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Full text of "Séance publique"

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ACADEMIE    D'AIX 


©©me      SEAIVOE      r»UOIL.IQUE 


Q     AVRIL     ie08 


SÉANCE     PUBLIQUE 

DK 

ACADÉMIE 

DES 

CIENCES,  AGRICIILTUBE,  ARTS 
ET    BELLES -LETTRES 

DAIX 

tenaire  de  sa  Reconstitution 


AIX-EN-rRtl  VI;  N  Cr 
PAtL    JOIUDAN,    («pniiiKiK    1.K    I. 

2i>,     Hue    Maiiiicl.    2il 


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ACADEMIE 

DES  SCIENCES,    AGRICULTURE,  ARTS  et   BELLES  -  LETTRES 

j^'é'if  (Centenaire  de  sa  Reconstitution) 

88««     SÉANCE    I^UBLIQUE 


Le  Jeudi,  9  Avril  1908,  la  quatre  -  vingt  - 
huitiènie  Séance  Publique  de  l'Académie 
d'Aix  a  été  tenue,  à  trois  heures  et  demie, 
dans  la  Salle  des  États,  à  la  Mairie. 


^^f^^r 


L'Académie  avait  spécialenienl  invité  à  celle  solennité 
SCS  membres  d'honneur,  les  associés  régionaux  et  corres- 
{>onddnts  français  et  étrangers,  les  Académies  et  Sociétés 
correspondantes  et  celles  avec  lesquelles  elle  est  en  relalion 
d^échanges  inlernationnaux. 

Étaient  présents  les  Membres  d'honneur  : 
MM.  Bclin,  recteur  honoraire  de  l'Université  d'Aix  ;  Paul 

Arbaud,  bibliophile;    Cabassol  ,    maire    d'Aix,    avocat, 

conseiller  général  ;  J.  Charles  Roux,  ancien  député. 
S'étaient  excusés  : 
MM.  Clément-Simon,  ancien   procureur  général  près  la 

Cour  d*appel  d'Aix  ;  F.  Mistral  ;  Pécoul,  ancien  diplomate  ; 

docteur  Evariste  Michel,   fondateur  du  Prix  Mignet  ;    Paul 

Revoil,  ambassadeur  de  France,  en  Espagne. 

SÉAN.    PUBL,    ACAD.  — 1908  1 


-  2  - 

titulaires  étaient  présents  : 
.ident  de  la  Chambre  des  notaires, 
.«.ddémie  ;  Soubrat,  ancien  conseiller  à  la 
^  ctppel,  président  du  Comice  agricole  ;  marquis  de 
iiantelmi  drille,  archiviste  de  TAcadétoiie  ;  Pontier,  conser- 
vateur du  Musée,  directeur  de  l'Ecole  de  Dessin  ;  de  Bresc, 
ancien  conseiller  général,  bibliothécaire  de  l'Académie  ; 
comte  A.  de  Saporta  ;  docteur  Ph.  Aude,  médecin  en  chef 
de  la  Marine,  en  retraite,  président  de  l'Académie  ;  comte 
de  Bonnecorse-Lubières,  vice-président  de  l'Académie  ; 
Bonafous,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  d'Aix  ;  Rolland, 
chanoine  titulaire  ;  Bourguet,*  avocat  à  la  Cour  d'appel  ; 
Villcvieille,  chanoine,  curé  de  Saint-Jean-Baptiste  ;  Edouard 
Aude,  conservateur  de  la  bibliothèque  Méjanes,  secrétaire 
(le  l'Académie  ;  Lucas  de  Montigny,  délégué  régional  de  la 
Croix-Rouge  ;  Lacoste,  ingénieur  ;  de  Duranti  La  Calade, 
licencié  es-lettres  ;  Michel,  ingénieur  en  chef  des  Ponts-et- 
Cbaussées  ;  Jauflret ,  avocat  à  la  Cour  d'appel  ;  Jullien, 
colonel,  en  retraite  ;  Reynaud,  directeur  des  Contributions 
directes,  en  retraite.,  secrétaire  de  l'Académie. 
.£?^icusés  pour  cause  de  santé,  de  deuil  ou  d'absence: 
MM.  Cherricr,  doyen  du  Chapitre  métropolitain,  doyen  de 
l'Académie  ;  baron  Guillibert ,  secrétaire  perpétuel  de 
t*Académie  ;  Vidal,  conservateur  honoraire  de  la  bibliothè- 
que Méjanes  ;  Marbot,  chanoine,  ancien  vicaire  général  ; 
vicomte  de  Selle,  ingénieur,  professeur  honoraire  à  l'Ecole 
centrale  des  Arts  et  Manufactures;  Fassin,  conseiller  à  la 
Cour  d'appel  ;  de  Bec;  baron  de  Tourtoulon,  ancien  prési- 
dent de  la  Société  des  langues  Romanes  ;  Aninard,  ancien 
bcMonnier  de  l'Ordre  des  avocats. 

Membres  Honoraires,  Étaient  présents  : 
MM.  Borel,  officier  en  retraite,  compositeur  de  musique  ; 

Villcvieille,  artiste  peintre. 
Excusés  :  MM.  Pison,  doyen  honoraire  de  la  Faculté  de 

droit  ;  Granier,  conseiller  honoraire  à  la  Cour  d'appel.    • 


-  3  - 

Associés  Régionaux:  Étaient  présents  : 

MM.  marquis  de  Magallon  d*Ârgens,  ancien  conseiller 
général  des  Hautes-Alpes  ;  comte  de  Mougins-Roquefort, 
docteur  en  droit  ;  l'abbé  Chaillan,  lauréat  de  l'Institut  ; 
Ferrier,  amateur  d'Art  ;  Prou-Gaillard,  ancien  directeur  de 
FAcadémie  de  Marseille  ;  Perrier,  président  de  la  Société  de 
statistique  de  Marseille  ;  Lieutaud,  président  de  la  Société 
des  amis  du  vieil  Arles  ;  Charles  Vincens,  ancien  directeur 
de  TAcadémie  de  Marseille. 

Excusés  :  MM.  Eysséric  Saint-Marcel,  ancien  magistrat, 
inspecteur  départemental  de  la  Société  d'archéologie,  à 
Sisteron  ;  Bernard,  président  à  la  Cour  d'appel  de  Dijon  ; 
Mireur,  archiviste  du  département  duVar  ;  de  Terris,  mem- 
bre de  l'Académie  de  Vaucluse  ;  Collot,  professeur  de  géo- 
logie à  la  Faculté  des  lettres  de  Dijon  ;  baron  de  Collongue, 
ministre  plénipotentiaire  de  France  ;  comte  Bernard  d'Atta- 
noux,  ancien  magistrat  ;  le  marquis  de  Ripert-Monclar, 
ministre  plénipotentiaire  de  France,  en  retraite  ;  Gamber, 
chanoine,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  de  Marseille  ;  de 
Closmadeuc;    Gaffarel,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres. 

Associés  Correspondants  :  Excusés  : 

MM.  comte  de  Jessé-Charleval,  ancien  maire  de  Marseille  ; 
JuUien,  président  honoraire  du  tribunal  civil  de  Reims; 
Zcilier,  membre  de  l'Institut  ;  baron  Hulot,  secrétaire  géné- 
ral de  la  Société  de  géographie,  à  Paris  ;  marquis  de  Ville- 
neuve-Trans,  président  de  l'Union  des  Syndicats  agricoles 
des  Alpes  et  de  la  Provence  ;  Planté,  ancien  député,  maire 
d'Orthez  (Basses-Pyrénées)  ;  Lacour-Gayet,  professeur  à 
l'Ecole  polytechnique,  à  Paris. 

Associés  Correspondants  à  l'Etranger:  Excusés: 

MM.  Amari  Carnazza,  ancien  professeur  à  l'Université  de 
Catane,  sénateur  du  royaume  d'Italie  ;  comte  de  Gubernatis, 
professeur  à  TUniversité  de  Rome;  comte  Morozzo  délia 


-  4 


Rocca,  général,  à  Turin  ;   Commandeur  Padula,  secrétaire 
générai  de  la  Société  Luigi  Gamoëns,  à  Naples. 

Les  Académies  et  les  Sociétés  correspondantes  qui  ont 
désigné  des  délégués  au  Centenaire  sont  les  suivantes  : 

Société  Historique  de  Provence:  marquis  do  Gantelmi  d'iUe, 

Annales  de  la  Société  d'Etudes  Provençales:  M.  Nicollet, 
secrétaire  général,  professeur  au  lycée  Mignet. 

Académie  de  Vaucluse  :  MM.  baron  de  Vissac,  président; 
Girard,  secrétaire  général  ;  Duprat,  bibliothécaire;  chanoine 
Rcqiiin  ;  Bonnecaze. 

Académie  des  sciences^  belles-lettres  et  arts,  de  Marseille  : 
MM.  de  Monlrichar,  directeur;  Ch.  Vincens,  ancien  direc- 
teur; Prou-Gaillard,  ancien  directeur;  E.  Perrier  ;  chanoine 
Gamber;  Masson,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences. 

Société  départementale  d'agriculture  des  Bouches-du-Rhône  : 
MM.  F.  Caire,  président  ;   Faique. 

Société  d'horticulture  et  de  botanique  des  Bouches-du- 
Rhône:  MM.  Faique  ;  Bellon,  agronome  ;   Bouat. 

« 

Comité  médical  de  Marseille  :  MM.  docteurs  d'Astros  ; 
Pluvette  ;  Bois-Teissier. 

Société  des  amis  du  vieil  Arles  :  M.  Lieutaud,  président. 

Société  d'études  scientifiques  et  archéologiques  de  Dragui- 
gnan  :  MM.  de  Bresc  ;  Mireur. 

Athénée  littéraire,  scientifique  et  artistique  de  Forcalquier  : 
MM.  de  Gantelmi  dllle  ;  de  Bresc. 

Académie  de   Toulon  :   MM.  docteur  Hagen,   président  ; 

Drageon,  secrétaire. 

Académie  deÈ  sciences  et  lettres  *de  Montpellier:  comte 
A.  de  Sa  porta. 

Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  l'Aveyron  :  M. 
OoDStans,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  d*Aix. 


-  5  — 

Société  Académiqiie  de   Boulogne-sur-Mer  :    M.   docleur 
Du  le  rire,  président. 

Société  zoologique  de  France,  à  PaiHs  :   MM.  Cheval iet  ; 
£.  JourdaD,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Marseille. 

Société   des   Archives  his longues  de  la  Sainlonge  et  de 
rAunis:  M.  Duret. 

Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar:  M.  Bouat. 

Académie  Américaine  dcS  arts  et  des  sciences  de  Boston^. 
(Massachussets)  :  Professeur  Herbert  Stall. 

Les  Académies  et  les  Sociétés  correspondantes  suivante» 
ont  exprimé  le  regret  de  ne  pouvoir  désigner  des- 
délégués, il  cause  de  la  distance  : 

Société  de  biologie  de  Paris  ; 
Société  des  antiquaires  de  Picardie  et  d'Amiens  ; 
Académie  nationale  de  Reims  ; 
Académie  des  sciences  et  belles-lettres  d'Angers  ; 
Société  industrielle  et  agricole  d'Angers  ; 
Société  des  lettres  et  des  arts  de  Pau  ; 
Société  archéologique  et  historique  du  Limousin  ; 
Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts,  de  Savoie  ; 
Académie  royale  d'archéologie  de  Belgique  ; 
Société  Belge  de  géologie  et  de  paléontologie  ; 
Académie  royale  de  Bucarest  ; 
Musée  national  de  Montevideo; 
Musée  national  de  Rio-Janeiro  ; 
Institut  Canadien  d*Ota\va  ; 

United  States  géological    and    géograpbical   survey,   de 
r Amérique  du  Nord  ; 

The  géological  Institution  oftheUniversilyd'Upsala, Suède. 
Smithsonian  Institution  de  Washington  ; 
Académie  nationale  de  Washington  ; 
Faculté  des  sciences  de  Kolorsvari,  Honprie. 


A  (1  liutiiim,  M.  Itt  i>li<iiiiiliitt  |i 

N^HItl    |ll»ir  lluaxiil'VHIll    Itl  rolIllO 

liLiiliili'ii,  it  riUiMii'^  In  mtiH*i>  a  l'i^ 
lit  rliii|ttiHii  1111  Kiiiil  iIi^)ii)mW  lim  l'io 
l'uN  iloriiifii'iiM  iiiiii^m,  l'iiHliiiut^n  I 
l^iitti.  I.i'ii  AoHiti^nili'Iuiia  \\'\i\  y  m 
llOlird  Itriii  hIIim'iiIIiiII  llik  Iniii' 
l'IiiluiiliDii  ilu«  iiiMtnhi'oit  <!.>  l'A.'iK 
A  to  lidurua  II  m  llnH,  il  lu 
tii^um'Oi  <lu  rAciiilitniia,  tu  nVo 
doulwur  Au(l<i,  pri^niiluiil  ilu  l'Arm 

(lu  HtiN  l'onfrëroH  d'Aix,  leur  a  hh 

Isniiua  : 


L'Académie  d'Aix  vous 
et  vous  remercie  de  lui  fair 
de  répondre  à  son  appel. 

Elle  fête  aujourd'hui  le  C 
titution.  C'est,  en  effet,  en 
les  plus  éminents  du  clergi 
l'université,  les  lettrés  et  It 
qui  ont  toujours  abondé 
réunirent,  au  nombre  de 
continuer,  par  une  Sociét 
des  lettres,  de  l'agriculturt 


—  7  - 

d'agriculture  fondé  en  1765.  Cette  Société  prit 
dans  la  suite  le  nom  que  nous  portons  aujour- 
d'hui :  Académie  des  sciences,  agricultuî»e,  arts  et 
belles-lettres  d'Aix. 

*'^3ïi/?^.  Le  Bureau  d'agriculture  de  1765  était  lui-même 
^^,  çrt'  la  suite  de  ces  salons  littéraires  qui  se  succédèrent 
WWe^j  à  Aix  pendant  les  XV1%  XVIP,  XVIIP  siècles,  oè* 
^'e/çEJ  défilèrent  Nostradamus,.Peyresc,  Gassendi,  Lacé- 
JeJauJ  pède,  Malherbe,  Duperrier  et  tant  d'autres  illustra- 
k^miii    tions. 

/îflieJ  L^  ville  d'Aix,  vous  le  savez,  a  eu  de  tout  temps* 
le  goût  des  lettres.*  Elle  a  donné,  en  1860,  ce  rare 
sêlki  exemple  d'une  ville  de  25.000  âmes  comptant  jus- 
5.1/  qu'à  dix  membres  de  l'Institut,  originaires  d'Aix 
an»-!  ou  sortis  de  ses  Ecoles,  qui  tous  firent  partie  de- 
«-|  notre  Compagnie  ;  c'étaient  :  Siméon  père,  Siméon 
fils,  Portalis,  Thiers,  Mignet,  Emeric-David,  Gra- 
net,  de   Forbin,  Charles  Giraud,  Jaubert. 

En  délivrant,  en  14 19,  la  bulle  d'investiture  de 
l'Université  d'Aix,  fondée  en  1 100  par  Ildefonse,  le 
pape  Alexandre  V  caractérisait  ainsi  la  ville  d'Aix  : 
Urbs  eminens,  ahundans  in  virtutibus,  aptaque  pro 
studio  gemrali. 

Mais,  Messieurs,  nous  n'avons  pas  le  temps  de 
nous  occuper  du  passé.  Il  vous  suffit  de  savoir 
que,  depuis  sa  fondation,  il  n'est  pas  une  des  gran- 
des questions  intéressant  la  Provence  qui  n'ait  été 
Fobjet  des  études  de  l'Académie  :  irrigation,  reboi- 
sement, cultures  nouvelles,  amélioration  des  ancien- 
nes, pour  l'agriculture  ;  sciences  historiques  ou 
exactes  ,  philosophie  ,  littérature  ,  beaux-arts  , 
archéologie  locale,  pour  les  autres  attributs  de 
l'Académie. 


Je  ne  saurais  entrer  dans  les  détails  de  cette 
existence  active  et  laborieuse.  La  ville  des  magis- 
tratures antiques,  la  Capitale  des  Comtes  de  Pro- 
vence, siège  de  l'Université  et  des  Cours  souve- 
raines est  consacrée  de  temps  immémorial  aux 
arts,  aux  belles  lettres  et  son  Académie  a  puissam- 
ment aidé  à  son  illustration. 

C'est  avec  un  soin  jaloux  que  notre  Compagnie 
a  créé  des  relations  avec  les  Académies  et  les 
Sociétés  savantes  de  la  France,  de  l'Europe  et  de 
l'Amérique,  qu'elle  a  établi  avec  elles  des  échan- 
ges lui  permettant  de  connaître  leurs  travaux  et 
d'en  profiter.  Cette  sorte  de  fédération  nous  a 
autorisés  à  faire  appel  à  votre  esprit  de  confrater- 
nité et  à  solliciter  l'honneur  que  vous  nous  faites 
aujourd'hui. 

Nous  saluons  donc  avec  reconnaissance  les  délé- 
gués des  Académies  de  Marseille,  du  Var,  de  Vau- 
cluse,  de  l'Hérault,  des  sociétés  d'horticulture  de 
botanique  et  d'agriculture  des  Bouches-du-Rh6ne, 
du  Comité  médical  de  Marseille,  de  la  Société  des 
archives  historiques  de  l'Aunis  et  de  la  Saintonge, 
e  des  sciences,  des   lettres   et  -des  arts  de 
:on,  de  la  Société  académique  de  Boulogne- 
r  de  la  Société  zoologique  de  France,  de  la 
d'Histoire    naturelle    de     Colmar.     Nous 
)ns  notre  confraternel  salut  aux  Compagnies 
distance  éloigne  de   nous  et  qui  ont  bien 
nous  en  exprimer  le  regret, 
s  les  quelques  heures  que  nous  vous  possè- 
nous  voudrions  pouvoir  vous  montrer  tou- 
richesses  d'Aix  au  point  de  vue  littéraire  et 
ue  ;  nous  ferons  de  notre  mieux,  afin  que 


—  9  — 

vous  disiez  à  vos  confrères  que  l'Académie  d'Aix 
est  digne  d'être  en  relation  avec  eux. 

L'Académie  et  la  ville  d'Aix  ont  toujours  été 
intimement  unies.  De  tout  temps  la  municipalité  a 
été  remplie  de  bienveillance  à  notre  égard  et  je^ 
suis  heureux  de  dire  à  son  chef,  notre  membre 
d'honneur,  combien  nous  le  remercions  de  s'asso- 
cier si  gracieusement  à  notre  fête  d'aujourd'hui. 

Le  Président  a  ensuite  invité  les  délégués  à  visiter  la 
bibliothèque  Méjanes  où  ils  ont  été  guidés  par  le  conserva- 
teur M.  Edouard  Aude,  membre  de  rAcadémio.  Les  belles 
reliures,  les  manuscrits  rares,  les  incunables  précieux,  les 
magnifiques  armoires  de  Toro  ont  fait  Tadmiration  des 
étrangers. 

On  s*est  ensuite  rendu  à  la  Cathédrale  de  Saint-Sauveur 
pour  y  voir  les  portes  sculptées  du  XVI*  siècle,  le  célèbre 
primitif,  le  Buisson  ardent,  de  Nicolas  Froment,  le  tableau 
de  Saint-Miire,  les  tapisseries  du  chœur.  L'Archevêché  est 
aussi  visité  en  détail  ;  tous  les  objets  d*art  qu'il  contient, 
tapisseries  de  Beau  vais,  tableaux,  sculptures,  etc. . .  sont  fort 
admirés. 

Au  sortir  de  l'Archevêché  des  voilures  ont  transporté  les 
Académiciens  et  leurs  ipvités  au  musée  de  peinture  où  le 
directeur,  M.  Pontier,  membre  de  l'Académie,  leur  a  signalé 
les  principales  toiles,  le  pastel  de  Latour,  les  portraits  peints 
par  Rigaud,  Largillière,  Arnulphi,  la  Thétis,  d'Ingres,  les 
collections  de  Bourguignon-Fabregoules,  de  Gueydan,  Rostan 
d*AI)ancourt,  celles  du  peintre  aixois  Granet,  le  portrait  du 
docteur  Rostan  par  Hippolytc  Flandrin,  le  tableau  d'Annibal 
Carrache  ofl'ert  par  M.  Pécoul  à  la  Ville  et  celui  de  Pierre 
B3voil,  de  Tlnstilut,  attribué  au  Musée  par  le  Ministre  des 
beaux-arts,  sur  la  demande  de  M.  Paul  Kcvoil,  son  pctil-flis, 
ainbussedeur  de  France,  eu  E'ipogne. 


—  10  — 

A  midi,  UD  banquet  de  soixante  couverts  a  été  oITort  par 

l'Académie  à  se3  invités,   ii  l'Hùtel  des  B<iins  Sc\Iiiis,  dont 

l'aveDuc  avait  été  ornée  d  ecussons  aux  .inncs  i\o  la  Ville  et 

de  faisceaux  de  drapc.iui  Iricolon^s. 

La  salle  du  banquet  garnie  do  Heurs  et  de  plantes  vertes 

offrait  1»  plus  riant  aspect.  Madame  Dulertre,  de  Boulogne, 

({uiaccompagnait  son  mari,  et  Madame  Jeanne  de  Flandreysy, 

■"■"■"- -'e  différents  ouvrages  sur  la  Provence,  avîiient  bien 

cepter  de  ss  mêler  aux  invités,  elles  ont  été  plarées 

I  Présideut,  à  la  lablo  d'honneur  où  se  trouvaient 

Haire  d'Aii,  M.  Belin,  M.Ch.Vinceus,  M.  J.  Charles- 

.  Prou -Gaillard. 

nu  du  banquet  était  orné  d'une  pbotolypie  représon- 
tel-de-Ville  d'Aix,  sièga  de  l'Académie  et  l'antique 
3  la  grande  horloge  classé  comme  monument  histori- 
les  démarches  do  l'Ariidémie,  et  ainsi  préservé  d'une 
ou  qui  le  menaçait. 

BANQUET 

.'TENAIRE    DE    l'AcADÉMIH     d'Aix-EK-PrOVEXCE 

y    avril    1908 

MENU 

Aspic  de  Foie  Gras   Lucullus 
)arnes  de  Loup  de   Roche,  Joinville 
ot  d'Agneau  glacé  Dt^Tiidoff  au  Xérès 
ne    de  Pintadons  aux   Fleurons  de   Gelée 

Chapon  de   Houdan  Truffés 

Primeurs  de   Provence,   Moscovite 

Pièce  Glacée    Mireille 

Dessert 

VINS 
ont  en  Carafes,  Haut  Sauterne,  Saint- Julien 
Champagne  de  Veslud  Frappé 
Café -liqueurs 


-  Il  - 

Pendant  le  repas  une  nolice  et  un  sonnet  du  Secréliriro 
perpétuel  ont  été  distribués  aux  assistants.  Ils  portaient  en 
tète  une  phototypie  représentant  la  statue  du  roi  René,  sur  la 
fontaine  du  Cours  d'Aix. 

NOTICE 

Notre  compagnie  académique,  approuvée  par 
l'Assemblée  générale  des  Communes  de  Provence 
de  1764,*  confirmée  par  arrêt  du  Conseil  du  roi  du 
30  janvier  1765,  a  été  constituée  définitivement 
en  1777,  sous  le  titre  de  Société  d'Agriculture  de 
Provence.  Supprimée  par  la  Révolution,  elle  fut 
reconstituée  en  1808  avec  le  nom  de  Société  des 
Amis  des  Sciences,  des  Lettres,  de  l'Agriculture  et  des 
Arts,  d'Aix. 

Par  ordonnance  royale  du  5  avril  1829,  le  Con- 
seil d'Etat  entendu,  elle  a  été  reconnue  et  autori- 
sée à  prendre  le  titre  âJ Académie,  Ses  statuts  et 
règlements  modifiés  depuis,  ont  été  soumis  au 
Conseil  d'Etat  et  approuvés  par  décret  présidentiel 
du  19  août  1882. 

Sous  son  titre  à' Académie  des  Sciences,  Agricul- 
ture, Arts  et  BelleS'Lettres  d'Aix,  elle  a  reçu  d'impor- 
tantes fondations  de  Prix  de  vertu  et  de  Prix 
littéraire  légalement  reconnus  et  sanctionnés  par 
l'autorité  supérieure. 

Les  Prix  de  vertu  sont  annuels  : 

i*^  Le  prix  Rambot  de  545  fr.  ; 

2^  Le  prix  Rey nier ,  fractionné,  de  1,000  fr.  ; 

y  Les  prix  Irma  Moreau,  21  pensions  ouvrières 
de  200  fr.  chacune  : 


—  \^  — 

En  outre,  plusieurs  legs  soumis  à  des  usufruits 
et  non  encore  liquidés,  de  Mesdemoiselles  Irma 
Moreau,  Roslan  d  Ahancourt  et  Rayon,  constituent 
un  capital  d'environ  75.000  francs,  dont  les  inté- 
rêts seront  distribués  également  en  prix  de  vertu 
annuels. 

Les  Prix  littéraires  sont  attribués,  les  deux  pre- 
miers tous  les  cinq  ans  : 

1°  Prix  ThierSy  fondé  par  Mademoiselle  Dosne, 
3,000  francs,  indivisibles  ; 

2^  Prix  Mignety  fondé  par  M.  le  Docteur  Eva- 
riste  Michel,  3.000  francs,  indivisibles  ; 

Le  3*  Prix,  fondé  par  les  héritiers  du  poète  For- 
tuné Pin,  est  bisannuel  ;  il  consiste  en  une  Violette 
d'Or, 

L'Académie  ouvre  aussi  des  concours  sur  des 
sujets  divers,  dont  les  prix  consistent  en  diverses 
médailles  dues,  les  principales,  à  la  générosité  de 
la  Ville  et  du  Conseil  Général. 

Elle  a  organisé  dans  sa  bibliothèque  et  ses 
archives  un  Fonds  de  Malte  destiné  à  recueillir  tous 
documents  relatifs  à  l'illustre  Ordre  de  Malte,  qui 
fut  institué  par  un  provençal. 

De  1809  à  ce  jour,  l'Académie  a  publié  : 
Quatre-vingt-sept  Bulletins  de  Séance  publique  ; 
Et  dix-neuf  volumes  de  Mémoires. 


- J3  - 

f 

SONNET 

L'amour  de  la  terre  natale 
Vibre  au  cœur  de  ses  fils  bien  nés. 
Rendons  hommage  à  nos  aînés 
De  fière  race  provençale. 

Aix  demeure  la  capitale 
Des  esprits  délicats,  ornés 
Qui,  sous  nos  princes  couronnés. 
Illustraient  la  ville  comtale. 

Des  lettres,  du  droit  et  des  arts 
Flottent  au  ciel  les  étendards  ; 
L'Académie  en  a  la  garde. 

Depuis  un  siècle,  avec  faveur 
Le  monde  savant  la  regarde, 
Debout,  à  ce  poste  d'honneur. 

B°"     GUILLIBERT 
Sec.  ppel 

Au  Champagne,  le  docteur  Aude,  président,  a  porté  le  (oast 
suivant: 

Messieurs, 

Il  y  a  plus  de  2000  ans  un  illustre  Romain, 
perclus  de  rhumatisme  sans  doute,  chauve  assuré- 
ment, Sextius  Calvinus,  s'arrêta  en  ces  lieux  même 
où  nous  sommes,  trouva  des  eaux  thermales,  se 
baigna,  guérit  et,  par  reconnaissance,  fonda  la  ville 
d'Aquae-Sextiae. 

En  vous  recevant  dans  le  berceau,  aux  sources 
de  la  ville  d'Aix,  c'est  le  cas  de  le  dire,  nous  ne 


-  u  — 

voulons  pas  vous  soumettre  à  un  traitement  hydro- 
thérapique;  mais  vider  avec  vous  une  coupe  de 
Champagne,  en  Thonneur  de  votre  bienvenue 
parmi  nous. 

Je  voudrais  pouvoir,  dès  à  présent,  vous  donner 
rendez-vous  pour  le  Bicentenaire  de  TAcadémie, 
mais  il  est  certain  que,  malgré  les  progrès  de  la 
longévité  humaine ,  nous  manquerions  tous  à 
l'appel,  aussi  dois-je  me  borner  à  souhaiter  d'y  être 
remplacés  par  nos  arrière  petits-fils. 

Le  grand-père  de  Tun  de  nous  a  été  Tun  des 
rénovateurs  de  l'Académie  en  1808  ;  son  père  fut 
membre  d'honneur  ;  il  siège  aujourd'hui  avec  son 
fils.  Voilà  donc  quatre  générations  pour  un  siècle 
et,  puisque  les  Académies  sont  une  famille,  espé- 
rons que  les  mêmes  noms  résonneront  ici  en  Tan 
de  grâce  2008. 

Merci,  Messieurs,  encore  une  fois  d'être  venus  à 
nous.  Je  lève  mon  verre  à  votre  santé  à  tous,  à  la 
prospérité  des  Académies  et  des  Sociétés  que  vous 
représentez.  Je  bois  aussi  à  la  safité  de  notre  cher 
maire  d'Aix,  toujours  à  côté  de  nous  dans  nos 
fêtes,  à  celle  de  la  presse  Aixoise,  toujours  sympa- 
thique et  dévouée  à  notre  Compagnie. 

A  votre  santé,  Messieurs. 
M.  Cabassol,  maire  d'Âix,  a  pris  ensuite  la  parole  et  a  dit  : 

Messieurs, 

Le  très  estimé  et  affectionné  Président  de  l'Aca- 
démie vient  de  rendre  à  nos  hôtes,  un  hommage 
reconnaissant.  Je  vous  demande  la  permission  de 


—  1o  — 

lexir  souhaiter  à  mon  tour,  au  nom  de  la  munici- 
palité et  de  la  population  aixoise,  la  plus  cordiale 
bienvenue,  dans  la  vieille  capitale  de  la  Provence. 
Nul,  ici,  ne  méconnait  Tintérêt,  non  seulement 
scientifique  et  littéraire,  mais  moral  aussi,  et  local, 
qui  s'attache  à  une  pareille  réunion  ;  et,  pour  ma 
part,  j'éprouve  un  sentiment  de  profontie  et  flatteuse 
satisfaction  de  pouvoir,  pendant  quelques  heures, 
goûter  le  charme  d'une  compagnie  telle  que  la  vôtre. 

Et  maintenant.  Messieurs,  laissez-moi  porter 
mes  regards  à  nos  côtés,  et  chercher  ceux  qui 
sont  les  actuels  et  généreux  ouvriers  de  l'œuvre 
que  nous  célébrons,  dont  chaque  jour,  je  vois  et 
et  apprécie  les  inlassables  efforts  ;  je  veux  dire  les 
membres  de  l'Académie  d'Aix.  Ils  m'ont  fait,  Mes- 
sieurs, le  très  grand  honneur  immérité,  de  m'ac- 
cueillir  il  y  a  quelques  mois,  dans  leurs  rangs.  Je 
suis  tout  heureux  d'avoir  l'occasion  solennelle  de 
leur  dire  ma  gratitude  et  de  proclamer  publique- 
ment le  dévouement  et  l'intelligence  qu'ils  prodi- 
guent pour  conserver  à  leur  grande  et  féconde 
Institution,  ses  traditions  de  science,  de  distinction, 
d'amour  des  arts,  et  ses  principes  de  haute  mora- 
lité sociale. 

Messieurs,  aux  membres  de  l'Académie  d'Aix. 

SI.  de  Bonnecorsc,  vice-présidQDt,  a  porté  le  toast  suivant 
aux  membres  d^hooneur  de  l'Académie: 

Messieurs, 

J'ai  à  m 'acquitter  au  nom  de  l'Académie  d'un  très 
agréable  devoir.  Notre  règlement  prévoit  la  nomi- 
jïation  de  dix  membres  d'honneur  pris  «  parmi  les 


—  1G  - 

personnages    éraincnts,  soit    par  les  places  qu'ils 
occupent,  soit  par  leurs  qualités  ou  leur  situation.» 
Je  vous  propose  Messieurs,  de  porter  la  santé 
des   membres   d'honneur  de   notre  Académie. 

Je  porterai  d'abord  la  santé  de  M.  ClémentSimon, 
leur  doyen.  M.  Clément  Simon,  qui  a  quitté  depuis 
longtemps  la  Provence,  mais  qui  n'en  garde  pas 
moins,  ainsi  qu'il  voulait  bien  nous  l'écrire,  un 
souvenir  très  cher  de  la  ville  d'Aix  et  de  notre 
Société  à  laquelle  il  ne  manque  jamais  de  faire  tenir 
ses  remarquables  travaux  historiques. 

C'est  ensuite  M.  le  recteur  Belin  dont  il  con-  . 
vient  de  porter  la  santé  :  M.  le  recteur  Belin  bien 
connu  de  vous  tous  qui,  non  content- de  diriger 
avec  maitrise  l'antique  Université  de  Provence  s'en 
est  fait  l'historien  consciencieux  et  érudit,  M.  le 
recteur  Belin  que  nous  avons  tant  de  plaisir  à  voir 
suivre  nos  séances  hebdomadaires  où  sa  parole 
aimable  et  diserte  est  écoutée  avec  empressement. 
M.  Paul  Arbaud,  dont  le  nom  rappelle  si  bien 
es  grands  collectionneurs  et  les  grands  savants 
jui  illustrèrent  notre  ville  aux  siècles  passés,  que 
:'est  presque  une  banalité  d'évoquer  leur  souve- 
lir  en  parlant  de  lui. 

Frédéric  Mistral,  dont  je  ne  pourrais  bien  parler 
[u'en  provençal  dans  cette  capitale  de  la  Provence, 
lux  bords  des  sources  chaudes  de  Sextius,  le  consul, 
|ui  nous  rattache  aux  lettres  latines,  au  milieu  de 
"■DUS,  messieurs  de  Marseille,  fils  de  la  Grèce  har- 
nonieuse,  Frédéric  Mistral,  âme  vivante  et  chan- 
ante  de  la  Provence. 

Levons  maintenant  notre  verre  en  l'honneur  du 
nagistrat    municipal    qui    nous    reçoit   avec   taqt 


-  17  - 

d'exquise  bonne  grâce  et  qui  est  si  jaloux  de  ce 
qui  peut  rehausser  le  prestige  de  la  cité. 

M.  Pécoul,  grand  collectionneur  et  auteur  d'art, 
toujours  prêt  à  encourager  de  ses  largesses  les 
oeuvres  de  Tesprit  et  du  beau,  surtout  lorsqu'elle!? 
se  rattachent  à  la  Provence  et  au  passé  glorieux 
de  rOrdre  de  Malte. 

M.  Jules-Charles  Roux,  qui  se  repose  de  l'absor- 
bant souci  des  grandes  affaires  par  Tétude  des  pro- 
blèmes économiques  et  par  l'étude  plus  attrayante 
de  l'art  Provençal  qu'il  sait  glorifier  partout  où  il 
en  retrouve  les  traces. 

M.  le  docteur  Evariste  Michel;  qui  honore  de 
façon  si  magnifique  le  grand  nom  de  son  oncle 
Mignet,  et  à  l'influence  duquel  nous  devons  pour 
une  bonne  part  la  fondation  du  prix  Thiers  qu'il 
a  si  généreusement  accompagné  d'un  prix  Mignet. 

M.  Paul  Révoil  enfin,  fils  et  petit-fils  de  mem- 
bres de  notre  Compagnie,  qui  met  au  service  de  la 
France  ses  rares  aptitudes,  son  intelligence  et  son 
cœur  et  trouve  le  temps  de  se  souvenir  de  nous  et 
de  sa  chère  Provence. 

Cette  rapide  énumération  de  ceux  qui,  pour 
employer  la  formule  de  notre  règlement,  sont  émi- 
nents  par  «  les  places  qu'ils  occupent  ou  leurs 
qualités  personnelles  »  nous  remet  en  mémoire  la 
fière  devise  d'une  famille  Provençale,  les  Gautier 
d'Aiguines  ; 

Mai  d'OuDOur  que  d'Ounour 
Plus  d'honneur  que  d'honneurs 

Permettez,  Messieurs,  que  je  l'applique  à  nos 
membres  d'honneur  et  qu'en  votre  nom  je   leur 

SÉAT».  PCBL.  ACAD. — 1908  2 


—  u;  - 

porsonnajics   L-mincnts.  soit    p. 
occupent,  soit  par  leurs  qualité- 

Je  vous  pioposc  Messieurs.  . 
des   membres   J 'honneur  de   n\-. 

Je  porterai  d'abord  In  sanfé  de  > 
leur  doyen.  M.  Clément  Simon.  <.] 
longtemps  la  l'ruvence,  mais  qu 
moins,  ainsi   qu'il   voulait  bien  i. 
souvenir  trOs   cher   de   la  ville   d  . 
Société  à  laquelle  il  ne  manque  jani; 
SCS  remarquables  travaux  historique 

Cest  ensuite  M.  le  recteur  Bclii 
vient  de  porter  la  santé  :  M.  le  recl 
connu  de  vous  tous  qui,  non  conti 
avec  maitrise  l'antique  Université  de  i 
est   fait  l'historien   consciencieux  et 
recteur  Belin  que  nous  avons  tant  de  j 
suivre    nos  séances  hebdomadaires   (■ 
aimable  et  diserte  est  écoutée  avec  em* 

M.  Paul  Arbaud.  dont  le  nom  rapp' 
les  grands  collectionneurs  et  les  gran 
qui  illustrèrent  notre  ville  aux  siècles 
c'est  presque  une  banalité  d'évoquer  1 
nir  en  parlant  de  lui. 

Frédéric  Mistral,  dont  je  ne  pourraiî 


—  18  -  " 

dirse  :  si  justifiées  que  soient  les  hautes  fonctions 
que  vous  avez  occupées,  les  distinctions  dont  vous 
êtes  revêtus,  TAcadémie  pense  avec  raison  que 
vous  lui  apportez  plus  d'honneur  au  singulier  que 
d'honneurs  au  pluriel  et  elle  vous  en  remercie. 


M.  Bclin,  membre  d^honneur,  a  répondu  : 

Messieurs, 

Notre  très  distingué  et  très  aimable  vice-prési- 
dent a  tenu,  dans  le  discours  que  nous  venons  tous 
d'applaudir,  à  porter  la  santé  des  membres  d'hon- 
neur de  notre  Académie  ;  la  louange  est  toujours 
douce  au  cœur  de  l'homme  ;  et,  au  nom  de  mes 
confrères,  j'adresse  à  M.  de  Bonnecorse  mes  remer- 
ciements les  plus  chaleureux  et  les  plus  sincères  ; 
mais,  qu'il  me  permette  de  le  lui  dire  en  toute  sin- 
cérité, il  nous  a  presque  accablés  sous  l'éloge,  et 
nous  ne  méritons  pas  pareil  excès. 

Ce  n'est  pas  nous  qui  honorons  l'Académie,  c'est 
l'Académie  qui  nous  honore.  Nous  n'ajoutons  point 
un  nouveau  lustre  à  sa  gloire,  comme  disaient  nos 
pères,  et  nous  ne  rehaussons  point  son  renom  ; 
mais  c'est  elle  qui  donne  de  l'éclat  à  la  situation 
que  nous  occupons  et  qui  .met  en  pleine  lumière 
les  services  que  nous  pouvons  rendre  ailleurs.  Il  y 
a  plus  ;  à  ceux  à  qui  il  est  donné  d'habiter  Aix  le 
titre  qu'elle  leur  confère  apporte  un  avantage  sin- 
gulièrement précieux  ;  il  leur  permet  de  prendre 
part  à  ses  travaux,  de  vivre  de  sa  vie  et  de  s'instruire 
encore,  en  écoutant  les  communications  si  inté- 
ressantes et  si  variées  qui  emplissent  ses  séances. 


—  19  — 

Je    veux   donc    à   mon    tour,  car  je    suis   son 
obligé,  lever  mon  verre  en  son  honneur  et  for- 
mer pour  elle  un  simple  souhait  :  Qu'elle  conti- 
nue,  comme  elle  Ta  toujours  fait,  à  remplir  sans 
se   lasser  la  haute  mission  qu'elle  s'est  depuis  sa 
fondation  assignée  ;  qu'elle  apprenne  aux  jeunes, 
qui  demain  nous  remplaceront,  à  mieux   connaî- 
tre, à  mieux  chérir  cette  antique,  illustre  et  mer- 
veilleuse   terre  de   Provence    ;  cette    noble    cité 
d'Aix  si  captivante,  qui  a  été  durant  tant  d'années 
la  luxueuse  capitale    de  la  Province,    et   qui   est 
restée  un  de  ses  plus  purs  joyaux  ;  et  qu'elle  ensei- 
gne à  nos  fils,  par  son  exemple,  à  ne  jamais  sépa- 
rer, dans  leurs  recherches  et  dans  leurs  travaux, 
l'amour  de  la  petite  patrie  de  l'amour  de  la  grande, 
de  l'amour  de  notre  glorieux  pays  de  France  !  A, 
notre  vénérable  et  toujours  jeune  Académie  d'Aix. 


M.  J.  Charles-Roux,  a  ensuite  la  parole  et,  dans  uce 
éloquente  et  chaude  iroprovîsaiioD,  il  a  fait  ressortir  Tavan-r 
tage,  pour  les  Académies  de  province  à  se  fédérer,  à  se 
réunir  souvent,  à  vivre  enfin  d'une  vie  commune. 


M.  Ch.  Yincens,  de  l'Académie  de  Marseille,  appuie  la 
thèse  de  M.  J.  Ch.  Roux,  avec  de  nouveaux  arguments  pleins 
de  justesse. 


Le  marquis  de  Gantelme  d'Ille  porte  en  ces  termes,  un 
toast  en  Thonneur  des  Académies  et  Sociétés  correspondantes 
de  TAcadémie  d'Aix  que  réloignement  n'a  pas  permis 
d'assister  au  Centenaire  : 


-  20  - 


Messieurs, 

L*Académie  d'Aix  est  une  grande  famille  dont 
les  membres  et  les  correspondants  sont  répandus 
sur  tous  les  points  du  globe.  Ils  maintiennent  ainsi 
le  renom  de  Tantique  capitale  de  la  Provence. 
Leurs  travaux  font  honneur  à  notre  Compagnie 
et  nous  retirons  grand  profit  des  échanges  que 
nous  faisons  avec  les  plus  importantes  sociétés 
savantes  du  monde. 

C*est  grâce  à  nos  correspondants  que  de  cordia- 
les relations  s'entretiennent  avec  les  Académies 
dont  nous  recevons  de  superbes  publications 
comme  celles  de  la  Smithsonian  Institution  et  de 
la  Geological  Survey  de  Washington,  de  TAgricul- 
tural  Society  de  l'Ohio,  de  TAcadémie  de  Chicago, 
de  celle  de  Boston,  qui  a  bien  voulu  déléguer  un  de 
ses  membres  à  la  cérémonie  de  ce  jour  ;  de  llnsti- 
tut  Canadien  d'Ottawa,  de  la  Société  Scientifique  • 
Antonio  Alzate,  de  Mexico,  de  l'Université  de 
Buenos-Ayres  ;  de  l'Observatoire  National  et  du 
Musée  national  de  Rio-de- Janeiro  et  de  celui  de 
Montevideo,  de  la  Société  Scientifique  de  Santiago 
de  Chili,  des  Académies,  Universités  ou  Sociétés 
savantes  de  Moscou,  de  Christiania,  de  Stockholm, 
de  Gostborgs  et  d'Uppsala  en  Suéde,  de  Claudio- 
poli  en  Hongrie,  de  Bucarest,  de  Vienne,  de 
Munich,  de  Neufchâteletde  Genève,  des  Académies 
<le  notre  Alsace-Lorraine  :  de  Metz  et  de  Colmar 
«dont  nous  saluons    ici  le  délégué,  des  Académies 


-  21  - 

d'Anvers,  de  Bruxelles, *  de  Turin,  de  Milan,. de 
Florence  et  de  Naples,  de  toutes  ces  brillantes 
cités  d'Italie,  berceau  du  bon  goût  et  des  arts 
avec  les  représentants  desquelles  nous  entrete- 
nons de  si  cordiaux  et  fréquents  rapports. 

Qui  n*a  gardé  le  souvenir  du  passage  à  Aix  et 
des  belles  réceptions  qufe  ménagea  à  nos  délégués 
à  Florence  et  à  Rome  le  comte  de  Gubernatis,  le 
f ondateurde  la  société  Helleno-Latine  ?  C'est  là  que 
nous  pûmes  fraterniser  avec  le  professeur  Gava- 
nescùl,  de  TUniversité  de  Jassy.  Saluons  aussi  le 
général  Morrozzo  délia  Rocca,  l'historien  conscien- 
cieux et  précis  des  fastes  communs  aux  proven- 
çaux et  aux  italiens  du  XIII®  siècle  ;  le  Comman- 
deur Portai,  le  Sénateur  Carnazza  -  Amari ,  le 
.Commandeur  Padula  qui  représenta  l'an  dernier 
notre  Compagnie  au  cinquantenaire  de  l'Institut 
royal  d'encouragement  de  Naples  et  qui  a  tenu  à  se 
faire,  à  son  tour,  représenter  à  notre  commémora-  . 
tion  ;  le  professeur  Zùccaro  qui  releva  les  traces 
des  Colonies  provençales  de  la  Basilicate,  et  le 
savant  académicien  Adriani  aujourd'hui  le  Doyen 
de  notre  Compagnie. 

Trop  de  nos  correspondants  ont  dû  nous  expri- 
mer leurs  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la  fête 
de  notre  Centenaire.  Si  nous  sommes  particuliè- 
rement reconnaissants  à  ceux  qui  ont  eu  l'amabi- 
lité de  répondre  à  notre  appel,  notre  pensée  et 
notre  souvenir  doivent  se  porter,  en  ce  moment, 
vers  nos  collègues  qu'une  trop  grande  distance  a 
tenus  éloignés  du  foyer  familial. 

Je  leur  adresse  un  salut  fraternel  au  nom  de 
l'Académie    d'Aix. 


99    

Le  docteur  Dulerire,  président  de  la  Société  Académique 
de  BouIogne-sur-Mer,  dit  ensuite  : 

Messieurs, 

La  société  Académique  de  Boulogne-sur-Mer 
qui  a  bien  voulu  me  désigner  pour  transmettre  à 
votre  Société  ses  vœux  de  prospérité,  à  l'occasion 
des  fêtes  du  centenaire  de  sa  reconstitution,  est 
une  Société  relativement  encore  jeune.  Elle  a  48  ans 
d'existence.  Elle  a  atteint  Tâge  canonique  qui  lui 
permettrait  d'être  au  service  d'un  ministre  du  culte. 
Elle  ne  peut  donc  plus  décemment  se  livrer  à  la 
coquetterie  et  si  elle  a  bien  voulu  accepter  aujour- 
d'hui votre  aimable  invitation  c'est  uniquement 
pour  montrer  à  sa  vénérable  aïeule  tout  l'intérêt 
qu'elle  lui  porte,  au  moment  où  elle  atteint  l'âgé 
toujours  respectable  de  100  ans. 

Nous  autres  Boulonnais  qui  descendons  de  ces 
gaulois  que  César  appelait  extremi  hominum  Morini 
et  qui  habitons  en  effet  à  l'autre  extrémité  de  notre 
belle  France,  nous  poursuivons,  malgré  la  distance 
qui  nous  sépare,  le  même  but  que  vous.  Comme 
vous,  nous  cherchons  en  étudiant  notre  histoire 
locale,  histoire  pour  ainsi  dire  de  notre  clocher 
et  de  notre  comté,  en  faisant  connaître  notre  patois, 
les  particularités  de  nos  mœurs,  nous  cherchons 
dis-je  à  spécifier  le  caractéristique  de  notre  région. 

Nous  apportons  ainsi  chacun  notre  pierre  à 
l'édifice  national.  Nous  travaillons  tous  deux 

Mit  bem  und  Hand 
per  vaterland 

avec  le  cœur,  avec  la  main  pour  notre  patrie,  la 
France. 


-  23  - 

Depuis  longtemps  nous  avons,  échangé  nos 
publications  avec  les  publications  de  votre  Acadé- 
mie des  sciences,  agriculture,  arts  et  belles  lettres 
et  c'est  toujours  avec  intérêt  que  nous  lisons  les 
travaux  qui  nous  font  connaître  la  métropole  fon- 
dée par  Sextius  Calvinus  auprès  de  ces  sources 
que  chanta  plus  tard  Sidoine  Appollinaire. 

Aussi  est-ce  de  tout  cœur  que  je  suis  venu  au 
nom  de  la  société  Académique  de  Boulogne-sur- 
Mer,  vous  souhaiter  comme  on  le  dit  chez  nous  à 
la  mode  anglaise  :  May  happy  return  of  this  day, 
un  grand  nombre  d'heureux  retours  de  ce  jour, 
j'y  ajouterai  ce  vœu  des  arabes  : 

Allah  iatik  kouli  kheir 
Que  Dieu  vous  comble  de  tous  ses  biens. 


M.  Bouat,  Secrétaire  de  rAcadémie  universitaire  d*Aix, 
délégué  de  la  Société  d'Histoire  natarelle  de  Colmar, 
^'exprime  après  en  ces  termes  : 


Messieurs, 

La  Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar  m'a  fait 
le  grand  honneur  de  me  charger  de  la  représenter 
Jt  la  célébration  du  Centenaire  de  votre  Académie. 
Bien  que  très  ému  à  la  pensée  de  ne  pas  remplir 
comme  il  convient  la  mission  qui  m'est  confiée, 
d*être  auprès  de  vous  l'interprète  fidèle  des  senti- 
ments de  mes  compatriotes,  j'ai  accepté,  certain  de 
trouver  ici  l'accueil  sympathique   et  bienveillant 


—  24  — 

que  vous  réservez  à  vos  confrères  de  France  et 
que  méritent,  je  crois,  d'autant  plus  ceux,  qui  per- 
sistent à  montrer  en  toute  occasion,  d^uis  près 
de  40  ans,  qu'ils  restent  toujours  attachés  à  leur 
ancienne  patrie.  Il  est  vrai  que  l'un  des  plus  illus- 
tres parmi  vous,  Mignet,  a  dit  :  «  Les  sciences  ne  sont 
d'aucun  pays,  elles  appartiennent  au  monde  entier, 
ceux  qui  les  cultivent  ne  sont  pas  séparés  entre  eux 
par  les  frontières  des  Etats.  »  Mais  ce  n'est  pas  seu- 
lement, vous  le  savez,  pour  des  motifs  d'ordre 
scientifique  que  mes  compatriotes  ont  tenu  à  répon- 
dre à  votre  gracieuse  invitation  ;  une  fois  de  plus, 
ils  ont  voulu,  par  leur  adhésion  à  cette  solennité, 
donner  une  preuve  de  la  fidélité  de  leur  souvenir 
au  passé.  En  1808,  au  moment  de  votre  reconstitu- 
tion, ils  étaient,  pour  vous,  des  confrères  français. 

La  valeur  de  vos  travaux  est  connue  et  je  ne 
vous  surprendrai  pas  en  vous  disant  qu'on  s'inté- 
resse, à  Colmar,  à  vos  études  ;  qu'on  en  suit  même 
avec  un  réel  profit  les  résultats  consignés  dans  vos 
Mémoires,  Il  m'a  été  donné  d'en  avoir  la  preuve 
en  quelque  sorte  évidente,  palpable  en  feuilletant 
moi-même,  au  mois  d'août  dernier,  dans  la  biblio- 
thèque du  Muséum  de  Colmar,  la  collection  des 
Mémoires  de  V Académie  d'Aix,  les  pages  du  plus 
grand  nombre  de  ces  volumes  étaient  coupées  : 
elles  avaient  donc  été  lues.  Nous  espérons,  de  notre 
côté,  qu'un  même  intérêt  continuera  à  s'attacher  à 
nos  Bulletins,  bien  que  les  exigences  protocolaires 
actuelles  en  aient  fait  hélas,  partiellement  bannir  le 
français  depuis  quelques  années.  Est-il  besoin  de  rap- 
peler ici  qu'ils  contiennent,  entre  autre  travaux  re- 
.marquables,  ceux  de  J.  A.  Hirn,  l'auteur  de  la 
théorie  mécanique  de  la  chaleur  ?   Si  les  adeptes 


—  So- 
dé la  sciences  s'entendent  malgré  la  différence 
des  langues,  comme  l'a  dit  encore  Mignet,  ne 
doivent-ils  pas  bien  mieux  se  comprendre  quand 
le  cœur  et  la  raison,  mus  chez  eux  par  un  même 
sentiment,  vont  à  un  même  but  ? 

Aussi  suis-je  heureux,  Messieurs,  de  vous  appor- 
ter rassurance  que  des  liens  étroits,  nous  voulons 
les  croire  indissolubles,  attachent  notre  Compagnie 
à  la  vôtre  et,  au  nom  de  la  société  alsacienne  que 
je  représente  ici,  je  fais  des  vœux  pour  la  prospé- 
rité de  la  vaillante  et  toujours  jeune  centenaire 
provençale  dont  vous  fêtez  aujourd'hui  la  renais- 
sance. 

Puis,  tour  à  lour,  le  baron  de  Vissac,  pour  TAcadémie  de 
Yaucluse,  M.  Caire,  pour  la  Société  d'agriculture  de  Mar- 
seille, M.  Prou-Gaillard,  au  nom  des  Associés  régionaux, 
M.  Falque,  pour  la  Société  d'horticnllitre  de  Marseille, 
M.  Chalelet,  pour  la  Société  zoologique  de  France,  M. 
Constans,  pour  l'Académie  de  Rodez,  M.  Drajeon,  pour  celle 
de  Toulon,  ont  remercié  l'Académie  d'Aix  de  son  invitation 
et  bu  à  sa  prospérité. 

Enfin  le  Comte  de  Mougins-Roqueforl  donne  la  note  gaie  et 
rallie  tons  les  suffrages  en  proposant  de  célébrer  le  Cente- 
naire de  l'Académie,  non  pas  tous  les  cent  ans,  ce  qui,  dit-il. 
est  banal,  mais, comme  celui  de  Jean  Althen,  dans  la  cantate 
Vauclusienne,  au  moins  tous  les  vingt  ans. 

Pendant  les  toasts,  ainsi  clôturés,  des  tambourinaires, 
venus  sur  l'inspiration  de  M.  de  Bresc,  ont  souligné  par  de 
joyeuses  aubades  et  des  airs  Provençaux,  les  paroles  des 
divers  orateurs. 


Sceipce  Publique 


-$■*<- 


A  3  b.  1|2  la  SéciDCC  publique  était  ouverte,  à  la  Mairie, 
dans  la  salle  des  Etats,  devant  plus  de  400  assistants,  aux 
premiers  rangs  desquels  S.  G.  M»^  l'Archevêque  d'Aix  et  scm 
vicaire  général,  M.  le  Recteur  de  TAcadémie  Universitaire,  et 
plusieurs  Officiers  supérieurs  de  la  garnison.  Puis  on  remar- 
quait des  personnalités  de  la  magistrature,  du  barreau,  du 
haut  enseignement,  un  grand  nombre  de  dames  et  de  jeunes 
filles,  les  lauréats  des  prix  de  verlu  et  des  pensions  ouvrières 
Irma  Moreau,  accompagnés  de  leurs  enfants,  de  leursparents 
et  de  leurs  amis. 

S'étaient  excusés  :  MM,  le  Premier  Président  de  la  Cour 
d'Appel,  le  député  Baron,  le  Général  Commandant  d'Armes, 
le  Sous-Préfet  de  rarrondissemeut,  le  Président  du  Tribunal 
de  Commerce,  et  M.  Delpech,  professeur  à  l'Ecole  de  droit. 

La  famille  de  Mignet  était  représentée  par  Mesdames 
François  Michel  et  Jauffret,  M.  Jauffret,  avocat  à  la  Cour 
d'appel,  st^s  nièces  et  neveu. 

31.  le  Proviseur  du  lycée  Mignet  cl  une  délégation  d*éicvcs 
étaient  présents. 


—  28  — 


Voici  le  programme  des  lectures 


^rograinme  des  5Seaiures 


i**  Discours  d'ouverture  :  Mignet,  par  M.  le 
docteur  Aude,  président  ; 

2""  La  Provence  chez  elle,  dans  les  musées  en 
France  et  à  lIEtranger,  par  M.  J.  Charles 
Roux  ; 


y  Sonnet  Provençal  à  F,  Mistral,  par  le  baron 

GUILLIBERT  ; 


4**  Rapport  sur  les  Prix  de  vertu  Rambot  et 
Reynier,  et  les  Pensions  ouvrières  Irma 
Moreau,  par  M.  E.  Lacoste. 


M.  le  docteur  Aude,  prtmdent,  ouvre  la  séance  et  prononce 
le  discours  suivant  : 


*' 


SIIGNET   (1797   j-  18 


MIGNET 


Mesdames, 
Messieurs, 


L'Académie  d*Aix,  depuis  sa  Reconstitution  que 
nous  fêtons  aujourd'hui,  a  compté  dans  ses  rangs 
des  hommes  éminents  dans  toutes  les  branches  de 
Tesprit  humain. 

L'un  des  plus  illustres,  l'historien  Mignet,  mérite 
à  tous  égards,  Thonneur  de  cette  Séance  publique. 

Presque  nés  ensemble,  l'Académie  et  Mignet 
ont  parcouru,  de  l'aurore  au  déclin,  ce  XIX''  siècle 
où  Mignet  traçait  dans  l'Histoire  un  si  profond 
sillon,  tandis  que  l'Académie,  par  ses  travaux 
d'archéologie  locale,  sa  contribution  à  l'avance- 
ment des  sciences,  au  progrès  de  l'agriculture,  son 
culte  éclairé  des  arts  et  des  belles-lettres,  justifiait 
son  titre,  méritant  une  place  distinguée  parmi 
les  Sociétés  Savantes. 


-  30  — 

Dans  les  deux  classes  de  Tlnstitut,  qui  se  Tétaient 
attaché,  Mignet  vivait  au  milieu  de  ses  égaux  par 
le  talent  et  la  célébrité  :  Talleyrand,  Lamartine, 
Berryer, Victor  Hugo,  Cousin,  Augustin  et  Amédée 
Thierry.  Il  était  de  cet  aréopage  d*hommes  d*Etat, 
de  philosophes,  de  poètes,  d'orateurs,  d'historiens, 
qui  ont  la  grande  mission  de  gouverner  nos  affaires, 
de  diriger  nos  esprits,  en  les  charmant,  de  servir 
«de  modèle  aux  générations  futures. 

La  légitime  satisfaction  d'être  mêlé  à  ses  pairs 
ne  lui  faisait  pas  oublier  les  compagnons  de  ses 
premières  études,  les  amis  d'enfance  qu'il  retrouvait 
parmi  nous.  Les  noms  étaient  moins  sonores,  mais 
plus  près  de  son  cœur.  C'étaient  Manuel,  Alphonse 
Rabbe,  Peisse,  Borély,  Aude,  Mottet,  Defougères, 
Rouchon-Guigues,  Tavernier. 

A  rinstitut,  comme  à  Aix,  Mignet  avait  encore 
des  compatriotes  :  Siméon  père  et  fils,  Portalis, 
Jaubert,  Emeric-David,  Granet,  de  Forbin,  Charles 
Giraud,  Thiers,  enfin,  son  plus  intime  ami. 

•L'éloge  de  Mignet  a  été  officiellement  prononcé, 
à  l'Académie  Française  par  Victor  Duruy,  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  Morales  et  Pplitiques,  par  Jules 
Simon.  D  eminents  écrivains  ont  rappelé  ses  tra- 
vaux, son  rôle  passager  dans  la  politique,  la  grande 
autorité  acquise  par  le  talent,  le  caractère,  la  vie 
pure,  désintéressée  d'un  homme  qui  n'eut  que  des 
panégyristes,  pas  un  seul  détracteur. 

Il  semble  qu'après  eux  toute  voix  doit  se  taire. 
Mais  l'Académie  d'Aix  serait  oublieuse  et  ingrate 
si  elle  n'apportait  à  Mignet  son  tribut  de  recon- 
naissance pour  le  lustre  qu'elle  en  a  reçu,  si  elle  ne 
rappelait  à  ses  concitoyens  la  place  conquise  dans 


-  31   - 

les  lettres,  dans  la  société  d*élite,  où  il  a  vécu,  par 
cet  historien  philosophe,  ce  patriote,  ce  sage  qui 
fut  une  gloire  de  son  temps,  et  conserva  toujours 
pour  sa  ville  natale  le  plus  fidèle  attachement. 

L'Académie  a  pensé  que  les  liens  d'amitié 
inaltérée  de  mon  Père  et  de  Mignet,  ceux  qui 
m'unissent  pour  toujours  à  sa  famille,  et  le 
souvenir  de  la  bienveillance  constante,  qu'il  me 
fit  rhonneur  de  m'accorder,  me  désignaient  pour 
vous  parler  de  notre  confrère. 


Sans  scruter,  d'après  la  méthode  moderne,  les 
moindres  détails  de  la  vie  de  Mignet,  le  cadre 
Aîxois  est  surtout  celui  dans  lequel  il  nous  plaira 
de  le  voir,  où  il  nous  apparaît  dans  une  lumière 
plus  douce,  se  reposant  de  ses  labeurs,  tout  à  la 
joie  de  vivre  au  milieu  de  sa  famille,  de  ses  amis, 
de  respirer  les  senteurs  du  pays  natal,  d'y  repren- 
dre de  nouvelles  forces. pour  accroitre  l'héritage 
dont  nous  sommes  si  fiers. 

Il  nous  plaira  aussi  de  rappeler,  fût  ce  briève- 
ment, les  beaux  travaux  qui  lui  valurent  sa  grande 
notoriété. 

Le  père  de  Mignet,  Vendéen  d'origine,  dixième 
enfant  d'un  notaire  peu  fortuné  de  la  Chapelle- 
Saint  -  Laurent,  dût  embrasser  une  profession 
manuelle.  Il  choisit  celle  de  serrurier,  fit  le  tour  de 
France  avec  les  Compagnons,  se  fixa  à  Aix  où  il 
s'allia  avec  la  famille  Nègre,  d'ancienne  et  bonne 
bourgeoisie.  Il  acquit  l'immeuble  n*"  44  de  la  rue 
Bellegarde  et  s'y  établit.  La  rue  a  pris  le  nom  de 
Mignet,  la  maison  a  reçu  une  plaque  de  marbre 


Q9    

*  —    Om    — 

indiquant  la  date  de  la  naissance,  le  8  mai   1796, 
d'Alexis-François- Auguste  Mignet. 

Ses  premières  années  s'écoulèrent  dans  ce 
quartier  populeux  et  dans  une  bastide  située  au 
point  culminant  de  la  montée  Saint-Eutrope,  où  sa 
famille  possédait  une  terre  plantée  d'oliviers  et 
d'amandiers,  là  où  s'élève  aujourd'hui  la  villa 
Mignet,  pieusement  bâtie,  à  la  mémoire  de  son 
oncle,  par  le  Docteur  Evariste  Michel,  membre 
d'honneur  de  l'Académie. 

Le  Collège  Bourbon  était  alors  le  seul  établisse- 
ment Universitaire  d'Aix.  Mignet  entra  de  bonne 
heure  dans  cette  maison,  devenue  le  lycée  Mignet  ; 
il  y  reçut  les  premiers  principes  dans  l'art  de  bien 
dire,  où  il  devait  exceller. 

A  cette  époque  des  inspecteurs  généraux  parcou- 
raient la  France  avec  la  mission  de  rechercher 
les  jeunes  gens  heureusement  doués,  aptes  à  deve- 
nir, par  une  instruction  plus  solide,  des  hommes 
utiles  au  Pays.  Us  furent  frappés,  à  Aix,  de  la  pré- 
cocité de  Mignet,  de  la  maturité  de  son  esprit 
déjà  pondéré,  réfléchi,  du  jugement  droit,  de 
l'application  à  l'étude  de  cet  enfant  à  la  physio- 
nomie intelligente,  ouverte  et  douce.  Les  inspec- 
teurs le  désignèrent  pour  l'obtention  d'une  bourse 
au  lycée  d'Avignon  ou  Mignet,  admis  en  i8io, 
termina  ses  études  avec  éclat,  cueillit  toutes  les 
couronnes  et  demeura  une  année  encore,  chargé 
de  donner  des  leçons  d'histoire  dans  ce  même 
établissement  où  il  était  écolier  la  veille.  Mignet 
avait  conquis,  au  lycée,  le  grade  de  sergent- 
major,  il  pouvait  entrer  dans  l'armée  avec  ses 
galons,  mais  il  céda  aux  sollicitations  de  sa  mère 


-  33  - 

et  revint  à  Aix,  en  1815,   pour  suivre  les  cours 
de  l'Ecole  de  droit. 

La  ville  d'Aix  a  subi  bien  des  transformations 
depuis  son  origine,  mais  elle  a  toujours  conservé, 
avec   un   soin  jaloux,  les  goûts  et  les  traditions 
reçus  de  ses  fondateurs.  Premier  Etat  des  Gaules, 
Métropole  de  la  Province,  Aix,  a  dit  M.  Charles 
Brun,  était  un  centre  intellectuel,  déjà  florissant,  à 
1  époque  de  l'Empire  Romain.  Sous  les  Comtes  de 
Provence,  les  Cours  d'Amour,  plus  tard  l'Univer- 
sité, le  Parlement,  la  Cour  d' Appela  les  Facultés  de 
l'enseignement  supérieur  incrustèrent  à  Aix  une 
^orte    d'atmosphère    artistique,   littéraire,    scienti- 
fique,  qui  imprégnait  la  population  entière  et  la 
consolait  de  n'être  pas  une  ville  commerçante  et 
industrielle.  Mignet  subit  cette  influence.  Il  entra  à 
l'Ecole  de  droit,  non  pour  le  droit  lui-même,  qui 
conduit  à  tout  ou  à  rien,  ainsi  qu'on  Ta  dit,  mais 
avec   la   volonté    de     s'instruire,    de    poursuivre 
surtout  les  études  historiques  qui  le  captivaient. 

•  Au  despotisme  de  la  Révolution,  à  celui  du 
Césarisme,  avait  succédé,  en  France,  la  passion  du 
libéralisme.  La  jeunesse  de  181 5,  découragée  par 
nos  revers  militaires,  ne  rêvait  plus  la  gloire  des 
armes.  «  Les  enfants  sortis  du  collège,  dit  A.  de 
Musset,  ne  voyant  plus  ni  sabres,  ni  cuirasses,  ni 
fantassins,  ni  cavaliers,  demandèrent  où  étaient 
leurs  pères  ;  on  leur  répondit  que  la  guerre  était 
finie  et  que  César  était  mort  :^. 

Il  fallait  cependant  un  aliment  à  leur  ardeur, 
un  objectif  à  leurs  espérances,  un  but  à  leur 
ambition,  et  le  nouveau  régime  semblait,  à  son 
origine,  autoriser  la  discussion  de  ses  actes.  Il 
ouvrait,  avec  Decazes   et   Richelieu,   une   ère  de 

SÉAÎÎ.  PUBL.  ACAD. — 1908  3 


-  3i  — 

liberté  limitée,  mais  inconnue  jusque  là  ;  il  effaçait 
enfin  cette  parole  de  Napoléon  à  Portalis  :  «  Il  faut 
être  tout  à  moi  et  tout  faire  pour  moi.  » 

Mignet  était  de  son  temps  ;  il  le  devint  plus 
encore  au  milieu  de  ses  camarades  et  entra  dans 
une  sorte  de  cénacle,  formé  par  Télite  de  TEcole 
de»droit,  et  qui  avait  à  sa  tête  Adolphe  Thiers, 
récemment  sorti  du  lycée  de  Marseille. 

Thiers  et  Mignet  furent  dès  lors  inséparables. 
Le  nom  de  Thiers  appelle  celui  de  Mignet,  celui 
de  Mignet  fait  penser  à  Thiers.  Ces  deux  étudiants, 
frères,  par  le  talent  et  les  opinions,  le  devinrent 
pour  toujours  par  le  cœur.  Leur  amitié  est 
devenue  légendaire,  comme  celle  d'Euryàle  et  de 
Nisus,  celle  de  la  Boëtie  et  de  Montaigne.  Ils 
.eussent, pu  dire,  comme  l'auteur  des  Essais  : 

Nos  àmev  oûl  dharrié  si  uniement  ensemble  I 
■^Nous  estions  à  moytié  de  tout  ! 

S'il  y  avait  entre  Thiers  et  .Mignet  une  concor^ 
?dance  complète  de  goût  pour  Tétude,  des  vues 
semblables  sur  les  qiiestions  politiques,  sociales, 
économiques,  les  appréciations  littéraires,  il  exis-- 
tait  dans  leur  caractère,  leurs  aspirations,  leur 
ambition,  et  même  dans  leur  constitution  physique, 
<ies  différences  qui  ne  les  séparèrent  jamais.  Thiers 
^était  vif,  ardent,  débordant  d'esprit  et  de  feu. 
Mignet  réfléchi,  concentré,  grave  ;  Thiers  rêvait 
déjà  d'être  ministre  et  disait  :  «  Nous  le  serons  :»  ; 
Mignet  songeait  à  devenir  écrivain,  historien,  à 
goûter  les  pures  jouissances  des  lettres,  sans 
songer  aux  profits  et  aux  honneurs.  Ils  ont  franchi 
tous  deux  la  limite  entrevue  :  Thiers  a  été  chef 


I 


-  35  - 

d*Etat,  il  a  libéré  le  territoire  de  sa  Patrie  ;  Mignet 
a  illustré  pendant  plus  d'un  demi-siècle  TÂcadémie 
Française,  l'Académie  des  Sciences  Morales  et 
Politiques. 

A    Aix,   leurs   délassements    et    leurs    travaux 
étaient     communs.    La    Bibliothèque   Méjanes    a 
marqué  par  une  inscription  la  place  oii  Mignet 
et    Thiers    venaient    tous    les    jours    consacrer 
de     longues     heures    à    Tétude.     Tandis     qu'en 
1818  et   1821   Thiers   était  couronné  par  l'Aca- 
démie   d'Aix,     Mignet    concourait    à    celle    de 
Nîmes.   Son  éloge  de  Charles  VII  emportait  les 
suffrages  «  par  son    style    correct,    vif,  brillant, 
toujours  à  la  hauteur   de    son  sujet  :^,  disait  le 
rapporteur  qui  ajoutait  :  «  Tauteur  s'y  distingue 
par  beaucoup  d'érudition,  des  réflexions  philoso- 
phiques  dans  lesquelles  on  remarque   autant  de 
justesse  que   d'énergie.    Cet   ouvrage    décèle   un 
talent  très  distingué,  propre  à  honorer  la  carrière 
que  l'auteur  doit  parcourir.  » 

Mignet  adressa,  en  1822,  à  l'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles- Lettres,  un  Mémoire  sur  la 
Féodalité,  les  Institutions  de  saint  Louis  et 
l'influence  de  la  législation  de  ce  prince.  Le  prix 
fut  partagé  entre  Mignet  et  Beugnot. 

Ces  succès  affirmaient  sa  vocation.  Après  avoir 
subi  la  thèse  de  licencié  en  droit,  abordé  le 
barreau,  Mignet  partit  pour  Paris,  en  1821,  empor- 
tant pour  tout  viatique  quelques  lettres  de  recom- 
mandation et  la  volonté  de  réussir.  Thiers  le  rejoi- 
gnit peu  après.  Mignet  laissait  derrière  lui  sa 
mère  et  ses  sœurs  qu'il  aimait  tendrement,  mais  il 
partait  avec  l'intention  de  revenir  chaque  année 
auprès  d'elles.  Il  n'y  manqua  jamais. 


\ 


—  30  -^ 


Le  23  décembre  1821,  peu  après  son  arrivée 
à  Paris,  Thiers  écrivait  à  Tun  de  ses  amis  d'Aix  : 
«  Je  n'ai  pas  trop  à  me  plaindre  de  mon  voyage  ; 
les  choses  n'ont  point  été  mal  du  tout.  Cependant 
il  ne  faut  pas  se  figurer  que  ce  soit  ici  le  pays  de 
Cocagne.  Il  faut  courir,  s'agiter,  avoir  beaucoup 
d'assurance  et  surtout  faire  espérer  d'être  utile, 
car  on  ne  vous  accueille  qu'à  ce  prix.   » 

Mignet  eût  pu  contresigner  ces  lignes  ;  elles 
étaient  écrites  sur  «  la  petite  table  noire,  mal 
affermie  sur  ses  pieds  »  qui,  avec  deux  chaises, 
composait  l'ameublement  du  cabinet  où  travaillaient 
les  deux  frères  provençaux,  ainsi  qu'on  les  appe- 
lait, dans  leur  logement  du  quatrième  étage,  au 
fond  du  passage  Montesquieu.  Pauvreté,  rêves, 
espérances,  tout  était  en  commun. 

Mignet,  avec  l'appui  de  Manuel,  ne  tarda  pas 
à  entrer  à  la  rédaction  du  Courrier  Français.  Ses 
articles  sur  la  politique  étrangère  furent  très 
appréciés  par  Talleyrand  qui  l'attira  chez  lui. 
Admis  aussi  dans  les  salons  des  libéraux,  il  plut 
par  sa  distinction  native,  l'élégance  de  sa  personne, 
par  son  visage  régulier,  un  peu  sévère  et  pensif, 
fait  pour  le  buste  et  la  médaille.  Henri  Heine,  qui 
l'admirait  beaucoup,  l'appelait  le  beau  et  bon 
Mignet.  Il  plut  .surtout  par  sa  parole  réservée,  la 
sûreté  de  son  jugement,  la  sincérité  de  ses  convic- 
tions. 

Au  Courrier  Français,  où  il  demeura  pendant 
dix  ans,  chez  Talleyrand,  Royer-Collard,  La 
Fayette,  Jacques  Laffite,  Mignet  rencontrait  les 
célébrités  politiques-  opposées  au  Gouvernement  : 


-  37  - 

Je  Duc  de  la  Rochefoucault-Liancourt,  le  Général 
Fo}%  Armand  Carrel,  Casimir-Périer,  Daunou, 
le  Comte  de  Flahaut,  Benjamin  Constant.  11  y 
trouvait  les  illustrations  littéraires  :  Villemain, 
Edgard  Quinet,  Michelet,  Cousin,  Vitet,  Augustin 
Thierry,  le  chansonnier  Béranger;  son  meilleur 
ami,  après  Thiers. 

Mignet  s'engagea  résolument  dans  le  courant 
libéral  du  siècle,  tout  en  préférant  encore  l'histoire 
à  la  pohtique.  Il  conçut  la  pensée  d'écrire  l'Histoire 
de  la  France,  depuis  la  réunion  des  Etats  Généraux 
de  178Q  jusqu'à  la  chute  de  Napoléon.  Il  vivait  au 
milieu  des  principaux  acteurs  de  la  Révolution,  se 
documenta  auprès  de  Talleyrand,  La  Fayette, 
Exelmans,  Daunou,  Rœdérer,  Lakanal,  le  Général 
Miollis  son  voisin  de  campagne,  à  Aix. 

Après  deux  années  de  préparation  il  vint  s'enfer- 
mer pendant  quatre  mois  de  l'été  de  1823,  à 
Romégas,  propriété  de  famille,  distante  d'Aix  de 
quelques  kilomètres  et,  dans  cet  asile  qu'il  affec- 
tionnait, il  écrivit  V  Histoire  de  la  Révolution 
Française  depuis  ij8^  jusqu'à  1814.  Elle  parut 
en  1824. 

En  quelques  centaines  de  pages  Mignet  a  tracé 
un  tableau  saisissant  des  différentes  phases  de  la 
Révolution,  la  présentant,  non  comme  une  convul- 
sion anarchique,  mais  comme  la  conséquence 
logique  de  l'Histoire. 

La  maturité  de  l'esprit,  la  hauteur  du  jugement, 
la  généralisation  si  claire  dans  laquelle  Mignet 
a  toujours  excellé,  la  précision  et  la  beauté  du 
langage  fixèrent  pour  toujours  la  réputation  de  ce 
jeune  écrivain  de  27  ans.  L'Histoire  de  la  Révo- 


1 


-  38  - 

lution  a  été  souvent  réimprimée,  une  nouvelle 
édition  est  en  ce  moment  sous  presse  ;  elle  a  été 
traduite  dans  toutes  les  langues. 

Pendant  les  hivers  de  1823  et  de  1824,  Mignet 
donna  des  conférences  à  l'Athénée,  une  Sorbonne 
indépendante,  illustrée  par  les  leçons  de  La  Harpe, 
de  Chénier,  Garât,  Lavoisier,  Magendie.  Sous  la 
Restauration,  T Athénée  était  devenue,  avec  Benja- 
min Constant,  le  centre  de  l'opposition  libérale. 
Le  théâtre  était  très  en  vue,  l'enseignement 
brillant  ;  les  savants  et  les  gens  du  monde  s'y 
donnaient  rendez-vous,  Mignet  débuta  comme 
professeur.  «  J'ai  encore  présentes  à  l'esprit,  dit 
Sainte-Beuve,  les  premières  leçons  de  l'Athénée 
dans  lesquelles  Mignet  aborda  le  XVI*  siècle  et  la 

Réforme Le   jeune   historien   parlait   de   la 

journée  de  la  Saint-Barthélémy  et  des  causes  qui 
l'avaient  préparée.  Dès  les  premiers  mots  de  la 
lecture  l'auditoire  tout  entier  était  conquis  ;  chacun 
se  sentait  saisi  d'un  intérêt  sérieux  et  sous 
l'impression  de  cette  parole  qui  grave,  de  cet  accent 
qui  creuse.  La  prononciation,  quelque  peu  hautaine, 
et  ce  début,  empreint  d'autorité,  redoublaient 
encore  leur  effet,  en  sortant  d'une  jeunesse  si 
pleine  d'éclat  et  presque  souriante  de  grâce.  Ce 
jeune  homme,  à  la  physionomie  aimable  et  à 
l'élégante  chevelure,  offrait  à  la  fois  quelque  chose 
d'austère  et  de  cultivé,  un  mélange  de  réflexion  et 
de  candeur.  Chaque  trait  de  talent  et  de  pensée 
était  vivement  saisi  au  passage.  Cette  leçon  sur 
la  Saint-Barthélémy  fut  si  goûtée  des  assistants 
que  les  absents  supplièrent  M.  Mignet  de  la  répé- 
ter en  leur  faveur  ;  il  la  recommença  la  semaine 
suivante  devant  une  assemblée  deux  fois  plus 
nombreuse.  » 


-39- 

Mignet  avait  eu  comme  protecteur,  dès  son 
arrivée  à  Paris,  notre  compatriote,  le  député 
Manuel,  qui,  jusqu'en  1812,  avait  occupé  la  pre- 
mière place  au  barreau  d'Aix.  Manuel,  libéral 
ardent,  ennemi  de  Tabsolutisme,  avait  été  expulsé 
de  la  Chambre  des  Députés.  11  mourut  à  Maisons, 
chez  M.  Laffite,  le  20  août  1827.  Ses  obsèques 
furent  l'occasion  d'une  importante  manifestation,. 
conduite  par  Laffite,.  Thiers,.  Mignet,^  Béranger  qui 
avait  dit  de  Manuel  : 

Bras,  téta,  cœur,  tout  est  peuple  en  luM 

L'autorité  voulut  empêcher,  les  étudiants  de 
porter  à  bras  le  cercueil;  on  faillit  en  venir  aux 
mains.  Les  journaux  du  pouvoir,  dénaturant  la 
dignité  des  funérailles,  disaient  que  les  tombeaux 
étaient  devenus  des  tribunes  aux  harangues. 
Mignet,  de  concert  avec  ses  amis,  écrivit  :  La 
relation  historiqtie  des  obsèques  de.  M.  Manuel,  député 
de  la  Vetîdée,  Il  raconta  fidèlement  les  faits,  mais 
se  permit  certains  commentaires,  employa  quelques 
expressions  vives  et  dit  enfin  que  l'expulsion  de 
t  Manuel  avait  été  la  plus  criante  injustice  qui  ait 

jamais  frappé  de  nullité  une  Assemblée  délibé- 
rante. Mignet  fût  déféré  aux  Tribunaux.  Lafayette, 
Laffite  et  de  Schonen  voulurent  partager  la  respon- 
sabité  de  l'écrit  incriminé.  Ce  procès  fameux,  qui 
passionna  tout  Paris,  fut  jugé  le  19  septem- 
bre 1827.  Le  Ministère  public  requit  contre  Mignet 
une  condamnation  à  deux  mois  de  prison  et 
2.000  francs  d'amende.  Dans  un  discours  remar- 
quable par  l'élévation  de  la  pensée.  Ta  fermeté  du 
langage,  l'accusé  ne  rétracta  rien,  ne  regretta  rien, 
il  se  défendit  en  attaquant.   Ce  discours  produisit 


—  40  -    . 

sur  Tauditoire  une  profonde  impression.  Le  Minis- 
tère public  voulut  écarter  des  débats  Laffite, 
Lafayette  et  de  Schonen,  entrés  au  procès, 
disait-il,  pour  protéger  Mignet  de  leur  .présence  ; 
«  M.  Mignet  ne  cherche  aucune  protection,  s'écria 
M*  Mauguin,  son  défenseur,  il  se  protège  lui-même 
par  son  haut  talent  et  par  une  réputation  déjà 
faite  à  Fheure  où  les  autres  la  commencent  ». 

Mignet,  son  libraire  et  son  imprimeur  furent 
acquittés. 

Après  son  procès,  Mignet  ne  désarma  pas. 
A  Tarrivée  de  Polignac  aux  affaires,  en  1829,  il 
fonda  avec  Thiers  et  Armand  Carrel  Le  National, 
organe  de  combat,  dont  le  premier  numéro  parut 
le  3  janvier   1830. 

C'est  de  l'Histoire,  et  non  de  la  politique, 
proscrite  à  juste  titre  de  cette  enceinte,  que  de 
constater  la  prépondérante  influence  du  Naiiofial 
sur  les  événements  de  Juillet  1830.  Ce  journal 
publia  la  célèbre  protestation  contre  les  Ordon- 
nances, rédigée  par  Mignet  et  Thiers,  signée  par 
eux,  Armand  Carrel,  Charles  de  Rémusat,  Pierre 
Leroux,  Barthélémy  Saint-Hilaire,  Nestor  Roque- 
plan.  Tous  risquaient  leur  vie.  Un  mandat  d'amener 
fut  lancé  contre  eux  mais,  le  lendemain,  un 
nouveau  Gouvernement  prenait  la  direction  des 
affaires. 

Après  la  victoire,  Mignet  pouvait  aspirer  aux 
plus  hautes  fonctions  de  l'Etat.  Résolument  il  ne 
voulut  rien  être.  Il  avait  fait  de  la  politique  de 
conviction,  celle  que  la  générosité  et  l'ardeur  de 
la  jeunesse  expliquent  et  excusent,  alors  même 
qu'elle  ne  répondrait  pas  aux  vrais  intérêts  de  la 
Nation.    Lorsque,   par   sa  collaboration,  ses  idées 


-  41  — 

prévalurent  il  se  retira  de  l'arène  et  ne  voulut  pas 
transformer  en  carrière  Texploitation  de  ses  idées. 
Mignet  n'avait  pas  reçu  ce  don  de  souplesse  si 
utile  à  certains  hommes  politiques,  leur  permettant 
d'évoluer  avec  les  événements,  de  les  aider  dans 
le  sens  où  ils  se  dessinent.  Ils  les  servent  tant 
qu'ils  durent  et  offrent  ensuite  le  même  zèle  à 
ceux  qui  leur  succèdent.  C'est  là  la  vraie  carrière. 
Elle  fait  monter  un  échelon  à  chaque  Révolution 
et  finit  par  transformer  en  un  imposant  fonction- 
naire l'adepte  qui  eût  été  impropre  à  toute  autre 
profession. 

La  mort  de  M.  d'Hauterive,  le  28  juillet,  laissait 
vacante  la  direction  des  Archives  au  Ministère  des 
Affaires  Étrangères.  Le  Comte  Mole  l'offrit  à 
Mignet.  C'était  pour  lui  un  inespéré  cabinet  de 
travail,  mettant  à  sa  disposition  les  documents 
historiques  les  plus  précieux.  Il  accepta  et  demeura 
aux  Archives  de  1830  à  1848. 

Tandis  que  Thiers,  poursuivant  sa  carrière  poli- 
tique, éciivait  son  immortelle  Histoire  du  Consulat 
et  de  l'Empire,  Mignet,  sans  se  désintéresser  des 
affaires  de  son  Pays,  qu'il  aimait  ardemment,  se 
donna  tout  entier  à  ses  travaux  favoris. 


Il  ne  saurait  entrer  dans  le  cadre  d'une  lectuie 
Académique  de  citer  toute  l'œuvre  historique  de 
Mignet,  et  de  l'analyser.  M.  de  Rosière,  de  l'Insti- 
tut, a  publié  :  La  bibliographie  de  M.  François 
Migfiet.  Elle  comprend  108  numéros  depuis  la 
thèse  de  licence,  en  18 18,  jusqu'au  dernier  rapport 
verbal  fait,  en  188Ï,  à  l'Académie   des  Sciences 


-  i2  - 

Morales  et  Politiques,  sur  la  correspondance  inédite 
du  prince  de  Talleyrand  et  du  roi  Louis  XVIII, 
lors  du  Congrès  de  Vienne. 

Pendant  une  période  de  soixante-trois  années 
Mignet  a  donc  été  sur  la  brèche  littéraire. 

L'Histoire  seule  fut  l'objet  de  ses  travaux  ;  celle 

du  XVI'  siècle  le  séduisit.  La  Révolution  y  régnait 

dans  l'Eglise  et  les  croyances,  la  rivalité,  dans  les 

maisons  de  France  et  d'Autriche.    Mignet  résolut 

d'écrire    l'Histoire    de    la    Réforme    et    celle    des 

dissentiments  de  Charles-Quint  et  de  François  I". 

n  les  étudia  d'abord  en  des  tableaux  séparés  dont 

[  voulait  ensuite  faire  un  vaste  ensemble.  Mignet 

l'a  réalisé  qu'en  partie  ce  plan,  qui  fut  une  des 

lus  vives  préoccupations  de  sa  vie.  Le  Mémoire 

ur  la   Conversion  de  la  Germanie  est  une  prépa- 

ation  à  l'Histoire  de  la  Réforme,    Luther  et  la 

Mte  de  Worms  ;  Antonio  Pere^  et  Philippe  II  ; 

:    Connétable   de    Bourbon,    sa    conjuration    avec 

".harles-Quint  et  Henri  VIIÎ  contre  François  P'  ; 

^.harles-Quinl ,    son    abdication ,    sa    retraite ,    sm 

ijour  et  sa  nwrt  au   nutnastére   Hiéronymtte  de 

uste  ;    l  '  Histoire    de    l'infortunée    Marie    Sluart  ; 

n  grand  nombre  d'études  insérées  dans  les  Mémoi- 

;s  de  l'Académie,  dans  le  Journal  des  Savants, 

t  Revue  des  Deux-Mondes,  sont  de  beaux  chapi- 

■es  de  cette  longue  épopée.  Il  faut  y  ajouter  les 

tudes  sur   la   Formation  politique  de   l'Angleterre 

u  XI'  au  XV'  siècle,  et  celle  de  l'Allemagne  du 

'.'  au  XV'  siècle,  demeurées  inédites. 

L'Histoire  de  la  Réformation  n'a  pas  été  achevée, 

lie  est  presque  complètement  écrite  mais  n'a  pas 

ibi  c^  polissage  auquel  Mignet  soumettait  toutes 


-  43  - 

ses  œuvres  avec  un  soin  si  jaloux.  L'introduction, 
en  huit  chapitres,  formerait  seule  deux  volumes 
in-8*.  Mignet  a  recommandé  verbalement  à  ses 
neveux  de  ne  rien  publier,  après  sa  mort,  qui  ne 
fût  entièrement  terminé.  Ses  neveux,  respectueux 
de  sa  volonté,  obéissent  littéralement  à  ses  inten- 
tions. 

Mignet  s'est  aussi  occupé  du  règne  de  Louis  XIV, 
à  propos  de  la  succession  d'Espagne. 

Cette  Histoire  diplomatique  est  précédée  d'une 
Introduction  «  où  l'on  trouve,  dit  M.  Georges 
Picot,  de  l'Institut,  plus  peut-être  qu'en  aucun  des 
écrits  de  Mignet,  ses  qualités  littéraires,  la  vigueur 
de  sa  pensée  et  sa  puissance  de  concentration.  Elle 
est  un  des  morceaux  les  plus  parfaits  de  notre 
littérature  historique.  Mignet  montre  en  raccourci 
l'histoire  de  l'Espagne  et  la  décadence  de  l'Empire 
de  Charles-Quint  ;  puis  il  reprend  le  rôle  de 
la  France,  les  raisons  secrètes  de  sa  force,  les  causes 
de  son  génie.  Chaque  paragraphe  est  un  jugement, 
chaque  ligne  contient  une  pensée  ». 

Cette  appréciation  peut  s'appliquer  à  toutes  les 
Introductions  écrites  par  Mignet  en  tête  de  ses 
principaux  ouvrages.  Celle  qui  précède  l'Histoire 
de  la  Révolution  et  l'Introduction  à  l'Histoire  de 
la  Réforme,  qui  n'a  jamais  paru  mais  dont  des 
fragments  furent  lus  par  leur  auteur  à  l'Académie, 
dénotent,  chez  Mignet,  un  grand  talent  de  géné- 
ralisation, des  vues  philosophiques  d'où  semblent 
découler,  sans  effort,  les  faits  puisés  aux  sources 
les  plus  pures*  racontés  avec  une  impartiale  fidélité. 

Mignet  ne  tarda  pas  à  recueillir  les  honneurs 
réservés  aux  illustrations  littéraires  de  la  France. 


—  44  — 

L'ancienne  Académie  Philosophique,  créée  par 
la  Convention,  supprimée  par  l'Empire,  fut  rétablie 
par  Guizot,  en  1832,  sous  le  nom  d'Académie  des 
Sciences  Morales  et  Politiques.  Mignet  entra,  dès 
la  fondation,  dans  la  section  d'Histoire  générale  et 
philosophique  qui  a  compté,  parmi  ses  membres, 
Thiers,  Michelet,  Amédée  Thierry,  Naudet,  .Henri 
Martin.    Le   secrétaire  perpétuel  Auguste  Comte, 
mourut  en  1837,  mais  depuis  trois  ans,  Mignet  le 
suppléait  ;  il  lui  succéda. 

Dans  une  Académie  le  secrétaire  perpétuel  est 
l'âme  de  la  Compagnie.  Il  administre  les  biens, 
connait  les  règlements,  les  traditions,  les  précé- 
dents, les  usages  ;  il  veille  à  leur  intégrale  obser- 
vation. Le  secrétaire  perpétuel  fixe  l'ordre  des 
séances,  rappelle  au  travail  les  Commissions  retar- 
dataires et  suscite  la  lecture  de  Mémoires.  Le 
dévouement  à  l'Académie,  le  tact,  la  bienveillance, 
la  courtoisie  envers  les  confrères  et  les  corres- 
pondants étrangers  sont  les  qualités  qui  doivent 
le  distinguer. 

L'Académie  d'Aix  a  depuis  longtemps  l'heureuse 
fortune  de  posséder  ce  secrétaire  perpétuel  modèle 
et  le  grand  bonheur  de  voir  le  baron  Guillibert 
sorti  d'une  crise  qui  eut,  dans  le  cœur  de  tous,  un 
si  sympathique  retentissement. 

Mignet  fut  pendant  quarante-cinq  années  secré- 
taire perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences  Morales 
et  Politiques,  Il  en  dirigea  les  travaux  avec  une 
autorité  pleine  de  condescendance.  «  L'Académie, 
a  dit  encore  M.  Georges  Picot,  a  dû  certainement 
à  la  longue  influence  de  son  secrétaire  perpétuel, 
la  douceur  de  ses  mœurs,  l'affectueuse  gravité  de 
ses  relations  et  ce  prodigieux  phénomène  d'une 


—  4o  — 


Société  toujours  unie  entre  des  hommes  séparés 
par  la  diversité  des  opinions  politiques  ». 

Dans  une  récente  et  fort  belle  publication, 
L'Institut  de  France,  M.  Georges  Picot,  aujourd'hui 
secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences 
Morales  et  Politiques  ,  rend  un  dernier  hommage 
à  son  prédécesseur  :  «  Ce  n'était  pas  l'historien 
de  la  Révolution,  ce  n'était  pas  le  brillant  auteur 
des  négociations  relatives  à  la  succession  d'Espagne 
que  les  Membres  de  l'Académie  avaient  été  cher- 
cher. Leur  suffrage  s'adressait  à  l'homme  lui  même. 
Sur  la  profondeur  de  son  esprit,  sur  l'éclat  de  son 
talent  ses  œuvres  ne  nous  laissent  rien  à  ignorer. 
Il  faut  avoir  vuMignet  et  avoir  recueilli  l'impression 
de    ses   contemporains   pour  mesurer  le   charme 

qu'il  exerçait Au  portrait  de  Sainte-Beuve, 

qui  le  peint  vers  1829,  ajoutez  tout  ce  qu'il  avait 
fait  depuis  quelques  années  :  la  campagne  du 
National  qui  l'avait  mis  avec  M.  Thiers,  au  premier 
rang  des  polémistes,  la  Révolution  de  Juillet  qu'il 
avait  prévue  de  loin,  qu'il  avait  désirée  et  qu'il 
avait  su  contenir,  le  refus  de  toute  charge  publique 
au  lendemain  de  la  victoire,  sa  fidélité  aux  études 
historiques,  tout  ce  mélange  de  hardiesse  et  de 
réserve,  de  courage  et  d'oubli  de  soi-m^me  exerçait 
autour  de  lui  un  prestige  que  le  temps  ne  devait 
pas  affaiblir.  Il  devait  mériter,  aux  yeux  de  ses 
contemporains,  d'être  tenu  pour  le  véritable  fonda- 
teur de  l'Académie.  ». 

Dans  les  séances  publiques  Mignet  lisait  chaque 
année  une  notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  l'un 
des  Membres  disparus.  L'Académie  était  ce  jour-là 
le  rendez-vous  du  monde  lettré.  Mignet,  écrivain, 
historien,  lecteur,  captivait  l'auditoire  par  sa  voix 


-  40  - 

pure,  nette,  sympathique,  parle  soin  extrême  de  la 
forme  dans  ces  magnifiques  éloges  historiques. 
Il  appréciait  à  leur  réelle  valeur  les  personnalités 
qu'il  faisait  comparaître  devant  leurs  successeurs  ; 
il  les  louait  avec  une  élévation  d'esprit,  une  déli- 
catesse de  touche,  une  indépendance  qui  ne 
sacrifiait  rien  à  ses  sentiments,  ne  dissimulait  ni 
les  faiblesses,  ni  les  fautes  commises,  tout  en  les 
atténuant  sous  les  plis  d'un  beau  langage. 

Mignet  lut  ainsi  trente-deux  notices  sur  la  vie 
et  ies  travaux  des  hommes  les  plus  divers.  Il  jugea 
des  célébrités  politiques  :  Sieyès,  Talleyrand, 
Lakanal,  Rœderer  ;  des  jurisconsultes  :  Merlin, 
Rossi,  Siméon,  Portalis  ;  des  historiens  :  Daunou, 
Sismondi,  Amédée  Thierry  ;  des  philosophes  : 
Cousin,  Jouffroy,  Laromiguière,  Cabanis  ;  des 
hommes  d'Etat  :  de  Broglie,  de  Tocqueville  ; 
des  physiologistes  :  Broussais,  Flourens.  L'orateur 
s'identifiait  avec  les  idées,  les  systèmes  de  chacun 
d'eux,  parlant  avec  une  compétence  acquise  par 
une  rigoureuse  étude,  de  législation,  de  philoso- 
phie, d'économie  politique  et  sociale,  de  physio- 
logie et  de  médecine,  exposant  avec  un  égal  savoir 
les  œuvres  et  les  actes  des  Associés  étrangers, 
les  Anglais  Lord  Brougham,  Hallam,  Lord 
Macaulay  ;  les  Américains  Franklin  et  Livings- 
tone  ;  les  Allemands  de  Schelling,  Ancillon  et 
Savigny.  Mignet  faisait  comprendre  ce  qu'il  n'indi- 
quait qu'à  demi  mot,  et  deviner  ce  qu'il  passait 
volontairement  sous  silence.  Il  laissait  parfois 
percer  ses  opinions  libérales  et,  bien  que  la  poli- 
tique n'eût  pas  cours  à  Tlnstitut,  les  allusions 
frondeuses  y  étaient  fort  goûtées  par  le  public 
spécial  des  séances  solennelles. 


I . 


-  47  - 

En    1863,   Mignet    lut  sa  notice   sur  Jouffroy. 
Prévost-Paradol  écrivait  à  son  ami  Gréard  :  «  Hier 
j'ai  entendu  M.  Mignet,  à  Tlnstitut,  sur  Jouffroy. 
Belle  séance  et  des  applaudissements  à  tout  rompre, 
et  des  allusions  et  des  traits  à  tout  percer,  et  une 
peinture  de  la  liberté  constitutionnelle  à  émouvoir 
un  paysan,  s'il  savait  le  français  î  Bref  un  admira- 
ble discours  et  un  succès  de  haute  opposition. 
M.  Mignet  a  dit,  des  leçons  de  Jouffroy,  cette  belle 
phrase  que,  dans  mon  compte-rendu,  j'applique  à 
son    discours   même  :  «  La  pensée  se  traduisait 
«  avec  grandeur  et,  dans  l'auditoire,  couraient  des 
<  frissons,  comme   autrefois  dans  les  assemblées 
«  où  s'entretenait  l'intelligence  et  où  battait  le  cœur 
«  du  Pays. 

«  N'est-ce  pas  que  c'est  beau?  Plus  .d'un 
passage  était  aussi  majestueusement  séditieux  que 
celui-là  !  Et  comme  on  applaudissait  de  tout 
cœur  et  à  consoler  de  tout  !  » 

En  dédiant  à  Mignet  son  livre  sur  les  Moralistes 
Français,  Prévost-Paradol  écrivait  :  «  Si  l'accom- 
plissement tranquille  et  régulier  du  devoir,  l'atta- 
chement sans  ostentation  à  la  justice,  le  goût  de 
l'étude,  l'amour  du  bien  et  du  beau,  éclairé  et  tem- 
péré par  la  raison,  si  le  dévouement  à  Tamitié,  aux 
lettres,  au  Pays,  peuvent  mériter  à  quelqu'un  le 
nom  de  sage,  ce  nom  vous  appartient,  et  votre 
empressement  à  vous  y  dérober  vous  le  con- 
firme. » 

Dans  sa  notice  sur  Portalis,  Mignet  évoque  un 
souvenir  particulièrement  cher  à  notre  Académie  : 
«  Pendant  son  exil,  dit-il,  à  la  suite  de  l'affaire 
de  la  bulle  de  Pie  VII,  Portalis  se  livra  aux  doux 
travaux   des  lettres.    Les    mémoires  de  la   docte 


—  4S  - 

Académie  d'Aix,  dont  il  était  Membre  et  dont, 
en  T813,  il  devint  Président,  contiennent  de  lui 
un  fort  beau  discours  et  des  communications 
variées.  M.  Portalis,  qui  faisait  très  agréablement 
les  vers,  y  lut  même  des  fragments  d'un  poème  de 
Chevalerie.   2^. 

Enfin,  dans  la  notice  sur  Siméon,  assesseur  de 
Provence,  Mignet  fait,  en  ces  termes,  Téloge  de 
son  pays  natal  :  «  M.  Siméon  se  distingua  par  sa 
sollicitude  et  son  habileté  dans  Tadministration  de 
cette  heureuse  contrée  où  s'entretenaient  Tamour 
de  rindépendance  avec  Tesprit  d'ordre,  une  fierté 
naturelle  qui  n'excluait  pas  une  juste  obéissance 
et  le  plus  constant  patriotisme.   » 

L'Académie  Française  ouvrît  tôt  ses  portes  à 
Mignet,  le  29  décembre  1836.  Ses  amis  Cousin, 
Thiers,  Salvandy,  Guizot,  l'avaient  récemment 
précédé.  Son  concurrent  était  Victor  Hugo,  élu 
plus  tard  et  pour  qui  Mignet  ne  cessa  de  voter. 

Reçu  à  l'Académie  Française,  le  25  mars  1837, 
Mignet  prononça  l'éloge  de  son  prédécesseur  et 
compatriote  Reynouard,  auteur  des  Templiers  et 
philologue  de  talent.  Son  discours  est  le  modèle 
de  ce  beau  langage  introduit  à  l'Académie  Fran- 
çaise par  Buffon,  Villemain,  Cousin,  et  que  Mignet 
parlait  si  bien.  Comme  Directeur  de  l'Académie 
Française,  en  1842,  Mignet  eut  à  répondre'  au 
discours  du  baron  Pasquier  remplaçant  M.  Frayssi- 
nous.  Il  rappela  la  grande  figure  du  défenseur  des 
libertés  Gallicanes  «  qui  pensait,  dit -il,  que 
l'homme  se  rapprochait  d'autant  plus  de  Dieu  qu'il 
s'élevait  vers  lui  avec  tout  l'esprit  dont  Dieu  même 
l'avait  doué  ».  Mignet  était  spiritualiste,  non  fata- 
liste, comme  avait  pu  le  faire  penser  à  quelques 


-  49  - 

critiques  les  causes  qu'il  assignait  à  la  Révolution. 
M*""  Perraud,  recevant  M.  Duruy,  successeur  de 
Mîgnet  à  l'Académie  Française,  rappela  ces  paroles 
de  Mignet  dans  Téloge  de  Sismondi  :  «  Le  vérita- 
ble historien  sait  assigner,  dans  l'accomplissement 
des  faits,  la  part  des  volontés  particulières  qui 
attestent  la  liberté  morale  de  Thomme  et  l'action 
générale  des  lois  de  l'humanité  vers  des  fins  supé- 
rieures, sous  l'action  cachée  de  la  Providence.   ». 

Ce  langage,  ajoutait  M^  Perraud,  d'une  exacte 
et  haute  philosophie,  n'est-il  pas  l'écho  direct  des 
plus  magnifiques  enseignements  de  la  Bible  ? 

Après  vous  avoir  dit,  en  raccourci,  ce  que  fut 
Mignet  homme  politique,  écrivain,  historien.  Acadé- 
micien et  sa  brillante  carrière  dans  les  lettres,  je 
voudrais,en  des  termes  dignes  de  lui  et  de  sa  mémoire , 
vous  retracer  sa  vie  intime,  familiale,  son  attache- 
ment à  ses  amis  et  vous  montrer  cet  Aixois 
devenu  Parisien,  toujours  demeuré  Aixois  par  le 
cœur,  et  fidèle  aux  souvenirs  de  son  enfance. 

La  bonté   était  sa   qualité    dominante.    Il   était 

affable  envers  tous.  La  vraie  politesse  envers  les 

hommes,  a-t-il  écrit  dans  sa  notice  sur  Franklin, 

doit  être  la  bienveillance  ;  il  ne  se  départit  jamais 

de  cette  maxime.  L'élégance  et  la  distinction  de  sa 

personne,  la  grande  renommée  qu*il  avait  acquise, 

intimidaient  parfois  ceux  qui  l'approchaient,  mais 

Mignet  tendait  la  main  si  cordialement,  souriait 

avec  tant  de  prévenance  et  de  bonne  grâce,  parlait 

si    simplement  que  toute    contrainte    était    vite 

dissipée. 

Son  existence  était  uniforme  et  très  ordonnée. 
Il  se  levait  à  quatre  heures,  travaillait  jusqu'à  dix. 

SÉA!^.  PmL.  ACAB. — 1908  4 


-  oO  — 

l\  r(>(;cvaH  de  onze  heures  à  midi  ses  visiteurs 
urs  nombreux,  souvent  provençaux.  Notre 
re  confrère,  Frédéric  Mistral,  vint  un  jour 
sa  Mireille  à  son  compatriote,  dont  il 
lissait  tout  l'attachement  à  la  Provence  ; 
al  avait  signé  le  livre  avec  ces  mots  : 


gnet  avait  déjà  lu  Mireille  ;  il  dit  a  Mistral 
son  admiration,  puis  il  ajouta  :  ^  Je  ne  vous 
ai  qu'une  objection  :  votre  héroïne  n'a  que 
nze  ans  ;  elle  me  parait  bien  jeune  pour 
Tser  ce  qu'elle  dit  *.  Mais,  M.  Mignet,  répon- 
[istral,  vous  savez  bien  que  nos  jeunes  pro- 
iles  sont  fort  précoces,  et  qu'à  quinze  ans  elles  ' 
vent,  en  pensent  et  en  disent  plus  long  que  les 
s  filles  de  vingt  ans  des  autres  pays  ! 
rsque  Mistral  fut  nommé  Membre  d'Honneur 
académie  d'Aix,  le  Président,  M.  le  doyen 
itous,  lui  adressa  quelques  paroles  de  bien- 
;.  Mistral  -répondit  en  provençal.  Thiers  et 
;t  l'apprirent.  Mignet  très  Académicien,  disait 
[istral  aurait  dû  parler  en  Français.  —  P^s  du 
répondit  Thiers,  il  a  bien  fait,  la  langue 
mçale  est  la  sienne,  il  l'a  illustrée,  il  devait 
servir.  Comment  Mistral  a-t-il  été  mis  au 
nt  de  cette  conversation,  je  l'ignore  ;  j'en 
le  récit  de  l'auteur  de  Mireille  lui-même. 
près-midi,  Mignet  se  rendait  à  l'Institut  pour 
ances  ou  les  obligations  du  secrétaire  perpé- 
II  reprenait  ensuite  ses  travaux  et  passait  la 
i  auprès  de  Thiers,  dont  le  salon  était  le  sien, 
rsqu'en  1848.- il  abandonna  la  direction  des 
ves,  Mignet  alla  demeurer  dans  le  quartier 


-  ol   - 

Saint-Georges,  pour  se  rapprocher  de  Thiers.  Avec 
une    clé   ouvrant  la    porte   du  jardin    il   pouvait 
à  toute  heure  voir  son  ami,  comme  dans  les  temps 
où    ils   étudiaient  à  Aix,  où  ils  vivaient   sous  le 
même  toit  dans  le  passage  Montesquieu.  Aucune 
situation  ne  modifia  leurs   relations.  Pendant  les 
ministères  de  Thiers  ou  sa  Présidence,  à  Versailles, 
le  ministre,  le  Président  de  la  République  dispa- 
raissait devant  le   camarade  de   l'Ecole  de  Droit 
d*Aix,  qui   n'avait  jamais  rien  à  demander,  si  ce 
n'est  comment  se  portait  son  ami.  Thiers  plaisan- 
tait  souvent  Mignet  sur  son  manque  d'ambition  ; 
il  eût  désiré  le  porter  aux  honneurs,  l'admettre  au 
partage  de  sa  fortune  politique,  mais  Mignet  refusait 
tout  et  Thiers  lui  disait  ;  Allons,  tu  es  un  sage, 
c'est  convenu. 

Dans   sa  longue  carrière,    où  son   assentiment 
eût  suffi  pour  lui  valoir  les  fonctions  et  les  honneurs 
les  plus  enviés,  Mignet  consentit  une  seule  fois, 
sur  la  demande  pressante  de  Thiers  et  du  duc  de 
Broglie,  ministre  des  Affaires  Etrangères,  à  accepter 
une   mission   temporaire   en   Espagne.     Après  la 
mort  de  Ferdinand  VII,  un  envoyé  sûr  et  plein  de 
tact   était    nécessaire   pour  la  reconnaissance    du 
nouveau  Gouvernement,  sous  la  régence  de  Marie- 
Christine.  Mignet  se  rendit  à  Madrid,  remplit  avec 
succès  les  instructions  du  Gouvernement  et  rentra 
à  Paris,  douze  jours  après  son  départ. 

En  1870,  la  Défense  Nationale  délégua  M.  Auguste 
Vitet,  de  l'Institut,  auprès  de  Mignet,  pour  lui  offrir 
l'Ambassade  d'Angleterre.  Il  refusa. 

Les  souvenirs  d'Aix  revenaient  souvent  dans  les 
conversations  intimes  de  Mignet  et  de  Thiers  ;  ils 
évoquaient  les  noms  de  leurs  anciens  camarades, 


ceux  de  leurs  professeurs,  se  rappelaient  les  distrac- 
tions et  les  travaux  de  cette  époque.  En  1876,  un 
an  avant  sa  mort,  Thiers  écrivait,  de  Genève, 
à  Mignet  :  «  Il  me  vient  souvent  Tidée  de  descen- 
dre en  Provence,  pour  voir  Aix  encore  une  fois. 
Tu  sais  quel  attrait  puissant  me  ramène  vers  le 
temps  de  mon  enfance.  Il  est  possible  que  j'y 
cède  ». 

Mignet  vivait  avec  une  grande  simplicité  ;  son 
appartement,  au  4''  étage,  était  fort  modeste.  Il  se 
contentait  de  ses  émoluments  de  secrétaire  perpé- 
tuel, de  rindemnité  de  1.500  francs  attribuée  aux 
membi'es  de  l'Institut,  et  des  revenus  provenant  de 
ses  ouvrages.  Plus  tard  Victor  Cousin  lui  laissa  une 
partie  de  sa  fortune,  mais  Mignet  ne  changea  rien  à 
ses  habitudes.  Les  termes  du  testament  de  Fillustre 
philosophe,  concernant  Mignet,  sont  si  élogieux 
qu'ils  ne  sauraient  être  oubliés  :  «  Je  supplie 
M.  Mignet,  membre  de  TAcadémie  Française, 
membre  aussi  et  secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie 
des  Sciences  Morales  et  Politiques,  de  me  permettre, 
en  dehors  du  legs  général,  de  lui  offrir  et  de  lui 
léguer  six  mille  francs  de  rente  perpétuelle,  en 
trois  pour  cent  sur  les  fonds  français,  comme  une 
faible  récompense  des  peines  que  lui  pourra 
donner  l'exécution  de  mon  troisième  codicille, 
surtout  comme  un  souvenir  de  notre  longue 
amitié.  Depuis  1821  j'ai  eu  beaucoup  à  me  louer 
de  lui,  jamais  à  m'en  plaindre.  Je  ne  connais  pas 
d'homme  plus  loyal  et  d'une  délicatesse  qui  s'allie 
rarement  à  tant  de  droiture.  J'espère  que  quand 
il  connaitra  l'état  de  mes  affaires  et  verra  que  ce 
legs  ne  fait  tort  à  rien  ni  à  personne,  il  ne  me 
fera  pas  le  chagrin  de  le  refuser.  Je  lui   serre  la 


-  53  — 

main   une   dernière   fois.   Cannes,  le  20  novem- 
bre 1863   ». 

Mignet  repoussa  toujours  toute  compromission 
avec  les  financiers.  Dès  1836  il  écrivait  à  son 
neveu  Etienne  Michel  :  «  Je  te  prie  de  faire 
comprendre  la  gravité  dangereuse  de  la  proposition 
Guérard.  Je  te  demande  s'il  me  convient  d'être 
dans  des  entreprises  et  si  je  ne  dois  pas  éviter 
avec  le  plus  grand  soin  qu'on  puisse  supposer  que 
j'y  suis.  Cela  n'est  ni  dans  ma  nature,  ni  dans  mes 
devoirs,  ni  dans  mes  intentions.  C'est  quelquefois 
par  une  imprudente  bienveillance  que,  sans  le 
vouloir,  un  nom  se  trouve  compromis.  Il  se  répand 
alors  que,  pour  avoir  l'appui  de  M.  un  tel,  on  l'a 
admis  dans  telle  entreprise  et  on  lui  a  fait  telle 
concession  d'actions.  Dieu  me  garde,  je  ne  dis  pas 
que  cela  soit  jamais  de  ma  part,  mais  qu'on  puisse 
le  penser  avec  la  plus  petite,  quoique  la  plus  fausse 
apparence.   ». 

A  Paris,  Mignet  recevait  le  dimanche,  à  sa  table, 
les  jeunes  Provençaux,  fils  de  ses  amis  d'Aix,  et 
camarades  de  son  neveu  Evariste  Michel.  C'était 
pour  Mignet  un  grand  plaisir  que  d'appeler  ses 
convives  des  noms  qui  l'avaient  entouré  à  l'École 
de  droit.  Le  provençal  résonnait  à  tout  propos, 
surtout  à  révocation  de  ces  traits  locaux  rappelant 
Tesprit  méridional  si  fin  dans  sa  naïveté.  Prévost- 
Paradol  assistait  à  ces  déjeuners  du  dimanche. 
11  avait  occupé  une  chaire  à  la  Faculté  des  lettres 
d'Aix,  conquis  ainsi  le  droit  de  cité  et  se  retrouvait 
volontiers  au  milieu  de  jeunes  gens  qu'il  avait 
jadis  examinés  au  baccalauréat. 

Il  me   souvient  qu'en    1866,   Prévost-Paradol, 
récemment  élu  à  l'Académie  Française,  arriva  un 


~  oi  — 

Jimanche  chez  Mignet  en  frac  d'académicien.  II 
l'enait  de  rendre  à  l'Empereur  la  visite  due  au 
Chef  de  l'Etat.  —  Eh  bien,  que  vous  a  dit  notre 
aire, demanda  Mignet?  —  Il  a  été  très  accueillant, 
m'a  tendu  la  main,  en  me  disant  :  Je  regrette. 
Monsieur,  qu'un  homme  de  votre  mérite  ne  soit 
pas  de  nos  amis  î  —  Vous  lui  avez  répondu  ? 
—  je  le  regrette  aussi,  Sire  ! 

Après  le  déjeuner  on  se  rendait  à  Montmartre, 
ilans  un  enclos  transformé  en  jeu  de  boules.  Mignet 
[limait  passionnément  cet  exercice.  Connaissant  la 
valeur  respective  de  ses  partners,  il  organisait  avec 
impartialité  les  deux  camps,  voulait  que  chacun 
s'appliquât,  donnait  l'exemple  et  jouait  fort  bien. 

U  perdait  sans  humeur,  mais  gagnait  volontiers. 
Os  promenades  à  Montmartre  se  continuèrent 
pendant  le  Siège  et  le  bombardement  de  Paris. 
Ht  c'était  un  navrant  spectacle  que  de  voir  à  l'extré- 
mité de  la  vaste  plaine,  ensevelie  sous  la  neige,  se 
détacher  ces  lueurs  sinistres,  portant  la  ruine  et  la 
mort  dans  la  ville  la  plus  civilisée  du  monde  ! 

La  saison  d'été  ramenait  chaque  année  Mignet  à 
Aix.  11  éprouvait  une  grande  joie  à  vivre  pour 
un  temps  auprès  de  sa  mère,  de  ses  sœurs  et  de 
leurs  enfants,  de  revoir  la  ville  qui  avait  abrité 
son  enfance,  les  sites  qu'il  avait  parcourus  avec 
Thiers  et  d'autres,  à  l'flge  de  vingt  ans.  «  Quel 
tableau  charmant,  a  dit  Alfred  Jourdan.  que  de 
voir  Mignet  ^i  la  campagne,  entouré  de  sa  famille  1 
On  ne  vit  jamais  un  plus  affectueux  échange  de 
paternelle  et  de  filiale  tendresse  ». 

Jusqu'en  1S56  il  eut  le  bonheur  de  conserver  sa 
mère  qui  le  quitta  à  l'âge  de  S4  ans.  Depuis  la 
mort  Je  s.i  mère,  le  lendemain  do  son  arrivée  à 


—  bo  — 


Romégas,  et  la  veille  de  son  retour  à  Paris,  Mignet 
allait  tous  les  ans,  avec  les  siens,  faire  un  pieux 
pèlerinage  au  cimetière  de  Puyricard,  où  elle 
repose.  Il  lui  semblait  ainsi  retrouver  encore,  à  Aix, 
celle  qu'il  avait  tant  aimée.  «  Je  savais,  écrivait-il  à 
Thiers,  que  la  mort  de  ma  pauvre  et  bonne  mère 
l'affligerait  aussi  et  que  tu  partagerais  la  peine  qui  m'a 
déchiré  le  cœur.  Elle  t'aimait  beaucoup  et  comme 
un  autre  fils.  Toutes  les  années,  quand  j'arrivais 
auprès  d'elle,  elle  me  demandait  si  tu  ne  viendrais 
pas.  Elle  aurait  voulu  te  voir  avant  de  mourir.  .  .  , 
Oui,  mon  cher  ami,  c'est  commencer  à  mourir  que 
d'être  séparé  par  la  mort  de  ceux  qu'on  aime.  Je 
réprouve  douloureusement  ce  triste  déclin  de  la 
vie.  Je  le  passerais  à  Aix,  où  m'attachent  de  chers 
souvenirs,  si  tu  n'étais  à  Paris  pour  m'y  rappeler 
avec  ta  famille  que  j'aime  comme  la  mienne.  Le 
très  peu  que  j'ai,  sans  le  secrétariat  perpétuel,  me 
suffirait  pour  vivre  et  travailler  tranquillement  à  la 
campagne.  J'y  serais  avec  des  sœurs  douces,  sensées, 
excellentes,  qui  ont  été  admirables  dans  les  soins 
tctidres  et  dévoués  que  pendant  six  mois,  elles 
n'ont  pas  cessé  de  donner  à  ma  mère.   ». 

A  la  campagne,  comme  à  Paris,  Mignet  consa- 
crait au  travail  la  matinée  prolongée  jusqu'à  deux 
heures.  L'après-midi  il  recevait  ses  amis  d'Aix.  De 
savantes  et  d'interminables  parties  de  boules  s'enga- 
gaient  ;  la  nuit  seule  les  arrêtait.  Puis  c'étaient  des 
causeries  sur  le  passé,  sur  les  camarades  éloignés 
d'Aix,  sur  ceux  disparus.  Et  lorsque  le  dernier 
visiteur  était  parti,  Mignet  se  remettait  au  travail 
et  préparait  la  tâche  du  lendemain.  Après  le  repas 
du  soir  il  causait  en  famille,  jouait  au  wisth,  ou 
faisait  une  lecture  de  ses  écrits  de  la  journée.  Dans 


-sc- 
ia semaine  qui  précédait  son  départ  d'Aix,  il  rendait 
à  ses  amis  les  visites  qu'il  en  avait  reçues  ;  il 
revoyait  ainsi,  soit  en  ville,  soit  à  la  campagne,  des 
demeures  qui  lui  avaient  été  familières  et  hospi- 
talières, pendant  sa  jeunesse. 

De  Romégas  il  écrivait  à  Thiers  :  «  Le  temps 
i  sans  que  je  m'en  aperçoive,  quoiqu'il 
la  même  chose  d'un  soleil  à  l'autre.  ]e 
iaucoup,  le  matin,  jusqu'à  deux  heures, 
di  je  fais  le  plus  d'exercice  que  je  peux, 
stenir  les  forces  du  corps  qui  sont  si 
au  maintien  de  celle  de  l'esprit .  .  . 
nerai  de  la  campagne  dans  quelques 
un  regret  qui  serait  plus  vif  si  je  n'y 
)s  l'heureux  dédommagement  de  retour- 
de  toi.   'Sr 

es  de  Mignet  à  son  neveu  Etienne  Michel, 
it  avec  une  tendresse  paternelle,  sont 
es  pages  de  cœur,  de  sentiment,  de  bonté 
t  pour  une  santé  débile. 
Michel,  mort  à  l'âge  de  38  ans,  en  1840, 
le  le  fils  intellectuel  de  Mignet.  Lauréat 
mie  des  inscriptions  et  belles- lettres,  en 
r  un  mémoire  sur  les  colonies  Fran- 
Asie  Mineure,  Etienne  Michel  avait 
e  mention  à  la  même  Académie  pour  un 
les  ruines  d'Entremont  et  un  écrit  sur 
s.  II  a  laissé  deux  oeuvres  inédites,  une 
•-  Phénicie  et  une  étude  sur  les  Evangiles, 
ichel  était  membre  de  notre  Académie, 
ïires  contiennent  plusieurs  communica- 
savantes  de  ce  distingué  confrère  dont 
îrisé  h  la  fleur  de  l'âge,  était  si  plein  de 


-  37  — 

Mignet  avait  initié  Etienne  Michel  à  ses  travaux  ; 
il  le  tenait  au  courant  des  satisfactions  qu'il 
éprouvait  en  avançant  dans  ses  études  sur  la 
Réformation. 

