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Full text of "Revue internationale d'électrothérapie et de radiothérapie"

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REVUE INTERNATIONALE 

D'ÉLECTROTHÉRAPIE 



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MVIli: imMATIOHALE 



PUBLIÉE ^' *"? ^ / V 



PAR LES DOCTEURS 



G. GAUTIER 



J. LARAT 



TOME III 

JUILLET 1892 A JUILLET 1893 



RÉDACTION : 

3, Place du Théâtre -Français, 3 



Abonnements (France, 5 fr. ; Élraiser, >) fr. j : 

A. MALOIlîE, 91, Boulevard Saint-Gennain 



Vannée terminée, le volume est vendu 12 francs. 



PARIS 

91, Boulevard Saint-Germain, 91 
1893 



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3»» Année. Août 1092. N» 1. 



REVUE INTERNATIONALE 

OfiGARE OmOEL DE U SOCIÉTÉ PBAUCAISE OtLECTBOTHÊBAFIE 



AUX LECTEURS 



La Revue Internationale d'Electrothérapie entre aujourd'hui 
dans sa troisi^e année d'existence, et« nous avons la satisfao- 
tion profonde de le constater, son succès va grandissant auprès 
du public médical. 

Au début, quand nous nous montrions persuadé de la réussite 
de ce journal, quelques-uns de nos amis n'étaient point aussi ras- 
surés sur son avenir, en raison du groupe très restreint auquel 
semblait uniquement devoir s'adresser cette publication. Le temps 
nous a donçié raison : notre persévérance est largement récom- 
pensée. 

Nous avons la conviction que cette Revue spéciale a contribué, 
pour beaucoup, à développer et à faire admettre la thérapeutique 
électrique. Un grand nombre de nos confrères comprennent 
actuellement qu'un agent physique aussi puissant que l'électricité 
est sûrement appelé à jouer un rôle considérable dans Fart de 
guérir. Mais il est nécessaire • de bien le définir, ce rôle, et 
comme le champ des recherches est vaste, que de nouvelles décou- 
vertes fixent à Theure actuelle l'attention des physiciens, il n'est 
pas trop de tous les efforts des spécialistes et de toutes les opi- 
nions scientifiques pour atteindre un but si important. 

C'est préciséihent en groupant ces efforts et ces opinions, isolés 
auparavant,' que cette Revue a pu devenir un organe intéressant 
et apprécié, surtout depuis la fondation de la Société Française 
d'Electrothérapie, dont la vitalité s'est vite affirmée sous la direo- 



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RBVUB INTERNATIONALE d'BLEGTROTHÈRAPIB 



tion du D' A. Tripier en 1891, du professeur Gariel en 1892, et 
qui sera présidée en 1893 par le professeur d'Arsonval. 

Nous n'avons pas besoin de signaler la place honorable qu'a prise 
déjà cette Société parmi les autres réunions scientifiques; mention- 
nons seulement TExposition annuelle qu'elle inaugurera en 1893, 
qui viendra chaque année stimuler le zèle des praticiens, porter à 
leur connaissance les progrès réalisés et donner enfin un nouvel 
essor à T électrothérapie et à Télectrophysiologie. 

La Revue Internationale d'Electrolhévapie se montrera une 
entreprise éminemment utile, en enregistrant périodiquement toutes 
les acquisitions nouvelles de la science .électrique. 

G. G. 



Nouvelles recherches théoriques et cliniques sur 
Télectrolyse int 3rstitielle J l ), 

Par le D' G. GAUTIER. 
Messieurs, 

Je me suis attaché, depuis deux années, à chercher des résultais théra- 
peutiques dans une nouvelle méthode électroly tique ou éleclr otopique, que 
j*ai décrite dans différentes communications, sous le nom d' Électroly se 
médicamenteuse ou action des corps à l'état naissant. C'est à Texcellente 
thèse de Lauret que j'avais empruntée alors cette dernière terminologie, que 
j'ai abandonnée depuis comme rendant imparfaitement compte des effets 
électrolytiques cherchés et obtenus. 

Quand on décompose une solution d'iodure de potassium au pôle positif 
de la pile, ou une tige de cuivre rouge chimiquement pur, on peut se con- 
vaincre que Tiode libre ou Toxychlorure de cuivre se déposent sur les tissus, 
pour se diffuser ensuite à une profondeur variable et sur une surface plus ou 
moins étendue, dans les interstices cellulaires. Ces effets contemporains et 
consécutifs au passage du courant, se manifestent d autant plus énergi- 
quement que son intensité est plus élevée et que sa durée est plus longue. 

La synthèse de cet acte éleclrolylique comprend une série de phénomènes 
physico-chimiques : décompositions voltaïques, actions chimiques secon- 
daires y diffusions endolhéliales , que Télectrolyse médicamenteuse ne com- 
porte pas en elle-même. 

(1) Communication faite devant la Société Française d'Éleclrothérapie, dans sa 
séance du 12 juillet 18^2. 



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RBVUB INTERNATIONALB D'éLBCTROTHÂRAPUB 



J'ai donc substitué à celle terminologie défectueuse celle d*électrolyse 
interstitielle. 

Je dois cette éleclrotechnologie nouvelle à mon maître, le D' Tripier, le 
fondateur de Télectrothérapie en France, à qui je suis heureux d'adresser 
en celte occasion mes plus sincères remerciements, avec l'expression de ma 
reconnaissance, pour ses témoignages d'estime et ses précieux encourage* 
ments. 

Dans une lettre, datée du 28 février de cette année, M. Tripier m'écrivait 
à ce sujet : ^ 

« L'idée à rendre est celle d'une décomposition électrique (électro- 

lyse) distincte de la décomposition des tissus (chimicauslie}, décomposition 
préparée par une action traumatique (injection, ponclion...) ou sans trau- 
matisme (tiges ou canules dans les cavités naturelles...). Si on pouvait 
introduire la notion de la pénétration artificielle et de l'électroly te , tout 
serait pour le mieux; à défaut de quoi, il faudrait indiquer une action dans 
la profondeur. 

« Cette dernière condition serait formulée par electrolyse interstilielle ou 
mieux endofhéliaies (peu euphonique) ; mais l'intervention d'un agent étran- 
ger à l'organisme y serait trop sous-entendu. Méthode éleclrotopique ou 
Éleclrotopie aurait l'avantage de s'appliquer aussi bien aux applications 
superficielles qu'aux applications pénétrantes; mais la forme de l'application 
ou l'indication de l'action analytique y font défaut : c'est trop. Méthode ou 
appiicalions volicdy tiques ou des injections voltaly tiques me parait mieux 
répondre à l'objet : le fait de l'action analytique et celui du moyen employé 
y sont compris. L'intervention d'un électrolyte étranger, d'une votalyse 
médicamenteuse, se trouve indiquée par les mots injections ou applications. 
De ces derniers, je préférerais peut-être applications^ qui est plus général ; 
l'un, d'ailleurs, n'exclurait pas l'autre, et la méthode de la voltalyse médi-- 
camenleuse comprendrait soit des applications — terme général, — soit des 
injections voltaly tiques. » 



L'électrolyse interstilielle comporte différents sujets d'étude qui sont du 
plus haut intérêt. Celui qui m'a préoccupé dès le début de mes premières 
recherches, c'est la connaissance des modifications apportées dans les tissus 
sains ou malades sous l'infiuence de l'iode libre et des oxychlorures de 
cuivre. 

Le temps m'a fait défaut pour terminer toutes les expériences que néces- 
site celte question d'électrolyse expérimentale, et je me garderai bien de 
vous entretenir de mes premières tentatives, n'ayant aucun résultat bien 
observé et bien défini à vous communiquer. 

Depuis mes dernières communications sur l'électrolyse interstilielle, j'ai 
étudié le» réactions éleclrolytiques qui s'effectuent au contact d'une électrode 



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RBVUB INTERNATIONALB D*âLBCTROTHÉRAPIE 



soluble en cuivre pur, quand celte électrode est reliée ^u pôle positif de la 
pile, au double point de vue de la production de Tosychlorure de cuivre et 
de sa nature, et^de Faction de ce corps naissant sur Torganisme. Ce sont 
les résultats électro-chimiques et électro-thérapeutiques que j'ai obtenus, 
qui m'ont engagé à vous présenter un nouveau travail sur ce sujet d'éleclr6- 
thérapie. 

Aucun hiémoire, je crois, n'a encore été publié sur les décompositions 
électrolytiques des électrodes de cuivre. 

Avec un chimiste distingué, M. Favier, attaché au laboratoire de TÉcole 
polytechnique, j'ai voulu d'abord m'assurer de la perte que subissait un^ 
électrode de cuivre; puis, rechercher Taclion du sel électrolytique chez 
l'animal vivant. 

En. utilisant comme électrode positive une aiguille de cuivre, nous avons 
pu nous rendre compte d*une n^anière exacte dé l'attaque de cette élec- 
trode. 

Nous avons, à cet effet, pesé avant et après l'expérience deux aiguilles de 
cuivre. 

L'une (A) pesait gr. 34912. 
L'autre (B) —- gç. 34645. 

Ces deux aiguilles, enfoncées dans les muscles de la cuisse d'un lapin, sont 
réunies au pôle positif d'une pile nous fournissant un courant de 5 milliam- 
pères, pendant dix minutes. 

Après l'expérience, nous pesons les aiguilles, les ayant essuyées au préa- 
lable avec du papier buvard. 

La première (A) pèse gr. 34900. 
La seconde (B) gr. 34625. 

Donc, la perte de (A) «= gr. 00012. 
_ _ (B) = gr. 00025. . 

Cette perte représente la quantité de cuivre déposé à l'état de sel dans les 
muscles. Nous avons pu obtenir cette exactitude dans les pesées à l'aide de 
balances optiques. 

Les sels ainsi déposés éleptrolytiquement ne sont-ils pas toxiquee? Bien 
que les nombreuses applicfations de cette méthode démontrent le contraire, 
nous avons voulu nous assurer expérimentalement de la yéalité du fait. 

Étant donné qi^e les liquides séreux sont composés mi-partie de chlorures 
de sodium et de potassium, nous avons fait des liqueurs artificielles de chlo- 
rure de sodium à 1 et 2 <»/oo. Nous avons ensuite soumis ces liqueurs à'I'élec- 
trolyse, en nous servant de cuivre comme électrode positive. 

Nous avons ainsi obtenu un oxychlorure de cuivre, sur la nature duquel 
nous revenons plus loin, L'oxychlorure ainsi obtenu étant insoluble dans 



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REVUE ll^TERNATIONALE D'èLBGTROTHBRAPIB 



l'eau, nous avons dû le laver et le sécher dans le vide, afin d*en mettre en 
suspension dans Teau dans les proportions de 1 à 2 ^oo* 

Ce sont ces dernières solutions qui no,us ont servi pour les injections 
intra-musculaires que nous avons faites à trois lapins. Dans une première 
expérience, nous avons injecté 1 centimètre cube de liqueur à 1 Voo d*oxy- 
chlorure. N'ayant remarqué aucun symptôme d'intoxication chez les trois 
animaux, dans une deuxième expérience, trois jours plus tard, nous avons 
injecté 2 centimètres cubes de la même solution chez les mêmes lapins. Les 
animaux conservant leur état normal, nous avons fait une troisième expé- 
rience avec 3 centimètres c.ubes de la solution, et deux mois plus tard 
aucun changement appréciable n'était survenu à la suite de ces tentatives 
expérimentales. 

Nous avons enfin voulu nous rendre compjte de la nature du sel de cuivre 
produit électrolytiquement au contact des tissus. Nous nous sommes placés 
dans des conditions analogues à celles où l'on se trouve dans les traitements 
par les aiguilles de cuivre, et nous avons utilisé des courants dé môme ten- 
sion et de môme durée. 

Dans une solution de chlorure de sodium, nous avons fait passer un cou- 
rant de 10. milliampères, en employant des électrodes de cuivre au pôle 
positif. Le cuivre qui nous a servi provenait de dépôts galvaniques, et nous 
étions ainsi à peu près certains de sa pureté. Après la fermeture du courant, 
on voit se produire un trouble autour de l'électrode positive,* et bientôt se 
former un dépôt vert gris (vert pomme). C'est ce précipité lavé et desséché 
que nous avons soumis à l'analyse. Sous l'action de la chaleur àllO<*,. ce 
corps devient noir; l'analyse ;ious montre, qu'il correspond à la formule 
Cucl, 2 Cuo. 

Telle est la composition du sel de cuivre qui constitue la majeure partie 
des composés formés en soumettant à l'action de l'électrode positive (cuivre] 
les tissus mul(culaires ou les muqueuses. 

Des réactions plus complexes s'opèrent toutefois au contact des acides, 
contenus. dans les sécrétions organiques naturelles ou pathologiques (1). 
L'élude de ces combinaisons électro- chimiques secondaires n'est pas chose 
facile et nécessite les recherches nombreuses et longues que nous avons 
entf éprises. 

J'ai déjà donné la preuve expérimentale, dans une série de conférences 
faites cette .année sur Télectrolyse interstitielle, de la succession de phéno- 
mènes électro-chimiques qui s'effectue dans les applications polaires posi- 
tives des aiguilles çt des tiges de cuivre sur les tissus. Je n'y reviendrai j)as, 

(1) Losqu'on soumet les muscles détachés du corps à un courant de pile, on obtient, 
en effet, du côté de l^électrode positive des acides sulfurique, phosphorique, chlory- 
drique et azotique, et du côté du pôle négatif de la potasse, de la soude et dfe l'amnio- 
niaque. 



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6 RBVUB INTBRNATIONALB D*éLBCTROTUÈRAPIB 

d'aulant plus que ces expériences peuvent se renouveler à volonté et sans 
difficulté ; je veux seulement attirer votre attwtion sur les modifications qui 
peuvent survenir, par exemple^ dans Tutérus d'une lapine, à la suite de 
quarante séances d'électroljse interstitielle intra-utérines. 

Dans ce but, j'ai pris une lapine six jours après sa délivrance, et, pendant 
trois mois, j'ai pratiqué dans son utérus quarante fois ma méthode. Une 
remarque importante à faire, c'est que, chez la lapine, il est possible de con- 
duire dans les trompes utérines une lige de cuivre d'un petit volume; l'ori- 
fice de ses annexes est relativement grand et perméable, et leur situation sur 
le fond même de la matrice permet à l'instrument de s'y engager sans 
grande difficulté, et, avec l'habitude, on y arrive à chaque tentative. 11 devient 
donc possible de se livrer à d'intéressantes recherches de ce côté. 

Après la quarantième application, je fis l'ablation de l'utérus, des trompes 
et des ovaires, sans sacrifier l'animal, qui vit encore, et j'examinai avec hoin 
la muqueuse. Il me fut impossible de constater la moindre lésion, la moindre 
congestion; toute la cavité utérine était lisse^ blanche, et les orifices normale- 
ment dilatés. 

Mes séances avaient été faites à trois jours d'intervalle, pendant dix minutes, 
avec cinq minutes de renversement polaire et avec une intensité de 20 milli. 

Après ces constatations microscopiques, je fis sur le champ une applica- 
tion en tout point semblable aux précédentes, et, après une demi-heure 
d'intervalle entre la fin de la séance et mon nouvel examen, il fut facile de 
constater les résultats opératoires suivants : 

l^ Le dépôt de sels de cuivre sur toute la surface interne de la muqueuse 
utérine est très appréciable; 

2^ La pénétration de ces sels dans le tissu est complète ; la région externe 
est aussi colorée en vert pomme que la région interne ; 

3<* L'un de ces sels est de l'oxychlorure de cuivre insoluble ; l'autre, un sel 
organo-métallique soluble. Si on pose sur différents points de la région 
pénétrée par ce sel soluble une lame d^ acier ou de fer, on voit, après quel- 
ques secondes^ une couche de cuivre métallique se déposer sur celte lame. 

Il me serait possible de tirer quelques conclusions importantes de ce travail : 
qu'il me suffise, pour aujourd'hui, d'attirer votre attention sur le résultat de 
ces premières expériences, qui comportent une série de recherches d'un grand 
intérêt pratique, 

II 

L'électrolyse interstitielle comprend deux genres d'opérations : avec le 
premier, on utilise les propriétés physico-chimiques des électrodes solubles 
ou en cuivre pur, et c'est de lui dont il vient d'être question ; avec le second, 
on décompose, également au même pèle de la pile^ le pôle positif, une 



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RBVUB INTERNATIONALE d'ELECTROTH^RAPIE 



solution médicamenteuse, et la solution que j'utilise, c*esl Tiodure de potas- 
sium dans vingt fois son volume d'eau. 

Les décompositions électrolyliques qui s'effectuent dans une solution 
iodurée, sous l'influence du courant de pile, ont été l'objet d'un premier tra- 
vail, que j'ai publié dans la Revue Internationale d Électrothérapie (p. 87, 
tome I). J'avais pensé alors que l'iode à Télat naissant serait un adjuvant 
important à utiliser, en même temps que le courant lui-même, dans la cure 
de diverses affections, et je me suis attaché, avant toute application faite dans 
un but curatif à rechercher dans quelles conditions s'opère l'électrolyse 
d'une solution iodurée. 

Je désire, aujourd'hui, ajouter quelques observations à ces premières 
conclusions. 

Quand on soumet au courant de pile une solution d'ioduie de potassium, 
on coustate une décomposition qui s'opère dès la fermeture du courant. 
On voit de l'iode libre se déposer sur l'électrode positive, qui est constituée 
par une lame de platine. Puis, la couche inférieure du liquide en expérience 
se colore de plus en plus par cet iode libre, qui reste en solution dans l'iodure 
de potassium non décomposé. A ce moment, la couche supérieure du liquide 
prend une coloration jaunâtre et ne tarde pas à devenir alcaline. 

L'analyse montre que cette alcalinité est due à de la potasse libre prove- 
nant de la décomposition. On peut donc exprimer cette première réaction 
par Téquation suivante : 

KI + H«0 = KOH + I + H. 

La présence de l'hydrogène se constate naturellement au pôle négatif. 

Dans cette expérience se passe en môme temps une autre réaction électro- 
ly tique. Il se forme aussi de l'acide iodique, à l'état d'iodate de potasse; car 
d'après M. Riche, l'acide iodique se forme dans l'électrolyse d'une solution 
aqueuse d'iode. 

En second lieu, nous savons que les iodates prennent naissance en même 
temps que les iodures lorsque l'iode se trouve en contact avec les alcalis. 
On peut alo^ formuler la réaction par cette autre équation : 

6KOH + 3P=»IO»K + 5Kl + 3H*0, 

ce que nous montre l'analyse. Car, si prenant la solution soumise à l'électro- 
lyse, nous la traitons par l'éther pour absorber l'iode libre, nous obtenons 
une solution incolore, qui se colore fortement en brun sous l'action de 
l'anhydride sulfureux, réaction caractéristique de l'acide iodique. 
En résumé, nous avons donc en présence : 



!• De l'iode libre; 
2« De la potasse ; 



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3® De riodate de potasse ; 
4« De Tiodure de potassium* 

Seuls, riode libre et la potasse peuvent avoir une action sur les tissus. 
Cependant, je m'empresse de dire que la quantité de potasse libre est extrê- 
mement faible. 

III 

A la suite de ces essais incomplets d'éleclro-chimie, je vais vous préenter 
Toutillage qui me sert pour Tapplication de ma méthode, et dont une partie 
vous est inconnue. 

Mes instruments se divisent en deux catégories : Tune comprend les élec- 
trodes solubles en cuivre et quelques accessoires; Tautre, des sondes élec- 
trodes en platine pour la décomposition des solutions iodurées, soit dans les 
tissus, soit dans les cavités accidentelles ou naturelles. 

A. Électrodes solubles. — Voici une grande quantité de ces électrodes • 
tiges et aiguilles. 

Les tiges, comme vous le voyez, sont de différentes grosseurs et destinées 
au traitement des endométrites, des fibromes, des bémorrhagies utérines, 
des inflammations chroniques et aiguës des annexes et du .petit bassin chez 
la femme. En voici de plus volumineuses encore qui m'ont servi pour le 
traitement de l'ozène, des plaies, des hémorroïdes, etc. 

Les aiguilles varient également, selon qu'elles servent à des ponctures sur 
le col de Tutérus, alors elles sobt longues et isolées daùs une grande partie 
de leur étendue, ou bien à des applications externes : tumeur, abcès, lupus, 
plaies, papillomes, etc.; et, dans ce cas> elles sont courtes et d'un diamètre ^ 
parfois très petit. 

Voici d'autres électrodes en cuivre, différant des précédentes par un 
manchon isolant qui vient butter contre un épaulement. La partie de cette 
électrode sur laquelle s'engalne le manchon, est résistante, en acier ou en 
laiton; l'autre est un cylindre en cuivre pur, plus ou moins long, de 1 à 
6 centimètres, plus ou moins gros aussi : c'est la partie active. J'ai fait 
construire cette dernière électrode pour le traitement des uréthrites chez 
l'homme, et mes premiers essais sont encore trop récents pour que je puisse 
vous donner mon opinion sur les effets curatifs de l'oxychlorure de cuivre 
dans cette affection. 

En môme temps que j'ai généralisé l'emploi des électrodes solublesi en 
cui\Te, j'ai cherché à simplifier l'outillage électrique complémentaire. 

D'abord, pour assurer l'asep$ie, j'ai supprimé le manche auquel on fixe 
d'habitude les tiges et les aiguilles électrodes et le manchon d'ébonite ou de 
celluloïde qui a pour but de proléger la vulve et le vagin. Ce manchon iso- 
lant est facile à remplacer par une solution de gomme laque dans l'alcool, 



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RBVUB INTBRNATIONALB D*ÉtBCTROTHéRAPIB 



qui, étendu avec un pinceau sur une surface plus ou moins grande des 
inslruments, à la volonté de Topéraleur, a la propriété de sécher en deux 
ou trois minutes et de former ainsi un parfait isolateur. 11 faut savoir, cepen- 
dant, que cette enveloppe isolante serait insuffisante dans le cas où les 
inslruments seraient reliés au p61e négatif de la batterie ; car, vous savez 
que les bases naissent à ce pôle et qu'une de leur propriété chimique 
est de dissoudre les résines. Avec ma méthode, cet inconvénient n'est pas à 
craindre, puisqu'elle relève essentiellement des applications positives. Il est 
vrai que les courants renversés deviennent toujours nécessaires pour bien 
terminer les séances, pour détacher les électrodes de cuivre, en un* mot ; 
mais, d'autre part, ces renversements se font à des intensités minima, et la 
pratique vous prouvera queTisolan^, dans ce cas, ne s'altère jamais. Le ma&che 
est remplacé, dans mon outillage^' par un fil souplaet extrêmement léger. 
D'une part, il est en connexion avec la batterie par un bouton approprié et* 
reste libre à son autre extrémité, que l'on dénude de 5 à 6 centimètres pour 
l'enrouler autour de l'électrode. 

Pour bien me faire comprendre, permettez-moi de vous montrer les pré- 
paratifs nécessaires pour une opération d'électrolyse interstitielle inlru" 
utérine. Voici une fige de cuivre de la grosseur d'un hystéromèlre ordinaire, 
droite, arrondie à ses deux extrémités. Je la nettoie d'abord avec du papier 
émeri très fin; puis, je la lave avec soin; je l'essuie, et, avec un pinceau 
fixé au bouchon de verre qui ferme la bouteille contenant la solution 
isolante, j'étends cette solution sur une surface détepni^ée. Si l'utérus 
que j'ai à soigner a 10 centimètres de profondeur, et que je désire ne produire 
d'oxychlorure de cuivre que dans sa cavité, j'étends la solution jusqu'à 
6 centimètres environ de l'extrémité de la tige ; celle-ci étant ainsi préparée, 
je n'aurai aucune action dans le col, etc. Quand la tige est placée dans la 
cavité utérine; j'enroule mon fil fin deux ou trois fois autour de l'extrémité 
de la tige laissée libre, et qui, elle-même, n'.est pas recouverte de gomme 
laque. Je puis, pendant toute la séance, qui souvent est longue (vingt à 
vingt-cinq minutes), et qu'il y a intérêt à augmenter encore dans certains 
cas, laisser mes instruments libres, sans les tenir fixés en place. 

Ma séance terminée, je retire la tige, que je nettoie de nouveau avec du 
papier émeri, et je brise la partie du fil fin qui l'entourait et qui ne servira 
plus. Je h'ai, en somme, qu'un instrument à tenir propre; vous savez qu'avec 
les autres méthodes il n'en est pas ainsi, et que Tasepsie de l'outillage qu'elles 
préconisent, est difficile à obtenir. D'autre part, les fils que j'emploie n'ayant 
aucune valeur, il est facile de les préparer soi-même, selon le besoin, et en 
une ou deux minutes; avec les fils soudés, au contraire, il survient quel- 
quefois, entre les mains les plus expérimentées, des chocs qui rendent les 
malades craintives ou méfiantes. 

Quelques-unes de ces tiges sont recouvertes d'oxychlorure de cuivre, 



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ainsi qu'un grand nombre de ces aiguilles. Ce dépôt est le résultat d'une 
application unique, et Tinlensité de la coloration est en rapport ayec l'inten- 
sité voltaïque employée. 

B. Sondes électrodes. — Mes sondes électrodes sont également des instru- 
ments destinés à faire de Téleclrolyse interstitielle, mais, dans ce cas, le 
métal soluble est remplacé par une solution soluble. Leur forme est nou- 
velle, comme vous le voyez. Elles sont formées par deux gaines en caout- 
chouc durci, contenant, dans leur intervalle, un petit conducteur métal- 
lique, qui porte le courant à un manchon en platine. 

Ces gaines sont plus ou moins grosses, et peuvent varier selon les besoins. 
Le manchon peut avoir plusieurs centimètres d'étendue ou quelques milli- 
mètres. A l'extrémité libre de l'instrument, Torifice de la sonde électrode est 
agrandie pour recevoir le bec d'une seringue, tandis qu'à l'extrémité opposée, 
vous voyez deux petits orifices à jet récurrent, par où sort l'injection desti- 
née à être décomposée. 

L'usage de ces sondes est bien simple. Si vous opérez dans une cavité 
libre, comme l'utérus, vous mettez l'instrument en place et vous injectez 
pendant la séance, très lentement, la solution iodurée. J'ai traité ainsi deux 
endométrites infectieuses, dans lesquelles l'examen microscopique m'avait 
démontré la présence des gonocoques, et j'ai obtenu un résultat excellent 
par une seule opération chez chacune de mes malades. Dans ces deux cas, 
les séances furent de vingt minutes de durée. J'ai signalé ces deux faits à 
quelques-uns de mes confrères qui sont présents à cette séance, en leur 
faisant remarquer que les suites de l'opération restent douloureuses pendant 
12 à 14 heures. 

Si vous opérez ainsi un abcès, une hydiocèle, un kyste, etc., l'opération 
comprend alors deux temps, et voici mon modus faciendi. Avec ce trocart, 
qui est recouvert d'une canule, construite de façon à laisser passer ma 
sonde électrode, qui est par conséquent de la même grosseur que le trocart, 
je ponctionne, puis je laisse écouler le liquide ou je l'évacué avec l'aspira- 
teur de Dieulafoy. Je nettoie ensuite la poche avec de l'eau phéniquée ou 
une solution de naphtol camphré, s'il s'agit d'une collection purulente. Ce 
premier temps opératoire terminé, j'introduis par la canule ma sonde élec- 
trode à une profondeur déterminée à l'avance, et j'injecte la solution iodu- 
rée. Ma canule, bien entendu, est préalablement isolée avec la solution 
alcoolisée de gomme laque. Voici les instruments, la sonde, telle qu'on doit 
la placer dans la canule. Vous pouvez remarquer que le mécanisme en est 
simple, et que le second temps opératoire n'offre aucune difficulté. Je vais, 
dans un instant, vous montrer un malade que j'ai guéri, par ce procédé, 
d'un abcès tuberculeux de la paroi latérale droite de la poitrine. 

Je ne crois pas utile d'insister plus longtemps sur les avantages et le 
mécanisme de cet outillage électrique nouveau. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTBOTHÉRAPIE 11 



Permellez-moi, avant de terminer, de vous signaler quelques-unes des 
maladies que j'ai traitées par Télectrolyse interstitielle. 

Je ne vous parlerai pas des applications de ma méthode à la gynécologie : 
je me propose de publier dans quelques semaines un travail spécial à ce sujet 

J'ai publié les observations de plusieurs malades traités et guéris par 
Télectrolyse interstitielle. Je vous rappelerai un cas d'actynomicose de la face, 
présenté, en collaboration avec M. Darier, à la Société de Dermatologie de 
Paris. Vous avez vu la malade, ainsi qu*un jeune homme guéri par le môme 
procédé d'un sycosis de la lèvre supérieure; ces deux maladies avaient résisté 
longtemps aux traitements les plus variés. Je vous ai montré également une 
arthrite tuberculeuse de l'articulation tibio-tarsienne, guérie par l'électrolyse 
de l'iodurede potassium. Vous trouverez ces différentes observations dans te 
deuxième volume de la Revue internationale d' Électrothérapie. 

Ces premiers essais remontent au début de ma méthode. Depuis, plusieurs 
médecins ont étudié l'efficacité de l'électrolyse interstitielle, et deux de mes 
confrères vous ont entretenus de résultats satisfaisants. L'un d'eux, M. le 
D»" Delineau, vous a la prouvé qu'on pouvait obtenir une cicatrisation 
rapide des plaies de mauvaise nature. Vous n'avez pas oublié sa communica- 
tion sur la guérison d'un cancroïde de la région sus-clayiculaire droite, chez 
une femme âgée de soixante-deux ans. La cicatrice était belle et obtenue 
après trois séances de ponctures faites avec des aiguilles en cuivre. Plus 
tard, M. Jouslain est venu vous faire part de tentatives heureuses, faites avec 
des tiges de cuivre dans L'ozène. 

Je tiens à vous communiquer de nouveaux faits. 

Et d'abord, une autre guérison d'ozène. C'est un jeune homme de vingt- 
deux ans; les premiers symptômes de sa maladie remontaient à douze années. 
Depuis trois ans surtout, il était très incommodé, saignant régulièrement, et 
ayant un écoulement fétide qui le rendait insupportable dans son voisinage. 
Il avait essayé, sans résultat, de nombreux traitements, et me fut adressé en 
janvier 1892. Son diagnostic n'offrit aucune difficulté. Je lui fis quatorze 
applications avec des liges de cuivre; la dernière, le 30 avril. Trois mois plus 
tard, je le revis : sa guérison s'était maintenue, et elle se maintient à l'heure 
actuelle. 

J'ai opéré de la même façon, et à la môme époque, un ami de ce malade 
qui avait deux polypes muqueux dans la narine gauche. Après deux ponc- 
tures avec des aiguilles de cuivre dans chaque polype, leur affaissement fut 
notable, et je jugeai utile de les retirer en présence de mon ami le D*" Larat : 
ce qui se fit sans effort ni hémorragie, avec une pince ordinaire. La réci- 
dive n*a pas eu lieu. 

J'ai traité avec de grosses tiges de cuivre, il y a trois mois, une jeune fille 



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4 

12 RBVUB INTERNATIONALB D'âLBCTROTHÔRAPlB 

« 

de dix-huil ans, lymphatique, pour un coryza chrouique, accusé surtout par 
une hypertrophie de la muqueuse et un écoulement continuel très abondant. 
Précédemment, cette malade avait eu recours, sans aucun bénéiice, à quelques 
remèdes employés dans ce caë : alun, injections astringentes, etc. Après 
six séances, faites en vingt jours, la muqueuse était ci^mplélement modifiée 
et l'écoulement avait disparu. 

Il semble que nous ayons dans Toxychlorure de cuivre un puissant 
moyeu thérapeutique pour guérir certaines maladies du nez. D'autres obser- 
vateurs sont même affirmatifs à cet égard. 

M. Imbert de la Touche, de Lyon, notre collègue, m'a adressé, il y a 
quelques jours, la communication suivante, qu'il ine prie de publier : 

M^^* J..., dix-neuf ans; père en bonne santé, mère rhumatisante; n*a jamais eu 
d*afifection grave, sauf, à Tàge de trois ans, un blépharite avec conjonctivite 
chronique, ayant duré quatre ans. 

Les glandes sous-maxillaires ont été et restent encore légèrement engorgées^ 

A l'âge de quinze ans, avec Tapparition de ses règles, elle s^aper^t d'une 
forte odeur s'exhalant de ses fosses nasales et se plaignit de violents maux de 
tôte presque continuels. 

Ne 66 rendant aucun compte de son état, elle resta sans soins médicaux pen- 
dant un an et demi. 

A r&ge de seize ans et demi, elle yint me consulter et Je lui prescrivis des 
lavages à Tacide borique et à l'eau salée. 

S<| situation s*étant peu modifiée, ses parents la conduisirent chez le D' Rou- 
gier, spécialiste pour les afifections^du larynx et du nez.* Il porta coihme moi le 
diagnostic d'ozène et conseilla des lavages quotidiens, le matin, avec du perman- 
ganate de potasse, à midi du sulfate Pouillet, et le soir de Teau salée, puis, 
comme médication interne, du sirop de salsepareille iodurée et de la liqueur de 
Fowler. 

* Ce traitement, continué pendant deux années, amena comme résultat la dimi- 
nution de Todeur, ainsi que l'atténuation des maux de tète. 

Mais, deux ou trois heures aprèi chaque injections, l'odeur réapparaissait à 
nouveau, surtout plus appréciable le matin au réveil; alors le nez était enchi- 
frené et la malade éprouvait une grande difficulté pour se moucher et respirer. 

Les maux de tôte, soulagés aussi par les injections, revenaient plus violents 
au milieu du jour. Ils étaient 8U];tout caractérisés par une sensation de lourdeur 
et de pesanteur, sans douleur aiguè, avec localisation spéciale à la racine du nez. 

Ayant assisté au moi^ de mars dernier, chez mbn confrère et ami, le D*" Gau- 
tier, à un des premiers essais de traitement de Tozène par les cylindres de cuivre 
rouge, je proposai à la Jeune malade de se soumettre à cette nouvelle méthode. 
Le traitement fut commencé le 21 mars 1892. J'introduisis dans les deux fosses 
nasales un cylindre de cuivre rouge, en communication avec le pôle positif, 
l'autre pôle dans le dos. 

Je fis passer un courant de 10 milliampères pendant cinq minutes environ, et 
je retirais rinstrument, lequel était revêtu d'une couche d'oxychlorue de cuivre. 

Après la première séance, les narines furent moins enchifrenées ; la patiente 
se moucha plus facilement et rejeta des mucosités verdâtres avec un peu de 
sang; mais, détail important, aussitôt les céphalées diminuèrent sensiblement. 
Elle continua ses lavages tous les matins avec du permanganate de potasse. 

24 mars 4892. — Seconde séance dans les deux fosses nasales; le côté gaucho 
. plus intéressé que le droit. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTBOTHéRAPIE . 13 

50 mars et 9 avril. — Troisième et quatrième séance. A partir de cette époque, 
ramélioration se dessina très nettement. La malade ne fit des lava^^es que tous 
les trois ou quatre jours. On ne constata plus aucune odeur. 

Les deux dernières séances, le iZ avril et le 5 mai, confirmèrent le résultat 
obtenu. 

Actuellement, août 1892, notce jeune fille fait de temps en temps ses lavages; 
plus d*odeur; plus de maux de tête. La guérison paraît définitive. 

Elle fut alors conduite chez, le D^ Rougier, qui lui avait prodigué ses seins 
pendant plusieurs mois. L*examen très attentif qu'il fit des parties affectées ne 
lui révéla p|us aucune lésion. Il fut très étonné du résultat, obtenu. La cure était 
complète. 

Voilà donc une cure de plus à l'actif de la méthode de notre confrère, le 
Df G. Gautier. 

M. le D' Le Roy de Quenet,. de Barcelone, m'a adres'sé également deux 
observations intéressantes sur le traitement par roxychlorure de cuivre : 

f J'ai, dit ce dernier, en traitement deux cas d'ozène qui m'ont été présentés 
par le D' <]!ardenat Ëstres, éminent chirurgien espagnol. L'un chez une petite 
fille de sept ans, assez indocile, chez laquelle l'introduction des deux 
cylindres en cuivre est très difficile, et qui les relire 'dès que l'augmentation 
du courant se fait sentir. 

c ie me suis imposé comme règle de ne pas dépasser 6 milliampères pen- 
dant cinq minutes. Eh bien, malgré les imperfections du procédé appliqué, 
inhérentes au cas dont il s'agit, j'ai pu obtenir un résultat satisfaisant après 
quatre séances seulement. Toute mauvaise odeur a disparu, ainsi que la 
formation des croûtes. 

« Le deuxième cas est plus intéressant. Il s'agit d'un jeune homme de 
vingt ans, fils d'un fabricant de draps de Sabadell, malade depuis cinq ans, 
exempté pour ce motif du service militaire, et soumis aux traitements clas- 
siques depuis un an et demi. Rien n'avait4)U atténuer l'odeur caractéristique 
de l'ozène et la formation des croûtes. L'amélioration s'est produite immédia- 
tement : je suis aujourd'hui à la seizième application du procédé, avec des 
intervalles de deux à quatre jours. Je ne suis pas encore arrivé à la guérison 
définitive. 

«. J'ai également obtenu un beau succès* dans la déviation de la cIois;)n 
nasale, obstruant l'un des conduits et ayant produit la suffocation ». 

De mon côté, j'ai pu guérir par ce procédé des papillômes, une scrofulide 
verruqueuse et des kystes sébacés. Dans un cas de papillôme siégeant en 
avant du tragus de Toreille gauche, trois séances, avec deux ponctures chaque 
fois, ont suffi pour en provoquer la mortification. 

Au. mois d'avril dernier, mon distingué confrère, le D' Péralé, m'adressa 
une petite fille âgée de huit ans, qui présentait sur la face dorsale de la main 
gauche une scrofulide verruqueuse grosse comme un haricot. Aucun traite- 
ment n'avait agi efficacement pendant une durée de dix-huit mois, et l'enfan 



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14 REVUB INTRRNATIONALE D'éLBCTROTHÉRAPIB 

souffrait de sa main, surtout pendant ses jeux. A la suite de trois séances de ponc- 
tures faites chacune à trois semaines de distance, la scrofulide avait disparu 
et la douleur également. Il est nécessaire, dans tous ces cas, de faire des 
séances de vingt minutes, et de prévenir les parents ou le malade qu*une 
inflammation de la partie traitée est presque inévitable. 

Dans les kystes sébacés, la guérison est la règle, après une seule applica- 
tion des aiguilles. Lorsque les kystes siègent au milieu des cheveux, et c'est 
le cas des deux autres malades que j'ai traités, j'opère ainsi : Je traverse le 
kyste avec deux aiguilles, l'une en cuivre, la seconde en acier; la première est 
reliée au pôle positif; puis, je fais passer le Courant, 10 à 15 milliampères 
environ, pendant un quart d'heure. J'ai opéré deux fois dans ces conditions 
et j'ai réussi à vider le kyste et à cicatriser les parois. On voit survenir, à la 
suite de l'opération, une inflammation assez vive, et le dixième jour, la 
guérison est obtenue. Les traces opératoires sont insignifiantes et dispa- 
raissent définitivement dans un délai assez court. 

Chez une jeune fille, devenue très chlorotique à la suite de pertes de sang 
continuelles dues à une fissure de l'anus, j'ai pu arrêter l'écoulement sanguin 
après deux séances, et guérir totalement la fissure après la troisième séance 
de poncture interstitielle. J'enfonçais une aiguille de cuivre à un centimètre 
de profondeur, sur l'un des bords de la fissure, et je faisais une séance d'un 
quart d'heure. Dans ce cas, le renversement du courant est nécessaire pour 
pouvoir retirer librement l'aiguille. Six mois plus tard, la guérison persistait, 
et la santé de la malade était excellente. 

Contre les hémorroïdes, je me sers de gros cylindres en cuivre. Ces 
cylindres sont isolés sur une étendue variable pour protéger la marge de 
l'anus, et les séances sont de longue durée. Chez deux femmes présentant 
de gros bourrelets hémorroïdaux, je suis arrivé à des résultats très satisfaisants 
en deux et quatre séances. 

Les résultats obtenus attestent la valeur du procédé que je préconise et 
prouvent qu'il est digne d'attirer votre attention. 

Je signalerai en terminant trois cas de guérison, obtenus par la décomjx)- 
sition électrolytique d'une solution iodurée. 

La première malade, femme de quarante-huit ans, présentait un abcès 
datant de huit mois dans la région sus-claviculaire droite. Après aspiration 
du pus, la poche fut lavée et l'injection d'une solution iodurée au 1/20® fut 
pratiquée. Le pôle négatif de la pile était appliqué sur le sternum, le pôle 
positif en connexion avec la sonde-électrode que vous connaissez. La 
décomposition dura vingt minutes, avec une intensité de 30 milliampères. 
La guérison fut complète. 

La deuxième malade, petite sœur des pauvres, âgée de cinquante-six ans, 
présentait un abcès, depuis six mois, au niveau de l'angle du maxillaire 
inférieur du côté droit. Môme opération, même réussite. "* 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÔRAPIE 15 

Le troisième cas est plus intéressant encore. Il s'agit d'un homme de 
trente ans, que je vous montrerai tout à Tbeure, et qui vint me trouver pour 
une tuméfaction limitée de la paroi thoracique droite. Le malade présente 
^es antécédents qui permettent de soupçonner Texistence d'une tare tuber- 
culeuse. Il a été orphelin de bonne heure, a une apparence chétive et tousse 
depuis quatre années. 

Au mois de juin 1890, il garda le lit plusieurs mois pour une pleurésie 
purulente du côté droit, et fut ausculté à cette époque par M. Lancereaux, 
qui porta en ma présence le diagnostic de tuberculose pulmonaire. L'auscul- 
tation de la poitrin^vrévèle les traces de cette pleurésie ancienne et les signes 
de la maladie préalablement diagnostiquée. 

En novembre 1891, il commença à souffrir dans le côté droit de la région 
thoracique, au niveau de la neuvième et de la dixième côte; puis, il constata 
une tuméfaction, qui augmenta progressivement de volume. Les douleurs 
qu'il éprouvait étaient si vives qu'il fut obligé d'interrompre plusieurs fois 
le travail auquel il se livre dans un magasin de nouveautés. 

Quand il vint me demander mes soins, le 20 mars 1892, je constatais, du 
côté droit du thorax, une masse saillante comme une orange, sphérique, 
correspondante aux neuvième et dixième côtes et située en avant de la ligne 
axillaire. La peau était normale, sans adhérence sur la tumeur, qui était 
immobile, plaquée pour ainsi dire sur la face externe des côtes. La palpation 
faisait constater une fluctuation très nette et une douleur très vive. 

Le 25 mars, je fis la première opération suivante : évacuation du pus avec 
l'aspirateur de Dieulafoy, et après plusieurs lavages phéniqués, injection 
d'huile ipdoformée. 

Quatre jours plus tard, labcès était refermé et plus douloureux qu'avant 
le traitement. 

A ce moment, le 29 mars, je pratiquai une deuxième opération dans 
des conditions différentes. Après évacuation du pus, lavage phéniqué, 
injection d'une solution d'iodure de potassium au 1/20^ : la séance d'élec- 
trolyse dura dix-huit minutes, avec une intensité de 25 m.m. Le pôle 
négatif était appliqué sur la poitrine, en arrière et à droite; le positif, en 
connexion avec la sonde électrode. Au bout de deux jours, le malade put se 
lever, et après quinze jours de repos, reprendre définitivement son travail : 
la guérison était complète. 

Aujourd'hui, trois mois et demi après le traitement, vous ne trouverez 
d'autre trace de cet abcès volumineux qu'une petite protubérance osseuse, 
située sur la face externe de la dixième côte. 



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16 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB 



EKets thérapeutiques du courant alternatif (1), 

Par les D" LARAT et GAUTIER. 

M. le D*" Larat. — Messieurs, 

Je viens vous apporter aujourd'hui, au nom du J)^ Gautier, mon colla- 
borateur, et au mien, le résultat de nos recherches au point de vue de Tappli- 
cation thérapeutique des courants alternatifs, recherches qui, à Theure 
actuelle, nous semblent assez solidement établies pour donner, tout au moins, 
Tespérance que nx)us possédons désormais un moyen d action d'une puis- 
sance considérable et tout à fait intéressante, pour modifier les troubles 
nutritiCs chroniques, c'est-à-dire les diasthèses et les états morbides qui en 
découlent. 

L'idée que Ténergie électrique est capable d'agir puissamment sur le 
fonctionnement intime de notre organisme^ n'est pas nouvelle. On en trouve 
déjà des traces dans les ouvrages écrits par des empiriques à la fin du siècle 
dernier, et la plupart des auteurs qui ont traité depuis les questions d'élec- 
trologie médicale, ont fait allusion à cette action possible, probable, mais 
non démontrée. 

C'est à notre savant maître et ami M. d'Arsonval, que nous devons 
cette démonstration. Devant vous, il y a quelques semaines à peine, il venait 
lui-même exposer le résultat de ses recherches physiologiques qui lui per- 
mettent de faire varier, presque à volonté, le taux nutritif de l'animal ou. de 
Tindividu en état de santé. Il s'agissait, dès lors, d'appliquer ces données k 
l'homme malade et de savoir si les résultats constatés physiologiquement 
sur des êtres sains, à nutrition normale, se reproduiraient également chez 
des malades, c'est-à-dire chez des individus à nutrition troublée. 

Or, la réponse est affirmative; oui il est possible, et nous ajouterons très 
facile de modifier la nutrition d'un malade chronique, liutrition défectueuse 
qui, dans un grand nombre de cas, est la résultante de la maladie, mais 
souvent aussi qui en est la cause. Pour bien vous faire comprendre quelle 
est l'importance de cette démonstration, nous vous rappellerons brièvement à 
quels chiffres est parvenu M. d'Ajsonval dans ses expériences. 

M. d'Arsonval a basé sur la mesure de la capacité respiratoire du sang 
l'évaluation des modifications nutritives subies par l'animal expérimenté. 
C'est, en effet, la plus sûre des méthodes. Vous savez que le globule rouge, 
qui est la partie véritablement active du sang, est capable, normalement, 
d'absorber une quantité d'oxygène déterminée. Celte absorption, qui se fait 
dans les poumons, varie dans des limites physiologiques. Elle est plus active 
dans le cas où un animal fournit un travail considérable et tombe au mini- 
mum lorsqu'il est au repos. 

(1) Communication faite à la Société internationale des Électriciens. 



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RBvuB intbrnationàlb d'blbctbothérapib 17 

Quand donc les cellules qui, en dernière analyse, constitueut tous les 
Ussus vivants, sont douées d'une activité plus grande, elles réclament au 
globule plus d'oxygène et l'examen d'une quantité déterminée de sang sous 
la pompe à mercure, révèle l'augmentalioù de ce qui a été appelé la capacité 
respiratoire du sang. , 

Il ,y a donc corrélation entre la capacité respiratoire et l'activité nutri- 
tive, l'un des termes pouvant servir à. déterminer le second. 

Or, M. d'Arsonval a successivement examiné quelle influence pouvaient 
avoir sur ce phénomène les diverses modalités électriques médicalement 
usitées. 

Il a démontré que le courant continu sans fluctuations n'avait aucune 
action, que le*courant sta^tique avait une action appréciable, mais néanmoins 
assez faible, faisant varier la capacité respiratoire, de 12 à 15 ^o* tandis que 
le courant alternatif produit l'augmentation de cette môme capacité respira- 
toire dans la proportion de ÔO Vo. QLusiût au courant faradique, il produit 
bien l'augmentation des combustions organiques, mais indirectement, 
en fais<3knt contracter le muscle qui travaille et par conséquent consomme. 
Ce qu'il y a, en effet, de curieux et d'important dans les, résultats obtenus 
avec le courant alternatif, c'est que l'augmentation de la capacité respira- 
toiie se manifeste en l'absence dé toute contraction musculaire et môme de 
toute sensation. Il y a là un effet direct sur la fonction nerveuse tropbique 
qui imprime aux cellules leur activité. 

En présence de la prépondérance si coiùplète du courant alternatif sur 
les autres modalités électriques, c'était naturellement à lui qu'il fallait son- 
. ger pour agir sur des malades. M. d'Arsonval, dans ses expériences, s'était 
servi d'un courant rigoureusement sinusoïdal, comme les graphiques le 
démontrent, produit par un aimant circulaire dans lequel se meut une bobine. 
Il cherchait ainsi à dissocier les deux effets du courant, action directe tro- 
pbique et action sur la fibre musculaire contractile. La forme rigoureuse- 
ment sinusoïdale du courant lui a permis d'éviter ce dernier phénomène : 
la contraction qui, comme vous le savez, se manifeste au moment des chutes 
. du potentiel. Pratiquement, au point de vue de l'application aux malades, le 
but était un peu différent, puisque, d'une .part, le courant alternatif augmente 
directement là nutrition par un mécanisme encore obscur, mais indéniable, 
sur les centres nerveux ; puisque, d'autre part, le courant faradique, par les 
contractions musculaires qu'il provoque, aboutit indirectement à un résul- 
tat analogue,, il y avait avantage, nous a-t-il semblé, à associer ces effets, 
qui s'en trouvent renforcés d'autant. Le problème posé, il s'agissait de le 
résoudre au point de vue instrumental. Le courant fourni par nos bobines 
médicales était loin de nous donner cette solution. Ce courant, produit par 
des éléments de pile en rapport avec un inducteur et un interrupteur, et 
actionnant une bobine induite à engainement, est bien alternatif, mais le 



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18 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHÔRARlB 

courant de rupture affaibli par Textra-courant, est notablement plus faible 
que le courant d'ouverture; de plus, la durée du passage du courant est très 
courte, et le temps perdu est au moins les deux tiers du temps utilisé. Quant 
à la bobine dite de Constantin Paul, et que ce médecin utilise pour les bains 
faradlques, elle est moins que toute autre capable de répondre au but que 
nous nous proposions d^atteindre; elle donne Textra-courant d'une bobine à 
gros fil et, par conséquent, un courant de môme' sens et d'une durée exces- 
sivement courte. En somme, les courants fournis par ces bobines n'agissent 
que par la contraction musculaire qu'ils provoquent. 

Nous avons donc été conduits à conclure que le meilleur procédé et sur- 
tout le plus pratique consistait à emprunter notre courant au courant alter- 
natif fourni pour l'éclairage par l'usine d'électricité des Halles et engendré 
par des dynamo-type Ferranli-Patin. Ce courant nous arrive sous un poten- 
tiel de 110 volts et, au moyen d'un petit transformateur et d'une résistance 
intercalaire à noyau de fer doux, nous pouvons utiliser depuis 1 volt jusqu'à 
500 volts; comme intensité, notre point de départ est de 1 milliampère. Le 
nombre des alternances est de dix mille à la minute. Le graphique de ce cou- 
rant indique que sa sinusoïde est plu^ aiguë que celle qui est fournie par 
l'appareil d'Arsonval, mais elle est néanmoins régulière. 

Au point de vue du mode d'application, nous avons pensé que, puisqu'il 
s'agissait de produire des effets généraux, il y avait intérêt à élargir autant 
que possible la surface active des électrodes; ce but a été atteint en plon- 
geant le patient dans l'eau d'une baignoire en porcelaine, de telle sorte que 
le malade se trouve en dérivation et ne prend qu'une fraction du courant qui 
parcourt l'eau de la baignoire. 

Une telle installation est extrêmement pratique. Le dosage du courant est 
des plus simples et parfaitement progressif; quant aux résultats atteints, 
je vais vous les exposer succinctement. 

Vous savez qu'il y a tout une classe de maladies qui ont été classées par 
M. le professeur Bouchard, en particulier, sous l'étiquette de maladies par 
ralentissement de la nuîrition. Parmi ces maladies qui dérivent toutes, à ce 
qu'il semble, d'une sorte de d(ichéance nutritive, se traduisent selon les 
individus, les races, les tempéraments, etc», il convient de ranger la goutte, 
le rhumatisme chronique, Tobésité, le diabète, etc. 

Ce sont des maladies de cet ordre, des ralentis de la nutrition, qui ont 
surtout été l'objet de nos recherches. Comme point de départ et afin de con- 
naître l'état des oxydations qui, comme nous l'avons vu, sont un des phéno- 
mènes primordiaux qui constituent la vie cellulaire, nous ne pouvions songer, 
comme l'a fait M. d'Arsonval, à mesurer la capacité respiratoire du sang de 
nos malades. Nous nous sommes contentés d'analyser les excréta urinaires 
qui traduisent fidèlement les phénomènes de combustion organique dont 
les tissus vivants sont le siège. Évidemment, ce procédé n'a pas une rigueur 



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RKVUB INTERNATIONALE D'ÉLECTROTHéRAPIE 19 

absolue. Le régime alimentaire influe notablement sur la quantité des pro- 
duits azotés étois en vingt-quatre heures; un régime carné fait monter le 
chiffre de l'urée, on le sait, et un régime végétarien fait baisser notablement 
ce même chiffre; c'est pourquoi, quand on expérimente sur les animaux, on 
les soumet à ce que Ton appelle une ration d'entretien, composée d'une ali- 
mentation toujours la môme en quantité et en qualité. Nous ne pouvions 
demander à nos malades de se soumettre à une ration d'entretien, mais, 
néanmoins, je crois que nos chiffres peuvent être considérés comme exacts, 
par suite de la multiplicité de nos analyses chez un même sujet, ce qui nous 
a permis d'établir des moyennes. 

D'une façon générale, nous pouvons dire que les malades, dont le chiffre 
est bas, voient ce chiffre s'élever rapidement, atteindre la normale et souvent 
la dépasser. 

Chez les goutteux à excès d'acide urique, cet acide suit une marche 
inverse, il diminue de quantité. Dans deux cas de diabète sur trois, le sucre 
a diminué ; dans un autre cas, il est resté stationnaire. Le taux d'urée de cet 
ordre de malades étant très élevé, par suite de la suralimentation, aucune 
modification n'a été observée dans l'excrétion de ce produit. Ce n'est, du 
reste, qu'en continuant et en multipliant ces recherches chimiques qu'il sera 
possible d'en tirer des déductions certaines. Chez le malade, les choses ne 
se passent pas aussi simplement que chez l'animal ou l'individu sain mis en 
expérience dans un laboratoire. Mais ce qu'il y a de fi-appant, c'est que la 
grande majorité do nos malades ont été singulièrement améliorés. 

Nous avons traité plusieurs obèses qui ont diminué de 5 à 10 kilogrammes 
en quelques semaines, des goutteux chroniques confinés dans leur appar- 
tement depuis des mois et qui, actuellement, vont et viennent sans fatigue. 

Plusieurs dyspeptiques, avec dilatation stomacale, ont également éprouvé 
une amélioration très nette dans leur état général et dans leurs digestions. 
Les observations détaillées de nos malades seront ultérieurement présentées 
à des sociétés médicales. Ce n'est pas ici le lieu de m'y étendre, mais si 
j'avais à donner l'impression générale que j'éprouve en constatant les résul- 
tats du traitement par les bains à courant alternatif, je dirais que le système 
nerveux déprimé, ou dont les fonctions sont déviées, semble profondément 
et favorablement influencé. 

Notre attention a été, en outre, appelée sur les maladies chroniques de la 
peau et en particulier, sur l'eczéma. Trois cas d'eczémas anciens ont été si 
vite améliorés que nous avons été très encouragés à poursuivre ces essais. 
A ce propos, nous ne saurions trop remercier MM. les professeurs Besnier et 
Hallopeau, qui ont bien voulu nous confier des malades et qui suivent avec 
intérêt nos recherches. 

Le domaine de l'électrothérapie, restreint jusqu'à présent dans des appli- 
cations le plus souvent locales, ou quand il s'agit d'un traitement général, 



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20 RBVUB INTERNATIONALE D'BLBCTROTHKRAPIB 

s'attachant presque exclusivement à la névrose, s'élargit singulièrement, 
vous le voyez, puisqu'il s'en prend aux troubles nutritifs qui constituent les 
diathéses, sources d'un, grand nombre de maladies chroniques. Quant à nous, 
notre seule prétention est, non pas d'avoir découvert cette action de l'élec- 
tricité sur les états généraux qui a été entrevue par nombre de nos prédé- 
cesseurs, qui était dans l'air comme on dit, mais que M. d'Arsonval a eu le 
mérite de définir et de préciser; nous revendiquons simplement la priorité 
en ce qui concerne l'application systématique aux diathéses de l'électricité, 
spécialeipent sous forme de courants sinusoïdaux. 

• • 

Appareils trépidants. — Permettez-moi maintenant, messieurs, de vous 

entretenir d'un nouvel ordre de recherches qui ne dérivent pas de Télectri- 
cité, puisque cet agent n'est employé là que comme force motrice, mais qui 
néanmoins pourra peut-être vous intéresser. Il s'agit des vibrations méca- 
niques employées pour modifier les états morbides du système nerveux 
sensilif. 

M. le D' Vigouroux et mon ami M. Boudet de Paris, chacun de leur côté, 
avaient, il y a une dizaines d'années, commencé des recherches dans ce sens, 
recherches qu'ils ont abandonnées depuis. Ils avaient fait construire une 
série de diapasons, mus par un électro-aimant et transmettant leurs vibra- 
tions à certains points localisés du corps, soit par l'intermédiaire d'un boulon 
appliqué sur les téguments et auquel le diapason transmettait sa vibration, 
soit par l'intermédiaire de l'air vibrant dans une caisse de résonnance. 

Le D^ Mortimer Granville, en Angleterre, a, postérieurement, repris cette 
question. Son vibrateur, mû par un mouvement d'horlogerie, donnait déjà 
des vibrations plus amples que celles du diapason et, au point de vue théra- 
peutique, les résultats qu'il a obtenus ont paru si intéressants à notre émi- 
nent maître, M. le professeur Charcot, qu'il a chargé son ancien chef de 
clinique, M. le D"" Gilles de la Tourelte, et nous-mêmes, d'étudier les vibra- 
tions mécaniques. Il s'agissait tout d'abord de créer des appareils pratiques. 

Ce qui a lassé les expérimentateurs dont nous venons de signaler les noms, 
c'est l'inconstance et les défectuosités de leur appareillage. Le diapason donne 
des vibrations très rapides, d'un nombre sensiblement égal. De plus, ces vibra- 
tions sont faibles, à moins d'eihployer un énorme diapason. Le vibrateur de 
Mortimer Granville ne remplit qu'une partie du but. cherché. C'est un petit 
marteau mû rapidement par un mouvement d'horlogerie, qui vient frapper à 
coups légers, mais très rapides, sur un point quelconque. Or, l'opinion dé 
Boudet de Paris, qui paraît la vraie, à propos des effets thérapeutiqiies des 
vibrations mécaniques, est que l'aqtion, déjà sensible quand on s'adresse à 
un filet nerveux, devient bien plus énergique quand on fait vibrer les 
centres cérébro-spinaux ; aussi Boudet appliquait-il sur le front le bouton de 
son diapason. 



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RB.VUE INTERNATIONALE D'éLBCTR01»BBAPIE 21 

Adoptant cette manièipe de voir, qui découle d'un certain nombre d'expé- 
riences, et de faits qu'il serait trop long de rapporter, nous nous sommes 
proposé de construire un appareil capable d'imprimer à la masse cérébro- 
spinale un mouvement d'oscillation rapide et suffisamment énergique. 

Après de longs tâtonnements et avec l'ingénieuse collaboration de notre 
collègue, M. Gaiffe, nous nous sommes arrêtés au modèle que yous avez sous 
les yeux. 

C'est un casque ressemblant vaguement au conformateur des chapeliers, 
formé d'une *série de lames adoptant la forme de la tète et pouvant s'écarter 
à volonté. Au sommet ^e ce casque, se trouve l'appareil destiné à le faire 
vibrer, et qui consiste en uu petit moteur électrique dont le centre de gra- * 
vite, au moyen d'un poids en cuivre placé à la façon d'un excentrique, egt 
rejeté en dehors de Taxe. A chaque demi-tour l'appareil, par la force centri- 
fuge, tend à s'élever quand le poids est en haut, à s'abaisser quand il est en 
bas. n tourne assez* rapidement pour produire une oscillation notable, dont 
on peut faire varier d'une part la fréquence, par le nombre de tours de l'ap- 
pareil, l'amplitude par un excentrique plus ou moins long, et la forbe par un 
poids plus ou moins lourd. 

M. Gharcot se propose d'expérimenter ce casque dans les migraines, dans 
4;ertains états neurasthéniques s'àccompagnant de douleur, et dans les étals 
mentaux s'accompagnant surtout 4e dépression. Une dizaine de malades de 
-ces différents ordres, que nous avons nous-mêmes, en collaboration avec 
Gilles de la Tourette, soumis à ce traitement, s'en sçnt assez bien trouvés 
pour qu# nous concevions bon espoir de pouvoir améliorer ces états qui, 
actuellement, sont au-dessus des ressources de la médecine. 

Du reste, très prochainement, M. le professeur Gharcot va faire,* à ce sujet, 
une leçon à la Salpêtrière et nous donner ses idées au sujet de ce traitement, 
auquel il attache un certain intérêt et que nous avons cru pouvoir vous indi- 
quer comme une chose tout à fait inédite. 

M. LB PRÉSIDENT remercie M. Larat. 



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22 RBVUE INTERNATIONALE d'ÈLB -THOTHÉRAPIE 

CONFÉRENCES SUR L'ÉLECTRO-BIOLOGIÊ <" 

Par le D' J. LARAT. 



Action des courants sur les tissus vivants {suite). 

Courants à période variable : faradiques, alternatifs^ sinusoïdaux, - 
Il importe tout d'abord que nous définissions ces différents termes peu usités^ 
en éleclrolhérapie, à Texceplion toutefois du terme faradique, qui est connu 
de tout le monde. Je suis obligé, néanmoins, de le définir lui-même pour 
bien montrer la différence qu'il présente avec les autres courants alternatifs. 
Le courant faradique, du nom de Tillustre physicien Faraday, est celui qui 
est engendré par l'action d'une bobine inductrice sur une seconde bobine 
dite induite. Le type de tous ces appareils est la bobine bien connue de 
Rhumkorff. Dans l'inducteur circule un courant fourni par des éléments de 
pile et interrompu à intervalles rythmés par un trembleur. La loi qui dit 
que tout courant qui commence ou qui finit engendre dans un circuit ferme 
voisin (bobine induite) un courant secondaire trouve ici son application. Le 
courant produit par la bobine induite a pour caractère : i'» d'être de très 
courte durée ; la période d'état variab'.e pendant laquelle le courant induc- 
teur produit le phénomène de l'induction est, en effet, excessivement 
courte; 2^ d'être composé, pour une révolution du trembleur, de deux cou- 
rants de sens contraire et d'inégale valeur : l'un des deux, le courant de 
fermeture, étant affaibli par l'extra-courant de fermeture. Ces phénomènes 
sont bien connus, je me contente de les mentionner ici brièvement. 

Le courant alternatif diffère du courant faradique en ce que : !• sa durée 
est beaucoup plus longue ; 2*» les deux courants sont d'égale valeur. 

Le courant alternatif, en effet, produit par des machines Gramme ou ses 
dérivés, est engendré par le rapprochement ou l'éloignement d'une bobine 
induite d'un inducteur fixe : aimant ou bobine inductrice. Durant tout le 
temps pendant lequel les bobines se rapprochent, il y a courant inverse, et 
également courant direct pendant leur éloignement : il n'j^ a donc pas le 
temps perdu qu'on trouve dans la bobine de Rhumkorff, temps perdu 
dû au trembleur qui, pendant sa période oscillatoire dans l'espace, et 
par conséquent durant laquelle aucun courant ne passe dans l'inducteur, 
n'engendre aucun courant secondaire dans l'induit. De plus, il n'y a pas 
d'extra-courant dans l'inducteur, ce qui comporte l'égalité des deux courants 
dans l'induit. Enfin le courant sinusoïdal ne diffère du courant alternatif 
qu'en ce que la période d'augment et de décroissement est parfaitement 
régulière. Il est obtenu par un aimant circulaire dans lequel se meut une 
bobine. Le tracé graphique d'un courant faradique présente une série d'arcs 
de cercle très courts : l'un, au-dessus, plus petit, l'autre, au-dessous, 
plus étendu, d'une ligne axiale qui correspond au 0. Le graphique du 

(l) Conférences faites au Laboratoire d'Électrothérapie, 3, place du Théâti*e-Français. 



1. 



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RBVOB INTERNATIONALE D'ÉLRCTUOTHÉRAPIB 23 

courant alternatif est représenté par un arc de cercle au-dessus el au- 
dessous de la ligne axiale qu'il rejoint par une ligne de chute inclinée brus- 
quement; le graphique du courant sinusoïdal par une ligne ondulée régu- 
lièrement au-dessus et au-dessous de la ligne axiale. En somme, le courant 
sinusoïdal croît et décroit avec une régularité parfaite, le courant alternatif 
décroit par une chute brusque, le courant faradique acquiert presque 
instantanément son maximum et le perd de même. 

Ces différences physiques doivent nécessairement entraîner des différences 
au point de vue de Faction physiologique, mais celte étude est à faire en 
grande partie. Le courant sinusoïdal n'est entré dans les laboratoires de 
physiologique que depuis peu, grâce aux travaux de M. d'Arsonval et à 
Texceplion des recherches que nous avons entreprises, le D*" Gautier et moi, 
sur son action thérapeutique, je ne sache pas qu'il soit nulle part ailleurs 
employé médicalement. 

Voyons donc quelle est Taclion du courant faradique, la seule qui soit 
assez bien connue. 

Action du courant faradique sur le muscle, — Chacun sait que les 
réophores d'une bobine induite étant appliqués sur un muscle strié, il y a 
contraction. Si les chocs d'induction sont suffisamment espacés, c'est-à-dire 
si l'interrupteur oscille lentement, le muscle entre chacun d'eux se déiend 
et revient au repos. Si, au contraire, les chocs sont rapides, il se produit un 
tétanos, le muscle, entre chaque intervalle, n'ayant pas le temps de rentrer 
au repos. 

Il se produit donc là un phénomène analogue à celui qui accompagne les 
chocs galvaniques. Mais si on vient à séparer le muscle des centres nerveux 
par la section des nerfs qui l'innervent, au bout de quelques heures une 
excitation faradique, aussi puissante soit-elle, reste sans réponse, tandis que» 
comme nous l'avons vu, le muscle séparé de ses centres d'innervation réagit 
encore pendant longtemps sous l'influence du choc galvanique. On a cherché 
la faisoû de celte différence. M. Neumann a montré qu'il ne s'agissait là que 
d'une question de temps. Pour arriver à cette démonstration il est parvenu, 
par un artifice instrumental, à donner des chocs galvaniques de durée 
excessivement courte. Dans ces conditions, le muscle séparé des centres 
nerveux ne réagit pas davantage. En médecine, nous constatons souvent 
cette imiàobilité des muscles par le courant faradique. La paralysie faciale 
à frigore nous donne un exemple frappant de la différence d'action des 
deux courants : tandis que la contractilité faradique est abolie, la contractililé 
galvanique, au contraire, persiste el est même souvent accrue. Dans un 
grand nombre de paralysies traumatiques, il en est de même. La conlraction 
faradique demande donc, pour se produire, l'intégrité de l'arc réflexe : nerf 
sensitif, moelle et nerf moteur. 

Pour qu'un muscle séparé des centres nerveux se contracte encore, il 
faut donc qu'il soit traversé par un courant d'une durée appréciable. La 
durée du choc faradique est insuffisante pour le mettre en action. 



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24 REVUE INTERNATIONALE D*èLECTROTHÉRAPIB 

Sur les fibres lisses, le courant faradique produit, au bout de quelques 
secondes, des alternatives de contraction et de relâchement. Si le courant 
est trop intense ou continué pendant longtemps, le muscle s'épuise et le 
relâchement devient permanent. On peut, et cela se vérifie en pratique, 
modifier dans une certaine mesure les phénomènes circulatoires au moyen t 
du courant faradique ; il est facile au moyen d'un pinceau appliqué sur la 
peau, de voir la pâleur des téguments se produire et bientôt faire place 
à une rougeur indiquant la suractivité circulatoire. C'est en vertu de ces 
effets physiologiques que la faradisation des régions enflammées, en parti- 
culier des articulations, a donné de si beaux résultats à Duchenne de ^ 
Boulogne et en donne encore tous les jours. C'est un décongestionnant éner- 
gique. 

La sensibilité générale est vivement impressionnée par la faradisation, 
surtout quand le courant a une grande tension (fil fin). Outre la sensation 
profonde de crampe que donne la contraction musculaire, il se produit une ■ 
sensation de picotement, de pincement sur la peau très caractéristique. On* 
possède donc là un moyen de révulsion énergique qui peut être utilisé dans 
certains cas, car c'est là un révulsif à action immédiate, contrairement à l'ap- 
plication des sinapismes, à l'urtication, etc., qui demandent un certain 
temps avant d'agir. 

Les courants alternatifs et les courants sinusoïdaux appliqués sur un 
muscle strié, le mettent en contraction comme le fait le courant faradique; il 
est à noter, toutefois, que cette contraction est moins douloureuse et que la 
gtuan/iV^ d'électricité qui traverse les tissus peut être de près du double sans 
être plus douloureuse. Ils présentent donc, au moins théoriquement, au 
point de vue du traitement des atrophies, un avantage considérable sur le 
courant faradique : le résultat se vérifie en pratique. Je me propose, pour 
ma part, de publier prochainement les observations d'atrophies guéries avec 
une rapidité bien plus grande au moyen du courant alternatif. 

En disant que le muscle strié se contracte sous l'influence des courants 
alternatifs, j'ai voulu parler des courants dont les alternances ne dépassent 
pas cent cinquante ou deux cent mille par minute. Quand ce chiffre est 
dépassé (expériences de Tesla, de d'Arsonval) l'énergie de la contraction 
diminue et même devient tout à fait nulle aux environs de cinq cent mille 
alternances. Alors, quelle que soit l'intensité du courant, quelle que soit sa 
tension qui est énorme, on peut prendre impunément entre les mains 
les deux réophores sans rien ressentir. A ce moment le courant possède 
néanmoins une grande énergie, puisqu'il est capable, au travers du 
corps, de porter au rouge le filament de charbon d'une lampe à incandes- 
cence. Mais si l'impression semble nulle, les vaso-moteurs n'en sont pas 
moins vivement excités, comme en témoigne la sueur qui ne tarde pas à 
perler en abondance sous les réophores. Ces couinants à alternances extra 
rapides ne sont pas encore étudiés au point de vue médical. Il est probable 
qu'ils présentent une haute importance et un moyen puissant d'impressionner 
le système nerveux. 



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RBVUB INTERNATIONALE d'BLECTROTHBRAPIB 23 

Les courants alternatifs n'agissent pas seulement sur la libre musculaire, 
ils agissent aussi d'une façon toute spéciale sur la nutrition, soit directement 
en agissant sur le cellule, soit par l'intermédiaire du grand sympathique. 
M. d'Arsonval a démontré qu'un individu soumis à des courants altematifis 
assez faibles pour être à peine perças, pour ne provoquer aucune action sur 
le système musculaire, voit cependant ses échanges augmenter de 40 à 50 «/o 
et sa capacité respiratoire doubler. Ces études si intéressantes ne sont qu'à 
peine ébauchées, mais les résultats acquis sont si encourageants, que ces 
nouveaux venus dans Télectrothérapie menacent de prendre une bien large 
part et de détrôner en quelque sorte, dans un grand nombre de cas, les autres 
modalités électriques. 

Je suis obligé, messieurs, d'arrêter là cette conférence déjà bien longue et 
que j'ai été forcé de résumer brièvement. J'espère néanmoins vous avoir 
fait entrevoir que la physiologie des courants, qui semblait à peu près 
établie, reste aux trois quarts à faire. Ce sera l'œuvre, je l'espère, d'un très 
prochain avenir. 



Électro- Diagnostic. 

Messieurs, 

Nous avons vu, dans nos dernières conférences, comment les tissus saiûs 
se comportent, réagissent sous Tinfluence des courants; la maladie trouble-t- 
elle ces réactions normales, et est-il possible, dans les cas où on constate, des 
modifications dans ces réactions, d'en tirer des conséquences au point de vue 
du diagnostic ? 

Vous savez qu'à la première question il faut répondre par l'affirmative. Un 
grand nombre de maladies entraînent avec elles des modifications, passa- 
gères le plus souvent, durables parfois, dans la manière d'être des tissus 
vivants soumis aux diverses modalités électriques. 

Considérons tout d'abord les troubles apportés dans la conduclibililé des 
tissus par la maladie. 

Ces troubles sont de deux ordres : ou bien la conductibilité est accrue ou 
bien elle est diminuée. C'est-à-dire que dans le premier cas on observera 
une déviation exagérée du galvanomètre pour un faible courant; dans le se- 
cond, au contraire, il faudra, pour que l'aiguille aimantée dé vie, -un potentiel 
plus élevé qu'à l'état normal. 

On a noté une exagération de la conductibilité dans les ûèvres, quelle que 
soit leur cause, surtout dans la fièvre intermittente, dans le stade de sueur, 
dans certaines affections cardiaques, dans la maladie de Basedow, dans la 
ehloro-anémie ; une conductibilité amoindrie se montre dans l'hystérie, dans 
le cancer, dans la mélancolie. 

Ces fa^ts n'ont rien qui doive nous surprendre, et en réalité la conducti- 
bilité est exagérée toutes les fois que les tissus sont plus irrigués que nor- 
malement, toutes les fois, conséquemment, que le cœur fonctionne aclive- 



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26 RBVUB INTBRNATIONALB D'KLBCTROTHBRAPIB 

ment, comme dans les fièvres et les autres afifeclions que nous venons de 
citer; elle est diminuée, par contre, quand les tissus superficiels reçoivent 
une quantité de liquide sanguin inférieure à la normale, comme dans 
riiystérie. 

Les troubles de la conductibilité sont donc un signe, au môme titre que 
l'élévation ou rabaissement de la température, la rapidité ou la lenteur du 
pouls. Mais c'est un signe sans valeur pratique : il est beaucoup plus simple 
et plus sûr de recourir au thermomètre qu'au galvanomètre pour constater un 
étal fébrile. 

Ainsi donc, sauf peut-être dans quelques cas très rares d'hystérie douteuse 
où la diminution de la conductibilité électrique a pu aider au diagnostic, les 
déductions que Ton peut tirer de ces phénomènes sont sinon nulles, du 
moins n'ont qu'un intérêt trop spécial et parement de laboratoire. 

Il n'en est pas ainsi pour les renseignements que nous fournissent les 
chocs galvaniques ou faradiques qui, eux, donnent par l'analyse des réac- 
tions qu'ils entraînent, un bon élément de diagnostic et plus souvent encore 
de pronostic. 

Je vais prendre un exemple typique. . 

Voici un malade qui se présente à nous avec la moitié du visage absolu- 
ment flasque; le mouvement des lèvres, d'un côté, est aboli. Ce malade ne 
peut ni sourire, ni siffler; il mange avec difficulté et sa langue est obligée 
de ramener constamment dans sa bouche les aliments qui tendent à se loger 
sous le buccinateur paralysé. La mobilité des muscles des paupières est 
troublée, l'orbiculaire ne fonctionne pas, l'œil reste ouvert et pleurant. 

Le diagnostic est facile : il s'agit là d'une paralysie faciale, probablement 
à frigorej puisque la paralysie de lorbiculaire a été donnée comme un signe 
presque pathognomonique de paralysie périphérique. Mais, tout d'abord, il 
reste un doute sur la question de savoir si la paralysie est d'origine centrale 
ou périphérique. La paralysie de l'oibiculaire n'est pas, en effet, un signe 
d'une valeur absolue. On a vu des cas où la paralysie, quoique d'origine 
centrale, entraînait l'immobilité de l'orbiculaire. D'autre part, l'examen 
extérieur ne nous donne aucun renseignement sur la durée probable de 
l'affection; le pronostic reste absolument obscur. Eh bien, rien n'est plus 
facile en deux minutes d'examen électrique que d'éclaircir ces deux points et 
de dire si la paralysie est centrale ou périphérique, si le malade doit ou pas 
guérir, et si la guérison doit se produire, à quelle époque environ. 

Un grand nombre de troubles neuro-musculaires sont dans le même cas; 
l'importance de l'examen électrique est donc considérable dans tout un 
groupe de maladies, et cet examen fait partie d'un diagnostic complet et 
précis au même titre et avec une valeur égale à ceux que donne l'ausculta- 
tion dans le cas d'affection pulmonaire. 

Nous allons maintenant entrer dans le détail des procédés d'exploration 
qui permettent au médecin d'établir si les réactions électro -musculaires sont 
normales ou troublées et jusciu'à quel point. 



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RBVUB INTBHNATIONALB D'ÉLECTROTHÉRAPIB 27 

Exploration faradique, — La région à explorer étant mise à nu, ainsi 
que la région symétrique saine, s'il y en a une, Télectrode dite indifférente, 
sous forme d'une large plaque d'élain recouverte d'agaric et de peau de cha- 
mois, ayant comme dimension dix centimètres sur douze environ, est appli- 
quée soit à la racine du membre à examiner, soit sur le thorax ou dans le 
dos, entre les deux épaules. 

Cette plaque est reliée au pôle P de la bobine induite à gros fil. 

L'autre électrode N est représentée par un tampon qui est appliqué sur le 
muscle malade au point d'élection. On sait que Duchenne de Boulogne a 
reconnu par la longue pratique d'une observation attentive que certains 
points très précis donnent une coii traction plus énergique quand l'électrode 
est appliquée à leur niveau. 11 imj orle donc de connaître les principaux, qui 
sont donnés, du reste, dans la plupai*t des ouvrages d'éleclrothérapie auxquels 
je renvoie le lecteur. 

Le médecin tient d'une main le tampon dont je viens de parler; quant à 
l'électrode indifférente, elle est maintenue en place par un lien quelconque, 
de façon à laisser libre une des mains de l'opérateur. 

L'interrupteur est réglé pour donner deux ou trois interruptions par 
seconde. La bobine induite qui, comme point de départ, est tout à fait 
dégaiaée, est alors poussée lentement sur l inducteur. 11 arrive un moment 
où une faible contraction musculaire se manifeste. On note à quel chiffre est 
parvenue à ce moment la bobine sur la réglette de bois graduée le long de 
laquelle elle glisse. Ceci fait, on transporte le tampon sur le point du côté 
sain exactement symétrique, en ayant soin, toujours, d'être sur le point 
d'élection. Par la simple lecture sur la réglette de bois, on sait si la contrac- 
tililé faradique est affaiblie ou exagérée; il suffit pour cela qu'il existe une 
différence très nette entre l'intensité de la contraction pour un môme potentiel 
d'un côté à l'autre. 

Le cas où l'un des côtés est sain« l'autre malade, est le plus simple. Il se 
présente, dans les cas de paralysie localisée à un membre ou à une partie du 
corps. Parfois, au contraire, il n'y a pas de côté sain. L'affection a envahi la 
totalité du systène musculaire, et il n'est plus possible de faire sur le même 
malade la comparaison des réactions normales avec les réactions déviées. Dans 
ce cas, le médecin qui a quelque expérience de l'examen électro-musculaire 
prend comme point de comparaison une moyenne qu'il a observée chez 
d'autres malades et qu'il est facile de connaître. 

Ou bien, s'il est encore novice, il prend la contracture normale sur lui- 
même, c'est-à-dire qu'il applique sur lui, avant l'examen du malade, les 
électrodes pour noter à quel degré de la réglette se produit la contraction 
normale. U ne faut pas oublier dans ce cas que d'un individu à l'autre, la 
résistance varie dans une certaine mesure et que, par conséquent, il peut y 
avoir de faibles différences dans la façon dont deux personnes réagissent, 
sans que pour cela leur système musculaire soit malade. 

J'ai supposé tout à l'heure que l'opérateur constatait une contraction mus- 
culaire. Il y a aussi des cas, et nombreux, où on ne trouve aucune manifes- 



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2 8 RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPIB 

tation contractile du muscle, qui reste tout à fait sourd aux courants induite 
à intermittences lentes. Dans ce cas, il faut changer de bobine, prendre la 
bobine à fil fin et augmenter progressivement le nombre des interruptions, 
de façon à arriver graduellement au potentiel maximum que peut supporter 
le malade sans souffrance, maximum qui est atteint avec la bobine à fil fin 
et un interrupteur vibrant rapidement. 

Quand on opère de cette dernière façon, avec des oscillations rapides, il 
importe de* ne pas laisser le tampon à demeure sur le point d'élection ; la 
douleur deviendrait très vite insupportable et troublerait Texamen. Il faut, 
au contraire, appliquer le tampon pendant un temps très court, deux ou 
trois secondes, et le soulever à intervalles rythmés à mesure que Tinduit entre 
dans l'inducteur. 

Exploration galvanique. — Cette exploration est plus complexe et demande 
plus d'habitude et d'attention que l'exploration faradique ; il y a lieu, en 
effet, d'apprécier, non plus seulement des différences dans l'énergie de là 
contraction, mais en outre des différences polaires, c'est-à-dire la manière 
dont le muscle se comporte vis-à*vis des deux pôles isolément. 

La façon de placer les électrodes est la môme que précédemment : électrode 
indifférente à large surface sur le thorax ou le dos; électrode active à surface 
relativement petite au point d'élection, de façon à obtenir sur celte dernière 
le maximum d'intensité, et, par conséquent, le maximum d'effort mécanique 
du courant. 

Les électrodes étant en place, la manette du collecteur est poussée jusqu'à 
atteindre huit ou dix volts au minimum, et on laisse passer le courant pen-^ 
dant une minute environ. 

Ce faible courant continu préalable allonge, il eèi vrai, l'examen; on peut 
môme le négliger pour cette raison, dans le cas où on a affaire à des troubles 
intenses, grossiers de la contractilité; mais dans les examens fins, délicats, il 
est indispensable; il permet à l'épiderme de s'imbiber, à la peau d'augmenter 
sa conductibilité et, en somme, au médecin de se rapprocher des conditions 
du laboratoire où on pratique l'examen du muscle ou du nerf dénudé. 

C'est alors que l'électrode active étant négative, la manette du collecteur 
est progressivement et lentement poussée sur le cadran. A chaque nouvel* 
élément qui entre dans le circuit, le doigt qui appuie sur le bouton de l'in- 
terrupteur produit une ou deux interruptions. 11 arrive un moment où une 
contraction se manifeste. On prend note du nombre de volts et du nombre 
de milliampères qu'il a fallu pour amener ce résultat, et par l'examen du 
côté sain ou par la connaissance pratique des moyenoes on détermine si 
la contraction est normale ou pas, et quelle est la différence, s'il y en a une, 
qui la sépare de la normale. 

Le pôle négatif ayant été ainsi considéré, on renverse le courant, après, 
toutefois, avoir ramené à zéro la manette du collecteur, et c'est, cette fois, 
l'action du pôle positif qu'on détermine. Le manuel opératoire est le même 
que pour le pôle négatif : intensités progressivement croissantes jusqu'à 
production d'une contraction. Il y a cependant une limite à cette intensité :. 



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RBVUB INTERNATIONALE d'ÉLBCTROTHÉRAFIB 2^ 

la douleur tiès vive qu'éprouve le patient. Avec une électrode aussi petite 
qu'un tampon, la douleur devient vraiment pénible vers 20 ou 25 milliam- 
pères* Du reste, il est à peu près inutile de monter plus haut; on n'obtien- 
drait pas davantage et souvent, dans ce cas, ce qui est' pris pour la contraction 
du muscle examiné n'est que la contraction en masse des muscles voisins. 

Tel est le manuel opératoire. Voyons maintenant en présence de quelles 
réactions on peut se trouver. 

Conlracliliié faradique. — La contractilité faradique est normale, exa- 
gérée, diminuée ou abolie. Elle n'est absolument normale que dans le cas 
d'intégrité absolue du système neuro-musculaire, mais elle paraît normale 
dans un certain nombre de maladies graves de ce système où de prime abord 
ou pourrait s'attendre à de profondes modifications de cette contractilité. Je 
veux parler, surtout, des atrophies musculaires myopathiques ou miélopa- 
thiques, dites progressives. 

Dans ces cas, le tissu musculaire a disparu en partie, le volume des 
muscles à l'œil est considérablement réduit et néanmoins la contractilité 
faradique persiste presque normale, tout au moins quand la maladie n'est 
pas trop avancée. Mais la question change de face si on va au fond des 
choses. Il suffit de laisser passer, durant cinq ou six minutes, le courant 
faradique sur les muscles pour voir peu à peu l'énergie de la contraction 
faiblir et parfois même aboutir à une impossibilité momentanée de contrac- 
tion, même à courants intenses. La contractilité diffère donc de la normale 
en ce qu'elle est rapidement épuisée, 

La contractilité faradique est aussi j dans c^taines circonstances, exagérée. 
Le type de cette exagération est le tétanos qui donne une contractilité formi- 
dable pour le moindre courant. On peut dire que toutes les fois que la 
moelle est irritée sans que ses cellules soient encore désorganisées, la con- 
tractilité faradique est exagérée. C'est ainsi que la paralysie par hémorrhagie 
cérébrale, au début, quand la névrite descendante n'a pas encore accompli 
son œuvre, la paralysie spasmodique, le tabès tout au début, les contrac- 
tures, etc., sont des exemples d'exagération de la contractilité faradique. 

La contractilité faradique est, au contraire, diminuée quand l'innervation 
médullaire est affaiblie comme dans les hémorrhagies cérébrales anciennes, 
le tabès assez avancé, et tout le groupe nombreux des amyotrophies, à 
l'exception de celles dont j'ai parlé plus haut, des amyotrophies progressives. 
On trouve dans ce dernier cas l'échelle la plus variée de diminution de la 
conti*aclilité, comme on trouve l'échelle la plus variée dans le degré de 
l'atrophie. 

Il ne faudrait pas croire, cependant, que diminution de la contractilité et 
degré d'atrophie soient des termes absolument corrélatifs. Il arrive souvent, 
sans doute, qu'une atrophie intense s'accompagne d'un affaiblissement paral- 
lèle de la contractilité, mais on voit aussi des atrophies très marquées entraîner 
un affaiblissement peu notable, ce qui est, soit dit en passant, un excellent 
signe pronostique. 



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30 RBVCE INTERNATIONALE D*éLBCTROTHÊRAPlB 

Les atrophies musculaires consécutives aux lésions articulaires et si re- 
marquables par leur soudaineté et par leur gravité souvent peu en rapport 
avec la lésion locale, sont intéressantes à observer à ce point de vue. On 
peut, avec quelque habitude, pronostiquer à peu de chose près Tépoque à 
laquelle le muscle reprendra ses fonctions dynamiques. Quant à l'intégrité de 
son volume, c'est une autre affaire : il faut souvent de longs mois pour 
observer la restitulio ad inlegrum, 

La contractilité faradique est enfin abolie dans les cas où l'innervation 
centrale fait défaut au muscle. Un traumatisme qui coupe ou écrase un tronc 
nerveux abolit la contractilité faradique dans tout le département musculaire 
de ce nerf. Si la section ou l'écrasement sont incomplets, s'il reste quelques 
filels nerveux, c'est un simple affaiblissement qu'on constate. Il est donc 
possible, étant donné un membre traumatisé, de sa\ oir, par l'examen élec- 
trique, jusqu'à quel point le système nerveux moteur est atteint et si on peut 
compter sur la disparition des phénomènes paralytiques. 

En dehors du traumatisme, toutes les causes capables d'interrompre Tare 
réflexe sont de nature à abolir la contractilité faradique. Citerai-je la paralysie 
infantile, certaines tumeurs médullaires, et aussi la paralysie faciale à frigore, 
maladie dans laquelle la conductibilité nerveuse est interrompue au niveau 
du passage du facial à travers le rocher. La paralysies d'origine cérébrale 
n'entraînent, bien entendu, jamais l'abolition de la contractilité faradique, 
puisque, dans ce cas, l'axe réflexe existe encore. 

Contractilité galvanique, — Comme la contractilité faradique, la con- 
tractilité galvanique peut être normale, exagérée, diminuée ou abolie. Les 
réactions galvaniques convergent souvent avec les réactions faradiques, mais 
elles divergent aussi parfois. Il est donc de toute nécessité, quand on parle de 
réactions musculaires, de spécifier s'il s'agit de courant faradique ou de cou- 
rant galvanique. C'est pour avoir omis cette distinction primordiale que la 
partie qui traite de l'électro-diagnoslic dans l'article Électricité du Diction- 
naire des sciences médicales, publié par M. Jaccoud, est totalement fausse. 
Je suis obligé d'insister sur ce point, car comme les jeunes générations 
médicales puisent couramment dans ce dictionnaire, il importe de leur 
montrer qu'on se ferait une idée tout à fait fausse de l'électro-diagnoslic, si 
on adoptait les principes de M. Jaccoud. 

La contractilité galvanique n'est normale que dans le cas de santé parfaite 
du muscle. Pour peu qu'il soit malade, fût-il même simplement fatigué, elle 
est troublée. Il faut donc apporter à l'examen galvanique une grande attention 
et le plus de précision possible; Dans le cas, par exemple, que je citais tout à 
l'heure, où la contractilité faradique est tout d'abord normale pour s*aSaiblir 
ensuite, malgré uneamyotrophie manifeste, la contractilité galvanique indique 
d'emblée la maladie du muscle par un affaiblissement notable. 

Elle est exagérée, non seulement dans les cas où la moelle est irritée 
(tétanos, etc.}, mais encore dans un certain nombre de maladies où la contrac- 
tilité faradique est abolie. Mais, dans ce cas, cette exagération s'accompagne 
des signes, que nous analyserons plus loin, de la réaction de dégénérescence. 



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BEVUB INTERNATIONALE D*ÉLBCTR0THÉRAP1B 31 

Elle est diminuée dans toutes les atrophies pusculaires, quelle qu'en soit 
la cause, dans toutes les paralysies ou parésies musculaires, etc. Enfin, elle 
n*est abolie que lorsque la fibre mu^ulaire a totalement disparu, comme on 
le voit dans de vieilles paralysies infantiles, où le muscle est remplacé par un 
cordon fibreux. On peut poser en règle que tant qu'il reste une fibre muscu- 
laire, fût-elle complètement séparée des centres nerveux, elle se contracte. 

Nous abordons maintenant Tétude de la réaction de dégénérescence, décou- 
verte par Eib. Erb a démontré que, dans certaines affections, les conditions 
normales de Tinfluence des pôles étaient renversées. Je m'explique : à Télat 
physiologique, vous le savez, la contraction maxiraa se produit au pôle négatif 
et à la fermeture. En cas de réaction dégénératrice, c'est le contraire qui a 
lieu : la contraction maxima se produit au positif et à l'ouverture du courant. 
De plus, cette contraction est excessive. 

La réaction de dégénérescence est, en somme, constituée par le syndiôme 
suivant : 

10 Abolition de la contractilité faradique ; 

2<» Exagération de la contractilité galvanique; 
Z^ Inversion de l'action polaire normale. 

Souvent, la réaction de dégénérescence est incomplète; l'un de ces termes 
Datit défaut. Par exemple, on trouve fréquemment Tabolition de la contractilité 
faradique et l'exagération delà contractilité galvanique sans inversion polaire. 
C'est bien là encore la réaction de dégénérescence, mais incomplète. Dans sa 
formule entière, cette réaction est assez rare. On ne l'observe que dans les 
cas de lésion profonde du système musculaire moteur. Elle existe presque 
toujours dans la paralysie infantile et dans la paralysie faciale grave. 

Elle est d'un jironostic très sérieux. 

Toutes les fois qu'on se trouve en présence d'une réaction de dégénéres- 
cence, si elle est complète, il est rare qu'on puisse espérer laguérison. Si elle 
est incomplète, il faut compter sur plusieui^s mois avant de constater môme 
une amélioration, et la longueur du traitement décourage souvent les 
malades. 

Elle est donc d'un haut intérêt pronostic. 

11 importe maintenant de résumer l'exposé, qui doit être un peu confus 
dans votre esprit, des renseignements que nous fournit l'exploration électrique 
en médecine. 

Dans l'état actuel de nos connaissances et sans parler des notions qui, dans 
l'avenir, nous seront probablement fournies par l'étude approfondie des 
modalités électriques autres que la faradique et la galvanique, je crois 
qu'on peut synthétiser de la façon suivante les principes de l'électro- 
diagnostic. 

Les conlractililés faradiques et galvaniques ne sont normales que dans 
l'état d'intégrité absolue des centres nerveux moteurs, des nerfs moteurs et 
des muscles. 

Ces deux contractilités divergeant souvent, il importe de les dissocier. 



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32 REVUE INTERNATIONALE D'èLBCTROTHÉRAPIIC 

La contraclilité faradiqae est troublée en plus, quand il existe un état 
iiTitatif récent des centres nerveux moteurs; en moins, lorsque le nerf 
moteur ou le muscle sont malades. Dans ce dernier cas elle peut paraître tout 
d'abord normale, mais s'épuise rapidement. 

Elle est abolie lorsque Tare réflexe, pour une cause quelconque, est inter- 
rompu. 

La contractililé galvanique est troublée en plus dans les mêmes conditions 
que ci-dessus : irritation des centres moteurs; elle est encore troublée en 
plus, mais avec inversion de l'action polaire, quand le système nerveux tro- 
phique est atteint ou que le muscle est très gravement malade, en dehors des 
cas de myopathie progressive. 

Elle est diminuée dans toutes les paralysies et dans toutes les amyotro- 
phies, à l'exception de celles qui s'accompagnent de réaction de dégéné- 
rescence. 

Enfin, un principe qui peut être établi est celui-ci : plus la réaction 
s'éloigne du type normal, plus la lésion sera longue et difficile à guérir. 
Cette difficulté est au maximum quand il y a réaction de dégénérescence. 



NOUVELLES 



Congrès périodique international de Gsmécologie et d'Obstétrique. 

PRBMlàRB SESSION 

Nous rappelons à nos lecteurs que le premier Congrès international de Gyné- 
cologie et d'Obstétrique siégera au Palais des Académies, place du Palais, à 
Bruxelles, du 13 au 17 septembre prochain. Pendant toute la saison, les membres 
pourront se procurer journellement, dans les bureaux du secrétariat, au Palais 
des Académies, le Journal du Congrès, où ils trouveront des renseiKnements 
utiles sur les séances et les fêtes de la Journée, ainsi que la liste des nouveaux 
membres inscrits chaque Jour, les noms des orateurs et les titres des diverses 
communications annoncées. Le premier numéro de ce journal a para le 
1er septembre. Il publie la composition du Comité d'organisation et la liste des 
membres ayant adhéré jusqu'à cette date. Il renseigne également sur l'ordre du 
Jour des séances qui auront lieu le jeudi 15 septembre, de dix à douze heures du 
matin et à deux heures de Taprès-midi, sur la visite des hôpitaux de Bruxelles, 
et enfin sur le programme détaillé des excursions qui doivent avoir lieu du 
18 au 26 septembre, sous la direction de M. Parmentier. 

Nous remercions bien sincèrement le Comité d'organisation de la gracieuse 
invitation qu'il a eu la délicatesse d'adresser à la Revue Internationale 
d'Éleclrothérapie, 



Le Propriétaire-Gérant : D' O. GAUTŒR. 



Paris. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Caire, 8 et 10. 

Usine i v«peur et Ateliers, rue des Filles-Dieu, 8 et lo. 



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a-^û Annkb. Sbptbmrrb 1892. N« 2. 



REVUE INTERNATIONALE 

OREAHE OmCIEL DE LA SOCIÉTÉ FRiRCAISE BtLECTIlOniÉHAFIE 



CONGRÈS INTERNATIONAL DE GYNÉCOLOGIE 



Si Teutente^ n'est pas encore parfaite entre les cliirurgiens, à 
l'égard de la méthode opératoire qu'il convient d'appliquer au trai- 
tement des suppurations pelviennes, il restera du moins un fait bien 
prouvé, c'est que Thystérectomie vaginale et la laparotomie sont 
des interventions graves, auxquelles le médecin ne doit s'adresser 
que dans des cas spéciaux, toutes les fois qu'il sera manifestement 
impossible de se contenter d'une chirurgie plus conservatrice. 

Nous savons, en effet, que la majorité des états pathologiques, 
caractérisés par la présence du pus dans le pelvis de la femme, 
s'améliorent, guérissent même par une thérapeutique utérine bien 
dirigée. L'antisepsie vaginale, Télectricité, le curettage, la dilata- 
tion et le drainage de l'utérus, les ponctions simples et électroly- 
tiques sont des traitements qui ont fait leurs preuves, et qui, bien 
maniés et améliorés, diminueront encore, dans l'avenir, les cas 
justiciables des opérations, qui ont à leur actif une mortalité ten- 
dant, il est vrai, à diminuer, des complications et des récidives. 

Au congrès de gynécologie de Bruxelles, Thonoralde président, 
M. Kufferath a fait, avec tact, la critique impartiale des tendances 
chirurgicales actuelles. 

a Le succès assuré par l'antisepsie, a-t-il dit, paraît justifier 
toutes les hardiesses opératoires. Nous pouvons enlever impuné- 
ment les organes génitaux internes; mais il ne faut pas oublier 
qu'enlever un organe n'est pas toujours guérir. 



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'^m 



i 
J 



34 RBVUfi INTBRNATTONALB D'éLBCTROTHéRAPIE 

(( La tendance exclusivement opératoire , qui tend à prévaloir 
jusque dans les derniers temps, en gynécologie, est une erreur, qui 
amena fatalement une réaction. Il restera toujours assez à enlever, 
si les gynécologues se bornent à attaquer par le couteau, non pas 
les organes simplement enflammés, mais ceux qui sont détruits, 
dégénérés ou inaptes à fonctionner. Il est temps que le traitement 
des affections inflammatoires chroniques devienne plus médical 
et moins chirurgical. » 

Depuis deux années, en France, on s'est élevé, avec une cerlaine 
énergie, contre Tabus de la castration, et, en général, contre les 
mutilations inutiles. Les applications gynécologiques de Télectricité 
n'ont peut-être pas peu contribué à enrayer le bel élan chirurgical, 
qui, semblable à une lame de fond, se propageait dans tous les 
petits centres scientifiques de notre pays. Si peu d'entre nous 
croient à cette réaction salutaire, due au traitement électrique, car 
ce traitement est encore vivement discuté, discrédité môme, il 
reste, du moins, sous-entendu qu'il soulage, qu'il guérit et qu'il 
exige d'être mis à Tépreuve par ses adversaires. 

L'électricité n'a pas échappé à la loi commune, qui veut que 
toute idée nouvelle soit perfectible; et ceux qui suivent l'évolution 
de l'électrothérapie savent que des progrès rapides et incontestables 
ont été réalisés dans cette voie. Or, ces progrès ont permis, grâce 
aux résultats obtenus et aussi aux insuccès, d'expliquer les effets de 
la médication électrique, d'écarter les prétentions d'un traitement 
exclusif et de rechercher en quoi il est mal fondé; ils ont permis 
alors de faire la part du chirurgien et de l'électricien gynécologue. 

Dans sa marche et son développement, enfin, l'électricité a gagné 
la considération de tous les médecins qui l'ont appliquée avec per- 
sévérance et avec discernement. G. G. 



L'Électrolyse interstitielle en gynécologie (l). 

GrAce à la construction de la pile, due au génie de Volta, et Tune des 
découvertes du siècle les plus fécondes en résultais, il est possible de pro- 
duire et d'emmagasiner une force vive, qui se transforme à volonté. Ces trans- 
formations de Ténergie électrique, en même temps que les manifestations 

(h «*omnuinication faite au Congrès international de gynécologie de Bruxelles. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLECTIlOTHéRAPIB "SS 

diverses auxquelles elles donnent lieu, devaient se prêter à des combinaisons 
rationnelles, que le médecin a nécessairement cherché à utiliser dans Fart de 
guérir. ^ 

Les décompositions chimiques du courant vollaïque conduisirent Ciniselli, 
de Crémone, et A. Tripier, de Paris, à la création d'une méthode bien définie, 
la galvanocauslique chimique^ et à eii préciser plus tard les indicatipns 
thérapeutiques. Il devint facile alors de régler l'usage de cet agent électrique, 
surtout quand on put en doser le débit; ce qui permit de lui voir prendre une 
place tous les jours plus large, car Félectricité ne se complique d'aucune 
action toxique dans l'effet curatif cherché. 

L'auteur qui a le plus attiré Tesprit des médecins vers la thérapeutique 
électrique, dans ces dernières années, est, sans conteste, mon maître, le 
D»" Aposloli. Il s'est efforcé de démontrer tous les services que peut rendre 
cet agent naturel, et par là môme d'écarter les prétentions des médications 
exclusives. 

De mon côté, je me suis personnellement aitaché à faire valoir une nouvelle 
application du courant de la pile, en gynécologie. Cette nouvelle méthode, 
décrite dans mes dernières communications sous le nom dyieclrolyse inters- 
iilieUe, est appelée encore, par différents auteurs, éleclrolyse médicamen- 
teuse, électrO'diimie, éleclrolyse cupriqiie. 

Avant de justifier la terminologie nouvelle que j'ai adoptée, il est important 
que je fasse connaître la différence qui la dislingue de la méthode de 
M. Apostoli. 

Je ne vous parlerai pas des méthodes électriques extra-utérines, dont la 
lenteur d'action lasse là patience la plus convaincue. Dans la galvano-caus- 
tique intra-utérine, au contraire, on utilise au maximum la somme du 
courant produit, car le courant électrique a la propriété de suivre la ligne 
électiiquement la plus courte, et de passer inévitablement par une fraction de 
la paroi de la cavité où il se trouve localisé. Dans ces applications, on vante 
l'usage des sondes inoxydables ou insolubles, Tulililé des hautes intensités 
et des séances courtes. Nous devons à cette pratique de l'électrothérapie des 
résultats prompts dans les fibromes hémorragiques et douloureux, dans les 
endométrites, dans les exsudats pelviens et dans certaines inflammations des 
trompes. Moi-même, j'ai été affirmatif au sujet des résultats obtenus 
grâce à celte méthode, que l'on est convenu d'appeler méthode d' Apostoli; 
mais j'ai signalé les insuccès et les récidives, avec lesquels il fallait compter. 
Je me suis demandé alors s'il était possible d'abréger la durée du traitement 
habituel, de diminuer les récidives en augmentant la propriété électro-chimique 
du courant vollaïque et eu employant à l'avenir des électrodes sohibles et des 
séances longues, 

A l'éleclrodç en platine, j'ai substitué l'électrode en cuivre rouge prove- 
nant de dépôts galvaniques; j'ai augmenté considérablement la longueur des 



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3G RBVUB INTBRNATIONALB D*ÂLBCTROTHâRAPIB 

séances, et enfin j*ai remplacé les liaules intensités par des intensités basses, 
iitérinement supportables. 

Ouand on opère dans l'utérus d'une lapine avec une électrode en platine, à 
une intensité de 50 m. m., on remarque que la muqueuse se congestionne, 
(jue Teschare, produite par les acides dégagés au pôle positif, est entourée de 
vaisseaux dilatés, dont le travail de réparation contribuera à la chute de la 
région morlifiée, qui fera place à une cicatrice rétraclile. Celte propriété 
polaire du courant, associée à une action interpolaire contemporaine, 
concourent secondairement au même but : à latrésie des tissus soumis à 
laclion chimique et à Tarrèt des hémorragies. 

Or, si ropération expérimentale est effectuée dans les mêmes conditions de, 
durée et d'intensité, avec des électrodes en cuivrCy les conséquences physio- 
logiques sont différentes. Au niveau de Télectrode soluble en cuivre, on ne 
remarque plus les traces de destruction, ni des inflammations de voisinage: 
la muqueuse est lisse, infiltrée, dans une grande surface et dans toute sa 
profondeur, d'un sel nouveau, vert pomme : c'est l'oxychlorure de cuivre. 

Dans cette seconde application, les acides organiques ne se trouvant plus 
eu liberté, attaquent l'électrode, sur laquelle ils se dégagent, et forment un sel 
nouveau, qui se diffuse dans les interstices cellulaires, dans les lymphatiques, 
dans les glandes, dans une profondeur, en un mot, d'autant plus considérable, 
que le courant qui favorise cette marche endomoslique est débité plus lar- 
f^ement et plus longtemps. 

Ce sel, c'est encore l'oxychlorure de cuivre, qui jouit de propriétés micro- 
bicides et hémostatiques de premier ordre. 

La synthèse de cet acte éleclrolytique comprend donc une série de phéno- 
mènes physico-chimiques : Décompositions voltaiqttes, actions chimiques 
secondaires y diffusions endothéliales , dont la terminologie d'électrolyse 
interstitielle rend bien compte, si l'on juge de la force mise en œuvre et si 
l'on considère les effets obtenus. 

Au point de vue clinique, les applications de ce traitement électro-chimique 
uni été suivies de succès. Aussi ai-je pu le comparer, dans plusieurs cir- 
constances, et toujours avec avanlage, à celui que préconise M. Apostoli. Il 
^'agissait alors de malades que la galvanocaustique chimique avait peu amé- 
liorées, au point de vue des hémorragies et des douleurs, et chez lesquelles 
l'électrolyse interstitielle a donné le plus souvent des résultats rapides et du- 
rables. Je considère d'ailleurs l'oxychlorure de cuivre comme un hémos- 
tatique de très grande valeur. Je l'ai vu échouer rarement. Peut-être les 
séances longues que je pratique dans tous les cas, ne sont-elles pas sans 
iniluence sur le résultat obtenu. Aussi me demandé-je aujourd'hui pour- 
quoi nous sommes restés tant d'années à recommander des opérations élec- 
triques de courtes durées et fréquemment répétées, puiscjue toutes les appli- 
cations de Télectricilé semblent plaider contre un pareil enseignement. Le 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'ÈLBGTaOTHBRAPIB 37 

système nerveux s'accommode difficilement des excitations courtes et éner- 
giques. Cette opinion pourrait se trouver fortifiée par des expériences 
d'éleclro-physiologie. 

On sait que les frères Weber, en excitant le pneumogastrique par des 
courants forts, arrêtaient les mouvements du cœur en diastole, et que 
Pileiger et Van Bezold prouvèrent ensuite qu*avec des courants faibles 
portés sur le même nerf, on déterminait seulement le ralentissement du 
cœur. Dans leurs expériences, les frères Weber, au lieu d'exciter le nerf, 
i*épuisaient et paralysaient son action excito-motrice. 

On peut admettre que l'action électrique portée sur l'utérus vient exciter les 
filets terminaux du sympathique, qui se rendent à cet organe, et que la con- 
séquence à prévoir est l'excitation des vaso-dilatateurs ou celle des vaso- 
constricteurs; que les excitations fortes doivent produire une vaso-dilatation 
du vaste territoire artériel abdominal, tandis que les excitations galvaniques 
faibles et prolongées doivent produire l'effet contraire. 

Pour ma part, j'estime que les séances prolongées d'électrolyse intersti- 
tielle — vingt minutes à une demi-heure environ — réussissent mieux contre 
les hémorragies que les séances fortes et de courte durée. 

Les applications de l'éleclrolyse interstitielle dans les endométrites m'ont 
donné des guérisons rapides, et, cependant, dans plusieurs des cas traités, 
j'avais pu trouver des gonoccoques, à l'examen microscopique. Dans les 
hypertrophies du corps et du col de l'utérus, dans les inflammations du 
tissu cellulaire du bassin, ce nouveau traitement est actif et sans aucun dan- 
ger ; il soulage et guérit. 

J'ai traité aussi deux épithéliomas du col de la matrice. Il s'agissait d'abord 
d un cas inopérable, très hémorragique, et j'ai eu la satisfaction d'arrêter 
l'évolution de la maladie. Aujourd'hui, six mois après le dernier ti-aitement, 
Vétat de la patiente est toujours très satisfaisant, et son poids a augmenté 
de trente livres. Dans un second cas, le résultat s'est montré aussi efGcace : 
rhémorragie abondante a diminué progressivement, la marche envahissante 
de l'affection a été arrêtée, et les forces se sont rétablies. 

En résumé, sur plus de soixante affections utérines diverses, traitées en 
une année et demie par l'électrolyse interstitielle, et pour lesquelles l'opéra- 
tion avait été conseillée au moins dans le quart des cas, je n'ai dû encourager 
les malades que quatre fois à se faire opérer. 11 s'agissait toujours de collections 
purulentes enkystées, inaccessibles, et compromettant Texistence. En présence 
de faits de celte nature, il sera toujours imprudent de temporiser et d'em- 
ployer comme traitement n'imporle quelle méthode électrique. 

L'électrolyse interstitielle intra-utérine se pratique avec des tiges et des 
aiguilles de cuivre de différentes grosseurs, que vous pourrez voir dans l'ou- 
tillage exposé par M. G. Gaiffe. J'ai supprimé le manche et la gaine iso- 
lante, pour faciliter l'asepsie et la technique opératoire. 



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L.. 



38 RBVUB INTBRNATIONALB D*èLBCTROTHÉRAPlB 

Les séances doivent être pratiquées trois ou quatre fois par mois, dans Tin- 
tervalle des époques, en se servant de tiges aussi fortes que possible. Ces 
séances doivent durer d'abord dix minutes, puis un quart d'heure, et njême 
aller jusqu'à une demi-heure, selon les cas et l'état des forces des malades. 

Le temps me manque pour traiter ici les questions d'outillage, de technique 
opératoire, et pour vous faire part de toutes les recherches que j'ai entre- 
prises sur cette nouvelle application de réleciricilé. D'ailleurs, ces différentes 
études se trouvent réunies daûs une série de communications que j'ai déjà 
faites devant la Société Française d'Électrothérapie (1). 

En résumé, les courants électriques, en traversant les tissus vivants, 
agissent de deux façons bien distinctes : physiquement et chimique- 
ment. L'action physique est le résultat de l'électricité dans l'organisme, 
et l'action chimique est le changement moléculaire apporté pai* ce passage, 
qui suscite dans les corps composés des décompositions ou des combinaisons 
nouvelles. En faisant désormais des applications vollaïques longues, à 
l'aide d'électrodes en cuivre, le médecin utilisera rationuellement la somme 
de ces deux actions : physique et électro-chimique. L'électrolyse intersti- 
tielle étend, par conséquent, le champ d'application de l'électro thérapie, et 
constitue, avec les courants alternatifs que j'ai introduits en médecine, en colla- 
boration avec le D»" Larat, un progrès réel, dCl à des notions bien assises, et 
qui, certainement, aura pour effet de réagir sur la situation des esprits. 



Traitement des hémorrhagies utérines par TÉlectrolyse 
cuprique intra-utérine, 

Par le h' DELINEAU. 

La question des hémorrhagies utérines domine toute la pathologie des 
organes génitaux de la femme. 

Les pertes de sang ont, en effet, le triste privilège d'effrayer, plus que tout 
autre symptôme, les femmes atteintes d'affections utérines. 

Elles doivent donc fixer particulièrement l'attention du médecin. Aussi le 
traitement de ces hémorrhagies est-il l'une des préoccupations les plus légi- 
times du gynécologiste. 

Je ne chercherai point, dans ce court travail, à m'étendre sur l'étiologie et 
la symptomatologie des hémorrhagies utérines; je me contenterai d'indiquer 
les avantages de l'électrolyse cuprique intra-utérine dans le traitement de ces 
hémorrhagies, parce que je suis convaincu que l'électricité, apphquée de cette 
manière jjeut donner des résultats thérapeutiques supérieurs à ceux que 
donne l'électricité sous d'autres formes connues et restées invariables. 

Ma conviction est basée sur des faits pratiques, sur des observations déjà 
nombreuses dont je vous ferai coimailre les principales. J'en ai transcrit 

(1) Vuir tomes I <*l II, Itcvue Internationale d'Jilectro/hérajHe. 



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REVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTUéRAPIB 39 

douze seulement pour ne pas fatiguer votre bienveillante attention. Elles ont 
1 avantage d'avoir eu pour témoins autorisés des confrères ou des pei*8onnes 
touchant de près à Tart médical. 

L'endométrile domine, dans presque tous les cas, Téliologie des héraorrha- 
jîies utérines. On peut dire, avec Chéron, que presque toutes les causes 
de ces hémorrhagies se rattachent à rendométrile, et qu*il n*y a pas d'hémor- 
rhagie intra-ulérine sans endométrite. 

Elles ne peuvent survenir, en effet, saus Tinfluence préalable de l'inflam- 
mation de la muqueuse intra-utérine et, par conséquent, sans lésions locales, 
sans gonflement, saos rougeur, chaleur ou douleur de la muqueuse. 

L'endométrite justifie l'application thérapeutique de ïdlectrohjse cuprique 
inlra-uiérine. 

TRAITEMENT 

Gallard, Pozzi (de Paris), Schiœder (de Berlin), conseillent tout d'abord 
l'emploi de préparations d'ergot i ne, d'hydrastis canadensis, de cannabis 
indica, de perchlorure de fer. Ces diverses médications sont bonnes et 
\)euvent être utilisées, car elles diminuent quelquefois Fintensilé des hémor- 
rhagies. 

Ëmmet (de New- York), recommande les injections vaginales d'eau chaude 
à 37®. Sneguireff (de Moscou) vante avec conviction les injections et irriga- 
tions vaginales et inlra-ulérines d'eau chaude à 40*» et de longue durée. Ce 
traitement n'est pas sans valeur, mais il exige le repos au lit. Il prédispose 
au sommeil, aux hallucinations, aux sueurs abondantes, aux refroidissements. 

Lawson Tait (de Londres) veut l'ablation des trompes, et beaucoup de 
chirurgiens, atteints du même radicalisme, du même pruHgo secandi, ou- 
vrent le ventre et enlèvent les ovaires sans hésitation. Or, les meilleures 
statistiques accusent encore, malgré les progrès des nouvelles méthodes 
opératoires de laparotomie, de 15 à 20 ^o de mortalité. 

On a tellement abusé de ces opérations qu'une salutaire réaction tend à se 
manifester aujourd'hui. Le curettage utérin lui-môme commence à perdre 
une partie de la faveur dont il était primitivement l'objet. 

On a signalé, en effet, des accidents très graves à la suite de cette opéra- 
lion, réputée jusqu'alors inoffensive. Lannelongue, de Bordeaux, et bien 
d'autres chirurgiens habiles, ont eu à déplorer des cas malheureux de perfo- 
ration utérine. 

Les résultats du curettage sont, du reste, d'une efficacité plutôt tempo- 
raire que décisive contre l'hémorrhagie. L'opération doit souvent être recom- 
mencée. 

Ces divers modes de traitement sont ou trop radicaux ou trop superficiels. 
Ils condamnent la malade au lit; ils exigent l'emploi du chloroforme; ils ont, 
en somme, les inconvénients des grandes opérations. 



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40 RBVUB IXTBRNATIONALB D BLBCTROTHBIIAPIB 

Reste ideciricUé : 

La galvaoocaustie chimique de mon maître et ami le D"^ Aposloli est 
aujourd'hui trop répandue pour qu'il soit nécessaire de la décrire une fois de 
jlus. 

Elle est basée sur Temploi d'électrodes inattaquables par le pôle positif 
(platine, or, charbon), sur les hautes intensités, sur Tadaptation, au pôle 
indifférent, de la terre glaise destinée à rendre supportables ces hautes inten- 
sités. 

L'efficacité de la méthode Aposloli est indiscutable. On lui a reproché des 
insuccès, môme des cas de mort. Je crois, tout compte fait, que le mal 
qu'on en a dit, témoigne surtout de rancunes confraternelles. 

Mon ami le D*" G. Gautier, bien connu pour ses travaux d'électro-chimîe, 
utilise depuis deux ans une méthode nouvelle d application de Télectrolyse 
au traitement des tumeurs cutanées. Elle repose sur les propriétés électro- 
lytiques du courant voltaîque, sur le pouvoir microbicide et hémostatique de 
Voxychlorure de cuivre obtenu à l'état naissant, sous l'influence du courant 
positif, au contact d'électrodes oxydables de cuivre pur. 

L'oxychlorure de cuivre ainsi obtenu se diffuse dans les interstices cellu- 
laires, les pénètre en étendue et en profondeur, d'où le nom d'électrolyse 
interstitielle donné par M. Gautier à sa méthode. On sait que les corps nais- 
sants mis en liberté au contact d'une électrode soluble attaquent celle élec- 
trode pour produire un composé chimique nouveau qui agit alors avec moins 
de causticité que lorsque les acides et loxygène sont mis en liberté au con- 
tact d'une électrode inoxydable. 

La méthode Gautier a donné des résultats remarquables dans le iraitemenl 
du lupus, de l'actinomycose de la face, de rarlhrite fongueuse, du sycosis, de 
l'urélhrile, alors que l'action éleclroly tique simple est restée inefficace dans 
le traitement de ces mêmes affections. 

J'ai présenté moi-même à la Société d'Électroihérapie de Paris une malade 
que j'ai guérie d'un cancroïde du cou par l'électrolyse cuprique iutersli- 
tielle. 

Encouragés par des succès indéniables, nous avons pensé, M. Gautier et 
moi, que cette méthode pouvait être appliquée à la gynécologie. 

Elle m'a, en effet, remarquablement réussi dans le traitement des 
hémorrhagies utérines, dépendant nolamment de l'endumétrite et des 
fibromes. 

M. Gautier appelle sa méthode électrohjse interstitielle, 

La dénomination d'élecirolyse cuprique inlra^uiMne, que j'ai donnée à 
cette nouvelle application de l'électrolyse, a, je crois, lavanlage d'en bien 
I)réciser le mode opératoire et le but. 



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RBVUB INTBRNATIONALB D*àLBCTROTHÔRAPIB 41 



OUTILLAGE 

Les ÎDSlruments nécessaires pofur Télectrolyse cuprique intra-utérine sonl 
peu compliqués. 

Il faut d'abord une bonne pile à courant continu, reliée par deux fils h 
deux électrodes, Tune, positive ou anode, constituée par une tige de cuivre 
pur; l'autre, la négative ou cathode, constituée par une plaque métallique 
large, souple, recouverte de peau de chamois humide. 

La pile doit être munie d un galvanomètre. Il importe également d'avoir 
une série de liges de cuivre rouge pur, graduées de/1 millimètre de dia- 
mètre à l centimètre, ce qui en fait dix, et longues de 25 centimètres cha- 
cune. 

Les tiges de cuivre pur sont assez flexibles, de sorte qu'on peut leur 
donner facilement, en cas de besoin, la forme d'un hystéromètre. 

Pour fixer l'électrode au réophore positif, j'ai fait construire un instrument 
spécial que j'ai l'honneur de vous présenter. 

Il est en aluminium, par conséquent léger, peu volumineux. Il a la forme 
d'un instrument dont les tourneurs se servent pour fixer solidement les pièces 
à tourner et qu'ils appellent un toc. J'y ai fait percer plusieurs trous pour 
recevoir à frottement le piton terminal du réophore. 

Un manchon isolateur en celluloïde, approprié au calibre de la tige de 
cuivre, est indispensable pour éviter toute dérivation du courant. 

MANUEL OPÉRATOIRE 

Il est bien entendu que le courant positif est seul utilisable. Je me sers 
presque toujours du spéculum bivalve pour mettre au clair le col de l'utérus. 
Il me rend g^éralement l'hystéromélrie facile. J'utilise en outre le manche 
du spéculum en y fixant le réophore actif, ce qui me permet de ne pas m'im. 
mobiliser devant la malade pendant la durée de l'opération et de pouvoir 
surveiller facilement l'aiguille du galvanomètre. 

La séance doit durer de dix à vingt-cinq minutes, ^ 

L'intensité du courant varie de 25 à 50 milliampères, rarement plus. Elle 
est donc toujours supportable. 

Quand l'opération est terminée, on ramène lentement l'aiguille au zéro. 

Si Ton veut enlever l'électrode de cuivre, on la trouve adhérente et rebelle 
à la traction directe, môme légère. 

On devra, pour diminuer cette adhérence et éviter la petite hémorrhagie 
qui se manifesterait à la suite d'un retrait trop brusque, faire une inversion 
de courant de 5 à 10 milliampères négatifs, pendant deux ou trois minutes. 
Puis, on attirera la tige doucement et en lui imprimant de légers mouvements 
de rotation de droite et de gauche. On fera ensuite une irrigation d'eau sté- 



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42 REVUE INTERNATIONALE d'ÉLBCTROTHÉRAPIE 

rilisée et anliseplique. Edûd, je termine toujours Topéralion par un panse- 
ment à la ouate phéniquée ou à la ouate hydrophile saupoudrée d'un mélange 
de parties égales de poudre impalpable de tan, de quinquina et de charbon 
de bois. 

La tige de cuivre, retirée, reste imprégnée d'un dépôt d'oxychlorure de 
cuivre. Il faut la laver, Tessuyer, la frotter avec du papier d'émeri fin pour 
lui rendre son poli et son brillant primitifs. 

Je plonge toujours mon électrode, avant de m'en servir, dans un bain 
d'alcool absolu, pour en assurer l'antisepsie. La malade devra se repose 
une demi-heure après l'opération. 

Il lui sera recommandé d'éviter tout attouchement pendant plusieurs jours. 
L'hémorrhagie cesse quelquefois dès la première séance, mais il est souvent 
utile d'avoir recours à plusieurs applications pour obtenir un résultat définitif 
et satisfaisant. 

Observation I (résumée). 

Mélroi^^hagies graves symplomatiques d'un fibrome et d'une endométrile 
concomitante. — Traitement interne insuffisant. — lâtectrolyse cuprique 
intra-utérine. — Guénbon. 

M™« D..., marinière à Condé-?ur-rEscaut (Nord), m'est adressée par mon 
ami le D' Masingue, 49, rue de Flandre. Ce distingué praticien soigne la malade 
depuis plusieurs années, par intermittences correspondantes à chacun des pas- 
sages de cette personne à Paris. Elle a cinquante-quatre ans, tempérament san- 
guin, constitution bonne; deux couches, dont une gémellaire. Elle n'est plu^ 
réglée depuis quatre ans. Depuis deux années surtout, elle a des pertes irrégu- 
lières et presque continuelles, avec de violentes douleurs abdominales et lom- 
baires qui ralfaiblisf^ent énormément et la font beaucoup souffrir. 

Toucher : Abaissement utérin, hypertrophie et ectropion du col, tumeur 
fibreuse sous-péritonéale do la paroi postérieure du corps de l'utérus. Suintement 
catarrhal, épais, sanguinolent. 

Hystérométrie : 8 1/2. 

Le 29 juillet 1891, première application d'électrolyse cuprique intra-utérine 
de bO milliampères positifs pendant dix minutes, au moyen d'une grosse tige 
de cuivre rouge pur, de bO millimètres de diamètre; opération bien supportée. 

5 août. — Il n'y a pas eu d'hémorrhagie ; pansement simple avec ouate 
phéniquée saupoudrée d'un mélange do poudre de tan, de quinquina et de 
charbon. 

10 août. — L'hémorrhagie est revenue, mais peu abondante. Deuxième séance 
d'électrolyse cuprique intra-utérine; même intensité, même durée. 

17 août. — Pas de pertes rouges; leucorrhée. Pansement antiseptique. 

21 août. — Pas de pertes; douleurs dans les reins. 

4 septembre. — Troisième séance d elecirolyse cuprique intra-utérine po?. 
4b° 8', suivie d'un léger écoulement sanguin par suite du retrait irop brusque de 
l'électrode cuprique, fort adhérente. Cette faible hémorrhagie est arrêtée, du reste, 
immédiatement par une injection d'eau stérilisée froide. 

15 septembre. — L'hémorrhagie ne s'est pas renouvelée. 



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REVUB INTERNATIONALB D*KLBGTROTHBRAPIB 43 

24 septembre. — Quatrième séance : 30*, pos 10*, suivis de 10'' nég. 2'; pas 
de perler roujçes à la suite. 

La malade quitte Paris le 2o septembre. Elle ne ressent aucune douleur. Elle 
m'écrit en novembre qu'elle va bien et qu'elle n'a plus de pertes. 

J'ai revu et soigné la malade plusieurs fois depuis un an. Elle va très bien 
et son ûbr6me paraît disparu. 

Observation II. 

Ilf^monrhagie^uténnes profuses^ symptomatiques, de gros fibromes. — Anémie 
extrême ne permettant pas l'opération. — Electrolyse cuprique intra-utérine. 
— Cessation des hémoniiatjieè, — Expulsion des fibromes. — Guéi^ison sans 
opéi*ation. 

M*"*» G..., de Tours (Indre-et-Loire), trente- neuf ans, multipare, est atteinte de 
gros 6brômes interstitiels qui lui donnent l'aspect d'une femme enceinte. 
Mctrorrhagies continuelles depuis trois ans, presque sans interruption, ce qui Ta 
rai«e dans un état de faiblesse indescriptible. Elle a des syncopes à cliaque 
in«iant. Elle m'est adressée par son parent, mon ami le D^ Litardière, de Vivonne 
(Vienne), avec prière do la conduire à notre éminent maître le D»" Péan, en vue 
de l'opération de l'hjstérectomie. Mais le savant chirurgien trouva cette dame 
dans un tel état d'affaiblissement, qu'il refusa net de l'opérer et lui conseilla 
d'essayer l'électricité, quitte à revenir au projet d'opération, si la malade repre- 
nait un peu de force plus tard. 

27 juin 1891. — Première séance d'électrolyse cuprique intra- utérine, loO mil- 
liampères, 5 minutes, bien supportés grâce à l'électrode indifférente de terre 
glaise d'Apostoli, suivis d'une inversion de courant à 20°, nég. 3'. 

Hystéromélrie : 9. 

Cette femme supporte très facilement l'électricité. 

l»*" juillet. — Les pertes rosées se r^ont arrêtées le lendemain de la première 
séance; mais l'appétit est nul et l'état général déplorable. Je fais touà les deux 
jours à la malade une injection hypodermique de 5 milligrammes d'arséniate de 
strychnine, suivie d'une autre d'un centigramme de salicylate de fer. 

7 juillet. — Deuxième séance : Application de même intensité, de même 
durée, bien supportée. 

io Juillet. ~ L'appétit commence à revenir; le faciès est un peu moins pâle. 

20 juillet. — Troisième séance : 100° 7'. 

27 juillet. — Quatrième séance : 100<» 5'. Deux petites eschares au ventre. 

Le 4 août.— M*"»» G... a eu ses règles et une menorrhagie de dix jours à la 
suite. 

17 août. — Sixième séance : 130o 6'. 

22 août. — La malade se trouve mieux ; elle n'a plus de douleurs, plus de 
pertes; elle se sent de la force. Elle mange bien. Elle demande à aller passer un 
mois chez elle. 

Dans les premiers jours de septembre, elle fut prise^ du lundi au vendredi, de 
douleurs expulsives très pénibles. Le médecin, appelé, refusa de calmer sa 
souffrance par des injections de morphine, que j'avais conseillées par dépêche; 
notre confrère croyant avoir affaire à une fausse-couchfe et voulant laisser agir 
la nature. Enfin elle expulsa de gros fragments d'un tissu dense, mou, de 
coloration brune foncée, qui n'étaient autre chose que ses fibromes ramollis et 
atrophiés. 



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14 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHBRAPIB 

Le 2 novembre. — La malade revient à Paris; elle n'a plus le ventre proémi- 
nent; Tabdomen est affaissé. Son état général est bon. 

£n palpant le ventre, Je constate encore la présence d'une toute petite tumeur 
Gbreuse sous-péritonéale, molle, mobile, de la grosseur d'une noix, qui a résisté 
à l'expulsion de ses congénères ou qui s'est développée depuis. 

Je revois la malade en mars. Elle présente les apparences de la santé la plus 
florissante. La menstruation est régulière. Il est convenu que si le petit fibrome 
qui reste fait mine d'augmenter, nous le traiterons par la galvanocaustie 
chimique. 

Mon ami le D*" Litaudière m'apprend en août que sa parente est à Royan en 
parfait état de santé. 

Observation III (résumée). 

Alénorrhagie liée à une endomélrite fongueuse ancienne. — Élcctrolyse 
cuprique intra-utérine, — Guérison. 

M"** H..., rue de Rivoli, trente-huit ans, unipare, tempérament bilieux, cons- 
titution bonne, est employée principale dans un grand magasin de I^arls. Elle 
reste debout toute la journée et se fatigue beaucoup. Atteinte de pertes abon- 
dantes tous les mois et de douleurs abdominales, elle m'avait été adressée en 
1889 par M. Quentin, pharmacien, place des Vosges, 22. Je lui avais appliqué le 
traitement électrolytique ordinaire. Son état s'améliora sensiblement; mais très 
occupée et se croyant guérie, elle abandonna le traitement. Elle me revient le 
4 janvier 1892 dans un état d'affaiblissement alarmant. Douleurs violentes au 
moment des règles qui soot interminables depuis six mois. 

Le 10 janvier. — Première séance d'élecirolyse cuprique intra-utérine positive 
avec une tige de 3 millimètres de diamètre : bO<* 10'. 

25 janvier. — Deuxième séance de même intensité, même durée, mais suivie 
d'une légère perte. 

5 février. — Troisième séance de 30% pos. 15 minutes, avec inversion de cou- 
rant de 10°, nég. 2' ; pas de perte. 

lî) février. — Quatrième séance : 35o p. 10' + 1^ n. 2'. 

Mars. — La malade se trouve bien; elle est menstruée régulièrement. Pas de 
perte, pas de leucorrhée. 

Juillet-août. — L'état satisfaisant de sa sanlé continue. 

Observation IV (résumée). 

Endomélrite hémorrhagique. — A trc&ie du col, — Ekclrolyse cuprique intra- 
utérine, — Cessation des hémoi*rhagies, — Atrésie vaincue par la galvano- 
causlie négative. — Guérison, — Grossesse. 

M™° FI..., rue Saint-Antoine, à Charenton, vingt-sept ans, n'a jamais eu d'en- 
fants. Celte dame souffre dans le ventre, à la région ovarienne gauche, à tel point 
qu'elle ne peut marcher que pliée en deux et la main appuyée sur l'abdomen. 
Ménorrhagies interminables, accompagnées de douleurs lombaires, atrésie 
moyenne du col, rétroversion, règles irrégulières. 

Cette malade m'est adressée par le D"" Privé, de Charenton, le 9 septembre 1891. 
Elle perd depuis dix-huit jours. Elle reviendra quand le sang sera arrêté. 

12 septembre. — Première séance d'électrolyse cuprique intra-utérine, 50 mil- 
liampères positifs, dix minutes bien supportées. Hystérométrie : 5 centimètres. 



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RBVUB iNtBRNÀTIONALB d'ÂLBGTROTHBRàPIB 45 

16 septembre. — L'hémorrhagie n'est pas revenue; la malade souffre moins, 
mais la marche est encore pénible. 

20 septembre. — Deuxième séance de môme intensité et de même durée. 
25 septembre. — Troisième séance, semblable à la précédente. 

3 octobre. — L'amélioration se dessine, la malade marche droit. Faradisation 
bi-polaire, fil fin, dix minutes, pour calmer la douleur ovarienne gauche per- 
sistante. 

10 octobre. — La malade a été réglée du 4 au 8 sans souffrance. — Galvanisa- 
tion des deux pneumogastriques. 

i7 octobre. — Quatrième séance d'électroljse cuprique, 30® 10*; légère perte 
rouge à la suite, combattue par une injection d*eau stérilisée. 

7 novembre. — Elle a encore ses règles sans douleurs, du 2 au 7. 

6 janvier 1892. — M™*» FI. .. va très bien ; mais, comme il lui reste de Tatrésie, 
je lui fais, sur sa demande, dan s le but de combattre cette cause de stérilité, 
quatre séances, à dix jours d'intervalle, do galvanocaustie négative du col. 

Une lettre du mari de cette dame m'apprend que sa femme est enceinte du mois 
de mars et qu'elle se porte bien. 

Observation V (résumée). 

Mctrœ^hagies anciennes. — Endométrite, — Anlé/lexion, ~ Èlectrolyse 
cuprique intra-utérine, — Guériton. 

M"'» D. R..., propriétaire à D... (Somme), 43 ans, biparre, tempérament sanguin, 
forte constitution. 

Son dernier enfant a seize ans. Elle est malade depuis sa dernière coucho. 
Elle m'est adressée par M. Derbecq, pharmacien, 24, rue de Gharonne, le 12 dé- 
cembre 1891. 

Règles irrégulières et pénibles, métrorrhagies graves et rebelles aux traite- 
ments internes dans ces derniers temps, leucorrhée de réaction acide, abondante 
et irritante, douleurs continuelles dans les reins, nervosisme, utérus et anté- 
ûexion très prononcée, rendant le col très difficile à atteindre, ulcère et hyper- 
trophie du col, endométrite. 

14 décembre. — Electrolyse cuprique intra-utérine, 50 milliampères pos. 
7 minutes, mal tolérée; hystérométrie, 8 1/2. 

23 décembre. — Deuxième séance, 30<» 10' et 10 nég. 2'. 

29 décembre. — Troisième séance, id. id. 

1 1 janviej. — Application d'une grosse électrode de cuivre pur sur l'ulcère 
du col, 30® pos. 5', qui se recouvre d'oxychlorure de cuivre d'un beau vert. 

17 janvier. — Môme application et quatrième séance ut supra; menstruation 
régulière. 

21 mars. — L'ulcère du col est citratrièé. Il y a encore eu une petite ménor- 
rhagie. 

25 mars. — Èlectrolyse cuprique intra-utérine pos., 2oo 15' et 10<» nég. 3'. 

16 juin. — La malade va mieux. L'hystérométrie ne mesure plus que 7 cen- 
timères» Dernière application d'électrolyse cuprique intra-utérine de même 
durée. 

Août. — M. Derbecq me confirme la guérison parfaite de la malade. 



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46 RBVUE INTERNATIONALE D*BLBCTR0THÉRAPIE 



Observation VI (pésumée). 

Ménorrhagies çp^aves, — Endométrile. — Cessation des hémoi^^hagies par 
Vélectrofyse cuprique intra-utérine. 

M"*« D..., rue des Nonnains-d'Hyèreà, m'e?t adressée à ma clinique le 
2î) avril i892, par M. Huré, pharmacien, l, rue de Jouy. — Vingt-neuf ans, ner- 
veuse, bien constituée, mais très affaiblie. Anorexie, insomnie, crises nerveuse?. 
Réglée à quinze ans, mariée à vingt. Quatre enfants ; le dernier a trois ans. Règles 
très irrégulières depuis cinq ans, époque de sa pénultième couche. Elles durent 
quinze jours et plus. Douleur lombaire et ovarienne gauche. Malaise coniinael. 
La pression à la région épigastrique est très sensible. 
9 mai. — Galvanisation des pneumogastriques. 

12 mai. — Première séance d'électroljse cuprique intra-utérine positive : 
40O iO' et iO° nég. n^ suivie d'une hémorrhagie. 

Hystérométrie : 7 1/2. — Lavage à l'eau boriquée et pansement antiseptique. 

Juin-juillet. — Cinq séances de même durée et de môme intensité. Les règles 
sont redevenues normal e'>. 

1er août. — L'amélioration persiste et l'état général est très satisfaisant à la 
fm d'août. 

Observation VII (résumée). 

Endométrite Iiéniot^liagique et pavamétrite, — Électvoli/se cupi*ique intra- 
utérine. — Disparition des héTUOivr/iagies. — Gué'ison. 

M™*» L..., dame de magasin, rue de Rivoli, se présente à ma clinique le 
25 août 1891, recpmmandée par M. Agard, pharmacien, 143, rue du Temple. — 
Trente-huit ans, mariée à vingt ans. Une grossesse il y a quinze ans; veuve 
depuis huit ans. Tempérament bilieux. Constitution forte. Ordinairement bien 
réglée, six Jours ; mais depuis huit mois les règles sont interminables, pénibles 
et suivies de pertes blanches. Le mois dernier, durée : vingt-deux jours; ce qui 
Ta beaucoup affaiblie et Ta décidée à chercher du soulagement, le travail lui 
devenant impossible. 

Hypertrophie du col, utérus douloureux au toucher. Antéversion, endométrite. 
Hystérectomie : 7. 

29 août. — Première séance d'électrolyse cuprique positive : 35®^ iq» et inver- 
sion du courant 12°, nég. 3\ avec une tige de cuivre pur de 3 millimètres do 
disimètre; bien supportée. 

8 septembre. — Deuxième séance : ut supra. 

1 4 septembre. — La menstruation a été presque normale, peu douloureuse. 

22 et 29 septembre. — Troisième et quatrième séances : ut supra. 
6 octobre. — La malade se trouve beaucoup mieux* Faradisation utéro-sus- 
pubienne. 

En novembre. — Menstruation régulière, continuation du traitement. 

25 janvier 1892. — La malade, tout à fait guérie, ne revient plus à la cli- 
nique, et des nouvelles récentes m'apprennent que son état de santé est toujours 
excellent. 



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KBVUE INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHERAPIE 47 



Observation VIII (résumée). 

Endométritc hémorrhagique fongueuse. — Élecirolyse cuprique inira-uiéinne. 

Guérison, 

M"»* M... m'est adressée le 12 janvier 1892 par M™o Maubert, sage-femme, rue 
de la Roquette, 1 . — Quarante ans, deux couches mauvaises, la deuxième avec 
adhérence et rétention du placenta. Fausse-couche il y a trois mois, suivie 
d*une bémorrhagie abondante. Pertes rouges continuelles depuis cette époque. 
Douleurs abdominales et lombaires. Hypertrophie de Tutérus. Antéversion. 

22 janvier. — Première séance d*électrolyse cuprique intra-utérine : 2î)« pos. 
12' et iO» nég. 2\ Hy?térométrie : 8. 

25 janvier. — Nouvelle hémorrhagie avec expulsion de caillots et de débris de 
placenta. Pansement antiseptique. 

Du 29 janvier au 10 mars. — Cinq séances de même durée et de même inten- 
sité. La menstruation est devenue normale et indolore. La guérison est com- 
plète. 

Observation IX (résumée). 

Métrorrluigies-pi'ofuses, — Ch*os fibrome. — Electrolyse cuprique intra-utérine. 
Cessation des hémorrhagies. 

M*"« N..., marinière à D... (Belgique). — Quarante-deux ans, nullipare; forte 
constitution ; eât atteinte depuis longtemps de pertes de sang irrégulières, abon- 
dantes, et d*une tumeur, fibreuse. Elle n'en souffre que depuis deux ans. 

Elle est entrée à cette époque dans une maison de santé à Aut^euil ; elle y a suivi 
un traitement interne et d'électricité faradique sans résultat. Elle était décidée à 
y subir Topération ablatoire^ mais ayant appris qu'une de ses amies venait de 
mourir à la suite d'une opération semblable, elle changea d'avis et demanda con~ 
seil au D' Masingue> 49, rue de Flandre, qui voulut bien me la recommander, le 
27 janvier 1892. 

Examen. — Grosse tumeur fibreuse de la paroi postérieure de l'utérus, lequel 
est en antéversion prononcée, ce qui rend le col peu tangible. Hyslcrométrie, 
9 centimètres 1/2. Affaiblissement général; métrorrhagies graves. 

29 janvier. — Application de l'électrolyse cuprique intra-utérine positive, 
100 milliampères, 7 minutes (électrode indifférente en terre glaise), suivie 
d'inver^ion de courant, 10*» nég., 3'. Bien supportée et sans perte subséquente. 

8 février. — Deuxième séance; w^ supra, 

16 février. — La menstruation a été abondante, sept jours, mais peu doulou- 
reuse. 

29 février. — Électrolyse cuprique intra-utérine pos., l>5*, 10'. 

A mars. — Quatrième séance. 3u*>, 15'. 

10 mars. — La malade retourne dans son pays. Amélioration très marquée; plus 
de pertes, plus de douleurs, bien que son travail quotidien soit des plus pénibles. 

Le 2 juin, je revois M™<» N... Son état s'est maintenu satisfaisant. Elle dit 
qu'elle n'est plus malade. Son ventre est toujours gros, avec tendance cependant 
a la diminution. 

En juin, trois nouvelles applicationà de lo minutes et de 25 milliampères d'in- 
tensité. 

En juillet, la malade quitte Paris, enchantée de n'avoir plus de pertes, de dou- 
leurs, et de pouvoir travailler comme si elle n'avait jamais été malade. 



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48 RBYUB INTBRNATIONALB D^LBGT&OTHÂRAPIB 



Observation X (résumée). 

