittence, il n'a cessé de penser aux antres et de s'employer
pour eux.
Indépendamment des trois ouvrages mentionnés plus haut, M. de
Grammont a fait paraître en 1874 : Relation de r£Jrpédi(ton de Charles-
Quint contre Alger, par Nicolas Durand de Villegaignon, sulyie de la
traduction du texte latin par EMerre Tolet (Paris, Auhry, et Alger,
Juillet-Saint-Lager) : et, dans la Revue africaine, dont il a été le princi-
pal collaborateur de IS7S à \S^^ les articles suivants :
i. Quel est le lieu de la mort dAroudj Barbermuse? \i. XXII, i878).
2. Relations entre la France et la Régence if Alger au IVlh siècU (quatre
parties parues de 1879 à 1S85, t. XXIII, XXVIU et XXiX; tirées à
part, Alger, Jounlan, in-8«).
3. Histoire des rois d Alger par fVoy Diego de Haedo, abàéde Framesia^
traduite et annotée, d après rédition de Valladolid de 1612 (t. XXIY
et XXV, 1880 et 1881 ; tirée à part, Alger, Jourdan).
4. Le timbre de la Revue et les armes d^ Alger [L XXY, i88l).
5. Un épisode diplomatique à Alger au IVll* siMe (L XXVI, 1882).
6. Études algériennes. — a) Relation des préparatifs faits pour sur-
prendre Alger par Jeronimo Conestaggio (t. XXVI, 1882 ; à part, Alger,
Jourdan, 188^L — ^j Un académicien captif à Alger / fo7i-i675; (t. XXVI,
188:?; à part, Alger, Jourdan, 1883),
7. Un manuscrit du p^ Dan (Les illustres captifs. Histoire générale de
la vie, des fà^ts et des aventures de quelques personnes notables prisas petr
les infidèles musulmaHs) (t. XX VU, 1885, et XX VU, 1884 ; à part sons
403
"^ nrmttques (Tou-
"inserits par
'fre les
a
On a
vêque
\i« siècle
-, qualifié
inment. Au
es, dont une
Didier, plus
vmatus, dequel
:iil sans raisons
lievêque de Bor-
Ici traduction fran-
I Amatus et d'Ama-
personnage. H. Tabbé
ique de VYstoire de H
-uns réplique que cette
•le. Pour lui, Amatus ou
«^ l'abbé de cette puissante
L fait sacrer évêque pour
- des prélats voisins. L'hypo-
^lu'une hypothèse, et M. Pabbé
-xiv ce point. Amatus a pu fort
lonastique, avoir été pasteur de
.1'. méridionale, et le nom de cette
de Tabbaye, sera resté inconnu à
(jue de détails sur la personnalité de
\ormant ne diminue en aucune façon
s plus curieux de la littérature historique
; vain était bien renseigné, principalement
)•', qui était peut-être sa ville d'origine; il
02, in-8% Lzzi-385 p. (Société de l'histoire de Nor-
idi
BULLETITT HISTORIQOS.
6taU contemporain d'une partie des événetnenls rapportés par liri rt^
au courant des traditions du pays sur les premiers liauts faîlâ des
nouveaux maîtres de l'Apulie et de la Calabre. Sans doute, le lezla
latin paraît déQnilivement perdu, et la traduction que nous en pos-
sédons, faite au commencement du ht* siècle, ne mérite pas toujours
une entière confiance; mais dans l'ensemble on peut s'y fler, et un
traducteur vivant en 1310 n'aurait pu tirer de son propre Tonds lea
détails vraiment extraordinaires donnés par le chroniqueur dl.
Il' siècle sur les faits et gestes de ces aventuriers hêroi([ues, de cette
poignée de rudes batailleurs, auxquels quelques années sufQrent
pour mettre (in à la domination grecque dans le sud de l'Italie, suppri-
mer les dernières principautés lombardes et arracher la Sicile aui
Sarrasins. L'édition donnée il y a quelque cinquante ans par Cham-
pollion-Figeac était depuis longtemps épuisée et ne répondait plus à
aucun égard à l'état actuel de la science. M. l'abbé Delarc était toat
désigné par ses importantes éludes sur l'histoire de l'Italie et de
l'Église romaine au xi° siècle pour en préparer une nouvelle. Gopieu*
sèment annotée par lui, enrichie d'une introduction étendue et fort
intéressante, l' Ysloire de li Iformanl est assurée de trouver cncoroi
aujourd'hui des lecteurs ; on aurait peine à citer tableau plus curieux <
el plus vivant de la vie milj taire au temps des croisades.
Fidèle au plau tracé, la commission chargée de diriger la Coltee-
lion de textes pour servir à l'enseignement de l'histoire publie â 11
fois des chroniques et des recueils de textes diplomatiques ou litté-
raires sur un sujet délerminé. Deux nouveaux volumes, appartenant
à l'une et à l'autre de ces séries, viennent de paraître. Le premier
est la Vie de Bouchard le Vénérable par Eudes de Saint-Maur, édil^
par M. Charles Bodiel de li Rokciëbe '. L'éditeur a trouvé de ce
petit texte une copie presque contemporaine, prise vraisemblable-'
ment sur l'autographe de l'auteur ; le texte qu'il en donne est done'
plus pur que celui de ses prédécesseurs. La préface renferme un»
courte biographie du héros célébré par Eudes de Sainl-Maur. Con*
seiller fidèle d'Hugues Gapel, avant comme après le couronnement
de ce prince, Bouchard lena il le comté de Vendôme de son père Bou-
chard 1"; ceux de Corbeil el de Melun lui furent donnés par le due
de France; enfin il ftit le dernier à porter le titre de comte de Parisi'
Protecteur zélé des moines de Saint-Maur, il vint prendre, à la On de
sa carrière, l'habit dans cette maison et y futenterré avec sa femme,
la comtesse Elisabeth. Grâce à lui, les rois capétiens avaient combl&i
le monastère de bienfaits; cinquante ans plus tard, un simple moine,
. Paris, Picard, 1892, i
', xu(vM3 p.
FKINCR. 405
Eudes, voulut célébrer la mémoire du vénérable bienfaiteur de sa
maison. La tradition orale et l'examen des diplômes royaux lui
permirent de composer une œuvre défectueuse à plus d'un égard,
mais infiniment curieuse, et qui dénote chez l'auteur beaucoup de
soin et des connaissances relalivemenl étendues. Notons une remarque
iotéressanle Taitepar le nouvel éditeur; plusieurs diplômes originaux
d'ifugues Capet et de Robert portent d'une main différente de celle
du corps de l'acte l'indication de l'année oii l'acte aurait été donné;
quelques- Il nés de ces indications sont certainement fautives, et les
diplomatistes se sont vainement évertués à concilier ces données
contradictoires ; M. de la Roncière estime que ces notes ajoutées sont
de ta main même d'Eudes de Saint-Maur; le moine annaliste du
XI* siècle se trouve donc être le seul coupable, et il ne faut tenir
aucun compte de ces additions malencontreuses. Autant de peine
épargnée aux futurs critiques.
Le second volume publié dans la même collection est dû à notre
eoUaborateur M. Charles Béuont; sous le litre de Charles des liber-
lés angiaiiti', il renferme non seulement la grande charte de <215,
mais les actes analogues qui l'ont précédée depuis l'an '1100, et les
difTérentes confirmations de ce document célèbre par Henri III et
Edouard I" jusqu'en (305, Le recueil est fort intéressant; il met
à la disposition de tous, érudits et étudiants, un texte exact de
beaucoup de chartes dont on parle souvent sans trop les connaître,
et llnlroduction de l'éditeur, les lecteurs de la Revue l'apprendront
sans étonnement, est un excellent morceau d'histoire. Sous une
forme ferme et concise, M. Bémont expose les événements qui ont
eu pour conséquence la promulgation de chacun des actes réédites
par lui, et marque la portée exacte de ces actes, ainsi que leur
■oDuence sur le développement ultérieur de la constitution anglaise.
Arrachées au despotique Henri 1", imposées au méprisable Jean
Sans-Terre, ces vieilles chartes de libertés sont renouvelées bien des
fois sous le règne d'Henri III, survivent à la défaite de Simon de Lei-
oesler et triomphent de la résistance acharnée d'Edouard I". Quelque
peu oubliée plus tard, la grande charte réparait au ivu* siècle, est
dlée par les parlementaires dans leur lutte contre Charles I", et les
publicistes anglais y voient l'origine de la fameuse Déclaration des
droits de 1688; exemple à coup sûr instructif et de nature â inspirer
aux politiques français de sages réflexions, si jamais on pouvait
quelque peu assagir notre impatience naturelle. Aux textes publiés
t. Picard, ia-3*, lzxxvi-132 p.
406 BULLBnH HinOIIQUI.
par lui, l'éditeur a joint quelques remarques sobres, mais précises, el
de courtes notices biographiques sur les personnages cités.
La Eevue historique a déjà dit un mot de la polémique engagée
entre H. fiiarcel Fournier, éditeur des Statuts des Univeniiés firaiih
casses au moyen âge, et HM. Denlfle et Châtelain, auteurs du Chat-
tularium umversitatis Parisieims. Elle n'a pas à prendre parti dans
la querelle, et il paraît même parfaitement inutile de déterminer de
quel c6té sont partis les premiers coups. HM. Denifle et Ghâftelaîn
ont pu sans peine montrer par de nombreux exemples que les textes
publiés par M. Fournier n'étaient pas exempts de butes, que ces
trois volumes renfermaient bon nombre de doubles emplois, de
documents plus ou moins intéressants, enOn que la publication
offVait dans son ensemble des marques indéniables de précipitation
et même de légèreté. Tout cela n'est que trop vrai. Néanmoins il y
aurait quelque injustice à méconnaître le réel intérêt de Fénorme
collection de textes mis au jour par H. Fournier. Le tome III et der-
nier, qui vient de paraître \ comprend les documents relatifs aux
Universités firançaises fondées au cours du xv* siècle, à savoir Aix,
Nantes, fV61e, Besançon, Gaen, Poitiers, Bordeaux, Valence et Bourges,
et au studium de Besançon ; il renferme en outre un fort supplément
(93 pièces) sur les Universités d'Orléans, Angers, Toulouse, Mont-
pellier, Avignon, Dole et Bourges. Dans ce supplément ont pris place
nombre de rotuii, conservés aux archives du Vatican, et dont, tour
jours impatient, M. Fournier n'avait pu attendre la copie complète
pour les insérer au tome premier de sa collection. Sans doute tous
ces textes imiombrables auraient gagné à être étudiés plus à loisir;
quelques notes explicatives auraient été accueillies avec reconnais-
sance; enOn réditeur n'a pas apporté assez de soins à rétablisse-
ment du texte et à 1 interprétation des noms de lieux et de persooiies.
Ce sont là débuts graves. La publication n'en rendra pas moins des
services; jamais pareille masse de documents n'a été publiée sur le
sHJet ; les êrudits qui s occuperont de Thistoire des aociennes Uni-
versités y trouveront matière à de nombreuses études et pourront
eorri^ter aisément beaucoup des butes échappées au premier éditeur.
HisToiax «ibciiALc. — Si jamais époque historique n'a point eu le
sens de Tunitè et de la ré^larilé» c'est bien Têpoque féodale; droit,
coutumes^ simples usages, tout changeait alors de seigneurie à sei-
gneurie, de viUe à ville. iVeUit raoanrhie, avec toutes ses consé-
quences : abus de la force et guerres privées. On ne saurait donc
PBASCB. 107
41ns qnll ; ^t ea des instilullons réodales au sens moderne de ce nom ;
touterois, dans rorganisalioti de la sociélê Téodalti, si on peut appli-
quer cette expreBsion à pareil étal social, l'bislorien reconnaît cer-
tains traits géDéraui, communs les uns à louL le royaume de France,
d'autres à toute une province, d'autres encore à un groupe de fiefs
ou à une classe de personnes. En composant un Marmet de.< imtitu-
îiona française» pendant la période des Capétiens directs' , M. Lcichiihe
ne s'est pas dissimulé les dinicultés de la tâche, et il est équitable de
tenir compte de ces dilTicuItés en consultant Touvrage. En pareille
matière, l'écrivain doit se résigner à ne pas être toujours original,
et 11 est obligé le plus souvent de résumer simplement les travaux
aoLérieurs; or la plupart de ces travaux, car les ouvrages généraux
sont généralement vieillis et les meilleurs ont plus de valeur philo-
sophique (]ue de valeur scientifique, se rapportent à une province, à
un nef déterminé; de là un écueil que M. Luchaire parait avoir géné-
ralement évité : appliquer à des pays dilTérents des renseignements
de provenance toute spéciale. Par contre, sur les questions d'origines,
il a dû le plus souvent s'abstenir de toute conclusion et exposer les
difTérents systèmes en faveur aujourd'hui. En dépit des imperfec-
tions inévitables en pareille matière, te Manuel de M. Luchaire rendra
donc des services, à la fois aux étudiants, qui y trouveront un bon
résumé des doctrines acceptées aujourd'hui, et aux érudits de pro-
fession qui auront à le consulter sur des points étrangers à leurs
recherches personnelles.
L'ouvrage se compose de quatre parties : institutions ecclésias-
tiques, féodales, populaires et monarchiques. Sur la première partie,
0(1 ne fera que peu de remarques. M. Luchaire a mis habilement en
œuvre les nombreux travaux parus sur l'organisation ecclésiastique
du x* au XIII' siècle; nous ne signalerons qu'une omission grave.
A'ulle part l'auteur ne parle du rûle politique de l'Église, qui s'exerce
Principalement par les conciles; voilà une lacune qu'il fera bien de
Comblera une prochaine édition. Ici encore, plus que dans la seconde
Partie, on aimerait à trouver quelques renseignements sur l'in-
Huence sociale de l'Éghse chrétienne, qui a été très réelle, surtout
^u temps de la première croisade et dans les cinquante années qui
les suivirent. Les autres f^its que nous aurions aimé à voir men-
t.ïonnar ont une portée moins générale, La seconde partie est, à
Yiotre avis, avec la quatrième, la plus réussie du Manuel; sur la
constitution du fief, la législation très variable qui le régit, les
«droits réciproques du vassal et du seigneur, les conséquences de
I. Puis, lUchelte, in-S-, viu-639 p.
tftS
BtLLETin BtSTORrQOE.
l'aDarchie Féodale et encore sur 1b mouvemeot de oentransatioo qoi
se produit un peu partout dans les grandes seigneuries du xi'au
iitt* siècle, ou trouvera beaucoup de bonnes remarques, empruntées
en partie aui traraux modernes, on partie aussi pereoDnelles à
M. Lucbaire.
La troisième parUe est intitulée : Institutiotu populairêt; œ
titre, h vrai dire, ne nous satisfait guère; la vieille appellation de
tien état nous parait à la fois plus compréhensivc et plus nette.
M. Lucbaire n'admet qu'avec certaines réserves les théories de Gué-
fard sur l'évolution du servage; à notre sens, il a raison ; ces théo*
ries, présentées sous une forme absolue, ne peuvent plus être accep-
tées aujourd'hui, el de tout le système du célèbre érudit on ne doit
retenir qu'une atTirmation vraie : à savoir que le sort de l'ancien
esclave, devenu serf, est allé en s'améliorant durant le moyen âge.
Par contre, le chapitre sur les droits féodaux (p. 334) nous a semblé
insuDlsant et vague. Sur l'origine même de ces droits, il parait
impossible d'admettre absolument la théorie adoptée par M. Lucbaire;
si par droits féodaux on entend uniquementavoc lui les droit» pesant
sur les paysans, sur les serfs, la plupart d'entre eux à notre avis
sont bien antérieurs à l'époque féodale et dérivent d'un clal de choses
plus ancien. C'est à l'eiploilaLion romaine, aemble-l-il, qu^on doit
en rapporter l'origine; c'est bien un produit do la force, l'exploita-
tion de l'homme par l'homme, mais si le seigneur féodal a pu ajou-
ter quelques redevances, augmenter arbitrairement la somme da
travail exigée du serf corvéable, la part de récoite due par celui-ci,
le système fonctionnait bien antérieurement. Bien plus, M. Lucbaire
aurait dû à notre sens tenir compte d'une ingénieuse remarque, faita
jadis par H. Lot, à savoir que la fixation par le seigneur ou plutôt
par le propriélaîre des droits dus par le tenancier de condition servile
est une amélioration à l'ancien ordre de choses ; car auparavant il
u'yavaiLpointde bornes à ces exactions. H. Lucbaire aurait dû égale*
ment distinguer dans ia mesure du possible les droits provenant de
l'exploitation même de la propriété, et ceux qui sont la conséquence
de l'usurpation des droits souverains par les premiers princes féo-
daux : tels le monopole de la monnaie, les droits de justice, le ser-
vice militaire, etc.
Dans le livre sur la population urbaine (p. 353) , M. Lucbaire a
distingué avec raison le régime du Nord et celui du Midi. Lea
origines des consulats méridionaux, encore mal étudiées, sont eu
effet assez différentes de celles des communes du nord du royaume;
l'organisation des métiers et des corporations y a eu beaucoup
moins de part; s'il est impossible, comme H. Lucbaire le noie eu
passant, de rattacher les consulats du xif siècle aux municipes
romains, il faut, pour les grandes villes du Languedoc par exemple,
admeltre dès le xi* siècle un certain éiat des plus favorables au déve-
loppement des libertés municipales. Jamais en Languedoc la répu-
blique municipale n'est issue d'une insurrection, elle parait être dans
une certaine mesure le développement des institutions judiciaires,
qui ont ré^ les habitants des villes durant les trois premiers siècles
de l'ère féodale ' .
L'œuvre de coordination entreprise par M. Luchaire était particu-
lièrement difticile-, si, sur certains points, son Manuel nous parait
avoir besoin de relouches, la longueur même de ce compte-rendu
prouve en quelle estime nous le tenons et combien de services il
est appelé à rendre. On y trouvera un résumé intéressant de nos
connaissances actuelles sur l'époque féodale, et l'auteur a pu, dans
la quatrième partie, mettre à profit ses excellents travaux sur les
iostitutions royales au temps des premiers Capétiens.
U. (Charles LENTnÉEiic, ingénieur en chef des ponts et chaussées,
s 'esi occupé longtemps de l'histoire de la vallée du Rhône ; jusqu'ici
il avait surtout étudié la formation de la partie méridionale de cette
vallée; les deux nouveaux volumes qu'il vient de donner au public
sous ce titre : Du Sainl-Gothard à la mer; le Rhône, histoire d'un
/Zewiw', embrassent l'histoire du bassin rhodanien tout entier,
tant, en Suisse qu'en France. Une bonne part de ces deux beaux et
ÎDtÂressants volumes, et non la moins curieuse, ni la moins étendue,
ne saurait être appréciée ici, M. Lenthéric y décrivant la formation
gé<:»logique de la vallée et étudiant le rôle commercial actuel de co
Brajiil fleuve; mais l'histoire même du pays et des villes arrosées par
le Fthùne occupe assez de place dans l'ouvrage pour que nousdisions
quelques mots de celui-ci. A vrai dire, il est écrit pour le grand
public. L'auteur est lettré, suffisamment au courant des derniers
^'^■"vaux parus en France, et il sait se faire lire. Ou pourrait bien çà
**■ là relever quelques conclusions un peu précipitées; ainsi, faire de
'iemie une ville de plaisirs et de corruption, parce qu'on y a trouvé
quelques inscriptions funéraires d'épicuriens et une statue de style
™*^sle, pourra paraître quelque peu téméraire. En général, l'auteur
"ous semble bien sévère pour la civilisation gallo-romaine; elle avait
'^ vices et ses travers, mais le régime grossier et ignorant qui l'a
- M. Luchaire a raison de mettre en doute U date de 1096 donnée par
'l'fUet éditeur! i nn acte relatif i Saint-GIIJes (p. 431, noie 4]; en réalité,
*ct« e»t de 1S09 et émane de Raimond VI, comte de Toulouse.
' C^U, Ploo, 2 Toi. in-S', viu-ââ7 et 385 p.; cartes et plans.
110 BULLETni HIBTOlIQinK.
suivie n*était guère exempt des uns et des autres, et, à plus d'un
égard, Taloos-nous mieux que nos ancêtres des premiers temps da
christianisme ? On pourrait également noter çà et là dans le yolume
une certaine complaisance pour des légendes, fort Jdies sans doute
et très poétiques quand elles sont mises en œuvre par Mistral, mais
que lauteur ne saurait vraiment nous bire accepter. Que la partie
du littoral où la tradition bit aborder les deux Maries et leurs com-
pagnons et compagnes ait existé au temps de la Passion, c*e8t afflôre
aux géologues de le prouver ou de le nier, mais la vie de tous ees saints
personnages n'étant rien moins que connue, il faut voir dans cette
histoire une simple légende, de formation relativement récente et
contredite par les quelques renseignements, assez vagues d'ailleurs,
que fournissent à ce siyet les écrivains orientaux. On peut d'ail-
leurs concéder à M. Lenthéric que dès le premier siècle il a pu
exister à Marseille même une petite communauté chrétienne; mais,
si la chose est probable, on ne saurait apporter à Tappui de cette
hypothèse aucune preuve bien sérieuse. L'auteur nous pardonnera
ces légères chicanes; Pouvrage en somme est clair, intéressant ei
agréable à lire.
lïans un de nos précédents bulletins, nous annoncions la première
pariitf» de VŒuvre de Limoges de M. E. Rupin; la fin de l'ouvrage
Yi«^t de paraître*. Ge bscîcule est plus spécialement archéologique
qu«^ l«^ |H>Muier ; on y trouve classés par espèces tous les monuments
k\» l\i>uvre de Limoges que Tauteur a pu connaître et examiner ou
AmU il a tnmvé la mention dans les catalogues et dans les inven-
laUwi, lk> uombnnises planches et dessins, exécutés avec grand soin,
mM( ii'après les objets eux-mêmes, soit d'après des photographies,
peruiettout d'étudier ces innombrables spécimens de l'orfèvrerie
iWuslne du m* au jvT siècle. M. Rupin en a reproduit 660, choisis
imriui (beaucoup d'autres. Si à ce cbfflire on ajoute ceux qu'il se cou-
leiile ile décrire, ceux qui ont échappé à ses recherches, enfin les
ehàM^i, micillx ou reliquaires, etc., détruits depuis le xiv* siècle,
iiu an ive à se biro quelque idée de Tactivité prodigieuse de ces ate-
Uer:i du ceuire do la France, dont les produits pendant trois siècles
gdAt ;*ervi au culte et à l'ornement des églises du monde chrétien.
VUvi4uér0 ths Vaudoii, de M. A. B^eaed', n'a pas à proprement
pdiiw* le caractère scientifique; c'est un travail de seconde ou même
lie livi!«iéuie uiain, où l'auteur a trop souvent accepté complaisam-
luiviài Ivd (êgeudes mises en circulation par certains auteurs sur l'an-
\ l«4iu. H^ra, l»V, tOS-617 p.
^ ty^iu, Mlorok. IW, lo^, vw326 p.
mNCE. m
tiquité de la secte. Les idées de M. Bérard sont jusles en somme, el
il flélrit à bon droit les abomiDablcs persécutions donLces inofTensifa
paysans des vallées alpines ont été si longtemps victimes. Mais, à
vrai dire, n'y a-t-il pas quelque eiagération à croire l'Église catho-
lique seule capable de pareilles atrocités? Toute foi ardente mène
fatalement à l'intolérance, car quiconque se figure posséder la vérité
absolue a peine à admettre que son prochain puisse avoir des
opinions différentes. D'autre part, n'est-ce pas s'abuser que faire
de ces paisibles monta^ards, aux idées quelque peu étroites et
enfantines, les ancêtres de noire démocratie moderne? entre l'idéal
de celle-ci et celui de ces croyants primitifs, nous ne voyons guère de
rapport. Quoi qu'il en soil, on peut louer dans le livre de M. Bérard
les intentions plus que la formequelquepeuemplialique; en pareille
maljëre les faits parlent d'eux-mêmes. L'auteur a fait reproduire les
gravures du cêlètire ouvrage du pasteur Léger; nous croyons devoir
ea avertir les personnes douées de nerfs un peu délicats, et leur con-
seiller charilahlemenl de ne point feuilleter le volume, sous peine
d'être désagréablement impressionnées. Ces gravures sont d'ailleurs
Curieuses et montrent de quels raffinements de cruauté est capable
la brute humaine une fois déchaînée.
La ville de Louvain, dont M. H. Vir* der Lisde:ï vient de retracer
rfaistoire constitutionnelle ', n'est pas citée avant la fin du tx" siècle et
Qe prit quelque extension qu'après l'expulsion des Normands, long-
temps installés sur les bords de la Dylo. Un peu plus tard, c'est une
simple forteresse, occupée par le comte du pays ; enBn, au ii' siècle,
apparaît l'église Saint-Pierre, fondée par le comte Lambert, et autour
tie laquelle viennent s'installer un grand nombre de familles rurales
ties environs, qui comptent ainsi jouir des immunités accordées
-^uu hommes d'Église. C'est à cette agglomération que Louvain doit
«on origine. Ce n'étaient pas des gens hbres, mais des demt-hbres,
«xempts de certaines taies et redevances. Mais, le comte ou duc
«Uni l'avoué de l'église Saint-Pierre , la familia de cette église
finît, sans perdre ses privilèges primitifs, par passer en partie sous
l'autorité du souverain séculier du pays. Comme le remarque M. Van
der Linden, le fait peut être allégué par les érudiL* qui regardent
«omrne beaucoup trop absolue la théorie récemment exposée par
H. Sohm sur l'origine marchande de la plupart des villes neuves du
territoire allemand. Louvain s'est formée peu à peu, comme une foule
de villes neuves du royaume de France, autour d'une église, dont les
I. Bltloire tU la contlttalion de la ville de louvain a
Ubï. Clemm, 1892, Tni-194 p.
U2
BOLLCTn HtSTOUQDE.
privilèges ganmtissaient les nouveaux venus conlre les exactions et
les violences des seigneurs laïques.
Ainsi accrue, la populaltoit de Louvaio œsse bientôt de se livrer
exclusivement à l'agriculture; le commerce et l'iadustrie se dèv»-
ioppent; un marché se fonde, qui, rrêquenlé par les gens des eavi-
roDB, ajoute encore à l'importance de la nouvelle cité. D'officiers diti
comte, choisis par lui dans tes rangs de l'aristocratie, les an
éclievins deviennent les représentants de la hourgeoisie, qui prend
de Jour en jour une part plus importante à la gestion de la oilé, A
peu à peu on leur suhslitue le conseil des jurés. A cAté d^eux exîsli
la gildc marchande, qui ne comprend que les plus ricbeg oom-
merçanis et exerce une action directe sur les alTaires publiques.
L'organisation de Louvain reste immuable presque vers le milieu dtt
iir siècle; c'est une république aristocratique, agitée par des qn»»
relies entre les lignages, les grandes familles bourgeoises. Sous
Wenceslas, le pouvoir ducal se montre plus favorable aux ialéciia
des artisans et de la classe moyenne; des luttes sanglantes éclatent, les
deux partis sont tour à tour maîtres de la ville, et la démocratie flnïi
par l'emporter; mais cette guerre intestine de plus de vingt ans l
ruiné Louvain, qiii ne retrouvera plus jamais son ancienne prospÂ^
rilé. L'administration financière est devenue meilleure, plus pr^
voyante, mais le commerce a quitté le pays sans retour, et la villa
végétera obscurément durant les derniers temps du moyen âge.
Irf royaume de Majorque fut constitué au un' siècle par Jacques I*,
roi d'Aragon, pour son fils puîné, nommé comme lui; il coropn
les lies Baléares, le Roussillon et la Cerdagne, Montpellier et les dé
dances do celle ville, enfla le Carladcs. Un pareil étal n'était pas né
viable; il se composait de lambeaux de Lerritoires éloignés les uns da
autres, el, entre les habitants de Montpellier, ceux de Perpignan e
ceux do Majorque, il n'y avait rien de commun, ni langue, ni mœurs, n
Intérêts. De plus les nouveaux princes se trouvaient dans une situatioi
politique particulièrement difQcile; vassaux des rois d'Aragon ', ils
avaient à craindre les revendications de la cour de France sur Monta
l. Jacques lo Coaquèranl avait affranchi expressément le nouveai
clfl kiul lien de vBMalité enTers celui d'Aragon. Hais cette dUposîtioa ne A
|iaa lun|;teni|>t respectée; dès t27S, Pierre III d'Arafton contraignait boq frère
reconoRlU'C «a auz^raineté ; le procédé était violent, mais Jacques le
rint eonnaisult bien peu l'eiprlt de son temps, s'il avait pu croire qae atn
tatneni aérait rnspecté sur ce point. Les cbrouiqoenrsdu un' «itcle lui
amèrement d'avoir démembré le rojsume d'Arsgon, «l. étant dunné le
1ère des prince» de la fïmille rojale, on eût pu astinrer d'avance que 1<
niéret dispositions du Conquérant ne seraient pas longlemps obserrée*.
F&AlfCE. 44S
ylîirr. rereadicalions fondées en droit et difficiles à esquiver. 11 leur
&UaJt donc se ménager un appui eictérîeur. Cet appui, ils le Irou-
vàrent longtemps en France même, mais, ie jour où le dernier roi se
tut aliéné Philippe VI, la chute de sa maison devint inévitable.
Jamais les rois d'Aragon n'avaient abandonné l'espoir de réunir un
jour à leur couronne ces provinces mal à propos détachées, et pour
comble de disgrâce le dernier roi de Majorque, Jacques 11, au moment
iDéme où il se brouillait avec la cour de France, sa protectrice natu-
relle, se trouvait avoir pour adversaire le plus habile, le moins scru-
puleux des souverains du iiv° siècle, son propre cousin Pierre IV
d'Aragon. M. Lbcot de lï Mircbe vient de consacrer à l'histoire des
rapports entre la France et le royaume de Majorque près do 700 pages
in-i" ; si intéressant que soit le sujet, c'est beaucoup ; le litre de l'ou-
vrage, à vrai dire, est quelque peu incomplet, et l'auteur n'a pu rem-
plir un 9) grand espace qu'en sortant à chaque instant du cadre qu'il
s'était d'abord tracé'. L'ouvrage, en effet, parait assez mal composé,
el, pour arriver à Taire deux volumes, M. Lecoy a dû développer
dénesurémenl cert^ns chapitres. Le premier tome s'ouvre par une
longue étude sur la conquête de l'Ile Majorque par Jacques, fort inté-
ressante sans doute, mais qui n'a rien à faire ici-, M. Lecoy procède
un peu comme Sterne, qui commence la biographie de Trislram
Sbandy environ dix mois avant sa naissance. Voilà du coup i 00 pages
inutiles el à retrancher. Cette suppression et quelques autres moins
importantes, celle du chapitre v du livre II par exemple (campagne
de Catalogne en 4285) ', enQn un choix plus discret de pièces jus-
tificatives (certaines n'ont qu'un rapport lointain avec le sujet indi-
qué par le titre], tout cela aurait permis à M. Lecoy de faire tenir
tout son travail eu un volume. On ne saurait entreprendre ici une
critique détaillée d'un ouvrage aussi étendu ; on pourrait y relever
quelques erreurs, inévitables, à vrai dire, en pareille matière'; il
sera plus utile d'en indiquer brièvement l'économie, en notant les
points qui, à notre avis, appellent la discussion. Après le long préam-
bule signalé plus haut sur les origines lointaines du nouveau
royaume, M. Lecoy expose dans quelles circonstances il fut créé
1. lei Kelations polltiquei de la France avec ie royaume de Majorque.
Piri», Lerom, 1893. 3 toI, iii-8-, SIT-S09 el S76 p.
3. C'est d'iilleurs l'un des meilleurs de l'oa^rage.
3. Eq Toici nue assez singulière qne nous croyons loatefois devoir sJgDaler
A l'auteor; I. Il, p. BD, il Tait du Donezaa, pays leou des rois d'Aragon par
let «omles de Foix, une localilË du Dom de Uonaçavi; si U. Lecoy avail lu
atlcotireinent le puuge de D. Vaissele qu'il cile, il se serait épargné cette
UBènUvne.
Rsv. HisTon. LI. 1" fabc. S
414 BULLBTIH HISTOtlQUI.
durant les dernières années du règne de Jacques le Grand, pob il
donne quelques détails fort nécessaires sur les enclaves qui servirent
à former cet état bizarre (I, 425); sur les îles Baléares, rien à
remarquer. Pour le Roussillon, Fauteur parait ne s^ètre pas rendu
suffisamment compte de la situation du Roussillon et de ses annexée
(Gonflent, Yalespir, Gerdagne française) par rapport à la Catalogne.
Dès le X* siècle, les deux pays sont en relations constantes, en dépil
des Pyrénées qui les séparent, et le testament du comte Guirard ou
Guinard en 4 4 72 ne fera que rendre déflnitive Tannexion par les sou-
verains espagnols de cette province, annexion préparée depuis deui
cent cinquante ans. Tout d'ailleurs contribuait à rapprocher te
deux pays : langue, intérêts matériels et institutions. Bien plus, dès
le x« siècle, l'influence des futurs rois d'Aragon avait pénétré dans
le diocèse de Narbonne, et les comtes de Barcelone avaient pu élablii
leur autorité dans le sud du Razès; un peu plus tard, cette influenec
se fait également sentir dans le haut pays de Foix et dans le Done-
zan. On pourrait encore faire quelques observations sur les pages
consacrées à la baronnie de Montpellier ; une partie en effet foisail
partie de Tancien comté de Mauguio, mais plusieurs places impor-
tantes, situées dans le diocèse de Béziers, n'avaient jamais été sous
la suzeraineté du comte de ce nom. Enfln la conclusion du chapitre
sur les ressemblances entre l'administration des différentes parties
composant le royaume de Majorque (pages 447-448) parait bien
téméraire. M. Lecoy aurait pu s'en tenir à Texpression de royoMmi
artificiel qu'il emploie un peu plus loin.
Pierre 111 d'Aragon n'avait pu prendre son parti du démembre-
ment do l'Aragon fait au profit de son frère Jacques; dès 4277, la
guerre est imminente entre les deux frères, et le roi de Mayorquc
doit chercher un appui au dehors. Ni le pape ni Philippe le Hardi ne
veulent intervenir, et, en 4279, Jacques est contraint à se reconnaît»
vassal de son frère pour tous ses États, sauf Montpellier, humiliation
qui devait bientôt lui (ladre accepter l'alliance française. Ge n'est pas
que les officiers de Philippe le Hardi ménagent aucunement le futui
allié de leur maître ; de 4 284 et 4282 date l'établissement définitif d(
l'autorité royale à Montpellier, et pour amener ce résultat, le séné-
chal de Beaucaire a recours sans aucun scrupule à la violence. Jacques
prête hommage au roi de France (août 4283) ; vers le même temps.
Talliance se conclut entre les deux cours. Au surplus, pour gagnei
la Catalogne, l'armée firançaise devra de toute façon traverser les
États du roi do Majorque ; il fkut bien que ce dernier prenne parti
pour l'un ou pour Taulre des adversaires. M. Lecoy le loue de s'être
décidé pour Philippe UI et ne laisse échapper aucune occasion d'în-
FBAKCB. 115
eriminer violemmeat la conduite ou les senlimenlB du roi d'Aragon.
C'est, semble-l-il, se laisser abuser par les apparences ; en s'alliant à
l'ennemi déclaré de son frère, Jacques I" de Majorque, prince de la
fomîlle royale d'Aragon, commettait une vraie trahison. On ne sau-
rait s'étonner que Pierre, au courant de ces intrigues, ait essayé
d'en prévenir les eiTets désastreux en s'emparant par surprise de
Perpignan et de la personne do son propre frère. Celui-ci, pour échap-
per à la captivité, dut passer par un lujau de privés. Le premier
coupable en cette occasion était Jacques, M. Lecoy parait trop sou-
vent l'oublier.
Les chapitres suivants sur l'occupation du Roussillon par les
Français et la campagne de Catalogne sont intéressants et bien étu-
diés. M. Lecoy cherche, il est vrai, trop souvent à pallier les torts
des envahisseurs, (lui, tous les chroniqueurs du temps le confessent,
se conduisirent en vrais sauvages, notamment à Elne; c'était, au
surplus, l'usage du temps, et le passage d'une armée aussi considé-
rable devait être désastreux pour un pays. Quant à la campagne
même de Catalogne, elle échoua, on le sait, grâce à l'énergique résis-
tance du roi d'Aragon, soutenu par tous ses sujets, et grâce aussi
à l'impéritie des chef^ de la croisade, qui ne surent ni garder leur
ligne de retraite ni se retirer à temps. La guerre d'Aragon était, quoi
qu'en dise M. Lecoy, une grosse faute politique de la part de Phi-
fippe 111, et on ne voit pas quel parti, au gré de l'auteur, le roi
d'Aragon, qui se trouvait en élat de légitimedéfcnse, eût dû prendre.
Lui imputer la responsabilité de cette guerre fratricide (p. 219)
parait bien osé, et dire r|ue la campagne de 1283 ne fut pas sans
gioirepourrarméefrançaise, c'est jouer singulièrement sur les mots.
Celte préoccupation vraiment excessive dépare également les cha-
[dtres suivants, où M. Lecoy explique comment Philippe le Bel,
abandonnaot les projets impoliliques de son père, laissa la guerre
Kitre la France et l'Aragon se ralentir et s'employa uniquement à
bire rendre au roi de Majorque ses Étals héréditaires; était-ce là,
comme le dit M. Lecoy (I, p. 2S3), abandonner l'allié Adèle de la
FruDce? Après de longues négociations fort laborieuses, et grâce à
l^ppui constant de la papauté, Philippe obtient ce résultat vraiment
mnaniuable (I29J) et peut, délivré de tout souci du côté de ses
proirinces méridionales, s'occuper des affaires d'Aquitaine et de
Flandre. Les suites déplorables de la malencontreuse expédition de
1285 se trouvent dès lors entièrement effacées, résultat considérable
M qui prouve l'habileté du nouveau roi de France.
Les années suivantes sont plus tranquilles. Jacques, puis son (Ils
et successeur Sanche, restent fidèles à l'alliance française tout en
■Tft BDLtETIS nt&TORtQUe.
s'opposant éner^quemenl aux usurpations des offlons raymK i I
Montpellier. Sandie a pour successeur, en i 324, son neveu Jac(|uefl ;
le roi d'Aragon essaie, il est vrai, de s'opposer à l^av^-ncmenl de cal
enfant, mais la cour de Krance l'oblige à renoncer à loule velléité
ambitieuse, et le jeune prince régoe paisiblement sous la tutelle
de son oncle Philippe jusqu'en 4335. Inutile de raconter comment
la légèreté de Jacques 11 de Majorque et l'ambition de son cousin,
rartiflcieux Pierre IV, amènent un peu plus lard la dispanUon du
royaume de Majorque ; un article publié dans le temps ici m6me a
donné un exposé sommaire de ces événements'. M. Lecoy les raconte
à son tour plus on détail, non sans une certaine passion contenue,
el en oubliant trop souvent que, si le roi d'Aragon montra de la per-
fidie, son malbeureux cousin n'était pas exempt du même début.
Pierre le Cérémonieux est à coup siîr profondément antipathique,
mais sa victime mérite à peine qu'on la plaigne.
Le livre V et dernier est intitulé : Revendieation de la swxeuion
de Majorque par te duc d'Anjou, frère de Charles V. Jacques U
avait laissé deux entants, un flis nommé comme lui, qui périt en
<375, et une lllle Isabelle, qui épousa en premières noces le mar-
quis de Hontferrat. Cette princesse, qui ne put jamais obtenir le
payement intégral des sommes dues à son père par la couronne de
France pour la cession de Montpellier, cherchait partout quelqu'un
a qui vendre ses droits sur les Baléares et le Roussillon. Elle trouve
à point nommé le frère de Charles, Louis d'Anjou, prince ôlégant,
brillant capitaine, mais télé faible; au lieu de poursuivre ses pre-
miers succès contre les Anglais, ce duc se prend, vers 1375, d'un
bel amour pour les expéditions aventureuses, perd son temps en
ambassades ridicules et épuise d'impôts le pays conflé à sa garde.
M. Lecoy ne cache point son admiration pour les projets du prince.
« La conception politique de Louis d'Anjou, dit-il, était vraiment
grandiose. Elle consistait à reconstituer â son profit le royaume de
Majorque, récemment démembré, en y comprenant, s'il était pos-
sible, Montpellier et sa seigneurie; ce qui, avec la Provence, dont il
se proposait de se rendre maître, eût formé, le long des côtes de la
Méditerranée, de l'Espagne â l'Italie, une ligne presque ininterrom-
pue de territoires reliés entre eux par une grande afllnité de race et
de langage, et amené par la suite la formation d'un État maritime
de premier ordre » (II, 1«0). Pour conquérir Majorque el le Rous-
sillon, il fallait recommencer l'expédition de 1285 et créer ime
marine ; Charles V n'avait jamais témoigné le moindre désir de céite i
t. Hevat historique, 1. XXIV, p. 2t9.
■
niNCE. H7
MoDtpollier à son IVère; enfin Louis d'Anjou ne devait conquérir la
Provence que beaucoup plus lard. Saur ces quelques diOlcuItés de
délail, les projets de Louis d'Anjou étaient des plus pratiques i une
fois le royaume créé , il aurait encore eu à feire vivre en bonne
intelligence des Catalans, des Provemaux et des Languedociens,
c'est-à-dire des ennemis héréditaires. M. Lecoy nous pardonnera
celte comparaison irrévérencieuse, mais le duc d'Anjou et la plupart
(les princes de ta maison de Valois nous rappellent le célèbre Picro-
cholc, de facétieuse mémoire. Ds négligent la guerre anglaise, affaire
(le vie ou de mort pour le pays, et dépensent en croisades ridicules
ou en expéditions impolitiques leurs meilleures ressources, M. Lecûy
regrette, au point de vue de l'intérêt du royaume, que Louis I" ne
soil pas parvenu à posséder tous les pays sur lesquels il aapiit des
droits ou émil des prétentions (II, p. 189). Qu'en eût fait la France,
grand Dieu! I.ies guerres d'Italie un peu plus lard n'ont-olles pas
sufQsamment épuisé le royaume? C'est là, en quelque sorte, du
chauvinisme rétrospeclifi quelle idée bizarre d'admirer les chimères
politiques de ces princes, qui, ayant peine à défendre leur propre
patrimoine, révent sans cesse de dépouiller autrui !
On sait qu'une grande partie de l'ancien Trésor des chartes de Lor-
raine est aujourd'hui conservée à Paris, à la Bibliothèque nationale;
on y trouve notammenl un certain nombre d'inventaires des meubles
et joyaux de la maison ducale. L'inlérêl de ces documents, princi-
palement pour l'histoire do la tapisserie, a été signalé tout récem-
ment par MM. E. Muntz et Emile Molinier; la Société d'archéologie
lorraine, continuant la publication do son recueilde documents, inter-
rompue depuis 1870, n'a pas jugé inutile de leur consacrer un volume
entier'. Préparé en grande partie par M. Charles Gotot, il renferme
vingt inventaires d'armures, de meubles, de vaisselle, de bijoux, de
munitions, etc.. des années 1530-1606. Les archéologues trouveront
dans ces documents beaucoup de renseignements utiles, et de leur
c&té les historiens y noteront des détails intéressants sur la vie des
grands seigneurs du xti» siècle. L'annotation du volume porte prin-
dpaiement sur les noms d'hommesel de lieux ; les éditeurs ont, du
reste, dressé un court glossaire des principaux termes techniques
nlevéa par eux dans ces textes.
La collection de tapisseries des palais lorrains était parlîculière-
meiil précieuse; cette remarque justifiera l'annonce dans le présent
I. ReeueU d'inventaires lUi dua de Lorraine. Manc;, Wiener. IS9I, in-8',
1X111-376 p. Le prochain volume, dès i préaetil en Bou«<:ri|itluB, renferme» le
regesle du 4uc Ualtiieu 11, préparé par feu L. de Mgriére.
jÉ
44S BHUBTIN HI8T0RIQUI.
bulletin du livre de M. E. Gebspagh sur la Manufacture des Gabe-
lins\ Sur Thistoire de cet établissement, les pièces qui y ont été
exécutées, les règles suivies durant trois siècles, enfin sur la
technique de Tart de la tapisserie, on y lira beaucoup de rrasd-
gnements curieux empruntés pour une bonne part aux archives
mêmes des Gobelins. M. Gerspach condamne avec raison des tradi-
tions regrettables trop souvent suivies, et rappelle que la tapisserie
ne doit pas être un tableau en fil de laine, mais une tenture, une
décoration. Il ne semble pas, au surplus, qu^aux Gobelins plus qu'à
Sèvres ces principes essentiels soient encore aujourd'hui toujours
parfaitement observés.
Histoire localb. — Dans la plupart des villes de France existaient,
avant la Révolution, des confréries militaires d'arbalétriers, d'archers
ou d'arquebusiers, reste des anciennes milices municipales. M. l'abbé
0. Bled nous envoie ï Histoire des arbalétriers de Saint-Omer, dits com-
pagnons ou chevaliers de Saint-Georges^. La date de fondation de cette
confirérie n'est pas connue; il est probable que, dès le iiip siècle, les
arbalétriers de Saint-Omer formaient une corporation, et les actes
parlent souvent de gens de trait envoyés par la ville aux assemblées
militaires du pays. Toutefois, le nom du saint patron adopté par ces
arbalétriers donne à croire que la confrérie s'organisa définitivement
au temps des premiers ducs de Bourgogne de la maison de Valois,
ces princes ayant eu, on le sait, pour saint Georges une vénération
toute particulière. Le mémoire de M. l'abbé Bled renferme des détails
Intéressants et parfois pittoresques, empruntés aux riches archives
municipales de Saint-Omer, sur les fêtes et la vie intérieure de la
corporation. Au xnii« siècle, les assemblées étaient surtout une occa-
sion de banquets, et le rôle militaire des compagnons de saint
Georges avait depuis longtemps pris fin; ils formèrent en 4790,
après quelque résistance, la première compagnie de la garde natio-
nale de Saint-Omer.
V Histoire de Bét hune, parle chanoine E. Goixir', est un ouvrage
posthume ; l'auteur est mort avant d'avoir achevé l'impression du
second volume. IV est un travail étendu, trop étendu même, et qui
aurait gagné à être un peu condensé. Le premier tome renferme
l'histoire de Béthune depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos
jours> le second une élucte sur les institutions de cette petite ville et
la vie sociale et économique ; c'est de beaucoup la meilleure partie
t. S«iuKHiier» d UoniooK. tîit^» i»^$\ t^ p.
nincE. 14V
lie l'ouvrage. On y trouvera, sinon une élude critique sur lea origines
Je la commune de Béthuoe, du moins des détails assez intéressants
sur le ronctionnement des institutions municipales de celte ville
luranl les derniers siècles de l'ancien régime, sur les recettes et les
dépenses de la ville, les forlilications, les confréries et corporations,
les IStcs populaires et religieuses, les écoles, enfin les maisons rell-
{ienaes. Ces renseignements étant en général empruntés aux archives
nunicipaies, l'auteur a dû forcément, pour les temps anciens, Atre
[leu explicite. Il est assez complet pour le un' siècle et les deui sui-
raols, et l'eiposé qu'il trace de la vie publique et sociale à Béthune
à cette tSpo(|ue est curieux et se laisse lire avec intérêt.
L'Université de Uouai fut fondée, au milieu du xri' siècle, par
Philippe II; M. G. Cardon, ancien élève de l'École normale supé-
rieure, vient de consacrer à cette affaire un gros volume qui, malgré
quelques longueurs, ne manque pas d'intérêt*. Les doctrines pro-
testantes apnt gagné la pluiiart des centres d'étude de TEurope
occidenlAle, les rois d'Espagne avaient à cœur, non moins que la
cour de Rome, de garder la jeunesse studieuse de la contagion. Sévè-
rement surveillée, l'Université de Louvain assurait aux étudiants
thiois des Pays-Bas un enseignement absolument orthodoxe; mais
les habitants des pays wallons, de langue française, éprouvaient
fuelque répugnance à confier l'édticatian de leurs enfants à des
aatlres étrangers; tout naturellement ils les envoyaient à Paris et à
trléans, centres peu orthodoxes et turbulents. La nouvelle Univer-
ilé de Douai devait donc être comme une forteresse élevée contre
es Dooveaulés venant de (l'rance. Louvain sait fort habilement se
réserver de cette concurrence laot que vit Charles-Quint, mais,
elul-ci disparu, Douai revient à la charge, le magistrat obtient l'ap-
nit du cardinal Granvelle et, le 6 janvier 4 560, Pie IV fait expédier
a bulle de fondation, si impatiemment attendue par la cour d'Es-
lagne «t par le gouvernement de Bruxelles. La ville de Douai s'im-
Ktse à cette occasion de grands sacrifices pécuniaires; le gouveme-
neiït royal oblige les abbayes du pays à souscrire à la nouvelle
bodalion, et bientôt les cours s'ouvrent. Sur toul«s ces longues négo-
ïiations, M. Cardon a réuni beaucoup de curieux renseignements,
qu'il expose un peu longuement peut-être. La suite n'est pas moins
Intéressante. Une fois runiversité fondée, on s'ingénie à y attirer
des élèves et à leur trouver des professeurs. On réussit sur tous les
points ; les étudiants de langue française affluent à Douai ; des col-
lèges se fondent, richement dotés; Douai devient le centre d'études
I. La Fondation de l'Univertile île Douai. Paris, Alcao, ia-8*.
t-S43 |>.
^2Ù BULLSn!! nSTOtIQUI.
des Anglais catholiques que la Réforme a chassés de chez eux ; enfin
de savants théologiens, des juristes consommés viennent s'y instal-
ler. Sur chacun de ces mattres> Tauteur a réuni beaucoup de ren-
seignements intéressants, puisés aux meilleures sources; il étudie
ensuite l'organisation intérieure du nouveau corps, calquée sur celle
de rUniversité de Paris, et il insiste avec raison sur le caractère
rigoureusement orthodoxe de renseignement. Former des théolo-
giens absolument dévoués aux doctrines romaines et ennemis de
toute nouveauté, des juristes attachés aux traditions, tel est Pobjet
que se proposent les nouveaux maîtres. Us réussissent, et le niveau
intellectuel des classes bourgeoises dans les pays wallons se relève
sensiblement ; mais cet enseignement reste bien sec et tout forma-
liste. Partant, aucun progrès possible, toute nouveauté fiût horreur
à ces maîtres routiniers. Aussi, M. Gardon le fait remarquer en
terminant, si la nouvelle Université renferme beaucoup d'élèves,
elle n^a pu retenir nombre d'étudiants plus aventureux et d'esprit
plus libre, qui s'en vont, en dépit des édits, chercher dans les écoles
firançaises un enseignement plus vivant et moins attaché à la règle;
le but que les fondateurs du nouveau studium se sont proposé n'en
a pas moins été atteint : Douai joue dans la partie w^allonne des
Pays-Bas le rôle de Louvain dans la partie thioise et contribue puis-
samment au rétablissement et à la conservation des croyances
catholiques. Au point de vue scientiflque, son rôle restera toiyours
plus effacé.
V Histoire de Beauvais et de ses institutions cùmmunales jfuqyfam
commencement du XV* siècle, par M. Libiicdb^ est une thèse de
rÉcole des chartes; elle fait honneur à la fois à Fauteur et aux
maîtres dont il a reçu les leçons. L'ouvrage, tel qu'il est publié, n'est
pas sans défauts, et il eût gagné à être resserré et récrit en partie;
la forme laisse trop souvent à désirer; il n'en représente pas moins
un effort considérable, repose sur des recherches étendues, et Fau-
teur est au courant des nouvelles théories sur les origines des muni-
cipalités du nord de la France. La commune de Beauvais s'est for-
mée lentement, par développements successifs; elle ne sort pas
d'une insurrection victorieuse ; elle n^est point le fruit d'une con-
cession gracieuse du souverain. L'évêque de Beauvais, dès le début
du XI* siècle, est maître et seigneur dans sa ville épiscopale et ne
relève que du roi; mais les bourgeois jouissent déjà de certaines
libertés, de certains privilèges qui, peu à peu, se préciseront, pren-
dront corps et se fixeront dans des chartes de coutumes. La royauté
1. Paris, Picard, 1892, gr. in-8% zziu-381 p.
rFuncB. AM
ne joue aucun rôle actif dans ce lent développement ; au xui* siècle,
son intervention, sous saint Louis Dotamment, est plut5l violente
' et maladroite i plus tard, devenue plus habile, elle soumet la bour-
geoisie de Beauvais à des persécutions savantes et bien conduites, qui
doivent â son gré amener la ruine de la commune et l'abandon des liber-
I lés par les habitants. A Beauvais, ce rësullat est plus lenL à venir
qu'ailleurs, et, jusqu'au ivn* siècle, la ville gardera quelques-unes
de ses franchises. Mais, dès le %if, rautorité royale a pris pied dans
la cité et, sous préleite de réformer les abus, elle a mis des entraves
[ au libre exercice du gouvernement cotnnnuDal. Sur toutes ces ques-
tions, sur le fonctionnement de la commune durant deux siècles,
j sur les droits respectifs des pairs et de l'évêquo, on trouvera dans le
livre de M. Labande beaucoup de très curieux renseignements. On
peut citer entre autres le chapitre sur le développement du pouvoir
épiscopal ; l'auteur montre fort bien comment il naît dès lo ix* siècle
I «t comment le prélat parvient, au xi", à évincer le comte. Dès
' cette époque, M. Labande le suppose, l'évêque de Beauvais aurait
j àè pair de France; le fait est possible, mais, sur l'inslUution de la
pairie, on a bien peu de témoignages avant la fin du xii' siècle.
La fievue publiera prochainement un article de M. Lot qui précise
la date à laquelle prit naissance la conception, plus liLtéraire qu'his-
torique, des douze pairs.
Si, dans la grande querelle des Investitures, la plupart des évoques
«mbrasserent tout naturellement la cause du souverain pontife,
^quelques-uns, et non les moins connus, se rangèrent au contraire
sous la bannière de l'empereur. L'ua des plus connus de ces
«lemiers fiil Thierry le Grand, évéque de Verdun, dont M. l'abbé
<iiBKiEL vient, sous le titre de Verdun au XI' siècle, de retracer la
biographie'. Il occupa le siège épiscopal durant près de quarante et
uoans (1047-1088) et employa ce long laps de temps à des luttes
continuelles contre les comtes de Verdun, les trois Godefroi. Parti-
san dévoué de l'empereur Henri IV, il ménage sa réconciliation avec
le pape à Canossa et n'hésite pas, quelques années plus tard, à
écrire en faveur du souverain allemand un pamphlet virulent contre
Grégoire VII. Thierry est évèque et sait défendre les droits de son
église, mais il n'oublie jamais qu'il a prêté serment de fidélité à
l'Empire, et, dans une lettre célèbre, il ose rappeler à Hildebrand
lui-même les accusations dont ce pontife est l'objet de la part de
beaucoup de prélats. L'ouvrage de M. l'abbé Gabriel se laisse lire
I avec intérêt, mais il aurait gagné à être un peu plus documenté; on
I. Verdun, ReuveULalIemaDd, 1S92, in-8-, 519 p.
422 BCTLLBTIN nSTORIQUB.
ne peut plus aujourd'hui, quand on parle de la querelle des Invesli-
tures, se contenter de vagues renvois à des chroniqueurs plus oq
moins contemporains : il faut consulter les ouvrages des nombrem
érudils qui ont écrit sur la matière. Sans imposer à Tauteur la lec-
ture des livres parus en Allemagne, on peut lui signaler le remar-
quable travail de M. Tabbé Delarc sur Grégoire Vil; ilyauraittroinè
beaucoup à prendre.
Nous avons annoncé précédemment le premier fascicule des Ree-
tifications et additions à l'histoire de la ville et de tout le diocèse
de Paris de Lebeuf, par F. Bodrxox; le deuxième vient de paraître*.
On y trouvera des renseignements nombreux et détaillés sur diverses
paroisses de Tancien Paris; d'abord Saint-Sulpice et les établis-
sements existant sur le territoire de cette église; c'étaient principa-
lement des hôpitaux et des couvents, peu de maisons d'instme-
tion. Puis Saint-André-des-Arcs (notice très complète et très neuve),
les Cordeliers, différents collèges de la partie occidentale du quartier
latin. Viennent ensuite Téglise Saint-Laurent et ses annexes; od
peut citer à la suite un long chapitre sur Saint-Lazare, un autre sur
Saint-Ëloi, d'abord abbaye de femmes, puis prieuré d^hommes, enfin
maison conventuelle de Barnabites. Suivant toujours Tordre assez
bizarre adopté par Lebeuf, M. Bournon s'occupe ensuite du quartier
Saint-Paul [Sainte-Catherinc-de-la-Couture, hôtel Saint-Paul, Céles-
tins, couvent de l'Ave-Maria, église Sainte-Marguerite, abbaye Saint-
Antoine). Un peu plus loin, on doit citer une bonne notice sur la
célèbre abbaye de Saint- Victor; l'auteur aurait pu développer œ
qu'il dit de l'école théologique de cette illustre maison. Le fascicule
se termine par quelques notes sur le Dit des rues de Paris, de Gnil-
lot, publié jadis assez inexactement par Lebeuf. Signalons enfln la
reproduction d'un vieux plan des quarante-deux paroisses de Paris,
qui permet de se rendre compte des anciennes divisions de cette
ville, suivies scrupuleusement par l'abbé Lebeuf dans son exposé.
Un troisième fascicule, dès à présent sous presse, renfermera l'ait-
cienne banlieue de Paris, aujourd'hui comprise dans Penoeinte fbr-
tiflée.
L'Histoire de Saint'Étienne-dU'Rouvray, par MM. Jean Rohdiaui
et P. DucHEMix^, ne présente que peu d'intérêt au point de vue
général. On connaît assez mal le sort de cette localité, aujourd'hui
importante, durant le moyen âge. Toutefois, sans parler de nom-
breux détails sur Thistoire contemporaine, on trouvera dans le livre
1. Paris, Champion, in-8% 245-430 p.; plan.
2. Rouen, Lestringant, 1892, 39t p.
PUHCB. i 23
I. DQctieiniii un curieux tableau, Iracé sans prétention, de Tfaîs-
le petite localité durant la Révolution française ; nous recom-
s notamment les paragraphes relatife à la sociélé popu-
innie exercée par elle sur les habitanta paisibles,
oit pas d'excès bien notables, mais elle se montra tra-
u demeurant insupportable. 11 suFftt de se rappeler que la
Bcommunes de France Turent soumises à ce régime durant
Bde deux ans, pour comprendre que le nom de Républlgue soit
IJ >l longtemps en exécration. L'ouvrage de M. Duchemin pré-
Bole su demeurant un réel intérêt pour tous ceux qui cherchent à
Donallre non seulement l'histoire eitérieure, mais aussi l'histoire
ilime de notre {lays.
M. l'abbé Ul. GHEriLiER a repris la publication des carlulaires
huphinois, commencée depuis si longtemps. La deuxième livraison
u tome VI ' reiirerme la table de la Diplomatique d<s Pierre de
, recueil, en deux volumes, de 229 actes des années 542-
1176, (ous relatifs à une partie du sud-est de la France (Oauphiné
tSiTOie). L'éditeur indique pour chaque acte les ouvrages où il a
n et publie en appendice le texte de ceux qui sont restés inédits.
)o T trouvera un plaid de 814, quelques actes du x' siècle et plu-
t diplômes do Frédéric Barberousse; beaucoup des actes sont
lés par M. l'abbé Chevalier d'après les originaux,
ï. l'abbé Alis a foil paraître, il y a quelques années, une mono-
(nphie de la petite ville An Mauvezin; aujourd'hui, il doune au
ubtie une Histoire de la rille et de la baronnie de Sainle-Boseitle' ,
à nouH a paru fort bien faite. L'auteur expose simplement les
kits, dont il s su faire une bonne récolte dans les archives de la
DnUDune pour tes temps modernes, dans les ouvrages imprimés
irle moyen âge. On ue sait rien de positif sur l'origine de la
ile ville de Saiute-Bazeille. Habitée dès le temps de la domination
ne, celte localité reçoit, vers le x" siècle, lu nom qu'elle porte
ajourd'hui; l'histoire de sainte Bazeille est d'ailleurs purement
^mdaire, et on n'a aucun renseignement Bur la vie de cette mar-
bre. Lua premiers seigneurs de Saiute-tlazeille sont les Mérondea,
lialii domaine passe aux mains des Caumont et des Lisle-Jourdaia,
t la Tille joue uu rOle important dans les guerres franco-anglaises,
^peu plus tard, aux Caumont succède leur allié Bérard d'Albret;
sqnée sur Charles d'Albret, la seigneurie est donnée par Louis XI
Alain le Grand, passe ensuite aux Bourbons et est réunie à la cou-
ftomu», R. Sibilat, in-S'.
Agcn, Micbel et Uëdan, 1892, ÎQ-S-, 11.607 \-.
424 BULLiriH HISTOEIQUI.
ronne sous Henri lY . Enfin elle est de nouveau détaebée du
royal par Louis XIV, qui donne le duché d'AIbret aux BouiDotA
échange de la principauté de Sedan et Rauoourt. Sur la vie aodili
dans cette petite ville durant celte longue période, le mouvemoA
de la population, l'état du commerce et de l'industrie, on troufen
dans Touvrage de M. Tabbé Ails une foule de renseignements carieo
puisés aux bonnes sources. C'est de Thistoire locale précise et nm
prétention * .
La famille des Guillem, seigneurs de Glermont de Lodève, dod
M. E. MiRTix a dressé à nouveau la généalogie', apparaît pour!
première fois vers la fin du xi* siècle, mais on n'a quelques détaili
sur elle qu'au siècle suivant Elle descendait vraisemblid[)Ieoieiit d
quelque viguier carolingien qui avait su rendre sa charge héréA
taire. Les Guillem jouent un rôle assez e£Ekcé jusqu'à la guerre do
Albigeois, mais, dès la fin du xiii* siècle, ils sont les premiers baron
du Lodévois, et Pun d'eux, Bérenger V, épouse une fille de Goil
laume de Nogaret. Cent cinquante ans plus tard, la branche maseo*
line s*éteint ; le nom et les armes sont relevés par les seigneurs A
Caylus-Gastelnau en Quercy. Les nouveaux maîtres de Glennonl
sont fréquemment employés par les rois de France dans les affîùre
publiques ; l'un d'eux est longtemps lieutenant d'Anne de Montmo-
rency en Languedoc, et le frère de ce Pierre de Gastelnau devieni
cardinal ; enfin, au xvii* siècle, ils ont le triste honneur de compta
parmi eux le fameux marquis de Saissac, le tricheur le plus audaciem
de la cour du grand roi, où pourtant Ton en comptait quelque»
uns. Au x?ni*, la seigneurie de Glermont passe aux Ghevreose
Élégamment imprimé, le travail de M. Ifartin renferme beaocoq
de renseignements nouveaux sur l'histoire de la province de Lan-
guedoc ; en appendice, on trouvera quelques chartes inédites inté
ressaut la commanderie de Nebian, de l'ordre de Saint-Jean d
Jérusalem.
L'Université de Perpignan avait été réorganisée et restaurée ai
cours du x?in* siècle'. Les commandants de la province de Ronnil
Ion, MM. de Noailles et de Mailly, s'étaient évertués à en augmenti
la dotation, avaient Sût créer de nouveaux cours, et, sans
1. Citons, comme assez intéressante poar l'histoire da second Empire, la ea
respondance des généraax Lamoricière et Consin de Montaaban avec le gèaèr
Bentzmann ; M. l'abbé Alis en donne de longs extraits en appendice.
^2. Chronique et généalogie des Guàllem^ seigneurs de ClerwunU^ par Bne
Martin. Marseille, BarlaUer, in-8*, 235 p.
3. VUniversiié de Perpignan avant et pendant la Révolution, par M. l'aM
Ph. TorreiUes. Perpignan, Latrobe, IS92, in-8*, 114 p.
• ESPACHB.
425
tier ibsotumenl à ce que nous appelons aujourd'hui l'enseîgne-
EienHupéricur, les cours de celte Uaiveraité étaient plus élevés et
plu* sf riftui (]ue ceux des Ijcées de nos jours. On eût jiu la rêfor-
mtt, muis la suppriintir, comme on le lit en 4793, était uue grave
imprudence, d*aulanl plus qu'on ne mit rien à la place. Les suites
<e wlle suppression ont été en somme lamentables ; le clergé a
tté k plus atteint, mais la classe bourgeoise elle-même y a perdu
lliidiitude des hautes études et de là lant de conséquences funestes
quun écrivain illustre mettait tout récemment eu pleine lumière.
De; conséquences, M. Tabbé Tok&eilles les indique discrètement;
«lt^ uliercher à grandir le rôle de l'Université de Perpignan, il
^'iTi'i le a juste titre qu'on ait supprimé brutalement le seul endroit
où lus hautes études étaient en honneur en Roussillon, et on ne peut
que ^'associer à ses regrets ; dans cette partie de la France comme
ailleurs, si la Révolution a péché surtout par imprévoyance, le pre-
mier Kmpire a travaillé sysLémaliquemcnt et avec quel succès, on
lésait, u l'abaissement intellectuel des classes dirigeantes.
A. HOLUIIEE.
DocncNTS. — Les publications de documents inédits ont été peu
ibudantes pendant l'année 1891. Les travaux historiques suscités
tB le centenaire de la découverte de l'Amérique ont motivé plulàt
*« réimpressions de Uvres qu'on trouvait rarement dans le commerce
(tque Ires peu de personnes pouvaient, par conséquent, consulter.
Ceal aéanmoins un grand service rendu à la science historique.
U Colcixiàn de documenloi inéditos para la Historia de Espaîia
I publié trois volumes : le tome XCIX contient la Relation de Vin-
sur la campagne de Flandres de J697 et le commencement de
b Chfnmiqve du roi Jean II de Castille par Alvar Garcia de Santa
"iria; celte chronique est continuée dans le tome C; enfmle tome Cl
rne le second volume de la Correspondance des princes d'Alle-
»gne avec le roi Philippe II et des ambassadeurs de celui-ci à la
w Je Vienne (1558-4598],
U Qoleeeidn de documento-t inédUos relalivos al descubrimienlo,
■Mfwifa y oTffanisaciôn de ias anliguai posesiones espaiiolas de
Vlinmar s'est augmentée d'un sÎKième volume, qui est le troisième
426 BULLETIlf HinORIQUV.
concernant Tile de Cuba. Le Mémorial hislârico espaiiol, ooiiimaieè&
y a longtemps par rAcadémie de Thistoire, est arrivé à son vol. XXIfl,
quatrième de l'importante Chronique de Miguel Pftrets relaUTe i
« los muchos sucesos dignos de memoria que han ocurrido en Bu>*
celona y otros lugares de Cataluûa, > pendant les années 4€2$-lMI.
Ce volume contient en appendice 224 documents inédits reeooUb
par le directeur de la publication, Tacadémicien M. Poiol t Gim,
malheureusement enlevé par la mort, il y a peu de temps, aux tn-
vaux historiques. M. Balaguer, ex-ministre des colonies, a été ciargi
de continuer son travail.
La Bihliotheca arabico-hispana en est arrivée au tome VII, qm
est le premier du Dictionarium biagraphieum ou Histcria monm
doctorum Andalusiae de Aben Alfaradhi. Le texte arabe est paUiè,
mais sans traduction.
La Riblioteca gallega en est au tome XXV, avec la reprodoction
de Touvrage pui)lié en 4 84 4 par le colonel D. Manuel Garda dd Ba^
rio, sur les a Événements militaires de Galice en 4809. »
Dans une nouvelle « Collection de livres rares et curieux relatif à
TAmérique, » on a donné la Verdadera relacion de la eonquista dd
Perû, écrite par Francisco de Xcrez, secrétaire de Pizarre, d'après
la première édition faite à Séville en 4534. Le second volume de
cette Collection contient Touvrage du P. Cristobal de Acuûa, Nwc9
descubrimiento del gran rio de las Amazonas; les troisième et qua-
trième, celle de Diego Andrés Rocha, Origen de los Indios del Périt
Mejico, Santa Fë y Chile.
Mn fait de réimpressions, on peut citer encore les Didlogosdek
vida del soldado, par Diego Nufiez Alba, dans la a Collection de
livres d'autrefois » (Libros de Antafio], Plus importante est la publi-
cation de r « Histoire (inédite) du Nouveau-Monde, » par le P. Ba^
nabé Crespo, due aux soins de la Société des bibliophiles andaloos,
et enrichie de notes et d'illustrations par le savant américaniste
M. JiMBNEz DE L4 EsPADA. Ou remarquera aussi le volume XX de b
Colecciân de libros espafioles raros 6 curiosos, intitulé Pio /Ff
Felipe II; il se rapporte aux dix premiers mois de Tambassade de
D. Luis de Requcsens à Rome (4563-4564).
Finalement, on doit signaler le volume XVII des « Actes des Cirtes
de Castille, » qui renferme la lablo analytique des tomes XII à XVI,
et rédition polyglotte (en espagnol, en portugais et dans les dialed»
de la Péninsule) des Actes du troisième concile de Tolède.
Bibliographie. — Citons d'abord la Bibliografia madrileha 6 d^
cripcién de las obras impresas en Madrid (xvi* siècle), par M. Pnfl
Pastor; le « Catalogue (très riche et documenté) biographique et
ESPAGNE. 127
bibliographique des auteurs porlugais qui ont écrit en espagnol, ■>
jvtr M. lîâarji Pesez ; le volume 11 du < Catalogue des împriniès de
BiblioLtiêi]ue colomblne, ■ avec des noies, par M. S. Akboli et
SiiQ(tnuRLi Rosi; la* Collection biographique et bibliographique
iODCemant la province de Zaraora, ■ par l'inratigabie investigateur
[. t'ernandcï Ocao; et la Itesena de los incunables que posée ta
^Miùteca pùblica de Mahon, par M. Roub*. Ces incunables soot&M
lombre de 60 avec date, el de 23 sans date. Le plus ancien est de 1 475.
Plus importants sont les deux ouvrages auxquels j'arrive oiainle-
aaot. Le premier est une « Monographie sur les refrains, adages et
^verbes castillans, » comprenant un catalogue des ouvrages qui
sont occupés de ce sujet. L'auteur, M. Sbisbi, est un spécialiste
ns cette matière, et il a su réunir une liste de livres très copieuse
très variée; il en cite beaucoup, il est vrai, qui ne sont pas des
raitéa spéciaux sur les rerrains, mais qui en parlent incidemment,
1er exemple des grammaires, des romans, etc. Le Catalogue est pré-
édà d'un discours où M. Sbarbi étudie avec beaucoup d'érudition le
(Sntclère, Timpcirtance et l'emploi des refrains. Le tout forme un
3au volume in-folio de -Il 2 pages, qui a été publié aux frais de l'État.
La même distinction a été accordée au livre de M. Picatohte, qui
pour titre : a Notes sur une bibliothèque scientifique espagnole du
m'siède. » L'auteur examine 1,007 ouvrages sur les mathématiques,
'arobitecture, l'astronomie, l'astrologie, la géographie, la cartogra-
phie, les sciences naturelles, les arts et métiers et la milice ; il les
léerit avise ud soin minutieux et ajoute parfois des notices biogra>
sur les écrivains el des détails sur les élablissements d'en-
nigDemenl de l'époque mentionnée. M. Picalosie Iqtii vient de mou-
lir) a compris dans son catalogue les ouvrages portugais et les
ttproductioos et traductions faites à l'étranger.
Voilà tout ce que je puis indiquer, exception faite des documents
dans les revues el de ceux de la Casa de Osuna, dont a déjà
la Hevue M. Morel-Fatio.
DircBs, — Le centenaire de la découverte de rAmériquo
il jusqu'à présent, sauf les livres dont j'ai parlé dans le bul-
de 1890, qu'une ■ Histoire de Christophe Colomb, >>par D. José
AsBXBto, écrite spécialement pour accompagner une publication
ixe, ornée de nombreuses gravures et de cbromoLthographies,
à vrai dire, ne sont pas toujours à louer au point de vue de
et (le la vérité archéologique. L'ouvrage mérite néanmoins d'être
«iftout à cause des nombreux documents publiés à la Qn de
et des appendices où l'auleur a èludié trois questions
: la famille de Colomb, les dépouilles de Colomb et les
42S BULLBnn HtSTOUQin.
portraits du grand voyageur. Parmi les documents, on peut signa-
ler les Instructions données à Margarit, les lettres et pa^ners sur
la réyolte de Roldan, les lettres adressées par les Franciscains aa
cardinal Gisneros, celles de Colomb à son fils et son testament Dans
rinlroduction, M. Asensio a consacré une étude critique, bien qœ
très brève, aux sources concernant Tbistoire de Christophe Colomb.
Le P. Ricardo Cappà a continué ses « Études critiques sur la domi-
nation des Espagnols en Amérique » avec un volume, moins impor-
tant que les précédents, sur « Tlndustrie » dans nos colonies amé-
ricaines.
Cette pauvreté des publications espagnoles sur un sujet aussi
intéressant pour notre patrie est due (si l'on néglige ce foit que les
spécialistes sont peu nombreux) à ce que VAteneo de Madrid a orga-
nisé une série très complète de conférences sur la découverte de
rAmérique, auxquelles ont pris ou doivent pmidre part presque
tous ceux qui s'occupent de cet ordre d'études, sans oublier ceux
qui, à cette occasion, devaient faire leurs débuts de conférenciers.
Ces conférences vont être imprimées et formeront deux volumes,
que je m'empresserai de signaler aux lecteurs de la Revue historique.
L' « Histoire d^Espagne, » dont j'ai parlé dans le précédent bulle-
tin, n'a pas beaucoup avancé depuis lors. MM. Yilàhova et Rida t
Delgàdo ont fini la première partie du livre consacré à la géologie de
la Péninsule ; elle occupe 268 pages sans aucun rapport avec l'histoire
d*Espagne. Quant aux spécialistes, ils ont en médiocre estime ce
travail, qui n^a pas assez d^exactitude scientifique et surtout de sens
historique. La Préhistoire commence par une Introduction sur les
origines, les progrès et Tétat actuel de cette science (24 pages), suivie
de 442 pages sur la préhistoire en général; c'est un hors-d'œuvre
qui, en outre, est très imparfait. La préhistoire ibérique commence
à la page 445 et comporte encore une Introduction historique (42 p.),
puis viennent l'époque de la pierre taillée et les périodes du cuivre,
du bronze et du fer. Parmi d'autres détails, il faut dire que Tauteor
soutient l'authenticité des peintures de la grotte de Santillane.
Pour « les Premiers habitants historiques de la Péninsule, »
M. F. Ferivandez t Gonzalez a seulement ajouté 85 pages à celles que
j'ai déjà examinées. Il faudra donc attendre que Touvrage soit plus
avancé pour en apprécier les conclusions générales. Ces 85 pages
renferment deux chapitres sur les Atlantes et sur l'empire ibéro-
lybien, et le commencement d^un troisième sur les émigrations
ibériques.
M. Rada a entrepris une a Histoire de l'Espagne chrétienne pen-
dant le morcellement de l'empire arabe dans la Péninsule, » c'est-i-
ESPiGHE. 139
dire depuis le roi Sanclio el Mayor de Navarre jusqu'à Alphonse VI
de Castille. Trente-six pages seulement onl été publiées.
M. CoLHKino s'est cliargé des ■ Rois cliréLiens, depuis Alphonse VI
jusqu'à Alphonse XI, on Castille, Aragon, Navarre et Portugal. ■ II
divise son travail, à ce qu'il parait, en deux parties, dont les 292 p.
publiées jusqu'ici no renferment que la première, c'esl-à-dire 1' • his-
toire externe. > Pas une seule note, pas une citation dans toute cette
histoire, qui est simplement narrative, mais peu critique et sans
documealation. L'auteur a nalurellement insisté d'une façon particu-
lière sur l'histoire de la Castille, qui comprend plusieurs chapitres;
celle d'Aragon est traitée dans un seul chapitre, ainsi que l'Ûstoire
de la Navarre et du Portugal.
L' « Histoire de Castille el de Léon pendant les règnes de Pierre I*',
Henri II, Jean 1" et Henri III •> est signée par M. Catiliki Gaucia,
professeur à l'ËcoIe diplomatique (tome I, 26t) pages). 11 commence
par une étude de 38 pages sur les sources, où il annonce qu'il utili-
sera plusieurs documents diplomatiques, dont quelques-uns inédits;
en réalité, son guide principal est la Chroaigue du roi Pierre I" par
Ajala. L'auteur connaît encore, il est vrai, le livre de Schirrmacher
(un livre élémentaire pour de bon) ; il met à profît les actes publies
dans Rymer et les ouvrages de Zurita. Dans les notes, il (^it beau-
coup de citations et domie la copie de quelques documents. A la fln,
il y aura un indei des chartes royales. Le travail de M. Calalina
sera goûté par les érudits, quoique jusqu'à présent il soit composé
d'après l'ancienne manière d'écrire l'histoire, c'est-à-dire qu'il ne
comprenne que l'histoire politique.
L'a Histoire de Charles III » a été confiée à M. Dantila. Confiné
dans les travaux de pure érudition, l'auteur ne paraissait pas très
ijuaUÛé pour cette tâche. Tout d'abord, le titre même semble indi-
quer l'idée que M. Danvila se fait de l'histoire el donne lieu de craindre
Hae son livre ne soit plutôt une chronique royale qu'une histoire
critique de l'Espagne sous Charles lU, c'est-à-dire des idées, des
institutions, en un mot de la vie même de la nation à cette période,
si curieuse et si importante pour le développement de l'Espagne
moderne. Pour le momeal, M. Danvila étudie l'éducation pohlique
du roi, puis la guerre d'Italie (24S pages en total). Il utilise de nom-
hreux documents tirés des archives d'Alcalà et de la Couronne, la
Gasflte de Madrid, la Correspondance de Tanucci, l'Abrégé inédit
du comte de Fernau-Nuûez et la Storia del R. di IVapoli de Colelta.
A ce point de vue, 1' « Histoire de Charles III »es( très importante, et
rile le sera encore plus, si l'auteur met à profit les nombreux docu-
ments, nouveaux et inédits, qu'il dit posséder.
Rbv. Hutob. LL l" FABc. ^
180 BULLETn amoiHHns.
L' c Histoire du règne de Charles lY, » par le général J. Gohb
DE AiTBCHE, est uDe histoire militaire pluiôt que politique. Presque
tout le tome I, déjà publié, concerne les guerres avec la France,
campagnes de 4793-4794 ei 4795, que l'auteur étudie minutieuse-
ment en se servant de documents, parmi lesquels il flwt citer la
Correspondance du colonel Maturana avec le marquis d'Iranda, les
manuscrits du maréchal Horla et des papiers inédits de Jovellanos
sur Campomanès et Cabarrus. 11 dte aussi les articles du P. Delbrel
sur le comte de l'Union. H. Gomez de Arteche rectifie plusiears fbb
les erreurs des historiens antérieurs. A la fln du volume sont impri-
més les documents suivants : autographe de Jovdlanos, note sur
les vaisseaux de Tescadre armée contre l'Angleterre, déclaration de
guerre à la République française (23 mars 4793), conférence d^Iranda
avec Servan et traité de Bâle avec les articles publics et secrets.
En résumé, on peut dire que V « Histoire d'Espagne » est jusqu'ici
tout simplement une histoire politique et plutôt royale. On ne trouvera
rien sur ce qui concerne les institutions, même politiques, ni sur l'art,
la littérature ou les classes sociales, excepté dans Thistoire de la
période visigotbique, dont j'ai déjà parlé dans le bulletin précédent,
et qui n^est pas encore finie. Comme cette partie sera probablement
la meilleure de 1' « Histoire générale d'Espagne, » je me réserve d'eo
parler plus au long et de donner mon appréciation quand les auteurs
MM. Fernandez Gdbbri et Hlio/osâ auront accompli leur tâche.
Ajoutons que les illustrations continuent d'être très fautives et qu'il
n^y a pas toujours de cartes.
L'histoire du droit est représentée par des travaux très impor-
tants. Notons d'abord une monographie remarquable d'un jeune
avocat de Saragosae, M. Sanz t RiMOif , sur « le Privilège des Yingt^ »
un des points les plus importants et plus obscurs de l'histoire du
droit d^Aragon. Le Privilège des Vingt fut donné à Saragosse par
le roi Alphonse V en 4449, après la prise de cette ville; on a
beaucoup discuté sur sa valeur légale et sur la manière d^interpréter
quelques-unes de ses clauses. M. Sanz, qui connaît bien son siqet
et qui Ta étudié d'après les sources et à Taide de documents nou-
veaux ou peu explorés, établit, d'une manière qui semble déoisive,
la pleine légitimité du Privilège, la faculté d'appliquer la peine de
mort qu'il assure aux habitants de Saragosse contre ceux qui
ofTonsont la ville, et les différents modes de procédure, tout en rec-
tifiant les erreurs de Pidal et autres auteurs. L^analyse qu'il donne
du Privilège est très claire, surtout en oe qui concerne la composi-
1. El PrHHlegio de loi VêhUê. Zaragoze, 1891. 1 vol. in-foL de 162 pages.
BSPIGHE. t84
tion du comilÀ des Vingl, des jurés [jurados) el des assemUlées dites
Capitol, Consello el Coneello (celle dernière esl de caraclêre popu-
laire). H. Saoz a fait suivre sa monographie du texle du Privilège en
latin avec une reproduclion en phologravure du documenl qui est
conservé aux archives municipales de Saragosse et qui ne semble
pas être l'original; vient ensuite un extrait du livre intitulé : Acaer-
dos del Capitol y Consello de la Ciudad de Zaragoaa en el ano iiiO,
qui se rapporte à une application du Privilège contre la comniu-
oaatè des villes de Daroca et de Qariûena.
M. Adolfo PosADi, professeur de droit politique à rUniversilé
d'Oviedo, a écrit un résumé très exact et très suggestif à propos des
« Théories modernes sur l'origine de la famille, de la société et do
l'Ëtat, • où il examine les idées de Sumner Maine, de Bachoreu, de
Mac Lennan, de Morgan, de Giraud Teulon, de Lubbock, de Slarcke
et autres. A remarquer dans ce livre les observations critiques de
r&uLeur et ses opinions propres, spécialemenl celles qui concernent
la manière de poser les problèmes scientifiques que soulève son
élude ; par exemple, à la page 46, celui de l'origine de la société el
la discussion sur la famille patriarcale. M. Posada se compte parmi
les adversaires de la théorie de Bachofen.
Sur ce qu'on peut appeler le parlementarisme médiéval en Espagne,
nous avons une livraison de M. Anselmo Silta sur « les Gortea de
1392 à Burgos, <• qui renferme des notices inédites prises sur le
Libro de los fechos del Concejv. Les Côrles dont s'occupe l'auteur
fureot réunies à l'effet de régler les différends nés entre les royaumes
de CasliUe et de Léon, à cause de la minorité du roi Henri III.
L'obscur problème qui a pour objet les premiers habitants de
l'Espagne est toujours très en fkveur chez les auteurs qui aiment à
produire des théories plus ou moins basées sur des données posi-
Ureeet de sérieuses études. A ces travaux, M. (Zhvëiko PiQol vient
d'en jouter un, quelque peu volumineux, sur " l'Ibérie préhisto-
rique', > où il prétend rectiller quelques faits historiques, depuis
loB Allantes, les Berbères et autres populations primitives jusqu'à
l'ère chrétienne, car il n'hésite pas à prolonger les temps préhisto-
riques jusqu'au règne d'Auguste; mais il ne parait pas que cet
ouvrage fasse avancer d'un pas la question ni qu'il ajoute rien aux
résultats acquis,
La Collection de monographies relatives à la Catalogne a com-
mencé sa seconde série, qui comprend la lettre B. Cet ouvrage, quand
il sera terminé, offrira aux travailleurs un recueil très curieux et
4S2 inUBTisr historique.
complet de notices concernant Thistoire politique et Tarchéologie de
Tantique principauté. Le volume dernièrement publié porte une pré-
face de rhistorien des C6rtes de Barcelone, M. Gorolbu.
Au même genre appartient la monographie de MosB?r G. Soui
sur la ville de Badalona ; elle est ornée de gravures relatives à la
partie archéologique, qui est minutieusement étudiée. Citons encore
les « Notes historiques et Collection de notices, documents et statis-
tiques sur la ville de San Fernando ', » et la monographie sur le fort
Casai, de M. Gibert t Oliver, qui est une étude de la maison sei-
gneuriale de Calvo, très mêlée à l'histoire de la ville de Reus.
Plus intéressantes sont les « Notices sur les municipalités de Cas-
tille', » bien que Fauteur, M. E. Romeri, n'ait pas donné à son
sujet toute l'ampleur qu'il demande. « L'Espagne juive » de M. Ga-
SÀfi6 ne contient rien de bien nouveau.
Très curieux est le livre de M. Botbt sur le jeu des échecs, étude
historique de 426 pages, où Tauteur recherche les origines de ce
jeu; il nie qu'il ait été inventé par les Hindous.
Les études d'histoire militaire sont représentées par une biograr
phie de D. Xavier de Salas, écrite par H. Yidart, et qui fournit des
renseignements sur la marine espagnole du moyen âge, et par des
« Notes, » très érudites et copieuses, de M. ARiirrEGUi, sur l'artille-
rie espagnole dans la première moitié du xvi* siècle ; il ne manque
à ce travail qu'un peu de critique et de sélection rigoureuse pour
former un livre déflnitif sur la matière.
Finalement, on peut citer l'étude de MM. Arrub et Olavauu sot
TAlcazar de Tolède , la seconde édition du livre de M. Femandez
HoxTifiÀ, Nueva luz y juicio verdadero sobre Felipe II, qui contient
quelques indications de plus que la première (de 4882), et un tra-
vail de M. Chabàs sur les Mozarabes de Valence, extrait de la revue
El Archiva, dont il a été £sdt mention dans mon précédent tmUetio.
Raftiel Altamua.
1. 1 vol. de 312 pages. Qaelqaes docaments Mulement sont Inédits.
2. SorU, 1891. 1 vol.
A. nesiun : the bistokt or stcnt FRôHn^âuîHT ïiifES.
COMPTES-RENDUS CRITIQUES.
Edward A. Fbibhin. The Hlstory of SlcUy ttom the eartlest
tfaBM. Vol. m. The Athenian and Cartbaginian Invasions. Oxfbrd,
Clarendon press, 1892. In-S", iisvi-750 pages, avec 4 carLea et
plaDs.
Le troieiËme volume de l'ouvrage de M, Freeman a suivi rapide-
ment les deui premierB dont nooa avons fait un compto-rcodu dans la
Hmut historique. Voici ce qu'il conUenl : Chapitre vm. Les Guerres
contre Syracuse et Athènes, 433-407. § 1 : Les Premières interventions
d'Athènes en Sicile, 433-422. § 2 ; Les Prëparatiis de la grande expé-
dition athénienne, 416-415. § 3 : Le Déhut de la guerre en Sicile, 415-
414. ji 4 - 1^ mëge de Syracuse par les Athéniens, 414. g 5 : l<s Défense
de Syracuse par Gylippe. § 6 : La Guerre maritime et la seconde expé-
dition athénienne, 413. g 7 ; La Retraite des Athéniens, 413. S 8 : Les
Siciliens dans la mer Egée. Chapitre ix. l.a Seconde iavasion cartha-
ginoise, 410-404. g I ; La Législation de Oioclès. § 2 : La Conquête de
Sèlioonte, 410-40S. S 3 : La Destruction d'Uimère. 409. g 4 : T^s Der-
niers jours d'Hermocrate, 408-407. g 5 ; Le Siège d'Akragas, 40G. g 6 :
L'AvËnement de Denys, 406-405. g 7 : Deoys et la guerre de Gela, 405.
Soit an appendice de 31 notes; le volume contient 4 cartes : Syracuse,
la Hetraile des Athéniens, Akragas et Gela.
Le sujet traité par M. Freeman dans ce volume, et particulièrement
M qui en forme la partie la plus considérable : l'expédition des Athé-
niens contre Syracuse, est un des plus intéressants de l'histoire ancienne.
U est à la fois d'un intérêt historique et littéraire, car, outre que celte
expédition a été un des événements les plus considérables de l'his-
(oire de l'antiquité, elle nous est encore racontée par Thucydide en
(feux livres qui peuvent compter parmi les plus remarquahles de toute
K>D (euvre. Un récit détaillé de cette campagne présente donc, non
fetxlement l'intérêt géoéral qui se rattache à la tentative des Athéniens
de toumettre une ville libre et d'étendre leur domination vers l'Occi-
dent, mais encore, pour l'énidil curieux des choses de l'antiquité, cet
intérêt particulier d'en étudier ainsi un des historiens les plus émi-
nents. M. Freeman a'esl montré à la hauteur de cette double tàcbe.
Ainsi que l'ont prouvé ses deux premiers volumes de l'histoire de la
Sicile, il connaît à fond l'orgameation des peuples et des ËtatB, ce qui
lui permet d'apprécier avec justesse la portée de la lutte entre Syra-
cugâ et Athènes, et, de plus, il est passé maître en langue et en litté-
tstare grecques, capable par conséquent de donner sa valeur à chaque
434 GOKPns-RSHous cimQim.
expression de Thucydide, et Thucydide n*a pas écrit un mot sans
réflexion; enfin son style est clair, vivant et pittoresque. Aussi nous
donne-t-il, dans la première partie de ce volume, en 436 pages, un rédt
de la guerre entre Athènes et Syracuse dont la richesse et l'exactitude
n'ont pas encore été égalées ; ce luxe de détails , qui pourra paraître
excessif à quelques-uns, augmente l'intérêt pour ceux de ses lecteurs
familiers avec Thucydide, car il est aisé de voir à chaque page com-
bien Tauteur s'est identifié avec cet écrivain qu'il prise à juste titre si
haut. La connaissance des lieux que possède M. Freeman lui est cette
fois encore éminemment utile. Il a étudié sur place le siège de Syra-
cuse et la retraite des Athéniens, et nous constatons avec plaisir que
M. Freeman partage à ce sujet sur tous les points essentiels nos opi-
nions, en grande partie basées sur les idées de Grote; on peut donc
considérer, tant que de nouvelles découvertes n'auront pas été faites,
que l'histoire et la topographie du siège de Syracuse et la ligne de
retraite des Athéniens sont désormais fixées. Sans doute, il se trouve
quelques points de détail concernant le siège sur lesquels Topinion de
M. Freeman diffère de la mienne ; ainsi, je ne puis me faire à l'idée
que, dans Thucydide, VU, 7, le texte i^xpi tqv lYxapaiou TtCxo^ doive être
maintenu comme le fait M. Freeman pages 679-681 ; je crois, comme je
l'ai déjà dit, que le mot |t^i s'est glissé dans le texte par mégarde et
doit être effacé. Mais il serait trop long de discuter à fond cette ques-
tion, car, pour éclaircir les points de détail concernant le siège de
Syracuse, il faudrait en exposer la topographie générale, ce qui est
évidemment impossible ici. A la page 656, M. Freeman foit observer
qu'il n'est pas sûr que j'aie raison en admettant, d'après Thucydide,
VI, 75, qu'à cette époque le Temenitès n'était pas encore fortifié. J'ai
seulement voulu dire par là que cette éminence n'était pas encore rat-
tachée à la forteresse de Syracuse, ce qui est bien aussi l'avis de
M. Freeman. — A la page vin de la préface, M. Freeman déclare ne
pas savoir « what Thucydides wrote or what he meant, where, in the
letter of Nikias (VII, 13, 2), our présent text gives us iic* oc&co(ioÀ(a(
Kpo9d<ret. • On s'est perdu en conjectures sans faire attention que Grote
a donné de ce passage une explication tout à fait satisfaisante. (Voyez
dans mon Histoire de la Sicile, II, 413.) — Page 375, M. Freeman appelle
« Gava di Galatrella » la gorge par laquelle les Athéniens se retirèrent,
et il ajoute : « A name that speaks of Saracen occui>ation. • Le nom
de la gorge est Gulatrella, ce qui fait disparaître le radical Cala, qu'on
trouve dans des mots tels que Calascibetta, etc., et enlève au mot toute
apparence d'origine arabe. La partie du volume dans laquelle M. Free-
man traite la question des sources historiques est fort intéressante.
Nous nous trouvons placés ici au même point de vue ; il admet avec
moi que Plutarque n'a pas copié textuellement les auteurs qu'il cite,
mais, au contraire, qu'il a fait, comme il dit page 613, non sans une
pointe d'humour, « Very much, what Holm and I bave done ourselves.
That is to say, they used such authorities as they had, giving perhaps
Uirougfaoul a ceriaiu precedence to some one, cenainly preferring the
statemeotE of ooe wrher to anotber 1d particular places. • On a eou-
veat invoqué l'exemple du moyen âgé pour attribuer aux historieas
grecs la même méthode de travail mécanique; M. Freeman, qui se
meul i l'aise sur le terrain du moyen âge autant que sur celui de l'an-
tiquilé, ramené cette comparaison à sa juste mesure (p. 611). Il fait
observer que beaucoup d'érudits, s'occupant des sources, oublient * Ibai
the Saal cause of a • source > ia not simply la sbow our ingeuuily in
Snding tbe ^ay ta it, but to draw sometbiug from it when it is found s
(p. 59l|. — Pour le poète Demetrios, p. 68ô, comp. maintenant SusemibI,
Gachicktt âer gritchUchen LitUratur in der Alexandrinerseit, I, 266. —
La «econdo partie du volume de M. Freeman, traitant des incursions
des CarthagiDois et de l'èlablissoment du pouvoir de Denis le Tyran,
reafemie encore bien des cboses remarquabteB. M. Freeman n'est pas
éloigné de croire que c'est avec intention que Denis n'a pas fait son
devoir à la bataille de Gela, en d'autres termes qu'il a été iraitre à sa
patrie (p. 570), et il le juge irèE sévèrement. Eu étudiant d'après Dio-
ilore, XIII, 114, les conditions de la paix |p. 580, et Appendice ixxj),
M. Freeraau trouve avec raison des obscurités dans le texte de Dio-
dore. .Mais elles disparaissent eu grande partie si l'on admet les con-
irctures énoncées par Onger dans le Philologui, XXXV, p. 218 |18T6),
tt sans doute inconnues à M. Freeman, d'après lesquelles, au lieu de
Ksp]r7)javt(iiv tivai |Uv tCiv ê4 âf)nj; inetxcdv âUou; ti mil £ixavoJ;, il faut lire :
Kafr^. tlva< tù,9c Tiïv ii ip^iit «nofxiiiv ''Ei'jjiouç te sal SixavoiSt. — Le troi-
ilâme volume de l'œuvre de M. Freeman estabsolumcnt à la bauteurdea
deux précédents, Non seulement il nous donne une image exacte et
vivante de l'époque qu'il traite, mais il tait à mainte reprise entrevoir
le développement ultérieur de la Sicile et prépare ainsi les volumes
qui, d'après le plan de l'auteur, devaient faire suite à celui-ci. Le
moade savant et les amis de la littérature déploreront d'autant plus
Vivement qu'il n'ait pas été donné à M. Freeman d'achever son oeuvre.
Od assure cependant que le volume suivant, comprenant l'bistoire de
I3eays le Tyran, est à peu près terminé en manuscrit, et nous espérons
que ceux à qui incombera la tâche de mettre en ordre les papiers du
dêfant, en première ligne M. Ârtbur Evans, dont l'ouvrage sur les
S}frafuMn MedaUioju est souvent cité par M. Freeman, réussiront à le
XDMira en état d'être publié. Mais la mort de M. Freeman est une perte
irréparable pour l'histoire de la Sicile. Il ne se trouve cerlainement
personne en état de terminer l'œuvre qu'il avait entreprise avec une
iuielligeace aussi étendue de l'bistoire générale. Qui serait capable,
par exemple, de nous raconter la période normande en Sicile avec une
aussi pleine connaissance do l'époque et des gens , des lieux et des
coutumea comme l'eût fait l'auteur de la Norman GoTiqxiut, lui qui en
m^me Umps connaissait la France, son histoire au moyen ftge et son
archiieclure comme, en dehors de la France même, peu de savants
la connaissent? A. Holu.
436 GOMPTBS-iniBUS GUTIQinn.
I«e Minores finies ed i patres minomm genttnm. Contributo
alla storia délia costiiuzione romana senatOj manarehiaj pairh
zialo^ plebeiatOf dalle originialla /« Seeessio Plébis^ a. u. e. 360,
per y. Gâsâ6ba5di, prof, di storia antica nella r. Università di
Gatania. Palermo-TorinOy Garlo Glausen, 4892. Grand in -8*,
xxin-628 pages.
Le gros livre de M. Gasagrandi ne contribuera pas à éclairdr lliii-
toire des origines du sénat romain. Cest un tissn de combinaisons
plus ou moins hasardeuses, une sorte de roman sur la Rome primitive,
et, en particulier, sur un prétendu dualisme des paires majwrum geri'
Hum et des patres minorum gentium, qui aurait été le nœud de This-
toire de Rome depuis Tarquin l'Ancien jusqu'à la première retraite de
la plèbe. L'auteur n'émet pas le moindre doute sur la réalité des rois;
il retrouve hardiment toutes les transformations de la royauté jusque
dans le moindre détail; par exemple, le chapitre m traite longuement
de la monarchie et du sénat dans la période antérieure à Romulos;
dans le chapitre iv, il y a des développements sur « Tullus Hostilios
et l'élargissement de la base de la monarchie à Rome, » sur c Ancus
Martius et Taflirmation du droit héréditaire. » Sur l'origine des paires
minorum gentium, M. Gasagrandi reproduit, sans la fortifier d'ailleurs
de preuves nouvelles, une des hypothèses les plus simples et les plus
vraisemblables; il admet qu'ils représentaient l'élite de cette population
latine et sabine, groupée dans les faubourgs, sur le Quirinal et le
Gaelius, sous le nom de plèbe, et qu'ils furent introduits dans le patri-
ciat au nombre de 150 par Tarquin l'Ancien. Mais il va plus loin et
prétend augmenter considérablement les connaissances que nous avons
sur cette seconde catégorie de familles patriciennes. U refiEÛt leur rôle
historique jusqu'ici méconnu : Servius Tullius appartenait à la caté-
gorie des patres minorum gentium ; c'est grâce à eux qu'il était arrivé
au trône; c'est leur hostilité qui le renverse et ramène les Tarquins;
c'est leur union avec les patres majorum gentium qui amène la chute
de la tyrannie et la fondation de la République. Ils forment alors la
majorité des patriciens et veulent accaparer les bénéfices de la révolu-
tion ; ils y réussissent pendant quelque temps, excluent du pouvoir les
patres m^^jorum gentium représentés par P. Valerius Publioola ; l'his-
toire de Rome est alors la lutte de ces deux fractions de l'aristocratie
qui, cependant, après la victoire des Étrusques, finissent par se récon-
cilier. Il est à peine utile de dire qu'il faut une très forte imagination
pour tirer tous ces renseignements des textes classiques. D n'y a pas
moins de fantaisie dans les catalogues que M. G. réussit à dresser des
familles patriciennes de la seconde catégorie, des minores gerUes. Il
regarde comme telles toutes les familles patriciennes qui, an premier
siècle de la République, ont à côté d'elles une famille plébéienne de
mémo nom ; celles qui portent le même nom qu'une tribu rustique
ancienne; celles qui ont eu des liens de parenté avec la fiunille des
INÂVl-STERKECr. : DECTSCSB WinTHSCHlFTSCESCHICHTe. 437
Tarquins et tjuioQteu beaucoup d'honneurs sous la royauté; celles qui,
au début de la République, ont fait partie de la faclJoa larquiaienne;
cellsB qui ee «ont faites plébéiennes et qui ont fourni îles tribune à la
plébe. Ce sont ces signes et d'autres encore qui lui permettent d'allon-
ger notablement la liste des minore* génie' connues et d'en retrouver
«a moins 25. Cbaque famille a son chapitre et l'histoire détaillée, sans
aucun intérêt du reste, de ses principaui représentants. M. C. se plaint,
au début de son livre, que la noblesse plébéienne ait eu honte de ses
origines et se soit ingéniée à en faire disparaître les tracée : nous ne
croyons pas qu'il les ait retrouvées.
Ch. Lëcrivajh.
DSDtscbe'WlrtliBchaftsgeschicbtedes 10. bis 12. Jahrhnnderts,
par le D' Karl Theodor vos Isahi-Stersegc, président de la com-
mission centrale de ataliatique et professeur honoraire à l'uni-
versilé de Vienne. Leipzig, Oimcker el Humblot, 4891. In-8° de
11-518 p.
Grâce à l'importance qu'on attache aujourd'hui aux questions écono-
miques et sociales, les historiens de l'avenir pourront écrire, avecuoe pré-
cision scieotiBque et avec toutes les statistiques possibles à l'appui, l'bis-
loire écoDomique de notre temps. Mais latAche devient sioguliérement
difficile lorsqu'il s'agit de faire le môme travail pour le moyen Age, et
d'exposer, dans un tableau d'eosemble suffisamment précis, les progrès
parallèles et la situation comparée de l'agriculture, de l'industrie et du
commerce. C'est cette tâche qu'a entreprise, il y a longtemps déjà, un
âee plus savants économistes de l'Autriche, M. Inama-Sternegg. Un
premier volume, paru en 1879, s'arrêtait au x' siècle. L'organisation
économique de la monarchie carolingienne et, en particulier, la forma-
tion des grands domaines laïques et ecclésiastiques y étaient exposées
d'ooe Façon remarquable. C'est l'époque proprement féodale, du x* au
xin* siècle, qui fait l'objet de ce second volume, époque ingrate et con-
fuse au premier abord, mais féconde eu réalité et profondément instruc-
tive lorsqu'on sait discerner, sous la décadence des institutions carolin-
giennes, la puissance de création qui St surgir alors des conditions de
vie nouvelles. La délimitation chronologique adoptée par l'auteur n'est
pas arbitraire. Le trait caractéristique de la période qu'il vient d'étudier,
c'est la désagrégation des seigneuries fonci&res primitives, qui passent
en grande partie aux mains des ministeriales et des vassaux, désagré-
gation qui a pour contre-coup une émancipation très marquée des
classes rurales et un afTaiblisseroent considérable des anciennos riguenrs
du servage. C'est l'époque où s'achèvent les défrichements et la mise
ea culture du sol de l'Allemagne. C'est l'époque où s'élabore peu à
peu la vie municipale, où se forment de nouvelles classes, les classes
nièainep, et où, à i 'organisation économique, fondée sur les redevances et
43S G0lfPTBS-RB!n>n8 CEITIQUB8.
prestations en nature, succède une organisation nouvelle, dans laquelle
l'argent joue un rôle considérable. C'est enfin l'époque de profondes
transformations constitutionnelles, qui réagissent puissamment sur la
vie économique de la nation. Dès la fin du xi« siècle, la division caro-
lingienne, établie sur la base des Gaue primitifs, avait disparu. Et, an
cours du zin« siècle dont Tétude rentrait aussi, selon lui, dans ce second
volume, on verra se manifester le caractère de cette lente révolution,
opérée par la victoire de la féodalité, je veux dire la dislocation géné-
rale de Tempire, divisé en une multitude de territoires de toute gran-
deur, qui sont presque déjà des États souverains.
Le présent volume est divisé en six parties : !<> Achèvement de la
mise en culture de TAllemagne et colonisation des marches de l'Est;
2^ Transformation des classes et de l'organisation sociale; 3« Réparti-
tion et organisation économique des grands domaines ; 4* Production
et répartition des produits du sol; S® Commencements d'une vie indos-
trielle, exploitation des mines et des salines; 6* Commerce et transac-
tions. Dans un appendice ont été réunis divers documents intéressants,
tels que Tétat des possessions de l'évéché de Freysing, des abbayes de
Saint-Emmeran, à Ratisbonne, de Saint-Ulrich et Afra, à Augsbourg,
de Tegernsee, d'Osnabruck, de Saint-Liudger, à Hebnstedt; des détails
sur Torganisation des services et prestations dans les cours de Saxe, de
Franconie et de Bavière; des tarifs de péage; des tableaux indiquant
les monnaies, poids et mesures, prix des denrées, etc. Ne pouvant étu-
dier dans le détail ces divers points, je me borne à signaler ici quel-
ques-uns des paragraphes les plus importants.
Ce sont d'abord ceux qui nous exposent les procédés divers qui furent
employés pour achever la mise en culture de TAUemagne et coloniser
à nouveau, du x* au xii* siècle, les marches de l'Est, ravagées, aux ix*
et x« siècles, par les Hongrois. On souhaiterait quelques indications
plus précises sur les cessions qui furent faites aux couvents, sur la
formation des seigneuries ecclésiastiques et des communautés de colons,
et sur la situation juridique de ces derniers; mais il est vrai que le
xi« siècle est pauvre en renseignements à cet égard ; ils deviennent heu-
reusement plus nombreux au xii* siècle, surtout à l'égard des convents
cisterciens. Il parait certain qu'à ce moment la condition des cultiva-
teurs s'est notablement améliorée, par suite surtout de la multiplication
des baux héréditaires. Si l'augmentation de la population est moins
considérable que ne l'avait soutenu Lamprecht, il est du moins probable
qu'elle a marché du même pas que le progrès économique, que l'accrois-
sement de Tordre et de la liberté et la diminution de la mortalité.
Les transformations des diverses classes de la population sont soigneu-
sement étudiées. A la fin de l'époque carolingienne, c'étaient les non
libres qui formaient le fond de la classe rurale répartie dans les domaines
qui constituaient les grandes seigneuries foncières. L'auteur énumère
plutôt qu'il n'étudie les abus de tout genre dont souffrit alors la société :
charges militaires et financières, incertitude du droit, malversations des
WAMA-STESNEGG : DEOTSCRE WIBTBSCHifTSGESCHICnTE. ^39
KTon^ et dMCOint«B; il dous montre les hommeg libres se plar^nt bous
la protection dee églises et décrit les divers procëdés qui amenèrent une
dUniDutino de la liberté, en même temps que l'ascension croissante
d'uo grand nombre de minisleriaUs, par suite de l'accroissement du
nombre des fonctionnaires {p. 52'54), mais j'aurais voulu des détails
piuB caractéristiques sur les faits qui ont amené une amélioration de la
condition dos paysans demi-libres, sur ta reconnaissance eo leur faveur
da principe de ta trausmiBsibilité des terres qu'ils cultivaient et de la
SxalioD des redevances. Signalons toutefois l'intéressant exposé des
entreprises dirigées parles seigneurs contre les associations de la marche
et de la conquCte par eux d'un droit de domaine éminent sur VAitmend
de la marche, droit dont ils lirent un usage considérable et qui ébranla
la vieille organisation autonome des marches (p. 7S-80|. M. I. estime
que le peu qui en avait survécu fut détruit par le développement que
prirent les avoueries. L'avoué qui fut installé comme protecteur de la
marche en devint le maître et Bnit par en disposer librement, 11 me
«mble qu'il entrait dans le cadre de l'ouvrage de parler un peu plus
longuement des villes, d'insister davantage sur les questions relatives à
leur origine et d'étudier, sinon leur mécanisme administratif, au moins
leuFB rapports avec la population rurale. Ainsi j'estime qu'il y avait
moins de dilTérence que M. I. ne paraît le croire (p. 91) entre la popula-
tion des campagnes et celle des villes, qui n'étaient pas exclusivement
des centres industriels et commerciaux, et où l'agriculture tenait une
grande place.
M. I. accorde une importance exagérée aux privilèges d'OUon le
Grand et aux Gildea. On ne peut rattacher autant qu'il le croit, à l'or-
ganisation économique des cours seigneuriales {Fronhoefe\, celle des
"villes elles-mi^mes. Cette opinion, qui a eu d'ailleurs d'ardents défen-
seurs, est combattue aujourd'hui à l'aide d'arguments qu'on ne peut se
Itorner â passer sous silence; il n'est guère possible d'admettre que le
droit municipal est sorti du Hofreeht.
Étudiant la distribution du sol, l'auteur passe en revue les terres du
roi, celles des grands seigneurs et celles de l'Eglise. Les premières ont
augmenté par suite de revendications, confiscations, conqnt^tes sur les
marches, acquisitions de terres sans maîtres; mais elles ont surtout
diminué par suite des donations faites par la royauté, sans parler des
conceesions exagérées de droits régaliens. Les terres des seigneura ont
augmenté par suite de défrichements et par l'acquisition de nombreux
bénéfices. Ce fut surtout le développement des avoueries qui permit aux
seigneurs d'utiliser le rftle de protecteur que leur conférait le titre
d'avoué ponr se foire remettre, comme une sorte de rémunération, des
territoires considérables, et des échanges permirent quelquefois aux
•eigoenrs de concentrer des domaines dispersée et auxquels le manque
de cohésion enlevait une partie de leur valeur économique. Quant aux
grands domaines ecclésiastiques, ils augmentèrent longtemps par suite
de donations, de précaires, d'échanges, de fondations, etc. Mais le droit
440 COMrTBS-KBlfDUS CRITIQinn.
que s'arrogèrent les rois de disposer des biens ecclésiastiqnes (^oy.,
p. 133, l'exemple de Saint-Maximin de Trêves) fit passer dans des
mains laïques beaucoup de ces domaines, et l'ordre de Giteaux seul par*
vint à en conserver de très étendus. Nous n'avons malheureusement
pas, sur l'administration des grands domaines du x« au xn« siècle, de
renseignements comparables à ceux que nous fournit le capitulaire t de
Villis » pour Tépoque carolingienne. On peut affirmer qu'il y a une ten-
dance manifeste à la fixité des redevances, mais je crois qu'au fond les
principes posés dans le capitulaire se sont maintenus *. D'intéressants
détails nous sont donnés sur les cultures : la culture devient intensive
à la fin du xii« siècle; les revenus du seigneur se composent essentiel-
lement de deux parties : les produits provenant directement de l'exploi-
tation de la terre seigneuriale et de ses dépendances, et, d'autre part,
les redevances et prestations dues par les bénéfices, les biens censuels et
les manses non libres ou provenant des divers rapports de suzeraineté.
Toute cette partie est la meilleure du livre. Mais l'étude sommaire qui
nous est présentée du travail producteur (p. 257 ss.) devrait montrer
plus nettement quelle était l'organisation des travailleurs et la vie inté-
rieure des familles de paysans.
Les deux derniers chapitres décrivent les traits essentiels de l'orga-
nisation industrielle et des relations commerciales. M. I. passe en revue
les différentes industries, meunerie, boulangerie, brasserie, tissage, etc.,
et constate, d'après les chartes, que très peu d'industries étaient parve-
nues à un plein épanouissement. Elles apparaissent essentiellement
comme des industries domestiques s'exerçant, par les soins de cmsua'
les, dans les cours seigneuriales. La généralisation du système du
métayage brisa les cadres de cette organisation. Il se forma un certain
nombre d^offlcia ou ministeria rattachés à quatre grandes charges, celles
de maréchal, échanson, sénéchal et chambellan. Au développement de
l'industrie correspondit bientôt un certain développement du commerce,
qui sut se soustraire aux entraves de l'organisation seigneuriale (p. 319).
L'époque étudiée par M. 1. est l'époque de transition entre une organi-
sation économique, fondée sur des prestations ou (MÛements en nature,
et une organisation nouvelle, où l'argent prend le dessus. Les causes
de cette transformation ont été étudiées avec sagacité; la cause princi-
pale doit être évidemment cherchée dans le développement des villes et
l'essor de leur commerce. Au surplus, les palais royaux, comme les
cours seigneuriales, devinrent des entrepôts où l'on prit l'habitude de
vendre les excédents du produit des fermes. Mais je doute qu'il y ait
lieu de faire l'éloge (p. 389 et 461) de c la politique intelligente des
empereurs » en cette circonstance. Les détails sur les monnaies et l'or-
ganisation monétaire ne sont pas non plus sans utilité.
L'ouvrage se termine par une brève conclusion : le trait saillant de
1 . Voy. le compte- rendn que J'ai fait du grand ouvrage de Lamprecht, DeuUekêi
WirtschafUleben im MitUlalter (Rev. hist, 1887, p. 371-380).
DEDTSCHË WIHTasr.IlAFTSGESCaiCBTt. 141
Tépoque carolingienne avait été l'ingérence en matière économique du
.pouvoir contrai, et Charlemagnp avait donné 1ui~m<!me poar ses propres
domaines un excellant modèle. La désagrégation de l'empire carolingien
Jfit passer aux mains des seigneurs la responsabilité de l'organixatioii
'sociale. Il n'y a plus d'unité dès lors dans la politique économique, et
CD ne pcnt dire qu'il y a en un maintien voulu et systématique dn syS'
;tèmc carolingien. En l'absence de toute intervention du pouvoir royal,
jfe» faits les plus importants ont été le râle joué par les ministeriaUt
^d'empire, la généralisation àa Qef, et la reconnaissance du principe de
I l'hérédité des fiefs, la concession des droits de comte à beaucoup de sei<
'gnenrs ecclésiastiques et de irés grands privilèges aux églises. Et M. I.
estime qu'en définitive l'organisation, si grandiose en apparence, créée
par Charlemagne ne produisit que des effets superficiels. Je pense tou-
'tefois que les cadres administratifs carolingiens ont été comme une
école où s'est fait l'apprentissage de la vie économique, où se sont formés
des employés et des administrateurs capables, qui ont su organiser d'une
façon remarquable les principaux services dans les grands domaines.
L'époque étudiée dans ce livre coïncide avec un développement intense
de la vie populaire et un accroissement notable du biec-étre général.
Ces indications générales suffisent à montrer l'importance de ce second
Tolunie. Lorsqu'on sait quelle est la conscience scientifique de son
«Dieiir, on songe, après l'avoir lu, moins à vérifier l'exactitude des faits
ifeooDcés qu'à apprécier l'esprit du livre et son mode de composition.
Oh trouvera peut-être que la bibliograpbie est insuffisante. Après le
I^Qd ouvrage de Lamprecht, plein d'une profusion de science èblonis-
■aate et auquel ont été faits d'ailleurs de larges emprunts, l'auteur a
^ru craindre d'étouQer l'Iiistoire sous l'érudition, en un sujet qui en
comporte beaucoup; il a voulu ne pas accabler le lecteur sous le poids
des citations; il a négligé beaucoup de théories particulières et de faits
jaccessoires. Waitz et Lamprecht sont à peu près les seuls qui puissent
<SD flatter d'avoir été fréquemment cités par lui. On pourra peut-être
jaussi critiquer le plan et signaler des lacunes, mais le sujet est si vaste
et si difficile à circonscrire qu'il a bien fallu faire un chois, et ce choix
a été certainement fait avec goût. J'ajoute que le livre est écrit dans un
'Style limpide qui en rend la lecture agréable. Mais je lui reprocherai
< volontiers, comme à tant d'ouvrages scientifiques allemands, de manquer
de lamiëre; les vues personnelles font un peu défaut; on voudrait surtout
'rencontrer çà et là quelques points culminants, d'où le regard pourrait
I embrasser d'un coup d'oeil une partie de cet immense tableau. Mais non!
in sofflt de parcourir la table des matières pour voir combien le travail
' est morcelé et pour reconnaître que l'orteatation générale est assez dif-
I ficile k découvrir. Ces réserves légères ne m'empêchent pas de rendre
I pleine justice à, celte œuvre d'un professeur éminent, qui sera trèa pro-
'! Stable pour tous ceux qui mettent au premier rang, dans leurs recherches
il historiques, l'étude des questions relatives à l'organisation sociale et
i écoQomlqne de l'humanité. Georges Blonobl.
I
COVFTKS-tEnta CR1T1QCE«.
GrepiT X and Rudolf voa Habsbnrg In Ihren tivlderwltlff^s
Bezlchnngen. Mit besonclerer BeriickâtchUgung der Fragï ûbcT
iVic t'fundsâuliche St«IIung voQ Sacerdotium und Imperium in
jcner Zcit, oebst oiniguo BeiLra(j:en zur Verrassungsgeschichle d«9
Keiclics, voD D' A. Zistekes. Frelbui^ i. 8. Herder, 1991. la-8°,
niMTO p.
L'avbnetneot de Rodolphe de H&lMbourg aa trtne impéria] aprte te
longs déchiremenU du grand Inierrègae est no des faite les pins fmpa^
lantB de l'histoire d'Allemagne pendunl la second? partie du moyeD 1^.
Quelles ont été les cauftes de cette restaaration de l'empire, qael rtle
les princes laïques ou ecclésiastiques ont-ils joué dans cette circon»-
tance, qnel a élé le caractère de l'intervention du pape et dans qn*)!*
mesure peut-on dire que c'est « par force * qn'il obtînt l'élection ir
Rodolphe? Ce sont là de graves quettions, enr lesquelles la critique «'«i
exercée depuis longtemps. L'ouvrage de M. le D' Zisterer a pour but
de définir, avec plus de précision qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour. I«
râle de la papauléi. C'est mdme du pape, beaucoup plus que de l'emp^
reur, qu'il est question dans cet ouvrage, divisé asBei arbitrairement,
mais écrit du moins dans un style clair, et qui, malgré des toogueun,
L'auteur a cru devoir mettre d'abord en relief l'Importance dn poa-
liGcat de Grégoire X. De noble eitraciion, de mceurs pures, d'un carac-
tère doux et de sentiments élevé», ce pape, qui n'a d'ailleurs r^gné que
nx ans, fait bonne figure parmi ses contemporaine. D était instrait,
non teulemcnl par de Tortes études, mais par de nombreux voyage»;
ses décrétales, celle surtout qui complète In constitution d'Alexandre HI
sur l'élection des papes, sont remarquables; et on doit le louer d'avoir
considéré le ministère de la papauté comme une cbai^ à ri'mpllr
plutAt que comme une domination à exercer (non ut ambitiow
dominium alTectemus, sed ut ofliciose ministerîum impendamni). On
peut hêeiter loutefois h penser que ce pontificat ait eu l'importance ipie
lai reconnaît M. Z. < pour rétablir les droits de la papauté sur dea bues
solides et reprendre, avec les modiScations et la prudence nécnaBsires,
l'œuvre de Grégoire VII et d'Innocent III. ° Cest ft réchauffer te iMt
de la chrétienté pour une croisadeet à préparer une expédition en tarte
sainte qu'il fut principalement consacré. C'était là le but essentiel dn
grand concile géoéral de Lyon de 1374.
Entrant plus nPttemeot dans son sujet, fauteur noue décrit l'a^iU-
tion qui se produisit au centre de l'Allemagne dèx le printemps de I^d-
née 1ST3, les intrigues des qnatre princes rhénans et fa particolier dt
l'archevêque de Mayence, Wemer d'Eppensteia. Je signale surUHlt
quelques considéraliouï inléressaotes (p. 21 «s.) sur la eituatioa cossii-
tntionnelle de l'Allemagne, Bur les difficuiiés auxquelles le heurtait, ec
raison de l'absence d'une constitution nationale écrite, la nomination
d'un nouvel empereur, et sur la formation du collège éldcioral ; un adopta
t GIGGOI X UNn B. TOn HABSBDH<;. 149
liaire aii sujet de la septième vois, que le Miroir
de Suie auribuait au roi de Bohême (it'il était Allemand) et le Miroir
de âouibe au duc de Bavière. Admettre Ottokar de Bohême, c'était
UUroilujre infailliblement uoe oppositioa au sein du corps électoral. Ou
iitimque, si le chiffre Bppt était sacré, la présence effective de sept
WttDti n'éUit pas nécessaire et qu'un prince présent pourrait voter pour
imtkHBl. Il eût fallu insister ici sur la conduite d'Ottoksr, nous dire
îuelliw étaient ses chances d'arriver à !a couronne, quels étaient ceai
dM princes qui la lui otTraient, et rappeler, au moins eo passant, le
rtlede son coaseiller, l'ôvêque Bruno d'OImâiz, un véritable homme
d'stu, qui avait su agir très adroitement auprès du pape, Ottokar fut-il
Htrté simplement parce qu'on le trouvait trop puissant? ne fut-ce pas
plniAt parce qu'il appartenait à la race slave, contre laquelle les Aile-
■■iviils tvaient déjà une véritable antipathie?
U. Z. DOus expose du moins, aussi clairement que les textes te per-
■Wlenl, la conduite de Rodolphe envers Grégoire X, et, commentant
"*C sagacité (p. til -65) la lettre qu'il écrivit à ce dernier, il nous montre
•"0 ardent désir d'obtenir la couronne impériale, ajoutant avec raison
î*« l'idée d'une royauté nationale allemande n'élaitencoro guère entrée
*Ca moment dans ies esprits. Les débats qui eurent lieu peu après,
'^ 6 jaia 12T4, au concile de Lyon, prouvent que le principal désir de
"i^é^ire X. était d'orgsnisor une nouvelle croisade; en ce qui concernait
^ Reconstitution de l'Empire, il entendait avant tout maintenir l'inlé-
^'^té des Etats pontificaux. Cette question était depuis longtemps une
**^>we préoccupation pour la papauté. Je crois bien, pour mon compte,
"'*^ les intentions de Grégoire envers Rodolphe étaient alors nettement
^"■'^tées. M. Z. s'efforce de prouver que la reconnaissance définitive
^tait pas formelle, et que plusieurs chroniques contemporaines s'ei-
^^•-ment inexactement lorsqu'elles disent qu'au concile de Lyon le pape
j*^»3finna l'eleclion de l'empereur. Mais Grégoire n'a pas hésité cepen-
^^-*t à intervenir auprès des puissances étrangères, et c'est de Lyon
^^^^me qu'il a envoyé des ambassadeurs à Alphonse de Castille et à
. ^.tokar (p. 89 el suiv.). Il a fait de sérieux efforts pour maintenir la
J*^Boe harmonie entre ce dernier et le nouvel élu. Ce qu'on ne penl
^^^ai heureuse ment découvrir dans les nombreux témoignages qui noua
*^nl parvenus, c'est l'existence d'une réglementation précise sur la situa-
^^oa respective de la papauté et de l'Empire. 11 semble bien qu'aux yeux
^u pape, celui qui a été régulièrement élu par les princes électeurs et
*Viaftinnâ â Aix-la-Chapelle a seul le droit de prétendre à la couronne
iniperiaie, on dit même qu'il a sur elle un droit réel (Jus ad rem), mais
^t ftUe ne lui est acquise qu'à la suite d'une consécration spéciale que la
^^^ yipanté a le pouvoir de faire : jusque-là, il ne peut être que roi alle-
^^Hiiguid. M. Z. a raison de distinguer avec soin les deux expressions
^^^"iWninarf et approbare et de réfuter l'opinion contraire de Weis-
^P tftckeret d'Engelmann (Der Ampruch dtr PâptU avf Confirmation und
W Approbatùm hei den dtulsohen Kâaigmahlen. fireslan, 1886}. Grégoire X
tt*
coums-nnom rHinoCBs.
ne revendique pas le droit de nomination, et c'est pourquoi il ne ptrie,
dncs sa lettre à Otlokar, que d'une reconnaissance de Rodolphe, i
laquelle il a consenti à cause de la situation malheureuse de rAllemagne
et de la terre sainte, et en considération de la justice de la cause de a
prince. Signalons aussi les intéressants détails relatifs & renUene di
pape et do l'empereur à Lausanne, en octobre I3T5, et an serment pi
paj ce dernier et impliquant une séparation rigoureuse entre le spih-
tuel et le temporel.
M. Z. donne en appendice une courte dissertation sur un des livra
théoriques les plus importants de cette époque, celui de maître Jocda-
nus, chanoine d'Osnabruck : De Praerogativa imperii romani, «ppcle
aussi Cronica ou Tractatus de tramUtlione imperii. Ce livre n'a qu'on
valeur médiocre comme source historique, mais il est très utile pour'
nous renseigner sur les idées politiques de la fin du nu' siècle; il montra
en particulier l'échafaudage de conceptions aventureuses élevé sur da
simples analofpes, il l'eiemple de saint Thomas d'Aquin, qui dMoi-
sait les rapports du spirituel et du temporel de la comparaison de l'ïi
avec le corps. Jordanus ne prétend pas faire la philosophie de l'histoire;
son livre, écrit à la prière de quelques amis, n'est pas un ouvrage i*
polémique, mais il pose uetl«ment le principe de l'investiture divins
■ immédiate • des deux puissances. Il emploie, avec intention i
doute, d'autres images que celles usiti'Ksa jusqu'alors : le ciel et la te
au lieu du soleil et de la lune; l'homme et ta femme, au lieu dea d
glaives, et il évite avec soin la comparaison de l'àme et du corps, qd
amène toujours ceux qui s'en servent à accentuer l'idée da sujètioi
de l'un par rapport & l'autre. On cherche donc alors d'autres caisoDl
historiques pour expliquer les rapports de la papauté et de l'Empire.
Cette disEoriation sur le livre de Jordanus conduit M. Z. à repouua
l'opinion de Lorens, attribuant la conduite de Grégoire X en faveur A
Rodulphe à la prétendue croyance de ce pape > à une predestinalia
mystique des Allemands. • Jordanus se borne à accentuer les mèriM
antérieure de ceux-ci at les services rendus par eux à l'ËgUse, et j
montre que ce n'est pas la dignité impériale conférée par te pape qi
mil aux mains de l'empereur ce glaive dont il se sert contre les e
mis de la foi, mais que son titre antérieur de roi lui confère déjà US
sorte de sacerdoce qui suffit à cet e(tet.
lie livre consciencieux dont je viens de présenter l'analyM eai fl
somme d'une lecture profitable; les développements qui nous sont prt
sentes auraient gagné à être encadrés dans quelques indicaUons prédM
sur la situation générale en 1273. Puisque M. Z. a cru devoir parlerai
antécédents (Vorgeschichte) de Grégoire X, il eût été aussi opportnadi
dire quelques mots des antécédents de Rodulphe, de son caractère, d
ses idées et de la réputation qu'il s'èuil déjà acquise. 11 eût été bon t
rappeler brièvement (et c'est même par là que j'aurais commencé) O
ment le règne de Frédéric II avait changé la situation de l'épiscopl
allemand, et comment la chute du saint-empire, en 1250, avait si hit
■F
Il rompu l'éq
f. FABRE : LE LIREH CBNSODM. 14S
rampn l'éqnilibre de la société chrétienne que certains esprits attristés
se croyaient à la iin des temps. Il eût fallu dire quelles étaient les Idées
respectives des princes, de la petite noblesse ei des villes et montrer
ce qu'il y avait de nouveau dans la situation de l'Église. C'est ù peine
si le nom de Charles d'Anjou est proBoucé, et pourtant, lorsque Gré-
goire X monta sur le trône pontiBcal, c'est l'inQuence française qu'il
trouva d'abord en face de lui. Charles était plus puissant en Italie que
ne l'avaient jamais été Maofred et Frédéric H lui-même. Quoi d'éton-
nant à ce qu'il ait songé pour la couronne impériale à son neveu Phi-
lippe III?Si le pape soutint Rodolphe, n'était-ce pas surtout parcequ'it
ètftil étranger aux affaires italiennes et qu'il devait se montrer vraisem-
blablement plus préoccupé de conserver la protection du saint-siège que
de maintenir les droits presque oubliés de l'Empire en Italie? S'il resta
sourd à la demande de Charles, n'est-ce pas dans la crainte qu'elle con-
trariât ses projets de croisade en détournant l'expédition sur Conslanti-
nople ? n fallait mettre plus en relief la personnalité d'Ottokar, bien
aulremeol puissant que Rodolphe, qui n'avait cessé, jusqu'en 1213,
d'être l'ami du saint-siège, et qui pouvait espérer que Rome, après avoir
bvorisê l'extension de ses pouvoirs, l'aiderait à réaliser ses espérances.
Il fallait enfin nous parler un peu du râle considérable joué en cette
aiEairc par Frédéric lÛ de Hubenzollern, burgrave de Nuremberg, rusé
diplomate, qui, après avoir offert jadis la couronne à Oilokar, puis
intri|;ué en faveur de Conradin, s'était Snalement tourné vers Rodolphe,
devint l'agent principal de la négociation, et sut adroitement circonvenir
les princes et désintéresser le palatin Louis de Bavière en lui promet-
tant la main d'une des tilles de Rodolphe.
Ces critiques ne m'empêchent pas de rendre justice à un ouvrage
qui aide à mieux comprendre le nouveau chapitre de l'bistoire de
l'Empire et de l'Église qui commence. Maigre le discrédit dans lequel
elle était tombée, cette couronne impériale allemande, qu'il sut ressai-
ûr, ne ful-elle pas pour le modeste seigneur de Habsbourg la première
Baose de la Tortnae patrimoniale et politique de sa maison?
Georges Blond el.
Paul Fibre. Ëtode sur le Liber Censuam de rËglIse romaine.
Paris, Thorin, 1892. ^ vol. in-8°, vu- 233 p.
Du MÊME. De patrlmoniis Homanae eccleaiae usque ad aetatem
Carolinoram. Insulae, ex tjpls L. Dauel. i vol. îii-S", 109 p.
Ûu MÊME. I^ Liber Censuum de l'Église romaine, publié aVBC une
préface et un commentaire, i" fasc. Paris, Thorin, 1SM», tii p.
în-t" [Bilil. des écoles françaises d'Athènes el de Rome).
M. E^ul Fabre a entrepris, dans la Bibliothèque des écoles françaisea
^'Atbènea et de Rome, la publication du Liber Censuum compilé en
l'aunêe 1192 par le camérier Centiua, qui plus tard devint pape sous la
Rkv. HiBToa. LI. I" r&sc. 10
44fi COMPTES- BENDDS CBITtQDBS.
Dom d'HonoriuB III. Ud fascicule de cette édition a déjà psra; il oaTre
1306 œuvre magistrale dans laquelle les dirâcultée du texte sont levées
dans de langues aoles, très savantes et en même temps très claîrei, on
digne pendant du Liber PonlificalU de M. l'ibhé Ducbesne.