Avec  quelle  délicatesse,  quelle  tendresse  Mignet 
compatit  aux  souffrances  morales  de  son  neveu 
menacé  de  cécité.  Il  Tencourage  à  les  supporter  ; 
il  fait  luire  l'espérance  dans  son  esprit.  11  l'appelle 
à  Paris  pour  le  soigner,  le  faire  vivre  auprès  de 
lui,  dans  une  douce  émulation  de  travail  et  d'affec- 
tueuses causeries.  «  Ma  position  pécuniaire  est 
devenue  meilleure,  lui  écrit-il,  il  est  juste  que  j'en 
fasse  profiter  les  personnes  que  j'aime.  Ton  séjour, 
ici,  n'imposerait  pas  de  nouveaux  sacrifices  à  ton 
père,  qui  en  a  déjà  beaucoup  fait  pour  toi  et  qui 

est  obligé  de  songer  à  ses  autres  enfants Nous 

prendrons  un  petit  logement  à  Saint-Cloud,  ou  à 
Meudon,  et   nous  travaillerons,  en  jouissant  du 
grand  air  et  de  la  campagne.  Viens  ici  sans  regrets, 
avec  l'intention  de  travailler  et  l'espoir  de  guérir . . . 
Il  ne  faut  pas,  mon  ami,  te  laiser  aller  à  des  accès 
de  découragement  et  il  faut  croire  à  ta  guérison . . . 
Tu  es  jeune,  ton   esprit  a  de  la  force  et  de   la 
maturité  ;    ton  instruction   est  plus  étendue  que 
celle  des  jeunes  gens  de  ton  âge  et  de  ta  génération 
et  quelques  années   d'inaction    ne  pourront    pas 
nuire  à  tes  travaux  futurs  et  entraver  ton  avenir.   » 
Un  autre  jour  il  lui  disait  :  «  Je  ne  t'ai  pas  encore 
répondu  parce  que  je  suis  allé  passer  une  semaine 
à  Valancay ,  chez  le  prince  deTalIeyrand.  Ta  lettre 
ni*a  prouvé  que  ton  esprit  ne  perdait  pas  et  que 
ton  caractère  gagnait  tous  les  jours ...  Tu  t'amé- 
liores parceque  tu  souffres,  et  c'est  le  propre  des 
bonnes  natures.  »  Puis  il  l'entretient  de  ses  tra- 


-  38  - 

vaux  :  «  On  a  retrouvé,  en  Belgique,  tous  les 
papiers  de  la  secrétairerie  de  Charles-Quint  et  on 
me  les  communique.  Je  pourrai  retracer  exacte- 
ment les  motifs,  la  politique  et  les  actes  du  fameux 
Maurice  de  Saxe  qui  procura  au  protestantisme  sa 
victoire  définitive  et  qui  arrêta  la  fortune  de 
Charles-Quint  4^.  Puis  ce  sont  des  recommanda- 
tions concernant  ses  autres  neveux  :  «  Donne  tous 
tes  soins  à  l'instruction  de  tes  frères.  Je  tiens 
extrêmement  à  ce  que  François  ne  perde  pas  de 
temps.  Je  sais  qu*il  est  intelligent,  mais  si  cette 
intelligence  n'est  pas  cultivée,  à  quoi  servira-t-elle  ? 
Tu  me  diras  lorsque  tu  m'écriras,  si  tu  es  content 
de  ses  progrès.   ». 

Il  faudrait  citer  en  entier  ces  lettres  de  Mignet 
dont  je  dois  la  communication  à  notre  distingué 
confrère  le  docteur  Evariste  Michel.  On  voit 
Mignet  constamment  préoccupé,  à  Paris,  de  là  santé, 
de  l'instruction  des  siens.  Il  est  à  Aix,  au  milieu 
d'eux,  par  le  cœur  et  la  pensée. 

Les  deux  grandes  douleurs  de  Mignet  furent 
la  mort  de  sa  mère  et  celle  de  Thiers,  survenue 
en  1877.  Il  rendit  un  dernier  hommage  à  son  ami, 
lors  de  l'inauguration  de  sa  statue  à  Saint-Germain, 
et  publia  le  testament  politique  du  grand  homme 
d'Etat,  revendiquant  les  droits  de  la  souveraineté 
Nationale. 

Après  la  mort  de  Thiers,  Mignet  fut  com.me 
désemparé  et  demanda  au  travail  l'apaisement  de 
sa  douleur.  Il  vécut  encore  pendant  sept  ans,  puis, 
à  Tage  de  88  ans,  un  coup  de  froid  l'enleva  en 
quelques  jours.  Il  mourut,  à  Paris,  le  24  mars  1884, 
sans  avoir  réalisé  le  rêve,  longtemps   caressé,  de 


—  59  - 

fermer  les  yeux  à  Aix,  dans  cette  villa  Mignet  quF 
s'élevait  sur  le  terrain  de  la  bastide  familiale. 

Mignet,  a-t-on  dit,  a  été  le  plus  heureux  des 
hommes  du  XIX°  siècle,  parce  qu'il  fut  un  sage^ 
animé  d'une  seule  ambition,  celle  de  cultiver  les 
belles-lettres.  «  S'il  m'était  donné  de  recommen- 
cer toute  ma  vie,  a-t-il  dit,  lui  même^  je  ne  ne  la 
souhaiterais  pas  autre  que  ce  qu'elle  a  été.   ». 

Ses  obsèques  eurent  lieu  le  30  mars  à  Paris,  avec 
une  grande  pompe  et  un  déploiement  considérable 
de  troupes  rendant  les  honneurs  derniers  au  digni- 
taire delà  Légion  d'honneur,  Grand  Croix  et  Mem- 
bre du  Conseil  de  l'Ordre.  Toutes  les  notabilités 
littéraires  et  politiques  y  assistaient.  M.  de  Mazade^ 
au  nom  de  l'Académie  Française,  M.  Martha,  au 
nom  de  l'Académie  des  Siences  Morales  et  Poli- 
ques,  M.  J.  Simon,  en  qualité  d'ami,  M.  Ilauréau, 
représentant  le  Journal  des  Savants,  prirent  succcssi-- 
vement  la  parole.  «  L'existence  de  M.  Mignet^ 
dit  M.  Martha,  présente  une  belle  harmonie  que 
la  Grèce  antique  aurait  ^pris  plaisir  à  célébrer,, 
comme  un  idéal  de  sage  félicité.  Il  avait  reçu  tous 
les  dons.  11  eut  la  beauté  de  la  jeunesse,  la  grâce 
de  tous  les  âges,  l'éloquence  exquise,  une  raison 
toujours  souveraine,  maîtresse  de  son  art,  comme 
de  sa  vie,  la  modération  qui  permet  de  jouir  long- 
temps de  tous  les  biens,  d'illustres  et  fidèles  amitiés, 
les  honneurs  venus  d'eux  mêmes  à  lui,  une  gloire 
paisible  qui  n'a  jamais  été  effleurée  même  par  la 
calomnie  ;  enfin,  pour  couronner  une  si  rare 
fortune,  une  vieillesse  sans  défaillance  jusqu'aux 
dernières  limites  d'une  vie  n\ortclle,  et  une  mort 
aussi  douce  qu'un  sommeil  ;  rien  n'a  manqué  à  ce 
bonheur,  pas  même  ce  qui  nnmque  aux  grandeurs 
humaines,  la  durée. 


^. 


—  GO  - 

Les  restes  mortels  de  Mignet  reposent  à  Aix 
dans  le  tombeau  de  sa  famille.  Ils  y  furent  pieuse- 
ment déposés  par  ses  neveux  François  et  Evariste 
Michel,  entourés  des  leurs,  des  anciens  amis  de 
Mignet  et  d'une  foule  attristée. 

Le  doyen  Alfred  Jourdan,  au  nom  des  amis  de 
Mignet,  M.  de  Séranon,  Président  de  l'Académie 
d'Aix,  pour  notre  Compagnie,  se  firent,  en  termes 
élevés,  les  interprètes  des  sentiments  respectueux 
de  la  ville  entière  pour  celui  qui  revenait  à  la  terre 
natale  après  une  aussi  glorieuse  existence. 

«  Quant  à  nous,  dit  M.  de  Séranon,  qui  avons 
vu,  avec  un  légitime  orgueil  M.  Mignet  prendre 
place  dans  nos  rangs,  comme  Membre  d'Honneur, 
nous  n'oublierons  jamais  sa  mémoire  ;  elle  nous 
sera  particulièrement  chère  et  nous  aimerons  à 
nous  souvenir  de  l'inépuisable  bienveillance  de 
rhomme  et  des  travaux  considérables  du  savant.  » 

La  mémoire  de  Mignet  ne  saurait  en  effet  nous 
quitter.  Elle  sera  rendue  plus  vivace  dans  nos 
cœurs  chaque  fois  que  l'Académie,  à  perpétuité, 
décernera  le  Prix  Mignet,  cette  magnifique  fonda- 
tion établie  par  son  neveu,  notre  éminent  confrère, 
le  docteur  Evariste  Michel. 


Mademoiselle  Dosne  a  voulu,  par  le  Prix  Thiers, 
consacrer  pour  toujours  les  liens  de  l'illustre 
homme  d'Etat  et  de  l'Académie  d'Aix.  Le  docteur 
Evariste  Michel,  a  voulu,  par  le  Prix  Mignet,  que 
le  nom  de  Mignet  demeurât  auprès  de  nous, 
à  côté  de  celui  de  Thiers,  pour  rappeler  que  c'est 


-  GI  — 

à  Aix  qu'ils  s'unirent  et  fondèrent  cette  indissolu- 
ble amitié  devenue  historique. 

Désormais  l'Académie  d'Aix,  dépositaire  et 
fidèle  gardienne  des  volontés  de  Mademoiselle 
Dosne  et  du  docteur  Evariste  Michel,  couronnera 
les  travaux  relatifs  à  la  Provence  et  à  la  Ville 
d'Aix,  sous  les  grands  portraits  de  Thiers  et  de 
Mignet. 


^         '■^—-      "^t^ 


-  G2 


t. 


Le  public  applaudit  chaleureusement  le  passage  de  ce 
discours  relatif  au  Ijaron  Guillibert,  secrétaire  perpétuel 
de  r Académie. 


Le  Président  donne  la  parole  à  M.  J.  Charles-Roux  qui 
s'exprime  eu  ces  termes;  , 


LA  PROVENCE  CHEZ  ELLE 

Dans  les  ninsées  de  France  et  de  l'Étranger 


Messieurs, 


Le  passé  de  votre  ville  est  grandiose  !  Des  Salyens  à  nos 

jours,  quelle  riche  moisson  de  souvenirs  !  Aux  environs 

d'Aix  eurent  lieu  les  rencontres  décisives  entre  la  civilisa- 

lioD  romaine  et  les  barbares.    Plus  tard,   l'AquaB-Sexiiae 

(le  Sextius  Calvinus  et  de  Marins  devient  la  capitale  de  la 

Provence,  le  centre  d*un  Etat  indépendant,  la  résidence 

de  Comtes  Souverains.  Lorsque  est  effectuée  la  réunion  à 

la  France,  Aix  demeure  une  ville  privilégiée,  gardant  tous 

les  principaux  services  de  la  nouvelle  province.  Dans  ses 

rues,  le  brillant  corlége  du  Gouverneur  croise  Messieurs 

du  Parlement  on  de  la  Cour  des  Comptes  ;  le  passant  y 

rencontre,  en  troupes  joyeuses,  les  étudiants  de  l'Université 

on  les  cortèges  imposants  des  chanoines  de  la  iMétropole, 

accompagnant  un  Cardinal  Archevêque  pour  une  processiop 

solennelle. 


n 


-  64  ^ 

Caplivè  par  les  charmes  d*one  telle  ville,  j*avais  cafessé 
!e  projet  de  publier  une  édition  très  augmentée,  infinimenl 
plus  vaste  que  celle  de  la  bibliothèque  régionaliste.  que  vous 
avez  si  gracieusement  accueillie.  Je  me  serais  appliqué  à 
étudier  le  cadre  de  Thistoire  Aixoise.  à  présenter  en  détail 
les  monuments  restés  debout  et  à  reconstituer  ceux  qui  ont 
été  détruits.  Les  antiquités,  telle$  qu'elles  nods  sont  con- 
nues par  quelques  débris  conservés  au  Musée  d*Aix,  aa 
Musée  Borelli,  ou  dans  d'autres  musées  d*Europe,  sojrtout 
par  des  témoignages  de  voyageurs  et  d'historiens,  les 
Eglises  du  Moyen-Âge,  avec  leurs  Primitifs  ;  enGn,  les 
4^diGces  modernes,  eurent  fait  lobjet  de  chapitres  formaol 
une  suite  d8  monographies  historiques  et  artistiques. 

L'importance  des  hôtels,  où  s'est  déroulée  une  des  par- 
ties les  plus  curieuses  de  Thistoire  Aixoise.  la  vie  parle- 
mentaire, aristocratique  des  Xyil^  et  XVIII^  siècles,  nous 
avait  engagé  à  leur  consacrer  une  place  distincte 
dans  notre  ouvrage.  Nous  voulions  montrer  Tori- 
gine  et  l'accroissement,  remballissement  des  maisons 
Aixoises,  en  même  temps  que  Thistoire  de  la  famille  ou 
des  familles  les  ayants  habitées.  Les  portraits  des  personna- 
ges les  plus  illustres,  ceux  des  présidents  au  Parlement 
ou  à  la  Cour  des  Comptes,  des  Archevêques  et  des  grands 
ôriidits  auraient  voisiné  avec  les  façades,  les  portes d*«ilrée 
de  leur  logis,  avec  les  panneaux  décoratifs  et  les  tapisse- 
ries de  leurs  salons,  avec  les  amours  et  les  guirlandes  de 
fleurs  dominant  le  fronton  des  portes. 

Ce  qui  nous  avait  séduit  dans  cette  entreprise,  c'est  le 
caractère  tout  spécial  de  la  vie  Aixoise,  qui  a  résisté  i  cette 


-  65  — 

UDiformilé  à  outrance,  à  ce  nivellemeDt  de  mœurs, véritables 
plaies  de  notre  époque.  De  longs  siècles  de  particularisme 
ont  laissé  sur  votre  ville  une  empreinte  que  la  centralisation 
la  plustyranniquen*a  pu  effacer. 

Bien  pins,  au  moment  même  où  la  centralisation  triom- 
phait sous  la  monarchie  de  Louis  XIII,  de  Louis  XIV 
et  de  Lonix  XV,  la  ville  d'Aix  fidèle  à  sa  tradition,  aidée 
par  son  corps  municipal,  par  son  aristocratie  et  par  son 
Parlement,  maintenait  jalousenoent  les  restes  de  ses  libertés 
et  s*efforçait  de  conserver  une  existence  particulière.  La 
capitale  provençale,  privée  de  son  indépendance  matérielle, 
mais  fièrement  attachée  à  son  indépendance  morale,  fit, 
pour  ne  pas  déchoir,  un  effort  si  tenace  et  si  noble,  que 
cette  période,  où  semblait  devoir  commencer  la  décadence, 
fat  au  contraire  Tâge  d*or  de  la  Cité.  L'effort  a  même  été 
si  grand  et  si  beau  que  la  ville  en  est  resté  à  ce  suppréme 
épanouissement.  Ce  que  nous  admirons  de  nos  jours  à  Aix, 
c'est  en  réalité  la  ville  des  XVII»etXVIII«  siècles  ;  d'un 
passé  plus  lointain,  il  ne  nous  a  presque  rien  été  conservé 
et  les  temps  modernes  n*ont  pas  ajouté  grand*  chose  à 
ces  splendeurs. 

Mais  votre  ville  est  une  de  celles  de  France  sur  lesquelles 
il  a  été  le  plus  écrit.  J'ai  constitué  toute  une  bibliothèque 
avec  les  travaux  d'histoire  et  d'archéologie  aixoises,  depuis 
Louis  Galaup  de  Chasteuil,  Pitton,  Pierre  Joseph  de  Haitze, 
Peiresc.  les  Fanris  de  Saint-Vincent,  Roux-Alphéran, 
Rouard,  jusqu'aux  auteurs  modernes. 

Dès  le  XVI' siècle,  les  érudits  entassent  éludes  sur  études 

SÉAN.  PUBL.  ACAD. — 1908  5 


—  66  — 

poar  oous  faire  mieux  connaître  les  fastes  d'Aix.  Autrefois 
avec  plus  d'éloquence,  aujourd'hui  avec  plus  d'esprit  cri- 
tique, les  historiens  remontent  jusqu'aux  plus  lointaines 
origines  et  déroulent,  comme  en  un  majestueux  panorama, 
tonte  la  vie  de  la  vieille  cité  provençale.  C'est  un  beaa 
spectacle  et  nous  comprenons  l'enthousiasme  d'un  Pierre 
Joseph  de  Haitze,  ne  pouvant  écrire,  sans  une  émotion  qui 
se  trahit  au  début  de  son  livre,  l'histoire  d'une  ville,  qui 
était  seulement  sa  patrie  aJoptive. 

Parmi  les  travaux  les  plus  récents,  je  tiens  à  mention- 
ner les  deux  beaux  volumes  dé  notre  ancien  recteur, 
l'honorable  M.  Belin.  sur  l'histoire  de  l'Ancienne  Univer- 
sité de  Provence  ;  le  livre  de  M.  Michel  Clerc,  notre érudii 
professeur  à  l'université  et  conservateur  du  Musée  Borelli, 
sur  la  bataille  de  Slarius.  qui  va  être  suivi  d'un  important 
ouvrage  sur  Aix-Romain.  La  brillante  série  de  conférences, 
où  le  savant  et  si  obligeant  conservateur  de  la  Méjanes. 
M.  Edouard  Aude,  a  passé  successivement  en  revue^  avec 
une  compétence  qu'il  est  difficile  d'égaler  :  l'ancien  Palais 
Comtal,  l'Hôtel -de-Ville,  Saint-Sauveur,  la  Madeleine, 
l'Archevêché,  Saint- Jean  de  Malle,  vos  autres  églises,  le 
Musée,  la  bibliothèque  Méjanes,  et  cette  dernière  confé- 
rence, certes,  n'a  pas  dû  être  la  moins  intéressante,  car 
4)ersonne  mieux  que  M.  Edouard  Aude  ne  connaît  les 
richesses  qui  y  sont  accumulées.  L'abbé  Brémond  vient 
de  publier  un  livre  très  curieux  «  La  Provence  mystique  », 
dans  lequel  il  raconte  la  vie  de  deux  bienheureux  proven- 
çaux :  Madeleine  Marlin.  fondatrice  de  l'ordre  de  N.-D. 

m 

de  Miséricorde,  et  le  Père  Antoine  Yvan,  sorte  de  bourru 


-  67  — 

bîenfaisâDf,  dont  le  type  est  assez  fréquent  en  Provence,  - 
et  qui  noQS  séduit  d'autant  plus  que,    tout    en  remplis- 
sant ses  devoirs  de  prêtre  avec  un  admirable  dévoûment, 
il  était  peintre  et  graveur.  Ses  œuvres  ont  malheureuse- 
ment disparu. 

Si  je  joins  à  ces   travaux  ceux    du   dernier  congrès 
des  Sociétés  Savantes    de    Provence   et  les    nombreux  S 

articles  publiés  dans  les  Annales  de  la  Société 
d'Etudes  provençales,  dont  j'ai  parcouru  la  collection  avec 
le  plus  grand  soin,  en  présence  d'un  tel  luxe  de  documents 
de  premier  ordre,  nous  nous  sommes  demandé  avec  inquié- 
tude comment  il  était  possible  de  dire  quoique  ce  soit 
de  nouveau  et  comment  on  pourrait  mémo  avoir  la  pré- 
tention de  répéter  ce  qui  a  été  dit,  non  pas  mieux,  mais 
aussi  bien. 

Nous  dirigerons  donc   nos  recherches  vers  un  champ 
jusqu'ici  inexploré. 

Nous  étudierons  non  seulement  «  la  Provence  dans  la 
Provence  » ,  mais  «  La  Provence  hors  la  Provence  « ,  et 
cela,  en  ramenant  à  notre  pays,  par  l'image  et  la 
description,  ce  qui  lui  a  appartenu,  c'est-à-dire  les 
bas* reliefs,  les  sarcophages,  les  statues,  les  bronzes,  les 
tableaux,  toutes  les  œuvres  d'art,  en  un  mot,  dont  il  a 
été  dépouillé. 

Un  souci  tout  artistique  nous  invite  à  ce  travail.  Comme 
00  la  très  bien  dit  :  a  l'objet  d*art  exposé  dans  un  musée 
n'est  jamais  à  sa  place.  Nous  avons  l'habitude  de  l'y  aller 
voir  et  la  visite  que  nous  lui  rendons  nous  parait  toute 
naturelle.  Mais,  à  vrai  dire,  elle  exige  de  nous  un  effort 


-  68  - 

•  d'adaptation  et  une  dépense  nerveasc  qui  expliquent  la 
fatigue  qu'elle  nous  cause.  Le  tableau  n*a  pas  sa  lumière, 
ou  bien  les  chefs-d  œuvre  qui  l'entourent  projettent  sur  loi 
une  vibration  de  couleur...  «  Que  dire  quand  Tœuvre  d'art 
a  été  placée  dans  un  milieu  tout  différent  de  celui  pour 
lequel  elle  fut  conçue  et  qu'elle  est  complètement  détour- 
née de  sa  destination  première  1  Pour  donner  toute  leur 
signiGcation  à  ces  objets  épars.  qui  firent  autrefois  l'orne- 
ment, par  exemple,  des  hôtels  ALxois,  nous  devons  donc 
les  réunir  dans  notre  esprit  à  ces  demeures. 

«  Le  Tyran  i^,  avons  nous  lu  récemment,  qui  restitue- 
rait au  Parthénon  tous  les  fragments  que  la  stupide 
avidité  des  peuples  lui  a  ravis,  qui  ramènerait  Minerve 
dans  son  sanctuaire,  affirmerait  par  cet  acte  sa  puissance 
mieux  que  par  des  victoires  ».  Nous  voudrions,  nous 
aussi,  ramener  Minerve  dans  son  sanctuaire.  Le  sanc- 
tuaire lui-même  nous  paraîtrait  ainsi  plus  beau...  Pour 
revivre  la  vie  Provençale,  il  nous  faut  consentir  à  ub 
essai  complet  de  reconstitution. 

Donc,  rendre  à  la  Provence  ses  anciennes  richesses 
sera  désormais  tout  notre  effort,  en  évitant,  bien  entendu, 
de  tomber  dans  l'aridité  d'un  catalogue  illustré  ou  d'une 
série  de  sèches  statistiques.  Nous  appliquerons  ce  pro- 
gramme non  seulement  à  Âix,  mais  à  Marseille,  Toulou, 
Fréjus,  Cimiez,  Grasse  et  enfin  aux  principales  villes 
romaines  de  la  vallée  du  Rhône  :  Vienne,  Âpt, 
Nimes,  Arles,  dont  la  plupart  ont  été  outrageusement 
dépouillées.  Le  fait  est  tellement  vrai  que  les  archéo- 
logues, les  iirtistes  qui  désirent  étudier  les  villes   de 


-  69  - 

YaisoQ  et  de  Vienne,  pour  ne  cUer  que  ces  exemples, 
sont  obligés  d'aller  à  Brunswick,  Munich,  au  Vatican 
et  au  British  Muséum. 

C*est  en  efTei  dans  ce  dernier  muséd  que  se  trouve  le 
morceau  d'art  si  raffiné  qu'est  le  Diadumène  de  Vaison, 
livré  en  1868.  sur  place,  pour  le  prix  de  25.000  francs  ! 
Le  département  des  Antiques  du  Louvre  l'avait  refusé 
au  propriétaire,  qui  le  lui  offrait  pour  une  somme 
relativement  minime. 

Sous  la  conduite  du  docteur  Barrai,  après  avoir  vu  à 
Vaison,  dans  cette  ville  la  plus  importante  du  Vocomtium 
et  que  Pompinius  Mêla  mettait  à  la  tête  des  centres  les  plus 
opulents  de  la  Narbonnaise,  après  avoir  vu  remplacement 
eu  celle  statue  fut  découverte,  en  parfait  état  de  conser- 
vation, j'ai  en  le  plaisir  de  la  contempler  tout  récemment 
à  Londres.  Elle  représente  un  jeune  athlète  de  vingt-cmq 
ans  environ,  debout,  complétejnent  nu,  les  bras  élevés  en 
croix,  et  les  mains  infléchies  sur  la  tête  pour  attacher  sur 
son  front  la  bandelette,  signe  de  la  Victoire. 

Les  auteurs  ne  mentionnent  que  trois  statues  de  Diadu- 
mène,  qui  sont  du  reste  perdues  tou(es  trois,  une  par 
Phidias,  l'autre  par  Polyrlète  et  la  dernière  par 
Praxitèle.  Le  Diadumène  de  Vaison  ne  peut  donc  être 
qne  la  réplique  de  l'œuvre  d'un  des  trois  plus  grands 
sculpteurs  Grecs. 

Si,  de  Vaison  nous  passons  à  Vienne,  par  qui  la  Cité  des 
Allobroges  s'est-elle  laissé  enlever  la  célèbre  têie  de  déesse 
eD  bronze  argenté,  un  des  cl^fs-d'œuvre  de  la  statuaire 
antique  ?  où  sont  le  grand  foculu%  portatif,  qui  n'a  son 


—  70  - 

pendaùl  qu'au  Musée  de  Naples  ;  le  Silène  criopliore^  de 
caractère  archaïque,  et  les  trois  bustes  d^appliqùe 
de  Jupiter,  Neptune  et  M^rs?  Au  Musée  des  Antiques 
de  Lyon. 

Pour  qui  sourit  son  célèbre  Faune,  dont  la  gaieté 
folâtre  a  amusé  ses  questeurs,  ses  proconsuls,  ses 
édiles,  ses  primipiles  ?  Pour  les  visiteurs  du  Musée 
du  Louvre. 

Chez  quel  collectionneur  jaloux  se  cachent  :  le  beau 
buste  déjeune  homme "f  Au  musée  de  Saint-Germain  ; 
et  les  tête  d'Anes,  couronnées  de  fleurs,  qui  avaient 
trait  aux  fêtes  des  Lupercales  ?  Dans  la  collection  de 
M.  Thiers. 

Où  est  le  magnifique  vase  d'argent  représentant 
les  quatre  saisons,  assises  sur  des  panthères  ?  en 
Angleterre. 

Et  les  Hercules  romains  et  gallo-romains  ?  au  Vatican. 

Et  la  statue  d^Hygie  ?  dans  la  collection  Jacquemin. 

Et  le  Silène  porlani  un  bélier  sur  ses  épaules  ?  à  Lyon. 

Et  la  Poêle  à  frire,  de  forme  si  curieuse  ?  au  muséô 
de  Reims. 

Si  nous  abordions  les  mosaïques,  nous  verrions  que  la 
plupart  de  celles  découvertes  à  Vienne,  à  Saint-Romain  en 
Gai,  au  palais  du  Miroir  de  Sainte  Colombe,  ou  à  Saint- 
Paul-Trois-Cliâteaux,  sont  au  Musée  de  Grenoble,  au 
Musée  Calvet,  ou  dans  celui  de  Lyon. 

En  ce  qui  concerne  les  bronzes,  les  exils  sont  encore 
infiniment  plus  nombreux.  Ils  roprésenlenl  une  des  rare- 


-  71  — 

lés  Ju  British  Muséum,  si  bien  que  loul  Français  désireiu 
d'enirer  en  contact  direct  avec  la  produclion  artistique  do 
nos  bronzes  anciens,  doit  traverser  la  Manche. 

Pour  ne  pas  quitter  l'Angleterre,  quelle  a  été  notre 
surprise  de  voir  à  Chatsworth,  dans  la  collection  particu- 
lière du  dac  de  Devonshire,  qui  vient  de  mourir*  deux 
superbes  statues,  de  la  belle  époque  romaine  représentant: 
l'une  un  homme  debout,  le  corps  à  moitié  vêtu,  Taulre 
un  groupe  d'une  mère  et  sa  fille,  découvertes  à  Apt,  en 
n2l ,  iJans  un  amas  de  pierres  et  de  ronces,  presque  sous 
les  murs  de  la  Ville.  Elles  furent  transportées  à  Paris  en 
MÏS  et  placées  dans  les  jardins  de  Versailles.  Les  savants 
en  déploraient  la  disparition,  lorsqu'un  archéologue  alle- 
mand. M.  Furtwangler,  les  retrouva  à  Chatsworih.  Com- 
ment y  sont-elles  parvenues  ?  That  is  the  question... 

Si  je  ne  parle  pas  des  Vénus  de  la  vallée  du  Rhône,  dont 
les  principales  ont  émigré,  telles  la  Vénus  d'Arles  et  la 
Vénus  accroupie  de  Vienne,  qui  regrettent  amèrement  le 
sol  natal  dans  leur  prison  du  Louvre,  c'est  que  Madame 
Jeanne  de  Flandrej.^y  leur  a  consacré  une  étude  définitive. 
Qu'il  nous  soit  cependant  permis  de  regretter  tout  partir 
coliérement  que  Lyon  nous  ait  ravi  la  Vénus  de  Marseille, 
au  sourire  éginétrquc.  Oh  !  elle  n'est  point  belle  notre 
Vénus  Massaliote,  avec  sa  haute  coilTure,  ses  formes  épais- 
ses, ses  traits  accentués,  son  cou  puissant,  ses  yeux  dont 
le  globe  forme  bourrelet,  enfin  avec  les  cariillages  grossiers 
derorcille,  qui  n*esl  même  pas  à  sa  pLice.  Certains  écri- 
vains ont  même  pris  pour  une  chouette  la  blanche  et 
chaste  colombe  qu'elle  lient  dans  la  main.  L'on  a  pnine  à 


-  72  - 

considérer  en  elle  Tincarnation  des  grâces  féminines,  si  on 
ne  se  souvenait,  qu'au  début,  Aphrodite  fut  chez  les  Grecs, 
la  déesse  des  forces  génératrices  et  que  c  est  plus  tard  seu- 
lement, avec  Phidias,  qu'elle  personnifia  l'amour  et  la 
beauté. 

Bien  que  la  Vénus  Massaliote  n'ait  pas  la  séduction  de 
ses  sœurs  cadettes,  elles  n'en  est  pas  moins  digne  d'occu- 
per le  premier  rang  parmi  les  échantillons  qui  nous 
restent  de  l'art  archaïque  grec  oriental  et  dont  ni  le  Lou- 
vre, ni  le  British  Muséum,  ni  ta  Pinacothèque  n'en  possè- 
dent d'aussi  remarquables  dans  le  même  genre. 

Toutes  ces  richesses,  rencontrées  dans  les  Musées  de 
France  et  de  l'Etranger,  prouvent  à  quel  poinl^'nolre  vallée- 
du  Rhône  étart  fertile  en  œuvres  d'art  ;  et  cela  n'a  rien  pour 
surprendre  lorsqu'on  songe  que  le  fleuve  qui  Tauinve 
fut  comme  rayé,  lui  aussi,  par  le  vaisseau  d'Ulysse,  que 
c'est  par  chez  nous,  par  la  vallée  du  Rhône,  qu'ont  pénétré 
les  civilisations  grecque,  romaine,  et  que  nos  écoles 
étaient  déjà  les  rivales  de  celles  d'Athènes,  alors  que  la 
plupart  des  régions,  qui  devaient  constituer  la  France, 
étaient  encore  plongées  dans  la  barbarie. 

C'est  aussi  par  cette  voie  que  nous  parvint  la  religion 
chrétieRue  :  qui,  chose  intéressante  à  noter,  s'implanta 
beaucoup  plus  rapidement  sur  le  sol  primitivement  impré- 
gné d'hellénisme  que  dans  les  centres  purement  romains. 
C'est  un  fait,  en  effet,  que  dans  les  pays  grecs,  la 
propagation  du  christianisme,  l'évangélisation,  a  été  plus 
aisée  que  dans  les  pays  exclusivement  romains.  Il  semble 
que   la   sagesse    hellénique  monte   peu   à   peu   vers   le 


-  73  - 

christianisme  el  qae  Taube  de  TEvangile  illamine  déjà 
les  dialogues  platoniciens. 

C'est  de  nos  jours  seulement  qu^on  a  violemment  opposé 

le  paganisme  grec  à  la  religion  chrétienne  et  ce  fut  l'œuvre 

« 

de  Louis  Ménard,  de  Renan,  de  Taine,  de  Leconte  de  Lisie, 
d'Analole  France.  L'un  écrit  les  Rêveries  d'un  païen  mys- 
tique^ Tautre  exalte  les  jeunes  gens  de  Platon  ;  Renan 
fait  sa  Prière  sur  l* Acropole,  aux  pieds  de  la  statue 
d*Athena  ;  France  publie  les  Noces  Corinthiennes,  et 
le  plus  violent  de  tous  s*écrie,  en  s*adressant  à  Hypalhie: 

Le  vil  Galiléen  t*a  frappée  et  maudite, 
Mais  tu  tombas  plus  grande,  et  maintenant,  hélas  I 

Le  souffle  de  Platon  et  le  corps  d'Aphrodite 
Sont  partis  à  jamais  vers  les  beaux  cieux  d'Hellas. 


Quelle  que  soit  la  beauté  plastique  de  ces  vers,  je  ne 
crois  pas,  pour  mon  compte,  que  cette  opposition  soit  par- 
faitement  juste.  Ne  serait-ce  pas  d'une  philosophie  supé- 
rieure de  considérer,  comme  on  le  faisait  au  XVII®  siècle, 
où  roD  ne  reniait  rien  de  i*antiquité,  que  la  civilisation 
greco-latine  a  préparé  les  voies  au  christianisme.  L'attitude 
d'uD  Racine,  qui  sait  écrire  à  la  fois  Phèdre  et  Athalie, 
D*est-elle  pas  infiniment  plus  haute  que  la  malédiction  de 
Leconte  de  Lisie  ? 

Quand  saint  Paul  prêcha  à  Athènes  devant  TAéropage, 
il  fut  reçu  sans  colère  et  écouté  avec  bienveillance.  Les 
Athéniens  n'avaient-ils  pas  élevé  dans  leur  Panthéon  un 
autel  au  Dieu  inconnu  ? 


-  74  - 

.     Les  Provençaux  sembleol  avoir  retenu  de  leurs  orîgjoes 
grecques   une  lolérance  toute  semblable.   Le  sens  de  la 
beauté  et  celui   de  la  religion  s'unissent  en  leurs  âmes 
d'une  façon  indissoluble  et  leurs  poëies  du  XIX^  siècle  sont 
uû  exemple  vivant  de  cette *concilialion.  Ce  qui  s'oppose 
dans  la  littérature  française  du  XIX®  siècle,  s'unit  au  con- 
traire étroitement  dans  la  leur.  La  preuve  la  plus  frap- 
pante de  ce  que  nous  avançons  nous  est  fournie  par  Aubanel, 
qui  chante  avec  le  même  élan  la  Vierge  Marie  et  la  Vénus 
d'Arles,  également  sincère  dans  ces  deux  enthousiasmes, 
qui  n<>.  lui  paraissent  pas  contradictoires.  C'est  du  reste, 
ce  que  jai  essayé  de  faire  ressortir  dans  Souvenirs  du 
Passé,  le  Cercle  artistique  de  Marseille,  en  étudiant  le 
félibrige  et  ses  grands  chefs.  Mistral  et  Aubanel. 

Laissant  à  regret  la  période  gréco-romaine,  et  abor- 
dant le  Moyen-âge  et  les  Primitifs,  nous  constaterons  éga- 
lement de  nombreux  exils.  Ainsi  que  j'avais  l'honneur  de 
vous  le  dire  au  Congrès  des  Sociétés  Savantes  de  Marseille 
de  1906.  ce  fut  â  l'exposition  rèlrospertive  d'art  proven- 
çal, qui  eut  lieu  dans  cette  ville  en  1860,  que  les  nom- 
breux primitifs,  ornant  vos  églises  et  qui  étaient  tous 
attribués  à  des  maîtres  flamands,  furent  rendus  à  leurs 
vrais  auteurs. 

L'erreur  du  reste  n'était  pas  aussi  grossière  qu'on  a 
bien  voulu  le  dire.  L'Ecole  du  roi  René  n'est-elle  pas 
directement  inspirée  de  la  peinture  flamande?  Et,  à  ce 
sujet,  comment  expliquer  qu*étant  donné  les  relations 
constantes  du  roi  Uené  avec  l'Italie,  en  raison  de  ses 
royaumes  de    Naples  et   de    Sicile,  et  pendant   que  l'art 


i»i       

lulienflenrîssail  â  Avignon,  à  là  cour  des  Papes,  comment 
expliqoer  que  le  roi  René  ait  toujours  fait  appel  à  des 
artistes  flamands  ?  On  pourrait  même  ajouter  que,  non 
seulement  le  roi  René  et  son  école  n'ont  pas  subi 
rinfluence  Italienne,  mais  que  les  artistes  italiens  fu- 
rent impressionnés,  à  cette  époque,  par  les  peintres 
provençaux. 

A  propos  des  œuvres  personnelles  du  Roi  René,  il  nous 
parait  presque  impossible  de  rapatrier  par  Timage  et  la  des- 
cription, celles  qui  auraient  pu  émigrer.  D'abord,  parce 
qn*il  est  assez  difficile  de  les  identifier,  et  qu'ensuite  le 
nombre  doit  en  être  minime,  étant  donné  Tabondance 
de  celles  que  nous  trouvons  encore  dans  notre  pays.  Mais. 
nous  nous  appliquerons  à  rendre  à  la  Provence  ce  que  le  roi 
René  lui-même,  en  a  fait  sortir.  • 

La  cathédrale  de  Saint-Maurice  d'Angers  possède  une 

baignoire  antique  de  marbre  vert,  que  le  roi  René  y  avait 

envoyée.  Elle  fut  placée  dans  le  chœur  de  la  cathédrale  sur 

deux  lions  de  marbre  blanc,  montés  sur  un  soubassement 

orné  de  quatre  feuilles  sculptées  et  relevé  de  trois  marches 

au-dessus  du  pavage.  Le  chapitre  s'en  servait  comme  de 

fonts-baptismaux  pour  les  grands  personnages  et  elle  se 

trouvait  ainsi  rendue  à  sa  destination  première,  puisqu'une 

légende,  recueillie  au  XV®  siècle,  nous  apprend  que  :  le 

roi  Marsille,  converti  par  Marie-Magdeleine.  aurait  été  fait 

chrétien  dans  ce  font  baptismal.    Le   23  janvier   1699. 

on  transporta  cette  cuve  au  bas  de  la  nef,  du  côté  de  la 

chapelle  de  Sainte-Anne,  et  c'est  là  où  je  l'ai  vue.  il  y  a 

trois  mois  à  peine,  servant  de  bénitier  pour  les  fidèles. 


-  76  - 

Le  Musée  d'Ângérs  possède  également  ooe  urne  très 
fameuse  dite  Urne  de  Cana,  provenant  de  Provence,  et 
la  bibliothèque  de  cette  même  ville  conserve  quatre  feuillets, 
fragments  d'heures  latines,  à  capitales  dorées  et  marges 
ornées  de  rinceaux  élégants,  donnés  par  M.  Hawke, 
dessinateur,  et  provenant  d*un  missel  qui,  après  avoir 
appartenu  au  roi  René,  devint  la  propriété  de  la  famille 
Alfandéry  de  Tarascbn. 

Quant  aux  primitifs,  nous  n*aurons  pas  à  rapatrier 
les  toiles  qui  se  trouvent  dans  tos  églises  ou  celles 
d'Avignon  et  de  Villeneuve,  mais  toute  autre  sera  notre 
tâche  pour  celles  hors  de  Provence,  comme  par  exemple, 
de  Nicolas  Froment  :  la  résurrection  de  Lazare  appar- 
tenant à  M.  le  Docteur  Reboul  de  Lyon  ;  le  tableau 
de  M^  Richard  von  Kaufmann,  de  Berlin,  dont  nous 
avons  donné  une  reproduction  dans  notre  ouvrage  sur 
\e  costume;  celui  de  la  collection  Lipmann,  à  Berlin 
également  ;  enfin,  un  des  plus  célèbres  de  Nicolas  Fro- 
ment :  la  Résurrection  de  Lazare  du  musée  des  Offices,  à 
Florence. 

A  regard  des  Primitifs,  nous  ne  saurions  avoir  la  pré- 
tention d'apporter  grand  chose  de  nouveau  après  fexposi- 
tion  du  pavillon  de  Marsan,  en  1904,  et  les  travaux  de 
MM.  Georges  Lafenestre,  Richard  Kœcblin,  Bouchot,  le 
Comte  Durrieu  et  de  M.  Tabbé  Requin.  Nous  croyons 
cependant  avoir  fait  une  découverte  curieuse  an  Musée  de 
Lille.  Il  s'agit  d'un  triptyque,  représentant  saint  Paul, 
saint  Mathieu  et  saint  Jude.  Les  trois  volets  le  composant 
sont  en  forme  d'ogive  et  portent  un  texte  en  exergue.  Ce 


—  77  — 

nexte  întrignaît  Tort  les  Conservateurs  da  Musée,  car  ce 
n*èlait  ni  du  latiu,  ni  du  flamand.  L*un  d'eux  eut  Texcel- 
lente  pensée  d*ea  envoyer  la  copie  à  TEcole  des  Chartes 
et  il  lui  fut  répondu  que  cette  langue  était  bel  et  bien  du 
provençal  du  XIY"  siècle.  Le  triptyque  se  trouva  ainsi  iden- 
tifié. Voici  le  texte  en  question  : 

Set  Paul  vax  élu  virginal 
Convertit  après  grand  mal 

Set  meteu  dis  en  Judà 
Fos  escapsat  ab  laspesa 

Just  al  temple  posât 
Fos  ab  destral  truescat. 

Comme  celle  langue  n  a  pas  grand  rapport  avec  celle 
de  Mistral,  je  ne  crois  pas  inutile  d'en  donner  laPtraduc- 
tion  de  1*  Ecole  des  Charles  : 

Sainl  Paul  vase  d'élection  et  virginal 
Converti  après  grand  mal 

Saint  Mathieu  en  Judée 
Fut  décaloté  par  Tépéc 

Jude  au  temple  s'arrétant 
Fut  par  la  destraJe  tué. 

Voici,  enfin  la  description  du  Iriplyque  : 

Saint  Paul,  velu  dune  tunique  bleue  et  d*un  manteau 
rouge  porte  le  glaive  d'une  main  et  de  l'autre  le  livre  des 
épitres. 

Couvert  de  la  chape  des  officianls,  saint  Mathieu  tient 
un  glaive  et  une  banderolle  avec  inscription. 


^ 


-  78  - 

Quant  à  Sainl  Jude,  ï\  est  revêtu  d^uû  riche  manteau 
bleu,  doublé  de  rouge,  et  tient  la  bâche  de  la  main  droiie. 

Comment  ce  très  intéressant  primitif  de  l'Ecole  proven* 
cale  est-il  arrivé  à  Lille  ? 

Ce  fut  M.  Rigaux,  membre  de  la  commission  du  musée, 
qui  Tacheta  en  1885.  à  un  numismate  habitant  Bruxelles, 
du  nom  de  Serrure.  Ce  dernier  le  tenait  d'un  marchaod 
de  Saint-Omer.  auquel  il  avait  été  vendu  par  un  antiquaire 
italien,  qui,  chaque  année,  quittait  son  pays  pour  se  rendre 
en  Flandre.  Faisant  Técole  buissonniére,  il  ramassait  tout  le 
long  du  chemin  et  particulièrement   en    Provence,     les 
objets  d*art  qui  lui  plaisaient.  Il  arrivait  dans  les  Flandres 
chargé  do  son  butin,  dans  lequel  venaient  puiser  les  diffé- 
rents musées  et  amateurs  de  la  région.  C  est  ainsi  que  le 
musée  de  Lille  s'enrichit  du  triptyque  dont  nous  venons  de 
parler,  et  d'un  autre  tableau  représentant  un  saint,  et  qui 
suivant  tontes  les   probabilités,  a  été   encore  glané    en 
Provence. 

Pour  les  XVH®  et  XVIII®  siècles  nous  ne  nous  étendrons 
pas  sur  des  artistes  tels  que  :  Puget,  les  Parrocel,  Mignard, 
les  van  Loo,  Fragonard  ou  Joseph  Vernet, -aux  quels  des 
livres  entiers  ont  été  consacrés.  Mais,  ainsi  que  j'avais 
rhonneur  de  vous  le  dire  il  y  a  un  instant,  de  même  que 
l'exposition  de  Marseille  de  1860  a  révélé  l'Ecole  des  pri- 
mitifs provençaux,  celle  de  1906  a  mis  en  lumière  toute 
une  série  de  peintres  du  cru,  presque  ignorés  du  public. 
Les  grands  ouvrages  sur  les  maîtres  français  sont  muets  à 
leur  sujet  et  seuls,  MM.  Pointel  et  de  Chenevières  en  men- 
tionnent certains  dans  leurs  «  recherches  sur  la  vie  et  les 


—  79  - 

ouvrages  de  quelques  peintres  provinciaux  de  l^ ancienne 
Frctnce.  > 

J*eD  cilerai  quelques-uns  :  Henri  Guigo,  ou  Guigoois, 
filé  à  Avignon  avant  1526,  décédé  dans  la  même  ville  à 
la  fin  de  1532,  et  qui  eut  pour  principaux  élèves,  Simon 
de  Mailby,  dit  Simon  de  Châlons,  et  Laurent  Rotter- 
dam, Just  de  Haas,  qui  travaillait  à  Avignon  au  XVI®  siè- 
cle ;  Pacsalde  laBoseuè  à  Toulon  en  1665;  Ephren 
Leconie,  né  à  Marseille  maître  peintre  à  l'arsenal  des  galè- 
res au  XVI1°  siècle  ;  René-Louis  Vialy,  né  à  Aix  à  la 
même  époque  ;  Joseph  Boze,  né  à  Marligues  ;  Joseph- 
André  Cillony  et  Marguerite  Gciard,  née  à  Grasse,  la 
belle-sœur  et  Télève  de  Fragonard. 

J'en  passe  Messieurs.  Quoique  plus  connus,  nous  jugeons 
que  Françoise  Duparc,  dont  de  nombreux  tableaux  doi- 
vent certainement  se  trouver  en  Angleterre,  que  Barras, 
Fauchier,  Arnulphy,  Duplessis  et  Baspal  ne  sont  pas 
appréciés  à  leur  valeur.  Mais  je  voudrais  rendre  un  hom- 
mage particulier  à  Sigalon,  Tlngres  provençal,  dont  h 
Jeune  Courtisane  et  la  Vision  de  Saint  Jérôme,  du  musée 
du  Louvre,  sont  des  chefs-d'œuvres,  et  à  J. -Baptiste 
Laurent,  que  l'on  ne  connaît  que  très  imparfaitement,  si 
Ton  s*attacbe  seulement  à  ses  études  du  Costume,  et  dont 
il  faut  consulter  avec  soin  les  études  anatomiques,  si  Ton 
^eul  apprécier  dans  toute  Sa  beauté  le  nu  provençal. 

Quant  aux  principales  collections  qui.  au  XVII''  et 
XVllI®  siècles  faisaient  la  gloire  de  votre  villle  ;  celles  de 
Boyer  d'Eguilles.  de  Fons-Colombe.  de  Valbelle.  de 
Monlvallon.  de  la  marquise  deHrégançon,  du  président  de 


—  80  — 

Saint-Paul,  etc..  nous  ne  voyons  pas,  au  point  de  vue 
auquel  nous  nous  plaçons,  le  grand  intérêt  que  nous  aurloQS 
à  les  reconstituer.  El  cela,  parce  quelles  se  coaiposaieot 
principalement  de  toiles  des  écoles  étrangères.  C*est   ainsi 
que,  dans  la  collection  Boyer  d'Eguilles,  dont  le  détail  nous 
est  entièrement  révélé  par  les  gravures  de  Coelmans,  nous 
ne  relevons  que  deux  Puget,  huit  Sébastien  Bourdon,  un 
Finsonius,  et  enfin  un  Sébastien  Barras.  La  collection  de 
Fons-Colombe,  parmi  des  van    Dyck,  des  Holbein,  des 
Ténier,  etc.,  ne  nous  donne  qu*nn  Puget  et  un  Joseph 
Vernet. 

C*est  donc  seulement  au  rapatriement  de  ces  œuvres 
provençales  que  nous  nous  appliquerons.  En  ce  qui  con- 
cerne les  Puget  de  la  collection  Boyer  d'Egnilles,  le  musée 
de  Marseille  possède,  vous  le  savez  sans  doute,  Messieurs, 
la  Sainte  Vierge  montrant  à  lire  à  l'Enfant  Jésus,  offerte 
par  M.  Emile  Ricard,  le  frère  de  notre  grand  portraitiste. 
Les  deux  statues  de  Veyrier,  Télève  préféré  de  Puget,  que 
le  maître  avait  tout  particulièrement  recommandé  à  Boyer 
d'Eguilles,  le  Faune  et  la  Muse,  sont  également  au  musée 
de  Marseille, 

Permettez -moi  maintenant  de  vous  poser  une  question  : 
Quel  était  le  nom  de  ce  parent  de  van  Loo  qui  possédait,  à 
Aix,  une  si  belle  collection  de  Carie  van  Loo  ?  Ne  serait- 
ce  point,  par  hasard,  un  certain  Bazaly,  associé  de  TAca- 
demie  de  peinture  de  Marseille  ? 

Une  partie  de  la  collection  de  Yalbelle  se  trouve  au 
musée  de  Draguignan  et  nous  pourrions  présenter  à  son 
sujet  les  mêmes  observations  que  pour  celles  de  Boyer 
d'Eguilles  et  de  Fons-Colombe. 


—  81   -- 

Quaot  ao  rameax  tombeau  du  comte  Orner  de  Valbelle, 
marquis  deTourves,  élevé  dans  la  chapelle  de  MoDtrieux, 
la  presse  marseillaise  s*en  est  occupé  récemment,  et  vous 
en  connaissez  aussi  bien  que  moi  les  péripéties.  Si  les  qua- 
tre statues  décorant  les  angles  avaient  été  réellement  de 
HoudoD,  nous  D*en  parlerions  pas,  mais  cette  attribution 
a  été  reconnue  fausse  et  le  buste  de  Valbelle  seul,  est  de 
cet  artiste.  Le  véritable  auteur  de  ces  statues  s'appelait 
Christophe  Fossaty  et  travaillait  à  Marseille  vers  1730.  Il 
paraîtrait  que  Fossaty,  sur  le  désir  même  du  comte  Omer, 
avait  prêté  à  ces  statues  une  allure  assez  profane  qui  trou- 
bla quelque  peu  les  bons  moines  de  Montrieux.  Aussi,  le 
père  supérieur  pria-t-il  Fossaty,  de  leur  donner,  un  aspect 
plus  religieux.  H  est  à  croire  que  Fossalty  s'acquitia  de 
son  nouveau  mandat  avec   un  véritable  éclectisme,  car, 
après  la  Révolution,  une  des  statues  fut  convertie  en  Sainte 
Madeleine  et  envoyée  à  la  Sainte-Baume,  où  on  peut  encore 
la  voir  dans  la  grotte  ;  on  a  prétendu  à  tort  que  c'était  le 
portrait  de  la  «  Clairon  ».  La  seconde,  en  qualité  de  pleu- 
reuse,  figure  sur  une  fontaine  de  la  grande   place  de 
Fréjns  :  la  troisième  représente  Thémis  au  palais  de  justice 
de  Draguignan  ;  la  quatrième  enfin  symboHseJa  Provence 
soDs  le  péristile  du  musée  de  Toulon.  El  nunc  erudimini... 

Le  musée  de  Saint- Lô  contient  les  portraits  de  deux 
évèi|Qes  de  Valbelle,  que  nous  nous  proposons  de  faire 
reproduire. 

Ainsi  que  je  viens  de  Tindiquer,  Messieurs,  Laurent 
Fanchier  a  brillé  d*un  éclat  tout  particulier  à  la  dernière 
exposition  de  Marseille.  Aussi,  Tavons-nous  recherché  dans 

SÉAN.  PCBL.  ACAD. — 1908  6 


n 


—  8'î  - 

les'ninsôes  de  IFraDce  et  avoDS-nous  trouvé  trois  portraits 
de  iui  à  Nantes,  dont  deux  d*bommes  et  un  de  femme,  qui 
furent  attribués  longtemps  à  Philippe  de  Champaigne.  Je 
ne  mentionne  pas  celui  du  mnsée  de  Toulon  parce  qu'il  est 
trop  prés  de  nous,  noais  il  existe  à  la  bibliothèque  natio- 
nale un  superbe  dessin,  rehaussé  de  couleurs,  signé  eo 
toutes  lettres  :  Laurent  Fauchier  et  daté  de  1*701.  On  lit. 
darus  le  bas  de  la  marge  ces  notes  :  Natt,  Bourgeois  (TAiay 
en-Provence,  écrits  à  la  main.  La  figure  est  très  expres- 
sive, mais  le  costume  orné  d  un  rabat,  la  calotte  recou- 
vrant le  sommet  de  la  téie  et  ^les  cheveux  tombant  en  bou-* 
des  sur  les  épaules,  donnent  à  ce  bourgeois  Tallure  d*un 
membre  du  clergé.  Ce  n'est  pas  surprenant,  car  d'après 
des  documents  qui  se  trouvent  à  la  Méjanes,  Naît  dirigeait 
la  maîtrise  de  Saint-Sauveur.  Il  composait  même  des  Noëte 
en  concurrence  avec  Saboly  et  les  r^apports  de  ces  deux 
Noëlistes  étaient  loin  d'être  cordraux.  Il  psH^ait  qu'ils 
s'exécraient  et  se  livraient  mutuellement  aux  plus  violeotes 
diatribes. 

T^Ious  avouons^ nous  intéresser  tout  particulièrement  à 
Fauchier  :  si  nous  ne  parlons  pas  de  ses  portraits  de  la 
Belle  du  Canet,  c'est  qu'on  les  a  tous  retrouvés.  L*un  est 
au  château  de  Saint-Marcel,  chez  M.  le  marquis  de  Forbin. 
L'autre  a  oié  légué  au  musée  de  Marseille  par  Madame 
Alfred  de  Surian,  comme  représentant  Madame  de  Grignan  : 
mais  l'erreur  a  été  réparée. 

Il  existe  trois  autres  portraits  de  la  Belle  du  Canet,  dont 
deux  par  Daret  et  le  troisième  par  un  inconnu.  Les  deux 
premiers  sont  à  Âix,  Tun  chez  M.  Vermont,  professeur  à 


-  83  - 

la  fâcollé  de  droit,  el  a  figuré  à  l^exposilioo  rétrospeclive  de 
Marseille,  ea  190G.  Qaaot  au  second,  M.  de  Mougins- 
Roqaeforl,  qui  a  fait  don  à  THôlel-de-Ville  des  boiseries  et 
peintures  du  boudoir  ayant  abrité  les  amours  du  duc  de 
Yeoddme  et  de  la  Belle  du  Cauet,  vient  de  m*apprendre 
que  le  portrait  de  la  dame,  en  Diane  chasseresse,  orne  le 
plafond  d<in  des  salons  de  l'hôtel  de  la  comtesse  de  Vogué. 

ËnGn,  notre  honorable  confrère  M.  de  Bresc,  qui  possède 
un  superbe  tableau  de  Fauchier,  a  fait  don  au  musée  de 
Draguignan  d'un  portrait  de  la  Belle  du  Canet.  La  dame, 
cette  fois,  est  complètement  dévêtue.  L'opulence  et  la  ron- 
deur des  formes,  que  Ton  devine  sous  les  draperies  des 
tableaux  précédents,  s'affirment  ici  au  grand  jour  et  sans 
aucuu  mystère. 

Nous  ne  multiplierons  pas  davantage  les  exemples  et 
négligerons  à  dessein  le  XiXme  siècle,  dans  la  crainte  de 
donner  à  cette  communication  une  étendue  indiscrète. 

Je  ne  voudrais  pas  cependant  que  vous  puissiez  penser 
qu'un  homme,  qui  s'est  toujours  piqué  de  libéralisme  en 
matière  économique,  est  un  protectionniste  intransigeant 
tn  matière  artistique.  Bien  que  je  ne  considère  pas  les 
oeuvres  d'art  comme  marchandises  d'exportation,  je  ne 
dénie  eu  aucune  façon  à  nos  artistes  modernes  le  droit  de 
vendre  leurs  œuvres  à  l'étranger  et  de  concourir  ainsi  au  bon 
renom  de  la  France.  J'avoue  même  avoir  ressenti  un  véri- 
table  orgueil  patriotique  en  voyant  que  le  iMusée  de  New- 
York  est  en  grande  partie  composé  de  superbes  échantillons 
de  nos  mailresde  1830  ;  Delacroix,  Diaz,  Corot.  Daubigny, 
Rousseau,  Courbet,  Fromentin,  Meissonnier,  Couture,  etc. 


-  84  — 

J'ai  éprouvé  le  même  senliraenl  à  Moscou,  en  pré- 
sence d'une  colleclioD  de  peintres  de  la  même  époque,  qui 
est  un  vrai  bijou.  Mais,  pendant  que  l'Italie  et  l'Espagne 
prennent  de  minutieuses  précautions  contre  l'enlèvement 
de  leurs  œuvres  d'art  anciennes,  notre  pays  sera-t-il  le 
seul  à  donner  libre  carrière  aux  brocanteurs  et  nous  laisse- 
rons-nous peu  à  peu  dérober  tous  les  joyaux  de  noire  cou- 
ronne artistique  ? 

La  plupart  des  œuvres  d'art  du  reste,  surtout  en  sculp- 
ture, n'ont-elles  pas  été  conçues  et  exécutées  pour  être 
contemplées  sur  le  sol  qui  les  a  vu  naître,  ainsi  que  je  le 
faisais  observer  au  commencement  démon  discours  ?  Est- 
ce  que  les  marbres  de  Phidias,  que  Lord.  Edgin.  a  commis 
le  crime  d'arracher  à  l'Acropole,  gagnent  à  être  vus  au 
milieu  des  brouillards  de  la  Tamise  ?£t  les  Corées  décou- 
vertes, par  une  matinée  de  printemps,  sur  les  flancs  de 
'l'Acropole,  ainsi  que  les  fameux  marbres  d'Egine.  sont-ils 
à  leur  place  à  la  Pinacothèque  ? 

Peut-on  connaître  réellement  Vêlasquez  en  dehors  de 
Madrid.  Murillo  en  dehors  de  Sêville,  le  Corrége  en 
dehors  de  Parme,  Giotto  en  dehors  de  Padoue.  Bellini, 
Titien  et  Paul  Véronèse  en  dehors  de  Venise.  Raphaël  et 
Michel-Ange  en  dehors  de  Rome  et  de  Florence  ;  André 
del  Sarto  et  le  divin  Fra  Angelico  en  dehors  de  Florence. 
Rembrandt  en  dehors  d'Amsterdam  et  Franlz  Halz  en 
dehors  de  Harlem  ?  Peut  on  se  douter  de  ce  'qu'est  l'école 
anglaise  en  dehors  de  Londres  ? 

Pour  parler  un  peu  de  nous,  est-ce  que  les  beaux  Wat- 
teau,  les  Lancrel  et  les  Pater,  qui  expriment  tous  les  raffi- 


-  85  — 

Déments  du  XVIII^  siècle  français,  soBt  dans  leur  air  au^ 
palais  des  Césars  allemands  ?  Ne  gagneraienl-ils  pas  cent 
pour  cent  au  château  de  Versailles,  dans  les  appartements 
de  Louis  XV,  si  ingénieusemeut  reconstitués  par  M.  do 
Noihac  ? 

Qu'on  Tasse  des  expositions,  et  c*est  la  voie  dans  laquelle 
on  semble  heureusement  vouloir  entrer,  où  les  étrangers 
nous  enverrons  des  toiles  de  tel  ou  tel  de  leurs  maîtres,  où 
nous  enverrons  de  notre  côlé  les  tableaux  les  plus  signifi- 
eati£  de  nos  diverses  écoles.  Rien  de  mieux  :  c'est  ainsi  que 
je  comprends  le  rayonnement,  mais  à  la  condition  qu*une 
fois  l'exposition  terminée,  toutes  ces  œuvres  aillent  retrou- 
ver leur  lumière  natale. 

Serait-il  de  notre  part  présompteux  de  croire  que  le 
travail  que  nous  avons  entrepris  sera  de  nature  à  facili- 
ter singulièrement  ces  pacifiques  et  instructives  manifesta- 
tions? et.  bien  quWnatole  France  ait  dit  que  :  «  Le  ciel 
de  Paris  est  le  plus  spirituel  du  monde,  »  qu'il  me  soit 
permis  de  lui  préférer  cependant  celui  de  Provence  et 
d*émettre  le  vœu  que  Paris  ne  soit  pas  Tunique  siège  de 
ces  expositions  ;  qu'on  songe  à  Aix,  à  Marseille,  à  Avi- 
gnon, à  Arles,  à  Nimes,  qu'on  n'oublie  aucune  de  nos 
villes  du  Midi.  A  notre  tour,  nous  exposerons  à  Tétranger 
des  collections  de  nos  artistes  provençaux. 

Je  termine,  Messieurs  en  complétant  en  quelques  mots 
l'esquisse  de  notre  programme. 

Après  avoir  recherché  dans  toutes  les  collections,  pour 
les  lui  rendre  par  l'image  et  la  description,  les  documents 
lapidaires   et   les  œuvres  d'art   ayant    appartenu   à    la. 


-  86  - 

Provenee,  nous  recueiHeroos  aussi,  pour  lui  en  faire  uno 
couronne  de  gloire,  les  diverses  appréciations  que  ses  prin- 
cipaux  centres  ont  inspirées  aux  voyageurs  français  et 
étrangers.  Ces  pages,  ce  livre  d'or,  formeront  comme  un 
Musée  intellectuel,  où,  depuis  la  note  scientifique  jnsqu*aa 
crayon  humouristique  et  an  pastel  sentimental,  tous  les 
tons  seront  représentés. 

Nous  ne  craignons  pas  de  le  dire,  dans  le  recueil  d*appré- 
ciatrons  concernant  la  ville  d*Aix,  se  trouvera  une  regretta- 
ble lacune.  La  période  des  troubadours,  à  part  un  morceau 
curieux  de  Pierre  VidaK  sur  la  cour  d'Alphonse  II,  nous 
fournit  fort  peu  de  documents.  La  raison  en  est  sans 
doute  que  celte  époque  de  notre  littératnre,  si  pleinement 
mise  en  luRiiére  par  Renouard  et  Gaston  Paris,  est  infini- 
ment plus  sentimentale  que  descriptive. 

Les  Rambaud  d'Orange,  la  Comtesse  de  Die,  de  Roque- 
roartine,  Douce  de  Moustiers,  Hugone  de  Sabran,  Alixde 
Meyrarguee,  etc..  s*inquiétent  de  fixer  l'état  de  leur  âme 
et  non  point  d'évoquer  la  nature  servant  de  cadre  à 
lesrs  chants. 

Lorsque  Mistral,  dans  les  Isclo  d'Or,  ressuscite  le 
château  de  Romanin  et  y  décrit  une  incomparable  cour 
d*amour,  sobs  la  présidence  de  Phanette,  voici  comment  il 
s'exprine  : 

£  Dobli  caligoaire  e  reino  dou  pafs, 
Bertrand  de  Lamanoun  menava  Azalals  ; 
Peiro  de  Gasteu-nou,  la  bouco  risoulclo  ; 
Adusié  per  la  man  Jano  la  Pourceleto  ; 
E  Gui  de  Cavaioun,  a  despc^rt  se  tirant^ 
ivié  souto  lou  bras  Ugouno  de  Sabran. 


-  87  — 

Ausiguère  à  Guihèn  dî  6aus,'princ6  d'AîireDJo, 
Rimbaud  de  Vaqaeiras  murmura  ii  lâusenjo. 
0  tendro  Beatris  de  Mouni-Ferrat  !  Et  tu, 
Que  ft'eroo,  tant  de  rel,  à  tavoueG  combattu, 
Bertrand  de  Born  !  e  vous,  dame  de  Pourgueirar^ue, 
Vous  Douce  de  Moustié,  vous  Alis  dé  Meirargue,* 
Eme  lou  grand  Blacas,  eme  Peire  Yidau, 
Vous  vesieu,  oumbro  fiero,  esquiba  lou  lindau  ! 

Voas  voyez»  Messieurs,  que  ces  beaux  troubabonrs  et  ces 
grandes  dames  avaient  des  préoecupatiODs  tout  autres  que 
^e  chanter  les  paysages  ou  les  monuments  de  la  Provence. 
Da  reste  Mistral,  dont  Tcenvre  n'est  pas  seulement  une  suite 
de  visions  lumineuses  et  poétiques,  mais  le  grand  reliquaire 
de  notre  histoire,  dont  chacun  des  vers  est  un  véritable 
document,  Mistral  a  soin  de  nous  le  faire  entendre  ;  il 
observe  malicieusement  que,  dans  les  cours  d'amour,  on  se 
téuBÎssait  bien  plus  pour  disserter  sur  des  cas  de  casuisti- 
que sentimentale  que  pour  discourir  sur  la  beauté  de  l'heure 
et  la  chute  du  jour. 

Ce  livre  d'or,— je  n'ai  pas  besoin  de  vous  le  dire,— ne 
sera  pas  exclusivement  composé  de  citations  d'écrivains  pro- 
vençaux. La  plus  grande  partie  émanera  même  de  plumes 
étrangères.  Nous  rapporterons  ainsi  à  la  ville  d'Aix  toutes 
fes  impressions  pittoresques,  architecturales,  artistiques, 
économiques,  sociales,  qu'elle  aura  inspirées. 

Tel  est.  Messieurs,  le  plan  général  du  travail  que  nous 
avons  entrepris...  Laissez-moi  l'illusion  de  croire  que,  mal- 
gré mes  cheveux  blancs  et  les  absorbantes  occupations  qui 
m'incombent,  je  pourrai  le  mener  à  bonne  fin,  grâce  au  très 


1 


—  88  - 

précieax  concours  de  mes  distingués  el  dévoués  collabora- 
teurs, Madame  Jeanne  de  Flandreysy,  et  son  excellent 
père,  iVlonsieur  Etienne  Mellier. 

J*ai  le  ferme  espoir  que  cette  restitution  par  l'image  et 
la  description  nous  conduira  peu  à  peu,  el  dans  la  suite  des 
temps,  à  la  restitution  réelle.  Outre  qu'en  spéciGant  très 
exactement  où  se  trouve  les  moindres  objets  de  notre  pro- 
duction provençale,  nous  faciliterons  aux  conservateurs  des 
Musées  les  moyens  de  surveiller  les  ventes  des  collections 
particulières,  les  restitutions  pourront  également  s^opèrer 
par  voie  d*échanges  et  nos  villes  recouvreraient  ainsi,  une 
partie  au  moins,  de  leur  ancienne  physionomie.  Je  sais  bren 
qu'il  nous  manquera  toujours  les  monuments  détruits  et  les 
objets  disparus...  Nous  les  reconstituerons  de  noire  mieux 
par  les  documents  puisés  dans  les  historiens  et  dans  l'œuvre 
gravée  ou  lithographiée  de  certains  maîtres. 

Nous  espérons  justifier  ainsi  le  titre,  peut-être  un  peu 
ambitieux,  de  notre  ouvrage  : 

La  Provence  chez  elle 
Dans  les  Musées  d'Europe 
Et  de  TElranger. 


—  89  — 

M.   Edouard  Aude    lit    ce    sonnet  provençal  du  baron 
Guillibert  à  Frédéric  Mistral  : 


MEMBRE         D'OUNOUR        DE        l_  '  A  C  A  D  È  M  I 


Coumo  lou  soulèu  de  Prouvènço, 
Qu*esvarto  li  niéu,  lis  uiau, 
Toun  verbe  pouderous,  Mistraii, 
Trelusis  d'eterno  jouvenço. 

D'un  pople  as  fa  la  reneissenço, 
L'afougant  d*amour  patriau 
E  dins  ti  cant  celestiau 
Mantènes  sis  us,  si  cresènço. 

Li  «  Quarante  »  an  vougu  toun  noum  ; 
lé  respondeguères  de  noun 
Que  restes  à  toun  pais,  flori. 

Cadet  d*Ais,  nautre  te  garden, 
Dins  nosto  lengo  t*aclamen, 
Siès  noste  ounour,  fas  nosto  glori 

Baroun   Chapoli  Guillibert. 

Les  lectures  se  terminent  par  le  rapport  de  M.  £.  Lacoste, 
ingénieur,  sur  les  prix  de  vertu  et  les  pensions  ouvrières 
Irma  Moreau  : 


SUR   LES 


S^ Kl H  ©Ê  I 


Rambot  &  Reynier 


ET  LES 


PEHSIOHS  OQÏBIÊBES 

IRMA     MOREAU 

Par    M.    Ernest    LACOSTE,    ingénieur 

^^^ 


Monseigneur, 

Mesdames, 

Messieurs, 

En  cette  Fête  du  Centenaire  de  la  Reconsti- 
tution,  par  laquelle  elle  succède  aux  sociétés 
savantes  et  aux  réunions  artistiques  et  littéraires 
dont  réclat  a  rayonné  si  longtemps  sur  la  Provence 
et  sur  son  antique  capitale,*  T Académie  d'Aix 
considère  avec  fierté  comme  un  de  ses  plus 
nobles  titres  la  mission  qui  lui  a  été  confiée  par 
de  généreux  donateurs,  de  distribuer  des  prix  à  la 
vertu,  aux  actes  de  courage  et  de  dévouement,  et 
de  soulager  des  misères  amenées  par  Tâge  et  les 
infirmités. 

« 

Si  nous  saluons  les  grands  noms  de  Thiers  et 
de   Mignet,   grâce    auxquels  nous  décernons  deà 


-  92  - 

prix  importants  à  réradition  et  à  la  littérature, 
ceux  que  nous  distribuons  aujourd'hui  nous  sont 
plus  précieux  encore. 

On  se  plaint,  et  souvent  avec  raison,  que  le 
niveau  moral  de  notre  époque  semble  subir  de 
regrettables  dépressions  ;  mais  cependant,  à  côté 
des  .défaillances  qui  attristent  nos  regards,  il  est 
doux  de  trouver  encore  des  exemples  de  vertus 
modestes,  de  courage,  et  de  dévouements  qui  sem- 
blent s'ignorer  eux-mêmes  ;  et  si  Ton  ne  peut  les 
connaître  tous  et  les  proclamer  pour  servir  de 
modèles  et  d'encouragement,  si  Ton  ne  peut  à  tous 
adresser  Thommage  public  qui  leur  est  dû,  c'est 
pour  nous  un  devoir  qui  nous  est  cher,  de  les 
rechercher,  de  leur  donner,  en  dehors  de  la  récom- 
pense intime  que  leur  apporte  la  satisfaction  du 
bien  accompli,  un  modeste  témoignage  de  recon- 
naissance de  leurs  concitoyens,  qui  s  enorguellissent 
de  voir  que  la  vertu,  exilée  du  reste  du  monde, 
si  nous  en  croyons  les  pessimistes,  n'a  pas  quitté 
notre  belle  et  noble  terre  de  Provence. 

Des  voix  plus  éloquentes  et  plus  autorisées 
vous  ont  rappelé  souvent  dans  nos  séances  solen- 
nelles, les  noms  des  vertueux  bienfaiteur^  qui  ont 
choisi  notre  Académie  comme  mandataire  de  leur 
générosité  posthume  :  c'est,  par  ordre  de  dates  : 
M.  Rambot,  officier  distingué  et  lettré,  qui,  il  y  a 
un  demi  siècle,  fondait  un  prix  destiné  à  récom- 
penser les  actes  de  dévouement,  de  courage,  de 
désintéressement,  les  soins  donnés  à  la  vieillesse 
et  à  l'enfance  pauvre  et  abandonnée  ;  en  1865, 
M.  Reynier  fondait  un  autre  prix  dans  les  condi- 
tions analogues  à  celles  que  stipulait  M.  Rambot. 
Plus  tard,  vinrent  à  notre  Académie  d'autres  fon- 


-  93  - 

dations  en  faveur  des  misères  honorables  et  immé- 
ritées :  les  pensions  viagères  de    200  fr.,  du  legs 
fait  en  1899  par  Mademoiselle  Irma  Moreau,  qui 
doivent  être  alloués,  soit  à  des  pères  de  famille  ou 
à  des  veuves  ayant  au  moins  deux  enfants,  néces- 
siteux et  méritants,  soit  à  des  ouvrières  pauvres 
que  la  maladie,  les  infirmités  ou  la  vieillesse  met- 
tent dans  rimpossibilité  de  subvenir  à  leurs  besoins  ; 
et  enfin,  le  legs   de  Mademoiselle  Rayon,  de  date 
récente,  et  dont  la  réalisation,  à  cause  des  forma- 
lités légales  qui  sont  à  peine  terminées,  ne  pourra 
avoir  lieu  qu'à  partir  de   1909. 

Nous  ne  pouvons,  étant  donné  le  peu  de  temps 
dont  nous  disposons  aujourd'hui,  faire  le  panégy- 
rique de  chacun  de  ces  bienfaiteurs  de  notre 
région  nous  bornant  à  saluer  respectueusement 
leur  mémoire,  émus  de  ce  beau  spectacle  de  la  vertu 
couronnant  la  vertu. 

Cette  tâche  que  nous  avons  assumée  nous  est 
douce,  malgré  le  regret  que  nous  éprouvons  de  ne 
pouvoir  proclamer  et  recompenser  tous  les  actes 
méritoires,  toutes  ces  humbles  vies  consacrées  à 
Texercice  du  dévouement  et  de  la  bienfaisance  et 
de  devoir,  parmi  toutes  les  misères  qui  nous  sont 
signalées,  faire  un  choix  souvent  bien  délicat,  dans 
l'obligation  où  nous  sommes,  soit  de  laisser  de 
côté  bien  des  candidats,  soit  de  les  ajourner  au 
moment  où  il  sera  possible  de  les  admettre  à  la 
répartition  des  prix  ou  des  pensions. 

Votre  commission  a  eu,  en  1908,  à  examiner  12 
dossiers  de  prix  de  vertu  Rambot  et  Reynier  et 
66  dossiers  pour  les  pensions  ouvrières  Irma 
Moreau  ;  cet  examen  fut  long  et  difficile,  et  c'est 
son  résultat  que   nous   avons  l'honneur  de  vous 


—  94  — 

présenter,  en  attribuant,  en  dehors  dn  prix  Rambot^ 
indivisible,  trois  prix  de  la  fondation  Reynier  et 
cinq  pensions  ou'vrières. 

•  • 

Pour  le  Prix  Rambot,  dont  la  valeur  est  de  545 
francs,  qui  ne  peuvent,  d'après  la  volonté  du  testa- 
teur, être  partagés,  TAcadémie  s'est  trouvée  en 
présence  d'un  dévouement  qui  a  réuni  tout  ses 
suffrages  :  toute  une  vie  d'abnégation  et  de  charité  : 
Marius  Dagard.  âgé  de  47  ans,  est  concierge  du 
Cercle  Saint-Mitre  à  Aix.  Orphelin  de  bonne  heure 
il  était  le  plus  jeune  de  sa  famille,  et  cependant  par 
son  travail,  en  service  dans  deux  familles  d'Aix 
pendant  vingt  ans,  c'est  lui  qui  soutient  et  établit 
ses  frères  et  sœurs,  ne  gardant  pour  lui  rien  de  ses 
gages  :  et  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  tard,  sa 
sollicitude  pour  les  siens  ne  s'arrêtera  pas  là,  met- 
tant en  pratique  les  principes  religieux  auxquels  il 
fut  toujours  fidèle,  il  trouva  dans  sa  foi  simple  et 
robuste  assez  d'éloquente  persuation  pour  instruire 
et  amener  au  baptême  un  jeune  israélite  de  ses 
amis,  auquel  il  fit  épouser  sa  sœur. 

Plus  tard,  cette  jeune  femme  mourut  en  laissant 
trois  jeunes  enfants  :  Dagard  se  dévoua  à  ces  infor- 
tunés orphelins,  auxquels  il  servit  de  mère,  ayant 
pour  eux  des  soins  inlassables  :  le  peu  d'économies 
qu'il  avait  pu  réaliser  fut  absorbé  par  ses  charités. 
Et,  depuis  quatre  ans,  ce  fut  encore  une  nouvelle 
forme  de  sacrifice  pour  cet  homme  au  grand  cœur  : 
une  tante  âgée,  impotente,  alitée  et  que  son  état  de 
maladie  a  aigrie  au  point  de  désespérer  toutes  les 
patiences,  n'a  que  lui  pour  garde-malade  de  tous 


-  93  - 

les  instants  ;  il  n*a  pas  la  liberté  de  la  quitter  cinq 
minutes  pour  son  travail,  sans  que  des  cris  aigus, 
des  scènes  terribles,  le  rappellent  à  son  devoir 
duquel  tant  d'autres  se  seraient  affranchis.  Devant 
cette  succession  ininterrompue  d'actes  méritoires 
nous  avons  tous  estimés  que  le  prix  Rambot  de 
543  francs  ne  pouvait  être  attribué  avec  .plus 
d'équité,  et  mettre  cet  homme  charitable  à  même 
de  pouvoir  se  faire  aider  dans  ses  fonctions. 


Le  Prix  Reynier  de  i.ooo  francs  est  divisible,  et 
nous  avons,  après  examen  des  titres  des  candidats, 
cru  devoir  le  répartir  entre  les  trois  lauréats  dont 
les  noms  suivent  : 

Mademoiselle  Léoncie  Arbaudf  âgée  de  55  ans, 
est  depuis  trente  ans  au  service  d'une  famille  d'Aix  ; 
dans  cette  place,  elle  a  fait  preuve  du  dévouement 
le  plus  absolu  ;  pendant  de  longues  années  elle  a 
prodigué  ses  soins  à  une  jeune  fille  infirme,  et  ses 
maîtres  la  considéraient  comme  une  des  leurs,  son 
désintéressement  va  jusqu'à  se  dépouiller  d'une 
partie  de  ses  gages  pour  soulager  des  parents  pau- 
vres ;  l'Académie,  en  la  nommant  la  première  lui 
alloue  un  prix  Reynier  de  200  fr..  jugeant  qu'il  y 
a  lieu  d'encourager  une  telle  conduite,  devenue  si 
rare  parmi  les  serviteurs  de  nos  jours,  et  de  rendre 
hommage  à  un  dévouement  qui  ne  s'est  jamais 
démenti. 

Mademoiselle  Eulalie  Antoniettii  née  à  Istres 
en  1875,  nous  offre  encore  un  exemple  d'abnéga- 
tion qui  a  été  jugé  digne  d'encouragement  et 
d'hommage.  — Eulalie  a  perdu  son  père  de  bonne 


n 


-  96  — 

heure,  et,  dès  lage  de  seize  ans,  est  entrée  au 
service  d'une  vieille  demoiselle,  à  qui  elle  s'est  don- 
née comme  la  fille  la  plus  affectueuse  l'eut  fait  pour 
sa  mère  !  Sa  maîtresse,  âgée,  infirme,  est  tombée 
dans  un  grand  dénuement,  et  vit  d'une  rente  de 
o  fr.  50  par  jour  fournie  par  l'hospice  d'Istres  ;  elle 
n'a  pu  payer  sa  servante  que  pendant  deux  ans  ; 
depuis,  c'est  Eulalie  qui  rhabille,  la  porte,  et  qui 
lui  vient  en  aide  par  les  maigres  travaux  de  couture 
qu'elle  peut  se  procurer  dans  une  ville  de  l'impor- 
tance d'Istres,  et  voilà  plus  de  quinze  ans  que  dure 
cette  vie  de  charitable  abnégation  »  d'autant  plus 
méritoire  que  Mademoiselle  Antonietti,  étant  don- 
né son  âge,  eût  certes  pu  se  créer  une  autre  exis- 
tence ;  l'Académie,  admirant  un  aussi  beau  dévoue- 
ment, lui  alloue  un  prix  de  400  fr. 

Le  complément  du  prix  de  i.ooo  francs  de  la 
fondation  Reynier,  soit  400  fr.,  a  été  attribué  aux 
époux  BarthélemyXjilleSi  demeurant  à  Aix,  rue 
Fermée,  âgés,  Barthélémy  Cyrille  de  37  ans,  et  sa 
femme,  Gilles  Marie,  de  36  ans.  Le  père  de  cette 
dernière  devenu  aveugle  il  y  a  23  ans,  a  été  soigné 
avec  le  plus  affectueux  dévouement  par  sa  fille, 
encore  enfant,  puis  quand  elle  épousa  Cyrille,  sim- 
ple journalier,  celui-ci  n'hésita  pas  à  se  charger  du 
vieillard  et  à  lui  continuer  les  soins  que  lui  avait 
prodigués  Marie  ;  mais  des  rhumatismes  aigus,  qui 
le  rendaient  incapable  de  tout  travail  et  le  retinrent 
de  longs  mois  au  lit,  l'obligèrent  à  abandonner 
la  culture  ;  et  actuellement  le  couple,  qui  a  quatre 
enfants,  dont  l'aîné  à  1 1  ans,  vit  péniblement  d'un 
petit  commerce  de  poisson;  ils  ont  lutté  tous  deux 
avec  un  courage  auquel  nous  sommes  heureux  de 


-  97  — 

rendre  hommage  :  et  ce  modeste  prix  sera  le  bien 
venu  dans  cette  maison  d'humbles  travailleurs. 


En  ce  qui  concerne  les  pensions  ouvrières 
de  200  fr.  de  la  fondation  Irma  Moreau,  TAca- 
démie  peut,  cette  année,  disposer  de  cinq 
pensions  :  quatre  par  suite  de  décès  de  titulaires  : 
Victorine  Curet  pensionnée  en  1902,  Marie 
Chieusse  et  veuve  Cavalier  1903,  Mélanie  Rabasse 
1907  ;  et  une  par  suite  de  Taliénation  d'un  terrain 
provenant  du  legs  Moreau;  ce  qui  porte  à  21 
le  nombre  des  pensions  actuelles,  soit  1 1  dans 
la  première  catégorie  et  10  dans  la  deuxième. 

Pour  la  première  catégorie,  Pères  de  famille 
et  Mère  veuves,  ii  est  alloue  deux  pensions 
viagères. 

L'une  à  la  veuve  Pauline  Dedieu,  née  Pailhon, 
âgée  de  43  ans,  à  Saint-Remy  de  Provence, 
mère  de  7  enfants,  dont  Taînée  à  19  ans  et  le 
plus  jeune  2  ans;  son  mari  est  mort  le  13  décem- 
bre 1907,  laissant  sans  ressources  sa  veuve,  qui 
jouit  à  Saint-Remy,  de  Testime  générale. 

L'autre  au  sieur  Henri  Michel^  fermier  aux  Milles, 
âgé  de  42  ans, — Michel  qui  a  6  enfants,  et  qui  a 
recueilli  deux  neveux  orphelins,  n'a  que  de  très 
faibles  ressources  ;  il  a  été  longtemps  sacristain  à 
l'église  des  Milles,  et  n'exerce  plus  même  ces  mo- 
destes fonctions  si  peu  rémunératrices. 

Trois  pensions  de  200  fr.  sont  attribuées  à  la 
deuxième  catégorie,  celle  des  Ouvrières  âgées, 
infirmes  ou  malheureuses, 

SÊA5.  PIBL.  ACAD.  — 1908  7 


w 


—  98  - 


'La  première  à  Mademoiselle  Madeleine  Chieussoy 
à  Arles,  âgée  de  6 1  ans  ;  TAcadémie  a  donné  à 
cette  personne,  infirme  de  naissance,    dont  l'état 

^•'  exige  des  soins  constants,  et  qui  est  dans  la  misère 

^,;  la  plue  absolue,  la  survivance  de  la  pension  attri- 

^'  '  buée  en  1903  à  sa  sœur  Marie. 

X>'  La  deuxième   pension  a  été  attribué  à   made- 

^r  moiselle    Richaud  Augustine^Elisabethi  âgée  de 

:^;,  70  ans,  habitant  Aix,  rue  Jacques-de-la-Roque. — 

/;  Ancienne    modiste,    elle    s'est    vue    obligée    de 

T    .  renoncer  à    son  métier,    pour    soigner,    pendant 

jl  vingt  ans,  sa  mère  atteinte  d'une  maladie  nerveuse, 

W'  puis  sa  sœur,   son  frère,  et  elle    est  maintenant 

réduite  à  vivre  de  la  charité  publique. 

f-  Enfin  l'Académie  ^  distingué  pour  la  trosième 

P^  pension    Irma    Moreau,    Mademoiselle   Mathilde 

è-  Jouynef   âgée  de  53  ans,  demeurant  à   Aix,    rue 

??-  Fermée. — Ouvrière  depuis  Tâge  de  15  ans,  elle  a 

^  dû,  au  bout  de  peu  de  temps  se  consacrer  aux  soins 

^  d'une  sœur  frappée  d'une  maladie  cérébrale  à  qui 

5?  elle  s'est  dévouée  pendant  quatorze  ans,  soutenant 

J  toute  la  famille  par  son  travail  ;   puis  sa  mère,  gra- 

.^'  vement  malade,  qu'elle  soigna  pendant  quatre  ans, 

'^'  sans  presque  prendre  de   repos  ,   même  la  nuit  ; 

Q  aujourd'hui.  Mademoiselle  Jouyne  est  infirme,  a  à 

^.  peine  l'usage  de  ses  mains,  et  est  tout  à  fait  hors 

^  d'état  de  gagner  sa  vie. 


j 


l- 


-  99  - 


En  terminant,  nous  exprimons  de  nouveau 
le  regret  de  n'avoir  pu  rendre  hommage  à  d'autres 
personne  dont  les  traits  de  courage  ou  les  actes 
de  dévouement  auraient  mérité  au  moins  une 
mention  ;  et  surtout  la  tristesse  que  nous  éprouvons 
de  ne  pouvoir  soulager  plus  de'  misères,  limités 
que  nous  sommes,  malgré  la  noble  générosité  des 
testateurs  qui  nous  ont  confié  le  mandat  d'exécuter 
leurs  charitables  intentions. 


Après  cette  lecture  le  docteur  Aude,  président,  remet  aux 
lauréats  leurs  diplômes  et  leurs  livrets  en  les  félicitant 
d'avoir  mérité  d'être  distingués  par  TAcadémie. 


A  5  h.  4|2  la  séance  est  levée,  après  uue  journée  qui 
marquera  dans  les  fastes  de  l'Académie. 


-  iOO  - 


r* 


t'X- 


PRIX    RAMBOT 

Fondé  en  4859,  tiéicanl  testament  olographe  du  25 
août  1858,  pour  récompenser  les  actes  de  dévouemeni, 
de  courage,  de  désinléressemenl,  les  soins  donnés  à  fa 
vieillesse  et  à  lenfanoe  pauvre  et  abandonnée  , 

Le  prix  liambet  de  545  francs  a  été  décerné  à 
cinquante  lauréats  de  1860  à  1908 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dam  les  précédents 
Sulletins  ;  nous  donnons  ci-dessous  la  Jiste  des  dix 
4lerniers. 


* 


t*z 


X^iste   clos    ILiau.r*éats 

Depuis  ÎS99. 

^899.     Mme  Marie  Roux,  veuve  Lombarb,  d'Aix. 
4900.    M.   Yves  Lamoureux,  d'Aix. 

1901 .  Le  Comité  de  Sauvetage  de  la  station  deCarro, 

commune  des  Martigues. 

1902.  Mlle  Blanche  AHÈifE,  d*Aix. 

4903.  M.  Marius  Armakd,  à  Aix. 

4904.  M.  Mathieu  Jbauffret,  Les  Milles,  commune 

d'Aix, 

4905.  M.  Louis-François  Rbhusat,  d*Aix. 

4906.  Mlle  Victoria   Rey.   d'Aix. 

4907.  Mlle  Ermance  Mégy,  d'Aix, 

4908.  M.   Marius  Dagard,  d'Aix. 


—  lor  — 


II 


PRIX    REYNIER 


Ce  prix  de  1,000  francs  a  été  fondé  en  4865,  par 
iestament  olographe  du  48  mars  186i,  pour  récom- 
penser les  actes  les  plus  méritoires  de  dévoûinent,  de 
fAélité  et  de  secours  au  malheur,  les  sains  désinté- 
ressés donnés  aux  infirmes  et  aux  vieillards  ainsi  quà- 
ienfaîice  délaissée  et  pauvre. 

Une  partie  de  la  somme  est  réservée  pour  les  pères  et 
mères  qui  élèvent  le  mieux  leurs  enfants,  c'est-à-dire, 
d'une  manière  chrétienne,  honnête  et  laborieuse. 

Le  prix  Reynier  a  été  décerné  à  cent  dix 
Lauréats  de  1810  à  4908. 

Comme  pour  le  prix  Rambot  leur  liste  a  été  insérée 
dans  tes  précédents  Bulletins  ;  voici  celle  des  dix 
dernières  années 


4899. 

1 

1 

1 

4900. 

'                               » 

'■                               » 

Depuis   1899. 

M.  Natale  Montbyerdb,  des  Martigues. 

Mme  veuve  Màunier,  de  Roussel,  canton 
de  Trets. 

Mme  Françoise  Rochb,  veuve  Claude,  de 
Meyreuil,  canton  deGardanne. 

Lesépoux  G ALici AN- Philibert,  à'Â'y 
Mme  veuve  Grimaud,  d'Aix. 
Mlle  MrciuELLE,  à  Ai\. 


—  102  — 

f  901 .  Les  époux  Blanc -Royêse,  d*Ais. 

»  Mlle  Augastine  Pelatier,  de  Poyloubier. 

»  Mlle  Rose  Bêraud,  d*Aix. 

1902.  Mme  Nègre,  sœur  SMgîîace,  d'Aix. 

9  Mlle  Caroline  Chalssegros,  d^Aix.  . 

»  Mme  veuve  MATmBu  née  Ripolet,  d'Aix. 

4903.  Mlle  Marie  Chavb,  à  Aix. 

»        Mlle  Alexandrine  Roche,  è  Aix. 
»        Les  époux  RiGAUD,  à  Aix. 

4904.  Mme  veuve  Chakut,  née  Lombard,   à    Aïs 
»         Mme  Blafc,  née'Peloutîer,  les  PinchinaCs. 

»         Les  époux  Pepiko,  à  Aix. 

1905.  Mlle  Thérèse  Tempier,  d*Aix. 

»  •     Mlle  Marie  Ambeet,  de  Marcols  (Ardècbe). 
»        Mme  Chuzin,  à  A)x. 

1906.  Mme  veuve  Hérault,  née  Gai,  à  Aix. 
»        Mlle  Augustine  Socratb,  à  Aix. 

»        Mme  veuve  DioGfcxB,  née  Bonin. 

1907.  Mlle  Julie  Dêcoey,  à  Aix* 

»  Mlle  Antoinette  CojCstant,  à  Aix. 

»  Mlle  Marie  Joseph,  dite  Marie  Olite,  à  Aix 

1908.  Mile  Léoncie  Arbaud,   h  Aix. 

»  Mlle  Eulalie  Antonibtti,  d*Islres. 
»         Les  époux  Barthélémy- Gilles,  à  Aix. 


-  103  — 


PRIX    IRMA    MOREâU 


PENSIONS   ANNUELLES    DE    200    FRANCS 


Ces  prix  ont  été  fondés  en  1899,  par  testament 
de  Mademoiselle  Irma  Moreau,  du  7  janvier  de  la 
même  année,  qui  institw  l'Académie  sa  légataire 
universelle. 

Ils  sont  destinés  à  offrir  une  récompense  et  procurer 
un  secours  aux  personnes  particulièrement  recom^ 
mandées  par  leur  honnêteté  et  leur  vertu  notoires, 
qui  en  seront  les  plus  dignes  et  qui  devront  être  choi^ 
sies  dans  les  catégories  suivantes  : 

V*  Pères  de  famille  veufs  ou  non ,  et  mères  de 
famille  veuves,  connus  comme  gens  malheureux  ei 
nécessiteux,  exempts  d* ivrognerie  et  autres  vices,  et 
ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

2^  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie,  ou 

d'infirmité  y  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans  Fimpos-- 

sibiiité  de  subvenir  à  leurs  besoins. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  prix  en 
4902. 


1 


-  104  — 


des  pensions  ouvrières 


r*   CATEGORIE  (Pères  et  léres  de  famine] 


1902  4*  M.  Marius  QUENIN, à  Aix(7  enfanls)  f  septem.  1905 

2*  M.  Eugène  CASTOR,   »     (5      »      ) 

3-  M.  Jules  DÉCORY  ,     »     (5 

4*  M.'  Isidore  ROCHE .     »    (4 

4903  5-  M.  Fidèle  BONTOUX,  »    (5 

6-  M.  SiméonFOUQUE,au 

Pey-Biauc,  (8 

7«  M.  JeaDLARGUÈZE,àAix(4 

8*  Mme  veuve  BARNIER 

née  Alexis,  à  Luynes,  (7 

1904  9*  M.  Charles  DESPLAS, 

de  Castres,  (6 

4905  10*  M.  Victorin  GINIEZ, 

à  Galice.  (8 

4906  11*MmeVveMariusQUENL\  (7 

12*  MineLAUBBNT  Vve  Jules 

DÉCORY  (5 

1907  13*  Mme  veuve  TEMPIER 

uée  Tardieu  (5 

1908  14*  Mme  Pauline  DEDIEU 

née  Phaillon  de  S-.Remy(7 

1d*HiifRi  MICHEL  aux  Milles   (0 


)tdcc.  1905 
)  t  mare  1904 

) 

> 
) 

) 

) 

) 

)t  mars  1907 

) 


) 


) 


) 


-  105  - 


2-*   CATEGORIE  (OoTiiéres) 

1902  !•  Mlle  Anaïs  MELLY,  à  Aix. 

2-  Mlle  Victoire  OLLIER,  »     f  sepleni.  1903 

3*    Mlle  Augustine  CURET,  »      f  1908 

4*  Mme ElisaCARLE  veuve  FAUDON,  » 
5-  Mme  Aogosline  JOGERST,  à  Aljzer. 

1903  6*  Mme  veuve  CAVALIER 

DéePoRTi,  à  Aix  f  1908 

7*  Mme  veuve  POURCEL  née  Faique, 

à  Aîx 

8'  Mlle  Marie  ARNAUD,  à  Aix    f  mars  1907 

9*  Mme  veuve  BARBIER  uée  Aurbuge, 
à  Aix. 

10*  Mlle  Marie  CHIEUSSE, 

à  Arles-s/-Rhône.  f  avril  1907 

1904  11-  Mlle  Marie  CADENEL,  à  Eguilles.     f  Juin  1906 

1906  12*  Mlle  Angèle  CADEXEL  à  Eguilles, 
13*  Mlle  Marie  MÉOUVE,  à  Aix. 

1907  14*  Mlle  Mélanie  RABASSE,  à  Aix.  y  décem.  1907 

1908  15*  Mlle  Madeleine  CHIEUSSE,  à  Arles, 

16*  Mlle  Augusline-Elisabeth  RICHAUD, 

à  Aix. 

17-  Mlle  Mathilde,  JOUYNE,  à  Aix 


-  106  — 


BUREAU    DE    L'ACADÉMIE 

(4907-1908) 


Président M.  le  Docteur  Aude. 

Vice-Président M.  le  Comte  de  BoifimcoRSE, 

Secrétaire  perpétuel. .  M.  le  Baron  Guillibert. 

Secrétaires  anntiels.,  M.  Edouard   Aude. 

—  M.  Gustave  Retnaud. 

Archiviste M.  le  Marquis  d'iLLE. 

Bibliothécaire M.  L.  de  Bresc. 

Trésorier M.  Mouravit. 


--<> 


—  i07  — 


Dans  sa  séance  du  5  niai  1908  rAoadéniic  a  offert  à  son 
Président  le  docteur  Aude,  une  médaille  commémorntive  du 
Centenaire  portant  d'un  côté  les  Armes  de  la  Ville  et  de 
VXcadémie  d'Aix,  et  l'autre  cette  inscription  : 


Fête   du   Ckntknairb    (1777-1808-1908) 

A  LEUR  Président,  le  Docteur  Aude, 

Les  Membres  de  l'Académie  des  Sciences 
Agriculture,  Arts  et  Belles-Lettres 

d'Aïx 

M.  Soubrat,  doyen  des  anciens  Présidents,  a  prononcé  le . 
discours  suivant: 

Monsieur  le  Président, 

Veuillez  me  permettre,  en  ma  qualité  de  doyen 
des  anciens  présidents  de  l'Académie,  de  vous  dire, 
au  nom  de  tous  nos  confrères,  les  souvenirs 
ineffaçables  que  nous  ont  laissés  et  les  sentiments 
de  profonde  gratitude  que  nous  ont  inspirés  pour 
vous  les  fêtes  du  Centenaire  de  la  Reconsti- 
tution de  notre  Société.  La  célébration  de  cette 
date  si  mémorable  pour  nous  tous,  Aixois  d'ori- 
gine ou  d'adoption,  vous  a  fourni  une  de  ces 
occasions  que  vous  avez  toujours  recherchées, 
avec  un  zèle  passionné,  de  prouver  votre  dévoue- 
ment à  notre  Compagnie,  inséparable  dans  votre 


—  108  - 

cœur  de  lamour  que  vous  portez  à  la  vieille  cité 
Provençale,  votre  Patrie.  Et  certes  nos  confrères 
furent  bien  inspirés  le  jour  où  ils  vous  appelèrent 
une  fois  de  plus  à'  les  présider  et  vous  confièrent 
ainsi  la  mission  délicate  de  les  représenter  en  ces 
circonstances  exceptionnelles,  de  parler  en  leur 
nom  aux  nombreux  et  très  distingués  délégués  des 
Sociétés  savantes  correspondantes  de  la  nôtre,  de 
rappeler,  à  travers  une  existence  séculaire  et  qui 
ne  fut  pas  sans  gloire,  l'œuvre  scientifique  et  litté- 
raire de  TAcadémie  d'Aix  et  ses  titres  divers  au 
respect  de  tous  et  à  Testime  du  monde  savant. 

Vous  Tavez  fait,  Monsieur  le  Président,  avec 
une  dignité,  un  tact  et  une  courtoisie  qui  n'ont 
surpris  aucun  de  ceux  qui  vous  connaissent.  Je 
n'en  veux  rien  dire  de  plus  à  cette  heure,  mais  ce 
que  je  ne  puis  passer  sous  silence  c'est  l'œuvre 
magistrale  par  laquelle  vous  avez  ouvert  notre 
Séance  publique,  votre  notice  sur  la  vie  et  les 
travaux  de  Mignet. 

Je  ne  sais  ce  qu'il  en  faut  louer  le  plus,  du  sens 
critique  si  sûr  et  si  délicat  qui  distingue  votre  dis- 
cours, ou  du  style  dont  vous  avez  su  revêtir  vos 
appréciations  et  votre  récit.  C'est  d'ailleurs  avec 
une  vérité  absolue  que  vous  avez  fait  revivre 
devant  nous  l'attachante  et  sereine  physionomie 
de  l'Historien  éminent,  du  penseur  et  du  sage  que 
fut  Mignet,  et  résumé  son  œuvre  si  considérable 
où  se  reconnait  si  bien  le  génie  de  la  langue  et  de 
la  pensée  Française,  tout  de  noblesse,  de  netteté, 
de  goût  et  d'harmonie.  Mais  ce  que  vous  seul 
pouviez  faire,  vous  y  avez  ajouté  une  foule  de 
traits  du  caractère  et  de  la  vie  intime  de  celui  qui 
vous  honora    d'une  amitié  constante  et  fidèle  et 


tjui  nous  ont  révélé  un  Mignet,  Provençal  et 
Aixois  dans  Tâme,  attaché  à  nos  souvenirs,  à  tou- 
tes nos  traditions,  et  jamais  plus  heureux  que  lors- 
qu'il pouvait  annuellement  se  retremper  dans  les 
joies  familières  et  les  vieilles  et  douces  relations 
qu'il  retrouvait  au  pays  natal. 

Le  nom  de  Mignet,  celui  de  Thiers,  presque 
son  frère  par  Tesprit  et  par  l'indissoluble  affection 
qui  les  unissait,  nous  rajjpelle  encore  un  de  vos 
titres  à  notre  reconnaissance.  Comment  oublier, 
en  effet,  les  deux  magnifiques  dotations  dont 
TAcadémie  a  bénéficié  dans  ces  dernières  années, 
et  ce  que  vous  avez  ainsi  ajouté  à  ses  titres  d'hon- 
neur et  à  ses  richesses  ?  Car  c'est  bien  à  vous 
que  nous  les  •  devons,  à  votre  sollicitude  affec- 
tueuse, à  votre  éouci  constant  de  ce  qui  peut 
illustrer  notre  Compagnie  et  la  seconder  dans 
l'accomplissement  de  sa  haute  mission  scientifique 
et  moralisatrice. 

Ne  dois-je  pas  rappeler  encore  entre  tant 
d'autres  preuves  que  vous  nous  avez  données  de 
votre  patriotisme  et  de  votre  amour  du  bien 
public,  la  part  prépondérante  que  vous  avez  prise 
à  la  fondation  et  à  l'organisation  technique  du 
Muséum  d'histoire  naturelle,  un  des  plus  beaux 
fleurons  de  la  couronne  Aixoise  ?  L'Académie  fut 
heureuse  de  s'y  associer  et  ses  Mémoires  font  foi 
de  l'intérêt  qu'elle  y  prit  et  de  l'importance  de 
cette  œuvre  qui  fut  encore  bien  la  vôtre. 

Je  ne  ferai  d  ailleurs  qu'exprimer  le  sentiment 
public  conforme  à  celui  de  vos  confrères,  si  j'attri- 
bue tous  ces  témoignages  de  votre  généreux 
civisme  à  une  influence  vraiement  atavique,  autant 
qu'à  votre  inclination  personnelle. 


-  HO  — 

Le  dévouement  à  notre  Académie  et  à  notre 
Cité  est  en  effet  traditionnel  dans  votre  famille  et 
les  nouveaux  et  précieux  exemples  que  vous  en 
avez  donnés  n'ont  fait  que  resserrer  le  lien  qui 
nous  unit  depuis  longtemps  dans  une  commune 
reconnaissance  et  dans  le  respect  dont  votre  nom 
est  entouré.  Vous  représentez,  en  effet,  à  nos  yeux 
la  troisième  génération  de  bienfaiteurs  dont  notre 
ville  et  l'Académie  peuvent  s'enorgueillir,  et  déjà 
la  quatrième,  dont  il  plaira  à  Dieu  de  vous  laisser 
jouir  longtemps  encore  avec  nous , creusant  et  élargis- 
sant le  sillon  que  vos  pères  et  vous-même  avez  tracé, 
s'est  acquis  des  titres  sérieux  à  notre  affectueuse 
estime  par  son  intelligente  et  dévouée  collaboration 
et  par  la  création  d'un  enseignement  historique  et 
artistique,  dont  l'éclat  n'a  eu  d'égal  que  le  succès. 

L'Académie  n'a  pas  voulu  que  les  fêtes  du  Cen- 
tenaire de  sa  Reconstitution,  dont  le  succès  et 
l'honneur  vous  reviennent  pour  la  plus  large  part, 
ne  laissassent  dans  nos  relations  confraternelles 
d'autre  trace,  d'autre  témoignage  de  notre  grati- 
tude que  les  remerciements  que  je  m'estime  très 
honnoré  et  que  je  suis  si  heureux  de  vous  adresser 
en  son  nom.  Avec  une  spontanéité  unanime  elle 
a  désiré  qu'un  souvenir  personnel  vous  en  fût 
offert,  sous  la  forme  d'une  médaille  que  je  suis 
chargé  de  vous  remettre  et  que  vous  voudrez  bien 
accepter  avec  les  mêmes  sentiments  qui  nous  en 
ont  inspiré  l'idée,  ceux  d'une  mutuelle  estime  et 
d'un  absolu  dévouement.  La  dédicace  qui  y  est 
inscrite  a  dû  affecter  la  forme  et  le  laconisme 
du  style  lapidaire,  mais  vous  saurez  lire  entre 
les  lignes  et  vous  y  verrez  surtout  l'expression 
sincère  de  notre  affectueux  respect  et  de  notre 
reconnaissance; 


-m  - 


M.  le  chanoine  Gherrier,  doyen  de  rAcadémie,  s^esi  ensuite 
exprimé  en  ces  termes  : 

Monsieur  l£  Président, 

Permettez-moi  d'invoquer  mon  titre  de  membre 
le  plus  ancien  de  notre  Société,  pour  dire  un  mot 
de  sympathique  adhésion. 

Je  crois  être  l'interprète  du  sentiment  général 
en  affirmant  l'unanimité  des  applaudissements  aux 
paroles  élevées  et  à  l'acte  honorifique  du  vétéran 
de  la  Présidence. 

A  M.  le  docteur  Aude  revient  le  mérite  de  la 
parfaite  ordonnance,  de  la  tenue  distinguée,  de  la 
splendeur  littéraire  qui  ont  été  les  notes  signaléti- 
ques  du  Centenaire  de  l'Académie  d'Aix. 


M.  Reynaud,  secrétaire,  a  lu,  au  nom  du  baron  Guillibert» 
secrétaire  perpétue],  ce  sonnet: 

Très  honoré,  cher  Président, 
Privé  de  me  rendre  en  séance. 
Veuillez  excuser  mon  absence. 
Mais  par  le  cœur  je  suis  présent. 

Si  jamais  en  plein,  notre  dette 
Ne  peut  envers  vous  s'acquitter 
Laissez-nous  au  moins  l'exprimer  : 
Notre  gratitude  est  complète. 


^ 


-  112  — 

Que  ce  modeste  souvenir 
De  respect,  de  reconnaissance 
Vous  en  témoigne  l'assurance 
Dans  le  présent  et  Tavenir. 

Aix,  le  5  niai  1^08. 

Le  Secrétaire  Perpétuel 

Baron  Guillibert. 


Dans  la  séance  du  12  miii,  M.  le  docteur  Aude,  président, 
a  remercié  en  ces  termes  ses  confrères  de  la  médaille  qu'ils 
lui  avaient  offerte  et  des  paroles  qui  Tavaient  accompagnée  : 

Mes  chers  Confrères, 

Dans  notre  dernière  séance  je  n'ai  pu  vous 
exprimer  toute  ma  gratitude  pour  votre  indulgente 
bienveillance  à  mon  égard,  et  vous  dire  combien 
je  suis  touché  du  précieux  souvenir  que  vous 
avez  voulu  me  laisser  du  Centenaire  de  notre 
Académie. 

Vous  avez  considéré  comme  un  service  ce  qui 
était  l'accomplissement  d'un  devoir  et  vous  me 
remerciez  d'avoir  accueilli,  comme  ils  devaient 
l'être,  les  distingués  délégués  qui  nous  ont  fait 
l'honneur  d'assister  à  notre  fête. 

Vous  me  permettrez  de  vous  dire  que  chacun 
de  vous  en  eût  fait  autant,  parce  que  la  personna- 
lité s'efface  devant  la  fonction  et  qu'il  suffit  d'être 
assis  à  ce  fauteuil  pour  s'inspirer  des  nobles  tradi- 
tions de  dignité,  de  tact  et  de  courtoisie  qui  sont 
l'héritage  de  nos  devanciers. 


-  113  - 

Dans  une  Compagnie,  où  la  culture  des  lettres 
et  des  beaux-arts,  le  soin  d'exécuter  fidèlement 
d'humanitaires  volontés  ont  constamment  dominé, 
Tesprit  se  détache  de  toute  autre  préoccupation  et 
s'identifie  avec  l'essence  même  du  but  à  atteindre 
en  lui  empruntant  une  élévation  qui  rend  facile  le 
devoir. 

De  magnifiques  fondations  littéraires  ont,  dans 
CCS  derniers  temps,  donné  à  notre  Compagnie  un 
lustre  dont  elle  s'enorgueillit  à  juste  titre.  Vous 
pensez  que  j'en  ait  été  l'inspirateur.  Mon  rôle  s'est 
borné  cependant  à  vous  les  apporter  au  nom  de 
ceux  qui  les  avaient  décidées.  Le  prix  Thiers  est 
un  pieux  souvenir  de  Mademoiselle  Dosne  destiné 
à  commémorer  parmi  nous  les  premières  couron- 
nes littéraires  que  l'Académie  a  décernées  à  l'illus- 
tre homme  d'Etat,  et  le  prix  Mignet  en  a  été  le 
corollaire.  Le  docteur  Evariste  Michel  a  voulu 
consacrer  une  fois  de  plus  l'indissoluble  union 
de  Thiers  et  de  Mignet,  ne  pas  séparer  leurs 
noms  de  notre  souvenir,  et  affirmer  son  sincère 
attachement  à  sa  ville  natale.  Si  de  très  anciennes 
relations  de  famille  m'ont  permis  d'être  l'inter- 
médiaire de  Mademoiselle  Dosne  et  de  notre 
confrère,  c'était  là  pour  moi,  une  tâche  toute 
indiquée,  très  agréable  mais  sans  mérite  pour  le 
Président  de  l'Académie. 

Vous  en  avez  jugé  autrement  et,  avec  une 
délicatesse  dont  je  suis  fort  touché  vous  rappe- 
lez que  mes  ascendants  et  mon  fils  ont  contri- 
bué, autant  qu'il  était  en  leur  pouvoir  au  bon 
renom  de  notre  chère  ville  d'Aix  et  de  son 
Académie,  qui  est  la  jalouse  gardienne  de  ses  goûts 

Sf.AN.  IMBL.  ACAl).        1908  H 


-  Il-i  - 

séculaires    pour    les    lettres,    les   sciences    et    les 
arts. 

Aussi  dois-je  considérer  le  précieux  souvenir 
qui  me  vient  de  vous,  non  comme  mien  seule- 
ment, mais  comme  un  joyaux  de  famille  que 
nous  conserverons  ainsi  qu'on  garde  et  on  se 
transmet  un  titre  de  noblesse  dans  une   maison. 

Le  doyen  de  l'Académie,  le  doyen  des  anciens 
Présidents,  notre  cher  secrétaire  perpétuel  ont  été 
vos  interprètes  et  m'ont  adressé  les  paroles  les 
plus  flatteuses.  Je  les  en  remercie,  vous  tous  aussi, 
mes  chers  confrères,  et  croyez  bien  que  je  ne 
saurais  oublier  cette  journée  du  5  mai  1908  où 
vous  m'avez  grandement  honoré. 


Une  réplique  en  bronze  de  la  médaille  offerte)  au  docteur 
Aude  a  été  déposée  dans  les  Archives  de  TAcadéroie,  une 
autre  au  Musée  de  la  Ville. 


ACADEMIE   D'AIX 


Sdi^^  Séance    Rublique 


se  MAI  leoo 


SÉANCE   PUBLIQUE 

*"  (ÎS- LETTRE 

L'ACADÉMIE 

tQXJE 

SES 

SCIENCES,  iGBICCLTCRE.  iRTS 


lATRE-VINGT- 
ET  BELLES -LETTRES  .adémie  d'Aix  a 

LA  Grand'Salle 

•ROIT. 


D'AIX 


lie. 

Docteur  Aude, 
Président  de  la 
acteur  Evariste 
Académie;  les 
orrespondanls, 

»ll-ES-i.otisr,  .oralmNaquet; 

P.tL  lOCIM-i    1„.,„„  ,«r.Offl»iersde 

'  '""■""  "  i»<.„„     d,  dont  l-éloge 


ACADEMIE 


DES  SCIENCES,   AGRICULTURE,  ARTS  et   BELLES- LETTRES 

D  '  A  I  X 


89™     SÉAIVCE    PUBLIQUE 


Le  Mercredi,  26  Mai  1909,  la  quatre-vingt- 
neuvième  SÉANCE  Publique  de  l'Académce  d'Aix  a 

iTÉ  tenue,  a  quatre  HEURES,    DANS    LA    GrAND'SaLLE 
DE  L'UnIVERSILÉ,  a  LA  FACULTÉ  DE  DrOIT. 


Une  nombreuse  assistance  remplissait  la  salle.. 

Sar  Testrade,  à  côté  du  Président,  H.  le  Docteur  Aude, 
avaient  pris  place:  MM.  Giraud,  Premier  Président  de  la 
Cour  d*Appel  ;  Cabassol,  ancien  maire  ;  le  Docteur  Ëvariste 
Michel,  tous  trois  membres  d'honneur  de  l'Académie  ;  les 
Membres  titulaires,  honoraires,  régionaux,  correspondants, 
présents  à  Aix. 

Aux  fauteuils  :  M.  le  Premier  Président  Honoraire  Naquet  ; 
M.  Bry,  Doyen  de  la  Faculté  de  Droit  ;  plusieurs  Officiers  de 
la  garnison;  la  famille  du  Docteur  Goyrand,  dont  Téloge 
allait  être  prononcée  ;  divers  fonctionnaires. 


—  6  - 

Dans  la  salle  :  un  grand  nombre  de  Daines,  de  jeunes 
Filles;  les  familles,  les  amis  de  ceux  qui  étaient  lauréats 
des  Prix  de  Venu  et  des  Pensions  Irma  Horeau. 

Le  Président  déclare  la  séance  ouverte  et  prononce  le 
discours  suivant  : 


JuE 


Docteur  GOYRAND 


1803    -    1866 


MESDAMES, 


Messieurs^ 


L'Académie  d'Aiix  a  célébré,  Tan  dernier,  lè^ 
Centenaire  de  sa  Reconstitution;  elle  ouvre  au- 
jourd'hui sa  89"  Séance  publique. 

Dans  ce  siècle  bien  des  discours  ont  été 
prononcés  devant  vos  devanciers  par  les  nôtres — 
Les  lettres,  les  sciences,  l'agriculture,  les  beaux 
arts  ont  été  loués  par  des  orateurs  qui  s'appelaient 
Portalis  Tancien,  Fauris  de  Saint- Vincens,  Charles 
Giraud,  de  Saporta,  de  Ribbe,  de  Berluc-Pérussis, 
de  Selle. —  Vouloir  rééditer  leurs  savantes   dis- 


-  8  - 
sertations  serait  une  entreprise  bien  osée,  et, 
puisque  notre  règlement  vous  impose  Taudition 
d'un  discours  d'ouverture,  que  votre  courtoisie 
sait  toujours  écouter  patiemment,  je  me  permettrai 
de  laisser  aujourd'hui  de  côté  les  lettres,  les 
sciences,  l'agriculture  et  les  arts,  pour  rappeler 
à  votre  souvenir  un  homme  dont  la  ville  d'Aix 
a  justement  le  droit  d'être  fière. 

Elle  en  a  ainsi  compté  beaucoup,  notre  chère 
ville  d'Aix.  —  Les  uns  ont  gagné  la  grande 
célébrité,  qui  franchit  toutes  les  barrières,  tels 
sont,  pris  au  hasard  du  souvenir,  Peiresc, 
Vauvenargues,  Mirabeau,  Thiers,  Mignet,  pour 
ne  citer  que  les  derniers.  —  D'autres,  d'une 
valeur  peut  être  égale,  sont  demeurés  dans  la 
petite  patrie,  renonçant  de  leur  plein  gré  à 
l'illustration  qui  les  attendait  sur  un  plus  grand 
théâtre. 

Parmi  eux  a  été  le  docteur  Goyrand. 

V^ous  n'avez  pu  le  connaître.  Mesdames, 
puisqu'il  est  mort  il  y  a  plus  de  quarante  ans, 
mais  vos  mères  vous  ont  assurément  parlé  de 
lui,  comme  du  bon  génie  de  la  maison. 

Faire  revivre  cet  homme  de  bien  au  milieu 
de  nous  me  semble  une  tâche  qui  rentre  dans 
le  cadre  où  il  plait  à  l'Académie  de   se  mouvoir. 

C'est  aussi  l'hommage  respectueux  d'un  élève 
à  son  premier  maître,  le  faible  tribu   de   recon- 


L 


—  9  — 

naissance  d'un  fils  envers  le  plus  fidèle  ami  de 
son  père,  et  son  collaborateur  dévoué  aux  affaires 
municipales,  envers  le  médecin  qui,  pendant 
de  longues  années,  ne  délaissa  pas  le  chevet  du 
lit  de  sa  mère. 

Ni  le  temps,  ni  les  circonstances,  mêtne  les 
plus  déconcertantes,  ne  sauraient  attiédir  des 
souvenirs  pareils. 

Le  docteur  Goyrand,  (Jean  -  Gaspard  -  Biaise), 
est  né  à  Aix  le  14  pluviôse  an  XI  (3  février  1803)  ; 
il  était  le  fils  d* Antoine  Gabriel  etdeMarie-Victoire- 
Eulalie  Ravanas. 

Son  père,  notable  .bourgeois,  émigra  au  com- 
mencement de  la  Révolution,  se  fixa  à  Florence, 
puis  à  Ron^e  où  ses  goûts  artistiques  le  décidèrent 
à  résider.  Il  employa  ses  loisirs  forcés  à  Tétude 
des  grandes  œuvres  qui  l'entouraient.  Reniré 
à  Aix,  il  s'adonna  à  la  peinture,  produisit  un 
certain  nombre  de  tableaux  religieux  fort  remar- 
qués, entre  autres  la  mort  de  saint  Joseph, 
conservé  dans  l'église  du  Saint-Esprit,  une 
adoration  de  l'Agneau  Pascal,  qui,  de  l'église 
de  Saint-Sauveur,  fut  placé  dans  la  galerie  de 
l'Archevêché. — On  lui  doit  aussi  une  composition 
dont  la  gravure,  de  David,  sert  de  frontispice  al- 
légorique à  «  ïessai  sur  l'Histoire  de  Provetice, 
de  Bouche,  neveu  »  Elle  représente  la  Provence' 
couronnée,   offerte  à  Louis  XI  par  Palmède  de 


-  10  — 

Forbin.  Un  amour,  derrière  elle,  a,  dans  les 
mains,  une  corne  d'abondance  d*où  sortent  des 
céréales,  des  fruits,  des  fleurs  symbolisant  les 
richesses  agricoles  de  la  nouvelle  province. 
Dans  le  fon4  on  entrevoit  la  mer  couverte  de 
navires. 

Un  grand  oncle  paternel  de  Goyrand  avait 
jadis  occupé  une  place  prépondérante  à  la 
Faculté  de  médecine  d*Aix,  du  temps  de  la 
célèbre  Université  dont  notre  éminent  et  si 
regretté  confrère,  M.  le  recteur  Belin,  a  écrit 
l'histoire. 

Après  avoir  fait  ses  études  classiques  au 
séminaire  et  au  collège  Bourbon,  Goyrand  fut 
successivement  externe  et  interne  dans  les  hôpi-. 
taux  d'Aix,  d'Arles  et  de  Marseille.  Il  partit,  en 
1826,  pour  Paris,  avec  un  de  ses  compatriotes, 
Vidal  de  Cassis,  qui  devait  plus  tard  laisser 
aussi  un  nom  distingué  dans  la  science  et  publier 
des  ouvrages  classiques,  avec  la  collaboration  de 
Goyrand. 

C'était  l'époque  la  plus  brillante  de  l'ensei- 
gnement de  Dupuytren.  Les  deux  jeunes  Proven- 
çaux s'attachèrent  au  service  de  l'illustre  maître 
de  l'Hôtel-Dieu,  furent  ses  élèves  les  plus  assidus, 
les  plus   enthousiastes. 

Dans  la  foule  des  étudiants  qui  suivaient  les 
visites  et  la  clinique  de  Dupuytren,  Goyrand  se 


-  11  - 

lia  avec  Velpeau,  Malgaigne,  Denonvilliers, 
Nélaton,  et  d'autres  futurs  maîtres.  Avec  Vidal 
de  Cassis  il  collabora  au  célèbre  journal  fondé 
par  Fabre.  La  Clinique  des  Hôpitaux  de  la  Ville, 
y  rendant  compte  des  leçons  entendues,  des 
opérations  pratiquées  sous  ses  yeux. 

Après  deux  années  d'aussi  fructueuses  études, 
Goyrand  fut  reçu  docteur,  à  Paris,  en  1828.  Sa 
thèse  avait  pour  sujet  La  Cystotoinie-suspubienne. 
Il  fit  plus  tard,  sur  la  même  question,  de  savan- 
tes   communications    à  F  Académie    de  Médecine. 

De  retour  à  Aix  il  concourut  pour  l'emploi 
de  chef  interne  et  fut  nommé,  le  ler  octobre  1828, 
malgré  le  nombre  et  la  valeur  des  concurrents.  Il 
remplit  ces  fonctions  pendant  six  années,  devint 
médecin  en  chef  et,  en  1837,  chirurgien  en  chef 
des  hôpitaux,  au  moment  de  la  retraite  du  docteur 
Guiran,  son  beau  frère.  En  1865,  une  année  avant 
sa  mort,  la  maladie  obligea  Goyrand  à  délaisser 
pour  toujours  un  poste  qu'il  occupait  depuis 
trente  ans,  où  ses  travaux  lui  avaient  valu  le  nom 
de  chirurgien  d'Aix. 