Ilémoi^rhagies profuses^ symptomatiqiies d'une énorme tumeur fibreuse. — Éla;- 
trolyse cuprique intra-utérine, — Cessation des pertes. — Retour graduel des 
forces permettant Vhystérectomie, — Guéunson, 

M"»« M..., treDte-quatro ans, m'est adressée par M. Poirée, pharmacien, 84, bcu- 
levard Richard-Lenoir. Elle a eu deux couches. Son dernier enfant a neuf aas. 
Elle souffre et perd du sang depuis son dernier accouchement. Son état sesi 
beaucoup aggravé depuis quatre ans. Elle est prise de douleurs atroces amnt 
chaque époque menstruelle, assez régulière, du reste, et ne peut être calnée 
qu*au moyen dlnjections de morphine. Énorme tumeur fibreuse remontant jus- 
qu'au sternum, Hystérométrie, 12 centimètres. 

Neuf séances d'électroljse cuprique intra-utérine positive de 30 à 35 milliâm- 
pères et de longue durée (10 à 15 minutes) ont amené la cessation des hémorrha- 
gies et ont permis à la malade de reprendre des forces et du courage, mais dlles 
n'ont pas calmé les souffrances de chaque mois. 

Elle se décide alors à subir l'opération de l'hystérectomie, que mon éminent 
maître et ami le Di* Péan a pratiquée avec le talent et le bonheur dont il est 
coutumier, le 13 juin dernier. 

La malade est, aujourd'hui, complètement et admirablement guérie. 

Observation XI 

IIémoi*rhagies profuses symptomatiques d'une endomélvite fongueuse, — Deux 
curettages. — La malade en refuse un troisième, — Klectrolyse cuptnque 
intra-utérine, — Guérison, 

M™« Gh..., boulevard Voltaire. Vingt-huit ans, nuUipare; tempérament lym- 
phatique ; constitution bonne, mais anémiée. Réglée à douze ans, mariée à vingt- 
quatre. Première métrorrhagie à dix-huit «uis. 

Cette dame donne elle-même la première partie de son observation dans la 
lettre suivante : 

« Paris, 4 juin 181*2. 

« Monsieur le Docteur, 

« J'ai eu votre adresse par une dame qui s'est très bien trouvée de votre traite- 
ment, etc. 

<i Je suis malade depuis deux ans. J'ai des pertes de sang continuelles, au 
mois de mai 1890, j'ai eu une perte très forte qui a duré plus d'un mois. J'ai subi 
un curettage opéré par le professeur Marchand. Je me suis trouvée soulagée pen- 
dant quelque temps; mais, au mois de novembre suivant, j'ai fait de nouvelles 
pertes^ et le même chirurgien m'a fait un second curettage a« mois de décembre. 
J'ai été mieux jusqu'au mois de mars suivant, époque où. j'ai été encore atteinte 
d'une nouvelle perte plus forte que toutes les autres et qui m'a duré cinq 
semaines. On m'a fait des piqûres d'ergotine et des applications de glace. Je suis 
partie à la campagne et m'y suis trouvée bien. Depuis le commencement de cette 
année, les pertes de sang ont recommencé, moins abondantes peut-être, mais de 
plus longue durée. Elles m'ont mise dans un état de faiblesse extrême. J'ai des 
syncopes, des crises de nerfs à chaque instant ; je n'ai plus d'appétit, aucune 
force, aucun courage. Je peux dire que je suis toujours dans le sang. Un troisième 



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RBVUB INTRRNATÎONAI.K D*BLBCTROTHéRAPIB 4'> 



careltage m'a été concilié: mais j'ai tant souffert la dernière foi!>, que je ne 
peux me résigner à cette nouvelle opération..., etc., etc. ^ 

Examen. — Le ventre n*est pas ballonné. Col tuméfié etatrésié. Utérus mobile, 
douloureux au toucher. Antéversion. Hystérométrie, 6 centimètres 1/2. Douleurs 
lombaires. Marche pénible; station verticale pénible. Sécrétions jaunâtres. Mu- 
queuse émergeant du col. 

8 juin. — Première séance d'électrolyse cuprique intra-utérine pos., 45*, 10\ 
avec inversion de courant, 10^ nég.» 2*; en pleine hémorrhagie. 

11 juin. — L'hémorrhagie s'est arrêtée le lendemain de la première séance. Il 
D*y a plus qu*nn suintement rosé. Pansement antiseptique. 

16 juin. — Deuxième séance, de même intensité, même durée. 
25 juin. — Troisième séance, idem. 

10 juillet. — M*"" Gh... a eu ses époques pendant cinq jours sans exagération 
ni souffrance. 

12 juillet. — Quatrième séance, t<< supra. 

15 juillet. — L'amélioration obtenue est vraiment extraordinaire. La malade 
se croit guérie. 

Du 1<" au 4 août, menstruation normale. 

6 août. — La malade se plaint d'une douleur ovarienne à gauche. Je lui fais 
une Taradisation bi-polaire. Cette opération est suivie d'une hémorrhagie, qui 
désespère à nouveau la malade. 

12 août. — La perte n'a pas cessé depuis le 6 août. Cinquième séance, 25® seu- 
lement, mais pendant 20 minutes. 

17 août. — L'hémorrhagie s'est arrêtée. 
20 août. — Persistance de Tamélioratiou. 
30 août. — Menstruation normale. 

septembre. — La malade, aussi bien que possible, part pour les bains de 
mer. 

Observation XII (résumée). 

Gros fibrome hémorrliagique, — Opération ahlaloire déconseillée, — Klectrolyse 
cuprique, — Cessation des hémorrhagies et des douleurs, — État de santc 
parfait. 

M™> G... m'a été adressée le 18 février 1892 par le D"" Rogier, 145, rue Saint- 
Antoine. 

Quarante-trois ans, réglée à quatorze ans; trois enfants, le dernier a dix-sept 
ans. Ses couches ont été bonnes; cependant c'est après son dernier accouche- 
ment qu'elle a commencé à souffrir. Métrorrhagie d'une durée de trois semaines, 
cinq mois après cet accouchement^ pendant que la malade était à Genève. Elle 
y a été soignée et cautérisée au crayon de nitrate d'argent. A la quatrième 
cautérisation, elle fut prise d'une hémorrhagie qui mit ses jours en danger. Elle a 
eu six métrites en dix ans. La plupart des rapports sexuels provoquent chez elle 
des pertes de sang. Le ventre est énorme. 

Diagnostic : Gros fibrome de la paroi postérieure de l'utérus en latero-version 
droite. Hystérométrie : 22 1/2. Souffrances continuelles dans le ventre. 

Elle a été soignée en dernier temps par le Di* Porack, qui lui a déconseillé 
ropération à cause du volume de la tumeur et lui a recommandé l'électricité. 

Elle s'est soumise à un traitement électrique à hautes intensités; elle a tant 
souffert, dit-elle, qu'après quelques séances elle y a renoncé et s'est remise à 



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tiO REVUE INTBBNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB 

ses injections quotidiennes d*ergotine. Mais il est survenu des abcès & la suite 
de ces injections hypodermiques. C'est alors qu'elle alla consulter le D'* Rogier, 
qui me Tamena. 

8 avril. — Première séance d'électrolysc cuprique intra-utérine positive : 
60**, 7 minute», sans inversion, bien lolérco; pas de perte rouge« malgré radhS- 
rence de la tige. 

15 avril et 2S avril. — Môme opération : 50** et de même durée. Ses souffrances 
se sont calmées. Elle ne perd plus de sang. Elle a supprimé, bien enteodu, ses 
piqûres d'ergotiue dès la première séance. 

Mai -juin -juillet. — Une séance par semaine, excepté au moment de la 
menstruation, qui est maintenant régulière, de quatre à six jours. 

Août. — La malade prétend que son ventre a diminué. En tout cas, elle n'a 
pas la moindre douleur. Elle n'a plus d'hémorrhagies; ses règles sont normales; 
son fibrome ne la gôno pas. Elle ne demande qu'à vivre ainsi et longtemps. 

Le fait qui domine dans toutes ces observations de malades atteintes 
d'hémorrhagies utérines, liées soit à un fibrome, soit à une endométrite, c'est 
<}ue les douleurs ont toujours été très rapidement calmées et que les perles 
de sang, généralement enrayées dès les premières séances, n'ont jamais 
résisté à un traitement de dix séances en moyenne. 

Il faut noter, en outre, que les malades n'ont pas suspendu leurs occupa- 
tions pendant leur traitement, et que la douleur causée par l'application 
intra-utérine de l'électrolyse cuprique est à peu près nulle. L'intensité de 
25 à 50 milliampères est la moyenne ordinaire des applications. 100 milliam- 
pères représentent un maximum qu'on n'atteint que rarement. 

L'oxychiorure de cuivre se forme aux dépens du chlorure de sodium, 
dont les différents éléments du corps humain sont normalement imprégnés. 
Il se dépose dans les interstices cellulaires des tissus en contact de l'électrode 
active, en les pénétrant et en se diffusant dans une aire, qui est propoi tion- 
uelle à l'intensité du courant et à la durée de l'application. 

L'expérience que je vais faire sous vos yeux vous démontrera clairement 
le mode de formation de l'oxychiorure de cuivre. 

Voici un morceau de viande. Je le place sur celte plaque de métal, reliée 
au pôle négatif d'une pile. 

J'introduis dans la chair cette tige de cuivre rouge, rattachée au pôle po- 
sitif, et je fais passer le courant... 

L'aiguille du galvanomètre s'arrête à 50 milliampères. 

Remarquez la belle couleur verte qui se développe autour de la tige de 
cuivre. 

Voyez comme cette lige est elle- -même devenue adhérente (cas spécial à 
l'électrolyse cuprique intra-utérine), à tel point que, pour larracher, je dois 
lui faire exécuter de légers mouvements de rotation de droite et de gauche. 

L'expérience a' duré cinq minutes. 

Si nous sectionnons maintenant la viande aux points mis en contact avec 



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RBVUR INTERNATIONALE d'ÉLBGTROTHBRAPIB i)l 

la lige de cuivre, vous y constaterez cette môme coloration d*un beau vei l 
clair : c'est ïoxychlorure de cuivre qui s'est formé et ((ui s'y ,est diffusé 
à une profondeur de 4 à 5 millimètres. 

Par des expériences nombreuses, MM. Gautier et Favier sont arrivés ;i 
prouver que la perte subie par une électrode de cuivre, dans ces conditions, 
est pondérable. Ils ont trouvé que celte perle est proportionnelle à l'inten- 
sité et à la durée du courant. Ce nouveau sel ainsi formé est représenté par 
la formule chimique : Gu Gl, 2 Gu 0. 

CONCLUSIONS 

En résumé, Télectrolyse cuprique intra-utérine donne des résultats remar- 
quables dans tous les cas d'hémorrhagies inlerneà, symptomatiqucs d'une 
endométrite ou de tumeure fibreuses. Elle se recommande, en outre, par les 
avantages auivanls : 

i<> Facilité d'application sans anesthésie et même sans aides. 

2<> La malade n'est pas obligée de s'aliter, de garder la chambre, ni même 
de cesser ses occupations. 

3<* Intensité électrique faible, par conséquent sans danger et très suppor- 
table. 

4° L'a douleur est toujours et sûrement calmée dès le début du traite- 
ment. 

5« Il n'y a jamais de complications seplicémiques à craindre. 

Cette application nouvelle de l'électrothérapie peut donc être ulile à de 
nombreuses malades. Elle offre au médecin une précieuse ressource de 
traitement dans un grand nombre de cas graves. 

J'engage mes collègues à Texpérimenter et à l'utiliser dans leur pratique. 



Du Traitement de la migraine et des céphalées 
par la douche statique. 

Parmi les malades s'adressant à l'électricité pour obtenir le soulagement 
de leurs souffrances, j'ai eu l'occasion d'observer un certain nombre de 
cas de migraines et de céphalées. 

Ges phénomènes nerveux, ordinairement sous la dépendance d'une hérédité 
spéciale (arthritisme, goutte, nervosisme), sont très fréquents et résistent à 
la plupart des médications. Gel le insuffisance thérapeutique m'a suggéré 
ridée de soumettre quelques malades à la douche statique et je désire atlirer 
rallenlion de nos confrères sur cette méthode. Je dois avouer que, sauf de 
rares exceptions, mes malades ont toujours été guéris ou tout au moins 
soulagés. 

Premiéi'e observation, — M"*» X..., âgée de trente-deux ans, hémorroïdaire et 
fîlle de goutteux, souffrant depuis dix ans environ de céphalées avec congestion 



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52 RBVUB INTBRNATIONALB D*éLBCTROTHBBAPIB 

de la face. Les accès revenaient plus violents, deux ou trois fois par semaine, aq 
moindre écart de régime ou d^hjgiène. Tous les remèdes étaient restés impuis- 
sante, même Tantipyrine, dont Faction efficace au début ne parvenait plus à 
enrayer les douleurs. Je l'ai soumise aux bains électro-statiques, avec douche 
statique sur la tête, d'une durée de trente à quarante-cinq minutes. Amélioration 
manifeste dès les premiers jours et disparition de toqte douleur après vingt-cinq 
séances. En même temps que Tétat local s*éiait amendé, Tétat général avait béné- 
ficié de rinterventipn ; une phlébite de la jambe avec œdème^ qui persistait 
depuis plusieurs années, fut sérieusement améliorée. La phlétore abdominale 
diminua dans de notables proportions et la taille s*efûla de plusieurs centimètres; 
les insomnies disparurent aussi. £n somme, il y eut un effet sensible sur la 
nutrition et la circulation; de plus^ relèvement général de Téconomie. 

Deuxième observation, — M*"® D..., cinquante-cinq ans, soufTre depuis plu- 
sieurs années de migraines avec vomissements, revenant presque' tous les jours. 
La malade est obligée de s'aliter pendant l'accès, qui débute le matin et dure 
plusieurs heures. De plus, dyspepsie très accusée. Tous les médicaments sont 
restés inefficaces. Je lui ordonnais la douche statique sur la tête. Dès les premiers 
jours, je pus constater un changement appréciable dans sa situation et, au bout 
de vingt-neuf séances, M*"' D... ne ressentit plus ses malaises. Ell^ ne jouit 
certainement pas d'une santé parfaite, mais elle est débarrassée de souffrances 
presque quotidiennes; peut manger, digère facilement et dort mieux. 

Troisième observation, — M™* M..., cinquante ans, se plaignant de céphalées 
depuis plusieurs années, prit dix douches statiques de quarante-cinq minutes. 
Le soulagement fut rapide et la guérison se maintient. 

Quatrième observation. — M™" Gh... était depuis dix ans environ en proie à 
de violentes céphalées^ caractérisées par une sensation de constriction et de poids 
au front et à la nuque (casque neurasthénique) avec bourdonnements d'oreilles. 
Je lui administrai quelques douches et, quoi qu'elle dût interrompre le traite- 
ment presque au début, elle resta plusieurs semaines sans éprouver aucune 
souffrance et, actuellement, les céphalées reviennent moins fréquemment et avec 
moins d'intensité. Les bourdonnements d'oreilles ont presque entièrement dis- 
paru. 

Cinquième observation. — M"o G..., vingt-six ans, se plaignait, à la suite de 
surmenage intellectuel, de douleurs de têie quotidiennes avec la sensation de 
constriction et de lourdeur. Après quelques séances, les maux de tête dispa- 
rurent, les digestions se régularisèrent, l'appétit revint et Tinsomnie fut heu- 
reusement combattue. 

Sixième observation. — M"® B..., vingt-huit ans, atteinte depuis quatre ans 
d'une chlorose, ayant résisté à toutes les médications, souffrait d'une céphalalgie 
opiniâtre avec insomnie. Au bout de douze séances, les douleurs de tête dimi- 
nuèrent. En même temps, elle reprit ses couleurs et ses forces; l'insomnie 
disparut et la chlorose guérit. 

Septième observation. — M^^® V..., trente ans, souffrant de migraine, dont les 
crises se renouvelaient deux ou trois fois par semaine, éprouva, après quelques 
semaines de traitement par la douche, une grande diminution dans l'intensité 
et la fréquence des accès; son état général s'améliora dans de notables pro- 
portions. 



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RBVUB INTBRNATIONALB d'BLBGTROTHBRAPIB 53 



TECHNIQUE OPERATOIRE 

Le patient est placé sur un tabouret isolant, à pieds de verre, et mis en 
commun icaliou avec le pôle positif d'une machine statique ; il est enveloppé 
de fluide électrique, d'où le nom de bain électro-statique. On dispose, à 
10 centimètres environ au-dessus du cuir chevelu, une plaque munie de 
pointes aiguës, d'où se dégagent des effluves qui environnent complètement 
la tète. Le malade perçoit alors une sensation de fraîcheur indéfinissable. 
Ces effluves constituent une sorte de douche très agréable, qui soulage dans 
la majorité des cas les céphalées les plus violentes. 

L*apparell doucheur, dû à l'ingéniosité de notre confrère le D^ Baraduc, 
peut être construit en bois ou en métal de diverses espèces et, de préférence, 
ou argent, afin d'utiliser les propriétés spéciales de ce métal. C'est à Pivati, 
de Venise, et à l'abbé Nollet (1), que remontent les premières études sur le 
transport des médicaments par le fluide électrique. Ces expériences furent 
reprises à Lyon par Beckensteiner (2), qui attachait une grande importance 
à la nature du métal employé. 

Cet auteur put constater que l'argent exerçait des effets calmants spéciaux 
sur les céphalées. « Il est rare, dit-il, que l'argent ne dissipe point instanta- 
nément lés douleurs de tôte les plus opiniâtres et ne calme l'insomnie ». J'ai 
donc expérimenté l'appareil doucheur en argent sur plusieurs personnes et 
il m'a semblé qu'ils obtenaient par ce procédé un soulagement plus rapide; 
néanmoins, un grand nombre d'observations seraient nécessaires pour flxer 
définitivement la question. 

Contrairement à l'opinion des auteurs, les séances devront être assez 
longues pour obtenir un effet curatif ; j'ai toujours remarqué qu'une douche 
de cinq à dix minutes était insuffisante ; trente à quarante minutes au moins 
sont nécessaires. Du reste, ce n'est guère qu'au bout d'une demi-heure 
environ que l'amélioration se fait sentir nettement. 

Les séances doivent se pratiquer tous les jours, puis tous les deux jours, 
afin de laisser le malade le plus longtemps possible sous le bénéfice du trai- 
tement. 

Plusieurs médecins ont appliqué l'électricilé à la cure des migraines et des 
céphalées. Entre autres, je citerai le D"" Arthuis (3) qui met en usage le 
souffle, les courants, les frictions et les étincelles dirigées sur tout le corps, 
de la tète aux pieds, spécialement sur la tète el sur l'estomac; durée de la 
séance, huit à dix minutes. 

(1) Recherches sur les causes particulières des phénomènes électriques. 1753. 

(2) Éludes sur Véleclricilé ; nouvelle méthode pour son emploi^ par Beckensteiner. 1H,>>. 

(3) Traitement électro-statique des maladies nerveuses des a/feclions rhumatismales el 
des maladies chroniques, par le D' Arthuis. IW'Z, 



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REVUB INTBRNATIONALB D*BLBCTROTUBRAPIB 



Le D"" Labbé (1) rapporte un cas de migraine, datant de huit ans, guérie <*n 
Irenle-quatrc séances d'électricité statique, en promenant, à 4 ou 5 centimètres 
de la région douloureuse, un excitateur à pointes multiples et en tirant 
quelques petites étincelles. Il termine la séance, d'une durée de dix minutes, 
par une friction électrique qui consiste à présenter au contact de la peau un 
excitateur à boule recouverte de flanelle. 

Ces procédés donnent certainement de bons résultats, je préfère toutefois 
celui qui fait Tobjet de ma communication. Il est des cas, cependant, où, 
sans être exclusif, on peut utiliser, comme moyen adjuvant, les courants sous 
la forme de la galvanisation centrale ou de la faradisation générale, suivant 
la méthode de Beard et Rockwell (2) . 

RÉSULTATS IMMÉDIATS 

Les résultats de cette méthode sont immédiats et consécutifs. 

l^ Effets immédiats, — Le sujet ressent le plus souvent un soulagement 
immédiat sous Tinfluencc de la douche statique; la sensation de fraîcheur 
est très agréable et les céphalées les plus opiniâtres sont atténuées, sinon 
dissipées complètement. 

2» Effets consécutifs, — L'insomnie, si fréquente chez les névropathiques, 
tend à disparaître : Tappélit et les digestions s'améliorent, la constipation est 
combattue et ia circulation redevient normale. 

La chute des cheveux a été arrêtée dans quelques céphalées, en même 
temps que diminuait Thypéresthésie du cuir chevelu. On a noté aussi une 
certaine suractivité dans la croissance de? cheveux. 

En somme, la supériorité de cette méthode essentiellement bénigne réside 
dans ce fait que, tout en agissant d'une fîiçon immédiate sur Tétat local, elle 
s'adresse directement à l'état général, en modifiant favorablement Té.conomie 
et en luttant contre le ralentissement de la nutrition. 

CONCLUSIONS 

1*» L'électricité est d'une efficacité incontestable dans le traitement de la 
migraine et des céphalées. 

2° La méthode est basée sur l'emploi du bain électro-statique et sur 
l'application de la douche statique sur la tète. 

3» Les résultats sont locaux et généi-aux : 

Les résultats locaux consistent dans le soulagement immédiat des céphalées 
les plus violentes. 

(1) De rÉlectricilé statique dam la migraine, par le D' Lal>bé. 

(t) A practical treatise on ihe médical and aunjicat nues of etectricilij, by I3oard and 
Uockwell, scventh édition, 1890. 



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^VUB INTBÏINA.TIÔNALB D'ÉLBCTBOTHÉRAPIB 



Les résultats généraux consistent dans Taugmentation des forces et de 
lappétit, la régularité des selles et la disparition de Tinsomnie, phénomène 
si fréquent chez les gens nerveux; en un mot, une modification générale de 
réconomie. 

Ces résultats sont obtenus dans la grande majorité des cas. 

4<> Ce traitement, qui rend de réels services aux anémiques et aux 
surmenés, n'offre aucun danger. 



Les Courants altarnatils en thérapeutique (1), 

Par les D" LARAT et GAUTIER. 

Les recherches que nous poursuivons depuis plus d'un an sur leraploi des 
courants alternatifs sinusoïdaux en médecine, et dont nous avons fait con« 
naître les premiers résultats à diverses sociétés savantes (Académie des 
Sciences, Académie de Médecine, Société de Thérapeutique, Société de 
Biologie), nous ont permis d'accumuler actuellement assez d'observations 
pour qu'on puisse commencer à se faire une idée précise du rôle de cette 
modalité électrique et des effets qu'on peut en attendre. Ce sont ces observa- 
lions que nous vous demandons la permission d'exposer très brièvement, 
nous réservant de publier un triwail complet sur la question, après un court 
préambule sur l'histoire toule récente de ces courants, que nous avons été 
les premiers à appliquer eu médecine, point sur lequel nous devons insister, 
un de nos confrères les plus distingués ayant, probablement par oubli, omis 
celle indication dans un travail portant sur une application restreinte des 
courants alternatif^. 

M. d' Arsonval, un de nos maîtres les plus éminents, avait fait dans le cou- 
rant de Tannée 1891 toute une série de travaux et de communications sur les 
modifications qu'apportent à la capacité respiratoire du sang des animaux et 
de l'homme, les diverses modalités électriques usitées en électro thérapie : 
courants continus, électricité statique, fai^adisme, courants alternatifs. Frappé 
des résultats obtenus au moyen des courants sinusoïdaux, l'un de nous fit 
construire, au mois de mars 1891 (2), un appareil capable de fournir ces cou- 
ranls en empruntant l'énergie d'une batterie de piles. Cet appareil est un 
collecteur double circulaire automatique. Un, deux, trois, etc., éléments 
entrent successivement et automatiquement dans le circuit jusqu'à un maxi- 
mum, puis la décioissance du courant se fait régulièrement jusqu'au zéro. A 
ce moment, le courant est renversé, monte au maximum, puis redescend au 
zéro. C'est donc un courant sinusoïdal dont la sinusoïde est néanmoins, sur 
un graphique, un peu ondulée, en raison de la chute du potentiel inévitable 



(l> Communication faite au Congrès pour l'avancement des Sciences, de Pau, sop- 
lonibre 1892. 

CZ) Voir Comptes rendus de la Société frant aise d" Électro thérapie^ tome I". 



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^6 RBVUB INTBRNATIONALB D'àLBCTROTHÉRAPIE 

d'un élément au suivant. En pratique, celle ondulation est absolument 
négligeable, le courant perçu est rigoureusement croissant ou décroissant, 
aucune interruption, aucun choc n*est appréciable quand Tappareil est bien 
réglé. Cet appareil fat mis en expérience dès le mois de mars 1891, alors 
qu'aucun appareil similaire n'existait chez aucun praticien et que M. le pro- 
fesseur d'Arsonval seul, dans son laboratoire, utilisait les courants alternai ifs. 

Le collecteur double automatique, en raison de sa construction, ne peut 
donner que des courants à sinusoïde très étalée, le nombre des alternances 
dans Tunité de temps étant loujours très faible, 10 à 600 par minute. Nous 
l'avons essayé sur des atrophies musculaires et sur diverses parésies et 
paralysies ; nous reviendrons dans un instant sur les résultats qu'il nous a 
donnés. Mais ce n'était là qu'une partie de notre tâche; nous avions surtout 
le désir de profiter des effets généraux signalés par M. d'Arsonval, et nous 
avons trouvé la solution de la question par l'emploi des transformateurs 
nous conduisant le courant alternatif de l'éclairage sous un potentiel médi- 
calement utilisable. Dès lors, les quantités d'énergie dont nous pouvions 
disposer étaient telles qu'il devenait facile de diffuser le courant dans toute 
la surface du corps, résultat qui fut atteint en plongeant nos malades dans 
l'eau d'une baignoire isolante. 

Nous ne voulons pas oublier de mentionner que, concurremment avec nos 
premières applications, M. le D*" Tripier, au moyen de l'alternateur même de 
M. d'Arsonval, nous avait, daus une séance de la Société d'Éle«;iro thérapie (1), 
donné quelques indications sur les résultats physiologiques observés sur 
lui-même et sur deux ou trois malades. M. Tripier a noté les sensations 
fournies par l'appareil appliqué localement et a recherché dans quelle mesiure 
il impressionnait les organes des sens. La question, quand nous l'avons 
prise, était donc tout à fait vierge d'applications thérapeutiques suivies, 
coordonnées, et ce, par la raison bien simple qu'il n'existait aucun appareil 
capable de fournir les courants dont avait parlé M. d'Arsonval en dehors de 
ceux que ce dernier possédait dans son laboratoire. 

Si donc, il est incontestable, et nous l'avons toujours publié hautement, 
que les recherches physiologiques du professeur d'Arsonval ont inspiré nos 
recherches et sont notre guide, il n'en est pas moins vrai qu'il nous revient 
d'avoir inlroduit en médecine l'emploi systématique des courants alternatifs. 

Ceci établi, et en nous excusant de ce plaidoyer pro domo qui ne nous a 
pas semblé superflu en raison de quelques oublis qui viennent de se 
commettre ici ou là, passons aux résultats thérapeutiques que nous avons 
obtenus et qui, à l'heure actuelle, sont concluants pour un grand nombre 
de cas. 

Nous parlerons tout d'abord des effets thérapeutiques de l'alternateur à 

(1) Revue Inlernationate iVÉlectrothérapie, tome II. 



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RBVUR INTBRNATIONALB D'ÉLBCTROTHBRAPIB i>7 

révolution lente (collecteur double automatique). C^t appareil n'a été utilisé 
par nous que pour des applications locales. 

Les deux pôles étant appliqués sous forme de plaques ordinaires, la sen- 
sation perçue par le patient est celle d'un courant continu à période variable 
et telle qu'il est facile de se la procurer au moyen d'un collecteur ordinaire 
dont la manette est mue rapidement. Notons que, par suite des renverse- 
ments de sens, l'action chimique est assez faible: néanmoins, la peau, au 
bout de quelques minutes, rougit sous chacune des électrodes. 

Nous avons essayé notre alternateur, qui. donne 45 volts, sur des névrites : 
deux cas de névrite traumatique, un cas de névrite avec zona, un cas de 
névrite suite de brûlures. Dans la période aiguë, douloureuse, l'emploi du 
courant alternatif, même à période très lente, dix par minute, nous a toujours 
semblé plus nuisible qu'utile. Les douleurs augmentent généralement durant 
le cours de la séance et, loin d'être améliorées postérieurement, semblent, 
au contraire, aggravées. Il parait donc, jusqu'à plus ample informé, que le 
courant sinusoïdal lent est contre-indiqué quand le nerf est enflammé et 
douloureux. 

Dans plusieurs cas d'atrophie musculaire, un cas par contusion articulaire, 
un cas par luxation de l'épaule, un cas de sciatique dont l'élément douleur 
avait disparu pour ne laisser que l'atrophie, il nous semble, au contraire, 
que le courant dont nous parlons est d'une efficacité particulière et présente 
sur remploi du courant continu un grand avantage au point de vue de la 
rapidité de la guérison. Les cas traités ont, en effet, très rapidement guéri 
et, en particulier, l'atrophie consécutive à la sciatique qui était de 4 centi- 
mètres (cuisse) s'est améliorée dans le premier mois du traitement, au point 
que la cuisse a augmenté d'un centimètre trois quarts. Nous avons souvent 
vu par les procédés classiques une augmentation d'un centimètre en un mois, 
mais jamais d'un centimètre trois quarts. 

Dans la paralysie infantile (cinq cas) le résultat atteint ne nous a pas 
semblé très différent de celui qu'on obtient d'habitude avec le courant con- 
tinu : amélioration sensible et rapide dans les cas légers, ténacité désespé- 
rante dans les cas graves. 

Deux paralysies faciales a frigore ont fait l'objet de quelques tentatives 
qui ont dû être interrompues en raison des phosphènes continuels que donne 
le courant à période variable appliqué sur la face. Enfin plusieurs cas de 
constipation opiniâtre nous ont donné des résultats extrêmement satisfai- 
sants. Nous appliquons l'un des pôles sur la moelle lombaire, le second au 
niveau de la fosse iliaque gauche. Séance de un quart d'heure tous les jourt^. 
Les selles ne tardent pas à se régulariser et le résultat parait durable, 
puisque l'une de nos malades est actuellement guérie depuis un an. Cette 
malade prenait chaque jour soit un purgatif, soit un lavement. Depuis un an 
elle n'a pris ni l'un ni fautre. 



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i)8 RBVUB INTBR NATION AXB D^ÉLBCTROTHBRAPIB 

Certains malades se sont niontrés plus rebelles : ce sont ceux, dont la 
constipation reconnaît pour cause uae neurasthénie caractérisée. Il est peut- 
être intéressant de noter que, toujours, en pareil cas, le chiffre d'urée émis en 
vingt-quatre heures est excessivement bas : 10 à 12 grammes. Le traitement 
simultané par les bains à courants alternatifs faisant rapidement remonter 
ce chiffre, est un adjuvant indispensable à l'action locale, et c'est actuelle- 
ment ainsi que nous procédons systématiquement. En somme, en ce qui 
concerne la constipation et les atrophies musculaires, nous croyons posséd.er 
un moyen d'action des plus intéressants. 

Nos recherches ont également porté sur le courant alternatif à alternances 
rapides (dix mille pai' minute) appliqué localement. 

Nous nous servons alors du courant alternatif d'éclairage transformé par 
des appareils qui nous permettent de le graduer de façon absolument pro- 
gressive. 

L'emploi de ce courant nous a donné des résultats absolument remar- 
quables dans trois cas de dilatation d'estomac. Au bout d'un nombre très 
faible de séances ( trois ou quatre), l'amélioration est telle que le malade peut 
abandonner tout régime et digère normalement, quoique un temps beaucoup 
plus long soit nécessaire pour ramener l'estomac à sa capacité normale. Nous 
devons même dire que les trois cas traités par nous sont des cas graves, à 
dilatation sous-ombilicale, et qu'aucun d'eux n'a encore vu l'estomac, néan- 
moins diminué d'un tiers au moins, rentrer dans ses limites naturelles, 
quoique la guérisoni symptomatique soit complète. Il est vrai que le plus 
ancien de nos malades de cet ordre n'est soigné par nous (jue depuis quatre 
mois avec deux ou trois séances par mois, — temps vraisemblablement insuf- 
fisant pour une guérison définitive. 

Un de nos malades, très probablement atteint d une tumeur cérébrale 
(atrophie papillaire à gauche, attaques épilepliformes), et présentant un spasme 
singulier englobant tous les muscles d'une moitié de la face, les muscles du 
voile du palais et ceux de la glotte, de telle sorte que la voix était chevrotante 
et entrecoupée, a vu ce spasme disparaître totalement par huit applications 
locales de courants alternatifs. Il y a là autre chose qu'une coïncidence, car 
quelques semaines plus tard ce môme malade éproavait une nouvelle attaque 
épilepti forme, à la suite de laquelle les mêmes accidents se reproduisaient, 
pour lesquels le traitement s'est montré tout aussi efficace. Les spasmes de 
ce maUde étaient si violents qu'ils gênaient non seulement la parole, mais 
entravaient l'alimentation et le sommeil. 

L'action du courant alternatif est donc singulièrement puissante ; sur le 
système nerveux, puisque, malgré la persistance certaine de la lésion cen- 
trale, on obtient la cessation des symptômes locaux. 

Plusieurs névralgies, sans névrite, intercostales ont été également traitées 
par ce procédé toujours avec succès. 



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BRVUR INTERNATIONALE d'ÉLBGTROTHBRAPIB 59 

Eoiiu, ijous avons appliqué les courants alternatifs localisés dans une série 
d affections des organes génitaux de la femme. Ces applications ont été faites en 
présence des auditeurs de nos conférences de l'hiver dernier (1891-1S92), ot, 
si nous n'eu avons parlé que succinctement et en passant, jusqu'à présent, 
c'est pour nous faire uoe opinion sérieuse sur les effets à en attendre. 

A cet égaid, nous pouvons ainsi résumer nos recherches. Le courant alter- 
natif agit puissamment sur la circulation et sur le système nerveux du petit 
bassin, en amendant les symptômes douloureux et en favorisant la résorption 
des exsudats. Quant aux lésions de la muqueuse, hémorragiques ou catar- 
Aales, Tapplicalion des électrodes solubles nous parait conserver la supré- 
matie. Actuellement, nous avons donc à peu près complètement abandonné 
la méthode des électi*isations à courant constant de haute intensité et de 
courte durée pour utiliser l'action topique des corps à Tétat naissant, d'une 
part, Taction sur le système nerveux du courant alternatif, d'autre part. 
Nous croyons ainsi et nous espérons que l'avenir le démontrera, avoir aug- 
menté nos moyens d'action et fait faire un iwis en avant à l'électrothérapie 
gynécologique, dont Télectrisation par les hautes intensités continues a été 
une étape des plus intéressantes. Du reste, un récent travail de M. Apostoli 
lui-même semble être d'accord avec nous sur un des points que nous avan- 
çons : l'utilité du courant alternatif contre la douleur, 

Il nous reste maintenant à nous occuper des applications générales des 
cûui-ants alternatifs. Ces applications sont d'un grand intérêt, en raison des 
résultats ({u'elles fournissent, et aussi parce qu'elles font entrer dans le 
domaine de l'électrothérapie un certain nombre d'états diathésiques jusqu'à 
présent à peu près au-dessus des ressources de la science. 

Comme nous l'avons dit, le malade est plongé dans l'eau d'une baignoire 
isolante (marbre ou porcelaine); une électrode en charbon est placée à la tèle, 
l'autre aux pieds; le courant est réglé par un graduateur. De cette façon, le 
patient tout entier est traversé par le courant et des quantités relativement 
considérables d'énergie traversent l'organisme. 

A c^ propos, une remarque préalable est indispensable. Un grand nombre 
de confrères qui sont venus visiter notre installation nous ont posé la ques- 
tion suivante : o Quelle différence faites-vous entre vos bains et les bains 
électriques bien connus produits par le courant de bobine? » La différence 
est capitale : les bobines usitées en médecine donnent bien des courants 
alternatifs dans le sens rigoureux du mot, mais l'un des deux courants qui 
composent le cycle est notablement inférieur comme intensité à l'autre, en 
raison de l'obstacle apporté pai* l'extra-courant; donc, au lieu d'un courant 
sinusoïdal, deux courants en sens inverse et inégaux comme valeur. De plus, 
la chute du potentiel produite par l'induction est excessivement brusque et 
se passe dans un temps très court, ce qui rend le courant difûcile à supporter, 
à cause de la douleur produite par les chocs dès qu'il acquiert une énergie 



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60 RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHéRAPIK 

suffisante. Ensuite, il y a un temps perdu considérable pendant la période 
d'oscillation des trembleurs dans Tespace. Enfin, le courant employé couram- 
ment dans les bains, tout au moins en France, est engendré par la bobine de 
Constantin Paul, qui donne Yextra-couranl d'un inducteur à gros fiL Ce 
n'est donc pas un courant alternatif, le courant ne change jamais de sens. 
C'est simplement un courant de même sens interrompu. 

Il n'y a donc aucune relation à établir entre ces deux genres d'appli- 
cation . 

Les modifications apportées dans la nutrition sont remarquables, si ou en 
juge par l'augmentation de l'urée en vingt-quatre heures. Le chiffre est cons- 
tamment accru, parfois énormément, dans les cas où le chiffre habituel est 
très bas (8, 10, 12, 15 grammes). Le chiffre d'acide urique, est ramené à la 
normale, s'il est supérieur à cette dernière. 

Nous avons commencé à ajouter à l'examen de Turine la mesure de la ten- 
sion artérielle au moyen du sphygmographe et du sphygmomètre. Nous 
comptons, dans quelques mois, présenter les résultats de nos tracés. 

Mais ces constatations, que nous appellerons de laboratoire, n'auraient 
qu une médiocre valeur si elles n'étaient accompagnées de résultats cliniques. 
Or, actuellement, le nombre des malades traités par nous dépasse la cen- 
taine. Des guérisons sont obtenues et se maintiennent depuis huit mois. 
Nous pouvons donc parler en connaissance de cause et sans que l'on puisse 
nous reprocher de publier des résultats trop hâtifs, datant à peine de quelques 
jours, ainsi qu'il arrive parfois à des expérimentateurs trop pressés. 

Nous donnerons en deux parts les malades que nous avons traités par les 
bains à courants alternatifs : les affections locales et les maladies générales. 

En ce qui concerne les affections locales, le traitement de la sciatique nous 
a donné des résultats auxquels aucune autre médication ne peut prétendre. 
Dix cas, dix succès complets. Nous ne citerons que deux cas, parce qu'ils 
ont été contrôlés par notre savant confrère le D»" Ordenstein, le surplus de 
nos scialiqués étant venus nous trouver directement. Du reste, les deux cas 
que nous donnons sont typiques et tous les autres n'en sont que la répé- 
tition . 

Il s'agit, dans le premier cas, d'un malade âgé de cinquante-trois ans, 
atteint, il y a cinq ans, d'une première attaque de sciatique droite aiguë qui 
cède aux moyens classiques, mais en laissant après elle un état général mau- 
vais et une tendance aux douleurs dans la région du sciatique. Quelques 
mois après, nouvelle atteinte dans la jambe gauche. Le mal, cette fois, résiste 
à toute espèce de médication. M. Osdenslein fait alors appeler l'un de nous 
qui applique les courants continus. Amélioration considérable en trois mois. 
Mais le mauvais état général persiste et les douleurs reparaissent de temps à 
autre. 

Il y a deux ans, rechute grave, douleurs violentes dans la jambe droite, 



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RRVUB INTERNATIONALE D'BLBCTROTHÉRAPIB G1 

incurvation de la colonne lombaire simulant une scoliose; les eaux d» 
Plombières, de Vichy, d'Aix-les-Bains, le salicylate, Fantipyrine, etc, 
restent absolument sans résultat. Éiectrisation, successivement, par les cou- 
rants continus, Tétincelle statique, le courant faradique, sans que le malade 
signale aucune amélioration. De guerre lasse, nous cessons toute médication 
électrique. 

Un an et demi après, la situation s'est quelque peu améliorée avec le temps, 
mais la pseudo-scoliose persiste, les douleurs sont toujours très vives, c'est 
à peine si le malade peut faire quelques pas. Nous proposons à M. Osdenstein 
d'éprouver les courants alternatifs sur son malade. Une amélioration consi- 
dérable est obtenue en cinq bains. Il y a huit mois qu'elle se maintient, au- 
jourd'hui le malade peut êh'e considéré comme guéri. Il peut faire plusieurs 
kilomètres par jour sans fatigue. Mais ce qu'il y a de remarquable, c*est la 
Iransformation de son état général, qui est telle qu'il présente Tapp^ence de 
la santé la plus florissante. 

Voilà un cas de sciatique chronique. Voici maintenant un cas de sciatique 
aiguë : 

M. X... nous est adressé par M. Osdenstein. Depuis dix semaines, il est 
atteint d'une sciatique suraiguë, nécessitant le repos presque absolu au lit. 
Le salicylate, le sulfate de quinine, Tantipyrine, les injections hypodermi- 
ques de morphine n'apportent qu*uc soulagement de quelques heures. Bains 
à courant alternatif. Guérison en huit jours. 

Nous craindrions de fatiguer votre attention en donnant sous cette forme 
d'observation même résumée Texposé de nos résultats, nous préférons les 
grouper sous forme de tableaux. 

Paralysie infantile. — Un enfant, âgé de trois ans et demi, est atteint 
depuis huit mois d'une paralysie infantile bilatérale des membres inférieurs. 
La station debout est impossible. 

En quinze séances, l'amélioration est telle qu'il commence non seulement 
à se tenir debout, mais à marcher. Malheureusement, les parents sont obligés 
de quitter la France et d'abandonner le traitement. 

Viiiligo. — Trois cas traités avec le D"* Ilallopeau, sans résultat, sur la 
lésion, mais amélioration notable de l'état général. 

Eczéma, — Douze cas. Six cas aigus ont guéri en un mois. Parmi les cas 
chroniques, trois semblent guéris; mais la disparition des manifestations 
eczémateuses est trop récente pour qu'on puisse afOrmer que les accidents 
ne vont pas reparaître. L'un, au contraire, une dame de cinquante ans, est 
absolument guérie depuis dix mois. Son eczéma datait de vingt ans sans que 
jamais, durant ce laps de temps, elle ait eu une rémission complète. 

Un cas du D' Besnier, eczéma séborrhéique. — Celte forme est considérée 



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f.2 



REVUB INTBRNATK)NALB D*ÉLBCTROTHÉRAPIB 



comme incurable par Téminent professeur de Saint-Louis. Le malade est 
traité depuis trois mois. Amélioration notable, mais lente (trente bains), puis 
interruption du traitement et nouvelle poussée au bout.de quinze jours. Le 
traitement actuellement repris a de nouveau amené une sédation, mais non 
la guérison. L'essai se poursuit. 

Psoinasis. — Six cas. Amélioration dans Télat général, pas d'amélioration 
de Tétat local. 

Lèpre anesihésique. — Un cas. Aucune modification locale. 

Neurcislliénie. — Dix-huit cas. Amélioration remarquable dans huit cas, 
demi-succès dans cinq cas, aucune modification dans le surplus. 

Un travail est à faire rien que sur la neurasthénie, qu'il nous est impos- 
sible même d'ébaucher ici, en raison du peu d'espace dont nous disposons. 
Nous croyons néanmoins pouvoir, dès à présent, faire la part des symptômes 
qui s'am.endent et de ceux auxquels les bains alternatifs n'apportent aucune 
modification. 

Hystérie, — (Juioze cas. — Il nous paraît que le courant alternatif agit 
ici comme toutes les médications qui surprennent l'esprit de ces malades. 
Quelques cas de guérisons presque merveilleuses; échecs complets d'autre 
part, sans i-aison plausible à donner. 

GouUe chronique. — Quinze cas. — Amélioration considérable dans tous 
les cas. A noter la rapidité de cette amélioration. Nous n'avons pas eu 
l'occasion de traiter de goutte aiguë. 

Rkumalisnie chronique, — Douze cas. — Tous nos malades perclus et 
immobilisés vont et viennent actuellement. Le temps seul nous indiquera si 
cette guérison est durable. 

Obèses. — Huit cas. — Voici les chiffres : 



I. Avant le traitonicnt. 176 ) 

Après — ... 172 ^ 

Jl. Avant le traitement. 196 ) 

Aprôs — ... IHM 

III. Avant le traitement. 178 } 
Après — ... 170 i 

IV. Avant le traitement. 191 ) 
Après - ... 170 ) 



8 bains. 



9 bains. 



12 bains. 



22 bains. 



V. Avant le traitement. 20u ) ^^ , . 

Après - ... 1-Jol^'*'"»''- 

VI. Avant le traitement. lî)8 ) ^ ^ , 
.Vprès - ...m\ 2bams. 

VU. Avant le traitoraent. iM2 > ,„ ^ . 

.\prùs - ... miT^bams. 

VIII. Avant le traitement. 225 } 



Après 



. . . 205 ) 



30 bains. 



Paralysie pscudo-hypertrophique, — La maladie date de six ans. L'hy- 
pertrophie est généralisée. La malade. Agée de vingt-six ans, peut à peine 
se traîner en s'aidant d'une canne et*de meubles à sa portée; cnsellure pro- 
noncée. Amélioration considérable en août, dernière époijue à laquelle la 



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RBVUR INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHÈRAPIB G3 

malade est partie pour la campagne. C4elte jeune fille faisait alors des mou- 
vements qu elle ne parvenait plus à accomplir depuis trois ans. Ce résultat 
est exirômemeut remarquable. Nous ne connaissons aucun exemple qui 
puisse lui être comparé. 

Le surplus des malades traités se divise en une infinité de cas divers. 
Certiûns quç nos bains ne pouvaient, en aucun cas, être nuisibles, nous y 
avons plongé empiriquement un grand nombre d'affections très différentes. 
Pour les unes le traitement a été interrompu pour une raison ou pour une 
autre au bout de deux ou trois bains; pour les autres, les malades étant en 
cours de traitement, il serait prématuré d'exprimer à leur égard une opinion; 
enûu, pour une dernière catégorie, nous avons eu tantôt des succès, tantôt 
des revers. Mais il conviendrait, ces cas différant chacun l'un de l'autre, de 
transcrire intégralement les observations pour qu'on puisse en tirer un 
euseignement. 

Nous bornons donc là le résumé succinct tiré de nos cahiers d'observa- 
lioQs, d'où nous tirons les conclusions suivantes : 

Le courant alternatif à alternances rares présente ses indications prin- 
cipales dans les atrophies musculaires, les paiésies, la constipation chro- 
nique. 

Le courant alternatif à alternances rapides et en applications locales 
(dise mille par minute) est indiqué dans la dilatation stomacale, les névral- 
gies, certaines affections des organes génitaux de la femme. 

Le courant alternatif généralisé à toute la surface du corps modifie le taux 
de l'urée, des chlorures, de l'acide urique, de l'acide phosphorique. Il est 
donc indiqué dans les maladies par ralentissement nutritif. D'autre part il 
modifie favorablement certaines affections cutanées, en particulier l'eczéma. 



BIBLIOGRAPHIE 



Technicpie d'Électrophy Biologie. 

M. G. Weiss, professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, vient de 
faire paraître dans VEncydopédie scienîifique ^ publiée sous la direction de 
M. Léauté, un A ide-Mémoire ou Technique d' Klectrophysiologie qui rendra de 
grands services aux médecins et aux physiologistes. 

L'ouvrage est divisé en trois parties. Dans la première, Fauteur décrit peut- 
être avec trop de concision la mesure des ii^tensités, la mesure des quantités 
d'électricité, celle des différences du potentiel et des forces électromotrices; dans 
la seconde, il étudie la production de l'électricité par les tissus vivants; la troi- 
sième est consacrée à d'intéressantes recherches sur l'action de l'électricité sur 
les tissus : courants continus, ondes uniques, courants périodiques. 



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♦il RRVUR INTRRNATIONALB n'kï.BCTROTHBRAPlB 

Ce manuel d'élecirophjsiologie, conçu sur un plan nouveau, doit être le 
vcuie mecum de toute personne s'occupant de recherches de ce genre. Il ren- 
ferme des idéeâ nouvelles qui pourront avoir une grande intluence sur les pro- 
grès de l'éleclrolhérapie. 

L'Électrothôrapie en g3rnécologie. 

Sous ce titre, le D"" Goëlet, de New-York, gynécologiste hien connu, vient 
de publier un ouvrage technique et clinique en deux volumes. 

La nécessité d'avoir un guide pratique pour Tapplicalion de Télectricité à la 
gynécologie, a décidé Tauteur à entreprendre cette tâche, qu'il a su accomplir, 
malgré ses difficultés, avec clarté et précision. Il a cherché à simplifier la partie 
phjrsique, afin de la rendre compréhensible pour tous, au grand risque do la 
faire considérer comme élémentaire, sachant que celle étude est souvent une 
pierre d'achoppement pour le médecin qui désire utiliser Télectricité avec intel- 
ligence. Ce chapitre a été traité brièvement, contenant seulement les notions qui 
V font réellement nécessaires et faciles à retenir et à utiliser. Cette partie de Tou- 

;' ■ vrage est donc plutôt un travail pratique que scientifique. 

: > ■ ' ; ' Le chapitre qui traite des appareils est consacré à la descripiion de l'outillage 

> ' électrique, celui qui a fait ses preuves et que doit posséder le praticien. A ce 

V. ■ point de vue, les réQexions de l'auteur sont justes, car le débutant est le plus 

* . / - souvent mal renseigné, et se rend presque toujours aux conseils du fabricant. 

. ';' ^ Dans la partie consacrée à l'électrothérapie, le D^ Goëlet explique au lecteur 

V( [/ le résultat de son travail pratique. Il présente avec précision les méthodes 

' v' , * électriques, qu'il fait suivre de remarques et de modifications, lui paraissant 

[ •; ; utiles, et que la clinique lui a permis de vérifier. Il énumère, avec de justes 

tv . ^ appréciations, les descriptions des diverses méthodes qui lui ont réussi, ot, bien 

(" ; a / qu'on ne puisse attacher beaucoup de valeur à certaines idées originales, il est 

,-/ \ ; ^ remarquer que le D"" Goëlet expose nettement toutes les théories électriques 

connues, afin de dresser un plan complet des applications électriques à la 

gj^nécologie. 

La technique électrique est donnée avec détails, pour que le médecin puisse 
l'appliquer avec avantage, à conditiou que ce dernier soit au courant du dia- 
gnostic et des manœuvres gynécologiques. 

Tout en limitant l'ouvrage au sujet spécial qui en fait l'objet, l'électrothérapie, 
le D^ Goôlet se défend de soutenir le traitement électrique, en gynécologie, à 
, l'exclusion des autres procédés médicaux et chirurgicaux, qui sont d'une valeur 

V réelle. 11 a voulu avant tout, cependant, montrer que l'électricité, sous forme 

de courants constant et faradique, est d'une incontestable utilité en gynécologie, 
et que lui- môme doit à ces modificateuis physiques et chimiques des résultats 
indéniables et très rapides. 



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Lo Propriétaire-Gérant : D' G. GAITTIZIR. 



} ." Taris. — Iupri&ierie MICHELS et Fils, passage du Caîiie, 8 et 10, 

Usine à vapeur et Atelicn, rue des FiUes-Oieu, 8 et lo. 



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s»» AnnAb. Octobrb 1892. N» 3. 

REVUE INTERNATIONALE 

mm omciEL de la société frascaise DlLEcraoniÉRAPiE 



SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'ÉLECTROTHÉRAPIE 



SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1892 



Présidence de M. le professeur GÀRIEL 



Le courrier comprend : 

1*^ Les demanâes de candidatures : 

Du Dr GUIMBAIL, ( P*"»«» ^ "• Larat, j 

do NeuiUy i Apostoli, ) Rifpertoiir, M. GAUTIER, 

l Pinard. ) 

Da D' REGNIER, ( P*'"i..:U.NiTOT, 



de Paris. 



1 



Làrat, > d» d» 

PlNABD. ) 



Da D' VAUCAIRE. ( f'™» = ■«• D=snos, | 

de Paris. Apostoli, d» d« 

\ luARAT. ; 

2? Une lettre de M. le D' Depoux, qui prie de considérer comme non 
avenue sa demande d'admission comme membre de la Sociélé. 

Le procès- verbal de la séance du 21 juillet est lu et adopté. 

M. le D' Apostoli lit un travail sur les Contributions nouvelles du traite-^ 
fmni électrique faradïque et galvanique au diagnostic en gynécologie. 

M. Lk Bec, répondant à M. Apostoli, confirme ses conclusions. Quand 
M. Apostoli lui a fait part de ses idées, il s'est montré très sceptique sur la 
possibilité d'établir un diagnostic dans le cas de suppurations pelviennes 
accompagnant un fibrome, grâce au traitement galvanique. Dans un cas, on 
ne trouvait pas à Texamen les annexes, et la laparotomie a permis d enlever 
des annexes (ovaires et trompes], qui étaient suppurées et renversées en 



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r^:- ■> 



66 RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÈRAPIE 

arrière sur la tumeur. Chez quatre ou cinq autres malades, la laparotomie 
vérifia l'exactitude du diagnostic porté par M. Apostoli. M. Le Bec ajoute 
l . que dans les fibromes kystiques et spongieux, Terreur de diagnostic est i'acile 

t ^ à commettre, car dans ces cas les courants galvaniques sont intolérables et 

i ' impuissants. 

^ s M. NiTOT demande si la salpingite congestive inflammatoire exclut le 

Irailemenl électrique, ou si c'est simplement la salpingite suppurée. 

M. Apostoli répond que la suppuration seulement rend son traitement 
intolérable. 

M. Le Bec ajoute que dans toutes les opérations faites chez les malades de 
M. Apostoli, il y avait de la suppuration. 

M. NiTOT montre un volumineux fibrome enlevé par la laparotomie abdo- 
minale chez une femme de dix-neuf ans, qui souffrait beaucoup et chez 
laquelle l'électricité n'a produit aucun résultat. La muqueuse utérine est 
saine, ce qui prouve que tout fibrome ne s'accompagne pas d'endométrite 
concomitante. L'auteur fait remarquer sur la muqueuse une grande quantité 
de petits pertuis par où se faisaient de continuelles hémorragies, et fait 
observer que la partie postérieure de la cavité utérine est très mince, et de 
ce fait facile à perforer par des électrodes en charbon. 

M. le D'^ Larat fait une communication sur la Médecine vibratoire et sur 
les résultats qu'il a obtenus avec la coUaboratiou du D*" Gautier. 

M. BoNNEFiN rapproche les effets obtenus par la médecine vibratoire de 
ceux qu'on obtient par le miroir de Luys. Il rappelle que Trousseau recom- 
mandait, il y a longtemps, les voyages de longue durée dans les cas de mala- 
dies nerveuses. 

M. Paqublin désire savoir si le casque vibrant guérit mieux les migraines 
([ue le courant continu. 

M. Larat pense que les effets du casque sont plus immédiats et plus 
durables. > 

M. dArsonval rapproche les faits rapportés i)ar M. Larat de ceux que 
l'on constate chez les chauffeurs. On sait que la trépidation de la locomotive 
jtrovoque des diarrhées incoercibles et ensuite une constipation très grande 
chez les mêmes individus. 

M. VoGHT signale que depuis longtemps on utilise les trépidations sous des 
formes variées dans la gymnastique suédoise, 

M. le Président annonce la mort de M. le D' Brivois, le premier deuil qui 
frappe la Société. M. Brivois, après un exercice médical en province, s'él«n)l 
depuis cinq ans adonné à l'éleclrothérapie; c'est chez lui-môme qu'il avait 
jugé des effets puissants de la thérapeutique électrique, et alors il vint à 
Paris pour eu faire sa spécialité. On doit à M. Brivois d'intéressantes com- 
munications à la Société de Médecine pratique et un Traité dCélectricUè 
(lynécologique, publié en 1890, qui donne un aperçu consciencieux et exact 
de la quesliun à cette époque. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTROTHBRAPIB 67 



Des contributions nouvelles du traitement électrique 
(faradique et galvanique), au diagnostic en gyné- 
cologie, 

Par le D' APOSTOLÏ. 

Si la technique opératoire et la chirurgie sont presque arrivées à leur 
apogée en gynécologie, après avoir parcouru, depuis la découverte de Tanti- 
sepsie, une carrière brillante et pleine de succès, on peut affirmer, d'autre 
part, que les indications opératoires basées sur le diagnostic et sur Tétat des 
annexes, dont la prépondérance domine tout en gynécologie, sont loin d'avoir 
fait les mêmes progrès. Ici Tincerlitude règne trop souvent encore et, trop 
fréquemment aussi, la surprise est la règle dans beaucoup de laparotomies 
dites exploratrices. 

Il est donc inutile de souligner tout l'intérêt qui s'attache à un nouveau 
signe d'exploration destiné par sa précision et la facilité de son application, 
à épargner bien des mécomptes, à montrer souvent le chemin sans passer par 
le canal du bistouri, en évitant ainsi des méprises fatales et souvent irrépa- 
rables, — destiné enfin à désarmer le bras du chirurgien ou à le conseiller, 
après lui avoir fourni un guide exact et sûr. 

Si la gynécologie comei^alrice a trouvé, en effet, dans l'électricité son 
plus précieux et meilleur auxiliaire, la chirurgie, à son tour, est également 
destinée à réclamer souvent l'appui du même traitement électrique pour 
éclairer sa route, confirmer ou rectifier un diagnostic douteux, imposer ou 
même hâter» dans certains cas, telle opération dont la nécessité ne parais- 
sait pas d'emblée s'imposer, et en proscrire, d'autre part, telle autre comme 
superQue, inutile, ou dangereuse. 

Deux questions vitales et des plus difficiles à résoudre se posent tous les 
jours en gynécologie : 

Les annexes sont-elles malades? 

Si oui, y a-t'il du pus? 

Ou bien quel est le degré de leur inflammation? 

C'est pour résoudre ces deux problèmes qu'on fait tous les jours des 
laparotomies exploratrices, ou des castrations que ne légitime pas constam- 
ment le processus inflammatoire réel, et c'est pour la solution de ces mêmes 
problèmes que je propose le concours du traiiemenl électrique pr^a/aWe. 

En effet, toute laparotomie exploratrice et toute mutilation pratiquée 
d'emblée, soit contre des douleurs dites ovariennes rebelles, soit contre une 
lésion des annexes de nature douteuse, devront être à l'avenir ou différées, 
ou quelquefois formellement proscriies avant d'avoir épuisé toutes les res- 
sources, soit d'un côté de la sédalion faradique, soit de l'autre de U réavlion 
galvanique intra-utérine. 



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68 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLEJTROTHèRAPIB 

J'affirme que les applications intra-utérines, soit faradiques, soit galva- 
niques, interrogées avec sagacité et persévérance, sont destinées le plus sou- 
vent à éclairer le diagnostic dans les conditions cliniques suivantes, dont 
voici la formule résumée et synthétique. 

A. — GOURANT FARADIQUE 

En 1883, j*ai prolongé la route qu'avait si largement ouverte, et avec tant 
d'autorité, mon maître et ami le D*" Tripier, et j'ai montré tout le parti quou 
pouvait tirer en gynécologie des applications faradiques, de tension, adminis- 
trées pendant un temps suffisamment long ; j'ai montré, après Tripier, que le 
courant de tension (engendré par un fil long et fin) est un merveilleux 
sédatif y un calmant de la douleur en général, et qu'il s'appliquait fort utile- 
ment aux douleui's dites ovariennes d'origine hysténque, qui tiennent une 
place si grande et si fréquente en pathologie utérine, 

La réponse thérapeutique que donne le courant faradique appliqué suivant 
les règles que j'ai formulées dès 1883, est si nette, si précise et presque si 
constante; — il supprime, ou du moins il interrompt pour une durée qui 
varie de quelques heures à plusieurs semaines, toute douleur ovarienne 
hysléHque, à la condition qu'elle ne soit c\u hystérique; — il agit quelque- 
fois si instantanément que l'on croirait la réponse dictée par une suggestion 
puissante et irrésistible ; — il ramène- le calme avec une facilité si grande 
dans toute la zone ovarienne endolorie, et cela avec d'autant plus de sûreté 
que l'application est faite dans lutérus plutôt que dans le vagin; — aussi, 
étant armé de tous ces faits, j'ai utilisé le même moyen dans un but de 
diagnostic. 

Si, en effet, toute douleur ovarienne hystérique, le plus souvent uni- 
latérale, et sans lésion inflammatoire des annexes ^ est presque toujours 
apaisée pendant un temps plus ou moins long par le courant faradique, tout 
insuccès de cette même médication devra tenir à un subslimtum inflamma- 
toire entretenant une irritation plus ou moins grave des annexes, non justi- 
ciable de l'action sédative du courant induit. 

Or, telle est précisément la vérité clinique, telle qu'une longue expérience 
(depuis plus de dix années) me l'a démontrée avec une évidence assez grande 
pour me permettre de formuler aujourd'hui, dans quelques propositions 
générales, les règles et les conclusions pratiques de mon intervention : 

Toute douleur ovarienne hystérique est justiciable du courant faradique 
de tension; 

Tout iîisuccès de cette même médication intra-utérine tient presque 
constamment à une inflammation concomitante des annexes. 

Étant donnée une douleur ovarienne d'origine douteuse et méconnue, il 
faut d'abord faradiser l'utérus. — Ou la douleur disparaît momentanément, 



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RBVUB INTERNATIONALE D'èLBGTROTHBRAPIE 69 

OU elle n*est nullement influencée. Dans le premier cas, elle est d'origine 
hystérique, et, dans le second, elle tient à une affection méconnue des annexes 
qui réclamera un examen complémentaire et, peut-être, un^ intervention 
spéciale. . 

Ainsi, si une femme vient nous consulter pour une douleur ovarienne vive 
et chez laquelle la palpation bi-manuelle ne fait découvrir aucune lésipn évi- 
dente des annexes, il faut d'abord la faradiser ; si elle n'est nullement soula- 
gée, un nouvel examen s'impose, et au besoin sous chloroforme; dans le cas 
de doute, un traitement complémentaire galvanique est requis qui confirmera 
ce que le courant faradique n'avait, fait que soupçonner. 

Je me résume : 

Le courant faradique de tension doit nous instruire sur la véritable nature 
des douleurs ovariennes dont il est le calmant le plus efficace et le plus 
rapide. Toute douleur ovarienne, en effet, est le plus souvent justiciable du 
courant faradique de tension, si Ton suit les règles et la technique opératoire 
que j'ai formulée dès 1883, conceroant le nombre des séances, la durée de 
l'application, le choix des bobines, le siège de l'intervention, etc. 

Oui, toute douleur ovarienne, si elle est hystérique, et rien qu hystérique, 
est, sinon guérie,, du moins presque toujours soulagée par le courant fara- 
dique de tension qui, d'ailleurs, reste à peu près impuissant contre les 
douleurs d'origine inflammatoire, et, notamment, contre celles qui sont liées 
aux inflammations des annexes» 

Si donc, dans tel cas, le succès curatif nous éclaire sur le diagnostic et 
nous impose une abstention opératoire, — dans tel autre, au contraire, Vin- 
mccèî nous montrera que la douleur a sa source profonde qui réclame soit 
un traitement galvanique supplémentaire, soit une intervention opératoire. 

B. — COURANT GALVANIQUE. 

Depuis le moment (1882) où j'ai proposé, pour des affections gynécolo- 
giques multiples (fibromes, — endométriles, — lésions non suppurées des 
annexes, — phlegmasies péri-utérines, — troubles fonctionnels variables : 
aménorrhée, dysménorrhée, ménorrhagie et métrorrhagie, etc.) im traitement 
galvanique, en appareuce uniforme, mais essentiellement différent dans son 
administration (intensité, — durée, — localisation, ~ nombre et rapproche- 
ment des séances, — choix des pôles, etc.), j'ai été frappé de deux faits de 
la plus grande importance : 

1® De la tolérance variable des utérus pour une môme dose galvanique 
intra-utérine; 

2^ De la variation de cette tolérance dans le même utérus, suivant des 
conditions anatomiques périphériques différentes. 



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70 REVUB INTERNATIONALE d'BLBCTROTHÉRAPIB 

Ces faits, d'abord empiriques et confus, n'ont trouvé leur explication que 
le jour où j'ai placé Tutérus sous la dépendance de l'innervation ovarienne 
et salpingienne, et où j'ai observé que la sensibilité utérine était avant tout 
vassale et tributaire de celle des annexes. Tout s'expliquait alors, et varia- 
tions de sensibilité d'un utérus à l'autre, et variations sur le même sujet, 
suivant l'état morbide, ou non, de ses annexes. 

La loi des réflexes salpingiens et ovariens domine tout cet important pro- 
blème, qui n'a pas lardé à recevoir, entre mes mains, une sanction démons- 
trative expérimentale, dont la simplicité et la clarté équivalent à une réponse 
mathématique. 

S'il est vrai, en effet,' que telle femme souffre et est intolérante au traite- 
ment galvanique parce que ses annexes sont enflammées, il sufGt de sup- 
primer ces dits annexes et ce foyer supplémentaire de douleur, pour rétablir 
immédiatement le calme et ramener l'équilibre de la sensibilité utérine. 
Pour prouver, d'autre part, que l'hypéreslhésie utérine était bien provoquée 
par l'état morbide des annexes, il suffit de faire la contre-épreuve et d'élec- 
triser, dans les mêmes condilions opératoires, ce même utérus après la 
castration, comme on l'avait fait avant; la tolérance électrique devra être 
immédiatement acquise à tel ou tel utérus qui, auparavant (avant la castra- 
lion), ne supportait rien ou supportait très mal. 

Or, tel est bien le cas, et telle est la preuve expérimentale que j'ai acquise 
de mon induction clinique. J'ai, à cette heure, des exemples multiples de 
femmes que j'avais essayé vainement de traiter par des courants galvaniques 
intra-utérins qui, impuissants à procurer le moindre soulagement, n'avaient 
pu que m'instruire de la nécessité d'une castration. — Cette castration a été 
faite, et immédiatement la sensibilité utérine a été apaisée, et j'ai pu alors, 
après cette opération bi-latérale, après l'abolition des réflexes nuisibles, ter- 
miner et compléter un traitement électrique qui, auparavant, était non seule- 
ment intolérable, mais encore impuissant et inefficace. 

La castration a ainsi libéré l'utérus de son hypéresthésie galvanique et 
lui a redonné une tolérance identique, ou a peu près, à celle que confère 
l'intégrité physiologique des annexes. 

J'ai pu, du même coup, par la même thérapeutique bien conduite : éclairer 
le diagnostic, — légitimer une intervention chirurgicale — et compléter 
ultérieurement, s'il y a lieu, une cure symptomatique que le couteau avait 
été impuissant à parachever. Il est donc bien vrai que l'état des annexes 
règle, avant tout et presque entièrement, la question de la tolérance galva- 
nique intra-utérine, et c'est à propos d'elle que je propose de paraphraser 
un proverbe fameux et de dire : « Dites-moi quelle est la réaction gcUvanique 
utéiHne de telle ou telle femme^ et je vous dirai ce que sont ses annexes. » 

Cette formule renferme à elle seule tout le nouveau et important problème 
que je vais très sommairement expliquer et développer. 



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REVUE INTERNATIONALE d'BLEGTROTHBRAPIE 71 

— Dès 1884, j'ai groupé en plusieurs chefs principaux les causes d'into- 
lérance utérine galvanique : 

1<» U hystérie; 

2» Les inflammations intestinales; 

3<> Les phlegmasies péri-utérmes (ce mot de phlegmasie péri-ulérine, 
d'abord un peu vague et n'exprimant qu'une formule générale, n'a pas tardé 
à prendre une forme plus concrète, et celui de lésion des annexes lui a été 
substitué); • 

4«> Certaines tumeurs fibro-kystiques de Vuiérus, 

Dans toute application galvanique intra-utérine, il y a deux points à 
signaler : 

La réaction opératoire, qui comprend la manière dont le courant est sup- 
porté et toléré par les mialades pendant les séances ; 

La réaction post-opératoire , qui est la plus importante des deux, et qui 
comprend toute la série des sensations que pourra éprouver la malade le 
soir même et les jours suivants : -^ réaction douloureuse ou simplement 
nerveuse (courbature, fatigue, mal aux reins, coliques, etc.); — réaction 
fébrile (avec frissons, fièvre, anorexie et nausées, etc.) qui peut se prolonger 
UD ou plusieurs jours après la séance, avec l'obligation môme quelquefois de 
garder le lit. 

Cela dit, voici les réponses cliniques générales que l'on obtient : 

A. — Toute galvanisation intra-utérine faite à la dose de WO à loO mil- 
liampères, dans un utérus simplement hypertrophié ou fibreux, avec ou 
sans endométrite concomitante, sans lésion inflammatoire contemporaine 
des annexes ou du bassin, — toute galvanisation, dis-je, appliquée avec 
toutes les règles de l'asepsie, est toujours d'une innocuité absolue, presque 
toujours bien supportée, et n'est jamais suivie d'une réaction post-opératoire 
fébrile ou trop douloureuse, le lendemain et le^ jours suivants, si l'on a pris 
soin de respecter la susceptibilité ou la tolérance individuelle. Il peut y 
avoir, en effet (quoique rarement), pendant la séance, de l'intolérance qui 
interdise et limite le dosage en deçà d'un chiffre moyen, mais c'est purement 
hystérique. Si, dans ce cas, il y a de la douleur par hasard (ce qu'on peut 
toujours éviter), il est rare, une fois que la séance a pris fin, qu'elle ne 
disparaisse pas à son tour, ou du moins, si elle subsiste, elle s'atténue rapi- 
dement pour disparaître bientôt après. 

S'il y a, dans cette première hypothèse, de l'intolérance elle est, je le 
répète, presque constamment de nature hystérique, et ce diagnostic s'impose 
avec d'autant plus de sûreté que nous pouvons constater, d'un côté, un excès 
de réaction douloureuse manifestée par la malade, et de l'autre sa disparition 
brus(fue dès la fin de la séance sans aucune réaction fébrile consécutive. 



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72 RBVUB INTBRNATIONAXB D'éLBCTROTHÉRAPlE 

En un mol, plus une femme se plaint pendant la séance, plus elle réagit 
bruyamment, et sans proportion aucune avec la dose qui lui est appliquée, 
plus vite également la douleur disparaît dès que le courant cesse et plus 
précis est le diagnoslic d'hystérie. 

Voilà le premier cas clinique ; examinons maintenant le second : 

B. — Dans toute phlegmasie péri-utérine, au contraire, l'intolérance élec- 
trique pendant la séance et surtout la réaction post-opératoire ensuite, 
naissent, grandissent, et se prolongent au fur et à mesure qu'il y a une 
accuité plus vive dans la dite inflammation des annexes (ovaire ou trompe). 

Or, ici tout d'abord, je dois immédiatement faire justice d'une objection 
toute naturelle. 

Toute application galvanique intra-utérine est -elle dangereuse en 
présence d'un kyste de Fovaire ou d'une inflammation suppures des 
annexes ? 

Oui, si l'application est trop intense ou mal faite; — non, si elle est mo- 
dérée et bien conduite. 

Oui, si Tapplication est brutale, massive, et en particulier négative dans 
l'utérus au début des séances; — non, si elle est progressive, toujours tolé- 
rable, et si elle utilise en commençant le pôle positif. 

Si, en effet, à propos de l'hystérie franche, la question du dosage est 
presque de pure convenance, pour ne pas irriter vainement la malade et la 
détourner d'une médication salutaire, ici, au contraire, la plus grande 
réserve s'impose et elle doit être la loi de notre intervention, parce qu'elle 
est la sauvegarde de son innocuité et de son efficacité. 

Le sujet, toutefois, ne saurait être envisagé en bloc et il est bon de le 
scinder : 

— Tout kyste de Covaire^ pur et simple^ c'est-à-dire non suppuré et sans 
lésion concomitante et inflammatoire soit de la trompe, soit des annexes 
opposées, peut tolérer impunément de hautes doses galvaniques intra- 
utérines. 

Je l'ai vu un assez grand nombre de fois sur des malades que j'avais 
électrisées par erreur de diagnostic, sans aucun accident consécutif, sans 
même l'ombre de réaction inflammatoire post-opératoire. Ces Uièmes malades 
ont subi plus tard avec succès une laparotomie et l'on a trouvé un kyste de 
l'ovaire, non enflammé, avec une trompe normale. 

Ces faits prouvent surabondamment que pour qu'il y ait exagération des 
réflexes utérins, il est nécessaire avant tout qu'il y ait un processus inflam- 
matoire actif du côté des annexes, car voici la seconde réponse : 

— Toute suppuration dans le bassin^ et en particulier Xoute infloânma- 
tion aiguë des annexes [ovaire ou trompe), prédispose aux réactions vives 
post-opératoires galvaniques. 



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HBVUB INTBRNATIONAXB D*éLBCTROTHéRAPIB 73 

La réaction galvanique post-opératoire, qui est surtout proportionnelle 
à rinlensilé de Tinflauimation suppurée des annexes, peut provoquer des 
accidents, il faut avoir le courage de le dire et de le proclamer très haut pour 
apprendre du même coup la circonspection et la réserve qui sont nécessaires 
pour les éviter sûrement. Mais est-ce bien une raison pour désarmer notre 
bras et nous faire renoncer à un médicament d'une si incontestable utilité? 

Oui, si nous n'avions pas des moyens sûrs pour nous défendre, si nous 
n'avions pas un vrai garde -fou pour abriter notre ignorance souvent 



Non si nous avons un moyen de contrôle positif et facile. Or, j'affirme 
que ce moyen de contrôle a une précision assez grande pour nous garder de 
toute faute que nous pourrions commettre. 

Ce contrôle est d'abord préventif et nous commande, en cas de doute, la 
plus grande modération, je dirai presque le plus grand tâtonnement, dans 
l'application et la multiplication des premières séances. 

Voici, du reste, les formules générales de la conduite qu'il faut tenir : 

a) Débuter dans toute application galvanique intra-utérine par le pôle 
positif. 

b) N'appliquer jamais dans la première séance une intensité supérieure 
à 50 milliampères, et jamais^ au début, ne dépasser la seule dose qui sera 
utérinement tolérable, 

c) Faire la première galvanisation avec lenteur, circonspection et sans 
aucune brusquerie, 

d) Interrompre la séance, dès qu'il y aura de l'intolérance manifeste, et 
ne la renouveler que deux ou trois jours après lorsque toute réa^ction post- 
opératoire sera apaisée, 

e) N'augmenter ultérieurement l'intensité et la durée qu'au fur et à 
mesure de la tolérance des séances précédentes. 

Ces préceptes étant bien compris et fidèlement exécutés, ou le médicament 
est toléré, ou il ne l'est pas : 

S'il est bien toléré, nous avons alors un véritable laisser-pa^ser qui nous 
indiquera que la voie est libre, que nous pouvons avancer sans crainte et sans 
tâtonner, parce que la périphérie utérine est saine, parce que les annexes 
sont en bon état, ou du moins ne sont pas en état d'inflammation actuelle 
onde suppuration. S'il y a eu de l'inflammation autrefois (ce qui est souvent 
possible), elle est pour le moment éteinte, comme cela arrive dans les vieux 
.exsudats^ qui sont les témoins posthumes d'une phlegmasie aiguë antérieure 
qui a totalement disparu. Nous nous trouvons, en un mot, en présence d'une 
malade absolument justiciable de la médecine conservatrice chez laquelle on 
peut et on doit tout essayer pour lui conserver ses annexes avec toute 
chance de succès. 

2 



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74 REVUE INTERNATIONALE D'éLECTROTHÔRAPIE 

Tom. le sens clinique du médecin devra, dans la suite, consister à savoir 
adapter à chaque cas, telle ou telle dose, tel ou tel pôle, tel ou tel nombre 
de séances. 

Si, au contraire, la galvano-caustique intra-utérine n'est pas tolérée 
(malgré les précautions ci-dessus), si l'on constate, en un mot et quand 
môme, une réaction post-opératoire vive, môme après une séance bien 
conduite, nous avons alors dans celle réaction bien interprétée un vrai fU 
d'Ariane qui nous servira à fixer le diagnostic. Tout acquerra de l'impor- 
tance et nous servira de moyen de contrôle précieux : c'est la fièvre après la 
séance, — c'est la douleur qui se continue le lendemain et les jours sui- 
vants, — c'est la perle de l'appétit, — c'est l'insomnie, — c'est l'absence 
principalement de toute amélioration et l'aggravation plutôt de l'état anlé- 
riour. 

Si la réaction post-opératoire se produit intense et prolongée, elle sera un 
véritable halte-là I un vrai disque rouge qui nous indiquera que la voie est 
barrée et qu'on ne peut avancer. 

C'est ainsi, comme toujours, que, d'un mal possible, peut et doit naître un 
très grand bien; c'est ce même danger évité, mais toutefois soupçonné et 
entrevu, qui nous servira de pierre de touche pour éclairer et fixer le 
diagnostic et pour nous dire : 

Ici, les annexes sont suppurées; /à, elles ne le sont pas. 

Ici^ est une salpingite catarrhale et curable ; /à, est une inflammation 
suppurée de la trompe ou de l'ovaire. 

Iciy il faut opérer sur l'heure; /à, ce serait un crime de le faire. 

Ici, est une ovaro-salpingite justiciable des moyens conservatifs, patients, 
laborieux et progressifs; /à, est une inflammation grave qui n'est justiciable 
que d'une castration ou d'une bysléreclomie vaginale. 

Il est donc bien entendu que, des entrailles mômes de cette thérapeutique 
intra-utérine si féconde en réactions salutaires, la chirurgie pourra et devra 
puiser à l'avenir une de ces indications de la plus haute importance pour lui 
permettre de faire un diagnostic préparatoire, et non a posteriori, pour 
armer ou désarmer son bras. On voit combien ce nouveau problème est vaste, 
du plus grand intérêt et digne de préoccuper tous les chirurgiens qui, souvent, 
ouvrent le ventre pour faire un diagnostic, pratiquent des mutilations intem- 
pestives, ou qui opèrent des fibromes pour des salpingites ou des kystes de 
l'ovaire, et réciproquement. 

Je me résume : 

Le courant galvanique, appliqué dans l'utérus, est destiné à nous rensei- 
gner sur l'état d'intégrité des annexes, leur inflammation possible, ses degrés, 
sur l'existence du pus, sur la nature curable ou non d'un processus inflam- 
matoire en voie d'évolution. 



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REVUE INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÉRAPIE 75 

il peut et doit nous épargner bien des méprises avec leurs conséquences 
cliniques et opératoires, et éviter, par exemple, au milieu de beaucoup 
d'erreurs, celle qui est si fréquente et qui consiste à confondre à Texamen 
un fibrome sous-périlonéal avec une tumeur des annexes, et réciproque- 
ment. 

Deux faits, en effet, de la plus grande importance, dominent toute la thé- 
rapeutique galvanique intra-utérine : 

C'est d'abord la tolérance qhsolue (sauf les exceptions que je vais signaler) 
de l'utérus, quand sa périphérie est saine. 

C'est ensuite son intolérance qui grandit avec Télat d'acuité de l'inflam- 
mation de ses annexes. 

La sensibilité utérine au courant continu est donc avant tout vassale et 
tributaire de celle des annexes, et la réponse qu'elle donne est destinée à 
nous éclairer sur le degré présumé ou non de leur inflammation. 

A côté de cette première source d'intolérance, la plus fréquente et la plus 
importante de toutes, se rangent d*autres causes, d'une importance et d'une 
fréquence secondaires, entre lesquelles il sera le plus souvent facile d'établir 
un diagnostic différentiel : 

a) C'est d'abord Vhyslérie franche avec ses réactions vives, subites, et son 
ensemble symptomatique qui frappe les yeux les moins clairvoyants. 

b) Ce sont ensuite les tumeurs fibro-kystiques de l'utérus dont la nature 
maligne est très probable. 

c) Ce sont encore les phlegmasies du bassin^ y compris celles de rintesHuy 
qui ont une histoire symptomatique très caractéristique. 

Les conséquences cliniques qui découlent de ces prémisses, très brièvement 
exposées, sont les suivantes : 

\^ Tout utérus interrogé galvaniquement, à la dose de 100 à 150 mil- 
liampères, qui n'éprouve aucune réaction opératoire, et principalement 
post-opératoire, qui, non seulement tolère celte dose, mais môme voit s'atté- 
nuer les symptômes dominants (tels que douleur ou hémorragie); — tout 
utérus, dis-je, ainsi tolérant a toujours sa périphérie saine ou, du moins, 
n'a pas d'inflammation actuelle des annexes justiciables de la chirurgie, et 
réclame un traitement électrique dont le dosage galvanique ne devra être 
limité que par les indications cliniques à remplir. Il peut même y avoir co- 
existence, dans ce cas, d'un kyste simple de Vovaire; s'il n'y a pas inflam- 
mation des trompes, la même tolérance électrique sera conservée. 

2<» Tout utérus qui ne supporte pas 50 milliampèpcs, ou qui les supporte 
mal, chez lequel les suites opératoires sont, ou très douloureuses, ou fébriles, 
est un utérus dont la périphérie est suspecte qu'il ne faut interroger qu'avec 
modération et prudence. 



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76 RBVUB INTERNATIONALE D'bLBGTR0TH6rAPIB 

3° Tout Utérus dont Tialolérance initiale s'atténue avec le nombre des 
applications et dont ramélioration symptomatique s'accentue et grandit avec 
le temps, appartient, soit à une hystérique, ou possède des annexes dont le 
processus inflammatoire est en voie de régression ou d'arrêt. 

i^ Tout utérus dont l'intolérance au début, d'abord excessive (ne suppor- 
tant pas 20 à 30 milliampères), se développe et grandit avec le nombre des 
séances, et s'accompagne d'une élévation de température, est un utérus dont la 
périphérie est atteinte d'une lésion non justiciable de la gynécologie conser- 
vatrice. Ici, une suspension du traitement galvanique s'impose, une fois le 
diagnostic ainsi élucidé, et il faut songer à une intervention opératoire qui, 
le plus souvent, sera une castration légitimée par une ovaro-salpingite d ordi- 
naire suppm^ée. 

Messieurs, en terminant ma communication, je suis heureux de féliciter 
ici et de remercier mon ami M. le D' Le Bec, du concours obligeant et 
éclairé qu'il m'a prêté dans cette circonstance. 

Un certain nombre de mes malades ont été, en effet, opérées par lui avec 
le plus grand talent et un plein succès. Permettez-moi de lui céder la parole 
pour le prier d'exposer lui-même ce qu'il a fait, ce qu'il a vu et ce qu'il 
pense de la légitimité de mes conclusions. 



De la Médication vibratoire, 

Par J. LARAT. 

J'ai l'honneur de présenter à la Société les divers appareils destinés à pro- 
duire une vibration localisée : le diapason de Boudet de Paris; le « percutor » 
de Mortimer Granville. Tous ces appareils donnent une vibration trop faible et 
sont d'un maniement délicat. Le principe sur lequel reposent les vibreurs que 
j'ai construits avec la collaboration de MM. Gautier et Gaiffe, et en particulier 
le casque vibrant, est le suivant : un petit moteur Gramme, actionné par 
une batterie de deux éléments au bichromate de potasse ou deux accumu- 
lateurs, porte sur son axe un poids en cuivre qui rejette le centre de gravité 
en dehors de l'axe. Il résulte de cette disposition que, toutes les fois que 
le centre de gravité se trouve au-dessus de l'axe, Tappareil tend à s'élever, 
tandis qu'il tend à s'abaisser, au contraire, quand le centre se ti^ouve au- 
dessous. De là, un mouvement d'oscillation dont on peut régler à volonté 
l'amplitude, la vitesse et l'énergie. Cet appareil très robuste et d'un manie- 
ment facile peut servir à donner, soit des vibrations localisées (névralgies), 
soit à transmettre ses vibrations à toute la masse encéphalique. Dans ce cas, 
il est vissé sur un casque muni de lames élastiques qui embrassent le 
pourtour de la tête. 



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Le casque vibrant a été employé par nous avec de bons résultats dans la 
céphalée neurasthénique, la migraine, certains troubles psychiques (mélanco-i 
liques, hallucinés, etc.), et dans un cas de vertige de Ménière où la dispa- 
rition des vertiges a rapidement succédé aux premières séances et se main- 
tient depuis lors. 

C'est donc une médication qui parait devoir rendre des services et qui ne 
présente en tout cas aucun danger, pas môme un inconvénient (1). 

9 m 

La médecine vibratoire. — Application des vibrations 
rapides et continues au traitement de quelques maladies 
du 83r8tèine nerveux. 

Leçon recueillie par M. GILLES DE LA TOURETTE. 



C'est en 1878 (2), dans mon service de la Salpôtrière, que M. Vigoureux 
commença les essais d*une méthode dont je Veux vous entretenir aujour- 
dliui : le traitement de certaines affections du système nerveux par les vi- 
brations mécaniques. 

M. Vigoureux étudia d'abord les effets de ces vibrations sur plusieurs 
hystériques. A Taide d'un énorme diapason, mis en action au moyen d'un 
archet et monté sur une caisse de résonnance, il parvint à faire disparaître 
rhémianesthésie et à rompre des contractures presque aussi rapidement 
qu'avec l'aimant ou l'étincelle électrique. Chez une malade atteinte d'ataxie 
locomotrice^ il calmait les crises douloureuses en introduisant les jambes 
dans la caisse de résonnance. A la suite d un certain nombre d'expériences 
de même ordre, il put établir que les vibrations du diapason ont exactement 
la môme action physiologique que les métaux, l'aimant et l'électricité statique. 
L'année suivante, Schîfif arrivait théoriquement à la même conclusion. 

Ces recherches ne furent pas poursuivies et il faut arriver en 1880, époque 
à laquelle un électricien distingué, M. Boudetde Paris, institua de nouvelles 
expériences qui le conduisirent à des résultats très importants (3). 

M . Boudet de Paris étudia surtout les vibrations localisées ou pour mieux dire 
qu'il faisait agir localement. Il fit construire un diapason monté électriquement 



(1) Nous faisons suivre la communication de M. Larat par la leçon du professeur 
Charcot sur le même sujet, de façon à mettre nos lecteurs au courant de tous les 
détails de cette nouvelle méthode. 

(2) Progrès médical, 1878, p. 746. 

(3) - Traitement de la douleur par les vibrations mécaniques » {Progrès Médical 
5 février 1881). 



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78 RBVUB INTERNATIONALE D*BLBGTR0THÉRAPIE 

et adapta à la planchette-support du diapason, au point où les vibrations se 
font sentir avec le plus d'intensité, une petite tige de cuivre, longue d'une 
dizaine de centimètres et terminée par un disque qu'on appliquait sur la 
partie du corps ou le nerf qu'on désirait soumettre aux vibrations. Le disque 
était de petites dimensions en surface afin d'empêcher la diffusion des vi- 
brations ; pour mieux les localiser, d'ailleurs, on peut le terminer par une 
pointe mousse. 

Les premières expériences de M. Boudet de Paris portèrent sur l'homme 
sain, indemne de toute altération de la sensibilité. En appliquant là tige 
vibrante sur un point de la peau assez sensible, la région susorbitaire par 
exemple, il produisit, au bout de quelques instants, une analgésie locale et 
même une anesthésie très marquée, pouvant se prolonger de huit à vingt 
minutes suivant les sujets : t La même expérience tentée, dit-il, sur diffé- 
rents points du corps amène le même résultat, avec cette considération que 
les effets sont d'autant plus rapides et plus complets que : \^ on agit plus 
près d'un rameau pensilif ; 2° les tissus ont moins d'épaisseur et le plan sur 
lequel ils reposent est plus résistant. Le maxi^mum 4*effet sera donc obtenu 
sur le front, sur les tempes, sur les gencives, sur les apophyses masloïdes, 
etc. ; en un mot sur tous les points où les nerfs peuvent facilement être 
comprimés sur une surface osseuse par le disque vibrant. « 

En agissant ainsi, on arriverait à calmer rapidement diverses névralgies, 
la névralgie faciale en particulier. Le nombre des vibrations par minute 
serait de peu d'importance; il n'en serait pas de même de l'intensité et de 
Ténergie qui, dans des limites données, sont indispensables. 

L'article qu'il publia à ce propçs renfermait encore d'autres considé- 
rations qui, pour être moins bien mises en lumière, n'en sont pas moins 
intéressantes : 

« Lorsqu'on applique, dit-il, l'instrument sur un des points (de la face) 
que nous venons de citer, les parois du crâne se mettent à vibrer à l'unisson 
du diapason conune le feraient les parois d'une caisse de résonnance, et l'on 
éprouve une sensation toute particulière que certains sujets comparent à un 
commencement de vertige et qui, chez d'autres, détermine rapidement un 
besoin très marqué de sommeil. 

« Dans les cas de migraine môme bénigne, ces vibrations très rapides 
communiquées aux parois crâniennes et par suite à l'encéphale, amènent la 
détente au bout de quelques minutes et souvent même coupent court à 
l'accès lorsqu'il est pris au début. Nous avons pu, grâce à ce procédé, nous 
éviter des accès de migraine qui nous paralysaient ordinairement pendant de 
longues heures, et nous sommes certains que beaucoup de dyspeptiques et 
de rhumatisants affligés du même mal trouveront là un précieux remède à 
leurs souffrances. » 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLECTROTHéRAPIE 79 

Et M. Boudet de Paris termine en émettant l'hypothèse, fort vraisem- 
blable, que la transmission des vibrations au cerveau joue un rôle dans la 
production de ces effets. 

A peine Tauteur avait-il publié son article qu'il fut en butte à une récla- 
mation de priorité. 

M. le D' Jennings écrivit une lettre que le Progrès Médical (1) rendit 
publique, dans laquelle il était dit que depuis quatre ans le D»" Mortimer- 
Granville, de Londres, appliquait la môme méthode des vibrations pour la 
guérison de la douleur. 11 avait môme inventé un instrument spécial, le 
percuteury qui avait été expérimenté avec un succès relatif dans un hôpital 
de Paris. 

M. Boudet de Paris rappela les expériences de Vigoureux, dit que 
M. Mortimer-Granville, pas plus que lui d'ailleurs, n'avait « inventé les 
vibrations » et, désireux peut-être d'éviter toute polémique ultérieure, arrê- 
tait net ses recherches. 

n n'en fut pas de môme de M. M.-Granville qui, dans un livre paru en 
1883 (2), nous fait connaître les résultats de la méthode qu'il a .employée 
dans le traitement de certaines maladies du système nerveux. 

L'ouvrage de M. Mortimer-Granville peut être divisé en deux parties : une 
théorique, une pratique; la seconde découlant directement de la première. 

La vibration rend au nerf qui lui sert de conducteur l'énergie qu'il avait 
perdue. M. Mortimer-Granville se propose toujours d'agir localement. Il se 
sert d'un percuteur, le * clokwork percuteur », dont le mécanisme rappelle 
celui de certaines sonneries. Cet appareil est bon pour le praticien, il est 
portatif et se dérange difficilement; mais le médecin qui s'adonne particu- 
lièrement à la percussion emploiera de préférence le système actionné par 
Télectricité. La tige percutante bien plutôt que vibrante est de forme 
variable : c'est un bouton, un disque, un petit marteau à tête plate, un pin- 
ceau ou une brosse, suivant qu'on veut agir localement ou sur une surface 
plus étendue; on peut même placer le pied douloureux dans l'eau, par 
exemple, çt se servir de celle-ci pour faire diffuser les vibrations. Les séances 
sont d'une durée variable suivant les cas. 

(1) Numéro du 19 février 1881, p. 149. 

(2) Nerve vibration and excitation at agents in the treatment of functionnal disor- 
der and organic disease. Londres, Churchill, 1883, in-8 de 128 p. et fig. — Dans cet 
ouvrage, M. M.-Granville rapporte qu'en 1862-64 il fit confectionner des petites boîtes 
pleines d'un mélange réfrigérant qu'on appliquait localement pour calmer les dou- 
leurs des nouvelles accouchées. Les résultats qu'il obtint le conduisirent à une théorie 
de l'arrêt de la douleur par le shock. Aussi fit-il construire par M. Streeter un 
percuteur dont les plans datent du 5 janvier 1877. Ce percuteur fut employé au 
National Hospital de Londres et à 1 hôpital Laënnec de Paris en 1878. Les publications 
de M. M.-Granville sur la matière sont un article de The Lancet, 10 juin 1880; ibid.^ 
19 février 1881 ; British. med, Journ., 10 mars 1882. — A new treatment of sleeplessnest, 
ibid., 10 mars 1883. 



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80 RBVUB INTBRNATIONALB D*âLBCTROTHé&APIB 

Les résultats qu'il a obtenus dans le traitement de certaines névralgies, 
en particulier de la névralgie faciale, seraient remarquables. Mais le traite- 
ment est surtout recommandable dans la neurasthénie à forme cérébrale ou 
spinale, dans la migraine et dans Tinsomnie. 

Si le mal de tète est localisé, on percute et fait vibrer localement les nerfs 
et les plexus nerveux du voisinage; s'il est plus étendu, comme dans la 
migraine, on promène d'avant en arrière une brosse vibrante. Le même 
procédé s'agplique aux douleurs de la neurasthénie localisées le long de la 
colonne vertébrale. 

Retenons ces divers procédés de traitement, nous aurons à les rappeler 
dans un instant. 

II 

Depuis longtemps j'avais appris des malades atteints de paralysie agi- 
tante, qu'ils retiraient un grand soulagement des voyages en chemin de fer 
ou en voiture. Pendant toute la durée du voyage, les sensations si pénibles 
et parfois si douloureuses qui sont le cortège presque obligé de cette maladie, 
semblaient disparaître presque complètement; le bien-être persistait un 
certain temps, le voyage terminé. 

J'eus bien souvent Toccasion de porter ces faits à la connaissance des élèves 
qui suivent mes cours, et j'émis plusieurs fois l'hypothèse des bons effets 
d'un traitement de la maladie de Parkinson par un procédé qui rappellerait 
l'ensemble des mouvements communiqués au corps par une voiture en 
marche. 

Un de mes auditeurs, le D' Jégu, me proposa de chercher un appareil 
réalisant ces desiderata. Aidé par un ingénieur distingué, M. Solignac, il fit 
construire un fauteuil auquel un mécanisme spécial communiquait des 
mouvements rapides d'oscillation autour d'un axe antérieur et latéral. Ces 
mouvements, combinés et contrariés, produisaient une vibration, une trépi- 
dation rapide fort analogue, ainsi que vous pouvez en juger par vous-même, 
en vous asseyant sur ce fauteuil, à celle que l'on ressent lorsqu'on est assis 
sur la banquette d'un wagon en marche. L'appareil installé, M. Jégu n'eut 
pas de peine à recruter des sujets d'expérience pai*mi les malades de mon 
service et ceux qui fréquentent ma policlinique, mais la mort vint brusque- 
ment le surprendre au milieu de ses recherches. 

A ma demande, M. Gilles de La Tourette, mon ancien chef de clinique, 
voulut bien continuer à surveiller les expériences qui avaient été interrom- 
pues. Celles-ci ont porté jusqu'à présent sur huit sujets, six hommes et 
deux femmes. Malheureusement, il s'agit pour la plupart de sujets n'appar- 
tenant pas au service, et plusieurs, pour des causes diverses, ont suivi le 
traitement irrégulièrement. 

Sans chercher à analyser un à un les résultats satisfaisants qui ont été 



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REVUB INTERNATIONALE D'éLEGTROTHéRAPIE 81 

^ 1 

obtenus, il est permis dès maintenant de se faire une idée générale de i'ac- 
lion du traitement. 

L'amélioration se fait généralement sentir dès la cinquième ou sixième 
séance de trépidation. Elle porte surtout sur les phénomènes douloureux 
qui accompagnent si fréquemment la maladie de Parkinson. 

Aussitôt descendu du fauteuil trépidant, le malade se sent plus léger, il 
semble que sa raideur ait disparu, il marche mieux qu'avant. Phénomène 
presque constant, les nuits deviennent bonnes, le malade qui s'agitait sans 
cesse péniblement dans son lit dort d'un sommeil calme qui lui procure un 
grand soulagement. Sauf dans un cas, le tremblement n'a pas paru être sen- 
siblement influencé. Ce bien-être se fait surtout sentir le jour du traitement, 
d'où la nécessité de faire des séances quotidiennes. Malheureusement cela 
est difficile à la Salpôtrière. Le mécanisme du fauteuil est mis en marche 
par un moteur électrique et trois fois par semaine, il nous faut nous servir 
de celte électricité, pour actionner des machines statiques. De même, les 
séances n'ont-elles peut-être pas été assez prolongées. En effet, il est difficile 
d'accorder, lorsqu'on est en présence d'un certain nombre de malades, plus 
d'un quart d'heure à vingt minutes à chaque sujet. Nous espérons pouvoir 
bientôt combler ces desiderata ; quoi qu'il en soit, les résultats que nous avons 
obtenus sont des plus encourageants, les recherches seront poursuivies et 
j'aurai l'occasion de vous tenir au courant de ce que nous obtiendrons. C'est 
déjà beaucoup que de soulager les paralytiques agitants sur lesquels les 
remèdes ordinaires agissent avec le peu d'efficacité que vous savez. 

III 

M. Gilles de La Tourette ne s'est pas borné à surveiller le fonctionnement 
du fauteuil trépidant et à noter les résultats, il a cherché d'autres applications 
de la méthode vibratoire. 

Les résultats que je vous ai indiqué, obtenus par MM. Boudet de Paris et 
Mortimer-GranviUe avaient frappé son attention. Guérir certaines névralgies, 
posséder un remède qu'on disait presque héroïque contre la migraine, rendre 
le sommeil aux malades, faire disparaître les symptômes de la neurasthénie, 
ce qui n'est pas peu de chose en médecine. 

M. Gilles de La Tourette avait remarqué en lisant l'article de M. Boudet 
de Paris que celui-ci émettait l'hypothèse que les vibrations locales se diffu- 
sant à toute la boite crânienne, mettaient à leur tour le cerveau en vibration 
et que les résultats obtenus pouvaient bien être dus à ces vibrations méca- 
niques transmises à l'encéphale. 

U n'est pas douteux, du reste, qu'en dehors de la tige pointue, les disques 
et la brosse dont se sert M. Mortimer-GranviUe ne puissent agir dans le 
même sens. 



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82 RBVTJB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB 

Sur sa demande, deux électriciens distingués, MM, Larat et Gautier, 
aidés de M. Gaiffe, construisirent un appareil dont voici la description : 

11 se compose d'une sorte de casque à lames séparées, fort analogue au 
conformateur des chapeliers ; à Taide d'un artifice très simple, les lames de 
ce casque emboîtent exactement la tête du sujet en expérience. Le casque 
est' surmonté d'un plateau sur lequel se trouve placé un petit moteur spécial 
actionné par une simple pile. Tout TappareiJ est facile à manœuvrer, très 
portatif, et ses rouages peuvent marcher pour ainsi dire sans interruption, 
sans crainte de dérangements. Le petit moteur donne environ 6,000 tours à 
la minute, tous très réguliers, produisant une vibration continue qui se 
transmet au crâne tout entier par l'intermédiaire des lames du casque. La 
tète tout entière vibre dans son ensemble, ainsi qu'il est facile de s'en 
assurer en plaçant les mains sur une apophyse mastoïde. L'appareil en 
marche fait entendre un bruit continu, sorte de bourdonnement doux qui 
n'est peut-être pas indifférent à noter au point de vue de la pathogénie des 
résultats obtenus. On peut à volonté augmenter ou diminuer et le nombre 
et l'amplitude des vibrations par un procédé de réglage fort simple. 

L'appareil posé sur la tête d'un sujet sain est parfaitement toléré et sa 
marche ne cause aucune gêne. Au bout de sept à huit minutes, on a une 
sensation d'engourdissement qui envahit toute l'économie et porte presque 
invariablement au sommeil. De fait, l'expérience a démontré qu'une séaince 
de dix minutes faite vers six heures du soir procurait un sommeil calme 
dans la nuit correspondante. Huit ou dix séances triomphent de l'msomnie 
lorsque celle-ci n'est pas liée à une affection organique de l'encéphale. 

Dans trois cas la vibration s'est montrée comme l'avait vu déjà Boudet de 
Paris, très efficace pour faire avorter des accès de migraine. 

Trois personnes atteintes de neurasthénie ont été traitées de cette façon; 
deux ont guéri, la troisième a interrompu le traitement alors qu'elle était 
déjà améliorée, mais non guérie. 

La vibration agit en faisant disparaître d'abord les symptômes céphaliques 
en particulier, les vertiges et le casque douloureux si spécial à celte affec- 
tion. Ce qui semble bien montrer que les vibrations agissent particulièrement 
sur l'encéphale, c'est que, dans un cas où les phénomènes spinaux étaient 
prédominants, la plaque sacrée, la faiblesse des membres inférieurs, l'impo^ 
tence sexuelle relative disparurent, sans qu'on eût besoin de recourir à des 
vibrations le long de la colonne vertébrale. Chez ce malade, l'électricité sta- 
tique avait complètement échoué. 

Il n'est pas douteux, d'après tout ce que je viens de dire, que la vibration 
ainsi pratiquée ne soit un sédatif puissant du système nerveux. 

On sait que depuis longtemps les médecins aliénistes emploient, dans le 
traitement de certaines formes de l'aliénation mentale, des courants trans- 
cérébraux. On conçoit que les vibrations rapides propagées a l'encéphale 



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n 



puissent amener des modifications bienfaisantes. Dans un cas de dépression 
mélancolique, des résultats très favorables ont été obtenus et la vibration 
semble avoir complètement enrayé la marche d'un accès qui, à Tépoque où 
le traitement avait été commencé, ne présentait aucun indice de rétrocession. 




Casque trépidant, dernier modèle. 

Je ne puis en dire davantage pour le moment, car, vous le voyez, les expé- 
riences sont en pleine période d'activité : ce que j'ai rapporté est suffisant 
pour vous montrer les avantages que Ton peut retirer de la médecine vibra- 
toire. 



Du traitement radical du Saturnisme chronique par 
l'élimination du plomb par les urines sous l'influence 
du courant constant (1). 

Par M. SEMAIOLA, professeur à l'Université de Naples. 

Le but de ma communication est d'appeler l'attention de l'Académie sur 
un traitement de saturnisme chronique, que j'ai imaginé depuis quinze ans, 
en soumettant les malades à l'action du courant continu dans le but d'activer 
les échanges nutritifs et de produire ainsi un mouvement de désassimilation 
qui aurait dû permettre, selon moi, l'élimination du plomb par la voie des 
urines lorsque les reins sont en bon état pour permettre la dépuration orga- 
nique. 

(1) Communication faite à l'Académie de Médecine par M. Semmola, correspondant 
étranger. 



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84 RBVUB INTBRNATIONALB D*éLBCTROTHéRAPIB 

11 n*y a pas besoin de rappeler ici tous les essais qui ont été faits pour 
obtenir Télimination du plomb de l'organisme ou sa neutralisation : bains 
sulfureux, traitements purgatifs ou sudorifiques de tous genres, limonade 
sulfurique, etc., etc. 

Tous ces essais n'ont jamais abouti à des résultats bien concluants, pour 
différentes raisons qu'il est superflu de discuter ici. On se rappelle aussi les 
grandes espérances fondées sur l'emploi de Tiodure de potassium pour éli- 
miner le plomb sous forme d'un composé soluble , à la suite de l'activité 
imprimée aux échanges nutritifs par les iodures alcalins à haute dose. 

Mais quoique, dans plusieurs cas, l'on ait bien observé l'élimination du 
plomb par les urines sous l'influence du traitement iodique, néanmoins les 
cas de guérison réelle ne sont pas bien concluants et, en tout cas, la guérison 
serait arrivée très lentement. 

On essaya plus tard la faradisation, en se proposant ainsi le traitement 
local des paralysies. Mais il est évident que l'action du courant faradique 
appliqué localement n'est pas un traitement étiologique, si l'on songe d au- 
tant plus que les muscles paralysés présentent une sensibilité bien petite, 
sinon nulle, à l'action du courant induit. 

Depuis 1852, les D" Verguier et Pœy, de New-York," proposèrent d'em- 
ployer le bain électrique dans un travail qui avait pour litre : De Vapplica- 
lion de V électro-chimie à Vexi^^action des métaux introduits et séjournant 
dans Vorganisme, 

C'était une espèce de galvanoplastie ; mais aucun fait sérieux ne vint à 
l'appui de cette méthode, et par mes recherches personnelles publiées en 
1877, je fus porté à confirmer les recherches négatives du D»" Engel (Paris, 
1873), m'étant assuré que jamais on n'obtient, avec cette méthode, le dépôt 
du plomb sur les parois de la baignoire, ou sa dissolution dans l'eau du 
bain qui, d'après les auteurs américains, était acidulée par de l'acide 
nitrique, etc. 

A cette époque, en me basant sur l'action physiologique du courant con- 
tinu employé pour activer les échanges nutritifs de l'organisme et produire 
un mouvement de désassimilation plus considérable, j'eus l'idée de proposer 
Télectrisation par l'action du courant constant appliqué en plaçant pendant la 
moitié de la séance, le pôle positif (recouvert par de la toile mouillée dans de 
l'eau salée) sur la langue, et le pôle négatif adapté à une large plaque en 
cuivre appliquée sur les régions des reins, et pendant l'autre moitié en pro- 
menant le pôle positif sur les côtés de la colonne vertébrale et le pôle négatif 
appliqué sur l'abdomen, toujours avec la susdite plaque. 

Pour mieux réaliser mon idée, je priai le professeur Vizioli, professeur 
d'élecirothérapie à l'Université de Naples, de vouloir m'aider de ses conseils 
et de sa pratique. 



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RBVUB INTBRNATIONALB D*éLBCTROTHéRAPIB 83 

II me proposa, en janvier 1877, de commencer les recherches par remploi 
dune pile de WoUaston de dix grands éléments. 

Dans les dernières années, je me suis servi d'un appareil à la Daniell avec 
piles Onymus, modifié par le professeur Vizioli pour la graduation et le 
nombre des éléments. 

La durée de chaque application variait de dix à quinze minutes chaque 
matin. 

Les malades supportaient très bien le courant de 100 à 150 milliampères, 
avec toutes les précautions nécessaires pour empêcher des effets locaux. 

Les premiers 'malades traités par cette méthode étaiei^t affectés par des 
coliques et des atrophies considérables des mains; il existait un liseré gin- 
gival caractéristique, et l'aspect général était toujours cachectique, avec 
apparence anémique des muqueuses labiales. 

L'analyse des urines, faites avant de commencer le traitement, ne révéla 
jamais aucune trace de plomb, après trois ou quatre jours de traitement, on 
put déceler nettement des traces de plomb dans les urines, la recherche 
élant contrôlée par un chimiste très habile. La quantité de plomb estimée 
alla toujours en augmentant pendant les premières quatre semaines du traite- 
ment, et, plus tard, elle alla en baissant lentement jusqu'à la disparition 
complète après quatre mois. 

A la fin de la troisième semaine, le liseré gingival avait disparu et la nutri- 
tion des muscles atrophiés était considérablement améliorée» 

Après une durée de traitement variable entre trois et quatre mois, les six 
malades qui avaient fait le sujet de ces applications furent tous guéris, et la 
Gazette des Hôpitaux du 10 avril 1877 publia un résumé des résultats que 
j'avais obtenus avec ma nouvelle méthode. 

En Italie, le D"^ Serafini, professeur à l'Université de Padoue, confirma 
mes recherches et publia des nouveaux cas de guérison obtenus avec ma 
méthode. 

D'autre part, je continuai mes recherches sur le môme sujet en étendant 
les applications de la méthode à d'autres accidents du saturnisme chronique 
et je communiquai au dernier Congrès de thérapeutique (1890), qui eut lieu 
à Paris, les conclusions de la suite des recherches dans lesquelles, en confir- 
mant les résultats précédents, je faisais remarquer Tinutilité de ma méthode 
dans les accidents tardifs du saturnisme chronique et principalement dans 
les encéphalopathies saturnines, soit à cause de la nature des intégrations 
plombiques dans la substance nerveuse, soit à cause des graves lésions 
rénales qui empochaient la dépuration organique. 

Puisque je pense que réellement ma méthode semble destinée à résoudre 
le problème du traitement de l'intoxication saturnine chronique, je viens 
vous présenter les conclusions- synthétiques de toutes mes expériences ulté- 
rieures. 



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86 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHÀRAPIB 

J*ai eu en traitement, depuis le commencement de mes expériences (1887), 
un total de vingt-cinq malades, qui peuvent se grouper ainsi : 

1<* Forme de colique simple et paralysie des muscles extenseurs, quinze 
cas; 

2^ Forme cachectique avec albuminurie à différents degrés, mais sans 
altérations vasales appréciables, huit cas; 

3® Forme nerveuse, encéphalopatique, avec artério-sclérose et toutes ses 
conséquences, deux cas. 

Ma méthode a produit la guérison complète et permanente des cas du pre- 
mier groupe, une amélioration générale considérable du second groupe, avec 
diminution de l'albuminurie, mais jamais disparition complète; enfin 
aucun résultat remarquable dans les deux derniers cas, qui furent suivis de 
mort. 

Je m'abstiens de faire, pour le moment, des considérations explicatives 
sur ces résultats, pour les mettre en rapport avec la nature des différentes 
altérations anatomo-pathologiques et la possibilité plus ou moins grande 
d'obtenir, dans les différents cas, des améliorations ou la guérison complète 
des accidents saturnins. Il me semble pourtant bien évident que les effets 
thérapeutiques de ma méthode se réalisent en raison inverse des altérations 
nutritives vasculaires et nerveuses, et que la désintégration et Télimination 
du plomb cessent d'avoir lieu au fur et à mesure que les altérations bio- 
chimiques générales deviennent ifréparables avec les lois physiologiques de 
la nutrition. 

Je désire seulement que les recherches d'autres expérimentateurs puissent 
étendre l'application de ma méthode et confirmer ainsi, d'un côté, les grands 
avantages qui peuvent résulter de l'éleclrothérapie, par son action chimique 
générale sur les échanges nutritifs qui représentent, selon moi, son plus 
grand avenir et, d'un autre côté, rendre un grand service à la classe ouvrière, 
qui est si souvent victime de son métier. 



L'Occlusion intestinale traitée par l'Électricité, 

Par le D' LARAT. 

La question de rocclusion intestinale a été agitée dans la plupart des 
congrès de chirurgie qui ont eu lieu, ici ou là, dans ces quinze dernières 
années, et, à ne s'en tenir qu'à la majorité des opinions exprimées, il 
semble que le rôle de la médecine s'efface de plus en plus en ce qui con- 
cerne le traitement de cette redoutable affection, pour faire place à 
l'instrument tranchant. 

C'est ainsi qu'au congrès de Washington, en 1887, où a été discutée 
la question de l'obstruction intestinale dans ses rapports avec la médecine 



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RBVUB INTBHNATIONALB d'ÔLBCTROTHÉRAPIB 87 

et la chirurgie, on a conclu à l'inefficacité des moyens médicaux et à la 
nécessité de l'intervention chirurgicale hâtive. Il est vrai que c'est à 
peine si le mot di' électricité a été prononcé. 

Au congrès de Wiesbaden (Allemagne), en avril 1889, Curshmann, de 
Leipzig, traitant la partie thérapeutique avec l'autorité que lui donnent 
ses importants travaux sur l'occlusion intestinale, passait en revue tous 
les moyens médicaux qui, selon lui, doivent précéder l'intervention chi- 
rurgicale; il n'en oubliait qu'un : V électricité! 

A la Société de Chirurgie de Paris, où la question de l'occlusion 
intestinale a été souvent à Tordre du jour, si quelques membres, en 
particulier MM. Monod, Terrillon, Labbé, Routier, etc., ont recom- 
mandé d'employer l'électrisation avant toute intervention chirurgicale, 
d'autres ont considéré le traitement médical comme funeste par le 
retard apporté à l'opération, seule capable de sauver le malade. 

Le traitement de l'occlusion intestinale par l'électricité n'est donc 
point encore entré dans la pratique courante, et si quelques médecins en 
ont la notion, bien peu l'ont appliqué et beaucoup l'ignorent abso- 
luQïent. 

Le but de ce chapitre est de démontrer qu'il y a là un ouhji regret- 
table, injuste et que, au contraire, on peut attendre de l'électrisation 
judicieusement appliquée, un précieux concours dans Tocclusion intesti- 
nale, ou du moins dans certaines formes de cette affection. 

Ce n'est véritablement que depuis les beaux travaux de Duchenne de 
Boulogne sur Vélectrisation localisée^ que l'attention a été appelée sur 
l'utilité de ce moyen dans le traitement des constipations opiniâtres et 
des obstructions intestinales, et comme ce savant expérimentateur s'était 
servi presque exclusivement des courants induits pour ses études phy- 
siologiques et pathologiques, c'est à ces mêmes courants que, dans le 
principe, les médecins eurent recours, ainsi qu'en témoignent le plus 
grand nombre des observations d'occlusion publiées à cette époque et dans 
les années qui suivirent. 

Cependant, Leroy d'ÉtioUes avait déjà reconnu, en 1876, et Duchenne 
de Boulogne en avait fait lui-même la remarque, que les muscles lisses 
de l'intestin répondent mal aux excitations faradiques, si puissantes, au 
contraire, pour déterminer la contraction des muscles striés. Boudet de 
Paris insista plus tard (1882) sur cette distinction et il prouva que, seules, 
les excitations lentes et espacées des courants continus exercent une 
influence directe sur la contraction intestinale, que, dès lors, la galvani- 
sation doit être préférée à la faradisation dans le traitement des 
occlusions. 

Entre ces deux périodes caractérisées l'une par les travaux de 
Duchenne de Boulogne, l'autre par les recherches de Boudet de Paris, 



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88 RBVUB INTBRNATIONàLB D'éLBCTROTHéRAPIB 

ont paru, en France et à l'étranger, toute une série de mémoires sur la 
question qui nous occupe et dont voici quelques-uns : 

Considérations thérapeutiques dans V obstruction ou V étranglement intes- 
tinal (Tripier). 

Obstruction intestinale guérie par la faradisation (Keyhel). 

Iléus guéri par V électricité faradique (Macario). 

Occlusion intestinale par invagination (Bogdam). 

Bons effets de Vélectricité dans V étranglement et V engouement intestinal 
(Duteuil). 

Occlusion intestinale guérie par l'électricité (Dal Monte). 

Occlusion intestinale traitée par Vélectricité faradique (Fleuriot). 

Gtcérison (Tun cas d'obstruction intestinale par Vapplication de courants 
induits (Mario Gommi). 

Occlusion intestinale après traumatisme (Chouet). 

Considérations pratiques sur le traitement de l'invagination intestinale a 
l'occasion de trois cas guéris par Vélectricité (Bucquoy). 

Occlusion intestinale guérie par Vélectricité (Doyen). 

Thèse inaugurale (Ballouhey). 

Guérison par Vélectricité faradique d'un cas d'invagination et d'un autre 
d'accumulation de fèces (Gaubel). 

De V occlusion intestinale (Trappenard). 

Obstruction intestinale par un calcul biliaire^ expulsion du calcul par 
Vélectricité (Magnin). 

Note sur un cas d^ étranglement intestinal interne (Bérenger-Féraud). 

Guérison d'un cas d'occlusion par l'électricité (Henderneich). 

Occlusion intestinale guérie par Vélectricité faradique (Daviller). 

Inversion et faradisation combinées dans le traitement de Vétranglement 
interne (Follet). 

Obstruction intestinale. — Paralysie probable de Vintestin (Christison). 

Occlusion intestinale par volvulus (Kaczorowski). 

Obstruction intestinale par tumeur stescorale (Wharton). 

Iléus avec symptômes graves (Mac-Gormac). 

Invagination intestinale (Moutier). 

Deux cas d'occlusion, brides ^éritonéales stercorale (Boudet de Paris). 

Obse't^atioris d'obstruction intestinale dans le colon ascendant (Professeur 
Gornil). 

Traitement de Vocclusion intestinale par Vélectricité (Bloch). 

Note sur Vemploi des courants continus dans le traitement de Vocclusion 
intestinale (Monod). 

Du traitement de Vocclusion intestinale par Vélectricité (Rapport à 
V Académie de Médecine) (Hérard), 

On voit, par cette nomenclature, que tantôt, comme Duchenne de 
Boulogne, les opérateurs ont eu recours à Télectricité faradique, tantôt, 
comme Leroy d'ÉtioUes, au courant galvanique. 



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RRVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHéRAPIB 89 

Voyons si, actuellement, nous pouvons nous former une opinion sur 
la valeur de ces deux méthodes et sur les cas où il faut les appliquer. 

De nombreuses expériences physiologiques ont démontré que les 
muscles lisses sont difficilement excités par les courants faradiques. La 
raisoA en est toute physique ; le courant faradique procède par chocs 
d'une très courte durée, durée suffisante pour mouvoir le muscle strié, 
dont la contraction est vive, rapide, nette, mais insuffisaAte pour mettre 
en action la fibre lisse dont la contraction est, au contraire, caractérisée 
par un tracé graphique sous forme d'une ondulation allongée. 

Toutefois si, expérimentalement, sur l'intestin d'un animal sain on 
applique le courant faradique, on voit, au bout de quelques secondes, 
les mouvements péristal tiques se manifester activement. Mais si, artifi- 
ciellement, on diminue l'excitabilité de cet intestin, et le moyen le plus 
simple est de le distendre par insufflation d'air, de façon à produire la 
parésie par distension mécanique, on voit que le courant faradique, du 
moins dans la limite des doses médicales, reste inactif. Au contraire, le 
coarant continu, dans ces conditions, se montre tout à fait capable 
d'amener la contraction intestinale, et si, au lieu de laisser s*écouler le 
coarant dans le même sens, on a soin de faire quelques inversions, on 
constate que l'intestin se contracte non moins énergiquement que s'il 
.n'était pas distendu. 

Théoriquement, comme en cas d'occlusion intestinale, on se trouve 
toujours en présence d'un intestin plus ou moins parésié, soit par 
distension, soit par abus des irritants intestinaux, soit par choc opéra- 
toire, soit par épuisement de la contractilité à la suite de longs et vio- 
lents efibrts ; il est donc préférable, semble-t-il, de s'adresser au cou- 
rant continu. 

Mais un obstacle s'est longtemps opposé à ce mode d'électrisation. 
Cet obstacle naît de l'action chimique ou électroly tique des courants de 
pile, car il y a lieu de se préoccuper de la formation possible d'eschares, 
non seulement au niveau des excitateurs, mais même dans une certaine 
zone autour de l'électrode intestinale. 

En fait, le problème à résoudre était celui-ci : faire passer dans Tin- 
te^tin un courant galvanique d'intensité suffisante pendant un temps 
assez long, de façon à emmagasiner une quantité considérable d'énergie 
et, en même temps, éviter l'action chimique locale au niveau des exci- 
tateurs. 

C'est un point qui a été heureusement résolu par M. Boudet de Paris, 
à l'aide du lavement dit électrique, qui a l'avantage de répartir l'élec- 
tricité sur une large surface intestinale. 

Avant lui, toutes les fois qu'on a eu recours à Télectricitë galvanique, 
on se servait, comme pôle intestinal, d'une sonde métallique, et, de deux 



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90 RBVUB INTBR NATION ALB d'ÉLBGTHOTHÉRAPIB 

choses Tune : ou le courant dépassant 30 millièmes d'ampères produi- 
sait une eschariâcation plus ou moins profonde de la muqueuse, ou, 
moins intense, son action sur le système nerveux abdominal n'était pas 
suffisante. Donc, échec d'un côté, danger de l'autre. C'est évidemment 
à ces causes qu'il faut attribuer la faveur dont l'électricité faradique a 
été l'objet pendant de longues années. 

Aujourd'hui, je crois qu'il faut réserver cette dernière forme pour 
des cas rares ou y recourir quand on n'a pas sous la main l'instrumen- 
tation nécessaire pour appliquer le courant galvanique. 

Je passerai donc, sans plus tarder, à la description du manuel opéra- 
toire du lavement électrique. 

L'instrumentation se compose : 

1^ D'une batterie à courants continus capable de donner 50 millièmes 
d'ampères avec 1,000 ohms de résistance. Le type en est indifférent, 
pourvu que ce but soit atteint. 

2^ D'une large plaque métallique recouverte d'une couche d'agaric 
et de peau de chamois de 9 centimètres sur 12, ou même de deux de 
ces plaques accouplées; on a tout intérêt, en effet, à étendre autant que 
possible les surfaces d'application, afin de diminuer la densité du 
courant ;, 

2^ D'une sonde en gomme, munie d'un mandrin métallique creux 
auquel s'adapte un tube de caoutchouc et sur lequel peut se visser la 
goupille du fil conducteur reliant le mandrin à la batterie galvanique. 
La sonde en gomme est pourvue d'un œil, placé sur le côfé, à environ 
2 centimètres de son extrémité ou d'une ouverture située tout à fait à 
l'extrémité de la sonde. Dans ce cas, le mandrin métallique doit s'arrêter 
à 2 centimètres en arrière; 

4° Enfin d'un irrigateur ordinaire rempli d'eau tiède et salée, à satu- 
ration, avec du gros sel. Les plaques, bien imbibées d'eau tiède, sont 
placées sur l'abdomen du malade et reliées tout d'abord' au pôle négatif 
de la batterie. La sonde, munie de son mandrin, est introduite dans le 
rectum aussi profondément que possible. Dans certains cas la sonde 
pénètre facilement dans toute sa longueur; dans la majorité des cas, au 
contraire, on est arrêté dans l'ampoule rectale, et si parfois on peut 
trouver le bout supérieur de l'intestin avec un peu de tâtonnements et 
de patience, souvent aussi on est obligé de se contenter de placer le bec 
de la sonde dans l'ampoule, devenue infranchissable par suite d'une 
courbure de l'intestin ou d'une compression de sa paroi occasionnée par 
les gaz accumulés au-dessus, ou encore par suite de la présence d'une 
tumeur organique ou stercorale. 

Le but que l'on se propose, en faisant pénétrer aussi profondément 
que possible le bec de la sonde, est d'introduire la masse d'eau salée 



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RBVUB INTERNATIONALE D*ÉLECTROTHèRAPIB 91 

constituant le lavement dans une partie de l'intestin ou les réflexes, 
provoquant la défécation, sont plus actifs. 

La sonde étant donc introduite comme il vient d'être expliqué, le tube 
de caoutchouc qui y fait suite est adapté à la canule de Tirrigateur et 
un fil conducteur relie alors le mandrin au pôle positif àe la batterie. 

Les choses ainsi disposées, le robinet de Tirrigateur est entr*ouvert. 
On laisse lentement passer la moitié de son contenu dans Tintestin ; Teau 
salée traverse Tintestin, s'y électrise et remplit l'intestin en portant 
Téleciricité sur tous les points où elle entre en contact avec la muqueuse. 
Elle joue, par le fait, le rôle d'un excitateur liquide très étendu, et, 
comme la surface d'action du courant est très grande, on peut employer 
des intensités notables sans provoquer de douleur. La quantité d'électri- 
cité à envoyer à l'intestin dépend, du reste, de l'état du malade et de la 
cause de l'occlusion. On peut toutefois fixer comme limites extrêmes de 
l'intensité du courant au minimum 10 millièmes d'ampères et au maxi- 
mum 30 : la durée d'application pour chaque séance oscille entre cinq 
et vingt minutes. 

Dans beaucoup de cas, tels que les pseudo- étranglements et les 
obstructions par matières stercorales, le courant continu sans secousses 
est suffisant; mais, lorsqu'il faut vaincre un obstacle, il est nécessaire 
d'ajouter des excitations plus énergiques. Dans ce cas, après avoir fait 
passer le courant continu pendant cinq à six minutes, on le renverse, 
en ramenant préalablement à zéro laiguille du galvanomètre, puis en 
conduisant la manette du collecteur au point qu'elle occupait précédem- 
ment. A ce moment une contraction intestinale se produit presque inva- 
riablement, accompagnée d'un vif besoin de défécation. 

Le malade doit résister, autant que possible, à ce besoin, mais il ne 
larde pas à ne plus pouvoir s'en rendre maître. C'est à ce moment qu'on 
doit interrompre le courant, retirer la sonde et conseiller au patient de 
faire tous ses efforts pour expulser les matières fécales. 

Il se passe alors une des trois choses suivantes. Ou bien il se produit 
une évacuation abondante, une véritable débâcle. Dans ce cas, qui est 
rare à la suite d'une première séance, l'intervention électrique a achevé, 
son œuvre et quelques lavements ou purgatifs suflSsent postérieurement 
à vider l'intestin. 

Ou bien quelques matières sont évacuées on purée mélangées de 
quelques gaz. 

Ou, enfin, le lavement est rendu, à peine teinté, avec ou sans gaz. 

Dans les deux dernières hypothèses, il y a lieu de recommercer, non 
point immédiatement, car le malade est fatigué par les efforts qu'il vient 
de faire, mais sept ou huit heures après. On peut, en somme, faire trois 
applications en vingt-quatre heures. 



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92 RBVUB INTERNATIONALB D*BJ.BGTROTHÊRAPIB 

> ' ' ' . 

Telle est la technique de la galvanisatiou intestinale par le moyen du 
lavement électrique. Examinons maintenant quels sont les résultats 
thérapeutiques : 

Boudet de Paris, dans une statistique qui repose sur cent cinquante 
cas, compte 70 **/o de succès opératoires; En ce qui me concerne, j'ai 
appliqué, actuellement, le lavement électrique deux cent trente fois et, 
sur ces deux cent trente cas, j'ai obtenu la libération de l'intestin 
cent une fois. La proportion de n>es succès est donc inférieure à celle 
qu'a noté Boudet de Paris, mais reste néanmoins satisfaisante. Tous mes 
cas ont été vus en collaboration avec des confrères qui me mandaient 
auprès de leurs malades. Parmi ces confrères, la moitié, au moins, sont 
des médecins des hôpitaux. Ma statistique est donc contrôlée et il me 
serait facile d'appeler en témoignage mes confrères et mes maîtres. 

Il me paraît donc inutile d'insister autrement pour démontrer la 
valeur thérapeutique de l'électricité dans l'occlusion intestinale, 

Nous avons maintenant à nous préoccuper des indications et des 
contre-indications de la méthode, de la période à laquelle elle doit être 
appliquée, enfin du pronostic suivant les différents cas. 

En Ce qui concerne les indications, la question théorique est très facile 
à résoudre. Il est évident qu'un volvulus n'a aucune chance d'être levé 
par une excitation intestinale quelle qu'elle soit; il en est de même d'une 
bride très serrée ou d'une coudure de l'intestin maintenue par des 
adhérences. En somme, tout obstacle mécanique infranchissable, soit 
extérieur à l'intestin, soit contenu dans sa cavité, n'est justiciable que 
de l'intervention sanglante. Toutes les fois, au contraire, que l'obstacle 
peut être levé par une contraction très énergique de l'intestin, comme 
cela se présente dans l'obstruction stercorale^ la parésie intestinale, 
l'entérapton, la compression par une tumeur, à la condition que cette 
compression ne sdit pas absolue, la présence d'un corps étranger dans la 
cavité intestinale, l'électrisation est indiquée. 

Ainsi envisagée, la question paraît bien simple ; elle est, au contraire, 
d'une complexité et d'une difficulté extrêmes, si on considère les faits 
et non la théorie. 

Dans l'immense majorité des cas, que constate, en effet, le médecin 
appelé auprès d'un malade atteint d'occlusion? Il se trouve en présence 
d'un ventre météorisé, sensible au palper, qui rend toute exploration 
directe à peu près illusoire ; le toucher rectal en fournit que très rare- 
ment une indication utile, et on est obligé pour déterminer la cause de 
l'occlusion de s'en rapporter aux commémora tifs. Or, les commémoratifs 
peuvent bien permettre de former une hypothèse, de se rapprocher de 
la vérité, mais ils ne permettent, autant dire jamais, de se former une 
opinion arrêtée, de faire un diagnostic ferme. Pour peu qu'on ait 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÈRAPIE 93 

quelque expérience en pareille matière, on est obligé de convenir que 
la sagesse consiste à réserver son opinion et que les déductions les plus 
logiques qui ne reposent que sur des commémoratifs ne peuvent servir 
de base sérieuse pour un diagnostic précis. 

La plupart des auteurs qui se sont occupés du traitement de Tocclusion 
intestinale, ne semblent pas avoir tenu compte, de ces difficultés. Il 
semble, à les entendre, qu*il suffit pour se tracer une règle de conduite, 
— et cette détermination est grave puisqu'il s'agit ou non d'une lapa- 
rotomie, — qu'il suffit, dis- je, d'établir le diagnostic pour savoir si on 
doit ou non demander à la chirurgie son concours immédiat. Ifs n'a- 
joutent pas que ce diagnostic est presque impossible la plupart du 
temps. 

Nous voici donc ramenés à la réalité. Un malade se présente à nous, 
atteint d'occlusion intestinale, à cause indéterminée. Comment agir? Un 
grand nombre de chirurgiens disent : Il faut, sans plus tarder, ouvrir le 
Yentre, parce que l'opération réussit d'autant mieux qu'elle est plus 
précoce. C'est vrai, jnais néanmoins cette opération reste grave, une des 
plus graves de la chirurgie. Qu'on fasse la laparotomie ou l'anus iliaque; 
dans le premier cas, la mortalité est énorme, dans le second cas, il 
reste, en suite de l'opération, une infirmité dégoûtante à laquelle nombre 
de malades, avertis, préfèrent la mort. 

Les progrès de l'antisepsie ne semblent pas, du reste, devoir atténuer 
le pourcentage de la mortalité dans une proportion considérable. L'in- 
fection est, ici, impossible à éviter : ce n'est plus du dehors seulement 
que sa venue est à craindre, mais du dedans. 

L'intestin distendu, rempli de matières fécales anciennes fermentées, 
d'une toxicité particulièrement intense, laisse filtrer des produits toxiques 
à travers sa paroi, et il est fréquent que, malgré l'habileté de l'opérateur 
et les soins antiseptiques pris, le péritoine s'infecte. D'après Peyrot, la 
mortalité serait de soixante-quatre pour cent. Dans une statistique 
récente de Schramm, la mortalité aurait été de cinquante-huit pour 
cent. 

Toute opération li'occlusion intestinale reste donc et restera extrême- 
ment grave, et il est naturel, semble-t-il, dans ce cas, de tenter les 
moyens médicaux que nous avons à notre disposition et qui, loin de ne 
« servir qu'à retarder la seule intervention véritablement indiquée », 
comme l'a prétendu M. Chaput avec une exagération manifeste, sont au 
contraire* très utiles et ont sauvé les malades au moins autant de fois 

que l'intervention chirurgicale. 

(.4 suivre.) 



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94 REVUB INTERNATIONALB D'âLBCTROTHéRAPIB 



VARIÉTÉS 



Des courants de moyenne et faible intensités dans les applications 
électriques, par le ly W. H. Walling, de Philadelphie. 

Les forces de la nature agissent, en règle générale, d*une manière douce et à 
peine perceptible. 

Si, toutefois, \\ arrive une violente perturbation^ la réaction devient alors 
aussi accusée que l'excitation qui l'a provoquée : parfois même elle semble la 
dépasser. Ce n'est nulle part aussi évident que dans l'application du courant 
électrique aux tissus délicats du corps humain. Les partisans des courants de 
haute intensité ont été beaucoup plus nombreux dans un temps pas trop reculé 
qu'ils n^ le sont maintenant, fort heureusement. Les imitateurs d'Apostoli — et 
leur nombre est légion — insistent souvent sur l'emploi de courants énergiques 
simplement parce que cet innovateur le faisait un jour, et probablement ri^i 
que pour cette raison. 

Tout en ne voulant pas proscrire les courants forts là où ils trouvent leur indi- 
cation spéciale, je les proscris cependant d'une façon générale. 

Qu'est-ce qui constitue un courant fort dans la pratique gynécologique? L'un 
comprend sous cette désignation un courant de 250 milliampères, l'autre celai 
de 150; pour le troisième, il faudrait atteindre 500 milliampères avant de le dési- 
gner comme très fort. Pour ma part, je prends la limite bien au-dessous de ces 
chiiTres-là. En effet, j'ai vu relater des cas où 50 milliampères étaient d'une haute 
intensité. 

La valeur de l'intensité du courant doit être exactement proportionnelle au 
besoin du cas, qu'il s agisse d'un ou de i 00 milliampères. Là où 1 mm. est indiqué, 
2 mm. seraient d'une intensité trop grande, et cela doit être déterminé par un 
examen préliminaire et par un diagnostic non seulement physique, mais aussi 
électrique. De même qu'une certaine perspicacité pratique est nécessaire pour 
faire un bon diagnostic physique, de même un tact et une expérience spéciale 
sont indispensables pour établir un bon diagnostic électrique. 

Dans toute ma pratique du traitement des fibromes utérins, je n'ai jamais 
dépassé l'intensité de 125 mm. en application intra-utérine, et encore n'ai-je 
atteint cette limite qu'une seule fois. 

Toutes mes applications, en dehors de ce cas unique^ ont été faites avec des 
courants ne dépassant pas 75 mm., et ordinairement avec l'intensité de 30 à 50 mm. 
Et j'ai obtenu de bons résultats. Des cas qui, entre les mains des autres opéra- 
teurs qui se servaient de 150 à 200 mm., présentaient des réactions très vio- 
lentes allant même jusqu'aux péritonites, non seulement ne donnaient lieu à 
aucun symptôme désagréable sous mon traitement modéré de 30 mm., mais en 
surplus réalisaient des progrès considérables sur la voie de la guérison. 

Mais ce n'est pas seulement dans la pratique gynécologique qu'on obtient de 
bons résultats au moyen de courants modérés. Beaucoup, sinon la plupart des 
cas neurologiques, évoluent d'une manière beaucoup plus favorable sous l'in- 
fluence des applications de basses intensités que de celles qu'on voudrait consi- 
dérer comme intensités moyennes. 

Je pourrais citer nombre de cas qui ont passé sous mon observation et mon 



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RBVUE INTBRNATIONALB D'èLBCTROTHBRAPlE 95 



traitement, mais je me bornerai à ne relater que deux cas de chaque catégorie — 
gynécologique et neurologique. 

M'"^' B .., âgée de quarante ans, avait été soignée fort longtemps pour une 
tumeur fibroïde de l'utérus, par des séances de courants continus de 150 mm. 
Ce traitement avait été suivi de longues souffrances qui avaient cloué la malade 
au Ut. Les explications que la malade m*a fournies sur la nature de cette maladie 
m'ont fait comprendre qu'il s'agissait d'une péritonite. Il n'y avait qu'une minime 
ou aucune diminution de la tumeur. En effet, la réaction à la suite des courants 
énergiques était si violente que je m'étonnais même que la tumeur n'eût pas 
plutôt augmenté de volume. J'ai pris la malade sous mon observation, je l'ai 
soignée par des courants de 30 mm., trois fois par semaine, et j'ai obtenu une 
amélioration considérable de tous les symptômes et une réduction graduelle de 
la tumeur. La démonstration en faveur de moyennes ou même de basses intensités 
dans ce cas relaté a été complète. 

M"» C..., âgée de trente- huit ans, mère de deux enfants, depuis son second 
accouchement est atteinte d'un fibrome utérin, lequel continue à augmenter de 
dimensions. Elle a été proclamée incurable par un gynécologiste éminent. Sans 
entrer dans les détails, il suffît de dire que, au bout de huit mois d'applications 
iaira-utérines do courants ne dépassant pas 30 milliampères, elle a été complè- 
tement guérie. L'utérus a repris ses dimensions normales. Ces données ont été 
vérifiées par un autre gynécologiste éminent qui a examiné la malade sur ma 
demande personnelle et sans rien savoir des conditions antérieures. 

J. K .., âgé de trente ans, agriculteur, est atteint d'ataxie locomotrice, résultat 
de privations et d'excès de différents genres. J'ai essayé la franklinisation et la 
galvanisation, et les faibles courants galvaniques descendants, de 5 à 10 milliam- 
pères, m'ont donné de meilleurs résultats que les courants forts. De même, 
contrairement aux assertions de la plupart des auteurs classiques, de petites 
étincelles d'un quart à un demi-pouce de longueur agissaient mieux que de plus 
fortes. Sous ces faibles application?, le malade a été très amélioré d'une manière 
durable. 

G. F.. , âgé de quatre-vingts ans, ingénieur, est atteint de sclérose latérale de 
la moelle épinière. Démarche spastique ; les réflexes patollaires sont énormément 
exagérés ; contracture des fléchisseurs des deux jambes. Avait été pendant fort 
longtemps sans traitement médical. Est venu me consulter en décembre 1890. 
Un examen électrique minutieux m'a décidé en faveur de faibles courants descen- 
dants, et pendant longtemps, je ne me servais que de 5 milliampères, faisant trois 
•éances par semaine durant tout l'hiver. Il y avait une amélioration considérable. 
Le traitement a été interrompu pendant l'été et repris vers la fin de la saison, 
de la même façon, sauf plusieurs semaines où. les séances étaient quotidiennes. 
En décembre 1891, croyant pousser les choses plus vite et prenant en considé- 
ration l'opinion des auteurs, je me suis hasardé à me servir à deux reprises d'un 
courant de 50 milliampères. La première application de cette intensité a été 
suivie d'une amélioration apparente vraiment remarquable, et le malade affirmait 
que jamais il n'avait marché aussi bien pendant les dernières années. La seconde 
application énergique a réagi dans le sens diamétralement opposé. Il s'en est 
suivie une aggravation, évidemment irréparable, car je n'ai jamais plus réussi à 
le ramener dans Tétat où il était avant la première application énergique. 

On m'a posé la question : « Quels effets pouvez- vous attendre dans un cas 
pareil d'un courant aus-i insignifiant que 5 milliampères? » Ma réponse fut : 
« Je sais simplement que j'ai obtenu des résultats excellents ». Dans toutes mes 



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Ô6 RBVUB INTERNATIONALE d'ÈLECTROTHÔRAPIE 

observations, il y a des résultats, de bons résultats auxquels nous aspirons^, et 
si ces bons résultats sont obtenus au moyen de 5, 3, 1 ou 1/2 miUianipère, 
pourquoi voudrions-nous risquer de plus grandes intensités? 

La D' Sperling, dont le Journal of Therapeuties a donné la traduction dans 
sa livraison de juillet 1892, cite dans son travail une observation de tabès, où 
des courants galvaniques très faibles ont donné un résultat des plus excellents, 
tandis que les courants forts, employés avant ceux-ci, n'ont fait que du tort. 
On y trouve d'autres observations se rattachant aux différentes affections, où des 
courants d'un ou d*un demi-milliampère pendant une minute ont donné des 
résultats satisfaisants. 

Des doses pareilles d'électricité semblent, pour la. plupart des opérateurs, 
comme des quantités minimes et négligeables en pratique; mais si l'on consi- 
dère que pour franchir l'énorme résistance qu'offre le corps humain et pour y 
faire pénétrer ces courants d'apparence si minime, il faut encore un certain 
voilage et ampérage et une quantité sufOsante de coulombs, on obtient des quan- 
tités et des intensités assez appréciables, et si elles suffisent dans beaucoup de 
cas pour produire les effets désirés, donc ces courants sont les mieux appropriés 
à notre usage thi^rapeutique. 

Chez certaines personnes, les grands centres nerveux son très susceptibles aux 
effets des courants électriques. Les applications énergiques faites aux parties 
les plus éloignées du corps les affectent par réflexe d'une manière très f&cheus^. 
Certes, il y a des gens qui'T)euvent supporter les chocs les plus violents pro- 
duits par des dynamos, sans en souffrir aucunement; mais dans nos applications 
médicales nous avons affaire à des conditions pathologiques, et il faut que nous 
soyons bien sûrs de notre terrain avant de marcher dessus. Je ne saurais donc 
pas trop insister devant ceux qui débutent sur le champ d'électrothérapie, sur 
la nécessité absolue de faibles courants électriques. 

{Trad. The Times and Regisler], 



.NOUVELLES 



Le récent meeting de V Association Américaine d'Électroifiérapie ^élnlts 
membres suivants pour l'annéQ 1893 : 

Président : August H. Goelet, New- York. 

Premier Vice- Président : D»" Wm. F. Ilutchinson, de Providence, R. I. 