Dans ses deux thèses de doctorat, annoncées en tète de cet article,
M. Fabre examine quelques questions principales que soulève ce docu-
ment. Nous voudrions les signaler ici d'une fanon sommaire, en rompant
toutefois l'ordre un peu artificiel dans lequel l'auteur les a placées ; car,
comme il te reconnaît lui-même, il nous présente, dans sa thëse fran-
çaise, moins un livre qu'une série d'études détachées.
U. Fabre, dans un de ses chapitres, celui que nous aurions voulu
voir en tôle, eiamine les divers manuscrits du Liber Csniuum; il a
passe en revue dÎK-neuf, qu'il a découverts dans les bibliothèques d«
l'Italie, à la Bibliothèque nationale de Paris, à celle de sir Thomas
Phillips k Cheltenham {autrefois Middlehill). Il nou^ hit connaître les
moindres particularités de chacun de ces codicos. Mais quel est le plus
important d'entre eux? Quel est celui qui doit servir de base & une édi-
tion de cette cBuvre? Le plus difficile n'est pas d'énumérer, mal
classer les manuscrits, M. Fabre écarte d'abord treize eiemplaires qui
reproduisent purement et simplement le manuscrit /ticcardia nui 228;
puis, entre les sii exemplaires restants, il donne la préférence an YaH-
eanus 8486. Il prouve, de la façon la plus ingénieuse, que ce manuscrit
est l'original même du Liber Centuum écrit en 1192 sous les yeux de
Centius par Guillaume Rolîo, clerc de la Chambre apostolique, et, ea
ce point, il s'écarte des opinions jusqu'à présent admises par les éruditi
allemands, entre autres par Bickel. Là ne s'arrête pas sa dissertation.
IL nous fait l'hiftoiro de ces six manuscrits principaux; il nous indiqua
dans quelles circonstances ils ont été rédiges ou augmentés; il les suit
dans leurs différentes vicissitudes; ainsi, le manuscrit original a été en
usage à la chancellerie jusque vers 1295; il fui mis au courant jusqn'à
cette date, puis il n'est plus qu'une pièce d'archives. Quand la papauté
se rendit à Avignon, il est laisdé avec les archive* au couvent de Saint-
François, à Assise; plus tard seulement, en 1339, il est transféré à Avi-
gnon; il revient ensuite & la Valicane, disparaît à une époque indéter-
minée et est racheté à une vente privée par le cardinal Angelo Mai en
iSSl. On voit que M. Fabre a fait de ces manuscrits l'étude la plus
détaillée; son édition reposera certainement sur une base solide;
sera définitive.
Le Liber Oetuuum se compose de deux parties : 1° d'un regi^re oik
sont inscrits, province par province, les noms des débiteurs de l'Éj
romaine et la quotité de leurs redevances; 2" d'un cartulaire qui contient
les titres constitutifs de la propriété et de la suzeraineté du saint-siège,
La première partie est l'œuvre personnelle de Centius; il a puisé lea
éléments de ce travail dans les archives romaines qu'il a dépouillées en
toute conscience ; mais la seconde partie ne lui appartient pas en propre ;
il n'a fait que transcrire d'anciennes collections. Quelles sont ces coUec*
r. FIBRB : LB LIBER CEI^IBUDH.
^^7
lions? Voilà une deuxième questioa que se pose M. Fabre. Il prouve
que CenliuE s'eBl beaucoup servi des deua derniers livre» d'un recueil
composé en 1189 par le cardinal Albinus et connu sous le titre de Geila
pauperit seholaria Albini. Mais Albinos lui-même a employé dans Roa
ouvrage des collections antérieures; dès lors la diflicoltè est seule-
ment reculée, et il faut détermiaer à quelles sources AlbinuB a puisé.
M. Fabre aborde hardiment ce problème elil découvre, dans cette com-
pilation, quatre catégories de documenis : !■ le polyptyque fait par le
chanoine Benoît eotrc 1140 et 1143 et que nous coanaissons principa-
lement par un fragment conservé h la bibliothèque de Cambrai' ; 2° un
recueil censier fait sous Eugène III; 3' un livre censier fait sous
Hadriea IV et dont l'auteur est sans doute le cardinal fioson ; 4° des
pièces détacbées qu'Âlbinus a réunies lui-même. Pour la première de
ces collections, M. Fabre est encore allé plus loia; il a établi que le
chanoine Benoit a lui-même puisé dans la collection canonique de
Oensdedit, dont la source est une collection perdue du pontificat de
Grégoire Vil. De degré en degré, il est ainsi remonté aux élèmeute
premiers qui sont plus tard, par une série d'intermédiaires, entrés dans
la seconde partie du Liber Ceruuuni. Pourtant ici on n'est jamais sûr
d'avoir trouvé le vrai fond. Peut-être un jour, grâce à la découverte de
□ouveanx manuscrits, l'analyse pourrait- elle être poussée plus loin.
D'ailleurs, Centius lui-même n'a emprunté à Albericus qu'un certain
nombre de documents; il reste à chercher à qui il a emprunté les autres
(par exemple les d" 1 4 70 du Vaticanus 8486'). lies a-t-il pris isoléa
ou, au contraire, étaient-ils réunis avant lui dans quelque recueil? Ace
problème, M. Fabre n'a pas encore trouvé, ce semble, une solution. Nous
sommes du moias persuadé qu'il fera tous ses elVorts pour la trouver et,
s'il n'y arrive pas, nous pouvons affirmer hardiment : le problème est
Lntoluble.
Les deux questions des manuscrits et des sources du Liber Cenjuum
qae nous avons examinées jusqu'à présent sont particulières; elles n'ont
pas par elles-mêmes une importance bien considérable. Dans le livre de
M. Fabre, les chapitres qui leur sont consacrés encadrent des cbapitres
où eel traitée une question d'une portée tout â fait générale : quelles
soQl les origines et quelle est la nature des cens perdus par l'Ëglise de
Rome? Ces cens sont levés : 1= sur des terres appartenant au saint-siège;
î> sur des Églises et monastères offerts à l'apêtre ; 3° sur des seigneu-
rie», principautés et royaumes temporels.
Ici, nous devons introduire la thèse latine de M. Fabre; car, si, dans
le livre français, il a été aussi bref sur la cens provenant des patrimoines,
c'est parce que dans l'ouvrage latin il a tr3.ité d'une façon très complète
I. Voir le travail do U. Fabre, le Polyptyque du chanotiït Bewtt, dans les
Invanx et Uémoires des Facultés de Lille, t. 1, Mémoire n' 3.
IL Voir U lîsle des documeals du ms. 81S6, par U. Fabre, dans les Mélanges
dlûitoïr* ut d'arcbéologie de l'École de Rome, t. lU, p. 345 et »q.
M
148
DS CKITIQDBS.
une partie de ce sujet'. U commence par dàtiair en quoi coDsiste Dit
patrimoine; puis il nous parle des hommes qui y sont i
mode d'exploitation et de culture, des uniders igui y président; dut
une seconde partie, il enumére les principaux domaines que pouèdail
l'Église romaine, au temps do Grégoire I", dans les diverse* parUes de
l'Italie, en Dalmatie, dans le midi de la Gaule, en Afrique
surtout que les patrimoines, d'abord loués à des cottituetora pout
un temps déterminé, se sont emiettes peu à pen par l'emphytéoN,
lie saint-siège concédait des parcelles de ses terres, moyennant u
cens, à des particuliers ou i des monastères; il gardait sur elles l(
domaine éminent, mais, au lieu des revenus, il ne touchnit plus qa'nc
somme fort modique attestant son droit de propriété. Quelques pap
essayèrent de réagir; ils exploitèrent de nouveau directement I»
domaines situés aux portes de Rome ; de là ces domusculUu sot Is
quelles M. Pal>re noas donne de si carienx détails; pourtant, le tj»-
lème de l'emphyléose continue et c'est là qu'il faut ctiercfaer
de très nombreux cens. — Les cens, pesant sur des terres, ont eacon
une seconde source (nous revenons maintenant à ia tbèee ïrançala^
Beaucoup de terres étaient recommandées au saint-siëge ; par cet ai
ou accordait au pape le domaine éminent et un lui payait une légM
redevance; mais oa gardait la jouissance de sa terre, qui était d
couverte de la protection de l'apôtre Pierre et rendue inviolable. Peu I
peu, toute distinction s'effaça entre ces d^ux catégories de c«tu, celtll
qu'on payait en raison d'une terre reçue du pape, celui qu'on payait a
raison d'une terre recommandée au pape. De l'une et l'autre de c(
terres, le souverain pontife était en théorie le vrai propriétaire.
Supposons qu'au lieu d'une simple terre ou recommande au pape ae
église ou un monastère. Et, de fait, k la fin du ix* siècle >, lorsqna U
princes carolingiens ue furent plus en état de défendre la propriété eccU
siastique contre les usurpations des seigneurs laïques, des églises et da
monastères invoquèrent et obtinrent le patronage poniiljcal, et ei
pratique se poursuivit pendant plusieurs siècles. M. Fabre a réuni ti
les actes de recommandation de cette nature qui nous mai parvenai
il les a analysés un à un avec la plus grands pénétration, ne lai
I . Nous disons une |uirtle du sujet, paru ijue U. Fabrc s'arrête dans sa I
latine a J'époque caroliDglenne. Il nous fera une doute connaître, dans U
face du Liber Centuum, l'bistoiro des patrimoinet dcpajs Uoii III jusqsl
répoqae de Centius Ctmerartus.
ï. Il nous est resté quelques bulles antérieures où le {upc prend
protection tel ou tel monasUrt ; ainsi nous possédons une huile par li
Jean IV met sous son nutnriU le monastère do Itemiremant (Jsffé-
n' 2046). La pièce nst fausse hors de toute umleslation ; mais le faui est I
ancien, il remonte adrement an i* siËcle. Il en est probablement de niCme
antras pièces anaio);uea, et volli pourquoi, malgré leur manque il'aulhontje
elles auraient dû li){urer dans l'énumèratioD de H. Fabro. Hemirvmont • fo«
ctiaque année an pape, pendant le mojren tgo, deux haqnenècs blaocim.
F, FABRE : LE LIBKB CIHSITDM. U!)
■ucnne phrase obscure, examioant chaque proposition dans loue ses
replis, allant, si j'ose Hire, jusqu'au fond du document. De cette analyse
minatieuse se dégage cette idée géoérale. Le pape acquiert sur les
monastères ainsi recommandés le droit de propriété ; droit singulière-
ment mitigé, puisqu'il n'a pas le domaine utile ni même la libre dispo-
sition du domaine èminent; car il ne peut vendre ni céder la moindre
parceile de leurs terres. Mais enfin, malgré toutes ces restrictions, il
est le véritable propriétaire, et, comme signe visible de sa propriété, il
reçoit nn canon récognitif, c'est-à-dire un cens. Le monastère, de son
etué, acquiert un certain nombre de privilèges : il est interdit à toute
personne humaine d'inquiéter les moines ou de mettre la main sur le
bien de leur maison ; il est établi que les moines auront le pouvoir de
choisir librement leur abbé ; souvent aussi l'évèque du diocèse no peut
pénétrer chez eux sans permission. L'on arriva ainsi parfois à considérer
le cens, non plus comme signe de la propriété du saini-siège, mais comme
le prix, comme le symbole de tous ces privilèges, de la prolectio et de
)a liberlai romana. — Mais (et c'est ici le point culminant de la thèse
de H. Pabre) des abhaves dont Iç saint-siège n'était pas le propriétaire
a*aieD( reçu ces mêmes privilèges, et, en raison de ces privilèges et
nniqaement en raison d'eux, sans qu'il y ail eu recommandation, acquit-
taient un cens'. On confondit les deux catégories de redevances, et la
curie romaine s'attribua un droit de propriété, même sur ces dernières
ibbtyes. Pour elle, anssi bien les abbayes recommandées, et jouissant
par Buite de certaines exemplions, que les abbayes simplement exemptes
se trouvaient vis-à-vis du saint-siège, nu propriétaire, dans la situation
d'asufruiliers. Le cens levé sur tes terres et sur les monastères provient
Ainsi, aux yeux de la papauté, d'une source unique : la propriété.
^ souverain ponlife compte encore, parmi ses censualti, des princi-
pautés et des royaumes. D'où provient ce cens? L'origine en esl diverse.
F*eti<lani longtemps, l'empire romain avait été pour les princes barbares
'^ aonrce de toute légitimité ; le saint-siège parut tout désigné pour lai
succéder dans ce rèle, d'autant plus qu'il représentait sur cette terre
"ieu, dont émane toute puissance. Les États naissants et les dynasties
ootivelles sentirent le besoin de se faire reconnaître parlui, etquelques-
"18 marquèrent d'un signe visible leur union avec la papauté : ils s'obli-
a^rem à tni payer une rente annuelle. Telle esl la raison du cens que
■devaient à l'Église romaine le roi des Deui-Siciles, le roi d'Aragon, le
^> de Portugal. Le denier de Sainl-Pierre qne payait l'Angleterre a
"Qe autre source : il était d'ahord acquitté par chaque famille anglo-
'- A mi dire, cette thèse, qui nous parait juste, n'est pas prauvée par
^- F«bre. Il montre fort bien (p, 89 et sq,), qu'un certain nombre de
'"^outire* paient le cens parce qu'ils sont propriété àa saint-siège el non en
^^Won dm privilèges spirituels ; il aurait dû apporter des exemples d'abbayes
" ■ppartenanl pas an saint-site* el qui pourtant doivent, i cause de leurs pri-
^'It^et, une redevance auDuelle.
^
a
ISO COMFTEB-BHrfDIiB CRITtOD». '
onn* pour l'entretien & Rome de la Sehola Saxowim; pnts, dMn^
,' dB FHeptarchie s'engagèrent par dérérence à payer chaque année une
rtdevance au eainl-Biège; plus tard, quand l'unité fol fat ip, les deut
COntrlbutioiiE se confondirent ei, roub cette nouvelle furme, «Ues conti-
nuèrent d'être payées après la conquête danoise et après la conquête
normande jusqu'à la Reformation. Mais, quelle que doit l'origine de ce
cens, il fut assimilé aux cens payés pour les terres ou pour les monas-
tères. Les royaumes qui l'acquittaienl étaient considérés comme étaat
la propriété de Saint-Pierre, in jus et proprietatetn btati Pétri eùnsUUn-
lia. Bientôt même les papes, au lieu d'un simple lien de droit privé, y
virent un signe de suprématie politique : les papes reçurent des rois de
Naplcs et de Sicile le serment d'tiomœage, et Grégoire VU le réclama
à Goillaumo le Conquérant comme à un vassal. Un dernier chapitre
de M. Pabre est consacré à la perception du cens. Le cens fut à l'ori-
gine soit levé des agents spéciaux envoyés de Rome, tes actionarii, aoit
directement porté au tombeau des apôtres par leE> contribuables. Pins
tard, dans les contrées lointaines, on désigna l'un des abbéa ou des
évèques de la région pour percevoir les sommes dues au pape; à ua»
époque postérieure, du moins en Angleterre, les prélats prirent L.
terme, moyennant une somme fixe, !e recouvrement du denier cha—
cun dans son diocèse, et ceci nous explique pourquoi, au début dn
xvt* siècle, l'on payait encore la même somme qu'd l'époque de Centiusi—
Camerarius.
Tel est le résumé de ces deux ibèses, faites avec un très grand soin
et remplies d'idées justes et fécondes. Dans ce sujet si difficile et s
nouveau, M. Fabre a porté la lumière. Quelques questions secondaire»
seulement demeurent encore obscures; mais nous sommes persuada
que l'auteur les rendra claires, quand il remaniera son double travail^
pour en faire la préface de son édition du Liber Censuum*.
Ch. Pfibter.
GllbOSD BocB.'NE (Edward) . The demarcaUon llne of Alexand«p TI,^
an épisode of tbe period of discoveries. Extrait de ■ Yale Review, ■
mai im2. Ia-8°, 21 p.
Cette courte mais substantielle étude est
tentatives qui furent faites dès l'époque des gn
fixer une limite entre les possessions espognolet
à l'histoire des^—
îs découvertes poui —
les possessions por—
1. Noos iTODs très p«u d'erreurs de détail i relever. Petreglum, cilé p. 30, est-
Parrec«î, près de Salins (voir l'édit. Je la ctirnaiiue de Sainl-Béaiene par Ddu-
gaud et Garnicr). — P. 3b, tiietAnsbach au lieu ilArupneh. — P. 1?0, M. Fabre dll^
que Robert Gaiscard s'engage à payer annucllGmeat au pape I! dealers de Pavl»
pour cbaqoo paire de bœufs : celle expression demande t eu-e expliquée. —
P. lïl, le* notes sont inlerverties. — P. 15â, au lieu de Suguei, eoéfue d»
Dot, lisez Buguei, éoéque de Die.
s DB II ABC* non l
T iLEIAXDEB VI.
puaes. Colomb était à peine revenu de son premier vuyai^e igue,
r la demande du roi d'Eepafcoe, le 3 mal 1493, une bulle du pape
exandre VI attribuait aux Espagnols la possession des pays non chrë-
a» qu'ils découvriraient. Or, les Portugais avaient obtenu, par une
lie de Sîxle [V, un privilège analogue pour les régions nouvelles qu'ils
literaient depuÎR le cap fiojador jusqu'aux Indes (ad Indos). Il est pro-
ble qu'ils protestèrent le jour même par l'intermédiaire d'un envoyé
'ils devaient avoir auprès du pape, car le lendemain, 5 mai, une nou-
lle bulle fixait la limite des possessions des deux pays à uoe ligne
ée d'un pôle à l'antre par un point situé à 100 lieues k l'ouest des
lores ou des iles du cap Verl. Le Portugal protesta de nouveau, mais
mt pas gain de cause. En effet, le 35 septembre suivant, le pape, d'une
|on plus explicite, accordait aux Espagnols la possessioii de tout ca
'ils découTriraient dans les Indes, à l'ouest de la ligne de domarca-
iD, Le terme Inde restait, il est vrai, très vague, puisque la ligne n'était
icée que dans un seul hémisphère. Ferdinand consentit cependant à
porter plus à l'ouest la limite, et le traité de Tordesillas, signé le 7 juin
94, la fixa à 370 lieues des iles du cap Vert. La sacrifice n'était pas
Qsidèrable, car Colomb estimait à. 900 lieues environ la distance des
« Canaries aux terres nouvelles. La nouvelle ligne devait passer à peu
ëe au milieu de l'espace compris entre les iles du cap Vert et l'Amë-
lae. Ce nouvel arrangement ne reçut la eanctioa papale que par une
lUs de Jules II en 1506. Mais comment marquer lo point précis où
Lfisait la ligne?Il avait été convenu àTordesillas que les deux parties
iTsrraieot des expéditions dans la mer occidentale et que, si l'on trou-
lit une lerre à l'endroit convenu, on y élèverait une tour. Le projet
) nçat pas d'exécution. Cette question de la ligne de démarcation ne
rda pas à soulever de graves difUcultés. M. Gaylord Dourne rappelle
imment Magellan, mécontent du roi de Portugal, passa en Espagne
. prétendit que les Moluques étaient dans la part des rois catholiques.
1 fameuse expédition ayant paru le démontrer, Cbarles-Quint fit aus-
lAt (4 févr, 1523) une réclamation auprès du roi de Portugal, qui ne
intentit pas, tout d'abord, à entrer en pourparlers. Ce ne fut qu'en
)24, le 1 1 avril, que se réunit la juDtc de Badajos pour rejeter la diffî-
ilté pendante. On sait qu'elle n'aboutit à aucune solution. Les aslro-
iroes des deux partis ne purent même pas se mettre d'accord sur le
uni qui devait servir d'origine aux mesures. En 1526, nouvelie tenta-
ra infructueuse. En 1529, les deux maisons d'Espague et de Portugal
Stant unies par un double mariage, Charles-Quint consentit, par lo
aité de Saragosse, à reconnaître aux Portugais la possession des
oluques, moyennant une indemnité de 350,000 ducats. La limite
était pas pour cela fixée dans l'Amérique du Sud. Les Espagnols, à la
mlérence de Badajos, avaient dû, pour s'assurer la possession des
oluques, reporter la ligne à l'ouest, de façon à lui faire couper le
mtioent américain et à laisser le Brésil dans la part du Portugal. Ils
entendaient cependant pas accepler sur ce domaine toutes les préten-
':: coirm-UTiDus critiquis.
•ir^ -!\aux. La rMunioD du Portugal à TEspagne de 1580 à 1640
. f .: 1 ikLir^'iiemeac tuut conflit; mais, on 1080, les hostilitt^s faillirent
..iun. .:*' liiiuvimU' '!t>DtVreace8C réunit, sans aboutir davantage. Le
■ •.-:-mt« .'">iaii inik>lubl*>, puisqu'on no s'accordait pas sur le point de
ai .-'b .iiesiure». Lt?s intéressés finirent par le reconnaître en 1750.
> ^.i^i'-ti» LruiLrs lurent alors tenus pour nuls. Sans se préoccuper de
^iif .0 -^iMuarcation, on fixa les frontières du Brésil à peu prèf
^iiii- iài>» <oiit restées jusqu'à présent, et la possession des Philip-
^vo il :>f«;uuuue 1 r Espagne.
L. Gallois.
.. •, -..
k ■* ji
*«Aiipp Clûir«r. der B«|prûiider der historischen LflBnderknnde
;:' îcûr*;; Hir «leschidite der ^reoiiraphischcn Wissenschaft vor
*\aiM.H, IVijressorderErdkundeanderUniversilàt Breslau.—
, i.^.n.iii-iiif Vbharidluiigen heraus^re^Tbon von Prof, ir Albrech
■k%^% i \\ vu. Baiid V, lleft 2. Vienne, Kd. Ilœlzei, <89l. 47 p.
.11 u'.
■■!..;:•,* '■ \.'i. I«'iit M. Partsch entreprend do faire revivre la phy-
..... ..li N ••lit' L^r\.H*hure ot de rappeler les travaux scientifiques
. .■ K -,'.»i»iii' ui>i\'. oublie du commencement du xvii" siècle, auteui
I. ...i«rf.» 1 '^rmtf'sam gco*jraphiam, msLnucl très complet, qu
..js.ii-ii«> ia."vN;«;':e, ot de plusieurs ouvrages de géographie histo
.. '....'«lU i-t ■;•..» iLoide, IG16), Sirilia anii<fna (Leide, 1619»
! «1 !i'. !^Ci'. Cluver appartenait à une vieille familh
.r ■îi.jti.\ .ioiu une branche était ulléo s'établir à Dantzig
t . ■. 1.^11 - ^■it l.'»'^0. D'abord page à la cour do Pologne, pui:
M.i'M'.iL' i p!\u'Ui\ il vint, en tOOu, achever ses études ï
. . ^ , iv ,nf;o;îK':ît ùuulee de Leide. 11 s'y lia avec Scaliger, e
. ^». s Ml »:v'L'ablement le goût des (»tudes historiques. Mai:
.. . ,..x .X'.. tuv de lui un savant que son père l'avait envoyé
Xi- . 1'.^ -uwuitent de le voir dédaigner les études juri
, i.. .iJi.M' o îi subside. Glu ver ne cède pas, mais alors com
... :.. I M" •iM-r.Kledillicile. Il .s'engage dans l'armée hongroi»
. ^. .».!»*.■ •.' o^ Turcs. Puis, après un court séjour dans a
. . •.s«».': i !:îo rupture détinitive, il se meta voyager, visiti
,, •v.»..-c*\ U Suède, r.Vllemagne, la France, l'Italie. D(
^- .,..,%v ?■' *4 mort, il séjourne à Leide, sauf quelque:
. . i.,.i., li.'cvssitees par l'achèvement de ses livres.
./•■mo* et sa parfaite connaissance de l'antiquitc
. ...«..-i i;«i-.*ul amené à s'occup(»r de géographie histo-
y . .^ , .,.• ■v./A ^M* M. Partsch dans l'anal y.<e méthodique e
. .\,\u /'.' A iUrmania antùfua, de Vltalia et de la Sicilii
"... ^".H.1.\ i*'* ^t^^ rt^ndre aux érudits de grands services. Ili
. ..„^..,^M> -A'«r l époque où ils parurent. Clûver apportai
rinTSCH : thiliff cldeveb. 153
dam la dtscassion des problèmes qu'il abordait une autorité indiscu-
table : il avait visite avec ttoiii les régions dont il parlait; c'était là son
originalité, Comme conséquence, il mettait dans Ben jugements une
psade indépendance d'esprit, M. Partsch n'esl-îl cependant pas un
peu atnliîtieui pour lui lorsqu'il lui donne le titre de fondateur de la
^iographte liistoriqueY D'autres n'étaient-ils pas déjà entrés dans cette
voie, et n'y a-^il pas quelque injustice à les passer totalement sous
dlence? Puisqu'il résume, à la fin, eu quelques pages, l'histoire de la
f'ographiVhi'ilon'qiM depuis Cliiver, l'auteur n'auntit-il pas dû rechercher
é^lemenl n'II n'a pas eu quelque prédécesseurf On peut dire qu'en réa-
Ulè aucun lies géographes du svc s. n'était resté étranger à ces sortes
de questions, j'enteuds des véritables géographes, des savants, qu'il ne
&Bt pas conrondre avec les na^-igateurs. Et, en effet, dn momentqu'on
ctierchait A faire revivre l'antiquité, n'était -on pas nécessairement
conduit à retrouver les anciennes divisions du sol sous les nouvelles, à
■deatifi^r le pasi^é avec le présent? Cette préoccupation n'apparait-elle
pw déjà dans les rouvres géographiques d'^neas Sylvîus, au xv" siècle?
Ne ae rencoatrc-t-elle pas encore dans la Germanie de Pirckeymer, dans
'* DeaeriptioJt de f/urcmberg de Celtes, dans la Cosmographie de Muns-
*^> dans sa traduction, considérablement augmentée, de Belleforest?
"> dictionnaire géographique d'Ortel n'est-il pas une tentative très
Bieritoire d'identification des noms anciens avec les noms modernes?
^^* Cartographes eux-mêmes n'a)ment-ils pas à rapprocher tes cartes
■Ocîennes des cartes récentes? n'ajoutent-ils pas de véritables ail&s
'^'odernes aux éditions de Ptolèmée? Je sais que l'œuvro de Clûver a
"De tout autre importance : avec lui, la géographie historique devient
^o branche distincte, spéciale, de la géographie, comme, avec Ortel et
"lercator, qui sont presque ses contemporains, la cartographie ancienne
•* »èpare de la cartographie moderne. La géographie a pris assez d'im-
Portance à la fin du ivi' siècle pour qu'il devienne difficile déjà à un
^▼ant d'en cultiver toutes les parties. Je sais aussi que la méthode de
*^ûver est beaucoup plus précise que celle de ses devanciers, qui n'ont
^Ochê qu'accessoirement, si on veut, à l'histoire de la géographie.
™ttrB efforts n'en devaient cependant pas moins être rappelés, ne
'*>-ce que pour expliquer ce titre de fondateur de la géographie histo-
^Qe.qui, sans autre commentaire, pourrait fausser les idée-B. M. Partsch
'*>( encore un grand mérite à Clûver d'avoir secoué le joug de Ptolé-
""**, d'avoir montré vis-à-vis des géographes anciens une réelle indé-
f**»«îance. Ja crois ces éloges un peu exagérés. Quand, au commence-
?^»il du XV siècle, !a géographie de Ptolèmée fit sa réapparition en
|^^<^dent, la grande autorité du maître s'imposa à tous les disciples.
**i5, au ïvi' siècle, il s'en faut que celte autorité soit acceptée sans
"tUrmure. De tous cétés, en Kuropo, on se met alors à dresser de nou-
'^Içs cartes. N'était-ce point reconnaître, au moins implicitement,
1*>e celles du géographe grec étaient insuffisantes? D'ailleurs, les lémoi-
454 Goiims-u]iD08 cimam.
gnages explicites ne manquent ipàs. Stœffer, qui n'eet pts on des pli
hardis, écrit dans son Calendarium magnum, imprimé à Oppenhfii:
en 1518 : t Quant à la cosmographie de Ptolémée, souvent reprodoi
par Fart admirable de Timprimerie, nous la trouvons pleine de bnti
et d'erreurs. » De pareils témoignages ne sont pas rares an xvi* sied
La découverte de l'Amérique par Ck>lomb avait porté m crédit d
géographes anciens une redoutiû)le atteinte.
Ge qu'on peut reprocher à M. Partsch, c'est, on le voit, de n'aw
pas marqué assez nettement la place de Glûver dans l'histoire de
géographie. Il y aurait mauvaise grâce à insister sur ces critiques, i
écrivant son travail, l'auteur a eu précisément pour but d'apporter d
matériaux nouveaux pour cette histoire qui n'est pas faite. Il faot l'i
remercier : les monographies de ce genre rendront plos facile la tàd
de ceux qui essaieront d'embrasser dans son ensemble l'histoire de
géographie moderne.
L. Gallois.
Johannes TaEmrz. Knnachaen nnd Frmnkreieh (4552-4557
Leipzig, Fock, 489^ In-8^, 464 p.
£n Allemagne, quand on a suivi les cours d'histoire d'une Universi
et qu'on veut Caire sa thèse de doctorat, on choisit un sujet bien spéd
que l'on commence à une date et que l'on finit à une autre, on ne si
trop pourquoi, car il n'y a ni introduction au début ni conclusion à
fin. On a trouvé dans des archives voisines de l'Université qnelqu
lettres inédites, quelques détails nouveaux sur une époque d^à ti
connue; vite on se met à l'œuvre, on lit ou on parcourt la c littérature
du sujet, car on est consciencieux ; puis, sans donner d'explications, •
entre brusquement en matière ; on s'arrête quand on a écrit on noml
suffisant de pages, et le tour est joué.
Le livre de M. T. rentre dans cette catégorie de monographies où l'i
trouve un grand souci de la vérité, des recherches minutieuses sur d
faits minuscules et des remarques souvent ingénieuses, mais où il i
a ni vue d ensemble, ni composition, ni plan, et où l'on va d'an poi
de départ arbitraire vers un but indéterminé. Les rapporu de la Si
et de la France au milieu du xm« siècle ont certainement un réel in
n&t : c*est surtout avec les Électeurs de Saxe, directeurs du Gorps-Ëvt
gèlique, que les derniers Valois se sont entendus pour faire pièce à lei
rivaux Habsboun^s. Mais ce que je mexplique difficilement, c'est po)
quoi M. T. commence son étude en ihbt^ au moment du traité
Passau, sans nous mettre au courant de ce qui précède^ et poui^noi
la termine u>ut à coup en 1557, c'est-à-dire à un moment qui ne maiq
ni la fin ni le commencement d'une période, ni même un tempe d'ar
quelconque.
T&EFHZ : KtilSiCHSE.1 Dilfi FUIfKBI-lCa. 155
Oetle critiqne générale uoe fois Taite, je recunaais que le iravail de
ÎL T. esi sérieux, qu'il contient des renseigoemenls inédits et qu'il
^^ipuiesiir dee cunnaisBanceG biblioi^rapliiques très sur6$(Lntes : toute-
Ent, pnisqu'it s'est occupé de« relations do la Saxe et de la France, pour-
quoi i'est-il borné aux documenia saxons et laessois, sans chercher à
toicoDlrûler et h les compléter par tica documents français? la Biblio-
ibèqae nationale lui eu aurait fourni une ample moisson. De plus,
pirmi \w lettres ou mémoires des contemporains, peut-être aurail-il pu
H reporter utilement i des sources comme Tavanes, Brantôme ou
Hubert LuDgiuel.
premier cbapitre, divisé en quatre sections, M. T. a exposé
îiatlons de Maurice de Saxe et de Uonri U en 1552 et 1553. C'est
partie de la brochure, et la plus neuve grâce à de nombreux
iDts trouvés aux Archives de Dresde. Le traité de Passau, cou-
les princes protestants avec l'empereur, malgré les stipulations
de Chambord, avait mis en déQance la cour de France; on
it quelque temps sur la rësene à l'égard de l'Électeur de Saxe, dont
«rtliac disait fort bien : « Il n'entre jamais si avant en party, qu'il ne
"«che avoir une porte ouverte pour s'encheminer en un aullre <• (p. 82).
'^'■illeurï, le roi ne se souciait guère de lui donner de l'argent, et Mau-
"w PQ demandait sans cesse; c'est ce qui Si échouer la mission de Gains
"* Virai 1 en Saxe |fin 1552-commencement de 1553), comme celle de
'Olradt, comte de Mansfeld, en France (avril-mai 1553). Cependant, en
J^'o 1553, Henri II se décida à envoyer à Melz trois députés, le cardi-
"*' Hobert de Lenoncourt, le sieur de Vieillevilleet l'évéque de Vannes,
"^riliac, afin d'y traiter avec des repréi? entants de l'Électeur de Saxe
^dkutres princes allemands; peut-être une alliance aurait-elle été fina-
lement conclue contre Charles- Qui ut, si Maurice n'avait été grièvement
"'easé h Sieverehausen, au milieu d'une victoire (9 juillet 1553), et s'il
^Ut mort deux jours après. Ce fut un grand soulagement pour l'em-
P^i'eur, dont la puissance et même la couronne étaient gravement com-
I*''<Jii]iges en Allemagne : la France perdit avec Maurice de Saxe son
••Uè le plus remuant, sinon le plus fidèle.
Auguste, le nouvel Électeur de Saxe, était bien pins pacifique et bien
Moitié ambitieux;il traita, dés le 11 septembre 1553, avec le condottiere
^^bert de Brandebourg, alors au service de l'empereur, et ne se laissa
jamais éblouir par les offres de Henri II, môme par l'appât de la dignité
"Qpériale qu'il s'agissait d'arracher aux Habsbourg». Dana les premières
•t>aée» de son règne surtout, il ne voulut rien conclure avec la France ;
*■* 1 555, s'il se prononça pour l'admission des envoyés français à la diète
•*' Augsbourg , Il réclama la restitution à l'Empire des Trois-Évéchés
''•eti, Toul et Verdun); en 1556, il congédia poliment mais résolument
les agPDte de Henri II. Virail et Busseck; en 1557, il rejeta les insinua-
'^Qs du landgrave de Uesse, qui le poussait i intervenir en faveur du
"^î dans ses démêlés avec l'Espagne. Les rapports do la France et de la
4 56 coMPTBs-EEHDUs camouvs.
Saxe, de 1553 à 1557, se réduisent en somme à fort pea de chose
aboutissent à un résultat négatif; M. T. a eu beaucoup de peineàètabl
un récit très vide et insignifiant au fond ; à plusieurs reprises (p. 11
123, 125, 154), il est obligé d'avouer qu'il ne peut rien dire de préd
ce qui du reste n'est guère regrettable.
L'impression qui se dégage de la lecture de ce livre c'est que l'aute
y a fait preuve de qualités solides et qu'il mérite d'être loué pour
scrupuleuse exactitude et pour son désir d'approfondir tout, môme 1
plus petits problèmes; il a seulement besoin de se défier de ces qualit
et de s'élever, au-dessus du fouillis des menus faits, à une concept!)
nette des lignes principales et de l'ensemble.
A. WADDnfGTOH.
L. Descham PS. Histoire de la qaestioii coloniale en Franoe. Pturi
Pion et Nourrit, i891. In-8® de xvi-405 p.
Ce livre n'est pas une histoire de nos colonies. L'auteur s'est propc
d'étudier la série des réactions produites sur i'àme nationale par
découverte, la conquête, la prospérité, les malheurs ou la perte de i
colonies. Les controverses passionnées auxquelles les questions col
niales ont donné lieu dans ces derniers temps ont fait naître en lui ce
conviction que la colonisation, pour réussir, doit nécessairement ê
t voulue » par la nation. Ce qu'il a tenté de faire, c'est l'histoire des vc
tions coloniales de la France. Ne rappeler les actes que c pour mémoire
réunir les documents de tout genre, livres, traités, rapports officie
journaux, romans, pièces de théâtre, fables même, où l'on peut retn
ver les traces des discussions contemporaines ; au moyen de ces de
nées, répondre à trois ou quatre questions, délicates à résoudre pc
l'historien et dont la solution importe au politique, telles que les s)
vantes : c Les Français ont-ils le goût de la colonisation? — En oi
ils le génie? — L'action coloniale de la France s'est-eile faite avec
contre le sentiment national ? » voilà le problème que s'est posé M.
Hâtons-nous de dire qu'il s'est, en partie au moins, acquitté de ce
lourde tâche. Son livre est fait avec soin, et si (le sujet ne nous pemc
tait pas cette espérance) il ne nous apprend guère rien de nouveau
est plein d'aperçus intéressants et de réflexions ingénieuses. — Il
manque d'être précédé d'une bibliographie. Nous voyons bien que M.
a beaucoup lu, qu'il a consulté avec profit les Archives étrangères et
Archives coloniales. Dans ce dernier dépôt, il a patiemment dépoui
vingt-quatre tomes de Mémoires généraux sur les colonies, recueillis ]
Moreau de Saint-Merry *. Mais, sur certains points, sa connaissance (
1. Il donne en appendice on très intéressant mémoire, de t775, snr les ce
nies d'Amérique.
PBSCHAVFS : OISTOIBE DE U QUESTrON COLORIILE EIT FBAnCE. 457
Imprima n'est pas toujours très complète, et il s'est trop eicluBivement
contenté des ouvrages publiés ea France'.
U n'avait point, pour aÏDsi dire, le choix entre deux plans. Le pre-
mier Livre est consacré aus dicouveriet, le secood à la plus grartde expan-
jiBn. le troisième au déclin; suit un court chapitre sur la Hévolntion et
l'Empire. Mais M. D. n'a pas cm pouvoir s'en tenir à ces larges divi-
BÎons. Chaque livre est subdivisé lui-même en trois parties : l'action, et
c'est le résumé rapide de l'histoire des colonies à telle époque; iintértt,
et c'est l'étude de • la participation spéculative et effective de la nation
à VcBUTTe coloniale >; la discuision, et c'est l'exposé des controverses
conta m po raines .
Cott« division tripartite a l'inconvénienl grave de morceler les ques-
tions et d'obliger l'auteur à des répéiilions. Au lien de saisir dans son
«nBemble un grand fait, comme la création de 1664, nous sommes obli-
gés de rechercher dans un premier chapitre l'organisation de la Compa-
gnie; dans un second, et cinquanle pages plus loin, nous trouvons les
publications qui célèbrent l'œuvre de Colhert;dans un troisième seule-
ment, nous entendons les contemporains apprécier et discuter le sys-
t*ino. — La première partie est le plus souvent iuutile : l'auteur y dii
mp Ou trop peu de choses. La seconde et la troisième se distinguent
"Ml l'une de l'autre '. pourquoi, au xvi* siècle, < l'opinion, l'initiation
<'" public I sont-elles dans le chapitre de l'inlfrêt, tandis que la dùcua-
*""» est réservée • auï curieux, aux opposants, aux apôtres? i M, D.
■ Ktti par senlir lui-même combien tout cela était factice, puisqu'on
^'^vont à la Révolution, il a fondu les trois chapitres en deux sections :
''lotion, l'opinion.
C'est «urlout dans le livre l'^ que le chapitre relatif à l'action colo-
0>»le a tout l'air d'un hors-d'œuvre. Uetie période devait être traitée
« ans bçon très succincte : la France n'a pas de colonies, la question
Coloaiale existe à peine pour elle. Les hardis marins dieppois qui
**laient chercher l'ivoire ou la malaguette sur les cètes de Guinée
^ étaient point des colons au vrai sens du mot'. Exploration et coloni-
MtioD BOQt deux choses fort dilTérentes, dont l'une peut exister sans
' Ulre : témoin les Hollandais, qui n'ont pas eu de très grands voya-
8*Ur8 et qui ont foudé un empire. Parmi nos marins du moyen âge, il
" tel guère que Jean de Béthencourt qui ait établi des colonies, mais ce
1- S* bibliogrnpbîc est insulDuale sur Lall}, sur la polémique de 1769, etc.
^'Uti les ourriges publiés k Londres, nous lui signalerons : t'Élat actuel 4e
■''«*«(... I« comment de la France (1787, iii-8"), The Irade lo /ndfa (1720,
''>~d'j et iuHout un remarquable petit traité, capiUl sur la question du priH-
'<S* : ContlderaUon* upon Ihe trade uiUh india, and the policg of contirmlng
^ €<it mtmopols (1S07, ia-4-}. Dans un anlre ordre d idées, Parkman, The old
**9ime in Canada (tS8â], est trCs bon sur l'œuvre de Colbert.
^ L'ialear le reconnaît, p. i> : • Oea vajagea, il esl vrai, u'aboulisaent pas
tUfoodilioti de colonies. • Il aulfisait donc de les rappeler en quelques lignes.
158
COltrTES-BKIDDS CB1TIQDBS.
n'éUient pas des colonies françaises. Od peut doac appeler, avec M. D-
Ini-môme, Champlain • le premier de nos colonisateurs. ■
Ce début n'a pas seulemenl la tort d'être trop long et cependut
iDComplei. Il dodr prive d'ua autre débat plus large et plus géuérat. &
eût Talla, dès l'abord, exposer dans lOQle son ampleur la redoutaUl
antiDomie qui explique noire histoire et qui pèse sur notre avenir. Ptfc
cée à l'ouest de l'Europe, au bord de cet océan où elle enfonoe commi
un coin le ^nit breton, baignée par deux mers qu'un isthme étnùl
rapproche plus qu'il ne les sépare, ouverte à toutes lea inBuenc
dehors par ses grandes voies de l'Aquitaine et du Rhône, la Fruice U
semblait-elle pas, entre toutes les nations du monde, désignât» par 11
nature à la domination des oaers ? Comment expliquer qne cette grandi
colonisatrice n'ait jamais réussi, jusqu'à cette heure, à conserver nn
empire colonial? L'explirMion de cette énigme n'est-elle pas en partit
dans l'existence de frontières indécises et toujours ditputéet du cAtë dn
nord et de l'est; dans la naissance, à une trop faible distance de c
frontières, d'une capitale purement terrienne; enlin dans toutes les àf"
constances qui ontconlraintlaFrance, aux heures décisives de Bonexi**
tenco, de renoncer à sa vocation naturelle, l'expansion maritime, |
se jeter à corps perdu dans la politique continentale? Si M. D. avait
ainsi voulu éclairer l'histoire par la géographie, son Uvre y aurait sîD'
gulièrement gagné en élévation et en unité.
Même au xvi" siècle, la nation s'intéresse beaucoup plus aux voyagM
et à l'exotisme qu'à la colonisation proprement dite. 'Un ne peut guera '
citer que la tentative de Villegagnon, sur laquelle M. D. ne nous tn^
tniit pas complètement. Il ne recherche pasd'asscï prés pourquoi cetto'
première colonisation française a échoué. Par contre, il est beancotip.
trop long sur l'expansion de l'Angleterre à cette mémo époque. Oeqil'4
fallait étudier en Angleterre et ea Hollande, c'était moins l'exploraiks
et la conquête que l'organisation de ces puissantes compagnies qui vi
servir de modèles aux nôtre». En 161B, ne l'oublions lias, était déjà am
Indes le fameux Th. Roi', dont las mémoires excitent encore l'admirBn
Arrivant au xvti° siècle, M. D. s'attache à établir (p. 74), mieoi
ne l'avait fait CailleL, o la part très grande qui revient à Richelieu. ■
La colonisation n'est pas, pour le grand ministre, une simple dépen*.
dance de l'admini.'iiratiun intérieure, c'est une grande pensée de poli-
tique étrangère. Mais, ce que je ne saurais admettre, c'est qu'on n
pas encore « au delà des colonies de peuplement, > c'est qu'on ne fR
■ aucun contrat avec une compagnie de commerce'. ■ Dès 1604, Glrant
T.e Roy avait demandé à Henri FV le privilège exclusif du commerça
l. H. D. se contredit. Il écrit, p. 7S, que lUchelieu a pris aux Hollandais II
uodito des grandit compogittes privU^gléet, et. deux pages plus lolSi que
compagoies de Richelieu u'élaient pas privUégiiet.
DiSCHAHFS : HISTOIBE DE U QlIKaTtOK COLONULE EN FRtXCE. 4 59
iffis Iodes orientales; ce privilège lui Tul accordé pour douze aCE en iSll <
et reaouTelé ea 1615 aux daui compagnies coDcurrentes fondues sous
la Dom de FlolU de Montimrtney.
Entre Richelieu ol Colbert, M. D., acceptant les concluBionB de
U. Lair et de M. G. Marcel, estime que la tradition coloniale Tut cou-
KTvée par Fouquet. It signale avec raison le grand nombre (450| des
pablications relatives aux pays d'outre-mer qui s'impriment de 1600 à
1660 et Eurtout, fait bien plus considérable encore, le grand nombre de
villes oi!i elles sont éditées (25 dans nos limites de 1660). Bien que les
récits de missions tiennent encore la première place, celte diOusion de
l'intérêt colonial est uq pbènoinèDe remarquable, qui aide â comprendre
la politique de Coltrert.
Nous toucbons à la partie capitale de l'ouvrage. Nous craignons que
raQl«ur n'ait un peu exagéré la portée et les elTets de l'œuvre coloaiaie
de Colbert. A toute époque, il parait trop dispose à confondre l'exlen-
liea des colonies sur les parcbemins des diplomates avec leur eil^nsion
■«elle. Dire que notre empire colonial sous Colbert couvrait 10 millions
d« kilomètres carrés, c'est ne ri»n dire de précis, car, parmi ces préten-
dues colonies, beaucoup de territoires, tels que le bassin du Mississipi,
D'étaienI tout au plus que des > mnes d'influence. ■ — L'effet obtenu
pitr Colbert est en somme assez médiocre. L'émigration est presque
Qulle : en 1674, la Compagnie des Indes occidentales dominait sur
U,OO0 colons (nous prenons ces chilïrcs à M. D.) ; en 16S8, vivait, dans
«• anciens domsmes, une population de 55,000 blancs ; soit une émi-
gruioa annuelle de 750 âmes (ik'i pour le seul Canada), toutefois, si
■lous admettons qu'il n'y avait pas encore excédent des naissances sur
In décès*. Et quels moyens pour atteindre ce résultat? Certes, les vio~
Uaces employées par Colbert {p. 15S) pour constituer les compagnies
a ^Valent rien d'extraordinaire alors, mais elles accusent l'apatbie de la
MUon et elles ont dû avoir pour premier effet d'aviver les défiances, —
Sous ce titra : ■ les Commerçants et la nation >, M. D. a écrit dix pages
IIT^lgg), les meilleures de son livre, où l'on aperçoit clairement que
'(Biàvre de Colbert, pour grande qu'elle fût, était toute factice. De nom-
oreates villes et compagnies souscrivent plus ou moins volontairement
(sa Auvergne, ou eut recours à de véritables dragonnades pour conver-
UT leg iucrédules) ; mais, après avoir souscrit, elles paient mal ou ne
P^entpas (p. 183 et ss.l. Pour maintenir le tout pelit courant d'émi-
paUoa qni se dirige vers la Nouvelle- France, Seignelay sera obligé de
hine t partir jusqu'à des forçats invalides > et d'engager i juaqu'à des
*iirta. I Le nombre des publications coloniales, loin d'augmenter, a
!• Fraocbeville, BUt. de la Compagnie, p. U.
2> Il serait îajnBte de comparer cette lente croissance ivec le développement
^ ''Aa«lr*lie entre IS61 et 1S61. 11 suffit de rapprocher ces chiffres de ceux
1"' indiquent l'accroisMioeiit des coloaies anglaises d'Amérique de lfj6U i 1700.
■160 cowpTES-REvnrs cRingcEa.
décru de Ricbelieu à Colberi, et, symptôme plus grave de U désall
tion de l'esprit public, le chiffre des villes proïincialeB où elW si
priment est tombé de 130 à 43. M. D. a raison de conclure (bien t
n'ait pas assez courageusement pri^pare cette conclnsion) : > Colbel
donc pu créer un immense empire colonial : il n'a pas rendo le p
colonisateur. »
La Tautâ n'en Berait-elle pas au système qu'il employa? H. D. dècl
qu'il n'a • pas à l'apprécier. > Hi pourtant ce système a été -
n'est pas impossible à priori — une des causes de l'insucoés de (
berl, il est du même coup une des causes de la défaveur qu'on i
gnée aux colonies. — M. f)., il est vrai, diminua l'importance ds
système. Il avauce que, pour Colbert, IVxcIim)/' n'était nutre chose i
r t interdiction rigoureuse «le tout traite avec l'étranger > et n'a'
de commun avec le privilège. Comment expliquer alors que le rot
c'est-à-dire Colbert' — ait contresigné l'article ivui des demaai
présentées par la Compagnie les ^ et 3t mai 1664 : <■ Que S. M. ac<
dera à lad. Compagnie le pouvoir et la faculté de négocier seule, à t
elusion de toui tes autret mjets*. etc...? « Il faudrait nous dire ce qo
pense de ces mesures. Et il n'y a pas à répandre que Colbert n'a '.
qu'adopter les idées de son temps, puisque 'les plaintes des Roueai
en 1604, les cabiers du Tiers de 1614, les protestations do 16
valent l'éclairer sur l'antipathie que la partie laborieuse de la nal
professait à l'égard du privilège, puisque, dans son propre cabinet,
e' Pormoni, marcband de Paris, enteudanl parler... de cette liberté
IraQc, dit que, dès lors qu'elle seroit établie, au lieu d'un vaieseaa
en enverroit trois. ■
A tout le moins Colbert a-t-il inventé le pacte colonial, qu'il ïndiqi
déjà, en 1603, dans un MËmoire à Mazarin, comme le plas sûr mo^
de développer les colonies. Ne valait-il pas la peine, sans faire lai
tique du système, de rechercher en quoi sou établissement pouvait :
liBer ou ébranler la popularité des colonies? Même indécision s
grave question de savoir si Colbert eut raison ou lort de remplacer,
Canada et aux Antilles, le régime des compagnies par celui des ïnU
dants, de supprimer les libertés locales, do conserver le pire dee a|
de l'ancien système, l'oppression économique des colons'.
Arrivant au xvni* siècle. M, D. s'élève contre l'injustice histori^
qui fait porter au gouvernement de Louis XV • la responsabilité
1. H. D., bien entendu, repousse la thëse souteaue par M. Panlial d
LouU XIV et la Compagnie det Indet.
2. Ce que dll H. D. peut tout au plus g'enlendre des colonies de peuplen
mais, prëcisémeul k celte pnge ICI, c'est de l'Inde qu'il est question.
3. Deux mois t peine sur ce Rrare sujot, p. X^î : t Oa a mimerqmt
non sans raison, A Colbert, etc. > liais c'est le point capital. Vof. i
CompagjUa loui l'ancien régime (Écon. fr., juillet 1891).
lESCHUfPS : EISTOrRE DE Lt QUESTION COLOKIILB EN FBiNCE, iH
DOtn niiae coloniale. • 3e ae lui douaerai pas tort. Mais c'est aller loin
|l>de dire du traité de Paris qu'il • n'est pas plus réprébeosible qae
bnîlé d'Utrecht. • Il est vrai aussi que le ministère accordait, sur le
pipier, des hommes et de l'argent aux gouverneurs et aux généraux :
ffisi» Lally n'était pas encore sorti du port de Brest, déjà on lui enle-
vait deui bataillons, deui vaisseaux, deux millions*. Qu'étaient les
efforts du gouvernement français en comparaison des formidablea re»-
'cea que l'Angleterre prodiguait à ses agents? Les perpétuels chaa-
_ BDts d'bommes et de système montrent le vague qui régnait dans
ittierTeaux miniEtériels; te mot de Choiseul, qu'il avait i attrapé *
In ÂDgtaÏB en leur cédant le Canada, est le digne pendant du mot de
Volttire. — Assarément la coor ne fut pas seule coupable, et, parmi
Ih coupables, j'aurais voulu voir eigualer tes économistes, qui, en blâ-
nuiit sans discrétion la politique territoriale^, — si brillamment inau-
gurée dans l'Inde par Dupleix, si habilement reprise par Clive', — ont
insinnè dans l'esprit public cette funeste idée qne les colonies sont inu-
tiles au commerce', et tout doucement consolé la France d'avoir perdu
Un empire.
Bi quelque cbose relevait du sujet de M. D., c'était assurément l'étude
d© celte grande controverse qui s'ouvrit en 1769, après la perte de l'Inde,
Bar la question do savoir si l'on garderait la Compagnie. Morellet,
Necker, le comte de Lauraguais, le ministère, une foule d'auteurs ano-
nymes y prirent part, et nous nous étonnons d'en voir un si petit
nombre cités par M, D.'. Il n'a pas apprécié avec assez de vigueur la
fusion de 1719, ni signalé^ ces variations incessantes des tarifs, ces
retours à la prohibition, qui auraient tué tout commerce, si la contre-
bande n'avait pas eiislê; ni montré que les actionnaires, hors d'état de
prendre leurs dividendes sur les bénéfices commerciaux d'une entreprise
qui ne faisait pas ses frais, étaient devenus de véritables rentiers.
Nous n'insisterons pas sur les quelques pages relatives à la Révolu-
tion et h l'Empire, puisqu'aussi bien l'auteur reconnaît n'avoir fait
(|<i'eflleQrer le sujet et annonce l'intention de le reprendre à part. Il
1. ITAn. pr. Lall9, p. 18.
5. Hoiellet, Examen de la réponse de Neeker (1769) :
'hu> Mite nécessité des conquêtes pour soutenir le ci
3. Kiesolaf , CUee.
<. Cette idée se matatint longtemps dans l'école d'A. gmilb. Elle subsislait
Mœrt dsDt la première édiLoo du beau livre de M. P. Leroy-Bcaulieu, qui
depuit g tjolablement nodilié sa façon de voir.
6. Vo;. Morellel, Mémoire sur la situation aeluelle, suivi des Doutes d'un
•Wioniiotre,- Necker, Ripante au Mémoire; Morellet, Examen de ta réponse;
■jiMgnalt. Mémoire tw la Compagnie; Anon)rniB, Examen des décisions de
"' UoreUet. Ces inéaioires se SDiveut de mois en mois pendant l'aonée 1769.
C' Il ne l'a guère fait que pour les castors. Mais combien plus intéressante
Ml l'hiiloire do café (Fiancbeville lui consacre tout un chapitre), celle des toiles
*« Mlon, etc. I
Rb\, IIisToa. U. l"FiBc. il
462 G01IPTB8-1I1ID1» CUTIQUIt.
tâche d'établir que, dans leurs hardiesses, les assemblées réyolatiom&aJLJnei
(au moins la Constituante) ont apporté pins de ménagements qu'on ne
yeut bien le dire. Pour lui, le véritable auteur de notre banquooute
coloniale, c'est Napoléon.
La conclusion de M. D., c'est que, si la France n'est pas une nation
colonisatrice, c'est qu'elle est une nation c latine. » (Conclusion un peo
inattendue. Il ne lui suffit pas d'accuser La Fontaine d'avoir, — noB
dans la meilleure de ses fables^, — détourné les Français de preodis
des actions de la Compagnie des Indes orientales ; il rend Vetprit dan
sique responsable de tout le mal. Pour créer en France une opinioa
favorable aux colonies, il faut t tout simplement réformer notre ensei-
gnement secondaire. » Nous nous refusons à suivre l'auteur sur un ter-
rain qui n'appartient plus à l'histoire. Il nous suffira de retenir de «m
livre ce fait capital, et qu'il y avait un certain courage à dénoncer:!
aucune époque, la colonisation n'a été sincèrement f voulue » par l'eD-
semble des Français; elle a toujours été l'œuvre de quelques individiii,
jamais la nation n'a été complios, La France a eu des Toyageun, d«
aventuriers, des hommes d'État qui lui ont donné des empires : il hd
a manqué, pour les garder, d'avoir le tempérament colonial. Une eer-
taine timidité des capitaux, une sotte défiance du lointain et du oui
connu, une préoccupation excessive des choses continentales, un groi^
sissement des choses intérieures nous ont jusqu'ici empêchés de 1^
quérir.
Il faudrait à tout prix éviter d'écrire des phrases aussi peu firançtim
que celle-ci, p. ix : a Si les colonies ont été en défaveur, quand et poor
quelles causes s'est-e//^ manifestée? • ou aussi peu simples que oelle-làt
p. 385 : a Cette malheureuse centralisation, qui semble collée à noos
comme une tunique de Nessus^ • — Mais nous en avons assez dit pour
montrer que, malgré les lacunes et les taches qui le déparent, ce livre,
qui était nécessaire, a été écrit par un travailleur consciencieux et mériSB
une lecture attentive.
H. Haush.
1. P. 215. Il s'agit de V Homme qui court après la fortune.
2. Oq encore, p. 379 : f Fils de 89, quand dépouilleroiift-nous la livrée eos-
solaire et impériale? » * Depuis que cet article a été écrit, MM. Sorel, dass
le Temps, et Farges, ici même (L, 93), ont apprécié l'ouvrage de M. D.
RECUEILS PÉHIO DIODES.
RECUEILS PÉRIODIQUES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
* . ~ Revne des Questions historiques. Juillet 1892. — Vagaji-
DAai». Un évéque d'Irlande au xii* s. Saint Malacbîe O'Morgair (arche-
''A<]~iie d'Armagh et légat du pape, réorganisateur de l'Église d'Irlande,
mort à Clsirvaux en 1148 auprès de saint Bernard, qui a écrit sa vie).
— Pibhuhg. Les Russes au concile de Florence (expose le rûle du
métropolite de Kiev, Isidore, auparavant liégoumène de Saint-Démé-
irius, qui, d'accord avec Jean Paléologue, touIuI faire rentrer l'Église
grecque dans le giron de l'Église romaiue, mais fut arrêté par le sen-
ti naeot populaire et par l'hostilité du grBod-kniaz Vasailt II. Celte ten-
t&CÀve eut pour résultat la rupture de la Russie avec le patriarchal de
Coxulantinople). — Lecebtbe. La missioa de Gourville en Espagne
(ex»-\oyé en 1669 par Condé pour poursuivre le paiement des 598,271 écus
(l*->^^ l'Espagne lui devait. Dans cette mission, qui dura jusqu'en sep-
teKubre 1670, Gourville s'occupa aussi avec M. de Bonsy des affaires
d^ la succession d'Espagne et réussit à. employer comme eepionne la
P*"<:*pre femme du marquis de la Fueate. M. L. a utilisé pour cette
c»a«-ieuse étude les documents des archives de Chantilly). — Fodhkel.
i»^ts théâtres et la Révolution (piquant). — Delattrb. Une flotte de âen-
na.cbêrib sur le golfe persique. — Robiou. Éludes sur la première religion
d^s Gtiinoîs (analyse la critique faite par M. de Harlez des opinions de
'•W. Vinson et Réville). — Spont. La France et la Tunisie au xvu" s.
('»' après la publ. de M. Plantel). — M. de la Rocbetebie. Correspondance
iK» comte de Mercy avec Joseph II et Kaunitz (d'après la puhl. de
^W. d'Ameth et Flammermont), — Comptes-rendus : Drasdner. KuUur
"- Sitiengeschichie der italienischen Geistlichkeit im 10. u. 11. Jahrb.
'*»on). — Quetsch. Gesch. des Verkehrswosens am Mittelrhein (utile,
™**l compose). — J. de Cosnac. Mazarin et Golhert (hist. anecdotique
*niusante). — Un canton du Bocage vendéen. Souvenirs de la grande
B'^erre (nombreuses pièces inédiles). — Urseau. L'instruction primaire
"Vaiij 1789 dans les paroisses du diocèse actuel d'Angers. — Comie H. de
''^f'onnes. Preuves pour servir à l'histoire de la maison de Chabannes
f^ueil de documents qui formera 8 vol. 10-4", tirés à 70 ex.; impor-
^*'>. — Les plus illustres captifs (162 notices sur les captifs d'Algérie,
**'_'■ le P. Dan, publ. par le R. P. Galiite). = Oct. 1892. Fèret. Les
""'Sines de l'Université de Paris aux xii» et xiii* s. — Tb. de Phymaiohb.
, *•> l'Aveugle en France (très intéressant article sur les rapports de
^n de Luxembourg avec la France). — De Bbog. Un lëmoio de la
^g yplntion française à Paris : Jean- G a.b ri el- Philippe Morice (d'après
^** noies écrites après 1814. Morice avait été d'abord clerc de notoire,
&ECUËILS PERIODIQUES.
puis employé dans les bureaux du Comité de salut public, aux mimi-
tères do la justice et de la police; récits aBsez curieux sur le 10 toAt,
les Joarnées de septembre, le 9 tbermidur, sur Bonaparte). — AiAUi,
L'enquête scolaire de l'an IX (on a recooBtitué aux Arch. oat. les résal-
tata de l'eDquMe ordonnée par Cbaplal eo I81W. M. A. en donne le
dèpouiliemeDl. Sans permellre une etatit^tiqae sérieuse, ces documeau
un tableau latnent&ble de la destruction par la Bévolution
£s Ibs iastitulioDB d'enseigaetneat publicl. — Forbes. Une accn-
contre Edmond Carapian (nie que ce martyr, mis à mort i
Tybuni le I" déc. 1581, ait révélé pendant la torture les noms d'ainii
catholiques qui l'avaient héberge]. — De Beaucoubt. Le mot de t'alibc
liÀlgewortb imaîntient l'authenticité des fameuses paroles). — Chakeif-
GEï. Hecberches sur quelques dates anciennes de l'biritoire du Mexique.
=: Comptes-rendus : Mordtmann. Esquisse topograpbique de ConsiaD-
tinople (l'époque de la i' croisade). — Kraus. Uist. de l'ËgUee; tnd,
par MM. Godet et VerschafTel, 3 vol. loS' (cet excellent manuel a été
complété par les traducteurs ). — Paulus. Oer AugnstînermOndi
Johannea Hofl'meister (bonne contribution à Tbisloire de la Reronnej.
— Gebhardt. Handbuch der deutschen Geschicble, 2 vol. |ce manuel
excellent est diï à la collabo ration de plusieurs spécialistes). — Cuiuard. —
Tbéodulfe, évéque d'Orléans. — Ory. Les origines de N.-D. de ia Cha- —
rite. — Loubel. Carpeutraa et le Comtal^Venaissin avant et après l'an-
nexion. — Du Teil. Le village de 8aint-Momelin, Arioia et Flandre^^S
(excellente monographie). — P. à« Witt. La jeunesse de Marat. Martt^^-'^
romancier (très curieux). ^
S. — La Révolntlon n-ançalM. 1892, U oct. — H. MoKn. La teisi^M^
nationale du 22 sept. 1892 et ses précédents historiques favec d»^^"*
curieuses illustraltons), — Thénabd. Goujon, électeur dans le canton da^^ -'
Sèvres, 1791. — AuLAHD. Les conventionnels en mission avant le lOjnil ■""
lel 1793 (liste de ces commissaires). — Brette, Relation des événements .^^^-^
depuis le 6 mai jusqu'au 15 juillet 1789; bulletin* d'un agent secret. —-
Fi-AMMBHMosT. L'authenticité des Mémoires de Talleyrand len tronquant-^ -*'
et en défigurant certains passages de la correspondance Mirabeau-La .*T"^
Marck, M. de Bacourt s'est montré éditeur infidèle; il a falsilié les pa»- — ^^*
sages injurieux pour Talleyrand. Il a dû appliquer le même système ^^■*'
aux Mémoires de Talleyrand ; donc l'authenticité do ces derniers esl.^^*"
plus que douteuse. C'est pour eifacer la trace de ses méfaits que M. de^**
Bacourt a détruit le m s. original de Talleyrand, comme il a fait défense^*^
que l'on put jamais consulter les archives d'Arenberg, où sont les ori-^ — -"^
gioaux de la correspondance Mirabeau-La Marck). — Et. Guabavit. — '^'^
L'adjudant général Jouy. — Kosoinbki. Le conventionnel Du Bouthel. — ^*'
— BaeTTE. Les députés de la colonie de l'Ile-de-France en 1790.
Relation des événements depuis le 6 mai jusqu'au 15 juillet 1783; bol— -^^ -*'
letins d'un agent secret; suite.
3. — Bulletin orlUque. 1892, n" 20. — SpuUer. Lamennais (for» '
ist, iD&lgré un excès d'admiratioQ pour le héros du livre). —
HMtnl. Lexicon Caesarianum (fait avec be-aucoup de soin). — Gnoli. Un
10 di lésa romaaità souo Leone X létade sur Christophe Longueil
tlMt corre^poodanle, aotannnent Bembo et Sadolel: tableau très vivant
de la sodélé érudite à Rome au temps de Léou X; le crime commis
pirLoagueil Tui, apr^s avoir reçu le droit de cité romaine, d'avoir, daas
un diwours lu à Poitiers en 1508, o»é proclamer la supériorité de la
France lor l'Italie). = N* 1i. Maha/fy. The greek world undor roman
*wsy, from Polybius to PluUrch (agréable). = N" 22. Fabre. Étude sur
h Liber Censuum de l'Église romaine (ouvrage d'un iniérët de premier
iinlrp), =, N" 23. Comte de Cornac. Mazarin et Golbert (oauvre d'une
'k'Dureuse et patiente érudition).
4 — JonmaJ des Savants. 1892, oct. — G. Perbot. Les rouilles
dp Schliemaon à Mycénes; lin. = Nov. Jahet. Bossuel historien du
protestantisme; fin. — 6. Paris. Les origines du théilre italien (d'après
AI-d'AucûDa, qui vient de donner une nouvelle édil. de ses Originidel
(Mlro liai.; résume l'histoire de ce théâtre, qui diffère beaucoup du
ttititre frauçaÎG au moyen Age. Il est sorti du grand mouvement de
rénovation retigioaso qui, à partir de 1259, agita d'abord i'Ombrie puis
Im pays voisina, ou plus exactement des chants et exercices de dévo-
tiOQ mis en pratique par les flagellants. Là, il a été l'œuvre de lajquca
préoccupés surtout de faire pénétrer dans les cœurs l'enseignement
chrétien, tandis que les mystères français sont l'œuvre de clercs préoc-
CQpës de prouver dogmatiquement les mystères de l'Incarnation et de
I» Rédemption).
-Revue oritiqae d'hiatolro et de littérature. 1892, n* 42.
— Oh. A. Williami. Die franzOsischen Orlsnamen keliischer Abkunft
(an 4«s meilleurs travaux qui aient paru jusqu'ici sur l'étymolugie des
Doms de lieu français d'origine celtique. Des corrections). — P. Fitbre.
■ Liber Censuum • de l'Église romaine (excellent). —
'^'Wïnwit. Sloria critica del risorgimento itatiano; tome I (l'Italie sep-
(''■trionale pendant la domination autrichienne; elle est traitée avec
*Wtic«, impartialité et clarté). = N" 43. Sehefer. Estât de la Perse en
)S60, par le P. Raphaël du Mans (tableau curieux, tracé peut-être sur
Il demande de Colbert; lon^e et savante introduction sar les rapports
^ la Perse avec l'Europe chrétienne au ivn" s.). — Babaud. Sirven,
Mode historique sur l'avèneraenl de la tolérance (bon). — Biadcgo. 8to-
'ii délia bihiioteca comunale di Verona. — N- 44. Al. Bertrand. La
'■^ule avant les Gaulois (hvre agréable ; l'auteur ne traite la question
>n>'iu point de vue archéologique, où il ne manque pas do compétence).
— MùUenhoff. Deutsche Alterthumskunde; vol. III (ouvrage d'une lec-
lars indigeste, mais des plus substantielles; l'auteur, érndit de premier
unlre, a traiti^ la question au point de vue linguistique avec une grande
(apériorité). — Garrùson. Paul de Viau, capitaine huguenot, frère du
poéU Théophile, 1621-I62». = N° 45. Markgraf L. W. von Baden und
Ufi
■.EBILS PERIODIQDBS.
der Reichskrieg gegen Fraakreich, 1693-1697 (ouvrage fortement d
meoté qui contient beaucoup de faits nouveaux snr Louis de Bade, si
l&gaerrecoatrelaFraoceetEUrlapaixdeHyBwick). — Funek-BrenUau,
La question ouvrière sous l'ancien régime [au siècle dernier, les grèvs
à Paris étaieni promptement réprimées par le lieutenant de police, qa
envoyait les meneurs à la Bastille ; de là la haine des classes oav
pour les lettres de cachet et pour la forteresse). — Catalogue des p
verbaux des conseils gènéraui de 1790 à l'an U (publicaiioa ulfle, n
qui présente de graves lacunes : tout d'abord on n'a pas degoi ce qu'os
enteudail par • conseils généraux; > en fait, on n'& considéré quelM
conseils généraux de département; ensuite les archives de ces cunaeill
sont beaucoup moins considérables que celles des directoires de déptp>
tement, où était réellement coaceotrée l'administration dêpartemenlale;
enfin, on s'arrËte eo l'an II, alors que les conseils généraux ont doii
pendant six ans encore. Article très intéressant de H. Aulard). =N'4S,
Pellfgrini. Sludij d'epigrafla fenicia (additions, corrections ei
taires au sujet du tome I du Corp. inscr. lemit.). — ÀUinger. Essai rat
Lycurgue et ses institutions (très intéressant). — Albanii. Nouvellet
recherches sur Pierre d'Aigre feuille, évoque de Tulle, Vabres, Clermont,
Uzès, Mende et Avignon [l'auteur a entièrement reconstitué la vie dà
ce prélat et corrigé, chemin faisant, de nombreuses erreurs). — ^0114^
Documents pour servir à l'histoire des domiciles de la Compagnie À
Jésus dans le monde entier, de lâtO à 1773 (beaucoup d'utiles correcUoU
par M. Cordier). = N" 47. Pasdera. Dizionario di antichitù classica (anlaiU
qu'on peut en juger d'après les deux seuls fascicules publiés, ce dici
naire rendra de grands services, surtout au point de vue archéologique}
l'illustration est médiocre). — Cognât. L'année épigra phi que. — ComgeF,
L'architecture gothique (l'auteur s'est entièrement fourvoyé en préteo»
dant faire sortir l'école gothique de l'école romano-byiantine du Péri*
gord, l'ogive du pendentif). — Guglia. Die konservativen Etementti
Frankreichs am Vorabend der Révolution (bvre très bien informé). :
N" ^8. Smilh. Handbook for travellera in Syria and Palestine [remaf
quable}. — Schiaparelli. Una tomba egiziana înedila délia VI* dino»
tia (élude importante d'où M. MaKpero a tiré le sujet d'ui
article sur un certain Hirkhouf, d'Assouan, qui fut à trois reprises dlf
férentes envoyé en mission au centre de l'Afrique ; des inscriptioBl
racontent ses voyages et leurs résultats). — Chabot. De 8. Isaaci Nioti
vitae vita, scripUs et doctrina (ouvrage très érudit et important anr 11
vie monastique cher, les Syriens au V s.). — Beloch. Bludi di storil
antica; fasc. 1 (contient un long mémoire de M. Pedroli sur les tribuBt
payés par les alliés d'Athènes et trois études sur les guerres des Bomaint
contre Annibal). — Fournùr, Histoire de la science du droit en France;
t. m (art. sévère de M. Ani. Thomas; l'auteur travaille trop vite pour
Taire bien). — Pirenne. La version flamande et la version française de la
bataille de Courtrai (M. F. Funck-Brentano ne fait qu'annoncer cette J
élude, se réservant de reprendre la question à fond après une autre étudsl
HBCUEILB P^BIOOIQDBS.
«67
■ede H. J. PrederichB). — Reimann. AbhaodlungecztirGeschichte
Priedrich des Groseon (eix étudee très solides et impartiales. L'auteur
ne craint pas dedireque Frédéric H pratiquait en politique le plus com-
ptei déiachemenl de toute obligation murale). — Neukomm et d'Estrée.
Lm HobenxoUem (érudition mise au service du cbauvinÎBme le plus
valgairel. = N" 49. Goldsiher. Mobammedaniscbe Studien; 1" part.
(disserta ùons remarquables sur le génie do la race arabe et le génie de
IfilacKiigme). — Garofalo. Iketas signore di Leontlni (bon|. — Deloume.
Lu naanieurs d'argent à RomejuHjua l'empire; 2* édit. (améliorée, mais
Où de gravée erreurs se trouvent encore ; ce que dit l'auteur de la for-
tune <]o Cicéron et des sommes immenses gagnées et dépensées par lui
WQt de la pure râverie). — Gagnai. L'armée romaine en Afrique (remar-
qntble, mais fauteur n'a pas approfondi la question, pourtant si Lmpor-
uote, de l'assimilation des indigènes). — Gay etfiecAer. Précis des ins-
titntioas du droit privé de Rome (excellent, surtout en ce qui concerne
's plan). — Baïuchen. Die Légende Karls des Grossen im XI et
SJl Jahrh. (curieux). — Vanden linden. Histoire de la constitution de
'■ ville de Louvain au moyen âge (bonne monographie éclairée par la
^toparaison avec les institutions des villes voisines; la bourgeoisie da
^nvain sort des censitaires de l'Église, soumis primitivement au droit
''Otuaniai). — Oman. Tbe byzantine empire (insurSsanl). — Pichon et
y^^cttin. Le viandier de Guillaume Tirel dit Taillevent (très curieux pour
: tlisloire des ma'urs. Tirel vécut de 1314 à 1395; c'est probablement à
*^ demande de Cbarles V qu'il écrivit son livre de recettes de cuisine).
■"^ ialuirgo\t. Messire J.-L. de Fromentières, évoque et soigneur d'Aire,
ï^rédicaleur ordinaire du roi, I632-1S84; étude biographique et critique
(l)on|. — A. Ledieu. Les étrangers en Picardie : les princes de Savoie-
Ckrignan, derniers seignears de Domart-sur-Ia^Luce (beaucoup de faits
XiotiTeauz).
6. — Atndes rellglenses, phllosopUqnes, blstoriqnea et UtW-
ralres. 1892, juillet. — G. Bobtms. La fin du paganisme. 2' art. :
M. Boissier, le miracle et le martyre. — Août. J. Bhcckeb. Les pro-
phètes d'Israël. 2* an. : l'enseignement des prophètes (la logique com-
mande d'accepter l'origine supra-naturelle, divine, du prophétisme
biblique). = Sept. In. Christophe Colomb, l'explorateur et le chrétien
(a la béatiQcation de Colomb rencontre des objections graves, qui n'ont
pas encore été réfutées aussi péremptoirement qu'elles le doivent être
poor qu'on ose passer outrer). = Oct. CnËnor. Le père du grand Condé;
■es derniers écrits et le mooumeot de son cœur conservés à Cbaniilly.
— HÉC8INEAII. La critique biblique au ni' s. 3* art. : Bible ancienne
contre Bible moderne {\a traduction des Septante est souvent fautive;
mais ce n'est pas à dire que les Pères qui s'en sont servis ont perdu tout
droit à DOtre conGance; en effet, ils n'ont pas fondé leur argumentation
MOT un mol, mais sur l'ensemble d'une prophétie).
9, — Ii« Correspondant. 10 oct. 1892. — Marquis de Nadaillac.
iM RBCUEILS PâRIOOIQVBS.
L'homme; {•' art.; fin le 21 oct. (les découvertes sur Thomme préhistor.
concourent à le séparer nettement des autres espèces animales et dou
le montrent dès l'origine avec tous les caractères essentiels de Thomme
actuel. M. de N. fait remonter à 10 ou 12,000 ans Texistonce de l'hu-
manité). — S. Luge. La mort du roi Charles V (dans cet importtnt
article, M. L. traduit le récit en latin de la mort du roi par un témoin
oculaire, publié par M. Hauréau au t. XXXI, 2* part, des Notices et
Extraits des manuscrits. Ce récit a été reproduit en français par Ghrii-
tine de Pisan dans son Livre des faits et bonnes mcmrs du roi Charles V,
non sans y faire des additions et suppressions assez lâcheuses, à une
seule exception près. M. L. met à peu près hors de doute que Philippe
de Mézières est Fauteur de ce beau récit). — M. Beohk. Melbourne dus
le présent et l'avenir. — Dufouoeray. Mgr Maret = 25 oct. Mgr d'Hulst.
M. Renan (art. violemment hostile et inexact). — Dronsabt. Gladstone;
fin (critique très vive de la politique étrangère de son dernier ministère.
Sa conduite dans l'opposition a été anti-patriotique. Éloge de l'homme
privé. Conclusion sévère : Gladstone n'aura fait que des ruines). =
10 nov. A. DE TocQUEviLLE. Souvonirs. Présidence du prince Louis-
Napoléon. Le ministère de 1849 (très intéressant. Portrait remarquable
de Louis-Napoléon); fin le 25 novembre (le ministère de 1849). = 25 no-
vembre. Duc DE Broolie. Le Concordat; l*' article (d*après les docu-
ments publiés par M. Boulay de la Meurthe); fin le 10 décembre (doit
être appliqué dans l'esprit où il a été conclu, comme un traité d'alliance
entre deux puissances amies). ^10 décembre. Vicomte de MbàH.
De la diversité des cultes aux États-Unis (intéressants détails sur la
statistique religieuse et sur la tendance à Tunité qui se manifeste aux
États-Unis). — Klein. Le cardinal Lavigerie (intéressante biographie).
— Perey. Le président Hénault (d'après ses Mémoires inédits; très
amusants détails sur sa jeunesse, sur le prince de Léon, sur M** du
DcfTand, sur le maréchal de Villeroy). — Mgr Dupanloup et le Ck)Dcile
(réfute une accusation calomnieuse, portée contre Mgr D. par la Revue
des PP. Jésuites, celle d'avoir demandé l'évacuation de Rome par les
Français si Tinfaillibilité était votée).
8. — La NouTelle Revue. 1892, 15 jany. — L. Queshbl. Un grand
médecin au xvi* s. : Lopez de Villalobos, médecin des rois GathoUques
et do Charles-Quint (d'après sa biographie par M. Fabié). — G. Mabt-
Un point d'histoire; une lettre de Napoléon (quatre lignes où il annonce
SCS projets de retraite en Corse après la paix, 2 therm. an IV). =
l*** mars. J. Michelet. En Flandre, 1837-1840 (journal de voyage envoyé
sous forme do lettre aux princesses d'Orléans, dont Michelet était alors
le professeur d'histoire); 1*' art., 2* art. et dernier le 15 mars. = 15 mars.
Picard Dbstelan. La prise de Thuan-An (1883) et ses conséquences
diplomatiques. = 15 avril. Comte de Moùy. Commencements et fins de
siècle (on Franco, depuis le i*' s.). — Gheusi. L'art héraldique au moyen
Ago. =: !•' juin. H. DE L\ Ferrière. Anne Boleyn, d'après les documents
nouveaux; suite et fin le 15 juin (son mariage, son procès, sa mort, son
RRGIIEILS rÉHIODIQD£S. 469
tiiBoe^ncc). = I" août. Vicomlessfl db Vadlchieh. Journal du camp de
RÉcheroont sur la Moselle, 1755 : suite ai fin le 15 aoùl (journal et cor-
respoDilance de Caumartia, Chevert et d'Argeason; ces extraits font
revivre la vie de ce camp, créé à la veille de la guerre de Rept ane pour
perfectioaoer l'éducation militaire des troupes). =^ i" sept. Montecob-
BOLi. Cialdini. =: 15 sept. Gbahdin. Le maréchal de Mac-Mahon; suite
le !•» oct. et fin le 15 oct. — Mutrau. La lettre de cachet au xix' s. (i!
s'agit du traitement des aliénés et de l'arbitraire avec lequel oa dispose
de leur libertéj. = 15 oct. Ch. de Moûv. Un légat du pape auprès de
LoutB XIV; fin le 1" dov. (décrit le voyage et la réception du cardinal
Cbigi, chaîné de présenter au roi les excuses du pape à propos de l'af-
faire des gardes corses). — Mémoires inédits de Billaud-Vabenne, rédi-
gés à Cayenne; suite le 1" nov. et fin le 15 nov. (quelques détails sur
son séjour à Cayenne, sur le dévouem(^nt avec lequel il fut traité par
les sœurs grises à l'b&pital, !e tout noyé dans une phrasêologio où su
«ompiait le littérateur disciple de Jean-Jacques, mais où l'on apprend
peu de chose sur l'homme et rien sur son rûle pendant la R^volutionl.
^ 15 uov. Albalat. Chateaubriand et ses amoureuses; suite le 15 déc.
9. — nevae des Deux-Mondes. 1892, 15 oct. — H. Houssaye, La
France sous la première Restauration ; 2* art. : la renaissance des partis
et le ministère du maréchal Soult (expose d'une façon saisissante com-
ment se forma et quel était l'état des esprits au moment où Napoléon
quitta l'ile d'Ëibe). — Fr. Ftinck-Drentano. Les lettres de cachet
(employées pendant longtemps dans l'inlérèt des bonnes mœurs et pour
sauver l'honneur des familles, les lettres de cachet devinrent un abus
quand le sentiment de l'honneur s'affaiblit dans le gouvernement ainsi
que dans les mœurs; elles furent comme le symbole détesté du pouvoir
tyrannique après avoir été une arme bienfaisante aux mains du pouvoir
paternel). — BiiaNBTiàRE. Études sur le xvni" s. : la formation de l'idée
de progrès (montre le changement qui se produisit dans les mœurs et
conduisit au libertinage de l'esprit comme des mœurs, de 1690 à 1716 ;
il y voit trois causes : la révocation de l'édit de Nantes, l'aflâtre dn
qniétisme et la persécution dirigée contre les Jansénistes. Tout le ter-
rain perdu par la foi fut gagné par la philosophie. C'est avec Fontenelle
que Ton commence h prendre une idée nette du progrès accompli). ^
l" nov. Cavaiqkac. L'évolution agraire en Prusse au six* s. (expose,
d'après Knapp, le régime de la propriété rurale en Prusse depuis la
lâgtalation de 1816, qui a été si proQtable à la noblesse; la plupart des
petits tenanciers furent réduits à l'état de prolétaires ruraux, et c'est
pour échapper à ce régime féodal perpétué que tant de prolétaires
èmigrent jusqu'en Amérique). — Faouet, Edgar Quinet (étude ingé-
nieuse et profonde. Quinet a été avant tout un théolofçien, uu mystique;
il a él« le grand prêtre de l'histoire de la Révolution, et, pour finir, de
l'univers; il attire parce qu'il est éloquent et il inquiète parce que ses
allures de prophète sont aussi contraires que possible à l'esprit de notre
tempa). = 1"' déc. Ph. Bbrqeb. Eugène iïurnouf, d'après sa corres-
470 ucums pitioNQUis.
pondanoe. = H.-P. Delabordb. Jean de Join^ille; l'hoinme et l'écris
(article aimable et judicieux par un érudii qui possède bien le sojeQ
— Valbert. Madame mère (curieux portrait de la mère de Napoléon I*,^
d'après l'ouvrage récent du baron Larrey).
10. — Académie des inscriptions et belles-lettres. Comptes-*»
rendus des séances. 1892, mars-avril. — HfcRON db Villefossb. Un non —
veau fragment des Acta fratrum Arvalium. — Abbé Dughbsxb.
découvertes de Tabbé Saint- Gérand à Tipasa, Algérie. « Mai -juin.
ToNDiNi DE QuARENQHi. La question de la Pàque dans la réforme di
calendrier russe. = Juillet-août. Gsrll. Note sur les fouilles récentefl&^
de Tipasa, Algérie (la basilique de Salsa). — A. db Barthélbmt. Not
sur le monnayage du nord de la Gaule (la monnaie d'or des peuples dc^ .a
littoral septentrional de la Celtique fut importée par le commerce, verr — ^
le commencement du i*** s. av. J.-C, dans la partie de l'île de Bretagn^^ ^e
peuplée de colonies venues de Belgique ; celles-ci transmirent peu aprè:-
l'usage de la monnaie dans la Belgique continentale). -— Hi
Reconstruction partielle de la stèle du roi Ëannadou, dite stèle des vai
tours (elle nous fait connaître le nom et le costume d'Ë-anna-dou, ro^^ soi
de Sirpoula, fils d'Akourgal et petit-fils du très ancien roi Our-Nina^ ^)-
= Séances. 14 oct. Abbé Duchesne. La vie et les œuvres de Jean d'Asi» .^ie
(évéque monophysite d'Ëphèse vers la fin du vi*s., auteur de plnsieur-r^rs
ouvrages sur l'histoire ecclésiastique de son temps). « 21 oct. TouTAm^^'snf.
Rapport sur les fouilles conduites dans les ruines de Chemtou, anc
Simitthu, en Tunisie. — Heuzey. Les fouilles de M. de Sarzek à Telle
en Chaldée. — S. Reinach. Des légendes populaires attachées aux pierre^
sacrées : dolmens, menhirs, etc. = 28 oct. J. Halâvy. IjOS inscription
hittites, ou mieux anatoliennos. ^11 nov. Croisbt. L'art et les mœnr-
dans le nouveau discours d'Hypéride. — Robiod. L'état religieux de Is-
Grèce et de l'Orient au siècle d'Alexandre (seconde partie consacrée
religions d'Asie).
11. — Société de rhistoire du protestantisme finançais. Bulle-'
tin historique et littéraire. 1892, n» 8, 15 août. — A. Bernus. Troi» -* "
pasteurs échappés aux massacres de la Saint -Barthélémy (Touasain.
Merlin et L'Espine ; d'après des lettres inédites). — Id. Quelques
de la Saint-Barthélémy à Bâle; extrait du matricule du recteur d<
l'Université, 1572-1573. — P. Pelet. L'église de Nieulle, commune d(
Saint-Sornin (Charente-Inférieure), de 1772 à 1794; actes de
toire et de colloques; fin le 15 septembre. — A. Ghenot.
Duvernoy, pasteur à Héricourt et à Montbéliard, 1608-1671; fin.
15 septembre. Ch. Reao. Le mémoire du duc de Bourgogne, re]
duit et exploité par un soi-disant a ministre patriote » pour endo^-*"*^
triner à son tour le roi Louis XVI, 1787. — N. Wscss. Claude k^
Painctre, Parisien; son arrêt de mort, 17 nov. 1541. — De RiCHEaiOHT.
Interdiction aux Réformés d'enseigner le latin à la Rochelle, 1645.
i— H. MoNoo. La jeunesse d'Agrippa d'Aubigné a-t-elle été déban— *
BBCUEILS PERIODIQUES.
Ut
diée?(oo B mal compris un passage où d'Aubi^é parle du siège d'Or-
léans : en réalité, garçon de onze ans, il se laissa o débaucher, » c'esl-à-
dire détouruer àe eon travail, pour suivre les soldats dans les tranchéesl.
— Ehbchêdb. Extraits de la Gazelle de Harlem, 1699-1700. = 15 ocl.
J. Pannieb. La plus ancienne église de Réfu|:^és en Angleterre. Canter-
bury; ses fondateurs : Ulenhove et Perrucel. — N. Wbisb. Un jeune
martyr angevin de dix à dôme ans : René Prévost, 1513. — Une pen-
sionoaire deB Ursulines de Paris : Constance' Emilie de la Porte, 1683-
1747. = 15 nov. Emile Picot. Les moralités polémiques ou la contro-
Yerse religieuse dans l'ancien théâtre français ; suite (l'Inquisiteur, par
Marguerite d'ÂngouIëme ; moralité à deux personnages, c'est à açavoir
l'Église et le commun, etc., 1535). — Gdyot et N, W. Un déménage-
ment de Saumura Groningue en 1618; lettre inédite de François Gonar.
^ De RicHBuoND. Un changeur révoqué pour cause de religion : Gail-
lard de Rûchefort, 1709-1713. — Th. Maillabd. Complainte véritable
des lamentations des pauvres confesseurs qui gémissent dans l'esclavttge
des galères.
13. — Société de l'hiatoire de Paris et de l'Ue-de-FPUice.
Bulletin. 1892, mai-juin. — Eug. Thoison. Une charte inédile de Phi-
bppe-AuguBte (concernant certaines concessions de terre faites aux
« hAteB ■ de Fromont et les redevances qu'ils étaient tenus d'acquitter,
1213). — L. Lalamnb. Mémoire sur les prisons de Paris en 1644. —
G. Bapst. Marat au Jardin des Plantes. ~ Juillet-août. Le P. E. de
Laxhodez. Société royale des études orientales et Académie clémen-
tine établies chez les Capucins de Saim-flonoré à Paris, 1765-1768
(documente relatifs à sa fondation). — Contrat de vente de la biblio-
Ibèque de Vertot, 5 déc. 1719. — Ouout. Projet d'une bibliothèque
publique du Parlement de Paris au milieu du xvii* siècle. — Pro-
duit d'une charge de conseiller au Parlement de Paris, 1750-1766. =>
Mémoirei. Tome XVIII, 1891. H. Ouont. Essai sur les débuts de la
typographie grecque à Paris, 1507-1516 (suivi d'une liste, avec descrip-
tion et marques d'imprimeur, de 35 volumes grecs Imprimés à Paris à
Cette époque; reproduit en appendice les préfaces de ces éditions, inié-
resdsntes pour l'histoire de l'humanisme en France). — Emile Cha-
tblam. Le f livre i ou <• cartulaire > de la nation d'Angleterre et
d'Allemagne dans l'ancienne Université de Paris (description minu-
tieuse de ce ms., récemment acquis par la Bibliothèque nationale, et
Qotes historiques sur les membres de l'Université qui ont signé à ce
cartulaire. On possède désormais l'ensemble intégral des archives de
cette ■ nation; s c'est la seule à qui cette bottne fortune soit échue).
— C. CovDEBc. Cartulaire et censier de Saint-Merry de Paris (le cartu-
laire comprend 59 actes promulgués entre 1156 et 1285; le censier a
été rédigé en 1308). — Muntz. L'Académie royale de peinture et de
scalptnre et la chalcographie du Louvre.
13. — Académie des ■de&oes, bellea-lettrea et arts de Besan-
L
472 BICUIILS riUOMQUIS.
çon. Année 1894. Besançon, Jacquin, 1892. — Fleubt-Beboieb. Le-
droits honoriGqneB des patrons et des seigneurs dans les églises paroi
siales avant la Révolution (l'origine de ces droits est antérieure à l
féodalité, puisqu'ils prennent leur source dans le droit de patronage
des droits des seigneurs et des curés; empiétements des uns sur l
autres, surtout aux siècles derniers). — Ed. Sayous. Les deux
Augustin et Amédée Thierry à Vesoul et à Luxeuil, 1830-1834 (publE^
quelques lettres d'Augustin, qui résidait à Vesoul auprès de son
Amédée, préfet de la Haute-Saône, ou à Luxeuil, pour prendre l
eaux). — LoMBART. Babeuf; coup d'œil sur l'histoire du communism
— PiNGAUD. Lettres inédites de Bergier (Bergier, de l'Académie
Besançon, fut nommé chanoine du chapitre métropolitain de Pari
c'est do là qu'il écrivit à son ami, Tabbé Tronillet, les vingt-neuf lett
publiées ici; elles vont de 1770 à 1773 et ne manquent pas d'intén
pour l'histoire du mouvement philosophique).
14. — Académie nationale de Reims. Travaux. Vol. LXXXISCl
année 1890-1891, t. L Reims, Michaud, 1892. — Jadabt. Revue
cinquante ans : 1841-1891 ; notice suivie de la liste générale des membi
de l'Académie depuis sa fondation. — Comte de Mabst. Les ohgii
tournaisiennes des tapisseries de Reims. — Jadart. Un précurseur
la Croix-Rouge : Pierre Bachelier de Gentes, 1611-1672 (secours a.^
malades et aux blessés après les combats de la Pompelle, 1657,
Sommessy, 1650, et au camp de Vervins, 1653. = T. U. Gh. Giveli
H. Jadart et L. Deuaison. Bibliographie monumentale du canton d\
9* fascicule.
16. — Annales de l*Est. 1892, juillet. — A. DEsmouB. Le gêné
Fabvior; suite (son procès devant la cour des Pairs comme compL
du soulèvement projeté par le capitaine Nantil ; grâce au duc de B i
glie, il fut mis en liberté après quatre mois de détention préventi"^^
1821). — Thiaucourt. Los bibliothèques de Strasbourg et de Nancy-
Octobre. C. BENorr. La Grèce ancienne étudiée dans la Grèce moders^-
Souvenirs personnels des commencements do l'École française d'Athèn.'
— G. Cousin. Les idées politiques d'Aristote. — Thuccoubt. Les bibl ^
thèques de Strasbourg et de Nancy ; suite. — Gh. Nebluioeb. Thanr^-
la fin du XV* s., 1409-1374 (sous la domination bourguignonne).
16. — Annales de Bretagne. 1892, juillet, t. VII, n» 4. — Acp
Touiller; A* partie : 1815-1820 (Touiller, doyen de la Faculté de dr^^*
de Rennes, fut révoqué le 31 décembre 1816, pour le fait de n'avoir
inspiré aux élèves c des sentiments tels que l'État est en droit de
attendre ■). — Vignols. Un capitaine improvisé; singuliers explo^
d*un capitaine de navire marchand, 1730-1731. — J. Loth. Un déc^
do la Convention nationale en breton. = Tome VIU, n« 1.
MaItre. Condivicnum ; l'enceinte de la cité (étude sur la topograpb^^
et les monuments de Nantes à Tépoque romaine). — Loth. Deqnelqai^^
prétendues traditions historiques en Bretagne (que les habitants ^^
KECDEILS péalOalQDES. ^^3
llle-&ui-Moines sont d'origine bretonne ei non espagnole; que leur
langue, en dépit des déBioeacea en o et en es, est celtique el sans aucun
mélanife de caBtillan). — Vionols. Les PruGsienB dans l'I Ile-et-Vilaine
en 1815. — Éon. Touiller; Gn.
17. — Annales dn Midi. 1892, oct. — C. Pobtàl. Les insurrec-
UoDS des Tucliins dans les pays de langue d'oc, vers 1383-I3S4 (les
Tnchins furent de simples brigands, sans idée politique et sans but
égali taire ; ils ne formèrent jamais un parti politique. Mémoire très
documenté) . — C. Dou&is. Les guerres de religion en Languedi>c, d'après
les papiers de Fourquevaux ; suile : décembre 1572 à février 1573, —
L.-G. Péussieb. Mirabeau en Savoie et le gouvernement sarde, 1776
(après s'être évadé du château de Dijon, Mirabeau s'enfuil en Suisse;
pendant son séjour à Thonon, son extradition fut, à la requête du
marquis de Mirabeau, demandée au gouvernement sarde, qui ordonna
des poursuites contre le fugitif. Cet épisode, resté inconnu à l'histo-
rien des Mirabeau, est conté d'après le dossier même de l'aQaire, copié
aux archives de Turin). — Douais. L'inquisition en Roussilloo; cinq
pièces inédites : 1315-1564. — F, Andbé. Saint Vincent Ferrier en
Gévaudan, août- septembre 1416. — H. Omont. Documenta relatifs à
l'établissement de l'Académie de sculpture el de peinture de Toulouse.
IS. — Société des sclencea historiques et natorelleB de
ITonne. Bulletin. Anoee 189Î, vol, XLVI. — Ch. Moisbt. Le cheva-
lier d'Éon de Beaumont (résumé de sa vie avec quelques détails nou-
veaux Bur les hiensdu chevalier àTonnerre et une liste de ses ouvrages}.
~- Fr. MoLMtD. Histoire de l'ancien trésor de la cathédrale d'Auierre
(■aîvie d'intéressantes pièces justificatives). — Monceaux, abbé G. Bon-
««AO et P. MoLiHD. Inventaire du trésor actuel de la cathédrale d'Au-
Xerre (article intéressant, accompagné de belles reproductions en pho-
totypie). — Mjqnot. Trouvaille de Villiers-Nonains; description des
types (167 pièces de monnaies françaises du xv* s. trouvées à Manifa-
der en 1891).
19. — Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux. 1892,
Xx' 1. — Eug. Bouvï. Dante et Vico. — L.-G. Péussieb. La politique
cju marquis de Mantoue pendant la lutte de Louis XII et de Ludovic
Sforza, 1498-1500 (ce marquis donne un exemple curieux des ■ opinions
successives > que pouvait professer un des plus rusés chefs d'Ëtat ita-
liens du svi' s. et des avantages que cette politique pouvait lui rappor-
xer). ^ N° 3. Bladb. Fin du premier duché d'Aquitaine (guerres de
Uonald contre Charles et Pépin; il mourut en T5C. Il y eut donc deux
Uunald : le duc de co nom, mort en 756, et qui fut père de Gaïfer,
et un autre qui souleva l'Aquitaine contre Gbarlemagne en 76S).
I" article.
80. — Revne de Champagne et de Brie. 1392, avril-mai. — L. Le
Clbbt. Documents pour servir à l'histoire de Piney-Luxembourg. -~
P. Laukent. Annales de dom Ganneron, Chartreux du Mont-Dieu;
1
("4
suite : 1133-1118-1300. — E, de B. Catalogae des pitem m&aascriu^^
compoHant la collection dite • Topographie àe Champagne • â la Biblio-^
ihèqtia nationale. = Juio-juillel. J. (UtowiER. Nouveaux docutuetitB sur- ^
la famille Godel ; extraits des archive» de l'élat civil de Vadenay. ■
N. Aldot. Les religieuses chaaoinessea du 3aiQt-8ëpnlcre de Ctiarlfr — ■«
ville; suite. — E. Ciaai. Hiâtoir« et carlulaire du prieuré de Nol m ■
Dame ei Sainlfr-Marguerite-de-ta-PresIe: suite ei fin. — Rosbwmt^
Répertoire historique de la Haute-Hame; bibliographie, EUÎte.
H. Jadart. Nicolas Colin ; sa vie, ses œuvres et sa bibliothèque ; fin.
N. GorrAaT. Précis d'aae histoire de la ville et du pays de Houion
suite : les sièges de 1650 et de 1653; suite en août. ^= Août. Lkouu^ssm
Quelques documents du un* s. cousertés nui archives bospitalièie^s
do Relhel. — Ch*utft. I.e procès de Henri-Cécile Pot, seigoenr d— <
Turgi» (au ^ujet d'uae pari de l'héritage de sa femmel. =Se ptembi^^a
Jadart. La famille de la Salle & Reims, du iti* au ivin* s. Nouveau :^
documeuls extraits des archives de c«tte ville. — Lidbekt. Annal^^^
de dom Gaaaerou; 13*ceDturie: 1200-1300. — Goftabt. La monoaie i^E^<
Puroay.
81. — L'IntarmMlftire da l'OasM. N* 1, jaillet I8»2. — Cb. i^ ^
GsAxnitAisoN. Etablissement d'une Université i Tours (accordée par K^^
roi en janvier I5M ; la chose n'aboutit point, bute 4*1180011. -
«OT. Spectacles populaires en Poitou (ini* et XTin« s.). - ~
MoRTAULX. Lcctionaaire de la vie de sainte Hadegoode.
as. — Ravne de Saintoass et d'Anols. l!^, 1- juillet.
Dnuys n'AuMv. Erreurs ou omissions d'auteurs satntonseois : Philippe-
Auguste en âaintonge, 1194 (ce voyage de Philippe-Auguste vt nwB
wreur do Ma»ioQ, cpii a oonfondu le Poîtoa anc la Normuid» et
Niort BTM Vaadr«uil>. — Deux lettres de Louis XI, U7l>7j. — L* oav-
vell6 dn meurtre de Henri IV donn#« â Pons. — Un uiinlist« do Pérl-
gordrdom Ijddet (mon en ITTOl. — J. Pelumdb. Leeiscteiuiesfolra:
Im Mit» de Gogue, de Patcool, de Hornac — l** aoremlire. Le seeu
daTtilIsbcMUg. — L. AuMar. Booort l» twIwww ■ le Vengeor > (dooM
Im nuM àm auriiu «nbtiqvét tmt et nJMeu ; «xpliqoe eomiiMit,
la irtlnittt tymx M oUigt d'uncoer mo patiDoo, c'est le capltaiM
Rsnwdtn «1 saa o t ft da ri qoi doreot quitter le botd Im premic-rs pour
4m tnneportta aar h • OoDodaD. • Qoaiit box bomoM à* l'éqoifttge,
oa pal en mnw 210 s«r «a chîflra total da 723). — Lattms dlndal* J
ganoM de la culrtdnla da BafaUM.
sa. — RavM da rAcMttlB. I89f, 31 aan tf M atrll.-
K». La lleAls^ oa Mabon da Ba»4>ailear à Afn; soi». •
La ville d'A^ paadau Im saeftM d« nèigioa du xvr slfde ; mlM J
IU>>mt. — Htenim da cajàiaiw iMBa-&Ueaae Baise,
nMat da la Giuda-Araéa; niaa : I7K47 (aa aaiait Uea da i>
•ar Ma* l« mau da Uaa d» «a Misaiitri; Q «a eM de si est»
qalk aoM ni<taiiimi»Wii>, - AfcU Btena». L-aU«j« d
-Pb.Lwl
SECOBtLS F^SlOfilQDBS.
ns
AgenoU; 1" art. — 31 mai et 30 juin. Blidé. Les It>ères (lee habitante
de ia primitive Aquitaine se rattacbaîent à la race ibêrienne par la race
et par la langue, qui était le basque. Les Basques franr^is ne sont que
les deeceadants non romaaiség de ces Ibères ; à aucune époque, et
notamment en 587 ap. J.-C, ni les Vascons d'Espagne, ai les Vardulee,
Caristes et AutrigODS ne se sont emparés d'une portion quelconque de
l'ancienne Novempopulanie). — A, de Luitenay. Mémoire pour l'his-
toire de l'abbaye lës-Villeneuve-d'ÂgeQois ; suite et 6n. — Mémoires du
capitaine Jérôme -Etienne fiesse, ancien soldat de la Grande-Armée;
cbap. VI, de l'an IX à t808. = 31 juillel-31 août. Lauzun. Les hfïpitaux
delà ville d'Agen avant 1789. — Mémoires du capitaine Jér6me-ËtieaQe
Be&se, ancien soldat de la Grande- Armée; Qn : 1808-1809 [ces mémoires
s'arrêtent, inacbevés, après la bataille de Wagram). — Les religîoa-
naïres d'Agenais émigrés en 16S5 (publie un <c Estât de ceux de la
R. P. R. d'Agen qui y possédaient des Liens-fonds). — Notes prises
sur le registre formant l'éiat civil de la paroisse d'Antbé, communs ds
ToamoD d'Agenais, de 1700 à 1790.
24. — Revue de Gascogne. 1892, juillet-août. — Ph. Lauioti.
Châteaux gascons de la Un du ini° s. ; le château du Tauzia. — Tau-
2». Les diocèses d'Aire et de Dax pendant le schisme d'Occident ;
V.' art. ; diocèse d'Aire. — Deldhel. Un évêque du temps de la Révo-
lution : Louis-A poil in aire de la Tonr-du-Pin-Montauban, archevêque
d'Auch, précédemment évéque de Nancy, après le concordat archevèque-
«vêque de Troyes, 1744-1803. — Espérandieu. Les iascriptions des Lac-
torates; iuscriptions funéraires; suite; fin en sept.-oct. = Sept.-ocl.
Balbucie. La cité de Bigorre (Tarbes a été, dès l'origine, le chef-lieu de
cette cité, et non Saint-Lézer). — Abbé Bbeuilb. Les fresques de l'église
de Panjas. =. Novembre. Delrbei.. L.-A. de la Tour-du-Pin-Montau-
ban, archevêque d'Auch, précédemment évëque de Nancy, après le
concordat arche vâqne-évêq ne de Troyes, 1744-1802.
26. — Société arctiéologiiiae de Torn-et- Garonne. Bulletin.
T. XX, année 1892, i" trimestre. — FoBBSTià. Les livres de comptes
dec frères Boysset, marchands de Saint-Antomu de Rouergoe au xvi° s.
— Aasbieb de MosTiuLT. Bulle d'institution d'un notaire apostolique.
— GoiBOiniET. Nobiliaire du canton de Saint-Antouin; suite : les La
Viletle-Parisot. — Chanoine Poitier. Un Montalbanais armé du siv» s.
Idëcrit le costume mililaire d'un chevalier dessiné dans le cadre d'une
grande lettre ornée), = 2* trim. Mcla de Gabahigo. Le bureau des Tré-
Boriers de France de Monlauban, 1635-1790 ; chap. i : création et ins-
Ullatioa du bureau. ^ 3* trim. J. Mouuëja. lie rôle des moines dans
l'trchitecture du moyen âge. — Ahbé Tailleper. Aliénation des biens
ecclésiastiques dans le diocèse de Cahors en 1576. — Guibondet. Nobi-
liaire du canton de Sai lit- Anton in ; 5' branche : de la Valette- Labro.
36. — Analectes ponr serrir & l'histoire ecclésiastique de la
176
a£OU£ILS P^BIJOKinES.
= N*4.
Bolgiqos. T. XXIII, 2' livr, — K. Reubens. Documenta reUtib à llùi
toire de l'Université de Louvoin ; suite (ceB documejils concerneat le
collëges fondés i Louvain par les ordres religieux, notamment par !«■
Oraioriens, les Minimes, les Dominicains et les Aogustins. — Pnx
gramme d'un collège pour les jeunes gens de Tamille noble, élaboré p
Srycius Putaneus (lettre d'Erycius Puianeus au comie Ch. de LooguB'
val en 1617). — A. de Leuzb. Documents relatlTs à la vicaîrie dé
Laroche en Luxembourg (décret concernant les dîmes et les cooilits da
compétence au xvi» et au xvu' siècle].
87. — Bulletin de la BoclAU royale belge de géographie. 1
n" 3. — J. DU FiKF. L'enseÎBnemeot supérieur de la géographie en Bel-
gique (projet détaillé de réformes). — A. Habou. La commune da
Familleurfiui (étude très inléressauto de géographie locale). -
BouEz. Géographie hislorique du TournaisiB (discute en paMaat t'opi*
nion de Longnon sur le Pagus pabuleniis). — A. Hahou. La oommiu
de la Louvière (bonne monographie).
28. - Le HnsAon. T. XI, n- 3. — A. Roubsel, Étude sur la reltl
gion indoue. — E, Babelon. La chronologie des roisdeCUinm. —
ONon. Quelques rois du pays d'Aohnounaak, — R. Basset. .
tion algérienne de 1871 dans les chansons populaires kabyles. :
E, Beauvois. La découverte du Groenland par les Scandinaves. -
Hahlkz. Lb mariage de l'empereur de ta Chiac (rituel impérial).
29. — Revne belge de nnmlamatlqne. 1892, D*3.— E. Babbloh.
Numismatique d'Edesse en Mésopotamie. — N. Vaic Wedvekb. Deux
monoaies luxembourgeoiees do Henri VU et de Jean l'Aveugle. —
RoBBT. Essai de classiScation des monnaies du comté puis duché dfr
Gueldre. — M. Lkhaibe. Les procédés de fabrication des monnaie* et
médailles depuis la Renaissance. = Comptes-rendus : P. de Vaisiièr»,
La découverte à Augsbourg des instruments mécaniques du monnaya^
moderne et leur importation en Franco en IdfiO, d'après les dépêchai
de Ch. de MariUac, ambassadeur de France (excellent). — E. DemôU.
Histoire monétaire de Genève, de 1792 à 1848 (beaucoup de scienea al^
de méthode).
30. — nevne de Belgique. 1892, n* 7. — M. Hbins. Gaad conUt
Termonde (intùreseanl épisode de l'histoire industrielle des Flandres ail
xi\' s.\ en 1345, les Gantois prirent les armes contre les Termundoil
pour défendre leur monopole en matière de fabrication de draps). =
N" S. Cb. Rahlekbeck. Les trois régentes deB Pays-Bas, 1507-t56T^
l. Marguerite d'Autriche (esquisse biographique. L'auteur met t
lumière l'attilude ferme de la gouvernante k l'égard du clergé des Pay^
Bas). = 1892, n°9. H. Francotte. La richesse dans l'ancienne Rom*
(d'après A. Deloume : les manieurs d'argent à Rome). — E. Makcel^
Une prisonnière de la Bastille (il s'agit de M"" BtaaI-Dolaunay).
31. — Revue de l'iastraction publique en Belgique. 1892, 3*
■ — E. GossART. Jeanne la Folle, d'après une publication récente (quelll
HECtElLS PI^HIODIQITES.
*77 i
l'opinion que l'on ait sur l'élal mental de Jeanne, on peut dire
qn'ell* a été ïictime de la raison d'Étal). = Comptes- rend us : J.-P.
"'«'Uinii. Le recueil général des iascriptions latines et l'épigraphie
'«line depuis cinquente ans (excellent). — lluthcn etLindmr. Die Allia-
*chlacht (prouvent à l'évidence que la bataille de l'Allia n'a pu se livrer
ijue BUT la rive droite du Tibre, en Tace de t'embouchore de la Bettina).
— if. Ptou. Recueil de Fac-similéB d'écritures du xn" au xvn* siècle
fexemples bien choisis). ^ 4" livr. J.-P. Waitzinq. Une lettre de 8ym-
"ïittque concernant les Corporati urbis Bomae iinl«rprétation du 14" rap-
port de Syœmaque à l'empereur), = Compte-rendu : F. Brobant. His-
toire politique interne de la Belgique lescellent manuel).
32. — Bulletin de la Société dea blbllopblles llégeoia. T. IV,
"" PI 8" fasc. — A. Borv. Les aventuriers à Spa au svni" a. (détails
<Dédil« et curieux sur le séjour à Spa du prince d'Albanie, du prince
Jusliniani, de Casanova, du baron de Trenck). — E. M. Trois lettres
•^fatives au sanglier des Ardennes, 1180-1482 (proscription de Lamark
P*r Louis de Bourbon ; guerre daas le comté de Looï en 148-3 ; détails
iwjaveaox). — Dbmabheffb. Sébastien La Ruelle et Lambert de Tornaco
Cettres ïnéditea qui jettent un jour fâcheux sur le caractère du célèbre
*6* ta leur liégeois. L'éditeur leur accorde peut-être trop aisément crédit).
33. — Bnlletin de la Commission de l'hlstolpe des églises wal-
'****«ie9. T. V, 3* livr. — E. Lbsens, La colonie protestante hollandaise
* Houen au kvii" siècle (d'après les registres de l'ancienne église de
■^ouen), — Van dbm Es. La famille du doux (étude généalogique sur
J^tle famille protestante, originaire de Sedan et qui émîgra en Hol-
'*'»cle à la révocation de l'Édit de Nantes). — L. Bhesson. Notice sur
'^ comité wallon pour les afFaires vaudoises Ibîaloire très intéressante
^ l'inler\'eniion des proteslautfl hollandais en faveur des Vaudois per-
**Cuièg en Piémont vers 1664. Aujourd'hui encore le comité vaudois de
^*^llantle subsidie largement les églises a des vallées i piém on taises).
" BtTïSKBS. Extraits de la correspondance des ambassadeurs des Pro-
^■*»»<Ses-Unie8 à la cour de France, 1680-1718 (ces extraits relatent de
"'^libreuses démarcbes faites par les ambassadeurs hollandais eu faveur
* leurs coreligionnaires).
^H. — Annales de la Société arcbéologlqne de Namnr. T. XIX,
livr. — A. Bbquet, Les cimetières de la forteresse d'Éprave : la croix
™**ge (relevé des objets trouves lors de l'exploration du cimetière
^ïiprave (pr. de Namur) pendant les années 1889 à 1891). — E. del
v^^suiOL. Notices généalogiques sur quelques familles nobles du comté
^ Namur ifamilles Mahy, Boubou, d'Obin, de Cuvelier, de Quarré, etc.).
~~' J. Cbaujh. Essai monographique. Les périodiques namurois (relevé
j^s iniêressaol des journaux qui ont paru à Namur depuis 1796). —
'^^uguration de l'empereur Léopold II comme comte de Namur (pro-
"^a-verbal de cette cérémonie qui eut lieu le 21 août 179l|.
^S. — Annales du cercle arcbéologlqne du pays de 'Waas.
Rbï. Histob. LL 1" FASC. 12
478 ftICUBILS r<RIOH0UI8.
T. XIII, 4« livr. -« Van Nabmen. Épitaphier wasien (tombes moden^^
do Lokeren). — J. Geerts. Le renoayellement des déciaions des keov-«e
du pays de Waas, Beveren, Termonde, etc. (copies de docameK^^
du xYi* siècle conservés aux archives de Gand. Il y a notamment cac
curieux règlemont sur la navigation de TËscaut et le texte des sermeota
prêtés par les pensionnaires et les échevins des Tilles).
36. — Historiache ZeltMdirifk. 1892, Bd. XXXm, Heft 1. — Wir-
Ticii. Sur W'allenstein ; fin (la trahison formelle de Wallenrtein date
du 1() août 1633, de i*entrevue de W. avec Âmim i Schviieidnitx, où
NV. pn>po$a de s*unir à la Saxe contre Tempire et contre les EB{a-
gQois qu'il détestait). — Niese. Sur la Constitution d'Athènes d'An»*
toto ^oroit à l'anthenticité de Tonvrage, mais relève les erreurs nom-
brt^uses do la partie historicpie; ne lui accorde guère qn*une valeor
littoral rot. — Lehmanx. Traitas de la Prusse avant la seconde goene
do SiU'sdo «publie !<> le traité avec la France, signé à Paris le 5 juin 1744,
(vir loquol la France promet à la Prusse le reste de la Silésie et une
p{irtie do la IV>hômo, et la Prusse à la France Tournav, Famés, Boin^
iiKuit« Ctiimay et le démantèlement de Luxembourg; et 2* le traité do.
:^T juillot avec le landgrave de Hesse-Cassel, alors Frédéric, roi de
Sut\to, où le roi de Prusc^e lui promet la dignité électorale et le dndié
de l^nibaut ou ua équivalent). := Comptes-rendus : Mitsukuri. Engliicb-'
KU\iorl*iuîische Uaionsbestrebungen im Zeitalter Cromm-elFs idiire*
o\AC5 . — y:rica:L Svea$t-ry:^ka an<ierfaandlingar fôre freden i Kir—
vl:s. U*:>c*-l'3ôl eicelloat et très neuf'. — £. dé BarthéUmif. La Fno»
e: lo lVA:iorjirk« tTM-tTTO .aailyw de la correspondance diplomatique
du .rjibii'.r^t :'ri:i.;jL:> jivoc ses i^cts de Scède pendant le ministère àc
IVrussorcT . — S'.'fr:-u%j. Gusuv IV AioLfe foermvndarezegering od»
kl;:i trjiu*A.Ji n?vo'.u:io*-iea .aeiif; montre que le* ni^ociations de I^
Kriixv i\^* U >uÀt^ en l?:^o-lT^ ont ete plus importantes qu'on n^
cr.:' — jî^i-i/r. Ku'.Viwsoà. Je* x:x Jihrtx. m ihren Beziehongeo lO
v:-;- K:'.5w.:iv^lj:-ju i^r Ni;;:rwi*si?aiciiaften » mauvais». — Kif-Âbttf'
IV vtiv'o:v.jL::<ki ■.*.vrc-ui'».'<er::a raeLjn Sverige och Slorbritannias
u.ii.T Ous-.jL\ l\ .Vio^^^ bLru ^rzoc Ndsc^a indll Konventionen î
>:rft'.<u..'..i %iic m-.^sii cocaa!:re lit >.x'av«aQoa de PMeiiboorg de i9^
•^c ^vT* !vU:;vtts JLUjtto^sueC'jitfe*^ — S^viàaaf. Dmtaelie Gesch. im
w Jl^r.*. >;* sivjt Axcsciirrwf ReLc»a:»dried«a: L 1S17-I5Î6 icoa»-
c-.ot-v.-^cv, uîdù* j-r'.'ài-'. — R-^d^Sar i^escix. BUiiens; HI, 1^7-1316
;r\*s t:*v^vru::*: : '/vus i<f4 s*.vc-^ Li:»rinLr« «c arts traité avec «M-
— ••«.*oi«;. S.^^.■c^■Av^cîoùtfsî^>Ld•Jecj^x^43ad^ Refçesaea nnd Uikua-
i.'?. II. t:>0-l.^)i; ;v<i i.i«fc.s. — •.Viift.yô^tu. Gesch. Oitmancfaotf
.v^ iJiT :t:v.vru ;^ i>,^ ld:iô.«* :i: J. * >oi^. — 9Narukt^ EMmaieni ivch-
>.ajk.>s$c..\^. Vs'c 4i;5 i*«r K^ictfriafrswu bL rwefed i IL Der BepoM
in» t >aâ^*^ix ksu^pw li jumm «ut li» ifuniîr av«a ¥miiiiinliiiaiff
BBCDEILS PéRIODIQDES. OS
Schverin, S6 aur l'occapaiion de k Saxe, I spr le duc de Broglio,
( relative à la Pologne. Très utile). — Brown. George Bucbanan, huma-
nist and reformer (très inléressant}, — Gigas. Grev Bernardine de
Reboliedo (ambassadeur d'Espagne en Danemark, 1647-59 ; d'après
lea archÎTea de SimancaB). — Duhr. Pombal, sein Charakter u. seine
Politik (injusle). — Merket. Un quarto di secolo di vita comunale e le
origini délia dominazioDP Angîoina in Piemonte. — La dominazione
di Carlo I d'Angià in Piemonte e in Lombardia e i auoi rapporti colle
guerre contre re Manfredi e Ck)rradino (remarquable). -— Garutti. Regesta
comitom Sabaudiae, marcbionum in Italia, ab ultima stirpiB origine ad
a. 1253 [C. croit que la maison de Savoie descend des rois de Bour-
gogne). — Larien. Kampen om Kalmar 1611. — Kalmar-Krigen (bon).
— Pappenheim. Die alldienischeo Schutzgilden {très approfondi). —
Kong Cbriatian deo Fjerdes egeobjeadige Brève, udgiven ved C. Bricka
(« J. Fridericia (livr. 15-18; 1623-1631). — San. Udsigt over den
Norske Historié UI (1319 à 1536i pointa de vue originaux et souvent
paradoxaux). — Carlson. Gesch. Schwedens. VI, 1697-1706 (neuf et
ezcetlent). — Karluon. Den svenske konungens domsràtt och for-
mema Ibr dess utOfntng under medeltiden (bon travail sur les attribn-
tions judiciaires dea rois de Suède jusqu'à. 1470). — Zeltersten. Svenska
flOUans historia ftren 1522-1634. — Stavenow. Om riksrSdsvalen under
fribetstiden. — Om formerna for uskottsval under frilietstidea (deux
bonnea études sur le régime de liberté parlementaire en Suède de 1708-
n'î). — Arnhtim. Die Memoiren der Kœnigic von Bchweden, Ulrîke
I^niEe, Schwester Friedrich'a d. G, (critique minutieuse de cette source
importante mais partiale). — Odhner. Sveriges Poliliska historia under
KonangGuatafnraBegering.I {1771-1778; a étudié à fond les archives
de Stockholm). — Venbtrg. Om svenska riksdagen, dess Sammansâtt-
nûg och verksamhe la former, 1773-1809 (élude but les assemblées
***tat9 en Suède). — Weeke. Libri Memoriales Capituli Luodensia
(oouvelle édition). — Brasch. Det polske Kongevalg, 1674. — Dea Ban-
'•^''herm Heiorich v. Tiefenhausen des jEllera von Beraon auage-
*^hlte Schriften u. Aufzeichnungeu (biographie et comptes. Curieux
''**Qr l'hiatoire dea provincea balliques à la fin du xvi" s.). — A. v.
^'■«njeft-floienecA. Gutaherr u. Bauer io Livlandim x\a u. xvm Jahrh.
'""^n). — Glaser. Skizzo der Gesch. a. Géographie Arabiens v. den
*'testen Zeitea bis zum Propheten Mohammed II (ce volume géogra-
«***îque est d'uae importance capitale; place Ophir à Bachrein sur la
^*te eat de l'Arabie). = Bd. XXXUI, Hefl 2. Lenz. Sur la bataille de
*^^iikenhausen (critique des sources; le Glaubwllrdiger Unttrricht et
Z^ iVcil de la guerre des paysans de Peler Haarer sont indépendants
r^*a de l'autre; mais il est difficile de préoiaer ce qu'on doit penser du
^"^id même des choses). — Wenck. Sainte Elisabeth (critique des
7^'*rces; met en lumière tout ce qu'il y eut de maladif el de faux dana
^ piété et la charité de aainte Elisabeth). — Sybel. Gneiaenau et
*^Ta gendre le comte P. W. de Bràhl (31 lettres dea années 1829-1831
^
BECDBILS PÉSIOD1Q0E&.
dl- \
sur
di- J
Bur .^ B
480
extraites de la correspondance de Gneieenau et de Brûhl, très intérei-
■antes Rur la situation militaire de la Prusse, sur la révolution de
Juillet, l'insurrpction de Pologne, les affaires de Belgiqne). = CompU*-
reodue : llolm. Griechischc Geschichte |M. fiauer, tout eti rendant jus-
tice à la science dr> M. H., critique les Turmes trop concises et trop
tranchantes du style et des idées aventureuses sur le rAle de la Hae»>
doine en particulier!. — fiefocA. StoriaOrcca 1 (la méthode appliquée pu
M. B. aux époques légeudaires est mauvaise). — B. Curtius. Die Stadtr
gescbicbte vou Athen ; mit einer Uebersicbt der Scbriflquf
Topographie von Âlbea v. A, Milchhœfer (très remarquable). — Gardi-
hauaen. Augustus u. seine Zeit; I, 1 ; II, l (eicellent; les notes tor-
meront on 2* fascicule de chaque vol.). — Schultse. Geschichle d.
UntergajigB des griecbisch-rœiniscben Heidenthums U. Oie Autgœage
(soigné, peu original). — Wirth. Danaë in christlîclien Légendes
critique). — J- Bévitle. Études sur les origines de l'épiscopat. La \aleur~
du témoignage d'Ignace d'Antioche (prouve l'aothenticilé des septa
lettres écrites sous Trajan. L'épiscopat n'a pas encore le caractère
sacerdotal). — Parel. Priscillianus, ein Reformater des iv Jabrh. (q'^^mb
rien compris à Priscillien, qui n'est pas un réformateur). — Ebntr -^.
Die klœsterlicben Gebelsverbriiderungeu bis zum Ausgange des karo— '^*-
lingischen Zeilalters (Iran). — Schwarilose. Der BUderstreit (plus tbéo — ^o
logique qu'historique). — Henner. Beitrxge zur Orgaaisatton nn»^^il
Kompetenz der pœpstlichen Ketzergerichte (bon ; étudie l'époque quKi^Mi
s'étend entre Grégoire IX et Sixte V; s'occupe uniquement de l'inqui^fc -i-
sition romaine). — S/egmuelUr. Die Papstwahlen u. die Staaten voc ^aa
1147 bis 1555. — Wahrmund. Deitnege zuf Gescbicbte des Ëxclusioo^ -^e-
rcchtes bei den Papstwahlen <W. soutient contre H. que le droit d'e^^^rs-
clusion est devenu à la fin du jtviii* s. une institution positive foodiLÎ:» ff
sur la coutume). — Meinecke. Die deuiscben Gesellschaften u. d^ J«
HofTmann'sche Bund (pjiagère l'importance de ces associations pour E" li
formation de l'unité allemande), — Eikan. Das Frankfurter Gewerb^» ^^'
recht Y. 1617-1631 (bon). — Burr. Tlie fato of Diolrich Flade (a retrous^^ -'é
les actes de cet eitraordioaire procès de sorcellerie qui fît périr par l '^
feu, en 1589, un éminent professeur de droit; mais n'a pu découvr ■ .^tru
les raisoQS secrètes qui ont excité contre lui l'électeur Jean VII). "
Haun. Bauer u. Gutsherr in Kursacbsen |utile). — Ferrai. Lorenzinr^ •"•
de' Medici e la società cortigiana del Cinquecento (agréable, mais ms- .tf^^'
conçu; documents précieux). — G. v. Gabtlmtt. Coufucios u, seic^^^"^
Lehre. — Howarii. An Introduction lo the local Constitutional Hia '~"
tory of tbe United States. I. Development uf the Township, Uui
and Shire (a été tout à fait dévoyé par les idées de Freemau s
relation des institutions américaines avec celles du moyen &ge aogla..
et les institutions germaniques en général). — £. Campbell Maion. Tt:^ "^
Veto power. Its Origin, Development and Function in the Unit^^^"™
States jtrès utile). — Bourtnol. A Manuel of the Constitutional Histoi^^ ^^
of Canada. — 0. v. iippmann. Gesehichte des Zuckers |érudit|. == —
EeCDBILS FÉaiODIQUEB. ISI
Bi. XXXm, Heft 3. EoLL£NDEB. Une ambaseade suisse à la cour de
Fnnce en 1557 (d'après le récit d'un des députés, CËchsli. Il raconla
Icvoyaf!?, fait le portrait des principaux personnages, entre autres celui
delà rrine Catherine. L'ambassade, qui avait pour objet d'obtenir le
retfiildee mesures de violence projetées contre les réformés des val-
lée» vainioises, n'obtint que do bonnes paroles |. — Wiedemanh. Le
e Nymphenbourg du Î2 mai 1711 (confînnp par de nouveaux
ttli l'opinion de MM. Heigel et Droysea snr la non authenticité
tendu traité). — Lehmann. La Prusse et le sen'ice militaire
en 1810 (rapports de Scbaroborsl et Boyeo en faveur du sys-
; nemoranda d'Âltenstein et de Dobna contre le système). ^
Comptes-rendus : Pinkc. Ungedruckte Dominikanerbriofe des xm Jahrb.
(IÏ1 lettres écrites entre 1250 et 1294 aux ou par tes Dominicains d'Alle-
augae, provenant du registre d'Hermann de Minden ; très précieuses).
— Funki. Le pape Benoit XI |apologie peu probante). — Sacitsse. Ber-
auira Guidonis Inquisitor o. die Apostelbrûder (le passage sur les
Mrea apostoliques placé à la &n du livre V de ia Practica a été d'abord
an redi isolé composé on 1316). — Pieper. Die Propagaoda-Kongre-
^lionea u. die nordischen Uissionen im xvii Jahrb. — MilUenho/f.
Dcutscbe Alterthumskunde II, v, î. Beovulf. Untersucbungen iiber
^u angelsu>chsiscbe Epos u. die eetteste Gescb. der germanischen See-
Tftllter (beaucoup d'érudition et aussi d'hypothèses. Le t. II traite des
limites des races germaniques à l'est et à l'ouest). — Memel. Die
Entetèhung des Lehnswesens (exposé incomplet des controverses sur
' «Hjei|. — Hegel. St^dte u. Gilden der germaniscbeo Vrelker im
■'ttelilter. I. n (1res important; c'est la constitution des villes qui a
Permis aux gildes de se développer; ce ne sont pas les gildes qui ont
"'^ l'origine des constitutions municipales). — Weskamp. Das Heer
''*' Liga im WesU'alea zur Abwebr des Grafen v. Mansfeld u. des
Herïogg Christian v. Braunschweig, 1622-1623. — Lehmann. Quellen
'"r deutschen Reicbs u. Rechtsgescbichte {bon recueil de textes pour
'^^S^ des séminaires), — Allmann u. Bernheim. Ausgewâhlte Urkun-
''**» ïur ErlajuleruDg der Verfassungsgeschichte Deutscblands im Mit-
**ftller (excellent recueil de même genre). — B. u. Sehwinit. Zur Ent-
••«buDgggeschicbtfldertreiern Erbleihen in den Rheingegenden u. den
"febietea der nœrillîchen deutschen Kolonisation des Mittelalters. —
^facier. Deutschland vor tausend Jahren. I. Geschichte d. deutschen
Volkes u. d. d. Heiches von 813 bis 1024. II. Die Zeit v. 882 bis 102*
(Iris origiaal). — Loothorn. Der heilige Bischof Otto. —JuriUch. Gesob.
i. Bischops Otto I V. Bamberg, 1102-1139, — Maskus. Bischof Otto I
>. Bamberg aïs Bischof, Reicbsfiirst u. Mission^er (le travail de L. est
détestable, celui de J. consciencieux mais faible, celui de M. très bon).
— Btfre. lisenburger Annalen als Quelle der Pœbliter Chronik (prouve
que ia chronique de P. a suivi de H38 à 1 164 une seule source, pro-
iMblemenl des nnnalrts d'Ilsembourg; le reste est hypothétique). —
MoM. Forschungen zur Politik Kaiser Heinrich's VI in den Jahren 1191-
482 ncems r<iio0iQim.
1194 (bon). — Das Rothe Buch y. Weimar, hsgg. ▼. D. Francke (util^
par la connaissance des reyenus des landgrayes aa rrv* s.). — LsàayieC
Die Thronfolge im Fùrstenthum Lippe. -^ 0, v, Havermann. Geicla.
V. Braunschweig u. Hannover. m (excellent). — Sehleiden, Bchleswi^.
Holsteins ersle Ërhebung 1848-49 (intéressant). — Urkunden a. Âkteii—
stûcke z. Gesch. des Kurfûrsten Friedrich Wilhelm v. Brandenbni]^;
13. Bd. Politische Verhandlungen. IX, hsg. v. R. Brode; 14. Bd. Âoii-
wœrtige Akten. III hsg. y. A. Pribram (art. important de Heyck sur
ces deux belles publications). — Kindt, GrQnde der Gefangenschaft
Richard's I v. England (Tavidité de Henri VI). — Dieekmeyer, Die
Stadt Cambrai. Verfassungsgeschichtliche Untersuchungen ans dem
X bis gegen Ënde des xu Jahrh. (bon). — Lettere e docnmenti dal
Barone Bettino Ricasoli, t. VI et VU (1862-1866; recueil d'une haute
valeur).