Cet  hôpital  d'Aix  avait  alors  une  importance 
aujourd'hui  diminuée.  Outre  les  malades  de  la 
ville,  les  services  des  enfants  et  des  vieillards 
recueillis  dans  la  maison,  la  maternité,  le  dis- 
pensaire,  il  recevait,  de  toutes  les  communes 
voisines,  les  blessés  et  les  cas  chirurgicaux  qui, 


-  12  - 

faute  de  médecin  ou  de  ressources,  ne  trouvaient 
pas  chez  eux  les  soins  nécessaires  :  c'était  un 
hôpital  régional  ;  les  salles  en  étaient  toujours 
encombrées,  et  de  plus  le  service  militaire  était 
aussi  confié  aux  médecins  de  rétablissement. 

Le  champ  d'observation  était  donc  considérable. 
Goyrand  y  rencontra  les  cas  les  plus  variés,  les 
plus  difficiles,  ceux  où  la  perspicacité  du  chi- 
rurgien peut  sauver  bien  des  existences.  Sa  valeur 
scientifique,  acquise  par  le  travail,  basée  sur  des 
connaissances  très  exactes  de  Tanatomie  normale 
et  pathologique,  lui  donnaient  une  grande  supé- 
riorité. Il  avait  de  plus  ce  tact  professionnel 
qui  rend  le  diagnostic  prompt  et  sûr.  Comme 
Ta  dit  le  docteur  Payan,  une  étincelle  de  ce  génie 
qui  crée  et  perfectionne  inspira  à  Goyrand  des 
aperçus  nouveaux  et  des  procédés  opératoires 
auxquels  son  nom  est  désormais  attaché.  Son 
esprit,  fécond  en  ressources,  possédait  ce  juge- 
ment droit,  cette  honnêteté  de  Thomme  qui  sait 
toujours  placer  rintérêt  du  malade  au-dessus 
du  souci  de  sa  réputation.  Il  savait  que  les 
efforts  du  vrai  clinicien  doivent  tendre  sans  cesse 
vers  la  conservation,  aussi  ne  se  décidait-il  pour 
l'opération  qu'après  en  avoir  consciencieusement 
discuté  la  nécessité. 

La  finesse  de  son  examen,  l'exactitude  de 
ses  appréciations,    l'assurance  de  ses  manœuvres, 


-  13  - 

firent  de  Goyrand  un  opérateur  prudent,  hardi, 
ingénieux,  sûr  de  sa  main  qui  ignora  toujours 
les  aventures  périlleuses  de  l'imprévu  et  de  la 
maladresse.  Sa  maîtrise  saffirmait  surtout  dans 
ces  cas  inextricables,  où  les  complications 
masquent  la  maladie  principale.  Par  le  raison- 
nement il  restituait  à  chaque  symptôme  sa  valeur 
propre,  et  par  de  savantes  déductions,  il  dégageait 
le  diagnostic   des  difficultés  qui  Tobscurcissaient. 

Un  hommage  bien  flatteur  lui  fut  rendu  par 
Sichel,  célèbre  oculiste  de  Paris.  La  femme  d'un 
haut  magistrat  de  notre  ville,  atteinte  de  cataracte, 
se  rendit  à  Paris  pour  se  confier  aux  soins  de 
Sichel.  L'éminent  praticien,  sachant  d'où  venait 
cette  malade,  refusa  de  l'opérer,  lui  disant  : 
<  Quand  on  a,  à  Aix,  un  chirurgien  tel  que 
Goyrand,  on  ne  vient  pas  à  Paris  ;  rentrez  chez 
vous,  il  vous  opérera  ».  La  malade  suivit  ce 
conseil  et  Goyrand  lui  rendit  la  vue. 

Son  œuvre  chirurgicale  est  considérable.  Eparse 
dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Médecine, 
ceux  de  la  Société  de  Chirurgie,  disséminée  dans 
un  grand  nombre  de  recueils  périodiques,  ou  iné- 
dite, elle  forme  un  ensemble  que  son  neveu  et  son 
gendre,  le  regretté  docteur  Silbert,  a  pieusement 
réuni  dans  un  volume  publié  en  1870.  Il  a  pour 
titre:  «  Clinique  chirurgicale  du  docteur  Goyrand, 
d'Aix  ». 


—  u  — 

J'ouvrirai  discrètement  ce  livre  à  votre  inten- 
tion, ne  voulant  pas  vous  fatiguer  d'expressions 
techniques,  de  phrases  hérissées  de  mots  abstraits, 
dont  le  sens  n*est  connu  que  des  seuls  initiés.  Une 
causerie  médicale  ne  déplaît  cependant  pas  aux 
gens  du  monde,  désireux  de  connaître  les  progrès 
de  la  science  humanitaire  par  excellence,  heureux 
de  n'être  atteints  d'aucune  des  infirmités  dont  le 
tableau  est  mis  sous  leurs  yeux. 

A  présent  chaque  partie  de  notre  être,  fût-elle  la 
plus  minime,  a  ses  médecins  et  ses,  chirurgiens 
attitrés.  Les  spécialistes  se  disputent  le  nez,  les 
yeux,  les  oreilles,  les  membres,  tous  les  organes, 
et  malheur  au  confrère  qui  marche  dans  les  plate- 
bandes  du  voisin.  Cette  division  du  travail,  s'il 
m'est  permis  de  m'exprimer  ainsi,  a  pour  résultat 
de  concentrer  toutes  les  études  d'un  médecin  sur 
un  seul  sujet,  de  le  rendre  par  suite  plus  apte  à  le 
bien  connaître,  et  plus  efficacement  secourable  au 
malade. 

Mais,  à  l'époque  de  Goyrand,  Paris  seul  possé- 
dait des  spécialistes  ;  le  médecin  de  province  était 
obligé  de  pratiquer  la  médecine  dite  générale,  celle 
qui  s'occupe  de  tous  les  cas,  sans  exception. 

La  clinique  de  Goyrand  en  est  la  preuve.  Les 
observations,  les  méthodes,  les  procédés  qu'il  a 
modifiés  ou  créés  s'adressent  à  tous  les  organes  à 
toutes  les  régions.  Connaissant  les  travaux  de  ses 


o     - 

devanciers  il  suppléait  à  leur  insuffisance  et  sou 
mettait  ensuite  à  TAcadémie   de  -Médecine,  à  la 
Société  de  Chirurgie  les  moyens  employés  et  le 
résultat  obtenu. 

Les  fractures,  les  luxations,  la  rétraction  per- 
manente des  doigts,  les  corps  étrangers  articulaires, 
les  déplacements  internes,  les  néoformations  furent 
l'objet  de  mémoires  qni  fixèrent  sur  Goyrand 
lattention  des  Corps  Savants  et  le  placèrent  à  côté 
de  Velpeau,  de  Malgaigne,  de  Nélaton,  les  grands 
chirurgiens  de  Tépoque.  Chaque  fois  que  Goyrand 
paraissait  à  F  Académie  de  Médecine,  son  ami 
Velpeau  ne  manquait  pas  de  lui  dire:  «  Votre 
place  est  ici,  venez  à  Paris,  vous  serez  un  des  pre- 
miers parmi  nous  ».  Et  Goyrand  restait  à  Aix. 

Un  de  ses  mémoires  produisit,  lors  de  son  appa- 
rition, un  vif  intérêt.  Il  introduisait  dans  la  science 
la  méthode  des  incisions  sous  cutanées,  rendant 
exemptes  de  tout  danger  les  opérations  qui,  prati- 
quées au  dessus  des  téguments,  étaient  souvent 
mortelles  avant  la  découverte  de  Tantisepsie. 

•L'éminent  professeur  de  Lyon,  Bonnet,  dans 
son  traité  des  maladies  des  articulations,  s'exprime 
ainsi  ;    «  Nous  avons  à  signaler  les  travaux  si  re- 

>  marquables  du  docteur  Goyrand,  d'Aix. — C'est  à 

>  lui  qu'est  dû  le  traitement  des  hydarthroses  par 

>  la  méthode  sous-cutanée,  traitement  ingénieux 

>  qui  n'expose  à  aucune  suite  fâcheuse. — On  lui 


-  i6  - 

»  doit  aussi  Textraction  des  corps  étrangers,  une 
»  application  nouvelle  des  principes  généraux  de 
»  la  méthode  sous-cutanée  ».  A  dix  ans  de  là  le 
docteur  Chassaignac,  publiant  un  travail  sur  la 
même  question,  établissait  l'excellence  de  la  mé- 
thode proposée  avec  tant  de  succès  par  le  chirur- 
gien d'Aix.  Enfin,  Ollier,  de  Lyon,  donne  le  titre 
de  méthode  de  choix  pour  l'extraction  des  corps 
étrangers  articulaires,  à  celle  qui  a  été  préconisée 
par  Goyrand,  parce  que,  dit-il,  elle  est  la  plus 
rationnelle. 

De  telles  appréciations,  formulées  par  les 
sommités*  chirurgicales,  sont*  tout  à  Thonneur  de 
notre  compatriote. 

Le  collodion,  découvert,  en  1845,  P^^  Mainard, 
de  Boston,  fut  longtemps  encore  ignoré  comme 
agent  de  réunion  des  plaies.  C'est  Goyrand  qui 
remploya  le  premier  pour  certaines  blessures 
nécessitant  avant  lui  la  suture  sanglante  ;  il  la 
remplaça  par  cette  suture  sèche  qui  ne  provoque 
aucune  douleur.  Son  procédé  fut  immédiatement 
adopté  par  les  chirurgiens. 

Goyrand  suivait  un  jour  la  clinique  de  Velpeau, 
à  la  Charité.  Le  professeur  exécuta  plusieurs  opé- 
rations.  Il  restait  un  homme  affecté  de  cataracte 
double,  Velpeau  opère  l'œil  droit  et  confie  le  gau- 
che à  Goyrand,  en  lui  demandant  d'appliquer  le 
procédé  qui  lui  était  personnel.  Devant  une  nom- 


-  17  - 

breuse  assistance  Goyrand  décrivit  d'abord  tous 
les  temps  de  Topération  et  pratiqua  ensuite,  séance 
tenante,  l'extraction  du  cristallin. 

Si  je  ne  craignais  de  vous  faire  frissonner, 
Mesdames,  je  vous  parlerais  encore  d'une  foule 
d'opérations  "qui  accrurent  la  réputation  de 
Goyrand.  Le  docteur  Silbert  a  publié  75  observa- 
tions inédites  du  chirurgien  d'Aix,  relatives  à  ces 
déplacements  internes,  étranglements  viscéraux 
qui  se  produisent  subitement,  menaçant  à  très  bref 
délai  la  vie  du  malade.  Il  faut  agir  vite,  avec  réso- 
lution et  grande  prudence.  Goyrand  y  excella,  ins- 
tituant, suivant  les  cas,  de  nouveaux  procédés 
devenus  désormais  classiques. 

Il  professait  une  grande  admiration  pour  Franco, 
célèbre  lithotomiste  provençal  du  XVP  siècle. 
Franco  avait  substitué  aux  appareils  usités  avant 
lui  une  méthode  que  Goyrand  fit  revivre,  après 
trois  cents  ans  d'oubli,  et  dont  il  se  servit  chaque 
fois  qu'il  en  eut  l'occasion. 

Si  les  travaux  de  Goyrand  lui  ont  valu  une 
grande  notoriété  scientifique,  ils  attirèrent  au  pra- 
ticien l'absolue  confiance  de  ses  concitoyens. 
Formé  à  cette  école  du  chef  internat,  malheureu- 
sement supprimée,  qui,  de  tout  temps,  a  donné  à  la 
ville  d'Aix  d'éminents  médecins,  Goyrand  vit,  de 
bonne  heure,  une  nombreuse  clientèle  se  grouper 
autour  de  lui. 

SÉAN.    PUBL.    ACAD.  — 1909  ^ 


-  18  - 

D'un  commerce  facile,  agréable,  sympathique  à 
tous  par  sa  correction,  son  éducation,  sa  bien- 
veillance, surtout  par  sa  patience,  sa  bonté  envers 
les  malades,  il  était  véritablement  ce  médecin  de 
la  famille  qui  en  devient  l'ami,  le  consolateur,  et 
souvent  le  conseil.  Il  proportionnait-ses  soins,  non 
d'après  la  fortune,  mais  en  raison  de  la  gravité  du 
mal.  Très  occupé  en  ville,  souvent  appelé  dans  un 
*rayon  étendu,  il  avait  encore  le  temps  de  remplir 
ses  devoirs  de  société,  de  fréquenter  le  théâtre, 
i.qu*il  aimait,  et  prenait  sur  son  sommeil  pour  rédi- 
ger les  observations  recueillies  dans  la  journée. 

Doué  d'un  esprit  fin,  légèrement  teinté  de  malice, 
il  avait  le  trait  facile  et  le  décochait  volontiers  sur 
les  malades,  qui  ne  le  sont  pas,  et  assaillent  le 
médecin,  nuit  et  jour,  partout.  On  attribue  à 
Goyrand  une  anecdote  bien  dans  son  caractère. 
Une  de  ses  clientes  qui,  ayant  franchi  Tâge  canoni- 
que, s'était  adonnée  aux  pratiques  de  4a  dévotion, 
ne  manquait  jamais,  lorsqu'elle  rencontrait  Goyrand, 
de  l'arrêter  pour  lui  renouveler  mystérieusement 
'le  tableau  de  souffrances  imaginaires  et  lui  deman- 
der la  consultation  de  la  rue,  chère  à  certains 
clients.  Le  médecin  usa  longtemps  de  patience, 
mais  un  dimanche,  rencontré  sur  la  place  des  Prê- 
cheurs, au  moment  ou  de  nombreux  fidèles  sortaient 
de  l'église,  il  écouta  les  doléances  habituelles  et, 
lorsque    l'importune    l'eût     quittcS     Goyrand   la 


—  19  - 

rappela  par  son  nom  et  lui  dit,  à  très  haute  voix  : 
c  Mademoiselle,  chaque  matin,  n'oubliez  pas  de 
prendre  un....  ».  Molière,  dans  Le  Malade  Imagi- 
fmire,  a  dit,  en  latin,  ce  que  Goyrand  conseilla  en 
français  ;  et  cependant,  malgré  cette  autorité,  je 
n'aurais  pas  osé  vous  mettre  ainsi  sur  la  voie  de 
cette  intime  prescription,  si  les  Académies  de  pro- 
vince ne  pouvaient  s'appuyer  sur  un  exemple 
récent  donné  par  leur  illustre  aînée,  l'Académie 
Française.  Sous  la  coupole  de  l'Institut,  Jean  Riche- 
pin,  nouvellement  élu,  n'a  pas  craint  de  parler 
de  la  muse  un  peu  trop  fortement  en  gueule. 

La  cliente  de  Goyrand  se  perdit  dans  la  foule 
et  fut  pour  toujours  guérie  de  sa  manie,  de  ses 
maux  sans  doute  aussi. 

Divulguer  un  pareil  mode  de  traitement  n'est 
pas  manquer  au  secret  professionnel  et  mes 
confrères  ne  m'en  voudront  pas  d'entrouvir  le  for- 
mulaire dont  ils  usent  parfois  envers  des  clients 
trop  exigeants. 

Aix  a  conservé  le  souvenir  du  dévouement  de 
Goyrand  pendant  les  épidémies  de  choléra  qui 
s'abattirent  sur  la  ville  en  1835,  1837,  i854.Vidal, 
de  Cassis,  le  docteur  Pécoul,  un  Aixois  dont  le  fils 
est  un  généreux  Mécène  pour  nôtre  bibliothèque 
et  nos  musées,  vinrent  spontanément  offrir  leurs 
services  à  la  municipalité,  dans  la  terrible  épidémie 
de  1835    ^t  s^  joignirent  à  Goyrand,  aux  autres 


—  20  - 

'Oiédecins  d'Aix,  pour  combattre  le  fléau.  A  peine 
terminée  à  Aix  l'épidémie  éclata  avec  violence  à 
Lourmarin  où  Goyrand  se  rendit  et  demeura 
jusqu'au  dernier  cas. 

Très  récemment,  un  journal  d'Aix  évoquait  la 
mémoire  du  docteur  Goyrand  :  «  A  une  époque 
de  calamité,  disait-il,  Goyrand  avait  Toeil  sur  tout  ; 
^grands  et  petits  étaient  Tobjet  de  sa  sollicitude, 
^mais  il  était  surtout  bon  pour  les  pauvres  et  les 
-déshérités.  C'était,  en  un  mot,  le  type  du  philan- 
thrope. 11  savait  deviner  les  misères  et  les  soulager 
avec  le  tact  de  l'homme  délicat  et  discret.  Si  le 
salaire  de  l'ouvrier  n'était  pas  suffisant  pour 
nourrir  la  famille,  il  le  complétait  de  son  mieux. 
La  Ville  s'est  honorée  en  donnant  le  nom  de 
Goyrand  à  la  rue  voisine  de  la  maison  qu'il 
habitait  ». 

Goyrand  prit  aussi  part  aux  affaires  de  sa  ville 
natale.  Nommé  quatre  fois  adjoint,  de  1838  à  1848, 
il  apporta  dans  ces  fonctions  la  même  conscience 
qu^il  .mettait  à  l'exercice  de  sa  profession.  Nos 
édiles  étaient  alors  un  notaire,  un  médecin  et  un 
ancien  pharmacien  des  armées  du  premier  Empire  : 
et  l'on  disait  plaisamment  que  la  Mairie  se  rencon- 
trait parfois  auprès  d'un  malade,  chacun  de  ses 
membres  remplissant  son  ministère.  Dans  les  dis- 
cussions relatives  à  l'hygiène,  à  la  santé  publique, 
Goyrand  intervenait   avec   sa  compétence  et  son 


_  <^l   

opinion,  fort  écoutée,  était  toujours  suivie.  Il  était' 
ainsi  utile  à  la  généralité,  comme  il  l'était  à  tous 
en  particulier. 

Médecin  inspecteur  des  eaux  thermales,  il  fit 
adopter  plusieurs  améliorations  utiles  aux  malades 
et  favorables  à  rétablissement.  A  cette  époque 
parut  le  guide  pratique  des  eaux  minérales  du 
docteur  Constantin  James.  L'auteur, .  à  l'article  des^ 
bains  Sextius,  disait  :  «  Aix  est  aujourd'hui  plus 

• 

célèbre  par  ses  huiles  que  par  ses  eaux  ».  Goyrand 
écrivit  au  docteur  Constantin  James,  lui  donnant 
toutes  les  raisons  de  composition  chimique  qui 
rendaient  nos  eaux  très  efficaces  dans  certaines 
maladies,  et  lauteur,  convaincu, promit  de  suppri- 
mer la  phrase  humoristique,  des  éditions  suivantes. 
Pendant  plus  de  quinze  années  Goyrand  fut 
vice-président  de  la  Commission  du  Musée  et  de 
*1  école  de  dessin.  Très  cclairé  sur  les  questions 
^  d'art,  très  connaisseur,  il  était,  en  quelque  sorte.. 
le  trait  d'union  entre  son  père,  artiste  de  talent, 
possesseur  d'un  cabinet  réputé,  et  José  Silbert,  son 
petit-fils,  dont  le  mérite  de  peintre  est  si  justement 
apprécié.  C'est  surtout  par  le  goût  des  beaux  arts 
que  se  manifeste  l'atavisme. 

Les  distinctions  honorifiques  ne  tardèrent  pas  à^ 
consacrer  la  réputation  du  docteur  Goyrand.  Dès 
1834,  l'Académie  de  Médecine  l'avait  élu  membre 
correspondant.  En  1862  elle  se  l'attacha  plus  étroi- 


—  ^2  — 

tement  par  le  titre  d'Associé  National  attribué,  en 
France,  à  dix  médecins  seulement.  A  Télection, 
Goyrand  réunit  44  suffrages.  Ses  concurrents 
étaient  deux  personnalités  bien  connues,  Mirault, 
d'Angers,  et  Stolz,  professeur  à  la  Faculté  de 
Strasbourg.  Membre  correspondant  de  la  Société 
de  Chirurgie,  des  Sociétés  de  Médecine  de  Lyon, 
Marseille,  Poitiers,  honoré  d'une  médaille  d'argent 
après  le  choléra  de  1835,  d'une  médaille  d'or  après 
l'épidémie  de  1854,  il  ne  manqua  à  Goyrand 
qu'une  distinction  nationale,  celle  de  la  Légion 
d'Honneur  qu'il  avait  cependant  bien  méritée, 
a  dit  le  docteur  Payan  ,  sur  sa  tombe,  «  par 
>  quarante  années  d'hôpital,  en  combattant  trois 
»  épidémies,  portant  haut  et»  dignement  le  titre 
»  de  chirurgien,  en  publiant  d'importants  travaux 
»  qui  l'ont  classé  parmi  les  illustrations  chiiur- 
}^  gicales  de.  son  époque  2>. 

Ses  concitoyens  l'ont  grandement  consolé  de 
cet  oubli  des  pouvoirs  publics,  par  leur  affection, 
de  son  vivant,  la  respectueuse  déférence  dont 
ils  entourent  encore  son  nom.  Les  qualités  qui 
le  distinguèrent,  les  services  qu'il  a  rendus  à  la 
science  et  à  l'humanité  ont  fait  de  lui  une  person- 
nalité dont  l'empreinte  est  a  jamais  marquée 
dans  l'histoire  de  la  Ville   d'Aix. 


SUR    LES 

RRIX      DE      VER 


U 


RAMBOT,  REYNIBR  &  HENRIETTE  RAYON 

ET   LES 

PeMoHS  OiïïièTes  IRMA  MORËAU 

PAR 

M.  JAUFFRET,  avocat  à  la  Cour 


Mesdames, 
Messieurs, 

C'est  à  propos  de  gens  simplement  vertueux- 
que  je  viens  m'excuser  de  retenir  quelques  instants 
encore  votre  attention  bienveillante  ;  et  vous  ex- 
cuserez sans  doute  mon  indiscrétion  en  pensant 
que  ces  prix  distribués  nous  en  serons  quittes  avec 
la  vertu  jusqu'à  Tannée  prochaine. 

Ce  qui  frappe  —  et  ce  qui  me  ravit  —  dans 
Texamen  des  dossiers  que  l'Académie  a  chargé 
son  rapporteur  de  vous  présenter,  c'est  l'absence 
d'héroïsme.  La  vertu  héroïque  est  à  la  portée  de 
trop  de  gens.  Sacrifier  sa  vie  devant  un  peuple 
assemblé,  au  milieu  des  applaudissements  d'une 
foule,   c'est   après  tout  facile.   Ce  qui  me  touche 


—  24  - 

davantage  c'est  le  devoir  —  le  vulgaire  devoir  — 
obscurément  rempli  ;  c'est  le  dévouement  continué 
dans  l'ombre,  pendant  des  mois  et  des  années, 
MHS  attirer  l'attention  de  personne.  Ah  !  qui  pourra 
célébrer  assez  haut  la  vertu  modeste,  humble,  igno- 
!;êe  des  autres  comme  elle  s'ignore  elle-même,  la 
vertu  dont  on  ne  parle  pas,  qu'on  ne  voit  pas, 
dont  on  serait  tenté  parfois  de  nier  l'existence. 
C*est  elle  cependant  qui  soutient  encore  notre 
édifice  social  si  chancelant,  c'est  elle  qui  permet 
à  notre  vieille  civilisation  de  se  survivre,  en  atten- 
dant bien  entendu  que  l'ère  nouvelle,  prédite  par 
nos  modernes  prophètes,  assure  le  bonheur  du 
genre  humain,  en  le  libérant  de  l'esprit  de  charité 
et  de  sacrifice,  legs  d'un  passé  rétrograde  à  jamais 
aboli. 


Originaire  de  l'Ardèche,  Marie  Rivière  arrive  à 
Aix  à  l'âge  de  1 7  ans,  et  entre  au  service  d'une 
famille  dont  le  chef  occupe  un  emploi  lucratif  dans 
notre  ville.  Mais  l'infortune  s'abat  sur  lui,  et  quand 
il  meurt,  quatre  ans  après,  sa  veuve  se  trouve  aux 
prises  avec  une  situation  extrêmement  obérée. 
Bien  que  déjà  âgée,  il  lui  faut  demander  au  travail 
ses  ressources.  Pas  un  seul  instant  Marie  Rivière 
ne  songe  à  l'abandonner.  Tandis  que  sa  maîtresse 
s'en  va  donner  des  leçons  de  musique,  elle  conti- 
nue à  s'occuper  des  soins  du  ménage  avec  le  même 


i» 


—  25  — 

• 

zèle  que  par  le  passé.  Il  n'y  a  de  changé  que  ses 
gages,  qu'elle  ne  reçoit  plus.  Sa  maîtresse»  atteinte 
d'infirmités,  clouée  chez  elle  par  la  maladie,  ne 
peut  bientôt  plus  travailler.  Marie  ne  se  déconcerte 
pas  pour  si  peu.  Dès  qu'elle  a  donné,  le  matin,  à 
sa  maîtresse,  les  soins  indispensables,  elle  va  au 
dehors  travailler  pendant  quelques  heures,  et  c'est 
avec  son  modeste  salaire  qu'elle  subvient,  à  elle 
seule,  aux  besoins  du  ménage.  Trois  fois,  sa  maî- 
tresse, qui  a  aujourd'hui  plus  de  80  ans,  est  sur  le 
point  de  mourir  et  est  administrée  ;  trois  fois,  par 
ses  soins  vraiment  filiaux,  Marie  l'arrache  à  la 
mort.  Et  ce  dévouement  si  merveilleusement  dé- 
sintéressé dure  depuis  trente  ans  !  Les  voisins  qui 
la  voient  à  l'œuvre,  toujours  inlassable,  toujours 
souriante,  toujours  modeste,  s'aperçoivent  un  beau 
jour  que  cette  femme  est  tout  simplement  admi- 
rable. Ils  en  avisent  l'Académie  qui,  à  l'unanimité, 
attribue  à  Marie  Rivière  le  prix  Rambot  de  545  fr. 


♦  ♦ 


Le  prix  Reynier  de  i.ooo  francs  est  divisible. 

C'est  la  Muse  elle-même  qui  est  venue  solliciter 
l'Académie  en  faveur  de  Mademoiselle  Clémence 
Thomas,  mais  pour  nous  amener  à  lui  attribuer 
une  part  du  prix  Reynier,  le  jeune  poète  anonyme 
qui  nous  a  adressé  ses  vers  n'a  pas  eu  à  recourir 
à  la  moindre  fiction  :  la  réalité  et  la  vérité  lui  ont 
suffi. 


-  26- 
Aussi,    comme   il    noas  le  demande,  nous  lui 
pardonnons  de  grand  cœur 

d'être  asseï  téméraire, 

Pour  ne  point  employer  les  formes  ordinaires. 
Pour  laisser  de  côté  tous  les  chemins  ouverts. 
En  suivant  aujourd'hui  le  doux  sentier  des  vers. 
Permettez-moi  de  vous  dire,   en  simple  prose, 
que  Clémence  Thomas  n'ayant  cependant  que  son 
travail  pour  vivre  a  recueilli  trois  orphelins  qu'elle 
nourrit,  soigne  et  élève  ;  que  cela  ne  suffit  pas  à 
sa  soif  de  dévouement  ;  qu'elle  a  toute  sa  vie  su 
■  prendre  sur  son  repos  pour  s'en  aller,  sa  journée 
finie,  prodiguer  ses  soins  à  des  malades  indigents. 
Plusieurs  docteurs  nous  ont  indiqué  l'avoir  vue 
bien  des  fois  au   chevet  de  malades  abandonnés 
de   tous,   atteints  d'affections   contagieuses  ou  de 
plaies  répugnantes.  C'est  une   admirable  sœur  de 
,    dit  l'un   d'eux.  Et  notre  poète  d'ajouter  : 
ec  les  malheureux  elle  partage  un  pain 
àblement  gagné  du  travail  de  sa  main, 
■  pour  les  secourir  elle  n'a,  pauvre  fille, 
:  son  grand  dévouement  et  sa  petite  aiguille  ! 
s  I  sa  petite  aiguille  va  être  condamnée  au 
>cur  la  première  fois.  Atteinte  d'une  maladie 
percluse  de  rhumatismes,  Clémence  Thomas 
:  presque  plus  travailler. 
Commission  l'avait  proposée  au  choix  de 
mie  pour  une  somme  de  400  francs  à  pren- 


-  97  — 

m*  a 

dre  sur  le  prix  Reynier,  quand  elle  s'est  aperçue 
que  Clémence  Thomas  avait  déjà  obtenu,  en  1893, 
une  part  du  prix  Reynier,  notamment  pour  avoir 
recueilli  trois  orphelins.  Renseignements  pris,  les 
actes  de  dévouement,  retenus  en  1909,  n'étaient 
pas  les  mêmes  que  ceux  récompensés  en  1893.  Il 
s'agissait  de  trois  autres  orphelins,  les  enfants  pré- 
cisément de  l'un  de  ceux  visés  en  1893.  Touchée 
de  cette  constance  dans  le  dévouement,  l'Académie 
a  tenu  à  confirmer  le  choix  de  sa  Commission,  et 
à  récompenser  ainsi,  de  façon  exceptionnelle,  cette 
récidive  tenace  dans  le  bien. 


•  * 


Mademoiselle  Marguerite l^èze  est  digne  en  tous 
points  de  prendre  place  aux  côtés  de  Clémence 
Thomas,  dans  l'attribution  du  prix  Reynier  :  même 
abnégation,  même  désintéressement. 

Au  chevet  d'un  malade  soigné  par  pur  dévoue- 
ment, elle  contracte  la  variole  qui  la  tient  trois 
mois  au  lit  et  lui  fait  perdre  un  œil.  A  peine  ré- 
tablie, il  lui  faut  se  consacrer  toute  entière  aux 
soins  de  sa  mère,  que  la  paralysie  vient  d'atteindre. 
Aigrie  par  la  souffrance  et  affaiblie  par  Tâge,  la 
malade  méconnaît  ce  dévouement  de  chaque  mi- 
nute, et  se  montre  envers  sa  fille  d'une  dureté 
incroyable.  Marguerite  n'a  pas  un  moment  d'impa- 
tience, sa  douceur  est  inaltérable  ;  elle  fait  l'admi- 
ration  de  tous.   Entrée   à  l'hôpital  d'Aix,  elle  est 


—  28  — 
v^.i:i;^.v  de  donner  des  soins  aux  petits  garçons 
de  la  Charité  ;  ceux-ci  savent  bien  vide  reconnaî- 
tiv  le  dévouement  et  l'affection  qu'elle  leur  pro- 
digue ;  ils  ne  l'appellent  plus  que  mtre  bonne 
C^Curgueriie.  Le  personnel  de  l'Hôpital  a  tenu  à  ap- 
porter son  témoignage  en  faveur  de  Marguerite 
L^ze,  et  l'Académie  s'est  empressée  de  ratifier  l'ap- 
préciation de  juges  aussi  compétents  en  matière  de 
dévouement.  Elle  accorde  à  Mademoiselle  Lèze 
une  part  de  300  francs  du  prix  Reynier, 

Ce    sont    les    pauvres    secourus     par  Madame 
veuve  Dcluy,  les  malades  soignés  par  elle  qui  sont 
venus  la  dénoncer  à  l'Académie.  Comme  elle  est 
touchante  cette  requête  où  d'une  main  malhabile 
ces  braves  gens  ont  tenu  à  affirmer  leur  reconnais- 
sance attendrie  :  «  Je  certifie  que  Madame  Deluy 
«  a  soigné  ma  pauvre  sœur  Marie  de  la  petite  vé- 
«  rôle,   et  mon  frère  Louis  d'une  longue  maladie, 
«  sans  vouloir  accepter  aucun  salaire  ».  Des  for- 
des  analogues   couvrent  deux    ou  trois  pages, 
e  enquête  minutieuse  en  a  confirmé  la  véracité, 
iit-il  ajouter  que  Madame  Deluy  qui  s'est  ainsi 
lensée  sans  compter  était  restée  veuve,  jeune 
;ore,  avec  cinq  enfants  en  bas-âge,   et  que  c'est 
it  en  s'occupant  activement  de  sa  familUe,  qu'elle 
iu  multiplier  ses  actes  de  dévouement.  Pour  la 


-  29- 

troisième  part  du  prix  Reynier,  300  francs,  l'Aca- 
démie ne  pouvait,  je  crois,  faire  un  meilleur  choix. 

L'académie  disposait,  cette  année,  de  deux  des 
pensions  viagères  de  200  francs,  créées  par  Made- 
moiselle Irma  Moreau. 

La  première,  destinée  à  une  ancienne  ouvrière 
âgée  et  nécessiteuse,  a  été  attribuée  à  Mademoiselle 
Boycr. 

Née  à  Aix  en  1833,  Mademoiselle  Boyer  ne  nous 
donne  pas  seulement  un  exemple  bon  à  suivre, 
celui  de  la  longévité  ;  elle  a  derrière  elle  tout  un 
passé  de  travail  et  de  probité.  Grâce  à  Mademoi- 
sçlle  Irma  Moreau,  elle  pouiTa  achever  ses  jours 
libérée  sinon  de  la  pauvreté,  au  moins  de  la  misère. 

Quant  à  la  deuxième  pension,  c'est  à  une  veuve, 
mère  d'au  moins  deux  enfants  qu'elle  revenait. 

Madame  veuve  Aurran  remplit  doublement 
cette  condition  :  elle  est  restée  veuve  et  sans  res- 
sources avec  quatre  enfants.  Elle  aurait  pu,  comme 
bien  d'autres,  se  décharger  de  ses  obligations  sur 
des  institutions  charitables.  Elle  a  voulu  remplir 
son  devoir  dans  son  intégralité,  et  ne  demander 
qu'à  son  travail  opiniâtre  le  moyen  de  nourrir  et 
d'élever  tous  ses  enfants.  Le  dévouement  maternel 
n'a  pas  à  être  récompensé,  mais  l'attribution  d'une 


-  30  - 
pension  allégera  un  peu,  pour  cette  digne  femme, 
la  lourde  tâche  qu'elle  remplit  avec  tant  de  courage. 


PBIX  lElBIETTE  BMOI 


Un  devoir  particulièrement  agréable  incombe, 
cette  année,  au  rapporteur  des  Prix  de  Vertu.  C'est 
celui  de  rendre  un  public  hommage  à  la  mémoire 
d'une  nouvelle  bienfaitrice,  qui  a  honoré  l'Acadé- 
mie de  sa  confiance.  Par  son  testament,  en  date  du 
-"  ■'écembre  1906,  Mademoiselle  Henriette  Rayon, 
enne  modiste  à  Aix,  a  légué  à  l'Académie  une 
me   de  10.000  francs,  pour  fonder  un  prix  de 
a,  et  c'est,  cette  année,  pour  la  première  fois, 
ce  prix  va  être  distribué, 
ademoiselle  Rayon  était  l'aînée  de   onze  en- 
..  —  Elle  songeait  à  se  faire  religieuse  de  Saint- 
;ent  de  Paul,  quand  la  mort  de  ses  parents  lui 
de  nouveaux  devoirs  auxquels  elle  sacrifia 
hésiter  ses  aspirations  les  plus  intimes.  Elle 
>nsacre  aux  soins  de  ses  frères  et  sœurs,   les 
;,    les  établit.    C'est  sur  les  pauvres,  ensuite, 
le  étend  son  dévouement.  Toutes  les  bonnes 
res  l'attirent.    Excellente   musicienne,  elle  di- 
pendant  25  ans  les  choristes  de  Saint-Jean  de 


-  31  - 

Malte.  Il  y  a  quelques  années,  elle  recueillit  un 
petit  héritage.  Elle  ne  modilSa  en  rien  son  genre 
de  vie,  et  les  pauvres  seuls  s'aperçurent  de  son 
changement  de  situation.  Elle  a  voulu  même  après 
sa  mort  continuer  à  faire  le  bien,  et  elle  a  chargé 
TAcadémie,  qui  lui  en  témoigne  sa  reconnaissance, 
d'exécuter  ses  intentions  libérales. 

Aux  termes  de  son  testament,  Mademoiselle 
Rayon  indique  que  les  intérêts  de  la  somme  léguée 
devront,  chaque  année,  être  attribués  à  une  jeune 
fille  dont  le  bureau  de  l'Académie  aura  distingué  les 
mérites. 

Il  faut  croire  que  les  jeunes  filles  d'Aix  joignent 
à  toutes  leurs  vertus  une  modestie  farouche.  Le 
bureau  de  l'Académie  a  eu  beau  écarquiller  les  yeux, 
il  n'a  pu  distinguer  qu'une  seule  concurrente.  En 
serons-nous  réduits  à  faire  de  la  réclame  autour 
de  nos  prix  de  vertu,  et  à  publier  à  son  de 
trompe  que  l'Académie  demande  des  jeunes  filles 
vertueuses  ? 

Espérons  que  cette  triste  extrémité  nous  sera 
épargnée,  et  que,  dès  l'an  prochain,  le  Prix  Rayon, 
mieux  connu  du  public,  sera  aussi  chaudement 
recherché  que  les  Prix  Reynier  et  Rambot. 

Je  me  hâte  d'ajouter  que  Mademoiselle  Herminie 
Cailler,  à  qui  l'Académie  attribue  le  Prix  Rayon 
de   275  francs,  ne  doit  nullement   son  succès  à 


-32  - 

cette  circonstance  qu'elle  a  été  Tunique  concur- 
rente. Ses  mérites  lui  auraient  assuré  le  prix,  mê- 
me si  plusieurs  jeunes  filles  étaient  venues  le  lui 
disputer.  Restée  orpheline  de  bonne  heure,  elle  a 
élevé  ses  deux  frères,  puis  s*est  consacrée  à  soi- 
gner avec  un  dévouement  parfait  deux  parentes, 

• 

sœurs  de  sa  mère,  qui  fort  âgées  et  malades,  ne 
subsistent  que  grâce  aux  produits  de  son  travail. 
C'est  assurément  remplir  pleinement  les  intentions 
de  Mademoiselle  Rayon  que  d'attribuer  à  Made- 
moiselle Callier  un  prix  destiné  à  récompenser 
avant  tout  la  vertu  dont  Mademoiselle  Rayon  a 
donné  un  si  noble  exemple  :  le  dévouement  à  la 
famille. 


^ 


On    a   hi 


I*  A  l'Académief  poésie,  par  M.    le   Premier 
Président  Giraud,  Membre  d'Honneur  ; 


a""  Une   Reine  dCspagne  au  XVIIIme  Siècle, 
par  M,  A.  Bourguet,  Vice-Président; 


3*  A  MiréiOf   sonnet  provençal,  par  le  baron 
H,  GuiLLiBERT,  Secrétaire-Perpétueh 


SÉAN.  puiL,  A(:aî).—1909 


-  SI)  - 


1 


PRIX    RAMBOT 

Fondé  en  1859,  siiioant  testament  olographe  du  25 
août  1858,  pour  récompenser  les  actes  de  dévouement, 
Je  courage,  de  désmtéressement,  les  soins  donnés  à  la 
ticillesse  et  à  lenfance  pauvre  et  abandonnée , 

Le  prix  Rambot  de  5i5  francs  a  été  décerné  à 
cinquante  et  un  lauréats  de  1860  à  1909, 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dam  les  précédents 
Bulletins  ;  nous  donnons  ci-^dessous  la  liste  des  dix 
derniers. 

X^lste   des    ILiaui^éats 

Depuis  1900. 

1900.  M.   Yves  Lamoureux,  d*Aix. 

1901.  LcComilé  de  Sauvetage  de  lastalioD  deCarro, 

commuDe  des  Martîgues. 

1902.  Mlle  Blanche  Arène,  d'Aix. 

1903.  M.  Marius  ARHÀi<fD,  à  Aix. 

1904.  M.  Mathieu  Jeauffret,  Les  Milles,  commune 

d^Aix. 

1905.  M.  Louis-François  Bemusat,  d'Aix. 

1906.  Mlle  Vicloria  Rey.   d'Aîx. 

1907.  Mlle  Ennance  Mégy,  d'Aix. 

1908.  M.  Marins  Dagard,  d'Aix. 

1909.  Mlle  Marie  Rivière,  d'Aix. 


PRIX    REVNIER 

Ce  prix  Je  4 ,000  francs  a  été  fondé  en  18G5,  par 
lament  olographe  du  IS  mars  4SGi,  pour  rhom^ 
tser  les  actes  les  plus  mériloires  de  dévoâmenl,  de 
élite  et  de  secours  au  malheur,  les  soitts  désinté- 
sés  donnés  aux  infirmes  et  aux  vieillards  ainsi  qu'à 
nfancc  délaissée -et  pauvre. 
Une  partie  de  ta  somme  est  réservée  pour  les  pères  et 
resqui  élèvent  le  mieux  leurs  enfants,  c'est-à-dire, 
(ne  manière  chrétienne,  honnête  et  laborieuse, 
le  prix  Reynier  a  été  décerné  à  cent  treize 
uréals  de  1810  à  4909. 

Comme  pour  le  prix  Itambot  leur  liste  a  été  insérée 
ns  les  précédents  Bulletins  ;  voici  celk  des  dix 
^nières  années 

LisXo  des   IL<aui*ôats 

Depuis   J900. 
'1900.     Li-sépoux  Galiciatj'Piulibiit,  d'Ais. 

»        Mme  veuve  Gkiiialu,  d'Aix. 

»         MKe  Uw.iHPLLX,  k  Mk. 
1901.     Lcsëpoux  DLAKC'RoYtiiE,  d'Aix. 

»         Mlle  Aug'isliiie  Pel^tier,  de  Pujiuubier. 

■  Mlle  Rose  Bëhai;d,  d'Aix. 

^90î.     Mme  Nfer.ne,  s<rur  S'-Icsace,  d'Aix. 

■  Mlle  Caroline  ('iiALSSEr.RO!;,  d'Aix. 

»        Mme  \eiive  MiinrEV  nfc  ItiroLEr,  d'Ai\, 


-  37  - 

1903.  Mlle  Marie  Ciiave,  à  Aix. 

»  Mlle  AlexaDdrine  Roche,  à  Aix. 

»  Les  époux  RiGAUD,  à  Aix. 

4904.  Mme  veuve  Chanut,  née  Lombard.,    à    Aix. 

»  Mme  Bla>c,  née  Peloulier,  les  Pinchiuals. 

»  Les  époux  Pepiko,  à  Aix. 

1905.  Mlle  Thérèse  Tempier,   d*Ai\. 

»  Mlle  Marie  Ambert,  de  Marcols  (Ardèche)* 

»  Mme  CiiuziNy  à  Aix. 

190^.  Mme  veuve  Hênaolx,.  née  GaU  à  Aix. 

»  Mlle^  Augustine  SbcffATi,  à  AW. 

n  Mme  veuve  Diogèkb,  née  Boniîi« 

1907.  Mlle  Julie  Décory,  à  Aix* 

»  Mlle  Antoinette  Cokstakt,  h  Aix. 

»  Mlle  Marie  Joseph,  dite  Marie  Olive,  à  Aix. 

1908.  Mlle  Léoncio'  Arvaud^  h^  Aix.. 

»  Mlle  Eulalie  ANTOiriErrii  d^làtres-. 

j»  Les  épouXh  Barthélémy-Gilles,  à  Aix. 

1909.  Mlle  Clémence  Thomas,  à  Aix. 
»  Mlle  Marguerite  Lèze,  à  Aix. 
»  Mme  veuve  Deluy,  à  Aix. 


1X1 

PRIX    IRMA    MOREAU 

ONS    ANMIKLI.KS     DK    ?00    FKANCS 

ix  ont  ('/('  foitilh  en  iSitif.  par  IniamtMt 
noisellc  Irmu  MoiiKvi'.  iln  1  jnvfkr  6i  la 
Ku'c,  (/Hi  iiislihtv  l'Avudi'inie  $a  Irqo'.airc 
\c. 

[  deslinh  à  iijfrtr  nne  récompense  cl  procurer 
rs  aux  penoniirs  purlindièrcmciit  raûm- 
pitr  leur  boiiinUclé  ft  leur  verlu  noioircs. 
'■nul  le»  pim  ili'jnn  et  </wi  devront  être  choi- 
Ivi  cutiUjiirics  su  ira  H  les  : 

l'Cï  lie  fitiiiillii  iviifs  ou  non  ,  et  mères  de 
reurcs ,  connus  comme  gens  malheureux  et 
kt.  eiempts  d'icroijneric  et  autres  vices,  et 
t  mains  deux  enfants  ; 
•rières  pauvres  ntteinlcs  ou  de  maladie,  ou 
rd.  ou  de  vieiltnse,  1rs  méfiant  dans  l'impos- 
e  subrcnir  à  leurs  besoins. 


iémie  a  eninmeucè  à   di 


■cerner  ces  prix  en 


-•  39  — 


des  pensions  ouvrières 


r*   CATEGORIE  (Pères  et  léres  de  famille] 


4902  4*  M.  Marius  QUENIN,à  Âix(7  enfants)  f  septem.  4905 
2'  M.  Eugène  CASTOR,  »    (5      »      ) 
3-  M.  Jules  DÉCORY ,     »^    (5 
4*  H.  rsidore  ROCHE .     »    (4 

4903  5*  M.  Fidèle  BONTOUX,  »   (o 

6*  M.  Siméon  FOUQUE,  au 

Pey-Blanc,  (8 

T  M.  JeaDLÂRGUÈZE,àÂix(4 

8*  Mme  veuve  BARNIER 

née  Alexis,  à  Luynes,  (7 

1904  9-  M.  Charles  DESPLAS, 

de  Castres,  (6 

4905  4  0*  M.  Viclorin  GINIEZ, 

à  Galice.  (8 

4906  44'MmeVveMariusQUENIN  (7 

42*  Mme  Laurent  Vve  Jules 

DÉCORY  (5 

4907  43*  Mme  veuve  TEMPIER 

née  Tardieu  (5 

490»  44-  Mme  Pauline  DEDIEU 

née  Phaillon  de  S-.Remy(7 

to-  Henri  MICHEL  aux  Milles   (6 

4909.  46*  Mme  veuve  AURRAN       (4 


)tdéc.4905 
)  t  mars  4904 
) 

) 
) 

) 

) 

) 

)  7  mars  4907 


) 
) 


) 
) 


) 


-40    - 


2-*  CATEftMlE  (OBTiiérer) 

l^à  1*^  aile  Anals  NIËLLY,  à  Aix. 

â*  Mlle  Victoire  OLLIËR,  »    f  septeni.  1903 

3*    Mlle  Augustine  CURET,  »      f  1908 

4*  Mme  ElisaCiRLB  veuve  FAUDON,  » 
5*  Mme  Augusline  JOGERST,  à  Alger. 

1903  6^  Mme  veuve  CAVALIER 

née  PoBTi,  à  Aix  f  1908 

7*  Mme  veuve  POURCEL  née  Fauqvb, 

à  Aix 

8*  Mlle  Marie  ARNAUD,  à  Aix    f  mars  1907 

9'  Mme  veuve  BARBIER  née  Aurekgb, 
à  Aix. 

f  0-  Mlle  Marie  CHIEUSSE, 

à  Arles-s/-Rhône.  f  avril  1907 

1904  ri-  Mlle  Marie  CADENEL,  à  Eguilles.     f  Juin  1906 

1906  42-^  Mlle  Angèle  CADENEL  à  Eguilles, 
13"  Mlle  Marie  MÉOUVE,  b  Aix, 

1907  1 4*  Mlle  Hélanîe  KABASSE,*  à  Aix.  f  décem.  I9O7 

1908  15-  Mlle  Madeleine CHIEUSSE,  à  Aries, 

1 6-  Mlle  Augudtine-Etîsabeth  RICHAUD, 

à  Aix. 

17-  Mlle  Malhilde,  JOUYNE,  à  Aix 

1909  Mlle  Antoinette  BOYER,  èr  Aix. 


-41  - 


IV 


PRIX    HENRIETTE    RAYON 


Ce  prix  de  2T5  fr.  a  été  fondé  par  Mademoiselle 
Henriette  R^yon,  par  testament  du  26  décembre 
4906,  pour  récompenser  une  jeune  fille  dont  le  bureau 
de  r Académie  aura  distingué  les  mérites. 

Comme  pour  les  autres  prix  Rambot,  Reynicr  et 
Irma  Moreau,  la  liste  de  ces  prix  sera  insérée  dans 
le  présent  Bulletin. 

L'Académie  a  commencé  en  1909  a  décerner  ce 
prix 


Depuis  1909 
4909.    Mlle  HcrmiDie  Callier,  d'Aix. 


—  42 


BUREAU     DE     L'ACADÉMIE 

4908-4909 


Président. M.  le  Docteur  Aude. 

Vice-Président M.  Alfred  Bourguet. 

Secrétaire  perpétuel. .  M.  le  Baron  Guillibert. 

Secrétaires  annnels. . .  M.  Edouard  Aude. 

—  M.  Gustave  Beynaud. 

Archiviste M.  le  Marquis  d*lLLE. 

Bibliothécaire M.  Louis  de  Bresc. 

Trésorier M.  Mouràvit. 


TABLEAU 

MEMBRES    DE    L^ACADÉMIE 

(AiTÔlé  CM  août  i909) 

M  K  M  lUl ES     I)  '  H  0  N  N  E  U U 

MM. 

Arbald  Paul  iJ,  bibliopbilc.  Associé  réj^ional  le  5  janvier 
<883,  membre  (Hiouncur  le  30  jan\ier  1894.  Rm  du 
Quatre-Septembre,  2,  à  Aix. 

Mistral  FrWé rie,  C.  ^- ^  >!*.  Correspondant  2  mars  1803, 
membre  d'honneur  le  6  juin  i899  ;  à  Maillune  fB.-du-R.J- 

Cabassol  Joseph,  ancien  Maire,  ancien  Conseiller  Général, 
avocat  à  la  Coar,  ancien  bAlonnier.  23  janvier  1900  ; 
place  Jeanne-d'AjT,  à  Aiœ, 

Pécoil  Auguste,  G.  C.  ^5^,  archivîsie  paléographe.  Corres- 
pondant 5  mars  1901.  Membre  d'honneur  23  avril  1907  ; 
à  Draveil  (Seine-et-Oise),  et  ii.te  Boissj/-d*Anglas,  12 y  à 
Paris. 

Charles-Roux  Jules,  C.  ^,  ancien  député.  Associé  régional 
12  janvier  1883.  Membre  d'honneur  3  décembre  1907. 
Hue  Pierre-Charron,  12,  à  Paris, 

Michel  Evarisle^,  docteur  en  médecine.  Membre  honoraire 
21  février  <902.  Membre  d'honneur  14  janvier  1908.  Ui/e 
de  Clichj/y  40,  à  Paris,  et  villa  JHIif^net,  à  Aix. 

S.  Exe.  M.  Révoil  Paul,  C.  .^;,  ambassadeur  de  France  en 
Espagne,  24  mars  1908  ;  à  Madrid. 

LcvASSEtn  Emile,  G.  0.  ^,  membre  de  Tlnstilut,  adminis- 
trateur du  Collège  de  France.  15  décembre  1908;  an 
Collège  de  France,  à  Paris. 

GiRAtD  Charles,  ^,  Premier  Président  de  la  Cour  d'Appel. 
16  mars  1909.  Rue  de  rOpôrn,  à  Ai.v. 


MEMBRES     TITELAIBES 


CaERniER  (le  chanoine)  Joseph,  doyen  du  Chapilrc  Métropo- 
litain, docleur  en  Thtkilogie.  25  avril  1872.  Boulevard 
Saint-Louis,  15. 

GuiLLiBEBT  (baron)  Hippolytc,  ^  0.  »{•,  ancien  bàlonnier  de 
l'ordre  des  avocats  à  la  Cour.  15  janvier  1878.  Rue 
Hazanne,  U. 

ViDiL  François  a  ^,  conservateur  honoraire  de  la  biblio- 
ihèque  Héjanes.  21  janvier  1879.  Avenue  Victor-Hugo,  17. 

MouRAviT  Guslave  »$•,  présidenl  de  la  Chambre  des  notaires, 
8  février  1884.   Place  des  Prêcheurs,  34. 

SouBKAT  Charles,  ancien  conseiller  a  la  Cour,  président  du 
Comice  agricole.  15  février  1884.  Bue  Mazarine,  8. 

Marbot  (le  chanoine)  Edmond,  ancien  vicaîi'c  général.  28 
mars  1887.  Rue  Goyrand,  3  bis. 

GiNTELHi  d'Ille  (marquis  de)  Charles  ^  <^  0.  ^.  Assoi-ié 
régional  le  12  janvier  1883,  membre  titulaire  le  17  juin 
1890.  Cours  Mirabeau,  6. 

"       TU  Henry,  1.  P.  fj,  conservaleur-directour  du  Huscc.  5 
il  1892.  Rue  Cardinale,  13. 

t  DE  Bresc  (de)  Louis,  ancien  conseiller  général.  .\sw)cié 
onal  le  12  janvier  188j,  membre  lilnhiirc  le  2J 
lier  1891.  RueSal/ier,  7. 


—  43  — 

Fassin  Emile,  I.  P.  lyj,  conseiller  à  la  Cour.  24  avril  1894. 
Boulevard  du  Roi-René,  46. 

Bec  (de)  Albert.  \"  mai  1894.  Rue  Emeric-David,  34. 

ToLRTOiLOx  (baron  de)  Charles,  I.  P.  O  G.  0.^  C.  ^  ancien 
président  de  la  société  des  Langues  Romanes.  Correspon- 
dant le  4  juin  4878,  membre  titulaire  le  28  mai  1895. 
Rue  Roux-Alphéran,  13. 

Saporta  (comte  de)  Antoine.  Associé  régional  le  2  février 
1892,  membre  titulaire  le  23  mars  1897. /twe  Cardinale,  23, 
et  rue  Philippy,  3,  à  Montpellier  (Hérault). 

Aude  Philippe  0.  ^^  >S^,  médecin  en  chef  de  la  marine,  en 
retraite.  6  avril  1897.  Rue  du  Lycée,  i. 

BoNNECORSB-LuBiÈRES  (comtc  do)  Charlcs,  avocat  à  la  Cour, 
Associé  régional  le  27  décembre  1897,  membre  titulaire  le 
30  mai  1899.  Rue  de  VOpéra,  24. 

BoNAFous  Raymond  I.  P.  JUI,  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres.  30  janvier  1900.  Rue  du  Bras-dVr,  2. 

iloLLAXD  Henri,  I.  P.  Ui*  chanoine  titulaire  de  la  métropole, 
aumônier  du  Lycée  MigneL  18  décembre  1900.  Rue  du 
Louvre.  29. 

BoiTRGUBT  Alfred,  avocat  h  la  Cour.  Associé  régional  le  10 
mars  1896,  membre  titulaire  lo  29  janvier  1901  ;  au 
Pont  de  l'Arc ^  près  d*Aix.  , 

A?«iNARD  Casimir  »{«,  ancien  bAtonnier  de  Tordre  des  avocats. 
3  février  1901.  Rue  du  4-Septembre,  34. 

Aude  Edouard,  I.  P  ^>,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Mé- 
janes.  Associé  régional  le  20  mars  1900,  membre  titulaire 
le  16  juin  1903.  Villa  Joyeuse,  chemin  de  la  Violette. 

Lacoste  Ernest,  I.  P.  |j,  ingénieur.  Associé  régional  le  20 
février  1900,  membre  titulaire  le  20  décembre  1904.  Place 
des  Quatre 'Dauphins. 


MEMBRES     TITULAIRES 


Cherhiei  (ie  chanoine)  Joseph,  doyen  du  Chapitre  Métropo- 
litain, docteur  en  Théologie.  25  avril  4872,  Boulevard 
Saint-Louis,  15. 

GtiiLLiBSRt  (baron)  Hippolyte,  t^  0.  ^,  ancien  bâtonnier  de 
l'ordre  des  avocats  à  la  Cour.  15  janvier  1878.  Rue 
Mazarine,  14. 

ViKiL  François  U  ^,  conservateur  honoraire  de  la  biblio- 
thèque Héjanes.  21  janvier  4879.  Avenue  Viclor-Hugo,  17. 

MotiRAViT  Gustave  ■!*,  président  de  In  Chambre  des  notaires, 
8  février  1884.   Place  des  Prêcheurs,  34. 

SouBRAT  Charles,  ancien  conseiller  à  la  Cour,  président  du 
Comice  agricole.  15  février  1884.  Hue  Mazarine,  H. 

Marbot  (le  chanoine)  Edmond,  : 
mars  1887.  Rue  Goyrand,  !i  bis. 

Gamelmi  d'Ille  (marquis  de)  Ch. 
régional  le  12  janvier  1883,  m 
1890.  Cours  Mirabeau,  6. 

Postier  Henry,  I.  P.  y,  conserva 
avril  1892.  Rtte  Cardinale,  Î3. 

SiGAVD  DE  Bresc  (dc)  Louis.ancion 
régional  le  42  janvier  I88.j, 
janvier  1894.  Rue  Sallier,  T. 


iir.   21  avril  I89i. 


l.t^C  j^  ancien 
mes,  Correspon- 
0  âS  mai  1895. 


al  le  S  février 
Cardinale,  23, 


à  la  Cour, 
:  titulaire  le 


"étropole. 
.  Rue  du 


-  4C  - 

Dr  DrnwTi  la  Calade  Jérôme  y,  liccRcié  ès-Leltrcs.  21 
m«nrs190'>.  Place  d'Albertas,  10. 

MicuEL  Tranquille,  .^;,  ingénieur  en  chef  des  Ponts-el- 
Cbaussées.   10  avril  1905.  Ane  du  4  Septembre.  - 

Jauffret  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  27  mars  1906.  Rue  des 
EpinauXf  13. 

Reynald  Gustave,  directeur  des  Contributions  directes,  en 
retraite.  Associé  régional  30  janvier  1906.  Membre  titu- 
laire 18  décembre  1906.  Rue  Cardinale,  17. 

Vallier-Collombieh  Alfred  U,  conseiller  à  la  Cour  d'Appel 
d'Aix.  12  mai  1908.  10,  l'ue  Ëspanat. 

AuDiKET  Eugène,  I.  P.  U,  professeur  à  la  FacuKé  de  Droit 
de  rUniyersilé  d'Aîx-Marseille.  15  décembre  1908.  Cours 
d'Orbitelle,  Aix. 

MouGiKS-DoQurFOBT  (comte  de)  Charles,  Docteur  en  Droit. 
Associé  régional  le  11  m^rs  1890,  membre  titulaire  le  26 
janvier  1909.  Rue  Cardinale,  IT. 


—  */  — 


.     MEMBRES     HONORAIRES 


MM. 

PisoN  Alexandre  ^  I.  P.  tf  »p,  doyen  honorHire  de  la  Fa- 
culté de  droit.  30  janvier  1894.  RtÀe  d'Italie,  14. 

Granier  Désiré  ^,  conseiller  doyen  honoraire  à  la  Cour.  29 
mai  4894.  Cours  Mirabeau,  17. 

BoREL  Gilles-Jacques  ^,  officier  en  retraite,  compositeur  de 
musique.  Associé  régional  le  42  mai  4896,  membre  hono- 
raire le  40  juin  4902.  Rue  Lice  des  Cordeliers,  15. 

YiLLETiEiLLc  Joscph,  I.  P.  H,  artisto  peintre.  22  décembre 
\^0:i.  Rue  Espariat,  20. 


i8  - 


ASSOCIÉS    RKGÏOXAUX 


MM. 


Eysseiiic  Snint-MarccI,  ancien  mngLslrat  ol  conseiller  général 
inspecteur  départemental  de  la  Société  d*Archéologie,  à 
Sistcron.  49  décembre  4882. 

Ret  (de)  Gonzagiie,  chùteau  du  Prieuré  d'Ardène,  près  Saint- 
Michel  (Basses-AIpcs).  5  janvier  1883. 

Terris  (de)  Jules^  G.  0.  »{«  ^  membre  de  TAcadémie  de  Vau- 
cluse,  à  Avignon.  5  janvier  4883. 

IsNARD,  I.  P.  ^,  archiviste  des  Basses- Alpes,  secrétaire  de  la 
Société  Académique,  ancien  élève  de  TEcole  des  Chartes, 
à  Digne.  12  janvier  1883. 

MiREUR  :^^',  archiviste  du  département  du  Var,  membre  du 
comité  des  travaux  historiques,  à  Draguignan.  19  janvier 
1883. 

Bonhomme  (Kabbé),  chanoine  à  Riez  (B/isses- Alpes).  9  février 
1883. 

Bernard  Charles  ^^  président  h  la  Cour  de  Dijon,  ancien 
avocat  à  la  Cour  d'Aix.  16  février  1883. 

Magallon  DWRGEffs  (mapquis  de)  Xavier,  ancien  conseiller 
général  des  Hautes-Alpes,  villa  Magdala,  à  Sainte-Marthe, 
Marseille.  16  mars  1889. 

Gander  (le  chanoine)  Stanislas  ^,  secrétaire  de  TAcadémie 
de  Marseille.  7  avril  1891. 

CoLLOT  Louis  ^,  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Dijon.  26  janvier  1892. 

CoLLONGL'B  (d'AvoN  barou  de),  ^  *î<  0.  >5«,  ministre  plénipo- 
tentiaire, en  retraite,  au  château  de  Collouguc,'parCa- 
ilonvi  (Vauclusc).  G  juin  1893. 


-  49  — 

CiiAiLLAN  (rabbé),  correspondant  du  Ministère  de  Tlnslruc- 
lion  Publique,  curé  do  Septèraes  (Bouclies-du  Rhône). 
12  janvier  1894. 

Ferrier  Raymond,  araalcur  d'art.  Rue  des  Arls-et-Métiers, 
2,  Aix.lGjuin  1896. 

TouRTOuLON  (baron  de)  marquisjle  Barre,  Pierre,  docteur  en 
droit.  Château  de  la  Fusle,  par  Valensole  (Basses- Alpes). 

12  janvier  1897. 

Tbil  (baron  du)  Joseph  ^.  Quai  de  Billy,  2,  Paris.  4  mai 
1897. 

Mal'rel  (l'abbé)  Marie-Joseph,  place  de  riIôtel-de-Ville,  5,  à 
Manosque  (Basses-Alpes).  18  mai  1897. 

AuTHBMAN,  ancien  maire  de  Martigues.  15  février  1898. 

Proc-Gaillard  ii  G.  ►J»,  ancien  directeur  de  l'Académie  de 
Marseille.  Boulevard  Montricher,  5.  3  mai  1898. 

Manteter  (de)  Georges,  château  de  Manteyer  (Hautes-Alpes). 

13  décembre  1898. 

LiEUTAUD  Victor  jjt,  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  de  Mar- 
seille, notaire  à  Volone  (Basses-Alpes).  15  mai  1900. 

MuLSANT  Sébastien  »p,  avocat,  ancien  bâtonnier,  Rue  Balay, 
2,  Saint-Etienne.  19  mars  1901 . 

McTERSE  Maurice,  ancien  officier  de  marine,  ancien  sous- 
préfet,  à  Antibes.  7  mai  1901. 

Bernard  d'Attanoux  (comte)  Henri,  t^  avocat,  ancien  magis- 
trat. Rue  Palermo,  2,  Nice.  14  mai  1901. 

GtRiN-RiCARD  (comte  de),  président  de  la  Société  d'archéo- 
logie. Rue  Grignan,  60,  Marseille.  4  mars  1902. 

MoNCLAR  (de  RiPERT  marquis  de)  François,  G.  ^,  ministre 
plénipotentiaire,  en  retraite,  au  château  d'Allemagne,  près 
Riez.  18  mars  1902. 

Perrier  Emile,  0.  »{4  :§«  ï^,  président  de  la  Société  de  Statis- 
tique de  Marseille.  Villa  du  Bocage,  à  Mazargues.  6  jan- 
vier 1903. 

SÉAN.  pi:bl,  acad. — 1909  i 


.     —  50  — 

ViLLENEUVE-EscLAPON  (inarquis  de)  Chiîstian,  0.  ïg^,  ancien 
député.  Rue  de  Prony,  75,  Paris,  et  à  Valensole  (Basses- 
Alpes).  7  juin  4904. 

Closmàdeuc  (Urvoy  de)  Jules.  Rue  Roux-Alphéran,  25,  à  Aix. 
19  décembre  1905. 

LiEUTAUD  Auguste,  président  de  la  Société  des  Amis  du  Vieil 
Arles,  à  Arles.  30  janvier  1906. 

Cotte  Charles,  licencié  en  Droit,  notaire  à  Perluis  (Vaucluse) 
24  avriH906. 

Gaffarel  Paul,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  d'Aix. 
Rue  Paradis,  295,  Marseille.  19  mars  1907. 

YiNCENS  Charles,  ancien  Directeur  de  l'Académie  de  Marseille. 
Rue  Nicolas,  9,  Marseille.  11  juin  1907. 

La  Salle  de  Rochemaube  (duc  de)  Félix,  C.  »^  ï§s  ^.  Châ- 
teau de  Clavières  Ayrens  (Cantal).  19  mai  1908. 

Tayernier  Edouard,  avocat,  docteur  en  droit.  Rue  François  I", 
162,  Paris.  19  mars  1908. 

Lefèyre  Edmond,  directeur  de  la  «  Revue  de  Provence  ».  17, 
i)oul&vard  de  ia  Liberté,  Marseille.  22  décembre  1908. 

Ragarrt  Paul,  avocat,  cours  Mirabeau,  4,  Aix.  12  janvier 
1909. 

Mariéton  Paul  ^,  ancien  Chancelier  du  Félibrige,  9,  rue 
Richepanse,  à  Paris.  2  mars  1909. 

Rrémond  (l'abbé)  Henri.  34^  place  des  Prêcheurs,  a  Aix.  16 
mars  1909. 

BouRGET  Henri,  Direcleur  de  l*observaloire  de  Marseille. 
9  juin  1909. 


—  51  — 

ASSOCIÉS    CORRESPONDANTS 

MM. 

Lavollce  Paul-René,  docteur  ès-IcUres,  ancien  consul  général. 
Boulevard  Haussmann»  162,  à  Paris.  25  avril  1870. 

Millien  Achille,  lauréat  de  l'Académie  Française,  à  Beaumont- 
la-Ferrière  (Nièvre).  16  décembre  1872. 

Faisan  Albert,  à  Saint -Cyr- en -Mont  d'Or,  près  Lyon. 
14  mars  1876. 

Bellet  (l'abbé),  à  Tain  (Drôrae).  12  décembre  1882. 

Jessé  -  Charleval  (Comte  de)  Antoine,  ancien  maire  de 
Marseille.  Châteaularc,  par  Rousset  (B.-du-R.).  Associé 
régional  5  janvier  1883.  Correspondant  le  7  janvier  1908. 

Aube  Frédéric,  au  Luc  (Var),  membre  de  la  Société  Française 
d'Archéologie.  Associé  régional  12  janvier  1883.  Corres- 
pondant 7  janvier  1908. 

Jullien  Ernest,  Président  honoraire  du  Tribunal  Civil, 
à  Reims  (Marne).  2  mai  1884. 

Lanéry  d'Arc  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la  Répu- 
blique, à  Lombèz  (Gers).  Associé  régional  12  décembre 
1887,  titulaire  8  mars  1892,  correspondant  le  7  juin  1904. 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  à  l'Arsenal.  Rue  Miroménil,  81, 
Paris.  11  juin  1888. 

Bremond  d'Ars-Migré  (marquis  de)  Anatole,  conseiller  géné- 
ral, château  de  la  Porte-Neuve-en-Riec  (Finistère).  27 
janvier  1891. 

Proal  Louis,  conseiller  à  la  Cour  de  Paris.  Villa  Molitor,  26, 
X\T.  Titulaire  le  22  décembre  1891,  correspondant  le  15 
décembre  1896. 

Joret  Charles,  membre  de  Tlnstitut.  Rue  Madame,  64,  à  Paris. 
Titulaire  le  16  mai  1893,  correspondant  le  12  décembre 
1899. 

Zeiller  Charles-René,  membre  de  l'Institut.  Rue  du  Vieux 
Colombier,  8,  à  Paris.  19  janvier  1897. 


—  52  - 

Petit  Alexandre,  docteur  en  médecine  à  Royal,  et  Rue  Laffitte, 
3,  à  Paris.  4  mai  4897. 

Hulot  (baron),  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géographie. 
41,  avenue  Labourdonnais,  à  Paris.  M  mai  1897. 

Rochas  d'Aiglun  (comte  de),  colonel,  ancien  administrateur 
de  TEcole  Polytechnique.  Rue  Descaries,  21,  à  Grenoble. 
24avriH900. 

Moris  Henri,  archiviste  des  Alpes-Maritimes.  Villa  Moris, 
boulevard  Dubouchage,  à  Nice.  19  mars  1901. 

Tasset  Jacques,  à  Molosme-Tonnerre  (Yonne).  9  juin  1903. 

Planté  Adrien,  ancien  député,  maire  d'Orthez  (Basses-Pyré- 
nées), président  de  la  Société  des  Sciences  et  Lettres  de 
Pau.  14  juin  1904. 

Poitevin  de  Maureillan  (de),O.M,  colonel  en  retraite,  conser- 
vateur du  Musée  d'Hyères  Var).  15  mai  1906. 

Jullien  Jules-André,  colonel  en  retraite,  rue  de  Boulain- 
villiers63,  Paris  (XVr).  Titulaire  le  11  décembre  1906, 
correspondant  le  5  mai  1908. 

Jullian    Camille,    membre    de    rinstilut,    professeur    au 
Collège  de  France.    30,    rue    de  Luxembourg,  à  Paris. 
'28  mail 907. 

Bougon  Georges,  docteur  en  médecine,  45,  faubourg  Mont- 
martre, à  Paris.  11  juin  1907. 

Lacour-Gayet^  professeur  à  TEcole  Polytechnique.  Rue  Jacob, 
46,  Paris.  10  décembre  1907. 

Rieux  (des)  Lionel,  avenue  de  Villîers,  26,  à  Paris.  21 
janvier  1908. 

Régnier  (de)  Henri, homme  de  lettres,  14,  rue  de  Magdebourg, 
à  Paris  (XVP).  5  mai  1908. 

Nolhac  (de)  Pierre,  Conservateur  du  Palais  de  Versailles,  à 
Versailles  (Sciue-et-Oist^).  2  juin  1908. 


—  33  — 

Labande,  Conservateur  des  Arcliives  de  la  principauté  de 
Monaco.  19  janvier  1909. 

Dienne  (conate  de)  Edouard.  Château  de  Cazideroque,  par 
Tournon  (Lot-et-Garonne).  19  janvier  1909. 

Barlhélenay  Jules,  Rédacleur  au  secrétariat  de  Tlnslilut,  au 
Palais  de  llnstitut,  Paris.  16  février  1909. 

Marlot  Hippolyte,    géologue    prospecteur    à   Martiny,  par 
Marmagne  (Saône-et-Loire).  9  mars  1909. 


ASSOCIKS     GORRESPOxNDANTS 
A   I/RtRANOEH 


Carnazza-Amari,  ancien  professeur  (i  rUniversîléde  Calanc, 
sénalcurdu  royaume  d'dalit;.  6  Jiviil  1868. 

Gubernalis  (comte  de)  Angelo,  professeur  à  l'Universilé  de 
Borne.  Via  Lucrezio  Garo,  67,  3  janvier  1893. 

Typaldo-Bassia ,  disputé,  professeur  agrégé  à  l'Universilé 
d'Athènes.  23  janvier  1894. 

Barr-Fcrree,  oNew-York.  5  juin  1894, 

Portai  (le  commandeur  Emmanuel),  ii  Palerme,  cl  1G,  Via 
Ludovisi,  à  Itomc.  1î  février  lb9i. 

Morozzo  délia  Bocca  (comie)  Emmanuel,  gcncral.  Via  délia 
Roeca,  29,  à  Turin.  21  mars  4899. 

~  Cunha  Xavier,  eonservalenr  de  la  Ilibliolhèque  Royale, 
tuç  S.  Biii-lliolonico,  12,  à  Li.sbonrte  (Portugal).  11  décem- 
)re1900. 

■raro  Louis,  ancien  Vice-Consul  do  la  Bi^publiquo  Argen- 
;enline;  à  Sondrio,  eti  Vidleline  (Lombardie),  et  à  Mllao, 
■ueCiroMenolli,17.  2avril  1901. 

la  Salvatore,  membre  de  la  Société  Philologique  à  Rome. 
!6  mai  1903. 

rney  de  la  Valelta  (comte)  Franchi.  9  juin  1903. 

vàiiescul  ).,  professeur  à  l'Université  de  Jassy  (  Roumanie) 
»  juin  1903, 


-^^    _-^-f.^-^^p^,;_ 


•»• 


t»  f  t 

—  oo  — 


Padula  (le  commandeur)  Antoine,  secrélnire  gcn(^ral  de  la 
Société  Luigi-Camoëns.  Via  dei  Fiorenliui,  67,  à  Naples. 
47  janvier  1905. 

Wallcskold  Axel,  professeur  de  philologie  romane  à  l'Uni- 
versité d^Helsingfors  (Finlande).  26  avril  1909. 


Le  présent  TalDleati  a  6t6  arrôté  en  Août 
1909 ,  confornrLément  tx  l'arLicle  10  dia  Règle- 
ment   intôrieiar. 


Le  Président  :  Le  Secréùaire  Perpétuel: 

Docteur  Aude.  Baron  Guillibbrt. 


mm 


LISTE 


DES 


ACADÉMIES     ET   SOCIÉTÉS    CORRESPONDANTES 


■»■*«!■ 


Abbeville  (Somme)   Société  d  émulation. 

Agen  Société  d  agriculture,  sciences  et  arts. 

(Lot-et-Garonne) 

Aix  Annales  de  la  société  d'études  provençales. 

(B.-du-R.)  Société  historique  de  Provence. 

—  Université  d'Aix-Marseille. 
Alais  (Gard)  Société  scienliûque  et  littéraire. 

Alençon  (Orne)  Société  historique  et  archéologique  deTOrne. 

Amiens  (Somme)  Société  des  antiquaires  de  Picardie. 

—  Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Angers.  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

(Maine-et-Loire)     Société  industrielle  d'Angers  et  de  Mainc-ct- 

Loire. 

Arras  (Pas-de-Calais)  Académie  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Avignon  (Vaucluse)  Académie  de  Vaucluse. 

Bar-le-Duc  (Meuse)  Société  des  lettres,  sciences  et  arts. 
Bayonne  (B .-Pyrénées)  Société  des  sciences  et  arts. 

Besançon  (Doubs)    Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 
Béziers  (Hérault)    Société  archéologique,  scientifique  et  littér* 

—  Société  d  étude  des  sciences  naturelles. 

Bordeaux  (Girondtt)  Académie  des  sciences,  bel  les- lettres  et  arts. 

Boulogne-sur-Mer.    Société  académique. 
(Pas-de-Calais) 

Bourg   (Ain)  Société  historique  et  littéraire  de  TAin. 

Brest  (Finistère)  Société  académique. 

—  Société  d'agriculture  de  l'arrondissement. 
Caen  (Calvados)  Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres 


~     Oi      — 

Caen  (Calvados)      Congrès  archoologiiiuc  de  France. 

—  Société  linnéennc  de  Normandie. 

—  Sociélé  des  beaux-arls. 

Cahors  (Lot)        Société  des  études  littéraires,  scientifiques  et 

artistiques  du  Lot. 

Cambrât  (Nord)      Société  d'émulation. 

Carpentras  (Vaucluse)  Commission  de  la  bibliothèque. 

Châlons-sur- Marne    Société  d'agriculture,  commerce,  sciences  et 
{Marne)  arts  de  la  Marne. 

Chdlon-sur-Saône    Société  d'histoire  et  d'archéologie. 
iSaône-et' Loire) 

Chambéry  (Savoie)   Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arls 

de  Savoie. 

—  Sociélé  savoisienne  d'histoire  et  d'archéo- 

Chartres(Eure'et'Loir)Coniicc  agricole.  [logie. 

Cherbourg  (Manche)  Société  nationale  académique. 

Constantine  (Algérie)  Société  archéologique  du  département. 

Digne.  Société  scientifique,  littéraire  et  artistique  des 

(Basses- Alpes)  Basses-Âlpes. 

Dijon  (Côte-d'Or)     Académie  des  sciences,  arts  et  belles-let  1res 

—  Commission  archéologique. 

Douai  (Nord)  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

Draguignan  (Var)  Société  d'études  scientifiques  et  archéologiq. 

Duhkerque  (Nord)  Société  dunkerquoise  pour  Tencouragement 

sciences,  des  lettres  et  des  arts. 

Forcalquier.  Athénée  littéraire,  scientifique  et  artistique. 

(Basses-Alpes)  Bibliothèque  de  Bcrluc-Perussis. 

Gap  (Hautes-Alpes)  Société  d'études  des  Hautes- Alpes. 

Grenoble  (Isère)  Académie  delphinale. 

—  Société  de  statistique,  des'sciences  naturelles 

et  des  arts  industriels  de  l'Isère. 
Hippone  (Bône)  Algérie  Académie. 
Le  Havre  (Seine-Inf.)  Société  nationale  hâvraise  d'études  diverses. 

~  Société  des  sciences  et  arts,  agricole  et  hor- 

ticole. 

Limoges  (H'-Vienne)  Société   archéologique  et  historique  du  Li-: 

mousiu. 

LonsAe-Saulnier,  Jura  Société  d'émulation  du  Jura. 

Lyon  (Rhône)       Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

—  Société  littéraire,  historique  cl  archéologique. 


-  38  - 

Lyon  {Rhône)        Société  d'agriculture,  histoire   naturelle-  et 

arts  utiles. 

—  Société  botanique. 

Le  Mans  {Sarthe)    Société    d'agriculture,  sciences  et    arts  de 

la  Sarthe. 

Marseille.  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 

{Bouches-dU'Rhone)  Société  de  statistique. 

—  Société  de  géographie. 

—  Société  de  médecine. 

—  Société   départementale    d'agriculture    des 

Bouches-du-Rhône. 

—  Société  d'horticulture. 

—  Société  botanique  et  horticole  de  Provence. 

Mende  {Lozère)       Société  d'agriculture,  industrie,  sciences  et 

arts  de  la  Lozère. 

Montauban  Société  d'agriculture  du  Tarn-et-Garonne. 

(  Tarn-et-Garonne) 

Monthéliard  {Doubs)  Société  d'émulation. 

Montbrison  {Loire)    La  Diana. 

Montpellier  {Hérault)  Académie  des  sciences  et  lettres. 

—  Société  pour  l'étude  des  langues  romanes. 

—  Société  archéologique. 

Nancy  Académie  de  Stanislas. 

{Meurthe-et-Moselle) 

Nantes.  Société  académique  de  Nantes  et  de  la  Loire- 

{Loirc- Inférieure)         Inférieure. 

—  Société  des  sciences  naturelles  de  l'ouest  de 

la  France. 

Nice  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des  Alpes- 

{A  Ipes-Maritiwes)       Maritimes. 

—  Société  centrale  d'agriculture,  d'horticulture 

et  d'acclimatation  de  Nice  et  des  Alpes- 
Maritimes. 

Nimes  {Gard)        Académie. 

—  Société  d'étude  des  sciences.naturelles. 
Niort  {Deux-Sèvres)  Société  centrale  d'agricult.  des  Deux-Sèvres. 

Paris  {Seine)        Faculté  des  sciences. 

—  Association  philotechnique. 

—  Société  nationale  d'encouragement  au  bien. 

—  Société  française  do  nuniismali(iuc  et  d'ar- 

chéologie. 

— -  Société  [)hilomali(Hi('. 


-  o9  — 

Paris  {Seine)        Sociôlô  ethiiogra|)!ii<jue. 

—  Société  de  sooours  des  amis  des  sciences. 

—  Société  de  biologie. 

—  S<iciélé  do  médecine  légale. 

—  Société  des  antiquaires  de  France. 

—  Société  des  études  historiques. 

—  Société  centrale  d'agriculture  de  France. 

—  Société  zoologique  de  France. 

—  Société  protectrice  des  animaux. 

—  .  Musée  Gui  met. 

Pau  {Basses -Pyrénées)  Société  des  sciences,  lettres  et  arts. 

Perpignan  Société  agricole,  scientifique  et  littéraire. 

(  Pyrénées-Oriental  es) 

Poitiers  {Vienne)      Sociélé    académique    d'agriculture,    belles- 
lettres,  sciences  et  arts. 

—  Société  des  antiquaires  de  TOuest 
Qiiimper  {Finistère)  Société  archéologique  du  Finistère. 

Reims  {Marne)      Académie  nationale. 

Rennes {lUe-et-Vilaine .  Société  archéologique  d'IlIe-€l-Vilaine. 

La   Rochelle        Académie  des  lettres,  sciences  et  arts. 
{Charente- Inférieure) 

Rodez  {Aveyron)     Société  des  lettres.sciences  etarJs  de  l'Aveyron 

Rouen,  {Seine-Inf .)   Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts 

—  Société   centrale   d'agriculture  de  la  Seine- 

Inférieure. 

St'Dizier  {Hte-Marne)  Sociélé  des  sciences,  lettres,  arts,  agriculture 

et  industrie. 

Saint-Etienne  {Loire)  Société    d'agriculture,    industrie,    sciences, 

arts  et  belles-lettres  de  la  Loire. 

Saint-Lô  {Manche)  Société  d'agriculture,  d'archéologie  et  d'his- 
toire naturelle  de  la  Manche. 

Saint -Malo.  Société     historique     et    archéologique     de 

{Càtes-du-Nord)  l'arrondissement  de  Saint-Malo. 

Saint-Omer         Sociélé  des  antiquaires  de  la  Morinie. 
{Pas-de-Calais) 

Saintes.  Société  des  archives  historiques  de  la  Sain- 

{Charente-  Inférieure)      tonge  et  de  l'Aunis. 

Toulon  (Var)        Académie  du  Var. 

Toulouse  Académie  des  jeux  floraux. 

{Haute -Garonne)     Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belle i- 

lettres. 

—  Société  d'agricuKure  de  la  Haute-Garonne. 

—  Société  Iiispn no-portugaise. 


—   60  — 

Troyes  {Aube)      Société  académique  d  agriculture,  des  scien- 
ces, arts  et  belles>lettres  de  l*Aube. 

Valence  (Drôme)  Société   départementale    d'archéologie    et    de 

statistique. 

Versailles,         Société  d'agriculture  de  Seine-et-Oise. 

{Seine^et-Oise)     Société  des  sciences  morales,  des  lettres  et  des 

arts  de  Seine-et-Oise. 

Vitry-le-  François.  Société  des  sciences  et  arts. 

(Marne) 


Envois  du  Ministère  de  l'Instruction  publique 

et  des  Beaux-Arts. 


Bulletin  du  comité  des  travaux  historiques  et  scientiûques. 

Répertoire  des  travaux  historiques. 

Revue  des  travaux  scientifiques. 

Réunion  dçs  sociétés  savantes  des  départements,  section  des 
beaux-arts. 

Archives  des  missions  scientifiques. 

Dictionnaire  toi)ographique  de  la  France. 

Répertoire  archéologiqiie  de  France. 

Journal  des  savants. 

Remania. 

Rapports  sur  les  archives  nationales. 


Annales  de  Tlnstitut  national  agronomique. 

Bulletin  du  Ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce. 

Bulletin  consulaire  français. 


-  CI  — 


ÉCHANGES      INTERNATIONAUX 


EUROPE 

{AlstKe-Lorr .)  Co/mar  Société  d'histoire  naturelle. 

—  Metz    Académie  des  lettres,  sciences,  arts  et  agri> 

culture. 

{Autriche)   Vienne    Musée  d*histoire  naturelle. 

{Bavière)  Munich    Société  dliistoire  naturelle. 

{Belgique)  Anvers    Académie  royale  d'archéologie  de  Belgique. 

—  Bruxelles  Académie  d'archéologie. 

—  —        Société  belge  de  géologie  et  de  paléontologie. 

{Hongrie)  Claudiopoli  Société  rovale  universitaire  hongro-claudio- 

politaine  ï<*rançois-Joseph. 

{Italie)  Florence      Société  dantesque  italienne. 

—  Milan       Institut  lombard. 

—  —  Société  italienne  des  sciences  naturelles. 

—  Naples      Institut  royal  d'encouragement. 

—  —  Société  Luigi  Camoëns. 

—  Turin        Université  royale  des  études. 

{Norvège)  Christiania  Université  royale  frédéricienne  de  Norwège. 
{Roumanie)  Bucarest  Académie  roumaine. 
{Russie)  Moscou     Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou. 

—  —  Société  impériale  d'agriculture. 

{Suède)  Goteborgs    Kungl  Vetenskaps,  oon  Yittertrets  Samhiiller 

handlingar. 

{Suède)  Stockholm    Académie  royale  d'histoire  et   d'antiquités. 

—  Uppsala    The  géological  institution  of  the  university. 
{Suisse)    Genève      Institut  national  genevois. 

—       Neufchdtel  Société  neuchàteloise  de  géographie. 


—  62  — 


AMÉRIQUE    DU    NQRD 

{Canada)  Ottawa.    Institut  canadien. 
{Etats-Unis)  Boston      American  academy  of  arts  and  sciences. 

U-S-A 

—  —  Societv  of  natural  historv. 

—  Chicago  Aca(]ènile  des  sciences. 

—  Colombus  Ohio  State  agricultural  Society. 

—  l'rbana  University  of  Illinois. 
^—  }Vashinglon  Sinithsonian  institution. 

—  —  Gcological  and  geographical  Survey  of  tiie 

terri  tories. 

—  —  Académie  américaine. 
{Mexique)  Mexico    Musée  nacional. 

—  —        Société  scientilique  Antonio  Alzate. 


AMÉRIQUE    DU    SUD 

{République  Argentine) 

—  BuenoS'Aires  L'Université. 

(Brésil)  Rio-dt- Janeiro  Musée  national. 

—  —  Observatoire  national. 


Commission  géologique  des  Etats  -  Unis  du 
Brésil. 


(Chili)  Santiago     Société  scientifique  du  Chili. 
(Urugay)  Montevideo.  Musée  national. 


—  G3  - 


Par  départements 
Des  sociétés  CORRESPONDANTES  et  des  MEMBRES  ASSOCIÉS 

de  TAcadémie  d'Aix 


Ain  Bourg. 

Algérie  Bône  (Hippone)  —  CoDStantine. 

Alpes  {Basses)     Allemagne  —  Digne  —  Força Iquier  —  Mano^que 

Riez  —  Saint-Michel  —  Sisteron  —  Valensole 
Volonne. 

Alpes  {Hautes)    Gap  —  Manteyer. 

Alpes-Maritimes  Antibcs  —  Nice. 

Aube  Troyes. 

Aveyron         Rodez. 

Bouches'du-Rhdne  Aix  —  Arles  —  Maillane  —  Marseille  —  Marti- 

gués  —  Septèmes. 

Calvados  Caen. 

Cantal  Clavières-Ayrens. 

Charente-Infér.  La  Rochelle  —  Saintes. 

Côte-dVr  Dijon. 

Côtes-du'Nord  Saint-MAlo. 

Doubs  Besancon  —  Montbéliard. 

Drôme  Tain  —  Valence. 

Eure-et-Loir  Chartres. 

Finistère  Brest  —  La-Porte-Neuve-en-Ricc  —  Quimper. 

Gard  Alais  —  Nîmes. 

Garonne  {Haute)  Toulouse. 

Gers  Lombèz. 

Gironde  Bordeaux. 

Hérault  Béziers  —  Montpellier. 

Ille- et -Vilaine  Rennes. 

Isère  Grenoble. 

Jura  Lons-le-Saulnier. 

Loire  Montbrison  —  Saint-Etienne. 

Loire-Inférieure  Nanlts . 

Ijtt  Cnliors. 


—  64  — 

Lot-et-Garonne    Agen  —  Cazideroquc. 

Lozère  Mende. 

Maine  -et  -  Loire    Angers . 

Manche         Cherbourg  —  Saiot^Lô.  1 

Marne  ChàloQS-sur-Maroe  —  Reims  —  Vitry-le-François 

Marne  {Haute)     Saint-Dizier.  > 

Meurthe-et-Moselle  Nancy. 

Meuse  Bar-le-Duc. 

Nièvre  Beau  mon  t-la-Ferrière. 

Nord  Cambrai  —  Douai  —  Dunkcrque. 

Orne  Alençon.  j 

Pas-de-Calais     Arras  —  Boulogie-sur-Mer  —  Saint-Omer. 
Pyrénées  {Basses)  Bayonne  —  Orthèz  —  Pau. 
Pyrénées  -Oriental .  Perpignan . 

Rhône  Lyon  —  Saint-Cyr-au-Monl-d'Or. 

Saône-et'Loire     Chalon-sur-Saône  ^  Martigny. 
Sarthe  Le  Mans. 

Savoie  Chambéry. 

Seine  Paris. 

Seine-Inférieure  Le  Havre  —  Rouen. 
Seine-et-Oise     Versailles. 

Deux-Sèvres     Niort.  ' 

Somme  Abbeville  ^  Amiens. 

Tam-et-Garonne  Montauban. 

Var  Draguignan  —  Hyères  —  Toulon. 

Vaucluse        Avignon  — ?  Cadenet  —  Carpenlras  —  Pertuis. 
Vienne  Poitiers. 

y^ienne  { Ha ute)    Li  moges . 

Yonne  Molosme -Tonnerre. 


} 


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I 


ACADEMIE   D'AIX 


dO**'    Séance    Publique 


lO      OUIN      lOlO 


SÉANCE     PUBLIQUE 

DE 

L'ACADÉMIE 


SCIENCES,  AGRICULTURE,  ARTS 
ET    BELLES-LETTRES 

D'AIX 


AIX-l-N -PROVENCE 

Paul   IOURDAN,    Imprimeur   de   l'Académik 
ao,   Ru«   Manuel,   SO 


ACADEMIE 

DES  SCIENCES,   AGRICULTURE,  ARTS  bt  BELLES  -  LETTRES 


D  '  A  IX 


90*^^  Séance    Publique 


Le  Vendredi,  40  jain  4910,  ?a  qaatre-vingti-diiième  Séance 
Publique  de  rAcadémie  d'Aix  a  été  tenue  à  4  heures  et  demie 
dans  la  grande  salle  de  TUniversité,  à- la  Faculté  de  Droit. 

Une  très  nombreuse  assistance  remplissait  la  salle  bien 
avant  Tonverture  de  la  Séance. 

Sur  Testrade,  à  côté  du  président,  M.  Louis  de  Bl*esc« 
avaient  pris  place  M.  Giraud,  Premier  Président  de  la  Gour 
d*Appel,  et  M.  Cabassol,  avocat,  ancien  Maire,  tous  les  deux 
membres  d*honneur  de  TAcadémie  ;  ensuite  tous  les  mem- 
bres titulaires,  honoraires,  régionaux  et.  correspondants,, 
présents  à  Aix. 

Aux  fauteuils  :  M.  le  Vicaire  Général  van  Gaver,  repré* 
sentant  Mgr  TArchevéque  ;  M.  le  Général  Jacquin  ;  M.  le 
Colonel  Blazer  ;  M.  Guérin-Long,  président  du  Tribunal  civil 
et  autres  autorités  de  tous  ordres;  M.  le  Sous-Préfet  s^était 
excusé  pour  affaire  de<service.. 

Beaucoup  de  dames  et  de  jeunes  filles,  atix  gracieuses  toir 
lettes  d'été,  embellissaient  cette  réunion  littéraire. 


—  6  — 

Les  lauréats  des  Prix  de  Verio  occupaient  leur  place  ordi- 
naire avec  leurs  familles. 

Pour  être  complet,  nous  ajouterons  la  présence  de  quatre 
tambourinaires  de  notre  Escolo  Sextiano,  qui  devaient  faire 
entendre,  sur  Tinstrument  si  cher  aux  Provençaux,  les  an- 
ciens airs  des  «  Jeux  de  la  Fôte-Dien  i». 

M.  le  Président  ouvre  1«  Séance  et  prononce  le  discours 
suivant: 


LE    SYMBOLISME 


DES   ANCIE.XS 


Jeiix    de    la    Fête  h  iS>ietL 


Tout  dins  Ion  festenau, 
es  slgniflcatieu... 

[Calendal,  chant  X) 


■*  »'• 


Mesdames, 
Messieurs, 


Je  rencontrai  hier  mon  cher  ami  M.  Toujourdu- 
neuf  et,  comme  je  Pui  faisais  part  de  mon  projet 
de  vous  parler  des  Jeux  de  la  Fête-Dieu,  mon 
bonhomme  de  s'écrier,  levant  les  bras  au  ciel  : 
«  Mais  vous  ny  pensez  pas  !  Comment  oser  nom- 
mer encore,  en  pîeîn  XX*  siècle;  ces  vieilleries 
périmées,  ces  anrusem^nts  quelque  peu*  vieillots 
dont  s'égayait  sanô  doute  la  naïveté  de  nos  afeux, 
mais  que  ne  saurait  envisager  sans  sourire  l'esprit 
tout  pratique  et  tout  scientifique  de  leurs  modernes 
petits-fils? Les  Jeux  de  la  Fête-Dieu!  Mais, 


vous  nous  ramenez  aux  ténèbres  du  Moyen-Age  ! 
Laissez,  je  vous  en  conjure,  dormir  en  paix  dans 
la  poussière  et  dans  l'oubli  tous  ces  grotesques  di- 
vertissements d'un  âge  à  jamais  disparu ».  et, 

ce  disant,  M.  Toujourduneuf  faisait  une  si  vilaine 
grimace  que  j'en  eus  presque  peur.  J'essayai  pour- 
tant une  protestation.  «  Mais,  le  culte  du  passé 

l'amour  de  la  Tradition le  souvenir  de  nos  pè- 
res   »  Monsieur  Toujourduneuf  ne  voulut  rien 

entendre.  Il  ne  cessait  de  répéter  :  «  Plus  personne 
ne  s'intéresse  à  ces  antiquités  ?  Parlez-nous  plutôt 
des  tramways  électriques,  décrivez-nous  le  méca- 
nisme d'un  aéroplane,  et  l'on  sera  heureux  de 
vous  écouter  et  même  de  vous  applaudir  !  » 

Je  n'ai  point  suivi  les  conseils  de  mon  ami.   Je 
ne    sais.  Mesdames  et  Messieurs,   si    vous  m'en 
tiendrez  rigueur,  je  ne  sais  si  vous  trouverez  quel- 
qu'intérêt  dans  le    modeste  récit  de   nos    vieilles 
fêtes  provençales.   Mais,  ce  dont  je  suis  certain, 
c'est  que  (n'en  déplaise  à  M.  Toujourduneuf)  il  y 
a  dans  Aix  beaucoup  de  personnes  fort   attachées 
à  notre  passé.    Je  n'en    veux  pour  preuve  que  le 
flot  d'auditeurs  qui  se  pressent  chaque  année  dans 
içale  pour  écouter,  le  lendemain  de  la  Noël, 
ionnel  Plang  de  Sant-Estéve,  ou  la  Marche 
,  ou  encore   le  beau  Sermon  provençal  du 
ii-Saint.  Si  vous    voulez  un  nouveau  té- 
^e  de   ce  que  j'affirme  ici,  je  vous  rappel- 


—  9  — 

lerai  réclatant  succès  que  remporte  chaque  hiver, 
si  légitimement  d'ailleurs,  notre  éminent  Conser- 
vateur de  la  Méjanes  dans  ses  conférences  hebdo- 
madaires  sur  nos  vieux  monuments  et  nos  chères 
reliques.  Tout  cela  est  un  signe  que  Ton  se  pré- 
occupe encore  beaucoup  des  choses  d'autrefois. 
Tout  cela  doit  faire  le  désespoir  de  M.  Toujour- 
duneuf.  Mais  cela  me  donne  une  singulière  con- 
fiance et  m'engage,  malgré  mon  insuffisance,  à  vous 
entretenir  un  instant  de  nos  Jeux  de  la  Fête-Dieu. 


Le  nom  seul  de  nos  anciennes  réjouissances 
évoque  en  notre  esprit  la  figure  si  lointaine  et 
pourtant  si  vivante,  si  populaire,  si  paternelle  de 
notre  bon  roi  René.  On  ne  saurait  parler  des  fêtes 
d'Aix  sans  saluer  au  passage,  d'un  geste  respec- 
tueux et  reconnaissant,  le  Comte  de  Provence  qui 
monte  encore  la  garde,  immobile  et  muet,  sous 
les  ombrages  de  notre  Cours.  Ce  fut  lui  (tous  les 
historiens  sont  d'accord  sur  ce  point)  qui  imagina 
ou  plutôt  réorganisa  nos  Jeux  de  la  Fête-Dieu. 

Cette  institution  qui  devait  se  perpétuer  si  long- 
temps et  faire  le  pieux  divertissement  de  si  nom- 
breuses générations,  est  née,  assure-t-on,  d'une 
touchante  pensée  de  sollicitude  conjugale.  Jeanne 
de  Laval,  seconde  femme  de  Renée,  était,  parait-il, 
d'une  santé  maladive,  d'un  caractère  triste  et  tout 


—  10  ^ 

plein  de  mélancolie.  Notre  bon  roi  espérant  que 
la  vue  de  ces  personnages  drôlement  accoutrés, 
de  ces  chivaous  frus  aux  bizarres  çarracoles,  de 
ces  danseurs  gracieux,  même  de  ces  diables  aux 
grelots  sonnants,  ensoleillerait  d'un  rayon  de  gaîté 
rame  de  la  sombre  et  délicate  princesse.  Je  ne  sais 
si  les  réjouissances  eurent  Tefifet  désiré,  si  elles 
firent  naître  le  sourire  attendu  sur  les  lèvres  pâles 
de  Jeanne.  Mais  ce  qui  est  certain,  c'est  qu'elles 
furent  accueillies  si  favorablement  des  Aixois  et 
de  tout  le  peuple  provençal  que  la  pratique  s'en 
est  perpétuée,  sans  interruption  ni  changement 
notables,  pendant  plus  de  trois  siècles,  et  qu'il  a 
fallu  le  bouleversement  révolutionnaire  pour  rom- 
pre cette  vieille  tradition,  et,  ce  succès  n'est  pas 
pour  nous  surprendre.  Ces  cérémonies  reflètent 
merveilleusement  les  mœurs  de  nos  aïeux,  sous  le 
triple  point  de  vue  guerrier,  galant  et  chrétien. 
Les  Tournois,  les  Cours  d'Amour,  les  Mystères  : 

4 

voilà  les  institutions  qui  caractérisent  le  plus  net- 
tement notre  ancienne  civilisation,  en  tendant  à 
exalter  les  sentiments  de  vaillance,  de  courtoisie 
et  de  foi  religieuse  qui  étaient  à  la  base  même  de 
la  société.  Et  certes,  dje  la  manière  avec  laquelle 
sont  synthétisés  par  nos  jeux  aixois  ces  trois  as- 
pects de  nos  vieilles  mœurs  chevaleresques,  on 
reconnait  la  main  d'un  véritable  artiste  et  on  ne 
s  étonne  pas  que  le  prince  qui  sut  organiser  si  ha- 


—  H  - 

bilement  de  pareilles  cérémonies,  en  faire  ressor- 
tir sous  un  amusement  d'apparence  frivole,  une 
si  fidèle  image  de  son  siècle  et  un  si  pieux  hom- 
mage à  la  religion,  ait  tenu  vaillamment  aussi  la 
plume  et  le  pinceau.  C'était  un  talent  universel  et 
ce  caractère  le  rapproche  des  grands  artistes  de 
la  Renaissance  dont  on  peut  le  considérer  comme 
un  précurseur.  La  cérémonie  symbolise  d'abord, 
ai-je  dit,  les  goûts  militaires  de  l'époque. 

Ce  côté  guerrer  du  spectacle  nous  apparait  par- 
ticulièrement dans  la  scène  de  la  Passado,  C'est 
une  sorte  d'introduction  et  de  prélude  qui  avait 
lieu  le  samedi  soir,  veille  de  la  Fête,  à  la  tombée 
du  jour  ;  cela  rappelle  les  joutes  et  les  tournois. 
Mais  au  lieu  d'être  confiné  dans  les  limites  étroites 
d'un  champ  clos,  le  groupe  des  Chevaliers  pouvait 
librement  circuler  dans  toutes  les  rues  au  son  du 
tambour  et  se  livrer  avec  leurs  hallebardes  à  de 
pacifiques  combats  sous  les  balcons  enguirlandés 
et  aux  applaudissements  des  plus  fines  mains  de  la 
ville.  La  musique  naïve  et  f raidie  était  de  l'inven- 
tion du  roi  René  lui-même. 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  la  Passado  que  nous 
trouvons  l'élément  des  traces  des  goûts  militai- 
res, c'est  encore  dans  le  défilé  des  Chevaliers  du 
Croissant.  C'était  une  milice  d'élite  établie  par  le 
roi  et  dont  l'insigne  consistait  en  un  croissant  d'or 
suspendu  sur  l'épaule  droite.  Elle  prenait  part  à  la 


L 


-  ii  - 
cette  réorganisation  morale  et  pacifique  employa 
tout  son  talent  pour  faire  briller  d'un  éclat  encore 
inconnu  soit  la  Cavalcade  ou  procession  nocturne 
du  Guet,  soit  la  grande  Procession  du  lendemain 
qui  avait  lieu  avec  le  concours  de  presque  toutes 
les  administrations  civiles  et  judiciaires. 

Mais  avant  de  vous  dire  dans  quel  ordre  de- 
vaient défiler  nos  processions,  je  dois  vous  présen- 
ter les  deux  autres  personnages  qui,  avec  le  Prime 
d'Amour,  figuraient  dans  nos  jeux  et  cérémonies: 
ce  sont,  le  Rot  de  la  Basoche  et  VAbbé  de  la  Jeunesse, 
plus  connu  sous  le  vocable  provençal  de  l'Abbadié. 
Alors  que  les  nominations  du  Prince  d'Amour 
ou  de  son  lieutenant  et  de  l'Abbé  de  la  Jeiitiesse 
avaient  lieu  le  lundi  de  la  Pentecôte,  à  la  Mairie, 
dans  le  Conseil  de  ville  et  après  ballotage,  celle 
du  Roi  de  la  Basoche  se  faisait  le  même  jour,  au 
Palais  Comtal,  après  la  messe,  en  présence  de 
deux  Conseillers  au  Parlement,  assistés  de  Mes- 
sieurs les  Gens  du  roi,  avec  le  concours  des  mem- 
bres de  la  sénéchaussée,  des  syndics  des  procu- 
reurs et  des  notaires. 

Le  samedi  suivant,  veille  de  la  Trinité,  les 
tambours  du  Lieutenant  et  du  Guidon  du  Prince 
d'Amour,  ceux  du  Roi  de  la  Basoche  et  de  l'Abbé, 
sortaient  à  midi  et  commençaient  à  donner  les 
aubades.  C'était  alors  le  commencement  de  la  fête. 


-  ib  - 

Le  dimanche  de  la  Trinité,  le  Roi  de  la  Basoche, 
entouré  de  son  capitaine  des  gardes  et  bâtonniers, 
de  son  porte-enseigne,  de  son  lieutenant  et  de 
son  guidon,  précédé  des  tambours  et  des  violons, 
allait  entendre  la  messe  à  Féglise  des  Prêcheurs, 
aujourd'hui  la  Madeleine,  et  faisait  TofTrande  or- 
dinaire.  Il  était  richement  vêtu  et  décoré  du  cor- 
don bleu  et  de  la  plaque  de  Tordre  du  Saint- 
Esprit  ;  après,  il  se  rendait  directement  au  Palais 
et  se  plaçait  sur  le  trône  ;  alors,  on  proclamait  à 
haute  voix  tous  les  officiers  de  la  Basoche  :  le 
Connétable,  ï Amiral,  le  grand  Maître  et  un  Cheva- 
lier d'honneur. 

Ce  même  jour  de  la  Trinité,  îïessieurs  les 
Consuls  nommaient  le  guidon  du  Prince  qu'ils 
choisissaient  sur  une  liste  de  trois  noms  présentée 
par  les  syndics  de  la  corporation  des  marchands. 
Le  Conseil  de  ville  approuvait  cette  élection  et 
celle  des  officiers  de  l'Abbé  qui  étaient  un  lieu- 

tenant    de   l 'Abbé ,    un   guidon    d  '  Abbé    et    six 
bâtonniers. 

Les  fêtes  principales  commençaient  le  samedi 
soir,  veille  du  la  fête,  par  le  départ,  à  lo  heures 
de  THôtel  de  Ville,  de  la  grande  Cavalcade  my- 
thologique du  Guet  dont  nous  allons  bientôt  don- 
ner Tordre  et  la  composition. 

Le  lendemain,  à  la  pointe  du  jour,  après  les 
salves  d'artillerie  d'usage,  commençait  la  série  des 


-  iG- 

aabaJes  par  les  tambours  et  tambourins.  Elles 
étaient  nombreuses  et  très  suivies  par  la  jeunesse. 

Vers  9  heures,  l'Abbé  de  la  Jeunesse,  le  Roi 
de  la  Basoche  et  le  Prince  d'Amour,  accompagnés 
de  nombreux  musiciens,  faisaient  leurs  visites  ré- 
glementaires et  leurs  distributions  de  douceurs  et 
de  bouquets.  Tous  étaient  suivis  d'un  cortège 
nombreux. 

A  lo  heures  et  demie,  ils  se  rendaient  à  Saint- 
Sauveur  pour,  entendre  la  messe  solennelle.  Entre- 
temps,  les  Jeux  se  répandaient  isolément  dans  la 
ville  et  faisaient  leurs  exercices  dans  tous  les  quar* 
tiers.  La  quête  leur  appartenait. 

Vers  midi,  les  Jeux  étaient  un  moment  suspen- 
dus, les  nombreux  artistes  allaient  prendre  leur 
repas  et  un  peu  de  repos;  ils  en  avaient  ordinaire- 
ment bien  besoin. 

Mais  revenons  à  la  procession  du  Guet.  L'iti- 
néraire, qui  avait  varié  suivant  les  temps  et  les 
divers  agrandissements  de  la  ville,  parcourait  les 
grandes  voies  et  les  principales  rues  de  la  cité. 
Voici  quelle  en  était  la  composition  et  l'ordre  dans 
lequel  il  devait  marcher  ; 

La  Renommée  à  cheval  ouvrait  la  marche  et  son- 

t  de  la  trompette  ;  elle  était  suivie  de  tambours 

fifres  jouant    la    marche  traditionnelle  du   roi 


—  17  — 

Venaient  ensuite  et  en  nombre  les  Chevaliers 
du  Guet  ou  du  Croissant,  tenant  la  pique  de  la 
main  droite,  suivis  de  nouveaux  tambours  habillés 
comme  les  Chevaliers,  jouant  la  même  marche 
devant  le  porteur  du  drapeau  du  Guet,  Puis 
arrivaient  : 

Le  duc  et  la  duchesse  d'Urbin,  montés  sur  des 
ânes,  C'était  une  petite  vengeance  du  roi  René, 
qui  avait  eu  à  3e  plaindre  de  ce  personnage  dans 
les  guerres  d'Italie.  Ils  étaient  suivis  d'autres  che- 
valiers du  Guet. 

Monftis,  dieu  de  la  satyre  :  il  était  à  cheval  et 
tenait  une  marotte  et  un  masque. 

Mercure  et  la  Nuit,  à  cheval  ;  le  messager  des 
Dieux  avait  des  ailes  pour  marquer  la  vitesse  de  sa 
course  et  le  Caducée,  symbole  de  la  paix.  La  nuit 
portait  une  robe  noire  parsemée  d'étoiles. 

Leis  Rascassettos  :  ce  qui  symbolisait  la  lèpre  des 
vices  et  de  Terreur  ;  à  la  procession,  il  indiquait 
de  plus  la  vertu  purifiante  de  la  grâce  divine. 

Le  Veau  d'or  ou  le  Jeu  du  chat.  Dans  le  Guet, 
ce  jeu  figurait  les  désordres  produits  par  les  pas- 
sions, attaquant  le  peuple  de  Dieu  lui-même  ;  à  la 
procession  c'est  la  loi  mosaïque  rendant  hommage 
au  Christ. 

Pluton  et  Proserpine,  à  cheval.  Le  Dieu  des  en- 
fers était  habillé  de  noir  avec  une  couronne,  un 
sceptre  à  la  main  et  les  clefs  de  sa  triste  demeure. 

SÊAN.    PUiL.   ACAD.— 1910  2 


—  18  - 

Lou  picbon  Juec  deis  Diables,  sans  l'ange  ni 
Tarmette. 

Lou  grand  Juec  deis  diables  jnarquait  encore  le 
principe  de  Terreur  et  des  vices  ;  mais,  à  la  proces- 
sion il  indiquait  aussi  la  victoire  de  Jésus-Christ 
sur  Tenfer. 

Neptune  et  Amphitrite,  à  cheval.  Le  dieu  de  la 
mer  portait  son  trident  et  sa  femme  deux  dauphins 
à  la  main.  Ensuite  figurait  une  troupe  de  Faunes 
et  de  Dryades,  ils  dansaient  au  son  des  tambourins, 
galoubets  et  tympanons. 

Pan  et  Syrinx^  à  cheval.  Pan  jouait  de  la  flûte 
dont  il  est  inventeur. 

Baccbus,  dieu  de  la  treille.  Il  était  dans  un  petit 
char,  artistement  décoré,  assis  sur  un  tonneau, 
tenant  une  coupe  d'une  main  et  un  tyrse  de  l'autre. 

Mars  et  Minerve,  à  cheval.  Le  dieu  des  guerriers 
partait  un  casque  avec  cuirasse,  épée  et  bouclier. 

Apollon  et  Diane,  à  cheval.  Apollon  tenait  sa  lyre 
et  Diane  son  carquois. 

La  Reine  de  Saba,  dansant  gracieusement  au  son 
des  tambourins  l'air  jovial  si  connu. 

Puis  les  grands  et  les  petits  danseurs,  avec  leur 
costume  blanc  et  bleu  azuré,  qui  représentaient  au 
Guet  le  symbole  de  tous  les  plaisirs,  et,  à  la  pro- 
cession, l'allégresse  universelle  produite  par  le 
triomphe  de  la  vérité, 


-  19- 

Arrivait  enfin  le  grand  char  de  TOlympe  traîné^ 
par  quatre  chevaux.  Il  était  très  richement  décoré 
et  le  fond  établi  en  gradins.  On  y  voyait  Jupiter, 
Junon,  Vénus,  Cupidon,  avec  les  jeux,  les  ris  et 
les  .plaisirs  symbolisés  par  de  jeunes  enfants,  su- 
perbement habillés,  comme  d'ailleurs  tous  les  au- 
tres personnages.  En  passant,  laissez-moi  vous 
donner  un  détail  curieux  :  lors  des  fêtes  de  185 1, 
Vénus  était  représentée  dans  le  groupe  des  dieux 
et  déesses  par  un  des  doyens  de  notre  Académie, 
M.  François  Vidal  t 

Après  rimmense  char  qui  terminait  le  cortège 
du  Guet,  arrivaient  à  cheval  les  trois  parques  : 
ClotoSr  Lachésis  et  Atropos.  Elles  figuraient  la  fin 
de  la  vie  humaine,  encore  mieux  représentée  dans 
une  autre  scène  par  Timage  de  la  mort  fauchant 
tout  sur  son  chemin. 

Telle  ^tait  la  composition  du  Guet  qui  ordinai-»^ 
rement  vers  minuit  terminait  sa  curieuse  pro- 
menade. 

La  Procession  qui  dans  le  principe  devait  sortir 
après  la  grand'messe  avait  été  renvoyée»  verç  le 
milieu  du  XVIP  siècle,  dans  l'après-midi.  Elle  por- 
tait de  Saint-Sauveur  à  3  heures  et  ne  rentrait  pas 
avant  6  heures. 

J'abuserais  réellement  de  votre  attention  si  bien- 
veillante si  je  vous  en  faisais  une  nomenclature. tant 
soit  peu  détaillée.  Je  vais   me  borner   à  vous  en 


-  20  — 

^v*a:u  r  vmc  laconique  description  d'après  le  paravent 
ouc  p^iis^vle  notre  musée  et  qui  a  été  donné  à  la 
YîlW»  ca  1S67,  parla  famille  de  Forbin  d'Oppède. 
L  artiste  qui  a  élaboré  cette  curieuse  peinture  a  re- 
prc^w^nté  tout  le  cortège,  circulant  ou  mieux  ser- 
ivutant  dans  la  ville,  au  moment  où  il  va  entrer 
à  Saint-Sauveur. 

l>*abord  la  croix  métropolitaine  suivie  d'une 
bannière  aux  armes  d'Aix. 

Puis,  les  corporations  ou  corps  de  métiers,  au 
nombre  de  trente  quatre,  figurant  avec  les  bannières 
de  leur  patron  respectif. 

Quatre  trompettes  de  la  ville. 

La  grande  bannière,  dite  du  Corpus  domini,  avec 
les  prieurs  portant  des  panonceaux. 

Les  administrateurs  des  œuvres  pies  et  des  hô- 
pitaux :  enfants  abandonnés,  enfants  rouges,  rec- 
teurs de  la  Propagande,  du  Mont-de-piété,  des 
Insensés,  des  Prisons,  etc. 

Tous  les  ermites  des  environs  d'Aix. 

Les  congrégations  religieuses  :  les  Picpus,  Capu- 
cins, Trînitaires,  Minimes,  Recolets,  Observantins, 
Carmes,  Dominicains,  etc. 

Puis»  divers  groupes  des  jeux  qui  se  célébraient 
à  la  Fête-Dieu  :  la  reine  Saba,  les  rois  Mages,  les 
grands  et  les  petits  Danseurs,  les  chevaux  fringants, 
les  apôtres,  etc. 


—  '^I  — 

Arrivaient,  à  la  suite,  la  Compagnie  d^s  fusi- 
liers, commandés  par  les  six  bâtonniers  de  TAb-- 
badié,  avec  leur  tambour  et  leur  porte-étendard, 
TAbbé  de  la  ville  et  son  entourage. 

La  compagnie  des  Mousquetaires,  commandée 
par  le  premier  bâtonnier  de  la  Bazoche,  porte- 
enseigne,  corps  de  musique,  dignitaires  de  la  Ba- 
zoche, Mignons,  roi  de  la  Bazoche  et  la  suite. 

Le  Prince  d"Amour  et  tout  son  galant  entourage. 

Le  corps  des  Notaires. 

L'Université  avec  son  massier,  son  recteur  et  les 
quatre  facultés  de  Théologie,  de  Droit,  de  Méde- 
cine et  des  Arts. 

Les  Procureurs  au  Parlement  et  au  siège. 

Le  Massier  et  le  Clergé  métropolitain. 

L'Archevêque  portant  le  Saint-Sacrement  sous 
un  dais  superbe  auprès  duquel  on  remarquait  le 
Premier  Consul  d'Aix  avec  le  chaperon,  mi-partie 
rouge  et  noir,  à  Tépaule. 

Le  Parlement,  en  robe  rouge,  précédé  de  Thuis- 
sier  portant  la  masse  de  justice  et  suivi  de  mes- 
sieurs les  gens  du  roi. 

Les  Trésoriers  généraux  de  France   tfenant  des- 
panonceaux. 
.  La  Sénéchaussée  en  entier. 

La  Maréchaussée,  en  armes  ayant  à  sa  tête  ïè 
prévôt. 

Enfin,  la  suite  des  fidèles  portant  des  cierges.. 


Nous  ferons  remarquer  que  Ja  Cour  des  Comptes 
ne  figurait  pas  dans  ce  grand  cortège  qui  ne  com- 
prenait pas  moins  de  six  cents  personnes.  Elle  assis- 
tait à  la  procession  qui  avait  lieu  le  dimanche  de 
l'Octave  de  la  Fête-Dieu. 

Le  paravent  donné  par  la  famille  d'Oppède 
(nous  ne  saurions  trop  vous  engager  à  aller  le 
voir  et  l'admirer)  porte  à  son  revers  la  représen- 
tation de  presque  tous  les  jeux  qui  ont  figuré  dans 
le  Guet  ;  la  scène  se  passe  au  Faubourg,  extra 
muros,  presque  en  face  de  l'église  de  Saint-Jean- 
Baptiste,  Les  groupes  des  personnages  sont  repré- 
sentés à  peu  près  dans  l'ordre  du  cortège.  Ils  sont 
disséminés  devant  la  foule  des  promeneurs  de 
toutes  conditions  qui  circulent  à  pied,  à  cheval, 
en  voiture,  même  en  chaise  à  porteurs,  devant 
les  boutiques  des  marchands  forains  qui  donnent 
à  boire  et  à  manger. 

Dans  un  coin,  le  peintre  a  représenté  un  berger 
qui  garde  des  moutons,  pour  indiquer  sans  doute 
que  ces  scènes  se  passent  presque  à  la  campagne. 
2ue  de  choses  n'aurions-nous  pas  à  vous  dire 
;ore  sur  nos  fêtes!  Mais  ce  qui  frappait,  surtout, 
:ait  la  variété  des  spectacles,  la  beauté  et  la 
sndeur  des  costumes  ;  aussi,  on  dépensait  beau- 
ip  pour  attirer  le  plus  possible  et  retenir  le 
s  longtemps  ces  nombreux  étrangers  qui  ve- 
ent  de  tous  les  coins  de  la  Provence,  du  Comtat. 


-  23  « 

même  du  Dauphiné,  admirer  nos  fêtes  et  faire  dans 
notre  ville  une  dépense  profitant  à  tous  les  corps 
de  métier.  Qui  sait  si  notre  bon  roi  René  n'avait 
pas  pensé  à  ce  résultat  en  restaurant  ces  jeux  ? 
Nous  le  croyons  sans  peine  ;  car,  il  était  toujours 
heureux  de  là  prospérité  et  du  bonheur  de  ses 
bons  sujets  Âixois. 

La  célébration  de  nos  Jeux,  interrompue  par 
la  Révolution  de  1789,  fut  rétablie  en  1807  sur 
la  demande  de  M.  François  Sallier,  alors- maire  de 
la  ville,  qui  rédigea  à  ce  sujet  une  intéressante 
proclamation  donnée  par  Millin,.  de  1/Institut,  dans 
son  voyage  dans  le  midi  de  hi  France; 

Ils  furent  joués,  en  1823,  à  l'occasion  de  la 
visite  à  Aix  de  la  duchesse  d'Angoulème. 

La  dernière  fois,  en  185 1,  sous  l'administration 
bienfaisante  de  M.  Rigaud,  maire.  M.  de  Saint- 
Charles,  étudiant  en  Droit,  remplit  le  rôle  du 
Prince  d*Amour  ;  M.  Prosper  de  Castillon  celui  du 
roi  de  la  Bazoche  et  M.  Henri  Pbncet,  ce  musi- 
cien distingué  que  tout  le  monde  a  connu  et  qui 
fut  de  notre  Académie,  celui  d'Abbé  de  la  Jeu- 
nesse. Cette  fête  éblouissante,  terminée  par  un 
bal  superbe  donné  par  M.  de  Castillon  dans  l'in- 
térieur du  palais,  attira,  dit-on,  dans  Aix  plus  de 
trente  mille  étrangers» 


—  24  — 

Notre  grand  poète  Mistral  assista  aux  réjouis- 
sances et  s'en  souvint  plus  tard  quand  il  écrivit  le 
Chant  X*  de  son  Cdettdd.  Je  me  reprocherais 
certainement  de  ne  point  citer  au  moins  quelques 
vers  de  la  brillante  description  qu*il  en  fit  : 

Dorant  quatre  ovro  de  reloge. 

Li  Contraria,  prièa  e  Calog«, 
Çonfrarié  mesteiralo  emé  si  gountalonn, 

Aqoi  défilooD  ;  tapîssado 

Eme  de  richi  pavesado 

Soun  li  carriero.  e  Iraressado 
Pèr  de  tèndo  ;  a  de  roso  e  de  chalo  a  moalonn. 

Alor,  tambovr  e  fifre  en  tèslo, 
Nanire,  li  baile  de  la  fèsto, 

L'Abadié,  la  Bedocho  e  Ion  prisée  d'Amovr. 
Sooto  ]i  coalour  cièuladano 
Que  fai  vou^  la  Tremounlano, 
DÔH  Cours  intran  sus  lis  smdano  ; 

Jamai  mai,  o  pairi»,  ai  senti  ta  cremour  ! 

Notre  tâche  est  terminée,  et  pourtant  nous  ne 
saurions  passer  sous  silence  la  très  intéressante 
reconstitution  enfantine  qu'une  vraie  Provençale, 
fort  éprise  de  nos  vieilles  gloires,  sut  organiser, 
dans  ces  dernières  années,  pour  une  fête  de  charité. 

Plusieurs  parmi  vous.  Mesdames  et  Messieurs, 
se  rappellent  certainement  encore  cette  charmante 
représentation  qui  sut  mériter  de  si  vifs  applau- 
dissements et  donner  à  nos  jeux  délaissés  un 
petit  rayon  de  jeunesse  qui  a  réjoui  tous  les  amis 
de  nos  traditions. 