Second Vice-Président : W. J. Ilerdman, de Ann Arbor, Mich. 

Secrétaire : D^ M. A. Gleaves, de New- York. 

Trésorier : D*" R. J. Dunn, de Savannah, Ga. 

Comité exécutif : D'' W. J. Morion, de New-York; D»" G. Bellon Massey, 
de Philadelphie; D"^ Robert Newmann, de New- York; D** Chas. R. Dickson, 
de Toronto (Canada); D^ J. H. Kellogg, de Battle Creek, Mich. 

Le prochain meeting se tiendra à Philadelphie. 

Le Propriétaire-Gérant : P' O. OAITTIER. 

Paris. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Caire, 8 et 10. 

Usine à vapeur et Ateliers, rue des Filles-Dieu, 8 et xo. 



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a»» Annêb. Novembre 1892. N* 4. 



REVUE INTERNATIONALE 

ORGAHE OFFICIEL DE LA SOCIÉTÉ FRAIICAISE DILECTROTHÉRÀPIE 



SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'ÉLECTROTHÉRAPIE 



SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1892 



Présidence de M. le professeur G A RI EL 



i^ Le courrier comprend les demandes de candidatures : 

De ( Parrains: H. Gautier, j 

^ M. le professeur SBMMOLA, < Dbsgourtis, J lapporlear, M. LARAT. 

de Naples. ( Pinard. ; 

De ( Farraiei : II. Larat, | 

M. le D»" VERHOOGEN, Dbsgourtis, > lapporteir, M. GAUTIER, 

de Bruxelles. ( s Pinard. ) 

2° Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. 

3» MM. les D" Régnier et Vaucaire, de Paris, Guimbail, de Neuilly, sont 
élus membres de la Société. 

4<> M. le Secrétaire général lit une lettre de M. Brouardel, doyen de la 
Faculté de Médecine de Paris, autorisant la Société à installer une exposition 
d appareils et d'instruments ayant trait à l'électrothérapic, pendant les 
vacances de Pâques 1893, dans les salles des travaux pratiques de physique 
à la Faculté. 

Celte exposition aura lieu le vendredi et le samedi de la semaine de 
Pâques. 

Le comité d'organisation est composé de M. le professeur Gariel, président 
de la Société ; de MM. les D" Tripier, Gautier, Vogt et de M. Gaiffe, cons- 
tructeur. 

Les médecins et cons^lructeurs qui désireront y prendre part sont priés de 
s'adresser dès maintenant à M. le D*" Vogt, 28, rue Saint-Lazare. 



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1 



9S REVUE INTERNATIONALE D*BLBCTR0THÉRAP1B 

50 M. le Trésorier donne leclure des comptes de Tannée 1891. 
La liste des membres de la Société comprenait, à la fin de Tannée 1891, 
soixante-douze sociétaires. 

Le total des receltes s'est élevé à. 1 .820 fr. 

Le total des dépenses — 667 oO 

Excédent 1 .152 50 

Dans la séance du mois de décembre, sera soumis le compte rendu de la 
situation financière de la Société pendant Tannée 1892. 

MM. Bonnefin, Voëlker et Dignat sont nommés pour examiner la gestion 
des intérêts de la Société pendant Tannée 1891. 

M. le D»" Apostoli a la parole pour lik-e une note sur les applications nou- 
velles du courant alternatif sinusoïdal en gynécologie. 



Note sur les applications nou vielles du courant alternatif 
sinusoïdal en gynécologie 

Par le D' G. APOSTOLI. 

Lorsque M. le piofesseur d^Aisonval, dans ses diverses communications à 
la Société de Biologie, à TAcadémie des Sciences et ici même, dans notre 
Société, en mai et juin 1891, eut fait connaître les piopriélés physiolo- 
giques des courants allernatifs sinusoïdaux, chacun de nous a compris 
qu'une grande révolution thérapeutique allait s'accomplir. 

Eu créant de toute pièce une physiologie nouvelle basée sur la suractivité 
des échanges gazeux respiratoires, il a ouvert la porte à une thérapeutique 
nouvelle qui en découlait; aussi a-t-il pu dire, avec beaucoup de vérité, 
« qu'il croyait ces nouveaux courants très aptes à produire les effets 
frophiques quon a demandés jusqu'à présent aux courants continus, f 

De la physiologie aussi savamment interprétée à la thérapeutique, il n'y 
avait, en eiîet, qu'un pas, et chacun de nous a eu à cœur de le franchir au 
plus vite pour affirmer par les résultats cliniques ce qui avait été si bien 
exposé, vu ou pressenti par M. d'Arsonval. 

L'outillage nécessaire à cette nouvelle conquête électro thérapeutique a été. 
pour chacun de nous, tout d'abord, une première difficulté que nous 
n'avons encore résolue qu'en partie. 

M. le D»* Larat a eu le mérite d'appliquer le premier les idées de M. d'Ar- 
sonval et de nous apporter, dans la séance du 18 juin 1891, une nouvelle 
machine à courant alternatif, fort ingénieuse, mais incomplète encore, car 
elle fournit des courants alternatifs non sinusoïdaux qui donnent une onde 
saccadée et non régulière, en raison de la chute de potentiel inévitable quand 
on passe d'un élément à Tautre; elle ne permet, en outre, d'obtenir qu'im 



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REVUE INTERNATIONALE O'éLECTROTHÉRAPIB 99 

nombre d'allernances très faible, en raison de sa construction spéciale, si on 
veut bien conserver la régularité de son débit. 

N ayant pas encore la machine de M. d'Arsonval à vrai courant sinusoïdal, 
M. Larat a eu l'obligeance de mettre à ma disposition (ce dont je le remercie 
publiquement) un appareil semblable à celui qu'il venait de présenter à notre 
Société, pour me permettre de faire, parallèlement aux recherches qu'il 
allait commencer sur l'atrophie musculaire et diverses paralysies, toutes les 
applications qui me paraissaient utilisables en gynécologie. 

M. Larat, dans sa communication au Congrès de Marseille (septembre 1891), 
publiée dans la Revue inleimationale d'Éleclrot/iérapie de novembre 1891, 
s'exprime ainsi : 

< Enfin , je terminerai cette nomenclature de nos efforts par un mode 
(£ application tout nouveau venu, puisque le premier appareil qui débile 
cet ordre de courants vient à peine d'être terminé. Il s'agit des courants 
sinusoïdaux, autrement dit des courants alternatifs dépourvus de chute 
bmsque de potentiel. Notre éminent maître d'Arsonval, expénmentant ces 
courants sur des animaux et sur lui-même, leur a trouvé une telle 
influence sur les phénomènes nutritifs qiie, si les espérances conçues se 
Téalisent^ nous tenons là le remède le plus puissant des atrophies muscu- 
lairea et un excitant hors de pair du système nerveux, D'Arsonval a fait 
canstruire un collecteur pour recueillir ces courants; fen ai fait établir un 
autre reposant sur une donnée différente; il ne manque donc plus que 
r expérimentation sur le malade. Pour ma part, fai déjà utilisé mon 
aijpareil sur des paralysies infantiles, et les résultats que f obtiens sont 
rt^marquables, si je m'en tiens à une observation assez récente et qui n'a 
guère plus de trois mois. Mon ami Apostoli, qui a bien voulu faire cons- 
truire un collecteur de mon type, va porter ses recherches sur les affections 
dans le traitement desquelles il est passé maître, » 

La question était donc entrée à pleines voiles dans le domaine de la 
pratique, et plusieurs d'entre nous s'étaient immédiatement mis à l'œuvre 
à la suite de d'Arsonval et de Larat, chacun dans la direction où l'entraînait 
ses éludes ou recherches spéciales. 

C'est sur ces entrefaites que deux notes importantes sur ce sujet ont été 
lues devant vous. Tune en juillet 1891 par M. Gautier, et Tautie en novembre 
dernier par notre maître le D*" Tripier. 

Je vous demande la permission de m'arrèler sur chacune d'elles un instant. 

M.Gautier a lu une note sur « la valeur des courants continus alteimalifs 
dans le traitement des fibromes, de l'occlusion intestinale et de la consti- 
pation. ^ 

Je ne retiendrai pour le moment de cette lecture que ce qui a trait aux 
applications gynécologiques. 



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100 RBVUE INTERNATIONALE d'ÉLECTROTHÉRAPIB 

■ ■ ■ » ' ' ' ' ■ 

M. Gautier a employé des courants de pile allernatifs, mais non sinusoî- 
dauXy qui n'ont pu et dû lui donner qu'une réponse très imparfaite en raison 
de la rareté des alternances et des chutes brusques de potentiel donnant 
une onde électrique saccadée, avec des réactions douloureuses et musculaires 
que nous devons nous efforcer d'éliminer. 

Aussi ses conclusions cliniques, basées sur l'observation de Hurr malades 
atteintes de fibromes de l'utérus, sont si peu satisfaisantes, qu'après avoir 
décrit l'aggravation de l'élat symplomalique de ses malades, M. Gautier 
conclut ainsi : « Lobservation semble donc démontrer que les courmits 
alternatifs sont nuisibles à la cure sytnptomatique des fibromes, et je O'ois 
que c'est tout à fait gratuitement quon a supposé et admis que les renver- 
sements pouvaient être employés dune manière lUile dans cette maladie. » 

Le sujet était donc resté à l'élude et entièrement neuf au point de vue de 
l'action thérapeutique du vrai courant sinusoïdal, à alternances assez nom- 
breuses, en gynécologie. 

Le 19 novembre 1891, M. Tripier a lu devant nous une note intitulée : 
ft Essai des courants continus alternatifs de la 7nachine de d'Arsonval. » 
Cette note concise et sans aucune prétention, constitue toutefois la première 
et véritable étape de la découverte de d'Arsouval transportée dans le domaine 
de la clinique. M. Tripier étudie les (éaclions physiologiques du courant 
sinusoïdal et décrit ses recherches cliniques et thérapeutiques tirées de 
l'observation de dix malades. 

Cette note, dont je vous recommande la lecture, est très suggestive et du 
plus grand intérêt, car elle porte comme d'habitude l'empreinte du clinicien 
consommé qui a fondé l'électrolhérapie gynécologique et auquel chacun de 
nous est heureux de rendre hommage. 

C'est peu de temps après que MM. Gautier et Larat ont utilisé médica- 
lement, les premiers, « les courants alternatifs à haut potentiel » de réclai- 
rage de la Ville, à Taide de bains destinés à généraliser l'action trophique des 
nouveaux courants. 

MM. Gautier et Larat ont obtenu la réponse thérapeutique aux inductions 
cliniques si bien posées par M. d'Arsonval. Nous devons les remercier de 
tous leurs efforts, qui ont été couronnés de succès dans le domaine de la 
thérapeutique générale appliquée surtout aux diathèsos ou aux maladies par 
ralentissement de la nutrition. Les communications successives qu'ils ont 
faites, jusqu'à la dernière du Congrès de Pau (en septembre dernier), ont été 
la confirmation des i)rémisses qu'ils avaient posées le 29 février 1892 devant 
l'Académie des Sciences. 

Le seul point qui est attaquable dans leur thérapeutique, c'est qu'ils se 
sont écartés des données fournies par M. d'Arsonval et qu'ils ont utilisé le 
courant alternatif delà Ville, qui ncst nullement sinusoïdal, etqui doit, par 



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REVUE INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÉHAPIE 101 

sa courbe ondulée, donner lieu à des réaclions nerveuses et motrices qu'il y 
aurait tout intérêt à écarter. 

C'est ce que j*ai parfaitement vu lorsque j'ai, pour la première fois, appli- 
qué Talternateur de M. Larat à Tutérus et que j'ai comparé les réactions 
ainsi perçues aux réactions semblables; mais très atténuées, que donne 
lalternateur sinusoïdal de M. d*Arsonval. Aussi M. d'Arsonval a-t-il pu 
dire avec raison, en présentant la note de MM. Gautier et Larat devant la 
Société de Biologie, le 12 mars 1892 : « Ces messieurs n'opèrent pas tout à 
fait dans les conditions que fax définies : leurs courants ont un peu trop 
de fréquence et s'accompagnent d'une action sur le muscle^ de sorte qu'on 
a un mélange des effets produits par la variation sinusoïdale et le bain 
faradique généralisé de A, Tripier, Les résultats n'en sont pas moins 
intéressants à signaler. » 

Malgré toute ma diligence, je n'ai pu faire installer l'appareil de 
M. d'Aïsonval qu'au commencement de cette année-ci à ma clinique, et c'est 
de mes pj^emiers essais que je viens aujourd'hui très sommairement vous 
entretenir. 

Je dis à dessein que ce sont des essais car, quoiqu'ils portent aujourd'hui 
sur une période de huit mois, ils n'ont pas la prétention d'avoir tout vu et ne 
sauraient constituer qu'une étape préliminaire, préparatoire, à la thérapeu- 
tique gynécologique sinusoïdale de l'avenir. 

Du mois de mars au mois d'août 1892, j'ai pu mettre en trailemeot 
TRENTE-QUATRE malades, grâce au concours dévoué de mes excellents et 
distingués collaborateurs, MM. les D" Grand et Lamarque. 

Je ne vous décrirai pas l'appareil de M. d'Arsonval que vous connais- 
sez tous et dont M. Gaiffe vous a montré un spécimen dans la séance du 
19 novembre 1891. 

Cet appareil a d'abord été actionné par la pédale d'une machine à coudre; 
il est maintenant mù par un moteur qu'actionnent quatre accumulateurs, ce 
qui rend la tâche du médecin beaucoup plus facile. En régularisant le débit 
de l'instrument et en rendant sa vitesse uniforme (vitesse que l'on peut gra- 
duer volontairement à l'aide d'un rhéostat), on augmente ainsi la tolérance 
acquise par les malades. 

Dans cette note je veux me cantonner aujourd'hui sur le terrain 
strictement clinique et ne désire vous parler que des résultats thérapeutiques 
obtenus. ' 

Depuis la rentrée des vacances seize nouvelles malades sont en cours 
de traitement, mais leur observation est trop récente pour que je veuille 
maintenant en tenir compte. Je ne veux donc porter mon étude actuelle que 
sur les TRENTE-QUATRE malades qui avaient été observés par moi au mois 
d'août dernier, et dont la plupart ont été revues après les vacances. 



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102 RBVUB INTBRNATIONALB D'âLBCTROTHÉRAPlB 

Parmi ces trente-quatre malades, je compte douze fibromes et vingt- 
deux affections des annexes, qui ont subi au total, jusqu'au mois d août, 
trois cent vingt séances (depuis lors, ce chiffre s'est accru considérablement 
de tout l'appoint de mes nouvelles applications). 

Toutes mes trente-quatre malades ont subi une thérapeutique sinu- 
soïdale uniforme : un pôle sous la forme d'hystéromèlre étant placé dans 
r utérus et le circuit étant fermé sur le ventre par une plaque de terre glaise. 
La durée de chaque séance a toujours été de aNQ minutes; elles ont été 
renouvelées assez régulièrement deux à trois fois par semaine. 

Toutes ces trente-quatre malades ont été scrupuleusement observées, et 
leur histoire symptomatique a été notée au jour le jour avec le plus grand 
soin par mon assistant, M. Deletang. 

Plusieurs de mes malades, avant d'être soumises au courant sinusoïdal, 
avaient déjà subi une ou plusieurs applications antérieures de courants, soit 
faradiques, soit galvaniques; d'autres étaient vierges de tout traitement 
électrique antérieur. J'ai ainsi pu comparer, tout d'abord, la valeur théra- 
peutique des résultats obtenus suivant les diverses modalités électriques, et 
cette comparaison a été pour moi la source du plus grand enseignement et 
du plus vif intérêt. 

Sans avoir, je le répète, la prétention de juger en si peu de temps une 
question si complexe, je vais seulement vous donner mes impressions sous 
forme de conclusions générales et sommaires basées sur la réalité des faits 
observés : 

1<> — Un premier point se dégage de ma thérapeutique, c'est Vinnocuité 
absolue de cette application et sa tolérance par toutes les malades. Je n'ai 
jamais eu, en effet, à constater même une menace de réaction post-opératoire 
trop douloureuse ; la note dominante, au contraire, a été la sédation qui suit 
presque toutes les séances, tandis que, généralement, les galvano-causliqucs 
intra-utérines sont suivies de coliques utérines plus ou moins fortes. Ici, au 
contraire, les douleurs post-opératoires sont l'exception : telle malade qui 
souffrait avant, est généralement mieux après la séance. 

Le repos post-opératoire, si nécessaire après les galvano-caustiques, n'est 
plus ici de rigueur; les malades peuvent se mouvoir immédiatement après, 
quitter la clinique et rentrer au besoin chez elles à pied sans inconvé- 
nient. 

2<» — La sensibilité utérine au courant sinusoïdal offre des variations que 
je dois vous signaler : la réaction douloureuse augmente avec la vitesse des 
alternances; telle malade qui supporte très bien une vitesse moyenne de 
quatre à six mille par minute, tolère difficilement une viteîsse double, telle 
tjue peut la donner l'appareil de M. d'Arsonval à grande marche. 



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RBVUB INTBRNATIONâLB D'ÉLECTROTUâRAPIB 103 

Ici, du reste, comme pour le courant galvauique, Tétat des annexes semble 
régler, tout ou partie, de la sensibilité utérine au courant sinu&oidal ; aussi les 
malades atteintes d'ovaro-salpingite sont-elles beaucoup plus intolérantes 
que celles qui n'ont qu'un fibrome pur et simple. 

Cette question fort intéressante réclame un supplément d'examen qui sera 
l'objet d'une prochaine note. 

3* — Le symptôme hémorragiesi, comme vous le savez, une origine complexe 
et multiple en gynécologie, et vous n'ignorez pas toute la puissance de Tac- 
tion hémostatique des applications galvaniques. Or, c'est dans ces cas, dans 
les fibiômes saignants et hémorragiques, que le courant sinusoïdal s'est 
montré jusqu'ici le plus impuissant. Il n'arrête pas les hémorragies, ou les 
arrête mal et d'une façon exceptionnelle, voilà le résultat certain do mon expé- 
rimentation jusqu'à ce jour. Ce résultat ne^/ad/ sera- t-il définitif? 

Eq chaugeant la hauteur de l'onde électrique, en appliquant aux malades 
des courants plus rapides ou plus intenses, obtiendra-t-on un meilleur résul- 
tat? C'est ce qu'il est impossible de préciser à cette heure et ce qui fait l'objet 
do mes recherches actuelles. 

Il y a cependant lieu de ne pas désespérer entièrement, car si beaucoup 
d'hémorragies sont liées à un état morbide de la muqueuse et réclament avant 
tout l'action topique, électrolytique et hémostatique du courant galvanique, 
d'autres hémorragies, au contraire, sont de nature essentiellement réflexe et 
proviennent d'une irritation des annexes ou d'origine médullaire. Ici l'action 
sédative et par suite hémostatique, à longue portée, du courant alternatif 
peut être entrevue, soupçonnée, mais non encore toutefois justifiée par les 
faits. 

Jusqu'à présent, en résumé, la plupart des hémorragies, soit mens- 
iruelles ou iuter-menstruelles, ont été rebelles, et celles qui ont cédé un 
instant n'ont pas tardé à récidiver et à devenir ainsi justiciables de lagalvano- 
caustique positive intra-utérine. 

40 _ En dehors de l'hémorragie, j'ai étudié Taclion du courant sinusoïdal 
sur les fibromes, tant au point de vue anatomique que symplomatique. 

Jusqu'à présent, dans les conditions opératoires où je me suis placé, il n'y 
a pas d'action sensible sur le volume de la tumeur et, de ce côté comme 
pour l'hémorragie, le courant sinusoïdal a paru inférieur au courant galva- 
nique. 

La question reste donc réservée pour l'avenir en modifiant les conditions 
opératoires. 

La même réserve doit être faite à propos de Vhtjdrorrhec liée à certains 
fibromes. Ici encore, il faut noter l'insuccès appaient du courant aller- 
natif. 



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104 RBVUB INTBRNATIONALB d'ÉLBCTROTHBRAPIB 

5<> — Le iriomphedu courant allernalif en gynécologie, c'est VinflammcUion 
uténnc et surtout pérùuiérine; — c'est contre Télément doulsur, en un mot, 
qui occupe une place si grande et si fréquente en gynécologie, que j'ai obtenu 
le plus de succès. 

Soit que la douleur fût liée à une endométrite simple, soit qu'elle fût sous 
la dépendance d'une affection même aiguë des annexes, dans mes observa- 
tions la douleur à été le plus souvent, je ne dis pas toujours, très vite atté- 
nuée par les premières applications alternatives. 

La démonstration a élé faite de plusieurs manières qui rendent l'épreuve . 
concluante : soit sur des malades vierges de tout autre traitement et qui n'ont 
élé soumises qu'au seul courant allernalif; soit sur des anciennes malades 
atteintes d'affections plus ou moins graves des annexes et qui venaient de 
subir, avec plus ou moins de succès, un traitement soit faradique, soit 
galvaniique. Dans presque tous ces cas où l'épreuve comparative a pu être 
faite, la préséance du courant alternatif sinusoïdal sur Vêlement douleur 
paraît acquisBy et j'ai vu plusieurs femmes, notamment atteintes de cellu- 
lite pelvienne ou d'ovaro-salpingite grave, qui ont été remarquablement 
soulagées et ont retiré de quelques séances (dix à quinze en moyenne) ud 
bénéfice durable qui a .survécu à l'interruplion du traitement pendant les 
vacances. 

6° — Le courant alternatif m'a donné une réponse très intéressante, mais 
encore inexpliquée, dans le traitement de la leucorrhée qui, conîme l'hémor- 
ragie, occupe une place très grande en gynécologie. 

Le symptôme leucoi^^hée^ si variable et si complexe, parfois continu et 
d'autres fois intermittent chez la même malade, échappe le plus souvent à 
une analyse étiologique bien définie. 

C'est un symptôme très rebelle qui, parfois, survit au cureftage même 
très bien fait, et qui souvent aussi échappe à Tinfluence curative des appli- 
cations galvaniques intra-utérines. 

^ Or, malgré tout et à ma grande surprise, le courant sinusoïdal a été très 
puissant dans plusieurs cas, soit de fibromes, soit d'affection des annexes, 
compliqués de leucorrhée rebelle. 

Plusieurs de mes malades ont ainsi vu leur leucon^Ii^e diminuer ou 
disparaître ; voilà un fait très important à retenir, qui trouvera probablement 
bientôt son explication pathogénétique ; mais on peut d'ores et déjà dire que, 
puisque le courant sinusoïdal ne s'accompagne pas d'éleclrolyse et qu'il n'a 
aucune action polaire caustique, le résultat ne peut dépendre que d'une 
action réflexe exercée sur le système nerveux qui préside aux congestions 
utérines et péri-utérines. 

70 — Enfin, le courant sinusoïdal s'est montré très favorablement actif dans 
les exsudais péri-utérins qui accomj»agnent si fréquemment leb affections 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHéRAFIB 105 

des annexes. Ici, il nous est apparu comme un décbngestif puissant, comme 
un sédatif de premier ordre et comme favorisant très efficacement la résolu- 
tion des exsudats. 

Les affections des annexes, avec leurs complications immédiates ou éloi- 
gnées, sont le grand écueil de la gynécologie conservatrice et, le plus souvent, 
la seule cause de nos insuccès. 

Nous devons donc accueillir très favorablement tout traitement naédical 
qui augmente nos ressources curatives et éloigne d*autant toute obligation 
d'extirpation chirurgicale radicale. 

Le courant sinusoïdal, appliqué avec ou sans l'appoint des applications 
faradiques ou galvaniques sur plusieurs de mes ovaro-salpingites, a été d'un 
puissant secours que je signale à votre attention, car ces services rendus 
seront, je l'espère, un de ses plus beaux titres à son introduction définitive 
dans le domaine de la thérapeutique gynécologique. 

Pour venir corroborer les conclusions qui précèdent, je dois faire passer 
sous vos yeux les observations qui leur ont servi de bases. Je vous 
demande la permission d'en renvoyer la lecture à la prochaine séance pour 
ne pas surcharger à la fois et votre attention, et les bulletins delà Société. 

J'ajouterai un mot concernant une enquête que j'ai faite qui, quoique 
encore ébauchée, a toutefois un grand intérêt. 

M. d'Arsonval avait basé ses recherches physiologiques et ses inductions 
ihérapeutiques sur la suràclivilé qu'il avait constatée dans les échanges 
gazeux respiratoires, qui étaient les témoins fidèles de l'augmentation des 
échanges nutritifs. 

Il était donc intéressant de savoir si les excréta urinaires seraient modi- 
fiés comme ils le sont par Faction trophique totale du courant alternatif; en 
appliquant le courant sinusoïdal localement, à l'utérus notamment, il était 
important de savoir si cette application avait un retentissement direct, ou 
éloigné, sur la nutrition générale. Il fallait, pour élucider ce problème, Tas- 
sistancc d'un chimiste distingué, et je l'ai trouvé dans mon ami M. Gautrelet, 
dont la compétence en urologie est connue de tout, le monde, et que je 
remercie de tout son bienveillant concours. Ses recherches, toutes incom- 
plètes ((u'elles sont et qui ont été momentanément interrompues, doivent 
vous être signalées; j'espère que, prochainement, elles seront plus défi- 
nitives. 

Les analyses commencées à la fin de mars ont été suspendues à la fin de 
mai par suite du départ de M. Gautrelet pour Vichy, et voici la note qu'il 
m'a remise à la date du 26 mai 1892 : 

« Sur sept malades chez lesquelles les analyses d'urine ont été faites^ en 
rfow6te, avant et après Vemploi des courants sinusoïdaux^ on trouve que^ 
dam trois cas ^ V acidité a été diminuée d'une façon notable. 

2 



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106 RBVUB INTBRNATIONALB D*ÈLBGTROTHBRAPIB 

« Dans quatre cas, aucune modification de la nutrition générale ne 
parait s'être manifestée par une diminution de V acidité. 

« Dans aucun caSy la nutrition générale n'a été trouvée modifiée comme 
excrétion des éléments urologiques d'ensemble. » 

Que conclure de cette courte note ? Rien encore de définitif, si ce n'est 
qu'il faut reprendre ces recherches et les poursuivre sur une plus grande 
échelle. 

Il est toutefois permis de croire dès aujourd'hui que l'action trophique du 
courant alternatif appliqué localement sur une région donnée, ne rayonne 
pas sur le reste de l'organisme, ne se traduit par aucune modification appré- 
ciable dans les excréta urinaires ou respiratoires^ et reste cantonnée au 
point touché, ou du moins elle ne se diffuse que d'une façon plus ou moins 
limitée. Tout cela est à revoir et a besoin d'être confirmé à nouveau. 

En résumé, ce traitement, tout récent qu'il soit et tout incomplet qu'il 
paraisse encore, a toutefois donné une réponse assez nette pour qu'il soit 
permis de le considérer comme une heureuse acquisition de la thérapeutique 
gynécologique. 

Des recherches complémentaires permettront de fixer et de préciser, dans 
un avenir prochain^ les conditions opératoires les meilleures pour combattre 
des états pathologiques différents (hypertrophiques, infectieux ou phlegma- 
siques), et il y aura lieu de faire varier dans tel ou tel cas le nombre, — la 
durée^ — le rapprochement des séances, et d*éludier les différences cura- 
tives qui résulteront des variations qu'on pourra imprimer au voltage et à 
Vintensilé du courant, ainsi qu'à la rapidité des alternances. 

Les résultats acquis prouvent que le courant alternatif sinusoïdal doit 
prendre sa place en gynécologie à côté, mais non encore au-dessus^ du courant 
galvanique et faradique. 

Il est destiné à leur servir soit d'auxiliaire actif en les complétant, soit à 
les suppléer et à remplir des indications personnelles et nouvelles que l'avenir 
établira avec plus de netteté. 

C'est jusqu'à présent le médicament par excellence de la doulbur et, 
comme tel, s'il ne saurait faire table rase des applications faradiques et 
galvaniques qui ont fait leur preuve, c'est toutefois une arme de plus, et la 
gynécologie conservatrice ne peut qu'accepter tout ce qui tend à élargir et à 
fortifier son domaine. 

Le mémoire que je viens d'avoir l'honneur de vous soumettre n'est que le 
développement^ avec les observations à l'appui que je vous communiquerai 
dans la prochaine séance, de la lecture que j'ai faite le samedi 47 septembre 
dernier à Bruxelles ^ au premier Congrès international de Gynécologie. Je 
n'en ai communiqué ce jour-là qu'un court résumé que M. d'Arsonval a eu 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHéRAPIB 107 

— / 

l'obligeance (ce dont je le remercie infiniment) de présenter à la Société de 
Biologie dans la séance du 15 octobre. 

Eu terminant, je tiens à remercier particulièrement M. GaiSfe du con- 
cours obligeant qu'il m'a prêté pour l'établissement à ma clinique de Tappareil 
à courant sinusoïdal de M. d'Ârsonval. 

Permettez-moi, messieurs, avant de clôturer cette communication, de 
porter à votre connaissance deux points en litige qui viennent d'être soulevés 
dans le dernier numéro de la Revue internationale (CÉlectrolhérapie, par 
MM. Gautier et Larat. 

Ces messieurs ont fait, le /7 septembre dernier, au Congrès de Pau 
(Association française pour l'avancement des sciences), une communication 
sur les courants alternatifs en thérapeutique », pendant que le même jour 
et à la môme heure (je précise ; le 47 septembre, au soir) je lisais au Con- 
grès de Bruxelles le résumé d'une note sur « le courant alternatif sinusoïdal 
en gynécologie », dont je viens de vous donner la lecture complète. 

La communication faite à Pau par MM. Gautier et Larat sur les courants 
alternatifs, telle qu'elle a été reproduite par tous les journaux de médecine, 
ne contenait pas un mot, une allusion quelconque à la gynécologie, et se 
contentait de nous donner — ce qui n'enlève rien à son grand intérêt — le 
résultat de leurs recherches sur certaines diathèses et plusieurs affections 
locales (eczéma, vitiligo, etc.). 

Cette communication vient de paraître in-extehso le 20 octobre au matin 
dans le dernier numéro, dit de septembre 1892, de leur journal, et le jour 
môme de notre dernière réunion de la Société d'Électrothérapie. 

Un fait très important qui m'a frappé et surpris à la fois, c'est que depuis 
le jour de sa lecture jusqu'à celui de sa publication, ce mémoire a subi plu- 
sieurs additions éuv lesquelles je vous demande là permission d'insister, car 
il s'agit d'un intérêt tout scientifique qui doit être jugé devant vous. 

J'y relève deu^ oublis : l'un, dont on m'accuse et qui n'est nullement 
justifié, — et l'autre que ces messieurs ont commis et que je vous prie de 
rectifier. — Je m'explique : 

Mon oubli consisterait à avoir passé sous silence les noms de MM. Gautier 
et Larat dans ma courte note lue à Bruxelles, strictement et uniquement 
consacrée à la gynécologie. 

Si ces messieurs avaient bien voulu prendre la peine d'attendre la lecture 
complète de mon mémoire, tel que je viens de vous le présenter, ils auraient 
pu se convaincre que, loin de vouloir taire leurs noms, je me suis empressé, 
au contraire, de leur rendre toute la justice à laquelle ils ont droit dans 
l'exposé de l'historique des applications médicales du courant alternatif; 
mais, puisque je ne visais que la gynécologie et rien que la gynécologie, 
j'avais bien le droit, ce me semble, dans une note très sommaire, de ne 
P^ citer leurs noms, car pas une ligne n'avait été, jusqua ce jour 



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108 RBVUB INTBRNÀTIONALB D'éLBGTROTHÉRAPlB 

(17 septembre), écrite par eux sur les applications gynécologiques de ces 
courants. 

J'arrive au second oubli : Ces messieurs, en publiant le 20 octobre^ au 
matin, leur communication du 41 septembi^e, ont oublié, volontairement, de 
dire et de mentionner qu'elle avait été, dans cet inlervaUe, considérablement 
augmentée et revisée, — Je dis : revisée, puisqu'elle juge et critique, en 
m'accusant d'un oubli, ma note lue à Bruxelles le môme jour et à la même 
heure, et je ne suppose pas qu'un fil téléphonique spécial reliât, pour la 
circonstance, Pau et Bruxelles. 

J'ajoute qu'elle a été augmentée d'une note additionnelle et intercallaire 
concernant la gynécologie, dont pas un des journaux de médecine qui ont 
donné le compte rendu du Congrès de Pau n'a fait mention ; et il serait bien 
étonnant, en vérité, que ce qui se rapporte seulemenl à la gynécologie et qui 
constitue la partie neuve de leur lecture, ait été seule passée sous silence, 
alors que les autres points concernant les applications générales du courant 
alternatif aux principales diathèses ont été mentionnés, bien qu'ils aient déjà 
fait l'objet de notes semblables (mais toujours sans gynécologie) publiées 
antérieurement à l'Académie des Sciences et à la Société de Biologie, etc. 

Du reste, j'ai pu m'en convaincre d^une façon absolue et constater de visu 
que la note remise par MM. Gautier et Lafrat, le 17 septembre, au secrétariat 
des comptes rendus du Congrès de Pau, ne contient pas un mot de Vappli- 
cation du courant altetmatif à la gynécologie. 

Reste la question de priorité scientifique qui intéresse tout le monde et 
qu'il faut trancher d'une façon définitive. 

Or ici, dans l'espèce, il n'y a qu'une priorité éclatante et incontestable, 
c'est celle de M. d'Arsonval. Le jour où dans ses communications à la Société 
de Biologie, à l'Académie de Médecine et ici même, il a préconisé l'emploi 
du courant alternatif en basant son action sur ses effets physiologiques 
constatés sur l'animal et sur l'homme, il a créé en même temps une théra- 
peutique nouvelle que nous n'avons eu qu'à appliquer à la lettre pour en 
tirer tous les bénéfices prévus par lui. 

Il n'y avait plus qu'une vraie course de vitesse, ou d'instrumentation, qui 
devait s'établir entre nous sur un terrain où tous les poteaux indicateurs 
venaient d'être placés par M. d'Arsonval. 

C'est dans ce tournoi thérapeutique que notre maître à tous, le D*" A. Tri- 
pier, est arrivé sans conteste bon premier, car c'est lui qui, le premier, a 
donné l'appui de son autorité (dans une note lue ici même, séance du 
19 novembre 1891 ) à la découverte physiologique et thérapeutique de 
M. d'Arsonval. 

MM. Larat et Gautier veulent bien reconnaître que le D»" Tripier a, dans 
cette séance (19 novembre 1891), « donné quelques indications sur les 



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RBVUB INTEKNATIONALB D'ÉLBCTROTHéRA^IB 109 

résultats physiologiques observés sur Im-même et sur deux ou trois ma- 
lades, » 

Mais M. Tripier a fait beaucoup plus que cela; il suffit de relire son 
mémoire pour s'en convaincre : « En vue des applications thérapeutiques, 
dit-il, fat répété les essais de d'Arsonval » Il a étudié d*abord sur lui- 
même l'action physiologique de ces courants et les sensations perçues, puis 
il a expérimenté successivement sur dix malades dont je vous demande la 
permission de donner Thistoire très sommaire, sous forme de tètes de cha- 
pitre : 

1® Femme de quarante-cinq ans. — Application du courant sur les fosses 
iliaques. Recherche de Taction physiologique et des sensations éprouvées. 

2» Mômes recherches sur une seconde malade. 

3<> Jeune femme variqueuse, atteinte de sclérose de la peau avec inertie 
musculaire. — Action du courant alternatif sur l'inertie musculaire, sur la 
marche et sur une hémorragie inter-menstruelle. 

4» Jeune fille de dix ans avec atrophie des muscles adducteurs des pieds, 
suite de paralysie infantile (?). Traitement local par les courants alternatifs. 

5^ Jeune fille de quinze ans, dysménorrUéique et aménorrhéique. — 
Application sacro-sus-pubienne. — Action bienfaisante du courant alternatif 
sur les douleurs et Tabondance des règles. 

6» Femme de trente-cinq ans, avec coliques sus-pubiennes. — Application 
abdomino-utérine des courants alternatifs. — Étude de Faction physiolo- 
gique et de l'influence sur les règles. 

7° Femme de quarante ans, avec fibrome et salpingite. — Application 
abdomino-utérine. — Élude des réactions physiologiques. 

8* Femme de cinquante ans, diabétique, obèse, avec fibrome utérin. — 
Application abdomino-vaginale. 

9» Homme de soixante-un ans. — Application abdomino-rectale. — Re- 
cherches de l'action physiologique des courants alternatifs. 

iO« Femme de quarante-cinq ans, aménorrhée du début de la ménopause. 
— Application abdomino-utérine. 

Voilà ce que M. Tripier appelle très modestement un « essai », mais qui 
ûe saurait passer à nos yeux pour une quantité négligeable^ car cet essai 
constitue bien la première ctape des applications .thérapeutiques du cou- 
J*^l aliernalif, « dont l'indication la plus générale, comme il le dit expres- 
sément, est tout d'abord celle fournie par les expériences de d'Arsonval 
^^ l activité de la dénutrition, » 

Voici maintenant la part contributive de MM. Gautier et Larat : elle est 
?^^^e, et je viens d'en rendre compte dans la première partie de ce mémoire; 
je ïi*^ xeviendrai pas. Qu'il me suffise d'ajouter qu'elle se résume d'abord 
<iaixs trois notes : 



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110 HÉVUfi INTERNATIONALE D'âLBCTROTHéRAPIB 

La première, lue le 29 février 1892 àrAcadémio des Sciences; la deuxième 
le 27 avril 1892 à la Société de Thérapeutique, et la troisième à la Sociélé 
internationale des Électriciens (parue en août 1892 dans leur journal). 

Dans ces trois notes, il n^est question que des malades dits « ralentis de 
la nutrition t> et aucune d'elles ne mentionne un seul mot de Tapplication 
même possible du cburant alternatif à la gynécologie. 

J'avais donc bien le droit, le 17 septembre, à Bruxelles, de croire qu'après 
le travail de Tripier, celte question était absolument neuve, et cela d autant 
plus que ces messieurs m^avaient dit verbalement plusieurs fois qu'ils ne 
faisaient que des applications générales, et pas de gynécologie^ à leur cabinet 
du Théâtre-Français, où existe leur installation du courant alternatif. — 
M. Larat m'avait dit également verbalement n'avoir utilisé son alternateur 
que pour des applications locales non gynécologiques. 

Aussi j'ai été quelque peu surpris, pour ne pas dire plus, de lire le 
20 octobre -une revendication de priorité qui, quoique obscure dans la forme, 
ne saurait être justifiée. 

En efifet, ces messieurs disent : « Enfin, nous avons appliqué les courants 
alternatifs localisés dans une série d'affections des organes génitaux de la 
femme. Ces applications ont été faites en présence des auditeurs de nos 
conférences de l'hiver dernier [1 89 1--1 892), et, si nous n'en avons parlé que 
succinctement et en passant, jusqic à présent, c'est j)our nous faire une opi- 
nion sérieuse sur les effets à en attendre, d 

A cela je répondrai tout simplement que je cherche où ces messieurs ont 
pu en parler, même succinctement, et que je n'en trouve, comme je l'ai dit 
tout à l'heure, la trace nulle part. 

Quant aux conférences qu'ils ont pu faire à ce sujet, il n'en existe égale- 
ment aucune preuve écrite, et, en dehors de l'enseignement officiel, c'est : 
la preuve écrite seule qui fait foi en matière de priorité scientifique. î 

Une conférence faite dans un cabinet de consultation privé n'est pas < 



encore prèle à constituer un titre quelconque à une priorité scientifique. 

Puisque MM. Gautier et Larat veulent bien tirer, a;>rès Tripier et ap'ès 
moi, les mêmes conclusions thérapeutiques générales sur l'application du 
courant sinusoïdal en gynécologie, je leur demanderai pourquoi, du moment 
où ils les jugeaient dignes d'en faire l'objet de leurs conférences (d'après ce 
qu'ils affirment?) pe^idant l'hiver 1891-1892, — je leur demanderai, dis-je, 
pourquoi ils n'en ont fait nullement mention dans toutes leurs communica- 
tions ultéineures, et pourquoi ils ont attendu la lecture de mon mémoire 
pour les publier ? 

Je leur demanderai pourquoi ils n'ont paru s'en faire une opinion sérieuse 
que du 17 septembre au 20 octobre, puisqu'il a suffi de la lecture de ma 
note lue à Bruxelles pour armer leur plume et stimuler leur zèle à commu- 
niquer les conclusions qu'ils avaient soigneusement cachées jusqu'alors? 



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KBVUB INTERNATIONALB D*BLBCTROTHéKAPIB 111 

Un mot pour terminer : 

Je relève enûn dans l'article de MM, Gautier et Larat la phrase suivante : 
a Du reste, un récent travail de M. Aposioli lui-même semble être d'accord 
avec nous sur un des points que nous avançons : l'utilité du courant aiter- 
natif contre la douleur, o 

Il faudrait pourtant s'entendre. 

Est-ce moi qui suis d'accord avec ces messieurs, ou bien ces messieurs 
qui sont d'accord avec moi ? Et comment, en vérité, aurais-je bien pu le 
M septembre être d'accord avec ce qu*ils n'ont publié que le 20 octobre? 
Yoilà un problème que je serais très heureux de voir éclaircir. 

J'en ai fini, messieurs, et je vous prie de m'excuser d'avoir retenu trop 
longtemps votre attention. Je vous demande de vouloir bien me permettre 
de renvoyer la lecture de mes observations à la séance prochaine. 



M. Larat. — Le travail que vient de lire M. Apostoli se divise en deux 
parties : un chapitre médical et une argumeutation de polémique pure. 

En ce qui concerne la partie médicale, je n'ai qu'une chose à dire, c'est que 
BOUS sommes heureux que les résultats de M. Apostoli soient aussi favora- 
bles aux courants alternatifs ; les nôtres étaient un peu moins concluants et 
nous ont semblé réclamer un complément d'étude. Et cependant, dès le mois 
de noveyyibre 1S9i, c'est-à-dire aNQ mois avant M. Apostoli, nous entrepre- 
nions des recherches au point de vue gynécologique. 

Quant à la part faite à la polémique, je m'abstiendrai d'y répondre. D'abord, 
parce que les communications de M. d'Arspnval, celles de M. Tripier et les 
nôtres, ayant été faites au grand jour, le public médical est suffisamment 
informé pour décider à qui revient le mérite, si mérite il y a, d'avoir systéma- 
tisé remploi des courants alternatifs en thérapeutique; ensuite, parce qu'il 
tne parait que ces questions un peu enfantines, d'heures, de minutes et de 
secondes, qui vous ont fait sourire, n'ont qu'un bien médiocre intérêt pour 
la Société. 

Pour toutes ces raisons; je préfère borner là, pour aujourd'hui, mes 
observations. 



Un nouvel instrument : Ëlectrodophore, ^ 

Par M. le D' DELINEAU. 

J'ai l'honneur de vous présenter un instrument que j'ai fait construire et 
dont je me sers journellement pour l'application de Vélectrolyse cuprique 
; ^ntra-utérine en particulier, comme pour la galvanocaustie ou la faradisation 
utéro-abdominale ou lombaire. 



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H2 RBVUB INTHRNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIE 

Il remplace avec avantage, à mon avis, du moins, le manche long et lourd, 
employé ordinairement pour la galvanocaustie intéra-utérine. 

Il^t en aluminium, par conséquent léger, peu volumineux. Il rappelle, 
par sa forme, un instrument dont se servent les tourneurs pour fixer solide- 
ment les pièces sur leur tour, et qu'ils appellent un toc. Ce nom n'ayant 
rien de médical ni d'électrique, je Tai remplacé par celui d'éleclrodopf^ore (1), 
qui indique «uffîsamment l'emploi et l'utilité de ce nouvel instrument. 




Électrodophore du D' Delineau. 




Dans les applications d'électrolyse intra-utérine, je me sers presque tou- 
jours du spéculum bivalve. 

Je trouve, quant à moi, l'hystéiomélrie plus facile avec ce spéculum, et 
puis, j'utilise sa branche montante, en y attachant, par une simple boucle 
aussi facile à faire qu'à dénouer, le fil conducteur du rhéof hore fixé, lui-même, 
à V électrodophore. 

Cette disposition spéciale me permet de ne pas m'immobiliser devant les 
malades pendant toute la durée de l'opération, détail qui a bien son impor- 
tance, les séances d'élecliolyse cuprique intra-utérine devant, pour être effi- 
caces, durer de dix à trente minutes. Je puis donc, de ce fait, surveiller sans 
fatigue, et tout à mon aise, l'aiguille du galvanomètre et modifier facilement 
l'intensité du courant, suivant la tolérance de la malade. 

Dans le cas où, par suite de fibromes volumineux, la déviation de l'utérus 
est telle, que le spéculum ne peut être employé, l'éleclrodophore a encore son 
utilité. Alors je le préfère en éhoniie^ plutôt qu'en aluminium, n'y conservant 
de métallique que la vis de pression, suffisante pour assurer le passage du 
courant. 

Vous remarquerez comme la tige est solidement maintenue par le jeu d'un 
seul tour de vis. La pression se produit par trois points de contact avec 
Y électrodophore^ ce qui établit un contact électrique parfait. La pression peut 
s'exercer aussi bien sur une tige de un millimètre de diamètre que sur une 
de un centimètre de diamètre ; à plus forte raison sur un hystéromètre de 
dimension ordmaire. 

(1) Du grec : ïjisxr/sov, électricitc^; 0^09, voie (électrode); ye/sw, je porte. 



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REVUB INTERNATIONALE D*ELBGTROTHéllAPIB 



113 



J'ai eu rhonneur de soumettre cet instrument à la critique de notre maître^ 
le D^ Tripier, qui Ta approuvé et Ta jugé bien approprié à Tusage auquel il 
est destiné. 

Tous les jours, j'emploie utilement Vélectvodophore; aussi ai-je cru devoir 
le faire connaître à mes confrères, dans Tespoir qu'il pourrait également leur 
rendre service. 

Nouvelle Pile galvano-cautère, 

Par M. DAUSSY. 

La pile gai vano- cautère que j'ai l'honneur de présenter devant vous est 
une modification de la pile à circulation de M. le D*" Boisseau du Rocher. 
Elle peut être transportée toute chargée sans risque d'accident ou d'usure 
intempestive. 

M' 




Nouvelle Pile galvano-cautère. 

Je me permettrai de vous rappeler la construction de la pile Boisseau du 
Rocher et son mode de fonctionnement, afin de vous permettre d'apprécier 
les différences que présentent les deux appareils. 

Elle se compose essentiellement d'un vase rectangulaire séparé, vers le 
tiers inférieur, par une cloison horizontale, en deux compartiments, dont l'un 
communique à l'air libre par toute sa surface supérieure et le second par un 
tube affleurant le dessous de la cloison de séparation. Cette cloison supporte 



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114 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTKOTHéRAPIB 

en outre un second tube qui descend à quelques millimètres du fond du vase 
inférieur. 

Si on verse un liquide dans le comparliment supérieur en laissant ouvert 
le tube extérieur, ce liquide descendra par son propre poids et remplira le 
deuxième compartiment en passant par le tube intérieur. 

Pour faire sortir ce liquide, il suffira de faire pénétrer une certaine quan- 
tité d'air par le tube extérieur et, sous sa pression, le liquide remontera par 
le tube intérieur d'une quantité égale au volume d'air introduit. Il y restera 
tant que le tube ne permettra pas à l'air de s'échapper. 

Cet appareil présente certainement une solution des plus élégantes de la 
question de transport des piles chargées, mais elle offre dans la pratique des 
inconvénients assez sérieux. 

1« La vidange totale et le nettoyage complet de la pile sont à peu près 
impossibles ; le tube intérieur, ne pouvant affleurer le fond du vase sous peine 
de mettre l'appareil hors de service à la plus légère production de sels ou de 
cristaux, laisse toujours une couche de liquide épuisé égale à la distance qui 
sépare l'extrémité du tube du fond. 

2° Le reproche le plus grave, c'est la nécessité d'employer une poire en 
caoutchouc ou une pompe pour l'insufflation de l'air. Ces organes, outre 
qu'ils nécessitent l'emploi de raccords, soit en caoutchouc, soit en métal, qui 
sont autant de causes de fuites et de mauvais fonctionnement, sont eux- 
mêmes promptement mis hors de service par la chaleur ou le froid quand on 
n'en fait pas un usage quotidien. 

3<> Il est impossible d'avoir une indication extérieure précise de la quantité 
de liquide injecté, d'où l'emploi forcé d'un rhéostat qui absorbe en pure 
perte une partie du courant, ou l'installation d'un moyen de levage des 
éléments d'une manœuvre toujours désagréable pour produire juste l'intensité 
cherchée. 

M. le D*" Fauvel nous ayant demandé de tenter de remédier à ces inconvé- 
nients, voici ce que nous avons imaginé. 

Nous avons divisé notre vase rectangulaire en deux par une cloison verti- 
cale non étanche au fond ; dans l'un de ces compartiments, nous avons établi, 
à environ le tiers de la hauteur, une cloison horizontale percée de petits trous, 
nous fournissant ainsi un second compartiment. Dans celui du dessus se 
placent les éléments, et celui du dessous reçoit le liquide au repos. 

Dans le compartiment ouvert du haut en bas, nous avons placé un piston 
dont la partie inférieure ne dépasse pas le niveau du plancher perforé; il est 
terminé par une tige en forme de crémaillère, brisée à sa partie inférieure 
pour lui permettre de se rabattre quand l'appareil est au repos. 

Le vase étant rempli de liquide jusqu'au niveau du plancher perforé, il est 
clair que si nous plongeons le piston au sein de ce liquide, il on déplacera 
une quantité égale à son volume et le fera monter dans le casier supérieur. 



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^- V ^.- '" 



REVUE INTERNATIONALE d'ÉLECTROTHBRAPIE 115 

Comme îa lige est graduée, nous saurons toujours quelle quantité de liquide 
est en fonction et celle qui reste disponible ; nous pouvons donc régler notre 
courant d'une façon commode et précise. 

L'effort de pesée sur le piston est insignifiant, puisqu'il ne dépasse pas 
350 grammes à son maximum, c'est-à-dire quand le piston est totalement 
enfoncé. 

Pour vider le vase, il suffit de plonger le piston à fond et de le renverser 
sur le côté ; tout le liquide s'écoule aussitôt jusqu'à la dernière goutte. 

L'appareil mis au repos peut être secoué et remué sans aucune crainte 
d'accident. 

Un autre avantage de notre appareil, surtout pour ceux qui sont loin du 
constructeur, c'est que nos vases sont entièrement métalliques, inaltérables 
par les acides, même bouillants, et ne craignent ni les chocs, comme le verre 
ou la porcelaine, ni les élévations de température, comme l'ébonile. De plus, 
solis un poids inférieur à celui de la porcelaine, ils présentent une capacité 
sensiblement plus grande, grâce à leurs parois considérablement plus 
minces. 

Nous avons construit un modèle de même forme et de mêmes dimensions 
extérieures, destiné à la lumière. A cette fin, nous l'avons disposé de façon à 
ce qu'il permette l'emploi de deux, quatre, six ou huit éléments, suffisants 
pour actionner les appareils endoscopiques employés ordinairement. 

Comme appareil galvano-caulère, le modèle que j'ai ici permet de faire 
rougir une anse galvanique de 7 dixièmes de millimètre, d'une longueur de 
20 centimètres; elle peut également allumer une petite lampe de 4 volts, 
suffisante pour nombre de petits éclairages locaux. 



L'Occlusion intestinale traitée par l'Ëlectricité, 

Par le D' LARAT. 
Suite et fin (\). 

Voici donc la conduite qu'il me paraît sage de tenir : 
En cas d'occlusion intestinale, un purgatif ayant été essayé sans 
résultat, se garder d'insister et, immédiatement, avoir recours au lave- 
ment électrique. Ce dernier, en vingt-quatre heures, est jugé : on sait 
si oui ou non il réussira. 

En cas de négative, proposer au malade l'intervention chirurgicale. 
Si le médecin est imbu de ces principes, on ne verra plus ces cas où soit 
l'électricien, soit le chirurgien, sont appelés trop tard et sans chance de 
réussite ni l'un ni l'autre. Aucune minute n'aura été perdue et le ma- 

(IJ Voir le numéro précédent. 



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116 RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTROTHéRAPIB 

lade sera, si le bistouri est nécessaire, dans d'excellentes conditions 
opératoires. 

Passons maintenant aux contre-indications. On a voulu faire de la 
péritonite une contre-indication au traitement électrique. Je pense que 
les deux observations suivantes suffiront à écarter cette objection : 

Observation T. — Le jeudi 28 février 1884, se présente à Thôpital Laënnec, 
service de M. Bail, un jeune typographe atteint de tous les phénomènes de l'oc- 
clusion iotestinale, à la suite de Tingestion d'un vin soi-disant vieux, qui avait 
déterminé de violentes coliques suivies de vomissements et, depuis lors, de 
rétention des gaz et des selles. 

A son entrée à l'hôpital, faciès légèrement grippé, température à 37o. L'ins- 
pection de la région épigastrique révèle une tumeur assez volumineuse, parlant 
du flanc droit et se continuant jusque dans la région de l'hypocondre gauche. 
Al la percussion on trouve que cette masse offre une matité très nette. Au niveau 
du flanc gauche, dépression manifeste faisant contraste avec la tumeur qu'elle 
limite en dedans. On diagnostique une invagination intestinale et on prescrit 
une injection rectale de siphon d'eau de seltz et l'électricité La faradisation 
appliquée suivant les procédés ordinaires, le pôle négatif placô dans le rectum, 
le pôle positif à la région abdominale, fut très douloureuse et ne donna d'ailleurs 
aucun résultat. 

M. Nicaise, appelé le samedi matin par M. Bail, ne jugea pas l'intervention 
chirurgicale nécessaire encore et remarquant, d'autre part, quelques indices du 
début d'une inflammation périloncale (ballonnement de tout le ventre, douleurs 
généralisées), il conseilla des injections de morphine et la glace sur le ventre), 
et si le lendemain le cours des matières ne s'était pas rétabli, on devait prier 
M. Boudet de Paris de venir administrer un lavement électrique avant de se dé- 
cider à une opération. 

Le samedi soir on constate une élévation de température qui était montée à 
38<^; le pouls battait cent quatre fois par minute et les symptômes de péritonite 
précédemment indiqués s'étaient accrus. 

Le dimanche matin, 38<* 8; pouls à cent huit. M. Boudet de Paris vient ce même 
jour et n'hésite pas à appliquer le lavement électrique. Le résultat fut immédiat 
Dès que la sonde fut retirée, les assistants purent entendre un bruit de gaz .qui 
indiquait le rétablissement de la voie intestinale, au moins pour les gaz. Dix 
minutes après, selle d'une dureté moyenne; quelques minutes plus tard, selles 
diarrhéiques. 

Le soir, la température monte à 40<» ; glace sur le ventre, injection de morphine. 

Le lundi, 39o. 

Le mardi, abdomen moins tendu, moins douloureux; 38<». 

Les jours suivants, amélioration grogressive. 

Le 8 mars, convalescence. 

Le 14 mars, le malade quitte l'hôpital, complètement guéri. 

(Observation recueillie par M. Poupon, interne de service.) 

L'observation qui suit n'est pas moins significative : 

Un interne distingué des hôpitaux, M. A..., est sujet à une constipation habi- 
tuelle qu'il a constamment négligée. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHéRAPIB 11»7 

Le 15 novembre 1888, il éprouve brusquement une vive douleur dans Tabdo- 
men, se met au lit et fait appeler son maître, M. le D^* Ferrand. Ce dernier 
constate que le ventre est ballonné, sensible-à la pression, 'surtout dans la fosse 
iliaque droite, et conseille un purgatif salin : le purgatif ne produit aucun eiTet. 
Dans la journée le ventre se ballonne davantage et la température monte légè- 
rement (38«). Nouveau purgatif le lendemain sans résultat appréciable. 

A partir de ce moment, Tétat du malade va en s*aggravant d'une façon inquié- 
tante. La fièvre augmente, la température monte à 39<». La langue se, sèche, des 
vomissements incessants ont lieu, combattus par la glace à Tintérieur. £n même 
temps le ventre devient franchement ballonné et sensible comme dans la périto* 
nile (glace sur Tabdomen). 

Le 18 novembre, trois jours après le début des accidents, une seule ressource 
Mmble possible : la laparotomie. Le malade, qui a conservé toute sa lucidité, y 
est parfaitement résigné; mais les chirurgiens qui entourent le malade, 
MM. Routier et Michaux, chirurgiens des hôpitaux^ hésitent à tenter l'opération, 
car à ce moment Télat est devenu (rès grave, la voix cassée, le pouls à peine 
perceptible. 

M. Larat est appelé en toute hâte le soir de ce jour. Il est décidé qu'une 
application électrique sera tentée sur le champ l si elle échoue, on opérera 
immédiatement, car il semble qu'il n'y a plus un instant à perdre. En dix mi- 
nutes, sous l'inûuence du courant électrique, l'intestin commence à se libérer. 
Une évacuation gazeuse abondante a lieu bientôt, suivie de matières sterco- 
raies. 

Durant la nuit, cette débâcle persiste et s'accentue si bien que le lendemain 
matm tous les symptômes péritoniques avaient disparu et que le malade entrait 
en convalescence. 

Il est à noter que, dans les selles rendues, se trouvaient de petits os d'alouettes 
ingérés quelques jours auparavant, et on peut se demander si ces fragments ne 
s'étaient pas arrêtés en piquant la muqueuse intestinale, amenant ainsi, en 
même temps que des symptômes d'obstruction, les phénomènes péritoniques. 

11 me semble que ces deux observations démontrent non seulement la 
puissance de rélectricité dans le traitement de Tocclusion, mais encore 
répondent aux reproches que quelques médecins ont adressé aux 
lavements électriques de provoquer la péritonite. Si ces lavements ont 
pu, dans deux cas fort graves et dans d'autres analogues, amener la 
guérison et enrayer une péritonite commençante, comment admettre 
que ces mômes lavements seront capables de la déterminer? N'est-il pas 
infiniment probable que, dans les observations où l'on a noté le déve- 
loppement d'une péritonite plusieurs jours après le rétablissement des 
garde-robes, c'est la maladie pour laquelle on a appliqué l'électricité qui 
doitêtre incriminée bien plutôt que l'électricité elle-m^me. Dans quelques 
cas, le fait est évident. Ainsi chez un malade du service de M. Sée, 
atteint d'occlusion intestinale, l'électricité faradique, appliquée par 
M. Tripier, était parvenue à vaincre l'obstacle et à rétablir le cours des 
luatières fécales, malgré quelques symptômes de péritonite; puis, tout 
d'un coup, la scène avait cliangé : la face était devenue grippée et la 



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118 RBVUB INTBRNATIONALB D*éLBCTROTHéRAPIB 

mort avait eu lieu. A Tautopsie, Tintestin offrait la vascularisation dune 
péritonite générale peu intense; elle était, au contraire, très prononcée 
au niveau du cœcum. Celui-ci avait été enveloppé par un vaste abcès 
dont la poche s'était ouverte et avait versé dans le bassin une grande 
quantité de pus. 

Pour terminer le chapitre des contre-indications, nous devons nous 
poser la question de savoir s'il existe des accidents qui pourraient être 
mis sur le compte de l'électricité et particulièrement des lavements 
électriques. 

M. Prengrueber, chirurgien des hôpitaux, a rapporté un cas dans 
lequel la mort a paru le résultat de l'application électrique. Voici le fait, 
en abrégé : Il s'agit d'un malade âgé de cinquante ans, atteint d'une 
lésion probablement cancéreuse ayant déterminé une obstruction intes- 
tinale. Le lavement électrique fut appliqué par un spécialiste expérimenté. 
On fit pénétrer dans l'intestin un litre d'abord, puis un autre litre d'eau 
salée sans aucune difficulté. Cette quantité anormale de liquide surprit 
un peu le^ assistants, mais l'opération se poursuivit sans encombre et 
sans amener de résultat. Cinq heures après, quand les médecins revin- 
rent voir le malade, il était à l'agonie, et il avait commencé à aller beau- 
coup plus mal aussitôt après l'opération. Le ventre notamment s'était 
subitement ballonné. M. Prengrueber supposa que Tintestin usé par le 
néoplasme s'était rompu au moment du lavement qui avait pénétré en j 
partie dans le péritoine. 

M. Périer, d'autre part, m'a rapporté qu'un malade qui, à l'hôpital 
Lariboisière, avait été électrisé par Boudet de Paris et qui avait 
succombé, avait présenté à Tautopsie des plaques gangreneuses sur la 
muqueuse intestinale. Ce chirurgien éminent pense que le lavement 
électrique n'était pas étranger à cette complication. 

En ce qui concerne le premier cas, il semble juste d'admettre que 
l'opérateur s'est trouvé en présence d'un fait tout à fait exceptionnel et 
particulièrement défavorable. Boudet de Paris, ni moi, sur un total de 
plus de quatre cents malades, n'avons jamais rien observé de semblable. 
La lenteur, du reste, avec laquelle il est recommandé de faire pénétrer dans 
rintestin le liquide de l'irrigateur semble de nature à éloigner les craintes 
de ce genre d'accidents, qui devrait être beaucoup plus à redouter à la 
suite des injections forcées d'eau de seltz, si couramment employées. 

En ce qui concerne le second cas, j'ai peine à admettre que le lavement 
électrique ait pu amener la mortification partielle de la paroi intestinale. 
Il ne faut pas oublier que l'électrode intestinale est liquide et que, d'autre 
part, en raison de sa masse, il représente une surface active considérable. 
Il est même possible de calculer approximativement quelle est la densité 
moyenne du courant sur chaque centimètre carré. En admettant, ce qui 



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RBYUB INTBRNATIONAXB D'éLBCTROTHitRAJPIB 119 

est certainement aa-dessous de la réalité, que la masse d*eau représente 
une surface active de. 100 centimètres carrés, l'intensité employée étant 
en moyenne de quarante millièmes d'ampères, on a, pour chaque centi- 
mètre carré, •^~- quatre dix millièmes d'ampères, intensité très suppor- 
table et incapable de provoquer une action chimique appréciable, inca- 
pable à plus forte raison de provoquer des eschares. 

Quelquefois, après le lavement électrique, les malades ont accusé une 
sensation de chaleur et de cuisson à Tanus. Cette légère irritation n'est 
pas le fait de l'électricité, le mandrin étant isolé de la muqueuse ano- 
rectale par la sonde en gomme. Elle paraît avoir été occasionnée, dans 
quelques circonstances, par la solution concentrée de sel marin ; il 
suffira, en ce cas, de remplacer cette solution par de l'eau contenant 
quelques sels, par l'eau de Vichy notamment. 

J'insisterai maintenant sur les particularités du traitement. J'ai dit, 
plus haut, que souvent il ne fallait pas attendre un effet immédiat. 
Il est nécessaire, en effet, souvent, de réitérer les applications non 
seulement pour obtenir un premier résultat, mais encore pour vider 
l'intestin complètement. Les observations suivantes, dont nous devons 
l'une à l'obligeance de M. Moutard- Martin, ancien président de l'Acadé- 
mie de Médecine, sont un bon exemple de la difficulté de libérer l'intestin 
occlus : 

M. L...» âgé de cinquante-sept ans, est depuis sa jeunesse atteint de consti- 
pation opiniâtre, malgré une vie très active et un régime alimentaire sévère où 
les laitages entrent pour une grande partie. 

Depuis deux années, la constipation est devenue plus opiniâtre. M. L.,. prit 
l'habitude de se purger quotidiennement et d'absorber deux à trois litres de lait 
par Jour. Il prenait, en outre, un layement laxatif tous les Jours. 

Le 30 mai 1887, M. L... alla à la garde-robe comme d'habitude le matin. 

Le 31, il accuse du malaise, du gonflement abominai, des envies de vomir. 

Le D^ Moutard-Martin, appelé, constate de la submatité dans la foase iliaque 
droite et dans le colon ascendant. Diagnostic : obstruction intestinale. 

Après cet examen, qui fut pratiqué de la manière la plus douce et sans provo- 
quer de douleur, M. Moutard-Martin s'était mis en demeure de formuler son 
ordonnance, lorsque, pendant qu'il écrivait, M. L... pousse tout à coup un cri 
de douleur. Une souffrance très aiguë vient de se produire dans la fosse iliaque 
droite. En même temps, anxiété du malade et altération des traits. 

Dans la pensée qu'une perforation intestinale pouvait s'être produite, qu'il se 
développait tout au moins une péritonite aiguë, vingt sangsues furent appliquées 
locadolenlL Cataplasmes; boissons glacées; opium en pilules; injection hypo- 
dermique. 

Le soir, les vomissements avaient cessé, la douleur amoindrie, mais pas d'éva- 
cuation. 

Consultation, à dix heures du soir, avec le professeur Trélat, qui confirme le 
diagnostic. 



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120 RBVUB INTBRNATIONAÎ.B D'éLECTROTHèRAPIB 

Les jours suivants^ l'état local reste le même, mais une complication survient 
au niveau des piqûres de sangEues, qui donnent naissance à un érjsipèle ambu- 
lant^ sans ^ande réaction fébrile. 

Le 8 juin, le malade rend quelques gaz, et le 10 quelques parcelles de matière 
fécale, sous Tinfluence d'un lavement. Ces matières sont molles, grisâtres. 

Le il, consultation avec le professeur Potain, qui engage à patienter. 

Le 12 et le 13, les évacuations continuent, mais très incomplètes. 

Pendant ce temps, Térysipèle continue sa marche ambulante, et, pour n*en plus 
parler, envahit successivement le tronc, les fesses, la cuisse gauche et une partie 
de la cuisse droite. 

Le 13 juin, le D"" Moutard-Martin fait apeler le D»" Larat pour faire des appli- 
cations électriques destinées à provoquer des évacuations plus complètes. 

A ce jour, il existe une matité considérable et étendue dans les deux fosses 
iliaques; le ventre est ballonné; l'état général mauvais. 

ËQ face d'un intestin qui se vidait tant soit peu, le D^ Larat pensa qu'une appli- 
cation externe de courant faradique suffirait à réveiller les contractions inlesli- 
nales. 

Il faradisa l'intestin durant deux jours, sans succès. 

11 se détermina alor* à employer le lavement électrique. 

Dès la première application, la débâcle commença. 

Les matières rendues étaient décolorées et semblables à celles d'un enfant à la 
mamelle. 

Il était évident que Tlntesiiu se trouvait rempli de caseum non digéré, formant 
au niveau du colon ascendant et descendant un magma considérable. 

A partir de cette première électrisation, le malade eut, chaque jour, sept ou 
huit selles très abondantes et de même nature, et cela pendant onze jours consé- 
cutifs. 

Chaque jour, une électrisation était faite le matin. 

Chose singulière : malgré cet amas de matières stercorales, Tintestin demeurait 
perméable. On a pu, en effet, retrouver dans les selles, à plusieurs reprises, des 
parcelles d'aliments ingérés la veille. 

L'état local et général s améliore progressivement. Le 26 juin apparaît unesellô 
de couleur normale. 

Et le malade se rétablit en bonne santé. 

Cette observation est intéressante à plusieurs points de vue. 

D'abord sa cause : ingestion journalière d'une quantité considérable de lait, et 
purgatifs répétés ayant amené une atonie intestinale. 

Ensuite, est à noter la perméabilité de cet amas stercoral dans lequel, sans 
aucun doute, s'était creusé un long corridor laissant passer les matières venues 
de l'estomac. 

Enfin, il faut rappeler la quantité considérable de matières stercorales anciennes 
contenues dans l'intestin et, pour terminer, le résultat avantageux du traitement 
électrique dans ce cas grave en lui-même et sensiblement aggravé par la com- 
plication d'un érysipèle ambulant. 



M. D..., âgé de quatre-vingt-deux ans, a depuis cinq ou six ans une grande 
difficulté pour aller à la garde-robe. Il en est arrivé à prendre journellement, 
depuis deux ans, plusieurs pilules écossaises dont il a dû progressivement aug- 
menter la dose. 



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RBVUB INTBBNATIONALB D'éLBCTROTHERAPIB 121 

Le i octobre 1888, je suis appelé auprès de lui par M^. Théoph. Anger et 
Cheurlot, ses médecins. 

Les antécédents du malade, que ces messieurs observent depuis longtemps, 
sont parfaits, à l'exception de la constipaticfn habituelle signalée plus haut ; la 
santé s*est maintenue excellente Jusque il y a dix jours juste, c*est-à-dire le 
24 septembre. 

Ce jour-là, M. D..., malgré ses pilules habituelles, n'est pas allé à la garde- 
robe, sans s'en préoccuper du reste outre mesure. 

Cependant, au bout de six jours de constipation absolue, son entourage, se 
préoccupant de cet état, demande conseil à MM. Anger et Cheurlot. A ce moment, 
c'est-à-dire le l**" octobre, le malade n'a rien rendu, ni gaz ni matières, depuis 
six Jours; le ventre est légèrement ballonné, la langue sabunale. Il j a de l'ano- 
rexie et quelques nausées. 

Diagno?tic : embarras intestinal. — Traitement : purgatif à l'huile de ricin. 

Ce purgatif est'rendu en vomissement au bout de quelques heures, sans pro- 
duire aucun effet par le bas. 

Le 2 octobre, nouveau purgatif avec une goutte d'huile de croton. 

Les vomissements rejettent encore la médecine, mais ils persistent durant toute 
la journée du 3, plutôt sous forme de vomituritions légèrement teintées de bile 
qne sous forme de véritables vomissements. 

Je vois la malade le 4 à midi. A ce moment, les voies digestives paraissent 
extrêmement saburralos; le malade, qui n'a rien pris depuis plusieurs jours^/S'est 
notablement affaibli, en raison de son grand âge. Le pouls est un peu fréquent 
(quatre-vingt-dix pulsations) ; le ventre est légèrement ballonné, point doulou- 
reux. On ne peut trouver nulle part ni matité ni sensation d'empâtement. 

Une première application d'électricité est faite à midi, sans aucun résultat. Une 
seconde, le soir à sept heures, amène quelques matières, mais en petite quantité 
et très délayées. Pas de gaz. L'état du malade reste le même. 

Le 5, au malin, nouvelle application. Encore quelques matières liquéfiées, 
mais pas de gaz. 

Dans la journée, toutefois, le malade se sent mieux et éprouve spontanément 
quelques envies de défécation, mais qui n'amènent aucun résultat. 

Le soir à six heures, quatrième séance d'électrisation. Cette fois, sous nos yeux, 
débâcle gazeuse très nette, et quelques matières semi- solides. Dans la nuit qui 
suit, évacuation spontanée et abondante à plusieurs reprises de matières très 
nauséabondes. 

Le 6 au matin, l'état général a changé de face. Le pouls est tranquille; le 
malade se sent complètement soulagé. Cependant, pour plus de sûreté, dernière 
application électrique et administration d'une pùrgation à l'huile de ricin. L'effet 
ftrt excellent. Débâcle nouvelle et considérable durant tout le jour. 

Le soir, je Juge inutile de réitérer les applications. 

Le malade est aujourd'hui parfaitement rétabli. 

On voit par ces quelques exemples combien les malades diffèrent les uns 
des autres, et combien est variable la façon dont se produit la libération 
de l'intestin. J'appellerai, enfin, l'attentipn sur toute une série de faits 
où Télectrisation intestinale a favorablement agi; il s'agit des parésies 
intestinales succédant au traumatisme chirurgical de Tabdomen. Il arrive 
P&rfois, et tous les chirurgiens qui ont quelque expérience de la laparoto- 



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122 RBVUE INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHÉRAPIE 



mie connaissent cette complication grave, que, à la suite d'une opération 
le plus souvent laborieuse, longue, et surtout après l'exposition pro- 
longée des intestins à Tair, le ventre de la malade se ballonne, sous 
température, avec vomissements bilieux et état général grave. Cette 
complication indique quelquefois que le péritoine se prend, mais elle est 
aussi souvent due à la rétention des matières fécales dans la cavité 
intestinale. Dans ces circonstances, les purgatifs sont généralement 
vomis. 

L'électrisation, par son action puissante sur la contractilité intestinale, 
remédie souvent à cet état de choses et rend à l'intestin sa fonction mo- 
mentanément abolie. 

M'"^ X..., âgée de trente-quatre ans, a été opérée par M. Terrillon d'une ovaro- 
salpingite double. L*opération a été assez laborieuse, mais toutefois s'est terminée 
sans encombre. Les premiers jours qui suivent Topération se passent à merveille, 
mais le sixième jour, peut-être à la suite d'une imprudence alimentaire com- 
mise par la malade, des vomissements surviennent, le ventre se ballonne et le 
faciès devient péritonéal. 

Plusieurs purgatifs successivement administrés étant demeurés infructueux, 
M. Terrillon me fait appeler auprès de fa malade. Lorsque je vois cette dernière 
(juin 1892) elle est opérée depuis huit jours et vomit presque continuellement 
depuis vingt-quatre heures. Son état général semble très grave. Son abdomen, 
peu sensible à la palpation, est, au contraire, le siège de vives douleurs sponta- 
nées. Le pouls est faible et fréquent (cent vingt pulsations). 

M. Terrillon porte le diagnostic de rétention stercorale et de phénomènes 
septiques consécutifs. Il est donc d'avis d'appliquer le lavement électrique : ce 
que je fais immédiatement. Sous nos yeux une débâcle se produit, d'abord de 
gaz, puis de matières fécales assez abondantes. 

Le lendemain matin, la malade est mieux; elle se sent notablement soulagée, 
le pouls est meilleur, moins rapide (quatre-vingts); les douleurs abdominales 
sont amoindries. Néanmoins, l'intestin ne me paraissant pas complètement 
libéré, j'applique un second lavement électrique qui produit encore une libé- 
ration partielle. 

Le surlendemain, ramélioration a encore fait des progrès sensibles et nous 
considérons la malade comme sauvée; mais, en dehors des séances électriques, 
l'intestin reste complètement inerte et nous jugeons utile de poursuivre jour- 
nellement l'électrisation jusqu'à ce que l'intestin reprenne spontanément ses 
fonctions. Ce résultat n'est obtenu qu'après neuf applications (une chaque jour). 
A ce moment, la malade commence à se lever. 

Auparavant, j'avais eu à intervenir, appelé par mon maître et ami, M. Terril- 
lon, dans six circonstances semblables, avec des alternatives de succès et de 
revers, mais sans que l'opération récente ait apporté la moindre contre-indication 
à notre ligne de conduite. 

J'arrêterai là les exemples que je fournis à Tappui de ma thèse, lis 
me semblent suffisamment démonstratifs et, des considérations qui pré- 
cèdent, il est permis, croyons-nous, de conclure que les lavements 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBGTBOTHÉRAPIE 123 

électriques, convenablement administrés, sont exempts d'inconvénients 
et de dangers. 

Ce que nous ne saurions surtout admettre, c*est que, dans le cas où 
la mort est survenue après une laparotomie succédant aux lavements 
électriques, cette mort doive être attribuée aux lavements, ceux-ci ayant 
retardé l'intervention chirurgicale. 

Sans doute, si Ton doit opérer, il vaut mieux opérer de bonne heure; 
mais, dans une affection où le diagnostic de la cause est si souvent 
incertain, comment prévoir sûrement les cas où échouera l'action mé- 
dicale? 

< N'oublions pas, comme le dit M. Hérard dans un rapport fait à 
TÂcadémie de Médecine, que la mortalité de la laparotomie pour cause 
d'occlusion est encore énorme, malgré l'antisepsie, ce qui ne doit pas 
surprendre, pour peu qu'on réfléchisse aux conditions défavorables dans 
lesquelles l'opération est pratiquée, par suite de la stercoreuse, de l'irri- 
tation des nerfs du péritoine qui retentit si vivement sur tout l'orga- 
nisme, de la difficulté de l'exploration des viscères de l'abdomen et des 
dangers de la malaxation d'un intestin fortement distendu. Que pourrait 
faire, d'ailleurs, la laparotomie en présence de cas encore assez fré- 
quents (thèse de M. Thibierge) de simples accumulations de matières 
fécales et de parésie intestinale ? » 

A quel procédé faut-il accorder la préférence ? 

De nombreuses observations sont là pour témoigner que toutes les 
formes électriques ont donné de bons résultats (1) mais aucune ne peut 
présenter un ensemble d^observations aussi encourageant que la galva- 
nisation intestinale par le lavement électrique. Aucun n'est mieux exempt 
de tout danger. Nous croyons donc que cette méthode doit être préfé- 
rée; mais il va sans dire que, quand on n'a pas l'instrumentation néces- 
saire sous la main, on peut recourir à la faradisation. 

Notre conclusion, très ferme est très raisonnée, est, en somme, que 
Télectricité doit être placée au premier rang parmi les moyens que le 
médecin possède pour combattre une affection si redoutable. Malheureu- 
sement, il faut bien le reconnaître, ce moyen est encore trop peu connu 
et trop dédaigné. 

(l) Je citerai, en particulier, une observation qui m'est communiquée par mon 
éminent confrère, M. Semmola, professeur de thérapeutique à l'Université de Naples. 
jl s'agit d'un jeune homme atteint d'une occlusion intestinale, due à une paralysie 
ialeslinale transitoire, causée par un épuisement nerveux, s'accompagnant de parésie 
^ésicale. Le procédé employé fut le suivant : Pôle positif introduit dans le rectum, 
WU8 forme d'un cathéter. Pôle négatif de forme olivairc, promené sur l'abdomen, sur 
'ccœcum, sur le colon et sur TS iliaque. Al. Semmola déterminait ainsi des lîuctua- 
lions dans l'intensité du courant. Trois applications par jour. Dès la troisième appli- 
cation leschurie cessa et après la neuvième application, le malade eut des évacuations 
alvittCB régulières. 



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124 REVUE INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÉRAPIE 



VARIÉTÉS 



Le Téléphone médecin. 

Décidément, les Américains semblent vouloir s^att^icher de toutes les façons à 
faire de leur exhibition la véritable « Foire du monde » — tfie wold's Fair, 
comme ils se plaisent à dénommer cette œuvre gigantesque — si nous en jugeons 
d'après la nouvelle qui nous arrive de Chicago. On se propose d'élever au miliea 
de rîle verdoyante qui se trouve au centre de TExposition, un pavillon iî^olc 
pour établir uue immense clinique médicale où les consultations seront données 
téléphoniquement des villes les plus éloignées par les plus illustres spécialistes 
et les principales célébrités médicales. 

La combinaison d'appareils téléphoniques qui a servi de base à cette tentative 
hardie représente bien l'instrument le plus invraisemblable que le cerveau humain 
ait pu concevoir à ce jour. 

Le téléphone ordinaire, en rapprochant si étonnamment les distances, permet- 
tait à deux hommes de converser familièrement ensemble à quelques centaine? 
de lieues, mais les interlocuteurs ne pouvai<*nt se parler qu'en aveugles. Et voilà 
que demain, grâce au diaphoie^ on se verra aussi bien de loin qu'on s'y parlait 
hier. 

Non seulement on s'y verra, mais encore on s'y touchera, en quelque sorte, 
avec le télesphygmotact. 

L'absence et la distance ne seront décidément plus que de vains mots. 

Cette nouvelle découverte a ceci de bien particulier, c'est qu'ayant été faiie 
par un médecin, elle aura une première application purement humanitaire, 
puisqu'elle est destinée à permettre d'installer, comme nous venons de le dire, 
une sorte de clinique téléphonique où les malades trop affaiblis ou trop pauvre* 
pour entreprendre un long et coûteux voyage, afin d'aller demander lés conseils 
des princes de la science, pourront les consulter de loin, écorner directement 
leurs ordres, leur montrer la langue et se faire tâter le pouls. 

C'est une œuvre humanitaire par excellence, n'est-ce pas? 

Nous sommes persuadés que ce sera aussi une excellente affaire, car les Amé- 
ricains font tt)ut marcher de pair. Il est de toute justice, en vérité, que l'auteur 
d'une découverte aussi utile, aussi merveilleuse, en retire également des béné- 
fices matériels, et que les capitaux destinés à la naettre en pratique soit hono- 
rablement rémunérés. 

Avant d'exposer en détail le fonctionnement de cette nouvelle consultation 
d'un goût si moderne, donnons d'abord une rapide description technique des 
appareils qui vont permettre de l'installer. 

Le cabinet téléphonique de la clinique sera constitué essentiellement par la 
combinaison de quatre appareils différents : un téléphone ordinaire, ua stéthos- 
cope microphonique, un diaphote et un télesphygmotact. 

Du téléphone, à proprement parler, nous n'avons rien à dire, puisqu'il ne dif- 
fère pas de l'instrument que tout le monde connaît. 

Le stéthoscope est, comme on fait, une espèce de cornet acoustique dont fe 
servent les médecins pour percevoir les sons des organes dans la poitrine. A un 
instrument de ce genre est adapté un petit appareil microphonîque destiné a 
recueillir lei^ sons perçus et à les amplifier. Nous n'avons pas besoin d'in- 
sister. 



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RBVUB INTBRNATlONAtB D*BLEGTROTHBRAPIB 12o 

Le Télésphygmotact est destiné à permettre au médecin de tâter le pouls du 
malade à distance. Il comprend un appareil récepteur. 

L'appareil transmetteur se compose d'un levier dont l'une des extrémités porte 
on petit bouton destiné à être appliqué sur l'artère, tandis que l'autre est fixée 
au centre d'un diaphragme ou disque métallique qui ferme une petite caisse en 
bois. 

Derrière ce diaphragme est placé un dispositif particulier qui, à l'aide de 
bobinettes de lil de cuivre et de lames d'acier aimantées, permet la transmission, 
à l'aatre bout du circuit, des ondes de la poussée artérielle recueillie par l'ex- 
trémité du levier. 

L'appareil récepteur se compose d'une caisse semblable à celle du transmet- 
teur. Au centre du diaphragme est également fixée l'une des extrémités d'un 
bras de levier. L'extrémité de l'autre bras repose sur une sorte de tube en 
caoutchouc rempli de liquide et formant un circuit fermé dans lequel une série 
de valvules spéciales, convenablement disposées, permettent l'avancement du 
liquide dans un sens déterminé Ce tube est emboîté dans la rainure d'un mor- 
ceau d'ébonite destiné à figurer le bras du malade. 

C'est ce que l'on pourrait appeler une sorte d'artère artificielle. 

Supposez qu'une pression quelconque, produite par le doigt ou par l'extrémité 
du levier de l'appareil transmetteur, vienne s'exercer, en un point du tube, la 
pression, grâce à l'élasticité des parois, se transmettra à la colonne liquide qui, 
elle-même, exercera une poussée sur les valves volsilles: celle de gauche restera 
fermée, celle de droite s'ouvrira et laissera passer une certaine quantité de 
liquide. Les parois du tube en caoutchouc subiront elles-mêmes cette poussée et 
la partie extérieure qui n'est pas soutenue se laissera distendre. 

Si le doigt du médecin est exactement placé à cet endroit, il se trouvera légè- 
rement soulevé. A ce moment, les parois du tube, grâce à leur élasticité, cher- 
cheront à reprendre leur forme normale et exerceront sur la colonne liquide 
une pression qui en chassera une certaine partie à travers la valvule suivante, et 
le tube s'affaissera. Cette poussée et cette dépression donneront au doigt l'illu- 
sion complète de l'onde artérielle, et si elles reçoivent l'impulsion directe du 
petit levier transmetteur, les sensations perçues seront rigoureusement identi- 
ques à celles que pourrait produire le pouls du malade lui-même. 

Le Diaphote, en deux mots, est un appareil qui permet de voir dans un miroir, 
aune extrémité du fil métallique, l'image de n'importe quel objet placé en face 
d'un autre miroir disposé à l'autre extrémité du fil. 

Ces miroirs se composent : l'un de sélénium et de chrome, l'autre de sélénium 
et d'iodure d'argent, substances très sensibles à la chaleur. Chaque miroir est 
formé d'un certain nombre de petites plaques, et les couples correspondants 
^nt reliés par des fils séparés. Le miroir récepteur est placé dans une chambre 
obscure et reçoit, à travers une lentille, l'image des objets. 

L'image, impressionnant diversement les plaques du miroir récepteur, pro- 
duit des variations dans les courants électriques qui traversent les fils, les varia- 
tions amènent un changement dans les plaques du miroir, lequel représente une 
image fidèle de l'objet. 

On peut arriver même à photographier l'image transmise, et, dans une expé- 
rience remarquable, on a obtenu ce résultat surprenant : reconnaître, d'après 
cette photographie, qu'un billet de banque était faux. 

Passons maintenant à l'application que l'on compte faire de ces divers appa- 
reils à la clinique médicale. Supposez un malade, étendu sur un lit, à Chicago, 



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126 HBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéKAPlE 

ayant à ses côtés un médecin spécial au coureipt de la manœuvre des appareils 
et en communication téléphonique avec un prince de la science à New- York. 
Le médecin consultant commence Tinterrogatoire de son malade^ il lui fait dire, 
comme de coutume, tous les commémoratifs propres à éclairer le diagnostic, 
lui pose toutes. les questions nécessaires, se rend compte des modifications du 
timbre de la voix, des anomalies, des particularités qui peuvent lui fournir des 
indications utiles. Cet interrogatoire terminé, il demande à son confrère corres- 
pondant de placer le miroir du diaphote devant la figure du malade. Il en observe 
alors le faciès avec autant de rigueur que 8*il l'avait véritablement sous les yeui, 
se rend compte de la couleur de la peau, examine les sclérotiques, fait tirer la 
langue, etc. Il porte de même ses investigations sur toute autre partie du corpâ 
sUl le juge convenable. Si c^est une dame, il peut la passer au spéculum (par 
procuration) en l'examinant lui-même de visu. Ses investigations terminées, il 
fait alors placer le stéthoscope sur les points du thorax dont il donne Tindica- 
tion et ausculte soigneusement son client. Enfin, pour terminer son examen, le 
sphjmotact est placé, à sa demande, sur le radiale du malade, dont il tâte le 
pouls correspondant sur Tarière artificielle qu*il a sous la main. 

L*homme de Tart peut> après cela, porter un diagnostic aussi rigoureusement 
exact que s*il était au chevet du patient, dicter son ordonnance au médecin 
correspondant qui lui sert de secrétaire et signe ex consuUatione, 

Pour appliquer ce système, la Société d'exploitation organisera, dans Texpo- 
sition même, comme nous Tavons dit plus haut, dans un petit pavillon isolé, 
auquel on pourra parvenir directement à Taide d'un petit chemin de fer à voie 
étroite, genre Decauville. 

Le train comportera une voiture sanitaire où les malades pourront être porlcs 
sur des brancards à sommier, confortablement installés. Ce wagon pénétrera 
directement dans la salle de clinique, de façon que le malade puisse être mis à 
portée des appareils sans subir de déplacement. 

Plusieurs salles d'attente et plusieurs oabiuels seront installé^ pour les 
malades pouvant marcher. Un médecin spécial sera attaché à chaque cabinet, 
qui réglera Tordre des consultations, la manœuvre des appareils, sera chargé de 
donner au médecin consultant les renseignements complémentaires et d'écrire 
l'ordonnance sous sa dictée. 

En ce qui concerne les médecins consultants, la chose sera bien simple 

Un représentant de la Société ira trouver les principales célébrités médicale?, 
leur demandera de consacrer tous les jours une heure déterminée à celte consul- 
tation à distance, fixera avec eux le. taux de leurs honoraires qui leur seront 
soldés par la Compagnie, les exercera à la manœuvre des appareils récepteurs et 
on fera po?er un à leur domicile. Et tout sera dit. 

Point n*est besoin d'ajouter qu'aucun d'eux ne refusera, pour une foule de 
motifs î ils y verront la perspective de toucher des honoraires fort honnêtes sans 
dérangement ni perte de temps; ils y trouveront une fort belle occasion de 
réclame, d'autant plus indiscrète qu'elle sera plus inattaquable, et finalement U 
nouveauté et Toriginalilé de la chose entraîneront fatalement les plus hésitanU* 

Reste lé malade : son adhésion est tellement assurée, disent les organisateur** 
que la seule chose à redouter, c'est un enthousiasme trop débordant. 

On assure même, en effet, que beaucoup de gens bien portants feront le sacri- 
fice d'une consultation pour avoir le droit de voir la tête du médec'm quand ils 
lui tireront la langue devant le miroir. D^ Gbhbl. 



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WBVUB INTEHNATIONALB D'éLECTROTHéRAPlE 127 



Traitement de la salpingite par évacuation du liquide, 
réalisée par la méthode électrique (1). 

L'auleur nous apprend qu'il a récemment communiqué à la Société 
d'Obstétrique do New- York un certain nombre de cas traités avec un plein 
succès ]iar sa méthode. 

Le D*" Goëlet ne croit pas que la méthode électrique présente des contre- 
indications, ainsi qu*on Ta prélendu ; il est prêt à utiliser la dilatation, le curet- 
tage, le drainage avec une mèche de gaze dans certains cas, mais les indica- 
tions sont peu nombreuses et Télectricité remplacera avantageusement ces 
pratiques dans la majorité des cas. L'électricité n'est pas employée par tous 
les pralriciens par la raison qu'elle n'est pas appréciée à sa juste valeur; on 
se donne peu de peine pour l'apprendre et on se contente de la considérer 
comme un agent mystérieux dont les effets sont sujets à caution : il faut trop 
se donner de peine pour arriver à l'apprécier à sa juste valeur. 

Le D*" Goelet énumère les raisons qui lui ont fait accorder la préférence à 
rélectricité dans le traitement des affections de ce genre; une pratique de 
quinze ans lui ayant permis de reconnaître que les anciennes méthodes sont 
fatigantes, lentes et très infidèles, il accueillit avec satisfaction la méthode 
nouvelle, qui s'annonçait comme devant donner des résultais rapides, tout en 
arrachant les malades aux dangers d'une opération sanglante. 

L'intervention chirurgicale ne constitue pas du reste une méthode 
infaillible, tandis que le procédé préconisé par l'auteur satisfait à la fois le 
médecin et le patient, et plus on utilise cette méthode, plus on apprend à 
l'apprécier. Il est vrai que le procédé n'est pas applicable à tous les cas, et ne 
doit pas être employé à l'exclusion de tous les autres. L'orateur a eu souvent 
à se louer des effets des méthodes du D"* Folk et d'autres, dans les cas justi- 
ciables de ces heures de traitement. 

L'auteur a pensé qu'il était à peine nécessaire de faire ressortir que, pour 
obtenir des effets satisfaisants avec ce mode de traitement ou avec un autre, 
quel qu'il soit, il faut procéder avec discernement et chercher à atteindre un 
but nettement déterminé ; il n'arrive que trop souvent qu'on emploie Télec- 
Iricilé au hasard, tout en s'élonnant ensuite de ne pas avoir réussi. De telles 
façons d'agir ne peuvent que contribuer à discréditer la méthode. Deux 
choses sont indispensables à qui recherche les succès : un diagnostic très 
exact et une notion des indications thérapeutiques, et en second lieu l'intui- 
tion très nette du but à atteindre au moyen de l'agent électrique. 

Goelet se sert du courant galvanique dans le but de produire un relâche- 
ment suivi de dilatation du canal cervical, ce- qui permet un drainage de la 
cavité utérine. Pour atteindre ce résultat, l'opérateur introduit une électrode 
métallique reliée au pôle négatif dans le canal cervical. Si l'on veut arriver à la 
dilatation sans cautérisation, on se servira d'un courant faible. S'agit-il au 

(1) Extrait de la communication faite par le D' Augustin U. Goelet, de New-Vork, à 
la deuxième réunion annuelle de la Société américaine d'Éleclrothérapie (4, 5 el oc- 
tobre 1802). 



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128 RBVUB INTBRNATIONALB D'ÉLECTROTHéRAPlE 

contraire de détruire la muqueuse intra-utérine malade, il faudra utiliser un 
courant plus intense. L'emploi du pôle négatif donne lieu à une évacuation 
profuse suivie de dépression et à un relâchement suivi de dilatation de rori- 
fice des trompes, lorsque leur entrée est obstruée par la tuméfaction delà 
muqueuse. 

Il cite l'opinion de Bland Sutton, qui déclare que Torifice utérin des 
trompes est rarement oblitéré, et que Tobstruclion n'est due qu'à une 
tuméfaction de la couche muqueuse permettant une évacuation par cette voie 
aussitôt que la tuméfaction a cédé. 

Le même observateur soutient que les tuméfactions sensibles à la pression 
de la cavité pelvienne qu'an observe dans ces cas, représentent fort souvent 
les trompes tuméfiées par catarrhe de leur muqueuse : Tinflammation une 
fois disparue, le gonflement, la douleur et la sensibilité à la pression dispa- 
raissent à leur tour. 

Le D^ Goelel a donc pensé que rien ne s'opposait à l'obtention d'un résul- 
tat de ce genre, puisqu'on l'a atteint dans d'autres régions du corps. Il a 
pris l'habitude d'employer à la fois le courant galvanique, comme il est dit 
ci-dessus, et le courant faradique dans le but de combattre la douleur et la 
congestion. L'application intra-utérine guérira l'endométrite qui, selon toute 
probabilité, a été la cause de la salpingite et s'oppose à la disparition de cette 
dernière. 

L'orateur pense que le pôle positif est contre-indiqué s'il y a quelque 
accumulation de pus ou si l'évacuation du liquide tubaire s'est faite incom- 
plètement. En l'absence de ces deux complications, il emploie, pour com- 
battre la tuméfaction et la congestion, de préférence le pôle positif apjdiqué 
dans le vagin ou sur la paroi abdominale. 

Au début du traitement, il faut employer le courant faradique pour calmer 
la douleur et accoutumer la malade ; il utilise alors la méthode bi-polaiie 
intra- vaginale. Plus tard, il continue l'application du courant faïadique dans 
le vagin, pour exciter les mouvements périslaltiques des trompes destinés à . 
provoquer l'évacuation des liquides. 

Goelet insiste sur la nécessité d'utiliser des appareils dignes de confiance, 
car on observe, dans le cas contraire, que le courant fai-adique aggravera la 
situation au lieu de l'améliorer. 

L'orateur termine en faisant ressortir que la principale indication du 
traitement des salpingites de ce genre est de combattre la douleur, de modi- 
fier Tengurgement et d'assurer l'évacuation du liquide tubaire par le canal 
utérin; l'électricité employée avec discernement permettra cerlainemeni 
d'arriver à la guérison. 

(Trad. de L'anglais par le D^ VoytJ 

Le Propriétaire-Gérant : D' O. GAUTIER. 

Paris. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Caire, 8 et 10. 

Usine à vapeur et Ateliers, rue des Filles-Dieu, 8 et lo. 



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BULLETIN OFFICIEL 

DB LA. 

SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'ÉLECTROTHÉRAPIE 



SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1892 



JPrésidenoe de M., le professeur 0-A.RIB3U 



i« M. le D*' Régnier remercie le président pour sa nomination comme 

membre de la Société. 

20 Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

^^ Les candidatures de MM. le professeur Semmola, de Naples, et du 
D^ René Yerhoogen, de Bruxelles, sont votées à Tunanimilé après lecture 
des rapports de MM. Larat et Gautier. 

M. Larat rappelle que M, Semmola, professeur de thérapeutique à TUni- 
versilé de Naples, sénateur du royaume, est une des plus hautes personna- 
lités médicales de Tltalie. C'est, en outre, un ami sincère et dévoué de la 
France, et il témoigne de ses sentiments en venant présenter à TAcadémie de 
Médecine de Paris, dont il est membre correspondant, ses plus importantes 
communications. Enfin, personne n*ignore que le D^ Semmola s'est occupé 
à diverses reprises de questions élecirothérapiques, particulièrement en ce 
qui concerne le traitement du saturnisme, des affections de Testomac et des 
iatestins par la galvanisation. 

M. Gautier rappelle que M. le D' Verhoogen a publié récemment doux 
mémoires très intéressants (1). 

Le premier ; Sur les variatioîis pathologiques de la résistance du corps 
humain au courant galvanique. [Journal de Médecine^ de Bruxelles, 1892, 
H» 23.) 

Dans ce mémoire, lauteur énumère les faits bien connus sur lesquels on 
s'est appuyé pour établir que la résistance offerte par le corps humain au pas- 
sage du courant galvanique peut présenter des variations imputables à cer- 
tains étals pathologiques. Il indique rapidement les procédés cliniques usités 
pour celte mensuration et rapporte ensuite deux observations dans lesquelles 
la résistance électrique était notablement augmentée. 

(1) Ce rapport n'a pu être lu entièrement en séance. Tordre du jour étant très chargé. 



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130 SOCIBTè FRANÇAISE d'ÉLEGTROTHÉHAPIB 

Dans le premier cas, il s'agissait d'un malade atteint du mal de Pott, avec 
paraplégie. L'examen pratiqué à IJaide du courant galvanique permit à l'au- 
teur dé conclure à une lésion intéressant les cordons postérieurs et d'indi- 
quer par une figure schématique le siège présumé de la lésion. Ses conclu- 
sions furent, autant que possible, vérifiées au cours de l'opération qui fut 
pratiquée sur la colonne vertébrale quelques jours plus tard; la partie posté- 
rieure de la moelle était creusée d'un sillon transversal. 

Dans le deuxième cas, il s'agissait d'une jeune fille atteinte de tabès 
dorsalis avec atrophie musculaire à la main gauche. Or, à la face palmaire 
de cette môme main, il existait une augmentation considérable de la résis- 
tance. 

L'auteur ne prétend tirer aucune conclusion de ces faits, qu'il rapporte à 
titre de données statistiques. Il se borne à appeler l'attention sur les relations 
éventuelles entre l'augmentation de la résistance et les lésions des cordons 
postérieurs de la moelle. 

Le second : Sur le courant galvanique et les affections des nerfs péri- 
phériques. {Journal de Médecine, de Bruxelles, 1892, n« 44) 

Plusieurs électro-thérapeutes, et non des moins renommés, sedéclarenl 
insuffisamment éclairés sur les effets thérapeutiques du courant galvanique 
dans les affections des nerfs périphériques. 

Or, M. Verhoogen rapporte trois observations établissant clairement Teffi- 
cacité du traitement électrique : 

a. Paralysie faciale rhunqatismale. Lorsque l'auteur vit le malade, irois 
mois après le début de l'affection, celui-ci avait été traité par le courant 
galvanique appliqué, on ne sait pourquoi, uniquement sur les branches 
moyenne et inférieure du nerf. La branche supérieure ne récupéra sa 
motilité que deux mois après les autres branches, le traitement subséquent 
ayant été identique pour toutes trois. 

b. Section accidentelle des nerfs médian et cubital, suture des troncs 
intéressés. Quatre mois plus tard, la paralysie persistait toujours, on appli- 
qua la galvanisation; premiers mouvements après la huitième séance, gué- 
rison après la dix-septième séance. Avant l'électrisation, la paralysie n'avait 
montré aucune tendance à la guérison spontanée. 

c. Névrite traumatique du tibial postérieur et entorse tibio-tarsienne. 
Galvanisation transversale de l'articulation. Le malade, qui ne pouvait mar- 
cher au début du traitement, reprend, après la cinquième séance, sa pro- 
fession de garçon de café. La guérison s'est maintenue ; les autres traite- 
ments et le massage, appliqués avant le début du traitement électrique, 
n'avaient donné aucun résultat. 

Conclusion : le courant galvanique a une action thérapeutique réelle. Il 
abrège considérablement la durée du temps nécessaire à la guérison, et 
réussit souvent là où d'autres moyens de traitement ont échoué. 



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,T^^\ 



SOCIKTB FRANÇàISB D*BLBCTROTHéRAPIB 



131 



4* M. le professeur d'Arsonval est nommé président de la Société pour 
lannée 1893. 

M. Weiss, professeur agrégé à la Faculté de Médecine, est élu deuxième 
vice-président; MM. Sollier et Larat sont maintenus dans leurs fonctions de 

secrétaires. 

D" M. Apostoli lit une deuxième note sur les applications nouvelles du 
courant alternatif sinusoïdal en gynécologie, 

6<» M. Jouslain fait une communication sur le traitement des petites 
[Mineurs de la face par le galvano-cauière. 

7» M. Gautier fait part de ses recherches sur le pouvoir microbicide de 
ïûecirohjse interstitielle, 

M, Nitot demande à M. Gautier de quelle façon peut bien agir Tosychlo- 
rure de cuivre sur les endométrites. 

M. Gautier croit que des recherches nouvelles faites au sein des tissus, 
lui permettront, plus lard, de répondre à cette question, et qu'il lui parait 
rdisonnable de réserver, pour le moment, son opinion à ce sujet. 



Traitement des petites tumeurs de la face 
par le galvano-cautère» 

par le D' JOUSLAIN. 

L'usage journalier du galvano-cautère, pour modifier ou détruire les 
hypertrophies de la muqueuse pharyngienne et celles des amygdales, m'a 
conduit tout naturellement à l'employer, dans le même but, pour les petites 
tumeurs bénignes de la face et des autres parties du corps. 

11 nous arrive bien souvent à tous de rencontrer des gens porteurs de 
petits papillômes, avec ou sans pédicule, situés sur le nez, situés sur les 
joues où, pour les hommes qui se font raser, ils sont un perpétuel souci. En 
outre de Taspect déplaisant que cela donne à la physionomie, avec le temps, 
avec Tâge, le volume ou la nature de ces petits néoplasmes peut changer. Ils 
augmentent ordinairement de volume en raison du temps, et, quelquefois, 
ils se compliquent d'inflammations plus ou moins intenses, ils peuvent môme 
devenir des épithélioma, c'est-à-dire passer de Tétat de tumeur bénigne à 
celui de tumeur cancéreuse. Il importe donc d'en débarrasser les patients. 

Les moyens qu'on emploie ordinairement sont : la ligature, pour les 
tumeurs pédiculées; les acides concentrés et les pâtes caustiques, pour celles 
qui sont sessiles; les procédés chirurgicaux, en dernier lieu. 

En général, à moins d'y être absolument forcés, les porteurs de ces petites 
tumeurs préfèrent les garder plutôt que d'avoir recours à une intervention 
douloureuse, pouvant avoir des suites. 



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132 SOGIÂTé FRANÇAISB D*âLBCtROTHéRAPIB 

 Taide des cautères galvaniques de toute sorte, qui sont fabriqués d'une 
manière si ingénieuse, si commode, par messieurs les électriciens, chaque 
médecin a à sa disposition un moyen extrêmement commode pour intervenir, 
car il n*épouvante pas le malade, la douleur est insignifiante et les suites nulles. 

Les petits cautères galvaniques formés par un fil de platine tantôt réplié 
sur lui-même, tantôt enroulé en forme de boule, permettent de lui donner 
la forme qu'on veut. On peut le proportionner au volume de la saillie à 
détruire. Ensuite, condition très importante, son degré de chaleur^ qu'on 
reconnaît à la couleur de son feu, peul être i^glé très exactement pendant 
toute la durée de l'opération; sa chaleur rayonnante est presque nulle. 

Muni de l'appareil qui consiste sommairement en une pile au bichromate 
de potasse chargée en quantité, de deux fils conducteurs qui en partent et 
aboutissent à un manche sur lequel se montent des cautères variés, je 
procède ainsi : Si le petit papillôme est pédicule, je le saisis avec une pince 
pour tendre le pédicule, et le cautère en* pointe porté dessus, le sectionne 
d'un coup. Si la forme du papillOme est celle d'une groseille, d'une cerise, 
je me sers d'un cautère en boule porté au rouge sombre, et, dans une pre- 
mière opération, je détruis la partie saillante par petits coups et je mouille 
avec de l'eau boriquée froide. La petite eschare noire qui résulte de cette brû- 
lure dure quinze jours environ. Je la laisse tomber d'elle-même et après, s'il y 
a lieu, je régularise, dans une dernière opération, les saillies qui ont pu rester. 

En prenant la précaution de bien régler son feu à l'avance, de ne donner 
que la chaleur indispensable et de mouiller à froid aussitôt après, il n'est 
guère de patient qui ne puisse supporter cette petite opération. La douleur, 
peu intense, cesse en môme temps que l'opération ; il n'y a pas d'infection à 
craindre et aucun pansement à faire. 



Sur le pouvoir microbicide de l'Électrolyse interstitielle, 

par le D' GAUTIER. 

J'ai l'honneur de présenter à la Société une note au sujet de recherches 
d'électro-microbiol(^ie. 

Sous le nom d'électrolyse interstitielle, j'ai systématisé une application 
du courant de la pile à la médecine. 

Celte application est basée sur l'usage du pôle positif : \^ Quand ce pôle 
est relié à une tige métallique oxydable ; 2« quand il décompose une solu- 
tion saline. / 

Dans cette note, je n'envisagerai comme métal que le cuivre pur, coimme 
sel que l'iodure de potassium. 

Dans le premier cas on produit de l'oxychlorure de cuivre ; — ^&ans le 
second de l'iode libre, etc. 



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G( 



SOClàTé PRANÇAISB D'éLHCTROTHéRAPIB 133 

L'oxychlorure de cuivre et Tiode libre jouissent à l'état naissant de pro- 
priétés microbicides qu'on peut mettre ten évidence avec le dispositif suivant: 
Dans deux cylindres en verre communiquants, fermés à leur extrémité infé- 
rieure par deux bouchons en caoutchouc qui permettent de fixer deux 
élec^trodes reliées aux deux pôles de la pile, on fait les doux expériences 
suivantes : 

Première expérience. — Les deux cylindres sont remplis de sérum arti- 
ficiel; dans Tun, qui contient une électrode positive en cuivre pur, on verse 
cinq grammes de culture pyocanique. 

Avant le passage du courant on prélève deux gouttes de liquide (mélange 
de cette culture et du sérum), puis on fait un deuxième et un troisième pré- 
lèvement sept minutes et un quart d'heure après le passage du courant. 
Ces trois prélèvements sont semés sur de Tagar en tubes. 

 une intensité de 40 milliampères, on constate les résultats suivants : 

!• Le premier tvhe témoin^ après vingt-quatre heures^ offre un déve- 
loppement abondant^ pigment vert. Après quatre jours ^ teinte verte des plus 
intenses. 

2<» Le deuxième tube^ ensemencé sept minutes après le passage du courant, 
offre, au bout de vingt-quatre heures, un développement léger: pas de 
pigmenL Après quatre jours, on constate un développement assez riclie, 
sans trace de pigment. 

3o Le troisième tube, ensemencé un quart d'heure après le passage du 
courant, ne présente, à la vingt-quatrième heure, aucun développement. 
Après quatre jours, débute un développement très peu marqué. Pas de 
pigment. 

Deuxième expérience. — Les deux cylindres sont remplis d'une solution 
d'iodure potassium au un dixième; dans celui qui contient une électrode 
positive en charbon, on verse cinq grammes de la même culture. Avant le 
passage du courant, on prélève également deux gouttes de liquide (mélange 
de cette culture et de la solution], puis on fait un deuxième prélèvement, 
un quart d'heure après le passage du courant. Ces deux prélèvements sont 
semés sur de Tagar en tubes. 

A une intensité de 40 milliampères, on constate les résultats suivants : 

1® Le premier tube témoin, après quatre jours, offre un développement 
abondant. Pigment vert laiteux. 

2» Le deuxième tube, ensemencé un quart d'heure après le passage du 
courant, représente le quatrième jour un développement minime. Pas de 
pigment. 

De ces recherches, on peut tirer quelques conclusions. 



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134 



k- 



SOCléTé FRANÇAISE D'BLP.CTR0THÉRAPIB 



D'abord, que Toiychlorure de cuivre qui naît au pôle posiiif de la pile 
avec des électrodes en cuivre pur ihiluence fortement, après sept minutes, 
le bacille du pus bleu, dans ses fonctions de sécrétion des pigments ; faible- 
ment dans sa multiplication. Après un quart d'heure, avec un couranl de 
40 milliampères, la fonction est totalement supprimée : la vie existe à peine. 

En second lieu, Tiode libre, après un quart d'heure, à 40 milliampères, 
agit nettement sur la vie du bacille et supprime la fonction de sécrétion des 
pigments. 

Or, comme on sait que les microbes interviennent et par leurs sécrétions 
et par leur nombre, ces résultats montrent qu'on peut les influencer 
utilement. 



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L 



>^ Annrb. Décembre 1892. N* 5. 



REVUE INTERNATIONALE 



TRAVAUX 

DE 

L'ASSOCIATION AMÉRICAINE OtLECTROTHÉRAPIE 



Deuxième Session, tenue à New-York, les 4, 5 et 6 octobre 1892. 



i®' JOUR : 4 OCTOBRE. — SéANCB DU MATIN. — 



M. LE Président souhaite la bienvenue aux membres de TAssocialion et 
lit ensuite un travail sur 

L'électricité et la science médicale. 

Rarement on a vu une étude, qui exige tant de soins, abandonnée comme 
celle-ci aux incompétents, à l'exception toutefois de quelques auteurs qui oot 
pu se faire une brillante renommée. 

Parmi les causes de la situation arriérée qu'occupe actuellement Télectro- 
thérapie, il faut citer d'abord la difficulté qu'il y a à se rendre compte de la 
nature de l'électricité; ensuite la traditionnelle préférence des médecins pour 
les médicaments, le septicisme à l'égard de la valeur des agents thérapeu- 
tiques en général; puis, un mépris bien naturel pour l'ignorance des méthodes 
employées par les charlatans, qui les premiers ont fait usage de l'électricité 
en médecine; enfin l'ignorance du public, qui voudrait envisager l'électricité 
comme une panacée universelle. 

A présent, les électriciens commencent à envahir le domaine de la biologie 
ôl» ce qui vaut mieux, les médecins dirigent leur attention vers l'étude phy- 
sique de l'électricité. Nous fondons nos connaissances sur l'action bien con- 
nue de cet agent sur les tissus vivants, par exemple l'excitation du proto- 
plasme vivant, l'électrolyse sans laquelle n'existerait aucune conduction, la 



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136 RBVUB INTBRNATIONALB D'ÂLBCTROTHÂRAPIB 

cataphorèse, par laquelle les liquides de l'organisme humain sont, sous Fac- 
tion du courant, transportés du pôle positif au pôle négatif; enfin les eiïets 
vaso-moteurs. 

L*électroIys6 et la cataphorèse, Tune chimiquement, Tautre mécanique- 
ment, modifient la proportion et la répartition des sels nécessaires à la nutri- 
tion propre et au fonctionnement des différentes parties de l'organisme vivant. 
L'action de l'électricité sur le corps humain se traduit en grande partie sous 
forme de processus chimiques, lesquels viennent s'ajouter aux réactions chi- 
miques ordinaires qui se passent dans l'être vivant. On peut donc dire que, 
pour une grande part, l'électrothérapie a pour effet d'ajouter ou d'opposer 
une action chimique à une autre. 



Le deuxième objet à l'ordre du jour est constitué par le rapport du comité 
chargé d'étudier les bobines faradiques. Le comité n'a pu jusqu'à présent 
formuler son rapport, mais ses membres, MM. les D^* Morton, Goelet, 
Hutchinson et Massey ont tenu à exprimer leur opinion individuelle sur le 
sujet. 

M. Goelet (New-York) constate que, vu les grands frais nécessités par la 
construction des bobines à fil long et fin qu'il désirait faire établir, les fabri- 
cants» à l'exception de la Chloride Silver Dry Cell C^ et de la Galvano- 
Faradic G®, n'étaient guère disposés à les construire. Cependant, il a person- 
nellement eu l'occasion de se convaincre de l'exactitude des indications qu ila 
données dans le travail qu'il a lu à la dernière session de l'Association. 

M. Hutchinson espère que le comité sera prorogé jusqu'à l'année pro- 
chaine et pourra continuer ses travaux. Il serait désirable que l'on adopte 
un type do bobine à résistance déterminée^ Alors seulement il y aurait 
moyen de comparer les données fournies par les différents, observateurs. 

M. Massey a principalement dirigé son attention vers l'étude du pouvoir 
que possède le courant faradique primaire, de faire contracter les muscles. 
Il a noté que, sous ce rapport, il existait de grandes différences entre les 
quatre bobines de Dubois-Reyraond qu'il possède. Il attribue ces différences 
aux variations dans la longueur du fil primaire, dans les dimensions et la 
masse du noyau, et dans le caractère des interruptions. 

M. Morton dit qu'on pourra se faire une idée des difficultés rencontrées 
par le comité si l'on se représente que les bobines d'induction peuvent, 
d'après leur construction, donner de 10 à 20,000 interruptions par seconde» 
Quand elles atteignent ce dernier chiffre, elles n'ont, commjB on sait, plus 
d'action sur l'organisme humain. Il demande que l'on adjoigne au comité un 
expert électricien, et propose le nom de M. A. E. Kenelly, qui est nommé à 
l'unanimité. 



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KBVUB INTBaNATIONALB D*ÉLBGTIlOTHéBAPIB 137 



Sur l'emploi et les abus de réleotricitô 
en médecine. 

M. A. D. RocKBVELL (New-York) lit une note sur ce sujet. Il cite un fait 
divers rapporté dans un journal politique et où il s*agissait à'\m cas d^empoi- 
fionnement mortel par Topium. Quatre médecins essayèrent en vain de se 
servir d'un vieil appareil électrique qu'on avait découvert dans la boutique 
d'un pharmacien voisin. Trop souvent les médecins n'ont pas l'appareil qui 
leur serait nécessaire; dans le cas en question, on eût pu pratiquer pendant 
des heures la respiration artificielle, et il n'est pas du tout impossible que 
la vie du malade eût pu être sauvée, si l'on avait eu le nécessaire sous la 
main. 

Comme exemple de la nécessité d'études spéciales, aussi bien dans la pra« 
tique de Félectrothérapie que dans les autres branches de la médecine, l'au- 
teur cite en opposition les résultats obtenus dans deux cas de paralysie 
infantile. 

Dans le premier cas, il n'existait au début du traitement qu'une légère 
contractillté musculaire. Les muscles furent soumis à une faradisation éner- 
gique et prolongée ; il en résulta qu'en peu de temps, la faible excitabilité 
électrique qui subsistait disparut complètement. 

Le deuxième malade fut traité avec patience et habileté par le courant 
continu, et l'on arriva graduellement à augmenter notablement la puissanee 
musculaire. 

Comme preuve de l'effet curatif de l'électricité lorsqu'elle est intelligem- 
ment appliquée, l'auteur présente un malade qui, à la suite d'un accident de 
chemin de fer, avait été atteint de graves lésions aux nerfs médian, radial et 
cubital. On avait, depuis trois mois, appliqué le courant faradique pendant 
une série de longues séances, lorsque l'auteur vit le malade en mai dernier, 
n existait alors une profonde atrophie musculaire avec perte de la motilité et 
réaction de dégénérescence ; le pronostic fut très défavorable. Actuellement, 
cependant, le malade est si bien remis qu'il a pu reprendre son service de 
transporteur de colis. Bans de semblables cas, l'énergie fournie par le cou- 
rant est certainement emmagasinée, à peu près comme Test l'énergie chimique 
dans les accumulateurs. 

Bien peu de médecins s'expliquent comment les formes galvanique, fran- 
klinique et faradique de l'électricité peuvent produire des effets si différents; 
il y en a moins encore qui se rendent compte des divergences qui peuvent 
exister entre les bobines faradiques elles-mêmes. L'électricité est une arme à 
plusieurs tranchants, et, eu égard à ses prétentions en apparence paradoxales, 
elle a beaucoup d'inconvénients. On veut que l'ingénieur électricien connaisse 
son métier, mais on admet que le médecin qui se sert d'électricité n'en con- 
naisse que peu de chose ou même rien. 



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138 RBVUB INTBRNA.TIONALB D*éLBCTROTHéRAPIB 

M. R.-J. NuNN (Savannase). — L'allusion faite au cas d'empoisonnemeDt 
par Topium force Forateur à prendre la défense des médecins de campagne 
qui constituent la plus grande part du corps médical. Il est absolument im- 
possible pour ceux qui exercent dans les districts où la population est peu 
dense d*avoir tous ces appareils sous la main, et cela est souvent moins de 
leur faute que de celle des circonstances. On n'a pas parlé non plus de Tio- 
tolérance de certains malades pour l'électricité. L'auteur a envoyé au prési- 
dent un malade chez lequel le courant électrique, assez faible cependant pour 
que le sujet n'eût pu en percevoir la sensation, avait produit de l'albuminurie. 
Ce fait s'est produit avec l'électricité statique, de même qu'avec les courants 
galvanique et faradique. Il se reproduisait de môme sous l'influence de cer- 
taines excitations nerveuses, telles que celles résultant d'une longue prome- 
nade, du tracas des affaires ou d'une indigestion. 

M. LE Président pense qu'en réalité, cette soi-disant intolérance était 
plutôt à l'avantage de l'électricité, attendu que nous sommes tous à la 
recherche des preuves objectives de l'action de l'électricité sur le corps 
humain. Dans le cas en question, trois ou quatre heures après l'électrisation, 
il se produisait une albuminurie marquée. 



Communication de M. Apostoli (1). 

DISCUSSION 

M. Massbt pense que ceci est le plus important des travaux d' Apostoli et 
il adopte entièrement les vues de Tauteur. Il estime que ce nouveau moyen 
de diagnostic sera d'un grand secours aux chirurgiens et leur permettra sou- 
vent d'éviter des opérations inutiles. Il pense cependant que l'existence d'une 
légère inflammation ne constitue pas une contre-indication aux applications 
intra-utérines. Mais il regarde la présence de pus contenu dans une trompe 
sans issue, comme une contre-indication positive de toute intervention intra- 
utérine. Il est convaincu que les affections ovariques et tubaires sont d'ori- 
gine utérine; le point à établir est celui de savoir si l'affection est plutôt 
utérine qu'ovarique et ceci sera habituellement éclairci par le traitement. 
Il n'aime pas les électrodes rigides employées par l'auteur. 

M. GoBLBT a, pour faciliter le diagnostic, appliqué le courant faradique 
dans le vagin par la méthode bipolaire, ce qui produit lanesthésie ; mais il 
hésite à appHquer ce procédé dans l'ulérus, suivant la méthode proposée par 
Apostoli, parce qu'il a constaté que certains sujets tolèrent mal au début 
l'intervention intra-utérine, par suite de la coexistence d'une endométrite. 

(1) Voir « Bulletin de là Société Française d'Électrothéraple », n*" 3 et 4. (Revue 
Jnlemationnale d'EUctrothérapie^ 3* année.) 



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REVUB INTBRNATIONAUB D'éLBCTROTHéRAPIB 139 

Il pense cependant que le traitement de rendométrite, qui est quelquefois la 
cause de l'extension de rinflammation jusqu'aux t^)mpes, peut diminuer 
rhypéresthésie au point que Ton puisse recourir alors au traitement 
électrique, même dans les cas que Ton n'en aurait pas cru justiciable au . 
début. Il considère qu'il serait absolument mauvais pour tout autre que pour 
un gynécologiste d'employer ce procédé dans un but diagnostique, mais il 
ne pense pas qu'il soit dans les intentions d'Apostoli de dire que tout le 
monde peut s'en servir à cet efiFet ; il n'admet pas que Ton condamne tous 
les cas d'intolérance intra-utérine à l'intervention chirurgicale et ne pense 
pas que Tauteur entende le faire comprendre ainsi. 

M. NuNN est enclin à envisager l'intolérance intra-utérine comme l'effet 
d'une idiosyncrasie et cite deux faits à l'appui de cette interprétation. 

M. RocKBVBLL pense que cette action anesthésiante du courant faradique 
de tension peut être simplement due à la disparition de cette intolérance 
apparente au traitement électrique. 

M. Dickson (Toronto) recommande l'usage au début de courants faibles 
lorsque les courants forts ne sont pas bien supportés. 

M. Walkbr (Toronto) ne partage pas l'avis défavorable de M. Massey au 
sujet de l'électrode d'Apostoli, dont les instruments le satisfont au contraire 
beaucoup. Il recommande chaudement le courant faradique de tension pour 
produire une sédation dans les affections des appendices. 

M. Clkaves (New- York) confirme toutes les données fournies par 
Apostoli sur la valeur du courant galvanique et regarde l'existence d'une 
douleur utérine comme nécessitant un soin tout particulier dans l'application 
de n^importe quel mode de traitement. 

M. LE PRésiDBMT ne peut parler d'expérience personnelle sur le point de 
savoir si la douleur anormale causée par l'application du courant indique ou 
non la présence de pus dans les organes voisins. Il la regarde cependant 
comme ayant la valeur d'un signal d'alarme. 



SBANCB DB L'APRBS-MIDI 



Un nouveau traitement de l'hypertrophie prostatique, 

Par M. G. BETTON-MASSEY, de Philadelphie. 

Pour comprendre l'action du courant sur la glande prostatique, il faut se 
rappeler que le stroma de cet organe est fait de tissu musculaire et que le 
point saillant du traitement consiste en l'emploi des propriétés contractiles 
du courant électrique. Les courants de faible intensité sont utiles contre la 
prostatite superficiellei mais ils ne donneront aucun résultat dans l'hypertro- 



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~»»"^r"~^B 



140 RBVUB INTBRNATIONALB D^éLBGTROTHéRAPIB 

phie prostatique. Dans ce dernier cas, il faut employer des courants progres- 
sifs allant de 20 à 70 milliampères; on ne se maintiendra à ce dernier chiffre 
que pendant quelques secondes. Si Ton conduit la manipulation avec un 
soin scrupuleux et une grande douceur, et que Ton ne répète pas les séances 
à moins de cinq jours d'intervalle, le traitement ne sera suivi que d'une sen- 
sation d'amélioration. A chaque séance, on emploie également le courant 
primaire et l'auteur considère que c'est là une partie très importante du trai- 
tement. Il a constaté que ce traitement rend également des services dans une 
affection qui est fréquemment associée à l'hypertrophie prostatique, c*est- 
à-dire la diminution de conlractilité de la vessie. 

L'orateur présente un instrument dont il se sert pour ce traitement et qui 
consiste en un cathéter d'argent à grande courbure prostatique, recouvert 
d'une couche de gutta-percha, excepté au niveau de l'extrémité. L'instrument 
est creux, ce qui permet mieux de localiser la situation du bec. 

DISCUSSION 

M. RoGKBVBLL n'a jamais, dans les cas semblables, pu obtenir des résul- 
tats satisfaisants par le traitement électrique, pas plus par le procédé décrîl, 
qui est le procédé ordinaire, que par aucun autre de ceux, assez nombreux, 
qu'il a essayés. 

Il a eu l'occasion récemment de traiter un cas d'hypertrophie prostatique 
très prononcée^ dans lequel on avait antérieurement pratiqué la cystotomie 
suprapubienne. Par l'ouverture abdominale, il avait introduit une aiguille 
isolée qu'il avait fait pénétrer dans la prostate à une profondeur d'un quart 
de pouce, et il avait à plusieurs reprises fait passer un courant de 15 à 30 mil- 
liampères. Lorsque, en fin de compte, on avait atteint 50 milliampères, une 
orchite s'était déclarée, et il avait fallu interrompre le traitement. En même 
temps que se déclarait cette inflammation, il se produisait une notable dimi- 
nution de volume dans la glande hypertrophiée, ce qui permet au malade 
d'uriner normalement. Plus tard, l'aiguille reliée au pôle négatif fut intro- 
duite dans la prostate, au travers de la paroi rectale. 

M. Massbt, pour conclure, dit que son expérience, quant à ce mode de 
traitement, se borne à deux cas, tous deux heureux. Dans le premier, il 
s*agissait d'un homme de soixante-treize ans qui ne pouvait plus uriner 
spontanément, ce qu'il s'est remis à faire ; la guérison se maintenait encore 
un an après cessation du traitement. Dans le deuxième cas, le toucher rectal 
indiquait une grande diminution de volume de la glande. 



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RBVXJB INTBRHATIONALB D*éLBCTROTH^RAPIB 141 



La cataphorèse électrique et ses appliquations pratiques 
comme procédé thérapeutique. 

DISCUSSION 

La discussion est ouverte par M. Frederick Petbrson (New-York) qui a, 
dès rhiver 1888-89, spécialement tourné son attention vers le traitement des 
névralgies par le courant continu, avant cette époque, il n'y avait encore eu 
aucune tentative bien scientifique concernant de semblables applications 
médicales. Ses premiers essais portèrent sur lui-même, puis sur quelques 
médecins de ses amis et sur des malades. Depuis Tépoque où il publia son 
premier travail contenant le détail de ses expériences, d'autres observateurs 
ont confirmé à de nombreuses reprises l'exactitude de ses résultats. 

Le courant électrique produit, du positif au négatif, un flux suffisamment 
puissant pour faire traverser la peau par des corps en solution. Il s'agit ici 
d'une action purement physique, n'ayant aucun rapport avec l'éleclrolyse. 
La solution médicamenteuse doit être placée exclusivement à l'anode, et plus 
la résistance du liquide est grande, plus l'action cataphorétique du courant 
sera marquée. 

On peut produire la cataphorèse par différents procédés. Le meilleur con- 
siste dans l'emploi de l'électrode cataphorique constitué par un disque de 
métal recouvert d'un disque de papier buvard humecté avec la solution médi- 
camenteuse. De cette façon, on n'emploie qu'une mince couche d'une 
quantité connue de la solution, et Ion accélère beaucoup la diffusion. 



Conditions physiques de la catapliorèse, 

Par MM. A. E. KENELLY, directeur du Laboratoire Edison, 
et le professeur E. J. HOUSTON (Philadelphie). 

En l'absence de M. Kenelly, M. Pbtbbson donne lecture de ce travail. 

L'auteur s'occupe d'abord longuement de certains phénomènes physiques 
qu'il importe de connaître pour comprendre réellement ce qu'est la catapho- 
rèse. 

Quand deux liquides, semblables ou différents, sont mis en contact par 
l'intermédiaire d'une conduite de substance isolante, telle qu'un tube de terre 
capillaire ou un diaphragme poreux, il se produit un courant qui s'accom- 
pagne régulièrement d'un flux de liquide positif vers le négatif. Si les deux 
liquides n'occupent pas le môme niveau, l'équilibre tendra comme d'habitude 
à s'établir^ mais cet effet, en traversant le courant, se superposera à celui qui 
est dû à ce dernier. 

Dans l'étude de la cataphorèse, faut-il donc éliminer l'influence de cette 
association de conditions? Étant donné une cloison poreuse déterminée, 



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142 RBVUB INTBRNATIONALB D'ÊLBCTROTBÂBàPIS 

ayant ses pores pleins de liquida, la quantité totale de la solution qui sera 
transportée dépendra de la quantité d*électricité qui passe et le résultat ne 
dépend visiblement pas des dimensions en surface et en épaisseur de la 
cloison; au contraire, la nature du diaphragme et celle de la solution en 
expérience exercent une grande influence sur la quantité de liquide trans- 
portée. Il £aut donc se rappeler que le contact de deux substances différentes 
donne lieu à un courant entre elles. 

L'auteur établit ensuite plusieurs lois réglant le transport des solides et 
des liquides. La seule influence due au courant dans la cataphorèse est celle 
qui résulte de la création d'une différence de potentiel.' Les solutions aqueuses 
ont une tendance générale à diffuser de Tanode vers la cathode. L'eau, par 
son frottement contre le verre, prend également un potentiel positif. On peut 
dire d'une façon générale, bien que ce ne soit pas strictement exact, que la 
quantité de liquide transportée croit en raison inverse de la quantité de 
substances solides qui y est contenue. L'auteur conclut que si la théorie de 
la cataphorèse semble expliquer d'une manière satisfaisante les faits obser- 
vés, les mensurations pratiquées jusqu'ici restent cependant trop peu nom- 
breuses. 

M. le professeur Edwin J. Houston continue la discussion. Le terme 
cataphorèse désigne l'introduction de substances médicamenteuses dans le 
corps au moyen du courant électrique. Ce phénomène dépend d*une osmose 
électrique ou, comme l'on dit habituellement, d'une endosmose électrique. 
La cataphorèse n'est qu'une variété d'osmose, et par ce terme d'osmose on 
comprend la diffusion inégale ou le mélange de liquides de différentes den- 
sités à travers les pores d'un diaphragme qui les sépare. Chacun des liquides 
tend à se mélanger avec l'autre, mais les courants ne sont pas de force 
égale, et par conséquent le niveau de celui des liquides vers lequel existe le 
courant le plus fort tend à s'élever. Le courant endosmotique est donc celui 
qui se dirige vers le liquide dont le niveau est le plus élevé ; l'autre est le 
courant cyosmotique. 

Les phénomènes de l'osmose sont intimement associés à ceux de la 
diffusion. Ordinairement, l'osmose semble indiscutablement être accompa- 
gnée d'un courant électrique qui se produit entre les deux liquides, au 
travers de la cloison poreuse qui les sépare, le sens du courant liquide étant 
le môme que celui du flux électrique, et par conséquent, le courant éleclro- 
endosmotique est celui qui traverse le diaphragme dans le môme sens que 
le courant électrique. C'est par un processus semblable, désigné sous le nom 
de cataphorèse que l'on peut faire passer les liquides au travers de la peau ou 
de toute autre membrane du corps humain au moyen du courant électrique. 
Comme l'on ne connaît pas encore bien la cause des phénomènes osmotiques 
çt que nos connaissances au sujet de l'électro-osmose sont encore plus limi- 



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RBVUB INTERNATIONALE D'âLECTROTHâRAPIB 143 

tées, les physiciens ne pourront aboutir dans Tétude des phénomènes de la 
calaphorèse, à moins d'unir à leurs recherches celles des physiologistes et des 
médecins. 
L'anteur conclut de la façon suivante : 

i^ Les effets électro-endosmotiques ou cataphorétiques sont plus impor- 
tants qu'on ne l'avait cru jusqu'ici. Ainsi, chaque fois que Ton fait passer 
un courant électrique dans le corps humain, que ce soit dans la thérapeutique 
ordinaire ou spécialement en vue de la production des effets cataphorétiques, 
il doit y avoir cataphorèse vraie, car il doit se produire un flux des liquides 
du corps dans la direction du courant. Il en résulte, par conséquent, que 
Taction du courant doit être de produire un engorgement à certains points 
et une déplétion à certains autres ; il est possible que de cette action du cou- 
rant dépende la plus grande partie de sa valeur thérapeutique. Ses effets 
bienfaisants peuvent toutefois dépendre aussi de l'uniformisation plus grande 
de la pression dans les divers tissus ou du charriage des produits morbides. 
Ceci explique probablement pourquoi dans un si grand nombre de cas, il n'y 
a qu'une seule électrode d'activé. 

2^ Puisqu'il est à présumer que le passage du courant au travers du corps 
humain s'accompagne d'effets cataphoriques, il s'ensuit que la résistance des 
différentes parties du corps humain ne peut pas demeurer uniforme, même 
pendant qu'on la mesure, ce qui y crée des conditions absolument différentes 
de celles que présentent les conducteurs ordinaires. Toutes les modifications 
de résistance dues à l'action cataphorétique du courant doivent être symé- 
triques. 

.3« Il y a deux variétés de cataphorèse : la cataphorèse normale, qui amène, 
grâce au passage du courant, des modiûcations dans la répartition des élé- 
ments constituants du corps humain, et la cataphorèse anormale, qui intro- 
duit des liquides de l'extérieur dans le corps humain au moyen du courant 
électrique. 

Les applications de la cataphorèse à la 
médecine générale, 

Par M. W. MORTON, de New-York. 

H. MoRTON exclut habituellement l'osmose chimique des phénomènes de 
la cataphorèse, parce que la première peut exister sans la seconde et qu'on 
peut même les mettre en antagonisme. 

On a souvent fait confusion au sujet de la direction du courant dû à la 
calaphorèse, car les particules solides tenues en suspension dans un liquide 
peuvent se rendre, soit du positif ou négatif, soit du négatif ou positif. Ainsi, 
le bleu de méthyle se rendra du positif au négatif et Téosine du négatif au 
positif. Ce fait démontre que jusqu'à un certain point l'expression « diffusion 



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m RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTH^RAPIK 

anodale » 6ât fautive. Quant à ce qui coucerne ce point, on peut toutefois 
établir trois lois principales qui sont bien démontrées par les faits observés 
jusqu'ici ; 

l» Dans un conducteur de consistance liquide ou semi-liquide, tel que le 
corps humain, il y a transport des liquides du positif au négatif. 

2<> Des liquides extérieurs, mis en contact avec la peau ou les muqueuses, 
sont transportés du pôle positif vers le négatif et Ton peut par ce procédé 
faire pénétrer des substances médicinales à travers la peau jusque dans les 
tissus et le torrent circulatoire. 

3* Il a été démontré avec suffisamment de certitude que des substances 
médicamenteuses contenues dans les tissus à Tétat de solution peuvent en 
être extraites par Teffet du courant électrique. 

Ces faits justifient rétablissement de deux divisions distinctes : la cata- 
phorèse ou le simple transport des liquides et la médication ou la t démé- 
dication » cataphorique. Il est difficile actuellement de dire quel sera le 
procédé le plus usité en thérapeutique. 

L'auteur décrit ensuite une série d'expériences intéressantes dues à 
M. J.-M. Stewart, du Laboratoire de physiologie d'Owen collège, à Manchester, 
et à MM. Newman et Harris, de Londres. 

Les gynécologistes se servent de courants d'une telle densité que le^ effets 
dits hémostatiques et asséchants du pôle positif pourraient bien être dus à la 
disparition des liquides, et les effets liquéfiants du négatif à la cataphorèse. 
Les courants très denses employés dans le traitement des fibromes produi- 
sent une contraction de Tutérus et une diminution dans Tirrigation sanguine 
des tumeurs, en même temps qu'une diminution des éléments salins. La 
disparition des sels constitue le point principal de ce traitement. Quant à ce 
qui regarde la médication cataphorique. Fauteur dit avoir fréquemment 
appliqué sur le corps des électrodes humectées avec une solution d'iodure de 
potassium et avoir découvert ensuite la présence de i'iodure dans les urines. 
Il a également aussi, grâce à la même action du courant, à faire pénétrer des 
particules de graphite, si profondément dans les follicules pileux qu'ils y 
demeuraient fixés pendant plusieurs semaines. 

L'objection faite à ce mode de traitement est que l'on ne peut apprécier 
avec assez de précision les doses administrées. La méthode de Péterson, la 
meilleure produite jusqu'à présent, permet de mesurer avec certitude la dose 
totale employée, mais pas la quantité réelle introduite dans le système. 

Il ne faut pas oublier non plus que, puisque l'électrolyse est un des élé- 
ments de la cataphorèse, il est très possible que des composés introduits de 
cette façon dans le corps, à Tétai naissant, possèdent une efficacité bien spéciale. 

Il y a deux moyens d'opérer Tintroduction : 1® Avec les électrodes ordi- 
naires; 2<» par le bain électrique. L'auteur a publié, dans le New-York 



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RBVUB INTBRNATIONALB ]>*âLBGTROTHéRAPIfi 



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M&dLical,, journal du 25 avril 1891, la description d'un procédé pour intro- 
d\ilre les sels de lithium dans les articulations rhumatisées par une méthode 
dite a cataphorèse anémique », procédé qui a, depuis lors, continué à donner 
des résultats très satisfaisants. Eu égard aux notions encore confuses four- 
nies par la physique, il a l'habitude d'humecter les deux électrodes avec la 
solution médicamenteuse. Au moyen de la forme spéciale du courant statique, 
décrite précédemment par lui sous le nom de courant statique induit, il a pu 
produire Fanesthésie cataphorique et introduire dans le corps un grand nombre 
de médicaments. Il décrit aussi une expérience faite avec le courant statique 
dans le but de démontrer Faction cataphorique exercée par le courant. Si 
Ton enduit le pôle positif d'une couche de glycérine et qu'on mette les deux 
pôles à une distance d'un demi-pouce, on verra fort bien, dès que la machine 
sera en action, la glycérine transportée d'un pôle à un autre. Ce phénomène 
ne se produit pas si Ton place la glycérine au pôle négatif. 

L^efficacité des bains électriques a été, pendant longtemps, un fait très 
discuté. Eu égard à leur adoption presque générale par les charlatans, il 
existe contre eux une méfiance très accentuée. Cependant, les observations 
de M. Edison, de M. Eenelly et d'autres savants de grand nom, mettent au- 
dessus de tout doute que des médicaments puissent être introduits 4ans le 
corps au travers des tissus intacts. Des expérimentateurs allemands et 
autrichiens ont de cette façon introduit du sublimé corrosif et ont pu retrou- 
ver, pendant plusieurs jours, des quantités notables de mercure dans Turine. 
On a généralement peu recours à la démédication, parce qu'il est très pro- 
bable que les Voies déliminatives naturelles sont habituellement suffisantes; 
ce procédé s'est cependant montré utile dans le traitement des ulcères dont 
soufifrent souvent les ouvriers qui travaillent la galvanoplastie. 

L'auteur conclut en disant que, si môme les considérations qu'il vient 
d'énoncer avaient toutes la valeur de faits bien établis, nous ne pourrions 
encore exprimer d'opinion bien arrêtée quant à la valeur de ce mode de 

traitement. 

[La suite au prochain numéro.) 



(Traduit de Tanglais par le D' René Vkbhoooen.) 



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146 RBVUB INTBRNATIONALB D*iLBCTROTHâRAPIB 



VARIÉTÉS 



Un précurseur du D' Charcot au XVIII* siècle: 
L'abbé de Saint-Pierre et son trémoussoir. 

Sous ce titre, M. le D^ Cabanes pablie, dans V Intermédiaire des chercheurs H 
curieux, un intéressant petit travail que voici : 

On fait, 6n ce moment, grand bruit d'une médication, imaginée par H. le 
professeur Charcot, pour le traitement de certaines affections nerveuses. 

M. Charcot ayant depuis longtemps observé que certains malades se trou- 
vaient soulagés par un voyage prolongé en voiture ou en chemin de fer, a 
fait construire un fauteuil mis en action par un moteur électrique et qui, par 
des mouvements d*oscilIation assez énergiques, donne au patient la sensation 
qu'il est assis sur la banquette d'un wagon fortement cahoté. D*où le nom 
de fauteuil trépidant, dont on a baptisé cet ingénieux instrument de tor- 
ture. Le professeur de la Salpôtrière, si nous en croyons les feuilles techniques, 
n^e8t pas loin d afûrmer que ce bizarre procédé thérapeutique, qu'il appelle 
la médication vibratoire, doit désormais prendre rang parmi les médications 
qui ont fait leurs preuves. 

On ne jugera pas celte affirmation trop téméraire, quand on saura ce que 
M. Charcot oU ses élèves ignorent, sans doute, que la médication prétendue 
nouvelle remonte pour le moins au xviii« siècle. 

A part quelques modifications de détail (chaque invention, en renaissant, 
ne doit-elle pas s'adapter au temps qui la voit naître?), on va reconi^ilre, 
sans trop de peine, le fauteuil trépidant de M. Charcot dans le trémoussoir 
imaginé, au siècle dernier, par Tabbé de Saint-Pierre. 

L'abbé de Saint-Pierre, un idéologue dont quelques-uns des rôves les plus 
raillés sont entrés dans le domaine de la pratique, avait entendu dire à Chirac, 
premier médecin du roi, qu'un des remèdes les plus efficaces « contre beau- 
coup de maux que Ton attribue à la mélancolie, aux vapeurs, à la bile et aux 
obstructions du foie, de la rate et des autres glandes du bas-ventre, était un 
voyage en chaise de poste qui roule rapidement sur le pavé pendant plusieurs 
jours 1. 

Mais, comme la chaise de poste n'était pas un remède à la portée de toutes 
les bourses, et qu'elle était par elle-même assez embarrassante, l'abbé de 
Saint-Pierre avait pensé que l'on y pourrait suppléer par un fauteuil affermi 
sur un châssis « qui causerait des secousses fortes et diverses t. 

Le jeu de ce fauteuil à ressort étant disposé de telle sorte qu'il secouait 
celui qui y était assis, tout conmie une chaise de poste en mouvement, le 
nouvel instrument fut appelé le trémoussoir. D'autres le désignèrent sous le 
nom de fauteuil de poste. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAFIB 147 

Le 31 décembre 1734 fonctionnait le premier trémoussoir. Il était construit 
de façon à ce qu*on pût augmenter à volonté le trémotùssement^ en faisant 
pisser le fauteuil sur Un châssis mobile, à des distances convenues, ou en 
augmentant la vitesse de la roue qui servait à Tactionner. 