37. — ArchiTaUache Zeitschrilt. Bd. III, 1892. — Geib. Sceiax
de rois et empereurs d'Allemagne de Gharlemagne à Frédéric î*'^ qù
se trouvent aux archives de TÉtat bavarois à Munich ; suite. — L. toi
RocKiNOER. Une collection bavaroise de clés pour le déchiffrement des
lettres chiffrées au xvi* s. — F. Falk. Les localités du c Pagus Rheneo-
sis • notées dans le « Codex diplomaticus Laureshamensis, 1 167-273.—
SiMONSFELD. Uu formulairo du chapitre d'Ëichstsett à la bibliothèque de
Munich (analyse minutieuse de ces formules du xiv« au xv« s.; texte de
12 chartes). — E^umbs. Additions à Tarticle sur les sceaux de la maison
de Wittelsbach. — Id. Liste des sceaux de la noblesse allemande et
surtout bavaroise, ainsi que des villes allemandes et surtout bavaroises,
qui forment la collection de moulages métalliques aux archives de TÉtat
à Munich (article fort détaillé). — F. Falk. Les coadjuteurs du diooèfle
do Mayence, du viii* au xvni* siècle.
38. ^ Zeitschrift fOr dentache Gnltargeselilchte. Bd. Il,
Heft 3-4, 1892. — Vaboes. Origine des villes allemandes (les villes ne
sont sorties ni du marché ni de la guilde ; elles ont leur base dans le
village et les communautés rurales. La ville se distingue du village &l
ce qu'elle possède la paix du roi, « pax Dei et regîs. » Appendice snr
l'importance de la ■ paix urbaine ; » esquisse le développement des
villes au moyen âge). — Weurmann. Histoire de la bière en Poméranie,
du xii* au XVIII* s. — J.-G. Weiss. L'approvisionnement de Tannée de
Tiliy (d'après les notes du baron Erhard de Muggenthal, commissaire
de l'archevêque de Mayence à farmée de Tilly vers 1620). — Mielu.
Sur l'usage fréquent en Allemagne de donner des noms aux maisons
(cet usage remonte à la Germanie primitive, mais il a été surtout en
vigueur chez les Francs et les Alamans. Liste de ces noms et lenrs
rapports avec la mythologie allemande). — Gh. Metbr. Étude sur l'his-
toire sociale dans les villes impériales (l'extraits des lettres et joninanx
d'Albert Durer ; 2^ la médiatisation de Nuremberg en 17%-!^; 3* la
chronique strasbourgeoise de Fritsche Glosener; 4« Memmtngen k
BECtl£ri.8 P^HtODtaCGS. 183
I de la Réforme; ô* Augsboarg, ton admiDiEiratioa ei ses
^T^cea au moyen âge : les Jaite ; Buriibart Zink, chroniqueur d'Augs-
> "-g au IV" s.). = Bd. m, Heft t. Id. Études sur l'histoire de
^^^élé moderae |t' la bourgeoisie municipale, du moyen Age au
*«.«8,; 2* la classe ouvrière en Allemagne depuU le xiv" s.; 3' histoire
*■ ;pay>ans). — C. Baueb. Le journal d'un mousquetaire prussien pen-
** la guerre de Sept ans, publié par Kerler.
^9. — Archlv fOr kathoUschea Eirchenrecht. Heft 4, 1892. —
-^HHMiiNu. Sur rhisloire du droit d'exclusion dans les élections pon-
^^^les au xvni* e. (récit du conclave de 1730 où Clcmenl XII fui élu;
~cts cette circoDstance le droit d'exclusion exercé pur les grandes puis-
'■Xices fut admis par le clergé lui-même, Actes sur l'histoire de ce coq-
k*ve d'après un ms. de la Barberina).
40. — J&brbflcber tOe protestantiache Théologie. Jahrg. XVIII,
Beft 2, 19^2. — LiFscus. Luther et la doctrine de la pénitence {exposé
minutieut et critique). = Ueft 3. Bhanqt. L'Ame après la mort, d'après
]«■ idé«B de la religion mandéenae et persane. — Bratke. Le jour de
Il naissance de Jésus, d'après la table de Pâques d'Hippolyle (discute
ces hypothèses récentes de Lagarde). — E. Schderer. Qu'est-ce que
Tiùvcla daas l'épitre de saint Paul aux Galates? (c'est la Galatie, an
1803 étroit du mot; la lettre ne s'adresse nullement aux communautés
ïhrétiennes de la Lycaonie et de la Pisidie). — L. Cohn. Fragments de
Philon et des pères de l'Ëglise primitive (il y a, dans les ■ Catenae » et
iane plusieurs florilèges gréco-chrétiens, de nombreux fragments con-
tenant des commentaires de la Bible). — Wendland. Bur Philon {addi-
tions au précédent mémoire).
41. — Th«ologiBche Studien nnd Kritikea, Jahrg, 1S92, Heft 4.
— C. Cleuen. L'état présent de la vie religieuse dans la Grande-Bre-
tagne ; suite. — Bbatke, En quelle année mourut le Christî (probahle-
menlenran 29). = 1893, Heft L Seesemahk. Les Nicolaites (recherches
approfondies sur les origines, l'histoire et le caractère de cette secte
i^rétienne de l'&ge apostolique, d'où sortit plus tard le gnosticisme).
— Nie. MnELLBB. Courad Wimpina (professeur de théologie aux Uni-
rarsiiés de Leipzig et de Francfort-sur-l'Oder et chanoine de Brande-
bourg; adversaire de Luther à la diète d'Augsbourg en 1530). — Bajo-
KATH. Jean de Labadie, 1610-1670 ; mQuence qu'il exerça sur la société
iee frères fondée par le comte Zinzendorf.
42. — Zettsctarlft ttr olttestamentilche nrtssenschaft. Jahrg.
Xn, Heft 1, 1892. — Couaro. Importance religieuse et nationale de
['arche d'alliance des Hébreux (aux plus anciens temps, les Israélites
U)asidérérent l'arche d'alliance comme la demeure terrestre du dieu
labvé ; le coffre servait alors à con.server Ci
lites bonoraieat comme des fétiches. Plut
ie la loi, et ces fétiches nationaux devinrc
pierres que les Israé-
.rd il reçut le nom d'arche
les tables de la loi).
- Zeltschrlft nir Elrch«nrecht, Bd. n, Heft 1, 1892. —
^184 RBCUIILS P<EIODI<2UB8.
H. Saghsse. Les mss. de la bibliothèque royale de Berlin qai contienne
la Summa de Pancapalea et celle de Rolandus. — Dibtel. Cinq cons
tations théologiques sur le mariage des prêtres en Saxe, 1571.
44. *- Untersachangen sur dentschen Staats-nnd Rechts^^
Bchichte. Heft 39, 4891. — Lass. Les avoués au temps des coutumi^x-
nationaux et des capitulaires (leur compétence, leurs salaires, leur sarve£ J
lance; influence du droit romain sur leur condition). = Heft 40. Wbtx^
Rapports juridiques de la papauté avec l'État et TÉglise dans rempijr«
franc au temps des Carolingiens (art. très détaillé de 239 pages. Parle
du droit des papes au couronnement des rois et empereurs francs, de Iji
situation du pape comme évéque de l'empire franc, et de ses rapports
avec le clergé, les couvents et les missionnaires, de la législation et des
dispenses ecclésiastiques, etc.).
45. — Zeitschrift fUr vergleichende Rechtswissexiscliaflfe-
Bd. X, Heft 3, 1892. — Friedricus et Kohler. Études sur la législation
japonaise (étudient aussi le développement historique de la société aii
Japon, rhistoire de la féodalité, des institutions politiques et jadi-"
claires, etc.).
46. — Indogermanische Forschangen. Bd. H, Heft 1-2, 1892. —
H. UiRT. De la place occupée par les Thraces et les Phrygiens dans la*
carte de langues indo-européennes (ces deux peuples sont étroitement
apparentés entre eux). — Kossinna. Le nom d'Ârminius, chef des Ghé-
rusques, est- il d'origine allemande? (oui; la forme primitive est
« Ermin »).
47. — Zeitschrift fOr dentsches Alterthom. Bd. XXXYI,
Heft 2-3, 1892. — Much. Les Germains étaient-ils nomades? (non. La
patrie primitive des Germains fut la Suède et les pays voisins, et là déjà
ils pratiquaient l'agriculture. Il est faux que la population primitive de
la Scandinavie ait été finnoise). — Martin. La légende du roi Arthur et
du Saint-Graal (parie des ouvrages récents de Zimmer, Rhys et Heinzel).
— ScHRŒDER. Deux généaiogics des Carolingiens et des rois de Kent,
d'après des mss. de Paris. = Comptes-rendus : Bœheim. Handbuch der
WatTenkunde (sans grande valeur). — Schults, Das hœfische Leben zur
Zeit der Minnesaeuger (2* édit. très améliorée; additions et corrections).
— Manitius. Geschichte der christlichlateinischen Poésie (très insuffi-
sant). — Mùllenho/f. Deutsche Alterthumskunde. Bd. Y, 2* Abtheil.
(très important).
48. — Zeitschrift flir deatsche Philologie. Bd. XXV, Heft 2,
1892. -^ R. RcEiiRicHT. Deux récits de pèlerinage à Jérusalem (ils sont
du xvp s. et ont été composés sans doute par des Suisses; ils sont
importants pour la topographie de la Palestine à cette époque).
49. — Belhefte zum Mlllt»r-TVochenblatt. 1891, Heft 1. —
KuNz. La bataille de Buzenval, 19 janv. 1871. » Heft 2. A. yok Roesi-
LER. Les plans d'offensive et de défensive de Frédéric H dans la seconde
RECUEILS P^HIODIQDES. tS5
gnerre de SUéBie. -^ Heft 4-5. Von MEYERmctc. Les Iroupea pniBsieaiies
peadanl la Révolution de Berlin ea mars 184S. — Von Boghslawski.
Biographie du général prussien C. A. de Bogualawski, 1758-1817
(imponant pour l'histoire de la guerre de 1806-1807).
60. — Alemaania. Jahrg. XIX, Heft 2-3, 1892. — L. B. Légendes
et BuperetitiouB à Lenïkirch. — Pfaff. FormutBB de conjuration contre
des ennemis. — Id. Le pris du vin à Rottenhurg sur le Neckar en 1545-
1620. — Id. Liste des revenus perçus par Burkfaard d'Ueseuberg dans
ie village d'Achkarren, près de Fribourg, kjv* b, =^ Jahrg. XX. Heft 1.
H. Mea-eh. L'Université hadoise de Fribourg en 1806-1818. — Beyck,
Charl«B du Brisgau {relatives à la possession du domaine de Weinstat-
teD, près de Slaufen. Hait pièces do 1271 à 1315). =; Comptes- rend us :
Staber. Die Sagen des Elsasses; nouv. édit. par Miindel (excellent). —
Poinsignon. Geschichtlicbe Bescbreibuag (1er Stadt Freiburg (bon).
61. — Deatsche Revue. 1892, janvier. — La vie du comte Albert
de Roon; suite ; 1875-1878. 23- art. en février : mars-déc. 1878; 24" art.
en mars : 6n, — G.-Ë. von Natz.mer. La vie à la cour de Berlin de 1826
à 1862, d'après une correspondance. — 'Wohl, Le cardinal Haynald,
archevêque de Kalocza en Hongrie, — Wiedbuann. Beize ans dans le
cabinet de travail de Ranke ; suite en février et en mars. ;= Février :
La vie du roi Charles de Roumanie; l"art. (son élection); suite en mars
Ison avénemenil. — La domination universelle de l'Angleterre et son
Me en Irlande et en Egypte ipar un ancien ambassadeur). — J. von
Gbekeb. Pourquoi Justus Gruner fut-il exécuté à Prague le 21 août IS13 ?
(il était membre du Tugendbund, qui préparait la guerre contre la France.
La police française poursuivait Ea condamnation. Comme le gouverne-
ment prussien craignait qu'à cette occasion des papiers compromettants
ne tombassent aux mains de Napoléon, il proposa de lui-même à l'Au-
Uiche de faire exécuter Gruner et de le soustraire ainsi aux poursuites
françaises. Important pour l'histoire des rapports entre la France, l'Au-
triche et la Prusse en 1813). ^= Mars. Comte W. de Roon. Dans l'ar-
mée commandée par le roi, le ministre de la guerre appartient-il an
quartier général? (oui. Proteste contre certains passages des écrits pos-
Ibumes du comte Moltke. Détails sur certains faits des guerres de 1864,
1366, 1870-71, sur les idées militaires représentées alors par le ministre
de la guerre, Albert de Roon, père de l'auteur, et sur ses rapports avec
le roi Guillaume). — Fa oses ha muer. L'origine des guerres et le fanatisme
religieux (l'église catholitjue est un danger pour la paix).
60. — Deatacbe Rundschan. 1802, mai. ~ R. PnEose. Lettres de
rhoraas Carlyle à Varnhagen d'Ense, 1837-1857; Bn. — Blennkbhassett.
Les mémoires de Talleyrand et sa. correspondance diplomatique. ^ Juin.
Aag- Kluckuohn. Publications récentes surWallenstein. = Août. Lady
&LB]txxBEASSErr. Bons mots de Talleyrand. = Sept. Max Lenz. Notre
losUtut historique à Rome (à propos des deux premiers vol. des < Nun-
tûtorberichte aus Deutschiand >|, ^ Oct. O. Hartwio. Florence et Dante
486 UGinnu piuoMQim.
(résumé biographique sur la jeunesse de Dante ; Florence i cette époque,
sa constitution, état des parties, origines de sa prospérité commerciale),
i*** article. = Nov. L. BAMBEHOEa. A. Ghuquet; un modèle d'impartialité
historique (fait un long et brillant éloge de l'historien, si prisé cbei
nous, mais peu connu encore en Allemagne, des c Guerres de la Révo-
lution »). — Hartwig. Florence et Dante; fin (la vie, l'éducation, les
idées de Dante jusqu'à son exil). = Dec. E. du Bois-Rbymord. Mauper-
tuis (sa vie et ses travaux ; sa vie écrite par La Baumelle et les fiuix
qu'elle contient. Étude sympathique sur l'homme qui servit de trait
d'union entre les deux académies de Paris et de Berlin; c il n'y avait
pas alors de haine nationale entre nous et un peuple qui, à cette époque,
nous dépassait dans les recherches scientifiques et dans l'art de la forme,
que depuis nous avons réussi à égaler en beaucoup de points, à dépasser
peut-être sur quelques-uns et dont nous ne cessons de saluer avec plaisir
les mérites dans le domaine des choses de l'esprit i).
53. — Grensboten. 1892, n« 28-29. — La Chine et l'Occident; leurs
rapports depuis le xvi* s. = N® 31. Le pays de Tuisco (parle de l'ouvrage
publié parKrause sous ce titre; remarques sur la patrie et sur l'histoire
primitive des peuples aryens).
54. » Protokolle der Generalaammlnng des Gtosammirerelas
der deatschen Geschiclits-and Alterthnms-Vereine. Sigmarin-
gen, 1891. — Zinobler. Histoire populaire de la dynastie et du pays de
Ilohenzollem. — Von Thudighum. Un nouvel essai pour dresser des
cartes historiques. — Vom Lbhnbb. Le musée princier au ch&teaa de
Sigmaringen.
55. — Altpreaasische Monatschiilt. Bd. XXVIII, 1891. -
H. Fischer. La guerre dans le duché de Prusse, en 1563 (campagne
d'Érich II, duc do Brunswick, en Prusse). — Sexbrztcki. Limites du
territoire occupé par le peuple Atton des Jagdzwinger. — FaoBEiiCH*
Contributions à l'histoire sociale de la Prusse polonaise, 1473-1686
(d'après les registres municipaux de Schwetz).
56. — Preasstsehe Jahrbûolier. Bd. LXIX,Heft 5, 1892. — Phi'
Lippi. Les guildes d'artisans au moyen âge (les associations d'ouvriers
ont joué un rôle important dans le développement économique du moyen
Age et exercé une influence très bienfaisante). — W^. von Wulf. L*
guerre des Hussites (expose la tactique des chefs hussites. La barricade
faite do chariots a pris une place importante dans leur système militaire^
mais n*a jamais été utilisée que dans un but défensif). = Heft 6, i89i
W. Kawbrau. Le mariage dans la littérature du xvi* s. (Luther anit
suscité un nouvel idéal évangélique de la vie de mariage et de famille
qui ne put remporter sur les idées du moyen &ge qu'après de nombreux
Ci>mbats. Jugements d'un grand nombre d'écrivains du xvi'etduxvn^s*
sur ces questions). = Comptes -rendus : SchulU. Markgraf Lodwig
Wilhelm von Ikdeu und der Reichskrieg gegen Frankreicb, 1G93-1697
tbooK — Jfoseï». Die Memoiren der Priniesain Ghariotte Amélie de la
BECUBILS P^BIODIQCBS. 48T
I, Grœfip von AldenburR, 1652-1732 (important). = Bd. LXX,
1. 0. JxoEn. Alexandre le Graod (repousse lee attaqaes contre la
politique et le caractère d'Alexandre; il fut un souverain de premier
ordre). =: Heft 2. L'irrédentisme suisse et les idées du professeur Hilty.
— DiEBDio. Frédâric le Grand considéré comme moraliste (etTorts pour
Introduire dans les écoles l'enseignement de la morale sans religion ;
Les écrite qu'il composa dans ce but ont nue haute valeur). — Rourbagh.
La bataille du 5 avril 1242 entre les Russes et l'armée de l'ordre Teu-
tonlqne sur l'Eise, près du lac Peipua (elle se termina par la victoire
iee Busses et eut pour résultat de soustraire la Russie du Nord-Ouest à
ta domination de l'ordre).
67. — Forschungen zur Brandenburglscben nnd Preasslscheu
GMclUcht«. Bd. V, lleft I, 189?. -— Lieseoam). Les institutions de
Neuruppin (détails sur la plus ancienne liistoire des comtes de Huppin;
Cherches ear le diplôme de 1256 qui conféra les droite de 3tendal à
Nenrappin et sur les réformes ultérieures de ce statut. Intéressant pour
l'histoire sociale et pour celle des origines du patriciat municipal.
'Appendice sur la cbarte de Btendal donnée à Wlltstock et à Kyritz). —
BoatratiL. L'établissement du conseil général de Brandebourg, en ll>04
{important pour Ttiistoirc des progrés de la centralisation créée au détri-
tneulde la féodalité). — PncnnA». La politique étrangère de l'electeor
ie Brandelioarg Frédéric-Guillaume; 1640-1686. — G. Breysio. L'ad-
BÙDistiKlioa des impôts en Brandebourg de 1660 à 1697 (cette adminis-
tnlion, snr laquelle les propriétaires fonciers avaient jusque-là exercé
une influence prépondérante, fut alors centralisée entre les mains de
l'État, ce qui permit de fortiiier notablement l'armée brandebourgeoise).
■~ H. HuEFFEB. Le cabinet prussien de 1713 û 1808 (biographie et por-
trait des principaux membres du cabinet, d'après des documents inédits).
•— W. 6cain.TZE. Une attaque du ministre von Heinitz contre t'admi-
ïÎGtratîon de la régie dirigée par des employés français en Prusse (adres-
kée eo 1788 au roi Prêdéric-Gnillaume U ; le ministre avait déjà adressé
mr ce sujet à Frédéric II un mémoire qui eut pour résultat de hire
prendre de sévères mesures contre les employés français). — Nauoé.
lie trésor d'état prussien sous Frédéric-Guillaume il et sa Héroul«;
!•' art. (exposé détaillé de sa déplorable situation après la mort de Pré-
Aéric m. — HoLOFF. Réorganisation du ministère des affaires êCran-
Ijàres en 1802 (publie 4 lettres du comte de Haugwitz et de Lombard,
1790-1802). — A. Klsinschhidt. Les comtes de Stolberg-Wernigerodo au
temps de la Ckin fédération du Rbio (en 1S07, le comté de Weraigerodo
fat incorporé au royaume de Westphalie, et les etTorts tentés pour assurer
& M6 comies une situation privilégiée furent sans résultat). — Ssllo.
Mélanges sur l'histoire ancienne du Brandebourg (1" les conquêtes du
margrave Albert II aux pays de Barnim et de la Sprée supérieure, 1210-
1220; 2° acquisition des pnys de Barnim et de Teltow par les margraves
Jean I et Otton III ; 3* il est faux qu'il ait ejûsté une prévftté indépen-
dante à Cologne sur la Sprée an moyen âge). — F. Hibsch. Documente
BKCUEtLS PÉRIODrQUKS.
relatifs à l'hietoire du procès de hante iraiii^oa [ntenté tu e
Bien Christian Ludwig de KalcksteÎD, I660-(670. — J. Bolte. Cb&ii»ïD<!
hollandaises sur FrRderic le Graml. — J. KnsBs. Dens lettres de l'an-
aée I8( 3 (adressées au cooile de Danckelmano ; intéressantes pour l'hi^
toire de la campagne (lu général York et sur l'état de la Silésie avant
l'exploBion de la guerrel.
68. — Zeitschrirt fUr die Geachlohte and AltarthtuaBknnde
Ermlands. Bd. IX, Ilea 3, 1891. — WtEi.Kv. Les plus anciens cham-
briers et les fonctions de clmmbrier en Ermlaude (dans l'organisaiioQ
de l'ordre Teulonique, ces fonctionnaires étaient chargés de lever les
impôts et d'administrer les biens des seigneurs). — Id. Histoire de Cros-
aen jusqu'en 1714.
69. i— SchrlRen desTareioB fOr MeiningUche GeBchichte nad
Landeakonde. Ileft H, 1891. — Riehrio. La paroisse de Lange nschade
Ihistoiro détaillée d'aprôs des documents inédits). = Heft 13, 1892.
Hartmann. Bibra; son histoire politique, sociale et religieuse.
60. — Qnartallilatt des hiatorlachen Verelna fOr daa Groaa-
faerzogthum Hessen. 1892, Heft 2. — Baron Schenk zv ScHWEms-
BEiii-,. La diRuiié princiéro inféodé* au landgrave Henri I" de Hesse,
129Î. — Hœschen, Histoire de la ville de Lambach |& l'aide de docu-
ments inédits). — Lotï. Le pont romain de Bûrgel sur le Mein, entra
OScnbacb et Hanau. — Rceschen. Ordre de Gustave - Adolphe à ses
commissaires en Velléravie pour y lever des contributions, A mars 1633.
61. — Rentlinger Oeachichtalilcetter. 1393, n" 5. — Dbueck. Le
district de Reutlingen pendant la période alémauno-franque (d'après de
nombreux objets de cette époque trouvés dans des tombeaux).
62. — Berlchte des frelen deatachen Hochatlftea zn Frank-
fort a. M. B(i. Vm, Heft 34, IRK. — ScHWKaEn. Les mémoires de
Marbot (i! faut s'en servir avec précaution, car d s'y trouve beaucoup
d'erreurs). — Wasseuziëiieb. FrêdèriC'Chrialian, duc de Sleswig-Hol»-
tein-Augustenburg, 1765-1314 (parle surtout de ses rapports avec Schil-
ler). — 0, LiBHsiANN. Études épigraphiques sur l'histoire sociale de
l'Asie Mineure à l'époque de l'empire romain (à l'aide des inscriptions).
63. — Arohiv fAr Qeschlchte and Alterthnmakunde von Ober-
franken. Ed. XVIII, Heft 2, 1891. — F.-C, von GirnENBEna. Régesles
de la famille des chevaliers de BlanMtubcrg; première partie (analyse de
128 actes, 1148-1299). -~ Baubr. L'architecte Cari von Gontard à Bay-
reuth, 1754-1765.
84. — Jataresberlclit des hlatoplachen Verelna Dllllngen.
Jahrg. IV, 1891-92. — Schild. Biographie des personnages célèbres
né? à Dillingen. — Popp. La route militaire des Romains le long de la
rive droite du Danube, près de Gûnzbourg.
66.
Sammelblatt des hlstorlschen Verelns Elcbstcett.
BCCDEILS FéniOUIQCES.
181
Jahlg. VI, 1891. — 0. RtEDER. Commeot éuit puai l'homicide à Eich-
itett, *u rv< et au xvi" 8. — F. WiNKei-iiANN. Lee fouilles du tastelium
romiia de PIudx en 1891 (iDScriplûn de l'an 21t, vaines, marques de
poUer). — L. von Sbcken DonFi'. Cou tri bu lions à la biographie du prince-
éttqoa Cetpar de Seckendorfr, 1542-1595, — Sceelecht. Sur rbisloire du
aaâle de Conetance (eilrails du cod. VaLic. Palat. lat. 593, qui contient
ooe «érie de discours relalifa au concile de Constance]. — Id. Sur l'hia-
Vàre d'ElchetsU pendant la guerre de Trente ans |1' lettre de 1633 rela-
tive i l'occupation d'EichEl»tt par les Suédois; 3° Eoémoire du prince-
èrtqoe d'Eichslœtt, de 1640, sur la pénible situation du diocèse accablé
ptrl« maux (le la guerre).
M. — ObeFbayepiachea Archiv rOr vaterlEendlsche 6e-
Mhlehte. Bd. XLVU, 1891-92. — Ch. Hsotlb. Le duc de Bavière-
Ingolïtttdl Louis VII le Barbu ; sa mort, son enterrement, son épilaphe
(lllDODnit en 14471. — Id. De quelques elaluts municipaux des yilles
i» l'iDcieune Bavière ; suite iNeuœtting, 1321 ; Neustadt sur le Danube,
t!73; Scbongau, fia siV s.; Vilshofen, 1345; Wasserburg, 1374;
Wïllhelm, I38'2|. — Pfl-nd. La chasse à l'ours dans la haute vallée do
ilut, lï'-ïii» s. — B.vAnBB. Histoire du district de Windach ; suite :
1596-18 jl. — Febghl. Contributions à l'histoire du monastère de Karl-
>t«n 1 Reichenhall, du commencement du xvi' s. à la lin du x^vui'. —
Wesbwoeii. Liste des moines qui vécurent au monastère augustin de
Wahem, du xju* au xvui' s,
Vt. — WeBtdan tache ZeltachrlR nir Geschlchte aad Kotut.
"■ XI, Heft 1. Iâ9i, — Ohlenschlager. Les résultats fournis par iea
plos récentes fouilles des ruines romaines en Bavière, qui ont été
'•i'es dans ces vingl^cinq dernières années. — Id. Alta Ripa (forteresse
"xulnesur le Rhin, dans le palaliaat bavarois, près Spire, aujourd'hui
Altrip; on en a récemment découvert les vestiges). — F. von Dubn,
"Culpiufes romaines trouvées à Neaenheim.prèsHeidolbarg. — C.Zan-
«UnsTm. Antiquités romaines sur le versant occidental des Vosges
('''•pièa Save : Bulletin de la Soc. phiiom. vosgienne. Saint-Dié, XIII,
'^- Recherches sur les colonies de Barmates établies eu Germanie et
*0 GanI* sous l'empire romain). — Deppe. La bulaille de Teutobourg
t^le fut livrée les 2-3 août 9 av. J.-C). — L. Hoberti. Éludes sur
'hitloire des premiers conciles assemblés en France pour le rétablisse-
ment de la paii (Charrons 989, Narbonne 990, Anse 994. Histoira du
aroit de vengeance en Allemagne, surtout dans l'empire franconien.
'^' les coutumiers des peuples allemands, ni les lois des rois franco-
^Mis n'ont pu en affaiblir la pratique à un degré appréciable). —
"- RiBBECK. Recherches sur le prétendu privilège du pape Sylvestre
P^r l'evèque de Trêves Agricins (des reliques et de la sainte robe do
^'pveii, := iiefi 2. Huuhel. Des péages levés sur les bateaux naviguant
"T le Mein de Wertheim à Mayence (jusqu'à la fin du xV siècle; les
■"Ifoiï de Francfort-Eur-le-Mein; tarifa d'octroi, etc.). — Schcbkbh.
490 RECUEILS P^ElODIOm.
Les fondations bienfaisantes de Cologne ponr reneoQngement d« m'JS
études scientifiques, dn xv" siècle à 4845 (surtont bous Napoléon I").=s
Compte-rendu : Riese. Das rheinische Germanien in der antiken Litte-
ratur (bon).
68. — Zeitschrift fftr die Gtoschichte des Oberrhelns. Bd. VH^
Heft 3, 4892. — Obser. Le marquis de Poterat en 4796 (ses tentative»
pour organiser un soulèvement dans les territoires autricbiens et badois ^
ses rapports avec les n'publicains allemands du Rhin et de rAllemagrae
méridionale; art. important fait à l'aide de nombreux documents iné^
dits). — H. VViTTE. Sur la guerre de Bourgogne en 4475 (article
détaillé). — E. Krueger. Origine des Zœhringen; suite (histoire
liste des terres possédées par la puissante maison soualM des Âiahol '
fing ; des maisons qui les possédèrent ensuite. Montre les rapports qu ^^
rattachent entre elles les maisons de Zœhringen, Bade, haute Lorrain^^^l^
et Habsbourg ; art. important accompagné de tableaux généalogiques). ^^ ^
— Al. ScHULTE. Le ms. dit de Manesse à Heidelbei^ (les auteurs dei ^^ .
poésies transcrites dans le célèbre ms. sont classés selon lear condi- ^
tion sociale : princes, ministériaux, gentilshommes campagnards, ^sm^
nobles urbains, prêtres, savants et bourgeois, y forment autant de ^
groupes qui se suivent ; cet ordre une fois déterminé, on peut arriver
à mieux déterminer chaque auteur). — Inventaire des archives com-
munales des districts d'Adelsheim et de Ssechingen.
69. — - 'WOrtiembergiache-Frajikeii. Nouv. série, Heft 4, 4892.-^ ^^
KoLB. Sur l'histoire des Franciscains à Schwœbisch-Hall, 4235-4524.
— II). Régostes (X)ur l'histoire du monastère franciscain de Schwiebisch- '
ilull, 13'.)8- 15*20. — Hartmann. Turenne dans la Franconie wurtember- **
gooiso, 4673. — Id. La chèretc de 4770-4772.
70. — - Beitrssge Bur Geschlchte des Niederrhelns. Jahrlmch '
des Dùssoldorfor (Tpschichtsvereins. Bd. VI, 4892. — Eschbagh. Expli-
cation ôtymotikgique dos noms de lieu du cercle de Dusseldorf. — Bloos.
Liste dos bourgmestres de Dusseldorf, 4303-4886. — Bone. Liste des
iMurgmostres ot conseillers de Kaiserswerth, 4564-4890. — Wagbtu.
Molanm sur l'histoire du grand-duché de Bei^. — ScHWAmx. Une lor-
cii^re brùliH^ à Gerresheim en 4738.
71. -— Mittheilangen ans dem StadtarehlT tob Kœla. Heft 24,
489"?. — Si^Hw-iCRREL. Los livres de compte de Cologne de 4354 & 1798
(liste do 4,500 do ces registres, avec une histoire des finances de Ciologne).
— lliKHi.nAVM. Idoos et jugements sur le soulèvement de Cologne en 1525.
— Kki'sskn ot KNirriNo. Liste des mss. et chartes relatifs & l'histoire de
(\)logno ot du pays rhôuan« qui ont été acquis i la mort du chanoine
Kossol pour les archives de la ville (46 mss. et un grand nombre de
chartes allant do 1058 ;\ t450K — Hceelbauv. Projet d'une milice pour
lo llhin inforiour ot la Westphalie en 4594 (dressé par le palatin Georges-
Jean do IVux-Ponts-Veldenz : il est très fantiisfste et n*a pas été mis
à ex^utioiiK
BEGOEILS P^RIODIQITES. 194
e]ttiiiS«n des Vereins far dl« OescUchto nnd Alter-
thnmskande von Erfurt. Hefl 15, 1892. — (£hgbi,. ContribulioDs à
l'histoire de l'humanisme à l'Université d'Erfurt 1 correspondance de
saviuiis d'Erfort au temps de l'htimaDismo et de la Réforme; montre la
grande importance de rbumanieme à rUaiverEité d'Erfurt au commea-
cement dn xvi* s. ; rapports de ces humanistes avec Luther. Article
important). — Beves. Histoire de la corporation des menuisiers à Erfurt,
du xy* aa six* s. — Loth. Ordonnances du magistrat d'Erfurt contre la
peste et autres épidémies au ivi* et au cvn° s. — Gccckeler. Traces de
croyances aux diviuités germaniques dans les usages populaires d'Ër-
furt el des environs de nos jours. — Von Tettau. Sur Nicolas de Bibra,
l'auteur de 1'» Occulius, • poème dirigé contre la hiérarchie catholique,
vers 1450. — Un manifeste du Conseil d'Erfurt contre l'archevêque
Diether de Mayence en 1480. — PiCK. La visite du roi Frédéric-Guil-
laume III de Prusse à Erfurt, en 1803.
73. — Zeitschrlft des Hareverelns fllp Geschichte nnd Alter-
Uininslniiide. Jahrg. XXIV, Heft 2, 1891. — Gess. Documents sur
l'histoire de la Reforme luthérienne dans les montagnes du Harz
(47 pièces de 1514 à 1537]. — Bude. Nouvelles sources pour l'histoire
de ta ville do Goslar. — J*cûbb. Documents sur l'histoire du comte el
ds la ville de Wernigerode (tO actes de 1317 à 1438). — In. Deux docu-
meuls sur la société des arquebusiers de Halberstadt, 1502 et 1543.
74. — Oescblchtsbl setter fttr Sta.dt nnd Land Magdebnrg.
Jahrg. XXVII, Heft 1. 1892. — CH*aEH. Contributions à l'histoire de la
Ballne prussienne de Schœnebeck, 1704-1890, d'après des documents
inèdiU. — C. ■Wittigh. Le sac de Magdebourg par TiUy, en 1360 [étude
Critique sur les sources contemporaines).
76. — Nettes Lansltclscbes Magasin. Bd. LXVUI, Heft 1, 1892.
— Jboht. Des noms de famille i Gœrlitz (ils ont commencé d'élre en
t3B8ge dans Ea première moitié du xiv s.}. — Stceckhabt. La famille
Kioble de Damnilz. — Jecht. Georges Embricb, conseiller et marchand
«Je Gœrlitz, 1422-1507.
76. — HlttelInngendesTereins nir Gescblchte Dr«sdens. 1893,
Heft tO. — BucHWALD. Lettres d'un fonctionnaire saxon, Johann Daum,
162&-I67Û (important pour l'histoire de la guerre de Trente ans). —
£xiraîtB des nules de bourgeois de Dresde qui, après l'incendie de 1683,
recoeillirent des aumônes pour la ville en Allemagne, en Buisse et dans
les Pays-Bas.
77. — Hanslsche Geschlchtsblœtter, Jahrg. 1890<91. — W. vON
BiPPBN. Fondation de la cour d'appel à Lubeck (après la dissolution de
l'empire allemand et de la cour aulique de Wetziar, on essaya d'établir
dans les villes de la Hanse un tribunal suprême pour les villes libres;
négodations dans ce but de 180G â 1820. En 1820 fut fondée la cour
d'appel pour les villes libres de Hambourg, Brème, Lubeck et Francfort;
k
492 EBGUKIL8 P<EIODIQinn.
elle a rendu de grands services jusqu'à ce qu'elle eût disparu dans la
nouvelle organisation judiciaire de Tempire). — H. Ulmamm. La politique
du grand Électeur dans la Baltique (cette politique eut pour conséqueDce
la ruine de la domination suédoise dans la Baltique, l'indépendance
commerciale de la Prusse et le droit pour elle à la libre navigation). —
Teghen. La population de Wismar au moyen âge et les obligations mili-
taires des bourgeois (d*aprës des documents inédits). — Koppmaiin. Sta*
tuts des arquebusiers de Lubeck de 1616 (histoire et organisation de
cette confrérie au xvi« et au xvn* s.). — W. Stieda.. La compagnie des
marchands de harengs à Rostock (de la pôcbe au hareng au moyen âge;
importance de la péninsule suédoise de Schonen comme place de com-
merce. A Stettin, Deventer, Wismar, Hambourg et dans d'autres Tilles
se fondèrent au moyen âge des sociétés pour l'exploitation en commun
de la pèche au hareng, sous le nom de « sociétés des marins pour Scho-
nen. > Histoire de la société de Rostock d'après des documents inédits;
après le déclin de sa première splendeur, cette société s'unit en 1566 à
la société des marins de Bergen ou société des pécheurs pour Bergen.
Statuts de la nouvelle société qui se trouva ainsi fondée). — Vf, yc»
BippEN. Réception de la ville de Brème dans la Hanse (en 1358; avant
cette année, Brème n'appartenait pas à la Hanse). — G. Kopphahh. Les
troubles intérieurs de Lubeck en 1530-1531. — D. ScHiEFEB. Sur l'his-
toire de Marcus Meyer (il était capitaine de lansquenets au service de
Lubeck contre le Danemark en 1534-1536).
78. — - Archiv des Vereins flir Siebenbftrgische Ijandeakonde.
Bd. XXIV, Heft 2, 1892. — J. Gross. Histoire de la famille Heyden-
dorff (important pour Thistoire de la Transylvanie au xvu« et au xvni* s.).
— DuLDNER. Gabriel Poinar, évèque de Bosnie, 1493-1502 (ses missions
diplomatiques et politiques comme ambassadeur de Ladislas II, roi de
Hongrie). — Teutsgh. Contributions à l'histoire de la Transylvanie au
xviii* s.; suite (publie deux actes de 1776 relatifs à un projet ayant pour
but d*effacer les distinctions ethniques du pays et de fondre ensemble les
éléments hongrois et transylvains).
79. — 60 Bericht Aber das Mnsaiim Franeiaco-Garoliniim in
Lins. 1892. — L. Pbgell. Un journal de Linz sur l'invasion des troupes
françaises en Autriche, 1800-1801. — Stràbero. Deux inscriptions
romaines de Schmiedberg près d'Enns (de l'an 160 ap. J.-G.).
80. ~- Mitteilniigeii des nordbœhmisohen BzenrsionB-Glnbs.
Jahrg. XV, Ueft 2, 1892. — Bernau. La forteresse de Schreckenstein
sur TElbe en Bohème (histoire détaillée du xn« au xvni* s. d'après des
documents inédits). — ânders. Des enceintes circulaires préhistoriques
(elles servaient probablement au culte ; on les trouve aussi bien chei
les Slaves que chez les Celtes et les Germains).
81. — Mittheilangen des k. KriegsaroliiTS in Wton. Nout.
série, Bd. VI, 1892. — Hausbnblas. L'Âatriche dans la guerre contre
lECDBILS P^RIODIQDBS.
la Hévolntîon françaiBe; suite (récit très détaillé des événemeatê de 1i
campagne dans les Pays-Bas d'avril à fin juil. 1792; avec cini] grandes
cartes). — Zerbonidi Sposetti. La lutte cootre l'insurrection du Piémont
eu 1821 cl l'occafiatioa du pays par les troupes autrichiennes jusqu'en
IS33, d'après des documeals inédits. — Heuatutoeller. Le réjïimeat de
dragons autrichiens du duc Jules-Louis de Savoie (c'était un frère du
prince Eugène: le régiment fut créé en 1683; il prit une part brillante
à la guerre contre les Turcs; à Pèterwardein, en 1691, il fat surpris par
les troupes ottomanes et ècraeé). — Von Dungker. Documenta militaires
et politiques sur l'histoire de la première guerre de Silèsie, 1741 (art.
très important et délaillé avec d'intéressanls détails sur la politique de
l'Autriche, de la Prusse, de la France et de l'Angleterre. L'auteur cri-
tique vivement la conduite de Frédéric ie Grand et réfute les critiques
portées contre celle de l'impératrice Marie-Thérèse).
SS. — Mitthellnngen des Vereins fltr GescUchte der Dent-
■cben tn Bœhmen. .iahrg. XXX,Uert4, 180t. — Neuwihth. Construc-
tiua de l'ùgliee de Brûx, IJI7-1532 (extraits de comptesl. — Teisgubb.
La langue et la littérature allemande en Bolième |1* protecteurs de la
poésie allemande en Bohême au xni* et au xiv' s.; 2" histoire de la tra-
duction allemande de la Bible en Bohème au xiv° s.}. — LosBnTH.
Anabaptistes allemands- bohémiens en Bohème et dans les pays voi-
sins. = Compte-rendu : Stritad. Urkundenbuch der Sladt Pilsen.
Bd. I (important). = Jahrg. XXXI, n" 1. Schlesihoeb. Une constitu-
tion de l'empereur Charles IV sur le partage de ses territoires entre
ses trois Gis : Wenceslas, Sigismond et Jean, 1376 (trouvée par l'auteur
dans un formulaire de la ville de Saaz). — Wintbra. Histoire du pro-
testantisme à Braunau (très détaillée, d'après des documents inédits;
publie septactes de 15B7 à 1606). — Gbadl. Documents tires des archives
municipales d'Éger; suite {n" 72-82, U20-1432 ; imponant pour l'his-
toire des guerres contre les Hussites). — Mayeu, Un privilège faux du
monastère de Kladrau, 1197, — R. Muelleb. Les constructions et tom-
bf!KUX de la famille noble de Salbausen, ïï'-ïvui" s. — M. von Wulp.
La force des armées hussiies (elle était beaucoup moindre qu'on ne l'ad-
met d'ordinaire; les Hussites ne mirent jamais en ligne plus de 25 à
30,000 hommes). ^ Comptes-rendus ; Schiesinger. Urkundenbuch der
Stadt Saaz (important), — Volkmer et Hohaus. Geschichtsquellen der
Grafscbaft Glati, Bd. V (important), — Reiek. Gcschichte Bœhmens
uad Ma>hrens in der Neuzeit (bon).
68, — Mittbeilungen des Uasealvereins fQr Kraln. Jabrg. V.
Laibach, 1892, - Wallneb. Histoire du duché de Carniole et du lillo-
rml maritime autrichien vuisin au début de la guerre de la Succession
d'Autriche (préparatifs militaires pendant les années 1741-1742. L'étroi-
tesse du patriotisme local entrava les efforts énergiques de Marie-Thé-
rèse. Important pour l'histoire des institutions politiques et militaires
des provinces méridionales de l'Aulriche). — Rotab, La navigation sur
Hbv. Uistok. LI. 1« fasc. 13
KECDRILS PEKIaorQDES.
1, depoie l'aniiquilé romaine jusqu'à nos joan). — Walutee.
Les possesRioDS et revenus île la cliarlreuae de Freudeothal en Caraiule
et les statuts de ce monastère concernant la nourriture et la boisson des
moines en 1659.
84. — ^KTieneF Stndl«n. J&brg. XIV, Beft I, 1892. — Wutu. Le
14* livre des oracles sibyllins lils se rapportent aux règnes des empe-
reurs romains de César i, IHoclétienj , — Zinqbblb. L'auteur du i Bel-
lum Aleiandrinum « (les cbap. i-xx ont été composés par César, \ess~
reste ajouté par Hirtius. Les trois livres sur la guerre civile qui sont^a
donnée par les rnss. n'en TormaieiiL à l'origine que deux; le Iroîsièm^^
livre était constitué par te r^cit d 'Hirtius sur la gnerre d'Alexandhe_ ^
Contre les bypotbèses de Landgraf sur la part que, dit-on, prit Aainiu^^
Pollion à la composition du Corpus Caesarianum) . — WEurBEsuEi. ^
Le tbèdtre antique d'après le commentaire du Dooat sur Térence.
65. — Académie dea acteac»* de Ci-acovle. CompUi-rendui de^:^
léaniM. 1)J92, juillet. — Kkezj/niki. Les recensements dans l'ancienne _
république de Pologne. = Octobre. Windakieteici. Renseignements su
les actes de rUoiverailè de Uologoe, de 1381 à 1600. — Bénis. Maté ^=
riaui pour l'histoire de l'imprimerie et de la librairie en Pologne.
KalUnbaeh. Mémoires de Jean GoUius, bourgeois polonais, 165I>-)653^M
— Lewicki. Kapport du roi Jean-Albert sur la campagne de 1497.
KUrsymki. De l'impôt général de capttation en Pologne et des registrs^*
de recensement dont il est la base.
^
\
88. — The english hlBtorlOA.1 Revlew. Vol. VII, OCt. 1892.
R. Allen. Gerberl, le pape Sylvestre II (bon résuma des traTau^^
récents sur le personnage ; appendice sur « Gerbert el la légende »). — '
MACPRBBBon. L'église du Saint- Sépulcre à Jérusalem ; «uiie : les coni -^^
tructions de l'empereur Constantin Monomaque, 1008-1130. — Mis— a^
Batesod. L'avancement dans le clai^è sous le duc de Newcastle (publi*- -^
un choix amusant de lettres de sollicitations et do recommandation^''
adressées au duc). — 8. Mùnz. Gregorovius. — Daniell. Une descrip- ^
tion de la Conquête par figures [analyse le passage où Baudri de Bonr— "
gueil décrit la chambre d'Adèle, fille du Conquérant, et les sujets bn> — -^
dés sur les tapisseries qui décoraient sa cbambre. La tapisserie d^^^
Bayeui doit avoir été fabriquée ii la même époque, soit entre 1079 e^-*
1107). — Round. • Solinum » et <■ Solanda s (ces deux mots ne son^
nullement synonymes, comme on L'admet d'ordinaire. Conjec
sens vrai du mot « virgala <•). — J. G^ihones. Lettre concernant l'evéqoe^^
Fisher et sur Thomas More, 1535 (par un chartreux d'Aiholme).
HuTTON. Lettres inédites do l'archevêque Laud et de Charles I".
Phillips, William tioffe le Régicide (rectifie l'art, du t Dictionary o^^"
nat. biograpby g). — Jbnks. Quelques lettres deTburloe et de Meadow^^'
[trouvées à la bibliothèque poblique d'Auckland, en Nouvelle-Zélande^^-'
onze lettres des années 1657-58). ^ Camp tes- rendus : Mahaffy. Pro —
HECCEtLS péRtODIQOI
blema ingreet hîstoryfles vuesJd l'auteur ne sont pas toujours neuves
ai justes, mais elles eont suggestives). — Maeray. Charters and docu-
mente illuBtrating ihe history of Salishary in the xii and xin cent. —
W. llruHek. The oarly hîslory oC Triniiy collège, Dublin, 1591-1660
(excellent). — Brutaîh. Étude fiur la condition des populations rurales
da Roussillon au moyen âge (excellent*, il est fort instructif de compa-
rer cette condition avec celle des paysans anglais à la même époque).
— Errera. Les Masuirs (bonoe étude sur d'anciennes formes de la pro-
priété en Belgique). — Heijck. Geschicbte der Herzoge von Zxhringen
(excellent). — Ingram. England and Rome (systématique et insurUsant,
snrlout pour lu période du moyen âge; les rapports do la royauté avec
le clergé depuis Henri VIU sont mieux présentés). — Ardibold. Tbe
Somerael religions bouses (publie d'intéressants documents sur la sup-
pression des maisons ecclésiastiques en Somerset; mais il n'a fait
«}a*efQeurer le sujet). — li. Garnett. The accession of Queen Mary
(publie avec un soin irréprochable le récit d'un contemporain :
Antonio de Guaras, marchand espagnol résidant k Loudres). — Beesly.
Cjaeen Elizabeth (assez bon résumé biogra|ihiquej. — Slutw. Minutes
of the Manchester presbyleriao classis ; 2" et 3° part, (documents impor-
tants poDr l'histoire de la secte presbytérienne pendant la Révolution).
Warner. The Nicolas papcrs. Vol. II : jaav. i653-juin 1655 (ioté-
Teseant pour l'histoire des intrigues à la cour de Charles U à Spa et à
Cologne). — law. The history of Hamptoo Court palace. Vol. III (faou).
— Fiskt. Civil government in Ihe United States, considared with some
référence 10 ils origine (clairet précis; jugements équitables et exempts
de passion!. — Linton. The english republic (iotéressaate étude sur le
mouvement républicain en Angleterre au xii* siècle et sur son avorte-
ment). — Kratue. The growlh of german unity; an historical and cri-
Ucal sludy (judicieux, mais écrit avec un parti pris germanique très
accentué). — Jenh. The government of Victoria, Australia (boa). —
Puschmann. A history of médical éducation, transi, by. //. Hare (bon).
— Smith. Christian monasiicism, iv-ix cent, (recueil d'articles pubUés
dans divers dictionnaires ou encyclopédies; des redites, des erreurs,
peu de critique). — Tarducci. La pairia di Giovanni Caboto (l'auteur
fait naitre Cabot a Venise; il est plus probable qu'il était génois).
87. — The Athenttnm. 1892, 23 juillet. — J. S. Cottan. Ruiers of
tadia : Mountsluart Sllphinstone (bonne biographie). — George F. War-
ner. The Nicholas papers ; correspond en ce of sir Edward Nicholas,
secretary ol Etale. Vol. I et II : 1641-165!) (documents intéressants, bien
publiés et avec un excellent index). — Sltore. A history of Hampsbire,
including the îsle ofWight (bon). = 30 juillet. JiiJi«rand. A french ambas-
sador at the court of Charles II (intéressants commérages qui n'ajoutent
pas beaucoup à ce qu'on savait déjà). — H. Ouien. The description of
Pembrokïbire, by G. Owen of Henllys, lord of Kemes (description
importante pour la géographie historique. Lord Kemes vécut de 1552 à
1613). — Fiske. The discovery of America, with some acconnt of
496 EBCUBILS PERIODIQUES.
ancient America and ihe spanish conqaest (bonne mise en osam des
ouvrages d'éradition sur le sujet; beaucoup d'enthousiasme et assez de
critique). = 6 août. Abbott, History of Greece; vol. II (mise en cenvre
diligente des textes anciens, mais aucune force de conception ni de
style). — Mgr Gradwell. Suecat : the story of 60 years of the life of
8. Patrick, 373-433 (ce n'est qu'une série de conjectures et d'hypothèses
sans fondement historique solide). — Une lettre de Voltaire (écrite ei
anglais à Thiriot, fin 4726 au commencement de 1727 ; malheoreoBe — ^
ment, ce n'est qu^un fragment : le début et la fin manquent). — BUm^-""'^
fUld. History of lower and upper Heyford. — Venables. The chronicl^^^
of Louth park abbey (cette chronique, connue de Tanner, avait long— -''^'
temps été considérée comme perdue ; bonne édition, avec une tiaduc--^'''^'
tion estimable). — Inderwick. The story of king Edward and
Winchelsea (quelques documents sur la reconstruction de Winchelf
par Edouard I*'). — Ém. Ollivier, Michel Ange (l'ancien ministre
jugé le grand artiste et son temps en théologien plus expert aux subti-'*"-'^'
lités de la casuistique catholique qu'en historien ; ce livre fera mieux :^^ ^^
connaître l'auteur que l'artiste). ^ 20 août. FowUr. The coucher book -^^ ^^
of Selby; vol. I (cartulaire du xiv« s., bien publié). — Index of wills^-^^
in the York registry, 1514-1553. = 27 août. Orpen. The song of Dermoi^^^^
and the earl (excellente édition). — Wise. Rockingham Gastle and the ^^ ^^
Wattons (contient plusieurs documents intéressants). — Cav&'Browni. ^ ^^^
The history of Boxiey parish. = 3 sept. Sir Upel Griffin. Rulera of^^^f
India : Ranjit Singh (estimable). — Kay, Yaman; its early medicvaLC^^I
history (excellente histoire de TYémen avec l'histoire abrégée de sea^^^
dynasties par Ibn Khaldoun). = 10 septembre. Th, Olden, The churchtfirSii
of Ireland (fort intéressant, surtout pour la période antérieure à Ufl-a» -^
conquête normande). -> 17 septembre. L. von Omptêda. Ghristianzi^'n
Friedrich Wilhelm Freilierr von Ompteda (excellente biographi(
d'un officier anglo-hanovricn qui joua un rôle des plus honorables, e^
parfois héroïque, dans les guerres contre la France de 1793 à 1812).
À. Forbes, The Afghan wars. 1839-42 and 1878-80 (récit brillant e
captivant). = 24 sept. The diplomatie réminiscences of lord Augoi—
tus Loftus, 1837-1862. — Percy Gardner. New chapters in greel
history : historical results of récent excavations in Greece and
Minor (recueil d'articles déjà publiés à l'usage du grand public).
Boulger. Lord William Bentinck. — Hatlitt, The livery oompanies
the city of London (l'auteur a pris pour base principale de son travai
les enquêtes faites par la commission parlementaire inttitaée pour con
naître l'organisation des c Gompagnies > à livrée et le rapport déposé
il y a une dizaine d'années, sur le sujet; malheureusement, il a
échapper trop d'erreurs pour qu'on accorde pleine confiance à son livre) ^^ ^'
= !«' oct. CoL Mackenzie. Mutiny memoirs (curieux détails sur la révolt^^
des Gi payes, par un ancien officier de cavalerie volontaire). — SarU
The deeds of Beowulf (traduction et notes estimables; l'introdaction
fait pas faire un pas à la solution du problème de Beowulf; il n'y
BGcuEiLs F^Biooroires.
197
pas liée de tenir compte de îdd livre). — Maliaff'y. Problems in greek
history (inl^ressant). — Sir W. Anton. The law and custom of Ihe Cons-
liluUon. Purl II : Ihe Crown (excellent». = fi oct. /. A. Malthews. A
liUtory of the parishes of &■ Yves, Lelanl, Towednack and Zennor, in
Khe couaty of Comwall (bon). — If. Besani. London (amusant, iiiBtruc-
tir M bien illustré). — Gamîer. HisUtry ol tbe engtish landed inlerest :
ils cuEtoms, laws and agriculture (ouvrage de vulgariBalioa entrepris
par un homme du métier qui donne trop de place à ses théories per-
sona<?lles, mais qui décrit avec intérêt ce qu'il counait bien). = 15 oct.
Anhbold. The Somerset religions houses (documeots précieux pour
l'tiistoire de l'abolition des établissements monastiques au comtô de
Somersetl- — Conway. The life of Thomas Paine (intéressante biogra-
phie, qui tourne trop souvent au panégyrique). = 22 oct. Thutune.
Djem Sultan, fils de Mohammed II, 1459-1495 (remarquable). — Sayle.
The county of Durbam (description des chiiteaux, églises et maDoirs;
c'est un guide très bien fait). = !9 oct. Markham. A history ùt Peru
(excellent; l'auteur connaît bien le pays et son histoire, il professe pour
les Ineas une admiration qui fausse parfois son jugement; mais c'est
la meilleure histoire générale du Pérou qui ait encore été écrite). —
fi. de Bourgade La Dardye. Paraguay ; the land and the people (utile
manuel). — GUberl. Calendar of ancient records of Dublin. Vol. ni :
leiO-ieai. - 5 nov. Couch. Réminiscences of Oiford by Oxford men
1559-1850 (anecdotes découpées dans des livres imprimés et très acces-
sibles; pourquoi les admettre dans le recueil de la société d'histoire
d'Oiford?), — Nwldeke. Sketches from eastern history, Iranslat. by
J. S. Black. — JUaemahon. Far Cathay and fartber India (suggestif et
intéressant).
88. — Tha Academy. 1892, 15 oct. — H. Morse Slepheru. Albu-
qnerque (utile contribution à l'histoire de l'Inde) — E. Abbott, A his-
tory of Greece. Vol. II (excelleni). — Judeich. KleinaBiatische Studien
{ces études tentent à traiter la mi^me question, celle de savoir si, au
iv* s. av. J.'C, r Asie-Mineure serait conquise par l'inQuence persane
on par l'inQuence grecque). = 23 oct. Hazlilt. The livery companies of
London (compilation très consciencieuse et utile). — Elton. Tbe career
of Columbus (bon). — Middleton. The hislory and pratice of illumlna-
ting (remarquable). — L. de Lantshetre. De la race et de la langue des
Hittites (excellent; c'est le meilleur livre, au dire de M. Sayce, qui ait
été encore écrit sur le sujet). := 5 dov. The diplomatie réminiscences
otlord Aug. Lofltu. i837-IS62. — The 0" Chrg. The making of Italy,
185&-I870 (Fort intéressant exposé par un ennemi déclaré des révolutions
qui ont fait l'unité de l'Italie}. — Une lettre attribuée à Cromweli
(C. H. Firth : la lettre 200 publiée par Carlisle est une fabrication du
ivin' s,). = 19 nov. Mone Stephens. Oralors of the french Révolution
(choix remarquable et très suggestif de discours prononcés par les prin-
cipaux orateurs de la Révolution; ils donnent une image bdèle de
l'éloquence politique des Français qui se grisent de mots et transforment
498 EBCUBUS P^EIODIQUIS.
les faits par amour de la phrase. L'Anglais ne peut comprendre ce
goût du mirage grandiloquent et mensonger, où se reflète, aTec leur
incurable vanité, le goût des Français pour l'idéal exalté). — La Goa-
vade ; genèse d'un mythe moderne (Strabon a dit que, chez les Basques,
quand une femme venait d'accoucher, elle se levait aussitôt et son mari
prenait au lit sa place, sans doute pour couver le nouveau-né! Cette
assertion, reproduite par des écrivains du xvn« siècle, a passé dans des
ouvrages récents : Legrand d'Aussy, Francisque Michel, Quatrefages,
et, sur la foi de ceux-ci, dans les livres de Lubbock, de Spenser, da
D' Tylor, etc. Les observateurs sérieux n*ont jamais va trace de cette
coutume ; mais Strabon le dit, et tout le monde le répète encore ! C'est
un mythe). = 3 déc. Verney. Memoirs of the Verney Damily during
the civil war (intéressant).
89. — Transactions of the R. hlstorical Society. Vol. VI, 4892.
— I> G. VON BuLOw (avec l'assistance de M. W. Powell). Journal da
voyage de Philippe-Jules, duc de Stettin-Poméranie, en Angleterre,
pendant Tannée 1602 (texte allemand avec trad. anglaise en regard).—
Thornton. I^ langue roumaine (tient comme un fait acquis la conti-
nuité du latin rustique parlé en Roumanie depuis Trajan). — O. Biow-
NiHa. L'évolution de la famille. — M. Burrows. La publication des
rôles gascons par les gouvernements anglais et français, considérée
comme un nouvel élément de Thistoiro d'Angleterre (de l'importance
de ces rôles au point de vue de Thistoire de TAngleterre extérieure ;
combien le catalogue qu*en a donné Carte est incomplet et queb ser-
vices on peut attendre de Taccord des deux gouvernements qui a permis
d*en reprendre, avec de grandes chances de continuité et de succès, ht
publication intégrale). — Oman. Quelques notes sur la IIoXtTtCa tA«
'Adv)vaCci>v (ce traité est l'œuvre d'Aristote; critique du témoignage qu'il
ap]K)rto sur des points de détail). — Sir Horace Rdmbold. Notes sur
rhistoirc de la famille de Rumbold au xvn* s. — Leadham. L'enquête
de 1517. Terrains enclos et tenanciers expulsés (le texte de cette enquête
est précédé d'une longue et importante introduction où l'auteur étudie
la condition de la classe rurale au moyen âge et oii il s'efforce de réfu-
ter la théorie de M. Ashley sur la c villein tenure. t Les évictions n'ont
pas été aussi nombreuses ni aussi arbitraires qu'on l'a dit. Article
important). — Le mouvement historique pendant l'exercice de 1894-92.
90. — The contemporary Review^. 1892, déc. — SrnABT-GLEiniiB.
Origines aryennes (les Aryens et les Sémites sont deux groupes de
peuples appartenant à une race primitive qui habitait l'Asie centrale i
une épiHiue où cotte Asie était séparée de l'Europe par une vaste mer
dont lo lac Baïkal, la mer d'Aral et la Caspienne ne sont que des ves-
tiges. Aprt's une séparation, ils s'établirent l'un dans les steppes actuelles
de la Russie moridioualo, l'autre dans la plaine qu'arrosent le Tigre et
l'Ëuphrato). — R. Hbatu. Hans Oeck T Anabaptiste (d'après sa biogra-
phie par le D** Kellor, archiviste à Munster;.
BBCDIILS rriRIODIQDES. 199
» ». — Quarterly Hevlew. T. CLXXV, juillet-oclobre 1892. — Le
P'"ofo8Bi>ur Fheeman (il est prudent de vérifier les autorités de cet his-
***■^on : par eiemple, son récit de la bataille de Hastiugs est Bîngulière-
"'^Kit faniaisiste. Freeman, qui s'était fait une réputation d'érudit
'*****ièle, ne consultait jamais les manuscrits). — Hymnes et Hymno-
^5^1>bes (le nombre des hymnes cfarétiens est d'environ 400,000. Le
'*^*-ic)nnaire bymnologique de Julian en étudie 30,000). — Pitt et ea
''^'**-ique de guerre (à propos du livre de lord Rosebery). — Le cardi-
** Uanning (étude impartiale et très sympathique malgré la diver-
°*'*-<i« des opinions religieuses). — Sir Waiter Ralegb (d'après sa bîo-
°*^I*liie par M. Stebbing, la plus sincère, la plus calme que l'on ait
. ^*^re publiée), — La Sicile antique (Freeman a laissé raanaBCrila plu-
^^* Ts autres volumes de sa nouvelle œuvre, qui seront édités par les
^^*l» de son gendre M. Arthur Evaaa). — La correspondance de John-
r^'Ci (de même que Pitt, Johnson a beaucoup gagné dans l'estime des
^^rés instroits par les derniers travaux sur le ïviri" siècle, et tous deux
^^^Tit admirés aujourd'hui de gens qui leur auraient fait une opposition
Wleote de leur vivant),
88. — Edlnburgh Revlew. T. CLXXVI, juillet-octobre I89î. —
■Ij* crime el la législation criminelle aux États-Unis (l'histoire cri-
Uque ne peut se dispenser de relever que, dans le pays le plus riche,
In plus libre, le plus démocratique du monde, la moralité politique el
«dministratlve semble tombée au plus bas, et que les vices d'une répu-
blîipie prospère égalent ceux d'un empire en décadencej. — L'histoire
d'Israël d'après Wellhausen (fantaisiste, bonne à déconsidérer l'érudi-
tion. L'auteur, malgré sa connaissance de nombreuses langues orien-
tales, ne paraît savoir ni l'assyrien, ni le phénicien, ni le moabite. n
ignore les monuments contemporains, ainsi que les mœurs de l'Orienl).
— L'espionnage et la délation en Irlande (pendant le ministère de Pitt
et la criée de 1798, Très curieux et intéressant, notamment pour les
rapports de l'Irlande avec la République française. Les ouvrages de
M. Pitzpatrick, bien informés pour tout ce qui touche à son pays, sont
remplis d'errenrs dès qu'il parle de l'étranger). — Les Souvenirs du
maréchal Macdonald. — La découverte de l'Amérique (d'après les
publications de MM. John Fiske, flenry Barrisse et Winsor. Aux exa-
gérations dénigrantes et malveillautes de ce dernier envers Chrisloptae
Colomb, préférerait encore, s'il faut choisir, les exagérations admira-
lives de H. Roselly do Lorgues), — Les Mémoires de M"" de Gontaut.
— Les princes de la maison de Coudé (le duc d'Aumalo a décidément
un faible trop marqué pour le grand Condé, dont il vante infinimeat
les mérites en le comparant à Hannibal. Vif éloge, quand même, de
siin dernier volume). — Les Souvenirs de la famille Verney (mémoires
d'une famille au ivn* siècle, dont les papiers ont été déjà consultée par
des hiBlorieas sérieux, comme H. S, R. Gardiner). — L'union de
l'Angleterre et de l'EcosBe (d'après la correspondance inédile du jeune
doc d'Argyll avec lord Godolphin, n05-1706|. — I^e maréchal de Saxe
200 UCUBILS PtfUODIQUBS.
et le marquis d'Argenson (analyse des derniers volâmes da due de
Broglie).
93. — The Taie Review. Vol. I, fasc. 1. — Bourhe. La ligne de
démarcation d'Alexandre YI (voy. plus haut, p. 150). — E. AVooller. Les
troubles ouvriers en 1834-37 (curieux, surtout comme point de compa.-
raison avec ce qui se passe de nos jours). — H. Villard. Le système des
tarifs en Allemagne (depuis 1853). = N» 2. G. B. Adams. Pétrarque ^%
les débuts de la science moderne (l'empereur Charles IV déféra au juge-
ment critique d'Érasme deux prétendues lettres de César et deNéro:
invoquées par le duc d'Autriche Rodolphe IV pour justifier
prétentions que repoussait l'empereur. La réponse de Pétrarque est u.
modèle de perspicacité et inaugure brillamment l'ère nouvelle, celle A>'
la critique et de la science). — J. Bchwa.b. L'emprunt des confédérés
l'étranger ; épisode de l'histoire financière de la guerre de SéœssiocT- -
= N» 3. R. Bacon. Le caractère de Christophe Colomb. — Fr. ^^ -
Williams. Les Guildes en Chine et au moyen âge (détails sur les con f r ë g- "
ries de marchands en Chine ; ils peuvent aider à faire mieux coin. —
prendre les guildes du moyen âge).
94. — Archivio storico Italiano. 1892, tome X, disp. 3. — Fr*
Savini. Le « castrum Aprutiense > des lettres de saint Grégoire V
Grand doit-il être identiiié avec le Terame moderne? Le mot c Apru-
tium » a-t-il servi au moyen âge à dénommer la ville de Teraroe, ci
seulement son territoire? (il a servi à désigner la ville et non le terri-
toire). — Staffetti. Charles-Quint à Spire en 1544, d'après des docu
ments contemporains (publie trois documents tirés des archives di
Massa). — Rondoni. Un chroniqueur populaire au temps de la domina-
tion française en Toscane (publie de nombreux extraits des a Recordi
et des c Notizie di San Miniato > dus à un certain Tedesco et allant di
1798 à 1809). — Alkani. La société « Columbaria » de Florence pen-
dant l'année 1891-92; rapports sur ses travaux. — GARNESECcm. Gath(
rine des Alberti Corsini (ses difficultés avec la « balia » de Florenc^^
(jui persécutait la maison des Alberti ; son testament, daté da l*' fè
vrier 1472). — Zanklli. Le serment do fidt^lité de Baoso da Dovara
Alfonse X de Castille, 1271. — C. Paole. Instruments poar écritai
(décrit une sorte de plume, différente du calame, qui est
dans certaines miniatures italiennes). = Bibliographie : Heich. Del pii
antico statuto délia città di Trento. Il secondo statuto dei sindaci
comune di Trento (fait avec critique ; le décret de Frédéric I*' poac-
Trente, de 118*2, est apocryphe). — Giiierman. Ezzelin von Româno<
1" partie : die Grùndung der Signorie, 1174-1244 (important, sarton
en ce qui concerne Vérone et ses institutions). — Pumi. Staiuti
regesti doU' opéra di S. M. d'Orvieto. — Siragusa, L'ingegoo, il
gr iutendimenti di Roberto d'Angiô, con naovi document! (saperfi
ciel ; n'a])prend rien de nouveau). — Sabbadini, Biografia docnmontit ^
BECDBtLS P^aiODtQDES. 204
lôVsRDÎ Aurispa (bonne biographie qui ÎDiéresBera tous les hist.o-
I de rhnmanîsme italienl. — Coslantini. Il cardinal di Ravenna al
mu Ai Ancona, e il suo processo sotto Paolo III (biographie bien
maniée d'un des prélals les plus cultivés et les plus vicieux du
B.). — V. flMii. Pasquinate di Pietro Aretino ed anonime per il
lare e l'elezione di Adriano VI (bon). — Can'ni. L'Arcadia da! 1690
190. Vol. I, 1690-1725 (beaucoup de faits sur l'bistoire de celte
éniie el des académiciens; mais c'est un livre tait beaucoup trop
et pénible à lire). — Memorie storîche délia città e dpU' anlico
to délia Mirandola. Vol. VU-IX. — Ù. BerCi. Scrilli varii. = Cor-
>ndaDce : .Allemagne; publicatjoDS relatives à l'histoire de l'Italie
loyen âge. =: Archives el bibliothëques : don du marquis Vieri
^ CaDigiani de Gerchi aui archives d'État de Florence (579 pièces
>arcbemiri depuis 1225; plus de mille registres el liasses depuis 1272).
i. — XUvIsta Btorlca Italiana. Anno IX, 1892, fasc. 3. —
lit. Brescia sous la domination de Filippo Maria Visconti, JVil-
javec sept pièces inédites publiées en appendice). — Capabso. La
tinatte pontificale en Allemagne au xvi" s. (d'après les rapports
3sés an pape par les nonces et publiés par l'institut historique de
se). ^ Compies-reudus : Cleinen, Die Portrxtdarsiellungen Karls
3roBBen (excellent bien que irop loutTu). — Mirbl. Die WabI Gre-
"VH (bon). — Stocker. Ueber Johannes do Ormenale (étude remar-
>le]. — Ûabotti). Lo stato sabaudo da Amadeo VIII ad Ëmanuele
wrco, 145l-t4fiT. Vol. I (contient beaucuupde Taits inconnus aupa-
Ht). — Id. Un nuDVo contributo alla siuria dell' umanesinio ligure
Bllente étude sur l'enseignement à Genève au xv* a.]. — Capauo.
•imo viaggio di P.-L. Farae.=e, gonfaloniere délia chiesa negli siati
Jticii, 1537 (important pour l'histoire du pontifical de Paul UI). —
aria. Carlo Emanuelc II e la congiura di RalTaele Torre, 1672
Mrlaat pour l'histoire des rapports du duc de Savoie avec la repu-
De de Gènes). — Pitsçerald. King Théodore of Corsica (compilation
i d'après des sources bien connues, fort exploitées et peu sûres;
■coup de faits, rien de bien nouveau). — Venturi. Le controversie
granduca Leopoldo I di Toscana e del veacovo Bcipione de' Ricci
la corte romana (boDue contribution à l'histoire civile et ecclésias-
e de la Toscane à la fin du x\m' s.]. ~- Gabotiu. Ricerche e studi
l storia di Rra. Vol- I (bon).
I. — Archlvio della società romana dl storia patria. Vol. XV,
, 1-2. — G. G.ïLissE. Constitution du patriraoine de Saint-Pierre en
»ne an xv* s. (1° le recteur et sa cour; ï" l'administration de la
ice; 3" lee finances; 4" la milice; étude minutieuse sur l'adminis-
on des territoires compris dans les districts de Viterbe, de Civita-
:hia et d'Orvieto). — Pontana. Documents sur l'bèrésie tuthé-
ne en Italie, tirés des archives du Vatican ; I" art. (publie 63 pièces
it de 1524 à 1538; importantj. — Touassetti. De la campagne
202 ISGUIILS PitlODIQUU.
romaine ; suite (en appendice, des notes noavelles sar les Toies Nomen-
tana et Salaria, ainsi que sur Mentana). — Rooocavachi. Statuts de la.
corporation des cochers de Rome. — £. Gblami. Les parchemins des
archives Sforza-GesariDi (décrit 103 pièces allant de i052 à 1499). —
M. Pelabz. Visions de S. Francesca Romana; texte en langue Yulgûne
du xv« s.; suite et fin (avec des notes grammaticales et un glossaire) •
— J. GuiR^uD. L'abbaye de Farfa à la fin du xiu* s. (publie l^unebulLc»
d'Urbain lY, 23 février 1262, par laquelle le pape met ce monastèn^
sous la protection du saint-siège. A cette occasion, la bulle énnmèr^
les dépendances et possessions de Tabbaye ; 2« un acte par lequel Tabli^ê
et les moines nomment le moine Berardo de Rieti syndic et procurei&x
du monastère à Ferme et à Ascoli).
97. — Archivio storico lombarde. Anno XIX, 1892, fasc 3.
Ferrai. Les annales de Dazio et les Patarins (il n*y a aucune niso
pour douter que Dazio, évéque de Milan au vi* s., ait réellement odixb.'-
posé les plus anciennes annales de la métropole milanaise; mais ccgg
annales, portant la trace et la preuve de Tautonomie des anciens évèquei^-v
se trouvèrent démodées et comme animées d'un esprit dangereux quan.
les Patarins eurent fait triompher la réforme ecclésiastique au xi* s.
que la suprématie de Tévéque de Rome se fut établie définitivemei
dans toute l'Italie du Nord ; la victoire des Patarins les fit tomber d
l'oubli. Le chroniqueur Landolfo, du xi' s., a recueilli le dernier éd»
des prétentions autonomistes exprimées dans ces Annales). — G. A
MANO. Les rapports entre Milan et Pavie dans la formation de la seign
rie des Visconti ; étude sur les origines et le développement de la
gneurie (met en relief la figure de fra Giacomo Bussolari, des ennii
de Saint-Augustin, qui, de 1343 à 1347, dirigea le mouvement auton
miste républicain à Pavie). — Z. Volta. Le collège universitaire
liani à Pavie (documents surtout du xv* s.). — Yionati. Francesco
Lemene et sa correspondance inédite ; suite et fin : 1666-1698. —
TRABfi. Les protocoles originaux de la régence provisoire du royaume
d'Italie dans les années 1814 et 1815.
98. — Archivio storico per le provineia napolatana. Anno X VQ
1892, fasc. 2. — G. del Giudige. Riccardo Filangieri au temps de Fr^
déric II, de Conrad et de Manfred ; suite (après la mort de Frédéric,
Filangieri tenta de rendre Tindépendance à sa patrie sous la protection
derÉgUsc; aussi fut-il persécuté par Conrad; ce dernier mort, il appuya
Manfred même contre l'Église et le poussa à fuir Naples pour ne pu
tomber aux mains du pape, qui voulait rétablir effectivement la domi-
nation pontificale dans l'Italie du Sud). — Gabotto. Quelques notM
chronologiques sur la vie de Tastrologue Luca Gaurico. — E. NuMSum.
Les premières années de Ferdinand d'Aragon et Tinvasion de Jean d'An-
jou; premier article. — M. Bghipa. Le duché de Naples; période lom-
barde. Ghap. rv : le duché soumis à l'empire, 681-766; ch. ir : les deux
premières dynasties du duché indépendant, 764-840 (fondation du doché;
UCDlILa FÏ&IODIQDIB. 203
Etienne n, doc et évoque de Naples, et les ducs de sa ramille ; le duc
Bos^ et la seconde dynastie; art. très délaillé). — B. Gapasbo. Le plan
de ISaples au w s.; auile [avec un grand plan très délaillé). — G, de
Bc^jk. sus. Le Hëjuur de Boccace à Naples ; suite.
^«. — ArchlTlo Btorlco aicUlano. Anao XVII, 1892, fasc. 2. —
GC7.AIUR1. Nol«H sur la gestion d'une maison baronnale et sur l'admi-
' s^Kration de la justice en Sicile vers la Qn du xviif s. (il s'agit de la
k^son du duc de Terranova). — ^alauone-Mahino. La Révolution
L.rar.aise de 17S9 dans les chants du peuple sicilien. ^ Gomptes-
nnduE : 1 Sicillanî in Salonicco ael anno hclxxiv, ovvero l'espugna-
>Eie di Tessalonîca, narrala dallo arcivescovo Eustazio, tradotta da
^~a. Spala (important). = Fasc. 3. Colomba. Thémiatogëne, historien
IV* s. avant J.-C. (cet historiée syracusain, dont le nom nons est
Cftnu seulement par un passage de Xénophon, écrivit avant 371 une
Ksbase que l'historien grec a utilisée). — In. Philiste, historien syra-
tt^JD do [v° s. av. J.-C; suite (ses écrits ont servi de source à Ephore
âThéopompe; fragments de ses œuvres). — Oliva. Sur deui édi-
''^>K3s messiDoiscs inconnues jusqu'ici en Sicile (deux éditions incu-
BA-ft:iIeB d'une >> Fior de terra sancla n par Jër6aie Castellioae, împri-
5«î à Messine, la première sans doute en 1492, la seconde en 1499).
~"~ 8*Lvo-Cozzo, Giovanni Aurispa el la chronologie de quelques-unes
~ »a lettres, — B. Romaho. Une nouvelle conjeclure relative àrècueil
t. du * Malconstgliu ■ (des légendes relatives à cet écueil, situé en
—«de l'entrée du port de Trapani, el qui ne serait autre qu'un vals-
ai] miraculeusement métamorphosé en pierre), = Comptes-rendus ;
'-«naprmo. La 8icilia nella battaglia di Lepanlo. Vol. I [utiLse des
■«:umenlfi inédits). — Cremo/ia. Délie origini di Caltagirooe (conscien-
JOO. — Nnovo arcfalvio veneto. Anno II, 189?, tome IV, 1" par-
'""■^^.— MoHBOLiN. Nouveaux documents sur le concile de Vienne, 1537-
^38. — Cn>oL[.a. Publications relatives à l'histoire d'Italie pendant le
^*«yen ftge, 1891; suite : la Renaissance. — PicENAani. Le grand prieuré
^*> l'ordre de Jérusalem à Venise (notes historiques, inscriptions ; série
*^hroao logique des grands prieurs). — Piv*. Une conspiration contre
l^ndovic le More (publie une lettre où est exposé tout au long le plan
Tiréparé pour chasser Ludovic de Milan en 1188). = Comptes-rendus :
Gtleieh. Brève appendice ai doctimenti per l'istoria polilica e commer-
ciale délia repubblica di Venexiadei signori Tafel e Thomas (décrit un
ms. du XIV* s., contenant la copie de statuts promulgués au temps
d'Henri Dandolo et de Tiepolo). — Biadego. étoria délia biblioleca
comunale di Verona (bon).
101. — H. Deputaslone di Btoria patrta (Romagoe). AttieUemo-
rie, 3' série, vol. X, fasc. 1-3, jaovicr-juin 1892. — Gandiw. Voyages,
chovanx, harnachements et écuries des gens d'Esté au xv* s.; étude his-
toriée (d'après de nombreux textes inédits). — pELLEOflini. Le serves-
204
aECUEILS PltBlomQDËS.
lois des Lambertaszi et des Geretnei (publie en appendice pludeun
fragments de chroniques relatives ii la lulie entre ces deux factions|. -
Albi.ni. Uq duel entre Guido Raugono et Ugo Pepoli dans les chroniqnfs
et dans les poésies du temps (publie un poème ea hexamètres de P. Fr,
Modesti et la chronique d'ALamanoo di Achile Bisncbetti sur « duel
à grand speciaclo qui eut lieu le 31 dée. 1516). — Solebti. La vieàFtr-
rare dans la première moitié du ï\T s-, d'après Ag. Mosti. — Ftsm.
L'université de Bologne en IfitO, d'après une correspondance da iwnpf.
— F. VON DuHN. Les rites funéraires à Vulci d'après Gaell.
102. — Glornale Ugnstloo. 1892, mai-juin. — Braogio. La rèvoln-
tioD ptémoDtaise de 18^1 (nolea et documents inédits publiés i l'oca-
sion des ouvrages récents de MM. Perrero et Costa de BeaureganlJ.
— G. SFoa^tA. Sphragistique ligure, — G. Clabetta. Le duc Emmanuri-
Philibert de Savoie & Nice ea juillet 1551. = Juillet-août. A. B. CoiiFi-
LONieai et F. Gabotto. Notes biographiques sur Dèmèlrius Cbalcoiidyle;
1" art.; suite et fin en sept.-oct. — G. fanaAno. Les Pygmees (legemie
ethnographique et mythologique des fourmis). = Bibliographie : P. Ga-
botlo. Lo stato sabaiido da Amadoo VŒ ad Emanuete Filiberto I,
1451-1462 (très consciencieux). = Sept.-oct. Bsbtaka. Un socialiste do
xvi^ e. Notes sur la vie et sur les écrits d'.^ntonfrancesco Boni (il DC
faut pas prendre plufi au sérieui ces écrits que l'auteur ne le faisait liû- I
mAme; il n'était pas révolutionnaire, mais satiriquo. Quant au foMi I
SCS idées sont empruntées à l'Utopie de Th. More;. 1
103. — Stndi e docameutl dl stoplaedlritto. Auno XtU, faM-^' ]
1892, juillet-sept. — P. Savi. La « doclrini» des Douze apôtres > (étii^^
sur le document trouvé et publie par Ph, Bryennios). — CArBLUAKi. "^
droit inlernational privé dans l'ancienne Grèce [admission de l'ètTSt^P'
à la résidence transitoire et au domicile, à Sparte et à Athènes^ "^
classée inférieures de la popu lation d'Athènes et de Sparte et leur £?^<''
dition juridique; les esclave» ; rapports entre l'esclavage et l'eitmo^^''*'
les eSels de l'émancipation; le droit de cité originaire ou acquis à &ç^^^
et à Athènes ; l'étranger et l'administration de la justice ; Grecs et ë3*^"
bares]. — Cerasoli. Documents pour l'histoire de Castel S. Aa^S^
(1° l'ange placé au sommet du château; 2* le trésor pontifical du cr^^*'
teuu). = Fasc. 4. Ghisab. Lea tombes des apôtres à Rome; études c^'"'
cbéologie et d'histoire. — Cozza-Luzi. Orestis, patriarcbae Hieros^^'ï"
milani, vita et conversio s. s. Chrisiophori et Macarii Ipublie " "
parallèle de ces deux vies en grec et en latin). — Celani. Le atato. ■
la commune de Monlelibretli (analyse de ce texte, qui a été rédig^^'l
IV* siècle).
104. — El Archivo. Tomo \'l, cuaderoo i«, juin 1892. -
Antiquités ibériques (très nouveau). — J. Vives Giscar. Notices
Pep de l'Horla (Pep fui un guêrriUero célèbre pendant la guerre de ï 1
dépendance. Les notices sont d'un contemporain). — M. Rico. ArcX
B£CUEIL3 PÉRlOniQDES.
logie d'Aiicante (noavelleB découvertes de monnaies, ùiienceB, etc.; il y
trait peut-être là uae ancienno ville dont jusqu'ici os se savait rien).
F. SwoNKT. La tour de la Vêla à Grenade. =; Guaderao 5", juil.
E. EnicwosA. Les débiteurs privés de Bépullure (très inléreasant, avec
rensei^ementa nouveaux pour ce qui coDcerne le droit espagaol).
— Dàrvila. Recherches sur le judaïsme ea Espagne. — Fajarnes. La
population ébusitèoe lile d'Ibiza) dans les xvii° el xviii* s. — F. Duho.
Lieu de naissance de Colombo (la ville de Saona, d'après de récentes
reclierches], — Chabas. Alcira et ses archives municipales.
1.06. — Bolfltln de la R. Academla de la Historia. T. XX,
fcac. H, janv.-avril 1892. — Manuel CoiJiEmo. Les Gorles de 1392 à
BargOB (brève analyse d'un travail de D. Anseimo Salvâ sur un épisode
dn règne de Heuri III el doUenli). — Francisco Cobllo. Relations exté-
rieures du Maroc (examen d'un travail. Fort incomplet, présenté en ms.
par D. Théodore de Cuevas). — Éludes sur la division territoriale de l'Es-
P>gne lexamen d'un travail signé : Espartaco, Tait surlout au point de
^e militaire et signalé à l'altentioa du gouvernement). — Adresse au
«•ifecieur de l'instruction publique, sur le rapport de D. Cesâreo Fer-
lijidez Duro, pour lui recommander le Bvlhtin de la Société géugrapkiijue
* itadrid. — Antonio Maria FAniÉ. Rapport peu Favorable sur un opus-
^o de D. José Ignacio Valenti : Étude historique sur Fr. Juan Péréz
•*« Marchena. — Fidel Fita. Onze bulles inédites' de Boniface VlU
relatives à la biographie de San Pedro Pascual, evéque do Jaéu et mar-
ïy (en date des 13 et 27 févr, 12%, 15 et 23 mars 1396, 15 mare 1298,
"O&i 1-298, et les cinq autres du 29 janv. 1300. A la suite, divers docu-
•"Bnts sur San Pedro Pascual el notes sur ses œuvres). — Romualdo
^Otto. Fonilles archéologiques à Valdocarros, endroit désert près de
^'Banda det Rey (à 38 k. au sud-est de Madrid. Restes d'un village
^maJn). — José Maria Qdadrado. .\rnaldo Descors el Fr. Bernai Boyl,
■^aircissemenls biographiques, politiques el littéraires (quelques ren-
*^'enemeols historiques sur l'iie de Majorque et trois pièces de la lin
"^ Xv* s. en dialecte de l'île). — Juan Éloy Diaz-Jcuënez. Immigration
'''Carabe dans le royaume de Léon. Le monastère d'Abellar el des
■^nig martyrs Cosme et Daraien (testament de Cisila, 927, conlenaat
l indication de divers manuscrits. Lista des abbés du monastère). —
"duardo Saavbbiia. Monastère de Gradefes, province de Léon (avis defa-
^orible à la déclaration de monument historique). — Juan Facundu
ïluKO. L'art à Santiago de Gompostela pendatit le i\w s. (par D. Ma-
Uufll Hurguia. Appréciation favorable). — Vicente Barbantes. Histoire
tie la piraterie malaiso-mahométane à Mindanao, Jolû et Bornéo (par
b. imé Montero Vidal. Gompte-rendii élogieux). ~ Fidel Fita. Fr. Ber-
lul Boyl. Documents inédits [à joindre, dans les Variétés du méma
I. CerUinea de ces bulles ont élé déjà publiées en aoalfsc ou in eilenao
dans le* Begtilrei de Boniface VlU [Bibhothèquo des Écoles françaises dAlhènes
«t de RamBJ; cf. n" dSS, 97(J, 977, 990, 3470.
IM SICORns pfHIODIQCKS.
Duméro : Pr. Bernai Boyl et D. Juaa de Albion, àa même aatetir). -
Rëceptioa des ordres E&crcH par D. Juan Rodri^raeE de Ponneca, anhi*
diacre de Sêvillo el d'Avila, en )493. — Ceséreo Pesnaitoki Dno.
Llrres DouToaux relatifs à Christophe Colomb et à la dèGotiTerle dn
nouveau monde |Eur le lieu d'origine de Christophe Colomb. Bnr Kt
cbaines, fausses SPlon toute apparence. Sur l'étymologie juive du nom
trWtTuihanii. -~ Joaqnin Botet y Sisâ. Monument romain de Lloreide
Mar, province de Gérone (toar funéraire). — Romualdo Mono. Explo-
rations archéologiques à Perales de TajuRa. — José G(naz de Annco.
Documents tires des archives de la maison d'AIbe {compte-reodn do
livre publié par la duchesse d'Albe. Cf. Revue historique, sept. 1991,
compte-rendu de M. Morel-Fatîo). — Ceeàren Pbrkindez Duao. Hisloin
de D. Diego de Alvear y Ponce de Léon (brigadier de la Flotte, pu »
tille dona Sabina de Alvear y Ward. Compte-rendu). — Antonio S<i9-
□BBz MootiEL. Of Hlhos de D. Joâo I, parJ. P. Oliveira Martins (onani»
critique), — Ulysse Robert. Ëtat des monastères espagnols de l'onlre
de Cluny, aux iiii*-xï* s., d'apr&s les actes des visites et des chipiires
généraux (publication d'actes des chapitres généraux et des procès-v?i-
baux de visite, précédée d'une introduction intêressanie en français]. —
Fidel FiTA. La province espagnole de l'ordre de Cluny (à propos de l'ait'
précédent). = Dans les Variedades : Rafaël Rombho y Basbos. Pava^
romain (en mosaïque) découvert à Bobadilla. — Marquis de la Vesa ^^
Abmuo. Mosaïques (romaines) de Bobadilla [transportées à la UuerlA ^^
loB Arcos, près Gordoue). — Roque Chaqas. Inscriptions romaines. "
Rafaël Rohebo v Bahsos. Pierre du x* s. trouvée récemment à Cordo*»*-
— Fidel FiTA. Premières années de l'épiscopaten Amérique (documet»- ''*'"
=: Dans les Noticiai : Nominations de nouveaux membres, notes ^"^
des antiquités et des inscriptions, notices bibliographiques sur"
t. XXlil du Mémorial hùtàrio espahol (t. IV de ta chronique de Mit^^°'
de Parets), sur la Reine Jeanne la Folle, par don Antonio Itodrig "'
Villa, el sur les Faceries ou CoTiventioru communala dam U poyj 601^^^"
par M, Wentvforth Webster.
106.— BollettinoatoptoadellaSviueraltftliftiia. l892,iaDv.-fé^^^'
— Personnages célèbres qui ont traversé le Saint-Golhard. — Beb-ki^^'
Pour l'histoire du val de Bletiio; suite en mars-avril. — Pour l'histo^^'
(les châteaux de Morcote et de Capolago; suite en mars-avrit et en m^^'
juin. — Maitres de grec, poètes et chanteurs à la cour de Savoie '
XVI* s. — Nouvelles contributions à la généalogie de la famille de S^^*
— Fêtes et représentations à Genève en 1485 pour l'entrée des ducs '
Savoie : Charles et Blanche de Mootferrat. := Mars-avril. Tablea^^*
généalogiques des familles patriciennes du canton du Tessin.=:Juill^^'
août. — Le prêtre L. Cerri d'Ascoua et sa chronique inédite intitnlé^^
Abrégé des révolutions en Italie et en Suisse, 1T9S. ^ Nov. Un pv^-'
sage de troupes italiennes par le Saint-Gothard en 1650 et 1' ■ épILii^ '
poétique du capitaine Cristoval do Viruès (épitre espagnole en ven}.
\
P^BIODtQtl
207
107. — Indicateur d'bistoira snlaBS. Nouv. série, 22* année, 1891.
- G. DB Wïsa. Discours prononcé, le 24 septembre 1890, à Soleure, à
^Duverturp de la séance annuelle de la Société générale d'histoire suisse.
' £. Eou. Le soi-disaot martyrologe de Fîntan. — F. von Jeocun. Le
utomier de Winkel. —Th. de Ligbenau. Note pour servir h l'Iiistoire
rUnlvcrsilé de Bàle. — P. Vaucher. Une remarque sur la chronique
I Jnstinger. — Th. de Lfebenau. François de Sickingen et les Suisses.
S. Haffteb. Une source nouvelle pour l'histoire des troubles des
risouB au xvii* s. (deux articles). — H. Maaq. Ln projet relatif à la
tranche-Comté, 1595. — G. Meïeh ïon Knohac. Sur la nomination des
rvAqaes Burcbard de Bàle (1072| et Burchard de Lausanne (1073). ~-
■ BBiH0tn.u. Les traditions des Waidsiaetlen dans le Utfe ôlane de
rnen (cf. Revue, l. XLVU, p. ?35). — Th, de Liebenad. Une réclama-
k)Q des « héritiers > du bailli Gessler, 1819. — A. Kùdhler. Liste des
^rsonnes qui, de 1550 à 1830, ont été admises au Landrecht d'Obwal-
~ ■ — G. ToBLER. Publications historiques de la Suisse pendant l'an-
1890. — E. Eou. Sur le prétendu siège épiscopal de Nyon. —
MiîNCB. Le > Monne de Dasele > de ta bataille de Crécy (chronique
B Proissortl el les relations des Mûnch de Landskron avec la maison
> I.K>rraine. — R. Dûrheh. L'original du pacte de Zurich du 1" mai
g&l (archives de Nidwalden), — .1. Dûbber. Le plus ancien Landbuch
Ob^alden. — W. Merz. Trois recès oubliés de l'an 1445. —Th. de
^Rnad. Une lettre du pape Clément Vlil à l'évéque André de Cons-
, 1596, — Th. Vettbb. Jean-Hodolphe Schmid, baron de Schwar-
im, 1590-1667. — Th. de Liebbnau. Échos de la secoade guerre
^ V"ilmergen. — Idem. Le Suisse de la rue aux Ours à Paris, 1732. —
• Van Bebchem. Notes sur l'histoire vallaisanne : I. La donation du
^Q^t«du Vallais à l'évéque de Sion par Rodolphe 111, roi de Bourgogne,
- — R. HOPPELER. Sur la liste des prévôts du Saint- Bernard. —
OB LiKBEHAu. Relations des couvents d'Interlaken et de Goldbach.
^A., Bùcm. Propositions de paix faites à une diète de Zurich (oct. 14771
' tes ambassadeurs bourguignons. — F. Jecklih. Une pièce relative
* bourreau des Grisons, 1741. — W.-F. de Mîjlinen. Notices nécrolo-
roi*ies. — A. BBnM0ti.u. Fragments d'annales zurichoises du iiv s. —
j"ïb. OË LiEQENAu. Médiation du pape Sixte IV entre le Milanais et les
I Baisses, 1483. — A. Bernoulu. Une chronique zurichoise de la guerre
I de Souabe et dee guerres d'Italie, 1499-1516. — A, Kùchlbr. Descen-
s d'Arnold de Melchthal. — H. Wabtmann. Sur la provenance des
I documeDiB retiens de Hatisbunne. — A. Besnoulu. Le chapeau de la
jlMgende de Tell.
108. — QnellenzttrScIiweizergeBctiiohte. Bd. X, 1891. — Docu-
(oents retiens du xiv et du xv" s, tirés des archives centrales de la
aison de Tliurn elTaxis, à Ratisbonne, et publiés par H. Wartmann.
e Bd. SJ-Xn, 1891. Correspondance de P.-A. Stapfer avec P. Uslerl
I P.-G. de la Harpe, publiée par R. Luginbûbl.
r.Hitoiigrs et ElHLincaiFQiE.
CHRONIQUE ET BIBLIOGRAPHIE.
France. — M. Uenri I^avoix est mort le 32 octobre à V&ge de soiiante-
itouze uns. On lui doit le Catalogue des monnaies musulmajict de la BibUir-
tlUqtu nationale, tome I : Khalifee orientaux (188â), et un mémoire lut
les Monnaies ù légendes arabes frappées en Syrie par les Cruisés |I87"|
— M, le marquis d'Herveï de Smht-Deni» est mort le 4 novembre
dernier à l'âge de soixanle-neuf ans : il était profesEVur au Coll^ d«
France et membre de l'Institut. Va lui doit une Iliitoirt du thtdtrt en
Bspagne, des éludes sur l'Agriculture des Chinois, sur l'Art poitiqw en
Chine, etc.
— M. SiméonLucË, membre de l'Institut, cliefde section aux Arcbivel
nationales et professeur à l'École des cbartes, vient de mourir goliïM-
ment le 14 décembre, dans sa cinquante-neuvième année. Nous iM
pouvons aujourd'hui qu'annoncer cette nouvellequi afUigera tous ce«i^
qui s'occupent de l'iiistoire du moyen dge, surtout à l'époque de 1*
guerre de Cent ans.
— L'Académie des inscriptions et belles -lettres a mis les deux sujcU
suivants au concours pour 1895 : !• prix ordinaire t étude sur la cli^»J>*
cellorie royale depuis l'avènement de saint Louis jusqu'à celui de F^Sù'
lippe de Valois ; ?° prix Bordin : étudier quels rapports existent eisl'^
r'AfruïnldivicoXitstn et les ouvrages conservés ou les fragments d'Ariatoft
Eoit pour les idées, soit pour le style.
— M, Pii. Beboeb a été élu membre de l'Académie des inscripti «i""»
en remplacement de M. Henaa.
— M. G. Rahet a soutenu, le 28 novembre dernier, devant la Fact» "*
;
s de Paris, deux tbèsee : la Lydie et le monde grtc au Umpt
tonibus
Mermnades et De coloniis
(Thoriol.
— La librairie Armand Colin a mi
cicules d'une Histoire générale du IV*
douze voluoies environ. Elle est l'œu
direction de MM. Lavissb ei Raubaui
1 Asiam eis Taurum ttaJu^^^'*^.
: en vente les quatre premiers F;^-'
iécle à nos jours, qui compreacï '
re do divers collaborai
. Le tome I, consacré
nps ^f*M
irsFi^-*|H
ie3
gines > (395-1095), contient les chapitres a
romain jusqu'à 395; chap, ii, le monde barbare, l'invasion, le royaut*^* ___
oslrogotb d'Italie ; cbap. ni, les royaumes barbares de la Gai '
jjondes, Wisigoths, Francs, la royauté mérovingienne (par A
loti; cbap. iv, l'empire romain d'Orient, 395-717 (par Gh. Batb*"^
cbap. 7, formation du pouvoir pontiâcal : l'Italie byzantine, lombard^'
papale; la propagande chez les Barbares, 395-756 (par £. Liviss^^ '
cbap. VI, avènement de la maison carolingienne; cbap. vn, l'empire «'^
CHRONIQCE ET BIRLlO^.HAFatE. 209
fné'; chap. viii, destraction de l'empire carolingien, 814-887
(par A. Derthelot); chap. ix, Mohammed et l'Islamisme, 622-750 (par
M. WahlI; chap. i, le royaume de France, 887-1108 (par Ch. V, Lan-
OLois et A. Ldgbaire); chap. ïi, l' Allemagne et l'Italie, 887-1056 (par
Ch. BArar); chap. m, les Iles Britanniques, 395-1087 (par Gh. Bémoht);
chap. sm, l'empire byzantin du viii" au xi" b, (par Ch, Bayet); chap. iiv,
l'Europe orientale ; Slaves, Lithuaniens, Hongrois, depuis les origines
jusqu'à la fin du xi* siècle (par F. Denis); chap. xv, les empires arabes,
du vin* au xii" s. (par M. Wahl). Depuis le 1" novembre, il parait un
fascicule chaque quinzaine au prix de un franc.
— Nous avons annoncé {Revw hùtorigu-e, XLV, 212) l'entreprise for-
mée par M. Gh. V. Langlois de publier dans les Notices et extraitt des
manuscHIs une série de monographies sur les recueils de formules épis-
tolaires cotiservés dans les bibliothèques de France et d'Angleterre. Nous
avons analysé {ibtd.) le 1°'' fascicule de cette publication. Deux autres
fascicules ont paru depuis sous le même titre général ; Formulaires de
lettres du XII', du XIII' et du IIV' siècle. Le 2" fascicule contient l'ana-
lyse et des extraits d'un formulaire de l'ordre de Prémontré (ms. n" 8
de la hibl. mua. de Soîssons); il est extrait, comme le premier, du
t. XXXIV, 1" partie, des Notices. Le 'S' fascicule, qui vient de paraître,
est extrait du t. XXXIV, 2' partie, de la même collection ; il concienl
des extraits de trois formulaires Orléanais du temps de Philippe-Auguste
' ei de saint Louis, conservés à la Bibliothèque nationale et à la biblio-
thèque municipale de Bouen. Les documents, en partie fabriqués par
'es dictatores de l'école d'Orléans, que l'on trouvera dans le 3> fascicule.
Se sont pas sans intérêt pour les personnes qui s'occupent de l'histoire
de la première moitié du xiii' siècle.
— Nous avons rendu compte de l'important travail de M. l'abbé
Jl>ucHBsnE sur les anciens catalogues épiscopaux de l'église de Tours
f XXJV, 340), dans lequel il démontrait que cette église ne devait pas
•^monter plus haut que le iv* siècle. Dans un Mémoire sur l'origine
«i«x diocèses épiscopaux daru l'ancienne Gaute, publié au tome L des
Jtitnoirts de la Société des Antiquaires, il a repris la question pour la
Caale tout entière et a tiré les conclusions les plus intéressantes de
l'examen de tous tes catalogues épiscopaux qui noua ont été conservés.
Sur 118 êïéchés, il en est 85 dont la date de fondation ne peut être
déterminée; parmi ceux-là, 17 seulement nous sont expressément con-
DUB comme existant au iv* siècle. Pour les 33 autres, un seul, celui de
Lyon, existait au n* siècle; 4, Toulouse, Vienne, Trêves et Beims,
remontent au milieu du m* siècle; 6, Bouen, Bordeaux, Cologne,
Botirges, Paris, Sens, a la fin du ni* siècle; les 22 autres sont du iv* s.
M, D. conclut que l'organisation ecclésiastique s'est produite d'abord
dans les centres les plus importants et que les petits évéchés n'ont été
créés qu'à une époque tardive. Pendant longtemps, Lyon a été le seul
I centre ecclésiastique pour un très vaste territoire. Dans la haute Italie,
du reste, et même en Orient, nous constatons des phénomènes ana-
EUV. UlBTOB. U. i" F&SC. 14
240 cno?nQUB n bibumbapiii.
logues ; Théodore de Mopsaeste les a signalés^ Les conciles nous con-
firment ce lent développement de Torganisation épiacopale en Gtale,
et les légendes sur rorigine des églises en sont une preuve de plin.
M. O. démontre en effet que les légendes sur Valaice, Besançon,
Langres et Âutun sont sorties d'une môme plume ; elles remoutent sn
VI* siècle et rattachent toutes ces églises à celle de Lyon. Ce n'est qn'u
vin* siècle qu'on voulut donner à toutes les églises des origines apos-
toliques.
— Frédéric de Lorraine, d'abord bibliothécaire de l'Église romaine
sous Léon IX, puis abbé du Mont-Cassin, devint pape en 1057 sous le
nom d'Etienne ; il n'occupa le siège de saint Pierre que pendant sept
mois, étant mort le 29 mars 1050. M. Ul. Robert a réuni sons ce
titre : Un pape belge. Histoire du pape Etienne X (Bruxelles, in-18,
421 pages), tout ce qu'il a pu trouver sur ce personnage, asseï eCboéà
vrai dire, et qui ne dut sans doute son élection qu'à l'absence d'Hiide-
brand au moment de la mort de Victor II. 8'occupa-t-il de la qner^
des Investitures? On n'en sait rien ; en tout cas. Allemand d'origine, il
aurait probablement, s'il avait vécu, orienté tout différemment la poli-
tique pontificale. Il eut le mérite en mourant de prévoir et de prépa-
rer l'élection d'Hildebrand.
— Sous ce titre : Qtielques mots sur la médecine au moyen âge (PariB,
Ollier-Henry, 1892, in-8«, 60 pages), M. le docteur Ribunibb a résumé
les principales notions médicales éparses dans le Spéculum me^us de
Vincent de Beauvais. La récolte est assez maigre ; le savant domini-
cain s'était contenté de quelques extraits de Rhazès et d'Avicemie, et
tout ce qu'il rapporte est connu d'ailleurs. La médecine fit sans doute
quelques progrès au xiu* siècle, mais ce n'est pas dans une compilation
telle que le Spéculum qu'on a chance de trouver la trace de ces progrès.
— Le tome X du Recueil de voyages et de documents pour servir i
Vhistoire de la géographie^ publié par MM. Schefbr et Gordisb (Leroux),
est consacré aux Voyages en Asie du bienheureux frère Odoric de Pord»'
none, publiés avec une introduction et des notes par M. H. Goanoa.
Le texte choisi par M. Gordier dans cette belle publication est la Te^
sion française de Jean le Long d'Ypres contenue dans les mss. 1380 et
2810 du fonds français de la Bibliothèque nationale. D l'a accompa-
gnée d'un commentaire perpétuel historique et géographique poor
lequel il a utilisé l'étude très complète qu'il a faite des manueeiits
latins, français, italiens et allemands d'Odoric. Il a réussi à en catalo-
guer 73, tandis que Yule n'en connaissait que 41 et Domenichelii ^^
et il a consacré tant aux manuscrits qu'aux imprimés des voyage
d'Odoric et aux ouvrages qui en traitent une étude bibliograpbiqaB
remarquablement détaillée et précise. U a aussi, à la fin de son inté-
ressante introduction biographique, indiqué le rapport des deux prin-
cipales rédactions des Voyages d'Odoric, celle qui fut dictée en 1330 an
frère Guillaume de Solagna et celle qui fut rédigée i Prague en 1340
CailO?flQIIE ET BIBLIOGRiPerE.
211
|Mr Henri de Glau, il'après les récils des compagn&nB d'Odoric, avec !cb
iddilioDE postérieures qui y Furent foiies. Toutefois H. Cordîer n'a pas
cru pouvoir classer d'uuQ manière critique tous les manuscrits ni en
déterminer eiacleraent la filiation. Il a par contre très bien détenniné
la place que lient le Voyage d'Odoric parmi les autres voyages dans
l'Exiréme-Orient au jtiit* et au iiV siècle et montré qu'il a été une
des sources des récils du fabuleuï Mandeville, dont M. Montégut
lacontait récemment les voyages imaginaires aux lecteurs de la Revue
Ut Deux-Mondu. Le travail de M. Cordier ajoute beaucoup à ce que la
>e)le publication de Yule en 1866 avait appris sur Odoric.
— \JAitise du bailliage de Sens en t3i0 et 13U, publiée par M. de
ItoziftcB (LaroBe el Forcel, in-S", 04 pages), est un document de la plus
laitte valeur. C'est le seul registre connu d'Assises de bailliage au
civ* siècle. Il est de cinquante ans antérieur aux registres civils du
Si&telet et fouruit les renseignements le» pins précieux tant sur l'or-
;anisalion des tribunaux du bailliage que sur la procédure. M. de R.
L mis en lumière, dans uoe excellente introduction, l'importance des
locumenU publiés par lui.
— Les n" 16 et 17 (10 et 25 juillet 189!) de l'Université de Toulouse,
revue bi-mensuelle, contiennent une courte Histoire de l'Académie et de
la PaouiU de théologie de Montauban par M. Jean Monoo.
— M. L. Pélissibh a fait paraître, * per le Nozae Lefranc-Vauthier, >
ane plaquette intitulée : tes Préparatifs de l'Entrée de Louis XII à Milan,
Jans laquelle il a réuni I! documents tirés des arcbives milanaises en
es faisant précéder d'une notice. L'entrée de I^ouis XII fut très bril-
ante, mais les préparatiFs en furent laborieux, les Milanais ayant fait,
mais en vain, tout leur possible pour éviter de loger les Français chez
.'hahitant et pour restreindre les déiwuses de la réception du roi. —
U. Pèlissier a encore donné, dans les Annales do ta Faculti des lettres
te Bordeaux, et à part, un article important sur ta Politique du mar-
juis de Uantoue pendant ta lutte de Louis III et de Ludovic Sfona,
Ii98'i500.
— M. P. Babaobon, qui prépare une édition des Mémoires de Jacob
ilossel, baron d'/Vigaliers, a consacré à ce curieux personnage, qui joua
in r61e considérable dans la pacîfication des Cévennes, une brocbura
:rè8 ÏDlëressante {U Baron d'Aigaliers. Recherches et documents. Nimes,
aervais-Bidot, in-3°, 50 pages). Appuyé sur de nombreux documents
nédils, il montre d'Aigaliers, dans ses négociations avec Basville, Vil-
an et Louis XIV en faveur de ses coreligionnaires, aussi naïvement
naladroit, mais beaucoup plus honnête et sympathique que ne l'avaient
"eprésealé les historiens protestants, M. Puaux et les frères Uaag.
— Peu do temps après son Monluc, M. Ch. NoutAno nous a donné
in Grnue où l'on retrouve, à un degré plus afiiné encore, son sens de
« réalité historique et son talent d'écrivaiii; il s'y révèle en outre
XHome un critique d'art délicat et judicieux. L'ouvrage, bref et bien
242 CHâOIfIQUB BT BIBLIOGRAPHIB.
composé, est d'une lecture très agréable; il est illustré d'un grand
nombre de planches, dont quelques-unes sont très bien Tenues. (Col-
lection des c Artistes célèbres, • librairie de TArt. In-4», 112 pages.)
— M. Gh, Lariyière a consacré une brochure, intitulée : Mirabm
et ses détracteurs ( Fischbacher, 51 pages), à examiner la valeur des
attaques dirigées contre le caractère et le talent de BCirabeau.
— M. Flammebmont a publié, dans la Révolution française du 14 no-
vembre dernier, un article fort curieux intitulé : VAuthenticiti au
Mémoires de Talleyrand, Il n'y est question qu'incidemment et par Toie
d'analogie de ces Mémoires; mais M. Flammermont y revient snria
manière dont M. de Bacourt a publié la correspondance de Bfirabeaa
avec La Marck. Il a retrouvé aux archives de Vienne deux pièces, éma-
nant Tune de Montmorin, l'autre de Pellenc, qui ont été imprimées
par M. de Bacourt avec des modifications et des suppressions impor-
tantes, modifications et suppressions qui portaient pour la plupart snr
des passages fâcheux pour la mémoire soit de Talleyrand soit da dnc
d'Orléans. M. F. en conclut que, si M. de Bacourt a agi avec anni
peu de scrupule comme éditeur de la correspondance de Mirabeau, il a
dû agir de même comme copiste des Mémoires de Talleyrand. On
pourrait répondre à M. F. que les cas ne sont pas identiques, que l'at-
tachement de M. de Bacourt à Talleyrand, qui faisait de lui un édiienr
infidèle de papiers hostiles à son ami, devait en faire un copiste fidèle
des Mémoires confiés à son honneur, que d'ailleurs il ne suffit pas (po
M. de Bacourt ait été capable d'altérer les Mémoires pour affirmer
qu'il les a certainement altérés, qu'enfin rien ne nous prouve, ni qns
la copie de la lettre de Montmorin qui se trouve à Vienne soit con-
forme à l'original que M. de Bacourt a consulté, ni que la minute sar
laquelle il a publié la lettre de Pellenc soit conforme à l'original et à
la copie des archives de Vienne. Mais il est certain que les documents
mis au jour par M. Flammermont, rapprochés du fait que le manns-
crit original des Mémoires a disparu et du fait que la famille d'Aren-
berg met sous séquestre les papiers de La Mflu*ck et en a refusé commu-
nication à des historiens aussi scrupuleux et aussi impartiaux que
M. Stem, rendent très suspecte la manière dont M. de Bacourt a
rempli ses devoirs soit d'éditeur de Mirabeau soit de copiste de Tkl-
leyrand. Il nous semble qu'il serait du devoir de la famille d'Arenberg
d'élucider la question en ce qui concerne Mirabeau. Quant à Talley-
rand, si le manuscrit original a réellement été détruit, on en sera
réduit à juger par analogie, ce qui est un procédé périlleux, et à faire
de la critique subjective, ce qui est plus périlleux encore. — M. Flam-
mermont a jugé bon d'agrémenter son article d'attaques et d'insinua-
tions contre la Revue historique, qui, dans la polémique entre lui et
M. Bertrand, aurait cherché à le gêner de toutes les manières dans son
droit de riposte pour complaire à M. de Broglie. Tous ceux qui con-
naissent la Revue et ses directeurs souriront de ces imaginations ; ellea
caftONlQUE ET BIBLIOGHIPHIE. 2{3
montrent qoe le sens critique de M. Flammermonl D'est pas toujours
aussi SÛT et aussi impartial qu'os pourrait le souhaiter.
— M, H. Habhisse a publié à l'occasion du c«ûtenaire de Christophe
Colomb un volume intitulé : Christophe Colomb devant l'histoire (Welter),
dans lequel ilareleveavecautantd'éruditionqued'humuur les légeodes
iaDocnbmfates et saugrenues misée en circulation sur le célèbre navi-
gateur. Ce volume est une contribution des plus piquantes à la critique
historique.
— M. L. Lahjurbesb, ancien ingénieur en chef des établissementE
français de l'Inde, a écrit en trois volumes l'histoire religieuse et phi-
losophique de l'Inde : Vlnde avant te Bouddha, ta Vie du Bouddha,
l'Indê après U Bouddha (G. Carré, 3 vol, in-12|. Le dernier est celui qui
ofTrs le plus d'intérêt, M. Lamairessc ayant pu y faire usage de ses
observations personnelles.
— M. F. Dreypus a publié sur l'Arbitrage international (C. Lévy) un
excellent petit livre où l'on trouvera l'histoire des idées d'arbitrage
josqu'à la Révolulion, puis des congrès et des leniatives d'arbitrages
généraux ou spéciaux de 1794 à nos jours, l'histoire du mouvement
parlementaire et diplomatique qui tend à régler de plus en plus par
des conventions pacifiques toutes les relations internationales, et eutin
an exposé des projets soit de procédure arbitrale internationale, soit de
juridiction internationale permanente. — M. Hevon a fait paraître un
ouvrage important sur le même sujet.
— M. G.-D. Wbii, a étudié, dans une brochure intéressante, VAtli-
ttida de l'Angleterre vis-à-vis de la France en i870-187î (Marpon et Fiam>
marion, 88 p. in-8°).
— M. Ed. Waldtbdffbl a adressé, dans un sentiment excellent assu-
rément, à l'empereur Guillaume II, un Mémoire pour la rétrocession de
l' Alsace-lorraine {Pen'io). Dans son îutroduction, il appuie sa proposition
sur un argument sérieux ; les charges intolérables que l'annexion de
l'Alsace-Lorraine impose à l'Europe. Mais le corps de l'ouvrage est tout
entier consacré à un exposé très fantaisiste, écrit en un style bizarre,
des injustices commises par les Allemands au détriment des Gaulois
depuis Clovis jusqu'au traité de Verdun. Si M. W. avait attendu
quelques semaines, il aurait pu invoquer des arguments moins préhis-
toriques. M. de Bismarck ayant ouvertement avoué qu'il avait volon-
tairement, par une falsification de textes, provoqué la déclaration de
gaerre de 1870, parce que la guerre était nécessaire pour faire l'unité
allemande et que sans cette falsiAcation la guerre n'aurait pas eu lieu,
l'annexion de l' Alsace-Lorraine apparaîtra aux nations européennes et
même aux Allemands beaucoup moins justifiée qu'elle ne le serait si
la France avait eu seule !a responsabilité de la déclaration de guerre.
— M. Ch. Bënoist, dans sa brochure sur l'Èlat et l'Église (Colin,
67 p. in-I6), a mis avec talent en lumière le caractère et les avantages
du concordat de 1801, les dangers d'une séparation de l'Ëglise catho-
2H CHIOnQUI ET BIBLIOGEAPm.
lique et de TÉtat. Il donne malheurea sèment à la pragmatique sanction
dite de saint Louis une importance historique que cette pièce apocryphe
n'a jamais eue.
— La Société libre d'agriculture, scienees, arts et belUs-leltres dudépor-
tement de l'Eure décernera, en 1893, un prix de 600 francs au meilleur
mémoire sur un sujet d'archéologie intéressant le département de TEore.
— M. G. JuLUAN a composé, pour la Monographie, sur Bordeaux,
publiée par la municipalité bordelaise, un Aperçu historique; des origim
à Î789 (Bordeaux, Gounouilhou, 76 p. in-4«), qui se distingue, comme
tous les écrits de M. Jullian, par la netteté des idées et du style.
— Nous croyons devoir signaler deux très intéressantes brochures de
M. Â. Vernièrb. La première est intitulée : les Évêques awriliaires m
Auvergne et en Velay antérieurement au jrF///*nécie(Clermont-Ferrand,
1892, in-8«, 36 p.). On y trouvera d'utiles renseignements sur ee^
tains évéques in partibus que les textes anciens citent sans toujours
donner leurs noms patronymiques. L'autre mémoire, plus étendu (£«
président Jean Savaron, Clermont-Ferrand, 1892, in-8*, 100 p.), ren-
ferme une bonne biographie de cet érudit distingué, qui entretint des
relations d'amitié avec la plupart des savants de son temps ; en appen*
dice, M. Vernière publie quelques lettres de Savaron et le catalogue
de son cabinet; on y trouvera également plusieurs lettres de Peirescet
la correspondance du savant auvergnat avec Bealy, Dupuy et quelques
autres.
— On a tout récemment découvert, dans l'église de Panjas (Gers), de
curieuses peintures du xii« et du xiii* siècle, représentant le martyre
de saint Laurent, des scènes de la Passion et quelques épisodes emprun-
tés à l'Apocalypse. M. l'abbé Gazauran vient de les décrire longuemeat;
par la même occasion, il a réuni quelques détails sur l'histoire andenne
de cette localité, jadis chef-lieu d'une baronnie, puis d'un comté, pos-
sédé par la maison de Pardailhan (Comté de Panjas, son passé, ioa
église et ses peintures romanes. Paris, Maisonneuve, 1892, in-S^, 43 p-l*
— L'utilité d'un musée aux Archives nationales est rien moins (p^
démontrée. Sans le supprimer entièrement, on vient de le réduire cou-
sidérablement et d'en publier un Catalogue sommaire, avec notice bis^
torique sur le Palais des Archives par M. J. Guiffbet (Paris, Delagrave,
in-18). Cette notice est fort intéressante. Le catalogue est en partit
un extrait sommaire du volume in-4<> publié en 1872. Les notices nous
ont paru suffisantes ; signalons pourtant la phrase suivante (p. 46), qû
donnera le frisson à tous les pal<'*ographes ; il s'agit d'un acte du Midi
de 970 : « L'écriture de cet acte montre la transition de l'onciale (?) aux
caractères gothiques (?). •
— M. L. Lbx a publié, en 1891, l'inventaire des archives commu-
nales de Givry iSaône-et-Loire); ces archives, assez riches, lui ont
fourni la matière d'une intéressante iVofice Aûlorigud (Ghalon-tur-Saûne,
1892, in-8*, 88 p.) ; on y trouvera des renseignements précis et puisés
CHRONIQUE ET BIBLlOeSAPBIE. 24S
atu eources sur l'histoire de cette localité ; ea appendice sunt publiées
quatre pièces, dont trois cbartes de libertés de 1283, 1286 et 1323, et
un curieux règlement de police de 1784. Page 76, l'aalaur cite un pas-
sage de F^pillon, qui attribue à un certain Jean Girard, prêtre à Givry,
au XT* eiècle, ua Historit de sanctorum vitis, dont le début était : Uni-
venum tempus. II faut, croyons-aous, rectifier la notice du savant biblio*
graphe; ce Jean Girard était peut-être un fort savant boninie, mais
l'ouvrage en question n'est certainemeot pas son œuvre ; c'est la Legenda
aurta de Jacques de Varaggio; Papillon aura pris un ex-libria pour un
nom d'auteur.
— A partir du 1" janvier 1893, une Heeue international» dt sociola*
ijit, dirigée par M, René Worms, paraît cbez MM. Giard et Brière,
16, rue Sournot, tous les deux mois par fascicule de 60 à 80 pages, au
prix de tO francs par an. Elle a pour but de * faire connaître tes plus
intéressants parmi les faits sociaux de tout genre, passés ou présents,
et d'indiquer, mais sobrement, les conclusions qui s'en dégagent. L'ob-
servation et l'expérience sont sa règle. Elle se refuse à toute théorie
préconçue, désireuse sans doute d'aboutir à la découverte d'idées géné-
rales exactes, mais estimant que ces idées ne peuvent se tirer que de
la minutieuse étude du réel. » Elle contiendra des articles de fond
écrits dans un esprit purement scientifique, une chronique des faits
sociaux et des analyses de livres. Elle est ouverte aux écrivains de tous
les pays et de toutes les écoles. — Nous souhaitons bonne cliance à
cette iotéressante entreprise.
— M. l'abbé U. Chevalieb a envoyé à l'imprimeur la suite de son
précieux Répertoire des sources historiqtiei du moyen âge; le tome II
contiendra la * Topo-bibliograpbie, » c'est-â-dire • tout ce qui n'est
pas personnage; ■ il oifrira <> la bibliographie de l'universalité des
sujets sous lesquels peut être classée alphabétiquement l'histoire médié-
vale dans ses moindres détails, i Ceux qui ont pratiqué le tome I de l'ou-
vrage (Bio-biographie) attendront avec impatience le nouveau volume.
Il paraîtra en six fascicules mis en vente au prix de 7 fr. 50 chacun,
ou de 35 fr. pour ceux qui se libéreront intégralement en souscrivant
(chez Paul Hoffmann à Mootbéliard).
— M. L. BouoiEH a achevé et mis en rapport avec les derniers pro-
grammes le Cours de géographie qu'il pulilie à la librairie Âlcan. Un
allas complétera ce cours, qui est, pour la richesse des renseignements
qui y sont accumulés, le plus complet de ceux qui sont en usage dans
noë lycées. M. Bougier, tout en faisant sa place à la méthode qui
prend les régions comme base de la description géographique, con-
serve une très grande importance k la division par bassins, ce qui se
justifie dans la géographie économique et. politique, car le groupement
des hommes et leurs relations commerciales sont surtout déterminés
par Isa voies Quviales.
— Nous signalerons comme particulièrement intéressaDts, dans les
^
I
246 dHORlQUE BT BIBUOGlAPm.
fascicules 64 et 65 du Nouveau Dictionnaire de géographie universelle de
Vivien de Saint-Martin et Rousselet (Hachette), les articles suivants z
Soudan, South Australia, Spitzberg, Stockholm, Straits Settlementa.
Suède, Suez, Suisse, Sumatra. Le soin avec lequel est traitée la partLi
bibliographique mérite d'être spécialement signalé.
— Les fascicules 6 à 8 du Dictionnaire général de la langue fra
çaise, par MM. Dabmestbter, Hatzfbld et Thomas (Delagrave), no
conduisent de Céphalalgie à De, Soit au point de vue des étymologi*
soit à celui du classement des mots d'après Tordre historique de 1&
dérivation, ce dictionnaire constitue un progrès marqué sur tous X
travaux lexicographiques antérieurs.
Allemafipie. — Le 12 septembre est mort le ]> Âug. Mubllbb, p
fesseur de langues orientales à l'Université de Halle. On lai doit u
remarquable Geschichte des Islam im Orient und Occident (2 vol., 1885--877
et une Orienlalische Biographie, Il n'avait que quarante-quatre ans. —
Le 17 septembre est mort Rud. von Iherinq, professeur d'histoire du
droit à rUniversité de Gœttingue ; ses travaux sur le droit romain e^
sur la philosophie du droit lui avaient acquis la célébrité; il avait
soixante-quatorze ans. — Le 6 octobre est mort Arnold Gjbdeke, pro-
fesseur à la c Technische Hochschule > de Dresde, à l'&ge de quarante-
huit ans. Il a publié : Die Politik Œsterreichs in der spanischen Erb-
folgefrage (2 vol. 1877); Maria Stuart (1879) ; Wallensteins Verhandlungen
mit den Schweden und Sachsen, 1631 'i63k (1885). — Le 13 octobre
est mort Tancien directeur du Musée national de Nurembei^g, Aug. toi
EssENWEiN, très versé dans Thistoire de l'art ; c'est à lui que le Musée
doit l'énergique impulsion qui Ta fait prospérer dans ces vingt der-
nières années. — Le 2 novembre est mort à Tœlz en Bavière Fr. vok
Hellwald, à qui Ton doit de nombreux ouvrages, d'un caractère sur-
tout de vulgarisation, sur la géographie et l'histoire des mœurs ; nous
citerons : Kulturgeschichte (3* édit., 1884); Haus und Hof in ihrer Snl'
wickelung (1888); Die menschliche Familie nach ihrer Entstehung vnd
Enlwickelung (1888); die Welt der Slaven (1890). — Le 6 novembre est
mort, âgé de cinquante-quatre ans, le D' W. MAURSHaRECHER, profes-
seur d'histoire à TUniversité de Leipzig; il était directeur de VHittO'
risches Taschenbuch, Parmi ses nombreuses publications, nous cite-
rons : England im Reformationszeitalter (1866) ; Studien und Shitxen tôt
Geschichte der Reformationszeit (1874); Geschichte der katholischen Refmr'
mation, vol. I (1889); Geschichte der Grûndung des deutschen Reichs (1892).
— M. Erich Margks a été nommé professeur d'histoire à l'Université
de Fribourg en Bade. — Le D' Friedensburq a été nommé directeur
de rinstitut d'histoire à Rome.
— L'Académie de Prusse a voté 6,000 m. pour l'édition de la Go^
respondance politique de Frédéric le Grand ; 3,000 m. pour le Corpus
insc. graecarum; 900 m. pour la carte des études linguistiques da
D' J. Meier.
CBKO!<IQUE ET BlBLIOCKiPHlE.
2(7
Du>8 la séance de l'Académie des sciences de Berlin du 3 novembre
Ur, M. A. Harnack, le professeur de l'Univeraité de Berlin bien
u par SCS beaux Lravaux sur Tbisloire dee dogmes et la titléralure
LieDue des premiers siècles, a fait un rapport sur les fragments de
□gjleetde l'apocalypse de Pierre, découverts à Akhmira et publiés
M. Bouriant dans les Mimoiret de la miision française au Caire
IX, l"fa5C.}. Bconclul en disant que quiconque voudra désormais
une étude critique des évangiles canoniques devra s'occuper de
Qgile de Pierre et eu adressant à l'éditeur ses plus chauds remercie-
■s. C'est peut-être la découverte la plus importante qu'on ait faite
is plusieurs années dans le domaine de l'histoire des origines du
i^anisme.
Il n'y a plus à feire l'éloge de la GesckichU Alexanderi des Gros-
3e Dboysbn. Nous n'avons qu'à en annoncer la 4" édition (Gotha,
iies), ornée de cartes des champs de bataille du Granique, d'Issus,
augamèle, de la campagne de l'Iode ot une carte d'ensemble des
ditioQB d'Alexandre dressées par M. Iviepert.
M. E. Heyck a tout récemment fait paraître une histoire des ducs
ihringen; dans une brochure supplémentaire (Urkunden, Siegel
Wappen der Herioge von ZSIiHngen. Fribourg-en-Brisgau, Mohr,
, 1899), il publie le texte de 23 diplômes et actes de ces princes et
e quelques détails sur les sceaux employés par eux ; ces sceaux,
iduits eu pbotolypie, datent des xii> et xin' siècles ; tous, sauf un
offrent le type équestre.
vu NOUTBADi. — AnTiiurrâ. — A. Schullen. De conTenlibus cirium
lOTora. Derlin, Weidutann. — P. Jœri. UalersurhUDgea zur Gerichtsrer-
ig der rumiacheii Kaiserzeit, Leipzig, Hirschfeld. — B. Keti. Die Sulo-
B Verftaïung In Ariiloteies' VerCassuQgsgcscbicble Albens. Berlin, Gsrt-
— B. Peler. Die Scriptores bistoriae angiislio. Leipsig, Teubuer. — Th. o.
ford.tiii Scblacbtfeld im Teutoburger Wside. Cassel, Fischer. ~B. Ber-
jetcblchte der wiasenacbal Hic tien Erdkunde der Griecben, 4' p«rlip. Leij)-
'eil. — E- Meyer. Zor œlleren griechiachen Ceschicble. Halle, Nlemejcr.
'. Spiegelàerç. Stadien nnd Halerialen tum Rechlewesea des Pharaouen-
M der Dyn. XVIU-XXI. DanoTre. Habn.
TOiBx oiNiBAu. — J. Slau. DGDlscbes LebSD lur Zeit der SœfhBisckea
r. Elerlin, Spriager. — Btetàtreu. Geschiclite und Geisl der eurogiaiecben
e noter Friedrich dem Grossen und Napaleon. Leipzig, Friedricb. —
imprtelit. Deutscbe Ceschichle. Vol. III. Berlin, Giertner. — Ch. Meger.
uberg and seine Verwallnog der Fûrstenlbiimer Ansbach und Bayreulb.
SB, Herer. — 0. RedlicK. Die Annesenheit NapoleoDs 1 in DUsseldarf,
Diks««ldorr,|Lïati, — A. von Ruvilte. Dio AutlSsung des preussltcb-englis-
Bliodoisses 1762. Berlin, Pelors. — BUbouo/T. Gescbichte Katbarina tl;
en illemand. Berlin, Cronbacb. — 0, Winkelmann. Der Schmalkal-
) Bnnd 1530-1532 und der Niirnberger Religionsfrïede. Strasbourg.
. — CrUltmacher. Die Bedeutung Benedikls von Nursia und seiner
In der Geselùchte des Mûncbtara's. Berlin, Hayer et HiJller. — Gœlte.
ilebte der deaischen EinhelIsbewcgunR im I!) Jahrh. Vol. [ : 1807-1815,
Uit. Gotba, Perlbes. — S3:$jauUer. Die Papstnabibullen und d<is staal-
248 aHOHlQUB n BIBLI06I1I«B.
liche Recht der Bxelosi?e. Tobingae, Laopp. — H. Iteà. Deetache SUm-
BÎtze ; ein Beitrag lar «Itesteo Geftchkhte DeaUcUands. Halle, Niemeycr. -
K,'A. Schmid. Geschichte der EraiehaDg. Vol. III, l** partie. SioUgart, Cfltti.
^ C. Klein. Reimund yod Agailers ; Quelleostudie zar Geachichte dea oitai
Kreoziagea. Berlin, Mittler. — C. Kœhne, Daa Hansgrafeoamt; ein Beitrag nr
Geschichte der Kanfiuannsgenoasenschaflen n. Behôrdenorganiaation. Berlia»
Gœrtner. — E. Mareks. Gaspard von Coligny ; aeio Leben nnd daa Frankrack
seiner Zeit. Bd. I, 1* Haelfle. Stattgart, Cotta.
HisToias LOCALS. — Binterim et Mooren. Die Erzdiœceae Kaln bis nr
franzôsiscben Staatsamwaelzung. Vol. I. Dnaseidorf, Voaa. — Jf. Fo/ftamiL«
Gescbichte der freien-and Hansestadt LQbeclc. 2* partie. Lobeek, SekmemhL.
— ToUhi. Gescbichte der franzôsiscben Colonie Ton Magdaborg. Vol. III, l"f>irt-
Magdebourg, Faber. — Jxnecke. Die Gewerbe-Politik des ebemaligen KAiIk—
reichs llannorer, 1815-1866. Marbourg, Elwert. ~ Osoabrftcker Urkundeabodi.
Bd. I, 772-1200. Osnabrikck, Rackhorst. — Ehrenberg. Urkanden and Aktoi'
stiicke zur Gescbichte der in der beatigen Provinz Posen Terehiigten ehemils
polnischen Landestheile. Leipzig, Veit.
Autriche-Hongrie. — Le 24 octobre dernier est mort le I> AntOD
GiNDELY, un de8 principaux historiens de la Bohème et de i'Âatriche.
Né à Prague en 1829, il était depuis 1862 professeur à l'Univenité
allemande de cette ville ; il y déploya une remarquable activité litté-
raire. On n'en rappellera ici que les points principaux. Dès le début,
ses travaux se portèrent surtout sur l'histoire du xvi* et du xvn* siècle.