_  9.H  _ 


ZO 

Laissez-moi  vous  dire  maintenant,  en  finissant, 
que  si  je  vous  ai  fait  le  récit  4^  notre  grande  fête, 
je  ne  vous  ai  pas  parlé  beaucoup  de  ces  airs  popu- 
laires composés  à  son  occasion  par  le  roi  René. 
Notre  honorable  confrère,  M.  Borel,  a  su  nous  les 
conserver  dans  leur  pureté  primitive  dans  son 
œuvre  musicale.  Mais,  ce  que  je  n'ai  pas  fait  moi- 
même,  d'autres  auront  le  plaisir  de  l'exécuter. 
Dans  ce  but,  j'ai  prié  quelques  membres  de  notre 
groupe  de  tambourinaires  aixois,  toujours  empres- 
sés à  faire  plaisir,  de  venir  nous  les  faire  entendre. 

Je  pense  que  vous  leur  saurez  gré  de  cette  atten- 
tion délicate,  qui  sera,  je  l'espère,  une  surprise 
agréable  pour  tous. 


\ 


SUR    LES 

PRIX     DE    VERTU 

RAMBOT,  REYNIER  &  Henncttc  RAYON 

ET    LIS 

PENSIONS  OUVRIÈRES 

Irma  MOREAU  &  veuve  NÈGRE 

PAR 

Jérôme     De   DURANTI    LA.  CALADE 
^=i^i^ 

^  Mesdames, 
Messieurs, 

Les  Fondateurs  des  Prix  de  Vertu  que  nous 
distribuons  annuellement  ont  été  heureusement 
inspirés  en  spécifiant  qu'ils  entendaient  récompen- 
ser les  actes  de  dévouement,  de  courage,  de  désin- 
téressement, les  soins  donnés  à  la  vieillesse  et 
Tenfajice  pauvre  et  abandonnée.  Ainsi  prévenus, 
nous  ne  risquons  pas  de  nous  égarer  dans  nos  ap- 
préciations et  nous  discernons  plus  aisément 
parmi  les  candidats  qu'on  nous  propose  ceux  qui 
réalisent  un  ou  plusieurs  des  articles  de  ce 
programme. 


-  28  — 

Mais  lorsque  la  moisson  de  vertu  est  particuliè- 
rement abondante  —  et  c'est  le  cas  cette  année.  — 
Lorsque  le  programme  est  réalisé,  non  en  partie 
mais  intégralement,  lorsqu'on  peut  mettre  en 
évidence  lé  dévouement  et  Tabnégation  ignorés  et 
proposer  comme  exemple  les  actes  de  courage  les 
plus  éclatants,  TAcadémie,  bien  qu'elle  ne  soit 
pour  rien  dans  la  vertu  dont  elle  fait  l'éloge,  avant 
de  proclamer  les  noms  des  lauréats,  serait  tentée 
de  s'attribuer  à  elle-même  un  témoignage  de  satis- 
faction, ne  fut-ce  que  pour  avoir  si  bien  rempli 
son  rôle  d'exécutrice  testamentaire. 

Prix  Rambot 

C'est  à  Mademoiselle  Emilie  Sapel  que  nous 
avons  attribué  le  prix  Rambot.  Rien  de  plus 
simple,  rien  de  plus  touchant  que  sa  vie.  Elle 
se  résume  en  trois  mots  :  Abnégation,  charité, 
désintéressement. 

Née  à  Brest  en  1847,  ^^l^  ^^^  abandonnée  dès 
sa  naissance  par  des  parents  qui  ne  se  sont  jamais 
fait  connaître  ;  l'hospice  de  cette  ville  la  recueillit 
et  réleva. 

Si  Emilie  Sapel  a  été  privée,  dès  le  berceau,  de 
la  tendresse,  incertaine  du  reste,  d'une  mère  qui  se 
dérobait  au  plus  saint  et  au  plus  naturel  de  ses 
devoirs,  elle  reçut  toutefois  une  éducation  chré- 
tienne  dans  cette  maison  charitable  et  fut  préser- 


—  29  - 

vée,  sans  donte,  de  mauvais  exemples  qui  l'auraient 
probablement  écartée  des  sentiers  de  la  vertu 
que  nous  louons  publiquement  aujourd'hui. 

En  âge  de  gagner  sa  vie,  elle  se  place  con^me 
domestique  dans  une  famille  du  Midi  qu*elle  suit 
en  Provence  et  à  Aix  où  nous  la  trouvons  chez 
d'excellents  maîtres  qui  ne  peuvent  la  reprendre 
que  sur  l'excès  de  sa  charité. 

En  effet,  non  contente  de  remplir  exactement 
ses  devoirs  d'étatj  Emilie  Sapel,  pauvre  elle-même, 
ne  disposant  que  de  fort  maigres  ressources,  s'en 
dépouillait  pour  soulager  la  détresse  de  ceux  qui 
lui  paraissaient  encore  plus  infortunés. 

C'est  ainsi  qu'elle  adopte,  pour  ainsi  dire,  l'en- 
fant âgé  de  six  mois  d'une  femme  devenue  veuve 
et  que  la  mort  de  son  mari  plonge  dans  une  noire 
misère.  Emilie  Sapel  ne  met  un  terme  à  ses  géné- 
rosités que  lorsqu'elle  est  assurée  que  la  mère  et 
Fenfant  sont  à  l'abri  du  besoin.  Son  désintéresse- 
ment ne  connaît  pas  de  borne.  Une  famille  vient 
d'éprouver  des  revers.  Emilie  l'apprend,  elle 
*  prête  »,  pour  la  relever,  1,500  fr.  somme 
exhorbitante  pour  une  pauvre  servante.  Ses 
obligés  en  profitent,  mais  oublient  de  la  lui 
rendre. 

Sera-ce  une  leçon  pour  Emilie  Sapel  ?  Appren- 
dra-t-elle,  à  ses  dépens,  à  se  montrer  moins  prê- 
teuse à  Tavenir  ?  Nullement,    la  chanté  chez  ell 


e 


-so- 
no ImIssi'  mu'une  place  à  la  prudence.  Elle  obligé 
Mm'  mitiv  famille,  et  voilà  une  somme  de  400  fr. 
ou\'llo  vloniio  encore  et  que  lui  fait  perdre  une 
muivolU-  ingratitude. 

t'iUMUilri;  fois,  c'est  une  pauvre  vieille  femme, 
hulMttuU  In  rue  de  Venel,  qu'elle  soigne  aux  heures 
of\  l'Ile  n'est  pas  retenue  par  son  service.  Auprès 
iW  sa  nouvelle  protégée  elle  se  prodigue  avec  le 
pou  qu'elle  possède  pour  lui  procurer  des  remèdes, 
du  linge  et  des  provisions.  < 

l'"miiie  Sapel  a  63  ans,  aujourd'hui  elle  est  infir- 
me, sa  santé  et  ses  économies  se  sont  usées  au 
service  des  malheureux,  elle  était  digne  d'attirer 
l'attention  de  notre  Compagnie  qui  lui  a  accordé  le 
prix  Rambot  de  545  francs. 

Prix   Reynier 

Si  nous  sommes  heureux  de  mettre  en  lumière 
la  vertu  ignorée  et  qui  s'ignore,  nous  ne  le  som- 
mes pas  moins  de  louer  les  actes  de  dévouement, 
d'intrépidité  et  de  courage  revêtant  un  caractère 
héroïque.  C'est  bien  sous  cet  aspect  que  nous 
apparaît  la  belle  conduite  de  Messieurs  Joseph 
Granon  et  Femand  Armaud  dans  la  nuit  et  les 
'       nées  qui  suivirent  le  tremblement  déterre  du 

iuin    1909,  si  désastreux  pour    le  village  de 

nés  et  ses  environs. 

irpris,    affoles  par  rétrangc   soudaineté    d'un 


-  31  - 

fléau  que  rien  ne  faisait  prévoir,  les  habitants 
fuyaient  leur  maison,  leur  foyer.  Cruelle  ironie  ! 
le  foyer,  cet  emblème  classique  de  la  sécurité, 
devenu  pour  eux  la  plus  terrifiante  des  menaces-^ — 

• 

et  chacun,  talonné  par  l'instinct  de  la  conservation, 
s'éloignait  au  plus  vite  de  ces  ruines  croulantes. 

Cependant  quelques  hommes  detête  et  de  cœur 
saisissant  d'un    coup  d'œil  l'étendue  du  désastre, 
comprennent  qu'il  ne  suffit  pas  de  se    répandre 
dans  les  champs  ;   que  de  nombreuses  personnes 
sans  doute,  peut-être  des  familles  entières  ont  pu 
être  surprises    par  le  subît  effondrement  du  vieux 
village,  qu*il  y  a  des  victimes  à  secourir,  du  mon- 
de à  sauver.  Et,  sans  écouter  les  paroles  vaines  et 
décourageantes  de  ceux  qui  allèguent  toujours  de 
bonnes  raisons  pour  démontrer  qu'il  n'y  a  rien  à 
faire,  une  brigade  de  secours  est  promptement  or- 
ganisée. A  sa  tête  on  distingue  M.  Joseph  Granon, 
entrepreneur   de    maçonnerie,    dont  Texpérience 
sera  des  plus  précieuses  pour  guider  le  sauvetage 
au  milieu  des  murailles  chancelantes,  et  Fernand 
Arnîaud,  un  tout  jeune  homme  rempli  de  généro- 
sité, d'audace  et  de  courage.  A  ceux-ci  se  joignent 
les  deux  frères  de  M.  Granon  ;   M.  Fabre,  plein 
d'ardeur  malgré  ses  74  ans  ;    M.  Michel,  ordonna- 
teur des  hospices  ;  M.  Germain,  garde-champêtre  ; 
M.    Aubert  ,    cantonnier  ;    MM.   Silvain    Gérard  , 
Henri  Lczaud,    Lcon  Thérv,   le  docteur  Madon,  le 


-32  - 

lirutcnant  Borde  et  bien  d'autres  que  l'Académie, 
n'a  pas  les  moyens  de  récompenser  tous  mais 
qu'elle  associe  tous  dans  le  même  éloge  à  ses  deux 
lauréats. 

Ce  qu'ont  tenté  et  accompli  cette  poignée  de 
braves  gens,  l'imagination  se  le  représente  à 
peine  !  Quelle  *  hardiesse  ils  ont  montrée  quand 
ils  s'aventuraient,  sous  une  pluie  de  pierres,  sur 
des  planchers  disjoints,  mal  étayés,  sous  les  voûtes, 
ruineuses.  De  quelle  patience,  de  quelle  opiniâtreté 
ils  ont  fait  preuve  pour  venir  à  bout  de  ces  inter- 
minables déblaiements  qui  demandaient  des  efforts, 
inouïs  et  des  précautions  minutieuses  pour  éviter 
que  le  sauvetage  ne  soit  plus  funeste  aux  victimes. 
que  ne  l'avait  été  la  catastrophe  elle-même.  Et. 
quelle  amère  déception  quand  ces  longs  et  pé- 
rilleux efforts  n'aboutissaient  qu'à  la  découverte  de 
cadavres  défigurés,  écrasés  sous  le  poids  des 
éboulis.  Alors  le  cœur  serré,  privés  de  ce  ressort 
qu'est  en  nous  l'espérance,  déçus  de  la  consolation 
de  sauver  des  vivants,  Granon,  Arniaud  et  leurs 
compagnons  accomplissent  leur  tâche  jusqu'au 
bout  et  s'appliquent  à  la  lugubre  et  pénible  beso- 
gne de  rendre  les  derniers  devoirs  à  ces  pauvres 
restes  meurtris. 

Cependant,  hâtons-nous  de  le  dire,  ces  héroï- 
ques    travaux    n'étaient    pas     toujours    stériles. 


-  33  - 

de  sauver  trois  personnes.  Je  me  fais  un  plaisir  de 
citer  deux  touchants  épisodes  que  j'emprunte  aux 
excellents  mémoires  que  nous  ont  adressés  M. 
Fraisse,  directeur  de  TExternat  Jeanne-d'Arc  à 
Rognes  et  Mademoiselle  Marie  Tay. 

Ces  deux  relations  écrites  par  des  témoins 
oculaires  sont  d'une  sincérité  qui  les  rend  saisis- 
santes : 

«  La  famille   Raynaud,   nous    dit  M.    Fraisse, 

«  composée  du  père,  de  la  mère  et  de  deux  en- 

«  fants,  avait  été  ensevelie  dans  sa  maison  complè- 

«  tement  écroulée.  Grâce  à  la  connaissance  des 

«  lieux  et  à  des  indications  très  précises  données 

«  par  un  parent,   on  put   arriver  facilement  jus- 

«  qu'aux  victimes.  Le  père  était  vivant  et  n'avait 

«  que  quelques  contusions  sans  importance.  Mais 

<  il  n'en  était  pas  de  même  de  la  mère  qui  avait 

«  succombé   et  qui  tenait  encore  dans   ses  bras, 

«  serré  sur  son  cœur,  son  plus  jeune  fils,    le  petit 

«  Armel  âgé  de  3  ans.  Ce  ne  fut  qu'avec  beaucoup 

«  de  précaution  et  de  peine  que  le  jeune  Arniaud 

«  réussit  à  desserrer  les  bras  raidis  de  la  malheu- 

«  reuse  femme.  A  peine  y  avait-il  réussi  que   le 

«  pauvre  petit  rendait  le  dernier  soupir.  Il  enve- 

«  loppe  les  corps  et  les  confie  à  des  amis  qui  les 

«  transportent  à  THôtel-Dieu.  Arniaud  revient  et 

€  vole  au  secours  de  la  petite  Julie  Raynaud  en- 

SÉAW.  PUBL.  ACAD.  —  4910  3 


—  34  - 

«  core  vivante  et  dont  les  appels  désespérés  fen- 
«  dent  rânie.   s^ 

Elle  avait  glissé  dans  le  sous-sol  par  une  cre- 
vasse que  bouchait  providentiellement  un  vieux: 
pétrin  qu'on  ne  pouvait  remuer  sans  risquer 
d'écraser  Tenfant  sous  une  avalanche  de  dé- 
combres. 

«  Une  inspiration  vient  à  notre  héros,  avec  un 
«  couteau-scie  il  pratique  une  ouverture  dans  ce 
«  meuble,  assez  grande  pour  y  passer  le  corps, 
«  puis,  se  faisant  suspendre  par  les  pieds  par  deux 
«  camarades,  il  se  glisse  dans  cette  trappe  et  tra- 
«  vaille,  dans  cette  position,  pendant  près  d'une 
«  heure  à  débarrasser  la  pauvre  enfant  dont  le 
«  corps  est  en  partie  recouvert  d'un  amas  de 
«  moellons  et  de  plâtras.  Ses  efforts  furent  cou- 
«  ronnés  de  succès ,  mais  non  sans  peine ,  car 
«  l'ouverture  n'était  pas  grande  et  l'on  devait 
«  user  de  mille  précautions  pour  qu'un  éboule- 
«  ment  ne  se  produisit  pas.  Grâce  à  Dieu  !  on  y 
«  parvint,  Julie  Raynaud  fut  transportée,  moitié 
«  évanouie,  à  l'hôpital.  Là,  ayant  repris  ses  sens 
«  elle  remercia  son  jeune  sauveur  en  des  termes 
«  tels  qu'elle  fît  verser  des  larmes  à  tous  les 
«  assistants.   » 

Ailleurs  nous  trouvons  Joseph  Granon,  assisté 


-  35  - 

d'Arniaud,  qui  dirige  le  déblaiement  de  la  maison 
Rosso.  Je  cite  Mademoiselle  Marie  Tay  : 

«  A  ceux  qui  disaient  :   C'est  inutile,   la  famille 

«  Rasso  a  péri  tout  entière  ;    Granon  répondait  : 

«   Pratiquons  d'abord  une  ouverture  au  milieu  de 

«  ces  décombres  et  nous  verrons  bien  si  ces  mal- 

«  heureux  sont  ensevelis  morts  ou  vivants.  Après 

«  des  efforts  inouis  on  découvre  enfin  la  table  au- 

«  tour  de  laquelle  étaient  rangés  les  Rosso  pour 

«  prendre  leur  repas  du  soir  et,  spectacle  affreux,  la 

«  tête   du  père  émerge  des  décombres,  un  instant 

«  après  la  mère   apparaît  aussi,   projetée  dans  un 

«  coin.  C'est  alors  qiie  Joseph  Granon  eut  l'idée, 

^  par  dessous  la  table,  d'appeler  Adèle,  un  gémis- 

«  sèment  lointain  répond  à  sa  voix.  Et  quand  plus 

«  tard  dégagée  en  partie  des  ruines  qui  l'enser- 

«  rent  on  appelle  à  nouveau  Adèle,  celle-ci  répond  : 

«  Je  n'y  vois  pas.  Pour  la  sortir  des  tas  de  pier- 

«  railles  dans  lesquelles  la  fillette  était  enfermée, 

«  Joseph  Granon  paya  à  tel  point  de  sa  personne 

«  que    la    sueur    ruisselait   littéralement    de    son 

«  visage,  aussi  les  premiers  mots  de  la  jeune  fille, 

«  revenant  à  elle,  furent  :  Il  pleut  sur  ma  tête  !  )^ 

Et,  ajoute  avec  une    éloquence  vraie  et  hardie 
l'auteur  du  mémoire  : 

«  Il   pleuvait   du    dévouement     en    effet ,    ce 
«  jour  là.   À^ 


—  36  - 

En  résumé  MM.  Granoîi  et  Arniaud,  lors  de  la 
catastrophe  de  Rognes  ont,  au  péril  de  leur  vie, 
retiré  six  cadavres  des  décombres  et  sauvé  la  vie 
à  trois  personnes. 

En  conséquence  l'Académie  décerne  à  M.  Joseph. 
Granon  une  médaille  d'honneur  en  vermeil  et  at- 
tribue à  M.  Fernand  Arniaud,  actuellement  soldat 
au  23°''  Chasseurs- Alpins,  la  somme  de  900  francs. 

Prix  Henriette  Rayon 

C'est  la  deuxième  fois  que  le  prix  Rayon  est 
attribué,  conformément  aux  intentions  de  la  fon- 
datrice, à  une  jeune  fille  dont  l'Académie  aura 
distingué  les  mérites. 

Née  en  1859,  Mademoiselle  Marie  NouverronSf 
fille  d'une  ancienne  lauréate  de  notre  Compagnie, 
a  hérité  des  vertus  de  sa  mère,  mais  ce  fut  là  son 
seul  héritage,  car  la  gêne,  pour  ne  pas  dire  la 
cruelle  misère,  resta  toujours  implantée  au  foyer. 

Le  père,  devenu  paralytique  de  bonne  heure  ne 
pouvait  fournir  aucun  travail.  La  mère  obligée  de 
suffire  à  tout  ne  tarda  pas  à  ne  plus  pouvoir  suffire 
à  rien  par  l'épuisement  prématuré  de  ses  forces. 

Désormais  c'est  le  travail  de  la  jeune  Marie 
Nouverrons  qui  devient  l'unique  ressources  de 
cette  famille  d'infirmes. 

Employée  comme  couturière  chez  Madame 
Etienne,  Marie  partagea  ses  journées  entre  l'atelier 


—  37  - 

et  le  chevet  de  ses  malades.  Son  père  meurt,  mais 
quelque  temps  après  sa  mère  tombe  dans  Tenfance, 
ne  peut  plus  quitter  son  lit  et  se  couvre  de  plaies. 
Marie  Nouverrons  se  surmène,  travaille  sans  répit 
pour  nourrir,  soigner,  panser  sa  pauvre  mère  qui, 
dans  cet  état,  a  végété  douloureusement  pendant 
sept  années. 

Mademoiselle  Marie  Nouverrons  a  bien  mérité 
le  prix  de  275  francs  légué  par  Henriette  Rayon. 

Pension  veuve  Nègre 

La  pension  Nègre  destinée  à  un  ancien  ouvrier 
maçon,  est  attribuée  à  Henri  Segond^  né  le  22 
août  1824.  Il  va  donc  atteindre  Tâge  respectable 
de  86  ans,  il  est  le  doyen  de  sa  corporation. 

Jadis  il  a  fait  bravement  son  service  militaire 
dans  le  corps  que  commandait  Màc-Mahon  quand 
il  n'était  encore  que  simple  colonel. 

Dans  tous  les  chantiers  où  il  a  travaillé,  Henri 
Segond  a  laissé  le  souvenir  d  un  ouvrier  honnête, 
consciencieux  et  loyaf.  L'Académie  est  heureuse 
de  lui  attribuer  une  pension  viagère  de  329  francs. 

Pensions  Irma  Moreau 

Nous  avons  trois  pensions  Irma  Moreau  de 
200  francs  à  attribuer  cette  année  :  Une  d'ouvrière 
septuagénaire  et  deux  de  pères  de  famille. 


-  38  - 

La  première  a  été  obtenue  par  Caroline  Gabalda^ 
âgée  de  72  ans,  loueuse  de    chaises  à  la  paroisse 
Saint- Jérôme.  Ce  modeste  emploi  constitue  toutes 
ses  ressources,  ou  peu  s'en  faut  et  son*  passé   la 
rend  digne  de  tout  notre  intérêt,  car  elle  a  soigné 
avec  un    entier  dévouement  des  parents   infirmes, 
morts  à  87  et  88  ans.  A  un  âge  déjà  avancé,  pres- 
que dénuée  de  tout,  Caroline  Gabalda  réussit  en- 
core à   venir  en   aide  à  un  neveu   incapable   de 
gagner  sa   vie. 

Paul  Escoffîefi  cultivateur  à  Gardanne,  est 
atteint  d'une  cécité  presque  complète.  Son  fils  aîné, 
menacé  lui-même  de  perdre  la  vue,  non  seulement 
ne  peut  seconder  son  père,  mais  aggrave  la  gêne 

m 

de  la  maison  par  suite  de  son  infirmité. 

Cette  triste  situation  a  paru  si  digne  d'intérêt 
que  nous  avons  unanimement  jugé  qu'une  des 
pensions  disponibles  serait  bien  placée  chez  cet 
honnête  et  infortuné  père  de  quatre  enfants. 

Il  va  de  soi  que  le  nombre  des  enfants  constitue 
l'un  des  motifs  prépondérants  qui  déterminent  no- 
tre choix  entre  les  compétiteurs  aux  pensions 
Irma  Moreau,  destinées  aux  pères  de  familles. 

Les  époux  Abelf  très  estimables  cultivateurs  de 
Rians,  se  présentent  à  nous  avec  une  postérité  vi- 
vante dont  le  chiffre  s'élève  à  10 — pour  le  moment 
—  5  garçons  et  5  filles  ;  l'aîné  a  1 7  ans,  le  plus  jeune 


-39  - 

a  eu  i6  mois  avant  hier.  Ils  réalisent,  et  au-delà, 
les  conditions  du  legs  et  les  intentions  de  notre 
généreuse  légatrice..  L^Académie  se  réjouit  de  faire 
profiter  les  époux  Abel  de  ses  libéralités. 


Mesdames,  Messieurs, 

Je  ne  me  trompais  pas  en  disant  au  début  de  ce 
rapport  que  les  intentions  de  nos  Fondateurs  de 
Prix  de  vertu  recevaient,  cette  année,  un  entier 
accomplissement.  Et  si  TAcadémie,  consciente 
d'avoir  fait  de  la  bonne- besogne,  s'en  montre  un 
peu  vaine,  reconnaissez  de  bonne  grâce  que  ce 
brin  de  vanité,  s'il  n'est  pas  entièrement  justifié, 
est  au  moins  fort  excusable. 


On  a  lu 


!•  Profils  AlgérienSf  par  M.  le  Conseiller  Vallier- 

COLLOMBIER  ; 


2""  Une  Page  de  lliistoire  d'Aix  sous  la  Révolution, 

par  M.  Edouard  Aude  ; 


y  Lettre  ouverte  de  la  Comète  à   la  Terre,  par 

M.  Revol. 


-  41 


PRIX    RAMBOT 

Fondé  en  4859,  suivant  testament  olographe  du  2l> 
août  4858,  pour  récompenser  les  actes  de  dévouement , 
de  courage,  de  désintéressement,  les  soins  donnés  à  la 
vieillesse  et  à  l'enfance  pauvre  et  abandonnée . 

Le  prix  Rambot  de  545  francs,  indivisible,  a  été 
décerné  à  cinquante- deux  lauréats  de  1860  à  4910  ; 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dans  les  précédents 
Bulletins  ;  nous  donnons  ci-dessous  la  liste  des  dix 
derniers. 


Depuis  1901. 

1 901 .    Le  Comité  de  Sauvetage  de  la  station  dé'Carro, 
commuDe  des  Martigues. 

4  902.    Mlle  Blanche  Arène,  d'Aix. 

1903.  M.  Marins  Armand,  à  Aix. 

1904.  M.  Mathieu  Jeauffret,  Les  Milles,  commune 

d'Aix. 

1905.  M.  Louis-François  Remusat,  d'Aix. 

1906.  Mlle  Victoria  Rby.   d'Aix. 

1907.  Mlle  Ermance  Mégy,  d'Aix. 

1908.  M.  Marins  Dagard,  d'Aix. 

1909.  Mlle  Marie  Rivière,  d'Aix. 

1910.  Mlle  Emilie  SosPEL. 


-  44  — 


III 


PENSIONS   IRHâ    HOREâU 

Ces  pensions  ont  été  fondées  en  4899,  par  testament 
de  Mademoiselle  Irma  Moreau,  du  7  janvier  de  la 
même  année,  qui  institue  l'Académie  sa  légataire 
universelle.  Elles  consistent  en  une  somme  annuelle  de 
200  francs. 

Elles  sont  destinées  à  offrir  une  récompense  et  procu- 
rer un  secours  aux  personnes  particulièrement  recom- 
mandées par  leur  honnêteté  et  leur  vertu  notoires, 
qui  en  seront  les  plus  dignes  et  qui  devront  être  choi- 
sies dans  les  catégories  suivantes  : 

7"  Pères  de  famille  veufs  ou  non ,  et  mères  de 
famille  veuves ,  connus  comme  gens  malheureux  et 
nécessiteux,  exempts  d'ivrognerie  et  autres  vices,  et 
ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

2^  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie,  ou 
d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans  timpos- 
sibilité  de  subvenir  à  leurs  besoins. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pensions  en 
4002. 


—  45  — 


des  pensions  ouvrières 


r*   CATEGORIE  (Pères  et  Hères  de  famille) 


4903. 

M.  Fidèle  BONTOUX,  à  Aix  (5  enfants) 

i> 

M.  Siméon  FOUQUE,  au 

Pey-Blanc,  (8 

»      ) 

» 

H.  Jean  LÂRGUÈZË,  à  Âîx  (4 

»      ) 

» 

Mme  veuve  BARNIER,  née 

Alexis,  à  Luynes  (7 

»      ) 

4904. 

M.  Charles  DESPLAS,  de 

Castres  (6 

»      ) 

4905. 

M.  Yictorin  GINIEZ,  à  Galice  (8 

»      ) 

4906. 

Mme  Vve  Marius  QUENIN  (7 

»      ) 

» 

Mme  Laurent  Vve  Jules 

DÉCORY  (5 

»      ) 

4907. 

Mme  veuve  TEMPIER,  née 

Tardieu  (5 

»      ) 

4908. 

Mme  Pauline  DEDIEU,  née 

Phaillon  de  S-.Remy  (7 

»      ) 

» 

M.  Hbkri  MICHEL  aux  Milles  (6 

»      ) 

4909. 

Mme  veuve  AURRAN          (4 

»      ) 

4940. 

M.  Paul  ESCOFFIER,  de 

Gardanne  (4 

»      ) 

» 

Les  époux  ABEL,  de  Rians  (40 

»      ) 

t  mars  4907 


-  4G  - 


2-**   CATEGORIE  [Oifiiéres) 


4903.  Mme  veuve  CAVALIER,  née  Pomti, 

à  Aix.  f 

»       Mme  veuve  POURCEL/ née  Facque, 

à  Aix. 

Mlle  Marie  ARNAUD,  à  Aix  f 

Mme  veuve  RARBIER,  née  Aluenge, 

à  Aix. 

3       Mlle  Marie  CHIEUSSE,  à  Ar1es-s/- 

Rhône.  f 

4904.  Mlle  Marie  CADENEL,  à  Eguilles.        f 

4906.  Mlle  Angèle  CADENEL  à  Eguilles. 
»  Mlle  Marie  MÉOUVE,  à  Aix. 

4907.  Mlle  Mélanie  RABASSE,  h  Aix. 

4908.  Mlle  Madeleine  CHIEUSSE,  à  Arles. 

»       Mlle  Augustine-Elisabeth  RICHAUD, 

à  Aix. 

»       Mlle  Mathilde  JOUYNE,  à  Aix. 

4909.  Mlle  Antoinette  BOYER,  à  Aix. 

4910.  Mlle  Caroline  GABALDA,  à  Aix. 


4908 


mars    4907 


avril    4907 
Juin    4906 


1 


décem.   4907 


-47  - 


IV 


PRIX    HENRIETTE    RAYON 


Ce  prix  de  275  fr.  a  été  fondé  par  Mademoiselle 
Henriette  Rayon,  par  testament  du  26  décembre 
4906,  pour  récompenser  une  jeune  plie  dont  le  bureau 
de  V Académie  aura  distingué  les  mérites. 

Comme  pour  les  autres  prix  Rambot,  Reynier  et 
Irma  Moreau,  la  liste  de  ces  prix  sera  insérée  dans 
le  présent  Bulletin. 

L'Académie  a  commencé  en  4909  a  décerner  ce 
prix 


Hjiste  dos   I^auréats 

Depuis  1909 

i909.    Mlle  Herminie  CÂLLIER,  d'Aix.  ' 
4910.    Mlle  Marie  NOUVERRONS,  d'Aix. 


1 


PENSION    V"    NËGRE 

Cettepeiuion  a  été  instituée  par  Madame  Virginie 
Fabrk.  veuve  Nègre,  décédée  à  Àtx  le  8  juillet  4908. 

Par  son  testament  du  16  juillet  4903,  Madame 
Nègre  a  fondé  ce  legs,  en  mémoire  du  sieur  Fabre,  son 
père,  qui  était  maçon.  Il  consiste  en  une  pension  ou- 
vrière de  329  francs  à  décerner  à  un  maçon,  marié 
ou  non,  avec  ou  sans  enfant,  ne  pouvant  plus  tra- 
vaiiler.  d'une  honnêteté  parfaite  et  bien  reconnue, 
pour  en  jouir  sa  vie  durant. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  celte  pension 
dans  la  Séance  Publique  de  1940. 


ILilste    des    Lauréats 

depuis  1910 

0.    Henri  SECOND,  d'Alx,  âgé  de  85  ans. 


49  - 


BUBEAU     DE     L'ACADÉMIE 

1909  -  1910 


Président •. 

Vice- Président 

Secrétaire  perpétuel. 
Secrétaires  annuels. 

Archiviste •. . 

Bibliothécaire 

Trésorier 


M.  L.  DE  À'iGALD  1)£  BrESC, 

M.  £rnest  Lacoste. 
M.  le  Baron  Guillibert. 
M.  Edouard  Aude. 
M.  Gustave  Reynaud. 
M.  le  Maix|uts  C.  dIlle.. 
M.  le  Docteur  Aude. 

M.  MOIRAVIT. 


SÉAN.    ITBL,    ACAD. —  1910 


L 


TAIIIJÎAI' 

lies 

MEMBRES    DE    L'ACADÉMIE 

(.\ri<^lô  en  iioiU  lOrO) 

MEMBRES     OlIONXELIt 
MM. 
Arbii'd  Poul   U,  bibliophile.  Assont-  itigiônat  le  i>  jan^iel' 

1883.   membre  <l'honneii[-  k-  30  jtmvicr   IS9i.   Rue  du 

(Juutrt-Seplembre,  t',  à  Ai.c. 
Mistral  Frédéric,  C.  ^  ^  r|>.  Correspondant  2  mars  18G3. 

membre  d'honneur  le  6  juin  1899;  à  MatUane  fB.-du-R.J. 
Ca»ssol  Joseph,  ancien  Maire,  ancien  Consoiller  Général, 

avocat  à   la  Cour,  ancien   bâtonnier.  23  janvier  191)6  ; 

place  Jeanne-d'Arc,  à  Atx. 
PËcotL  Auguste,  G.  n.  :&,  ni-cbivisle  paléographe.  Corres- 
pondant 3  mars  1901.  Hembred'honneurSà'avril  1907; 

«  Draveil  fSeine-et-Oixe),  et  »■««  Boissy-d'Anglas,   12.  à 

Paris. 
Charlks-Hol'x  Jules,  C.  ^',  ancien  député.  Associé  régional 

tï  janvier  1883.   Membre  d'honneur  3  décembre  1907. 

Itue  Pierre-Charron,  12,  à  Paris. 
Michel  Evarisle  ^,  docteur  en  médecine.  Membre  honoraire 

21  février  <902.  Membre  d'honnenr  14  janvier  1908.  fliw 

de  Cticky,  40,  à  Paris,  et  villa  Hignet,  à  Aix. 
S.  li\c,  M.  llËvoit  Paul,  G.  -^,  ambassadeur  de  France  en 

Espagne,  2i  mars  1908;  à  Madrid. 

l,tv,tssEDB  Emile,  G.  0.  ^,  membre  de  l'Inslilul,  adminis- 
trateur du  Collège  de  France.  15  décemhre  1008;  an 
Collège  de  Francp,  à  Pnrjs. 

GiniuD  Charles,  §,  Premier  Président  du  ^a  (^ur  d'Appci, 
16  mars  1909.  Rue  deJ'Opëra,  à  Aix. 

AiCAitn  Jean  f^,  membre  de  l'Académie  Frr.ninise.  l'i  mnrs 
1910  ;  .(  r.'i  (inrth:  lov.v  r<mhm  ■'Var: 


ol    - 


.    MEMBRES     TITULAIRES 


MM. 

C.iiERRiER  (le  chanoine)  Joseph,  doyen  du  Chapitre  Métropo- 
litain, docteur  en  Théologie.  25  avril  4872.  Boulevard 
Saint-Louis,  15. 

GuiLLiBERT  (baron)  Hippolyte,  ^  0.  »p,  ancien  bâtonnier  de 
1  ordre  des  avocats  à  la  Cour.  45  janvier  4878.  Rue 
Mazarine,  14. 

V^iDAL  François  ^  ïgx,  conservateur  honoraire  de  la  biblio- 
thèque Méjanes.  24  janvier  4879.  Avenue  Victor-Hugo,  17, 

MouRAYiT  Gustave  »p,  président  de  la  Chambre  des  notaires, 
8  février  4884.   Place  des  Prêcheurs,  34. 

SouBRAT  Charles,  ancien  conseiller  à  la  Cour,  président  du 
Comice  agricole.  45  février  4884.  Rue  Mazarine,  8. 

Marbot  (le  chanoine)  Edmond,  ancien  vicaire  général.  28 
mars  4887.  Rue  Goyrand,  3  bis. 

Gantelmi  VILLE  (marquis  de)  Charles  :^  »p  0.  )!{(.  Associé 
régional  le  42  janvier  4883,  membre  titulaire  le  47  juin 
^^0.  Cours  Mirabeau,  6. 

PoNTiER  Henry,  I.  P.  ,  conservateur-directeur  du  Musée.  5 
avril  4892.  Rue  Cardinale,  13. 

SiGAtiD  DE  Bresc  (de)tfcimis,  ancien  conseiller  général.  Associe 
régional  le  42  janvier  4885,  membre  titulaire  }è  23 
janvier  1891.  Rite  Sallîer,  7. 


r,l- 


B«  ""'  *"'"       ,„rMri«.  ••  P-  «  ^'  «••te.*  ancien 
««tflii  (l»"*"    v.^  de»  Ungues  Romanes.  Correspon- 

""^  ""  I,.  Anioine.  Aswcié  régional  le  %  février 

«.rfliî»  "*"!."!.  lUolaire  le«3inar»  4897.  ««e  CardinaU,  23, 
'1m^  -"/Jj;;; 7*  Montpellier  (Hérault). 

'^^        (\*k  »X.  «.  médecin  en  chef  de  la  marine,  en 

'^''"'"'  t  ...fenBR  (comlc  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour, 
l«"'«''<'riion»l  10  Ï7  décembre  1897,  membre  titulaire  le 

■*""'.  nnvnmnd  I.  P.  *».  professeur  à  la  Faculté  des 
!»«'•*'*      30  ianvior  4000.  «w  d«  Brw-d'Or,  2. 

ii«nri  l  P.  U>  chanoine  titulaire  de  la  métropole. 
"îlSu'"«'«  l.joiH.  Miguel-   48  décembre  4900.  Jh«  du 

.   xlffHl  «vwat  a  1*  Ck>ur.  -Associé  régional  le  10 

,.. ...  0.«M«ùr  ^.  «ucicn  ^Ji-nier  de  l  ortre  des  ,x^..s. 
i.tv».>Ht  1  I»  ai.  wns*rvateurdel»  BibîsothèqweMe- 


\ 


-  o3  - 

De  Dlranti  la  Calade  Jérôme  Cj),  licencie  ès-LeUres.  îî 
mars  1905.  Place  d'Albertas,  10. 

Michel  Tranquille,  ^:,  ingénieur  en  chef  des  Ponts-et- 
Cbaussées.    40  avril  4905.  Rue  du  é-Septembre, 

Jalffret  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  27  mars  4906.  Rue  des 
Epinaux,  13. 

Retkacd  Gustave,  directeur  des  Contributions  directes,  en 
retraite.  Associé  régional  30  janvier  1906.  Membre  titu- 
laire 48  décembre  4906.  Rue  Cardinale,  17. 

Vallier-Collombier  Alfred  ^,  conseiller  à  la  Cour  d*Appel 
d'Aix.  42  mai  4908.  10,  rue  Espariat 

AuDiNET  Eugène,  I.  P.  U,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit    • 
de  rUniversilé  d'Aix-Marseille.  45  décembre  4908.  Cours- 
d'Orbitelle,  Aix. 

MouGiKs-RoQUFFORT  (comte  de)  Charles,  Docteur  en  Droit. 
Associé  régional  le  4  4  mars  4890,  membre  titulaire  le  26 
janvier  4909.  Rue  Cardinale.  17. 

BAf.ARRY  Paul,  avocat.  Associérégional  42  janvier  4909.  Mem- 
hro  titulaire  4*'  février  1910.  Cours  Mirabeau,  4. 


MEMBRES     HOSOBAIRES 


MM. 

|%MM  AleKandru  ^  I.  P.  U  r}*,  doyen  hoDoiMirc  de  la  Fa- 
oullé  de  droit.  30  janvier  4894.  Rue  d'Italie,  14. 

CijINIbb  Désiré^,  conseiller doyeo  honoraire  ii  la  Cour,  âtf 
mai  1894.  Cours  Mirabeau,  17. 

Bom  Gilles-Jacques  ^',  odicier  en  retraite,  composileur  de- 
musique.  Associé  régional  le  IS  mai  1896,  membre  hono- 
raire lo  10  juin  1902,  Rue  Lice  des  Cordeliers,  15. 

ViLLBviEiLLB  Joseph,  I.  P.  ,  artiste  peintre.  23  déccmhic 
1903.  HueEsparial,  20. 


»■  tt 

—  oo 


ASSOCIÉS    RÉGIONAUX 


MM. 


ETsmRcSaîiit-Murce],  ancien  inagislral  cl  conseiller  gênera 
înspeclcur  départemental  de  la  Société  d*Arrhéologîe,  à 
Sisteron.  \0  décembre  1882. 

Rky  (de)  Gouzague,  château  du  Prieuré  d'Ardèno,  près  Fainl- 
Michel  (Basses-Alpes).  5  janvier  1883. 

Teibis  (de)  Jules,  G.  0.  4*  igt  mcn>bre  de  l'Académie  de  Vcir- 
cluse,  à  Avignon.  5  janvier  <883. 

IsNABD,  I.  P.  ?j:,  archiviste  des  Basses-Alpes,  secrétaire  de  In 
Société  Académique,  ancien  élève  de  TEcole  des  Charles, 
à  Digne.  1i  janvier  1883. 

MiREURi,^,  archhibte  du  départemi'ul  du  Var,  membre  du 
comité  des  travaux  historiques,  à  Draguignan.  19  janvier 
i883. 

BoNHOMUE  (l'abbé),  chanoine  à  Riez  (Basses- Alpes).  9  février 
4883. 

Bebxard  Charles  :^,  président  à  la  Cour  de  Dijon,  ancien 
avocat  à  la  Cour  dAix.  16  février  1883. 

Magallon  D'AnfiE.NS  (maïquis  de)  Xavier,  ancien  conseiller 
général  des  Hautes-Alpes,  villa  Magdala,  à  Sainte-Marthe, 
Marseille.  16  mars  I88D. 

Gasber  (le  chanoine)  Stanislas  ^s^,  secrétaire  de  TAcadémie 
de  Mardci.lc.  7  avril  1891. 

Cgllot  Louis  U-,  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Dijjn.  26  jan\ier   1892. 

CcLLor:GiE  (d'AvoN  baron  de),  :^  v  0.  î  ,  ministre  plénipo- 
tentiaire, en  relrcîilc,  au  ch«Moî)U  de  Collongue,  par  Ca- 
dcrict  (Va»:îu  c).  6  juin  !t03. 


-  56  — 

QuiLLAN  (rnbbc),  correspondant  du  Mînislèrc  de  riiislnic- 
tion  Pablique,  curé  de  Septèmes  (Bouches-dn  Rhône). 
42  janvier  4894. 

Fekrier  Raymond,  amaleur  d'art.  Rue  des  Arts-el-Méiicrs, 
2,  Ai\.  46  juin  48%. 

ToiîRTOULON  (baron  do)  marquis  de  Barre,  Pierre,  docleur  en 
droit.  Château  de  la  Fuste,  par  Valonsole  (Basses- AJpcs). 

4 2  janvier  4897. 

Tbil  (baron  du)  Joseph  >f».  Quai  de  Billy,  2,  Paris.  4  mai 
4897. 

Maurel  (l'abbc^)  Marie-Joseph,  place  de  l'Hôtcl-de-Ville,  5,  à 
Manosque  (Basses-Alpes).  48  mai  4897. 

AuTHBHAN,  ancien  maire  de  Martigues.  45  février  4898. 

Prou-Gaillard  ^  C.  ►f»,  ancien  directeur  de  l'Académie  de 
Marseille.  Boulevard  Monlrichcr,  5.  3  mai  4898. 

Mantbter  (de)  Georges,  château  de  Manteyer  (Hautes-Alpes). 

43  décembre  4898. 

LiBUTAUD  Victor  ^',  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  de  Mar- 
seille, notaire  à  Volone  (Basses-Alpes).  45  mai  4900. 

MuLSA^T  Sébastien  •p,  avocat,  ancien  bâtonnier,  Rue  Balay, 
2,  Saint-Etienne.  49  mars  4904. 

MuTERSE  Maurice,  ancien  officier  de  marine,  ancien  sous- 
préfet,  à  Anlibes.  7  mai  4901. 

Bernard  d'Attanoux  (comte)  Henri,  ►J-  avocat,  ancien  magis- 
trat. Rue  Pâlermo,  2,  Nice.  44  mai  490t. 

Gérin-Ricabd  (comte  de),  président  de  la  Société  d'archéo- 
logie. Rue  Grignan,  60,  Marseille.  4  mars  4902. 

MoNCLAR  (de  RiPERT  marquis  de)  François,  C.  i?^,  ministre 
plénipotentiaire,  en  retraite,  au  château  d'Allemagne,  près 
Riez.  48marst902. 

Pi-RRiER  Kmile,  O.  ^  î^k  :§t,  président  de  la  Société  de  Slatis- 
ti(nitMic  Marseille.  Villa  du  Bocajic,  ii  M.*i7.arîiUos.  I»  jaii- 
^i(M•lmKi, 


—    0/    — 

ViLLïXKtYE-EscLAPOX  (iiiorquis  de)  Christian,  0.  i^lv,  ancien 
député.  Rue  de  Prony,  75,  Paris,  et  à  Valcnsole  (Basses- 
Alpes).?  juin  4904. 

Closmadbuc  (Urvoy  de)  Jules.  Rue  Roux-Alphéran,  25,  à  Aix. 
49  décembre  1905. 

LiEUTjkUD  Auguste,  président  de  la  Société  des  Amis  du  Vieil 
Arles,  à  Arles.  30  janvier  4906. 

CoTTK  Charles,  licencié  en  Droit,  notaire  à  Pertuîs  (Vaucluse). 
2i  avril  490G. 

Gaffarel  Paul,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  d*Aix. 
Rue  Paradis,  295,  Marseille.  49  mars 4907. 

ViNCEKS  Charles,  ancien  Directeur  de  TAcadémie  de  Marseille. 
Rue  Nicolas,  9,  Marseille.  44  juin  4907. 

La  Salle  de  Rochemaure  (duc  de)  Félix,  C.  »fi  ^  )S^.  Châ- 
teau de  Clavières  Ayrens  (Cantal).  49  mai  4908. 

Tavermer  Edouard,  avocat,  docteur  en  droit.  Rue  François  V\ 
462,  Paris.  49  mars  4908. 

Lefèvre  Edmond,  directeur  de  la  «  Revue  de  Provence  ».  47, 
boulevard  de  la  Liberté,  Marseille.  22  décembre  4908. 

Mariétoty  Paul  ^,  ancien  Chancelier  du  Félibrige,  9,  rue 
Richepanse,  à  Paris.  2  mars  4909. 

Bréxond  (Pabbé)  Henri.  3i,  pince  des  Prêcheurs,  à  Aix.  16 
mars  4909. 

BouRGET  Henri,  Directeur  de  Tobservatoire  de  Marseille. 
9  juin  4909. 

RAiMfiAiiLT  Maurice,  archiviste-adjoint  desBouches-du-Rhône. 
28,  rue  Moogrand,  à  Marseille.  4  4  janvier  4910. 

SiCARD  Martial,  ancien  député,  maire  de  Forcaiquier  (Basses- 
Alpes).  44  janvier  4910. 

SiLBERT  José  >Ji,  artistc-peiotre,  h  Marseille.  1"  février  4910. 

Revol  Amédée,  avoue  à  la  Cour,  rue  Gaston-dc-Sa porta,  9 
Aix.  26  avril  1910. 


—  58  - 

ASSOCIÉS    CORRESPONDANTS 

MM. 

I«n  volli^e  Paul -René,  docteur  ès-lcltres,  ancien  coosal  géuCFaL 
Boulevard  Haussmano,  463,  à  Paris.  25  avril  I8T^; 

Million  Achille,  lauréat  de  PAcadémie  Française,  à  Beaumont- 
la-Ferrière  (Nièvre).  1C  décembre  4872. 

faisan  Albert,  à  Saint -Cyr- en -Mont -d'Or,  près  Lyon. 
H  mars  4876.  / 

Bellct  (Pabbé),  à  Tain  (Drôme).  42  décembre  4882. 

Jessc -Charlcval  (Comte  de)  Antoine,  ancien  mairo  de 
Marseille.  Cbâteaularc,  par  Roussel  (B.-du-R.).  Associé 
régional  5  janvier  4883.  Correspondant  le  7  janvier  4908. 

Aube  Frédéric,  au  Luc  (Var),  membre  de  la  Société  Française 
d'Archéologie.  Associé  régional  42  janvier  4883.  Corres- 
pondant 7  janvier  4908. 

Jullien  Ernest,  Président  honoraire  du  Tribunal  Civil, 
à  Reims  (Marne).  2  mai  4884. 

Lanéry  dWrc  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la  Répu- 
blique, à  Villeneuve-sur-Lol  (Lot-et-Garonne).  Associé 
régional  42  décembre  4887,  titulaire  8  mars  4892,  corres- 
pondant le  7  juin  4904. 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  à  l'Arsenal.  Rue  Miroménil,  84, 
Paris.  44  juin  4888. 

Bremond  d'Ars-Migré  (marquis  de)  Anatole,  conseiller  géné- 
ral, château  de  la  Porlc-Neuvo-en-Riec  (Finistère).  27 
janvier  4894. 

Proal  Louis,  conseiller  a  la  Cour  de  Paris.  Villa  Molilor,  26, 
XVI*.  Titulaire  le  22  décembre  4891,  correspondant  le  45 
décembre  4896. 

Jorel  Charles,  membre  de  Tlnslitut.  Rue  Madame,  64,  à  Paris. 
Tiiulaire  le  46  mai  4893,  correspondant  le  12  décembre 
1899. 


—  59  - 

Zeiiler  Charles-René,  triembre  de  Tliistitut.  Rue  du  Vieux 
Colombier,  8,  à  Paris.  49  janvier  1897. 

Petit  Alexandre,  docteur  en  médecine  à  Royat,etRue  LaffîUé, 
3,  à  Paris.  4  mai  1897. 

Hulol  (baron),  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géographie, 
il,  avenue  Labourdonnais,  à  Paris.  11  mai  1897. 

Hochas  d*Aig1un  (comte  de),  colonel,  ancien  administrateur 
de  TEcole  Polytechnique.  Rue  Descarlcs,  21,  à  Grenoble. 
24  avril  1900. 

Moris  Henri,  archiviste  des  Alpes-Maritimes.  Villa  Moris, 
boulevard  Dubouchage,  à  Nice.  19  mars  1901. 

Tassct  Jarques,  à  Molosme-Tonnerre  (Yonne).  9  juin  1903. 

Planté  Adrien,  ancien  député,  ancien  maire  d'Orlhez  (Basses- 
Pyrénées),  président  de  la  Société  des  Sciences  et  Lettres 
de  Pau.  14  juin  1904. 

Poitevin  de  Maureillan  (de),  0.^,  colonel  en  retraite,  conser- 
vateur du  Musée  d*Hyères  (Var).  15  mai  190G, 

Jullien  Jules-André,  colonel  en  retraite,  rue  de  Boulain- 
villiers63,  Paris  (XV P).  Titulaire  le  11  décembre  1906, 
correspondant  le  5  mai  1908. 

Jullian  Camille,  membre  de  Tlnstitut,  professeur  au  Collège 
de  France.  30,  rue  de  Luxembourg,  à  Paris.  28  mai  1907. 

Bougon  Georges,  docteur  en  médecine,  45,  faubourg  Mont- 
martre, à  Paris.  11  juin  1907. 

Lacour-Gayet,  professeur  à  l'Ecole  Polytechnique.  Rue  Jacob 
46,  Paris.  10  décembre  1907. 

Rieux  (des)  Lionel,  avenue  de  Villicrs,  26,  à  Paris.  21 
janvier  1908. 

Régnier  (de)  Henri, homme  de  lettres, 14,  rue  de  Magdebourg, 
a  Paris  (XVP).  5  mai  1908. 

Nolhac  (de)  Pierre,  Conservateur  du  Palais  de  Versailles,  à 
Versailles  (Scinc-et-Oisc).  2  juin  1908. 


—  o8  - 

ASSOCIÉS    COURESPONDANTS 

MM. 

Lnvollée  Paul -René,  docteur  ès-leltrcs,  ancien  coosul  géuéraL 
Boulevard  Haussmann,  16i,  à  Paris.  25  avril  kKù, 

Millien  Achille,  lauréat  de  rAcadémie  Française,  à  Bcaumont- 
la-Ferrière  (Nièvre).  4G  décembre  4872. 

Faisan  Albert,  à  Saint -Cyr- en -Mont -d'Or,  près  Lyon. 
U  mars  4876.  / 

Bellet  (l'abbé),  à  Tain  (Drôme).  42  décembre  1882. 

Jessé  -  Charlcval  (Comte  de)  Antoine,  ancien  maire  de 
Man^eille.  Cbâteauliirc,  par  Roussel  (B.-du-R.).  Associe 
régional  5  janvier  4883.  Correspondant  le  7  janvier  4908. 

Aube  Frédéric,  au  Luc  (Var),  membre  de  la  Société  Française 
d'Archéologie.  Associé  régional  42  janvier  4883.  Corres- 
pondant 7  janvier  4908. 

Jullien  Ernest,  Président  honoraire  du  Tribunal  Civil, 
à  Reims  (Marne).  2  mai  4884. 

Lanéry  d'Arc  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la  Répu- 
blique, à  Villeneuve-sur-Lot  (Lol-el-Garonne).  Associé 
régional  42  décembre  4887,  titulaire  8  mars  1892,  corres- 
pondant le  7  juin  4904. 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  à  l'Arsenal.  Rue  Miroménil,  81, 
Paris.  44  juin  4888. 

Bremond  d'Ars-Migré  (marquis  de)  Anatole,  conseiller  géné- 
ral, châleau  de  la  Porlo-.\euvo-en-Uiec  (Finistère).  27 
janvier  4891. 

Proal  Louis,  conseiller  à  la  Gourde  Paris.  Villn  Molilor,  20, 
XVP.  Titulaire  le  22  décembre  4891,  correspondant  le  \ô 
décembre  4896. 

Joret  Charles,  membre  de  l'inslitul.  Rue  Madame,  64,  à  Paris. 
Tiiuluire  le  46  mai  1893,  correspondant  le  12  (lécombrc 
1899. 


-    Gl   - 


ASSOCIliS      COHHKSPOXDANTS 


A  L'ÉTRAiNGER 


MM. 


Carnazza-Amarî,  ancien  professeur  à  l'Université  de  Calane, 
sénateur  du  royaume  d'Italie.  6  avril  4868. 

Gubernatis  (comle  de)  Angelo,  professeur  à  rUniversité  de 
Rome.  Via  Lucrezio  Caro,  07.  3  janvier  1893. 

Typaldo-Bassia,  député,  ancien  Président  du  Parlement 
hellène,  a  Athènes.  23  janvier  1894. 

Barr-Ferree,  à  New- York.  5  juin  1894, 

Portai  (le  commandeur  Emmanuel),  membre  de  la  Royale 
Commission  héraldique  dltalie.  41,  Via  délia  Croce,  à 
à  Rome.  12  février  1895. 

Morozzo  délia  Rocca  (comte)  Emmanuel,  général.  Via  dcUa 
.  Rocca,  29,  à  Turin,  et. villa  Guntschme  Kwort  à  Griès, 
près  Bolzen  (Sud-Tyrol)  Autriche.  21  mars  1899. 

Ba  Cunha  Xavier,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Royale. 
Rue  S.  Barlholomeo,  12,  à  Lisbonne  (Portugal).  11  décein- 
bre  1 900. 

Zùccaro  Louis,  ancien  Vice-Consul  de  la  République  Arg^n- 
gentine  ;  à  Sondrio,  en  Valieline  (Lombardie),  et  à  Milan, 
rue  Ciro  Menolli,  17.  2  avril  1901 . 

Satla  Salvatore,  membre  de  la  Société  Philologique  à  Rome. 
26  mai  1903. 

Verney  de  la  Valelta  (comte)  Franchi.  9  juin  1903. 

Gàvàuescul  J.,  professeur  à  TUniversité  de  Jassy  (Roumanie) 
9  juin  10o:j. 


l'.-iiJula  (le  oomniunddur)  Anioinc,  st^civtaii'o  général  délit 
Société  Luigi-Cnmo^ns.  Via  dei  FioreiUJoi,  C7,  à  Naples. 
I7janvierl9û5. 

Wailenskold  Axel,  professeur  de  philologie  romaae  è  l'Uni- 
versilé  d'Helsingfors  (Finlande).  36  avril  1909. 

Snntaro  Domenico,  proresscnr  a  riristilnt  à  Cliioli  (Naples). 
I"  février  1910. 


1010 ,    conrormément     à. 


rticlo     10     du 


I  Président  : 

l^uisde  Bbesc. 


le  Secrétaire  Perpéluei: 
Baron  Guillibebt. 


1 


ACADEMIE   D'AIX 


91  MB    Séance     Publique 


2  1      JUIN      lei  I 


SEANCE     PUBLIQUE 

DE 

L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,  AGRICULTURE,  ARTS 

ET    BELLES-LETTRES 

D'AIX 


AIX-EN-PRO VENCE 

Paul   JOUBDAN,    Imphimeuii    de    l'Acadbuib 

30,    Rue   Mtnuel,   20 


SEANCE     PUBLIQUE 


L'ACADÉMIE 


SCIENCES,  AGRICULTURE,  ARTS 


ACADÉMIE 

DES  SCIENCES,   AGRICULTURE,  ARTS  bt  BELLES  -  LETTRES 

D  '  A  I  X 


oi««   sÉAisroB   publiIqujb; 


Le  Vendredi,.  21  Juin  i9riv  la  quatre-vingt- 
onzième  SÉANCE  Publique  de  l'Académie  d'Aix  a 
a  été  tenue,  a  quatre  heures  et  demie,  dans  la 
Grand'Sallb  de  l'Université,,  a  la  Faculté  de 
Droit.. 


Tous  les  sièges  étaient  de  bonne  heure  occupés  par  une 
assistance  nombreuse  dans  laquelle  de  fraîches  toilettes 
donnaient  une  note  d*élégance  qui  ne  dépare  jamais  une 
réunion  où  sont  représentées  toutes  les  classes  de  la  société. 

Aux  fauteuils  :  M.  le  Vicaire  Général  van  Gaver,  repré- 
sentant Mgr  l'Archevêque;  H.  le  Colonel  Blazer,  du  61*  régi- 
ment d'ihfanterie,  représentant  M.  le  Général  de  la  subdi- 
vision, retenu  par  les  manœuvres  de  cadre  ;  M.  le  docteur 
Bertrand,  maire  d*Aix;  Madame  Blazer;  Madame  Charles 
Giraud,  etc. 

Sur  Testrade,  à  côté  du  Président,  M.  Edouard  Aude, 
vice-président  de  l'Académie  ;  M.  le  Premier  Président  Gi- 
raud ;  le  docteur  Evariste  Michel  ;  M.  Gabassol,  ancien 
mnire,  Conseiller  Général  :  tous  trois  membres  d'honneur 


—  G  - 

de  rAcadémie;  M.  Paul  Bi^raud,  membre  régional  ;  ensuite 
les  membres  titulaires,  honoraires,  régionaux  et  correspon- 
dants, présents  à  Aix. 

S^étaient  excusés  :  M.  Jules-Charles  Roux,  membre  dlion- 
neur  ;  Mgr  Penon,  évéque  de  Moulins  ;  M.  Drujon,  avocat, 
membre  titulaire,  récemment  nommé. 

Les  lauréats  des  prix  de  vertu  et  des  pensions  Irma  Mo- 
reau  occupaient,  avec  leurs  familles,  leur  place  habituelle. 

M.  le  Président  ouvre  la  séance  et  prononce  le  discours, 
suivant  : 


LE  MUSÉE  DES  TAPISSERIES 


Mesdames, 
Messieurs, 


Au  plaisir  que  j'ai  en  vous  souhaitant  la  bien- 
venue, il  se  mêle  un  sentiment  de  très  grande 
tristesse.  Ce  n*est  pas  moi  qui  devais  être  aujour- 
d'hui à  cette  place,  avec  Thonneur  de  vous  rece- 
voir et  Tagréable  mission  de  décerner  leur  récom- 
pense aux  lauréats  de  nos  prix  de  vertu.  M.  Louis 
de  Bresc  nous  a  quittés  —  et  pour  toujours,  hélas  ! 
—  sans  avoir  achevé  la  deuxième  année  de  sa  pré- 
sidence. Nous  nous  souvenons  du  joli  discours, 
alerte  et  jeune,  sur  le  Symbolisme  des  Jeux  de  la  Fête- 
Dieu  qu'il  prononça  à  la  Séance  publique  de  1910. 
Comme  je  voudrais,  aujourd'hui  encore,  n'être 
qu'auditeur  et  joindre  mes  applaudissements  aux 
vôtres  ! 

Et  M.  de  Bresc,  mieux  que  tout  autre,  aurait 
tro.uvé   les    mots   qu'il  faut  et  il  aurait  su  lès  pro- 


-  8  - 
noncer  avec  l'émotion  que  donne  le  regret  d'une 
très  longue,  d'une  très  fraternelle  amitié,  pour  ren- 
dre un  solennel  hommage  à  la  mémoire  vénérée 
de  M.  Paul  Arbaud,  membre  d'honneur  de  l'Aca- 
démie d'Aix,  lequel  nous  a  légué  ses  incomparables 
collections. 

Ce  ne  sera  pas  seulement  pour  le  seul  profit 
des  membres  de  notre  Compagnie  qu'existera  le 
Musée  bibliographique  et  archéologique  Paul  Arbaud, 
avec  ses  manuscrits,  ses  livres,  ses  trésors  icono- 
graphiques, ses  faïences  provençales  dont  le  grou- 
pement a  permis  et  va  permettre  encore  d'écrire 
des  études  exactement  documentées  ;  non  !  les  ter- 
mes du  testament  sont  bien  explicites  et  les  voici  : 
«  Mon  intention  est  d'assurer  pour  le  profit  sur- 
«  tout  des  Etudes  provençales  un  dépôt  devant 
«  avoir  son  siège  dans  Tancienne  capitale  de  la 
«  Provence.  Cette  création  a  été  le  motif  impulsif 
<  et  déterminant  du  présent  legs  ». 

L'Académie,  Messieurs,  chargée  de  recueillir  et 
d'organiser  ce  précieux  dépôt,  n'oubliera  pas  que 
M.  Arbaud  qui,  durant  toute  sa  vie,  ouvrit  toujours 
si  volontiers,  si  libéralement,  sa  maison  aux  tra- 
vailleurs, a  voulu,  dans  sa  disposition  même  de 
dernière  volonté,  que  se  perpétuât  cette  noble  tra- 
dition d'hospitalité  et  de  bonne  grâce.  C'est  pour 
nous  un  grand  honneur  d'avoir  été  choisis  ;  nous 
saurons,  conformément  au  désir  de  notre  bienfai- 


-  î>  - 

teur,  faire  de  ïArbaudienne  un  bon  instrument  de 
travail  et  la  rendre  dans  la  plus  large  mesure  —  je 
cite  encore  le  testament  —  «  accessible  au  public 
instruit  ». 

C'est  de  TArbaudienne  que  j'aurais  voulu  vous 
parler  aujourd'hui.  Fut-il  jamais  sujet  mieux  ap- 
proprié à  la  circonstance  ?  Sujet  d'actualité, 
puisque  cette  belle  création  est  de  date  toute  ré- 
cente, sujet  intéressant  la  Provence,  la  ville  d'Aix 
et  l'Académie. 

Mais  j'ai  pensé  qu'il  valait  mieux,  pour  en  parler 
plus  savamment,  attendre  que  fut  terminée  la  lon- 
gue période  des  inventaires  et  des  formalités  offi- 
cielles. Les  Académies  «  sont  des  personnes  mo- 
rales >  —  vous  n'en  avez  jamais  douté ;  — 

seulement  l'Etat  ne  les  a  jamais  considérées  comme 
de  grandes  personnes,  qui  met  ces  respectables 
dames  en  tutelle,  tout  comme  un  orphelin  durant 
sa  minorité.  Voilà  pourquoi  il  se  passera  de  longs 
mois  encore  avant  que  nous  puissons  bien 
connaître. 

J'ai  entendu  bien  souvent  railler  les  Aixois  sur 
leur  tendance  à  créer  des  musées.  «  Aix,  me  disait- 
on  un  jour,  finira  par  n'être  plus  qu'un  immense 
musée.  »  J'ai  répondu  que  ce  n'est  pas  notre  faute 
si  nous  sommes  cultivés  et  si  nous  avons  le  goût 
des  belles  choses,  si  nous  possédons  des  trésors  et 


-   10  - 

si  nous  cherchons  à.  les  garder.  Ainsi,  puisque  le 
Musée  Paul  Arbaud  est  encore  en  préparation, 
vous  dirai-je  quelques  mots  sur  Tautre  Musée  qui, 
vient  de  se  créer  à  Aix  :  le  Musée  des  Tapisseries 
et  de  r Ameublement  ancien,  établi  par  les  soins  de 
TAdministration  des  Beaux-Arts,  dans  une  aile  de 
l'ancien  palais  archiépiscopal. 

C'est  le  2  2  décembre  i9o6^que  le  Conseil  muni- 
cipal, sur  la  proposition  du  Maire,  M.  Cabassol, 
membre  d'honneur  de  l'Académie,  émit  le  vœu 
«  que  les  richesses  artistiques  et  littéraires  renfer- 
mées dans  les  divers  établissements  qui  étaient  di- 
rectement ou  indirectement  affectés  au  culte,  fus- 
sent conservés  dans  la  ville  d'Aix  ».  En  ce  qui 
concernait  notamment  l'archevêché,  on  demanda 
le  classement  de  l'édifice,  contenant  et  contenu,' 
«  de  manière  à  ce  que  les  œuvres  d'art  qu'il  ren- 
ferme  y  soient  maintenues  et  restent  accessibles  au 
public  dans  la  plus  large  mesure  ». 

Ce  vœu,  que  M.  André  Hallays  nous  fit  le  grand- 
honneur  de  patronner  et  de  présenter  au  public 
instruit,  eut  ainsi,  je  puis  le  dire,  quelque  retentis- 
sement et  quelque  influence.  Au  début  de  janvier 
1907,  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  des 
Cultes  et  des  Beaux-Arts,  faisait  connaître  que, 
^-^  d'une  manière  générale,  les  bâtiments  des  arche- 
vêchés, des  cvcchés,    des  séminaires   seraient  af- 


-  tl  — 

fectés  à  des  services  d'enseignement  ou  à  la  créa- 
tion de  musées  locaux  :^. 

La  même  année,  l'Administration  des  Beaux- 
Arts  fit  choix  des  salles,  en  fit  lever  le  plan.  Pri- 
mitivement, la  chapelle  devait  faire  partie  du  mu- 
sée ;  Ton  y  devait  grouper  les  œuvres  d'art  ayant 
un  caractère  religieux,  y  placer,  si  cela  avait  été 
possible,  les  quatre  belles  statues  qui  sont  au  Grand 
Séminaire.  Des  raisons  pratiques  firent  renoncer  à 
ce  projet.  Tel  qu'il  est,  le  musée  comprend  donc 
sept  salles  au  lieu  de  huit.  L'ensemble  de  l'aména- 
gement est  irréprochable.  Sans  doute,  il  y  a  trop 
peu  de  place  pour  pouvoir  accrocher  tous  les  ta- 
bleaux, exposer  tous  les  objets  d'art,  isoler  tous  les 
beaux  meubles,  sans  nuire  à  l'effet  des  merveilleux 
panneaux  ;  mais  l'essentiel  y  est.  L'essentiel,  et  je 
ne  parlerai  que  de  cela,  c'est  que  nous  gardons  à 
Aîx  ces  quatre  méchants  bouts  de  tapisserie,  comme  on 
a  dit  par  antiphrase,  et  qui  sont  parmi  les  plus 
grandes  et  les  plus  belles  du  monde.  L'une  d'elles 
mesure  plus  de  dix  mètres  de  long  ;  elles  occupent, 
au  total,  quatre-vingt-trois  mètres. 

D'où  proviennent  ces  tentures,  toutes  de  Beau- 
vais,  faites  sur  le  métier  de  basse  lisse  et  qui  repré- 
sentent des  Scènes  antiques  dans  1^  goût  de  Bérain, 
quelques  épisodes  des  Jeux  russiens  de  Leprince  ; 
peut-être  un  ou  deux  des  Bohémiens  de  Casanova, 
et  enfin  neuf  pièces  de  VHisloire  de  Don  Quichotte, 


-  12  - 

exécutées  sous  la  direction  d'Oudry,  d'après  les 
cartons  de  Natoire,  dont  quelques-uns  sont  conser- 
vés à  Compiègne  ?  —  Il  n'est  pas  facile  de  répon- 
dre à  cette  question. 


•  • 


—  Le  seul  renseignement  certain  que  nous  pos- 
sédons, c'est  qu'en  1849,  ^^  temps  de  Mgr  Darci- 
moles,  on  les  trouva  roulées  dans  les  combles  de 
l'archevêché  et  qu'on  chargea  un  tapissier  de  notre 
ville  de  les  disposer  dans  les  appartements  du  pre- 
mier étage.  L'honnête  artisan  qui  s'acquitta  de  cette 
tâche  avait  l'honneur  d'être  de  la  garde  nationale 
et,  pour  que  la  postérité  n'oubliât  pas  son  nom,  il 
glissa  dans  la  doublure  de  la  dernière  tenture  clouée 
un  billet  à  la  date  du  16  mai  1849,  ^^  convoquant 
pour  le  service  funèbre  du  maréchal  Bugeaud  qui 
devait  avoir  lieu  trois  jours  plus  tard,  le  mardi  19, 
à  Saint-Sauveur  (le  maréchal  était  mort  le  10).  Sans 
doute,  du  10  au  16^,  notre  garde  national,  patriote 
et  belliqueux,  dut  songer  davantage  au  héros  qui 
venait  de  disparaître  qu'aux  traitements  à  ne  pas 
faire  subir  à  de  belles  tapisseries...  Peut-être  rêva- 
t-il  qu'il  clouait  à  la  voûte  des  Invalides  les  éten- 
dards marocains  pris  à  la  bataille  d'Isly  ;  peut-être 
prit-il  Don  Quichotte  pour  quelque  Abd-el^Kader... 
Toujours  est-il  qu'il  le  traita  fort  rudement.  Il  ne 
plaignit  ni  son  temps,  ni  sa  peine,  ni  les  coups  de 


—  13  - 

marteau,  ni  les  clous  —  de  bons  gros  clous  bien 
longs,  bien  larges  surtout,  larges  comme  ceux  qu'il 
avait  à  ses  souliers,  —  ni  les  coups  de  ciseau  non 
plus,  lorsqu'une  tenture  était  trop  large  et  se  pou- 
vait difficilement  replier  ;  lorsque,  d'autre  part,  il 
restait  dans  la  pièce  un  petit  espace  à  couvrir.  Ce 
tapissier,  enfant  de  la  nature,  avait  comme  elle  hor- 
reur du  vide  et,  comme  artiste,  il  ne  connaissait  que 

le  msmiement  des  rouleaux  de  papier  peint. 

Puis,  il  dut  y  avoir  un  grand  conflit  d'adminis- 
tration au  sujet  du  timbre  à  apposer  à  l'encre  grasse 
sur  chacune  des  pièces.  Les  uns  tenaient  pour  les 
six  premières  lettres  du  mot  :  département;  les  autres 
pour  les  quatre  premières  du  mot  :  archevêché.  Mais 
on  n'eut  pas  besoin  de  s'entendre  pour  décider  que 
Tune  ou  l'autre  de  ces  fâcheuses  empreintes  serait 
apposée  bien  en  vue,  en  un  endroit  bien  net,  sur 
une  partie  claire  autant  que  possible,  de  manière  à 
tirer  Tœil  irrésistiblement  :  la  croupe  d'un  animal, 
le  pavillon  d'un  cor  de  chasse,  le  bas  d'une  robe, 
le  pan  d'un  voile.  Ainsi  fut  fait  I  Là  où  il  n'y  a  pas 
ARjCH,  il  y  a  DEPART.  C'est  vraiment  une  très 
grande  pitié. 

—  Qu'en  aurait  pensé  Oudry,  le  directeur  de  la 
manufacture  de  Beauvais,  lui  qui  veillait  avec  tant 
d'amour  sur  les  chefs-d'œuvre  sortant  de  ses  ate- 
liers et  n'hésitait  pas  à  donner,  pour  leur  conser- 
vation, les  recommandations  les  plus  minutieuses  ? 


-  16  — 

bore,  grâce  au  bon  vouloir  de  la  Municipalité,  par 
les  soins  d'une  Commission  spéciale,  en  exécution 
■des  engagements  pris  envers  l'Etat,  pourra  entrer 
en  vigueur.  Les  tentures  ont  été  dépliées,  raccor- 
dées, fixées  sur  des  cadres  ;  tout  ce  travail  a  été 
fait  très  intelligemment  par  notre  compatriote  M. 
Peyre,  sous  la  direction  de  MM.  Formigé  et  Huot, 
architectes  des  Monuments  historiques.  Le  Musée 
fut  inauguré  par  M.  Dujardin  -  Beaumetz,  sous- 
secrétaire  d'Etat  aux  Beaux- Arts,  le  i8  décembre 
dernier. 

Dans  son  petit  livre  sur  Aix-en-Provence,  M.  Jules 
Charles-Roux,  se  faisant  l'écho  d'une  tradition  orale 
citée  aussi  par  d'autres  auteurs,  dit  que  les  scènes 
de  la  vie  de  don  Quichotte  furent  données  par  le 
Roi  à  Mgr  de  Boisgelin,  dernier  archevêque  d'Aix 
avant  la  Révolution,  en  remerciement  de  ce  ce  que 
celui-ci  avait  prononcé  à  Reims  le  discours  de  son 
sacre. 

D'autre  part,  nous  savons  que  ces  tapisseries 
furent  exécutées  de  1735  à  1744  pour  un  fermier 
général  qu'on  appelle  tantôt  Dufort,  tantôt  Durfort, 
et  que  je  crois  pouvoir  identifier,  d'après  l'almanach 
royal,  avec  Grimod  du  Fort,  sans  doute  un  Lyon- 
nais, parent  du  gastronome  Grimod  de  laReynière, 
dont  le  père  était  également  fermier  général,  Gri- 
maud  du  Fort  exerça  sa  charge  de   1725  à  1748. 


-  17  - 

Faut-il  admettre  qu'ensuite  les  tentures  furent  ache- 
tées ou  reprises  par  le  Roi  et  données  à  larchevê- 
que,  lequel,  toujours  d'après  la  tradition,  aurait  fait 
disposer  les  appartements  à  leur  mesure  ?  Mais  — 
et  c'est  pour  cela  que  je  me  suis  attardé  à  vous  dé- 
crire l'état  ancien  —  les  appartements  ne  cadraient 
justement  pas  avec  les  tentures,  ni  pour  la  longueur 
ni  pour  la  hauteur  et  Ton  peut  affirmer  que  jamais, 
avant  1849,  aucune  de  ces  tentures  n'a  été  tendue 
dans  l'archevêché. 

D'ailleurs,  on  conviendra  que  le  Roi,  désireux  de 
récompenser  l'archevêque,  lui  aurait  fait  un  magni- 
fique, mais  bien  étrange  cadeau.  A  cette  époque, 
il  y  avait  dans  les  manufactures  royales,  dans  les 
garde-meubles,  des  séries  de  tapisseries  à  sujets  re- 
ligieux :  Scènes  de  la  Bible,  Histoire  d'Esther  que  l'on 
réservait  de  préférence  aux  ecclésiastiques.  Don 
Quichotte  n'est  pas  de  ces  sujets  là,  non  plus  que  les 
Jeux  russiens,  encore  moins  les  Scènes  antiques,  de 
Bérain.  Du  reste,  la  légende  confuse  que  je  viens  de 
rappeler  ne  parle  que  des  Natoire  et  point  des  au- 
tres panneaux  dont  il  resterait  toujours  à  expliquer 
l'insolite  présence  dans  cet  archevêché. 

L'hypothèse  la  plus  vraisemblable  —  et  peut- 
être  le  dépouillement  des  papiers  révolutionnaires 
jettera-t-il  quelque  clarté  sur  une  question  si  obs- 
cure—  c'est  que  ces  tentures  se  trouvaient  dans  des 
châteaux  en  Provence  et,  qu'au  moment  des  pilla- 

SÉAN.    PUBL.    ACAD.  —  1911  '2 


—  18  — 

ges  (rappelez- vous  Cadarache  et  Tour ves),  les  pro- 
priétaires les  firent  en  hâte  cacher  chez  Tarche- 
vêque,  président  des  Etats,  disposant  de  la  force 
publique,  une  manière  de  chef  de  gouvernement. 
Survint  FémigratioTi, le  grand  bouleversement,  lar- 
chev^ché  transformé  en  caserne  pour  les  soldats 
de  Tarmée  d'Egypte  :  ce  n'est  qu'en  1849  qu'on  re- 
trouva le  précieux  dépôt. 


Vous  les  verrez  dans  ces  grandes  salles  les  belles 
tapisseries  du  xvm*  siècle,  évocatrices  de  tant  d'élé- 
gances, donnant  comme  peut-être  aucun  autre  objet 
^'art  l'idée  de  richesse,  de  civilisation  raffinée 
et  somptueuse,  de  mesure  en  même  temps  et  d'élé- 
gance qui  caractérise  cette  époque. 

Vous  verrez  en  entrant,  en  face  de  vous,  un  grand 
panneau  des  Jeux  russiens^  Sous  un  baldaquin,  des 
personnages,  vêtus  à  l'orientale,  fument  en  écoutant 
de  la  musique.  Chacune  de  ces  figures  est  un  por- 
trait; ce  sont  les  acteurs  de  la  Comédie  française 
qui  ont  posé  pour  Leprince  ;  l'homme  debout  au 
premier  plan,  c'est  Lekain.  La  salle  suivante  con- 
tient d'autres  épisodes  de  la  même  série. 

Les  Scènes  antiques  ont  été  groupées  dans  la  plus 
petite  salle,  celle  où  se  trouve  un  autel  fermé  par 
des  volets  de  bois  et  qui  renferme  une  jolie  vierge 
de  Chastel.  «  Dans  un  décor  qui  rappelle  la  manière 


—  19  - 

de  Coypel,  au  milieu  de  caisses  d'orangers  en  fruits, 
parmi  des  animaux  chimériques  et  réels,  des  per- 
sonnages vêtus  à  l'indienne  font  des  offrandes  à 
la  divinité  ».  Une  femme  couronne  un  Hermès, 
une  autre  s'approche  de  la  statue  de  Bacchus  ;  un 
homme  tient  des  chiens  en  laisse.  Il  y  a  là  aussi 
toute  une  profusion  d'instruments  de  musique  :  le 
luth,  la  flûte  traversière,  la  basse  de  viole,  la  man- 
dore,  les  palets,  les  crotales,  les  pipeaux.  Il  faudrait 
avoir  ces  tapisseries  dans  une  salle  plus  petite,  faite 
juste  à  la  mesure  ;  au  milieu  serait  un  clavecin  et 
au  clavecin  une  petite  fille  poudrée  —  comme  la 
petite  Adélaïde  de  Gueydan,  peinte  par  Largillière 
—  jouant  le  Carillon  de  Cythère,  ou  Sœur  Moftique, 
ou  les  Barricades  mystérieuses,  ou  bien  encore  quelque 
bel  air  de  VEurope  galante,  chef-d'œuvre  de  cet  en- 
fant de  la  Maîtrise  de  Saint-Sauveur.,  qui  s'appelait 
André  Campra. 

Dans  le  grand  salon,  le  ^  salon  jaune  :«>,  où,  sui- 
vant toute  vraisemblance,  eut  lieu  la  réconciliation 
de  Louis  XIV  et  du  grand  Condé,  il  y  a  quatre  pan- 
neaux de  don  Quichotte.  Le  premier  est,  comme  je 
vous  l'ai  dit,  dans  la  première  salle  ;  trois  autres 
sont  dans  la  pièce  attenante  que  Ton  appelle  la 
Chambre  de  l'Empereur,  parce  que  le  Prince  prési- 
dent y  coucha  en  185 1.  Dieux!  avec  quel  esprit, 
quelle  grâce  espiègle  et  bien  française,  sont  traités 


1 


-  20  — 

•ces  sujets,  illustration  patiemment  tissée  du  roman 
de  Cervantes. 

C'est  le  combat  de  don  Quichotte  et  du  chevalier 
des  Miroirs  (non  pas,  comme  on  dit  toujours,  ce- 
lui avec  le  Biscayen).  —  Le  chevalier  des  Miroirs, 
c'était  le  bachelier  Samson  Carrasco  qui  s'était  ainsi 
déguisé  pour  provoquer  le  T)aladin,  le  vaincre,  lui 
faire  demander  grâce  et  l'obliger  par  serment  à  ren- 
trer en  sa  maison.  Samson  Carrasco  était  parti  re- 
vêtu d'une  armure  étineelante  avec,  comme  écuyer, 
un  ami  de  Sancho,  son  voisin  et  son  compère,  Tho- 
mas Cecial,  lequel  s'était  défiguré  au  moyen  d'un 
faux  nez  énorme.  —  Mais  don  Quichotte  fut  le  plus 
fort,  et,  comme  il  s'apprêtait  à  égorger  le  bache- 
lier jeté  à  terre,  Thomas  Cecial  démasqué  arriva  en 
courant  :  «  Arrêtez,  seigneur  don  Quichotte  ;  pre- 
nez bien  garde  que  l'homme  étendu  à  vos  pieds  est 
le  bachelier  Samson  Carrasco,  votre  ami^  et  moi  je 
suis  son  écuyer  ».  —  «  Et  le  nez?  »  s'écria  Sancho. 
—  «  Levoici  !  je  l'ai  dans  ma  poche  I  »  Las  tengo 
en  la  faldriquera. . . 

Et  Thomas  brandit  frénétiquement  son  nez  de 
carton  et  Sancho  convaincu  lève  les  bras  au  ciel, 
cependant  que  don  Quichotte,  qui  s'obstine,  s'ex- 
clame :  «  Regarde,  regarde,  mon  fils,  quel  est  le  pou- 
voir de  la  magie  et 'la  force  des  enchantements!  » 

C'est  don  Quichotte  relevant  la  belle  Dorothée, 
princesse  de  Micomicon,  ou  combattant  les  oiseaux 


—  ^1  — 

dans  la  grotte  de  Montesinos,  ou  bien  désarmé  par 
les  demoiselles  de  la  Duchesse  et  qui  reste  avec  ses 
grègues  étroites,  son  pourpoint  de  chamois,  sec, 
long,  décharné...  —  Con  su  jubon  de  camuTfl,  seco, 
alto,  tendido.. 

C'est  le  panneau  où  l'on  voit  Sancho  partant 
triomphalement  pour  gourverner  son  île,  vêtu 
comme  un  magistrat,  sur  un  mulet  à  la  ginette., 
Son  âne  le  suivait,  harnaché  et  pomponné  comme 
un  cheval...  De  temps  en  temps  Sancho  tournait  la 
tête  vers  son  âne  et  se  sentait  plus  fier  qu'un  empe- 
reur d'Allemagne...  et  cependant  il  reçut  la  béné- 
diction de  son  maître.  —  Y  tomo  la  befiedicion  de  su 
senor. 

C'est  Sancho  encore  faisant  la  ronde  dans  son 
île  et  veillant  à  l'observation  des  justes  lois.  Il  ren- 
contre une  fliarohande  qui  vendait  des  noisettes 
fraîches  et  qui,  aux  fraîches,. avait  mêlé  un  boisseau 
de  noisettes  vieilles  et  gâtées.  «  Je  les»  confisquai  au 
profit  des  enfants  de  la  doctrine  qui  les  sauront  bien 
trier  et  je  lui  défendis  de  paraître  de  quinze  jours 
sur  la  place  ».  Et  Sancho  est  là,  vêtu  de  jaune,  de- 
bout, l'air  autoritaire  ;  la  marchande  un  peu  dépoi- 
traillée se  lève  en  criant,  mais  un  archet  appesantit 
sa  main  sur  son  épaule.  Dans  le  coin  de  gauche,  on 
voit  les  enfants  de  la  doctrine,  en  soutane  zinzo- 
line,  tendre  les  mains  vt?rs  la  bonne  aubaine.  A 
droite,  une  petite  fille  regarde,  la  mine  éveillée  ; 


•î?') 


nu  premier  plan,  un  enfant  dort  adorablcment  dans 
un  berceau. 

Et  c'est  encore  don  Quichotte,  lorsqu'il  rencon- 
tre um  bella  cacadora  et  c'est  encore  Sancho  qui, 
pour  contenter  la  folie  de  son  maître,  ayant  croisé 
sur  le  chemin  trois  villageoises  montées  sur  des 
ânes,  les  amène  à  don  Quichotte  et  lui  dit  :  «  Voici 
Dulcinée  et  ses  dames  d'atour  ».  Don  Quichotte 
est  à  genoux  ;  il  regarde  avec  stupeur,  vaincu  une 
fois  de  plus  par  la  force  des  enchantements,  cette 
princesse  qu'un  génie  a  transformée  en  une  grosse 
fille  joufflue  et  un  peu  camuse  —  un  poco  chata  — 
cependant  que  Sancho  désigne  la  belle  d'un  air  ma- 
lin, que  les  ânes  se  reposent  et  que  Tune  des  donzel- 
les  s'enfuit  en  regardant  en  arrière,  narquoisement. 

Quelle  chose  vraiment  délicieusement  troublante 
et  ambiguë  que  cette  vision  de  Cervantes  par  un 
artiste  français  de  l'époque  Louis  XV  !  La  traduc- 
tion est  fidèle,  mais  le  peintre,  admirablement  com- 
pris par  les  tapissiers,  est  resté  de  son  temps  et  de 
son  style  ;  c'est,  si  vous  le  voulez,  don  Quichotte  à 
Versailles  ;  c'est  tout  le  costume  et  tout  le  paysage 
et  les  attitudes  et,  dans  le  lointain,  des  architectures 
somptueuses  et  partout  l'esprit  jeté  à  pleines  mains. 
Du  temps  que  Sancho  part  en  triomphateur,  deux 
personnages,  accoudes  à  une  balustrade,  causent 
distraitement,  se  disant  des  riens,  évoquant  quelque 
souvenir  de  fctes  galantes.  Cette  Espagne  là,  ce  n'est 


'v» 


pas  celle  de  Cervantes,  c'est  l'Espagne  de  Watteau 
ou  de  Lancret. 


Voilà,  Mesdiames  et  Messieurs,  le  principal  de  ce 
que  contient  le  nouveau  Musée  des  tapisseries. 

Mais,  en  parcourant  ces  salles,  le  visiteur  attentif 
n'y  verra  pas  que  des  élégances  un  peu  maniérées. 
Ceux  qui,  suivant  le  mot  de  Mistral  : 

Aqueli  quan  la  niemori, 
Aqueli  quau  lou  cor  aut, 

se  souviendront  aussi  qu'ils  sont  dians  le  palais  dte 
Nos  Seigneurs  les  archevêques  d'Aix,  que  beaucoup 
du  cœur  de  la  grande  Patrie  provençale  y  bat  en- 
core. Ils  évoqueront  le  souvenir  de  ces  prélats  si 
divers  :  aventuriers  grands  pratiquants  de  sorcelle- 
rie, tels  que  Robert  de  Mauvoisin,  batailleurs  tels 
que  Jean  de  Saint-Chamond,  commerçants  comme 
Michel  de  Mazarih  ;  ilè  reverront  la  silhouette 
hautaine  de  Gilbert  Génébrard,  1  admirable  révolté 
contre  l'autorité  royale,  le  grand  humaniste  qui, 
vaincu,  revint  planter  «  ses  pavillons  dans  la  cité 
des  lettres  »  ;  ils  se  souviendront  de  Jérôme  Gri- 
maldi,  grand  seigneur  italien,  qui  remapîa  de  fond 
en  comble  le  palais,  qui  voulait  jeter  bas  Saint- 
Sauveur  pour  le  rebâtir  sur  le  modèle  de  Saint- 
' Pierre  de  Rome,  qui  édifia  le  Séminaire  et,  pour  le 
Séminaire,  le  château?  de  Puy-Ricard  ;  ils  suivront 


linlelligent  et  politique  Boisgelin,  président  de  l'As- 
semblée nationale,  dans  ses  négociations  au  sujet 
de  la  constitution  civile  du  clergé,  puis  émigré  à 
Londres,  complotant  le  Concordat  avec  Portalis. 
lis  n'oublieront  pas  les  archevêques  du  siècle  der- 
nier, ceux  d'après  la  Révolution,  dont  le  rôle  po- 
litique et  administratif  fut  réduit  à  presque  rien, 
mais  qui  furent  tous  des  modèles  de  charité  et  de 
droiture. 

L'histoire  de  l'archevêché  d'Aix  a  été  faite  et  bien 
faite.  Naguère  encore,  M.  ].  de  la  Calade,  dans  les 
Auiiaks  de  Provence,  y  apportait  une  intéressante  et 
précise  contribution.  Il  y  a  quelques  jours  à  peine, 
dans  un  journal  de  notre  ville,  M.  de  Saboulin  a 
décrit  de  façon  si  achevée  la  place  de  l'Archevêché, 
que  je  ne  saurais  tenter  cette  description  après  lui. 

c  La  pelil«  place  de  l'Archevêché  largement  aérée,  plan- 

lée  de  platanes  feuillus,  avec  sou  anlique  fontaine  dont  les 

pierres  s'effritent,  forme  comme  une  petite  oasis  de  verdure 

au  milieu  des  ruelles  étroites  de  la  vieille  ville.  Au  fond,  lo 

palais  archiépiscopal  avec  sa  grande  porte  qui,  ouverte, 

Uisse  voir  le  petit  jardin  du  palais  ;  sur  les  cAlés,  quelques 

elles  maisons  en  pierre  de  taille  ;  dans  un  coin,  le  passage 

lyslérieux  qui,  par  le  clotlre,  conduit  dans  la  cathédrale. 

«  Silencieuse  comme  une  place  do  village,  elle  a  pourtant 

u  dénier  toules  les  passions  qui,  au  cours  des  siècles,  ont 

gilé  la  ville  d'Aix  :  processions  etiléHIés  pompeux  des  rois 

e  France  et  des  princes,  tumultes  populaires  sanglants, 

)ule  l'agilution  do  jadis,  (ont  le  calme  daujourd'lnii...  » 


Et  si  vous  le  voulez  bien,  en  quittant  larchevê- 
ché,  nous  prendrons  ce  «  passage  mystérieux»  qui,, 
dans  le  cloître,  conduit  à  la  Cathédrale  ;  nous  péné- 
trerons dans  la  vieille  métropole  et  nous  admire- 
rons encore  des  tapisseries  :  les  glorieuses  tentures 
de  haute  lisse  représentant  des  scènes  de  la  vie  du 
Christ  et  de  la  Vierge,  faites  au  xvi*  siècle  par  des 
ouvriers  Bruxellois,  pour  des  archevêques  de  Can- 
torbéry  dont  elles  portent  les  armes  et  qui,  après 
la  Réforme  furent  achetées  par  un  chanoine  d'Aix. 
Que  s'il  n'était  pas  puéril  d'établir  une  comparai- 
son, je  dirais  que  c'est  celles-ci  que  je  préfère.  Elles 
ne  sont  pas  plus  belles,  mais  c'est  un  autre  genre 
de  beauté,  une  beauté  de  qualité  peut  -  être  plus 
haute.  Ce  ne  sont  plus  des  portraits  ni  des  illustra- 
tions ;  l'ouvrier,  moins  empêché  par  les  lisières  des 
styles  et  des  textes,  a  donné  libre  cours  à  son  gé- 
nie, et  mieux  peut-être  que  celles  de  Tarchevêché, 
les  tapisseries  de  la  Cathédrale  nous  prouvent 
qu'avec  des  moyens  matériels,  avec  une  chaîne  et 
des  fils  de  couleur,  un  artiste  se  peut  exprimer  tout 
entier  et  nous  faire  penser  pendant  longtemps.  — 
C'est  sans  doute  après  en  avoir  regardé  de  pareilles 
que  les  Concourt  ont  écrit  une  phrase  que  nous 
comprenons  mieux  à  la  Cathédrale  qu'à  l'Archevê- 
ché :  «  Les  tapisseries,  c'est  mieux  que  les  peintu- 
res, elles  me  semblent  en  être  le  rêve  >/. 


SUR   LES 

RRIX     DE     VERTU 

RAMBOT,  REYNIER  &  Henriette  RAYON 

ET   LES 

REINSIONS  OUVRIÈIRES 

Irma  MOREAU  &  veuve  NÈGRE 

PAR 

M.  VALLIER-COLLOMBIER 

Conseiller  à  la  Cour 


>l9^o^ 


Mesdames, 
Messieurs, 

On  a  dit  souvent  que  Tun  des  charmes  de  la 
Provence  venait  des  contrastes  qu'elle  présente 
dans  la  nature,  les  aspects,  les  caractères  :  aux  co- 
teaux dévorés  par  un  soleil  brûlant,  aux  oliviers 
gris  saupoudrés  de  poussière  succèdent  brusque- 
ment les  prairies  les  plus  verdoyantes  ou  l'ombre 
impénétrable  d'une  forêt  plusieurs  fois  séculaire  ; 
ces  sautes  brusques  entre  les  sites  les  plus  opposés 
constituent  bien  Tune  des  caractéristiques  de  notre- 
chère  Provence. 

C  est,  peut-être,  pour  obéir  à  cette  couleur  lo- 
cale, à  cette  loi  des  contrastes,  qu'après  la  séduction 
des  paroles  que  vous  venez  d'entendre,  je  dois  vous 


-  28  - 

infliger  la  sécheresse  d'un  rapport.  Si  un  brin  de- 
coquetterie  pouvait  se  glisser  dans  nos  graves  réu- 
nions, elle  aurait,  peut-être,  exigé  que  ce  document 
forcément  aride  comme  tous  les  rapports,  même  sur 
les  prix  de  vertu,  n'arrivât  pas  le  dernier  ;  mais  j  ai 
dû  m'incliner  devant  la  tradition  et  vous  convier  à 
suivre  avec  moi  une  route  un  peu  monotone  qui 
formera  un  véritable  contraste  avec  lès  chemins 
fleuris  que  vous  venez  de  parcourir. 

A  notre  époque  où  la  critique  s'attaque  à  tout,  les 
prix  de  vertu  ont  passé  par  son  crible  ;  des  philo- 
sophes en  chambre  se  sont  récriés  ;  mais  la  vertu 
porte  avec  elle  sa  récompense  ;  une  rémunération 
pécuniaire  la  diminue  ;  le  bruit  que  l'on  fait  autour 
d'elle  l'amoindrit  ;  ils  paraissent  oublier  que,  dans 
ce  siècle  où  ils  enseignent  un  décourageant  scep- 
ticisme, en  niant  les  consolantes  compensations  de 
Tau  delà,  cette  vertu  doit  plus  que  jamais  être  exal- 
tée et  donnée  en  exemple  ;  c'est,  pour  ceux  qui  la 
pratiquent,  une  récompense,  en  même  temps  qu'un 
encouragement  pour  ceux  qui  ne  hi  pratiquent  pas 
encore. 

Messieurs,  il  n'est  pas  de  plus  beau  privilège  pour 
notre  Académie  qui,  en  soulageant  des  misères,  se 
trouve  en  contact  avec  cette  classe  laborieuse  si 
intéressante  où  il  semble  que  la  pauvreté  engendre 
des  vertus,  la  générosité  étant  une  plante  qui  s'ac- 
climate plus  facilement  dans  les  milieux  modestes. 


—  29  - 

'Mais,  aujourd'hui,  la  satisfaction  qu'éprouve  TAca- 
démie  s'assombrit  d'un  regret,  c'est  de  ne  pouvoir 
décerner,  cette  année,  tous  les  prix  dont  elle  dis- 
■pose,  constatant  avec  une  profonde  tristesse  que  la 
vertu,  la  vraie  vertu  devient  de  plus  en  plus  rare; 
le  vent  d'égoïsme  qui  sauffle  de  nos  jours  dessé- 
chant dans  son  germe  la  fleur  de  charité. 

Je  ne  \'t)udrais  pas  assombrir  cette  fête,  en  par- 
lant de  la  faillite  de  la  vertu  au  moment  où  nous 
allons  lui  accorder  des  récompenses,  mais  nous 
sommes  bien  obligés,  rapprochant  le  présent  du 
passé,  de  constater  que  si,  jadis,  l'Académie  n'avait 
pas  assez  de  prix  pour  récompenser  tous  les  mé- 
rites, aujourd'hui  elle  en  a  trop. 

On  nous  vante  dans  certains  mémoiies  le  dc- 
.  vouement,  les  soins  prodigués  par  des  enfants  à  leur 
père  et.mère,  oubliant  que  c'est  là  le  simple  accom- 
plissement d'un  devoir  naturel  impérieux,  et  qu'en 
ne  le  remplissa-nt  pas,  nous  deviendrions  coupables. 

Parfois  aussi,  des  suppliques  nous  signalent  de 
profondes  misères,  fort  intéressantes  sans  doute.; 
mais,  si  «  pauvreté  n'est  pas  vice  »,  elle  n'est  pas, 
par  elle-même,  une  vertu  ;  elle  est  un  malheur  peut- 
être  ;  mais  l'Académie  d'Aix  n'est  point  un  bureau 
cdexharité  ;  c'est  se  tromper  de  porte  que  de  frapper 
à  la  nôtre.  Ce  que  nous  devons  récompenser,  pour 
nous  conformer  aux  intentions  des  généreux  testa- 
teurs, ce  sont  surtout  les  soins  donnés  à  des  étran- 


-30  — 
gers,  à  des  vieillards  abandonnés,  à  des  orphelins 
n'ayant  parfois  qu'une  simple  cohabitation  sous  le 
même  toit,  comme  seul  titre  à  la  générosité  de  ceux 
qui  les  recueillent  et  qui  souvent  se  dépouillent  du 
nécessaire  pour  leur  venir  en  aide  ;  ah  !  voilà  bien 
cette  fleur  de  charité  dont  je  parlais  et  qui  vient 
éclore  de  préférence  au  foyer  des  humbles.  Telles 
nous  voyons  certaines  plantes  de  montagne,  aux 
délicates  senteurs,  se  dissimuler  dans  les  fentes  de 
rochers,  telles  nous  apparaissent  ces  personnes  obs- 
cures cachant  les  bienfaits  qu'elles  répandent  au- 
tour d'elles,  comme  d'autres  cachent  une  mauvaise 
action,  se  dévouant  sans  ostentation,  sans  bruit,  na- 
turellement, comme  si  elles  accomplissaient  l'acte 
le  plus  ordinaire,  sans  nul  souci  des  applaudisse- 
ments du  public  qui  constituent  trop  souvent,  hé- 
las !  le  mobile  de  nos  actions,  la  plupart  des  hom- 
mes cherchant  à  jouer  ici-bas  un  rôle  et  n'agissant 
que  pour  la  galerie  qui,  du  reste,  une  fois  la  repré- 
sentation finie  et  la  toile  tombée,  scmpresse  de  les 
siffler  impitoyablement  dès  qu'ils  viennent  de  quit- 
ter la  scène. 

Eh  bien  !  Messieurs,  les  humbles  que  nous  allons 
récompenser  et  auxquels  s'appliquent  ces  considé- 
rons générales  qui  me  permettront  d'être  plus 
:f  pour  chacun  d'eux,  ne  se  préoccupent  pas  du 
blic  ;  ils  font  le  bien  pour  lui-même  ;  les  satisfac- 
ns  secrètes  qu'ils  y  trou\'ent  leur  suffisent  et  ces 


-  31  - 

fleurs  de  charité  qu'ils  cueillent  le  long  du  chemin 
de  la  vie  remplissent  leurs  modestes  demeures  d'un 
parfum  discret  qui  adoucit  pour  eux  bien  des  amer- 
tumes, bien  des  tristesses  ;  mais  si  ces  joies  intimes 
leur  sont  une  récompense  suffisante,  il  nous  appar- 
tient, à  nous, 'Messieurs,  de  les  donner  en  exemple 
au  milieu  du  déchaînement  des  plus  mauvaises  pas- 
sions, de  ce  véritable  prurit  de  jouissances  maté- 
rielles, à  un  moment  ou  le  flot  des  instincts  pervers 
•menace  de  tout  envahir,  où  la  criminalité  augmente 
dans  des  proportions  effrayantes,  quoique  prévues 
par  tous  ceux  que  n'aveugle  pas  le  sectarisme. 

1»BI1.      RâMBOT 

Ce. prix  ne. sera  pas  distribué,  les  conditions  im- 
posées par  le  testateur  ne  paraissant  pas  remplies  ; 
la  somme  de  545  francs,  qui  le  constitue,  sera  capi- 
talisée et  les  arrérages  seront  ajoutés  au  prix  des 
années  suivantes. 

Mais  TAcadémie,  évoquant  un  douloureux  sou- 
venir, a  cru  devoir  signaler  à  l'admiration  de  tous, 
certains  actes  de  courage  accomplis  dans  cette  sinis- 
tre soirée  du  1 1  juin  1909  qui  a  plongé  la  Provence 
dans  le  deuil  et  la  consternation,  suscitant  les  plus 
sublimes  dévoûmcnts,  depuis  les  héroïques  sauve- 
teurs qui,  au  péril  de  leur  vie,  sont  allés  arracher 
des  victimes  du  tremblement  de  terre  au  milieu  des 
ruines  et  des  pierres  croulantes,  jusqu'à  ces  femmes 


—  32  - 
généreuses  qui,  n'hésitsnt  pas  à  tout  quitter,  leur 
famille,  leur  bien-être,  le  home,  sont  venues  crâne- 
ment camper  sous  la  tente  pour  soigner  des  blessés 
qui  bénissaient  presque  leurs  blessures,  quand  ils 
regardaient  leurs  infirmières. 

L'année  dernière,  l'Académie  a  récomptensé  MM. 
Joseph  Granon  et  Fernand  Amiaud  de  la  bravoure 
qu'ils  avaient  déployée  à  Rognes  ;  cette  année,  elle 
est  heureuse,  grâce  à  des  documents  qui  ne  lui 
étaient  pas  parvenus  plus  tôt,  de  rappeler  les  sau- 
vetages accomplis  à  Lambesc  par  MM.  Saint-Avit, 
Donnât  et  Borel. 

Près  de  cette  coquette  cité,  si  cruellement  éprou- 
vée, s'élevait  une  maison,  la  Grande-Bastide,  appar- 
tenant à  Mademoiselle  de  Saint-Denis,  atteinte  par 
errible  secousse,  elle  éclata  comme  une  grenade, 
i'ant  l'expression  consacrée,  la  toiture  s'effondra 
le  deuxième  étage  où  se  trouvait  le  sieur  Henri 
y,  fils  du  fermier  ;  le  poids  entraîne  une  partie 
cet  étage  qui  ne  tarde  pas  à  s'abîmer  sur  le  pre- 
;r  ;  Henri  Laty  s'y  voit  précipité  parmi  les  dé- 
ribres  et  vient  tomber  dans  la  chambre  où  repo 
;nt  ses  parents  ;  mais  le  malheureux  ne  peut  leur 
ter  secours,  car  les  débris  amoncelés  obstruent 
porte  qu'il  ne  peut  ouvrir;  sa  soeur  Louise  ac- 
irt  à  son  appel  ;  arrêtée  par  le  même  obstacle, 
I  entend,  impuissante,  les  cris  déchirants  des 
;s  qui  lui  sont  le  plus  chers  se  perdant  au  milieu 


-  33  - 

du  fracas  des  poutres  et  des  pierres  qui  continuent 
à  s'effondrer,  grandissant  toujours  la  barrière  qui 
la  sépare  des  siens  ;  le  tremblement  de  terre  les  en- 
serre dans  son  horrible  étreinte  ;  ils  voient  cette 
chambre,  une  partie  d'eux-mêmes,  devenir  leur 
prison  et  bientôt  leur  tombeau,  et  Içur  fille  ne  peut 
que  mêler  ses  gémissements  à  leurs  gémissements 
dans  ce  grondement  lugubre  de  ruines  qui  s'accu- 
mulent autour  d'elle  ;  enfin,  se  ressaisissant,  elle 
va  chercher  du  secours  au  château  de  Monplaisir 
(cruelle  ironie  !)  ;  Saint- Avit,  garde  du  château,  s'of- 
fre à  elle  ;  il  vole  sur  le  lieu  du  sinistre,  accompa- 
gné de  MM.  Donat  et  Borel  ;  le  sauvetage  s'orga- 
nise, rendu  périlleux  par  la  chute  continuelle  des 
pierres  et  des  éboulis  ;   enfin,   après  trois  heures 
d'efforts  angoissants,  ces  courageux  sauveteurs  par- 
viennent à  dégager  la  porte  et  à  arracher  à  leur 
prison  les  malheureux  Laty. 

Messieurs,  de  pareils  actes  sont  de  précieux 
exemples  qui  prouvent  qu'un  cœur  généreux  bat 
encore  sous  bien  des  poitrines  dans  notre  beau  pays 
de  France,  et  l'Académie  est  heureuse  de  les  signa- 
ler, en  accordant  une  mention  honorable,  sous  la 
forme  d'un  diplôme,  à  MM.  Saint-Avit  Auguste, 
Donat  Jules  et  Borel  Léon. 

Messieurs,  ce  ne  sont  pas  seulement  les  grands 
cataclysmes   ou  les  champs  de  bataille  qui  engen- 

SÉAN.    PUBL.    ACAD.  —  1911  3 


—  34  — 

drent  des  héros  ;  les  luttes  quotidiennes  de  la  vie 
en  produisent  aussi  et  leurs  vertus  doivent  être 
exallées  d'autant  plus  que  les  vulgarités  de  l'exis- 
tence ne  constituent  qu'un  stimulant  bien  médiocre 
pour  leur  épanouissement  ;  ces  héros  obscurs  ne  se 
laissent  rebuter  ni  par  les  soins  les  plus  répugnants, 
ni  surtout  par  Tégoïsme  inconscient  de  la  vieillesse 
qui,  souvent,  ne  sait  répondre  à  ces  soins  que  par 
des  plaintes  et  d'injustes  récriminations. 

Mademoiselle  Henriette  Brun,  née  à  Aix  le  8  fé- 
vrier 1862,  nous  a  paru  réunir  les  qualités  que  j'ai 
essayé  de  dépeindre  ;  sa  vie  est  synonyme  de  dé- 
vouement ;  au  service  de  M.  Blache,  employé  à  la 
Compagnie  duP.-L.-M.,  elle  remplaça  auprès  de  ses 
enfants,  la  mère  enlevée  par  la  maladie  ;  plus  tard, 
à  la  mort  du  père,  elle  les  adopta,  soigna  comme 
son  propre  enfant,  le  fils  atteint  de  tuberculose  jus- 
qu'à ce  que  le  mal  eût  achevé  son  œuvre.  Quant 
à  la  fille,  elle  lui  procura,  dit  le  mémoire,  «  un  ex- 
cellent mari  >/,  ce  qui  est,  paraît -il,  le  plus  beau 
cadeau  que  l'on  puisse  faire  à  une  jeune  fille.  Entre- 
temps, elle  trouvait  le  moyen,  par  ses  soins  assidus, 
d'adoucir  et  de  prolonger  l'existence  de  son  père 
jusqu'à  quatre-vingt-six  ans  et  de  prodiguer  égale- 
ment des  soins,  aussi  dévoués  que  rebutants,  à  une 
sœur  tombée  dans  la  paralysie  et  l'imbécilité. 

C'est  avec  une  réelle  satisfaction  que  l'Académie 


-  35  - 
accorde  une  somme  de  400  francs  à  Mademoiselle 

è 

Henriette  Brun. 

Madame  Anastay,  née  Ferrât,  âgée  de  quarante 
ans,  a  eu  sept  enfants,  dont  trois  vivants  ;  malgré 
la  santé  déplorable  de  son  mari  et  un  état  de  pro- 
fonde misère,  elle  n*a  pas  hésité  à  recueillir  un  ne- 
veu par  alliance  qui  avait  été  admis  aux  enfants 
assistés  ;  elle  l'a  gardé  pendant  quinze  ans,  lui  don- 
nant la  même  affection  qu'à  ses  propres  enfants,  jus- 
qu'au jour  où  elle  lui  a  donné  une  femme  (cadeau 
plus  précieux  encore  que  celui  dont  je  parlais  tout 
à  l'heure),  et  qui  n'aura  qu'à  suivre  ses  exemples  de 
désintéressement  et  d'abnégation. 

L'Académie  n'hésite  pas  à  accorder  à  Madame 
Anastay  300  francs  sur  le  prix  Reynier.  Le  surplus 
de  la  somme  sera  capitalisé  et  les  arrérages  seront 
ajoutés  au  prix  des  années  suivantes. 

PRIX     RAYOI 

Mademoiselle  Léontine  Roman  est  née  à  Malijay 
le  8  octobre  1877;  sa  vie  peut  se  résumer  d'un 
mot  :  oubli  de  soi-même  ;  elle  s'oublie  pour  ses  pa- 
rents infirmes  qu'elle  ne  peut  que  bien  difficilement 
entretenir  malgré  un  travail  acharné,  pour  ses  frè- 
res et  sœurs  dont,  seule  elle  pouvait  s'occuper  et 
que  ses  soins  assidus  n'ont  pu  préserver  d'une  mort 
précoce  ;  le  décès  de  sa  dernière  sœur  a  achevé  de 
l'accabler  ;  mais,  douce  envers  les  siens,  elle  le  fut 


—  sa  - 

iiis-^i  ciiV'-T^  1*-^  malheur.  Nous  la  croyons  plcine- 
iiu-nt  iligiic  du  prix  de  275  francs. 

PKXMIOliM     IRH.t^      MORKAC 

>i,uis  en  avons  deux  à  attribuer  cette  année  : 
I  v.no.  de  pères  de  famille  ;  l'autre,  d'ouvrières. 

i"  catégorie.  —  M.  Michel  Antoine,  né  le  21 
,i\iil  1845,  domicilié  à  Septèmes,  est  un  honnête 
]ournalier,  un  non  moins  bon  mari  :  il  a  quatorze 
t-nlants actuellement  ;  il  les  a  élevés  chrétienne- 
mont,  la  méthode  n'est  vraiment  pas  mauvaise, 
mais  elle  semble  de  plus  en  plus  disparaître  en 
niôme  temps  que  les  nombreuses  familles  ;  tous 
tes  enfants  se  signalent  par  leur  assiduité  au  travail 
et  leur  bonne  conduite  ;  trois  sont  mariés,  espé- 
rons qu'ils  resteront  fidèles  à  ces  excellentes  tradi- 
tions paternelles  qui  doivent  être  récompensées 
d'autant  plus  qu'elles  sont  de  moins  en  moins  sui- 
vies. Aussi  l'Académie  est-elle  tout  particulière- 
ment heureuse  de  donner  en  exemple,  à  l'heure  ac- 
tuelle surtout,  ce  modèle  des  pères  de  famille  et  de 
lui  accorder  une  pension  de  200  francs. 

2""  catégorie.   —  Mademoiselle  Marie -'Thérèse 
Isnard,  née  à  Aix  le  3  1  mars  1841,  couturière  pen- 
dant de  longues  années  chez  Madame  Estienne  qui 
■  elle  les  meilleurs  renseignements,  s'est 
;  dans  sa  vie  toute  de  travail  par  de  cruel- 
tés  ;  elle  a  dCi,  avec  des  économies  péni- 


-  37  — 

l-Mcment  amassées  dans  sa  jeunesse,  assurer  l'exis- 
tence de  ses  parents  arrivés  à  l'âge  le  plus  nvnncé 
et  auxquels  elle  prodigua  ses  soins  avec  un  dévoû- 
ment  qu'elle  est  la  seule  à  ignorer.  L'Académie  es- 
time qu'elle  a  bien  mérité  la  pension  de  200  francs. 

Mesdames,  chaque  année  nous  apporte  une  nou- 
velle preuve  que,  si  la  femme  dont  le  charme  et  la 
grâce  sont  l'apanage,  sait  parfois  les  orner  des  plus 
élégantes  parures,  elle  en  possède  une,  de  toutes 
la  plus  précieuse  et  qui  lui  est  naturelle,  c'est  le 
dévouement. 

Dans  un  temps  où  les  plus  grossiers  appétits  se 
livrent  carrière,  demandant  à  l'argent  leurs  basses 
satisfactions,  n'est-il  pas  réconfortant  de  voir  luire 
à  l'horizon  cette  lumineuse  étoile  du  désintéresse- 
ment que  l'on  n'est  pas  encore  parvenu  à  éteindre, 
de  diriger  ses  regards  vers  les  joies  pures  de  l'idéal, 
de  la  charité,  de  l'abnégation?  d'opposer  aux  bru- 
talités d'un  matérialisme  décevant  les  consolantes 
conceptions  du  spiritualisme  le  plus  élevé  ?  de  pla- 
cer en  face  de  cette  marée  montante  d'un  égoïsme 
féroce,  l'oubli  de  soi-même  poussé  parfois  jusqu'à 
l'héroïsme,  et  aiors  que  d'autres  ne  songent  qu'à 
jouir,  de  leur  montrer  ceux  qui  ne  songent  qu'à  se 
sacrifier.  Dans  cette  éternelle  lutte  engagée  entre  le 
bien  et  le  mal,  ne  fant-il  pas  plus  que  jamais  pro- 
clamer les  mérites  de  ceux  qui  savent  se  faire  les 
infatigables  champions  de  l'esprit  de  sacrifice  ;  et 


^3S  — 

q  ;^nd  chaque  jour  amène  de  nouvelles  recrues  à  la 
formidable  armée  du  crime,  saluons.  Messieurs,  les 
engagés  volontaires  qui  viennent  s'enrôler  sous  le 
drapeau  de  la  charité  et  de  la  vertu. 


»vD<iia/ 


€?S  57) 


* 


On  a  lu  : 


I*  Quelques  lettres  de  Boccacef  par  M.  Bonafous  ; 


2"  Les  Cerises,  poésie,  par  M.  Paul  Rigaud,  As- 
socié régional.: 


41   - 


PRIX    RAMBOT 

Fondé  en  1859,  suicant  testament  olographe  du  23 
août  4838,  pour  récompenser  les  actes  de  dévouement, 
de  courage,  de  désintéressement,  les  soins  donnés  à  la 
vieillesse  et  à  Venfance  pauvre  et  abandonnée , 

Le  prix  Rambot  de  345  francs,  indivisible,  a  été 
décerné  à  cinquante- deux  lauréats  de  4860  à  49U  ;. 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dans  les  précédents 
Bulletins  ;  nous  donnons  ci-dessous  la  liste  des  dix 
derniers. 


Liste   des    Lauréats 

Depuis   1901. 

1901.  Le  Comité  de  Sauvetage  de  la  station  dcCarro, 

commuDe  des  Martigues. 

1 902.  Mlle  Blanche  Arèke,  d'Aix. 

1903.  M.  Marins  Arhakd,  à  Aix. 

1904.  M.  Mathieu  Jeauffret,  Les  Milles,   commune* 

d'Aix. 

1905.  M.  Louis-François  Remlsat,  d'Aix. 

1906.  Mlle  Victoria  Rey.    d*Aix. 

1907.  Mlle  Ermance  Mégy,  d'Aix. 

1908.  M.  Marius  Dagard,  d'Aix. 

1 909.  Mlle  Marie  Rivière,  d'Aix. 

1910.  Mlle  Emilie  SosPEL. 


1 


PRIX    REYNIER 

Ce  prix  de  4 ,000  francs  a  été  fondé  en  ySCï,  ;>flr 
teslamenl  olographe  du  18  mars  1H6i.  pour  récom- 
penser les  actes  les  plus  méritoires  de  dévoàment,  de 
f.délilé  et  de  secours  au  malheur,  les  soins  désinté- 
ressés donnés  aux  in^rmes  et  aux  vieillards  ainsi  qu'à 
l'enfance  délaissée  et  pauvre. 

Une  partie  de  la  somme  at  réservée  pour  les  pères  et 
mères  qui  élèvent  le  mieux  leurs  enfants,  c'est-à-dire, 
d'une  manière  chrétienne,  honnête  et  laborieuse. 

Le  prix  Reynier  a  été  décerne  à  cent  dix-sept 
Lauréats  de  1810  à  1911. 

Comme  pour  le  prix  Itambot  leur  liste  a  été  insérée 
dans  les  précédents  Bulletins;  voici  celle  des  dix 
dernières  années 

Listo  (les   Lauréats 

Dp/mis    iOOiK 
I90i.     Mme  Xëure,  sœur  S'-Ignace,  d'Aix. 
»        Mlle  Caroline  CnACSSECROs,  d'Aix. 
■         Mme  veuve  Mathieu  née  Ripolet,  d'Aix. 
f  903.     Mlle  Marie  Coave,  à  Aix. 

>  Mlle  Alexaodrine  Roche,  à  Aix. 

>  Les  époux  RiGitD,  à  Aix. 

1901.  Mme  veuve  CnASLT,  née  Lombard,  à  Aix 
Il  Mme  Blasc,  née  Peloiitier,  les  Pinclûiials. 
B        Les  époux  Pepino,  à  Aix. 


—  43  - 

Î905.  Mlle  Thérèse  Tempier,  d*Aix. 

»  Mlle  Marie  Ambebt,  de  Marcols  (Ârdèche)^ 

»  Mme  Ghuzin,  à  Aix. 

4906.  Mme  veuve  Hénault,  née  Gai,  à  Aix. 

»  Mlle  Augustine  Socrate,  à  Aix. 

»  Mme  veuve  Diogène,  née  Bonin. 

1907.  Mlle  Julie  Décory,  à  Aix. 

»  Mlle  Antoinette  Constant,  à  Aix. 

»  Mlle  Marie  Joseph,  dite  Marie  Olive,  à  Aix, 

4908.  Mlle  Léoncic  Arbaud,  à  Aix. 

»  Mlle  Ëulalie  Antonietti,  d'Istrcs. 

»  Les  époux  Barthélémy-Gilles,  à  Aix. 

1909.  Mlle  Clémence  Thomas,  à  Aix. 
»  Mlle  Marguerite  Lèzb,  à  Adx, 
»  Mme  veuve  Deluy,  à  Aix.. 

191 0.  M.  Josepix  Grakon,  de  Rognes. 

»  M.  Fernand  Arniaud,  de  Rognes. 

49H  •  Mlle  Henriette  Brun,  à  Aix. 

)i  Mme  Anastay,  née  Ferrât,  à  Aix. 


-  i  i.  — 


iir 


PENSIONS    IRMA    MOREAU 

Ces  pensions  ont  été  fondées  en  4899,  par  testament 
de  Mademoiselle  Irma  Moreau,  du  7  janvier  de  la 
même  année,  qui  institue  r Académie  sa  légataire 
universelle.  Elles  consistent  en  une  somme  annuelle  de 
200  francs. 

Elles  sont  destinées  à  offrir  une  récompense  et  procu- 
rer un  secours  aux  personnes  particulièrement  recom- 
mandées par  leur  honnêteté  et  leur  vertu  notoires, 
qui  en  seront  les  plus  dignes  et  qui  devront  être  choi- 
sies dans  les  catégories  suivantes  : 

'/**  Pères  de  famille  veufs  ou  non  ,  et  mères  de 
famille  veuves  ,  connus  comme  gens  malheureux  et 
nécessiteux,  exempts  d'ivrognerie  et  autres  vices,  et 
ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

^'^  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie,  ou 
d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans  Vimpos- 
sibilité  de  subvenir  à  leurs  besoins. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pensions  en 
VJ02. 


j 


—   io  — 


Xjlste    des    Lauréats 
des  pensions  ouvrières 


r*   CATEGORIE  [Pérès  et  Hères  de  famille) 


i903. 
» 

1904. 

4905. 
1907. 

1908. 

» 
1910. 

)> 
19M. 


M.  Fidèle  BONTOUX,  è  Aix  (5  enfants 

M.  Jean  LARGUÈZE,  à  Aix  (4      » 

Mme  veuve  BARNIER,  née 

Alexis,  à  Luynes  (7       » 

M.  Charles  DESPLAS,  de 

Castres  (6 

M.VictorinGINIEZ,àGalice  (8 

Mme  veuve  TEMPIER,  née 

Tardieu  (5 

Mme  Pauline  DEDIEU,  née 

PiiAiLLON  de  S-.Rcmy  (7 

M.  HE^RIM[CUEL  aux  Milles  (6 

M.  Paul  ESCOFFIER,  de 

Gardanne  (4 

Les  époux  AREL,  de  Rians  (10 

M.  Antoine  MICHEL,  à 

Septomes  (1  i 


» 
» 

)) 
» 

» 


» 


) 


—  46  - 


a-*  CATEGORIE  (ODYiiéres) 


1903.     Mme  veuve  POURCEL,  née  Falque, 

à  Âix. 

»       Mme  veuve  BARBIER,  uée  Aurenge, 

à  Aix. 

1906.  Mlle  Aîigelc  CADENEL  à  Eguilles, 

»  Mlle  Marie  MÉOUVE,  à  Aix. 

1 908.  Mlle  Madeleine  CHIEUSSE,  à  Arles. 

»  Mlle  Malhilde  JOUYNE,  à  Aix. 

4909.  Mlle  AnloÎDelte  BOYER,  à  Aix. 

\ 91 0.  Mlle  Caroline  GABALDA,  à  Aix. 

1 9M .  Mlle  Marie-Thérèse  ISNARD,  à  Aix. 


1 


-  47  — 


TV 


PRIX    HENRIETTE    RAYON 


Ce  prix  de  275  fr.  a  été  fondé  par  Mademoiselle 
Henriette  Rayon,  par  testament  du  26  décembre 
4906,  pour  récompenser  une  jeune  fille  dont  le  bureau 
de  r Académie  aura  distingué  les  mérites. 

•  Comme  peur  //îs  autres  prix  RamboL,  Reynier  et 
Irma  Moreau,  la  liste  de  ces  prix  sera  insérée  dans 
•  le  présent  Bulletin. 

V Académie  a  commencé  en  1909  a  décerner  ce 
prix 


Liste  clcs    Lauréats 

Depuis  1909 

1909.  Mlle  Horminie  CALLIER,  d'Aix. 

1910.  >Mlle. Marie  NOU VERRONS,  d'Aix. 

191 1 .  Mlle  Léonline  ROMAN,  de  Malijay. 