Comme on avait remarqué que la machine faisait quelque^ bruit, pas assez, 
cependant, pour empêcher celui qui était dans le fauteuil « d*entendre tout 
ce qui se disait autour de lui «, Tingénieur trouva le moyen « de diminuer 
encore le bruit de plus de la moitié » . 

Dès lors, le trémoussoir fit fureur. A en croire la chronique, il n'y avait pas 
que les vrais malades qui recherchaient ce balancer ént factice. 

Il faut dire aussi que Tabbé de Saint-Pierre s'entendait mieux que per- 
sonne à prôner sa découverte. 
La réclame (Ju'il fil paraître à cette occasion est un modèle du genre, 
n recommandait surtout son fauteuil aux gens riches et sédentaires : ce 
sont, on le conçoit, les plus sujets aux obstructions. Ceux-là pouvaient avoir 
la machine chez eux. Mais, pour le public, il en trouverait « chez les apothi- 
caires et les chirurgiens o. Les personnes saines s'en serviront aussi utile- 
ment, ajoutait-il, les unes « pour conserver leur degré de santé », les autres 
t pour éviter des saignées de plénitude ». 

• Pour la simple conservation de la santé contre les maux menaçants, il 
suffira à la plupart d user de cette machine deux ou trois jours d'une semaine, 
durant deux ou trois heures; mais à Tégard des malades, comme il y a/ des 
maladies plus ou moins opiniâtres, les unes pourront se guérir en deux ou 
trois jours, les autres ne pourront subir de soulagement sensible qu'en un 
plus long espace et par des secousses moins fortes et moins vives. » 

Mais ce remède est un préservatif salutaire pour quantité d'incommodités 
et son usage ne peut tarder à se vulgariser. Les causes les plus générales de 
nos maladies ne proviennent-elles pas d'un défaut de transpiration ou de 
l'obstruction des glandes, grandes ou petites, du corps humain? 
Ainsi : 

« Il y a des gens qui, pour leur santé, ont besoin d'aller à la chasse et se 
trouvent mal dans les lieux où ils ne sauraient chasser; or, cet exercice de 
celte sorte de poste pourrait suppléer à ce défaut de chasse. 

« Il y a des personnes ou infirmes, ou âgées, ou convalescentes, qui n'ont 
pas la force de marcher assez longtemps pour faire un exercice suffisant pour 
leur ganté. Or, la machine y suppléera ; ils ne dépenseront, dans cet exercice*, 
aucune pai'lie de leurs forces, ce qui est très important. 

« Il y a des personnes qu'il est difficile de saigner par précaution, sans 
risquer de les estropier; il y a des femmes qui, surtout en certains temps, 
ont besoin de Feffel de la saignée ; or, cet exercice, joint à la diète, peut y 
er sans aucun danger. » 



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148 RBVUB INTBRNATIONALB D^éLBCTROTHÂRÀPIB 

Les goutteux ne pourront aussi que s*en bien trouver, puisque leurs accès 
viennent « ou faute d'exercice suffisant, ou faute d'assez d'air dans le sang et 
de respiration assez fréquente et assez forte ». Cette machine ne sera pas 
moins nécessaire « dans les communautés religieuses » et « aux gens d'étude 
qui n'ont point d'exercice corporel suffisant •. 

Mais il esc des services au moins inattendus que la nouvelle machine peu 
rendre. Risum teneatis. 

« Comme celte machine fera moins de bruit qu'une chaise de poste sur le 
pavé, un ministre indisposé assis sur le fauteuil pourra facilement se Caire 
lire les lettres, les placets, les mémoires, ou s'en faire rendre compte par 
des commis et leur dicter les réponses et les autres dépèches. Il retrouvera 
ainsi un degré de mouvement et de circulation nécessaire à son sang et à ses 
autres liqueurs, que le repos excessif de la chaise lui aurait peu à peu fait 
perdre, n 

Et ailleurs : 

« Le grand âge de nos ministres ne leur laisse pas souvent assez de force, 
ni le ministère assez de loisir pour aider la transpiration par la promenade à 
pied ou à cheval ; or, la machine suppléera avantageusement ou au manque 
de force ou au défaut de loisir, et fera ainsi durer la vigueur du corps et de 
Tesprii dans les ministres âgés et les rendra plus longtemps plus sains et par 
conséquent plus utiles à leur patrie. » 

Il y a mieux : 

a On pourrait placer deux fauteuils sur la machine afin que deux personnes 
pussent avoir le plaisir de converser en prenant le même remède; on pourra 
du fauteuil en faire un lit, en baissant le dossier et en élevant le marchepied. 
On pourra faire mouvoir la machine par un poids comme celui qui fait tour- 
ner la broche, et suspendre même le poids dans une chambre voisine. Il est 
vraisemblable que la machine se perfectionnera de jour en jour, tant pour la 
santé que poiir la commodité. » 

Le a boniment » de l'abbé porta ses fruits. 

Le fauteuil eut, pendant un temps, une grande vogue. 

Voltaire, l'étemel hypochondriaque, d'autant plus épris des nouveaux 
remèdes qu'ils paraissent plus singuliers, fait les plus grands éloges du fau- 
teuil de poste. 

Il annonce joyeusement au comte d'Argental (en septembre 1744) qu'il 
vient de « se mettre dans le Irémoussoir de l'abbé de Saint-Pierre, et qu'il 
s'en trouve bien ». 

Le mot de trémoussoir prend droit de cité dans le langage courant. 

Au lendemain de la représentation d'un opéra de Fuselier, les Fêles 
indienneSy d'autres disent les Indes galantes^ un critique écrit à l'abbé 
Desfontaines : 



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RBVUB INTSaNATIONALB D'éLBCTROTHBRAPlB 149 

« Cette musique est une magie perpétuelle; la nature n'y a aucune part; 
rien de si scabreux ni de si raboteux ; c'est un chemin où Ton cahote sans 
cesse. Le musicien dispense d'acheter le fauteuil de Tabbé de Saint-Pielrre. 
L'excellent trémoussoir que cet opéra, dont les airs seraient très propres 
à ébranler les nerfe engourdis d'un paralytique! Que ces secousses vio- 
lentes sont différentes du doux ébranlement que savent opérer Campra, 
Destouches, etc. » 

On fit même, à cette occasion, un noël sur l'air des Bourgeois de Châtres^ 
lequel n'a pas été imprimé, et dont voici deux couplets : 

La Poste est chose chère. 
Tous n*ont pas de Targent : 
Gomment donc pourrait faire 
Un malade indigent? 
A force de rêver, à la fin, j'imagine 
Certaine invention, dondon. 
Doguet me construira, la la, ^ 

Fort bien cette machine. 

A l'aide d une chaise 
Mouvante par ressorts, 
On peut tout à son aise 
Se trémousser le corps. 
Gela ferait filtrer plus aisément la bile. 
Pour l'opération, don don, 
Le patient aura, la la. 
Un trémousseur habile . 

Enfin, le médecin Astruc, un des orateurs de la Faculté de Médecine de 
Montpellier, laissa déborder son enthousiasme à l'endroit de la nouvelle inven- 
tion, dans les colonnes du Mercure, 

Après avoir donné une liste compendieusement documentée de tous les 
auteurs anciens qui avaient recommandé l'usage des machines, soit pour la 
conservation de la santé, soit poiur le soulagement de certaines maladies, il 
concluait : 

c Ces exemples et ces citations doivent faire sentir l'utilité d'une machine 
nouvellement inventée par M. Duguet, ingénieur, sous le nom de fauteuil de 
poste, qui tend au même but, mais qui y tend d'une manière infiniment plus 
simple et plus commode. » 

Suivaient l'adresse de l'inventeur du nouveau fauleuil et le prix de trans- 
port à domicile : 

« M. Duguet, auteur de la machine, demeure rue de TArbre-Sec, au Vase 
dCOr. 
c Les malades qui voudront essayer chez eux l'effet de la machine pendant 



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150 RBVUB INTBANATIONAXB D*6lBGTR0THBRAPIB 

quelques jours, donneront a livres pour le premier jour et 25 s. pour chacun 
des autres jours qu'ils la garderont. 

a On donne 12 s. pour voir la machine et pour en faire Fessai. 

« L'auteur a trouvé le moyen d'ajouter aux nouvelles machines qu'il a 
envoyées dans les pays étrangers, le mouvement vertical de haut en bas au 
mouvement horizontal de droite à gauche, ce qui les rend beaucoup plus 
commodes et plus utiles à la santé. » 

CSes divers perfectionnements n'empêchèrent pas le trémoussoir de tomber 
dans la défaveur du public. 

L'abbé de Saint-Pierre en fut pour ses frais d'invention et M. Duguet, 
« excellent ingénieur-machiniste », qui s'était chargé d'exécuter l'objet, pour 
ses frais de fabrication. 



Traitement de la sciatique névritique par les courants 
continus. [BuUeiïn méd, duNofd, nov. 1891.) 

M. Doumer rapporte d'abord treize observation& de malades, traités par les 
courants ascendants; neuf ont été entièrement guéris, les autres seulement 
améliorés. Cette proportion établit suffisamment que la sciatique névritique 
peut guérir par l'emploi de ces courants. Il n'y a rien de fixe dans le nombre 
des séances nécessaires pour amener la guérison ; cependant, il semble que 
les cas récents guérissent plus vite que la sciatique ancienne, mais il n'y a 
aucun rapport entre le degré d'atrophie musculaire et la résistance au traite- 
ment électrique. Dès la première séance, la douleur cède et le membre devient 
plus mobile, mais ce soulagement est suivi d'une vive exacerbation, quelques 
heures après; ce n*est qu'à la troisième séance que le bien-être devient durable 
et que l'amélioration progresse régulièrement. Des courants descendants gué- 
rissent vite la sciatique névritique, mais les premières applications produisent 
une grande douleur. Pour éviter cet inconvénient, M. Doumer eut Tidée de 
traiter d'abord les malades pendant plusieurs séances par les courants ascen- 
dants, de façon à produire sans douleur une amélioration de la névrite, puis, 
lorsque la douleur est suffisamment atténuée, de recourir, pour achever le 
traitement, aux courants centrifuges. Les courants employés, soit ascendants, 
soit descendants, sont d'intensité moyenne de dix à quinze milliampères. 
L'un des pôles est appliqué stable au niveau de la dernière vertèbre dorsale, 
et l'autre au niveau des points douloureux à la pression ; la durée de chaque 
séance ne doit pas dépasser douze à quinze minutes. Cette méthode mixte, 
appliquée à vingt-sept cas, amena vingt-deux guérisons complètes; toutes les 
sciatiques traitées étaient nettement névri tiques. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLECTROTHèRAPIB Î51 

Fax^disation des parois thoraciques après une opération 

pour squirrhe, par W. F. Wangh. {The Times and Regisier, 3 sept. 

1892.) 

Il s'agit d'une femme dont les deux seins avaient été amputés i>our un 
squirrhe. Il existait de rinduration et du gonflement ganglionnaire dans 
Taisselle et au niveau de la région cervicale des deux côtés, ainsi que des 
points très douloureux indurés tout autour des deux plaies, dont la cicatri- 
sation était d'ailleurs très défectueuse. M. Wangh appliqua alors le pôle 
positif d'un courant faradique sur tous les points douloureux et aussi au 
niveau des cicatrices. 

Voici les résultats obtenus par l'auteur au bout de deux mois à Taide de 
lappareil de Kidder : 

1^ Les douleurs ont été soulagées instantanément, et chaque fois que lap- 
plication de Tappareil a été faite ; 

2<* La nutrition s'est améliorée; Tapparence des plaies est devenue 
saine, et là où les cicatricea s'étaient rouvertes, il s'est fait une nouvelle 
réparation ; « 

30 Les cicatrices sont devenues plus pâles, moins rouges ; les émotions 
n'amenaient plus la coloration vive perceptible aux premiers examens; 

4® L'induration au niveau de la cicatrice du côté droit avait à peu près 
absolument disparu; 

5* Les glandes cervicales i^'offrent plus d'altération perceptible à la fin du 
second mois; elles ne sont plus douloureuses; 

6° L*état général et les phénomènes nerveux de la malade se sont considé- 
rablement amendés. R. F.-M. 



SUE LES BEULUKBS PRODUITES Elf ÉLECTROTEÉMPIE 

Par M. le D^ La.uhet, 

Chef des travaux pratiques de Physique à la Facuhé de Médecine 
de Montpellier. 



(1) 



Tous les praticiens qui ont fait de Télectrothérapie savent par expérience que 
rapplicaiion, sur la peau, des réophores d*une pile détermine toujours une sen- 
sation locale de chaleur qui peut aller, dans bien des cas, jusqu'à celle d'une 
vive brûlure. 

Cet accident de traitement est loin dêtre négligeable; parfois, en effet, une 
excitation de cette nature pouvant être nuisible, il faudra Téviter, tandis qu'en 
d*aulre8 cas elle sera recherchée, ot Ton a même utilisé cette propriété du cou- 
rant à produire des cautérisations instantanées (cautère de Boudet de Paris). 
G*est donc un point très intéressant de la physiologie et do la thérapeutique 
électrique? 9 dont tous les auteurs spéciaux se sont occupés et ont chorclié la 



(1) £xti*ait de la Gazette hebdomadaire det Sciences médicales, (Avril 1887.) 



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152 RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHBRAPIB 

raison. La grande majorité n*a vu dans ce fait que le résultat tout naturel de 
rélectrolyse déterminée par le passage du courant. D'autres, en très petit 
nombre d'ailleurs, Font attribué à une élévation réelle de température aux points 
de contact des électrodes. 

Depuis longtemps^ à la suite d*une longue expérimentation sur moi-même, 
subie dans l'intérêt d'une étude autre que celle-ci, j*avais été amené, par l'ob- 
servation de quelques résultats peu connus, à douter du bien-fondé de ces expli- 
cations. Je les considère aujourd'hui coomie inexactes et même, le plus souvent 
insoutenables, depuis les expériences spéciales que J'ai faites à ce sujet, et par 
la discussion desquelles on me permettra d'étayer une opinion nouvelle. 

Pour la clarté de cette étude, J'exposerai d'abord la série de ces expériences, 
après quoi nous examinerons si les faits observés peuvent être expliqués : 
1* comme conséquence naturelle de l'électroljse; 2<> par une élévation locale de 
température. Nos conclusions, négatives pour le plus grand nombre des cas, 
nous obligeront à rejeter l'une et l'autre opinion, et à chercher une explication 
nouvelle que nous ne promettons pas malheureusement de fournir précise et 
irrécusable. 

I 

Quelques mots d*abord sur l'outillage, d'ailleurs peu compliqué, de cette expé- 
rimentation. Le courant est fourni par ^ne pile de Gaiffe au chlorure de zinc; 
l'intensité graduée par la manipulation d'un collecteur convenable, et mesurée 
par un galvanomètre de Gaiffe divisé en 10 milliampères . 

Des réophores utilisés pour la circonstance, les uns sont des électrodes ordi- 
naires en zinc ou en charbon de cornue, recouvertes de peau de chamois, appli- 
quées soit directement, eoit par l'intermédiaire d'épongés; d'autres sont de. 
nature et de formes spéciales méritant une courte description. 

Supposez un petit flacon de 8 centimètres de hauteur environ, dont le fond a 
été enlevé et les bords inférieurs bien rodés, ce qui lui donne à peu près la forme 
d'une ventouse plus haute que large : si ce petit récipient est appliqué par sa 
base en quelque point du corps humain, le fond en sera constitué par la peau 
de cette région de l'organisme; si, de plus, on s'arrange pour lui donner une 
position sensiblement verticale, si c'est, par exemple, sur l'avant-bras tenu hori- 
zontalement appuyé sur une table, il sera facile d'y verser un liquide et de l'y 
maintenir en appuyant suffisamment sur la surface cutanée : le flacon, ainsi posé, 
peut être fermé à l'aide d'un bouchon portant à la fois sur sa face supérieure 
une borne métallique, et, appendue à sa face inférieure, une lame de platine en 
communication avec la dite borne; cette lame de platine plonge^ en conséquence, 
dans le liquide du flacon et le relie, par l'intermédiaire de la borne, à l'un des 
pôles d'une pile. On voit que le courant ne pourra pénétrer dans l'organisme 
par cette électrode spéciale qu'en traversant une certaine épaisseur de la solution 
employée, épaisseur que l'on peut, du reste faire varier en enfonçant plus ou 
moins la lame de platine. 

Un autre genre d'électrode choisi consiste en un petit vase poreux de pile que 
l'on applique par son fond sur le tissu cutané et qui porte également un bouchon 
à borne métallique et à lame de platine. Si Ton verse un liquide dans cet appa- 
reil et que l'on fasse passer un courant comme ci-dessus, on voit qu'alors, pour 
pénétrer dans l'organisme, outre la couche de liquide, il devra traverser le fond 
en terre poreuse, imbibée de ce même liquide. 

Enfin, comme terme de comparaison, J'ai eu à expérimenter le ca tère 



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REVXJB INTERNATIONALE D*ÉLBCTIlOTHéRAPIE iK3 

de Boudet de Pâris^ dont on trouvera la description dans les traités réeents 
d'élôctrothérapie (Bardet, page 372). On peut d'aillenrs obtenir des effets très 
intenses en se servant simplement d'éleotrodés métalliques ordinaires privées 
de leur revêtement en peau de chamois. 

J'ajouterai, pour prévoir certaines objections que l'on pourrait faire à Texpé- 
rimentateur^ que ces nouvelles expériences ont été faites, pour la plupart, dans 
le cabinet de mon excellent^ collègue et ami, le D' Regimbeau, avec l'aide et sous 
le contrôle éclairé de cet habile électricien. 

J'insisterai surtout sur ce point, dont on comprendra tout à l'heure l'impor- 
tance, que le D' Regimbeau manipulait seul le courant pour en faire varier l'in- 
tensité, et^eu^ pouvait lire à moment donné indication du galvanomètre placé 
hors déportée de ma vue. Disons aussi, une fois pour toutes, que l'un des pôles 
est rendu pour ainsi dire indifférent au point de vue de cette étude, et^ à cet 
effet, se compose toujours de la même électrode ordinaire, large, et appliquée 
par l'intermédiaire d'une éponge épaisse, imbibée d'eau tiède. 

ExpéRiBNCES '.A, Le pôle positif étant appliqué sur le haut du bras à l'aide de 
l'électrode ordinaire, le négatif, constitué par un tampon en charbon de cornue 
recouvert de peau de chamois et une éponge de même diamètre imbibée d'eau 
liède, est mis sur la portion la plus large de l'avant-bras. L'intensité du courant 
étant graduellement et rapidement augmentée, il arrive un moment où je perçois 
au point d'application du négatif une sensation de brûlure assez vive pour que 
je ne puisse la supporter de gaieté de cœur plus de trois à quatre secondes. C'est 
cette sensation que je prends comme maximum et comme terme de comparaison 
dans toutes les expériences qui vont suivre. A ce momeut et aussitôt, sur ma 
demande, mon aide lit la déviation galvanométrique, qui a toujours été^ dans 
les diverses répétitions de cette expérience, de Ib à 16 milliampères. Lorsque 
los pôles sont renversés et que la sensation de brûlure est produite par le posi- 
tif, il faut arriver, pour l'obtenir de même intensité, à 20 milliampères environ. 

B, Si, au lieu de l'électrode en charbon, on se sert du flacon contenant de la 
même eau ordinaire tiède qui a servi à imbiber l'éponge dans Texpérieuce pré- 
cédente, le courant étant manœuvré de la même manière, lorsque la sensation 
de brûlure atteint la même intensité, la déviation galvanométrique n'indique 
plus que 10 mifliampères seulement. La transposition des pôles ne modifie pas 
sensiblement ce résultat. 

C. A l'eau ordinaire du flacon, on substitue un liquide composé de 1 d'acide 
sulfurique pur pour 1,000 d'eau distillée, La même sensation se produit très 
rapidement et le galvanomètre n'indique plus à ce moment que 2 milliampères. 
La transposition des pôles ne modifie pas ^ensiblement les résultats. 

jD. Après avoir lavé le flacon, on remplace l'eau acidulée par une solution de 
1 dépotasse ou de soude caustique pour 1,000 d'eau distillée, et, pour la même 
sensation, le galvanomètre donne 3 milliampères à peu près; môme résultat si 
l'on change les pôles. 

£. La dissolution acidulée indiquée ci-dessus est versée dans le vase poreux 
dont le fond est appliqué, après quelques instants, sur la même partie du corps; 
au moment où la sensation atteint le même degré, le galvanomètre marque 
S milliampères. 

Avant de passer à la discussion de ces expériences et de leur signification, 
je dois prévoir deux objections que l'on ne manquerait point de leur faire. 



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154 RBVUE INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHÔRAPIE 



On trouvera peut-être que la sensation qui me sert de terme de comparaison 
est quelque chose de bien vague, une queraion de sensibilité essentiellement 
variable, inconstante, n'ayant pa«, en conséquence, le caractère de précision 
nécessaire. Je n'étais pas moi-même sans avoir quelque doute a prioH sur la 
sûreté de ces indications^ et cependant il ne m*a pas été bien difficile, avec un 
peu d'attention, de retrouver avec une précision suffisante le degré de sensation 
choisi pour terme de comparaison, à tel point qu'en répétant à plusieurs reprises; 
et à quelques jours d'intervalle les mêmes expériences, je suis toujours retombé 
sur les mêmes indications galvanométriques, à 1 milliampère près (1); or, une 
différence de 1 ou 2 milliampères n'ayant aucune importance dans la discussion 
de la question, j'ai le droit de regarder ces résultats comme d'une approximation 
amplement suffisante. 

Deuxième objection : Si, dans la série d'expériences ci-dessus, le courant 
paraît de moins en moins supportable, cela ne provient-il pas de ce que la 
portion excitée successivement devient de plus en plus sensible? A cela je 
répondrai : 

1° Que dans la dernière expérience, genre £, l'intensité supportable se relève 
notablement, bien qu'on opère sur le même point; 

2° Que les résultats sont identiques si l'on renverse l'ordre des expériences; 

3» Ou si l'on change les électrodes de place, bien que sur la même région, ce 
que permettent les dimensions respectives de la partie large de l'avant-bras et 
des électrodes employées. 

Il nous reste maintenant à examiner d'où provient cette sensation de brûlure : 
est-elle due à l'électrolyse ou à l'élévation dejla température locale? 

Avant d'aborder cette discussion, il est indispensable de noter que j'ai eu bien 
soin de me mettre à l'abri des complications qu'auraient apportées, dans l'étude 
de la sensibilité des parties explorées, les variations locales de densité élec- 
trique, variations dont l'influence sur la sensibilité est incontestable et d'ailleurs 
fort compréhensible. 

Pour cela, toutes les électrodes employées dans les expériences citées, ont été 
choisies d'une surface d'application très approximativement égale, et les minime? 
différences présentées sous ce rapport ne peuvent en aucune sorte être rendues 
responsables des variations considérables dans l'intensité supportée. 

II 

La brûlure ressentie est-elle due à l'électrolyse? Rappelons d'abord en deni 
mots le mécanisme supposé de ce phénomène. 

On sait que le passage d'un courant dans toute dissolution saline provoque la 
décomposition des sels dissous et que, suivant une loi absolue, le métal du sel 
se dépose sur l'électrode négative, tandis que le métalloïde ou le radical se dégage 
à l'électrode positive. Mais rarement l'action chimique provoquée par le courant 
se borne à cette simple séparation, et presque toujours l'un des corps ou les 
deux corps mis en liberté, obéissant aux lois ordinaires des affinités chimiques, 
donnent naissance à de nouvelles combinaisons. Supposons du sulfate de sodium 
décomposé d'abord en deux éléments, lo sodium au négatif, le radical sulfuriqne 
au positif; en présence de l'eau, le sodium se transformera en soude caustique, 

(1) Je rappelle à ce propos que je ne pourrais être influencé malgré moi par les 
indications du galvanomètre, puisque je ne pouvais les lire. 



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RBVUB INTBRNATIONALIS D'ÉLBCTROTHéRAPIE 185 

tandis que simultanément le radical SO^ passera à Tétat diacide sulfurique. Le 
résultat final est donc une formation de base au négatif, d'acide au positif, et ce 
aont ces derniers phénomènes que Ton désigne sous le nom à'aclions secon-- 
daires. 

Il est incontestable que les tissus vivants contiennent une forte proportion de 
dissolutions salines; ils ne sont même conducteurs que grâce à Teau qui rentre 
pour une très large part dans leur constitution normale et aux sels que cette 
eau dissout ; d'autre part, les électrodes humides employées d'ordinaire renfer- 
ment aussi une certaine quantité de sels provenant, soit de leur propre subs- 
tance, soit de Teau servant à les imbiber ; on sait enfin que de part et d'autre 
ce sont les sels de sodium et de potassium qui dominent : d'où cette conclusion, 
que toute application de courant continu au corps humain détermine la forma- 
tion, aux pôles, d'acides et de bases ; et, comme acides et bases sont en général 
des caustiques puissants, il semble tout naturel d'admettre que Télectrolyse soit 
une source de cautérisation des tissus et, partant, l'origine des sensations de 
brûlure dont il est question. Et cependant cette opinion, en apparence si 
rationnelle que presque tous les auteurs l'ont adoptée, ne résiste pas à la dis- 
cussion. 
Rappelons-nous les lois principales qui président à l'électrolyse : 
1*» L'intensité de la décomposition électrolytique est rigoureusement propor- 
tionnelle à l'intensité du courant. 

Cette première loi est démontrée d'une façon absolue, et elle nous permet de 
poser d'ores et déjà cette première conclusion importante que, si la sensation 
de brûlure reconnaît pour origine l'électrolyse, toutes choses égales d'ailleurs, 
eUe devra croître et augmenter avec Vintensité du courant. 

Ajoutons que la loi est absolument la même si, au lieu d'un seul liquide, on 
agit sur plusieurs dissolutions échelonnées sur le trajet du courant. 

^^ Pour une quantité d'électricité déterminée, les poids de corps simples mis 
en liberté sont entre e,ux comme leurs poids atomiques. D'oi!i un moyen très 
commode pour calculer le poids d'un métal déposé par un courant d'une inten- 
siié donnée agissant pendapt un temps déterminé (1). 

Il suffit pour cela de savoir qu'un courant d*une intensité égale à Vunité^ Agis- 
sant pendant Vunité de temps, met en liberté 0,01038 d'hydrogène, en prenant 
le milligramme pour unité. En conséquence, si nous avons affaire à un métal 
ayant un poids atomique = A, le poids de ce métal déposé par le même courant 
sera de 0,01038 X A (toujours en milb'grammes) ; si le courant est n fois plus 
intense et agit pendant un temps t^ ce poids sera 0,0138 A (nt). 

Cette opération très simple va nous permettre d'abord d'examiner si la quan- 
tité d'acides ou de bases formées par suite de l'électroly-e est toujours suffi- 
sante pour déterminer une brûlure par cautérisation. 

Pour cela, il faut distinguer deux milieux : le milieu organique, et le milieu 
extérieur composé par les liquides qui imbibent les électrodes; qu'il s'agisse 
de l'un ou de l'autre, d'après la première des lois que nous venons de rappeler, 
s'ils contiennent des se4s de même nature, la quantité de bases formées, par 
exemple de potasse caustique, sera la même pour chacun d'eux, puisque l'in- 
tensité est égale sur tous les points du circuit. 
Supposons le cas le plus favorable à l'opinion que nous combattons, par 

(1) On se rappelle que la quantité d'électricité fournie par un courant est en effet 
mesurée par rintensiié de ce courant et le temps pendant lequel il a agi : Q = H. 



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156 RBVTJE INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHélUPIB 

exemple celui de rezpérience D, où rélectrode contient une dissolution de 
potasse, le tissu cutané formant par rapport à cette dissolution le pôle négatif. 
Nous avons constaté que dans ce cas la brûlure était difQcilement supportable 
plus de trois ou quatre secondes, bien que Tintensité galvanométrique ne fût que 
de 3 milliampères. Or, le calcul démontre que dans ce cas, après quatre secondes, 
le poids total de potasse caustique produite par suite de Télectrolyse n'est que 
de sept millièmes de milligramme! 

Prenons le ceis où la même électrode renfermait de Teau acidulée, Tintensité 
n'ayant pas dépassé 2 milliampères, la quantité d*acide sulfurique formée pendant 
le même temps atteint à peine quatre millièmes de milligramme environ! Et 
encore ces quantités infinitésimales sont-elles étalées sur une surface arrondie 
de 5 centimètres de diamètre I Nous le demandons, après cette simple considéra- 
tion, est-il déjà si logique d'attribuer une brûlure aussi désagréable à la cautéri- 
sation produite par des quantités si minimes? 

Mais, dira-t-on^ cela indique peut-être chez vous une sensibilité cutanée 
exagérée^ et en tout cas nous ne voyons là qu'un fait inexplicable mais non en 
contradiction avec les lois physiques. 

Il me reste donc à démontrer, par l'étude des expériences déjà citées, qu'elles 
contredisent catégoriquement cette explication. 

J'en reviendrai toujours à cette loi fondamentale qui veut que l'électrolyse 
soit proportionnelle à l'intensité, et cette loi nous permet de mettre de suite 
hors de cause l'électrolyse des tissus organiques. Si ce phénomène intervenait 
dans la question, comme, dans la suite des expériences faites à ce sujet, la 
composition des tissus de la région excitée reste invariable, il en résulte que 
l'électrolyse et par suite la brûlure devraient être proportionnelles à l'intensité 
du courant; or, on a vu que l'expérience démontrait tout le contraire, puisque 
parfois un courant moins intense provoquait une brûlure plus vive. Ce n'est donc 
pas dans l'électrolyse des milieux organiques que siège la cause de ces sen- 
sations. 

Examinons maintenant si cette explication peut s'appliquer aux milieux 
extérieurs. 

Dans les deux premières expériences (A et B), le liquide employé est le même, 
et cependant nous voyons l'intensité supportée notablement différente. Ce fait 
est déjà d'autant plus intéressant que les partisans du rôle de l'électrolyse dans 
la brûlure avaient proposé, pour diminuer ce phénomène, l'emploi d'une élec- 
trode en forme de godet, contenant une certaine quantité d'eau (Bardet, Tripier). 
Si cette théorie était fondée, on conçoit en effet que les portions (si minimes) de 
base ou d'acide formées, étant diluées au fur et à mesure dans l'eau, ne devraient 
plus avoir d'action sur le tissu cutané. Mais, à l'inverse de cette hypothèse, 
l'expérience démontre qu'au lieu d'atténuer la brûlure pour une même intensité 
de courant, cette disposition l'exagère considérablement; il y a d'ailleurs long- 
temp» que dans un autre travail j'avais signalé ce fait. 

La troisième expérience (G), abstraction faite des considérations ci-dessus sur 
la quantité d'acide formée, semble venir à l'appui de l'opinion combattue. En 
effet, dans ce cas, la peau de la région excitée constitue le positif par rapport au 
liquide interposé, et, par conséquent, c'est sur l'épidenne que doit se former 
l'acide sulfurique : ce qui semble bien expliquer l'exagération considérable de la 
brûlure provoquée. Malheureusement pour cette supposition, les résultats sont 
à très peu de chose près les mêmes quand on change le sens du courant; or, 
comme le liquide en question ne contient que de l'acide sulfurique pur et de 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBGTROTHénAPIB 157 

Teau distillée, lorsque le courant est renversé, la peau n'est plus lo siège, en 
hii d'action électrolytique, que d'un dégagement de quelques cent millièmes de 
milligramme d'hydrogène. Et cependant alors la brûlure est à peu près aus«^i 
rapide, aussi intense 1 

Il en est exactement de même quand on emploie la dissolution de potasse, et 
ces résultats ont, ce nous semble, une telle portée, que, seraient-ils seuls, ils 
suffiraient à faire rejeter Thypothèse du rôle de Taction électrolytiqtle. 

Ëofin l'expérience E vient encore corroborer cette conclusion. Puisqu'on se 
sert ici de la môme dissolution que pour l'expérience G, à intensité égale, l'ac- 
tion électroljtique est exactement la même, c'est-à-dire que la brûlure devrait 
être insupportable pour un courant de 2 milliampères, comme précédemment. Ce 
n'est cependant pas ce qui arrive, puisquMl faut pour cela atteindre 8 milliam- 
pères, c'est-à-dire une intensité quatre fois plus considérable. 
En résumé, Télectroljse n'est point la cause de la brûlure ressentie : 
!• Parce que les quantités de substance électrolysée ne peuvent faire admettre 
une cautérisation aussi rapide ; 

2* Parce que, pour quelque milieu que ce soit, intérieur ou extérieur, la brû- 
lure devrait être proportionnelle à l'intensité du courant, tandis qu'en réalité les 
proportions sont parfois renversées ; 

3* Parce que, de plus, la brûlure devrait, pour les milieux extérieurs, être à la 
fois liée à leur nature chimique et au sens du courant, tandis que l'expérience 
démontre le contraire. 

Qu'il me soit permis, avant de terminer, d'insister sur cette observation que les 
termes de brûlure insupportable ou à peine supportable n'ont rien d'absolu» 
dans les mêmes conditions expérimentales, l'intensité de la sensation variera 
suivant la susceptibilité du sujet et celle de la partie excitée. 

Mais cela importe peu, je le répète, pourvu qu'on puisse retrouver dans la 
même série d'expériences le même degré de brûlure pour une même portion de 
l'organisme. Toutefois, j'ai cherché à fixer d'une manière plus positive, plus 
compréhensible, l'intensité de la sensation perçue; pour moi et pour cette 
région, elle est très approx^imativement égale à la brûlure produite par l'applica- 
tion d'un marteau en fer chaufifé dans un bain d'eau à 60^. Il est certain que 
d'autres sujets peuvent avoir Tépiderme moins sensible. 

Faut-il conclure cependant d'une façon absolue que l'électroljse ne puisse en 
aucun cas provoquer de véritables cautérisations et, parlant, être la cause de 
îiîes brûlures? Une pareille affirmation serait aussi exagérée que l'opinion con- 
traire. 

Il est en effet des cas spéciaux où Ton cherche et où l'on obtient des eschares, 
preuves d'une incontestable cautérisation. Mais, pour arriver à ce résultat, il faut 
employer des courants de 50 à 200 milliampères, prolongés pendant un temps 
variant entre vingt et quarante- cinq minutes. On arrive alors, en supposant les 
tissus organiques imbus principalement de sels de potassium et de sodium, à 
déterminer la formation de plusieurs décigrammes de potasse ou de soude caus- 
tique. Ce n'est pas encore énorme; mais il faut remarquer que cette quantité 
diluée dans un liquide peu abondant est déjà caustique par elle-même, et que, 
de plus, elle se forme au sein de l'organisme, au contact direct des cellules 
vivantes, qui ne sont plus protégées contre le caustique, ni par un épithélium ni 
par un enduit quelconque. On peut supposer, à bon droit, que pareille chose se 
passe simultanément dans les liquides extérieurs lorsqu'il y en a, soit qu'ils aient 



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158 REVUE INTERNATIONALE D^ÉLBCTROTHÉRAPIE 

été apportés par les réophores, soit qu'ils proviennent de décrétions normales ou 
pathologiques. Dans ces cas, d'ailleurs exceptionnels, je reconnais donc la pos- 
sibilité d'une cautérisation chimique des tissus par suite de Télectrolyse. Mais, 
quant à la brûlure ressentie immédiatement, dans 1^ pratique vulgaire, par 
remploi de quelques milliampères, elle est absolument inexplicable par le même 
mécanisme, puisqu'elle échappe complètement à ses \ow essentielles. 

III 

Faut-il admettre une élévation de température locale sufûf^ante pour déterminer 
cette sensation de brûlure ? Sans insister sur les lois parfaitement définies qui 
régissent la transtormadon de l'énergie électrique en chaleur, nous rappellerons 
simplement les points fondamentaux suivants : 

l" La transformation de l'énergie en chaleur obéit aux mêmes lois générales 
que l'énergie première soit de nature électrique ou de nature mécanique quel- 
conque ; et comme, quelle que soit la nature de cette énergie, le travail pro- 
duit est mesuré aujourd'hui en valeurs communes et de même espèce^ il est 
facile, si Ton connaît la puissance électrique et le temps pendant lequel elle a 
agi, d'en détruire la somme de travail effectué, et, partant, la quantité de cha- 
leur que ce travail a pu produire, 

2^ Le raisonnement et l'expérience démontrent que cette quantité est propor- 
tionnelle au carré de l'intensité du courant, au temps pendant lequel il a fonc- 
tionné et à la résistance de l'appareil. 

Si nous désignons l'intensité par I, le temps par t et la résistance par R, la 
quantité de chaleur G ^en calories-grammes) est donnée par la formule suivante 
déduiie de la discussion des principes énoncés ci-dessus : 

3» La quantité de chaleur étant proportionnelle à la résistance, il s'ensuit que 
si, par exemple, le circuit a un^ résistance négligeable, sauf en un point au 
contraire très résistant^ toute la chaleur développée sera localisée en ce point, 
et, si nous appelons r sa résistance, cette chaleur sera donnée par la formule : 

V t r 

40 Pour passer de là à la connaissance de la température, il faut ajouter à ces 
notions celle de la chaleur spéciûque et du poids de la substance expérimentée. 

L'on sait en effet qu'une même quantité de chaleur ne porte pas tous les corps 
à la même température, et que celle-ci est d autant plus élevée que la chaleur 
spécillque et le poids de la substance sont plus faibles. 

Au reste, cette température T est donnée par une formule aussi simple que 
les précédentes : 

T=P-^* [G] 

dans laquelle G, p et 5 représentent le nombre de calories trouvé par la formule 
précédente, le poids et la chaleur spécifique de la substance. 

Avant d'entrer plus avant dans cette discussion, il est donc nécessaire de 
déterminer les valeurs de la résistance, du poids et de la chaleur spécifique, 
toutes choses peu connues quand le siège de ces phénomènes est l'organisme. 






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REVUE INTERNATIONALE d'ÉLEGTROTHBRAPIE 159 

GofflinQ nous Tavons fait précédemment, nous distinguerons encore deux 
milieux : l'intérieur et Textérieur ; le premier étant constitué par la portion de 
l'organisme traversée par le courant, le second comprenant tout le reste, c'est- 
à-dire la plie, les conducteurs et les électrodes. 

Ed général, en électro thérapie, presque toute la résistance réside dans l'orga- 
nisme, celle de la pile et des rhéophores étant presque négligeable eu égard à 
celle du corps humain. Toutefois, dans les cas où Ton se servirait à dessein 
d'électrodes très résistantes, comme nous le cpnstaterons dans certaine pratique, 
cette résistance doit entrer en ligne de compte ^et peut même devenir prépondé- 
rante dans le calcul. 

Mais, nous Tavons vu, et le cautère de Boudet en est une preuve, là brûlure 
est d'autant plus vivejqu'on se sert d'électrodes moins résistantes. (L'instrument 
de Boudet possède en réalitô une résistance nulle.] D'ores et déjà nous pouvons 
conclure, en vertu de la formule [B], que, r étant nul, iC ne peut y avoir en ce 
fioint d'élévation de lempé*alurey et par conséquent ce n'est certainement pas 
l'échaufTement de l'électrode qui peut occasionner la brûlure observée. 

Par contre, presque toute la chaleur produite doit être employée à échauffer 
la portion la plus résistante du circuit, c'est-à-dire l'organisme. 

Mais, même dans ce milieu, devons- nous croire que la résistance, et par con- 
séquent l'élévation de la température soient uniformes? Bien loin de là : il est 
aujourd'hui hors de doute que la somme la plus considérable de résistance réside 
dans la couche épidermique du tissu cutané. 

On peut s'en assurer par une expérience facile à répéter : une électrode étant 
fixée sur l'avant- bras, on promène la seconde successivement sur le bras du 
même côté, sur la poitrine, sur le bras du côté opposé, enfin sur le bas de la 
jambe; dans toutes ces positions, sans qu'il soit besoin de modifier le nombre 
d'éléments employés, l'intensité reste à très peu de chose près la même, ce qui 
indique que la résistance n'a pas varié d'une quantité tant soit soit peu impor- 
tante. Par conséquent, puisque des longueurs si difiFérentes de tissu interposé ne 
modifient pas sensiblement la résistance si considérable que l'on trouve dans ces 
cas, il faut bien admettre qu'elle siège surtout dans l'épiderme, dont les dimen- 
sions n'ont pas varié. Si au contraire l'on choisit des régions dont la constitution 
épidermique soit nettement différente, si l'on opère surtout sur des longueurs 
égales de tissu prises chez des individus divers, l'intensité diminuera d'autant 
plus que la peau sera plus sèche, plus rugueuse, plus cornée : admettons donc ce 
point et faisons tout une série d'hypothèses le plus favorables possible aux par- 
tisans de la théorie qui attribue la brûlure k une élévation de température. 
Supposons : 

1^ Relativement à la résistance du milieu intérieur, qu'elle siège entièrement 
dans l'épiderme de la surface cutanée en contact direct avec les électrodes; 

i^ Relativement au poids de celte portion épidermique, qu'il e?t minime et, 
pour une surface égale à celle de nos électrodes, ne dépasse pas un décigramme. 

Voyons maintenant quelle peut en être la chaleur spécifique. Cette question 
n'a jamais été étudiée, et elle était trop délicate pour que j'aie cherché à la 
résoudre expérimentalement; heureusement, nous possédons quelques données 
qui nous permettent d'avoir là-dessus des idées sufdEamment exactes. 

Rosenthal, dans ses Eludes sur la chaleur spécifique de divers tissus animaux^ 
a prouvé que, pour chacun d'eux, la valeur de la chaleur spécifique s'abaissait 
d'autant plus qu'il contenait moins d'eau. 

Ainsi, la chaleur spécifique du sang artériel est à peu près égale à 1, tandis 



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160 RBVUE INTERNATIONALE D'éLBCTROTHBRAPIB 

que celle du sang veineux» plus épais, est un peu inférieure à 1 ; celle du tissu 
musculaire n*est plus que de 0,74, celle du tissu adipeux 0,71, et celle du tissu 
osseux 0,3. Si Ton dessèche arlificielleinent ces tissus, le muscle par exemple, 
leur chaleur spécifique s'abaisse de plus en plus jusqu*à celle des os. 

Il est permis de conclure que la couche externe de Tépiderme, sèche, cornée, 
privée absolument de toute vitalité et ne contenant aucun suc nutritif, a une 
chaleur spécifique voisine de celle du tissu osseux. Supposons-la même inférieure 
à cette dernière et faisons-la égale à 0,2; nous pourrons maintenant discuter, 
dans les conditions les plus favorables à V action thermique, s*il peut y avoir une 
réelle élévation de température. 

Prenons l'intensité de courant la plus considérable qui ait été employée dans 
nos expériences, soit 0,020 (20 milliampères), le temps étant de quatre secondes, 
et la résistance localisée dans l'épiderme égale à i,400 ohms. Même dans ces con- 
ditions hypothétiques favorables, Télévation de température indiquée par le 
calcul, d'après les formules ci-dessus, ne sera pour chacune des surfaces d'appli- 
cation que de 1®,3 environ, ce qui ne peut causer la moindre brûlure; et cepen- 
dant, je le répète, tous les chifiTres sont grossis en faveur de cette opinion. 

Dans les conditions des expériences citées, la sensation perçue ne peut donc 
être attribuée à une élévation thermique réelle, pas plus qu'à une production de 
substances caustiques. 

Cependant, peut-être, dans certaines conditions spéciales, peut-il y avoir nne 
élévation de température assez considérable pour causer une véritable brûlure. 

Prenons le cautère instantané de Boudet : Si l'intensité du courant arrivait à 
200 milliampères, comme dans certaines applications; si en même temps l'épi- 
derme était le siège d'une résistance de 1400 ohms, en une seconde on obtiendrait 
pour chaque électrode une élévation de température que les formules ci-dessus 
permettent d'évaluer à ^2^\ ce qui, appliqué à un milieu possédant normalement 
une température de 36o, pourrait expliquer une brûlure locale. Mais ces condi- 
tions sont hypothétiques; l'expérience et le raisonnement prouvent qu'elles ne 
peuvent exister. Il suffit, pour produire la brûlure, d'une force électro-motrice 

E 
de 60 volts. Or, d'après la formule I = -77» on voit que si I est intense, 0,200 par 

n 

exemple, c'est que R sera peu considérable, et égal à 300 ohms seulement; mats 
les piles employées par Boudet lui-même ont une résistance totale égale à 240 
ou 250 ohms au moins, et, par conséquent, c'est au sein même de la pile que se 
produira l'élévation de température, d'ailleurs insignifiante. Si, au contraire, la 
résistance de l'épiderme reste considérable, comme dans les cas ordinaires, alors 
l'intensité sera très faible, et cela revient à peu près au même comme résultat 
calorifique local. 

De même, dans la méthode du D»" Apostoli, hypothétiquement, il semble qu'on 
puisse arriver à des températures .considérables; mais, en réalité, l'électrode 
cautérisante étaiit de résistance nulle, el l'électrode indifl*érente constituée par 
un emplâtre de terre glaise possédant certainement la résistance la plus grande, 
c'est là que devrait se produire, de par cette théorie, l'élévation de température. 

Donc, je le répète, dans la pratique les conditions expérimentales ne permet- 
tent pas de faire intervenir une production directe de chaleur. 

(La fin au prochain numéro.) 

Le Propriétaire-Grérant : W G. GAUTIER 

Paris. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Caire, 8 et 10. 

Usine à vapeur et Ateliers, rue des Filles-Dieu, 8 et lo. 



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3"* ANNte. Janvibr 1891 N* d. 



REVUE INTERNATIONALE 



TRAVAUX 

DB 

L'ASSOCIATION AMÉRICAINE D'ÉLECTROTHÉRAPIE 



Deuxième Session, tenue h ITew-Tork, les 4, 5 et 6 octobre 1892. 



l»r jouB : 4 OGTOBaB. » SéANCB DB L*APRBS-MIDI. 
Suite il). 

Les applications de la cataphorèse en gynécologie, 

Par M. H.-Adgustin GOELET (New- York). 

M. GoBLBT considère les applicalîons de la cataphorèse comme très limitées 
eft gynécologie, il a essayé autrefois d'introduire dans le vagin io positif 
imbibé d*une solution de morphine ou de cocaloe et a obtenu ainsi de bons 
réaultais, mais il a abandonné ces essais en présence de la supériorité des 
eCEets produits par le courant faradique employé pour calmer la douleur. 
Une nouvelle façon d'appliquer la cataphorèse consiste à mouler du plâtre 
de Paris autour d*un fil de platine et à le saturer avec la solution du médi- 
cament que Ton désire introduire. Actuellement, il n'emploie la cataphorèse 
que dans le but de produire Tanesthésie de la surface vaginale avant d'y faire 
la ponction. Gela s'obtient aisément avec une électrode imbibée d'une solu- 
tion à 4 ou 8 Vo de cocaloe et à l'aide d'un courant de 10 à 15 milliampères ; 
on rend ainsi non seulement la piqûure indolore, mais encore on supprime 
la douleur ordinairement consécutive. 

(1) Voir Renue Inlemaiionale d'Èleclrothérapie^ décembre 1892. 



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162 RBVTJB INTBaNlTIONALB D*6LBCTR0THâRAPIB 



Les applications de la cataphorèse en neuropathologie 

Par M. FrAdérick PfiTERSON (New-York). 

Après avoir vainement essayé par de nombreux moyens de supprimer la 
douleur dans les névralgies supra-oibitaires violentes , Tauteur a constaté 
que Tapplication du cottrant galvanique avecl*anode imbibée d'une solution 
de cocaïne à 10 ou 20 V«« procurait un soulagement complet pendant quatre 
à dix heures et cela sans occasionner aucun accident constitutionnel. Comme 
Tanesthésie cataphorique ne parvient pas à faire disparaître les névralgies 
dont le siège réel est loin de Tendroit douloureux, il parait probable, ainsi 
que l'a avancé M. A. Storr, que ce procédé possède une certaine valeiir 
diagnostique. L*auteur a essayé diverses autres substances, mais il a reconnu 
qu'il fallait donner la préférence à la cocaïne. Le chloroforme produit des 
dermatiles et Thalleborine, bien qu'amenant également Tanesthésie, produit 
une certaine cuisson. 

DISCUSSION GÉNÉRALE 



M. Massbt dit avoir obtenu de bons résultats de Tanesthésie cataphorique, 
principalement lorsqu^il s'agit de régions très superficielles, ce qui limite 
son champ d'application en gynécologie. 

L'objection que Ton peut faire à ce procédé dans le traitement des gan- 
glions hypertrophiés du cou par Tiodure de potassium, c'est que l'on ne 
peut employer le courant fort à cause de la grande irritation cutanée qu'il 
produit. Grâce à ce mode de traitement, il a vu des tumeurs diminuer con- 
sidérablement de volume en quelques jours d'application. Il a donc eu 
recours au genre d'électrode qu'il préfère, celle en savon, avec un courant de 
60 milliampères, et a vu diminuer les glandes après un mois d'application 
du traitement 

Il a trouvé le procédé de l'éUmination fort utile dans un cas où en procé- 
dant à l'aide de l'électricité à Tépilation de la face, il avait accidentellem^t 
relié l'aiguille d'acier au pôle positif, ce qui avait donné lieu à une tache de 
fer; il renversa le coturant et la tache dispaïut complètement, le fer s'éiaiità 
nouveau déposé sur l'aiguille. 

M. P.-W, HuTCHiNSON dit qu'à l'exception d'un très petit nombre d'ob- 
servateurs, tels que MM. Peterson et Morton, peu de membi*es du congrès 
ont employé la cataphorèse, ce qui serait principalement dû à l'incertitude 
de nos connaissances quant aux conditions physiques qui gouvernent ses 
effets. 

M. F. VON Raitz (New- York). — Beaucoup de bons auteurs diffèrent 
dans leurs conclusions ; certains n'admettent que la diffusion anodale; d'au- 
tres la diffusion cathodale, d'autres encore admettent qu'elle se produit atu 



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=1^: 



BBYUB INTBaNATIONALB D*ÈLBGTR0Th6rAPIB 163 

deux pôles. Dans le travail qu'il a présenté à TAssocialion, lors de sa précé- 
dente session, il a appelé Tatt^ntion sur ce fait que certaines substances 
ont une affinité pour Tun des p61es, d'autres pour le deuxième pôle et sur 
les différences de diffusion qui en résultent sur chaque pôle. 

H. R.-J. NuNN a fait plusieurs essais de démédication mercurielle et n'a 
pu confirmer ni les essais ni les conclusions de Vergni. Il a dans ses essais 
également placé la solution aux deux pôles, parce qu'il pensait pouvoir 
mieux produire la diffusion dans les tissus ; il croit en avoir relire des avan- 
tages. Il ne recommande pas Tusage des aiguilles en acier dans Tépilalion ; 
celles en or sont plus fines et peuvent durer des années. 

M. E.-L.-H. Mac-Ginnis (New- York) dit n'avoir eu recours à la catapho- 
rèse que dans un petit nombre de cas et n*en avoir retiré aucun avantage 
marqué. 

M. le professeur Houston clôt la discussion en disant qu'il ne peut pas 
admettre comme M. le Président qu'on néglige Tosmose dans Tétude des 
phénomènes de Télectro-osmose. Ciomme il s'agit d'un mélange inégal des 
deux liquides, il doit y avoir transport du négatif au positif aussi bien que 
du positif au négatif; il ne voit donc aucun motif qui doive empêcher de 
placer la solution aux deux pôles. Le fait que le courant électrique, suivant 
sa direction, favorise ou retarde le courant de diffusion, montre bien le lien 
intime qui unit les phénomènes deTosmose ordinaire aux phénomènes élec- 
triques. 

SéANGB DU SOIR 



Les électrodes stables. 
Vieilles méthodes, nouveaux procédés, 

Par M. R.-J. NUNN (Savannah). 

Pour les courants de haute tension, l'emploi des électrodes humides est 
indispensable ; la meilleure sera celle qui tout en étant commode à manier, 
a^^rtera en même temps la plus grande quantité d'eau au contact de la 
peau. L'fiectrode imaginée par l'auteur se compose de quarante à cinquante 
pièces de toila dâ la grandeur qu'on veut adopter et formant un tampon 
d'environ un pouce et demi d'épaisseur, lorsqu'elles sont empilées. Les pièces 
sont cousues à points tâcl^s. Si le point est serré il se produit des dente- 
lures qu'il faut éviter. Il est bon de recouvrir le tampon d'une peau de cha- 
mois, L'24)pareU prend très bien l'eau et on peut le relier à une large plaque 
de m^tal flexible, en appliquant fortement le tampon sur la peau au moyen 
d'un bandage ; on peut employer une intensité plus élevée. 



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164 RBVUB INTBKNÀTIONALB D'6lECTROTH6rAPIB 



DISCUSSION 

M. Massby n'a pu encore trouver une électrode qui vaille celle fabriquée 
avec le kaolin blanc et fin. L*alcalinité de Targile constitue un avantage et 
diminue la résistance propre de Téiectrode. U a obtenu également de bons 
résultats au moyen de fine toile formée en tampon, et de matières élastiques 
comme le coton ou la laine. Au lieu de plaques métalliques, il se sert de fils 
disposés en spirale aplatie. U y a une grande différence dans la sensation 
même avec la meilleure électrode du monde, si la surface est bien mouillée 
avec de la mousse de savon. 

M"« MosHBR (Brooklyn) désire appeler encore une fois l'attention sur les 
avantages que présentent ses électrodes de farine indienne. 

On fait bouillir de la farine très fine, et pendant qu'elle est chaude on l'in- 
troduit dans un double sachet ayant les dimensions de la plaque métallique 
employée, puis on applique ce « cataplasme » sur l'abdomen quelques 
minutes avant d'introduire Télectrode interne. Si l'on désire comprimer, on 
dispose un petit sac de sable au-dessus de l'électrode. Grâce à ce procédé, on 
peut employer des courants très intenses sans que la malade s'en trouve 
incommodée. Si l'on n^emploie que des courants faibles, l'auteur se sert 
comme électrode de quatre à cinq épaisseurs de flanelle superposées. 

M«« Anna-M. Galbraith (New- York) se sert, au dispensaire orthopédi- 
que, de gaze ^veloppée de flanelle et maintenue en place au moyen d'une 
bande. 

M. GoBLBT croit avoir résolu le problème de l'électrode en argile. U fout 
préparer d'abord une- p&le molle qu on couvre ensuite de « lentine » (déchets 
de coton comprimé), puis de gaze, et l'on dispose au-dessus une feuille de 
caoutchouc. L'électrode est bien humectée puis placée au-dessus d'un réci- 
pient en zinc contenant de l'eau chaude, où on la laisse jusqu'au moment de 
s'en servir. Cette électrode, lorsqu'elle est souillée, peut être lavée au savon 
aussi facilement qu'on se lave les mains et peut, si cela est nécessaire, être 
blanchie au peroxyde d'hydrogène ; elle est toujours propre et nette. 

M. W-F. RoBiNSON (Albany) n'a, pour les courants de moyenne intensité, 
rien trouvé qui vaille la gaze de fil, couverte de flanelle ou d'un tissu de 
coton. 

M. RocKBVBLL dispose l'ai^ile en forme de bloc au centre duquel il mé- 
nage une cavité remplie d'eau ; quand il en a besoin, il en prélève une cer- 
taine quantité qu'il pétrit bien, enveloppe d'une serviette et à laquelle il 
donne les dimensions convenables. Quand il s'agit de courants au-dessus de 
100 milliampères, il recouvre cette électrode de gaze ou de tarlatane, et en 
hiver y ajoute une bouillotte. 



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^W' 



BBVUB INTBRNATIONALB D*éLBGTROTHéRAPIB 168 

M. Houston fait remarquer que raddilion de graphite augmenterait sen- 
siblement le pouvoir conducteur. 

M. Hassbt n'aime pas cette proposition parce que Télectrode deviendrait 
très sale, et plus particulièrement, parce que le passage du courant serait 
irop brusque, du conducteur métallique à la peau ; il recouvre l'électrode 
d'une plaque de plomb coupée en forme de croix de Malte et là où il y a des 
érosions cutanées ou des boutons, il soulève la partie correspondante de 
l'électrode. La plus parfaite de toutes les électrodes serait probablement 
constituée^ par un morceau de viande fraîche. 

M"« MôSHBR se sert d'un couvre-objet de microscope quelle place entre 
Télectrode et les endroits de la peau trop sensibles. 

Pour conclure, M. Nunn dit avoir trouvé l'électrode par lui décrite plus 
convenable pour le cabinet du médecin que l'argile. La peau de chamois est 
destinée à faire l'office d'une membrane organique. Quand il existe des exco- 
riations ou des places trop sensibles, il les protège au moyen d'un fragment 
de gutta-percha. 

Diverses périodes de la ïieurasthônie et leur traitement, 

Par M. W.-T. ROBINSON (Albany). 

Ce travail envisage spécialement la neurasthénie cérébrale. Dans cette 
forme, la dépression constitue le symptôme principal et indique la direction 
dominante du traitement. L'auteur pense qu'il vaut mieux traiter la neuras- 
thénie par la galvanisation et la franklinisation que par chacun, isolément, 
des deux procédés ; mais il ne faudrait pas croire qu'il reconunande le traite- 
melQt électrique seul, à ^exclusion de tout autre mode de traitement. U 
insiste spécialement sur Timportance de l'action du courant dans tout l'orga- 
nisme et sur la nécessité d'écarter les pôles le plus possible, de façon à faire 
convenablement diffuser le courant. H commence habituellement le traite- 
ment par le bain statique pendant trois minutes à chaque séance. Dans 
quelques cas rares l'électricité statique n'a point d'action ou même produit 
des e£Eets désagréables^ tels que la céphalalgie ou le vertige. Quand on se sert 
du courant galvanique on peut journellement faire passer 4 à 5 milliampères 
par la moelle. Au début on emploiera le courant constant qui est moins irri- 
tant. Plus tard, on peut en toute sécurité passer au courant interrompu, qui 
est un des meilleurs stimulants vitaux. 

DISCUSSION 

M. Massbt dit qu'il ne faut jamais perdre de vue le rôle important du 
tube digestif, en considérant le traitement de la neurasthénie. Après quel- 
ques considérations sur les bons résultats qu'il a obtenus des traitements 



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I 



166 RBVUB INTBRNATIONALB D*éLBGTROTHBRAPlB 

par U laborieuse méthode de Weir Mitchell, par la faradisation individuelle 
des muscles, il ajoute que Ton peut simplifier grandement le traitement et en 
Qbtenir également de bons résultats en faisant coucher le sujet sur une large 
électrode positive et en promenant ensuite la négative sur toutes les parties 
accessibles du corps avec un courant suffisant pour produire de vigoureuses 
contractions. 

M. RoGKBWBL dit que cet auteur a déconseillé les modifications biusques 
du traitement; il engage cependant à passer de Télectricité statique à la gal- 
vanisation. Ces deux formes d*électricité sont aubsi éloignées Tune de Tau- 
tre qu'il est possible. Le courant Caradique leur est intermédiaire, et là où 
Ton désire des effets généraux, il pense que le courant famdique donnera les 
meilleurs résultats. 

M. HuTGHiNSON n'approuve pas les très faibles intensités recomman- 
dées par Fauteur. Le courant doit être aussi fort qu'il sera possible de le 
supporter et doit être appliqué près des centres nerveux ; tous les praticiens 
tâchent de produire des effets généraux et tandis que les résultats obtenus 
se sont montrés favorables, le traitement est resté très peu énergique. 

M»* GALBBArrK fait remarquer qu*elle a en traitement une malade qui 
avait précédemment été soumise au traitement de Wheir Mitchell, mais qui 
trouve celui par la galvanisation plus agréable. 

M. LB Présidbnt dit que Tauteur n'a été si prudent dans le choix de ses 
intensités que pour nous indiquer comment il ne faut pas appliquer l'élec- 
tricité. Personnellement, il lui a toujours semblé qu*il ne pouvait arriver à 
donner des doses suffisantes d'électricité et que le principal obstacle était 
constitué par la peau, dont la sensibilité limite l'intensité du courant que 
Ton peut employer. 

La séance est levée pour permettre à l'assemblée de répondre à l'initiative 
du cercle électrique. 

2« JOUR : 5 OGTOBRB. — SÉANGB DU MATIN 

La nécessité d'une simplification et d'une uniformisation 
plus complète de Toutillage électrothérapique» 

Par M. W.-J. HERDMAN (Anarbor). 

Ce travail a pour but d'étendre la matière du sujet soumis à l'examen du 
Comité lors de la dernière session. Les exigences auxquelles doit satisfaire 
un appareil sont maintenant très nombreuses et par suite il doit présentei 
toute la simplicité compatible avec la facilité et la précision des manipula* 
tions. Les neuf dixièmes des médecins n'ont que peu ou pas de connaissance 



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RBVU8 INTBRNATIONALB d'BLBGTROTHBRAPIB 167 

des lois qui régissent réleeiricilé au dehors aussi bien qu'à Tintérieur de 
Torganisme. Si l'Associaiioa voulait faire ce qui est en son pouvoir pour 
déterminer un type d'appareil convenable pour tous ceux qui désirent prati- 
quer cette branche de Tart médical, les Facultés se rendraient bien vite 
compte de l'avantage qu'il y aurait pour elles à introduire celle matière dans 
leur programme des cours ou dans leur examen d'admission. 

U est nécessaire d'introduire plus d'uniformisation dans la construction 
des appareils, particulièrement pour ce qui regarde la forme, les dimensions 
et la nature des électrodes. Il faudrait construire les instruments de telle 
sorte que le médecin puisse, en cas de besoin, les modifier lui-même et 
éviter ainsi des retards. L'auteur voudrait donc qu'à l'occasion de la présente 
session, on nommât un comité chargé de rechercher un type de machine sta- 
tique, de générateur pour courant continu, et d'électrodes. Il ne pense cepen- 
dant pas que, même avec des instruments uniformes, les différents observateurs 
puissent obtenir des résultats identiques, car la personnalité dé chacun inter- 
vient ici comme un facteur important. Il serait cependant à désirer que nous 
puissions le plus tôt possible déterminer la valeur de ce facteur. 

DISCUSSION 

H. HuTGHiNSON. — Les remarques de l'auteur concordent parfaitement 
avec celles que j'ai présentées il y a plusieurs années déjà. 

J'ai combattu de toutes mes forces la construction de machines possédant 
des parties cachées ou inaccessibles, particulièrement des piles closes. 

M. GoBLKT voit avec plaisir que d^autres reconnaissent également l'exis- 
tence des mêmes difficultés contre lesquelles il a eu à lutter dans les appli- 
cations électrothérapeutiques et sur lesquelles il a déjà appelé l'attention. Le 
besoin d'uniformisation dans la construction des appareils électriques se fait 
ressentir peut-être le plus vivement à l'occasion d'une consultation où 
un défaut dans l'appareil suffit souvent pour enlever toute valeur à l'avis 
exprimé par le médecin. C'est une grande erreur que de chercher à faire des 
économies dans la construction de ces appareils, et, quoique l'orateur doive 
s'accuser lui-même d'avoir conseillé l'emploi d'un métal à bon marché pour 
la &brication des électrodes au p61e positif, il a reconnu son erreur et peut 
affirmer maintenant que rien ne vaut le platine en semblable cas ; peut-être 
cependant les considérations présentées par le Pacific Record du 15 sep-* 
tembre de cette année, au sujet d'un nouvel alliage de plomb, seront, après 
essai pratique, reconnus bien fondées. La composition de cet alliage a été 
donnée. 

M. WArrB dit que l'un des plus grands obstacles qui s'offrent au fabricant 
est précisément que l'acheteur ne sait pas toujours ce dont il a exactement 
besoin. Le voltage des appareils est bien connu, mais ce sont les électrodes 



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1^ RBVUB INTBRNATIONALB D*éLBOTROTHÀRAFlB 

qui causent lliésitation. Les différences qui existent entre lés bobines fara- 
âiques dépendent de nombreux facteurs, et on ne peut uniformiser leur 
construction qu^après des essais répétés avec de nombreuses 'machines. 

M. NuNN pense que si Ton pouvait seulement amener leà construcleuirs à 
rendre les connexions visibles, on aurait avancé d*un grand pas. Il ne peut y 
avoir aucune raison qui empêche TAssociation d*adopter un type de tampons 
et de pas de vis. On laisserait une certaine latitude dans la détermination du 
type des bobines, les conditions requises pour ceci dépendant des exigences 
de la thérapeutique. 

M. J.-H. Eblloo (Battle Creeck) pense que le seul moyen d'obtenir une 
connaissance exacte des conditions nécessaires pour la bobine d'induction 
médicale serait de faire une étude approfondie des tracés obtenus avec de 
nombreux modèles de bobines. Il s'occupe actuellement de recherches de 
ce^enre qui promettent de donner des résultats précieux. 

M. Hbrdman, pour terminer, dit qu'il a vu avec plaisir l'unanimité des 
opinions exposées durant la discussion. On a dit avec raison que nous ne 
savions pas bien ce que nous voulions; mais nous n'arriverons jamais à rien 
avant d'avoir choisi un point de départ. Nous sommes nous-mêmes respon- 
^les de ce que font les fabricants, et, puisque nous constituons une organi- 
sation nationale, prenons le sujet en main et, si l'on nomme un Comité dans 
ce but, qu*il n'oublie pas de tenir compte des expériences physiologiques 
dont a parlé M. Kellog et qui sont absolument indispensables à l'exactiluie 
et au complet achèvement de ce travail. 



Contribution an traitement éleotrique du Goitre kystiqpie 
et de l'Hydrocèle. — Note sur le Psoriasis, 

Par M. Charles R. DICKSON (Toronto). 

L'auteur rapporte deux cas : Tun de goitre, l'autre d'hydrocèle, traités par 
Félectricilé. il s'agissait, dans le premier, d'un goitre kystique développé 
chez un jeune homme. L'électrode positive fut placée entre les deux épaules; 
deux aiguilles isolées, faites avec le fil qui sert à la fabrication des cordes 
de piano, et rattachées au pôle négatif, furent enfoncées. Tune dans l'isthme, 
l'autre dans le lobe gauche ; courant de 30 milliampères pendant quelques 
minutes. Ensuite une électrode de faible surface fut placée sur la tumeur, au 
lieu de l'être dans le dos, et on fit passer pendant quelques minutes encore 
un courant de 20 milliampères. Pansement simple. Ce traitement n'amena 
aucune modification appréciable. Supposant alors qu'on obtiendrait de meil- 
leurs résultats si le liquide kystique était rendu plus conducteur, l'auteur 
aspira le contenu du kyste et le remplaça ensuite par une solution de chlorure 



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RBVUB INTBRNATtONALB D'éLBGTROTHÂRAPlB 16d 

de sodium. Après la séance, ce liquide fut enlevé et il s'échappa en même 
temps de nombreuses bulles de gaz. Le kyste se remplit de nouveau, mais beau- 
coup moins vile qu'il ne Tavait fait antérieurement, après Taspiration simple. 
Le même traitement fut appliqué de nouveau et Ton couvrit alors le goitre 
d'un pansement, de façon à produire une compression assez forle. 

L'amélioration se produisit et, au bout de quatre à cinq mois, la tumeur 
avait complètement disparu ; la santé était devenue beaucoup meilleure. Tout 
récemment Fauteur apprit qne la tumeur commençait à se reproduire et que 
le malade essayait, cette fois, des remèdes de charlatan. 

L'enseignement que l'on peut retirer de ce cas est qu'il faut détruire la paroi 
du kyste par un traitement plus prolongé. 

Bans le deuxième cas, il s'agissait d'une hydrocèle, ponctionnée déjà deux 
ou trois fois et qui se remplissait en trois ou quatre semaines. A deux reprises, 
on avait fait déjà des injections de glycérine phéniquée. L'auteur enleva cette 
fois-ci 210 grammes d'un liquide citrin qui fut remplacé par une solution 
tiède de chlorure de sodium ; les aiguilles furent appliquées ensuite comme 
dans le cas précédent. Gourant de 50 milliampères pendant quinze minutes, 
puis 20 roilliam; btes pendant cinq minutes. Le sac fut de nouveau vidé; la 
quantité de liquide était beaucoup moindre que celle qui avait été introdulto, 
et il s'échappa beaucoup de gaz. Pansement borique. Le lendemain le testi- 
cule fut malaxé, afin de produire l'adhérence des parois du sac. 

Le même malade portait des plaques de psoriasis sur l'avant-bras, le cuir 
chevelu et la jambe, lesquelles n'avaient cédé à aucun traitement, bien que le 
malade eût consulté plusieurs éminents spécialistes. Pas d'antécédents spé- 
cifiques. Pour diminuer la résistance au niveau de ces plaques sèches, elles 
furent humectées à l'aide d'eau salée, puis traitées chacune pendant cinq mi- 
nutes à l'aide d'un courant de 10 à 30 milliampères. Après cinq jours de trai • 
tement, il y avait une amélioration marquée et on fit alors usage de la 
pommade à l'acide chrysophanique. 

Trois mois plus tard, il n'y avait plus aucune trace d'hydrocèle, l'état 
général était devenu beaucoup meilleur, et le malade déclara que le psoriasis 
avait complètement disparu Hrois semaines après la cessation du traitement 
électrique. Lorsque précédemment on avait pratiqué les injections phéni- 
quées, le malade avait dû, pendant plusieurs semaines, cesser absolument 
tout travail, ''tandis qu'après le traitement électrique, il put reprendre ses 
occupations au bout d'un temps beaucoup plus court. 

Pour ce qui concerne l'intensité du courant, l'auteur dit avoir choisi la 
plus faible qui fût compatible avec une efficacité réelle, à cause de la natuie 
des organes compris entre les pôles. Quand on a introduit les aiguilles dans 
le goitre, iLest bon de faire exécuter au sujet des mouvements de déglutition. 
Alors si l'aiguille a traversé la paroi postérieure de la tumeur, on la voit se 
déplacer pendant la déglutition. Il faut avoir soin de n'augmenter que pro- 



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170 RBTUB INTBRNATIONALB D*éLBCTROTRéRAPm 

gressivement la force du courant et de laisser au moins une semaine d'inter- 
valle entre les deux séances. 

DISCUSSION 

M. NoRDMAN. — Pour se rendre compte de la valeur des divers traite- 
ments du goitre, il faut avoir présentes à Tesprît les différences qui existent 
entre les diverses périodes de Taifection. On considère, en efifet, trois pério- 
des dans Taccroissement de la tumeur : 

i<^ La simple dilatation des tissus vasculaires ; 

2* La période de formation des kystes ; 

3<> La période fibreuse caractérisée par la prolifération du tissu conjonctif. 

La forme cystique présente des caractères identiques à ceux de Thydro- 
cèle, et à cette période, Tinjection d'agents irritants tels que Tacide phénique 
ou les solutions iodées donne de meilleurs résultats que le traitement 
ordinaire par la galvanisation qui est, du reste, très fastidieux. 

Il est très possible que Télectrolyse favorise la résorption et donne de 
meilleurs résultats que n'importe quel autre procédé. 

M. EIblloq est du même avis en ce qui concerne remploi de Télectricité 
limitée au goitre kystique, mais il pense que beaucoup de malades préfére- 
ront cependant le traitement électrique au traitement chirurgical, même si 
ce dernier était plus radical. Il accepte volontiers l'injection d'iodure de 
potassium à saturation, avant de soumettre le kyste àl'électrolyse; la décom- 
position qui en résulte et la mise en liberté d'iode à l'état naissant ont une 
action très favorable sur la membrane limitante du kyste. 

M. Hbrdman dit avoir également obtenu de bons résultats par ce procédé, 
mais n'avoir point encore rencontré d'explication satisfaisante quant à la 
nature de cette décomposition. 

M. KBLLoa répond que cette décomposition se produit bien certainement, 
car si l'on applique cette solution sur l'électrode, dans le traitement des 
tumeurs fibreuses de l'utérus, on constate en retirant cette électrode et si 
elle a été reliée au pôle positif, qu'elle est profondément colorée par Tiode. 

M. LB Président dit avoir été conduit à essayer le traitement électrique 
par les nombreux succès qui ont été rapportés dans les cas de goitre, mais 
les résultats qu'il en a obtenus lui ont montré qu'il avait raison de croire 
que beaucoup de médecins confondent les résultats obtenus au point de vue 
purement symptomatique, avec les modifications histologiques du goitre. Le 
grand obstacle réside dans notre connaissance trop imparfaite de la patho- 
logie de cet état spécial. Lorsque le goitre s'accompagne d' exophtalmie et 
d'accélération cardiaque, nous devons, on le sait depuis longtemps, nous 
adresser au système du grand sympathique. 



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RBVUB INTBRNATIONALE D*BLBGTROTHKRAPIB lîl 

Erb Ta établi ; ces conditions dépendenl souvent d'un état neurasthénique, 
et plus récemment encore, on a montré que ces modifications dépendent 
d'un trouble particulier des corps restiformes. L'orateur s'est donc proposé, 
dans cet ordre d'idées, d'appliquer le négatif à la base du cerveau et le positif 
sur le front ; il espère, par ce procédé, arriver à atteindre les corps restifor- 
mes. Un certain nombre de ses malades ont été traités par Téleciro-poncture, 
précédée de l'électro-anesthésie cocaïnique. Il se sert d'une aiguille de pla- 
tine isolée et place l'électrode indifférente à la base de la nuque. Il a égale- 
ment essayé de fortes étincelles statiques. 

lia constaté, en règle générale, que le traitement suivi pendant un à deux 
mois produit une diminution de volume du cou, une décroissance de 
l'exophtalmie et un ralentissement de l'action cardiaque, mais il n'a cons- 
taté aucune diminution de volume bien évidente du goitre. 

L'on doit à Gautier l'introduction de la méthode à laquelle les orateurs 
précédents ont fait allusion et que l'on désigne actuellement sous le nom 
i'élecirolyse interstitielle. 

M. GoRLBT. — La méthode de Gautier donne des résultats très satisfai- 
sants, particulièrement dans le traitement de l'endométrite et des affections 
de l'urèthre chez la femme. Cet auteur se sert d'une électrode de platine 
enveloppée d'un tampon de ouate imbibé de la solution d'iodure de potas- 
sium à 10 o/o. L'intensité est de 50 à 80 milliampères, et la durée de cinq à 
dix minutes. 

M. Walker dît qu'il pourrait rapporter de nombreuses observations dans 
lesquelles il a constaté que l'électrolyse donnait de fort bons résultats dans 
les cas de kystes fibreux ; les formes kystiques, pas plus que les formes 
fibreuses ne rentrent dans le domaine du traitement galvanique ordinaire. 
n se servait précédemment d'une électrode d'étain ayant environ la largeur 
du cou, garnie d'argile et couverte de deux épaisseurs de drap. L'électrode 
indifférente était une large plaque couverte de coton absorbant, placée entre 
les épaules, et qui était constamment humectée par un assistant à l'aide 
d'une dissolution de carbonate de soude. Il pouvait employer à chaque 
séance et ce, trois fois par semaine^ des intensités de 100 à 120 milliam- 
pères sans le moindre inconvénient. Chez deux de ses malades adultes, le 
goitre datait de l'enfance. 

M. Hbrdman dit qu'on ne peut être certain de la constitution fibreuse 
d'une tumeur lorsqu'elle n'existe que depuis un temps relativement court, 
caries productions fibreuses ne se développent que lentement. 

M. le président a parlé de goître exophtalmique, ce qui est tout autre 
cliose que le goître kystique. L'auteur a toujours réussi à guérir le goître 
exophtalmique, bien qu'il en ait eu en traitement des cas très graves. Il 
croit que celte affection dépend d'une irritation des centres nerveux qui pré- 



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172 RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHèKAPIE 

sident à la régularisalioQ cardiaque de la circulalion, et de cette îrrilatioD 
résulte la contraction du muscle de MuUer à la partie postérieure du globe 
oculaire, ce qui donne lieu à rexophtalmie. Cette manière d'envisager la 
pathogénie de Faffection Ta engagé à appliquer le « courant continu ren- 
versé », le pôle positif sur la tumeur, le négatif sur le renflement cervical. 
Il a essayé le courant induit et le courant continu sous toutes leurs formes 
et n'a jamais obtenu de résultats, si ce n'est par le procédé décrit. 

M. LE Présidmnt dit qu'il a également constaté refficacité constante du 
traitement électrique du goitre exophtalmique, mais qu'il n*a jamais observé 
la moindre diminution de volume dans les tumeurs fibroïdes, bien qu'il ait 
pu faire disparaître Texophtalmie et Tétat anémique concomitants. 

M. Dickson cl6t la discussion en disant que les cas qui sont habituelle- 
ment les plus rebelles au traitement se rencontrent chez les jeunes fUles de 
quatorze à seize ans et que, dans ces cas, il ne faut absolument pas recourir 
à la ponction, la galvanisation du sympathique étant mieux indiquée. 

En injectant la solution de chlorure de sodium dans la cavité kystique, 
son but n'était point tant de donner lieu à quelque décomposition spéciale 
que de créer une électrode remplissant toute la cavité et de soumettre ainsi 
toute sa surface à Taction du courant. 

[La suile au prochain numéro,) 
(Traduit de l'anglais par le D' René Verhoogen.) 



L'ÉLECTRICITÉ EN THÉRAPEUTIQUE OCULAIRE'" 

Par le D' P. PANSIER, aide de Clinique ophthalmologique. 



HISTORIQUE 

Ce serait Jallabert, en 1748, qui, le premier, aurait constaté Theureuse 
influence de l'électricité sur certaines affections lorpides de l'œil (2). 

Mais c'est véritablement à Mauduyt que remonte le premier emploi de 
l'électricité statique à la thérapeutique oculaire. En 1778, il communique à 
la Société de Médecine des expérimentations sur Faction ihérapeutique de 
l'électricité; en particulier cinq cas d'amaurose, dont trois furent guéris par 
cette méthode. 

Mazaras de Gazelles, en 1878, a traité avec succès trois cas d'amaïuose 
par l'effluve électrique. 

(1) Extrait du Nouveau Montpellier médical. Janvier 1893, supplément. 

(2) « Expériences sur rélectricité avec quelques conjectures sur la cause de ses 
effets -. Paris, 1878. 



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RBVXJB INTBBNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB 173 

Aldini, neveu de Galdini, obtient, en 1804, des résultats remarquables en 
appliquant les courants continus aux cécités. 

Magendie, en 1827, présente à TAcadémie de Médecine une note sur Theu- 
rense application du galvanisme aux nerfs de Toeil. La thèse de James 
(Paralysie de là cinquième paire, 1840) est faite sous ses auspices. Magendie 
enfonce une aiguille dans la paupière, une seconde aiguille dans la région 
parotidienne et fait passer le courant à travers ces deux électrodes. 

Becquerel [Traité des applicalionsde l'électricité à la thérapeutique, 1857, 
page 366) conseille remploi de Télectricité dans les amauroses, mais un 
emploi très prudent. 

Boulu présente, en 1839, à l'Académie de Médecine, une note sur la gué- 
rison de certaines affections oculaires par Télectricité. 

Bénédikt, en 1864, publie à Vienne une thèse considérable sur le traite- 
ment par les courants induits des paralysies oculaires et de Tamblyopie. 

Landfiberg, en 1865, relate les succès qu'il a obtenus par Télectrothérapie 
dans le traitement de Tasthénopie musculaire. 

Parmi les travaux les plus importants qui paraissent alors, nous devons 
citer celui d*Herb (1872), celui de Dur {1873), les communications de Giraud- 
Teulon et de Lefort à l'Académie de Médecine (1871 et 1874), les thèses de 
Boucheron et Garnus(1874)y les recherches de Gillet de Grandmont (1883); 
enfin deux thèses de Montpellier, Porte (1883) et Descay (1884), 

ACTION PHTSIOLOQIQUB DES COURANTà SUR L'ŒIL 

Bénédikt explique Taction des courants continus sur Tœil par Faction de 
ces courants sur le grand sympathique qui commande au système vaso- 
moteur de Forgane. En électrisant le trijumeau, Bénédikt déclare agir sur 
le nerf optique par suite de Faction sur le grand sympathique, 

Chéran [Gazette des Hôpitaux, janvier 1874), a étudié au micro-ophlhal- 
moecope les modifications que les courants impriment à la circulation céré- 
brale. 

t La galvanisation du sympathique cervical par courant continu agit sur 
la circulation intérieure du cerveau, et les variations imprimées de ce fait à 
la rétine en sont la traduction exacte. » 

D*après Ominus, Félectrisation du ganglion cervical supérieur augmente 
la vascularisation des vaisseaux du fond de Fœil. 

Des recherches de Gillet de Grandmont, il paraît résulter que les courants 
centrifuges activent la circulation. On entend par courant centrifuge ceux 
dans lesquels le pôle P. est plus rapproché du bulbe ou de la région cervi- 
cale médullaire que le pôle N. 

Les courants centrifuges activent la circulation : 1» en dilatant les artères; 
2* en faisant passer dans un temps déterminé une plus grande quantité de 
globules. 



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174 REVUB INTERNATIONALB D^ÉLBCTROTHÉRAPIE 

Le nombre des baltements artériels n'a point paru augmenter sous Tin- 
fluence du courant électrique. 

Les courants centripètes, c'est-à-dire ceux dans lesquels le pôle N. esi 
plus rapproché du centre médulo-encéphalique que le pôle P., ont une action 
moins évidente. 

Sur l'œil, le premier phénomène que l'on observe lorsqu'on applique un 
des pôles au-dessus de l'œil, l'autre sur le cou au niveau du ganglion cervical 
supérieur : c'est la contraction pupillaire. 

De ses expériences sur les lapins, Gillet de Grandmont conclut que les 
courants centrifuges activent la circulation de Tœil et de ses annexes, aug- 
mententenl la tension de l'ondée sanguine au point de rompre les vaisseaux, 
produisent une diminution de la quantité de l'humeur aqueuse et un enfon- 
cement du globe dans J'orbite, congestionnent enfin la portion du cerveau 
correspondant au côté électrisé. 

Gillet de Grandmont croit, contre l'avis de Duchenne de Boulogne, qu'il 
est inutile d'avoir recours à un grand nombre d'éléments. Ses expériences 
lui ont prouvé qu'il suffisait, pour obtenir des effets puissamment modifica- 
teurs sur l'œil, de recourir à une tension de dix éléments Leclanché de 
moyenne grandeur au maximum. 

Le plus souvent il n'a recours qu'à six éléments. Les réophores sont consti- 
tués par des disques dé charbon de cornue recouverts de peau de chamois. 
Le pôle N. est placé au-dessus de l'orbite, sur le trajet du nerf sus-orbitaire 
ou dans le voisinage de ce filet. Le pôle P. est placé sur le cou en arrière de 
l'angle de la mâchoire, dans la direction du ganglion cervical supérieur. 11 
évite les phosphènes en maintenant immobiles les réophores. Le courant ne 
passe que pendant quatrd à cinq minutes au maximum. 

A l'aide d'un thermomètre placé dans le cul-de-sac conjonclival, il a cons- 
taté, pendant le passage du courant, un abaissement de température de 
2 à 6 dixièmes de degré. 

Boucheron, utilisant comme moyen de contrôle le phosphène lumineux 
produit par le passage du courant éleclrique dans la rétine, a étudié sur lui- 
même l'étendue de la zone parcourue par les courants électriques continus. 

Il s'est servi d'une pile de dix petits éléments Trouvé' (cuivre et zinc, sul- 
fate de cuivre). 

11 a constaté ainsi que les courants continus n'excitent pas seulement les 
éléments situés entre les deux pôles, mais encore les éléments compris dans 
une zone assez étendue. 

On peut se demander avec Boucheron si la sensation lumineuse produite 
par le courant est due à l'excitation de la rétine ou du nerf optique seul, ou 
bien à Tune et à l'autre simultanément, ou bien à l'excitation des tuber- 
cules quadrijumeaux. 

Le phosphène parait être dû à l'excitation de la rétine. 



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RBYUB INTERNATIONALE D*BLBCTROTHéRAPIB 175 

• En effel, si Ton fait passer le couraot à travers le crâne au niveau des 
deux apophyses mastoïdes, on n'obtient aucun phosphène. Cependant, soit 
par les courants directs, soit par les courants dérivés, on excite alors les 
tubercules quadrijumeaux et l'origine des nerfs optiques ; la rétine, elle, est 
placée assez loin pour n'être pas impressionnée. 

a Ces faits semblent démontrer, ajoute Boucheron, que les troncs des nerfs 
de sensibilité spéciale excités par le galvanisme ne transmettent pas à l'en- 
céphale des sensations spéciales et que ces sensations exigent absolument, 
pour se produire, le concours des appareils sensoriels terminaux. » 

Les phosphènes se produisent au moment du passage et de l'interruption 
du courant; ils sont d'autant plus intenses que la rétine est moins altérée. 

On doit relater aussi un goût plus métallique dans la bouche et rarement 
une sensation d'étourdissement. 

Legros et Ominus admettent que les phosphènes sont le résultat d'une 
action réflexe portée sur le trijumeau et non d'une excitation directe du nerf 
optique. 

GiUet de Grandmont ne peut partager cette opinion : « Le phosphène est 
le résultat d'une violence que j'appellerai électrique, résultant du courant à 
travers les éléments nerveux de l'œil ». 

Le goût métallique de la bouche, il l'explique par une excitation directe 
des nerfs lingual et glosso-pharyngien qui communiquent à la langue ses 
propriétés gustatives. 

Les étourdissements sont le résultat d'une congestion vers les centres encé- 
phaliques. Ils n'apparaissent que lorsque l'intensité du courant est très grande. 

Pour expliquer l'abaissement de température, Gillet de Grandmont émet la 
théorie suivante : 

• En plaçant les pôles comme nous l'avons indiqué, on agit sur tous les 
oignes qui séparent les électrodes l'une de l'autre. Par conséquent, on agit 
sur les nerfs sensitifs, moteurs, trophiques et vaso-moteurs. 

« Il est établi que l'incitabilité des nerfs diminue à mesure que l'excita- 
tion se prolonge et augmente d'intensité ; l'excitation du nerf est d'autant 
plus prononcée que l'excitation est moins longue. 

« Or, lorsque nous faisons traverser le ganglion cervical supérieur par un 
courant électrique de faible intensité et de courte durée, nous réveillons ou 
nous excitons les nerfs vaso-moteurs qui se rendent à l'œil. Il n'est donc pas 
surprenant que le thermomètre indique dans ces cas un abaissement de tem- 
pérature. 

• Quand on prolonge ou augmente l'action du courant, on épuise l'incita- 
bihté des nerfs vaso-moteurs et le sang afflue dans les vaisseaux congestionnés 
des membranes ; c'est ce qui nous explique les congestions do la conjonctive, 
de la choroïde, du cercle cnliaire et de la rétine. 



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176 RBVUB INTERNATIONALE D BLBCTROTHéRAPIB 

« Si le courant est très énergique et de longue durée, le sympathique finir 
par perdre toute son excitabilité, il est paralysé et Ton observe du côté de 
Toeil les mêmes symptômes que si le ganglion cervical supérieur avadt élé 
arraché : rétrécissements de la pupille, enfoncement du globe dans l'orbite. ■ 

^ APPLICATIONS DE l'ÉLBCTRICITÉ A LA THÉRAPEUTIQUE OCULi^IRB 

L*électricité a été employée dans le traitement de différentes Cédions 
oculaires : 

1® Paralysie des muscles oculaires. 

2» Asthénopie musculaire (insuffisance de convergence). 

30 Affections spasmodiques : 

a Blépharospasme. 

b Contracture de l'accommodation. 

c Nystagmus. 

4<> Kératite parenchymateuse. 

5<> Adhérences irido-capsulaires. 

6® Cataracte. 

7» Affections du nerf optique et de la rétine : 

a Atrophie optique. 

b Rétinites diverses. 
S^ Troubles da vitré, hyalitis. 
9« Glaucome. 
10<> Amblyopies : 

a Amblyopies de causes diverses. 

b — traumatique. 

c — strabique. 

d — toxique. 

e — hystérique. 
11® Héméralopie. 
12» Goitre exophthalmique. 

1« PARALYSIES DBS NERFS MOTEURS DE l'ŒIL 

Elles sont périphériques ou centrales. 

Les paralysies périphériques se rattachent à l'influence du froid (ce sont 
les soi-disant paralysies rhumatismales), delà diphtérie, etc. 

Les paralysies d'origine centrale sont dues à des compressions par néo- 
plasme, épanchement, tubercules, gommes. . . 

Contre celles-ci Télectrothérapie est impuissante, et si dans certains cas 
de paralysie syphilitique le traitement électrique joint au traitement spéci- 
fique a donné de bons résultats, il est probable que l'intervention du cou- 



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RBVUB INTERNATIONALE D^éLBCTROTHÂEAPIB 177 

lant n'a eu qu'une action minime. Dans toutes ces paralysies de cause 
centrale, Herb a délaissé Télectrothérapie qui, dit-il, n*a sur elles aucun 
effet curatif appréciable. 

Dans Tataxie cependant nous devons distinguer deux ordres de paralysies : 
les unes, précoces, disparaissent souvent spontanément ; les autres, tardives, 
sont tenaces, résultent de la sclérose complète du nerf. Contre celles-ci le 
traitement électrique est impuissant. 

Dans les paralysies musculaires des membres ou de la face, les symptômes 
tirés de Texcitabilité musculaire par les courants interrompus offrent des 
éléments de pronostic important. 

Cette méthode d'examen est inapplicable à Tœil ; en effet, en dehors des 
phosphènes gênants qu'ils causent, les courants interrompus ne donnent pas 
lien à la contraction des muscles oculaires (Duchenne de Boulogne). 

Procédé opératoire. — Bénédikt, de Vienne, emploie le courant d'induc- 
tion : il cherche à agir sur le trijumeau plutôt qu'à exciter directement les 
muscles. 

L'intensité des courants sera différente selon le degré de sensibilité du 
trijumeau : les séances dureront environ une demi-minute. Il ue faut mettre 
en jeu que très faiblement la contractibilité musculaire ; en effet, en provo- 
quant des contractions fortes on perd souvent l'effet antérieurement obtenu. 
Le courant doit être centripète ; le pôle positif étant sur le front, on promène 
l'électrode négative autour de l'orbite. 

Généralement on a recours aux courants continus. 

Herb se sert d'un courant galvanique de six à huit éléments de Stœhrer 
(cuivre et charbon) : la durée de l'application varie d'une demi-minute à 
une minute et demie. 

Le courant est centrifuge, lanode (pôle positif) étant appliquée à la 
nuque, et la cathode (pôle N) sur les paupières vis-à-vis du muscle affecté. 

Giraud-Teulon emploie également le courant centripète : pôle positif sur 
front, pôle négatif sur la tempe. — Cependant la direction du courant ne 
parait pas avoir grande influence, et des guérisons ont été obtenues avec le 
courant centripète comme avec le courant centrifuge. 

Driver, Buzzard, ont adopté le procédé de Herb ; Buzzaid place un pôle en 
contact avec la nuque du malade et prend l'autre dans sa propre main gau- 
che. Il applique alors l'indicateur de sa main droite sur les insertions des 
divers muscles oculaires : son doigt est recouvert d'une mousseline mouillée, 
et la conjonctive du malade, pour pouvoir supporter le contact du doigt, a été 
anesthésiée avec de la cocaïne. 

U fait usage d'un courant de 1,5 à 2 milliampères. 

Boucheron pense qu'il est utile d'appliquer le courant à la nuque et de 
lui faire traverser toute la tète. En effet, on excite ainsi le trijumeau, qui 



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178 RBVOB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB 

d*après Bénédikt joue un rôle dans Taction curative, et la nerf paralysé de 
son origine à sa terminaison. 

La durée de Télectrisation est de une à dix minutes avec huit à dix élé- 
ments Daniell modifiés par Trouvé ou Morin. 

Lefort propose d'employer des courants de faible intensité mais perma- 
nents. Deux éléments Trouvé ou Morin suffisent. Des plaques d*étain mal- 
léables recouvertes d'une peau humide et communiquant avec les pôles ^e la 
pile sont placées ou bien sur les tempes, ou bien Tune sur le front, Tautre 
sur la nuque. Le malade garde l'appareil toute la nuit et peut très bien dor- 
mir en restant sous l'influence des courants. 

Pronostic. — Au point de vue du pronostic, Bénédikt et Herb ont observé 
que la durée de la paralysie est très longue quand l'étendue des mouve- 
ments de l'œil augmente plus rapidement que le rapprochement des images 
doubles. 

Les paralysies de labducteur sont les plus nombreuses et ont un pronostic 
favorable ; la mydriase est rebelle, s'améliore, mais ne guérit que rarement 
et lentement (Herb). 

Le ptosis sans paralysie des autres muscles est rebelle au traitement 
(Driver). 

Résultais. — Les différentes méthodes paraissent dormer des résultais 
identiques. 

Quelquefois dès les premières séances l'amélioration est considérable; 
d'autres fois la guérison est plus forte à se produire. Dans un cas de Herb 
la guérison ne fut obtenue qu'après cinquante séances quotidiennes. 

Les paralysies rhumatismales, dites a frigo^e^ cèdent le plus facilement. 
Les paralysies syphilitiques, pour lesquelles Herb repousse l'électrothérapie, 
paraissent quelquefois heureusement influencées par ce procédé. Boucheron 
cite un certain nombre d'observations de Giraud-Teulon dans lesquelles le 
traitement électrique, combiné il est vrai au traitement spécifique, dooua 
les meilleurs résultats. Il relate également une autre série de cas dans les- 
quels il y eut un succès. 

Dans des paralysies de nature diverse (pibstdiphtérique, par congestion 
cérébrale, chez les labétiques) Giraud-Teulon, Herb, Camuset, ont retiié 
d'excellents résultats du traitement par l'électricité. 

Dans les paralysies diabétiques Sameheson recommande l'emploi des cou- 
rants continus concurremment avec le traitement habituel du diabète. 

2° ASTHÉNOPIE MUSCULAIRE 

Landsberg, Driver, Giraud-Teulon, ont eu recours à l'électricité dans 
l'insuffisance de convergence pour fortifier le muscle affaibli et le rendre 
capable d'accomplir sa fonction. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPIE 179 

« Les insuffisances du muscle interne, dit Landsberg, sont simples ou 
bien accompagnées d'autres anomalies; il est évident qu'on ne peut atten- 
dre d'amélioration par le galvanisme que lorsque les complications ont été 
écartées par d'autres moyens. Outre la concordance des yeux on oblieut 
même une meilleure acuité de la vue par un rapport plus régulier entre la 
réfraction et l'accommodation. » 

Le courant descendant a paru plus actif, cependant deux cas ont été amé- 
liorés par le courant direct. Quant au procédé opératoire, le pôle charbon de 
l'appareil Stœhrer fut appliqué au côté interne de l'œil, les paupières ordi- 
nairement fermées, et le pôle positif sur le front ou la racine du nez. 

Le courant dura trente secondes avec une batterie de quatre àhuit éléments. 

« Il ne résulte nullement de ce qui précède que la ténotomie doit ôlre 
mise de côté ; elle sera toujours indiquée dans des cas où la puissance du 
muscle externe surpasse de beaucoup celle du muscle interne. 

ft Le galvanisme sera indiqué dans les cas où, après avoir fait le sacrifice 
de toute la puissance abductrice, le muscle interne n*a pas encore assez 
d'énergie, ou bien quand de faibles prismes à base interne ne peuvent être 
surmontés ; enfin dans tous les cas d'insuffisance musculaire à la suite de 
faiblesse générale. » 

Landsberg rapporte douze cas, Giraud-Teulon et Driver chacun un cas 
d'asthénopie musculaire dans lesquels Télectrothérapie donna les meilleurs 
résultats. 

3® AFFECTIONS SP.ASMOD]QUES DES MUSCLES OCULAIRES 

A. Blépharospasme. — Boucheron rapporte une observation de Giraud- 
Teulon dans laquelle un blépharospasme intermittent disparut par quelques 
séances d'électrisation (courant continu descendant d'une minute de durée). 

Dans un cas de blépharospasme pseudo-paralytique, de Salterain a vu 
employer les courants continus : ceux-ci ne furent pas supportés, mais les 
courants faradiques donnèrent un excellent résultat. 

Ces cas, ainsi que celui de Driver, qui cédait par pression de plusieurs 
points de la face, et ne disparut pas après section du nerf sus-orbitaire, 
semblent reconnaître l'hystérie comme cause première; ils se rapprochent 
donc du cas de Hodges, qui vit sous l'influence de Télectrothérapie dispa- 
raître rapidement un blépharospasme hystérique. 

B. Contracture de V accommodation. — Boucheron a constaté que dans 
les contractures du muscle accommodateur soit chez les myopes, soit chez 
les hypermétropes, Télectrisation donnait les mêmes résultats que Talropini- 
sation. Il cite une observation de Giraud-Teulon dans laquelle un des deux 
yeux fut atropinisé, l'autre électrisé : le résultat curatif fut le môme des 
deux côtés. . 



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180 RBVUB INTBRNATIONALB D'ÈLBCTROTHéRAPIB 

■ 

De même Landsberg, électrisant les yeux de ses myopes pour lutter 
coalre rinsuffisance des droits internes, voyait diminuer le degré de myopie. 

« Mais, ajoute Boucheron, on a dans Tatropine un moyen si commode de 
paralyser le muscle ciliaire qu'il n'y a pas à songer à rélectrioilé pour rem- 
placer ce médicament, o 

C. Nyslagmus. — Boucheron rapporte dans sa thèse cinq cas de nystag- 
nius guéris par l'électricité. 

Deux, ceux de Chéron cités par Gadaud^ échappent à l'analyse. 

Dans les trois autres cas (Boucheron, Giraud-Teulon, Ghiralt), la cause de 
nystagmus parait avoir été la même : parésie du muscle droit interne avec 
contracture spasmodique de l'antagoniste. 

Dans le cas de Giraud-Teulon la contracture guérit en quatre séances, 
mais non la parésie du droit interne qui dut être corrigée par une ténétomie. 

Dans le cas de Boucheron, le nystagmus se produisit chez une fillette de 
quatre ans ; il s'accompagnait de strabisme divergent et d'atrophie optique. 
L'ûlectrisation par les courants continus centripètes, dirigée contre l'atro- 
phie, diminua le strabisme et le nystagmus. 

Dans le cas de Ghiralt, mélange d'un état dysménorrhéique et hystérique, 
le nystagmn*^ apparut après suppression des règles coïncidant avec l'appa- 
rition de blépharospasme ; il y avait en même temps aphonie, anesthésie 
rétinienne. 

Ghiralt employa les courants d'induction avec secousse et vit disparaître 
ces symptômes après des alternatives d'amélioration et de rechute. 

Freund observa, chez un soldat de dix-neuf ans, un nystagmus horizon-^ 
tal, survenu brusquement à la suite de fatigue, diminuant dans la fixation, 
et cessant dans la vision monoculaire. Freund rattacha ce nystagmus à la 
maladie de Basedow, dont le sujet était atteint. Sous l'inflaence de courants 
galvaniques le nystagmus disparut en trois semaines. 

4» KÉRATITE PARENCHYMATEUSB 

Le D' Brière, du Havre, a publié en 1874 (Annales dTOculisliqueJ uue 
observation de kératite parenchymateuse guérie par les courants continus. 

Le traitement habituel: eau chaude, atropine, onctions mercurielles, 
n'avait donné aucun résultat. Le D^ Brière employa alors les courants continus 
centrifuges avec quatre, puis cinq, puis six éléments Trouvé. Les séances 
quotidiennes duraient de cinq à sept minutes. La guérison fut obtenue en 
trois semaines, la disparition de l'opacité commença par le centre de la cornée. 

Arcoleo, sur vingt-cinq kératites parencbymateuses soignées : trois par les 
courants induits, vingt-deux par les courants continus, a obtenu dans 
quatorze cas la guérison complète; dans neuf cas, il y avait amélioration 
notable; il n'y eut que deux cas qui restèrent sans changement. 



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RfiVUB iNTBRNATtOKALfi D*âLfiGTROTHÂRAPIB 181 

Il appliqua avec des résultais médiocres le même traitement aur abcès et 
ulcères de la cornée avec et sans hjpopyon. 

Les courants continus pai*aissent avoir là une action analogue à celle qu'a 
signalée Giraud-Teulon dans les troubles du vitré. 

Banvier admet que l'électricité favorise le mouvement des cellules migra- 
trices de la cornée (Société de Biologie^ 1874). Cette action contribuerait- 
elle à la disparition des opacités? 

5« SYNÉcanES 

Camus rapporte quelques observations où Ton voit sous Tinflueuce du 
traitement par les courants continus se rompre et disparaître des adhérences 
irido capsulaires, suites d'iritis de natures diverses. 

Cinq de ses observations sont très concluantes. 

La première a trait à une fenmie atteinte d'iritis syphilitique ancienne 
avec troubles du vitré, synéchies nombreuses. Au bout de dix-huit séances 
la plupart des synéchies n'exibtent plus. 

Dans le second cas, par suite des adhérences, la pupille, sous Tlnfluence 
de Tatropiue, présentait une forme triangulaire. Après le traitement par les 
courants continus, t M. le D'' Onimus put montrer cette malade avec une 
pupille à forme presque régulière, Tiris était libre. » 

Dans d'autres observations suivantes les synéchies sont également com- 
plètement résorbées, quelques-unes persistent dans la quatrième observa- 
tion (Obs. VI de Carnus). 

Ces différents cas étaient accompagnés de troubles du vitré qui disparurent 
très rapidement sous Tinfluence de Télectrothérapie. 

Les séances d*électrisation étaient faites chez ces malades par le D^ Onimus : 
on cherchait à agir surtout sur les ganglions cervicaux supérieurs: pôle 
positif sur la paupière fermée ; pôle négatif derrière l'oreille. 

Dans ces divers cas, les instillations d'atropine n'avaient pu rompre les 
adhérences capsulaires. 

6« cataragtb 

Nous trouvons dans la thèse de Porto deux observations d'individus chez 
qui les troubles cristalliniens diminuèrent notablement sous l'influence du 
traitement électrique. 

Une de ces observations, incomplète de Taveu même de l'autem^ n'a pas 
grande signification. 

La seconde a trait à un homme de quarante-cinq ans, qui a été atteint 
d'héméralopie vers l'âge de huit à dix ans. En trois ans, sa vue a diminué à 
tel point qu'il distingue à peine la lumière. 

a Par l'examen direct, la pupille présente un aspect jaunâtre uniforme; 
l'éclairage oblique montre une opacité jaunâtre, régulière ». 



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182 REVUE INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÊRAPIE 

Sous TinQuence des courants continus Tamélioration est telle que le malade 
peut lire les caractères ordinaires d'imprimerie. 

« 11 ne reste plus qu'une petite opacité siégeant au centre du cristallin ». 

Évidemment, il ne s'agit pas là d une cataracte sénile simple, mais d une 
sclérose cristallinienne survenue sous l'influence de troubles de nutrition et 
de lésions choroïdiennes. 

Quel a été le rôle de l'électricité ? 

A-t-elle agi seulement sur la circulation, sur la nutrition de l'œil? A-t- 
elle directement agi sur les troubles cristalliniens? 

Son rôle doit ôtre double pour les troubles du cristallin comme pour ceux 

du vitré : agir en modifiant les conditions de nutrition, activer en même 

temps par une action directe la disparition de ces troubles survenus sous 

l'influence d'un vice de nutrition. 

(La fin au produxin numéro.) 



SÏÏR LES BRIJIUiŒS PROIÏÏITES EN ÉLECTROTHÉB.APIE 

Par M. le D' Laurbt, 

Chef des travaux pratiques de Physique à la Faculté de Médecine 
de Montpellier. 

SUITE ET FIN (1). 

IV 

Mais alors, à quoi attribuer cette brûlure? Il est plus difficile de donner 
une réponse catégorique que de renverser les théories anciennes, dont le 
principal défaut était précisément d'être uniquement hypothétique. L'opi- 
nion qui m'avait paru de prime abord la plus probable, c'est qu'il y avait là 
une simple sensation provenant de l'action directe de l'énergie électrique sur 
les extrémités nerveuses. 

Je m'explique. Nous avons vu que, dans certaines conditions, la somme 
d'énergie électrique dépensée était suffisante pour produire un travail chi- 
mique ou mécanique assez intense pour attaquer les tissus dans leur compo- 
sition, dans leur vitalité, et les modifier profondément. Cette modification 
peut produire de vives sensations de brûlure si la portion d'organisme ainsi 
modifiée est suffisamment sensible. Dans le cas contraire, elles peuvent exister 
sans amener de sensation intense. Mais, qu'il y ait sensation ou qu'il n'y en 
ait point, l'intensité de la modification produite, la puissance de la cautéri- 
sation est exactement proportionnelle à l'intensité du courant si c'est par 
action chimique, et à la puissance électrique si c'est par action thermique; 
tandis que la sensation elle-même paraît ne pas obéir le moins du monde aux 
mêmes lois. 

(1) Voir Remie Internationale d'Électrolhérapie, décembre 18t>i. 



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RBVUS INTBRNATIONALB D'ÉLECTROTHéRAPIB 183 

Une inlensité incapable de produire une modification appréciable des 
tissus détermine parfois une sensation très vive, tandis que sur la même 
région de l'organisme, c'est-à-dire sur les mêmes extrémités nerveuses, un 
courant capable de produire des modifications organiques plus considérables 
sera beaucoup mieux supporté et produira une sensation très modérée. Pour*- 
quoi cette différence? C'est ce qu'on ne peut encore expliquer. 

Hais depuis longtemps déjà Ton a constaté des faits de ce genre dans 
l'emploi de l'électricité des machines à haute tension. Il n'est pas un patri- 
cien versé dans celte spécialité qui ne sache combien la douleur produite 
par l'étincelle de la machine diffère suivant la nature de l'excitateur et du 
milieu extérieur servant pour ainsi dire d'électrode; par exemple: suivant 
que l'excitateur est en métal, en bois ou en charbon de cornue; suivant qu'on 
l'approche simplement du corps ou que l'on interpose un morceau de drap, 
de flanelle. 

Or, dans ces divers cas, la sensation varie considérablement, bien que la 
somme d'énergie dépensée, bien que le potentiel et l'intensité restent sensi- 
blement de môme valeur (conditions réalisées dans les bonnes installations 
de nos patriciens en renom). 

Que Ton se reporte à nos expériences, et Ton constatera que, pour l'élec- 
tricité dynamique comme pour celle des machines, toutes clioses égales 
(Tailleurs^ la sensation varie avec la constitution de l'électrode et que la con- 
'dition physique qui parait commander ce phénomène, c'est la résistance de 
cette électrode. 

Cette résistance, que l'on nous pardonne une comparaison grossière, 
semble jouer le rôle d'un tampon protecteur interposé entre la source 
d'énergie et les extrémités nerveuses pour amortir la crudité du choc de 
celle-là contre celles-ci. 

Si Ton touche un objet en aident porté à 60*, on sera assez vivement brûlé ; 
mais si la main le saisit par l'intermédiaire d'un morceau de drap épais, elle 
pourra, après quelques instants, supporter facilement cette même température 
maintenue constante de 60<^. 

La différence initiale de sensation entre les deux cas s'explique par les 
effets de conductibilité, d'apport plus ou moins rapide de mouvement calo- 
rifique, et Ton ne pourrait argtter d'une explication analogue en électriciié 
Bi ce n'est pendant la période d'état variable. Mais lorsque la température est 
maintenue à peu près constante, et cependant bien supportée, comme dans 
le second cas ci-dessus, n'avons-nous pas alors des conditions comparables à 
celles du courant pendant la continuité de son passage? 

Si ce rapprochement pouvait être soutenu, nous ne trouverions donc pas 
dans ces effets du courant un fait isolé et sans analogue dans la physique 
générale, et cela pourrait en faciliter l'explication. 



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184 RBYUB INTERNATIONALE D'àLBGTROTHâBAPlB 

Mais, en TabseDce d'une démonstration plus évidente, je n'irai pas plus 
loin dans cette voie hypothétique. 

Quoi qu'il en soit, les résultats iotéressants que nous venons de signaler 
trouveraient-ils une explication suffisante dans cetle supposition, si elle était 
moins incertaine, qu'ils consistent en une sensation, variable selon certaines 
conditions expérimenlables, dont la nature et le rôle nous échappent encore? 

Non, il 7 a certainement autre chose qu'une simple sensation, c'est-à-dire 
qu'une transformation en mouvement nerveux, car il est des cas où l'on cons- 
tate une cautérisation réelle des tissus sans que cetle brûlure soit en rapport 
avec le travail produit, ou, pour mieux dire, avec le travail que devraient 
dépenser les autres modes de l'énergie pour causer les mêmes résultats, et 
c'est là bien certainement le point le plus extraordinaire et le plus intéressant 
de ces actions inconnues. 

Pour s'en convaincre, il suffit de répéter l'expérience suivante: A l'aide 
du cautère de Boudet ou d'une électrode métallique d'une surface restreinte, 
que Ton applique sur Tavant-bras le négatif d'une [aie Oaiffe ou Leclanché 
de 3U à 35 volts de potentiel; dans certaines conditions de résistance cutanée 
fkcile à retrouver sur un bon nombre de sujets, l'intensité du courant ne 
dépassera pas 10 milliampèreSy et cependant, non seulement on éprouvera 
une sensation de brûlure extrêmement vive, mais de plus on trouvera au 
bout de quatre secondes des portions de la surface cutanée réellement cauté- 
risées, présentant des signes d'ecchymose très nets, boursouflées, doulou- 
reuses, et passant ensuite à un état d'indurnlion qui se prolonge longtemps. 
Il y a eu là une modification incontestable et profonde des tissus; or, si Fou 
refait à ce sujet les calculs dont nous avons fourni tous les éléments dans ce 
travail, on se convaincra que les conditions ci-dessus énoncées ne peuvent 
engendrer une action chimique ou thermique capable d'expliquer ce résultat. 

De plus, si l'on se sert de l'électrode à godet, en la remplissant successi- 
vement d'eau ordinaire et d'eau acidulée, et que l'on s'astreigne à supporter 
avec ce dernier liquide un courant de 4 ou 5 milliampères seulement, on 
obtiendra rapidement, et quel que soit le pûle, des effets de désorganisation 
cellulaire absolument pareils. Donc, pour cetle action réelle comme pour la 
sensation, nous ne pouvons invoquer l'électrolyse et ses lois. 

Je ne sais si ces faits sont explicables en l'état de nos connaissances ac- 
tuelles sur l'électricité; mais que Ton me permette encore ce rapprochement, 
pour le moins curieux : c'est que pour la brûlure réelle produite par le courant 
comme pour celle que détermine le contact des corps chauds, elle parait avant 
tout liée à la conductibilité de la substance employée. De même qu'un métal 
à 60® brûlera plus vivement qu'un fragment de bois à 80®, de même un cou- 
rant de 3 milliampères brûlera plus vivement, si l'électrode appliquée direc- 
tement sur les tissus est métallique, que ne le fera un courant de iO ou 12 
milliampères porté sur l'organisme par un tampon mauvais conducteur. 



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O ■ ■> ■ 



BBVXJB INTBBNATIONALB D'éLBCTBOTHÔRAPIB 188 

■ I ■ ■ ■■ I II - ■ I I » ■ M I > ■ I I I ■ Il I I ■ I — — 

De ces simples consiations, de ces rapprochenleots, sur lesquels j'insiste 
surtout pour que Ton ait uni moyen de se lu^peler facilement le mode d'ètré 
de ces phéuomèues, nous pouvonô du moins tirer quelques conclusions pra* 
tiquent. 

n résulte de ces recherches que, dans les applications thérapeutiques, Tin- 
tensilé de la brûlure ne dépend guère de Fintehsité dix courant, comme on 
devrait le croire si Ton admettait encore les explications généralement ïiccep- 
tées jusquMci, mais bien, avant tout, de la nature et probablement, fatit-il 
dire, de la résistance de Télectrode employée. 

T a-t-il là une transformation de nature inconnue? Une étude plus appro- 
fondie des modifications organiques ne nous montrerait-elle pas des diffé- 
rences cliniques et histologiques entre celles qui sont dues à Faction de 
rélectricité et celles qui proviennent d*une action chitnique ou thermique? 
Peut-on penser à une action réflexe? L'agent électrique serait-il plus apte 
que tout autre à provoquer dans Toiganisme des phénomènes de décharge 
comme en provoque Tagent nerveux, phénomènes dans lesquels Teffét est 
hors de proportion avec la cause occasionnelle? Hypothèses, et toujours pures 
hypothèses avec lesquelles il est inutile actuellement de perdre son temps. 

Mais, en définitive, si Ton veut exciter la périphérie et provoquer la dou- 
leur, ce sera chose facile, même avec des courants de médiocre intensité, 
par remploi d'électrodes métalliques de petite surface (ce qui augmentera la 
densité). C'est d'ailleurs une conclusion à laquelle l'expérience avait conduit 
depuis longtemps. 

Si au contraire l'on veut éviter ces effets, il faudra se servir d'électrodes 
aussi larges et aussi résistantes que le permettront les autres indications thé- 
rapeutiques. MaiSi m*objectera-t-on, en agissant ainsi, on est obligé, môme 
pour les intensités faibles, d'user d'un potentiel assez considérable, puisqu'il 
£uidrar augmenter d'autant plus le nombre des éléments de la pile que la 
résistance introduite sera plus grande. Cette augmentation de potentiel sera- 
t^lle sans inconvénient? 

II serait téméraire de l'affirmer, car, pour juger la question, il faudrait 
séparer le rôle physiologique de l'intensité de celui du potentiel, et nous 
sommes encore loin d'une telle précision. 

Par analogie, on a comparé le potentiel, en électricité, à la température, 
en chaleur; les observations physiologiques et cliniques viennent à l'appui 
de cette manière de considérer physiquement cet élément de l'énergie élec- 
trique, puisque^ depuis longtemps on attribue au potentiel ou à la tension 
(ainsi que Ton disait si improprement il y a peu de temps encore) une influence 
plus spéciale sur les systèmes nerveux moteur et surtout sensible. 

Mais, de môme que si, en chaleur, l'inlensilé de la brûlure dépend d'une 
manière absolue de la température, en définitive la conductibilité intervient 
avec tant d'efficacité pour modifier les résultats, qu'elle peut renverser com- 



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186 MtTUB INTERNATIONALB D'éLBCTROTHÂRAFlB 

plètement la premièire loi ; de même, en électricité, faùdra*t-il compter avec 
deux éléments différents pour ainsi dire antagonistes, et l'expérience semble 
déjà les désigner : pol^ntiçl d'une part, résistance de Tautre. 

Donc, en général, je suis certainement de Tavi^ de R. Vigoureux, qui veut 
que rélectrd-thérapeute ne s^ihquiète pas seulement de Tintensité du courant, 
mais aussi du potentiel employé, et je signale à ce propos, en les approchant 
complètement, les réflexions si logiques de ce savant, publiées dans le Progrès 
Tn^tcoi (8 janvier 1887). 

Mais si Temploi d'électrodes résistantes, tout en exigeant une augmenta- 
tion de potentiel, avait la vertu d'en supprimer ou d'en atténuer le plus effica- 
cement les effets nuisibles, il n'y aurait plus à se préoccuper de cette augmen- 
tation nécessaire mais inoffensive. 

Dans le cas où la science et l'expérimentation confirmeraient plus tard ces 
vues (que rien du moins ne contredit dans Tétat actuel de nos connaissantes), 
il deviendrait avantageux pour la pratique électrothérapique d'adopter l'usage 
d'électrodes très résistantes, hormis les cas spéciaux où l'on rechercherait 
Texcitation périphérique et la douleur. Cette méthode aurait des avantages 
multiples : elle permettrait, ainsi que nous venons de le dire, de négliger 
alors avec raison des différences même assez notables de potentiel (nous ne 
parlons que des courants continus, et de he se préoccuper que de la quantité; 
on pourrait de plus user d'intensités fort variables, depuis les plus minimes 
— ce qui dans certains cas est difficile sans cette condition —jusqu'aux plus 
considérables employées, sans s'exposer aux divers inconvénients résultant : 
lo d'une augmentation trop rapide; applications sur l'encéphale; 1^ d'une 
cautérisation si regrettable pour certaines régions du corps, telles que le 
visage, le cou; 3<» de la douleur elle-même, élément très important dans uu 
grand nombre de cas. 

Enfin, je me réserve de montrer ultérieurement combien la justification 
de ces vues rendrait commode, éminemment pratique pour les installations 
spéciales, et en même temps aussi parfaite qu'on pourrait le désirer, l'adoption 
de la machine de Granune comme source de éourants continus et induits 
thérapeutiques* 

On reconnaîtra, je l'espère, à ces conclusions multiples, que je n'avais 
point tort, en commençant, de taxer ce sujet d'intéressant pour la physiologie 
et la thérapeutique électriques. Si je n'ai pu atteindre complètement le but 
désiré, et substituer des données positives ou hypothèses renversées, j'espère 
du moins que des recherches de ce genre, en nous débarrassant peu à peu do 
faux points de vue, contribueront pour leur modeste part à noua conduire, 
dans un avenir peut-être prochain, à la vérité scientifique. 



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RBVUB 1NTBRNATI0NAL9 D*BLBCTROTH&aAPIB IS? 



VARIÉTÉS 



Application du courant galvanique à l'ezan&en 
des sécrétions et excrétions. 

Dans la séaDce du 7 décembre 1892 du Clid) Médical de Vienne^ M. Isîdor 
Fischer a communiqué, en son nom et au nom de M. Winkler, les résultais 
de ses recherches, relatives à Faction des courants galvaniques sur les sécré-^ 
tiens. Lorsqu'on plonge deux 61s de fer réunis aux deux pôles d'une batterie 
électrique dans une éprouvette renfermant de Turinv, on voit bientôt, sous 
riufluence de Télectrolyse, se former à la surface du liquide une couche 
d*écume et au-dessous une couche trouble sédimenteuse. Lorsqu'il s'agit de 
recherches chimiques, il faut remplacer les fils de fer par des fils de platine. 
Ce procédé permet de déceler très facilement la présence de tous les éléments 
morphologiques contenus dans Turine. 

M. Herz dit avoir fait depuis longtemps des expériences analogues, mais 
il a toujours obtenu des résultats négatifs. Cela tient à ce qu'il s'est servi de 
courants trop forts. Il a observé à cette occasion que les microbes se réunis- 
sent à la cathode. 

M. Winkler fait remarquer qu'il a réussi très souvent par ce procédé à 
recueillir les microbes contenus dans les différents sécréta. C'est ainsi qu'il 
a pu trouver des bacilles au bout de cinq minutes dans des crachats qui ne 
renfermaient que tiès peu d'éléments corpusculaires. Grâce à celte méthode, 
on peut retirer avec sûreté, en quelques minutes, tous les microbes contenus 
dans des selles. 

Le Sycosis. 

A la séance du collège de Vienne (1), le l^^ Hermann a fait une communica- 
tion sur le sycosis et la foUiculite. Hebra a décrit la foliiculite comme une 
formation de nodosités isolées ou d'infiltrations conûuentes, ou de pustules 
isolées, dans lesquelles un foyer purulent se forme dans la profondeur, 
tantôt sous sous la forme d'un furoncle, tantôt sous forme d'anthrax. 
La symptomatologie du sycosis diffère suivant que le malade a les poils 
serrés ou clairsemés, qu'il les laisse pousser ou les coupe. La foUicu* 
lite de la barbe (Kœbner) reconnaît surtout comme germe pathogène le 
staphylocoque pyogène doré. La transmission se fait de bien des façons 
et donne lieu à des suppurations superficielles, comme dans l'impétigo, 
ou profondes comme dans le furoncle. Le staphylocoque se montre dans 
la crasse des ongles, dans le mucus pharyngien, les sécrétions nasales , la 

• (1) Société des Médecins de Vienne, 9. décembre 1892, 



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188 RBVUB INTERNATIONALE d'bLBGTROTHÊRAPIB 

salive. Le sycosis ne survient pas seulement à la fa<*e, mais encore sur le 
scrotum, dans le creux de Taisselle, la nuque, les parties génitales chez la 
femme. Bu mm (Wutzbourg) a observé un abcès de la mamelle causé par bi 
migration du pus du sycosis dans le sein« Chez les jeunes gens qui ne sont 
encore pourvus que dépolis follets, le staphylocoque produit non pas le 
sycosis, mais Tacnésycosiforme, parce que ses poils ne vont pas au delà de la 
couche dense du chorion. L'arrachement du poil permet l'évacuation du pus 
et Taffection est arrêtée. Les processus profonds exercent souvent une aciion 
favorable. Un jeune homme vit son sycosis guéri après Touverture d*un 
abcès profond qui s'était formé. Hebra a vu plusieurs fois dans ces abcès des 
petits poils enroulés; ceux-ci doivent être enlevés, mais seulement après 
l'ouverture de la fistule, ce qu'on fait avec le bistouri boutonné de Weber. 
Autrefois, dans les follicules, on épilait et on employait les onctions; au- 
jourd'hui Ehrmann porte le médicament dans l'appareil folliculaire à l'aide 
du courant électrique. Il se sert d'un instrument composé d'un tube de verre 
ouvert en dessous, dans le manche duquel se trouve une tige mélallique qui 
fait saillie. Le tube est rempli d'une ouate qu'on imbibe de liquide, et le 
tout est appliqué sur la peau, en faisant passer, pendant dix minutes, un 
courant de 20 à 2S milliampères. L'ichtyol est un médicament dont Ehr- 
mann s*est servi avec succès chez un malade. Mais cette cataphorèse ne con- 
vient que pour les cas dans lesquels l'infiltration n'a pas dépassé les follicules, 
car la diffusion électrique peut bien chasser les liquides dans les conduits 
capillaires, mais non dans de grandes cavités. Si l'on a recours aux scarifi- 
cations, il faut intéresser toute l'épaisseur de l'infiltration. Dans le sycosis 
de la moustache, il faut chercher si l'infection ne provient pas du mucus 
nasal. Dans un cas, le sycosis récidiva jusqu'à guérison de l'affection nasale. 



BIBLIOGRAPHIE 



Archives d'Électricité médicale expérimentales 
et cliniques. 

C'est avec la plus vive sympathie que nous souhaitons la bienvenue aux 
Archives d'Électricité médicale^ que vient de faire paraître notre savant confrère 
le D^ Bergonié, professeur de physique médicale à la Faculté de Médecine de 
Bordeaux. Dans ce recueil mensuel, M. Bergonié a l'intention de publier, d'ana- 
lyser ou de signaler les travaux scientifiques, parus en France et à rÉt''aDger, 
ayant trait à rélectrophysiologie, à Télectrothérapie et à toutes les applicatioDS 
de rélectricité à la médecine. 

« Un autre but que se proposeront les Archives d'Électricité médicale^ but 
légèrement prétentieux peut-être, mais louable et utile à coup sûr, c'eit d'essayer 
de relever le niveau des connaissances en électricité parmi la moyenne des 
médecins qui s'occupent d'électrothérapie. Ces connaissances sont, d'ailleurs. 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBQTEOTHàRAPIB 189 

de plus en plus nombreuses et complexes. II suffisait à Duchenne de Boulogne 
de connaître à cliaque instant le tirage de son graduateur pour se croire dans 
des conditions électriques analogues; auJourd*huî» la forme de Tonde électrique 
umisée doit être définie; demain, il faudra mesurer rjntensité efficace des cou- 
rants périodiques que Ton emploiera. » 

On ne pou?ait mieux définiï* en quelques phrases un programme que nous 
afons d^auiant plus de raisons de trouTor judicieux qu'il résume également le 
but que nous poursuivons dans la Revite Internationale d'Électrothérapie. 

Le premier fascicule des Archives comporte un travail de M. le D^ Normand 
sur le JVaitement par Vélectrolyae des polypes naso-pharyngiens; travail qui 
a été fait dans la clinique électrothérapîque de l'hôpital Saint- André, à Bordeaux, 
sous la direction du professeur Bergonié. Dans cette première partie, M. Normand 
hii l'historique de l'application de Télectrolyse aux polypes naso-pharyngiens 
dont la première application appartient à Nélaton; puis il passeàTétude critique 
des procédés opératoires employés par les divers expérimentateurs. Nous atten- 
drons pour en fournir à nos lecteurs une analyse moins succincte que le travail 
ti}i fini de paraître. 

2^ Un très intéressant mémoire de M. Truchot^ chargé du cours de physique 
à l'École de Médecine de Glermont-Ferrand sur la Machine dynamo^électrique 
employée en électrothérapie. 

L'auteur expose qu'il a installé à Glermont, dans son service électrothérapî- 
que, une dynamo Gramme, excitée en dérivation et pouvant donner, à 1,600 
tours, 20 ampères et 66 volts. 

Cette dynamo lui sert à volonté à alimenter une lampe à arc, à charger une 
batterie d'accumulateurs, et à électriser directement les malades. M. Truchot 
assure le réglage de son appareil en modifiant la vitesse de la dynamo et en 
intercalant un rhéostat dans le circuit inducteur. Ce rhéostat est composé de 
petites résistances successives pouvant être prises séparément ou simultané- 
ment et dont la résistance totale est de 30 ohms. 

Enfin pour arriver avec une précision absolue au réglage du courant destiné 
à électriser directement les malades, un second rhéostat à eau est intercalé dans 
le circuit induit. Grâce à ces divers moyens on peut assurément obtenir le cou- 
rant voulu et avoir à volonté 500 ou 1 milliampères. Les bons résultats que 
signale M. Truchot de l'usage de son appareil, qui depuis plusieurs mois ne 
lui a occasionné aucun accident et qui paraît commode et sûr, nous semblent 
dignes d'intérêt. 

On sait qu'à Berlin, une tentative faite pour utiliser directement le courant 
d'éclairage continu n'avait pas donné des résultats bien encourageants. Le travail 
de M* Martin montre que le tout est de savoir s'y bien prendre. 

De notre c(yté, dans notre laboratoire, utilisant depuis un an et demi les cou- 
rants alternatif d'éclairage, nous n'avons pas eu non plus l'ombre d'un acci- 
dent. Les nouvelles applications aux malades des appareils industriels sont, du 
reste, un des plus grands progrès réalisés par Télectrothérapie, et J'ai la convic- 
tion qu'ils nous ménagent dans im avenir rapproché les plus heureuses surpri- 
ses thérapeutiques. 

3^ M. Bergonié rapporte ensuite l'observation d'un volumineux angiome de la 
lèvre» brillamment guéri par Télectrolyse mono et bipolaire, et le premier fasci- 
cule des ArMves se termine par une Revue bibliographique. 

Dr J. Larat. 



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190 RBYUB nrrBRTfATiONALB d'êlbqtrothArapib 



Traité élémentaire d'Électricité médicale, avec les principales 
applications à la physiologie et à la thérapeutique, par M. Lbgbrglb, 
prot'essear agrégé à la Faculté de Médecine de Montpellier. — Paris, Maseon; 
Montpellier, Goulet, 1893 (1). 

Se basant sur ce fait que le médecin a recours à trois sources d*électricité : 
machines électrostatiques (franklinisation), piles électriques (galvanisation), 
appareil d*induction (foradisalion), M. Lecercle divise son livre en trois partie?, 
dans lesquelles il étudie successivement Téleclricité statique, Télectricité gain- 
nique et rélectricité faradique. 

Après quelques lignes sur les actions faradiques, sur tes unités pratiques de 
quantité, de potentiel, de capacité, d'énergie électriques, sur Tinfluence, sur le 
potentiel et Télectrémétrie, l'auteur décrit les machines statiques c répondant 
aux nécessités de la pratique médicale » : Carré, Voos, Wimshurst, et donne 
des indications d'une utilité incontestable sur leur installation, leur fonctionne- 
ment et leur entretien. Les aceessoires utilisés dans les méthodes d*ékctrisation 
statique sont ensuite indiqués, précédant l'étude de ces méthodes elles-méffles : 
bain, souffle, aigrette, étincelle^ douche,^ friction, ^commotion. L'ezansen des effets 
pl^ysiologiques et des applications thérapeutiques de l'électricité statique termine 
celte prômioio étude. 

Une dizaine de pages sont ensuite consacrées aux applications médicales du 
magnétisme. 

Dans l'étude qui suit de l'électricité galvanique, l'anteur a adopté la même 
marche et le même plan, en poursuivant le même but pratique et ^>écial que 
dans la première partie : des indications théoriques suffisantes sont d'abord don- 
nées sur la production du courant dans les piles et sur les unités pratiques de 
force électromotrice, de réf^istance et d'intensité; puis vient immédiatement 
l'étude des piles médicales et de leurs modes d'association. Sont à noter ici, 
comme d'ailleurs dans les autres parties du livre, des exemples numériques bien 
choisis, destinés à faciliter à l'élèvo l'application des formules et à lui en montrer 
la nécessité. 

Après quelques renseignements usuels sur l'iostallation, le fonctionnement et 
l'entretien des piles, sur leurs accessoires médicaux, nous trouvons un bon cha* 
pitre relatif aux mesures que le médecin peut être appelé à effectuer : intensité, 
force électro-motrice, résistance. 

Les lois qui régissent les phénomènes physiques et chimiques produits parles 
courants sont ensvkeésMieées avae lesn qpplkaiwi 
la galvttiecaQstique thermique et la galvanocaustique chimique 
avec rétendue qui leur convient. 

La dernière partie comprend l'étude théorique et expérimentale des appareils 
d*induction médicaux, arec des indications sur leur mode d'emploi et leorB 
applications eu physiologie et en médecine. 

Il se dégage. Je crois, nettement de notre rapide analyse que le' livre de 
M. Lecercle, exclusivement écrit pour les étudiants en médecine, leur sera d'une 
grande utilité, en môms temps qu'il sera lu avec profit par les praticiens; car, 
avec quelques notions théoriques indispensables, d'une lecture et d'une com- 
préhension faciles d'ailleurs, *- il leur montre à chaque instant les applications 
de laction électrique sous ses différentes formes, — leur indique et leur décrit 

(l) Extrait des Archives (T Électricité médicale^ expérimentales et cliniques. 



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mBVlfB: INTBRNAtlONaXS D*iLBQTROTHéRÂPIB W 

avec détails les électr o-mo tours qu^ls auront à employer; — euûn leur donne 
en main des métiiodes simples pour doser exactement Tagent auquel ils doivent 
souvent recourir. 

Si, comme le dit le professeur Imbcrt dans la préface, les médecins sont encore 
nombreux qui réduisent l'importance de Télectricité à remploi accidentel d*un 
galvanomètre et deux mignons appareils à courant continu et à courant inter- 
rompu, Touvrage de M. Lecercle contribuera certainement à en réduire le 
nombre, et ce, parce que Télectricité ainsi présentée fera sentir immédiatement 
à nos futurs médecins que ce qu'ils apprennent dans leur première année d*études, 
c^est bien de la Pbjsique, mais c*est aussi de la Médecine (1). G. S. 



NOUVELLES 



Socdété française d'Électrothérapie. 

Dans sa séance du 17 novembre, la Société a décidé que, selon la proposition 
de MM. Gariel et Bergonié, antérieurement approuvée, une séance de Pâques, 
calquée sur celle de la Société française de Pbjsique, aurait lieu à Paris pendant 
les vacances de Pâques 1893 

Cette séance comprendra une exposition d'appareils et d'instruments utilisés 
en électrothérapbie, qui sera installée dans les salles des travaux pratiques de 
physique médicale, à la Faculté de Paris, obligeamment mises à la disposition 
de la Société par M. le professeur Gariel, avec la haute approbation de M. ledojen 
Brouardel. 



Association de la Presse médicale. 

CONQRàS INTERNATIONAL DB liéDBCINB DB ROMB BN 1893. 

Le 13 Janvier dernier a eu lieu, chez Marguery, un dinar spécial de l'Associa- 
tion de la Presse médicale, sous la présidence de M. le professeur Gomil. 

Ge banquet, auquel assistaient les syndics, MM. de Hanse et Gezilly,ios mem- 
bres du Ckmseil Judiciaire de l'Association et quinze membres participants, était 
offert à M. le commandeur professeur Edouard Maragliano, directeur de l'Institut 
.de clinique médicale à l'Université royale de Gênes et secrétaire général du 
onzième Congrès international de médecine, venu à Paris pour se mettre en 
rapport avec l'Association de la Presse médicale, au si]^et du prochain Congrès 
qui doit avoir lieu à Rome, du 24 septembre au \^' octobre 1893. 

M. le Président a présenté M. le professeur Maragliano, qui a répondu en 
termes des plus flatteurs pour notre pays. 

(1) RsMARQcns. — Je signale, pour la forme seulement, les fautes d'impression assez 
nombreuses dans le courant ae Touvrage ; page 63, par exemple, dans Vexpression et 
le calcul de Ténergie des machines statiques. li est vrai que pour ces dernières, le 
lecteur peut facilement faire la correction en se reportant aux définitions de la page 45, 
et de même pour \es antres. Il n'en est pas moins désirable qu'elles disparaissent dans 
la prochaine édition. On pourrait aussi peut-être supprimer dans la légesde des figures 
l'indication du lieu de fabrication et du prix des appareils. C. S. 



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^ 



392 RBVn^ mTBRNATIOKALB D*ÂLBGTROTHÂSiLPIB 

Après discussioQ, il a été décidé ce qui suit : 

10 Par les soins de FAssociatîon de la Presse médicale, uq Comité est consti' 
tué sous la dénomination de Comité français dHnitiative et de propagande pour 
le Congrès international de Rome en 489S, 

Ce Comité a pour mission de mettre tout en œuvre pour assurer la participa- 
tion de la France au Congrès de Rome. 

2^ Sont nommés membres de ce Comité tous les membres de l'Association de 
la Presse médicale présents au dîner du 13 janvier, à savoir : MM. Cornil, pré- 
sidet; Gezilly, de Ranse, syndics; Chervin, Ghevallereau, Délefosse, Doléris, 
Gorecki, Gougenbëim, Jofifroj, Laborde, Landouzj, LerebouUet, Meyer, Moure, 
Peugrueber, Ch. Richet; M. Baudouin, secrétaire général* 

3^ Le bureau du Comité, composé de MM. Cornil, président, de Ranse et Gedlly> 
syndics^ Marcel Baudouin, secrétaire, fournira tous les renseignements aux inté- 
ressés et à toutes les personnes qui désireraient visiter Tltalie en allant assister 
au Congrès de Rome. 

i^ Toutes les conununicalions relatives aux travaux de ce Comité doivent être 
adrespées à M. le D** Marcel Baudouin, secrétaire général de TAssociation de la 
Presse médicale, /4, boulevard Saint -Germain, Paris, 



Association Française pour l'Avancement des Sciences. 

GONPéRBNCBS DB 1893. 

Les conférences auront lieu au siège de TAssociation, 28, rue Serpente, et 
14, rue des Poitevins (hôtel des Sociétés savantes), les samedis j à huit heures et 
demie très préci^^es du soir. 

Samedi 21 janvier, M. Jean Dybowslû : UInflaence française en Afrique cen- 
trale» 

Samedi 28 janvier, M. de Lassus ; Le Jardin des Plantes, ses origines. Jan^din 
du Roi et Muséum. 

Samedi 4 février, M. Léon Petit : Tuberculose et Mariage* 

Samedi 11 février, M. J. Thoulet : Les Courants de la mer et le Gutf-Stream. 

Samedi 18 février, M. Marcellin Boule : Une Excursion géologique dans tes 
montagnes Rocheuses. 

Samedi 25 février, M. Paul Richer : L'Anatomie dans Vart. — Proportions du 
corps hunuiin. — Canons artistiques et canons scientifiques. 

Samedi 4 mars, M. Maurice Albert : Un Médecin grec à Rome sous la Repu-- 
blique : Asclépiadès. 

Samedi 1 1 mars, M. Albert Londe : La Photographie dans les voyages d'explo- 
ration et les missions scientifiques. 

Samedi 18 mars, M. Raphaël Blanchard : Les Aliments toxiques. 



Le Propriôtaire-Oérant : D' G. GAUTIER. 



Paris. ~ Impriuerib MICHELS bt Fils, passage du Caire, 8 bt 10. 

Usine à vapeur et Ateliers* rue des Filles-Dien, 8 et lo. 



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BULLETIN OFFICIEL 

DB Là 

SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'ÈLECTROTHÉRAPIE 



SÉANCE DU 16 FÉVRIER 1893 



Présidence de M, le professeur D'ARSONVAL 



Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adoplé. 
M. le professeur d'Arsonval, en prenant le siège de la préôidence, prononce 
Tallocution suivante : 

« Mes chers collègues, 

« En prenant place dans ce fauteuil, je suis certain d'être l'interprète des 
seollmenls d^ laSociélé en adressant à M. Gariel, président sortant, l'expres- 
sion de nos plus vifs remerciements. Mou prédécesseur a non seulement 
conduit les travaux et les discussions de la Société avec laulorité qui s at- 
tache à son nom, mais il n'a surtout ménagé ni son temps ni sa peine pour 
en assurer la prospérité. 

€ Je tiens également à vous remercier personnellement pour l'honneur que 
vous avez bien voulu me faire en me plaçant à votre tète. Cet honneur n'est 
pas saj:is péril, étant donné les brillantes qualités de mes deux éminents 
prédécesseurs, MM. Tripier et Gariel. Je ne saurais mieux faire qu'en 
m' efforçant de suivre leur exemple dans la mesure de mes moyens. Je n'ai 
pas la fatuité de vouloir les égaler, mais je tiens à vous assurer que j'ai au 
même degré qu'eux le culte de l'impartialité et le désir d'aider à la prospérité 
de notre Société. » 

De la Galvanocaustie interstitielle. 

Exposé d'une nouvelle méthode de thérapeutique par le D' GILLES, de Marseille. 
I. — PRINCIPE DE LA MÉTHODE 

La destruction des tissus par la chaleur entreprise dans un but de révul- 
sjion OU d'exérèse n'a pu se faire pendant longtemps que sur la surface de la 
peau et une partie très limitée de certaines muqueuses ou sur les surfaces 
découvertes par le trauraa ou le bistouri du chirurgien. 

On a cherché dans ces dernières années, à l'aide de procédés nouveaux, à 
déterminer des modifications substitutives ou sclérogènes dans l'intérieur 



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194 SOCléTÉ FRANÇAISE D'BLECTROTHéRAPIK 

même des tissus en agissant sur un ou plusieurs points déterminés. Laissons 
de côté l'action élective de certaines substances médicamenteuses absorbées 
par les muqueuses ou par la peau et les injections dans les séreuses qui 
répondent à une autre idée thérapeutique. Les voies d'action interstitielle 
sont actuellement : 

1® Les injections interslitielles. — Ce procédé est simple d'exécution, mais 
il peut amener des accidents consécutifs ; il introduit des substances étran- 
gères dans rorganisme et s'il paraît exempt de dangers du côté des intoxica- 
tions, il est douloureux, peut produire des eschares et exige une antisepsie 
rigoureuse. 

2^ Léleclrolyse. — Ce procédé expose, lui aussi, à des eschares cutanées 
surtout si Ton veut produire dans les tissus des modifications assez profondes 
pour être durables. C'est un procédé chimique dont on est loin d'avoir épuisé 
les ressources. Il consiste essentiellement soit dans l'action des acides et 
des bases de l'organisme (à l'état naissant), soit dans les effets des produits 
de décomposition des électrodes et des solutions préalablement injectées; 
c'est ainsi que les procédés du D*" G. Gautier oùt permis d'obtenir les meil- 
leurs résultats par des modiûcations antiseptiques et substitutives plutôt 
que destructives. La chaleur n'entre pour rien dans les effets de pareils 
procédés et les conditions d'action d'une bonne électrolyse comportent seu- 
lement une force éleclro-motrice minimum et un débit toujours insuffisant 
pour produire le moindre effet calorifique. 

3<» La calaphorèse électrique, c'est-à-dire transport et accumulation de 
de certaines substances de Torganismo ou de médicaments introduits par 
les voies naturelles (peau, muqueuse, etc.) dans des organes déterminée, 
par l'influence du courant galvanique. C'est une méthode physique par défi- 
nition, bien que, en fait, on use des ressources de l'électrolyse pour obtenir 
autant que possible l'agent actif à l'état naissant. 

4® Il existe enfin une action trophique dite interpolaire qui est produite 
par le passage des courants au travers des tissus. Cette action parait n'èire 
ni physique ni chimique mais plutôt dynamique en employant ce mot dans 
son acception médicale. 

L'électricité nous fournit un moyen de modifier les tissus in situ, dans 
des points rigoureusement déterminés par le chirurgien, sans amener des 
lésions durables soit dans les tissus voisins, soit dans le tégument (peau ou 
muqueuse). Celte modification artificielle sera rigoureusement aseptique et 
antiseptique dans une aire déterminée et amènera la formation de tissus 
scléreux. 