Il s'était proposé d'écrire une histoire de la Bohème au temps de II
Réforme, ou plutôt une série d'ouvrages relatifs à cette époque. Le
premier, paru en 1857-58 avec un titre très général, s'annonçait joste-
ment comme la première partie de cette grande histoire ; en sous-titre,
il s'intitulait GeschichU der Bôhmischen Brûder, En réalité, c'est plus
qu'une histoire de l'unité des frères bohèmes, c'est ane histoire géné-
rale du pays, surtout au xvi« siècle, considérée au point de vos dei
affaires religieuses et ecclésiastiques. Gindely n'a jamais renoncé à ion
plan primitif, mais il l'a modifié en une certaine mesure. En 1862 et
1865 parut un ouvrage en deux volumes : Gesehiehte Rudolfs II vmi
seiner Zeit, Î600'Î6Î2, Ce que Gindely se proposa ensuite comme pro-
gramme de travaux fut une grande histoire de la guerre de Trente ans
fondée sur des recherches étendues dans les archives d'une partie de
l'Europe ; il avait en effet une prédilection marquée pour cette nature
de sources, pour les documents inédits tirés des archives, au point
même qu'il leur accorda, surtout dans ses travaux postérieurs, ose
importance un peu exclusive. Rien d'ailleurs ne put détourner Gin-
dely de ses recherches; sa situation comme chef des archives de Bobôme
les lui rendit encore plus faciles. Dans les archives étrangères, il fit
faire pour ses archives à lui des copies qui se rapportent à l'histoire de
la Bohème, soit au xvii* siècle, et en particulier pendant la guerre de
Trente ans, soit aux siècles antérieurs. C'est à l'aide des matérianz
ainsi réunis qu'ont été dressés les Landtagsakten, à la poblication des-
quels Gindely a pris part lui-même ; et c'est encore à la goene de
catO.tîQDE ET BIBUOCKIPHIE.
219
S qDQ ces matèriaax se rapport«Ql. De là vient la prodigieuse
de documenls que nos archives po9»èdent tnaÎDlenaut sur
<de, et qui ne serviront plue guère désormais, puisqu'ils étaient
tion des travaux publiés ensuite par l'auteur; son œuvre prit
jujours de plus en plus le caractère d'une bistoire diploma-
I guerre de Trente ans. En 1869 en parut le lome I avec le
: Geiehielite des Bœkmiselien AufstaniUt nom J. 1618. Ce soulë-
omme on sait, dura deux ans, jusqu'à la bataille de la Mon-
iche (1618-1620); c'esi comme le premier acte de la guerre
ans. Gindely l'a exposé en 3 volumes; les latnee 11 et III
DD 1878. Dans l'iniervalle, entre le tome I et les deux sui-
iiteur Tut aflligé d'uoe longue maladie produite en grande
l'eicôs de travail. Continué el achevé dans de telles dlmen-
ivrage eût atteint à des proportions gigantesques. Eu 1880
ime IV, relatir aussi aux alTaires de Bobéme, c'est-à-dire au
ut qui suivit l'écrasement de l'insurrection ; il compre-
itre une histoire de la guerre du Palaiinat en 1621-1623.
eu est resté là; non pas que Gindely se soit reposé depuis,
nt même le tome I de ta. Guerre de Trente ans, un autre
.il atliré : l'histoire de Wallensteio, ou mieux la question de
in, qui se rattachait sans doute encore à la guerre de Trente
qui en brisait le cadre. Gindely ne cessa d'en accumuler les
; de là sa monographie Waldslein jGindely avait une prédi-
ur cette forme de nom) vuehrend seinei enten Generataia im
chititiger QuelUn. iG25-lG30; elle parut en 1S86 et souleva
lOlémique : Wallenstein trouva des apologistes et des adver-
d'em a dit à ce propos de Gindely qu'il était o au-dessous
me. t Ce n'est pas ici le lieu de prendre parti dans cette
. U faut surtout se garder de croire que chez Gindely l'his-
oit placé au point de vue national tchèque; c'est justement
le contraire qu'on lui adressait du cùié national, U était
la langue tchèque, et plusieurs de ses écrits ont été publiés
langue; mais ses principaux ouvrages sont écrits en alie-
qui d'ailleurs ne préjuge en rien les B€ntimenis de l'auteur.
, Gindely, au point de vue national, était indiffèrent. Ce
différence politique n'est pas rare dans l'empire d'Autriche,
le tant de nationalités. Cet étal d'esprit se montre dans
i. De même, en ce qui concerne la religion, Gindely élait
, mais sa religion n'a pas exercé d'influence sur l'histo-
a pris non plus aucune part à la vie politique. Aussi ne
t-il jamais en présence des faits qu'il raconte; à cet égard,
objectif 1 comme peu d'historiens l'ont été dans l'hisioire
toujours plus passionnante que celle des événements accom-
B longtemps. Dans la question de Wallenstein cependant,
"ce quelque chose de ses sentiments personnels. De boime
dès les premières années de ses recherches scientifiques,
■Tchives, plu
viéK. Ouu toD HiKtûin k
.» ^^ sur le mi^e rang quW
U tul leeoDn&it bien <ut
■^ 4 l«(i Findf, cgoime eux, nm-
1 «« p» imrrw «Q lui de malnlss
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ib ^tn ocnpail. plus levr apprè—
h iHfcnn qve lu dans l'atuqaR.
r* jtÊa posr sas 0|iiBtnn tnajeana-t i
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«ta««r (Kip tu GioMy à c»Ue di»-
fmOMi*, H lokidoa de l'Aolpu- I
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ijMpn, léadné natnfaable qui uat—
ce qu« GiD'
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qsi m DdfiipM fwn nt iw OTit le idÎhx
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«i ftyt-tei I ty^-tiin), qni rureoi la-
-V (l'Antncbo, n HMir U reioe douiî'-
-:i« utunlla U dadmae de nrme,
-ai^u^le* ont M l'ime do goDvanw—
inint jtvqnte eatnn)rac«in«iit de»
a (BniultM, WMMenbnicfa, i& p^
—Oui u BtaiB xtmn, M. Rrotst (Jot- J
royil* lia BranllM, ■ donné nsv
Mordles d« Oitrtn-Qaiti^ IluUsio»
Aosi l'eiûlnioo naos «t révélée ptr^
H|MrçuM jnfqs'ici , quoiirD« |iuMUe^^ '
^ bocrmtniat ituOitta pan la JUf
CHBONIQOB ET
221
mnd ouvrage jusqu'à nos jours. Commencé, il y a près de quamnle
UU, par l'auteur, qui était alors ua jeune abbé saas notoriété, ce Coun
f/Uiloin natiottale comprend le résumé et souvent même une partie du
UCe de la plupart des livres écrits en français sur l'histoire de Belgique.
est une vaste compilation comme il y en a peu en histoire dans ce
jcle (Louvain, Ch. Fonteyn).
*— M. Vaw Wehvekk a commencé la publication d'une curieuse Élude
' t^ cours de l'Escaut el de la Lj/s^Durme au moyen âge, dont la pre-
b*<e partie a paru dans la livraison de septembre 1892 du Bulletin de
tcmiiti royale belge de géographie (Bruxelles, secrétariat de la Buciété).
— La livre de M. Georges Cardon, la Fondation de iUniversiti de
fi^i, sera lu avec intérêt par tous ceux qui étudient l'bistoire de la
fcro-Réforme catholique dans les Pays-Bas à la fin du ïvi» s. et au
sl« suivant (352 p.; Paris. Alcan),
— M. Ernest Discailuis, professeur à l'Univeraité de Gaod, a publié
^vemier volume de son étude snr Chartes Rogier (iSOO-iSSI)). d'après
I documents inédiis. Ce volume raconte la biographie de Rogier avant
E^érvolution belge de 1830, dont il fut un des chefs principaux (212 p.;
tK celles, Le bègue}.
I — L'abhé A. Auoeh noua a donné presque en même temps deux
rcs qui ne manqueront pas d'intéresser vivement ceux qui étudient
âstoire religieuse de la Belgique et de la Hollande : Étude sur te.^
f-*tiquM des Pays-Bas au moyen âge |3ô5 p.; Bruxelles, Hayez) et De
Vtrina et merilis Joannis von Ruysbroeek (210 p.; Louvain, sans nom
Miteurs).
: — Signalons un ouvrage anglais sur un épisode militaire important
I commencement du xvii" s. : The Siège of Oslend or the new Troy,
Oi-i60i, par M. Ed. Beli.ëboche (119 p., 2 pi. et 1 carte; Londres,
•ottiawoode).
^ U. H. PiRENNE n'a pas voulu laisser sans réponse le mémoire de
[^anck-Brentano sur la batoille de Gourtrai ; sous ce Litre : la Version
**«nd« et la version française, note supplimenlaire (Gand, 1892, in-8°,
''Vit des Bulletins de ta commission royale d'histoire de Belgique), H
pOrce de réfuter les arguments de son adversaire. Quelques-uns den
'*veaux arguments présentes par le savant belge ne nous ont pas paru
baigner; mais, avant de conclure, il faut attendre un travail annoncé
'ï. Jules Frederichs sur le même sujet et la réphque de l'auteur fran-
■ qui le suivra.
*v«BB RODVBAux. — L. Lohai/e. Étude sur l'abbaye de Waulsort, de l'ordre
■•ial Benoit (944-1795). 298 p.; Liège, Graodmonl. — A. Gatlet-Miry. Les
^ de PUndre sous les périodes espagnole el autrichienne. 156 p.; Gand,
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et les înslituU de miMioanairefi toaàé» au xix' «. 4!? p.; Louraîn, Ch, P«Mtn.
~ B. de MoùTi, Congo. Eludes. 107 p.; Aaveri, Legros. — Jtf. F. tt'odoiu U
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B^niialngjque di: toute* les écoles gothiquet. T. [V et dernier («coie flaroboTUlr,
religieuse el civile). 100 fr. pour l'nuvrigc complet. 638 p.; Bruielles, Pollnnii,
Paris, Banilrj. — Max Boosrs. L'uiuvre de F, P. Rubeos, histoire et diwrip-
tion de ses lableaui et densins. T. V, 470 p.; Anvere, Maes. — -Wiur NooKi.
Plantjn en de Plantfnsrhe dnikkeir;. 3* édit., 206 p.: Anvers. BuKhnuiD. -
F. Nautet. Hisloiro dos lettres belges d'expression française. T. I, Hi f;
Bmielles, Rasez. — A. Cauchit. La grande procession de Tournai; natiMbi»-
torlque. 127 p.; Lourala, Cb. Peetera. — Comle Th. de Senaie. DlcUoDniin:
des figures béraldiqucs. 1" rase., 127 p.; Bruietto, Société belge de lltmiriF
— Gtlnéral- baron Vanier 5mlMM. SouTenir^i du Mexique, tS64-IBG7. IX !• .
Bmielles, Lebègue. — Le P. Ch. Croontntierghs. Le Canada. 371 p.; Pvli,
Delbomme. — P. Otaeft. Us expositions d'arl A Gand, I792-IS92. 130 p.; Gui,
Vaaderba^en.
Payv-Baa. — Nous pouvons anaoncer le troisiciBe votame du
Catalogue des pamphlets de la Bibliolltèque royale dt la Haj/e, composa
par M. Knuttbi. (chez Nyboff, la. Haye). Ce volume décrit eatr« aiilr«
UDB collection Iré» vaste de mazarinades, plus de A50 numéros.
— La question du lieu de naissance de Christophe Colomb « èW l«
sujet d'une discussion très animée entre M. l'abbé Baouwsns, quideteno-
les titres de Calvî et est président de b commission néerlandaite poO^
la statue à placer dans celle ville, et M. NiBUEvEti, qui se déclare pof ^
Gênes, dans un article très savant de la Revue de Gid*. La discus^t^
un peu vive, a eu lieu dans lo Journal de Rotterdam.
— M. Bbzeheb a publié dans la Collection des travaux de la Socièl^
pour les sources du droit national les vieilles coutumes de la viUed^*
Bréda.
— M. MuLLEB, d'Ulrecht, a donné une nouvelle étude très remar-" _
quable sur les archives de l'ancien diocèse d'Utrecht comme inlrodnc— ^|;^^^
lion à sa liste des rnstes des archives épiscopales d'Utrecht {chez Nyboff^- '
la Haye). Il y décrit sommairement l'histoire de ces archives et leur*^
état actuel.
— Du Bullarium Trujecfmse de M. Bnoii la premier volume est coin— —"'^
plet.L'ouvragecontient juBqu'à134Tunecollectiondo 1,20U documents^ ^^
dont la plupart offrent peu d'intérêt pour l'histoire politique du temps^
l'historien de l'Église y trouvera plus % glaner. Ajoatons que l'éditior*;^^*^ *
est des plus soignées.
— L'ouvrage de M. RaxaBaB (cheï Nyhoff, la Haye), sur l'histoire pir"^*"-^
lemeolaire des F>ays-Bas après 1849, sera terminé dans quelques mois-^^'
li
CBHONIQtE ET BIELIOT.RIPBIE.
223
a jusqu'à 1877 et donne, comme les
?i lisible des discuBsionB parlemea-
aison, dernièrement parue, '
Ueoles, un aperçu très utile
sde cette époque.
^Dans les Vtrslagen en Mededeelingen de l'Académie royale doub
juoiiB nue belle étude de M. ok Hartoo sur la charte du Japon
B article très intéressant de M. Quack sur les idées d'un économiste
Htdaïe du xvn* siècle, nommé Ptockhoy, qui développa en îlotlandc
H en Angleterre des idées sur une réforme collectiviste de la société
bojrxtaiae: l'auteur a été le devancier de l'Anglais Béliers, qui excita
J'ulniration d'Oweo et de Mant; il tâcha de gagner Cromwell à ses
idées, qui ont des rapports très intimes avec celles dos Labadistea.
Dans les Bydragen de M. Fhcin nous trouvons un long article très
ilét^Lille (le M. Klcit sur les délits de presse en Belgique sous le régime
C^Qtltaume 1" ; le savant auteur y donne une foule de renseignements
r- celle matière peu connue mais très intéressante pour l'histoire de
U séparation du royaume de» Pays-Bas. M.Heehee y donne un aperçu
bibliographique très complet et trës bon de la littérature historique, se
>porlaut à la Hollande et paru dans les années 1888'-I891.
^iilBfl«. — M. B. VAX MuYDEN, dans sa brochure sur le Divit d'atile
m Suisse au JVJ' s. (Lausanne, Bridel, 19 p. in-8°), tout en rappelant
Va.c:«^eil hospitalier fait aux proteslanls fugitifs après la Saint-Barthé-
lexEi j par les cantons réformés et par Genève, qui refusèrent d'en livrer
va seul, étudie surtout, d'après les instructions inédites de Charles IX.
i se« ambassadeurs en Suisse et leur correspondance, les cfTorts faits
p*«" te roi pour faire croire que le massacre du 24 août n'avait él^
qu'un accident causé par un complot protestant et obtenir le maintien
^ l'&lliuice avec les Suisses.
ï*«lle. — Le « Recueil de documents et d'étodes, i publié sous les
***«pices de la commission chargée d'honorer le quatrième centenaire de
•* découverte de l'Amérique (Commisaione Colombiana), sera divisé en
"* sections. La 1" (3 vol.) comprendra loua les écrits authentiques
^'^'^tis de Colomb, publiés d'après les originauit par M. Cesare ni Lol-
"■; la 2* (3 ïol.l contiendra le « Codice diplomatico • des • questions
Wlombines » par M. G. Dësibohi; les « Colomb, corsaires du iV s., •
P*' M. A. Salvagnini, et les i Médailles et portraits de Colomb; > la
^ Partie [1 vol.) aura pour objet : « les Sources italiennes pour l'histoire
"* la découverte de l'Amérique, d'après les lettres et les récits des con-
^'^'POfains; i elle sera préparée par M. G. Bbbchbt; ia *■ partie se
™P|Kkrle aux constructions navales et à l'art de la navigation au temps
1^ t^lotnb, aux plus anciennes cartes qui se trouvent en Italie sur
■^■"lïérique, etc. ; la &• partie sera formée de monograpliieB relatives aux
"^^Urseura et aux continuateurs de l'œuvre de Colomb et aux récits
^
il*li
^m de son temps : la 6* partie donnera la bîbliogra
italienne
' livres imprimés relatifs à Colomb et à la découverte de l'Amérique,
224 LISTB DSS LIVBI8 D^FOSfe AU BUIBAU DE LA KITUB.
LISTE DES LIVRES DÉPOSÉS AU BUREAU DE LA REVUE*.
(iVbia n'indiquons pat ceux qui oni été appréciée dmu tes BuUtUnt
et la Chronique.)
P. Abybbs. Les goems des Alpes. Guerre de la soccession d'Aatriche.
1742-48. Mémoire- extrait de la correspondance de la coor et des généraui
F.-E. de Vault. 2 toI. 740 et 876 p. Berger-LeTraalt. — AoBua. ConimiBdiB&^
Parquin. SouTenirs et campagnes d*an Tieax soldat de l'Empire, 1803-181 -^^
Ibid. xxxYi-394 p.
H. Baomoabtbn. Geschichte Karis V. Bd. IIL Stuttgart, Gotta, ZYni-371
— BoDBMANN. Aus den Briefen der Herzogin E. Gh. Ton Orléans an die En'
fûrstin Sophie Ton HannoTer. HanoTre , Hahn. 2 toI. Tni-439 et 412 p.
W. BusGH. England unter den Tudors. Bd. I. Stuttgart, Gotta. zu-434 p.
HiBBLXR. Maria J. A. Herzogin zu Sachsen Kônigin Ton Spanien. Dresd*
Bœnsch. — Hbrmamn. Lehrbuch der griechiscben Antiqoitasten. Staatsalte^P^'
tbûmer, 6* édit., 2* partie, par V. TexTiisn. Frib^arg-en-B., Mohr. Prix: \l\
— D' HiBSGH. Sladien zur Gescbichte Kônig Lu ;wigs VII im Frankreich, UU
1160. Leipzig, Fock. 111-II6 p. Prix : 1 m. '.S. ^ G. Koob. BeitrSge tm ^
Geschichte der politischen Ideen und der Régie rangspraxis. 1"* partie : AbK^- —
Intismus und Parlamentarismus. Berlin, Gfirtner Tin-tSA p. — J. KmvrtcBiiiK. «
Die luTasionsproJekte der katholischen Mœchte gegen England zur Zeit Slia^
beths. Leipzig, Duncker et Humblot. 215 p. Prix : 4 m. 20. — H. Spamobosb» -
Gangrande délia Scala, 1291-1320. Berlin, GsBrtner. 219 p. — Sbamto. Dis pi»^
chische BQrgerrecht. Fribourg-en-B. rT-165 p.
R. Fbstbb. Regesten der Markgrafen Ton Badenund Hachberg. 1050-1515. lus^
bruck, Wagner. Fasc. 1-2. — H. SoELrrrn. DieReise des Papstes Plus VI nicla
Wien ; ein Beitrag zur Geschichte des Beziehungen Josefs II mit der rOmiidMi
Gurie. Vienne, Tempsky (Fontes rerum austr., vol. XL VII : Diplomata et AcU).
xix-229 p.
J. L. Brandstbttir. Repertorium iiber die in Zeit und Sammeiscliriflen der
Jahre 1812-90 enthaltenen Aufsœlze und Mitteilungenschweiiergeschichtliches
Inhaltes. BAle, Geering. it-467 p. Prix : 8 fr.
J. R. BoTLB. Gomprehensive guide to the county orDurham. Walter SeoU*
viii-733 p. — Stopford A. Bbookb. The history of early english litteratore, to
the accession of king Alfred. Macmillan, 2 toI. xyi-344 et 337 p. — W. F-
FrrzpATBiGK. Secret service under Pitt. Longmans. x-390 p. — James Mao-"
KiNNON. Gulture in early Scotland. Williams et Norgate. xn-239 p. — 8. ff"
Rbynolds. The table talk of John Selden. Oxford, Glarendon prêts. zxt-2S0 p-*
Edw. J. LowBLL. The ctc of the french ReTolution. Boston et New-Torlc.9
Houghton, Mifflin et G'*, tiii-408 p. — H. Gh. Lba. A formolary of the
penitentiary in Ihe xuith. century. Philadelphie, Lea frères.
M. Campobi. Gorrispondenza Ira L. A. Muratori e G. G. Leibniz.
Vincenzi. xun-335 p. Prix : 6 1. — Fr. Mim. Leone X e la sua politica.
rence, Barbera, xii-462 p. Prix : 4 I.
1. Les livres dont le format et le lieu de publication ne sont pas
sont en in-8« et publiés à Paris ou (pour les llTres anglab} à Londres.
L'un des propriétaireS'Hérants, G. Mohod.
Nogent-le-Rotrou, imprimerie DAUPsuiT-Goinminnm.
Ha FRANCE EN ALSACE
APRÈS LA PAIX DE WESTPHALIE.
IIL
Pendant toutes ces démarches, l'Alsace avait vu s'abattre sur
elle la petite armée du duc Charles IV de Lorraine. On n'avait
pas oublié les exploits antérieurs du condottiere de grand lignage,
Çoand, après la bataille de Nordlingue, il avait passé sur la rive
gauche du Rhin et saccagé Riquewilir. C'était pour prendre leurs
î^artiers d'hiver que ses bandes venaient cette fois en Alsace, et,
•'^ qu'il y avait de singulier, c'est que les officiers de levèché de
Strasbourg avaient feit courir le bruit qu'elles y étaient autorisées
P^*" le roi de France. Colmar reçut même une lettre qui l'afBrmait
P**sitivement et dont il fit part au connmandant de Brisach. Dans
*3 i^ponse du 9 janvier (n, st.)' Charlevois lui en témoigna toute
** Surprise; lui-même venait de recevoir un avis semblable,
•^oni il ne croyait rien, « estant très certain que le Roy est mis
**ïssemeiit en jeu ; * car, ■ bien loing d'accorder quartier d'hy-
■Ver en Alsace aux Lorrains, Sa Majesté lui commande de se tenir
*\*r ses gardes dans les derniers ordres qu'elle lui a enuoyés par
*^ commodité de madame la maréchale de Guebriant, qui est
^Trivée icy depuis hier. Il n'y a point de doute, continue-t-il, que
'^fe aduis de l'Euesché ne soit plus partial que véritable, et je
^roys fermement que c'est un artifice de ces officiers pour pallier
^e ce prétexte les diuers aduis qu'ilz ont donné au pays, que les
lorrains ne viendroient pas en Alsace et que personne n'avoit
^e Caire de rien sauuer, pour ainsy pouuoir mettre tous les
jauures peuples auec leurs biens entre les mains de ces trouppea-
1. AfdiïveB de Colmar, IbSd.
Hsv. HtSTOB. LL î» PAsc. th
là, auec qui ilz sont en grande inteUigence, ayant de^à war/i
de leur député (sic) au-devant, d'elles jusques à Haguenau. Voyant
leurs fourberie (sic), je me suis saisy ce matiD de Markelsbam',
aEBnqneleseunemys ne s'eu puissent préualoir poar înooinmodff l^j
tout le pays, et je vous asseure. Messieurs, si ces troupes lorraiDes
approchent, que je donneray tant de preuue (sic) de la fausseté
de cest aduis de l'raescliê, qu'on n'aura pas sujet de doubler que
c'est contre le consentement du Roy et le nostre que ces Irouppes
viendront prenili-e quartier eu .\Isace, estant résolu de ra'em-
ployer de toultes mes forces pour les traicter coomie les plui
grands ennemys du Roy... Je donneray aussy, disait-il en tw-
minant, toutes les assista uces possibles aux estats voisins qui h
voudront incommoder. ■
On sait ce que fut, pour l'Alsace, ce passage des Lorraios que
Charlevois s'apprêtait k repousser de son mieux'. Deux de nus
documenta nous donnent approximativement la date de leur arri-
vée dans le pays haut et celle de leur départ. L'un est une sup-
plique du prévôt, du bourgmestre et de la justice de Winzeiiheim,
présentée, le 19/39 décembre', à la ville de Cohnar, lui deumadanl
pour leurs ressortissants la permission de se réfugier dans stf
murs, pour le cas prévu où les habitants seraient réduite & quitr
ter leurs demeures ; l'autre est une lettre de MiJnster, du 10 mai
dont le magiistrat remercie Colraar d'avoir permis au [lastei**
Jean Scheurer de faire de fructueuses collectes parmi la bourgeoi-^
aie protestante, pour l'aider k réparer son temple dévasté. S'U ÎL^^
cmel pour le pays, du moins l'ennemi n'y prolongea-t-il passo-^^
séjour. Pendant que, dans une lettre de Haguenau à Séleslad^^" ■
du 26 mars^ il est encore question des mouvements qu'il se doo^^m
nait et qui ne permettaient pas de confier des lettres à la post^^^^
dans une dépèche de M. de Moirous, datée de PhLlipsbourg, d -^^'
13 avril', on en parle comine si l'Invasion avait pris fin. 11 e^^^n
est également question dans une lettre de Graass aux villes imptS^*^"
riales. Vienne, 6 mars'; si à la cour on n'avait pas ignoré
\. Harkolsheim, qui apparlenait ft l'érAcbé de Slrasboarg.
%. Strobel, Gac/Uchte des EUiutes, t. V, p. 7-IZ.
3. Ardùvea de Colnur, ibid.
4. Ibid.
5. Ibid.
6. Ibid.
7. Ibid.
K
u rtuscE En iLSice iphès h Pitii de wESTPaiiLiE. 227
AvÂosmeats calamiteux, od s'y était surtout intéressé ea raison
de l'attitude de la Dècapole, qui, mise en demeure de s'entendre
avec la régence de BrisacL et avec le lieutenant général Reinold
deHoseu pour repousser l'invasion, avait décliné toute participa-
UoD, en se référant au traité de paix et en déclarant qu'en leur
■tualité d' états de l'Empire, les villes ne se prêteraient à rien de
contraire à la neutralité qu'elles entendaient garder, ce dont on
BTail été on ne peut plus satisfait en haut lieu.
IV.
Cependant l'Alsace était ii peine évacuée que M. de Moirous
écriiil, le 13 avril', à Haguenau, pour lui demander si les Dix
Tilles étaient disposées à reconnaître le comte d'Harcourt comme
grand bailli, ayant eu tout ce temps pour y réfléchir et s'informer
auprès ■ du collège électoral et assemblée de Francfort. > Pour
** l'art, il pensait ■ qu'il n'y pouvait plus avoir lieu de différer
l'esécutiou de cette affaire, à laquelle Q avait reçu nouvel ordre
d© tenir la main, » et il ajoutait :
Je vous fais celle lettre pour vous y convier et les autres villes
impériales, tant de la part de Sa Majesté que de Son Altesse, et
voua envoie pour cet oiTecl les retersails qu'elle vous doit donner et
cehiî que vous devez réciproquement me faire délivrer pour ladite
Altesse.
C'est pourquoy, Messieurs, vous verrez lesdits reversatls et
vous prendrez la peine d'assembler avec vous des députez desdites
Wtres villes impériales, pour résoudre avec eux les reversails qui
iloiveot aussy estre réciproquement donnez entre Son Altesse et elles,
M auxquels il y aura peu de chose à changer, et prendrez, s'il
™*a plaist, resolution du jour auquel ie me rendray â Haguenau,
pot»!* satisfaire à ce que vous pouvez désirer de moy, au nom de
^•te Altesse, et achever enfin avec vous une alTaire qui dcvroit
^^■^ faicle, il y a longtemps, et par laquelle je cr^ndrms à la fin
que ie aoy ne vous fit quelque reproche, et à moy aussy, qui ay
jisquefi à présent faict vos excuses el les miennes sur le logement
'^ Lorrains. Mais ie n'auray plus de subjel maintenant de prétendre
*"* Plus grande longueur, et d'autant moins qu'en suilte de la leltre
ï"® Vous et lee aultres villes avez escrltes à Son Altesse, elle vous
^-sthiTe» de 0<4(aar, il>i^.
228 X. MOSsiiAifii.
croit tous fort disposez à bire œ à quoy vous estas obligez en^rers le
Roy et envers elle*.
On sait que, pour les réversales de Haguenau, la formule
n'était pas la même que pour les autres villes. En sus de ses droits
de protection, le grand bailli y exerçait en eflfet, par lui-mèi»'»
par son lieutenant, par son prévôt ou par son reoev^r, des droits
de juridiction, et il s'engageait en conséquence € à CEiire justice
droit à tous, tant riches que pauvres, qu'ils soient de la ville
pays, tant dedans que dehors ou d'alentour, et à juger les
qui appartiennent à la justice ou siège d'icelui, seJon le jugemen.
de la plus grande partie du conseil et non autrement. » S'il
vait qu'un juif habitant de Haguenau f(it accusé de quelque méEsdt
le grand bailli reconnaissait que c'était devant le conseil que k
coupable devait en répondre, en présence du grand bailli on
son lieutenant, et promettait de tenir pour jugé ce que la pli
grande partie du conseil prononcera. Enfin, il s'obligeait spécia-
lement de leur conserver le droit de la Forêt sainte ou foret
Haguenau, « et qu'aucune brebis n'y aille paistre. » Mais ceqiLÎ
intéressait toutes les villes dans les formules que M. de Moiroa^
proposait à Haguenau, c'était l'entrée en matière, où il établissai'fc
que, par la paix de Westphalie, < le grand bailliage de Hagae
nau, dépendant immédiatement de Sa Majesté impériale et del']
pire romain de la nation allemande, » avait été € rendu et cédé
tout jamais à Sa Majesté très chrétienne,... avec les droits, ji
dictions et souveraineté, conmie l'empereur, l'Empire et la
son arcbiducale d* Autriche l'ont possédé, tenu et protégé, > e ^
que cette cession avait été « confirmée par Sa Majesté impériale '->
par tous les électeurs et princes de l'Empire romain, et spéciale — "^^
ment par la maison archiducale d'Autriche, conmie grands baillis^^ ^
administrateurs et possesseurs de ce grand bailliage de Hague-^ — ^
nau. > En se référant aux textes qui avaient transféré à la France^^
les droits des archiducs sur le grand bailliage, le mandataire du
comte d*Harcourt passait sous silence et les réserves du § Tenea-
tur et les déclarations limitatives des états, et se plaçait à un
point de vue absolument inacceptable pour les Dix villes. Cepen-
dant, en lui accusant réception, le 19 avril, Haguenau évita de
discuter la thèse et se borna à rappeler les réponses que la Déca-
pole avait faites au roi et au comte d'Haroourt, le 28 et le
1. PhiUpflboarg, 13 aTril 16S1 (ArchÎTes de GolmAr, ibid.).
U FBilICE 8N «LSiCE \Ftàs U FlIX
ifl/2fl novembre précédents, et, en se retranchant, d'une part,
fljr l'état de désolation où les Lorrains avaient réduit la haute
Alsace et le danger d'un retour offensif, qui pouvait ne pas
encore avoir permis aux bourgeois des villes supérieures de ren-
trer dans leurs foyers, d'autre part, sur les sacrifices que l'entre-
tier» et l'évacuation de la place de Frankenthal mettaient à la
diaï^e des villes inférieures, il le pria de lui laisser le temps
néœssaire pour que les intéressés pussent mûrement délibérer sur
W cju'ily avait à faire.
T^eiidant cet échange de lettres avec Haguenau, Colmar était
Stt fautte à d'autres instances, de la part tant deM.de Moîrous que
'''*■ comtâ de Cernj. En réponse à une lettre du 28 mars, oîi évi-
''®**3ment on lui avait marqué les appréhensions que causait la
i'**»ination du nouveau grand bailli, le premier écrivît de Phi-
"E*^l)0urg. 14 avril', ■ que l'intention du Roy et moins encore
^^«Je de Son Altesse monseigneur le prince Henry de Lorraine,
f~**lile de Harcourt,... n'est point de préiudicier » à leurs privi-
^*^5es, * dans lesquels Sadite Majesté et Son Altesse les désirent
^*^intenir et protéger, et elle est preste de leur en donner un
^^^ers, tels qu'ils pourront voir par la dépèche » adressée à ce
^*jet à MM. les magistrats et conseil de Haguenau.
M. de Cerny se montrait encore plus pressant :
J''estinie, écritril de Brisacb, 23 avril', que vous ne deuez plus
•^aoquer en double le droit que Son Altesse Monseigneur le comte
^€ Harcourt a de prendre sur vos villes'*, après les esclaircissements
^ue M. de Moirous vous en a donné (sic), qui n'aura pas man-
^uéf comme je crois, de vous faire s^âvoir que ceux que vous pré-
teadiez qui y doussent faire quelqu'obstacle, se sont trouvés fort
surpris que vous les missiez en jeux, pour soustenir une si mauvaise
cause : voilà leurs propres ternies. Vous açauez les obligations que
~vous y auez. C'est pourquoy ie ne vous repprocheray rien du passé;
mais seulement je vous despeche la présente pour vous suplier de
me mander le temps auquel vous pouuezsatis&ire ce que vous deuez
k Son Altesse, qui me presse extrêmement de luy rendre un certain
et préQx sur ce sujet.
Ce prétendu désaveu infligé aux villes par ceux sur qui elles
1. ArchkM de Calmar, ibùl.
1. Arehives de Colmar, ibid.
1. Il s'agit sans doute du recouTremetil du tribut, que le prince reclausil
conniB un Ëmolameiit allachâ A son uni ce.
22» ^^^H
part, ^^^^H
laute ^1
2M X. lÉOSMilIlf.
comptaient pour les soutenir dans leur rMstanœy — nous vcr-
tons qu'il s'agit des états récemment réunis k Francfort, — aunit
m de quoi ébranler leur confiance dans la bonté de leur cann,
si elles avaient pu prendre à la lettre les assertions de M. de Gemj.
Heureusement un rescrit de l'empereur Ferdinand ni , daté de
Vienne, 29 maiS les tira de toute incertitude à cet égard :
€ Sur le rapport qui nous a été fait, » disait en substance oetta
dépêche, < de TOtré plainte contre la couronne de France, et le
grand bailli qu'elle vous a donné, nous vous bisons savoir qoe^
pour notre part, nous ne demandons qu'à nous en tenir aux termes
de l'instrument de paix, de même que nous avons toujours compté
qu'elle n'exigerait rien de plus sur les Dix villes que les droits
qu'il lui a reconnus. Mais, du moment que, contre notre attente,
elle prétend davantage, nous vous enjoignons de nous en rendra
compte et, entre-temps, de ne vous prêter à rien qui pût préjudi-
cier à nos droits et à ceux de l'Empire, ou à votre immédiateté,
en faisant appel aux conseils et à l'assistance du sieur de GoU, à
qui nous écrivons sous cette même date. »
Cette lettre parvint à nos villes sous le couvert de M. de OoU,
que S. M. accréditait ainsi officiellement auprès d'elles. Il avait
reçu pour instructions de les avoir en bonne reconunandation et de
tenir le gouvernement impérial au courant de ce qui se passerait
encore. Une expression à noter dans l'une et l'autre missive, c'est
la qualification de landgraviat de Haguenau donnée au grand
bailliage, aussi impropre que celle de landgraviat de la basse
Alsace, employée dans l'art. LXXIY du traité de Munster.
Evidemment l'empereur se complaisait à la résistance que les
villes opposaient à M . de Moirous ; sa lettre les encourageait à
persévérer; malheureusement elle ne répondait nullement à la
requête où elles avaient dénoncé les agissements du mandataire
du comte d'Harcourt. Elles auraient voulu être éclairées sur la
valeur de leurs griefis et savoir si elles étaient fondées à soutenir
chacun en particulier. Le pis était qu'en restant dans les généra-
lités, en s'abstenant de rien préciser, le rescrit impérial autorisait
les représentants du gouvernement français à se prévaloir du
vague des termes pour s'en faire un argument en faveur de leur
thèse.
Quoi qu'il en soit, après l'avoir prié, le 28 mai, de prendre
1 . ArchiTes de Golmar, ibid.
i rUNCE iS ALSACE IPS^B Ll PAIX DE WESTPBiLlE.
loore patience, les villes D'avaieut plus aucune bonae raison
retarder davantage leur réponse à M. de Moirous, En se
nt à leurs déclarations antérieures, qu'il n'était pas en leur
pooToir de prendre part à la présentation de leur nouveau grand
bailli avant d'y être autorisées par l'empereur, vu le serment
lolennel qu'elles avaient à prêter et où S. M. et le Saint-Empire
étaient également intéressés, elles lui écrivirent, sous la date du
Ï/IS juillet', que l'empereur venait enfin de leur notifier ses inten-
tioQs, et son reserit, dont elles joignaient une copie, était formel à
eet égard; il n'entendait pas que la présentation du nouveau grand
MiUi fît tort k l'immédiatcté des villes ni h leurs vieilles coutumes
^ leur enjoignait de ne rien faire sans l'assistance de M. de Goll ;
or, oomme elles ne cessaient de le répéter, l'ancien usage voulait
QB^'en cas de vacance du grand bailliage, la présentation du nou-
ées. ■« titulaire se fit par l'intermédiaire d'une commission impè-
laXe et que, pour ae légitimer, il s'obligeât, par un serment per-
*>ï»iiel et par des réversales en due forme, à maintenir aux villes
^*-»aï régale, droits, privilèges et juridictions. Maintenant que
S- "fil. s'est prononcée, sans qu'on puisse rendre les Dix villes res-
pc> tisables du retard, elles espéraient qu'on ne leur en voudra pas
^ » mises en garde par le chef de l'Empire, aussi bien que précé-
^'^«miûent par ses corps constitués, elles veillent à s'assurer les
^^^*3éfices de la paix, qui leur a maintenu leur condition au même
*■ ^^^e qu'aux autres états immédiats. En terminant, elles protes-
^*- i^t que, sitôt qu'il aura été déféré aux injonctions de l'empereur
, aux stipulations des traités, elles se soumettraient sans réserve
^x que l'on exigeait d'elles.
Il est impossible de ne pas faire honneur k M. de Goll de l'ins-
^T ^^j-ation de cette dépèche. Chargé, comme il était, de la direction
J^-"^! ces négociations, il avait toute la confiance de la Décapole,
^^^ni ne lui en laissait ignorer aucun incident. C'est ainsi qu'il fut
^ "^iformé, l'un des premiers, d'une conversation qu'un envoyé de
^^Imar avait eue, à Brisach, avec le comte de Cerny et avec un
^âulre agent français, l'auditeur général Georges Welcker, laquelle
^wit roulé en grande partie sur les affaires du grand bailliage.
X'envoyé en avait gardé l'impression que la régence ne considé-
rait pas le texte des réversales proposées par M. de Moirous cttmme
définitif, et qu'il serait sans doute possible de le modifier. Il parut
1. ArcbiTes île Colmar, ibid.
asa
I. MOBaMlNï*.
opportun à M. de Goll de s'assurer si telles étaient aus^ les dis-
positions du délégué du comte d'Harcourt. et son avis fut tpje,
saus attendre sa réponse à leur lettre du 8/18 juillet, les villes lui
écrivissent pour lui demanders'ilètaitdanslesnièines dispositiuij
que MM. de Cerny et Welcker ; dans ce cas, pour mieux ppéparer
la voie à un accommodement, elles proposeraient de réunir li
diète pour délibérer sur la formule qui répondrait le mieux aui
convenancesdes uns et des autres. Pour le moment, il aurait voulu
s'en tenir là et ne pas engager de discussion ni sur la présenta
tion du grand bailli, ni sur l'acquit du tribut à l'Empire, Un
persuadé qu'on aura d'autres occasions encore d'y revenir. Entre-
temps, M. de Goll se proposait de retarder son départ d'une quin-
zaine de jours pour pouvoir conférer de l'affaire, soit avec le corps
des villes, soit avec les trois principales, Haguenau, Colmar ^
Sélestadt'.
Une réponse de M, de Moirous, datée de Brisacb même, l"ao£
1652, et adressée k Haguenau *, rendit superflue la lettre de rap
pel qu'on parlait de lui écrire. Nullement génè par le rescritt^^^
l'empereur, il disait en commençant :
Vous ares très grand tort d'avoir falcl des plaintes à Sa M^est>^^'^
impérialle, puisque voua scaués bien qu'au nom du Roy et de Sortf ^^
Altesse, Monseigneur voslre LandvogLl, ie n'ay Jamais rien désiré d^ '
nous que conformémenl aux articles de la paix, auxquels les letlre^^*
poversailles dont ie uous ay enuoyés le projet, se rapportent entiè-
rement, et uous uoyés aussy que la lotiro que l'empereur uous ^
escrite condamne vostre procéder, aussy bien que cy-desuant a.** ■"
Ikicl l'assemblée de Francfort, comme uous auez ueu par l'escript J *-*
que ie vous ay enuoyé de S. A. E. de Mayence, Après quoy ne pou- - — *'
uant plus m'imaginer que uous ueuillés plus longtemps manquer à ^- *
signer les ausdiltes lettres rcuersailles et me les enuoyer pour roo'- — -^
uoîr celles de laditte Altesse, i'attendray, dans le quinziesme de ce ^»^^
mois, cesl elTecL de la bonne uolonté que uous me promettes fort _»'"'^
inutilement depuis dix mois, et du debuoir auquel uous estes obligez ^^^^
enuers le Roy par les susdicLs articles de la paix, auxquels ie uous .^-«is
déclare encore que ie n'entend point déroger, mais bien faire obéir-VLÂJic
et recognoislre Sa Maiesté.
Haguenau, à qui cette lettre fut remise d'abord par l'intennè-
Là FBUfce En ILSICB IPSES Ll FUI DE WESTPIULIK. 233
e de Wildermuit, « correspondant fraaçois à Strasbourg, »
la transmit, sous la date du 6 août, à Sèlestadt. La nouvelle mise
en demeure de M. de MOirous ne l'avait nullement convaincu.
Pour passer outre à la prise de possession du grand bailliage, il
avait beau démontrer que la prestation du serment et rechange
des réversales devaient se régler sur le traité de paix, et que
l'empereur désapprouvait les villes de faire tant de difficultés, on
se refusait à voir l'expression d'un blâme dans le contexte de son
rescrit, et, quant à l'opinion de l'assemblée de Francfort, que
l'électeur de Mayence devait avoir communiquée aux villes,
comme on n'en avait eu connaissance que par le diplomate fran-
çais d'Avaugour, on était fondé k n'en pas tenir compte. Il parut
de plus inadmissible que l'écbange des réversales se fit par cor-
respondance, ce qui aurait eu pour effet de supprimer l'acte de
présentation. Bref, Haguenau était d'avis que, plus M. de Moirous
insistait pour obtenir que l'on se soumît, plus on était fondé à
garder l'attitude qu'on avait prise et où visiblement l'empereur
encourageait k persévérer. Quoi qu'il en soit, avant de convoquer
la diète de la Décapole, il voulait savoir si le mandataire de S. M.,
M. de GoU, pourrait y assister.
Ce dernier était encore 6 Sèlestadt, et il fut facile de s'entendre
avec lui. Il conseilla de se borner k accuser réception de sa lettre
à M. de Moirous, en lui annonçant qu'on allait réunir la diète au
premier jour. Lui-même retarderait son départ d'une quinzaine
pour prendre part aux délibérations qui devaient assurer < la
liberté et l'immunité de la patrie'. >
Conformément au conseil de M. de Goll, Haguenau, Colmar et
Sèlestadt, au nom de la Décapole, informèrent M. de Moirous,
par une lettre du 10 août, qu'avant de lui répondre it fallait con-
sulter les autres villes, qu'on allait les convoquer d'urgence et
que les résolutions qu'on prendra s'inspireront à la fois du traité
de paix et des us et coutumes, et que la satisfaction qu'il eu res-
sentira le dispensera de recourir à des mesures qui ne seraient pas
justifiées et qui démentiraient le caractère qu'on lui reconnaissait
dans tout le pays.
Mais l'impatience gagnait M. de Moirous de plus en plus, et il
répondit le 15 août' : « Vous pouuiez espargné la peine d'une
284 X. HOflSHAlfll.
lettre, lorsqae tous m*auez escrit celle que je uiens de rwsaoir,
puisque vous ne me faites pas de response plus positiue sur ma
dernière lettre que celle que ie receus par la bouche de BIM. yoi
députez & Ensisheim, il y a dix mois, que depuis ce temps-là voiu
auez éludé, par un procéder fort desobligeant enuers moy et fort
éloigné de la déférence et respect que uous deuez envers le Roy et
Son Altesse monseigneur vostre Landfogt, la résolution que vsm
estes obligez de prendre pour le reconnoistre, recraoir les lettres
reuersailles que ie uous ay offertes de sa part et donner celles que
uous deuez suiuant l'instrument de paix. Aussy ie ne considère
uostre dernière lettre que comme une suite des fuites auec lesquelles
uous abusez depuis si long temps de la patience de Sa Maiestè,
auec lesquelles uous me prenez pour un insensible et me uoulis
faire passer pour un négligent. En uerité uous auriez raison désor-
mais de me croire Tun et l'autre, si ie n'employois le pouuoir et
authorité de Sa Maiesté et de S. A. pour l'exécution des choses
auxquelles uous deuriez uous estre soumis depuis un si long temps,
auec aussy peu de fruit que si ie uous demandois une iniustice, et
uous y procédez auec aussy peu de considération que si ie uous
estois enuoyé de la part de vos inférieurs. Si, pour m'acquitter
enfin de ma commission, uous me contraignez à me seruir d'autres
uoyes que celles de la ciuilité, l'en seray très marry ; mais ie
seray fort iustifié, et personne du monde ne scauroit approuuer le
procéder que vous auez tenu et que uous continuez. »
Tout, dans cette lettre, montrait la volonté d'en finir avec ces
lenteurs calculées, où les villes semblaient mettre toute leur habi-
leté et tout leur espoir. La diète se réunit sans retard à Sélestadt,
et, cette fois, ce fut M. de Goll qui répondit lui-même à M. de
Moirous. S'autorisant, pour intervenir, de la lettre de l'empe-
reur, du 12 juillet, qui lui recommandait la cause de la Décapole
dans ses difficultés avec la France, il commença par protester du
sincère désir des villes d'arriver & une entente ; à crt effet, elles
venaient d'avoir une conférence & Sélestadt pour préparer le texte
des nouvelles réversales , et elles étaient même sur le point de
communiquer leur rédaction à M. de Moirous, quand elles ont
reçu successivement ses lettres du i^^ et du 15 août, où, dans son
impatience, il allait jusqu'à les menacer d'user de contrainte,
quand tout, dans leurs délibérations, témoignait d'un réel bon
vouloir ; elles ne s'attendaient pas à ce qu'on le prît sur ce ton
avec elles, ni que l'une ou l'autre pût être l'objet de sa disgrâce.
Ll FU^CB EN ILStCE IPlfes LA PAI3 DE WESTPBALIE. 235
sortout après avoir été traitées en ennemies par le doc de Lor-
mine, par l'unique raison qu'il était en guerre avec la France.
Ainsi menacées, elles ont eu recours à M. de Goll pour qu'il
témoigoAl de leurs dispositions conciliantes et leur évitât des
rigueurs qui manqueraient leur objet, si le but de M. de Moirous
était de leur arracher des concessions contraires aux us et coa-
tomes, aussi bien qu'aux injonctions de l'empereur, sans valeur
d'ailleurs, puisqu'elles leur auraient été arrachées par la force et
la violence. Quant au projet de réversales sur lequel la Décapole
avait été appelée à délibérer, M. de Goll estimait, lui aussi, que
le texte avait besoin d'être revu, et même qu'il y aurait lieu de
le soumettre 'a l'empereur, ii qui les villes prêtent serment chaque
année, et dont elles sont obligées de maintenir la suzeraineté, en
m3me temps que leur immédiateté; ce serait manquera ce qu'elles
doivent à S. M., si elles se départissaient, en quoi que ce fût, de
ce qui a toujours été de règle. Eji se réunissant prochainement,
la diète s'entendra sur un projet de réversales qui, au fond
coDime dans la forme, s'en tiendra fidèlement à la tradition, et
que M, de Moirous pourra accepter de confiance. Une fois que
toutes les formalités aurout été remplies, rien o' empêchera plus
le roi de France de traiter ce pays, comme ses plénipotentiaires
l'ont promis, avec plus d'égard que tout autre, et de feîre jouir
les Dix villes de sa protection spéciale. Si, contre toute attente,
Id. de Moirous passait outre aux résolutions qu'il annonçait, ce
:Iie serait évidemment pas agir selon le sentiment de S. M. très
chrétienne, car elle n'a aucun intérêt à donner des appréhensions
A l'empereur, non plus qu'au corps germanique : ni l'un ni l'autre
I ne sauraient rester insensibles aux plaintes de ses membres oppri-
més. En terminant, M. de Goll ajoutait qu'à son avis, il n'y
aurait aucun inconvénient à accorder à la Décapole les délais
nécessaires, d'autant plus qu'en la brusquant, le seul résultat
qu'on obtiendrait, ce serait de refroidir l'afi'ection qu'elle porte à
' la France.
I A cette longue lettre, datée de Sélestadt, 19 aoiit 1652', M. de
) Moirous répondit, deux jours après', en marquant à M. de Goll
qa'îl < êtoit tort ajse d'apprendre que les Dix villes impériales
ioi avoient fait part du sujet qu'elles lui avoient donné de se
J-
236 X. MOSSMlNIf.
plaindre des longueurs qu'elles apportent, depuis dix mois, en
une affaire dont la résolution pouvoit être prise dès leur première «
conférence, si elles avoient été aussi franches et sincères que loi,
et que, pour lui faire voir la netteté de son procédé, il avoit prie «
M. Tauditeur général Welcker de se transporter le surlendemain ^
à Sélestadt pour voir MM. les députés et pour chercher ensemble ^
l'expédient le plus convenable et le plus prompt de se rendre ^
réciproquement justice. » Mais la diète n*avait pas attendu .mi
jusque-là pour se séparer, et M. de Goll écrivit & M. de Moirous, ^,
le 22 août\ pour lui en exprimer son regret; toutefois, il offrit ^i
de conférer de l'affaire à Brisach même, où il devait passer dans .«^s
cinq ou six jours, et au besoin de se faire accompagner par des
représentants de la Décapole. Dans les dispositions où il se trou-
vait, la proposition était tout à fait au gré de M. de Moirous, qui
répondit aussitôt qu'il l'acceptait, et que, dans les délais axés, il
se tiendrait à la disposition de M. de Goll, en lui faisant com-
prendre qu'il serait bon que les envoyés des villes, qui se join-
draient à lui, fussent munis de pouvoirs.
V.
M. de Moirous, qui, dans sa réponse, avait dit à M. deGolLCX^U
que € leurs maîtres à tous deux lui sauroient sans doute beau ^-«i-
coup de gré du soing qu'il aura pris del'aiustement de l'affaire, » -^ »
croyait de bonne foi qu'il allait avoir cause gagnée. Ce qui Taffer «^iB^
missait encore dans sa confiance, c'était l'empressement avec^:>^3c
lequel les états de la haute Alsace prenaient part à ce moment àj^ k
un nouvel essai d'organisation de la ligue pour la défense docv-^a
pays*. La ligue remontait aux guerres de Bourgogne, au temps d».^:/e
l'alliance de l'Alsace avec la Suisse, et, chaque fois que quelqu^^cj/e
danger menaçait le pays, on essayait de la remettre sur piedpouMr.^jj»
suppléer, par une sorte de fédération temporaire, à l'insufl^nc^Btoi^ig
du pouvoir impérial, qui avait toujours été hors d'état de protégé— er
cette frontière. On peut induire de la lettre de Graass' qu'il. y
avait eu une première fois des pourparlers sur l'initiative de k
1. Archives de Colmar, ibid.
2. Voir, dans mes Mélanges alsattques (Golmar, 1892, in-8*), La Ligae
rieure en Alsace, p. 2-86.
3. Vienne, 6 mars 1652, citée ci-dessus, page 226.
^^^H U FBINCE Ef ILSACE IPRÈS L« P^IT DR WESTPH1L[E. 237 ^^^^H
^^«^DCe de Brisach, lors de l'approche des Lorrains, et que l'op- ^^^^H
positioD des Dix villes les avait fait avorter. Ouoi tju'il en soit,
l'expérience du passé avaiteu raison de leur parti pris, et la crainte
d'une Douvelle invasion amena un rapprochement. Les états de
la haute Alsace se réunirent à Colraar, le 19/29 août', sur la con-
vocation de la régence de Brisach, pour se concerter sur les
mesures h prendre. A leur tête figurait la France, représentée
par l'auditeur général Welcker ; après lui venaient le grand cellé-
rier de Murbach et le greffier de Guebwiller pour les abbayes de
Murbach et de Lure, mais simplement autorisés à assister aux
délibérations pour ea rendre compte à leurs commettants; le
grand bailli de Riquewihr pour le duc de Wurtemberg, dont les
pouvoirs n'étaient pas limités; enfin des envoyés de Colmar, de
Kaysersberg, de Miinster et de Tiirkheim, On fut bientôt d'accord
qu'il ne fallait pas se laisser surprendre, comme l'année précé-
dente, et, pendant que l'auditeur général taxait lui-même la
Frauce à 1,000 fantassins et à 100 cavaliers, le contingent de
Murbach fut fixé à 125 fantassins et 8 chevaux; celui de Wur-
temberg, pour Horbourg et Riquewihr, à 50 fantassins et 6 che-
vaux; pour Montbéliard, à 100 fantassins et 10 chevaux ; celui
de l'évêque de Strasbourg, pour le mandat de RouSach, à
100 fantassins et 5 chevaux ; celui des quatre villes impériales.
à 150 fantassins et 2 cavaliers. Eventuellement, on comprit dans
ces levées l'èvèque de Bâle pour 300 hommes de pied et 30 che-
vaux. En fait d'artillerie, la régence de Brisach s'engageait à
fournir deux pièces de campagne, les villes impériales un canon,
et l'on compta l'èvèque de Bàle pour un fauconneau. Suivant
l'occurrence, ces troupes devaient se réunir soit à Thann et à
Cernay, soit à Bergheim, sous la direction de deux commissaires,
l'un à la nomination de la France, le second à celle des autres
états. Ce petit corps parut suffisant pour tenir en échec tous ceux
qui. contrairement au traité de paix, susciteraient des troubles
dans le pays.
L'événement montra combien il était urgent de se mettre en
garde; car, dans le courant du mois de septembre, les Lorrains,
qui tenaient garnison sur la frontière, s'emparèrent du château
de Wiudstein, près de Niederbronu, ce qui leur permettait
«l'étendre de plus en plus leurs quartiers et de mettre une bonne
I. Proefci-ïerbal dea résolutions prises (ArchiTes de Colmar, ibid.J.
2S8 X. HOtWllflf.
partie de la faftfiae Alsace à contribution. Qooiqne le danger d^
nouvelles incursions n'eût pas échappé à la diète du carde ^'^
Haut-Rhin, qui, pour y parer, venait de tenir une séance ^
Worms, le pays bas crut nécessaire de faire aussi qudipe eho c^ ' ^
pour sa sécurité. Des représentants de Téglise et du grand dm^ ^
pitre de Strasbourg, des diverses villes et de la noblesse immlm ■
diate se rencontrèrent, le 8 novembre (n. st.)^ à Strasboorip^-
L'assemblée décida, en premier lieu, que chaque aeignearl ^
armerait ses vassaux et leur ferait réoccuper les châteaux fi>rt.— ^
qu'^e avait évacués pour éviter qu'ils eussœt le sort du WindL-^
stein ; ensuite, que chacun veillerait aux passages qui doonaîaDi -.^^
accès en Alsace et les mettrait en état de défense. A la premièi^'^^
alerte, des estafettes en transmettront la nouvelle au poste 1^ ^^
plus rapproché, en même temps que le tocsin avertira les popula — -*-
tiens d*alentour; les localités ou les particuliers qui» d'um^ ^
manière ou d'une autre, conniveraient avec l'ennemi, senon' .^cA
sévèrement punis. Comme on ne pouvait pas compter sur
seuls ressortissants pour le poursuivre, il fut décidé qu'on
sur pied un corps de 300 fantassins et de 150 dragons» l'estiman'
sufiSsant pour garder le pays; pour les premiers, la solde men-
suelle fut axée à 6 florins; pour les seconds, k 10 florioa.
Pour parfaire cette troupe, l'église de Strasbourg ^^it imi
à 100 fantassins et 38 dragons , le comté de la Petite-Piarre S» à
6 fantassins et 4 dragons, le comté de Hanau à 50 fantassins e:
46 dragons, linange à 4 fantassins et 2 dragons,
terbourg à 4 fantassins et 4 dragons, Strasbourg, Haguenan
Sélestadt, Obernai et Rosheim à 111 fantassins et 41 dragons^
la noblesse équestre à 20 fantassins et 11 dragons.
Cette organisation, appuyée d'un règlement à l'usage des sol-
dats, devait entrer en vigueur le 1®' décembre et ne ^irer qu^'
trois mois. 11 fut décidé qu'on en ferait part tant à la régence d^
Brisach qu'aux postes lorrains de Hombourg, de Tisndstnhl, ie
Windstein et de Bitche. Outre ces mesures de défeoae, la dîète
prit quelques dispositions pour remédier aux désordres où les
propriétés étaient tombées, par suite de la guerre» et pour veoojiar
tituer les livres terriers*.
Ainsi, sans compter sur le secours d'autrui, dans la haute éL
la basse Alsace, on se préparait également à tenir tête 9lux Lor-
1. Recès de U dièU (ArehifM Ae Colmar, ièUL).
s
seulÊmeot, pendant qu'ici on se conteutait de mettre
momeotanément une espèce de maréchaussée sur pied, là on s'en-
tendait ]K>ur former un petit corps d'armée susceptible de mar-
cber à l'ennemi. Ce n'était pas la première fois qu'on prenait des
xnesores de ce genre; mais, ce qui ne s'était jamais vu, c'est que
les deux moitiés de la province eussent orgaoiaé leur défense sans
eotente commune, chacune indépendamment de l'autre. Il est à
présuioer que si, dans cette circonstance, elles ne s'entendirent
pas, rèloignement qu'on éprouvait pour la France et pour l'in-
fluence qu'elle prétendait exercer en était l'unique cause.
VI.
Ce sont évidemment les mêmes appréhensions qui, pendant ce
temps, faisaient avorter encore une fois les négociations de M, de
Moirous. 11 dut en éprouver d'autant plus de mortification que
rarrivée du comte d'Harcourt en Alsace semblait devoir en
rendre le succès plus certain. Le 2 septembre', S. A. écrivit de
Brisach à la Décapole pour l'informer de son intention « de se
6ùre recevoir en personne en sa charge de grand bailly de Hague-
nau, » persuadé que sa présence fera « cesser les difficultés que
l'on auoit trouvées à sa réception. » En même temps, il fixa le
20 septembre pour y procéder < auec les cérémonie et obseruances
qui y sont requises, soit en la ville de Haguenau ou bien par
deçà, pour èuiter les dépenses qu'il faudra feire et dont il sera
bien aise d'exempter les villes, sans que cela puisse estre tiré à
conséquence ni préîudicier aux anciennes coustumes. *
Mais, au moment où cette mise en demeure leur parvint, les
T31e3 avaient déjà pris leur parti. Colmar, aussi bien que Hague-
nau, avait trouvé de graves inconvénients h envoyer des députés
à Brisach; on s'en était expliqué avec M. de GoU, qui avait
trouvé leurs motifs plausibles et qui s'était même chargé de les
Ësire agréer à M. de Moirous. Avant d'entrer en conférence avec
lui, elles auraient voulu, diaait-il, avoir une déclaration plus
catégorique, que lui, de Goll, s'était feîl fort d'obtenir de S. A.'.
A vrai dire, ce n'était là qu'une défaite, et lui-même encoura-
1. Archives de Calmar, ibid.
3. Lettre de Haguenuu A Sélestadt, du 29 août IG52 (ArchiTes de Coliear,
ibid.).
240 X. MOSSHAN!!.
geait les villes à exiger dayantage. Le 12 et le 13 aoûts il avait
écrit au D' Isaac Volmar pour lui expliquer ce qu'il comptait
faire ; à son avis, les villes devaient tenir bon et ne reconnaître
le comte d*Harcourt qu*à la condition qu'il se fît présenter par
des commissaires impériaux, pro conservando summo imperit
jure. Volmar trouvait le conseil bon ; mais, dans sa réponse,
datée de Prague, 13 septembre, il ne cacha pas qu'il doutait que
les Français en passeraient par là. Le traité de Munster, en effet,
leur ayant cédé ce droit d'avouerie provinciale, solches land-
vogtey recht, à perpétuité, pour en jouir de la même manière
que précédemment la maison d'Autriche, avec la plénitude de la
juridiction, delà supériorité et du suprême domaine, de telle sorte
que, dorénavant, ni l'empereur ni aucun prince de sa fEuniUe ne
pussent prétendre ou usurper aucun droit ou pouvoir dans les
territoires cédés à la France, sur l'une et l'autre rive du Rhin,
Volmar ne voyait pas comment on pourrait exiger qu'une com-
mission impériale présidât à l'installation du nouveau grand
bailli ; mais il lui parut qu'on pourrait tourner la difficulté, en
chargeant un commissaire d'assister les villes, lequel veillerait à
ce que la France n'entreprît rien sur Tinmiédiateté garantie par
le traité; M. deGoll, déjà investi du mandat de S. M., était tout
désigné pour remplir cette fonction, et, au besoin, on pourrait
lui faire renouveler ses pouvoirs par la diète générale qui, sur la
convocation de Tempereur, devait se réunir, le 31 octobre, à
Ratisbonne.
Dans l'une ou l'autre de ses lettres, M. de Goll avait parlé à
Volmar du bruit qu'on avait fait courir qu'à l'assemblée de
Francfort les états s'étaient désintéressés du sort de la Décapole;
Volmar lui certifia qu'il n'en était rien ; lui-même était présent,
et il pouvait affirmer qu'aucun député n'avait tenu de propos
pareil. Ce qui était vrai, c'est que, quand cette question fut mise
en délibération, il ne se trouva personne qui eût des instructions
pour la traiter.
Dans la même lettre, Volmar parla aussi des contributions que
l'empereur avait à réclamer des villes. Avant de se séparer, les
états qui avaient pris part à la paix de Westphalie avaient mis
à SCI dispi^ition cent mois romains pour parer aux premiers
besoins. Le trésorier général avait même mis le premier terme en
t. ArthiT^s de ColnMor, îKid.
U FSi:^CE EN ALSACE AFHËS LA PAIX DE WESTPBALIE. 24l
recouvrement; mais Kaysersberg, cruetlement éprouvé par l'in-
vasion lorraine, avait demandé, sinon une réduction, du moins
un délai pour s'acquitter. Malheureusement, le trésor devait
encore aux Espagnols 60,000 rixdales pour lesquels les assigna-
tions étaient déjà lancées, et il n'y avait donc rien à faire, Vol-
mar' était du reste lui-même porteur, de même que M. de GoU,
d'une assignation sur la contribntioD des villes d'Alsace : celle de
M . de GoU ne montait pas à moins de 12,000 florins, et son col-
lègue voulait savoir si les villes sur lesquelles il était colloque
avaient iait honneur à la signature de l'empereur; les siennes
avaient fait des difficultés ou, du moins, elles avaient voulu
l-'ajouroer jusqu'après la future diète, dans le secret espoir qu'elle
'"^'Viendrait sur le vote des cent mois romains. Mais il leur avait
■^pondu que l'empereur n'eu laisserait rien rabattre, qu'elles
^^"^aient être trop heureuses s'il ne réclamait pas davantage, et
•ï^e, d'ailleurs, plusieurs cercles s'étaient déjà complètement libè-
''^s- C'est ainsi qu'il était parvenu à les mettre k la raison, si
"'^n qu'elles lui ont déjà versé 7,800 florins et se sont engagées
^ «5e payer autant à la Saint-Martin, et ainsi de suite jusqu'à
r*^»'fait règlement de compte. M, de GoU pourra se servir des
'"-'^^rnes arguments : ce serait mal reconnaître ce que la Décapole
"^"Vait aux plénipotentiaires impériaux, si elles voulaient les cbî-
^^H«r sur ce qui leur revenait légitimement, et surtout les mal
*^^t>oser pour elles, au moment où la France cherchait à les
^^<iuire en servitude et qu'elles avaient le plus besoin de leur
■^ I*I>ui.
VII.
_ teien avant que les Dix villes eussent pris connaissance de celte
^^ttre (M- de Goll ne la leur communiqua que le 5 octobre), elles
^^ienl eu à Strasbourg, le 10 septembre, à l'occasion du mes-
*ge du comte d'Harcourt, une conférence avec l'auditeur gèné-
*~^-X Welcker. Après de longs débals, elles avaient fini par obtenir
~^*i nouveau sursis, sous la promesse de se déclarer sitôt après la
'-'J-ète du cercle du Haut-Rhin, qui allait se réunir à Worms'.
^'ïa.is, au lieu de lui annoncer qu'elles se soumettaient, elles firent
^■itenrenir les étals, qui écrivirent au comte d'Harcourt, le
1- UUres de Welcker, du H novembre, de SélestadI, du 14 aoie
^*^^liiTei de Colmar, iMd.).
Rot. HttTOB. LI. 2' fabc. 16
244 X. MOSSMAIIH.
vembreS Colinar reçat avis de Sélestadt que ni Hagœnaa, ni
WiHHismhoixrg, ni Landau, ni Rosheim n'avaient encore &it oon-
naitre leurs résolutions. Sélestadt se décida au dernier moment,
le 24 novembre, & faire savoir à Brisach que personne ne se
trouverait au rendez-vous. A la même heure arrivait h Sélestadt
lo chambellan du comte d*Harcourt, M. de Gallinger, qui venait
n)tenir, au nom de son maître, le logement pour trente chevaux.
Chez le bourgmestre-r^ent , & qui il s'était adressé, il apprit
que, le matin même, on avait prévenu Welck^ de ne pas se
déranger. L'envoyé de Brisach prit le parti d'attendre, à Séle-
stadt, le retour du messager. U s'était fait accompagner par le
quartier-maitre de la maréchaussée {CretitzreiUerf) ; l'un m
Tautre connaissait le greffier-syndic Jean Yogelbach; ils allèrent
lo saluer à la chancellerie, et, par la même occasion, ils loi
firent confidence de la mission dont ils étaient chaînés. Ce fiit le
greffier qui apprit à ces sous-ordres que les villes, ou du moins
la plupart, n'avaient pas pu se résoudre à venir à Sélestadt, et
que quelques-unes n'avaient même pas encore fait connaître les
di8iH)8itions où elles se trouvaient, ce qui leur donna sujet de
parler do l'affaire du grand bailliage et des usages qui s'ob8e^
Yuiont, lors de la présentation d'un nouveau grand bailli; il
insista sur h« difficultés qui causaient tous ces retards, le mode
do i>aiomont du tribut, la teneur des réversales proposées, qoi
(Kissiùont si>us silence et l'empereur et l'Empire, et protesta da
dôsir dt\$ vilUxs de trouver un aoconmKxlement qui mît lesdeox
)vartit>s d'acivnl. U^ solution dépendait uniquement de S. A.
im(HMriaU\ k laquelle leis villes s'étaient adressées à plusiears
n>l\ri;^^, t> qui cv^uperait court à tout, ce aérait une cession
gt^n^^mlo dtxf^ dnnts que U maison d'Autriche tenait de TEmpirei
uiH> assignation qui. une fois pour ioates, autoriserait les villes à
l^v^H^ knir tribut k U France et une formnk ne varietur des
r^'Vx'TsaW tHi qM^^>n. Tant que tout cda n'aura pas été édairci
^u haut liou. il no ÊiUait pas en Tv>iilair aux villes, si elles ne se
U\$sau'ut t>A$ tkviiir : au point où Ton e& était, la moindre com-
)v\vu\$sK^i\ I<\;r att:Tvrait la di:«^Tàc9 de reHqwreiir, qui ne man-
^vh^rait {va$ vW l<H;r âi;r>^ exf>âer n^iéBKQt toiale oono6Bsk>n intfiOH
|Htsl;xx^. M. vie ivalhn,^:^ î*» laottra tosKài^ de h perplezilé oà »
lrv>^\ ax^t 'ff!^ \ ÙW <ei ^rttt vvst^innir^ kv nèpognanoe à se
ru FttlNCE EB ALSiCE iPHÈS U Pirx I
WESTPIULtB.
245
rendre Jt ce qae l'on exigeait d'elles. Il promit de feire part à qui
de droit tle ce qu'il venait d'apprendre et ajouta que, si le comte
d'Harcourl pouvait seulement conférer avec elles pendant une
heure, cela avancerait les affaires plus que trois ans de contesta-
tions. Après avoir vainement attendu le retour du messager, qui
ne revint qu'à trois heures, sans apporter de réponse ni même de
récépissé, Gallinger et son compagnon retournèrent à Brisach'.
Être convoquées par leur grand bailli et ne pas daigner se
«rendre à son appel, il n'était pas possible aux Dix villes de
!< manquer plus complètement aux égards qu'elles lui devaient.
■Essayèrent-elles du moins de se justifier de cette suprême incon-
;<Teiia&ce? On pourrait le supposer d'après la minute d'une lettre,
lisaiis date ai souscription, de la main de Salzmann, le greffîer-
liByndîc de Colmar. Ce n'est pas au nom de la Dècapole qu'elle a
été écrite; sans doute n'a-t-elle été signée que par Haguenau,
par Colmar et par Sélestadt; elle n'était destinée ni au comte
d'Harcourt ni à M. de Moirous; tout indique que c'est une
■réponse à la dernière mise en demeure de l'auditeur général
Welcker. Quoi qu'il en soit, malgré certaines répétitions, elle ne
fait pas double emploi avec les premiers mémoires relatifs à la
reconnaissance du grand bailli, et, à ce titre, elle vaut la peine
d'être analysée'.
En commençant, les signataires protestent qu'ils n'entendent
en aucune façon discuter les droits dont S, M. très chrétienne a
investi le comte d'Harcourt, en tant qu'ils se maintiennent dans
les termes du traité de paix et que l'immédiatetè garantie aux
Dix villes le comporte; tout au contraire, ils se félicitent de ce
<qu'un si grand prince soit chargé de leur continuer, au nom de
■la France, la protection dont la Dècapole a joui pendant de nom-
'ibreusea années. Ils font observer cependant que, particulièrement
ïdans le dernier projet de rèversales, S. A., pas plus que M. de
Moirous, ne tient compte de la distinction établie par l'instru-
iment entre le grand bailliage et les Dix villes, parce qu'il n'a
pas égard au § Tertio imperator, où la préfecture de Hague-
■iiiau et la Dècapole sont confondues avec les possessions autri-
lichiennes cédées à la France, ni aux restrictions du g Teneatur
IRex, où la cession est expressément réduite aux droits utiles de
246 X. HOSSKAllIf.
la maison d'Autriche, à savoir, d'une part, le grand
avec les villages qui en dépendent, la justice haute et basse, les
rentes, redevances et autres produits, tels qu'ils lui avaient ëk
engagés par l'Empire ; de l'autre, non les villes immédiates pro-
prement dites , mais le droit de protection que le grand bailli
exerçait sur elles, & l'exclusion de toute supériorité, ainsi qu'en
font foi les anciennes réversales dont elles sont nanties. Alors
que le grand bailliage était entre les mains soit des ardiiducs,
soit des électeurs palatins, le titulaire était tenu de se présenter
en personne aux villes, corps absolument distinct du grand bail-
liage, à moins qu'il n'en eût reçu dispense, et il prêtait et rece-
vait le serment réciproque usité, en s'obligea nt à ne pas porter
préjudice aux villes dans l'exercice de ses fonctions. ComiDe
aucune de ces formalités n'a encore été remplie et qu'il serait
compromettant pour les villes de se prêter, sans l'aveu de l'em-
pereur, à quoi que ce soit qui pût porter atteinte & leur oonditioD
d'états de l'Empire, telle qu'elle résulte & la fois du traité et de la
déclaration des états, elles se plaisent à croire que le comte
d'Harcourt ne leur saura pas mauvais gré si elles prennent tontes
leurs précautions pour sauvegarder leurs franchises, inmiédiat»-
tés et bonnes coutumes. Comme l'affaire intéresse d'aiUeors la
Décapole entière, rien ne pourra se faire tant que toutes les villes
ne seront pas d'accord. Une fois qu'on se sera entendu, S. A.
pourra compter qu'elles s'acquitteront avec respect de toutes ks
prestations qu'elles lui doivent.
C'était encore une de ces promesses dont les villes avaient éli
si prodigues ; mais, venant après l'engagement qu'elles avaieot
pris de se prononcer définitivement après la diète de Worms, ce
n'en était pas moins une fin de non-recevoir, une quasi-mptore
qui aurait justifié toutes les sévérités. Mais, tout gouverneur de
Brisa ch qu'il était, le comte d'Harcourt n'était sans doute pas en
mesure d'agir, ou plutôt l'état d'impuissance où la Fronde rédui-
sait le gouvernement amoindrissait son autorité. Aussi, l'audi^
teur général ne se départit-il pas dans sa réponse d'une certain^
mesure dans la forme, sans transiger toutefois sur le fond. < J'^
rendu compte au prince de mon mieux, » écrivit^il, le 28 novembre
& Sélestadt*, « des résolutions dont vous m'avez fait part; S. -^'
m'a marqué tout son ressentiment de ce procédé, qui l'offense'
1. Archives de Colmar, ibid.
MELANGES ET DOCUMENTS
OBSERVATIONS CRITIQUES
SUR LES ÉCONOMIES JtOYALES".
EN DE BETHUNE, BARON DE H08NY.
avons eu l'occasion, en écrivant l'histoire de Gabrielte d'E»-
convaincre à maintes reprises l'auteur des Économies
roi/aUs, non seulement d'inexactitude, mais d'altération volontaire
de la vérité, de falsification et de fabrication de documents. Déjà
JS. de Kermaingant, en étudiant les relations diplomatiques de
Henri iV avec TAngleterre, M. H. Ritter. en examinant le fameux
projet d'une république chrétienne, M. Jung, M. Loiseleur avaient
été amenés à formuler des jugements sévères sur la véracité de
Sully. D nous a semblé intéressant de soumettre les Économies k un
caamen méthodique pour fixer d'une manière plus complète et plus
sûre le jugement que la critique doit porter sur l'œuvre tout entière.
Nous pensons que les lecteurs delà Revve historique trouveront inté-
rêt à lire quelques-uns des chapitres de notre enquête. Nous croyons
flue les Économies royales de Sully n'ont pas eu pour but de glorifier
Âenri IV. La façon dont elles sont rédigées, le peu de souci qu'elles
témoignent pour la gloire du roi nous laissent croire que la glonflca-
Kon de Sully a elé le souci véritable de l'auteur des Économies. Nous
tsa trouvons la preuve dans le soin particulier et dans l'esprit qui
>nt présidé à la rédaction d'un livre qui a paru en France à la même
époque que les Économies. Noua voulons parler de V Uistoire généa-
iogiqve de la maison de Bélhune.
En 403», le dernier septembre, André Duchesne, historiographe
3u roi, publia à Paria, en un volume in-folio fort compact, l'Histoire
ie la maison de Béthune. Il contenait 575 pages de généalogie et de
1. Mons |iTiblion9 îci qnelqnes fragments inacheré» de noire regreUé collabo-
it«ur. tl n'a pas pn len revoir ni les corriger, ^ou5 «erioas heureux qne
d'ulrn MTSDts coalinuuesent le même examen crilique.
248 X. HOSSHAim.
s. M., qu*une résolution définitive ne peut plus guère se faire
attendre, elles ne voient pas qu'elles se soient comportées autrement
que leur honneur l'exige, ni que leurs mandataires aient manqué
de droiture. Mais, si l'on peut s'entendre sur les termes des réver-
sales, il ne &ut pas oublier que rien n'est &it quant au tribut à
l'Empire; c'est une question & part, la plus controversable de
toutes, que, des deux côtés, on a reconnu ne pouvoir être tran-
chée, sans dommage pour les villes, que si l'empereur les déchar-
geait de payer cet impôt au fisc impérial, au moyen soit d'une
quittance générale, soit d'une assignation en règle au profit du
grandbailli. Enfin, on protesta derechef qu'on n'avait jamais ea la
pensée de chicaner le roi sur les droits qui lui revenaient; on
exprima l'espoir que, quand on était si près de s'entendre, S. A.
voudra bien ne pas rendre les villes responsables de retards qui
ne sont pas de leur fait, et que, de son côté, l'auditeur général
n'incriminera plus la conduite de leurs députés. Cette lettre, signée
des Dix villes, fut envoyée à Welcker sous la date du 10 décembre^
Deux jours après, le 12*, elles écrivirent à leur agent à Vienne,
Jean Graass, en lui envoyant en même temps une nouvelle sup-
plique à l'empereur. Dans leur dépêche à Graass, elles rendaient
compte de la pression dont elles étaient l'objet depuis l'arrivée du
comte d'Harcourt, lequel, en prenant possession du grand bail-
liage, prétendait passer outre à la présentation et à la prestation
des serments, ne délivrer que des réversales illusoires et se faire
payer le tribut à l'Empire sans autre forme de procès. De tout
cela on a fait part & S. M., le 6/16 septembre, sans que, jusqa'id,
l'approche de la diète qu'elle a convoquée à Ratisbonne loi ait
laissé le loisir de se prononcer ; mais aujourd'hui que MM. les
Français menacent de se passer du concours des villes, il faut
coûte que coûte obtenir de l'empereur qu'il décide de ce qu'elles
doivent faire. A cet eflet on chargeait Graass de remettre à S. M.
une quatrième requête pour lui rappeler la situation critique ci
l'on se trouvait. Le mémoire était encore plus pressant que la
lettre ; il exposait à Ferdinand III qu'il n'était plus possible, avec
le comte d'Harcourt, de gagner du temps en alléguant qu'on
attendait des ordres, quand le gouvernement impérial marquait
si peu d'empressement à les donner ; que S! A. conunençait à trou-
1. Archives de Golmar, ibid.
2. Ibid.
LA FRANCE EN ALSACE APRftS LA PAIX DE WB8TPHALIE. 249
ver injurieux, pour elle et pour le roi très chrétien, les moyens
dilatoires qui mettaient obstacle & Texercice des droits que son
maître tenait du traité de paix ; que les villes pouvaient à la rigueur
dispenser leur grand bailli de se faire reconnaître en personne et
renoncer & son serment, s'il les tenait quittes du leur, mais qu'elles
ne pouvaient passer outre à la prétention des droits qui leur com-
pétaient comme états de l'Empire, et au paiement des contribu-
tions qu'elles doivent à S. M. et non à leur grand bailli. Mais,
quelque fondées qu'elles fussent à maintenir leur attitude sur ces
deux points, il était à craindre qu'à la suite du revirement qui
venait de se produire dans les affaires en France, le gouvernement
ne tentât un coup de force qui pourrait être dommageable aux
Dix villes, dont plusieurs seraient hors d'état de résister. Aussi
espéraient-elles que S. M. ne les laissera pas plus longtemps dans
cette incertitude et voudra bien se prononcer conformément &
leurs voeux et à leurs intérêts.
X. MOSSMANN.
{Sera continué. )
278 wtLimES ET DOCUMBRTS.
Sur ce chapitre des grandes lerres et des seigneuries si importantes
des Rosny, nous serons bref, car tout se borne à la tore de Rosoy
qui composait tout le patrimoine de sa famille. C'était, quoi qull a
dise, une terre peu étendue, d^un fort petit revenu, comme nous l'ap-
prend Marbault.
Cette terre de Rosny fût possédée successivement par diierses
Ikmilles seigneuriales ; un mariage l'apporta à la maison de Bétfanne.
Hais l'ancien ministre de Henri IV fut tenté de se fidre attribcur
comme ancêtres ou au moins de rattacher à sa fkmille tous les Roenj
illustres qui avaient occupé tour à tour cette terre. Ainsi il M rap-
peler par Duchesne qulde de Rosny fût mariée à Jean Ui, comte de
Dreui, seigneur de Hontpensier, prince du sang royal. C^était une
idée fixe de Sully de se rattacher à la maison royale, et, dans les
Éeonomiei roycUes, il mettra dans la bouche du roi des paroles sor
lesquelles il voulait fonder ses prétentions.
La terre de Sully Ait acquise par le ministre de Henri IV vers 1612,
et, un peu plus tard, en février 4606, Henri IV Térigeaen duché-
pairie, pour reconnaître les services rendus par le marquis de Rosny.
Le nouveau duc de Sully se cherchera des ancêtres dans les ftmilles
qui avaient autrefois occupé cette terre, et cela contre toute vraisem-
blance, n fait écrire par Duchesne : c Par une heureuse rencontre,
le duc de Sully se trouve être issu de la race des anciens seigneure
qui ont possédé autrefois avec tant de renom cette terre de Sully.
Étant véritable qu'Anne de Helun, dame de Rosny, son ayeule, des-
cendait d'Adam, vicomte de Helun, et de Jeanne de Sully son épouse,
laquelle était sœur de Henry, seigneur de Sully, grand bouteiller de
France. » Pourquoi le nouveau duc tenait-il tant à se rattacher aux
anciens seigneurs ? C'est que l'un d'entre eux, Jean, avait épousé
Harguerite de Bourbon, et ainsi un lien nouveau aurait attaché le
ministre à la famille royale. Concluons en disant qu'il n^a jamais
existé une parenté quelconque entre le Sully des Économies royaim
et les Sully d'autrefois, quoi qu^ait pu faussement dire le surinten-
dant et comme ne l'a jamais dit Henri IV.
Pour la famille même de Béthune, le duc de Sully et Duchesne
se sont rendus coupables de singulières exagérations. Selon eux,
la grandeur des seigneurs de cette maison a paru aux grands
sceaux où ils se sont fait représenter à cheval, tenant Tépée nue
d'une main et Técu de leurs armes de l'autre. Ils étaient barons,
chevaliers, baronnets et figuraient parmi les plus grands du royaume.
On peut aussi rappeler la formule : c Par la grâce de Dieu, » dont ils
ont usé dans leurs chartes à l'imitation des rois, et ajouter encore
qu'ils ont battu monnaie particulière en leurs noms.
OfiSESTlTIOSS CBITIQUES SDQ LES » ÉC0II0)nE3 AOIILBS ". 279
Nous devons reconnaître «pie ces marciues répétées de puissance
inspirent quelque dénance. Tous ces grands seigneurs de la maison
de Béthune auraient brillé déjà vers l'an looo. Or, Clémence de
Béthone, chAtelaine de Bourbourg, et Mahaut de Houdain vécurent
seulement vers J248. L'intervalle qui sépare ces personnages hislo-
riques et les premiers Bélhune légendaires est comblé par des noms
empruntés à l'histoire de la maison de Gand, de la maison de Coucy
et de la maison de Guines. Aux anciens Bélhune, Duchesne attribue
du reste des descendances illustres. DeJeannede Béthune, vicomtesse
de Meaux, seraient issues les maisons de Montferrat. de Saluées, de
(i'ernire, de Modène, la maison d'Esté, celle de Guines, etc. Une fille
de la maison de Béthune épousa, en 1383, Jean de Roye, seigneur
d'Aunoy. On rencontre dans sa postérité iesSolssons, lesCondé,
les Larochefoucauld, les Hosny, les Créquy. Voir aussi la postérité
de Jeanne de Béthune, comtesse de Marie, vicomtesse de Meaux, et
plus loin encore la maison de Luxembourg.
Avec Jean de Béthune, liaron de Baye, Alpin, baron de Baye et de
lUreuil, nous sorlonsenfin des suppositions généalogiques de Béthune.
Les documents cités deviennent certains et faciles à contrôler. Aussi
sommes- nous obligé de reconnaître que tous ces brillants seigneurs sont
devenus bien moins puissants, leurs parentés sont moins IriUanles,
les terres et les châteaux moins importants, et celle gloire éclatante
avec laquelle Itfaximilien de Béthune impose silence à ses contradio-
teurs, à ceux qui mettent en doute sa parenté avec les Carolingiens
et plus tard avec les Bourbons, finit par s'éclipser avec les années.
Au XT* siècle, à la veille de la gloire personnelle de Rosny, le lustre
de sa (hmille se ternit; il n'est plus question d'alliances royales, la
Iiranche de Rosny ne possède plus qu'un seul fier, la terre même de
Hosny. Le fter est même si petit qu'on ne peut le partager et qu'un
lot 86 compose de la maison et l'autre de forêts que l'on prétend
2i'ètre qu'un bois sans importance, quoi qu'en disent les Économies
TOtfalet, qui parlent avec aplomb des coupes de haute futaie que leur
maître y pratique. Alpin de Bélhune, baron de Baye et de Mareuil,
et sa femme Jcanne-Juvéneldos Ursins eurent pour flis et successeur
Jean de Béthune, seigneur el baron de Rosny. qui épousa, des qu'il fut
majeur, Anne de Melun, fille de Hugues de Melun, vicomte de Melun,
etc., etc., el de Jeanne de llornes son épouse. Elle était issue de
plusieurs princes et princesses des maisons royales de France, d'An-
gleterre, de Castille, etc.. etc., et sa généalogie reproduite par l'his-
toire de la maison de Bélhune, publiée par les soins de Maximilien de
Béthune, témoigne de l'excellence de sa noble et glorieuse extraction.
Le mariage fut célébré en 1529, les nouveaux époux prirent pos-
252 P.-T. FBElBlfS.
Imprimé par indiscrétion et malgré son autour, le mémoire
révêque de Langres ne tarda pas à disparaître de la circulatbn
Il n'en est plus fait mention au xYu" siècle, quand Theure ^
cette crise est passée, et le xvin^ parait bien ne TaToir pas connu.
Les historiens qu'eut alors Port-Royal sont peu disposés à y
regarder de près : un d'eux ne craint pas d'affirmer que, dans
leurs réponses au prélat, la mère Angélique et Antoine Le Maistm
n'ont pas en -vue le même mémoire. Ils supposent donc qu'il 7
en eut deux, ce qui prouve qu'ils n'ont point eu sous les yeox k
seul dont l'existence puisse être affirmée. De plus, ils ont fort niai
lu les réponses dont ils parlent, car il suffisait de les rapprodier
pour se conyaincre qu'elles rétorquent les mêmes ass^ons,
presque dans le même ordre, c'est-à-dire sauf les inévitables
échappées du caprice féminin.
Évidemment je n'ai pas de plus impérieux devoir que de livrer
à l'impression la pièce manuscrite dont l'heureuse rencontre m'a
mis la plume à la main : il faut bien diminuer dans l'avenir les
chances que ce document pourrait avoir de disparaître à nouveau;
mais il me semble que je dois en outre et auparavant produire
dans leur vérité et leur variété les incidents qui y donnèrent occa-
sion, qui le conunentent et en quelque sorte l'expliquent, non
sans recevoir de lui une utile lumière.
I.
Trois personnages figurent au premier plan dans ce petit drame
de la vie religieuse : Sébastien Zamet, duc-évêque de Langres;
la mère Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal ; l'abbé de
Saint-Cyran, directeur spirituel du célèbre monastère. A propre
ment parler, ce drame n'est qu'un duel où Zamet a pour adYe^
saire Angélique, soutenue, poussée peut-être par Saint-Cyran,
qui reste dans la coulisse.
Le premier des trois qui paraît sur la scène, c'est Angélique.
D'elle nous ne rappellerons que ce qui est le plus propre à mfl^
quer le trait distinctif de son caractère, de ce caractère qui eut
une si grande part dans les péripéties et dans le dénouement. La
fille du célèbre avocat Arnauld fut toujours extrême dans ses sen-
timents comme dans ses pensées, et les événements mêmes de sou
existence la mirent plus d'une fois, sans qu'il y eût de son faitf
t UNE FACE inCOHPLËTE DE l'H[STOISE DR rOBT-ROTlL, 253
B de la juste et commune mesure. S'il n'était pas rare en ces
ips-1& qu'on entrât au couvent dès le bas âge, il était rare
une fillette de sept ans et demi fût nommée coadjutrice d'une
ille abbesse et envoyée, pour se former à la vertu, dans ce
iQastère de Maubuisson, scandaleux dès le règne de saint Louis
dont les désordres, renouvelés par les faiblesses d'Henri IV,
Payaient les conversations entre Poissy et Pontoise, Ses bulles
nstitution lui ayant été assez justement refusées par la cour de
me, elle apprenait qu'on pouvait tout faire par désir du suc-
I, même prendre le nom d'autrui, même ajouter dix années à
je tenu pour insuffisant : audacieuses entorses à la vérité,
heva exemples donnés à sa fille par un père honoré de tous,
pii, dans un retentissant plaidoyer, avait si rudement mal-
né les Jésuites.
Devenir abbesse en titre à Port-Royal dans l'année même où
ï faisait sa première communion, subir pour confesseurs et
ecteurs des Bernardins accrédités dans la maison, qui n'enten-
ent pas le Pater, qui passaient leur temps à la chasse, qui ne
ichaient plus qu'aux professions, qui ne recommandaient plus
wmmunion qu'une fois par mois et aux grandes fêtes, quand
s ne tombaient pas en temps de carnaval et de mascarades',
e était la destinée d'Angélique grandissante, telle l'école où
levaient façonner sou caractère et son esprit. Il y a des natures
' lesquelles tout glisse ; elle n'était point de ces natures-là. De
le ardente et passionnée, elle ne le cédait en ardeur et en pas-
Q ni à sa charmante sœur Marie-Glaire, dont nous verrons
13 bas s'accuser les affections tenaces, ni à celui de ses frères
) Boileau appelle « le grand Ârnauld, » et que Jurieu qualifie
l'esprit violent et immodéré*. »
5a crise de jeunesse fut donc assez vive. Les historiens da Porl-
yal nous la montrent alors peu scrupuleuse pour la récitation
bréviaire, donnant sa préférence aux romans, sans préjudice
I plaisirs du dedans et du dehors^. Et ils ne parlent que d'après
a eoniinencemeiits ie la mère Angélique, Saiale-BeuTe, Part-
•al, t- I, p. 88, 1. I. cil, 1.
. Ibld , t. V, p. 161. I. Ti. ch. 4.
. HiitoiTF de t'abbaye de PoH-Royal par l'abbé Besoigoe (ananfine), doc-
r de Sorbonne, un des ippclanls de la bullo nnigeailtu, ce qal lui tatut ua
I dont il reviot. Il a publié plusieurs ouvrages de plÈlé asseï secs. Cologne,
i, 6 TDl. in-l^ T. t, p. 6, 9. Dibl. aat., L>d. 96.
254 P.-T. PBEKERS.
elle : < Ayançant en Age, a-t-elle écrit, j'avançois en maliee,
« car je ne pouvois plus souffrir la religion, que je n avois jamais
« regardée que comme un joug insupportable Je menoisiue
< vie toute païenne et profane Je me jNnoposois que, quand je
< serois vieille, je ferois pénitence. En attendant, je me licentiois
« et m'allois promener chez de nos yoisins avec une ou deox
€ religieuses, et on commençoit aussi à me visit^^. » Les diTO^
tissements sous le voile ne lui suffisant pas, elle ne songeait à
rien moins, en son âge de quinze ans, qu'à retourner au moDds
sans en avertir son père ni sa mère, et à « se marier qudqoe
« part, » c'est elle-même encore qui nous le déclare '.
Du jour au lendemain, pourtant, ses idées changent sur œ
sujet, car de transitions il ne peut être question avec son hameor
primesautière et impétueuse. Qu'est^il donc survenu? Elle est
tombée gravement malade, elle a dû être ramenée à la maiBon
paternelle. Là, quoique « toutes les nouvelles de Paris et delà
« cour se débitassent auprès de son lit, » elle est si vivement tou-
chée des soins de ses parents qu'elle n'a plus le courage de ko
1. Relations écrites par la mère Marie-Àngélique Amauld decêq^Uest arriti
de pltu considérable dans Port-Ropal, p. U. 1 toI. in-12, sans liea, 1716. BibL
nat., L*d. 81. Sainte-Beaye n'a pas eu ce précieux yolnme sons les yeni. SU
a connu une partie de ce qui y est conteno, c'est que les écrivains de Port-
Royal se répètent et se reproduisent beaucoup; mais des parties fort impor-
tantes lui ont échappé. L'ouyrage dont il s'est le plus serri est inUtalé :
Mémoires pour servir à Vhistoire de Port-Royal et à la vie de la Révére»éi
mère Angéliqtie de Sainte-Magdelaine Amauld, réformatrice de ce monasièrt'
3 Tol. in-12. Utrecht, 1741 Bibl. de l'InsUtut, T 153i>; Bibl. Sainte-Genefièfe,
H 963, 6-8. Il y renvoie très souvent* mais en se bornant à indiquer le tooe
et la page, sans distinguer par leur Utre les différentes relations dont ces
volumes se composent. Celle à laquelle je renvoie ici est la seconde du tome I*
Elle est intitulée : Relation de ce qui s'est passé de plus conMdéràtU à Part'
Royal depuis l'établissement de la réforme jusqu'en 1638, par la mère Mtris-
Angélique de Sainte-Magdelaine Arnauld^ et commence à la p. 262 du premiir
volume. Voy., pour le passage cité, à la p. 268. Il est à remarquer qu'on a repro-
duit dans divers recueils les relations d'Angélique, mais pas toujours snt
exactitude. On fait volontiers des suppressions. Le texte du volume inlitil^
Relations, etc., parait bien être le vrai texte, comme le plus étendu. La pre-
mière relation du tome I*' porte ce titre : Relation ou histoire suivie de la vie i^
la mère Marie-Angélique Amauld, depuis son entrée à Port-Royal des Ckamp
jusqu'à l'établissement de Port-Royal de Paris, avec une chronologie p^
indique ce qui est arrivé jusqu'à sa mort, par la mère Marie-Angélique es
Saint-Jean Amauld, nièce de la première Angélique. Selon l'abbé Goaje^ c'est
Angélique de SainiJean qni a dressé le recueil des relations contenues es eai
trois volumes.
2. Mémoires pour servir à l'hUtoire de PorP-Royal, 1. 1, p. 268.
! INCOMPLETE CE L'aiSTOlBE DB POBT-KOTIL.
2S5
tffliger en jetant le voile aux orties. Revenue à la santé, allé
entre doncà Port-Royal, maissansavolr renoncé complètement
i Satan et à ses pompes : elle avoue s'être fait faire en cachette
IQ corps de baleine pour paraître de plus belle taille ' . Le vieil
Bprit s'agite encore; on peut dire cependant que dès lors il est
raincu. La preuve en est qu'il suffit pour faire jaillir l'étincelle
lainte d'un capucin de mauvaises mœurs, girouette impudique,
[ui apostasia, puis revint au giron de l'Église', et de qui elle a
tarit elle-même qu'il « étoit extrêmement déréglé et qu'il avoit
■ fait de grandes sottises en des maisons religieuses ^. > L'esprit
louiEe où et quand il veut.
Angélique est désormais sur la grande roule des austérités à
>utraiice. Rester dans son monastère, sa crosse d'abbesse en
nain, c'est trop peu se mortifier. Elle voudrait se cacher dans
[uelque coin obscur où elle ne verrait plus personne, pas même
;es proches, où elle ne serait connue que de Dieu. Ayant renoncé,
jour des raisons que nous ne savons pas, à son projet de Thé-
laïde, elle s'immolera sur place autant que faire se peut, et elle
»ntraindra ses religieuses au degré d'immolation qu'elle se croit
lermis, elle réformera Port-Royal. Ses modèles seront les plus
ixigeants des chrétiens, ces Jansénistes qui, au xvn" siècle, s'in-
lignaîent qu'un jésuite fit prier publiquement pour un soldat
lérétique qu'on allait passer par les armes, et dont les descen-
iants, au iix°, voient dans cette opinion que les enfants morts
ans baptême ne sont pas damnés, non seulement une erreur,
nais encore une horreur^ Les deux capucins qu'elle consulte
lur ses projets de réforme ne parviennent pas à mettre d'accord
eurs conseils? la vodà qui, dans sa sévérité désolée, redouble de
igueurs contre elle-même, va prier la nuit dans un grenier, sa
lautérîse les bras avec de la cire brûlante, jusqu'à ce que, enfin,
on père plus sage la conjure de renoncer k ces pratiques sans
nesure ni raison. Et qu'on n'allègue pas qu'elle souffrait alors
le la fièvre quarte. La fièvre était en permanence dans ce vallon
narècageux de Port-Royal des Champs, dans ce monastère mal-
lain, aux cellules humides, à l'église basse et froide, où l'on des-
seodait, la nuit, pour les offices, s'ageaouiller sur les dalles. Or,
1. Relalltmi, elc, p. 13.
t. Bcsoigne, t. I, p. 13.
3. Mémoirei pour iereir, etc., I. I, p. 271, 272.
4. Voï. Salnle-Bente, Pori-Boyai, l. I?, p. Î2S, ÎÎ4, 1
284 mfLiNGBS ET DOGUMIIITS.
herse tomba et qu'un des habitants dit : Coupa lo rastelj ehe pnm
n'y a, lo Rey y es. Le roi fut ainsi pris au piège entre les matins qui
lui portaient Tarquebuse à la poitrine et la porte qui s^était refermée.
Heureusement que trois des gardes du roi de Navarre, qui étaieoi
entrés à pied, purent ouvrir une autre porte à ceux qui étaient demeo-
rés dehors et purent sauver le prince. Duplessis-Homay accompa-
gnait le roi ce jour-là et a laissé un récit tout différent de celui qui
a été inventé par Sully. Seul, il mérite confiance, car c*est un servi-
teur qui a bien connu cette afflaiire, qui a été un des juges de eeui
qui furent exécutés pour cet attentat et qui a assisté à toutes les
péripéties de la révolte.
Si on en croyait Sully, la herse enferma dans la ville en retombant
non pas le roi de Navarre et quatre compagnons, mais le roi et quinze
ou seize desdits compagnons. Tout le monde sVma dans la fille,
diverses troupes tombèrent à plusieurs reprises sur le prince et ceux
qui l'entouraient, le tocsin sonna furieusement, des cris retentirent
de tous côtés. Trois ou quatre des émeutiers criaient : c Tirez à cette
jupe d'écarlate, à ce panache blanc, car c'est le roi de Navarre. > Le
trouble commença à se mettre dans le peuple; du dehors on essayait
de rompre les portes ; plusieurs de cette populace se mirent à lutter
en sa faveur; bref, le roi et ses partisans remportèrent, ils pendirent
quelques habitants à la grande satisfaction des autres. D'après les
Économies j Rosny et son cousin M. de Béthune se conduisirent fail*
lamment. Rosny prétend avoir sauvé le roi, comme il le raconte tou-
jours en semblable occasion, et M. de Béthune se distingua tellement
qu'il fut nommé gouverneur d'Éauze.
Il parait malheureusement certain pour l'intérêt du récit que Rosny
n'était pas à Éauze el que son cousin H. de Béthune ne fut jamais
gouverneur d'Éauze, mais bien un sieur de Batz, auquel le roi de
Navarre écrivait quelques jours après cette lettre :
Monsieur de Batz, pour que je ne puis songer à ma ville d'Ëuse qa'il
ne me souvienne de vous, ni penser à vous qu'il ne me souvienne d'elle,
je me suis deslibéré vous establir mon gouverneur en icelle et pays
d'Ëusan. Adonc aussy me souviendra quand et quand d'y avoir un bien
seur amy et serviteur sur lequel me tiendray reposé de sa seureté et
conservation pour tout ce dont je vous ai bien voulu choisir. Mais d'ici
a ce qu'ayez receu certaines lettres et instructions, vous en allez en la
dite ville et y amenez assez de vos amis pour y estre le maistre et
empescher que l'on y remue. Dieu vous ait, Mons' de Batz, en sa
sainte garde.
Vostre aflfectionné amy,
{lettres missives, tome I, page 118.)
HBBTATIORS CBtTIQUES SVB LES " BCONOHIBS BOTALES i. 285
Ure do Hirande suil presque iinincdialement dans les Écono-
mies royales le roman raconté sur Éauze. Le récit de l'une et l'autre
afTaire est également ineiact. Rosny prétend que le roi de Navarre,
étant à Nérac, ■ eut advis qu'un gentilhomme catholique, qui lenoit
son parti, nommé Sainl-Cricq', s'étoit d'abord saisi de la ville de
Hirande, mais qu'ensuite il aroit été contraint de se retirer dans une
tour et portail proche des murailles, où il se résolvoit de se défendre,
attendant du secours qu'il lui prioit de lui donner promptement; à
quoj, désirant satisfaire, il partit aussitost el manda aux garnisons
voisines de le suivre et de se trouver à un certain rendez-vous qu'il
leur donna, auquel s'estant trouvé d'assez bonties troupes de cava-
lerie et d'inranlerie, il marcha ainsi droit à Mirande, mais il étoit
arrivé que sur l'alarme de la surprise de cette ville, tous les gens de
guerre catholiques du voisinage s'élant joltés dedans, ils attaquèrent
si furieusement et persévéramment ce portail, qu'avant l'arrivée du
roy de Navarre ils forcèrent Saint-Cricq et les siens et les firent tous
brûler dedans, n
Ce récit de Sully est encore démenti par l'histoire. Ce démenti est
formulé par un contemporain, Jean d'Andras de Samazan, qui écri-
vait, vers \6{5, sur le même sujet, et dont le travail a été édité en
^880 par MH. de Carsalade du Pont et Tamizey de Larroque. Ces
deux savants commentateurs réprouvent la version de Sully et
adoptent celle donnée par l'adversaire de M. de Saint-Cricq, qui ne
le i^it pas brûler dans le château de Mirande, mais qui le fait mou-
rir d'une balle de mousquet.
■ ■■ DESCLOZEinX.
^^Hi'{5«n] continu^,}
L tl H'agil ici de DaDiel de Saint-Cricq, lils cadet de TitnoUiée de Saint-
Cricq, capitaine de lansquenelB. La famitlo de Saint-Cricq est tue des plaa
258 P.«T. PBlâl98.
sentait de la £3ugae des jeanes années. Il semble même que, par
une imprévoyance difiScile à comprendre, on prit plaisir à échauf-
fer encore ces ardeurs intempérantes» en chargeant cette j^oie
fille d'introduire la réforme dans les maisons où le mal était le
plus grave, dans ce Maubnisson notamment, dont les désordra
s'étaient aggravés après la mort d'Henri lY . Les Ticis8itad€B de
cette direction orageuse sont connues : Tabbesse combattueenseB
desseins durant cinq années (1618-1623), chassée, ramenée d'of-
fice, outragée par les religieuses qu'elle contrariait, d^londoepar
les autres avec une ardeur qui allait jusqu'à insulter les opp(h
santés, jusqu'à leur arracher le voile de dessus la tête. Ce n'hait
pas un régime propre à calmer une nature impétueuse, à assou-
plir un caractère obstiné.
Si Angélique plie jamais, ce sera de son plein gré, par entraî-
nement, et, à vrai dire, le jour en est proche. De retour à Porlr
Royal, elle passera bientôt du premier plan au second, ou plutôt,
si c'est encore elle qui paraît et qui commande, elle ne fiadt plu
que servir de porte-voix à une volonté non moins forte, maisptns
réfléchie que la sienne, qui a conquis sa confiance, qui inspirera
désormais ses réformes et tous ses actes importants. L'abbé de
Saint-Cyran a mis un pied dans Port-Royal. Dès l'année IffîOi
à Poitiers, où il résidait alors, il avait connu Ârnauld d'Ândilly,
l'aîné des frères d'Angélique. Touché de la résolution que cell^
avait prise et effectuée d'amener de Maubuisson à Port-Rojal
trente jeunes filles qu'on ne voulait plus dans ce monastère de
perdition, parce qu'elles étaient sans dot, il lui écrit, quoique
non connu d'elle, une lettre de félicitations. D'où un commerce
de missives, puis, à partir de 16S3, de visites. Dix années encore,
ces rapports directs seront rares : l'abbesse aurait bien voaln
prier Saint-Gyran de prendre, à Pori-Royal, la direction des
personnes ; elle n'osait, tant elle se faisait de lui une haute idée^
Il ne deviendra directeur qu'en 1635, ce qui ne prouve pas qa*il
eût beaucoup désiré l'être : son ambition, disait-il, était pbtf
grande que celle de M. le cardinal, parce qu'il prétendait à no
royaume plus grand que la monarchie du monde. Mais, avant
d'imposer, à titre officiel, la doctrine qui lui est propre, il rios-
nue par le moyen d'Angélique, pour qui le bien n'est plus (jp^
ce qu'il conseille, d'Angélique devenue conune l'argile entre ses
fortes mains.
l. Bcsolgiie, t I, p. IÎ2, 123.
t DNK PIGE ItCOMFLETB DE I. HISTOIHE DE POHT-ltnTAt.. 250
En i623 et pendant treize années encore, l'abbé de Salnt-
Cyran se fait modeste et petit; il tisse lentement sa trame; il
noue 3&DS empressement sensible des relations plus ou moins
■aivies, plus ou moins intimes, avec les principanx membres du
monde ecclésiastique. U parvient si avant dans les bonnes grâces
de Richelieu que Richelieu, après lui avoir inutilement proposé,
AD 1615, le poste de premier aumônier auprès d'Henriette de
France, dont on préparait le mariage en Angleterre, lui offrait
«accessivement cioq évêchés cl même plus. A chaque ofire
nouvelle, Saint-Cyran venait remercier, et le cardinal, ne lui
pouvant faire accepter la mitre, le payait en compliments. On
rapporte que, le reconduisant un jour, il lui frappait sur l'épaule
et disait à ses courtisans : « Messieurs, vous voyez là le plus
« savant homme de l'Europe' I »
C'est moins par sa science que par son caractère qu'il exerça
une action si puissante sur un groupe d'hommes et de femmes
tous fort loin d'être les premiers venus. Phénomène incontestable,
et qui toutefois nous surprend encore, près de trois siècles écou-
las, M, de Saint-Cyran manquait des agréments qui attirent : il
était réservé, taciturne, sans galté, même quand il plaisantait.
Bans rien de moelleux; il avait une sorte de lenteur et de froideur
peut-être voulues. Mais son ardeur tournée en dedans, dît Sainte-
Beuve, n'en avait que plus de fond et d'énergie, Les rapports
qu'il nouait avec les gens devenaient vite une véritable prise de
possession. Rien n'est curieux comme de voir ses fidèles, quand
ils sont attaqués en même temps que lui, bien moins attentife à
se défendre eux-mêmes ou leurs autres amis qu'à défendre ce
père spirituel dont la pensée est toujours présente à leureeprit,
dont le nom revient toujours sur leurs lèvres, D n'eu sera pas de
même avec la génération suivante, qui, faute de l'avoir connu
personnellement, n'aura pas subi le charme mystérieux ou la fas-
cinante attraction. Pour Nicole, il a été une terre capable de por^
ter beaucoup, mais féconde en ronces et en épines, un homme
quelque peu bizarre et particulier en doctrine plutôt que grand*.
A distance, on ne pcaivait qu'être défiant d'un prêtre catholique
qui, par plus d'un point, touchait au calvinisme, et qui « avait des
« idées de réforme vive et radicale, et une haute ambition de régé-
1. Baiat«-Deafe, Port-Royal, l. I, p. 315, I. i, ch. U.
2. iW , I. 1, p. 28UÏ9â, 304, 31S, I. i, ch. Il : I. IV, p. 306, I. ^
260 F.-T. PK11BSI&
« nérer le christianisme, en le retrempant à la source des pères*. »
Sur ce personnage, sans pareil peut-être dans ce temps qui M
pouvait seul donner naissance, nous n'en dirons pas davantage
pour rheure. Son portrait a été définitivement tracé ; il est de
ceux qu'on ne re&it pas. Tout le monde sait que ce lointain
ancêtre de nos doctrinaires était, non pas un roseau peint en fer,
mais une barre de fer pointue, pénétrante, et douée de moav^
ment, comme pour augmenter sa force de pénétration. S'il a pan
nécessaire d'insister sur un trait particulier du caractère d'Angé-
lique, c'est qu'on n'avait pas fait ressortir sufiSsamment jusqu'ici
ce que ce caractère avait d'excessif, et que dans ce qu'il avait
d'excessif est pour une assez grande part l'explication des
mal connus que nous aurons à exposer.
n.
Mais nous devons auparavant présenter aux lecteurs le troi-
sième des personnages essentiels dans notre petit drame de coa-
vent, celui des trois que notre xdl* siècle est le plus en droit
d'ignorer. Si M. Zamet, quoiqu'il porte un nom fameux, quoi-
qu'il ait été évêque de Langres, duc et pair de France, dort
depuis deux cent cinquante ans et plus dans une obscurité pro-
fonde, la faute en est d'abord à lui, qui a voulu s'envelopper
d'ombre et de silence ; ensuite aux historiens de Port-Royal, qai,
par suite de sa résolution, se sont trouvés porter seuls la parole
devant la postérité; enfin à Sainte-Beuve, qui les remplace
auprès de nous grâce au prestige du talent, et trop disposé à les
suivre pour se demander s'ils observent, envers cet adversaire de
leurs clients, le devoir de l'impartialité. Peu propres comme ils
le sont à animer les choses dont ils parlent, ils ont rendu œtle
période incolore et insipide au point que notre curieux et subtil
critique s'en est détourné avec dédain et s'est résigné, contre son
ordinaire, à n'entendre qu'une cloche et qu'un son. Il ne parait
pas avoir même cherché s'il existait ou non une biographie de
M. Zamet, évêque de Langres. Moreri, Papillon le lui auraient
appris, s'il avait eu l'idée de les consulter sur ce point. Il y aurait
même vu que l'auteur de cette biographie avait le mérite, précieux
l. Sainte-Beuve, Porl-itofoi, t. IV, p. SIS, l. t, ch. 7.
l C?fE PIGE IXCOHFLETK DE L niSTOtfiE RE POBT-EOTAL. 261
tena l'espèce, d'être nnn pas un Jésuite, c'eat-à-dira un ennemi
de Port-Royal, mais un Oratorien, c'est-à-dire un ami.
Le P. Edme Bernard Bourrée', fils d'un avocat de Dijon (1652-
11722), trouvait le loisir, eutre les coofessions, prédications et
conférences théologiques dont il vivait occupé, de publier qua-
rante volumes ', parmi lesquels il en est un qui, au douzième cba-
jpitre de sa troisième partie, contient un Abrégé de la vie de
'Messire Sébastien Zamet. évêque de Langres, duc et pair
*d€ France". L'ordre religieux où il était entré n'avait que d'ex-
Ivellents rapporta avec Port-Royal, k peine de fondation plus
irécente. Sainl-Cyran entretenait à l'Oratoired'étroiles relations,
'Hotatnment avec le P. de BéruUe, fondateur de l'ordre; il lui
'Tendait des services, sollicitait pour tel de ses livres l'approbation
de Jansénius, et Jausénius la donnait de confiance ■ en vue des
•« secours qu'on pouvait tirer des Pères de l'Oratoire, » et il prenait
parti pour eux dans leur querelle contre les Carmes pour la con-
duite des Carmélites^ Nous avons donc les meilleures raisons de
tenir le P. Bourrée pour impartial, car il est ami de Port-Royal
-comme de Zamet, et, dans son désir de ne point prendre parti
«ntre eux, il garde un silence absolu sur leur querelle, seul
jnoyen pratique de mener à bonne fin cette opération de politique
courante qu'on appelle ménager la chèvre et le chou. Si l'on
«joute qu'il nous fournit des détails qu'on chercherait vainement
ailleurs, on avouera qu'il était fâcheux pour Saintft-Beuve de
retracer, sans le secours de cet ouvrage, l'histoire d'une période
qu'il appelle lui-même « la période de M. Zamet. «
Sébastien Zamet, « M. Zamet, > comme l'appelle toujours son
tiograpbe, était le second fils du financier de ce nom et de ce pré-
nom qui, fila lui-même d'un cordonnier, étant venu avec Cathe-
1. On écrit aussi Bourée et Bourré [le P. LeloDg] ; mais Moreri el Papillon
dniveDl être soiiis de préférence, ce dernier auriout. \oj. Bibliothèque de»
nleuri de Bourgogne, I. I, p. 9Q. Dijon, 1743, in-fol. [Bibl. nat-, Invealiire,
QVO.)
2. Horeri el Papillon donnent la litle des ouTragea dii P. Bourrée.
3. Vie de M" dt Courceile dt Pourlan, dernière abbfsse titulaire et réfor-
Matrieede iabbage de Tart. Lyon, 1699, in-S-. Bibl. nat., L^'n. aoil, cl Bibl.
II«urloe, n' 50199. L'exemplaire de la Bibl. nat. contient les porlruils gravés
fU H** de Courceile et de H. Zamet. La vie de celui-ci coramence à la p. 397
■ D'en a pas moins de 100. L'outrage tout entier est anonyme ; maïs A la marge
fe la première paf;e se trouvent ces mois à la main : par le P. Bourée, attrl-
jbDlion que conUrmenl d'ailleurs Horeri et Papillon.
K. Voj. Sainte-Beuve, Port-Royat, 1. !, p. 313, I. t, ch. 11.
262 F.-T. PEUIHl.
rine de Médicis en France, j avait dMenn d'^mri III ek surtout
d*Henri lY une amitié intéressée : Henri IV, en particulier,
payait cet Italien de ses repas fins et de ses complaisances immo-
rales en rappelant « mon compère et nu>n cousin d'argent, > 6d
lui permettant surtout de « &ire ses besognes, » pour emjkijv
l'expression de Comm jnes. Les deux fils d'un td père rougis-
saient-ils de lui? Ce qui est positif, c'est qu'ils ne lui ressem-
blaient guère. L'aîné, Jean, baron de Murât et de Billj, Im
succédait dans ses charges, mais^se distinguait par sa piété comae
par sa bravoure, qui lui coûtait la vie au siège de Monlpdlier
(1620). Le cadet, S^stien, « valait beaucoup moins en son
« genre, » dit cavalièrement Sainte-Beuve S écho aggravé de
Dom Clémencet, qui, s'il voit en lui un « esprit très variaUeet
« fort borné, > ajoute du moins qu'il était plein de bonnes inten-
tions'. Pour le P. Bourrée, « il a rempli l'image d'un par&dt
« évêque ; » il fut un « incomparable évêque ; » après sa mort,
on l'appela < le grand évêque^. »
Sortons de ces généralités, quoiqu'elles aient leur prix qaand
c'est la postérité qui parle. M. Zamet, « ricbonent partagé de
« tous les biens du corps et de l'esprit, avoit le génie naturelle
< ment beau ; il fit dans son bas ftge un progrès surprenant dans
« les lettres et dans les sciences. » Ainsi parle, en panégyriste, on
écrivain qui a des habitudes de panégyriste^. La vérité est pro-
bablement entre deux : un honnête homme qui n'avait point un
génie extraordinaire. Je dois dire cependant que son portrait en
pied, qu on voit en tète de sa vie par Bourrée, nous présente, s'il
y faut ajouter foi, une physionomie jeune, régulière, dcmoe,
aimable, et que les seules pages qu'il nous ait été donné délire
de lui, — on les verra plus loin, -* nous le montrent écriTais
plus sobre et plus nerveux qu'on n'avait accoutumé de l'être à
Port-Royal.
Ses adversaires de Port-Royal signalent à l'envi les dérègle-
ments de ses jeunes années, qu'il pleura plus tard, nous disent-
ils, et dont il avait horreur^. Gomme nous savons quel avait été
1. PoH^Boffi, 1. 1, p. 3Î9, I. I, eh. lî,
2. BisMre d% Pwi-RoM, t I, p. U4.
S. Vie He M. Zmmif, p. S97, 400, 491.
4. /Mtt, p. 403, 411. U P. Bourrée a pàbUëes iTK dm^ ^otanes iilHiiéi:
Pant9i/riqvfs des principaux «riiiU, el, m 1707, JVèMWMUP pmm^9 ht m*
5. IVwi Cl^niMicrt, Biit. d$ Fori^Êokd, X. 1, p. 141.
t UNE PAGE I?(CI)lirLfeTB DE l'hISTOIILE SE FOUT-BOIIL. 263
Iton p^t nous supposons aussit&t d'énormes écarts. Mais point.
Personne n'articule rien de grave ni de précia. Sain le-BeuTe parle,
d'après ses sources habituelles, d'une vie mondaine, dissipée,
fastuâuse', et Bourrée nous apprend que M. Zamet se plut aux
riches bénéfices qu'il avait reçus. C'est en cela,ajoute-l-U, comme
s'il eût craint qu'on ne prit ou qu'on ne voulût prendre le change,
c'eat en cela qu'on peut dire que sa Jeunesse fut fort déré-
glée'. Si ce grand coupable n'avait pas de plus gros péchés sur
la conscience, on pourrait sans scrupule lui donner l'absolution
el penser que ceux qui l'accusent'sans réserves ont abusé de son
naïf repentir.
Admettons pourtant qu'on ne nous dit pas tout et que le mea
culpa put avoir quelques causes plus sérieuses. Comme on s'abs-
tient de nous les faire connaître, il feut bien en venir tout de
suite au chemin de Damas que Sébastien Zamet trouva dans une
maladie grave et dans un risible incident ". A partir de ce moment
décisif, personnen'articuleplusrien contre sa vie et ne donne rien
A en tendre ou à sous-en tendre contre ses mœurs. C'en est fini tout
an moins des voyages fréquents, des voyages de plaisir. Il s'as-
treÏDt i la résidence, il ne vient plus à Paris que pour les assem-
blées du clergé ou pour les affaires des établissements religieux
dont il a accepté la direction. II se fait une loi de la simplicité.
Va-t^il à ce monastère de Tart, prés de Dijon, dont il a entrepris
la réforme, il laisse ses gens à l'hôtellerie et demande une cellule
anx Pères de l'Oratoire dans leur maison. Il mange avec eux au
réfectoire, il fait lui-même son lit et balaye sa chambre, « partout
1 il s'épargnoit moins qu'une bête de charge. » Qu'il ressentît des
dégoiits, ce n'est pas douteux : de ses anciennes élégances U avait
conservé un grand raffinement de propreté. Son supplice, dans la
vie commune, était de se débarbouiller au lavoir où s'étaient
décrassés des moines affranchis de toute délicatesse à cet endroit.
Nous n'eu croirons donc pas l'apologiste, quand il assure que
l'évêque de Langres restait dans cette promiscuité des mois et
t. SaUrte-Beare, Porunoyai, 1. 1, p. 339, 330, 1. i, ch. 12.
% Bourrée, Vie de M. Zamet, p. 403.
3. L'incident est curieux. Zamet partait poar Paris en grand équipage. Une
•orte d'idiol assislail i son départ. ■ Vem-lu, lui dit-il, mander qaelqne chase
i l* cour? — Vous alJez à Paris? répond l'idiot eo son palois. El ni le loup
lient, i|ai nons défendra ? > Se ce jour l'éTéqoe coinpril la nécessite de la rési-
dence. (Bourrée, p. 404410.)
264 p.-T. pniBm.
même des années. Il ne l'aurait pu, d'ailleurs, sans manquer k
certaines de ses obligations, celle entre autres de CBtire exacte-
ment la Tisite de son diocèse, qu'il s'était imposée, et à pied
encore I et qu'il remplit tant que ses infirmités ne l'en empechérât
pas, c'est-à-dire quarante-trois ans de sa vie d'évêque * .
Cette simplicité dont il avait fait sa loi, il l'exigeait de ses
subordonnés. Il tenait à ce que ses prêtres ne marchassent pcMut
sur le bout des pieds en sautillant ; il leur interdisait les dievenx
longs. La désobéissance pouvait provoquer le r^us d'un bénéfice,
n lui arriva, recevant la visite d'un derc orné d'une cheveloie
mérovingienne, de la lui couper de ses propres mains'. Très doux
d'habitude, conmie saint François de Sales son modèle, il savait,
au besoin, sortir de son caractère et trouver de l'énergie. La
porte d'un couvent qu'il voulait réformer lui est refusée? D la £ut
enfoncer selon les règles et formes de la justice, et il envoie la supé-
rieure en pénitence dans une autre maison. En vain M. le Prince
et son fils lui écrivent^ils en Eaveur de ces dames : il sait résister
au sang royal. C'est qu'il voulait, ajoute son pan^yriste, < que
« les religieuses agissent beaucoup et parlassent peu, se retran-
< chassent toute inutilité et ne se nourrissent point de la baga-
€ telles »
Doux ou ferme selon les cas, il n'est jamais ni l'un ni l'autre
avec excès; il sait rester dans la juste mesure. Ami des Orato-
riens, il n'est pas ennemi des Jésuites. S'il accepte des mains de
son ami Bérulle un Oratorien pour directeurs s'il donne à cet
ordre, dans la ville de Langres, un séminaire pour la théologiet
il permet aux Jésuites d'ouvrir en face un collège pour l'ensei-
gnement de la jeunesse ^. Les deux compagnies rivales seraient-
elles d'humeur à croiser le fer sous ses yeux, il saurait bien les
condamner au désarmement. Ainsi au siècle suivant Massillon,
retiré dans son diocèse et faisant à un visiteur de marque les hon-
neurs de son jardin épiscopal, lui disait : « Regardez, là-bas, on
t. Bourrée, p. 435. Dom Clémencet, 1. 1, p. 141.
2. Id., p. 414-435.
3. Id., p. 444-447, 457. Je ne vois donc pas que Sainte-Beuve soit antoriié
à écrire, même dans une note en petits caractères : c Ce M. Zamet me bit
l'effet d'un cardinal de Rohan anticipé, de celui que nous avons vu arclievé^BC
de Besançon, pieux et coquet, sincère et fastueux, officiant avec pompe et ff^'
veur sous ses dentelles, i (T. I, p. 331, note, L i, ch. 12.)
4. 1622. Dom Clémencet, t. I, p. 141.
5. Bourrée, p. 414, 415.
JODRIIL ET COBBESFO^DifCG DE U HETKE C1TBEB1NE.
Brtain qu'il ferait quelque snt mariage. Il est cause de la i
induite de ea Temme; il a fait tout au moade pour la livrer dans les
ras de M. de Vitrolle, avec qui il est très lié, et je crains qa'il ne soit
wré par lui dans quelque intrigue politique, mais, ce qu'il y a déplus
Jnux, c'est que M. de Saussuiv a des lettres de la princesse et qu'il a
lécJaré qu'il ne les rendrait pas, à moins que le prince ne lui rembourse
ne somme de 1,500 francs, qu'il prétend lui être due par lui, et, s'il
a tfl fait pas, il le menace de le traduire devant les tribunaux. Eh bien!
Htigrè cela, il n'a pas le courage de se battre avec lui. Paul m'a demandé
revenir dans le pays, mais, ma foi, après tout ce qui s'est passe, je ne
Die plas le revoir, il faudrait qne je le misse dans une forteresse et que
B le traitasse comme a fait fou te roi. Cela n'est pas dans mon carac-
're. » — I^ reine me demanda si j'avais conservé des relations avec
prince Paul; je lui dis que non et je lui racontai les propos qu'il avait
enue avant ei après mon mariage, et entre autres qu'il m'avait dit en
leraier lieu à Paris : « Votre famille n'est que de la canaille, et, pour
'en faire, il faudrait les égorger tous, car sans cela le repos de l'Europe
in constamment troublé. ■ — ■ Il pouvait le penser, > répliqua la
dne, ■ mais au moins ne devait-il pas vous le dire. » — Je fus, j'en
mviens, stupéfaite de cette réponse, cependant je me possédai et ne
piquai rien. — Nous fûmes interrompus ici par l'arrivée des enfants-,
prSs Ip^ avoir caressés, on les renvoya, et nous nous rassîmes ; le roi
le dit : < Parlons maintenant de vos affaires : je crois que la seule
lose qne vous avez à faire c'est d'écrire à l'empereur de Russie et h
nmperear d'Autriche une lettre, mais qui ne parte ni de votre contrat
I mariage ni du traité de Fontainebleau. Je crois que cette marche
LUt mieux que de remettre des notes, qui, naturellement, seraient reu-
inistres, qui ne chercheraient qu'à y mettre de l'opposition,
ja doute que vous en tiriez jamais quelque chose. Je crois que vous
evez rappeler à l'empereur de Russie les promesses qu'il vous a faites
Paris et dont m'a parlé Malchus. Jusqu'à présent, je les ignorais. •
A reine l'interrompit un moment pour me demander ce qu'étaient ces
imesses. Je lui dis que, lorsque je parlai de mes affaires i l'empereur
.lexandre en 1814, il trouva mes réclamations très justes et qu'il me
U ; 4 On assure bien un sort au vice-roi, pourquoi ne vous en assure-
lil-on pas un ? li est bien juste que je fasse pour vous ce que je ferai
niT lui, d'autant plus que vous éies ma parente et que lui ne m'est
len. ■
A cela j'osai dire à l'empereur que peut-être il trouverait quelques
tfficultée à vaincre, puisque mon père voulait que je me séparasse de
ion mari et qu'alors il ne voudrait pas entendre parler de me fixer un
>rt: a Oh I ■ dit l'empereur de Russie, « heureusement que le roi votre
ère ne fait pas la loi et que je puis aussi dire un mot; veuillez donc
Eulement me remettre vos pleins pouvoirs, ma chère cousine, et ce sera
loe affaire personnelle à moi, ■ — i Pourquoi, » médit la reine, s u'avez-
vas pas rappelé celte promesse à l'empereur? > — o Je l'ai fait lors du
266 p.-T. raïuiiB.
Yoes et put lai demander des oonseilB sur la léforme dn mona»-
tère de Tari, k laquelle il donnait alors tout ses aoins^
Il ne parait pas avoir été un grand écrivassier. Pas une ligne
de lui ne nous apprend ce qu'il pensait, k ce moment-là, d'Ange
lique ; mais Ângàique, plus portée à prendre une plume qu'elle
maniait fort bien, nous a laissé ses impressions des premiers jom
sur € cet évêque , » comme elle l'appelle inyariablement aiec
dédain, parce qu'die ne parle de lui qu'après leur brouille. < Il
€ me parut, écrit-elle, tout plein de zèle, de mortification el de
€ vraie dévotion. Et pour ce que je n'avois alors poraonne', flne
^ fut aisé de prendre créance en lui et de le prior de m'assisler
€ de ses saints conseils. Et véritablement, ceux qu'il me domii
€ au commencement étoient très saints et me servirent beaucoup,
« surtout à me détacher des désirs opiniâtres que j'avcMS de soitir
€ de céans pour aller k la Visitation '. »
L'hésitation, le trouble, le désarroi étaient grands pour kxnk
Port-Roval. Angélique, n'ayant pu remettre Kauboisson dus
la bonne voie, avait dû disperser aux autres maisons de l'ordre
une partie des sujets. Les tourments de sa oonscienee déUcate
s'ajoutaient encore aux tourments de sa responsabilité engagée^
Zamet « l'apaisa, la décida k renouveler tout haut ses voeux, et
< sans aucune des réserves mentales qu'dle s'était permises jos-
< que-là. Tous les prétextes de sortie s'évanouirent. » Ce service,
selon Sainte-Beuve, fut le seul qu'elle reçut de lui ^. YùSk ^
e^t bionlot dit. Sans y regarder de très près, on aurait pu reooo-
uailrv tout au moins un auti^ service rendu, et bien plus grand,
panv qu'il s'étendait à toute la conmiunauté : c'est à l'évêquede
l^ugrvis que les pieu:se$ filles durent d*èlre transférées à Âris,
en lieu plu5 sain et moins ètn>ît pour quatre-vingt-quatre qn'dks
étaient. iVest même dans refiusion de leur reconnaissance qu'elles
charvr^rent iv pn>lecleur officieux du soin de leurs Ames et de
leur uiijitsi.>a« en qualité de supérieur. Las firuits, noos dit le
P. Ivurrw* (virent excellents*.
t. SkMiM^iMw t u r- tiT.
t. $^ rttosvà» i» ti^iAi» «fetti MiKt. H }» «Éfew Artctam, par ^ma»
$ujûEt«ti4N««ir ^hmM ^ Mate ,t l. p. JUU. L :u. <&.. Ë2y.
JOOBHIL BT COiBESFOnDlNCE H
295
— « Pourvu que vous on soyez convaincus, le reste m'est bien égal,
■ J'ai voulu avoir des nouvelles Bûres de moo frère, car nons n'en
I avons plus de directes depuis trois ans. a — n Lui écrivez-vous î • —
' * Non, puisqu'il ne peut correspondre qu'en montrant ses lettres au
gouverneur et que nous ne pouvons mettre sur l'adresse le litre qui lui
convient. Il ne peut même pas écrire au prince régent sans que ses
lettres soient lues par sir Hudson Lowe. > — « Mais sa femme lui écrit,
il a. des nouvelles de son fils, elle vient de lui envoyer 400,000 francs. ■
— ( L'Autricbe peut l'avoir fait mettre dans les gazettes, mais je pense
, bien vous assurer que l'impératrice oe lui écrit pas et qu'il n'a pas de
□OUTelles directes d'elle et de son fils depuis qu'il est à Sainte-Hélène.