-48- 


V 


PENSION    V    NËGRE 

Cette  pension  a  été  instituée  par  Madame  Virginie 
Fabre,  vi'uvc  Nègre,  décédée  à  Aix  le  8  juillet  4908. 

Par  son  testament  du  16  juillet  4905,  Madame 
Nègre  a  fondé  ce  legs,  en  mémoire  du  sieur  Fabre,  son 
père,  qui  était  maçon.  Il  consiste  en  une  pension  ou- 
vrière de  329  francs  à  décerner  à  un  maçon,  marié 
ou  non,  avec  ou  sans  enfant,  fie  pouvant  plus  tra- 
vailler, d'une  honnêteté  parfaite  et  bien  reconnue, 
pour  en  jouir  sa  vie  durant. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  cette  pension 
dans  la  Séance  Publique  de  1910. 


H-ilsto    des    Lauréats 

depuis  1010 

1940.     Henri  SliCOND,  d'Aix,  ài^é  de  85  ans. 


-  49 


BUREAU     DE     L'ACADÉMIE 

4910  -  191 1 


Président M.  L.  de  à'igaud  d£  Bresc. 

Vice-Président M.  Edouard  Alde. 

Secrétaire  perpétuel,  M.  le  Baron  Guillibert. 

Secrétaire  annuel  •.  M.  Gustave  Reynaud. 

Archiviste M.  le  Marquis  G.  dIllb. 

Bibliothécaire ......  M.  le  Docteur  Aude. 

Trésorier M.  Mouravit. 


SÉA5.  PUBL.  ACAD.  ^-1911 


TABLEAU 

-'MEMBRES    DE    L'ACADÉMIE 

(Arrêté  en  août  19H) 

MEMBRES     D'HONXEIR 
MM. 
Mistral  Frédéric,  G.  ^  îgc  ^.  Gorrcspoiuiant  2  mars  48G3, 
membre  d'honneur  le  6  juin  1899  ;  o  Maillane  (B.-du-R.), 

Cabassol  Jeseph,  ancien  Maire,  ancien  Conseiller  Général, 

avocat   à  la   Gour,  ancien  bâtonnier.  23  janvier  1906  ;  \ 

place  Jeanne-d'Arc,  à  Aix. 

Pécoul  Auguste,  G.  G.  ïg?,  archiviste  paléographe.  Corres- 
pondant 5  mars  1901.  Membre  d'honneur  23  avril  1907  ; 
à  Draveil  {Seine-et-OiseJy  et  rue  Boissij-d'Anglas,  12.  à 
Paris. 

Gharlbs-Roux  Jules,  G.  ;^,  ancien  député.  Associe  régional 
12  janvier  1883.  Membre  d'honneur  3  décembre  1907. 
Hue  Pierre-Charron,  12 y  à  Paris. 

Michel  Evariste  .^,  docteur  en  médecine.  Membre  honoraire 
21  février  4902.  Membre  d^ionneur  14  janvier  1908. /î?/p 
de  Clichy,  40 y  à  Paris,  et  villa  Mignet,  à  Aix. 

S.  Exe.  M.  Révoil  Paul,  G.  ^.,  ambassadeur  de  France  en 
Espagne,  24  mai's  1908;  à  Madrid. 

Levasseur  Emile,  G.  0.  .^,  membre  de  Tlnstitut,  adminis- 
trateur du  Gollège  de  France.  15  décembre  1908;  au 
Collège  de  France,  à  Paris. 

GiRAUD  Charles,  ^^  Premier  Président  de  la  Cour  d'Appel, 
16  mars  1909.  Rue  de  VOpéra,  à  Aix. 

AiCARD  Jean  1^,  membre  de  l'Académie  Française.  15  mars 
1910  ;  à  La  Garde,  près  Toulon  fVarJ. 


••  I 

—    01     — 


MEMBRES     TITULAIRES 


MM. 


Cherrier  (le  chanoine)  Joseph,  doyen  du  Chapitre  Métropo- 
litain, docteur  en  Théologie.  25  avril  1872.  Boulevard 
Saint-Louis,  15. 

GuiLLiEERT  (baron)  Hippolyte,  xg;  0.  ►p,  ancien  bâtonnier  de 
Tordre  des  avocats  à  la  Cour.  15  janvier  1878.  Rue 
Mazarine,   14. 

MouRAviT  Gustave  ^p,  président  de  la  Chambre  des  notaires. 
8  février  1884.    Place  des  Prêcheurs,  34. 

SouBRAT  Charles,  ancien  conseiller  à  la  Cour,  président  du 
Comice  agricole.  15  février  1884.  Rue  Mazarine,  8. 

Marbot  (le  chanoine)  Edmond,  ancien  vicaire  général.  28 
mars  1887.  Rue  Goyrand,  3  bis. 

Gaktelmi  d'Ille  (marquis  de)  Charles  -^  ►Ji  0.  ^.  Associé 
régional  le  12  janvier  1883,  membre  titulaire  le  17  juin 
1890.  Cours  Mirabeau,  0. 

PoNTiER  Henry,  I.  P.  (il,  conservateur-directeur  du  Musée.  5 
avril  1892.  Rue  Cardinale,  13. 


-  52  - 

FAssm  Emile,  I.  P.  U,  conseiller  à  la  Cour.   H  avriHSOi. 
Boulevard  du  Roi-René,  46. 

Bec  (de)  Albert.  4"  mai  1894.  Rue  Emeric-David,  Si. 

TouRTouLôN  (baron  de)  Charles,  I.  P.  |^  G.  0.^  C.  »5*  ancien 
président  de  la  société  des  Langues  Romanes.  Correspon- 
dant le  4  juin  1878,  membre  titulaire  le  28  mai  1895. 
Rx^e  Roux-Alphéraiiy  13. 

Saporta  (comte  de)  Antoine.  Associé  réi^ional  le  2  fé\ricr 
1892,  membre  titulaire  le  23  mars  \S91.Rue  Cardinale,  :,\V, 
et  i-ue  Philippy,  3,  à  Montpellier  (Hérault). 

Aude  Philippe  0.  v^i^  ^,  médecin  en  chef  de  la  marine,  en 
retraite.  6  avril  1897.  Rue  du  Lycée,  t, 

Boi<iNECORSE-LuBiÈREs  (comtc  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour. 
Associé  régional  le ^7  décembre  1897,  membre  titulaire  le 
30  mai  1899.  Rue  de  VOpéra,  24. 

BoNAFOus  Raymond  I.  P.  ^,  professeur  à  la  Faculté  de<i 
Lettres.  30  janvier  1900.  Rue  du  Bras-dVr,  2. 

Rolland  Henri,  L  P.  (Ji  chanoine  titulaire  de  la  métropole, 
aumônier  du  Lycée  Mignet.  18  décembre  1900.  Rue  du 
Louvre.  29. 

• 

BouRGUBT  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  Associé  régional  le  10 
mars  1896,  membre  titulaire  le  29  janvier  1901  ;  au 
Pont-de-l'ArCy  près  d'Aix. 

Aninard  Casimir  ^p,  ancien  bâtonnier  de  l'ordre  des  avocats. 
5  février  1901.  Rue  du  Quatre-Septembre,  34, 

Aude  Edouard,  L  P  {^,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Mé- 
janes.  Associé  régional  le  20  mars  1900,  membre  titulaire 
le  16  juin  1903.  Villa  Joyeuse,  chemin  de  la  Violette. 

Laco&te  Ernest,  L  P.U  ,  ingénieur.  Associé  régional  le  20 
février  1900,  membre  titulaire  le  20  décembre  1904.  Rue 
du  Quatre-Septembre,  30. 


-  53  - 

De  Dlhanti  la  Calade  Jérôme  y»  licencié  ès-Leltres.  t\ 
mars  1905.  Place  d'Alberlas,  10. 

Michel  Tranquille,  ^:,  ingénieur  en  chef  des  Ponls-et- 
Chaussées.    10  avril  1905.  Ru^  du  4-Septembre. 

Jauffret  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  27  mars  1906.  Rue  des 
EpinauXj  13. 

Reynald  Gustave,  directeur  des  Contributions  directes,  en 
retraite.  Associé  régional  30  janvier  1906.  Membre  titu- 
laire 18  décembre  1906.  Rue  Cardinale,  17. 

Vallier-Collohbier  Alfred  U,  conseiller  à  la  Cour  d'Appel 
d'Aix.  12  mai  1908.  10,  rue  Espariat. 

AuDi?îET  Eugène,  I.  P.  ||>  professeur  à  la  Faculté  de  Droit 
de  rUniversilé  d'Aix-Marseille.  15  décembre  1908.  Cours 
d'Orbitelle,  Aix. 

MoLGiKS-BoQurFORT  (comte  de)  Charles,  Docteur  en  Droit. 
Associé  régional  le  11  mars  1890,  membre  titulaire  le  26 
janvier  1909.  Cours  Mirabeau,  16. 

Bagarry  Paul,  avocat.  Associé  régional  12  janvier  1909.  Mem- 
bre titulaire  1*'  février  1910.  Cours  Mirabeau,  4. 


—  5i  - 


MEMBRES     HONORAIRES 


MM. 

PisoN  Alexandre  ^  I.  P.  U  >î<,  doyen  honoraire  de  la  Fa- 
ewllé  de  droit.  30  janvier  1894.  Rue  cf^Italie,  14. 

Gramer  Désiré  ^,  conseiller  doyen  honoraire  à  la  Cour.  29t 
mai  1894.  Cours  Mirabeau,  17. 

ViLLEviEiLLE  Joseph,  I.  P.  %|,  artislc  peintre.  22  décembie 
i903.  Rue  Espariat,  20. 


—  oo  — 


ASSOCIÉS    RÉGIONAUX 


MM. 


Kysseric  Sainl-Marcc],  ancien  magistrat  et  conseiller  général 
inspecleur  départemental  de  la  Société  d'Archéologie,  à 
Sisteron.  \9  décembre  1882- 

Rey  (de)  Gonzague,  château  du  Prieuré  d'Ardène,  près  Saint- 
Michel  (Basses-Alpes).  5  janvier  4883. 

Terris  (de)  Jules,  G.  0.  »fi  >&  membre  de  TAcadémie  de  Vau- 
cluse,  à  Avignon.  5  janvier  1883. 

ls>ARD,  I.  P.  p,  archiviste  des  Basses-AIpes,  secrétaire  de  la 
Société  Académique,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Chartes, 
à  Digne.  12  janvier  1883, 

MiRELR  îj^,  archiviste  du  département  du  Var,  membre  du 
comité  des  travaux  historiques,  à  Draguignan.  19  janvier 
1883. 

Bonhomme  (rflbbé)^  chanoine  à  Riez  (Basses- Alpes).  9  février 
1883. 

Bernard  Charles  ;^,  président  à  la  Cour  do  Dijon,  ancien 
avocat  à  la  Cour  d'Aix.  16  février  1883. 

Magallon  d'Argess  (marquis  de)  Xavier,  ancien  conseiller 
général  des  Hautes-Alpes,  villa  Magdala,  à  Sainte-Marthe, 
Marseille.  16  mars  1889. 

Gamber  (le  chanoine)  Stanislas  ?J,  secrétaire  de  l'Académie 
de.Marseille.  7  avril  1891. 

CoLLOT  Louis  IkJ^,  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Dijon.  26  janvier  1892. 

CoLLONGUE  (d'AvoN  barou  de),  -^  «^  0.  ^,  ministre  plénipo- 
tentiaire, en.  retraite,  au  château  de  Collongue,  par  Ca- 
dcnet  (Vauclnse).  fi  juiii  1893. 


-S6  — 

CiiAiLLAN  (l'abbé),  correspondant  du  Ministère  de  Tlnslruc- 
tion  Publique,  curé  de  Seplènnes  (Bouches-du  Rhône). 
12  janvier  4894. 

Fkrrier  Raymond,  amateur  d'art.  Rue  des  Arts-et-Métiers^ 
2,  Aix.  16  juin  1896. 

TouRTOL'LON  (baroD  de)  marquis  t!e  Barre,  Pierre,  docteur  en 
droit.  Château  de  la  Fustc,  par  Valensole  (Basses-Alpes). 

12  janvier  1897. 

Teil  (baron  du)  Joseph  ^p.  Quai  de  Billy,  2,  Paris.  4  mai 
1897. 

Malrel  (l'abbé)  Marie-Joseph,  place  de  THÔtel-de-Ville,  5,  à 
Manosque  (Basses- Alpes).  18  mai  1897. 

AuTHEMAN,  ancien  maire  de  Martiuues.  15  février  1898. 

Prou-Gaillard  y  C.  ►f»,  ancien  directeur  de  l'Académie  de 
Marseille.  Boulevard  Montricher,  5.  3  mai  1898. 

Manteyer  (de)  Georges,  château  de  Manteyer  (Hautes- Alpes). 

13  décembre  1898. 

LiEUTAUD  Victor  »&,  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  de  Mar- 
seille, notaire  à  Volone  (Basses-Alpes).  15  mai  1900. 

Mllsant  Sébastien  >p,  avocat,  ancien  bâtonnier,  Rue  Balay, 
2,  Saint-Etienne.  19  mars  1901. 

MiTERSE  Maurice,  ancien  officier  de  marine,  ancien  sous- 
préfet,  à  Antibes.  7  mai  1901. 

Bernard  d'Attanoux  (comte)  Henri,  ►f»  avocat,  ancien  magis- 
trat. Rue  Palermo,  2,  Nice.  14  mai  1901. 

Gérin-Ricabd  (comte  de),  président  de  la  Société  d'archéo- 
logie. Rue  Grignan,  60,  Marseille.  4  mars  1902. 

Moxclar  (de  RiPERT  njarquis  de)  François,  C.  ^',  ministre 
pltMiipotenticiire.  en  retraite,  au  château  d'Allemagne,  près 
liiez.  18  mars  1902. 

PiRTî'î-R  E!i»il(\  0.  ►f»  '''  :§i,  président  de  la  Société  de  Statis- 
li(|ue  tic  MiU-soille.  Villa  (lu  Bociige,  à  Mazaritues.  6  jan- 
vier 1003. 


—    0/    — 

ytLLE>Ei:vE-EscLAroN  (niarquis  de)  Chrislian,  0.  ï§r,  ancien 
député.  Rue  de  Prony,  75,  Paris,  et  à  Valensolo  (Basses- 
Alpes).  7  juin  1904. 

Closhabeuc  (Urvoy  de)  Jules.  Rue  Roux-Alphéran,  25,  à  Aix. 
i9  décembre  1905. 

LiEUTAUD  Auguste,  président  de  la  Société  des  Amis  du  Vieil 
Arles,  h  Arles.  30  janvier  1906. 

Cotte  Charles,  licencié  en  Droit,  notaire  à  Perluis  (Vaucluse), 
24  avril  1906. 

Gaffarel  Paul,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  d*Aix. 
Rue  Paradis,  295,  Marseille.  19  mars  1907. 

ViNCENs  Charles,  ancien  Directeur  de  l'Académie  de  Marseille. 
Rue  Nicolas,  9,  Marseille.  1t  juin:  1907. 

La  Salle  de  Rochemalre  (duc  de)  Félix,  C.  ►{•  tg:  JîJf.  Châ- 
teau de  Clavières  Ayrens  (Cantal).  19  mai  1908. 

Tavernier  Edouard,  avocat,  docteur  en  droit.  Rue  François  I", 
162,  Paris.  19  mars  1908. 

Lefètre  Edmond,  directeur  de  la  «  Revue  de  Provence  ». 
Rue  Tapis- Vert,  40,  Marseille.  22  décembre  1908. 

Marïéton  Paul  ^,  ancien  Chancelier  du  Félibrige,  24,  rue 
Matignon,  à  Paris.  2  mars  1909. 

Rrémond  (Pabbé)  Henri.  34,  place  des  Prêcheurs,  à  Aix.  16 
mars  1909. 

Rourget  Henri,  Directeur  de  l'observatoire  de  Marseille. 
9  juin  1909. 

Raixbault  Maurice,  archiviste-adjoint  des  Rouches-du-Rhône. 
28,  rue  Mongrand,  à  Marseille,  1 1  janvier  1910. 

SiCARD  Martial,  ancien  député,  maire  de  Força iquier(Rasses- 
Alpes).  1 1  janvier  1910. 

SiLBERT  José  ►fi,  arliste-pcintrc,  à  Marseille.  1"  fé\ricr  1910. 

Revol  Amédée,  avoué  à  la  Cour,  rue  Gaslon-dc-Sn porta,  à 
Aix.  26  avril  1910. 


o8  - 


ASSOCIÉS     CORRESPONDANTS 

MM. 

Lavollée  Paul-René,  docteur  ès-1  étires,  ancien  consul  générale 
Boulevard  Haiissinann,  162,  à  Paris.  25  avril  1870. 

Millien  Achille,  lauréat  de  TAcadémie  Française,  à  Beaumonl- 
la-Ferrière  (Ni^vre).  16  décembre  1872; 

Faisan  Albert,  à  Saint -Cyr-^  en -Mont -d'Or,  près  Lyon. 
14  mars  1876. 

Bellet  (l'abbé),  à  Tain  (Drônie).  12  décembre  1882. 

Jessé  -  Charleval  (Comte  de)  Antoine,  ancien  maire  de 
Marseille.  ChAteaularc,  par  Roussel  (B.-du-R.).  Associé 
régional  o  janvier  1883.  Correspondant  le  7  janvier  1998. 

Jullien  Ernest,  Président  honoraire  du  Tribunal.  Civil, 
à  Reims  (Marne).  2  mai  1884. 

Lanéry  d'Arc  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la  Répu- 
blique, à  Villeneuve-sur-Lot  (Lol-el-Garonne).  Associé 
régional  12  décembre  1887,  titulaire  8  mars  1892,  corres- 
pondant le  7  juin  190i. 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  à  l'Arsenal.  Avenue  Henri-Martin, 
44,  Paris.  Il  juin  1888. 

Bremond  d'Ars-Migré  (marquis  de)  Anatole,  conseiller  géné- 
ral, château  de  la  Porle-NVuve-en-Riec  (Finistère).  27 
janvier  1891. 

Proal  Louis,  conseiller  à  la  Cour  de  Paris.  Villa  Molitor,  26, 
XVP.  Titulaire  le  22  décembr.î  1801,  correspondant  le  15 
décembre  1896. 

Joret  Charles,  membre  de  l'Inslitut.  Paie  Madame,  64,  à  Paris. 
Tilulaire  le  16  inr.i  1893,  currcsponilanl  le  12  décombre 
1899. 


r 


-  59  - 

ZeiLIer  Charles-Rem»,  nionihrc  de  l'InstUut.  Une  du  Vieux 
Colombier,  8,  à  Paris.  19  janvier  1897. 

Petit  Alexandre,  docleur  en  médecine  à  Royat,etRue  Lafïïtlc^ 
3,  à  Paris.  4  mai  1897. 

Hulot  (baron),  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géographie. 
41,  avenue  Labourdonnais,  à  Paris.  11  mai  1897. 

Rochas  d'Aiglun  (comte  de),  colonel,  ancien  administrateur 
de  TEcolc  Polytechnique.  Rue  Descartes,  21,  à  Grenoble. 
24  avril  1900. 

Moris  Henri,  archiviste  des  Alpes-Maritimes.  Villa  Moris, 
boulevard  Dubouchage,  à  Nice.  19  mars  1901. 

Tassct  JacqueSyà  Molosme-Tonnerre- (Yonne).-.  9  juin  1903. 

Planté  Adrien,  ancien  député,  ancien  maire  d'Orlhez  (Basses- 
Pyrénées),  président  de  la  Société  des  Sciences  et  Lettres 
de  Pau.  14  juin  1904. 

Poitevin  de  Maureillan  (de),  O.U,  colonel  en  retraite,  conser" 
vateur  du  Musée  d'Hyères  (Var).  15  mai  1906. 

Jullien  Jules-André,  colonel  en  retraite,  rue  de  Boulain- 
villiers63,  Paris  (XVI*).  Titulaire  le  11  décembre  1906, 
correspondant  le  5  mai  1908. 

Jullian  Camille,  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Collège 
de  France.  30,  rue  de  Luxembourg,  à  Paris.  28  mai  1907. 

Bougon  Georges,  docteur  en  médecine,  45,  faubourg  Mont- 
martre, à  Paris.  11  juin  1907. 

Lncour-Gayet,  professeur  à  l'Ecole  Polytechnique.  Rue  Jacob, 
46,  Paris.  10  décembre  1907. 

Rieux  (des)  Lionel,  avenue  de  Villicrs,  26,  à  Paris.  21 
janvier  1908. 

Régnier  (de)  Henri,  membre  de  TAcadémie  Française,  rue  de 
Magdebourg,  14,  à  Paris  (XVP).  5  mai  1908. 

Nolhac  (de)  Pierre,  Conservateur  du  Palais  de  Versailles,  à 
Versailles  (Seine-et-Oise).  2  juin  1908. 


-  co  - 

Labande,  Conservaleur  des  Archives  de  la  principauté  de 
Monaco.  19  janvier  1909. 

Dienne  (comte  de)  Edouard.  Château  de  Cazideroque,  par 
Tournon  (Lot-et-Garonne).  19  janvier  1909. 

Barthélémy  Jules,  Rédacteur  au  secrétariat  de  Tlnstilut,  au 
Palais  de  Tlnstilut,  Paris.  1G  février  1909. 

Marlot  Hippolyle,    géologue    prospecteur    à    Martiny,  par 
Marmagne  (Saône-el-Loire).  9  mars  1909. 

Maurin  Georges,  avocat  à  Nîmes  (Gard).  11  janvier  1910. 

Charpin  Frédéric,  publiciste  22,  rue  dé  la  Chaise,  à  Paris. 
1"  février  1910. 

Matfer  (l'abbé)  Joseph,  curé  d*Orny-Chérisy  (Lorraine).  10 
mai  1910. 

Sapy  (le  Père  Thomas),  à  Marseille.  13  Décembre  1910. 

Boy  Charles,    rue   Saihte-Calherine,   12,   à  Saint- Etienne 
(Loire).  21  février  1911. 

Cliaperon  (Pabbé),  cure  de  La  Martre  (Var).  21  février  1911. 


—  Gl   - 


ASSOCIKS      CORRESPONDANTS 


A   I/ÉTUANGEU 


MM. 


Cornazza-Amari,  ancien  professeur  à  TUniversilé  de  Calane, 
sénateur  du  royaume  d'ilalie.  6  avril  1868. 

Gubernatis  (comte  de)  Angelo,  professeur  à  rUniversité  de 
Rome.  Via  Lucrezio  Caro,  67.  3  janvier  1893. 

Typaldo-Bassia,  député,  ancien  Président  du  Parlement 
hellène,  à  Athènes.  23  janvier  1894. 

Barr-FerreCj  à  New-York.  5  juin  1894, 

Portai  (le  commandeur  Emmanuel),  membre  de  la  Royale 
Commission  héraldique  d*ltalie.'4l,  Via  deila  Croce,  à 
à  Rome.  12  février  1895. 

Morozzo  délia  Rocca  (comte)  Emmanuel,  général.  Via  délia 
Rocca,  29,  à  Turin,  et  villa  Guntschme  Kwort  à  Griès, 
près  Botzen  (Sud-Tyrol)  Autriche.  21  mars  1899. 

Da  Cunha  Xavier,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Royale. 
Rue  S.  Bartholomeo,  12,  à  Lisbonne  (Portugal).  11  décem- 
bre 1900. 

Ziiccaro  Louis,  ancien  Vice-Consul  de  la  République  Argen- 
gentine  ;  à  Sondrio,  en  Valteline  (Lombardie),  et  à  Milan, 
rue  Ciro  Menolti,  17.  2  avril  1901 . 

Satta  Salvatore,  membre  de  la  Société  Philologi(|ue  à  Rome. 
26  mai  1903. 

Verney  de  la  Valctta  (comte)  Franchi.  9  juin  1903. 

Gàvànescul  J.,  professeur  à  rUniversité  de  Jassy  (Roumanie) 
9  juin  1903. 


—  62  — 

Pa(hi1a  (lo  conimfnndtMir)  Antoine,  secrétaire  i;énéral  de  la 
Société  Luigi-Camoens.  Via  dei  Fiorcniiai,  67,  à  Naples. 
17  janvier  1905. 

Wallenskold  Axel,  professeur  de  philologie  romane  à  TUni- 
versité  (nielsingfors  (Finlande).  26  avril  1909. 

Santoro  Domcnico,  professeur  à  rinstilui  à  Ghioli  (Naples). 
1"  février  1910. 

Zawodny  Joseph,  directeur  de  la  station  agro-chimique  de 
Freudnnthal  (Silésie  autrichienne).  28  mars  1911. 


LiO  prosenL  Ta.blefcJLu.  a.  6t6  tirrôté  en  Août 
1911  ,  conformément  tA  l'article  lO  dia  Règle- 
ment   intéiûeur. 


Le  Vice-Président  :  Le  Secrétaire  Peipéluel  : 

Edouard  âi;de.  Baron  Guillibert. 


mtm 


-  62  - 

î,  ,'r>rnn».^n<lonr)   Antoine,  secrétaire  général  de  la 
^.»^(,.  I  „it:i-<>nH>ons.  Via  dei  FiorcniiDi,  67,  à  Naples. 

M  Mii,^nskoM   "^^^'^  professeur  de  philologie  romane  à  rUni- 
xoUte  n'H^lMngfors  (Finlande).  26  avril  1909. 

^.»  ^«Ap^l^wiouîoo,  professeur  à  rinslitut  à  Ghieli  (Naples). 

/.A>'.v.rN  ^^^^p'>i  directeur  de  la  station  agro-chimique  de 
\v^,^^.  rtUud  (Silésie  autrichienne).  28  mars  1911. 


,,«   ^viVv-<tîiiL    TalDlcfcxu.    a   6t6   txrrôtù    on       AoiXt 
I.       V  vuxlormémerit     tx     Ttirticlo      10     dvx   Règle— 


m^     n»  t  i^'iucuir. 


le  Vice-Président  :  Le  Secrétaire  Perpétuel: 

Edouard  Ai  de.  Baron  Glillibert. 


n 


r 


ACADEMIE    D'AIX 


92**^     Séance     RubliQue 


14      JUIN      1813 


[ 


SEANCE     PUBLIQUE 


L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,  AGRICULTURE,  ARTS 

ET    BELLES-LETTRES 

D'AIX 


AIX- EN  -  PROVENCE 
Pall    JOURDA.V,     IjirniJiELR    db    t'AcàBÉMU 

SO,    Manuel,    20 


^ 


p  # 


*  • 


A DEMIE 

DES  SCIENCES».  AGRICULTURE ,  ARTS  et  BELLES -LETTRES 


» 

©3««     SÉAIVCB     ^PUBLIQUE 


Le  Vendredi,   14  Juin  191 2,  la  quatre-vingt- 
douzième   SÉANCE  Publique   de   l'Académie    d'Aix 

A    ÉTÉ    tenue,   a    quatre   HEURES    ET    DEMIE,    DANS    LA 
GraND'SaLLE    de     L'IlNiyERSITÉ,     A     LA     FACULTÉ     DE 

Droit. 


Tous  les  sièges  étaient  de  boniro  heure^  orcnpés  par  une 
as^i^lancc  nombreuse  dans  laqn<^llo  de  fn  tcilus- to'IeUcs 
donnaient  une  note  dVIég.mce  qui  ne  dépare  jeûnais  une 
réunion  où  sont  représentées  totiics  les  drisses  de. la  société. 

Aux  fauteuils  :  M.  le  Vicaire  Général  van  Gaver,  repré- 
sentant Vi*^r  rArchevéque;  M.  I^nard,.  arcliivisie  départe- 
mental à  Digne,  et  sn  famille  ;  Ul  le  docteur  Rerlrand, 
maire  d*Ais  ;  H.  le  Doyen  de  la  Fac uUéde  Droit  ;  une  délé- 
gation des  Oflicicrs  da  la  garniïîon  ;  nombre  de  fonction- 
naircs  de  nos  diverses  admini>trdtions^  etc.,  etc. . 

Sur  !*estiadc,  à  côtédu  Président,  H.  le  Premier  Prési- 
dent Giraud  ;  le  ducieur  Ëvariste  Hicbel  ;  H«  Cabassol,  an-* 


—  6  — 

cien  maire,  conseiller  général  ;  tous  trois  membres  d'hon- 
neur de  rAcmIémie  ;  ens^iiite  1rs  me inbns  titulaires,  lioiso- 
raires,  rrg'onaux  et  corresponilaiiis,  présents  à  Aix. 

Li'S  lni>ré;i(s  des  prix  de  vertu  el  des  pensions  Irma   Mo- 
reau  occupaient,  avec  leurs  familles,  leur  |:lace  hukiluellc. 

H.  le  Président  ouvre  la  séance  et  prononce  le  discours 
suivant  : 


À  PROPOS  DE  lOUSTIEKS 


Mesdames, 
Messieurs,. 

Les  journaux  ont  raconté  que,  peu  de  temps 
après  son  élection,  le  Pape  Pie  X,  ayant  reçu  Sa 
Majesté  le  Roi  de  Grèce,  s'était  préoccupé,  comme 
il  est  d'usage  entre  souverains,  d'offrir  à  ce  monar- 
que un  présent  qui  put  lui  être  agréable.  Sa  Sain-» 
teté  ayant  appris  que  le  Roi  de  Grèce  formait  une 
collection  d'objets -et  de  curiosités-historiques,  elle^ 
lui  donna  le  coupon  de  retour  que  le  patriarche- 
de  Venise  comptait  utiliser  pour  rentrer  chezlui 
lorsqu'il  se  rendit  au  Conclave  qui  devait  l'élire 
Pape. 

Je  ne  sais  si  l'anecdote  est  '  authentique,   mais 
elle  est  bien  conforme  à  ce  que  nous  connaissons 
de  la  psychologie  du  collectrontieur.  Rien,  en  effet,  ' 
ne  peut  faire  plus  de  plaisir  à  cet -homme  qui  con* 
sacre. ses  jours  et  ses.  veilles  à  la^pouisuite  obsti-  ^ 


-  8  — 

née  de  Tobjet  rare  —  celui  qui  lui  manque  —  qce 
le  don  de  cet  objet,  fut-il  dénué  de  toute  autre 
valeur  et  n'eut-ild'autrerat^rêt  que  celui  de  n'avoir 
pas  encore  pris  place  dans  sa  collection.    * 

Certes,  entre  le  collectionneur,  et  j'avoue  que 
cela  m?me  ne  manque  ni  d'intérêt  ni  d'utilité,  qui 
recueille  le  poignard  de  l'assassin,  un  morceau  de 
la  porte  de  la  villa  de  Nogent,  etc,  etc.,  et  l'homme 
qui  déploie  une  science  considérable,  feit  preuve 
d'un  goût  très  sûr,  d'un  sens  artistique  profond, 
de  connaissances  littéraires  variées,  pour  former 
une  bibliothèque,  une  collection  de  tableaux,  il  y 
a  une  différence  considérable.  Mais  l'un  et  l'autre 
cependant,  chacun  à  leur  manière,  ont  droit  à 
notre  sympathie  et  à  notre  reconnaissance^  ils  con- 
ti'ibuent  à  conserver  un  peu  de  ce  passé  dont  nous 
vivons,  qui  nous  guide  et  nous  gouverne  sans  que 
nous  nous  en  doutions  et  dans  lequel,  en  tous 
les  cas,  nous  pouvons  puiser  d'utiles  leçons  pour 
revenir. 

C'est,  Messieurs,  la  raison  pour  laquelle  je  vou- 
drais appeler  pendant  quelques  courts  instants  vo* 
tre  attention  sur  une  partie  des  merveilleuses  coUec-. 
tions  que  la  munificence  de  notre  regretté  confrère 
Paul  Ârbaud  a  mis,  par  notre  intermédiaire,  à  là 
disposition  des  érudits  et  des  artistes. 

.  En  possession  des  richesses  de  toutes  sortes  que., 
contiennent  ces  collections,  nous  avons   dû  nous  . 


-  i)  -^ 

préoccuper  tout  d'abord  de  celles  qui  étaient  les 
plus  fragiles.  Le  zèle,  la  compétence  et  le  sens  ar- 
tistique de  notre  confrère,  M.  Pontier,  ont  permis 
de  réunir  en  un  ensemble  extrêmement  harmo- 
nieux les  admirables  faïences  que  Paul  Arbamd 
avait  collectionnées  avec  passion  toute  sa  vie  et 
qu'il  avait  distribuées  dans  toutes  les  pièces  de  son 

vaste  hôtel. 

A  la  rentrée  prochaine,   nous   pourrons  ouvrir 

au  public  cette  partie  de  nos  collections,  les  autres 
ne  tarderont  guère  grâce  au  Conseil  Général  des 
Bouches-du-Rhône  que  je  suis  heureux  de  remer- 
cier au  nom  de  l'Académie  et  je  peux  dire  de  la 
Provence  lettrée  et  artistique  pour  le  concours 
financier  qu'il  veut  bien  apporter  à  l'œuvre  que 
nous  avons  entreprise. 

C'est  bien  le  cas,  il  me  semble,  de  vous  parler 
aujourd'hui  de  ces  faïences.  M.  Paul  Arbaud  s'était 
attaché  surtout,  vous  le  savez,  à  réunir  dans  sa 
bibliothèque  et  dans  ses  salons  ce  qui  avait  trait  à 
la  Provence  et  c'est  ce  qui  fait  de  ses  collections 
un  ensemble  unique.  Il  était  évident  que  les  faïen- 
ces de  Moustiers  devaient  le  tenter,  il  ne  tarda 
pas  avec  son  flair  de  collectionneur  avisé,  son 
sens  artistique  très  affiné  d'en  réunir  une  impor- 
tante collection. 

Mais,  qu'est-ce  au  juste  que  la  faïence  de  Mous- 
tiers  ?  et  pourquoi  a-t-elle  tant  de  renom  ? 


-  f  0  — 

Moustiers,  petit  village  des  Bàsses-AIpes,  pitto- 
r-esquement  situé  entre  des  collines,  traversé  par 
un  cours  d'eau  formîjnt  cascades,  a  donné  prétexte 
à  de  jolies  descriptions,  je  vons  en  épargnerai  une 
nouvelle,  je  ne  vous  parlerai  même  pas  de  la  chaîne 
de  fer  à  laquelle  est  suspendue  une  étoile,  qui  relie 
deux  rochers  et  au  sujet  de  laquelle  les  érudits  dis- 
cutent et  les  poètes  inventent  des  légendes,  venons 
tout  de  suite  à  ce  qui  nous  intéresse. 

Dès  les  temps  les  plus  reçûtes,  ce  petit  village 
avait  eu  des  fabriques  de  poteries,  mais  de  poterie 
grossière  et  commune  ;  ce  n*est  qu'à  la  fin  du  xvii* 
siècle  que  Ton  voit  surgir  presque  d'un  coup  Tart 
de  la  faïencerie  et  alors  que  lès  actes  conservés 
aux  minutes  dès  notaires  ne  parlent  auparavant 
que  de  maîtres  potiers,  brusquement  dans  un  acte 
de  1679  ^^^  certain  Pierre  Clerissy  qui  jusque-là 
n  avait  été  qualifié  que  «  potier  de  terre  »,  se  trouve 
avoir  le  titre  de  faïencier. 

Je  n'ai  pas  à  vous  apprendre  quelle  est  là  dif- 
férence qu'il  y  a  au  point  de  vue  technique  entre 
la  faïence  et  la  poterie  de  terre. 

Pierre  Clerissy  est  donc  le  père  incontesté  de 
la  faïence  de  Moustiers,  comment  et  où  avait-il 
appris  son  art?  Comment  surtout  s'était-il  procuré 
le  tour  de  main  particulier,  les  procédés,  le  secret 
en  un  mot,  qui  va  différencier  la  faïence  de  Mous- 
tiers des  autres  faïences  ?  Les  auteurs  qui  ont  écrit 


-  tt  — 

sur  ce  sujet  en  sont  réduits  aux  suppositions.  Pierre 
Clerissy  avait  un  frère  curé  de  Lindebœuf  au  dio- 
cèse  de  Rouen,  ce  curé  lui  envoya-t-il  des  ouvriers 
de  Rouen,  le  centre  universellrement  connu  de  ta 
faïencerie  française  ?  Est-ce  un  religieux  Servite 
de  nationalité  italienne  et  dont  un  couvent  se 
trouvait  à  Moustiers  même  qui  Ta  apporté  d'Ita- 
lie ?  Les  érudits  disputent,  laissons  les  disputer  et 
voyons  d'un  rapide  coup  d'oeil  quelle  évolution 
la  faïencerie  de  Moustiers  va  suivre. 

Peu  de  temps  après  cet  acte  où  apparaît  pour  la 
première  fois  un  maître  faïencier,  la  faïence  de 
Moustiers  est  répandue  dans  toute  la  Provence, 
l'illustre  Madame  de  Se  vigne,  morte  en  1699,  note 
qu'on  l'a  fait  diner  à  Lambesc,  lors  de  l'Assemblée 
des  Communautés,  dans  de  la  belle  faïence  de  ^Cous- 
tiers,  Les  Clerissy  vont  rester  les  maîtres  incontes- 
tés de  la  faïencerie  à  Moustiers,  mais  à  côté  d'eux 
que  d'autres  fabriques  vont  se  fonder!  M.  l'abbé 
Requin  en  compte  à  une  certaine  époque  vers  la 
fin  du  xviii*  siècle  jusqu'à  douze  !  — Et  elles  produi- 
sent énormément  —  On  a  retrouvé  les  comptes 
de  l'une  de  ces  fabriques,  celle  de  Berbezier  et  Fé- 
raud,  or  pendant  les  treize  ans  que  durent  l'asso- 
ciation, cette  unique  fabrique  a  expédié  700.000 
pièces  à  ses  clients,  et  dans  ce  nombre  ne  sont 
comprises  ni  les  faïences  vendues  à  Moustiers 
même,  ni  celles  vendues  à  des  colporteurs  qui  ve- 


—  lî  — 

vaient  les  chercher  en  fabrique,  ni  celles  expédiées 
à  la  foire  de  Beaucaire. 

Aussi,  pendant  tout  le  xvnT  siècle,  la  prospérité 
de  ce  pays  fut  grande,  il  comptait  plus  de  3.000 
habitants,  et  dans  ses  mes  pittoresques,  c'était  un 
incessant  mouvement  de  charrettes  et  de  muletiers 
qui  apportaient  des  matières  premières,  chargeaient 
les  caisses  de   faïences  transportées  à  >farseille,  à 
la  foire   de   Beaucaire  et  dans  chaque  ville  où  le& 
faïenciers    avaient    des-  entrepôts.     Les    chemins 
étaient  mauvais,  Moustiers  d*un  accès  difficile,  loin 
des  grandes  artères,  à  dos  de  mulets  ou  par  char- 
rettes,  les  précieuses  caisses   étaient  transportées 
jusqu'au  bac  de  la  Fuste,  près  de  Manosque,  pour 
se  rendre  de  là  soit  à  Marseille,  soit,    par  radeau- 
sur  la  Durance  à  cette  époque  encore  flottable,  jus- 
qu'à la  célèbre  foire  de  Beaucaire.   Cette  dernière ^ 
A  oie   n'était  pas  sans  danger,  et  souvent  la  caprir 
cieuse  Durance  culbutait  les  radeaux  et  leur  char- 
gement. Heureux  les   collectionneurs   qui   décou- 
vriraient entre  les  galets  les  restes  de  ces  avaries 
de  route   notées   avec  tristesse  sur  lès  livres  des 
marchands  I 

Tous  les  artistes,  tous  les  connaisseurs  se  sont 
accordés  pour  faire  à  la  faïencerie  de  Moustiers 
une  place  tout  à  fait  exceptionnelle  dans  l*art  ce- . 
ramique.  La  faïencerie  de  Moustiers,  écrit  un  ama- 
teur,  a  eu  son  genre  propre,  sa  manière  spéciale,. 


-  13  — 

iquî,  on  peut  raffirmer,  ne  procède  d'aucun  autre, 
«  Moustiers  s'est  créé  de  lui-même  à  Moustiers  », 
«  Moustiers  n*a  imité  personne  ». 

Voici  comment  elle  nousest  décrite  par  un  ama- 
teur célèbre  : 

«  Ces  ornements,  qui  rappellent  de  loin  les  élé- 
gantes compositions  d'Androuet  du  Cerceau,  sont 
peints  avec  une  délicatesse  extraordinaire. 

«  Tous  les  amateurs  connaissent  ces  gracieux 
entrelacs  au  milieu  desquels  se  jouent  des  amours, 
des  satyres  et  des  nymphes  ;  des  figures  terminées 
en  gaines  soutiennent  des  guirlandes  de  fleurs  qui 
s*échappent  de  la  bouche  d'un  mascaron  ou  les 
pentes  qui  tom1)ent  d'un  baldaquin,  se  nouent  des 
sphinx,  avec  ou  sans  ailes^  posés  sur  une  console 
d'où  pend  une  draperie,  et  servent  de  soutien  ou  de 
couronnement  à  la  composition.  Les  rinceaux  les 
plus  délicats  s'entrecroisent  capricieusement  et 
servent  d'encadrement  à  un  fond  strié,  piqueté  ou 
quadrillé,  offrant  des  rosaces,  des  croix,  des  losan- 
ges ou  d'autres  ornements  empruntés  aux  porce- 
laines de  l'Extrême-Orient.  Des  pots  à  feu  alternent 
avec  des  roses  de  fleurs  ;  des  jets  d'eau  s'élancent 
d'un  bassin,  et  des  monstres  laissent  échapper  de 
leur  gueule  béante  des  flots  qui  retombent  dans 
•une  vasque  soutenue  par  des  amours  et  par  des 
satyxes,  et.  au  milieu  de  laquelle  trône  une  déesse 


_  14  — 

marine  s'appuyant  sur  un  dauphin,  ou  un  amour 
en  Neptune,  le  trident  à  la  main. 

«  Les  personnages  les  plus  connus  de  la  mytho- 
logie figurent  au  milieu  de  ces  ingénieuses  fantai- 
sies ;  parfois  le  centre  est  occupé  par  un  sujet  com- 
posé de  plusieurs  figures,  comme  par  exemple 
Orphée  charmant  les  animaux  au  son  de  sa  lyre, 
ou  le  ballet  d'Ajax,  rappelant  tout  à  fait  la  suite 
des  ballets  de  Versailles  dessinés  par  Bernin  ». 

(J.  C.  Davillier,  Histoire  des  Faïences  et  Porcelaines 
de  Mous  tiers). 

Les  connaisseurs  ont  distingué  trois  époques 
dans  la  faïencerie  de  Moustiers  :  la  première  épo- 
que, qui  est  celle  de  la  décoration  si  caractéristique 
et  que  vous  connaissez  tous  en  camaïen  bleu,  a 
produit  ces  magnifiques  plats  de  chasses  où  sont 
représentés  au  centre  du  plat  des  scènes  de  chasse 
à  l'ours,  au  sanglier,  etc.,  d'après  les  gravures  de 
ritalien  Marco  Tempesta,  ces  ornements,  gracieux 
et  légers  dans  le  genre  du  célèbre  décorateur 
Berain. 

Dans  les  premières  années  du  xviir  siècle,  un 
certain  Olerys,  né  à  Marseille,  et  ayant  travaillé 
dans  cette  ville  aux  faïenceries,  peut-être  de  Saint- 
Jean-du-Désert,  vint  s'établir  à  Moustiers,  s'y  maria, 
travailla  chez  les  Clerissy,  puis  eu  l'idée  de  se  ren* 
dre  en  Espagne  aux  célèbres  faïenceries  d'Alcora» 
il  y  resta  croit-on  6  ans,  y  apprit  l'art  jusqu'alors 


-  ib  — 

inconnu  à  Moustiers  de  polychromer  les  dessins  et 
ce  fut  lui  qui  grâce  aux  procédés  appris  en  Espagne 
fit  des  faïences  de  Moustiers  de  petits  chefs-d'œuvre 
de  peinture. 

La  faïence  de  Moustiers  atteint  avec  Olerys  son 
apogée,  non  pas  qu'il  soit  le  seul,  il  s'en  faut  de 
beaucoup,  mais  il  est  le  plus  connu. 

Hélas  à  cette  période  magnifique  succédera  bien- 
tôt la  décadence.  Le  public  se  désintéresse   de   la 
faïence  de  Moustiers,  les  bons  artistes,  les  dessi- 
nateurs originaux  font  place  à  de  serviles  imita- 
teurs des  autres  fabriques  du  royaume,  on  suit  la 
mode  dans  ce  qu'elle  a  de  mauvais,  et  puis  la  Ré- 
volution est  là  qui  par  l'instabilité  de  toutes  choses 
va  porter  un  coup  fatal  à  cet  art  délicat.  Il  faut 
noter  aussi  que  la  facilité  des  communications,  le 
déboisement  à  jamais   regrettable   des    Alpes  de 
Provence,  vont  d'un  côté  apprendre  au  public  le 
chemin  d'autres  manufactures,   d'un  autre  rendre 
-très  onéreux  le  chauffage  des  fours  pour  lesquels 
il  faut  un  bois  léger  et  abondant. 

Avant  de  passer  aux  efforts  tentés  au  x(x*  siècle 
pour  galvaniser  cet  art  qui  se  meurt  peut-être  ne 
serez-vous  pas  fâché  de  savoir  ce  que  valaient  ces 
faïences? 

Un  service  expédié  le  i®' juillet  1781  à  M.  Ber- 
nardin d'Entrevaux  lui  était  facturé  126  livres;  il 
ne  comprenait  pas  moins  de  1 7  douzaines  d'assiet- 


^ 


-  16  - 

tes,  20  plats  ronds,  un  plat  ovale  grand,  un  plat 
rond  grand,  6  plats  ronds  petits,  des  sucriers  de 
table,  des  pots  de  crème,  des  bassins  à  barbe  et 
certains  ustensiles  d'usage  nocturne  que  je  ne  peux 
vous  désigner  autrement,  de  même  que  des  objets 
de  toilette  qui  attestent  que  quelques-uns  au  moins 
de  nos  ancêtres  n'étaient  pas  aussi  malpropres  qu'on 
^e  Test  imaginé. 

Du  reste  que  n*a-t-on  pas  fabriqué  à  Moustiers  ? 
des  manches  à  couteaux,  des  aiguières,  des  bassins 
de  toute  forme  et  de  tout  usage,  des  croix,  des 
chandeliers  et  toutes  ces  petites  figurines  appelées 
tilés  ou  pipades  qui  n'étaient  pas  seulement  des 
jouets  d'enfants  mais  d'adorables  bibelots  et  ces 
cruches  aussi  avec  lesquelles  en  les  emplissant 
4'eâu  les  enfants  imitent  le  rossignol.  Notre  regretté 
confrère  de  Berlue  a  même,  je  crois,  vu  une  chemi- 
née en  faïence  de  Moustiers  ! 

J'ai  dit  tout  à  l'heure  qu'on  avait  tenté  sous  Louis- 
Philippe  et  sous  l'empire  de  redonner  un  peu  de 
vie  à  cette  industrie  et  à  cet  art  que  le  progrès 
moderne  tuait  lentement  mais  sûrement. 

La  fabrique  de  Fouque,  fermée  en  1852,  a  pro- 
duit quelques  pièces  intéressantes,  je  possède  une 
urne  de  cette  fabrique  qui  n'est  pas  sans  mérite, 
•le  célèbre  artiiste  Constantin  avait  dessiné  li  vues 
de  Moustiers  qui  servirent,  dit^on,  à  faire  pour  le 
•tzar  de  Russie  une  douzaine  d'assiettes. 


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-  n  ~ 

Mais  hélas  !  ces  généreuses  tentatives  ne  pou- 
vaient pas  aboutir  pour  une  foule  de  raisons  que 
vous  devinez  aisément.  Le  dernier  four  à  faïence 
s'est  éteint  à  Moustiers  en   1874. 

J'ai  consulté  le  dernier  recensement  publié,  il 
m'a  appris  que  cette  petite  ville  qui  comptait  plus 
de  3.000  habitants  au  xv!!!*"  siècle  n'en  avait  plus  à 
l'heure  actuelle  que  888.  Ces  chiffres  me  dispen- 
sent de  toute  considération,  ils  en  disent  assez  par 
eux-mêmes  !  et  par  là  vous  pouvez  juger  de  l'éten- 
due de  sa  ruine  I 

Je  n'ai  pas  la  prétention  d'avoir  fait  pour  vous 
œuvre  d  érudition,  j'ai  seulement  pris  à  votre  in- 
tention dans  les  ouvrages  (i)  de  M.  Eugène  Fouque 
et  de  M.  l'abbé  Requin,  les  plus  complets  sur  ce 
sujet,  ce  qui  m'a  paru  pouvoir  vous  intéresser  ;  j'ai 
complété  ma  documentation  —  pour  employer  le 
mot  à  la  mode  —  auprès  des  amateurâ  et  des  artis- 
tes que  notre  ville  compte  en  si  grand  nombre. 

Et  si  j'ai  pu  vous  intéresser,  je  vous  demande 
en  terminant  deux  choses  :  d'abord  de  donner  à  la 
mémoire  de  l'amateur  éclairé,  qui  a  su  nous  conser- 
ver les  plus  beaux  spécimens  d'un  art  tout  proven- 


(I)  On  peut  coiisuller  utilement  :  Davillier,  Histoire  des  Faïen- 
ces et  Porcelaines  de  Moustiers,  Marseille  et  autres  fabriques  méri" 
dionales^  Pari.s,  Castel,  1863. 

Mousliers  et  ses  faïences,  par  Eugène  Fovque,  sans  date,  ni  nom 
d'imprimeur. 

Histoire  de  la  faïence  artistique  de  Moustiers,  par  labbé  Requin, 
t.  I,  Parii,  Rapilly,  4903. 

SÉAN.   PUBL,    ACAD.  —  4912  — 2 — 


-  f8  — 

çal  à  jamais  disparu,  un  souvenir  reconnaissant, 
et  en  second  lieu  de  recommander,  en  sortant  d'ici, 
à  vos  bonnes  de  traiter  avec  respects  ces  intéres- 
santes et  délicates  petites  choses  si  par  aventure 
vous  en  avez  quelques-unes  dans  vos  salons,  mais 
surtout,  messieurs»  ne  faites  pas  comme  ce  descen- 
dant d'un  maître  faïencier  qui  se  servait  des  grands 
plats  de  chasse  de  l'usine  paternelle  en  guise  de 
cible  lorsqu'il  essayait  un  fusil  neuf! 


T^ 


KmP^wRw 


DD 


Coi^GoUi's    Ttfiets    191Z 


*ekr     A. 

Avocat  à  la  Cour 


Mesdames, 
Messieurs, 

Lorsque  Mademoiselle  Dosne,  en  souvenir  de 
son  illustre  beau-frère,  a  fondé  le  prix  Thiers  que 
nous  avons  à  décerner  aujourd'hui,  elle  a  fait  à 
l'Académie  d*Aix  un  très  grand  honneur.  C'est  une 
lourde  tâche  aussi  qu'elle  a  imposée  à  ses  membres. 

Songez  à  la  variété  d'ouvrages  qui  s'offre  à  nous 
en  vous  disant  que  tous  les  genres  peuvent  concou- 
rir. 11  suffit  que  l'auteur  soit  né  en  Provence  ou 
que,  natif  de  n'importe  quel  point  du  globe,  il  traite 
un  sujet  provençal  pour  que  nous  soyons  obligés 
d'accueillir  l'œuvre  qu'il  nous  présente. 

Aussi  l'effort  de  nos  concurrents  s'est-il  exercé 
sur  des  matières  bien  diverses.  Faut-il  en  conclure 
à  une  abondance  de  chefs-d'œuvre  ?  Je  voudrais 
vous  le  laisser  croire,  mais  je  ne  dois  pas  créer  de 


-20- 
-légendes.  Il  me  faut  constater,  au  contraire,  dans 
les  œuvres  d'histoire,  qui  sont  de  beaucoup  les 
plus  nombreuses,  une  absence  trop  fréquente  et  de 
méthode  et  de  composition.  Les  auteurs  semblent 
s'imaginer  qu'il  suffit  de  tirer  d'un  peu  partout  des 
textes  plus  ou  moins  complets,  d'une  authenticité 
approximativement  certaine,  de  les  joindre  bout  à 
bout  dans  l'ordre  où  ils  se  sont  présentés  à  eux 
en  les  reliant  au  petit  bonheur  par  quelques  phrases 
dont  ils  ne  se  sont  même  pas  donné  la  peine  de 
soigner  le  style.  Comme  si  l'art  de  choisir  ses  ma- 
tériaux, de  les  présenter  sous  une  forme  person- 
nelle et  de  dégager  la  vie  du  fatras  inerte  des  do- 
cuments n'était  pas  au  contraire  ce  qui  constitue  le 
mérite  propre  et  l'originalité  de  l'historien. 

Parmi  les  nombreux  volumes  envoyés  au  con- 
cours, deux  ouvrages  très  différents  entre  eux  se 
sont  pourtant  imposés  à  l'attention  de  l'Académie. 
L'un,  composé  par  un  Provençal,  n'est  qu'un  pur 
recueil  de  documents,  mais  qui,  classés  avec  une 
ence  admirable,  constituent  la  base  des  recher- 
î  indispensables  à  quiconque  voudra  connaitre 
ransmission  des  biens  féodaux  dans  la  Haute 
vence.  L'autre  est  une  œuvre  consommée,  aussi 
1  écrite  que  remarquable  par  le  choix  des  maté- 
X,  mais  elle  est  moins  exclusivement  proven- 
et  son  auteur  n'a  pas  vu  le  jour  sous   notre 
ensoleillé.  Cette  erreur  bien  involontaire  crée. 


-  21  - 

parait-il,  aux  termes  de  la  fondation  Thiers,  une 
légère  infériorité  de  titres.  Voilà  pourquoi  TAcadé- 
mie  d'Aix,  laissant  à  Tlnstitut  de  France  le  soin 
de  couronner  M.  Masson,  accorde  à  son  heureux 
concurrent  l'unique  récompense  dont  elle  dispose. 

Nous  aurions  été  plus  équitables  s*il  nous  avait 
été  permis  de  partager  le  prix.  Cette  faculté  nous 
est,  hélas,  impitoyablement  refusée  et  je  profite  de 
l'occasion  qui  m'est  offerte  aujourd'hui  pour  en 
exprimer  le  profond  regret.  Que  le  passé,  du 
moins,  serve  de  leçon  à  l'avenir  et  s'il  est,  parmi 
vous,  quelque  âme  généreuse  qui  ait  l'intention  de 
doter  l'Académie  d'un  nouveau  concours  littéraire, 
je  l'en  supplie  d'avance,  qu'elle  ne  nous  impose 
pas  la  condition  d'invisibilité  dans  les  clauses  de 
sa  donation. . 

Le  vainqueur  du  concours  Thiers  pour  191 2 
est  donc  M.  hnard,  archiviste  du  département  des 
Basses- Alpes. 

Né  à  Digne  le  5  août  1842,  notre  lauréat  put  de 
bonne  heure,  sous  les  yeux  d'un  père  qui  lui  a 
légué  ses  fonctions,  consacrer  son  intelligence  aux 
études  locales.  Trop  considérable  est  son  œuvre 
pour  que  je  songe  à  1  énumérer  devant  vous.  Qu'il 
me  suffise  de  citer  l'inventaire  des  Archives  dépar- 
tementales des  Basses-Alpes,  le  livre  des  privilèges 
de  Manosque  (honori  d'une  mention  de  l'Institut) 
et  plusieurs  études  parues  soit  dans  le  bulletin  du 


9î>  

Comité  de  travaux  historiques,  soit  dans  le  bulle- 
tin de  la  Société  scientique  et  littéraire  des  Basses- 
Alpes. 

Je  cède,  pour  un  moment,  la  parole  à  M.  Isnard. 
Il  vous  fera  connaitre  lui-même  le  "but  qu'il  s'est 
proposé  d'atteindre  avec  l'ouvrage  qui  lui  vaut  le 
prix  de  trois  mille  francs.  ((  L'élat  féodal  de  la 
<  Haute  Provence  renferme  :  i"*  la  nomenclature, 
«  par  ordre  alphabétique,  de  toutes  les  terres  sei- 
«  gneuriales  de  cette  région,  qu'elle  qu'ait  été  leur 
«  importance,  identifiées  avec  leur  nom  et  leur 
«  situation  géographique  moderne  ;  —  2Ma  liste, 
«  par  ordre  chronologique,  de  leurs  possesseurs 
«  depuis  le  douzième  siècle  jusqu'à  l'abolition  de 
«  la  féodalité  en  1789,  leurs  nom  et  prénoms  et 

«  les  années  où  ils  figurent  comme  seigneurs 

«  L'état  féodal  est,  avant  tout,  un  instrument  de  tra- 
«  vail,  un  répertoire  de  documents  que  nous  nous 
«  sommes  efforcé  de  rendre  aussi  complet  que 
«  possible.  C'est  le  résultat  des  recherches  faites 
«  au  cours  de  nos  travaux  professionnels,  pendant 
«  de  longues  années,  dans  le  but  de  rassembler 
«  des  éléments  sûrs,  précis  et  inédits  pour  la  gé* 
«  néalogie  des  familles  provençales  et  l'histoire 
€  locale  >. 

M.  Isnard  a  parfaitement  réalisé   son  plan.  La 
récompense  que  l'Académie  lui  décerne  aujourd'hui 


—  23  - 

est  le  couronnement  de  toute  une  carrière  de  labeur 
et  de  probité  scientifique. 

Avec  V Histoire  du  Commerce  français  dans  le  Le- 
vant an  XVIII''  siècle  nous  élargissons  notre  horizon. 
L  auteur  nous  fait  partir  de  Marseille,  «  cette  porte 
de  la  France  ouverte  sur  TOrient  ».  Il  en  étudie  la 
vie  commerciale  avec  ses  différents  organes,  sa 
Chambre  de  commerce,  son  monopole,  sa  franchise 
du  port  et  les  difficultés  qu'elle  doit  surmonter 
pour  la  conserver. 

M.  Massôn  nous  conduit  ensuite  aux  Echelles 
du  Levant  dont  il  présente,  sous  une  forme  pleine 
d'intérêt,  la  vie,  l'organisation  et  le  régime.  Il  passe 
en  revue  les  influences  économiques,  financières  et 
diplomatiques,  comme  aussi  toutes  les  circons- 
tances diverses  qui  ont  pesé  sur  une  branche  si 
importante  de  notre  activité  nationale. 

Cela  fait,  il  en  arrive  aux  résultats  et  il  peut 
conclure  avec  une  juste  fierté  patriotique:  «  A 
cette  époque,  les  Français  triomphent  complète- 
ment de  leurs  dangereux  concurrents  du  XVIP 
siècle.  L'apparition  de  nouveaux  concurrents  :  Au- 
trichiens, Russes,  Allemands,  Suédois,  fait  prévoir 
la  complication  de  l'apreté  des  luttes  commerciales 
du  XIX**  siècle.  Mais  aucun  de  ces  rivaux  ne  semblé 
alors  bien  dangereux  pour  les  Français  dont  la 
prépondérance  est  écrasante  pendant  la  seconde 
moitié  du  xviîV  siècle  », 


-  24  — 

Par  ce  trop  rapide  aperçu  vous  pouvez  juger  de 

la  valeur  de  Touvrcige  et  de  nos  regrets  de  ne  pou- 
voir lui  accorder  un  prix.  Mais  M.  Masson  est  his- 
torien. Qu'il  se  rappelle  aujourd'hui  la  fière  parole 
de  la  Motte  Piquet  au  ministre  de  la  marine  : 
Pour  mou  obtenir  nesl  rien,  mériter  est  tout  ». 

A  côté  de  ces  œuvres  hors  de  pair,  d'autres  li- 
vres sont  également  à  remarquer  et  font  honneur 
au  concours  de  1912.  Parmi  les  plus  intéressants, 
il  faut  citer  une  étude  aussi  complète  que  docu- 
mentée de  ff  la  Peste  de  Marseille  ».  Par  le  talent  de 
MM.  GafTarel  et  de  Duranty,  nous  revivons  les 
heures  cruelles  que  traversa  la  Provence  tout  en- 
tière au  moment  où  le  fléau  ravageait  nos  popula- 
tions. Tout  en  ne  voilant  pas  certaines  défaillances 
de  caractère,  les  auteurs  font  ressortir  le  courage 
civique  de  ceux  qui,  chargés  de  l'administration 
municipale  ou  du  soin  des  âmes,  donnèrent  tout 
leur  dévouement  à  leurs  concitoyens.  Les  noms 
célèbres  du  chevalier  Roze,  de  Monseigneur  Bel- 
zunce,  du  marquis  de  Vauvenargues  brillent,  une 
fois  de  plus,  au  premier  rang  dans  cette  histoire 
définitive  de  l'épidémie  de  1720. 

Une  idée  originale  a  inspiré  l'ouvrage  du  colonel 
de  Ville  d'Avray.  Ce  vétéran  de  nos  concours  a 
présenté,  dans  un  livre  un  peu  trop  touffu  mais 
vraiment  curieux  à  lire,  les  «  Rapports  entre  la  Pro- 
vence et  le  saint  Empire  romain  germanique   » .   Un 


-  25  - 

choix  d'illustrntions  intéressantes  et  judicieuses 
complète  licureusement  le  texte  de  ce  beau  travail. 

M.  Bonifucy,  avec  son  étude  savante  et  bien 
composée  sur  «  la  Gctude  »,  nous  fait  connaître  les 
mœurs  et  les  institutions  d'une  commune  proven- 
çale. C'est  un  sujet  un  peu  particulier  mais  qui, 
pour  un  concours  du  genre  de  celui  dont  je  vous 
rends  compte,  mérite  d'être  cité  avec  éloges.  Je 
pourrais  en  dire  autant  du  livre  de  M.  Joseph  Bry 
sur  <(  les  Vigueries  de  Pravence  ».  C'est  un  bon  début 
et  qui  promet. 

Un  petit  ouvrage  tout  local  sur  w  les  Crèches  et 
les  Santons  »  nous  est  présenté  par  M.  Charles  Mar- 
tin, le  félibre  bien  connu.  Pour  tous  les  Aixois  à 
qui  la  «  crèche  parlante  »  rappelle  de  vieux  sou- 
venirs il  y  a  là  quelques  pages  qui,  avec  une  inté- 
ressante Pastorale  du  chanoine  Bourges,  constituent 
un  fonds  spécial  et  vraiment  curieux. 

Le  loman  de  Madcmi  Mayen,  intitulé  ((  la  petite 
Dams  des  bois  »  nous  transporte  au  siècle  du  roi 
René.  On  retrouve  dans  cette  étude  le  caractère  fa- 
milial, les  mœurs  simples  et  patriarcales  du  souve- 
rain resté  si  populaire  en  Provence.  L'auteur  nous 
raconte,  d'une  taçon  vraiment  touchante,  l'idylle 
tragique  d'une  nièce  de  ce  prince  et  groupe  habi" 
lement  les  divers  personnages  qui  évoluent  autour 
de  ces  deux  figures  de  premier  plan. 


-26- 

La  poésie,  elle-même,  n'a  pas  été  effarouchée 
par  le  nom  du  sévère  historien.  Si  nous  n'avons 
pas  pu  lui  donner  une  récompense  académique,  les 
lauriers  du  poète  resteront  du  moins  à  ï^C.  d* An- 
selme, J'emprunte  à  ses  cr  simples  esquisses  »  quelques 
vers  que  vous  entendrez,  je  crois,-  avec  plaisir,  car 
ils  ont  du  charme  et  de  la  délicatesse  : 

Ljes    Communiantes 

Tenant  leur  livre  entre  les  mains,. 
Cheminnnt  pensives  el  lentes, 
On  vuit  p:isser  nu  clair  malin 
Les  petites  cummuniuntoâ. 

Femmes  par  les  long<^  vêtements 
Qui  viennent  battre  leurs  chaussures, 
Elles  ronserveni  cependant 
Uu  air  cnfauL  dans  leur  allure. 

Sous  le  grand  voile  transpnrent 
Qui  ma>que  à  peine  leur  visnge, 
Leurs  yeux  clierclienl  le  firmament 
Comme  des  oiselets  en  cage. 

GITranl  leur  âme,  encore  en  fleur, 
An  Créateur  de  tontes  choses. 
Elles  sont  roses  do  ferveur 
Sous  la  blanchj  fraicheur  dos  roses  ; 

Et  Ton  croit  voir  dans  le  lointain. 
Courbant  un  peu  sa  taille  fine. 
S'incliner  unanîJ^o  tiardien- 
Sous  chaque  flot  de  mousseline. 


-  27  - 

Et,  pour  finir,  cette  autre  pièce  qui  chante  un  site 
pittoresque  da  notre  Provence  : 

l'Estaque 

J'aime  ce  joli  coin  de  rôle  provençale 
Où  lout  un  peuple  ancien  parait  ressnsci(6, 
Le  peuple  des  potiers  au  front  brûlé  de  hâLe 
Par  l'ardeur  de  leur  four  el  les  feux  de  i'élé. 

Poudrés  If^gèremenl  d'une  fine  poussière. 
Que  rîiriiile  impalpable  épand  loul  autour  d'eux,. 
Ils  ]>assent,  rayonnants  dans  la  blonde  lumière 
Dont  la  Grèce,  jadis,  nimbait  ses  demi-dieux  ; 

Doucement,  h  l'abri  de  leurs  montai  d'améthyste. 
Ils  évnqncnl  pour  moi  les  pesics  piimiiifs 
Des  prenjicrs  artisans,  précurseurs  des  artistes 
Qui  modeluienl  la  vio  en  des  contours  naïfs. 

El  pour  charmer  enfin  leur  hwe  encor  païenne, 
Ils  regardent  pâlir  Pazur  profond  du  ciel. 
Et  les  pins  incliner  leurs  rameaux  fraternels 
Sur  le  champ  de  la  mer  chimérique  et  sereine  ; 

Sur  la  mer  qui  berça  les  premières  carènes 
Pauvres  jouets  d'enfant  que  le  vent  inclinait 
Mais  dont  l'obscur  sillage,  au  loin,  s'illuminait 
Du  rire  étincelant  des  divines  Sirèues. 

Vous  le  voyez.  Messieurs,  notre  concours  a  sus- 
cité des  travaux  nombreux  et  variés.  C'était  bien 
répondre  à  la  pensée  de  la  généreuse  fondatrice 
qui  s*est  rappelé  à  propos  le  succès  obtenu  jadis 
par  M.  Thiers  dans  cette  Académie. 


-  28  - 

Mademoiselle  Dosne  a  voulu  que  d'autres  vins- 
sent, à  Ie«r  tour,  s'adresser  à  notre  Compagnie  pour 
lui  demander  ses  suffrages.  Nous  en  sommes  pro- 
fondément reconnaissants  à  sa  mémoire.  Nous  som- 
mes fiers  surtout  de  pouvoir,  grâce  à  elle,  évoquer 
le  souvenir  du  glorieux  Provençal  qui,  né  à  Mar- 
seille, vint  développer  dans  Aix  sa  lumineuse  in- 
telligence pour  la  mettre  plus  tard  au  service  de  la 
Patrie  et  pour  mériter,  après  les  sombres  jours  de 
1870,  le  titre  qui  lui  restera  de  libérateur  du  territoire. 


r 


n^fippof(T 

FUR    LES 

PRIX     DE     VERTU 

RAMBOT,  REYNIER  et  Hennette  RAYON 

ET    LES 

PENSIONS  OUVRIÈRES 

Irma  MOREAU 

PAR 

IVI.     Eluia^ne     AUDIIMEX 

Professeur  à  la  Faculté  de  Droit 


Mesdames, 
Messieurs, 

Lorsque  M.  de  Monthyon  chargea  rAcadémie 
Française  de  décerner  chaque  année  un  prix  au 
Français  qui  aurait  fait  Taction  la  plus  vertueuse, 
il  ne  prévoyait  pas  que  son  exemple  aurait  un  si 
grand  nombre  d'imitateurs.  S'il  revenait  au  monde 
et  s'il  voyait,  à  Paris  et  dans  les  provinces,  tant 
de  prix  destinés  à  couronner  la  vertu,  il  en  con- 
cluerait  sans  doute,  —  et  je  voudrais  être  sûr  qu'il 
a  raison,  —  que  les  actes  vertueux  se  sont  beau- 
coup multipliés.  Peut-être  aussi  se  féliciterait-il 
que  cet  heureux  résultat  soit  dû,  en  partie,  à  son 
initiative.  En  récompensant  la  vertu,  ne  Ta-t-on 
pas  encouragée  à  se  manifester  ?  Sur  ce  point,  M. 


-  30  -- 

•de  Monthyon  pourrait  bien  se  tromper.  Sans  doute, 
c'est  une  louable  pensée  d'honorer  ceux  qui,  par 
leurs  bonnes  actions,  quelquefois  par  leur  héroïs- 
me, ont  mérité  justement  la  sympathie  ou  même 
l'admiration  publiques  ;  mais  il  serait  vain  de  croire 
que  l'espoir  et  le  désir  de  la  récompense  suffisent 
pour  déterminer  au  bien  ceux  que  d'autres  mobiles 
n'y  porteraient  pas;  ou,  du  moins,  les  récompen- 
ses qui  auraient  un  tel  pouvoir  ne  se  trouvent  pas 
sur  la  terre,  et  personne  ici-bas  ne  saurait  en  dis- 
poser. D'ailleurs,  ce  n'est  pas  pour  quelques  pièces 
d'or  que  l'on  risque  sa  vie  ou  que  Ton  consacre 
son  existence  au  service  du  prochain.  Ceux  que 
vos  suffrages  distinguent  y  ont  d'autant  plus  de 
titres  qu'ils  n'ont  pas,  d'avance,  songé  à  les  obtenir. 

PRIX      RAMBOT 

Ce  désintéressement,  cet  oubli  de  soi  animaient 
à  coup  sûr  l'homme  modeste  et  intrépide,  la  femme 
charitable  et  dévouée  à  qui  l'Académie  attribue  le 
Prix  Rambot.  Par  la  volonté  du  fondateur,  ce  prix 
de  545  francs  ne  peut  être  divisé  ;  mais,  l'an  der- 
nier, nous  avions  cru  devoir  le  réserver.  Cela  nous 
permet,  cette  année,  de  le  décerner  deux  fois. 
! .  François  Franc  est  né  à  Martigues  ;  il  habite 
aujourd'hui  à  Berre  ;  toute  sa  vie  s'est  écoulée  sur 
le  bord  de  l'étang  qui  a  été  tant  de  fois  le  théâtre 
de  sa  bravoure.  En  iSbS,  pour  son  coup  d'essai, 


-  3î  - 

il  sauvait,  à  Martigues,  un  enfant  de  deux  ans 
tombé  dans  le  canal  du  Roi  ;  depuis  lors,  à  six 
reprises,  il  a  renouvelé  le  même  exploit. 

En  1S78,  à  Saint-Chamas,  il  retire  du  port  une 
femme  qu'un  coup  de  mistral  y  avait  précipitée  ; 
puis,  les  années  suivantes,  à  Port-de-Bouc  et  à  Saint- 
Chamas,  il  est  assez  heureux  pour  arracher  aux 
flots  trois  hommes  et  un  enfant.  Je  vous  fatigue- 
rais par  le  récit  de  ces  sauvetages,  plus  vite  qu'il 
ne  s'est  lassé  lui-même  de  les  accomplir. 

En  1902,  au  cours  d'une  violente  tempête,  le 
bateau  le  Saint-Louis  était  en  perdition  à  Tembou- 
chure  de  TArc.  Franc  accourt,  sauve  le  patron  et 
le  recueille  chez  lui  avec  deux  autres  marins  qui 
avaient  pu  gagner  la  rive  à  la  nage.  Il  leur  prodigue 
ses  soins  à  tous  les  trois,  les  réchauffe,  change 
leurs  vêtements,  leur  donne,  sous  son  toit,  pendant 
deux  jours,  l'hospitalité  la  plus  cordiale  et  la  plus 
généreuse. 

En  1906,  enfin.  Franc  avait  déjà  61  ans,  mais 
si  ses  forces  avaient  diminué,  sa  vaillance  était 
restée  la  même.  Le  4  juin,  lundi  de  Pentecôte,  six 
habitants  de  Berre  se  promenaient  en  baïque  sur 
rétang.  Tout  à  coup  un  vent  furieux  s'élève.  La 
frêle  embarcation  chavire.  Ceux  qui  la  montent 
luttent  avec  peine  contre  les  flots  soulevés.  Mais 
Franc  les  a  vus.  Il  groupe  autour  de  lui  quelques 


-  32  - 

hommes  courageux.  Je  veux  vous  les  nommer 
tous.  C'étaient  MM.  Jean  Aliène,  Truchard  et  Du- 
rand, de  Beire  ;  Baptistin  Aliène  et  Vailhen,  de 
Marseille..  Franc  se  met  à  leur  tête  ;  avec  eux  il 
parvient  jusqu'aux  naufragés  et  réussit  à  sauver  la 
vie  à  quatre  d'entre  eux.  Deux  autres  malheureu- 
sement avaient  péri. 

L'Académie  n*a  qu*un  regret  :  c'est  d'avoir  connu 
tardivement  M.  Franc  et  de  ne  pas  lui  avoir  donné 
plus  tôt  une  récompense  tant  de  fois  méritée,  (i) 

Madame  Madeleine  Audiberti  veuve  Jourdan, 
qui  obtient  le  prix  réservé  en  191 1,  se  recom- 
mande par  des  mérites  d'un  autre  genre.  Ses  actes 
ont  été  moins  éclatants,  ils  n'ont  pas  été  moins 
courageux.  Elle  aussi  n'a  pas  craint  de  s'exposer 
au  danger  pour  ses  semblables.  Si  elle  n'a  pas  af- 
fronté la  mort  au  milieu  des  flots  déchaînés,  elle 
a  bravé  la  contagion  au  chevet  des  malades  ;  elle 
a  dû  vaincre  la  répugnance  qu'inspirent  à  la  nature 
les  maux  les  plus  rebutants.  C'est  au  foyer  domes- 
tique qu'elle  fit  d'abord  l'apprentissage  du  dévoue- 
ment. Dès  l'âge  de  onze  ans,  ses  faibles  salaires 
aidaient  sa  mère  veuve  à  élever  un  frère  et  une 
sœur  plus  jeunes.  A  peine  est-il  marié,  ce  frère 
tombe  malade  et  meurt.  Pendant  de  longs   mois, 


(I)  Depuis  que  ce  npport  n  éic  écrit,  M.  Franc  s'est  signalé 
une  fois  do  plus,  le  I  \  juin  dernier,  en  sauvant  un  pécheur  dont 
la  barque  avait  chaviré  dans  létaug  de  fierre. 


-  33  — 

Madeleine  Audibert  avait  rivalisé  de  soins  avec  sa 
mère  auprès  du  lit  du  pauvre  agonisant.  Il  laissait 
une  jeune  femme  et  deux  petits  enfants.  Madeleine 
les  soutient,  en  même  temps  qu'elle  fait  vivre  sa 
vieille  nière  du  produit  de  son  travail.  Plus  tard, 
elle  se  marie  elle-même,  de  meilleurs  jours  sem- 
blent se  préparer  pour  elle.  Hélas  !  bientôt  son 
mari  est  atteint  d'une  maladie  de  cœur  ;  il  lutte  de 
longs  mois,  tnais  le  mal  est  le  plus  fort;  il  doit 
cesser  tout  travail  et  s'aliter.  Sa  maladie  dure  long- 
temps ;  quand  il  mçurt,  sa  veuve  se  trouve  en  pré- 
sence  de  dettes  relativement  considérables.  Elle  ne 
perd  pas  courage  et  par  un  travail  assidu  elle  par- 
vient à  se  libérer. 

.  Dans  cette  vie  si  remplie  d'épreuves,  si  labo- 
rieuse^ Madame  Jourdan  a  trouvé  le  moyen  de 
pratiquer  la  charité  la  meilleure  et  la  plus  vraie  : 
celle  qui  consiste  à  se  donner  soi-même.  Lorsque, 
dans  son  voisinage,  un  accident  se  produit,  lors- 
qu'il faut  veiller  un  malade,  ensevelir  un  mort, 
c'est  elle  que  Ton  va  chercher,  et  jamais  elle  ne 
refuse  de  venir,  jamais  aussi  elle  ne  demande  la 
moindre  rétribution.  Dans  la  maison  qu'elle  habite, 
le  feu  prend  aux  vêtements  d'un  enfant  ;  il  est 
cruellement  brûlé,  son  corps  n'est  plus  qu'une 
plaie  :  Madame  Jourdan  panse  ses  blessures  et   le 

soigne  pendant  six  mois,  sans  parvenir  à  le  sauver. 


-  34- 

Elle  rend  les  mêmes  services  à  l'un  de  ses  voî-- 
sîns,  victime  d'une  brûlure  généralisée,  à  la  suite 
de  l'explosion  d'une  lampe  à  alcool,  et  qui  se  réta* 
blit  grâce  à  ses  soins  assidus.  Un  autre,  après  une 
grave  fièvre  typhoïde,  a  une  plaie  à  la  tête  :  deus: 
fois  chaque  jour,  Madame  Jourdan  vient  le  panser. 
Non  loin  de  chez  elle,  une  femme  est  atteinte  de 
la  petite   vérole.  Telle  est  la  frayeur  qu'inspire  la 
terrible  maladie  que  personne  n'ose  l'approcher. 
Tous  les  voisins  Tont  abandonnée.  Madame  Jour- 
dan s'installe  près  de  la  malade,  la  soigne  seule  et 
réussit  à  la  guérir. 

Dans  une  autre  maison,  trois  enfants  sont  morts 
de  la  petite  vérole  ;  ailleurs,  le  père  et  la  fille  ont 
succombé  au  même  mal  ;  c'est  encore  elle  qui  leur 
ferme  les  yeux  et  qui  leur  rend  les  derniers  de- 
voirs. Et  je  ne  cite  pas  tous  les  traits  qu'on  nous 
a  rapportés.  Ceux-là  suffisent,  je  crois,  pour  justi- 
fier la  décision  de  l'Académie. 

prix:     BE.Y1VIEB 

Le  prix  Reynier,  grossi  d'une  part  restée  dispo- 
nible en  191 1,  a  été  divisé  entre  quatre  lauréats. 

Une  somme  de  400  francs  a  été  tout  d'abord 
attribuée  à  Mademoiselle  Jeanne  Bimet  Son  his- 
toire est  simple  ;  elle  est  de  celles  que  le  public 
de  nos  séances  a  entendues  déjà  souvent.  On  a 
plaisir  à  la  redire  une  fois  de  plus. 


—  So- 
Mademoiselle  Bimet  est  entrée  à  seize  ans   au 
service  d'une  famille  honorable  ;   elle  y  est  restée 
pendant  quarante-quatre  ans,  soignant  et  élevant, 
comme  s'ils  étaient  les  siens,  trois  enfants  que  la 
mort  de  leur  mère  avait  rendus  de  bonne  heure  or- 
phelins, en  même  temps  qu'elle  consacrait  ses  sa- 
laires à  soutenir  et  à  faire  vivre,  d'abord  ses  grands- 
parents,  puis  ses  parents  infirmes  et  âgés.  Mais  la 
famille  qu'elle  servait  avec   tant  de   dévouement 
éprouva  de  cruels  revers  de  fortune.  Désormais, 
Mademoiselle  Bimet  ne   demanda  plus  de  gages, 
sauf  ce  qui  lui  était  indispensable   pour  aider  ses 
propres  parents.  Dans  des  jours  plus  heureux,  elle 
avait  fait  des  économies  ;  tout  fut  emporté  dans  la 
débâcle,  et  quand  son  maître  mourut,  Mademoiselle 
Bimet  se  trouva  sans  aucune  ressource.  Courageu- 
sement   elle  chercha   du  travail,    partageant  ses 
gains  bien  modestes  entre  ses  frères  et   sœurs  et 
la  fille  de  ses  maîtres.  Et  maintenant  qu'elle  est  ar- 
rivée à  la  vieillesse  et  que  ses   forces  déclinent, 
c'est  encore  à  sa  maîtresse  qu  elle  pense,  et  si  elle 
éprouve  quelque  chagrin,  c'est  parce    que   bientôt 
elle  ne  pourra  plus  lui  venir  en  aide.  En  signalant 
Mademoiselle  Bimet  à  notre  attention,  on  nous  di- 
sait qu'il  était  rare  de  rencontrer  autant  de  dévoue- 
ment et  de  désintéressement  et  que  les  récompen- 
ses de  l'Académie  pouvaient  difficilement  être  dé- 


—  36  — 

cernées  à  une  personne  aussi  méritante.   Tous  ici, 
j*en  suis  certain,  partageront  cet  avis. 

Nous  avons  encore  attribué  trois  prix  de  300  fr. 
chacun  à  Mademoiselle  Nathalie  Anastay^  à  Ma- 
demoiselle Louise  Niel  et  à  Mademoiselle  Eulalie 
Mondone^ 

Mademoiselle  Nathalie  Anastay  est  de  la  fa- 
mille morale  de  Madame  Madeleine  Jourdan,  dont 
je  vous  parlais  tout  à  l'heure.  Elle  aussi  a  consacré 
son  existence  h  Texercice  de  la  charité.  On  n'a  pas 
oublié,  à  Mallemort,  sa  vaillante  conduite  dans 
l'épidémie  colérique  de  1884.  La  panique  s'était 
emparée  de  toute  la  population  ;  mais  Mademoi- 
selle Anastay,  sans  craindre  le  péril,  se  rendait  près 
des  malades  abandonnés,  les  entourait  des  soins 
les  plus  attentifs,  leur  procurait  les  secours  de  la 
religion,  ensevelissait  ceux  qui  succombaient. 

Une  famille  d'Italiens,  logée  dans  un  taudis  in- 
fect, avait  été  frappée  par  le  fléau.  Tout  le  monde 
la  fuyait  ;  Mademoiselle  Anastay  seule  la  secourut 
et  la  soigna.  L'épidémie  passée,  son  dévouement  ne 
se  ralentit  pas.  Les  soins  à  donner  ont  beau  être 
pénibles  et  rebutants,  elle  accourt  au  chevet  du 
malade,  reste  près  de  lui  jusqu'à  sa  mort  et  lui 
ferme  les  yeux,  sans  rien  recevoir  en  retour  des 
services  qu'elle  a  rendus. 

Aujourd'hui,  Mademoiselle  Anastay  habite  la 
ville  d'Aix,  et  c'est  là  qu'elle  continue  son  charita- 


-37  - 

ble  ministère.  On  la  voit  toujours  près  des  malades 
et  des  mourants,  et  comme  elle  n'a  elle-même  au- 
cune ressource,  elle  va  tendre  la  main  aux  person- 
nes plus  favorisées  de  la  fortune  et  porte  à  ses 
pauvres  clients  les  aumônes  qu'elle  a  recueillies. 
La  somme  que  l'Académie  va  lui  remettre  lui  per- 
mettra de  soulager  quelques  misères  :  c'est  là,  sans 
doute,  ce  qui  la  réjouira  le  plus. 

Mademoiselle  Louise  Nicl  est  née  à  La  Calade 
et  elle  y  habite  encore  aujourd'hui.  Pendant  une 
vie  déjà  longue,  elle  n'a  pas  quitté  son  pays  natal. 
Longtemps,  elle  a  dû  faire  vivre  de  son  travail  ses 
parents  infirmes  ;  elle  a  maintenant  à  sa  charge  un 
frère  âgé  et  incapable  de  subvenir  à  ses  besoins. 
En  même  temps,  elle  n'a  cessé  de  prodiguer  ses 
services  autour  d'elle. 

Très  pieuse,  elle  a  toujours  pratiqué  ses  œuvres 
charitables  avec  entrain,  modestie  et  bonne  hu- 
meur. C'est  à  son  insu  que  ses  voisins,  qui  sont 
tous  ses  amis,  ont  demandé  pour  elle  les  suffrages 
de  l'Académie.  Nous  nous  sommes  rendus  de  grand 
cœur  à  leur  désir.  Nous  avons  voulu  rendre  hom- 
mage à  une  vie  sans  défaillance,  à  l'accomplisse- 
ment persévérant  du  devoir  obscur,  aussi  méritoire 
à  nos  yeux  que  des  actions  plus  éclatantes. 

Mademoiselle  Eulalie  Mondone  avait  depuis 
longtemps  été  désignée  à  notre  attention  par  son 
dévouement  aux  siens.  Elle  avait  d'abord,  pendant 


^ 


—  38  — 

plus  d'un  an  et  sans  prendre  presque  aucun  repos, 
soigné  jour  et  nuit  une  de  ses  sœurs  qui  soufifrai* 
cruellement  des  suites  d'une  brûlure.  Elle  a  dû  en- 
suite se  consacrer  à  son  vieux  père,  âgé  de  plus 
de  quatre-vingt  ans,  à  un  neveu  atteint  de  plaies 
qui  nécessitaient  jusqu'à  trois  fois  par  jour  des 
pansements  délicats,  à  une  autre  sœur  enfin,  restée 
irrémédiablement  infirme,  après  avoir  été,  il  y  a 
une  dizaine  d'années,  renversée  et  a  demi  écrasée 
par  une  automobile.  Loin  de  trouver  ce  fardeau 
trop  lourd,  Mademoiselle  Mondone  a  mis  au  ser- 
vice d'autres  malades  les  rares  loisirs  dont  elle  dis- 
posait. Un  vieillard,  sans  famille,  achevait  de  vivre 
au  quatrième  étage  d'une  maison  voisine.  Elle  Ta 
visité,  entouré  de  la  sollicitude  la  plus  attentive,  et 
a  fini  par  le  recueillir  chez  elle  où  il  est  resté  jus- 
qu'à sa  mort. 

Cette  tâche  remplie.  Mademoiselle  Mondone  en 
a  entrepris  une  autre  :  c'est  une  vieille  demoiselle, 
impotente  et  sans  ressource  qui  est  devenue  l'objet 
de  ses  soins.  Mademoiselle  Mondone  est  d'origine 
italienne;  mais,  pour  elle  comme  pour  nous,  la  cha- 
rité ne  connaît  pas  de  frontières  :  c'est  un  libre 
échange  qui,  j'en  suis  sûr,  ne  provoquera  aucune 
critique. 

PBI3L     RATOM 

Les  Prix  Rambot  et  Reynier,  les  plus  anciens 
en  date,  ne  sont  pas  les  seuls  que  l'Académie  ait 


-  3^J  — 

à  décerner.  D'autres  bienfaiteurs  l'ont  choisie  pour 
intermédiaire  de  leur  libéralité. 

Il  y  a  peu  d'années,  Mademoiselle  Henriette 
Rayon  instituait  un  prix  de  275  francs,  destiné  à 
récompenser  une  jeune  fille  dont  l'Académie  aurait 
distingué  les  mérites.  Beaucoup,  sans  doute,  en 
sont  dignes  parmi  nos  jeunes  compatriotes,  mais 
(peut-être  par  excès  de  modestie)  fort  peu  d'aspi- 
rantes se  sont  présentées.  Au  reste,  la  jeunesse  est 
chose  relative  et  il  serait  indiscret  de  vérifier  de 
trop  près  l'âge  de  nos  lauréats.  Mademoiselle  Louise 
Arnaud,  ouvrière  en  dentelles,  nous  a  paru,  par  sa 
vie  laborieuse,  par  sa  conduite  irréprochable,  par 
son  honnêteté  scrupuleuse,  réunir  tous  les  mérites 
dont  nous  sommes  les  juges  :  le  Prix  Rayon  ne 
saurait  être  mieux  placé  qu'entre  ses  mains. 

PEWSIOIVS     IBHA     BIORJEAV 

Nous  avions  encore  à  attribuer,  cette  année, 
l'une  des  pensions  fondées  par  Mademoiselle  Irma 
Moreau.  La  jeunesse  n'est  point  ici  une  condition 
requise  bien  au  contraire.  Madame  Reyne  Goy** 
randi  veuve  Laurens,  du  Puy-Sàinte-Réparade,  à 
qui  nous  la  donnons,  a  bien  près  de  90  ans.  Elle 
est  née  à  Aix  (c'est  elle  qui  nous  l'a  dit)  le  25  jan- 
vier 1823. 

Au  cours  d'une  vie  si  prolongée,  elle  a  traversé 
de  dures  épreuves  qu'elle  a  supportées  chrétienne- 


-  40  - 

ment.  Des  six  enfants  qu'elle  a  eus  quatre  sont 
morts  depuis  longtemps.  Les  deux  qui  lui  restent, 
et  qui  ne  sont  plus  jeunes,  ont  peine  à  suffire  à 
ses  besoins  et  aux  leurs.  Mais  Madame  Laurens  a 
toujours  conservé  sa  sérénité  et  sa  confiance  en 
Dieu.  Chaque  dimanche,  on  la  voit  encore  s'ache- 
miner vers  l'Eglise,  pour  assister  à  la  messe  et  aux 
vêpres.  Tout  le  monde,  au  Puy,  vénère  la  bonne 
tante  Reyrie  (c'est  ainsi  qu'on  la  nomme)  ;  tout  le 
monde  s'associera  à  notre  souhait  :  qu'elle  jouisse 
encore  longtemps  de  cette  pension  qui  apportera 
un  peu  plus  de  bien-être  à  ses  vieux  jours. 

J'ai  achevé  la  tâche  qui  m'avait  été  confiée.  Celle 
que  je  remplis,  d'ordinaire,  dans  cette  maison  et 
dans  cette  salle  même  est  plus  austère  et  moins 
attrayante.  J'ai  éprouvé  aujourd'hui  une  satisfaction 
que  je  goûte  rarement  :  en  examinant  les  mérites 
des  candidats,  j'ai  pu  ne  leur  donner  que  des  élo- 
ges, sans  réserve  et  sans  exception. 


w 


—  41  - 


1 


I 
On  a  lu  : 


Aquœ  SextiSf  par  M.  E.  Lacoste. 


tel 


__  4Î  - 


PRIX    RAMBOT 

Fondé  en  18S9,  snioant  testament  olorjraplie  du  S5 
août  /i'oS,  pour  récompenser  les  actes  de  découement, 
de  courage,  de  désintéressement,  les  soins  donnés  à  la 
vieillesse  et  à  ienfance  pauvre  et  abandonnée , 

Le  prix  Itambot  de  543  francs,  indioisible,  a  été 
décerné  à  cinquante- deux  lauréats  de  1860  à  49H  ; 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dans  les  précédents 
Bulletins  ;  nous  donnons  ci-dessous  la  liste  des  dix 
derniers. 

Liste   dos    Lauréats 

Depuis   1902. 

1902.  Mlle  Bl«Tnchc  Arène,  iVMx. 

1903.  M.  Mnrius  Armand,  à  Aix. 

1904.  M.  Mnlhieu  Jeauffret,   Les  Milles,  commune 

dVAix. 

1905.  M.  Louis  Frnnçois  Remusat,  d'Aix. 
lOOG.     Mlle  Viclorio    Rey.    d'Aix. 

1907.  Mlle  Ermîinco  Mégy,  d'Aix. 

1908.  M.  Marias  Dagard,  d'Aix. 

1909.  Mlle  Marie  Rivière,  d'Aix. 

1910.  Mlle  Emilie  SosPEL. 

1912.     M.  Fronc  François,  de  Rcrre. 
—       Mme  xVuDiBERT  M.ii^deleiiie. 


—  43  — 


II 


PRIX    REYNIER 

Ce  prix  de  1,000  francs  a  été  fondé  en  1865.  par 
testament  olographe  du  1S  mars  18GU  pour  récom- 
penser les  actes  les  plus  méritoires  de  décoûment,  de 
fidélité  et  de  secours  au  malheur,  les  soins  désinté- 
ressés donnés  aux  infirmes  et  aux  vieillards  ainsi  quà 
renfance  délaissée  et  pauvre. 

Une  partie  de  la  somme  est  réservée  pour  les  pères  et 
mères  qui  étèvcnt  le  mieux  leurs  enfants,  c'est-à-dire^ 
dune  manière  chrétienne,  honnête  et  lithorieuse. 

Ix  prix  Rcynicr  a  été  décerné  à  cent  dix-sept 
Lauréats  de  4810  à  1911. 

Comme  pour  le  prix  liambot  leur  liste  a  été  insérée 
dans  les  précédents  Bulletins  ;  voici  celle  des  diss 
dernières  années 

ILiiste  des   X^a\irôat& 

Depuis   1003, 

1D03,  Mlle  Marie  Ciiave,  à  Aîx. 

»  Mlle  Alexniulrinc  Rocue,  h  Aîx. 

»  Les  époux  HiGAUD,  è  Aix. 

4904.  Mme  veuve  Cûakut,  née  Lombard,  à  Aîx 

»  Mme  Blanc,  née  Feloulier,  les  Pincliluats. 

»  Les  époux  Pepino,  à  Aix. 

1905.  Mlle  Thérèse  Tempier,  d'Aix. 

»  Mile  Marie  Amdert,  de  Marcols  (Ardëche). 

»  Mme  Chuzin,  à  Aix. 


-  4Î  - 


PRIX    RAMBOT 

Fondé  en  1S59,  suicant  testament  olographe  du  85 
août  1SS8,  pour  récompenser  les  actes  de  découement, 
de  courage,  de  désintéressement,  les  soins  donnés  à  la 
vieillesse  et  à  l'enfance  pauvre  et  abandonnée . 

Le  prix  Rambot  de  543  francs^  indioisible.  a  été 
décerné  à  cinquante- deux  lauréats  de  1860  à  49H  ; 

Leurs  noms  ont  été  publics  dans  les  précédents 
Bulletins  ;  nous  donnons  ci-dessous  la  liste  des  dix 
derniers.. 


Depuis  1902. 

f902.  Mlle  Blanche  Arène,  d*Aix. 

4903.  M.  Mnrius  Armand,  à  Aix. 

4904.  M.  Mathieu  Jeauffret,  Les  Milles,  commun» 

d'Aix. 

4905.  M.  Louis  François  Remcsat,  d'Aix. 

4906.  Mlle  Vicloria   Rey.    d'Aix. 

4907.  Mlle  Ermancc  Mêgt,  d'Aix. 

4908.  M.  Marius  Dagard,  d*Aix. 

4909.  Mlle  Marie  Rivière,  d'Aix. 

4910.  Btilc  Emilie  Sospel. 

4942.  M.  Franc  François,  de  Berre. 

—  Mme  AuDiBERT  Magduleine. 


—  43  — 


II 


PRIX    REYNIER 

Ce  prix  de  1,000  francs  a  été  fondé  en  4865.  par 
testament  olographe  du  /S  mars  1861,  pour  récom- 
penser les  actes  les  plus  méritoires  de  décoûmenty  de 
fidélité  et  de  secours  au  malheur,  les  soins  désinté- 
ressés donnés  aux  infirmes  et  aux  vieillards  ainsi  quà 
tenfance  délaissée  et  pauvre. 

Une  partie  de  la  somme  est  réservée  pour  les  pères  et 
mères  qui  étèvcnt  le  mieux  leurs  enfants,  cest-à-^dire, 
d'une  manière  chrétienne,  honnête  et  laborieuse. 

Ix  prix  livynier  a  été  décerné  à  cent  dix-sept 
Lauréats  de  1870  à  1911. 

Comme  pour  le  prix  liambot  leur  liste  a  été  insérée 
dans  les  précédents  Bulletins  ;  voici  celle  des  dî3S 
dernières  années 


Depuis   1003, 

1903.  Mlle  Marie  Chave,  à  Aix. 

»  Mlle  Alexniidrine  Rocue,  n  Aix. 

»  Les  époux  UiGAUD,  à  Aix. 

4904.  Mme  veuve  Chakut,  née  Lorabnrd,  à  Aîx 

»  Mme  Blanc,  née  Peloutier,  les  Pinchluats. 

»  Les  époux  Pepino,  à  Aix. 

1905.  Mlle  Thérèse  Tempier,  d'Aix. 

»  Mlle  Marie  Anrert,  de  Marcols  (Ardèche^. 

»  Mme  CiiuziN,  à  A^x. 


—  44  - 

4*906.  Mme  veuve  Hérault,  née  G«nl,  h  Aix. 

»  MPc  Aiig'isline  Socratk.  h  Aix. 

»  Mme  veuve  Diogèxb,  née  Boniii. 

4907.  Mlle  Julie  Décort,  h  Aix. 

9  Mlle  Antoinelle  Cojcstant,  h  Aix. 

»  Mlle  Marie  Joseph,  dilo  Miirie  Olive,  à  Aix. 

4908.  Mlle  Lconcie  Arbaud,  à  Aix. 

»  Mlle  Eublie  Antokietti.  (l'Islres. 

»  Les  i^ponx  Rartiiêlemv  Gilles,  à  Aix. 

4909.  Mlle  Clémence  Thomas,  n  Aix. 
»  Mlle  Marguerite  Lèze.  à  Aix. 
»  Mme  vciivo  Deluy,  à  Aix. 

4910.  M.  Jo«e[)li  Granon,  de  Rognes.. 

»  M.  Fcrn<nnd  Armacd,  de  Rognes. 

491 1 .  Mlle  Henrietie  Brln,  à  Aix. 

»  Mme  Anastay,  nce  Ferrât,  h  Aix, 

4912.  Mlle  BiMKT  Jeanne,  n  Aix. 

»  Mlle  Anastay  Nnili^die,  n  Aix. 

»  Mlle  Niel  Louise,  à  La  Calnde,  prèsd'Aîx. 

>  Mlle  MoKDONE  Eulalie,  à  Aix. 


•  .'•' 


-  45  — 


III 


PENSIONS    IRMA    MOREAU 

Ces  pensions  ont  été  fondées  en  1S99,  par  testament 
de  Mademoiselle  Irma  Moreau.  du  7  janvier  de  la 
même  année,  qui  institue  l'Académie  sa  légataire 
universelle.  Elles  consistent  en  une  somme  annuelle  de 
200  francs. 

Elles  sont  destinées  à  offrir  une  récompense  et  procu- 
rer un  secours  aux  personnes  particulièrement  recom- 
mandées par  leur  honnêteté  et  leur  vertu  notoires, 
qui  en  seront  les  plus  dignes  et  qui  devront  être  choi- 
sies dans  les  catégories  suivantes  : 

4^  Pères  de  famille  veufs  ou  non  ,  et  mères  de 
famille  veuves ,  connus  comme  gens  malheureux  el 
nécessiteux^  exempts  d'ivrognerie  et  autres  vices,  et 
ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

2"  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie,  ou 
d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans  l'impos-- 
sibililé  de  subvenir  à  leurs  besoins. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pensions  en 
4002. 


i^MMfete 


-46 


des  pensions  ouvrières 


r*   CATEGORIE  (Pères  et  l«res  de  famille) 


-|903.     M.  Fidèle  BONTOUX,  h  Aix  (5  eofants 

9       M.  Jean  LARGUÈZri:,  à  Âix  (4       » 

»       Mme  veuve  BARMER,  née 

Alexis,  à  Luynes  (7      » 

4  904.    Mme  veuve  Cliarle'^  DES- 

PLAS,  de  Castres  (6 

4905.    M.VictorînGIi\IEZ,àGalîce  (8 

4907.  Mme  veuve  TEMPIEli,  née 

Tardibu  (5 

4908.  Mme  Pauline  DEDIEU,  née 

Phaillon  de  S-.Remy  (7 

>        M.  Heicri  MICHEL  aux  miles  (6 

4910.    M.  Paul  ESCOFFIER,  de 

Gardanne  (4 

»        Les  époux  ABEL,  de  Bians  (40 

4944.    M.  Antoine  MICHEL,  à 

Sepièmes  (44    i      ) 


r 


-47 


H-   CATEGORIE  (Onviiércs) 


4903.    Mme  veuve  POURCEL,  née  Fauqub, 

à  Aix. 

»       Mme  veuve  BARBIER,  uée  Aurengb, 

à  Aix. 

490G.  Mlle  Ang(Me  CADENEL  à  Egailles. 

19t)8.  Aille  Madeleine  CHIEUSSE,  à  Arles. 

»  Mlle  Malhilde  JOUYNE,  à  Aix. 

4909.  Bille  AntoincUe  BOYER,  à  Aix. 

4910.  Mlle  Cnrolinc  GAUALDA,  à  Aix. 

49H.  Mlli!  Marie-Thérèse  ISNARD,  h  Aix. 

4912.    Mme  veuve  GOYRAND  Renée,  née  Laurens,  au  Puy- 
Sainle-Rcparade. 


•  3 


Jr 

■    *<< 
1 


V 

-1 


—  48  — 


IV 


PRIX    HENRIETTE    RAYON 

Ce  prix  de  215  fr.  a  été  fondé  par  Mademoiselle 
Henriette  Uayon.  par  testament  du  26  décembre 
1906.  pour  récompenser  une  jeune  fille  dont  Iv  bureau 
de  r Académie  aura  distintjué  les  mrrites. 

Comme  pour  les  autres  prix  Wamloi,  Régnier  et 
Irma  ilorean,  la  liste  de  ces  prix  Sera  insérée  dans 
le  présent  Bulletin. 

L'Académie  a  commencé  en  1909  a  décerner  ce 
prix 


d 

Depuis  1919 

1909.  Mlle  Herminie  CALUKR,  d'Aix. 

4910.  Mlle  Marie  NOUVKKUONS,  tPAix. 

49H.  MlleLt^otiline  HOMAN,  do  Malijay. 

4912.  Mile  Louise  ARNAUD,  d'Aix. 


^ 


r 


—  49- 


V 


PENSION     V'    NEGRE 

Cette  pension  a  été  instituée  par  Madame  Virginie 
Fabre,  veuve  Nèore,  décédée  à  Aixle  8  juillet  4908. 

Par  son  testament  du  16  juillet  1003,  Madame 
Nègre  a  fondé  ce  legs,  en  mémoire  du  sieur  Fabre,  son 
père,  qui  était  maçon.  Il  consiste  en  une  pension  ou- 
vrière de  5S0  francs  à  décerner  à  un  maçon,  marié 
ou  non,  avec  ou  sans  enfant,  ne  pouvant  plus  tra- 
vailler, d'une  honnêteté  parfaite  et  bien  reconnue, 
pour  en  jouir  sa  vie  durant. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  cette  pension 
dans  la  Séance  Publique  de  1910. 


depuis  1910 
491 0.    Henri  SECOND,  d'Aix,  ègé  de  85  ans. 


5tAH.   PUIL.   AUD.— 1912  —4— 


—  50  — 


VI 


PRIX    THIERS 


Mademoiselle  Dosne,  en  souvenir  de  son  illustre 
beau- frère,  M.  Thiers,  a  fondé  le  prix  que  l' Aca- 
démie a   Vhonneur  de  décerner. 

Ce  prix  consiste  en  vne  somme  de  trois  mille  fr. 
à  décerner  tous  les  cinq  ans.  indivisible,  pour  un 
ouvrage  sur  la  Provence  ou  écrit  par  un  Provençal. 


4907.    H.  Camille  JULLIAN,  membre  de  riastilat, 

à  Paris. 

4912.    M.  Z.  ISNARD,  archiviste  en  chef  du  départo- 

ment  des  Basses-Alpes^  à  Digae. 


-  51  - 


BUREAU    DE    LACADÉMIE 

49H  -  4942 


Président M.  le  G**  db  BosiNECORSB-LuBiftEBS. 

Vice-Président M.  bb  Ddbanti  la  Caladb. 

Secrétiùre  perpétuel.  H.  le  Baron  Guilubbbt. 

Secrétaire  annuel  • .  M.  Gustave  Reynaud. 

Archiviste M.  le  Marquis  d*1llb. 

Bibliothécaire M.  Edouard  Aude. 

Trésorier. M.  Houratit. 


■\ 


^ 


TABLEAU 

des 

TVIEMBRES    DE    L'ACADÉMIE 

(Arrêté  en  août  191 1) 

MEMBRES     D'HONNEUR 
MM. 

MiSTBAL  Frédéric,  C.  .:^.  iÇ*  1^.  Correspondant  2  mars  4863, 
membre  d'honneur  le  6  juin  1899  ;  à  Maillaae  (B.-du-R.J, 

Pêcocl  Auguslo,  G.  C.  i^\  archiviste  palr^ographc.  Corres- 
pondant 5  mnrs  1901.  Membre  d'honneur '23  avril  1907; 
à  Draveil  fSeine-et'OiseJy  et  Boulevard  de  la  TourMaubourg, 

3,  à  Pftris. 
CoARLEs-Houx  Jules,  C.  :ê^,  ancien  députe.  Associé  régional 

12  janvier  1883.   Membre  d'honneur  3  décembre  1907. 

Rue  Pierre-Charroîif  12,  à  Paris. 

Michel  ENari-le  1jL\  docteur  en  méJerine.  Membre  honoraire 
21  février  ^902.  Meiibre  d'honueur  14  janvier  1908.  i?u« 
de  Clichy,  40,  à  Paris,  et  villa  Micjnet,  à  Aix. 

S.  E\c.  M.  Révoil  Paul,  C.  .^';,  ambaspadeur  de  France, 
24  mars  190S;  (lir«Tlour  lU:  la  Buicpu»  O'toninnc,  à  Cons- 
tuntinople,  et  Château  de  ServanCy  par  Mouriès  (IL-dn-B,) 

GiRAUD  Charl«»s,  ^,  Premier  Présid»nl  de  la  Cour  d'Appel, 
16  m.irs  1909.  Rue  de  rOpêra,  à  Aix, 

Akard  Jcm  Xi',  membre  de  PAcadt^mic  Française.  15  mars 
1910  ;  à  La  Garde,  près  Toulon  (Var). 

RÉGMEn  (de)  h  'hi  i.  membre  de  PAcadémii» Française,  corres- 
pondant 5  ni')!  1908,  membre  d'Houueur  16  janvier  1912, 
rue  de  Magdebourg,  14,  à  Paris. 


-  53 


MEMBRES     TITULAIRES 


MM. 


^  Vî 


Guerrier  (le  chanoine)  Joseph,  doyen  du  Chapitre  Mélropo- 
lilain,  docteur  eîi  Théologie.  25  avril  1872.  Boulevard 
Suint- Louis,  31. 

GciLLiBERT  (baron)  Hippolyte,  v§^  0.  ►!*,  anrîen  bfilonnîcrde 
Tordre  des  avocats  à  la  Cour.  15  janvier  1878.  Rue 
ilazarine,   14. 

MotRAViT  Gustave  ►f»,  président  de  la  Chambre  des  notaires. 
8  février  1884.   Place  des  Prêcheurs,  34. 

SouBRAT  Charles,  ancien  conseiller  à  la  Cour,  président  du 
Comice  agricole.  15  février  1884.  Rue  Mazavine,  8. 

Marbot  (le  cîunnoino)  Edmond,  ancien  vicairo  général.  28 
mars  1887.  Rue  Goyrand,  3  bis. 

Gantelmi  d*Ille  (marquis  de)  Charles  -^  ^i*  0.  r>.  Associé 
régional  le  12  janvier  1883,  menïbriî  titulaire  le.  17  juin 
4890.  Cours  Mirabeau,  G. 

Pontier  Henry,  I.  P.  ^,  conservateur-directeur,  du  Musée.  5 
avril  1892.  Rue  Cardinale,  13.. 


1 


—  54  — 

Fassin  Emile,  I.  P.  U,  conseiller  à  la  Cour.  24  avril  4894. 

à  Arles. 

TouRTOULON  (baron  de)  Charles,  I.  P.  G.  0.  •f»  C.  >&  ancien 
président  do  la  société  des  Laogues  Romanes.  Correspon- 
dant le  4  juin  1878,  membre  tiluluiro  le  28  mai  4895. 
Rtie  Roux-Alphéran,  13, 

Sàpokta  (comte  de)  Antoine.  Associé  régional  le  2  février 
4892,  membre  titulaire  le  23  mars  4897. /ft/e  Cardinale,  23, 
et  rue  Philippy,  3,  à  Montpellier  (Hérault). 

BoKNECORSE-Lt'BiÈRES  (comlo  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour. 
Associé  régional  le  27  décembre  4897,  membre  titulaire  le 
30  mai  1899.  Rue  de  l'Opéra,  24. 

BoNAFOLS  Raymond  I.  P.  p,  professeur  h  la  Faculté  des 
Lettres.  30  janvier  4900.  Rue  du  Bras-dVr,  2. 

RoLLA^'D  Henri,  I.  P.  Ui  chanoine  titulaire  de  la  métropole, 
aumônier  du  Lycée  Mignet.  48  décembre  4900.  Rue  du 
Louvre.  29. 

BouRGUET  Alfred,  avocat  à  la  Cour.^  Associé  résional  le  40 
mars  4896,  membre  titulaire  le  29  janvier  4904  ;  au 
Pont-de-l'Arc,  près  d*Aix. 

Amnard  Casimir  »{«,  ancien  bâtonnier  de  Tordre  des  avocats. 
5  février  4904.  Rue  du  Quatre-Septembre,  34. 

Aude  Edouard,  I.  P  (^,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Mé- 
janes.  Associé  régional  le  20  mars  4900,  membre  titulaire 
le  46  juin  t903.  Villa  Joyeuse,  chemin  de  la  Violette. 

Lacof-te  Ernest,  I.  P  y»  ,  ingêiiieur.  Associé  r'gîonnl  le  20 
février  1900,  membre  liliilairo  le  20  décembre  1904. /{«<? 
du  Qitatre-SeplcmOrCj  30. 

Dr  Durami  la  Caladk  Jérômo  G,  licencié  ès-Lellrcs.  SI 
mars  1903.  Rue  Mignel,  11. 

Michel  Tranquille,  ^;.,  ingénieur  eu  chef  des  Ponts-et^ 
Chaussée.s.    40  avril  4905.  Rue  du  4-Septemhre. 


-  65  — 

Jaufprbt  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  27  mars  4906.  Rue  des 
Epinayx,  13. 

Betkacd  Gustave,  directeur  des  Contributions  directes,  en 
relrnite.  Asi^ocié  régional  30  janvier  4906.  Membre  titu- 
laire 48  décembre  4906.  Rue  Cardinale,  17. 

» 

Vallier-Collohbibb  Alfri'd  V,  conseiller  à  la  Cour  d'Appel 
d'Aix.  42  mai  4908.  10,  i-ue  Espanai 

AuDiKET  Eug^ne,  I.  F.  ||i  professeur  à  la  Faculté  de  Droit 
de  rUnîversilé  d*Aix-Marâcille.  45  décembre  4008.  Cours 
d'Orbitelle,  Aix. 

MouGiKS-RoQUFFORT  (comto  de)  Charles,  Docteur  en  Droit. 
As«ocié  réf^ional  le  44  mars  1890,  membre  lilulaire  le  26 
janvier  4909.  Cours  Mirabeau,  16: 

Bagarrt  Paul,  avocat.  Associé  régional  42  janvier  4909.  Mem- 
bre  titulaire  4*'  février  4910.  Cours  Mirabeau,  4. 

Drcjon  Jules,  »p,  avocat,  ancien  bâtonnier,  23  mai  49H, 
Rue  de  la  Monnaie. 

Ferrirr  R.-iymond,  amateur  d*ârt.  Associé  régional,  46  juin 
4896.  Membre  liiulaire,  44  mai  1912.  Rue  des  Arts-et- 
Métiers,  2. 

Gautier  Louis,  I.P.U,  artiste  fieinire.  Boulevard  de  T Hôpital. 

Cabassol  Joseph,  avocat,  Conseiller  Général  des  Douchcs-du- 
Rhône,  aucien  Maire  d'Aix.  Membre  d*Honneur,  23  janvier 
4906.  Membre  titulaire,  4  juin  4942.  Place  Jeanne-d' Arc. 


—  66  — 


MEMBRES    HONORAIRES 


MM. 

PisON  Alexandre  ^  I.  P.  W  ^,  doyen  honor;iire  de  la  Fa- 
culté de  droit.  30  janvier  i894/jRi/e  d'Italie,  14, 

Gramer  Désîr6  ^",  conseiller  doyen  honoraire  à  la  Cour.  29 
mai  i834.  Cours  Mirabeau,  17. 

ViLLEViEiLLE  Josoph,  I.  P.  ^,  arliste  peintre.  22  décembie 
4903.  Rue  Espariat,  20. 


—  57  - 


ASSOCIÉS    RÉGIONAUX 


MM. 


EvssfiRic  ?nî  ni -Marcel,  ancien  magrslrat  et  conseiller  général 
inspecicur  dôparioinenlal  de  la  Société  d'Archéologie,  à 
Sisleron    19  décembre  1882. 

IIky  (de)  Goiuagne,  château  du  Prieuré  (rArdènc,  près  Saint- 
Michel   (Basses-Alpes),  o  janvier   1883. 

IsNARD,  ï.  P.  i^H^  archiviste  des  Basses- Alpes,  sec  ré  la  ire  de  la 
Société  Académique,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Chartes, 
à  Digne.  42  janvier  1883. 

MiR£UR  :^,  archiviste  du  département  duVar,  membre  du 
comité  des  travaux  historiques,  à  Draguignan.  19  janvier 
4883. 

Bonhomme  (l'abbé),  chanoine  à  Riez  (Basses- Alpes).  9  février 
4883. 

Bernard  Charles  ;Si^,  président  de  Chambre  honoraire  h  la 
CourdeDijon,  ancien  avocat  àlaCour  d'Aix.1 6  février  1883. 

Magallon  D'AncErs  (marquis  de)  Xavier,  ancien  conseiller 
général  des  Hautcs-AIpes,  villa  Magdala,  à  Sainte-Marthe, 
Marseille.  46  mars  4889. 

Gamber  (le  chanoine)  Stanislas  1^,  secrétaire  de  TAcadémie 
de  Marseille.  7  avril  1891. 

CoLLOT  Louis  »ir=,  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Dijon.  26  janvier   1892. 

ÇoLLONGiE  (d'AvoN  barou  de),  :^.  >^  0.  ?2<i  ministre  plénipo- 
tentiaire, eu  retraite,  au  ch«^teau  de  Collongue,  parCa- 
denet  (Vaucluse).  6  juin  4893. 


-88  — 

GoAiLLAN  (l'abbé),  correçpondnnt  du  Ministère  de  l'Instruc- 
tiiin  rubMquc.  curé  de  Septèmes  (Bouches-du  Rhône). 
12  janvier  1894. 

TotnTOi'LON  (bîiron  de)  marquis  île  Babre,  Pierre,  docteur  en 
dn>il.  Château  de  la  Fusle,  pur  Valensule  (Basses- Alpes). 

12  janvier  1897. 

Teil  (baron  du)  Joseph  i^.  Quai  de  Billy,  2,  Paris.  4  mai 

1897. 

Maurel  (l'abbr)  Marie-Joseph,  place  de  rflôtel-de-Ville,  5,  à 
Mancjsquc  (Basses-AIpcs).  18  mai  1897. 

AuTHBHAN,  ancien  maire  de  Martîgucs.  15  février  1898. 

Prou-Gaillard  ^  C.  iJp,  ancien  directeur  de  TAcadémie  de 
Marseille.  Boulevard  Monlricher,  5.  3  mai  1898. 

Maxteyer  (de  Georges,  chi^teau  de  Manleyer  (Hautes-Alpes). 

13  décembre  1898. 

LiEUTAUD  Victor  ^,  ancien  bibliothécaire  do  la  ville  de  Mar- 
seille, notaire  à  Volone  (Basses-Alpes).  15  mai  1900. 

MuLSANT  Sébastien  »p,  avocat,  ancien  bâtonnier,  Rue  Balay, 
2,  Saint-Etienne.  19  mars  1901. 

Mutbrsr  Maurice,  ancien  ofTicier  de  marine,  ancien  sous- 
préfet,  à  Antibes.  7  mai  1901. 

Bernard  dWtt.inoux  (comte)  Henri,  t^  avocat,  ancien  magis- 
trat. Rue  Palcrmo,  2,  Nice.  14  mai  1901. 

Gérin-Rxard  (comte  de),  président  de  la  Société  d'archéo- 
logie. Rue  Grignan,  GO,  Marseille.  4  mars  1902. 

MoNCLAR  (de  RiPERT  marquis  de)  François,  G.  ^,  ministre 
plénipotentiaire,  en  retraite,  au  château  d*Allemagne,  près 
Riez.  18mai*s1902. 

Perrier  Emile,  O.  »p  -^  i^,  président  de  la  Société  de  Statis- 
tique de  Marseille.  Villa  du  Bocage,  à  Mazargues.  6  jan- 
vier 1903. 


-  59  — 

ViLLFivErvE-EscLAPON  (iTiarquis  de)  Christian,  0.  »?-,  ancien 
député.  Hue  de  Prony,  75,  Paris,  et  à  Valensole  (Ba>ses- 
Ai|K>).  7  juin  1904. 

Clo^madelt.  (Ur\o\  de)  Jules.  Rue  Roux-Alpbéran,  2*3,  à  Aix. 
49  décembre  1905. 

LiEUTAUD  Auguste,  président  de  la  Société  des  Amis  du  Vieil 
Arles,  à  Arles.  30  janvier  190G. 

Cotte  Charles,  licencié  en  Droit,  notaire  à  Perlais  (Vaucluse). 
24  avril  1906. 

Gaffarel  P«iu1,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  d'Aix. 
Rue  Paradis,  295,  Marseille.  19  mars  1907. 

ViNCEKS  Charles,  ancien  Directeur  de  l'Académie  de  Marseille. 
Rue  Nicolas,  9,  Marseille.  11  juin  1907. 

La  Salle  de  Rochemaure  (duc  de)  Félix,  C.  ►P  ^-§î  j&.  Châ- 
teau de  Clavières  Ayrens  (Cantid).  19  mai  1908. 

Tavermer  Edouard,  avocat,  docteur  en  droit.  Rue  François  l'% 
462,  Paris.  19  mars  1908. 

Lefèvre  Edmond,  directeur  de  la  «  Revue  de  Provence  ». 
Ruo  Tapis- Vert,  40,  Marseille.  22  décembre  1908. 

Brémond  (Tabbé)  Henri.  34,  place  des  Prêcheurs,  h  Aix.  16 
mars  1909. 

Bourget  Henri,  Directeur  de  robservatoire  de  Marseille. 
9  juin  1909. 

Raimbault  Maurice,  archiviste-adjoint  dcsBouches-du-Rhône. 
28,  rue  Mun^rand,  à  Marseille.  11  janvier  1910. 

SiCARD  Martial,  ancien  député,  maire  do  Força Iquier  (Basses- 
Alpes).  11  janvier  1910. 

Silbert  lusé  ^/,  ariisle-pciiitrc,  à  Marseille.  1*'  février  1910. 

Revol  Amédée,  avoué  à  la  Cour,  rue  Gaslon-deSaporta,  à 
Aix.  26  avril  1910. 

RiGAUD  Paul,  avocat,  rue  Lafon,  19,  à  Marseille.  13  décembre 
1910. 


41 


;.v 


-  60  — 

•  _ 

Betkaud  Jean,  avocat,   rue  Notre-Dame  de  Lorette,  49,  à* 
Paris.  9  mai  1911. 

LoRÉDAN  Jean,  77,  rue  Claude  Bernard,  à  Paris.  30  mai  19H. 

JouRDAN  Alfred,  avocat,  cours  Mirabeau,  à  Aîx. 

Pascal  (le  chanoine)  Adrien,   ||,   curé-doyen  de  Pcyrolles 
(B.-du-R.).  1G  janvier  1912. 

GuÉRiN-LoNG  Paul,   Président  du  Tribunal  Civil,   rue  Roux- 
Alphéran,  25,  à  Aix.  i  I  juin  1912. 

DE  Mazan  (de  Fiibrc,  marquis)  Joseph,  docteur  ès-sciences, 
rue  Roux-Aiphcran,  35,  à  Aix.  11  juin  1912. 

Dumas,   proAsseiir  h   la   Faculté  de  Droit,   traverse  Nolre- 
D;inie,  2,  à  Aix.  Il  Juin  1912. 

Faudrin  Miiriiis,  professeur  d'agriculture,    rue  du  Trésor,  2, 
à  Aix.  11  juin  1912. 


—  Gl  — 


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ASSOCIÉS    CORRESPONDANTS 


MM. 

Lavollée  Paul -René,  docteur  ès-leltres,  ancien  consul  général, 
Boulevard  Ilaussmîinn,  1G2,  à  Paris.  25  avril  1870. 

Millien  Achille,  lauréat  de  rAondémicFnmçaise,  à  Beaumont- 
la-Ferricre  (Niinro).  IG  déreinl)re  1872. 

Faisan  Albert,  à  Saiul-Cyr-en-Mont-d'Or ,  près  Lyon. 
H  mars  I87C. 

Bellcl  (l'abhé),  à  Tain  (Drome).  \2  déccni!)rc'  1882. 

Jessé  -  Clïaricval  (C"nde  dt  )  Anioine.  ancien  inairo  de 
Mi'r-eî  le.  Cliàlcanli?rc.  par  Rcus^ri  (R.-(ln-I{.1.  A-socié 
rég'onal  o  janvier  1883.  Correspond. ml  le  7  janvier  1908. 