L'agent de la lésion sera la chaleur seule, agent physique dont raction 
sur les organes profonds est encore mal connue parce qu'on ne savait pas la 
localiser. Ce n'est plus ici un instrument aveugle comme le galvano ou le 
thermo-cautère, dont la température peut varier de plusieurs centaines de 






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SOCIÉTÉ FRANÇAISC d'ÉLBGTHOTHÉRAPIB 195 

degrés sans qu*il soit possible de le régler, mais pluiôl un instrument docile, 
et la température de la portion active peut varier de la température normale 
à celle de la volatilisation du platine. Le principe de la méthode est celui du 
galvanocautère. 

IL — DESCRIPTION DES INSTRUMENTS ET TECHNIQUE OPÉRATOIRE 

Les instruments dont nous avons fait usage comprennent : 

\^ Une pile à galvanocaustique de Chardin, dite à grands effets, à deux 
éléments en tension donnant au maximum en court circuit 3 voUs 75 
centièmes et environ 8 ampères. 

2*> Un galvanomètre médical gradué de à 50 milliampères, monlé en 
dérivation sur les bornes de prise de la pile ; le circuit dérivé comprend un 
rhéostat sur lequel on ouvre une résistance de 200. 

3« Le cautère comprenant quatre parties soudées ensemble : 

a) Une aiguille d'acier pour embrocher les tissus. 

b) Un fil de cuivre rouge dont le diamètre peut varier entre 6 et 1 1 dixiè- 
mes de millimètre. 

c) Un fil de plaline de 3 à 8 dixièmes de millimètre de diamètre et d'une 
longueur variant de 1/2 à 1 1/2 centimètre. 

d) Uq fil de cuivre semblable à 6. 

Les longueurs respectives des parties de l'instrument varient avec les 
organes à cautériser. 

Les tissus étant traversés par le cautère et la portion en plaline se trou- 
vant en contact avec la partie à modifier, le cautère est relié à un manche 
aux points b et d. Le circuit étant fermé, Télectricité rencontre dans le pla- 
tine oin conducteur relativement résistant, féchauffe, se transforme en 
chaleu r disponible. 

Des expériences préliminaires ont démontré : 

1«> Que les gaz dégagés autour du platine sont à peu près exclusivement 
composés de vapeur d'eau et en quantité pratiquement négligeable, bien 
inférieur à celle des gaz produits par Télectrolyse médicale. 

2'' Que les courants dérivés, bien que présentant une intensité sufûsanto 
pour provoquer à la fermeture des contractions musculaires dans la région 
soumise à l'expérience, peuvent être négligés. 

3® Que Ton peut pratiquement prendre pour intensité (base de l'évaluation 
thermique) le produit de la déviation galvauomélrique par la résistance 
introduite au moyen du rhéostat, soit : I = 200 x i. 

La difficulté de construction de ces appareils réside en deux points : 

D'abord le fil de cuivre pour ne produire qu'une perforation chirurgicale- 
ment négligeable ne doit pas avoir plus de il dixièmes de millimèlre de 
diamètre ; en deuxième lieu, les soudures sont difficiles à effectuer cL elles 



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196 SOCléTÔ FRANÇAISE D'éLRCTKOTHÉaAPIB 

fondent quelquefois, ce qui met une portion de l'organisme en circuit. Le 
coupe-circuit prévient en général cet accident ; mais il peut se produire 
quand même si la soudure est mal faite, ce qui est difficile à vérifier, h 
résistance à la traction ne constituant pas un élément suffisant. 

La technique de lopération sera nécessairement toujours délicate et ne 
peut être réalisable qu'entre les mains d'un électricien, spécialiste rare dans 
le corps médical. 

Il sera intéressant de déterminer la température exacte du fil de plaiioe 
dans les tissus, car il ne s'agit pas de brûler à l'aveuglette, et dans de nom- 
breux cas, il y aurait intérêt à chauffer seulement les tissus (anévrismes, 
tumeurs vasculaires, tumeurs malignes et infectieuses). 

Cette méthode remplit plusieurs desiderata physiologiques et thérapeuti- 
ques ; citons parmi les premiers l'action de la chaleur sur le système ner- 
veux, sur les sécrétions ; parmi les seconds, celle de la chaleur sur les carti- 
lages, les liquides et en général tous les produits pathologiques. Ces éludes 
commencées dans notre laboratoire exigeront de longs mois et nous serions 
heureux d'être aidés ou même devancés dans ces recherches. 

III. — ' RÉSULTATS 

Toutes nos expériences ont porté sur le lapin ou sur le chien. 

Dans les premières, le résultat cherché a été souvent dépassé ; nous avons 
eu des accidents de divers ordres ; septiques par défaut de soin des instru- 
ments; dans une opération sur le poumon d'un lapin, la ponction fut faite 
un peu bas et la brûlure trop énergique ; l'animal mourut cinq jours après 
l'opération de péritonite suraiguë : on trouva une eschare hépatique, le dia- 
phragme perforé et une perforation stomacale récemment produite par la 
chute de l'eschare. Une fois, le fil de platine s'est partiellement volatilisé 
dans le testicule d'un chien ; il n'en est cependant rien résulté de fâcheux ; 
nous sommes peu à peu devenus maîtres de nos instruments et voici les 
conclusions que nous considérons comme acquises : 

1™ conclusion. La galvanocaustie interstitielle donne naissance à des pro- 
duits scléreux. 

2*^ conclusion. Elle est remarquablement inoffensive, tant au point de vue 
local que général, mais elle semble douloureuse. 

i^ conclusion. Il est difficile de mesurer la chaleur produite dans le pou- 
mon à cause de l'air contenu dans les bronches. 

4« conclusion. Les produits de la combustion ou du chauffage peuvent 
quelquefois se résorber sans laisser de traces appréciables au bout de quel- 
ques mois : le fait a été constaté sur les muscles et les cartilages. 

5<* conclusion. Les cautérisations intra-articulaires sont bénignes et u'exi- 
genl pas riuimobilisalion consécutive chez le chiea et le lapin. 



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SOClÊTé FBANÇAISB D'BLECTROTHéKAPIB 197 

6« conclusion. Nous avons pu impunément cautériser le testicule, le foie, 
le poumon, les muscles et les articulations. Des cautérisations du muscle 
ventriculaire cardiaque (pointe du cœurj n'ont pas, à elles seules^ déterminé 
la mort. 

7^ conclusion. Les opérations au bout de quelque temps ne laissent 
aucune trace sur les points non chauffés excepté sur la plèvre. 

« 
Expériences sur les Animaux. 

A. — LAPIN ADULTE. 

Opération du 9 novembre 4891. — Cuisse gauche , deux applications : une 
d'elles a duré vingt secondes, Tautre une minute, la cautérisation ayant lieu dans 
le tissu musculaire. 

Opération du 26 novembre. — Cautérisation musculaire dans la cuisse droite 
et transarticalaire dans le poignet gauche. 

Opération du /«•• décembre. — Pendant la mise en place de Tappareil dans le 
poumon droit, une des soudures se rompit; Topération est reprise avec un autre 
instrument et le courant établi pendant une minute. Cautérisation de même 
dorée au poignet droit. 

L'animal ne présente aucun trouble fonctionnel et mange à son ordinaire; 
c'est à peine s'il paraît être un peu gêné dans la marche. Cependant on le trouve 
mort le 5 décembre au matin. 

Nécropsie. — Poif^et droit, cartilage jaunâtre au point de cautérisation, 
liquide louche dans l'article, tissus péri-articulaires sains. Au poignet gauche, 
la peau a été légèrement brûlor à Tnn dr s points d'entrée; cet accident est dû à 
un défaut de construction de Tappareil, la partie platine étant trop longue pour 
l'animal 

Le poumon a été à peine effleuré, le diaphragme est largement perforé; l'es- 
tomac, qui contenait des matières alimentaires^ présente une perforation de 
2 millimètres de diamètre ; eschare volumineuse dans le foie, adhérences pleu- 
rales an niveau des points de pénétration. La cautérisation a eu lieu à peu près 
au niveau du diaphragme. Mort par péritonite. 

Il est à remarquer que, pour les cautérisations dont il vient d'être parlé, il 
n'était pas encore question de mesurer le courant, et la mauvaise construction 
des premiers cautères accentuait encore l'irrégularité des résultats. Nous pûmes 
retrouver dans les muscles les traces des dernières opérations sous forme de 
points Jaunâtres. 

B. — GHIBN PB MOYENNE TAILLB JBUNE ET VIGOURBUX. 

Opérations du 22 décembre 4891. — 1° Cautérisation de la base du pou- 
mon droit. Durée du passage du courant : trente secondes. 

2» Ponction profonde plus haut. L'appareil se rompt. 

3« Cautérisation partie moyenne poumon droit, pendant trente secondes. 

io Cautérisation dans la masse des muscles de la cuisse droite, au tiers 
inférieur. 

Le 30 janvier 1892, nous opérons plusieurs tentatives sur le poumon gauche. 



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198 SOCléTè FRANÇAISE D'ÉLECTROTHéRAPIE 

Une seule permet Topéralion (durée : deux minutes environ). Le lendemain, le 
chien, peu inquiet, mange à son habitude. 

Le 10 février, tentative sur le poumon droit. L*aiguille se dessoude pendant 
l'introduclion et reste dans Torgane; le lendemain, elle fait saillie sons la peau 
ei est retirée aisément; le même jour, cautérisation dans la cuisse droite. 

Le 11 mar.*, cautérisation dans les muscles de la cuisse droite (région posté- 
rieure) et au centre de chaque testicule. La cauléripation étant poussée assez 
loin dans ces derniers organes, on observe, à un moment donné, une vive incan- 
descence, et le circuit est ouvert par fusion du platine près de la soudure. 

Le même jour, ponction dans le genou droit, en dedans du tendon rotuîien, 
de dedans en dehors et d'avant en arrière. Durée du passage du courant : une 
minute. 

Les opérations qui suivent ont été faites avec tous les accessoires de Tinstru- 
mentation, galvanomètre en dérivation et coupe -circuit. Toutefois, il résulte du 
calcul et d'expériences comparatives que les intensités trouvées sont représen- 
tées par des chiffres sensiblement trop faibles. 
Le 31 mars, 1892, cautérisation du poumon droit. Intensité de 1 ampère. 
Cautérisation de la base : 1, 2 ampères. 
Cautérisation du testicule droit : 1, 2 ampères. 
Ces diverses opérations ont duré une minute chaque. 

Nous notons le réveil de Tanimal plongé dans une anesthésie profonde pen- 
dant l'opération du poumon. 

Le lendemain emphysème sous-cutané thoracique qui finit par se résorber 
complètement le 12 avril. 

Le chien boîte jusqu'au 10 avril; toutefois le membre peut être étendu et 
paraît peu douloureux. 

Le 28 avril, galvaaocaustie dans la cuisse gauche pendant une minute avec 
un courant de un ampère et demi ; môme opération à la région thoracique au 
niveau du quatrième espace intercostal de l'un à l'autre côté de la poitrine : 
l'animal est intoxiqué (volontairement) par le chloroforme et la mort est hâtée 
par la compression de la trachée. 

Nécropsie. — Nous trouvons sur le bord du lobe moyen du poumon droit un 
trou infundibuliforme à grand orifice interne ; Torifice étroit a un diamètre de 
1,5 millimètres environ, l'orifice large a près de 1 centimètre; la longueur de 
ce trajet est d'environ 15 millimètres. Pas de traces d'hémorragie. Le muscle 
ventriculaire cardiaque a été intéressé aux environs de la pointe de l'organe, la 
lésion est une eschare ferme qui s'étend à un millimètre environ de profondeur. 
Poumons et plèvre, — Nous notons quelques adhérences aux points d'entrée 
des anciennes opérations. 

Poumon droit. — Tâche grisâtre au sommet et cicatrices extérieures des 
piqûres : dans le sommet, noyau induré cicatriciel grisâtre dont le grand dia- 
mètre a 1 centimètre environ et le petit 3 millimètres ; de ce noyau partent des 
tractus fibreux en sens divers. 

Les anciennes opérations dans les muscles n'ont laissé aucune trace appa-- 
renie. 

Testicules. — La vaginale est libre ; à droite nous notons dans l'organe quatre 
points indurés représentés par des îlots blanchâtres. 

L'articulation du genou droit ne présente absolument rien à noter, elle est 
absolument vaine et il est impossible de retrouver aucune trace de l'opération. 



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SOCIBTB FRAMÇAISB D'éLBCTROTHÉRAFIB 199 



C. — CHIBN DE TAILLB MOYENNE, AGé d'ENVIRON CINQ MOIS, TRÈS FORT. 

Le 6 décembre 1892, galvanocaustie dans le foie ; durée, environ deux minu- 
tes; le galvanomètre ayant été détérioré par une fausse manœuvre^ l'intensité 
de 1,6 ampères environ n*a pu être exactement évaluée. (Le coupe-circuit formé 
d'un fil semblable à celui du cautère est au rouge sombre.) 

Le même jour ponction dans le genou droit; la pointe de Taiguille se brise 
dans les tissus péri-articulaires et y demeure. L'opération est reprise ?ur le 
genou gaucbe, la cautérisation dure une minute. 

Le soir, le chien mange de bon appétit, il boite pendant six jours et s*appuie 
sur la patte droite. [Observation en courF.j 

D.— CHIEN ROQUET ADULTE, DE PETITE TAILLB. 

Cautérisation du testicule droit avec une intensité d*un ampère environ : la 
séance coupée toutes les deux minutes environ par un temps do repos suffisant 
pour laisser refroidir les fils de cuivre, dure un quart d'heure. 

Après cette opération, le chien est triste mais continue à manger. 

Quelques jours après l'opération, la peau s'ulcère et blanchit au niveau des 
piqûres ; le testicule droit détruit et réduit en bouillie 8*échappe peu à peu par 
de larges ouvertures ; le testicule gauche après s'être tuméfié avec induration 
est actuellement ramolli et paraît devoir se résorber. 

Observations générales. — Toutes les opérations conduites avec le concours 
des docteurs Yaudey et de Keating-Hart ont eu lieu avec anesthésie chlorofor- 
inique. Le chien B était nourri d'aliments pesés cbaque jour, composés de pain 
pendant les périodes de santé absolue, et de potages gras avec viande pendant 
ht journée qui a suivi chaque opération. Aucune n'a eu de suites sérieuses. 

Les pièces du chien B, examinées au microscope, ont montré du tissu de sclé- 
rose à différents degrés d'organisation. 



Note sur un cas de tremblement monoplégique à forme 
Parkinsonienney avantageusement traité par les cou- 
rants induits. Amélioration persistante du malade, 

Par M. le D^ P. DIGNAT. 

La paralysie agilante est généralement considérée, on le sait, comme 
une des aflfections les plus rebelles à toute médication , et plus particu- 
lièrement encore à la médication électrique. Cependant cerlains observa- 
teurs, tels que Remak, Russel-Reynolds, Mann, Chéron, ont publié tour 
à tour quelques cas de guérison de cette maladie sous Tinfluence d'un traite- 
ment électrique ; d'autres encore, comme Onimus, Constantin Paul, onl cru 
pouvoir noter chez des malades traités, eux aussi, par l'électricité, sinon la 
guérison complète, du moins une amélioration très sensible et durable. Mais, 
à vrai dire, c'est avec la plus grande réserve (avec Erb (l) celte réserve va 
même jusqu'à la négation absolue) que la plupart des auteurs enregistrent 

(1) Erb. — Traité d'Électrolhéraphie; Iraducdov du />' Ad. Rue/f. — Paris, A^lricn 
Delahaye et E. Lecrosnier, éditeurs. 1884. 



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200 SOCléxâ FRAN5A.ISB D'éLEGTROTHéRAPIE 

ces faits isolés, ceux-ci ne paraissent pas toujours offrir les garanties dési- 
rables d'un diagnostic parfaitement établi. 

On comprendra donc qu'après avoir eu l'occasion de rencontrer un malade 
nous ayant paru présenter tous les signes d'une paralysie agitante, et après 
avoir constaté chez lui des effets aussi heureux que surprenants d'un traite- 
ment électrique, nous éprouvions une vive appréhension à publier son obser- 
vation. Cette appréhension est d'autant plus grande, d'ailleurs, que la 
méthode de traitement électrique utilisée chez notre malade s'éloigne sensi- 
blement de la plupart des procédés employés par les observateurs dont nous 
venons de rappeler les noms, et de ceux qui sont habituellement recomman- 
dés, sans garantie d'efûcacité, il est vrai, dans les ouvrages spéciaux d'élec- 
trothérapie. Personne n'ignore,, en effet que, dans les cas de maladie de 
Parkinson, la majorité des auteurs a toujours accordé et accorde toujours 
la préférence aux courants continus, les courants induits étant considérés, 
surtout depuis les recherchas de Gull (1), comme absolument impuissants. 
Or, ainsi qu'on peut le voir par le titre même de ce travail, c'est préci- 
sément aux courants d'ipduction que nous avons eu recours dans notre cas, 
et c'est à ces mômes courants que nous avons cru pouvoir attribuer les 
heureux effets qu'il nous a été donné de constater. 

Voici, du reste, l'observation : 

M. G..., rentier, âgé de soixante et onze ans, domicilié à Paris, est atteint, 
depuis quatre ans environ, de tremblements accompagnés de quelques autres 
symptômes au sujet desquels il vient nous consulter le 29 février 1892. 

Antécédents héréditaires, — Les renseignements fournis sur ce point sont 
très incomplets. M. G..., qui a passé une grande partie de son existence éloigné 
de son pays et des siens, sait seulement que son père et sa mère ont vécu jusqu'à 
un âge avancé : l'un étant mort à soixante-dix ans, l'autrô à soixante-quinze ans; 
mais il ne peut donner aucune indication sur la nature des maladies auxquelles 
ils ont succombé. Un frère unique est mort, lui aussi, vers Fàge de cinquante 
ans, sans que M. G... sache nous dire de quelle affection. 

Antécédents personnels, — M. G. .. a toujours joui d'une excellente santé. lia, 
paraît-il, été bien portant pendant toute sa première enfance, et n'a jamais eu, 
vers cette époque de sa vie, de convulsions d'aucune sorte. Dans l'adolescence, 
il se rappelle avoir été malade une fois seulement, mais il ne se rappelle pas quel 
genre de maladie il avait ; en tous cas, il est certain de n'avoir pas, en cette cir- 
' constance, séjourné dans son lit plus d'une semaine. Vers l'âge de vingt-quatre 
ou vingt-cinq ans, M. G. . quitte la France et se rend au Mexique, où il établit 
bientôt après une maison de commerce qu'il dirige jusque vers 1870. Or, durant 
cette longue période, il ne fait aucune maladie sérieuse, malgré les privations de 
toute nature qu'il a été obligé d'endurer pendant un certain temps, malgré les 
fatigues excessives qu'il supporte maintes et maintes fois, et enfin malgré le* 
rigueurs du climat. — En 1858, cependant, il arrive à M. G... un accident sur 
lequel il est bon de s'arrêter. A cette époque, le Mexique était en pleine guerre 

(1) Voir Charcot : Leçona aur les Maladies du ayslème nerveuœ^ tome 1*'.— Paris, 1880. 



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SOCléTé FRANÇAISE D*ÉLEGTROTHéRAPIB 201 

civile, et des insurrections se produisaient journellement un peu partout. La yille 
de 6.. .y où était établi M. G..., venait de tomber entre les mains des insurgés. Le 
lendemain de la prise de cette ville, M. C... fut obligé de sortir de chez lui pour 
affaires. On était vers le milieu du jour, et il n'y avait absolument personne dans 
les rues. M. G... venait de s'engager sur une place entièrement déserte lorsqu'il 
entend derrière lui plusieurs détonations. Il se retourne aussitôt et s'aperçoit que, 
d'un corps-de-garde situé à une faible di^^tance du point où il se trouvait, des 
soldats probablement ivres s'amusaient à tirer sur lui comme sur une cible mobile. 
Port heureusement, aucune balle n'atteignit M. G..., qui parvint à se mettre à 
l'abri. Mais son émotion fut si violente qu'à peine rentré chez lui, il fut pris d'un 
tremblement généralisé à tout le corps, qui ne fit que s'accentuer pendant les 
jours suivant?*. Ge tremblement persista pendant trois mois environ à un degré 
tel que M. G... dut interrompre ses occupations. Peu à peu cependant, son inten- 
sité diminua et, bien que n'ayant suivi aucun traitement, M. G... s'en vit complè- 
tement débarrassé au bout de deux ou trois autres mois. A partir de ce moment 
du reste, jamais le moindre tremblement de ce genre ne reparut, quoique M. G... 
ait été, en diverses circonstances encore, mêlé à des incidents plus ou moins tra- 
giques (pillage de son établissement^ arrestation en diligence, etc.). — En dehors 
de ce fait particulier sur lequ^ il nous a paru bon d'insister, M. G... ne se rap- 
pelle d'ailleurs pas avoir eu d'autres maladies graves. Il affirme n'avoir jamais eu 
d'attaque de rhumatisme à aucune période de son existence; il déclare également 
n'avoir pas eu la syphilis, ni d'habitudes d'alcoolisme. M. G... e«t marié, mais 
n'a jamais eu d'enfant. — Depuis son retour à Paris (vers 1872), où il vit complè- 
tement retiré des affaires, il a continué à jouir du même état de santé; il prétend 
du reste n'avoir pas eu besoin de consulter de médecin. Son existence, toutofoi", 
s'est un peu assombrie depuis quelque temps par suite de l'apparition, il y a bien- 
tôt quatre ans, de certains symptômes auxquels il n'avait pas pris garde tout 
d'abord, mais qui ne laissent pas que de l'inquiéter quelque peu à l'heure pré- 
sente. 

Début de la maladie actuelle. — Vers cette époque, M. G..., dont la distraction 
favorite est le billard, commença à éprouver, chaque fois qu'il se livrait à cet 
exercice, certain malaise qu'il ne pouvait définir; les mouvements du bras droit 
loi paraissaient moins libres et il ressentait, surtout à son niveau ainsi que dans 
l'épaule du même côté, comme une certaine raideur qui augmentait peu à peu et 
rendait de plus en plus difficile l'exécution de mouvements rapides. Get état se 
maintint ainsi pendant cinq ou six mois. A bout de ce temps survint, dans le 
pouce droit d'abord, puis dans l'avant-bras du même côté, une sorte de faiblesse 
à laquelle s'ajouta bientôt du tremblement, lequel éclatait assez brusquement, 
sans qu'aucune circonstance particulière parût en favoriser l'apparition et alors 
môme que le malade était au repos. Momentané d'abord et consistant au début en 
une succession assez lente de mouvements de flexion du pouce et des doigts de la 
main droite, ce tremblement devint peu à peu continu et se traduisit plus tard 
par des mouvements analogues du poignet. Enfin, à côté de ces symptômes 
accusés par M. G... lui-même, il convient d'en signaler un autre, le plus récent 
de tous, et qui est constitué par une sensation de chaleur obligeant le malade à 
se découvrir dans son lit, môme pendant l'hiver. 

Examen du malade, — M. G... est un vieillard sec et maigre qui est loin de 
paraître aussi âgé qu'il Test réellement. Il se tient assez droit et, sans l'attitude 
particulière de l'épaule et du bras droit et les tremblements continus de la main 
de ce même côté, rien ne ferait soupçonner chez lui quoi que ce soit d'anormal. 



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202 SOCléré FRAMÇUSB D'éLBCTROTHéRAPlB 

L*attitude da membre supérieur droit présente, en effet, des caractères assez 
particuliers, soit qu'on examine M. G... dans la station yerticale, soit qa'on 
l*ob§erve pendant qu'il est assis. Dans le premier cas, cette attitude rappelle ud 
peu celle qu'ion observe chez certains hémiplégiques anciens, firappés de con- 
tracture secondaire permanente. L*avant-bras se trouve un peu fléchi sur le bras, 
et répaule droite est sensiblement déjetée en avant. Seulement, on constate, en 
outre, chez M. G..., que toutes les phalanges de la main, ainsi que le pouce, 
sont animés de mouvements de flexion assez réguliers, auxquels s'ajoutent, par 
instants, quelques soubresauts du poignet qui, lui-même, se fléchit légèrement 
sur Pavant- bras. 

Lorsque le malade est assis, Tavant-bras droit se porte naturellement sur la 
cuisse, les mains se placent en demi-supination. Dans cette situation, les mon- 
vemenls des doigts dont nous avons parlé rappellent assez bien les efforts d'une 
personne qui, ne sachant pa^^ écrire, chercherait à fixer convenablement entre 
ses doigts un porte-plume ou un crayon. — Ges tremblements sont à peu près 
continus, et M. G... déclare qu'il lui arrive fréquemment de ne pas se rendre 
compte du moment précis où ils cessent et du moment précis où ils reparaissent. 
— Les mouvements volontaires de la main et du bras droit sont possibles, mais 
ils se font avec une lenteur qui désespère le malade. Cependant M. G... peut 
encore écrire, quoique dificilement. Il est à remarquer d'ailleurs que, malgré 
les tremblements dont nous avons parlé, il exécute avec plus de facilité des 
actes assez délicats, mais nécessitant seulement la mise en action des muscles 
de la main, que des actes plus grossiers, mais dont l'exécution exige l'entrée en 
Jeu des différents groupes musculaires du bras et de l'épaule. Ainsi, par exemple, 
if. G... ne peut-il se servir du membre supérieur droit pour endosser un vête- 
ment ou seulement pour nouer un foulard autour du cou : dans ces derniers 
actes, en effet, les mouvements, nécessairement plus amples du bras et de 
l'épaule, se produisent avec trop de lenteur pour qu'ils soient exécutés en temps 
utile. Cependant la force musculaire dans ce membre ne paraît pas t^^ès sensible- 
ment affaiblie. 

Du côté du membre inférieur droit, on ne constate rien d'analogue : tous les 
mouvements sont normaux et on n'observe aucun tremblement, pas plus à l'état 
de repos qu'à l'état de mouvement. Il en est de même en ce qui concerne le 
membre supérieur et le membre inférieur du côté gauche. 

M. G... n'accuse d'ailleurs aucune gêne ni aucune pesanteur dans les membres. 

Aucun tremblement, ni de la tête, ni des lèvres, ni de la langue. 

Le malade prononce bien ce qu'il veut dire et articule bien les mots. 

Pas d'asymétrie de la face. On constate seulement un certain degré de fixité 
dans le regard. 

La sensibilité générale est intacte : aucune zône d'hyperesthésie ni d'hypoes- 
thésie. Aucun retard dans la perception des sensations. — M. G... ne se plaint, 
du reste, d'aucune douleur proprement dite. 

L'examen des réflexes tendineux rotuliens ne révèle rien de particulier et on 
n'observe aucune trace de trépidation épileptoïde, pas plus du côté droit que du 
côté gauche. 

Rien d'anormal non plus en ce qui concerne la sensibilité spéciale : le tact est 
conservé; la vue, quoique affaiblie, est encore bonne, et on n'observe ni diplopie 
ni dyschromatopsie. Du côté de l'ouïe, nous ne notoos rien de particulier ; le ma- 
lade entend aussi bien d'une oreille que de l'autre, et il ne perçoit ni sifflements 
ni bourdonnements; rien non plus du côté de l'odorat et du goût. 



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société PRANÇMSB D*éLBCTROTHéRAPIB 203 

L*examen des divers organes (cœur, poumons, reins, foie, appareil digestif, etc.) 
ne révèle rien qui mérité d*ôtre mentionné. 

Les facultés intellectuelles sont conservées. A noter pourtant un léger degré 
d^affaiblissement de la mémoire. 

Traitement. — Le traitement consiste exclusivement en Tapplication sur les 
différents groupes musculaires de Favant-bras, du bras et de Tépaule, de courants 
induits. — Bobine à gros fil ; -oscillations rapides. Une séance tous les deux jours, 
la durée de chaque application variant de deux minutes et demi à trois minutes. 
— Dès la quatrième séance, M. C... déclare que le membre supérieur droit a plus 
de souplesse; néanmoins, les tremblements persistent encore. —Après la sixième 
séance, les mouvements volontaires sont exécutés avec plus de rapidité qu'autre- 
fois et les tremblements paraissent un peu moins forts. 

A partir de ce moment, toutefois, nous perdons de vue le malade Jusqu'au mois 
d'octobre, époque où nous le voyons de nouveau. Il affirme avoir éprouvé une 
amélioration manifeste sous Tinfluence du premier es<ai de traitement. Aussi 
demande-t-il à le reprendre. — En réalité, nous constatons chez M. G... les 
mêmes tremblements qu'autrefois; cependant, il est impossible de ne pas recon- 
naître avec lui que le membre supérieur droit est plus souple qu'auparavant et 
qu'il s'en sert plus facilement. — Le traitement primitivement institué est donc 
recommencé; et, du 19 octobre au 5 décembre, le malade est soumis à treize 
séances nouvelles d'électrlsation au bout desquelles la raideur musculaire et les 
tremblements disparaissent presque complètement. 

. ... Rencontré par nous tout dernièrement (13 février 1893), M. G... nous a 
déclaré qu'il continuait à se bien porter; on n'observe pour ainsi dire plus do 
tremblement dans la main; il se sert de son bras aussi facilement qu'avant l'ap- 
parition des accidents que nous venons de décrire, et le membre supérieur droit 
ne présente plus l'attitude spéciale que nous avons mentionnée plus haut. Du 
reste, M. G... a repris toutes ses habitudes, et, disons-le, il a pu recommencer, à 
sa grande satisfiaction, de Jouer au billard, plaisir qui lui était interdit depuis 
assez longtemps. 

RÂFLEXIONS 

Si aous ne pouvons avoir le moindre doute sur les heureux effets du trai- 
tement électrique chez le malade dont nous venons de relater l'histoire 
clinique, il n'en est pas de môme, nous Tavouons, en ce qui concerne le 
diagnostic exact de son affection. A vrai dire, nous trouvons réunis chez lui 
tous les symptômes d'une paralysie agitante à forme monoplégique ; mais, 
si enclin que nous soyons à nous arrêter à ce diagnostic, nous hésitons 
quelque peu à le faire, en raison précisément des résultats thérapeutiques 
inespérés qui ont été obtenus. Et pourtant, sous quel nom désigner l'en- 
semble des symptômes présentés par notre sujet? 

Rien, dans l'histoire du malade n'autorise à songer le moins du monde à 
un tremblement toxique (alcoolique ou autre) ; d'ailleurs, ni le siège, ni la 
forme, ni le mode d'évolution du tremblement observé no perraetlenl de s'ar- 
rêter un instant à cett^ hypothèse. 

L'absence de tout tremblement de la tète et de toute trémulation des 
lèvres ne permet pas davantage de songer au tremblement sénile. 



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204 SOCléTé FRANÇAISB D'ÔLBCTROTHéRAPIE 

D'autre part, on ne retrouve dans les mouvements de flexions des doigts 
observés chez notre malade, mouvements lents, réguliers, non exagérés, 
mais presque rythmés au contrai re, aucun des mouvements désordonnés de 
la chorée. 

Enfin, aucun fait, ni dans les antécédents morbides, ni dans Tétat actuel 
de M. G..., ne laisse de place à rhypothèse, soil d'un ramollissement cérébral, 
soit d'une athétosepost-hémiphlégique, soit d'un commencement de paralysie 
générale. 

• Peut-on songer davantage à une sclérose en plaques? Nous ne le pensons 
pas. Chez notre malade, en effet, les tremblements se produisaient aussi 
bien à l'état de repos qu'à l'occasion de mouvements voulus, . et ils avaient 
pour siège unique un des membres supérieurs, tandis que, dans la sclérose 
en plaques, on le sait, le tremblement débute, d'ordinaire, par les membres 
inférieurs. En outre, nous n'avons constaté ici aucun des autres symptômes 
habituels de cette dernière affection ; pas de phénomènes cérébraux, pas de 
troubles visuels, pas de modification des réflexes tendineux rotuliens, pas de 
trépidation épileptoïde, pas de parésie des membres à proprement parler, 
etc., etc. 

11 ne reste donc plus qu'à envisager l'hypothèse de l'hystérie. A la vérité, 
il semble tout d'abord qu'il y ait lieu de s'y arrêter, surtout si on se rappelle 
ce fait, déjà ancien, d'un tremblement généralisé quoique mal défini, survenu 
chez M. G..., à la suite de l'incident dramatique que nous avons relaté dans 
son observation. Mais, étant donné que, jamais depuis, aueun accident ana- 
logue ne s'est reproduit; étant donné l'absence à peu près complète des 
stigmates ordinaires de cette névrose chez notre malade (hyperesthésies, 
hypoeslhésîes, hallucinations sensorielles, etc.); étant donné enfin son âge 
(considération qui, ajoutée à celles qui précèdent, a bien quelque valeur), 
il nous parait encore fort difficile de pouvoir adopter, sans de très sérieuses 
restrictions, cette dernière opinion. 

En résumé, quelque discutable que puisse être notre manière de voir, 
surtout après la disparition aussi extraordinaire que rapide par suite du 
traitement électrique des phénomènes observés chez notre malade, nous 
inclinons à croire que l'ensemble des symptômes que nous avons pu analyser 
chez lui se rapproche plutôt du type monoplégique d'une paralysie agitante 
encore au début de son évolution, que de l'une ou de l'autre des affections 
nettement définies que nous venons de passer brièvement en revue. 

En tous cas, et quel que soit le diagnostic qu'il convient de porter dans la 
circonstance actuelle, l'observation qui précède nous parait offrir un certain 
intérêt, tant au point de vue de la clinique qu'au point de vue de l'éleclro- 
thérapie. Elle nous a donc semblé mériter qu'elle fût publiée. 



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3»« Annéb. Février 1893. N« 7. 



REVUE INTERNATIONALE 



TRAVAUX 

DB 

L'ASSOCIATION AMÉRICAINE D'ÉLECTROTHÉRAPIE 



Deuxième Session, tenue à New-Tork, les 4, 5 et 6 octobre 1802. 

Présidence de M. W.-J. MORTON. 



2« JOUR : 5 OGTOBRB. — SâANCB DU MATIN. 
Suite (1). 

L'Électricité médicale et les électriciens, 

Par John CARTY, vice-président de la Société d'Électricité de New- York. 

D'après Tauteur, les médecins emploient, en parlant d'éleclricilé médicale, 
des expressions inconnues aux électriciens. Il à demandé à dix personnes 
possédant le diplôme d'ingénieur électricion, ce que signifiaient les termes : 
faradisation, franklinisation et galvanisation. Aucune n'a pu lui répondre, 
bien que les travaux de Faraday, de Franklin et de Galvani leur fussent 
familiers à toutes. L'emploi de ces termes fait croire à beaucoup de personnes 
qu'il y a trois sortes d'électricité, ce qui est faux. Il n'existe entre ces trois 
termes que des différences de degré. 11 faut abandonner ces vestiges d'un 
autre âge. Le courant dit faradiqûe est un courant alternatif ; celui désigné 
sous le nom de galvanique est un courant constant, avec prédominance au 
point de vue de l'importance du voltage et de l'ampérage (tandis que le cou- 
rant franklinique est une question d'ohms et d'ampères) et des interruptions. 

Lorsqu'un courant alternant parcourt un fil de fer, la résistance de ce 
dernier s'élève rapidement, ce qui tient à des phénomènes de self-induction, 
tandis que dans un fil de cuivre, la résistance demeure constante. Si dans 

(1) Voir Revue Internationale (VÉlectrothérapie, n** de décembre 1892 et janvier 1893. 



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206 RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHéRAPIB 

le circuit d'un courant constant de 1,000 volts on intercale un condensateur, 
ce dernier empêchera le passage du courant, mais s'il s'agit d'un courant 
alternatif, il permettra son passage, ce qui constitue un effet paradoxal. \a 
résistance d'un corps organique diffère, d'une façon générale, suivant la 
forme et l'intensité du courant. Certaines parties du corps humain peuvent 
présenter une seK-induction très élevée, certaines autres obéir aux lois ordi- 
naires de la conduction, d'autres enfin se comporter comme un condensateur. 
L'auleur s'occupe ensuite de la théorie électro-magnétique de la lumière et 
des relations intimes qui existent entre la lumière et l'électricité. Il termine 
en rappelant les récentes et très remarquables recherches de Tesla. 

DISCUSSION 

En réponse à plusieurs questions portant sur la nature des courants alter- 
natifs, la polarisation des appareils médicaux d'induction, et la possibilité 
d'acquérir des connaissances plus exactes au sujet de la nature des courants 
employés en médecine, M. Garty dit que dans le courant- alternatif, la pola- 
rité change de signe sans qu'il y ait aucune limite au nombre d'alternances 
par seconde. Il existe dans le courant engendré par les appareils ordinaires 
d'induction, des interruptions qui ne concordent pas nécessairement avec 
celles dues au trembleur. On peut, au moyen de la méthode graphique, obte- 
nir des tracés qui indiqueront exactement le caractère que revêt un courant 
donné au moment de la prise du tracé. 

M. Herdman et M. Kelloo ont tous deux constaté que le courant alter- 
natif possède des propriétés physiologiques particulières. Ce dernier auteur 
a pris des tracés indiquant clairement qu'il s'agit d'un courant sinusoïdal. 

M. LB Président a essayé dans une certaine mesure, de surmonter les 
difficultés inhérentes à cette nomenclature fautive, en notant les divers 
courants sous la môme forme que les prescriptions pharmaceutiques. Ainsi 

la notation : 

Milliampères : pratiquement 0, 

Volts : 100,000, 

Interruptions : 1 million par seconde, 

indiquerait qu'il s'agit d'une charge statique. 

Milliampères : SOO, 
Volts : 30, 
Interruptions : 0, 

représenterait le courant galvanique ou constant. 

Milliampères : 1/20, 

Volts : 500, 

Interruptions : 100 par seconde, 

représenterait le courant faradique. 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'ÉLECTROTHéRAPIE 207 

M. Carty termine la discussion en disant, qu'à son avis, Temploi de pres- 
criptions de ce genre ferait comprendre aux médecins la nature du courant 
dont ils se servent et constituerait un grand pas vers l'adoption d'une 
nomenclature rationnelle. 



L'Électricité comme agent anesthésique, 

Par M. F.-WiLLiAii HUTCHINSON (Providence R.-J.) 

Le courant produit par les appareils d'induction usuels n*a jamais, dans 
les mains de l'auteur, réussi à soulager notablement la douleur. 11 a autre- 
fois institué une série d'essais, dans le but de produire l'anesthésie au 
moyen de chocs rapidement répétés, en disposant sur un disque tournant 
une série de marteaux à tête recouverte de caoutchouc ; chacun de ces chocs 
équivalait à SO centigrammes et il s'en produisait cent par minute. Cette 
percussion n'arrivait point à diminuer sensiblement la douleur, de sorte 
que les essais durent être abandonnés. Après de nombreuses recherches, 
l'auteur a pu finalement réussir à construire un appareil d'induction établi 
au moyen de bobines, dont la résistance était soigneusement mesurée et où 
le rhéotome est formé d'une lame métallique susceptijale de vibrer un grand 
nombre de fois par seconde. A l'aide de diapasons construits avec une grande 
précision, l'auteur a mesuré le nombre des vibrations que peut donner ce 
t rhéotome musical » et a constaté que lorsqu'il donne le si majeur, cor- 
respondant à S40 vibrations par seconde, on obtient Tanesthésie, alors que 
ce phénomène ne se produit plus si l'on augmente le nombre des vibrations, 
ce qu'on peut faire en modifiant la tension à laquelle on soumet la lame 
métallique. Cette tension est si grande (740 livres par centimètre avec le si 
majeur), que l'acier n'est plus assez résistant et qu'il faut construire la lame 
vibrante en bronze phosphoreux. Il faut trois piles de Bunsen pour action- 
ner l'appareil. Des essais pratiqués par l'auteur sur lui-même et sur d'au- 
tres, ont montré qu'avec ce chiffre de 540 vibrations, il suffisait d'une 
minute pour engourdir la sensibilité qui reparaissait d'ailleurs très vite après 
la cessation du courant. 

Un essai dans le but de produire l'anesthésie locale fut pratiquée sur un 
malade atteint de panaris ; le doigt fut introduit dans un tube métallique 
contenant des éponges imbibées d'eau salée. On débuta par le do majeur et 
on monta en trois minutes jusqu'au la sans que la sensibilité eût été modi- 
fiée d'une façon appréciable, lorsqu'on arriva au si majeur on produisit en 
trois minutes de temps une anesthésie assez prononcée pour pouvoir inciser 
alors le panaris sans que le patient en eût ressenti aucune douleur. Dans un 
cas de tic douloureux où l'on avait employé sans succès la galvanisation et 
la franklinisation, on essaya le courant induit engendré par cet appareil. Le 
trembleur fut réglé au si majeur, l'électrode négative fixée sur la nuque> 



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208 . RBVUB INTERNATIONALE D'bLEGTROTHÉRAPIB 

l'autre sur le front. Après' cinq minutes, la douleur avait sensiblement dimi- 
nué; elle avait complètement disparu au bout de dix minutes. Pour autant 
que ses expériences lui permettent de conclure, Tauteur a vu tous les genres 
de douleur céder également au courant induit, le rhéotome étant réglé au si 
majeur. 

DISCUSSION 

M. Garty attire l'attention sur ce fait que l'efficacité du courant induit est 
tout à fait indépendante de la vitesse du trembleur, mais est au contraire 
fonction de différents facteurs tels que la nature, la masse et la situation du 
noyau, ainsi que du nombre de tours du fil. Si donc on obtenait en répétant 
ces essais des résultats négatifs, il ne faut pas se décourager mais continuer 
au contraire jusqu'à ce que la période du courant corresponde exactement à 
la période vibratoire du trembleur. 

M. Goelet admet avec M. Garty que les qualités du noyau influent sur le 
caractère du courant i il veut cependant ai)peler l'attention sur les différences 
de résistance que l'on rencontre dans les applications médicales. Ainsi par 
exemple, le voltage du courant, induit par une bobine à gros fil, est tellement 
faible, qu'il devient insuffisant pour faire contracter un muscle, à moins que 
la résistance extérieure ne soit réduite en proportion ; la valeur thérapeu- 
tique reste donc mal connue. Il ne pense pas que les ingénieurs apprécient 
exactement notre situation, eux qui n'ont affaire qu'aux résistances offertes 
par des conducteurs métalliques. 

M. NuNN s'est occupé de répéter les expériences de Mortimer Granville 
sur la percussion rapide, et quoiqu'il n'en ait pas obtenu les mômes résul- 
tats que l'auteur, il a cependant pu conclure, lors de la dernière réunion de 
l'association, que la douleur est due en quelque sorte à une modification 
dans les vibrations du nerf. Il semblerait, d'après les essais de l'auteur, que 
le si majeur donne lieu à des vibrations capables de neutraliser celles du 
nerf atteint. S'il en était ainsi, cela ne signifierait rien quant au caractère du 
courant lui-même. 

M. Garty se souvient en entendant cette observation que deux surfaces 
reliées aux pôles d'une bobine induit s'attirent lorsqu'elle sont suffisamment 
rapprochées l'une de l'autre. Il ne serait donc pas improbable, en s'appu}^al 
sur ce fait, que le courant induit puisse produire une percussion interne. 
G'est un phénomène de ce genre qui se produit dans le téléphone de Dolbear, 
et si cet appareil était relié aux pôles, il ferait entendre la même note que 
celle donnée par le trembleur, les vibrations du courant correspondant à celles 
de la lame. 

' M. NuNN répond que lorsqu'un muscle se contracte sous l'influence d'un 
GOurant, il s'y produit certainement une percussion. 



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RBVUB INTERNATIONALE D*éLBGTROTHÈRAPIB 209 

M. Hebdman pense que l'explication de ces faits est toute miécanique. 
On sait aussi que la musique exerce un effet sédatif sur le système nerveux. 

M. LE PRésiDENT remarque que la proposition de M. Carty^ d'employer 
le principe du téléphone de Dolbear semble très pratique car s'il y a diver- 
gence entre les vibrations du rhéotome et celle du téléphone, il serait toujours 
possible de ramener l'un au môme degré que l'autre.* 

M. HuTGHiNSON. — Les applications médicales créent malheureusement 
de telles incertitudes qu'il est impossible d'étudier l'appareil seul, indépen- 
damment du corps humain, et bien qu'il faille préférer toujours une explica- 
tion physique, il importe réellement peu au praticien de savoir ce que c'est 
que ces vibrations, du moment qu'il sait comment supprimer la douleur. Il 
semble que le courant électrique puisse faire plus que la percussion méca- 
nique parce qu'on peut mieux lui faire atteindre l'endroit que l'on veut. 
Pour éliminer l'influence du son musical rendu par l'instrument il a fait des 
recherches en plaçant ce dernier dans la cave ; le résultat a été le même. 
L'appareil qu'il a décrit produit très facilement l'anesthésie sur une étendue 
dépassant d'un pouce la surface des électrodes. 



séangb db l'aprbs-midi 



Quelques expériences de physiologie faites au moyen de 
l'aimant, au laboratoire Edison, 

Par M. le D' Frédéric PETERSON (New-York) et M. KENELLY, 
du Laboratoire Edison. 

Après avoir indiqué divers travaux médicaux se rapportant aux propriétés 
thérapeutiques et à Taclion de Taimant, les auteurs décrivent une série 
d'expériences instituées par eux dans le but de savoir jusqu'à quel point ces 
affirmations sont fondées, au moyen d'énormes aimants mis à leur disposi- 
tion par M. Edison. Celui qui servit à ces recherches, mesurait 1 1/2 pied 
sur 2, et il fallait deux hommes pour le soulever. Différents objets furent 
placés entre les pôles de cet aimant et soumis à Tobservation. Une goutte 
d'eau déposée sur ime plaque de verre maintenue dans le champ magnétique 
subissait une déformation visible; le fer réduit par l'hydrogène se comportait 
exactement comme la limaille de fer. Cependant le champ n'exerçait aucune 
influence sur l'hémoglobine ni sur les mouvements ciliaires des cellules 
épithéliales. Une patte de grenouille fut disposée de façon à montrer sous le 
microscope la circulation du sang dans la membrane, puis soumise à l'action 
du champ magnétique. De nombreuses observations ne permirent point de 
constater le moindre changement dans les globules sanguins ni dans la 
circulation. 



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210 REVUB INTERNATIONALB D*éLECTROTHéRAPIB 

Dans la cavité d*un aimant à « idle-field » littéralement : à champ oisif, 
mesurant 2 pieds sur 7 pouces, on maintint un chien pendant 7 heures sons 
Tinfluence du champ magnétique sans qu'il s'en produisit sur l'animal le 
moindre efifet. On enleva l'armature d'une dynamo Edison de 70 chevaux et 
dans l'espace qui séparait les deux pôles et qui mesurait 5U centimètres, 
chacun des expérimentateurs mit à son tour la tête, afin de voir s'il en 
résulterait quelque conséquence pour l'homme. Tout fut disposé avec le plus 
grand soin, de façon à ce que la personne en expérience ne put en aucune 
façon se rendre compte par la vue ou par l'ouïe du moment de l'établissement 
ou de la rupture du courant. Des tracés de la respiration et du pouls furent 
pris en môme temps et le réflexe patellaire interrogé. Tous les expérimen- 
tateurs furent d'accord pour déclarer n'avoir ressenti absolument aucune 
sensation que l'on pût attribuer à l'action du champ ; les tracés ne démontrè- 
rent l'existence d'aucune modification ; le réflexe rotulien resta ce qu'il 
était. Enfin un dernier essai fut pratiqué au moyen de champs alternants. 
Une grande bobine de 30 centimètres de hauteur et de 20 centimètres de 
diamètre intérieur, contenant 20,000 tours, fut disposée de façon à envelop- 
per la tète du sujet dans son champ magnétique. 

Cette bobiue fut ensuite reliée à une machine du type alternant, de façon 
à obtenir par seconde 280 renversements du champ magnétique. On ne put 
dans ces conditions observer absolunlent aucune action ; il est cependant 
possible que des alternances plus nombreuses puissent affecter le système 
nerveux. Les auteurs concluent de leurs expériences que les champs les plus 
intenses n'affectent pas d'une façon appréciable l'organisation humaine. Les 
aimants dont on se sert habituellement en médecine ne peuvent posséder 
qu'une action purement psychique et, grâce à la suggestion, agiraient proba- 
blement de la même façon s'ils étaient construits en bois. 

(La fin au prochain numéro,) 
(Traduit de l'anglais par le D' René Verhoogen.) 



L'ÉLECTRICITÉ EN THÉRAPEUTIQUE OCULAIRE 

Par le D' P. PANSIER, aide de Clinique ophthalmologique. 
Suite et fin (1) 

7** AFFECTIONS DU NERF OPTIQUE ET DB LA RÉTINE 

A. Atrophie optique, — L'électrothérapie a été employée dans les diffé- 
rentes formes d'atrophie optique. 

« Dans les cas d'atrophie commençante, dit Gillet de Grandmont, on peut 
s'adresser en con&ance aux courants continus ». 

(1) Voir Revue Internationale d' Électrothérapie, janvier 1893. — Nouveau Montpellier 
Médical, Supplément, janvier 1893. 



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RBYUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHéRAPIE 211 

Celles-ci reconoaisseot des causes diverses dont les principales sont : 
alcoolisme, neurasthénie, excès vénériens, intoxications nicotiques, satur- 
nines. 

Par contre, ajoute Gillet de Grandmont, dans Talrophie confirmée des 
nerfs optiques, Télectricité n'a aucune action curative, mais en tout cas son 
innocuité est absolue. 

Weis et Dor emploient Télectrothérapie môme dans ces derniers cas. 

Les cas d'atrophie blanche progressive, dit Dor, qui jusqu'ici avaient 
semblé constituer. des noH me iangere^ peuvent être combattus efficacement 
par Télectricité. 

Weis a obtenu une amélioration sensible dans les cas graves tabé tiques. 

Si Ton parcourt les observations de Dor, Boucheron, Leforl, Driver, 
Weiss, Gunn, on voit le traitement électrique donner de bons résultats dans 
les atrophies optiques de nature diverse, tabétique, syphilitique, traumati- 
que. On constate également que l'amélioration est généralement modeste ; 
mais, dit Boucheron, dans ses affections scléreuses, quel est l'agent théra- 
peutique qui puisse en ofi'rir de plus multipliées ? 

f L'âge du malade, ajoute-t-il, semble une des conditions les plus impor- 
tantes du succès; quand la vieillesse, normale ou anticipée, ajoute ses ten- 
dances scléreuses naturelles au processus morbide il j a peu de chose à 
attendre. Si au contraire la jeunesse avec sa puissance de rénovation vient 
en aide aux moyens thérapeutiques, il y a lieu d'espérer. 

B. A/feclions rétiniennes. — Le traitement électrique a été employé dans 
différentes affections rétiniennes. 

Boucheron rapporte une observation de rétinite syphilitique qui fut con- 
sidérablement améliorée par les courants continus : après une perte de la 
vision de plusieurs mois le malade arrive à lire le n9 2 de Snellen. Lefort, 
Giraud-Teulon, l'ont employé avec succès dans différents cas de neuro- 
rétinites. 

Dor, Gunn, recommandent l' électrothérapie dans la rétinite pigmentaire. 
Gunn prétend même avoir obtenu de meilleurs résultats dans la rétinite 
pigmentaire que dans l'atrophie optique. 

Bénédikt dit avoir obtenu de meilleurs succès par galvanisation du sym- 
pathique dans les névrites symptomaliques de tumeurs encéphaliques : il 
place ces névrites sous l'influence d'une névrose du sympathique. 

Les résultats sont variables, généralement modestes; l'amélioration, sou- 
vent rapide dès le début, ne se continue pas toujours. 

Procédés opératoires. — Bénédikt applique l'électrode positive sur le 
front et glisse l'électrode négative sur la tempo ou sur l'angle interne de 
l'œU. 

L'application doit être faite jusqu'à production de sensations lumineuses 
subjectives. 



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212 RBVUH INTBRNA.TIONALB D'éLBCTROTHBRAPIE 

Oaimus repousse le procédé de Bénédikt, qui, dit-il, peut devenir dange- 
reux ; les courants continus par cela seul qu'ils pénètrent profondément dans 
les tissus excitent directement le nerf optique, et dans beaucoup de cas cette 
excitation doit être évitée. 

Onimus n'électrise jamais que le ganglion cervical supérieur et le centre 
cilio-spinal. 

a Nous agissons ainsi directement et par action réflexe sur le nerf opti- 
que et directement sur la circulation intra-crânienne. » 

Herb n'a obtenu aucun résultat thérapeutique de Télectriôation du ganglion 
cervical supérieur. 

Weiss électrise ses malades cinq à six fois par semaine pendant quinze 
à trente minutes, en alternant toutes les cinq ou dix minutes la direction 
du courant. Il emploie un courant de 2 milliampères; une électrode est sur la 
nuque; Tautre, double, sur les deux yeux : celle-ci est en argile recouverte 
de ouate humide. 

" Gunn emploie une batterie de Weiss à 25 éléments : les électrodes sont 
des éponges mouillées dans une solution saline. A la première application, 
il met le pôle P sur les paupières fermées, le pôle N sur Tœil ou la tempe 
du côté opposé. 

Au début, il n'utilise que 5 à 7 éléments, augmentant progressivement 
jusqu'à ce que le patient ait la sensation de flamme à la fermeture ou à l'ou- 
verture du courant. Alors il pose le pôle négatif sur les paupières et le pôle 
positif au sommet de l'épine ou derrière l'apophyse mastoïde, ou à la région 
supra-orbitaire : il choisit celle de ces positions qui donne la plus grande 
impression lumineuse. 

Le point d'élection déterminé, on y laisse le pôle négatif pendant une 
demi-minute, puis on l'enlève quelques secondes pour le réappliquer durant 
le môme laps de temps. Ensuite on le met au point correspondant du côté 
opposé, pris sur les paupières correspondantes, et cela durant quelques 
minutes seulement. On change alors les pôles de façon à mettre le positif où 
on a mis précéderameat le négatif et on recommence les mômes manœuvres. 
Si le second œil est malade, on répète sur lui les mêmes manipulations; à la 
fin de la séance (qui ne doit pas durer plus de huit minutes), on augmente 
légèrement la force du courant. 

Dor, dans l'atrophie monoculaire, applique les électrodes à l'apophyse mas- 
toïde et au rebord orbitaire du même côté; si les deux yeux sont atteints, il 
place les électrodes aux deux tempes. 

Boucheron recommande l'emploi simultané des courants faibles perma- 
nents de Lefort et des courants plus forts, mais moins prolongés. 

« Nous conseillerons d'installer en permanence, pendant la nuit et une 
partie du jour, une pile de 2 éléments, et d'électriser avec un courant de 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHÔRAFIB 213 

8 à 10 éléments pendant huit à dix minutes, tous les deux jours. » Les 
électrodes seront placées sur le front et la nuque; le sens du courant est 
indifférent. 

8» TROUBLES DU VITRÉ 

Les troubles du vitré, dit Boucheron, sont,, le plus souvent, le résultat 
d'une altération de nutrition de la membrane nourricière choroïdienne et 
peut-être de l'arbre vasculaire rétinien. Ils peuvent aussi se produire par la 
seule influence de la communication inflammatoire se faisant par coutiguïlé. 

t Le vitré peut s'enflammer spontanément : ce qui s'observe dans une 
attaque de glaucome aigu rétrocédant soit spontanément, soit à la suite d'une 
iridectomie, nous montre qu'il peut exister dans le corps vilré une opacité 
très prononcée sans altération importante du tissu : la restitution d'une 
transparence parfaite en témoigne évidemment. » 

Dans ces différents, cas d'hyalitis consécutifs à des irido-choroïdites, spé- 
cifiques, rhumatismales, à des épanchements sanguins, à des attaques de 
glaucome subaigu, ou bien apparaissant dans la période préatiophique des 
lésions nerveuses, Giraud-Teulon a employé les courants continus. 

Dans tous les cas, il a obtenu un résultat : l'éclaircissement rapide du 
vitré. Le résultat optique n'élait pas toujours tangible, car, les troubles du 
vilré disparus et le fond d'oeil éclairable, on trouvait de vastes décollements 
de la rétine, ou bien chez les spécifiques, d'autres lésions dépendant de la 
maladie. Le résultat immédiat était constamment un éclaircissement rapide 
çt la possibilité d'examiner le fond de l'œil. 

Giraud-Teulon ne fit jamais plus de huit à dix séances. Il employait 8 élé- 
ments, le pôle positif était appliqué sur la paupière fermée, le pôle négatif 
derrière l'oreille, dans la région du ganglion cervical supérieur, ou môme 
simplement à la nuque. Chaque séance durait de cinq à dix minutes. L'avan- 
tage de la pile de Siemens est do conserver pendant longtemps la constance 
de ses propriétés électro- motrices. 

Lefort et Boucheron obtinrent des résultats analogues par les courants 
faibles permanents : deux petits éléments Trouvé, mis en rapport soit avec 
le front, soit avec les tempes et la nuque, et laissés en place nuit et jour 
pendant un certain nombre de jours ou de semaines, sauf de courtes inter- 
ruptions. 

Des observations analogues du D"^ Regimbeau sont signalées dans la Thèse 
de Porte. 

9» GLAUCOME 

De quelques observations de Gillet de Gradmont et de Giraud-Teulon, il 
paraîtrait résulter que les courants continus ont eu une action efficace dans 
certains cas de glaucome subaigu. 



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214 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHÔRÀPIB 

L'électricilé agirait, ainsi que Ta indiqué Giraud-Teulon, sur rhjalilis 
glaucomoïde; Gillet de Grandmont croit également que dans ces cas les cou- 
rants agissent sur la sécrétion de la séreuse irido-choroïdienne. 

10** AMBLYOPIE 

A. Ainblyopien diverses, — Une femme de dix-neuf ans, à la suite d'une 
insolation, fut atteinte de cécité complète après des douleurs céphaliques 
vives. Reyber voit la malade six semaines après Taccideut : il y a de la pho- 
lophobie, les pupilles réagissent peu à la lumière. 

Le fond d'œil est légèrement flou. 

Reyher diagnostiqua une méningite aigué par insolation et présuma Texis- 
tence d'exsudats soit au niveau du cbiasma, soit dans la gaine du nerf 
optique. 

Il appliqua les couraats constants avec quatre éléments Stœhrer, le p6le 
positif étant sur la nuque taudis que le p6le négatif était promené sur le 
front. Il monta jusqu'à dix éléments; les séances avaient lieu d'abord tous 
les deux jours ; puis tous les jours; elles duraient de trois à cinq minutes. 
Après dix mois de traitement, la malade pouvait enfiler une aiguille. 

Bouche^n rapporte un cas d*amblyopie survenu chez un homme sans 
cause apparente ; scotome central non absolu avec rétrécissement du champ 
visuel. Cinq séances d'applications de courants continus faibles (deux piles 
Trouvé pendant huit heures chaque fois) amenèrent la guérison. 

B. Amblyopie traumatique. — Secondi (cilé par Boucheron) a employé 
Télectrothérapie dans le traitement de Tanesthésie traumatique de la rétine. 
Le résultat fut excellent, mais ne peut être attribué tout entier à Télectricilé 
puisque en même temps on eut recours aux injonctions de strychnine. 

G. Amblyopie strabique, — Généralement les hypermétropes affectés de 
strabisme présentent du côté de Tœil dévié une diminution notable de la 
vision. 

Différentes théories ont été émises sur la nature de cette amblyopie : on 
en a fait une amblyopie ex anopsia : Abadie suppose qu'il s'agit d'une am- 
blyopie congétinale. 

Sur deux jeunes hypermétropes atteints d'une forte amblyopie avec stra- 
bisme convergent, Boucheron a essayé les courants continus. Un résulut 
rapide suivit les premières applications du courant électrique, et l'acuité 
visuelle augmenta du double (électrisation avec neuf éléments Trouvé, pôle 
positif sur le front, négatif sur l'apophyse mastoïde). 

D. Amblyopie toxique. — Dans les amblyopies alcooliques et tabagiques 
l'électricité est un bon adjuvant; il serait difficile de déterminer exactement 
le rôle de cet agent dans ces cas, l'amblyopie diminuant souvent et dispa- 
raissant avec la disparition de la cause de l'intoxication. 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB " 215 

Cependant dans certains cas graves l'action favorable des courants conti- 
nus devient manifeste. C'est ainsi que dans la thèse de Porte nous voyons 
un alcoolique atteint d'amblyopie avancée avec lésions rétiniennes exsuda- 
tives ne retirer aucune amélioration du traitement habituel (suppression de 
l'alcool, régime lacté, strychnine). On lui appliqua les courants continus ; à 
la onzième séance la vision, quantitative au début, s'était améliorée assez 
pour que le malade pût lire les gros caractères. 

E, Ambfyopie hystérique, — Sur une hystérique atteinte d'amblyopie ner- 
veuse, après avoir échoué par la métallolhérapie, Dujardin-Beaumelz et 
Abadie essayent l'électricité statique. 

La malade étant placée sur un tabouret isolant et mise en communication 
avec un conducteur, on lui tire des étincelles autour de l'orbite; après une 
séance d'un quart d'heure l'acuité visuelle passa de 2/5 à 2/3. 

De nouvelles séances ramenèrent l'acuité à 1 . 

Sous l'influence de cette méthode, Chermes a vu se modifier les troubles 
achromatopsiques des hystériques. Porte rapporte une observation d'amau- 
rose hystérique presque complète recueillie au service électrothérapique de 
M. le professeur agrégé Regimbeau. On employa de petits éléments Callaud, 
pôle négatif sur la nuque, pôle positif sur l'œil ; la séance était de dix mi- 
nutes pour chaque œil. Au bout de six séances, la vue était revenue presque 
normale. 

Nous serions tentés de ranger dans le même groupe de nombreux cas 
d'anesthésie de la rétine, dans lesquels a l'hystérie, nous dit'Dianoux, ou 
plutôt l'hystéricisme est une condition presque nécessaire ». 

Dianoux a rapporté à la Société d'Ophtalmologie un certain nombre de cas 
qui furent rapidement guéris par les courants continus, joints, il est vrai, à 
des injections de strychnine. Dans une observation d'amblyopie hystérique 
absolument nette, la guérison fut obtenue par les courants continus. L'année 
suivante, récidive; les courants continus ne produisent aucun effet; la gué- 
rison est obtenue très rapidement par l'électricité statique. 

f 1<^ HÉMéRALOPIB SANS LÉSIONS 

Dans dix-sept cas d'héméralopie sans lésions appréciables dus la plupart à 
l'insolation, dit Arcoleo, l'électricité statique a eu toujours un effet rapide; à 
chaque séance, la vision distincte se prolongeait davantage après le crépus- 
cule. A la troisième ou quatrième séance, les malades étaient guéris. 

Pour Arcoleo, il s'agissait dans ces cas de troubles purement fonctionnels. 

12o GOITRE EXOPHTALMIQUE 

Plicque a appliqué l'électricité au traitement du goitre exophtalmique. 
Il électrise successivement par le courant les deux carotides, les deux 
régions péri-orbitaires, la tumeur thyroïdienne, la région précordiale. Une 



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216 ^ RBVUB INTERNATIONàLB D'èLBCTROTHERAHIB 

plaque large de 8 centimètres est fixée à la partie posléro-inférieure du cou. 
La plaque est reliée au p6le positif de la bobine induite pour rélectrisation 
des carotides, des yeux et du corps thyroïde, au pôle négatif pour rélectrisa- 
tion de la région précordiale. Pour Télectrisation des carotides, le pôle négatif, 
constitué par un tampon plat appliqué au dedans du sterno-mastoïdien au 
niveau de Tangle de la mâchoire, est appliqué pendant une minute et demie 
sur chaque carotide. La pression doit être suffisante pour sentir les battements 
de Tartère ; l'intensité du courant doit être assez énergique pour provoquer 
des contractions musculaires sans faire souffrir le malade. 

Pour la région oculaire, le tampon est placé d'abord sur le rebord externe 
de Torbite; il est promené ensuite sur les paupières et le pourtour de Torbito 
en évitant les nerfs sus et sous-orbitaires. 

Il faut éviter un point situé à 1 centimètre en arrière et en dessous delà 
queue du sourcil, dont l'excitation amène un mouvement brusque du globe 
en avant. 

La durée de Télectrisation pour chaque œil est de deux minutes. Pour la 
tumeur thyroïdienne, on emploie un tampon plat de 4 centimètres, relié au 
pôle négatif. Ce tampon est successivement appliqué au-dessus de la four- 
chette slernale, sur les parties saillantes de la tumeur thyroïdienne, sur les 
muscles sterno-hyoïdiens et thyroïdiens, en tout deux à trois minutes. On 
peut employer un courant assez intense. On doit éviter l'électrisation sur la 
poignée du sternum qui est douloureuse. On observe parfois de la pâleur, 
avec tendance à la lipothymie. 

Pour la région précordiale, l'électrode de 4 centimètres reliée au pôle 
positif est appliquée sur le cinquième espace intercostal gauche; courant 
faible, durée deux à trois minutes. On les répète chaque jour pendant six 
mois et plus. 

L'amélioration est très prompte, sauf pour la tachycardie, qui s'amende 
lentement. 

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ENTRE l'aMBLYOPIE ET l' ATROPHIE OPTIQUE 
PAR LA RÉACTION ÉLECTRIQUE DU NERF OPTIQUE 

Au moment de la fermeture et de l'ouverture d'un courant gah'auique 
d'une certaine intensité il se produit un phosphène. 

Darier a trouvé « qu'à l'état physiologique et dans toutes les arablyopies 
sans lésions, une impression lumineuse est produite sur l'œil par la ferme- 
ture d'un courant électrique d'une intensité moindre qu'un dixième demil- 
liampère ; tandis que, dans les cas où le nerf optique est à l'état d'atrophie, 
il faut un courant d'une intensité beaucoup plus grande (de plus de 3 dixiè- 
mes de milliampère) pour produire la même impression lumineuse mini- 
male ». 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBGTROTHéRAPIE 217 

Voici comment on opère : « Le pôle positif est assujetti au milieu du 
front; le pôle négatif, de la forme et de la grosseur d'une olive, est appliqué 
à la partie supéro-ex terne du globe. On fait alors passer le courant, aug- 
mentant sa force jusqu'à ce quon ait obtenu une sensation lumineuse bien 
évidente. » 

Le galvanomètre indique à ce moment l'intensité du courant qui a été 
nécessaire pour produire celle première réaction, mais cette première réac- 
tion n'a aucune valeur, car l'intensité électrique nécessaire pour produire Ce 
phosphène varie avec chaque individu et présente de tels écarts qu'on ne 
peut l'utiliser. 

C'est à la réaction secondaire que s'adresse Darier. Après avoir obtenu 
cette « réaction primaire », il diminue le courant jusqu'à ce que la lueur ne 
soit plus perçue qu'à son minimum d'intensité. 

« Le courant est alors si faible qu'il ne produit aucune sensation sur la 
peau, et la fermeture du courant n'est trahie que par une sensation lumi- 
neuse très légère, que l'on ne perçoit plus déjà à l'ouverture. » 

C'est cette réaction qui a des caractères constants et ne demande pas plus 
d'un dixième de milliampère pour se produire chez des individus sains. 
C'est à elle seule que s'applique la règle énoncée par Darier. 

Dans les amblyopies par intoxication, les amblyopies congénitales, certai- 
nes amblyopies hystériques, nous dit Darier, la réaction électrique est nor- 
male; dans les atrophies du neif optique (sclérose de toute nature), le phos- 
phène n'est produit que par des déviations galvanométriques de 5, 10, 30 ou 
100 dixièmes de milliampère. 

Celle réaction peut servir encore à éclairer le pronostic : Darier a vu chez 
des malades atteints d'aifeclions neuro-rétiniennes la cécité arriver rapide- 
ment quand la réaction électrique est affaiblie. 

DANGERS QUE PRÉSENTE l'eMPLOI DE l'ÉLEGTROTHÉRAPIE 

On a signalé, dit Boucheron, des hémorragies rétiniennes et choroïdien- 
nes après usage de forts courants. . . Sur des sujets âgés porteurs d'artères 
athéromateuses, on fera bien de ne pas dépasser un nombre modéré d'élé- 
ments. 

Onimus cite un accident arrivé à Duchenne avec un appareil galvanique : 
le malade percevait des flammes tellement éblouissantes qu'il lui semblait 
que l'appartement était en feu, et du côté de lapplication la vue disparut 
irrémédiablement, 

« Il faut se garder, ajoute-l-il, d'e;nployer un courant trop intense et de 
faire des interruptions fréquentes, car souvent l'emploi peu méthodique du 
traitement hâte et exagère le iravail inflammatoire et précipite la cécité 
complète » . 



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218 RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÔRAPlB 

Il cite le cas d'un ophtalmologiste distingué qui employant un courant trop 
fort (qui amenait des phosphènes) voyait après chaque séance la vision du 
malade diminuer. 

Nous voyons également dans la thèse de Garnus un malade qui, atteint 
d'atrophie choroïdienne, fut soumis au traitement par les courants. L'ôlec- 
IrisatioQ fut suivie de congestion intense et de ruptures vasculaires qui ne 
firent que compliquer son état. 

Môme avec des courants faibles il se produit, surtout au pôle négatif, des 
eschares qu'il est difficile d'éviter. 

Les courants induits sont encore plus dangereux ; en effet, à moins de 
leur donner une intensité assez considérable, leur action reste limitée el par 
conséquent on ne peut obtenir qu'un effet local. 
, Cependant Onimus reconnaît que, dans les pai-alysies des muscles de l'œil 
et surtout des droits externes, on peut électriscr directement le muscle par 
un courant induit faible; mais, dit-il, avec des courants d'une certaine 
intensité les chances d'amélioration sont loin d'être assez considérables pour 
qu'il soit permis de risquer un pareil traitement. 



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220 RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPIB 



VARIÉTÉS 



Expériences de M. Tesla. 

M. Tesla a exécuté à Londres un grand nombre de ses essais sur les courants 
alternatifs à haute fréquence et à haute tension. A travers le circuit primaire 
d'un transformateur, il fait passer les décharges de condensateurs chargés de leur 
côté alternativement par un deuxième transformateur à courants alternatifs à 
haute tension et à haute fréquence (10.000 alternances à la seconde an circuit 
secondaire duquel les condensateurs sont reliés. Les circuits des trauFformateurs 
sont isolés à la gutta-percha et plongés dans l'huile bouillie (paraffine ou huile 
de lin). H obtient ainsi de très beaux effets lumineux de décharge, surtout si 
rétincelle vient à être placée dans un champ magnétique ou si Ton dirige sur 
elle un courant d'air. Entre deux anneaux servant d'électrodes, par exemple, 
apparaît un large anneau lumineux absolument continu comme une décharge en 
aigrette. Un grand nombre d'essais ont porté sur les tubes dans lesquels règne 
le vide, sans électrodes, ou avec électrodes extérieures, ou encore avec électrodes 
métalliques introduites dans le tube et complètement recouvertes d'un corps non 
conducteur. Une matière nouvelle, le carborandum, qui possède une dureté com- 
parable à celle du diamant, convient tout particulièrement à cet égard. Si l'on 
place un boutuu ainsi isolé au milieu d'un récipient fphérique où règne le vide, 
il se produit entre le bouton et les parois du récipient des décharges en aigrette 
excessivement sensibles aux influences magnétiques et qui, placées dans un champ 
magnétique, s'orientent dans une direction déterminée, d'où l'on peut conclure 
que les décharges en sens opposé ne sont pas d'égale valeur. 

Les phénomènes de décharge dépendent à un haut degré de la forme et de la 
grandeur du récipient où le vide a été pratiqué; dans un récipient donné, il j a, 
avec un petit bouton, dégagement de lumière et de chaleur; avec un bouton plus 
gros, on n'a plus que le dégagement de chaleur. 

Dans le cas de décharge à travers un tube de 1 mètre de long, dans lequel a 
été pratiqué un vide modéré et qui est muni d'électrodes extérieures, on obtient 
un mince filet lumineux qui se comporte à la façon d'un fil élastique tendu par 
une charge ; si l'on approche, en effet, un conducteur (le doigt) du tube, le filet 
est repoussé, et si l'on éloigne rapidement ce conducteur, le filet entre en vibra- 
tion comme une corde sonore; ces vibrations durent jusqu'à huit minutes et 
montrent plusieurs nœuds très nettement accusés. Le nombre des vibrations 
augmente d'ailleurs avec la fréquence ou rinten?ité du courant. 

M. Tesla a montré que les décharges à alternances rapides traversaient encore 
le tube où règne le vide, même si ce vide était poussé très loin, tandis que les 
dernières décharges à alternances lentes ne traversent plus. Par contre, à la pres- 
sion atmosphérique, les décharges à alternances lentes à basse tension traversent 
l'espace comme celles à alternances rapides. Un tube à vide complètement enve- 
loppé d'une gaine métallique transparente s'illumine vivement dès qu'on relie 
cette gaine avec un pôle du transformateur. 

Un fil de platine conduit à travers un tube dans lequel un vide modéré a été 
pratiqué et échauffé régulièrement dans toute sa longueur par un courant continu 
ou un courant à aUernances lentes, devient bien plus incandescent à ses extré- 
mités qu'en son milieu lorsqu'on y fait passer des courants alternatifs de haute 
fréquence. 



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RBVUK INTERNATIONALE D'ÉLEGTROTBéRAPIB 221 

La faible action physiologique des courants à alternances rapides est remar- 
quable. Se plaçant sur un tabouret isolé, M. Tesla prend d'une main l'un des 
pôles du transformateur, tandis que de Tautre main il tient le tube dans lequel 
est pratiqué le vide, et aussitôt celui-ci s'illumine brillamment. 

Une roue à ailes en aluminium, établie à la façon d'un radiomètre et dont les 
disques sont couverts d'un côté avec un isolant, tourne lorsqu'on la relie à l'un 
des pôles du transformateur; le radiomètre, lui, ne tourne que lorsque la raré- 
fection a été poussée très loin ou à la pression atmosphérique, mais ne tourne 
pas aiec un vide modéré. 

M. Tesia met en mouvement des moteurs formés d'un électro-aimant et d'un 
disque tournant en cuivre, en reliant seulement l'un des pôles au transformateur 
tandis que l'autre aboutit & un conducteur isolé; les courants alternatifs à alter- 
nances rapides donnent donc la possibilité de transmettre l'énergie (et d'obtenir 
la lumière) avec un seul fil (1)1 

(Revue Scientifique^ n<> 3, janvier 1893.) 



Recherches microscopiques sur la contractilité des vaissauz 

sanguins, par M. L. Ranvibr 

(Â.cadémie des Sciences, séance du 16 janvier 1893). 

Lorsque Ton veut observer l'effet des excitants sur les vaisseaux sanguins» on 
place sur la platine du microscope, dans des conditions déterminées, un organe 
vivant, vasculaire et transparent, et on le soumet à des excitations mécaniques, 
physiques ou chimiques. C'est ainsi qu'ont procédé Poiseuille et ses nombreux 
imitateurs. J'ai répété ces expériences, et elles m'ont toujours laissé subsister 
des doutes dans l'esprit. 

Les artères sont contractiles à un haut degré. Pas n'est besoin de microscope 
pour le reconnaître ; une expérience n'est même pas nécessaire pour le consta- 
ter : une simple ob«ervation suffît. Cette observation a été faite la première fois 
ptr M. ScbilT; tout le m^nde la connaît aujourd'hui. Je veux parler de la i oiurac- 
tion rythmique des artères auriculaires du lapin. Or, l'oreille est rouge tout 
entière quand les artères sont dilatées; elle est pâle quand jelles sont contrac- 
tée;:. Faut-il en conclure que la contraction et le relâchement alternatifs portent 
sur tous les vaisseaux, artères, capi'Iaires et veines? Non à coup sûr, car il suffit 
que, par suite de la contraction des artères, il n'arrive plus de sang dans les capil- 
laires et les veines pour que ces derniers vaisseaux, en vertu de l'élasticité de 

(1) Dans les expériences de décharges à haute tension' et grande fréquence, on s'est 
étonné de voir des lampes ordinaires mises par plusieurs en série sur le circuit secon- 
daire de la bobine à haute tension et haute fréquence devenir incandescentes, comme 
si elles avaient été alimentées avec le potentiel normal. 11 est cependant évident, d'après 
les conditions de l'expérience, aue le courant qui traverse ces lampes est incomparable- 
ment plus faible que celui qu'elles absorbent dans les conditions ordinaires. Alors pour- 
quoi le filament devient-il incandescent? M. Campbell Swinton, qui répète en ce moment 
ces expériences à Londres, a donné une explication très plausible de cet efl'et. Cette 
explication, que rapporte rÈlectriciefi, n'est peut-être pas entièrement neuve, mais c'est 
la première fois qu^(ïlle est nettement formulée. 

Les courants à haute fréquence, on le sait, ne pénètrent pas à l'intérieur des conduc- 
teurs; en eflet, la résistance eiïective, réelle, du filament n'est pas du tout celle que nous 
mesurons avec les courants ordinaires. Ces lampes, dans ces nouvelles conditions, 
deviennent des lampes à. haut voltage et à résistance énorme, et on comprend qu'elles 
paissent devenir incandescentes sous l'action de quelques dix milliampères ou cent 
milliampères, quand la différence de potentiel aux bornes s'élève à plusieurs centaines 
de mille volts. Cette explication ne pourra ôlre vérifiée que lorsqu on aura un moyen 
quelconque d'estimer les grandeui-s électriques de cet ordre et dans ces conditions. 



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222 RBVUB INTERNATIONA LB D*èLBGTROTHéRAPIB 

leur paroi, se débarrassent du saug qui les remplissait en renvoyant dans les 
grosses veines du cou. 

Des considérations analogues peuvent être présentées aussi bien si Tobserva- 
tion est faite au microscope sur un organe transparent, par exemple la membrane 
inlerdigitale, le mésentère ou la langue de la grenouille, la vessie du rat nou- 
veau-né, etc. Il ne résulte pas de ce que l'on voit diminuer le calibre des capil- 
laires, au moment où les artères se contractent, que leur paroi soit contractile. 
On conçoit, en effet que, par suite de la contraction artérielle, la tension du sang 
étant abaissée dans les capillaires, ceux-ci puissent revenir sur eux-mêmes par 
, le simple jeu de leur élasticité. 

Je pensai, dès lor?, qu'il fallait faire l'expérience dans des conditions diffé- 
rentes de celles où Ton s'était placé jusqu'ici. Il fallait soumettre à l'excitation 
électrique une membrane vasculairc vivante encore, mais entièrement détachée 
de l'animal, afin d'y supprimer la circulation. Il fallait, en un mot, agir sur les 
vaisseaux sanguins comme on agit sur les fibres musculaires lorsque l'on veut 
étudier les modifications qu'elles subissent sous Tinfiuence des secousses d'in- 
duction. Cette expérience sur la contraction des fibres musculaires, je l'avais 
déjà faite, et, par conséquent, j'étais bien préparé à expérimenter sur les vaisseaux 
sanguins. 

C'est dans la membrane rétrolinguale de la grenouille que j'avais trouvé les 
faisceaux musculaires convenables pour l'observation physiologique de la con- 
traction. On aurait pu choisir la môme membrane pour expérimenter sur les 
vaisseaux; mais il m'a semblé que les mouvements qui se produisent nécessai- 
rement dans la préparation, par suite de la contraction des muscles, devaient 
nuire à l'obervation délicate que je me proposais défaire sur les vaisseaux. Celte 
difficulté ne saurait se produire dans la membrane périœsophagienne, dont les 
seuls éléments musculaires sont ceux qui, sous la forme de fibres-cellules, sont 
annexés aux vaisseaux sanguins. Cette dernière membrane a encore l'avantage 
d'être d'une minceur extrême et de posséder un riche réseau vasculaire. En outre, 
il me semblait que l'abondance des nerfs de toute sorte qu'elle contient devait 
être une condition favorable à la production des phénomènes que je recherchai?. 

Voici les détails de l'expérience : la membrane périœsophagienne est placée 
sur le disque de la chambre humide, dans deux ou trois gouttes de sérosilé pér. 
tonéale. Après l'avoir régulièrement étendue, on la maintient en extension au 
moyen d'un anneau de platine; puis on dispose les électrodes de papier d'étain 
et Ton recouvre d'une lamelle de verre, que l'on fixe avec de la paraffine. 

Examinons d'abord une artériole. A l'élat vivant, dans son propre plasma, elle 
montre d'une manière fort nette certains de ses éléinents, entre autres ses fibres 
musculaires lisses et sa lame élastique interne. 

La petite machine d'induction, dont on fait habituellement usage dans les 
recherches d'histophysiologie, est alors mise en communication avec les élec- 
trodes, et, rapprochant l'une de l'autre les bobines de la machine, on cherche le 
courant suffisant pour faire contracter les fibres musculaires. Elles se contracteni 
et leur contraction peut être assez forte pour faire disparaître la lumière du 
vaisseau. Au moment où la contraction se produit, les plis de la lame élastique 
interne deviennent plus prononcés, ils arrivent à se toucher; c'est ainsi que 
s'etTace le calibre de Tartériole. Si l'on coupe le courant, l'artère revient peu à 
peu à son diamètre primitif. 

On peut répéter l'expérience un grand nombre de fois et la montrer successi- 
vement à plusieurs personnes. Aussi, cette expérience peut être faite à un cours. 
J'en ai rendu témoins mes auditeurs du Collège de France. 



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HBVUE INTERNATIONALE I)*BLBCTROTHâBAPlB 223 



Elle fournit des renseignements intéressants sur le mode de contraction des 
fibres musculaires lisses. Ces cellules sont formées d'un faisceau de fibrilles longi- 
tudinales, noyées dans une gangue protoplasmique commune. Sur les bords 
d'une artériole couchée dans le champ du microscope, elles laissent voir la coupe 
optique de leurs fibriles comme autant do petits cercles réfringents, plus réfrin- 
gents que la substance qui les sépare. (Voir mon Traité technique d'Histologie.) 
Ces petits cercles peuvent être distingués dans les cellules musculaires vivantes 
à rétat de repos; mais ils deviennent indisctincts pendant la contraction. Gela 
provient de ce qu'en se raccourcissant, les fibrilles augmentent d'épaisseur et 
s'appliquent plus exactement les unes contre les autres. 

Il me paraît difficile de donner une autre interprétation de ce phénomène; du 
reste, celle que je viens de proposer est simple et fort vraisemblable (1 ). 

Lorsque l'on fait agir un courant faible, quoique suffisant, la tunique muscu- 
laire de l'artériole ne se contracte pas également. Certains de ces segments sont 
à l'état de contraction, tandis que les autres ne sont pas sortis de l'état de repos. 
Pour les faire contracter, il faut faire agir un courant plus fort. 

Lorsque, sous TinQuence d'un courant de moyenne intensité, il se produit sur 
une artériole une zone de contraction, celle-ci ne se déplace pas, et si, après un 
instant de repos, on fait passer le même courant^ la zone de contraction se repro- 
duit au même point. 

On ne peut, à l'aide de l'excitation électrique directe, rien produire dans les 
artères qui puisse être comparé à un mouvement péristaltique. Des mouvements 
de ce genre ont été admis dans l'appareil vasculaire par quelques-uns; mais 
cette opinion ne sojnble reposer sur aucune expérience. 

Ce que j'ai à ajouter maintenant, au sujet de l'action des courants d'induction 
sur les vaisseaux capillaires, ne demandera pas de grands développements. 
Jamais, dans les conditions où je me suis placé, conditions indiquées dans cette 
note, je n'ai vu survenir sous l'influence de ces courants, quelle qu'ait été leur 
intensité, le plus léger mouvement de contraction dans les capillaires. 



NOUVELLES 



Nous lisons dans le Concours médical çlu 7 janvier : 

€ Depuis quelque temps on a adopté, pour le traitement d'un grand nombre 
de maladies, la méthode des injections sous-cutanées. Dans les hôpitaux, dans 
certaines cliniques, dans leurs visites de tous les jours, des confrères de plus en 
plus nombreux sont amenés à faire des injections de gaïacol, de créosote, de 
liquide testiculaire, de substance grise, etc., etc., et à constater sur leurs malades 
les effets favorables dft ce nouveau mode de traitement. Mais c'est surtout dans 
son application à la tuberculose que la méthode nouvelle a révélé sa puissance, 
et tous ceux qui ont été à même d'observer les résultats obtenus par le D^ Pignol, 
à l'Hôtel-Dieu, ont pu constater son efficacité. 

(1) A propos de celte expérience, qui montre dans des conditions nouvelles les fihres niusm- 
laires lisses passant de l'état de^repos à l'état de contraction, je crois devoir revenir onoorc sur 
ce que j'ai déjà dit bien des fois, mais dont cependant les physiologistes et les histologistes ne 
semblent pas tenir aucun compte. 

Les fibres musculaires lisses se contractent tout aussi bien que les fibres striées; il ne faut 
pas chercher dans la striation la raison de la contraction elle-m^me : de la striation dépend 
seulement un des modes de la contraction. Les fibres striées se contractent brus(iucment; les 
libres lisses se contractent lentement. 



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224 RBVUB INTERNATIONALE D*éLBCTROTHéRAPIB 



« Malheureusement, le traitement de cette terrible maladie est long et coûteux, 
et si ceux qui sont en état de supporter les frais en resseutent les effets bienfai- 
sants et salutaires, il y a toute une catégorie de malades pauvres, parmi lesquels 
elle exerce les plus funestes ravages, qui ne peuvent en profiter, eu égard à 
leurs faibles ressources et au peu de temps dont ils peuvent disposer. 

a Dans le but de faire participer les pauvres comme les riches aux bienfaits 
de la nouvelle méthode et de combattre la maladie partout où elle se présente, 
le D'' de Ohateaubourg a fondé, 5, rue de la Banque, VlnstUut médical nyf>oder- 
mique, où ne sont admis que les malades pauvres adressés par les médecins ou 
les sociétés de bienfaisance. Ces malades aoivent se présenter régulièrement à 
rinstitut, et, comme on a leur adresse et qu*un visiteur attaché à rétablissement 
doit se rendre compte de leur situation, on prévient les abus et on évite ainsi 
de soigner gratuitement des malades en état de pouvoir payer leur médecin. 

« L'Institut médical hypodermique, principalement fondé pour donner des 
soins aux tuberculeux pauvres, admet aussi les malades atteints de diabète, 
d'ataxie, de neurasthénie, etc., etc., c^ui se trouvent dans les mêmes conditions 
de pauvreté et pour lesquels les injections de liquide organiques sont indiouées. 

« Les injections qui sont le plus habituellement employées à l'Institut de la rue 
de la Banque pour le traitement de la tuberculose sont celles de gaïacol avec ou 
sans adjonction d'iodoforme et d'eucalyptôl, selon les indications. Les résultats 
obtenus à la suite de plus de trois mille piqûres faites sur quatre-vingts malades 
sont les suivants : 

<c Les forces, Tappétit, le sommeil reviennent rapidement, la toux cesse^ les 
expectoratioils diminuent^ et, ce qui est capital au pomt de vue de la transmission 
de la maladie, les bacilles disparaissent des crachais en inême temj)s que les 
autres microbes. On n*a jamais eu d'abcès à constater à la suite des piqûres. Le 
seul inconvénient sérieux de la méthode était la réaction fébrile surveoant envi- 
ron deux heures après l'injection. Le D*" de Ohateaubourg est parvenu à suppri- 
mer ce phénomène, très pénible chez certains malades, en injectant, en même 
temps que la solution de gaïacol, un gramme d'antipyrine dissous dans deui 
centimètres cubes d'eau distillée stérilisée. L'induration au point où se font les 
injections a toujours été d'un bon pronostic, et tous les malades qui ont présenté 
ce phénomène ont éprouvé une grande amélioration de leur état. Sur plus de 
quatre-vingts malades traités par lui depuis quelques mois, il n'a jamais vu la 
réaction se produire au premier degré ou dans les cas d'anémie et de chlo- 
rose suspecte. 

a L'Institut médical hypodermique possède un laboratoire pour l'analyse bacté- 
riologique des expectorations. 

« En créant l'Institut médical hypodermique, le D^ de Ghateaubourg a donc eu 
pour but : 

« jo De soulager les seuls malades véritablement pauvres en leur donnant des 
soin"^ quotidiens et gratuits; 

a 2® De combattre la tuberculose en traitant par les méthodes nouvelles toute<i 
les anémies suspectes qui ne sont trop souvent que les prodromes de la phtisie 
et que guérissent les injections de gaïacol; 

« 3® D'être utile à ses confrères en leur permettant d'expérimenter chez leurs 
clients pauvres les nouvelles méthodes par injections sous- cutanées. 

« II, sera toujours heureux de recevoir ceux d'entre eux gui désireraient se 
rendre compte par eux-mêmes des résultats obtenus à l'Institut non seulement 
dans le traitement de la tuberculose, mais encore dans celui du diabète, pour 
lequel les injections de liquide organique sont efficaces. » 

Société Française d' Électrothérapie. 

L'Exposition de la Société Française d'Électrolhérapie, qui devait avoir 
lieu le 7 et le 8 avril 1893, par suite de difficultés d'ordre matériel, qui 
n'ont pu être résolues à temps, est remise à l'année suivante. 

Le Propriétaire-Gérant : D' G. GAUTIER. 
Paris. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Caire, 8 et 10. 

Usine k. vapeur et Ateliers, rue ics Filles-Dieu, 8 et xo. 



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3»« Ann*b. Mars 1893. N« 8. 



REVUE INTERNATIONALE 



TRAVAUX 

DB 

L'ASSOCIATION AMÉRICAINE O'ÉLECTROTHÉRAPIE 



Deuxième Session, tenue k New-Tork, les 4, 5 et 6 octobre 1892. 

Présidence de M. W.-J. MORTON. 



2« JOTJH : 5 OCTOBRE. — SéANCB DB L*APRèS-MIDI. 

Suite et fin (l) 

Sur la valeur fœticide attribuée aux^courants galvaniques 
et faradiques dans la grossesse ectopique. 

DISCUSSION 

Les membres qui prennent part à la discussion sont priés de s'attacher 
aux' points suivants : 

1* Comment l'électricité arrive-t-elle à tuer le fœtus ? 

2p Quel est le genre de courant qui, théoriquement, produira les effets 
les plus certains? Possède-t-on quelque expérience personnelle sur ce point? 

3® Peut-on compter sur l'électricité pour obtenir le résultat espéré? 

4« Emploiera-t-on le courant galvanique avec ou sans interruptions? 

5<> Quel est le meilleur mode d'application? 

6« Quels en sont les dangers et comment peut-on les éviter ? 

7<> Qui l'appliquera ? Peut-on s'en rapporter pour cela au praticien ordinaire? 

M. RocacBVBLL (New- York). — Dans les exécutions par l'électricité, il se 
produit quelquefois des ruptures des vaisseaux du cœur, par suite de la 
force effrayante avec laquelle cet organe se contracte dans de semblables cir- 

(1) Voir Revue Internationale d' Électrothérapie, n*^ de décembi-e 1892, janvier et 
février 1893. 



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226 RBVUB INTBRNA.TIOKALB D'ÉLBCTROTHitRÀPIB 

conslances. Pratiquement aussi bien que théoriquement, Fauteur préfère le 
courant constant et s'en est servi dans 23 cas de grossesses extra-utérines. 
Quand on se sert du courant faradique il est souvent nécessaire de répéter 
les applications un très grand nombre de fois, ce qui est très pénible pour la 
malade. L'extrême simplicité de ce mode de traitement en constitue un des 
grands motifs de recommandation et en permet Temploi à tout praticien. 

M. Malcolm Me. Leau (New- York) pense que la mort du fœtus est due à 
Taction du courant sur les villosités du chorion. Il préfère également le cou- 
rant galvanique ; Ton doit en effet chercher ici plus qu'une action mécanique. 
On peut très certainement compter sur l'électricité si on l'emploie au moment 
opportun et de façon convenable. Pour s'en servir, il convient de placer une 
électrode sur l'abdomen, au-dessus de l'œuf, et d'introduire l'autre dans le 
vagin. Cette dernière sera constituée par une sphère de métal recouverte d'une 
peau de chamois et on l'enfoncera jusqu'à ce qu'elle vienne au contact de 
l'utérus. Une seule séance suffît, mais par mesure de précaution il est bon 
d'en faire plusieurs. Ce procédé est absolument dépourvu de dangers, et tout 
médecin capable de faire le diagnostic et de placer convenablement les élec- 
trodes, sait traiter la grossesse extra-utérine par l'électricité. 

M. GoBLET pense que la mort du fœtus résulte en partie de la contraction 
musculaire de l'utérus et de l'interruption de la circulation dans le chorion, 
en partie de lapaialysie du muscle cardia(]ue fœtal. Cette explication parait 
rationnelle eu égard à l'action produite sur le cœur du fœtus par les contrac- 
tions de l'utérus à terme. L'auteur préfère l'emploi du courant galvanique 
avec interruptions, qui lui a deux fois donné des résultats satisfaisants et 
auquel on peut absolument se fier. Pour concentrer convenablement le cou- 
rant sur le fœtus, il est bon de placer un pôle dans le vagin, contre la masse 
fœtale, et l'autre dans le rectum à l'extrémité opposée du môme diamètre. On 
a imputé à ce mode de traitement plus de dangers qu'il n'en présente réelle- 
ment. La rupture du kyste est certainement possible, bien qu'aucun cas ne 
s'en soit présenté dans de nombreuses observations relatées jusqu'ici. Bien 
<jue tout médecin puisse en cas de besoin appliquer ce traitement, il ne con- 
vient pas, en présence de la rareté de ces cas et du manque d'expérience du 
praticien général, de lui en laisser l'application, si ce n'est dans les contrées 
éloignées de tout centre scientifique. 

M. Brothers (New- York). — Les expériences faites il y a longtemps par 
Leuz sur les petits animaux, et celles plus récentes de Martin sur des œufs en 
état d'incubation, démontrent que la mort du fœtus résulte de l'action du 
courant sur les villosités du chorion. Le courant galvanique est probablement 
le plus actif; cependant l'auteur possède un cas traité avec succès par le cou- 
rant faradique, et, dans une série de 43 cas qu'il a réunis récemment, 21 
avaient été traités par la faradisalion, 16 par la galvanisation, 2 par les deux 



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RBVUB INTâRNATlOMALB d'ÀLBGTROTHÉRAPIB 227 

courants ; dans un enfin, cette indication faisait défaut. On peut avoir con- 
fiance dans réleclricité à condition que Tint^sité soit élevée et la malade, si 
possible, aneslhésiée. Le courant faradique doit être appliqué à plusieurs 
reprises ; en théorie c^est le courant galvanique avec interruptions qu'il faut 
préférer. On l'applique au moyen d'une large électrode plane posée sur Ts^b- 
domen et d'une électrode vaginale ordinaire. 

Ce procédé ne présente aucun danger si on l'applique de bonne heure et 
avant la rupture du kyste. Quant à la dernière question, il lui semble suffi- 
sant de répondre qu'il est lui-môme praticien général. 

M. A. F. CuRRiER. — U y a des cas bien nets où l'emploi du courant 
galvanique est indiqué pendant les premières semaines, mais dans ces cir- 
constances même, son efficacité doit rester douteuse, car si le cas évolue d'une 
façon favorable, on ne pourra jamais être sûr qu'il s'agissait bien d'une 
grossesse extra-utérine. 11 lui semble inutilement dangereux de se servir 
d'un agent comme l'électricité dont, tout étant pour le mieux, on ne peut 
jamais aprécier les effets immédiats ni l'action extérieure. 

M. GuNNiNQ décrit quelques expériences qu'il a faites sur des lapins et 
d où il résulte que le courant continu est préférable en ce qu'il produit des 
contractions vermiculaires dans la trompe et tend à la faire traverser par 
l'œuf. Le traitement chirurgical donne bien plus de décès que le traitement 
électrique, et ce dernier, lorsqu'on l'applique dans la première période d'une 
grossesse extra-utérine, constitue un des procédés les plus efficaces et les 
moins dangereux que nous connaissions. 

M. LE Président dit que les expériences de M. Gunning constituent une 
extension de la loi d'électro-physiologie sur la contraction musculaire. Le 
courant continu ne produit pas la contraction d'un muscle par l'intermédiaire 
de son nerf. Il faut le faire agir directement sur le muscle, et si ce dernier 
appartient au système lisse, il s'y produira des contractions vermiculaires. 

M. Cârty expose Taction qu'exercent très probablement les courants 
sur les tissus du corps humain, envisagés au point de vue purement phy- 
sique. 

. M. Brothers. — Dans la pensée de M. Gurrier, l'une des principales 
objections à faire au traitement de la grossesse extra-utérine par Télectriclté, 
serait qu'il subsiste toujours quelque danger après l'application du courant, 
mais l'orateur s'est donné la peine de s'informer auprès des auteurs qui ont 
publié des observations et a recueilli ainsi des renseignements se rapportant 
à 25 cas. Il peut en conclure que dans le plus grand nombre de ces cas, après 
des espaces de temps variant de deux à dix ans, il ne restait plus aucune 
trace de l'accident, et que chez aucune de ces malades il ne fut nécessaire 
d'ouvrir le ventre. 



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228 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHâHAPIB 

Au sujet du dosage du courant, il suffit, d'après M. Goelet, de 50 milli- 
ampères pour le courant constant lorsqu'il englobe bien Tœuf dans son pas- 
sage, et de 20 milliampères lorsqu'on produit des interruptions. Pour le 
courant faradique, il faut aller aussi loin que la femme le peut supporter. 

M. Hâta n*est pas bien certain de l'efficacité de semblables doses; ainsi 
dans un cas où il fit une application intra-utérine de 40 milliampères chez 
une femme qu'on ne savait pas enceinte, la grossesse continua sans aucun 
accident jusqu'au septième mois et l'enfant naquit vivant. 

M. YoN Raitz rapporte également deux ou trois cas analogues et tendant 
à montrer que malgré l'application intra-utérine de courants très intenses» la 
grossesse peut continuer à évoluer pendant un certain temps. 

M. RocKBVBLL clôt la discussion en disant que l'avis général sera, il 
l'espère, que le courant galvanique constitue le meilleur mode d'application. 
Avant Tintroduction des ampèremètres dans la pratique, l'auteur s'est servi 
avec succès du courant galvanique avec interruptions, fourni par une batterie 
de 15 à 20 éléments. 

Le traitement de la salpingite par l'évacuation et le 
drainage obtenus au moyen de l'électricité» 

Par M. AuGUSTLN H. GOELET (New-York). 

L'auteur a récemment présenté à la Société obstétricale de New- York un 
certain nombre, de cas traités par cette méthode. Plusieurs membres cepen- 
dant élevèrent des doutes sur la part qui revenait à Télectricité dans les 
résultats obtenus et objectèrent à Télectrothérapie, d'une façon générale, 
qu'elle était sans nécessité, mystérieuse et compliquée. Ils essayèrent d'ex- 
pliquer les résultats en les attribuant au repos au lit et à la longue durée du 
traitement. En réponse à ces critiques, l'auteur déclare n'avoir pas du tout 
maintenu ses malades au lit, et n'avoir appliqué son traitement qu'après 
l'échec de toutes les autres médications appliquées par les spécialistes, alors 
que déjà on en était arrivé à proposer la laparotomie. 

Si ceux qui croient l'électrolhérapie compliquée voulaient se donner la 
peine de l'étudier et de chercher à la comprendre, le mystère en disparai- 
trait bien vite. 

Le principe fondamental du traitement électrique est d'amener la déplétion 
et le drainage, et peut-être aussi, en excitant les lymphatiques, de favoriser 
la résorption. L'auteur trouve les procédés de traitement habituellement 
mis en usage, trop lents et insuffisants, tandis que la méthode électrique 
donne des résultats rapides et évite souvent à la malade une opération chi- 
rurgicale. 

Ce qui est essentiel pour assurer le succès, c'est l'exactitude du diagnostic 



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RBVUB INTBBNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB 229 

dans rappréciatioQ des indications d'intervention et Tapplication exacte du 
traitement à ces indications. D'après Bland Sutton, Textrémité utérine de la 
trompe est rarement oblitérée dans la salpingite : le drainage est donc pos- 
sible dans cette direction. Le même auteur dit que les tumeurs pelviennes 
résistantes sont d'origine inflammatoire et disparaissent en même temps que 
llnflammation. Les applications intra-utérines constituent un traitement de 
Tendométrite qui généralement occasionne et entretient Taffection tubaire. Le 
courant faradique est employé dans le but de supprimer la douleur, de faire 
disparaître l'engorgement capillaire et la tuméfaction; il favorise l'évacuation 
du contenu tubaire en produisant des mouvements péristaltiques. 

DISCUSSION 

M. YoN Ràhz a traité cinq ou six cas de salpingite par le courant élec- 
trique de haute intensité, après avoir commencé par la dilatation de l'utérus. 

M. GosLBT ne voit point la nécessité de recourir à la dilatation avant 
d'appliquer le traitement électrique, attendu que le pôle négatif produit un 
relâchement suffisant et la dilatation du canal. 



Le pôle négatif du courant galvanique employé pour 
le développement de l'utérus, 

Observations par M. Charles G. CANADAY (Roanoke). 

Dans nôtre pays, le cerveau et le système nerveux se développent ordinai- 
rement aux dépens des autres organes, d'où la fréquence de l'arrêt de déve- 
loppement de l'utérus. Dans une observation que rapporte l'auteur, le 
traitement qu'il expose dans son travail, a réussi en cinq mois de temps à 
amener le développement complet de l'utérus et à faire cesser les attaques 
épileptiques dont souffrait la malade. 

DISCUSSION 

M. Von Raitz rapporte un cas de développement incomplet de l'ulérus 
dans lequel la malade vint demander conseil à cause de son infécondité. En 
plus du traitement dirigé contre une affection des annexes, l'orateur eut 
recours au courant faradique intense. Quatre mois plus tard la femme devint 
enceinte mais avorta au bout de quatre semaines. Le traitement fut repris 
et la femme en est à son troisième mois de grossesse. 

M"«MosHBR (New- York). -^ L'utérus infantile est certainement moins 
rare qu*on ne le pense, ce qui tient au manque de surveillance du dévelop- 
pement physique de l'enfant. Bien qu'admettant l'action de l'électricité dans 
semblables cas, elle n'aime guère le traitement local chez ces malades et 
pense arriver au même but en veillant à ce que le développement physique 
se fasse régulièrement. 



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?30 RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPIB 

M. GoBLET partage celle opinion. Il préfère cependant, en plus des moyens 
ordinaires, avoir recours au Iraiteraent galvanique qui peut être appliqué 
extérieurement, le négatif étant appliqué très bas sur la colonne vertébrale, 
le positif sur la nuque. 

M"™» Hall Brown (Brooklyn) n'aime guère non plus le traitement local, si 
ce n'est dans certains cas exceptionnels. 

M. Ganadat constate que tout le monde est d'accord pour repousser le 
traitement local chez les jeunes filles. Gependant le cas d'épilepsie qu'il a 
rapporté lui a semblé suffisamment grave pour légitimer son intervention. 



M. LE Président annonce la constitution de comités chargés d'étudier : 

\^ Les machines statiques (MM. Eellog, Gleaves et Massey. L'assemblée 
décide que M. Morton leur sera adjoint comme président); 

2^ Les générateurs à courant constant et les appareil de mensuration 
(MM. Herdman, Peterson et Newman) ; 

3° Les électrodes (MM. Rockevell, Nunn et Dickson). 



SEaNCB du SOIR 



!^. 



Élection du Bureau. — Sont nommés : Président, M. A. Goelet (New- 
York) ; l*"" Vice-Président, M. W. F. Ilutchinson (Providence) ; 2» Vice- 
Président, M, W. J. Herdman (Ann Arbor) ; Secrétaire, M"« Marguerite A. 
Gleaves ( New- York) ; Trésorier, M. R. J. Nunn (Savaonah). 

La prochaine session de l'Association se tiendra à Philadelphie les mardi, 
mercredi et jeudi qui suivront le congrès des Pan-Américanistes, les 12, 13 
et 14 septembre 1893. Sur invitation des membres de l'Association résidant à 
New- York, les participants au congrès, leurs dames et leurs invités, assistent 
ensuite à une conférence avec présentation de phonographes et microphono- 
graphes. 

L'orateur, M. Mount Bleger, rappelle les circonstances qui amenèrent la 
découverte du phonographe et expose ensuite le principe de sa construction. 
Il présente le microphonographe et montre en quoi il diffère des phonographes 
ordinaires. L'inventeur, M. le lieutenant G. Betlini, avait remarqué que la 
plaque, au lieu de vibrer en totalité, se décomposait en nombreux anneaux 
vibrants qui pouvaient se trouver en consonnance avec la voix humaine ou 
avec d'autres sons. Pour mieux utiliser ces vibrations, au lieu de fixer le style 
solidement au centre de la plaque, il le fit supporter par un système de rayons 
d'inégale longueur, de telle sorte que lé centre de la plaque se trouvant par 
exemple être silencieux, on constitue un nœud pour un ton déterminé; tel 
anneau de la plaque qui pourrait isolément être en consonnance avec le même 



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f REVUB INTBRNÀTIONALB D'éLBCTROTHéRAPlB 231 

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L 

^ ton, pourrait alors entrer en vibration et agir sur le style au moyen d'un des 

rayons (ou pattes d'araignée) le reste de la plaque restant au repos et n'étant 
pas utilisé. Le son en serait certainement affaibli mais l'instrument pourrait 

, reproduire une plus grande variété de timbres de voix que ne le ferait le 

phonographe ordinaire. Ce principe, que l'auteur établit par l'expérience, fut 

L en même temps démontré théoriquement par M. Wilford Hall et exposé par 

lui dans Le Microcosme de février 1892. 

Il serait difficile de trouver un exemple plus remarquable de résolution, 
par raisonnement philosophique pur, d'un problème mécanique et scientifique 
aussi obscur. M. Hall n'admet pas que des ondulations atmosphériques puis- 
sent émaner d'un corps sonore; celui-ci ne donne lieu qu'à des vibrations 
acoustiques. 

Cette énergie transmise sous forme de vibrations, ne réussit à faire vibrer 
à l'unisson que les autres corps accordés pour le même nombre de vibrations; 
c'est un fait, qu'une membrane tendue est en réalité composée d'une série de 
sections dont les tensions concordent et dont chacune est actionnée par un 
son de synchronisme et de hauteur correspondants. Il résulte de là que les 
vibrations des sections d'un diaphragme phonographique se concentrent de 
toute part vers l'aiguille, suivant que la hauteur et Tintensilé du son se 
modifient, et impriment de légers mouvements de latéralité au tracé qu'elle 

1 marque sur le cylindre, en môme temps qu'elles donnent lieu à des varia- 

i lions appropriées dans la profondeur et les dimensions de ce môme tracé, 

suivant l'expression individuelle produite par chaque personne. C'est là le 
secret des éionnantes propriétés du phonographe. 

M. Blbobr énumère ensuite les différentes applications du phonographe, 
suitout en médecine. Après la conférence, M. le lieutenant Bettini donne 
encore quelques explications et démontre expérimentalement les curieuses 
propriétés de son microphonographe. 



Les invités prennent ensuite part à la collation qui leur est offerte par les 
membres résidents. 



30 JOUR : 6 OCTOBRE. •— SÉANCE DU MATIN 



Quelques mots sur feu le docteur Gilman Kimball, 

Par M. Ephraïm CUTTER (New-York). 

M. Kimball n'était pas seulement un chirurgien de grande réputation, 
spécialement connu par ses efforts pour vulgariser l'ovariotomie. il appliquait 
aux fibromes de Tutérus le traitement électrique, aussi bien que l'interven- 
tion opératoire. 



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232 RBVUB INTERNATIONALE D'BLBGTROTHéRAPIB 

Les récentes conclusions sur le traitement des myomes, 
Par M. G. Betton MASSEY (Philadelphie). 

L^auteur a eu Toccasion d'observer Taction des courants galvaniques et 
faradiques intenses, appliqués au moyen de larges électrodes placées sur la 
peau au-dessus de la tumeur. La malade, âgée de 33 ans, avait depuis plus 
de dit ans, une tumeur très volumineuse, dont la consistance très molle, 
constituait une contre-indication de la méthode d'Apostoli. Au moyen d*élec- 
trodes à grande surface et bien humectées, placée, Tune sur la tumeur, Taulre 
sur le dos, on appliqua d'abord un courant de 150 à 200 milliampères, puis 
un courant faradique très intense, provenant d'une bobine de Dubois-Rey- 
mond. Après chaque séance, la consistance de la tumeur devenait beaucoup 
plus ferme et il y avait une diminution de 1/4 à 1/2 pouce dans la circonfé- 
rence. Après deux mois et demi de traitement, le myome avait diminué de 
2 pouces 1/2. 

L'auteur relate également sept cas dans lesquels la tumetir disparut com- 
plètement sous Taction de l'électricité. Six d'entre eux furent traités par la 
méthode intra-utérine, le septième par la poncture. Pour que le courant 
produise son maximum d'effets, il faut le concentrer dans le voisinage 
immédiat du pédicule vasculaire, et non chercher à lui faire traverser le corps 
de la tumeur. 

DISCUSSION 

M. Ebllog. — Le courant faradique exerce certainement une action très 
puissante sur les tissus utérins, mais l'orateur n'a jamais constaté un arrèi 
durable dans l'accroissement des néophasmes. Pour en arriver là, il faudrait 
pouvoir produire la destruction des vaisseaux sanguins qui irriguent la 
tumeur. C'est à l'électrolyse qu'il faut avoir recours pour cela. 

M. HuTCHiNSON décrit une méthode de traitement des fibromes utérins par 
les courants faibles : six fines aiguilles, introduites au tmvers de la paroi 
abdominale dans la tumeur, donnant chacune passage à 3 à 5 miUiampères. 
Ce procédé est très lent, mais ne présente aucun danger. Chez une malade 
morte des suites d'une pneumonie, alors que le traitement avait été appliqué 
pendant un an, l'autopsie n'a pas permis de constater le moindre vestige de 
péritonite, alors que la tumeur portait les traces de plusieurs centaines de 
piqûres. Le pôle indifférent est appliqué sur le dos, sous forme d'une plaque 
de six à huit pouces carrés. Les aiguilles ne sont pas isolées, bien qu'on les 
introduise au travers de la peau. Potir autant qu'on puisse formuler une 
théorie, l'électricité agirait en stimulant l'absorption. 

M, Dickson a été accusé de produire la suppuration avec des courants ne 
dépassant pas 20 milliampères et appliqués à l'utérus au moyen d'une sonde 
de platine. Il voudrait savoir si d'autres ont quelque expérience sur ce point. 



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ABVUB INTaRNAtîÔNALB D*éLEGTROTHâaAPlfi * 2^3 

M. YoN Raitz a fréquemment donné lieu à de la nécrose, en traitant les 
endrométrites par des courants de 70 à 80 miUiampères. 

M. Kblloo. — Si c'est une surface métallique que Ton met directement au 
contact de la peau, ij suffira déjà de 10 miUiampères pour produire une brû- 
lure. C'est très probablement par nécrose que Ton fait disparaître ces tumeurs, 
ou par une phlébite circonscrite qui supprime la circulation. C'est proba- 
blement ainsi qu'agit la méthode de M. Huichinson, laquelle mérite d'être 
essayée. Si Ton se reporte à l'action anémiante produite par les faibles 
courants que l'on emploie pour l'épilalion, on peut admettre que c'est à 
UQ mécanisme analogue que M. Uutchinson doit les bons effets qu'il a 
obtenus. 

M. Massbt pense que le courant faradique convient mieux pour les 
myomes que pour les fibromes. Il se produit, en effet, une rétraction inslan- 
iauée qui, si elle n'est pas permanente, peut cependant être d'un secours 
efficace pour le traitement des myomes. Il n'est pas nécessaire d'agir sur 
l'irrigation vasculaire de la tumeur ; on atteindrait peut-être le but visé en 
agissant sur la distribution nerveuse, en tête de la tumeur. L'auteur a essayé 
la méthode de M. Hutchinson, en se servant même des forts courants et d'ai- 
guilles isolées. Il en a obtenu de bons résultats, moins bons cependant, qu 
lorsqu'on fait des ponclures près du hile de la tumeur. Dans le cas de 
M. Dickson, la nécrose est peut-être survenue spontanément, comme elle 
se montre dans certains cas qui n'ont jamais été traités par l'électricité. Le 
courant donne généralement lieu à un certain degré de cautérisation qu'il ne 
faut pas confondre avec la nécrose qui se produit dans les tissus avoisinants. 



L'état actuel du traitement des strictures par l'électrolyse, 

Par M. Robert NEWMAN (New- York). 

L'auteur possède actuellement une statistique qui embrasse plus de cinq 
cents cas, et qui confirme absolument les conclusions qu'il a antérieurement 
émises, à savoir que l'électrolyse, appliquée d'une façon scientifique, donne 
d'excellents résultats. Depuis vingt-trois ans qu'il applique ce mode de trai- 
tement, il l'a trouvé applicable à tous les rétrécissements, dans quelque 
partie de l'utérus qu'ils pussent siéger, et lui a vu guérir des rétrécissements 
là où d'autres méthodes avaient échoué. Ce procédé est absolument indolore 
et ne donne lieu ni aux hémorragies ni à la fièvre. Il procure un soulagement 
immédiat et ne force pas le malade à interrompre ses occupations. Quand il 
est convenablement appliqué, il ne se produit jamais de récidive. L'auteur 
emploie le courant constant (3 à 5 miUiampères), le négatif étant appliqué au 
siège du rétrécissement. Les séances ne durent pas plus de trois à cinq mi* 
nutes et on n'introduit dans l'urèthre qu'un s^ul instrument ; pour diminuer 



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234 REVUB INTERNATIONALE D'ÉLECTROTHERAPIE 

les chances d'infection, on ne doit jamais appliquer ce traitement lorsqu'il 
existe de Tinflammation locale. 

DISCUSSION 

M. S. T. Anderton (Bloominglon) croit comprendre que Fauteur ne 
recommande pas cette méthode pour les rétrécissements traumatiques. L'ora- 
teur Ta cependant employé, et avec beaucoup de succès, dans les cas de ce 
genre ; la seule différence est qu'il faut employer un courant plus intense. 
Plusieurs de ces cas n'ont nécessité qu'une seule séance et le résultat a élé 
définitif. L'auteur condamne ce traitement héroïque ; le grand point est ce- 
pendant qu'il réussit. 

M. D. S. Campbell confirme les conclusions de M. Newman; il a en effet 
obtenu d'excellents résultats dans une série de cinquante-six cas traités par 
celte méthode, dont il a eu l'occasion de revoir plusieurs après cinq ou six 
ans, sans qu'ils eussent présenté la moindre apparence de récidive. L'appli- 
cation du traitement donne souvent lieu à l'apparition d'une urélhrile 
catarrhale; il ne faut donc pas employer plus de 5 milliam pères, ni faire plus 
de une à deux séances par semaine. Le procédé a donné de bons résultats 
dans un cas à peu près analogue de rétrécissement œsophagien. 



La séance e^ levée pour permettre aux membres du congrès d'accepter 
l'invitation de M. Edison qui a bien voulu les prier de visiter son laboratoire. 
Les congressistes sont reçus par M. E. Kenelly et ses assistants et visitent 
avec intérêt cette installation aussi complète que merveilleuse. 



SÉANCE DU SOIR 



Les effets physiologiques du courant magnéto-électrique 
à période régulière, dit courant sinusoïdal, 

Par M. KELLOG. 

Il y a neuf ans déjà, l'attention de l'auteur a été appelée sur ce sujet par 
l'observation des effets particuliers produits dans les communications télé- 
phoniques, par les courants qui en actionnent les sonneries et qui sont engen- 
drés par des machines magnéto-électriques. 

Un courant de forte intensité, émanant d'une machine sinusoïdale bien 
construite et convenablement réglée, peut traverser le corps sans donner lieu 
à aucun phénomène chimique ou biologique tel que douleur, contraction, 
etc. Par l'accroissement graduel du nombre des alternances, on peut produire 
des contractions musculaires très intenses, mais bien moins douloureuses 



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REVUB INTERNATIONALE d'ÉLBCTROTHÉRAPIE 23Î> 

que celles qui sont produites par les autres courants. Le courant sinusoïdial 
possède aussi une plus grande puissance de pénétration. Ainsi, si l'on dis- 
pose une électrode sous les pieds et que Ton fasse tenir l'autre dans la main 
du sujet, on peut produire dans les membres les contractions les plus vio- 
lentes, sans que le sujet ressente la moindre sensation de picotement. L'au- 
teur décrit ensuite le mode d'application de ce courant, dans la constipation 
habituelle et le défaut de motilité de l'estomac. Dans le premier cas, on place 
une électrode dans le rectum et l'autre sur l'abdomen, ou mieux encore, sur 
la région cervicale. Ce courant est d'un usage précieux, quand on veut com- 
bîaer l'exercice passif avec la cure de repos, car on peut produire des contrac- 
tions musculaires assez violentes pour faire danser la chaise sur laquelle le 
malade est assis, sans que celui-ci perçoive la moindre sensation autre que 
celle produite par la contraction elle-même, ce qui produit le meilleur effet 
sur le sujet. Lorsque le générateur est réglé à une allure très accélérée, le 
courant possède des propriétés analgésiques très marquées, la dose étant 
convenablement réglée au moyen du rhéostat. Le courant alternant constitue 
un vrai courant sinusoïdal, quoique le nombre des interruptions soit trop 
considérable et le tracé trop petit, que pour pouvoir être étudié convenable- 
ment. Après avoir examiné les effets du courant sur les différents organes 
des sens, l'auteur décrit le procédé qu'il emploie pour obtenir les graphiques 
des courants qu'il veut étudier, et présente plusieurs de ces tracés. Il conclut 
en disant qu'il ne réclame aucune priorité sur d'Arsonval ; cet auteur mérile 
la confiance qu'on lui accorde ; M. Kellog désire seulement rappeler que 
depuis neuf ans déjà il a étudié et appliqué le courant sinusoïdal. 

DISCUSSION 

M. Carty insiste sur la nécessité d avoir recours à la méthode graphique 
pour l'étude de ces courants. 

M. LE Président rappelle les observations qu'il a publiées il y a dix ans 
déjà, sur les courants oscillants dérivés des machines statiques, auxquelles 
il ajoute des condensateurs dont il règle ensuite les oscillations de décharge 
âiu moyen des étincelles qui jaillissent entre les conducteurs. C'est par un 
procédé analogue que M. Nicolas Tesla est arrivé, quelques années plus 
tard, à faire, à l'aide des courants alternants, les remarquables expériences 
qiii ont rendu son nom célèbre ; seulement, au lieu d'une machine de Holtz, 
M. Tesla s'est servi d'une dynamo de construction spéciale et extrêmement 
puissante. A défaut d'une meilleur désignation, l'auteur a donné au courant 
dérivé de la machine de Holt^ par ce procédé nouveau et tout spécial, le 
nom de courant franklinique induit. Il a, à cette époque, signalé les effets 
physiologiques tout particuliers produits par ce courant, et notamment la 
contraction musculaire très étendue, cela sans presque aucune douleur, ainsi 
que ses propriétés anesthésiques et analgésiques. De nombreux essais, pra- 



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236 RBVUB INTBRNATIONALB D*âLBGTROTHéRA.PIB 

tiques tant à sa clinique que dans sa clientèle privée, il peut conclure qu'au- 
cun autre courant à lui connu ne produit des modifications aussi nettes dans 
Télat général et la nutrition du malade. C'est dans ce but, de modifier la 
nutrition générale du malade, qu'ont été faites en France les importantes 
recherches de d'Arsonval, Gautier et Lai^at. D'Arsonval a construit un nou- 
vel appareil et fait d'importantes recherches de laboratoire, tandis que Gautier 
et Larat ont introduit le courant sinusoïdial dans la pratique médicale. On 
admet parfaitement les remarquables effets attribués à ce courant, et son in- 
troduction dans la thérapeutique constitue un notable progrès. Actuellement, 
l'efficacité des courants que nous employons est très limitée, à cause de la 
douleur qu'ils produisent. Le nouvel appareil exclut les inconvénients repro- 
chés à l'appareil d'induction voltaïque, et fournit à la thérapeutique un mode 
de traitement de haute valeur. 



L' électrothérapie dans le traitement systématique 
des tumeurs de mauvaise nature. 

Par M. John A. CUTTER (New- York). 

L'auteur rapporte les observations de plusieurs cas de tumeur du sein, 
de mauvaise nature, et de fibromes de l'abdomen, guéris par la diète carnée; 
il rappelle la définition de tissus wnder mob-law (1), donnée du cancer par 
Ephraïm Cutter, et en résume le traitement de la façon suivante : 1* Diète 
carnée; 2» éviter toute peite de force nerveuse; 3® maintenir la densité de 
l'urine entre 1015 et 1020. Il conclut en disant que si l'on n'admet pas que 
l'électricité et le traitement tonique guérissent certains cancers, il faut 
croire aussi que les chirurgiens les plus émincnts ne savent pas ce que c'est 
que le cancer. 

Les ulcérations du col de l'utérus et leur traitement, 

Par M. F. von Raitz (New- York). 

Ce travail est basé sur une statistique de soixante-quinze cas, classés sui- 
vant les dimensions de l'ulcération, qui sont en relation avec la gravité des 
symptômes. En règle générale, il ne faut pas traiter l'ulcération elle-même; 
l'intervention doit être dirigée contre la cause primitive de l'ulcération. Le 
procédé habituel consiste en l'application d'une large électrode négative sur 
l'abdomen, la positive étant introduite dans le vagin; on protège le col au 
moyen de ouate hydrophile ; on emploie un courant de 100 milliampères 
pendant cinq minutes, puis, pendant cinq minutes encore, le courant faradi- 
que, après quoi on applique un topique astringent. 

(1) Expression intraduisible en français; littéralement : tissu soumis à la loi de l'at- 
troupement. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPlE 237 



Lorsqu'il y ahyperplasie abondante, il faut avoir recours d'abord au pôle 
négatif, qui produit des effets fondants, avec des couranls faibles et de longue 
durée. Lorsqu'il peut recourir à la trachélorraphie, le traitement électrique 
préparatoire donne d'excellents résultats. 

DISCUSSION 

M. GoELBX pense que l'opération d*Emmet est plus facile et donne des 
résultats plus certains. Il appuie sur ce fait, que l'électricité est utile surtout 
contre l'état général qui résulte des ulcérations et qu'elle peut indubitable- 
ment améliorer. 

M. GuNNiNG demande quelle est, dans le résultat obtenu, la part qui revient 
à l'électricité et ce qui est dû au reste du traitement. 

M. Von Raitz répond que la guérison demande bien plus de temps lors- 
qu'on n'a pas recours à l'électricité. 



Le courant constant dans le glaucome et la cataracte, 

Par M. S. T. ANDERSON (Bloomington). 

M. Anderson rapporte trois cas traités au moyen d'un appareil spécial qui 
est fixé sur l'œil. Les malades ont été examinés par un oculiste compétent, 
avant, pendant et après le traitement. L'auteur n'avait eu aucune foi dans ce 
procédé avant de l'avoir appliqué lui-même. 

DISCUSSION 

Portant sur la construction et l'action de la batterie spéciale de M. Ander- 
son. M. Carty et deux autres électriciens experts, priés d'examiner l'appareil, 
déclarent qu'il est, de par sa construction, coevet-circuité sur lui-même, et 
que le courant qu'il engendre ne peut traverser les tissus sur lesquels on le 
place. 

M. NuuN pense que l'on peut exclure la suggestion à cause des mensura- 
tions relevées par l'auteur, mais il est possible que la compression exercée 
sur l'organe ait produit les résultats en question. 

M. Anderson n'a aucune explication à offrir pour ce fait; il se porte 
cependant garant de la bonne foi de ceux qui, avec lui, ont examiné les ma- 
lades. 

Le nouveau président, M. A.-H. Goelet (New- York), est ensuite présenté 

à l'Association. M. Nunn, au nom des membres, remercie le président 

sortant, M. Morton, des services qu'il a rendus à la Société, après quoi le 

Congrès s'ajourne. 

(Traduit de l'anglais par le D' René Verhoogen.) 



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238 RBVUE INTERNATIONALE D'éLEGTROTUéllAPIB 

DE L'ÉLECTRO-DIAGNOSTIC "> 

Leçon faite par M. le professeur SPEHL, à l'hûpital Saint-Pierre de Bruxelles. 



Avant d'entreprendre avec vous Tétude des affections du système nerveux, 
je crois indispensable de vous exposer avec quelques détails, les principaux 
modes d'exploration applicables dans l'examen do ces maladies. Et tout 
d'abord, qu'il me soit permis de vous entretenir aujourd'hui de l'un des 
modes les plus uliles et peut-être aussi les plus ignorés, je veux parler de 
V exploration électrique. 

Je dis l'un des modes les plus importants et, en effet, ce qui rend Tétude 
des maladies nerveuses particulièrement difQcile, ce n'est pas seulement le 
grand nombre et la complication infinie des symptômes, c'est encore ce fait 
que la plupart des signes que le médecin est appelé à recueillir sont purement 
subjectifs et qu'il en est relativement peu qu'il soit capable de vérifier, de 
contrôler d'une manière précise et indiscutable^ 

Il en est autrement dans beaucoup d'autres affections parmi lesquelles je 
citerai les maladies des voies respiratoires, de l'appareil circulatoire, de l'ap- 
pareil urinaire, etc. Dans tous ces cas, les signes objectifs sont les plus nom- 
breux et bien souvent môme ce sont les seuls qu'il soit utile de noter. 
L'électro-diagnostic est précisément l'un des procédés qui permettent de 
recueillir des symptômes indépendants de la volonté du malade et capables 
de fournir au médecin la conviction si nécessaire et cependant si difficile à 
acquérir dans un grand nombre de cas. Car n'oubliez pas, messieurs, que si 
les malades en général n'ont pas l'habitude de fournir volontairement au 
médecin des renseignements inexacts, il en est souvent tout auti^ement dans 
les affections nerveuses : chez certains d'entre eux les facultés mentales sont 
perverties de telle façon qu'ils ont la préoccupation constante d'induire en 
erreur tout leur entourage, y compris le médecin; d'autres malades affirment 
des inexactitudes semblables, mais d'une manière tout à fait inconsciente tl 
involontaire; dans d'autres cas enfin le médecin est appelé à remplir les 
fonctions d'expert, et il arrive que les sujets en observation peuvent avoir 
intérêt à simuler des troubles nerveux qui n'existent pas en réalité. 

Dans toutes ces circonstances ce sont les signes objectifs qui sont, sinon 
les seuls, tout au moins les plus importants, et parmi eux se trouvent les 
renseignements fournis par l'exploration électrique. 

Quelle est donc la méthode à suivre dans cette exploration ? Avant d'entrer 
dans les détails de la technique, je désire appeler toute votre attention sur 
un point capital : c'est la précision que l'on exige actuellement dans l'em- 

(l) Extrait de la Clinique, or^^ane officiel des hôpitaux de Bruxelles, n** de février 1893. 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHÉRAPIB 



239 



ploi do tous les procédés d'investigation, tant physiques . que chimiques. 
Naguère encore on classait les courants en faibles, moyens et forts; c'est à 
peine si Ton se préoccupait du sens du courant, etc. Aujourd'hui, messieurs, 
l'application de l'électricité tant au diagnostic qu'à la thérapeutique, a fait de 
grands progrès et l'on tient soigneusement compte de tous les facteurs que 
je viens d'énumérer; non seulement, on veut connaître toutes les conditions 
dans lesquelles se fait une expérience, mais encore il faut la décrire d'une 
manière tellement précise, dans tousses détails, qu'il soit toujours possible 
à un autre expérimentateur de la répéter dans des conditions absolument 
iientiques et de telle façon que les résultats observés soient scientifiquement 
comparables entre eux. C'est l'absence de précision qui explique les diver- 
gences si fréquentes dans les observations médicales. 

Gela étant posé, quels sont donc les facteurs que l'on étudie au moyen de 
l'exploration électrique? 

Ce sont la contractilité électrique^ la sensibilité électnqxjie et enfin la ré- 
sistance du corps humain au passage du courant. 

A. — Contractilité électrique. 

On peut l'étudier au moyen du courant galvanique ou du courant 
faradique. 

I. — Emploi du courant galvanique. 

Dans l'application de ce courant il faut indiquer : 

1** Le sens du courant; 

2** Son intensité; 

3** La dimension exacte des électrodes employées ; 

4** Les points d'application de ces dernières ; 

5** La durée du passage du courant. 

Passons rapidement en revue les motifs pour lesquels il faut donner tous 
CCS renseignements. 

1® Sens du courant, — Il y a deux variétés de courants : 

a) Le courant descendant qui se dirige du centre à la périphérie, ou si l'oa 
préfère, qui suit l'influx nerveux dans les nerfs moteurs ; 

b) Le courant ascendant qui se dirige de la périphérie vers le centre. 

Le courant de pile se portant, en dehors de celle-ci, du pôle positif au pôle 
négatif, il faut, pour que le courant soit descendant, que l'électrode positive 
soit appliquée en un point plus rapproché des centres nerveux que l'électrode 
négative. C'est l'inverse pour le courant ascendant. 

Vous me demanderez peut-être l'utilité de cette différenciation? 

Cette utilité, messieurs, la voici : 

La physiologie expérimentale démontre que le pôle négatif et le pôle posi- 



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240 REVUE INTERNATIONALE D'éLBCTROTHéRAPIE 

lif ont des propriétés absolument différentes, et qu'en conséquence les résul- 
tats obtenus seront tout différents aussi, selon qtie le courant sera ascendant 
ou descendant. 

Résumons ces différences en quelques mots : 

Au pôle NÉGATIF, il y a augmentation de Tcxcitabilité et de la conductibi- 
lité électriques ; et c'est à ce niveau que se produit l'excitation de fer- 
meture ; 

Au pôle POSITIF, il y a diminution de Texcitabilité et de la conductibilité 
électriques, et c'est à ce niveau que se produit Texcitation d'ouverture. 

En conséquence, pour un même courant, appliqué aux mêmes points et au 
moyen des mômes électrodes, le maximum d'excitation aura lieu au pôle 
négatif, au moment de la fermeture, — Ce sera donc ce pôle qu'il faudra 
appliquer sur la région à explorer, et le maximum d'effets sera obtenu par 
le courant descendant. 

D'autre part il se passe, au niveau des deux pôles, des phénomènes élec- 
trolytiques diamétralement opposés : le pôle positif attire les acides^ le pôle 
négatif attire les bases ; on peut le démontrer directement au moyen du pa- 
pier tournesol mouillé, placé sous les deux électrodes, le rouge du côté 
négatif, le bleu du côté positif. Si l'on tient compte de ce fait que les tissus 
neuro-musculaires deviennent acides par la fatigue, alors qu'ils sont alca- 
lins à l'état de repos, on comprend que le pôle positif accélère la fatigue des 
muscles, tandis que le pôle négatif a une intensité à combattre cette fatigue 
en neutralisant les acides qui s'y développent. — C'est une raison de plus 
pour que le pôle négatif soit non seulement plus excitable, mais plus long- 
temps excitable, que le pôle positif. 

2^ Intensité du courant. — Vous savez que l'intensité d'un courant est 
proportionnelle à la force électro-motrice et inversement proportionnelle à la 
résistance, ce qui se représente par la formule : 

E 
~R 

Il n'y a donc pas lieu de tenir compte du nombre d'éléments employés 
dans la production d'un courant; la résistance du corps pouvant varier dans 
des limites très étendues (de 800 à 20,000 ohms) et pour des causes très 
diverses, l'intensité varie de la même manière, et il n'est possible de l'ap- 
précier qu'en intercalant dans le circuit un instrument de mesure : le galva- 
nomètre. 

Pflûger a démontré que les effets obtenus, au point de vue de la contrac- 
tilité musculaire, diffèrent selon l'intensité du courant employé. 

Si Ton fait passer à travers un muscle un courant faible, la première con- 
traclion se produira au pôle négatif et à la fermeture. Au galvanomètre celle 



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REVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB 241 

intengité s'inscrira, à Fétat normal, par 1 ii 3 milliampères. Ce courant ne 
donne aucune autre contraction , ni à Touverture au p61e négatif, ni à la 
fermeture ou à l'ouverture au pôle positif. 

Lorsque l'intensité du courant atteint de 8 à 10 milliampères, ce que 
Pflliger désigne sous la dénomination de courant moyen, il y a encore une 
secousse de fermeture au pôle négatif, mais on obtient aussi une secousse 
de fermeture au p61e positif, et une secousse d'ouverture un peu moins 
forte, également au pôle positif. Enfin en poussant le courant au delà de 
iO milliampères (courant fort de Pfluger) on obtient, outre les contractions 
indiquées ci-dessus, une secousse d'ouverture au pôle négatif. 

On a l'habitude d'inscrire ces diverses réactions électriques en formules 

dont voici la clef : 

Fermeture = F ou / 

Ouverture = ou o 

Négatif = Ka (cathode) ou N 

Positif == Au (anode) ou P 

Contracture = C ou S (secousse). 

Dès lors on peut résumer les lois de Pflûger dans le tableau suivant qui in- 
dique ce qui se produit pour chaque intensité de courant : 

lo Courant faible (1 à 3 milliampères) : KaFS ou N/XÎ 

2^ Courant moyen (de 8 à 10 milliampères) : KaFS ou N/C 

AnFS ou VfC 

AnOS ou PoC 

3» Courant fort (au delà de 10 milliampères) : KaFS ou N/C 

AnFS ou VfC 
AnOS ou PoG 
KaOS ou NoC 

On peut représenter encore ces diverses réactions par la formule plus 

simple : 

KaFS > AnFS > AnOS > KaOS 

ou en employant l'autre notation : 

N/C > P/*G > PoG > NoC. 

Dans une prochaine clinique je terminerai complètement ce qui me reste à 

vous dire de l'électro-diaghostic. 

♦ 
• « 

Je vous disais dernièrement que l'intensité d'un courant est représentée 
par le rapport de la force électromotrice à la résistance. Tous les tissus de 
l'organisme n'ofifrent pas une égale résistance au passage des courants élec- 
triques. On a établi en physiologie que, la résistance des muscles étant 
représentée par 1, celle des nerfs l'était par 2,5 et celle de la peau revêtue 



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242 RBVUE INTERNATIONALE D'éLBCTROTHBaAPIE 

d6 son épiderme par 100 à 500. Ce sont là les données les plus utiles en 
clinique. Pour les ûxer on intercale dans un circuit un fragment identique 
soit de muscle, de nerf ou de peau et on note la déviation obtenue au gal- 
vanomètre. Puis on remplace le fragment de tissu par un rhéostat ou boite 
de résistance que Ton dispose de telle façon que la déviation au galvano- 
mètre soil égale à celle du tissu en expérience : le chiffre indiqué parles 
bobines représente exactement la résistance cherchée. 

Il est inutile de vous dire que ces études sont du domaine du laboratoire 
et qu'elles exigent des opérations très longues et très délicates. Dans la 
pratique couranle, des facteurs étrangers aux tissus interviennent encore ei 
les résistances varient dans de fortes proportions, suivant que le contact des 
électrodes est plus ou moins parfait, suivant la composition du liquide 
d'imprégnation et enfin suivant que les tissus sont plus ou moias imbibés. 
En tenant compte des différents éléments que je viens de vous énumérer, 
on peut affirmer par exemple, que la résistance de la peau, par Tintermé- 
diaire de laquelle on opère toujours en clinique, varie de 800 à 2,500 ohms. 

On démontre en physique que, dans un circuit multiple, un courant se 
distribue proportionnellement à la conductibilité des différentes parties de 
ce circuit. Il résulte de cette loi que le courant électrique ne fait que tra- 
verser la peau aux points de contact des électrodes, et qu'il se propage sur- 
tout dafis les muscles et dans les vaisseaux, et beaucoup moins dans les nerfs. 

3® Dimensions des électrodes. — Quand deux électrodes n'ont pas la 
même surface, la densité du courant sous chacune d'elles est inversement 
proportionnelle à sa surface. L'effet mécanique est donc d'autant plus grand, 
ix)ur une intensité donnée, que l'électrode excitatrice sera plus petite, relati- 
vement à l'électrode indifférente. D'autre part, la résistance au passage d'un 
courant donné est d'autant moindre que l'électrode est plus large. 

Ces deux conditions expliquent pourquoi il est indispensable d'indiquer 
exactement la surface des électrodes employése. 

4<» Points d'application des électrodes. — Il faut les spécifier avec soin, 
car l'excitation des nerfs au niveau des points moteurs (voir les planches de 
Erb) donne un résultat plus intense que l'excitation directe des muscles; et 
de plus, la résistance des tissus vaiie selon les régions du corps que le 
courant traverse. 

Dans les recherches d'électro-diagnoslic on place généralement une élec- 
trode à large surface sur le sternum ou le sacrum, c'est le pôle neutre ou 
indifférent : l'autre électrode à surface beaucoup plus petite, est placée sur 
la région qu'on explore (point moteur ou muscle), c'est le pôle différent ou 
excitateur, 

5<» Durée du passage du courant. — On constate expérimentalement que 
la résistance des tissus diminue lorsque le courant les a traversés pendant 



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REVUB INTERNATIONALE D'ÉLEGTROTHéRAPIB 243 

quelque temps : en effet, pour une même force électromotrice, Tinlensité 
inscrite au galvanomètre augmente notablement au bout d'une à deux 
minutes. 

Je vais maintenant vous démontrer sur cet homme qui ne présente aucune 
lésion musculaire ou nerveuse, les différents points que je vous ai signa- 
lés; mais au préalable je veux vous indiquer les appareils nécessaires à 
l'exploration électrique. 

Il faut disposer : l^ d'une pile de 30 éléments environ : j'emploie ici des 
éléments Leclanché à grande surface qui conviennent parfaitement aux 
besoins de mon service ; 2<> d'un collecteur, qui permet d'introduire dans le 
circuit le nombre d'éléments nécessaires et ainsi de régler à volonté l'inten- 
sité du courant; 3^ d'un milliampèremèlre indiquant constamment la 
valeur du courant employé ; 4® d'un commutateur au moyen duquel on 
fait agir successivement le pôle négatif et le pôle positif sans enlever les 
électrodes ; 5<» d'un interrupteur qui permet d'observer séparément les effets 
obtenus à la fermeture et à la rupture du courant ; 6® enfin de plusieurs 
électrodes à surfaces différentes (une électrode de 15 et. sur 7 et. environ, 
une autfe un peu plus petite et deux électrodes de 4 et. de côté). 

Procédons maintenant à l'examen électrique de ce sujet : 

Je fixe l'électrode à grande surface (électrode neutre) préalablement imbibée 
d'eau salée à 20 ^/o sur la région sternale ; l'autre électrode à petite surface 
(électrode excitatrice) également imbibée, sur la région à explorer (points 
moteurs de l'avant-bras, par exemple). 

Je dispose le courant de telle manière qu'à l'électrode neutre corresponde 
le pôle positif, à l'électrode excitatrice le pôle négatif. Je ferme l'interrup- 
teur et je pousse la manette du collecteur : vous voyez l'aiguille du galvano- 
mètre avancer sur le cadran. Je fais passer pendant 1 à 2 minutes un cou- 
rant de 10 milliampères afin de rendre la peau plus conductrice, puis je 
ramène l'aiguille du galvanomètre au zéro en ramenant la manette du collec- 
teur sur la borne de repos. Maintenant je pousse de nouveau cette manette 
de façon à obtenir* un courant de l milliampère ; j'ouvre, je ferme au moyen 
de l'interrupteur : pas de contraction. J'augmente l'intensité du courant et 
je répèle la même manœuvre jusqu'à ce que j'obtienne une première con- 
traction : vous voyez qu'elle se produit chez cet homme à 3 milliampères, 
et au moment de la fermeture du courant par le pôle négatif (N/C) ; c'est la 
première contraction qu'il faille obtenir à l'état normal comme je vous l'ai 
dit précédemment. Cela étant fait, je renverse le courant au moyen du com- 
mutateur et vous constatez qu'il ne se produit de contraction, ni à la ferme- 
ture, ni à l'ouverture au pôle positif, ce qui est encore normal. 

(M. Spebl montre successivement toutes les contractions conformément 
à la loi de Pflùger énoncée dans la précédente leçon.) 