) La botaniste Werner, qui a accompagné M. de Stilrmer, commissaire
aulricbien, avait apporté à l'empereur une boucle des cheveux de son
fils qui lui avait été remise par sa bonne. Hudson Lowe l'a appris et
l'a fait chasser immédiatement de l'ile. C'est un matelot anglais qui lui
a fait cadeau d'un buste de son fils. Ba mère vient de lui envoyer
30,000 francs, et nous allons tous nous cotiser pour lui envoyer le peu
que nous pourrons. > — <■ Mais lui laissera-t-on cet argent? s — • Non,
il est remis aux ministres anglais, et avec cela on lui achète des habits
et même des cbemises, dont on l'a laissé manquer jusqu'à présont. * —
■ Ose-t-il lire tout ce qu'il veut? i — • Mon Dieu, non, car tes journaux
qni sont un peu en notre faveur lui sont interdits, et on ne lui donne
que des pamphlets écrits contre lui et il les lit religieusement. ■ —
a Vous savez sans doute qu'il a été transféré de Longwood à Plantatioa-
Bouse et qu'on sait qu'il sera mieux. • Après une pause, je dis au roi :
* Maintenant, mon cher frère, veuillez me dire tous deux si cela vous
est agréable que nous venions nous établir dans votre pays ? > et en
I prononçant les dentiers mots je me tournai vers la reine, qui répandit
en riant : ■ Il est assez plaisant que ce soit plus directement à moi que
I TOUS adressiez cette demande. > Le roi ne répondit rien que : > Voyez
' ma position, je suis aux avant-postes, je suis entouré d'ennemis. La
I Bavière, comme vous pensez bien, ne m'aime pas ; je suis à couteau tiré
avec la Prusse, je m'oppose à tout ce qui se fait à Francfort, je suis assea
bien avec l'Autriche; je vous le répète, ma politique n'est que d'ôtre
'Wortembergeois. Le Congrès décidera beaucoup de choses, et, quoiqu'on
dÎM que les aflaires d'Allemagne n'y seront point traitées, c'est une
, folie, ils ne veulent pas que nous y soyons ; je n'en suis pas fâché, parce
que les petits souverains ont toujours l'air de sots devant ces grande
< potentats; mais, qu'aucun de nos ministres ne puisse y être, ceci est
I fort. La question de savoir si les troupes alliées doivent évacuer la
I France y sera décidée. « — » Je la croyais toute décidée, " lui dia-je.
I — • Non, puisqu'ils prétendent qu'ils ne s'assemblent que pour cala. Au
reste, je vous conseillerai de voir l'empereur de Russie, qui doit se
I rendre à Vienne après le Congrès ; ainsi vous ferez bien de ne pas vous
ir do-- jusqu'à cette époque. Il aurait sans doute mieux valu que
t le vissiez avant le Congrès, mais, enlin, cela ne se pouvant paf ,
206 M<LAIIGB8 BT DOGUMBIITS.
tâchez de le voir à Vienne. J'ai parlé à Wintzingerode qui en vient; il
me dit que le prince de Metternich ne lui a jamais parlé de l'affaire qui
vous concerne ; je doute donc beaucoup qu'il vous appuie au Congrès.
De plus, le prince de Metternich l'a chargé de me dire que si jamais
l'affaire d'Ochsenhausen s'arrangeait entre nous, il me priait de ne point
le confier au prince, puisque cela pourrait donner du louche dans sa
conduite vis-à-vis de l'empereur.
Je crois qu'on ne veut plus nous donner Ochsenhaasen, parce qu'on voit
que c'est une très bonne affaire. La reine, voulant placer sa fortune ici,
voudra peut-être le garder pour elle.
La manière dont mon frère insiste en toute occasion pour que je voie
l'empereur de Russie me fait croire qu'ils ont l'idée qu'il nous proposera
de nous établir dans ses États ; à ce sujet, je me suis rappelée que dans
la première entrevue que M. Planât eut avec Wintzingerode, ce dernier
lui dit que le prince Jérôme aurait dû demander du service à l'empe-
reur de Russie, qui sans doute lui aurait donné quelque grand goave>
nement. M. Planât repoussa cette idée en la traitant de plaisanterie. Le
roi me demanda ensuite où en était l'affaire de mes diamants et le pro-
cès de Maubreuil ; je lui dis que M. Abbatucci nous avait fait espérer on
moment que nous pourrions ravoir les 84,000 francs parce qu'il était
riche, mais que depuis je n'en avais plus entendu parler. Il me pria de
raconter à la reine les détails de toute cette affaire et me dit : c N'est-ce
pas que les ordres de Maubreuil étaient signés par le général Sackenh
— a Oui, certainement, i — c Les avez- vous lus? i me dit la reine. —
« Lus et tenus dans mes mains, ma chère sœur, i — a C'est un pea
fort. I — Là-dessus le roi dit : c Au reste, je l'ai toujours dit et on
n'a jamais voulu me croire, t — La reine reprit : « C'est un si mauvais
homme que rien ne m'étonne de lui. i
Je leur contai alors la manière dont nous avions rattrapé mes dia-
mants et les 400,000 francs qu'il nous avait fallu donner pour les ravoir,
ainsi que la mission qu'avait eue Maubreuil d'égorger l'empereur, Joseph
et mon mari, et les deux millions que M. de Talleyrand lui avait pro-
mis, commission dont il n'avait pas voulu se charger, la trouvant trop
périlleuse.
La reine médit : a Mais pourquoi ne revendiquez- vous les 400,000 fr.
que vous avez payés pour vos diamants? » — c  qui les demander?
à Monsieur qui m'a fait voler? i — Là-dessus, le roi me demanda
comment allaient mes affaires avec H ; je lui rapportai ce
qu'Âbbatucci m'avait mandé de Paris, qu'il avait fait signifier le juge-
ment à H , qu'il s'occupait à faire rédiger un mémoire à con-
sulter pour fixer la marche du procès, et qu'enfin il devait venir à
Stuttgard pour me faire signer les titres et que c'était pour cela qoe
je restais jusqu'au 24, mais pas plus tard, parce qu'il me tardait d'al'
1er rejoindre mon mari. Je lui dis aussi que M. H avait
menacé de forcer mon mari, si on intentait un procès, de compter avec
le domaine extraordinaire, c Mais nous ne demanderions pas mieoXi
IL ET COHBESrONDANCE DE LA BEINE CiTBEHtNE. 297
itai-je, car bî mon mari doit 1,200,000 francs à ce domaine, il a.
tDEsi 12 millîooB à ea réclamer. » Au reste, parlez-en avec Malchus, il
lOQaait tous les deutilti de cette affaire.
• Schwarti qui vient de Paris, dît le roi, m'a dit aussi qu'il était
Krtain que lorsque H se verrait poussé jusque daos ses der-
liere retranche menls, il ofTrirHit d'entrer en arrangement, mais il est
lien convaincu qu'il ne tiendrait aucun de ses engagements, u
La reine me demanda pourquoi nous avions agi si lêgèremenl dans
Ktlo affaire ; je lui contai comment la chose s'était passée, et j'ajou-
ki que, si on n'avait pas été un fripon, il nous aurait vraiment reudu
in grand service. Elle reprit : < Mais comment se fait-il qu'H
roue ait encore volé 1,200,000 francs, et pourquoi ne les réclamez-
oas pas maintenant? ■ — « Parce que malheureusement nous n'avons
B£ de titres. ■ Je lui dis alors que nous avions perdu cette somme par
I bote du fea roi, en lui rapportant tout ce qui s'était passé à ce sujet,
91e me dit ensuite : » Comment votre mari peut-il avoir eu une con-
ftDce aussi aveugle dans un pareil fripon ? > — « Malheureusement le
tri ne le connaissait pas comme tel, et, lui ayant sauvé la vie trois fois,
i deyait s'attendre à le trouver reconnaissant, i — < Comment croyez-
ons, dit le roi, que l'affaire se termine? Vous rendra-l-on les terres
I9 France? Villandry n'est-il pas encore vendu ? t — Je crois que
K. Ahbalucci a fait mettre le séquestre sur Slaina, mais, pour Villandry,
B crois que, lorsque H a eu vent des poursuites qu'on allait
Ure, il a voulu le vendre, cependant, je ne crois pas qu'il ait effectue
Ib projet. 1 — Nous en sommes restés là de notre conversation, le roi
louB ayant quittés un moment pour aller signer des papiers,
Ëtaot restée seule avec la reine, elle est encore une fois revenue sur
'histoire des diamants, sur les conversations que j'avais eues avec
'empereur de Russie; je lui contai de nouveau tout encore bien en
lélail, et j'ajoutai qu'il était impossible d'avoir été plus aimable vis-
^yis de moi qu'il ne l'avait été, que même il avait bien voulu me dire
|a'Xl m'estimait plus encore depuis que j'avais refusé do me séparer de
non mari. — • Je n'ai jamais bien conçu, dit la reine, pourquoi votre
)ère a insisté sur ce point, il m'a une fois fait l'honneur de m'en parler
tt je lui ai dit ce que j'en pensais, d — « Vous conviendrez que, quelque
palheureuse que j'aie pu être avec mon mari, ce qui n'est certainement
Hs, aimant et adorant mon mari, je ne pouvais, dans ce moment-li
nrtoul, consentir A une séparation. ■ — < C'est très juste, car enSn c'est
ft seule chote de bonne dans toute aile aff'aire. •
le conviens que, dans le premier moment, je fus choquée de ce pro-
105, car c'est comme si le reste de ma conduite était blâmable; cela me
appela le propos que M. de Malcbus avait tenu à M. Planât, quelques
Dure auparavant, et j'hésitai si je ne lui demanderais pas ce qu'on avait
i ma reprocher du reste. Ftéflesion faite, je me lus. Elle me dit alors :
i J'espère voir l'empereur de Russie, je le désire, puisque sans doute
Id ten la domiêre foi» que je le verrai, et que je suis toujours restée
208 uilAflGtB Wt OOCUMIHTi.
sur un pied amical avec lui, quoiqu'il m'ait refusé la première demande
que je lui aie jamais faite, i •— c Oui, lui dis-je, sami le vouloir il y a too<
jours de ces contacts qu'on ne peut éviter. » — Je n'en aurai jamais,
mais le malheur de mon frère est qu'il n'a jamais été homme, car de
petit garçon il est devenu empereur. Elle me conta alors que tout de
suite après l'avènement de son mari au trône, elle avait demandé à son
frère, comme faveur particulière, de vouloir hien reprendre Paul i soa
service, qu'elle savait qu'il ne l'avait pas mérité, mais que c'était nn
service personnel qu'il rendrait à son mari. L'empereur lui lépoodit
qu'il ne pouvait pas donner ce mauvais exemple à son armée.
Depuis ce moment, ils sont en froid, et elle paraît très piquée de ce
refus de l'empereur. Elle me dit aussi que deux ans d'absence devaient
naturellement refroidir l'amitié.
L'atfectation que tous deux mettent à dire chaque moment qu'ils sont
mal avec la Russie me paraît suspecte ; car, aussi bien que nous l'appre-
nous, la Russie ne peut l'ignorer. Je crois donc que c'est un peu jooé;
et comment, avec l'esprit qu'elle a, la reine peut-elle s'être refroidie
avec son frère, pour une chose dans laquelle il avait parfaitement rai-
son? Le roi revint une demi-heure après être sorti; nous nous mimes à
table vers cinq heures. On me fit asseoir sur un canapé et tous les deux
assis de chaque côté de moi sur des chaises. Cette affectation de poli-
tesse est un contraste avec le reste de leur conduite, en sorte que cela
parait une ironie plutôt qu'une marque de déférence. Après le dîner, la
reine commença à dire : « D parait que ce Lascases va publier quelque
chose ?» — c Oui, dis*je.» je sais qu'il va publier les lettres qu'il a écrites
au sujot do son enlèvement de Sainte-Hélène. » — Us me demandèrent
de leur conter ce qui avait occasionné cet enlèvement. Je les satisfis en
leur rapportant ce que m avait dit Lascases à ce sujet, et j'ajoutai en
finissant : « 11 faut avouer que les Anglais s'entachent par ia ooodoite
qu'ils tiennent vis-à-vis de l'empereur, d*abord de 1 avoir transp<xté à
Sainte-Holène, puis ensuite de le traiter comme ils le font, le laissant
manquer de tout. »
« i^uaut à ravoir transporté à Sainte-Hélène, • dit la reine, c je œ
puis jamais être de vo(re avis, aussi ne discutons pas là-dessus, » — U
roi dit : « Lascases avoue pourtant que le manuscrit de Sainte-Hélène
n*e:M [^as de Bonaparte !» — « Oui, dis-je, c*est vrai, mais il parait
quVu a puise dans se» papiers des phrases et des pages entières de loi
et qu'un autre s*es( donné la peine de les coudre ensemble. » — U
reiiio r^^pnt : « Si nous pouvions donc une fois lire quelque chose qni
fCtt de sa plume, et s'il pouvait donc être vrai l »
Nous pariâmes ensuite de Touvra^ de M** de Staël, qu'elle troQ^
ci^mme moi, mauvais et nullement v^ridique, surtoat en œ qui regarde
leuii^reur : * Ces<, au ret^te, une trè» méchante femme, » dît la leii^i
<« et à laquelle ou a Eût beaucoup trop d'homieuren 1 exilant de France
e( eu deiGeuvlaut ;iiou ouvra^ sur rAUemajcae- » — Je nae pennii de
dire que skhbi ouvra^ dernier ue possenit pu i la posléfité. — « ^
r COBKESFOKDlIfCI DE LA IBrCC CATHEBINE.
EUli de votre avis, ■ diuelte. — Je lui coûtai nion tes anecdol«a (jue
Liaeasae n'avait rapportées. Nous rirnss beaucoup du luxe de riticJtanetié
st de la maigreur, etc., etc. — Elle me dii quo, la seule cho»e qu'elle
trouvât bien, c'était la description du retour de GanneB à Paris. < Aassi,
ajonU-t-elle, rien n'est plus sublime, l'tiisloire u'olTre rien de pareil. 11
ett pénible de voir qu'un bomme aussi entraordinairo, aussi grand, qui
avait l'univers à ses pieds, si beureuj, si rempli de gloire, n'ait pas
profilé de son bonheur, ait manqué de caractère dans les derniers
moments. Depuis la bataille de Waterloo, c'était comme si son âme se
Tût eavolée. Ce n'était plus le même homme. Pourquoi ne s'est-il pas
mie à la tète de la populace de Paris ? Pourquoi u'a-t-il pas pris le com-
nuutdemenl de l'armée de la, Loire? b — t En conscience, lai répon-
dis-je, il ne pouvait pat âtre le roi de la canaille, et, quant à l'armée, il
ne voulait pas occasionner de guerre civile. Jusqu'au dernier moment,
ii a espéré que les alliés consentiraient à la régence. S'il avait gagné la
bataille de Waterloo, les choses auraient été biejt différentes, voua ne
comptes pas non plus les trahisons qui ont eu lieu lors de l'arrivée de
l'empereur à Paris; on le croyait soutenu par l'Autriche, et, lorsqu'on
a VQ la guerre s'allumer et que 800,000 hommes marchaient contre nn
aenl, cela a paralysé iee esprits. » — « Et ce champ de mai, me dit-elle,
qu'est-ce que cela voulait dire ? o — « Rien n'a été plus beau, jamais on
ne vit pins d'enthousiasme qu'au champ de mai. Ce.^ trente mille dépu-
tés, organe de toute la France, étaient dans le meilleur esprit. ■
Le roi, qui jusque-là n'avait dit mot et n'avait pris aucune part à
notre conversation, dit : i 11 faut de ces choses-là aux Français, il leur
faut des spectacles pour les amuser. >
Nous parlâmes ensuite de Fouché. Ils le regardent comme un grand
bomme. Je me permis de dire qu'il pouvait avoir des moyens, mai
quoique je lui portasse de la reconnaisEauce pour avoir sauvé mon
je serais la première à dire qu'il avait trabi l'empereur et qu'il s'était
indi^ement conduit dans les derniers temps de son règne, ayant eu
toujours, même à l'insu de l'empereur, des relations avec les alliés. Le
roi me dit : ( Cela est si vrai que, lorsque j'étais à Vienne, allant nn
jour eiiez Metternicii, je trouvai dans son antichambre Montroad, et le
prince me dit : • C'est Montrond que Fouché nous envoie, nous allons
• voir ce qu'il nous apporte. "
La reine me demanda tous les détails de l'évasion de mon mari et de
la manière dont Fouché l'avait sauvé en 1815; je la satistiB. Elle me
demanda ensuite si Fouché était déjà établi à Lintz ; je lui dis qu'il n'y
serait qu'au mois d'août et qu'il y avait acheté une assez jolie maison.
La reine me dit avoir lu dans les gazettes que Fouché était k Vienne;
je lui dis que j'en doutais, puisque jusqu'ici le gonvomemenl autri*
chien n'avait jamais voulu le lui permettre, malgré toutes les démarches
qu'il avait faites.
On noue amena la petite Sophie qui est maigre et chéLive; il est à
craindre que cette enfant ne vive pas, la reine éi^nt accouchée quinze
i
300 MELANGES KT D0CUMB1IT8.
jours avant terme. Je dis à la reine que j'espérais que, l'année prochaine^
elle réparerait la faute qu'elle avait faite cette année et qu'elle aurait
un ûls. — a Oui, me dit-elle, je me suis méprise, i — c CSonvenes, i
dis-je à Fritz, c que vous en êtes un peu fâché, i — « Non, en vérité,
me dit-il, cela m'est égal d'avoir un fils ou non. » La reine l'interrom-
pit en disant : c Ma sœur, n'en croyez pas un mot, il ne vous dit pu
ce qu'il pense. » — c Je le crois bien, aussi je n'en crois pas un mot i
— c Vous avez tort, » reprit le roi, c il ne vaut pas la peine que je
laisse un aussi mince héritage à mon fils, et, ma foi, la place que j'oc-
cupe n'est pas à envier. J'aimerais trop mon fils pour la lui désirer. Je
ne suis entouré que d'ennemis, je travaillerai pendant dix ans, et une
année détruira tout le fruit de mes travaux. » La reine répliqua :
« Cependant, si nous avions un fils, cela réunirait tous les partis. •
Le roi revint ensuite sur le sujet de Paul et me dit : c Vous verrei
que tout cela finira par un grand esclandre, t Je ne pus m'empècher
de dire : c Mais cent fois mieux, si cela finit ainsi, car alors cela vons
donnera les moyens de vous assurer de lui. i II me dit : « Le meilleur
serait de pouvoir le mettre dans un service étranger. » La reine dit i
cola : ff Mais qui voudrait de lui, car enfin il a couru le monde, et,
excepté l'Kspagne, le Portugal et l'Italie, il s'est déshonoré partoat
Jugez donc que la première fois que je l'ai vu, c'était à Garlsbad,an
moment où il venait de se sauver d'ici, et, devant ma cour autrichienne
et russe, il nous débite sur le compte de votre père, de votre mère et
do votre fr^re t^)utes les horreurs imaginables. Il voulut aussi commen-
cer à on dire autant de ma tante Louis : halte-là, dis-je, pour celle-là,
je la i\ninais« et vous n>n direz pas un mot. £>e là» il fait la campagne,
IMou sait ci^mmont il s\ conduit. La seule affaire dans laquelle il se
tr\^uve« il se fait battre par le général Maison et lui-même s'enfuit, il
pilU\ il vole; lorsqu'il vient à P^ris, il demande en grâce à mon frère
do iHHivoir aller en Angleterre; mon frère le lui accorde. Là, il n'y a
sortes d^horrvurs qu^il n'ait faites, entre antres^ à un dîner chez an
iniiiistrt^ où tout L<mdr^$ etaii^ il enivre le prince d*Orange et s'en vante
à Tunixer^ entier. La princes^ de Galles prend ce prétexte pour rompre
$<ni m^riap» avec le prince dX>ranfie« personne de U famille royale ne
w^uUit plus le recevvnr, et même mon frère ne voulut plus le voir. C'e6t
à ma pritV^ que IVmi^rvur lui a enfin permis d'aller à Pétersboorg-
IVur pri\ de cela, il dit à ma mère el à la comtesse S que le roi
uo (vut i>a$ avvnr denfi&nt et que, $i j*eii ai jamais, œ sera par inoon-
dvùte. Sur CVS encrvfaitei^ Temp^rpcr de Russie reioume dans iacapi*
ute. ei l\iul a le lalec: de t;ii pemiduj&er de faire tout an monde pour
euv^A^iier vvt;e uuion. En ISlx Uirs^tie La ^en^ rNommeoca, il écrit
à lVu\:vrv^ur h^uHI xvut âûrt» la v-amp^^nae et que s'il ne loi accorde ptf
U *(Vruu5;$.;v'!:\ ù ^utssen > ^erxiee: av^ac d at&Kbi;^ la réponse^ il quitta
A*4\ ^\vï.*<e <is \wî.:: 4k l>rw»ie; l*ei3i?ec^c:r q^ii apprend cela loi envoie s>
dvui;.;»:^v>)U. lVi';:'s^N. au >Htr vie 3iai$«à3iûe %£e U eeine dooairîère, il ùoo»
tojtttSe'x cvvsLttM' uae b%MKb«^. à U.MaùK»FK. Vnime&t. c'est la cêiê»
I JOUHItiL ET COERERPOIUANCB l>E b* REINE CITHKBIXE. 301
e de la mort de voire père, car vous n'avez pas d'idéo de l'état
dans lequel il s'est trouvé. Lorsque votre père Tut mort, le roi a fait
tout au monde pour se récencilieravec lui, mats il n'y a pas eu moyen.
Enlin, il quitte le pays, puisqu'il le désirait ; tout d'un coup, il remet à
la dièle de Francrort cette fameuse note et il se rallie à tous les mécoD-
tents. Comment voulez-vous rjuo votre frère revoie jamais un bomme
pareil, à moins de le renfermer entre quatre murailles? °
Ici Gnit notre conversation, et je pris congé d'eux, promettant de pas-
ser quelques heures avec eux, comme ils me l'avaient proposé, à mon
passage, lors de moo départ.
Il est à remarquer que je n'ai jamais pu parler seule au roi, depuis
que je suis dans le pays ; la reine a l'air de craindre de rae voir parler
en particulier avec mon frère, et elle s'arrange toujours de manière &
l'empôcher. Il faut aussi observer que le premier mouvement du roi
est toujours bon, mais que lorsqu'il a eu le temps de parler avec la
reine, cela change. Je ne suis pas la seule qui ait fait cette remarque.
La reine subjugue, domine le roi avec toute la finesse et l'astuce russe,
jointe à l'ascendant d'uo esprit qui n'est vraiment point ordinaire. Mon
Irère n'est point à la hauteur du poste qu'il occupe; boo dans le fond,
il est faible et tout esprit fort le maîtrise. C'est ainsi qu'il l'est par sa
femme, par Malchus et par Wintzîngerode. Il s'agit de savoir si ce
triumvirat sera toujours d'accord. Dans plusieurs occasions, je me suis
aperfue que Wintzingerode et Malchus ne le sont pas toujours, et
M. Wintiingerode ne se cache pas pour dire que Malchus est un bon
calculateur, mais un mauvais diplomate. Pour ce qui est de mes affaires,
je crois qu'elles ne seront décidées qu'après le Congrès et surtout qu'on
ne veut rien faire en l'absence du vieux Wintzingerodej je regardais
feu contraire cette absence comme favorable à mes intérêts, mais il n'est
parti qu'à bonne enseigne. Je me propose cependant encore d'envoyer
Id. Planât à Stutlgard, lorsquej'aurai écrit mes deux lettres aux empe-
reurs de Russie et d'Autriche, pour savoir de M. de Malchus sur quoi
je dois compter, ses conversations précédentes étant toutes contraires à
cellee que j'ai eues avec mon frère en dernier lieu.
Je crois aussi démêler que, si nous obtenons quelque indemnité des
Bouverains alliés, le roi se croit dispensé de faire quelque chose pour
nous, et, dans le fond, je crois qu'il ne se soucie pas que nous soyons
établis dans le pays, toujours par le même principe de faiblesse, car
l'on n'est fort ici qu'en paroles, mais vraiment point en action, et la
■eule cbose qui me fait espérer que nous obtiendrons peut-être quelque
indemnité des alliés, c'est que l'intérêt personnel du roi s'y trouve inté-
ressé. La reine, à ce que je crois remarquer, est jalouse de moi. Elle ne
supporte pas qu'on puisse jouir comme elle de quelque réputation. Elle
semble reconnaître avec dépit que je suis ptacée plus haut qu'elle dans
l'opinion et elle cherche, par la même rai.soii, à me rabaisser par ses
propos, toutes les fois que l'occasion s'en présente. Elle n'a d'autre
bonheur que celui de briller et de passer pour une femme au-dessus de
302 MtfuiiGBs rr Docmnins.
son seie. Silo n'entroToit pas que le rôle qu'elle joae peut un jo«r lui
attirer beaucoup do désagrément, car celui qu'elle fidt joner à mon
frère est celui d'un petit garçon ; à la cour on ne parle que d'elle^ méoM
les aides de camp du roi ont plutôt l'air d'ôtre ceux de la reine. Elle
déteste la société des femmes, et son bonheur est de pouvoir donner des
décrets ; étant chargée de la sunreillanoe du comité dee pauvres, elle
institue dans ce moment-ci une maison d'éducation pour les jeunei
demoiselles.
Je suis partie à sept heures du soir, très fuiguôe et vraisient affligée
du peu de succès de ma course, devant avouer qu'on m'avait fait faire
quatorze lieues pour me dire d'écrire à l'empereur de Russie ! Je con-
viens qu'il faut avoir la patience d'un ange pour supporter avec calme
de pareils procédés. Du reste, je dois dire que j'ai trouvé mon frère
plus amical et pins affectueux que jamais, et je crois que la grande
franchise que j'ai mise à dire que j'avais vu liascases, tout en les oob-
trariant intérieurement, m'avait fait du bien dans leur espriu
Je suis arrivée ici à minuit et demi avec une migraine effroyable.
Baron Du Gissi.
(Sera continiié.)
BULLETIN HISTORIQUE
TRAVAUX SUR l'aNTIQDITÉ R0M&U4B.
I. HisTotRE roLiTiQDE ET RELiGiECSB, — C'cslun bonheup pour nous
'' que de pouvoir placer en têle de ce Bultelin le nom de M. Fostel
DE CocuNces'. Plus peut-être que l'histoire grecque ou que l'hiaLoire
du moyen âge, l'histoire romaine ratUr⁢ elle convenait à son
esprit ami de la précision, de l'enchainenient et de la logique; it
retrouvait les qualités qui lui étaient chères dans le développement
même du peuple romain. Au lendemain du jour où il termina la
Cité antique, que le nom de Rome avait servi à conclure, M, FusLel
de Ooulanges voulut reprendre par le détail tous les prohlëmea d'his-
toire romaine qu'il y avait brièvement exposés; il voulait intituler ce
nouveau livre : Questions romaines. Dans une note que sa fïtmille a
conservée, nous voyons quels élaient les sujets auxquels il se serait
attaché de préférence : du Degré de certitude de rhistoire romaine
[c'eAt été la préface; M. Fustel de Coulanges y voulait réagir contre
Celte tendance au scepticisme qui gagne de plus en plus l'étude des
origines de Rome et qui fait presque regarder de nos jours Niebuhr
Comme un conservateur), de l'Asile, de ta Plèbe, du mot Quiriles,
au Consulat, des Chevaliers, les Patres conscripli, le Cens, ta Clien-
tèle, les Tritmni aerarii, ta Patrum aucloritas, tes Nexi, l'Âuxitium
éritmnitium, le Partiri corpus addicli, le Droit de propriété, la
J*lèb« classe pauvre. C'étaient là surtout des sujets d'histoire pri-
teûtive, auxquels il Ikut ajouter ces deux questions suggestives :
Jlarius, plébéien? Les augures se regarder sans rire? Fustel de Gou-
•langes savait qu'on pouvait encore beaucoup dire sur tons ces points.
'Ce qu'il n'a pu ftire, il est à souhaiter que d'autres l'entreprennent, et
xi, parmi ses élèves et ses admirateurs, il en est un qui veuille prendre
VXi de ces problèmes comme sujet de thèse ou de travail, il peut être
assuré de ne point faire fausse route en s'inspirant des idées de
riiistorien.
1. Qutttitmi hiitoriquês. Parie, Hiichette, io-S- de ivi-S22 p., 1893.
304 BULLETIN HI8T0EIQUE.
M. Fustel de Coulanges avait rédigé la plus grande partie da cha-
pitre qu'il voulait consacrer à la Plèbe; c'est ce chapitre qui parait
dans le nouveau volume, Questions historiques^ qui vient d'être
publié. On devine quelle est la thèse qui y est soutenue : « Ce qui
faisait différer le patricien du plébéien, ce n'était pas la richesse; car
il y avait des plébéiens très riches, comme des patriciens pauvres.
Ce n'était pas la possession du sol ; car, s'il est douteux que les plé-
béiens aient pu, dès l'origine, être propriétaires du sol, il est certain
qu'ils le devinrent d'assez bonne heure, sans cesser pour cela d'être
plébéiens. Ce n'était pas la force des armes; car, si les patriciens
étaient guerriers, les plébéiens l'étaient aussi, et ils purent toujours
arriver aux plus hauts grades militaires. Ce n'était pas l'illustration
de la race; car plusieurs familles plébéiennes égalèrent la gloire des
plus illustres patriciens sans qu'elles pussent pourtant sortir de la
plèbe... Cette division... ce n'était pas la volonté des hommes qoi
l'avait créée, et, lorsqu'il s'agit de la détruire, on rencontra un obs-
tacle devant lequel les volontés se brisèrent pendant cent cinquante
ans. Cet obstacle était dans les croyances des hommes, c'est-à-dire
dans ce qu'il y a de plus fort et de plus insurmontable. La manière
dont les vieilles générations avaient conçu les dieux, la religion, les
rites, les prières avait étabU dès l'abord une infranchissable barrière
entre la caste patricienne, qui était seule en possession des croyances
et des formules, et la classe plébéienne, qui n'avait, à l'origine, ni
sacerdoce ni cuite. » — Si d'autres éléments sont venus modifier
l'opposition entre la plèbe et le patricien, on ne peut méconnaître
qu'une différence originelle et essentielle a été la religion, etqueia
religion seule a retardé indéfiniment la fusion entre les deux castes.
Il ne me semble pas qu'on puisse désormais ébranler cette théorie.
On trouvera réimprimé dans ce volume l'ouvrage de H. Fustel de
Coulanges sur Polybe ou la Grèce conquise par les Romains^ qui a
conservé, aujourd'hui encore, toute sa valeur de doctrine; on y trou-
vera aussi son étude sur la Question de droit entre César et le sM)
où les éléments du problème sont si nettement indiqués, et quelques
pages fines et hardies sur la Manière de lire les auteurs anciens et
en particulier Tite-Live, pages où se lisent ces mots, qui résument
toute la méthode de M. Fustel : « Le fond de l'esprit critique, quand
il s'agit de l'histoire du passé, est de croire les anciens ^ »
M. Hexnebbrt termine, avec ce troisième volume, son HiAwn
1. Voir encore, p. 83, la discussion de la Théorie de M, Momnueninf^
eomtnwiauté det terres che% les Romains; p. 300, aae étode de Chào ttm^
Romains. Les autres parties du Tolume ne concernent pas l'histoire nuniiBe.
FUNCt. SW
r il l'achève comme il l'a poursuivie, avec un prorond
amour de son sujet et de son héros, avec une verve toute mili-
taire, aUiée à une habitude toute littéraire de la narration histo-
Tique, avec la connaissance immédiate des textes et des travaux
modernes. — M. Thiers a consacré à Hannibat I03 pages les plus
belles et les plus émues de son Histoire de VEmpire : « (^omme
militaire, Napoléon n'a qu'un égal ou un supérieur (on ne saurait le
dire), Hannibal. En contemplant cet admirable mortel, doué de tous
ies génies, de tous les courages, on cherche une faiblesse et on ne
sait oij la trouver. » M. llennehert a sur Hannibal le même senti-
fflenl que Thiers, et on dirait que son livre est le développement de
la pensée de l'historien de Napoléon. — Cela nous fait d'aulant plus
regretter que cette Histoire d'Annibal se termine si rapidement, oa
peut dire si brusquement. Ce volume renferme Trasimène, Cannes,
Zama, c'est-a-dire la véritable vie militaire et pohtique d'Hannibal.
Nous passons trop vile sur ces années, et nous devinons plus que
nous ne voyons les merveilles stratégiques de quelques-unes de ces
campagnes, qui arrachaient à Tite-Live des cris d'admiration. — Ce
qui semble manquer le plus à ce livre, c'est l'étude de l'œuvre poli-
tique d'Hannibal en Italie et en Afrique. M. H. réfute fort bien la
légende du lendemain de Cannes et des délices de Capoue; mais on
aimerait savoir ce qu'Hannibal fit à Capoue, essayant d'organiser
avec un parti la capitale et la fédération de l'Italie anti-romaioe.
C'est dans cet examen d'Hannibal, démocrate et poUtique, qu'on pour-
rail peut-être trouver la cause de ses échecs en Italie et en Afrique.
A lire ce livre tout militaire, on s'étonne à bon droit que la (In du
héros ait été la défaite irrémédiable: presque constamment vainqueur,
il ne le fut jamais grâce au hasard; il n'épargna rien pour avoir la
victoire, et il l'eut; comment alors s'expliquer l'incroyable désastre
de sa tentative, si on n'en cherche la cause ailleurs que dans l'his-
toire de ses campagnes, si on ne montre qu'il avait contre lui l'Italie
et, plus encore que les hommes, les institutions, les mœurs et
l'irrésistible entraînement des peuples vers la fédération aristocra-
tique*? — Peut-être encore Hannibal nous apparait-il trop dans ce
I. aitlùire d'Annibal, par le lieu tenant -colonel Henneberl, 1. 111. Paris, Impri-
merie n«tionsle, et Didot, éditeur, in-S* de 434 p., planches et pLius, IS91.
3. H. Henneberl n'abuee-l-il pas un peu des cllalions d'auleura modernes et
eo particulier de Népomucènc Lcmercier, dont lo jugement n'importe guâre à
l*tiiitoireT — Le ru Mareelliu erit de Virgile ne noua parait pas n'appliquer
A l'adverMire d'Hannibal [p. tSS). — M. H. cite el tranacril rolontiera lea ina-
eriptiont; tnaja il n'est pa» toujours heureux dans ses choix. Lea inacriplioDS
de Spoltle (p. 7Q) sont trop modernes pour mériter l'Insertion dans cette bis*
Udre; de mflmc l'épiUphe de Scjphax (p. 339) ; la dédicace VoUuntù Saneto
. HlBTOB. Ll. 2* FISC. 20
SOS BCLLETIH RISTOBIQDR.
livre comme le modèle du général el du soldat, te] qu'un FrtOfals <b
ïfi" siècle peut le concevoir, o 11 était, en un mot, inspiré de l'espril
militaire.. ■ dont la dcrise est « Dieu, patrie, service, ordre, coii'
si^ne. » M. Hennebert ne nous a-t-il pas mis en présence d'un Hao»
nibal habillé et discipliné à la moderne, et bleu dilTêrent du grand
Carthaginois, à l'àme indépendante et indomptable?
Dans son Hitloire de Munaltvs Ptancus*, M. Jellieh &it revint
avec esprit et bonheur rintéressanle physionomie du Tondateur de
Lyon. 11 a BU fort bien saisir et marquer les différentes altitudes de
ce personnage intelligent, habile et thyant, qui Tut le premier aprtf
les grands cheft de la dernière guerre civile. — Ami de Cicéron, Plan-
eus ne lui écrit jamais qu'au nom de la patrie menacée: ilpanltalon
presque grand par le patriotisme, et on peut croire un instant qu'un
triumvirat de Plaocus, de Gicéron et de Brutus eût sauve la Repu*
blique. Puis, ami d'Antoine, il le sert au mieux des intérêts de Gléo-
pâtre. Enfin, ami d'Octave, il est un des plus solides cbampiomel
un des administrateurs les plus nets du régime impérial; ce fui lui
qui donna à l'Empire l'élément principal de sa force en imagjmiit
pour Octave le titre de Augustus. U n'est aucun personna^-e iei
guerres civiles dont Plancus n'ait été, quelques mois de suite, Pami
et, qui plus est, le serviteur vraiment uUle. Nul n'approcha de pluî
priis les grands rijles et l'ambition suprême sans y toucher. — ftil-il
parmi les sages ou parmi les fous? M. S. répond avec raison, ni l'un
ni l'autre, el il nous donne les vrais motifs de celte éterneUe dàbil-
lance de la vie du Plaucus. Plébéien d'abord, il y avait pour loi,
dans cette Rome encore respectueuse du passé, impossibilité mar^
à prendre le premier rang. Puis, a cet homme d'esprit et d'action, i
cette inlelligence souple el saine, il manqua toujours le caraolèn:
« Son grand tort ne fut pas de passer d'un camp à un autre, maiB iJl
porter tour à tour dans chacun d'eux une ardeur sans égale. !1 n'avilt
pas assez le respect de lui-même pour garder quelque Tierté avealtt
autres; il avait trop d'ambition pour se résigner à ne pas paraître et
à ne pas agir. » Tant qu'autour de lui les partis luttaient, il leur
prélait tour à tour sa foi et son talent. Attaché à ^in homme et à lue
besogne, il était un collaborateur èminent : « Il avait les qualités lie
prudence, de perspicacité et de modération qui font les bons admi-
nistraleurs. Préfet de la ville, coosid, gouverneur de province, il flt
[p. 95] eit ftaïae [et. OrelU, 1619; Corpiu, X, 460*). — U d'? a aucune tlbt-
«ion railJeuse dan» la créilion da dieu RediciUus (p. 2Sb).
t. le Faadateur de Lyon; HUtotre de L. Muiuliiu i'Ianctu, par Emile J«l
lien, prori!9seur i la Pacultù d«s lellrei de Ljran. Parti, Mauon ; iii-8* de !I8 %
Bl 1 pi., 1892 (AtiH. de l'VmveTE. de Lyoa, L V, 1" fasc.).
FURCE. Wt
Isans brait et d'une main légère beaucoup d'eicellenle besogne. •
I Incapable d'étra un maitre, il était pour son maître le premier des
' serviteurs. Il eût été le principal ministre de César si César avait vécu.
I Le livre de M. J. est fort intéressant, bien écrit, alerte et vivant.
I II témoigne d'un grand sens historique. C'est l'œuvre d'un littéra-
' leur qui n'ignore rien de Tbisloire. Son appréciation sur la portée du
litre de Augwtus est d'une justesse parfaite et doit demeurer. 11
caractérise avec vérité l'importance et le rùle des colonies de la Gaule.
I La discussion qu'il engage sur la fondation de Lyon et sur le texte de
Dion Gassiusqui la mentionne est nouvelle, hardie et pénétrante*.
. H. J. connaît les textes à fond et a Iules ouvrages de seconde main*,
mais il use de son érudition d'une façon discrète : sous des dehors
aimables, on sent une main solide.
L'histoire religieuse de la Un de l'Empire ramène, comme toujours,
le nom de M. Le Blant, dont la dernière brochure, le» Sentences pro-
noTKées contre les ckritiem', est aussi utile a la connaissance de la
1. DioD Caa&iD», 46, M, nom apprend qae Plancus (>ers mai ou juin 43J
fonda L^OD, sur l'ordre du aénat, i l'aide de Romains cbasués autrefois (icoTi
imraoéïTin} de Vienne, par le» Allotiroges et déjà Ëlablia (iSpuflévto;) prÈs du
confluent du Rb6ne el de la SaAne. Suifant U. Juilien, César aurait créé une
colonie romaine iVienne et ce sont ces colons que les Allobroges auraient cbasaés
et qui seraient devenua le nojaa de la colonie de PUncua. — 11 résulte do moins
I de cette discussion que Plancus, en aumme, fil peu de choses à Ljon; c'est un
ordre du lénat qui 1'; envoya, el le site avait déjà été choisi, accepté el occupé
par les Romains de Vienne. — A qui doue rapporter le mérite d'aroir compris
l'admirable situaLua de Lyon et préparé ses destinées de capitale! Est-ce au
sénat f Mais J'imagine qu'il ne cberchail i ce moment dans la Gaale que son
îalérét personnel. Est-ce à ces Viennois réfugiés ? mais qui leur a iadiiioé
Lyont Je doute Torl que ce soil Plancus. Et Je crois Tolootiers, bien que jus-
qû'id ni textes ni inscriptions ne Juslitient celle bTpothise, qu'il faut en faire
U gloire i Jules César lui-même. 11 avait, avant de mourir, arrêté sans daule
, le plan des futures colonies de la Gaule, et le sénat a dû hériter de son pro-
I Sfamme comme de H loi agraire. — Un médaillon publié par H. A limer (tir on,
t. Il, p. 172) nous montre Plancus saluant le Génie des Lyonnais de cea paroles ;
, Sabtai yropUium Caeiarem! S'agit-il d'Augusteî cela paraît daul«ui. Ne s'agi-
1 rail-il pas do César morl et divinisé 7
3. Son appréciation des disaertalions de Eleyn et de Klerck sur Plancus est
. fort JusU; mais H. J. est trop modeste en disant qu' • ils n'ont guère laissé i
, dMouvrir. i
3. Mélanges G.-B. de Roui {Mëlangei de l'École française de Rome, t XII);
] 1892. — Ce n'est pas Ici le lieu de parler de son nouveau recueil des ioscrip-
lions chrétiennes de la Gaule, monument aussi admirable que le premier. —
I Dans aon article sur Aère Cura et Ditii pater [Revue archéologique de 1892),
I V. Gaidoi essaie de monlrer que ces deux divinités sont des créations factices
et relativement récentes : comme aon article est dirigé un peu contre nous,
' H. Gaidot comprendra que nous fassions des réserves sur ses conclosiona; mais
dos BULLETIlf HISTORIQUE.
procédure juridique des Romains que de la psychologie des martyrs.
— La Revue de l'histoire des religions a publié, après la mort de
M. Gou&DA VEAUX, son étude sur Clément d'Alexandrie*.
II. Droit, ihstitutio^^s bt moeurs'. » Nous n'avons pas ceUe
année, dans Fhistoire du droit romain, à signaler un ouvrage dW
importance aussi générale que r Ancien droil de M. Guq'. Mais les
monographies sérieuses et complètes ne manquent pas. Parmi les
plus fouillées, il faut signaler celle que M. Audibbrt vient de donner
sur la Folie et la Prodigalité*. Le savant professeur de LyoD
cherche à prouver la thèse suivante : « La loi des Douze-Tables ne
mettait en curatelle que les fous appelés furiosi; quant aux aliénés
d'un autre genre, démentes, elle n'en parlait pas. D^aulre part, elle
n^atteignait que les prodigues qui dissipaient les biens patomels
recueillis ab intestat. » On reconnut plus tard qu^ ec il était néces-
saire dMnstituer une protection pour les fous et les prodigues, alors
même que l'intérêt des gentiles n'était pas engagé, et à cette idée
toute nou?elle répondit la création des curatelles honoraires' : eelle
du démens ou mente captus et celle du prodigue procèdent d'un seul
et même principe. » La thèse est neuve, séduisante et fort bkn
défendue*.
M. Dbssbrtbaux commence un grand et solide travail sur les Effets
de Vadrogation'^. — On ne saurait trop dire et trop penser de bien
des recherches de M. Moh^cier sur rèin69X'^ byzantine^. L'imfcX^a
pour but d'assurer le recouvrement de l'impôt foncier et a pour effet
il faut avouer que ses recherches sont excellentes de finesse, d'èmditioa et
d'esprit.
1. Mai-juin 1892.
2. Quoique ce soit seulement un recueil de morceaux choisis, empruntés au
auteurs anciens ou aux écrivains modernes, qu'il nous soit permis de si^cf
ici les Lectures historiques sur l'Histoire romaine de M. Paul Guiraud (PanSi
Hachette, in-12, 712 p., grav. nombr., 1893). Tout le monde y trouve son pro-
fit et parfois un vrai régal : les étudiants, les maîtres et tons les amis de l'aB*
tiquité romaine.
3. Nous ne connaissons qu'au dernier moment le Précis des institution» Ai
droit privé de Rome, de May et Becker, publié par Larose et Forcel.
4. Études sur Vhistoire du droit romain, i : La Folie et la Prodigt0'
Paris, Larose et Forcel, in-8* de 338 p. Quelques extraits assez longs anitft
paru dans la Nouvelle revue historique de droit, 1890.
5. Voyez, sur les destinées de l'ancienne curatelle, l'article de M. Andib^
dans la Nouvelle revue historique de droit de 1891, arUcle qui sera compris
dans un volume en préparation.
6. Sa théorie sur les deux genres de folie vient d'être acceptée par M. Vt^^
de la Faculté de Poitiers, dans son Traité élémentaire de droit romain,
7. Revue bourguignonne de l^enseignement^ t. II, 1892.
8. Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 1892.
PBiWCf. 309
dépouiller do leurs biens certains contribuables au proUt d'aulres
ontribuables mieux en mesure de payer le Dsc; c'a été, â l'ori-
[îne, une vérital)le imposilio terrarum : les terres sans mattre ou,
riutôt, abandonnées de leurs maîtres comme peu réoiunéralrices
Bur sont enlevées et attribuées à d'autres propriétaires avec la charge
l'en payer Timpôt. On ne s'explique pas un acte si étrange et si
onlraîre à nos mœurs, si on ne se rend pas compte de la misère
Inancière et du désarroi de la flscalilé impériale à partir du iv* siècle.
L Monnier est amené ainsi à suivre le développement historique et
bridique de Vimpositio (errarum et de l'àTriSoi^ depuis Aurélîen, et
Bs historiens, comme les juristes, trouveront un grand profit à lire
es pages, oii les textes sont suivis de si près, oii l'auteur fait preuve
[Hiae science précise et d'un véritable Hair historique. Si nous ne
(DOS trompons, il se place désormais au premier rang parmi les his-
arieos du droit byzantin.
La traduction du Manuel de Mohhsbn et MiBQOJSDT se poursuit
Fès rapidement, malgré les difficultés multiples de la tâche. Ont
aru cette année les trois volumes suivants : — Le Droit public de
lommsen, lome II, traduit par M. Gibibd; nous n'avons qu'à répè-
BT sur cette traduction sobre et claire les éloges qu'elle a mérités
our les autres volumes de cette série'. — Le lome I" de la Vie
rivée de Marquardt, confié à M. Ken&t, offre les mêmes qualités'.
- Nous ferons , après bien d'aulres , de grandes réserves sur le
blume relatif à rOrganisalion de l'Empire, traduit et, plus encore,
Dmmenlé par MM. Loms-Lncis et Weiss*. Les auteurs ontdénaturé
t caractère primitif de l'ouvrage en l'allongeant à plaisir par une
ibliographie indigeste, souvent inutile, parfois dangereuse. Si Mar-
[liardt n'a voulu citer, à propos de l'Italie antique, ni Guarnacci ni
Gcali, il fallait respecter ses scrupules. La bibliographie de la Gaule
Bnferme daos ce volume un millier peut-être de litres jetés dans un
lile-mèle chaotique, el, parmi ces litres, que de mauvais livres, que
le titres étrangers a Borne, à la Gaule el à la science la plus élémen-
lire t En cilant tout au long Bacon-Tacou, le Bugey, origine du Délia
^iqut, et autres volumes aux litres suggestifs, les auteurs ne peurent
^r qu'une excuse, c'est de ne les avoir point lus, et qu'un but,
I. M<mwl des antUfvMés romaines, t. Il ; le Droit publie romain, I. II, tra-
Bit par P.-Pr. Girard. Paris, Tborin, in-S" de 402 p., IS9Î.
S. Id., L XIV ; la Vie privée dts Romaini, l, I, traduit par Victor Henry,
» !>., 14 grav.. IS91.
3. Id., t. IX : OrganUalion de l'Empire romain, I. Il, traduit par P. Luuia-
IKU et A. Velf», 700 p., 1892.
S40 BULLSTIR mnoEiQUi.
c'est d'empêcher qu'on les lise*. Dans ces conditions, ce yolnmedu
Manuel devient d^un maniement difBcile, d^une lecture ingrate, et
beaucoup auront le droit de préf6rer Pédition allemande, où ron
trouve si vite ce que Ton cherche. La traduction est d'ailleurs bonne
et l'impression soignée.
M. l'abbé Jail a donné une excellente traduction du Préds éPasUi'
quités romaines de Rjubg '. Elle rendra des services ; le traité est
complet, exact et précis, et il ofDre ced de particulier qu'il raifenne
une topographie historique de Rome : c'est là une partie importante
pour la connaissance de l'antiquité et la lecture des textes, et une
partie trop souvent oubliée dans les manuels. — Nous voilà abon-
damment pourvus de manuels traduits de l'étranger, près d'nne
demi-douzaine. Que cela ne nous fosse pas oublier celui de M. Boo-
ché-Leclercq, si savant, si honnête et si clair, et qui est encore le
modèle du genre.
M. Friedlânder a récemment donné du festin de Trimalchion une
curieuse édition commentée qui a eu en Allemagne et mérite d^Toir
en France un grand succès. M. Boissier a écrit à ce propos' sur
Pétrone et le Satyrieon quelques-unes de ces pages énidites et diar-
mantes dont il est coutumier. — M. Boissier a raison de placer à Gumes
le festin de Trimalchion. Il hésite à mettre à Marseille le débat de
l'ouvrage, et j'avoue partager son hésitation. Au temps d'Auguste on
de Claude, temps que décrit l'auteur du Satyrieon^ tous les anciens
s'accordent à nous montrer dans Marseille une ville sage, simple et de
fort bonnes mœurs. L'aristocratie romaine y envoyait ses enlknts
pour les mettre à l'abri des mauvais contacts, qui ne manquaient pas
dans les cités littéraires de la Grèce propre. c< Ce qui, » dit Tadte^
a fit la particulière austérité de la jeunesse d'Agricola, c'est que, dès
1. Avec ce système d'additions, la loi do flaminat narboimalSy qui, oi
l'ayouera, n'a pas une importance capitale pour l'histoire romaine, se troore
transcrite et commentée tout au long trois fois dans ce Man%ui, Les méDes
ouvrages (parmi les pins mauvais] sont cités deux ou trois fois dans des biblio-
graphies différentes. Nous trouvons dans ce Tolome, À propos d'Athènes giéee-
romaine, 78 lignes de bibliographie sur la PolUique des Athéniens, d'Aristote. -
M. Louis-Lucas vient de faire ses débuts dans le Dictionnaire des AniiqsitéSt
art. exacUo. Le lecteur sérieux est véritablement navré de voir l'incroyable
bavardage bibliographique auquel l'auteur se livre à propos de tout. M. Lbcis,
qui est fort capable de rendre des services à la science, l'entrave et li com-
plique, et se fait tort à lui-même. Tout ce qu'il écrit gagnerait singulièreD^i^
à être réduit.
2. Paris, Bouillon, in-8* de 480 p. et 54 grav. et plans, 1892.
3. Le Festin de Trimalchion, dans le Journal des Savants de juillet et ^^
1892.
4. Vita Agricolae, 4.
H
J
funcE. 114
wm enbnee, il eut pour résidence d'études Marseille, locum yraeca
comilale et proiHnciali parcimonia mùlvm ac bene compositum. n
On ae se représente pas le héros du Sa{yric<m dans ce cadre de vie
bourgeoise.
M. Boissîeraffirme, eton ne saurait trop le répéler après lui, qu'« il
n'y a pas tant d'exagération • dans le Festin de Trimalchion. Ce qui
aitjourd'hui peut nous paraître fantaisie monstrueuse ou cocasse était
pour les Romains spectacle quotidien. Les inventions de Pélrone
n'ont rien d'une bouETonnerie rabelaisienne. Elles sont, ai élonnaut
que cela paraisse au premier abord, de toucbe légère et d'allure vrai-
semblable. Il ne serait pas difTicile de montrer que bien des RomEûns
ee sont assis à des tables aussi prodigieusement servies que celle de
Trimalchion. Les détails de sa vie et de sou intérieur sont d'une pré-
cision tout historique. Sa fameuse épilaphe est conforme aux tra-
ditions épigraphiques, et, glissée dans le Corpus, on ne la jugerait
pas > fictrœ d ou a fausse. » Tout, dans la conversation du person-
nage, a dû être copié sur le vif. Pétrone a eu ses modèles, et il a él«
bon historien. — On connaît par exemple l'étrange tombeau que Tri-
malchion se ta.it préparer, ipxe sibi vivus paravil, comme diraient les
inscriptions ' : « Je te prie, tu feras sculpter sur la façade de mon tom-
beau des navires voguant à pleines voiles; tu me représenteras assis
sur un tribunal, vêtu de la prélexle, orné de cinq anneaux d'or et ver-
sant des pièces au milieu de la foule. Tu n'oublieras pas le peuple se
r^ouîssant... A ma droite, tu placeras la statue de ma chère Fortu-
nata, tenant une colombe et conduisant en laisse une petite chienne.
Ailleurs, tu placeras do larges amphores bien bouchées et une urne
brisée sur laquelle un enfant pleurera. Et enfm, au milieu, une hor-
loge, aQn qu'en regardant les heures, bon gré mal gré, on puisse
lire mon nom. n 11 suffîl d'étudier nos musées pour voir que les
riches entrepreneurs ou négociants gallo-romains se faisaient volon-
tiers construire de pareils tombeaux ; la colombe, la chienne, le tri-
bunal, les ampbores, les navires, le peuple en liesse, nous avons
cela souvent sur nos bas-reliefs sépulcraux. Et, quant à l'horloge,
c'est un de ces artifices nombreux auxquels les Romains recouraient
pour obliger le promeneur à lire leur nom et leur épitaphe : Viator,
rûmaw, renova nomen; * reste et hs*, i demande au passant te
mort du tombeau : décider les vivants à lire et à prononcer leur
nom élait le superstitieux désir de tout bon paTen. « Soyons persua-
dés, n conclut justement M. Boissier, « que Pétrone n'a rien ima-
H2 BULLEnil HfSIOlIQUI.
giné et que toutes ses aCBrmations reposent sur des faits réds*. »
M. Paris a examiné les droits politiques des femmes dans les viltes
d'Asie Mineure sous l'Empire romain ; le sijyet est original éL Pétode
intéressante'. La thèse si nouvelle et si complète de M. Ridr ne
concerne que les colonies macédoniennes en Asie; mais on y peut
reconnaître une fois de plus comment Torganisation de l'Empire
alexandrin a dû servir de modèle à celle de TEmpire romain*. Enfin,
M. Bbuelibr a repris avec force et ampleur la question du culte des
empereurs dans un article de savante vulgarisation^.
III. Afeiqub romaine'. — L'Afrique romaine nous retiendra cette
année plus longtemps que la Gaule. Jamais la France, par les publi-
cations et par les fouilles de ses érudits, n^a rendu plus de services
à la connaissance de ce pays que pendant ces deux dernières années:
les musées s'organisent*, les inscriptions s'accumulent dans les
recueils; Timgad, Ghemtou, le Bou-Rournéln, Gherchell^, Goa-
raya*, bien d'autres ruines encore* livrent leurs secrets, et de beaux
livres font passer sous nos yeux l'image ressuscitée de cette vaste
Pompéi, qui est TAfirique romaine.
Au premier rang, il faut placer le nom de M. Gagnât. Successeur de
Léon Renier au Gollège de France, il s'est fait son héritier dans la
science des antiquités africaines, et dans l'une et l'autre place il con-
tinue Pœuvre et rappelle le talent du maître regretté.
1. M. Deloame a donné ane seconde édition, corrigée et aagmentée, de «ni
IJTre si plein de rues nonyelles et de faite curieux sur les Manieurs ÎTargesi
à Rome, Paris, Thorin, in-S" de zii-350 p., 1892. De fortes réserres sur le
fond de l'ouTrage ont été faites dans un récent article de la Retme eritigme.
2. Quatentis feminae res fmblieas in Asia Minore, Romanis imperanUbUj
attigerini (thèse latine). Paris, Tborin, in-8* de 142 p., 189t.
3. De eoloniis a Maeeioniims in Asiam dedueUs (thèse latine). Paris, Tho-
rin, in-8* de 92 p., 1892.
4. Le Culte aux souverains, dans la Revue des Questions hisioripus, jan-
vier 1892.
5. Cf. la Chronique de V Afrique romaine, par Toutain {Mélanges de l'ÉcsU
de Rome, avril 1892), et l'intéressant article de M. Diehl, dans la Revue inkr-
nationale de l'enseignement du 15 août 1892 sur les Découvertes de Varéhée-
logie française en Algérie et en Tunisie.
6. Voyez les publications parues sous la direction de M. de la Blanchère •'
Collections du musée Alaoui, Paris, 1890 et s.; Musées et collections arckh*
logiques de V Algérie : Musée d'Alger, par M. Doublet, Paris, 1S90 ; de Coi»-
tantine, par MM. Doublet et Gauckler, 1893.
7. Fouilles de M. Waille.
8. Fouilles de M. Gauckler.
9. Recherches et fouilles de M. Gsell en Nuinidie. Nous reviendrons tsos
doute plus tard sur les belles fouilles de M. Gsell à Vulci en Étrarie, éditées
par Thorin à Paris, in-4*.
V Le liTre de M. Gi&ViT sur l'Armée romaine d'Afrique et foeeupu'
Kofi militaire de l'Afrique sous les Romains' est le plus beau qui ail
(té encore consacré à l'Afrique romaine. Il l'esl par ses dehors : dis-
iosition des matières parfaitement claire, correction typographique
Irréprochable, groupement harmonieux des notes et dos tableaux jus-
jtÛcaUfs, héliogravures et bois d'une incomparable netteté*; mais il
peat surtout par son mérite intérieur : Tabondance el l'exactitude des
renseignements originaux, la richesse de la bibliographie, la sitrelâ
|e l'érudition, une exposition précise, des vues d'ensemble, la grande
Imponance historique des questions qu'il résout et des réflexions
gu'il suggère.
I. Le livre 1" est consacré à VHisloire des guerres d'Afrique sous
VEmpire romain. — M. Gagnai constate avec raison (p. 90) qu'il est
Ibrt difficile de se rendre compte de l'importance rolalive de ces dif-
pérentcs guerres, étant donnée la manière dont elles nous sont con-
luies. Les guerres de Tacrarinas et de Firmus ont eu d'éloquents
liistoriens, Tacite et Ammien, qui n'ont négligé en les racontant
Aucun épisode pittoresque; aussi sommes-nous tentés de leur assi-
gner une exceptionnelle gravité. Kn réalité, il est probable qu'elles
n'ont pas eu plus de conséi.]uence que cette terrible révolte du temps
d'Auguste, connue seulement par six lignes de Dion Cassius, ou que
îes incursions des Maures en Bétique sous Marc-Aurèle, ni surtout
,t|ue la mystérieuse insurrection de la Kabylie au ni° siècle^. — Ce
tjui ressort de tout ce chapitre, c'est que, sauf peut-être sous Trajan
jet sous Hadrien, l'Afrique n'eut pas, a proprement parler, un mo-
iment de repos absolu, et qu'aucune génération n'y connut sans inler-
imède la domination de la Pax romana; en Gaule, cette paix a duré
'au moins un siècle-, il n'y a pas dans l'Empire de pays qui ait été
iplus souvent troublé que l'Afrique, et troublé d'une manière plus
.régulière et plus monotone. — C'est que l'adversaire n'y vient presque
'jamais de la frontière, comme l'ennemi du Rhin, du Danube ou de
il'Euphrate: c'est dans l'inlérieur même de la province qu'il prend
inaissance et qu'il se renforce le plus aisément. Sous Tibère, "Tacfa-
iTinas est un ancien soldat de l'armée romaine; le noyau de ses
:troupes est formé de déserteurs et de brigands indigènes : c'est une
liande do pillards avant d'être une troupe armée. A la fin du in" siècle,
I 1. Paris. Imprimerie nationale, Leroux, édjleor, iii-4' de xzit-S10 p.; nom-
brenees plancbes hors texte et graTures dans le texte, 1S92.
' 3. LTiéiiOfiraTure qui représente la uivalerie maure de la Colonne Irajane (de
~ [. DujanliD] est remarquable ; de même, les vue» àa préloriUra de Lambessa.
\ Il j Mirait peut-être & compléter l'étude chronolo^que de» guerres de la
dn ni* siècle.
314
IDLLmiK IISTOUQDB.
les Babares ellee Quinquegenlanei, qui faillirent engtoatirr
romaine, dnsœndaient duBaborel du DJurdjura : pour les Ronuiai^
c eLaient des rebelles piuà que des eDnomis. — Aus&i lea g
d'Afrique n'ont-elles pas le caractère de grandes expédilions suivia
comme celles de Germanie, d'Iîlyrîcum ou de Syrie : ca soni di
incursions insaisissables, des soulèvements simullanés qui tifl
prennent et environnent, des bandes qui naissent on ne sait où, g
ne sait de qui, et qui deviennent en un clin d'œil une troupe, tu
armée, une nation. En quatre lignes. Tacite nous marque la rapid
progression : primum vagi ad praedam..., dein more mititioea
posili..., postnmo valida gens'. Le plus souvent, c'est an brigan
dage par largos razzias, sans vue d'cusemble cbez l'ennemi, :
possibilité cbez les Romains d'une répression déflnilive.
La nature de ces guerres explique la manière dont s'est bite l'(k
cupalion territoriale de l'Afrique (liv. III >|. — Il &ut recomnltR
avec M. Cagnat, qu'il y a eu cbez César et Auguste, qui uni wa^
le système de la défense militaire de l'Afrique romaine, et chez Traju
ou lladrien, qui l'ont développé, une profonde intelligenoe des cl
des hommes et du sol africains; on peut dire à coup sûr qu'eu Afrtqn
comme en Gaule rien de ce qu'ont arrêté les deui fondaleura de I'Ebi
pire n'a été livré au hasard. — En Gaule l'ennemi est le voisin, li
Germain : aussi les moyens de défense militaire sont acciunuléstt
à vrai dire, immobilisés à la frontière : de Leyde à Constance, Cttt
un camp retranché continu, à l'abri duquel la Gaule vit, en provioel
désarmée, pacifiée, d'une existence civile cl bourgeoise. En .Vfriqm
i'occufiation militaire est partout, elle est aux frontières, elle est H
tout à l'intérieur. Y a-l-il même une vraie frontière*? Les HonauiB
n'ont pas l'idée en Afrique des murs formant Umti, comme cetn de
Bretagne ou de Germanie. L'Afrique est partout pays Groatière. tlj
a des postes, castella, burgi, lurres, du cblé du désert; il y ei
Kabylie, dans le Babor, sur les plateaux, sur le rivage, dans les nl|
léesde l'Oued-ChèhfT et de l'Oued-Sabel*. L'Empire ronuin a tbtf
1. Annatei. 2, 52.
2. Nous aarion* préféré que ce llTre Ttnl après l'exposé des guerrM,
l'étude de l'arganisaliaD des forces mititairei. A^aal d'étudier ComnMatPltnii
était coDStitaée, il était peut-être iodlapenuble d'eiamber, an polol il n*
Btral^iqne, le pays qu'elle avait à dérendre ; la composition de raraètw*
caiiLB s'eipUque par la maDière dont elle deToit se cantonner et asimnt I) P^
tection de l'Arriqoe.
3. CF., p. 671, les excellentes remarques de M. CiËnat ai
limes el te tfilème dtftmif.
4. U. Cagnat donne une série de boanes caries. Nous anrkws aimé naf^
d'ensemble où rimparlance stratégique des diQérentes places (orlta fdt r'**
ché les nœuds slratégiques de l'intérieur el les a occupés par ses
soldais : rien de pareil on Gaule ni dans l'Italie impériale; l'Afrique
romaine est exacLemeiiL traitée comme l'Ilalie du m* siècle avant
notre ère, comme un pajs à tenir sans cesse à la gorge. L'étude du
m&saif de i'Aurès, centre stratégique de l'occupation, est particuliè-
rement intéressante et remarquablement faite par M. Gagnai. « Le
p&té de I'Aurès élait entouré d'une ceinture de postes militairos...,
au Bud, bisant rempart contre les nomades du désert, au nord, contre
las iodigènos de I'Aurès même, «et, pour assurer les communications
entre les deux lignes, des postes a gardent les passages creusés par
les rivières à travers la montagne » (p. 584). — C'est un peu le sys-
tème actuel de l'occupation militaire en Afrique : de la même manière,
la France se défend aujourd'hui , comme se défendait autrefois la
Gaule, surtout par les forts de ses frontières. A quinze siècles de
distance, la crainte des mêmes ennemis a amené en Gaule et eo
Afrique les mêmes règles de stratégie défensive.
Ces nécessités de la défense expliquent la manière dont a été com-
posée l'armée romaine d'Afrique (liv. II, l'Armée d'oceupalion jus-
qu'à Dioclétien]. — En Gaule, le long du Rhin, vous avez un mur
compact : huit légions, des troupes auxiliaires groupées autour d'elles.
Eu Afrique, une seule légion, la ///' Augttsla : campée d'abord à
Tttwssa, elle s'installe sous Trajan à Lambessa, à proximité de l'Au-
rts, massif central de la défeoso et centre de ralliement des troupes.
Puis, partout, des détachements dont l'importance et l'origine varient
à rinflni : auxiliaires, numeri, vétérans cantonnés, corps d'irrégu-
lîers indigènes. — M. Gagnât a consacré k ces dernières troupes un
chapitre fort curieux (p. 325 et suiv.]. L'Empire choisissait certaines
tribus pour les armer, leur donnant des chefs romains el surveillant
par elles les tribus hostiles. — Gelte politique élait habile, mais fort
i]élicate; ces indigènes pouvaient aussi bien servir de complices aui
pillards contre lesquels on les armait : en Afrique, Rome ne fut sans
doute jamais siire de ses amis ni avertie de ses ennemis. Quatre
siècles d'insurrections montrent qu'elle ne réussit pas entièrement
dans son œuvre.
II n'y a pas, dans l'histoire militaire de l'Empire romain, de pro-
vince organisée de cette manière, obligée de faire chez elle-même sa
propre défense, où la guerre soit moins une aflîiire de politique exté-
rieure que de sûreté générale. — Remarquons que, sous le Bas-Empire,
c'est ce système de défense à l'intérieur qui sera appliqué dans toutes
l iadiipiée, pu exemple par des lettres de grosseurs diTenes, i
carte où l'oa «aiitl mieux b structure raîlilaîre de l'ATrique romaine.
346 BULLETIN HISTOEIQUI.
les provinces, en Gaule, en Italie, en Bretagne même, conmie il l'est
en Afrique depuis César et Auguste : c'est ce qui explique pourquoi
la réorganisation de l'Empire vers l'an 300 a relativement moins
transformé TAfrique que les autres provinces (liv. lY, FOecupaim
militaire de F Afrique après Dioelétien) *.
Voilà les principales questions d'intérêt général que provoque b
lecture de ce livre. Ajoutons que, dans Texamen de rorganisaliOQ
des troupes, il résout un certain nombre de problèmes de détail, ee
qui rend son livre indispensable pour bien connaître les antiquités
militaires de Rome'. — De la même manière, Pétude précise, claire
et minutieuse sur la topographie militaire du pays et sur Tarchéologie
des castra africains, étude qui est, dans le détail et Fensemble, la par-
tie la plus complètement neuve et originale de ce travail (p. 497-
746), en fait un ouvrage de première importance pour tous les explo-
rateurs et les historiens futurs de la France africaine.
De ce livre il résulte en somme une impression rassurante pour
la domination française. Quatre cents ans après la conquête, des
insurrections d'indigènes menaçaient de mettre fin à la domination
de Rome, et, cependant, vivant ainsi au jour le jour, l'Afrique a pa
se romaniser, au moins à la surface. Qu'on prenne maintenant nos
cinquante années de colonisation et qu'on les compare à n'importe
quelles cinquante années de l'Empire romain : on ne trouvera dans
l'histoire présente de TAfrique ni plus de luttes ni moins de travaux.
Nous avons fait au début de notre œuvre plus que les Romains au
moment le plus facile de leur tâche, a Tout l'avantage, dit M. Gagnai,
est de notre côté. > — M. Gagnât dédie son livre « à l'armée française
d'Afrique et de Tunisie » ; tout bon Français doit le remercier de
l'avoir écrit.
En collaboration avec M. Schmidt, désigné par l'Académie de Ber-
lin^, M. Gagnât vient de faire paraître un premier supplément an
tome VIU du Corpus inscriptionum latinarum. G'est, je crois, la pre-
mière tentative qui ait été faite, depuis vingt ans, d'une entente offi-
cielle, directe et continue, entre un savant français et un savant alle-
mand ; et je ne pense pas que la science ait à s'en plaindre ni que
1 . CeU« période est peot-^tre un peu abrégée dans le livre de M. Cagnat
2. NoUmment, p. 125, l'état-major d'un légat; p. 192, les grades des cento-
rions; p. 339, l'escadre d'Afrique; p. 377, les services administratifs de l'ar-
mée; p. 427, les travaux des soldats en temps de paix; p. 457, caisses d*épaign6
et collèges militaires.
3. Inscriptionum Africae Proconsularis Latinarum supplemeniuM eM-
runt Benatus Gagnai et Johannes Schmidt^ commeniarOs instruxU Jokanna
Schmidt, Berlin, in-fol. (p. 1143-1666 du t. Vm du Corp. huer, lot.), 1891.
.u^
is deux collaborateurs aient regrel(« un inslanlde Iravailier ensemble.
; — M. Gagnai a, dans le détail, les honneurs de œ volume, qui ren-
Berme surtout les inscriptions de la Tuaisie; il a trouvé (seul ou en
mission avec M. Keinach) un très grand nombre de ces textes; il a
Vérifié ceux que ses prédécesseurs avaient trouvés depuis dix ans;
il en a contrôlé une bonne partie sur des estampages envoyés à Paris ;
Q a bit à la bibliothèque Mazarine le dépouillement des papiers de
Iléon Renier. Le rommeulaire, quoique dressé en principe et rédigé
par M. Schmidt, lui doit inliniment. — Quel béuéllce screntiflque
(wur la Tunisie que l'apparition de ce nouveau volume! Le recueil
de Wilmanns, paru il y a dix ans. ne renfermait que 2,000 inscrip-
lïoos trouvées dans ta Régence; on en connait aujourd'hui près du
t]uadruple. Le protectorat français a ou dans le domaine arcbéologique
d'inappréciables conséquences.
■ Enfin, c'est M. Gagnât qui, en collaboration avec M. GŒsvtiLWiLD,
a entrepris cette superbe publication de Timgad, qui va nous faire
revivre dans ses monuments et son éclat la cité morte de Numidie'.
Après le sanctuaire de Saturne d'Aln-Tounga, exploré il y a quatre
;aa8 par MM. Gagnât et Berger, voici celui du djebel Bou-Kournéin, en
Tunisie, qui, grâce aux fouilles et aux découvertes de M. Touiiin,
jious est connu maintenant dans ses moindres détails*. G'esl un impor-
.tant chapitre ajouté à l'bistoire religieuse de l'Afrique phénicienne et
romaine. — M. Toulain a trouvé sur les hauteurs du Bou-Kourném,
à SOO mètres d'altitude, près de 400 stèles consacrées à Saturno Bal-
taranensi et datant de l'époque impériale. Balcaranensis est visible-
ment le nom romanisé du dieu et du lieu, nom que perpétue aujour-
d'hui encore celui de Bou-Kournéin. « Il est fecile de voir, » dit avec
raison M. Toutain, u que Balcaranensis est l'appellation latine d'un
■Baal iudigène, sans doute Baal Qarnaïm : le Baal pbénicien a été
';ïdeaUQé avec Saturno par les Romains, et le dieu [comme Jupiter ou
iKars en Gaule] a reçu comme épitbète ce qui était autrefois son nom
ipriodpal'. ■ — U est à remarquer que H. Toutain n'a pas trouvé le
1. Batavillnold el Gagnât. Timgad, l" livr. Paris, Leroux, 1S91.
3. Le Sanctuaire de Saturne BalcaraneniU au djebel Bou-Kournéiit [Tvnt-
tU), p. 1*124 des Mtlanget de FÉcole française de Rome pour aïril 1892.
3. Je me demande même ail n'y a pas eu use double Iriinsforiaitiun de la
'di'inité du mont : oa peut supposer une divinilé indigène topique appelée
•Car» ou de tout uutre nom approchaal et identiâé par les Puniques avec Baat,
tSaal Qaraaim (comme les RomaioB ont réuni en Gaule Merevriui Dwnias);
[fais une ajsimilalïon de ce Baal Qarnalm avec le Saturne romaÏD, assitnlla-
IIUOD oisex mal faite, puisque dans celte seconde identitication le Baal (de Bal-
«oraneiul]) (ail double emploi avec Saloroe. 11 do Tiiut pa» oublier qu'en
318
BDLLETI^ BlSTnKtQDB.
moindre débris d« temple, el il résuJte évidemment de ses
qu'il n'y en avait pas. M. Toutain rappelle, avec un gnmd
f|uc les Phéniciens comme les Juifs adoraient volontiers la
Biir les hauts lieux, et qu'ils l'adoraient sans temple el sans stalœ,
dans une simple enceinte sacrée pourvue d'ua autel ; et il cite le letU
célèbre du Tacite sur le mont Carmel * : Carmelas... Ha twani mMlai
deumque : « le même nom sert au dieu et au mont; > ttectimulaenm
deo aul lemplutn, ara tantum et reverentùi : ■ un simple suld saoa
temple. * Les fouilles du bou-Kouroéln sont un éclatant commentain
du passage de Tacite. Au second siècle do notre ère, les Afrioiu
romanisés conservaient encore intact le culte des bauls licox de ii
tradition phénicienne.
H. pALLn DR Lesssbt s'est fait une spécialité do l'étude de l'oifaiii-
sation provinciale africaine. Son nouveau mémoire sur le» Fkotra
cl cotnles d'Afrique est digne des précédents'-, 11 est composé anc
érudition et conscience. Ou pourra discuter avec lui quelques poinl»
de détail, mais sa liste et son classement des fonctionnaires afrieuu
du Bas-Empire rendront de grands services à ceux qui s'occupent de
cette question si importante de la chronologie du ir siècle. Nvia
regrettons seulement qu'il n'ait pas étudié dans deui parti» diD^
rentes les vicaires et les comtes, et qu'il ait laissé écliapper boa
nombre de fkules d'impression dans les noms propres^.
L'Egypte romaine est un peu une dépendance archéologique dt hr
Franco, grâce aux découvertes de notre école du Caire. A ce tltn, (t
aussi par son origine et par sa valeur, VEitai de H. AJidillik
StvilEi sur la province romaine d'Êffypte depuis ta conquéllj'^'
iju'à Dioftétien* mérite d'être signalé. C'est une thèse ds <Ioctan(
en droit, soutenue devant la Faculté de Montpellier : l'auloir Ml di
Caire et il parle avec émotion, dans sa préfbce, de sa bien-aîmél
AfHiue tes dîTiniKsonl ru se superposer 1 elles déDt panthéons finffinilft, T^
tous Aeui. se soq[ comporlés arec elles de U mfime manître.
\.RiitoiTtt, II, 78.
2. Yicairet et comtes d'Afrique (de Dioelétien à l'tnvcufon vandatt), tif^
des .Volieet et .Vémoires de la -Sorirte archiologiqne de ComtanliM, L ÏX*t
ConsUallDe et Paris (Picard et Pedane-LaiirieJJ, ia-8- de I8t p., \Sn.
3. L'JDHcriptioD d'Atn-Ouessel, i|uj nous donne un chapitre doiitmu et ItW
Badriana, conaae déjit par le Taineui leile de Souk-»I-Khinis, vieolft* (oM^
k H. Mispouiel une étude serrée et habilu dans In SouvetU revue AlitorlfW i*
droit (mars-avril 1892). Cf., sur cette iuscriplloo, Cartun. H«t»ie arcti*i>kl*f<
ntme date.
4. Paris. Thoriu, in-8* de ÏÎS p.. IB91. Cne aaltt thèse de droit a pin W
le même sujet en ISUI i Paris : Guillaumot, i'Égfpte protrinct rematm- E"*
est beaucoDp moins jmporUnte que celle-ci.
FUSCE, sut
trie. Mais il so montre aussi Français dans son livre, par sa
léLhode, sa clarté, la sûreté de ses informations. M. S. s'excuse
voir traité ce sujet; qu'il se rassure, il la bien traité, en connais-
ince de cause, d'une fhran complète e.l exacte. Nous lui reproche-
la de ne pas résumer et de ne pas conclure; nous ne serons pas
tjours d'accord avec lui sur le détail, mais évidemment ce livre,
SI est un début, n'est pas un es.sai.
IV. GiDLB HOHiiNE. — Nous D'avons pas cette année de beaux livres
'ensemble sur l'histoire de nos origines, mais une série de bonnes
tcbercbes ou de brillantes études.
C'est une théorie extrêmement hardie que celle que soutient
. REi.iiCD dans la Fevue celtique*. — On sait que la Gaule n'a
Ussé, de l'époque immédiatement anlérieure à la conquête romaine,
lieune représentation figurée, aucun veslige de statue de pierre ou
bois ; et cependant, à l'époque lointaine du renne et des cavernes,
3 ancêtres n'ignoraient pas l'art de graver et de sculpter l'os ou
Ivoire, comme le montrent les découvertes de Chaffaud ou de Bru-
iquel. Comment s'expliquer celte brusque disparition de tout art
tique cher, les Gaulois? M. R. suppose qu'il y a eu une prohtbi-
loQ solennelle, sans aucun doute de nature religieuse, édictée contre
Images taillées, et cette prohibiLion viendrait de la caste des
Iruides : les druides, comme Numa, comme Moïse, comme tant de
6gislateurs primitifs, auraient défendu de modeler aucune statue. —
)a pourra discuter cette doctrine, mats nul n'en contestera la logique,
science et l'extrême intérêt; e!ie semblejetercomme une vive lueur
ir ces problèmes de nos origines nationales, où M. R. devient désor-
Bais un maitre.
H, Chr. PprsTEB étudie avec celte précision, celle honnêteté, cette
sûreté du doigté scienliflque auxquelles il nous a accoutumés, les
nonumenls mégalithiques et celtiques de Sainte-Odile en Alsace,
pli ont soulevé tant de controverses'. Il voit à juste titre dans les
les principaux ceux d'un oppidum gaulois; il est vrai qu'on ne
trouve pas à Saiute-Odile de débris analogues à ceux qu'offrent en
grand nombre le Beuvray ou les autres oppida des derniers temps
de la Gaule indépendante; mais loppidam de Sainte-Odile a servi,
BOUS Rome et plus lard, de lieu de défense, a été conalammeal habile;
autres oppida, évacués dans les premiers lemps de la conquête
romaine, sont demeurés à demi intacts, riches en ruines et en débris.
t. SiloiDOD Hcmach, l'Arl plasiique en Goule et te dtuidisitte, l. XIII de la
itme CfUtlque, 1892.
i. Lei àn'Aeni monuments de Sainte-Odtle, daas les Annalet da t'Eil
d'atril 1893.
320 BDLLSTIN HtSTORIQDE.
— Cette dernière remarque est très importante pour l'hiaUrire de It
Gaule. Nous avons vu, pour notre cotnple, un de ces oppida évi-,
eues, selon toute vraisemblance, vers les premières années du r
de Tibère, alors que peut-être une mesure générale obligea Ira Ga*
lois à délfùsser œs retraites, dangereuses pour le nom romain : !
poteries, les clous et les ferrures apparaissent à fleur de sol ; ou t
encore les maisons et on devine les rues ; le temple ou l'édilice pri
cipal domine de ses ruines les autres débris et, au pied, git uneUf
plaque de pierre, destinée à porter une inscription ou une sculpton
et abandonnée par l'ouvrier au moment où il y travaillait encore, i
devine une bourgade où la vie a été interrompue en un jour, sur i
ordre subit'.
Le mémoire de M. Bud£ sur les Ibèrei* a fait une grande tmprtt
sion sur tous ceux qui l'ont lu, comme on a pu s'en rendre conipM
aux séances ûvtV Association françaùe pour Pavancetnent du KtenoUf
tenues h. Pau en septembre 4892; c'était Justice, car les coadmionc
sont nettes et déduites avec une rigueur scienUfique : > Il esl fa
riquemeot et pbilologiquement prouvé que les habitants de la pi
tive Aquitaine se rattachaient à la race ibérienne par la race et pV
la langue. El, par langue, il faut entendre ici l'idiome dont est i«
le basque actuel, parlé sur l'un et l'autre versant. Les Basques faof
çais ne sont que les descendants, non romanisés, de ces Ibères. A
aucune époque, les Vascons d'Espagne ne se sont emparés d'iu
portion quelconque de l'ancienne Novempopulanie et n'y ont imporli
leur type ethnique et leur langage. • M. Bladé ne s'étonnera pas it
nous voir adhérer complètement â ses doctrines ; mais qu'il noiB
permette de regretter sincèrement les polémiques persoonelleâ ai
quelles il s'est livré, qui ne peuvent qu'en atténuer l'efTet et en com-
promettre le légitime succès.
Le zèle des épigraphtstes gallo-romains ne se retâche pas un iot*
tant, M. EsrriunuiEiJ continue, dans la Rtvue de Gascoçae, le rewiol'
des inscripljons de Lectoure et prépare celui des inscriptions pid>
gourdines. M. Mowii a fait une très heureuse excursion épigniphii]ii
dans la Hayenue ^ M. Uwiatis, après nous avoir donné, dans le Cerj^
1. H. Justin Ballanger fient de faire paratlre une tradactioa rriD(alMi|
Gé»ar, Gaerre da Gaules (Parii, Ttiorin, 1892), dont les notes ni
joun heuieuMS. Nous n'avoai pas reçu l'ouvnge du colooet SlaRtl m '
guerre entre César el ArJotisle.
1. Ui Ibères, par i.-F. Bladé i io-S* de 40 p. (eilntl de* Acte» istâSi
des beUts-ltUres dAgen), 1892.
3. Réuni à rioslanl ca rolume, Inscriptions antiques de Uetovre, 1*8"*
148 p., Aucb el Paris (Tharln), Iti9t.
4. Les Oernièrei découvertes épigraphiÇMes dans le dip. de la M
IB BuUeUn but. et ardUol. de ta Mafenne, 1893.
grec de l'Académie de Berlin, tes inscripUons grecques de la Gaule,
lermine * le recueil des Inscriptions pyrénéennes : Sacaze l'avait com-
mencé, M. Lebègue, â l'aide des papiers laissés par son ami, l'achève
avec un soin et un désintéressement dignes de la reconnaissance de
tous. M. Germer- Udbind annonce, dans la nouvelle Uistoire de Lan-
guedoc, les inscriptions de Nîmes et du pays nlmois. Enfla, leur doyen
et maître à tous, M. Allmer, publie, avec la collaboration de M. Dis-
siHD, le cpiatrième volume de ses Inscriptions du musée de Lyon, qui
sera son plus beau livre et le meilleur recueil d'épigraphie gall(K
romaine paru dans notre pays*. Je ne connais pas encore les deux
livres de M. BizrN sur Nîmes, sur Lyon et Vienne gallo-romains;
mais, sacbant do près comment l'auteur les a faits, je les garantis
sûrs, précis el intéressants*. — M. Rochetis commence un travail
iOr Avignon dans [antiquité*, le premier examen sérieux qui ait
été encore fait sur les origines de cette ville". M. Signier continue
ses études sur la numismatiijue de Vaucluse" : cette petite Académie
de Vauduse est vaillante et ses Mémoires précieux pour l'histoire, —
H. JocRftASNE, qui deviendra sans aucun doute l'historien du Nar-
boonais, vient de publier une étude érudite sur les Littérateurs nar-
bonnais à F épague romaine''.
Voici un travail original et qui peut donner le branle à toute une
série de curieuses recherches : c'est celui de M. le docteur MoiLitsE"
I. Bévue des, Pyrénées (Association Pyrénéenne),
7. Allmer el Dissard, Inicripitont antiques dn Musée de Lyon, L IV, 516 p.,
165 grat.
3. KtiMS gallo-romain^ guide d\t touriste aTctiéolopte. Nîmes, Michel, 300 p.
el grav-, 139'2. Nous recevons en ce monieat ce rolume ; il y aurait bien t Taire
quelques rÉsercea de détail. — Vienne et Lyon gallo-romains. Paria, Hachette,
100 p. elgraï., 1892.
4. Mémoires de l'Académie de Vaacluse, 189!, 3" trimestre.
5. H. Roebelin admel avec raison qu'Avignon a dû être forliliée sons Augnsle,
<oinm« Nîmes, OriDgc, Vienae, Apt et les autres colonies de la Narbounaise.
Vojree, 1 propos de ces fortiScalions gallo-romaines, le réceut ouvrage de M. lu
cidoiiel de la Ho» sur les Fortifications antiques.
& Mémoires de VAcodémie de Vaucluse. 189M893.
7. Puis, Leroui, 1891, et dans le BMetin de ta commission arehéologique
de yarbonne de 1892. Nous recevons du mËme : les Variations du littoral
luirbminaU, sérieuse élude sur In lopc^raphle du pays A l'époque ronalae
[Paris, 1692). Nous ne connaissons encore que le titre des ouvrages suivants :
L, de la Uarsonniére, Claudia Varénilta [sans doute de l'ioscr. de Poitiers),
Paria, LecËne et Oudin; Eck, les Deux cimetières gallo-romains de Vermand
tt de Salai-Quentin, Paris, Leroux; Hentienoe, Cimtiiire gallo-romain de
Bry, Paris, Dupool.
8. JUeherehes sur l'évaluation de la popuiation des Gaulei et de Lugdu-
■vn, eu. Lyon, in.8* de 102 p., 1892 (Acadéioie de Lyon}.
soia el qodb
322 BDLLETrN BtSTDBlQini.
âiir la durée de la vie à Lyon el dwa les cités romaiutt. Sir
4,000 inscriptions fïméraires de Rome, il a trouvé 2 cenlenûni
et 4B octogénaires; à Lyon, sur 16e épitaphea, 2 de nonagéoaini,
I d'ocUi^iiaJre ; en ATrique. comme on l'a souvent remarque d'ail-
luurs', les centenaires abondent, rit sur 4,0oo et. parmi ou, da
hommes de 110, H5, 120, 125, 126, et mAmc 131 et t32ans. L'àfl
moyen serait en Afrique de si ans. — On a trouvé pour Bordtuiti
comme durée moyenne de la vie, un chilTre qui se nippnctw dB II
moyennecontemporaîne,36 ans*. Mais il Tant se rappeler sans «M
le danger decesslaiistiques; elles sont forcément incomplètes, car la
Romains ne gravaient pas d'ordinaire l'âge des tout petits eobnts.
Enlin, l'histoire de la Gaule au tii* siècle'*, la période lamoin
connue et peut-être la plus attirante de notre passé, commence pto
à peu â sortir de la pénombre. Les milliaires de Rennes, savammod
étudiés par trois érudits*, nous montrent avec quel soin el qodb
ténacité les empereurs gallo-romains ont pris à lâche
tuer en Gaule le nom romain el la prospérité matériells.
verte numisoiatique d'Ëvreux*nous fait assister à un noi
de la grande invasion de 276-2TT : les trésors enfouis à
des barbares et jamais recouvrés. Nous avons la une preuve de
de la violence deâtructrice de cette invasion, qui a fait plus pourlt
malheur de la tiaule que toutes les courses célèbres des barbare
du T* siècle. C'est cette année-la que pérît véritablement la premiers
Gaule romaine. L'Histoire Auguste le dit en une ligne;
presque toutes nos ruines datent de là : avec elles nou» voyooslt
désastre et nous jugeons de son étendue. (Camille itsuus-
NBCBOLOaœ.
La Pewe hUloriqve a annoncé dans son dernier numéro la mort
de M. Siméon Luck, membre de l'Institut et professeur à l'École ia
1. Œ. le discour* de U. Bois«ier i I« siuce da iT mil 1891 in Commi»
travaux liistoriqva et leientllvpiet.
7. Interiplioni roiaaines de Scrdeaitx, l. Il, p. 553.
3. Les Gauloii et ttt Germaini lur la monnatef romainei, tri eat \t <iVt
d'une brocbare érudile. coin|i[i!le et utile de U. BUnchet «nr le* repriMilt'
lions no mi uni tiques de» Gaulait et des Gennaina (Bniiollen, tSSI}. La btodun
de H. Amtmann [Ut nuptial, Bordeani, Feret. 1892) ajoute nii trtt cnrMi
moaumeut i la connaissaDce de la céramiqQe et de i'atl gauloif.
4. UU. Deconibe, Espérandien et Robiou, dans le* Annale* de ta Sx^
archéotogIqaB dtlle-et-VUaiM. Sor 13 milliaires. 10 sont de Pothme, T)<>°'
rîn, Tétricus.
5. Concluaiona fort justes de U. Fem<r, te TWjor mllllalrt dÉvrtia, J"»'
la RtBue numlinatiiitie ile 1S93, p. 7-38.
chartes. La perte est sensible pour l'érudition Trançaise; M. Luce était
encore dans la Torce de l'âge, aussi ardent au travail (lue par le passé,
et Ton pouvait eâpérer<]ue longtemps encore il continuerait ses beaux
travaux sur l'histoire des derniers siècles du moj'en àgo.
Siméoo Luce était né, le 29 décembre ^833, à Brelt«ville-8ur-Ay
(Manche). Dès l'École des chartes, où il entra on 4850 pour en sortir
deux ans plus tard, il se montra ce qu'il devait être toute sa vie :
travailleur, curieux et perspicace. Comme thèse, il avait composé une
histoire de la Jacquerie, qui dès Tannée suivante lui valait le litre de
docteur es lettres; aujourd'hui à peu près introuvable et toujours
estimé, cet e-xcellenl ouvrage faisait bien augurer des Futurs travaux
du jeune historien. L'un des premiers, il montrait quelles ressources
OD pouvait trouver pour la critique des chroniqueurs du iiv siècle et
du plus grand de tous, Froissart, dans les innombrables documents
diplomatiques de ce temps. Patient et méthodique, il savait trouver
les faits et les mettre en lumière, et il prônait dés lors possession de
cette histoire de la guerre de Cent ans, dont il devait faire Tobjct
favori de ses études et qu'il allait entièrement renouveler. Sa thèse
latine était une étude sur la chanson de geste de Gaidon, dont un peu
plus tard il publia le texte avec Francis Guessard. A ce moment,
semble-t-il, il hésitait encore entre l'histoire politique et l'histoire
littéraire du moyen âge. Dès i 861 , l'édition de la Chronique des quatre
premiers Valois, démuverto par lui et publiée sous les auspices de la
Société de l'histoire de France, prouvait qu'il avait définitivement
trouvé sa voie. En i 806, il entreprend pour cette même Société l'édi-
tion de Froissart, projetée depuis déjà bien des amiées et dont nul
n'avait encore osé se charger. On sait ce que vaut cet admirable tra-
vail, quelles ressources fournit aux historiens le commentaire scru-
puleusement exact dont l'éditeur a enrichi la célèbre chronique. Tout
le XIV' siècle revit dans ces notes copieuses, la suite des faits y est
pour la première fois bien établie, et le travail que Léon Lacabane,
un des prédécesseurs de Luce, n'avait pu terminer que pour fa cam-
pagne de Guyenne en 1343 et 4340, celui-ci a su l'exécuter jusqu'à
U fin du premier livre. L'édition reste malheureusement inachevée;
quelqu'un des jeunes confrères de Sim éon Luce acceptera sans doute
la tâche ardue de la parfaire, mais au premier éditeur reviendra tou-
jours le mérite d'avoir ouvert la voie, d'avoir indiqué la marche à
Buivre pour critiquer Froissart, admirable, mais trop souvent peu
exact écrivain.
L'édition do Froissart est l'œuvre principale de Luce ; on peut
encore citer la Chronique du Mont-Sainl-Michel, publiée par lui
pour la Société des anciens textes, 1879-86, avec un riche appendice
"N,
.-..:;'. Eii riMuii-âiiiil lesoléri
. • -..lit fil* fra|.»(M* .i»« voircuii
.o:a!»k'. I'iImt lîf ur dv l.i Fr.i
:.rv de iàh:irl»> V un iiionur
: .fil le replacer -i iiis li.» inilioi
!o5 compajri'i.ï dariiies e
• .1 un livre plein «J iiit»»rèl el ^
•.'ivail étudie riil-loire inlinu
.•.lu» cl de riL'ueur a la f».»is. Uni
• .nés inérilés; le cidre e^l un
:.: liuesclin. le Iimii lialailleur.
ù-'i chapitres du livre, les [dus i
i nesl point que-tion de lui. n
. :r un pjùL iiniu.jderé pour la j:*
•? r-'P precipil«'eï. Mais tous les del
' •: iracer un lalikau exact et pilture?
i France au milieu du \iv'- siècle,
navait peint «ie Ir.iits plus sai;
- trouilles. .\i.«ui n«»niinons Micli
r établir entre cei adiniralde écriv
• lornier lui-niénie eût tniuvee ridici
- .-.ut le nier, a subi plus d'une lois 1
. .1 voulu comme Michelet faire revi
^ ^.onl la forme le trahit, s'il montre ti
- - Ambitieuses et les phrases a etfel, k
. sr.in, plus simplement écrite, avec moi
- .ureablemeat et fait bien connailre I
FBilNCE. SS5
Jflsnne d'Arc. Après les travaux de Quicherat, après l'histoire de
M. Wallon, enfin après les pages admirables consacrées à cette noble
Ogure par Michelel, il semblait difficile de trouver des faits inédits,
de développer des aperçus nouveaux. De longues recherches dans
les archives de Paria et des déparlements, un examen minutieux des
actes du procès ont permis à Luce d'atteindre ce résultat inespéré,
et son bel ouvrage sur Jeanne d'Arc à Domrétny (Paris, < 886, in-8")
renferme un tableau, nouveau à plus d'un égard, du milieu où naquit
et vécut l'héroïne jusqu'à son départ de Domrémy; on y voit quelles
influences morales et religieuses elle subit, comment en un mol
elle devint la pieuse inspirée, l'ardente française qui devait déUvrer
Orléans et rendre aux armées de Charles Vil la confiance et l'élan
d'autrefois. Cet ouvrage remarquable, les articles réunis par M. Luce
sous ce litre : la France pendant la guerre de Cent oth (Paris, 1890,
în-18), montrent de quelle force de travail, de quelle ardeur de
curiosité l'auteur était capable. Ëlu en 1882 membre de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, chargé, la même année, du cours
de critique des sources nouvellement créé à l'École des chartes, il
avait pu, en même temps qu'il publiait ces deux volumes et nombre
de mémoires intéressants, s'acquitter honorablement des fonctions
de professeur, nouvelles pour lui. Jamais encore il n'avait eu à s'oc-
cuper de la littérature latine du moyen âge; il ignorait la langue
allemande, indispensable à quiconque veut étudier tes chroniques de
l'époque barbare et féodale ; Il sut à force de travail triompher de
ces dinicultés. 11 apprit l'allemand, il se mit au courant des travaux
modernes prus sur l'historiographie française et professa un cours
nourri de faits, peut-être trop savant pour ses auditeurs, maïs qui,
â défaut de vues d'ensemble, donnait tous les détails aécessaires sur
la vie et les œuvres des annalistes français du vi* au im' siècle.
Jamais dans son cours Luce n'a atteint le règne de François I",
limite ordinaire de l'enseignement à l'I^cole des chartes; peut-être
étâiL-il trop scrupuleux; i! voulait ne rien avancer que de certain,
refiiire la notice de chaque écrivain, vérifier toutes les assertions
des érudils qui en avaient parlé avanl lui. De là l'obligation de lire
la plume à la main des centaines de chroniques et d'annales. Ces
travaux préliminaires une fois terminés, Luce aurait sans doute pu
réduire son enseignement à de justes limites et doter la science fran-
çaise d'un manuel des sources historiques du moyen âge, compa-
rable à celui de Watlenbach. Le temps lui a manqué pour rédiger
cet ouvrage. Il laisse également inachevée l'édition do Froissart,
mais, malgré ces lacunes, son œuvre historique est assez considé-
rable pour faire vivre son nom tant que subsistera en France le
S26 tULLirnr msTOUQini.
goût des hautes études et de la culture sdentiâque. A la fois érodit
et historien, il a renouvelé tous les sujets auxquels il a touché, et
nul à l'avenir ne pourra étudier la guerre de Cent ans sans avoir
sous la main les éditions critiques et les ouvrages d'exposition du
savant académicien.
TRAVAUX SUR L'éPOQUE MODERNE.
XVI*, xvn* ET xvm* siftcLBs. — H. le comte Léonel db LiiJBepcr
vient d'oflDrir à la Société de Thistoire de France VÉphéméride de
f expédition des Allemands en France par Michel de la Huçuerye,
qu'il a publiée avec la collaboration de M. Léon Mirlet (Renouard,
in-S"^. On sait que, dans cette expédition, entreprise pour frapper
au cœur la Ligue et les Guises en ravageant leurs terres de Lor-
raine (août-décembre 4587), La Huguerye remplaça en quelque sorte
celui qui devait en être le chef, Jean-Casimir de Bavière, retenu à
Heidelberg par la tutelle de son neveu, Télecteur palatin Frédéric IV.
C'est dire tout l'intérêt qu'offre ce document. Il feut cependant tou-
jours penser en le lisant que La Huguerye, sorte de condottiere peu
recommandable, Ta écrit pour être agréable à Jean-Casimir et qu'il
ne Ta remanié plus tard qu'avec des intentions tout aussi peu désin-
téressées. MM. de Laubespin et Marlet l'ont publié avec grand soin;
les tables sont excellentes, le commentaire est abondant et précis.
Je n'oserais en dire autant de Tintroduction, où la phrase est vrai-
ment trop prétentieuse, jusqu'à montrer dans les dernières lignes
des mains guidées par des avis. Un peu plus de simplicité n'aurait
fait qu^ajouter à la valeur de ce travail, qui, du reste, n^en est pas
moins très méritoire.
M. Martin Philippsou a terminé, avec les tomes II et III de son
Histoire du règne de Marie Stuart (E. Bouillon), in- 8®, la tâche
qu'il avait entreprise, et son travail est à la fois le plus complet et
le plus exact de tous ceux qui ont paru sur le même sujet. Fidèle à
son titre, il s'est arrêté à cette date décisive du 45 mai 4568, où
Marie cessa de régner en mettant le pied sur le territoire anglais.
Dès lors en effet, comme il le dit fort bien, c son existence appar-
tient plutôt au domaine de la biographie qu^à celui de Thistoire
générale » (p. 428). J'ajouterai que, pour juger Marie Stuart avec
impartialité au point de vue de son rftle politique, de ce qu^elle a
voulu faire autant que de ce qu'elle a fait, il était nécessaire qu'il
en fût ainsi. Le charme de séduction qui émanait d'elle ne lui a pas
seulement gagné le cœur de ses contemporains *, plus d'un de ses
historiens s'est laissé gagner par lui, et son jugement a été mitigé
encore par la compassion qu'inspirent la captivité et la mort de
FRANCE. aST
D en effel se relève par la dignité et le courage qu'elle
montra dans les derniers temps de sa vie, mais, quand il s'agit de
juger la reine, c'est la reine uniquement qu'il faut considérer, comme
l'a fait M. Philippson. Ce qui se dégage de son livre, c'est que la
triste destinée de Marie Stuart a eu deux causes principales : Tune
est un déDiul de caractère, l'autre une conception politique impos-
sible à réaliser. Très intelligente, très courageuse, très habile, douée
d'un véritable sens des affaires et d'une décision parfois virile, Marie
s'est retrouvée femme dans plusieurs des circonstances capitales de
sa vie ; elle a sacrifié plus d'une fois, en un instant, par un brusque
revirement, tous les fruits d'une politique conduite depuis long-
temps avec persévérance, habileté et sagesse. C'est ainsi qu'elle a
agi en épousant Darniey et Bothwell, et plus lard en abdiquant à
Loch-Leven, puis en se réfugiant en Angleterre. Voilà pour le défaut
de caractère. Quant à la conception politique impossible à réaliser
que poursuivait Marie, ce n'était rien moins que le triomphe du
catholicisme en Angleterre et en Ecosse, triomphe qui, en réunis-
sant les coreligionnaires des deux pays pour un but commun, aurait
assuré l'unité politique de l'ile. Cette suprématie de la cause catho-
lique, elle en a poursuivi la réalisation contre le vœu de ses sujets
avec autant de conviction que de courage, mais aussi avec autant de
dissimulation que de ténacité. M. Philippson a le premier mis en
lumière les rares qualités d'énergie et d'habileté diplomatique dont
Marie Stuart a fait preuve soit dans ses luttes contre ses sujets
rebelles, soit dans ses négociations avec les puissances étrangères.
Ces grandes qualités l'ont abandonnée le jour où sa haine pour
Oamiey et son amour pour Bothwell lui ont (^it subordonner toute
sa conduite à la satisfaction de passions purement personnelles. Cela
ressort avec une clarté parfaite du livre de M. Philippson, comme en
rassortent aussi avec une même évidence les responsabilités de Mane
dans le meurtre de Uarnley. Son jugement me parait sur ce point si
discuté d'une justesse et d'une équité remarquables. Il établit net-
tement que Marie a été coupable, connaissant les projets des assas-
sins, de ne pas en avoir averti celui qui devait en être la victime,
mais c'est avec raison qu'il trouve des circonstances atténuantes
dans la conduite de Darniey à son égard et dans le milieu de bandits
où le malheur des temps la réduisit à vivre. Tel est ce livre, très
hien informé, fruit de recherches considérables et d'une critique
exercée. Bien composé, écrit avec équité et agrément, il témoigne
d'une connaissance approfondie de l'époque dont s'occupe l'auteur.
Ce n'est pas seulement le meilleur récit du règne de Mario Stuart,
328 BULLKTIlf HISTOUQini.
c'est an chapitre des plus intéressants de l^histoire des luttes reli-
gieuses du iTi« siècle.
Cette histoire, M. Albert Cillbt a voulu en écrire une page dans
sa notice sur Philibert Berthelier (Fischbacher, in-8^). C'est une
physionomie curieuse que celle de ce Bressan , qui mourut pour
aroir défoidu l'indépendance genevoise contre l'ambition des ducs de
Savoie, et dont les flis furent les victimes de Calvin. Son biographe
Ta étudié avec uq parti pris de sympathie qui demanderait un ejoh
men approfondi, mais qui donne à son livre une allure vive et gail-
larde qui n'est pas sans agrément.
Le récent volume de H. Berthold Zrller, la Minorité de Louis IIIl,
Marie de Médicis et Sully (Hachette, in-8^), ne comprend que ks
deux premières années de la régence, 4640 et 4644. Au début, Marie
de Médicis semble vouloir continuer la politique de son mari; les
anciens ministres de celui-ci, Sully, Yilleroy, restent à la cour,
semble-t-il, avec leur ancienne puissance-, mais, d'une part, Tio-
fluence grandissante de Concini, de l'autre, celle du prince de Gondé,
de retour de son exil volontaire, aboutissent, bien que mutuellement
hostiles l'une à Tautre, à un résultat unique : Tabandon à peu près
complet de la politique de Henri lY. A la fin de janvier 4644, Sull;
quitta définitivement la cour, et à Tintérieur comme à Textérioir ime
politique nouvelle fut inaugurée. C'est au moment où Marie de Médi-
cis va donner pleine carrière à ses idées personnelles, ou plutôt i
celles de ses favoris, que se clôt le livre de M. B. Zeller. Ses mérites
comme ses défauts procèdent d'une même origine, l'emploi trop
exclusif des documents italiens et en particulier des dépêches des
ambassadeurs toscans. Non pas que ces dernières soient sans intérêt
et que l'auteur n'ait eu raison d'en tirer proOt dans son travail,
comme de nous en donner en appendice un catalogue et des extraits
précieux, mais elles ne justiOent pas toute l'importance que M. B.Zd-
1er leur a accordée. Quels que soient en effet la Onesse et l'esprit
d'observation des négociateurs florentins Botti et Cioli, quelque acti-
vité souvent brouillonne que mette le premier au service du mariage
franco-espagnol, il est bien évident qu'ils sont plus encore des intri-
gants que des hommes politiques et qu'ils ne connaissent vraiment
bien que ce qui se passe dans Tenlourage direct de la reine. A ce
dernier point de vue, en revanche, leur témoignage est de premier
ordre, et les pages qu'ils ont inspirées à M. B. Zeller sur la vie pri-
vée de la reine sont, pour cette raison même, les meilleures du livre.
M. B. Zeller nous avait donné des détails sur l'élévation des Con-
cini, M. R. DB CaivEcaBUR nous en apporte de tout à fait curieux sur
ir chute dans on Document noui^eau svr la snceessUm des Con-
tint (Champion, in-8°). Ce document esl un arrél du conseil du roi
lu 34 mars 4618 relatif à la liquiilation de la succession du favori
It de sa femme. Indépendamment de l'intérêt qu'il présente au point
fe vue anecdotitjue , il permet de se rendre compte de deux faits
,fD portants au point de vue de l'histoire générale. Le premier, c'est
|ue la fiiroR dout les Concini avaient arrangé leur fortune, presque
poat entière au nom de Léonora Galigal, montre bien qu'elle était
eur principale et pins importante préoccupation. Ils n'ont vu dans
» bveur de la reine qu'un moyen de satisfaire leur insatiable cupi-
Uté. Le second, c'est que celte insatiable cupidité fut égalée, sinon
lépassée. par les courtisans qui se partagèrent leurs dépouilles.
IFitr; dut toucher ses 200,000 livres de justification sur les fonds
lèposés chez le banquier Lumagne avant même que la condacalion
Ktl prononcée. J'ajouterai que M. It. de Crèvecœura publié ce texte
mportant avec le plus grand soin, le (disant précéder d'une intro-
hietiou excellente, le munissant de notes et J'un index.
Ce n^est pas ainsi qu'a agi M. Eug. IlALraE:!, en se réduisant au
Aie d'un fidèle copiste pour la publication du Journal inédit de
Irfkiiid d'Andilly (Jouaust, În-Sû). Ce document, malheureusement
léQguré par de nombreuses lacunes, comprend toute l'année 4621.
)n y trouvera des détails sur la situation des protestants en France
\ eelte date, notamment sur la sédition soulevée contre eux à Blois
b 4 mai (p. 26), sur la campagne du roi dans le midi, le siège de
Saint-Jean-d'Angély défendu par Soubise (p. 38 et suiv.), l'échec du
lecours amené aux Monlalbanais par Beaufort et Pennaveyre (p. 90).
Dan» ses deux volumes sur Mazarin et Colliei-t (Pion, in-8»),
H. le comte de Goshac: n'a pas eu l'intention de tracer le portrait en
lied des deut personnages. Supposant connu du lecteur l'ensemble
le lavie politique de Mazarin et de Colbert, il s'est attaché à résoudre
luelques-uns des problèmes qu'elle soulève encore, à pénétrer dans
ï détail de leur caractère et de leur vie privée, à nous moutrer en
Dx les homme» plutôt que les ministres. Cela est surtout vrai pour
iolberl, qui nous apparaît dans cet ouvrage avant tout comme l'in-
Bndant et l'homme d'affaires de Mazarin, Une grande connaissance
lu temps et des personnages, des recherches approfondies et sou-
Wnt des trouvailles heureuses, une façon de conter vive et animée
«adent les deux volumes de M. do Cosnac très intéressants. C'est une
luiaerie plutôt qu'un livre composé, mais une causerie pleine de
implicite et de bonne grâce. L'auteur a indiqué lui-même dans son
bilroduction les points sur lesquels il apporte des détails nouveaux,
empruntés la plupart du temps aux documents inédits. Il croit par
880 BULLETiif nnoiiQini.
exemple avoir démontré que Mazarin, étant prêtre^ n'a pa épouser
Anne d'Autriche; j'avouerai quMl ne m'a pas convaincu, quoicpie
ses arguments méritent considération. De même, tout en pensant
que Golbert a été jusqu'à présent trop surfait, je ne serai pas sur
son compte aussi sévère que H. de Gosnac. En revanche, il n^y i
rien à retrancher à toutes les preuves qu'il apporte de l'avarice et
de la rapacité de Mazarin; il donne sur son essai d'entente avec
Pimentel dès 4654 (1, 498), sur sa conduite dans le mariage de sa
nièces, sur la façon dont il administrait sa fortune mobilière (II, 443),
sur ses spéculations, d'une honnêteté douteuse, conune foumiaseor
de l'armée (11, 497) des détails d'un extrême intérêt. On comimnd
que Louis XIY eut hâte de se soustraire à la tutelle d'un pard
ministre, comme il le tenta dès 4655 (I, 479). Mais ce n'est pas don-
ner une idée exacte des deux volumes de M. de Gosnac que de signa-
ler ces détails, quelque intéressants qu'Us soient Cette série de po^
traits, d'anecdotes et de récits est dominée par une idée maitresae
que l'on suit à travers toutes les pages du livre, mais qu'il a expo-
sée particulièrement en deux endroits (I, 398; II, 336). Cette i<Ûe,
c'est que tous les malheurs de la France sous Louis XIV et depuis
viennent de l'abaissement de la noblesse et du développement paral-
lèle de la centralisation et du pouvoir absolu, c La monarchie, dit
M. de Gosnac, avec le régime d'absolutisme qu'elle avait inaugaii,
ne pouvait pas s'accommoder de la vieille indépendance de la noblesse;
celle-ci, tout en versant son sang sur tous les champs de bataille,
servait sans se courber; il fallait à la monarchie, pour son œain
nouvelle, toute la souplesse de la bourgeoisie, à laquelle elle trans-
féra l'influence politique. Par suite, la centralisation de toutes les
forces vitales de la France dans une main unique produisit une
puissance et une grandeur éphémères ; l'épuisement et la décadenee
ont suivi » (I, 399). Il y a du vrai et du faux dans ces idées. Tout
en me paraissant à peine trop sévère pour la bourgeoisie, IL de Gos-
nac me semble trop indulgent pour la noblesse. On ne peut que
souscrire à ce qu'il dit de son courage ; mais il lui a manqué, pour
jouer le rôle indiqué par M. de Gosnac, une chose essentielle : il lui
a manqué l'esprit politique. Elle n'a eu ni l'intelligenoe qui prévoit
les changements politiques et sociaux inévitables, ni la hardiesse
qui les accomplit avant qu'ils soient irrésistibles, ni la ténacité à
suivre pendant de longues années cette ligne de conduite, n &ut
peut-être le regretter ; en tout cas, il fami souhaiter que ce qui reste
de la vieille aristocratie ne se confine pas dans la stérile reUgion des
regrets et des souvenirs et qu'elle apporte à la jeune démocratie qui
s'avance, et qui n^a à son égard ni les rancunes ni les prqugés de
bourgeoisie, avec les glorieux exemples de son passé, ce qui lui
es vertus élevées el brillanles qui consliluaicnl le gentilhomme
is d'autrefois.
tÀ Marquis de Ruvigny, par M. A. de GitTiua de Laboqoe (Pion,
2), eel une page de l'histoire du proleslantismc au itii" siècle,
ite avec sérieux et dans un esprit de tolérance qui fttit honneur â
pteur; malheureusement, ce dernier n'est pas au courant des tra-
faistoriques ot il est trop indulgent pour Huvigny. La conduite
Run'gny au sujet de Tancrède de Rohan est au moins obscure. EnQn
est impossible de juger son rôle politique sans étudier celui qu'il
■nplit comme ambassadeur en Angleterre, partie de sa vie que
. de Galtier do Laroque a volontairement laissée de côté. Je ne
Dis pas, d'autre part, qu'il ait en une mission en Portugal autre
b de pure courtoisie à l'égard de la princesse de Nemours. En
lUiné, l'étude de M. de Galtier de Laroque laisse beaucoup à
iurer sous le rapport de l'information, et l'on aurait voulu de
le voir étudier moins superficiellement le rôle des Ruvigny au
de la Révocation.
C'est encore un recueil de documents imparlants sur l'histoire
tigieuse du xvii' siècle que celui des Lettres du cardinal Le Camui
le publie le P. Ingolp (Picard, in-S"). La physionomie du person-
ig8 s'en détache avec netteté comme celle d'un prélat austère, savant
pieux, très dévoué à ses devoirs. On y verra ce qu'était la vie d'un
léqoe dans ces conditions [p. 43 et t>n) ; on y verra aussi son état
iprit quand il se tenait, comme le faisait Le Camus, éloigné des
Boites, avec lesquels il eut de fréquentes disputes (p. 442 et 230),
somme toute, assez rapproché des Jansénistes, comme 11 convenait
ID correspondant d'Arnauld. C'est par hasard qu'il emploie, en
de la religion, des expressions comme cehes-ci : « Quand on
bien, on n'a pas besoin de beaucoup de méthodes et de livres
voir que son amant est aimable » (p. 42). Le plus souvent, son
yle a une tout autre allure, comme lorsqu'il parle de ces rehgieux
se tiennent « incessamment devant Dieu, comme un ver de terre,
s une hamilialion continuelle n (p. 70]. D'une foi naïve, témoin
^isode du serpent attaquant un blasphémateur [j'ai vu le serpent,
it Le Camus p. 433), il y alliait parfois une remarquable liberté
'esprit. Bien qu'il eût approuvé la révocation de l'édit de Nantes
447), il n'eu était pas moins partisan résoin des mesures de don-
ir pour amener des conversions parmi « ces pauvres gens qui se
mt changés par la seule crainte des gens de guerre • (p. 455), et il
tpèchait qu'on ne les forint par ces moyens à recevoir les sacre-
mts (p. 467). Il expose enfin tout un plan de conversion (p. 464),
332 tOLLtrm RisTOUQDt .
fondé sur des prières et des tnslrucUoiis en fnocais, Uaaant ei
qu'il ne serait pas hostile même à la commanion soos tei d
espèces, qui est à la fois très évangélique el très bardî. M. In^
publié ces textes avec grand soin '.
Avec Le Camus on voit, du dehors, un coin du monde j,
on y pénètre francliemenl avec le très consciencieux volume de S.|
Le Rot, la France el Home de 1703 à 1715 [Perrin, in-S°]. i
beaucoup parmi ceux qui ont écrit sur le jansénisme, H. Albertl
Roy s'est proposé de reprendre l'histoire de cette doctrine et dsi
défenseurs au point où l'avait laissée Sainte-Beuve, en un moll
continuer Port-Royal. Au point de vue de Tabondance el de la si
des informations, on peut dire qu'ila presque égalé son modèle, et,
l'on ajoute à cela que son livre, sauf un chapitre final assez inoli
sur les derniers jours de Louis XIV, est fort bien composé, qu'il
écrit dans une langue très souple et très vivante, malgré queltpMK
légères traces d'affectation, on jugera de toute la valeur que préénll
ce volume, qui. nous l'espérons et le désirons, sera suivi de plus
autres. Qu'a-t-il doue manqué à M. Le Roy et pourquoi son <siiii%
avec tout lo talent dont elle témoigne, reste-t-elle inférieure à celltdt
Sainte-Beuve? La partie historique est excellente-, l'auLeurasodi
ner les documents dont il se servait. La bulle Vnigenilus est vn
le centre de son livre; on voit poindre l'orage qu'elle dicbainenil
l'église de France dé-s les premières persécutions dirigées contn I
père Quesnel ; bientôt celui-ci est réduit à une captivité suivie d'aï
évasion dont le récit est tracé dans quelques pages des plus p
nantes. La lutte ne s'arrête pas pour cela; la bulle Vinmm l
Sabaoth (1703) met à néant la doctrine subtile détinie par les Ji
nrstes, téparcAilité du droit et du fait. La destruction de Port-Rojllt
un des actes les plus coupables de Louis XIV, le met dans a
tion où il était désormais impossible de reculer. .\prè3 cela il ft
obtenir du pape la fameuse bulle et, l'ayant obtenue, il fallait l'impl
ser. C'est au récit de ces événements que sont consacrés les derniB
chapitres du livre de M. A.lbert Le Roy. Ce n'est, comme nous l'a»*
dit, ni le laleat ni la valeur scienliQque qui y manque; ce ffoif
manque, ce qui le rend inférieur à celui de Sainte-Beuve, c'est h
large compréhension, sympathique assurément, mais par-d^suslld
humaine et indépendante, des hommes et des idées du jaaaéiusai.'
L'auteura su, je le répèle, dominer les documents dont il se atnA;
il n'a pas su ou pu dominer son sujet. La où Sainte-Beuve estJuelBF
I. Sigoalon», i un autre point île vue, le passage de U page 3Î m
sceptique el par conséquent tolérant, M. Le Boy juge
qu'il esljaDaénisleotgallicaD, Je ne parie pas seulement
iments sur les personnes, qui me paraissent pourtant trop
l'égard de Louis XIV, de M"" de Maintenon et de Noailies,
à l'égard du P. Letellier, je parie de ses jugements sur les
àes. Il ne se rend p»s compte que, si le janséuismua gardé une cer-
ino (hveur, ce n'est pas à cause de sa doctrine si sèclie, si désolante,
anUbuniaine, ce n'est pas même à cause des admirables caractères
l'il a produits, c'est parce qu'il a représenté à ud moment donné
cause de la liberté dans ce qu'elle a de plus sacré, la liberté de
sufldence. Qu'ils le veuillent ou qu'ils ne le veuillent pas, les Jan-
'sQiates, en luttant contre les Jésuites, ont servi la cause de la tolé-
anoe et de la libre-pensée. Ils sont, bon gré mal gré, un des chai-
oos du lien qui joint les libres esprits du x¥i= siècle à ceui du inii'
1 du III* siècle - Pascal en un sens a contribué à unir Rabelais à
^oltalre. Mais c'est là le côté dogmatique du jansénisme ; iE a eu aussi
n côté politique par lequel, comme l'a fort bien montré M. A. Le
lojr, il se relie étroitement au gallicanisme. Au Tond, l'idée de l'un
jmme de l'autre, car, s'il y a encore des gallicans, le gallicanisme
'existe plus, c'était, pour employer l'expression même de l'auteur,
une Église de France séparée de Rome. » M. Le Roy ne voit d'al-
raalive qu'entre celte Église ou « une Église de Rome séparée de
France, p entre un schisme ou la séparation de l'Église et de l'État.
lous pensons quant à nous que ce sont là des questions purement
llitiques et qui ne peuvent se résoudre que par des moyens poli-
qaes. Le Concordat en est un et non pas des plus mauvais, à con-
ilîon qu'on l'applique du côté de l'État dans un esprit de liberté et
s respect des cboses religieuses, du côté de l'Église sans empiéte-
leQts et avec le sentiment que, si la France est divisée prorondémenl
: point de vue religieux, il y a au moins une religion qui s'impose
;ous les cœurs et qui domino même toutes les croyances, c'est celle
la patrie.
Le persécuteur le plus ardent des Jansénistes, le P. Le Tellier, n'a
s été attaqué seulement par M. Albert Le Roy. M. Léon Sécbé est
Bnu à la rescousse dans une lettre au P. Bliard (Perrin, in-8o| , qui
vait défendu son confrère dans son livre les Mémoires de Saint-Simon
teP. Le Tellier. Nous n'avons pas reçu cet ouvrage, et je ne peux,
ar coQséqueal, savoir ce que vaut la défense du célèbre Jésuite par
P. Biiard, mais il est heureux pour l'autour des Mémoires que ses
tgemeals soient corroborés par des travaux d'une autre valeur que
tu de M. Sécbé.
Oo ne sort pas des querelles religieuses avec l'ouvrage du P. Cba-
884 BULLETIIf USTOUQUB.
POTIN, la Guerre de la suecessUm de Poissy (Pkard, iii-8^. Pour mi
eu beaucoup moins de retentisseineiit que la grande guerre du jansé-
nisme, elle n'en est pas moins intéressante. Sans doute il nous
importe peu aujourd'hui qu'en 'l 660 la succession de Louise de Goodi
comme prieure ait été donnée par un coup d'autorité à Guyonnede
Gossé-Brissac et que, quelques années après, le duc de Ghauloo»
ambassadeur à Rome, ait consacré beaucoup des efforts de sa diplo-
matie à établir sa sœur au monastère de Poissy comme prieure perpé-
tuelle. Mais, outre que ces événements sont racontés par le P. Chapo-
tin avec beaucoup de science et d'intérêt, ils sont un ezemjrie frappul
de l'abus de centralisation auquel était arrivé le gouvernement de
Louis XIY et combien il s'immisçait en des matières où le pouvoir
civil n'avait que faire. A cet égard, l'Église est autrement libre depuis
la Révolution qu'elle ne l'était sous l'ancien régime.
Nous n'avons reçu que récemment la Qurre^fondanee des eotunU
d' Alger j publiée il y a déjà assez longtemps par H.-D. bb Giauoxt
(Alger, Jourdan, in-S""). Ces lettres, adressées par les consuls fiwH
çais d'Alger à la Chambre de commerce de Ifarâeille, vont du oodsq-
lat de René Lemoine (42 avril 4690) à celui de H. de Jonvilla La
dernière est du 4 août 4742. Rien que la politique générale ne soit
représentée dans cette correspondance que par quelques passages et
qu'elle soit presque entièrement consacrée aux nombreuses afiUr«
de détail suscitées par les pirateries barbaresques, elle n'en est pas
moins intéressante et complétera utilement la publication de M. Plan-
tel sur les correspondances des deys d'Alger avec la cour de Franee.
L'annotation de M. de Grammont est, comme toiyours, abondante et
sûre, mais il est permis de regretter l'absence totale de sommaires et
de tables.
M. Eugène Plaiitit, dans sa nouvelle et très intéressante publics^
tion, Correspondance des beys de Tunis et des consuls de Prem
avec la cour (Alcan, in-S^*, tome I), n'est pas tombé dans oe début
Il a muni ce premier volume, qui va de 4577 à 4700, d^une introduc-
tion un peu confuse, peut*ètre parce qu'elle est très détaillée, mais
pleine de renseignements, de listes des beys de Tunis, des consuls et
vice-consuls de France à Tunis, des envoyés extraordinaires de France
à Tunis et de Tunis en France, enfin des traités entre la France et
Tunis. Deux tables, l'une chronologique, l'autre alphabétique et ana-
lytique, permettent de retrouver facilement les documents qui sont
publiés et annotés avec soin. Le livre s'ouvre par des lettres patentes
d'Henri III établissant un consulat de France à Tunis (26 mai 4577),
mais nos relations avec la Régence remontent bien plus haut. Atant
môme l'expédition de saint Louis, dès 4255, Marseille avait obtenu
PHIRCE, U5
I pour DQ de ses marchands les droits d'un agenl consulaire. Elle
avait des relations avec Tunis avant même eetle date, car ses statuts
mtiaicipaux de -1228 Tont mention de commerce de \ins avec la
Régence. Ces relations se continuèrent jusqu'au moment où elles se
régularisèrent et se llxèrent par l'élablissement oHiûel du consulat,
et à prtir de ce moment nous pouvons les suivre sans interruption,
grâce à M. Plantet. La mission de Savary de Brèves aboutit au traité
d'aoïmeos. Sanson NapoUon, le P. Le Vacher y développèrent suc-
cessivement notre influence, qui, grâce au dernier, ne fut pas trop
atteinte par les maladresses de Demolin (IG(!G). D'Estrées l'augmenta
encore en signant le traité pour cent ans du 30 août 1685. Au
moment où se ferme ce premier volume, il y a certainement encore
bien des tiraillements causés par la question principale en Barbarie,
la course et ses suites, c'esl^à-dire l'esclavage des chrétiens, mais,
en somme, nous étions à Tunis en assez bonne posture, meilleure
assurément qu'à Alger.
On le devait beaucoup à nos diplomates, un peu à notre marine,
sur laquelle M. Lambert dr SiinrE-l^Hoii vient de publier un livre qui
n'ajoutera pas grand'chose à ce qu'on en savait, Essai sur l'histoire
de fadminiitralion de la marine de France, 1639-1792 (Calmann-
Lévy, in-S"}. C'est un simple résumé d'après des ouvrages de seconde
nuÙD, et ceux-ci ne sont pas toujours très bien choisis. L'auteur cite
bien les archives de la marine, correspondance générale, mais je doute
que ses fouilles y aient été aussi prolongées et aussi fructueuses qu'il
eût été nécessaire. Son livre est donc mal informé, et, bien qu'il soit
écrit avec clarté et facilité, il ne fera que faire désirer davantage
l'histoire précise et complète de l'administration maritime, qui reste
encore à ^re.
M. A. Lbc&elle a terminé par un quatrième volume, consacré à la
solution (f 700-1725), son vaste travail sur la Diplomatie française
et la tuceeision d'Espagne (Pichon, in-8°). L'ensemble des faits de
eetle période était connu depuis longtemps; M. Legrelle n'y a pas
moins ajouté des détails nouveaux. Cela lient à sa méthode de
recherches approfondies et de citations abondantes, méthode sur
laquelle nous avons déjà formulé notre opinion à propos des précé-
dents volumes et sur laquelle, par conséquent, nous ne reviendrons
pas. Ce qu'U est intéressant de voir, c'est le jugement d'ensemble
qu'au terme de son consciencieux labeur M. Legrelle porte sur les
acteurs et les événements du grand drame qu'il a étudié. C'est vers
Louis XJV que vont ses admirations les plus complètes et ses sym-
pathies les plus sincères. 11 ne croit pas qu'il ait jamais leuté d'obte-
i^r la couronne impériale) il blâme Fénclon et Vauban de leurs cri-
336 BULLETIH nsTOUQini.
tiques à son égard; il va même jusqu'à excuser sa politique à Tégard
des protestants, attribuant aux Dragonnades de 4683 le mérite d'avoir
prévenu en partie Tinsurrection cévenole ; il est vrai que, sur la foi
des Mémoires de Noailles, il juge que les dragons étaient chargés de
porter aux réformés des paroles de clémence et demeuraient Farme
au bras (p. 338). G^est un jugement auquel je ne saurais m'associer.
Sans méconnaître les grandes qualités de Louis XIY, je ne puis toat
admirer en lui. Au point de vue même de la succession d'Espagne,
je suis d^avis, comme H. Legrelle, quMl était très sincère dans ses
offres de partage et qu'il n'accepta la succession entière que la main
forcée par les circonstances, mais il faut bien reconnaître que toutes
les apparences étaient contre lui et qu'il fut tout naturel que Guil-
laume III crût à sa duplicité. Comme H. Legrelle encore, je blâme
énergiquement les réformés qui portèrent les armes contre leur patrie,
mais l'auraient-ils fait sans la persécution? Il compare leur conduite
à celle des Vendéens et des émigrés, mais il oublie que les Yendéens
ne se soulevèrent pas seulement contre la regrettable persécution
religieuse dont ils étaient victimes, mais aussi contre la conscriptioD,
qui était pourtant un devoir national. La vérité, c'est qu'il faut blâ-
mer toujours le crime contre la patrie et blâmer aussi la tyrannie
d'où qu'elle vienne, que le tyran ait nom Louis XIY ou qu'il s^appelle
la Convention. Du jugement trop favorable que M. Legrelle porte sur
Louis XIV s'ensuit naturellement celui, trop défavorable à notre a^s,
qu'il porte sur Guillaume III et la politique de la coalition. Il serait
trop long et Inutile, d^ailleurs, de le discuter à fond. J'aime mieux
m'associer pleinement à celui qu'il porte sur l'Espagne, dont il
signale avec raison le noble effort, accompli sous l'influence de la
France et entravé par ce qui a toujours été la plaie de ce grand pays,
ses prêtres et ses moines. De même pour le jugement qu^il porte sur
Torcy, sur la supériorité de la France au point de vue moral dans
cette guerre et enOn sur le xyiii* siècle, dans lequel je vois difiBciie-
ment, avec M. Legrelle, < le berceau du catholicisme indépendant, >
mais que j'aime parce quMl a été, comme le dit justement Fauteur,
tt compatissant plus que tout autre aux misères humaines » (p. 803).
C'est parce que je l'aime et que je lui suis Odèle, à ce grand
xviii* siècle, que j'ai lu avec le plus vif plaisir et que je recommande
tout particulièrement aux lecteurs de la Revue le Voltaire, de
M. Edme CHiMPio!<r (Flammarion, in-42). Ce n'est pas que je partage
absolument toutes les opinions de l'auteur. C'était un homme que
Voltaire, et il y a des taches dans sa vie, comme il y a des fautes
dans ses ouvrages, mais H. E. Champion, tout en se montrant pa^
fois (comme à propos de la Puoelle, des sentiments patriotiques de
pKANCE. Bar
Vollatre et de son acrimonie dans la discussion) un peu apologiste
quand naënie, le juge, en somme, avec éqiûté et en pleine connais-
eanc« de cause. Il a lu Voltaire en effet, cl il le connaît certes infini-
ment mieux nue !;i plupart de ceux qui rallaquent. 11 montre ce qu'il
feut penser au vrai du pessimisme de Candide, sur quels fonds
sotides reposent l'Essai sur les mœurs et le Siècle de Louis XIV, il
a élucidé la question, si controversée, du sermon des Cinquante, etc.
II était bon, il était nécessaire que ce livre fût écrit; il faut remer-
cier M. E. Champioa de l'avoir fait avec tant de clarté, de science et
île conscience.
On trouvera la confirmation de bien des idées émises par M. E.
Champion dans le livre de M. Camille Rabidd, Sirven, étude hùto-
tique sur Cavènement de la tolérance (Fiscbbacher, in-12]. Mais
]I- C. Rabaud n'a pas mis seulement en reliefle rôle de Voltaire dans
cette célèbre afl^ire, il l'a étudiée en elle-même d'après des docu-
menta Urés des archives locales, auxquels sont venues s'ajouter les
trsdilioDS mêmes du pays, traditions toujours vivantes, puisque le
illage de Sainl-Alby, oii fut retrouvé le corps de la lille de Sirven,
en a gardé, à tort du reste, le nom de Sainl-Alby-Faui-témoin. Son
Jivre eut peut-être gagné à être débarrassé, en certaines pages, de ses
allures de sermon, mais il est fait avec soin et inspiré par un esprit
de réel et sage libéralisme.
Sous le titre de les Guerres des Alpes; Guerre de la swcession
d'Autriche (17*2-048) (Berger-Levrault, 2 vol. in-8°l, M. le colo-
nel AiTEHS a fait à la fois une publication de textes et écrit un
mirrage original. Le tome 1, en effet, est formé uniquement d'un
Uémoire extrait de la correspondance de la cour et des généraux par
le lieutenantgéoéraldeVauU, qui fut directeur du Dépôt de la guerre
de 1763 3 sa mort. Ce Mémoire, relatifà toutes les campagnes de 1741
à 1748 en Italie, sur les Alpes, en Savoie, en Dauphiné, dans le comté
de Nice et en Provence, a été publié par M. Arvers avec une notice
sur l'auteur, des notes et une série de croquis très nettement établis.