Jullien  Ernest,  Président  honoraire  du  Tribunal  Civil, 
à  Reims  (Ma me).  2  mai  ISSi. 

CortèzFcrnand,  correspond;! ni  du  Mi•:is'^re  pour  les  travaux 
hÎRloriqno»,  fi  Sidi)l-Ma\imîn  (V^ir).  Associé  régional. 
2o  min  1886   Curr»  spouilanl,  10  jan\iiT  1912. 

Lanéry  d'Arc  P'erre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la  Répu- 
blique, il  Villeneuve  sur- Lot  (Loi-eï-Garoniu').  Associé 
régional  12  décend)ie  1887,  titulaire  8  mars  1892,  corres- 
pondant le  7  juin  1904. 

€ottin  Paul,  bibliothécaire  à  l'Arsenal.  Avenue  Henri-Martin, 
44,  Paris.  11  juin  1888. 

Proal  Louis,  conseiller  à  la  Cour  de  Paris.  G,  rue  Charles 
Divry,  IV*.  Titulaire  le  22  décembre  1891,  correspondant 
le15décenïbre  189G. 

Joret  Charles,  membre  de  Flnstitut.  Rue  Madame,  64,  à  Paris, 
Titulaire  le  16  mai  1893,  correspondant  le  12  décembre 
1899. 


—  62  - 

Zeiller  Charles-René,  membre  de  llnstitui.  Rue  du  Vieux. 
Colombier,  8,  à  Paris.  49  janvier  1897. 

Petit  Alexandre,  docteur  en  médecine  à  Royat,etRue  Laflilte, 
3,  à  Paris.  4  mai  4897. 

Hulol  (baron),  secrétaire  généra]  de  la  Société  de  Géographie. 
41,  avenue  Labourdonnais,  à  Paris.  4 1  mai  4897. 

Rochas  d'Aiglun  (comte  de),  colonel,  ancien  administrateur 
de  TEcole  Polytechnique.  Rue  Descartes,  24 ,  à  Grenoble. 
24  avril  4900. 

Moris  Henri,  archiviste  des  Alpes-Maritimes.  Villa  Moris, 
boulevard  Dubouchage,  à  Nice.  49  mars  4904. 

Tassct  Jacques,  à  Molosme-Tonnerre  (Yonne).  9  juin  4903. 

Poitevin  de  Manreillan  (de),  0.9l>,  colonel  en  retraite,  conser- 
vateur du  Musée  d*Hy ères  Var).  45  mai  4906. 

Jullian  Camille,  membre  de  l'Institut,  professonr  an  Collège 
de  France.  30,  rue  de  Luxembourg,  à  Paris.  28  mai  4907. 

Lacour-Gayct  Georges,  Membre  de  Tlnslitut,  rue  Jacob,  46, 
Paris.  40  décembre  4907. 

Rieux  (des)  Lionel,  avenue  de  Villiers,  426,  à  Paris.  24 
janvier  4908. 

Noihac  (de)  Pierre,  Conservateur  du  Palais  de  Versailles,  à 
Versailles  (Seine-et-Oise).  2  juin  4908. 

Labande,  Conservateur  des  Archives  de  la  principauté  de 
Monaco.  49  janvier  4909. 

Dienne  (comte  de)  Edouard.  Château  de  Servilly,  par  La 
Palisse  (Allier).  49  janvier  4909. 

Barthélémy  Jules,  Rédacteur  au  secrétariat  de  Tlnstilut,  au 
Palais  de  1  Institut,  Paris.  46  février  4909. 

Harlot  Hippolyte,  géologue  prospecteur  à  Hartiny,  par 
Marmagne  (Saône-et-Loire).  9  mars  4909. 

Maurin  Georges,  avocat  à  Ntmes  (Gard).  44  janvier  4940. 


-  63  — 

Ghaq)in  Frédéric,  publicisie,  33,  rue  Madame,  à    Paris. 
4 •'février  4910. 

Matler  (Kabbé)  Joseph,  curé  de  Gcbcnbauser,  par  Putlange- 
les-Forbacb  (Lorraine).  40  mai  4910. 

Sapy  (le  PèreTbomas)«  rue  Barlbélcmy,  37,  h  Marseille' 
43  Décembre  4940. 

Boy  Charles,  rue  Saînte-CalheriDe,  42,  à  Saint- Etienne 
(Loire).  21  février  4914. 

Chaperon  (Vabbé),  curé  do  La  Martre  (Var).  21  février  4944. 

De  Brun  Pierre,    receveur   des    Domaines,    à    Saiut-Bemy 
(B-du-R.).  46  mai  4944. 

BeynoM  Georg(^.«,   avocat,   conseiller  g'^néral,  sénateur  do 
TAriège,  maire  de  Foix.  42  décembre  191 1. 

De  Vogue  (le  Comte)  Rnimond,  rue  François  Ponsard,  42,  à 
Paris.  46  janvier  4942. 

Hallays  André,  publiciste,  h  Paris.  6  février  4912. 

Bernard  Valère,  artiste  peintre,  capoulié  du  Félibrige,  quai 
de  Rive-Neuve,  45,  à  Marseille.  44  juin  4912. 


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-  64  - 


ASSOCIÉS     CORRESPONDANTS 


A  L'ÉTRANGER 


MM. 


Cnrnnzzn-Amnri,  niuion  profes«(Mir  l\  ITiiivcrsiU»  de  Catnne, 
scnaltiur  du  ion  mime  d'Ilnlie.  0  uM'il  I8G8. 

Gnheriialis  ((vutilt*  de)  Angrlo,  professeur  a  l'Université  de 
Rome.  Via  Lueiezio  ('..md,  G7.  3  janvi.  r  1893. 

T\paldt)-Rnrsia.  dô|.n!c.  pik  icu  rrôbidenl  du  PailemeiTt 
lullène,  n  Alî.èuo-.  23  j:m\ior  180t. 

Darr-Ferrec,  à  Xew-York.  5  juin  !89i, 

Portai  (le  eoinmandeur  lilinmanuel),  nieiïibre  d»*  la  Roya!|5 
Coiniii'S-ion  hériidinuo  dllalie.  P»»bseuiato  do  Ripttto,  16, 
à  Rome.  12  février  IS9.5. 

Morozzo  délia  Rorca  (rorn'c)  Km  manuel,  général.  Via  dolla 
Ro^c.i,  29,  à  Turin,  tt  vill:«  Gnntsrimïe  Kworl  à  Griès, 
près  Bolzcn  (Sud-Tyroi)  Aulriclie.  21  mars  1899. 

Da  Cnnha  Xavier, c()n<:ervntour  de  la  Bihliolhcque  Nationale. 
Rue  S.  n<uiIiol()meo,  12,  à  Lisbonne  (Portugal).  Il  dcxem- 
brelOOO. 

Zùccaro  Louis,  ancien  Vice-Consul  de  la  République  Argen- 
gonlino;  à  Sondrio,  en  Valleline  (Lombardie),  et  à  Milan, 
rueCiro  Menolli,  17.  2  avril  1901. 

Satta  Salvalorc,  membre  de  la  Société  Philologique  à  Rome. 
2G  mai  1903. 

Verney  de  la  Valclta  (comte)  Franchi.  9  juin  1903. 

Gàvàuescul  J.,  professeur  à  TUniversité  de  Jassy  (RoumaDie) 
9  juin  1903. 


r 


-  65  - 

Padula  (le  commandeur)  Antoine,  secrétaire  général  de  la 
Société  Luigi-Camoi^ns.  Via  dei  Fiorentini,  67,  à  Naples. 
n  janvier  1905. 

Wallenskold  Axel,  professeur  de  philologie  romane  à  l'Uni- 
versité d'Helsingfors  (Finlande).  26  avril  1909. 

Sanloro  Domenico,  p^ofes^eur  à  Tlnslilul  à  Chieti  (Naples). 
1"  février  4910. 

Zawodoy  Joseph,  directeur  de  la  station  agro-chimique  de 
Freudenlhal  (Silésie  autrichienne).  28  mars  1911 


"Q 


Le  présent  Tableaia  a.  6te  arrêté  le  14  Jiain 
1912,  conformément  à  l'article  lO  ci\a  Règle- 
m.ent    intérieiar. 


Le  Président  : 

C*  DE  BONNBCORSE-LlIBIÈRËS 


Le  Secrétaire  Perpétuel: 
Baron  Guillibert 


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t. 


ACADEMIE    D'AIX 


93ME     Séance     Rubliciue 


13      MAI      iei3 


^ 


SÉANCE     PUBLIQUE 

DE 

L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,  AGRICULTURE,  ARTS 
ET    BELLES-LETTRES 

D'AIX 


AIX-  EN  -  PROVENCE 

Paul    JOUDDAN,     Ihpriheur    de    L'AciDËxii 

2i>,    Hue    Manuel,    20 


A 


ACADEMIE 

DES  SCIENCES,    AGRICULTURE,  ARTS  et   BELLES  -  LETTRES 

D  '  A  I  X 


os»»*     SÉAISrOE     r^UBLIQUE 


Le  Mardi,  13  Mai  1913,  la  quatre-vingt- 
treizième  SÉANCE  Publique  de  l'Académie  d'Aix 
a  été  tenue,  a  trois  heures  et  demie,  dans  la 
Grand 'Salle  de  l'Université,  a  la  Faculté  de 
Droit. 


Tous  les  sièges  élaieDl  de  bonne  heure  occupés  par  une 
assistance  nombreuse  dans  laquelle  on  remarquait  les  nota- 
bilités de  notre  ville  et  un  très  grand  nombre  de  dames. 

Sur  Tcstrade,  M.  le  Président  Aninard  entouré  des  Mem- 
bres de  r Académie  présents  à  Aix. 


—  G  — 

Les  lauréats  des  prix  de  vertu  et  des  pensions  Irma  Mo- 
reau  occupaient,  avec  leurs  familles,  leur  place  habiluelle. 

M.  le  Président  ouvre  la  séance  et  prononce  le  discours 
suivanl : 


L'ARMANA  PROUVENCAU 


(n 


1-e:    fé:l.ibrioe 


SI^E 


Mesdames,  Messieurs, 

La  littérature  qui  compte  le  plus  de  lecteurs 
est  celle  des  almanachs.  Elle  est  à  la  portée  de 
toutes  les  intelligences  et  de  toutes  les  bourses.  — 
Par  son  abondance  et  sa  variété  elle  satisfait  tous 
les  goûts. 

Depuis  Taristocratique,  royal  ou  impérial  alma- 
nach  de  Gotha  jusqu'à  celui  de  l'ouvrier  et  du 
paysan,  en  passant  par  une  infinité  d'autres  diver- 
sement astronomiques,  anecdotiques  ou  prophéti- 
ques, il  n'y  a  ni  art,  ni  industrie,  ni  intérêt,  ni 
travail,  ni  jeu  qui  n'ait  le  sien. 

Un  certain  nombre  sont  enrichis  de  recettes 
pratiques  de  toute  nature  :  scientifiques,  hygiéni- 
ques, thérapeutiques  ou  de  ménage  qui  tendent  à 


(4)  Armana  Prouvençau  pèr  lou  bel  an  de  Dieu  1913,  adouba 
e  pubiica  de  la  man  dî  felibre  ;  porfo-joio,  soûlas  et  passo-tems  en 
tout  lou  pople  dôu  Mig'our.  An  cinquante-nouveo  dôu  felibrige. — 
Avignoun,  eDCô  de  J.  RoumanlUe,  libraire-éditour,  19,  carriero 
de  Sanl-Agricô. 


^  8  - 

en  faire  de  petits  traités  d'une  morale,  récemment 
découverte,  qui  ne  rebute  personne  et  que,  sans 
aucune  intention  d'ironie,  ses  inventeurs  ou  ses 
parrains  ont  appelée  la  morale  utHjtaire, 

Une  Académie  peut  donc,  sans  déroger,  philoso- 
pher sur  une  sorte  d'ouvrages  à  ce  point  prisés  du 
public  et,  si  cette  Académie  est  provençale,  s'entre- 
tenir, sans  mal  à  propos,  même  dans  une  Séance 
Solennelle,  de  VArmana  Prouvençau. 

Notre  insigne  bienfaiteur  M.  Arbaud  en  formant 
amoureusement  année  par  année,  de  1855  ^  19^^» 
le  recueil  de  r^rmaw^,  collection  aujourd'hui  introu- 
vable, ne  nous  a-t-il  pas  en  quelque  sorte  préparé 
lui-même  cette  causerie  ? 

Ce  sujet  ne  s'olfre-t-il  pas  de  lui-même  à  notre 
choix,  au  moment  où  notre  ville  est  encore  dans 
l'entrain  des  fêtes  félibréennes  (i)  qui  sont  venues  si 
heureusement  animer  nos  rues  et  faire  exulter  nos 
âmes  provençales  ;  alors  que  le  maître  illustre 
salué,  ces  jours-ci,  de  nos  acclamations  les  plus 
enthousiastes  est  l'un  des  fondateurs,  et  le  rédac- 
teur, le  plus  avidement  lu,  de  cette  publication 
savoureuse  :  Porto-joio,  soûlas  et  passo  tems  de  tout 
lou  pople  don  miejour  (Porte-joie,  délassement  et 
passe-temps  de  tout  le  peuple  du  Midi). 


(I)  Les  fôtes  de  la  Santo  Estello  tenues  à  Âix  le  dimanche  et  le 
lundi  de  la  rentecôte,  t1  et  12  mai  1913, 


-  9  - 

Ce  n'est  pas  un  livre  de  bibliothèque  car  on 
le  lit,  ni  un  livre  de  chevet  car  il  n'endort  pas. 

C'est,  à  la  ville  et  à  la  campagne,  la  lecture  du 
coin  du  feu. 

On  le  place  à  l'endroit  le  plus  commode  pour 
l'avoir  toujours  sous  la  main  :  dans  le  tiroir  des 
objets  usuels,  à  côté  des  lunettes,  de  la  tabatière 
ou  de  la  pipe  ;  à  un  clou  du  mur  près  de  la  che- 
minée où  chacun  le  décroche  et  le  replace  à  sa 
fantaisie. 

Quel  plus  attrayant  recueil  d'œuvres  littéraires 
de  toutes  sortes,  sans  liens  apparents  entre  elles, 
mais  unies  par  la  même  langue,  les  mêmes 
croyances,  le  même  amour  du  sol  natal  et  de  ses 
franchises   nécessaires  ! 

C'est  une  véritable  farandole  intellectuelle.  — 
Elle  n'est  pas  symétrique  et  réglée  comme  la 
farandole  idéale  de  Maillane  où  l'alternance  métho- 
dique des  farandoleurs  et  des  farandoleuses  et 
l'uniformité  des  costumes  s'harmonisent  si  bien  à 
la  cadence  rhytmée  des  pas.  —  C'est  une  chaine 
très  inégale  où  prose  et  vers,  chants  lyriques, 
satires,  récits  épiques  ou  drolatiques,  chansons, 
élégies,  cantiques,  épithalames,  poésies  sur  les  ber- 
ceaux ou  sur  les  tombes,  proverbes,  comédies 
rieuses,  tragédies  sanglantes,  se  suivent  sans  se 
ressembler,  comme  les  jours  de  notre  vie  ;  où  les 


1 


—  \0  — 

pieds  vont  de  ci  de  là,  à  leur  caprice,  et  où  cepen- 
dant règne  un  indéfectible  accord,  un  harmonieux 
ensemble  ;  tant  toutes  ces  productions  diverses, 
nées  d'un  même  souffle  familial,  sont  étroitement 
enlacées  dans  un  entraînement  fraternel. 

Prestigieuse  farandole  où  depuis  soixante  ans  le 
rire  inlassablement  soutenu  du  Cascarelet  tient  le 
galoubet  où  sa  verve  endiablée  fait  pan-pan  sur  le 
tambourin  ! 

Quel  incomparable  quel  infatigable  conteur  ! 

11  a  toujours  de  nouvelles  galejado  à  servir. 
Les  unes,  assaisonnées  à  la  gardiane  avec  une  poi- 
gnée de  gros  sel,  parfumées  à  la  berigoulo  et 
rehaussées  d*une  forte  pointe  d'ail,  font  le  régal 
di  pastre  et  gent  de  mas  ;  les  autres  d'un  sel  plus 
fin  et  d'un  fumet  plus  délicat  font  la  gourmandise 
des  gourmets  et  resteront,  à  coté  de  la  Riboto  de 
TrencO'taio  de  Mistral,  de  La  Cabro  de  Moussu 
Seguin  et  de  La  Miolo  doù  Papo  de  Daudet,  des 
modèles  d'esprit  et  de  goût. 

Toute  la  lyre  vibre  dans  VArtnana.  —  Par 
contraste  à  la  note  plaisante,  bien  des  accents 
plaintifs  nous  rappellent  que  les  gaietés  de  la  terre 
ne  sont  souvent  qu'un  sourire  entre  deux  larmes. 

Rien  d'attendrissant  comme  les  chants  doulou- 
reureux  du  cœur  blessé  de  Tavan,  d'Antoinette  de 


—  M  - 

Beaucaire    ou    de  Verdot,  pour   ne   citer  que  ces 
trois  parmi  les  disparus. 

Pauvre  cœur  de  Thomme  !  dont  ce  dernier  a 
fait  en  trois  mots  toute  l'histoire  : 

Tout  cor  qu'issavaii  palpite 
A  sauna,  saunx)  o  saunara 

(Tout  cœur  qui  palpite  ici-bas  a  saigné,  saigne  ou  saignera) 

Très  limité  dans  cette  simple  préface  de  séance, 
je  dois  renoncer  même  à  effleurer  Timmense 
champ  des  poésies  diverses  de  ïArmana  et  aussi  à 
vous  faire  déguster  Tarôme  des  discours  et  des 
brindes  qui  y  abondent. 

Les  proverbes  y  sont  prodigués  avec  une  lar- 
gesse capable  de  donner  à  toutes  les  nations  de 
la  terre  la  sagesse  de  Salomon. 

Citons  en  un  de  la  présente  année  19 13. 
Il  a  le  mérite  d'enseigner  l'art,  si  recherché,  de 
faire  son  chemin  dans  le  monde  et  d'être  à  demi 
consolant  pour  ceux  qui   n'y   parviendraient  pas  : 

Per    faire    soun    camiii    dins    la    vida,    fau  estre  fin  et 

partisse  besti.  (Pour  faire  son   chemin  dans  la  vie  il  faut  être 
fin  et  paraître  bêle). 

Au-dessus  des  plaisirs  intellectuels  doniV Armana 
délecte  ses  lecteurs,  il  a  des  titres  plus  élevés  à 
notre  reconnaissance. 


—  12  — 

Créé  pour  aider  le  félibrige  à  garder  à  la  Pro- 
vence sa  langue,  sa  couleur,  sa  liberté  d'allure  et 
le  bon  renom  de  son  intelligence,  il  nous  verse 
depuis  plus  d'un  demi-siècle,  sans  se  lasser,  les  tra- 
ditions de  la  famille,  l'amour  du  pays  et  des  bonnes 
coutumes,  faisant  avant  tout  comme  il  le  dit  la  part 
de  Dieii. 

Pour  lui,  chaque  année  nouvelle  est  un  nou- 
veau présent  du  ciel  :  Ion  bel  an  de  Dieu.  Ses  nou- 
vellistes continuent  à  avoir  leurs  entrées  dans  le 
Paradis  et  par  leurs  indiscrétions  nous  savons  un 
peu  ce  qui  s'y  passe  et,  ce  qui  importe,  qu'on  n'a 
pas  cessé  d'y  parler  avec  une  familiarité  toute 
provençale  la  pure  langue  du  Trésor  dôu  Félibrige. 

Œuvre  saine  née  d'une  pensée  d'amour,  l'amour 
circule  dans  toutes  ses  pages,  y  chante  sur  tous 
les  tons  dans  les  notes  les  plus  tendres  ou  les 
plus  vives,  mais  aussi  les  plus  pures. 

Li  poutoun  (les  baisers)  y  abondent  mais  ils  ne 
s'échangent  jamais  que  par  ou  pour  le  mariage. 

Tel  il  a  été,  dès  le  début,  tel  il  est  encore.  — 
Dans  un  temps  où  le  changement  est  trop  sou- 
vent considéré  comme  la  condition  nécessaire  de 
la  vie  et  porte  facilement  le  nom  de  progrès,  il 
professe  et  pratique  que  tenter  de  changer  les  lois 
de  son  existence  c'est  se  tuer,  tandis  que  les  main- 
tenir c'cbt  vivre. 


-  13  - 

Plus  que  jamais  il  est  le  porte-drapeau  de  cette 
décentralisation  qui  consiste  uniquement  à  ne  pas 
séparer  ce  qui  est  naturellement  uni,  à  ne  pas 
confondre  ce  qui  est  naturellement  distinct  ;  et 
aussi  de  ce  patriotisme  local  qui,  loin  d'être  une 
atteinte  au  patriotisme  intégral,  en  est  la  source 
unique  et  le  soutien  nécessaire. 

En  restant  fidèle  à  ces  voies,  VArmanu  a  puissam- 
ment contribué  à  y  maintenir  le  félibrige,  en 
même  temps  qu'il  l'a  efficacement  aidé  à  rétablir  les 
vrais  principes  de  la  langue,  à  en  fixer  l'orthogra- 
phe, à  en  développer  le  génie. 

Par  là,  il  a  été  et  reste  le  grand  mainUneur  de 
l'institution  félibréenne  et  aurait  le  droit  de  pren- 
dre la  devise  qui  fut  celle  des  Princes  d'Orange  : 
ManUndrai, 

Mainteneur  du  félibrige,  il  en  est  aussi  l'an- 
nuaire ou,  pour  employer  une  expression  moins 
bureaucratique,  plus  en  harmonie  avec  ses  fonc- 
tions familiales,  il  est  son  livre  de  raison. 

Rien  ne  se  passe  dans  la  famille  félibréenne 
qu'il  ne  l'annonce  et  n'y  prenne  part,  se  réjouis- 
sant avec  ceux  qui  rient,  pleurant  avec  ceux  qui 
pleurent. 

Si  un  jeune  talent  commence  à  s'épanouir,  il 
lui  ouvre  ses  pages  et  le  met  en  lumière. 


—  1i  - 

Sa  chronique  signale  toutes  les  œuvres,  tous  les 
événements,  tous  les  fastes  qui  touchent  au  féli- 
brige  et  à  la  Provence. 

Quelque  attrait  qu'il  put  y  avoir  à  suivre  cet 
historien,  je  me  borne,  limité  comme  je  le  suis, 
à  embrasser  d'un  regard  l'espace  parcouru  depuis 
l'origine  de  cette  renaissance  de  notre  langue 
régionale  jusqu'à  ce  jour. 

Né  en  1854  de  l'association  de  sept  félibres 
dont  les  plus  marquants  étaient  Mistral,  Rouma- 
nille  et  Aubanel,  le  félîbrige  commence,  comme 
les  chênes  de  nos  collines,  à  implanter  solide- 
ment ses  racines  dans  le  sol  et  à  jeter  lentement 
ses  premières  pousses.  Il  est  tout  au  recueille- 
ment et  à  l'étude. 

En  1859,  pour  la  première  fois,  il  se  manifeste 
publiquement  à  Nîmes,  à  une  fête  de  charité  pré- 
sidée par  Reboul,  le  célèbre  boulanger-poète  ou, 
pour  parler  comme  Chateaubriand,  «  le  poète  qui 
faisait  du  pain  )>. 

Roumanille  venait  de  publier  ses  Margaridetlo, 
Aubanel  La  miougrano  entredurbeto,  et  Mistral  son 
poème  de  Mireio, 

Aux  applaudissements  de  toute  la  population 
ayant  à  sa  tête  par  une  union  devenue  rare 
l'Evêque,  le  Préfet,  le  Général  et  le  Maire  et  les 
personnages  les  plus  marquants  dans  les  opinions 


If» 

et  les  croyances  les  plus  opposées,  Tauteur  de 
VAnge  et  VEnfant  les  couronna  tous  trois  du  laurier 
olympique  et  donna  paternellement  Tenvolée  au 
félibrige. 

Porté  par  cet  essor,  il  se  répand  avec  une  rapi- 
dité prodigieuse. 

« 

Les  fêtes  catalanes  où  il  est  invité,  puis  celles  de 
l'Union  latine  où  il  groupe  des  délégués  de  trois 
nations  l'établissent  conquérant.  —  Il  ne  connait 
plus  de  frontières. 

En  1876  il  vote  la  constitution  du  Gai-Sabc 
et  la  couronne  par  Tinstitution  souveraine  d'une 
reine  du  félibrige,  qui  fait  rayonner  sur  son  peu- 
ple de  troubadours,  avec  les  agréments  de  l'esprit, 
la  séduction  de  la  grâce,  l'attrait  de  la  bonté, 
l'empire  de  la  vertu  et,  conime  par  surcroit,  l'éclat 
de  la  beauté. 

Ce  n'est  pas  en  Provence  qu'on  imaginerait  de 
couronner  la  beauté  toute  seule.  Cette  pensée  y 
paraîtrait  païenne  et  ce  don  naturel  y  est  si 
répandu  que  les  couronnes  manqueraient. 

Aujourd'hui  le  félibrige  déborde  la  Provence 
et  même  la  France.  La  langue  provençale  est  cul- 
tivée à  rétranger  par  nombre  d'esprits  d*élite  et 
y  est  enseignée  dans  plusieurs  universités. 


—  16  - 

Ainsi  d'étapes  laborieuses  en  étapes  joyeuses, 
puis  glorieuses,  la  chronique  de  YArniana  nous 
amène  à  l'apothéose  du  félibrige  par  l'érection  à 
Arles  de  la  statue  de  Mistral. 

Ce  fait  historiquement  extraordinaire  d'une 
statue  dressée  sur  une  place  publique  et  de  son 
vivant  à  un  homme  qui  n'est  pas  chef  d'Etat,  s'est 
cependant  produit  d'une  manière  toute  naturelle, 
tant  lo  félibrige  est  devenu  une  réalité  dominante, 
tant  colui  i\  qui  il  la  doit  plus  qu'à  personne  est 
Tobjct  dans  notre  Provence,  je  ne  dis  pas  de  la 
popularité,  (le  mot  est  trop  souvent  menteur,  le 
lait  trop  souvent  déshonoré),  je  dis  d'une  admira- 
tiiMi  universelle  aussi  affectueuse  qu'enthousiaste. 

Nous  en  avons  tous  connu  hier,  dans  ces  lieux 
mêmes»  l'émouvant  spectacle  et  partagé  les  irrésis- 
tibles entrainements. 

Voulez-vous  voir  cette  émotion  provençale 
dans  son  plus  vaste,  dans  son  plus  bel  épanouisse- 
ment ? 

Soyez  aux  arènes  d'Arles  un  jour  de  grande 
fête  félibréenne,  à  une  représentation  de  Mireio, 
à  une  ferrado  de  gala  ou  à  tout  autre  spectacle  où 
l'on  prévoit  que  viendra  le  Maître. 

Jouissez  un  moment  du  spectacle,  peut-être 
unique  au  monde,  de  ce  peuple  assemblé  en  habits 


-  17  — 

de  fête  dans  cette  immense  enceinte  à  demi  ruinée, 
où  les  groupements,  par  cela  même,  sont  répartis 
inégalement,  suivant  les  pleins  ou  les  vides  que 
les  dégradations  ont  créés  ;  ce  qui,  en  détruisant 
l'uniformité,  augmente  le  pittoresque. 

La  vue  de  cette  foule  bariolée  de  tout  âge,  de 
tout  rang  et  de  tout  sexe  où  le  costume  arlésien 
des  femmes,  aussi  riche  qu'élégant,  jette  par  ses 
couleurs  vives  une  note  éclatante  d'originalité 
artistique,  (impressionniste  si  vous  voulez),  saisit, 
dès  Tabord,  le  spectateur  et  l'enchante. 

L'heure  du  spectacle  est  encore  un  peu  lointaine. 
Chacun  est  venu  d'avance  pour  s'assurer  une  place 
tenable  sur  les  restes  des  gradins  non  encore 
détruits  ou  sur  les  emplacements  abordables,  là  où 
ils  ont  cessé  d'exister. 

L'attente  est  longue  sous  un  soleil  qu'aucun 
vélum  ne  tempère  et  dont  la  réverbération  double 
l'incommodité. Un  moment  vient  où  les  assistants, 
debout  ou  assis  sur  la  dure,  commencent  à  trou- 
ver l'heure  lente  et  lou  beù  souleii  de  la  Prouvenço 
un  peu  trop  pougnent,  un  peu  trop  ensucant. 

Voici  qu'un  léger  remous  se  produit  du  côté  de 
la  loge  municipale.  N'y  prenez  pas  garde.  Pour  ce 
public  lassé  déjà  et  énervé,  ce  n'est  rien.  C'est  le 
Sous-Préfet  ou  le  Préfet,  peut-être  même  un 
Ministre  qui  vient  prendre   place  à  l'estrade  offi- 

-2— 


-  18  — 

cielle,    sous    le    refrain    ressassé    d'une    musique 
d'amateurs. 

Ce  n'est  point  ce  que  la  foule  est  venue  cher- 
cher. 

Soudain,  une  commotion  la  secoue,  une  vague 
de  fond  la  soulève,  un  frémissement  la  parcourt 
depuis  les  spectateurs  placés  tout  en  bas  sur  le 
sol  de  Tarène  jusqu'à  ceux  juchés,  on  ne  sait 
comment,  sur  les  plus  hautes  et  les  plus  inacces- 
sibles arcades. 

Tout  le  monde  est  debout  ;  les  hommes  élè- 
vent et  agitent  leurs  chapeaux  et  les  femmes 
leurs  mouchoirs,  au  milieu  de  vivats  et  de  bravos 
unanimes. 

Qu'est-ce  donc  ?  Suivons  les  regards. 

Un  homme  s'avance  pour  prendre  place  sur  les 
gradins.  Bien  que  la  neige  de  l'âge  ait  blanchi  sa 
tête,  son  allure  est  vive  et  ne  connait  pas  la 
vieillesse  ;  et  il  ne  cherche  aucun  appui  sur  la 
canne  qu'il  tient  à  la  main.  Son  large  feutre  crâ- 
nement porté  à  la  provençale  et  toute  sa  tenue 
annoncent  moins  un  citadin  qu'un  ami  des 
champs. 

Vous  l'avez  reconnu.  —  C'est,  en  chair  et  en 
os,  et  sous  des  vêtements  tissés  de  main  humaine, 
la  statue  de  bronze  de  la  place  du  Forum.  C'est 
le  grand  capoulié  du  Félibrige  !   —  C'est  Mistral  ! 


—  19  - 

C'est  à  lui  que  s'adresse  cette  colossale  ovation. 
Et  si  sa  gracieuse  compagne,  reine  toujours  reine, 
est  à  ses  côtés,  si  elle  a  revêtu  les  atours  de  Mireio 
qu'elle  porte  avec  une  aisance  et  un  charme  que 
plus  d'une  fille  d'Arles  lui  envie,  l'enthousiasme 
déborde  l'amphithéâtre,  les  applaudissements  et 
les  vivats  sont  sans  fin.  C'est  une  tempête. 
d'estrambord. 

Ainsi  dans  nos  campagnes,  après  de  longs 
jours  d'un  vent  d'est  obscurcissant  le  soleil  et 
chassant  inutilement  des  nuages  vides  de  pluie 
ou  se  déversant  en  averses  diluviennes,  tout  est 
torpeur  ou  abattement  ;  mais  si  tout  à  coup  le 
vent  tourne  au  nord,  tout  renait  :  les  plantes 
redressent  leurs  tiges,  les  arbres  secouent  leurs 
rameaux,  les  oiseaux  peuplent  encore  le  ciel, 
les  agneaux  bondissent,  les  coqs  chantent  et  les 
hommes  poussent  un  cri  de  soulagement  et  de 
joie  :   «  Mistral  !    Mistral  !    Vive  le  Mistral  !   » 

Ainsi  la  Provence  acclame  celui  qui  l'a  exaltée. 
Et  lui,  sans  embarras,  sans  pose,  avec  la  sinxpli- 
cité  et  la  bonhomie  qu'il  met  en  tout,  salue  ses 
chers  Provençaux. 

Il  n'est  pas  surprenant  qu'à  un  homme  aussi 
universellement  aimé  on  ait  voulu  dresser  une 
statue,  même  de  son  vivant.  Cette  pensée  qui,  à 
l'égard  de  tout  autre,  eut  paru  téméraire  et  dépla- 


-  20  — 

cée  s*est  réalisée  sans  exciter    ni    étonnement  ni 
envie. 

La  statue  s*est  élevée  comme  d'elle-même  sur 
la  place  publique  parce  que  chacun  Tavait  déjà 
élevée  dans  son  cœur. 

C'est  ce  que  Téminent  M.  Jules  Charles-Roux  a 
éloquemment  exprimé  dans  un  délicat  provençal 
en  faisant  à  la  ville  d'Arles  la  remise  du  monu- 
ment dont  il  avait  été  le  plus  actif  promoteur. 

Et  il  a  judicieusement  mis  en  relief  la  cause  pro- 
fonde de  cette  affection  populaire  :  «  Au  milieu 
des  passions  politiques  qui  nous  échauffent, 
a-t-il  dit,  Mistral  a  créé  une  atmosphère  de  paix 
et  de  concorde  qui  nous  a  tous  groupés  autour  de 
lui,  dans  une  pensée  d'union  patriotique  et 
d'entrainement  généreux  ». 

VArmana  nous  a  raconté  les  fêtes  inoublia- 
bles qui  furent  données  à  cette  occasion. 

Entrainé  par  un  mouvement  d'opinion  qu  après 
le  Prix  Nobel  et  des  acclamations  venues  même 
des  deux  Amériques,  on  pouvait  dire  mondial,  le 
Gouvernement  y  prit  une  part  officielle,  ce  qui 
donna  à  cette  sorte  de  couronnement  comme  un 
assentiment  national. 

L'Académie  Française  apporta  ses  applaudisse- 
ments au  poète  qu'à  son  grand  regret  elle  n'a  pu 


-  21  — 

décider  à  devenir  l'un  des  siens,  reconnaissant 
ainsi  dans  notre  parier  une  langue  sœur  de  la 
langue  française  et  dans  notre  littérature  locale  un 
des  plus  riches  écrins  du  trésor  littéraire  de  la 
France. 

Et  lui,  le  héros  de  la  fête,  couronné,  loué, 
exalté  par  de  si  hautes  autorités,  acclamé  par  la 
France  entière,  au  milieu  d'un  triomphe  qui  eut 
presque  justifié  les  plus  orgueilleuses  pensées, 
comment  a-t-il  porté  ces  ovations,  ces  honneurs 
presque  surhumains  ? 

Il  Ta  fait  sous  une  forme  de  simplicité  modeste 
que  son  génie  tout  chrétien  pouvait  seul  trouver. 

«  Moi,  a-t-il  dit,  en  provençal  —  je  vais  vous 
dire  quelque  chose  ». 

Et,  avec  le  charme  de  diction  qui  lui  est  pro- 
pre il  a  redit  l'invocation  par  où  débute  son  poème 
de  Mireio,  cet  élan  de  prière  où  le  poète  demande 
«  au  Seigneur  Dieu  de  sa  patrie,  né  parmi  les  pâtres, 
l'inspiration  de  feu  et  le  souffle  »  sans  lesquels 
il  ne  pourrait  accomplir  son  œuvre  ;  faisant  ainsi 
remonter  à  l'Eternel  Auteur  de  tout  art  et  de 
toute  poésie  l'encens  qu'on  venait  de  faire  fumer 
devant  lui. 

Ce  noble  geste  m'amène  du  monument  d'Arles 
à  un  autre  non  moins  provençal  et  non  moins 


-  22  - 

félibréen  qui,  de  la  vaste  plaine,  va  nous  élever  sur 
les  hauteurs. 

En  1874,  raconte  notre  Armana,  qui  reste 
jusqu'au  bout  mon  guide,  la  Provence  reconnais- 
sante d'avoir  été  épargnée  lors  de  la  fatale  guerre 
de  1870,  a  élevé  sur  le  pic  de  Sainte-Victoire 
une  croix  monumentale  dont  le  piédestal  porte 
sur  chacune  de  ses  quatre  faces  une  inscription 
en  langues  différentes. 

Ces  inscriptions  avaient  été  mises  au  concours. 
La  provençale  mit  en  pieuse  verve  une  centaine 
de  félibres  dont  toutes  les  inspirations  ont  été 
publiées  sous  ce  titre  :  Lou  Libre  de  la  Crous. 

Une  seule  a  pu  être  choisie  pour  figurer  sur  le 
monument.  C'est  celle  que  pèlerins  et  touristes 
peuvent  lire  sur  le  piédestal.  C'est  un  quatrain  ; 
le  voici  : 

O  Crux  ave  !  Sourgent  d'irnmortalo  lumiéro 
Emé  lou  sang  d'un  Dieu  0  testament  escrit  ! 
La  Prouvènço  a  ti  pé  se  cliné  la  proumiero 
Assousto  la  Prouvènço,  0  crous  de  Jesu  Chri  ! 

La  traduction  en  est  facile  sans  même  changer 
le  rythme  des  vers  : 

O  Crux  ave  ?  Foyer  d'immortelle  lumière  I 
Avec  le  sang  d\in  Dieu  0  testament  écrit  l 
La  Provence  à  tes  pieds  s'inclina  la  première 
Protège  la  Provence  —  0  croix  de  Jésus-Christ! 

Quel  est  le  nom  de  l'auteur  ? 


—  23  — 

Notre  chroniqueur  nous  répond  :  «  L'auteur 
n'y  a  pas  mis  son  nom.  Aussi  modeste  que  bien 
inspiré,  il  a  mis  sa  gloire  aux  pieds  de  la  Croix  ». 

Respectons  son  secret,  alors  même  que  la 
modestie  unie   au   talent  nous  le  ferait  pénétrer. 

Mais  retenons   ces    deux  gestes. 

Rapprochons  ces  deux  monuments,  durables 
et  iriécusables  témoins  du  génie  de  la  Provence 
et  de  sa  foi. 

Et  disons,  comme  elle,  avec  ses  félibres,  avec  la 
pierre,  le  fer  et  le  bronze  qu'elle  fait  si  bien  parler  : 
«  Honneur  au  talent  et  au  génie  de  l'homme  sur  les 
plages  de  la  terre.  —  Gloire  au  Très-Haut,  depuis 
les  sommets  les  plus  élevés  de  la  montagne 
jusques  dans  la  profondeur  infini  des  cieux.  » 

Et  finissons  par  ce  souhait  qui  est  celui  de 
l'Académie  et  cei-tainement  aussi  celui  de  cette 
assemblée  : 

JLongo    mai    au    Félibrige 

et  à  V ytrmana  prouvençau  ! 


1^ 


n 


RAPPORT 

SUR    LE 


Prix  Mignet 

PAR 

IVI.     AL-RREO     JAUF-RREX 

Membre   de    l'Académie 
Bâtonnier   de   l'Ordre   des  Avocats   a   la   Cour   d'Appel 


Messieurs, 


Parmi  les  livres  de  la  bibliothèque  de  M.  Mignet, 
sa  famille  conserve  religieusement  un  exemplaire 
de  Mireille  que  Mistral  lui  envoya  jadis  avec  cette 
épigraphe  :  «  A  tout  aucèu,  soun  nis  es  bèu  !  » 

Mistral  ne  pouvait  en  s'adressant  à  M.  Mignet 
dire  rien  de  plus  vrai.  M.  Mignet,  né  à  Aix,  a  tou- 
jours gardé  à  sa  ville  un  filial  attachement.  Ni  ses 
occupations  multiples  et  absorbantes  à  Paris,  ni  les 
charges  officielles  et  les  honneurs  qui  vinrent  à  lui 
sans  qu'il  les  eut  jamais   recherchés,   n'affaiblirent 


—  20- 

son  culte  pour  sa  petite  patrie.  Il  y  revenait,  cha- 
que année,  passer  de  longues  semaines  au  milieu 
des  siens,  comme  si,  au  cours  de  sa  longue  et  fé- 
conde carrière,  il  eut  toujours  senti  le  besoin  de 
raviver  ses  forces  au  contact  de  la  terre  natale. 

Aussi  quand  par  un  sentiment  de  pieux  souve- 
nir, M.  le  docteur  Evariste  Michel  résolut  de  créer 
un  prix  qui  portât  le  nom  de  son  oncle,  songea-t- 
il  tout  naturellement  à  associer  à  cet  hommage  en- 
vers une  mémoire  vénérée  la  ville  d'Aix  et  son 
histoire.  Il  voulut  que  Mignet  qui  avait  apporté  à 
sa  ville  sa  part  de  gloire,  contribuât  ainsi  même 
après  sa  mort  à  augmenter  son  patrimoine  intellec- 
tuel et  son  bon  renom  dans  le  monde. 

C'est  de  cette  double  pensée  qu'est  sortie  la 
fondation  du  prix  Mignet,  ainsi  que  son  pro- 
gramme. Mais  M.  le  docteur  Michel  n'a  point 
voulu  seulement  que  ce  prix  servit  à  récompenser 
un  ouvrage  se  rattachant  à  l'histoire  d'Aix  ou  de 
son  territoire,  mais  aussi  un  ouvrage  consacré  à  la 
mémoire  des  hommes  qui  ont  le  mieux  servi  ses 
intérêts  ou  sa  gloire  dans  les  lettres,  les  sciences 
ou  les  arts.  Notre  ville  a  une  histoire  assez  longue 
et  assez  noble  ;  elle  a  produit  assez  d'hommes  dis- 
tingués ou  illustres  dans  toutes  les  branches  des 
connaissances  humaines  pour  que  ce  programme, 
même  ainsi  définitivement  précisé,  permette  d'ac- 


—  27  — 

cueillir  des  travaux  de  l'intérêt  le  plus  certain  et 
le  plus  varié. 

L'Académie  tient  à  nouveau  à  remercier  M.  le 
docteur  Michel  d'avoir  bien  voulu  lui  confier  le 
soin  de  réaliser  ses  intentions  libérales,  et  de  rallier 
ainsi  autour  du  nom  de  Mignet  ceux  qui  soucieux 
de  rechercher  impartialement  le  vrai,  et  de  l'expri- 
mer sous  une  noble  forme,  trouveront  dans  le 
grand  historien  un  encouragement  et  un  modèle. 


Le  prix  Mignet,  d'une  valeur  de  3.000  francs, 
qui  doit  être  donné  tous  les  cinq  ans,  va  l'être 
pour  la  première  fois  cette  année. 

L'Académie  est  heureuse  de  voir  que  des  écri- 
vains d'un  très-réel  mérite  ont  répondu  à  son 
appel. 

Elle  a  examiné  avec  une  attention  scrupuleuse 
les  divers  ouvrages  qui  lui  ont  été  soumis. 

Après  mûres  réflexions,  c'est  à  Aqua  Sextia,  his- 
toire ancienne  d'Aix-en-Provence,  qu'elle  a  attribué 
le  prix  Mignet.  L'auteur  en  est  M.  Michel  Clerc, 
professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  d'Aix. 

Mais  l'Académie  ne  méconnaît  certes  pas  la  va- 
leur des  autres  concurrents,  et  ce  m'est  une  tâche 
fort   agréable   que  d'avoir    tout    d'abord    à    vous 


—  28  — 

présenter  leurs  ouvrages,  dans  un  ordre  dicté  uni- 
quement par  les  exigences  de  rédaction  de  mon 
rapport. 


M.  Camille  Latreille,  secrétaire  adjoint  de  l'Aca- 
démie de  Lyon,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres 
de  cette  ville,  nous  a  envoyé  sous  le  titre  de  :  Aix 
en  i8)4,  souvenirs  d'étudiants,  une  étude  vraiment 
charmante  sur  notre  ville. 

Deux  jeunes  Lyonnais,  Barthélémy  Tisseur,  et 
Victor  de  Laprade,  viennent  à  Aix  pour  y  faire 
leurs  études  de  droit.  Ils  quittaient  tous  deux  en 
novembre  1833  leur  grande  ville  brumeuse.  Leur 
arrivée  sous  le  ciel  de  notre  étincelante  Provence 
fut  pour  eux  un  éblouissement.  Songez  qu'ils 
étaient  tous  deux  poètes,  et  qu'ils  avaient  vingt 
ans  !  Ils  ne  se  connaissaient  pas.  C'est  à  une 
représentation  de  la  Tour  de  Nesles,  au  théâtre  d'Aix, 
à  laquelle  Laprade  assistait  debout,  au  parterre, 
qu'un  étudiant  les  présenta  l'un  à  l'autre.  Les  deux 
jeunes  gens  se  plurent  ;  quelques  jours  après.  Tis- 
seur recevait  de  Laprade  dans  sa  chambre  et  lui 
montrait  plusieurs  pièces  de  vers. 

Leur  amitié,  cimentée  par  les  mêmes  enthousias- 
mes, devait  durer  autant  que  leur  vie,  et  c'est  avec 
les  souvenirs  de  ces  deux  amis,  et  avec  la  corres- 


r 


-  29  - 

pondance  envoyée  par  eux  à  leurs  proches,  que 
M.  Latreille  a  composé  le  tableau  très  vivant  de  la 
ville  d'Aix  à  cette  époque. 

Même  pour  les  Aixois,  M.  Latreille  sera  un 
guide  utile,  et  d'ailleurs  fort  agréable  à  suivre. 
Nous  flânons  avec  lui  dans  les  rues  de  notre  vieille 
ville,  nous  visitons  ses  monuments  ;  nous  saluons 
en  chemin  les  nobles  dames  dans  leurs  chaises  à 
porteurs  quelque  peu  défraîchies  ;  nous  allons  au 
bal  dans  les  hôtels  de  nos  vieilles  familles  aixoises, 
nous  suivons  pieusement  les  processions,  et  la 
Saint- Jean  nous  permet  de  prendre  part  en  com- 
pagnie de  Laprade  à  une  bataille  épique  de  ser- 
penteaux. 

M.  Latreille  nous  conduit  dans  le  petit  cénacle, 
où  les  jeunes  étudiants,  délaissant  le  Digeste  et  le 
Code  Civil,  se  lançaient  dans  la  littérature  la  plus 
échevelée.  A  côté  de  nos  deux  Lyonnais  nous  y 
rencontrons  Paul  de  Magnan,  Chabert,  Guillibert 
que  Laprade  appellera  plus  tard  ; 

L'ami  sensé,  Mentor  de  tous  ces  jeunes  fous. 

Pierre  Enjalric,  Elzéard  Pin,  Scipion  du  Roure, 
de  Fabry,  Gardon.  Si  tous  ces  jeunes  gens  escala- 
daient volontiers  les  sommets  sublimes  et  quelque 
peu  nuageux  de  la  poésie,  ils  savaient  aussi  redes- 
cendre sur  terre,  et  se  rappeler  qu'ils  avaient  vingt 


—  3U  - 

ans.  Je  voudrais  vous  lire  le  récit  plein  d'humour 
des  charivaris  monstres  organisés  par  cette  jeunesse, 
et  de  ces  réunions  folles  où  Laprade,  qui  n'avait 
s  encore  écrit  Psyché,  et  ne  songeait  point  à 
académie  Franyaise,  faisait  applaudir  une  com- 
ainte  sur  FiescJji,  que  les  éditeurs  de  ses  œuvres 
mplètes  ont  négligé,  je  crois,  de  publier  : 

EcodUz  l'histoire  horrible 
De  Pieschi,  férocecipur, 
Corse  qui  n*eut  point  d'borrenr 
De  devenir  régicide, 
El  plus  cruel  qu'uD  boa. 
Voulut  tuer  son  roa  1 

De  Laprade  est  devenu  le  grand  poète  que  vous 
/ez  ;  Tisseur  a  occupé  avec  distinction  une  chaire 
littérature  française  à  Lausanne  ;  tous  deux  ont 
rdé  de  leur  séjour  à  Aix  le  meilleur  et  le  plus 
:onnaissant  souvenir.  Us  proclamaient  bien  haut 
mpreinte  salutaire  que  leur  esprit  et  leur  jeune 
agination  en  avaient  reçue.  Et  c'est  en  se  faisant 
ir  interprète,  qu'après  avoir  décrit  la  vie  qu'ils 
snaient  à  Aix,  M.  Latreille  ajoute  :  «  Tel  était  . 
le  milieu  élégant  et  pittoresque  où  Laprade  et 
Tisseur  passèrent  ensemble  l'année  1834,  à  cet 
âge  dont  Malherbe  a  dit  : 

Toiil  le  pluibir  des  jours  est  dans  la  malinée. 


n 


-  31  — 

^.  Une  ville  que  le  Président  de  Brosses  décla- 
«  rait  :  «  tout  à  fait  jolie,  et  la  plus  jolie  après 
«  Paris  »  les  accueillait  maternellement  et  mettait 
«  sous  leurs  yeux  le  spectacle  permanent  de  sa 
«  beauté  harmonieuse  et  recueillie  a^. 


Avec  M.  Nicollet,  professeur  au  Lycée  Mignet, 
c'est  TEcole  Centrale  des  Bouches-du-Rhône,  créée 
à  Aix  en  vertu  d'un  décret  du  7  ventôse  an  m, 
dont  nous  allons  étudier  la  laborieuse  organisation 
et  le  très-éphémère  fonctionnement.  A  la  veille  de 
la  Révolution,  il  y  avait  dans  la  partie  de  l'an- 
cienne Provence  qui  forme  aujourd'hui  le  départe- 
ment des  Bouches-du-Rhône,  des  établissements 
d'enseignement  secondaire  non  seulement  à  Aix, 
Marseille,  Arles  et  Tarascon,  comme  nous  pour- 
rions le  supposer,  mais  encore  à  la  Ciotat,  Marti- 
gues,  Saint-Remy  et  Salon.  Tous  disparurent  :  en 
matière  d'enseignement  comme  en  d'autres  matiè- 
res, la  Révolution  commença  par  détruire.  Les 
diverses  assemblées  révolutionnaires  essayèrent 
d'organiser  à  nouveau  cet  enseignement,  mais  là 
encore,  on  allait  constater  qu'il  est  plus  facile  de 
démolir  que  de  reconstruire.  Un  décret  de  l'an  m 
décréta  bien  la  création  d'une  Ecole  Centrale  d'en- 
seignement secondaire  par  département.  Les  admi- 


—  32  - 

nistrateurs  d'Aix  obtinrent  que  l'Ecole  fut  placée 

dans  l'ancienne  capitale  de  la  Provence,  en  dépit 

des  Marseillais  qui  en  réclamaient  le  transfert  (déjà  !) 

(lans  leur  ville.  L'Ecole  mit  plusieurs  années  à  s'or- 

iniser,  et  ne  fonctionna  que  quelques  mois.  Son 

ile  a  donc  été  aussi  peu  important  que  possible  ; 

lais  M.  NicoUet  a  su  accumuler  autour  de  ce  sujet 

îsez  mince  une  surabondance   de  documents  qui 

lit  le  plus  grand  éloge  de  sa  conscience  méticu- 

iuse  d'érudit.  Son  travail  apporte  une  intéressante 

3ntribution  à  l'histoire  de  l'enseignement  pendant 

1  Révolution,  et  les  historiens  qui  étudieront  à  ce 

oint  de  vue  cette  époque  si  troublée,    si  discutée 

lais  si  captivante  le  consulteront  avec  fruit. 


C'est  encore  une  mine  riche  en  documents  que 
ous  offre  M.  Robert,  avec  ses  Remontrances  et 
'rrêlis  du  Parlement  de  Provence  au  XFIÎI"  siècle. 
[.  Robert,  jeune  avocat  très-distingué  du  barreau 
Aix,  a  compulsé  page  à  page  les  volumineuses 
•chives  de  notre  ancien  Parlement,  et  en  a  tiré  le 
ijet  d'une  étude  très-judicieusement  documentée 
sur  les  actes  officiels  par  lesquels  le  Parlement 
manifesta  de  1715  a  1790  ses  volontés,  ses  sen- 
timents, ses  tendances  et  ses  aspirations.  >  La 
iparation  des  pouvoirs  qui  dans  notre  droit  public 


1 


-  33  - 

est  devenue  un  dogme,  n  existait  pas,  ou  n'existait 
que  de  façon  très-restreinte,  sous  l'ancien  Régime. 
Les  ordonnances  du  Roi  ne  devenaient  exécu- 
toires dans  la  province  qu'après  l'enregistrement 
qu'en  faisait  le  Parlement.  Si  ces  décisions  de 
l'autorité  royale  paraissaient  critiquables,  le  Par- 
lement rédigeait  des  remontrances  qui  étaient 
envoyées  au  Roi.  Parfois  aussi  le  Parlement  faisait 
de  sa  propre  initiative  connaître  au  Roi  ses  désirs, 
ou  tout  au  moins  ses  idées,  sur  un  point  particulier 
d'administration  ou  de  politique.  Enfin,  le  Parle- 
ment prenait  parfois  des  arrêtés  sur  des  questions 
économiques  notamment. 

C'est  dire  que  cette  étude  intéresse  à  la  fois 
l'histoire  de  notre  Provence  et  l'institution  même 
du  Parlement.  L'écueil  de  semblables  recherches, 
où  l'abondance  de  la  documentation  est  extrême, 
est  la  confusion.  M.  Robert  a  su  l'éviter.  Les  ques- 
tions sont  traitées  par  lui  avec  ordre  et  méthode, 
et  cette  œuvre  de  début  fait  le  plus  grand  honneur 
à  son  auteur. 


Pour  illustrer  ses  Ecoles  d'archilecture  et  d'art 
décoratif  des  XVI?  et  XVII?  siècles,  à  Aix,  M.  Dobler 
a  su  choisir  avec  un  goût  très  sûr  et  très  avisé 
parmi  les  œuvres  d'art  intéressantes  que  notre  ville 


—3— 


-  34  - 

a  possédées,  et  possède  en  grande  partie  encore, 
grâce  à  Dieu.  Un  texte  qui  se  lit  avec  facilité 
commente  agréablement  ces  belles  reproductions, 
et  nous  aide  à  les  mieux  comprendre.  Remercions 
de  tout  cœur  M.  Dobler.  A  défaut  des  originaux 
déjà  disparus,  ou  appelés  peut-être,  hélas  !  à 
disparaître  bientôt,  nous  pourrons  du  moins  en 
contempler  Timage  somptueusement  reproduite 
dans  sa  belle  publication,  où  se  sont  affirmées  à  la 
fois  ses  qualités  de  lettré  et  d'artiste. 


Aix,  musicale  et  belle  avec  la  fièvre  aux  joues, 

Aix  où  les  pas  clouent  le  silence, 
Chambre  royale  et  nue,  avec  Talcôve  immense 

Où  dort  le  souvenir  d*ÂDJou  ! 

Aix  I  douceur!  solitude!  Aix!  languissante  voix! 

Aix,  la  rose  provinciale, 
Des  tours  de  Saint-Sauveur  à  la  rue  Cardinale, 

Combien  vous  ai-je  aimée  de  fois  I 

C*est  ainsi  que  chante  un  jeune  poète  venu 
naguère  pour  une  saison  à  Aix,  et  qui,  séduit  par 
le  charme  de  notre  ville,  s'y  est  fixé  depuis. 
M.  Emile  Sicard  a  consacré  à  Aix  son  dernier 
recueil  de  poèmes,  le  Jardin  du  Silence  et  la  Ville 
du  Roy,  où  s'expriment  des  impressions  d'Aix 
justes  et  colorées.  Mais  au  fond,  n'est-ce  pas  tou- 
jours lui-même  que   cherche  le  poète  à  travers  la 


—  33  — 

nature  qui  l'entoure  ;  n*est-il  pas  lui-même  le  sujet 
de  ses  meilleurs  chants  ?  Si  vous  ne  m'en  croyez, 
lisez  les  beaux  vers  mélancoliques  qu'inspire  à 
M.  Sicard  le  Tombeau  de  Rose  du  Perrier,  et 
écoutez-le  murmurer  devant  un  des  chefs-d'œuvre 
de  notre  Musée  : 

0  porlrail  de  Granet,  daDS  ce  Muséo  (ranquilio 

Gomme  vous  éles  beau  ! 
Si  la  mort  me  permet  de  choisir  un  asile. 

Si  l'éclat  d'un  pinceau 

Me  doit  perpétuer,  je  voudrais  celle  place 
Dans  Tombre,  auprès  de  vous. 


Musée  dont  la  petite  cour  chargée  de  lierre 

Est  la  cour  d*un  couvent, 
Musée  dont  le  repos  est  couvert  de  prière, 

Musée  près  de  Saint-Jean. 

Musée  dans  ses  atours,  ses  couleurs,  son  or  pâle, 

Et  ses  tendres  espoirs. 
Faites  qu'un  jour  je  sois,  de  l'une  de  vos  salles, 

Gelui  que  Ton  vient  voir. 

Qu'importe,  n'est-il  pas  vrai  ?  que  le  poète  se 
cherche  toujours  —  et  se  trouve  partout  —  si  sa 
personnalité  est  intéressante,  et  mérite  de  nous 
émouvoir? 


-3G  - 


L'analyse  trop  incomplète  et  trop  sèche  que  j'ai 
dû  faire  de  ces  divers  ouvrages  ne  vous  a  pas 
permis  d'en  goûter  comme  il  conviendrait  le  mé- 
rite, mais  vous  en  a  fait  du  moins  pressentir  le 
grand  intérêt. 

C'est  cependant,  vous  le  savez,  sur  l'ouvrage  de 
M.  Clerc  que  l'Académie  a  réuni  ses  suffrages. 

Aqua-Sexlia  est  en  effet  pour  l'histoire  ancienne 
d'Aix  un  ouvrage  qui  s'imposera.  Il  ne  sera  plus 
possible  d'essayer  d'éclaircir  l'obscurité  de  nos 
origines  sans  le  consulter.  Les  solutions  qu'il  pro- 
pose ne  seront  certes  pas  toutes  définitives  :  en 
histoire,  rien  n'est  jamais  définitif.  Les  découvertes 
ultérieures  modifieront  sans  doute  la  solution  et  la 
donnée  même  de  certains  problèmes,  mais  Aqua- 
Sextia  marquera  du  moins  une  étape  :  ce  livre  est 
l'inventaire,  et  tout  au  moins  l'aboutissant,  de  tout 
ce  qu'on  sait  actuellement  sur  les  délicates  ques- 
tions  qu'il  traite. 

Qu'on  ne  s'attende  pas  à  retrouver  sous  la  plume 
de  M.  Clerc  la  méthode  facile  de  nos  anciens  his- 
toriens. Chez  lui  point  de  ces  récits  attrayants,  que 
pardonnait  si  facilement  le  lecteur  profane,  et  où 
l'auteur  semble  chercher  à  faire   apprécier  plutôt 


—  37  - 

ses  qualités  de  conteur  que  d'historien  ;  point  de 
ces  généralisations  hâtives  où  s'attardent  parfois 
un  Bouche  ou  un  Papon.  Nous  n'avançons  ici 
qu*à  coups  de  textes  et  de  gloses  ;  pas  une  asser- 
tion qui  ne  soit  vérifiée;  pas  une  hypothèse  qui  ne 
s'abrite  derrière  une  autorité  ou  un  fait.  C'est 
d'ailleurs  la  méthode  nouvelle  en  histoire.  L'his- 
toire n'en  est  pas  moins  restée,  bien  entendu,  une 
science  toujours  quelque  peu  conjecturale,  et  nos 
historiens  doivent  bien  se  tromper  parfois,  comme 
leuis  devanciers  ;  mais  ils-  se  trompent  plus  sa- 
vamment, si  j'ose  dire. 

Aix,  préhistorique  ;  Aix  avant  les  Romains  ; 
Aix  après  la  conquête  par  Rome  ;  telles  sont  les 
très-grandes  divisions  de  l'ouvrage. 

Nos  ancêtres  préhistoriques  ont  laissé  peu  de 
traces  autour  de  nous.  On  a  découvert  cependant 
une  grotte  en  pleines  collines  de  Saint-Marc,  dont 
les  habitants  se  nourrissaient  exclusivement  de 
lapins,  ce  que  nos  chasseurs  Aixois  auront  peine 
à  croire  ;  il  est  vrai  que  les  habitants  d'une  grotte 
voisine  n'hésitaient  pas,  en  cas  de  pénurie,  à  se 
nourrir  de  chair  humaine,  dont  ils  se  disputaient 
en  gourmets  les  morceaux  les  plus  délicats. 

Ensuite  dans  les  brumes  de  la  protohistoire  les 
Salyens  entrent  en  scène.  Quelques  textes  assez 
vagues   d'ciuteurs   anciens  constituent  tout  ce  qui 


-  38  - 

nous  est  parvenu  sur  eux.  A  l'appel  des  Marseillais, 
Rome  envoie  Flaccus,  puis  Sextius,  qui  défont  les 
Salyens,  les  massacrent  comme  il  convient,  et 
s'emparent  de  leur  oppidum  principal,  Antremont. 
Un  castellum  romain  est  construit  à  proximité, 
sorte  de  fort,  sous  la  protection  duquel  va  se  créer 
Tembryon  de  la  ville  ;  et  Sextius  donne  son  nom 
aux  sources  d'eaux  chaudes  qui  jaillissent  sur  le 
territoire  nouvellement  conquis. 

Les  documents  sur  cette  période  romaine  sont 
encore  bien  rares,  mais  il  faut  voir  avec  quelle 
science  M.  Clerc  sait  en  tirer  parti.  C'est  avec 
quelques  textes  plus  ou  moins  précis,  de  rares 
inscriptions,  des  pierres  de  limite  retrouvées  çà  et 
là  que  M.  Clerc  étaie  toutes  ses  savantes  affirma- 
tions. Mais  ne  croyons  pas  que  son  travail  ne 
puisse  intéresser  que  les  initiés.  Un  profane  même 
est  bien  vite  séduit  par  l'ingéniosité  des  rappro- 
chements, et  la  logique  subtile  de  la  démonstra- 
tion. Comment  ne  pas  admirer  ce  que  la  vaste 
érudition  de  M.  Clerc  sait  tirer  du  débris  mutilé 
d'une  inscription  vieille  de  deux  mille  ans  ;  et  à 
force  de  clarté  et  de  précision,  c'est  de  la  vie  qui 
finit  par  s'exhaler  de  toutes  ces  choses  mortes. 

Avant  de  pénétrer  au  cœur  même  de  la  cité, 
M.  Clerc  cherche  à  emplacer  les  routes  qui  y  con- 
duisaient. Il  ne  se  borne  pas  ici  à  interroger  dans 


-  39- 

soa  cabinet  les  vieux  itinéraires  et  les  livres.  Il 
nous  invite  à  le  suivre  pour  essayer  de  retrouver 
nous-mêmes  avec  lui  les  traces  de  cette  voie  Auré- 
lienne,  ce  camin  Aurelian  qui  partant  du  Var,  fron- 
tière alors  de  la  Gaule  et  de  Tltalie,  s'en  venait  par 
Aix  jusqu'à  Arles.  Nous  sommes  au-delà  du  Tho- 
lonet,  sous  le  Cengle,  — -  et  nous  foulons  enfin  la 
voie  Aurélienne.  Pas  de  doute  ;  çà  et  là,  de  pro- 
fondes ornières  ont  entaillé  le  sol  ;  voici  en  trois 
endroits  les  pierres  équarries,  dont  l'une  est  encore 
debout  à  sa  place,  que  les  ponts-et-chaussées  de 
Rome  élevaient  le  long  des  routes  pour  permettre 
aux  cavaliers  de  remonter  sur  leurs  montures. 

Et  en  face  de  ces  évocations  du  passé,  qui  res- 
suscite sous  nos  yeux  mêmes,  nous  faudra-t-il  beau- 
coup d'imagination  pour  voir  circuler  sur  cette 
route  les  habitants  d'Aquae-Sextiae  que  va  faire  re- 
vivre pour  nous  tout  à  l'heure  la  plume  érudite  de 
notre  aimable  guide  ?  Car  après  le  cadre  lui-même 
minutieusement  décrit,  après  les  précisions  topo- 
graphiques, voici  l'organisation  politique  et  sociale 
de  la  cité  :  le  Sénat  municipal,  les  décurions,  les 
duumvirs.  Aix  lui-même  a  fourni  peu  de  docu- 
ments, mais  ceux  retrouvés  dans  d'autres  villes, 
Nîmes,  Narbonne,  Vienne,  ont  permis,,  par  des 
analogies  très  plausibles,  des  reconstitutions  satis- 
faisantes. 


—  40  — 

Les  magistrats  municipaux  d'Aquae-5v?xtiae  n'ont 
pas  livré  leurs  noms  à  l'histoire.  Ils  aimaient  peut- 
être  moins  que  ceux  de  notre  temps  à  faire  graver 
leurs  noms  sur  des  plaques  comraémoratives. 
M.  Clerc  cependant  nous  révèle  l'existence  d'un 
certain  M.  Cominius  ^milianus  qui,  chevalier 
Romain,  né  à  Nîmes,  eut  à  remplir  les  fonctions 
de  curateur  de  la  colonie  d'Aix  ;  ces  curateurs 
analogues  à  nos  inspecteurs  des  finances  étaient, 
à  la  demande  des  villes  à  finances  avariées,  dési- 
gnés par  l'Empereur  pour  essayer  de  ramener  Tor- 
dre dans  la  caisse  municipale.  On  aimerait  à 
savoir,  dit  M.  Clerc,  quelles  circonstances  avaient 
amené  au  ir  siècle  les  magistrats  d'Aix  à  deman- 
der à  l'Empereur  l'envoi  d'un  curateur  ?  Grands 
travaux  ou  distribution  gratuite  aux  électeurs  ? 
N'ayons  pas  plus  que  M.  Clerc  l'indiscrétion  de 
le  rechercher,  mais  constatons  avec  philosophie  la 
vérité  du  vieux  proverbe  :  A7/  novi  sub  sole. 

M.  Clerc  fait  revivre  encore  pour  nous  quelques 
citoyens  d'Aquae-Sextiae  :  un  avocat  Aixois,  Marcus 
Junius  Rufus  Pythyon,  établi  à  Rome  ;  —  permettez- 
moi  de  saluer  au  passage  ce  très-ancien  confrère  ; — 
Sextus  Publicius,  fabricant  d'étoffes,  et  pompier  ; 
et  enfin  le  plus  ancien  négociant  d'huiles  connu 
de  la  ville  d'Aix,  L.  Julius  Fuscus,  qui  avait  créé 
à  Rome  un  comptoir  où  il  vendait  l'huile  récoltée 


j 


—  41  - 

dans  ses  domaines  de  Provence.  Si  nos  conci- 
toyens avaient  le  génie  de  la  réclame  commerciale 
aussi  développé  que  certains  négociants,  dit-on, 
d'une  petite  ville  de  ma  connaissance,  je  ne  serais 
pas  autrement  surpris  de  voir  bientôt  sur  des  cir- 
culaires :  Ancienne  maison  Julius  Fuscus,  fondée 
au  iV  siècle  :  X.  successeur. 

M.  Clerc  consacre  enfin  un  chapitre  aux  cultes 
indigènes  et  romains,  et  termine  par  quelques 
aperçus  sur  Aix  chrétien  et  les  origines  du  chris- 
tianisme dans  notre  ville. 

L'ouvrage  est  enrichi  de  planches  documentaires 
abondantes  et  nettes.  On  sent  que  M.  Clerc  a  soi- 
gné tous  les  détails  de  ce  travail  sur  Aquae-Sextiœ 
avec  un  soin  particulier,  et  j'allais  dire  avec  amour. 
Après  avoir  donné  le  meilleur  de  son  esprit  à 
l'étude  de  notre  vieille  ville,  il  n'était  pas  possible  , 
qu'il  ne  finit  par  lui  donner  un  peu  de  son  cœur. 


Tel  est  le  rapport  que  je  vous  devais  sur  le 
concours  du  Prix  Mignet. 

Les  conditions  imposées  par  le  fondateur  du 
prix,  ne  nous  permettaient  de  récompenser  qu'un 


1 


I  concurrent,  le  prix  étant  essentiellement  indi- 
ble. 

lais  tous  ont  droit  à  notre  reconnaissance  : 
lie  que  soit  l'époque  qu'ils  aient  étudiée,  à  quel- 
point  de  vue  qu'ils  se  soient  placés,  historiens, 
ste,  poète,  tous  nous  ont  fait  mieux  connaître 
re  ville,    et  nous  ont  ainsi  permis  de  la  mieux 


SUR     LES 

PRIX      DE      VERTU 

RAMBOT,  REYNIER  &  HENRIETTE  RAYON 

ET  LES 

Pensions  Onvriéres  IRMA  HOREAU 

PAR 

M.  le  Comte  de  MOUGINS  ROQUEFORT 


Mesdames, 
Messieurs, 

De  toutes  les  prérogatives  dont  s'honore  n©tre 
compagnie,  la  plus  noble  assurément  et  la  plus 
délicate,  est  celle  qui  consiste  à  rechercher  et  à 
couronner  la  vertu. 

Sans  doute,  il  est  flatteur  d'avoir,  comme  le 
portent  nos  statuts,  à  entretenir  le  feu  sacré  sur 
l'autel  dédié  aux  sciences,  aux  lettres  et  aux  arts  ; 
de  correspondre  avec  les  centres  savants  du  monde 
entier,  d'être  élevé  à  la  dignité  d'arbitre  dans  les 
joutes  littéraires  auxquelles  président  les  grandes 
ombres  de  Thiers  et  de  Mignet  ;  et  je  n'ai  garde 
de  risquer,  sur  le  sacerdoce  s'exerçant  dans  le  do- 
maine intellectuel,  une  insinuation  désobligeante. 


-.  44  - 

Mais,  remarquons-le,  les  œuvres  de  Tesprit, 
comme  les  créations  artistiques,  portent  en  elles- 
nifMnes  leur  rayonnement  ;  elles  s'imposent  aux 
foulas,  traînant  souvent  après  elles  un  cortège 
brillant  de  rémunération  et  parfois  de  gloire. 
Sciences,  lettres  et  arts,  allais-je  dire,  ce  sont 
choses  humaines  :  dans  la  vertu,  j'aperçois  en  plus 
l'étincelle  divine.  L'ombre  et  la  modestie,  qui  en 
forment  le  meilleur  attrait,  en  sont  aussi  le  premier 
élément;  elle  fleurit  d'être  ignorée,  et  le  cœur  est 
la  source,  généreuse  entre  toutes,  d'où  elle  jaillit 
spontanément. 

Et  voilà  pourquoi  j'estime  la  plus  noble  la  mis- 
sion de  proclamer  la  vertu.  Voilà  pourquoi  je  donne 
le  pas  aux  qualités  morales  sur  celles  de  l'intelli- 
gence, et  pourquoi,  dans  le  néant  des  choses 
humaines,  suivant  la  belle  pensée  de  Lacordaire, 
j'aime  mieux  adorer  la  poussière  du  cœur  que  la 
poussière  du  génie. 

Messieurs,  s'il  fallait  prendre  ici  le  mot  vertu 
dans  son  sens  usuel,  il  serait  au  moins  étrange  de 
voir  de  fragiles  créatures,  de  misérables  pécheurs, 
dont  le  plus  sage,  au  dire  de  l'Esprit-Saint,  tombe 
sept  fois  par  jour,  s'ériger  en  juges  de  la  morale, 
et,  fussent-ils  académiciens,  décerner  des  couron- 
nes qui,  parfois,  siéraient  fort  mal  à  leurs  propres 
fronts. 


—  4o  — 

Lorsque  Edouard  Aude,  dans  une  causerie  ré- 
cente, se  plaisait,  avec  cette  verve  dont  il  a  le 
secret,  a  évoquer  le  joli  discours  que  les  prix  de 
vertu  eussent  inspiré  au  bon  roi  René;  il  avait 
soin  d'ajouter  que  l'estime  en  laquelle  ce  prince 
tenait  la  sagesse,  plutôt  que  la  pratique  qu'il  en 
faisait,  lui  eussent  ouvert  les  portes  de  notre  com- 
pagnie. 

Voilà,  certes,  un  précédent  sans  réplique  dans 
le  sens  de  ma  thèse,  à  savoir  que  Ton  peut  être 
rapporteur  très  qualifié  et  très  apprécié  du  concours 
de  sagesse,  sans  qu'il  soit  indispensable  de  montrer, 
pour  cela,  patte  blanche  ou  robe  d'hermine. 

Et  moi-même.  Mesdames,  si  le  périlleux  honneur 
m'incombe  aujourd'hui  de  vous  adresser  la  parole 
et  de  disserter  sur  la  vertu,  ne  pensez-vous  pas  que 
ce  soit  un  peu  pour  mes  péchés  ? 

Gardons-nous  donc  de  donner  au  mot  vertu  un 
sens  trop  spécial.  Tout  en  ne  séparant  point  de  sa 
conception  ce  respect  de  la  dignité  humaine,  dont 
l'honnête  homme  ne  se  doit  jamais  départir,  et  que, 
sans  faire  d'incursion  dans  le  domaine  de  la  cons- 
cience, nous  exigeons  toujours  de  nos  lauréats, 
prenons-le  dans  une  acception  plus  large.  Avec 
Cicéron,  le  définissant  dans  ses  Tusculanes,  et  le 
faisant  dériver  du  mot  vir,  voyons-y  la  force  plutôt 
que  l'innocence  gardée  ou  reconquise  ;  cherchons- 


-  .iG  - 

y  ce  souffle  vivifiant  qui  élève  l'homme  au-dessus 
de  lui-même  ;  saluons  en  lui  cet  effort  persistant 
dans  le  bien,  effort  généreux  autant  que  désintéressé, 
que  ne  rebutent,  ni  l'ingratitude,  ni  les  difficultés 
de  la  vie,  effort  d'autant  plus  méritoire  qu'il  est, 
chez  certaines  âmes,  de  tous  les  jours  et  de  tous 
les  instants,  effoi't  dont  l'effet  se  traduit  en  fruits 
merveilleux  de  sacrifice  et  de  dévouement,  et  qui 
réalise  dans  toute  sa  plénitude  le  précepte  évangé- 
lique  :   «  Aimez-vous  les  uns  les  autres  ». 

C'est  la  vertu  ainsi  entendue,  la  vertu  se  mani- 
festant par  des  actes,  qu'ont  voulu  exalter  les  ému- 
les de  Monthyon  dont  le  nom  reste  justement 
vénéré  dans  cette  enceinte  et  dans  notre  cité.  C'est 
à  eux,  à  Rambot,à  Reynier,  à  Mesdemoiselles  Hen- 
riette Rayon  et  Irma  Moreau,  à  Madame  Nègre, 
que  notre  souvenir  reconnaissant  doit  aller  tout 
d'abord  ;  et,  dans  ce  palmarès  des  mérites,  c'est  à 
eux,  si  vous  le  voulez  bien,  que  nous  décernerons 
les  premiers  lauriers. 


L'acte  généreux  de  Rambot,  léguant  à  l'Acadé- 
mie, voici  bientôt  65  ans,  une  rente  annuelle  de 
545  francs  pour  récompenser  les  actes  de  courage, 
les  soins  donnés  à  la  vieillesse  et  à  l'enfance  aban- 
données, a  eu  de  nombreux  imitateurs. 


^-      i 


—  47  — 

En  même  temps  que  les  donateurs,  les  candidats, 
naturellement,  ont  essaimé. 

Il  y  a  dix  ans  à  peine,  la  moyenne  des  demandes 
présentées  chaque  année  à  Texamen  de  votre 
commission  atteignait  une  douzaine  environ.  De- 
puis les  libéralités  de  M"*  Moreau,  ce  chiffre  dé- 
passe 80  !  Plus  de  80  candidats  pour  6  ou  7  cou- 
ronnes ! 

Et  pourtant,  malgré  tout  ce  qu'il  présente  de 
délicat  et  de  rebutant,  l'examen  de  ces  dossiers 
apporte  à  l'âme  un  grand  réconfort.  La  part  faite 
des  éliminations  qui  s'imposent  à  première  vue  ou 
après  enquête,  l'ivraie  séparée  du  bon  grain,  il 
reste  encore  au  maître  une  imposante  moisson, 
moisson  de  charité  et  parfois  d'héroïsme,  levée  et 
mûrie  au  chaud  rayonnement  de  l'esprit  chrétien, 
statistique  consolante  et  bien  propre  à  justifier 
notre  espoir  dans  le  relèvement  et  dans  le  salut 
de  la  patrie,  puisque  ces  dix  justes,  que  l'Eternel 
demandait  en  vain  pour  sauver  les  villes  maudites, 
sont,  aujourd'hui,  devenus  légion. 


-  48 


PRIX  RAHBOT 


Pour  le  prix  Rambot,  indivisible,  un  nom  se 
détache  très  nettement  du  groupe,  celui  de  Marius 
Paulin  For tou, 

Fortou  est  né  à  Aix  en  1844.  Ses  états  de  ser- 
vice tiennent  vraiment  du  prodige.  En  lisant  le 
rapport  qui  nous  en  a  été  adressé,  je  croyais  voir 
revivre  l'originale  figure  de  cet  héroïque  Le  Car- 
dunois,  burinée  par  Bisson  il  y  a  quelques  vingt 
ans,  de  ce  terre-neuve  toujours  prêt  à  affronter  le 
danger,  j'allais  dire  à  le  susciter,  pour  avoir  une 
occasion  de  plus  de  donner  cours  à  ses  généreux 
instincts. 

A  peine  âgé  de  1 5  ans,  Fortou  sauve,  au  péril 
de  sa  vie,  son  camarade,  le  jeune  Laugier,  sur  le 
point  de  se  noyer  dans  l'Arc. 

Messieurs,  lorsque  j'exposais  en  séance  ce  pre- 
mier trait  de  bravoure  de  notre  candidat,  j'eus  le 
regret  de  voir  un  sourire  se  dessiner  sur  les  lèvres 
de  quelques-uns  de  nos  collègues,  sourire  qui  signi- 
fiait clairement  :  Vraiment  le  beau  mérite  I  Comment 
diable  peut-on  se  noyer  dans  l'Arc  !  —  En  même 
temps,    un    lettré,   nourri   d'Hégésippe,   et   hanté 


r 


-  49  - 

par  le  souvenir  de  la  Voulzie,  murmurait  à  mon 
oreille  :  TArc  ! 

Ud  tout  petit  ruisseau  coula Dt  visible  à  peine  ; 
Un  géant  altéré  le  boirait  d*une  haleine  ; 
Le  nain  vert  Obéron,  jouant  au  bord  des  flots, 
Sauterait  par-dessus  sans  mouiller  ses  grelots. 

Froissé  d*une  critique  qui,  si  discrète  fut-elle, 
ravalait,  en  même  temps  que  le  mérite  de  mon 
héros,  le  prestige  de  notre  petit  fleuve  aixois  en- 
core auréolé  de  la  victoire  de  Marius,  j'eus  à  cœur 
de  réhabiliter  et  le  cours  d'eau  et  le  sauveteur,  et, 
faisant  appel  à  mes  souvenirs  de  jeunesse,  je  par- 
vins à  démontrer  sans  peine  les  dangers  très  réels 
que  présente  TArc,  soit  au  gourg  de  la  Grande 
Roque,  théâtre  du  sauvetage  opéré  par  le  jeune 
Fortou,  soit  au  gourg  de  Martelly,  soit  en  d'autres 
points  bien  connus  des  riverains  pour  avoir  causé 
plus  d'un  accident  mortel.  Le  fait  méritait  donc,  à 
tous  égards,  d'être  retenu  et  souligné. 

Aussi  bien,  Messieurs,  cet  épisode  de  l'Arc, 
n'est-il,  si  j'ose  m'exprimer  ainsi,  qu'une  goutte 
d'eau  dans  cette  mer  sillonnée  des  exploits  de 
Fortou. 

Quelques  années  après,  nous  le  retrouvons  ma- 
çon à  Gardanne.  Un  soir  d'été,  des  garnements 
chuchotent  à  son  oreille  qu'ils  viennent  d'enfumer 
dans  une  meule  de  paille,  où  il  est  endormi,  un 


-  50  - 

diemineau  fort  mal  vu  dans  le  pays,  et  qu'il  va 
être  asphyxié.  Sans  doute,  la  victime  est  peu  inté- 
fessante,  mais  il  s'agit  de  la  vie  d'un  homme,  et 
Fortou,  courant  sur  le  théâtre  de  la  sinistre  plai- 
santerie, arrache  le  misérable  à  une  mort  certaine. 

A  maintes  reprises,  il  arrête  des  chevaux  em- 
ballés, et  porte  encore,  à  l'avant-bras  droit,  une 
luxation  contractée  dans  l'un  de  ces  sauvetages, 
blessure  dont  il  souffrit  longtemps  et  dont  il  res- 
sent encore  les  effets. 

Sa  réputation  de  courage  bien  établie  le  désignait 
pour  faire  partie  de  cette  phalange  d'hommes  éner- 
giques chargés  d'assurer  l'ordre  et  de  protéger  les 
citoyens.  Sous  la  tunique  de  Tagent  de  police, 
Fortou  va  montrer  encore  des  qualités  hors  de  pair. 

Un  pauvre  fou  jouissant  d'une  certaine  fortune, 
se  croyant  en  butte  à  d'imaginaires  rancunes  et  aux 
coups  de  la  fameuse  bande  de  Lataille  qui,  à  cette 
époque,  terrorisait  la  région,  s'était  enfermé  dans 
une  villa  louée  au  cours  de  la  Trinité.  Ne  pouvant 
joindre  ce  maniaque  dangereux,  que  l'on  savait 
armé  et  capable  de  tout,  l'autorité,  pressée  d'en 
finir,  envisageait  l'une  de  ces  extrémités,  de  le 
réduire  par  la  famine,  ou  de  démolir  la  maison. 
Fortou  revendique  les  risques  d'une  solution  moins 
radicale  ;  il  étudie  le  terrain,  se  fait  enfermer  un 
soir,  par  surprise,  dans  ce  nouveau  fort  Chabrol 


J 


r 


**  a 

—  Ol    — 

semé  de  guet-apens  ;  il  se  dissimule  derrière  une 
porte,  et,  au  moment  où  le  forcené  paraît,  il  bondit 
sur  lui  et  s'en  rend  maître.  Cet  exploit,  encore  pré- 
sent à  la  mémoire  des  vieux  aixois,  fut  apprécié 
des  chefs  de  Fortou  au  point  de  lui  valoir  une 
gratification  de  looo  francs. 

Beaucoup  d'entre  vous  se  rappellent  certaine- 
ment rémoi  soulevé  à  Aix,  il  y  a  environ  30  ans, 
par  les  agissements  d'un  autre  maniaque  insaisis- 
sable, qui,  le  soir,  à  la  nuit  tombante,  guettant  les 
dames  à  la  sortie  des  églises,  s'amusait  à  asperger 
leurs  manteaux  de  vitriol.  Nos  gracieuses  conci- 
toyennes étaient  terrorisées,  et  les  dommages  se 
répétaient  sans  que  l'on  put  découvrir  le  coupable. 

Fortou  se  pique  au  jeu  ;  il  se  met  en  observa- 
tion, et  remarque  les  allures  équivoques  d'un 
homme  très  correctement  v^tu.  Bien  qu'il  n'ait  pu 
le  prendre  en  flagrant  délit,  sa  conviction  est  faite. 
Il  engage  la  conversation  avec  lui,  l'entraîne  au 
café,  et;  subitement,  le  met  en  état  d'arrestation  et 
lui  passe  les  menottes.  Malgré  ses  entraves,  le 
prisonnier  parvient  à  saisir  un  des  flacons  dont  il 
était  porteur,  et  asperge  le  brave  agent  dont  les 
vêtements  furent  brûlés,  et  dont  le  flair  se  trou- 
vait ainsi  péremptoirement  démontré.  J'ajoute  que 
l'enquête  reconnut  dans  le  coupable  un  interne  de 
l'hôpital,  coutumicr  de  méfaits  analogues,   et  <iue, 


-  52  — 

à  la  suite  de  ce  coup  de  maître,  qui  produisit  dans 
Aix  un  véritable  soulagement,  Fortou  fut  nommé 
sous-inspecteur. 

Je  passerai  rapidement  sur  les  détails  du  rôle 
qu*il  joua  lors  du  cambriolage  de  la  maison 
Oneille,  poursuivant  à  pied  et  la  nuit,  depuis  Aix 
jusqu'à  Septèmes,  les  trois  malandrins,  auteurs  du 
vol,  qui,  grâce  à  lui,  furent  capturés  au  soleil  le- 
vant ;  et,  pour  mémoire  seulement,  je  note  le  cou- 
rage qu'il  montra  en  se  faisant  descendre  dans  un 
de  ces  puits  particulièrement  sombres  et  perfides, 
comme  en  contiennent  encore  nombre  de  vieilles 
maisons,  et  d'où  il  fut  assez  heureux  pour  retirer, 
au  péril  de  sa  vie,  un  musicien  en  rupture  de  trom- 
bone ou  de  grosse  caisse,  qui  venait  de  s'y  pré- 
cipiter pour  échapper  aux  rigueurs  de  l'autorité 
militaire. 

Aussi  bien  ai-je  hâte  de  vous  montrer  Fortou 
sous  un  jour  qui  l'honore,  à  mon  avis,  plus  encore 
que  tous  ses  exploits. 

La  conscience  rigoureuse  et  la  bravoure  qu'il 
mettait  à  accomplir  ses  devoirs  professionnels 
n'excluaient  chez  lui  ni  la  bonté,  ni  un  sens  très 
juste  de  la  haute  mission  que  confère  toute  magis- 
trature. Des  vagabonds  avec  lesquels  il  avait  été 
en  contact,  et  qu'il  jugeait  moins  coupables 
qu'égarés,   lui  durent  leur  réhabilitation  morale  et 


r 


-  53- 

leur  retour  au  bien.  L'un  d'eux,  au  sortir  du  poste, 
fut  placé,  par  ses  soins,  chez  le  marbrier  Bastard, 
se  maria,  et  devint  aussi  bon  père  de  famille  qu'il 
s'était  révélé  habile  ouvrier. 

Un  autre  de  ses  clients,  polonais  d'origine,  il 
s'appelait  Mierzkowski,  lui  sembla  digne  d'intérêt, 
et  fut  sauvé  par  lui  de  la  chute  irrémédiable. 
Malgré  le  peu  de  crédit  que  pouvait  inspirer  son 
passé,  Fortou  crut  à  son  repentir,  lui  avança  de 
l'argent  pour  le  rapatrier,  et  le  fit  entrer  à  l'hôtel 
Nègre-Coste  où  ses  maîtres  n'eurent  qu'à  se  louer 
de  lui.  Des  lettres  que  j'ai  eues  sous  les  yeux,  éma- 
nant des  parents  du  jeune  homme,  attestent,  en 
même  temps  que  leur  reconnaissance,  toute  l'éten- 
due du  service  rendu. 

De  tels  actes.  Messieurs,  me  semblent  se  passer 
de  commentaire.  J'aurai  terminé  si  j'ajoute  que, 
pendant  l'épidémie  cholérique  de  1884,  Fortou  fut 
délégué  auprès  des  moribonds  pour  obtenir  d'eux 
certains  renseignements  relatifs  à  leur  état  civil, 
et  qu'il  remplit  cette  mission  périlleuse  avec  le 
même  sang-froid,  avec  le  même  esprit  de  devoir 
dont  vous  le  savez  coutumier  ;  et  vous  applaudirez 
avec  moi  au  jugement  de  l'Académie  accordant  à 
cet  homme  brave,  qui  est  aussi  un  brave  homme, 
avec  ses  félicitations  les  plus  chaleureuses,  le  prix 
Rambot  de  545  francs. 


—   'i»  — 


rSIÏ   KET.^IEB 


Plus  modeste,  mais  non  mcins  admirable  est 
1  histoire  de  Thérise  Costc. 

Elle  a  été  contée  souvent  dans  cette  en  je:  nie. 
1  an  dernier  encore  lorsque,  sur  le  rapport  ému  de 
mon  confrère  Audinet.  vous  couronniez  Jjjane 
Bimet. 

C'est  l'histoire  de  ces  humbles  ser\antes  qui 
s'attachent  pour  la  vie  à  un  foyer,  qui.  non  con- 
tentes, quand  arrivent  les  jours  sombres,  de  servir 
leurs  maîtres  sans  en  espérer  aucune  rétribution, 
poussent  le  dévouement  jusqu'à  sacrifier  pour  eux 
leurs  modestes  économies.  Messieurs,  Dieu  seul 
sait  à  quel  taux  sont  faits  de  tels  placements  :  si 
Lui  seul  peut  récompenser  une  abnégation  si 
grande,  c'est  pour  nous  une  satisfaction  très  douce 
que  de  vous  la  sigUciler  en  la  saluant  bien  bas. 

Thérèse  Coste  est  née  à  Venelles  en  1848 
d'humbles  cultivateurs.  Elle  perdit  sa  mère  de 
bonne  heure,  et  fut  confiée,  par  son  père,  aux  sœurs 
de  Saint- V^incent-de-Paul  d'Aîx.  Appréciant  les 
heureuses  dispositions  qu'elle  manifestait  déjà,  ses 
bienfaitrices  la  firent  entrer,  à  sa  majorité,  dans 


—  oo  — 


une  famille  des  plus  honorables  et  des  plus  aisées 
de  notre  ville.  Thérèse  s'attache  à  ses  maîtres  et 
les  suit  à  Grasse  et  dans  leurs  diverses  résidences. 
Entre  temps,  la  fortune  du  ménage  a  sombré;  les 
gages  cessent  d  être  payés  ;  le  dévouement  de 
Thérèse  ne  se  dément  pas.  Pendant  plus  de  vingt 
ans,  sans  avoir  à  attendre  d'autre  récompense  que 
le  témoignage  de  sa  conscience,  sans  écouter  d'au- 
tre impulsion  que  celle  de  son  cœur,  elle  continue 
à  ses  maîtres  des  soins  rendus  plus  rebutants  en- 
core par  les  infirmités  du  mari  qui  finit  par  suc- 
comber. La  situation  pécuniaire,  aggravée  par  la 
maladie,  est  devenue  critique.  Pour  venir  en  aide 
à  ceux  qu  elle  considère  comme  les  siens,  Thérèse 
n'hésite  pas  à  faire  abandon  des  quelques  écono- 
mies réalisées  par  elle  dans  les  jours  heureux,  en- 
viron quatre  mille  francs.  Ce  n'est  qu'après  avoir 
fermé  les  yeux  de  sa  maîtresse  qu'elle  quitte  enfin 
ce  foyer  auquel  elle  a  sacrifié  plus  de  quarante  ans 
de  sa  vie. 

Un  dévouement  aussi  complet,  un  désintéres- 
sement aussi  généreux,  ne  pouvaient  passer 
inaperçus. 

Des  âmes  charitables  les  ont  signalés,  deman- 
dant pour  Thérèse,  moins  les  secours  matériels, 
bien  nécessaires  pourtant,  que  la  consécration  de 
SCS  héroïques  vertus.  Dépassant  les  limites  de  la 


-  :i6  — 

province,  leur  appel  a  été  entendu  jusque  sous  la 
coupole  de  l'Institut  par  TAcadémie  Française,  qui, 
appréciant  les  mérites  de  Thumble  servante  de 
Fayence,  Ta  couronnée,  Tan  dernier,  en  scr.nce 
publique. 

Notre  compagnie.  Messieurs,  s*honore  de  suivre 
un  tel  sillage,  et  décerne,  à  son  tour,  à  Thérèse 
Coste,  une  somme  de  400  francs  sur  le  prix 
Revnicr. 


Les  époux  Constant,  de  Rians,  arrivent  en  se- 
conde ligne  dans  la  répartition  da  même  prix 
Reynier  divisible,  les  actes  de  vertu  signalés  par 
leur  dossier  nous  ayant  paru  méritoires  entre  tous. 

Hilarion  Constant  et  sa  femme  appartiennent  à 
cette  race  de  cultivateurs  probes  et  laborieux  qui 
sont  rhonneur  de  nos  campagnes.  Dans  les  envi- 
rons de  Rians,  où  est  située  la  ferme  qu'ils  exploi- 
tent, la  culture  de  la  terre  est  particulièrement 
ingrate,  et  c'est  littéralement  à  la  sueur  de  son  front 
que  le  laboureur  doit  gagner  son  pain.  Bien  que 
dénués  de  toutes  ressources  en  dehors  de  leur  tra- 
vail, les  époux  Constant  tiennent  à  honneur  de 
partager  ce  pain  avec  plus  infortunés  qu'eux. 


r 


—  57  - 

En  1901,  un  valet,  loué  au  mois,  les  quitte  brus- 
quement, leur  laissant,  pour  tout  gage,  un  enfant  de 
5  ans,  le  jeune  Gonibert,  qu'il  n'avait  même  pas 
songé  à  doter  d'un  état  civil.  Madame  Constant 
n'hésite  pas  à  recueillir  le  pauvre  orphelin,  et, 
pendant  13  mois,  lui  prodigue  les  soins  les  plus 
maternels,  lui  sauvant  véritablement  la  vie,  comme 
le  constate  un  certificat  du  médecin,  comme  il  le 
reconnaît  lui-même  dans  un  témoignage  de  grati- 
tude joint  au  dossier,  et  conçu  dans  des  termes 
dont  la  naïveté  touchan-te  est  le  meilleur  garant 
de  sincérité. 

En  19 10,  un  pauvre  cheminot,  nommé  Agnelly, 
homme  d'équipe  à  Rians,  perdait  sa  femme,  restant 
seul  avec  deux  garçons,  le  plus  jeune  à  peine  âgé 
de  sept  mois.  Lui-même  tombe  gravement  malade 
à  l'hospice  de  Rians,  se  demandant  avec  angoisse 
ce  que  vont  devenir  les  enfants.  Un  bon  ange 
accourt  à  son  chevet  ;  c'est  Madame  Constant. 
Emue  de  la  douleur  du  pauvre  père,  n'écoutant 
que  son  cœur,  elle  lui  propose  de  se  charger  du 
dernier  bébé  jusqu'à  sa  guérison.  Elle  achète  une 
chèvre,  nourrit  l'enfant  au  biberon,  s'attache  à  lui 
comme  s'il  eut  été  son  propre  fils,  si  bien  qu'elle 
réclame  comme  une  faveur  de  le  garder  auprès 
d'elle  après  le  rétablissement  d'Agnelly,  si  bien 
qu'il  est  encore  aujourd'hui  auprès  de  ses  parents 


i 


~  o8  - 

adoptifs,  les  appelant,  nous  dit-elle  elle-même, 
elle  «  maman  »  et  son  mari  «  papa)^.  Cependant, 
le  vrai  père,  fixé,  par  son  service,  à  l'extrémité 
opposée  du  département,  et  gagnant  avec  peine 
sa  propre  vie,  est  trop  heureux  de  laisser  le  bébé 
entre  les  mains  de  celle  dont  il  ne  peut  payer 
le  dévouement  que  par  sa  reconnaissance.  Aussi 
bien,  Messieurs,  ne  la  lui  ménage-t-il  pas.  Avec 
tous  les  gens  du  pays,  il  proclame  très  haut  que 
son  fils  doit  la  vie  aux  époux  Constant,  et  qu'il  est 
admirablement  élevé  par  eux.  Comme  lui,  comme 
tous  les  témoins  de  la  grande  charité  de  ces  hon- 
nêtes cultivateurs,  nous  estimons  qu'une  fraction 
du  prix  Reynier,  évaluée  à  300  francs,  ne  peut  être 
mieux  placée  qu'entre  leurs  mains. 


La  dernière  part  des  300  francs  restant  sur  le  prix 
Reynier  est  attribuée  à  Marie  Bouchet,  pour  soins 
donnés  à  sa  sœur  infirme  et  à  ses  nièces  recueillies» 
par  elle  après  la  mort  de  leur  mère. 


-  59  - 


VniX    €RE£    PAR    MUe   RAYOIV 

Pour  une  Jeune  Fille  dont  l'Académie  a  distingué  les  mérites 


On  connaît  l'amusante  boutade  d'Alexandre 
Dumas  :  «  Je  veux  bien,  disait-il,  qu'une  femme 
soit  honnête,  mais  je  tiens  à  ce  qu'elle  soit  belle 
pour  avoir  quelque  mérite  à  être  honnête  ». 

Messieurs,  la  même  idée  hantait  visiblement 
l'esprit  de  M"' Rayon  lorsqu'elle  institua  cette  rente 
de  275  francs,  qui  nous  occupe  maintenant,  pour 
une  jeune  fille  dont  elle  laissait  à  l'Académie  le 
soin  de  «  distinguer  les  mérites  ». 

La  pensée  maîtresse  de  son  testament  peut  se 
résumer  ainsi  :  «  Je  veux  bien  qu'une  femme  soit 
vertueuse,  mais  je  tiens  à  ce  qu'elle  soit  jeune, 
pour  avoir  quelque  mérite  à  être  vertueuse  ». 

L'équivoque  n'est  pas  possible  :  le  légataire  selon 
le  cœur  de  la  donatrice,  c'est  cet  être  délicat  et 
charmant  que  l'on  nomme  une  jeune  fille.  C'est 
Mireille,  à  l'heure  de  ses  premiers  émois.  C'est 
Marie-Madeleine,  parvenue  «  à  l'âge  des  confiances 
et  des  rêves,  des  sourires  et  des  élans  ingénus  ». 
C'est  Eugénie  Grandet,  «  encore  sur  la  rive  de  la 


-  GO  - 

vie  i)ii  fleurissent  les  illusions  enfantines,  où  se 
cueillent  les  marguerites  avec  des  délices  plus  tard 
inconnues  ».  C'est  Graziella,  «  éclose  comme  d'un 
rêve  de  poète  pendant  le  léger  sommeil  d'une 
nuit  d'été  >.  C'est,  Messieurs,  celle  à  qui  chacun  de 
nous  a  dressé  des  autels  au  printemps  de  sa  vie, 
celle  dont  le  charme  discret  vient,  parfois  encore, 
illuminer  notre  automne. 

Entre  toutes  les  femmes  privées  des  avantages 
de  la  fortune,  et  recommandables  par  la  pureté  de 
leurs  mœurs.  M"*  Rayon  a  donc  opté  pour  Mireille 
et  pour  Graziella. 

Elle  sait  que  la  même  sève  généreuse  coule,  à 
vingt  ans,  dans  les  veines  de  la  fille  du  peuple  et  de 
la  patricienne  ;  que  le  même  désir  de  bonheur  vibre, 
également  impérieux,  sous  la  toile  grossière  et  sous 
le  riche  brocart.  Elle  sait  combien  le  devoir  est 
particulièrement  difficile  et  rebutant  à  Tâge  où  le 
plaisir  se  profile  plein  de  séductions,  et  c'est  la 
fidélité  au  devoir,  la  persévérance  dans  le  bien, 
l'oubli  de  soi-même  qu'elle  veut  récompenser  dans 
les  milieux  modestes  où  la  lutte  pour  la  vie  ne 
pourra,  le  plus  souvent,  laisser,  pour  la  jeune  fille, 
aucune  place  aux  satisfactions  même  les  plus  légi- 
times. 

Peut-Mre   estimait-elle   que   ses  libéralités,    en 
fournissant   un   petit  trousseau,    faciliteraient   un 


r 


-  61    - 

honorable  établissement  à  celle  que  ses  mérites 
auraient  ainsi  distinguée...  Peu  importe  d'ailleurs 
les  motifs  dont  s'inspire  la  testatrice  :  ce  qu'il  nous 
faut  retenir,  c'est  qu'elle  désigne  une  «  jeune  fille  ». 

Or,  Messieurs,  soit,  je  le  reconnais,  pénurie  très 
réelle  de  candidats,  soit,  comme^-l'insinuait,  Tan 
dernier,  votre  rapporteur,  que  la  jeunesse  soit 
chose  relative,  soit  encore,  chez  nos  collègues, 
excès  de  galanterie  dont  j'aurais  mauvaise  grâce  à 
leur  faire  un  crime,  il  faut  bien  le  constater,  pres- 
que cbnstamment,  depuis  sa  fondation,  le  prix 
Rayon  a  été  décerné  à  l'âge  mûr  :  notre  lauréat  de 
1912  notamment,  recommandable,  cela  va  de  soi,  à 
tous  égards,  ne  comptait  pas  moins  de  59  prin-- 
temps  :  c'était  d'ailleurs  la  plus  jeune  de  nos 
candidats  ! 

Un  des  membres  de  la  Commission,  un  juriste 
grincheux,  chercheur  de  la  petite  bête,  comme  ils 
le  sont  tous  dans  la  basoche,  frappé  de  cet  état  de 
choses,  se  demanda  si  les  intentions  de  M"®  Rayon 
étaient  bien  remplies,  ou,  tout  au  moins,  si  elles 
ne  comportaient  pas  une  application  plus  littérale. 
De  ce  scrupule  est  né  la  candidature  de  M"®  Pellis- 
sier,  dont  il  faut  que  je  vous  parle  enfin. 

Le  juriste  grincheux  fit,  dans  le  milieu  des  œu- 
vres, quelques  appels  discrets.  Ceux-ci  étant  restés 
sans  écho,  il  s'adressa  à  la  source   autorisée  entre 


—  G%  - 

toutes.  Il  alla  frapper  à  la  porte  du  pieux  asile  où 
de  saintes  femmes,  coiffées  de  la  cornette  blanche, 
ayant  renoncé  au  monde,  ne  vivent  que  pour  sou- 
lager les  malheureux,  visiter  les  malades,  élever 
les  orphelins.  En  contact  permanent  avec  le  peu- 
ple, pénétrant  dans  toutes  les  mansardes,  si  elles 
connaissent  toutes  les  misères,  elles  peuvent  appré- 
cier tous  les  mérites  ;  et,  quand  on  leur  demanda 
de  désigner,  dans  les  milieux  qui  leur  sont  fami- 
liers, la  perle  rêvée  par  M"^  Rayon,  un  nom  sortit 
de  leurs  lèvres  dans  un  élan  spontané,  un  dossier 
fut  formé  par  elles,  immédiatement  appuyé  des 
signatures  les  plus  honorables,  celui  de  M"®  Pélis- 
sier. 

Née  à  Gap  en  1888,  Marie-Louise  Pellissier  a 
aujourd'hui  24  ans.  Avec  la  mort  de  son  père,  la 
gêne  entra  dans  la  famille  jusque  là  fort  aisée.  A 
sa  sortie  de  Torphelinat  de  Saint-Vincent-de-Paul, 
où  sa  conduite  fut  toujours  exemplaire,  la  jeune 
fille  dut  entrer  en  condition,  et  fut  placée  dans  une 
des  familles  les  plus  recommandables  de  notre  ville. 

Que  vous  dirai-je  d'elle  ?  Sans  doute,  Messieurs, 
Marie-Louise  Pellissier  n'a  jamais  arrêté  de  chevaux 
emballés  ;  je  ne  sache  pas  qu'elle  se  soit  jamais 
jetée  dans  un  puits,  ni  même  dans  l'Arc,  pour  sauver 
son  prochain  ;  elle  n'a  point  élevé  de  nombreux 
enfants  ;  elle  n'a  point  fait  parler  d'elle  ;  et  ccpen- 


~  63  - 

dant   SCS  rares   mérites  se   sont   imposés  à  notre 
attention. 

Elle  est  la  providence  de  son  foyer  dans  l'ac- 
ception la  plus  vraie  du  mot.  Sa  mère,  infirme,  ne 
vécut  longtemps  que  des  secours  qu'elle  rece- 
vait d'elle.  Son  frère,  immobilisé  à  la  suite  d'un 
accident  de  travail,  et  sans  moyens  d'existence,  fut 
à  sa  charge  pendant  plusieurs  mois.  Depuis  sept 
ans,  c'est  elle  qui,  soit  à  Gap,  soit  à  Aix,  paie,  à 
l'orphelinat,  la  pension  de  sa  plus  jeune  sœur,  ne 
gardant  rien  pour  elle  des  fruits  de  son  labeur,  au 
point  d'encourir  les  affectueuses  remontrances 
de  sa  maîtresse  justement  préoccupée  de  son 
avenir. 

Pour  épargner  sa  modestie,  je  tairai  les  éloges 
recueillis  sur  elle  auprès  de  tous  ceux  qui  la  con- 
naissent. Vous  me  ferez  crédit  d'arguments  plus 
précis  SI  je  vous  affirme  qu'elle  est  sage  autant 
qu'honnête. 

En  la  voyant  tout  à  l'heure,  vous  jugerez  que 
toutes  les  bonnes  fées  ont  entouré  son  berceau,  et 
vous  estimerez,  avec  nous,  qu'en  la  couronnant, 
l'Académie  couronne  la  jeune  fille,  chère  entre 
toutes,  au  cœur  de  M^*^  Rayon. 


—  G4  - 


PENSIONS    IRMA    MOREAU 


Par  suite  des  vacances  récemment  survenues, 
nous  avons  à  distribuer,  cette  année,  trois  des  pen- 
sions dues  à  la  générosité  de  M"®  Irma  Moreau. 

Etant  données  les  demandes  toujours  plus  nom- 
breuses dont  l'Académie  est  saisie  à  ce  sujet,  et 
pour  expliquer  la  mentalité  qui  préside  à  ses  déci- 
sions, je  rappellerai  très  brièvement  les  désirs  de  la 
testatrice  tels  qu'ils  nous  étaient  exposés,  une  fois 
de  plus,  au  début  de  nos  travaux,  par  le  dépositaire 
de  ses  dispositions  testamentaires,  et  l'interprète  le 
plus  autorisé  de  sa  pensée. 

S'inspirant  du  précepte  divin  :  «  Croissez  et  mul- 
tipliez-vous »,  animée  des  préoccupations  sainement 
patriotes  qui  ont  créé,  autour  du  nom  de  feu  M.  le 
sénateur  Piot,  une  notoriété  de  bon  aloi.  M"*  Mo- 
reau a  voulu  que  la  meilleure  part  de  ses  libéralités 
fut  consacrée  à  venir  en  aide  aux  pères  et  mères 
nécessiteux  ayant  de  nombreux  enfants,  sous  cette 
réserve  que  ces  enfants  reçussent  une  éducation 
chrétienne,  et  qu'eux-mêmes,  parents,  fussent  d'une 
honnêteté  notoire. 


—  65  — 

Ce  que  M^^*  Moreau  a  voulu  favoriser  avant  tout, 
c'est  cette  cellule  primordiale  de  la  société,  appelée 
la  famille,  la  famille  avec  sa  couronne  de  rejetons 
qui  en  sont  Tauréole,  mais  aussi  le  fardeau  pendant 
les  années  de  l'enfance.  M"®  Moreau  avait  un  sens 
très  juste  des  charges  dont  les  enfants  jetmes  grè- 
vent le  foyer,  et  son  désir  de  contribuer  à  alléger 
ces  charges  s'impose  à  l'Académie  d'autant  plus 
impérieux,  d'autant  plus  justifié,  que  le  fléau  du 
malthusianisme  et  de  la  dépopulation  se  dresse, 
pour  la  patrie,  comme  un  danger  de  jour  en  jour 
plus  menaçant. 

Sans  doute,  M"®  Moreau  nomme,  en  seconde 
ligne,  les  ouvrières  âgées  et  infirmes,  si  dignes 
d'intérêt,  elles  aussi. 

L'Académie  ne  saurait  l'oublier.  Elle  met  en 
réserve  la  part  de  ces  pauvres  filles,  et,  très  per- 
plexe lorsqu'il  s'agit  de  faire  un  choix  au  milieu 

4 

de  tant  de  misères,  de  tant  de  besoins  réels, 
appuyés  de  non  moins  réels  mérites,  lorsque, 
parmi  40  candidats  et  plus,  il  s'agit  de  désigner 
relue,  elle  a  pris  pour  règle,  à  égalité  de  titres, 
de  jeter  le  poids  des  ans  dans  le  plateau  de  la 
balance,  et  de  régler  sa  décision  sur  les  indications 
du  fléau. 


—  GG  — 

Et  voilà  comment  elle  distingue  aujourd'hui,  pour 
la  pension  de  la  deuxième  catégorie,  KT^*  Marie 
Guieti  âgée  de  82  ans. 

M*^*^  Guiet,  malgré  ses  revenus  modestes,  dus 
uniquement  à  son  travail,  a  élevé  trois  neveux  et 
nièces  orphelins,  auxquels  elle  s*est  attachée  au 
point  de  renoncer  à  tout  établissement  pour  se 
mieux  consacrer  à  cette  pieuse  tâche.  Elle  a  pro- 
digué à  sa  sœur  infirme  les  soins  les  plus  dévoués. 
A  peine  ai-je  besoin  d'ajouter  que  son  état  de  santé 
est,  aujourd'hui,  des  plus  précaires,  qu'elle  ne  dis- 
pose d'aucune  ressource,  et  que,  par  ailleurs,  la 
scrupuleuse  probité  de  toute  sa  vie  la  désignent 
suffisamment  à  nos  suffrages. 


Vous  approuverez  également,  j'en  suis  sûr,  l'at- 
tribution des  pensions  de  la  première  catégorie 
faite  à  la  veuve  Demaria  et  à  M"**  Célestin  Phi/ 
iiberti  mères  toutes  deux  d'une  nombreuse  famille. 

En  pénétrant,  rue  des  Tanneurs,  chez  Fany  De- 
maria, on  pénètre  bien  réellement  dans  la  man- 
sarde du  pauvre.  Restée  veuve,  de  bonne  heure, 
avec  six  enfants,  dont  l'aîné  avait  14  ans  à  peine, 
Fany  Demaria  ne  dispose,  pour  nourrir  tout  ce 
petit  monde,  d'autres  revenus  que  ceux  qu'elle  tire 
de  son  métier  d'empailleuse  de  chaises,  et  sa  bonne 


—  67  - 

volonté  n'y  suffirait  pas,  si  la  charité  privée  ne  lui 
venait  discrètement  en  aide.  Sa  situation  extrême- 
ment intéressante,  sa  conduite  exemplaire  attestée 
de  la  façon  la  plus  irrécusable,  le  soin  tout  parti- 
culier qu'elle  apporte  à  élever  chrétiennement  ses 
enfants,  ont  fixé  le  choix  de  TAcadémie,  bien  cer- 
taine d'interpréter  la  pensée  de  H"®  Moreau  en 
inscrivant  cette  digne  mère  de  famille  pour  une 
pension  de  200  francs. 


M*^""  Célestin  Philiberti  à  qui  nous  attribuons  la 
dernière  des  pensions  vacantes,  a,  elle  aussi,  tous 
les  titres  à  nos  suffrages. 

Rien  de  plus  tristement  édifiant  que  l'histoire 
de  cette  pauvre  femme.  Son  mari,  modeste  culti- 
vateur dont  le  travail  faisait  vivre  la  famille,  perd 
accidentellement  un  œil,  et  ne  tarde  pas  à  devenir 
complètement  aveugle  au  moment  où  sa  compagne 
allait  mettre  au  monde  son  huitième  enfant.  Le 
courage  de  M°*  Philibert  est  à  la  hauteur  des  maux 
qui  Taccablent.  Pour  nourrir  tout  ce  petit  peuple, 
auquel  ne  tarde  pas  à  s'ajouter  une  vieille  mère 
infirme,  Joséphine  Philibert  fait  des  ménages,  lave 
des  lessives,  veille  des  malades,  raccommode  jusqu'à 
une  heure  avancée  de  la  nuit. 

Ce  n'est  pas  tout.  Elle  trouve  le  moyen,  entre  ses 
nombreuses  couches,  d'allaiter  encore  sept  autres 


—  68  -  -      ^ 

enfants,  et  de  ces  quinze  bébés,  nourris  de  son 
lait,  elle  n'a  pas  perdu  un  seul,  «  fait  bien  digne 
de  récompense,  comme  le  remarque  justement 
l'auteur  du  mémoire  qui  nous  a  été  soumis,  car  il 
affirme  la  vigilance,  la  propreté,  en  un  mot  le  mé- 
rite de  cette  admirable  femme  du  peuple  >. 

Non  contente  de  donner  à  ses  enfants  le  pain 
de  chaque  jour,  Joséphine  Philibert  les  élève  en 
bonne  chrétienne  qu'elle  est,  veille  sur  leur  mo- 
ralité, cherche  à  leur  inculquer  les  principes  de 
probité  et  de  foi  qui  ont  été  son  soutien  dans 
répreuve  et  la  règle  immuable  de  toute  sa  vie. 

A  sa  bienfaitrice,  elle  avoue  n'avoir  pas  sur  la 
conscience  le  moindre  bout  de  savon,  et  cependant, 
ajoute-t-elle,  «  c'était  ce  qui  lui  faisait  le  plus  de 
besoin  après  le  pain  ».  —  Le  pain  qu'elle  se  refu- 
sait parfois  à  elle-même  !  racontant  encore,  dans 
un  naïf  élan  de  confiance  :  «  Quand  je  vois  tous 
mes  petits  manger  si  fort,  je  me  prive,  car  çà  ferait 
un  kilog  de  plus  à  la  fin  du  mois  ». 

Voilà,  Messieurs,  l'admirable  femme  pour  la- 
quelle, se  faisant  Técho  de  la  voix  publique,  une 
plume  élégante,  inspirée  par  un  grand  cœur,  de- 
mandait un  prix  de  vertu. 

L'Académie  a  estimé  cette  distinction  insuffi- 
sante. Adoptant  les  motifs  de  son  avocat,  mais 
allant   au-delà  de   ses   conclusions,  elle   a    pensé 


r 


-  69  — 

qu'une  pension  Irma  Moreau,  dont  la  mère  de 
famille  jouira  jusqu'à  ce  que  le  dernier  de  ses 
enfants  ait  atteint  l'âge  de  i8  ans,  pouvait  seule 
récompenser,  dans  une  certaine  mesure,  tant  de 
dévouement,  et  apporter  un  peu  d'aide  à  ce  foyer 
si  intéressant. 

Elle  inscrit  M"*  Philibert  sur  son  grand  livre 
pour  une  rente  annuelle  de  200  francs,  en  y  joi- 
gnant des  éloges  que  je  me  sens  très  inhabile  à 
exprimer. 

Messieurs,  votre  rapporteur  a  terminé  sa  tâche. 
Il  n'aurait  plus  qu'à  se  taire,  si,  mu  par  un  mobile 
bien  humain,  auquel  vous  serez  indulgents,  il  ne 
vous  avouait  tout  bas  convoiter,  lui  aussi,  pour 
son  salaire,  sa  modeste  part  des  lauriers  si  large- 
ment distribués. 

Lorsqu'il  fit,  à  l'Académie  Française,  la  fondation 
généreuse  qui  rendit  son  nom  immortel,  M.  de 
Monthyon,  connaissant  le  prix  du  travail  et  l'ari- 
dité que  présentent  non  seulement  la  pratique, 
mais  encore  la  recherche  et  la  peinture  de  la  vertu, 
voulut  que  l'académicien,  chargé  du  rapport,  reçut 
une  indemnité  pécuniaire  égale  au  montant  du 
prix.  Sous  l'impulsion  d'un  sentiment  désintéressé 
qui  les  honore  sans  nous  surprendre,  ■  nos  grands 


-  70  - 

confrères  de   l'Institut  refusèrent,  pour  leur  rap- 
porteur, les  avantages  si  galamment  allouées. 

Nul  doute,  Messieurs,  qu'à  la  même  offre,  si  elle 
se  fut  produite,  vos  devanciers  n'eussent  répondu 
par  le  même   geste  simple   et   digne. 

Auv..:  '  •  '  ,  jîos  prétentions  sont-elles  plus  gran- 
des ;  notre  ambition,  en  travaillant  pour  vous,  se 
hausse-t-elle  bien  au-dessus  d'une  misérable  somme 
d'argent. 

En  revanche,  nous  nous  estimerions  trop  payés 
de  notre  peine,  et  moi.  Mesdames,  tout  le  premier, 
s'il  m'était  permis  d'espérer  que  les  chauds  applau- 
dissements dont  vos  jolies  mains  vont  saluer 
tantôt  la  vertu,  pussent  s'adresser,  pour  une  part, 
•  '^'•'^'me  ?oit-elIe,  à  celui,  très  indigne,  qui  s'est 

-     n  p-in(lrc  les  attraits. 


^ 


r 


-  71  - 


On  a  lu 


Trois  Sonnets  et  V  €  Hymne  à  la  Jeunesse  >, 

par  M.  GuÉRiM-LoNG. 


72 


PRIX    RAMBOT 

Fondé  en  4859,  suivant  testament  olographe  du  25 
août  1858,  pour  récompenser  les  actes  de  dévouement, 
de  courage,  de  désintéressement,  les  soins  donnés  à  la 
vieillesse  et  à  Venfance  pauvre  et  abandonnée  , 

Le  prix  Rambot  de  545  francs,  indivisible,  a  été 
décerné  à  cinquante- cinq  lauréats  de  1860  à  1913  ; 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dans  les  précédents^ 
Bulletins  ;  7ious  donnons  ci-dessous  la  liste  des  dix 
derniers. 


Depuis   1904. 

4904.  M.  Mathieu  Jeauffret,  Les  Milles,  commune 

d'Aix. 

4905.  M.  Louis-François  Remusat,  d'Aix. 

4906.  Mlle  Victoria   Rey,    d'Aix. 

4907.  Mlle  Ermance  Mégy,  d'Aix. 

4908.  M.  Marius  Dagard,  d*Aix. 

4909.  Mlle  Marie  Rivière,  d'Aix. 
1910.  Mlle  Emilie  SosPEL. 

1912.  M.  Franc  François,  de  Berre. 
—       Mme  AuDiBERT  Magdeleine. 

1913.  M.  Paulin  Fortou,  d'Aix- 


-  73  - 


II 


PRIX    REYNIER 

Ce  prix  de  1 ,000  francs  a  été  fondé  en  1865,  par 
testament  olographe  du  18  mars  1861,  pour  récom- 
penser les  actes  les  plus  méritoires  de  dévoûment,  de 
fidélité  et  de  secours  au  malheur,  les  soins  désinté- 
rcssés  donnés  aux  infirmes  et  aux  vieillards  ainsi  quà 
l* enfance  délaissée  et  pauvre. 

Une  partie  de  la  somme  est  réservée  pour  les  pères  et 
mères  qui  élèvent  le  mieux  leurs  enfants,  c'est-à-dire, 
d'une  manière  chrétienne,  honnête  et  laborieuse. 

Le  prix  Rvynier  a  été  décerné  à  cent  vingt-quatre 
Lauréats  de  1810  à  1915. 

Comme  pour  le  prix  Rambot  leur  liste  a  été  insérée 
dans  les  précédents  Bulletins  ;  voici  celle  des  dix 
dernières  années 


Depuis   1904. 

4904  Mme  veuve  Chawut,  née  Lombard,  à  Aîx 

»  Mme  Blanc,  née  Peloulier,  les  Pinchinats. 

»  Les  époux  Pepino»  à  Aix. 

1 905  Mlle  Thérèse  Tempier,  d* Aix. 

»  Mlle  Marie  Ambbrt,  de  Marcols  (Ardèche)s 

»  Mme  Ghuzin,  à  A^x. 

4906  Mme  veuve  Hênault,  née  Gai,  à  Aix. 

)»  Mlle  Augustine  Socrate,  à  Aix. 

»  Mme  veuve  Diogène,  née  Boniu. 


—  74  - 

■ 

4  907  Mlle  Julie  Décory,  à  Aix. 

»  Mlle  Aotoineite  Constant,  à  Ais. 

»  Mlle  Marie  Jo»bcb,  dite  Marie  Olite,  à  Aix. 

4908  Mlle  Léoncie  Aibaud,  à  Aix. 

»  Mlle  Eulalle  Antonietti,  d'Islres. 

»  Les  époux  BAtTHÉLBVT  Gilles,  à  Aix. 

4909  Mile  Clémence  Thomas,  à  Aix. 
»  Mlle  Marguerite  LfezB,  à  Aix. 
»  Mme  veuve  Dellt,  à  Aix. 

4910  M.  Joseph  Granon,  de  Rogaes. 

»  M.  Pernaud  Aimacd,  de  Rognes. 

4944  Mlle  Henriette  Brun,  à  Aix. 

»  Mme  Akastat,  née  Ferrât,  à  Aix. 

4913  Mlle  BiVET  Jeanne,  à  Aix. 

»  Mlle  Anastat  Nathalie,  à  Aix. 

»  Mlle  NiBL  Louise,  à  La  Calade,  près  d' Aix. 

»  Mlle  Mondons  Eulalic,  à  Aix. 

4913  Mlle  Boucbbt  Baptistinc,  à  Aix. 

»  Les  époux  Hilariok  Constant,  à  Rians. 

»  MlleCosTE  Marie-Thôrv-'C,  à  Ai\. 


-  75  - 


PENSIONS    IRMA    MOREAU 

Ces  pensions  ont  été  fondées  en  1899,  par  testament 
de  Mademoiselle  Irma  Moreau.  du  7  janvier  de  la 
même  année,  qui  institue  V Académie  sa  légataire 
universelle.  Elles  consistent  en  une  somme  annuelle  de 
200  francs. 