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244 RBYUB INTBRNÀTIONÀLB D'éLBGTBOTHéRÀPIB 

Dans ces recherches on ne dépasse jamais Tintensilé de 25 à 30 milliam- 
pères : si alors il ne se produit pas de contraction, on dit que ïexcilabUilé 
électrique est abolie. 

IL — Emploi du courant faradique 

On se sert généralement de ce courant d'une manière tout à fait empi- 
rique; ainsi Ton ne tient pas compte de Faction différentes des pôles, ni du 
nombre des interruptions, ni du sens du courant, ni même de Tépaisseur 
des fils. En ce qui concerne Tinlensité du courant induit, on la détermioe 
habituellement d'une manière absolument insuffisante en indiquant en mil- 
limètres la distance qui sépare la bobine induite de la bobine inductrice, 
sans se préoccuper d'ailleurs de la force électromotrice du courant induc- 
teur. 

Voici comment on opère le plus souvent : 

On recherche sur soi-même ou sur le malade s'il a des groupes muscu- 
laires intacts, à quelle distance les deux bobines doivent être placées pour 
obtenir la contraction minima ; en faisant le même examen sur les muscles 
supposés anormaux, on constate si la contractilité électrique de ceux-ci est 
augmentée ou diminuée. 

A mon avis pour que cette exploration soit réellement scientifique, il 
faut : 

l^ Placer sur le trajet du courant venant de la pile un interrupteur per- 
mettant non seulement d'étudier isolément l'induit de fermeture et l'induit 
de rupture (qui n'ont pas les mêmes qualités physiques) mais encore de 
modifier à volonté le nombre des interruptions en un temps donné ; 

2® Indiquer, comme pour le courant galvanique, le sens du courant, la 
direction des électrodes et leur point d'application ; 

3® Déterminer l'épaisseur et le nombre de tours du fil induit; 

4® Comparer les .actions de la bobine induite à celles de l'exlra-courant 
(de rupture) ; 

5» Enfin, en ce qui concerne Tintensilé, il est regrettable qu'il n'existe 
pas d'appareil de mesure facilement applicable aux recherches cliniques; il 
faut donc encore procéder à cet égard par comparaison comme je vous l'ai 
expliqué tantôt. 

Quelles sont maintenant, messieurs, les modifications pathologiques que 
l'on peut observer dans la contractilité électrique? 

Elles sont de deux ordres : quantitatives et qualitatives. 

Etudions d'abord les modifications quantitatives : 

a) La contractilité faradique ou galvanique est normale chaque fois que 
l'arc réflexe (nerf sensitif, moelle, nerf moteur, muscle) est intact. 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHÔRAPIS 248 

b) La coDtraclilité est augmentée quand il existe une irritabilité exagérée 
des cellules nerveuses faisant partie de Tare réflexe ; on la constate dans 
Thémorragie cérébrale au début, Tataxie au début, la paralysie agitante, le 
tabès dorsal spasmodique, la chorée, les paralysies hystériques. 

c) La contractilité est diminuée chaque fois qu'il existe de l'atrophie 
musculaire sans lésion des nerfs moteurs périphériques et, par conséquent, 
sans lésion des cornes grises antérieures. On la rencontre dans Yamyotro- 
phie primitive progressive, dans Tatrophie consécutive à des lésions arti- 
cutaires et osseuses et dans quelques formes d*atrophie médullaire et céré- 
brale, sans altérations des centres trophiques. 

Voyons, maintenant, en quoi consistent les modifications qualitatives ou 
ce qui revient au même, qu'entend-on par action de dégénérescence? 
La réaction de dégénérescence se caractérise par : 

1° La diminution ou Tabolilion de Texcitabilité électrique, faradique ou 
galvanique, du nerf. 

2^ La diminuation ou Tabolition de l'excitabilité faradique du muscle. 

3® La modification de la formule normale N/^C > P/tl qui devient dans la 
réaction de régénérescence P/C = N/XÎ ou P/X3>N/ï:. 

On rencontre la réaction de dégénérescence complète ou partielle dans : 

a) Les névrites périphériques (par lésion mécanique, infection, intoxica- 
tion, refroidissement, etc.). 

b) Les affections intéressant les cornes antérieures de la moelle (atrophie 
musculaire progressive, sclérose latérale amyolrophique , syringomyélie , 
paralysie spinale infantile, paralysie spinale aiguë de l'adulte, paralysie 
spinale antérieure sub-aiguô ou chronique, paralysie générale spinale 
sub-aiguS ou chronique, paralysie générale spinale sub-aiguë diffuse de 
Duchenne et dans toutes les myélites diffuses intéressant les cornes grises 
antérieures. Il arrive souvent dans ces lésions qu'un certain nombre de 
fibres musculaires sont encore intactes ; la réaction de dégénérescence n*est 
alors que partielle ou même elle fait complètement défaut. Cette réaction 
ne se rencontre donc jamais dans les affections musculaires primitives, ni 
dans les paralysies d'origine cérébrale, ni dans les lésions des cordons 
blancs de la moelle, ni dans l'hystérie. 

B. — Sensibilité électrique. 

Cette recherche ne me parait pas très utile en clinique; les autres procé- 
dés d'exploration permettant de déterminer la valeur des diverses sensibi- 
lités me semblent suffisants : je n'insisterai donc pas pour le moment sur 
cette méthode d'examen. 



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246 REVUE INTERNATIONALE D'ÔLBCTROTHÉRAriB ' 

G. — Résistance du corps humain. 

Quelques auteurs, et particulièrement Vigoureux, ont constaté dans ces 
derniers temps que la résistance du corps humain au passage des couranls 
électriques se modifiait très notablement dans certaines affections. 

Pour évaluer celte résistance, Vigoureux place une électrode sur le ster- 
num, lautre à la face postérieure du cou; il fait passer pendant une minute 
un courant de 13 volts et note le nombre de milliampères inscrits au galva- 
nomètre . en divisant le nombre de volts, par ce dernier cliifîi c, on obtient 
la résistance en ohms, en vertu de *la formule 

E 

R= . 

I 

La résistance normale, ainsi mesurée, étant de 3,000 ohms, il a constaté 
qu'elle était de 400 à 1,500 ohms dans la maladie de Basedow, de 15,001) 
ohms dans Thystérie et de 50,000 à 100,000 ohms dans la mélancolie. De 
plus, il a démontré que cette résistance se rapprochait de plus de la nor- 
male à mesure que Tamélioration se produisait. 

Ces résultats, s'ils sont confirmés, sont d'une grande importance clinique; 
il y a donc lieu de reprendre les expériences signalées par Vigoureux, d'au- 
tant plus que la méthode suivie par cet auteur n'est peut-être pas tout à fait 
exempte de reproches en pratique, et qu'elle est susceptible de variations 
assez notables dans les résultats, indépendamment du sujet en expérience. 

Je termine ici ces données générales sur l'éleclro-diagnoslic ; j'aurai fré- 
quemment l'occasion de les appliquer devant vous dans la suite de ces 
leçons. 



Le traitement électrique de la Seurastliéiiie 



(1) 



Conférence faite à l'hospice de la Salpôtrière, par M. le D' VIGOUROUX, résumée 
par M. le D' A.-F. PLICQUE, ancien interne des h6pitaux. 



La neurasthénie est une maladie trop complexe et trop variable pour qu'au- 
cune médication puisse jamais prétendre à posséder une action utile dan^t tous 
les cas et en quelque sorte spécifique. On ne saurait parler d'un iraiiement 
uniforme, comme s'il s'agissait de fièvre paludéenne ou de syphilis, dans une 
maladie où se rencontrent les conditions pathogéniques les plus opposée?, priva- 
tions et excès de table, surmenage intellectuel et oisiveté ; qui peut même sur- 
venir, sans cause occasionnelle, comme une simp'e conséquence de révolution 
de l'individu; qui peut s'associer aux maladies générales les plus diverses, ané- 
mie, lymphatisme, goutte, saturnisme, artério-sclérose ; qui peut enfin prendre 

(1) Voir Gazette des Hôpitaux, 15 septembre 1891. 



1 



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REVUE INTERNATIONALE d'ÉLECTROTHERAPIE 247 

tous les degrés de gravité. Bien souvent, d'ailleurs, dans les neurasthénies 
légères, il suffit de prescrire quelques moyens purement hygiéniques : douches, 
repos, changement d*alimentation, grand air ; il suffit souvent aussi de supprimer 
les médicaments de toutes sortes, que les malades ont une tendance si singulière 
à prendre pour obtenir une amélioration. Ces cas simples, qui guérissent par 
rhygiène et Tabstention de tout moyen pharmaceutique, ne nécessitent aucun 
traitement bien actif. C'est surtout contre les cas plus tenaces, plus rebelles, 
s*accompagnant, à côté des désordres nerveux, de troubles profonds de la nutri- 
tion, comme en témoigne souvent Tanalyse de Turine, qu'il est nécessaire d'agir. 

En pareil cas, Télectricité constitue, je crois, un des moyens les plus 
efficaces — et surtout les plus inoffensifs — que vous ayez à votre disposition. 

L'électricité dans la neurasthénie peut être employée sous deux formes prin- 
cipales : 1® l'électricité statique, la plus efficace, mais qui, malheureusement, par 
suite de l'instrumentation complexe qu'elle exige, n'est pas toujours possible é 
2<> la faradisation généralisée, le seul des moyens électrothérapiques qui, à côt; 
de rélectricité statique, ait donné quelques succès. La faradisation localisée, les 
courants continus peuvent avoir une utilité contre tel ou tel symptôme isolé : 
Êiiblesse des parois abdominales, céphalée, congestion cérébrale, mais ils n'ont 
pas cet effet d'ensemble sur Tinuervation et la nutrition que possède la faradi- 
sation généralisée^ et, à un degré plus marqué encore^ Télectricité statique. 

Le traitement par rélectricité statique a pour moyen principal le bain électri- 
que. Vous savez en quoi consiste ce bain. Le malade est placé sur un tabouret 
isolant en communication avec le pôle négatif de la machine. Il se trouve donc 
chargé d'électricité négative à un très haut potentiel, en même temps qu'il offre 
la voie à une déperdition constante de rélectricité par toutes les saillies de son 
corps et de ses vêtements, déperdition qui est incessamment réparée par la pro- 
duction continue de la machine. La durée de ces bains ne sera tout d'abord que 
très graduelle. Ils seront donnés tous les deux jours. Leur effet calmant est très 
net au bout de quelques séances. 

Quand le malade est bien habitué au bain électrique, qu'il n'a plus l'appré- 
hension du début, vous pouvez employer les divers autres moyens de la frankli- 
niaation : souffle électrique, étincelles, friction électrique. Le souffle électrique 
s'obtient en dirigeant vers le malade, et à 10 ou 15 centimètres de distance, la 
pointe d'une tige métallique communiquant vers le sol, Il se produit ainsi, par 
un phénomène d'influence, une sorte de souffle de vent électrique dont l'action 
sédative est des plus remarquables, en particulier contre les céphalées. La sen- 
sation de tension, de lourdeur, de casque, si commune et si pénible chez les neu- 
rasthéniques, disparaît en quelques minutes. Les étincelles s'obtiennent en 
approchant suffisamment du corps du malade une tige métallique mousse, ou 
mieux une boule non isolée. Elles sont employées surtout pour produire des 
contractions musculaires. L'action d'une série d'étincelles tirées de la fosse ilia- 
que gauche est un des procédés les plus efficaces pour combattre la constipation. 
Elles peuvent servir également comme agent d'excitation réfiexe sur une région 
douloureuse ou comme moyen de faire disparaître la sensation de fatigue, d'ac- 
cablement de ces malade?. La friction électrique, enfin, s'effectue en passant 
plus on moins rapidement une tige métallique non isolée sur les vêtements du 
patient en ayant soin d'appuyer. Il se produit ainsi une multitude de petites 
étincelles, dont la longueur est mesurée par l'épaisseur des étoffes interposées. 
Ces étoffes doivent de préférence être en laine. La friction électrique détermine 
une sensation de cuisson assez vive. Pratiquée sur une grande étendue du corp?. 



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248 RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTROTHéRAPIB 



elle produit une stimulation générale. Employée localement s^ur la moitié iofé- 
rieure du corps, elle est également très utile pour atténuer et dissiper les symp- 
tômes de congestion spinale : spasmes, crampes, exagération des réflexes, pertes 
séminales. Il est quelquefois utile de la pratiquer sur la tête, recouverte d*une 
étoffe, dans les céphalées rebelles. 

La faradisation généralisée, qui constitue le second mode de traitement élec- 
trique applicable à la neurasthénie, a Tavantage d'exiger une instrumentation 
moins complexe que la franklinisation. Les effets d'excitation se rapprochent, 
sous certains rapports, de ceux de la friction électrique. Mais son efficacité 
semble moindre que celle de la franklinisation. Son emploi, comme vous pour- 
rez en juger par la technique, est assez complexe et offre quelques difficultés. 
L'une des électrodes est constituée par une large plaque métallique, sur laquelle 
le malade s'assied le siège à nu, ou pose ses pieds nus. Cette électrode est posi- 
tive. L'autre électrode, négative, est constituée par un tampon arrondi de 20 à 
30 centimètres carrés ou bien par un pinceau. Il est successivement promené, 
pendant une ou deux minutes environ, sur chaque bras, sur le cou, la poitrine, 
le dos, le ventre, les jambes. La durée totale de la séance n*est d'abord que de 
dix minutes, elle atteint vingt minutes par la suite. L'intensité du courant sera 
assez grande pour provoquer de légères contractions musculaires. Au cou, cette 
intensité sera très modérée et la pression de l'électrode très faible. Au début, 
Béard pratiquait également la faradisation de la tête. Cette faradisation doit être 
très courte, une à deux minutes au plus, faite avec un courant faible et transmis 
non directement par le tampon mais médiatement par la main de l'opératear, 
suivant le procédé de Duchenne, main électrique. La faradisation céphalique a 
d'ailleurs été depuis à peu près abandonnée. On peut très utilement remplacer 
le tampon de l'électrode mobile par un rouleau, qui fait en même temps une 
sorte de massage (Stein). 

La faradisation généralisée est un moyen utile à connaître à défaut des appa- 
reils nécessaires pour la franklinisation. Mais toutes les fois que la chose est 
possible, ce dernier procédé, plus efficace et ayant l'avantage d'être moins long, 
moins laborieux dans son application, de ne pas forcer le malade à se dévèiir 
complètement, doit être préféré. 

Le traitement électrique, quel que soit le procédé, doit toujours être employé 
d'une façon très mesurée, très graduelle, très prudente. Ches les malades hjpo- 
chondriaques, il suffit souvent de la moindre sensation désagréable éprouvée 
dans l'une des premières séances, au cours de l'application ou consécutivement 
à l'application, pour faire abandonner la cure. Un peu plus tard, quand l'habi- 
tude est acquise, quand le premier soulagement est obtenu, la thérapeutique 
peut devenir très énergique. Il faut, toutefois, que les malades, pour ne point se 
décourager, soient prévenus de la marche de l'amélioration. Il est bien rare que 
celle-ci soit continue, presque toujours elle est entrecoupée par une ou plusieurs 
rechutes. La durée totale du traitement est assez longue, elle atteint un à quatre 
mois. Mais ce traitement oblige moins que les autres le malade à modifier ses ha- 
bitudes ou ses occupations. Il est utile de veiller à ce que le malade ne prenne 
aucun médicament au cours du traitement, toute médication pharmaceutique 
surajoutée semblant plutôt défavorable à l'action de l'électricité. Ce n'est pas à 
dire pourtant tjue, dans les cas graves, l'hygiène puisse être négligée. En pre- 
mière ligne surtout, si la cause occasionnelle est un excès de travail, le repos est 
la première indication à remplir, et ce repos doit être observé pour toutes les 
fonctions. Les fonctions digestives ne doivent pas être exceptées, lors même qu'il 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÉRAPIE 249 

n'y a pas de symptômes dispeptiques. L^alimentation doit par conséquent, être 
réduite proportionnellement à Tactivité physique et mentale actuelle du malade. 
G*est, me semble-t-il, une erreur que de donner à un homme au repos, sous pré- 
texte de le fortifier, la ration alimentaire d*un travailleur. L'entourage des 
malades et les malades eux-mêmes ont une grande tendance à commettre cette 
erreur. Bien souvent, il n*y a pas d*autre obstacle à Tamélioration que Ton est 
en droit d'attendre du traitement électrique. Les neurasthéniques, au point de 
vue du régime alimentaire, doivent être traités comme des arthritiques, qu'ils 
sont, du reste, pour la plupart. 

Chez les femmes, pendant la période menstruelle, il est enfin bon de suspendre 
momentanément les séances d'électrisation. 

L'action de l'électricité paraît porter surtout sur les fonctions d'innervation et 
de nutrition. L'insomnie, la fatigue cessent surtout très yite dès les premiers 
bains électrique!*. L'appétit, aussitôt après la séance d'électrisation, est souvent 
très impérieux. T^es analyses d'urine sont, d'ordinaire, la preuve frappante de 
l'influence sur la nutrition. On voit, au fur et à mesure du traitement, l'urée 
augmenter^ l'acide urique diminuer. On peut observer également la diminution, 
parfois même la disparition, d'éléments anormaux : indican, albumine, glycose 
même. La dyspepsie fiatulente, si commune chez les neurasthéniques, s'améliore 
rapidement. Je vous signalerai même ce fait, que les malades qui en sont atteints 
paraissent plus susceptibles encore que les autres neurasthéniques de retirer un 
bénéfice rapide du traitement électrique. Au point de vue de l'effet à attendre de 
la thérapeutique, cette complication serait donc un signe plutôt favorable. La 
constipation est facilement combattue par le procédé des étincelles tirées de la 
fosse iliaque gauche, que je vous ai indiqué plus haut. Le relâchement des parois 
abdominales — si marqué dans quelques cas — est aussi très favorablement 
modifié par l'électrisation de ces parois. Ce n'est pas, en effet, le moindre avan- 
tage de l'électrisation d'être une méthode de traitement à la fois générale et 
locale. En dehors de son effet général, vous pouvez, par des applications loca- 
lisées, combattre particulièrement telle ou telle complication plus pénible, 
casque neurasthénique, céphalée, constipation, relâchement des parois abdo- 
minales, névralgies utéro-ovariennes, impuissance génitale, pertes séminales. Ce 
dernier symptôme, auquel on a fait Jouer jadis un si grand rôle dans l'étiologie 
de la neurasthénie, est particulièrement tenace. Les frictions électriques consti- 
tuent le moyen le plus efficace et presque le seul efficace ; les étincelles, au con- 
traire, sont, en ce cas particulier, plutôt nuisibles qu'utiles. 

Mais, quelle que puisse être l'utilité des applications localisées de l'électricité, 
rappelez-vous que cette utilité ne sera obtenue qu'à la condition qu'elles soient 
toujours combinées avec le traitement électrique général. Si l'électrisation donne 
de beaux succès dans la neurasthénie, c'est parce que c'est l'agent modificateur 
de l'innervation et de la nutrition, le plus puis^^ant, le plus étendu d'action de 
la thérapeutique. Gomme. toujours, votre traitement dépend, avant tout, de 
Texactitude de votre diagnostic. Si vous méconnaissez la maladie générale^ la 
neurasthénie qui produit tel ou tel symptôme local, dyspepsie flatulente, cons- 
tipation, céphalées, névralgies ovariennes, vous risquerez de vous attarder, sans 
grand succès, au traitement isolé de ce symptôme. Si, au contraire, vous savez 
remonter à son origine, vous réussirez souvent à le faire disparaître, sans l'avoir 
attaqué directement. 



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250 RBVTJB INTERNATIONALE d'ÔLECTROTHÉRAPIE 

ÉTÏÏDE SUR lES ÉIECTB.0 -THERMO- CAUTÈRES 

Par M. le docteur CHEVAL. 



PREMIÈRE PARTIE 

CONSIDÉRATIONS THÔORIQUBS 

Jusqu*eii ces derniers temps, le mot galvano-causlie était seul usité. Tripier, 
de Paris, s'est justement élevé contre cette appellation impropre^ et a proposé 
le mot voUa-tkermocatÀStie, réservant celui de galvanocauslie pour les cauté- 
risations faites ou à faire avec le couple de Galvani. 

Nous préférons Tappellalion éleclro-thermo-caustie^ qui ne préjuge pas la 
nature de la source électrique qui alimentera les thermo cautères, que ce soit 
une pile ou une dynamo. 

A. Des sources d'éleclrîcité. 
D'après la loi d'Ohm, 

(t| 

E désigne la force électro-motrice mesurée par la tension ou la différence de 
potentiel aux bornes de Télément. Cette valeur varie avec la nature des corps et 
des liquides employés, autrement dit avec la nature de la réaction chimique, 
mais elle est indépendante de la dimension des plaques ou de la masse des corps 
eu présence. 

Dans les piles à action chimique énergique, la polarisation est due à la pro- 
duction de bulles d'hydrogène sur les plaques de charbon. Cet hydrogène nais- 
sant tend lui-môme à se recombiner à Toxygène de l'eau de la solution, et pro- 
duit à l'intérieur deTélément une force contre -électro-molrice qui a pour effet 
do faire baisser d'autant la différence de potentiel aux bornes de l'élément. 

La formule (1] deviendrait donc dans ce cas : 

'•-'-ir I' 

Nous verrons ci-après un autre résultat de la polarisation. 

s R est une somme de quantités, les unes invariables, les autres variables. 
Cette expression représente : 

t<» La résistance intérieure de l'élément Ri. 

2^ La résistance extérieure du circuit (rhéophores, poignée, etc.) R',. 

Z^ La résistance des cautères R"e ; par cette dernière, nous étendons simple- 
ment la résistance de l'armature du cautère ou de l'anse. 

lo La résistance extérieure du circuit R'« se compose de la résistance des 
réophores, de la poignée des électro-thermo -cautères, des tubes ou des ligesdu 
ciutère. 

Cette résistance peut être considérée comme invariable, ou plutôt comme 
variant fort peu dans les instruments bien construits. Avec l'augmentation da 
débit, arrive réchauffement du circuit et, partant, une augmentation de la résis- 
tance. Il est à noter à ce propos que beaucoup de praticiens et de constructears 



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RBYUB INTERNATIONALE D'ÉLECTROTHéRAPIB 251 



emploient des conducteurs trop faibles^ et que souvent de mauvais contacts aux 
bornes et aux points d'attacbes des pièces créent des causes anormales de varia- 
bilité du courant. 

2« La résistance intérieure Rj peut varier constamment : 

a) De par la volonté de Topérateur, lorsqu'il enfonce plus ou moins ses élé- 
ments dans le liquide excitateur. La conductibilité du liquide d'un couple est 
proportionnelle (le titre et la nature de la solution restant les mêmes, ainsi que 
l'intervalle entre les plaques) à la grandeur des surfaces immergées. Gonsé- 
quemment, la résistance intérieure sera d'autant plus grande que la surface 
plongeante sera plus petite. 

h) Les décbets de la réaction ebimique font constamment varier la conducti- 
bilité du liquide ; la production de bulles d'bydrogène sur les plaques de cbar- 
bon, si active dans les piles à réaction ebimique énergique, augmente rapide- 
ment la résistance intérieure de Télément; la pile est dite polarisée. 

La couche d'hydrogène qui enveloppe les plaques de charbon, ou, plus exacte- 
ment, les bulles d'hydrogène qui grossissent contre les plaques de charbon, 
empêchent le contact intime du liquide et des électrodes ; une barrière surgit 
entre eux, et la résistance intérieure se trouve ainsi augmentée. 

30 (Pour garder une division logique à notre travail, nous devrions reporter au 
paragraphe suivant ce que nous allons dire des cautères, mais le lecteur voudra 
bien nous pardonner cet empiétement; les nécessités de la discussion des termes 
de notre formule algébrique nous y contraignent ) 

La résistance du cautère R", varie selon que l'on envisage l'électro- thermo- 
cautère ou l'anse dii serre-nœud électro -thermo-eau? tique. 

a) La résistance d'une armature augmente avec la température à laquelle elle 
est portée» dans un rapport qui dépend de la nature du métal. 

Le nombre de degrés correspondant au rouge Hombre, rouge-cerise, rouge 
blanc, etc., ainsi qu'au point de fusion, varie avec la nature du corps étudié. 

6) S'il s'agit de l'anse électro- thermo-caustique, non seulement cette considé- 
ration a aussi sa raison d'être, mais il y en a deux autres encore : la résistance 
R"e varie avec le diamètre et la longueur du fil employé. 

Par conséquent, pour des ûls de même métal et de même diamètre, plus petite 
est la longueur, plus faible est la résistance, et si nous considérons l'anse de 
fil d'un serre-nœud, à la limite, quand l'anse n'existe plus, la résistance R"« est 
égale à 0. 

Si nous remplaçons dans la formule (2) sR par (R, -f R'« + R"c), nous aurons 

Ri+R'.+ K'e ^^ 

et si R^ est égal à 

(E-e) _ (E-e) 

R<+R'. + 0""R, + R'. ^ ' 

Si l'intensité F,, (ou le nombre d'ampères), devient suffisante, elle pourra faire 
fondre le fil de l'Éuise. 

De ce qui précède, il résulte que la valeur 1 de l'équation (1) sera infiuencée 
pir deux quantités variables qui se trouvent au dénominateur, l'une R,- qui aug- 
mente avec la durée de l'opération, l'autre K'e qui diminue avec la durée de l'opé- 
ration, au 'point d'aï teindre une valeur égale à zéro, si c'est une anse, ou qu' 
augmente avec la température^ si c'ef t un cautère. Le numérateur de cette frac- 
tion diminue avec la polarisation. 



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252 RBVUB INTERNATIONALE D'âLBGTROTHéBAPIB 



Dans le premier cas, la valeur de I ira en augmentant; dans le second cas, la 
valeur de I baissera constamment. 

B. Des cautères. 

Pour maintenir une intensité constante, deux solutions générales peuvent in- 
tervenir : 

Prbmibrb SOLUTION. — Nous allons faire R'« suffisamment grand pour que les 
variations de R"« n'aient aucune influence sur le quotient de la division -n* 

Mais pour donner à I une valeur suffisante pour porter les cautères au roage, 
il faudra, si SR est très grand, que le numérateur lui-même soit très grand. En 
d'autres termes, il faudra augmenter le nombre des éléments pour avoir uûo 
différence de potentiel plus élevée. 

Comme les rbéopbores, les poignées, etc., doivent avoir une résistance totale 
excessivement faible, nous intercalerons dans R'« une résistance réglable. Si 
nous supposons la différence de potentiel invariable pour chaque élément, noas 
aurons la formule 

N. Ri + R'. + R". ^ ^ 

dans laquelle E est la différence de potentiel aux bornes d*un élément, Ri la ré- 
sistance intérieure d*un élément, N le nombre des éléments; et quand Tanse sera 
fermée à fond, nous aurons, R^^ssO : 

__NJE__ N.E ,. 

■"N.R+R'. + o'^N.Ri + R'. ^' 

Je dis que cette solution sera satisfaisante, si T" diffère assez peu de Y" ponr 
que A soit une quantité négligeable en présence de la valeur F 

/ N.E \ / N.E \ . 

* ^ Vn.r<+r'./ Vn.r<+r'* + r'v"" •• ^' 

Cette solution, que nous empruntons au cours d*électro- technique, donné en 
1890 et 1891 par M. Léon Gérard, n*est pas encore d'application générale; tous 
les médecins n'ont pas à leur disposition une source d'énergie électrique a po- 
tentiel suffisamment élevé. 

Deuxième solution. — Ordinairement, les médecins n'emploient qu'on nom* 
bre restreint d'éléments; E sera faible. 

On intercalera une résistance réglable beaucoup plus faible dans la résistance 
extérieure, et l'on augmentera cette résistance au fur et à mesure que diminaera 
R"«, ou réciproquement. 

Dans l'une et l'autre solution, nous voyons l'importance d'un ampèremètre 
pour tarer exactement notre courant. 

Preece (1888) a étudié les effets calorifiques d'un courant, et a établi une for- 
mule qui permet de calculer le nombre d'ampères nécessaire pour amener au 
rouge sombre les fils de différents métaux, de longueur invariable, mais dont il 
faisait varier le diamètre. 

Dans la formule de Preece, 1= aD-|-, ce qui veut dire : 

l^a\/W (7) 

I étant exprimé en ampères et le diamètre D en millimètreSi a est le coeffi- 
cient qui dépend uniquement de k nature du corps employé. 



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RBVUB INTHENÂTIONALB D*âLBGTROTHâllAPIB 



Ce coefBcont a est déterminé si Ton prend des fils de 1 millimètre ; la for* 
mole (7) devient alors 

I««V/T"=« (8) 

n est pour le 

Cuivre rouge, de 80 ampères. 

Aluminium 59,2 — 

Platine 40,4 — 

Fer 24,1 — 

Plomb 10,8 — 

Carbone 0,125 — 

Influence de la tempéralure sur la résistance des conducteurs. 

La résistance électrique des conducteurs est fonction de la température; elle 
peut, en général, se représenter par la formule 

Rfl==:Ro(l+a6 + ^»0) (9) 

or et ^ étant des coefficients de température dépendant de la nature du corps» 
de sa pureté, etc. 

De à 400*^, la résistance du platine augmente de 16 à 30, soit de 14 micro- 
ohm-centimètre. 

De à 400^, la résistance du fer et de l'acier augmente de 12 à 45, soit de 
33 micro-ohm-centimètre. 

C'est-à-dire que pour avoir la résistance de ces deux corps à 400<>, coimaissant 
leur résistance à 0**, il faudrait la multiplier par le facteur 1,89 pour le platine, 
3,76 pour le fer, 4,70 pour l'acier. 

La formule deviendrait donc, pour des fils de 1 millimètre et de 1 centimètre 
de long, pour le platine, R40(k> = Roo X 1,89, et pour le fer R'400 = R(k» X 3,76. 

Gomme nous le savons, la chute de potentiel dans un circuit est d'autant plus 
brusque que la résistance de ce circuit est plus faible. 

La perte de charge aux bornes d'un cautère, quel quil soit, peut sç mesurer 
par un voltmètre branché sur ses tiges. 

Dans la formule 

e 

r 

I est donné par la déviation de l'ampèremètre ; e est donné par la déviation 
du voltmètre, 
r sera alors connu ; en effet : 

e 
De I =-, on tire 

Ir=e (10) 

r = - (11) 

I 

Cette mesure si simple de la résistance en ohms permettra d'en constater les 
variations avec la température des cautères. 

Elle permet encore une autre détermination, c'est le calcul du travail absorbé 
par le cautère : 



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254 RBVUB INTERNATIONALE D'éLBGTROTHèRAPIB 

el représente le nombre de watts, expression que Ton peut mettre sous qdo 
autre forme IV, si Ton remplace e par sa valeur Ir, donnée par l'équaiion (10) : 

eI=lV=N watts, 

ce qui veut dire que l'énergie absorbée est égale au produit de l'intensité par la 
différence de potentiel, ou bien proportionnel à la résistance et au carré de Tin- 
sité du courant. 

Si Ton fait intervenir le facteur temps pendant lequel le cautère a fonctionné, 
Texpression devient : 

Prf =N Joules. 

Mais un watt==iO' ergs par seconde (1). soit g— kilogrammètre-seconde; Iki- 
logrammètre -seconde vaut donc 9,81 watt?. 

1 cheval- vapeur = 75 kilogrammètres-secondeî», soit 9,81 — 75 = 736 watts. 

Lunilé C. G. S. de force (Congrès des électriciens de Paris, 1881,) est la force 
qui, appliquée à la masse du gramme, lui imprimerait, par seconde, une acce/c- 
ration de i centimètre. On l'appelle dyne. 

La force d'un gramme ou le gramme- for ce vaut 981 djnes fous nos lati- 
tudes (2). 

Lunité C. G, S. de travait est le travail produit par une dyne agissant sur une 
distance de i centimètre ; c'est le centimètre dyne ou erg. 

Le gram-centimètre vaut donc 981 ergs. 

En pratique, on emploie le grammètre qui vaut 981 X 10' ou 98,100 ergs; le 
kilogrammètre, qui vaut 981 X 10* ergs. 

Uunité C. G. S. de puissance est l'erg par seconde. 

En pratique, le grammètre-seconde vaut 981 X 10' ergs-seconde; le kilogram- 
mètre-seconde vaut 981 X 10* ergs-seconde. 

La calorie est la quantité de chaleur nécessaire pour élever de à 1<^ centigrade 
la température de 1 kilogramme d'eau distillée; c'est la grande calorie. Quant à 
la petite calorie, elle est la millième partie de la grande ou milli-calorie; c'est la 
quantité de chaleur correspondant à un gramme-degré. 

Et pour avoir une mestire de l'énergie électrique en calories, il suffit de mul- 
tiplier le nombre de Joules par un coefficient 0,24. 

0,24 IV/ = N. calories g.-degré, ^ 

1 calorie (Kg-d) = 4169 joules, 
1 » (gr.-d) = 4.17 » 



Donc 



1 joule == 0,24 calorie (g -d ) (A suivre.) 



VARIÉTÉS 



lalluence de la fréquence des courants alternatifs sur leurs effets 

physiologiques. 

M. d'Arsonval. — - Bien avant les communications de M. Tesla en Amérique, 
j'ai montré en France que l'organisme peut supporter sans les sentir des courants 

(1) L'exposant indique le nombre de zéros qui suivent le chiffre qu'il accompa^^- 

(2) L'accélération de la pesanteur étant de 9"',8l par seconde sous nos latitudes, 
imprimera à la masse du gramme une accélération cfe 981 cent, par seconde. 



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RBVTJB INTERNATIONALE D'éLBCTBOTHéRAl»IE 255 

capables de taer si on en abaissait la fréquence. Ces expériences, que j*ai répétées 
publiquement au mois d*ayril de Tannée dernière, ont été complétées et éten- 
dues depuis lors. Par un dispositif personnel très simple, j*ai fait passer à travers 
Torganisme des courants dont la fréquence atteint un million d'oscillations par 
seconde et qui ont une intensité vraiment surprenante, puisqu'elle dépasse cinq 
ampères. Quant aux effets physiologiques de ces courants, ce sont : 

i^ Action nulle sur la sensibilité générale et sur la contractilité musculaire; 

2^ Suppression de la sensibilité à la douleur aux points où le courant pénètre 
dans Torgani^me ; 

3^ Augmentation considérable des échanges nutritifs, se traduisant par une 
plus grande absorption de Toxygène et une augmentation de Tacide carbonique 
exhalé; 

i° Pas d'augmentation de la température centrale ; 

50 Augmentation de la quantité de chaleur perdue par rayonnement; 

6<^ Action vaso-dilatatrice remarquable sur tous les vaisseaux, ce qui abaisse 
la pression sanguine ; 

7« Possibilité d'allumer entre deux personnes complétant le circuit, des lampes 
à incandescence au nombre de sept, sans que ces personnes ressentent la moindre 
secousse. 

Ces expériences sont susceptibles d'applications nombreuses à la thérapeutique. 
Elles montrent d'une manière frappante quels progrès la médecine est en droit 
d'attendre de la physique biologique^ qui doit constituer une branche autonome 
de la biologie (l). 

traitement de rodontalgie par Télectricité statique. 

Un confrère russe, M. le D»" G. Gat^^hkowshy (de Rybinsk), qui s'occupe beau- 
coup d'électrôthérapie, a constaté que les douleurs dentaires peuvent être admi- 
rablement calmées par l'effluve ou t vent électrique », qu'on obtient en tenant, 
dans la direction de la dent malade, la pointe de l'excitateur, pendant que le 
patient, installé sur un tabouret isolé du sol, est en rapport avec une machine 
électro-stati |ue, ainsi qu'on a l'habitude de procéder dans les séances de fran- 
klinisation. 

Fait curieux, au dire de notre confrère, l'électricité statique calmerait non 
^ulement les odontalgies nerveuses, mais aussi les douleurs dentaires d'origine 
inflammatoire dues à la pulpite ou à une périostite. La douleur commencerait 
à diminuer sensiblement deux à trois minutes après que la dent malade aurait 
été soumise à l'action du « vent électrique d, pour disparaître ensuite complè- 
tement en l'espace de cinq à six minutes. La douleur peut revenir au bout d'un 
temps variable après la franklinisation, mais elle est alors beaucoup moins forte 
qu'auparavant et cède définitivement à quelques séances d'électricité statique, 
dont la durée doit être de dix minutes au moins. 

Notons encore que, sous l'influence de l'électri^ation statique, notre confrère 
a observé, en même temps que la disparition de l'odontalgie, une pâleur très 
manifeste des gencives. 

Le traitement du mal de dents par l'électricité statique a été employé jusqu'ici 
par M. Gatchkovsk chez soixante-seize malades : il n'a échoué que chez trois 
d'entre eux. 

(1) Académie des Sciences, 29 mars 1893. 



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256 REVUE INTERNATIONALE D'ÈLECTROTHéRAPIE 



Traitement de la tuberculose pulmonaire par la laradisation. 

Parmi les causes qui, chez les phtisiques, diminuent la Titalité des tissus et 
favorisent par conséquent rinvasion et la dissémination des bacilles de la tuber- 
culose, TinsufEsance de Faction musculaire et Thyposthénie nerveuse Jouent, 
entre autres, un rôle important. Or, comme nous possédons dans Télectricité 
faradique un moyen puissant pour tonifier les fonctions musculaire et nerveuse, 
un médecin russe, M. le docteur Gr. Soupinsky, a eu Tidée d'utiliser les courants 
d'induction dans le traitement de la phtisie pulmonaire. Jusqu'à présent, il ne 
possède que quatre cas dans lesquels ce traitement ait été appliqué d'une façon 
suffisamment systématique et prolongée ; mais, comme les résultats obtenus ont 
été des plus encourageants, M. Soupinsky se croit autorisé à les signaler d'ores 
et déjà à l'attention des confrères. 

lie premier cas de phtisie pulmonaire dans lequel M. Soupinsky a employé 
rélectricité d'induction est celui d'une femme de vingt-huit ans, qui présentait 
les signes d'une infiltration tuberculeuse des deux sommets avec épanchement 
pleurétique à droite. La malade avait eu des hémoptysies ; elle était très amai- 
grie, avait des sueurs nocturnes profuses et présentait des bacilles caractéristi- 
ques dans les crachats. Notre confrère procéda à la faradisation de la cage tho- 
racique au moyen d'électrodes munies d'épongés imbibées d'eau salée. Les 
séances étaient quotidiennes et d'une durée de dix minutes. Quinze jours après 
le début de ce traitement, on pouvait déjà constater une amélioration sensible 
de l'état de la malade : la toux, la dyspnée, les sueurs nocturnes avaient dimi- 
nué ; le sommeil et l'appétit s'étaient rétablis. Au bout d'un mois, l'épanchement 
pleurétique avait aussi considérablement diminué. Après trois mois de traite- 
ment, il avait complètement disparu; la malade avait pris de l'embonpoint, 
mangeait et dormait bien ; elle n'avait plus de dyspnée, plus de sueurs nocturnes, 
et c'est à peine si l'on pouvait trouver quelques bacilles dans ses crachats; les 
râles qui existaient auparavant aux deux sommets avaient disparu en ne laissant 
après eux qu'un peu de rudesse des bruits respiratoires. Deux ans et demi aprè?» 
M. Soupinsky eut l'occasion de revoir sa cliente, qui continuait à se bien 
porter. 

Les trois autres observations de notre confrère sont analogues à celle que nous 
venons de résumer. Dans toutes, il s'agissait de phtisiques à une période encore 
peu avancée de l'affection. Chez ces trois malades, M. Soupinsky a obtenu, après 
plusieurs mois de traitement faradique, une amélioration très considérable de 
l'état général et local, voire même une guérison apparente. 

Comme en thérapeutique il ne faut pas avoir de parti pris et que, pour le pra- 
ticien, tous les moyens sont bons qui réussissent à soulager et à améliorer le 
malade (même s'ils agissent par suggestion], surtout dans une ailection telle que 
la phtisie, il serait à désirer que les faits avancés par notre confrère russe vinssent 
à être confirmés par de nouvelles expériences et que l'on pût trouver dans l'élec- 
tricité faradique un nouveau moyen de traitement de la tuberculose pulmonaire, 
moyen adjuvant, sans doute, mais très pratique en raison du prix peu élevé et 
do la facilité de maniement des appareils d'induction. 



Le Propriétaire-Oérant : D' Q. GAUTIER. 



Paris. -- Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Caire, 8 et 10. 

Usine & vapeur et Ateliers, rue des Filles-Dieu, 8 et lo. 



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3«» Année. Avril 1893. N«> 9. 



REVUE INTERNATIONALE 



Sur les effets physiologiques de Tétat variable en général 
et des courants alternatifs en particulier 

Par M. le D' A. D'ARSONVAL (1). 



Je désire appeler votre attention, messieurs, sur un sujet d'actualité : les 
effets physiologiques des courants alternatifs, et tirer, s'il est possible, quel- 
ques conséquences pratiques de cette étude. L'électricité révolutionne actuel- 
lement non seulement l'industrie, mais aussi quelque peu la médecine, et, 
si eUe tue parfois, elle est plus souvent encore un agent de guérison. Elle a 
sur les médicaments pharmaceutiques le grand avantage d'être toujours 
inoffensive, à doses thérapeutiques, et présente dans son mode d'emploi une 
élasticité dont sont dépourvus ces derniers. 

On dit souvent que l'action d'un médicament dépend en grande partie de 
la façon dont il est administré ; celte notion devient un axiome quand il 
s'agit de l'électricité. Suivant qu'on donne à l'énergie électrique telle ou 
telle modalité physique, on peut produire les effets les plus divers et môme 
les plus opposés sur les êtres vivants. Au point de vue tout spécial où nous 
nous plaçons ici, on peut établir une division fondamentale des effets de 
rélectricité suivant qu'on emploie rétat variable ou l'élat permanent du 
couranl. 

Cette distinction, admise par tous les physiologistes, s'impose également 
en électrothérapie et se justifie par l'examen même le plus superficiel. L'état 
variable, sur un être vivant, se traduit par une excitation très violente des 
ner£s et des muscles qui entrent en contraction, tandis que rien d'analogue 
ne se manifeste dans l'état permanent si Ton emploie un courant de force 
modérée. 

Une expérience très élégante de Claude Bernard met bien ce fait en lumière. 
On place dans le circuit d'une pile une roue interruptrice de Masson, un vol - 
tamètre et une grenouille préparée à la Galvani. En laissant la roue immo- 
bile, on fait passer le courant de la pile à travers les trois appareils à la fois; 

(1) Conférence faite à la Société Française de Physique, le 30 avril 1892. 



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258 REVUE INTERNATIONALE D'ÈLBGTROTHéRAPIE 

le vollamètre dégage des gaz, la palte de grenouille reste immobile. On a les 
effets du courant permanent. Si Ton vient à mettre la roue de Masson en 
mouvement, le dégagement gazeux cesse presque complètement dans le vol- 
tamètre, tandis que la patle de grenouille entre en contraction violente. Le 
courant qui la traverse est pourtant plus faible que dans le premier cas, 
mais on a les effets physiologiques dus à Tétat variable. Cette simple expé- 
rience nous montre que les effets physiologiques du courant (action sur la 
sensibilité et la motricité) ne sont nullement sous la dépendance de son inten- 
sité absolue. 

Si au contraire le courant est très fort, on peut avoir des manifestations 
extérieures durant l'état permanent, mais ces manifestations tiennent uni- 
quement, dans ce cas, à Téleclrolyse interstitielle des tissus et à la décompo- 
sition qui a lieu dans toute leur masse, ainsi que l'ont bien mis en évidence 
les expériences récentes de M. Weiss. On peut dire que, dans ces conditions, 
ce n'est pas l'électricité qui agit, mais bien les produits chimiquos libérés 
par le passage du courant dans l'intimité même des tissus. On a affaire à un 
simple excitant chimique engendré par l'électricité sur son passage et dépen- 
dant uniquement de l'intensité du courant, conformément aux lois de 
Faraday. 

C'est sur cette action particulière que Cinisdli et surtout notre collègue, le 
D*" A. Tripier, ont fondé \ine branche importante de l'électrothérapie ; je veux 
parler de l'électrolyse ou cautérisation et destruction potentielle des tissus 
vivants par le courant continu. 

Pour doser les effets du courant permanent sur leâ êtres vivants, nous 
avons un moyen simple. Puisque son action dépend uniquement de l'inten- 
sité, il suffira donc de mesurer cette dernière avec un galvanomètre. Quant 
à ses effets locaux, aux points d'entrée et de sortie, ils dépendent également 
de l'intensité par unité de surface, c'est-à-dire de la densité. D'après cela, 
les divers expérimentateurs se mettront dans des conditions physiquement 
définies en employant des galvanomètres gradués en unités absolues. Ces 
appareils ont été répandus en France, dans le public médical, dès 1873, par 
A. Gaiffe, et leur adoption est devenue générale depuis le Congrès de 1881 
sur la proposition que j'en ai faite à M. Marey, à la Commission internatio- 
nale d'Électrophysiologie (1). Les observations médicales y. ont gagné en 
précision et en unité. 

Si nous savons à quelles conditions physiques rapporter les effets physio- 
logiques de l'état permanent, si nous pouvons surtout aisément les mesurer, 
il n'en est pas de môme pour l'état variable. Par quel facteur devrons-nous 
définir la puissance physiologique d'une excitation électrique? Cette impor- 



(l) \ uir d'Arsonval, Compte rendu de la Commission d'Électrophysiologie (Revue 
scientifique) et Rapport de M. du Bois-Reymomd (même recueil); 1881. 



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TJ^p^ 



■CT" 



RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHÂRAPIB 259 

tante question a été agitée en 1881, au Congrès d'Électrophysiologie, mais 
ne put donner lieu alors qu'à un échange de vues plus ou moins hypothéti- 
ques: la base expérimentale manquait. C'est depuis cette époque que j'en- 
trepris une série d'expériences systématiques sur ce sujet qui intéresse, non 
seulement la physiologie, mais qui doit servir de base à l'électrothérapie. 
Pour l'intelligence de ce qui va suivre, je vous demande la permission de 
résumer brièvement devant vous les méthodes que j'ai employées à cet effet 
et les conclusions auxquelles j'ai été conduit, 

Au point de vue physiologique, une excitation électrique produite par 
l'étal variable ne peut être déQnie par les données servant de mesure à l'état 
permanent. Pour en faire une analyse complète, il faut connaître toi^ les 
éléments à chaque instant de la variation. Cela revient à dire qu'il faut avoir 
la courbe complète de la variation, c'est-à-dire la forme physique de Vonde 
électrique d'excitation. C'est cette courbe particulière à chaque excitation 
électrique que j'ai appelée: la caractéristique de V excitation. Mais, pour 
tracer cette courbe en fonction du temps, qu'elle variable devrons-nous 
prendre? A priori , ce ne peut être l'intensité, en vertu même de l'expérience 
de Claude Bernard relatée plus haut. Il est facile, d'autre part, de montrer 
que c'est la variation du potentiel au point excité qui est le facteur impor- 
tant dans l'excitation du système nerveux. Prenons un nerf moteur relié à 
une masse musculaire dont nous pourrons enregistrer les mouvements à 
l'aide du myographe. Excitons ce nerf en un point quelconque de sa longueur 
au moyen du pôle négatif d'une pile thermo-électrique dont le pôle positif 
sera relié à la masse musculaire (excitation unipolaire de Chauveau). La con- 
traction du muscle restera sensiblement la même quel que soit le point du 
nerf que Von excite, A cause de l'énorme résistance du nerf (10 à 
25,000 ohms pour le nerf sciatique de la grenouille] comparée à celle de la 
pile qui est négligeable, le potentiel aux points excités successivement sera 
resté constant, mais l'intensité du courant traversant le nerf, à chaque 
contact, aura varié dans d'énormes proportions. On peut faire l'expérience 
inverse, c'est-à-dire exciter le nerf à intensité constante en faisant varier la 
force électromotrice de la pile proportionnellement à la longueur du nerf 
intercalé. Dans ce cas, l'énergie de la contraction musculaire augmente avec 
le potentiel au lieu de rester constante comme l'intensité (1). Ces deux expé- 
riences qui se complètent et se contrôlent mutuellement montrent d'une 
manière très net le que, pour tracer la caractéristique d'excitation, il faut 
prendre e = f (t) et non pas i = /* (t). 

Au début de mes expériences (octobre 1881), je cherchai à tracer l'onde 
électrique provenant des électromoteurs généralement employés en physio- 

(l) L'idée de cette dernière expérience m'a été suggérée par un des auditeurs assidus 
de mon cours au Collège de France, M. le D' Hozier. 



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260 



RISVUB INTERNATIONALE D*éLBCTROTHBRAPIB 



logie. Je rencontrai des difficultés insurmontables et je renonçai très vite à 
procéder par analyse pour opérer au contraire par synthèse. 

Pour réaliser la synthèse d'une onde électrique de forme quelconque, j'ima- 
ginai la méthode suivante (1) qui me donna pleine satisfaction; le schéma 
ci-joint est "destiné à faciliter Tintelligence de la description, mais il ne doit 
être considéré que comme un simple dessin schématique donnant le principe 
de la méthode (fig. 1). Soit P une source constante d'électricité (accumula- 
teurs) dont le circuit est fermé au travers d'une colonne liquide de sulfate de 
cuivre en solution saturée contenue dans un tube de verre. Le courant entre 
par le bas et ressort par le haut au moyen de contacts en cuivre rouge. L'autre 
pôle est mis à la terre et se trouve au potentiel zéro. La partie supérieure 
de la colonne liquiie est, au contraire, à un potentiel négatif de 2^ 3 ou 
10 volts à volonté. Le potentiel décroît régulièrement le long du tube d'après 




FlG. 1. 



une loi bien connue. Supposons qu'un fil métallique F en cuivre, isolé 
jusqu'à sa pointe inférieure, puisse monter et descendre le loog de la colonne. 
Si nous*supposons la pointe au fond du tube, le potentiel est zéro; mais, en 
relevant le fil, son potentiel va croître régulièrement. Attachons rigidement 
ce fil à l'extrémité d'un levier mobile autour du point L, l'autre extrémité se 
déplaçant le long d'un cylindre enfumé F. Il est facile de voir que les dépla- 
cements de la pointe du levier L sur le cylindre F inscriront les phases et les 
grandeurs de la variation du potentiel du fil plongeur P'. Pour avoir une 
courbe déterminée d'avance, je fais osciller le levier L par la rotation d'un 
excentrique E, dont on taille le profil en conséquence. En pratique, j'attache 
le fil F', soit à une tige vibrante, soit à un pendule qui donne une variation 

(1) Voir Complet rendus de la Société de Biologie, !•' avril 1^2. 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTROTHéRAPIB 



261 



sinusoïdale du potentiel. J'obtiens toute autre fonne et toute vitesse en atta- 
chant ce fil à un ressort plus ou moins tendu (Ql de caoutchouc) que je 
déclenche mécaniquement pour produire Texcitation. Si le fil A' était mis 
simplement en rapport avec le nerf N communiquant à la terre, cet organe 
serait parcouru par un courant continu qui en modifierait Uexcitabilité. 
J'évite cet inconvénient en faisant passer le courant dans le primaire d'une 
bobine d'induction, ou b^ien en intercalant un condensateur étalonné en G. 
Le muscle M, excité par k nerf N, est attaché au levier myographique L', 
qui trace la courbe de la. contraction musculaire au-dessous de la caractéris- 
tique d'excitation, tracée par le levier L. Dans la méthode unipolaire, le pôle 
négatif de la pile correspond au plongeur et le pôle positif est à la masse 
musculaire, à la façon habituelle. De cette manière, le levier L enregistre 
exactement les variations du potentiel au point excité et le nerf ne peut se 
polariser. 



pit, 




FîG. 2. 



Ces expériences m'ont amené à formuler la loi suivante : Lintensilé de la 
réaction motrice ou sensilive est proportionnelle à la variation du potentiel 
au point excité (1). 

La conséquence pratique de toutes ces expériences, dont je ne peux indi- 
quer ici que la conclusion générale, est que pour définir l'action physiolo- 
gique et thérapeutique d'un appareil électro-médical quelconque, à courant 
interrompu, il faut connaître, en fonction du temps, la loi de variation de la 
force électromolrice aux points d'application des électrodes sur le sujet. Je 
vous présente un appareil que j'ai imaginé dans ce but. 

Il permet de tracer automatiquement cette courbe en employant comme 
source d'électricité un appareil médical magnéto-faradique quelconque à 
faible fréquence. Il est fondé sur le même principe que le galvanomètre à 



(l) Voir d'Arsonval, Société de Biologie^ 1*' avril 1882 ; — Société de phytique^ 1885 
et 1891 ; — Lumière électrique, 1887; — Archiver de Physiologie, 1889; — Académie 
det Sciences, 1891 ; — Société française d' Électrothérapie, 1891. 



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262 



BEVUB INTERNATIONALE D*éLBCTROTHéRAPIE 



circuit mobile que j'ai fait connaître en 1881, avec M. Marcel Deprez, et 
dont l'emploi s'est généralisé depuis en Électrométrie, et se substitue actuel- 
lement en Ëlectrothérapie aux galvanomètres à aiguille aimantée (fig. 2). Il 
se compose d'un puissant aimant (ou électro-aimant) TTNN' créant un champ 
magnétique annulaire comme dans mou téléphone. Dans ce champ peut 
osciller une légère bobine b parcourue par Tonde électrique dont on veut ins- 
crire la forme. En vertu d'une action bien connue, cette bobine se déplacera 
dans le champ et son déplacement mesurera à chaque instant les variations 
du courant qui la traverse. Pour inscrire à distance ce déplacement et l'am- 
plifier en même temps, la bobine est suspendue à la membrane de caoutchouc 
d'un tambour de Marey c. Ce premier tambour est relié à un second tambour 
amplificateur plus petit c' portant un levier inscripteur se déplaçant sur un 
cylindre enfumé R, mû par un mouvement d'horlogerie, - 




Fig. 3. 



L'instrument constitue un galvanographe très sensible inscrivant à dis- 
lance par le mécanisme bien connu des tambours à air de Marey employés 
en Physiologie. On obtient ainsi automatiquement la courbe de l'onde élec- 
trique émanant de l'électromoteur employé et l'on peut comparer facilement 
entre elles les différentes machines. Voici, à titre d'exemple, trois courbes 
provenant de trois appareils différents (fig. 3). La première provient d'une 
petite machine magnéto, genre Clarke (modèle médical de Gaiflfe), à courants 
non redressés. On voit que la variation n'est pas uniforme. La seconde pro- 
vient d'une machine analogue, mais à courants redressés (on voit qu'ils le 
sont incomplètement). Enfin, la troisième courbe (qui est très régulière) 



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RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPIB 



263 



provient d'une petite machine médicale que j*ai imaginée pour avoir un cou- 
rant dont la variation soit sinusoïdale. C'est une machine, genre Pixii, modi- 
fiée de la façon suivante (fig. 4). Un aimant circulaire NS se meut devant un 
électro-aimant fixe E, autour d'un axe A.A.' commandé par la roue dentée R 
et la manivelle M. Oq recueille ainsi aux fils marqués -^ et — le courant 
représenté par la courbe 3 de la fig. 3. Ce courant sinusoïdal, à variations 
régulières, jouit de propriétés précieuses, comme je le dirai tout àTheure. Il 
a favantage de ne donner aucun choc brusque, d amener graduellement le 
tétanos du muscle (suivant la rapidité de la rotation) sans douleur, et son 
passage ne s'accompagne d'aucun phénomène d'électrolyse. Dans cette forme 
de courant alternatif, tout est connu; on peut opérer toujours dans les mômes 
conditions, contrairement à ce qui a lieu avec les appareils d'induction à 
trembleur, dont les effets varient non seulement de l'un à l'autre, mais aussi 
pour le même appareil suivant les caprices de l'interrupteur et de la pile qui 
le met en viWtion. 




Fig. 4. 



Au point de vue de la pratique médicale, j'ai été conduit à étudier tout 
spécialement les excitations électriques produites par des courants alternatifs 
à variation sinusoïdale. 

Dans ce cas, l'onde électrique est définie par deux facteurs : 1^ la fré- 
quence, c'est-à-dire le nombe d'alternances par seconde ; et 2» l'ordonnée 
maximaqui représentera pour nous la variation maxima du potentiel au point 
excité. 

Dans la pratique médicale, il est nécessaire de pouvoir faire varier ces 
deux facteurs d'une manière indépendante et d'en avoir la mesure à chaque 
instant. Le dispositif suivant est destiné à résoudre pratiquement ce pro- 
blème. 

Soit ce un anneau Gramme portant d'un côté de Taxe le collecteur ordi- 
naire avec ses balais B, B', et de l'autre côté deux bagues métalliques isolées 



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264 REVUB INTERNATIONALE D'ÉLECTROTPÉRAPIB 

K, K', communiquant respectivement avec chaque moitié de l'anneau par 
deux prises de courant situées sur Tinduit à ISO^. L'anneau tourne dans un 
champ magnétique créé par un courant indépendant traversant Tinducleur I 
par les fils marqués + et — . Si Ton met l'anneau en mouvement par une 
force mécanique extérieure, on recueillera aux balais B B' un courant continu 
aux Trotteurs K, K' un courant alternatif à variations sinusoïdales. 

En plaçant sur l'axe de la machine un indicateur de vitesse, on connaît à 
chaque instant la fréquence du courant. Quant à la force électromotrice 
maxima, elle est donnée tout aussi simplement et d'une manière continue 
par un voltmètre ordinaire à courant continu, relié aux deux balais B, F. 

On fait varier la fréquence en changeant la vitesse de rotation et la force 
électromotrice eh modifiant le champ magnétique créé par l'électro. Dans le 
modèle construit sur mes indications par M. Gaiffe, l'inducteur est constitué 
par un aimant permanent qu'on approche plus ou jboins des épanouissements 
polaires pour modifier le champ. Le voltmètre donne aussitôt la valeur de 
l'ordonnée maxima et l'indicateur de vitesse, la fréquence. Les deux élé- 
ments de la sinusoïde sont donc connus à chaque iustant et l'opérateur leur 
donne la valeur qu'il désire. Je ferai remarquer qu'en amenant un courant 
continu, provenant d'une pile, par exemple, aux balais B, B', on recueillera 
en KK' un courant sinusoïdal. En mettant BB' en communication avec un 
réseau à 110 volts continus, et en intercalant un rhéostat convenable, on 
recueillera en KK' des courants sinusoïdaux dont le voltage pourra varier de 
110 à 20 volts, par exemple, et avoir ainsi une installation très simple. 

(La fin au prochain numéro.) 



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BEVUE INTERNATIONALE d'ÉLECTROTHERAPIE 265 

ÉTÏÏDE SUR lES ÉLECTRO- THERMO -CAUTÈRES 

Par M. le docteur CHEVAL. 
Suite et fin (1). 



SECONDE PARTIE 



APPLICATIONS 

A. — Quelle source cTéleciricilé faut-il préférer? 

§ 1. — Les piles a large surface sont encore beaucoup employées aujour- 
d'hui : ce sont des éléments constitués ou bien par un grand nombre de plaques 
de zinc intercalées entre des plaques de charbon, le tout plongeant dans une 
solution de bichromate de potassium [pile de Trouvé), ou bien le nombre des 
plaques est moindre, mais la surface est beaucoup plus grande : telle est la pile 
de von Bruns, représentée ci-après (fig. 1); la partie supérieure indique les 
connections des deux éléments qui sont ici mis en tension. 

Ces piles nécessitent la présence d'un aide pour enfoncer ou soulever les 
éléments, selon les besoins de Topération. Sinon, il faut au préalable faire plon- 
ger les éléments à une profondeur convenable, puis appliquer le cautère sur la 
partie k cautériser. Nous savons par expérience combien de temps s*écoule sou- 
vent (spécialement quand il s'agit d'opérer des enfants peureux ou indociles) 
entre le moment de mise en action de la pile et celui où il est possible d'agir. 

Pendant ce temps perdu, les réactions énergiques de l'élément l'épuisent en 
pure perte, sa résistance intérieure augmente, le débit diminue proportionel- 
lement et, au moment de s'en servir, la pile n'a plus un débit suffisant. 

Pour se passer d'un aide et ne pas dépenser l'élément inutilement, les in- 
venteurs ont réalisé la pile à pédale : au moment de fermer le circuit de l'élec- 
tro-thermo- cautère, le pied de l'opérateur, appuyant sur la pédale, fait monter 
la solution à la rencontre des éléments zinc-charbon. Le levier a plusieurs 
crans, et l'on règle ainsi à volonté la hauteur d'immersion. On conçoit qu'avec 
un peu d'habitude on perde peu de l'énergie électrique de l'élément. 

Toutefois, quelle que soit l'habileté du constructeur, il est impossible d'ob- 
tenir le même débit aux mêmes positions du levier de la pédale, et si le cou- 
rant est trop intense, l'anse est brûlée ou bien rougie à blanc^ elle sectionne 
mais elle n'est pas hémostatique. 

Chardin a imaginé un réservoir à double- fond au vase de la pile. Un tube 
fait communiquer le vase supérieur avec le double-fond. Une poire en caout- 
chouc, en chassant de l'air, augmente la pression au-dessus du niveau du 
liquide du réservoir, la solution de bichromate monte daus l'élément par le 
tube. On ferme le robinet de la poire, et le liquide reste maintenu dans l'élément 
à la hauteur voulue. On conçoit que cette modification, faite surtout au point 
de vue du transport, puisse être utilisée pour la mise on action de la pile au 
moyen d'une pédale. Il en est de même de la modification de Denis. Le cons- 
tructeur bruxellois réunit le fond du vase en verre de l'élément au moyen d'un 

1) Voir le numéro précédent. 



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266 



RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLECTROTHéRAPIB 



tuyau en caoutchouc à un flacoa en verre, logé sur le côté de Télément. Selon 
qu*on élève ou qu*on abaisse le flacon, le vase se remplira ou se videra. Le vase 

extérieur pourra se ma- 
nœuvrer au moyen d'une 
pédale. Pour le transport, 
on met un bouchon aa 
vase extérieur et le liquide 
y reste maintenu. 

Quoi qu'il en soit, si 
les piles à pédale, actuel- 
lement les meilleures, 
peuvent rendre quelques 
services dans les opéra- 
tions à domicile, dans 
une installation de cabi- 
net ou de clinique, il faut 
bannir les treuils et le» 
meubles encombrants. 

La force électro-mo- 
trice des éléments au bi- 
chromate de potassium 
est, au début, de 1\70; 
elle tombe à 1^40 et, à 
la fin, à 0',90. 

Cette baisse, qui peut 
aller jusque 48% du po- 
tentiel initial, est due à 
la polarisation. 

Mais elle ne suffit pas 
pour expliquer la dimi- 
nution de rintensité du 
courant : il faut encore 
faire intervenir l*augmen- 
tation de la résistance 
intérieure par la satura- 
tion de l'acide et la for- 
mation • de chromate de 
zinc. 

Les constructeurs se 
sont évertués à diminuer 
l'importance de ces deux 
facteurs : ils ont établi 
sous les plaques les ori- 
fices dé deux ou plu- 
sieurs tubes en plomb; 
au moyen d'une poire en 
caoutchouc , on chasse 
dans ces tubes de l'air, 
qui vient, en grosses 
1. — Pile du D' von Bruns. bulles, agiter et mélanger 




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EBvUE intbrnationaIt? d'élegtrothbrapie 267 



la masse du liquide et détacher les bulles d'hydrogène adhérant aux plaques. 
Du liquide non encore épuisé par la combinaison avec le zinc arrive au contact 
des électrodes. (Exemple : la pile Chardin). 

Les éléments utilisés en électro-thermo-caustie présentent donc, malgré tous 
les perfectionnements de nombreux constructeurs, un vice radical : le défaut 
de constance par suite de la variabilité de leur résistance intérieure. Ils en 
ont encore d'autres. 

§ 2. — Les accumulateurs sont suffisamment connus du public médical pour 
nous dispenser d*en faire une longue description. 

Ce sont des éléments qui ont beaucoup de ressemblance avec l'élément Trouvé; 
les résultats d'une expérience de plus de six années nous permettent de dire que 
les accumulateurs les plus irréprochables sont les accumulateurs Julien, 

Ces appareils sont constitués par un certain nombre de plaques positives et 
négatives, très rapprochées les unes des autres ; toutes les plaques positives 
sont réunies à une barre positive; de même pour les négatives. Ces plaques 
plongent dans de l'eau acidulée. 

Le squelette métallique de ces plaques est formé par un alliage qui a beau- 
coup d'analogie avec celui des caractères d'imprimerie : il y entre du plomb, 
de l'antimoine, de l'élain et du mercure. Ce squelette est indestructible, et 
dans les cellules qui y sont ménagées, on introduit un mélange de minium ou 
de litharge, selon que les plaques seront positives ou négatives. Ces pastilles 
d'oxyde de plomb possèdent une perforation cylindrique de 2 à 2 }4 millimètres 
de diamètre ; nous en verrons tantôt le rôle. 

Pendant la charge, le minium des plaques positives, au contact de l'oxygène 
de l'électrolyse de Teau^ devient peroxyde de plomb, et la masse de chaque 
cellule augmente : on dit alors que la plaque foisonne ; la litharge des négatives 
se réduit en plomb spongieux, en cédant un atome d'oxygène à deux d'hydrogène. 

Pour éviter que ce gonflement de la masse intra-cellulaire ne vienne établir 
un contact entre les plaques positives et négatives, et amener ainsi un court circuit 
au travers duquel l'élément se déchargerait et se détruirait^ Uber a perforé le 
le centre de toutes les pastilles. La dilatation a pour effet de diminuer le diamètre 
de la perforation centrale, elle devient essentiellement centripète, et les courts 
circuits sont supprimés. Depuis l'adoption de ces types de plaques perforées, la 
capacité de l'élément a été notablement augmentée et sa durée rendue pour ainsi 
dire indéterminée. 

L'accumulateur chargé présente donc sur ses plaques deux corps essentielle- 
ment instables: l'un, le plomb spongieux qui, au contact de Teau acidulée, ne 
demande qu'à lui enlever un atome d'oxygène pour redevenir protoxyde de plomb; 
les deux atomes d'hydrogène libérés sur la plaque positive ne resteront pas à l'état 
gazeux: il s'uniront à l'atome d'oxygène surnuméraire du peroxyde de plomb, 
pour former de l'eau et ramener ce corps instable à l'état de minium. 

Mais cette reconstitution n'a pas lieu en circuit ouvert. 

Les accumulateurs ont une force électro-motrice de 1t,9 à 2 volts, pendant 
toute la période de décharge rationnelle. 

La résistance intérieure de l'élément est sensiblement constante. Ce n'est qu'à 
la fin de la décharge que la densité du liquide baisse et que la résistance 
augmente légèrement. 

Cette résistance est excessivement petite. En effet, la hauteur d'immersion et la 
nature du liquide restent invariables, si l'on reste dans les limites d'une décharge 
rationnelle. 



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268 



REVUE INTERN/LTIONALE D'éLBGTROTHBRAPIB 



Par rationnellej nous entendons dire qu'il ne faut pas décharger les accumula- 
teurs complètement : non seulement ce procédé est nuisible aux accumulateurs, 
mais encore la force électro-n^otrice tombe dans les dernières minutes de la 
décharge à 1^,80, 1^50; de plus, la résistance intérieure augmente et la nature 
des réactions chimiques est modifiée. 

§ 3. — Dans les villes, encore rares de nos jours, où une distribution d'élec- 
tricité apporte chez Thabitant la force et la lumière sous un potentiel générale- 
ment constant, la solution la plus simple, la plus élémentaire, la plus pratique, 
est de s'adresser directement aux conducteurs de la distribution électrique. 

Mais cette ressource n'étant encore qu'exceptionnelle, il j a lieu de s'en tenir, 
pour le présent, à un choix judicieux entre les pilss et les accumulateurs. 

g 4. — Paratlèles entre les piles et les accumulateurs. 



E est inconstant, par suite de la force contre- 
électro-motrice (e); E devient (E — e) et tombe 
de 1*,70 avec un élément fralchemennt préparé 
à 1»,40 et môme à 0»90, ce qui est dû à la po- 
larisation, qui augmente également la résis- 
tance intérieure. 

Le débit est dès lors inconstant et l'élément 
est épuisé en quelques minutes. 



Les manipulations (de mercure, de solutions 
acides et salines), sont sales, multiples et in- 
commodes. 



ACCUMULATEURS 

E est constant et égal à 2 volts. 

Il est donc supérieur à la force électro-mo- 
trice des plies usitées actuellement. 

La polarisation n'existe pas. 

La résistance intérieure est sensiblement 
invariable. 

Elle est plus faible que dans les piles. 

Le débit est constant et l'intensité supérieure 
À celle des piles. 

La conservation de la charge peut durer 
des années. 

Il n'y a pas de manipulations 



Un de mes amis, le D^ Wagnicr, de Lille, m*a annoncé qu*il était très satisfait, 
pour la thermo-caustie électrique, d'une batterie de grands Leclanché. Ce que 
nous savons de la polarisation rapide des éléments Leclanché quand on leur 
demande un débit d'un ampère, nous confirme dans notre opinion qu'aucun 
élément de pile connu ne peut soutenir le parallèle avec les accumulateurs. 

De ce qui précède, il résulte que nous devons cesser de recourir, dans notre 
pratique journalière, aux piles, quelles qu'elles soient, pour nous adresser uni- 
quement aux accumulateurs. 

Une objection qu'on pourrait nous faire, c'est la recfuirge des éléments. 

Nous donnerons à ce sujet les conclusions de nos expériences : 

1** Aucune batterie de piles ne peut convenir en service régulier pour rechar- 
ger les accumulateurs. Il y a très souvent des ennuis et des mécomptes. 

2'^ La seule solution pratique est de faire transporter ses éléments à l'usine 
quand ils sont épuisés, ce qui arrive tous les quatre ou cinq mois. 

B. — Pratique de l^électro-thei^mo-caustie. 

Pour compenser les variations de la résistance électrique de l'électro-thermo- 
cautère et de l'anse, nous avons conclu à l'adjonction d'un rhéostat et d'un 
ampèremètre dans le circuit extérieur. 

De Vanse électro- thermo-caustique, — Si nous voulons bien remarquer que 
les anfes de fil de fer de 1/3 de millimètre dont nous nous servons habituelle- 
ment exigent, pour être portées au rouge sombre, une intensité de 5 ampères, et 
que, quand l'intensité est de 8 ampères, le fil se fond, il faudra, quelle que soit 



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REVUE INTERNATIONALE d'ÉLECITROTHÉRAPIE 269 

la longueur de Tanse^ que Tintensité soit et reste à 5 ampères pendant toute 
la durée de l'opération. 
La théorie nous a donné deux solutions. 

Première solution. — Rappelons-la en deux lignes : 

n fout un potentiel élevé et un rhéostat réglable de plusieurs unités. 

Le potentiel du circuit aura, par hypothèse, 55 yolts (1); une batterie de 
28 accumulateurs suffit. 

La résistance de Tanse varie de Ou, 10 quand elle est déployée, à 0» quand elle 
est fermée à fond. 

Si nous donnons dans la formule (4) leur valeur aux différents termes, nous 

aurons : 

r" = b ampères, 

NE = 55 volts; 

la résistance de Tanse R'^ = Oa),10; la résistance du rhéostat, du circuit exté- 
rieur R'. et de N.R, = 10«,90. 
En faisant le calcul, on a : 

_ 55^ _ 55 

~ 10«,90 + 0«,10 11 

Et quand l'anse sera fermée à fond R"c = 0, quelle sera l'intensité ? 

55^ 55 

"^'^^ 10a>,90 + ="ÏÔ;9" = ^'^^^'°P^^^"- • • • • (12) 

La différence a entre (11) et (12) sera 5%04 — 5* = 0*,04. 

L'intensité, quand l'anse sera fermée, sera supérieure de 40 milliampères, 
c'est-à-dire négligeable en électro-thermo-caustie. 

Cette solution, que nous empruntons au cours d'électro- technique donné en 
1890 et 1891 par M. Léon Gérard à l'Institut Solvay, peut être réalisée par deux 
procédés : 

1® L'utilisation d'une distribution d'énergie électrique; 

20 Une batterie de 25 à 28 accumulateurs. 

Cependant, toutes les villes ne sont pas encore pourvues d'une distribution 
d'électricité, et tous les médecins ne disposent pas d'une batterie de 25 accumu- 
lateurs. 

C'est ici le lieu de faire remarquer qu'actuellement nombre de médecins et de 
constructeurs se sont évertués à inventer quantité de types différents de piles 
pour les usages médicaux : 

a) Les piles à faible débit, nombreuses pour la voUaïsation (2); 
6) Les piles à débit plus large pour les hautes intensités (gynécologie), pour 
rélectrolyse, l'électro-chimie-caustie, etc.; 

c) Les piles à immersion et autres pour l'éclairage des différentes cavités du 
corps; 

d) Les piles à larges surfaces et à immersion et autres (les Leclanché employées 
par Wagnier) pour l'électro-thermo-caustie. 

Il serait cependant si simple de supprimer cet arsenal encombrant et ennuyeux 
en acceptant l'un des deux procédés que nous proposons : 

(1) Npus conserverons dans nos calculs subséquents l'hypotlièse de 55 volts. 
(i) Tripier, Précis thérapeutique et instrumental d'électrologie médicale, 1889. 



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1° Utilisation pour les besoins médicaux de V énergie d'une distribution élec- 
trique. 

Nous ne pouvons, faute de place, nous étendre sur les immenses avantages 
que remploi des dynamos apporterait à la pratique chirurgicale. Nous passeron<^ 
également sous silence les facilités qu'apporterait à la diagnose l'emploi journa- 
lier des différents poljscopes, endoscopes, otoscopes, laryngoscopes, hystéros- 
copes, ophthalmoscopes. 

Entre les bornes (+) et (—] de la distribution, nous installerons un commu- 
tateur A, au sortir de Tampèpemètpe, qui permet d'envoyer en a (fig. 2) le cou- 
rant dans une seconde dérivation, 
ou d'ouvrir ce circuit quand la ma- 
nette est placée en 6. La différence 
de potentiel est de Kî» volts, par 
exemple. 

Une première dérivation com- 
prend l'éclairage des laryngoscope, 
endoscope, etc., et de la maison. 

Do a à c se trouve une série de 
résistances élémentaires, de 1 ohm, 
entre chacune des touches d'un 
collecteur bien construit. Supppo- 
sons qu'il y ait 55 touches donc 
55 ohms. 

L'intensité de cette dérivation 
sera de 1 ampère, et la différence 
de potentiel, entre deux touches 
sera de i volt. 

On peut la faire plus petite encore 
en augmentant le nombre de tou- 
ches, ou de plus de 1 volt en le 
diminuant. 
De même, on peut admettre telle intensité qu'on voudra dans la dérivation ; 
c'est une question de résistance totale. 

Suivant le dispositif d'un graduateur imaginé par M. Léon Gérard et compre- 
nant un condensateur de 1 micro-farad et une résistance calibrée, nous avons 
dû modifier la lame du collecteur. Ce n'est plus un simple balai, c'est un double 
balai fixé sur un curseur : l'un des balais est isolé et l'autre communique avec la 
règle [1 ) de prise de courant; la lame isolée est reliée à la seconde par la résis- 
tance du graduateur. 

Cette résistance est calculée de façon à n'admettre d'emblée, comme augmenta- 
tion d'intensité, au passage de chaque touche, qu'un courant minime qui n'est 
presque pas perçu. 

Si ce courant doit être de 1 milliampère, la résistance sera 1,000 ohms. Si ce 
courant doit être de lOmilliampères, la résistance sera 100 ohms. 

Ces résistances doivent être sans self ^induction ; f ai adopté des résistances de 
charbon. 

L'atténuation de l'extra courant est encore obtenue par l'adjonction d'un con- 
densateur de 1 micro-farad, mis en dérivation aux bornes du circuit dérivé. 

(1) Nous avons adopté une règle et un curseur, pour la faciliU* de la démonstration. 
Tous les collecteurs peuvent être utilisés, s'ils sont bien construits. 




Fig 
n 
d' 



Schéma d'une installation d'électrothé- 
branchée aux bornes d'une distribution 



rapie, 

"énergie électrique 



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271 



De là, le courant se rend à un rhéostat en charbon, que nous préférons aux 
rhéostats métalliques à raison même de Tabsence dlextra-courant, puis à un 
milliampèremètre, et après avoir passé par un inverseur, une série d'interrup- 
teursy etc., que nous négligeons, aboutit à une borne et au premier tampon; le 
second tampon est relié à la borne G. 

En dérivation sur les tampons se trouve branché un circuit avec interrupteur 
comprenant le voltmètre. 

Ce courant pourra être utilisé comme courant continu, courant interromîpu, 
ou envoyé dans un transformateur. 

Un troisième circuit dérivé est formé par le commutateur B, lorsqu'il est relié 
à la touche (b' ) ; il comprend le grand rhéostat, d'au moins 1 1 ohms, la poignée 
des cautères et retourne au fil ( — ) par la borne G' . 11 va sans dire que pour avoir 
un courant électro- thermo-caustique de moins de 5 ampères, il faudrait ajouter 
des résistances au giand rhéostat (1 ). 

2^ Gomme nous avons à Bruxelles les accumulateurs Julien modifiés par Uber, 
nous avons installé dans notre cabinet une batterie de 25 accumulateurs^ dans 
un meuble de I»x0™50x0"80. 







* I * ; » f 



î^-r •• 



4! 



FiG. 3. — Schéma d'une installation d'électrothérapie complète 
avec une batterie d'accumulateurs. 



FiG. 4. — Polyscopc. 



La figure 3 montre la disposition des différents circuits dérivés et nous dis- 
pense d^une longue description. 

Les deux premiers accumulateurs sont de 20 kilos, les 23 autres de 5 kilos (2) : 
ces accumulateurs sont réunis en tension et le pôle positif de chaque élément 
vient, comme dans le double collecteur de Gaiffe, de Vigouroux et de Beidigert, 
se fixer au bouton correspondant du collecteur à double manette. 

(1) Dans le cas d'une distribution parcourants alternatifs, il y aurait lieu de recourii- 
à un système de transformateur pour modilier la phase du courant primaire. 

(:i) Chaque kilo de plaque d'accumulateur a une capacité de 6 ampères-lieures et pei- 
met un débit de 1*,5. 



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272 



REVUB INTERNATIONALE d'ÉLBCTHOTHBRAPIB 



Les prise de courant sont du modèle dû graduateur Gérard à pastilles de char- 
bons. Cette batterie nous sert pour la voltaïsation, Télectrolyse, la faradisation, 
en même temps qu'elle alimente la lampe de notre laryngoscope, de noire poly- 
scope (1) (fig. 4) et qu'elle fait rougir nos cautères. 



/O 



r" 




Fig. 5. — Rhéostat. 



Deuxième solution. -— Si nous ne disposons pas 
d'un grand nombre d'éléments, E sera faible et ne sera 
guère supérieur à 2^; 4*; 4',5 et 5*. 
C'est la solution la plus généralement adoptée. 

Nous proposons dans 
ce cas Tadjonction d'un 
rhéostat de 2 ohms qui 
permettra d'augmenter 
R'e quand R"c diminue, 
ou inversement. 

Le rhéostat que nous 
avons adopté est très 
simple : une manette 
parcourt un certain 
nombre de touches, en- 
tre lesquelles sont inter- 
calées des résistances 
élémentaires (fig. 5) en 
fil de maillechort, gros pour l'électro-thermo-caustie, 
plus fin pour la lampe à incandescence. Nous verrons 
au deuxième paragraphe les développements de cette 
solution. Nous pouvons également nous éclairer au 
moyen du polyscope et du laryngoscope (fig. 6), dont 
la lampe est de 4 volts (2j. 



II 

NOTRE DISPOSITIF 

Nous allons exposer les résultats de nos expériences, 
mais, auparavant, nous croyons bon de donner une 
description complète de notre installation. 

Il est possible que d'autres avant nous aient décrit 
ou adopté le même dispositif : nous avons cherché 
dans la littérature médicale, nous n'avons rien trouvé. 

Néanmoins, nous ne voulons pas éveiller leur sus- 
ceptibilité; nous ne rechercherons pas le vain honneur 
d'avoir été le premier à faire telle ou telle chose; nous 

n'avons qu'un seul but : tâcher d'être utile à ceux qui voudront bien nous 
lire. 

Du pôle positif de notre batterie de 2o accumulateurs part un fil qui vient se 
fixer (fig. 7) à la borne A du laryngoscope ; de là le courant arrive à la lampe, 




Fig. 6. — Larynfiroscope élec- 
trique de i'auteur. 



(1) Le polyscone ost une lampo minuscule adapt/'e à une monture d'électro-caulére et 
qui peut s'introauire dans les diflorentes cavités du corps, nez^ matrice, etc. 
• ("2) Art médical belge, numéro du 10 novembre 1887. 



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RBVUE INTBRNATIONALB D'ÉLBCTROTHéRAPIE 



273 



qui est une Kotinsky argentée (1) sur son émisphère postérieur. Il est évident 
que nous n'avons pas ainsi un miroir parabolique idéal, mais la réflexion des 
rayons lumineux augmente considérablement Tintensité du pinceau de lumière. 

Le circuit, au sortir de la lampe, comprend le rhéostat à touches inférieur B, 
qui permet de régler l'intensité lumineuse ; de là, le courant arrive au commuta- 
teur de droite du tableau. 

La manette de ce commutateur peut être placée dans trois positions diffé- 
rentes : 

En 0, le circuit est ouvert ; 

En G, le courant traverse Vampèremèire Danel et en sort pour aboutir à la 
borne L, où se fixe le pôle négatif de la batterie d'accumulateurs ; 

En D, le courant arrive directement à L. 

Aux contacts mêmes de la lampe se 
trouvent deux fils fins, dont l'un est 
interrompu au niveau du bouton E; 
ces deux fils viennent aboutir aux 
bornes L' du tableau indicateur, en 
communication avec le^ deux bornes 
d'un voUmètre Danel. La figure 8 mon- 
tre l'ensemble de l'installation et la 
figure 7 le détail des circuits. 

Les deux premiers accumulateurs de 
notre batterie, qui ont chacun 20 kilo's 
de plaque, nous servent de source 
électro-thermo-caustique pour les cau- 
tères seuls, 

La Société « l'Électrique » construit, 
pour rélectro-thetmo-caustie, deux 
accumulateurs réunis dans une boîte 
(fig. 9) avec rhéostat; cette disposition, 
très favorable au transport, est très 
utile aux médecins qui ne désirent 
qu'une batterie d'accumulateurs pour 
l'électro-thermo-caustie. 

Comme on le voit sur la figure 3, au 
sortir de la poignée de l'électro-cau- 
tère,' le courant arrive à un commu- 
tateur & deux directions, qui peut l'envoyer au pôle négatif de la batterie d'ac- 
cumulateurs pour les anses électro-caustiques, ou au pôle négatif du second élé- 
ment quand il s'agit du cautère ordinaire. 

En effet, chaque kilo de plaque d'accumulateurs permet un débit de 1^,5; les 
éléments ont 5 kilos, ce qui permet un débit de 7^,5, amplement suffisant pour 
porter au rouge sombre des anses de fil de fer. 

S'il s'agit des cautères, les deux premiers éléments, ayant 20 kilos, permettent 
un débit de 30 ampères. 

Les figures 7 et 8 donnent un autre agencement des circuits : 

Le rhéophôre positif vient aboutir à la poignée du cautère de Schech (lig. 10) 
ou à celle du serre-nœud (fig. 11) du même auteur. 

(1) Depuis 188^, nous faisons argenter la face postérieure de nos lampes. 




FiG. 7. 



- Schéma des circuits dans 
notre installation. 



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274 



RBVUB INTBRNATIONALB d'BLECTROTHÉRAPIB 



Nous avons aussi utilisé la poignée de Sattler (fig. 12). 

Un second rhéophore F aboutit à la manette du rhéostat F à touches et à ré- 
sistances élémentaires de gros fil de maillechort. 

Un gros câble réunit ce rhéostat à la manette H du gros commutateur gauche 
du tableau. 




FiG. 8. — Enseriïble de l'inslallation d electro-thermo-caustie et d'éclairage 
électrique. (D'après une photograpiiie) 



Ce commutateur peut aussi occuper trois positions : 
En 0, le circuit est ouvert ; 

En G, Vampèremètre Danel est mis dans le circuit et le courant sort en C; 
En D, le courant arrive directement à la grosse borne G, et, par le K, retourne 
au pôle négatif. 
Dans la (igure 3, le courant arrivé au commutateur peut aboutir au pôle 

négatif du deuxième élément. 

Aux deux bornes ee des poignées, auxquelles 
viennent se fixer les tiges des cautères ou les 
tubes des anses, s'attachent deux fils /*, /*, qui 
arrivent aux bornes G\ et, de là, à un milli- 
ampèremètre ReidigerL 

Gomme on le voit, chaque fois que Topé- 

rateiir appuiera sur le contact de la poignée, 

si la manette H se trouve en G, Tampère- 

. . . mètre donnera l'intensité du courant qui 

Aorumulalours Juli«'n-Lbor , ,. ^ , .,,. , ...^ 

avec rhéostat. traverse le cautère, et le milliampèremeire 




Fi(.. 0. 



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275 




FiG. 10. — Poignée de 

1 electro-themno-câu- 
tère de Scheck. 



FiG. 11. — Poignée du serre-nœud 
de Scheck. 



FiG. 12. — Poignée 
de Saltler. 



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276 KBVUB INTERNATIONALE D'éLBGTROTHéRAPIB 

recevra une faible partie de ce cGurant, qui sera tarée par la déviation de 
Taiguille. 

L*ampèremètre a une résistance totale de 0^,014, tandis que le milliampère- 
mèire a une résistance de 118"; Tintensité du courant ainsi dérivé sera les 
jYj^ du courant total. 

Dans ces conditions, les déviations du milliampèremètre seront proportion- 
nelles à la différence de potentiel aux bornes du cautère, et nous permettront de 
la mesurer. 

Ces deux lectures nous donneront, par une simple division, la résistance de 
Tarmature et ses variations. 

Soient I, 25 ampères lus à l'ampèremètre ; e, 2 volts lus au milliampèremètre : 

r = | = 0-,08. 

La résistance du cautère sera donc 8 centièmes d'ohm. 

el représente le nombre de watts absorbés, soit 2 X 25 — 50 watts. 

Et si le cautère reste appliqué pendant une minute, soit 60^^, 

elt = IV/ = 2 X 25 X 68 <= 3,000 joules. 

Et comme un joule vaut 0,24 calorie (g. d.), 3,800 joules valent 720 calories 
(g. d.), soit 0,728 grande calorie. 

Mais l watt vaut ~ kilogrammètre ; 50 watts vaudront ~ = 5'^"o«'-,i par se- 
conde . 

L'énergie absorbée par seconde par ce cautère serait donc capable de soulever 
5 kilogrammes à 1 mètre de hauteur, si elle était transformée en travail méca- 
nique. 

Nous avons déterminé qu'une anse de fil de fer de 1/3 de millimètre de dia- 
mètre exige un courant de 

5 ampères, pour (Hre portée au rouge sombre. 

6 — ^_ _ rouge. 

G % — — — cerise. 

1% — — — — blanc. 

8 ampères, pour être fondue., 

Nous plaçons la manette sur la touche qui donne une intensité de 5 ampères; 
au fur et à mesure que l'anse se resserre, l'ampérage tend à monter : on aug- 
mente la résistance extérieure de la main gauche, tandis que la droite, conti- 
nuant à resserrer ranse, termine l'opération. 

La manœuvre de la manette peut être faite au moyen d*une pédale, ou bien le 
chariot du serre-nœud introduit dans le circuit une résistance compensatrice, 
comme dans le serre-nœud du D»" DeUtanche. 

L" ampèremètre Danel est un excellent instrument qui convient très bien à 
l'électro-thermo-caustie ; il a été construit pour mesurer une intensité de 1 à 25 
ampères; chaque division représente 1/4 d'ampère. Mais nous avons été obligés 
d'y adjoindre un Shunt qui a permis de mesurer des courants de 25 à 50 ampères. 

Nous avons vérifié l'étalonnage de nos galvanomètres à l'Institut Solvay, et 
nous avons pu nous convaincre que l'étalonnage de cet instrument était suffi- 
samment précis. 

Nous avons employé une batterie de quinze accumulateurs de 10 kilogrammes, 
réunis en tension par cinq éléments mis en quantité, ce qui représente trois grands 
éléments de 50 kilogrammes qui donnent sans fatigue un débit maximum de 75 
ampères sous 6 volts. Le pôle positif (fîg. 13) aboutit à une résistance réglable: 



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277 




de là, à une barre rigide en maillechort, suffisamment épaisse pour un courant 

de 50 ampères. Le courant traverse ensuite un Nalder N et un Danel, puis arrive 

à un commutateur qui permet trois directions : 

1» à travers un voltamètre à eau de Koblrausch K 

et un voltamètre à sulfate de cuivre V; 2« à travers 

le voltamètre à SO*Cu seul ; 3<> directement au 

pôle ( — ) de la batterie. 

Entre deux points a et 6 de notre barre de 
maillechort, nous avons établi un Wiedemann W. 

La distance ab a été choisie pour que l'inten- 
sité déterminée par la cbute de potentiel entre 
a et 6, soit telle qu'un courant de ^ donne uue 
déviation de 100 millimètre dans le W. 

Après deux lectures à 5 et 18 ampères, on 
peut mettre le Koblrausch hors du circuit, et 
continuer la lecture avec le voltamètre à SCHGu jusque 25 ampères. 

Pour continuer la mensuration jusqu'au 50^, on lit les déviations des ampère- 
mètres et celles du Wiedemann, et comme ce dernier est rigoureusement pro- 
portionnel, rétalonnage peut se continuer plus rapidement. 

Nous avons adopté le SO*Cu de préférence au voltamètre à sel d'argent, car si 
ce dernier permet des lectures plus rapides, le dépôt pulvérulent donne moins 
de rigueur aux pesées. 

Nous avons comparé les indications du Koblrausch à celles du voltamètre à 
SO*Cu, afin d'établir le mérite de ces deux méthodes absolues, au moins pour le 
tarage des faibles intensités. 

En effet, pour le Koblrausch, d'après la formule, 



FiG. 13. — Etalonnage des 
ampèremètres. 



1» 



v« «•»»- X 760 X 273 



dans laquelle I est l'intensité cherchée, 
v, le nombre de centimètres cubes du mélange gazeux dégagés; 
r>, la température observée du mélange gazeux ; 
P, la pression barométrique ; 

^etrtt d« hant. 

r^-T , hauteur du liquide au-dessus du niveau ; 

10,0 

n", le nombre de secondes pendant lequel l'expérience a été faite. 

Cette valeur de I doit être égalisée à celle donnée par la formule du voltamètre 

au So*Cu, 



n»""«X 19%177' 

Un ampère dégage par heure 3600 X 1738 centimètres cubes d*0 et d'H mé- 
langés; un ampère dégage par heure 1,177 gramme du Cu métallique. 

U y a une seule précaution à prendre avec ce dernier : c'est que le poids du 
Cu déposé doit être au maximum le 1/40 du poids de la plaque. 

Quant au Koblrausch, il y a deux objections à y faire : 

1<> La difficulté de la lecture due à la grandeur du ménisque et à la division du 
récipient par 5 centimètres cubes ; 

2<» La variation du volume Y et de la pression P peut ne pas être concomitante 
pendant la durée d'une expérience. 



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278 



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III 



CAUTERES BN PLATINE ET EN FER 



La plupart des petits cautères de Schech et autres, construits par Albrecht, de 
Tùbingen, dont nous donnons ci- joint lés formes principales (fig. 14), absorbent, 
pour être portés au rouge sombre, de 40 à 25 ampères. Pour peu que les dimen- 
sions des cautères deviennent plus grandes, les cautères de Bruns, par exemple, 
demandent 30, 55, 40 et 60 ampères pour être portés au rouge sombre. 



/. Z. 3. ^. j. 6. 

Fia. 14. — Cautères de Schech. 

Lès curettes électro-caustiques pour les tumeurs adénoïdes du docteur Louis 
Rousseaux, de Schaerbeek, absorbent 2i à 55 ampères (fig. 15). 

n est à remarquer que non seulement la forme et les dimensions des cautères 
sont la cause de ces hautes intensités, mais encore la nature des tissus à opérer, 
leur yolume et leur contenance en matière liquide. 



Curritr. l*t«r*l»j 



Ciu-ttlei ••ai l* p«r«i jPAltrê'UlfZritart 




Ainsi, le cautère représenté (fig. 16) pour les amygdales exige 35 ampères pour 
être porté au rouge sombre, et 38 ampères quand il cautérise une amygdale, 
soit avec 3%o aux bornes, 133" ou I3kiioorainini.«cond«^6. 

. Ayant contrôlé par le système que nous venons de décrire le travail que les 
divers cautères demandaient à nos batteries, nous nous sommes émus des à*coaps 



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REVUE INTERNATIONALE D'âLBCTROTHéRAPIE 279 

et des dépenses anormales qui^ répétées fréquemment, doivent fatalement dé- 
truire les éléments d'accumulateurs les mieux construits. Nous avons vu, en 
effet, qu'il est peu pratique de dépasser 1*,5 par kilogramme de plaque d'ac- 
cumulateur. Il nous faudrait donc alors disposer d'éléments de 38 kilogrammes. 

Néanmoius, et afin de proportionner la dimen- 
sion de nos accumulateurs et celles de nos cau- 
tères au travail exigé, nous avons été amené à 
concevoir des dispositifs basés sur les conditions 
théoriques suivantes (!) : 

1® D'après les travaux de Preece, pour être 
porté au rouge sombre, un fil de 1 millimètre 
de platine exige une intensité de 40«,4, et un fil 
de 1 millimètre de fer ou d'acier exige une inten- ^'^" ^^' 

site de 24M ; 

2<* La résistance d'un fil varie quand il est porté de à 400*^ : 

Pour un fil de platine, dans le rapport de 1 : 1,89, et pour un fil de fer ou 
d'acier, dans celui de 1 : 3,76. 

Aux températures supérieures à 400^, ce rapport est considérablement aug- 
menté pour le fer et l'acier. 

Par conséquent, la transformation de l'énergie exigée par des fils de même 
longueur et de même diamètre, variera considérablement avec les métaux 
employés; la formule l*r, qui permet de la mesurer, deviendra, pour des fils de 
1 millimètre de diamètre et de l'unité de longueur, en platine : 

(40%4j« X Bf X 1,80, 
et en fer : 

{24S1)« X B? X 5,76. 

£n résolvant ces deux formules, on trouve que la somme d'énergie exigée 
par le fer, pour porter des fils de 1 millimètre à 400'*, par exemple, sera les ^4 
de celle qu'exige le platine. 

Léon Gérard, dans une de ses leçons à l'Institut Solvay, nous disait : « A ne 
« considérer que l'économie du courant électrique, il faut rejeter absolument 
« l'emploi du platine en électro-tbermo-caustie, et puisque le plomb semble ne 
« pas convenir pour cet u?age, c'est au fer qu'il faut vous adresser. » 

De tout ce qui précède, il résulte que, si l'intensité spécifique du courant qui 
fait rougir un fil de fer est inférieure à colle du platine, en vertu de la loi de 
Preece^ l'augmentation de résistance du cautère en fer, porté au rouge, la fait 
encore diminuer. 

Depuis 1874, M. le D»* Delslanche et, après lui, M, le D^ Capart, se servent de 
fil de fer et d'acier pour leurs anses; von Bruns, en 1878, dans l'étude qu'il a 
faite sur les piles et les thermo-cautères électriques (2), n'a pas même examiné 
cette question. 

Nous avons été plus loin, et nous avons remplacé le platine des armatures de 
nos électro -cautères par une armature en fer ou en acier. 

Gomme on pouvait le prévoir, des cautères qui, en platine, demandent de 13 à 

(1) Couvh de Léon Gérard. 

(2) Die Galvanokaustichen apparate und Instrumente ihre Handhabuna und Auwen- 
dung, von U' V von Bruns, l'rofesseur der Chirurgie in Tijbingen. Verlag der H. 
Laupp*scben. Buchhandlung. 



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280 KBVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHBRAPIB 

25 ampères, rougissent parfaitement avec un courant de 7 à 12 ampères, quand 
Tarmature est en fer. 

G*e8t avec les cautères en fer que remploi du rhéostat et de Tampèremètre 
s'impose. Il était difficile, si pas impossible, de manier sûrement les cautères en 
plaiine sans rhéostat; en raison de la faible intensité qu'ils exigent, les cautères 
brûlent avec une facilité surprenante. Tous nos générateurs d'électricité ont été 
construits par des débits supérieurs à ceux de nos nouveaux cautères; le rhéostat 
seul permet de réduire ce débit à l'intensité convenable. 

Nous avons constaté que des armatures d'acier solides, découpées dans des 
lames de sacrificateur, rougissent très facilement par un courant de 22 à 
25 ampères. 

Nous nous sommes fait construire toute une série de cautères qui nous per- 
mettent de faire^ sans craindre l'hémorragie, en les maintenant au rouge sombre 
les opérations jadis sanglantes, la trachéotomie, par exemple. 

Nous sommes loin des intensités fantastiques de 50 à 60 ampères, auxquelles 
aucune des poignées de nos électro-thermo-cautères ne pouvait résister. 

En effet, un fil de cuivre de 1 millimètre carré de section permet le passage 
de 4 ampères, sans échauffement sensible : c'est la densité de courant pratique. 

Un fil de 2 millimètres de côté permettra une intensité de 2 X 2 X * = 16'; 
un fil de 3 millimètres de côté permettra une intensité de 3 x 3 X 4 = 36*. 

Or, la plupart des tiges de cautères actuels ont de 1 à 2 millimètres de dia- 
mètre; ces tiges s'échauffent rapidement, au point de brûler les tissus en contact 
et le fil de soie qui les isole. 

Même les cautères de Schech, si universellement appréciés, ne sont pa^ 
exempts de ce défaut; une des caractéristiques de ces instruments, c'est la grande 
délicatesse de leurs tiges, et, pourrais-je dire, leur ténuité. 

Avec des armatures de fer, rien n'empêche de faire de tout petits cautères, 
fins, délicats, pour l'oculistique et l'otologie. Ne nécessitant, pour être portés au 
rouge, que 1 à 2 ampères, ces petits instruments pourraient s'adapter à de 
minces tiges de cuivre qui ne gêneraient en rien l'éclairage parfait du champ 
opératoire. 

De même les couteaux électro-thermo-caustiques ne devront plus être montés 
sur des tiges démesurément fortes pour être construits convenablement. Ces 
cautères deviennent de vrais bistouris; ils en ont tous les avantages au point de 
vue de la section sans entraîner l'hémorragie et avec des garanties certaines 
d'asepsie. 

Le meilleur instrument aseptique est celui qui peut être porté extemporané- 
ment au rouge . 

Et le meilleur hémostatique, c'est le rouge sombre. 

Mais pour obtenir ce résultat d'une façon mathématique, il nous faut un rhéos- 
tat et un ampèremètre. 

Enfin, si les accumulateurs n'ont plus le même travail à fournir^ la dépense en 
ampères étant diminuée de moitié, la durée de la décharge sera augmentée du 
double et le travail sera plus régulier. 

On a reproché aux cautères en fer de s'oxyder au contact de l'air et de laisser 
dans les tissus sectionnes ou cautérisés des parcelles d'oxyde de fer qui pour- 
raient être nocives. 

Mais les nombreuses ablations de tumeurs faites avec l'anse de fil de fer eussent 
dû être la cause de toutes sortes d'accidents. A ma connaissance, j'ai vu faire ces 
opérations des milliers et des milliers de fois ; Je l'ai faite moi-même assez son- 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'ÉLBCTROTHéRAPIB 281 

?ent pour avoir une certaine expérience de la question : jamais je n'ai vu, m 
eu un accident! C'est pourquoi Je n*ai pas hésité à expérimenter les cautères 
en fer. 

Depuis à peu près un an que Je les emploie, je n*ai Jamais remarqué le bien- 
fondé de cette critique qui, Je m'empresse de le dire, a été faite a priori. 

Au contraire, la légère couche de sous-oxyde de fer qui ternit le brillant des 
cautères, lors d*un premier échauffement, protège les couches profondes contre 
Toxydation. 

Nous ayons argenté les armatures, et depuis lors Toxydalion est nulle. 

Les cautères en fer sont économiques au point de vue du coût et au point de 
vue de la dépense en énergie électrique. 

Âibrecht, de Tlibingen, a construit, sur nos indications, tous les cautères que 
nous avons étudiés et que nous préconisons. 

Conclusions 

Do rétade qui précède, il résulte que : 

1<> Les piles à large surface, adoptées généralement encore en électro-thermo- 
caustie, ont non seulement une force électro-motrice inconstante, I^ais une 
résistance intérieure inconstante, ce qui rend leur débit inconstant. 

Ces piles se polarisent très vite et s*épuisent très facilement, même en circuit 
ouvert. 

20 Leur rôle ne peut plus être qu*un rôle accessoire. 

3<> Les accumulateurs ont une force électro-motrice élevée et constante, et un 
débit constant. 

40 Une batterie de 20 à 25 accumulateurs de 5 kilogrammes, dont les deux 
premiers sont de 10 à 15 kilogrammes, permet non seulement la thermo-caustie 
et l'éclairage, mais encore les divers usages de l'électrothérapie. 

50 Une solution rationnelle du problème de Télectro-thermo-caustie nous est 
donnée par Tadoption d'une telle batterie. Avec un rhéostat convenablement 
choisi, l'intensité restera la même, que l'anse soit développée ou fermée à fond ; 
la température restera au rouge sombre et la sécurité de l'opération sera absolue. 

6® L'emploi d'un rhéostat et d'un ampèremètre s'impose dans toutes les appli- 
cations électro-thcrmo-caustiques. 

La cautérisation aveugle, brutale, empirique, n'a plus d'excuse. 

Les méthodes scientifiques du dosage du courant qui auraient dû s'imposer en 
électro thérapie, depuis le Congrès des électriciens de 1881, s'imposent également 
à rélectro-thermo-caustie. 

70 Le voltmètre permet de déterminer l'état de charge des accumulateurs. 
Conjointement avec lec indications de l'ampèremètre, nous calculons la résis- 
tance des cautères aux différentes températures, et l'énergie transformée en 
chaleur, par la détermination du nombre de watts ou de calories. 

S9 Si la lampe à incandescence demande seulement 1 ampère pour nous éclai- 
rer, les cautères en platine exigent une intensité qui peut varier de 10 à 60 
ampères, selon la forme et les dimensions de l'armature. 

Les plus petits cautères, les plus ordinairement usités, demandent de 10 à 25 
ampères. 

9» Preece a établi que le fer exige la moitié de l'intensité du platine pour 
être porté aux mêmes degrés d'incandescence. 



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282 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTBOTHÀRAPIS 

Léon Gérard nous à engagé, dans ses leçons de Tlnstitat Solvaj, à renoncer à 
Tusage du platine, autant que possible. 

10<> Nous avons réalisé des cautères à armature en fer, plus pratiques et tout 
aussi durables que les cautères en platine. 

Ils ont ces deux immenses avantages, c*est de ne demander, à forme et à 
dimensions égales, que la moitié de l'intensité des armatures de platine et do 
présenter une résistance mécanique supérieure. ' 

Nos plus gros cautères en fer n'ont jamais dépensé plus de 3o ampères. 

Les armatures en fer peuvent constituer de vrais bistouris qui sectionnent san$ 
hémorragie les amygdales (amjgdalotomie électro- thermo-caustique) et les dif- 
férents plans lors de la trachéotomie (i). 

11° Les tiges des cautères actuels n'ont pas été calculées pour l'énorme débit 
qu'exigent les armatures en platine; elles doivent avoir une section qui permette 
le passage du courant sans échauffement sensible, et être établies à raison d'au 
moins 1 millimètre carré de section pour 4 ampères. 

Même remarque pour les rhéophores et les poignées. 

12^ L'adoption du fer a permis en outre de réaliser les cautères ténus et déli- 
cats, qu'une très faible intensité amène au rouge sombre. 

L'otologie et l'ophtalmologie j trouveront des avantages sérieux. 

13<> L'oxydation est négligeable ; elle n'a jamais donné lieu au moindre accident. 

Elle est absolument nulle avec les cautères argentés. 

140 La durée des cautères argentés est indéfinie et leur prix insignifiant. 

Confirmation 

Notre ami le D*' Rousseaux, a remplacé, sur nos indications, le platine de ses 
curettes par du fer et de l'acier : avec une armature de 0"",6 de diamètre, en 
platine, il faut 3o ampères ; avec une armature en fer, il faut 17,5 ampères pour 
être porté au rouge sombre. 

Et si le diamètre de l'armature de fer est porté à 1 millimètre (voir fig. 15), la 
dépense s'élèvera à 35 ampères. * 

L'effort mécanique que de telles curettes peuvent supporter est triplé. 

Si j'ai pu mènera bien le travail qui précède, je le dois aux notions puisées 
dans le cours de physique médicale donné à l'Institut Solvay par notre ami Léon 
Gérard, qui a su faciliter à son auditoire médical, si peu familiarisé avec Is 
mathématiques, la compréhension des multiples relations que comporte le pro- 
blème de l'utilisation de l'énergie. 

Qu'il me soit permis ici de l'en remercier et de remercier également les fonda- 
teurs de l'Institut Solvay, qui mettent si gracieusement à la disposition de ceux 
qui veulent travailler, leurs splendides installations d'électro-technie. 

(I) La section est notte et les différentes couches aponévroliques et musculaires sem- 
blent fuir devant le couteau thermique. 



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RBYUB INTERNATIONALE D'ÉLBGTROTHÉRAPIB 283 



Dans l'électrisation galvanique de la tête, le courant 
passe-t-il dans la profondeur ou seulement à la surface 
du cerveau? 

Par M. le D' DÈVE (de Reims). 

Si, aux deux extrémités de Tun des diamètres du crâne, Ton place deux 
électrodes et qu'on y lance un courant, ce courant peut passer : 

l^ A travers les téguments seuls ; 

2<> Par les téguments et la surface des circulations cérébrales ; 
3<» EnBn à travers la masse encéphalique, agissant ainsi immédiatement 
et intimement sur les éléments nerveux. 

La première hypothèse, encore soutenue par quelques-uns, est facilement 
détruite par ce fait môme que des courants peu intenses provoquent des 
sensations lumineuses ou auditives, des vertiges et môme la syncope. 

Des deux autres, la première est généralement admise ; la seconde, sou- 
tenue par un assez grand nombre de spécialistes et de médecins est pos- 
sible, môme probable ; mais des faits ne sont pas encore venus (je le crois 
du moins), en affirmer Texactilude. Récemment le D*" Danion a voulu en 
donner la preuve expérimentale : il a seulement fait voir, d'une façon cer- 
taine, que le courant se propage à la siu'face de Tencéphale, mais u*a pas 
démontré qu'il passe au travers de la masse. — L'expérience suivante est, je 
le crois, suffisante pour entraîner la conviction que l'électricité agit bien sur 
les parties profondes du cerveau. 

Sur la tôte d'un animal qui vient d'ôtre sacri&é nous plaçons les élec- 
trodes aux extrémités du diamètre bi-pariétal BB, et nous faisons passer 
un courant de 60 milliampères. — Prenant ensuite deux aiguilles à galvano- 
puncture, recouvertes de substance isolante jusqu'à 5 millimètres de leur 
pointe, nous les réunissons aux bornes d'un second galvanomètre apério- 
dique, qui va ainsi se trouver compris dans un circuit en dérivation. Ceci 
fait, nous enfonçons les aiguilles P et N dans les téguments, en leur don- 
nant les différentes positions suivantes (je rappelle que le courant primitif 
est de 60 milliaâipères) : 

l» Les aiguilles sont placées sur la ligne bi-polaire, à 5 centimètres de 
chaque électrode : le galvanomètre en dérivation nous donne, après une 
minute, 14 milliampères; 

2» Les aiguilles sont éloignées horizontalement de la ligne bi-polaire de 
4 centimètres : I = H milliampères; 

3*» Les aiguilles sont reportées à une dislance double : I = 5 milliam- 
pères; 

i^ L'aiguille P est laissée en place, l'autre N enfoncée sur la ligue occi- 
pito-frontale : I = 2 milliampères ; 



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284 RBVUR INTERNATIONALE D'éLBCTROTHÉRAPIE 

50 P et N enfoncées aux extrémités de ce même diamètre, le courant 
passe encore, ce qui se voit aux oscillations de Taiguille du galvanomètre, 
oscillations amplifiées par des interruptions du coiurant primaire; mais 
rinlensité n'est pas mesurable. 

Ces résultats acquis, nous perçons dans le crâne des trous correspondant 
aux mêmes positions données aux aiguilles dans l'expérience précédente. U 
est bien évident que, ces aiguilles étant enfoncées dans la substance céré- 
brale, nous aurons un courant dérivé si le courant primaire passe d'un pôle 
à l'autre à travers les téguments, les os et le cerveau. — De plus, les 5 milli- 
mètres de surface découverte des aiguilles et leur diamètre extrêmement 
faible nous permettent de localiser facilement la prise du courant de déri- 
vation. — Or, quelle que soit la profondeur d'enfoncement, nous avons, 
comme intensités, les chiffres suivants : 

!*> I = 8 m. a. 
2« I = 6 m. a. 
3« I = 4 m. a. 
40 I = 2 m. a. 
5*» Gourant d'intensité inappréciable. 

Enfin, le cerveau étant mis à nu, et sectionné longitudinalement, les 
deux aiguilles placées à 1 centimètre Tune de l'autre sur la substance grise, 
le courant dérivé atteint 17 milliampères : — Placées à la même distance sur 
la substance blanche sous-jacente I = 15 m. a. (Il est bien entendu que, 
dans cette dernière expérience, les électrodes primaires sont en contact 
direct avec les circonvolutions.) 

Les conclusions que nous pouvons donner sont donc les suivantes : 

1® Le courant passe à la fois par les téguments et par l'encéphale ; 

2® Il est plus intense dans les téguements épi-crâniens, et s'affaiblit par 
diffusion d'autant plus que Ton s'éloigne davantage de la ligne bi-polaire ; 

3<» Il se propage également à travers toute la masse encéphalique. — Tou- 
tefois, étant donné que la substance grise est plus conductrice que la sub- 
stance blanche, il est probable (ce que la sensibilité de notre galvanomètre 
ne nous a pas permis d'apprécier) que l'intensité électrique est plus grande 
dans les couches corticales. 

En résumé, supposant l'emmagasinement de l'énergie électrique, nous 
pourrons schémaliquemenl représenter la tète par une sphère à la surface 
de laquelle se trouvera la couche la plus épaisse de fluide ; la plus mince se 
trouvera la plus ra])prochée du centre, et la couche moyenne correspondra 
à la substance grise corticale. Nous faisons, ici, abstraction des os du crâne, 
dont le maximum de lésistauce est au niveau de la lame vitrée. 



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RBVUE INTBRNATIONALB d'ÉLBGTROTHÉRAPIB 285 



VARIÉTÉS 



Les iibrdmes de Tutérus. — Congrès de Chirurgie. 

M. Vbhneuil préconise la Chirurgie conservatrice dans les cas de fibromes 
utérins. Il n'acceptera jamais que Tindication opératoire périlleuse, difficile, 
sHmpose dans les cas qui ne provoquent aucune espèce d'accidents. 

Les corps fibreux sont communs à ce point que dans les deux tiers des autop- 
sies qu'on fiait des vieilles femmes qui meurent à la Salpêtrière, on rencontre 
dans leur utérus des corps fibreux dont elles ne se sont jamais plaintes. A Lour- 
cine, pendant cinq ans, il a eu l'occasion d'examiner énormément de femmes. 
Beaucoup de celles-ci avaient des fibromes quelquefois volumineux; presque 
aucune n'a été opérée et elles ne s'en sont pas portées plus mal. Aussi, en enten- 
dant dire qu'il fallait enlever un corps fibreux, ne fût-il pas plus gros qu'une 
châtaigne, il n'est pas du tout de cet avis. 

Trois catégories de fibromes utérins existent : 

1^ Fibromes ne déterminant aucun accident (les plus communs); 

2» Accidents légers facilement dominés par la thérapeutique; 

3<> Corps fibreux, siège d'accidents'^graves. 

Ce n'est que pour les derniers qu'il admet l'opération. 

Quoi qu'on dise, les confrères partagent dans une certaine mesure sa manière 
de voir. Beaucoup de femmes de médecins ont des fibromes. Est-ce qu'on songe 
souvent à leur faire l'opération? Il en a même connu une qui avait un kyste eva- 
rique et un fibrome. On l'a opérée pour son kyste, mais on n'a pas môme songé 
à profiter de l'opération pour enlever le fibrome. On leur fait des injections d'er- 
gotine, de l'électricité, on leur ordonne le repos, l'immobilité du ventre; on ne 
va pas au delà et on a raison. 

nfait et il approuve toutes les opérations; mais, en ce qui concerne le cas 
particulier des corps fibreux, il tient aux réserves qu'il vient d'exposer. 

Pourquoi affronter une opération dont la mortalité est formidable, même chez 
un des meilleurs chirurgiens, M. Terrier, là où les moyens anodins et inofi'ensifs 
suffisent? Même par le traitement thérapeutique, il y a diminution notable de 
volume sans que les femmes aient à suspendre un moment leurs occupations. 

Une femme devenue exangue après des métrorrhagies dues à des corps fibreux, 
fut soignée par lui deux mois. Elle s'améliora suffisamment pour quitter l'hôpi- 
tal, mais revint de temps en temps se faire voir. Pendant une absence de deux à 
trois mois, ennuyée de ne pas le voir, elle quitta le service, alla dans un autre, 
se laissa opérer et mourut en trois jours. C'est un cas typique. 

Donc, ne pas tourner le dos à la thérapeutique inoffensive, perfectionner les 
moyens médicaux applicables à ces néoplasmes et accroître le champ de la thé- 
rapeutique aux dépens du champ de la médecine opératoire. 



L'occlusion intesiinale aiguë. — Congrès de Chirurgie. 

H. MoNOD (de Paris), donne le résultat de sa pratique et les conclusions 
auxquelles il est arrivé dans la thérapeutique de cette affection. Il cite cinq cas 
d'occlusion intestinale aiguë. Selon lui, il importe d'agir vite, comme pour la 
hernie étranglée, si les lavements électriques n*ont pas réussi. 



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286 RBVUB INTBRNATIONALH d'ÈLECTROTHBRAPIB 



Chez une première malade, le deuxième layement électrique fit cesser les acci- 
dents. Dans un second fait, ce chirurgien allait opérer, tant les symptômes étaient 
graves, et le lavement électrique débonda aussi le patient. Dans deux autres 
observations, la laparotomie dut être pratiquée et les malados guérirent : le pre- 
mier avait uue bride qui fut facilement enlevée, et Tâge du deuxième faisait 
croire à un néoplasme; mais le signe de Laugier fit préférer la laparotomie à 
Tanus artificiel. Bien en prit au chirurgien de Saint-Antoine, car il trouva une 
bride, cause des accidents. 

Le dernier cas fut suivi de mort. Le ventre était distendu énormément, et 
l'ouverture abdominale montra des anses intestinales verdâtres. L'exploration 
fit découvrir un volvulus. 

M. Monod est d*avis de donner un purgatif d'essai quand les lavements élec- 
triques ne peuvent être institués. 



L'Éleotricité dcuis la diarrhée et le choléra^ par le D^* Ervant Arslan. 
(Observations prises et traitement dans le service du D^ J. Simon.) 

En 1890, à Tépoque où j'étais assistant à la Clinique des maladies des Enrauts 
de Padoue, j'avais entrepris des expériences sur la manière d'agir du courant 
électrique dans la diarrhée chez les enfants. 

Ayant observé que le courant faradique, appliqué directement sur la paroi abdo- 
minale, réussissait à faire cesser la diarrhée, après un nombre assez limité de 
séances, j'ai traité beaucoup de malades en obtenant toujours de bons résultats. 
A l'exception de la diarrhée produite par la dysenterie, l'entéro-colite ulcéreuse, 
notre méthode nous a donné, presque dans toutes les autres formes, d'excellents 
succès. Même dans la tuberculose intestinale, où la diarrhée formait un des 
symptômes les plus rebelles au traitement des divers médicaments, nousavonseu 
la chance de la voir cesser pendant quelque temps, assez pour permettre de rele- 
ver la nutrition et la force de l'enfant. 

La machine à courant induit la plus simple est suffisante pour notre but. L'in- 
tensité doit être assez forte pour produire des contractions visibles aux muscles 
de la paroi abdominale. On applique les deux réophores sur le ventre, baignés 
très fréquemment, et on les fait parcourir à caprice pendant une ou deux mmutes 
tout au plus. Le courant est très bien toléré et ne produit aucune douleur, car 
plusieurs enfants restaient impassibles, sans émettre le moindre cri pendant 
toute la durée de Télectrisation. 

En général, après trois ou quatre applications, la diarrhée se supprime en même 
temps qu'il y a amélioration des autres symptômes (fièvre, vomissements, inappé- 
tence, malaise, etc.), qui accompagnent si fréquemment cette maladie. Danscer- 
tains cas, une seule séance suffit pour arrêter la diarrhée. Chez deux petits ma- 
lades, après une première application électrique, à la diarrhée faisait place de la 
constipation, à tel point que nous fûmes obligé de recourir au lavement purgatif. 
Nous n'avons observé aucun inconvénient. 

Cette année, ayant la fortune de fréquenter la Clinique du D^* Simon et profi- 
tant de son exquise courtoisie, nous avons eu l'occasion de répéter nos expé- 
riences à maintes reprises. Nous le reoaercions bien sincèrement aussi pour 
nous avoir fait bon accueil et donné l'hospitalité dans son service. Cinq petits 
malades de diarrhée de la Clinique du D^ Simon, dont un présentait tous les 
symptômes du choléra infantium, traités par nous avec l'électricité, guérirent 
complètement après trois séances au plus. Bien entendu, dans ces cas, pour se 



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RBVUB INTERNATIONALE D'èLBCTROTHÈRAPIE 287 

faire une juste idée de Taction de cette nouvelle miéthode, nous n'avons prescrit 
aucun autre traitement en dehors de Thygiène alimentaire. 

Dans la même époque (Juillet 1892) j'ai eu l'occasion de traiter deux cas de 
choléra, reçus à l'hôpital, dans la salle Archambault, qui sert comme service 
d'isolement pour ces espèces de malades, sous la direction du P^* Simon. Ces 
deux cholériques, un de neuf ans, l'c^utre de douze ans, proviennent de Suresnes, 
banUeue reconnue infestée par l'épidémie du vrai choléra asiatique, après les 
recherches de la Commission spéciale dirigée par le Pi* Proust (1). 

Chez les deux malades la diarrhée a cédé dès les premières applications élec- 
triques. Un de ces malades était guéri de sa diarrhée, mais il avait encore les 
vomissements bilieux et incoercibles. La faradisation du nerf pneumogastrique 
(un réophore sur la région épigastrique, l'autre au cou, sur le trajet du faisceau 
nerféo vasculaire) pendant une minute fit cesser le vomissement tout de suite. 
Naturellement, la gravité de la maladie ne permettant pas cette fois de se borner 
au traitement électrique, on a dû recourir à d'autres moyens thérapeutiques 
conseillés par le D^ Simon, avec cette spéciale tactique médicale qui le distingue. 
Mais les résultats obtenus dans tous les autres cas (une trentaine à peu près), la 
rapidité de son action chez ces deux cholériques nous autorisent à affirmer que 
notre méthode, au moins dans la majorité des cas, pourra, seule ou unie aux 
moyeus de traitement déjà connus, rendre de grands services à la thérapeutique 
de cette terrible maladie. En publiant cette petite note préventive nous avons 
cru faire chose utile au public médical dans l'actuelle époque, où le choléra 
commence à prendre une marche envahissante. D'autant plus que nous espérons 
que des expériences ultérieures donneront à cette nouvelle méthode un plus 
vaste champ d'application dans la médecine pratique spécialement infantile, à 
laquelle sont limitées nos recherches à ce propos. 

Nous nous réservons de faire une publication détaillée lorsque nous aurons 
complété nos expériences. 

Nouveau mode de production de rélectricité. 

Scientific American publie le nouveau brevet que vient de prendre Edison 
pour un nouveau mode de génération de l'électricité. Voici les traits essentiels 
de l'invention : 

Les électrodes sont placées dans un récipient dans lequel un ventilateur main- 
tient un vide tel que les gaz engendrés deviennent bons conducteur de l'élec- 
tricité. Ce récipient est soumis à l'action de la chaleur, de manière à favoriser 
les réactions chimiques et à augmenter la conductibilité des gaz, et les électrodes 
sont entourées d'un composé chimique sec qui, dans les conditions de tempé- 
rature et de raréfaction de l'air réalisées, attaque l'électrode positive et est lui- 
même décomposé. Ces réactions donnent lieu à la production de puissants 
courants électriques continus que l'on recueille. L'électrode positive peut être 
formée d'un métal ou d'un métalloïde quelconque, ou de charbon, le composé 
sec qui l'entoure étant un oxyde, un chlorure ou tout autre sel d'un élément 
attaquant Télectrode, dans les conditions réalisées, tandis que l'électrode néga- 
tive peut être formée d'un élément conducteur non attaqué par le composé 
actif employé. Edison emploie de préférence le charbon comme électrode posi- 
tive et utilise le récipient même établi en fer comme électrode négative, le 
composé sec étant un oxyde métallique. (Revue Scientifique.) 

(1) tiullelin médical, 20 juillet 1892, n' 58. 



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288 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHéRAPIB 



Emploi de l'électrolyse dans les maladies du nez, du pharynx et 
du larsmx (Elektrolyae in der Anwendung bei Nasen-y Rachenund 
Kehlkopfkrankheilen)^ par le D' Hbryng, de Varsovie. 

D'après l*auteur, Téleclrolyse est préférable, dans certains cas, à d'autres opé- 
rations difdciles et douloureuses, à cause de la facilité de son emploi, de Thé- 
morragie moindre et de la réaction inflammatoire insignifiante. Elle a Tayantage 
de laisser des cicatrices lisses. La sensibilité douloureuse est réduite au minimum 
par remploi de la cocaïne, et la durée du traitement peut être abrégée en li&isant 
usage de courants plus forts que ceux employés d'ordinaire. Le grand avantage 
de cette méthode est la résorption intense qu'elle provoque. 

L'auteur a employé celte méthode dans diverses affections et il la recommande 
spécialement contre la tuberculose laryngienne commençante, localisée. Dans 
certaines localisations, par exemple sur la face postérieure de Tépiglotte, sur les 
ligaments supérieurs de la gloUe et dans la cordite tuberculeuse où les autres 
moyens sont en défaut, l'électrolyse est indiquée. 

L'auteur a appliqué ce procédé dans vingt-sept cas, parmi lesquels onze de 
tuberculose laryngée, un de rhinosclérome et un de sclérome du larynx. 

(Przeglad Lekarski, 1892.) 

Appareil électrique pour le massage des muqueuses. 

M. Storch (Copenhague) est parvenu, au moyen du massage vibratoire, à sup- 
primer l'odeur caractéristique de l'ozène et à obtenir un détachement plus facÛe 
des croûtes dans la rhinite atrophique. 11 a même observé dans un cas le retour 
de l'odorat. En pratiquant ce massage à la main, c'est tout au plus si on obtient 
8 vibrations par seconde. 

Avec l'appareil dont l'auteur s'est servi, on arrive facilement à 50 vibrations. 
L'appareil est construit sur les principes du marteau de Neef des bobines d'in- 
duction. Il est alimenté par deux éléments au bichromate. 



OUVRAGES REÇUS 



J. Bbroonib, prof, de physique médicale à la Faculté de Médecine de Bordeaux. 
— Physique du physioloyîsle. Tome I : Actions moléculaires; acoustique; élec- 
tricité. — G. Masson, édit. Prix: 2 fr. 50. 

D*" J. NORNAND. — Du Irailcment par l'électrolyse des polypes naso-pharyn^ 
giens. (Extrait des Archives d*électricité médicale^ expérimentales ei cli- 
niques.) 

D^ G. Tkvcuot, — La machine dynamo -électrique employée en électrothérapie. 
(Extrait du môme journal.) 



Le Propriétaire-Gérant : D' O. OAUTŒR. 



Paris. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Cairi, 8 et 10. 

Usine à vapeur et Ateliers, rue des Filles-Dieu, 8 et lo. 



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3"» AmiéB." Mai 1893. N» 10. 



REVUE INTERNATIONALE 



Sur les effets physiologiques de l'état TariaMe en général 
et des courants altematife en particulier 

Par M. le D' A. D'ARSONVAL. 
Suite et fin (1). 

Les courants alternatifs, à variation sinusoïdale, ont sur l'organisme plu- 
sieurs actions intéressantes dont j'ai fait une élude spéciale que je résume 
brièvement dans cette note. 1® En étalant la sinusoïde, on peut faire traverser 
l'organisme par des courants assez intenses, ne donnant ni douleur, ni con- 
traction musculaire, ni action chimique. Celte absence d'action physiologique 
n'est pourtant qu'apparente, car, si Ton analyse les gaz de la respiration, on 
constate que le passage de ce courant s'accompagne d'une augmentation 
dans l'absorption d'oxygène et dans l'élimination d'acide carbonique. 2^ En 
augmentant la fréquence graduellement, on arrive à provoquer des contrac- 
tions musculaires énergiques, mais qui sont infiniment moins douloureuses, 
à intensité égale, qu'en se servant d'une bobine d'induction. Cela tient à ce 
que les variations du courant se font d'une manière parfaitement régulière 
avec l'appareil que je viens de décrire. Dans ces conditions, les combustions 
respiratoires s'exagèrent considérablement, et ces courants agissent puissam- 
ment pour modifier la nutrition. Un certain nombre d'éleclrothérapeutes, et 
notamment MM.. Gautier et Larat, en appliquant à la clinique ces données 
physiologiques, ont obtenu des résultats très intéressants, qu'ils ont signalés 
en partie à l'Académie. L'expérience ayant démontré le bénéfice que la 
thérapeutique peut tirer de l'électrisation sinusoïdale, le dispositif que 
j'indique aujourd'hui a pour but de produire et de doser facilement ce gei^re 
de courants. 

J'arrive maintenant aux expériences que j'ai instituées pour comparer 
les e£fets sur la nutrition (effets trophiques) des divers modes d'électiisa- 
lion (2). 

(1) Voir le numéro précédent. 

(2) Voir D'AasoNVAL. Cours de médecine du Collège de France : Applications médi- 
cales de VElectricUé, 1889-1890 et 1890-1891; — Société de Biologie, 21 février 1891; — 
Société française d'Eleclrothérapie, mai-juin 1891. 



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290 REVUE INTERNATIONALE D'éLECTROTHERAPIB 

Pour constater ces effets, je me suis adressé à des phénomènes objectifs 
facilement mesurables. J'ai mesuré, d'une part, les variations d'absorption de 
l'oxygène et de production de Tacide carbonique, et, d autre part, les varia- 
tions de la produclto7i de la chaleur (calorimétrie animale) au moyen de pro- 
cédés spéciaux que j'ai fait connaître antérieurement (voir Société de Bio- 
logie, 1877). 

J'ai étudié successivement l'action trophique : l^ du bain statique; 2« de 
la faradisation générale; 3° du courant continu ; 4^du courant continu sinu- 
soïdal. 

i^ Pour le bain statique, je ferai remarquer d'abord que cette dénomination 
est impropre. L'électricité n'est nullement à l'état statique ou de repos, chez 
un sujet placé sur le tabouret isolant et en communication avec une machine 
en fonction. Le corps du sujet est parcouru par un courant constant, à tiès 
haut potentiel, qui s'échappe de lui à travers l'air comme circuit extérieur. 
L'intensité de ce courant, quoique faible, n'est nullement négligeable, comme 
le prouvent les nombres suivants tirés d'une de mes expériences. Le sujet 
placé sur le tabouret était à un potentiel négatif d'environ 3D,000 volts et était 
traversé par un courant continu de ^r^ à ^^ d'ampère venant de la ma- 
chine (Holtz à quatre plateaux). 

Le terme de franklinisalion qu'on a déjà proposé pour ce genre d'électri- 
salion'me parait préférable, car il ne préjuge rien. 

Mes expériences ont porté sur l'homme et sur les animaux. Sous l'influence 
de la franklinisation, il y a constamment une légère augmentation des com- 
bustions respiratoires, et cela en dehors do l'action de l'ozone, car on n'ob- 
tient rien de semblable en plaçant le sujet dans le voisinage de la machine, 
mais sans le mettre en rapport avec elle. 

Lorsque les animaux sont enfermés dans une atmosphère chargée d'air 
électrisé, les échanges respiratoires sont, au contraire abaissés, ce qui lient, 
comme je l'ai indiqué en 1891 à la Société de Biologie, à la production de 
produits iiiLreux par l'effluve, produits qui diminuent rapidement la capacité 
respiratoire du sang, ainsi que me Tout montré les analyses par la pompe à 
mercure. 

2" Les courants faradiques généralisés amènent une contraction plus ou 
moins violente de tout le système musculaire. Il y a alors exagération des 
combustions, mais cela tient uniquement au fonctionnement du muscle. On 
peut arriver, en effet, par ce procédé à produire un véritable tétanos élec- 
trique qui amène la mort do l'animal par hyperthermie, ainsi que l'a montré 
M. Charles Richet notamment. 

La faradisation généralisée très légère, no s'accompagnant pas de tétanos 
ni de contraction musculaire apparente, pe;ut néanmoins modifier les échanges 
nutritifs et auguicuter la production de chaleur, ainsi que je l'ai montré sur 
le muscle isolé (Société de Biologie, 1887). Les bains par faradisation généra- 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTROTHéRAPIB 291 

lisée légère, proposés par Tripier, peuvent donc être considérés comme un 
moyen d'augmenter les combustions respiratoires par excitation à la fois du 
système musculaire et du système nerveux sensitif. 

3« A mon grand étonnement, le courant continu, auquel on prèle des effets 
tropbiques spéciaux, ne m'a rien donné ni sur Thomme ni sur les animaux. 
Je suis donc fondé à dire que ses effets tropbiques immédiats sont nuls. Des 
analyses faites vingt-quatre et quarante-buit heures après la voltaïsation ne 
m'ont pas donné de résultats p*lus saillants au point de vue des combustions 
respiratoires. Si le courant continu n'agit pas pour modifier les écbanges 
respiratoires, peut-être augmenle-t-il les sécrétions cellulaires qui jouent un 
si grand rôle dans Torgq^isme, comme viennent de le montrer nos expériences 
avec M. Brown-Séquard. C'est une bypotbèse récente de Tripier qui mérite 
examen. 

4<» Les résultats les plus frappants m'ont été donnés par le courant sinu- 
soïdal, courant figuré par la courbe 3 de la fig. 3. Sous son influence, on 
peut augmenter instantanément de plus d'un quart les écbanges gazeux 
respiratoires, et cela en dehors de toute contraction musculaire et en l'ab- 
sence de pbénomènes douloureux. J'ai obtenu les mêmes jésultats sur les 
animaux et sur l'bomme. Ces recbercbes, que j'ai fait connaître, en 1890, 
dans mes Leçons du Collège de France, el, en 1891, à la Biologie et à la 
Société dElectro thérapie y ont engagé nombre d'électrotbérapeules à essayer 
la voltaïsation sinusoïdale en thérapeutique. Parmi eux, je peux citer 
MM. Tripier, Gautier, Larat,etc. MM. Gautier et Larat ont obtenu des effets 
thérapeutiques intéressants, que j'ai communiqués à l'Académie de Médecine 
et à la Société de Biologie. 

Je suis amené tout natuœllement à présent à vous parler des dangers 
présentés par les courants alternatifs industriels, du mécanisme physiolo- 
gique par lequel ils entraînent la mort et des moyens de remédier aux 
accidents qu'ils provoquent. J'ai déjà publié une partie des expériences que 
je vais vous rapporter (1), mais je les ai complétées plus récemment en vue 
môme de la communication que j'ai l'honneur de vous faire. J'ai essayé 
comparativement un alternateur Gramme et un alternateur Siemens. A 
voltage égal, ce dernier est plus dangereux. En faisant passer le courant de 
la tôte à la queue sur un animal, une différence de potentiel de 300 volts 
alernalifs amène généralement la mort chez le lapin et le chien quand l'in- 
tensité atteint 1 ampère environ avec l'alternateur Siemens; il n'en est pas 
de même avec l'alternateur Gramme. Cette différence est facile à^ erpliquer 
d'après ce que nous avons vu plus haut. L'onde électrique de l'alternateur 
Siemens, dont l'induit ne contient pas de fer, est, en effet, beaucoup plus 
brusque, plus brutale, pourrait-on dire, que celle de l'altemaieur Gramme. 

(1) Société de Biologie et Académie des sciences, 4 a\Til 1887. 



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292 RBVUB INTBRNATIONALB D'ÔLBCTROTHéRAFlB 

De là, ses effets physiologiques plus accentués pendant la fermeture du cou- 
rant. Il en est tout autrement à la rupture. Si l'on abandonne Tanimal à 
lui-même après ce choc électrique, Tarrèt de la respiration persiste généra- 
lement, et la mort est définitive. Cette mort n'est qu'apparente, car, si Ton 
pratique inimédialement la respiration artificielle à Taide d'un soufflet et 
d'une canule introduite dans la trachée, l'animal revient à la vie au bout 
d'un temps variable, en présentant parfois des paralysies partielles qui 
disparaissent spontanément. Si l'on pratique la respiration artificielle au 
moment môme où l'on applique le courant, l'animal manifeste de la douleur, 
mais sans perte de connaissance : on ne peut le tuer alors par ce même cou- 
rant qui amenait précédemment la mort. Il y a pourtant une limite qui est 
atteinte lorsque le passage du courant, en produisant le tétanos de tous les 
muscles du corps, a amené un échauffement portant la température centrale 
au-dessus de 45<>. L'animal meurt alors parce que la chaleur coagule les fibres 
musculaires du cœur, comme l'a montré Claude Bernard. La preuve en est 
qu'on peut continuer l'électrisation à la condition de refroidir artificielle- 
ment l'animal. 

L'échauffement considérable du corps dans l'électrlsaiion n'est nullement 
due, comme on le croit, à la résistance du corps s'échauffant comme un coa- 
ducteur, conformément à la loi de Joule. Dans la dernière électrocution faite 
en Amérique, par exemple, la température du supplicié a été trouvée de 
beaucoup au-dessus de la normale après la mort. On avait fait passer on 
courant de 3 ampères pendant cinquante secondes sous 1500 volts, soit 
4500 watts ou environ l^** par seconde. L'échauffement de ce fait n'eût pas 
donné plus de oO*^»^ à 60^^^ pendant les cinquante secondes, ce qui, pour un 
homme du poids moyen de 75*^», n'eût pas élevé sa température propre de 
l^ centigrade. La chaleur excessive amenée par l'électrisation est donc due 
uniquement à la contraction violente de tous les muscles. Cette chaleur 
excessive amène rapidement la coagulation de la fibre musculaire et la rigi- 
dité cadavérique par un phénomène semblable à celui qu'on observe chez 
les animaux forcés à la course ou fourbus, phénomène bien connu des chas- 
seurs. La mort par le courant alternatif est donc due, d'une part, à l'arrèl de 
la respiration qui produit l'asphyxie et, d'autre part, à Télévation de tempé- 
rature due à la fois à l'asphyxie, comme l'a montré M. Brown-Séquard, et à 
la contraction violente et généralisée du système musculaire due à l'état 
variable du courant. Je ne saurais trop insister sur ce fait expérimental que 
les courants alternatifs industriels peuvent n'amener le plus souvent qu'une 
mort apparente, le retour à la vie étant généralement possible si la respira- 
tion artificielle est pratiquée immédiatement. Un foudroyé doit donc être 
traité exactement comme un noyé. Quand le choc électrique a été de courte 
durée (ce qui est généralement le cas), c'est l'arrêt de la respiration qui 
amène la mort comme dans la submersion : les contractions musculaires ont 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'BLBCTROTHéRAPIB 293 

été alors de trop courte durée pour amener la coagulation des muscles par 
réchauffement. 

Ces expériences vous montrent que Télectroculion ne constitue nullement 
un progrès sur la décapitation. L'électroculion a l'avantage, disent ses par- 
tisans, d'éviter l'effusion du sang. C'est très vrai, c'est un avantage, oui, 
mais pour Texécuteur et les témoins seulement. Quant au 'supplicié, rien ne 
prouve qu'il perde la conscience au moment où l'on établit le courant homi- 
cide. L'animal électrisé la conserve, comme je vous l'ai dit plus haut, si 
l'on pratique la respiration artificielle en même temps ; et, quand l'exécution 
est faite, la mort n'est peut-être qu'apparente; qu'est-ce qui prouve que 
la respiration artificielle ne ramènerait pas le supplicié à la vie? Oserait-on 
la pratiquer? Les médecins américains ont raison de faire immédiatement 
Tautopsie, c'est plus prudent. Avec l'électroculion, qu'est-ce qui empêche, 
d'autre part, de simuler une exécution? Les philanthropes de l'Etat de New- 
York ont trouvé notre guillotine barbare ; elle a au moins l'avantage ,de 
supprimer brusquement le moi en tranchant le nœud vital, et, jusqu'à pré- 
sent, comme le disait Loye, c le public n'a pas idée que nous puissions 
simuler une exécution en rappelant, après coup, le supplicié à la vie ». 

Que deviennent les effets physiologiques de l'élat variable en augmentant 
de plus en plus la rapidité des variations? Cette question se présentait tout 
naturellement à moi en poursuivant les expériences systématiques dont je 
viens de vous rendre compte sur les effets physiologiques de l'élat variable. 
J'essayai de résoudre le problème en actionnant des bobines d'induction au 
moyen d'interrupteurs mécaniques variés; mais lorsque les interruptions 
devenaient trop rapides, je n'avais plus de courant, comme l'avaient constaté 
avant moi tous les physiologistes. Je Gs construire alors un petit alternateur 
sur le modèle breveté par Gramme en 1871 et retrouvé après lui par Mordey. 
J'employais également une roue phonique de Sieur, et je pus arriver ainsi à 
avoir lOOOO excitations par seconde. Enfin, en 1890, je songeai à employer 
le résonnateur de Hertz, capable de fournir des fréquences que je n'avais 
jamais osé rôver. Je vis alors que les nerfs et les muscles étaient complète- 
ment inexcitables par les étincelles provenant de cet appareil. M. Joubert 
me dit de son côté avoir été très étonné de n'avoir pu se servir de la gre- 
nouille comme galvanoscope. En analysant ce phénomène, je remarquai que 
les nerfs traversés par ces courants éprouvaient une diminution très notable 
de leur excitabilité aux courants ordinaires et ne la recouvraient qu'au bout 
d'un temps assez long. J'exposai ces résultats dans mon cours du Collège de 
France en décembre 1890. J'en parlai à la Société de Biologie dans des 
communications orales et dans des communications écrites les 25 avril et 
2 mai 1891 , en émettant des hypothèses pour expliquer ces faits inattendus. . 
Puis vint l'importante communication de M. Tesla, faite à New-York, le 
23 mai 1891. Cet habile expérimentateur arrivait incidemment pour les effets 



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294 RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHéRAPIB 

physiologiques à des conclusions identiques aux miennes, mais en mettant 
en œuvre des moyens incomparablement plus puissants. Je vous demande la 
permission de mettre sous vos yeux, à litre de document historique, un 
extrait de ma communication du 25 avril 1891 à la Société de Biologie. 

a Dans une communication verbale du 24 février 1891, j'ai signalé à la 
Société l'action physiologique spéciale des courants alternatifs de forme sisu- 
soïdale à période très lente. J'ai montré que des courants de cette nature, 
incapables de provoquer aucune contraction musculaire ni aucun phénomène 
douloureux, agissent néanmoins puissamment sur les combustions respira- 
toires. Leur passage chez l'homme sain s'accompagne d'une augmentation de 
la quantité d'oxygène absorbé et d'une émission plus grande d'acide carbo- 
nique. 

tt J'ai poursuivi l'étude de ces courants en augmentant de plus en plus 
leur fréquence, en étudiant celle fois l'influence de la fréquence sur la sensi- 
bilité générale et sur l'excitabilité neuro-musculaire. J'ai employé pour cela 
des machines industrielles à courants alternatifs Gramme et Siemens, et aussi 
un modèle spécial d'alternateur pouvant donner jusqu'à 10000 alternances ou 
excitations par seconde. Par un dispositif que je ne peux indiquer ici, je 
me suis arrangé de façon que le travail absorbé, sous forme d'énergie élec- 
trique, par l'organisme ou le tissu en expérience, restât constant dans tous 
les cas, malgré l'augmentation du nombre des alternances. Il sufQt pour cela 
que la formule représentant le travail d'un courant alternatif dans le circuit 
extérieur satisfasse à Tégalité 

Ee le COS 2 tr y r= const., 

Ee étant la force électromolrice efficace, h Tintensité efficace du courant 
et y ce qu'on appelle la phase. 