Le tome II est une œuvre plus personnelle et non moins utile. Cam-
pagne par campagne, M. Arvers résume les opérations, et il les résume
arec une extrême précision et une extrême clarté, en général sans en
bire la critique. Ensuite, il donne, sous la double désignation, que
je ne m'explique guère, de pièces relatives et annexes, les documents
qui corroborent a la fois le Mémoire de M. de Vault et sou propre
travail. C'est une masse énorme de documents, publiés avec soin et
osés avec une méthode qui en rend l'usage facile. Il aurait été
& désirer que M. Arvers indiquât ses sources avec plus de préâsion
et munit sa publication d'un index.
Rbv, HisTon. U.
38S BOLLiri!! HISTDBIQni.
Je De vois pas que ta Vicomleue Adolphe, Rotâ-Marie-BàiM M
Totirnon, méritât les honneurs du gros volume que lui a consaoi
M. Marius T*lloîi (Paris, Fischbacber, in-S"). Il no lui est pas d'ûK
leurs consacré tout entier. On j trouvera sur les du Ilarry une fonli
de délails d^à coanus el qu'il était parfaitemenL ioulile de réédiia,
ËtaiL-il même bien utile de consacrer tout un volume a celte fille dt'
vieille el bonne maison qui consent, el ses parents le permeUfla
volontiers, à épouser, pour la fortune qu'il tient de La favorite. It
vicomte Adolphe du Barry, le flis du comte Jean du Barrj, de M
trisle personnage qu'on appelait Le Roué ? Le mariage fut i
d'ailleurs la vicomtesse Adolphe parall avoir été digne des sllianecs
qu'elle conlraclaît. Après avoir vu tuer son premier mari en dod,
avoir porté gaiement son deuil de veuve et soutenu contre sou '
pore un procès qui n'élail honorable pour personne, elle se renurii
avec son cousin le marquis de Claveyson et mourut, toute jeûna
encore, peu de temps après. M. Talion n'a su sauver que
le vide el le peu d'intérèl de celte histoire.
On aurait tort de chercher dans ie livre de M. R. WiLismsil,
If Roman d'une impératrice, CalAerine II de Russie (Pion, in-Sl,
une histoire de la vie et du règne de la célèbre Sémiramis du Nord.
Esl-oe même bien Roman qu'il aurait fallu dire, et u'esL-ce pas pli
tût portrait ? C'est un portrait, en effet, el aussi détaillé (jue
que noua donne M. Wallszewski. Il suit, il est vrai, Catherine
sa naissance jusqu'au moinenloù elle arrive au lr6ne, nous donuuH,
sur son enfance à h petite cour d'Anhalt-Zerbsl, sur son arrivée tfi
Kussle, sur son mariage, sur son intérieur et sa vie privée jusqa'i
celle date du 9 juillet 4762 ou un coup de fortune, médité
longtemps, en fit une des plus puissantes souveraines de l'époqui,
lea détails les plus circonstanciés ; mais, à partir du momenl où Galb^
rine arrive au tr6ne, l'ordre chronologique est brisé et L' histoire pTO>
prament dite fïii t place à l'étude physiolo^que. psychologique et i
du personnage. Il nous montre dans Catherine une femme àmt
laquelle to trait essentiel est le caractère. D'un esprit très ouvert,
mais non pas créateur ; plutôt femme de gouvernemeot que
d'Ëtat; grand'mère sans être mère; écrivaio surtout quand elle UM
pique pas de l'être; se laissant aller à son tempérunenl sans s'y sSU-
nuttro, elle a eu une qualité essentielle qui a développé el ai
toutes les autres telle a su vouloir. C«st là le fonds de sa nature, ft
H. Walisaewski l'a ton biao iBoalré. Son volume est, du nUe,^
fhiit d« Bombroosw leelarw, et il les a mises eu fsuvra aveeui»
iMk babUtti J>^tonû qa^ poiat de vue du style il est ea 9«
propte; Hy aeneonduts ee rohim des traces de ndwdiBtti
FHIMCE. ,9W
!, mais ta langue en est bien supérieure à celle de ses éludes
précédentes sur Marie de Gonzague et sur Marie d'Arquien.
Louis FiBGKS.
H. l'abbé Sicaro, déjà avantageusement couuu par son livre sur
les études classiques avant la Révolution (et Rev. hi$l., XXXIV,
496), vient de faire paraître le premier volume d'un important ouvrage
8ur VAncie» clergé de France (Lecoffre). Ce premier volume est inti-
tulé : Us Ëvéques avant la Révolution. Il se divise en deux livres,
consacrés, l'un à la situation sociale et politique des évéques, l'autre
à leur administration épiscopale. On trouvera autant de profit que
ii*agrémeiit à le lire. L'auteur a une lecture immense, et le tableau
qu'il trace n'est pas une collection d'auecdotes prises au hasard, mats
(e résultat de la réunion patiente et de la comparaison judicieuse
d'une masse énorme de faits. Sans doute, U a étudié son sujet avec
une bienveillance préconçue pour les représentants de l'Ëglise au
imi' siècle, mais aussi avec la volonté bien arrêtée de chercher et de
dire le vrai. Il n'a rien dissimulé des défauts du clergé do l'ancien
régime (sauf sur le chapitre des momrs, qu'il a laissé dans une ombre
discrète], et il a abordé les questions les plus délicates, comme celle
du jansénisme et du gallicanisme, avec autant de franchise que
d'impartialité. H a su écrire un livre très vivant et très solide où il
a réussi à faire apprécier les services rendus par l'épiscopat du
XTor siècle tout en faisant comprendre les vices de son organi-
Balion. L'épiscopat au temps de Louis XVI, exclusivement recruté
dans la haute noblesse, en était arrivé à considérer les riches béné-
lices et les hautes fonctions ecclésiastiques comme nécessairement
dévolus aux cadets des grandes familles pour permettre à l'ainé d'hé-
riter seul des biens et des titres j à moios, toutefois, que quelque
infirmité physique ou intellectuelle ne rendit l'aîné incapable de faire
carrière dans le monde et ne le rejetât dans l'Église, De là un grand
nombre d'évèques qui n'ont point ta vocation et qui manquent de
sévérité dans leur vie, parfois morne de croyances. On les nomme
beaucoup trop jeunes, généralement entre trente et quarante ans;
ils font carrière dans l'épiscopat comme on ferait carrière dans la
magistrature ou dans l'armée, et, au lieu do s'attacher d'une manière
indissoluble au siège où ils ont d'abord été nommés, ils passent d'un
siège à l'autre, contrairement aux règles ecclésiastiques. C'est qu'aussi
il y a de singulières différences entre les sièges au point de vue do
l'agrément de la vie et de l'at>ondance des revenus, entre des sièges
qui. comme Vence, rapportent 7,000 livres et ceux qui, comme Stras-
bourg, Paris, Cambrai, etc., en rapportent plusieurs centaines de
mille, sans compter les abbayes et autres bénéfices qui viennent s'y
340 BDLLETin HISTOKIQDt.
ajouter, el qui s'élèvent souvent à plus de i 00,000 livres. Ceux q
occupent les résidences les plus ingrates sont précisément ceoi ip
ne sont pas assez riches pour enlreWnir autour d'eux une cour de
grands vicaires, comme le font les titulaires des sièges opuleols, a!
pour venir à Versailles faire le métier de courtisans. Hais dftns son
ensemble Tépiscopat jouit d'une magniQque opulence. M. Sicardénp
lue ses revenus à 14 millions environ. Celte fortune permet am
évèques de vivre dans un faste inouï, de construire de superbtt
palais dans leur ville épiscopale, de ravissantes maisons de
pagne où ils se livrent aux plaisirs de la diasse el de la société, el
d'avoir encore des hôtels à Paris. Ils vivent en très grands seigneurs,
ont des titres féodaux aussi nombreux que sonores, et les appâ-
tions de Monseigneur, de Votre Grandeur, Votre Émiaence enlrenl
de plus en plus dans l'usage. Beaucoup d' évèques résident à La cour
plus que dans leur diocèse; mêlés aux afTaires de l'Ëlat et aux
intrigues du château, ils compromettent l'Église par leur complai-
sance pour les vices de la royauté el contribuent à créer cette idol^
trie monarchique qui devait être si fatale à la monarchie même.
M. Sicard a fait un tableau très complet de tout ce faste, de toute
celte mondanité de l'épiscopati mais il a aussi fait ressortir les
mérites du clergé du iviii* siècle. Ces grands seigneurs ecclésiï>
tiques élatetit en général très préoccupés do la prospérité de leur
diocèse. Non seulement ils entretenaient largement toutes les œuvres
de charité, et à leur morl léguaient au diocèse la fortune que leiin
fonctions leur avaient permis d'acquérir, mais leur sollicitude s'éteo^
dail à tous ks intérêts du diocèse, intellectuels et économiques
bien que religieux. L'instruction publique était une de leurs pr^
mières préoccupations, et, après l'expulsiou des Jésuites, c'est gito
à eux que plus de cent collèges, privés de leurs maitres, ont pu con-
tinuer à fonctionner. Dans les pays d'I^lats, ils s'occupent de touskf
détails de l'administration, encouragent l'agriculture, surveillent 1»
travaux publics. Dillon, archevêque de Narbonne, el président des
Élals de Languedoc , est le bienfaiteur du pajs par le zèle awc
lequel il s'occupe de tous ses intérêts temporels. Quand on cr«
les assemblées provinciales, les évèques les président et sont IQ
plus ardents à l'œuvre. — Le nombre des évèques non réaidenll
n'est pas d'ailleurs aussi grand qu'on l'a cru quelquefois
dépasse pas un quart du nombre total. S'il y a des évèques qui
changent de siège, beaucoup d'autres restenl Sdèlement attAcbélit
leur diocèse, el, comme ils sont nommés jeunes, ils les gouvenuol
longtemps, et ces longs règnes èpiscopaux sont un bienfait pour leur)
administrés, peu d'évêques sont vraiment étrangers aux préoccup**
Fftl?(CE. Wl
lions religieuses; on n'en compte guèiM que quatre dont on puisse
affirmer qu'ils étaient indifTérents à toute croyance; on en voit par
contre qui, par leur foi, comme par raustérilé de leur vie, sont de
TérîtableB saints. — L'épiscopat était, dans sa généralité, instruit et
zélé ; les évéques, les uns par la rigueur, d'autres par la tolérance, sont
arrivés à vaincre le jansénisme, tout au moins à le détruire dans le
clergé même; tout en restant Ddèles aux principes généraux du gal-
licanisme, tout en feisant adopter partout la liturgie gallicane au
détriment de la liturgie romaine, tout en enseignaat, sur l'autorilé
ponliBcale, une doctrine nettement hostile à l'inraillibililé, ils se
rapprochèrent du pape. M. SJcard a consacré des chapitres très
intéressants à ces questions du jansénisme et du gallicanisme. Il
nous montre le ttas clergé p1u5 tldèle que les évéques aux traditions
gallicanes et les idées presbytériennes d'où sortira la constitution
civile se glissant peu à peu parmi les curés.
H. E. BopBGEOis, au cours des recherches entreprises pour son
mémoire sur Dubois qui a été couronné par TAcadémie des sciences
morales, a eu connaissance a Parme, au collège de Saint-Lazare,
grâce à la complaisance de M. l'abbé fiersani, du volumineux recueil
manuscrit des lettres écrites par Alberoni au comte Rocca, ministre
des Gnances du duc de Panne, pendant qu'il disait partie de l'entou-
rage du duc de Vendôme, puis de celui des deux Temmes du roi d'Es-
pagne Philippe V. Il ajugéavec raison que ce recueil méritait de voir
le jour, éclairerait plus d'un point obscur de la période qui s'étend de
1709 à 1719 et surtout ferait mieux connaître un personnage à qui
les médisances de Saial-Simon ont fait une assez fâcheuse réputa-
tion. Ces (il 3 lettres (en français jusqu'au I" mai 1713, puis en ita-
lien), précédées d'une 1res vive et intéressante introduction, et enri-
chies d'une copieuse table alphabétique et de sommaires français
pour les lettres italiennes, forment un beau volume des AnTiales de
PUnmersUé de Lyoa'. Si M. Bourgeois s'est peut-être exagéré le
service rendu par cette publication à la mémoire d'Albéroni, il ne
s'est pas trompé en pensant qu'elle modiûerait sensiblement l'idée
que l'on avait de son rôle et de son attitude. Saint-Simon a fait de
lui un plat valet des puissants qu'il fréquentait, un obscène bouffon
qui n'a jamais songé qu'à pousser sa fortune. Bouffon et courtisan,
préoccupé de sa fortune, ALbéroni le fut sans nul doute, et la corres-
pondance même pubhée par M. Bourgeois nous le montre tel. La plus
célèbre des anecdotes de Saint-Simon, celle du ic.d'angolo, * n^est
1. Lettrei intimes de S. M. Alberoni adreuies au comte J. Moeca, avec ud
portrait et deai fuc-si miles. Pirii, Hnsnon, tS93. 70â p. gr. io-S'.
3li BDLLnin III9T0BIQDB.
poinl atisolument invraisemblable, li a conserto beaucoup de la !»}•
aesso (le son origine, et rien dans ses lettres ne nous révèle un grand
politique ni un puissant esprit. Mais, oe qui ressort aussi die tt»
lettres et ce que M. Bourgeois a bien mis en lumière dans son intr»
ducUon, c'est qu'Albéroni a été un fldele serviteur de la maison Far*
nèse et qu'il a poursuivi, avec persévérance, par des moyens qui
manquaienl de grandeur, une politique qui n'en était pas dépourvue.
Si sa correspondance est toute forcie de fromages, de saucissons, dt
truffes et de bouteilles de vin, c'est qu'en restant dans les bonita
grâc«B de l'épicurien Vendôme et de la sensuelle Elisabeth, il epcn
d'abord sauver la monarchie de Philippe V. puis délivrer l'Italie du
joug autrichien. SI, en 171 K, il a trop aisément cm au succès, s'ili
accepté avec une légèreté trop conflante une guerre qu'il n'avait, da
reste, pas provoquée, le hut qu'il se proposait était digne d'être pOll^
suivi, et, en Espagne, où il a gouverné quatre ans sans autre litre
que celui de conQdent de la reino et de résident du duc de Pa^o^
Mhéroni a eu te mérite de s'attirer bien des haines par sa poliliqne
de réforme, d'ordre et d'économies. Il a été victime de l'échec de ses
plans italiens, conçus d'une manière à la fois ambitieuse et incons-
dêrée, mais, s'il n'a pas eu un génie égal à son ambition, et si \»
circonstances et son caractère l'ont condamnéàIa.<^rvirpard«pe^ti
moyens et dans des positions équivoques, cette ambition, du muint,
n'avait rien de vulgaire.
PituLtcATtofls orvERSKs. — I^ nouvcIle année nous a, comme d'faa-
hilude, apporté quelques publications illustrées, qui, sans avoir lia
caractère strictement historique, méritent cependant d'être slgn^jn
aux historiens.
Nous avons déjà parlé plus d'une fois des ouvrages de H. Gun-
CtRTEaEi, qui s'est feil à la fois l'historiographe de rimageria et de la
caricature, et l'historien anecdotique de notre siècle par l'image el li
caricature. Ses livres sur Bismarck, Grispi, Wagner en caricatures, suf
les mœurs et la caricature en France, sur la femme en Allemagnoi
ses chroniques par \"im3.gs de \3 Revue mcyclopédùiur seront un jot
consultés avec fruit par les savants qui s'occuperont de la poUtlqni
des arts, des lettres et des mœurs de notre temps. — Il auraooc
serve el rendu accessibles à nos neveux des documents que lei
nature rend éphémères et périssables entre tous. Dans son dernii
ouvrage, Dix-Neufidme siècle (Uidot), M. Grand- Car teret a donné a
exemple plus frappant encore do sa conception du r6le de l'd
dans l'étude de l'histoire. Ce n'est pas seulement les aspect* exi
rieurs de la vie du siècle en France qu'il a rendus sensibles par
reproductions, c'est aussi les modifications de l'esprit putiilc.
grands courants de pensées et de sentiments qui ont agité notre pays
et notre temps. Les seuls lilrcs des chapitres disent assez l'inté-
rêt du volume : les Étapes et l'esprit du ux' siède; les Cours, les
souverains, les chefs d'Ëlat et la vie officielle; Classes, mœurs,
influences et théories sociales; les Femmes et leur rôle, rémancipa-
lion, la beauté, l'enfance et la maternité, jouets el jeux, éducation;
les Salons et les clubs, usages el mœurs intimes ; le Costume civil et
les modes; le Costume et l'esprit militaires; les Théâtres; les Plai-
sirs publics; Fêtes el cérémonies nationales; la Cuisine et la table;
Restaurants et cafés; les Moyens de transport et la locomotion; le
Goût littéraire el le goût intime; les Forces modernes, la presse, les
magasins et la réclame, les expositions ; les Inventions nouveUos et
la médecine; Paria moderne; Fin de siècle. Quelque riche que soit
ce programme, il est aisé de voir qu'il pourrait être encore étendu,
que bien des côtés de la vie sociale, le barreau, l'enseignement, etc.,
pourraient y rentrer. Tel qu'il est, il donne un tableau très vivant
des transformations de la société française, et le texte, très sérieux
sous sa forme allègre et légère, ne visant ni à la satire ni au panégy<
rique, donne toute leur valeur aux illustrations.
L'ouvrage de M. Arsène Alexandre sur l'Art du rire et de la
caricature (May el Motleroz) , qui est un joli et amusant recueil
de dessins comiques, conunençant à l'Egypte antique pour finir au
Ghal-Noir, en passant par toutes les époques et tous les paya, nous a
causé quelque déception. Nous croyions y trouver une histoire du rire
et de la caricature connue à un point de vue soit psychologique, soit
artistique, soit purement historique; mais le texte de M. Alexandre
n'est qu'un commentaire agréable et purement litléraire d'illuslra-
tions qui, malgré leur intérêt et leur bonne exécution, sont loin de
fournir une histoire complète et méthodique de la caricature. Les
nations étrangères y figurent, mais dans des proportions très res-
Ireintea. C'est ta caricature française moderne qui y tient la place
d'honneur. A ce point de vue, le volume de M. Alexandre est curieux
à consulter.
Les mêmes éditeurs ont fait paraître un ouvrage sur le Paris
moderne, qui fournit un utile complément à l'œuvre classique, mais
d^â un peuancienne, de Maxime Ducamp,/'arM et ses organes. C'est
le Paris ignoré de M. Stbadss. Le Litre pourra causer quelques
méprises ; on croira au premier abord que M. Strauss a voulu décrire
les dessous de la vie parisienne, le monde obscur des mendiants, des
malfaiteurs, des petits méliers inavoués; ce qu'il a décrit est, au
contraire, tout l'ensemble des services municipaux, serricea hospi-
taliers, pénitenciers, scolaires, postaux, police, édilitê, voirie, ali-
844 BVLLBTIH smouQUi.
mentalion, octroi, etc.; toutes ces choses qui nous panûssent simplo,
naturelles et connues, et qui sont au fond très compliquées, très
extraordinaires et très ignorées. M. Strauss nous les explique am
netteté dans un style sobre, précis et intéressant, et des artistes
habiles y ont rendu ces explications vivantes et sensibles aux yeax
par des illustrations où ils ont su mettre du pittoresque dans des
sujets qui, par eux-mêmes, ne paraissaient guère en comporter.
Le Rembrandt, de M. E. Michel (Hachette), est une (Buvre d'une
valeur exceptionnelle, autant par le mérite de Tillustration que par
celui du texte. Les 343 reproductions d'œuvres du maître oontoaues
dans ce beau volume en font un véritable musée rembrandtesqae,
et, sauf quelques rares exceptions, les dessins et gravures interôlés
dans le texte sont aussi parfaits que les photographies et héliogra*
vures tirées en planches séparées. Les paysages à Feau-forte de Rem-
brandt, ces chefs-d'œuvre trop peu connus du profane, ont été repro>
duits avec un bonheur particulier. M. Michel a apporté à Tétude de
la vie et de Tœuvre de Rembrandt le sens artistique délicat et b
minutieuse et exacte érudition dont il a déjà donné tant de preutes.
Il a replacé Rembrandt dans le milieu de Leyde, où il s'est formé,
puis dans celui d'Amsterdam, où il a vécu, et il a suivi, avec une
pénétrante sagacité, l'influence des circonstances de sa vie sur son
développement artistique. La flgure de ce Spinoza de la peinture, qui
a su pénétrer plus profondément et exprimer avec plus de force
qu'aucun autre les mystères de la nature, de la vie et de l'âme, a été
rendue par M. Michel avec un puissant relief. Il nous montre l'io-
fluence exercée sur son génie par les deux femmes, Saskia et Hen-
drickje StofTels, qui ont occupé son cœur et sa vie, ses rapports avec
les peintres contemporains, portraitistes et paysagistes, et avec ses
élèves, la part à faire à ses élèves dans son œuvre; il explique com-
ment Pincohérence apparente de sa vie se concilie avec la disdpliiw
de son génie artistique et nous fait voir dans la hardiesse croissante
de son esprit créateur et de sa main, à mesure qu'il avance en âge,
la marque d^une science et d^une exécution toujours plus sûres d'eltes*
mêmes, qui osent tout, parce qu^elles peuvent tout.
Un autre ouvrage illustré, publié par la maison Hachette, les Capi-
tales du monde, n'a point de caractère scientiflque, mais les notices
pittoresques et psychologiques qu'il renferme offrent, sous une fonne
légère, bien des traits fins ou profonds. M. de Vogiié y parle de Saint-
Pétersbourg, F. Goppée de Paris, Pierre Loti de Gonstantinoptet
M. Paléologue de Pékin, G. Boissier de Rome, etc. Ed. Rod y esquisse,
à propos de Genève, une remarquable analyse du caractère genevois^
où la malice s'allie à la bienveillance et où une critique souriante et
nuncB. 345
mesurée se mêle à une juste estime, le plus joli morceau de psycho-
logie sorti de sa plume, plus habile encore à décrire le réel qu'à
imagiDer. Les esprits les plus sérieux trouveront leur profil à lire ce
livre, dont les admirables illustrations sont ua plaisir pour les yeux.
Ou a tant parlé des réformes universitaires depuis quelques années
que le public, un peu désorienté par la mulUplicité de ces réformes
et un peu sceptique sur leurs résultats, serait bien aise qu'on lui
montrât, à côté des intentions et des espérances, les progrès réa-
lisés. En alteudant le moment, sans doute un peu éloigné encore,
où l'on pourra constater les résultats intellectuels de changements
qui ont jusqu'ici plus détruit de choses anciennes que créé de choses
nouvelles, plus IroubJé les habitudes prises que fondé des méthodes
meilleures, Toici M. Mirio?(, l'éminenl professeur de pédagogie de
la Sorbonne, qui nous décrit l'Éducation dans l'Universilé (Colin)
dans un livre du plus noble et du plus encourageant optimisme. Des
esprits chagrins trouveront sans doute que les tableaux de M. Manon
ressemblent plus aux programmes et aux rapports de l'École alsa-
cienne qu'aux pratiques de certains lycées, et que ce qu'il a été
belle de réaliser dans une petite école d'externes est bien difficile à
transporter dans de vastes lycées d'internes, mais il n'en est pas
moins vrai qu'un effort sérieux a été f^it dans le sens des réformes
précoDisées par M. Marion, que Tadminislratioa universitaire met le
zèle le plus louable et le plus persévérant à encourager ces efibrts,
et que l'on peut espérer voir un esprit nouveau, plus libéral, plus
humain, plus vivant pénétrer peu à peu la vieille Université créée
par Napoléon. On en sera persuadé en voyant avec quel ton de
joyeuse con&ince un jeune professeur, M. Léo GLinme, parle de
PUnioersiié moderne (Oelagrave) dans un très beau volume iUustré
par H. GeoITroy. N'est-ce pas déjà un signe des temps que l'on puisse
publier comme livre d'étrennes une description des écoles, facultés
et collèges, de la vie qu'on y mène, de l'instruction qu'on y donne,
un livre offrant aux yeux, comme récréation, les portraits plus ou
moins resserablanls des universitaires les plus fameux, que l'on
suppose assez connus pour ne pas même mettre leurs noms au bas
des vignettes? C'est supposer que les choses scolaires ont pris aux
yeux du public une importance et un intérêt tout nouveaux. Je crois
bieo que c'est le cas en effet et que beaucoup de gens trouveront
plaisir à retrouver, dans le très aimable et agréable livre de M. Cla-
retie, l'image légèrement embellie des lycées et des écoles où étudient
leurs enfants, et à deviner les noms des professeurs ou des admi-
nistrateurs crayonnés de chic par M. Geoffroy. Car le très habile
et touchant peintre de l'enfance pauvre n'a pas jugé nécessaire de
SJ6 ICLLETIK BISTOBIQDK.
serrer do trop près ses modèles; il s'est contenté soavenl tfi ftt
près où il y a plus de verve que d'exactilude, el qui Tont parfois di
sus illUstratiODS des devioettes qu'on peut utiliser comme jeu dl
société. M. Glaretie, lui non plus, n'a pas prétendu à une rigotireuN
exactitude, et, dans plus d'un do ses chapitres, on trouverait aussi da
croquis a (bits de chic. > Mais il s'y trouve aussi beaucoup lie \em,
de honne humeur, une chaleur généreuse el communicative. S!
la Jeunesse tout entière voit et juge l'Université conune ce j«iM
professeur, c'est ([ue l'Université est bien vivante et qu'on peui
eiipérer pour elle, après une période de litonnements el d'incerti^
lude, un regain de prospérité et de grandeur.
Le volume de M. V. BÉBiRo, la Tun/uie et l'Heilénitme eoa/oi*
porain (Alcan), c»t à la fois un très pittoresque récit de vojaj^i
travers l'Albanie el la Macédoine, de Uurazzo â Monastir par Pekioi,.
Elbassan et Okhrida, et de Monastir k Kalambaka, sur la fTonticA
thessalienne, par Florina, Kastoria et Grévena, et un livre (Ttnsloin
et d'ethno(;raphie politique sur les races, les lances et les religioai
qui se disputent la possession future d'une Macédoine délivrée de It
domination turque. Ce n'est pas une tâclie facile ipte de démêler In
forces relatives des groupes en lutte dans la péninsule des B&lkam
et de prévoir l'avenir qui leur est réservé. Nulle part le problêoiL
ne se présente sous un aspect plus compliqué que dans la
contemporaine. !l fut un temps ou la question politique
tait sous un aspect très simple : tout ce qui était musuli
lait comme turc, tout ce qui était chrétien comptait comme'
il ne paraissait pas douteux que, si l'empire turc s'écroulait, laGriOl^
serait sou héritière en Macédoine. Mais la conduite mesquine. Inté-
ressée el oppressive du palriarchat grec, la propagande slave bilt
par la Russie, l'éveil des ambitions de tous les petits États de 11
péninsule balkanique, favorisé par le principe des nationalités,3&fl
de la Macédoine le foyer d'une lutte ardente de races, de lances «I
de religions. 11 y a aujourd'hui en présence : les Musalmana, an
nombre de 6 à 700,000, mais parmi lesquels il n'y a guère pliu di
4 20 à I S0,000 Turcs, et dont le reste. Albanais ou Slaves d'origine.Mn
aisément attiré par d'autres groupes; les Bulgares, qui considènDt
la Macédoine comme leur étant dévolue au nom de l'ethnnfçraphie,
qui ont obtenu des Turcs, grâce à la créalion de l'exarchat hul^rc,
un patriarcbat autonome et leur indépendance rettçieuse via-àfii
des Grecs, qui enfin, grâce à l'appui de la Russie d'abord, puis, grio
à celui du jeune royaume de Bulgarie, ont créé 2t7 éoolus priaiain>>
11 écoles supérieures, un gymnase pour répandre leur langue «'
leurs idées ; les Hellènes, qui, grâce à leur ancienne prépoodénflC
i le problèo»
ial^^|fl
imiBefR^^H
FUHCK. 94T
sur la population chrétienne et à la générosité patriotique des Grecs
de tous les paj'S méditerranéens, tiennent encore la tête avec leurs
333 écoles, peuplées de 18,341 élèves; enfin lesValaques, longtemps
oonfondus avec les Hellènes, mais qui aujourd'hui, soutenus par la
Roumanie, ayant à leur tête un homme d'une activité, d'un dévoue-
meat et d'une intelligence extraordinaires, Apostolo Margarili, et
trouvant des alliés chez les catholiques et les Albanais, commencent,
eux aussi, une propagande nationale et ont déjà créé 30 écoles avec
<6 à ),70l> élèves. A toules ces prélentiona rivales viennent s'ajou-
ter aujourd'hui celles des Serbes, qui soutiennent que les Slaves de
Macédoine sont Serbes et non Bulgares. Chacun des groupes invoque
l'histoire : les Grecs remontent à Alexandre le Grand et à Tempiro
de Byzance, les Bulgares à leur tzar Samuel au x' siècle, les Valaques
à l'empire vataque du xin"; les Sorbes a leur empereur Stéphane
Uouschan au xiv'. Chacun d'eux arrange à sa façon l'ethnographie
et la statistique ; chacun d'eux allise les passions religieuses ou leur
obéit. Les Turcs entretiennent soigneusement ces querelles, qui seules
leur permettent de maintenir leur domination malgré les convoitises
et les intrigues des puissances européennes et l'insubordination de
leurs sujets. Quant aux Albanais, musulmans de nom, chrétiens de
tradition et d'instinct, ils prolitent de la situation pour gouverner et
exploiter au nom des Turcs celte Macédoine de races et de religions
antagoniques. M. Bérard, à force de loyauté et de bomio humeur, a
su vivre en bonne intelligence avec les représentants attitrés de ces
partis hostiles, et, à force de sagacité et d'impartialité, arriver à
corriger leurs erreurs intéressées et évaluer avec Justesse leurs
Urnes respectives et leurs espérances d'avenir. Malgré sa sympa-
thie pour les Hellènes, 11 ne croit pas que les difllculléâ actuelles
puissent trouver leur solution ni dans une annexion à la Grèce ni
daas une annexion à la Bulgarie. Il ne croit pas davantage à une
oonfédération balkanique ou à un partage équitable entre tous les
compétiteurs. 11 ne voit que trois solutions : le maintien de la domi-
nation turque, l'annexion à l'Autriche, pour laquelle les Valaques
travaillent inconsciemment, ou enfin la création d'un nouvel État
qui s'étendrait de l'Adriatique â l'Archipel et qui appartiendrait à la
plus vigoureuse et à la plus politique de toules les races en préseoce,
aux Albanais. La peinture que M. Bérard nous fait des mœurs, de
la vie, du caractère des Albanais est, avec le portrait d'Apostolo
Hargariti, le chef du mouvement valaque, la partie la plus originale
de son livre. Nous engageons les hommes politiques comme les his-
toriens à le lire et à le méditer.
G. MoNOD.
BDLLKTI!! BtSTOUQDI.
BOHÊME.
II y a déjà lon^emps qu'a paru (XL, 136) mon dernier buUe^a
sur les publications historiiiues concernant la Bohême; aussi de<
vrai-je me restreindre aux ouvrages les plus importanls paras
sur ce sujet depuis 18S8. Je citerai en première ligne le nom du
plus ancien et du plus remarquable parmi les auteurs qui s'oc-
cupent de l'histoire de la Bohême. J'ai déjà signalé à plusîeun
reprises l'importance de 1' < Histoire de la ville de Prague, > pur
M. ToMEE [Dejepis pTaky\\ dans le septième volume, paru en <8SS,
le récit atteint l'année (478, et l'auteur s'arrête là. Le huïUime
volume, paru en 1891, contient une description de Prague au
IT' siècle, qui se continuera encore dans le volume suivant; il débute
par la topographie historique de Prague pendant la période hussita
et expose avec une grande richesse de détails les changemeots sur-
venus dans la capitale pendant ces temps si troublés; il aélé souvent
possible de suivre de dix ans en dix ans les transFormations de cer-
tains quartiers de la ville, voire même d'édillcea et de maisons par-
ticulières. Au tableau extérieur de la ville se joint dans la seconda
moitié du volume celui de l'organisation administrative et sociale.
Cette histoire de Prague est en réalité une histoire de la Bohiine et
en particulier de sa capitale.
M, Sigismond Wihtki [Kultumi obraz mest ceskych. Prague, 1899,
1892, Fr. Rivnât] consacre aux villes de Bohême en général un vaste
ouvrage, dont deux volumes ont paru en 4890. L'auteur TannoDee
comme étant une peinture morale (kulturnf obraz) des villes bohèmes.
Dans le domaine que l'oii a coutume de désigner, — je ne sais ti
c'est toujours avec raison, — par <■ l'histoire de la civilisation, > ou s
souvent rencontré dans ces dernières années le nom de M. Winler : ils
publié, généralomont d'abord dans des revues, des articles nombretu
dont la matière est d'ordinaire empruntée à la vie des cités au
xTt< siècle et qui côtoient souvent d'aussi près le roman que l'histoire.
Le présent ouvrage, en deux volumes, est une œuvre vigoureuse;
cependant il ne nous donne nullement une histoire des villes da
Bohême, mais, comme l'indique d'ailleurs le titre, une description
des villes et de la vie municipale limitée au xv* et au xvi' siècle.
Cette observation ne contient aucun blâme ^ l'auteur s'en est tenu à
son programme : parler de la ville bohème à l'époque de la Renais-
sance; il a rassemblé un grand nombre de matériaux et les a très
BoaËKE. 849
habilement mis en œuvre. Ce qui manque au travail, c'est ODe
base historique. Une introduction d'Importance proportionnée à ceUe
de l'ouvrage aurait mieux Tait comprendre au lecteur l'Iutérèl et le
développement de la vie municipale que les quelques mots d'entrée
en matière par lesquels débute le premier volume.
Dans le domaine de l'bistoire de la civilisation, — pour nous en tenir
à l'expression consacrée, — nous trouvons, depuis quelques années,
les productions littéraires de M. C. Zibkt. Indépendamment de ses
articles de revues, il a publié, en iH&S, une monographie dans
laquelle il retraça avec succès Thistoire du jeu d'échecs en Bohême.
Depuis lors, c'est de l'histoire des mœurs et des coutumes qu'il s'oc-
cupe; il a rassemblé, dans des brochures et de nombreux articles',
d'immenses matériaux, sans avoir toujours réussi à se rendre assez
maitre de son sujet et à lui donner une forme satisfaisante; il écrit
trop et trop vite. Nous sommes fondés cependant à bien augurer de
l'avenir, puisque son dernier et son plus Important ouvrage est aussi
le meilleur. C'est une « Histoire du costume en Bohême^, » M. Zibrt a
entrepris de traiter l'époque précédant la révolution hussite, et cette
partie de l'ouvrage, Illustrée de nombreuses gravures, est parue à
l'heure qu'il est. La seconde partie, depuis le xv" siècle, sera traitée
par H. Winter. Le travail de M. Zibrt mérite d'autant plus d'éloges
qu'aucun ouvrage de quelque importance n'avait paru avant le sien
sur cette matière ; ici encore il accumule les documents avec un zèle
remarquable et prouve qu'il connaît à fond la littérature de son sujet.
Je n'admettrais cependant pas sans discussion toutes ses conclusions,
spécialement eu ce qui concerne les premiers chapitres traitant des
époques les plus reculées. Sans doute, les sources dont on dispose
sont très rares. Mais, si l'auteur veut pénétrer même jusqu'aux temps
pour lesquels nous ne possédons pas de documents, il doit se conten-
ter d'émettre de simples hypothèses. En ce qui concerne la forme de
i'ouvrage, je ne puis retenir une observation, c'est qu'il est trop
délayé. L'auteur aime à dire des choses simples en beaucoup de mots
et â redire trop souvent ce qui a déjà été dit. Je ne sais si l'ouvrage
n'aurait pas pu ou plutôt diï être diminué d'une bonne moitié.
En ce qui concerne l'bistoire du droit, j'ai encore un nom nouveau
à présenter aux lecteurs du Bulletin. La Bohême était anciennement
divisée en " cercles •> (kraj] qui ont conservé jusqu'à nos jours leur
Importance en ce qui concerne l'organisation judiciaire, tandis que,
1. 1) en ■ rusemblè u
étftn. Prigne, 1891.
I certain DOmbre sous le titre LUtgi letkj/ch knltunteh
2. JjQfny kroje c temieh ieskych. Prague, F. SimSîek, 189!.
i_
850 BULLBTUf nSTOEIQUB.
dans l'administration politique, ils ont été remplacés par les c okres >
(oorrespondant à l'allemand Bezirk). L'histoire de TorganisatioD de
ces cercles, dans les siècles passés, constitue une partie importante
de l'histoire des institutions politiques de la Bohème, et, dans cette
histoire, le siècle de Marie-Thérèse et de Joscf>h II (474(M790) bH
époque. Sous ce règne en effet les cercles perdirent ce qui restait de
leur administration autonome ; Tétat moderne, absolu, s'empara par
sa bureaucratie des anciennes institutions et les Ot servir à ses des-
seins, ce qui, on ne peut le nier, constituait un progrès sous bien des
rapports. C'est l'histoire de cette transformation des anciens eerdes
que le D' Bohus Ribgbe * s'est proposé de traiter. Il le fait à la fois
en juriste et en historien; reculant de plus en plus les bornes de son
sujet, il commence par une introduction sur l'histoire de la consti-
tution des cercles en Bohême depuis ses origines jusqu'au miliea
du xnii* siècle; c'est cette partie seulement de Touvrage qui est pâme.
Elle a d'ailleurs sa valeur propre en ce que l'auteur y résume les
recherches de ses devanciers, tout en les continuant à travers la période
si peu étudiée de 4620 à 4740. Peut-être le volume, qui a 374 pages,
aurait-il gagné à être abrégé; si Tauteur avait moins insisté sur les
détails et su éviter des redites, il eût été plus accessible au kctear
qui n'est pas homme du métier; peut-être, au contraire, oelui-d
prisera-t-il très haut cette abondance de détails. La partie qui me
satisfait le moins est celle qui traite des origines des « cerdes. > Il
est vrai que les sources sont très rares pour cette époque, et This*
toire intérieure de la Bohême, notamment en ce qui concerne l'his-
toire des institutions politiques dans les temps reculés, restera sans
doute, même dans l'avenir, basée en grande partie sur des hypo-
Uièses. Les historiens devront cependant, tôt ou tard, entreprendre
la revision de l'histoire ancienne de la Bohême et renoncer alors à
plus d'une théorie longuement caressée; cette réflexion s'applique
aussi bien au livre de M. Rieger. Sans doute, ce n'est pas à lui qu'in-
combait la tâche de cette revision; mais je ne puis comprendre les
suppositions gratuites et inutiles que M. Rieger &it dans la note,
page 22, sur l'origine du mot • comes > et sa signification en
Bohème. Le mot est-il donc originaire de Bohème, et est-il permis de
parler, seulement en passant et entre parenUièse, d'une « analogie
a\*oc les comtes francs ? >
M. Ladislav Celakotsct. un de nos érudits les plus estimés, a
publié récemment un aperçu de l'histoire du droit en Bohême, c'est-
l. Zràem krtQske r itekack. I. Ftiforidky tfny éo r. 1740. V Pm^
à-dire l'histoire des sources eL du droit public'. L'auteur expose, avec
une grande concision, les progrès accomplis sur ce Lerraio peudanl
les dernières anaées, progrès auxquels il a largement conlribué par
ses études de détail ; parmi celles-ci mentionnons un mémoire récent
sur les registres judiciaires et leur histoire on Bohème'. Cepeudant,
làCDCore, nous nous apercevons combien serait utile la revision que
nous avons réclaméo plus haut ; ainsi , quand l'auteur traite des
rapports entre la Bohême et l'empire, ses vues sont quelquefois
absolument insoutenables; il est vrai qu'elles ont une origine plus
ancienne et avaient été admises par d'autres érudils, comme Palacky.
M. Josef ^LotsEK a donné de son ouvrage, paru en iSH, sur le
droit public en Bohème et son histoire, une nouvelle édition revue
(1892)', surtout en ce qui concerne le premier chapitre relatif aux
rapports de la Bohème avec l'empire. Cette « édition revue > marque
UQ progrès sur la précédente; l'auteur s'est rapproché du but que doit
se proposer toute recherche impartiale, mais la révision eût gagné à être
plus complote encore. M. Kalousek, comme M. Celakovsky, se refuse
â admettre qu'il fut un temps ou la Bohème était reconnue Bef d'em>
pire, et c'est précisément de la manière affirmative ou négative de
résoudre cette question que l'on a tiré des conséquences, pour le pré-
sent, dans nos luttes politiques. Par malheur pour les études histo-
riques eu Bohème, les Tchèques, pas plus que les Allemands, ne sont
toujours ni partout exempts de parti pris ; ils ne prennent pas dans les
textes les résultais qui s'y trouvent réellement, ils y cherchent ce qu'ils
veulent y trouver. Il est vrai, d'autre part, que cet antagonisme poU-
liqaeet national excite à la critiqueelau contrôle réciproque, et il nous
est aisé de prouver qu'il peut y avoir des polémiques fructueuses. L'une
d'elles portail sur la question de savoir quelle a été l'extension du ser-
vage chez les paysans en Bohème, du x' au iti° siècle. M. Jules Lipfebt
essaye, dans un journal politique [Bohemia, 1890), de prouver qu'il
o's avait â cette époque presque pas de paysans libres en Bohême ;
1. Povseekné îaké dejtun prûvni. Prague, 1892. — Cwt le tir»ga t part d'un
arUcIe paru d'ubord dans une Dou Telle encyclopédie publiée par J. OUo [Prague].
Im articles historiques groupés bous la rubrique Bohème soûl d'inégale valeur.
OntK le mémoire de M. GeUkovsky, nous y aTons remarqua un aperçu de l'his-
toire polIUque de la BobËtne jusqu'en 1420 de H, Kalousek cL une histoire de
U Utléraluro ancienne de la Bohême de U. J. Hanua ; dans ce dernier article,
DO De relroure pas ces falsilications qu'on a voulu faire prendre pour d'anciens
Chanta nationaui ; nous ne menLonnerons pas une observation malheurcasc
ajoutée par la rédaclion.
2. Parne dans les Pubiicationi de la Société de» Kiences de Bohême, lonée
ISW, sous le litre : donàcieh a eiiich regUirech.
3. Ceik* tlatni prâvo. Prague, Bursik et Kohout, 1392.
352 BOLLETI^ DISTOBtQDE.
M . J . Peiseeb s'élève «taire cette opinion ; reprenant arec plus de dév^
loppement et de force les idées de Palacky, il prétend, au contraire,
que la BohËme a eu ses paysans libres comme ses serh. Les arlieia
de M. Peisker ont également paru, d'abord dans un journal poliliqua
[Politik], puis en tirage à part'. Si le débat se continue, il sembla
probable que M. Peisker restera maître du terrain. Sa publicatiao
prouve, en tous les cas, qu'il a étudié à fond et dans tous ses
la question agraire en Bobémeelfait désirer qu'il j consacre on jour
une monographie.
Les premiers cbapitres du tome m de 1' ■ Histoire de Charles IV,
par M. Wercosi*, sont consacrés à l'histoire intérieure de U
Bohème; le sujet traité dans le reste du volume ne rentre pas dam
le cadre de ce Bullelin. Le reproche général que l'on peut l^re k ce
travail, si important et si approFondi, s'applique aussi à oe volume:
quelques parties auraient pu être traitées d'une manière plus étendue,
beaucoup d'autres, au contraire, gagneraient à être écourtées.
La période la moins étudiée et par conséquent la moins connue de
l'histoire de la Bohème est celle qui est le plus rappmcliée de nom;
elle commence à la guerre de Trente ans et s'étend jusqu'à nos jours.
J'ai eu, cependant, dans mon dernier Bulletin déjà, le plaisir de saltuf
sur ce terrain un travailleur consciencieux et bien connu, M. Rou.
Sa ■ Chronique de Bohême et de Moravie > [îeskomoravskd Krotùka),
parue aussi en livraisons, se poursuit vaillamment, quoique plus 3
avance, moins il trouve de travaux préliminaires. Cet
ouvrage a, pour le moment, dépassé le milieu du ïtii" siècle; I»
sections sont intitulées : • Histoire de l'invasiou saxonne en BohèiDB,
1630-1631, > ■ Histoire de la Bohème de 1637 à iei3, > et < Kis*
toire moderne de la Bohême el de la Moravie, « dont le premier volume
atteint 1657'. Le contenu en est aussi riche que varié et prouve que
l'histoire inlérieure des pays bohémiens à cette époque n'est pas aussi
pauvre que notre ignorance nous le (ait souvent croire. Je serû
presque tenté de dire que le récit de M. H. Rezek est parfois sur-
chargé; il serait plus agréable pour le lecteur si l'auteur avait relégoi
un certain nombre de détails dans les notes. L'introduction de It
troisième partie doit être rangée parmi les meilleurs morceaux que
1 . DU KnKMschafi tu BohiMn. Eine SlTeitD-age der Ukhat. SoclftlgMdikU&
Prague, 1890.
2. GeschkhU K. Karl» IV und teiner Zetf. Drilter Band, 13S5-I38S. bn-
bruck, Wagner, 189Î.
3. D^iny taskélu) vpiidv do leeh, 1630-1G3I. Prague, L. Kober, <%-'
D^e Itch a Morarg, 1637-1648. Prague. 1830. — Dejlng iec\ a Mtnri'^
iobg l. Pragae, IS9Z.
BOflËHE. TtSSt
noos sit donnés M. Rezek ; il jelle un coup d'ceil rétrospectif sur le
passé et accorde l'importance qu'elle mérite à la période moderne
de l'histoire bohème. Il s'est produit à cette époque, dans les rap-
ports des pays bohémiens, de profondes transformations desquelles
dépend en grande partie leur étal actuel, et un ouvrage tel que celui
de M. Rezek sera éminemment utile pournous aider à les comprendre
à l'époque contemporaine. On sait qu'elles ont porté particulièrement
sur le terrain religieux; aussi estK« l'histoire de ce qu'on appelle la
réforme catholique en Bohème qui a été jusqu'à présent traitée le
plus à fond: M. Thomas BfLEi, connu par son ouvrage sur la confis-
cation en Bohème, a consacré un ouvrage spécial à cette révolution
religieuse'.
Ce bouleversement a chassé du pays une grande partie de la popula-
tîon protestante de Bohême, ainsi que les adeptes de l'Unité des frères
bohèmes, et c'est de cette émigration qu'est sorti Jean Amos Come-
nius. Il resta même à l'étranger un fils fidèle de son peuple, et il
compte parmi les classiques de la littérature tchèque. Mais son impor-
tance est plus considérable encore; il n'appartient pas eiclusivement
à la Bohême. Les recherches sur sa vie el sur son œuvre, qui ont été
poursuivies sans interruplion au siècle dernier en Bohème et même
au dehors, ont reçu une nouvelle impulsion, en 4892, à l'occasion du
300» anniversaire du célèbre pédagogue. Une société internationale,
la ■ Société de Comenius, » s'est fondée, admettant des publications
acientîQques dans son programme. Le premier volume de la revue
qu'elle publie en langue allemande' contient une nomenclature des
ouvrages parus sur Comenius dans les cinquante dernières années;
la liste des publications françaises sur ce sujet a été dressée par
H. B. Robert, de Montpellier. L'année 1892 a apporté un appoint
considérable à cette catégorie de publications. Toute l'activité littéraire
de M. Fr. i. ZoDBBE s'est portée, dans ces dernières années, sur la
personne et l'œuvre de Comenius ; il a publié ses articles dans diffé-
reoles revues. Il a préparé aussi une nouvelle édition de sa a Biogra-
phie de Comenius, > ouvrage estimé paru déjà en 1 87 1 ; mais la morl
l'a surpris avant qu'il l'eût achevée. A l'aide des papiers qu'il a
laissés, M. J. V. Novéik l'a complétée et publiée'. M. H. Josef SMâm
commence une nouvelle biographie* de Comenius, qui n'est pas
arrivée encore au delà du premier fascicule. Enfin, parmi les publi-
cations eu langue allemande parues en i 892 se trouvent encore deux
1. Btfùrmaee KaloUckà. Prague, Fr. BsEkoTsky, 1892.
%. Monatihr.fle der ComeniHS-GesellKhalt. t. Leipzig, R. Voigllânder, 1892.
3. Zioot Jana KomsTiského. VjFdâTfl J, V. Noïàk V. Praïc, J. Ollo, 1892.
4. J. Smâhii. ;. A. Komenaky. V. Preiov, 1892. J, Bayer.
HlBTOB. Ll. 2* FA8C.
854 BULLETIN HISTORIQUE.
biographies de Gomenius qui méritent une mention spéciale ; roue,
assez courte, de M. A. Vibka\ l'autre, plus étendue, de M. J. K?ifi-
siLi^. Celle-ci est la biographie la plus complète que nous posaédioos
de Gomenius; l'auteur a utilisé des sources jusqu'à présent înconnoa
ou insufBsamment étudiées et a traité à fond des questions que s»
prédécesseurs s'étaient contentés d'effleurer; il a également travaillé
avec soin son analyse des œuvres de Gomenius. Cependant, son
ouvrage ne satisfera pas absolument le lecteur ; Fauteur est slave et
a utilisé jusqu'à trois langues dans ses publications : le tchèque, l'ai*
lemand et le magyar; aussi lui arrive-t-il souvent de ne pas manier
celle qu'il emploie avec assez de dextérité. Si l'on excepte la oorres-
pondance de Gomenius, dont il sera question plus loin, son travail
comptera néanmoins parmi les plus remarquables qui aient para en
4892 sur Gomenius.
Les articles de M. E. Dsifis , dont j'ai parlé avec plus de détails
dans mes précédents bulletins, n'étaient que les avant-coureurs
d'un ouvrage plus considérable qui traite en deux volumes rtûsUrire
de la Bohème de la moitié du xv* siècle jusqu'au début de la guerre
de Trente ans (4620)'. Je ne puis que réitérer ici les éloges que j'ai
décernés à Fauteur dans mon dernier bulletin. M. Denis connaît ses
devanciers et les met à profit, mais il conserve son indépendaœe
vis-à-vis d'eux. On aurait tort de ne voir dans son travail que le
résumé de leurs travaux, dans ses jugements que le reflet des jug^
ments d'aulrui et en particulier des historiens tchèques. M. Omis
écrit en ami, mais non pas en admirateur absolu de la nation tchèque;
le point de vue religieux auquel il se place (M. D. est protestant)
n'est pas sans influer sur ses jugements, mais il ne les fausse pas.
Une traduction tchèque, qui est en cours de publication^, prouve qœ
le public tchèque peut apprendre beaucoup de l'ouvrage de M. Denis.
Le traducteur, M. J. VAifèiJiu, a augmenté l'original d^un grand
nombre de notes qui le complètent et en quelques détails le rectifient
Tarrlve maintenant à parler des publications de sources dont j'aiM
souvent mention dans mes précédents bulletins. Dans les années i9^
à i 892, il a paru trois nouveaux volumes de l'Archiv cesky, les tomes
IX, X et XI, qui contiennent une foule de matériaux précieux poor
1. Leben und Sehieksale dê$ J, À. Comenhu. Znaim, Foarnier n. Haberier,
1892.
2. /. A. Comenius. Leipzig et Vienne, J. Klinkhardt, 1892.
3. Fin de V indépendance bohème, I. Georges de Podiebrad et les Jagellois-
II. Les premiers Habsbouiig. La défenestraUoii de Prague. Parii, A. Colio M ^'i
1890.
4. Konec samostalnoiU ieské. Pragne, Barsik et Koboat.
L
BODËHE. Mil
riiistoire (le la seconde moitié du xv° siècle et la première moitié du
ïTi". Le tome \1I des AcLca do la Diète [Snetny; Latidlagsverhand-
lungen], paru en 1891 , comprend les années 1386 à ^591 ; le Codex
diplomadcu* Moraviae alleinl en 1890, avec son 12° volume (1391-
J399), la lin du xit* siècle. M, J, Ehlbb termine la publicitioii de
ses Libri Confirmaltonum avec les livres VUI, IX et X (1421-1436);
un nouveau volume de l'ouvrage de M. H. Jibei^es, le Codex
juris Bohemici', contient des documents pour l'histoire du droit
public au ijV siècle. La Société historique allemande, qui a com-
menoé, il y a des années, une collection de cartulaires municipaux,
vient d'en faire paraître, après un laps de temps assez long, le
second volume, contenant le cartulaire de la ville de Saaz (Zalec)',
en fort belle édition. La plus importante des villes de la Bohême
occidentale, Plzen (Pilsen), a Ëtit rassembler et publier les docu-
ments relatifs à son histoire. L'éditeur, M, L Stknad, s'est acquillé
à la perfection de sa tâcbe'.
Le nombre des revues périodiques qui s'occupent de l'histoire de
la Bohème s'est trouvé encore augmenté ; après une interruption de
plusieurs années, la société fondée pour encourager l'étude de la lit-
térature tcfaètjue en Moravie a repris, en 1891, le cours de ses publi-
cations {loiopU Matice MorausM).
Les études historiques en Bohême ont fait un grand pas en avant
quand on a fondé l' « Académie bohème pour les sciences, les arts
et les lettres, > créée en 1891. Je noterai ce qu'eLe a publié de
plus remarquable dans le domaine historique, et en première ligne
l'édilion de la « Correspondance de Jean Amos Gomenius '. » Écrite, à
peu d'exceptions près, en latin, elle comprend 243 numéros et
embrasse un cercle étendu de savants conLemporains. Il eût été dési-
rable que l'éditeur, M. A. PiTERi, ajoutât au texte des notes plus
nombreuses et plus détaillées. M. F. Tiuka nous a donné dans ces
dernières années une série d'articles remarquables, parus soit dans
des revues soit dans les bulletins de l'Académie de Vienne; ce sont
dee formulaires et des documents pour l'histoire de la diplomatique
bohème. En outre, il a publié une Histoire des chancelleries dans
les pays bohémiens soua les Luiembourg (131 0-1 420) ^ Nous sommes
redevables à M. V. E. MouatK" d'une édition diplomaliqueœent très
1. Codex Juris Bohemtci, lomi 11, pars 3. Prague, Fr. Tcmpsky, 1SS9.
2. Orkvndenbuch der Stadt Saas. Bearbeilet Ton L. ScUesinger. Prague, 1891 .
3. lUtâr Kral. neata Pl-.m, T, 1300-HIO. Plzen, 1891.
i. Jatui Amosa Sometuhého Korrespondenee. Prague, 189?.
5. Kanceltire a pisari v iemtch leskych, I31D-14Ï0. Prague, I89Ï.
C. Kronika Dalimilova. Pragae, tSdl.
356 BULLITlIf HI8T0EIQUI.
exacte du manuscrit le plus important de la Chronique de DalimQ,
qui se trouve actuellement à Cambridge. Enfin nous mentioiuM-
rons encore l'étude de M. I. Taufliia, où sont rassemblés et présen-
tés dans un tableau d'ensemble les renseignements disséminés de
toutes parts sur les débuts de l'humanisme en Bohême ^
L'Académie dont il a été question plus haut a été fondée dans k
but de stimuler Fétude en langue tchèque des sciences et des arti
Le dualisme national se fit jour immédiatement, et la création de
l'Académie provoqua la formation d'une a Société allemande poor
l'étude des sciences , des arts et des lettres en Bob6me. > II bot
espérer que les sciences et les arts, et spécialement les études his-
toriques, tireront profit de la rivalité de deux institutions. C^esta?»
l'appui de la Société que je viens de mentionner qu^a paru le premier
volume de 1' < Histoire des arts du dessin en Bohème sous les Loxbid-
bourg, » de M. I. Nbiiwieth '. Il comprend une introduction et l'his-
toire de l'architecture, si riche dans cette période. Le nouvel ouvrage
de M. Neuwirth se rattache étroitement à son « Histoire de l'art chré-
tien en Bohème jusqu^au commencement du xiv* siècle, » ouvrage
dont j^ai parlé avec les plus grands éloges dans mon dernier bulle-
tin. Les publications de H. Neuvirirth sont de beaucoup les pbs
remarquables qui aient été foites depuis des années sur Thistoire de
l'art en Bohème.
Je terminerai en parlant de l'important travail entrepris par
M. Auguste SEDLàèBK sur les châteaux, les bourgs et les lieux forti-
fiés de Bohème 3, mais je dois auparavant m'acquitter d'une dette.
J'ai annoncé en 4882 les débuts de l'ouvrage, et depuis je n'en ai
plus flBiit mention. Dans le cours des dix dernières années, il n'a pas
paru moins de huit gros volumes in-4^, illustrés de nombreuses gra-
vures; avançant de cercle en cercle, il décrit les châteaux et les lieax
fortifiés de Bohème, ceux qui subsistent encore comme ceux qui sont
tombés en ruines, et il en raconte l'histoire. Cet ouvrage a nécessité,
de la part de l'auteur, non seulement l'étude des livres déjà édités,
mais de minutieuses recherches dans les archives; il témoigne d'one
extraordinaire et rare puissance de travail. Quand il sera terminé, ce
sera un monument unique en son genre.
I. GOLL.
4892.
1. Poiâtkjf humanUmu v ieehdch. Prague, 1892.
2. GesctUdUe der bildenden Kunst in Bôhmen vom Tode WmaebUlèH
zu den Hussitenkriegen, I. Band. Prague, J. 0. Galvé, 1893.
3. Hradff, zâmk}f a tvrze krdUmsM ieikého, I-VIII. Prague, ISSMSait
Fr. SimÂcek.
mLZBOFEB : GESClIlCHrE DES OBIENTS lU SECBSTEX JIBBB. 357
COMPTES-RENDUS CRITIQUES.
Oeschlchte des Orients nnd Orlectaenlands im sechsten Jahr-
btmdert v. Chr., von Helnrich Welzhofer. Berlin, 0. Seehageii,
1892, 322 p.
Voici un nouveau volume de cette histoire générale de l'Orient qu'a
entrepris d'écrire M. Welzhofer. Rappelons tout d'abord que ce n'est
point là un travail de recherche scientifique destiné à faire avancer nos
connaissances dans ce vaste domaine, mais un livre de vulgarisation.
A vrai dire, il me semble comme tel trop complet, et il court peut-être
le risque, n'apprenant rien aux spécialistes et trop long pour les pro-
fanes, de n'élre lu ni des uns dI des autres. Je me hâte de dire que ce
serait dommage. Ce n'est point ici le lieu de discuter les mérites du
système qu'a choisi M. W. et qui consiste à découper l'histoire en
traDChes de cent années pour la présenter dans une série de (ahleaux
synoptiques, mais il est incontestable qu'un livre de cette nature a sa
^ande utilité, même et surtout, — dans notre époque de spéciatisation
à oatraace, — pour le savant qui, confiné dans l'histoire d'un certain
peuple à une certaine époque, est fataleracnl exposé h perdre le sens de
l'équihbre. Pour le yi" siècle avant J,-C, particulièrement, celte vue
d'ensemble est fort intéressante, elle rend éclatant le contraste entre
le formidable développement de la puissance perse, réunissant sous un
aeoi sceptre toute l'Asie, de l'Archipel à l'Indus, et l'incroyable mor-
eelUment de la Grèce qui a, pour ainsi dire, à ce moment autant d'iùs-
ulreB qne de villes.
Le livre est divisé en trois parties, deux consacrées à l'Asie, une à la
Grèce. La première expose l'état de l'Asie à la veille de la conquête
.perse; un long chapitre y décrit les mœurs, inslilutions, religion des
Uèdes, un autre trace rapidement l'histoire de l'empire babylonien
récemment restauré par Naboupalonssour et nous met au courant des
âflïiree de l'Egypte (Psamitik I, Niko II) et de celles des Juifs; un
brillant tableau du règne de Naboukoudouroussour II termine celte
sorte d'introduction. La deuxième partie comprend la vie et l'avène-
ment de Cyrus, une caractéristique des Perses, que M. W. croit devoir
combler de toutes les vertus, parce qu'Aryens, la conquête de la Lydie
et de l'empire de Babyloue par Cyrus, celle de l'Egypte par Cambyse,
le règne de Darius, sou expédition en Thrace et ses premiers démêlés
avec les Grecs. La troisième partage de son mieux ses 140 pages entre
les différentes cités grecques. Athènes et Sparte ont naturellement la
,pius grosse part, mais M. W., poussant à l'extrême son respect de la
chronologie, juge i propos de couper en deux l'histoire d'Athènes, et,
858 GOMPTis-iniDUs cunoms.
peut-être pour préparer le lecteur à rayènement du tyran athénien, il
intercale entre Selon et Pisistrate un long chapitre sur les tynns
Périandre de Gorinthe, Glisthène de Sycione, Pittacns de MytUène,
Polycrate de Samos, sur les troubles de Milet et les entreprises de
colonisation de cette ville. Enfin on revient à Pisistrate et on quitte
Athènes après les réformes de Glisthène. Le chapitre sur Sparte coo-
tient forcément peu de choses : on rallonge de quelques pages sur lu
colonies de Sicile et d'Italie, leurs guerres incessantes, et la sauT^e
destruction de Sybaris vient couronner dignement ce tableau, m
somme peu édifiant, de Tétat politique de la Grèce, déchirée pour aiiui
dire par des guerres civiles à deux degrés : guerre entre les dtés,
guerre à l'intérieur de chacune d*elles. Le dernier chapitre, c la irie
spirituelle, » où M. W. revendique, titres en main, pour le vi« siècle un
peu de la gloire littéraire et artistique qu'on dispense trop exduâTe-
ment selon lui au y«, ne parvient pas à effacer cette pénible impression
Étant donné son but de vulgarisation, je ne reprocherai pas trop
vivement à M. W. une tendance marquée à préférer la version la pins
poétique, notamment sa fidélité exagérée à Hérodote (à propos de
Phraortès, de Dejocès, de Gyrus et de sa guerre en Lydie), à Béroie*.
Mais je lui pardonnerai moins facilement son obstination à croire à la
valeur historique de la Gyropédie (sur Tautorité de laquelle il défend
la vraisemblance des considérations philosophiques auxquelles se Utto
Gyrus à son lit de mort), et pas du tout son dédain de V'Mit*oiim Otài*
TcCa, dont il se débarrasse à peu de frais dans une note de quelques
lignes où il nous prévient qu'il n'en tient pas compte, vu que plus il la
considère plus elle lui fait mauvais effet ! La résurrection de T'ASiivatiii
lIoXtTtCa était peut-être intempestive au moment où M. W. mettait
sous presse, mais ce n'était pas là une raison pour lui refuser tout cré-
dit. Le chapitre sur Selon eût eu cependant tout à gagner à profiter
de rhcureuse découverte de 1891.
Où M. W. est, au contraire, trop savant, c'est lorsqu'il veut à toot
prix trouver des indices de parenté, une sorte de sceau du sang
entre les peuples indo-européens... pardon! indo-germaniques. Ainsi,
page 172, à propos de Texpédition de Darius en Thrace : « Les Scythes,
ces parents ou ancêtres des Germains, tenaient la servitude pour le pins
grand des maux. » A la page 471, il déclare que les jugements favo-
rables que les Grecs ont portés sur les anciens Perses ont leur cause
profonde dans la parenté des deux peuples qui se manifeste ai dépit
1. Encore devriit-il ne pas entreprendre témérairement la défease de ces
agréables conteurs. Ainsi, p. 8, 1. 7, parlant sur la foi de Bérose d'une dynastie
rnède régnant à Babylone 2500 ans avant J.-C, il déclare que c*est sansmoUfs
suffisants qu'on a vonlu faire de ces Mèdes des Élamites. Il ignore l'existence
dune inscription (Maspero, Hist. anc. des peuples de VOrient, p. 160; G. Smitb,
Historjf of Assurbanipal^ p. 25i; où le roi Assoarbanipal raconte qnll a np-
porté de Suse, capitale du royaume d'Élam, une sUtne de la déesse Nana este-
vêe 1635 ans plus tôt par Koodour-Nakhoanté, roi de Sose.
0. iTTISCEH : LTCraOBE HT SES IHSTITCTIONS. 850
la l'obime politique qui !ee sépare. Quelques pages plu» loin, quand
Dariu», de retour de Thrace, fait rentrer dans la voie de l'obéissaDCe
lee Gr^CB d'Asie : i Les Lemniens, qui sont regardés comme les des-
cendante directs des Pélasges, ne se soumirent qu'après une longue et
«aillante rpsistance. • Très jolie aussi et aussi peu scientifique l'idée
qne ti, seuls des tribus Thraces, les Gètes tentèrent de résister à
Darius, c'est que, * contrairement à la plupart des peuples do l'anll-
quité (7|, ils avaient une coaceptioa Deitemenl définie de l'iminorlalitê
'hncnaiDa. • Sourions, mais ue auu^ Tùchous pas trop, car ce sont là les
défants d'une qualité ■- une imagination poétique qui rend d'ailleurs le
livre agréable et à laquelle M. W. doit un certain cliarme de style et
qaelques effets d'évocation.
J. Bébahd.
Gustave Attingeb. Étude aar Ljrcurgae et ses Institutions. Neuf-
châlel, Allioger Frères. 52 p. in-8% 18»2.
L'auteur noua avertit modestement qu'il n'a pas la prétention de
Tenouveler son sujet. « Mon dessein a été de me rendre compte par
moi-même de t'élat de la question, fii je publie aujourd'hui le résul-
tat de mon enquête, c'est pour Tournir k mes collègues dans l'enseigne-
Xaent le moyen de s'orienter plus facilement que je n'ai pu le faire
-même, dans un sujet qui est, doublement important, puisqu'il inté-
XiBK i- la fois les professeurs et les savants. ■ M. Attinger s'occupe
snccessivemcn t des sources anciennes, des opinions émises sur Lycurgue
par les historiens modernes, on&n les institutions de Sparte et de la
personne de son législateur. Les résultats auxquels il s'arrête sontplau-
siblee : il attribue à Lycurgue, qu'il refuse de considérer comme un
être mythique, » l'Introduction d'un code éducatif destiné à rendre les
jeunes Spartiates capables de continuer l'œuvre de leurs pères, > rejette
«ntiërement les récits biographiques qui le concernent et marque le
parallélisme de sa légende avec celle de Solon. Il se tient ainsi dans
bne région moyenne entre les partisans de la tradition recueillie par
Plntarqne et les sceptiques intransigeants qui font de Lycurgue un
Umple doublet d'Apollon. Dans le détail, je ne vois pas qu'il ait émis
kucune idée originale : mais, étant donné le but de son travail, 11 faut
Convenir que les débutants trouveront à y apprendre. C'est, en somme,
Sn bon article d'encyclopédie, dans te genre de celui qu'Ihne a publié
sor le métne sujet dans le Dictionary de Smith, mais qu'on n'est pas
obligé de trouver meilleur'.
Salomon Rbinach.
Qadquea noms propres toal mal orlbographiés : Fastel de Coutange
1p. 11), fferrmann (p. 151- A quoi bon naos apprendre que le livre de Trieber
M épuisé (p. 13), lorsqu'il en eut de mfmt de beaucoup d'autreioaTrageseJtésî
1.'ordi« dans lequel sont alléguées les opinions des modenies (p. 13 et snlv.)
360 COlIPTBS-EBlfDIÎS CBITIQUIS.
Das ICartyrinm der thebaiaehen Légion, Yon D' Franz Stolle.
Breslau, MuUer et SeifiTert, 4894. 4 vol. in-8«, 412 p.
Il existe de petits problèmes d'archéologie et d'histoire dont k biblio-
graphie passe démesurément Timportance. Le problème de la iégioD
dite thébéenne est de ceux-là. On ferait un fort rayon de bibliothèque
de tout ce qui s'est écrit pour ou contre les Thébéens : Dubonrdieu an
XVII* siècle, les Boliandistes et de Rivaz au xvm*, Braun en 1855, toat
récemment encore M. Ducis et M. AUard... Nous ne parlons pas da
articles d'encyclopédies, des exeursus d'histoires générales, ni même
enfin des deux copieux volumes sur Saint Maurice et la Ugion th&téenm,
de M. Bernard (de Montmélian). M. Stolle a cru devoir reprendre ce sujet,
sans s'émouvoir de ce qu'il était épuisé, sans se préoccuper de le
renouveler. Il y avait à nous donner une édition critique de la lettre
d'Ëucher à Salvius : M. Stolle a reproduit le texte qu'en a donné Rni-
nart, en y signalant, il est vrai, une grave interpolation. Il y avait i
étudier les relations que l'on pourrait saisir entre la passion de saint
Maurice à Agaune et la passion de cet autre Maurice exécuté à Â(»a-
mée avec soixante et dix soldats. M. Stolle a traité trop légèrement ce
point important. Sur le fond même du débat, on reconnaîtra qu'il a dis-
cuté avec conscience l'hypothèse de la décimation d'une légion chré-
tienne à Agaune, et que, tout en répudiant avec une judicieuse critique
nombre d'arguments très reprochables que certains ont exploités, il oon*
dut en fin de compte à la réalité de cette décimation et à l'autorité dn
document qui nous la rapporte.
Cette conclusion, qui est aussi celle de M. Allard, dans sa reIDa^
quable Histoire des persécutions, ne nous parait pas démontrée.
Y a-t-il eu, au début soit du règne, soit de la persécution de Dioclé*
tien, une legio thebaea, dont les soldats, qui étaient chrétiens, ont été
passés par les armes à Agaune, aujourd'hui Saint-Maurice, dans le
Valais?
On a fait valoir, contre la réalité de ce fait, le silence des historiens
contemporains : il est certain que ni Eusèbe, ni Lactance, ni Orose, ni
Sulpice-Sévère ne parlent du massacre d'une légion chrétienne i
Agaune, et l'épigraphie est muette. Cette difficulté a été relevée par
M. Duruy. Nous ne nous y arrêterons pas, étant loin de la trouyer
rigoureuse. Mais iJ suffit d'en donner acte pour déblayer du coup le
terrain et nous trouver immédiatement en présence du document unique,
selon M. Stolle, sur lequel repose la légende d' Agaune, nous entendons
VEpistula Eucherii ad Salvium, document dont M. Stolle a, croyons-
nous, exagéré l'autorité et l'importance.
Qu'elle soit d'Ëucher, évêque de Lyon (f 450), qu'elle soit seulement
du V* siècle, c'est ce dont il est impossible de fournir la preuve exacte,
est défectueux : le Handbuch de Hermann est mentionné en dernière Iiga^<
parce que la tixième édition de ce vieux livre a commencé à paraître en
•■it;
FB. STOLLt : MiHTIBItlU DEB TflEBlISCHEH LEGION. 361
et du reste il importe peu à la snlution du problème. Mais, ce qui est
G, c'est que l'auteur ds ce récit était d'un siècle et demi au moins
postérieur à l'évéaemeDt qu'il raconte; il n'avait pas de documects
anciens pour source de son récit, il en tenait la traditioD orale de per-
sonnes capables, qui la tenaient de saint Isaac, évC^que de Genève, qui
la tenait, croit-il, du bienheureux évèque Ttiéodore, lequel vivait dans
les dernières années du iv* siècle. Or, cette tradition orale, dont il se
réclame, quelle était-elle?
Il faut taire une part considérable à la rhétorique dans VBpiiMa Eueht'
rii. à la raison d'art et à l'amour du style. * Tandis que les Bdèles
Tiennent de diverses provinces oHrir l'or et l'argent en l'honneur et au
service des saints, soutTrez que je leur oflre cet écrit, et en retour
demandez-leur pour moi le pardoo de mes péchés et leur perpétuel
.is et patronage à l'avenir... o Ainsi débute notre auteur, et tout
■on dessein est de mettre la passion des martyrs d'Agaune en beau lan-
: « Banctorum passionora pro honore stylo explicamus. o Le pro-
sédé apparaît dès l'eiorde; il montrera toutes les ressources du métier.
Le paysage : « Agaune est à quatorze milles de la tète dn Léman,
âans une vallée resserrée; on y arrive par un chemin âpre et étroit, car
le Rhâne, qui ronge à leur base les rocs de la montagne, laisse à peine
un étroit dèdlé ; mais, les gorges franchies, soudain la vallée s'élargit,
et, entre les pentes rocheuses, s'ouvre une plaine... > — Le discours
direct : f Empereur, nous sommes soldats et nous t'appartenons; mais
nous sommes aussi esclaves, nous le disons librement, de Dieu ; à toi
notre service, à Dieu notre innocence ; de toi nous recevons notre solde,
de Dieu la vie... » Et ce développement d'antithèses artificielles se pour-
suit trente-quatre lignes d'afQlée, — Ailleurs le discours indirect :
( Vociferalio passim ac tumultus in castris exoritur afGrmantium nun-
quam se ulli ia baec tam sacrilega ministeria cessuros, o etc. — Plus
loin enfin, dans le récit de la décimation des soldats chrétiens, un pas-
tiche des récits classiques de batailles : i Qui cum missi ad bealissi-
tnam legiouem venissent, stringunt in sanctos impii ferrum mori non
récusantes vitae amore; caedebantur itaque, ■> etc. Tout le morceau est
'de cette façon, et cette façon n'est pas pour nous inspirer confiance.
Il faut faire sa part aussi à l'esprit de reconstruction historique fvoy.
Stalle, p, 69), et se dire que notre auteur n'était pas artiste k raconter
Ja passion des martyrs d'Agaune sans reconstituer le milieu. Il débute
: <■ Sous Maiimîen, qui eut avec son collègue Dioclêtien l'empire
de la république romaine... s Suit un portrait de Maximien. Il poursuit :
Si quelques-uns, sous le règne de Maximien, osaient professer le culte
dn vrai Dieu, des troupes de soldats les saisissaient pour les mener au
•opplice... Or il y avait une légion,... une légion comptait alors six
iinille sis cents hommes : cette légion avait été mandée d'Orient par
;Haximien pour lui venir en aide... Quand les soldats virent qu'on les
envoyait exterminer des chrétiens, ils déclarèrent qu'ils n'obéiraient
Leur primieeriu» était Maurice; ils avaient Exupère pour eampi-
362 coMPm-EBifDUs cauTiQm».
duetor; Candide était smator militum.,. Les soldats de la légion s'ap-
pelaient Thébéens. i — Cette reconstitution dn cadre historique est
d'un bien méchant historien. La persécution qu'il nous décrit est celle
qui a éclaté en 303 : or, depuis rétablissement de la tétrarchie, en 292,
le gouvernement de la Gaule appartenait à Constance Chlore, et Maxi-
mien-Hercule, ayant dans le sien l'Italie, TEspagne et l'Afrique, n'avait
pas à intervenir chez son collègue. Si le fait de la dédmation de la
légion dite thébéenne est vraiment imputable à Maximien-HerculSf il
sera indépendant de la persécution de 303, il sera antérieur à l'établis-
sement de la tétrarchie, et nous consentirons à le placer, par hypothèse,
au début de la campagne menée en 286 par Maximien^Hercule contre
les Bagaudes insurgés de Gaule. Ainsi l'entend M. Allard. A quoi
M. Ducis objecte qu'en 286 il n'y avait pas encore de Legio Thdîm-
rum, ces légions, d'après les titres que leur donne la Noiitia digmtatum
au V* siècle, étant des créations contemporaines de la tétrarchie. Assu-
rément, réplique M. Allard; aussi ne peut^il être question d'une légion
massacrée à Agaune, mais d'une simple vexillatio, tirée probablement
de la Thébaïde, sans compter que, à la fin du up siècle, il y avait bean
temps que les légions romaines ne comptaient plus six mille six cents
unités. Ainsi parlent les défenseurs d'Ëucher, ceux-là même qui tiennent
pour digne de foi le récit qu'il fait de la décimation d'une légion thé-
béenne au cours de la persécution de Dioclétien, mais en la plaçant en
dehors de ladite persécution, en l'entendant de Thébéens qui ne seraient
pas une légion, et en affirmant que c cette construction historique e^
l'œuvre personnelle de l'écrivain du v« siècle et qu'elle se soutient mal. i
Comment donc en parleraient des critiques qui ne la tiendraient pas
pour digne de foi ?
Pour nous, une fois éliminé de VEpistula Eucherii tout ce qui est
pure amplification de rhétorique, il demeure un résidu de données posi-
tives qui sont les suivantes. Au temps oii VEpistula Eucherii a été com-
posée, il y avait à Agaune une basilique ; cette basilique renfermait des
corps de martyrs dont Vinvention, au sens liturgique du mot, datait du
temps de l'évêque Théodore, c'est-à-dire de la fin du iv* siècle; cette
basilique était un lieu de pèlerinage de grand renom dans l'Église méro*
vingienne. VEpistula Eucherii nous donne les noms de trois de ces
martyrs : Maurice, Exupère, Candide. £t, dans son paragraphe vi, q^^
est interpolé, on en mentionne un quatrième, du nom de Victor. Ces
martyrs passent pour avoir été soldats.
Or, ces données positives se retrouvent, au vi« siècle, dans tous ^^
textes où il est question d' Agaune et de ses martyrs, textes qui t€i^^
sont indépendants, au moins, me semble-t-il, de VEpistula Euche"^'
— i® Fortunat, dans son petit poème De martyribus acaunensibus, p^^^^
de Maurice et de ses quatre compagnons, comme Eucher, mais il n^ ^^
traite pas de Thébéens :
Ecce, triumphantum dactor fortissime, tecura
Qaattnor hic procemm pignora sancta jacent..
R. STOLLë : UIRTT&IDM OKR TREBltScaSN f.EGIOff. 363
Ttll fine potM feltx exercitus intrans
Jonclus apOEtolicIs plaudit honore chorie.
- 2» Le marlyrologe dit hieroayDiieo, tel que nous Je donne la recen-
sion auxerroise de la fin du vi° siècle, enregistre au 23 septembre les
martyrs d'Agaune : Maurice, Eiupère, Candide, Victor, Innocent, Vital
et leurs 6,5S5 compagoons anonymes, an nombre qui fait penser au
chiftiv de l'etTectif des ancienaes légions, sans que cependant le marty-
rologe parle eoit de l^ion, soit de Thébéens. — 3° Grégoire de Tours,
dans eon De gloria martyrum, composé en 590, parle de la basilique
d'Agaune; des < sepulchra beaiissimorum marlyrum UgionU felicis »
qu'on y vénère; du roi Sigismond, qui a voulu y âtre enterré « in cod-
sortio eanctorum i (ceci yers 523) ; de saint Maurice, qui parait être le
premier de ces martyrs et celai qui parle en leur nom dans de miracn-
lensee apparitions; enfin du roi Contran, qui envoie demander aux
moines i qni sanctis agaunensibus deserviunt u des reliques ou pignora
de ces martyrs. Ici encore rien des Thébéens. — i' Ailleurs, à la fin du
dixième livre de VHistorfa Francorum, achevé en 592, Grégoire de
Tcmrs parle de la basilique de Saint-Martin, qu'il vient de rebâtir : il
a lenu à retrouver le coffret d'argent où ont été déposés les • pignora
sanctoruni > qui ont servi k consacrer l'ancienne basilique, ce coOret
renfermant, au dire de quelques vieux prêtres (sicut a longevis aevo
presbiterÎB comperi), des reliques des saints d'Âgaune. On a fait des
recherches; on a retrouvé la pierre scellée qui renfermait les reliques
consécratoires, et, quand elle a été onverte, on y a trouvé une cassette
ou capsule d'ai^ent renfermant des pignora de nombre de sainte, soit
martyrs, soit confesseurs, y compris des légionnaires d'Agaune Ibealae
kgionii). Or, nous savons que ladite basilique de Sainl-Martin avait
été consacrée par saint Perpetuus vers 472. Toutefois le recueil des
inscriptions de la basilique de Saint-Martin, recueil compilé dans la
première moitié du vi* siècle, renferme une liste épigraphique des
reliques de l'autel de la basilique consacrée par Porpetuua. Cette lista
donne cinq noms : saint Jean -Baptiste, saints Gervais, Prolais, Félix et
Victor. Rien nommément des Thébéens d'Eucher. — 5" Nous possédons
le sermon prononcé par Avit, évêque de Vienne, le 22 septembre 515,
dans la basilique d'.Agaune (in basilica sanctorum acaunensium), à
l'occasion de l'inauguration du monastère qui la dessert ; et, dans son
Giorde, Avit rappelle que, au coars de l'office, on a lu la passion des
saints de la légion heureuse {felicis exercilmi, sans que l'on puisse dire
que cette passion soit le récit déclamatoire d'Eucher, puisque saint
Avit, non plus que Grégoire de Tours, ne parle de Thébéens.
Ainsi le martyrologe hiéronymiea, Avit, Fortunat, Grégoire de Tours
témoignent ensemble de l'existence de la basilique d'Agaune, de la pré-
sence de corps de martyrs enterrés et vénérés dans cette basilique, enlin
de la qualité de soldats donnée à ces martyrs. Avit et Fortunat, l'un
orateur, l'autre poète, parlent tous deux du f»lix exeràtus auquel ont
appartenu ces soldats; Grégoire de Toars, plus précis, parle de legio
lOD'flMpai^P
I
GOVFTES-UKDCS CaiTIQVBS.
fetix. Je ae TOudraie pas affirmer qne ceUa exproMlon
lique ; je ne voudrais pas affirmer que leçia ftlix est le nom pnpntai
Idgioa historique et dont les iascriptioue non* sigodeot de* iça/ân
dans la vallâe du Rhdne. Je dis seulemeat qne ni Grègoira da Ton
ai Avit, ni PortuDat, ni le martyrologe hiéronymiea n'ool laite la
martyre d'Agaune de Tbébéeus.
Au vt* siècle, on connaiseail des Thebéens, ceux de Cokipv. Il ;
avait là aussi des martyrs dont la lé^nde faisait de* «oldatc : uo mil
reprèsenlé leur passion dans une mosaïque dorée, qai leur iTûinlak
nom de taneti aurei. On montrait le puits où leur* csdavrea anitttU
dit-on, entassés, et oii leurs ossements étAieat encore. On dietit qs'Oi
étaient cinquante et qu'ils appartenaient à la Ugio *acra Th^aeor»*-
Cest Grégoire de Tours qui noua l'apprend dans son De glnrit ^url^
ruin; mais il ne fait aucun rapprochement entre ces martjTs deCelof]»
ot les martyrs d'Agaune, et il n'épouse même pas le Beniimem qal a
fait dsR membres d'une Ugio lacra Thebaeorum : ■ ... dicuntur l tiria
illa legione sacra Theltaeurum pro Christi nomine martyrium oourib-
masse. ■ La .Votilia dignilatum au v* siècle nous parle de TluMei semai
en Italie et sur le Rhin : dans l'imagination popalaire, semble-4-tl, en
Thebaei devinrent les derniers représentants de l'année impériale. Lo
soldats martyrs de Cologne furent pour elle des Thébéens; puis OC bl
le tour de ceui d'Agaune; on en retrouvera à Trèvee, à Bonn, àXu-
ten, à Soleure, à Zurich, t, Turin, à Bergame...
En résumé : une basilique consacrée à la fin du iv* eiécle, des reliqnn
très célèbres au v* et au vi* siècle, quelques noms (Maurice, Exnpîrei
Candide, Victor, Innocent, Vital...), le souvenir énigmatique il'nM
legio felix. c'est là tout ce qne l'on trouve de rolide dans la légeoda
d'Agaune. La tradition locale est tout entière dans cea quelques faiU:
le reste e^t conjecture pseudo-historique ou artifice oratoire. Que d'obï-
contés ! que de questions sans réponse ! Cest le malheur de ces petîU
problèmes de soulever plus de questions qu'on n'en peut résouiln,
même avec l'érudition et la bonne foi de M, Stolle.
Pierre Bai
Atode BUT rorganlaation municipale de la vtUe de Verdun
(in*-iTi' siècle], par H. Liba.mde, arcliivisle paléographe. {Eiirat
de VInvenlairff sommaire des Archiwi communales de VerdiM
antérieures à 1790.) Verdun, Ch. Laurent, tS9t. la-i' de T6 p.
L'auteur, chargé de faire l'inventaire des archives communales de 11
ville de Verdun antérieures à U Révolution, a été tout uaturellejnent
amené à. s'occuper de l'histoire el des iusiitutions de cotte ville, et il a
donné comme préface à son inventaire le résultat de ses études. On doit
d'autant plus l'en féliciter que l'ouvrage, d'ailleurs estimable, de l'abbé
Clonet sur Verdun a passablement vieilli et que les institutioiis y sont
UBISIIE : OBGlHISlTION HDlUCIPiLB DE VERDDK. 365
Mement traitées. C'est sur ce point qu'ont porté les investigations de
M. Labande, cl on peut dire qu'il a renouvelé le sujet pour le xni*-
xjT" siècle. Je me bornerai à analyser brièvement son étude.
On sait que l'histoire et les institutions des trois cités de Metz, Toul
et Verdun ont présenté durant tout le moyen âge et jusqu'aux temps
tnodenies les plus frappantes analogies. Leurs constitutions offrent des
particularités intéressantes et leur situation même entre la France et
l'Empire donne à leur histoire plus qu'un intérêt local. Dès l'époque
mérovingienne, l'éyêque apparaît à Metz seul maître de la cité, comme
l'a montré Fustcl de Coulangea dans la Monarchie franque. En fut-il de
même à Verdun? C'est probable, à certains indices, sans qu'on puisse
pourtant l'affirmer absolument. Au début du x* siècle, en 914, Verdun
est sous la domination d'un certain comte Rlcuin ; puis, sous le règne
des Ottons, le comté appartenait i Godefroy dit le Captif. On ignore
quand et comment le comté lui fut donné. La puissante famille de
Godefroy, qui dominait tout le royaume de Lorraine, ne put cependant
s'aesurer la possession du Verdunois. Dans les dernières années du
X* siècle, peu après 9SI , l'empereur fit don du comté à l'évéque de
Verdun par un acte qui a mal lieureus émeut disparu. Ni la maison
d'Ardenne ni le comte de Bar n'acceptèreat cet état de choses. Après
plus de 150 années de luttes sanglantes, l'évéque triompha pourtant et
expulsa le comte. Ses droits ou ses prétentions furent conlirmés par la
bnlle d'or de Frédéric II du 17 août H56, et, à partir de cette époqne, il
ne fut plus question de comtes laïques de Verdun. —Ainsi, â la fin du
xn* siècle, les seuls pouvoirs étaient l'évéque et l'avoué (qui remontait
ft l'époque carolingienne), l'empereur n'ayant toujours qu'une autorité
purement nominale. Quant à la communauté des bourgeois de Verdun,
il est impossible de préciser l'époque où elle s'est constituée. 11 en est
de môme du reste de toutes les communes, et pour cause. Un sait seu-
lement, par an diplûme du roi Conrad, qu'en 1142 la ville avait déj&
des coutumes. La corporation, la i commune > des habitants est offi-
ciellement constatée dans un diplôme de Henri VI du 18 août 1195. Ce
document ne nous renseigne pas sur l'organisation de [a bourgeoisie de
Verdun, mais il nous fait connaître au moins son existence. Aussitét
conatimée, la commune eut à lutter contre l'évéque, et ces démêlés
sanglants durèrent deux siècles. Cette opposition des comtes et des
èvéques est, comme on sait, un fait universel (si on excepte Noyon) et
fatal. A Verdun comme ailleurs, les émeutes tournèrent toujours au
profit des évéques. Il est vrai que dans la paix, ou plutôt dans l'inter-
valle des trêves, les bourgeois reconquéraient peu à peu le terrain perdu
par une suite d'usurpations lentes et opiniâtres. Le pouvoir impérial
joua durant le xm' siècle, comme la royauté frani;aise au xu', un rôle
équivoque. Ainsi, Henri, roi des Homains, fils de Frédéric II, accorde,
en 1127, les privilèges les plus larges aux bourgeois pour les révoquer
quelques mois plus tard.
Dès la fin du xiit* siècle, les membres de deux ou trois familles, les
UgnagM, niurpent nne tuiohié lyraaaiqoe et soaldvent contre «a,
Mulement la* métien, nuis le« antres bourgeoU non compriï dan* Ifst
clientèle et parenté. L'interreotlon des seigneurs da vot8iDag« en (inu
de difTéreots partis ne fit qu'augmeaier l'anarcbJe. Depuis la chuuda
Hobeoslanren, l'Empire n'était plna que l'omlirv d'ane oœhre. Vit 11
fia da int* giëcle, las regards se tournèrent van le seul pouvoir sope-
rienr vraimeut furt <le l'épuqoe. En 1305, l'évèque Thomas de Biamont
concluait an traité avec le roi de France. La commnne, de son cAti,
BolUcilait la protection de Louis le Hutin. Celui-ci, par une ordoonuK*
de juillet 1315. s'engageait à la prt^jidre sous sa garde; U ville drrtlt
payer cette protection 500 livres par an et Touniir 50 hommes à cbml
et 50 arcber« pour lo ger\ice du roi. Celoi-ci déclarait bien ne VDtloir
acquérir aucun droit sur U juridiction ; mais ces restrictions deieieM
fatalement âlre illusoires. Avec le xiv< siècle commeoce une nouTtlli
période pour l'hisloire do la commune. U convient donc de reveoircs
arrière et d'esquisser la physionomie de ses iaslitulionB telle* qn'lUM
nous apparaissent au xui' siècle.
La justice était rendue par Lrhs corps : I* les écbevins du palais épiscth
pal, préside» par le dteanu* civiUUii : 3* les écbevins de la vicomte avec
le mailre èchevia, appelé aussi vicomte; 3' enfin, les jurés on • mr-
doun de la paix > (généralement treize) conslltuaienl ce qu'on appriait
le Jfomtrre. Ces trois corps étaient nommés par l'èvéque. Les écfaevins
étaient la coutinuation des scabini carolingiens. Les écbevins de 11
vicomt« u'étaieat autres que l'ancien tribunal de l'avoué, dêmemfaremeBl
do celui de l'évalue. Enfin, le trobièmo corps et le plus récaut r^ifè*
sentait plus spécialement la commune, bien qu'en théorie U ftt OB
arbitre permanent entre l'évéquo et les babîtants. 11 ne faudrail pu,
bien entendu, chercher à trop préciser U compétence de ces trois OOfpl.
Néanmoins, on voit que les écbevins du palais ne connaissaienl ptn'
que des affaires civiles. Les causes criminelles èlaieat portée* an JtFonht
et à la vicomte. Quant aux rapports financiers et administratifs enlM
l'èvéque et les bourgeois, ils furent fixés à la suite de la * guerre dM
lignages • par la charte de paix de l'èvéque Henri de Gransoo {M9Î\.
Depuis lors, cette charte fut renouvelée annuellement. L'êvéqne
servait, théoriquement, le droit d'empêcher la levée des imputa
sans son autorisation préalable.
Au cours dn iiv* siècle, la guerre des métiers contre les < ligOB^ I
se poursuivit plus &pre que jamais. Il semblait qu'il y eût
de France belle matière à iotervonlion. La guerre de Cent
son inlluence au profit des comtes de Luxembourg et de Bar,
de l'Empire, En 1357, l'empereur Charles IV cassa dans une '
les gardes des rois de France. Nous ne pouvons naturellsi
même ù analyser les luttes de cette période et les nombreuse
meuis du régime municipal. Par le traité de 1363,concln et
le duc de Luxembourg et le duc de Bar, les droits de garde de'
nier furent reconnus, les métiers condamnés et expulsés pour toujours
B llulministratioa de la ville. Le gouverne ment des lignages, appuyé
par l'em[>oreur, les ducs de Luxembuiirg et de Bar, resta maître et pour
ideux siècles.
■ AiDsi inslallé, le gouvarnemeiit des lignages reprit pour «on compte
la lutte contre l'évâque. Il obtint facilement de Charles IV el de bbb
Successeurs des bulles déclarant Verdun cité impériale et réussit à
Téduire de plus en pins le pouvoir de son rival. Ces luttes permirent à
'fiafluence française de reparaître. L'évêque Liebaud profita de l'expédi-
tion do Charles VI en (lueldre (138Sj pour entamer des uégociatious
qui aboutirent, le 30 septembre 1389, n un traité de pariage. Les citaint
Refusèrent d'approuver ce traitô et ils eurent l'babileté de le faire révo-
quer en obtenant à la place le rétablissement de la garde de Fronce. Ils
toanièreot ainsi les positions de l'évëqae tout en s'a8!^uraQt l'appui du
^i de France. A partir de ce moment, sauf l'interruption du premier
^ers du XV* siècle, l'inQuence française ne cessa d'augmenter dans l'Est,
^rAce surtout à Charles VII et à Louis XI. On parle toujours de l'ac-
IqaisitioQ des Trois-Évéchès en )552. En réalité, il n'y eut point de
févolution à Vorilun, du moins au point de vue extérieur. Si en droit
"Verdun ne fut reconnu à la France que par les traités de Westphalie,
en fait l'inQuence du roi y prédominait depuis trois siècles. Néanmoins,
& partir de 1559, il y eut une garnison française dans ia ville et les
empiétements des gens du roi furent plus hardis et plus rapides.
Cette date de 1552 intéresse beaucoup plus l'histoire intérieure de
(Verdun. C'est alors que l'ëpiscopat, en la personne de Nicolas Psaulme,
raseusit le pouvoir et met fin à la domination des trois lignages de la
'Porte, d'Azanne et d'Estouf, qui durait depuis plus de deux cents ans. Le
irèglemenldul5juin 155'^ complété en 1574, bouleversait les institutions
|de lu ville. 11 était établi dans la cité trois corps; l'échevinage du palais,
;le sénat ou magistrat, la justice temporelle, tous à la discrétion de
l'évêque. A partir de la mort de Nicolas Psaulme (1575), ce fut entre le
'magislrat et les officiers du roi que la lutte s'engagea ; elle se termina
.pv la défaite complète de la municipalité en 1680. Depuis cette date,
les iostitQtions verdunoises furent complètement réformées par la
royauté et perdirent presque toute originalité. Pour la période de 1552
'i 1580, M. Labande s'est borné à analyser te travail de M. Petitot-Bel-
^vène [Deux siicles de l'hUtoire municipale de Verdun, 1573-1789, in-8<i,
'4691 1.
I Ce résumé très sec d'un ouvrage déjà trop concis donnera néanmoins,
je l'espère, une idée de l'intèrât que préseute l'histoire de nos anciennes
manieipaUtés. I.es habitants de nos petites villes de province, aujonr-
'd'hui ai inort«s, ont vécu d'une vie intense pendant dix siècles. L'auteur
jparait avoir été plus frappé des inconvénients de l'ancien régime muoi-
'dpal, et, dans sa conclusion, il oppose à leur « tyrannie > la i tutelle
d'an gouvernement qui peat donner à tons une protection efficace et
'assurer la liberté individuelle de chaque citoyen. > Il y aurait bien à
< discuter à ce propos. L'État, à mes yeux, loin de se soucier de la liberté
iividaelle, eu est l'ennemi naturel, et oela fatalement. Le despotisme
N
H8 COUrTE^REXDET!) CKiTIQDD.
de clocher est odieux, je le veui bleo; mua le deepoi
d'âne abstraction poÙBante et irresponsable, est redoutable «t de plu
en plus ctl^yant.
Il me reste à présenter maintenant de courtes rectifications de AéstiL
[/auieur s'est trop eicluBivement servi de l'ouvrage de l'ahbé QoikI
pour rettaœr l'histoire de ta ville jusqu'au xiii* siècle. Anssi «> daM
sont parfois trop vagues. Il aurait dû utiliser les Jahrfrtic'wrdM draUdua
Stielu, qui lui auraient permis de préciser davantage sa cbronologie •!
de ne pas nous dire que tel événement s'est passé ■ vers 990, > ■ tsi
1023, • etc. — P. 10. HeimoD a succédé à Adalbéron dans Vé^ichéi»
Verdun, non • vers 990. » mais ea 991, son prédécesseur éUnt mOTten
Italie le 19 mars 99t. — P. 10. Gotbelon a été nommé duc de LorrÛOS
en 1012. — P. 7, n. 5. Le plaid ■ de œancipiis s. Remigii ■ est paUiè
dans Marlot (ffiïl. de lieims, II, 808). — P. 9. Ricuin, comt« de Verdun,
est mort en 9Î3; il n'a aucun lien de parenté avec Goderroy le CtptiT.
— P. 10. L'empereur serait très mal disposé, vers 990, envers la bnilli
do Godefroy. C'est une erreur complète, du moins à celte date, cMU
Tamille étant la plus fidèle et la plus dévouée de l'Empire. — P. II.
A l'époque carolingienne, le peuple ne joue aucun rdle dans te choix
de Vadvoeatu). — P. 13. II est absolument erroné de dire que l'amià
exerce la moyenne justice. L'auteur sait bien que celte théorie de la
moyenne justice ne fait que poindre au iiii* siècle seulement. En ria-
Uté, l'avoué exerce la haute justice, et ea seule raison d'être est même,
à l'origine, que l'exercice de cette haute justice comporte des chltimenu
sanglants interdits à des clercs. La charte de Saint-Vanne de 952, qat
cite l'auteur à la m<^me page 13, aurait dû l'avertir de sa méprise. —
P. 12-13. Le decanus dvilalii qui préside les échevins du palds D^
aucun rapport avec te dteanus mérovingien. Celui-ci est un agent sur-
tout militaire et ne se trouve que chez les Bavarois. Quant au decaniu
des textes carolingiens, c'est un intendant rural analogue aux viltià st
aux mnjores. ~ P. 15-16, L'auteur a tort d'appeler Henri VII le roi des
Bomaina Gis de Frédéric II. Henri VII est le chef de la maison d>
Luxembourg, empereur de I30S à 1313. — Enfin, pourquoi cet empin
perpétuel de l'expression ■ Empire d'Allemagne? > Elle est très usitée,
je le sais, mais il faut la proscrire énergiquement, car elle fausse l'his-
toire, L'Empire d'Allemagne date du 18 janvier 1871. Il n'y a pas ea
d'Empire d'Allemagne au moyen âge, mais l'Bmpire romain de natico
germanique, ce qui est une conception très ditTéreme. Quand on y fût
allusion, il vaut mieux dire tout simplement • l'Empire, t
Répétons en terminant que M. Labande nous a donné un travail trte
consciencieux, neuf pour l'étude des institutions de Verdun aux lur*-
XIV* siècles, et félicitons-le de ne pas s'être laissé rebuter par un des
sujets les plus ingrats et les plus obscurs que nous offre l'histoire des
anciennes municipalités. Il serait à souhaiter que l'auteur étendit ses
recherches i Metz et à Toul et nous donnât une étude comparée des
institutions des Trois-Évécbéa. Ferdinand Lot,
■eUILaiEBMOZ : EXQUËTES BT PROCÈS. 369
ii(pl£teB at Procès, Ëtude sur la procédure et le fonclionnenieiil
du Parlement au iiv siècle, par P. Gciluieshoz. Paris, Alphonse
Rcard, 1892. I vol. in-4°. xx!i-64fi p.
Grâce auK travaux récents de plusieurs érudilB, el notamraent de
HM. Aultert el Ch,-V. Langlois, l'histoirG da Partemenl pt des insii-
ntions judiciaires de la France au moyen iige a été singulièrement élu-
idèe. M. Guilliiermoz vient d'apporter un tribut important à ces études
a décrivant l'cniiuète judiciaire, qu'il regarde comme o le mode de
reoves par excellence de la procédure Tran^iso ■ dans la première
noitié du xrv* siècle. La méthode suivie par la Chambre des Enquêtes
I contribué à faire triompher la procédure écrite, et elle a exercé une
jDlluence si profonde sur le droit français que, de nos jours encore, il
m snbsiste des traces dans la pratique du Conseil d'Ëtat et de la Cour
le cassation. I* livre de M. Guilhiermoz offre donc un Intérêt parlicu-
(er, et l'on peut affirmer sans exagèratiou que c'est un travail Bxcel-
tonl et définitif.
11 est rare, nous dit l'auteur, de rencontrer, sur un sujet d'histoire
institutions, une abondance et une variété de sources comparables
i celles qui s'offirent aux historiens du Parlement pour le xiV siècle, i
lais beaucoup de ces documents sont manuscrits ou bien ont été édités
lOB critique. M. Guilhiermoz s'est attaché à la publication de deux
Ityles, qui complètent le Stilus Curia Parlamenti de du Breuil, composé
»ur les avocats : le Style de la Chambre des Enquêtes est destiné aux
Uges, et le Style des Commissaires s'adresse aux personnages que la
jOur charge d'instruire les enquêtes. M. G. date ces deux styles de 1336
)u 1337 et en attribue, avec assez de vraisemblance, la rédaction à un
lertain Pierre Dreue, maître de la Chambre des enquêtes. Suivent de
■ombreuses pièces justiGcalives : l'Appendice I contient plusieurs
nquéles du xiu* siècle, empruntées aux rouleaux du Trésor des chartes;
'Appendice II est consacré aux < évangiles > extraits des listes de
Merre de Bourges et de Jean du Temple; l'Appendice III comprend
arrêts, des jugés, des commissions fournis par les registres du
Parlement.
La publication de ces textes constitue la plus grande partie du volume.
. Guilhiermoz s'est modestement proposé d'en exposer le commen-
ûra; en réalité, il a décrit d'une façon magistrale la procédure de l'en-
néte, et il a, comme il le dit lui-même, • déterminé l'origine des dif-
IrsDts éléments qui la constituaient. ■ — Pour donner une idée exacte
. ses conclusions, nous ne pouvons mieux faire que de suivre avec lui
i différentes phases de cette procédure.
Dans tout procès, si l'instruction par écrit ne suffit pas, si le deman-
Bar propose de prouver son dire par témoins, la Cour ordonne l'ap-
ointement en faits contraires. Chacune des parties propose d'abord sa
ieniande et sa conclusion, puis rédige les articles, où elle énonce les
kits qui soutiendront cette conclusion. Mais elle ne doit reproduire que
RBV. HlSTOB. U. ï' FA8C. 24
372
COBPTBa-SBIDUS ClUTIQUSa.
de laagae allemande, si vaste, si ricbe sous loas rapports. Void itmt
ce t|ut paraîtra de beaucoup plus importanl : uu recueil de ce genre
!>uscite, par le fait seul des proverbes juridiques ({u'il offre à rexunm
des travailleurs franr^ia, toute une série de recherches dont je vais mdi*
quer les principales et doat sans lui l'idée serait à peine veDoe, coma»
par exemple de préciser exaciement le courant juridique dont telle ot
telle maxime de droit nous présente l'expreHSIoa définitive, ou eocom
de poser, sur le terrain même des maximes coutumières et en preout
pour guide notre vieux Loysel, le problème si inlêressant de la tomj*r
raifton, au point de vue de leur évolution bietorique, du droit allemuid
et du droit français.
Ce second point est assurément le câtê véritablement scieatifiqtie da
livre de M. Chaisemartïn; mais, avant de l'aborder, je dois dire un mot
dû l'œuvre de vulgarisation qu'il a tentée.
Celte dernière consiste dans les aperçus qui nous sont fournis à pro-
pos de choiiue maxime impi>riante, et pour lui servir d'explication, sur
l'histoire du droit allemand. Les proverbes sont classés par ordntia
matières juridiques, et, pour chacune d'elles, à propos de la muimB
qui ouvre la série, l'auteur nous donne, sous forme de commeaiain,
un résumé de l'évolution historique du sujet; c'est ainsi que nous avou,
présentais avec une méthode et une clarté auxquelles il faut rendra
pleine justice, des exposés successifs de l'histoire de la propriété, de
l'état des personnes, des successions, môme du droit public et du droit
ecclésiastique en Allemagne.
Mais il va de soi que la forme même de l'ouvrage, étant donné qnt
ces aperçus historiques ne pouvaient se présenter qu'à la façon de petit)
commentaires deslinéa à expliquer les différents proverbes ainsi recoàl-
lis, excluait toute prétention fl un exposé d'ensemble et absolument
complet do l'histoire du droit allemand; si même j'insiete sur ce point,
co n'est pas le moins du monde pour en faire un reproche à l'auteur,
car il serait souverainement injuste de lui en vouloir de n'être pas «ni
du cadre même qu'il s'était tracé; c'est bien plutAt pour mienx précÎM
ses intentions elles-mêmes «t délimiter exactement le genre de profit
que des notions historiques, ainsi fractionnées au hasard des msximei
qui les rendent nécessaires, peuvent présenter.
On aurait Jonc trop beau jeu à montrer toutes les lacunes qu'n»
exposé de ce genre peut offrir au point de vue du droit allemand, iM
opinions contestables qui sont données comme le résumé de la. Kienn
moderne, et surtout l'insuffisance de la bibliographie, ou, ce qui ei(
plus grave, des systèmes les plus: réceats co matière de droit pn^JÎ
comme, par exemple, de s'en tenir, pour ce qui est de la Saisine (Il
Gowere en droit allemand), à la théorie d'Albrecht telle qu'elle a élii
présentée, et on peut dire compliquée encore, chez nous, par Klim'
rath, sans faire allusion aux idées nouvellos d'fleusier; ou encoA
d'ignorer les ouvrages fondameulaux de Gierke sur la matière des
ciations et collectivités et sur celle des personnes morales : encore une
COllSEHlKTn : PROVERBES Dr DROIT GERHARIODE. 373
fois les reproches porteraient à faui. C'est tout an plus si on est en
droit de s'étonner tic voir l'auteur, pour ce qui pst de!> histoires géné-
rales du droit allemand, s'en tenir à l'ouvrage de Zœptl, aJora que, sans
parler des Irutitiitiontn d'Heusler et de l'histoire du droit allemand de
Brunner, ce dernier, il est vrai, à peine achevé, l'excellent manuel de
Bchrœder aurait pu fournir un exposé autrement complet, et surtout
autrement moderne, de l'état actuel de la science sur ce sujet'. Mais
ce sont là des réserves que j'indique avec la plus grande hésitation, tel-
leinent le plan de l'ouvrage était étranger, par sa nature même, à toute
recherche d'érudition proprement dite. Je ne me suis permis ces indi-
cations que pour mieux mettre en garde contre le malentendu de ceux
qui voudraient chercher dans cette série de petits commentaires un
exposé méthodique, aSbctant les allures d'une œuvre scientifîqDe au
sens an peu étroit du mot.
Retenons donc qu'il s'agit avant tout d'une œuvre de vulgarisation,
destinée à Caire pénétrer, dans cette grande masse de travailleurs restés
un peu étrangers à l'étude des institutions du droit privé allemand,
quelques idées et quelques aperçus suQisamment clairs de l'évolution
du droit coutumier d'outre-Rhtn ; et constatons que, réduite à ces pro-
portions, l'œuvre dont nous parlons ici a parfaitement atteint son but,
et surtout qu'en accompagnant chaque maxime de la maxime corres-
pondante de Loysel, lorsqu'elle existe, et, par suite, d'une petite compa-
raison avec l'évolution de la matière en droit français, l'auteur a parfai-
tement saisi ce qui devait être le point capital et vraiment utile de son
étude; ajoutons que, dans le peu qu'il en dit, il a su presque tou-
jours, en mettant en parallèle les deux domaines juridi(|ueB, faire exac-
tement ressortir les différences de conceptions et de points de vue des
deux races, et, par suite, ce qui distingue, dans son développement his-
torique, te droit de chacune d'elles.
J'arrive ainsi à ce qui constitue la portée vraiment scientifique de
l'œuvre, qui est d'ouvrir des points de vue absolument nouveaux sur la
&çon d'étudier et d'envisager l'histoire des institutions. Il est hien cer-
tain en efiet que ce n'est pas du tout la même chose d'entrevoir une
matière juridique à travers les trois ou quatre maximes populaires qui
s'y rapportent ou de la voir dans son exposé systématique. Toute
maxime juridique est née dans la conscience des masses populaires :
pourquoi telle règle de droit a-t-elle acquis la valeur d'un proverbe qui
passe de houche en bouche, et telle autre non? C'est qu'apparemment
celle dont le peuple a fagonné l'expression sous forme d'axiome s'est
trouvée la manifestation d'un sentiment juridique fortement accentué
I. VoirHeusler, InatiMionen des detiùeken FrivalrechtSilvot., IS8G [publia
la collection de KadinR. Si/tlematiiehe» Ilandbuch der de-alichca Hcclils-
tritiântehaft)-, Brunner. DevUche lieekUgetehiehtt (2 vol. parus, le dernier en
189?, et publiée dans la même collection); Schneder, XeArÀueh der devitehe*
Btchtigtschiehfe (Leipzig, tS89).
ST4
COMPTES-ilEXDDS C&rTIQDRS.
^6% les masses; et cela ne peal guère rèsuller que d'un connut d1a>
novsiion ou de réaction, iteui phénomènes qui expliquent l'atteotiDa
qu'on a apportt^e A U règle nouvelle et Is forma populaire qui lai a
donnée; el alors, du moment qu'elle n'a d'autre but que d'exprimtr
une tendance ou ano opinion de réautîon, elle l'exprime sous sa foriDS
brutale, eiccstiie, abeolampnt ioeiacte au point de vue de rappltcatian
juridique, si bien que, ei on voulait Is traneporier dans un code, cû
cela a étâ le cas pour l'art. S2T9 de notre code civil, il faudrail que II
doctrine vînt en délimiter les contours et eti préciser les condjiioni n
U portée exaclos; aucune de oe« règles ne saurait s'appliquer k laletut;
comme formules légales, de pareilles maximes seraient des procM^
détestables, mais, comme documents historiques, elles deriennent iln
fragments absolument précieux, car l'idée brutale et grossie qu'nlli
mettent en relief c'est précisément celle qui a frappé les maases h m
moment donné, qu'on a accentuée pour la rendre plus tajifpble, donton
a fait comme un mot d'ordre de réaction on de révolution juridiqnM :
voilà pourquoi chacune de ces petites maximes est un fragment d'hii-
toire ; et voici alors les questions qui, en présence des trois ou quatre
maximes se rattacbaut à une institution particulière, se posent à l'w-
prit : Quel est le courant d'opinion, courant juridique, ou politique
pout-ëlre, qui a donne lieu à. telle ou telle maxime? de quand date-t-ilf
pourquoi enfin, en une matière donnée, est-ce telle règle qui e«l déte-
nue proverbiale el pas telle autre?
Puis voici maintenant tout un autre terrain d'investigation oHerti
notre étude. Le droit coutumîer a fait surgir de semblables aiiomei pu*
tout où il s'est développé par voie d'evolotion populaire, en Fcaixe
comme en Allemagne : pouvons-nous, par la comparaison dec r^let qui
se sont ainsi formées à l'étal de maximes dans les deux pays, d^
vrir les lois de différenciation du développement des deux syslèmH
juridiques, allemand et français? C'est en elTel surtout en taisant beM'
coup de droit comparé sur le terrain de l'histoire, là où il s'itupoM
presque, que l'on arrivera à comprendre le parti que l'on doit lirerdu
droit comparé en droit moderne.
Ilistoriquement nous voyons les institutions se développer d'une bçoD
à peu près parallèle dans deux pays étrangers ; nous voyons ainsi eet-
lains usages prédominants dan£ un pays gagner de proche en pradie,
dépasser la frontière et devenir universels : à quoi doivent-ils cette fom
d'expansion? Autre phénomène plus curieux encore : à l'époque dti
moyen Age. où les moyens de communication étaient loin d'être dé
loppés comme ils le sont à l'époque moderne, ta propagation desid
se faisait avec une rapidité dont notre siècle est loin d'approcher. Un
l'a souvent remarqué à propos des arts, cela est plus vrai encore de*
idées juridiques; il semblerait que les mêmes usages fussent veana i
éclore dans toute l'époque féodale à peu près au même moment, ou pi»'
lAt que partout leur développement eût suivi une marche identique;!!
bien que, ce qui attire l'attention de l'historien, c'est beaucoup moii»
CBAISBHlBTln : PROVERBES CE DROIT CEEMANIQCB. 375
4» «onstBter Im poiatB de rapprochement que les points de contrasif
entra les différents domainee couturoiere de l'époque,
Or, je crois qu'il y aurait une étude intéresEante à, faire sur ce que
nous révèlent à cet égard les maiinies juridiques populaires d'un pays;
I c'est par elles peut-être que l'on pourrait le mieux saisir ce qui a été
l'élément dominant dans l'évolution coutuoiière de deux droits étran-
gers, et que l'on pourrait le mieux se rendre compte aussi de ce qu'il y
eat de spontané dans ce développement historique, par contraste avec
ce qui a pu provenir de l'influence de la doctrine et de la législation. Il
est incontestable par exemple que, à prendre une matière coutumiére
dam Loysel, et à voir ce qu'elle a fourni de maximes aux recueils de
drt>U germanique, et à celui en particulier de M. Cbaisemartin, on
entrevoit tout de suite l'inOuence que jouaient chez nous, à l'époque de
Loysal, les légistes et les j u H scon suites de profession, et ce que notre
droit coutumier, par le fait même qu'il était soumis à cette direction,
allait gagner en précision et en allure scientifique ; tandis qu'en Alle-
magne, tout ce travail de pénétration et d'analyse s'étant concentré sur
le droit romain, le droit coutumier reste bien plus strictement uu droit
populaire et spontané, comme le prouverait déjà la forme bien plue
pittoresque et descriptive de ta plupart des maximes qui s'y rapportent'.
Voici par exemple la matière de la possession et de la saisine; Loy-
sel ne nous rapporte pas moins de trente règles qui s'y réfèrent, si bien
que, eu les rapprochant avec méthode, il serait possible de reconstituer
toute la théorie possessoire coutumiére, depuis son application en
matière de transfert de la propriété jusqu'aux actions qui servent à la
défendre. Bur tout cela, le droit germanique, tel que nous le présentent
les règles recueillies sur ce point par M. Chaisemartin, se réduit à quatre
ou cinq maximes qui, somme toute, ne nous apprennent pas grand'-
chose, si ce n'est peut-être l'importance accordée à la saisine d'an et
jour, la Reehlc G^were des coutumiers germaniques. Mais, de luute la
théorie des actions possessoires, ou encore de celle de l'Au/lassung, qui
a eu une telle importance et qui a conduit tout droit au système actuel
des « Livres fonciers • (les Grundbiicher), pas un mol, pas un trait, pas
ane maxime qui y fasse allusion : matière de juristes peut-être, dans
laquelle nous ne trouvons d'autre trace d'un courant d'opinion un peu
décisif qu'en ce qui louche rimporlaoce du délai d'an et jour; et cela
suffirait à nous avertir de ce qu'il y eut de nouveau dans l'adjonction
d'ua élément de durée au fait matériel de l'appréhension : sans doute
cela dut correspondre à l'époque où l'on tendit à exagérer les effets de
la saisine de façon à y voir une sorte de prescription véritable et à lui
1. Tout ceci serait intéressant i creaser. au moment où l'nllention est rame-
née Ters les idëea mises en avant par M. de Safign]! par suitu de la rèédilioD
da bmenl article qui fut comme le manifeste de i'Écnle historique. Font
Bemf luitertr ZeU fUr Geset::grtning und Rechtswittentehoft (Prelburg, Uohr.
376 GOMPTBS-RBIIDUS CITTIQUES.
rattacher l'action réelle elle-même; mais cela prouverait aussi qne k
saisine, à ses débats et réduite à ses éléments primordiaux, ne denit
certainement pas se confondre, comme c'était déjà un peu l'idée d'Âl-
brecht, exagérée encore par Delbrûck (Dingliche Klage)^ avec le droit
réel donnant lieu à Taction réelle, l'action correspondant par consé-
quent à l'idée de propriété.
A rinverse, si les maximes germaniques relatives à la Gewere sont si
peu nombreuses par comparaison à celles qui touchent à la saisine da
droit français, nous trouvons au contraire deux ou trois règles relatiyes
aux communautés et personnes morales, particulièrement aux corpora-
tions, alors que Loysel n'en signale pas une seule ; et ce contraste n'est
pas à rhonneur de nos légistes français, qui, dès l'époque de la Renais-
sance, épris des principes unitaires et centralisateurs du droit romain,
se montraient déjà si défavorables à Tesprit d'association et de collec-
tivité.
Enfin, ce qui n'étonnera personne, c'est que le nombre des règles rela-
tives aux obligations ait été aussi restreint, la matière ayant été domi-
née tout entière par l'importation du droit romain; peut-être aossi
était-ce une raison pour développer les quelques points particuliers sur
lesquels la pratique germanique était parvenue à triompher du droit
romain; parmi ces règles dérogatoires au droit romain et rattachées aa
droit coutumier allemand, il en est de bien connues, comme la règle rela-
tive au maintien du louage au cas de vente {Kaufhebt Miethe nicht auf),
sur lesquelles M. Ghaisemartin a insisté avec beaucoup de raison; et
encore, sur cette dernière en particulier, peut-être aurait-il pu tirer
grand profit des indications présentées à ce sajet par Gierke, dans sa
critique du Projet de code civil allemand ^ mais il en est d'autres, moins
familières à nos usages français et sur lesquelles par conséquent un peu
plus de développement n'eût pas été inutile, comme par exemple la
matière de VAnweisung, qui nous est présentée comme une pure appli-
cation de la Delegatio romaine, alors qu'il s'agit d'une opération de
paiement presque analogue aux opérations de change et se traduisant
par un titre de circulation susceptible de prendre place au nombre des
effets de commerce. Tout cela était peut-être à développer, et c'est dans
cette pratique très spéciale et très curieuse que Ton eût pu trouver l'ori-
gine de la règle qu' • Assignation n'est pas Paiement » (Ànweisung ist
keine Zahlung)^ alors qu'il est extrêmement hasardé de la rattacher aa
droit romain, dans lequel il y a peut-être toute raison de croire que
régnait la règle inverse '.
Gela suffit à montrer, comme je l'ai déjà dit tout à l'heure, combien
cet exposé, par voie de commentaires accessoires et tout à fait fragmen-
1. Gierke, Der Entwurf eines Mlrgerlichen Geset&lmcks, p. 238, note 3.
2. Cf. Salpjus, Novaiion und Délégation, { 76 et U 18-20; Gide, Étudesmr
la novation et le transport des créances en droit romain (Paris, 1879), p. i53
suiT.; cf. Windscheid, Pandekten, § 412, note 17.
: Lï REini DOIft iUANl LÀ LOCA.
377
tairea, de l'higtoire du droit allemand se prâte peu à un ordre systéma-
tique ei rigoureuï, et j'ai déjà remarqué que ce ne pouvait être là que
la partie secondaire de l'œuvre : même y aurail-il quelque chose d'un
peu pédant à relever les tacones qui nous sont présentées sur ce point
au lieu d'insister sur tes services considérai) les que l'ouvrage peut rendre
de lui-même par les aperçus qu'il suggère et les points de vue nou-
'veaax auxquels il invite à an placer dans l'étude des institutions.
Ces aperçus, j'ai esaayé d'en indiquer quelques-uns; il ne serait pas
(imcile d'en ap<'rcevoir d'autres ; il me semble doDC qu'un recueil de
ce genre, et en particulier celui dont je parle ici et auquel il m'est très
agréable de rendre pleine justice, doit être étudié et médité par quiconque
s'occupe de l'histoire des institutions, ou plutôt, pour employer une
expression à laquelle il faut absolnment t«nir, de l'histoire comparative
des institutions.
Haymond Saleilleb.
lia Reina Dona Juana la Loca, estudio hislôrico por Antonio
RoDuicvEx ViLLA, Iniiivicluo de numéro de la H. Academia de la
Ilisloria. Madrid, M. Murillo, i&'i2. Iii-8° de 578 p.
Dans les Èlxtdea si noiicts hûtoriques cottcemant l'kUtoirc des Paya-Bas,
de M. Gacbard, se trouvent quatre études consacrées à Jeanne la Folle,
l'iiDe critique, les trois autres historiques, fragments d'un travail projeté
sur la vie de cette princesse, que l'auteur n'eut pas le temps de mener
à bonne lin. Celte biographie que n'a pu nous donner M. Gactiard,
U. Rodrigneï Villa vient de l'écrire, en s'appuyant sur les documents
originaux et en établissant d'une Façon définitive la thèse indiquée déjà
par rérudit belgfi, à savoir que Jeanne a été réellement folle et incapable
de gouverner, et que sa longue réclusion ne fut motivée que par sa folie
et non, comme on a voulu le soutenir, par un soupçon d'hérésie.
Troisième enfant de Ferdinand et d'Isabelle, née à Tolède le 6 novembre
1479, Jeanne fut fiancée dès 1495 à l'archiduc Philippe le Beau. Au mois
de septembre 1496, elle vint le rejoindre en Flandre, et le mariage fut
célébré le 18 octobre. En épousant la fille de Ferdinand, l'archiduc
n'avait agi que par ambition, il n'eut pour son beau-père aucune con-
descendance. Loin de suivre vis-à-vis de la France la même politique
que lui, il traita avec Louis XII et rechercha son alliance. Cette conduite
se trouva d'autant plus étrange que, par la mort successive du prince
D. Juan |4 oct. 1497), de sa sœur Isabelle (sept. 149S) et du prince
D. Miguel, fils de celle-ci (20 jiiill. 1500), Jeanne et son mari devinrent
princes héritiers de Castille et d'Aragon. L'archiduc ne montra d'ailleurs
aucDD enipressemeotàvenir en Espagne avec sa femme pour recevoir le
serment des Gorlea. Après y avoir séjourné un peu moins d'un an (150';),
il y laissa la princesse el se bâta de retourner en Flandre eu passant par
la France. Ferdinand était alors en guerre avec Louis XII. L'archiduc
5T8
COIirTRB-IIR!<DDH CBrTIQDBS.
voulnt M poser ea médiatear, mais tl outrepassa les pooToln que loi
avait donnés son beau-pôre et fui désaToué. PemlaDl ce temps Jeanne,
restée en Espagne, ne songeait qu'à aller rejoindre son mari, el, au
commeaceoient de 15flt, elle partit par mer, sans que nulle prière pAt
la retenir. Quelques mois plue tard, le '26 novembre, Isabelle la Catho-
lique mourait.
Par la mort de sa mère, la prlDCesse Jeanne devenait reine de Ou
Mais le tesiameat d'Isabelle chargeait Ferdinand, en l'absence de n
fille, ou celle-ci ne iMulant ou ne pouvant gouverner, de gonvemeritl
place. Semblable clause no pouvait que susciter de graves rivalités enin
Ferdinand et soa gendre. De Flandre, ce dernier commença à inaignst
avec quelques grands, puis il s'embarqua pour l'E^pagoe avec sa temmt.
Sa Hotte ayant été jetée par la tempête sur la cAte d'Angleterrei, Il
une courte visite à Henri Vil et, le 26 avril f 506, débarqua à la Coro^».
Sa présence ne Gt qu'accroître les difBdtltés, Il eut avec Perdta
deux entrevues dans lesquelles ils ne réussirent pas à s'entendre, mai-
gre l'accord signé à VilIafaGla le 37 juin. Philippe, pour garder tooU
autorité, tenait sa Temme dans une sorte de réclusion, cl Ferdinand, N
sentant impuissant, préféra s'éloigner, sous préteite d'aller vUiierMQ
royaume de Naples. Quelques jours après son départ, le 25 sepL 1506,
Philippe mourait à Burgos. II s'ensuivit une période de trouble. U
reine Jeanne refusa de s'occuper de quoi que ce fût juiiqu'à la venaede
son père, et tout le poids des alfaires retomba sur l'arcbevôque Cisoero,
qui s'eJTorça de maintenir un peu d'ordre. Enfin, le roi catholique dèbv-
qua en Catalogne lo 1 1 juillet 1507, et il remit en hAte les grands à 11
raison. Je-anne, incapable de gouverner, folle de douleur, laissa Utnii
autorité à son père, mais lorsque, par la mort de celui-ci |23 janv. 15161,
elle se trouva reine de toutes les Espagnes, de nouvelles difËCuIlM
s'élevèrent. Son fils aîné, Charles, encore fort jeune, élail en Flandre.
Cîsneros, désigné par le tesUinient de Ferdiuand pour gouverner en l'ab-
sence du prince, trouva d'abord un compétiteur dans la personne de uii
envoyé, Adrien d'Utrecht. On rencontra ensuite quelque oppositiODS
faire admettre par les divers royaumes le titre de roi que Charles s'tl-
tribua, bien que sa mère fût encore vivante. Le séjour du souvendu w
Espagne (1517-1519) fnt loin de paciSor les esprits. Bes conseillera Qi-
mends se firent exécrer par leur rapacité, et lorsque, afin de préparer
eoD élection a l'Empire, Charles fut reparti pour les Pays-Bas, la révolte
des « CoœuDoros > éclata, mettant en extrâme péril l'autorilë royale.
Heureusement pour son fils, Jeanne, toujours recluse au cbAieaa i»
Tordesillas, qui tomba aux mains des rebelles, eut la volonté, consciente
on non, de refuser toute signature. Lorsque Charles revint en 15!!, lis
comnneros étaient déjà vaincus. La reine Jeanne demeurait toujouis
enfermée à Tordesillas; elle y vécut encore jusqu'au M avril 1555, s
que l'usurpation un peu brutale, mais nécessaire, de son fils soslevU
désormais de protesta lions.
BODRIcrEZ VILLA : LA HEL'yi DONl lUAlU LA LOCA. 979
On voit par celle hrève analyse combien le rôle de Jeanne fnl restreint
et passif, ce qui est k la fois une conséquence et une preuve de sa fai-
blesse d'esprit. Nous igaorons si, dans sa jeunesse, Jeanne avait montré
quelque bizarrerie de caractère. Mariée à un prince qu'elle aima passion-
nément, mais qui la négligea et la trahit, elle souffrit d'une jaloasio
portée à l'excès, et ce fut cela qui détermina sa folie ou tout au moins
en développa le germe. Dès 1498, après deux ans de mariage, il y a
quelque mésintelligence entre les époux. Mais déjà elle se renferme dans
celte réserve obxiinée qui devait être une des caractéristiques de sa Folie,
En 1503, retenue en Espagne par ses parents, le désir d'aller rejoindre
Philippe en Flandre lui fait commettre, h Alcalà, des actes insensés,
et, de retour aux Pays-Bas, elle a une scène terrible avec une maîtresse
de son mari, ensuite de quoi elle perd presque la raison. Enfin, qu'y
a-t-îl de plus significatif que cette étrange jalousie posthume qui lui lit
traîner i sa suite, jusqu'à Tordesillas, le corps de l'archiduc? Un pour-
rait citer bien d'autres faits qui expliqueraïont surabondamment qu'on
l'ait enfermée et exorcisée : à cette époque, on ne connaissait pas d'autre
traitement contre sa maladie. Mais ce fut sa folie seule qui motiva sa réclu-
sion. Ce qui aurait pu faire soupçonner qu'on la tint séquestrée pour
eause d'hérésie (abstraction faite de la fausse i a le rp ré talion de l'eipres-
Bion dar euerda], c'est qu'en eUet elle était tombée, dès 1498, dans une
presque complète indifTèrence religieuse; mais lorsque, plus tard, le
prince Philippe envoya le P. Francisco de Borja vîailer son aïeule, les
questions posées par le célèbre Jésuite n'eurent aucun caractère inqui-
BÎtorial, et les réponses de la reine, bien qu'étrangement entremêlées de
récits d'hallucinations et de persécutious Imaginaires, témoignèrent de
l'orthodoxie de ses principes. Un peu tranquillisée, elle revint momen-
tanément à des pratiques de piété, et sa fin, rendue plus solennelle par
nn suprême retour de la raison, fut celle d'une fervente chrétienne.
Le livre de M. Rodrigue^ Villa renferme beaucoup plus qu'une bio-
graphie, d'ailleurs fort curieuse, de Jeanne la Folle. Au point de vue de
l'histoire générale, l'intérêt est plutôt dans les actes des personnages
qui l'entourent. Aussi, l'auteur nous a-t-il fait un récit assez détaillé des
relations de Philippe et de Ferdinand. On trouvera aussi dans ce volume
qaelqnes renseignements sur la révolte, encore insuflisamment connue,
dos communes et sur les premières années de règne du prince Charles.
C'est en somme un ouvrage fort consciencieusement étudié que M. Etodri*
gaez Villa vient d'ajouter à la liste déjà longue de ses publications histo-
riques. Nous permettra-t-il de signaler, dans les documents qu'il a repro-
duits, quelques-unes de ces fautes, si communes dans les anciens textes
et qu'il est d'un scrupuleexagéréde ne pas relever? Ainsi (p. 78), Pundain
et Burgio in Brescia sont aujourd'hui Poal-d'Aîn et Bourg-en- Bresse,
Alvavilla (p. 248| est Abbeville, Lovaina (p. 249) LouvaJn, et Garetlauo
(p. 2âl) sans doute Garigliano. Il y a à la fin du volume, à la soite de
nombreuses pièces justiBcalives, une table analytique détaillée et une
380 cavms-KKmts otmqoBs.
table des oomi propres, fort utile jiour Im redicrcbe dss n
biographiques.
Paul FuomtCQ. G«scbl«deals der InqnUiUe in de NederUiidci
(1026-1630). 1, Ocnt, VuyUleke el 's Gravenhage, NIjholT. 4891
Avec 2 cartes.
lie saTant édit^ar du Corpus doeumentorum inqvMtionis nftrtuAw-
ne s'eut pas contenté de recueillir les documents sur cette malien,!
DODB ea a donné aussi l'hisloire, basée sur ces ilocoments. Nous muM
beureux de pouvoir dire qu'il l'a Tait avec un gnoA aiiccàs. 8iiD|d»-
ment, sans grandes phrases, mais non sans certaine ironie, el datUOi'
esprit légèrement hostile à l'Église, l'suteur y expose les mesures priM
contre rbcrésle dans les Pxys-Bas jusqu'à la tin du xni* elicte. U
méthode euivie par l'auteur eet des plus saines et des plus Elires
dit rien que ce qu'il peut prouver en renvoyant aux documents, qu'il
connaît mieux que personne; ses conclusions quant auï faits, nous la
acceptons volontiers en général ; enBn la disposition due matières a
des plue lieureuBM, mais le point de vue auquel M. Freitericq »*«*
placé appelle, ce nous semble, une observation assez imporunts.