Elles  sont  destinées  à  offrir  une  récompense  et  procu- 
rer un  secours  aux  personnes  particulièrement  recom- 
mandées par  leur  honnêteté  et  leur  vertu  notoires, 
qui  en  seront  tes  plus  dignes  et  qui  devront  être  choi- 
sies dans  les  catégories  suivantes  : 

4""  Pères  de  famille  veufs  ou  non  ,  et  mères  de 
famille  veuves ,  connus  comme  gens  malheureux  et 
nécessiteux,  exempts  d'ivrognerie  et  autres  vices,  ci 
ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

2^  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie,  ou 
d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans  l'impos- 
sibilité de  subvenir  à  leurs  besoins. 

V Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pensions  en 
1902. 


-  76  — 


des  pensions  ouvrières 


r*   CATEGORIE  [Pères  et  léres  de  famille) 


4903.    M.  Fidèle  BONTOUX,  à  Âix  (5  eofanis 

»        Mme  veuve  BARXIER,  née 

Alexis,  à  Luynes  (7       » 

1904.     Mme  veuve  Charles  DES- 

PLAS,  de  Castres  (6       » 

4  905.     M.  Victorin  GIXIEZ,  à  Galice  (8       » 

1907.  Mme  veuve  TEMPŒR,  née 

Tardieu  (5       » 

1908.  Mme  Pauline  DEDIEU,  née 

Phaillon  de  St-Remy  (7 

»        Les  époux  ABEL,  de  Riaos  (10 

1911.    M.  Autoine  MICHEL,  à 

Septèmes  (1 4 

1913.     M.  CélesUn-Joseph  PHILI- 
BERT, époux  BouzE,  à  Aix  (8 

n       Mme  Françoise  -  Emilie 
TOURNEFORT,   veuve 

Dbmaru  (12 


» 


» 


> 


-  77  - 


1**   CATEGORIE  (OoTiiéref) 


1902.    Mme  veuve  JAUGERST,  à  Aix. 

4903.     Mme  veuve  POURCEL,  née  Fauque, 

à  Aix. 

»       Mme  veuve  BARBIER,  uée  Aurengb, 

à  Aix. 

4908.  Mlle  Madeleine  CHIEUSSE,  à  Arles. 
»        Mile  Mathilde  JOUYNE,  à  Aix. 

4909.  Mlle  Antoinette  BOYER,  è  Aix. 

4940.    Mlle  Caroline  GABALDA,  à  Aix. 

4944 .    Mlle  Marie-Thérèse  ISNARD,  à  Aix. 

4942.    Mme  veuve  GOYRA.ND  Renée,  née  Laurens,  au  Puy* 
Sainte-Réparade. 

4913.    Mlle  Marlhe-Rosalie  GUIET,  à  Aix. 


—  78  - 


IV 


PRIX    HENRIETTE    RAYON 

Ce  prix  de  ST5  fr.  a  été  fondé  par  Mademoùelle 
Henriette  Rayon,  par  testament  du  26  décembrei 
4906,  pour  récompenser  une  jeune  fille  dont  le  bureau 
de  l'Académie  aura  distingué  les  mérites. 

Comme  pour  les  autres  prix  Rambot^  Reynier  et 
Irma  Moreau,  la  liste  de  ces  prix  sera  insérée  dans 
le  présent  Bulletin. 

L'Académie  a  commencé  en  4909  a  décerner  ce 
prix 


Depuis  1909 

1909.  Mlle  Hermînie  C ALLIER,  d'Aix. 

1910.  Mlle  Marie  NOUVERRONS,  d'Aix. 

1911.  Mlle  Léonline  ROMAN,  de  Malijay. 

191 2.  Mlle  Louise  ARNAUD,  d'Aix. 

1913.  Mlle  Louise  PELLI'-SIER,  d'Aix. 


-79- 


V 


PENSION     V'    NËGRE 

Cette  pension  a  été  instituée  par  Madame  Virginie 
Fabre,  veuve  Nègre,  décédée  à  Aix  le  8  juillet  1908. 

Par  son  testament  du  16  juillet  1903,  Madame 
Nègre  a  fondé  ce  legs,  en  mémoire  du  sieur  Fabre,  son 
père,  qui  était  maçon.  Il  consiste  en  une  pension  ou- 
vrière de  529  francs  à  décerner  à  un  maçon,  marié 
ou  non,  avec  ou  sans  enfant,  ne  pouvant  plus  tra- 
vailler, d'une  honnêteté  parfaite  et  bien  reconnue, 
pour  en  jouir  sa  vie  durant. 

L Académie  a  commencé  à  décerner  cette  pension 
dans  la  Séance  Publique  de  1910. 


depuis  1910 
1910.    Henri  SECOND,  d'Aix,  âgé  de  85  ans. 


-  80  - 


VI 


PRIX    THIERS 

Mademoiselle  Dosne.  en  souvenir  de  son  illustre 
heaU' frère,  M.  Thïers,  a  fondé  le  prix  que  l Aca- 
démie a    l honneur  de  décerner. 

Ce  prix  consiste  en  vne  somme  de  trois  mille  fr. 
à  décerner  tous  les  cinq  ans,  indivisible,  pour  un 
ouvrage  sur  la  Provence  ou  écrJ  par  un  Provençal. 


4907.    M.  Camille   JULLIAN,   membre  de  rinslilut, 

à   Paris. 

i912.    M.  Z.  ISNARD,  archiviste  en  chef  du  déparle- 

meot  des  Basses- Alpes,  à  Digne. 


—  81  - 


VII 


PRIX    KIIGNET 


M.  le  Docteur  Evariste  Michel,  désireux  de 
contribuer  à  la  glorification  de  la  ville  d'Atx  en 
suscitant  des  travaux  qui  auront  pour  objet  l'étude 
de  l'une  des  phases  de  son  passé  illustre,  ou  l'his- 
toire de  la  vie  et  des  œuvres  de  iun  des  hommes 
Îui  l'ont  le  plus  honorée  dans  les  sciences,  dans  les 
eltres,  dans  les  arts  ;  également  pour  rendre  hom- 
mage à  la  mémoire  de  son  oncle,  AI.  Mignet,  de 
l'Académie  Française,  secrétaire  perpétuel  de  l'Aca- 
démie des  Saences  Morales  et  Politiques,  qui  appar- 
tenait aussi  à  l'Académie  d'Aix,  a  fondé  un  prix 
qui  portera  son  nom.  Le  Prix  Mignet,  de  la  valeur 
de  5,000  francs,  sera  donné  tous  les  cinq  ans,  inté- 
gralement, sans  être  jamais  partagé,  ni  diminué, 
ni  ajourné  sous  aucun  prétexte. 

Pour  la  première  fois,  il  sera  accordé  en  4915 
et  ne  sera  jamais  décerné  la  même  année  que  le 
Prix  T  hier  s. 


I^lste    des    Lauréats 

depuis  19 13 

4913    M.  Michel  CLERC,  professeur  à  la  Facullé  des  Lctires 
(ic  rUniversité  d'Aix-Marseille. 


— (•)  - 


—  82  - 


BUREAU     DE     L'ACADÉMIE 


1912  -  1913 


Président M.  le  C"  de  Bo5:^ecorse-Llbières. 

Vice-Président M.  A^*I!«ÀRD. 

Secrétaire  perpétuel,  M.  le  Baron  Gullibbrt. 

Secrétaire  annuel  • .  M.  Gustave  Reywaid. 

Archiviste M.  le  Marquis  d*Ille. 

Bibliothécaire M.  Edouard  Aude. 

Trésorier M.  Mouratit. 


TABLEAU 

clés 

MEMBRES    DE    L'ACADÉMIE 

(Arrête  en  août  1913) 


MEMBRES     D'HONNEUR 
MM. 

Mistral  Frédéric,  C.  ^  ^  »{4.  Correspondant  â  mars  1863, 
membre  d'honneur  le  6  juin  1899  ;  à  Maillane  (B.-du-R.), 

Pécoul  Auguste,  G.  C.  ï§*,  archiviste  paléographe.  Corres- 
pondant 5  mars  1901.  Membre  d'honneur  23  avril  1907  ; 
à  Draveil  fSeine-et'Oise),  et  Boulevard  de  la  Tour  Maubourg^ 
3,  à  Paris. 

Chaules-Roux  Jules,  C.  ;^,  ancien  député.  Associé  régional 
12  janvier  1883.  Membre  d'honneur  3  décembre  1907. 
Rue  Pierre-CharroYiy  12,  à  Paris. 

Michel  Evariste  ^,  docteur  en  médecine.  Membre  honoraire 
21  février  1902.  Membre  d'honneur  14  janvier  1908.  i?u« 
de  Clichijy  40,  à  Paris,  et  villa  Mignet,  à  Aix. 

S.  Exe.  M.  Révoil  Paul,"  C.  ^,    ambassadeur   de    France, 

24  mars  1908  ;  directeur  de  la  Banque  Ottomane,  à  Cons- 

•  tantinople,  et  Château  de  Servane,  par  Mouriès  fB.-du-R.J. 

GiRAUD  Charles,  ^,  Premier  Président  de  la  Cour  d'Appel, 
16  mars  1909.  Rue  de  VOpéra,  à  Aix. 

AiCARD  Jean  ^,  membre  de  l'Académie  Française.  15  mars 
1910  ;  à  La  Garde,  près  Toulon  (Var). 

Régnier  (de)  Henri,  membre  de  l'Académie  Française,  corres- 
pondant 5  mai  1908,  membre  d'Honneur  16  janvier  1912, 
rue  de  Magdehourg,  14,  ù  Paris. 


-  84  — 


MEMBRES     TITULAIRES 


MM. 


Cberrier  (le  chanoine)  Joseph,  doyen  du  Chapitre  Mélropo- 
litain,  docteur  en  Théologie.  25  avril  1872.  Boulevard 
Saint-Louis,  31. 

GviLLiBERT  (baron)  Hippolyte,  )^  0.  ►!«,  ancien  bâtonnier  de 
Tordre  des  avocats  à  la  Cour.  45  janvier  4878.  Rue 
Mazarine,  14. 

MouRAYiT  Gustave  i^,  président  de  la  Chambre  des  notaires. 
8  février  1884.   Place  des  Prêcheurs,  34. 

SouBRÀT  Charles,  ancien  conseiller  à  la  Cour,  président  du 
Comice  agricole.  15  février  1884.  Cours  Mirabeauy  20. 

Marbot  (le  chanoine)  Edmond,  ancien  vicaire  général.  28 
mars  1887.  Rue  Goyrand,  3  bis. 

Gantelmi  d'Ille  (marquis  de)  Charles  ^  t^t  0.  ^.  Associé 
régional  le  12  janvier  1883,  membre  titulaire  le  17  juin 
1890.  Cours  Mirabeau,  6. 

PoNTiSR  Henry,  I.  P.  y,  conservateur-directeur  du  Musée.  5 
avril  1892.  Rue  Cardinale.  13. 


-  85  — 

ToDRTOULON  (baron  de)  Charles,  I.  P.  y  G.  0.  ^Ji  C.  ^  ancien 
président  de  la  sociélé  des  Langues  Romanes.  Correspon- 
dant le  4  juin  1878,  membre  titulaire  le  28  mai  1895. 
Rite  RouX'Alphéran,  13. 

Saporta  (comte  de)  Antoine.  Associé  régional  le  â  février 
4892,  membre  titulaire  le  23  mars  1897.  Rue  Cardinale,  23, 
et  rue  Philippy,  3,  à  Montpellier  (Hérault). 

BoTiNECORSE-LuBiÈREs  (comte  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour. 
Associé  régional  le  27  décembre  1897,  membre  titulaire  le 
30  mai  \S99.  Rue  de  r Opéra,  24. 

BoNAFOus  Raymond,  I.  P.  Oi  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres.  30  janvier  1900.  Rue  du  Bras-d'Or,  3. 

Rolland  Henri,  L.  P.  Ui  chanoine  titulaire  de  la  Métropole, 
aumônier  du  Lycée  Mignet.  18  décembre  1900.  Rue  du 
Louvre.  29. 

BouRGUBT  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  Associé  régional  le  10 
mars  1896,  membre  titulaire  le  29  janvier  1901.  Cours 
Mirabeau,  17. 

Aninard  Casimir  ►{<,  ancien  bâtonnier  de  Tordre  des  avocats. 
5  février  1901.  Rue  du  Quatre-Septembre,  34. 

Aide  Edouard,  L  P  O*  conservateur  de  la  Bibliothèque  Mé- 
janes.  Associé  régional  le  20  mars  1900,  membre  titulaire 
le  16  juin  1903.  Villa  Joyeuse,  chemin  de  la  Violette. 

Lacoste  Ernest,  L  P.(|  ,  ingénieur.  Associé  régional  le  20 
février  1900,  membre  titulaire  le  20  décembre  1904.  Ru$ 
du  Quatre-SeptemOre,  30. 

De  Duranti  la  Calade  Jérôme  ^,  licencié  ès-Lettres.  21 
mars  1905,  Rue  Mignet,  11. 

Michel  Tranquille,  ^,  ingénieur  en  chef  des  Ponts-et- 
Chaussées.   10  avril  1905,  Rue  du  Quatre-Septembre. 

Jaltfret  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  27  mars  1906.  Rue  des 
Epinaux,  13. 


RtVKAVD  Gustave,  directeur  des  Conlribtilions  directes,  en 
retraite.  Associé  régional  30  janvier  1906.  Membre  titu- 
laire 18  décembre  4906.  Rue  Cardinale,  17. 

Vallibb-Colloubier  Alfred  U.  conseiller  honoraire  à  la  Cour 
d'Appel  d'Aix.  12  mai  1908.  10,  rue  Espaitat. 

AtDiNET  Eugène,  I.  P.  U,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit 
de  l'Université  d'Aix-Marseille.  15  décembre  1908.  Cûwr* 
d'Orbitelle,  Aix. 

lUouGiifs-RoQLiEFORT  (comto  de)  Charles,  Docteur  en  Droit. 
Associé  régional  le  11  mars  1890,  membre  titulaire Ie26 
janvier  1909.  Cours  Mirabeau,  16. 

Bagakbt  Paul,  avocat.  Associérégional12  janvier  1909. Mem- 
bre titulaire  1"  février  1910.  Cours  Mirabeau,  4. 

DntiJOK  Jules,  •{•,  avocat,  ancien  bâtonnier,  93  mai  19H. 
Rue  de  la  Monnaie,  11- 

Ferbier  Raymond,  amateur  d'art.  Associé  régional,  16  juin 
1896.  Membre  titulaire,  14  mal1913.  Rxie  des  Arls-el- 
Métiers,  S. 

Gautier  Louis,  l.PU,  artiste  peïnUe.  Boulevard  de  l'Hôpital. 

Cabassol  Joseph,  avocat.  Conseiller  Géuéral  des  Douches-du- 
Rhdne,  ancien  Maire  d'Aix.  Membre  d'Honneur,  23  janvier 
1906.  Membre  titulaire,  4  juin  1912.  Place Jeanne-d' Arc. 
Sextius,  avocat.  18  février  1913.  Place  Forbin,  3. 
Paul,  archiviste  du  Palais.  2S  février  19(3.  Boule- 
'.  de  la  République,  IS. 


^ 


—  87  - 


MEMBRES     HONORAIRES 


MM. 

Pi«ON  Alexandre  ^  I.  P.  U  ►î»,  doyen  honoraire  de  la  Fa- 
culté de  droit.  30  janvier  1894.  Rue  d'Italie,  14. 

Granibr  Désiré  ^,  conseiller  doyen  honoraire  à  la  Cour.  29 
mai  1894.  Cours  Mirabeau,  17, 

ViLLEviKiLLB  Joscph,  I.  P.  i^ ,  artiste  peintre.  22  décembie 
4903.  Rue  Espariat,  20, 


^ 


ASSOCIES    REGIONAUX 


ttvURU'  Sniiil-Mfirccl,  ancien  magistral  cl  conseiller  gênerai 
ins|i»H'lcur  départumerilal  de  la  Sociélc  d'Arcbêolo^e,  à 
SisU-ron.  19  di^embie  1882. 

IU\  tiK'l  Goniagiic,  château  du  Prieuré  d'Ardènc,  prte  Saitit- 
Micliol  (Basses-Alpes).  5  janvier  1883. 

.  I.  P,  J.? ,  archiviste  des  Basses-Alpes,  sccréuire  de  la 
été  Académique,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Chartes, 
gne.  12  janvier  1883. 

I  ^,  archivif^lc  du  dcparlemcal  du  Var.  membre  du 
lité  des  travaux  bisloriqucs,  à  Draguignan.  19  janvier 
1. 

HE  (l'idilKM,  chaDoiue  a  Biei  (Basses-AIpesi.  9  révrier 
i. 

«D  Charles^.  prcT^ident  de  Chambre  honoraire  a  la 
r  de  Dijon, ancien  a  vocal  à  la  Cour  d'Aix.lS  février  1883, 

I.OS  n'AiGEXs  (marquis  de|  Xavier,  ancien  ronseîlltf 
l'ral  dos  Hautes- Alpes,  villa  M.ij:data,  a  ^ainle-Martbe, 
ïoiUe.  16  ma^s^ï^^'J. 

«  (lechanoinei  Stani>!as  ;;.  secrétaire  de  l'Académie 
klarseille.  Tavril  IS9I, 

r  Louise,  pri^fi^seiir  de  &^'h>gie  à  la  Facollé  d*s 
-n.v*doIiij.-n.  ec  j.invier  l>yi. 

NCir  d'A'ov  i-.ir\>u  di-i.  ;£;  •}•  O.  ^,  minisire  plénipo- 
liaire,  en  ri'tr.i'e,  ou  cl..'.ii.u  de  Cvi;>'Uirue,  parC*- 

,l.V,<;^;.i-o  .(.■i::n  |v..i. 


-89  — 

Chaillan  (rabbé),  correspondant  du  Ministère  de  rinstrnC' 
tion   Publique,  curé    de  Septèmes  (Bouches-du  Rhône). 

12  janvier  4894. 

Teil  (baron  du)  Joseph  >fi.  Quai  de  Billy,  2,  Paris.  4  mai 
1897. 

Maurel  (l'abbé)  Marie-Joseph,  place  de  THÔtel-de-Ville,  5,  à 
Manosque  (Basses-Âlpes).  18  mai  1897. 

Prou-Gaillard  U  C.  »p,  ancien  directeur  de  TAcadémie  de 
Marseille.  5,  Boulevard  Monlricher.  3  mai  1898; 

Manteter  (de)  Georges,  château  de  Manteyer  (Hautes-Alpes). 

13  décembre  1898. 

LiEUTAUD  Victor  ilj^,  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  de  Mar- 
seille, notaire  à  Volone  (Basses-Alpes).  15  mai  1900. 

MuLSAiYT  Sébastien  »p,  avocat,  ancien  bâtonnier,  Rue  Balay, 
2,  Saint-Etienne.  19  mars  1901. 

MuTERSE  Maurice,  ancien  oITicier  de  marine,  ancien  sous- 
préfet,  à  Anlibes.  7  mai  1901. 

Bernard  d'Attanoux  (comte)  Henri,  ►J*  avocat,  ancien  magis- 
trat. Rue  Palermo,  2,  Nice.  14  mai  1901. 

Gérin-Ricabd  (comte  de),  président  de  la  Société  d'archéo- 
logie. Rue  Grignan,  60,  Marseille.  4  mars  1902. 

MoNCLAR  (de  RiPERT  marquis  de)  François,  C.  ^,  ministre 
plénipotentiaire,  en  retraite,  au  château  d'Allemagne,  près 
Riez.  18  mars  1902. 

Perrier  Emile,  0.  ►!<  :§t  2§t,  président  de  la  Société  de  Statis- 
tique de  Marseille.  Villa  du  Bocage,  à  Mazargues.  6  jan- 
vier 1903. 

ViLLBNEuvE-EscLAPON  (marquis  de)  Christian,  0.  x§î,  ancien 
député.  Rue  de  Prony,  75,  Paris,  et  à  Valensole  (Basses- 
Alpes).  7  juin  1904. 


—  90  — 
Ci^>iiDErc  'Urvoy  il,.-  Jules.  Bae  Botis-Aipbêran,  23. i 

19  décerobre  1905. 
LurnrD  Au^tisI*.  président  de  U  Société  des  Ami<  du  Vieil 

Arles,  a  .\rles.  30  janvier  1906. 
CoTTz  Charles,  liireaciéea  Droil,  notaire  è  Perlais  (Va  Dclnse). 

24  avril  1906. 

GiFTiin.  Piul.  profc-seur  a  la  Faculté  des  Lettres  d'.\ix. 

Bue  Paradis.  iJo,  MarseUle.  19  mars  1907. 
Vi^cE^s  Charles,  ^  •}•  0.  $.  ancien  Directeur  de  IWcadémie 

de  Marseille.  Rue  Nicolas,  9,  Marseille.  Il  juin  1907. 
U  SiLLE  DE  RocHEXAC»  iduG  de)  Félix.  C.  •{*ig:>S>.    Cbâ- 

tcao  de  CUvières  Ayrens  iCanlali.  19  mai  1908. 
TATERnn  Edouard,  avocat,  docteur  en  droit.  Rue  François  I", 

<62.  Paris.  (9inars190S. 
LertTie  Edmond,  directeur  de  la  €  Revue  de  Provence  >. 

Rue  Tapis-Vert,  *0,  Marse  Ile.  iî  décembre  1908. 

Ditvo^D  (l'jhlx-)  llciiri.  3t,  place  des  Prêcheurs,  à  Ait..  16 

mars  1909. 
BotaiiKT  Henri,  Directeur  de  l'obserwitotre   de  Marseille. 

9  juin  1909. 
RiiMBAiLT  Maurice,  archiviste-adjoint  desBouchos-du-BliAne. 

28,  rue  Mongrand,  à  Marseille.  1 1  jaovier  1910. 

SiaiD  Martial,  ancien  député,  maire  de  Forcalquier  (Basses- 
Alpes).  Il  janvier  1910. 
SiLiriT  José  ^,  arlisle-peinire,  à  Marseille.  I"  février  1910. 
Hevcil  Amcdée.  avoué  à  la  Cour,  rue  GasIon-do-Saporta,  à 
Aix.  26  avril  1910. 

D  Jean,  avocat,  38,  rue  de  Sainl-Sulpice,   à  Paris. 

iil9ll. 

•I  Jean,  77,  rue  Claude  Bernard,  a  Paris.  30  mai  1911. 

N  Alfred,  :iv<>ral,  cours  Mirabeau,  à  Aix. 


-  91  — 

Pascal  (le  chanoine)  Adrien,   U,   curé-doyen  de  Peyrolles 
(B.-du-R.).  16  janvier  4912. 

GuÉRiN-LoNG  Paul,  Président  du  Tribunal  Civil,   rue  Roux- 
Alphéran,  25,  à  Âix.  14  juin  1912. 

DE  Mazan  (de  Fabre,  marquis)  Joseph,  docteur  ès-sciences^ 
rue  Roux-Alphéran,  35,  à  Âix.  11  juin  1912. 

Dumas,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit,  31,  rue  des  Cor- 
deliers,  à  Aix.  11  Juin  1912. 

Faudrin  Marius,  professeur  d*dgriculture,   rue  du  Trésor,  2, 
à  Aix.  11  juin  1912. 

BouAT,  boulevard  du  Roi-René,  58,  à  Aix.  29  avril  1913. 

B£U«^  Henri,  cours  Gambelta,  40,  à  Aix.  20  mai  1913. 


—  92  - 


ASSOCIÉS    CORRESPONDANTS 

MM. 

Lavollée  Paul-René,  docteur  ès-lettres,  ancien  consul  générait 
Boulevard  Haussmann,  462,  à  Paris.  25  avril  1870. 

Millien  Achille,  lauréat  de  TAcadémie  Française,  à  Beaumont- 
la-Fcrrière  (Nièvre).  \6  décembre  4872. 

Faisan  Albert,  à  Saint -Cyr- en -Mont -d'Or,  près  Lyon* 
U  mars  1876. 

Bellet  (l'abbé),  à  Tain  (Drôme).  121  décembre  1882. 

Jessé  -  Charleval  (Comte  de)  Antoine,  ancien  maire  de 
Marseille.  Château-rArc,  par  Rousset  (B.-du-R.).  Associé 
régional  5  janvier  1883.  Correspondant  le  7  janvier  1908. 

Jullien  Ernest,  Président  honoraire  du  Tribunal  Civil, 
à  Reims  (Marne).  2  mai  1884. 

Corlèz  Fernand,  correspondant  du  Ministère  pour  les  travaux 
historiques,  à  Saint-Maximin  (Var).  Associé  régional. 
25  mai  1886.  Correspondant,  16  janvier  1912. 

Lanéry  d'Arc  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la  Répu- 
blique, à  Villeneuve-sur-Lot  (Lot-et-Garonne).  Associé 
régional  12  décembre  1887,  titulaire  8  mars  1892,  corres- 
pondant le  7  juin  1904. 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  h  l'Arsenal.  Avenue  Henri-Martin, 
44,  Paris.  11  juin  1888. 

Proal  Louis,  conseiller  à  la  Cour  de  Paris.  6,  rue  Charles 
Divry,  IV.  Titulaire  le  22  décembre  1891,  correspondant 
le  15  décembre  1896. 

TouRTOLLON  (barou  de)  marquis  de  Barre,  Pierre,  docteur  en 
droit.  Château  de  la  Fuste,  par  Valensole  (Basses-Alpes). 
12  janvier  1897. 

Joret  Charles,  membre  de  l'Institut.  Rue  Madame,  64,  à  Paris. 
Titulaire  le  16  mai  1893,  correspondant  le  12  décembre 
1899. 


—  93  - 

Zeiller  Charles-René,  membre  de  Tlnslilut.  Rue  du  Vieux 
Colombier,  8,  à  Paris.  <9  janvier  1897. 

Petit  Alexandre,  docteur  en  médecine  à  Royal,  et  Rue  LafTille, 
3,  à  Paris.  4  mai  1897. 

Hulot  (baron),  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géographie. 
41,  avenue  Labourdonnais,  à  Paris.  11  mai  1897. 

Rochas  d'Aiglun  (comte  de),  colonel,  ancien  administrateur 
de  l'Ecole  Polytechnique.  Rue  Descartes,  21,  à  Grenoble. 
24  avril  1900. 

Moris  Henri,  archiviste  des  Alpes-Maritimes.  Villa  Moris, 
boulevard  Dubouchage,  à  Nice.  19  mars  1901. 

4 

Tasse!  Jacques,  à  Molosme-Tonnerre  (Yonne).  9  juin  1903. 

Poitevin  de  Maureillan  (de),  O.CI,  colonel  en  retraite,  conser- 
vateur du  Musée  d'Hyères  (Var).  15  mai  1906. 

Jullian  Camille,  membre  de  Tlnstitut,  professeur  au  Collège 
de  France.  30,  rue  de  Luxembourg,  à  Paris.  28  mai  1907. 

Lacour-Gayet  Georges,  Membre  de  Tlnstitut,  rue  Jacob,  46, 
Paris.  10  décembre  1907. 

Rieux  (des)  Lionel,  avenue  de  Villiers,  126,  à  Paris.  21 
janvier  1908. 

Nolhac  (de)  Pierre,  Conservateur  du  Palais  de  Versailles,  à 
Versailles  (Seine-et-Oîse).  2  juin  1908. 

Labande,  Conservateur  des  Archives  de  la  principauté  de 
Monaco.  19  janvier  1909. 

Dienne  (comte  de)  Edouard.  Château  de  Servilly,  par  La 
Palisse  (Allier).  19  janvier  1909. 

Barthélémy  Jules,  Rédacteur  au  secrétariat  de  rioslilut,  au 
Palais  de  l'Institut,  Paris.  16  février  1909. 

Marlot  Hippolyte,  géologue  prospecteur  à  Martiny,  par 
Marmagne  (Saône-et-Loire).  9  mars  1909. 

Maurin  Georges,  avocate  Ntmes  (Gard).  11  janvier  1910. 


\ 


^ 


\Vallenskoli)  Axel,  professeur  de  philologie  romane  à  i'Uoi- 
vergilé  d'HelsiRgfors  (Fiolande).  S6  avril  (909. 

Sanloro  Domenico,  professeur  à  l'IoslKut  à  Chieli  (Naples). 
("février  1910. 

Zan'odoy  Joseph,  ilireclcilr  de  In  slation  agro-chimique  de 
Freudcnihal  (Silésie  autricbieDDe).  28  mars  1911. 


Le  préacnL  Tableau  a  été  arrêté  le  14  Juin 
1913,  conformément,  ù  l'article  10  du  Règle- 
ment  intérieur. 


Le  Président  :  Le  Secrétaire  Perpéluel  : 

C"  DE  BonKBCOHSE-LLIlËRES  Baron   GuaLlBEST 


SEANCE  PUBLIQUE 


L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,    AGRICULTURE,    ARTS 

&    BELLES-LETTRES 

D'AI  X 


A/X-£f/-PKOVENCE 

AU     SIÈGE     DE     L'ACADÉMIE 

2',  rue  du  Quatre- Septembre,  3" 


ACADÉMIE   D'AIX 


-•♦- 


9A-^'    SÉANCE     publique: 


12   Juin   1914 


■h  '^ 


ACADÉMIE 


DES  SCIENCES,  AGRICULTURE.  ARTS  &  BELLES-LETTRES 

D'AIX 


Qz^nno    Séanoe    Rublique 


Le  Vendredi,   12  Juin   19 14,    la   quatre-vingt- 
quatorzième  SÉANCE  Publique  de  l'Académie  d'Aix 

A  ÉTÉ  tenue,  a  quatre  HEURES,  DANS   LA  GrAND'SaLLE 

DE  l'Université,  a  la  Faculté  de  Droit. 


-TSS/^/^Z^ 


Un  public  nombreux  et  choisi,  répondant  à  l'invita- 
tion de  l'Académie,  lui  avrt  n'^'iofiè  i\n  ^a  o'csc  ic:, 

'  t       à.  J.  A. 

le  témoignage  de  sa  consideraùon  et  de  sa  sympathie. 


Les  lauréats  des  prix  de  vertu  occupaient,  avec  leurs 
Jamilles,  la  place  qui  leur  est  réservée. 

Af .  Raymond  Bonafous,  président  eh  exercice,  a 
ouvert  la  séance  en  prononçant  le  discours  suivant  : 


Discours  d'Ouverture 

PAR 

M.  Raymond  BONAFOUS 


Messieurs,   Mesdames, 


La  tradition  veut  que  le  jour  de  la  séance  solen- 
nelle de  l'Académie,  le  président,  après  avoir  dé- 
claré la  séance  ouverte,  parle  lui-même  le  premier; 
et,  pour  m'en  tenir  aux  deux  années  les  plus  ré- 
centes, cette  tradition  nous  a  procuré  le  plaisir 
d'entendre  :  en  191 2,  une  étude  d'art  sur  les  faïen- 
ces de  Moustiers,  de  M.  le  comte  de  Bonnecorse- 
Lubières  ;  et,  en  19 13,  une  étude  littéraire  de  M. 
Aninard  sur  ïArmana  prouvenuaii  et  le  Félibrige. 
Je  m'en  voudrais  de  jeter  quelque  ombre  sur  une 
solennité  éclairée  par  la  joie  de  couronner  la  vertu. 
Mais  vous  me  pardonnerez  d'exprimer  publique- 
ment la  peine  que  nous  éprouvons  en  songeant  que 
notre  confrère  Aninard  a  disparu  depuis,  et  que 
Mistral,  membre  d'honneur  de  notre  Académie, 
qui  était  le  héros  de  premier  plan  de  son  travail, 


lO    — 

l'a  suivi  de  près  dans  la  tombe,  enlevé  à  Taffection 
des  Provençaux  et  à  l'admiration  du  monde  entier. 

Les  deux  remarquables  discours  de  mes  prédé- 
cesseurs, qui  ne  faisaient  d'ailleurs  qu'imiter  l'exem- 
ple de  leurs  devanciers,  ne  sont  pas  sans  me  cau- 
ser quelque  inquiétude.  Ils  vous  ont  habitués  à  une 
nourriture  substantielle,  à  des  repas  plantureux  et 
gras.  Or,  j'ai  l'intention  de  vous  servir  un  dîner 
maigre.  C'est  aujourd'hui  vendredi,  et  vous  vou- 
drez bien  me  pardonner  en  faveur  de  cette  cir- 
constance, ou  plutôt  vous  êtes  trop  bons  chrétiens 
pour  ne  pas  vous  en  contenter. 

Vers  la  fin  de  la  République  romaine,  le  tribun 
du  peuple  Clodius,  ennemi  de  Cicéron,  après 
avoir  contraint  le  grand  orateur  à  s'exiler,  avait  in- 
cendié sa  maison  du  mont  Palatin,  s'était  emparé 
d'une  partie  de  l'emplacement  et  avait  consacré 
l'autre  en  y  faisant  bâtir  un  temple  et  élever  une 
statue  de  la  Liberté.  Rappelé  à  Rome  par  le  suf- 
frage de  toutes  les  centuries,  Cicéron  entreprit  de 
recouvrer  au  moins  l'emplacement  de  sa  maison. 
L'affaire  fut  portée  au  tribunal  des  pontifes,  et 
Cicéron,  qui  savait  si  bien,  défendre  les  autres, 
plaida' si  éloquemment  dans  sa  propre  cause  qu'un 
sénatus-consulte  ordonna  que  sa  maison  serait  re- 
bâtie et  qu'il  serait  indemnisé  par  l'Etat  de  ses  au- 


1 1 


très  pertes.  Nous  possédons  le  discours  que  le 
grand  orateur  romain  prononça  à  cette  occasion. 
L'histoire  littéraire  le  désigne  sous  le  nom  de  plai- 
doyer pro  domo  sua. 

Je  n'aurai  pas  l'outrecuidance  de  me  comparer, 
même  de  loin,  au  prince  des  orateurs,  que  la  Pro- 
vidence créa,  nous  dit  Quintilien,  pour  que  l'élo- 
quence pût  essayer  en  lui  toutes  ses  forces.  Toute- 
fois, mon  allocution  aura,  extérieurement  au  moins, 
quelque  analogie  avec  son  discours.  Je  voudrais, 
en  effet,  plaider  devant  vous  pro  domo  noslra. 

Oh  !  notre  maison  ne  s'élève  pas  orgueilleuse- 
ment sur  le  Palatin,  à  deux  pas  du  Capitole.  Elle 
est  modestement  située  dans  la  rue  du  Quatre- 
Septembre,  au  coin  de  la  rue  Mazarine,  à  peu  près 
à  mi-chemin  entre  les  ombrages  du  cours  Mirabeau 
et  cette  charmante  fontaine  des  Quatre-Dauphins 
que  de  modernes  vandales  ont  récemment  détério- 
rée. Elle  nous  a  été  léguée  par  M.  Arbaud,  et  nous 
nous  y  sommes  installés  il  y  a  deux  ans,  abandon- 
nant la  mairie  d'Aix,  où  la  Ville  nous  avait  jusqu'à 
cette  époque  donné  l'hospitalité.  Placé  presque  au 
centre  de  la  cité  moderne,  l'Hôtel  Arbaud  est  d'un 
accès  commode,  et  les  Académiciens  sont  nom- 
breux aux  séances,  qui  ont  lieu  le  mardi  à  5  h.  1/4. 

Que  fait-on  dans  ces  séances  ?  C'est  ce  que  je 
voudrais    d'abord  apprendre    à  ceux  qui   ne  sont 


pas,  ou  no  sont  pas  encore,  académiciens.  11  cir- 
cule dans  le  public  des  idées  erronées  sur  les  occu- 
pations académiques,  comme  sur  beaucoup  d'au- 
tres choses,  par  exemple  sur  les  fonctions  d'un 
professeur  de  la  faculté  des  Lettres.  Pour  le  grand 
nombre,  un  professeur  appartenant  à  cette  faculté 
est  un  examinateur  juste,  mais  surtout  sévère,  qui 
reçoit,  ou  plutôt  qui  refuse,  au  baccalauréat,  des 
candidats,  et  même,  depuis  peu,  des  candidates. 
Que  son  métier  consiste  moins  à  faire  des  bache- 
liers qu'à  former  des  licenciés,  des  agrégés  et  des 
docteurs  ;  qu'il  ne  soit  au  fond  qu'un  maître  d'é- 
cole plus  instruit  s'adrcssant  à  des  esprits  déjà  dé- 
grossis auxquels  il  fait  la  classe  pour  compléter 
leur  instruction,  c'est  ce  que  beaucoup  ignorent, 
et  c'est  pourtant  ce  qui  est  vrai.  Une  ignorance 
analogue  rcgne  au  sujet  de  l'Académie.  Pour  la 
plupart,  les  AcaJéuiiciens  sont  des  gens,  d'âge  plu- 
tôt mûr,  dont  le  rôle  consiste  à  distribuer  des  prix 
de  vertu.  Cette  opinion  est  flatteuse  au  point  de 
vue  moral  ;  car  ceux  qui  distribuent  les  prix  en 
une  matière  quelconque  sont  réputés  supérieurs 
aux  matières  du  concours  ;  les  jurys  du  Salon,  par 
exemple,  sont  constitués  par  des  peintres  et  des 
sculpteurs  qui  ont  déjà  fait  leurs  preuves.  Cette 
opinion  est  flatteuse,  mais  elle  est  inexacte,  ou 
pour  mieux  dire  incomplète.  Nous  sommes  très 
licrs  d'avoir  à  distribuer  des  prix  de  vertu,  et  a'Ous 


I  "^   — 


verrez  tout  à  l'heure  que  nous  fiiisons  de  notre 
mieux  pour  nous  acquitter  convenablement  d'une 
tâche  si  délicate.  Mais  cette  tâche,  qui  est  égale- 
ment la  plus  agréable,  est  loin  d'être  la  principale. 

Une  académie  est  un  groupement  de  personnes 
instruites,  ou  tout  au  moins  cultivées,  qui  se  réunis- 
sent pour  se  perfectionner  les  unes  les  autres  au 
moyen  de  lectures.  Tour  à  tour,  chaque  académi- 
cien enseigne  à  ses  confrères  une  chose  qu'il  sait 
et  qu'ils  ignorent,  ou  savent  de  façon  imparfaite. 
C'est  un  enseignement  mutuel  où  chacun  est  alter- 
nativement maître  et  disciple.  Je  sais  bien  que  la 
valeur  de  cet  enseignement  est  contestée,  comme 
aussi  son  intérêt.  Mais  quelle  est  l'institution  ayant 
un  caractère  sérieux  qui  échappe  aux  plaisanteries 
du  Français,  né  malin  ?  L'Académie  française  elle- 
même  a  été  de  tout  temps  en  butte  aux  brocards. 
Tantôt  l'attaque  ne  vise  que  l'un  des  membres  : 
pour  faire  le  chiffre  de  40,  il  faut  un  zéro  ;  tantôt 
les  académiciens  sont  attaqués  en  bloc  :  ils  sont  là 
40  qui  font  du  bruit  comme  4.  J'en  passe,  et  des 
meilleurs.  La  modeste  Académie  d'Aix  pourrait-elle 
se  dérober  à  des  attaques  analogues  ?  Il  y  aurait 
quelque  naïveté  à  le  croire.  Mais  ceux  qui  ont 
l'âme  assez  charitable  pour  ne  pas  nous  décerner 
un  brevet  d'insuffisance  croient  très  sincèrement 
que  nos  séances  sont   dépourvues  de  charme,  et 


—    14      - 

que,  une  fois  entrés  dans  La  confrérie,  nous  sommes 
des  victimes  désignées,  et  résignées,  qui  allons 
chaque  semaine  nous  ennuyer  à  heure  fixe.  Ils  vont 
même  jusqu'à  nous  plaindre.  Cette  compassion  part 
d'un  bon  naturel  ;  mais  elle  est  injustifiée. 

La  vérité  est  que  nous  sommes  très  intéressés 
par  les  communications  que  nos  confrères  nous 
font  ;  et,  pour  vous  en  convaincre,  je  vous  don- 
i:e"ai  un  léger  aperçu  des  lectures  que  nous  avons 
entendues  cette  année.  Je  ne  citerai  pas  le  nom 
des  lecteurs  afin  de  ménager  leur  modestie  ;  et  d'ail- 
leurs mon  énumération  aura  plus  de  sérénité  dans 
son  anonymat.  L'un  de  nos  confrères,  qui  a  pris 
à  tâche  de  compléter  et  de  rectifier  l'ouvrage  de 
Roux-Alphéran,  nous  a  parlé  du  quartier  des  Juifs 
à  Aix  au  xv*  siècle.  Un  autre  a  parlé  du  séjour  de 
Victor  de  Laprade  à  Aix  en  1834  et  du  romantisme 
de  nos  étudiants  d'alors.  L'histoire  de  la  ville  d'Aix 
occupe  naturellement  une  place  d'honneur  dans 
nos  études.  Mais  Aix  a  été  jadis  la  capitale  de  la 
Provence,  et,  pour  ce  motif,  tout  ce  qui  touche  à 
la  Provence  touche  en  quelque  façon  à  la  ville 
d'Aix.  L'un  de  nos  membres  nous  a  résumé  récem- 
ment un  manuscrit  non  connu  contenant  des  aper- 
çus personnels  sur  la  désastreuse  époque  de  la 
peste  de  Marseille.  Un  autre,  remontant  plus  haut, 
nous  a  fait  connaître  les  impressions  d'un  compa- 


—    15   — 

gnon  d'Isabelle  d'Esté  lors  du  voyage  que  cette 
princesse  italienne  fit  en  Provence  en  15  17.  Par 
contre  une  autre  communication  a  mis  sous  nos 
yeux  les  impressions  d'un  Aixois  voyageant  en 
Italie  en  181 9.  Tous  ces  travaux  ont  de  l'attrait 
pour  nous  parce  que  nous  connaissons  déjà,  en 
partie  du  moins,  les  personnes  ou  les  choses.  Par- 
fois nos  regards  dépassent  les  limites  de  la  Pro- 
vence, et  on  nous  a  parlé  des  contes  populaires  de 
la  région  d'Embrun.  A  l'occasion,  ils  vont  encore 
plus  loin,  et  plus  haut.  Nous  avons  eu  une  étude 
sur  l'empereur  Constantin,  faite  par  le  chanoine 
Cherrier,  dont  je  donne  exceptionnellement  le 
nom,  parce  que  c'est  notre  doyen,  que  nous  avons 
tous  pour  lui  une  vive  affection  unie  à  un  profond 
respect,  et  que  nous  désirons  qu'on  le  sache.  Et  du 
reste  vous  allez  entendre  ce  travail  à  larges  vues  ; 
car  c'eût  été  de  l'égoïsme  que  de  le  garder  pour 
nous  seuls,  et  de  ne  pas  vous  en  faire  profiter.  Mais 
l'érudition  locale  et  l'histoire  n'absorbent  pas  tout 
notre  temps.  On  s'occupe  chez  nous  des  matières 
les  plus  diverses.  Tantôt  on  nous  parle  agriculture 
et  on  nous  indique  une  variété  de  pomme  qu'il  se- 
rait bon  de  cultiver  en  Provence  ;  je  n'ai  pas  be- 
soin de  dire  qu'il  ne  s'agit  pas  de  la  pomme  de 
discorde,  car  celle-ci  y  est  malheureusement  déjà 
connue.  Tantôt  on  traite  une  question  juridique, 


--    i6   — 

et  Ton  étudie  Tinstitution  récente  des  Tribunaux 
pour  enfants  qui  ralentiront,  peut-être,  les  progrès 
effrayants  de  la  criminalité  chez  les  tout  jeunes. 
Et  puis,  voici  de  la  médecine.  On  a  étudié  devant 
nous  la  vaccinothérapie,  et  aussi  Teuthanasie.  Vous 
ignorez  sans  doute  le  sens  de  ce  dernier  mot, 
comme  je  Tignorais  moi-même.  Euthanasie  veut 
dire  mort  sans  douleur,  et  des  philanthropes,  sur- 
tout américains,  voudraient  donner  aux  médecins 
le  droit  de  tuer  leurs  malades  pour  leur  épargner 
les  souffrances  de  l'agonie.  Autoriser  les  médecins 
à  tuer  leurs  malades,  ce  serait  leur  accorder  un 
droit  dangereux.  De  mauvaises  langues  disent  d'ail- 
leurs que,  dans  des  régions  lointaines,  très  lointai- 
nes, quelques  médecins  usent  de  cette  permission 
avant  de  l'avoir  reçue.  Voici  maintenant  une  lec- 
ture sur  la  théosophie  de  Steiner,  lecture  appa- 
rentée^ en  quelque  sorte  à  une  lecture  médicale, 
car  la  théosophie  de  cet  Allemand  consiste  à  détra- 
quer l'organisme  des  adhérents  de  la  secte,  afin  d*en 
faire  des  instruments  plus  dociles  ;  après  tout,  il 
n'y  aura  que  demi  mal  tant  que  cette  secte  ne  fran- 
chira pas  les  limites  de  l'Allemagne.  On  nous  parle 
encore  d'art,  et  j'ai  gardé  pour  la  bonne  bouche 
une  lecture  consacrée  à  la  bouche  de  la  Joconde, 
à  son  énigmatique  et  problématique  sourire.  Je  n'ou- 
blierai pas  enfin  les  poètes  de  l'Académie  qui  char- 


—   17  — 

ment  nos  oreilles  et  nos  cœurs  par  l'harmonie  de 
leurs  vers  et  Télévation  de  leurs  sentiments.  La  vie 
humaine  contient  tant  de  prose  qu'il  n'est  pas  inu- 
tile d'y  verser  de  temps  en  temps  quelque  poésie. 

Mais  la  lecture  faite  ne  remplit  pas  toute  la  séan- 
ce. Quand  la  lecture  est  achevée,  une  discussion 
courtoise  s'engage  sous  l'autorité  paternelle,  et  par. 
fois  incompétente,  du  président.  Chacun  apporte 
des  aperçus  nouveaux,  complète  ou  rectifie  les 
affirmations  du  lecteur,  et,  si  la  question  n'est  pas 
épuisée  (car  une  question  est-elle  jamais  épuisée?), 
elle  gagne  du  moins  en  profondeur  et  en  étendue. 
La  sauce,  sans  valoir  mieux  que  le  poisson,  permet 
de  le  savourer  davantage  ;  et  chacun  s'en  va  chez 
soi  non  seulement  avec  la  conviction  qu'il  a  appris 
quelque  chose,  mais  encore  avec  la  possibilité 
d'augmenter  le  gain  qu'il  vient  de  faire  par  ses 
réflexions  et  ses  recherches  personnelles.  Et  nous 
nous  ennuyons  si  peu  à  ces  séances  qu'elles  con- 
tinuent d'ordinaire  dans  la  rue  et  sur  le  cours,  mais 
de  façon  emiettée,  lorsque  les  auditeurs,  sortis  de 
l'Hôtel  Arbaud  à  deux  ou  à  trois,  échangent  en- 
core en  plein  air,  sous  une  forme  parfois  moins 
académique,  leurs  impressions  et  leurs  vues. 

Donc,  nous  ne  sommes  pas  malheureux,  et  notre 
exemple  prouve  une  fois  de  plus  que  le  malheur 
n'est  pas  le  compagnon  inséparable  de  la  pauvreté. 


—    i8  — 

Car,  et  c'est  une  chose  que  le  public  ignore  encore, 
nous  remuons  plus  d'idées  que  d'écus.  On  nous  croit 
riches  parce  que  chaque  année,  en  un  jour  sembla- 
ble à  celui  d'aujourd'hui,  nous  distribuons,  pour 
récompenser  le  mérite,  des  sommes  relativement 
importantes.  Mais  cet  argent  ne  nous  appartient 
pas  plus  que  n'appartiennent  aux  banquiers  les 
fonds  déposés  chez  eux.  Nous  avons,  il  est  vrai,  le 
droit  de  TattribUer  à  ceux  qui  nous  paraissent  en 
être  le  plus  dignes^  mais  il  ne  nous  est  pas  permis 
de  lui  donner  une  autre  destination  ,que  celle  indi- 
quée par  les  testateurs.  Il  en  est  de  même  pour  les 
prix  Thiers  et  Mignet,  qui  nous  donnent  beaucoup 
de  travail  mais  un  profit  nul,  quoique  nous  soyons 
flattés  de  les  décerner.  On  nous  croit  riches  encore 
parce  que  nous  ne  sommes  plus  les  hôtes  de  la 
Mairie,  et  que  nous  sommes  installés  chez  nous. 
Mais  l'on  sait  que  la  situation  de  locataire  est  sou- 
vent moins  onéreuse  que  celle  de  propriétaire,  sur- 
tout lorsque,  comme  c'était  notre  cas,  la  location 
ne  coûte  rien.  A  Dieu  ne  plaise  que  je  fasse  enten- 
dre, pour  récompenser  M.  Arbaud  de  sa  générosité, 
des  jérémiades  déplacées,  et  me  plaigne  en  quelque 
sorte  que  la  mariée  est  trop  belle  I  Nul  plus  que 
moi,  au  contraire,  ne  reconnaît  l'avantage  qu'il  y  a 
à  être  chez  soi,  et  à  y  être  au  large,  à  trouver  une 
place  pour  les  tableaux  et  les  livres  que  l'on  possède. 
Il  n'en  reste  pas  moins  que,  en  tant  que  proprié- 


—   19   — 

taires,  nous  avons  à  payer  des  impôts,  et  nul 
n'ignore  que  la  marche  des  impôts  n'est  pas  préci- 
sément descendante  ;  que,  bien  que  les  Académiciens 
aient  sensiblement  dépassé  l'âge  où  on  salit  les 
tapisseries  avec  des  balles  et  où  l'on  éraille  les 
parquets  avec  des  toupies,  une  maison  a  toujours 
besoin  de  quelque  réparation,  parfois  importante, 
surtout  lorsque,  comme  la  nôtre,  elle  se  pare  du 
titre  de  musée  ;  que  les  objets  d'art  qu'elle  renferme 
doivent  être  tenus  à  l'abri  de  l'humidité  et  de  la 
poussière  ;  que  nos  livres,  chaque  jour  plus  nom- 
breux, doivent  être  placés  et  classés  sur  des  rayons 
assez  nombreux  eux-mêmes  pour  les  présenter  au 
chercheur  sur  un  seul  rang  de  profondeur  et  en 
rendre  la  consultation  commode.  Il  faut  ajouter  que 
ces  richesses  artistiques  ou  littéraires  doivent  être 
gardées  par  un  concierge,  et  devraient  être  surveil- 
lées par  un  conservateur  ad  hoc  que  nous  serions 
tenus  de  rétribuer  si  nous  lui  demandions  tout  son 
temps  ;  et  il  y  aurait  intérêt  pour  les  académiciens, 
pour  les  érudits  du  dehors,  pour  les  étrangers  qui 
visitent  les  curiosités  de  notre  ville,  et  conséquem- 
ment  pour  la  ville  d'Aix,  à  ce  qu'on  pût  le  trouver 
à  toute  heure.  Les  livres  eux-mêmes  devraient  être 
tous  reliés  ;  car  tout  volume  non  relié  est  voué  à 
une  mort  certaine,  en  tout  cas  à  une  détérioration 
prochaine.  Vous  voyez  donc  que  les  causes  de  dé- 
pense ne  manque  pas. 


20    — 

• 

De  quelles  ressources  disposons-nous  pour  faire 
face  à  ces  dépenses?  Nous  avons  quelques  fonds 
que   M.  Arbaud   nous   a    laissés,  très   insuffisants 
d'ailleurs  pour  la  conservation  du  bel  immeuble  que 
nous  lui  devons  et  des  richesses  que  cet  immeuble 
contient.  Nous  allons  avoir  une  petite  partie  de  ce 
qui  restera  de  net  après  la  liquidation  de  la  succes- 
sion   Bourdelet.     En    effet    ce    bienfaiteur,    mort 
au  mois  de  février  dernier,  nous  charge,  il  est  vrai, 
de  distribuer  en  œuvres  charitables  la  majeure  par- 
tie de  ce  qui  nous  reviendra  ;  mais  il  en  excepte 
quelques   milliers  de  francs  dont  nous  pourrons 
disposer  pour  nos  besoins  personnels.  Nous  comp- 
tons en  affecter  les  revenus  à  notre  bibliothèque. 
Nous  avons,  à  condition  de  les  solliciter,  des  sub- 
ventions du  Conseil  Général  ou  de  la  Ville,  et  nous 
devons,   à    cette    occasion,   remercier   le   Conseil 
Général  des  Bouches-du-Rhône  qui,  Tannée  der- 
nière, en  apercevant  nos  signes  de  détresse,  s'est 
montré  particulièrement  généreux.  Nous  avons  en- 
core à  Toccasion  quelque  appui  discret  de  person- 
nes qui,  pour  employer  la  délicieuse  litote  italienne, 
nous  veulent  du  bien,  c'est-à-dire  qui  nous  aiment. 
Eh  bien,  tout  cela  ne  suffit  pas,  et  nous  avons  dû,  le 
jour  où  nous  sommes  entrés  à  THôtel  Arbaud,  plus 
que  doubler  nos  cotisations  personnelles  pour  per- 
mettre à  notre  trésoiier  de  joindre  les  deux  bouts. 


2  1 

C'est  le  cas  de  dire  une  fois  de  plus  que  tout  ce  qui 
brille  n'est  pas  or. 

J'ai  paru  dire  du  mal  de  M.  Arbaud  en  déclarant 
que  la  somme  en  argent  qu'il  nous  a  laissée  ne 
nous  suffit  pas.  Qu'on  ne  se  méprenne  pas  sur  le 
sens  de  mes  paroles.  Elles  sont  la  constatation  d'un 
fiîit,  et  non  l'expression,  même  voilée,  d'un  senti- 
ment qui  serait  de  l'ingratitude.  Au  contraire,  nous 
lui  sommes  profondément  reconnaissants  d'avoir 
donné    un   bon    exemple,    comme   nous   sommes 
reconnaissants  à  M.  Bourdelet  de  Tavoir  suivi.  J'ai 
voulu    simplement    indiquer    aux    personnes    qui 
m'écoutent  que,  en  tant  que  musée  et  bibliothèque, 
nous  sommes  devenus  un  des  ressorts  de  la  vie 
aixoise  et  une  des  attractions  d*Aix;  j'ai  voulu  leur 
suggérer  l'idée  de  nous  aider  un  jour  oi^Tautre  à 
bien  accomplir  notre  tâche. 

Oh  !  qu'on  se  rassure,  je  n'ai  rinte^ntion  de  tuer 
personne,  même  par  le  procédé  bénin  de  l'eutha- 
nasie. Pour  me  servir  de  l'expression  qu'emploient 
les  enfants  le  i**"  janvier,  je  vous  souhaite  à  tous;, 
mes  confrères  compris,  une  vie  longue  et  heureuse. 
Mais  rien  ne  vous  empêche  d'ajouter  d'ores  et  déjçi 
une  ligne  sur  votre  testament  pour  les  rayons  né- 
cessaires aux  livres  de  l'Académie,  Cela  ne  porte 
pas  malheur.  Je  tiens  même  de  Mme  de  Thèbea 
que  c'est  un  brevet  de  longue  vie.  Vous  voyez  quQ 


22 


WU&  y  aurez  tout  avantage,  et  nous  aussi.  Que  si 
Tua  d^entre  vous  voulait  devancer  Tappel,  Tappel 
de  fonds  que  je  fais,  et  remplacer  la  date  lointaine 
que   suppose  un  testament  par  celle  plus  voisine 
d*une  donation  entre  vifs,  il  en  est  libre.  La  même 
somnambule  m*a  glissé  à  Toreille  que  si  un  legs  à 
une  académie,  et  plus  spécialement  à  l'Académie 
d*Aix,  prolongeait  la  vie,  une  donation  au   même 
corps  opposait  à  la  mort   une  barrière  infranchis- 
sable.   Je  n'oserais  garantir  la  véracité  de   ces  pré- 
dictions, car  j'appartiens  à  une  époque  où  le  scep- 
ticisme exerce  ses  ravages.    Mais  je  puis   affirmer 
une  chose  :  c'est  que  contribuer  à  l'instruction  des 
autres  et  au  bon  renom  de  la  ville  où  nous  vivons, 
c'est   accomplir  une  action  louable,  et  que  notre 
vie  se  perpétue  dans  la  mémoire  de  nos  descen- 
dants par  le  souvenir  du  bien  que  nous  avons  fait. 
Les  milliardaires   américains  ne  l'ignorent  pas,  eux 
qui  créent  des  universités  de  toutes  pièces.   Ils  se 
sont  montrés  gens  pratiques  dans  l'acquisition  de 
leurs  richesses,  et  ils  continuent  à  se  montrer  gens 
pratiques  dans  la  manière  dont  ils  en  font  profiter 
les  autres;  car  ils  prennent  ainsi  une  assurance  non 
sur  la  vie,  mais  sur  l'éternité. 

Un  dernier  mot.  Je  ne  voudrais  pas  qu'on  me 
prêtât  une  intention  que  je  n'ai  pas,  et  qu'on  crût 
que  je  veux  détourner  vers  des  reliures  l'argent  qui 


—    23    — 

devrait  aller  à  la  vertu.  Je  ne  nourris  pas  des  des- 
seins aussi  noirs.  Au  contraire,  je  conseille  aux 
âmes  bienfaisantes  d'encourager  surtout  les  actes 
méritoires  des  huoibles,  car  le  bien  passe  avant 
tout.  Mais  les  Aixois  ne  sauraient  se  désintéresser 
de  ce  qui  touche  au  renom  de  culture  que  leur  ville 
s*est  justement  acquis.  Qu'ils  pensent  donc  un  peu, 
non  à  nous,  mais  à  nos  livres.  Qu'ils  partagent  en 
deux  bras  le  fleuve  de  leur  générosité.  L*un,  gros 
comme  la  Durance,  ou  même  comme  le  Rhône, 
récompensera  la  vertu  ;  Tautre  aussi  petit  que  TArc," 
et  même  que  la  Torse  (car  nos  prétentions  sont 
modestes),  viendra  en  aide  au  savoir. 

J'ai  fini,  et  je  cède  la  parole  à  mes  confrères.- 
L*un  traitera  un  point  d'histoire  générale,  Tautro 
vous  dira  des  vers,  le  troisième  vous  lira  son  rap- 
port sur  les  prix  de  vertu.  Du  vrai,  vous  passerez 
au  beau,  puis  au  bien.  Vous  gagnerez  donc  au 
change;  car,  moi,  j'ai  visé  surtout  à  l'utile.  Mais  un 
président  est  comme  un  père  de  famille.  Pourrait- 
on  reprocher  à  ce  dernier  même  un  léger  égoïsme 
quand  l'intérêt  de  sa  maison  est  en  jeu  ?  Et  si,  à 
Rome,  le  tribunal  des  pontifes  donna  raison  à  Cicé- 
ron,  pourquoi,  à  Aix,  l'élite  de  la  société  aixoise 
reprocherait-elle  au  président  de  l'Académie  d'avoir 
écrit,  comme  lui,  un  plaidoyer  pro  domo  sua?. 


^4   — 


On  a  lu  : 


L'Empereur  Constantin i  par  M.  le  Chanoine 
Cherriir,  doyen  de  TAcadémier; 

La  Communion  des  Saints,  d'après  F.  MISTRAL, 
poésie  par  M.  Casimir  Rigaud,  Avocat  à  la 
Cour. 


Rapport  m  les  Prix  de  ïerta 

RAMBOT,  REYNIER  &  HENRIETTE  RAYON 

PAR 

M'  Paul  BAGARRY 

Bâton NiEK  de  L'Ordre  des  Avocats 


Mesdames,   Messieurs, 


Faire  Téloge  de  la  vertu  paraît,  il  faut  bien  Ta- 
vouer,  chose  quelque  peu  banale  par  les  temps 
actuels,  où  Ton  semble  ne  prêter  attention  et 
n'accorder  des  faveurs  qu'aux  actes  qi;i  s'en  éloi- 
gnent le  plus. 

Aussi,  le  rôle  du  rapporteur  est-il  quelque  peu 
ingrat.  Mais  il  est  surtout  dangereux  pour  lui 
d'essayer  d'intéresser  un  auditoire  comme  le  vôtre, 
en  répétant  ce  que,  depuis  de  longues  années,  ses 
prédécesseurs  ont  déjà  indiqué  dans  des  termes  qu'il 
lui  serait  téméraire  d'avoir  même  la  prétention 
d'égaler. 


—    26    — 

Nous  avons  cette  année  à  décerner  les  prix 
Rambot,  Reynier  et  Rayon  ;  ce  sont  ceux  que, 
d'après  l'intention  des  testateurs,  l'Académie  dis- 
tribue  régulièrement  à  chacune  de  ses  séances. 
Pour  les  pensions  Nègre  et  Irma  Moreau,  nous 
n'avons  pas  de  bénéficiaires  nouveaux  à  procla- 
mer, les  titulaires  anciens  continuant  à  remplir  les 
conditions  imposées  par  les  fondateurs. 

C'est  là  un  fait  assez  rare.  Notons  que  le  choix 
de  l'Académie  a  porté  bonheur  à  ceux  que  nos 
prédécesseurs  avaient  trouvé  dignes  de  figurer  sur 
le  palmarès  et  cette  constatation  ne  pourra  qu'en- 
courager à  la  vertu. 

Cet  encouragement  me  semble  d'ailleurs  inutile, 
si  j'en  juge  par  le  nombre  toujours  croissant  des 
dossiers  qui  nous  sont  soumis.  Mais,  s'il  était  néces- 
saire de  pousser  un  cri  d'alarme  et  de  faire  sup- 
poser une  décroissance  même  dans  la  vertu,  il 
suffirait  de  rappeler  la  nouvelle  fondation  dont 
l'Académie  a  eu  l'honneur  d'être  bénéficiaire.  M. 
Bourdelet,  dont  je  suis  heureux,  après  notre  prési- 
dent, de  rappeler  encore  la  mémoire  dans  cette 
réunion,  a,  après  diverses  libéralités  importantes, 
légué  en  effet  toute  sa  fortune  à  notre  Société,  en 
la  chargeant  de  constituer  des  pensions  de  300  fr. 
à  distribuer  à  des  vieillards,  nés  à  Aix  et  recom- 
mandables  par  leurs  bonnes  vies  et  mœurs.  Cette 


—    27    — 

pensée  est  grande  et  généreuse  pour  l'Aixois  qui  a 
voulu  ainsi  perpétuer  sa  mémoire  ;  cette  confiance 
est  méritée,  je  me  hâte  de  le  dire,  pour  l'Acadé- 
mie fière,  à  juste  titre,  de  l'honneur  et  de  la 
charge  qu  on  lui  impose,  et  de  la  possession  d'une 
fortune  relativement  importante,  toute  entière 
promise  et  employée  au  bien. 


PRIX     RAxlIBOT 

Je  ne  vais  pas  proposer  à  vos  applaudissements 
des  faits  de  courage  éclatants,  allant  jusqu'à  l'hé- 
roïsme. Toutefois,  ne  nous  en  plaignons  pas.  Si  de 
tels  actes  sont  remarquables,  il  sont  rares  ;  et, 
reconnaissons-le,  ils  sont  moins  méritoires  que 
ceux  demandant  un  dévouement,  une  abnégation 
de  soi  et  un  sentiment  de  charité  continuels,  accom- 
plis tous  les  jours,  sans  le  désir  pour  celui  qui  en 
est  l'auteur,  de  se  faire  admirer  ou  même  con- 
naître. 

Tel  est  le  cas  de  Madame  Rose/Adeiine  Mène. 
D'une  santé  délicate,  mais  jamais  rebutée  par  le 
travaifet  la  fatigue,  c'est  elle  qui  a  toujours  pourvu 
aux  besoins  de  toute  sa  famille.  Sachant  que  son 
devoir  lui  imposait  de  s'occuper  des  siens  sans 
relâche,  même  si  elle  ne  trouvait  pas  au  foyer  la 
réciprocité  à  laquelle  elle  avait  légitimement  cru 


28 


pouvoir  compter,  elle  fut  toujours  épouse  et  mère 
de  famille  parfaite,  mais  elle  s*est  aussi  dévouée 
à  ses  semblables. 

En  1907,  une  jeune  fillette  est  atteinte  d'une 
fièvre  scarlatine,  compliquée  d'angine  infectieuse. 
Adeline  Mène,  oubliant  le  danger,  sans  penser  à 
la  contagion  qu'elle  peut  porter  à  ses  propres 
enfants,  passe  des  nuits  entières  au  chevet  de  la 
jeune  malade,  lui  donne  les  isoins  les  plus  délicats, 
lui  ferme  les  yeux,  Tensevelit  et  entoure  les 
parents  que  le  malheur  rendait  fous  de  douleur. 

L'année  suivante,  c'est  la  mère  de  cette  enfant 
qui  se  meurt  à  son  tour  d'une  tumeur.  Madame 
Mène  devient  sa  garde-malade  et  l'assiste  à  ses 
derniers  moments  ;  elle  recueille  ensuite  les  deux 
orphelins  de  douze  et  de  cinq  ans  et  remplace 
pendant  plusieurs  mois  leur  mère,  les  traitant 
comme  ses  propres  enfants,  et  cela  sans  recevoir 
la  plus  légère  rétribution. 

Plus  tard,  c'est  une  voisine  octogénaire,  aban- 
donnée des  siens,  qui  ne  peut  se  suffire  ;  Rose 
Mène  la  prend  chez  elle  et  la  garde  pendant  une 
année,  jusqu'au  moment  où,  ses  ressources  ne  lui 
permettant  plus  de  continuer,  elle  parvient  à  la 
placer  dans  un  asile.  Une  autre  voisine  est  atteinte 


—    29    — 

d'un  cancer,  elle  la  soigne  encore  et  la  panse  tous 
les  jours,  à  titre  gracieux  et  par  pur  dévouement. 

Nous  la  retrouvons  toujours  remplissant  une 
mission  de  charité  et  de  paix,  prêchant  d'exemple 
et,  lorsque  le  malheur  frappe  une  de  ses  nièces,  elle 
la  recueille  avec  ses  trois  enfants  qu'elle  soigne 
durant  leurs  maladies. 

Ce  sont  ces  actes  que  l'Académie  est  heureuse 
de  signaler  et  de  récompenser  et  qui  ont  valu  à 
Madame  Mène  le  Prix Rambot  de  545  francs. 


PRIXL    RETIVIER 

Le  Prix  Reynier  de  i  .000  francs  est  divisible  et, 
cette  année  encore,  il  est  réparti  entre  trois  lau- 
réats. 

Une  somme  de  400  fr.  est  attribuée  à  Madame 
Marie/Rosalie  Gras,  née  André.  Son  histoire  n'est 
certes  pas  nouvelle  et  vous  y  reconnaîtrez,  sans 
nul  doute,  ceux  dont  vous  avez  déjà  applaudi  les 
mérites  dans  d'autres  séances.  Si  elle  n'a  pas, 
comme  la  dame  Mène,  aidé  et  secouru  des  voisins 
et  des  étrangers,  elle  a,  par  son  dévouement  et  ses 
privations,  exercé  la  charité  auprès  des  siens. 

Née  à  Aix,  elle  a  perdu  ses  parents  quand  elle 
était  encore  en  bas  âge.  Recueillie  avec   son  frère 


~  30  — 

par  une  tante  âgée  et  nullement  fortunée  qui  était 
obligée  de  s'ingénier  pour  faire  vivre  sa  nouvelle 
famille,  Rosalie  André  a  été  élevée,  dès  son 
enfance,  dans  la  misère  et  le  sacrifice.  Son  frère 
Eugène,  marié  très  jeune,  et  père  d'une  enfant,  est 
obligé  de  conduire  sa  malheureuse  femme  à  Fasile 
d'aliénés  et  meurt  après  une  dure  maladie  ;  c'est 
Rosalie  André  qui  adopte  la  petite  orpheline  et 
lui  sert  de  mère.  Malgré  sa  santé  délabrée,  elle 
travaille  pour  procurer  le  nécessaire  à  celle  dont 
elle  a  accepté  la  charge,  puis,  malade  à  son  tour, 
elle  traîne  une  vie  de  combats  et  de  souffrances. 
Enfin,  revenue  un  peu  à  la  santé,  c'est  sa  tante  qui 
tombe  infirme.  Ce  fut  sans  doute  le  moment  le 
plus  dur  de  son  existence,  mais  elle  n'hésita  pas 
devant  le  devoir  et  accepta  sa  mission  auprès  des 
deux  malheureuses  dont  elle  devenait  le  seul 
soutien. 

Après  la  mort  de  sa  tante,  sa  nièce  se  marie  et 
un  horizon  de  joie  semble  s'ouvrir  pour  Rosalie 
André  :  une  proposition  de  mariage  honnête  et 
chrétien  lui  est  faite  pour  elle-même,  avec  l'as- 
surance de  l'aider  dans  sa  tâche  de  dévouement 
pour  les  siens.  Sans  doute  les  ressources  ne  seront 
pas  nombreuses,  mais  elle  accepte,  car  elle  aura 
désormais  un  guide  assuré. 


—  31    -- 

Madame  Gras,  c'est  maintenant  son  nom,  oublie 
bien  vite  les  affres  et  les  tristesses  passées  ;  elle 
espère  pouvoir  entrevoir  un  rayon  de  tranquillité, 
mais  le  malheur  vient  encore  s'abattre  sur  sa  famille. 
Elle  paie  un  tribut  au  mal  et,  lorsqu'elle  est  à  peine 
remise,  sa  nièce,  pour  laquelle  elle  s'était  dévouée 
pendant  de  si  longues  années,  meurt  à  l'âge  de 
vingt-six  ans,  lui  laissant  et  lui  recommandant  ses 
deux  enfants. 

Rosalie  Gras  eut  alors  la  consolation  de  voir 
son  désir  le  plus  cher  accepté  par  celui  qui  avait 
voulu  partager  et  ses  chagrins  et  ses  joies.  Les 
époux  Gras,  comptant  sur  la  Providence,  se  char- 
gent et  du  père  et  des  deux  enfants,  les  reçoivent 
chez  eux  et  les  entourent  de  leur  affection  et  de 
leur  dévouement. 

Tous  ces  faits  méritaient  bien  d'être  signalés  à 
l'Académie  et  remplissent  les  conditions  imposées 
pour  l'attribution  d'une  partie  du  Prix  Reynier. 
M.  et  Madame  Gras  doivent  être  réunis  dans  les 
éloges  que  je  viens  d'adresser. 


René  Bazin,  présentant  à  l'Académie  Française 
son  rapport  sur  les  prix  de  vertu,  s'exprimait 
ainsi  :  «  Un  groupe  encore  peut  être  composé  de 


—     ^2    


^  ces    boroïnes    charitables    que    j*appellefai    les 

^i  (UlopLuUes,   jeunes    filles,  vieilles  filles,  vieilles 

«  femmes,     presque    toujours    pauvres,    souvent 

«  débiles,  parfois  infirmes,  et  que  leur  grand  cœur 

«  pousse  à  recueillir,  à   nourrir,  à  consoler  de  la 

«  souffrance  qui  dure  ou  de  la  mort  qui  approche, 

«  tantôt  des  parents,   des  frères,    des    sœurs,  des 

«  neveux,   tantôt  des  étrangers.  En  général,  ces 

«  adoptantes  sont  d'une   extrême  témérité.  Elles 

«  n'ont  aucun  égard  à  la  lourdeur   de  la  charge 

«  qu'elles  prennent  volontairement.  Elles  ont  des 

«  ressources  insuffisantes  et  elles  veulent  les  par- 

«  tager.    Tous    les    économistes    les    condamne- 

«  raient.  Mais  une  idée  secrète,  qu'il  y   a   par  le 

«  monde,  les  soutient,  et  fait  vivre,  contre  l'Ins- 

«  titut  s'il  le  faut,  la  générosité  maternelle,  détes- 

«  table    calculatrice  :^. 

C'est  dans  cette  catégorie  d'héroïnes  charitables 
que  l'Académie  a  fait  rentrer  la  dame  Rosalie 
Gras.  C'est  aussi  dans  la  même  catégorie  qu'elle 
inscrit  les  époux  Honorât  et  la  demoiselle  Pey- 
roncelly,  en  leur  attribuant,  toujours  sur  le  Prix 
Reynier,  les  deux  sommes  de  300  francs  encore 
disponibles. 


1 


33 


|Nés  tous  les  deux  à  Aix,  de  conditions  modestes 

sans  ressources  assurées,  les  Epoux  Honorât 

jt  vu^leur  modeste  commerce  de  charbon  péri- 

^ter  à  un  tel  point  qu'ils  furent  forcés  de  Taban- 
Jnner.  Malgré  cela,  leurs  sœur  et  beau-frère 
«int  tombés  malades,  ils  n'hésitent  pas  à  se  dévouer 

^^ux.  Ils  les  recueillent  et  les  soignent,  et  c*est 
^.ez  eux  que  leur  sœur  meurt,  trois  ans  après^ 
jur  recommandant  son  mari,  atteint  d'un  mal 
»rrible  qui  oblige  de  Tinterner  dans  un  asile,  et 
;>n  jeune  enfant  âgé  de  deux  ans  à  peine. 

^  Les  époux  Honnorat  considèrent  dès  lors  ce 
]  uvre  orphelin  comme  leur  fils,  ils  en  acceptent 
i  grand  cœur  la  charge  lourde  et  pénible,  lui 
;  odiguent  les  soins  les  plus  délicats  et  leur  sol- 
itude ne  lui  fît  jamais  défaut. 

Leur  conduite  et  leur  dévouement  ont  attiré,  à 
ste  titre,  l'admiration  de  tous  ceux  qui  les  con- 
issent  et  les  approchent.  Le  choix  de  l'Académie 
pourra  manquer  d'être  ratifié. 


■I 


Mademoiselle  Peyroncelly  Joséphine  se  recom- 
ande  aux  suffrages  de  l'Académie  pour  les  mêmes 
raisons. 


•—  34   — 

Originaire  d'Aix ,  elle  a  été  pendant  trente 
années  au  service  de  la  même  maison,  ce  qui  lui  a 
valu  la  médaille  d'honneur  en  récompense  de  ses 
bons  et  longs  services.  Mais  c'est  encore  à  sa 
famille,  à  sa  mère  d'abord,  ensuite  à  ses  sœurs  et 
aux  enfants  de  ces  dernières  qu'elle  s'est  dévouée 
d'une  façon  inlassable  et  continue. 

Durant  toute  sa  vie,  elle  a  été  l'appui,  l'aide  et 
la  consolation  de  tous  les  siens.  Après  avoir  en- 
touré avec  le  plus  grand  soin  ses  parents,  bien 
qu'étant  la  plus  jeune,  elle  est  pendant  longtemps 
la  garde-malade  de  ses  deux  sœurs  aînées.  Et, 
quand  Tune  d'elles  meurt,  après  une  maladie  ner- 
veuse très  violente,  elle  se  charge  de  son  beau- 
frère  et  de  ses  trois  enfants.  Obligée  de  travailler 
pour  subvenir  aux  besoins  de  tous,  souvent  elle 
dut  interrompre  pour  rester  au  chevet  de  ceux 
dont  elle  avait  assumé  si  généreusement  la  charge. 

Aujourd'hui,  âgée  de  68  ans,  atteinte  de  dou- 
leurs rhumatismales,  c'est  à  force  de  privations 
qu'elle  vient  encore  au  secours  de  sa  dernière 
sœur,  toujours  infirme,  et  c'est  avec  peine  qu'elle 
subvient  à  ses  besoins.  Vous  trouverez  tous,  j'en 
suis  convaincu,  que  l'Académie  devait  récompen- 
ser de  pareils  dévouements  et  apporter  un  sou- 
lagement à  Joséphine  Peyroncelly,  à  la  fin  de  ses 
jours. 


35 


VHÏÏX  RAvorv 

Mademoiselle    Albine^'Joséphine    Diogène ,     à' 

laquelle  TAcadémie  attribue  le  Prix  Rayon  de 
275  francs,  est  encore  une  de  ces  adoptantes,  dont 
parlait  René  Bazin. 

Dès  rage  de  7  ans,  Albine  perd  son  père  et  doit 
aider  sa  mère  à  soigner  et  faire  vivre  son  frèr^  et 
sa  sœur,  tous  deux  incapables  de  subvenir  à  leurs 
besoins  quotidiens  à  cause  de  leur  état  mental. 
Aussi,  au  moment  où  d'autres  connaissent  les  jeux 
et  les  beaux  jours,  elle  part  chaque  matin  pour 
Tatelier  et  mène  une  vie  de  travail  et  de  peine. 
Intelligente,  travailleuse  et  assidue,  elle  y  fait  de 
rapides  progrès  et  gagne  le  pain  de  tous  les  siens. 
Sa  mère  est  obligée  de  rester  à  la  maison  pour 
soigner  les  deux  malheureux  infirmes  et  idiots  : 
c'est  elle  qui.  par  son  labeur  incessant,  leur  pro- 
cure le  nécessaire  et  souvent,  quand  elle  peut,  la 
journée  finie,  elle  rentre  chez  elle,  prend  une 
simple  soupe  et  retourne  à  Tatelier  pour  faire  des 
heures  supplémentaires  de  travail.  Elle  s'ingéniait 
pour  dépenser  le  moins  possible  pour  elle-même 
et  procurer  le  plus  de  subsides  à  sa  famille  ;  aussi, 
que  de  fois  elle  obtenait  de  faire  un  petit  travail 
pendant  l'heure  du  repas,  chez  une  personne  amie. 


—  36  — 

acceptant    pour  toute   rétribution  d'être    nourrie, 
c'était  toujours  une  économie  pour  la  maison. 

Toutes  ces  ressources  péniblement  obtenues  et 
.gagnées  lui  étaient  nécessaires.  Sa  mère,  en  effet, 
tombe  malade  et  meurt  après  deux  ans  de  souffiances 
pendant  lesquels  Albine  se  prodigua  au  chevet  de 
sa  chère  malade  et  auprès  de  son  frère  et  de  sa 
sœur  infirmes.  Dès  lors,  amaigrie  par  les  priva- 
tions de  toutes  sortes,  épuisée  physiquement  et 
moralement,  elle  obtient  de  placer  son  frère  dans 
une  maison  de  santé,  où  il  est  mort  dernièrement 
à  rage  de  trente-deux  ans  et  elle-même  se  soumet 
à  un  travail  au  dessus  de  ses  forces  pour  gagner 
sa  vie  et  le  pain  de  sa  sœur. 

Agée  aujourd'hui  de  35  ans,  sa  vie  a  été  pleine 
de  privations.  L'Académie  a  déjà  connu  ses 
malheurs  et  récompensé  les  mérites  de  sa  mère  à 
laquelle,  en  1906,  elle  accordait  une  partie  du  prix 
Reynier.  Voici  comment,  à  cette  époque,  s'expri- 
mait le  rapporteur,  notre  regretté  confrère,  M. 
Aninard  :  ^  Dieu  envoie  toujours  un  Cyrénéen  à 
'^  ceux  qui  ont  à  porter  de  lourdes  croix.  Celui 
'^  qu'il  a  donné  à  cette  pauvre  mère,  c'est  sa  fille 
^<  aînée.  Digne  d'une  telle  mère,  Albine  Diogène 
^.  est  en  pleine  jeunesse  ;  elle  a  toute  son  intel- 
'*:  ligence  ;  son  cœur  est  en  joyeux  épanouis- 
«  sèment  ;    elle  gagne  une  modeste  journée  de 


—  37  — 

«  couturière.  Tout  cela  elle  l'apporte  sans  retenue, 

«  ni  réserve  à  sa  bonne  mère  et  à  ses  chers  fadas. 

«  L'Académie  en  accordant  à  la  veuve  Diogène  un 

«  tiers  du  prix  Reynier,  en  récompense  des  soins 

«  douloureusement  exceptionnels  qu'elle  ne  cesse 

«  de  donner  à  ses  grands  enfants,  associe  expres- 

K  sèment  la  fille  à  la  mère.  11  est  juste  que  celle 

«  qui  a  partagé  le  fardeau  partage  aussi  l'honneur  >. 

Ces  paroles  devaient  être  rappelées.  Elevée  et 
formée  toute  jeune  au  devoir  et  au  sacrifice,  Albine 
Diogène  a  toujours  accompli  la  lourde  tâche  qui 
lui  incombait.  Les  exemples  qu'elle  avait  reçu  de 
sa  mère,  elle  a  su  les  suivres  avec  la  même  gêné- 
rosité  et  le  même  dévouement.  L'Académie  ne 
pouvait  mieux  faire  que  de  récompenser  une  vie 
aussi  bien  remplie  et  de  lui  attribuer  le  prix  Rayon. 


Voilà  certes  de  grands  et  beaux  exemples.  Et,  à 
côté  de  ceux  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  signaler, 
bien  imparfaitement,  combien,  peut-être,  de  plus 
méritoires  et  de  plus  touchants,  mais  qui  sont  restés 
inconnus. 

Saluons  bien  bas  ces  «  âmes  d'élite  »  qui  ont  su 
mettre  en  pratique  les  plus  belles  qualités  du  cœur 
et  puiser  à  la  véritable  source  du  dévouement  et 
de  la  charité. 


-  38  - 

Certes,  elles  n'ont  pas  recherché  une  récom- 
pense humaine  ;  mais,  puisque,  grâce  à  la  généro- 
sité des  fondateurs  des  prix  Rambot,  Reynier  et 
Rayon,  nous  pouvons  soulager  leurs  vies  et  peut- 
être  leurs  misères,  félicitons-nous  en  et  félicitons- 
les  surtout  de  grand  cœur. 

Comme  le  disait  René  Bazin  :  «  elles  expliquent 
<^  la  France,  elles  sont  sa  première  richesse,  les 
«  témoins  de  sa  foi,  la  raison  de  sa  vitalité,  le 
^r.  rachat  de  ses  fautes,  sa  sauvegarde  à  jamais.  > 


4 


ACADÉMIE   D'AIX 


95**'    SÉANCE    PUBLIQUE 


s  Juin  19il 


^ 


1 


•■^ 


ACADÉMIE 


DE8  SCIENCES,  AGRICULTURE.  ARTS  &  BELLES-LETTRES 

D'AIX 


'S?/S=?/^ 


9Snn©    Séance    RubliQue 


— E$«^  — 


Le   Mercredi,    2    Juin    191 5,    la   quatre-vingt- 
quinzième   SÉANCE  Publique  de   l^Académie   d*Aix 

A    ÉTÉ    tenue,    a    quatre    HEURES,   DANS    LA    SaLLE    DES 
FÊTES  DE   L'HoTEL  ArBAUD. 


-— /?r^A 


Un  public  nombreux  et  choisi,  répotidant  à  Vinvita- 
lion  de  V Académie,  lui  avait  apporté  par  sa  présence, 
le  témoignage  de  sa  considération  et  de  sa  sympathie. 


—  44   — 

Les  lauréats  des  prix  de  vertu  occupaient,  avec  leurs 
jartiilleSy  la  place  qui  leur  était  réservée. 

M.  Raymond  Bonafous,  président  en  exerciu,  a 
ouvert  la  séance  en  prononçant  le  discours  suivant  : 


Discours  d'Ouverture 

PAR 

M.   Raymond  BÔNAFOUS 


Mesdames, 
Messieurs, 


La  distribution  des  prix  de  vertu  et  des  pensions 
se  fait  chaque  année  avec  une  certaine  solennité 

* 

dans  la  grande  salle  de  la  Faculté  de  Droit. 

Le  ripport  qui  justifie  le  choix  des  lauréats  est 
précédé,  non  seulement  d'une  allocution  assez  éten- 
due du  Président  qui  parfois  étudie  une  question 
spéciale,  mais  encore  de  la  lecture  de  travaux  d'éru- 
dition et  de  pièces  de  vers,  de  sorte  que  la  séance 
où  le  Bien  est  couronné,  est  en  même  temps  une 
manière  de  régal  littéraire  dont  nos  concitoyens 
sont  justement  friands. 

L'Académie  a  jugé  à  propos,  cette  année,  et  nous 
Tespérons  cette  année  seulement,  de  rompre  avec 
une  tradition  ancienne  et  respectable. 


—    46  — 

En  voici  la  raison  : 

Il  nous  a  semblé  qu'une  cérémonie  d'apparat,  si 
noble  qu'en  fût  le  but  principal,  si  bien  choisis  que 
fussent  les  condiments  littéraires  dont  il  nous  plai- 
sait de  l'entourer,  cadrerait  mal  avec  l'état  de  guen*e 
qui  règne  depuis  dix  mois  déjà  dans  notre  malheu- 
reux pays,  victime  de  l'agression  de  deux  peuples 
de  proie  plus  barbares  que  leurs  ancêtres  de  ce  nom. 

Nous  vivons  une  seconde  année  terrible,  et  la 
guerre  impitoyable  qui  nous  a  été  déclarée  sans 
autre  raison  que  celle  de  nous  ruiner  et  de  nous 
asservir,  et  qui  est  menée  avec  des  procédés  dé- 
loyaux dont  les  pays  neutres  sont  justement  révol- 
tés, a  semé  le  deuil  dans  presque  toutes  les  familles 
de  la  France,  qui  en  a  longtemps  supporté  le  poids 
le  plus  lourd. 

Notre  Compagnie  elle-même  a  été  atteinte  ;  nous 
avons  des  confrères  qui  se  battent,  des  confrères 
qui  ont  été  blessés  et  même  tués. 

Ceux-là  même  que  leur  âge  retient  à  Aix,  ont 
été  frappés,  parfois  très  cruellement,  dans  leurs 
affections  les  plus  chères. 

L'Académie  a  donc  pensé  qu'elle  devait  à  la  pa- 
trie et  se  devait  à  elle-même  d'éviter  touc  ce  qui, 
même  de  loin,  aurait  pu  avoir  quelque  apparence 
de  fête. 


—  47  — 

Et  voilà  pourquoi  elle  a  convoqué  les  lauréats 
dans  son  hôtel  de  la  rue  du  4-Septembre  dont  elle 
a  simplement  entre-bâillé  les  portes. 

Lauréats,  vous  comprendrez  le  motif  qui  nous 
a  guidés,  et  vous  renoncerez  à  la  satisfaction, 
d'ailleurs  légitime,  d'entendre  prononcer  vos  noms 
devant  un  public  nombreux  et  sympathique.  Les 
prix  et  les  pensions  vous  seront  distribués  avec 
moins  d'éclat  ;  mais  il  ne  vous  seront  pas  distribués 
avec  moins  de  cœur. 

Au  contraire,  c'est  pour  nous  tous  une  joie  très 
profonde  que  de  pouvoir,  en  cette  année  de  ruines, 
de  souffrances  et  de  deuil,  détourner  quelques  ins- 
tants nos  regards  vers  la  pratique  du  Bien,  et  saluer 
en  vous  de  braves  gens. 

C'est  par  la  vertu  que  vivent  les  peuples.  Vous 
nous  donnez  des  exemples  de  cette  vertu  civile  ; 
D'autres,  vos  parents  et  les  nôtres,  nous  donnent, 
en  ce  moment,  des  exemples  de  vertu  militaire. 

Vous  ne  m'en  voulez  pas  de  les  saluer  aussi  en 
votre  nom  et  au  nom  de  l'Académie. 

D'ici  quelques,  mois  ils  reviendront  couverts  de 
gloire,  et  vous  les  aiderez  alors  à  accomplir  l'œuvre 
qui  s'imposera  à  tous,  celle  de  refaire  la  France, 
c'est-à-dire  non  seulement  de  réparer  les  pertes 
matérielles  systématiquement  accumulées  par  des 


48 


vandales  disciplinés,  mais  de  conserver  et  d'afièr- 
mir  dans  notre  patrie  cet  esprit  de  tolérance  et  de 
concorde,  de  bienveillance  mutuelle  entre  citoyens, 
qui  seul  nous  donnera  la  paix  au-defdans,  après  que 
nous  Taurons  imposée  à  ceux  qui  sont  venus  la 
troubler  du  dehors. 


On  a  lu  : 


Lettre  à  un  ami  et  Aubade  triste  r  poésies  de 
Monsieur  Guérin-Long. 


Rapport  sur  les  Prix  de  VertD 

»  '      •  •  • 

RAMBOT,  REYNIER  &  HENRIETTE  RAYON 

ET   LES 

PENSIONS  IRMA  MOREAU  et  NÈGRE 

PAR 

M«  Jules  DRUJON 

Ancien  Bâtonnier  de  VOrdre  des  Avocats 


A  raison  des  tristesses  de  la  guerre,  il  a  été  décidé 
que,  pour  cette  année,  la  distribution  des  prix  de  vertu 
aurait  lieu  sans  solennité.  Cette  distribution  a  été  seule, 
ment  précédée  d'un  rapport  sommaire  sur  les  titres  des 
lauréats. 


PRIX  RAMBOT 

Epoux  Teissandier.  Ce  ménage  modèle,  qui  vi- 
vait modestement  du  travail  du  mari  comme  fer- 
blantier, a  d'abord  recueilli  chez  lui  la  mère  de 
Madame  Teissandier,  arrivée  à  la  vieillesse  et 
atteinte   d'infirmités  qui  la   rendaient  totalement 


_  51  — 

impotente,  et  lui  a  prodigué,  pendant  les  sept  der- 
nières années  de  sa  vie,  les  soins  les  plus  dévoués. 

Une  petite  cousine  des  époux  Teissandier  étant 
décédée  en  laissant  deux  jeunes  enfants  orphelins, 
les  époux  Teissandier  se  chargèrent  de  ces  enfants 
privés  de  toute  ressource  matérielle  et  morale,  les 
firent  élever,  leur  procurèrent  un  état  et  les  entou- 
rèrent d'une  protection  toute  paternelle  jusqu'à 
leur  mort,  survenue  peu  après  la  fin  de  leur  appren- 
tissage. Les  époux  Teissandier  se  sont  imposé  ces 
charges  malgré  l'exiguité  de  leurs  ressources.  L'âge 
avancé  auquel  ils  sont  arrivés  les  réduit  aujourd'hui 
à  une  situation  très  précaire. 


PRIX  REYNIER 

L'Académie  a  partagé  ce  prix  entre  Madame  veuve 
Bony,  Mademoiselle  Victoire  Biodb,  et  Madame 
▼cuve  Chanut. 

Madame  Teure  Botty,  d'une  condition  modeste 
et  successivement  éprouvée  par  la  perte  d'un  fils 
et  de  son  mari,  se  consacre  au  soulagement  des 
misères  physiques  et  morales  avec  un  dévouement 
et  une  abnégation  qui  l'ont  fait  surnommer  la  pro- 
vidence de  son  quartier.  —  Elle  fait  consacrer  par 
l'Eglise  des  unions  irrégulières,  fait  amener  au  bap- 


—  53  — 

tême  des  enfants  élevés  sans  religion,  prodigue  aux 
malades  et  aux  mourants  des  soins  infatigables  ; 
en  ce  moment,  elle  assiste  depuis  quatre  mois,  de 
ses  services  quotidiens,  une  voisine  que  l'âge  et 
les  infirmités  retiennent  dans  son  lit. 

Mademoiselle  Bioâs  présente  Tun  des  exemples 
les  plus  louables  des  sentiments  de  dévouement 
désintéressé  qui  attachaient  autrefois  certains  ser- 
viteurs à  leurs  maîtres.  Elle  est  entrée  en  1884  au 
service  des  époux  Guibal  ;  elle  les  a  servis  pendant 
vingt-trois  ans  avec  un  zèle  qu'aucune  difficulté  n'a 
pu  refroidir  ;  et  elle  n*a  consenti  à  cesser  ses  ser- 
vices que  lorsque  la  cécité  dont  elle  a  été  atteinte 
l'y  a  obligée. 

Madame  Chanut  occupe,  dans  notre  église  du 
Saint-Esprit  la  modeste  fonction  de  loueuse  des 
chaises.  Son  existence  a  été  longuement  et  cruelle- 
ment éprouvée  par  l'état  de  santé  de  ses  deux  fils, 
atteints  l'un  et  l'autre  d'une  maladie  mentale  qui 
les  réduit  à  une  incapacité  totale  de  travail.  Cette 
mère  infortunée  épuise  ses  forces  pour  soutenir  la 
charge  de  ces  deux  existences,  et  ajoute  au  mérite 
de  cette  infortune  simplement  et  courageusement 
supportée,  celui  de  rendre  des  services  charitables 
à  des  personnes  qu'elle  trouve  plus  malheureuses 
qu'elle-même. 


—  54  — 
PENSIONS  IRMA  MOREAU 

Les  pensions  Irma  Moreau  sont  attribuées  à  : 
r  les  époux  Nacre  ;  2""  Granier  Marius;  y  Madame 
OlUyier,  veuve  Pascaly  i  4''  Mademoiselle  Hen/ 
nette    Royère. 

Les  époux  Nacre  ont  eu  neuf  enfants  ;  six  vivent 
encore  et  donnent,  avec  leurs  père  et  mère,  l'exem- 
ple d'une  famille  assidue  au  travail  et  menant,  avec 
une  irréprochable  régularité,  une  existence  modeste 
rendue  souvent  difficile  par  la  maladie. 

Marius  Granier,  fermier  au  quartier  d'Encagnane, 
a  six  enfants  qu'il  élève  dans  la  pratique  de  la  mo- 
rale chrétienne  et  du  travail  ;  il  est,  avec  tous  les 
siens,  sobre,  laborieux,  d'une  probité  scrupuleuse 
et  a  acquis  Testime  de  tous  ceux  au  milieu  desquels 
il  vit. 

Madame  Julie  Ollivier,  veuve  Pascaly*  a  aujour- 
d'hui 70  ans.  Privée  de  sa  mère,  dès  sa  naissance, 
et  de  son  père  sept  ans  après,  elle  s'appliqua  géné- 
reusement au  travail,  dès  sa  première  jeunesse, 
pour  soutenir  l'existence  de  la  seconde  femme  que 
son  père  avait  épousée  et  qui  était  devenue  infirme. 
—  Parvenue  à  constituer  par  son  labeur  et  ses  éco- 
nomies une  petite  industrie  de  couture  et  mariée 
ensuite  à  un  maître  tailJeur  de  Nîmes  que  les  risques 
du  commerce  amènent  au  bord  de  la  faillite,  elle 


—  55  — 

sacrifie  tout  son  avoir  personnel  pour  épargner 
cette  épreuve  à  son  mari  et  se  remet  au  travail  peur 
gagner  le  pain  du  ménage.  Réduite  aujourd'hui, 
par  rage  et  les  infirmités,  à  l'existence  la  plus  pré- 
caire, elle  trouve  encore  le  moyen  de  se  consacrer 
au  service  d'une  famille  éprouvée  par  la  maladie. 

Mademoiselle  Henriette  Royère  a  également 
atteint  l'âge  de  70  ans  et  n'a  cessé  de  donner 
l'exemple  d'une  conduite  irréprochable  jointe  à  là 
pratique  del'espi'itde  dévouement.  Elle  a  eu,  pen- 
dant de  longues  années,à  subvenir  seule  aux  besoins 
de  sa  mère;  en  1870,  au  cours  d'une  dangereuse 
épidémie  de  variole,  elle  se  consacrait  aux  soins 
d'une  famille  dans  laquelle  trois  personnes  étaient 
atteintes  de  la  maladie.  Elle  a  continué  à  se  livrer 
à  ces  pratiques  charitables  auxquelles  elle  a  em- 
ployé sans  compter  ses  forces  et  les  modestes  pro- 
duits de  son  travail. 


PRIX  RAYON 

L'Académie  décerne  ce  prix  à  Mademoiselle 
Marcelle  Coche,  orpheline  de  père,  vivant  et 
faisant  vivre  sa  mère  infirme,  du  seul  produit  de  son 
travail,  menant  une  existence  à  tous  les  points  de 
vue  exemplaire,  et  supportant  sans  se  plaindre, 
malgré  une  santé  de%plus  délicates,  les  privations 


56 


que  lui  imposent  la  modicité  de  ses  gains  et  les 
charges  de  son  humble  foyer. 


PENSION  NÈGRE 

La  pension  Nègre,  destinée  par  son  fondateur  à 
un  ouvrier  maçon  âgé  et  sans  ressources,  est  attri- 
buée à  Monsieur  Curet  Philippe»  Cet  ancien  ou- 
vrier est  âgé  de  7 1  ans.  Il  a  honorablement  tra- 
vaillé chez  des  entrepreneurs  de  notre  ville  tant 
que  ses  forces  le  lui  ont  permis.  Contraint  à  Tinac- 
tivité,  il  n'a  d'autres  mgyens  d'existence  que  les 
faibles  salaires  de  sa  femme,  concierge  dans  une 
maison  du  Cours  Mirabeau. 


—•57  — 


I 


PRIX  HAMBAUD 

Fondé  en  1809^  suivant  iesiameni  olographe 
du '25  août  18089  pour  récompenser  les  actes  de 
dévouement^  de  courage^  de  désintéressement,  les 
soins  donnés  à  la  vieillesse  et  à  Venfance  pauvre 
et  abandonnée. 

Le  prix  Rambot  de  545  francs ,  indivisible ^  a  été 
décerné  àcinquante^inq  lauréats  de  1860  à  igfJ; 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dans  les  précédents 
Bulletins  ;  nous  donnons  ci-dessous  là  liste  des  dix 
derniers. 


Liste  des  Lauréats 

Depuis  1906 

1906.  Mlle  Victoria  Rey,  d'Aix- 

1907.  Mlle  Ermance  Mégy,  d*Alx. 

1908.  M.  Mârius  Dagard,  d*Aix. 

1909.  Mlle  Marie  Rivière,  d'Aix. 

1910.  Mlle  Emilie  Sospel. 

1912.  M.  Franc  François,  de  Serre. 
—       Mme  AuDiBERT  Magdeleine. 

1913.  M.  Paulin  Fortou,  d'Aix. 

1914.  Mlle  Adèle  Menc,  d'Aix. 
19ir>.    Les  époux  Tessenwé,  d'Aix- 


PRIX   REYNIER 

Ce  prix  de  j.ooo  francs  a  été  fondé  en  J 865, 
par  testament  olographe  du  18  mars  1864,  pour 
récompenser  les  actes  les  plus  méritoires  de 
dévouement,  de  fidélité  et  dé  secours  au  malheur, 
les  soins  désintéressés  donnés  aux  infirmes  et  aux 
vieillards  ainsi  qu'à  l'enfance  délaissée  et  pauvre. 

Une  partie  de  la  somme  est  réservée,  pour  tes 
pères  et  mires  qui  élèttent  le  mieux  leurs  enfants, 
c'est-à-dire,  d'une  manière  chrétienne,  honnête  et 
laborieuse. 

Le  prix  Reynier  a  été  décerné  à  cent  trente 
Lauréats  de  1870  à  igi5. 

Comme  pour  le  prix  Rambot,  leur  liste  a  été 
Fe  dans  les  précédents  Bulletins;  voici  celle 
ix  dernières  années. 


Liste    de   Lauréats 
Depuis  f9o6 

1906-  Mme  veuve  HÉN*t;LT,  née  Gai,  à  Aii. 

u  Mlle  Augustine  Socrate,  à  Aix. 

»  Mme  veuve  Diog^ne,  née  Bonin. 

IWT  Mlle  Julie  Dccorv.  à  Aix. 

"  Mlle  Antoinelte  Constant,  à  Aii. 

*  Mlle  Marie  Joseph,  dile  Marie  Ouvb.  à  Aix- 


-59- 

1908  Mlle  Léoncie  Arbaud,  à  Âix. 

»  Mlle  Eulalie  Antonietti,  dlstres. 

»  Les  époux  BARTHÉLEBiY-GnxES,  à  Aix. 

11X19  MUq  Clénaence  Tqobias,  à  Aiz- 

»  Mlle  Marguerite  Lèze,  à  Aix. 

»  Mme  veuve  Deluy,  à  Aix. 

1910  M.  Joseph  Granon,  de  Rognes. 

»  M.  Fernand  Arniaud,  de  Rognes. 

1911  Mlle  Henriette  Brun,  à  Aix. 

»  Mme  Anabtay,  né^  Ferrât,  à  Aix. 

1912  Mlle  BiBiET  Jeanne,  à  Aix. 

n  Mlle  Anastay  Nathalie,  à  Aix- 

4  Mlle  NiKL  Louise,  à  La  Calade,  près  d'Aix 

i>  Mlle  MoNDONE  Eulalie,  à  Aix- 

1913  Mlle  BoucHET  Baptistine,  à  Aix. 

»  Les  époux  HiL.\RiON  Constant,  à  Rians. 

)»  Mlle  CosTE  Marie-Thérèse,  à  Aix. 

1914  Mme  Gras,  née  André,  à  Aix. 
n  Les  époux  HONORAT,  à  Aix. 

»  Mlle  Peyroncelli  Joséphine,  à  Aix. 

1915  Mme  veuve  Chanut,  née  Lombard,  à  Aix. 
>»  Mme  veuve  Bossy,  à  Aix. 

»  Mlle  Bicaïs  Victorine,  à  Aix. 


—  6o  — 


III 


PENSIONS   IRMA   MOREAU 

Ces  pensions  ont  été  fondées  en  iSgg^  par  tes- 
tament de  Mademoiselle  Irma  Moreau,  du  j  fan* 
vier  de  la  mime  année,  qui  institue  V Académie 
sa  légataire  universelle.  Elles  consistent  en  une 
somme  annuelle  de  200  francs. 

Elles  sont  destinées  à  offrir  une  récompense  et 
procurer  un  secours  aux  personnes  particulière- 
ment recommandées  par  leur  honnêteté  et  leur 
vertu  notoires,  gui  en  seront  les  plus  dignes  et  gui 
devront  être  choisies  dans  les  catégories  sui- 
vantes : 

/"  Pères  de  famille  veufs  ou  non,  et  mères  de 
famille  veuves,  connus  comme  gens  malheureux 
et  nécessiteux,  exempts  d'ivrognerie  et  autres 
vices,  et  ayant  au  moins  deux  enfants. 

T  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie, 
ou  d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans 
l'impossibilité  de  subvenir  à  leurs  besoins^ 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pen- 
sions en  1^02. 


—  6i 


Liste   des   Lauréats 

des  pensions  ouvrières 


Ire  CATf  GORIE  <PèrM  tt  NèrM  de  ftunille» 

1903.  M.  Fidèle  BONTOUX,  à  Aix  (5  enfants) 

1904.  Mme     veuve  Charles     DES- 

PLAS,  de  Castres  (6       n       ) 

1905.  M.  Victorin  GlNIEZ,à  Galice  (8       »       ) 

1907.  Mme  veuve    TEMPIER,  née 

Taroieu  (5       M       ) 

1908.  Mme  Pauline    DEDIEU,  née 

Phaillon,  de  St-Remy;  (7       >»      ) 

»       Les  époux  ABEL,  de  Rians    (10      »       ) 

1011.    M.  Antoine  MICHEL,  à 

Septèmes  (14      »       ] 

1913.    M.    Célestin-Joseph     PHILI- 

BERT,  époux  BouzE,  à  Aix  (8        »       ) 

>»       Mme     Françoise  -  Emilie 
TOURNEFORT,   veuve 

Demaria  (7       »       ) 

1915.     M.  NACRE     Joseph,   à     Aix  (6        »       ) 

»       M.  GRANIER  Marius,  à  Aix  (6        >»       ) 


—  62  — 


Sme  CATÉGORIE  <0ttvpitr«s» 

« 

1902.  Mme  veuve  JAUGERST,  à  Aix. 

1903.  Mme  veuve  POURCEL,  née  Fauque,  à  Aix. 
i>       Mme  veuve  BARBIER,  née  Aurei^ge,  à  Aix. 

1908.  Mlle  Madeleine  CHIEUSSE,  à  Arles. 
»  Mlle  Mathilde  JOUYNE,  à  Aix. 

1909.  Mlle  Antoinette  BOYER,  à  Aix. 

1910.  Mlle  Caroline  GABALDA,  à  Aix. 

1912.    Mme  veuve  GOYRAND  Renées  née  Laurens, 
au  Puy-Sainte-Réparade. 

1915.    Mme  veuve  PASCALY,  née  Ollivikr,  à  Aix. 

»       Mlle  ROYERE  Henriette,  à  Aix. 


—  63  — 


IV 


Pension  HENRIETTE  RAYON 

Ce  prix  de  2^5  fr.  a  été  fondé  par  Mademoiselle 
Henriette  Rayon,  par  testament  du  26  décembre 
1906,  pour  récompenser  une  jeune  fille  dont  le 
bureau  de  l'Académie  aura  distingué  les  mérites. 

Comme  pour  les  autres  prix  Rambot,  Reynier 
et  Irma  Moreau,  la  liste  de  ces  prix  sera  insérée 
dans  le  présent  Bulletin. 

L'Académie  a  commencé  en  1909  à  décerner  ce 
prix. 


Liste  des  Lauréats 

Depuis  1909 

1909.  Mlle  Herminie  CALUER,  d*Aiz. 

1910.  Mlle  Marie  NOUVERRONS,  d^Aix. 

1911.  Mlle  Léontine  ROMAN,  de  Malijay. 

1912.  Mlle  Louise  ARNAUD,  d*Aix. 

1913.  Mlle  Louise  PELLISSIËR,  d  Aix. 
19U.  Mlle  Albine  DIOGENE,  d  Aix. 
1915.  Mlle  Marcelle  COCHE,  d'Aix. 


-64- 


PENSION  V  NÈGRE 

Cette  pension   a   été  instituée  par    Madame 
Virginie  Fabre/  -veuve  Nègre,  décédée  à  Aix  le  8 
juillet  1908. 

Par  son  testament  du  16  juillet  fgo3.  Madame 
Nègre  a  fondé  ce  legs  en  mémoire  du  sieur  Fabre, 
son  père,  qui  était  maçon.  Il  consiste  en  une  pen- 
sion ouvrière  de  32^  francs  à  décerner  à  un 
maçon,  marié  ou  non,  axpec  ou  sans  enfant,  ne 
pouvant  plus  travailler,  d'une  honnêteté  parfaite 
et  bien  reconnue,  pour  en  jouir  sa  vie  durant. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  cette  pen- 
sion dans  la  séance  publique  de  i$io. 


Liste   des   Lauréats 

Depuis   1910 

1910.    Henri  SECOND,  d'Aix. 
1915.    M.  CURET,  d  Aix. 


—  65  — 


VI 


PRIX  THIERS 

Mademoiselle  Dosne,  en  souvenir  de  son  illus^ 
tre  beau-frère»  M.  Thiers,  a  fondé  le  prix  que 
V Académie  a  V honneur  de  décerner. 

Ce  prix  consiste  en  une  somme  de  trois  mille 
francs  à  décerner  tous  les  cinq  ans»  indivisible, 
pour  un  ouvrage  sur  la  Provence  ou  écrit  par  un 
Provençal. 


Liste  des  Lauréats 


1907.    M.  Camille  JULUAN,  membre  de    rinstilul, 

à  Paris. 

1912.    iVl.  Z.  ISNARD,  archiviste  en  chef  du  départe- 
ment des  Basses-Alpes,  à  Digne. 


—  66 


VII 


PRIX  MIGNET 

M:  le  Docteur  Evariste  Michel,  désireux  de 
contribuer  à  la  glorification  de  la  ville  d'Aix  en 
suscitant  des  travaux  gui  auront  pour  objet  V étu- 
de de  l'une  des  phases^  de  son  passé  illustre,  ou 
r histoire  de  la  vie  et  des  œuvres  de  l'un  des  hom- 
mes gui.  Vont  le  plus  honorée  dans  les  sciences, 
dans  les  lettres  ou  dans  les  arts;  également  pour 
rendre  hommage  à  la  mémoire  de  son  oncle.  M, 
Mignet,  de  V Académie  Française,  secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  des  Sciences  Morales  et  Poli- 
ligues,  gui  appartenait  aussi  à  F  Académie  d'Aix, 
a  fondé  un  prix  gui  portera  son  nom.  Le  Prix 
Mignet,  de  la  valeur  de  S.ooo  francs,  sera  donné 
tous  les  cing  ans,  intégralement,  sans  être  jamais 
partagé,  ni  diminué,  ni  ajourné  sous  aucun  pré- 
texte. 

Pour  la  première  fois,  il  a  été  accordé  en  igi3 
et  ne  sera  jamais  décerné  la  même  année  gue  le 
Prix  Thiers. 


Liste  des  Lauréats 

depuis  191 3 

1913.     M.  Michel  CLERC,  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres  de  l'Université  d'Aix-Marseille. 


BUREAUX  DE  L'ACADÉMIE 


^913-1914 

^'•^"■'*««< M.    BONAFOUS. 

Vice-Président m.  Jauffrkt. 

Secrétaire  perpétuel m.  le  Baron  Guilubert- 

Secrétaire  annuel M.  Gustave  Reynaud. 

^'■'^'"■^**'« M.  le  Marquis  dIlle.    . 

Bibliothécaire m.  Edouard  Aude. 

T'-^forier m.  Mouravit. 


19M-1915 

Prétident M.  BoNAFOus. 

Vice-PréUdent m.  Gustave  Reynaud. 

Secrétaire  perpétuel M.  le  Baron  Guillibert- 

Secrétaire  annuel m.  Bagarry. 

Archiviste m.  le  Marquis  o'Ille. 

Bibliothécaire m.  Raimbault. 

Trésorier m.  db  Duranti-u-Calade. 


TAB  LE AU 

DBS 

MEMBRES  DE   L'ACADÉMIE 

(Arrêté  en  Août  191 5) 


MEMBRES  D'HONNEUR 
MM. 

PÉcouL  Auguste,  G.  C.  ifi,  archiviste  paléographe.  Corres- 
pondant 5  mars  1901.  Membre  d'honneur  23  avril  1907  ; 
à  Draveu  (Seine.et-Oise)  et  Boulevard  de  la  Tour-Mou- 
bourg,  5,  à  Paris. 

Charles-Roux  Jules,  C.  ^,  ancien  député.  Associé  régional 
12  janvier  1883.  Membre  di*honneur  3  décembre  1907. 
Rue  Pierre.Charron,  12,  à  Paris. 

Michel  Evariste,  ^,  docteur  en  médecine.  Membre  hono- 
raire 21  février  1902.  Membre  d'honneur  14  janvier  1908. 
Rue  de  Clichy,  40,  à  Paris,  et  villa  Mignet,  à  Aix, 

GiRAUD  Charles,  ^,  Premier  Président  de  la  Cour  d'Appel, 
16  mars  1909.  Rue  de  VOpéra,  à  Aix. 

AiCARD  Jean  ^,  membre  de  l'Académie  Française,  15  mars 
1910  ;  à  La  Garde,  près  Toulon  (Var), 

RÉGNIER  (de)  Henri,  membre  de  l'Académie  Française,  cor- 
respondant 5  mai  1908,  membre  d'Honneur  16  janvier 
1912,  rue  de  Magdehourg,  M,  à  Paris. 


—  70  — 


MEMBRES  TITULAIRES 


MM. 


Cherrier  (le  chfiuioine)  Joseph,  doyen  du  Chapitre  Métro- 
politain, docteur  en  Théologie,  25  avril  1872.  Boulevard 
Saint-Louis,   SU 

GuiLLiBERT  (baron)  Hippolyte  0.  ifi  i|i,  ancien  bâtonnier  de 
l'ordre  des  avocats  à  la  Cour.  15  janvier  1878-  Rue 
Mazarine,  /4. 

MouRAViT  Gustave  4i,  président  de  la  Chambre  des  notai- 
res. 8  lévrier  1884.  Place  des  Prêcheurs,  34. 

SouBRAT  Charles,  ancien  conseiller  à  la  Cour,  président  du 
Comice  agricole-  15  février  1884.  Cours  Mirabeau,  20. 

Marbot  (le  chanoine)  Edmond,  ancien  vicaire  général,  28 
mars  1887,  Rue  Goyrand,  3  bis. 

Gantelmi  o'Ille  (marquis  de)  Charles  ^  ifi  0.  ifi.  Associé 
régional  le  12  janvier  1883,  membre  titulaire  le  17  juin 
1890.  Cours  Mirabeau,  6, 

PoNTiER  Henry,  I.  P.  ^,  conservateur  directeur  du  Musée 
municipal.  5  avril  1892.  Rue  Cardinale,  13- 

Bonnecorse-Lubières  (comte  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour. 
Associé  régional  le  27  décembre  1897,  membre  titulaire  le 
30  mai  1899.  Rue  de  VOpéra,  24- 

BoNAFOUS  Raymond,  I.  P.  3^,  professeur  à  la  Faculté  dea 
Lettres.  30  janvier  1900.  Rue  du  Bras-d'Or,  S. 


—  7i   — 

Rolland  Henri,  I.  P.  1^,  chanoine  titulaire  de  la  Métropole, 
aumônier  du  Lycée  Mignet.  18  décembre  1900.  Eue  du 
Louvre,  29. 

BouRGUET  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  Associé  régional  le  10 
mars  1896,  membre  titulaire  le  29  janvier  1901.  Cours 
Mirabeau,  17, 

Aude  Edbuard,  I.  P.  ^,  conservateur  de  la  Bibliothèque 
Méjanes.  Associé  régional  le  20  meurs  1900,  ;nembre  titu- 
laire le  16  juin  1903.  Villa  Joyeuse,  chemin  de  la  Violette, 

Lacoste  Ernest,  I.  P.  )^,  ingénieur.  Assoc^'é  régional  le  20 
février  1900.  Membre  titulaire  le  20  décembre  1904,  Eue 
du  Quatre.Septembre,  30, 

D2  Duranti-la-Calade  Jérôme  ^,  licencié  ès-Lettres.  21 
mars  1905.  Eue  Mignet,  //. 

Michel  Tranquille,  ^,  ingénieur  en  chef  des  Ponts-et- 
Chaussées.  10  avril  1905.  Eue  du  Quatre-Septembre. 

Jauffret  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  27  mars  1906.  Eue  des 
Epinaux,  13, 

Reynaud  Gustave,  directeur  des  Contributions  directes,  en 
retraite.  Associé  régional  30  janvier  1906.  Membre  titu- 
laire  18  décembre  1906.  Eue  Cardinale,  17. 

Vallier-Collombier  Alfred  ^,  conseiller  honoraire  à  la 
Cour  d'Appel  d'Aix-  12  mai  1908.  10,  rue  EspariaU 

Audinet  Eugène,  I.  P.  i^f,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit 
de  rUnlversité  d'Aix-Marseille.  15  décembre  1908.  Cours 
d'Orbitelle,  Aix. 

MouGiNS. Roquefort  (comte  de)  Charles,  Docteur  en  Droit 
Associé  régional  le  11  mars  1890,  membre  titulaire  le  26 
janvier  1909.  Cours  Mirabeau,  16. 

Bagarry  Paul,  avocat  Associé  régional  12  janvier  1909. 
Membre  titulaire  1"  février  1910.  Cours  Mirabeau,  4. 


—  72  — 

Drujon  Jules,  41,  avocat,  ancien  bâtonnier,  23  mai  1911. 
Rue  de  la  Monnaie,  IL 

Ferrier  Raymond,  amateur  d*art  Associé  régional,  16 
juin  1896.  Membre  titulaire,  14  mai  1912.  Rue  des  Arts, 
eUMétien,  2. 

Louis-Gautier,  I.  P.  ^,  artiste  peintre,  12  mai  1912-  Boule- 
vard de  VHÔpital,  villa  Acantha. 

Cabassol  Joseph,  avocat,  Conseiller  Général  des  Bouches. 
du-Rhône,  ancien  Maire  dlAix,  Membre  d'Honneur,  23 
janvier  1906.  Membre  titulaire,  ^  j!uin  1912.  Place 
Jeanru^d'Arc.  g, 

Garcin  Sextius,  avocat.  18  février  1913.  Place  Forbin,  3. 

Latil  Victor  ifi,  Docteur  en  médecine,  18  janvier  1914.  Rue 
du  Bœut,  22. 

JouROAN   Alfred,    avocat   à   la   Cour.    Associé    régional,    5 
*   décembre  1911.    Membre  titulaire,     12  mai  1914.    Cours 
Mirabeau,  40. 

Sade  Louis,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  12  mai  1914. 

Haimbault  Maurice,  I.  P.  *i^,  Archiviste  adjoint  du  Dépar- 
tement. Associé  régional,  11  janvier  1910.  Membre  titu- 
laire, 5  janvier  1915.  Musée  Arbaud^  rue  du  Quaire- 
Septembre,  2  a. 

Davin  (rabbé)  Paul-Marie.  19  janvier  1915.  Place  des  Pré- 
cheurSf  40. 


-73- 


MEMBRES  HONORAIRES 


MM. 


PisoN  Alexandre,  ^  I.  P.  ^  41,  doyen  honoraire  de  la  Fa- 
culté de  Droit.  30  Janvier  1894-  Rue  d'Italie,  U. 

Granibr  Désiré,  ^,  conseiller  doyen  honoraire  à  la  Cour, 
29  mai  1894.  Cours  Mirabeau^  47, 

VnJLEVixiixx  Joseph,  I.  P.  %^,  artiste  peintre.  22  décembre 
1903.  Rue  Espariat,  20. 

Fassin  Emile,  I.  P.  ^,  Conseiller  honoraire  à  la  Cour 
d*appel  d*Aix.  Membre  titulaire  24  avril  1894.  Membre 
honoraire  11  février  1913,  à  Arles. 

D*AuTBiMAN  Fernand  C.  ifi,  ancien  magistrat  1*'  décembre 
1914.  Rue  RouxhAlphéran,  33,  Aix. 

D£  GiRAUD  d'Agay  (comte)  Gabriel.  Ancien  Président  du 
Comice  Agricole  d'Aix.  1*'  décembre  1914.  Rue  Cariinale, 
/5,  Aix. 


—  74  — 


ASSOCIÉS  RÉGIONAUX 


MM. 


Eysseric  Saint-Marcel,  ancien  magistrat  et  conseiller 
général,  inspecteui^  départemental  de  la  Société  d'Archéo- 
logie, à  Sisteron.  19  décembre  1882. 

Rey  (de)  Gonzague,  château  du  Prieuré  d'Ardène,  près 
Saint-Michel  (Basses-Alpes).  5  janvi^  1883. 

ISNARD,  I.  P.  ^  , archiviste  des  Basses- Alpes,  secrétaire  de 
la  Société  Académique,  ancien  élève  de  TËcole  des  Char- 
tes, à  Digne.  12  janvier  1883. 

MiREUR  ^,  archiviste  du  département  du  Var,  membre  du 
Comité  des  travaux  historiques^,  à  Draguignan.  19  jan- 
vier 1883. 

Bonhomme  (rabbé),  chanoine  à  Riez  (Basses. Alpes).  9  fé- 
vrier  1883. 

Bernard  Charles  ^,  président  de  Chambre  honoraire  à  la 
Cour  de  Dijon,  ancien  avocat  à  la  Cour  d'Aix.  16  février 
1883. 

Magallon  d'Argens  (marquis  de)  Xavier,  ancien  conseiller 
général  des  Hautes-Alpes,  villa  Magdala,  à  Sainte-Mar- 
the, Marseillei.  16  mars  1889. 

Gamber  (le  chanoine)  Stanislaa,  1^,  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  de  Marseille.  7  avril  1891. 


=-75-- 

CoLLOT  Louis,  ^,  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  dea 
Scieixces  de  Dijon.  26  janvier  1892. 

CoixoNGUE  (d'AvoN,  barott  de),  i^  ifi  0.  ifi,  ministre  pléni- 
potentiaire, en  retraite,  au  chftteau  de  Collongue,  par 
Cadenet  (Vaucluse).  6  juin  1893. 

Chaiixan  (Vabbé),  correspondant  du  Ministère  de  rinstruc- 
tion  Publique,  curé  de  Septèmes  (Bouches-du-Rh6ne). 
12  janvier  1894. 

Teil  (baron  du)  Joseph  41.  Quai  de  Billy,  2,  Paris.  4  mai 
1897. 

Maurel  (rabbé)  Marie-Joseph,  place  de  THôtel-de-Ville,  &,  à 
Manosque  (Basses- Alpes).  18  mai  1897. 

Prou.Gaillard,  i^  C.  41,  ancien  directeur  de  l'Académie  de 
Marseille-  5,  boulevard  Montricher.  3  mai  1898. 

Manteyer  (de)  Georges,  archiviste-paléographe,  château  de 
Manteyer  (Hautes. Alpes).  13  décembre  1898. 

LiEUTAUD  Victor,  i|i,  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  de 
Marseille,  notaire  à  Vodone  (Basses- Alpes).  15  mai  1900. 

MiLSANT  Séibasticn,  ifi,  avocat,  ancien  bâtonnier.  Rue  Ba- 
lay,  2,  Saint-Etienne.  19  mars  1901. 

MuTERSE  Maurice,  ancien  officier  de  marine,  ancien  sous- 
préfet,  à  Antibes.  7  mai  1901. 

Bernard  d*Attanoux  (comte)  Henri,  4i,  avocat,  ancien  ma- 
gistrat, Rue  Palermo,  2,  Nice.  14  mai  1901. 

GÉRiN-RiCARD  (comte  de),  président  de  la  Société  d'archéo- 
logie. Rue  Grignan,  60,  Marseille.  4  mars  1902. 