« Pour graduer convenablement le courant qui sert à exciter le nerf ou le 
muscle, j'envoie le courant provenant de la machine dans le circuit primaire 
d'un appareil à chariot sans fer, et c'est à l'aide du courant prenant nais- 
sance dans la bobine mobile que j'excite le tissu. Le chariot de du Buis- 
, Reymond joue le rôle de transformateur à rendement variable. 

« J'ai constaté, dans ces conditions, qu'en augmentant graduellement la 
fréquence, les phénomènes d'excitation neuro-musculaire vont en aagmin- 
tant jusqu'à 2500 ou 3000 excitations par seconde, qu'ils restent slationnaires 
entre 3000 et 50000, et vont ensuite en décroissant jusqu'à iOOOO, de sorte 
qu'un courant ayant 3000 alternances -est plus douloureux qu'un courant de 
10000, el beaucoup moins qu'un courant de 150 seulement et mémo de 40 
avec la machine Gramme. Ces expériences me portent à croire que les 
machines à courants alternatifs, de puissance égale, seront d^autant moins 
dangereuses que la fréquence des courants qu'elles engendrent sera elle- 



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REVUB INTERNATIONALE D'èLBGTROTHéRAPIB 295 

même plus grande, contrairement à ce qu'on aurait pu supposer. Quelle 
explication donnera ce fait expérimental? Je n'en veis que deux possibles : 
une physique, bien démontrée; l'autre physiologique et hypothétique. Il est 
démontré aujourd'hui que, dans le cas des courants alternatifs, la loi 
d'Ohm I = ^ n'est plus applicable; la distribution du courant alternatif dans 
le conducteur est tout autre que dans le cas du courant constant. 

« Le courant alternatif se porte surtout à la surface du conducteur comme 
l'électricité statique. Sa pénétration dans le conducteur est d'autant moindre 
que la fréquence est plus grande. Dans le cas des courants alternatifs, la 
conductibilité d'un conducteur cylindrique croit seulement comme sa sur- 
face. Lorsque la fréquence est suffisante par conséquent, le courant passant 
par le corps d'un animal ne pénétrera pas et s'écoulera tout entier par la 
surface; c'est là sans doute qu'il faut chercher l'explication de la diminution 
du danger à mesure qu'augmente la fréquence. On peut supposer, en second 
lieu, que les tissus ne sont plus excitables par des chocs suffisamment 
rapides; dans le cas actuel, on ne peut admettre celte explication, puisque 
j'ai démontré autrefois (l) qu'un muscle peut reproduire la parole et 
répondre, par conséquent, à plus de lOOOO excitations par seconde. 

a Pour savoir si le nerf et le muscle peuvent répondre à des excitations 
électriques extrêmement rapides, j'ai abandonné tous les interrupteurs élec- 
triques mécaniqueis qui peuvent donner très difficilement 30000 excitations 
par seconde; je me suis servi d'un dispositif qui peut donner jusqu'à mille 
millions de vibrations électriques par seconde. C'est l'appareil bien connu 
des physiciens, depuis les admirables recherches du D^ Hertz sur les oscil- 
lations électriques. J'ai donc installé un vibraleur de Hertz dont la période, 
calculée par la formule de Thomson, ï = ^TtyjLC, est de 20 à 25 billio- 
nièmes de secondes. Un résonateur de Hertz, modifié par M. Joubert, ins- 
tallé à 50<^"* environ du vibrateur, donne des étincelles de 5'"™ à 6"™"' de 
longueur au maximum. Eh bien, à l'aide d'étincelles de cette force, il m'a 
été impossible d'exciter une patte galvanocospique des plus sensibles dans 
les conditions où j'ai opéré. M. Joubert m'a dit qu'il n'avait pas été plus 
heureux que moi lorsqu'il a répété les expériences de Hertz au Labora- 
toire central d'électricité. Constamment, la grenouille a refusé de se contrac- 
ter, bien que le résonnateur de M. Joubert donnât des étincelles de plus 
de 1<^"'. 

« D'ailleurs, si l'on reçoit ces étincelles sur un doigt, sur le bout du nez, 
sur la pointe de la langue, etc., on n'éprouve absolument aucune sensation 
de piqûre, alors que le choc serait, au contraire, très douloureux, si l'on 
recevait une étincelle de pareille longueur provenant d'un appareil de 
Rhumkorff. Les nerfs sensitifs et les nerfs moteurs sont donc insensibles à 

(l) Voir Comptes rendus de la Société de Biolo(/ie, année 1855. p. 154. 



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296 RBVUB INTBRNàTIONàLB D*i(LBCTROTHéRAPIB 

des excitations ou à des ondulations électriques qui atteignent 20 à 30 mil- 
lions par seconde. Nous n'avons pas de nerfs, ou plutôt de terminaisons 
nerveuses sensitives correspondant à celte période vibratoire. En revanche, 
nous en avons d'autres, qui sont accordées pour des mouvements vibratoires 
beaucoup plus rapides, allant de 100 à SOO billions de vibrations par seconde 
(ondulations calorifiques), ce sont les terminaisons nerveuses transmettant 
les impressions de chaleur et de froid. D'aulr«s terminaisons nerveuses 
(rétine) sont sensibles à des ondulations encore plus rapides, comprises 
entre 497 billions (rouge) et 728 billions par seconde (violet). Au delà de 
728 billions par seconde, nous ne connaissons ces mouvements ondulatoires 
de Téther que d'une manière indirecte (fluorescence, photographie, etc.). On 
pourrait, d'après cela, diviser les terminaisons nerveuses en deux catégories 
spéciales. Les unes seraient sensibles à certaines ondulations de Téther, 
c'est-à-dire aux vibrations transversales, d'une période déterminée; les 
autres (terminaisons acoustiques, corpuscules du tact, etc.) ne seraient, au 
contraire, influencées que par les vibrations de la matière pondérable (vibra- 
tions de Tair, des corps solides, etc.) d'une période infiniment plus longue.» 

Telles étaient les constatations que j'avais faites, lorsque les expériences 
retentissantes de M. Tesla amenèrent l'attention du grand public sur cette 
question. Il était intéressant de démontrer que pour les très hauts voltages 
et les grandes énergies la loi générale que j'avais formulée s'appliquait 
encore. J'ai pu le faire, grâce surtout aux indications que M. le professeur 
Eîihu Thomson a données récemment avec une libéralité digne de sa répu- 
tation. L'appareil que vous avez sous les yeux se compose en principe d'une 
bouteille de Leyde qui se décharge périodiquement dans un premier circuit 
composa de quinze spires de fils de cuivre de 4™"" de diamètre. Ce solénoïde 
est placé dans l'intérieur d'un tube d'ébonite de 6*^'*» de diamètre intérieur 
sur 15«^"» de longueur. Sur sa paroi extérieure est roulé, en une seule couche, 
un fil de cuivre couvert de deux couches de coton, dont le diamètre est de 
^ millimètre et qui fait 150 tours environ. Le tout est plongé dans une huile 
minérale (valvoline du commerce). La bouteille de Leyde est chargée pério- 
diquement en plaçant ses deux armatures en dérivation sur le circuit secon- 
daire d'une bobine de Ruhmkorff actionnée par cinq accumulateurs. Elle 
donne des élincelles de 10'^'" dans ces conditions. 

La capacité de la bouteille de liCyde employée est au maximum d'envi- 
ron 3^ de microfarad. Dans ces conditions on obtient aux bornes du trans- 
formateur secondaire, noyé dans l'huile, des étincelles de 5*^"* à 7^ de lon- 
gueur. Les oscillations électriques, dans ce circuit, sont au nombre de 6 à 
700000 par seconde environ. En employant la bobine de Ruhmkorff comme 
source électrique, il est inutile de souffler sur l'étincelle ; il en est de même 
avec les machines de Holtz et Wimshurt. Ce dispositif simple permet de 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHéRAPIB ^97 

reproduire, comme vous pouvez en juger, toutes les expériences de M. Tesla : 
aigrettes violettes^ illuminant tout le parcours desflls; phosphorescence uni- 
polaire des lampes à incandescence ordinaires ou des rubis dans le tube de 
Grookes; illumination des tubes vides dans le champ électrique, etc. Ouant 
à Taction de ce courant sur la sensibilité, elle est nulle, bien que Ténergie 
électrique développée soit d'environ 50 wats dans le circuit extérieur. Voici 
une lampe à incandescence de 125 volts et de ^ ampère, vous voyez que je 
rallume soit à travers mon corps, soit en la mettant entre deux personms 
touchant d*autre part les bornes de la bobine. Vous pouvez constater que la 
sensation produite par ces décharges d'une énergie considérable est nulle. 
J'ai obtenu les mêmes résultats au laboratoire, en employant pour actionner 
la bobine Ruhmkorffun alternateur Gramme ou Siemens (1). J'ai pu allumer 
dans ces conditions jusqu'à sept lampes semblables à celle que je vous pré- 
sente h travers mon corps, sans ressentir aucun effet désagréable. Un sem- 
blable courant venant directement de l'alternateur suspendrait instantané- 
ment la respiration et provoquerait de violentes contractions dans tous les 
muscles. En employant l'alternateur, il faut souffler l'étincelle, comme le . 
recommande M. Elihu Thomson. J'ai employé avec avantage pour cela un 
courant d'acide carbonique provenant d'une bouteille en fer forgé où ce gaz 
est à l'état liquide. Je préfère néanmoins faire éclater l'étincelle de la bou- 
teille entre les pôles d'un électro^aimant Faraday, actionné par trois ou quatre 
accumulateurs^ Ce procédé a été employé, je crois, par M. Tesla, bien qu'il 
n'en ait point parlé dans la communication orale qu'il nous a faite. 

L'aspect de l'étincelle change complètement lorqu'elle est soufflée par le 
champ magnétique, ainsi que vous pouvez le voir. Tant que le faraday est 
iaactif, on obtient un arc continu peu brillant ; mais, aussitôt qu'on anime 
l'électro, l'arc se résout en une multitude de fins traits lumineux qui tournent 
autour des pôles en produisant une crépitation des plus énergiques. La lon- 
gueur et l'abondance des étincelles aux bornes de la bobine noyée dans 
rhuile augmentent aussitôt. 

Je vous ai dit que la sensation immédiate produite par ces courants était 
nulle. Leur passage s'accompagne pourtant d'effets physiologiques très inté- 
ressants, que je vous -signale brièvement : 1<> Si l'on ferme pendant un cer- 
tain temps le courant à travers les mains, munies de larges conducteurs 
métalliques, on trouve que la peau est devenue insensible. Cette insensibilité 
persiste de quelques minutes à une demi-heure. 2^^ Dans ces conditions, et 
aussi en s'isolant sur un tabouret eu verre et ne iTenanl (ju'un seul pôle, on 
ressent une sensation de chaleur qui s'accompagne bientôt de produciion 
abondante de sueur et d'une vascularisalion considérable de la surface 

(1) Cet appareil a fonctionné devant la Société de Physique à la séance de Pâques, 
où l'auteur fit cette communication. 



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20B RBVUB INTBRNàTIONâLB D*éLBCTROTHàaÀPIB 

cutanée. S*» Ea&h, si Ton fait nne petite plaie à la patte d*an animal, de façon 
que le sang a*en échappe seulement goutte à goutte, on voit Thémorragie 
devenir très abondante sous Tinfluence du courant. Il y a alors une action 
vaso-dilatatrice énergique. 

Je poursuis en ce moment la série des phénomènes physiologiques pro- 
duits par ces courants. Je les crois appelés à rendre de très grands services 
à la thérapeutique, et j'espère pouvoir, d'ici peu, vous présenter l'analyse 
complète de ces effets curieux, comme complément de cette communication 
déjà trop longue. 

(Extr. du Bulletin des séances de ta Société de Physique^ 2* fasc., 1892.) 



DE LTMPLOI DU COURANT ELECTRIQUE CONSTANT 

DANS LE TRAITEMENT DE l'OCCLUSION INTESTINALE 
Par le professeur SEMMOLA. 



Le cas clinique que je rapporte dans cette note est, si je me trompe, d'un 
grand intérêt. Il me semble le seul dans la liltératui'e médicale qui puisse 
démontrer aussi nettement les faits suivants : 

l® Qu'il peut exister une occlusion intestinale produite seulement par 
une paralysie intestinale transitoire causée par un épuisement nerveux; 

2<> Que le courant électrique constant a dans ces cas un effet tliérapeutique 
surprenant. 

U s'agit d'un jeune homme de vingt ans, bonne constitution, développe- 
ment squelettique normal. Santé générale très bonne, abstraction faite de 
son tempérament nerveux. 

Il tomba malade à la suite d'excès de régime avec une colique slercoracée 
très grave. Il en fut guéri par les traitements ordinaires. Mais, à la suite de 
la colique, il fut atteint d'une typhlite et pérityphlite guéries par un traite- 
ment antiphlogistique et par le régime lacté rigoureux. 

Pendant sa convalescence et à la suite de quelques écarts de i^ime, il fut 
filteint d'une diarrhée violente qui dura vingt-quatre heures. Le jour 
suivant, la diarrhée ayant cessé, le malade fut frappé de douleurs intestinales 
atroces accompagnées de vomissements, d'une diminution des urines et de 
constipation. 

Les attaques douloureuses se renouvelaient avec violence toutes les vingt 
ou trente minutes, et pendant ces attaques, on remarquait le dessin très net 
des anses intestinales sur Tabdomen. 

Les médecins assistants, et en particulier le D^ d'Auiia, avaient employé 
les ressources thérapeutiques habituelles : injections hypodermiques de 
morphine, applications de glace sur l'abdomen, bains de siège chauds. 



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RBVUB INTBRNATIONALB D*éLBGTROTHâRAPIB 299 

cataplasmes émollients» ealomel, huile de ricin, etc., etc. Tout avait échoué. 
La constipation persistait, les douleurs atroces continuaient, les vomisse- 
ments étaient rebelles et la simple diminution des urines de la veille s'était 
changée en ischurie complète, de telle sorte qu'on était forcé de pratiquer le 
cathétérisme deux ou trois fois dans les vin^l-quatre heures. 

Un des médecins avait insisté sur l'emploi des entéroclysmes avec 
l'huile d'olive et en était arrivé jusqu'à deux et trois litres chacun sans 
avantage. 

Malheureusement, les conditions du malade s'aggravaient, , et Ton était 
arrivé à proposer la laparotomie pour sauver sa vie.. 

J'ai été appelé en consultation le troisième jour pour donner mon avis sur 
l'intervention chirurgicale. Je m'y suis carrément opposé avant d'avoir 
eeeajé le courant électrique constant, que je jugeais la méthode thérapeutique 
la plus rationnelle, étant donné mon diagnostic, d'une occlusion intestinale 
par défaut d'innervation, fondé sur les observations suivantes : 

lo Début brusque de la douleur et des phénomènes d'occlusion. 

2« Forme paroxystique de la douleur et période d'un calme relatif entre 
deux crises, pendant laquelle le ventre était assez malléable, la pression ne 
réveillant pas de douleurs. 

3<* La saillie des anses intestinales changeant de place à chaque crise, 

4* L'occlusion intestinale arrivant après une purgation répétée et à la suite 
de l'abondante diarrhée de la veille. 

5<> L'existence de la paralysie vésicale survenue sans aucune raison rela* 
tive à une maladie précédente des organes génito-urinaires et qu'on n'a 
jamais signalée comme complication habituelle <ie l'occlusion intestinale 
ordinaire. 

6^ Le caractère névropathique du malade. 

Le diagnostic ainsi posé fut accepté par mes collègues^ surtout par le 
D' d*Auria, et il fut décidé de procéder de suite au traitement électrique. Je 
fis inviter dans ce but le D"" Vizioli, professeur d'électrolhérapie à T Univer- 
sité de Naples. 

Le courant constant fut fourni par un appareil à la Daniell avec piles Onymus, 
modifiées pour la graduation et le nombre des éléments parleprofesseurVizioli. 

L'intensité du courant fut mesurée par un galvanomètre milliampère qui 
donnait 10 miliiampères par application. Le pôle positif pénétrait dans le 
rectum par un cathétère de 25 centimètres introduit par l'anus. 

Le pôle négatif, de forme olivaire, revèlu de toile imbibée d'une solution 
saturée de chlorure de sodium, était promené sur Tabdomen, principalement 
sur les parties correspondantes au cœcum, au côlon ascendant, tiansverse et 
descendant, à l'S iliaque et au creux épigastrique. Chaque application durait 
huit à dix minutes à raison de trois fois par jour. A la fin de la première 



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JOO RBVTJB INTBRNÀTIONALB D'éLBCTROTHâRAPlB: 

journée, c'est-à-dire après la troisième application, Tischurie cessa et le ma- 
lade commença à uriner régulièrement. Son état général s'était beaucoup amé- 
lioré, les crises dolorifiques étaient devenues moins fortes et moins fréquentes, 
son état moral bien relevé. Cependant, Tocclusion intestinale persistait. 

Ces premiers résultats, et surtout la cessation de la paralysie vésicale, 
furent pour moi un contrôle sûr de mon diagnostic, et, malgré d'autres 
confrères qui épouvantaient la famille du malade par des dangers fantastiques 
en insistant vivement sur la laparotomie, je persistais plus que jamais dans 
le traitement électrique que j'avais préconisé. 

Les résultats ne se firent {)as attendre, car à la fin. du troisième jour, c'est- 
à-dire après la neuvième application, le malade eut spontanément des éva- 
cuations fécales régulières, et, en continuant le traitement électrique pendant 
deux jours encore, il reprit complètement ses fonctions intestinales normales. 



IïOE»lXAL IDE tiA 3P1TI& 



SUR DEUX OBSERVATIONS D'OBSTRUCTION INTESTINALE 

Par M. Paul RECLUS. 



J*ai opéré, en moins d'un mois, deux femmes atteintes d'étranglement 
interne. A Tune, j'ai pratiqué un anus artificiel; pour l'autre, j'ai eu recours 
à la laparotomie. Je voudrais, à propos de ces deux cas, vous entretenir de 
cette question, la plus ardue peut-être de la thérapeutique chirurgicale, et 
vous montrer pourquoi nous errons un peu sans boussole : faut-il s'abstenir 
ou faut-il intervernir? Et, si l'on se décide à intervenir, faut-il ouvrir le 
ventre ou simplement l'intestin? Le problème, nettement posé depuis le 
triomphe de l'antisepsie, ne parait pas avoir reçu encore sa solution défini- 
tive, et nous verrons que les indications, d'apparence si précises, fournies 
par le raisonnement et la logique pure, ont été si souvent et si brutalement 
démenties par la clinique que, en présence de chaque cas nouveau, les hési- 
tations nous reprennent, et ce n*est jamais délibérément et sans arrière- 
pensée que nous adoptons un parti. 

Voici d'abord mes observations : 

Le 22 février, on apporte dans nos salles, au moment de la visite, une 
concierge de trente ans, dont nous pouvons résumer rapidement l'histoire : 
peu d'antécédents morbides, et nous ne notons qu'une anémie profonde à 
dix-huit ans, une constipation rebelle qui dura un an et demi, et des ménor- 
ragies abondantes. Quatre jours avant son entrée à l'hôpital^ un samedi, elle 
est prise, vers dix heures du soir, d'une douleur vive dans le ventre; elle se 



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RBVUE INTBRNATIONÀLB D'éLBCTROTHÔRAPIE 301 

couche, mais les souffrances augmentent et durent toute la nuit avec une 
intensité croissante; le dimanche matin, le médecin prescrit un purgatif 
vomi presque aussitôt; la glace et le Champagne ne calment pas les nausées 
et la crise persiste aussi grave pendant la nuit du dimanche au lundi ; le 
lundi matin, on ordonne 30 grammes d'huile de ricin, que Testomac rejette 
au bout d*une heure. La journée, puis la nuit du lundi au mardi ne sont pas 
meilleures ; les douleurs, continues, s'exaspèrent au moindre mouvement, et 
les vomissements, alimentaires le samedi, bilieux le dimanche et le lundis 
sont devenus fécaloldesle mardi. Un lavement avec un siphon d*eau de Seliz 
reste sans effet, de telle sorte que depuis le samedi soir, début des accidents, 
il n*«st sorti par Tanus ni matières fécales ni gaz; aussi, le mercredi matin, 
le médecin, effrayé de cette obstruction persistante, fait porter la malade dans 
notre service, et noud constatons Tétat suivant : 

La face est déjà grippée, les yeux caves, le nez effilé, la yoix grêle et cas^ 
fiée, le pouls petit et rapide; la peau est froide et moite; la soif est ardente; 
et chaque effort pour boire est accompagné de -nausée et de vomissement. Le 
ventre est modérément ballonné, et peut-être un peu plus à droite qu'à 
gauche : le son tympanique révélé par la percussion est général, et à aucun 
point on ne trouve de matité; une douleur sourde existe dans toute la région 
abdominale; la pression Texaspère, surtout dans le flanc gauche, où une pal- 
pation, môme légère, provoque une souffrance aiguë. Le toucher rectal ne 
nous révèle aucim obstacle dans ce segment de Fintestin; le toucher vaginal 
est aussi négatif; tous les orifices hernaires accessibles paraissent libres; 
nous concluons à l'existence d^un étranglement interne dont il nous est impos- 
sible d'ailleurs de préciser la nature : torsion, invagination, brides, compres- 
sion par une tumeur, cancer, toutes les hypothèses sont valables. Or, comme, 
d'une part, il n'y a pas de temps à perdre en nouveaux essais médicaux, 
puisque nous sommes en plein quatrième jour des accidents; comme, d'autre 
part, bien qu'affaiblie, la malade présente encore une certaine résistance 
vitale; comme, enfin, nous sommes à l'hôpital, dans notre salle d'opérations, 
milieu aseptique et bien outillé, nous nous décidons à ouvrir le ventre pour 
essayer de lever l'obstacle au libre cours des matières. 

La laparotomie est pratiquée avec l'aide de notre collègue Chaput, présent 
à ma visite : une incision de douze centimètres est faite sur la ligne médiane 
entre l'ombilic et le pubis; le péritoine est ouvert et j'arrive sur l'épiploon, 
tendu comme un tablier en avant des intestins et très adhérent en bas, vers 
la vessie^ au péritoine pariétal, de telle sorte que cet obstacle empoche d'ex- 
plorer la cavité du ventre; cependant, la main introduite entre lui et la 
séreuse contourne l'épiploon à gauche, se met au contact des intestins et 
plonge d'abord vers les organes génitaux; le pelvis est trouvé rempli par une 
tumeur arrondie, globuleuse, fluctuante et si régulière, qu'on se demande 
s'il ne s'agirait pas de la vessie distendue; mais une sonde introduite par 



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302 RBVUB INTERNATIONALE d'eLBCTROTHÊRAPIE 

Turéthrene donne issue qu*à quelques gouttes d'urine; il s*agil d*une tumeur 
dépendant des annexes : salpingite volumineuse ou petit kyste de Tovaire. 
Mais nous ne poussons pas plus loin l'analyse, car, malgré quelques adhé- 
rences filamenteuses qui partent des intestins et du mésentère pour s'inséier 
sur cette tumeur, il nous parait évident que là n^est pas le siège de Tobstruc- 
tion. 

Nous avions porté d*abord la main dans le flanc gauche, car c'est là que la 
malade accusait le maximum de douleurs; mais les intestins distendus, exa- 
minés rapidement, ne nous y avaient révélé rien d*anormal ; nous nous diri- 
geons alors vers la fosse iliaque droite, où les anses nous paraissent très dila- 
tées, et tout à coup nous sommes arrêté par une bride des plus nettes, que 
nous soulevons avec le doigt et que nous ne lâchons plus. Mais notre incision 
abdominale est trop étroite pour vérifier la nature de cet obstacle et pour le 
lever avec sécurité; aussi pratiquons-nous une section nouvelle, perpendi- 
culaire à la première et qui se dirige vers le flanc droit. A ce moment, nous 
éprouvons les plus grandes difficultés pour empocher les anses intestinales, 
rouges, congestionnées, distendues, de s'échapper de Tabdomen; des com- 
presses aseptiques cependant et des éponges maintenues par des aides, y 
suffisent, et nous pouvons enfin découvrir notre doigt recourbé en crochet, et 
qui soulevait la bride qu'il est difficile de faire émerger au milieu des anses 
intestinales, dont les unes sont vineuses et comme insufflées par les gaz, 
tandis que d'autres sont vides, aplaties et décolorées. 

Cette bride a la forme d'une pyramide dont la base part du mésentère, tandis 
que le sommet, effilé, mais terminé par un petit noyau, du volume d'un grain 
de mil, blanchâtre, résistant, fibreux, s'insère sur la face convexe d'une anse 
intestinale grôle. Il ne s'agit donc pas d'un lien annulaire, et la lumière de 
l'intestin se trouve oblitérée par la coudure brusque que lui imprime l'adhé- 
rence de cette bride fibreuse, dont la longueur ne dépasse pas trois centl- 
mèlres. Sa résistance est telle que, malgré des efforts sérieux, trop brutaux 
peut-être, malgré un grattage avec l'ongle, nous n'avons pu ni la détacher ni 
la déchirer; elle reste fixée aussi bien à l'intestin qu'au mésentère, et c'est 
avec des ciseaux que nous la coupons à son point le plus rétréci, au niveau 
de son petit noyau fibreux. Pas une goutte de sang ne s'écoule. Immédiate- 
ment, l'intestin retenu s'échappe, la coudure s'efface, les gaz gagnent le bout 
inférieur flasque qui se gonfle incontinent. L'opération était terminée; sa 
durée totale avait été de cinquante minutes. 

Nous n'avions pas touché, il est vrai, à la tumeur pelvienne; nous ne vou- 
lions pas compliquer par un choc nouveau une opération de cette importance, 
et nous laissons, sans môme en préciser le diagnostic, la masse contenue 
dans le petit bassin. Nous étanchons avec des éponges montées le liquide 
séreux qui s'était accumulé déjà dans le péritoine, et le ventre est refermé. 
Les suites opératoires furent des plus rassurantes; dès le soir, des gaz sor- 



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RBVUB INTBRNÀTIONALB D'éLBCTROTHBBÀPIB 303 

talent spontanément par Tanus; dès le lendemain, la malade buvait quelques 
gorgées de lait sans les vomir et avait, dans la nuit, une véritable débâcle et 
remplissait, presque coup sur coup, trois vases de matières fécales. La tem- 
pérature qui, après notre intervention, était montée à 38 degrés, redevenait 
normale; ralimentalioa se fait régulièrement; au septième jour, les fils de 
suture sont enlevés, la réunion est parfaite; au quinzième jour, notre opérée 
commençait à marcher, et au vingt-cinquième elle quittait Thôpital, absolu- 
ment guérie. Elle doit venir nous revoir pour sa tumeur pelvienne. 

Ce cas est un des plus beaux que Ton puisse mettre à Tactif de Tinterven- 
tioa chirurgicale. 

Voici notre deuxième observation, qui ne lui ressemble guère : 

Je suis appelé auprès d*Une couturière de trente ans qui, le 13 janvier, 
dans la nuit, avait été prise de douleurs violentes du ventre et de vomisse- 
ments alimentaires d abord, puis bilieux, que rien ne pouvait arrêter; la 
veille, elle était allée à la garde-robe, mais, depuis le début des accidents, 
ni matière ni gaz ne sortaient plus par Tanus; on avait prescrit des injections 
de morphine qnï furent sans effet; l'état reste sans modification le 14 janvier; 
le 15, une nouvelle purgation est de nouveau vomie; le 16, le médecin per- 
siste, mais avec un insuccès toujours croissant, à ordonner Thuile de ricin et 
môme Teau-de-vie allemande; le 17, les vomissements, deviennent fécaloïdes; 
le 18, Tétat semble plus grave encore et je suis appelé; les douleurs, les 
vomissements fécaloïdes, l'absence absolue d'émission de gaz par Tanus, le 
méléorisme, ne laissent aucun doute sur l'existence d'une obstruction intes- 
tinale, dont je ne puis cependant préciser la nature. 

J'aurais voulu pratiquer la laparotomie; mais il eût été plus que téméraire 
d'y recourir dans un semblable milieu où l'asepsie et l'antisepsie étaient 
également impossibles. J'insiste pour qu'on transporte la malade à l'hôpital; 
elle s'y refuse et je pars après avoir ordonné des lavements avec la 
sonde œsophagienne portée le plus haut possible dans l'intestin et avec lo 
siphon d'eau de Seltz. Cette médication est renouvelée sans résultat le lende- 
main, et comme la situation est loin de s'améliorer, je suis appelé de nouveau 
le 26 janvier, sept jours après le début des accidents. Il fallait opérer sans 
tarder et je n'avais plus le choix pour le mode d'intervention; le transport à 
rhôpital était aussi systématiquement refusé que la première fois et l'état 
général était loin d'ôtre brillant; le pouls était petit et rapide, la face grippée, 
la voix cassée, la peau froide. Je pratiquai séance tenante, et sous l'anesthésie 
cocaïnique, Tentérostomie de Nélaton, qui fut terminée en quelques minutes. 
Grâce à l'issue abondante des matières fécales liquides, la malade fut très 
soulagée, les vomissements cessèrent ; on put tenter avec quelque succès 
l'alimentation; mais les forces ne revinrent pas; le nouvel anus était sans 
doute trop haut placé pour permettre l'absorption; la faiblesse persista et notre 



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304 RBYUB XNTBBNÀTIONALB D'éLBCTROTHÂRAPIB 

opérée succomba sans secousse et sans souffrance au seizième jour de sa ma- 
ladie, au neuvième de notre intervention. 

» « 

Que voyons-nous d'abord dans ces deux cas? C'est que, si le diagnostic 
d'étranglement interne ou d'obstruction intestinale s'élalilit d'ordinaire avec 
la plus grande facilité, on ne peut, la plupart du temps, déterminer la nature 
de l'obstacle : s'agit-il d'une invagination, d'un volvulus, d'une coudure ou 
bien d'une bride, d'un dîverticule, d'un anneau accidentel , d'une hernie 
interne, d'une compression par tumeur ou par adhérences sur une surface 
étendue, ou bien encore d'un corps étranger, d'un calcul, d'un polype, d'une 
masse fécale durcie, d'un rétrécissement fibreux ou cancéreux, ou bien enfin 
d'une paralysie intestinale et, du pseudo-étranglement qu'elle provoque? 
Certes on a multiplié les recherches sur ce point et on a trouvé des signes de 
toute sorte pour établir ce diagnostic étiologique, mais ces signes sont si 
précaires, leur caractère si douteux, leur analyse si délicate que vous attei- 
gnez très rarement la probabilité, exceptionnellement la certitude. Aussi, .un 
de nos cliniciens, le plus sagace peut-être et le plus avisé, nous disait-il 
souvent : c Diagnostiquez donc toujours obstruction par cancer I vous aurez 
au moins, vu la fréquence de cette cause, 70 chances sur 100 de tomber 
juste ». 

Or, la précision du diagnostic aurait la plus grande importance pour le trai- 
tement : en effet, les pseudo-étranglements, les paralysies intestinales, cer- 
taines torsions, les invaginations récentes, les engouements stercoraux 
peuvent guérir sans intervention chirurgicale, par les irrigations anales et 
les lavements électriques. Les brides et les diverticules, les corps étrangers, 
les hernies internes, les anneaux accidentels, les vieilles invaginations néceF- 
sitent la laparotomie, tandis que la plupart des cancers seront plutôt justi- 
ciables de l'anus de Nélaton. Que faire, si Ton ignore la cause de l'obstruc- 
tion? Un point, du moins, est établi : notre ignorance delà cause étant 
admise, on tentera toujours le traitement médical, qui peut guérir la malade 
sans lui faire courir les risques d'une intervention chirurgicale. D'après les 
statistiques, 2S à 50 ®/o et môme plus des individus traités par l'opium, les 
injections rectales d'eau simple ou d'eau gazeuse amenées très haut dans 
l'intestin par une sonde flexible, se rétablissent. Mais n'oubliez pas que 
celle médicalion a un côlé négatif des plus importants : la proscription 
absolue des purgations, si populaires encore auprès de tant de nos confrères. 
Dans les deux cas que nous avons rapportés, n'avons-nous pas vu les malades 
purgés coup sur coup et pendant quatre jours consécutifs? 

Nous devons au Irailement médical, absence de purgations, opium, lave- 
ments gazeux perlés haut, un assez grand nombre de succès. Trois fois, dans 



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BBYUB INTBRNÀTIONALB D*éLBCTROTHéBAPIB 305 

la clientèle de noire maître Féréol, nous avons vu des étranglements internes 
céder une fois au quatrième jour, et deux fois au sixième. Nous soignons, 
avec le D' Œttinger, un libraire qui, en quatre ans, a eu trois crises 
d'obstruction intestinale; or, malgré de vives appréhensions, elles ont tou- 
jours été conjurées par ces larges irrigations rectales, auxquelles, une fois, 
nous avons dû ajouter le lavement électrique, méthode excellente et dont 
Boudet de Paris a bien réglé la technique. Sauf les cas exceptionnels d'in- 
dication immédiate d'intervention, tout étranglement interne, au début, sera 
traité par le lavement électrique: en 1884, Boudet de Paris n'a-t-il pas eu 
59 succès sur 76 cas, et, plus récemment, son élève Larat 10 sur 19 cas? 
Aucun autre traitement ne peut se targuer d'aussi beaux résultats. 

Le traitement opiacé, le lavement électrique ont échoué, que faire? Mais 
la laparotomie, répond-on; et les arguments abondent pour défendre cette 
méthode. D'abord, puisqu'on ignore la cause de Tobslruction qu'on ouvre 
donc le ventre! On trouvera l'obstacle et Ton saura d'une façon précise 
quelle conduite tenir: on sectionne la bride, comme dans notre cas, on 
désenclave l'intestin dans les invaginations, on le détord dans le volvulus, 
on coupe le diverticule, on débride les anneaux accidentels, oif réduit les 
hernies internes, on extrait les corps étrangers ou les polypes, on fait pro- 
gresser les matières fécales durcies, on résèque les rétrécissements cicatri- 
ciels ou les cancers s'ils sont petits, s'ils sont trop volumineux pour être 
extirpés, on en est quitte pour refermer le ventre après avoir saisi l'anse 
intestinale où l'on ouvrira un anus artificiel en bon lieu. II est peu de rai- 
sonnements plus logiques et plus séduisants, aussi a-t-il fait fortune, dès 
qu^il fut formulé, et, pour ma part, en 1881, dans une clinique sur l'étran- 
glement interne, je disais: a Dès que le diagnostic d'obstruction est établi, 
ouvrez la cavité abdominale, cherchez l'obstacle et levez-le ». 

C'est bien simple, mais la pratique nous a donné des mécomptes! Et, 
d'abord, les faits prouvent qu'il faut renoncer à l'espoir de toujours recon- 
naître l'obstacle. Gurtis a relevé 328 cas de laparotomies pour étranglement 
interne: or, 28 fois, la cause ne fut pas découverte; Lawson Tait, dont on 
proclame partout l'audace et Thabileté, n'aurait pu, 5 fois sur 6 laparotomies, 
trouver la cause de l'obstruction. Et puis la trouver n'est pas tout, il faut 
pouvoir la lever; or, des statistiques de Gurtis, il ressort que, 7S fois, on dut 
y renoncer. Ajoutons que proclamer la nécessité de la laparotomie, c'est 
bien, mais on ne peut la pratiquer partout. Si le malade est transporté à 
l'hôpital ou dans certaines maisons de santé, on aura la sécurité suffisante 
et l'outillage nécessaire pour cette opération, une des plus délicates de la 
chirurgie. Il n'y a pas seulement à protéger contre toute inoculation un 
intestin distendu et prêt à faire irruption hors du péritoine, mais il faut être 
en mesure de pratiquer les interventions les plus difficiles : l'enlérectomie, 
par exemple, et la suture intestinale. C'est la défectuosité du milieu qui 



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306 RBVUB INTERNATIONALE D*éLBCTROTHéRÀPIB 

nous fit repousser la laparotomie chez la malade de notre seconde obser- 
vation. 

Et puis, une intervention aussi délicate et aussi longue sur les intestins 
ne peut être tentée que chez un individu encore résistant, car le collapsus 
guette nos opérés; trop souvent les médecins ne nous appellent que lorsque, 
après quatre ou cinq, six ou sept jours de purgations infructueuses, de 
massage abdominal, le malade empoisonné et affaibli est incapable de sup- 
porter le moindre choc. Les relevés démontrent que les tentatives hâtives 
donnent de moins mauvais résultats. II faudrait donc intervenir au plus tôt, 
mais qui oserait ne pas essayer du trait.ement médical, eu égard au 30, 40 
ou 50 «/o de succès qu'il donne, et qui négligerait de gaieté de cœur celte 
chance de salut, même au risque d'aggraver la future laparotomie si elle 
devient nécessaire? Qui sera assez téméraire pour ouvrir de prime abord le 
ventre, lorsqu'on songe aux résultats plus que médiocres obtenus par 1^ 
opérateurs les plus habiles? 

De nombreuses stalistiques ont été publiées par Bulteau, Trêves, Peyrot, 
dont on se rappelle la remarquable thèse d'agrégation, par Ashurst. Les 
relevés de ce dernier portent sur 356 laparotomies, avec une mortalité de 
69 %; ceux de Cdrtis, que nous avons signalés à plusieurs reprises, nous 
montrent des résultats identiques. C'est un peu moins de 69 <*/«. au lieu 
d'être un peu plus et la différence n'est que de quelques fractions. El si 
nous échappons à ces statistiques faites de pièces et de morceaux, si nous 
nous en tenons à la pratique d'un seul chirurgien, celle d'Obalinski, que cite 
Jalaguier dans son excellent article de notre Traité^ nous voyons que, sur 
38 laparotomies, cet opérateur a eu 15 guérisons et 23 morts, soit une létha- 
lilé de plus de 60 ^o- Heureusement, peu d'interventions chirurgicales 
accusent, depuis l'antisepsie, d aussi déplorables résultats. Et nous en 
arrivons à conclure que la laparotomie, qui devait avoir comme double avan- 
tage de préciser la nature de l'obstacle et de lever cet obstacle, ou laisse le 
diagnostic en suspens, ou ne peut lever l'obstacle, ou ne le fait qu'au prix 
d'une mortalité véritablement effrayante. 

La laparotomie n'a donc pas tenu les magnifiques promesses que nous en 
attendions. Faut-il alors nous rejeter sur l'entérotomie de Nélaton et ouvrir, 
au-dessus de l'obstacle, une voie dérivée pour les matières fécales? En cer- 
tains cas, c'est bien l'opération de choix, et dans les pseudo étranglements, 
que les irrigations intestinales étales lavements électriques ne guérissent 
pas, l'anus artificiel est le seul traitement. J'ai déjà publié l'observation d'un 
vieillard opéré le l"" mai 1884, pour une obstruction que je croyais due à un 
cancer situé à l'union de l'S iliaque et du rectum. Je pratiquai la colotomie 
inguinale. La longue survie de mon malade prouve le mal fondé de mon 
diagnostic; il s'agissait d'une simple paralysie, car, aujourd'hui, c'est-à-dire 
huit ans après mon intervention, mon individu vit encore, et, bien qu'octo- 



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RBVUB INTERNATIONALE d'6LBGTR0TH£rAPIB 307 

■■ J '■ J I ■■ ' ■ ■■ ■ ■ ■ I I I I. wm , I 

géuaire, son existence ne semble pas menacée. Dans les cancers et les inva- 
ginations inopérables, dans tous les cas oii la chirurgie est Impuissante à 
lever Tubstacle, la création d^un anus artificiel est aussi l'opération de choix. 
Elle Test encore lorsque Tobstrué est empoisonné, affaibli par une trop 
longue attente ou une thérapeutique malencontreuse» lorsqu'il est désormais 
incapable de supporter le choc qu^entrainerait Touverture du ventre. Elle 
Test enfin, lorsqu'on est dans un milieu tel et avec un outillage si insuffisant, 
qu'une intervention aussi délicate que la laparotomie est impraticable. 

Mais, si quelques-unes de ces indications de l'entérotomie, et en particu- 
lier celles qui ont trait à la faiblesse du malade et à l'insuffisance de l'ou- 
tillage et du milieu, sont faciles à établir; les autres, celles que Ton tire de 
la nature de l'obstacle, sont, nous l'avons vu, le plus souvent ignorées, et la 
question se trouve alors posée en ces termes: nous avons une opération, la 
laparotomie, qui, le plus souvent, nous donne le diagnostic de l'obstruction, 
et qui parfois lève l'obstacle; elle peut amener alors des guéri&ons aussi 
brillantes et aussi radicales que celle dont je vous ai raconté l'histoire au 
début de cette conférence, mais elle achète ces incontestables avantages au 
prix d'une effroyable mortalité. Nous avons une autre intervention, l'entéro^ 
tomie, qui nous laisse souvent dans l'incertitude sur la cause du mal, qui 
n*y remédie que rarement, et qui, lorsqu'elle y parvient, ne le fait qu'au prix 
d'une pénible infirmité, mais qui, du moins, a pour elle de ne point ôlre 
dangereuse et de pouvoir se pratiquer en tous lieux; avec l'anesthésie à la 
cocaïne quelques minutes y suffisent, et l'opération est si simple, qu'elle ne 
peut aggraver en rien l'état précaire du malade. 

Eh bieni cette simple considération, l'innocuité de l'entérotomie, a rallié 
à cette méthode un grand nombre de chirurgiens qui font de l'anus de 
Nélaton Topéralion de choix. Et nous ne parlons pas ici de ceux de nos com- 
patriotes qu'on gratifie si volontiers du qualificatif de a timides », de 
« craintifs » ou de « réactionnaires ». Au seizième Congrès de chirurgie 
(J'outre-Rhin, Schede, Mikulicz, Madelung, Schonborn, proclament qu'ils 
ont recours à l'entérotomie dans les cas douteux. Czerny réserve la laparo- 
tomie pour a des faits rares d'étranglement interne, dans lesquels les forces 
du patient sont conservées, le ventre souple, et oii la palpation dans la narcose 
permet de sentir, avec quelque certitude, l'emplacement de l'obstacle ». 
Eronlein considère l'ouverture du ventre comme le traitement d'exception. 
Von Wahl, qui ne craint pas cependant d'inciser la ligne blanche, du pubis 
à l'appendice xyphoïde, rejette la laparotomie lorsque le siège et la nature 
de l'obstacle sont indéterminés, et c'est pour lui a une aveugle vivisection ». 
Nous tenons à bien marquer ce mouvement de réaction des Allemands eu 
faveur de l'opération française, imaginée par le vieux Maunoury (de Chartres), 
pratiquée pour la première fois, nous dit Jalaguier, par Gustave Monod, et 
magistralement réglée par Nélaton. 



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308 RBVUB INTBRNATIONÂLB D*éLBGTBOTHàRAPIB 

Que VOUS dirai-je, après cela I Mon Dieu, ce que je vous disais en com- 
mençant : que la question est obscure et terriblement inquiétante; qu'on 
hésite toujoui's devant le problème à résoudre, et qu'une fois la décision 
prise>on est encore tourmenté parla terrible responsabilité qu'on encouit. 
Les faits sont encore fort rares où le diagnostic est établi; certes, il faut, par 
une analyse minutieuse des symptômes, tâcher de multiplier ces faits; car 
pour eux, le choix sera facile et, de la nature de l'obstacle découlera l'indi- 
cation du traitement. Mais que faire dans les cas douteux, dans ces cas qui, 
en définitive, forment la grande majorité de ceux que les médecins nous 
soumettent?... Pour ma part, j'essaierai tout d'abord des moyens médicaux, 
des lavements électri([ues; s'ils échouent et si le malade est encore résistant, 
si d'ailleurs je suis bien outillé, dans un hôpital où l'asepsie est possible, 
j'aurai recours à la laparotomie; mais, s'il s'agit d'un malade refroidi, affaibli, 
incapable de supporter une longue intervention, et s'il se trouve dans un 
milieu où l'inoculation du péritoine est à redouter, l'entérotomie me semble 
indiquée. Si elle laisse peut-être mourir plus de malades, sûrement elle en 

tue beaucoup moins. 

{Gaz. des Hôpitaux^ 18 mai 1893.) 



VARIÉTÉS 



Traitement de la « morphœa alba plana » par les bains 
faradiqpaes, par M. Hallopbau. 

Il est toujours difûcile d'apprécier rofficacité des moyens thérapeutiques par 
lesquels on cherche à agir sur cette maladie. Il est reconnu, en effet, que les 
plaques de morphée présentent spontanément une évolution rétrograde ; si elles 
viennent à disparaître alors que l'on soumet le malade à teUe ou telle médication* 
on ne peut le plus souvent savoir si leur guérison est due à leur marche natu- 
relle ou à l'intervention du médecin. Il en est ainsi pour les différents mo tes 
d'électrisation. Nous avons cependant récemment observé un fait dans lequel 
Taction modificatrice de l'éleciricité ne paraît pas avoir été douteuse. Il s'agit 
d'une femme qui était atteinte depuis cinq ans de nombreuses plaques de mor- 
phée ; elles avaient suivi constamment une marche progressive et atteint d'inor- . 
mes proportions. Or, cette malade a été soumise, pendant son séjour dans notre 
service, à un traitement par les bains faradiques et, depuis ce moment, une amé- 
lioration considérable s'est produite dans son état ; en quelques mois, une plaque 
géante, qui entourait la moitié antérieure de Tabdomen à la manière d'une large 
demi-ceinture a presque entièrement disparu ; il en a été de môme de presque 
toutes les autres plaques qui étaient au nombre de trente-quatre ; la malade est 
aujourd'hui, après deux ans de traitement, presque entièrement guérie. Ce qui 
prouve bien que c'est surtout sous rinfluencé de l'électrisation, c'est que chaque 
fois que le traitement par les bains électriques a été interrompu, les plaques ont 
recommencé à s'étendre de nouveau. Cette malade a été présentée le 12 janvier 
à la Société française de dermatologie. Nous devons dire que M. Brocq a déjà 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHâRAPIB 309 

signalé, comme paraissant donner des résultats satisfaisants, le traitement de la 
morphée par les bains électriques. 

M. Bardbt. Le mode opératoire doit avoir une cerlaine importance, et, en 
principe, je préférerais Tapplication d'une électrode en ceinture, sans avoir re- 
cours à Tintermédiaire de Peau. 

Je suis convaincu, en effet, que les effets du biin électrique doivent être très 
variables, selon le plus ou moins de diffusion du courant dans une masse d*eau. 
On peut facilement obtenir des phénomènes d'électrolyse entre la baignoire^ qui 
est métallique, et Télectrode ; mais rien ne prouve que le corps humain en soit 
impressionné et que le courant le travers réellement. 

M. DuHOMMB. La question de technique, qui a son importance, demanderait 
à être éclaircie. (Soc. de Thérapeulique.) 

De l'emploi des accumulateurs en médecine et de la meilleure 
manière de les charger, par M. Lightwitz. 

Les accumulateurs sont la meilleure source pour la galvanocaustie et l'éclai- 
rage électrique médical^ mais leur charge laisse à désirer. 

Pour charger les accumulateurs, il est nécessaire : 

1« D'être relié aux c&bles de distribation d'une usine ; 

20 D'avoir le tableau de support de lampes ; 

30 D'avoir un ampèremètre et un voltmètre pour contrôler la charge et la 
décharge. 

Un compteur (voltmètre) fourni par la Société inscrit le nombre d'hectowats 
employés. 

Quant au coût de la charge, il dépendra du nombre des accumulateurs qu'on 
charge à la fois. Plus le nombre des accumulateurs sera grand, jusqu'à concur- 
de 40 accumulateurs environ, et moins grande sera la dépense pour chaque 
accumulateur. 

Si, par contre, on charge 40 accumulateurs à la fois, ils emploient à peu près 
tous les 100 volt-ampères et rien ne se perd dans la lampe. Les accumulateurs 
serviront, dans le cas échéant, en quelque sorte comme transformateurs élec- 
triques; ils changent un courant de 100 volts et de 1 ampère en un autre de 
2 volts et demi et de 40 à 50 ampères. 

Cette installation ne sera naturellement utile qu'à ceux qui ont besoin cou- 
ramment de l'électricité, pour certaines spécialités (électrothérapie, gynécologie^ 
rhinologie et laryngologie), ainsi qu'aux hôpitaux. 

Pour ceux qui en font un usage moindre, il suffira d'avoir 2 accumulateurs 
chargés à une installation semblable chez le fabricant d'instruments de chirurgie 
ou à l'usine môme. 

Grâce aux accumulateurs ainsi chargés, la galvanocaustie et la lumière élec- 
trique seront plus fréquemment employées. 

Avec im nombre suffisant d'accumulateurs, on n'aura plus besoin d'avoir 
recours aux piles, aussi nombreuses que coûteuses, qui servaient, les unes à la 
faradisation, les autres à la galvanisation et l'électrolyse, les autres à la galva- 
nocaustie et à la lumière électrique. Il suffira d'avoir une source unique d'élec- 
tricité qui, grâce à l'interposition de divers rhéostats, pourra être utilisée dans 
les différentes applications d'électricité médicale. 

(Journal de Bordeaux, n« lU, 9 avril 1893.) 



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310 RWtJB Iinil83l4310NÂLB D'ÂLBCTROtRiRAFIB 



Traitement électrique d» nasomnie. 

Si daas certains cas les causes de rinsonmie sonl bîea coniiaeSy il en est 
d'autres où le vériiable motif nous échappe et nous mei dans Timpossibilité 
d'établir un traitement rationnel et efficace. Gela n^a rien qui doive nous étonner. 
On n*a pas encore trouvé la raison du sommeil. Cependant les théories pollolent. 
Mais de toutes, depuis celles d'Alcméon (500 ans avant Jésus-Chriet)» qxd 
attribuait le sommeil à une sta^'e sanguine dans les vaisseaux voisins du ccenr, 
ju«qu*à la théorie la plus récente d'Emmanuel Rosenbaum : « Le sommeil serait 
dû à l'accumulation d'eau dans les tissus des organes nerveux, les matières de 
désassimilation des centres supérieurs s'éliminent graduellement dans le sang 
et étant remplacées par un liquide séreux ; de toutes les théories, pas une ne 
satisfait complètement l'esprit. Le sommeil reste un des phénomènes les moins 
intelligibles, les moins expliqués de la physiologie ». 

Il va de soi que Tinsomnie nerveuse ne peut s'expliquer davantage et qae 
contre elle nous restons le plus souvent désespérés et impuissants. 

L'insomnie frappe les personnes qui, en apparence, jouissent d'une santé 
parfaite, chez lesquelles rien ne parait anormal. La privation de sommeil devient 
pour elles un véritable supplice, mine l'organisme^ abrège l'existence et 
infailliblement amène une terminaison fatale. A une étiologie obscure, corres- 
pond une thérapeutique incertaine et empirique. 

Aussi que de moyens, que de remèdes n'a-t-on pas usé? Que d'hypnotiques 
n'essaie-t-on pas et ne cherche-t-on pas tous les jours ? 

L'opium, la morphine, le chloral, la paraldéhyde, lalupuline, l'hydrate d'amyle, 
l'uréthane, Thypnone, l'aconitine, le sulfonal, chloraloFe, le méthylèl, 
l'acétanilide, etc., etc , sans compter les bromures, l'alcool, les ferrugineux, la 
quinine, et enfin le massage, l'hydrothérapie et l'électricité, tout a été employé. 

Les hypnotiques, on ne peut les prescrire indéfiniment : ils finissent par ne 
plus agir ou par provoquer des symptômes d'intoxication. 

L'électricité ne présente point ce dernier et fâcheux inconvénient. 

« L'expérience des thérapeutes a prouvé que le traitement électrique a souvent 
provoqué le sommeil, d'abord inquiété et troublé, ensuite plus profond et 
souvent tout à fait normal, chez des malades où tous les autres moyens avaient 
échoué. » 

£rb, dans son traité d'électrothérapie, p. 309 (traduction française de Rueff), 
expose les détails techniques de la galvanisation systématique du cerveau, 
laquelle rend incontestablement d'éminents services contre l'insomnie nerveuse. 
La faradisation générale est aussi très recommandée par les électrothérapeutistes 
allemands. 

En France, l'électricité statique, f ous forme de bain statique, a remplacé la 
faradisation générale des Allemands. £t le bain statique a produits des résultats 
merveilleux dans le traitement de l'insomnie. 

M. Larat, dans son ouvrage d'électro thérapie (Paris 1890), affirme qu'il ne 
connaît pas de meilleur remède contre l'insomnie nerveuse que le bain statique 
de courte durée, dix à quinze minutes environ. Son effet est si évident, si cons- 
tant, qu'au bout de quatre à cinq séances, sinon après la première, le sommeil 
réapparaît et devient plus profond et plus calme. 

Maiâ comment agic l'électricité statique? Par sédation ou par excitation des 
centres nerveux. Comme pour l'opium, l'alcool, Téther, le camphre, c'est une 
question de dose et de tempérament. Selon sa durée, le bain statique produi:a 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'&LBQTROTHéRAPIS 311 

un effet sédatif ou excitant. Pour certains malades, un bain statique de dix 
minutes fera excitant, alors qu'à cette dose il exerce généralement un effet 
sédatif, calmant. 

Il faut évidemment t&ter la susceptibilité du sujet. 

Quant au processus intime suivant lequel l'électricité agit sur le système 
nerveux, nous devons, comme pour tant d'autres questions scientiâqued, avouer 
notre complète ignorance. 

Ici encore les théories ne manquent pas et n'ont point fourni grand'chose. 

Mais l'essentiel, c'est que Téleclricité statique a donné des résultats incon- 
testables dans le traitement de l'insomnie nerveuse, et qu'on n'a pas à redouter 
par son emploi les inconvénients des médicaments hypnotiques. 

Tous les électrothérapeules français l'admettent et nous-mêmes nous n'avons 
qu'à nous en féliciter tant dans notre clientèle qu'à notre service électrothéra- 
pique de la Policlinique. (La Clinique,) 

De réieotiioité en thérapeuticpie dentaire, par John-S. Marshall. 
(Travail lu à rAssociation américaine.) 

L'électrothérapie a pris un développement considérable en médecine et en 
chirurgie; elle est devenue, on doit le reconnaître, un élément des plus impor- 
tants dans le traitement de certaines formes pathologiques, tandis qu'elle a reçu 
peu d'attention en chirurgie dentaire. Elle e^t pour ainsi dire une quantité néga* 
tive dans cette spécialité. 

Son application ici n'offre pas un champ très étendu; cependant une étude de 
sa valeur comme agent thérapeutique ne saurait être moins intéressante que 
dans les autres branches médicales, et, quand elle sera mieux comprise, elle 
constituera, sans aucun doute, une ressource précieuse à ajouter aux moyens 
dont nous disposons pour le traitement de bon nombre de maladies buccales. 

J'ai choisi, comme objet spécial de mon travail, parmi plusieurs lésions impor- 
tantes, deux conditions pathologiques des dents auxquelles le traitement élec- 
trique peut s'appliquer avec avantage. Ce qui a déterminé mon choix, c'est le 
désir de présenter deux variétés morbides où cet avantage puisse se démontrer 
le plus aisément et avec le plus de certitude. 

Loin de moi l'idée d'épuiser la question. Je me contenterai de vous l'esquisser, 
en laissant à votre bon sens et à votre expérience le soin des détails. 

L'hypérémie et la congestion de la pulpe à la suite de la carie, do shock ther- 
mique, d'irritants chimiques et mécaniques, de lésions traumatiques, etc., «e 
traduisant par de l'odontalgie, sont parmi les plus communes des conditions 
morbides de la cavité buccale et sont souvent des plus rebelles à nos modes 
habituels de traitement, quand on veut conserver la pulpe. J'en dirai autant de 
l'hypérémie et de la congestion de la membrane péridentaire résultant soit de 
causes constitutionnelles comme le rhumatisme, la goutte et la grossesse, soit 
de causes locales comme l'action exagérée du maillet et des autres instruments 
dans l'obturation, le changement de position des dents dans les redressements 
et d'autres lésions chirurgicales et traumatiques, qui donnent lieu à de vives 
souffrances. 

Ce sont ces formes morbides qui serviront le mieux à notre dessein de démon- 
trer la valeur thérapeutique des courants continus dans notre spécialité. 

Quel et t le but du traitement dans la première catégorie de ces variétés patho- 
logiques ? C'est de diminuer la congestion des vaisseaux sanguins et de préser- 



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312 RBVUB IXTERNATIONALb D*àLECTROTHÉaAPIB 

Ter la vitalité de la pulpe; et dans la deuxième? C'est d'arrêter les symptôiaes 
inflammatoires avant la période suppurative ou avant la production des néo- 
plasmes. 

-Tel est le but, mais le moyen de l'atteindre est bien difficile à réaliser; et, 
sans avoir la prétention d'avoir fait une découverte, je crois être sûr que le 
courant galvanique, Judicieusement appliqué, constituera une ressource pré- 
cieuse pour le traitement de certaines formes d'inflammation de la pulpe et du 
périoste, ainsi que d'autres conditions pathologiques que l'expérience fera 
connaître. 

Un fait généralement connu des médecins électriciens, c'est que l'hypérémie 
et Tanémie locales peuvent se produire à volonté sous Tinfluence des courants 
continus, suivant leur direction, et que la résorption des produits inflammatoires 
et des néoplasmes peut être favorisée par le galvanisme, grâce à son eflet stimu- 
lant sur les organes absorbants. 

C'est la connaissance de ces faits qui m'a conduit à rechercher la valeur de 
l'électricité dans le traitement des états congeiUifs de la pulpe dentaire et de la 
membrane péridentaire. 

Le premier cas qui fit l'objet de mes recherches, se rencontra en ma propre 
personne; j'avais une dent, la première biscupide supérieure droite, qu'on 
m'avait aurifiée à l'âge de vingt ans, mais il fallut refaire l'opération plusieurs 
fois jusqu'à trente-quatre ans. U j a unox dizaine d'années, la dernière de ces 
obturations tomba en laissant une grande cavité disto-proximale, et la pulpe 
presque à nu. La dent étant extrêmement sensible aux moindres changements de 
température, et au contact des acides ou des choses sucrées, on l'obtura avec 
le plombage de Hill. Quatre ans plus tard, cette substance fut retirée dans 
l'espoir de la remplacer par de l'or ; mais l'organe était tellement sensible que 
cette substitution n'eût pas été sage; on recourut donc à l'oxjphosphate. La 
nuit suivante apparurent des signes manifestes de congestion de la pulpe. Au 
matin, on enleva l'oxyphosphatc, et, après avoir pansé la cavité avec de l'es- 
sence de girofle, et l'avoir badigeonnée avec une solution chloroformique de 
gutta-percha, on refit le même plombage. Mais les symptômes, loin de s'apaiser, 
ayant redoublé peu à peu d'intensité, je me décidai à essayer l'effet déplétif du 
courant galvanique positif, avec l'aide de mon ami le D^ Justin Hayes, de 
Chicago. ^ 

L'électrode positive appliquée sur la dent et la négative sur le côté corres- 
pondant du cou, on régla l'intensité du courant de façon à ce que je pusse le 
supporter pendant environ une demi-heure que dura la séance. Au bout de dix 
minutes, l'amélioration était déjà fort notable, et vers la fin de cette séance toute 
gêne avait disparu. Je souffris un peu moins la nuit suivante ; mais une seconde 
séance d'environ vingt minutes me soulagea complètement, et depuis lors la gué- 
rison a été définitive. Il y a trois mois, la dent fut aurifiée par le D*" Roscoe-F. 
Ludwig, au Congrès médical de Washington. La pulpe a conservé sa vitaHté, 
sans être plus susceptible aux influences irritantes que celle de n'importe quelle 
autre dent de ma bouche. 

Ce succès remarquable me conduisit à adopter le même traitement dans plu- 
sieurs cas semblables, et je n'ai eu qu'à m'en féliciter, sauf dans le cas suivant, où 
on ne l'essaya qu'en désespoir de cause : 

Miss J. L..., vingt ans, jeune fille délicate et frêle, avait eu à subir, un an 
auparavant, le redressement des dents antérieures du haut, qui faisaient saillie 
en avant. L'opération avait été conduite lentement et avec grand soin pour éviter 



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KBVTJB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHâRAPra 313 

une irritation sérieuse des tissus dentaires et du bord aWéolaire, et les plaques 
de rétention avaient dû être portées pendant environ six mois. On découvrit alors 
une légère altération de couleur près de la gencive de la centrale supérieure 
droite. La patiente vint en grande hâte s^enquérir de la signification de ce symp- 
tôme. La dent n*était pas douloureuse ni sensible à la percussion; elle Tétait un 
peu à la chaleur et au froid, mais elle ne l'était pas plus que les dents adja- 
centes. Mon diagnostic fut : ou congestion passive de la pulpe, due à l'irritation 
du redressement, ou formation d'une embolie dans les vaisseaux pulpaires. 
Comme il n'y avait pas d^espoir de conserver la vitalité de la pulpe par les 
moyens ordinaire?, je comeillai Téleclricité, avec l'aide du D** Plyman Haye?, 
de Chicago. Le pôle positif était appliqué sur les dents voisines, la malade ne put 
supporter qu'une intensité de trois quarts de milliampère, tandis que l'organe 
altéré perm?t l'application d'un courant d'une intensité double. On fit des 
séances journalières de vingt minutes pendant une semaine; pendant les trois 
premiers jours, le passage du courant amena une légère augmentation de la sen- 
sibilité, ce qui fit réduire l'intensité à un milliampère. Puis la sensation sembla 
diminuer graduellement, le courant étant porté à trois milliampères sans réponse 
dé>agréable. On renonça donc au traitement pour procéder à l'enlèvement de la 
pulpe et traiter le cas suivant les méthodes ordinaires. 

Dans le traitement de la péricémentite^ ne résultant pas d'un empoisonnement 
septique à la suite de la mortification de la pulpe, le courant continu est souvent 
le plus avantageux. Il faut alors appliquer le pôle positif sur la gencive répon- 
dant aux racines de la dent affectée; un soulagement notable se produit, dans 
bien des cas, en quelques minutes, et la guérison a lieu après trois ou quatre 
séances. 

Dans un autre travail, j'ai appelé l'attention sur l'odontalgie qui accompagne 
fréquemment la grossesse, comme conséquence de l'obstacle au cours du sang 
dans les extrémités inférieures, qui entraîne Thypérémie générale de la moitié 
supérieure du corps. Au repos dans la position couchée et aux calmants que l'on 
conseille généralement en pareil cas, Je recommanderai d'ajouter l'électrisation 
positive des dents afïbctées. 

En ce qui concerne l'intensité du courant à mettre en œuvre, Texpérience 
prouve qu'il suffit de trois quarts à im milliampère et demi dans les cas ci-dessus 
mentionnés; quant à la fréquence des séances, elle dépendra tle la gravité des 
symptômes locaux et de la susceptibilité nerveuse du sujet. 

En thèse générale, une séance par vingt-quatre heures est tout ce qu'il faut ; 
dans les cas graves, deux et parfois trois peuvent être utiles, la durée de chacune 
allant de quinze à trente minutes. 

Gomme moyen de diagnostic dans les cas obscurs de vitalité ou de mortification 
de la pulpe dentaire, je ne connais rien de plus sûr que les courants électriques, 
à la fois galvaniques et faradiques. Ces derniers sont même supérieurs, car ils 
éveillent instantanément la sensibilité de la pulpe pourvue de la moindre vitalité. 
Ce moyen de diagnostic vaut encore mieux que l'éclairage intra-buccal. 

Les courants électriques servent aussi à indiquer l'existence de ces légères 
pulpites, qui sont souvent la cause de ces diverses formes névralgiques de la tête 
et de la face. Le faradisme particulièrement révèle alors une sensibilité exagérée 
de la pulpe dentaire. Pour localiser l'organe malade, il est nécessaire d'appliquer 
le courant successivement sur chaque dent; les dents saines supporteront un cou- 
rant plus fort; il faut donc employer le milliampère-mètre pour mesurer exacte- 
ment riûtonsité. (Progrès dentaire.) 



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314 RBTDB INTBRNATIONALB D*éLBCTROTHBRÀPIB 



Nouveaux essais d'électroculture. 

Los lecteurs de la Revue ont été mis récemment au courant de l'état actuel de 
la question de Télectroculture (1). Nous avons aujourd'hui à leur faire connaître 
quelques nouveaux essais qui ont été tentés dans cette voie par l'emploi de 
l'électricité dynamique ou statique, et qui ont donné de curieux résultats. 

M. E. Lagrange, dans les expériences faites sur des terrains dépendant de 
l'École militaire belge, a procédé comme il suit : un terrain rectangulaire de 
33 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur, dont toutes les parties étaient 
formées d'un sol identique et exposées de la même manière aux actions du soleiU 
du vent et de la pluie, a été divisé en trois parties égales, dans lesquelles on a 
ensemencé des pommes de terre en nombre égal. 

Le premier secteur a été traité suivant une méthode réglée par M. Spechnew, 
c'est-à-dire que les pommes de terre y ont été placées entre des plaques de zinc 
et de cuivre, et sous l'axe d'un fil conducteur de 8 mètres, réunissant ces pla- 
ques au-dessus du sol. Les plaques rectangulaires mesuraient 30 centimètres 
carrés ; quant aux fils métalliques conducteurs, ils étsdent soutenus au-dessus du 
sol par des isolateurs en porcelaine, supportés par des cordes transversales^. 

Le second secteur fut cultivé à la façon ordinaire. Le troisième secteur fut 
semé d'une série de petits paratonnerres dont la tige, terminée par quatre pieds 
rectangulaires, s'enfonçait de Ibcentimères dans le sol et le dépassait de 50 cen- 
timètres. Ces petits paratonnerres étaient formés de fil de fer galvanisé, et la 
tige avait été aii^uisée en pointe. Ils étaient enfoncés dans le sol entre les pommes 
de terre, de telle sorte que leurs pieds fussent situés au niveau du plan de scmige. 
Cette disposition était une modification d'un second procédé imaginé par 
M. Spechnew, pour étudier TinQuence de l'électricité statique et qui consistait 
à répartir sur le terrain des poteaux surmontés de couronnes métalliques munies 
à leur partie supérieure de pointes en cuivre doré, et léunies entre elles par des 
conducteurs. 

Or, les résultats obtenus par M. Lagrange ont été les suivants : la récolte 
obtenue dans le troisième secteur a été beaucoup plus belle que les autres, et a 
été, en outre, obtenue quinze jours plus tôt. Tandis que le secteur cultivé par 
la méthode ordinaire donnait 80 kilogrammes, le troisième secteur donnait 
1G3 kilogrammes. Par contre, le premier secteur, traité par la méthode dynami- 
que de M. Spechnew, n'a donné que 00 kilogrammes, et il semblerait que celle 
méthode dût être décidément condamnée, ?i Ton n'avait cependant observé que 
Tapparition du feuillage et des fleurs avait éié plus précoce sur les plantes du 
premier secteur que sur celles des deux autres, et qu'elles avaient conservé pen- 
dant l'année un leuillage plus épais et plus louiru. Ces observations restent donc 
favorables à la culture, par ce procédé, dos légumes dont on consomme le 
feuillage. 

En môme temps que M. Lagrange disposait ces intéressantes expérienc.?, 
M. Paulin, le directeur des écoles de Monlbrison, faisait connaître les résultats 
qu'il avait obtenus à l'aide de son géomagnélifère, qui n'est autre chose qu'une 
grande tige de paratonnerre, supportée par un mât en bois et en liaison intime 
avec un réseau de fils métalliques enfouis sous le sol. Bien que M. Paulin isole 
soigneusement la tige métallique du support en bois qui la soutient, ce qui pa- 
raît assez peu logique, cepeudint les résultats obtenus auraient été, d'après les 

(1) Voir, dans la Revue Scientifique du 12 mars I8î)2, p. 339, rarlicle de M. Mont- 
pellier : - lulluence de l'éclairage électrique sur les plantes. • 



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REVUE INTERNATIONALE D'éLBGTROTHéRAPIE 315 

constatations faites par diverses commissions, très favorables à la grande cul- 
ture. 

En somme, toutes ces observations confirment le fait étudié par M. Berthelot, 
à savoir qu'en établissant, entre un sol nu ou bien un sol où pousse une plante 
et ratmospbère une différence de potentiel, de sens quelconque, on active forte- 
ment Tassimilation de l'azote par les microbes du sol. 

(Revue Scientifique, 18 février 1893.) 



Action de Télectricité sur les microbes. 

Chacun connaît le procédé d*électrisation tout particulier dû à M. d'Arsonval, 
procédé qui consiste essentiellement à faire passer dans un solénoïie un courant 
à très haute fréquence (800,000 oscillations par seconde environ), et à plonger, 
dans rintérieur de ce solénoîd^, les êtres vivants sur lesquels on veut expéri- 
menter. Grâce à Ténorme induction que développe un pareil système, les corps 
plongés dans ce solénoïde deviennent le siège de nouveaux courants induits qui 
se forment dans l'intimité des tissus et circulent autour de chaque molécule avec 
la fréquence qui vient d'être indiquée. 

On sait que les animaux supérieurs supportent fort bien ces courants. Or, 
MM. d'Arsonval et Gharrin ont recherché comment un microbe, — dont la bio- 
logie, bien étudiée par M. Gessard et par M. Gharrin, est de^ mieux connues, le 
bacile pjocyanique, — réagirait à cette forme d'énergie électrique. 

Les notions que l'on possède relativement à l'influence que l'électricité exerce 
sur les microbes, quoique des plus rudimentaircs, renferment des contradictions. 
Peu d'auteurs ont abordé cette question. Le plus souvent même, ce fluide n'est 
intervenu qu'indirectement, en dégageant de la chaleur ou en mettant en liberté 
un corps à l'état naissant. Dans les recherches dont il s'agit ici, le courant agit 
par lui seul et d'une manière immédiate. 

Une culture de la bactérie pyocyanogène est placée dans le solénoïde dont il 
vient d'être parlé. Au début de reipéricnce, on sème sur un premier tube d'agar 
deux gouttes de cette culture. On fait ainsi après 10, 20, 60 minutes; on reporte 
la culture sur un second, sur un troisième, sur un quatrième tube; puis on met 
ces quatre tubes à l'étuve. 

Le simple examen de ces tubes montre que, dans tous, le bacile végète abon- 
damment; sa pullulalion est sensiblement égale; sa forme n'a pas subi de grands ' 
changements; il en est de la sorie pour ses fonctions pathogènes. Toutefois, le 
pouvoir sécrétoire des pigments a été modiûé. Tandis que les deux premiers 
tubes offrent une teinte d'un bleu vert intense, à peine affaiblie dans le second, 
les deux derniers présentent un reflet verdâtre peu accentué. A n'en pas douter, 
sa puissance chromogène a été touchée. 

Ainsi il paraît démontré qu'un nouvel agent physique, l'électricité, — on a 
déjà étudié Taction do la chaleur, de la lumière, du mouvement, — peut agir 
sur le monde des bactéries, sur les cellules vivantes, et l'on comprend ainsi com- 
ment l'état électrique de l'air devient capable d'une action sur les virus, au 
besoin sur le génie épidémique, qui dépend en partie des condiiions cosmiques. 
MM. d'Arsonval et Gharrin ajoutent avec raison que cette même électrité doit 
également agir sur la vitalité de nos tissus, autrement dit sur le terrain, et, 
comme conséquence, sur la gravité ou la bénignité de certaines maladies. 

On savait, d'autre part, la grande influence des orages, d'observation banale, 
sur l'activité de ces ferments, le ferment lactique, par exemple. Gette action sur 



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316 RBVUB INTBRNATIONALB D'éLBCTHOTHéRAPlB 

la fonction chromogène qui peut être, à certains égards, comme la virulence 
elle-même, considérée comme une fonction de luxe de quelques microrganismes, 
es^tun nouvel argument qui autorise à étendre à la virulence elle-même une 
sensibilité dont Texistence paraît bien établie. 

(Revue Scientifique.) 

De la question de l'éclairage électriq[ue par transparence des os 
de la face et de la papille dans Tempyème de l'antre d'Higlunore 

fZur Frage der elektrischen Durchleuchtung der Gesichtsknodien und d'.'r 
Papille bei Empyema Antri Highmori), — Discussion du mémoire de 
M. HbrsÇï'eld. 

M. Davidsohn conteste la force probante de l'expérience faite par Herzfeld en 
remplissant le sinus maxillaire avec du lait,«car le lait laisse mieux passer la 
lumière que le pus. L'éclairage par transparence est souvent confondu avec le 
simple éclairage et illumination, lequel peut se produire quand de la lumière 
pénètre dans l'antre par la fosse nasale, la pituitaire étant normale; mais la 
pupille reste alors sombre. 

Si la pupille est claire dans l'empyème, elle est éclairé par la lumière venant 
du dehors, mais non par transparence. 

Pour le reste, M. Davidsohn renvoie au mémoire qu'il a lu il y a longtemps 
devant la Société. 

La perforation par l'alvéole ne réussit pas toujours, car en cas de défaut de 
développement de l'antre, le perforateur peut pénétrer dans le nez. 

M. RosBNBBRG, daus l'éclairage par transparence chez un grand nombre de 
patients sans s^iTection de l'antre, a obtenu un résultat parfait dans 30 ^/o des 
cas, parmi lesquels la proportion des femmes était double de celle des hommes. 
Dans 10 % des cas, l'éclairage par transparence était modéré. (Rapport des 
hommes aux femmes 3:2.) Dans 2 % des cas, il y avait des différences entre 
les deux côtés. Dans les cas où l'antre était clair, la pupille est restée plus sombre 
ou sombre dans 25 *^/o. En cas de pupille claire, l'antre était moins clair ou 
sombre dans 8 Vc Dans 5 % des cas, le résultat fut complètement négatif sans 
qu'il y eût des anomalies du palais. 

La pupille la plus claire était parfois plus dilatée que l'antre, bien qu*avant 
l'éclairage el'es fussent égales; s'il y avmt auparavant une différence sous ce 
rapport, toutes deux se montraient souvent de la même largeur pendant l'éclairage 
par transparence. 

Dans un cas d'empyème, M. Rosenberg a trouvé la pupille claire du même 
côté. 

Parmi les ca ises des empyèmes aigus, l'influenza joue un grand* rôle. — En ce 
qui concerne le traitement, M. Rosenberg recommande la perforation par l'alvéole 
avec irrigation antiseptique et astringente consécutive. S'il ne survient pas rapi- 
dement une amélioration marquée, on ouvre largement. 

M. Flatau a vu également la pupille claire en cas d'empyème. Les empyèmes 
aigus et subaigus peuvent guérir spontanément; la douche d'air écarte rapidement 
la céphalalgie concomitante. Pas plus que Rosenberg, il n'éprouve de difficulté à 
écarter la lumière venant du dehors. 

M. ScHBiNMANN u'est pas partisan de l'opération radicale prématurée, surtout 
chez les personnes affaiblies. 



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aBVtJB INTBKNATIONALB D'éLBCTROTHèRAPlB 317 

M. B. Fr^nkbl regarde Téclairage par transparence comme an signe pathogno- 
monique incertain de Tempyème, comme le lui ont montré quelques cas. 

M. Hbrzpbld dit qu*il n'a rempli, naturellement, de lait l'antre d*Highmore que 
chez les patients atteints de suppuration du sinus, là, par conséquent, où la 
muqueuse était aiïectée; il croit que la quantité introduite correspond à un quart 
de cuillère à café de pus au point de vue de la lumière interceptée, quantité de 
pus qui, d's^rès Davidsohn, empêche la pupille d'être éclairée. 



% 

Le télautographe. 

Amérique, pays béni des iuveniions et des inventeurs ! Elle vient de nous 
doter encore d'une nouvelle merveille appelée à un grand retentissement. Après 
le télégraphe, le téléphone, voici la découverte de la télautographie. M. Elisah 
Graj, réminent physicien, a enfin résolu pratiquement le problème de la repro- 
duction de Yécriture à distance. Il suffira d'écrire chez soi sur un papier quel- 
conque pour que l'autographe se reproduise à la station d'arrivée. Au lieu d'avoir 
un réseau téléphonique, on aura un réseau télautographique. Les abonnés écri- 
ront et leur écriture se reproduira devant les yeux de leur correspondant. Bien 
mieux, l'abonné qui doit recevoir la dépêche écrite est il absent, peu importe, la 
plume marchera toute seule chez lui et, à son retour, il trouvera sur l'appareil 
la missive prête à lire. Il s'agit, par conséquent, d'une invention capitale, d'un 
appareil appelé à rendre d'immenses services et qui pourra être utilisé par tous 
ceux qui savent tenir une plume. Déjà une puissante Compagnie s'est constituée 
à New- York pour Texploitation de la télautographie. 

Le problème de la reproduction de l'écriture ne date pas d'aujourd'hui. Les 
télégraphes Gaselli, Lenoir, Meyer, avaient été imaginés dans le même but. Le 
télégraphe de l'abbé Caselli fut sur le point d*entrer dans la pratique sous Tad- 
ministration de M. de Vougy. Mais dans cet appareil comme dans ceux de Meyer, 
Lenoir, etc., il fallait écrire, puis déposer la feuille de papier dans un appareil 
qui transmettait et reproduisait l'écriture. La plume électrique de Gowper, qui 
a fait son apparition en 1890, était sans doute un progrès ; ce que la plume tra- 
çait au point de départ, une autre plume le répétait à l'arrivée. Cependant, il 
fallait écrire sur un papier qui se déroulait, les lignes étaient continues, l'espace 
libre réduit, etc. Ce n'était pas encore cela ; tandis que le télautographe de 
M. Elisah Gray réalise tout ce que l'on pourrait souhaiter. Vous écrivez, vous 
dessinez et tout là-bas une plume reproduit récriture et le dessin. Il est même 
inutile d'avoir une plume ou un crayon ; une pointe quelconque suffit, pourvu 
que la main tracé par légère pression les caractères qui doivent être reproduits. 
Et il y a identité absolue. Quand on a usé tout le papier du pupitre, on appuie 
sur un bouton et une nouvelle feuille se met à votre disposition. Aussi vite vous 
écrirez, aussi vite vous serez reproduit. On peut facilement écriie jusqu'à trente- 
cinq mots par minute. Enfin, avec des relais, tout permet de penser qu'il sera 
facile d'écrire ainsi de New -York à San- Francisco, de Paris à Pétersbourg, etc. 

On vient de faire, à la fin de mars, une expérience de transmission de New- 
York à Chicago. Les appareils ont déjà leur forme définitive. On les verra fonc-, 
tionner bientôt à l'Exposition. Comment ces résultats extraordinaires sont-ils 
obtenus ? M. Elisah Gray n'a pas encore publié la description do ses appareils 
transmetteur et récepteur. Aussitôt qu'il nous aura adressé des renseignements 
suffisants, nous ferons connaîire 1^ principe du té!aulographe. Les appareils sont 
petits, pas beaucoup plus gros qu'un téléphone et peuvent se placer facilement 



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318 RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTROTHÔRAPIE 

sur un bureau, sur la table d'un salou, etc. S'il n*y a pas illusion, et M. Elisah 
Gray est de ceux qui ne s'enthousiasment pas sans raison, nous pourrions bien 
ôtre encore à la veille d'une transformation dans nos moyens de communication 
tout au moins parallèle h. celle qui a produit l'invention de la téléphonie. 

H. DE Parvillb (Débats,) 

Le chant du téléphone. 

Le chant du téléphone I On désigne ainsi un phénomène assez curieux, déjà 
signalé par divers expérimentateurs, et notamment, dans ces derniers temps, par 
M. Deckert, de Vienne. Un té'éphone, disposé convenablement, peut entretenir 
sa propre vibration et faire entendre un son indéfiniment prolongé. Nous 
entrions récemment dans un appartement d'où sortait une note très forte et 
continue, un son d'un timbre particulier. Ce bruit singulier dont la cause ne se 
devinait pas tout d'abord intriguait vivement les personnes présentes. Un 
téléphone était accroché à la muraille. C'était bien l'appareil qui bourdonnait 
ainsi imperturbablement. Nous avons répété l'expérience à la Société générale 
des téléphones. M. Berthon a bien voulu faire disposer un téléphone dans les 
conditions voulues pour qu'il soumette à chanter. Il suffit de disposer un parleur 
microphonique en court circuit sur la pile et le fil primaire de la bobine d'in- 
duction et de placer bien en face un téléphone récepteur, de préférence bipolaire, 
à un centimètre environ du microphone. Aussitôt qu'on vient à ébranler d'une 
façon quelconque le courant d'air qui sépare les deux appareils, soit en soufflant, 
soit en sifQant, soit en établissant quelques contact entre le microphone et le 
téléphone, le son se produit aussitôt et per.'tiste. En changeant un peu la distance, 
ou modifie la hauteur du son et son timbre; on peut ainsi obtenir plusieurs notes 
successives. Mais le curieux de l'expérience, c'est la persistance et la continuité 
de la note. Une fois les deux appareils en présence et en quelque sorte amorcé?, 
bien qu'encore silencieux, si l'on entre dans la pièce où ils se trouvent, il peut 
suffire d'un coup de pied frappé sur le plancher, d'une parole prononcée un peu 
fort, pour qu'immédiatement retentisse tout à coup un son intense et qui conti- 
nuera indéfiniment, à moins que d'un nouveau coup de pied on ne modifie 
l'équilibre des appareils en présence. Il est possible de séparer le microphone et 
le téléphone au moyen d'une membrane sans arrêter le son. Lorsqu'on se sert 
d'appareils très sensibles, le téléphone chante dès qu'on le touche légèrement ou 
même parfois spontanément. 

On a proposé diverses explications du phénomène. Il est probable qu'il s agit 
simplement d'une réaction réciproque des deux appareils analogue à celle qui se 
produit entre le système inducteur et l'induit d'une dynamo qui s'amorce. Ces 
actions réciproques entretiennent les vibrations du téléphone. Uuoi qu'il en soit, 
l'expérience est intéressante, et elle sera sans doute susceptible de quelques 
applications. II. de Parvillb (Débats, 5 avril 1893), 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTROTHÉRAPIE 319 



BIBLIOGRAPHIE 



J. Rayé. — Contribution à Tétude du traitement des dyspepsies 
par l'électricité. (Paris, Henri Jouve, 1893.) 

Après ua aperçu historique sur l'électrisation gastrique, dans lequel sont 
surtout analysés avec soin les travaux les plus récents de Hoffmann, Jones, 
Stockton, Einhom, l'auteur passe à l'examen des différents modes d'application 
de l'agent électrique dans le> djsepsies. 

La galvanisation a été pratiquée par les méthodes externe et interne. 

Dans la méthode externe ou percutanée, Tapplicalion se fait ordinairement au 
moyen de plaques métalliques recouvertes de peau de chamois humide. La di- 
mension des plaques varie avec la densité que l'on cherche à obtenir. Elle dépend 
donc de l'intensité du courant à employer et de la résistance électrique des tis- 
su». Dans les expériences cliDiques, l'auteur s'est servi le plus habituellement 
d'une plaque de 300 centimètres carrés appliquée à la région lombaire, l'autre 
plaque de 120 centimètres carrés étant placée à la région épigastrique. Il y a 
avantage, dans certains cas, à produire de fréquentes interruptions de courant 
pour provoquer les mouvements gaétriques. Les interversions doivent être reje- 
tées comme étant mal supportées par les malades. L'intensité du courant em- 
ployé a varié, dans les expériences, de 10 à 48 milliampères, et la durée d'appli- 
cation était en moyenne de dix minutes. 

Dans la méthode interne, où l'excitant est porté directement au niveau de la 
muqueuse, il fallait avant tout éviter le contact direct entre le réophore métalli- 
que et la surface interne de l'estomac, la densité trop élevée en ce point étant 
capable de provoquer des eschares. L'estomac était donc préalablement rempli 
d'une certaine quantité d'eau où baignait Textrémilé du réophore, suffisamment 
protégé contre tout contact avec la muqueuse. C'est là le principe des différentes 
sondes proposées par nombre d'auteurs. Mais l'inconvénient résultait surlout 
du séjour prolongé au niveau de l'œsophage d'une sonde d'un certain volume, ce 
qui rendait les malades très rebelles à cette application. Cette sonde gastrique 
a été remplacée par un fil métallique isolé à la surface, de la grosseur des tils 
téléphoniques usuels, et l'extrémité terminale de ce conducteur, recouverte d'une 
petite cage isolante, baigne dans le liquide gastrique sans jamais venir au con- 
tact direct de la muqueuse. Celte enveloppe a la forme et le volume d'une olive. 
Elle est percée de trous sur ses faces. A l'intérieur se trouve un morceau de 
charbon de cornue terminant le conducteur métallique. La déglutition en est 
facile, le séjour dans l'œsophage et très facilement toléré. (Olive de Einhom.) 

Le& intensités employées ont été, dans ces cas, de 4 à 8 milliampères, et la 
durée d'application de cinq à sept minutes. 

Pour la faradisation par méthode externe, l'auteur insiste sur la nécessité de 
se servir de larges plaques fortement appuyées, et cite à l'appui une-expérience 
conûrmative de Fustner. 

La faradisation directe peut se faire par le même procédé que l'application 
galvanique faradique interne. Toutefois, le dispositif expérimental pourrait être 
ici très simplifié, car il n'y a plus d'action électrolytique à redouter. 

Après quelques mots sur les applications statiques^ l'auteur analyse les 
effets physiologiques principaux obtenus par l'application de l'électricité à 



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320 REVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPIB 

Testomac, et cite quelques expériences faites au laboratoire de M. le professeur 
Fr. Franck. 

Avant de passer à Texamen des phénomènes chimiques, quelques mots sont 
consacrés à Texposé de la méthode d'analyse du suc gastrique de M. le professeur 
Hayem^ méthode qui a servi de base à Texamen des principaux résultats 
obtenus. 

Cette méthode est fondée sur l'analyse quantitative des produits chlorés dans 
un repas d'épreuve extrait un temps donné après Tingestion. Elle permet ainsi 
d'évaluer Tacide chlorhydriqne mis en liberté, et celui déjà entré en combinaison 
organique dans le processus de formation des peplones. Une ingénieuse combi- 
naison des différents facteurs permet d'analyser, en même temps que la valeur 
pondérale de ces derniers produits, leur valeur chimique, et, par là, leur dévia- 
tion du type normal. C'est d'après cette méthode qu'ont été suivies les expériences 
sur le chien par applications galvaniques externe (20 à 40 milliampères) et interne 
^8 milliampères). Dans le premier ca?, l'examen chimique du liquide gastrique 
poursuivi pendant un mois démontre pour ces valeurs une ascension, non pas 
immédiatement consécutive à l'application (elle est très peu notable au bout de 
dix minutes), mais arrivant à son apogée quatre jours après. Cette excitation, 
qui augmente avec la répétition des séances, est suivie d'une sédation manifeste 
dès le cinquième jour après l'interruption. Il est également à noter que le rap- 
port entre les différentes valeurs chimiques n'ayant pas été altéré, le type digestif 
général est resté sensiblement le même. 

Pour l'éloctrisation interne, les valeurs trouvées semblent indiquer une séda- 
tion iomiédiate. Toutefois, l'auteur établit quelques réserves sur ces conclusions 
et fait espérer de nouvelles expériences sur ce sujet 

Les cas cliniques traités à Thôpital Saint-Antoine dans le service de M. le pro- 
fesseur Hayem sont au nombre de onze : 

Neuf cas d'application galvanique externe, comprenant sept cas d'hyperchlo- 
rhydrie avec dilatation, dont deux s'accompagnaient de crijos gastrâlgiques 
intenses, et deux cas d'hypopepsie, dont un accompagûé de dilatation. 

Deux cas d'application galvanique interne dans un cas d'anachlorhydrie et un 
cas d'hypopepsie, accompagoés tous deux de crises gastrâlgiques. Ces crises 
ont été très rapidement améliorées et ont disparu complètement au bout de 
trois séances 

Dans les premiers cas, chez les hyperchlorhydriques, l'électrisation externe a 
paru provoquer une crise caractérisée par l'exacerbation momentanée des dou- 
leurs, bientôt suivie d'une sédation et de la guérison définitive. 

D'ailleurs chez tous ces malades, soumis pour la plupart depuis longtemps à 
des régimes antidyspepsiques variés sans amélioration notable de leur état, il y 
a eu, à la suite du traitement électrique suffisamment prolongé, un amendement 
de tous les phénomèues pathologiques. Retour de l'appétit, réduction de la dila- 
tation, disparition de l'atonie gastro-inlestinale, rapprochement graduel du type 
digestif vers l'état normal, tels ont été les résultats obtenu?; et, à la suite de ce 
traitement, les malades ont pu sans inconvénient reprendre l'alimentation habi- 
tuelle. (Archives d'Éleclricité médicale, d9 3, 1893.) 

Le Propriétaire-Gérant : W G. GAUTIER. 

Paris. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Caire, 8 et 10. 
Usine à vapeur et Ateliers, rne des Filles-Dien, 8 et lo. 



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3«» AnnAb. Juin 1803. N<» 11. 



REVUE INTERNATIONALE 



ACTION PHYSIOLOGIQUE DES COURANTS ALTERNATIFS 
A GRANDE FRÉQUENCE ^'^ 

MODE DB PRODUCTION ET TECHNIQUE DE LEUR EMPLOI 
Par M. A. D'ARSONVAL. 



Dans des travaux antérieurs, j'ai fait connaître Taction physiologique des 
courants alternatifs de forme sinusoïdale à basse fréquence. J'ai montré 
également, dans le cas d'une excitation unique, l'influence capitale de la 
forme de l'onde électrique que j'ai appelée Caractéristique de Vexcitation, 
J'ai poursuivi ces recherches systématiques sur les effets de l'électricité en 
me demandant ce que deviennent les phénomènes d'excitation neuro-mus- 
culaire lorsqu'on augmente indéfiniment le nombre des oscillations élec- 
triques dans l'unité de temps. Le présent travail a pour but de résumer les 
phénomènes que j'ai pu jusqu'ici constater en excitant les tissus par des 
courants à fréquence graduellement croissante. Nous avons vu qu'avec des 
ondes sinusoïdales très étalées, le nerfet le muscle ne sont pas excités, il n'y 
a, dans ce cas, ni douleur ni contraction musculaire et le passage du courant 
s'accuse néanmoins par des modifications profondes de la nutrition se tra- 
duisant par une absorption plus grande d'oxygène et une production plus 
considérable d'acide carbonique. En changeant la forme de l'onde, chaque 
onde électrique produira une secousse musculaire. En augmentant leur 
nombre, non seulement le nombre des secousses ira en augmentant, maïs 
les diverses contractions iront en se fusionnant de plus en plus jusqu'au 
moment où le muscle restera en contraction permanente. Le muscle est alors 
tétanisé; il faut pour cela de 20 à 30 excitations à la seconde pour les 
muscles de l'homme. Lorsque le muscle est tétanisé, si on augmente le 
nombre des ondes on augmente également l'intensité des phénomènes d'exci- 
tation, mais cela n'a pas lieu indéfiniment comme on serait tenté de le 
croire. A partir d'un maximum qui a lieu entre 2,300 et 5,000 excitations 

(l) Communication faite le 18 mai à la Société Française d* Électrothérapie. 



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322 REVUE INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPIB 

par seconde, on voit au contraire les phénomènes d'excilalion décroître avec 
le nombre des oscillations électriques d'une façon indéfinie. Il en résulte ce 
phénomène surprenant qu'avec des oscillations suffisamment rapides on 
peut faire passer' à travers l'organisme des courants qui ne sont nullement 
perçus, alors qu'ils seraient foudroyants si on abaissait la fréquence. J'avais 
pressenti ce résultat dès 1888 au cours de mes recherches sur la bobine 
d'induction, mais je ne pus en donner une première démonstration que dans 
mon cours du Collège de France (1889-90), en employant l'alternaleur que 
je vais décrire. Je vis alors clairement que l'excitation diminuait avec la 
fréquence, mais je ne pus supprimer complètement tout phénomène d'exci- 
tation avec l'alternateur en • question. Je n'atteignis ce résultat qu'en 
décembre 1890 en substituant à ma machine, qui ne pouvait guère donner 
plus de 10,000 excitations par seconde, l'admirable appareil que le docteur 
Hertz venait de combiner et qui peut donner plusieurs billions d'excitations 
électriques dans une seconde. 

PRODUCTION DES COURANTS PÉRIODIQUES 

J'ai employé trois dispositifs difîérenls pour produire des ondes pério- 
diques : l^ La bobine d'induction dite bobine de Ruhmkorff ; 2« un alter- 
nateur sans fer dont le dispositif principal a été indiqué par M. Gramme en 
1870; 3« la décharge oscillante des condensateurs. 

1<> Bobine. — De la bobine je dirai peu de chose, sinon que c'est un 
instrument des plus infidèles avec lequel on peut à peine espérer atteindre 
2,000 excitations par seconde, que l'on emploie comme interrupteur soit le 
trembleur, soit un interrupteur automatique. Cela tient à la présence du fer 
doux du noyau qui, s'il se désaimante rapidement, demande au contraire un 
temps assez long pour s'aimanter, ce temps d'aimanlation limite rapidement 
le nombre des ondes qu'on peut obtenir; les ondes dues à l'aimantation sont 
en outre, très différentes de celles que produit la désaimantation. De plus, 
la forme de ces ondes est inconnue et change lorsqu'on veut augmenter leur 
nombre. 

2^ AUenxaleur. — Il faut donc rejeter complètement tous les appareils dans 
lesquels les courants sont produits par les variations d'aimantation du fer. Ce 
résultat est obtenu avec l'appareil suivant. Il se compose d'un inducteur et d'un 
induit. L'inducteur est formé d'une bobine cylindrique en fer, munie de deux 
grandes joues, enfer, de 50 centimètres de diamètre. Cette bobine peut tour- 
ner rapidement autour de son axe monté sur pointes. Autour de l'axe est 
roulé un fil de cuivre isolé qui, traversé par un courant constant, polarise une 
des joues nord et l'autre sud. A la face interne des joues, et près de leur bord, 
sont implantées cent chevilles en fer qui se font vis-à-vis deux à deux en lais- 
sant entre chaque couple nord-sud un petit espace libre de 1 centimètre envi- 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHiRAPÎB 323 

ron. Dans cel espace libre on maintient, au moyen d'un support fixe, une 
petite bobine circulaire sans fer, ayant la forme d'une galette constituant le 
circuit induit. En meltaut la grosse bobine en mouvement, chaque paire de 
pôles qui passe devant la bobine fixe y induit une double onde sinusoïdale 
doQt on gradue Ténergie, pour une même vitesse de rotation, en modifiant Tin- 
lensité du courant qui crée le champ magnétique inducteur. Cet appareil per- 
met de modifier, soit le nombre de périodes par seconde, soit la forme de 
Tonde. 11 a le grand avantage de fournir un nombre d*ondes variables sans en 
altérer la forme. II suffit, en effet, tout en laissant la vitesse dé rotation cons- 
tante, d'enlever les chevilles polaires de 2 en 2 pour diminuer le nombre des 
courants engendrés pendant un tour complet de Tinducteur. Avec une seule 
paire de chevilles polaire» on n'a qu^une période par tour; avec 100, on en a 
100 dans le môme temps et les ondes produites ont la même forme, puisque 
les pôles qui passent devant la bobine fixe, ont la même vitesse et la même 
aimantation.' Avec cet appareil, j'ai pu aller jusqu'à 10,000 alternances à la 
seconde. 

30 Décharge de condensateurs. — C'est le phénomène utilisé par le 
docteur Hertz pour produire des ondulations électriques extrêmement rapides. 
Ce phénomène a été découvert par Feddersen et étudié, il y a plus de qua- 
rante ans, par Helmhollz et sir W. Thomson, qui en ont donné la loi mathé- 
matique. Il consiste en ceci : Si on opère la décharge d'une bouteille de Leyde 
au moyen d'un conducteur, deux castrés différents peuvent se présenter sui- 
vant les valeurs relatives de la capacité C, du coefficient de self-induction L 

et de la résistance R du système. Si on a R >- 1/ -^, la décharge est conti- 
nue; dans le cas contraire, elle est oscillatoire. Dans le cas de la décharge 
oscillatoire, les oscillations sont isochrones et leur amplitude décroit suivant 
les termes d'une progression géométrique. Le mouvement d'un liquide dans 
des vases communiquants fait bien comprendre ce qui se passe avec la bou- 
teille Leyde. Suivant la résistance offerte au mouvement du liquide le niveau 
reprend sa position d'équilibre ou bien d'une manière lente et sans la dépas- 
ser, ou à la suite d'une série d'oscillations, à amplitude décroissante, qui 
absorbent toute l'énergie par suite des frottements. On peut mesurer la durée 
et le nombre des oscillations en examinant la décharge au moyen d'un miroir 
tournant. Lorsque la résistance est négligeable, la durée d'une oscillation est 
donnée par la formule de Thompson T = 2 tt y^Xc en fonction de la capacité 
C et de la self-induction L du système. 

On peut par conséquent donner à T les valeurs les plus différentes on 
modifiant L et C. Le docteur Hertz a atteint 1 billiouième de seconde, et 
mon ami, M. Potier, a pu baisser la période oscillatoire jusqu'à faire rendre 
à la bouteille de Leyde un son musical perceptible à l'oreille. Dans mes pre- 
mières expériences je me suis servi du vibrateur de Hertz ; plus tard j'ai 



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324 



REVUE INTERNATIONALE D*éLBCTROTHéRAPIB 



employé le dispositif plus puissant signalé par MM. Elihu-Thomson et Tesla. 
Enfin dans mes recherches récentes j'ai trouvé grand avantage à employer 
exclusivement Tappareil suivant, dont les expérience de M. Lodge, à propos 
des paratonnerres, m*ont donné l'idée. Soit AA' (fig. 1) les armatures inter- 



A' "V 




Fio. 1. 



ne& de deux bouteilles de Leyde montées en cascade. Les armatures sont 
réunies à une source d'électricité à haut potentiel (machine de Holtz, bobine 
de Ruhmkorfif ou transformateur). Les armatures externes BB' sont réunies 
entre elles par un solénoïde CC composé d'un gros fil de cuivre faisant 15 à 
20 tours. Chaque fois qu'une étincelle part entre AA', un courant oscillant 
extrêmement énergique prend naissance dans le solénoïde, à tel point qu'en 
prenant comme pôles ses extrémités G, C, on obtient un courant qui peut 
allumer au blanc une forte lampe à incandescence L, tenue entre deux per- 
sonnes JDD'. L'étincelle qu'on obtient entre CC est beaucoup plus longue que 
celle qui éclate entre AA'. Cela tient à ce que, dans ce cjas, la décharge des 
armatures extérieures BB' se fait d'une manière soudaine, tandis que celle 
des armatures intérieures AA' est préparée, la différence de potentiel entre 
les boules allant en croissant jusqu'à ce que l'étincelle éclate. Dans ces con- 
ditions la résistance du solénoïde CC joue un rôle secondaire tandis que sa 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTROTHÉRAPIR 325 

self induction devient prépondérante. On peut rapprocher les effets produits 
par des décharges très brusques, de ceux donnés en mécanique par les for- 
ces instantanées, ainsi que le fait remarquer très judicieusement M. Joubert. 
Placez un bloc de coton-poudre sur une. plaque d'acier ; il brûle lentement 
si on rallume; il brise au contraire la plaque si ou le fait déloner au moyen 
du fulminate de mercure. La môme énergie pourtant a été mise, en jeu dans 
les deux cas, mais dans le second la pression développée par les gaz est tel- 
lement soudaine que la résistance de lair devient comparable à celle de 
lacîer. C'est la différence qui existe dans l'appareil décrit ci-dessus entre la 
pression électrique développée graduellement en A A' soudainefnent au con- 
traire en ce du moment où la bouteille se décharge. Si Ton veut augmenter 
la tension du courant il suffit de plonger dans le solénoïde une bobine com- 
prenant un plus grand nombre de tours. Cette bobine est logée dans un tube 
de verre plein d'huile (fig. 2), qui Tisole complètement. On obtient ainsi 
facilement un torrent d'étincelles de 15 à 20 centimètres de longueur. 

E/fels physiologiques des courants à haute fréquence. — On peut utiliser 
de deux façons différentes les courants ainsi obtenus : i^ soit en leur faisant 
traverser directement les tissus qu'on veut soumettre à leur action; 2® soit 
en plongeant ces tissus dans Vintérieur du solénoïde, mais sans aucune 
communication avec lui. 

Dans ce second cas les tissus placés dans le solénoïde sont lo siège de cou- 
rants induits extrêmement énergiques, grâce à la fréquence de la source 
électrique. Ils se comportent comme des conducteurs fermés sur eux-mêmes 
et sont parcourus par des courants d'induction d'une grande intensité* Au 
point de vue physiologique, les effets obtenus sont sensiblement les mêmes 
dans les deux cas. Voici les principaux : 1® Action nulle sur la sensibilité 
générale et sur la contraclilité musculaire. C'est le phénomène le plus frap- 
pant. On a des courants capables de porter à l'incandescence une série de 
lampes électriques. Ces lampes placées entre deux personnes DD' (fig. 1), 
complétant le circuit, s'allument sans que Ton ressente aucune impression 
sensorielle. Si le courant est très fort, on éprouve simplement un peu de 
chaleur aux points d'entrée et de sortie du courant. J'ai pu faire traverser 
mon corps par des courants de plus de trois mille milliampères, alors que 
des courants d'une intensité dix fois moindre seraient extrêmement dange- 
reux si la fréquence, au lieu d'être de 500,000 à.l million par seconde, était 
abaissée à 100, comme cela a lieu pour les courants alternatifs industriels. 

On s'est beaucoup inquiété de l'explication à donner de ce résultat para- 
doxal que j'ai le premier signalé dans mes Leçons du Collège de France 
(1890) et à la Société de Biologie (24 février, 23 avril et 2 mai 1891) (l). — 

(1) Voir VIndmtrie électrique (25 avril 1892), la Lumière électrique (16 avril 1892) et 
VÉlectricim (16 avril 1892). . 



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326 RHVUB INTBRNATIONALB D'ÉLECTROTHéRAPIB 

Dans mes communicalions à la Société de Biologie j'avais émis deux hypo- 
thèses : \^ ou bien ces courants, à cause de leur énorme fréquence, passent 
exclusivement à la surface du corps (on sait, en effet, que les courants à 
grande fréquence ne pénètrent pas et s'écoulent à la surface des conducteur?, 
comme le fait l'électricité statique); 2» ou bien les nerfs sensitifs et moteurs 
sont organisés pour répondre seulement à des vibrations de fréquence dé- 
terminée. C'est ce que nous voyons, par exemple, pour le nerf optique, dont 
les terminaisons sont aveugles, pour les ondulations de Téther d'une période 
inférieure à 497 billions par seconde (rouge) et supérieure à 728 billions par 
seconde (violet). 

Le nerf acoustique se trouve dans le même cas pour les vibrations sonores. 
En deçà et au delà de certaines périodes vibratoires, les sons musicaux 
n'existent plus et l'oreille reste insensible à ces excitations. On verra ci- 
dessous que le corps humain ne se comporte pas comme un conducteur 
métallique. Les courants à haute fréquence, au lieu de s'écouler par la sur- 
face du corps, pénètrent dans l'organisme et vont influencer des centres ner- 
veux profondément situés, soit directement, soit en produisant des courants 
induits. Que ces excitations soient directes ou induites, la somme d'énergie 
qui traverse l'organisme reste la même et la conclusion est la même dans les 
deux cas. En employant un courant à haute fréquence, l'organisme est tra- 
versé, sans manifester aucune réaction, par des courants dont l'énergie le 
détruirait si elle était abaissée. On peut expliquer celte innocuité par l'ab- 
sence d'excitation ou, mieux encore, en admettant que ces courants exercent 
sur les centres nerveux et sur les muscles cette action particulière si remar- 
quable, étudiée par M. Brown-Séquard sous le nom d'inhibition. L'expé- 
rience démontre en effet, de la manière la plus frappante, cette action inhibi- 
tuire des courants à haute fréquence, comme nous allons le voir : 

1® Les tissus traversés par ces courants deviennent rapidement moins 
excitables aux excitanls ordinaires. Celte diminution se traduit même par 
une analgésie remarquable qui frappe les points par où le courant pénètre 
dans le corps. Celle analgésie persiste, suivant les cas et les sujets, de une à 
vingt minutes. 

2» Le système nerveux vaso-moteur est fortement influencé. Si l'on place 
par exemple un manomètre à mercure dans la carotide d'un chien, on voit la 
pression artérielle tomber de plusieurs centimètres sous l'influence de ce 
genre d'éleclrisalion. On peut constater le môme phénomène chez l'homme à 
l'aide du sphymographe Marey. Il y a donc inhibition manifeste du système 
nerveux vaso-moteur en dehors de toute sensation consciente. Ce fait prouve 
que les courants à haute fréquence pénètrent profondément dans l'organisme, 
comme je l'affirmais plus haut. 

3« En continuant un temps assez long, on voit, chez l'homme, la peau se 
vasculariser et se couvrir de sueur, conséquence naturelle de l'action sur les 



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RRVUB INTERNATIONALE D BLECTROTHBRAPIB 



327 



vaso-moteurs. On arrive au même résullat en plaçant le sujet sur un tabouret 
isolant en communication avec une des piles de la bobine à baut potentiel 
(ûg. 2), le second pôle étant en communication avec une plaque métallique 
isolée supportée à une certaine distance de la tôle. Le sujet est soumis delà 
sorte à Faction d'un champ électrique oscillant. 

i^ En soumettant un animal entier à ces courants, soit directement, soit 
en le plongeant daos le solénolde, on constate une augmentation dans Tinten- 
site des combustions respiratoires. Le ihermomètre montre qu*il n'y a pas 




FiG. 2. 



élévation de la température centrale. L'excès de chaleur produit est perdu 
par rayonnement et évaporation, ainsi qu'on le constate en plaçant l'animal 
dans un des calorimètres que j'ai décrits antérieurement dans ce recueil 
(année 1890). 

5<» Pour étudier Taclion de ces courants sur la cellule vivante, j'ai employé 
la levure de bière, et, en collaboration avec M. Charrin, le bacille pyocya- 
nique. Ces dernières recherches feront l'objet d'un prochain mémoire. — 
Des recherches cliniques sont entreprises également de divers côtés, à mon 
instigation (1). 

Les résultats que je viens de signaler brièvement, et ceux déjà obtenus en 
clinique me donnent le droit d'espérer que nous possédons dans ces diverses 
modalités de l'énergie électrique, des ressources thérapeutiques considé- 
rables. Depuis de longues années, j'étudie l'action des agents physiques sur 
les phénomènes de la vie et j'espère que ces expériences serviront à démon- 
trer objectivement que l'alliance de la physique et de la physiologie permet 
aujourd'hui de constituer, sous le nom de physique biologique, une science 
bien autonome. 

(1) Je suis arrivé à doser l'énergie; de ces courants, en plaçant dans le solénoïde un 
thermomètre à mercure. Les courants induits dans le mercure (courants de Foucault) 
font monter le thermomètre de 20 à 50 degrés au dessus de la température ambiante, 
ce qui permet de se mettre dans des conditions identiques. 

Pour sf^parer les courants alternatifs de sens différent, je fais éclater l'étincelle dans 
un champ magnétique puissant, les deux ordres de courant sont projetés dans des 
directions différentes, et on peut les capter par des conducteurs appropriés. 

Je reviendrai ultérieurement sur les effets que Ton observe dans ce cas en employant 
des courants périodiques de môme sens. 



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328 REVUE INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAPIE 



SUR 

LA PATHOGÉNIE ET LE TRAITEMENT DU RACHITISME 

EFFETS FAVORABLES DES BAINS HYDRO-ÉLECTRIQUES 
Par le D' Cl. SAGRETTI, de Rome." 



Le rachitisme, maladie de Tenfance, n'afifecle pas; de préférence, un sexe 
plus que Tau Ire; elle n'est pas, non plus (malgré ce qu'on pourrait penser 
de prime abord) sensiblement plus fréquente parmi certaines classes de la 
population. Si Ton constate plus souvent des. cas de rachitisme grave dans 
les classes pauvres, cela tient davantage aux conditions hygiéniques des 
malades, qu'à la maladie elle-même. Le rachitisme se comporte alors comme 
une maladie quelconque, — les maladies épidémiques sont là pour en 
témoigner, — se développant dans un milieu où la vie est malsaine, Thygiène 
inconnue, et prenant, par cela même, une allure grave. Mais il n*esl pas rare 
d'observer dans une famille riche des formes graves et mortelles de rachi- 
tisme, et il me semble, si je recherche les différences qui existent entre les 
diverses classes sociales, que ces différences sont dues aux conditions 
d'existence, d'hygiène et non pas à la maladie elle-même. Aussi, pouvons- 
nous dire que les classes riches sont touchées seulement par les formes 
graves par elles-mêmes, pendant que les classes pauvres sont atteintes non 
seulement par ces formes sévères, mais aussi laissent prendre une allure 
grave, par suite du manque d'hygiène, aux formes qui auraient été légères 
dans d'autres conditions. Le fait est, en un mot, qu'on observe les formes 
atténuées et moyennes du rachitisme à peu près également dans toutes les 
classes sociales (Rehu). 

Quelques-uns croient aussi que la vie efféminée, luxurieuse des ascen- 
dants, etc., peut déterminer l'existence du rachitisme chez les descendants; 
une telle opinion ne saurait résister à la critique ; l'opinion de Parrot, qui 
fait dériver le rachitisme de la syphilis, n'est pas plus acceptable. Certes, la 
vie efféminée, luxurieuse, la syphilis des parents peuvent bien aggraver 
l'évolution du rachitisme, comme de toute autre maladie «constitutionnelle, 
mais elles ne peuvent l'engendrer de toutes pièces. 

Du reste, la théorie de Parrot, critiquée spécialement par Garin et Scovesco, 
dans un ouvrage présenté récemment à l'Académie de Médecine, n'a pas plus 
de crédit qu'une autre. 



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RBVUfi mtBRNATIONALB D*éLBCTR0TIt6RAPIB 329 

Beaucoup de théories ont élé proposées pour expliquer la pathogénie du 
rachitisme et toutes peuvent se rapporter à : 

i^ La théorie chimique, soit par manque de chaux dans les aliments, soit 
par absorption insuffisante de la chaux, soit par élimination excessive de la 
chaux contenue dans l'organisme, ou bien encore la surabondance d'acides. 

2* La théorie d'auto-intoxication, laquelle serait d'origine gastro-intesti- 
nale (Comby). 

3<> La théorie inflammatoire (Virchow). 

4* La théorie de Cantani. * 

La théorie chimique ne peut expliquer la pathogénie du rachitisme, soit 
qu'on le rattache au manque de chaux dans les aliments ou au manque de 
chaux dans le sang, soit par absorption insuffisante ou par suite d'élimination 
trop active; la présence d'acides dans le sang n'a pas plus de valeur. En un 
mot, un grand nombre de cas de rachitisme ne peuvent se rattacher à la 
théorie chimique. Le défaut capital de cette théorie est de considérer le 
rachitisme au point de vue de la friabilité des os comme conséquence du 
défaut de sels calcaires. Ce n'est là qu'un des symptômes du rachitisme. Si 
le manque de sels calcaires dans le sang était la cause du rachitisme, on 
devrait le constater par l'analyse chimique, et l'analyse chimique de l'urine, 
des matières fécales, du sang, n'est pas concluante. Il n'est pas rare d'obser- 
ver le rachitisme chez des enfants bien nourris, qui ne présentent aucune 
f anomalie au point de vue du défaut de sels calcaires dans le sang, ni dans 
les matières excrémentitielles. Bien plus, on trouve plus de rachitiques chez 
les enfants nourris au lait de chèvre ou de vache que parmi ceux pourris au 
sein et cependant le lait de femme est moins riche en sels calcaires que celui 
de ces animaux. 

Le catarrhe gastro-intestinal ne peut pas davantage être invoqué comme 
étant la cause du rachitisme, puisque on ne l'observe pas exclusivement chez 
les enfants dyspeptiques (Niemeyer) et qu'on le rencontre souvent, au contraire, 
«ans qu'il y ait l'ombre d'un désordre des fonctions digestives. 

Monti, sur 208 enfants rachitiques, n'en compte que 44 ayant souffert de 
dyspepsie. Le catarrhe gastro-intestinal, quand il atteint un enfant rachitique, 
aggrave la maladie mais n'en est pas la cause. Enfin, il n^est pas rare d'obser- 
ver, surtout dans la classe pauvre, des enfants mal notirris atteints de 
dyspepsie chronique qui, par suite d'insuffisance alimentaire, les aliments 
étant mal digérés et l'assimilation misérable, dépérissent de jour en jour 
mais sans présenter aucun signe de rachitisme; les os sont grêles, comme est 
grêle tout l'organisme, mais les caractères du rachitisme font défaut. Et non 
seulement on constate, dans ce cas, comme dans la cholérine, le catarrhe 
gastro-intestinal, mais encore la présence d'acides anormaux, en paiticulier 
de l'acide lactique. 



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330 RBTUB INTBRNATIONALB D*éLBGTROTHéRAP!B 

La théorie de rauto-intoxication peut-elle mieux expliquer le rachitisme 
que les théories précédentes? 

Quand un enfant, écrit Comoy » nourri au sein de sa mère ou d'une nourrice 
devient rachitique, il convient d*en attribuer la cause soit à Tinsuffisance, 
soit à la mauvaise qualité du lait, soit à des tétées irrégulières. Mais Gibert, 
qui a vu deux enfants nourris par deux excellentes nourrices devenir rachi- 
tiques, malgré Talimentalion la plus rationnelle, conclut : « Une alimenta- 
tion^ quelle qu'elle soit, ne produit jamais le rachitisme. » 

L'analyse de Turlue, des matières fécales, du sang, n'est pas à l'appui de 
de celte théorie, comme je l'ai dit plus haut. Neubauer, à Wiesbaden, a 
examiné l'urine de trois enfants rachitiques, parallèlenjent à l'urine d'un 
enfant sain; il a trouvé la proportion du phosphate de chaux égale; la même 
identité a été constatée pour les phosphates magnésiens et pour la quantité 
totale de l'acide phosphorique. Les résultats opposés obtenus par d'autres 
observateurs distingués, comme Lehurau et Marchand, ne peuvent s'expli- 
quer qu'en admettant que ces observateurs ont traité non des cas de rachi- 
tisme mais d'ostéomalacie infantile. 

L'hypothèse d'une anomalie quantitative de phosphate terreux dans 
l'urine des rachitiques doit donc être considérée comme erronée (Rehu). 
Cependant je vais revenir sur ce point, plus bas. 

Le fait d'avoir trouvé de l'acide lactique dans l'urine des rachitiques n'a 
pas non plus d'importance, car il n'est pas rare d'en constater des traces 
dans l'urine lorsque existent des troubles respiratoires qui accompagnent 
souvent le rachitisme, 

Klecinsky a constaté que les excréments des rachitiques sont acides et 
contiennent une quantité de sels calcaires plus grande que normalement; 
mais cela ne veut pas dire qu'il y ait eu insuffisance d'absorption, car une 
acidité exagérée des fèces favorise la solubilité de ces sels et par conséquent 
leur assimilation (Toralbo). 

Dans combien de cas, du reste, ne trouve-t-on pas autre chose dans le 
sang des rachitiques qu'une diminution des globules rouges et une légère 
augmentation des globules blancs et du sérum. 

Toutes les théories, conclut Cantani, basées sur la conception de l'insufû- 
sance des sels calcaires dans le sang, sont à repousser pour plusieurs motifs 
et principalement par le suivant : C'est que, dans le rachitisme, seul le 
système osseux présente des lésions et que tous les autres tissus organiques 
sont sains ; or, les sels calcaires sont indispensables à la constitution de 
tous les éléments cellulaires du corps humain, qui, par conséquent, devraient 
tous souffrir. 

Virchow a tenté de donner une explication de la pathogénie du rachitisme 
en mettant en avant la théorie de l'inflammation. 



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■ RftVtlB iMtERKATtÔNALB D'ÀLBCf ROTHÀraPλ 331 

Cette théorie^ soutenue par des cliniciens distingués, parmi lesquels 
Niemeyer, admet une sorte de perturbation inflammatoire de la nutrition 
osseuse; une véritable ostéite parenchymateuse, se produisant dans les os 
en croissance, serait le fait primitif ; le défaut de sels calcaires le fait 
secondaire. L'inflammation agirait en déterminant des troubles circulatoires, 
la stase, l'hyperémie passive qui, dans l'unité de temps, diminuent méca- 
niquement la quantité de sang qui traverse les os et par conséquent la 
quantité de sels. De môme que dans les congestions rénales, Texcrétion 
urinaire est diminuée parce qu'il passe moins de sang dans un temps donné 
au travers des gkmérules de Malpighi, de môme dans le rachitisme, les os 
reçoivent moins de sels calcaires et se ramollissent par ce fait môme. 

Au premier aspect, la théorie de Yirchow semble satisfaisante, mais, si on 
réfléchit, elle ne peut être acceptée. Sans insister sur le fait que le rachitisme 
évolue généralement sans lièvre et sans aucun des caractères qui accompa^ 
gnent les inflammations des os, pourquoi cette inflammation serait-^Ue 
qpécialemenl très différente des autres inflammations osseuses ? Le rachi- 
tisme ne serait, à proprement parler, ni la chondrite ni l'ostéite ; et alors 
les lésions rachi tiques prédominant dans le système osseux, il faudrait 
admettre que la cause de cette inflammation est d'ordre général. Pourquoi 
donc dans ce cas le système osseux seul manque-t-il de sels calcaires ? 

« Cette théorie, écrit Cantani, est purement anatomique. Il est impossible 
d'oublier que les sels calcaires ont une importance prépondérante dans la 
formation des os et que faire de la fixation ou de la non fixation d^ sels 
calcaires une simple question de mécanique, c'est dire que la cellule osseuse 
peut s'accroître sans sels calcaires, pariie intégrante de leur substratum 
chimique. 9 

L'argument principal de ceux qui admettent cette théorie est que les os 
présentent une réaction alcaline. Or, certains auteurs ont constaté la réaction 
neutre du centre des os, tandis que d'autres ont constaté leur acidité (acide 
lactique ]• 

Concluons que la théorie inflammatoire est insuffisante pour expliquer la 
pathogénie du rachitisme. 

Mon savant maître, le professeur Cantani, dans ses leçons sur les échanges 
nutritifs, donne une nouvelle conception pathogénique du rachitisme. Après 
avoir exposé les diverses théories, il conclut qu'elles sont toutes insuffisantes 
à expliquer tous les cas cliniques, parce qu'elles sont trop exclusives. Il 
reconnaît que toutes sont justes si on les applique à un cas clinique déter- 
miné et que, en les modifiant, on peut arriver à la véritable conception du 
rachitisme. 

Gomme base de sa théorie, Cantani admet le manque de sels calcaires 
4ans les os^ qu'il fait dériver soit d'une élimination excessive de chaux par 



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3â2 ftfiVtîfi iKTBRNAtlOKALB d'ÂLBCTROTHÂRAPIË 

le sang, soit d*une non fixation de la chaux absorbée par les cartilages, soit 
d'une alimentation contenant trop peu de sels calcaires, soit d'un tube digestif 
absorbant insuffisamment ces mômes sels. Il reconnaît que les altérations 
osseuses du rachitisme sont une simple conséquence de la viciation de la 
nutrition. Si on lui demande de fixer avec précision en quoi consiste cette 
perturbation nutritive, il répond qu'un point d'interrogation doit être placé 
là, car toute preuve décisive manque. Néanmoins l'illustre clinicien serait 
tenté de donner la réponse suivante : & Le système osseux s'altère dans le 
rachitisme parce que les sels calcaires, stimulant physiologique de leur 
nutrition, font défaut et non seulement les os mais encore tous les autres 
tissus sont souffrants, le rachitisme affectant l'organisme tout entier. 9 

Il conclut enfin : « Pour nous, c'est vouloir diminuer l'importance du 
rachitisme que de vouloir le limiter à un trouble osseux. Le rachitisme 
nous apparaît comme une affection constitutionnelle générale aux détermina- 
tions localisées. Le fait qui domine est un trouble nutritif général plus ou 
moins prononcé et consécutif à l'inanition calcaire survenant à l'époque où 
les os sont doués d'une vie très active, d'un accroissement rapide, et où se 
produisent les phénomènes de la dentition. Il est possible, en outre, que 
dans le rachitisme, fasse défaut un aiitre élément nutritif du système 
oseux que nous ne connaissons pas. Mais nous admettons que le défaut de 
sels calcaire est le fait le plus important. Le fait secondaire local est la pertur- 
bation nutritive de l'os et l'hypertrophie cellulaire aux épiphyses. » 

Il me semble que cette théorie du professeur napolitain est la plus correcte 
et la plus logique. Elle englobe ce qu'ont de vrais les autres théories et 
explique tous les phénomènes qui accompagnent le rachitisme. 

Elle a, en outre, le grand avantage en donnant la raison de la maladie, de 
tracer des règles d'hygiène et de thérapeutique, règles qui émanent comme 
des corollaires de la théorie elle-même. 

La cure du rachitisme, si elle est bien comprise, ne demande pas un 
temps très long. C'est l'affaire de quelques mois et non d'années. Mais il ea 
reste presque toujours quelques traces, et quand le processus pathologique 
est achevé il n'en reste pas moins des lésions qui durent toute la vie. Dans 
certains cas ces lésions sont le résultat de l'intensité du mal, mais dans 
beaucoup d'autres cas elles sont la conséquence de la lenteur avec laquelle 
s'est effectuée la guérison, la déformation osseuse étant la conséquence de 
la consistance anormale du tissu osseux chez le rachitique (Gantani). La 
longue durée de la maladie favorise donc l'établissement des déformations ; 
tandis que par une prompte et énergique médication instituée dès l'appari- 
tion des symptômes, je suis convaincu qu'on aurait moins d'infirmités à 
déplorer, car si on parvient à guérir la maladie en un temps très court, il 
n'y a plus de déformations incurables, du moins dans la grande majorité 
des cas. L'application de ce principe ne dépend pas toujours des médecins. 



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RBVUB INTBRNATIQNALB D'BLBGTROTHélUPIB 333 

' ' ■ I ■» ■ ■ I ■ I j I i.i i I un , 

qu'on ne consulte souvent que trop lard. Notre devoir n'en est pas moins 
d'agir avec énergie. 

Pour obtenir ce résultat : de mettre très vite l'organisme en état de 
défense, de régulariser sa nutrition, je croîs qu'à la cure proposée parCantini 
comme à toutes les autres indications proposées, on doit adjoindre la cure 
électrique. 

Je dirai plus bas comment l'électricité agit, probablement, dans le rachi- 
tisme; en attendant je vais rapporter les faits que j'ai pu observer à ce 
sujet. 

En août 1884, je vis un enfant d'environ quatorze mois qui, par suite de 
débilité osseuse, ne pouvait encore mettre le pied à terre. Du reste, cet enfant 
était bien nourri, son développement était normal, ses fonctions digestives 
bonnes. Depuis plus de trois mois il prenait des préparations de chaux, de fer, 
et dans le cours de juillet, une saison aux bains de mer, avec des bains de 
courte durée, lui avait été prescrite. La mère m'assura qu'elle n'observait 
aucune amélioration et que son enfant était toujours aussi faible. Je conseil- 
lai les bains hydro-électriques, que l'enfant supporta avec la plus grande 
facilité, sans pleurer ; en un très petit nombre de bains (le nombre n'a pas 
été exactement noté), non seulement il put s*appuyer par terre mais même 
faire quelques pas tout seul. 

J'ai guéri, au moyen des bains hydro-électriques, huit autres enfants 
atteints de rachitisme vrai, avec augmentation de volume des articulations 
des membres inférieurs, débilité générale, anémie assez prononcée, fontanelles 
non ossifiées,» etc., sans que le diagnostic soit douteux. 

Chez trois de ces enfants, les premiers symptômes de rachitisme dataient 
de deux mois environ; chez quatre, de trois mois et demi; chez l'un d'eux, 
de cinq mois. Cinq de ces enfants avaient commencé à marcher avant les 
premiers symptômes de la maladie, peu à peu ils en avaient été réduits à se 
tenir à peine sur les jambes, et dans cette position des douleurs se manifes- 
taient chez presque tous. Trois enfants n'avaient jamais marché et se tenaient 
à peine debout, tout seuls, pendant quelques minutes, quoique leur âge 
dépassât seize mois. 

Tous ces enfants suivaient, naturellement, depuis quelques mois, le trai- 
tement ordinaire, sans résultat très marqué. Trois avaient pris des bains de 
mer, deux des bains ferrugineux. Chez tous ces malades, labalnéation hydro- 
électrique produisit rapidement une amélioration marquée, les enfants 
devenaient plus robustes et plus vigoureux. Sans aucun doute, je puis 
affirmer que l'action des bains électriques fut d'une efficacité incomparable. 
Le docteur Galanti, spécialiste pour les maladies de l'enfance, m'adresse 
un petit infirme d'environ quinze mois avec le diagnostic : eclampsia 
nn/on^ par rachitisme. Cet enfant présentait les symptômes du rachitisme : 
faiblesse générale, etc.; de plus, il avait des mouvements continuels de la 



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334 RBVUB INTBRNATIONAXB D'éLBCTROTHéRAPŒ 

iète et des globes oculaires. Dans ce cas également, le bain électrique sunena. 
des résultais concluants ; d'abord les mouvements convulsifs de la tète ces- 
sèrent, puis ceux des yeux, si bien que la mère me disait que son enfant 
s'améliorait réellement à vue d'oeil; en très peu de temps il put marcher. 

Satisfait de ce résultat, le docteur Galanti m'a adressé cinq autres enfants 
atteints de rachitisme ; dans tous les cas, le bain électrique a apporté une 
amélioration considérable. 

Récemment encore, j'ai vu un enfant de vingt-huit mois chez lequel j'ai 
pu découvrir les symptômes du rachitisme. Quand je le vis pour la première 
fois, il ne pouvait, sans se plaindre, se redresser sur les jambes, les jointures 
étaient tuméfiées, il était triste, mélancolique, avait peur de tout et à tout 
propos. Il avait été traité, par plusieurs de mes confrères les plus distingués, 
par des prescriptions hygiéniques, pharmaceutiques, les bains de mer et les 
bains ferrugineux. 

Les parents avaient ponctuellement suivi les conseils médicaux, mais 
sans constater une amélioration notable. Ils furent les premiers, durant la 
cure hydro-électrique, à constater un effet salutaire. L'enfant était moins 
triste, il commençait à se tenir debout sans se plaindre; non seulement sa 
vigueur s'était accrue, mais les douleurs des membres inférieurs avaient 
disparu. Peu à peu cette amélioration s'est accentuée et actuellement 
l'enfant peut seul faire quelques pas. 

Je peux ajouter vingt-quatre autres cas de rachitisme dont je me dispense 
d'énumérer les symptômes, car ils sont tous à peu près les mêmes. Dans 
tous ces cas, j'ai constaté que le bain électrique était d'importance primor- - 
diale en rendant plus facile et plus prompte la guérison. 

Et non seulement la cure hydro-électrique agit utilement dans le rachitisme 
commençant ou récent, mais aussi dans les cas où la maladie dure depuis 
longtemps. J'ai traité, entre autres, un enfant de treize ans qui, par suite 
de rachitisme, avait une déviation du genou et qui était contraint de garder 
le lit presque constamment, à cause de la douleur qu'il éprouvait dans la 
station debout. Celte douleur avait persisté malgré-la disparition des accidents 
aigus dus au rachitisme. Même dans ce cas j^ai pu obtenir un résultat excel- 
lent : la douleur a disparu et la station debout est devenue possible sans 
fatigue. 

Il va de soi que le bain électrique ne pouvait pas remédier à la déformation 
articulaire et qu'on a obtenu tout ce qu'il était possible d'espérer. 

Et maintenant je dirai quelques mots sur la pathogénie. 

Cantani, dans sa théorie sur la pathogénie du rachitisme, en parlant djune 
perturbation spéciale de la nutrition, à laquelle il était obligé d'accoler un 
point d'interrogation, trouve qu'il est impossible d'expliquer tous les cas de 
rachitisme par le défaut de sels calcaires dans l'organisme :. «La même 



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RfiVUB INTBRNATIONixB B'BLBCTROTHéRAPIB 335 

quantité de chaux, écrit-il, introduite chez un enfant sain et non disposé au 
rachitisme, et qui est suffisante pour assurer la nutrition osseuse, parce 
qu'elle est promptement et régulièrement asssimilée, est insuffisante pour 
UQ enfant prédisposé au rachitisme. Cela tient à diverses causes inhérentes 
non pas au système osseux, mais bien à Torganisme tout entier. » 

Je crois, en effet, que cette cause est d'ordre général : les sels calcaires 
qui sont indispensables non seulement^ à la formation de Tôs, mais à la 
nutrition de tous les tissus organitiues, sont, dans le rachïlismey insuffi- 
samment assimilés. Il existe des cas de rachitisme qu'aucune théorie ne 
peut expliquer. Un enfant n'a èl n'a eu aucun sympt^ônte dyspepsique, il 
s'alimente bien, dfgère facilement; les urines, les fèces, le sang ne présen- 
tent aucune, anomalie et pourtant il est rachitique ! Quelle autre cause invo- 
quer, en pareil cas, sinon l'impuissance de l'organisme à fixer les sels 
calcaires ? 

Horsakow a observé que sous l'influence d'aliments pauvres en sels de 
chaux on pourrait observer, dans le tissu osseux des animaux, des altérations 
rachitiques analogues à celles qu'on voit dans la race humaine. On peut 
empocher' les altérations osseuses en ajoutant aux aliments une suffisante 
quantité de phosphate de chaux. Il est possible, en effet, en diminuant 
l'apport des sels calcaires, de rendre l'organisme débile, les os ostéomala- 
ciques, mais non de diminuer le pouvoir a&similateur de l'organisme 
vis-à-vis des sels calcaires, si bien que si on donne de nouveau de la chaux 
en très peu de temps toute trace de la maladie a disparu. J'en conclus que 
ce n'est pas le vrai rachitisme qui a été produit expérimentalement en 
privant les animaux de sels calcaires, pas plus qu'on n'améliore sûrement 
les vrais rachitiques en leur administrant de la chaux. 

En me plaint à ce point de vue, je crois que les sels calcaires agissent 
dans le rachitisme comme le fer dans la chlorose. Dans l'une comme dans 
l'autre maladie, ce n'est pas seulement ce minéral qui fait défaut, mais c'est 
que le minéral n'est pas fixé par l'organisme, dont les fonctions physiologi- 
ques SQnt troublées. Et le système nerveux ne peut être étranger à cette 
altération de la nutrition. " . 

Examinons de près le rachitisme. 

Il est très rare, dit Rehu, que le rachitisme affecte seulement le système 
osseux. Je n'ai pour ainsi dire vu aucun cas de cette affection qui soit 
absolument localisé aux os. Si bien qu'on peut affirmer que le rachitisme, 
accompagné de complications, est la règle : ces complications sont tellement 
fréquentes qu'elles ont été considérées par quelques auteurs comme des 
symptômes essentiels du rachitisme. 

Betz, Sleiner, Duval et Picot ont noté la fréquence des compUcalions 
cérébrales. Rehu dit que les lésions cérébrales sont si fréquentes, qu'il se 
croit autorisé .à admettre une connexion, ou tout au moins un rapport, entre 



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336 RBVUB INTERNATIONALE D^éLBCTROTHÊRAPIE 

les lésions et Tétat rachitique, quoiqu'il ne puisse préciser quel esl ce 
rapport. Une complication qui n*est pas rare est la dilatation des ventricules 
et l'œdème cérébral, lequel peut prendre une allure aiguë et entraîner la 
mort. Il est probable que cette complication est le fait de Thydrémie, mais 
il est certain qu'elle se rencontre fréquemment dans le rachitisme et qu'il 
est assez rare de le rencontrer sans rachitisme. On peut invoquer la friabilité 
de la boite crânienne pour expliquer l'œdème cérébral, mais cette condition 
est loin d'être constante. 

Le spasme de la glotte se montre aussi souvent concomitamment à des 
troubles convulsifs et des crampes généralisées. Elsasser a noté la fréquence 
de cette complication qui fut ensuite conûnnée par d'autres auteurs, parmi 
lesquels Lederer qui, sur 96 enfants atteints de spasme gbttique, a observé 
92 rachitiques. Pour nous, continue Rehu, nous devons dire que nous 
n'^ons rencontré aucun cas de spasme glottique sans symptômes rachiti* 
ques du côté du crâne. 

Rehu ajoute que le rachitisme présente souvent une période d'incubation 
aux symptômes généraux : l'enfant devient triste, taciturne. L'impressiona- 
bilité qu'on observe dans la deuxième période peut, dans le début, être 
excessive; les enfants redoutent la vue des personnes étrangères et parfois 
même de leur mère. Généralement, l'impressionnabilité est d'autant plus 
vive que la maladie sera plus grave. 

On constate des douleurs spontanées et lancinantes qui se montrent 
surtout dans les cas à marche rapide. Des sueurs se montrent pendant la 
nuit, affectant parfois des régions localisées du corps. Les enfants sont 
fréquemment atteints de catarrhe bronchique. 

Gomby a noté qu'il est rare de voir le rachitisme avoir un début franc el 
aigu; les sueurs locales, l'impotence fonctionnelle, l'endolorissemont général, 
les troubles digestifs réclament l'attention et indiquent que le rachitisme va 
porchainement apparaître. Il a observé comme symptômes : Tagitatioa 
nocturne, l'insomnie, les sueurs profuses, les terreurs nocturnes, rinconli- 
nence d'urine, la dyspnée paroxystique. 11 a noté, en outre, des diarrhées 
rebelles, de l'urticaire, du prurigo, de l'eczéma de la face, du catarrhe bron* 
chique. Si on intervient pour traiter l'eczéma, les phénomènes pulmonaires 
s'aggravent pour disparaître ou s'atténuer quand la lésion cutanée reparaît. 

(La fin au jn^oehain numéro.) 

Traduit de l'ilalieii par le D' J. Larat. 



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RBVUB INTBRNATIONàLB D'éLBCTROTHéRAPIB 337 

LES MÉTHODES H YPRO-ÉLECTRIQUES EN MÉDECINE 

Par M. le 0' W.-S. HEDLEY, de Brighton. 



Les questions du genre de celle que je me propose de ti^aiter ici doivent 
être abordées par deux voies distinctes, quoique convergentes : par la méde- 
cine d'un côté et par la physique de l'autre. L'éleclrothérapeute doit être avant 
tout un électrophysicien sachant se tenir à la hauteur du progrès de la 
science électrique, aûn de pouvoir se servir de chaque développement pra- 
tique. Il se rappellera, par exemple, que les courants ordinaires du com- 
merce passent maintenant devant sa porte et lui offrent, s'il sait en profiter, 
une source facile et effective d'électricité pour ses recherches physiologiques 
et pour sa thérapie. Mais avant tout, il doit reconnaître la justesse de cet 
aphorisme fondamental : « L'électricité doit être dosée », aphorisme qui 
est tout aussi vrai pour l'électrothérapie que pour les autres sciences appli- 
quées. Mais il faut comprendre ceci en admettant des différences profondes 
dont Tétendile n'est reconnaissable que par le médecin. Nos amis les physi- 
ciens s'amusent, et à bon droit, de nos méthodes électriques inexactes; mais 
se souviennent-ils toujours que nous avons affaireavec un organisme animal 
compliqué, au lieu d'un fil de cuivre ou un morceau de charbon. Recon- 
naissent-ils que nous traitons une machine douée d'activités vitales inexpli- 
quées et qui peuvent réagir de manières diverses et même opposées à un 
stimulus électrique identique, et que nous travaillons avec un conducteur 
hétérogène jusqu'à complexité infinie, conducteur qui diffère dans chaque 
individu, qui change même, dans la santé, d'heure en heure, et qui, dans la 
maladie, s'altère d'une manière qui dépasse toute prévoyance ? Je ne dis pas 
ceci pour justifier l'inexactitude, mais pour faire remarquer les différences 
et reconnaître franchement les difficultés qui nous entourent. 

Tout ceci bien admis, reste le fait capital que le but de nos recherches et 
la base de notre art doit se trouver dans le dosage. Nous mettons bien 
des résultats de l'électrothérapie sur le compte d'activités « vitales » et de 
propriétés « électives » qui s'expliqueraient facilement par les lois simples 
de la physique électrique. Il me parait évident que nous ne parviendrons 
jamais à sortir de l'empirisme le plus plat et à formuler des lois pour Télec- 
Irisation rationnelle, si nous n'essayons pas préalablement de débrouiller 
les conditions physiques qui, dans l'électrothérapie, sont toujours compli- 
quées. 

Les dernières années surtout ont vu un progrès physiologiste sans pareil 
et des découvertes électriques brillaiites. Elles ont vu poindre l'aube d'une 
époque de précision pour l'électrothérapie. Et Ton peut bien dire que la 
lumière du jour s'est faite avec l'ejnploi du milliampèremètre , du volt-. 



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338 RBVUB INTBRNATIONALB D^éLBGTROTHÂRAPIB 

mètre, du rhéostat et du commutateur, avec de meilleures sources de Télec- 
Iricité et avec l'étude soigneuse des conditions physiques qui gouvernent 
toute la science étectrique. 

A la clarté de ce jour, nous commençons à voir dans Télectricité un 
moyen qui peut être employé en quantité définie, d'une manière définie, 
pour un but défini. Nous commençons à reconnaître franchement que, à 
moins de la traiter par des méthodes exactes et à l'aide d'instruments de 
précision, ses lois seront toujours pqur nous des énigmes et son emploi en 
thérapeutique un tâtonnement aveugle. 

Les méthodes hydro-électriques ont été taxées d'empirisme plus peut- 
être que tout aulrer moyen d'électrothérapie, et non sans raison. Elles n'ont 
jamais été soigneusement examinées, et leur pouvoir est par conséquent peu 
connu, leur part d'utilité mal déterminée. Par exemple, le bain électrique — 
le plus ordinaire et peut-être le plus utile des moyens hydro-électriques — 
est ordonné et administré au hasard et sans aucune exactitude. La raison de 
celte insouciance est facile à trouver-. En^ Angleterre, au moins, ces moyens 
n'-ont été que rareuient reconnus par la science ou étudiés par des méthodes 
exactes. Cet oubli immérité leur donne tout d'abord droit à notre étude; mais 
ils ont un plus grand intérêt : leur, utilité médicale bien reconnue. Si Ton 
peut démontrer que par ces moyens l'électricité peut être administrée ration- 
nellement, dosée exactement et localisée correctement, ces méthodes pren- 
dront de suite leur pla(fe parmi les procédés scientifiques accrédités; elles 
prendront même la première place dans les cas où ils auraient des avantagea 
spéciaux. 

De toutes les fnéthodes hydro-électriques, le bain est^la première à étudier, 
en vertu, non seulement de ses propres mérites, mais aussi de son ancienneté 
respectable. Il y a plus de dix siècles, paraît-il, que les mères de l'Afrique 
du Sud avaient l'habitude de baigner leurs enfants malades dans des mares 
oii nageaient des poissons électriques. El [.eut-être dix siècles plus tard 
encore, les médecins de Rome traitaient leurs goutteux avec de l'eau électri- 
sée de la même manière, ou peut-être môme d'une façon moins primitive (1). 
Nous ne pouvons pas malheureusement nous arrêter aux questions d'archéo- 
logie; il faut passer aux actualités, et nous commencerons 'par nous éntendie 
sur les lermes que nous emploierons. ■ 

La division des bains électriques en monopolaires el bipolaires est ration- 
nelle et commode. Dans le bain monopolaire, une électrode seulement se 
trouve dans l'eau, tandis que l'autre s'applique à un endroit du corps du 

(1) Les électriciens liabiles n'ont que trop souvent 4)artagé le sort de Tulliis Hostilius 
qui, selon le mythe romain, encourut la colère de Jupiter pour ses œuvres de magicret 
fut tué par un coup de foudre. En lermes modernes, il faisait des expériences, sur les- 
courants de haute intensité, et, touchant par mégarde un (il découvert, eu reçut an choc 
"fatal. (Le prof. Ckookes.) 