M. Fredericq semble penser que les pape;:, en entreprenant de dirf-
ger le» poursuites contre les hérétiques, ont eu pour but essentiel fc
• régner snr les esprits du monde, » de limiter le pouvoir c
copal. L'auteur, en racontant l'histoire atTreuse de cei; pervécationl
cruelles, semble oublier un peu qu'avec cette histoire nous ODU
trouvons dans des siècles plus rudes, que les persécutettrs comsiV
les persécutés étaient des hommes du temps, que le • sangfroid t
de saint Thomas d'Aquin, en décrétant ■ l'extermination bort ai
monde par la mort, • est de Bon siècle. I..e pouvoir temporel s'dl
associé aux violences de l'Ëglise, il faut en convenir, mais encore HT
faut-il pas oublier qu'on était au un* siède. Espérons que, dans t(
volumes suivants, l'auteur, qui a son cœur ouvert pour les paavrfl
hérétiques, cruellement punis pour des opinions, qui du reste ont A
sociales autant que Lhéologiques, ouvrira son esprit un peu plus pnnc
leurs persécuteurs, qui, eux aussi, pcusaient sincèrement lutter p
la vérité de Dieu et pour l'ordre social, menacés à leur avis par Idl
dangereuses hérésie» du temps.
P. J. Bloï.
P.-J. Blok. GeaohledenU van het Nederluidsclie voUt. 1. GrO*
ningen, Wollers, )R92. In-8°, 399 p.
Ce livre est le premier volume d'une histoire de Hollande, li en
nn m^me temps, l'introduction.
e.-I. BLOK : UBSCKIEDEIVIS «A» HET HËOEaU^fiSCflE VOLK. 3S\
fioDS le Dom de Nedertanden (Pays-Ba»), on peut compreadro deux
choses Fort durérentes. D'une part, ce mot désigne l'ensemble des terri-
toires qui coQstituent aujourd'hui les royaumes de Belgique et de Hol-
lande, mais, d'autre part, et dans un sens plus restreint, on ne l'applique
qu'à la partie septentrioDale de ces territoires, c'est-à-dire au royaume
actuel des Pays-Bas. Et ces deus signiflcationa correspondent chacune
k ta réalité historique. Jusqu'à la fin du svi' siècle, en effet, les dix-
sept provinces des Pays-Bas forment, sinoa une même nation, tout au
moins un ensemble de principautés placées dans des conditions de
développement identiques, rapprochées par la commuaaaté des intérêts
politiques et économiques, soumises aux mûmes inlluences civilisa trices.
Ce n'est pas seulement le hasard des mariages et des successions qui
lea réunit toutes sous le sceptre de la maison de Bourgogne. On peut
considérer, au contraire, la Formation de la puissance territoriale de
celle-ci comme le résultat d'une évolution historique dont on voit se
succéder les phases du i" au ïv« si&cle. A travers tout le moyen âge,
on ne distinguo, entre les divers comtés, duchés, marquisats et prioci-
paulés épiscopales des bassins de l'Escaut, de la Meuse et du bas Rhin,
aocune diûérence essentielle. On n'aperçoit pas d'opposition entre le
Nord et le Sud ; rien ne fait prévoir la scission détinitive qui s'accom-
plira plus lard. Dans ce sens, l'histoire des Nederlamkn est l'histoire de
l'ensemble de tous les Pays-Bas depuis la Somme jusqu'à l'Ems.
A partir de la révolution poli tico- religieuse du ivi° siècle, le spectacle
change complètement. Les provinces du Sud et les provinces du Nord
te détachent les unes des autres ; les premières restent soumises au joug
espagnol, tandis que les secondes, après avoir défendu leurs croyances
et leur indépendance pendant la glorieuse guerre à laquelle leurs his-
toriens donnent le nom de < guerre de quatre-vingts ans, > se voient
solennellement reconnues par la pais de Munster, en 1648, comme État
inilépendant. A partir de la fin du xvi' siècLe, les destinées des provinces
méridionales sont donc proFondémentdiCFérentes de celles des provinces
septentrionales, et il est dans l'Iiistuire peu de contrastes aussi frappants
que celui que présentent dès lors ces deux fragments des anciens
domaines bourguignons. L'un est catholique, l'autre protestant; le pre-
mier, entraîné dans la décadence de la monarchie espagnole, est en
proie à toutes les grandes guerres du ivii^ siècle qui le ruinent de Fond
en comble, tandis que l'autre, grAce à ces mêmes guerres, se crée un
empire colonial superbe et atteint un degré de prospérité inoaîe ; dans
le Sud, tes sciences et la littérature, si vivantes au svi' siècle, font place
à un abaissement intellectuel déplorable, tandis que dans le Nord appa-
raissent les Spinoza et les liuygons. Ici, un gouvernement républicain
fortement aristocratique, là, au contraire, un État de plus en plus des-
potique. On comprend Facilement combien, soumises à des actions si
dilTérentes, les deux parties de l'ancien cercle de Bourgogne ont dû
t toujours davantage l'une de l'autre. Quand, en 1813, la
Sn GOMrrB9-RB!fDIT8 ClITIQim.
diplomatie enropédODe les réunit, il était trop tard : la vie commuDe
était devenue impossible. La révolution belge de 1830 ne fut que le
résultat fatal de causes historiques profondes. Aujourd'hui, la Hollande
et la Belgique sont, non seulement deux États, mais deux nations bien
distinctes. En petit, leur histoire rappelle par certains côtés celle de
TAutriche et de l'Allemagne, démembrements du Saint-empire comme
elles le sont elles-mêmes du cercle de Bourgogne. On peut donc dire
qu'à partir du xvi* siècle l'histoire des Nederkmden n'est plus que This-
toire de la Hollande, complètement différente de celle de la Belgique.
Mais cette histoire ne peut être comprise que si on lui donne pour
introduction l'histoire générale des Pays-Bas pendant le moyen âge;
c'est ce que M. Blok a vu très clairement.
Écrire cette histoire est une t&che singulièrement difficile. Jasqu'i
l'époque bouiiguignonne, en effet, les Pays-Bas sont dans un état de
morcellement perpétuel : aucun centre, aucune unité, aucun groupe-
ment organique. Tandis que l'histoire de France ou celle d'Angleterre
sont, jusqu'à un certain point, l'histoire de la royauté française on de
la royauté anglaise, ici rien de tel. Le manque de cohésion est aussi
grand, plus grand même, peut-être, qu'en Italie. Les Pays-Bas sont
formés, en effet, depuis le traité de Verdun, d'un morceau de l'Empire
(la Lotharingie) joint à un morceau de la France (la Flandre). 8itués sor
la frontière des deux grands États européens, ils sont soumis à tontes
les fluctuations, à tous les contre-coups de leur politique. Les derniers
Garolingiens consacrent ce qui leur reste de force à tenter de les am-
cher aux empereurs saxons; plus tard, ils sont entraînés dans la que-
relle des investitures, puis dans le grand mouvement des croisades,
auxquelles ils donnent Godefroi de Bouillon et Baudoin de Gonstanti-
nople. La lutte des Guelfes et des Gibelins, cette grande question poli-
tique du xu« siècle qui tient à la fois en suspens les destinées de la
papauté et celles de l'Angleterre et de la France, se décide sur lear sol
par la victoire de Bouvines. Pendant la guerre de Cent ans, ils jouent on
rôle de premier ordre, et enfin, sous le gouvernement de la maison de
Bourgogne, ils contre-balancent un instant la fortune de Louis XI. Ces
quelques mots suffiront peut-être à marquer le caractère essentiellemoit
européen de l'histoire des Pays-Bas. Dans un certain sens, elle est la
moins nationale des histoires ; mais elle est aussi, par là même, noe
des plus instructives et des plus intéressantes. 8i de l'histoire poli*
tique on passe à l'histoire économique, la richesse du sujet n'est pas
moins grande. Placés au point d'arrivée des deux grandes portes do
commerce occidental, celle du Nord par la mer Baltique, celle du Sod
par la Méditerranée et le Rhône, les Pays-Bas sont, dès le commence-
ment du moyen âge, un des entrepôts du monde. Damme voit af&uer dans
son port les soieries de l'Asie, les fourrures de la Russie et les blés de
l'Allemagne. On rencontre les marchands flamands aux foires de Ghaa'
pagne et dans les ports hanséatiques. Les draps d'Ypres et de Lille, Itf
¥*?r QET NKOEBLASHSCBK TOLK. 383
CuivreB de Dinant sont répandus à iraverB l'Europe. A ce commerce
universel répond, dans le domaine intellectuel, une situation toute par-
ticulière. Les Pays-Bas n'ont pas, ù vrai dire, de littérature nationale
au moyeDàgo. Ilsappartionnnutàla lois à l'histoire littéraire des peuples
germaniques et ù celle des peuples romaos. Les idées de France et
d'AUemagne y arrivent avec les marchandises. Us sont, aux plus belles
époques de leur histoire, l'intermédiaire entre la pensée française et la
pensée allemande, entre l'art français et l'art allemand.
Ces caractères de la civilisatioa des Pays-Bas se rencontrent surtout
dans le Sud. C'était une raison de plus pour M. Blok de ne pas se res-
treindre à l'étude de la Hollande. La tâche qu'il a entreprise était d'au-
tant plus malaisée que l'hisloire générale des Pays-Bas a été jusqu'au-
jourd'hui singulièrement négligée. 11 suflit pour s'en convaincre de voir
la part qui lui est faite dans les livres les plus récents parus sur le sujet.
On peut dire que M. Blok s'est heureusement acquitté de sa lâche et
laisse loin derrière lui tous ses devanciers V Ëi j'ai réussi à bien mettre
en lumière les difficultés que présente l'iiistoire des Pays-Bas, on com-
prendra que ce n'est pas là un éloge banal.
M. Blok a divisé son travail en trois livres. Le premier est consacré
à la période antérieure aux invasions, le second à la période franque,
le troisième entin, le plus important, à la période féodale. Le premier
livre nous donne, en résumé, l'histoire des Pays-Bas avant l'arrivée
des Francs sur la rive gauche du Rhin. C'est naturellement un tableau
largement brossé, mais où les grandes lignes du Kujet apparaissent très
Dettemeut. Le livre II nous conduit jusqu'au x' siècle. L'auteur, après
avoir exposé la colonisation du pays par les Prancs, les Saxons et les
Frisons, décrit rapidement le gouvernement carolingien. 11 s'attache
plus particulièrement à la décadence de la oionarchie, aux invasions
Donnondes et à la formation du duché de Lotharingie. Il louche ici à
l'un des points essentieb de son sujet, et l'on ne peut que louer la sûreté
de sesinformations et laclarté de son exposition. Ondésireralt seulement
un peu plus de nuances. M. Blok ne me parait pas avoir suffisamment
distingué les deux états fort dilTérents par lesquels a passé le duché,
national avant Brunon, impérial après lui.
C'est dans le troisième livre qu'étaient grandes surtout les difficultés
à surmonter. Avec la »' siècle, eu effet, s'ouvre l'époque du morcelle-
ment féodal. M. Blok a fort sagement renoncé à raconter les luttes
innombrables et trop souvent sans intérêt des diverses principautés. Il
a groupé sous quelques rubriques toute l'histoire politique de cette
période. Naturellement, il a surtout eu vue l'histoire des provinces du
1. On s'en rendra facilement compte en comparant le livre de H. Blok à
ceai des deui derniers tiietariens de la Ilallaade : M. C. ^)'bal^ (Slaatliundîse
geÊchUdenU van Nederland, I, Zutpbeo, ISOO, S] et H. Venielburger (Setehiehle
4er Niedertanden, 2 vol., Gotba, 1879, ISSGJ.
384 COMPTES-RENDUS CRITIQUES.
Nord, et il serait injuste de lui reprocher de D'avoir pas étudié plusieurs
événements importants, mais qui ne rentrent pas dans le cadre qu'il
s'est tracé. A côté de l'histoire politique, plusieurs chapitres d'ensemble
traitent de la société des Pays-Bas pendant la période : villes, noblesse,
clergé, etc. M. B. a également esquissé à grands traits le développemeDt
des institutions territoriales. Le chapitre consacré à la part prise aux
croisades par les Néerlandais est un des meilleurs et des plus neufis de
l'ouvrage. Le grand mérite de tout ce troisième livre est la clarté. M. B.
a réussi à mettre de l'ordre dans le chaos de l'histoire féodale et rendre
intelligible un sujet qui jusqu'aujourd'hui, soit faute de plan, soit faute
de méthode, était resté singulièrement embrouillé. Ajoutons que Tao-
teur a eu Texcellente idée de joindre à son livre un aperçu des sources
de l'histoire des Pays-Bas pendant le moyen âge ainsi que trois cartes
et un index détaillé.
M. Blok s'adressant, non pas aux érudits de profession, mais an
grand public, a été avec raison très sobre de notes. Mais on sent (pie
son livre repose sur une base solide de vastes lectures et de travail per-
sonnel. Les spécialistes connaissent d'ailleurs les intéressantes recherches
de l'auteur sur l'ancien droit et les institutions de la Hollande. Le volume
qu'il vient de publier fait bien augurer de l'ensemble de l'œuvre qu'il
n'a pas craint d'entreprendre. Dès maintenant, on peut dire que son
histoire des Pays-Bas est la seule qui échappe complètement au dé&ut
qui jusqu'ici a déparé tous les ouvrages analogues : je veux dire l'igno-
rance des résultats de la science étrangère et Tétroitesse du point de
vue. Si, comme je le disais plus haut, l'histoire des Pays-Bas est essen-
tiellement européenne, il est impossible de la comprendre si on la
détache de celle de leurs deux grands voisins : la France et l'Alle-
magne ^
H. PiREKVB.
1. Pour prouver à M. B. le soin et l'intérêt avec lequel j'ai la son ooTnge,
je me permettrai de lui présenter, en terminant, qnelqne-s menues obserTatioos.
P. 66. M. Uolder-Egger a démontré que S. Liévin, prétendu apôtre des Flamands
au Yii* siècle, n'a probablement jamais existé. P. 67. 11 n'y a pas d'évèché d'Ar-
ras au vm* siècle. P. 201. Il est inexact de dire que la chancellerie des comtes
de Flandre a employé le français avant celle des rois de France. Le français
n'a d'ailleurs jamais été la seule langue officielle en Flandre an moyen âge.
P. 202. Il eût fallu montrer que la révolte des Flamands contre Philippe le Bel
n'est qu'un épisode de la révolution démocratique dans les Pays-Bas. Us
Leliaerts sont avant tout un parti patricien ; c'est la nécessité de se défendre
contre la démocratie qui a fait d'eux les alliés du roi. P. 337-338. Le moafe-
ment urbain dans le pays de Liège n'est pas postérieur au mouvement arbain
en Flandre. La charte municipale de Huy est la plus ancienne de la Belgi<|iie
et même de tout l'Empire.
W. BDSCB : EflGLANO IIHT£B DRt TDDOHS. 385
Wilhelm Bdsch. England ontai- den Tndors, Ersler Band : Rfinig
Heinrich Vil {U85-1509). Stuttgart, Colla, <892. In-8°, i-434 p.
Le volame que noas anoançonB est le premier d'une èétib de six
que H. W. Buscb, professear à rUaiverBÏtè de Leipzig, entend con-
sacrer au sujet exprimé dans le titre général. ■ Je compte, > dit-il
dans V Avant-propos, < faire l'iiistoire du temps des Tudors jusqa'à la
mort d'Ëlisatteth en une suite de six volumcE. Bien que la chose ne
puisse être accusée dans les dispositions extérieures, chacune des trois
principales époques d'évolution de ce temps fera l'objet d'un groupe de
deux volumes ; la Tondation et la constitution du nouvel absolutisme
des Tudors par Henri VII et le cardinal Wolsey, puis la lutte engagée
contre l'Eglise avec le scbisme de cette monarchie absolue sous
Heuri VIII,enlin, te couronnement de toute l'œuvre du siècle au temps
d'Elisabeth, i
A cet important travail, M. B, s'est préparé depuis de longues années
par de scrupuleuses études de détail. Deux «ont citées dans la Biblio-
graphie de ce premier volame : Der Ursprung der Shacheidung HMn-
riehs Vin von England {HiH. Taschenb., Leipzig, 1889, vi, 8, 273), et Der
Sturi des SardinaU Wolsey im Scheindungshandel Kônig flenrichs VIII
\lbid., 1890, VI, 9, 41). Il en avait auparavant donné deux autres au
moins : Drei Jahre mgliseher Vtrmilllungspolilik. t5î8-21 (Bonn, 188*),
et Kardinal Wolity und die englisek-kaiserliehs ÂUians, i523-25 {Bonn,
1&86}.
Voici le plan suivi par M. B. Outre une assez brève Introduction, le
volume est divisé en sept chapitres. Dans les six premiers se déroulent
chronologiquement les annales du règne, les difficultés intérieures sur-
montées par Henri Vil aussi bien que ses relations avec les puissances
étrangères. Leurs titres indiquent assez leur contenu : I, Débuts
d'Henri VII; II,Complications extérieures, France, Bretagne et Espagne;
commencement de la politique commerciale; III, Perkin Warbeck;
IV, Rapports avec les puissances (1495-1503); mariages espagnol et
écossais; commerce et découvertes; V, Le comte deSuffolk; VI, Pro-
jets matrimoniaux des dernières années ; rapports avec Rome ; Ecosse
et Irlande. Le septième chapitre a pour sujet la politique monarchique.
Sous cette rubrique sont groupés nombre de renseignements du plus
haut intérêt, jusqu'à présent fort dispersés el dont il faut savoir gré à
H. B. d'avoir constitué un recueil d'ensemble commode à consulter.
L'analyse suivante permettra d'en juger. — M. B. s'occupe d'abord du
commerce anglais : après avoir signalé les encouragements donnés à la
marine, en particulier l'acle de navigation de 1490, et la création d'une
flotte d'Etat, il parle longuement des deux grandes associations mar-
chandes des Aventuriers et des Staplers, dont il raconte les rivalités et
les procès ; viennent ensuite les lois sur l'usure, c'est-à-dire les prohi-
tiitions du prêta intérêt, les statuts relatifs à la circulation des espôces,
surtout destinés à en interdire l'exportation, les mesures prises en vue
Bkv. Hibtob, LI. 2* VABo.
386 C0MFTI9-U1IMJ8 GIITIQIIM.
d'assurer une monnaie de bon aloi et de réglementer c Tétat chaotique »
des poids et mesures ; enfin, les travaux publics, porta, routes et ponts
créés ou améliorés sous Henri Vil, sont également étudiés. — Apiés
le commerce, l'industrie. M. B. nous parle, non seulement de l'indus-
trie des draps, mais aussi de celle des soies, contre l'importation des-
quelles Henri VII renouvela et fit exécuter avec rigueur les prohibitions
protectrices des règnes précédents. Puis, il passe aux oorporationB, dont
la surveillance fut enlevée aux corps municipaux et attribuée aux jngei
royaux. Et ce ne fut pas sur les corporations seulement que les agents
du pouvoir exercèrent alors leur contrôle, ce fut sur l'indostrie tout
entière. Conformément aux statuts déjà rendus sous Edouard IV et
Richard III, ils durent veiller à la bonne confection des draps et en
reconnaître la mesure, le poids et la qualité. — Dans les pages qui
suivent, M. B. traite de réoonomie rurale. La révolution agraire i son
début attire surtout son attention. — Plus loin sont exposées les lois
rendues contre les vagabonds, qui ne sont qu'un complément de la
législation existante, mais qui fournissent à M. B. l'occasion d'exami-
ner la situation des travailleurs anglais et de dégager les principes
sociaux de l'époque. — Les réformes judiciaires fournissent matière à
un long paragraphe. Leur c tendance absolument monarchique » y eit
mise en pleine lumière. Sans doute, Henri VU trouva le terrain prqwé
par ses devanciers. Pour ce qui regarde les shériffs et les juges de paix
en particulier, il n'eut à peu près rien à innover, mais il sut assnicr
l'exécution stricte de prescriptions légales trop souvent oubliées. Le
droit d'appel, aussi bien en matière criminelle qu'en matière civile, fat
réglementé. Les privilèges de juridiction des gens d'Église furent entap
mes; au droit d'asile notamment, dont l'exercice donnait lien à de
scandaleux abus, furent apportées, de concert avec le Saint-Siège, des
restrictions notables. La Chambre étoilée elle-même n'était pas une
nouveauté. Comme le reconnaît M. B., « ni ce tribunal ni son nom
n'étaient nouveaux ; i mais sa création à titre d'institution durable doit
être rapportée au statut de 1487, par lequel « les droits de juridiction da
roi furent attribués, en forme expresse et dans des limites précises, à
un corps constitué de façon invariable et permanent. » — Le» finances
publiques sous Henri VII sont aussi étudiées dans le détail. M. B.
détermine en premier lieu la nature et l'importance des ressooices
ordinaires de la couronne : le domaine (revenu évalué par les ambassa-
deurs italiens à 547,000 couronnes ou 109,400 livres sterling), les
douanes, tonnage et pondage (de 32,000 à 42,000 livres sterling), les
anciens droits féodaux (garde-noble, etc.), les annates des évéchés au
cas de mutation des titulaires. Puis, il passe aux extraordinaires : les
octrois obtenus du Parlement, au nombre de cinq seulement pour tout
le règne ; la ben$Dolenc6 sollicitée à l'occasion de la guerre de France,
dont le recouvrement se prolongea péniblement pendant plusieurs
années et fut accompagné d'extorsions odieuses; les emprunts contrsc-
tés auprès de la cité de Londres (4,000 livres sterling en 1485, 6,000 en
W. BUSCH : ENCUKD DÎITKB BEN TOIM3R5.
«87-88, 4,000 en t4B6) ou auprès des parlicutiera (58,000 livres aterUng
en 1496], et toujours rêgulièremeot amortis. M. B. Cait eu outre remar-
quer qu'Henri Vil eut créer des ressources spéciales afTectées k des
dépenses déterminées, par exemple les douanes de l'étapie pourU défense
de CaUis, des impositions locales sur les gens de Berwick et de Uar-
iisle à employer contre les Écossais, les revenus de repêché de Durham
retenus au même eflet. Ajoutons qu'il eût pu compter également dans
les revenus royaux les annuités de 15,000 livres sterling environ
servies par le trésor français à partir de 1493. Parmi les dépenses,
l'entretien de la maison royale est la principale. Dès son premier
Parlement, Henri mit bon ordre aui abus séculaires de pureeyance
commis sous prétexte d'assurer ce service : sur ses revenus permanents
U rééerva et assigna une fois pour toutes 14,000 livres sterling eïclosi-
veraenl destinées au paiement des fournisseurB de la cour; en 1495,
rsseignaijon spéciale de la garda-robe fut Gxée à 2,105 livres 19 sous
11 deniers sterling. M. B. insiste avec raison sur la rigueur avec laquelle
Henri VU tint la main au contrôle de ses dépenses et sur la régularité
que présentent ses comptes, les privy purse enfemm, dont la série s'est
conservée complète de 1391 à 1505; il analyse ces documents et montre
qne ce prince, avec des ressources notablement plus limitées que tels
de ses voisins, le roi de France par exemple, parvint, non seulement h,
éviter le déficit chronique des budgets étrangers, mais encore à ména-
ger des excédents et à réaliser des économies. Quant au total de ces
économies et à l'importance des réserves royales, M. B. ne peut les éva-
luer qu'approximativement : fort justement, il montre qu'on ne saurait
accepter le chiffre, partout reproduit, de 1,800,000 livres sterling, qui
n'est donné que par Bacon as by tradition ii reported; en même temps,
U fait remarquer que les achats considérables d'objets d'orfèvrerie cons-
tamment etTectués par Henri constituaient des placements et non des
dépenses: enfin, il cite les appréciations des contemporains, dont un
Hul énonce un chiffre, l'ambassadeur milanais, qui porte les réserves
déjà ^tes en 1497 à 1,350,000 livres steriing et l'épargne annuelle à
112,500 livres sterling. — Le paragraphe suivant a pour titre : Établis-
sement de l'absolutisme éclairé. C'est comme une revue générale du
règoe. A l'extérieur, M. B. signale l'abandon des anciennes visées de
conquêtes ea France; Henri se contenta de garantir le commerce avec
Ib continent et le commandement du détroit par les fortifications dont
il hérissa les alentours de Calais. Eu même temps, il pourvut à la sécu-
rité de la frontière du nord par une alliance matrimoniale avec l'Ecosse
qui prépara l'unité de la Grande-Bretagne. Enfin, il fut le premier roi
anglais qui entretînt des troupes soldées de façon permanente. Âpres
avoir rappelé ce que lit Henri pour affraochir de toute entrave le pou-
voir royal, M, B. conclut par le mot d'Ayala : t II gouvernerait volon-
tisri l'Angleterre à la mode française, mais il ne la peut. » Au moins
mt-il réduire à peu près à l'impuissance les deux corps que M. B.
appelle ■ les plus grands ennemis de la couronne, * les seigneurs de la
388 GOMPTIS-UIVDIJS GEITIQOIS.
chambre haute et les communes de la basse. En effet, on constate qrill
écarta systématiquement les grands des affaires et choisit presque tou-
jours ses agents et ses conseillers parmi les gens d'Église (Morton, Fox,
Warham) ou dans la petite noblesse (Bray, Daubeney, Edgecombe,
Poynings, Lowell, Empson, Dudley); décimée par les boucheries el
ruinée par les confiscations de la guerre des Deux-Roses, la haute aris-
tocratie perdit sous son régne son ancienne prépotence politique. Et
quant aux gens des communes, Henri n'avait guère à craindre de ce
côté. Ses finances étaient en trop bon point pour qu*il eût besoin de
recourir à eux et partant de compter avec eux ; aussi les convoquait-il
rarement; dans ses douze dernières années, le Parlement ne fut léoni
qu'une fois. D'ailleurs, ses Parlements ne lui causèrent jamais d'enibar-
ras ; bien au contraire, présidés et inspirés comme ils le furent par des
hommes à lui, Empson et Dudley, ils l'aidèrent en proposant et e&
votant force résolutions de nature à renforcer la prérogative royale. Sur
l'esprit public en Angleterre, M. B. emprunte des phrases caractéris-
tiques aux relations des ambassadeurs étrangers. « Depuis Guillaume
le Conquérant jusqu'à ce temps, • écrit l'un, c aucun roi n'a régné plus
paisiblement que celui-ci ; sa sagesse l'a fait redouter partout et de
tous, f Et un autre : c Son droit à la couronne n'est pas contesté et son
gouvernement parait solide à tous, i La fin du paragraphe est à dttf :
« Rien ne doit amoindrir la gloire d'Henri comme restaurateur de la
monarchie anglaise. Depuis Guillaume le Conquérant, il n'y avait pu
eu en Angleterre d'absolutisme comparable à celui qu'Henri légua soli-
dement fondé à son successeur. Et ce n'était pas une construction neu^
comme la monarchie féodale qu'éleva le puissant Normand à la place dn
royaume anglo-saxon détruit, mais bien une monarchie despotique et
cependant conforme à la constitution, édifiée avec une habileté consom-
mée dans et par-dessus la constitution respectée. Une nouvelle époque
était préparée : la période de V absolutisme éclairé en Angleterre sous les
Tudors. » — Enfin, dans un dernier paragraphe, M. B., après avoir tracé
du roi un portrait complet au physique et au moral, raconte ses derniers
moments et décrit ses funérailles.
Trois appendices complètent le volume. Le premier contient les dis-
cussions de points de détail dont M. B. a cru devoir alléger ses notes
de rez-de-chaussée. — La critique des sources est l'objet du second ;
elle porte exclusivement sur les historiens anglais contemporains ou
assez peu postérieurs jusqu'à Bacon et Ware ; elle est très développée
et parait très sûre. Quant aux documents authentiques ou diplomatiques,
M. B. ne fait que les énumérer ; il s'abstient également d'examiner et
d'apprécier les travaux récents : c'est peut-être une lacune. — Le troi-
sième appendice est la liste par ordre alphabétique de tous les ouvrages
cités.
Que le livre de M. B. soit consciencieusement étudié d'après les meil-
leures sources, la chose n'est pas contestable. Personne désormais ne
s'occupera d'Henri VH ni môme de l'histoire européenne à la fin da
W. BOSCH : E!^GLA,'«n DNTEH DE» TDDOBS. 389
XT* siècle sans être obligé d'y recourir. Comme abondance ei comme
sûreté des renseignements, l'ouvrage ne laisse vraiment rien à désirer.
Hais ces indéniables qualités d'érudition sont g&lêes, il faut bien le
reconnaître, par de graves défauts de composition et de mise en œuvre.
E!ii Yoici quelques exemples.
L'Introduction, de quelques pages à peine, est absolument insuffisante.
Qu'on se rappelle, en cQct, que l'œuvre dont elle eei la porte doit com-
prendre six volumes consacrés à l'Angleterre sous les Tudors, c'est-à-dire
k la période constitutionnellement et économiquement la plus impor-
tante de l'histoire anglaise. Avant d'entrer dans un aussi vaste sujet, on
aurait aimé à trouver clairement présentées et largement exposées les
ioatitutions anglaises, les conditions de la vie anglaise, les idées du
peuple anglais. De cela, M. B. ne s'est aucunement soucié. A vrai dire,
11 remonte au déluge et nous apprend que l'histoire de la nation anglaise
commence à l'évacuation romaine et celle de l'Etat anglais à la conquête
normande. Mais nous arrivons à la fin de sa courte Introduction sans
«onnaitre oi cette nation anglaise ni cet État anglais; c'est, pourrait-on
dire, à l'aveuglette que nous devons entamer l'étude de l'évolution
morale, sociale et politique, d'où est aée l'Angleterre moderne. Un
détail fera bien sentir le vice de la méthode de M. B. Ou sait qu'il y a
dans l'histoire anglaise deuit écoles au sujet de ta valeur respective
d'Edouard IV et d'Henri Vil. Hallam et après lui Green font honneur
au premier des changements gouvernementaux qui ont marqué la
période des Tudors; en lui ils voient l'inventeur et le créateur de l'ab-
wlutisme éclairé. Tout au contraire, M. James Gairdner et M. Busch
dénient à son règne cette haute valeur constitutionnelle; pour eux,
fieari Vn seul est l'auteur responsable de la réforme. Quoi qu'il en
■oit de ces deux systèmes, la question valait la peine d'être discutée.
U. B. l'expédie en quelques lignes (p. 5); il nous dit simplement
qu'Edouard a eu d'heureuses inspirations, mais qu'il n'a rien su fonder,
et c'est tont. Et, cependant, nous voyons plus loin que plusieurs des
mesures édictées par Henri sont des confirmations de statuts d'Edouard,
par exemple sur l'exportation des métaux précieux (p. 258), sur le com-
.merce de la laine et des draps (p. 264), sur l'industrie des draps |p. 267),
«...
C'est surtout dans le septième chapitre analysé ci-dessus que ce.
dâ&Dt de M. B. est sensible. Qu'était le commerce de l'île à la fin du
Sv* siècle? quels étaient les objets de son industrie et les produits de son
agriculture? quelles étaient les institutions judiciaires et Ënancières?
Antant de points que M. 6. suppose connus de ses lecteurs et sur les-
'f uels il juge inutile de les éditier. Sans compter que ce chapitre prête
A une antre critique. M. D., en effet, considère les relations commer-
eiates extérieures comme une dépendance de l'histoire diplomatique;
conséquence, il ea traite dans les pages précédentes aux chapitres ii
J). 71 et auiv.), iv (p. 153 et suiv.), v (p. 186, 190, 202 et suiv.). Mais
^^-"T politique extérieure commerciale est en rapport étroit avec l'his-
390 cMpm^mmvs cunom.
toire du commercé anglais, qui est rejetée dans le dernier chapitre. H
y a là une défectuosité de plan évidente.
Nous ne pousserons pas darantage les critiques; nons craindrioiu de
paraître injuste pour M. B., dont le mérite, nous le répétons, est fort
grand. Son livre est pénible à lire et fait souvent regretter l'agréslïk
petit volume de M. J. Gairdner réédité cette année même*. Mais sa forme
un peu rébarbative ne doit pas faire oublier la réelle yalear du fond;
par rétendue et la variété des recherches, par le nombre et i'ezactîtade
des faits enregistrés, VHenri VII de M. B. restera longtemps sans doate
l'ouvrage capital en la matière.
Qr» Jacquroi*
E. BouasiN et À. Challambl. Dictioniiaire dA la Rérolntloii firaa-
çaise. Institutions, hommes et &its. Paris, Jouvet et G^, 4893.
Les dix premiers fascicules parus de cet ouvrage, que nous avoni
parcourus avec autant d'attention que d'intérêt, fournissent aaseï de
détails pour nous renseigner sur son caractère.
Il donne plus que ne promet son titre parce que nons y tronvons du
renseignements, non seulement sur les institutions, hommes et faitSt
mais encore autre chose, notamment des détails sur les mceurs, cou-
tumes, usages, etc., de l'époque révolutionnaire. C'est pourquoi nooi
pensions de prime abord avoir trouvé dans le nouveau travail de
MM. Boursin et Ghallamel un répertoire aussi complet que possible de
l'histoire de l'époque révolutionnaire. A notre grand désappointement,
nous avons bientôt dû en rabattre. Nous y avons trouvé, il est vrai, m
article sur Arkangél (sic), « ville de la Russie d'Europe, > que nous
n'aurions jamais l'idée de chercher dans un dictionnaire consacré à la
Révolution française; mais nous y avons cherché en vain an article sur
l^anarchie, laquelle nous paraissait avoir été pour quelque chose de ploi
dans la Révolution française qu'une ville située au bord de la mer Gbu
ciale'. Mais si c'était là Tunique lacune de cet ouvrage, il serait rien
moins qu'incomplet; malheureusement, il y en a plus que suffisamment
pour ennuyer le lecteur, si nous voulions les énumérer une à une toot
le long des dix c séries • ; nous ne pouvons cependant nous dispeoMr
d'en citer au moins autant que cela est nécessaire pour prouver ce que
nous venons d'avancer.
Pour commencer par les institutions, en voici quelques-unes dont
l'absence dans un Dictionnaire de la Révolution française ne saurait être
justifiée. Par ordre alphabétique : 1« les Agents politiques, institoés ptr
i. Henry ihe seventh, Londres, Macmillan. (Twelve english statesmai.)
2. Il y a, il est vrai, un article d'une douzaine de lignes intitulé iês An»'
chiiieSf à la page 24, où il est dit que c c'était un ramassis d'étrangen el de
repris de justice; ils s'abritaient habituellement tout le drapeau deUBépnbliqoe,
quoiqu'ils fussent généralement soudoyés par les contre -révoiutionnairei. »
Est-ce donner une idée de ce que c'était que l'anarchie révointioiiiiaire?
l)ICTIoy?(llIlR DE Lk K^VOLUTIOn FEiNÇllSE.
3SH
la Convention pour conduire les sociélée populaires et faire marcher lea
Bdmioiitratlous dans les dêpartemontavoisius de la trontière' ; 2" VA»-
temblét da reprisentanU de la communo de Paris, titra que 6e donna,
dès le 25 juillet 1789, la commune provisoire de Paris*; 3" le Bureau
central de corrtspondanee entre les quarante-huit lecliont de Paris, établi
par un arrôté muaicipal du tT juillet 1792^; i'is Bureau d'esprit public,
institué par le ministre Roland, en 1792, pour répandre par des écrits
les priocipesdelaRévolution, et transformé l'année suivante par Garât,
son euccesseur, en Bureau d'observation* ; 5' le Comité d'exécution, autre
dénomination du Comité de surveillance de la commune de Paris';
6* le Comité des Six, institué par la Convention le 4 avril 1793 et chargé
de coordonner les nombreux projets de constitution présentas à l'A»-
semblée*; 7* les Conseils du peuplt, formés à Paris, à Lyon, à Bordeaux
après la prise de la Bastille'. On ne saurait reprocher aux auteurs du
Dictionnaire de n'avoir pas donné une liste complète des nombreuses
Commissions qui furent formées aux diverses époques de la période
révolutionnaire; néanmoins il est bien difficile de justifier l'exclu-
sion de certaines institutions analogues, qui n'ont pas joué le dernier
ràle dans la Révolution, ainsi que : 8* la Commission des Vingt-et-un,
transformée de la Commission des Doute en juillet 1792^; 9* la Commis-
sion républicaine de salutpublic à Lyon'; 10- la Commission des Six*"; et
11" celle des f/euf". Nous aimerions mieux, si cela dépendait de nous,
exdure les jeux de biribi et de trente et quarante, qui occupent tant de
place i la page 3^9, et bien d'autres choses encore... Nous nous arrêtons
ici, h la troisième lettre, pour épargner au lecteur l'ennui de poursuivre,
tout le long de l'alphabet, l'énumération des institutions oubliées par
les auteurs du Dictionnaire. Nous pourrions donner une liste aussi
longue des hommes et des faits qui ont éprouvé le même sort, mais ce
serait abuser de la patience du lecteur.
Après avoir parlé de ce que le Dictionnaire ne donne pas, jetons
maintenant un regard sur ce qu'il donne. S'il ne nous donne pas tout,
du moins nous donce-t-il beaucoup; mais dire beaucoup, c'est définir
la quantité et non pas la qualité. Quant à cette dernière, elle laisse
1. U. Talne, la SévoluHon. Vol. III, p. 377.
I. Revue historique, t. XLVT, p. 320, l'article de U. Robiquet sur la munici-
palité parisienne pcndasl la RéTOlutioa.
3. HorliDier-Ternaui. Bistoire de la Terreur. Vol. II, p. 136.
A. Wallon, la Terreur. Vol, I, p. 71
5. Uortiner-TeroauL, op. cit., III, 93.
6. Ibid., VU. 188.
7. nichler, Staate-und GesellKhaftsreekl der frantœtischxn BevoluUoii,
a, 154.
8. HorUmer-Teraaui, op. cit., V, tl9.
9. Ibid., VllI, 110.
10. Ibid., V, 80.
II. Ibid.. V, 286.
*
382
beaucoup & désirer. Et d'abord, rexaclilnile ecnipulease «at ti
ditio sine qua non de la valeur d'un dictionnaire; y manquer, c'est)
pour lui, manquer à sa destination. Eh bien, cette exactitude, la troO'''
voa»-nouB dans l'ouvrage en question ? Voici notre réponse : les fvset
qoe nous avons passéeR sans les tire sont leg seules ob nous n'avou
pas trouvé d'erreurs. Nous ne citeroos que quelques exemples prit
presque au hasard : 1° a ta page 552, nous lisons : i te l* octobre I7ïti
première séance de la CoTutituante (I) > ; 2° le nombre dee dâpotée
départements à la Législative était de ^47 ei non S49, ainsi que now
lisons à la page 224 ; S* à la page 55 : • le 4 avril 1793, dérectioD dt
Dumouriez; le 5, exécution des Dantonistes; le 6, la création du Contitj
de salut public. > Or, le premier et le dernier de ces faits seulement odI
eu lieu en (793, elle deuxième en17H4. On rencontre à chaque puibs
fautes ou des contradictions chronologiques; notamment, on trou»
souvent deux dates différentes pour un même évéuement à deipigei
dilTérenles. Exemples : i" le décret contre les émigri's est indiquée
22 octobre (IT92| à la page 2'28 et le 33 à la page suivante ; !• la dsie d*
la bataille de Jemmapes est du 5 novembre à la page 209 et du 6 1 It
page 358; 3> la date de la bataille de Wattignies est doublée panilie-
ment ; le 16 octobre à la page 67 et In 17 à la page 364 ; 4" la dédiri'
tion de guerre à l'Espagoe : le 7 mars à la page 308 et te 8 à la page Î33i
5° Robespierre fut guillotiné te lendemain du 9 thermidor, c'est-à-dire
le 28 juillet, et non le 27, ainsi qu'un le trouve à la page 373; elc., etc.
Nous ne perdrons plus notre temps à relever les erreurs de ce genre,
dont l'ouvrage en question fourmille: ce ne sont là que des peccsdllln
qu'on peut mettre sur le compte d'une rédaction trop précipitée plnUt
que sur celui d'une critique défectueuse. Ce qui est bien plus gnn,
c'est le manque de tact critique, c'est l'absence complète do sentineiil
historique. Pour ne pas fatiguer le lecteur, nous cbuisironB, de Km»
une quantité d'exemples, deux ou trois des plus caractéristiques: l'ai»
auteurs trouvent, par exemple, dans le Moniteur, le 31 aoât 1793, une
communication sur une brillante victoire remportée par une foal(i1<
paysans armés de faux sur un corps d'Âulrichiens, où les premiett
tuèrent ijuinie mille ennemis, après avoir subi une perte de cinq miU^
hommes, > page 1 16. Celle absurdité, qui n'était évidemment qu'uae<]>
ces nombreuses légendes patriotiques dont fourmillait la presse ws-
lemporainp, MM. Boursin 3t Challamel la recueillent eoignenseineiit
pour la placer dans leur Dictionnaire comme un fait blslorïque! ^
général, ils aimout à puiser beaucoup dans le Moniteur, ainsi que dan'
tes Révolutiom de Paris, maïs, comme ils le font sans aucun sens critiqua'
il leur arrive souvent d'en tirer, au lieu de faits historiques réels, '**
mensonges et les légendes qui s'y trouvent entassés. C'est ce que b.'i^
venons de constater pour le Moniteur; quant aox Révolutions iePoP'-
voici un échantillon de la candeur critique de nos auteurs. Ds tison^'
absolumentà faire accroire au lecleur qu'il régna une IranqnillU* •''/''
liqueàParis pendant la jonraée de rexôculion de Louis XVl,et,Mnnli"
DICTIO^fnilRE DE Ll REVOLUTION FRiNÇAlAE. 393
K, île citent uo passage des Rivolutiaru de Paris, qui correspond
parraiiement à leurs vues, mais dont le léger défaut est de n'avoir rien
de commun avec la vérité historique'- En général, ils font si peu de
cas de la critique qu'ih répèteat sans aucun scrupule de vieilles légendes
rôfuléee depuis longtemps, entre autres cette fameuse iable du pacte de
fiimine', qui est traitée dans le Dictionnaire comme un fait historique
snssi réel que possible, page 572. De pareilles légecdes, considérées
comme des faits historiques, nous en trouvons toute une quantité dans
l'ouvrage de MM. Boursin et Challamcl. Mais voici ce qui nous a sur-
tout paru cnrieux à constater : ce ue sont que des lé-gendes jacobines
exclusivement, les légendes royalistes eu sont exclues. Cette prédi-
lection pour les premières, qui manifeste le manque d'impartialité
Kusai bien que l'absence de critique chez nos auteurs, nous décèle
en même temps leur teadance générale. Leurs conceptions historiques
ne sortent guère du cercle des idées des Jacobins de 1TI12-1794: leur
style même n'est souvent autre chose qu'un tissu des formules emprun-
tées à la phraséologie jacobine. Leur manière de parler du palrio-
tiitna, de la liberté, du civisme et de l'anlieivisme, des conspirateurs et
des ennemis de la Révolution, n'est souvent qu'un écho des discours du
club de la rue Saint-Honorè, Avec tout le sérieux d'un jacobinisme
candide, les historiens de la Su du xix* siècle s'enthousiasment pour te
■ patriotisme des marchandes de la halle aux poissons et aux légumes, u
page 313; s'agenouillent respectueusement devant le a courage > de la
roule qui pille les Tuileries le 10 août, page 195; s'attendrissent devant le
f JMtriotisme ardent • des sans-culottes du faubourg Saint-Antoine et des
bandes de l'armée révolutionnaire, pages 136 et 108. De l'autre c6té, on
fiétrit impitoyablement < le fanatisme religieux > des prêtres insermen-
tés, page 225. Ceux-ci ne sont, pour nos auteurs, que ce qu'ils furent pour
les Jacobins de 1792-1794, des réfraclaires, pages 103, 135, etc. On oppose
à leur ■ résistance anti patriotique • le ■ courage ■ (sic) des prêtres asser-
menlès, p. 173, 135. Pour apprécier cette dernière phrase à sa juste
valeur, il sufht de se rappeler que les n courageux > assermentés rece-
vaient des paroisses et des pensions du gouvernement, et les insermentés
allaient, comme suspects, dans les prisons où les couteaux des icptem-
briiturs les attendaient. Les Feuillants et tous les modérés en général
sont qualiGés, conformément au catéchisme jacobin, de /'aux patriotes,
page 136; les partisans de la Constitution de 1791 ne sont pour eux que
des ritrogrades, page 4 10. Pour montrer jusqu'où peut aller cette harmonie
jotime entre les idées d'un historien de nos jours et celles d'un Jacobin
1. Aiaai que l'a prouve, les documents ofRcieU i la maîn, M. Mortimer-Ter-
naai dans le cinquième voliinie de son Histoire de la Terreur; voir notamment
la page 41S.
a. Voir fiioilay, Éludes économiques sur le XVIlf siècle. Le Poète de
famine. l'Adminiilrutlon du commerw. Paris, 1885. - Bord, Bisloire du blé
m France. Pacte de famine, Mitoire-légende. Paris, 1887.
894 C0HPTB9-U1I1NJ8 CBiriQU».
de 1792-94, signalons encore l'article intitulé DantoniMtes, page 176, où lei
auteurs reprochent à Danton et à Camille Desmonlins, assez timidement
il est vrai, leur appel prématuré à la démence (c le mot de clémence,
peut-être, trop vite prononcé »). Telle fut, on le sait, Topinion de
Robespierre et de Saint-Just, qui ne tardèrent pas, en conséquence, à
leur faire expier leur erreur sous le couteau de la guillotine.
On voit bien maintenant à travers quelles lunettes nos auteurs
observent Thistoire de la Révolution, et on devine d'avance combien ki
vraies couleurs de la réalité historique y doivent être dissimulées ou
dénaturées. En effet, le sens historique leur manque aussi complètement
que le tact critique. De toute une foule d'exemples dont presque chaque
page regorge, nous ne citerons que quelques-uns. Voici, par exemple,
la manière dont on comprend un des faits principaux de l'époque rè?o-
lutionnaire, notamment la crise économique et financière. « A partir
de l'année 1792, la contre-révolution eut pour auxiliaires dans les cani-
pagnes des cultivateurs qui, trompés par les nobles et les prêtres,
essayaient de faire la disette sur les marchés, • page 172. « Ces spécula-
tions (des ff accapareurs •) aux approches de la Révolution amenèrent
la disette, » page 6. A la page 46 : • Malheureusement, les calomnies,
les manœuvres des aristocrates et des émigrés, l'agiotage effréné des
spéculateurs, les faux assignats fabriqués en grand nombre et mis en
circulation par les ennemis de la République, et aussi (cet aussi est
admirable !) l'usage immodéré que celle-ci en fit pendant six années*,
discréditèrent bientôt les assignats, qui tombèrent à une valeur déri-
soire. • Ainsi, des intrigues des « aristocrates, i des machinations des
c ennemis de la République, i qui trompent le peuple^, voilà les causes
principales de la disette, du fiasco des assignats, de la crise économique
et financière...! Ce furent bien là les idées des Jacobins de 1792-1794, et
il leur était permis de le croire, faute de connaissances élémentaires en
science économique; mais, ce qui est bien surprenant, c'est de voir ces
conceptions puériles renaître sous la plume savante d'un érudit de nos
jours.
Faut-il ajouter que Tintelligence du grand mouvement populaire qui
surgit aux divers coins de la France contre la tyrannie jacobine, en
1792-1794, échappe à nos auteurs aussi complètement que possible? Ce
ne sont pour eux que des complots tramés par les c ennemis de la
Révolution » contre les « patriotes i de Paris'. C'était encore, on le
sait, un dogme du catéchisme jacobin, et nos auteurs sont des Jacobins
trop orthodoxes pour y manquer.
Cette singulière manière de traiter les faits historiques, si peu
qu'elle soit à la hauteur de la science historique de nos jours, n'est qu'une
1. Il en a été fabriqué poor plos de quarante-cinq milliards.
2. On trompe le peuple^ c'était, on le sait, un des lieux communs de la pfan-
séologie jacobine*
3. Voir, par exemple, les pages iOS, 108, 179, etc.
DICTIOSNilBE BE ti a*VOLCTIO:i FRANÇAISE.
bagslelle en comparaison ^e ia hardiesse, vraiment digne d'un meilleur
Eort, avec laqualle MM. Boursin et Cballamel les dèGgurenl el les déna-
turent. Citons, entre autres, deux exemples : 1° dans l'article sur le
tHX'Août, leur récit ne fait que reproduire servilement la légende jaco-
bine sur cette journée, c'est-à-dire une parodie de l'histoire*; 2' la
conspiration du 10 mars (1793), qui eut pour chefs les fameux déma-
{[ogues Fournier rAméricaia et le Polonais La^koroslû et Fut dirigée
contre tes députés de la droite, s'est transformée, sous la plume de nos
bistoriene, ni plus ni moins qu'en e une conspiratîoa dirigée contre la
République par les royalistes, les aristocrates, l'Aulricbe, l'Angleterre
et Pitt'« (jïc|.
Nous concluons en souhaitant aux auteurs àa Dictionnaire de laBéw
lulion française un peu oioius de mépris pour la critique et un peu plus
de soin pour la rédaction de l'ouvrage, plus de sentiment historique et
moins de prédilection pour les conceptions qui ne sont ni de notre
temps ni de notre science, enfin un peu plus de goût pour la vérité
historique et un peu moins de cette sorte de courage dont Cicéron
parle : ne quid falsi audeat kistoria.
Paul AanACHErF.
Pott-script^m. Nous venions de corriger l'épreuve de notre article
lorsqu'on nous apporte les cinq dernières livraisons du Dictionnaire dt
la Révolution fy-ançaisf-. LadernicroCorme un Aj^endiee contenant l'ana-
lyse des Cahiers des États, qu'Henri Martin a publiée dans son Histoire
de France depuis 1789, et les quatre Gonslitutions de 179!, 1793, 1795
et 1799. — Dans V Avertissement, ajouté à la dernière livraison, les
auteurs se donnent le témoignage d'avoir coatribué par leur Diction-
naire & * rétablir le corps et la physionomie véritables de la Révolu-
tion, > Us oublient qu'on ne rétablit pas la physioDomie véritable des
faits historiques avec la méthode qu'ils ont adoptée, n Notre impartia-
Uté, lisons-nous plus loin, éclatera, nous en sommes convaincus, n
Singulière conviction!... P. A.
t. On voit, d'après lest documents publiés par M. HorllmerTemaui dans le
tleuitème volume de son Histoire de In Terreur, 1* que la foule ne s'empara
des Toileries qu'après que les Suisses qai déreadaîent le chlleau l'eurent éva-
cue par ordre de LouU XVI ; i' qiie la (ituparl des SuïBses turent tués pendant
leur retraite ; 3' qu'enfin le peu|)ie a subi, dans celle alTaire, une perte de
cent toixaole personnes au maximum, j comprii les blessés. Or, dans le récit
de UH. B. et Ch., le peuple pénètre dans le château ■ après avoir tué les
Saisies qui le défeadaient > dans un combat acbnmë. et que < de son côté le
peapje perdit trois mille hommes, tués dans la eour du Carrousel, dans le jar'
din des Tuileries el sur la place Louis XV, ■ page 135.
3. C'est encore dans le Moniteur qu'ils ont puisé cette légende Jacobine, qni
n'est qu'une aalitbèse de la vérité bislorique.
396 EBCUIU8 ptfUODIQUBS.
RECUEILS PÉRIODIQUES ET SOCIÉTÉS SAVANTES,
1. — La RéTolntion française. 1892, 14 déc. — Aulàrd. Lt
légende de Voltaire (à propos de Touvrage de M. E. Champion). —
DouARGHE. La justice à Agen pendant la Révolution ; fin le 14 janv. —
Brbtte. Relation des événements depuis le 6 mai jusqu'au 15 juillet
1789; bulletins d'un agent secret; suite le 14 janv. := 1893, 14 janv.
AuLARD. Aug. Comte et la Révolution française (leçon d'ouverture du
cours où l'auteur se propose d'étudier la vie et Ja politique de Danton;
erreurs historiques du système positiviste sur la Révolution en géné-
ral et sur Danton en particulier). — Gharavat. Un appel à la nation
juive pour se charger de l'approvisionnement de Paris, 20 prairial an m,
8 juin 1795 (publie un placard du temps).
2. — BuUetin critique. 1892, n<> 24. — Walther, Die deutsche Bibel-
iibersetzung des Mittelalters ; 3« fasc. (analyse 72 versions partielles de
la Bible allemande, représentées par 191 mss. et par 50 édit. incunables;
en outre, ces mss. sont certainement des livres qui ont été d'un usage
commun, tandis que nos bibles françaises n'ont guère été que des
ouvrages de luxe, mais d'autre part elles ont été faites le plus souvent
par des traducteurs qui ignoraient l'œuvre de leurs devanciers. L'usage
des bibles en langue vulgaire est donc resté fort restreint). ^ 1893,
no 1. Funck, Histoire de l'Église, trad. par Hemmer (manuel remar-
quable). — Gardthausen. Augustus und seine Zeit (chef-d'œuvre de
science admirablement informée et digérée). := N<^ 3. X. Simaîka. Essai
sur la province romaine d'Egypte depuis la conquête de Dioclétien (bon
résumé des travaux antérieurs avec de judicieuses remarques person-
nelles).
3. — Jonmal des Savants. 1892, déc. — Paul Janbt. Mélanges
inédits de Montesquieu (sur le 1*** vol. contenant des « Réflexions sur
la monarchie universelle en Europe, • et un traité c De la considéra-
tion et de la réputation •). — Th. Reinagh. La Gaule avant les Gau-
lois (à propos de l'ouvrage de M. Alex. Bertrand. Les monuments nous
montrent sur le sol de la Gaule l'emploi successif de la pierre polie, du
bronze et du fer; les textes anciens nous parient d'une triple domina-
tion exercée sur la Gaule, celle des Ibères, des Ligures et des Celtes.
On peut admettre que ces deux séries parallèles se correspondent deux
à deux. C'est peut-être un moyen de concilier les conclusions de M. Ber-
trand avec celles de M. d'Arbois de Jubainville). = 1893, janvier.
H. Wallon. Histoire des princes de Condé. — Berthblot. Sur le Liber
sacerdotum (collection de recettes relatives aux préparations de chimie
minérale, à la transmutation des métaux et à la fabrication des couleurs
HECORtLS FÉBIODIQUeB. 397
dPB pierres précieuses. Elle se ratlacbe à la vieille tradition égyp-
tienne du ( Livre tiré du sanctuaire des temples >).
4. — Revne critique d'histoire et de Uttératnre, 1893, d' 50.
— Chauvin. Bibliographie des ouvrages arabes ou relatifs aux Arabes;
1" fasc. icompilation conçue sur un plan beaucoup trop vaste). —
P. Monceaux. La Grèce avant Alexandre [esquisse faite avec talent: il
y a trop ou trop peu de bibliographie). — P. Paris. Ëlatée, la ville et le
temple d'Athëna Cranaia (ajoute à nos connaissances historiques et
archéologiques). — C. JuUian. Gallia {manuel excellent). — II. lie la
Tour. Allas des monnaies gauloises (complément indispensable au Catal.
iU> monnaies gauloises de la Bibt. nat., paru en 1880). — A. Claudin.
Origines de l'imprimerie à Salins, en Franche-Comté, 148i-85. — P. de
JVolhac. Pétrarque et l'humanisme (important pour l'histoire des autours
IatiDS|. — Verniére. Le président J. Savaron; ses rapports avec les
savants de son temps (excellent), — F. de Schickler. Les églises du
Refuge en Angleterre (ouvrage fort érudit, mais dont l'intérêt n'est pas
toujours égal, par la faute mâme du sujet). — 5. Bubies. Avvisi dol
caval. F. Cornaro, ambasciatore venelo, circa l'assedio e la presa di
Buda, 1686 (dépêches imporlanles et bien publiées). = N* 51. Levison.
Fasti practorii ab inde Octaviani imperii singularis initio usque ad
Hadriani exitum {très utile). = N* 52. J. Euling. âînaitiscbe Inscbrif-
ten (important). — Fischer et Gulhe. Neue Handkarte von Palxatina
(excellent). — Ouvrages sur l'histoire de la htléralure chrétienne primi-
tive (par Harnack, Drœseke, Weiss, Zycha, Krueger, PreuscherJ. —
Boworth. History of the Mongols, IX-XIX cent.; vol. III : the Mon-
gols of Pei'sia (amas immense de matériaux entassés sans ordre, mais
ofi il y a beaucoup à prendre). — MulUr et Diegerick. Documents con-
cernant les relations entre le duc d'Anjou et les Pays-Bas, I5T6-1585;
\ol. U et lU (important). = Variété : La légende de la loi salique et
la succession au trône de France, par G. Monos (avant 1350, la loi
salique n'a été invoquée par personne dans les débuts sur la succession
au trône, ni par les princes Transis, ni par Edouard III. G'est seule>
ment dans la seconde moitié du xiv° siècle que l'on commence à en
parler, et à partir de Charles VII qu'elle fut invoquée pour régler la
succession au trône). — ISSU, n<> 1. A. d'Avril. La Cbaldée chrétienne
(bonne histoire du nestorianisme). — Dashian. Catalog der armenischen
Handschriflen in d. k. Honiibliothek zu Wien. — Kalcmkiar. CaUlog
der armenischen Handschriften in à. Ilofbibliothek zu Mûnchen. —
£. Reinaoli. L'origine des Ariens (très savant résumé). — Lex. Eudes,
comte lie Blois, de Tours, de Chartres, de Troyes et de Meaux, 995-
997, et Thibaut son frère, 995-1004 (mémoire érudit, mais incomplet).
— Castellani. Lettere inédite di fra Paolo Sarpi a Simone Contarini,
t6I5 (bon). — F. Des Robert. Correspondance de deux officiers de marine
en 1789. = N"2. Mitteis. Reicbsrecht und Volksrecht in den nostlichen
Provinzen des rCmischen Kaiserreichs (point de départ indispensable
de lonte étude sur le droit gréco -romain). — Bonghi. Scritti varii ;
99S 1ICUIIL6 ritioMQvn.
vol. II (portraits des principanx acteurs de Ritargimenio, tracés par on
homme qui veut nous montrer en eux uniquement les ouTriers de cette
grande œuvre commune). =^ N<> 3. Compte-rendu du Ciongrès scienti-
fique international des catholiques tenu à Paris du !•' au 6 avril 1894.—
SoucailU. Historique de la société populaire de Béziers, 3 juillet 1790-
20 mars 1795 (bon). — B&rgmans. Répertoire méthodique décennal des
travaux bibliographiques parus en Belgique, 1881-1890. = N* 4. HerbsU
Zu Thucydides Erklœrungen und Wiederherstellungen (corrige le texte,
parfois avec hardiesse, tout en professant un grand respect pour la tra-
dition des mss.). — Simalka. Essai sur la province romaine d'Egypte
jusqu'à Dioclétien (très consciencieux). — Nieri. La Girenaica né
sec. V, giusta le lettere di Sinesio (peu neuf, mais intéressant, écrit tifcc
talent). — L Guibert. Les mss. du séminaire de Limoges. — /. FUm-
mermont. La journée du 14 juillet 1789; fragment des mémoires inédits
de Pitra (M. Fr. Funck-Brentano proteste contre des insinuations et dei
critiques dirigées contre lui par l'auteur). — Champion. Voltaire; étadei
critiques (apologie de Voltaire, mais par un écrivain de bonne foi, d'et-
prit éclairé et qui connaît son sujet à fond), ss N^ 6. Labande. CtXtr
logue sommaire des mss. de la bibliothèque d'Avignon. — ifoinifili.
Btudi e ricerche di storia ed arte (remarquable).
5. — Bulletin de correspondance hellénique. 1892, avril-août.
— V. Bébabd. Inscriptions d'Olympos. — Homollb. Contrats de prêt
et de location trouvés à Amorgos. — Fodgèbes. Inscription de SiaU-
mine. — La.ty8ghew. Notae marginales ad inscriptiones aliquot metri-
cas nuper repertas. — Lugovigh. Inscriptions de Kios en Bith3^e. —
FusTEL DE GouLANOES. Inscriptlons de Ghios (copiées par Fustel en 1854).
= 8ept.-nov. Doublet. Décrets de la communauté athénienne de Délos
(deux nouveaux décrets qui portent à neuf le nombre total de ceux que
Ton connaît maintenant. L'un comprend un décret des Athéniens de
Délos, l'autre un décret du peuple d'Athènes). — Fontbier. Le monas-
tère de Lembos près de Smyrne et ses possessions au xm« siècle, atec
une carte. — V. Bébabd. Inscriptions d'Asie-Mineure (97 numéros).
6. — ReTue archéologique. 1892, sept.-oct. — Dbloghb. Ëtndei
sur quelques cachets et anneaux de l'époque mérovingienne ; suite. —
J. Havet. « Igoranda • ou « Icoranda, i frontière; note de toponymie
gauloise (relève parmi les noms de lieu de France les formes telles que
Ingrande, Aigurande, Ygrande, la Délivrande, qui supposent un vocable
gaulois tel que icoranda ou igoranda signifiant frontière; ces noms
appartiennent, en effet, à des localités situées sur les limites d'an-
ciennes peuplades gauloises).
7. — Revue de rhistoire des religions. 1892, 8ept.-oct — Gouh
zxHBB. Le dénombrement des sectes mahométanes. — Esquisse des boit
sectes bouddhistes du Japon, par Gyau-nen, 1289 ap. J.-C., trsdoits
par Alf. MiLLTouD. » Nov.-déc. P. PiLais. Bulletin archéologique de U
uctsiLS réniooiQDis. 399
religion grecqae. — L. Dollfub. Garci Ferraos de Jerena et le Juif
Baena ; scènee de la vie religieuse en Eepagae à la fin du xiv* niècle.
8. — Revne des études Juives. 1892, avril-juin, — 1. Lëvi.
Bibliographie des travaux d'Isidore Loeb. — Al. Kohct. Les fêtes per-
EOnes et bab y lu ni nu nés mentionnées dans les Talmuds dp Babyloue et
de Jânisalem. — C. Bloch. Un episude de rhistoire commorcialo des
Juifs en Languedoc, 1738 (concernant le commerce des mules et mulets).
^ Juin. -sept. S. KiuiiB. Les autiquitéa gauloises daos le Talmud ^l^
mot ( Gailia; > peuplades gauloises; vêtements gaulois; mole cel-
tiques dans le Talmud). — Epstbin. La lettre d'Eldad sur les dix tribus
(contre MiiUer, qui lient cette lettre pour apocryphe). — 8. Kahn. Tho-
mas Flatter et les Juifs d'Avignon (pulilie les ooles où Tb. Platter
décrit les cérémoufes juives auxquelles il avait fréquemment assisté.
Ces notes avaient été omises dans l'édition donnée par la Soc. des
bibliophiles de Montpellier). — Cardozo de Bëthencourt. Le trésor des
Juifs Séphardim; Dotes sur les familles françaises Israélites du rit por-
tugais; suite (le rôle des Juifs bordelais de 1636).
B. — Nonvelle revue histopique de droit. 1892, d' 6. — U. Mon-
lOBR. — Éludes de droit bysantio. L'é7»£s).Ti ; suite. — Démisse. Recher-
ches sur l'application dn droit romain dans l'Iii^gypte, proviace romaine.
— Glabsor. Le droit de succession au moyen âge; suite et tin (seule-
ment eu droit privé ; l'auteur ne parle pas de la succession au trdne-
Son mémoire vient de paraître à part).
10. — Revue générale du droit. 1892, 4' livr. — Ahbois de Jusain-
VU.I.B. La saisie mobîliÈre dans le Senchus Mor; saisie avec délai ; suite.
= 3» livr. Reicu. Les institutions gréco-romaÎDes au point de vueévo-
lutionniate ; l'état-cité classique; suite et fin. = 6* livr. Vioheaui. Essai
sur l'histoire de la Praefeclura urbts k Rome ; suite.
11. — Anaalea de géographie. 1892, 15 oct. — L. Gallois. État
de nos connaissances sur l'Amérique du Sud; 1" art. : voyages et
explorations. — Vauchblet, La découverte de la Guadeloupe, 3 nov.
1493. — E. GuiLLOT. La France au Laos. = 1893, 15 janv. Gallouèdec.
Études sur la Basse-Rretagne : le pays de Léon. — âuebbach. Étude
sur le régime et la navigation du Rbin.
IS. — Revae de géographie. 1892, sept. — Bladâ. Géographie poli-
tique du sud-ouest de la Gaule franque, d'après le cosmograpbe ano-
nyme de Ravenne ; suite. — Première décade du ■ De orl» novo • de
Pierre Martyr d'Anghiera, traduite par P. Gaifarel; suite en nov.,
jaav. et fèvr. 1893. — A. Csaubeblanu, Le commerce d'importation en
Fiance au milieu du ivi' siècle (d'après deux mss. de la Bibl. nat. rédi-
gés vers I606j; suite en nov. = Nov. L. Drapeyron. Calcul chronolo-
gique et géographique des périodes de l'histoire de l'Amérique depuis
sa découverte par Christophe Colomb. — Bladè. Géographie politique
du snd-onesi de la Gaule franque, d'après le cosmographe anonyme de
400 IBCUKILS PiUODiaUES.
Ravenne ; fin (conclut, avec Oïhénart et Autegerre, que le premier ducbé
d'Aquitaine fut désigné par le nom Wasconia et ses habitants par cdiii
de Wasconês),
13. — Annales de TÉcole libre des sciences politiqaes. 4892^
i5 oct. — 8. DE LA RuPBLLB. Los financos de la guerre, de 17% à 1815;
suite : le trésor de guerre, 1810-1812; suite le 15 janv. (contributioM
payées par les états allemands). — Masure. La reconnaissance de la
monarchie de Juillet (art. très fouillé, où Tauteur a pu utiliser des
papiers inédits communiqués par les familles de Barante, Lobau, Mo^
temart et Pozzo di Borgo). = 1893, 15 janv. Fauchillb. Le Portugal et
la première neutralité armée, 1780-1783 (utilise largement les archifes
des affaires étrangères). » Masure. La reconnaissance de la monarchie
de Juillet ; fin (travail fait avec soin). — Véhah. De la condition des
étrangers en Alsace-Lorraine. — DEsarr. De la neutralisation de la
Suisse.
14. — Le Correspondant. 1892, 25 déc. — Kannemoiesser. L'Asso-
ciation populaire catholique en Allemagne; I (fin le 10 janT.). — Db&-
G08TBS. Joseph de Maistre avant la Révolution. Sa jeunesse et la société
d'autrefois (détails sur la famille de Maistre). = 1893, 10 janv. Pbset.
Le président Hénault ; II (très piquants documents sur la mort de Dubois,
sur le duc de Bourbon et M*« de Prie, sur Fleury). — E. ns Brogub.
Un Mécène de Térudition. Peiresc et ses lettres ; I (d'après la publica-
tion de M. T. de Larroque). => 25 janv. D'Hulst. La question biblique
(cet article n'est intéressant qu'en ce qu'il prouve que l'orthodoxie catho-
lique, comme la protestante, a définitivement abandonné la théorie de
rinfalllibilité absolue des Écritures). — Doudan. Lettres inédites à
M. de Bacourt; I (exquises; jugements politiques curieux sur 1847, 1848,
1851 ; sur Lamartine). — L. Perey. Le président Hénault; III (sur la
duchesse du Maine et M«« du Deffand, sur Voltaire et M»* du GhAte-
let à Sceaux).
16. — Revue des Deux-Mondes. 1893, {•* janv. — Vicomte
G. d'Avekel. La propriété foncière, de Philippe- Auguste à Napoléon;
l*' art. : La terre au paysan, mobilisation ancienne du sol (l'histoire de
la propriété pendant ces six siècles montre la mobilité continuelle, c et
la triple impossibilité d*empécher les riches de se ruiner, les pauvres de
s'enrichir et les pauvres à moitié enrichis de retomber dans le dénue-
ment, f Des faits intéressants, mais empruntés à trop d'époques dispa-
rates pour conduire à des conclusions qui s'imposent). — LnrnLHAC.
Turcaret et l'opinioa publique, d'après des documents inédits (montre
comment, depuis le commencement du siècle, un trésor de haine contre
les traitants s'amassa dans toutes les classes de la société ; signale plu-
sieurs pamphlets que Lesage a certainement lus et qui lui ont donné le
ton pour sa comédie, et les pièces de théâtre qui, avant lui, avaient
déjà mis les financiers sur la scène. Le gouvernement et le public applau-
dirent à Turcaret, joué sur l'ordre exprès du dauphin, 1709. La pièce,
RECDEiLS rÉaroDignES. 404
aBpt foia, tomba devant uae cabale organiaée par les traitantB). —
G. Descbaups. L'ite de Chio; Su (charmants récits de voyage où l'hiR-
lorien trouvera beaucoup à prendre), — Ch.-V, Langlois, L'éloiiueacc
sacrée au moyen âge (des grandes écoles et des genres particuliers de
prédication au xii* et au xiii° s,; des manuels et autres machines à fabri-
quer les sermons en usage depuis le xiv° a. L'éloquence sacrée tombe oiora
en discrédit, au moment où l'art de la parole se transforme au service des
orateurs politiques). = 15janv. Lavibbe. L'avènement du grand Frédéric
{tabteaa très saisissant des derniers mois de Frédéric-Guillaume et des
tout premiers débuts du règne de Frédéric). — V. Do Bled. Comédiens
et comédiennes d'autrefois ; fin. — BRtTNBTiËRE. La lutte des races et la
philosophie de l'histoire (à propos de l'ouvrage de GumplowicE, qui
vient d'être traduit en français). — Vicomte oe Voqùè. Un agent secret
de l'émigration : le comte d'Anlraigues (d'après l'ouvrage de M. Pin-
gsud). = I" févr. J. Klaczko. Rome et la Renaissance : le xvc siècle
(Michel-Ange el. les travaux dont le chargea Jules II eu 1506-1507). —
G. PsBKOT. La civilisation mycénienne {trace rapidement l'historique
de la question). — VALesaT. Albéroni et sa correspondance avec le
comte Rocca, ministre des Gnances du duc de Parme (à propos et à
'l'aide des lettres d'Âlhéroni que vient de publier M. Ëm. Bourgeois).
— BamtETiËRE. Lamennais (Lamennais fut un prophète, un b voyant; >
c'est pour cela que son iofluence a duré jusqu'à nous, et ce n'est pas
parce qu'il était breton qu'il fut cela).
16. — Académie des inscriptions et bellei- lettres. Comptes-
rendus des séances de l'année 1892, 4'.série, tome XX, sept,-oct. —
Beczev. Nouveauv monuments du roi Our-Nina, découverts par M. de
Sarzec. ^ Séances. 1892, 2 déc. Fougart. Étude sur les empereurs
romains qui se firent initier aux mystères d'Eleusis. ^ 9 déc. Oppbbt.
Le dernier roi d'Assyrie (est Sîn-sar-iskun , dont les Grecs ont fait
Baracos. Quant à Sardanapale, on n'a guère fait que commettre des
erreurs sur son nom). — Viollet. Gomment les femmes ont été exclues
de la couronne de France. = 23 déc. OrpsaT. Sur la détermination
exacte de quelques dates intéressant l'histoire biblique (ayant constaté
l'existence d'un cycle de dix-neuf ansdans le calendrier chaldéen, l'au-
teur arrive à fixer, avec une étonnante précision, les dates de l'avëne-
roenl de Nabuchodonosor, juib 605; de la destruction de Jérusalem,
31 juillet 58"; de la prise de Babylone par Cyrus, ÏÏ8 oct. 5391. = 1893,
ÎO janv. L. de Mas Latrie. L'empoisonnement poUtique à Venise (voy.
sur ce sujet, qui n'est pas nouveau, la flev. hist., XX, 105).
17. — Académie des sciences morales et poUtiqiies. Séances
et travaux, t^mpte-rendu. 1892, 11" livr. — Bardods. Le dernier voyage
de La Fayette en Amérique, 1824-25. — E. deBudë. Un théologien gene-
Tois au xvi(i* siècle : Jacob Vernet, 1698-1789. = 12" livr. BAL'DaiLLABT.
Les populations agricoles de la Lozère. — G. Picot. M. de Laveleye
(notice nécrologique). = 1893, 1" livr. Gb^abd. Un souvenir dos exa-
Rmv. HisToa. LI. 2« pasc. 26
403 IBC0IIL8 PtflKMlIQIIIS.
mens de la vieille Sorbonne ; le cardinal de Reti, fiossuel. — Glassw.
Les douze pairs du roi an moyen âge (avant Pliilippe- Auguste, les ptin
étaient les vassaux immédiats de l'ancien duché de France; c'est le
caractère que conservèrent les pairies ecclésiastiques; au zm* siècle^ la
pairie est une dignité attachée à certains duchés ou comtés. Obligations
des pairs de France du zm* au xvni* siècle). — G. Dspraie. La pre-
mière exposition des produits de Pindustrie firançaise en Tan VI, 4798,
d'après les documents. = 2* livr. BAUoaiLLABT. Les pop ul ati on s agri-
coles de TÂrdèche, Vivarais. — L. Lbqraiid. Les Universités françaiiei
et l'opinion (il est nécessaire de constituer de grandes Universités régio-
nales, mais il n'est ni nécessaire ni utile de supprimer les petits centres
d'enseignement supérieur comme ceux de Besançon, Aix et Glermont;
il est facile, du moment qu'on s'en tient seulement à œs question
secondaires, de trouver une transaction).
18. — Société nattonale des Antiquaires de France. Séanco,
i893, i7 janvier. — M. Femand Mazbbolle fisLit une conununication tn
sujet des œuvres d'art exposées en ce moment à Madrid ; il insiste par-
ticulièrement sur un livre d'heures peint pour le roi Charles Vlll et
contenant un portrait de ce prince ; sur un manuscrit florentin de
Piaute (XV* siècle) ; sur un manuscrit de Pétrarque et surtout sur les
beaux émaux exposés par M. le comte de Vaiencia y don Juan. = 25 jan? .
M. E. Babbloh communique une note sur ce qu'on doit entendre par la
monnaie thébronienne, qu'il identifie avec la monnaie d*or fnq>pée i
Éphèse en Tan 400 quand Thibron vint dans cette ville pour oiganiier
les forces qui devaient protéger les villes grecques d'Asie. — M. d* As-
sois DE JuBAiNviLLE Ut uuc uote sur les suffixes celtiques et ligures dani
les noms de lieux de Corse. — M. db Mohtaiolom signale, d'après les
mémoires du tyrolien Luc Geizkofler, des pièces de mariage frappées
lors du mariage de Henri de Navarre et de Marguerite de Valois (1572),
pièces inconnues aujourd'hui. = i*' février. M. Pmou communique
Tempreinte d'un tiers de sou mérovingien à la légende Dunoderu, Il
attribue à ce nom une origine gauloise et le sens de fortereuê, de/Hisos.
IB. — Société de lHiistoire du protestantisme fkmaçals. Balle-
tin historique et littéraire. i8d2, 15 déc., n« i2. — Èm. Picot. Lee
moralités polémiques ou la controverse religieuse dans l'ancien théâtre
français ; suite (« l'Église, noblesse et povreté qui font la lesive ; » c mora-
Uté sur l'Église chrétienne; • « le monde renversé; § c dialogue des
moynes ; • « tragique comédie de l'homme justifié par la foi >). —
N. Weiss. Le Cordelier Jean Perrucel devant le Pariement de Parie,
22-31 déc. 1545. — £. Camus. L'Église réformée de Moulins au xvn* e.
— LoDs. Étude bibliographique sur Tédit de tolérance, 4750-1789;
t* supplément. « 1893, 15 janv. Gassissov. Les préludes de la Révoa-
tien à Montauban, 1559-1661 (publie une plainte des huguenots à Mon*
taubau, 1668). — Wsiss. L'hérésie de J. Goujon, à propos d'un martyr
inconnu. Paris, 17 mai 1542 (Jean Goujon psimit avoir été eouvsrti as
ftICDEILS PJRIODIQOSH. 403
protsstantisme par un hugaenot obscur, GeoCTroy Le filanc, brûlé place
Maubert, lolTraai ihK\. — Agrippa d'Aubigné; récit autographe de sa
dernièro maladie et de sa mort, par sa ^euve, Renée Burlamachi. ■—
Thioawt-Geneste. Le temple du DéBert à la Roche-C balais. — La situa-
lion du proleatantisme français en 1825.
30. — Société d« l'blatoire de Parla et de l'Ile-de-France.
Mémoires. Tome XVm (18'Jl). — H. Omont. Essai sur les débuU de la
typographie grecque à Paris, 1507-15)6 (décrit 25 éditions d'ouvrages
grecs et publie leurs préfaces les plus intéressantes pour l'histoire de
l'homanisme. Lettres de Tissard et d'Aleandro]. — Ëm. Châtelain.
Le < livre n ou « cariulaire » de la nation d'Angleterre et d'Allemagne
dans l'ancienne Université de Paris (ce livre, récemment entré à la
BibliolhëtiDe nationale, complète les registres de l'ancienne nation
d'Allemagne dont les archives sont maintenantau complet. Description
et analyse minutieuse de ce manuscrit. Liste des signatures autographes
qni s'y trouvent, avec des notes biographiques sur chacun des sigua-
laires). — Cadier et Coudbrc. Cartulaire et ceasier de Saint-Merrj- de
Paris (le cartulaire comprend 59 chartes de 1156 à 1285. Le censier est
de mars 1307, v. st.). — E. Muntz. L'Académie royale de peinture et
de sculpture, et la chalcographie du Louvre. = Tome XIX (1892).
L. Acva&y. Documents parisiens tirés de la bibliothèque dn Vatican,
vn*-xni" s. (1" une charte d'Audebert, évéque de Paris, pour Saint-
Maur-des-Possés, 642; elle n'est peut-être pas tout à fait fausse, mais
elle a été ceriainenient très remaniée; 2* douze documents, chartes et
inventions, relatifs à l'abbaye de Saint-Magloire, xi*-xni* s. Tous ces
textes viennent du fonds de la reine Christine). — J. Gdtffrey. Les
manufactures parisiennes de tapisseries au xvn* s. (outre les Gobelins,
l'anteur signale les ateliers de l'hôpital de la Trinité, de la Savonnerie,
de la galerie du Louvre, des ouvriers [tamands installés au faubourg
Saint-Martin et au faubourg Saint-Germain. Mémoire important pour
l'histoire de l'industrie artistique sous Henri IV, Louis XIII et
Louis XIV).
21. — Annales dn Hldi. 1893, janvier. — L. Doghesnb. La légende
de sainte Marie-Madeleine (il n'y a aucune trace des saints de Béihanie
en Provence avant le si« siècle; c'est alors qu'apparaît à Véielay le
culte de sainte Madeleine et qu'est forgé le récit du voyage qni amena
Madeleine et Maximin de Palestine en Provence. A ce récit vint se rat-
Ucher, su siècle suivant, la légende de sainte Marthe, de qui l'on prétendit
trouver lo corps à Tarascon en 1187. Enfin, au xni* siècle, se répandit
en Provence la croyance que Lazare était venu dans ce pays avec ses
deux sœurs et qu'il avait été évéque de Marseille). — J. Tabdif. Une
version provençale d'une somme du code ; 1" art. — G. Douais. Les
guerres de religion on Languedoc, d'après les papiers du baron de Four-
quevaux; suite. — A. Tbokas. Notice sur une charte fausse d'Alfonse-
Jourdain, comte de Toulouse, 1154 (avec un fac-similé qui sufBt a lui
404 IKCUBILS PiUODIQVD.
seul pour prouver cette fausseté. Le faussaire a connu et imité une
charte d'Alphonse de sept. ii42, qui provient des archives de Saint-
André). — J. Brissaud. La charte de coutumes d'Escaceanx, 1271
(signale d'utiles variantes au texte publié par M. P. du Faur dans le
Bull, de la Soc. arch. de Tam-et-Garonne).
22. — Revue aMcaine. 1892, 3« trim. — Vaissièib. Les Ouled-
Rechaich; l*' art. (avec une carte des ruines romaines qui se trouvent
sur leur territoire et des voies romaines qui le traversaient). = 4* trim.
Une fôte nationale française à Tripoli en 1826. — Facuiah. L*histoiie
des Almohades, d'après Abd-el-W&hid Marr&kechi ; 5* art. — G. Jag-
QUETOH. H.-D. de Grammont. Notice nécrologique suivie d'une liste des
ouvrages; cf. plus haut, p. 99. — VAissiÈaB. Les Ouled-Rechaicb;
2« art. — Bbrrbllb. Ruines romaines d'Henchir-el-Hammam et man-
solée de la famille Flavia. — Fagman. L'histoire des Almohades, d'après
Abd-el-Wàhid Marrftkechi ; 6* art. — Gsell. Le musée d'Alger.
23. — Revue historique et arehèolo^qae du Matne. 1892,
2« semestre, tome XXXn, l'* livr. — Tamizby db Labroque. Vie et
lettres inédites du Père Mersenne. — Dom P. PiOLnr. Le théâtre chré-
tien dans le Maine, au cours du moyen âge; fin. » 2* livr. Tbigbb. La
maison dite de la reine Bérengère au Mans (il n'y a aucune raison pour
associer le souvenir de la reine, femme de Richard Gœur-de-Lion, avec
la maison qui porte aujourd'hui son nom, et qui est un édifice privé
élevé au plus tôt au xiv« s. Très intéressante étude d'archéologie et
d'histoire). — Lioier. La ville rouge à Tennie (décrit les vestiges antiques
de l'ancienne « Ville rouge » enfouie à Tennie et qui fut détruite par
un incendie, sans doute au m* siècle). — 3* livr. Taiozby de Larboqub.
Vie du Père Mersenne; suite. — S. db la Bouh^lbrie. Documents sur
rhôpital des Ardents du Mans. — Ahbé Dbnis. Le catalogue de la
bibliothèque de Claude Biondeau. — Moulard. Documents inédits snr
le collège de l'Oratoire du Mans, 1784-88. = Tome XXXm, i" livr.,
1893. G. d'Espinay. La réforme de la coutume du Maine en 1508. —
Comte DB Beauchesne. Le château de la Roche-Talbot et ses seigneurs;
suite (chap. vu, les d'Apchon).
24. — Jahrbnch der Gesellschaft fllr Lothringigche Ge-
schichte. Jahrg. IV, 1892, Haelfte 1. — Leuppried. Contributions à
l'histoire de la seigneurie de Bitche, 1570-1606. — W^ittb. La Lorraine
et la Bourgogne ; suite (luttes de René de Lorraine contre Charles le
Téméraire jusqu'au combat de Nancy, 1477 ; récit détaillé d'après des
documents inédits). — J. Floranqe. Adrien de Walderfingen, officier
de Charles-Quint (sa biographie ; généalogie de la famille de Walder-
fingen). — W. Wiboand. Regestes sur l'histoire de Tévéché de Mets,
d'après les archives du Vatican (49 pièces de 1216-1241). — V^Tolfbam.
La chasse au loup en Lorraine. — A. Wittb. Le mariage du prince
Nicolas de Lorraine avec Anne de France (lettre de Louis XI da 23 oct.
RKCOBtL» FéHIODlQDSS.
146S, avec des èclairciaBeœentB sur les rapporte du roi avec la Bour-
gogne et la LornuDp). — Hofpuahn. Les petites aatiquilCE du musée de
Metz (catalogue très détaillé). — Wolfham. Nouvelles acquiaitions de
documenle pour les archives du district de Melz (la plus importante est
celle des archives de la famille de Heu).
S6. — Aaalecta Bollandiana. ]89S, n- 1, — J. Sihkohd. Vita
8. Pauli junioris in moute Latro cum ÎGterpretallone lalioa. —
E- L'HÛTB. Les reliques de saint Die, évflque de Nevcrs (démonalration
de lenr authenticité). = Comptes- rendus : Gi/furd et ReiuUU Harrii. Les
actes grecs des saintes Félicité et Perpétue (intéressant). — Knisch. Die
âlieste Vita Leudegarii (des deux vies do saint Léger, c'est l'anonyme
qni a le plus de valeur, et non celle d'Urain. L'étude de K. est des
plus remarquabloB|. = N" 2. Transialio sanctorum martyrum Candidi
et Victoris in monasterium Walciodorensc ad Mosam. — Calalogus
codtcum hagiographicorum latioorum bibltotbecae Mediolaneoeis. —
Un nouveau manuscrit des actes des saintes Félicité et Perpétue (il
g'agit d'un manuscrit du si' siècle retrouvé à la bibliothèque Ambro-
«enne de Milan). = Comptes- rend us : Galbert de Bruges. Histoire du
meurtre de Charles le Bon, comte de Flandre, éd, Pirenne (i^avante
édition; cf. Revue hiitorique, L, 456, 457). — fl. L'Huillier. Saint Tho-
mas de Cantorbéry (critiques assez sévères). = N" 3 et 4. Arndt. Vita
et miracula S, Stanislai Kostkae conscripta a P. Urbano Ubaldini. ^
Comptes- rend us : Clair. Vie de saint Ignace de Loyola (n'a pas suffi-
samment distingué l'histoire de la légende).
26. — Analectes pour servir b. l'histoire eccieslastlqne de la
Belglqne. XXIII, 3" livr. — De Leuze. Documents relatifs à la ^-icai-
rerie de Laroche (chartes des évoques de Liège et de Philippe iV d'Es-
pagne au sujet des contestations du curé de Laroche avec ceux de
paroisses voîsinosl. — Reusens. Fondation du couvent des Carmélites
déchaussées à Malines (documents d'archives sur les premières acqui-
sitions d'immeubles). — Ordonnance de Charles-Quint sur le clergé fla-
mand (il ordonne, le 24 octobre 1536, au président du conseil de Flandre
de faire une enquête au sujet d'abus commis par le clergé de la ville
de Bruges; il ne s'explique pas davantage sur ces abus). — Evrard.
Documents relatifs à l'abbaye de Plône (notice sur celte ancienne
abbaye d'Auguslius située près de Uuy; liste des abbés depuis 1140
jusqu'à 1778; i" partie du cartulaire; va de 1091 à 1253).
87. — Compte-rendn des avances de la commlsBloo royale
d'histoire de Belgique. 5" série, II, n" 2. — N. db Pauw. Son Excel-
lence Gilles de Hase, Gantois, généralissime de la républiijue de Venise
(d'après des lettres autographes, des documents inédits eL une généa-
logie de sa famille jusqu'à nos jours). — P. Génabu. Note sur Corneille
Banders, seigneur dans Hemirem (personnage mystérieuï qui fut doca-
406 ucmu piuoDiQVD.
pité 6oa8 le règne de Philippe le Bon pour des motifis %norés jnsqu'i
présent). — A. Gaugbib. Mission aux archives vaticanes (réenmé de
documents inédits et pleins d'intérêt sur la répression de Tl
lettres d'Alexandre YI pour défendre les immunités
dans le duché de Brabant; id. de Philippe II; de Biarguerite de Parme;
du duc d'Albe; d'Alexandre Famèse; curieuse lettre de Guillaume le
Taciturne au. pape Pie lY. Cest à tort qu'on l'a accusé de négliger les
devoirs d'un prince catholique et orthodoxe. H explique comment il a
jusqu'ici veillé aux intérêts du catholicisme dans sa principauté dX)range.
L'auteur termine par des considérations très judicieuses sur l'utilité
qu'il y aurait pour la Belgique de créer une école d'histoire à Rome).
28. — Bulletin de rAcadémie royale des BdanoeB, des lettres
et des beanx-arts de Belgique. N« 8. = Cîompte-renda : C. Piot,
Correspondance du cardinal de Granvelle; t. IX (renseignements précis
et en partie nouveaux sur les événements de Tan 1582). »• N* 9. Ë. Go-
blet d'Alviella. Note complémentaire sur le thème symbolique de
l'arbre sacré entre deux créatures affrontées. — J. P. Walteuiq. Décou-
verte archéologique faite à Foy en mai i892. Une inscription latine iné-
dite (cette inscription prouve l'existence à Foy, au i^ siècle de l'ère
chrétienne, d'une station militaire romaine importante, fiait inédit). =
N* ii. Compte-rendu : A. Wauters. Table chronologique des chartes et
diplômes imprimés concernant l'histoire de Belgique; t. VIII (va de 1301
à 1320).
29. — Bulletin des Commissions royales d*art et d^archéolo-
gie de Belgique. 1892, n^* 5-6. — H. Rousseau. Histoire de la sculp-
ture en Belgique ; suite (retables de Ham-sur-Heure, de Tongres, de
Liège, etc.). — J. Dbstréb. Recherches sur les enlumineurs flamands;
suite (étude sur le plus ancien livre d'heures de Maximilien I*', de 1486,
avec reproduction des miniatures; missel deDixmude; les B^ng). —
H. Rousseau. Biographie de J. Rousseau (critique d*art et directeur des
beaux-arts en Belgique, 1829-1891). = N»» 7-8. E. VANDEasraAErra.
Épisodes de Thistoire de la sculpture en Flandre d'après des documente
inédits. Audenarde et Ypres (d'après les archives et les œuvres). —
H. Sghubbmans. Ëpigraphie romaine de la Belgique; suite (étude d'ins-
criptions découvertes dans le Luxembourg). — H. RoussRàu. Deux
églises romanes aux environs de Liège (Saint-Nicolas en Glaen et Baint-
Séverin en Gondroz).
30. — Annales de PAcadémie d^arohéolo^e de Belgique.
XLVII, 3* livr. — H. Vam Duysb. Note pour servir de guide aux visi-
teurs des ruines du château des comtes de Gand (excellente notice his-
torique). — J. B. Stogkmans. Notice historique sur le château de
Cleydael; suite. — Wauvermams. Le marquis de Verboom, ingéniear
militaire flamand au service d'Espagne au xvii* siècle (Verboom, né à
Anvers en 1665, fut l'organisateur du corps du génie en Espagne).
RECimiLB PÉKIODrQDES. 407
11. — BnllfltlD da la Société royale belge de géoRpaphle.
1892, o" i. — Van Wbrvekb. Le cours de l'Escaut et de la LyB-Durme
i moyen âge (iotëressaDt , étudie les modiScations de la rîvii^ro depuis
loTii* siècle). — A. on Bois. Aperçu relatif à rioslitmion des postes
(beaucoup de détails sur l'organisalion postale en Belgique au iviip 9.).
— F. Levtbui. Quelques cousidératious sur les centres de civiJiEstion
(la Doissance des civilisattoas est soumise à des lois physiques). —
A. Habod. Uoe excursion en Campine (bonne monographie de l'iinpor-
lante commune d'Hoogstraeten). = N- 5. J. ou Fief. Christophe Colomb
et la découverte de l'Amérique (rien de neuf). = N° 6. L. Navez. De
la transformation actuelle du monde civilisé léluiles sur la densité et
l'accroissement delà population). — A. D'UEaBouEz. Géographie histo-
rique du Tournaisis; suite Igëographîe politique depuis le v* siècle
jusqu'à 1831).
13. — Heasager des sciences blstoriqnes de Belgique. 180!,
I. — J. B. Béthune DE V1LLBH6. Musée lapidaire des ruines deSaint-
Bavon. Dalles funéraires retrouvées à l'écluse des Braemgaien (inté-
reea&ntM au point de vue archéologique), — A. de Rmoen. Une rela-
1 inédite de l'inauguration des archiducs Albert et Isabelle aux
Pays-Bas (d'après un registre des archives héraldiques du ministère
des affaires étrangères à Braiellea. De R. attribue cette relation au roi
d'armes Michel Maurissens). — P. Behqhiims, Analecies belgiques ; IV : ■
PetfQS Massenus Moderatue, maître de chapelle de Ferdinand 1" (c'est
un Gantois qui partit pour la cour d'Autriche à la suite de démarches
bites auprès de lui par Marie de Hongrie). — A. d'Hebsosm. I.'évéché
de Tournai-Noyon, 552-H46 (peudant six cents ans l'union des deux
diocèses n'a été mainlenue que dans un intérêt politique). — E. Varbn-
bbhoh. Jacques-Philippe de Wulf (complément important à la notice
lédigée par l'auteur pour la Biograph. nation, sur ce grand juriscon-
lulte). — W. ne Habiinb. Réérection de la paroisse de Waterviiet en
Flandre k la fin du sv et au commencement du xvi* siècle. — P. Claevs.
Une réhabililation au xvi' siècle (en 1541, Charles-Quint Gt réhabiliter
Lîé'vin Pyn, échevin de la keure, condamné à mort, deux ans avant,
du chef de trahison), = Compte-rendu : //. Cholnrd. Louis XFV, Lou-
voie, Vanban et les fortifications du nord de la France, d'après des
lettres inêditea de Louvois, adressées à M. de Chazerat, directeur des
fortifications à Ypres (intéressant, mais l'auleur a négligé de consul-
ter les archives yproises ainsi que les histoires particulières de cette
ville). — fi. Michel. Les Vandevelde (étude très complète). — L. Qit-
UodU. Coutumes du quartier de Bruges ; t. V (Sysseele, Thouroat et
Waterviiet). — £. SoU. Les tapisseries de Tournai (excellent). — Pyf-
ftrotn. Du sénat (bon).
3. — Le Mnséon. 1892, n* 1. — E. Beauvois. La découverte du
Groenland par les Scandinaves au x" siècle (étude sur l'exploration d'Ei-
rik, 983-985, et sur la colonisation da Groenland par les Islandais à
408 iicmuLs p<iioMQon.
eette époque). — £. Bjlbblov. La chronologie des rois de Gitium (ètade
de quelques points de l'histoire de Chypre sons la domination àa
Perses Âchéménides Evagoras, Demonicus). — R. Bassbt. L'insurrec-
tion algérienne en i87i (recueil de chansons populaires kabyles de cette
époque). — G. db Baklez. Le mariage de Tempereur de la Chine (extraite
du rituel impérial). = Comptes-rendus : P. de Gavardie. Les invasioos
dans rinde. Nadir-Chah, Dupleiz, domination anglaise (traduction d'un
ouvrage indigène regardé comme classique dans Tlnde). ^ N* 5. G. Màb-
SABOu. Grande inscription de Nabuchodonosor. = Compte-r^da :
y.-P. Waltzing. Le recueil général des inscriptions latines et i'épigra-
phie latine depuis soixante-dix ans (excellent). = 1893, n* i. Ed. Du-
LAURiEB. Histoire de la princesse Djeuhar Manikam (contes et récits
traduits du malais). — A. Vah Hoohagkeb. Le vœu de Jephté (expose
la polémique des prophètes, et en particulier de Jérémie et d'Ézédiiel
contre les sacrifices d'enfants).
34. — Rerne belge de nomismatique. 1892, n® 4. — K Babelom.
Numismatique d'Édesse en Mésopotamie (va depuis Marc-Aurèle jus-
qu'à Caracalla). — B. de Jonghe. Un triens signé par un monétaire
mérovingien inconnu jusqu'à ce jour et frappé dans un atelier nouveau
(propose de l'attribuer au Novum Castrum du Limousin). — Th. Robst.
Essai de classification des monnaies du comté puis duché de Gneldre;
suite. — Comte Maurhi de Nahuys. Thaler commémoratif frappé à
Emden en 1571 et se rapportant aux troubles des Pays-Bas (ce thaler
fait allusion à la tyrannie du duc d'Albe). — A. Delbeke. Monnaies
grecques et médailles modernes. — V. Lemaire. I/es procédés de fabri-
cation des monnaies et médailles depuis la Renaissance; suite. — Bio-
graphies de Dugnioile, Vallier, Penon et Henseler (quatre numismates
1 1892). = Comptes-rendus : A. Heiss. Les médailleurs de la Renais-
sance. Florence et les Florentins du xv* au xvn* siècle (grande érudi-
tion historique et artistique ; planches parfaitement exécutées). —
L. Naveau, Le Perron de Liège (soutient que le Perron n'est qu'an
calvaire). -- J. A. Blanchet, Études de numismatique (excellent). =
1893, n* 1. A. de WrrrE. Une monnaie belge de convention au com-
mencement du XI- siècle. — Tbachsel. Philibert II duc de Savoie
(1497-1504). Liste monographique de ses monnaies et de ses médailles.
— E. Vanderstrabten. La maille audenardaise. = Comptes-rendus :
De Belfort. Description générale des monnaies mérovingiennes (précieux
instrument de travail), —fi. VaUntin. Un atelier monétaire à Courthé-
zon, 1270 (intéressant).
35. — Revue de Belgique. 1892, n® 9. — G. RAm^EHBscK. Les
trois régentes des Pays-Bas; suite (Marie de Hongrie). =r N* iO. L).;
suite (Marguerite de Parme). = N« 11. E. Gossart. Deux filles natu-
relies de Charies-Quint : Thaddée et Jeanne (on vient de trouver la
f^^n^ ^® ^®^'* existence dans les archives de Simancas; Thaddée était
la fille d'Ursolina, veuve de Valentin de Cancellieri; elle naquit à
BECCRILS r^BIODIQCBS, 409
Bologne en 1522, épousa Hinibald de Copeschi et mourut après 1562.
Jeanne était iille d'une Espagnole et naquit ea 1523; elle fut élevée et
moanit probablement au couvent des ÂuguBtines de Notre-Dame-de-
Gràce à Madrigal}. ^ N< 12. A. du Buis, La Belgique p<?ndant la guerre
franco-allemande de 1870-1871 (beaucoup de faits intéressante et peu
connus).
36. — R«vne générale de Belgique. N* 10. — A. de RmoEB. Les
souvenirs du maréchal Macdonald et les mémoires militaires sur le pre-
mier empire (étude sur les mémoires do Macdonald récemment publiés).
= N* 11. C. WoESTE. Les mémoires du prince de Talleyrand (eiamine
ce qui concerne la fondation du royaume de Belgique), = 1893, n- 1.
Ad. DBLvifiire. Philippe le Bon et la politique française {d'après l'his-
loire de Charles VII du marquis de Beaucourt).
37. — Revue de l'Instractlon publique en Belgique, 1892,
5* liîr, — A. Waqeneh. Hommage à la mémoire de Sctiliemann à l'oc-
casion du premier anniversaire de sa mort. — 6' livr. Comptes-rendus :
Von Bttoiv. Der Urspning der deutschen Sladtverfassung (a le grand
mérite d'avoir insisté sur les petites villes). — F. Brabant. Histoire du
moyen Age (très bon manuel).
3B. — Bulletin de TAcadâmle d'arobAologie d'Anvers. 4< s.,
II, n" 1. — C. RuELENS, Deuï chansons de 1724 sur les faux monnayeurs
(concernent probablement la rivalité des projets monétaires Van der
Borcht, Joris et van Kessel. Cf. Géoard, Notice sur rh6tel des mon-
naies d'Anvers, !873|. — A. Wauïebmans. Biographie du D' Lam-
brachts (fondateur de l'Académie d'archéologie d'Anvers, 1795-1889). —
C. HusLEns. Les phases historiijues de l'imprimerie h Anvers. = N* 3,
P. Gëhahd. Les œuvres d'art de l'ancienne église collégiale de Hoogstra-
ton (détails intéressants sur les sépultures et l'histoire des comtes de
Lalainget des princes de Salmj. = N" 4. Cl. van CAUWENasRoas. Notice
historiqae sur les peintres verriers d'Anvers du xv* au xix* siècle. —
Ed. Gbcobns. Le jugement dernier et tes sept œuvres de miséricorde,
par Bernard van Orley (1490-1541), notice historique sur l'origine de
cette œuvre (intéressant). — P. Cooels. François Pilseo, peintre et gra-
veur (1700-1786). — A. GoovAEBTs. Biographie du chevalier Léon de
Burbure (musicologue et archéologue très distingué, 1812'1889). —
P. ËttREKA. Les masuirs (recherches sur les formes anciennes de la pro-
priété en Belgique). = N" 9. Wauvehhahb. Les ruines de la villa romaine
de Jemelle (cette villa semble avoir été construite vers l'an 357 par l'em-
pereur Valentinien).
39. — BuUetln de la SoclétA d'art et d'histoire du diocèse de
Itiège. 1892, VU. — J. Dem\rtf.\l^ La première église de Liège, l'ab-
baye Notre-Dame (dissertation ingénieuse. L'auteur prouve que la plus
ancienne église de Liège fut non Saint-Lambert, ni l'oratoire des 8S.
Cosme et Damien, mais un sanctuaire dédié à Notre-Dame). — Stou-
445 ucraiLs nfiiOMQins.
RBN. L'ancien ban d*01ne et la domination des cahriniates dans ce te»
toire (description et histoire de cette importante commune depiiii k
XI* siècle ; détails intéressants sur les protestants d'Olne depuis iitt
jasqn'à la fin de l'ancien régime).
40. — Bnlletln de la Gommiasion de lliiatolre des égUsH
'wallonnes. 4892, n« 4. — J. B. Ean. Pièces concernant rhistoire de
la famille Ribaut (persécutée à la Rochelle en 4688). — P. J. Bumn.
Extraits de la correspondance des ambassadeurs des Provinoes-Uniai
la cour de France, 4680-4725 (correspondance de G. Hop; réclamttloiri
adressées à la cour de France au nom de réfugiés protestants). =
Gomptes-rendus : De Sehickler. Les églises du Refuge en Angl^ecn
(excellent). — P. Pascal. Élie Benoist et Téglise réformée d'Alençoa
(intéressant, mais en désordre). — Pynaeker, Biographie de J. A. Sloop
(pasteur à Dordrecht, 4843-4894).
41. — Revue bènédiotlne de Tabbaye de Karedsoiu. iS92,
n* 8. — D. G. MoRHf . Amalaire (l'évéque Amalaire de Trêves et le litn^
giste de Metz ne font qu'un; biographie du personnage d'après desdoca-
ments inédits). — D. G. yam Galobn. L'Église au Ghili (détails intérei'
sants sur l'histoire religieuse au Ghili au xix* siècle). — D. L. Jahnssbs.
Dom Gabriel Wûger (biographie d'un moine-peintre des Bénédictins de
Beuron, 4829-4892). — D. U. Beruère. Mélanges d'histoire monastique
(le moine Richer de Waulsort ; la fondation de Tabbaye d'Épinlieo en
4246). — D. G. MoRiN. La lettre de saint Jérôme sur le cierge paseel
(réponse à quelques objections de Tabbé Duchesne). = N* 9. D. L.
Jànnssens. Galilée et la Belgique (d'après le livre de Monchamp). —
D. W. H. Un abbé d'Egmond au xiii* siècle (biographie de Lubertll,
chef de l'abbaye bénédictine de Saint-Adalbert d'Egmond en Hollande
de 4240 à 4263). — D. U. Berlièrb. Mélanges d'histoire monastique
(les falsifications de Trithème ; Olivier de Langhe commentateur flamand
de la règle de Saint-Benoit au xv* siècle; la fondation de l'abbaye de
Saint-Remy près de Rochefort). = N® 40. D. Morin. Le premier volume
des Anecdoia Maredsolana (l'abbaye de Maredsous entreprend la publi-
cation d'une sorte de spicilège ; le tome I est consacré à l'édition da
Liber Comicus de Silos, représentant un ordre liturgique à peu près
inconnu jusqu'à ce jour). — D. U. Berlœre. Gluny ; son action reli-
gieuse et sociale (étudie les circonstances qui ont amené l'abbaye de
Gluny à exercer une action sociale considérable). =: N* 44. L. Maur».
L'homéliaire d'Alcuin retrouvé (c'est le manuscrit latin 44302 de la
Bibl. nat. de Paris). — Berlièrb. Travaux poétiques du collège béné-
dictin de Saint- Adrien à Grammont (contribution à l'histoire littéraire
des Bénédictins en Belgique au xvii* et au xvm* siècle).
42. — Dentsche Zeitschrift fur Oeschlchtvwisaeiiaeliaft
Bd. VIII, Heft 4. — F. Gauer. Aristote considéré comme historien
(Aristote est aussi grand comme historien que comme philosophe; ses
KECUEILB P^BIODIQUES.
414
oublis, ses erreura même sont uo enseignement; mais il n'est pas rea-
ponsttble du traité sur la constitution d'Athènes). — F. von Bbïold.
L'astrologie au moyen Age et son histoire. — Pr. Ahnheim. Contribu-
tions à l'biatoire de la question Scandinave dans la seconde moitié du
xvm* s.; Bn (la politique Scandinave des puissances européennes dans
les années 1767-1769). — Caubr. Arîstole considéré comme historien
(addidons au mémoire cité plus haut: l'auteur signale les principaux
articles parus depuis que son article avait été imprimé ; il maintient ses
conclusions, surtout contre Nissen). — N. v*.N Wesvbke. En quelle
année naquit l'empereur Henri VII? (on le fait naître â Valencienoes,
le 12 juillet 1262; mais sa mère, Béa tri s d'Ave sues, n'épousa Henri IV
qu'en 1275, et par conséquent il naquit au plus tât en 1276. Il avait
donc seulement trente-deus: ans quand il Fut élu roi et trente-sept ans
A sa mort). — A. Wyss. Le carlulaire mitoicipal de Worms (critiques
de texte sur le tome II publié par Boos). — 0. Hahnack. L'orthographe
russe. — MiNZEs. Les études historiques en Bussie (esquisse bibliogra-
phique). — Masslow et HoMUEHFBLDT. Bibliographie de l'histoire d'Al-
lemagne; suite ; époque moderne.
43. ~ HlatoHscIies Taschenbach. 6» Polge, 1892. — "W. Onckeh.
A la veille de la guerre de l'Indépendance en 1813 (r6le politique joué
par Hermann de Boyen, alors colonel, plus tard feld -maréchal, pendant
les derniers mois de 1812 et au commeacement de 1813; d'après les
mémoires de Doyen publiés par Nippold et des documents inédits du
P. Hecord OfBce. Détails sur les oégociations entre l'Angleterre, la
Suéde et la Russie. Ce que Doyen dit sur la situation politique du roi
de Prusse & cette époque est souvent erroné). — Wblzuofbii. La bataille
de Salamine (les Perses ne furent pas vaincus par les Grecs; la balallle
resta indécise; les Grecs se retirèrent sur Calamine avec de grosses
pertes, tandis que Xerxés maintenait sa position devant Athènes. La
retraite de Xerxés ne fut pas une fuite; il rentra dans ses états après
avoir atteint son but de soumettre les Athéniens. Critiqne très vive des
récits fournis par les historiens grecs sur la bataille. C'est quelque
temps après qu'on s'est imaginé à Athènes de transformer le combat
en une brillante victoire). — Mahrenholtz. Frédéric le Grand écri-
vain (1* sa situation à l'égard de la philosophie française; ses écrits
témoignent d'un heureui mélange de la protondeur de pensée germa-
nique et de l'esprit français; 2" Frédéric occupe une grande place comme
historien; 3" Frédéric considéré comme éducateur de son peuple; ses
écrits sur la morale et la pédagogie; \' Frédéric poète). — J. Krebs, La
conspiration de Pillau en 1759 (ourdie p^r les sujets prussiens ponr
délivrer la ville et la contrée de l'occupation russe ; elle fut découverte,
et les coupables furent envoyés en Sibérie). — KLsrNSCHHiDT. Le comte
F.W. Ros(opchine,ITG5-l826; sa vie et sa politique (d'après des sources
russes) . — Gees. Ignace de Loyola. — Waseshuth. Les rues et les mar-
chés k Athènes dans l'antiquité,
44. — GtEttlngiachegelelirte Ansalgen. lS?li,n' tS. — Vhlenbeck.
442 EBcunis riuoMQins.
Verslag aangaande een ondezoek in de archieYen van RnaUnd ton bitB
der Nederlandsche geschiedenis (recueil très important de matéritox
pour rhistoire politique des Pays-Bas hollandais an xyh* et an xvm^i.,
tirés des archives de Moscou ^ de Pétersbourg et de Dorpat). — F. DetUr.
Zwei fomaldarsôgur (deux landes islandaises concernant des éy«i»-
ments préhistoriques dont le théâtre est en règle générale le Nord seto-
dinave). ^= N« i9. Mœller. Lehrhuch der Kirchengeschichte; fid. Il:
das Mittelalter (manuel très consciencieux et très soigné). — Àl. SehuUê,
Markgraf L. W. von Baden und der Reichskrieg gegen Frankreidi
4693-1697 (deux vol. très intéressants, dont un de documents). = N« 21.
Bemoulli, Âcta pontificum helvetica; Bd. I : ii98-i268 (publicatioa
très utile et bien conduite). — Les Universités allemandes (analyse ks
publications de Friedlaender sur Francfort, de Hofmeister sur Rostock
et de Sillem sur Hambourg). — Reimer. Hessisches Urknndenbach;
2* partie : zur Geschichte der Herren von Hanau (important ei bien
publié). s> No 23. Jshns, Geschichte der Kriegswissenschaften, vomebxD-
lich in Deutschland (ouvrage très étudié, mais beaucoup trop touilo;
c'est une mine de faits intéressants). — D. BurckharéU. A. Dùrers
Aufenthalt in Basel 1492-4494 (Dehio critique ce livre plus qu'il ne l'ap-
prouve, mais déclare que c'est un des ouvrages les plus importants qui
aient encore jamais été consacrés à Diirer). = N* 24. Fr. Dittriek.
Nuntiaturberichto Giovanni Morones vom deutschen Kônigshofe 1539-
1540 (Friedensburg s'étonne que Dittrich ait osé produire un ouvrage
aussi insuffisant à tous égards). — Von Schulte. Die Summa magistri
Rufini zum Decretum Gratiani (travail important, mais le texte n'a pas
été publié avec une critique assez rigoureuse). := N* 25. Euling, Ghro-
nik des Johan Oldecop (Oldecop naquit à Hildesheim en 4493 et y mou-
rut en 4574; sa chronique raconte les luttes religieuses dont le diocèse
de Hildesheim a été le théâtre; on n'en connaissait jusqu'ici que des
fragments).
46. — Hermès. Bd. XXVm, Heft 3, 4892. — G. TaiEBBa. L'idée
des quatre empires du monde (c'est à partir de 490 av. J.-G. qu'on a
vu dans l'histoire générale quatre grands empires qui ont successive-
ment dominé le monde : assyrien, médo-perse, macédonien et romain;
cette idée a exercé une grande influence sur la formation de la chrono-
logie romaine. De l'ère de (kton, qui place la fondation de Rome en
754 av. J.-C). — E. Mbybr. Parerga homerica (4"* les fragments de
l'Iliade publiés par Flinders Pétri et leurs rapports avec le texte clas-
sique ; 2^ l'Homère véritable n'a pas connu Thésée, qui a été introduit
dans le poème par des interpolateurs attiques ; 3o le premier jour dn
mois, la nouménie, était à Samos la fête d'Apollon ; 4* le poème sur la
rivalité d'Homère et d'Hésiode remonte à des temps très anciens). —
Gbffgken. Saturnia tellus (passages de Strabon, Varron, Denys, Pline,
Virgile, contenant des descriptions de l'Italie; leurs rapports entre eux
et leurs sources). — Wbllmann. Juba et Éiien (ce dernier a fréquem-
ment utilisé Juba). — Noack. La composition de l'Enéide (la première
LCtioQ fut terminée en 29; elle ne comprenait que les six premiers
Très; le plan de la seconde rédaction, faite sur le modèle d'Homère et
Bmplie de légendes romaines et italiques, était arrêté en 25; mais le
oète en fut mécontent au point qu'il demanda de la détruire aprèe ta
aort|. — Htenuel. L'oracle sur les jeuï sécolaires d'Auguste. — Wil-
kEif. Un document sur l'histoire de la guerre de Trajan contre les Juil's
■'après le papyrus 68 de la BLbl, nat. de Paris; sources pour l'iiistoire
le cette guerre). = Ueft 4. M. Mayes. Mythistorica (1* les mythes de
(égare et surioul cem de Pandion et de Térée; 2° te héros Jacor, iden-
Iqae & Hemaon; 3' Caree et Lélèges; leurs rapports entre eux et avec
H peuples de l'Asie- Mineure | . — Viebeck. Documents des archives
TArsiDoé en 2i& ap. J.-C. (d'après les papyrus de Berlin ; ils contiennent
les ordres de hauts fonctionnaires relatifs à l'administration de l'Egypte).
- C. F. Leidunn. Le traité sur la constitution d'Atiiènes (critique du
bap. I, en ce qui concerne les poids, les mesures et les monnaies
L'Athènes). — Dbssad. Les Scriptores historiae augustae (réplique aux
iritiqaes de Secck et de Klebs; maintient que ces biographies ont été
idigées â la Qn du rv* s. et qu'elles reposent sur do grossières falsifica-
ttona). — B. tÎEiL. Les chiffres employés sur les monnaies de l'Attiquc
lour indiquer la valeur de l'argent (ohole et petites monnaies). —
i. 'WiXLFFLin. Les anuales d'Hortcnsius (elles se rapportaient sans
joute uniquement à la guerre sociale).
' 48. — Neae Jahrbflcher fUr Philologie and Fsedagoglk.
Id. CXLV, Helt 4-5, 1892. — Mbubs. La rfiligion de Thucydide ll'liis-
Dfien ne voit dans les phénomènes de la nature que des mouvements
ihysiques; il nie la réalité des prodiges et considère les oracles comme
me œuvre purement humaine; nulle part il n'admet un gouverne-
bent providentiel du monde ; il ne lui fait aucune place dans sa con-
leption de l'histoire). — Bubescb. Contributions aux oracles pseudo-
làbyllins (explication et corrections critiques). — B. Scquiot. La
■Opographie de Corcyre. — 0- E. ScmunT. La date de la bataille de
■fodène(2l avril iZ av. J.-C; détails sur les événements qui se sont
kccomplis du 14 avril au 20 mai; détermine la chronologie de plusieurs
lÉttres de Cicéron et de ses amis). — Hosius. Lucain et Sénèque (Lucain
Isubi l'iniluenue philosophique et historique de Séaèque et l'a imité
m beaucoup d'endroits). ^ Heft 6. H. Kj.uob. Scènes de combats
lomâriques avant Homère (détails qui ornent des objets de toilette
roavës à Mycènes; il se peut que l'auteur de certaines scènes de l'^Jiadï
iteu de pareilles images sous les yeux). — W. Schwahi. Une îns-
iHptiOQ funéraire d'Egypte (C. /. G. 4708 ; elle montre une combinai-
Da d'idées d'origine grecque et égyptienne). — B. Lupus. Syracuse
critique l'appendice de Cavallarî à la topographie archéologique de
elle ville). — GoRLirr. La correspondance de Cicéron avec M. Brulus
l'ordre des lettres I, 3 et I, 16-18, tel qu'il se trouve dans tes mss., a
té bouleversé). — R. von Scala. L'histoire des rois de Rome dons
Kodore (a été prise & Polybe). = Heft 7. Roscosa. La mort du ■ Grand
444 ucunu pfeioDiQU».
Pan 9 (légende d'origine égyptienne ; le Mendee égyptien a été Ida-
tifié par les Grecs avec Pan). — £. BncHOFr. Les calendriers grecs (In
calendriers thessalien, perraibien^ celui de Halos et œox des antni
Tilles phtiotiqnes). — G. Hubo. Les ponts jetés sur le Rhin par J. Cé-
sar. — GiBsiNo. La tactique des Romains (à l'occasion dn livre de
Fr. Frœhlich sur les guerres de César. Recherches snr le rang et ki
fonctions des centurions). » Heft 8-9. F. Reuss. L'Anabaae de Xéno-
phon (note de nombreuses interpolations dans le texte). — F. Blas.
Mss. sur papyrus (corrections et additions au texte d'Aristote publié
par Kenyon et au texte des discours d'Hypéride contre Philippidèi,
contre Démosthène et pour Lycophron). — Gadbr. Le jugement d'Aris-
tote sur la démocratie (signale des contradictions sur ce point dans la
écrits authentiques d'Âristote et dans certains passages de la constitn-
tion d'Athènes). — W. Schwarz. Une route de commerce dans l'aB-
tiquité (celle de llnde par TÉgypte; traite surtout des routes qui
menaient du Nil à la mer Rouge, de Koptos à Bérénice et de KopCos à
Leukos Limen). = Heft 10. WBLseorBB. Sur Thistoire des guerm
médiques ; suite ( le combat des Thermopyles. L'héroïsme des Greci
dans cette affaire a été exagéré à Texcès par les écrivains grecs. Lèoni-
das ne resta avec les Spartiates que pour couvrir la retraite des antm
Grecs. Les pertes essuyées par les Perses ont été beaucoup moindni
qu'on Ta dit ; elles ont sans doute été les mêmes dans les deux camps.
Tous les récits favorables à I^nidas et aux Grecs sont, aux yeux
de Fauteur, postérieurs et légendaires). — W. ScuiaDT. Deux lettres
grecques d'un papyrus de Paris (publiées par Brunet de Presle dans
les Notes et extraits des manuscrits, XVIII, 2, p. 47-75 et 360-374; ces
lettres ne sont que des exercices scolaires. Remarques sur les déèats
de Pépistolographio en Grèce). — W. H. Roscher. Le sanctuaire de
Zeus sur le Lykaion en Arcadie (on disait que ce temple ne portait pas
d'ombre ; c'est sans doute parce que Ton égalait le Lykaion à l'Olympe,
auquel la légende prétait la même particularité). — Stbrnkopf. La
correspondance de Gicéron en 59-58 (ad Attic, U, 4-17, 48-25; ad
Quint, fr., I, 2; ad Attic, III, i-7; lettres de Thessalie et de Dyrra-
chium. Notes sur la chronologie de ces lettres et sur la vie de Gicéron).
47. — PhUologos. Ed. L, Heft 4, 1892. — Th. Baunagk. Fragm^t
d'une inscription funéraire de Grète. — G. Busolt. Sur le décret da
peuple publié au G. /. A., IV, 2, n9 35» (corrections au mémoire de
Kirchhoff dans les Sitzungsberichte de l'Académie de Berlin, 4866,
p. 303 sq. Ge décret est relatif à un envoi de troupes à Lesbos ; il est
du milieu de Juillet 428, mais l'expédition ne partit qu'en septembre).
— TuEMPEL. Sur les mythes de l'ile de Gos (i^ les mythes d*Hercule
et d'Omphale ; la gynécocratie chez les Ëoliens ; 2» le combat de Poséi-
don et de Polybotes dans Pausanias, I, 2, 4). — Heistbrbebok. Le c Jus
italicum » (io sur un passage de Dion Gassius, 48, 42; 2* le « Jus ita-
licum » est identique au droit des colonies romaines ; 3® rapports des
t municipia » avec les t colonise ; § dans beaucoup de villes, qui de
BBCDBIIS rUlODlSVIS. 415
municipeBonlétéélevéesftu rang de colonies, des communautés muDi-
cipales ont eubaistè longtemps à c6ié des communautés colonisles). —
HÂrbblin. Quaestiones Theocriteae (recherches chronologiques sppro-
fondies sur le règne de Plolémée II Philadelphe, sur la guerre en
Syrie, le soulèvomoal de Mayas, la cooptation d'Évergète, la chronolo-
gie d'Hiéron de Syracuse). — W. Buecitnbb. Sur la magistrature des
Lyciarques en Lycie (ils étaient à la rois les présidents de l'assemblée
[concilium] lycienne et grandg-prôLres. Du culte des empereurs dans les
provinces de l'empire romain). — ItAoïNOBR. Naissance de l'empereur
Jnlien fea mai 331). — G. J. Neuuann. Même sujet (Julien naquit en
mai 332). — Zibluisiu. Flamen sacrorum municipalium 't (ce titre n'a
pas existé. Commente l'inscr. C. 1. L, II, &I30). — Deshau. Les Tande-
ments astronomiques de la chronologie romaine (ce que dit Tite-Live,
XXII, 1, sur la prétendue éclipse de soleil en 217 est sans valeur). =
Bd. LI, Ueft 1. O. RossBACB. La guerre dans la plus haute antiquité
(t" commente des scènes guerrières dessinées sur des vases d'argent
découverts par Schliemann à Mycènee ; 2" les chars de guerre chez les
Grflcs et les débuts de la cavalerie). — Unobr. Le commencement du
jour chez les Grecs et les Romains; 1" art. (les Grecs comptaient les
jours à partir du momeot où le soleil se couchait); 2' art. dans Meft 2
(les Romains comptaient le jour à partir de minuit, et les Macédoniens
à partir du lever du soleil). — Weutzeu. Mélanges de mythologie; 2' art.
(le mythe d'Anios, i'aîeul de Denys et ses trois lilles, les » Oinotropes; >
ce qu'il est devenu dans la littérature grecque et latine). — J. Millbb.
Sur la Vita Apollanii de Philostrate (combat l'hypothèse que cette vie
a été composée à l'imitation de celle de Pytbagorej. — E. Klebs. Quinte
ûurce imité par Ilegesippus. —0, E. Sgeuidt. P. Bagiennus (commente
le passage des épitres de Gicëron, X, 33, 4, où il ne s'agit pas d'un
P. Bagiennus, général d'Aoïoine, mais d'uae legio Bagiennorum). ^
HeTt 2. In. P. Ventidius Bassus (du rùle important qu'il joua pendant
la guerre de Modéne et dans les années 43-38). — IIelleh. Corrections
au texte de Tacite. — P. Habel. Le symbole du bucrane (contre l'opi-
nion qui voit dans le « bucranium > un symbole du pontJGcatus des
Sodales Augusti). — Kceeti.im. Isagoras et Clisthëne (cherche â dresser
la généalogie de ces deux liommes d'État athéniens. Sur Hérodote, V,
66; VI, 131).
48. — RbeinlBchea Muséum fOr PhUologie. Bd. XLVU, Bea 4.
1892. — FiiJ:NiiEL. La constitution da Dracon (d'après Aristote ; comble
quelques lacunes du teite; détails sur les pryianes et sur les kolakoëies).
— E. Klebs. Les Scrlplores historiae auguslae ; &a (il est faux que toutes
les biographies contenues dans le Corpus de ces Scriptores soient d'un
seul et même auteur ; elles se répartissent entre sis auteurs ditlérents,
dont on a eu tort de nier l'authenticité. Contre les hypothèses de Dessau
et de WcelfO-în). — KittcaNfiB. La composition des tribus Antigonia et
Demetrias (éoumëre 10 dèmes dans la première et 9 dans la seconde.
De la répartition des démes dans les tribus athéniennes entre 300 et
449 iBCunu piiioDiQuis.
200 ay. J.*G.). = ErgaBnzangsheft, 1892. MAHim». Écrivains de l'inti-
qaité mentionnés dans les catalogues du moyen &ge avant 4300 (mémoire
très détaillé de 152 pages, surtout d'après l'ouvrage de Gottlieb sur les
bibliothèques du moyen âge).
48. — Mittheilungen des k. dentschen archasologisolieB Iis-
titnts. Rœmische Abtheilung, Bd. VII, Heft i, 1892. — Mau. Les plus
récentes fouilles à Pompéî. = Heft 2. BIau. Observations sur la maison
fl di Eumachia » à Pompéî. — FuBHRKa. Sur l'Élagabaliam et la statne
d'Athèna Parthenos par Phidias (appelle l'attention snr an passage de
la « Passio s. Philippi episcopi Heracleae, § qui mentionne la destrne-
tion de la statue du soleil élevée par Ëlagabal sur le Palatin, et l'in-
cendie de la grande statue en pied d'Athèna Parthenos sur rAcropole}.
— M. Meyer. La statuette dite de Kronos à Florence (représente sans
doute Ulysse). — Mau. Bibliographia Pompeiana, 1891. — PsTsasKs.
Trouvailles archéologiques récentes en Sicile. = Athenische Abtheilung,
Bd. XVII, Heft 1, 1892. Burbsgh. La grotte de la SibyUe à Érithrées
(inscr. trouvées en 1891). — Graef. Un tombeau de Bithynie. —
Kretsghmbr. Inscriptions grecques de Balanaîa en Syrie. = Heft 2. Th.
MoMMSEN. Fragment d'un édit de l'empereur Oioclétien de Gythion. —
DoERPFELD. L'ancien Parthénon à l'Acropole d'Athènes (reconstitution
de ce temple qui précéda celui de Périclès, mais qui ne fut pas terminé).
— TsAKYBooLOus. luscr. de Méonie. — Wolters. Inscr. de Périnthe.
60. ^ Der Katholik. 1892, oct. — Holly. Christophe Colomb (rédt
légendaire sans valeur). — Belleshedc. Le cardinal Manning; fin. —
Stillbauer. Des plus récentes publications d'archives sur Thistoire de
l'église catholique en Allemagne au xvi« s. » Compte-rendu : Eubel,
Provinciale ordinis fratrum Minorum vetustissimum (bon). = Nov.-dêc
Bellebheim. L'évéque UUathorne de Birmingham ; sa vie et sa corres-
pondance. — R. Heinrighs. Le travail et le monachisme (expose les
idées de Gassien dans son traité sur l'établissement des monastères). —
La Réforme et son siècle (!<> sur Leonhard Koppe de Torgau, partisan
de Luther ; 2^ de plusieurs prédicateurs luthériens que l'auteur attaque
pour diverses raisons; 3^ des mesures employées en Saxe pour con-
traindre certains monastères catholiques à se convertir au luthéranisme).
— ScHNiTZER. L'évéque d'Angers Eusebius Bruno et Bérenger de Tours
(la lettre d'Eusebius à Béreoger, où il menace de Texcommunier, a été
écrite entre 1062 et 1065. Même après 1079, Bérenger de Tours était
resté ferme dans ses opinions hérétiques sur la doctrine de la Cène).=
Compte-rendu : Montana. Kœoig Philipp II von Spanien (l'auteur vent
nous faire voir dans Philippe II un héros sans tache).
51. — Theologische Quartalschrift. Heft 4, 1892. — Sghgenfel-
DER. L'apologie d'Aristide (trad. en allemand du texte syriaque récem-
ment découvert). — Rueckert. De l'emplacement d'Emmaûs (il y a en
deux localités de ce nom en Palestine. Amwàs est identique à l'Em-
maûs mentionné dans les Machabées et avec la colonie romaine men-*
RECCE1LS PERIODIQUES.
«7
ithmnée dans JosËphe, Bell, judaic, VU, 6, 6. L'Emmaûs âa Nouveau
Testament est sans doute identique à Kubëbe dans lea monta de Judas).
— BiRK. Les idées du cardinal Nicolas de Cues sur la pnmatie papale
(elles n'ont jamais changé). = Co m pies-rendus : Janauichek. Bibliogra-
phia bernardioa (excellent). — Hoffinann. Geschicbte der Laien-Com-
munion bis zum Goncil von Trient (corrections). — Gruppe. System
tind Geschichte der Cultur (bon). — Joachimsohn. Gregor Heimburg
(importanl), ■= 18!I3, Heft 1. Schanz. La théologie protestante en Alle-
ma^^no (à propos du livre de 0. POeiderer). — Hbnlb. Pbilippes; sa
topographie, son histoire et ses institutions; étude critique. — Fdrk.
Les conslitulioDs apostoliques [réplique à Achelis et à Sohm). — ïo.
Le commentaire d'IItppolyte sur Daniel (études sur les données chro-
nologiques qu'il contient, surtout en ce qui concerne la naissance et la
mort de Jésus).
C2. — Zeitsohrift des dentschea Palmstina-Vereins, Bd. XV,
Heft 2-3, IB92. — Kampfpueybb. Noms anciens de la Syrie et de la
Palestine ; suite. — Benzisoeb. Publications relatives à l'histoire de la
Palestine en 1889-1890 (560 numéros). — Roebhicbt. Cartes et plana
de Palestine du vi!° au xvi° s.; suite (plans de Jérusalem et autres loca-
litèR par Marco Lusardi de Plaisance). ^ Comptes-rendus : Sepp. Kri-
tische Beilriege zum Leben Jesu iind zur neulestamentlichen Topogra^
phie von Palicstina (critiques par Guthe). =^Ileft 4. Comte Schack. La
colonne de Job (sur l'inscr. publiée au t. XIV de \& Zeitsehrifl, p. 142 sq.;
elle est de la XV!!!" ou de la XIX" dytiastie, quand la Palestine était
une province d'Egypte). — Erman. Mâme sujet (commente l'inscr. qui
est du temps de Ramsès II). — Van Kastehek. Scheb Sad et son his-
toire (contribution à l'histoire et à l'interprétation de la coloQnede Job).
— Von Riess. Le monastère d'Euthymius, l'église de Petrus et la
t Laura Heplastoraos i dans le désert de Judas. — Spiess. La salle
royale d'Horode dans le temple de Jérusalem. = Compte-rendu i Papa-
d(^ulo-Serameus. Catalogue des mss. de la bibliothèque de Jérusalem
(une grande quantité de mss. décrits est sans valeur).
ES. ~- Zeltschrlft der deatschen morgeDlcendlBchen Geaell-
■ehaft. Bd. XLVI, Heft 2, 1892. — Jolly. Contributions à l'histoire
du droit hindou; suite (les mss. du Dharmasastra, d'après le catalogue
des mss. conservés à la bibliothèque de l'India office, tome III). —
F. Jdsti. Les inscriptions pehlvies sur sceauï du temps des Sassanides.
— MoaDTMAKN. L'Arabie méridionale aux temps anciens (d'après des
inscriptions). = Hett 3. Jolly. Coatributions à. l'histoire du droit indien;
suite (le mariage de personnes en bas fige était-il uo usage fondé sur
les préceptes de la religion ? Il est en contradiction avec le Véda). —
RtKBcn. Les noms du prophète arabe Mohammed et Ahmed (ces noou
signîQent « le loué • et a le bien loué. ■ Le prophète avait reçu le nom
de Mohammed dès l'enfance ; plus tard il s'est servi du sens de ce mot
pour usurper la dignité de Messie). — G. vah Vlotb». Sur quelques
Rbv. Hibtob. LI. 2* FASC. 27
448 iiconLs piuoDiQins.
monnaies des derniers tempe des Oméijadee; oontribntion à ilûstoiit
de cette dynastie. — Gotibbil. ApoUonins de Tyane. — F. HoiafiL
Explication des inscriptions minaeo-sabéennes. — G. BuEm.EB. Expli-
cation des édits du roi Âsoka. a Gomptes-rendiis : Texkereh'i'SvUÊ.