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REVUE INTBRNATIONAXB p'éLECTROTHéRAPllB 330 

malade, cou, bras, jambe, etc., qui est hors de l'eau, ceci étant le point d'en- 
trée ou de sortie du courant (aaode ou cathode), selon le cas. 

Dans le bain bipolaire, les deux électrodes sont dans Teau ; ni Tune ni 
Fautre ne sont appliquées directement au corps du patient ; elles agissent 
toutes les deux par Tintermédiaire de l'eau. Ceci est le bain électrique pro- 
prement dit, dont le courant doux et largement distribué a des avantages par- 
ticuliers qui, dans les cas convenables, en font un moyen excellent d'adnri- 
iiistrer l'électricité, et par suite une arme presque nécessaire pour le médecin 
électricien. Je prouverai plus loin que ce moyen est peu économique, mais 
ceci n'est pas une grave objection ^ son emploi, vu que nous disposons 
actuellement d'un pouvoir électrique considérable et que nous savons le 
contrôler à notre gré. Il est certain que dans le l)ain monopolaire, tout le 
courant disponible doit passer par le corps du malade; mais dans le bain 
bipolaire, les conditions sont bien plus compliquées, et il est fort diC&cile de 
déterminer la quantité d'électricité que reçoit le corps. 

Les effets physiologiques du bain bydro-électrique sont résumés on ces 
• quelques mots par Erb, quoiqu'il faille dire qu'il ne nous fournit pas beau- 
coup de détails sur la forme et la quantité duxourant dont il se servait : • 

« La respiration diminuée par le bipolaire; la température augmentée par 
le monopolaire; l'appétit et la digestion sont améliorés, l^s fonctions géni- 
tales rehaussées, la circulation et la nutrition bonifiées, le sommeil restauré 
et la vigueur des facultés psychiques et physiques notablement augmentée. 
En somme, le bain électrique, surtout faradique, a, de l'aveu de tous les 
expérimentateurs, une action fortement tonique et rafraîchissante sur tout 
l'organisme. » 

L'absence de douleur et la distribution égaie du courant dans le bain en 
font un des meilleurs moyens d'électrisation générale et, en même temps, 
lui donnent beaucoup de pouvoir. concentré sur chaque partie du corps, 
suivant les indications. On peut y recourir avec d'excellents résultats dans 
tous les cas de faiblesse générale et de nutrition affaiblie (Erb), dans l'affai- 
blissement ou épuisement du système nerveux spinal, dans la dyspepsie 
nerveuse, les palpitations, l'hystérie (Erb), la neurasthénie, l'abattement 
nerveux, enfin dans plusieurs de ces maladies causées par un dérangement 
du système nerveux sans lésion appréciable, dites névroses. Il donne d'ex- 
cellents résultats dans certains états d'irritation de la moelle épinière, dans 
le tremblement alcoolique et hydrargyrique, dans le saturnisme, voire dans 
la paralysie agitante (Lehr, Erb); il est de même utile dans la névrite péri- 
phérique, quelle qu'en soit la cause, mais pas peut-être à chaque période de 
la maladie. Les preuves ne manquent pas de son utilité dans le traitement 
de la goutte et des effets de la diathèse rhumatismale, tels que le rhumatisme 
articulaire non aigu, et les diverses suites du rhumatisme ordinaire. Il nous 



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340 RBVUB INTBRNÀTIOJïALB D'BLBGTROTHéRÀPIB 

fournit même le plus puissant moyen qui existe contre les commencements 
d'un mal, étroitement lié avec le rhumatisme par affinité pathologique, quoi- 
qu'il en soit distinct et bien plus intraitable : j'ai nommé le rhumatisme 
noueux. 

Nous nous hasardons probablement sur un terrain beaucoup plus contesté, 
en y cherchant un remède contre la paralysie spinale spasmodique due à la 
sclérose latérale primitive. En effet, les débris durent toujours de l'ancienne 
superstition, qui voulait que l'électricité fût avant tout et môme exclusive- 
ment un excitant, un moyçn de pousser à l'action un muscle paresseux ; 
car dans cette hypothèse il serait contre-indiqué tout comme la strychnine, 
étant censé augmenter le spasme déjà existant. Mais l'électrothérapeute qui 
a traversé cette phase sait parfaitement que quelques formes du courant, et 
quelques méthodes de son application, surtout les méthodes thermo-électri- 
ques, sont de la plus grande utilité dans la première période, la seule qui 
soit curable, de cette maladie. 

On peut en dire autant d*une autre espèce de maladie spasmodique, de 
celle que Raynaud, qui l'a décrite le premier, attribuait « au spasme 
capillaire, produit par une hyperexcitabililé des centres vaso-moteurs ». Ici 
encore il faut avouer que la pathogénie nous échappe, et nous ne nous 
arrêtons point aux spéculations oiseuses. Mais il parait hors de doute qu'il 
s'agit, d'abord d'une excitabilité de certains centres nerveux, probable- 
ment héritée; et en second lieu qu'il y a toujours un spasme local vaso- 
moteur, quelle qu'en soit la cause directe, qui pourrait du reste exiger un 
traitement approprié. Il n'est pas difficile de conclure à l'utilité théorique de 
rélectricité; et il y a des preuves abondantes en clinique que l'emploi du 
courant électrique, surtout par les méthodes thermo-électriques, a réalisé 
des succès sérieux. 

Je ne dois pas omettre une des dernières et des plus utiles applications 
du bain hydro-électrique pour traiter les suites de la grippe, surtout celles 
des membres. 

Les dernières additicns à nos connaissances scientifiques du bain éleciii* 
que se trouvent dans les travaux des D''* Gautier et Larat. Ils ont établi, tant 
par les expériences physiologiques que par les résultats cliniques, qu'une 
électrisation générale peut modifier les désordres nutritifs, en agissant sur 
la vie cellulaire et sur les oxydations. Ces observateurs distingués sont les 
premiers qui aient appliqué les courants sinusoïdaux à la cure des dia- 
thèses, d'une façon systématique. Le bain électrique est, sans doute, un 
moyen d'éleclrisation générale ; mais il nous donne en môme- temps le 
pouvoir de le localiser dans une certaine proportion, en disposant à volonté 
les électrodes. 

Après la question des indications thérapeutiques vient naturellement 
celle du dosage. C'est une question qui, dans l'électrothérapîe, doit toujours 



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ftfiVtJB INtBRNATlOKALB D^âLBCTIlOTHBRAPlfi 341 

■^^^oi i ^ I n I i T i I ■ ■ » ■ Il ■ ' 

être laissée soigneusement ouverte ; St qui, dans le cas spécial du bain 
. électrique, est compliquée davantage par la nécessité de savoir combien du 
courant total du bain est reçu par le malade, avant de pouvoir juger la dose 
convenable du courant. 

En tous cas, la durée de chaque immersion ne doit presque jamais dépasser 
quinze à vingt minutes. 

Pour bien diriger le traitement, ces méthodes exigent un matériel élec- 
trique tout aussi complet que les autres moyens d'électrisation. En effet, si 
nous réfléchissons sur la variété des résultats que nous pouvons produire et 
Tabondance des courants dont nous disposons, il devient évident que nous 
devons absolument savoir les contrôler avec pleine sûreté et facilité. 

Voici les détails de l'équipement : 

10 Une pile à basse. résistance, mais pouvant donner un courant fort, soit 
300 à 400 mi^iampères pour la R calculée. Si nous prenons notre courant 
d*une source de lumière électrique publique, il sera nécessaire de se munir 
de t shunts » et de résistances convenables, aussi bien que d'un « cut-out » 
aùr. J'émettrai quelques idées à ce sujet dans un prochain chapitre. 

2* Un moyen d'ouvrir et de fermer le circuit et de graduer doucement la 
force, afin d'éviter la douleur et le choc, c'est-à-dire un collecteur du cou- 
rant ou, pour les circuits à dynamo, un rhéostat facile à ajuster. 

3® Un mètre à milliampères, c'est-à-dire un galvanomètre gradué eu 
milliampères, et pouvant enregistrer jusqu'à 500 milliampères. 

4« Une bobine forte d'induction pour le bain faradique, ou bien le débit 
d'une dynamo alternante. 

^ Un moyen de pouvoir changer subitement le courant ou de changer les 
pôles et aussi un appareil pour combiner les courants (clef de de Watteville). 

Un voltmètre sera souvent utile, mais n'est pas absolument nécessaire. 

Les dispositions convenables pour administrer un bain électrique varient 
dans une certaine mesure, selon les vues du médecin et les indications propres 
à chaque malade. 

Mais il y a quelques règles générales qui ne doivent jamais être négligées, 
dont la première veut que l'utilité du bain dépend souvent d'une attention 
soigneuse à beaucoup de détails en apparence insignifiants. 

11 est clair que la baignoire ne doit point être en métal, car, quelque soin 
que l'on ait mis à couvrir le métal, le courant y arrivera tôt ou tard et prendra 
cette voie au lieu de passer par l'eau. Pour la même raison, on n'ajoutera 
rien pour augmenter la conductibilité de l'eau, car, dans ce cas, le courant 
refuserait de la quitter, mais passerait autour du corps du patient, au lieu 
d*y enurer, à aucun endroit ou en aucune proportion, si minime qu'elle soit. 
Mais cette règle ne s'applique pas quand le bain galvanique est employé 
pour éliminer les poisons métalliques : dans le saturnisme, l'hydrargy- 
risme, etc. Alors le bain est disposé ainsi : l'électrode positive est appliquée 



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342 RBYUB INTBKNATIONALB D^BLBGTROtHâBAMB 

à une partie du corps hors de Teau^^oit par le moyen d'une électrode en 
barre empoignée par le malade, et Télectrede négative est attachée à une 
baignoire en métal ou à une grande plaque de cuivre placée'dans un bain 
ordinaire. Le poison métallique est emporté dans le seûs du courant, quitte 
le corps du malade avec lui ; une partie reste dans Teau, tandis qu'il esl 
déposé en quantité plus grande sur la surface de la baignoire en cuivre ou 
sur la plaque qui lui est substituée. 

La baignoire doit être en bois de chêne ou en porcelaine, ou plus simple- 
ment porcelainée; cette dernière est préférable. Les fils conducteurs et les 
tuyaux de dégagement doivent être isolés avec soin, les derniers étant isolés 
de la terre par un court tuyautage en caoutchouc près de la baignoire. 

La baignoire dont je me sers est une cuve ovoïde en chêne, longue de 
1"»473, et la plus grande largeur, de 75 cent.; 50 mill. plus près de la lèle 
que du pied de la baignoire, et d'une hauteur, k la tète,. de 60 eeaL, au 
pied, 42 cent. J'ai cinq électrodes fixes, en métal pdi, couvertes seulement 
d'une charpente en bois légère, amovible, qui ont les grandeurs suivantes : 
Félectrodè cervicale, 28 x 29 cent.; la lombaire, 24 x 17 cent.; les laté- 
rales (2), 26,5 >c 18 cent.; la glutéale (circulaire), 30 cent, de diamètre',-la 
terminale au pied, 22 x 38 cent. Il y a en outre une électrode pour les bains 
monopolaires; une barre métallique amovible, de 2 centimètres de diamètre, 
couverte en peau de chamois et pouvant être facilement empoignée. Ces 
électrodes communiquent, par des fils bien isolés, avec sept terminaux, et 
ceux-ci, à leiu: tour, avec un « commutateur », ou plutôt avec un appareil à 
chevilles qui puissent être ajoutées pour faire passer le courant dans l'élec- 
trode voulue, soit comme anode, soit comme kathode (a plug-switchboard »}. 
La communication avec la pile ou la bobine se fait au moyen de deux fils 
bien isolés, attachés à deux vis de pression sur le commutateur. 

La seule chose qui soit encore à désirer est une électrode dite « en rame », 
ayant un long manche isolé; cette électrode peut être portée sur tel en- 
droit où le médecin voudrait concentrer le courant. 

Quant à la température du bain, pour ma part, je préfère celle de 33» à 
37o C. 

{La fin au prochain numéro.) 



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KBVUR INTBaNiTIONALB D*éLBCTaOTHàRAPIB 



343 



UAUTOCONDUCTION 



ou 



NOUVELLE MÉTHODE D'ÊLECTRISATION DES ÊTRES VIVANTS 

Mesure des champs magnétiques de grande ft*équence (1) 

Par M. A. D^ARSONVAL 



On emploie actuellement, en électrothérapie, trois procédés principaux 
d*éIeclisalion, qui sont : \^ la franidinisaliony 2<> la voliaïsation\ 3<> la 
faradisaiion ^ suivant que Ton a recours, comme source électrique, aux 
machines électroslatiques, à la pile ou à la bobine d'induction. A ces trois 
méthodes, j'en ai récomment ajouté deux autres : 1° la voltaïsàlion sinu- 
soïdale, et 2^ Télectrisation par les courants de haute fréquence. 

Dans lous ces procédés, le corps humain est mis en communication ma- 
térielle avec la source électrique au moyen de conducteurs appropriés qui 
constituent les rhéophores. Dans la nouvelle méthode que je vais décrire 
sous le nom di^auloconduciion^ il n'en est plus ainsi : l'être en expérience 
est complètement isolé de la source électrique. Les courants qui circulent 
dans l'individu ne lui parviennent pas au moyen de conducteurs; ils pren- 
nent naissance dans ses propres tissus, jouant le rôle de circuit induit fermé 
sur lui-même. 

Ces courants peuvent acquérir une puis- 
sance considérable, car ils ne produisent 
aucune douleur, ni aucun phénomène 
conscient chez l'individu qui en est le siège. 
Ils agissent néanmoins énergiquement sur 
la vitalité des tissus. 

J'obtiens ce résultat en plongeant le sujet 
tout entier, ou une partie seulement de son 
corps, dans un champ magnétique oscil- 
lant, de très haute fréquence. 

Ce champ magnétique alternatif est pro- 
duit de la façon suivante : sur un cylindre 
en matière isolante (carton, bois ou verre, 
suivant les dimensions de l'appareil), est 
enroulé en une ou plusieurs couches, un 
câble à lumière soigneusement isolé. On Fig. 1. 

constitue de la sorte un solénoïde, dans 
rintérieur duquel on place le sujet à électriser. Ce solénoïde est traversé par 

(1) Communication faite à l'Académie des Sciences. 




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edbyGOOOle 



m ftfiVOfi INTBRKATIONALB D'ÀLBQTROTHâRAPIB 

la décharge d'un condensateur, rendue oscillaloire par les procédés décrits 
dans ma conférence à la Société de Physique (20 avril 1892). 

J'emploie, comme condensateur, de 2 à 12 bouteilles de Leyde cylindri- 
ques, disposées en deux batteries, reliées en cascade, dont la surface cou- 
verte a 50 centimètres de haut sur 20 centimètres de diamètre. 

La charge est effectuée périodiquement par un transformateur donnant 
environ 15,000 volts. Ce transformateur est animé par un alternateur 
Siemens, sans fer, pouvant donner, au maximum, un courant de 12 ampères 
sous 350 volts. 

La fréquence est de 60 périodes par seconde. Dans ces conditions, la 
puissance d'induction du solénoïde^ sur tout corps conducteur, plongé dans 
son intérieur, est vraiment étonnante, comme le montrent les expériences 
suivantes : 

1* On plonge dans un solénoïde (composé de 3 à 5 tours d'un câble à 10 
brins de 8 millimètres carrés) un fil de cuivre roulé en un cercle unique, 
dont les extrémités portent une lampe de 100 bougies, consommant 3 am- 
pères sous 110 volts; cette lampe est portée au blanc éblouissant; 

2® Un homme arrondit ses bras de façon à embrasser le solénoïde et tient 
dans chaque main les extrémités d'une lampe à incandescence. Le circuit 
formé par les bras est le siège d'un courant induit assez puissant pour allu- 
mer cette lampe qui prend 1/10 d'ampère environ. On diminue, autant que 
possible, la résistance de la peau des mains, en les plongeant dans deux 
vases contenant de l'eau salée chaude. 




FiG. 2. 

L'alternateur peut être remplacé par une puissante bobine de Ruhmkorff 
qu'animent des accumulateurs pour opérer laeharge périodique du conden- 
sateur. Les effets sont naturellement moins puissants, mais ce dispositif 
suffit néanmoins pour mettre en évidence la puissance d*induction du 
champ magnétique et son action sur l'organisme. 

Pour mesurer la puissance de champs magnétiques de cette fréquence. 



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RBYUB INTBaNATIONÀLB D'BLBGTROTHéRAPIB 34b 

Il I I II II ■ ■ ■' — — ^— ^ 

j'ai complèteme&t échoué avec toutes les métliodes de mesure usitées pour 
les basses fréquences. Cette mesure était essentielle danè mes recherches^ 
pour pouvoir me placer toujours dans des conditions identiques. Je suis 
parvenu à l'efifectuer très simplement en utilisant les courants de Foucault, 
. de la manière suivante : ' • • 

Dans un petit solénoîde relié en série, au grand qui contient Tanimal, je 
plonge un thermomètre à mercure. Le mercure est le siège de courants de 
Foucault qui réchauffent très rapidement. Avec 4 jarres, la température 
du thermomètre s'élève à plus de 150«> en quelques secondes. 
• L'effet calorique mesure le produit de la fréquence par le carré du courant 
et permet d'opérer dans des champs identiques. Pour les faibles puissances, 
où il faut tenir compte des variations delà température de Tair, je remplace 
le thermomètre à mercure par un thermomètre à pétrole ou à air dont le 
réservoir renferme un petit tube de cuivre. 

Ce mode d'électrisalion exerce une action très puissante sur les phéno- 
mènes intimes de la. nutrition, comme lé montrent l'analyse des produits de 
la respiration 'et le fonciiennement des orgajiismes inférieurs. Je reviendrai 
en détails sur ces effets, me bornant dans cette note à indiquer les procédés 
physiques qui m'ont permis tîe les obtenir. . ' • 

A l'occasion de cette communication, M. Cornu ajoute : 

M. d'Arsonval nous ^ rendus témoins, M. Marey et moi, des principaux ' 
résultats consignés dans la note précédente. Nous avons été particulièrement 
frappés de l'expérience dans laquelle six lampes (125 volts — 0,8 ampère) 
ont été portées à l'incandescence dans le circfuit formé par nos bras, circuit 
formant dérivation sur les extrémités, du solénoïde induit par les décharges 
oscillantes. Nous n'avons pas éprouvé la moindre impression par le passage 
du flux électrique auquel nous étions soumis : on ne pouvait cependant pas 
douter de l'énorme quantité d'énergie traversant notre corps (900 volts — 
0,8 ampère = 720 watts) : elle se manifestait soit par l'incandescence des 
lampes, soit par les étincelles vives eC nombreuses qui se produisaient à la 
rupture du circuit. Cette même quantité d'énergie électrique, transmise sous 
forme de courants alternatifs à longues périodes (de 100 à 10,000 par seconde), 
aurait suffi pour nous foudroyer. Dans les conditions ci-dessus, elle ne pro- 
duisait aucune sensation appréciable. 



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346 RBVUB INTERNATIONALE D'ÉLBGTROTHéRAPIB 



VARIÉTÉS 



L'effluve électrique employée comme moyen de traitement 
des prurits cutanés rebelles, 

Par M. H. LELOIR. 

On sait combien, dans certains cas, sont pénibles, rebelles et parfois très 
graves, certain? prurits cutanés. Dans un certain nombre de cas où toute 
médication interne et locale avait échoué, j'ai eu recours à Vélectricité. Dans 
deux cas de prurit localisé, Télectrolyse pratiquée en enfonçant profondément 
les aiguilles dans les tissus a amené une guérison rapide; mais cette méthode 
est très douloureuse et n'est applicable qu'à des prurits très localisés. 

J'ai dû abandonner la faradisation au pinceau, qui ne m'a donné que des 
résultats très irréguliers. 

Depuis environ deux ans, j'ai employé, avec les résultats les plus inattendus, 
l'effluve électrique dans environ vingt-cinq cas de prurit localisé ou généra- 
lisé des plus tenaces, ayant résisté à tout traitement. 

Grâce à la collaboration de mon collègue M. Doumer, j'ai traité ainsi des cas 
de prurit vulvaire, de prurit anal, de prurit des extrémités. 

Bon nombre de cas ont été guéris au bout d'un nombre de séances variable. 
L'état eczémateux ou lichénoïde consécutif au prurit a disparu. 

Dans un certain nombre de cas, le prurit a été amendé plus ou moins nota- 
blement, mais n'a pas disparu en entier. 

Enfin, dans quelques cas, le prurit a résisté à tout traitement. 

J'ai obtenu des effets analogues dans le traitement du prurit généralisé, 
mais les résultats ont été moins bons que pour le prurit localisé. 

Pour employer l'effluve, voici comment on procède : 

Le malade est placé sur un tabouret à pieds de verre relié à l'un des pôles 
d'une puissante machine statique; puis on approche de la région malade à 
dix ou quinze centimètres environ, une pointe métallique située à l'autre pôle 
de la machine. Dans ces conditions, le sujet éprouve la sensation d'un souffle 
frais accompagné parfois de légers picotements nullement désagréables. La 
pointe doit être promenée lentement sur toute la région malade. La durée 
totale de l'application doit être çl'environ douze à quinze minutes, rarement 
plus. 

Celte méthode peut rendre de grands, services dans le cas de prurits cuta- 
nés rebelles. Je me propose de revenir sur cette question avec plus de détails 
dans un travail que je publierai avec mon collègue M. Doumer. 

{Société de Biologie,) 



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RBVUB INTBRNATIONALB D^éLBCTROTHÊRAFIB 347 



Éleotrolyse et rétrécissement de Turétre (1). 

M. TuFPiBR lit un rapport sur un trayail de M. Desnos. Lo passage de 15 mil- 
liampères dans Turètre amène des lésions graves de Turètre. 

Il parait évident que les courants d*une intensité semblable produisent des 
rétrécissements. Mais il en est de même quand on se sert des courants faibles. 

L*Qrètre d'un chien soumis à un courant de 4 ou 5 milliampères le supporte assez 
bien. 

Quand on abat l'animal, au bout de quelques jours, on voit que la muqueuse 
est peu altérée, mais il existe une ecchymose sous-muqueuse d'étendue variable. 
Il est probable qu'il se développe au niveau de l'ecchymose un travail de cicatrice, 
travail qui aboutit à une sténose urétrale. 

• L'électrolyse a- 1- elle besoin de hautes intensités pour amener la guérison 
d*un rétrécissement? Non. M. Desnos a déterminé un rétrécissement iraumatique 
de l'urètre chez un chien. Il a fait passer un faible courant dans le canal. Le len- 
demain ou put mettre dans l'urètre une assez grosse bougie; mais un mois 
après le rétrécissement était très prononcé. Le bénéfice do l'électrolyse n'est 
donc que transitoire. La récidive est la règle. 

M. Tufûer croit que l'électrolyse peut être appliquée à certains rétré issements, 
dans des cas spéciaux qu'il faut déterminer. 

M. Rbtnibr a eu l'occasion de traiter par l'électroly e neuf malades atteints 
de rétrécissement de l'urètre. La sténose siégeait dans la portion membraneuse, 
à 9 ou 10 centimètres environ du méat. Dans tous les cas, il s'agissait non d'un 
spasme, mais d'un rétrécissement. 

Pour amener la section du rétiécissement, il a toujours été nécessaire de faire 
passer un certain nombre de milliampères. 

Dans trois cas, M. Reynier a constaté des accidents post-opératoires, malgré 
les soins antiseptiques qui avaient été pris, malgré l'administration préalable do 
plusieurs grammes de Falol. 

Il n'est pas indifférent de pratiquer une solution de continuité d'un urètre 
sain, au niveau d'une portion spasmodiquement contractée. Un rétrécissement 
cicatriciel peut être la conséquence d'une telle perte de substance. 

Les courants ont toujours été douloureux, malgré des injections de cocaïne 
faites au préalable dans l'urèthre. 

L'électrolyse amène la production d'une eschare. L'urine passe sur des tissus 
spliacélés; dans ces conditions, il peut se produire des phénomènes septiques. 

Les quelques résultats que l'électrolyse a donnée à M. Reyuier ne sont pas 
suffisants pour recommander cette opération de préférence à l'urétrotomie 
interne. 

M. MoTY. — Un maladef eut, il y a deux ans, une urétrite. Un rétrécissement 
fut la conséquence de l'infection gonorihéique. Bientôt on ne put passer qu'une 
bougie filiforme. L'électrolyse à boule fut introduite avec difficulté. Le couteau 
permit d'augmenter la section. 

On passa enfin le n® 16; mais on perdit rapidement ce qui avait été gagné, et 
le rétrécissement devint de nouveau assez serré. 

M. Moty parle d'un nouveau procédé qu'il employa. L'instrument qui laisse 
passer le courant ne franchit pas le point rétréci. C'est à la faveur d'un liquide 
que le courant traversa le rétrécissement. 

(I) Société de Chirurgie, séance du 14 juin 1803« 



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348 RBYUB XNTBRNATIONÀLB- D'éLBCTBOTHàRAPIB 

Le malade souffrit peu« malgré le passage de 40 milliampères. M. Motj a pu" 
passer une assez grosse sonde après Topération. 

' M. TuFPiER. — Si on faisait Télectrolyse à un individu atteint de spasme uré - 
tral, l'opération ne serait pas" sans inconvénient. Un rétrécissement consécutif 
serait le résultat de cette erreur de diagnostic et de traitement. 

L'antisepsie urinaire par le salol est à peu près illusoire. On li'a jamais cons- 
taté la disparition de's micro-organismes dans Turine, malgré Tingestion prolongée 
de fortes doses de-ealol et d'autres antiseptiques. 

On peut avoir des accidents et des récidives avec l'éfectrolyse. La supériorité 
de cette opération n'est pas démontrée. 

On ne peut pas déclarer qu'après l'électrolyse on n'aura pas pn rétrécissement. 
A l'avenir, il faudra dire exactement à quel rétrécissement on s'est adressé pour 
connaître .la valeur thérapeutique de l'électrolyse. Certains rétrécissements se 
laissent facilement guérir, d'autres semblent rebelles à des traitements bien 
conduits. 

Le cas de M. Moty était peut-être susceptible d'être traité avantageusement 
par l'urétrectomie. £!hez un malade, M. Tuffier, après avoir faussé un urétrotome, 
a dû faire l'urétrectomie, et ce malade est bien guéri de son rétrécissement pro- 
fond, n est vrai qu'il a en ce moment un autr^ rétrécissement; mais* celui-ci est 
peu éloigné du méat. 

M. Bazy passe en revue les différents procédés d'électrolyse. On peut obtenir 
des succès, mais on constate souvent des récidives. Dans les rétrécissements 
circulairefti les scarifications font mieux que le Q^aitement éleçtrolytique. 



Sur les variations pathologiques de la résistance du corps 
au courant galvanique, par le D"^ Vbrhoogbn (i). 

Le D' Verhoogén, après avoir exposé différentes méthodes de détermination 
de la resistance.de l'organisme normal au passage du courant galvanique, rappelle 
les faits connus jusqu'à ce jour, relativement aux variations de cette résistance 
dans certains cas pathologiques : * • 

Eulenburg a constaté que la résistance au courant galvanique est fortement 
augmentée dans le myxœdème et la sclérodermie. 

Vigoureux et Séglas ont noté une forte augmentation de résistance cHez les 
mélancoliques. 

Eulenbut'g attribue ces variations de résistance aux conditions de la circulation 
et spécialement au degré de tonicité va'sculaire. On les rencontre également dans 
certaines affections centrales et périphérique» : hémiplégie cérébrale, paralysie 
spinale, névrite, etc. 

La résistance normale étant de 3,000 ohms, dit le même auteur, elle est de 
400 à 1,500 dans la maladie de Hasedow, 15,000 dans Thystérie, et de 5Î),000 à 
100,000 dans la mélancolie. 

Comme contribution à l'étude de cette question, M. Verhoogep apporte deux 
faits nouveaux : 

Le premier a trait à un homme de quarante-cinq ans, atteint d'une paraplégie 
devenue complète au bout de deux ans. On notait aussi un œdème assez considé- 
rab'e aux deux membres inférieurs, principalement à droite. De plus, l'existence 

(1) Rapport par le D' Ilerman, à la Société raédico-chirurgicule de Liège, mai 1893. 



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RBVUB INTERNATIONÀLÇ B'ÉLBCTROTHéRAPIB 349 

d'une gibbosité assez prononcée conûnnait le diagnostic de compression de la 
moelle. * . • 

Avant que la trépanation^ du rachis fût entreprise, M. Verhoogen examina le 
malade au moyen de Télectricité et constata les faits suivants : la sensibilité 
faradique est affaiblie dans les deux membres inférieurs, la sensibilité galvanique 
est intacte. En même temps, le membre inférieur gauche présente une augmen- 
tation manifeste de la résistance électrique, qui est, dans ce membre, cinq fois 
plus forte que dans les autres parties du corps. 

Les réactions électriques des muscles sont partout normales. 

Le réflexe rotulien est conservé à droite, aboli à gauche. 

"Pas d'atrophie musculaire. 

. En présence de, ces faits, M. Verhoogen pense que l'augmentation de résistance 
dans le membre inférieur gauche ainsi que la diminution de la sensibilité fara- 
dique dans les deux membres inférieurs est due très probablement à une sclérose 
des cordons postérieurs (sclérose partielle à droite, puisque le réflexe rotulien y 
est conservé). 

La trépanation du rachis au niveau de la gibbosité \k^ — 6* dorsales) montra, 
en dessous d'un sillon transversal dû à la compression de la moelle, un épaissisr 
sèment manifeste des cordons postérieurs. 

En somme, il y avait ici, outre la compression de la moelle, une sclérose 
des cordons postérieurs, et c'eH à cette dernière altération que l'auteur rapporte 
les variations de résistance électrique qu'il a observées dans les membre? infé- 
rieurs. 

Le second cas se rapporte à une Jeune 011e d'une vingtaine d'années, présen- 
tant une atrophie musculaire d'origine tabétique. Cette atrophie porte sur les 
petits mu'cles de la main gauche. 

Or, toute la face palmaire de la main, depuis le poignet jusqu'à l'extrémité des 
doigis, présente une résistance électrique trois fois plus considérable que dans la 
région correspondante du côté droit. 

L'origine tabétique de Taffection étant sûrement établie, n'est-on pas en droit 
de se demander si ce n'est pas précisément à une sclérose du cordon postérieur 
correspondant que l'on doit attribuer l'augmentation de résistance dans la main 
atrophiée. 

En résumé, les deux faits signalés par M. Verhoogen sont fort intéressants, 
mais — et l'auteur est le premier à le reconnaître — étant isolés^ ils ne permettent 
pas de conclure. Il ne doit pas être difficile, surtout dans les cliniques de mala- 
dies nerveuses, de rechercher si la sclérose des cordons postérieurs amène d'une 
façon constante une augmentation de résistance électrique dans les parties du 
corps desservies par ces cordons. 

Je vous propose, messieurs, de voter des remerciments à l'auteur et de déposer 
honorablement son travail à la bibliothèque. (Adopté.) 



De remploi du bain électrique dans le traitement 
des hémorragies post-partum. 

Depuis plusieurs années, divers auteurs (Tripier, Cleveland, etc.) ont appliqué 
avec succès la faradisation au traitement des hémorragies de la délivrance. A 
l'hôpital de la Maternité de Bogota, dans le service de M. le docteur Buendia, 
dont j'étais l'interne en Tannée 1891, l'occasion s'est également présentée d'em- 
ployer l'électricité dans un certain nombre de cas d'hémorragies post-partum. 



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350 nSVUB INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHéRAME 

et nous n'ayons eu qu'à nous louer des résultats que nous en avons obtenus. 
Parmi les méthodes d'électrisation auxquelles nous avons eu recours, nous tenons 
à signaler le 6a m faradiqiie, qui nous a admirablement réussi dans deux cas 
d*une gravité exceptionnelle. 

L'une de nos malades, âgée de trente ans, après avoir eu, pendant les premiers 
jours qui suivirent l'accouchement, un écoulement lochial abondant, vil surve- 
nir, le soir du neuvième Jour, une violente métrorrhagie qui résista à la faradi- 
salion interne (pôle négatif dans la cavité de l'utérus, pôle positif sur Thypogastre, 
séances de dix minutes répétées plusieurs fois). Nous prescrivîmes une injection 
d'ergotine et une potion stimulante à la teinture de cannelle et à l'antipyrine. Le 
leodemain matin, la malade pouvait à peine remuer et il lui était impossible de 
parler; l'hémorragie était moins abondante, mais elle avait continué toute la 
nui^ Nous eûmesalors l'idée de recourir au bain faradique. On plaça raccouchôe 
dans un bain de siège d'eau salée, à la température de SO^CL, de telleâiçonqueld 
niveau de l'eau atteignit Tépigastre de la malade. Le pôle positif d'un appareil 
voUa-faradique de GaifTe (modèle moyen) fut immergé dans le bain et le pôle 
négatif fut placé dans un bassin plein d'eau dans lequel la femme plongea la 
main. Nous fimet passer l'extra-courant du Ûl gros inducteur. Le bain dura quinze 
minutes; quand on en fît sortir la malade, elle était gaie, la parole et les forces 
étaient revenues et, fait important, l'hémorragie s'était arrêtée pour ne plus 
reparaître. Dix jours plus taid, la malade quittait le service très bien portante. 

Une autre jeune femme, âgée de vingt ans, d'un tempérament lympathique et 
présentant des antécédents syphilitiques, eut un accouchement laborieux, suivi 
de l'expulsion tardive, mais complète, du placenta et de ses annexes. Une 
hémorragie lente survint la nuit suivante; on administra à l'accouchée deux 
cachets d'ergot de seigle de 50 centigrammes chacun et une potion vineuse à la 
teinture de cannelle, à prendre par petits verres. L'hémorragie, qui avait conti- 
nué toute la nuit, devint si abondante le matin que la malade, immobile sur son 
lit et pâle comme la cire, paraissait n'avoir plus que quelques instants à vivre. 

Nous nous décidâmes à la faire placer dans un bain de siège contenant de l'eau 
salée à 45^ G. (pôle positif dans le bain et pôle négatif dans un bassin voisin, 
extra courant de l'appareil volia-faradiquo de Galfife). La malade eut une syncope 
quand on la mit dans la baignoire; des mouvements convulsifs se produisireot 
dans la main gauche quand on la plongea dans l'eau. La séance dura vingt 
minutes; au bout d'un quart d'heure la femme avait déjà repris ses sens et la 
parole lui était revenue ; on lui donna un verre d'une boisson cordiale et, quand 
elle fut reportée sur son Ut, l'amélioration était telle que, sans la pâleur, on ne 
se serait pas douté qu'elle avait eu une hémorragie aussi grave. 

L'utérus mesurait, avac^t le bain, 1 k centimètres de longueur sur 1 i de largeur 
et, après le bain, seulement 9 centimètres de longueur sur 7 de largeur ; le pouls, 
qui était à peine perceptible, était devenu fort et rapide. 

En examinant le vagin pour voir si l'hémorragie avait cessé, nous le trouvâmes 
complètement obturé par un caillot ûbrineux et résistant; dans raprès-midi le 
caillot avait disparu et l'hémorragie ne se reproduisit plus. Les jours suivauis» 
il survint un écoulement lochial, séreux et peu abondant. Plus tard, nous vîm^îs 
apparaître dans la jambe gauche une phlegmatia alba dolens qui guérit au bout 
de peu do temps, et la malade ne tarda pas à quitter le service tout à fait remise, 
quoique encore anémique. 

Gomme on le voit d'après ces deux fait^, le bon résultat obtenu semble dû à 
la grande réduction de volume que subit l'utérus pondant lebatu faradique. 



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RBVUB INTERNATIONàLB D'éLBCTROTHâRAPIB 351 

Peut-être faut-il aussi tenir compte du tampon fîbrineuz et résistant qui se 
forme dans le canal ^nital, et qui reproduit en quelque sorte la mélhode de 
tamponnement recommandée par M. le docteur Dilhrssen dans les hémorragies 
po3t-partum par inertie de Tutérus. Nous ne croyons pas qu'il soit bien besoin 
d*aYoir recours à un moyen aussi violent que l'inversion artificielle de Tutérus, 
suivie de l'application de la bande d'Esmarcb, selon le procédé de M. le docteur 
J. Kocks, privat-docent de gynécologie à la Faculté de Médecine de Bonn. 

Nous avons employé avec succès dans sept autres cas d*hémorragies post-partum 
les procédés déjà connus de faradisaiion, que nous considérons comme le plus 
rapide et le plus énergique des moyens hémostatiques. Pour ce qui concerne spé- 
cialement le bain faradique, nous n'hésitons pas à en conseiller Tusage aux pra- 
ticiens, en raison même de son efficacité et de sa simplicité. 

[La Semaine médicale.) D»" F. Montova. 



'Hypnotisme. — Les Bomnambules de la Charité. — Magnétiseurs 
et médecins. — Double vue. ^ Les effluves lumineux. — Pola- 
risation du corps humain. — Colorations perçues par les h3rp- 
notisés. — Rouge, bleu, jaune. — L'homme tricolore. — Le cer- 
veau d'un chien. — Coloration des effluves dans l'état de santé. 
— Diagnostic original des affections nerveuses. — Modification 
des teintes avec la maladie. — Le noir en somnambulisme. 

On on voit de toutes les couleurs à la Charité, dans le service de M. le 
D' Luys. Et ce n'est pas d'aujourd'hui. M. Luys vient encore de communiquer à 
la Société de Biologie quelques faits intéressants que nous mentionnerons 
brièvement, sans les commenter ni les discuter, ce qui pourrait nous mener un 
peu loin. Les magnétiseurs, que l'on a un peu trop dédaignés jadis, ont les pre- 
miers avancé que leurs sujets endormis voyaient s'échapper du bout des doigts 
de l'opérateur des effluves lumineux. La vue des somnambules posséderait une 
acuité exceptionnelle. M. Luys a trouv<^, de son côté, que certains de ses malades 
en état de somnambulisme acquéraient la faculté de distinguer, — ce que per- 
sonne, certes, ne ferait à simple vue, — les pôles des aimants, de l'aiguille 
aimantée, les pôles d*une pile électrique, etc. Ces sujets voient s'échapper du 
pôle positif des effluves rouges, du pôle négatif des effluves bleus; la ligne 
neutre apparaît en jaune. 

Les magnétiseurs encore, avec M. H. Durville en tête, soutiennent que le 
corps humain est polarisé comme un ainlant (1). Or les sujets de M. Luys aper- 
çoivent la moitié droite du corps rouge, l'autre moitié bleue, la partie médium, 
nez, lèvres, menton, etc., jaune. M. Luys a pris un chien de taille moyenne et 
l'a Aïontré à ses sujets. Chacun d'eux vit des effluves rouges sortir du côté droit 
du chien et des effluves bleus du côté gauche. Â.lors M. Cazan ouvrit le crâoe 
du chien. On désigna au sujet le lobe gauche. « —C'est bleu, dit-il; c'est d'un 
beau bleu. — Et le lobe droit?— Ohl c'est d'un beau rouge. — Puis le lobe 
médium ? — C'est jaune. » Au bout de quelques minutes^ le cerveau se refroidit. 
Le somnambule rappelé ne vit plus d'effluves. On lui désigna les mômes régions, 
il répondît: • C'est tout noir», et, en même temps, il manifestait une émotion 
pénible, cherchant & s'en aller, et disant : « Il est mort ». 

(H Avec M. Beau de Rochas, nous avons assisté, il y a bien près de dix ans, chez 
W. l)écle, à des expériences vi*aiment curieuses de polarisation du corps humain. 



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352 BBVUB INTBRNâTIOKALB D*éLBCTROTHéaAPIB 

Il parait, diaprés M. Luys, que ses sujets ne constatent plus les effluves sur 
les cadavres humains. Aussitôt après la mort les effluves colorés perdent leur 
intensité. Cependant, quelques sujets ont avancé qu'ils en apercevaient encore 
s'échappant de Tœil de certains cadavres, môme vingt- quatre heures après la 
mort. Nous racontons, bien entendu. , 

M. Luys a eu Tidée de rechercher si les effluves visibles seulement pour les 
somnambules changeaient de teinte dans les diverses affections du système 
nerveux. Chez les sujets vigoureux, les effluves ont une coloration accentuée; 
chez les débilités, neurasthéniques, etc., la teintp est très affaiblie; chez les 
sujets hystériques, masculins ou /éminins, les colorations rouge et bleue 
disparaissent entièrement pour faire place à une coloration violette uniforme. 
Chez les malades atteints de tremblements, ces mêmes effluves du côté droit sont 
remplacés par du jaune; enfin, dans les cas où ily a paralysie par disparition de 
Tactivité nerveuse^ on voit apparaître des points noirs sur le tégument externe. 

Conclusion : M. le D'' Luys -pense que Thypnotisé en état de somnambulisme 
peut fournir un élément de diagnostic et de pronostic dans les affections nerveuse?. 
La teinte des effluves révélerait l'état général du malade. Le somnambule per- 
çoit-il rouge et bleu? Parfait; le système nerveux est bien équilibré; il l'est 
moins si la teinte rose apparaît; il Test mal avec le jaune et plus du tout avec les 
poihts noirs. La méthode, comme on voit, ne manquerait pas d'originalité. 

Ajoutons encore que rœil des malades de M. Luys examiné par un ophtalmo- 
logiste compétent est, pendant l'état de somnambulisme, très modifié : les vais- 
seaux sont très dilatés, le fond de l'œil congestionné. Cet état correspond à 
rhyperexcitabilité du sens de la vue. 

Les physiciens n'accepteront pas sans réserves Texplication que donne M. Luys 
dé l'apparition des effluves colorés. Le mot « effluve » lui-même, si employé par 
les médecins, ne sera pas sans leur faire hocher la tête. Effluves I Pourquoi? Ne 
' s'agit-il pas plutôt de radiations? Mais nous avons dit que nous ne discuterions 
pas. Il serait en tout cas intéressant de savoir si vraiment les vibrations nerveuses 
sont susceptibles d'impressionner l'œil placé dans des conditions de perception 
particulière. Les recherches de la Charité méritent, à cet égard, d'être poursui- 
vies et de provoquer l'attention des physiologistes. 

II. DE Parvillb (Débats, 28 juin 1893). 



AMERICAN ELECTRO-THERAPEUTIC ASSOCIATION 



Le prochain meeting annuel de l'Association aura lieu à Chicago, les 12, 13 
et 14 septembre prochain. 

Le Comité d'organisation sera composé du D^ Franklin H. Martin, président, 
Venetian Building, Chicago; — et du D' S.-G. Stanlon, secrétaire, 3537, Indiana 
Avenue, Chicago. 

Le D"" Goelet présidera ce prochain meeting. 

La REVUE INTERNATIONALE D'ÉLECTROTHÉRAPIE pnbUera le 
compte rendu in-extenso do FAssociatlon Américaine d*Électrothérapie. 
La première partie paraîtra dans le numéro d'octobre (1). 

(1) Le Secrétaire de l'Association est le D' Margaret A. Cleaves, 68, Madison Avenue, New- York. 

Le Propriétaire-Gérant : D** G. GAUTIER. 

Paris. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Caire, 8 et 10. 
Usine à vapeur et Ateli.*rs, rue des Filles-Dieu, 8 et xo. 



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3ino Année. Juillet 1893. N*» 12. 



REVUE INTERNATIONALE 



INTENSITÉ ET DURÉE DU COURANT GALVANIQUE 
EN GYNÉCOLOGIE 



La question de durée et d'iatensilé des couranls électriques appliques à 
la médecine est un des chapitres les plus intéressants de r^leclrolhc- 
rapie. 

Il est aussi irrationnel d'ignorer Tintcnsilé électrique utile au cas que 
Ton traite, que de méconnaître la dose nécessaire en thérapeutique; — 
dappliqiier indifféremment des courants de courte ou de longue durée, 
que d'administrer un médicament pendant plus ou moins de temps^ 

Selon les cas et Ténergie électrique employée, il faut recourir à des actions 
plus ou moins fortes, Rapides ou prolongées. 

Les électrolhérapeutes ont affirmé des opinions différentes à cet égard. 
Toutefois, ils se sont trouvés d'accord sur un point : c'est qu'avec les cou- 
ranls induits, les séances doivent être de deux à cinq minutes environ. 

Avec les courants induits, les séances longues fatiguent les nerfs; et, 
quand on prolonge la durée et l'intensité de l'excitation, on provoque une 
irritation maximum, qui est le résultat, suivant Fick, d'une disposition 
particulière des forces dç tension du nerf; et, suivant Gamanski, la consé- 
quence de l'accumulation d'agents excitateurs dans le nerf. Ce qui est hors 
de doute, c'est que le courant induit produit sur le nerf et le muscle une 
excitation bien plus énei^ique que le courant constant. 

Je n'ai donc d'autre but, dans celle noie, que d'expliquer les raisons qui 
m'ont conduit à appliquer, selon certaines règles, la galvanisation dans plu- 
sieurs maladies. Pendant quelques années, je me suis astreint aux intensi- 
tés élevées et de courte durée, principalement dans les maladies des femmes ; 
mais, depuis deux ans, j'ai renversé la proposition de ce problème électri- 
que ; c'est-à-dire, je ne me suis servi que d'intensités faibles pendant un 
temps assez long. J'ai pu, grâce à des expériences répétées des centaines de 



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3o4 .' RByUB INTERNATIONALE D'éLBCTROTHèRAPIB . 

fois, me convaincre de rexaclitude de celle dernière solution, préférable à la 
première à différents poiuts de vue, que je puis ainsi énumérer : 

1*^. Diminution du nombre des séances ; 
,2** Amélioration ou'guérison plus rapide'; 
. *M Absence absolue d'accidents ; 
4^ Economie de temps pour les malades. 

L'électrophysiologie nous a appris que les effets parliculicrs des courauls 
constants produits Tians le nerf, sont de deux sortes : 

1° Des effets éiectroloni((ues,* modificateurs; • ' 

2^ Dés effets électrolyliques. 

Ces deux ordres de phénomènes biologiciuc et chimique exigent uçi cer- 
tain temps, non seulement pour se produire, mais surtout pour donner le 
résultat cherché. - 

Ainsi Heidenham a démonlré que pour ramener un muscle fatigué à sa 
vigueur primitive, il fallait des applications prolongées de courants continus. 
Quand il s agit d'exercer une inflûeuce'sur les nerfs vajfo-moteurs, il faut en 
général des-traiiements de longue durée. « Une dil^ilalion oU un rétrécisse- 
ment momentané des vaisseaux, dit (iyon, ne conduirait en général ù aucun 
* résultat ;. pour déterminer une résorbtion, pour élargir les voies vasculaires, 
il faut soumettre les vaisseaux à l'influence du courant pendant un temps 
prolongé. » 

Cette opinion est surtout fondée, quand on cherche à produire les effets 
éléctiolytiques obtenus aux deux pôles de la pile, soit dans les lissus,.soit 
dans loè* solutions médicamenteuses. L'action chimique se fait lentement, et 
l'intensité des décompositions est en raison directe de l'énergie et du temps 
utilisés. " ' • 

J'ai été conduit à une appli<;ation plus rationnelle des courants galvani- 
ques par l'étude d'une nouvelle méthode, appelée Électrolyse interstitielle. 
Cette méthode, qui consiste dans la décomposition électroly tique de substan- 
, ces médicainenteuses ou d'électrodes solubles, avait été l'objet de reclierches 
antérieures aux miennes |)ar MM. Onimus et Prochownitz. Son application 
nécessite des'inlensilés faibles de 10 à 40 ra. m., et un temps opératoire de 
di:^^ à trente minutes. 

Deâ travaux que j'ai successivement publiés sur cette application. médicale 
de l'électricité, prouvent que je cherchais une base fondamentale pour un 
certain nombre d'opérations électrolhérapiques. 

Dos le commencement de ces recherches,- je m'éta'is parfaitement rendu 
compte des avantages incontestables qu'offrent les séances longues et modé- 
rées dans le traitement de certaines maladies ; avantages qui deviendraient 
le principe général qui me guiderait à l'avenir. 



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RBV\JE INTERNATIONALE D'ÉLBCTROTHÉRAPIE ' 355 

Je n'ai pas riotenlionde faire prévaloir, au détriment des autres méthodes, 
une application particulière de Télectricilé ; je soutiendrai toujours, au coi>- 
tfairc, qu'il est absurde d'exclure, ^comme mauvais, tout autre traitement 
que celui qu'on préconise ; bien que l'on soit généralement disposé à médire 
des mélhodes étrangères, que l'on a insuffisamment ou mal observées. . 

Je liens tout simplement à rappeler les motifs qui m'ont déterminé à ap- 
pliquez-les courants continus, avec de faibles intensités., et pondant un temps 
assez long". 

Depuis deux années déjà,j*ai résolu d'appliquer en gynécologie, soit à l'aide 
d'électrodes solubles, soit à l'aide d'électrodes inoxyçlables, de faibles courants 
variant de 10 à 40 m. m. él d'une durée de dix minutes à une,demi*heurc. ; 

Dans les lésions inflammaloires chroniques de l'utérus, mais jamais it l'état 
aigu, j'ai obtenu un bénéfice rapide et durable avec les électrodes en cuivre. 
J'ai pu recueillir, en 1892, une trçutaine d'observations relatives à des mé- 
trites qui oni été guéries dans un court espace de temps, par ce procédé. Le 
nombre des séances a été en moyenne de sept, trois chaque mois, avec une 
intensité moyenne de 30 m. m. et une durée moyenne de vingt-cinq minutes. 
Si Ton comparé ces résultats à ceux que j'obtenais à l'époque où je faisais dix 
à douze séances mensuelles, à des intensités de 100 m.' m. et pendant unedUrée 
de cinq minutes, on comprendra combien la diffusion de ces connaissances 
nouvelles assure une valeur thérapeutique bien supérieure, à tous égards, 
à celle que j'appliquais antérieurement. 

La véritable interprétation de tous les phénomènes observés, les. résultais 
obtenus, m'encouragèrent donc dans celte idée bien arrêtée, de transformer 
les séances fréquentes, fortes et comtes,, en séances rares, modérées et 
longues. 

C'est une tâche quû j'ai entreprise également pour le traitement des fibiô- 
mcs, soit avec les électrodes solubles, sc^t avec des électrodes inoxydables. 

Guidé par ce principe, j'ai sojgné vingt-huit cas de tumeurs fibreuses, que 
le hasard de la clicntèle-m'a amenés en 1892, e.t j'ai obtenu les résultats 
suivants : • _ . 

^ i® Aucune complication ; 
2° Arièt des hémorragies dans dix-«ept cas sur vingt: 
3^ Arrêt. des douleurs, dans vingt-cinq cas sur vingt-huit; 
4<» Inutilité dli tiaitcmebt dans liois cas; ' . ' 

S*» Moyenne des séances par^nalade : douze. 

J'ai donc raison d'affirmer qu'il est intéressant de comparer ces* résultais 
à ceux qui ont été déjà publiés par les électriciens, et de voir l'inlluence des 
courants prolo'ngés sur les tissus. N'est-ce pas, en effet, dans les résultais 
qu'il obtient que l'électrolhérapeute peut distinguer avet précision l'applica- ' 
tion électrique la plus favorable à la guérison des maladies? 



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3o6 



REVUE INTERNATIONALE D*ÉLEGTROTHKRAPIB 



Voici le tableau des séances antérieures et des séances actuelles 



POIR LES PHEMIF.UES 

Intensité, KX) m. m. en moyenne. 
Durée, cinq minutes, — 
Fréquence, dix par mois. 



POL'R LES SECONUES 

Intensité, 30 ni. m. en moyenne. 
Durée, vingt minutes — 
Maximum, quatre par mois. 



En résumé, toutes les fois qu'on voudra obtenir des effels modificateurs, 
diminuer Texcitabilité, modifier la conductibilité, arrêter la dégénérescence, 
etc., on obtiendra de pareilles actions électrotoniques, grâce aux courants 
constants, longtemps prolongés, du moment que Télat slatique des organes 
le permettra. 

J'engage donc les praticiens à utiliser d'abord de faibles courants élec- 
triques dans le traitement des maladies et à augmenter ensuite progressive- 
ment leur dose et leur durée selon les conditions pathologiques. Mon expé- 
rience m'autorise à croire que les résultats répondront à la ferme confiance 
(juc j'ai dans Tavenir de cette technique opératoire de Tôlectiothérapie. 

D»" G. Gautier. 



sru 

LA PATHOGÉNIE ET LE TRAITEMENT DU RACHITISME 

KKh'KTS FAVORABLES DKS BAINS IIYDUO-ÉLKCTÏUQUES 
Par le D' Cl. SAGRETTI, tie Home. 
Suile et fin (1). 

11 me parait bieu difficile d'expliquer la symptomalogie, en mettant tous 
les phénomènes sur le compte de troubles digestifs, comme le voudrait 
Comby, et il me semble que les manifestations cutanées, les accès d'asthme, 
malgré leur ressemblance avec l'asthme dyspeptique, ne doivent pas tou- 
jours reconnaître pour cause des troubles gastro-intestinaux. Lé catarrhe 
gastro-intestinal n'est pas un symptôme indispensable; il doit être considéré 
comme une complication cl non comme une cause. 

Le rachitisme, écrit Comby, peut s'arrêter à son début, au milieu cl à la 
fin de son évolution; il peut rétrocéder après avoir fait de rapides cl inces- 
sants progrès. Et tout cela non point par la vertu de médicaments, mais 
spontanément, en variant les conditions d'hygiène, d'alimentation, etc. « La 
complexité symplomalique, la diversité d'évolution, voilà i\u\ apjjartient 
essentiellement au rachitisme. Le rachitisme comporte toutes les formes, 
tous les degrés, toutes les allures possibles, n 

(I) Voir le niinié/,» précédent. 



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REVUB INTERNATIONALE D'âLECTROTHÉRAPIE 357 

Ne semble-l-il pas que ce cadre symptoraalique si élendu, ces compli- 
cations trop variables, donnent Tidée d'une affection du système nerveux? 
N'est-il pas plus logique de rapporter celle symptomatologie protéiforme à 
une cause unique, que de recourir à un -trouble dyspeptique variable qui 
existe sans doute parfois dans le rachitisme, mais qui souvent fait défiiut, et 
qui, d'autre part, produit des effets très différents sans aucun rapport avec 
le rachitisme. 

Je crois utile de considérer aussi la distribution géographique du rachi- 
tisme. En Chine, en Indo-Chine, en Birmanie, au Soudan, les enfants sont 
nourris, en même temps que de lail, de riz et autres farineux, et pourtant 
no deviennent pas rachitiques. En -Asie, en Afrique, le rachitisme est très 
rare, exceptionnel chez les Indigènes. Ce n'est pas le climat qui est la cause 
d'un tel privilège, mais bie i la façon de vivre, le vêtement, les conditions 
sociales. 

« Le rachitisme est inconnu chez les peuples sauvages. » (Comby.) 

Le D*" Waslon a interrogé un graod nombre de médecins de l'Inde anglaise, 
et voici quelques-unes des réponses obtenues : Le D»" Norman Chivers, qui 
a exercé à Calcutta, n'a jamais eu l'occasion de dire : « Voilà uu cas typique 
de rachitisme ». Le D"" Parckler Smilh ne se souvient pas d'avoir vu un 
seul cas de rachitisme dans les provinces du cenlre et du nord-ouesl, où il 
a exercé. Le B^ Maekellar qui, pendant trenle-cinq ans, a exercé on Indous- 
tan, donne la même léponse. (Comby.) 

Je ne crois pas que la façon de se vêtir, les conditions sociales, l'hygiène, 
la diététique de ces peuples soient tellement supérieures à nos habitudes 
((u'elles entraînent la rareté excessive du rachitisme. Si la misère, la mau- 
vaise alimentation, l'hygiène mal comprise, déterminaient le rachitisme, il 
devrait être moius fréquent dans les pays les plus riches elles plus civilisés, 
et c'est le contraire qui a lieu. Et alors il nous faut nous reporter aux ensei- 
gnements de Beard, de Charcot et au 1res auteurs, qui démontrent clairement 
que les maladies nerveuses progressent avec la civilisation. 

Si, à ces considérations, nous ajoutons que les lésions affectent toujours 
une forme symétrique, l'idée que le système nerveux, non seulement n'est 
pas étranger aux recherches, mais bien en est la vraie cause primordiale, 
n'est plus hasardeuse. Il est néanmoins utile d'étudier les causes extrinsè- 
ques qui peuvent avoir quelque influence sur la santé des enfants. Il n'est 
pas facile de trouver à ce propos des faits jmsilifs; cependant, on a noté le 
fait douteux, du reste, qu'une forle émotion, une peur de la part de la mère 
durant la gestation pouvait jouer un rôle dans le rachitisme de l'enfant. Il 
semble que les causes morales agissant sur la mère, influencent leXœtus, et 
que les émotions vives, les terreurs entraînent des convulsions, l'imbécililé, 
l'idiotie. Il n'est même pas nécessaire que la cause impressionnable soit très 
énergique; l'organisme humain réagit à sa façon et il y a parfois dispropor- 



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353 * RBVUB INTERNATIONALB D*BLECTROTHHRAPIB ' 

lion entre la cause première et l'effet ultime, surtout quand il s*agil de causes 
ayant porté leur action sur le système nerveux. Il faut tenir tompte, en . 
outre, du genre de vie, de rédticalion, du milieu ambiant, etc., qui ajoutent 
à l'énergie d'un organisme ou la diminuent (Tommasi). Et,- à ce propos de 
l'influence des troubles du système nerveux sur la geslation, il convient de 
rappeler les études expérimentales du prpfesseur Maggiorani sur l'action des 
aimants et des vibrations mécapiques sur l'embryon et sur ses fonctions 
d'innervation. Il ne m'appartient pas de trancheir ces (|ueslions encore à 
l'élude; 4es savants qui s'occupent spécialement des maladies de l'enfance 
seront mieux à même de les contiôler et de les résoudre. . . 

Je reviens à la pathogénie.' 

Kassowitz'prétend que la décola Q cal ion des os dérive de leur hypérémie et ^ 
de leur inflammation et "tente de démontrer que la simple section d'un nerf 
et la congestion consécutive ont des cffels analogues. Scheff, Vulpian, 
Mantegazza ont démontré qu'une hypérémie semblable peut être artificielle- - 
ment produite au moyen de la lésion des centres nerveux, et qu'elle se 
monire spontanément dans le cours de certaines maladies intéressant le 
système nerveux central. Des expérieùces de Vulpian, il résulte qu'une 
blessure de l'islhme de l'encéphale provoque une congestion intense, parfois 
même une hémorragie de l'intestin; et quand la nutrition des cellules grises 
des cornes antérieurs de la moelle est compromise, il se produit une atrophie 
musculaire aiguë (Charcot). 

Il est certain que la nutrition de l'organisme est réglée par le système 
nerveux. Les aliments transformés en chyle par un processus chimique, 
absorbés par les chylifères et versés dans le sang» sont distribués par les 
capillaires dans l'intimité de nos tissus. Le sang contient donc tous les ma- 
tériaux név!essaires pour réparer les perles que subit physiologiqùemeut l'or^ 
ganisme, et les cellules diverses empruntent au sang les éléments nécessaires 
à leur vie propre. 

Le mot emprunté n'est là que par. un arlificc de langage'. Cojnmenl 
s'accomplit cet emprunt? Gantoni dit par affinité, les éléments utiles étant 
énergiquement attirés et fixés. Salvator Tommasi met en avant le pouvoir 
physiologique des cellules qui, non seulement attirent et fixent leurs 
molécules, mais aussi les transforment. Les sels calcaires contenus dans le 
sang, par exemple, n'y existent pas sous la même forme que dans les os 
(Acby). Le phosphate de chaux qui se dépose dans les tissus cartilagineux 
serait dû à des réactions chimiques dans lesquelles interviendrait la respi- 
ration, la substance collogène (osseuse) dérivant d'une oxydation de matières 
albumiueuses, de même que la subslance chondrogène; ce qui a fait dire à 
Moleschott que l'oxygène est l'archilecle qui convertit les substances albu- 
mineuses contenues dans le sang en cellules constitutives de nos tissus. 
Lorsque le pouvoir d'oxydation physiologique de l'organisme est diminué et 



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. RBVtJB INTERNATIONALE D^^LECTROTHÉRAPIE 3î)9 

troublé dans son fonctionnement, il se produirait une anomalie de la nulri- 
lion. , ' * 

Le système nerveux et, plus spécialement, les nerfs Irophiques seraient 
suiUout atteints par les maladies' -de la nulrilion, et, dans le rachitisme, 
seraient lésés de façon à ne plus attirer, fixer et transformer les sels calcaires, 
et en cela seulement consisterait toute la maladie. On pourrait, do même, 
expliquer la pathogén-ie de la chlorose, etc., par la déviation de Ténergie 
physiologique des cellules et par un trouble dans le fonctionnement des nerfs 
trophiques. 

Strumpell, à propos de la pathogénie du rachitisme, écrit : <i Tout sembte 
indiquer que le rachitisme doit, en outre, exercer une action sur un autre 
élément physiologique, mais qui nous est encore inconnu. Cet'élénjent 
spécialaurait la propriété d'attirer, de fixer et de transformer les sels calcaires 
pour en former des os ». Pourquoi ne pas admettre que cet élément invoqué 
par Strumpell n'est pas autre chose, comme le veut Gantoni, quelle système 
nerveux trophique? 

Primavera fait observer, en ce qui concerne l'augmentatiop, le phosphate 
calcaire dans le sang que cette augmentation se remarque aussi dans le 
rhumatisme articulaire chronique, dans le diabète, dans Toxalurie et dans 
certains cas de tuberculose intestinale. 

De Renzi a observé que Turine des tuberculeux est riche en phosphates 
terreux alcalins, et Tessier prétend que l'élimination des phosphates est, au 
maximum, dans la phtisie pulmonaire, dans la chlorose, des maladies du 
système nerveux, dans le rhumatisme chronique. La phosphaturie indiquant 
toujours un trouble profond de la nutrition. 

Pour conclure, la présence du phosphate de chaux dans Turine n'indique 
pas que ces phosphates proviennent de la décolofication des os, parce qu'on 
l'observe dans des affections qui intéressent seulement le système nerveux 
dans ces rapports avec une altération profonde de la nutrition. Il s'ensuit que 
la décolofication des os rachiliques peut être ramenée à une cause nerveuse. 

Rien donc d'étonnant à ce que Lehmann, Marchand, Wischow, Baguiski 
aient noté l'excès de phosphate dans l'urine des rachitiques, et l'opinion de 
Relin, qui prétend que ces auteurs ont eu à observer des cas d'ostéomalonie 
et non de rachitisme, doit être modifiée. 

Maintenant, si le système nerveux, et en particulier le système nerveux 
trophique, est en cause dans le rachitisme, pouvons- nous savoir quelle est 
la lésion nerveuse à laquelle il faut rapporter les troubles? 

Cette question n'est pas facile à résoudre et d'autres seraient plus autorisés 
que moi à y répondre. 

Cependant, en considérant que beaucoup de rachitiques guérissent com- 
plètement et que, si des lésions irréparables persistent dans quelques cas, 
elles sont la conséquence d'une lésion anatomique surajoutée et souvent 



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360 REVUB INTBRNATIONALB D'éLBGTROTHBRAPIB 

causées par la lenteur avec laquelle s'est effectuée la guérison ; que le rachi- 
tisme a presque toujours une allure insidieuse et affecte rarement la forme 
aiguë, on peut penser qu'on a affaire à un trouble fonctionnel, selon toule 
probabilité d'ordre dynamique, sans lésion proprement dite. 

IDn ce qui concerne le siège de ces troubles fonctionnels, étant donné que 
les lésions sont symétriques, que tout l'organisme prend part à la maladie, 
nous sommes autorisés à croire que l'altération nerveuse porte sur les centres, 
lion sur la périphérie, et en parlicuher sur les centres trophiques. 

Avec cette théorie, je crois possible d'expliquer mieux qu'avec toute aulre 
les phénomènes si variés que nous rapportons au rachitisme. 

J'admets, en somme, un trouble du système nerveux trophique, lequel a 
pour effet principal d'entraver l'assimilation des sels calcaires par l'orga- 
nisme. Ce défaut d'assimilation s'étend à tous les organes, mais tous n'ont 
pas le môme besoin de sels calcaires et tous n'en souffrent j as autant. Ces 
altérations trophiques sont plus ou moins accentuées, mais là est toute la 
différence. 

L'abdomen déveloj pé des rachitiques est dû à la dilatation de l'estomac et 
des intestins par une fermentation anormale des aliments et le développe- 
ment consécutif des gaz. Mais ne voyons-nous pas tous les jours des enfants 
à nutrition mauvaise avoir le ventre développé? Le rachitisme met les enfants 
en état de déchéance nutritive, et Testomac, les intestins souffrent comme 
les os. 

Quand la nutrition de la substance cérébrale est compromise par une sorie 
de localisation du rachitisme, nous voyons « des rachitiques qui sont presque 
idiots, dont k parole est retardée outre mesure et dont la perception desidées 
est aussi défectueuse que l'expression » (Comby). Il en est de même pour 
les terreurs nocturnes, les tics, etc., tous ces phénomènes dérivant de troubles 
dans la nutrition du cerveau ou de la moelle. 

Par ce même raisonnement s'expliquent aussi facilement les convuhions, 
les spasmes de la glotte, les troubles circulatoires et respiratoires et tous les 
autres symptômes d'ordre nerveux qui se rencontrent chez les rachitiques. 
Il est inutile, par conséquent, d'invoquer comme on l'a fait des désordres 
gastro-intestinaux. 

Est-il possible, par l'électricité et particulièrement par l'emploi du bain 
hydro-électrique, d'améliorer et dé guérir l'anomalie nerveuse* cause pre- 
mière du rachitisme? Les faits cliniques répondent en affirmant l'efficacité 
de l'électrothérapie dans les affections nerveuses d'ordre dynamique. Nous 
ne savons pas exactement comment elle agit parce que nous ignorons en quoi 
consiste essentiellement le dynamisme nerveux, mais les faits sont là, quelle 
qu'en puisse être l'explication. 

On peut nous dire : S'il est vrai que le rachitisme est sous la dépendance 
d'un trouble nerveux trophique, comment se fait-il qu'on n'observe celte 



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RBVUK IN'IKRNATIONALB d'ÉLECTROTHÉRAPIB 361 

maladie que dans une certaine période 4e la vie? Pourquoi jamais chez 
l'adulte? 

il est facile de répondre en invoquant la différence hislologique qui existe 
entre les os en formation et les os ayant acquis leur développement, 

Cantani prétend que la même cause qui amène le rachitisme chez Tenfant 
produit Tostéomalatie chez l'adulte. Ne voyons-nous pas, du reste, la para- 
lysie infantile être une maladie propre à Tenfance et ne dépend-elle pas 
d'une lésion nerveuse? 

On peut encore objecter contre l'hypothèse d'une palhogénie nerveuse du 
rachitisme qu'une théorie semblable est trop générale et serait applicable à un 
certain nombre d'infirmités. Pourquoi pas? Il est certain que le système 
nerveux préside à la nutrition; il est certain que ses troubles fonctionnels 
doivent entraîner des anomalies. Qu'un irouble survenu dans les fonctions 
spéciales du système nerveux arrête la transformation' du sucre, et nous 
avons le diabète; si le trouble porte sur l'acide urique, nous avons l'arthri- 
tisme, etc., et quand un principe quelconque, comme le fer, est mal assimile 
par le fait d'altérations Irophiques fonctionnelles, nous assistons à l'éclosion 
de la chlorose. 

Il est patent que la piqûre du quatrième venlricule fait apparaître le f^ucre 
dans l'urine, et si on ne trouve pas une telle lésion en faisant l'aulopsie des 
diabétiques, cela veut dire simplement qu'elle est ailleurs, mais n'eu amène 
pas moins les troubles fonctionnels de ce point de l'encéphale. Du reste, la 
lésion ne peut-elle pas être simplement dynamique et dès lors échapper à 
toutes les investigations? 

Cela revient à dire, relativement à l'expérience de Cl. Bernard, que si une 
lésion matérielle des centres peut entraîner des troubles dynamiques, des 
effets semblables peuvent être produits par un simple Irouble fonctionnel. 
La diète carnée fait diminuer le sucre de l'uiine, mais ne guérit pas tou- 
jours le diabète. Il n'y a plus de îsucre parce qu'il n'en est plus inlioduit 
dans l'organisme. 

Dans quelques cas, le repos du système nerveux suClU à ré^rulariseï de 
nouveau la fonction et à amener la guéri s?ou, mais dtins beaucoup d'autres 
cas, c'est en vain que le régime est suivi ; le sucre reparait dès que ralimeu- 
lation redevient mixte. Il est indubitable (jue les causes morales iulluent 
énormément sur la production du diabète; il n'est pas douteux (jue des 
chagrins peuvent à eux seuls causer la ehloroi^e, laquelle peut guérir avec 
1 hydrothérapie seule, et, comme j'en ai vu un grand nombre do cas, avec le 
bain hydro-électrique seul. Des études de Charcol résulte le fait de la proche 
parenté des maladies du système nerveux et de l'arlhritisme, et les avan- 
tages que nous pouvons obtenir dans .cette affection par rélectricité sont 
connus. 




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362 . RBVUB iNTBRNATlONALfi D^âLBCtUOTHéRAPIB 

Pour conclure, je considère le rachitisme comme une maladie dérivant d'an 
trouble fonctionnel du système nerveux Irophique, lequel se manifeste 
toujours par le manque de sels calcaires dans le système osseux', de môme 
que la chlorosQ se manifestetoujours par un manque de fer dans le sang, et je 
crois que dans beaucoup d'autres maladies sans lésions matérielles on pent 
invoquer une cause analogue. Le mode spécial d'activité dès nerfs ganglion- 
naires est d'entretenir, selon la mesure physiologique, tous les phénomènes 
intimes de la vie cellulaire, ceux de la circulation profonde, de la nutrition, 
des combustions et transformations organiques, tout ce qui se rapporte à ce 
que Bichat appelait la vie végétative. Sous Tinfluence de conditions indéter- 
minées, ces actes intimes peuvent, comme tous les phénomènes de la vie, 
pécher par excès ou par défaut. 

En admettant cette pathogénie, Tindication du bain hydro-élecirique, dont 
Faction sur le système nerveux est si puissante, se trouve justifiée; et, en 
réalité j'ai obtenu les meilleurs résultats de celte médication. 

Je dois confesser que je n'ai que peu de foi dans les préparations calcaires 
usitées contre le rachitisme, à moins qu'elles n'agissent pour amender le 
catarrhe gastro-intestinal quand il existe, leur efficacité nie paraissant 
nulle contre l'affection elle-même. Toutes les théories sont d'accord pour 
dire que la chaux n'est pas assimilée par les rachiliqucs. Alors à quoi bon 
en saturer les malades? Nous voyons des enfants rachitiques qui mangent 
bien et qui n'assimilent pas la chaux contenue dans leurs aliments. Âssiini- 
leront-ils mieux celle qui vient du pharmacien"? Dans une récente discussion 
à l'Académie de médecine de Paris, le professeur Dujardin-Baumetz, parlant 
de Tabsorption des préparations de chaux médicinales, disait : a L'inanition 
calcique, c'est-à-dire l'insuffisance des sels calcaires contenus dans l'économie, 
se rencontre assez fréquemment chez les jeunes enfants, et bien souvent le 
médecin est appelé à remédier aux accidents résultant de cette inanition 
spéciale. Or, il résulte des nombreux travaux publiés sur la question, princi- 
j3alement par les vétérinaires, que c'est une illusion de croire que l'on peut 
introduire dans l'économie des sels calcaires; dans l'espèce, je veux surtout 
parler des phosphates, sels que j'ai spécialement étudiés, au moyen de 
substances médicamenteuses. La seule manière de faire absorber ces 
substances est de les donner sous forme d'aliments animaux, comme le lait, 
ou d'aliments végétaux. C'est ainsi, en ce qui concerne ces derniers, ijue 
les véiérinaires administrent avec succès les féveroUes aux jeunes agneaux 
pour favoriser leur développement et provoquent ainsi une évolution parti- 
culièrement rapide de leur système dentaire. Ce n'est pas à dire pour cela 
que je nie en quoi que ce soit Tutililé des phosphates calcaires, administrés 
aux enfants dont le tube digestif est malade, mais dans ce cas, la substance 
médicamenteuse n'a pîis une action directe. Les phosphates activent la 
formation du suc gastrique, d'une pari; d'autre part, précipités sur les 



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RBVUE INTBRÎJATlONALB D*ÉLEGtROTHÉRAPIB . . 363 

« * • 

muqueuses gastrique et intestinale, ils ont, sur ceà muqueuses, une action' • 
favorable à leur bon fonctionnement, mais, je le répète, ils ne sont pas 
absorbés au sens littéral du mot soluble, ij« sont finalement éliminés par 
les selles. » ' 

Dans la même séance, le professeur Sée confirmait les vues de Dujardin- 
Beaumelz en ce qtii concerne les phosphates, tout en croyant devoir faire 
exception pour le chlorure de chaux. 

Et cependant, on peut constater que la routine continue à administrer 
pendant des mois au rachitique d*inutiles phosphates ! Je voudrais voir une 
statistique qui dise combien de rachiliques ontélé guéris par ces prépara- 
tions,- et je suis sûr que cette statistique ne serait guère encourageante. 
Étant donné que laction de ce pseudo-spécifique est nulle, quelles- armes 
nous restent contre le rachitisme en dehors de la cure d'hygiène et d'ali- 
mentation? Aucune ou presque aucune. Le phosphore a été vanté par quel- 
ques-uns. Il n'a pas donné de résultats suffisants pour vaincre les craintes 
qu'on éprouve à administrer à doses élevées. un poison aussi dangereux. 
Comby doute fort de son efficacité et écrit : « Pour ma part, j'accorde bien 
plus d'action à Thygiène, à ralimentalion, au grand air, au séjour sur les 
bords de la mer, etc. ». Et alors, devant cette impuissance, pourquoi ne pas 
recourir à un moyen logique, très pratique et qui donne toujours des résul- 
tats remarquables? 

J'avais écrit ce mémpire sur la pathogénie et le traitement du rachitisme 
pour le présenter au Congrès pédriatique tenu à Berne, en octobre 1890, 
lorsque le B^ Galanti me communiqua un opuscule du D*" Tederchi, spécia- 
liste pour les maladies des enfants. 

Je le lus avec grand plaisir, le D»" Tederchi adoptant la théorie nerveuse et 
prônant l'utilité du traitement électrique dans le rachitisme. Cet auteur 
prétend que, dans le rachitisme, les altérations osseuses sont probablement 
la conséquence d'une altération des centres nerveux sans qu'on puisse, à 
l'heure actuelle, préciser le siège et la nature de cette altération. Il fournit 
une statistique de 118 cas, guéris par l'électricité, dont il a obtenu les meil* 
leurs effets, même dans des cas graves, et les résultats obtenus avec l'élec- 
tricité sont, pour lui, très supérieurs à ceux de n'importe quelle autre médi- 
cation, y compris l'arsenic et le phos]>hore. Il suppose, enfin, qu'elle agit en 
modifiant le dynamisme nerveux. 

Le D' Bonadei, directeui» de l'hôpital des rachitiques de Crémone, déclare 
que c'est un grand progrès que d'avoir introduit l'électricité dans la cure du 
rachitisme. 

L'opinion de spécialistes aussi compétents donne une valeur nouvelle à la 
thèse que je soutiens en écartant toute idée d'erreur personnelle ou de but 
intéresssé. 

Considérons un instant tjuelle est l'action de Téleclricité sur l'organisme 



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3<)4 REVUE INTERNATIONALE D'bLBCTROTHÉRAPIB 

humain. Il esl Iwrs de doute que rorganiame esl le siège de couranls qui se 
développent par aclion chimique ou vitale. ïarchanoff vient de faire une 
élude intéressante sur les courants qui se développent à la suile d'excitation 
mentale. La mise en jeu du cerveau produit un courant dont Tinlensité esl 
en rapport avec Ténergie de la pensée. L'électricité appliquée extérieurement 
sous forme continue, faradique ou statique, doit avoir pour effet d'activer les 
phénomènes électriques intra-cellulaires et de les régulariser. Je suppose 
(|ue, d'une façon générale, Télectrisation tend à replacer les cellules dan.^ 
leur état normal fonctionnel quand cet état est troublé. 

Je ne crois pas que cette explication des effets obtenus par Télcctj'ieilé soit 
la seule et qu'il n'y en ait pas d'autres à ajouter plus lard; mais, dans l'état 
aduel de la science, il esl impossible, je crois, d'en donner d'autres. Et un 
tel mode d'action ne pourrait s'expliquer si on ne faisait intervenir le 
système nerveux, grand régulateur de la nutrilioo. 

Les expériences d'Heidenham ont démontre que l'action du stimulus élec- 
Irique sur les corps trophiques est réelle, d'où suit nécessairement l'idée 
(jue l'électricité peut, par l'intermédiaire de ces nerfs trophiques, exercer 
• une aclion sur la vitalité, la nutrition des autres tist>us (Erb). Du reste, les 
phénomènes d'absorption des gaz et des liquides ont lieu avec une rapidité 
telle que les lois de l'osmose et de l'endosmose ne suffisent pas à les ex[)li- 
quer (Onimus) et il convient de penser que l'électricité organique joue uu 
grand rôle dans ces phénomènes. Dutrochet n'a-t-il p^s démontré que le cou- 
rant électrique active énormément les actions endosmotiques? 

Et maintenant, quelques mots d'explication sur le mode d'application de 
rélectricilé. Tedcschî et Bonadei se sont servi de l'électrisalion galvanique de 
la moelle ; j'ai adopté le bain hydro-électrique en localisant son action sur la 
moelle. Ce mode opératoire est plus simple et plus actif que la galvanisation 
médullaire. 

Dans le bain électrique on peut localiser le courant maximum dans un 
point donné, mais d'autre part tout le corps se trouve soumis quand même à 
laction du courant. H est probable que c'est à celte aclion générale surajou- 
tée que le bain hydro-électrique doit son çfficacité toute parliculière, l'orga- 
nisme entier étant, pour ainsi dire, plongé dans le fluide. De plus, deux 
Facteurs importants interviennent, l'eau et la chaleur, pour augmenter la 
conductibilité des tissus et permettre au courant de pénétrer mieux. Eufiu 
il faut tenir compte, dans le bain électrique, de l'action électroly tique. 

Je suis persuadé que le bain électrique est l'arme la plus puissante que 
noua possédons contre le rachitisme, arme qui ne présente aucun danger et 
qui peut être employée un temps indéterminé sans faligue pour l'organistiie. 
Au contraire, on ne peut en dire autant de rôlecUicilé appliquée sur la j^eau 
avec des tampons qui, à intensité égale, devient douloureuse et irrite toujours 
la peau, si frêle, des enfants. Il n'est pas rare de perdre de vue des enfant? 



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REVUE INTERNATIONALE D^ÉLECTROTHÉRAPIE 36Î) 

auxquels est appliquée la galvanisation ordinaire, par suite de la peine qu'é- 
prouvent les parents à les voir souffrir et se débattre pendant la séance. Rien 
de tel avec le bain hydro-électrique, jamais le traitement n'est abandonné par 
suite d*intolérance. Il est toléré par les personnes les plus impressionnables, 
et les enfants le prennent avec plaisir. 

J'ai pu vériûer que le bain électrique augmente notablement dans l'urine 
la quantité d'urée éliminée et améliore rapidement la nutrition, dans cer- 
tains cas, avec une rapidité extraordinaire, comme l'ont noté d'Arsonval, 
(lautier et Lara t. Il est mai q tenant hors de doute que le bain électrique est 
un tonique puissant des convalescents, des chlorotiques, de la déchéance 
nerveuse, suite de Tinfluenza. Il détermine le retour de la fonction digestive, 
de l'appétit et la restauration des forces. Cette amélioration de la nutrition, 
n'est-ce point là précisément ce que réclament les rachi tiques? 

Voici donc comment je conçois le traitement du rachitisme. Inutile d'ad- 
ministrer les sels alcalins, à moins de troubles digestifs; mais il est bon 
d'envoyer, pendant les chaleurs, les enfants au bord de la mer ou dans les 
montagnes, à une altitude de 400 à 800 mètres, en veillant à ce que la loca- 
lité ne soit pas humide, que son climat soit égal, sans variations trop 
brusques ou trop accentuées de la température. Durant le reste de Tannée, 
prendre trois ou quatre fois par semaine un bain électrique. 

Rien ne vaut ce traitement, judicieusement conduit, pour fortifier les 

rachiiiques et les guérir. 

(Traduit de ] Italien par le D' J. Lahat.) 



LES MÉTHODES HYDRO-ÉLECTRIQUES EN MÉDECINE 

l'ar M. le t)' W.-S. UEDLIilV, de Itrlgliloiu ' 

S Ht te e( ffix (II. " * 

Physique du bain hydro-électrique. 

Dans ces derniers temps, j'ai essayé d'éclaircir, par des expériences 
directes, quelques-uns des problèmes de physique et de physiologie que 
comporte l'usage du bain électricjue. Il va sans dire que, pour un pareil 
sujet, notre facteur le plus important doit être le dosage, et, dans le cas 
actuel, la question se résout presque entièrement de la sorte; (juelle est la 
proportion du courant qui passe par le corps d'un homme plongé dans un 
biin électrique bi-polaire dans des conditions données? 

Je faisais d'abord des expériences au moyen d'un courant de 100 milliam- 
pères et en disposant des électrodes imperméables à l'eau pour arrêter le 

(I) Voir le nunitro [irécédiMir. 



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RBVUB INTERNATIONALB D'ÉLBCTROTHéRAPIE 



courant sur diverses paçlies du corps du malade. J'eu ai eu des résultais 
définis, mais je n'ai point trouvé des données suffisantes pour mes calculs. 

Alors j'ai essayé une autre voie pour arriver au but. J aj fait d abord une 
simple expérience pour établir que, dans des conditions identiques à celles 
des expériences à venir, les courants électriques dans Teau prennent tou- 
jours, à moins d'obstacles, la route- la plus 'courte et la plus directe. Ce fait,- 
dlailleurs bien connu, étant admis, je plongeai le corps du patient dans la 
ligne directe du. courant, selon "la méthode'ordinaîre d'administrer un bain 
électrique. Les résuUals furent bien différents ; ayant l'entrée du patient au 
bain, 44 «/© du courant total était arrêté dans le cours direct de l'écoulement 
et 40 <»/o aux côtés. L'immersion du corps de l'hemme changea cette loi en 
sens inverse, 30 Vo seulement élaut intercepté sur la ligne directe .et 48 **/© 
aux côtés. Ceci, paraît indiquer que la présence du corps dans l'eau dévie en 
grande partie les lignes de la force, de sorte que la plupart du courant passe 
autour de lui et ne le traverse point. 

Il fallait ensuite diviser le champ électrique en sections, dont chacune était 
un circuit à shunt disposé comme dans la figure I , afin de pouvoir être 
mesuré en absence ou présence du corps. 




Vu., l. 



Une électrode principale (métallique) de 2U X 31) cent, à chaque extrémiê 
du bain. A. a. Electrode métallique 30X'30 cent.-/?. 6'. Électrode métallique 
h 20 xm 1/ \\ X 30. Ce. Klecirode métallique c 20 x 30 c' 11 x 30. 

Si ces expériences ne prouvent pas rigoureusement que la perte du courant, 
en administrant un bain -électrique bipolaire, est plus grande qu'on ne le 
croit généralement, du 'moins, elles monlrenl la nécessité d'un examen 
plus approfondi de la question. Je ne puis m 'empêcher de croire que la 'pro- 
portion quelquefois calculée, que le malade reçoit une cinquième partie du G, 
est trop grande (l). Ceci n'est pas un désavantage du bain électrique, s'il 

(1) D'après un travail danslr Lancet, 28 nias 1H91, • on a calculé que la propoitiou 
de C -reçut' par le coi'ps serait d*.- l;;j «. Le Text-BooK\ do MM. Sieavenson et Jones, Q\o 



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RBVUB INTERNATIONALE D'éLECTROTHÉRAPIB. 367 

■ ' ' ' ^ ' ' ■ 

est confié à des mains expérimentées. Le bain. bipolaire à courant doulou- 
reux ou tout au plus a agréablement douloureux »," égal et largement dis- 
tribué, sera toujours un excellent moyen d'électrisation générale. Ce n'est 
pas une grave objec lion, puisque nous avons des piles fissez forles, et la diffi- 
culté aura encore moins de force si rîbus avons à notre disposition les cou- 
rants abondants du commerce. • 

L'auteuY d'un excellent travail moderne sur le bain électrique dit : a On 
peut montrer facilement ijue le C traverse réellement e^ partie le corps de 
rhomme plongé dans un bain, même quand les pieds ne touchent pas à 
l'électrode inférieure; car, si le sujet tient unq. jambe hors dé l'eau, la force 
du C, enregistrée par le galvanomètre, est diminuée. » 

Le fait.ne saurait être nié^ mais à mon avis il ne prouve pas absolument 
que tout le C ainsi réduit a paasé pa^ le corps. L-expérience qui suit est 
encore moins probante et- elle parait avoir été tVès mal comprise. « Une 
* expérience que nous avons souvent répétée prouve que le corps conduit 
mieux que Teau. Que Ton mette les deux mains à quelque distance dans un 
bain par hquel passç un courant très forl, et Ton ressentira la sensation du 
.courant; si maintenant on approche les mains très près l'une de l'autre, la 
sensation sera bien diminuée. Quand les mains sont bien séparées, une 
grande partie du (J passe à travers le corps d'une mam a 1 autre, choisissant 
celte roule, quoique longue et d^lourn^e, au lieu du cheq^in diiect par 
l'eau » (1). - 

Personne ne -nie l'expérience, qui peut d'ailleurs être facilement vérifiée 
par le galvanomèlre; mais je ne crois pas la conséquence fondée. Le fait ne 
prouve-l-il pas plutôt ([ue rexpérimenlateur, en se rapprochant les mains, 
les changeait d'une région où la différence^ du potentiel et la densité du 
courant "étaient plus grandes, à une région où elles étaient moindres? 

Je ne donne pas les délails des expériences que je viens .de citer, parce 
que je crois qu'à l'aide d'une d'entre elles, nous pouvons espérer trouver la 
solutio*! définitive d'un problènae très compliqué, mais dans l'espoir. quelles 
puissent nous guider dans la bonne voie. J'ai déjà dit" que plusieurs de ces 
expériences paraissent appuyer la conclusion que la quantité du courant que 
reçoit le corps dans le bain a été évaluée trop haut. J'ai poursuivi la (jueslion 
^d'une uianière un peu différente, afin d'arriver à des conclusions pieux 
définies. • . ' ^ 

Expérience I. — Baignoire, l"'473 en long, 75 centimètres eu large, à 
côtés presque perpendiculaires. Surface de l'électrode supérieure, 82o cen- 
timètres carrés; d'électrode inférieure, 750 centimèfres carrés; température, 

la proportion à 1/H. Mais je re!iiaif|ue qu»Mii l'un ni Tautre ne donne les délails qui le» 
a menés à leur résultat. 
(l) Médical et S'unjical uifes of Electric, Beard et Rockw ill, p. 409. 



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308 RRVUB INTRRNATIONALR D'éLBCTROTHBRAPIB 

370 centigrades. L'eau (haut niveau), 43 centimètres; Teau (niveau bas), 
.18 centimèlres, la différence étant due à Timmersion du corps : 

[a) Niveau bas, avec le corps . . / . . courant, 91 milliampères. 

Haut niveau - 100 

{b) Haut niveau - — 100 * — 

Niveau bas, sans corps — 90 — 

Le corps ajant été retiré, graduellement, le courant encore en action : 

(c) Haut niveau-, sans corps courant, 100 railliampères. 

Niveau bas - 90 — 

J'ai fait beaucoup d'expériences pareilles, dont voici la valeur moyenne : 
Ouand la dimension du conducteur est augmentée par Timmersion du 
corps, le courani est augmenté de 10.3; mais ({uand la dimension est 
d'autant en ajoutant de Teau, le C est augmenté de 9.07, une différence de 
0.6. Ce résultat prouve-t-il que le corps du sujet dans le bain est un peu 
meilleur conducteur que Teau et que le sujet, dans les dites conditions, 
reçoit 10 3 milliampères? Je ne crois ni Tune ni laulre de ces deux con- 
clusions justifiée, car la question n'est pas aussi simple, comme les expé- 
riences suivantes le démontrent. 

Expérience" U. — l*» Niveau de Tçau dans le bain, 43.2 centimètres 
à 37*» centigrades. Sujet plongé dans le bain jusqu'aux mamelons; l'élec- 
trode + 848 centimètres carrés appliquée au corps. Le bras droit plongé 
jusqu'au coude dans une autre cuve, avec l'électrode, 387 centimètres carrés 
appliquée. R. =540 ohms (Wheatstone Bridge Galvanomètre à suspension 
d'Edelraans}. 

2« Eau de bain seulement; électrodes de la même grandeur que dans 
l'expérience A et séparées à la même distance environ. R = 140 ohms. 

Ayant égard à cette épreuve de R, il ne me [wiralt pas possible de soutenir 
que le cbrps reçoit le surcroft de G, que sa présence produit. Il serait plus 
logique de supposer qu'un tel surcroit est di\ au niveau plus haut de l'eau, 
et, par suite, à une plus grande étendue sectionale du conducteur, ou à 
d'autres conditions physiques encore mal connues. Les expériences précé- 
dentes nous foiu*ni8sent les données suivantes : 

l« Le corps est à peu près la huitième partie du conducteur. 

2o Dans des conditions qui approchent le plus possible à celles du bain, 
la R, du corps = 540 ohms(r' ou dans le cas d'une immersion un peu 
moindre, disons 440 ohins. 

il)Cene-ci était la K tlans la sf^rie acluoUe d'expiTienres, niais on comprendra iju'il 
<*i<t difllcHo de garantir que les conditions soient toujours les ni»'*mes. lians fi*;ttittvs 
j*ai trouvé la R du oorps un peu plus haute, jamais plus basse. 



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RRVUB INTBRNATIONALB d'ÉLBCTROTHBRAPIB 3G9 

3° R, àfi Teau du baia dans cette expérience = 140 ohms. 

4" C, qui passe par tout le conducteur (corps et eau) = 100 milliampères. 

50 C, passant par le bain seul au même niveau, 99,4 milliampères. 

Maintenant admettons que le corps reçoit un C proportionné à sa R (1) 
relative, et en proportion aussi à sa.part du conducteur total (un huitième) ; 
et en même temps il reçoit le C indiqué par le surcroît obtenu par le conduc- 
teur composé, en sus de celui qui passe par Teau seule, 0.6 milliampère, et 
nous aurons le résultat suivant : 

T^ " tIS (^^*^' + ^'^ "" ^'^T^ + 0.() = 4. 18 + O.fi 4.78 milliampères. 

reçus par le corps plongé dans un bain bipolaire dans lesdi tes conditions; 
disons 5 % du courant lolal passant par le bain. 

Plusieurs des symptômes du bain électrique (rougeur prononcée de la 
peau, démangeaison) me paraissent hors de toute proportion au G, reçu par 
le corps; même en admettant le calcul, ordinaire, qui est beaucoup plus grand 
que le mien. Mais est-il absolument nécessaire de supposer que toutes les 
lignes de C, qui produisent ces effets entrent dans le corps ? Je sais bien 
que notre G n'est pas un courant matériel ; cependant il en a bien des 
propriétés. Sommes-nous bien fondés à dire que peut-être une grande parlio 
des lignes de force qui se heurtent contre le corps qui, pour ainsi dire, le 
bombardent, n'entrent pas mais sont arrêtées par la grande R, et passent 
autour du corps et complètent le circuit par le meilleur conducteur, Teau. 
Ge serait une hypothèse utile si elle est admissible. 



Le champ hydro-électrique. 

1 

\\, de leau du bain prise à températures diverses (par méthode Wheals- 
tone Bridge) : 

1Vinp»iratiiro. H. 



M [C) 


1()0 


:w.r, 


1»4 


30.7 


264 


•21.5 


440 



(I) Il va sans dire que la K relative do l'eau du hain et du corps variera selon la 
quaulité d'eau dans le bain ; car, plus il y aura d'eau dans le bain, moins le corps 
recevra de C. 



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370 



RBVUB INTRRNATION\LB D^ELECTROTHÉRAPIB 



ir • 

R. du bain à niveaux divers (méthode de Wheatslone Bridge) : 
Niveau de l'eau 38 c. m. avec le corps 162 ohms. 



- 30 


— 


— - 


205 


— 


- 25 


— 


sans corps • 


245 


— 


- 18 


-—■ 


— 


357 


— 


- 13 


— 


— 


510 


• — 



Dans jce cas, la baignoire avait des dimensions un peu différentes. 




FiG. 2. . 

Les lignes ponctuées sont des lignes d'équipotentiel. Toutes les autres lignes sont des 

lignes de diffusion. 

La figure 2 donne une idée générale de la distribu lion du potentiel dans 
un volume d'eau sans aucune condition perturbai rice. 



La douciie électrique. 

Il est depuis longtemps bien établi que Teau électrisée, dans le bain élec- 
trique, est le moyen le moins douFoureux d'appliquer Télectrieité au corps 
du malade. Mais Teffet utile de cette mélhodé est presque toujours dû à son 
ac\ion générale *et non localisée. La douche éleclrit}ue parait donc avtir été 
inventée pour combiner les ^avantages de la méthode éleclrp-hydrialique 
avec une localisation rigoureuse et un dosage précis; el pour administrer 
les courants labiles aussi bien que les slabiles. Celte méthode, à part quel- 
ques détails non essentiels, emploie ce que Ton appelle en hydrothérapie 
a une douche mobile ». Le bout du luyau est disposé en sorte que Teau 
électrisée puisse<»échapper eii jet ou en jets plus ou nîoins condensés. Ces 
jels, sous la pression minima deTeau, doivent rester continus à une distance 
raisonnable après avoir quitté le bec, afin de retenir leur conductibilité élec- 



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RBVUE INTERNATIONALE D BLBGTROTHBRAPIB 



371 



Irique. On aura ausçi les moyens-de régler la température et la pression. On 
peut alors placer un pôle en contact avec une partie indifférente du corps 
et l'autre seta uni au métal du becde la douche. Quajad la douche est mise 
en activité, le second pôle est appliqué au corps du sujet par le moyen de 
rêau^et pourra être concentré en un seul jet, ou distribué en plusieurs; 
Teau est ca effet la seconde électrode. J'ai lâché par des expériences directes 
de trouver quelle est la proportion du courant qui est porté par Teau, et 
combien de celle-ci entre dans le corps du sujet. Je ne puis donner ici que 
quelques expériences^ mais j'en cite assez pour. avoir une idée générale du 
' résultat obtenu. J'omets aussi les détails de l'appareil employé; je dirai seu- 
lement que, n'ayant point à ma disposition une pression permanente d'eau, 
j'ai employé pour la douche une jiempe à main ordinaire attachée à un -bec 
ou à une pomme de grandeur désignée dans les expériences, don! le bord 
libre est isolé avec du caoutchouc. J'ai employé une pile Leclanché à 
soixante-quatre éléments; un mètre à milliampères était placé dans le circuit;^ 
j'avais aussi une assez grande bobine à induction. Le sujet était assis sur 
une grande électrode attachée à l'un des pôles ; et Tartre était en contact 
avec le métal du bec ou xle la pomme ; les connections étaient établies avec 
de» fils soigneusement iso]és. Dans ces conditions, voici les résultats que 
j'ai obtenus : " 

Table A 
Eau pure à 32" centig..— Courant constant. 



^BEC 


V. K. M. 


POLE HE I.A 
DOrCHE 


DKSTANC E 
it it< an rtrfs 


COI IIANT QUI PASSE 


(1) Jot uniquo % 


75 





' 37% 


5 milliampères 


(2) ^- 


• 


- 


13 « 


15 


(:^) Pomme r> %,, 
percée à \\i trous 


. 


• 


'2i) - 


6 


(1) Jet unique 


" 


-h 


4r» % 


Défleotion par galvanom^tre 
à miroir en dehors de l'échelle. 
Probablement au moins lOO 


' 








micro-amp. 



Table B 
Eau saléei temp. 32". '— Gourant constant. 



BEC 


F. E. M. 


POLE DE LA 
DOieiIE 


DISTANCE 
i» kff ai r*r^ 


COURANT QUI PASSE 


(1) Pomme 
(2j Jet unique 


75 
40 


+ 


37 X 
45%. 


7.5 milliampères ^ 
20 



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372 



REVUE INTERNATIONALE D ELEGTROXHERAPIB 



Table C 
Eau simple, temp. 32". — Courant alternatif (faradique). 



UF.V 


K. K. M. 


l'OI.K DK LA 
I>Or« HE 


niSTANi E 
d« brr SI r»rp« 


roriLWT Qll PASSE 


(1) Poiamc 

(2) .Jot unique 


X 


- 


37 X 


Le sujet s'«^cria: - Arrt'tez ». 
Mèti-c à milliampère (A. C.) 
dans le circuit n'enregisti-a 
point. 

Bruit pi-ononcè dans lo télé- 
phone. Le sujet sentit le cou- 
rant 



J'ai plusieurs fois essayé un courant alternatif cl de Teau salée, toujours 
avec le résultai que Teffet fiït beaucoup plus fort avec Teàu salée qu'avec 
Teau ordinaire. Ces expériences me semblent prouver que Ton peut faire 
entrer réleclricilé dans le corps de l'homme au moyen de la douche éleclri- 
(|ue, si Ton emploie une force suffisante élecho -motrice, et si le jel d'eau 
e-t ctjuliuu. La table B montre que, en empltn^ant de l'eau salée, de forts 
courants peuvent être transmis à des dislances considérables avec une force 
E M très modérée. La table G prouve que, avec des courants à bobine, qui 
uni toujours une force E M relativement haute, un courant aussi fort qu'un 
sujet peut facilement supporter, est transmis à plusieurs centimètres. 

Son pi»uvoir de transmission étant donc établi, nous pouvons estimer 
sommairement ses effets probables en thérapeutique. Dans le temps de 
« l'empirisme brutal hydrothérapique », le médecin et le malade avaient 
tous les deux une peur motivée de la douclîe hydrostatique. Mais cette peur 
a cédé devant une méthode plus éclairée de l'administrer, et tout le monde 
admet maintenant que la douche a des propriétés stimulantes et altérantes. 
11 ne semble donc point déraisonnable de supposer que nous avons peut-être 
un moyen ihérapeulique très efficace dans la combinaison de la douche et de 
l'électricité. Nous croyons que cette combinaison peut être graduée dans sa^ 
température, sa force et sa durée ; et qu'ainsi elle peut être, tantôt plus douce 
que la « main éleclri([ue » du médecin, et tantôt assez forte pour devenir un 
\éii table moxa. La douche électrique est un moyen d'électrisation p-énérale 
quand on la fait acrir sur diverses parties du corps successivement ; et en 
même temps elle peut être slrictement localisée. En outre, elle prétend agir 
sur les rètlexes moteurs inhibitoires et sécréloires et produire les mêmes 
effets sur les centres nerveux et les organes glandulaires que d'autres pro- 
cédés d'excitation périphériijue électrique produisent avec plus de douleur. 
Si elle [)eut établir ces prétentions, la douche électrique voit ouvrir devant elle 
un champ d'utilité dans des cas qu'il serait facile d'indiquer. 



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REVUE INTERNATIONALE D^ÉLBCTROTHBRAPIE :i73 

TRAITEMENT DES' ANÉVRISMES PAR LtLECTROLYSE ^^^ 

Par M. R. VERHOOGEX. de Bnixellos. 



Messieurs, 

Le D' Verhoogen, adjoiul du service de M. le P*" Sliénon, à Thôpilal 
Saint- Jean de Bruxelles, nous fail la relation de deux cas d'anévrisme 
externe traités par Téleclrolyse des tumeurs vasculaires. Il s'agit, dans le 
premier cas, d'un anévrisme de Tarière temporale. La tumeur, essentielle- 
ment formée de qualre bosselures confluentes, offrait tous les signes d'un 
anévrisme réel; frémissement vibratoire, souffle syslolique, etc. Après dix 
séances d'éleclrolyse positive faite au moyen de trois aiguilles de platine 
enfoncées dans la tumeur, la durée du courant électrique étant de cinq 
minutes et son intensité de 5 milliampères, un mieux sensible se manifesta 
dans Tétat de la malade. Le frémissement vibratoire et les douleurs dispa- 
rurent, la tumeur s'affaièsa, et la guérison eût été complète si la fjatientc 
n'avait pas quitté l'hôpital avant la fin de l'expérimentation. 

Le second cas est celui d'une énorme tumeur vasculaire pour la guérison 
de laquelle le D' Verhoogen comptait instituer un traitement électrolytique 
un peu différent du premier. 

L'auteur fait suivre la relation de ces deux cas de quelques considérations 
sur l'éleclrolyse des tumeurs vasculaires proprement dites et l'électrolyse 
des tumeurs solides. 

Le pouvoir électroly tique du courant consiste à décomposer les sels du 
sing lors de son passage à travers ce liquide: le radical basique se iiégage 
au \)à\e négatif, 'tandis que le radical acide se dégage au pôle positif. C'est 
l'acide mis en liberté qui détermine la coagulation du sang. Il résulte des 
expériences intéressantes de Dujardin-Beaumetz que les caillots ainsi formés 
ont pour caractère d'être adhérents à la paroi du vaisseau et d'écarter ainsi 
tout danger d'embolie. Au fur et à mesure de leur formation, ils se super- 
posent en se tassant et finissent- par combler la poche anévrismale. 

C'est de celte manière que M. Verhoogen a procédé dans le premier cas. 
Dans le second cas qui est en cours de Iraitemen-t, il préférera s'adresser 
à la méthode dite à'élech^lyse inievsliliclle ou l'électroyse des tumeurs 
solides. Elle consiste essentiellement pour l'opérateur à faire usage d'élec- 
trodes en cuivre natif. Par l'électrolyse, les chlorures du sang en se décom-. 
posant abandonnent l'acide chlorhydrique qui se fixe sous forme d'oxy- 
chlorure de cuivre à la pointe positive. Grâce à son extrême diffusibililé, 



(l) Itapporl lu h la Soriêié do iMéchrino (VAnvois pur M. Van l.AN«iKnMii;EnM.ii, membre 
Utiilaire (juin iWK]). 



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374 REVUE INTERNATIONALE d'bLECTROTHBRAPIB 

* fc . ■■ 

grâce surtout à Tattion cataphorélique du courant, ce sel pénètre rapidement 
dans les tissus dans Taire d'une zone située autour de Taiguille; il est pour 
ainsi dire transporté à Télat naissant dans les tissus morbides où il ne peut 
manquer d'exercer une action modificatrice puissante, capable d'achever 
la résolution des tumeurs. C'est ce procédé que le D*" Gautier a mis en 
pratique avec un succès con6tant dans nombre d'hyperplasies utérines. 

Je serais heureux de connaître le résultat final de l'expérimentation du 
D"^ Verhoogen. Au reste, le dernier mot sur l^électrolyse interstitielle n'est 
pas encore dit. En ce moment, cette nouvelle méthode résolutive des tissus 
^st trop peu connue pour nous permettre de juger absolument de sa -valeur. 
Je suis fond^ toutefois à croire, tant est féconde Sii vertu thérapeutique, que 
Télectrolyse interstitielle, finira par s'imposer comme méthode de choix dans 
bien des cas de tumeurs néoplasiques que le chirurgien redoute d'énucléer 
par les méthodes classiques. • 



VARIÉTÉS 



La durée de l'excitabilité des nerfs et des muscles, après la mort, 
est bien plus grande qu'on ne le croit généralement (1). 

M. A. d'Arsonval.— Les physiologistes admettent que, chez les animaux Eupé- 
rieurs, Texcitabilité électrique du nerf disparait en moins d*une heure, et celle 
du mi\scle quelques heures après la mort. Gela est vrai quand on prend pour 
déceler cette excitabilité le raccourcissement en masse du muscle, c'est-à-dire la 
contraction visible à Toeil nu ou au myographe. 

Il y a bien longtemps que j*ai montré Tinsuffisance de ce procédé pour nous 
renseigner sur les mouvements de faible amplitude dont les muscles peuvent 
être le siège. 

En 1878, j'eus Tidée d'appliquer le microphone pour étudier les vibrations du 
muscle à Tétat actif {contraction et contracture musculaires) ainsi qu*à Tétat de 
repos (tonus musculaire, bruit rotatoire, paraly?ie musculaire). J'inventai pour 
cette étude un microphone spécial, à réglage magnétique, que j'appelai myo- 
phonct et dont j'ai décrit le principe à TAcad^mie dans une note du \h mars 1880, 
présentée en commun avec Paul Bert. 

Mon ami Boudet de Paris m'ayant manifesté le désir de faire des recherches 
cliniques au moyen de ce procédé nouveau, je lui communiquai mes premières 
expériences physiologiques qu'on trouvera résumées dans son ouvrage, paru en 
1880. Voici ce que j'avais constaté dans les expériences communiquées à Boudet : 

1<* Au myophone le muscle, contrairement à ce que montre le myographe, ne 
fusionne pas les secousses; 

2<> Il rend un son bien avant que l'excitation soit suffisante pour amener la 
contraction en masse; 

30 L'intensité du son est plus grande si le muscle est tendu par un ressort. 

(I) Acadéiriic des Sciences, séance du ïiO juin 1893. 



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HBVUB INTERNATIONALE d'kLECTROTHBRAPIB 37o 

Sur l'animal vivant : 

10 Le bruit musculaire (dû aft tonus) s'élève à mesure qu'on lend le muscle 
davantage; . . " 

2^ Il disparaît si Ton coupe le nerLmoteur ou si Ton empoisonne Tanimal par 
le curare. Il n*est pas dû à la circulation, puisqu'il persiste, après sa suppression, « 
chez la grenouille: 

M. Boudet a conûrmé.ces résultats que je lui avais communiqués verbalement. 
Il en a trouvé de nouveaux, en transportant dans la clinique ce procédé d'inves- 
tigation. ... ^ 

Au cours de ceâ recherches, j'ai re:;onnu que TexcitabiLité du nerf, interrogée 
par ce procédé, peut durer plusieurs heures après la mort. Pour le constater, il 
suffit d'attacher le tendon d'Achille^d'un cobaye ou d'un lapin à mon mjophone 
et d'exciter le nerf sciotique, à l'aiJe d'un courant iûterrompu cinquante à cent 
fois par seconde. On entend alors le muscle reudre un son plusieurs heures après 
la mort. Sur un lapin, en 1880, j'ai pu entendre ce son dix heures après la mort. 
Dans les expériences quQ j'ai répétées ces temps derniers, ^ur le lapin, le cobaye 
ou le chien, la durée.de l'excitabilité du nerf, après la mort, n'a pas dépassé trois 
heures. * 

Ces expérience^ démontrent .que le nerf peut agir sur le muscle sans qu'il y 
ait contraction apparente, mais simple vibration moléculaire. C'est ainsi que j'ai 
expliqué comment il peut se faire que la perte d'excilabilité d'un nerf moteur 
coïncide quelquefois avec la conservation de ses propriétés trophiques; tel est 
le cas, par exemple, de paralysie radiale signalé à la Société de biologie, en 
1886, par MM. Dejérine et Vulpian. 

On a également la preuve, par celte expérience, que la mort du nerf est bien 
moins rapide qu'on ne le croyait. Ces expériences viennent d'ailleurs à l'appui 
des faits de survie des tissus, constatés par M. Brown-Séquard au .moyen d'au- 
tres procédés. Quelles sont les causes qui modifient la durée de cette survie du 
nerf? C'est là une étude que je n'ai pu encore aborder. 

M. Brown-Sèquard présente les remarques suivantes sur le travail de M. d'Ar- 
sonval. 

Trois points principaux méritent d'aCtirer l'attention dans la note si importante 
de M. d'Arsonval. 

Le premier est que des muscles atteints d'une rigidité cadavérique complète 
(c'est ce qui a eu lieu lorsqu'il a constaté que des muscles se contractaient en^» 
core^ chez un lapin, dix heures après la mort) peuvent encore être le siège d'ac* 
tions motrices rythmiques. Ce fait-là n'est nonveau que par le rythme des 
contractions. J'ai^ en effet, dans plusieurs communications à l'Académie, montré 
que des muscles atteints de rigidité cadavérique se contracteot et se relâchent 
alternativement, mais d'une manière irréguUère et de deux façons distinctes : 
dans l'une, la contraction peut être exclusivement lente et ne s'accomplir qu'en 
huit, dix, quinze heures ou beaucoup plus et il en est de même de l'allongement 
qui la suit. Dans l'autre, d'extrêmement petites contractions suivies d'auséi pe- 
tits allongements ont lieu alternativement avec une lenteur très grande, car il 
n'y en a guère que de deux à huit ou dix par heure. Ces petits mouvements ne 
sont pas rythmiques et diffèrent, conséquemment^ en cela, de ceux dont M. d'Ar- 
sonval a découvert l'existence. Ils en diffèrent encore en ce qu'ils semblent se 
produire spontanément, en ce qu'ils peuvent se montrer une ou même deux se- 
maines ou encore plus longtemps après la mort.. Enfin, ils en diffèrent aussi en 



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376 RBVUB INTERNATIONALE D'kLECTROTHÉRAPIB 

ce qu*il8 ne donnenl aucun bruit au myophone et en ce que rexeilation de^ nerfs 
dans la période où ils sont encore capables d*agir ne les modifie en rien. 

Le second point principal est entièrement nouveau. Il s*agit du fait qu'un 
muscle atteint de rigidité cadavérique complète et restant (en apparence) abso- 
lument inerie ^ous l'influence des causes les plus énergiques de contraction est 
cependant capable d'actions motrices rythmiques lorsqu'on excite son nerf. 
Nous devons à M. d'Arsonval, par cette découverte, la connaissanco d'un des 
faits les plus intéressants trouvés jusqu'ici relativement à la physiologie des nerf-* 
et des muscles. 

Ive troisième point découvert par mon distingué suppléant au Collège de France 
ef t que les nerfs moteurs peuvent restés doués, bien plus longtemps qu'on ne 
croyait, après la mort, de la puissance de mettre en jeu les muscles. Pour un 
lapin, par exemple, l'excitabilité motrice dans les nerfs des membres, d'après ce 
qu'on croyait, n'existe guère que de vingt à soixante-dix minutes. Il est tiès 
certain qu'il en est ainsi lorsqu'on ne juge de l'existence de l'etcilabilité du nerf 
que par un mouvement visible, se produisant par la galvanisation do celui-ci. 
Avec le myophone de M. d'Arsooval, à la fois si simple et si délicat, le» choses; 
changent et l'oreille fait entendre ce que les yeux ne peuvent voir. Grâce à rem- 
ploi de cet ingénieux instrument, on peut maintenant constater que la durée 
de la persistance post morlem de l'excitabilité des nerfé moteurs peut être dou- 
blée, triplée, ou môme dépasser de plus de dix fois ce qu'elle est d'ordinaire. 11 
y a là, ainn que dans les faits relatifs aux muscles dont j'ai parlé, des particula- 
rités en parfaite harmonie avec les preuves si intéressantes de vie posl morlem 
que nous a signalées récemment notre éminent confrère, M. A. Gautier. 

(France médiralc.) 

Traitement du lupus par Télectro- chimie |1) 

M. Dlrodik rapporte, au nom, de M. Boisset, l'observation d'une femme de 
soixante-onze ans, chez laquelle a débuté, il y a trois ans, un lupus qui a «on 
siège à la face interne du bras gauche. 

Après avoir consulté des personnes étrangères à l'art de guérir, cette femme a 
pris l'avis de trois médecins qui ont été unanimes à conseiller une opération 
immédiate. 

Elle vint alors à l'avenue Carnot, chez notre confrère, M. Boiaset. Ce dernier, 
examinant la tumeur, la trouva de la grosseur d'un bel œuf de poule; l'ulcéra- 
tion qui la recouvrait mesurait fix centimètres de longueur, trois centimètres et 
demi en largeur et deux centimètres et demi de profondeur. Du fond des antrac- 
tiiosités s'écoulait un pus mal lié et sanguinolent, en petite quantité et san^ 
odeur bien accusée. Cette ulcération^ de mauvais aspect, reposait sur une ba<«o 
dure, ligneuse et fortement adhérente aux tissus- profonds ; l'aisselle était 
bourrée de ganglions volumineux. Avant de commencer le traitement électrique, 
notre confrère voulut voir s'il ne se trouvait pas en présence d'une gomme 
syphilitique ulcérée. Il fît donc subir à la malade un traitement antisyphiltttque 
à partir dû mois de décembre 1891 jusqu'au mois d'avril 1802. En présence de 
l'insuccès de la médication, il y renonça d'une façon absolue et, le 2 avril, il 
commença l'application des courants continus. 

L'application de l'électricité a toujours été la même depuis le début jusqu'à 



(h Sori«''h' .Mcflii'al<; «l** Itoi'<l«\mx, sô^ikt iln V^) «IrriMiilnf l^<t♦v^ 



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RBVUB INTBRNATIONALB D'ÉLECTROTHéRAPIE 377 



ce jour ; on a eu constammeDt recours au courant descendant. Le pôle positif 
est appliqué sur la tumeur; entre lui et Tulcération se trouve interposée une 
éponge ou une serviette une appliquée dans toute son épaisseur et inabibée 
d'une solution iodurée. Sur la plaie même, un tampon de gaze iodoformée trem- 
pée au préalable dans une solution très concentrée d'iodure de potassium. La 
plaque du pôle négatif est dans un ba«sin rempli d'eau chaude, dans lequel la 
malade a sa main plongée. L'action de l'électricité est basée sur la décomposi- 
tion chimique de l'iodure de potassium et sur les phénomènes de polarisation des 
tissus. En effet, sous l'influence des courants. In base se porte au pôle négatif, 
et l'acide, sous forme d'acide iodique, se porte au pôle positif. De plu«,. a lieu 
à ce dernier pôle un dégagement considérable d'iode à l'éiat naissant, lequel 
jouit d'un pouvoir microbicîde cicatrisant au premier chef. Ces faits sont aujour- 
d'hui prouvés d'une façon incontestable et résultent d'expériences entreprises 
depuis plusieurs années par MM. Onimus, Tripier, Gautier, Larat et Imbert de 
la Touche, lesquels ont toujours constaté au niveau du pôle positif, après le 
passage des courants, toutes les réactions caractéristiques de l'iode. 

Traitement commencé le 2 avril. Séances de vingt minutes : intensité de 15 à 
150 milliampères. Amélioration notable le 8 avril, mais le 12 l'aspect de la p'aie 
est mauvais et la malade a beaucoup souffert; 230 milliampères. Le 29, la tumeur 
a un peu diminué de volume. 

Jusqu'à la fin août, malgré ce traitement, état stationnair»? ; 400 milliampères. 
Le 2 feptembre, amélioration notable de la plaie ; 500 milliampères. Amélioration 
progressive jusqu'au 23 décembre La plaie est presque cicatrisée, la tumeur 
très réduite; disparition des adhérences ainsi que des tumeurs ganglionnaires 
de l'aisselle. M. Boisset attribue ces résultats à l'action de l'iode à l'état naissant 
produit par l'action électrique. 

L'examen microscopique a montré qu'il s'agissait d'un lupus. 

M. Arnozan fait remarquer que le diagnostic n'est pas positivement établi. Il 
eût fallu la présence des bacilles et Tinoculaiion. D'autre part, il existe encore 
une ulcération circulaire à base indurée qui ressemble à certaine squirrhcs 
mammaires à marche lente. 

En présence du résultat incomplet obtenu au prix d'un traitement long et 
dispendieux, M. Dbsmous estime qu'il eût mieux valu une prompte ablation. 

M. Durodib fait remarquer que la malade s'était refusée à toute opération. 
D'autre part, un autre examen histologique sera pratiqué. 

(Gazette des Hôpitaux do Toulouse.) 



Gourants musoulairas et excitabilité masculaire (1). 

M. RouxSaXj fait une communication au sujet de l'action des courants continus 
comme excitants de la contraclilité masculaire. 

Les ouvrages élémentaires de physiologie, mêmes les plus récents, définissent 
ainsi cette action : Un muscle, excité par un courant continu, ne donne de con- 
traction qu'au moment de la fermeture et de la rupture du circuit ; pondant toute 
la durée du passage du courant, il reste au repos. 

Or, cette vieille formule devrait, depuis longtemps déjà, avoir disparu de nos 
livres classiques. Il y a quarante ans que Pfliigger a reconnu qu'en ce qui con- 

(1) Société dt? iMthU'cine do Nantes. 



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378 RBVUB INTERNATIONALE d'bLE'JTROTHÉRAPIB • 

cerne Texcitalion indirecte des mu5cles, c'esl-a-dirc par rintermédiaire des nerfs 
moteurs, elle n'est pas toujours exacte, Wundt, peu de temps aprè-, a démontré 
qu*en ce qui coopcerue l'excitation directe du tissu musc ilaire lui-même, elle est 
absolument fausse. 

La vérité, la voici : 

Un muscle^xcité par l'intermédiaire de son nerfau moyen d'un courant vol ta iquo, 
moyen, donne quelquefois, pendant toute la durée dir passage du courant, ?oit 
une Férié *de secousses isolées plus ou moins irrégulières, soit même un tétanos 
assez imparfait (exp.'de Pflûgger) 

Un muscle excité directement par un courant voUaïque ne revient pas immé- 
diatement à Fa longueur primitive, après la secousse initiale qui correspond à 
la clôture du circuit, mais il reste raccourci pendant toute la durée dû passage du 
courant ;*au moment de la rupture du circui*, il s'allonge p'us ou moins brus- 
quement (exp. de Wundt). 

M. Bouxeau iniFte surtout sur les expériences de Wundt,- qui devraient êirc 
classiques en France. 

Le tétanos de Wundt est-il un phénomène constant, ou ne se produit-il que 
dans certaines conditions expérimentales? Faut-il en particulier des courants 
.très forts, comme paraissent le croire certains auteurs? Est-il nécessaire d'avoir 
affaire à des muscles très frais et très excitables? etc. 

M. Rouxcau a pratiqué quelques expériences à ce sujet sur le muscle constric- 
teur de la pince de l'écr-evisse; c'est un muscle précieux pour l'expérimèniation, 
en ce qu'il peut être facilement séparé du corps de l'animal et de la carapace, 
dans laquelle il est enfermé, le met à l'abri de la dissiccation. 

Voici ce qu'il a pu observer : 

Quelle que soit la faiblese du courant de pile excitateur, dès que celui-ci est 
asfifz fort pour provoquer une réaction du muscle, le muscle réagit par un tétanop. 

On réussit aussi bien avec des pinces amputées depuis plusieurs heures, même 
en été, qu'avec des pinces qui viennent d'être enlevées à Tanimal. 

Très souvent le tétanos, avec des intensités électriques faible», constitue la 
seule réaction du muscle excité. Quelquefois cependant il y a concurremment 
secousse, soit initiale, soit finale, au moment de la fermeture ou de l'ouverture 
du circuit; mais ces secousses Font d'ordinaire très peu accentuées. 

Enfin dans quelques circonstances rares, exceptionnelles, le tétanos semble 
avoir manqué et tout s'être borné à la secousse. 

En somme, le phénomène peut être dit constant. 

M. Rouxeau aétéen,;^agé par ses expériences personnelles à attirer l'atlcation 
de ses collègues sur un point d'éleclro- physiologie qui ne lui parait pas suffi- 
samment mis en lumière dans les livres destinés à être lus par les élèves. 

M. HBRvonET croit pouvoir formuler une objection. 

Parmi les circonstances FusceptiLles de modifier le résultat de ces expériences, 
il en est une qui mérite d'être signalée. Un muscle isolé de ses centres dans des 
recherches de laboratoires, ne peut-il pas donner les effets enregistrés par 
M. Rouxeau sans que ces mêmes effets puissent se retrouver en clinique sur un 
sujet vivant. 

M. RouxBAr répond que des résultat^ semblables ont été observés chez le vivant. 
Hemak, il y a longtemps déjà, en appliquant lei pôles d'une batterie voltaïque 
suffisamment forte sur le trajet d*uu nerf moteur, a observé, dans un certain 
nombre de cas, des contractions continues des muscles innervés, soit par le nerf 



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RBVUB INTERNATIONALE d'ÉLBCTROTHBRAPIE 379 



eicrlé, soit, Fait plus fréquQDt, par le nerf antagoniste. Ce sont là ces fameuses 
contractions galvanotonique^!, à propos desquelles on a tant écrit, mai6 que 
M. Rouxeau n'avait pas cru devoir rappeler, puisque Romak les considérait 
comme étant de nature réflexe. :; ' 

M. DiANOux afOrme que les nerfs sensitifs et les nerCs moteur?, du moins en 
ce qui concerne Tophtalmologie, ne réagissent pas de la même façon aux in- 
fluences électriques; t'est ainsi qu'un même courant continu donnera, à l'ouver- 
ture ei à la fermeture, deux phosphènes isolés,'alors qu'il impressionnera pendant 
' loule sa durée le muscle clliaire accoramodateùr. 

(Gazette dc$ Hôpitaux de Toulouse.) 



L'éclairage électri<|ue de reslomac (I). 

M. KiTTNBR a entrepris des recherches de contrôle sur 15 cadavres et 100 expé- 
riences d*éclairage sur 72.patient?, afin de résoudre cenaiues questions relatives 
à l'éclairage de l'estomac. Il s'est servi du diaphanoscope dp Eintiorn, moditié do 
manière à pouvoir régler par deux poires de caoutchouc l'entrée ot la -sortie des 
.liquides dans l'estomac, sans enlever l'i^istrument. Pour obtenir un bon éclairage 
il ne faut pas, comme le recommando Einhoro, remplir l'estomac d'une trop grande 
quantité de liquide. Les résultais des expériences sur les vivants ont donné des 
résultats absolument seùiblables à ceux qui ont été obtcnus'siir des cadavres, en 
sorte qu'on peut considérer ces résultats comme certains. 

En ce qui concerne la valeur pratique de la méthode, ou pe t la considérer 
comme très utile dans le diagnostic diftëreniiel entre la dilatation de l'estomac 
et la gastroptose. Dans l'état normal de l'euomac ou dans la dilatation, la petite 
courbure répond au diaphragme et se trouve recouverte par les organes voisins, 
le lobe gauche du foie, le duodénum, de telle sorte que la partie supérieure de 
l'estomac ne peut être éclairée, tandis que la partie inférieure se détache en clair. 
Dans la gastroptose, l'estomac tout entier étant descendu, la petite courbure no 
correspond plus au diaphragme, mais plus bas, circonstance qui permet de l'éclai- 
rer. Ce qui se pas?e pendant la respiration permet do vérifier celle hjrpothèse. 
Dans l'inspiration profonde, l'estomac normal ou dilaté doit suivre les mouve- 
ments du diaphragme et s'abaisser, tandis que dans la gastroptose on ne constate 
plus ce mouvement dû à l'inspiration. En outre, la diaphanoscopie peut être uti- 
lisée pour le diagnostic précoce des tumeurs de l'estomac. Dans un cas les troubles 
gastriques faisaient soupçonner l'existence d'un cancer sans que la percussion ni 
la palpaiion ue donnassent une certitude. L'éclairage montra une obscurité d'une 
grande partie de la paroi antérieure de l'estomac, et ce phénomène était dû, comme 
le montra plus tard l'autopsie, à un épaisissement cancéreux de la paroi stoma- 
cale. Pour que cette obscurité puisse se produire, des observations exactes ont 
montré que la paroi doit atteindre au moins 1 cent. 1/2 d'épaisseur. L'orateur a 
fait quelques démonstrations sur des patients. (Métlecinè moderne.) 



Expériences sur un supplicié. 

M. Labordb s'élève vivement contre les formalités surannées qui précèdent la 
remise à l'École pratique des suppliciés et qui lui font perdre un temps précieux. 
Il s'est manifesté dans cds derniers temp; une tendance à augmenter chez les 

(1) .Sorirté Médicale de llerliu. 



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380 RBVUB INTERNATIONALE D'èLECTROTHBRAPIB 

condamnés la répugnance pour l'autopRie. Il est profondément regrettable que 
Ton soit aussi docile aux dernières volontés d'individus que leur condamnation 
même a mis hors la loi. 

M. Fayel, professeur à l'École de Médecine de Caen, a pu récemment faire des 
expériences -sur un supplicié. Ses expériences n'ont pu commencer que douze' 
minutes après l'exécution. Le réflexe oculo-palpébral a cessé trois minutes après 
la mort. Il n'y a pas eu par le fait du choc traumatique, d'ailleurs considérable, 
une inhibition absolue des fonctions du bulbe. L'inhibition, quel que soit son rôle 
dans les phénomènes éîiologiques, n'est donc pas tout. 

Quelques minutes après l'exécution, une couronne de trépan a été appliquée 
sur le côté droit du crâne et par là on a mis au contact du cerveau de l'eau chaude. 
Les deux pôles d'une pile enfoncés alors dans le cerveau ont provoqué dans le 
côlé droit de la face des contractions violentes. Le côté gauche de la face resta 
immobile pendant cette excitation. Le tronc du nerf facial étant alors mis à nu 
on provoque des contractions des muscles innervés par ce nerf. L'excitation élec- 
trique élant appliquée sur le côté cérébral droir, c'est constamment du côté droit 
que se manifestent les contractions. 

Je crus d'abord à une erreur purement typographique, mais M. Fayel consulté 
déclara qu'il n'y avait aucune erreur. Malgré toute ma déférence pour raulorilé 
de M. Fayel, je considère ce résultat comme une erreur d'interprétation. L'exci- 
tant électrique constitue, pour l'observateur, une arme à double tranchant. Dans 
l'expérience, c'est la dissémination du courant qui constitue la source de l'erreur. 

Les observateurs ont très bien vu que du côté gauche de la face il y avait non 
seulement une contraction des muscles de la face mais une véritable contracture. 
Les contractions, à droite, très violentes, avaient complètement absorbé leur 
attention et les avaient empêchés de constater les phénomènes croisés. Dans les 
expériences faites autrefois, nous avons parfaitement constaté les phénomènes 
croisés. Nous sommes donc obligés de ne pas admettre le résultat tel qu'il a été 
interprété par M. Fayel. 

Action sur les microbes aes courants de hautes tensions 

et à alternances fréquentes (!). 

MM. d'Arsonvai, et Chahhin. — Le tube de culture dans du bouillon est placé 
dans un solénoïde de 20 lils et on fait passer le courant. L'action se Fait sentir 
surtout sur la zonepéripliérique du liquide. Si on place le liquide dans un tube en 
V on évite cet inconvénient. Ce tube témoin est bleu intense; la cuUuie en tube 
ordinaire est encore un peu bleue; celle des lubes concentriques est incolore. 



Courant alternatif de haut potentiel électro-statique (1). 

M. Leduc fait une communication sur de nouveaux courants électriques alter- 
natifs de haut poLenliel produits par des machines électrostatiques. Une feule 
électrode suflit pour donner un résultat; on peut même fixer une électrode au 
sol et rindividu s'approche simplement du champ éleclrique. Lorsqu'on est dans 
le champ magnétique on peut produire des actions électriques, par exemple, 
faire coutracLer la patte galvanique en approchant simplement le doigt de la 
pince qui maintient le nerf sans même toucher le suppoit. 

(l) SociiMé do lîiulogio, séunee du S juillet IW,L 



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REVUE INTERNATIONALE d'ÉLBCTROTHÉRAPIE 381 

Avertisseur thermo-électrique. 

Uq conslructoar, M. Tavernier, a eu récemmont une idée ua tant soit peu 
bizarre. Il a inventé un petit appareil fort ingénieux d'ailleurs qui indique par 
une sonnerie réchauffement qui peut se produire dans n'importe quelle pièce 
d'une machine, dans un milieu fermentescible comme les amas de grains, dans 
une. soute, etc. L'appareil se compose d'une petite ampoule métallique à demi 
pleine d'élher, hermétiquement fermée et dont le couvercle est plissé. Vient-il à se 
produire une élévation de température, l'éther se dilate, déplisse légèrement le 
couvercle qui vient alors se mettre en contact avec une borne et ferme un 
circuit électrique; le courant est lancé dans une sonnerie qui avertit les inté- 
ressés. 

Jusqu'ici rien de bien médical, mais écoutez la fin. L'inventeur aappris qu-'il 
y a parfois intérêt à constater le moment où la température d'un malade dépasse 
un degré déterminé afin de pouvoir intervenir aussitôt. Tel est le cas pour les 
fièvres typhoïdes qu'on baigne. Alors il a proposé d'appliquer sur le malade tout 
comme sur une pièce de machine son petit sysième. Une fois réglé et fixé dans 
l'aisselle du patient, la température arrive-t-e!le au point critique, la sonnerie 
avertit le garde qui peut accourir aussitôt. Mais il y a mieux, l'inventeur rêve 
une série de malades tous munis de leur avertisseur et tous réunis par un réseau 
de fils compliqués à un tableau indicateur placé dans la salle de garde des 
internes et qui leur sonnerait dès qu'un des malades dépasserait la température 
permise 1 Pour une idée originale c'en est bien une. Et pourtant d'ici peu nous* 
en verrons bien d'autres. On arrivera à enregistrer tout à distance, et cette idée 
qui nous parait aujourd'hui un tant ?oit peu baroque pourra bieutôl devenir un 
procédé courant... Ainsi vont les choses en électricité et on sait qu'elles vont 
vite. (Médeciixe moderne.) 



NOUVELLES- 



Association de la Presse médicale. 

RÉUNION DU 7 JUILLET J 893. 

D^x-sept membres ont assisté à cette séance que présidait M. le professeur 
Cornil. 

M. le Président, dans une communication spéciale, fait le récit, très intéressant, 
des démarches qu'il a faites pour obtenir l'adoption, par la commission de l'armée, 
de son projet de loi, qui permet aux étudiants de ne faire leur service militaire 
que lorsqu'ils «sont pouvus du diplôme de docteur en médecine. Il raconte les 
difficultés qu'il a rencontrées et qui ont amené un ajournement du projet, 

Après une discussion approfondie, la réunion décide que chaque directeur de 
journal fera ses efforts pour que la Commission de l'armée, éclairée sur les 
véritables intérêts du pays, revienne sur sa détermination. 

Le prochain dîner aura lieu après la clôture du Congrès international de Rome, 
en octobre. 



Le Propriétaire-Gérant : D' G. GAUTŒR. 



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TABLE DES MATIÈRES 



i3Tjr ttoivxe: m 



. A 

AÏUI8 et emploi de rôlerlriciti' eu 
môdeciiie 137 

Accumulateurs : emploi en* médecine 
et de la meilfeurcr manière de les 
charger 309 

Aimant (Quelques exp<5rienccs de 
physiologie faites au moyen de V)r 200 

Alternatifs < action physiologique 
des courants alternatifs à grande 
fréquence; mode de pro(iuclion et 
technique de leur emploi 321 

Alternatifs (Courants). Ul .>% 25 1, t».")? 280 

Alternatif : Courant de haut poten- 
tiel électrostatique 381) 

Alternatif : Note sur les ai)plications 
nouvelles du courant alternatif 
sinusoïdal v -^ 

Ambîyopie 214 

Anévrismes (Traitement des), par 
l'électrolyso / *. ^^3 

Appareil électrique pour le massage 
des muqueoses 288 

Association américaine d'électrothî- 
rapie 352 

Association de la presse médicale.. 101 

Auto-camluction : Xouvclle méthode 
d'électrisation des êtres vivants.. 343 

Avertisseur thermo-électri^iue . . . . ^ . 381 

. B 

Bain électrique dans les héniurrha- 

gies post-partura 340 

Bains faradiques, comme traitement 

de la morphœa alba plana .303 

Bains hydro-électriques. 328, 337, li50 365 

Bibliographie de la thérapeutique . . 217 

Bibliographie oculaire 218 

Brûlures produites en élecli*othc- 

rapie * 151 



C 

Pages - 

Cataphorés*» électrique 111 

Cataracte (Le coui*ant c<iiistant dans 
la). 237 

Cautères (électro-theruiu; 2(» 

Congrès international de gynénio- 
logie 33 

Contraclilité des vaisseaux sanguins 
(rccherclM?s microscopiques) 221 

Courants alternatifs : Effets physiolo- 
gi(iuc de l'état variable en général 
et des courants alternatifs en par- 
ticulier "iS*.^ 

Courant électrique constant, dans le 
traitement de rocclusion inlesti-* 
nale 208 

Courants : Action des courants sur 
les lissus vivants 22 

Coulants alternatifs : Influence de la 
fréquence des courants alternatifs 
sur leurs effets physiologiques .... '*i84 

Courants de moyenne et faible inten- 
sités dans les applications élec- 
triques W 

Courants musculairi b 377 



Danjrers que présente remploi do 
réloclricité * 

Dentaire: Électricité théraiiontiquo. 311 

Diagnostic en gynécologie (Dos con- 
tributions nouvelles du trailoinont 
fargdiquc et galvanique au) 67 

Diarrhée et Choléra (Élcclririlé dans 
la) , 281» 

Durée du courant gidvanîTiue vn gy- 
nécologie .*>i>3 

Dyspepsies (Coniribuiion à l'étude 
du traitement tks) 319 



^m? 



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TABLB DES MATIERES 



383 



, * E. 

P»ges 

Éclairage de l'estomac 379 

Éclairafje électrique de l'antre d'High- 

more 316 

Effluve électrique employée comme 
moyen de traileraent des prurits 

cutanés rebelles 340 

Électricité comme- agent anesthé- 

siquc 'à)l 

jSlIectricité en thérapcotlque ocu- 
laire ' 210 

Électricité : Action.de Télectricité 

sur les microbes 315 

Électricité en thérapeutique dentaire 311 

Électricité et science médicale 130' 

Électricité médicale et électriciens. . '^5 
Électricité médicale, traitement élé- 
mentaire .• IIK) 

Électricité médicale expérimentales 

et cliniques (Archives d') . . . .* 188 

Électricité en thérapeutique ocu- 
laire.. •. .• 172 

Électrisation des êtres vivants en 

auto-conduction 343 

Électrisation galvanique de la tête. . 283 

Électro-chimie - 370 et 373 

Électro-qultttre ; Nouveaux essais. . . 311 

Électrodophore 111 

Électrodes stables* : Vieilles mé- ■ 

thodes, nouveaux procédés * 103 

Électro-diagnostic (De T) * 238 

Électrodes solubles et 8 

Électro-diagnostic 25 

Électrolyse cupriquje intra-utérine.. 38 
Électrolyse et rétréci sscmentsule l'u- 
rètre 347 

Électrolyse dans les maladies du nez, 

du pharynx et du larynx 288 

Électrolyse interstitielle 2 et 132 

Électro-physiologie (Technique d'). . 03 

Électrothérapic en gynécologie 64' 

Électro-lhêrmo-cautères (Étude sur 

les) 2«;5 

Électrothérapic (Sur les brûlures 

produites en) 182 

•Estomac (Éclairage électrique de l'). 379 
Excitabilité.(La durée de V) desnerfs 
et des muscles après la mort est 
bien plus grande qu'on ne Ip croit . 

généralement : 374 

Excitabilité et courants musculaires. 377 



Fibromes de l'utérus 285 



G 

P.>ges 

Galvahocauslie interstitielle -193 

Glaucome 213 ' 

Glaucome (Le courant^constant dans 

le) 237 

Goitre exophtalmique • 215 

Goitre physique, traitement élec- 
trique. -. 108 

Grossesse ectopique (Valeur fœtici(fe 
attribuée aux coumuts galvaniques 

et faradiqnes dans la) ti(j 

Gynécologie (App1ication*dc la cula- 

phode en) Hil 

Gynécologie (Intensité et durée du 
courant galvanique en) o53 



Hémorrhagies ppst-partum (Emploi 
du bain électrique dans le traite- 
ment des) ma) 

llydrocèle : Traitement électrique. . . 168 
Hypertrophie prostaticiue (Nouveau 
traitement de 1') .* i;iî) 

I 

insomnie : Traitement électrique . : . 31U 
Intensité du courant galvanique en 
gynécologie 353 

. L 

Lupus : Traitement du lupins par 
l'électro-chimie 370 

M . 

Magnétiques : Mesure* des champs de 
' grande fréquence 343 

Jlagnétisme et somnambulisme 351 

Magnéto -électrique (Courant), dit 
courant sinusoïdal : Effets physio- 
logiques.. .. :;3l 

Massage électrique des muqueuses. . 288 

Méthodes hydro-électriques en mé- 
decine. i : .' 337 et 305 

Microbes (Action de l'électricité sur 
les) '315 

Microbes : Action des courants à 
haute tension 380 

Microbicide: Pouvoirde r4lectrolysc 
interstitielle 132 

Migraine : Du traitement des mi- 
granies et des céphalées par la 

• douche statique : 51 



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3B4 



TABLE DES MATIERES 



Pages 

Morphœaalba plana : Traitement par 
les bains faradîqucs 308 

Myoïnes (Récentes conclusions sur le 
traitement des) 2:32 

Myophone 37 4 

N 

Neurasthénie : Diverses périodes et 
leur traitement 105 

Neurasthénie (Traitement élecXrique 
delà) -216 

Neuropathoio^'ie (Applications de la 
cataphorôsc on) ltJ2 

o 

Occlusion intestinale 2i>8et 300 

Occlusion intestinale aigur 285 

Occlusion intestinale traitée par Té- 

lectricité 8t) et 1 15 

Oculaire (Ihérapeulique) 210 

OJontalgie (Traitement de T), parPé- 

lectricité statique 255 

Optique (Nerf) 210 

Outillage électrolhérapique 166 

P 

Pile : Nouvelle pile ^'alvano- cau- 
tère 113 

Pôle négatif, employé pour le déve- 
loppement de l'utérus 229 

Production de l'électricité : Nouveau 
mode 286 

Prurits cutanés rebelles 346 

Psoriasis 168 

R 

Uachitisme, pathogénie et Iraitcmcut 
par les bains hydro-électriques. 

328 et 356 

Uésistance du corps au courant gal- 
vanique (Sur les variations patho- 
logiques de la) 348 

Rétrécissements : État actuel du trai- 
tement par l'électrolyse 233 

Rétrécissement de l'urètre et électro- 
'yso 317 



S 

Salpingite : Evacuation et drainage 
obtenus par4'électricité 218 

Salpingite : Traitement de la sal- 
pingite par évacuation, du liquide, 
réalisée par la méthode électrique. 127 

Saturnisme chronique : Du traite- 
ment radical du saturnisme chro- 
nique par l'élimination du plomb 
par les urines, sous Tinfluence du 
courant constant 83 

Sciati<pie névrilique : Traitement par 
les courants continus 150 

Sécrétions et excrétions (Application 
du courant galvanique à l'examen 
des) 187 

Société Française d'Électrothérapie : 

Séance du 20 octobre 1892 65 

Séance du 17 novembre 1892 97 

Séance du 15 décembre 18î»2 . . 129 

Séance du 16 février 1893 191 

Squirrhe : Faradisation des parois 
thoraciques, après une opération 
par squirrhe 151 

Supplicié (Expériences sur, un) *^9 

Sycosis 187 



Travaux de l'Association américaine 

d'Électrothérapie 136, 161 et 225 

Tes.ta : Expériences 220 

Télautographc 317 

Téléphone (Le chant du) 318 

Téléphoné (Le médecin) 124 

Tremblement monoplégique : Trait4> 

Trémoussoir (L'abbé de St-Pierre et 

son), précurseur du D' Charcot au 

xvni" siècle 146 

Tn'Mnoussoir par les courants induits 199 
Tumeurs de la face (Traitement des 
petites), par le galvano-cautère... 131 

u 

Llcéraiîons du col de I'uu'tus et leur 
traitement 236 



Vibratoire : Médication. 



Pauis. — Imprimerie MICHELS et Fils, passage du Cairr, 8 et 10. 

U»ine A vap«ur et Ateliers, rue des Fi!les-Dicu, 8 et lo. 



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