Le mémorial des Saints, trad. sur le ms. ouigour de la BibL nat, pir
Paf>$t de CourteilU (édition très soignée d'une œuvre sans valeur). —
Delitssek et Haupt. Beitnege sur Assyriologie. Bd. I-II (bon). — Sekia-
parelli. Une tombe égyptienne de la VI* dynastie (exceUoit):
64. — Jahrbiioli fllr gesetB|pebiing, Vervraltaiif luid Volks-
wirthschalt im dentochen Reiohe. Jahrg. XVI, Heft 3, 1892. -
G. ScHMOLLBA. Développement historique de l'entreprise. XI (mânoire
détaillé sur les sociétés commerciales dans l'antiquité, surtout ches les
Romains). » Comptes-rendus : Kumô. Hanse Akten ans England, 1275-
i412 (important). — Priebatsch. Oie Hohenzollem und die Stsdte in der
Mark (important). «- Jabrg. XVU, Heft i, iS^. Huma. L'industrie de
k soie en Pmsse au xvm* siècle (d'après les AUa Boruaioa, publiés ptr
SchmoUer et Hintze; cette industrie était ane création de Frédéricle
Grand ; elle ne dura pas, uniquement parce que la situation génénle
de l'industrie changea très rapidement L'industrie de la soie fut pour
la Prusse une école très utile; elle produisit des entreprenews intelli-
gents, des ouvriers zélés et habiles). — G. ScmfOLLBm. L'administra-
tion des poids et mesures au moyen âge (attaque vivement les hypothèsM
de G. von Below sur les institutions des villes allemandes). ss= Comptes-
rendus : Simmel. Die Problème der (Teschichts-Philosophie (bon). —
Neuburg, Der Bergbau von Goslar bis 1552 (important). — BùUsb^
(^eschichte des Kammergerichtee in Brandenburg-Preassen; 2* par-
tie (bon).
56. — Zeitschrift fllr die gesammie Stajttvwissenfleliaft.
Jahrg. XLVUI, Heft 4, 1892. — L. von BoacH. Origine du Utre des
évoques de Wurzbourg comme t ducs de Pranconie ■ (contre la théorie
de Zallinger. Étudie diverses questions relatives aux institutions et aa
droit féodal en Allemagne au moyen âge). = Compte-rendu : Zimmer-
mann. Geschichte der preussisch-deutschen Handelspolitik (bon).
66. » Staats-and socialwissenschaftllclie ForstchmigeB.
Bd. XI, Heft 5, 1892. — Baron de Schrcetter. Organisation de l'armée
prussienne sous le Grand Électeur (expose les réformes capitales et radi-
cales introduites dans Farmée pendant la seconde moitié du xvn* s.;
d après de nombreux documents inédits tirés des archives de Berlin).
67. — Alemannia. Jahrg. XX, Heft 2, 1892. — Ch. Rodbh. Une
grève de meuniers il y a 370 ans (à VUlingen en 1522; ils prétendaient
contraindre les magistrats à rapporter certaines mesures de police con-
cernant la meunerie ; la grève finit par le châUment des grévistes). —
Pfaff. La corporation des maitres chanteurs à Strasbourg dans la seconda
moitié du xviif 8. (d'après les souvenirs inédiu d'un contemporain). -
RECOEfLS F^HIODlQtSS. 44 1
H. Uatsb. L'Université de Fribout^-en-BrisgAa de I8O6-ISI81 suite
(histoire Ir^ détaillée et variée d'après des documente inédits). — 8ab-
BAun. I^e tribanal des fous à Stoclcach (pendant le carnaval ; il se main-
tint jusqu'à la tin du svni" s. et s'appuyait sur d'anciens privilèges
impériaux).
58. ~ DentBche Revue. 1892, avril. — La vie du roi Charles do
Roumanie ; suite en mai-août (d'après les mémoires d'une personne de
l'entourage du roi). — Ed. Lasker; suite en mai-août (publie des
extiaîts fort ioléreasants de la correapundaoce que ce chef du parti libé-
rai échangea, en 1870-71, avec BeuQingsen, Porckenbeck, Hœlder,
Kiefer, Bismarck, ahn de préparer le peuple à l'unité allemande!- —
Eioin Pacha; suite en mai (par un de ses compagnone et familiers).
— WiEDEiiAKN. Seize ans dans le cabinet de travail de Itanke; suite
(rapports de l'hislohea avec J. de Radowitz, L. de Gerlach, le gouver-
nement prussien en 1840-50) ; suite en mai-août (Ranke conseiller dn
ministre prusKieo ManteulTel, 1840-1850). ^ Jnin-août. Comte Sbberb-
Tbois. Les agitations nationales du temps présent (recommande de
rétablir une Pologne indépendante, maïs combat les prétentions poli-
tiques des Tchèques et des Slaves du Sud).
69. — PreasslBche JahrbBcher. Bd. LXX, Hoft 3, 1892. —
H. Pbutz. Le roi Henri IV d'Angleterre en Prusse, 1390-1393 (le compte
des dépenses faites par Hcort de Derby dans la croisade en Prusse,
découvert en 1856 par R. Pauli, va élre prochainement publié). —
Ad. Tbihue. L'art et la religion en Grèce. = Hefl 4, P. Kibpp. La poli-
tique d'Isocraie (Isocrate n'était pas un vrai patriote; il ne fut qu'un
ùnitateur de Gorgias et des sophistes et n'a presque jamais eu une
seale pensée indépendante). ^ Refï 6. M. Lbmz. Un petit Ëtat allemand
aa temps de la Révolution française (politique intérieure et extérieure
du margrave de Bade, Gharles-Prédéric, d'après sa correspondance poli-
tique, publiée par Erdmanasdœrfer]. — H. DsLBitnBGK. Les origines de
la guerre de ISTO (d'aprËs les Mémoires du général Jarras et les décla-
rations récentes de MM. de Bismarck et de Caprivî sur la fameuse
dépêche d'Ems. Le roi avait traité le comte Benedetti avec la plus grande
courtoisie; mais en même temps Bismarck voulait que les vraies causes
de l'attitude provocatrice prise par le gouvernement franfais fussent
connues, et, en falsifiant cette dépêche, arriver à ce résultat que l'opi-
nion nationale en Allemagne se prononeftt clairement, alors qu'on eût
pu craindre son découragement. L'babiletê diplomatique du prince a
remporta là un de ses plus brillants triomphes).
60. — K. GeseUscbaft der vrisBenschaften zn GiBttiagen.
Nachrichtcn. 1892, n" 14. — W. Me^-er. Le ms. de l'histoire de
Charles VII et de Louis XI, par Th. Basin, rgui se trouve à Gcettingue
(ce ms., qui a été rédigé en 1484, permet de corriger bon nombre de
pusages fort corrompus dans les mss. utilisés par Quicherat dans son
édition. M. L. Delisle doit publier les variantes et additions fournies
420 &ICURIL8 P^UODIQUIS.
par le ms. de (roettiiigae). = N» 15. Fr. Krebs. InscriptionB greoqnei
d'Egypte, gravées sur pierre. = N« i6. H. Wagrea. La troisième carte
du inonde de Pierre Apian, 1530, et la carte du monde de 1551 faosse-
ment attribuée à Apian. = Abhandlungen, Bd. XXXVni, 1892. Paul
DE Laoarde. Études sur les Septante ; suite (chronologie de i'égiise latine
en Afrique). — L. Weilano. Le ms. de la chronique de Mathias de
Neuenburg au Vatican (recherches critiques sur ce ms. et texte de la
chronique).
61 . — K. Baierisobe Akademie der WJ— enachaften . SitKung»-
berichte der philosophish - philologischen und historischen dane.
Munich, 1892, Heft 2. — H. von Bruhn. Notices nécrologiques soi
Fr. Zamcke, Ch. W. J. Cron, Rizos Rangabé. — Voh Goiikliot.
Notices nécrologiques sur F. Gregorovius, A. von Oruflél, Fr. von
Lœber, G. Voigt, Ë. A. Freeman, A. Jsger. — Wolfflin. Les inscrip-
tions des tombeaux des Scipions (elles ont été sans doute composées par
Ennius et Pacuvius, par conséquent au u« s. avant J.-G. Généalogie
des Scipions). — Krumbagher. Études sur les légendes de saint Théo-
dose (recherches importantes pour l'hagiographie byzantine et en par-
ticulier pour l'œuvre de Métaphraste. Remarques critiques sur la
méthode à employer pour Tédition de textes byzantins. Nombreuses
remarques critiques et corrections aux écrits de Théodoros et de Gynl-
los sur saint Théodose, qui ont été publiés par Usener). — Heioel.
Reddition de Mannheim à la France, 20 sept. 1795.
62. — K. Preussische Akademie der IVissenschaflan. Sitsungs-
berichte. Stûck 25, 1892. — E. du Bois-Rbymond. Discours pour Tan-
niversairc de naissance de Frédéric le Grand (biographie de Maupertuis.
Ce discours a été publié dans la Deutsche Rundschau ; voy. plus hant,
p. 186). = Stûck 31. Ë. ScHRADER. La licorne (Fidée de cet animal fan-
tastique vient de Perse ; les dessins persans de la licorne remontent i
des types assyro-babyloniens, où certains animaux paraissent n'avoir
qu'une corne, uniquement parce qu'ils se présentent de profil et que
les artistes ignoraient encore les lois de la perspective).
63. — Zeitschrift fUr die Geschichte des Oberrheins. N. F.
Bd. VU, Heft 4, 1892. — Sghorbach. Strasbourg et la découverte de
l'imprimerie (séjour de Gutemberg dans cette ville en 1434-1444 et ses
recherches; publie les pièces de son procès avec les frères Dritzehn.
Ces pièces sont authentiques et se rapportent sans doute aux premiers
essais typographiques de Gutemberg. Recherches sur Waldvogel de
Prague à Avignon en 1444; il avait sans doute dérobé à Gutemberg son
secret. En résumé, la part de Strasbourg dans la découverte de l'impri-
merie ne peut être marquée avec certitude, mais elle a pour elle la plus
grande vraisemblance. Utilise un grand nombre de documenU inédits).
— F. VON Weegh. Histoire du margrave de Bade Jacques III (il revint
au catholicisme en 1590 et mourut aussitôt après; publie 31 bulles,
lettres et actes relatifs à la conversion et à la mort du prince, tirés pour
RECtIEItS PéBlOOlOÏÏES.
la plnpart dËs archives du Vatican). — Th. Mdeller, Introduction des
registres paroissiaux des deux confessions en Bade (les registres évan-
géliques commencent vers 1560). — Oqeeb. L'atisassioat des plénipolen-
tiaires français près de Rastadl en 1T99 (publie une lettre du cnrâ,
M. Dietz de Rothenfels, 28 avril 1799; elle confirme l'hypothèse que le
général commandant l'armée autrichienne avait chargé le colonel des
hussards szèkles.Barbaczy, de saisir les papiers des attihassadeurs fran-
çais). — Al. ScHULTE. Les sources de la chronique de Haihias de Nauen-
bnrg (ce qu'il dit sur Bàle est tout A fait original). — Somuerfeldt. Uq
traité de Mathieu de Gracovie, évâque de Worms (composé vers 1405;
il contient une lamentation sur la situation déplorable des mceors et du
clergé). — H.WiTTE. Le mariage au sv" s. (d'après les archives de Col-
mar; vers 1M5, le mariage religieux n'était pas nécessaire pour cons-
tilner une union légale). — Les archives badoiaes des districts de Stec-
kingen, fltaufen et Schwetzingen.
B4. — HentUnger GescblcbtBblBetter. Jahrg. III, □• 6, 1892.
— DacBCK. Carte archéologique du district de Reuthngen, avec com-
mentaire (périodes préhistorique, romaine et alémacnique). — Giefbl.
Notes contemporaines sur le monastère de Martaberg à Heullingen pen-
dant la guerre de Trente ans, IG33-lGi4.
66. — MitthelInuKen des Vereins fflr Kanst und Alterthnm In
nim nnd Oberschwaben. Heft 3, 1893. — Ëuergeb. Trois cavernes
préhistoriques près d'Ulm : Bocksteiu, Fohlenhaus et Salzbiill (art. très
détaillé sur les fouilles qui ont permis de constater l'eiisteuce d'une
population très ancienne ; elle se nourrissait des produits de la chasse).
66. — MItthelInngen des hlstorisohen Vereinea der Pfals.
Bd. XVI, 1895. — Mayehiiofeu et Glasschrœdeb. Les coutumiers du
Palalinat bavarois (art. très détaille de 171 p., avec un catalogue de tous
les • "Weisthûmcr » qui sont parvenus jusqu'à nous et de copieuses
indications bibliographiques). -~ Acquisitions du musée de la Société
depuis 1888.
67. — Uitthellungen aua dem Stadtarchlv von Kœln. Heft 22,
1892. — KeuaBEK. Les registres muuicipaus de Cologne; suite, 1441-1444.
— Id. Lettres qui sont parvenues à Cologne au iiv* et au xv*s. (liste de
844 numéros allant de 1320 à 1400). — Kniphno. Les papiers de l'bis-
toriographe de Cologne Stephan Brcelmaun, 1551-1622.
68. — Mansfelder Blntter. Jabrg. Vl, 1892. — Grœbsleb.
Généalogie des nobles et des miaistériaux de Schochwitz, 1133-1400.
— Bliiemei.. Le comté de Maasléld au temps do royaume de Westpha-
lie, 1807.1813. — Hlinb et Rcesslkh. Les seigneurs do Pful, 1264-1729.
6B. — QuartaJblœtter des hlatorichen Vereina fDr das Gross-
heraogthnin HesBen. 1892, Heft 3. — A. Rceschbk. La Wettéravie
au temps de l'invasion française en 1797 (publie des lettres du comte de
4tt UCCRILS r<U0BIQBI8.
Solme-lABluch iotèresMnlca ear I«b eTÙnemanU iniUl&iraB M nt \m
eontrilHitioaa de guerre que les hkhitanls de ta Eeaee et de U WeUén-
vie durent alors payer). — Otto. La Réforme à Butzbacli, I52»-15S7.
70. — ZeitBcbrlR des Veretoe fOr TtanriDgtscb« G«schlchte,
N. P. Bd. VIII, Ileft 1-2, 489!. — Einebt. Le comte Gunther ds
Schwarziiurg |tVJ9'lâ&'2, zélé partinan de U réforme luthérienne; bio-
graphie détaillée à l'aide de documents inédits. ContributiouE â l'histoire
de l'eipauiaion de ta Réforme de Thuringe|. — B. Scuiudt. Histoire da
monastère de CronochwitE |l!^8-1552; ses possessions et ses revenus,
d'après des documents inéditH}. — Bugiiwald. Une émeute d'éludJauU
à Jéna en 1G00 [k cause de leur mésintelligence avec les bourgeoùj. ^
Gomple-reodu : Gutbier. Oer Kampfbei Ijingensalza, 1866 (bon).
71. — Nsaea AtcUt tOr Swcbsiache OesoUchte utd Alter-
thnmskande. Bd. XIII, 1293. — Ekhibcb. Va procès criminel contre
des absents au moyen Age (d'après les archives de Frcibcrg ea Saie).
— HEyoENREicR. Notos suf j'hJBioire de Saxe et de Thuringe (sur une
biographie de sainle Elisabeth de Thuringe parDietrich d'Apolda; une
compilation canonique intitulée < Margaritha juris > par Nicolas Baam-
gtertel en 1478; etc.|. — W. Lippeet. Sur l'hii^loire de la princeese
Marguerite de Saxe (née en 1448-49, fille du duc Guillaume, femme de
l'âJBCleur de Brandebourg, Johann Cicero. On songea un moment à la
marier avec Charles de Berry, frère cadet de Louis XJ, mariage qui
aurait fait passer à Charles VU [es prétentions du duc Guillaume Bur
le Luxerat>ourg; on espérait aussi ménager par ce moyen l'élection du
prince Charles au trAne de Bohème; mais le mariage n'eut pas heu).
— Bdohwald. Une lettre d'un mousquetaire prussien du 16 mai 1757
(adressée du camp devant Prague è. un habitant de Zwickan; elle décrit
en détail les mouvemenla de l'armée prussienne du 10 avril au 16 mai).
— Knothb. La destruction de la forteresse de Rohnau près Zittau par
les villes de ta haute Lusace en 1399 (important pour l'histoire des luttM
entre le roi Wenceslas et Josl, margrave de Méranie]. — Ibsleib. Mau-
rice de Saxe, 1547-1548 (expose en détail la politique intérieure de
l'électoral ac<juis par Maurice, 1547-48, ses néguciations avec les «tais
provinciaux, ses rapports avec Charles<Quint et sa politique ecclésloi-
lique). — A. von Wblck. Mercenaires suisses au service de l'électeur
de 6aze, I656>1681. — HsRMAjin-MuELLER. Le Chromcoa Citizsoae do
Bénédictin Paul Lang au tnonastère deBosau (cette chronique de l'êvè-
chê de Naumburg-Zeitz a été ^ritc eu 1518-1520; lùographie de l'au-
teur; recherches sur les sources qu'il a utilisées). — P. Sauppb. Histoire
du monastère d'Oybin à Zittau au xv' a. (rapports de ce monastère, de
l'ordre des Gélestins, avec la. province française de l'ordre; ce qu'il
devint pendant la guerre des Hussites). — Dibtsl. Contributions à la
biographie de l'électeur Auguste de Saxe. — Kmokeh. La banqueroute
de Leipzig dans la première moitié du xvii* s. (d'après des documenU
inédits). — Comptes-rendus : Ermiich. Urfanndenbuch der Stadt Frel-
^^^^W lECOSILS PitRtOlllQftGS. i28
^^^^^■|(. — ffawi. Bauêr und Gataherr in Kureachaen, xvi-
^^^^Vmile). — Bersog Max von SiuliMn. Dis StutBrdcbtlicbs
^^^^HrkgrafeDthama Oberlauailz (excellent). — P. RichUr.
^^HKnlt um Luxembourg, 1438-1413 (bonj. — Gais. Die
^^H^ Hikus II zum rômischea Kuenige, 1562 (important).
^^H rlfMn das Verelas fUr Melniaglache Gescblctato.
^^H — MiTzscHKE. La deacriptioD du o Reonsteig a par Chris-
^^H it>' ■ Reonsteig > est ud très aDcien chemin sur la crête
^^H ' Tburinge, qui rormait peut-être la limite (tntre les Tha-
^^m -^ Francs ; la description qu'en a donnée Juncker en 1703
^H :i pour la première fois).
^H iiaaien des Vereina (Tir Nassanlsche GeBchlchtsfop-
H -I. XXIII, 1891. — Otto. Frédéric de Reiffenberg, 1M5-1596
H.^ guerre distingué, colonel de lansquenets au service de l'An-
■ » 1645, de la Heese, 1545-47, de la France. 1548-49, de Mau-
H.«x«, i551-5î, puis une seconde fois de la France). — A. von
1.^ Le chUeau de Gutenfels sur le Rhin (règestes de 1253 à 1806
■ .^ilion topogr&pbique). — W. Sadeb. Destruction du cbàteau ûe
m (par les Suédois en 1632. Lettre d'Oxenstierna au comte Jeao
I >in-Idstein, du SO juin 1632, inléressante pour l'histoire mili-
I — Orro. Lettres de Wallenstoin au com(« de Nassau-Si^en,
f ]enne (publie cinq lettres inédites de 1629 et l'analyse devingt-
'rat, qui ont été publiées). — Bchlisbeh. Horloges romaines poi^
1 (trouvées à Wiesbaden et à Cancnladt; ce sont de petites bor-
Bolaires qu'on emportait sans doute en voyagel. — Otto. Les Juifs
isboden du xiv« au xix* s. — Von Gohadskh, Florschubtz et Otto.
ttaden dans l'antiquité (monuments prébistortques, romains el
1). — Fi.OBBcmiETz, Les tombes franques de Schierstein.
— Zeitscbrlft des Vereina fllr LûbecUache Geachlchte.
1, Hefl 3, 1892. — WErnuiABN. Le péage du Sund et Lubeck (on
ne ce péage Fut perçu par le Danemark depuis environ 1423 jus-
(855. Quand, en 1855, les Étale-Ums refusèrent d'acquitter ce
dee négociations furent entamées pour dét«rminer les indemnités
) Danemark pouvait réclamer pour la suppression de cette taxe.
part prise par Hambourg et Lubeck dans ces négociations, 1855-
— W. Bbehmbb. Actes faux fabriqués par le prévôt du chapitre
bock, Dreyer (important). — Wehbmann. Lubeck à la fin du xvni* s.
commencement du xix' (de la part que la ville prit à la guerre
) la France depuis 1792 ; des contributions levées pour la République
Joe, 1796-1803, etc.).
— Mltthflllnngen des Vereins fllr LQbecklsche Gescblchte.
à, u" ï-10, 1891-92, — ÛBBHiiEB. Contribulion.s ;i l'bislolre de
:k, ISOO'1810 (détails sur la Utaille de Lubeck, 1806, perdue par
ler contre les Français et qui aboutit è. la capitulation du corps
424 lEcnoLS rtiiODiQinEB.
prussien. Documents). — Id. La chasse sur les terres de Lubeck ta
XVI* s. (le droit de chasse appartenait aux membres du confieil; son his-
toire du XVI* au XVIII* 8.).
76. — Bremisches Jahrbnoli. Bd. XVI, 1892. — Schumacher. Pri-
vilèges mercantiles accordés par le Portugal au commerce allemand
(rapports commerciaux entre Brème et le Portugal au xv* et au xvi*s.).
— G. Pauli. La guilde des tailleurs de pierre à Brème vers l'an 1600.
— KuEHTMANN. Los « Statuta reformata » et le « Codex glossatus » (ces
deux compilations inédites datent de Tan 1606 environ; elles ont été
composées par Krefting, bourgmestre de Brème, en vue d'accommoder
le droit propre à la ville de Brème avec le droit romain). — Focke. La
vieille bourse à Brème, 1613-1888. — Dubnzelmahn. Brème avant %5.
= Comptes -rendus : W. von Bippen. Ceschichte der Stadt Bremmi
(excellent).
77. — Jalirbûcher nnd Jahresberiohte des Vereins fUr
MecklenburgiBche Gtoschichte. Jahrg. LVU, 1892. — G. Schmidt.
Les écoles de Stemberg, xvi*-xix* s. — Groth. L'ordonnance de police
mecklembourgeoise de 1516 (pour établir leur législation sur une base
solide, les ducs Henri et Albert chargèrent en 1513 leur secrétaire
J. Monnick de se renseigner sur les usages en vigueur dans les villes
du duché. Le secrétaire dressa un rapport très détaillé publié ici.
Important art. de plus de 150 p.). — Bruemmer. Le « Jus mensuratio-
nis » (recherche si au moyen âge le droit existait de déterminer par des
mesures la superficie des terrains). — Bruegkner. Emplacement da
sanctuaire slave de Rethra. — Wioqbr. Expédition de Lazare Voss de
Neustadt, 1563-1594 (publie les relations de Voss).
78. — Sitzoïii^berielite der Alterthnmsgesellsohaft PrassU.
Heft 17, 1892. — Bezzenberqer. Le plus ancien registre matriculaire
de l'Université de Kœnigsberg (remarques sur l'histoire de l'Université
au XVI* 8.). — VoN DER Trenck. La peste en 1710. — Von Plehwe. Les
Français dans la Prusse orientale sous Napoléon I*»" (d'après des lettres
et notes de contemporains). — P. Tschackert. Frédéric de Heideck
(chevalier teutonique mort en 1536, un des plus zélés partisans da
grand maître Albert de Brandebourg lors de la sécularisation. Donne
une nouvelle édition d'un écrit composé parce chevalier vers 1525 pour
engager le grand maître de l'ordre de Livonie à se faire luthérien). —
Bezzenberoer et Ruehl. Le cimetière de Schemen, dans le cercle de
Memel (il remonte au ni* s. et appartient à une population lithuanienne.
Monnaies grecques et romaines qu'on y a trouvées). — Heydeck. Les
cimetières de Klein-Koslau dans le cercle de Neidenburg, de Lossnainen
et de Labenzowen dans celui de Rœssel.
79. — K. Akademie der IVissenschalten. Philosophisch-histo-
riKche Classe. DenkschHflen. Bd. XLI, 1892. — D. H. Mukllbr. Un
RECDBILS P^HIODIQDES.
in
livre jnit apocryphe du moyen âge : l'Eldad Had-DAni (conlienl un
récit fabuleux sur l'existeDce d'un grand Ëtat juif en Abyesinie; la
légende chrétienne du prâtre Jean repose en partie sur les fables de
l'Eldad. Ijes recensions et versions différentes de l'Eldad). — lOiinTZ.
Ëtudes romaines en Serbie (mémuire tr^s détaillé de 158 p. sur la fron-
tière fortifiée des Romains dans la Serbie danubienne; elle ne com-
prenait pas moins de 72 postes fortifiés; routea, villes, monuments,
thermes, mines de l'époque romaine. En 1861, on ne connaissait en
Serbie que 40 localités anciennes; on en a retrouvé aujourd'hui pins de
340, dont plusieurs villes importantes; 120 plans, T illustrations et des-
sins d'inscription ; une grande carte). — Kball. Les bandages h inscrip-
tion étrusque du musée d'Agram (ia momie vient d'Egypte; l'écri-
tnre date probablement de l'époque des Ptolémèes , fait qui tend à
prouver l'existence d'une colonie étrusque en Egypte à cette époque.
Fac-similé de l'inscription, explication et commentaire détaillé). —
C. VON Hi£PLGR. La catastrophe de la maison ducale des Borgia de Gan-
dia (contribution à l'histoire de la cour d'Espagne et do la politique
espagnole sous Ferdinand la Catholique ; détails sur les mouvoraenls
révolulioanaircs en Espagne en 1519-1521. Le chef de l'aristocratie dans
le royaume de Valence, Jean U Borgia, fut vaincu, le 25 juillet 1521,
par les révolutionnaires à la bataille de Gandia et sa résidence prise et
pillée. Soa tib François entra dans la société de Jésus et fut canonisé).
80. — AFchnologlscb'eplgpapblsche Hittbellnngen aua Œa-
terrelch-Cngarn. Jahrg. XV, Heft 2, 1892, — A. Wii.nEt.u. Une liste
des proiénoi de Hisliaia-Oreos en Eubée, (découverte par l'auteur en
1890, et publiée d'abord par Couve dans le Bull, de corr. hpll., 1891,
412. Nouvelle édition avec commentaire ; la liste est d'environ 260 av.
J.-C.). — A. VON pREHERSTBiN. lusKr. de Poetovio en Styrie (4 num.).
— GEBOJAiTNts. Inscr. d'Albanie (provenant des ruines de Nîcopolis). —
A. VON DoHASZEwsKi. Un diplôme militaire de Bulgarie (trouvé près de
Tirnovo; il est de 226 ap. J.-C. et contient les privilèges conférée aux
soldats des cohortes prétoriennes qui avaient fini leur temps). — Wrisb-
Ksmi.. Antiquités trouvées à Pola. — A. von Douaszbwski. Un o^xiaiLa
de KosEovo en Bulgarie (décrit une table de pierre où des mesures sont
gravées en creux; important pour l'histoire de la métrologie antique).
— SzANTo. La législation de Dracon (d'après Aristote), — A. von Dohas-
zBWSKi. Des animaux qui figuraient sur les enseignes des légions (ils
sont empruntés au zodiaque : ainsi, l'image du taureau s'explique par
ce faitqne le taureau désigne le mois zodiacal où règne la divinité pro-
tectrice de la maison des Jules, la Venus gène trix). — KnBrrscHEK. Inscr.
de Carnuntum. — Inscr. antiques de Bulgarie; suite {u"' 68-1 18|.
Bl- — Mlttheilungen des Instituta fOr œsterrelcbiscbe Ge-
acUchtsforfichang. Bil. XIII, Ueft 1. — W. Ebben- Sur des diplômes
d'ÛLton m (sur les chancelleries italienne et allemande; elles furent
réunies après la mortdeHildibold et concentrées entre les mains d'une
42ê Bici«L8 nfaioMQm.
seule pQrsonne, de Herîbert|. — W. Lippiat. Sur l'histoire de l'emp^
reur Louis de Bavière (1<> son projet d'abdieatioa en 133^334; î« um
visite de Frédéric, margrave de Misnie, à l'empereur ; eontribation à
ritinéraire de Louis en 1330). — W. Altmaiim. Sur l'élection de Maxi-
milien II comme roi d'Allemagne (publie un mémoire du temps qui
parait avoir été composé par un protestant de l'entourage de Mazimi-
lien). — Kbhr. Les diplômes de Conrad III pour Gorvei de 1147 (ils
sont authentiques, mais non pas originaux). — Hbtgk. Chartes
anciennes des ducs d'Autriche conservées dans les archives de lllni-
versité de Fribourg-en-Brisgau (donne la cote de neuf actes, 4345-1368).
= Bibliographie : Altmann et Bemheim. Ausgewœhlte Urkunden sur
Erlœuterung der Verfassungsgeschichte Deutschlands im Mittdalter
(très bon manuel). — Bemoulli. Acta pontificum helvetica. Bd. 1,1 198-
1^68 (actes bien choisis et bien publiés). — CipoUa. Antiche cronache
Yeronesi (bon). — Clemen, Die Kunstdenkmseler der Rheinprovini;
Bd. I : Die Kunstdenkmseler des Kreises Kempen (très utile compila-
tion). = Bd. XrV, Heft 1, 4893. Stbinherz. La dîme pour la croisade
levée sur le clergé dans l'archevêché de Balzbourg, 1282-85 (avec des
indications sur la manière dont la dime était levée dans l'Allemagne
en général. Dresse un tableau des monnaies en cours dans l'archevê-
ché en 1282-85 et un autre des sommes perçues par le collecteur Ali-
ron. Art. important suivi de documents précieux pour l'histoire écono-
mique). — Ed. Wn«KELMANN. Diplômos et lettres inédites sur l'histoire
de l'empire au xiii* s. (18 pièces de 4209-1268 forment supplément aux
Acta imperii inedita publiés par l'auteur). — Uhlirz. L*armorial de la
ville de Vienne. — SiEMUELLER. Notices généalogiques sur l'histoire
de la maison de Brandebourg. — Sauerland. Trois lettres de créance
des ducs Albert, Guillaume et Léopold d'Autriche pour leurs ambassa-
deurs envoyés au pape Urbain VI, 1387. — PmLippi. Une bulle d'or
pontificale (Breslau avait constaté Texistence d'une bulle d'or, unique-
ment d'après des témoignages écrits; décrit une de ces bulles conservée
aux archives de Munster). =r Bibliographie. A. Ebner. Die klôslerlichen
Gebetsverbruderungen bis zum Ausgange des karolingischen Zeitalters
(longue analyse de cet excellent ouvrage ; montre qu'il faut se servir des
nécrologes avec précaution). — Schaube. Zur £ntstehung der Stadtver»
fassung von Worms, Speier und Mainz (critique très vive du gros ouvrage
publié par Kœhne. Important pour l'histoire municipale). — 5. Schwari,
Anfaenge des Staedtewesens in den £lb-und Saalegegenden (dans cette
contrée, ce qu'on appelle villes au x« et au xi* s. sont des postes fortifiés,
centres de populations organisés dans un but militaire. Étudie cette
organisation spéciale avec beaucoup de précision et de clarté). — A, Hïn-
kelmann. Der Romzug Ruprechts von der Pfalz (bon). — lingerie.
Meioards II Urbare der Grafschaft Tirol. — SchwiUer. Tirolische
Geschichtsquellen ; Bd. UI : Urbare der Stifte Marienberg und Muns-
ter. — Les travaux hist. de l'Académie des sciences d'Agram. — Les
programmes historiques des écoles moyennes en Autriche pour 4892.
BICCEIL3 rÉBIODIQDIS. 43T
88. — Wien«r Zeitschrift IDr di« Knnde des Moi^eBlmiidsa.
Bd, VI, Hefl 2, 1892. — Kalbukiab. La Beptième vision de Daniel (le
texte lie celte œuvre apocryphe, qui e^tisLo seulement ea annéaien, est
publia pour la première fois par l'auteur). ;= Ileft 3. Jbnsen. Noms
propres élamites; Ein (ta plupart des Doms de personne dans le livre
il'Eslher ont une signification mythologique; ceux de Mardocbéa et
d'Ëstbcr vienuent de Baliylonie). = Heft 4. Nccldgke. Contributions &
l'onomatulogie sémitique (do l'emploi de noms de parenté comme noms
d« personne; sur les nome de personne dérivés d'nn nom de divinité).
— O- H. MoBLLEfl. Inscriptions palmyrénieones du Musée britannique.
— Compte-rendu : Kaihand. La chrooiquo des rois de Kasbmir, publiée
par Sttia (excellent).
83. — Caaopia Moaea kralovstvi Ceahého, 1891. — J. Trdhub.
LMJeux de Pâques dans l'ancienne Bohème. — J. V. Novak. La polé-
mique des frères Bohèmes avec Adalbertde Pernstein en 1557 et 1558.
— J. KïAcsALA et A. Pateba. Goniributiona à la biographie deComenius.
— Fr. DvossKY. BorboQJoa de Borbenheim (médecin et politicien dn
ivu' s.)- — TovEK, La religion et les sociétés religieuses en Bohême au
IV" s. — E. Albert. Les reliques des frères Bohèmes à Kunwald (Kun-
wald peut être considéré comme le berceau de l'Unité). — Fr. Dvdrskt.
Tadée Hajek de Ilajek (célèbre astronome du xvi< s.). — A. Rbzek.
Contributions à l'histoire du xvii' s. (I : les exilés à Pirna en Saxe;
U : la stalialiquo de la rùformalion catholique en Bohême, 1661-1678).
-• 1892. M, Bpehahsky. La corret^pondance de Paul J. Safarik avec
Jean Kukuljevii Sakcinski. — 8. Wihteb. Collectioti» de livres qui se
trouvaient dans les villes au sv et au svi» a. — A. Reïek. Les impôts
sur les boissons de 1646 à 1650 et leur revenu. — ToaEK. Gorrigenda
et addenda à la biographie de Zizka. — J. Metelka. La c&rta de la
Moravie par J. A. Comenius. — A. Seolaéek. Les limites entre la
Bohème et la Lusacc.
84. — Cuopls Uatioe Horavaké. 1891. — V. Bramdl. Le tribn-
nol féodal de l'èvèquo d'Ulmûtz. — A. Sbdlacek. L'ancienne divisioQ
de U Moravie eu cercles. — V. Huuoek. Les villages de la Moravie et
l'époque de leur fondation. — Pr. RAUENiiEE. Revue des archives (dans
chaque livraison sont publiés des documents inédits). — J. Coll. La
seconde croisade de Premyzl Otokar U jle but que cette croisade se
proposait d'atteindre était la Lithuanie; à Olmntz, on devait fonder un
ëvâcbé pour la Lithuanie et non, comme on l'admet généralement,
ponr la Bohème et pour la Moravie, ni, à cAié de celles-ci, pour toutes
les terres du roi en général). — Fr. Pastbnek. Nouvelles publications
concernaat Cyrille et Méthode. — H. Juiecek. La constitution révisée
do 1628 pour la Moravie. = 1892. F. A. Slavik. Le pays natal de Corne-
' A. Reîbil. La statistique de la réformation catholique en
Honvie et eu Silésie, 1661-1678. — 1. Pbkar. Les candidatures de
Prmysl Olokar II (1° eu 1265 ; 2* en 1256 ; le projet d'élire Pr«myzl
428 BICiriII.8 PfelODIQUBS.
Otokar contre Gaillaame de Hollande ou après sa mort n*a pis
existé). — Fr. Bilt. J. A. Komensky. — A. Sbdlaîiek. Mélanges topo-
graphiques et généalogiques.
86. — The Academy. 1892, 26 nov. — Hewins. English trade and
finance, chiefly in the zyix cent, (de la conscience et du soin, mais
beaucoup de lacunes). — P. Gardner. New chapters in greek history
(excellent). = 3 déc. Fr. P. Vemey, Memoirs of the Vemey femlly
during the civil war (documents curieux sur des gens charmants). =
10 déc. Fr, Meyrick. The church in Spain (372 pages sur l'histoire
ancienne de cette église, à Tépoque gothique et maure ; le reste est
expédié en 80 pages. Si cette seconde partie est insignifiante, la pre-
mière n'est pas sans intérêt). =17 déc. Le Caron, 25 years in the
secret service (mémoires d'un espion chargé de dénoncer au gouverne-
ment anglais les menées des Irlandais d'Amérique). — Conway, The
life of Thomas Paine (plaidoyer consciencieux et convaincant en faveur
d'un homme que l'opinion publique a souvent mal jugé). = 24 déc.
W. Besant. London (roman historique). — Une inscription romaine
récemment trouvée à Garlisle. = 31 déc. Nœldeke, Sketches from eas-
tem history, traduit par S. S. Black. — La date des « Ganterbury taies i
de Chaucer (1387). = 1893, 7 janv. Inderwick. The story of king
Edward and New Winchelsea (bon). = 14 janv. B. Smith, History of
the english parliament (très bonne compilation). » 21 janv. Note sor
la chronologie de Pierre de Blois (mort après le 26 mars 1204 et avant
le 20 mai 1212).
86. — The AthensBum. 1892, 3 déc — S. Bubics. Les dépèches de
F. Gomaro, ambassadeur vénitien à Vienne, au doge Giustiniani, 1686
(publiées en magyar, relatives à la prise de Bude, enlevée aux Tares
en 1686). = 10 déc. H. Compton. A particular account of the european
military adventurers of Hindustan, 1784-1803 (raconte surtout, avec
beaucoup de conscience et de pittoresque, les aventures du Savoprd
de Boigne, du Français Guillier, dit Perron, et de l'Irlandais G. Tho-
mas). — Kitchin. Obedientary rolls of 8^ Swithun's, Winchester (texte
bien publié, précédé d*un tableau de la vie de couvent au moyen âge,
qui est très chargé en noir). — /. Mills, Account roll of Holy Trinity
priory, Dublin, 1337-1346. — Les papyrus de Pétrie; suite : un noa-
veau document historique (relatif sans doute à la campagne de Ptolé-
mée m Evergète contre la Syrie, en 246). = 17 déc. B. Duffi/. The
tuscan republics (les débuts de ces républiques sont présentés d'une
façon obscure. Ge sujet s*éclaire seulement à partir du xrv« s.). =
24 déc. Sir H, Parkes, 50 years in the making of australian history (en
réalité l'auteur ne parle que des onze années où il fut gouverneur de
la Nouvelle Galles du Sud). —- D, G. Barron, Gourt book of the barony
of Urie in Kinoardineshire, 1604-1747 (montre sur le vif la nature àm
affaires traitées devant une • curia baronis b). = 31 déc. E. F. Hender'
son. Select historical documents of the middle âges (traduction
aHCtEILS rEBIODIQDES.
43»
Socre de documeals assez idelI choisis, dont les deax tiers se rap-
portent à l'histoire constilutionnelie de l'Angleterre). — Jea/freson.
Middlesex connty records. Vol. IV : 1677-1688, — Gomme. Englisli
topography- Vol. II. = 1893. 14 janv. SI. A. Brookc. The hislory of
eorly english literature (ouvrage consciencieux ; appréciations enthou-
Btastes des beautés de cette vieille poésie ; de l'érudition, mais pas assen
de profondeur). — ÀUchiion. Lord Lawrence (bon). — lillU. The Gray
frlars in Osford (excellent).
- Tbe engUsh historlcal Heview. 1893, janv. — Vwogra-
DOFP. Le Folkland [la théorie d'Allen, adoptée par la plupart des his-
toriens, est que le folkland était la terre possédée parla nation, i'n ager
pnbhcus D de l'Angleterre. C'est une erreur; le mot signihe terre pos-
sédée en vertu de la loi commune, ou <r fotkright, > par oppositioa au
■ boolcland, s qui désigne la terre possédée eu vertu d'un i book > ou
acte écrit. C'est ce que les érudits ont appelé f ethei, ■ • alod, a
t famîly land, <• « yrfeland, ■ c'est-à-dire la terre soumise au régime
des anciennes lois restrictives qui gardaient la terre dans les i familles, i
Il faut donc en revenir à la vieille dé&DÎtion de Bpelman : < terra
popularis, communi jure et sine scrtpto possessa, g et recoonaitrc que
le folkland n'a pas disparu au x* s.; il a survécu même à la conquête
normande, et le Domesday book en a gardé des traces nombreuses). ^
Miss NoHOATE. La huile o Laudabililer • (c'est la huile par laquelle le
pspe Hadrien IV donna l'Irlande à perpétuité au roi d'Angleterre en
1155. Giraud de Barri la cite, et Jean de Sahsbury raconte qu'il fut
envoyé à Rome pour l'obtenir du pape. L'aullienticité en a été très
vivement attaquée, surtout par les érudits irlandais, parce que, la con-
quête aoglaise ayant été la source des maui les plus cruels pour l'Ir-
lande, il leur paraissait impossible qu'un pape ail pu ordonner une
pareille injustice. Mais leurs arguments tombent si l'on voit dans cette
bulle, non pas une autorisation formelle de conquérir l'Irlande, mais
simplement ce qu'elle est en réalité, c'est-à-dire un avis du pape ne
désapprouvant pas les projets de Henri II en Irlande. Il n'y a donc
aucune raison de mettre en doute l'authenticité de la lettre pontificale.
Article détaillé et approfondi). — J. Gaihdner. Marie et Anne Boleyn
{Marie était ta sœur ainée d'Anne; ce point, si controversé, paraîtra
maintenant hors de doute; elle suivit la reine Marie à la cour de France
avec sa sœur, en 1&14, et parait y avoir mené une vie fort peu recom-
jnandable. A son retour en Angleterre, elle épousa William Carey,
ancêtre des barons de Hunsdon, en février 1520 ; sa sœur cadette Anne
resta à la cour de Frauce jusqu'à la &n de 1521. Ces faits constatés
rendent possible et vraisemblable l'opinion ancienne que Henri VIII
eut des relations scandaleuses avec Marie Boleyo). — J. H. Round.
Une charte de Henri I, 1123 (publiée dans le Monasticon de Dug-
dale avec la date fausse de 1121 et avec une liste de témoins dont
l'orâre a été bouleversé; rétablit cet ordre et identifie les personnages;
1 oette charte contient la plus ancienne mention connue de Robert
W BicoBits pimomqma.
connus comte de GloceBter). — Lrrrui. ËtadianU cÎRU>rcien« à Oxford
aa xm» s. — Hacuv. Sermons ponr les fêtes de S. Thoma» BeckM,
compocéB probablement psr l'archevêque Stratford Icontienneiitqaelqwï
anecdotes curieuBes, Binon vérldiqueB, sur l'archeiAque). — Garirti.
Une lettre d'Antonio de Guaras aux Irlandais ré*oIlés, 1573. — Bboui-
FOOT. La défense de Djellalabad en )843 (inTenlaire et publication par^
Uello de documculK). = Bibliographie : Gardner. New chapters li
greek history (expose, non pour les savants, mais ponr le grand pnbltc
lettré, les résultata des fouilles à Mycènea et à Olympia; remArquablE!).
— Fallu dt LiKierl. Vicaires et comtes d'Afrique (excellent). — Q. U
Strange. Palestine under tbe Moslems, 650-1500 (traductloii d« gè»*
graphes arabot, qui rendra tte grande services). — G. H. Orpm. Tbe
Bong of Dermot and tlie earl ; an old freocb poem (excellente édition
d'un texte trèi intéressanl. L'auteur écrivit sans doute eotre 1300 et
1330i pour certaines parties, il «emble avoir eu sous les yeai une cbr»-
niqne latine utilisée aussi d'autre part par Giraud le Gallois dans ton
Kxpvgnatio). — indtrwick. Tbe story ot king Edward and New Wia-
cbelsea (bon). — Calendar of tbe patent rollB preserved in tfae P. Rec.
office. Edward III, 1327-1330. — Calendar ot tbe close ralU preserwd
in tbe P. Rec. office. Edward tt, I30T-I313 (ces deux inventaires sont
excellents). — 0. Pike. Year-lwoks of tbe reign of king Edward III.
Year xv (excellent). — Al. Maxuxll. Old Dundee (important, et pour
l'histoire de Dundee et, en général, pour celle de la civilisation en
Ecosse. — Smith. Records of the parish churcb of Preston ia AmooD-
dernesB. — Fislmiek. History ol tbe parish of S'-Uictuel's-ûo-Wyre.
— Ibarra y Rodrigutt. Don Fernando ei catolico y el deacubrimiento
de America (judicieux). — Niiti. Leone X e la sna poUlica (plaide avec
science les circonstances atténuantes dans beaucoup d'accusations lan-
cées contre le pape). — G. ClarHta. Il duca di Savoia Emannele Ftli-
berlo e la corto di Londra, (554-1555 (peu intéressant). — 5»r H. Laj/ari.
Despatches of M. Suriaoo and M. .\. Barbaru, venetian ambaaeadon
at the court ot France, 1560-1563 (important). — W. D. HamitUtt, Calen-
dar of State papers. Doraestic, 1645-164T. — J. Jaeabt. Epîstolaa Ho-
Elianae (nouvelle édition des lettres de Howell, < ad familiares; ■ elles
ont été écrites quand l'auteur était dans la prison de Fleet en 1644-47,
et donnent de curieux détails sur les événements du temps, mais il
faut s'en servir avec précaution). — Re^noUU. The table talk of John
Selden (l'éditeur de ces < propos de table • du célèbre jurisconaulte a
été trop économe do commen taire). — Edw. Armstrang. Elisabeth Far-
nese, • the Terma^anl of Spala ■ (étude diplomatique qui ne manque
pas de valeur, mais qui est gâtée par beaucoup de mauvais goAt). ■
Fiske. The american Révolution (c'est le meilLear livre que nous possé-
dions sur la guerre de l'Indépendance américaine). — W. Anson. Tbe
law and custom of tbe constitution (remarquable). — Jamtum. Xha
history of bisiorical writing in America (esquisse intéressante), -^il
A genealogical chart of the royal family of Qreat Britain |ti4
ciencieux, Burtout en ce qui concerne les époqaee les plue ancieniies).
— Hoper. Materials for the hialory of the church of Lancaster (docn-
mentfi peu inléreesants et maJ publiés). — Shore. The taistory of Hamp-
ehire (compiialion médiocre|.
88. — The contemporary Hevlevr. 1893, janv. — Mary Darhbs-
TBTBn. La maison do campagae au moyen âge (aménagement et mobilier
dn château féodal ; vie qu'on y menait en France, surtout au ïiv* s.).
— Justin Mag Caktky. Le parlement d'Angleterre (ce qu'il a été et
surtout ce qu'il devrait être, à propcw du livre récent de M. G. Barnet
Smith). = Pévr. Chanoine Mac Coll. L'emplacement du Golgotha et
le Saint-Sépulcre. — A. Fobdes. Le courage militaire des rois (chez
les Tudore et chez les Romanofrs). — M. de Blowitz. Souvenirs d'un
jouraaiiste (relatifs au duc Decazes, alors ministre des atTaires étran-
gères, à la discrétion de M. de Blowitz dans certaines circonstances
qui auraient pu devenir fort graves lors de l'achat des parts dn canal
de Suez par l'Angleterre, à l'ingratitude des diplomalea envers les jour-
nalistes, etc.).
89. — The Nation. 1892, 17 mare. — Loujisbury. Studies in Chan-
cer, his life and nritings (remarquable; mais l'auteur exagère singu-
lièrement en montrant dans Chaucer un théologien, presque un pré-
curseur du protestantisme). == 24 mars. Lard Hoteberry. Pitt (esquisse
très distinguée). = 31 macs. Canon. The suprême court of tbe United
States (ouvrage de grand luxe, qui est en même temps un bon livre
d'histoire judiciaire et constitutionnelle). = 31 avril. Wirt-Henry. Patricia
Henry (3 gros vol., dont un de documents, sur le a Caton républicain, ■
qui prit une part si considérable aux débats qui précédèrent et sui-
virent l'adoption de la Constitution des État^-Unis). — Rand. Econo-
mie bistory since 1163 (2* édît., complétée de ce recueil de morceaux
choisis tirés des principaux économistes qui ont écrit depuis un siècle).
= 12 mai. Gardiner. History of the great civil war (très savant ouvrage,
maie il manque à l'auteur deux qualités essentielles à un historien :
la connaissance du monde et des hommes et la sérénité du jugement;
il prend trop vivement parti). = 19 mai. Lady inglis. The siège of
Luckuow, a diary (ce journal sur l'épisode le plus dramatique de ta
grande révolte de l'Inde est curieux en ce qu'il montre qu'au milieu
des horreurs du siège les femmes de la garnison anglaise contiDaërent
les habitudes régulières de la vie mondame tout en comprenant parCai-
l«ment la gravité de la situation). ^= 26 mai. Mac Maater. A history of
the people of the United states ; vol, 111 (bon, mais manque de pro-
portion). — W. Ch. Ford. Luttera of William Lee, sheriff and alder-
man of London, commercial ageatofthecontineaialcongress in France
and minister to (he courts of Vienna and Berlin, 1766-83, 3 vol. (inté-
ressant, mais l'homme était trop médiocre pour que sa correspondance
ajoute beaucoup à l'histoire). — R. S. Bobinson. Vermont (curieuse
monographie; de nombreuses erreurs de fait). =: 9 juin. Gwmnere. 6er>
manie origins (bon résumé des travaux oliemauda sur la civilisation
432 EBCUBIL8 PilIODIQUlS.
primitiye des Gromnains). = 16 juin. Fiske. The discovery of America
(étudié avec beaucoup de soin ; écrit avec chaleur et pittoresque ; ce
qu'il y a de mieux se rapporte à Tanthropologie des races aborigènes
antérieures à Ck)lomb). = 23 juin. Miss Mason Rawland. The life of
George Mason, 1725-1792 (avec ses discours, ses manifestes, sa corres-
pondance. Mason est resté jusqu'au bout l'ennemi de la constitution et
des idées fédérales). =: 23 juin. Bidgeway. The origin of metaUic cor-
rency and weight standards (ingénieux et savant ; mais Tauteur tient
trop de compte des textes, pas assez des monuments ; les données obte-
nues par M. Pétrie sur les poids et mesures trouvés à Naucratis n'ont
pas été assez prises en considération). >» 30 juin. Ch. Bobinson. Hie
Kansas conflict (Robinson était un ancien gouverneur du Kansas ; son
livre est donc un témoignage plus qu'une histoire ; mais le témoignage
a son prix). = 7 juillet. Parkman, A half-century of conflict (lutte poor
le Canada dans la première moitié du xvui« s.; deux vol. qui terminent
le grand et important ouvrage de l'auteur sur c la France et l'Angle-
terre dans l'Amérique du Nord •). — /. M. Lambert, Two thousand
years of gild life (détails intéressants sur les guildes et les compagnies
de commerce de Kingston-upon HuU; mais dans Tensemble peu de
soin et de critique). — Gomme. Ethnology in Folklore. ^ 21 juiUeL
D, Conuxiy, The life of Thomas Paine (biographie très consciendeose
du fameux jacobin américain). — Fellows. The anglo-saxon towns and
their polity (remarquable). = 25 août. D. Campbell. The Puritain in
Holland, England and America ; an introduction to american history
(partial, trop enthousiaste, mais fait avec beaucoup de conscience). ^
1«' sept. 0. Pike. Year books of the reign of king Edv^rard in. Year iv.
= 6 oct. Markham. A history of Peru (fait avec critique). =13 oct.
J. G. Wilson. Mémorial history of the New York city; vol. II (bon). =
27 oct. Edw. J. Payne, History of the New World called America;
vol. I (ouvrage remarquable sur la civilisation de l'Amérique par un
élève convaincu, mais mitigé, de Buckle). = lO nov. Markham. The
life of Ghr. C!olumbus (apologie de Colomb faite avec science et talent,
mais qui dépasse les limites permises à la critique). = 24 nov. Ch. Fr,
Adams. Three épisodes of Massachusetts history (ces trois épisodes
sont : la colonisation de la baie de Boston, la controverse antinomienne,
une étude sur le gouvernement ecclésiastique et municipal). = 29 déc.
J. P. Phodes. History of the United States, from the Compromis of
1850, 2 vol., 1850-60 (ouvrage très consciencieux). = 1893, 5 janv.
W. C. Sydney. Social life in England, 1660-1690 (ce n'est guère qu'un
plagiat de Macaulay).
90. — Jahrbnch fflr schinreizerische Geschichte. Bd. XVI,
1891. — G. Meyer von Knonau. Coup d'œil sur les travaux de la Société
générale d'histoire suisse pendant les cinquante premières années de
son existence, 1841-1891. — K. Ritter. J. G. Zellweger et la fondation
de la Société générale d'histoire suisse. — Idem. Extraits de la corres-
pondance de Zellweger.
CBaONIQOE tT UIBLIOGBirHlB.
CHRONIQUE ET BIBLIOGRAPHIE.
France. — Dom Paul Piolih, prieur de l'abbaye bénédictine de
SoliïBraes, est mort le 6 novembre dernier, âgé de soixante-seize ans.
On lui doit une Histoire de l'églùe du Mans |6 vol., 1851-1863), un Sup-
ptéwnt aux vies des saints et ipéeialemtnl atu: Petits Bollandistes {3 vol.,
tâ85-S6), sans compter bon nombre d'articles relatifs surtout à l'histoire
du Maine, insérés dans diverses revues générales et [ocalos. C'est lui
qui surveilla la réédition de la Gallia christiana.
— Le vicomte de Bonnault d'Houbt, décédé le 3 novembre, à l'&ge de
cinquante-bait ans, est l'auteur de diverses publications sut l'histoire
d'Abbeville.
— M. Bahtii vient d'être élu membre de l'Académie des inscriptions
et belles- lettres en remplacement du marquis d'Hervey-Saint-Denys.
— M. Aug. MoLDiiBR a été nommé professeur à l'Ecole des chartes
(U)urc«a de l'histoire de France) en remplacement de M. Siméon Luce.
— Les élèves de l'Ëcole des chartes de ia promotion de 1893 ont aou-
tenn leurs thèses les 30 et 31 janvier dernier. Voici leurs noms et les
sajets qu'ils avaient choisis : P. d'Abbûis de Jubaihville, Keehtrches jur
la condition de la classe agricole dans l'ancien diocèse de Troyes au moyan
dgt. — F. Claddon, Histoire de la ville de Langres et de ses institutioTu
municipales jusqu'au milieu du XV' siècle. — Â. CouLon, Étude sur Us
for(U de ta Franehe-Comti, du /•' au XVII* s. — G. Daumet, Essai sur
l'histoire de Calais sous la domination anglaise. — J. Gdisebt, Jean II,
duc d'ÀUnçon (1404 ou 1405 à 1476). — P. Hoppbnot, Étude sur féglise
Sainte-Madeleine de Troyes. — Pëbbbtti db la Rocca, De t'influence des
coutumes de Berrij sur la législation dt Genèse au XVI' s. — M. Sache,
étude sur François de Coligny, seigneur d'Andelot, colonel général de l'itir
fànterie française (1521-1569). — G. Salles, Guerre et négociations entre
François J" et Henri Ylll, du traité de Crespy au traité d'Ardres (1544-
1546)- — J- Sdybh, la Communauté des habitants de Bloii jusqu'au com-
mencement du XVI' s. — A. Vautibb, Étude sur la vie et les ouvres de
Robert Cenalis (1483-1563).
— Depuis le 1'^ janvier 1893, parait chez Leroux une Revue dt l'Orient
latin, BOUS la direction de M. le marquis db Voodé et de M. Ch. Scbe-
FEB. Le secrétaire de la rédaction est notre collaborateur M. Cb. Kohleii
|4 livr. par an, au prix de 25 fr. par an, 36 fr, pour les départements et
27 ff. pour l'étranger}. Le 1" numéro contient, outre un article nécrolo-
gique de M. DE Voodé sur le comte Biant, les articles suivants : les
Bbv. Histor. LI. 2< FASC. 28
4M ononQUE it biblio61a?ui.
Patriarches latins de Jérusalem, par M. de BLls Latrie ; l'Ordre de Mcmfc-
joye, par M. Dslaville le Roulx; Actes passés à Famagonste, par
M. Desimoni; Eclaircissements sur quelques points de Thistoire de
Téglise de Bethléem- Ascalon, par le feu comte Riamt.
— A la même librairie parait également une Remie sémitiqw, recueil
trimestriel d'épigraphie et d'histoire ancienne, dirigé par M. J. Halâtt.
(Prix : 20 fr. par an.)
— Le Nouveau Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, publié
par M. Le Blant pour la collection des documents inédits, est du plus
haut intérêt. Il comprend 445 inscriptions nouvelles dont beaucoup sont
accompagnées de notices très étendues sur des points spéciaux de l'his-
toire religieuse. Dans une préface où se retrouve la précision et reten-
due lumineuse de vue habituelles à Tauteur, M. Le Blant fait remarquer
que ce nouveau recueil confirme toutes les conclusions qu'il avait tirées
de ses études antérieures : Tintroduction tardive du christianisme dans
l'intérieur de la Gaule, l'importance du Rhône pour cette pénétration
du christianisme, l'influence des églises d'Orient sur les formules usi-
tées dans la région lyonnaise, la persistance des traditions romaines
dans les pays burgondes, où l'on continue jusqu'au milieu du vi* siède
à dater d'après les consuls, tandis que, dans les pays francs, on date
d'après les ans du règne des rois barbares. Il ajoute encore une série
d'observations très intéressantes sur les sentiments, les idées, les masan
révélés par les inscriptions, en particulier sur le mélange de supersti-
tions et d'usages païens avec les usages chrétiens.
— M. A. Pératé a donné, dans la Bibliothèque de l'enseignement â»
beaux-arts, un volume excellent sur V Archéologie chrétienne (May et
Motteroz), divisé en quatre parties : l'Art des catacombes, l'Art des
basiliques, la Miniature, la Sculpture. On y trouvera, condensée sons
une forme très claire et très agréable, toute la substance des travaux de
Rossi, Mûntz, Garucci, etc., par un jeune savant, qui a, par ses études
personnelles, acquis déjà une compétence et une autorité réelles dans
les études sur l'art chrétien. L'illustration du volume est remarquable.
— - M. Ph. Tamizey de Larhoqde a terminé avec le t. m sa belle
publication des Lettres de Peiresc aux frères Dupuy (Coll. des doc iné-
dits). Ce dernier volume comprend les lettres de janvier 1634 à juin 1637,
plus un appendice contenant une lettre de Peiresc, deux lettres de
Christophe Dupuy, cinq lettres de Jacques Dupuy et une lettre de Gas-
sendi, dix-neuf pages de corrections et additions dont quelques-unes
très importantes, un index des mots et locutions dignes de remarque
que nous recommandons aux linguistes et grammairiens, enfin un
index des noms de lieux et de personnes. Les lettres de 1636 et 1637
offrent un grand intérêt historique.
— L'ouvrage de M. Letaimtdrier-Fbadjn, sur le Duel à travers les âges
(Flammarion), est un des plus sérieux qui aient été publiés sur la
matière. Ce n'est pas une histoire de l'escrime. Il traite exclusivement
CflB0i1I<]ïï8 ET lllBI.ror.RAPBlE. J35
du dael. Il en «tadie d'atiord la législation. Si les chapitres relatir» à la
France ne nous apprenaent rien de très aouvt^au, bien que noua y
trouvions quelques documenU inédits assez curieux, les renseignemeoU
Hur les léfçislalions étrangères offrent un véritable intérêt. La seconde
partie do l'ouvrage est anecdotiqoe; elle est consacrée aux duels célèbres
et *e m avec arment. La troisième flte les règles du duel et exprime
le vcen que la constitution de jurys d'honneur vienne réduire au mini-
mum possible ces pratiques plue irrationnelles encore que barbares.
Des illustrations intéressâmes reproduisent les traits des plus Tameui
duellistes on des scènes de duels célèbres d'après des documents du
temps.
— Le tome II des Origines de l'aneiennt France, par M. J, Plach,
vient de paraître (Laroseet Forcel); il se rapporte aux xi' et xii' siècles
et traite trois sujets : les origines communales (p. 1-425), la féodalité
(p. 4?7-560| et la cbevalerie (p. 561-576). Dans son premier volume,
l'auteur avait montré comment et pourquoi s'était dissouta l'ancienne
•ociété franque; il veut montrer maintenant comment elle s'est recons-
titoée. C'est dans la famille qu'il cherclie et trouve l'élément primor-
dial de celle reconstruction. < C'est, dit-il, la famille élargie par la
parenté fictive ou la parenté spirituelle qui a enrantâ les éléments pri-
mordiaux de la commune et qui lui a fourni son cadre essentiel; c'est
elle qui est à la base du service féodal et do la chevalerie. > Ainsi, il
étudie successivement les premiers gprmris de la commune rurale (vil-
lages de la Gaule celtique, gallo-romaine et franque), la genèse de la
eommane rurale au x* et au xi<> siècle (villages formés près des chà-
teaus-forts des ruines de l'ancienne villa, villages indépendante, villages
créés dans les forêts et sur les terres désertes, villes neuves, bourgs
neufs et sauvetés, communes urbaines] ; la formation du lien corporatif
et communal : la féodalité, qui a ses origines directes et profondes dans
la parenté, soit réelle jmaisnie), soit Active (compagnonnage d'aven-
ture, fraternité d'armes et obligations juridiques qu'elle entraine) ; l'or-
ganisation de la société féodale à ses débuts, où le seigneur féodal, et
surtout le haut baron, apparaît comme un chef de clan. Quant au che-
valier, c'est simplement le meilleur soldat et le meilleur vassal; < le
chevalier est l'élite de l'armée et l'élite de ia féudalilé. ■ Ainsi rien que
des liens purement personnels; la concession de la terre noble ou Bef
n'est pas l'élément premier et nécessaire de la féodalité. Mais le régime
créé par ce groupement nouveau des individus mène droit à l'anarchie
qu'il fallait contenir ou réprimer; ce fut l'œuvre de la royauté et de
l'Église, deux autres éléments esseaticls de reconstruction que l'auteur
se réserve d'étudier dans le volume suivant. Cette théorie, qui ébranle
les idées généralement admises sur tes origines de la féodalité, repose
Bur un très grand nombre de documents qui enrichissent le bas des
pages, et sur un ingénieux dépouillement des chansons de geste; car
l'auteur ne marche qu'à la lumière des textes. L'énorme travail entassé
dans ces pages et ces notes substantielles, non moins que l'originalité
du point de vue, donnent à cet ouvrage une grande portée.
436 CHKONIQITB tT BtBUOGUPHlK.
— Notre collaborateur M. Georges Blohdbl vient de publier une
Étude sur la politique de l'empereur Frédéric II en Allemagne eisurUt
transformations de la constitution allemande dans la p re mi ère moUii d»
XIII' siècle (A. Picard, xlvi-440 p. iii-8*). En attendant que nous pms-
sions en parler plus au long, voici Tindication des chapitres : i* le
développement constitutionnel de l'Allemagne jusqu'au xm* siècle;
Frédéric II et son règne ; 2® le pouvoir royal au commencement da
xni« siècle ; organes et ressources de la royauté; 3«-6* Frédéric II et li
société laïque, le clergé, les villes, les classes rurales; !• considérationi
générales sur la politique de Frédéric II. Ce travail est le résumé de
recherches longues et très étendues dans les textes et dans les ouvrages
si nombreux publiés en Allemagne sur le sujet; il rendra d'inappré-
ciables services aux étudiants et aux professeurs, car il n'existait pas
encore en langue française un bon livre sur les institations allemandes
au moyen âge.
— VBspagne sous Ferdinand et Isabelle, par M. J. MAUtiOL, est on
excellent tableau de la situation politique, administrative et sociale de
TEspagne à la fin du xv* siècle ; il est composé avec érudition et décrit
avec talent. On saura surtout gré à l'auteur d'avoir traité sans parti
pris un sujet où la déclamation était si facile : rinquiaition et le Des-
potisme sont encore, aux yeux de tant de gens, le résumé en deux mots
injurieux du règne des souverains catholiques ! Au lieu de louer on de
blâmer, M. Mariéjol expose les faits et explique les nécessités histo-
riques. C'est la bonne méthode, celle qui donne au lecteor confiance
dans un livre. L'ouvrage fait partie de la c Bibliothèque d'histoire
illustrée • qui paraît cbez Quantin sous la direction de MM. Zeller et
Vast, et qui a déjà sa place marquée dans la bibliothèque de nos étu-
diants et de nos professeurs.
— On a parlé plus d'une fois de la première exposition des produits
français qui eut lieu à Paris, au Ghamp-de-Mars, en l'an VI (1798); on
n'en avait pas encore fait l'histoire. M. G. Dbppino a recherché les anté-
cédents de cette entreprise et les raisons qui inspirèrent à François
de Neufchàteau, ministre de l'intérieur, l'idée, alors toute nouvelle,
de faire une exposition nationale ; il a donné la liste des principales
récompenses, recueilli dans les documents officiels du temps le témoi-
gnage des résultats obtenus. Le très intéressant mémoire qa*il a consa-
cré sur ce sujet forme un bon chapitre de notre histoire industrielle
au temps de la Révolution. U a été inséré dans le CompU^rendu de
l'Académie des sciences morales et politiques (1893, !»• livr.) et tiré à
part. (La première exposition des produits de l'industrie fîrançaise en
l'an VI Î798, diaprés les documents. A. Picard, 45 p.)
— M. Pierre Bertrand a pubUé dans la Remte d^ histoire diplomaUqw,
et à part (51 p. in-8«), une excellente étude intitulée : M. de Baeourt et
les Mémoires de Talleyrand. Reprenant un à un les arguments présentés
par MM. Aulard et Flammermort quant à la probité littéraire da M. de
Bacourt et à l'authenticité des trop £ameux Mémoiiea, il montre que les
CnRONIQl'E RT nrDLlO'^iniPBIE. 437
documents produitB récemment par M. Flammermont (et. plus haut,
p. 164 el 312) ne parlent pas une lumière décÎBive Bur la première île
ces queslione, parce que ces documenle sont deH copies el non des ori-
gînaai, copies évidemment fautives et probablement inlerpolcea par
iiercy lui-môme, et, par conséquent, ne prouvant rien contre la siocc-
ritè du teste produit par M. de Bacourt; que, d'autre part, les lacunes
signalées dans \(^ Mémoires de Talleyrand, et attribuéeE à M. de Ba-
court, n'existent pas en réalité; que M. de Bacourt a rempli avec la
Edélilé la plus scrupuleuse ses obligations de légataire universel, impo-
sées par la conËance de Talleyrand. Cette discussion, vivement con-
duite et poussée â fond, produira une grande impression sur l'esprit de
tout lecteur dégagé de parti pris. Elle laïKne naturellement de côté une
autre question, toute différente de colle-ci, à savoir quelle est au vrai
la valeur historique des Mémoires, question que M. Bertrand vient
d'ailleurs d'eiposer lui-même, sous une forme moins didactique, dans
un récent article de ta Bevut encyclopédique.
— C'est chose malaisée que de mettre au courant un ouvrage comme
le Dictionnaire universel de géographie et d'histoire de N. Bouillbt, qui
date de cinquante ans déjà et qui a été plus ou moins remanié dans
29 éditions consécutives. La 30' édition (Hachette) a été l'objet d'une
refonte complète opérée sous la direction de M. Gocrhaione. Elle marque
un progrès incontestable sur les précédentes, mais elle eût encore gagné
à être revue de plus près. On remarque en effet d'assez fortes disparates
entre les articles; ainsi au mot Tolbiac on note la victoire do Clovis, et
au mot Ctovis on lit que sa victoire sur les Alamans ne fut pas livrée
auprès de Tolbiac. Au mot LauU II on cite exactement le traité de Paris
H259), qui est omis au mot Parij (alors qu'on cite le traité de Paris de
1329), et l'on nous dit, sous Âbbeville, que a saint Louis y reçut en 1259
la ratification de Henri III au traité de Paris (125S) qui..., > ca qui est
doublement erroné. Pour le traité d'Andelot on parle de ■ 6efs > et
pour l'édit de Quierty de i l'hérédité des bértéSces, • notions inexactes
qui sont rectifiées à l'art. Féodalité. — Des erreurs de fait pourront être
aisément corrigées dans les tirages suivants; il faudra reviser la chro-
nologie des rois méroviugiens d'après les tables dressées par Kruscb et
J, Havet; rectifier la forme du mot Testry. qui est aujourd'hui Tertry-
sur-Omignon (on a justement donné à Pistes la forme moderne du mot
Pitrei), la date de l'année où Henri lU annula les « Provisions i d'Ox-
ford (1Ï52 à l'art. Henri III. 1261 à l'art. Montfort). Au mol Saintts on
lit : ■ En 1242, saint Louis battit les Anglais près de Saintes, à Taille-
bourg; > le contraire (â Saintes prËs de TaillebourgI serait beaucoup plus
exact. M» Clara Schumann s'appelle Wieck et non Wirck, Il faudrait
refaire l'art. Bulles, l'art. Trouvères, etc., corriger l'art. Archives; on cite
le décret de 1841 pour le classement des archives dé parle tu en taie s, non
celui de 1879 relatif aux archives communales, et ne devait-on pas citer
â ce propos l'ouvrage de MM. Langloîs et Stejn sur les Architts de l'his-
toire dt France^ Ëtait-il déjà trop lard pour signaler au mol Afijtole son
3
AU
tni> nir la Cr,3ftitctkm ^'A*Jwa« ^ ~ Lt biblîoçrmphie est de ulear
tniA ifie^alie. D aprèf le plizi du Dictionaaire elle doit être brète; mais
ptiKfjn 'jtnvA qrz'ell'» «oit as eewrmnt: «Hé Teft en beanconp d'endroits,
mai« il T a d'» aom bi c ufce» «t reerpttablef omknoDS. S*il s'agit d'édi-
tiofif d* t/?xî«, le« meill*tir?* doÎTent être préférée», et scniTent les meil-
lenred sodi lei p!a^ recentei : or si l'on prend one liste des pnblictUoDi
de la ïyyriffté de lliiftoire de Franee, de Thistoire de Normandie, des
ancien* textes français, on relèrefa beanooop de laconee graTes. Ainsi
l'oo cJtA arec raison les éditions de Riford et de Froissart par MM. Delft-
liorde et Lace; mais pourquoi omettre œlle de M. Me3fer sur la chanson
de la croisadp contre les Albigeois ? Ponr Enstache Deschamps, il Cil-
lait cit/^r l'pdition du marquis de Queaxde8ain^Hilaire; ponr Widef, les
publications de la Wicliffe Society. On cite Orderic Vital, mais non
Hobert de Torigny, Mathieu Paris et non Mathieu de Westminster (ce
dernier était important à citer précisément parce qu'il n'a pas existé).
On n'a pas mentionné à leur place les ouvrages de Fronde et de Gardi-
ner sur le xvi« et le xvn*s. en Angleterre; ceux d*Ameth sur Joseph II
et Marie-Thérèse ; la monumentale compilation des Peldxiige du prince
Kugéne, le catalogue des Actes de François I*', la correspondance de
PeiroKc, les documents publiés par M. Aulard sur le Comité du Salot
public. Il fallait citer Chuquet pour Gustine, Dumouriez, etc., le vicomte
d'Avenel pour I^uis XIII, Villari pour Savonarole et Machiavel, For^
nnron pour Philippe II, de Leva et Baumgarten pour Gharles-Quint.
OU:., parce que ces ouvrages résument tous les travaux antérieurs. C'est
pur co d<jtail que doit exceller un Dictionnaire assez répandu pour que
ri*<liumr Boit obligé d'en faire un nouveau tirage tous les deux ou
trois auH.
— M. (]. JuLMAN vient de consacrer à la description de la Gaule
roiniiiiin un instructif et charmant petit livre intitulé: Gallia, Tableau
sommaire (le la Gaule sous la domination romaine (Hachette). C'est une
lorturn <^xcollonto pour les élèves qui sortent de 4» et veulent se pré-
puriT i\ profiter du cours d'histoire de 3« ; mais, comme il est écrit par
un ôriidit dos plus compétents et par un vrai lettré, il sera lu aussi
uviu». plaisir par los gens du monde et rendra des services aux élèves
dos l<aculttVii.
— La colloction do Lectures historiques, que publie la maison Hachette,
sost iMirichio do deux volumes oxcellenU. Les Lectures d'histoire romain
tlo M. P. (Utiravo sont conçues comme celles d'histoire grecque, de
tti^ow A ilonnor un Ubloau des institutions et des mœurs. Elles com-
pivnuoni los ohapitn^s suivants : la ville de Rome; la famille; l'éduca-
«ion . rosolAv«j,v 01 los affranchis: le logement; le costume, U toilette,
l»^« vo|wis; los HMuMos; hv< funorailles; la vie sociale et les divertisse-
««o«u: lo iruxail ot la richesse; la reUgion; le régime républicain; le
rt^îlmoimiHTi^l; l'armoe: administration du monde romain; la justice;
h* ohnsnauisnuv ^ U volume de M. Uoora*GATKT ponr les T$mffs
CBHOffIQDE ET BIBLlOGRtPHII. 439
modem»» eet conçu sur un plan intéressant et origitial. U Eult les dia-
pitrPB du programme du cours de rhétorique et fournit pour chacun d'eux
des récits, des tableaux et des éciaircissements qui portent aussi bien sur
les événements les plus importants que sur les institutions, et qui sont,
tantôt pris directement aui sources, tantôt composés d'après les ouvrages
iDodemes. Ainsi le ch. u sur la politique européenne aous donne des
détails sur l'élection impériale, sur les institutions de l'empire, sur les
armées allemande et suédoise, sur la bataille de Rocroi; le ch. vu sur
I^uift XIV et la monarchie absolue contient le portrait de Louis XIV,
ses pensées sur la royauté, les théories du droit divin, le tableau de la
cour de Versailles, des détails sur le commerce et l'industrie, l'année,
lamarioe. Lech. ixi, sur le gouvernement parlementaire en Angleterre,
nous présente une esquisse de la vie parlementaire, les caraclères de
la conslitntton anglaise, le portrait de W. Pitt. Ce volume rendra aux
professeurs comme aui élèves les plus grands services.
— M. A. CiniEL, qnj a transformé en une admirable résidence les
belles ruines de l'abbaye de Loc-Dieu, a rendu aux études historiques
le service de réunir et de publier, avec l'aide de M. Lempereur, archi-
viste de l'Aveyron, des Documcnli sur l'andenne abbaije de Loc-Dieu,
empruntés à des copies faites au ivm" siècle par E. Gahrol sur les
pièces du chartrier détruit à la Révolution, et aux fonds de la Bibl.
oat., des Arch. uat. et des archives de l'Aveyron. Le plus ancien
remonle à 11'2i et contient une donation faite par Âudouin de Parisotà
N.-D. de Loc-Dieu, fondée le 21 marsIl'ZS. Le dernier est l'acte de venta
à H. Cibiel père, le 26 mars 1813, de l'abbaye et du domaine vendus
le 2t juillet 1791 comme bien national aux sieurs Savignac et Roui.
— Outre les volumes publiés par la SociéU de l'histoire de France.
dont nous avons rendu compte dans nos Bulletins, nous devons encore
signaler les suivants : le t. IV des Mémoires de Villars, qui contient le
récit des négociations de Bastadt, toute l'histoire de la régence avec
de curieux détails sur les intrigues de Cellamare et sur Law, le minis-
tère du duc de Bourbon jusqu'au mariage du roi. M. de Voouà a donné
en appendice des lettres relatives aux négociations de Rastadt et une
belle lettre de Fénelon pour féliciter Villars de la paix ; les tomes V
et VI de {'Histoire universelle d'Agrijrpa d'Aubigné, publiés par A. ae
Rdble, qui s'étendent de 15T& à 1&85.
— Parmi les récentes publications de la Société de l'histoire de Nor-
mandie, la plus importante est celle des Œuvres de floftort Blondel,
publiée par M. Hëron. Le t. I a seul paru. Il contient les textes latin
et français de la complainte des bons FraDt^is et les testes latin et
français du disconrs historique sur les droits de ta couronne de France.
Nous reviendrons sur cette publication quand l'introduction aura vu le
jour. M. R. DE Bkaubbpaiiie continue la publication des Cahiers des
États de Normandie. Il donne, dans nne plaquette, le cahier de février
1655 et lee remontrances de décembre 1657, et les cahiers du règne de
440 CmOinQVB BT BIBUOGIAPHB.
Charles IX, accompagnés de doeaments relatifiB aux Ëtats de 1561-1573.
Le Registre des fiefs et arrière^ftefs du bailliage de Casn en 1503, publié
par M. BBAuvoism, est un document capital pour Fétude des terres
nobles en Normandie an commencement da xvi* siècle. M. J. Jftoji a
réuni en deux volumes les Cornptes-rtndus des iehevins de Rouen aose
des documents relatifs à leur élection, de 1409 à 1701, textes prédeu
pour rhistoire municipale, mais qui ne fournissent que pea de chose
pour le XV* siècle.
— M. Joseph Fàbrb aura pour sa bonne part contribué à répandre le
culte de Jeanne d'Arc. Son livre sur Jeanne d'Arc, Libératrice de li
France, a déjà eu six éditions, et ses traductions du procès de oondim-
nation et du procès de réhabilitation en ont eu Tune trois, l'autre deux.
Il a consacré un [drame à Jeanne d'Arc, et il vient de réunir en an
volume, qui est à mettre dans les mains de tous les enfants, les épbé-
mérides qu'il a publiées en mai 1892 dans le Temps, sous le titre : k
Mois de Jeanne d'Arc (Colin). Il a remarqué, en effet, que le mois de
Marie est aussi le mois de Jeanne d'Arc C'est en mai 1428 qu'elle a
été trouver Baudricourt, en mai 1429 qu'elle a délivré Orléans et fait
sacrer le roi à Reims, en mai 1430 qu'elle a été prise et livrée au
Anglais, en mai 1431 qu'elle a été condamnée et brûlée.
— M. E. ÉBfÉRiQUB a traduit une description très curieuse et pea
connue de la France en 1598, composée par H. Dallington, secrétaire
de l'ambassadeur d'Angleterre en France : The View of Fraunee, publiée
à Londres en 1604 par Symon Stafford. La très élégante édition de cette
traduction, imprimée chez L. Cerf à Versailles, sous le titre : un Aperçu
de la France telle qu'elle était vers l'an 1598, mérite d'être signalée au
historiens. Dallington est très hostile à la France, et il emprunte sou-
vent ses renseignements à des publicistes passionnés, mais il est ob8e^
vateur intelligent, et son tableau de la France au sortir des guerres
civiles a un véritable intérêt.
— Le t. XII des Mémoires du marquis de Sourehes sur le règne de
Louis XIV, publié par MM. G.-J. de Gosnag et £. Pontal (Hachette),
s'étend de juillet 1709 à décembre 1710. Les nouvelles de la guerre y
tiennent la plus grande place.
— Sous le titre : tin Homme de lettres sous l'Empire et la Restauration
(Flammarion), M. Maurice Albebt a publié de très intéressants frag-
ments du Journal intime d'£. Géraud, cet homme de lettres bordelais
dont M. Maugras a déjà fait connaître les curieuses lettres sur la Révo-
lution et M. Bigot les souvenirs politiques sur les deux Restaurations.
La vivacité des impressions d'£. Géraud, qui, après avoir salué les
débuts de Lamartine et de V. Hugo, devient leur détracteur acharné dès
1823, fait de son journal un document très précieux pour l'histoire Ut-
téraire du premier tiers de ce siècle.
— Sous le titre : A cheval de Varsovie à Constantinople, par on capi-
taine de hussards de la garde impériale russe, avec une pié£ace de
CHHOXIQrE ET BlBLIOCHiPBIE. iii
I Kerre Loti (Ollendorfl), M. R. de Hewjinh a publié une série de letlres
qui forment un tableau véridique et vivant de la guerre turco-roBse
de 1877.
— La thèse de M. P. dk Nolhac sur Pétrarque et l'Ilumaniame (BouiU
Ion) est une conlribution d'une importance capitale à Tbistoire de la
Reasisgance. C'cbI dans l'introduction, sur le râle de Pétrarque dans la
Renaissance, et dans le premier chapitre, sur Pétrarque bibliophile, que
les bislorieuB trouveront le plus à glaner. Ce premier chapitre en par-
ticulier ajoQte beaucoup à nos connaissances sur la vie et le caractère
de Pétrarque, car il nous montre à quel point sa vie a été liée aux des-
tinées de ses livres. Les historiens ne liront pas avec moins d'intérêt le
chapitre vi, sur Pétrarque et les historiens romains, et les appendices,
sur l'iconographie de Pétrarque, sur Pétrarque jardinier, sur Pétrarque
dessinateur, sur les mémoriaux intimes de Pétrarque. L'ouvrage tout
entier d'ailleurs nous fait connaître, dans le détail le plus précis et
avec le charme dont M. de N. sait revêtir les recherches les plus minu-
tieuses d'érudition, ces premiers débuts de l'humanisme, dont Pétrarque
a été le principal initiateur.
— H. SËAn.LEs a profité des nombreuses recherches dont Léonard de
Vinci a été l'objet dans ces dernières années, et en particulier de la
magistrale publication des douze volumes manuscrits de la bibliothèque
de l'Institut faite par M. Ch. Ravaisson, pour écrire, sur Léonard dt
Vinci, l'artisle et h saeanl (Perrin), un essai de biographie psycholo-
gique. Il Tallait un philosophe, un artiste et un lettré comme M. Séaillea
pour juger un esprit aussi universel que Léonard. 11 a su pénétrer son
génie et faire comprendre les liens secrets qui unissent en lui le savant
à l'artiste. La première partie du livre est consacrée â la vie de Léo-
nard; la seconde à sa méthode et à ses théories scientiSques, qui
montrent en lui un précurseur de la science moderne; la troisième au
caractère de son génie, comme artiste et comme savant,
— La Collection des classiguei populaires, de Lecène et Oudin, vient
de s'augmenter de plusieurs volumes. Le TMers de M. Zëvort nous pré-
sente un tableau édèle et animé de sa vie et de son œuvre, trop favo-
rable pour sa politique sous Louis- Phi lippe. M. Maurice Pblus^on nous
donne un La Bruyère. M. Mongeaui un excellent Racine, M. Mëllieb
an Toise, M. Bon un Larnarline intéressant.
— Signalons, dans la CoUtction des grands écrivains (Hachette), le
brillant nabelais de M. R. Millbt et le solide et judicieux Rousseau de
M. GnnouET.
— La librairie Colin a entrepris, sous le litre : les Littératures étran-
gères, une série de volumes destinés A faire connaître, par des extraits
accompagnés d'introductions et de notices, les faits et les auteurs prin-
cipaux des littératures étrangères. M. Dibtk a consacré deux volumes :
l'an â l'Angleterre et à l'Allemagne, l'autre à l'Italie et ii l'Espagne;
M. L. Lboeb uu volume tout entier k la Russie.
44i cnomoin n BnuocftAnmi.
— Le t. XVII da Recueil des traitésdela France, p. p. M. J. dbGlbmq
(Pedone-Lauriel), contient quelques actes relatifs aux années 1878-1885,
omis aux précédents volumes, puis la série suivie des traités et conven-
tions conclus par la France de novembre 1885 à décembre 1887.
Lr?BB8 NOUTiAUx. — HisToiBs LùOALM. — AUx, NtcoUO, HisUrfre de l'or-
ganisatioii jadiciaire à Bordeaox et en Gayenne, et du barrea« de Bordem,
du xui* an xix* s. Bordeaux, Goonooillioo. — CiéWÊ/etU Siau^m. Histoire da
collège de ToUe, 1567-1887. Champioii. — A, Brapuhag. L'église de l'abbaye
royale de Sainte- Aostreberte à Montrenil-snr-Mer. AbbeviUe, impr. dn Cabinei
hifttor. de l'Artois. —Abbé Herrefiite. La jnstk» à Vittel avant 1789 (Bon.
Soc. philom. voegienne). Saint-Dié, impr. Humbert — Abbé FiUei. Gotoaiei
vindoises de l'abbaye de Montmajoor. Valence, Laatbeannie. — Barhèn-
Flavff, La seignenrie de Navès an pays de Castres, 1244-1750. Albi, inpr.
Montés (Bevne dn Tarn).
Documents. — Gouget, Ducaunèi-Duval et AUaift^ Inventaire sonmabe des
arcbives départenentales intérieores à 1790. Gironde ; aicbives eoclésiastiqaes,
•èrie G. Inventaire des fonds de rarcbevécbé et da cbapitre métropolittia de
Bordeaux. Bordeaux, Gonnouilbon. — Inventaire des arcbives dn cbapitre
métropolitain d'Embrun en 1790-91. Gap, Jonglard.
Bel^que. — A peine avons-nous annoncé dans notre précédente
livraison (U, p. 220) l'achèvement du grand ouvrage de Mgr Namèchb
que nous apprenons la mort du doyen d'âge des historiens belges.
Alexandre-Joseph Namèche était né à Perwez (Brabant) le 26 juillet
1811. Devenu prêtre, il se distingua par son goût pour les études, et ses
supérieurs utilisèrent ses talents dans renseignement En 1853, l'abbé
Namèche publia le premier volume de son Cours éTkistaire nationale^
qu'il poursuivit régulièrement jusqu'au tome VIU (1869). Appelé ptr
les évoques belges à remplir la charge de recteur magnifique à rUni-
versité catholique de Louvain et nommé prélat domestique par Pie IX^
Mgr Namèche sembla définitivement perdu pour Thistoire. Mais, dès
qu'il eut pris sa retraite, il employa sa verte vieillesse à achever sa
grande œuvre; de 1883 à la fin de 1892, il publia coup sur coup les
vingt-un derniers volumes du Cours d'histoire nationale. C'est la compi-
lation la plus vaste qui ait été entreprise en Belgique sur l'histoire des
Pays-Bas. L'auteur est mort le 30 janvier 1893, à l'abbaye de Parc-lez<
Louvain, âgé de près de quatre-vingt-deux ans.
— M. Frans db Pottbr poursuit sa grande histoire des mes et des
monuments de Gand, avec les institutions qui s'y rattachent : Gent van
den voergsten t^d tôt heden (12* livraison qui termine le tome VI). Gand,
Ad. Hoste.
— Le 1*' fasc. du tome XII de la Biographie nationale, publiée par
l'Académie royale de Belgique, sous l'excellente direction de M. Ferdi-
nand Vamdeb IIaegbbh, bibliothécaire en chef de illniversité de Gand,
va de Lesaige à Louis de Bourbon, Parmi les articles les plus intéressants,
citons : Lesbroussart (A. Le Roy), Levoz (H. Vahobr Lihdeii), Leys
(Max Rooses), saint Liévin (H. PmBmiB), prince de Ligue (Alph. Wau-
cnsomcoB RT BiBitoniUFaiE. 443
b], Jaglo Iiipse Ifeu L. RoebbchI, van Lokeren (Victor Vasdeb H*b-
ohen), Lambert Lombard (J. H&LBra), de Longueval (Ch. Rahlbn-
beck), etc.
— Les livraisoQB cxi-cïiv de la Bibliothcoa Btlgiea, de MM. Vandbb
Uaeohkn, Arnold et Vuiden BsBaiiE, contieriDeQt des notices surquelques
petits auteur? ainsi que les fac-similés des marques typographiques des
imprimeurs d'Alkmaar, Alosl, Amsterdam et Anvers. Cette superbe
collection sera continuée par ordre alphabétique de ville. Avec la livrai-
soa cncv les souscripteurs recevront, en trois fascicules et à titre gratuit,
la liste sommaire et provisoire des diverses éditions des ouvrages
d'Ërasme et des écrits concernant cet auteur. Les érutiits de Iode les
pays sont priés de signaler les omissions au bibliothécaire en chef de
l'Dniversil^ de Gand, qui dirige celte admirable entreprise, digne des
Bénédictins. Uulre Érasme, Philippe de Marntx est en préparation.
— H. l'abbé A. Cauciuc a tiré du BvUttin de la Commission rayait
'd'histoire ses deux dissertations pleines de choses neuves : ant Hission
aux Archives valieanes (IS1 p. Cf. plus haut, p. 406) et ffoles sur quelques
sources manuscrites de l'histoire belge à Borne (48 p.). Bruxelles, Hayez.
— M. Hermann van Duvse, conservateur du musée archéologique de
Gand, a consacré une intéressante monographie ornée de planches
nombreuses à un château fort roman, fameux dans l'histoire de Flandre,
dont les parties les plus récentes datrotdel180ctdont les resle^impor-
tantset fort bien conservés viennent d'être dégagés aux applaodisse-
menta des archéologues ; en voici le titre : le Uhâleau des comtes de Gand.
Anvers, De Backer, 69 pages.
— Dans ses Portraits et silhouettes, M. le baron de Ha m. le ville, jour-
naliste calholique très mêlé à l'histoire contemporaine, a esquissé les
figures de Thiers, Napoléon UI, l'empereur Guillaume, Pie IX, etc.
(Bruxelles, LacombleK, 335 p.)
— Tous les érudits qui s'occupent de l'histoire des anciens Paya-Bas
connaissent la Table chronologique des cliartes et diplômes imprimés c<in-
ctmant l'histoire de la Belgique de M. Alph. Wadtebs, archiviste de la
ville de Bruxelles. Ou apprendra avec plaisir que le tome VIU vient de
paraître. Il contient l'analyse des actes de janvier 1301 â janvier 13^f
(in-4«, 980 p.; Bruxelles, Hayez. Publication de la Commission royale
d'blsioire).
— H. Prosper Clabys, bien connu par ses nombreuses monographies
sur l'histoire locale de Gand, vient d'y ajouter une intéressante étude
BDT te Bourreau de Gand ; sa mission, ses fonctions, ses privilèges {188 p.;
Gand, J. Vuylsteke).
— Signalons h ceux qui étudient l'histoire de la Flandre au nv a.
nne dissertation de M. G. M. WatJNa, professeur au WycliRe Collège
de Toronto et gradué d'Oxford, intitulée : The Crusade af 1383 known
as thaï of the Bishop of Norwich (96 p.; Londres et Oxford, J. Parker).
L'anteur y étudie le siège d'Ypres par les croisés urbanistes conduits
444 CHioinoint bt bibliogeafiiii.
par l'évoque de Norwich, qui, mani de pleios pouvoirs du pape de
Rome, combattait en Flandre les hérétiques clémentistes, partisans da
pape d'Avignon.
— M. le général G. Koehlbs, l'auteur bien connu d'un livre faisant
autorité en matière d'organisation militaire médiévale {Bntwicklung
des Kriegswesens und der Kriegfùhrung in der Bitterteit), a publié une
importante brochure : Die SchlacfUen von Tagliacoxxo und Caurirai
(Breslau, 1893). Dans ce travail, M. Kôhler, après un examen attentif
du mémoire de M. Funck-Brentano sur la bataille de Gourtrai (1302),
croit devoir en rejeter également la méthode et les résultats.
Livmas nouybaux. — Abbé A. Cauchie. La grande procession de Toonai
(1092-1892). Loovain, Ch. Beeters; Paris, Thorin, 127 p. — Chanoine /. DarU,
Le diocèse de Liège sous l'épiscopat de Mgr Théodore de Montpellier (1852-
1879). Liège, Demarleau, 209 p. ~ £« P. Ch. Croonenberghs, Les ËUls-Unis
en 1885-1887. Paris, Delhomme; 2 toI., 764 p. — E, van Bru^esd. La répu-
blique du Paraguay. Bruxelles, Falk, 219 p. — L'abbé Th. Rayée. La Pales-
tine on notions de géographie et d'archéologie palestiniennes, arec gravures et
cartes,, 2* édition, 370 p. Nivelles, Guignardé. — P. Ddplaee, S. /. Joseph II
et la Révolution brabançonne, 2* édition, 248 p. Bruges, Beyaert. — A. HabeU.
Alexandre Borodine d'après la biographie et la correspondance publiées par
Vl^ladimir Stassoff, 172 pages avec portrait. Liège, Vaillant^Carmanoe. — 0*1%.
de Benesse. Dictionnaire des figures héraldiques (2* fasc.). Bruxelles, Soc. belge
de librairie, p. 129-140. — /. P. Waltting. Une inscription latine inédite.
26 p. Louvain, Ch. Peeters. ^ L.dela Garde de Dieu. Histoire de Tlslamisme
et de l'Empire ottoman, 277 p. Bruxelles, Soc. belge de librairie. — Aïph.
de Leyn. Notice biographique sur le chanoine J. O. Andries, 232 p. Bruges,
De Plancke. — Abbé J. Desilve. Les lettres d'Etienne II de Tournai (xn* s.),
d'après les manuscrits collationnés de Paris, de Vl^olfenbuttel et de Valen-
ciennes. — Th, Sevem. 0ns vaderland tijdens de Fransche overheersching
(1792-1802), 180 p. Courirai, Beyaert. — Chanoine W. van Spilbeeek. Het
Herenthalsch Klooster Besloten-Hof, 292 p. Averbode, Campiet. — Chanoime
E. Reusens. Documents relatifs à l'histoire de l'Université de Louvain (1425-
1797); tome V : Collèges et Pédagogies, III, 614 p. Louvain, Ch. Peeters. -
Max Rooies. L'œuvre de P. P. Rubens, histoire et description de ses dessins,
tome V et dernier, 482 p. Anvers, J. Macs. — E. Tandel. Les commnnes
luxembourgeoises. Tome V : Arrondissement de Marche (par Tabbé de Leuze),
710 p. Arlon, Bruck. — F. Olthoff. De boekdrukkers, boekverkoopers en nit-
gevers in Autwerpen, 142 p., vignettes et portraits. Anvers, Baschmann. ^
F. Straven. Inventaire an. et chron. des archives de Saint-Trond, t. IV, 496 p.
Saint-Trond. Moreau.
Allemagne. — Le 3 déc. est mort le D' Wieseler, professeur d'ar-
chéologie à rUniversité de Gœttingue ; il avait quatre-vingt-un ans. On
lui doit d'importants travaux sur Tarchéologie et la mythologie grecques
et romaines, ainsi que la publication intitulée : Denkmsler der alten
Kunst. — Le 9 déc. est mort le sous-bibliothécaire de TUniversité de
Wurzbourg, leD'' J. B. Stamminger, auteur de publications remarquées
sur l'histoire de l'Église eu Franconie; il avait cinquante-six ans. — Le
12 déc. est mort Tancien archiviste du • Nationalmuseum i de Nurem-
cesON[QD£ ET RIBLIOGItiPQtE. 443
bei^, le I> Alex. Flboeh, à quatre-vingt-neuf ans ; U avait coraposé
une Geschichte àtr Demokratie (vol. I, t880).
— M. Max Lbeimanh, le co-directeur biea connu de la Historischt Zeit-
uhrift. a été nommé à Leipzig en remplacement de W, Maurenbrecher.
-M.vonAhika, professeur de droitâFrîbourg, aélé nommé à Munich.
— Le prof. Gebhardi a été nommé directeur de la bibliothèque de
rUnivereité à Leipzig.
— Le Comité pour l'étude du • Limes imperii i va fonder une publi*
cation périodique où paraîtront les rapports sur les fouilles [Limablatt,
5 à G livr. par an) ; elle formera comme un appendice au Correipondent-
blalt der westdeulsehen Zeitschrift flir Geschichte und Kumt.
— La librairie Molir, de Fribourg-ea-Brisgau, fait paraître depuis le
l" février 1893 une nouvelle revue intitulée : ZeUsckrifl fur Social-und
WirthiehafligeichieMe ; elle paraîtra trois fois par an par fascicules d'en-
viron huit feuilles et promet à ses collaborateurs, allemands ou étran-
gers (la revue se charge des traductions), 40 m. par feuille. Les souscrip-
tions doivent être adressées à M. M. Si. Baubb, C. GBCEKBBflO, L. M.
UAitTHARN et Em. SïANTO, tous de Vienne (Autriche).
— Viennent de paraître, dans la collection Aes l/oitumtnta Germaniae
historica, les Chr«nica minora des iv-vn* s., vol. I, fasc. 2, par
Th. Mommsen; le t. 111, 2* part., des Poetarum latinontm medii aevi,
par L. Tracde ; le t. Ul des lettres : Epistotae merovingin et karoUni
— L'édition de la Lex Alamanmrum, donnée par M. Lekuamn dans la
première partie du t. I des Leges nationam germanicarum publiées par
les MoHumenla Germaniae historica, marque un progrès considérable et
déhnilif dans la couatitution et la critique du teite. M, L, distingue,
comme Markel, de la Lm un Pactui antérieur dont nous n'avons que des
fragments, maïs, aux fragments reconnus avant lui, il en ajoute an
cinquième, considéré jusqu'ici comme une addition à la Lex. Il détruit
définitivement la théorie de Merkel sur les trois rédactioas de la loi dues
à Clotairell,àLantfrid et à Charlemagne, et, s'il publie en regard deux
textes, l'un plus barbare, l'autre plus correct, tirés des deux séries A et
B de nos manuscrits, il démontre qu'il n'y eut qu'une seule rédaction
ofGcielle, faite sous ie duc Lantfrid et ratifiée sous Glotaire IV, entre
717 et 719, par une assemblée oii siégeaient 30 ducs, 33 évéques et
45 comtes. C'est à tort que l'on a placé en tète du /"aciuj une susoription
indiquant la participation de ces personnages à sa rédaction. Le Paelut
est une rédaction non ofQcielle de coutumes, un travail privé. Sur ce
dernier point, on peut se demander s'il est vraisemblable qu'au vn' s.
un travail privé de ce genre ait pu être fait. — G. M.
— Le premier fascicule du t. II des Diplomala regum et imperatorum
Germaniae, publiés par les Monumenta Germaniae, comprend rédilion
des diplômes d'Otton II préparée par M. Tb. Sickbl. Cette édition se
distingue par les mêmes mérites de minutieuse exactitude qui faisaient
446 CHIONIQUB ET BIILIOOIÂPHII.
déjà du premier Tolume un modèle de publication diplomatique. U
reproduction du texte donne une idée complète de sa forme matérielle
et paléographique (sauf la division des lignes). A la suite des indications
sur les manuscrits et les éditions, l'éditeur nous donne des renseigne-
ments sur les notaires qui ont rédigé Tacte, sur les modèles qu'ils ont
eus sons les yeux^ sur la manière dont Tacte a été daté. C'est un des
mérites principaux de cette édition d'être arrivé à distinguer dans les
originaux les mains des divers notaires. La préface contient des détails
circonstanciés sur les vicissitudes de la chancellerie sous Otton U
et sur la chronologie des diplômes. M. Sickel, qui a publié dans les
Mittheilungen des (Bsterreichischen InstitiUs (Ergànzungsband 11^ 77) nne
excellente dissertation sur les diplômes d'Otton U^ a apporté une atten-
tion spéciale à cette question des dates, et il est arrivé à résoudre la pin-
part des difficultés qu'elles soulèvent. — G. M.
— M. Aug. Thorbegke a réuni et publié les Statuten u. Reformationen
der UniversiM Heidelberg vom 16 bU 18 Jahrhunderi (Leipzig, Duncker
et Humblot, xxvi-383 p. in-4o). Tous ceux qui s'intéressent à rhistoin
de renseignement supérieur consulteront avec intérêt cette publication
soigneusement faite. Nous n'avons pas conservé les statuts imposés en
1522 à rUniversité par Louis Y, sous l'influence des humanistes, et qni
ne réussirent pas à la faire prospérer. La seconde réforme, préparée par
Frédéric n, fut accomplie en i558 par Otton-Henri avec le concours des
professeurs et les conseils de Mélanchthon. Ces statuts, très complets et
très sages, devaient ouvrir pour Heidelberg une ère de prospérité et
restent la base de tous les développements ultérieurs. Louis VI les modi-
fia dans le sens d'un strict luthéranisme en 1580, tandis que Jean Casi-
mir, attaché au calvinisme, procéda, en 1590, à de nouvelles modifica-
tions, qui simplifièrent et fortifièrent l'organisation universitaire sans
changer les bases des statuts d'Otton-Henri. Le xvir«etle xvm*s. virent
chacun une réorganisation de l'Université, l'une, en 1672, entreprise
par Charles-Louis après la guerre de Trente ans, l'autre accomplie par
Charles-Théodore, en 1786, après la période de décadence amenée par
la négligence et l'arbitraire des princes de la maison de Neubourg.
— L'admirable ouvrage posthume de NrrzscH, GeschichU des deutschen
Volkes bis sum Augsburger Beligionsfrieden (Leipzig, Duncker et Hum-
blot), dont la Revue a salué l'apparition et signalé Toriginalité (XXIV,
241; XXVII, 429; XXIX, 478), vient d'être réimprimé parles soins de
M. MATTHiEi. Cette seconde édition n'est pas essentiellement différente
de la première. M. M. a surtout cherché à en améliorer la forme. Il a
tenu compte çà et là dans les notes des recherches récentes, et il a mis
en tête de l'ouvrage une importante introduction de 32 p. empruntée aux
dernières leçons de Nltzsch et où celui-ci a défini la méthode et l'es-
prit de son enseignement.
— M. F. Raynaud a fait paraître les t. m et IV de son excellente
traduction du beau livre de M. L. Pastob : Histoire des papes depuis la
CHBOIVIQDE ET DIBLIOSBAPHIB. 447
(lit du moyen âge (Pion, Nourril). Le t. IH est tout entier consacré à
Pie II, le t. tV à Pau! Il et à Sixte IV. Le succès de l'ouvrage de
M. L. Pastor lui a permis d'entreprendre, moins de huit ans après l'ap-
paritioD du premier vulume, uae refoato de son ouvrage. La deuxième
édition du premier volume de la Geichiclite derPaepsle seit dem Ausgang
des Mittetaltcrs (Fribourg-en-BriBgau, Herder), qui va de 1301 à 1458,
est réellement, comme le dit le titre, remaniée et augmentée. M. P.
s'est attaché à réviser tous les pointa de son livre qui avaient donné lieu
à des critiques, et il a tenu compte, non seulement des recherches nou-
velles faites par lui dans les archives d'Italie et des livres parus récem-
ment, mais aussi d'ouvrages anciens qui avaient échappé à ses pre-
mières investigations. Il a ajouté aux documents publiés en appendice
la lettre par laquelle Robert de Genève annonce, le 14 avril 137S, à
Charles IV l'élection régulière d'Urbain VI.
LiTBBB MouvaAUX. — HiBTOiHE ANC[EHNM. — E. Me^eT. Forschungso Eur
alteo Geschkhte, Bd. 1. Halle, Niemeyer. — W. Spiegelberg. Sludien uni]
Uïterialien znm Rechtsiresen des PbaraoneriTclcha. Hanovre, Hahii.
HisToiax oÉNâRALB. — C. Klsht. RaiiDond von Aguilers; Quelleasludie zur
Getcbichle des ersteo lireuuugea. Berliu, Mitller. — £. Marcks. Gaspard von
Coligtij; seia Leben uad das Fraakreich seiuer Zeil. Bd. 1. Stuttgart, Colla.
— W, Hoscber. Geacbicbllicbe Palurlebre Aet Honarcbie, Aristukralic und
Demokratie. Ibid. — Korlifletich. Der Feidiug gegeu der Loiru und die Ein-
nabme voa Veudùme 15-16 dei. 1S70. Berlttt, Millier. — if. Phitippun.
Friedrich 111 aïs Kronprtoz und Kaiser. Berlin, Grote. — Kamigtesser. G«-
Bchichle de» Krieges von 18G6. Vol. II. B41e. — Neumann. Beitratge xur
Gescbichte der Bevôlkeruag in Deatschland aeim dem Anfuoge dièses Jahr-
bunderls. Vol. IV. Tubingue, Lanpp. ~ lipp. Das frrenkische Greuzsjslem
unter Karl dem tirossen, BresUu, Kœbner.
HiSTOiaa looalb. — Jvng. Invenlare des Frank(urler Sladtarcbîvs. Vol. UI.
FraDcrort-BDr-le-Hein, Vôlcker, — F. Sehnltit. GesrbJcbte der ErEÎeliung der
bayeriacbea Wiltelsbacher (Uon. Germ. piedagagica. Vol. XIV}. Berlîa. Hormann.
— Thoiha. Geachicbte der Stadt Leabscbtitz. Leobschiltz, SchQurpfeil. —
L. Geiger. Berlin, 1688-1840. Vol. 1. Berlin, Pœlel. — a. Mayer. Getcbichie
der Universitait Freibui^ i. t). Vol. I, 1806-161S. Bodd, Uaustein. — B. Olden-
burg. Zum Wartburgkriege. Leipzig, Fock. — Herliberg. Gescbichte der SUdt
HaUe a. d. Saale. Vol. 111. Halte, Waisenhaus. — Votkholi. Die ZerstOruag
Magdeburgs (1631) im Lichte der neuesten Forachung. Uagdeboui^, Faber. —
C. Wol/f. Der Eaiserdoro In Frankfart a. M. Francfort, Jitgel. — A. Kern. Der
t oeue Grenuull * in Schlesien, I5â6-I624. Berlia, Weber. — Ed. Begck, Ge-
Bcbiehte der Uerzoge von Zaïbringen. Fribourg, Uobr.
OoanuKre. — C. teftntann. Conauetadines feudorum. I : Compilatio aati-
qoa. Goettiague, Dielerich. — L. IVleiand. Die valicaniscbe Uaadscbrifl der
ChroDtk des Ifathias vod Neucnburg. Ibid. — Osnabriieker Urkundenbuch.
Bd. 1 : 772-1300. Osnsbnjck, lUckhorsl. — threnberg. Urkuudea und Aklen-
tlucke EUT Geachicble der ia der beuUgen Provinz Poeeu vereiagen ebemaU
polDiscbeo Landestheile. Leipzig, Veil. — Codex traditioaum wealfalicarum.
IV. Hilnater, Tbeisaing. — Poliliache Corres|>oiidenz Frledrichs dea groasen.
Vol. XIX. Berlin, Duncker. — G. von der Ropp. HaDierccesae. Vol. VII.
Leipiii;, Duncker et flumblol. — ArorUus. Regesten xnr Gescbichle der Juden
448 CmOllIQIIB BT UILIOGKAPHIE.
in frttDkiachen and deatschen Reiche bis mm J. 1273. 5* livr. Beriin, SinûaiL
— Reimer, UrkondenlKich znr Geschichte der Hemn Ton Honan. YoL n,
1301-1349. Leipzig, Hinel. — Àlbreeht RappoitUinisches Urkandeobnch,
759-1500. Colmar, Barth.
Grande-Bretagne. — M. Th. Ad. Trollope est mort le 4 noT. der-
nier, âgé de quatre-yingt-trois ans. Gomme son frère Anthony, c'était
un romancier de talent; on lui doit, en outre, des travaux historiques
relatifs pour la plupart à l'histoire dltalie : The girlhood of Catherine de
Medici (1856) ; Tuscany in 18^9-59 (1859) ; Filippo Strozti (1860) ; Ptttii F
(1868) ; A history ofthe cammontoealth of Florence (4 vo). 4865); The p^
conclaves (1876) ; The story of Ihe life of Pius II (2 vol. 1877).
— Mgr Gh. WoRDswoRTH, évèque anglican de Saint-André d'Éoosse,
est mort en déc., âgé de quatre-vingt-sept ans; on lui doit une Bistorjf
of ihe collège ofS, Mary Winton (1848) ; A discourse on scottish cfctireft
history from the Reformation (1881).
— Sept nouveaux fascicules de la Short history of the english peopU,
par M. J. R. Green, nouvelle édition illustrée, ont paru ches Macmil-
ian ; ils forment une bonne partie du t. Il, qui commence avec la sec-
tion IV : soulèvement des paysans (mais la pagination continue). Le
47* fiasc. aborde le règne d'Elisabeth. L'illustration mérite tous les
éloges ; les sujets, choisis comme toujours avec goût et reproduits avec
soin, gagnent en intérêt, car avec la Renaissance ils prennent mie valeur
artistique qui leur manquait trop souvent au déclin du moyen âge.
— La librairie D. Nutt continue lentement sa petite collection de
t THistoire d'Angleterre par les contemporains, i Aux huit volumes
déjà parus (Edouard m et ses guerres, le Mauvais gouvernement
d'Henri m, la conquête de llrlande par Stron^w, Simon de Mont-
fort, la Croisade de Richard I«r, Saint Thomas de Gantorbéry, l'Angle-
terre sous Gharles n, l'Époque de Jacques IV d'Éoosse), vient de s'en
ajouter un : The wars of York and Lancaster, ik50-ik85, par miss EdiUi
Tboxpsoh. Aux extraits d'auteurs contemporains, n'aurait-on pu ajouter,
ne serait-ce que dans l'introduction, l'indication des plus importants
au moins des ouvrages de seconde main ? Cette addition serait à coup
sûr bien accueillie des étudiants.
— Nous ne voulons pas attendre pour signaler à l'attention des his-
toriens les Commentaries on the history of Kngland que M. Montagn
Bcaaows vient de puhlierchex Blackwood. Cest une sorte d'histoire de
rAngieterre depuis les plus anciens temps jusqu'à nos jours, présentée
dans une série d'esquisses où sont racontés les faits le« plus saillants
de cette histoire. L'auteur s'adresse cette fois an grand pnblic, non aux
èrudits ; aussi n'a-t-il pas donné de notes, mais il n'a pas omis on index
dêtaiUè.
— M. J. JcsssaAXD a publié en «n gUi^^ un charmant volume, illastré
de joU$ portraits sur le comte de Cominges et sa correspondance pen-
dant son ambassade d'Ai^leterTe, de tG6t à 1666 : a Fremek amtesss-
CBIKISIQ(II! ET BISLIOdUmiB. JJO
dor il tlu court of Charles the Second (Loadres, Pieber Cawiji). C'est
au point de vue des détails donaés par Cominges aur la cour et les
mœurs de l'Angleterre sous Cbarles II que M. J. a étudié cette corres-
pondance, et il eu a tiré une foule de renseignements aussi curieux
par ce qu'ils nous apprennent sur l'Angleterre que par ce qu'ils nous
font connaître Bur Comiages lui-même. M. J. a fjroupé ces renseigno-
ments dans un ordre méthodique : langue et littérature anglaises, éti-
quette et nouvelles de la cour, les libertés anglaises, questions reli-
gîenses, la guerre et la paix, enQa la célèbre ambassade de 1665, où le
duc de Vemeuil et Honoré Courtin furent adjoints à Cominges, — sans
succès du reste, — pour obtenir la neutralité de l'Angleterre. M. J. a
donué en appendice de nombreux extraits de la correspondance, écrite
avec infiniment de naturel et d'esprit.
Italie. — M. l'abbé Vincenzo De Vit vient de mourir à Padone. On
lui doit une importante réédition du lexique de Forccllini cl une com-
pilation, malheureuseinenl inachevée, sous le titre : Onomoïlico ; Il a
publié aussi plusieurs dissertations sur la région du lac Majeur de l'Os-
soia. — M. Lutgi A<<ABiLB, mort le 24 novembre dernier à Naples, âgé
do soixante-quatre ans, avait été chirurgien et professeur d'anatomie
pathologique avant de se jeter daos les études historiques. Ou lui doit
des travaux sur Pignatelll, sur Tommaso Campanella et sur l'inquisi-
tion à Naples.
— Le 12* fasc. du Ballelin de VlsMuia storico Haliaito contient une
très ntîle bibliographie dos docnmetits sur l'histiiire du moyen Ige
publiée de 1885 à 1891, par M. C. Mebkei..
Snisse. — C'est une joie pour tous les amis des bons et beaux livres
de savoir que l'eicelleote imprimerie Jules-Guillaume Fick, de Oenève,
digne héritière des traditions des Estienne et des D. Tourner, après
avoir vo disparaître le dernier membre de la famille Fick, qui la diri-
geait depuis ua demj<siêclc, va continuer ses publications. Elle nous
of&e aujourd'hui le dernier travail de M. Edouard Fick, à qui nous
devons déjà la Vie de Th. Flatter, les Mémoires de Th. Platter, les
Mémoires de [iarlhélemy Sastrow et tant d'autres traductions d'œuvres
allemandes du xvi« siècle imprimées avec le goût le plus sévère et le
plus délicat. Cette dernière traduction est celle des Hémoirea de Luc
Geiikofler, Tyrolien, 1550-1620, publiés en 1873 par M. A. Wolf, qui
nous offrent une si vive peinture de la France, de l'Allemagne et de
l'Italie, de 1570 à 1577, et en particulier un récit de visa de la Saint-
Barthélémy. M. Marc Debrit, qui a assumé la tâche pieuse de surveil-
ler la présente édition, l'a fait précéder d'une touchante notice sur
Edouard Fick.
ËRRATUU.
PigeStl, I. 11, m lien de : Sens, lisez : Sentit.
Rxv. HisTOB. LI. 2* PASC. 29
450
USDEl BnUOGtAPHIQUI.
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et Lyon gallo-romains, 321.
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Blanchet. Les Gaulois et les Germains
sur les monnaies romaines, 322.
Bœsvillwald et Cognât. Timesd, 317.
Cognât. L'armée romaine cTAfrique
et roccopatkMi militaire de l'Afrique
sous les Romains, 313.
Cognât et SehnUdi. lascriptionB
Af ricae proconsnlaris latinanm sap-
plemeotnm, 316.
CoMograndi. Le minores geates ed i
patres minorom gentinmy 136.
DeUmme. Les manieurs d'argent à
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Drogêen. Gescfaichte Alexander des
Grossen, 217.
Espérandk». Inscriptions antiques de
Lecloure, 320.
GuètoMd [PauiC^. Lectures d'histoire
romaine, 438.
Bennebert. Histoire d'Annibal, 305.
Joil (abbé). Voy. Krieg.
Jouraanne. Les littérateurs narbon-
nais à l'époque romaine. 321.
JuUion {CondUe). Galila, 438.
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toire de Munatius Plancos, 306.
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trad. p. Jail, 310.
Lo Btanehère (A. de). Collections da
musée Alaoni, 312.
Le Blont. Les sentences prononcées
contre les chrétiens, 307.
— Nouveau recueil des inaeriptioos
chrétiennes de la Gaule, 434.
MoUière (^'). Recherches sur l'éfi-
luation de la population des Gaules
et de Lugdunum, 321.
Mommien et Marôuardt. Manuel des
antiquités romaines, 309.
Poilu de LesserU Vicaires et comtes
d'Afirique, 318.
Poris. Quatenus fieminae res publicas
in Asia minore, Romanis imperan-
tibus, attigerint, 312.
Péroté. L'archéologie chrétienne, 434.
Radet. De coloniis a Maoedonibus in
Asiam deductis, 312.
Reinach {S.). L'art plastique en Gaule
et le draidisme. 319.
Simolko{AbdeUloh). Bssai sur la pro-
Tince romaine dO^gypte^ 318.
StoUe (D' Fr.). Das Martyrium der
thebaischen Légion, 360.
1. Nous indiquons ici, outre les ouvrages qui ont été l'objet d'un compte-
rendu spécial, ceux qui sont appréciés da^ les BuUeUnt et dans la Ckrofiifiie.
niDBI BIBLIOGlUI'BIQirB.
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Peiâker. Die Koecblïchaft in Btub-
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MMei. CeikomoraTska krooika, 353.
RUger (Bohui). Zriieui krajshé t Oe-
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Saaz, 355.
Sedtaêek. HradT. tatnki a tfrze kra-
toTstTi îeského, 356.
Smaha. 1. Koraenakj, 353.
Slrnad. Listar kral meitU Pline, 3.55.
Tadra. Kancelare a pi»ari t lemlcb
feskych, 355.
Tomek. Dejepis Prahy, 34S.
TYuhlar. Pocatky biuuniitnB v ce-
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Vrbka. Leben und Schickeate des
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Wlnter ISigmmid). Enitnrni obrai
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Zttrt. Deiinv kiojeTiemichceskjcb,
349.
Zoubek. Zivot Jana Komenskebo, 353.
Bibliotbec» arabico-hispanica, 126.
BibUoteca gatlega, 126,
BencUk y Alba (dacbesse de). Do-
cnmentos esco^dos del artbivo de
la casa de Alba, 45.
Coleccion de documentos inédilos para
la bistoria de Espana, 125.
Coleccion de documentos inédilos r<
CvveJro Piiiol. L'ibérie préhistorique,
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tille et de Léon pendant les règnSi
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de Charles IV, 130.
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dero sobre Feli
]uz T jaidt
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nederlaadtebe toUi, 380.
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Claegt. Le boorreaa de .
DePolUf(Fraiti) Geai n_
ten Itjd lot bcdeo. Ut.
Ihicaillei. Chatin Ro^, ttOO-tBO,
■iedemc.X
dBCwtd,«
olnadea r
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Jsenjio. Histoire de Christophe Co-
lomb, 127.
Bougier. Cours de géograf^e, 215.
Boume (E. Gavlcrd), The démarca-
tion Une of Alexander VI, 150.
Barrisse. Christophe Colomb defant
l'histoire, 213.
Vivien de Saint-MttrUn et RtmsseUL
NouTeau dictionnaire de géogrtphie
unirerselle, 216.
TiBLE DES MlTIEaES,
TABLE DES MATIERES.
ARTICLES DE FOND. P»t-
Henry Houssutb. Napoléon I" à l'ile d'Elbe 1
X. MoBSHANN. La France en Alsace après le traité de W^Et-
phalie 26,225
F.-T. Pehrehe, Sur une page incomplète de i'histoira de Port-
Royal. Premier arlielt 250
MÉLANGES ET DOCUMENTS.
A. Dbbglozeaux. ObservatioDs critiques enr les Économitt
royaUs 275
Baron Du Casse. Journal et correspondance de la reine Cathe-
rine de Wurtemberg 69,386
H. Harribee. Autographes de C. Colomb récemment décoaverts. 44
A. ■WADmKQTON. L'auteur des ViTididae contra tyrannot. . . 65
BULLETIN HISTORIQUE.
Bohême, par J. Goll 348
Espagne, par R. Altamira 125
France. Antiquité romaine, par C. Jullun 303
— Moyen âge et temps modernes, par L. Farqeb, A. MouNisa,
G. MoNOD 10i,326
— Nécrologie : E. Renan, A. Dosclozeaux, par G, Monod. . 84, 98
— — H.-D. de Grammont, par G. Jacqueton ... 99
— — S. Luce, par A, Molriibb 322
COMPTES-RENDUS CRITIQUES.
G. ATTUtCER. Étude sur Lycurgue et ses institutions. <S. Hei-
naoh.) 359
P.-J. Dlok. Gescbiedenis van het nederlandsche voik. (H.
Plrenne.) 380
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Gallois.) 150
DooRsiM et CaALLAMEi.. Dictionnaire de la Révolution franchise.
(Ardachell.) 390
W. Bosch. Eugland noter den Tudors. (G. Jacqaeton.) . . 385
V. Casaobandi. Le ' minores génies * ed i • patres minorum
gentium. • (Léorivaln.) 136
456 TllLB DIS MATliuS.
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H. Welzhofer. Geschichte des Orients und Griechenlands im
VI Jahrh. (J. Bérard.) 357
A. ZiSTBRER. Gregor X und Rudolf von Habsburg. (G. Blon-
del.) 142
LISTE ALPHABÉTIQUE DES RECUEILS PÉRIODIQUES
BT DBS SOGIÉTâS SAVANTES.
FRANCE.
1 . Académie des inscriptions et belles-lettres 170^401
2. Académie des sciences morales et politiques .... 401
3. Académie des sciences de Besançon 171
4. Académie nationale de Reims 172
5. Annales de Bretagne 172
6. Annales de TÉcole libre des sciences politiques . . . 400
7. Annales de l'Est 172
8. Annales de la faculté des lettres de Bordeaux. ... 173
9. Annales de géographie 399
10. Annales du Midi 173,403
11. Bulletin critique 164,396
12. Bulletin de correspondance hellénique 398
13. Le Correspondant 167, 40§
14. Études religieuses et littéraires 167
15. L'Intermédiaire de TOuest 174
16. Journal des Savants 165,396
17. La Nouvelle Revue 168
TABLE DES UiTlËREB. 437
:. Nonvelle Revus historique de droit 399
I. La RévolulioQ française 164,396
'. Hevue africaine 404
. Revue archéologique 39S
.. Revue critique d'histoire et de littérature 165,397
''. Revue de l'Agenais 174
,. Revue de Champagne et de Brie ........ 173
I, Revue de Gascogne 175
I. Revue de Géographie 399
. Revue de l'Htstolro des religions 398
I. Revue de Baintonge et d'Aunie 174
I. Revue des Deux- M on des . 169,400
. Revue des Études juives 399
. Revue des Questions historiques 163
:. Revue générale du droit 399
'. Revue historique et archéologique du Maine .... 404
. 8ociélé de t'hisloire de Paris 171,403
'. Société de l'Histoire du proteslantisme français . . . 170, 402
I. Société des Ecienceu historiques et ualu relies de l'Yonne. 173
'. Bociété historique et archéologique de Tarn-et-Garoane. 175
. Société nationale des Antiquaires de Fraoce .... 402
1. Jahrbuch d. Gesellschaft f. Lothringische Geschichie . 404
ALLEMAONB.
1. K. Akademie der Wissenschaften (Berliu) 420
2. K. Akademie dor Wiseenschaftea (Munich) .... 420
3. Alemanoia 185,418
1. AltpreuBsische Monalsohrift 186
6. AlterthumsgesellBcbaft Prussia 424
G. Annaleu d. Vereins [. Nassaulsche Geschichie . . . 423
7. Archiv f. d. Geschichte von Oberfrankeu 188
8. Archîv f. katholisches Kirchenrecht 183
9. Archivaliscbe Zeitschrift 182
10. Beiheft zum Miljiœrwochenblati 184
11. Beitrœge ïur Geschicble d. NiederrhoiDS 190
12. Berichte d. freicn d, Hochstiftes zu Frankfurt-a.-M. . 188
13. Bremisches Jabrbuch 424
14. Deutsche Revue 185,419
15. Deutsche Rundschau 185
16. Deutsche Zeitschrift f. GoschichtswisBenBchari . . . 410
17. Forschungen zur hraodeb. und preuss. Geschichte . . 187
18. Gesammtvereio d. d. Gescbichlsveroine 186
19. Geecbichtsblœtler f. Sladt u. Land Magdehurg ... 191
20. K. Geselischalt d. Wissenschalten za Gcellingen . . 419
21. GœtUugische gelebrte ADieigen 411
458 TABLI DIS MlTliUS.
22. Grenzboten 186
23. Hansische GeschichtsblsBtter 191
24. Hennés 412
25. Historische Zeitschrift 178
26. Historisches Taschenbuch 411
27. IndcHgennanische Forschangen 186
28. Jahrbuch fur Gesetzgebang 418
29. Jahrbûcber f. Mecklenburgische Greschicbte .... 424
30. Jabrbûcher f. protestantische Tbeologie 183
31. Jahresbericht d. bistor. VereinsDillingen 188
32. Der Katholik 416
33. Mansfelder Blœtter 421
34. Mittbeiiangen ans d. Stadtarchiv von Kœln .... 190,421
35. Mittbeilungen d. d. archœolog. Instituts 416
36. Mittbeilungen des bistor. Vereins von der Pfalz. . . 421
37. Mittbeilungen d. Vereins f. Altertbum in Ulm ... 421
38. Mittbeilungen d. Vereins f. Gescbicbte Dresdens . . 191
39. Mittbeilungen d. Vereins f. Gescbicbte v. Ërfurt . . 191
40. Mittbeilungen d. Vereins f. Lûbeckiscbe Grescbicbte . 423
41. Neue Jabrbûcber fïïr Pbilologie und Psedagogik. . . 413
42. Neues Ârcbiv fur sœcbsiscbe Gescbicbte 422
43. Neues Lausitziscbes Magasin 191
44. Oberbayeriscbes Arcbiv 189
45. Pbilologus 414
46. Preussiscbe Jabrbûcber 186,419
47. QuarUlblatt des bist. Vereins fur Hessen 188,421
48. Reutlinger Gescbicbtsblœtter 188,421
49. Rbelniscbes Muséum fur Pbilologie 415
50. Sammelblatt d. bistor. Vereins Eicbstaett 188
51. Scbriften d. Vereins f. Meiningiscbe Gescbicbte. . . 188,423
52. Staats-und-socialwissenscbaftlicbe Forscbungen . . . 418
53. Tbeologiscbe Quartalscbrift 416
54. Tbeologiscbe Studien und Kritlken 183
55. Untersucbungen zur d. Staats-und Recbtsgeschicbte . 184
56. Westdeutscbe Zeitscbrift 189
57. Wûrttembergiscbe-Franken 190
58. Zeitscbrift des deutscben PalaBStina- Vereins .... 417
59. Zeitscbrift des Harz vereins f. Gescbicbte 191
60. Zeitscbrift d. d. morgenlœndiscben Gesellscbaft. . . 417
61. Zeitscbrift d. Vereins f. Lûbeckiscbe Gescbicbte . . 423
62. Zeitscbrift d. Vereins f. Tbûringiscbe Gescbicbte . . 422
63. Zeitscbrift fur alttestamentlicbe Wissenscbaft ... 183
64. Zeitscbrift fur deutscbes Altertbum 184
65. Zeitscbrift fur deutscbe Culturgescbicbte 182
66. Zeitscbrift fur deutscbe Pbilologie 184
67. Zeitscbrift fur die gesammte Staatswissenscbaft. . . 418
rlBLE DES HtTTËRES. 43!)
. Zeitschrift fur die Gescbichte Ermlands 188
69. Zeitschrifl ar die Gescbichte des OberrheinB. . . . 190,420
70. Zeitschrift fûr Kirchenrecht 183
71. Zeitschrift fur vergleichende RechlswisseoBchaft . . 184
AUTHtCHE-HONORlE.
1. Académie des Bciences de Cracovie 194
2. ÀJcademie der WiaseuBchaftcn 424
3. ArchBeologÎBcii-epigraphische Mittheilungen .... 425
4. Arcliiv d. VereinB f. Siebeabiirg. I^udeskunde ... 192
5. Bericbt iiber das Muséum Fr.-Garuliaum la Linz . . 192
6. Gasopis malice Moravske 427
7. CaBopis musea kralovEtoî îeskebo 427
8. MittbeiluDgea d. Instituts t. œslerr. Geschichtsforscb. 425
9. Mittheilungen d. KriegsarchivE 192
10. Mittheilungen d. Musealveretns T. Krain 193
11. Mitibeilungea d. Nordbobmischea Excursions -Clubs . 192
12. Mittheilungen d. Vereins f. Gesch. d. Deutschen in B. 193
13. Wiener âtudien 194
14. Wiener Zeitschrift f. d. Kunda d. Morgenlaades . , 427
rLBs BnrtAHNiguKS.
i. TbeAcademy 197,428
2. Tbe Atbenaeum -. . 195,428
3. The Contemporary Review 198, 431
4. EdÎQburgb review 199
5. Tbe Eugltsb hisiorical Review 194, 429
6. Quarlerly Review 199
7. TraosactionB of the R. bîstorical Society 198
&TATS-DNIB.
1. The NaUoa 431
2. The Yale Review 200
1. AnalecU Bollandiana 405
2. Acalecles pour servir à l'hist. eccl. de La Belgique . . 175,405
3. Annales de l'Académie d'archéologie 40U
4. Annales du cercle archéologique du pays de Waes . . 177
5. Annales de la Société archéologique de Namur ... 177
6. Bulletin de l'Académie d'archéologie d'Anvers ... 409
7. Bulletin de l'Académie royale des sciences .... 406
8. BuUetiu de la Commias. de t'hist. des églises wallonnes. 1T7, 410
9. Bulletin de la Société des bibliophiles liégeois ... 177
10. Bulletin de la Société d'art et d'bist. du dioc. de Liège. 409
11. Bulletin delà Société royale de géographie .... 176,407
12. Bulletin des commissions royales d'art et d'archèol, . 406
13. Commission royale d'histoire 405
14. Messager des sciences historiques de Belgique ... 407
!
i
la. Le HuséoD
t0. Ravuede BelgiquB
17. Revue belgo lie nnmismatiijue. . ■
18. Revue tièuédictine de l'abtityn de MiirHl'fiin
lU. Revue gén><rale de Belgique
30. Revue de rinsiructioa pablique en Oelgi^tut ....
1. Ârchivio delU aocietâ romana dî storia pattia .
2. Aichlvto storico ilaliaao
%. Archivio storico bmbardu
4. Arcbivio storico per le provincie napoleUno . .
G. Arcbivio Btorico sicili&no
0. R. Depulazioae di st, patrie par le prov. de ItomAgna
7. Giornalo liguetico
8. Nuovo arcbivio veoeto
9. Rivista Btorica iLaliana
tu. dtudi documenti di sloHa e dlrïttu. ....
BBPAdKE.
1. R. Academia de la hisioria
î. El AreUïo
BUISSB.
I. BolletUno storico ilella Svizzcra itoliana
3. iDdicatear d'biEtoire Buiese
3. Jabrbucb fQr scbwei;cerisctie Uesctaichtc
4. Qnallen Kar Scbiveizergeschichte. .......
Cbrooiqueet Bibliograpbie
Licle des livres déposée au bureau de In Ite^1ltt
Erratnm
Index bibliographique
L'un dr-i proprictairc'-afrants, G. Monoo.
Nogcnt-lc-Kolrou, imprimerie DAurcLBT-GQnvaamoa.