MoNCLAR  (de  RiPERT  marquis  de)  François,  C  ^,  ministre 
plénipotentiaire,  en  retraite,  au  château  d'Allemagne, 
près  Riez.  18  mars  1902. 

ViLLENEUVE-EscLAPON  (marquis  de)  Christian,  0.  if,  ancien 
député,  Rue  de  Prony,  75,  Paria,  et  à  Valensole  (Basses- 
Alpes).  7  juin  1904. 


-76- 

CiosMAOEUc  (Urvay  de)  Jules,     Rue  Roux-Alphéran,  25,  à 
Âix.  19  décembre  1905. 

LiEUTAUD  Auguste,   président  de  la  Société  des  Amis  du 
Vieil  Arles,  à  Arles.  30  janvier  1906. 

Cotte  Charles,  licencié  en  Droit,  notaire  à  Pertuis  (Vau- 
cluse).  24  avrïri906. 

Gaffarel  Paul,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  d*Aix. 
Rue  Paradis,  295,  Marseille.  19  mars  1907. 

ViNCENS  Charless  ifi  ifi  0.  ifi,  ancien  Directeur  de  TAcadé- 
mie  de  Marseille.  Rue  Nicolas,  9,  Marseille.  11  juin  1907. 

La  Salle  de  Rochemaure  (duc  de)  Félix,  C.  ifi  ifi  ifi.  Ch&. 
teau  de  Clavières-Ayrens  (Cantal).  19  mai  1908. 

Tavernier  Edouard,  avocat,  docteur  en  droit  Rue  Fran- 
çois !•',  162,  Paris.  19  mars  1908. 

Lefèvre  Edmond,  directeur  de  la  <i  Revue  de  Provence  n. 
Rue  Tapis. Vert,  40,  Marseille.  22  décembre  1908. 

Brémond  (l'abbé)  Henri,  34,   place  des  Prêcheurs,   à  Aix. 
16  mars  1909. 

BouRGBT  Henri,  Directeur  de  1  observatoire  de  Marseille. 
9  juin  1909. 

SicARD  Martial,  ancien  député,  maire  de  Forcalquier  (Bas. 
ses- Alpes).  11  janvier  1910. 

SiLBERT  José,  ^,   artiste^peintre,   à  Marseille.    1*'  lévrier 
1910. 

Revol  Amédée,  avoué  à  la  Cour,  rue  Gaston-de-Saporta,  à 
Aix.  26  avril  1910. 

Retnaud  Jean,  avocat,  38,  rue  de  SaintrSulpice,  à  Paris. 
9  mai  1911. 

Loréoan  Jean,  77,  rue  Claude.Bemard,  à  Paris.90  mai  1911. 

Pascal  (le  chanoine)  Adrien,  !^,  curé-doyen  de  Peyrolles 
(B.-du-R.).  16  janvier  1912. 


—  77  — 

GuÉRiN-LoNG  Paul,  Président  du  Tribunal  Civil,  rue  Roux- 
Alphéran,  25,  à  Aix.  11  juin  1912. 

DK  Mazan  (de  Fabre,  marquis)  Joseph,  docteur  ès-sciences, 
rue  Roux-Alphéran,  35,  à  Aix.  11  juin  1912. 

Dumas,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit,  31,  rue  des  Cor. 
deliers,  à  Aix.  11  juin  1912. 

Faudra  Marins,  professeur  d'agriculture,  rue  du  Trésor,  2, 
à  Aix.  11  juin  1912. 

BouAT,  I.  P.  ^,  boulevard  du  Roi.René,  58,  à  Aix.  29  avril 
1913. 

Belin  Henri,  cours  Gambetta,  40,  à  Aix.  20  mai  1913- 

BusQUET  Raoul,  1^,  Archiviste  en    Chef  des    Boucher  du 
Rhône,  rue  Sylvabelle,  2,  à  Marseille.  8  janvier  19U. 

Julien  Fortuné,    ^,  ancien  professeur  à  TEcole  d'Arts  et 
Métiers,  traverse  Bressier,  16,  à  Aix.  12  mai  IdU. 

ËTMARD  Léon,  avocat  à  la  Cour,  rue  du  Quatre-Septembre, 
9,  à  Aix.  29  mai  1914. 

Toussaint  Gabriel,   ancien     magistrat,  boulevard     N^trc- 
Dame,  57,  à  Aix,  2  février  1915. 

Alcoud  Henn,  à  Saint>-Cyr-les-Lèques  (Var).  13  avril  1915. 


-78- 


ASSOCIÉS  CORRESPONDANTS 


MM. 


LavoUée  Paul-René^  docteur  ès-lettres,  ancien  consul  géûd- 
ral,  boulevard  Haussmann,  162,  à  Paris.  25  avril  1870. 

Millien  Achille,  lauréat  de  TAcadémie  Française,  à  Bea.i- 
mont-la-Ferrière  (Nièvre).  16  décembre  1872- 

Faisan  Albert,  à  Saint-Cyr-en-Mont-d'Or,  près  Lyon.  14 
mars  1876. 

Bellet  (rabbé),  à  Tain  (Drôme).  12  décembre  1882. 

Jessé-Charleval  (comte  de)  Antoines  ancien  maire  de  Mar- 
seille.  Château-l'Arc,  par  Rousset  (B.-du-R.).  Associé 
régional  5  janvier  1883-  Correspondant  le  7  janvier  1908. 

JuUien  Ernest,  Président  honoraire  du  Tribunal  Civil,  à 
Reims  (Marne).  2  mai  1884. 

Cortèz  Femand,  correspondant  du  Ministère  pour  les  tra- 
vaux historiques,  à  Saint-Maximin  (Var).  Associé  régio- 
nal 25  mai  1886.  Correspondant  16  janvier  1912. 

Lanéay  d'Arc,  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la 
République,  à  Villeneuve-sur-Lot  (Lot-et-Garonne).  Asso- 
cié régional  12  décembre  1887,  titulaire  8  mars  1892,  cor- 
respondant 7  juin  1904. 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  à  l'Arsenal-  Avenue  Henri- 
Martin,  44,  Paris.  11  juin  1888. 


—  79  — 

Proal  Louis,  conseiller  à  la  Cour  de  Paris.  6,  rue  Charles 
Divry,  IV*.  Titulaire  le  22  décembre  1891,  correspondant 
le  15  décembre  18%. 

Tourtoulon  (baoron  de,  marquis  de  Barre),  Pierre,  docteur 
en  droit  Château  de  la  Fuste,  par  Valensole  (Basses- 
Alpes).  12  janvier  1897. 

Joret  Ch€Lrles,  membre  de  Tlnstitut.  Rue  Madame,  64,  à 
Paris.  Titulaire  le  16  mai  1893,  correspondant  le  12  dé. 
cembre  1899. 

Zeiller  Charles-René,  membre  de  l'Institut.  Rue  du  Vieux. 
Colombier,  8,  à  Paris.  19  janvier  1897. 

Petit  Alexandre,  docteur  en  médecine  à  Royat,  et  rue 
LalTitte,  3,  à  Paris.  4  mai  1897. 

Hulot  (baron),  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géogra. 
phie.  41,  avenue  de  Labourdonnais,  à  Paris.  11  mai  1897. 

Rochas  d'Aiglun  (comte  de),  colonel,  ancien  administra, 
teur  de  l'Ecole  Polytechnique.  Rue  Descartes,  21,  à  Gre- 
noble. 24  avril  1900. 

Moris  Henri,  archiviste  des  Alpes-Maritimes.  Villa  Moris, 
boulevard  Dubouchage,  à  Nice-  19  mars  1901. 

Tasset  Jacques,  à  Molosme^-Tonnerre  (Yonne).  9  juin  1903. 

Poitevin  de  Maureillan  (de),  0.^,  colonel  en  retraite,  con- 
servateur du  Musée  d'Hyères  (Var).  15  «nai  1906. 

Jullian  Camille,  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Collè- 
ge de  France,  30,  rue  de  Luxembourg,  à  Paris,  28  mai 
1907. 

Lacour-Gayet  Georges,  Membre  de  Tlnstitut,  rue  Jacob, 
46.  Paris.  10  décembre  1907. 

Rieux  (des»)  Lionel,  avenue  de  Villiers,  126,  à  Paris.  21  jan- 
vier 1908. 


—  8o  — 

Nolhac  (de)  Pierre,  Conservateur  du  Palais  de  Versailles, 
à  Versailles  (Seine-et-Oiae).  2  juin  1908. 

Labande,  Conservateur  des  Archives  de  la  principauté  de 
Monaco.  19  janvier  1909. 

Dlenne  (comte  de)  Edouard.  Château  de  Servilly,  par  La 
Palisse  (Allier).  19  janvier  1909. 

Barthélémy  Jules,  Rédacteur  au  secrétariat  de  l'Institut, 
au  Palais  de  Tlnstitut,  Paris.  16  février  1909. 

Marlot  Hippolyte,   géologue  prospecteur  à  Martiny,  par 
Marmagne  (Saône-eULoire).  9  mars  1909. 

Maurin  Georges,  avocat  à  Nîmes  (Gard).  11  janvier  1910. 

Charpin  Frédéric,  publiciste,  33,  rue  Madame,  à  Paris.  1* 
février  1910. 

Matter  (Pabbé)  Joseph,  curé  de  Gebenhauser,  par  Putlan- 
ge-les-Forbach  (Lorraine).  10  mai  1910. 

Sapy  (le  père  Thomas),  rue  Barthélémy,  37,  à  Marseille. 
13  décembre  1910. 

Boy  Charles,  rue     Sainte-Catherine,   12,   à  Saint-Etienne 
(Loire).  21  février  1911. 

Chaperon  (Fabbé),   curé   de  La  Martre   (Var).   21   février 
1911. 

De  Brun,  Pierre,  receveur  des  Domaines,    à  Saint-Remy 
(B..<lu-R.).  16  mai  1911. 

Reynald  Georges,  avocat,  conseiller  général,  sénateur  de 
TAriège,  maire  de  Foix.  12  décembre  1911. 

De  Vogue  (le  comte)  Raimond,  rue  François-Ponsard,  12, 
à  Paris.  16  janvier  1912. 

Hallays  André,  publiciste,  à  Paris.  6  février  1912- 

Bernard  Valère,   artiste  peintres   capoulié   du     Félibrige, 
quai  de  Rive-Neuve,  15,  à  Marseille.  11  juin  1912. 


—  8i  — 


ASSOCIÉS   CORRESPONDANTS 
A  L'ÉTRANGER 


MM. 


Carnazza-Amari,  ancien  professeur  à  rUniversité  de 
Catane,  sénateur  du  royaume  d  Italie.  6  avril  1868. 

Typaldo-Bassia,  député,  ancien  Président  du  Parlemeni 
hellène,  à  Athènes.  23  janvier  1894. 

Portai  (le  commandeur  Emmanuel),  membre  de  la  Royale 
Commission  héraldique  d'Itaiie.  Passeggiata  di  Ripetta, 
16,  à  Rome.  12  février  1895. 

Da  Cunha  Xavier,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Natio. 
nale.  Rue  S.  Bartholomeo,  12,  à  Lisbonne  (Portugal).  11 
décembre  1900. 

Satta  Salvatore,  membre  de  la  Société  Philologique  à  Ro. 
me.   26  mai  1903. 

Gàvànescul  J.,  professeur  à  l'Université  de  Jassy  (Rou- 
manie). 9  juin  1903. 

Padula  (le  commandeur)  Antoine,  secrétaire  général  de 
la  Société  Luigi-Camoëns.  Via  dei  Fiorentini,  67,  à  Na- 
pies-  17  janvier  1905. 

Wallenskiôld  Axel,  professeur  de  philologie  romane  à 
l'Université  dHelsingfors  (Finlande).   26  avril  1909. 

Santoro  Domenico,  professeur  à  Tlnstitut  à  Chieti  (Na-* 
pies),  l*»  février  1910. 


Perra  Glacomo,  DoUore  Professore,  via  Doaaldf,  12,  à. 
Turin  (Italie).  3  février  1914. 

De  Faria  (le  vicomte)  Antonio,  Consul  de  Portugal,  Grand 
Hdtel  Richemond  &  Lausanne  (Suisse).  3  février  1914. 

Gargaata  (le  Chevalier)  Joseph,  Président  de  la  Croix- 
Bouge  &  Olot  (E^agne).  3  février  1914- 


Le  pré«ent  tableau  ■  été  arrêté  1«  t"  Juin  101B.  conformé- 
ment à  l'article  10  du  règlement. 


Le  Prétident  :  Le  Secrétaire  Perpétuel  : 

R.  QoNAFOus  Baron  Guiubeht. 


I.  BRUN,  Imp.  de  l'Académie,  rue  Manuel.  20.  —  AIX-EN-PROVENCE 


1 


ACADÉMIE  D'AIX 


96°"*   Séance    Publique 


18  juin  1916 


SÉANCE    PUBLIQUE 

DE 

L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,     AGRICULTURE,    ARTS 
ET  BELLES-LETTRES 

D'AIX 


IMPniMEHIE     ET     LlBRilBIE    MAKAïaE 

J.  Darbèe  et  Cie,  snooesseors 

i,  rue  Tbiers,  i 

AIX 


ACADÉMIE 


DES 

SCIENCES,     AGRICULTURE,    ARTS    ET    ÊELLES-LETTRES 


96"^^    SÉANCE    PUBLIQUE 


Le  jeudi  /j  juin  i()i6,  la  quatre-vingt- 
sei::^ième  séance  publique  de  V Académie  a  été 
tenue  à  quatre  heures  dans  la  Salle  des  Fêtes 
du  Musée  Arbaud  (Hôtel  de  V Académie). 

Tous  les  sîèges  étaient  occupés  de  bonne 
heure  par  une  assistance  nombreuse  et  de  choix. 

On  y  remarquait  quelques  survivants  du  Ba- 
taillon des  Mobiles  des  Bouches-du-Rhône  ayant 
pris  part  à  la  répression  de  la  révolte  de  l'Al- 
gérie en  I 87 I . 

Au  bureau,  M.  Bourguet,  président  en  exer- 
cice, était  entouré  des  Membres  de  l'Académie. 
.  présents  à  Aix. 

Les  lauréats  des  prix  de  vertu  et  des  pen- 


—  6  — 

sîons  ouvrières  occupaient,  avec  leur  famille, 
leur  place  habituelle. 

M.  le  Président  ouvre  la  séance  et  prononce 
l'allocution  suivante  : 


Mesdames, 
Messieurs, 

Nous  nous  sommes  demandé  si  nous  devions, 
à  l'heure  où  chacun  ne  songe  qu'aux  chocs  des 
armées  et  aux  dangers  bravés  par  nos  soldats, 
tenir  en  public,  suivant  les  traditions  de  l'Aca- 
démie, notre  séance  de  fin  d'année. 

Il  nous  a  semblé  que  nous  ne  manquerions 
pas  à  notre  devoir  en  célébrant,  une  fois  de  plus^ 
tout  ce  qui  fait  la  force  et  la  grandeur  de  notre 
pays.  Nous  n'avons  pas  voulu,  d'autre  part, 
priver  les  lauréats  des  prix  de  vertu  de  la  mo- 
deste auréole  qui  s'attache  a  leur  nom  proclamé 
devant  vous. 


Le  2  août  1914,  à  l'instant  même  où  commen- 
çait la  mobilisation,  j'entendais,  dans  une  rue 
d'Aix  une  brave  femme   dire  à  sa  voisine  en 


—  7  — 

parlant  de  ses  fils  :  ((  Alors,  je  leur  ai  dit  :  Mes 
petits,  ce  n'est  plus  moi  votre  mère,  c'est  la  Pa- 
trie. Vous  n'êtes  plus  mes  enfants,  vous  êtes  les 
enfants  de  la  France  ». 

En  rentrant  chez  moi,  je  trouvais  la  carte 
postale  suivante  qui  m'était  adressée  par  un 
jeune  sous-lieutenant  de  la  promotion  des  «  Ma- 
rie-Louise »,  en  garnison  à  Toul  :  «  Nous  ve- 
nons d  être  alertés  et  nous  allons  partir  pour  les 
positions  de  couverture...  Je  pars  avec  con- 
fiance et  fureur,  nous  allons  enfin  écraser  ces 
empires  monstrueux  qui,  pendant  40  ans  ont 
donné  à  l'Europe  tant  d'incertitude  et  tant  d'in- 
quiétudes. Ils  ont  voulu  la  guerre,  ils  auront  la 
mort.  Cette  pensée  que  nous  combattons  pour 
la  paix  française  et  que  le  Dieu  de  justice  est 
avec  nous,  nous  soutient  et  nous  exalte  ». 

Considérez,  Messieurs,  l'état  d'âme  digne  de 
l'antiquité  révélé  par  cet  humble  élément  de  la 
population  civile.  Rapprochez-le  du  courage  et 
de  l'ardeur  avec  lesquels  s'exprime  un  soldat  et 
vous  comprendrez  comment,  malgré  tout,  la 
France  a  tenu  si  longtemps  et  veut  tenir  jus- 
qu'à la  victoire. 


Aussi  bien  sembla-t-elle  d'abord  sourire  à  nos 


—  8  — 

armes.  Souvenez-vous  de  l'entrée  de  nos  trou- 
pes en  Alsace  et  de  Toccupation  momentanée 
de  Mulhouse.  Mais  le  général  en  chef  a  besoin 
de  concentrer  toutes  ses  forces.  En  dépit  de 
rhéroïque  valeur  de  la  Belgique  (à  qui  nous  de- 
vons du  moins  d'avoir  pu  achever  notre  mobi- 
lisation) il  nous  faut  lui  venir  en  aide  et  c'est. . . 
Charleroi. 

Alors,  la  retraite,  Paris  menacé,  le  Gouver- 
nement pour  bien  montrer  sa  volonté  de  lutter 
jusqu'au  bout,  obligé  de  se  retirer  à  Bordeaux, 
la  France  entière  angoissée  mais  admirable  de 
tenue  et  de  confiance.  Qui  de  vous,  Messieurs, 
peut  l'avoir  oublié  ? 

Le  6  septembre  191 4,  un  coup  de  clairon 
retentit  aux  oreilles  de  nos  armées  harassées  de 
fatigue.  ((  Au  moment  où  s'engage  une  bataille 
d'où  dépend  le  salut  du  pays,  il  importe  de  rap- 
peler à  tous  que  le  moment  n'est  plus  de  re- 
garder en  arrière  :  Tous  les  efforts  doivent  être 
employés  à  attaquer  et  à  refouler  l'ennemi.  Une 
troupe  qui  ne  pourra  plus  avancer,  devra,  coûte 
que  coûte,  garder  le  terrain  conquis  et  se  faire 
tuer  plutôt  que  de  reculer  ».  Le  général  Joffre 
a  sonné  le  réveil. 

Chargé  de  la  défense  de  Paris,  Gallieni  sait 
prendre  l'initiative  démarcher  au  canon.   Mau- 


—  9  — 

noury  triomphe  sur  l'Oureq.  Sarrail  résiste  a 
Verdun,^  Castelnau  à  Nancy  et  la  victoire  de  la 
Marne  sauve  la  France  de  la  ruée. 

Que^ne  ferait-on  pas  avec  de  tels  chefs  et  com- 
ment ne  pas  rappeler  à  ce  propos  le  fameux 
télégramme  de  Foch  :  ((  Débordé  sur  ma  droite, 
débordé  sur  ma  gauche.  En  somme,  situation 
excellente  pour  faire  face  à  l'ennemi. . .  J'atta- 
que. 


*  * 


On  peut  dire  que  les  glorieuse^  journées  de 
septembre  19 14  ont  brisé  Télan  de  l'offensive 
allemande  et  que,  sur  tout  leur  front,  les  Fran- 
çais ont  sauvé  la  liberté  de  l'Europe.  Non  pas 
certes  (nous  ne  le  savons  que  trop)  que  l'Alle- 
magne ait  été  définitivement  vaincue  mais  elle  a 
perdu,  dès  cette  époque,  ce  prestige  d'infaillibi- 
lité militaire  qui  faisait  sa  force  et  sa  tyrannie. 
La  victoire  de  l'Yser,  l'offensive  de  Champagne 
et  l'héroïque  défense  qui  se  poursuit  encore  au- 
tour de  Verdun  ont  témoigné  plus  encore,  que 
nos  soldats  étaient  capables  de  tenir  tête  aux 
siens,  avec  courage  toujours^  avec  bonheur 
souvent. 

Voilà  pourquoi  la  France  est  devenue  «  la 
grande  force  morale  de  la  coalition  ».  Elle  vou- 


—  10  — 

lait  la  paix,  elle  a  prouvé  qu'elle  était  capable 
défaire  la  guerre.  Elle  avait  été  sans  reproche^ 
elle  sait  tous  les  jours  se  montrer  sans  peur. 

Et  comme  l'écrivait  un  penseur  :  «  On  a  sou- 
vent reproché  à  l'âme  française  son  penchant  à 
la  perpétuelle  critique,  son  amour  de  l'indépen- 
dance frondeuse,  son  impatience  de  tous  les 
jougs.  Qui  ne  sent  aujourd'hui,  dans  notre  peu- 
ple où  tout  le  monde  à  fait  spontanément  son 
devoir,  la  précieuse  noblesse  de  cet  individua- 
lisme dont  on  a  tant  médit  ?  »  Les  sacrifices 
consentis  à  lasoumissîsn,  à  la  confiance,  n'en 
sont-ils  pas  plus  méritoires  encore  ? 


Chacun  d'ailleurs,  nous  rend    pleine   justice. 

A  la  douma  russe  le  député  Alexandrof  s'est 
exprimé  en  ces  termes  :  a  En  ce  moment  la 
France  forge  non  seulement  son  histoire,  mais 
la  nôtre.  Elle  nous  élève,  elle  nous  oblige  à  re- 
garder en  haut  vers  le  ciel  et  non  vers  la  terre 
et,  quand  on  voit  ce  beau  pays  cultivé,  civilisé, 
pour  se  soumettre  à  ce  que  lui  demandait  sa 
conscience  nationale  et  ses  obligations  d'al- 
liance envoyer  ses  fils  à  notre  aide,  on  voudrait 
donner  toute  sa  force  à  ce  salut.  On  voudrait  le 
voir  s'envoler  par  dessus  les  pays  ennemis  pour 


—  li  — 

aller,  s'il  était  nécessaire,  galvaniser  ce  noble 
pays  qui  lutte  pour  nous  et  pour  ses  droits,  qui 
lutte  pour  les  droits  de  Thumanité. 

Et  de  rOrient,  où  le  maintien  de  nos  troupes 
à  Salonique  a  produit  TefTet  d'une  seconde   vie 
toire  de  la  Marne,    s'élève  aussi  un   hymne  de 
reconnaissance. 

Ecoutez  plutôt  les  accents  que  le  Journal  de 
l'illustre  homme  d'Etat,  Venizélos,  a  su  trouver 
pour  traduire  sa  pensée  :  «  A  la  France  qui, 
loin  de  chercher  à  dominer  les  peuples  asservis, 
veut  élever  jusqu'à  elle  les  peuples  délivrés  ;  à 
la  grande  France  qui,  généreuse  et  douce,  ne 
s'organisait  pas  pour  la  guerre  et  qui,  cepen- 
dant trouve  dans  la  conscience  de  son  droit  la 
force  de  tenir  en  échec  l'état  militaire  le  plus  bel- 
liqueux de  tous  les  temps  et  de  tous  les  pays.,., 
à  la  France,  a  ses  fils,  nous  adressons  de  ce 
coin  d'Orient  nos  prières  pour  la  Victoire  parce 
que  cette  victoire  sera  le  commencement  d'un 
meilleur  avenir  pour  V humanité  toute  entière. 


La  source  à  laquelle  nos  soldats  puisent  le 
courage  qui  nous  vaut  ces  témoignages  d'admi- 
ration n'a  jamais  varié.  C'est  cette  foi,  incons- 
ciente peut  être  chez  quelques-uns,  que  chacun 


—  12  — 

garde  en  soi-même  dans  les  destinées  immor- 
telles de  la  Patrie.  Foi  éternelle  et  permanente 
qui  assure  la  continuité  de  nos  efforts  depuis  les 
temps  les  plus  lointains  de  notre  histoire  jus- 
qu'aux jours  de  notre  épopée  actuelle,  Par  elle 
demeure  durable  et  par  elle  s'est  conservé  tout 
ce  qui  fait  le  charrne  et  la  force  de  notre  «  douce 
France  ». 

Si  Ton  en  pouvait  douter,  n'en  trouverait-on 
pas  un  témoignage  nouveau  dans  cet  épisode 
recueilli  par  ^Maurice  Barrés  et  que  vous  me  per- 
mettrez de  vous  rappeler. 

Au  cours  d'une  messe  au  front ,  l'officiant,  un 
prêtre  soldat,  s'interrompit  pour  dire  à  ses  ca- 
marades :  ((  Vous  ne  savez  pas  les  prières,  mais 
il  y  a  une  manière  de  prier  qui  est  à  votre  por- 
tée. On  honore  Dieu  par  le  chant .  Voyez  ce  que 
vous  savez,  concertez-vous  et,  quand  j'aurai 
élevé  l'Hostie,  vous  chanterez  ». 

Ils  chuchotent,  font  passer  un  mot,  et  quand 
le  prêtre  arrive  au  point  culminant  de  l'office 
tous  entonnent,  de  la  Marseillaise,  cette  admi- 
rable strophe  : 

Amour  sacré  de  la  Patrie 
Conduis,  soutiens  nos  bras  vengeurs 
Liberté,  Liberté  chérie, 
Combat  avec  tes  défenseurs. 


—  13  — 

Eclatante  manifestation  de  cet  état  d'esprit 
qui  nous  mérite  le  succès  final,  preuve  nouvelle 
de  cette  union  morale,  plus  belle  encore  que  Tu- 
nité,  parce  que  chacun  la  consentie  librement  et 
dans  la  plénitude  de  sa  volonté. 


* 


A  ce  mouvement  si  généreux  du  pays  tout 
entier  l'Académie  d'Aix  n'est  pas  demeurée 
étrangère."  Elle  a  fait  elle  aussi,  dans  la  mesure 
du  possible,  les  sacrifiées  réclamés  à  tous. 

Un  jour  viendra,  quand  la  guerre  sera  finie, 
où  nous  rendrons  à  nos  morts  un  hommage  plus 
complet.  Pour  aujourd'hui,  je  me  borne  à  en- 
trouvrir devant  vous  notre.  ((  Livre  d'Or  »  et  j'y 
lis: 

Lieutenant  Lionel  des  Rieux  ; 
Lieutenant  Frédéric  Charpin  ; 
Lieutenant  Jean  Reynaud  ; 
Capitaine  Louis  Sade, 
tués  à  l'ennemi. 

Ne  commentons  pas  leur  conduite,  Messieurs, 
mais  saluons  avec  émotion  leur  mémoire  car  ils 


—  14  — 

ont  pris  leur  part  de  cet  élan  superbe  quî,  met- 
tant la  force  matérielle  au  service  de  l'idéal,  a 
donné  à  la  vieille  gloire  française  comme  un  re- 
nouveau de  jeunesse  et  de  grandeur. 


RAPPORT 


SUR    LES 


PRIX  DE    VERTU 


PAR 


M.  J.   CABàSSOL 


Mesdames, 
MESsiEur<s, 

C'est  un  honneur  délicat,  un  devoir  difficile  à 
remplir,  celui  de  louer  et  de  récompenser  les 
belles  actions. 

Qui  donc  peut  les  juger  avec  une  suffisante 
autorité,  et  discerner  sans  crainte  d  erreur, 
celle  qui  méritât   le  mieux   d'être   proclamée  ? 

Il  est  vrai  que  s'il  y  a  dans  la  vertu  un  élé- 
ment qui  reste  au  dessus  de  Téloge,  il  s'y  trouve 
aussi  le  germe  fertile  de  l'exemple,  et  c'est  là 
que  le  rôle  de  celui  qui  doit  parler  de  la  vertu, 
acquiert  sa  véritable  utilité.  Aussi  bien,  les  phi- 
lantropes,  les  pieuses  femmes  qui  ont  nommé 


—  16  - 

rAcadémie  mandataire  âé  leurs  générosités,  fu- 
rent, certainement  inspirés,  en  faisant  leurs  fon- 
dations, par  cette  double  pensée,  qu'il  est  né- 
cessaire d'aller  chercher  chez  elle,  la  vertu,  parce 
qu'il  est  de  son  essence  de  se  soustraire  aux  re- 
gards, et  qu'il  faut  aussi  la  glorifier  publique- 
ment, pour  augmenter  le  fond  moral  de  l'hu- 
manité. Rien,  en  effet,  ne  saurait  mieux  élever 
la  raison  et  fortifier  l'âme,  que  le  récit  d'actes 
accomplis  simplement,  par  des  petits,  des  hum- 
bles, souvent  des  pauvres,  au  profit  de  plus 
humbles  et  de  plus  pauvres,  sans  le  moindre 
souci  d'un  bénéfice  personnel. 

La  lecture  des  dossiers  qui  ont  été  soumis  à 
votre  Commission,  démontre  une  fois  de  plus, 
que  c'est  dans  la  pratique  des  devoirs  de  la  fa- 
mille, dans  le  dévouement  au  prochain,  ((  l'al- 
truisme »,  que  Bossuet  appelle  u  la  perfection 
de  la  loi  »,  que  se  développent  les  hautes  ten- 
dances de  l'àme  humaine.  Ouvrons  donc  nos 
cahiers  d'enquêtes  :  nous  en  extrairons  ce  con- 
solant espoir,  que  les  générations  actuelles  qui, 
dans  les  angoisses  qui  nous  étreignent,  sont  en 
train  de  reprendre  possession  d'elles-mêmes, 
feront  renaître  magnifiquement,  demain,  sur 
le  sol  de  la  patrie,  le  culte  fécond  du  bien  et  de 
la  charité. 


—  17  — 

Et  puisque  nous  avons  jeté  comme  un  regard 
vers  l'avenir  du  pays,  dirigeons  tout  de  suite 
aussi  notre  pensée  vers  ses  admirables  défen- 
seurs, en  alliant  à  leur  souvenir  le  nom  de  celui 
qui  a  voulu  exalter  annuellement  leur  mérite  : 

I 

M.  Rambot  était,  en  1816,  lieutenant  dans 
les  chasseurs  achevai.  Il  avait  20  ans.  En  1823, 
il  fut  promu  capitaine  et  attaché  comme  officier 
d'ordonnance  au  général  Saint-Cyr  Nugues, 
chef  d'état-major  de  l'Armée  des  Pyrénées.  En 
cette  qualité,  il  prit  part  à  la  guerre  d'Espagne 
et  se  distingua  au  siège  de  Pampelune.  J'ima- 
gine que  35  ans  plus  tard,  lorsque  dans  sa  re- 
traite studieuse,  il  préparait  le  testament  qui  di- 
visait sa  fortune  en  bonnes  œuvres  et  léguait 
notamment  à  l'Académie  d'Aix,  dont  il  était 
membre,  une  somme  de  12.000  fr.,  pour  en 
employer  les  revenus  à  récompenser  les  actes 
de  courage,  Gustave  Rambot  songeait  aux  com- 
pagnons d'armes  dont  il  avait  partagé  les  dan- 
gers et  la  gloire,  à  ceux  surtout  qui,  à  côté  de 
lui,  avaient  donné  leur  sang  à  la  cause  sacrée. 

Voilà  pourquoi,  il  est  précieux  à  l'Académie, 
dépositaire  et  exécutrice  de  ses  intentions,  d'al- 


—  18  — 

louer,  cette  année,  le  prix  Rambot  de  545  fr.à  la 
section  aixoîse  de  l'Œuvre  des  Veuves  de  la 
Guerre.  Les  fils  de  la  Provence  ont  fait,  tous, 
durant  ces  vingt  mois  de  sanglantes  épreuves, 
des  prodiges  d'endurance  et  d'intrépidité;  Ils  ont 
superbement  justifié  la  fière  parole  du  poète  : 

«  O  ma  France  bénie  ! 
Rien  n'épuisera  donc  ta  force  et  ton  génie  ! 
Terre  du  dévouement,  de  l'honneur,  de  la  foi, 
Il  ne  faudra  jamais  désespérer  de  toi.  » 

Nombreux  hélas,  sont  ceux  qui  ne  revien- 
dront plus,  reposer  leurs  regards,  sur  les  hori- 
zons ensoleillés  dont  rêvait  leur  pensée  sous  le 
ciel  des  batailles;  il  nous  est  doux  d'apporter  à 
leur  mémoire,  le  témoignage  ému  de  notre  re- 
connaissante admiration,  et  d'exprimer  à  celles 
qui  les  pleurent,  l'assurance  de  notre  sympa- 
thie dans  la  douleur. 

II 

Le  Prix  Reynier  est  divisible,  et  l'Académie  a 
cru  devoir  le  répartir  en  3,  parmi  les  nombreux 
candidats  dont  elle  eût  à  examiner  et  classer  les 
dossiers  : 

Le  nom  dé  Mme  veuve  Fournon  Fayèt  est  le 
premier  que  j'ai  le  plaisir  de  proclamer.  Cette 


—  19  — 

excellente  femme,  âgée  aujourd'hui  de  85  ans, 
est  née  dans  le  département  des  Basses-Alpes, 
mais  habite  la  ville  d'Aix,  depuis  plus  d'un  demi 
siècle.  Au  cours  de  sa  longue  existence,  les  épreu- 
ves ne  lui  manquèrent  point  ;  elle  les  supportât 
avec  autant  d'énergie  que  d'admirable  soumis- 
sion à  la  Providence  ;  souffrir  était  son  lot,  elle 
l'acceptât,  pourvu  que  ceux  qui  étaient   autour 
d'elle  n'eussent  pas  à  en  subir  le  contre-coup  ; 
et   c'est  ainsi  que  toujours  forte,   calme,  sou- 
riante, elle   élevât   les    sept  enfants,   dont    la 
mort    prématurée    de    son     mari,    lui    avait 
laissé  toute   la   charge  ;  elle  en  a  fait  des  hom- 
mes de  travail  et  des  femmes  de  devoir.  Quand 
la  mère  eût  terminé  son   difficile  labeur  et  que 
l'heure  du  repos  mérité   semblait   arrivée,   le 
malheur  vint  de  nouveau   frapper  à  coups  re- 
doublés, à  sa  porte  ;  sa  fille  aînée  fut  enlevée  en 
quelques  jours  à   sa  teqdresse,   lui   laissant  4 
orphelins,  4  garçons,    dont  il  fallait  assurer  la 
vie  ;  puis  succombait  encore  la  seconde  de  ses 
filles  lui  confiant  l'avenir  de  son  petit  garçon  ; 
quelques  temps  après  mourrait  aussi  la  troisiè- 
me dont  la  fillette  demandait  à  son  tour  place  au 
foyer  de  la  grand-mère.  Et  la  grand-mère  ouvrit 
toutes  grandes  les  portes  de  sa  maison  et  celles 
de  son  cœur.  Il  y  a  quelques  jours,  l'un  des 


petît>-fi!^  de  31  me  Foumon.  pjur  lequel  Ta  ve- 
nir apparaissait  plein  de  promesses,  est  mort. 
en  hcrrjrj,  au  champ  d'honneur. 

I^  tâche  que  les  événements  avait  imposée  à 
cette  vaillante  femme,  paraissait  assez  large 
p^jur  suffire  à  son  dévouement.  Elle  sut  cepen- 
dant le  dépenser  encore  en  dehors  du  cercle  de 
la  famille.  Sans  redouter  la  fatigue  des  veilles 
que  le  labeur  du  jour  devait  rendre  plus  dure, 
ni  la  contagion  à  laquelle  elle  s'exposait  et  ex- 
posait srjn  nombreux  entourage,  Mme  Four- 
non  se  fit,  à  diverses  reprises,  la  garde-malade 
volontaire  de  pauvres  malades  sans  ressources 
et  sans  secours.  Elle  a  pu  sauver  ainsi  d*une  mort 
redoutable  une  jeune  mère,dont  les  enfants  n'ont 
pas  perdu  le  souvenir  du  courageux  dévoue- 
ment dont  cette  brave  femme  fit  preuve. 

Ne  devez- vous  pas,  .Messieurs,  applaudir  au 
choix  de  FAcadémie,  qui  alloue  à  Mme  Four- 
non  le  premier  prix  Reynier  de  400  fr.  ? 

C'est  à  Mademoiselle  Louise  Délions  qu'est 
attribué  le  2e  de  300  fr.  î 

Tous  ceux  qui  connaissent  cette  sainte  fille 
rendent  témoignage  à  ses  qualités  ;  on  peut 
dire  qu'elle  a  usé  son  existence  et  hâté  Theure 
de  la  vieillesse  en  se  consacrant  aux  autres,  à 


—  21  — 

sa  mère  infirme,  à  ses  sœurs  malades,  à  une 
amîe,  enfin,  frappée  par  un  maK  implacable  en 
pleine  jeunesse,  Quand  la  mort  lui  eût  ravi  ces 
êtres  affectionnés,  c'est  dans  un  orphelinat  de 
Marseille  que  Mademoiselle  Délions  allât  por- 
ter son  inlassable  activité.  Mais  ses  forces  ne 
furent  point  aussi  résistantes  que  sa  volonté,  et 
elle  dut  revenir  à  Aix  prendre  un  repos  qui  lui 
fut  certainement  plus  pénible  que  l'accomplisse- 
ment des  besognes  ingrates  qu'elle  avait  jusque- 
là  volontairement  assumées.  Elle  éprouvât  du 
moins  le  besoin  de  se  consacrer  à  une  œuvre 
dont  le  but  répondait  à  son  zélé  pieux  et  s'oc- 
cupât assiduement  du  patronnage  des  jeunes 
filles  de  la  paroisse  du  Saint-Esprit. 

La  récompense  que  reçoit  aujourd'hui  Made- 
moiselle Délions,  est  l'affirmation  très  justifié 
de  ses  vertus. 

Fénélon  a  dit  ((  que  le  courage  est  la  force 
des  faibles  »  :  Mlle  Rose  Laurin  a  justifié  cet 
aphorisme  .  Sans  ressources  personnelles,  sans 
soutien  naturel,  de  santé  délicate,  elle  a  mis  toute 
sa  vie  au  service  d'autrui,  dans  les  plus  rudes 
tâches.  Elle  s'est  consacrée  principalement  aux 
malades  et,  en  1913^  notamment,  pendant  une 
épidémie  de  variole,  elle  ne  craignit  pas  de  s'ins- 
taller au  chevet  de   trois  pauvres  abandonnées, 


'  —  22  — 

atteintes  du  fléau,  dont  deux  succombèrent  en- 
tre ses  bras,  et  auxquelles  elle  rendit  pieusement 
les  derniers  devoirs. 

Mademoiselle  Laurin  a  bien  mérité  le  troisiè- 
me prix  Reynier  de  300  fr. ,  que  l'Académie  lui 
attribue  en  lui  exprimant  ses  félicitations. 

III 

Le  Prix  Rayon  doit,  au  vœu  de  la  testatrice, 
être  donné  à  une  jeune  fille  qui  se  sera  distin- 
guée, par  sa  sagesse,  son  assiduité  au  travail, 
son  amour  du  foyer  famillial.  Si  la  famille,  base 
de  la  vie  sociale,  à  paru  menacée  de  toutes  parts, 
dans  les  faits  et  dans  la  loi  même,  n'est-il 
pas  consolant  de  constater  que  c'est  le  mérite  des 
plus  humbles  qui  continue  à  la  défendre  ?  L'âme 
humaine  apparaît  plus  belle  quand  elle  manifeste 
sa  force  d'expansion  dans  la  difficulté  de  l'effort. 
Mademoiselle  Anna  Guion  nous  a  paru  remplir 
les  conditions  prévues  par  la  testatrice.  L'histoire 
de  sa  vie  est  aussi  simple  qu'édifiante  :  Elle  per- 
dit sa  mère  à  l'âge  de  8  ans  et,  tout  de  suite, 
s'instituait  le  petit  ange  gardien  du  ménage  pa- 
ternel. Sa  bonne  volonté  dut  se  transformer  bien- 
tôten  une  collaboration  plus  agissante,  car  le  chô- 
mage et  la  maladie  frappèrent  â  la  fois  le  pauvre 


—  23  — 

père  désemparé.  Ainsi  à  Tâge  où  toute  femme 
rêve  de  Tavenir  et  des  joies  que  la  vie  semble  lui 
promettre,  Anna  Guion  n  a  songé  qu'au  travail 
qui  lui  permettait  d  alléger  les  tristeses  de  son 
cher  malade,  et  s'est  imposée  des  privations  que 
la  jeunesse  ne  devrait  pas  avoir  à  subir.  Elle  a 
généreusement  accompli  jusqu'au  bout  et  sans 
se  plaindre  jamais,  la  mission  qu'elle  s'est  don- 
née. L'Académie  lui  décerne  de  très  grand  cœur 
le  prix  Rayon  de  275  fr, 

IV 

Nous  avons  cette  année  à  distribuer  deux  des 
pensions  Irma  Moreau  vacantes  par  la  mort  de 
leurs  titulaires. 

La  première  destinée  par  la  volonté  de  la 
bienfaitrice,  aux  pères  d'une  nombreuse  famille 
est  décernée  par  l'Académie  à  M.  Louis-Mari us- 
Chaix,  né  à'Aix  en  1869.  Les  époux  Chaix  ont 
eu  1 1  enfants,  dont  6  vivent  encore.  L'aîné  a  17 
ans  et  le  plus  jeune  2  ans  à  peine.  Dans  cette 
belle  famille,  on  met  en  pratique  les  principes 
chrétiens  que  le  père  et  la  mère  ont  reçus  dans 
les  maisons  d'éducation  où  ils  furent  recueillis. 
Et  les  époux  Chaix  répondent  ainsi  doublement 
ciux  conditions  du  legs. 


—  24  — 

Mademoîselle  Irma  Moreau,  Messieurs,  a  de- 
vancé dans  ces  dispositions  testamentaires,  leslois 
sociales  dont  on  demande  si  justement  et  si  ins- 
tamment lavènement,  pour  honorer,  soulager 
et  encourager  les  familles  nombreuses  ;  à  l'heure 
surtout  où  la  France  souffre  dans  sa  chair  vive 
de  si  cruelles  blessures,  on  ne  saurait  trop  pro- 
téger ceux  qui  ne  redoutent  pas  les  charges  de 
la  famille.  Il  faudra  bien  que  nos  dirigeants 
s'engagent  enfin  résolument  dans  la  voie  des 
réformes  susceptibles  de  créer  une  France  nom- 
breuse, dont  la  natalité  ne  sera  plus  restreinte 
par  Tégoïsme  de  la  race  et  la  soif  des  plaisirs  et 
du  luxe.  Ce  nest  pas  seulement  par  la  lutte 
contre  l'alcoolisme  et  contre  la  diffusion  des 
maladies  nées  du  vice,  que  sera  poursuivi  ce 
but  nécessaire,  c'est  par  les  avantages  faits  au 
chef  de  la  famille:  les  exemptions  d'impôts,  les 
majorations  d'assistance,  les  réserves  de  bourses 
dans  les  écoles,  les  crédits  faits  au  travail.  En 
attendant  ces  mesures  indispensables  au  déve- 
loppement et  à  la  vie  même  du  pays,  réjouissons- 
nous  de  pouvoir  féliciter  aujourd'hui  un  chef 
de  famille  qui  voulut  dans  sa  modeste  situa- 
tion ,  enrichir  la  patrie,  de  ses  nombreux  en- 
fants. 

La   deuxième  catégorie   des  pensions  Irma 


—  25  — 

Moreau  est  réservée  aux  ouvrières  âgées  et  infir- 
mes. L'Académie  a  décidé  lattribution  de  celle 
disponible  à  Mademoiselle  Joséphine  Fournier, 
née  à  Aix,  en  1849.  Mise  en  apprentissage, 
dès  Tàge  de  14  ans,  Mademoiselle  Fournier  a, 
pendant  47  ans,  employé  tous  les  modestes  pro- 
fits de  son-  travail  au  soulagement  des  siens  : 
de  ses  grands  parents  d'abord  et  puis  de  son 
père  et  de  sa  mère  devenus  impotents,  qu'elle 
n'a  jamais  quittés.  A  ce  travail  assidu,  elle  a 
perdu  à  peu  près  complètement  la  vue,  et  n'a 
maintenant  personne  autour  d'elle,  pour  lui 
rendre  les  services  qu'elle  a  prodigués  aux  siens. 
Elle  a  voué  ses  dernières  forces  à  l'instruction 
morale  et  religieuse  des  enfants  pauvres.  C'est 
un  acte  de  justice  de  récompenser  son  dévoue- 
ment silencieux,  en  lui  accordant  la  pension  de 
200  fr. 


V 


Enfin,  Messieurs^  l'Académie  a  la  bonne  for- 
tune d'inaugurer,  en  cette  séance,  une  nouvelle 
fondation  :  Mademoiselle  Chambaud,  en  reli- 
gion sœur  Marie-Françoise,  des  sœurs  de  la 
Charité  de  Besançon,  a  voulu,  en  abandonnant 
la  vie  du  monde,  laisser  à  sa  ville  natale  le  sou- 


—  26  — 

venir  du  nom.  si  parfaitement  honorable,  qu'elle 
y  portait. 

Elle  a,  par  acte,  notaire  Berlie,  du  28  mars 
191 5,  donné  à  T Académie  un  titre  de  rente  de 
100  fr.  de  rente  sur  TEtat  Français,  dont  les 
arrérages  devront  servir  à  constituer  chaque 
année,  sous  la  dénomination  de  T^rix  Charnu 
baud,  un  secours  qui  sera  versé  à  un  orphelin 
pauvre  ou  à  un  vieillard  pauvre  de  la  commune 
d'Aix. 

La  première  annuité  est  attribuée  à  Madame 
veuve  Martin,  née  Lantelme,  qui  est  âgée  de  86 
ans.  N'est-ce  point  un  mérî\e  d'être  parvenue  à 
un  âge  aussi  avancé,  avec  la  conscience  d'avoir 
bien  rempli  sa  tâche  et  de  répandre  encore  au- 
tour de  soi  la  bonne  humeur,  qui  est  une  der- 
nière manière  de  bien  faire  ! 

Ici  s'arrête.  Messieurs  le  rapport  que  j'avais  à 
vous  présenter.  L'Académie  aurait  voulu  pou- 
voir proclamer  un  plus  grand  nombre  de  lau- 
réats, car  il  en  est  beaucoup  parmi  les  appelés, 
qui  eussent  été  dignes  des  faveurs  qu'elle  a  la 
mission  de  distribuer.  S'ils  n'en  ont  pas  tous 
recuelli  une  part,  ils  recevront  au  moins  Thom- 
magc  qui  est  dû  au  gens  de  bien,  et  ils  trouve- 


—  21  — 

ront  encore  une  satisfaction  suffisante  à  se  rap- 
peler^ suivant  le  mot  de  Jules  Simon,  «  'que  la 
vertu  peut  se  passer  de  récompense,  puisque 
Dieu  ne  peut  se  passer  de  récompenser  la 
vertu  )). 


-  29  — 

M,  GuÉRiN-LoNG  a  lu  la  pièce  de  vers  sui 
vante  : 


A  nos   Soldats  Tués  à  l'Ennemi 


Gloire  et  paix    à  ceux  qui  sont   morts   pour   la    Patrie    ! 
Que  les  Vierges  et  les  vieillards  disent  leurs  noms, 

Et   pour  qu'un  peuple  y  vienne  et  prie, 

Elevons  leur  des  Parthenons. 

Leur  cœur  fut  généreux  et  grande  fut  leur  âme  ; 
Car  ils  ont  tout  donné  .  leurs  plus  nobles  désirs, 
Leur  jeunesse,  l'amour,  pour  que  le  monde  acclame 
La  grandeur  de  la  France  aux  siècles  avenir. 

Ils  sont  tombés,  là-bas,  dans  le  \al  et  la  plaine, 
Et  la  France  a  perdu  son  printemps.  —  Effeuillons, 
En  un  geste  pieux,  la  rose  et  la  verveine, 
Sur  leurs  tombeaux  cachés  sous  l'herbe  des  sillons. 

Jeunes  héros  qu'aimaient  les  victoires  ailées, 

O  défenseurs  de  la  Justice  et  de  nos  droits  ! 

Dans  l'envol  des  drapeaux,  conquis  dans  les   mêlées^ 

Nous  irons  vous  chercher  sous  vos  petites  Croix. 

m 

Comme  le  pur  dessin  des  médailles  antiques, 
Dans  l'œuvre   de  la    France,   en   son  essor    nouveau, 
Dans  ce  que  nous  ferons  de  grand,  de  bien,  de  beau, 
L'empreinte  restera  de  vos  cœurs  héroïques. 


—  30  — 

\'os  cadets,  comme  vous,  seront  vaillants  et  forts. 
Ils  rêveront,  qu'un  jour,  pour  suivre  votre  exemple, 
Acclamés  par  la  foule,  ils  prendront  place  au  Temple 
Où  revivent  ceux  qui  pour  leur  pays  sont  morts. 

Mores  séchez  vos  pleurs.  Vos  fils  vivent  encore. 
Ils  garderont  toujours  leur  sereine  beauté  ! 
Pour  eux,  je  vois  poindre  l'aurore 
De  l'Immortalité  ! 

Gloire  et  paix  à^ceux  qui  sont  morts  pour  la  Patrie  ! 
Que  les  vierges  et  les  vieillards  disent  leurs  noms, 

Et  pour  qu'un  Peuple  y  vienne  et  prie. 

Elevons  leur  des  Parthénons. 


M.  GuÉRiN-LoNG  a  lu  une  deuxième  pièce  de 
vers  intitulée  :  Sur  un  album. 


—  31  -^ 


On  a  lu  t 


Les  Fanions  des  Mobiles  du  Siège 
de  Bordj-bou-Arreridj 

PAR 

M.     LE     MARQUIS     D'IL  LE 

Ancien  Lieutenant  des  Mobiles 

Ancien  Président  de  rAcadémie» 


—  33  — 


I 


PRIX  RAMBOT 

Fondé  en  1859,  suivant  testament  olographe 
du  25  août  1858 ^  pour  récompenser  les  axâtes 
de  dévouement  j  de  courage,  de  désintéressement, 
les  soins  donnés  à  la  vieillesse  et  à  Venfance 
pauvre  et  abandonnée. 

Le  prix  Rambot  de  545  francs,  indivisible, 
a  été  décerné  à  cinquante-huit  lauréats  de  1860 
à  1916  : 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dans  les  précédents 
Bulletins  ;  nous  donnons  ci-dessous  la  liste  des 
dix  derniers. 


X^lste  dles  Tjauréats 

Dymis  1907 

1907. 

Mlle  Ërmance  MÉ6Y,  d'Aix. 

1908. 

M.  Marias  Dagard,  d'Aix. 

1909. 

Mlle  Marie  Rivière,  d'Aix. 

1910. 

Mlle  Emilie  Sospel. 

1912. 

M.  Franc  François,  de  Berre. 

— 

Mme  AuDiBERT  Madeleine. 

1913. 

M.  Paulin  Fortou,  d'Aix. 

1914. 

Mme  Adèle  Mbnc. 

1915. 

Les  époux  TessendiÉi  d'Aix. 

1916. 

Section  aixoise  des  veuves  de  la  guerre. 

ai  — 


II 


PBix  beyn; 


%:>i: 


Ce  prix  de  1,000  francs  a  été  fondé  en  1865, 
par  testament  olographe  du  18  mars  1864 ,  pour 
récompenser  les  actes  les  plus  méritoires  de 
décoûment,  de  fidélité  et  de  secours  au  malheur  y 
les  soins  désintéressés  donnés  aux  infirmes  et 
aux  vieillards  ainsi  qu'à  V enfance  délaissée  et 
pauvre. 

Une  partie  de  la  somme  est  réservée  pour 
les  pères  et  mères  qui  élèvent  le  mieux  leurs 
enfants,  c'est-à-dire,  d'une  manière  chrétienne, 
honnête  et  laborieuse. 

Le  prix  Régnier  a  été  décerné  à  cent  trente- 
trois  Lauréats  de  1870  à  1916. 

Comme  pour  le  prix  Rambot  leur  liste  a  été 
insérée  dans  les  précédents  Bulletins  ;  voici 
celle  des  dix  dernières  années  : 


Depuis  1907 

1907.  Mlle  Julie  DÉCO  RY,  àAix. 

»  Mlle  Antoinette  Constant,  à  Aix. 

>  Mlle  Marie  Joseph,  dite  Marie  Olive,  à  Aix. 

1908.  Mlle  Léoncie  Arbaud,  à  Aix. 

»  Mlle  Eulalie  Antonietti,  d^Istres.  • 

^  Les  époux  Barthélémy-Gilles,  à  Aix. 


^  35  ^ 

1909 .  Mlle  Clémence  Thomas,  à  Âix. 

>  Mlle  Margnierite  Lèze,  à  Aix. 
»  Mme  veuve  Deluy,  k  Aix. 

1910.  M.  Joseph  Oranon^  de  RognSis. 

>  M.  Fernand  Abniâud,  de  Rognes. 

1911 .  Mlle  Henriette  Brun,  k  Aix. 

>  Mme  Anastay,  née  Ii^rrat,  à  Aix. 

1912.  Mlle  BiMET  Jeanne,  à  Aix. 

»  Mlle  Anastay  Nathalie,  k  Aix. 

»  Mlle  NiEL  Louise,  k  La  Calade,  près  d'Aix, 

»  Mlle  MoNDONE  Eulalie,  à  Aix. 

1913.  Mlle  BoucHET  Baptistine,  k  Aix. 

>  Les  époux  HiLARiON  Constant,  à  Riant. 

>  Mlle  CosTE  Marie-Thérèse,  k  Aix . 
4914.  Mme  Gras,  née  André,  à  Aix. 

>  Les  époux  Honorât,  k  Aix. 

>  Mlle  Petroncelli  Joséphine,  k  Aix. 

1915.  Mme  veuve  Chanut,  née  Lombard,  k  Aix. 
»  Mme  veuve  Bossy,  à  Aix. 

>  Mlle  Bicaïs  Victorine,  k  Aix. 

1916 .  Mme  veuve  Fournon,  à  Aix. 
1  Mlle  Délions  Louise,  k  Aix. 
»  Mlle  Laurin  Rose,  k  Aix. 


—  36  — 


III 


PENSIONS  IRMA  MOREAU 


Ces  pensions  ont  été  fondées  en  1899,  par 
testament  de  Mademoiselle  Irma  Moreau,  du 
7  janvier  de  la  même  année,  qui  institue  l'Aca- 
demie  sa  légataire  universelle.  Elles  consistent 
en  une  somme  annuelle  de  200  francs. 

Elles  sont  destinées  à  offrir  une  récompense 
et  procurer  un  secours  auœ  personnes  particu- 
lièrement recommandées  par  leur  vertu  notoi- 
re, qui  en  seront  les  plus  dignes  et  qui  devront 
être  choisies  dans  les  catégories  suivantes  : 

1**  Pères  de  famille  veufs  ou  non,  et  mères  de 
famille  veuves,  connus  comme  gens  malheureux 
et  nécessiteux,  exempts  d'ivrognerie  et  autres 
vices,  et  ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

2*  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie, 
ou  d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans 
U impossibilité  de  subvenir  à  leurs  besoins. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pen- 
sions en  1902. 


—  37  — 


de*  pensions  onFrlères 


Ir.  CATÉGO&ZXS  (FèrM  «t  Mèret  de  famUle) 


1903. 

> 

1905. 
1907. 
1908. 

> 
1911. 
1913. 


1915. 

> 

1916. 


M.  Fidèle  Bontoux,   à  Aix, 
Mme  venve  Charles  Desplas,  de 

Castres, 
M.  Victoria  Giniez,  à  Galice, 
M"*  veuve  Tempikb,  ûée  Tardieu, 
M-  Pauline  Dedieu,  née  Phallion, 

de  Saint-Remy, 
Les  époux  Abel,  de  Rians 
M.  Antoine  Michel,    à  Septèmes, 
M.    Célestin  -  Joseph    Philibert, 

époux  Bouze,  à  Aix, 
Mme    Françoise-Emilie    Tourne- 
fort,  veuve  Deharia, 
M.  Nacre,  à  Aix, 
M.  Granier  Marins,  à  Aix, 
M.  Chaix,  à  Aix, 


(5  enfants) 


(6 

(» 
(5 

(7 

(10 

(14 

(8 

(12 
(6 
(6 
(6 


» 
» 


) 


»     ) 

»     ) 


) 
) 
) 


—  38  -^ 


2me  CA.TÉQOBXE  (Ouvrières) 


1902.  Mme  veuve  Jaugerst,  à  Aix. 

1908.  Mlle  Madeleine  Chieusse,  à  Arles. 

1912.  Mme  veuve  Goyrand  Renée,  née  LaurenSi   au 
Puy-Sainte-Réparade. 

1915.  Mme  veuve  Pascaly,  &  Aix. 

>  Mlle  ROYÈRE  Henriette,  à  Aix. 

1916 .  Mlle  FoujRNiER  Joséphine,  à  Aix. 


—  39  — 


IV 


PRIX  HENRIETTE  RAYON 

Ce  prix  de  275  francs  a  été  fondé  par  Made- 
moiselle Henriette  Rayon,  par  testament  dit 
26  décembre  1906,  pour  récompenser  une 
jeune  fille  dont  le  bureau  de  l'Académie  aura 
distingué  les  mérites. 

Comme  pour  les  autres  prix  Ram  bot,  Reynier 
et  Irma  Mo r eau,  la  liste  de  ces  prix  sera  insérée 
dans  le  présent  Bulletin. 

U Académie  a  commencé  en  1909  à  décerner 
ce  prix. 


Depuis  1909 

1909.  Mlle  Herminie  Callier,  d'Aix. 

1910.  Mlle  Marie  Nou VERRONS,  d*Aix. 

1911.  Mlle  Léontine  Roman,  de  Malijay 

1912.  Mlle  Louise  Arnaud,  d'Aix. 

1913.  Mlle  Louise  Pellissier,  d'Aix. 

1914.  Mlle  Albine  Diogène,  d'Aix. 
1916.  Mlle  Marcelle  Coene,  d'Aix. 
1916.  Mlle  AnnaGtJiou,  d'Aix. 


—  40  — 


V 


PENSION  V^s  NÈGRE 

Cette  pension  a  été  instituée  par  Madame 
Virginie  Fabre,  veuve  Nègre,  décédée  à  Aix 
le  8  juillet  1908. 

Par  son  testament  du  16  juillet  1903, 
Madame  Nègre  a  fondé  ce  legs,  en  mémoire 
du  sieur  Fabre,  son  père,  qui  était  maçon.  Il 
consiste  en  une  pension  ouvrière  de  329  francs 
à  décerner  à  un  maçon,  marié  ou  non,  avec  ou 
sans  enfant,  ne  pouvant  plus  travailler,  d'une 
honnêteté  parfaite  et  bien  reconnue,  pour  en 
jouir  sa  vie  durant. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  cette 
pension  dans  la  Séance  Publique  de  1910. 


Depuis  1910 

1910.     Henri  Second,  d'Aix,  âgé  de  85  ans. 
1915.     M.  CuRET,  à  Aix. 


41  — 


VI 


PRIX    GHAMBAUD 

Ce  prix  a  été  institué  par  Madoiselle  Amélie 
Chambaud. 

Par  sa  donation  du  28  mars  i915,  Mademoi- 
selle Chambaud  a  remis  à  l'Académie  d'Aix 
un  titre  de  rente  de  cent  francs  à  charge  par 
elle  d'attribuer,  chaque  année,  un  secours  de 
cette  somme  ((  à  un  orphelin  pauvre  ou  à  un 
vieillard  pauvre  de  la  commune  d'Aix  ». 

U Académie  a  commencé  à  décerner  ce  prix 
en  1916. 


1916.     Mme  veuve  Martin,  née  Lantelme,  d*Aix. 


—  42  — 


VII 


PRIX  THIEBS 

Mademoiselle  Dosne,  en  soucenir  de  son 
illustre  beau-frère,  M.  Thiers,  a  fondé  le 
prit'  que  l* Académie  a  l'honneur  de  décerner. 

Ce  prix  consiste  en  une  somme  de  3.000 fr. 
à  décerner  tous  les  cinq  ans,  indicisible,  pour 
un  oucrage  sur  la  Provence  ou  écrit  par  un 
Provençal. 


1907.     M.  Camille  JuLLiAX,  membre  de  Tlnstitut,  & 
Paris. 

1912.     M.  Z.  IsxARD,  archiviste  en  chef  du  départe- 
ment des  Basses- AlpeSi  à  Digne. 


—  43 


VIII 
PRIX    MIGNET 

M.  le  Docteur  Ecariste  Michel,  désireux 
de  contribuer  à  la  glorification  de  la  ville  d'Aix 
en  suscitant  des  travaux  qui  auront  pour  objet 
l'étude  de  l'une  des  phases  de  son  passé  illustre, 
ou  l'histoire  de  la  vie  et  des  œuvres  de  l'un  des 
hommes  qui  l'ont  le  plus  honorée  dans  les 
sciences,  dans  les  lettres,  dans  les  arts;  égale- 
ment pour  rendre  hommage  à  la  mémoire  de 
sononcle,  M.  Mignet,  de  l'Académie  Française, 
secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences 
Morales  et  Politiques,  qui  appartenait  aussi  à 
l'Académie  d'Aix,  a  fondé  un  prix  qui  portera 
son  nom.  Le  Prix  Mignet,  de  la  valeur  de 
3.000  francs,  sera  donné  tous  les  cinq  ans, 
intégralement,  sans  être  jamais  puHagé,  ni 
diminué,  ni  ajourné  sous  aucun  prétexte. 

Pour  la  première  fois,  il  sera  accordé  en 
1913  et  ne  sera  jamais  décerné  lu  môme  année 
que  le  Prix  Thiers. 


1913.     M.  Michel  Clerc,  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres  de  TUniversité  d'Aix-Marseille. 


—  44  — 


BUREAU  DE  L'ACADÉMIE 

1915  -  1916 


Président M.  Bourguet. 

Vice-Président M.  Vallieb-Collombier. 

Secrétaire-Perpétuel, .  M.  le  baron  Guillibert. 

Secrétaire  annuel. ...  M.  Garcin. 

Archiviste M.  le  Marquis  cI'Ille. 

Bibliothécaire M.  Raimbault. 

Trésorier M.  de  Duranti-La-Calade.' 


TABLEAU 


DES 


MEMBRES  DE  l'aCADEMIE 

(Arrêté  en  juin  1916) 


MEMBRES  D'HONNEUR 
MM. 

Charles-Roux  Jules,  C.  ^>,  ancien  député.  Associé  régional 
12  janvier  1883.  Membre  d'honneur,  3  décembre  1907. 
RiLe  Pierre-Charron j  12,  à  Paris. 

Michel  Evariste  §j,  docteur  en  médecine.  Membre  hono- 
raire 21  février  1902.  Membre  d'honneur  14  janvier  1908, 
Villa  Mignei,  à  Aix,  et  83^  rue  Denfert-Rochereau,  à 
Paris. 

GiRAUD  Charles,  ^,  Premier  Président  honoraire  de  la  Cour 
d'Appel,  16  mars  1909. 

AiCARD  Jean  (|,  membre  de  l'Académie  Française,  15  mars 
1910,  à  La  Garde,  près  Toulon  fVar). 

RÉGNIER  (de)  Henri,  membre  de  TAcadémie  Française, 
correspondant,  5  mai  1908,  membre  d'honneur,  16  jan- 
vier 1912,  rue  de  Ma^débourg,  14,  à  Paris. 


\ 


—  46  — 


MEMBRES  TITULAIRES 


MM. 


Chekbieb  He  cluuioine)  Joseph,  doyen  da  Cha|»tre  Métro- 
politoÎD,  docteur  en  théologie,  25  avril  1872,  bonlarard 
Saint-Louiê,  Sï. 

GciLLiBERT  'baron)  Hippolyte,  '^-yO.ifiy  ancien  bâtonnier 
de  Tordre  des  avocats  à  la  Conr,  15  janvier  1878,  rue 
Mazarine^  14, 

Mabbot  He  chanoine)  Edmond,  ancien  vicaire  général, 
28  mars  1887,  rue  [XauvelU,  3. 

Gaxtelmi  dTLLE  (marqnis  de]  Charles,  (f^  ifi  O.  ■,  associé 
régional,  le  12  janvier  1883,  membre  titulaire,  le  17  juin 
1890,  coure  Mirabeau,  6, 

PoKTiEB  Henry,  I.  P.  y,  conservateur-directenr  du  Musée, 
5  avril  1892,  ru^  Cardinale,  13. 

BoNKECOBSE-LtBiÈRE  (comte  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour, 
associé  régional,  le  27  décembre  1897,  membre  titulaire, 
le  30  mai  1899,  rwe  Emeric-David,  30. 

BoNAFOUft  Raymond,  I.  P.  ||,  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres,  30  Janvier  1900,  rue  du  Bras-d'Or,  3. 

BouRGUET  Alfred,  avocat  à  la  Cour,  associé  régional,  le 
10  mars  1896,  membre  titulaire,  le  29  janvier  1901,  cours 
Mirabeau  f  17, 

Aude  Edouard,  I.  P.  ||,  conservateur  de  la  Bibliothèque 
Méjanes,  associé  régional,  le  20  mars  1900,  membre  titu- 
laire, le  16  juin  1903,  villa  Joyeuse,  chemin  de  la  Violette^ 


—  47  — 

Lacoste  Ernest,  I.  P.  Q,  ingénieur,   associé  régional,  le 

20  février  1900,  membre  titulaire,  le  20  décembre  1904, 
rzie  du  Quatre-Septembre,  30,, 

De  Dubanti  La  Calade  Jérôme,  Q,  [_licencié  ès-Lettres, 

21  mars  1905,  rue  Mîgnet,  11, 

Michel  Tranquille,  i,%,  ingénieur  en  chef  des  Ponts-et- 
Chaussées,  10  avril  1905,  rue  du  Quatre-Septembre^  24, 

Jauffret  Alfred,  avocat  k  la  Cour,  27  mars  1906,   rue  des    ' 
EpinauXy  13. 

Reynaud  Gustave,  directeur  des  Contributions  directes,  en 
retraite.  Associé  régional,  le  30  janvier  190G,  membre 
titulaire,  le  18  décembre  1906,  rue  Cardinale,  17, 

Vallier-Collombier  Alfred,  ^,  conseiller  honoraire  à  la 
Cour  d'Appel  d' Aix,  le  12  mai  1898,  rue  Espariat,  10, 

Mougins-Roquefort  (comte  de)  Charles,  Docteur  en  Droit. 
Associé  régional,  le  11  mars  1900,  membre  titulaire,  le 
26  janvier  1909,  cours  Mirabeau^  16. 

Baoarry  Paul,  avocat.  Associé  régional  le  12  janvier  1909, 
membre  titulaire^  le  1er  février  1910,  cours  Mirabeau^  4. 

Drujon  Jules,  )ïr,  avocat,  ancien  bâtonnier,  le  23  mai  1911, 
rus  de  laMonnakf  11. 

Ferrier  Raymond,  amateur  d'art.  Associé  régional,  le 
16  juin  1896,  membre  titulaire,  le  14  mai  1912,  rue  des 
Arts-et-MétierSy  2. 

Gautier  Louis,  I.  P.  Q,  artiste  peintre,  boulevard  de  V Hô- 
pital,  villa  Acantha. 

Cabassol  Joseph,  avocat,  Conseiller  général  des  Bouches- 
du-Rhône,  ancien  maii'e  d*Aix,  membre  d'honneur,  le 
23  janvier  1906,  membre  titulaire,  le  4  juin  1912,  place 
Jeanne-d'ArCy  8, 


—  48  — 

Lattl  Victor,  docteur  en  médecine,  le  18  janyier  1914,  rue 
du  Bœuf^  22. 

JouBDAK  Alfred,  avocat,  12  mai  1914,  eoun  Mirabeau,  40. 

BADfBACLT  Maurice,  archiviste,  5  janvier  1915,    Musée 
Artaud. 

Datin  (labbé)  Marias,  le  19  janvier  1915,  place  des  Pré- 
chfsVTê^  10. 

REVOLÂmédé,  avoué,  28  mars  1916,  rue  Chutan-de-Sa- 
porta,  23. 

GuÉBiN'LoNG,   président  du  tribunal,  11  avril  1916,  rue 
Roux-Alphéran,  25. 

Setmard  Paul,  ancien  mag^istrat,  30  mai  1916,  cours  Mira- 
heauj  22. 


—  49  — 


MEMBRES  HONORAIRES 


MM. 

PisoN  Alexandre,  ^  I.  P.  ^  )ïr,  doyen  honoraire  de  la 
Faculté  de  droit,  30  janvier  1894,  rwc  d'Italie,  14. 

Fassin  Emile,  conseiller  honoraire  à  la  Cour  d'Appel  d'Aix, 
titulaire,  24  avril  1894;  honoraire,  11  février  1913.  Arles, 

d' AuTHEMAN  Femaud,  ancien  magistrat,  1®'  décembre  1914, 
rue  Botix-Alphéran,  33. 

MouRAViT  Gustave,  titulaire,  8  février  1834  ;  honoraire, 

22  décembre  1915,  cours  Deviliers^  7  Marseille. 


\ 


—  50  — 


ASSOCIES  REGIONAUX 


MM. 

Rey  (de)  GoDzague,  château  du  Prieuré  d'Ardène,  près 
Saint-Miche!  (Basses-Alpes),  Sjanvier  1883. 

ISNARD,  I.  P.  lyf,  archiviste  des  Basses-Alpes,  secrétaire  de 
la  Société  Académique,  ancien  élève  de  T Ecole  des  Char- 
tes, à  Digne,  12  janvier  1883. 

MiREUR,  ^$-j  archiviste  du  département  du  Var,  membredu 
comité  des  travaux  historiques,  à  Draguignan,  19  jan- 
vier 1{583. 

Bonhomme  (l'abbé),  chanoine  à  Riez  (Basses- Alpes),  9  fé- 
vrier 1883. 

Bernard  Charles,  Ç:,  président  de  Chambre  honoraire  à  la 
Cour  de  Dijon,  ancien  avocat  à  la  Cour  d*Aix,  16  février 
1883. 

Magallon  d'Argens  (marquis  de)  Xavier,  ancien  conseiller 
général  des  Hautes-Alpes,  villa  Magdala,  à  Sainte-Marthe, 
Marseille,  16  mars  1889. 

Gamber  (le  chanoine)  Stanislas,  %^,  secrétaire  de  TAcadé- 
mie  de  Marseille,  7  avril  1891. 

CoLLOT  Louis,  Qy  professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Dijon,  26  janvier  1892. 

CoLLONGUE  (d'AvoN  barou  de),  ^1^^  >^  0.  E,  ministre  pléni- 
potentiaire, en  retraite,  au  château  de  Collongue,  par 
Cadenet  (Vaucluse),  6  juin  1893. 

Chaillax  (l'abbé),  correspondant  du  Ministère  de  l'Instruc- 
tion Publique,  curé  de  Sept(iracs  (Bouches-du-Rhône), 
12  janvier  1894. 


—  51  — 

Teil  (baron  du)  Joseph,  m^j  Quai  de  Billy,  2,  Paris,  4  mai 
1897. 

Maurel  Tabbéj  Marie-Joseph,  place  de  THôtel-de-Ville,  5, 
à  Manosques  (Basses- Alpes),  18  mai  1897. 

Maxteter  (de)  Georges,  château  de  Manteyer  (Hantes- Al- 
pes), 13  décembre  1898. 

MuLSANT  Sébastien  ){r,  avocat,  ancien  bâtonnier,  rneBalay, 
2,  Saint-Etienne,  19  mars  1901. 

Bernard  d*Attanoux  (comte)  Henri,  lï^,  avocat,  ancien 
magistrat,  rae  Palermo,  2,  Nice,  14  mai  1901. 

Gérik-Ricard  (comte  de),  président  de  la  Société  d'archéo- 
logie, rue  Grignan,  60,  Marseille,  4  mars  1902. 

MoNCLAR  (de  Ripert  marquis  de)  François,  C.  ^>,  ministre 
plénipotentiaire,  en  retraite,  au  château  d'Allemagne, 
près  Riez,  18  mars  1902. 

ViLLENEUVE-EscLAPON (marquis  de) Christian, 0.  iJS  ancien 
député,  rue  de  Prony,  75,  Paris,  et  â  Valensole  (Basses- 
Alpes),  7  juin  1904. 

Closmadeuc  (Urvoy  de)  Jules,  rue  Roux  Alphéran,  25,  à 
Aix,  19  décembre  1705. 

LiEUTAUD  Auguste,  président  de  la  Société  des  Amis  du 
Vieil  Arles,  k  Arles,  30  janvier  1906. 

Cotte  Charles,  licencié  en  droit,  notaire  à  Pertuis  (Vau- 
cluse),  24  avril  1906 . 

Gaffarel  Paul,  professeur  à  la  FacuUé  des  Lettres  d'Aix^ 
rue  Paradis,  295,  Marseille,  19  mars  1907. 

Tavernier  Edouard,  avocat,  docteur  en  droit,  rue  Fran- 
çois P',  162,  Paris,  19  mars  1908. 

Lefèvre  Edmond,  directeur  de  la  Revue  de  Provence,  rue 
Tapis-Vert,  40,  Marseille,  22  décembre  1908. 

Brémond  (l'abbé)  Henri,  34,  place  des  Prêcheurs,  à  Aix, 
16  mars  1909. 


—  52  — 

BontGET  Henri,  direetenr  de  robeenraloire  de  Marseille, 

9  juin  1909. 
BiCABD  Hartialy  ancien  député,  maire  de  Forcalquier  (Bas- 
ses-Alpesj,  11  jauTier  1910. 
BiLBEBT  José  '7^  y  artiste-pelutre,  à  Marseille,  1*  février  1910. 
Pascal  (le  chanoine)  .Adrien,  ^,  curé-doyen  de  PeyroUes 

(B.-du-R.),  16  janvier  1912. 
De  Mazan  Tde  Fabre,  marquis)  Joseph,  docteur  ès-sciences, 

rue  Roux-Alphéran,  35,  à  Aix,  11  juin  1912. 
Dumas,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  31,  rue  des  Cor- 

deliers,  à  Aix,  11  juin  1912. 
Faudrik  Marins,  professeur  d'agriculture,  rue  du  Trésor,  2, 

à  Aix,  11  juin  1912. 
BouAT,  boulevard  du  Roi-René,  58,  à  Aix,  29  avril  1913. 
Belix  Henri,  cours  Gambetta,  40,  à  Aix,  20  mai  1913. 
BusQUET  Raoul,  archiviste  en  chef  des  Bouches-du-Rhône, 

k  Marseille,  6  janvier  1914. 
RiGAUD  Casimir,   avocat,  rue  Roux-Alphéran,  33,   à  Aix, 

12  mai  1914. 
Casedepatx,  professeur  au  Lycée  Mîgnet,  9,  rue  Victor- 

Leydet,  k  Aix,  12  mai  1914. 
Julien  Fortuné,   ancien  professeur  à  l'Ecole  des  Arts-et- 

Métiers,  traverse  Bressier,  16,  à  Aix,  12  mai  1914. 
Eymard  Léon,  avocat,  rue  du  4-Septembre,9,  à  Aix,  19  mai 

1914. 

Toussaint  Gabriel,   ancien  magistrat,  boulevard  Notre- 
Dame,  57,  À  Aix,  2  février  1915. 
Aloond  Henri,  critique  d'art,  à  Lyon,  13  avril  1915. 
Coq  Victor,  ingénieur^  rue  Mazarine,  4,  28  mars  1916. 
Teyssier  de  Savy  Albert,  rue  de  l'Opéra,  24,  2  mai  1916. 


—  53  — 


ASSOCIES  CORRESPONDANTS 

MM. 

Lavollée  Paul-René,  docteur  ès-lettres,  ancien  consul  géné- 
ral, boulevard  Haussmann,  162,  k  Paris,  25  avril  1870. 

Millien  Achille,  lauréat  de  l'Académie  Française,  à  Beau- 
mont-la-Ferrière  (Nièvre),  16  décembre  1882. 

Faisan  Albert,  à  Saint-Cyr-en-Mont-d'Or,  près  Lyon,  14 
mars  1886. 

Bellet  (rabbé),  à  Tain  (Drôme),  12  décembre  1882. 

Jullien  Ernest,  Président  honoraire  du  Tribunal  Civil,  à 
Reims  (Marne),  2  mai  1884. 

Cortèz  Femand,  correspondant  du  Ministère  pour  les  tra- 
vaux historiques,  à  Saint-Maximin  (Var)  ;  Associé  régio- 
nal, 25  mai  1886  ;   correspondant,  16  janvier  1912. 

Lanéry  d'Arc  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la 
République,  à  Villeneuve-sur-Lot  (Lot-et-Garonne).  Asso- 
cié régional,  12  décembre  1887,  titulaire,  8  mars  1892, 
correspondant  le  7  juin  1904. 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  à  T Arsenal,  avenue  Henri-Mar- 
tin, 44,  Paris,  11  juin  1888. 

Proal  Louis^  conseiller  à  la  Cour  de  Paris,  6,  rue  Charles- 
Divry,  IVv  Titulaire  le  22  décembre  1891,  correspondant 
le  15  décembre  1896. 

Tourtoulon  (baron  de)  marquis  de  Barre,  Pierre,  docteur  en 
droit,  Château  de  la  Fuste,  par  Valensole  (Basses- Alpes). 
12  lanvier  1897. 

Petit  Alexandre,  docteur  en  médecine,  àRoyat,  et  rue  Laf- 
litte,  3,  à  Paris,  4  mai  1897. 

Ilulot  (baron),  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géogra- 
phie, 41,  avenue  Labourdonnais,  A  Paris,  11  mai  1897. 


54 


Mon«$  Heniif  archîTîcte  des  Alpes-Xarîtimes,  VQIa  M<Mi8, 
boalevard  Daboncbage,  àXiee,  19  mars  1901. 

TaMet  Jae^iaes,  à  Molosme-Tonneire  Tonne),  9  juin  1903. 

Poitevin  de  MaareillAn  (de;  O.  ij^,  colonel  en  retraite, 
conseiratear  du  Mosée  d'Hyères  'Van,  15  mai  1906. 

Jallian  Camille,  membre  de  Tlnstitat,  professeor  au  Col- 
lège de  France,  30,  rae  da  Laxemboarg,  a  Paris,  28  mai 

VM)7, 

Lacourt'Oayet  Georges,  membre  de  rinstitnt,  me  Jacob, 
46,  Paris,  10  décembre  1907. 

NoUia^:  (de;  Pierre,  conservatenr  da  Palais  de  Versailles,  & 
Versailles  ^'Seine-et-Oisej,  2  juin  1908. 

Labande,  conservateur  des  Archives  de  la  Principauté  de 
Monaco,  19  janvier  190ÎK 

Dlcnne  Tcomte  de)  Edouard,  Château  de  Rervilly,  par  La 
Palisse  rAllIcr),  19  janvier  1909. 

Barttiélomy  Jules,  rédacteur  au  secrétariat  de  l'Institut,  au 
Palnis  do  Tlnstitut,  Paris,  16  février  1909. 

Marlot  Ilippolyte,  géologue  prospecteur  à  Martiny,  par 
Marroagno  (Saône-ct-Ix)ire),  9  mars  1909. 

Miiurin  (îcorges,  avocat,  à  Nîmes  (Gard),  11  janvier  1910. 

Mattor  (l'abbéj  Joseph,  curé  de Gebenhauser,  par  Putlange- 
IcH-Forbach  (Lorraine),  10  mai  1910. 

Sapy  (le  Pôro  Thomas),  rue  Barthélémy,  37,  à  Marseille, 
VA  décembre  1910. 

Hoy   Charlos,   rue  Sainte-Catherine,  12,   h  Saint-Etienne 
(Loire),  21  février  1911. 

duiporon  ^^abbé^  curé  de  La  Martre  (Var),  21  février  1911. 

Do  Hrun  Plorro,  roocveur  des  Domaines,  j\  Saint-Remy  (B.- 
du-K,\  KJmai  1011, 


—  55  — 

Reynald  Georges,  avocat,  conseiller  général,  sénateur  de 
TAriège,  maire  de  Foix,  12  décembre  1911. 

De  Vogue  (le  Comte)  Raimond,  rue  François-Ponsard,  12,  à 
Paris,  16  janvier  1912. 

Hallays  André,  publiciste,  à  Paris,  6  février  1912. 

Bernard  Valère,  artiste  peinte,  capoulié  du  Félibrige,  quai 
de  Rive-Neuve,  15,  k  Marseille,  11  juin  1912. 

Audinet  Eugène,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Poi- 
tiers, titulaire,  17  décembre  1908,  correspondant^  1er  dé- 
cembre 1914. 

Lieutaud  Victor,  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  de  Mar- 
seille, notaire  à  Volone  (Basses-Alpes),  associé  régional, 
30  mai  1911,  correspondant,  11  mai  1915. 

• 

Lorédan  Jean,  rue  Claude-Bernard,  77,  Paris,  associé  régio- 
nal, 30  mai  1911,  correspondant,  25  janvier  1916. 

Lafaye  Georges,  professeur  adjoint  à  la  Sorbonne,  11  avril 
1916,  Paris. 

Ladureau,  ancien  directeur  des  laboratoires  de  l'Etat,  16  mal 
1916,  Paris. 


^» 


A  L"ÉTRAXGER 

MM. 

('.MrriHzz^AmArît  ancien  professeur  à  rUnîTerBtédeCataae, 
M/^iHU'.ur  fin  royaame  d'Italie,  6  arnl  l»^- 

Typaldr^HaMÎa,  dépoté,  ancien  Président  du  Parlonent 
h^lW^ne,  à  Atfa^mefi,  23  janvier  l^ffM. 

Porta]  ^le  r;/miniandear  Emmannel  k  membre  de  la  Royale 
O^inmij^ftîon  h/;raldiqae  d'Italie,  Passegiato  de  Ripetto, 
10,  &  Kome,  12  férrier  18îi5. 

Va  Cunha  Xavier,  conserratenr  de  la  Bibliothèqne  Natio- 
riiile,  me  B.-Bartholomeo,  12,  à  Lisbonne  (Portugal), 
11  d^'A'Atmhre  1900. 

Hatta  Hal  vautre,  membre  de  la  Société  Philologique  à  Rome, 

2if  mai  V.m, 

(UivhtuiHi'Xxl  J.,  profesHeur  à  l'Université  de  Jassy  (Rouma- 
nUi),  îijuin  1ÎK)3. 

l'adula  Hc  cominundcur;  Antoine,  secrétaire  général  de  la 
Hociéti'î  liiiIgi-Camoêns,  Via  dei  P'iorentinî,  67,  à  Naples, 
17  Janvier  1905. 

VVallonHkold  Axel,  professeur  de  philologie  romane  k  TUni- 
voi-Hlté  d'IiolHlnfors  (Finlande),  26  avril  1909. 

Hantoro  Domonleo,  président  de  Tlnstitut  technique  de  Fog- 
gia  (Itfilicv,  lor  février  1910. 

l'orra  (Uncomo  Dottore,  ProfesBorc,  via  Dionadi,  12,  à 
Turin  ( Italie),  3  fi'vrior  1914. 


—  57  — 

De  Faria  (le  vicomte)  Antonio,  consul  de  Poitugal,  Grand 
Hôtel  Richemont,  à  Lausanne  (Soisse),  3  février  1914. 

Garganta  (le  cl\evalier)  Joseph,  Président  de  la  Croix- 
Rouge,  à  Olot  (Espagne),  3  février  1914. 


Le  présent  Tableau  a  été  arrêté  le  15  juin  1916,  confor- 
mément à  l'article  10  du  Règlement  intérieur. 


Le  Président, 


Alfred  BOURGUET. 


Le  Secrétaire, 


Baron  GUILLIBERT. 


^ 


SÉANCE    publique; 

DE 

L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,     AGRICULTURE,     ARTS 

ET  BELLES-LETTRES 

D'AIX 


AU     SIEGE     DE     I.'ACADEMIE 
2  A,  Eue  dû  Quatre-Septembre,  2  * 


ACADÉMIK  D'AIX 


97""^  Séance    Publique 


-ef«> 


14  Juin  1917 


«  A     I      » 


ACADEMIE 


DES 

SCIENCES,  AGRICULTURE,  ARTS  ET  BELLES-LETTRES 

D'AIX 


-•e^»- 


97me  SÉANCE  PUBLIQUE 


Le  Jeudi  14  Juin  1917,  la  quatre-vingt- 
dix-septième  séance  publique  de  l'Académie  a 
été  tenue  à  quatre  heur  es,  dans  la  Salle  des  Fêtes 
du  Musée  Arbaud  (Hôtel  de  V Académie), 

Dans  l'assistance  nombreuse  et  choisie  qui  rem- 
plissait la  salle  avaient  pris  place  MM.  Charignon, 
Premier  Président  de  la  Cour  d'Appel  ;  Long, 
Procureur  Général  ;  Lieutenant-Colonel  Lasserre, 
commandant  d'armes  ;  Commandant  Magagnosc, 
du  centre  d'instruction  des  Tirailleurs  algériens  ; 
M.  le  chanoine  van  Gaver,  vicaire  général,  repré- 
sentant Mgr  l'Archevêque  indisposé  ;  les  lauréats 
des  prix  de  l'année  ainsi  que  leurs  familles. 


—  6  — 

M.  BouRGUET,  président  en  exercice,  ouvre  la 
séance  et  prononce  Tailocution  suivante  : 

Mesdames, 
Messieurs. 

Dans  le  compte  rendu  d'une  prise  d'armes  aux 
Invalides  je  lisais,  il  y  a  peu  de  temps,  que  le 
lieutenant-colonel  le  Gail,  commandant  le  ((  glo- 
rieux 112°^®  d'infanterie  )>,  avait  remis  un  certain 
nombre  de  décorations:  L'épithète  et  le  numéro 
du  régiment  ontattiré  mon  attention.  Le  il 2"^*  est, 
en  effet,  un  des  corps  de  notre  région  provençale 
qui,  pendant  de  longues  années,  a  tenu  garnison 
à  Aix.  De  plus,  vous  en  dire  quelques  mots  me 
permettra  de  rendre  un  hommage  à  l'héroïque 
Belgique.  N'est-ce  pas  suffisant  pour  expliquer 
l'intérêt  qui  s'attache  à  ce  simple  entrefilet  de 

journal? 

* 
*  * 

Dans  le  courant  de  l'année  1803,  on  pouvait 
voir  à  Bruxelles,  dans  la  caserne  Elisabeth,  un 
nombre  considérable  de  recrues  qui,  pressées  par 
les  besoins  du  temps,  apprenaient  rapidement 
les  premiers  et  les  plus  indispensables  éléments 
du  service  militaire. 

Cest  qu'un  arrêté  du  premier  consul  Bona- 
parte, en  date  du  6  avril,  avait  décidé  la  création 


'     _  7  — 

d'une  nouvelle  112'°®  demi-brigade  qui  serait  for- 
mée en  Belgique.  Cette  contrée  se  trouvait  alors 
province  française  et,  par  suite,  était  soumise  aux 
lois  militaires  de  notre  pays. 

Sous  la  haute  direction  deCaulaincourt  et  sous 
le  commandement  d'un  colonel  et  d'officiers  bel- 
ges, ce  corps  s'entraînait  aux  rudes  tâches  qu'il 
devait  avoir  à  remplir  dans  la  lutte  de  la  France 
contre  une  partie  de  TEurope. 

Le  24  septembre  1803,  il  prend  le  nom  de  112°"® 
Régiment  d'Infanterie  de  bataille. 

Lorsque  le  général  Bonaparte  est  devenu  Napo- 
léon P^  le  colonel  L'Olivier  se  rend  à  Paris  pour 
assister  aux  fêtes  du  couronnement  et  pour  rece- 
voir, en  juillet  1805,  le  nouveau  drapeau  qui  lui 
est  confié. 

Il  prête,  au  nom  de  la'  légion  belge,  serment 
de  fidélité  à  l'Empereur  et,  ce  serment,  ses  hom- 
mes et  ses  officiers  devaient  le  tenir  jusqu'au 
bout  avec  le  respect  que  les  Belges  conservent  à 
la  parole  donnée. 


*  # 


Transporté  en  France,  le  112°"^  demeure  quel- 
que temps  à  Cherbourg  o\\  il  est  tenu  en  mains 
par  des  travaux  militaires  jusqu'au  jour  où  il  est 
affecté  à  l'armée  d'Italie,  placée  sous  le  comman- 
dement du  prince  Eugène. 

PJn  septembre  1807,  le  colonel  belge  L'Olivier 
est  remplacé  par  un  basque,  Raymond  Penne, 


-  8  — 

né  à  Coarraze  dans  les  Basses-Pyrénées  et  c'est 
ainsi  que,  sous  les  ordres  d'un  ciief  français,  la 
légion  belge  reçoit  à  Volano,  le  24  avril  1809,  le 
baptême  du  feu. 

Dans  la  campagne  de  1809,  le  112"^"  devait" 
conquérir  ses  titres  de  gloire. 

Le  14  juin,  double  anniversaire  de  Marengo 
et  de  Friedland,  il  accomplit  des  miracles  de 
vaillance.  j<  Au  moment  suprême,  raconte  un 
des  combattants,  lorsque  la  première  ligne  de 
Tarmée  française  avait  dii  se  replier  sous  le  feu 
destructeur  des  Hongrois,  le  colonel  Ravmond 
Penne  ordonne  à  son  régiment,  placé  en  seconde 
ligne,  de  prendre  le  front  de  raHaque.  Le  drapeau 
flotte  au  vent  :  le  corps  do  musique  exécute  un 
de  ces  airs  populaires  ((ui,  durant  les  premières 
guerres  de  la  Rôpubli(|U(.\  électrisaient  les  sol- 
dats :  le  1 12'"'  sVlance  nu  pas  de  course,  franchit 
un  large  fossé  c»t.  nialgn»  la  mitraille  qui  ('»claircit 
ses  ratiLis  ot  joiu^he  1<>  sol  do  si»s  (!î«davros,  ciiarge 
à  la  l)aioiiiioll(*  les  eniioniis  cpii  s  êhranlenl  et 
fuient  en  dt»sordre  »•. 

"  rV,s7  anr  hellf  ((pttin\  (rr.<  hrllo  n  dit  Napo- 
léon. Ca'  simple  mot,  prononcé  ])ar  un  tel  homme, 
sullit  i\  prouver  ri\  que  le  colonel  IVnno  avait  su 
faire  do  son  n'\iiiînent  qui  cojlnhorait  de  la  sorte 
à  la  victoire  de»,  lianh. 

Lo  <)  juillet,  moins  d'un  mois  après  cette 
brillante  action,  i''est  à  W'j  -ram  <[ue  la  lêizion 


—  9  — 

belge  maniiesle  sa  valeur  sous  les  ordres  du  chef 
qui  unissait  la  vaillance  à  la  plus  p:rande  bonté 
et  qui,  adoré  de  ses  hommes,  obtenait  d'eux  tout 
ce  qu'il  leur  demandait. 

Promu  général  à  la  suite  des  exploits  de  ses 
troiipes.  Haymond  Penne  «^st  remplacé  par  le 
colonel  Hcnuzau.  I.e  nom  de  ce  Toulousain  vaut 
bien  d'être  retenu  car,  sous  son  commandement, 
le  112"  a  tenu  garnison...  à  Berlin. 

Au  17  janvier  1H13,  le  régiment  fait  son  entrée 
dans  la  capitale  prussienne.  Il  y  séjourne  environ 
deux  mois,  assez  longtemps  pour  qu'on  puisse  en 
garder  le  souvenir,  et  ce  souvenir  chante  on  nos 
cœurs  comme  une  cspiirance.  Il  en  repart  au 
mois  de  mars  pour  Wittcmherg  et  Magdebourg, 
d'où  il  va  reprendre  la  vie  des  combats. 

Vers  la  (in  d'avril  lsi3,  l'empereur  de  Russie 
et  le  roi  de  Prusse,  arrivés  à  Dresde  avec  toutes 
leurs  forces,  résolurent  de  livrer  balailie  aux 
troupes  (rant.'aises  dans  li.'s  plaines  de  l.iilzen.  Ce 
lut  une  rude  mais  glorieuse  journée  où  le  112'"' 
conquit  pour  non  drapeau  un  lroi,>ïii'me  nom  de 
victoire. 

Na|)oit'on  ne  voulut  pas  laisst-r  aux  vaincus  le 
temps  de  rospirer.  Ils  ;iv!iient  rcpassi'  IKIbc.  se 
reliront  sur  Dresde.  I.'iMiipereur  hîs  y  suivil  et 
rarniée  de  Macdmiald.  qui  comptai!  dans  ses 
raiit^s  la  légion  lit>l-<'.  Ifs  ntlciguit  ii  hmlzen. 


—  10  ~ 

Commandé  par  un  jeune  colonel,  célèbre  dans 
rhistoire,  et  qui,  à  25  ans,  avait  été  chef  d'esca- 
dron et  décoré  de  la  Légion  d'honneur,  le  112"% 
sous  les  ordres  de  Labédovère,  est  cruellement 
éprouvé  dans  la  journée  du  21  mai  1813  qui  achève 
pourtant  de  consacrer  sa  valeur  militaire. 


«  « 


En  dépit  de  toutes  ses  victoires  Napoléon  est 
obligé  de  reculer  et,  s'il  sauve  l'honneur  dans  la 
campagne  de  France  de  1814,  il  ne  lui  en  faut  pas 
moins,  sous  la  pression  des  haines  qu'il  a  soule- 
vées, consentir  à  l'abdication  et  à  la  paix.  C'est 
le  Calvaire  après  l'épopée. 

Le  12  mai  1814,  une  ordonnance  royale  dissout 
le  112°'^  Ses  divers  bataillons  sont  versées  dans 
de  nouveaux  régiments  et  c'est  ainsi  que  finit 
cette  légion  belge  qui  mit  au  service  delà  France, 
momentanément  sa  patrie,  le  dévouement  le  plus 
absolu  et  la  fidélité  la  plus  touchante. 

L'endurance  dans  les  marches  et  l'énergie  pen- 
dant l'action,  la  discipline  et  le  courage,  le  sang 
répandu  dans  tant  de  batailles  lui  ont  valu  ses 
lettres  de  noblesse  qui  sont  devenues  notre  patri- 

moine. 

* 

Un  siècle  s'est  écoulé.  Quand  l'heure  du  devoir 
a  sonné  pour  nous,  nos  soldats  en  campagne  ont 
pu  voir  sur  le  drapeau  qu'ils  avaient  à  défendre 


—  11  — 

les  noms  à  jamais  célèbres  de  Raab,  Wagram, 
Lûtzen  et  Baulzen. 

Sous  cet  heureux  présage  de  victoire,  le  112"^^ 
français  a  marché  au  feu  et  il  a  su  prouver  par 
sa  conduite  que  France  et  Belgique  avaient  la 
même  conception  de  la  vaillance  et  de  l'honneur. 

Plusieurs  fois  décimé  dans  la  bataille,  avec  des 
cadres  et  des  hommes  nouveaux  comme  avec  les 
anciens  qui  lui  avaient  tracé  la  voie,  ce  régiment, 
parti  de  notre  petite  patrie,  a  prouvé  qu'il  savait 
maintenir  ses  vieilles  traditions  militaires. 

En  méFitant  la  croix  de  guerre  avec  palme  que 
son  drapeau  vainqueur  a  le  droit  de  porter  depuis 
Vacherauville  par  lui  reconquis,  le  112°*®  d'infan- 
terie s'est  montré  le  digne  héritier  de  la  légion 
belge.  Il  s'est  ainsi  paré  d'une  gloire  nouvelle  qui 
lui  appartiendra  bien  en  propre  et  qui  le  rendra 
toujours  plus  cher  à  nos  cœurs  de  Provençaux 
et  de  Français. 


-  12  — 

M.  le  Président  Guérin-Long  lit  une  poésie  : 

LE  CLOCHER 


RAPPORT 

DU 

Concours  Tliiers  1917 

PAR 

M.  J.  OABASSOL 

Frésideot  de  Chambra  à  la  Coar 


Messieurs, 

Le  jour  où  M.  Thiers  prêta  le  serment  d'avocat, 
il  n'avait  pas  l'inlention  de  gravir  encore,  le  len- 
demain, les  inarches  du  Palais  de  justice,  et  de 
vouer  sa  vie  à  la  très  noble  profession  que  les 
diplômes  obtenus  et  son  talent  uaissanl  lui  per- 
mettaient d'embrasser.  Celui  qui,  douze  ans  plus 
tard,  devait  à  la  Tribune  }''ran(;aise  opposer  la 
chaleur  de  son  éloquence  à  la  dialectique  puis- 
sante et  froide  de  Guizot.  pensait  en  1820,  qu'il 
était  destiné  à  l'élude  de  l'histoire  et  de  la  philo- 
sophie, et  il  voulut  s'y  consacrer  sans  retard. 

Vw  haut  magistrat,  dont  l'espril  libéral  avait 
été  séduit  par  la  hardiesse  de  caraoléro  et  l'iina- 
ginalion  vive  de  M.  Thiers,  le  protégeait  et  l'en- 
courageait dqns  cette  voie  : 

M.  le  Président  d'Arlatan  de  Lauris,  qui  était 
membre  de  l'Académie  d'Aix,  conseilla  à  son 


—  14  — 

jeune  ami,  de  concourir  pour  le  prix  qu'offrait, 
cette  même  année,  la  docte  assemblée,  en  propo- 
sant réloge  de  Vauvenargues  «  le  maître  de  tous 
les  philosophes  » ,  suivant  l'expression  de  Voltaire. 

On  sait  qu'après  un  incident  que  les  biographes 
de  M.  Thiers  semblent  avoir  un  peu  grossi,  celui- 
ci  obtint  le  prix  pendant  que  Mignet,  son  doux  et 
élégant  ami,  son  compagnon  d'études,  qui  devait 
se  contenter  de  grandir  dans  la  solitude  et  le 
travail,  remportait  à  Nîmes,  le  prix  du  concours, 
avec  son  savant  éloge  de  Charles  VII. 

Ce  sont  les  fragments  de  son  étude  sur  Vauve- 
nargues qui  formèrent  dans  «  le  Constitutionnel  », 
la  feuille  la  plus  puissante  d'alors,  les  premières 
publications  de  M.  Thiers.  On  peut  donc  dire  que 
c'est  à  l'Académie  d'Aix  que  naquit  à  la  vie  litté- 
raire, ce  grand  esprit,  ce  magnifique  historien, 
qui  devait  être  encore  le  grand  homme  d'État 
auquel  on  a  donné  le  titre  immortelde  «  Libérateur 
du  territoire.  )> 

Mlle  Dosne,  en  instituant  le  prix  Thiers  au 
profit  de  notre  compagnie,  n'a-t-ellc  pas  été  ins- 
pirée par  ces  souvenirs  ? 

Du  moins,  en  les  rappelant  aujourd'hui,  il  nous 
sera  précieux  de  récompenser  une  œuvre  que  M. 
Thiers  eût  lui-même  applaudie,  car  elle  est  à  la 
fois  écrite  dans  le  style  simple  et*  clair  que  M. 
Thiers  affectionnait,  et  riche  de  documents  puisés 
aux  sources  les  plus  sûres,  comme  s'en  faisait 


—  15  — 

une  juste  gloire  l'auteur  de  r/7is^oï>e  du  Consulat 
et  de  V Empire 

Mais  avant  d'analyser  Tœuvre  couronnée,  j'ai 
le  devoir  de  dire  que  les  candidats  au  prix  Thiers 
furent  nombreux  et  que  les  travaux  présentés, 

tous  estimables,  font  le  plus  grand  honneur  au 
concours. 

Lapolitiqae  des  r^ois  de  France  en  Provence, 
de  M.  Tabho  Arnaud  d'Agnel,  correspondant  du 
Ministère  de  Tlnstruction  publique,  présente  un 
intérêt  de  tout  premier  ordre,  puisqu'il  a  pour 
objet  Tun  des  faits  les  plus  considérables  de  This- 
toire  de  notre  pays  :  la  réunion  de  la  Provence 
à  la  France. 

Louis  XI,  le  diplomate  actif,  rusé  et  redouté, 
s'était  donné  à  tâche  de  fonder  Tunité  territoriale 
de  la  France.  Après  avoir  lutté  pendant  vingt  ans 
contre  la  féodalité  et  avoir  réuni  au  domaine 
royal  le  duché  de  Bourgogne,  la  Picardie,  et 
TArtois,  il  travaille  habilement  contre  son  oncle, 
le  bon  roi  René,  à  y  réunir  encore  tous  les  biens 
de  la  maison  d'Anjou.  Les  faits  que  cette  lutte 
provoquèrent,  les  personnages  de  Provence  qui 
y  prirentune  part  prépondérante,  revivent,  palpi- 
tants, sous  la  plume  savante  de  M.  l'abbé  Arnaud 
d^Agnel.  La  sincérité  du  récit  est  attestée  par  de 
très  nombreux  documents,  pourla  plupart  inédits, 
que  l'auteur  a  puisés,  dans  les  archives  départe- 
mentales et  celles  du  Palais  de  Justice  d'Aix.  M. 


—  16  — 

Tabbé  Arnaud  d'Agnel  s'inspire,  dans  ses  écrits, 
du  précepte  de  la  Bruyère  «  Tout  Tesprit  d'un 
auteur  consiste  à  bien  définir  et  à  bien  peindre.  )> 
M.  Crémieux,  proviseur  du  lycée  deRochefort, 
a  mis  à  profit  son  séjour  au  lycée  de  Marseille 
pour  composer  une  très  abondante  et  attachante 
thèse  sur  Marseille  et  la  royauté  pendant  la 
minorité  de  Louis  XIV.  C'est  l'histoire  des 
querelles  que  suscita  au  peuple  de  Provence, 
toujours  si  jaloux  de  ses  droits,  notamment  aux 
Marseillais,  l'exercice  d'un  pouvoir  trop  large- 
ment abandonné  à  Mazarin  par  la  régente  Anne 
d'Autriche.  L'ouvrage  est  extrêmement  riche  de. 
détails  et  figurera  avec  honneur  dans  la  bibliothè- 
que de  tous  les  érudits  provençaux. 

U Étang  de  Berre,  est  le  titre  d'un  recueil  de 
souvenirs,  d'études,  dedissertations,  sur  les  choses 
et  les  hommes  de  la  Provence.  M.  Charles  Maur- 
ras,  l'éminent  Provençal,  fils  intellectuel  de  la 
ville  d'Aix,  décrit  en  poète,  commente  en  histo- 
rien, apprécie  en  philosophe  —  comment  n'ajoute- 
rais-je  pas  en  polémiste,  dont  la  verve  ardente, 
sait  largement  dévoiler  aux  yeux  et  à  la  réflexion 
du  lecteur,  — ce  champ  immense  d'observations 
que  MauriceBarrès  a  appelé  ((  un  chantier  d'idées» . 
Après  avoir  qualifié  Mistral  u  le  Docteur  de  nos 
traditions  »,  après  avoir  glorifié  le  talent  de  Paul 
Arène,  et  de  ses  autres  amis  de  l'école  Parisien- 
ne du  Félibrige,  il  conclut  en  disant  :  «  Nous 


—  17  — 

avons. prétendu  offrir  aux  lettrés  de  notre  âge, 
une  collection  de  modèles  ».  Les  lettrés  de  son 
âge  ajouteront  un  nom  de  plus  à  ceux  que  M. 
Maurras  a  ainsi  désignés. 

D'autres  ouvrages  ont  retenu,  à  très  juste  titre, 
l'attention  de  TAcadémie,  et  mériteraient  une 
mention  particulière  :  Le  Recueil  des  actes  con- 
cernant les  Eveques  d'Antibes,  de  M.  Georges 
Doublet,  professeur  depremière  au  lycée  de  Nice; 
Le  registre  des  comptes  pour  le  collège  papal  à 
Montpellier,  de*  M.  l'abbé  Cheillan,  associé  ré- 
gional de  notre  compagnie,  témoignent   d'une 
haute  culture  intellectuelle  et  de  recherches  aussi 
productives  que  savantes.  La  légende  du  X  V*"'' 
Corps  de  M.  J.  Belleudy,  préfet  honoraire,  est 
un    plaidoyer  chaleureux,  démonstratif,  de  la 
valeuret  du  courage  des  soldats  du  Midi. — L'Aca- 
démie reçut  encore  des  poésies,  un  roman,  des 
fables,  même  un  traité  sur  la  motoculture.  Dans 
chacun  de  ces  livres,  il  serait  possible  de  glaner 
à  pleines  mains  et  de  lier  de  riches  gerbes  litté- 
raires poétiques  ou  scientifiques. 

Parmi  ces  travaux,  tous  dignes  d'éloges,  à  des 
points  de  vue  divers,  l'Académie, a  fixé  son  choix 
sur  l'histoire  de  la  Renaissance  Provençale  de 
M.  Emile  Ripert,  docteur  ès-Iettres,  professeur 
agrégé,  chargé  du  cours  de  Littératureprovençale 
à  la  Faculté  d'Aix. 

2 


—  18  — 

M.  Ripert  n'est  pas  seulement  un  professeur 
très  estimé  et  un  poète  délicat^  il  est  un  fils  pieux 
de  la  Provence,  qu'il  a  cliantéedans  toute  l'ardeur 
de  son  âme  d'adolescent  dans  Le  Chemin  blanc 
plus  tard  dans  La  Terre  des  lauriers,  qui  lui  valut 
en  1912,  le  prix  national  de  poésie.  Il  n'est  pas 
étonnant  qu'un  beau  jour,  en  revenant  de  Mail- 
lane,  tout  fier  de  l'amitié  du  père  de  (*  Mirèio  » 
et  tout  ému  des  souvenirs  que  le  Maître  avait 
évoqués  devant  lui,  a  D6u  Passât  la  Remen- 
branço  »,  il  ait  songé  à  devenir  l'historien  fidèle 
de  ce  passé. 

La  Renaissance  Provençale,  en  effet,  est  l'his- 
toire du  grand  mouvement  social,  patriotique,  et 
littéraire  qui,  préparé  pendant  plusieurs  siècles, 
aboutit  en  1859,  à  la  rénovation  de  la  langue,  de 
la  poésie,  du  génie  propre  de  la  Provence.  C'est, 
examiné  à  ce  triple  point  de  vue,  que  le  travail 
de  M.'  Ripert  présente  toute  sa  valeur  et  son 
puissant  intérêt. 

S'il  est  vrai  qu'on  devine  par  sa  littérature,  les 
goûts  et  les  doctrines  d'une  nation,  si  la  langue 
d'un  peuple  tient  intimement  à  son  caractère,  il 
ne  faut  point  s'étonner  que  la  Provence  ait  acquis, 
à  travers  les  âges,  la  réputation  d'avoir  l'âme 
généreuse,  l'imagination  vive,  et  qu'elle  ait  tou-  ^ 
jours  professé  le  culte  de  la  beauté  :  elle  est  née 
de  la  Grèce  et  de  Rome.  M.  Ripert  aura  contribué 
à  aflirmer  ses  origines. 


—  19  — 

Dans  un  livre  édité  en  1859,  et  qu'il  avait  mo- 
destement intitulé  ((  Études  Littéraires  »  M.  Saint- 
René-Taillandier,  membre  de  l'Académie  Fran- 
çaise, rôcherchait  les  sources  du  Félibrii<e.  Il  a 
cru  les  trouver  dans  un  épisode  touchant  de  la 
vie  de  Roumanille.  La  page  qu'il  a  écrite  k  ce 
sujet,  mérite  d'être  rappelée  «  La  nouvelle  poésie 
provençale  qui  a  fait,  dit-il,  un  certain  bruit  dans 
ces  derniers  temps,  a  eu  des  origines  très  simples  : 
Le  fils  du  jardinier  de  Saint-Remy,  élève  de  nos 
écoles  françaises,  écrit  à  vingt  ans  des  vers  comme 
on  en  fait  au  sortir  du  collège...  ces  vers,  il  les 
destinait  à  sa  mère.  Il  les  lui  récite  un  soir,  à  la 
veillée.  Mais  le  jeune  homme  se  fait  là  une  étran- 
ge illusion.  Il  y  a  bien  longtemps  que  la  pauvre 
femme  a  oublié  le  peu  de  français  qu'elle  avait 
appris  à  l'école.  Ces  vers  inspirés  par  elle  sont 
écrits   dans  une  langue  qu'elle   n'enteild  pas. 
L'humble  chanteur  était  une  âme  méditative  : 
cette  découverte  le  remplit  de  tristesse  et  il  se 
mit  à  songer  :  «  Ma  mère,  se  dit-il,  est  donc  privée 
de  ces  joies  de  Tesprit  qui  m'enchantent...  Il  lui 
est  interdit  d'entendre  de  belles  pensées  exprimées 
dans  une  forme  mélodieuse.  Dans  le  Centre  et 
dans  le  Nord  de  la  France,  quelques  accents  de 
nos  poètes  peuvent  réjouir  l'atelier  de  l'artisan  et 
la  cabane  du  cultivateur. . .  Ici  qu'elle  sera  la  poésie 
des  pïiuvres  gens  ? 


—  20  — 

'«  Eh  bien  !  puisque  nos  mères  ne  savent  pas  de 

Français,  pour  comprendre  les  chants  que  nous 

dicte  la  tendresse  filiale,  chantons  dans  la  langue 
de  nos  mères,  u 

Ijd  Félibrige  serait  donc  né  d'un  acte  d'amour 
filial  et  Rouraanille  en  serait  le  véritableinitiateur. 

Certes,  Messieurs,  laissons  intact  dans  la  biogra- 
phie de  Roumanille  ce  récit  délicieux,  mais  ne 
craignons  pas  d'élargir  l'horizon  et  de  reconnaî- 
tre, avec  l'auteur  de  la  ««  Renaissance  Provençale  )> , 
que  les  racines  de  l'arbre  vigoureux  sont  plus  pro- 
fondes et  plongent  dans  l'histoire  même  de  notre 
pays.  L'étude  de  M.  Ripert  le  démontre  abon- 
damment, et  se  dislingue  comme  un  travail  d'éru- 
dition consciencieuse,  de  sens  artistique  consom- 
mé, de  patientes  et  intelligentes  recherches  ;  s'éloi- 
gnant  de  la  nomenclature  aride,  elle  emprunte  à 
chacun  des  nombreux  auteurs  qui  ont  contribué 
à  la  conservation  de  la  poésie  méridionale,  les 
matériaux  qu'ils  réunirent  et  la  manière  même 
dont  ils  les  assemblèrent.  C'est,  en  un  mot,  une 
œuvre  considérable  et  parfaitement  composée. 
On  ne  peut  malheureusement,  dans  un  simple 
rapport,  en  donner  qu'une  très  insuffisante  analy- 
se, aux  lacunes  de  laquelle  ceux  qui  eurent  la 
bonne  fortune  d'entendre  les  premières  conféren- 
ces de  M.  Ripert,  suppléeront  par  leurs  impres- 
sions et  leurs  souvenirs  personnels. 


—  21  — 

« 

La  force  qui,  de  la  Révolution  à  1859,  soulève 
le  sentiment  provençal,  tant  au  point  de  vue  de 
la  langue  ancestrale  que  sous  rinfluence  de 
ridée  fédéraliste,  Tépure,  le  vivifie,  en  provoque 
enfin  Tépanouissement,  est  la  résultante  de  trois 
sources  d'énergie  concourant  au  même  résultat  : 
rérudition  mise  au  servici}  du  patriotisme  local, 
la  poussée  des  passions  populaires,  le  mouvement 
dialectal. 

I 

L'érudition  ou  mouvement  savant  s'était  des- 
sinée dès  le  xvr^  siècle  avec  les  provençalistes 
d'Italie  et  César  de  Nostradamus  en  Provence. 
Il  se  manifeste  plus  amplement,  au  xvii^°%  avec  la 
découverte  des  Troubadours  et  de  leurs  manus- 
crits, à  Rome  et  à  Florence.  Le  travailleur  le  plus 
célèbre  sur  le  sujet  qui  nous  intéresse  fut  Lacurne 
de  Saînte-Palaye,  qui  consacra  sa  fortune  et  sa  vie 
à  parcourir  le  Languedoc,  la  Provence  et  l'Italie, 
pour  exhumer  environ  4.000  pièces  provençales 
dont  il  forma  15  volumes  in-folio.  L'abbé  Millot, 
son  disciple,  en  essayant  de  mettre  de  l'ordre  dans 
cette  masse  énorme  de  documents,  provoqua  la 
question  de  savoir  à  qui,  des  Troubadours  ou 
^  des  Trouvères,  appartient  la  priorité  de  la  renais- 
sance littéraire.  La  discussion,  qui  emprunta  par 
moments  un  ton  très  vif,  s'est  poursuivie  de  lon- 
gues années,    jusqu'au  delà  des  frontières  méri- 


—  22  — 

lUouales,  chez  les  savants  étrangers.  Elle  aboutit 
il  ('«tto  démonstration  que  les  Troubadours  furent 
bien  les  premiers  initiateurs  poétiques  de  l'Europe. 
Au  commencement  du  xix'  siècle,  tous  les 
peuples  s'occupaient  plus  ou  moins  de  littérature 
provençale.  En  Allemagne,  Schlegel  en  fit  une 
étude  approfondie,  mais  avec  le  désir,  en  Boclie 
qu'il  était,  de  prouver  que  les  Troubadours  n'a- 
vaient eu  aucune  influence  sur  les  poètes  de  son 
pays. 

En  Italie,  Galvani,  plus  impartial,  rendit  hojii- 
mage  au  lyrisme  deia  poésie  méridionale.  En 
Belgique,  un  concours  fut^ouvert  pour  couronner 
le  meilleur  ouvrage,  sur  les  langues  et  la  poésie 
provençales,  En  Angleterre,  Bruce-Whyte  con- 
sacra aux  'i'roubadours  trois  volumes  écrits  en 
français.  Ainsi,  de  jilus  en  plus,  les  Provençaux 
amoureux  et  iiers  de  leurs  pays,  peuvent  acquérir 
la  conviction  que  ce  ([u'on  appelle  autour  d'eux 
((  le  patois  »   est  bien  une  langue,  une  vraie  lan- 
gue, puisc|ue  les  savants  de  l'Europe  l'étudient, 
l'exaltent  et  lui  rendent  ainsi  sa  gloire  d'aulrefois. 
L'Idée  J'rovençale  a,  en  itiénu!  temps,  ses  his- 
toriens ;  Augustin  Thierry,  Micbelel,  Guizol, 
nouard,  Fauriei.  Parles  ti'avaux  historiques 
ar   l'enseignement    public,   les   Provençaux 
enneul  encnro  que  du  x"  au  xiu'  siècle  leur 
.fut  le  plus  civilisé  de  la  Clirétienlé,  qu'il  a 
é  en  plein  Moyen-Age  duu  écUitqni  lui  attira 


-  23- 

tous  les  esprits  et  tous  les  cœurs,  et  que  TEurope 
entière  s'est  tournée  vers  lui  pour  s'enivrer  de  sa 
poésie  et  l'imiter. 

Michelet  n'a-t-il  pas  dit  de  la  Provence  : 
((  Comment,  ce  pays-là  n'a-t-il  pas  vaincu  et  do- 
miné la  France  I  »  Fauriel  n'a-t-il  pas  présenté 
la  littérature  provençale  comme  Torgane  généra- 
teur du  mécanisme  épique  ?  N'est-ce  point  une 
opinion  souvent  aflirmée,  que  Dante  lui-même, 
au  moment  d'écrire  la  Divine  Comédie,  avait 
hésité  d'adopter  le  Provençal  au  li^u  de  l'Italien  ! 

Les  récits  des  voyageurs  qui  visitèrent  le  midi 
delaFranceattirèrenlaussirattentiongénéralesur 
lui.  Ceux  de  Mme  de  Scvigné  au  xvii^  siècle,  du 
Président  de  Brosses  et  de  Bachaumonl  au  xviii*, 
deMillin  auxix'-  :  Millin,  qui,  après  avoir  assisté 
à  Aix  aux  jeux  de  la  Fèle-Dieu  ;  à  Marseille  à  la 
procession  de  S*^  Ferréol  ;  à  Arles  à  une  feirrade, 
écrivait  deux  gros  volumes  pour  vanter  la  grâce 
des  femmes  de  Provence,  la  beauté  de  son  décor, 
le  charme  de  sa  vie  rustique  ;  Xavier  Marmier, 
qui,  en  pariant  de  la  terre  méridionale  d'où  il  a 
remporté  des  souvenirs  enchantés,  s'écrie  a  Cette 
terre  semble  faite  pour  être  le  berceau  de  la  Civi- 
lisation moderne  ». 

Les  grammairiens,  les  universitaires  concou- 
rent, à  leur  tour,  à  l'évolution  de  la-  Provence 
lyrique  ;  Méry  la  décrit  en  artiste  ;  Villemain 
consacre,  enSorbonnc.six  de  ses  leçons  aux  Trou 


—  24  — 

badours  ;  Saint-René-Taillandier  se  faille  protec- 
teur officiel  des  premiers  Félibres  ;  Norbert Bona- 
fous,  rérudit  doyen  de  la  Faculté  deslettresd'Aix, 
donne  à  la  littérature  provençale  tout  le  temps 
que  ne  lui  prend  pas  la  traduction  d'Homère  en 
vers  français. 

Enfin,  dans  le  même  temps,  d'autres  écrivains, 
parce  qu'ils  sont  épris  des  créations  de  Timagina- 
tion  populaire,  contribuent  à  aviver  l'influence 
qui  s'exerce,  lentement  mais  sûrement,  sur  les 
esprits  de  la  Provence  ;  Charles  Nodier  disait  le 
charme  du  patois,  Georges  Sand  manifestait  sou 
goût  très  vif  pour  le  parler  du  peuple. 

Ainsi  se  préparait,  par  une  sorte  de  gestation 

progressive,  Tccuvre  de  beauté  qui  devait  être  la 

protestation  sublime   et  triomphante  contre  la 

centralisation  linguistique. 

•  • 

II 

La  poussée  des  passions  populaires,  est  la 
seconde  force  qui  a  mis  en  mouvement  Taction 
du  Félibrige. 

La  Révolution  a  donné  au  peuple  le  sentiment 
de  sa  souveraineté.  Pour  l'exercer  pleinement, 
il  a  réclamé  le  droit  et  le  pouvoir  de  s'instruire, 
et  son  sentiment  va  croissant  parce  que  de  grands 
esprits  :  Lamennais,  le  mystique  humanitaire:  le 
chansonnier  Béranger  ;  Miclielet,  Tapologiste  du 


—  25  — 

peuple,  se  font  les  protecteurs,  je  dirai  volontiers 
les  excitateurs,  de  la  poésie  populaire.  Lamartine 
entre  tous,  témoigne  à  l'idée  sa  sympathie 
vibrante  et  son  admiration  enthousiaste.  L'idéal 
du  célèbre  auteur  de  Thistoire  des  Girondins, 
est  d'instruire  et  de  moraliser  le  peuple.  Aussi 
bien  nulle  part,  son  nom  ne  fut-il  plus  aimé  qu'en 
Provence.  Il  encourage  Jean  Reboul,  le  boulan- 
ger de  Nimes,  dans  ses  poésies  si  mélancolique- 
ment gracieuses,  il  inspire  dans  les  siennes 
Alphonse  Maillet  de  la  Tour  d'Aiguës,  il  fait  com- 
prendre à  la  petite  ouvrière  Reine  Garde,  dans 
Tëntrevue  qu'il  lui  accorde  avant  qu'elle  publie 
ses  essais  poétiques,  ce  que  doit  être  la  vraie 
poésie  populaire.  Comment  résister  au  plaisir 
de  reproduire  les  quelques  lignes  si  joliment 
écrites  par  M.  Ripert,  quand  il  a  raconté  cet  inci- 
dent de  la  vie  de  Lamartine. 
.  ((  Est-il  étonnant,  dit-il,  que  douze  ans  plus  tard, 
Lamartine  ait  connu  Tidéal  entrevu  alors,  dans 
le  poème  que  venait  d'écrire  le  jeune  Frédéric 
Mistral  ?  Sans  doute,  avant  de  l'écrire,  celui-ci 
avait-il  lu  Tadmirable  préface  de  cette  Geneviève 
dédiée  à  Reine  Garde,  dont  il  ne  pouvait  ignorer 
l'existence,  lui  qui  faisait  son  droit  à  Aix  au  mo- 
ment où  celte  gloire  populaire  surgissait  à  la 
lumière.  En  somme,  faire  présenter  son  poème  à 
Lamartine  par  Adolphe  Dumas,  c'était  suivre  le 
chemin  que  lui  avaient  indiqué  déjà  le  boulanger 


—  26  — 

de  Nimes,  la  couturière  d'Aix,  le  coiffeur  d'Agen. 
Et  si  Lamartine  tout  de  suite  s'enflamme  à  la 
lecture  de  son  poème  et  le  salue  comme  un  chef- 
d'œuvre,  on  a  pu  parfois  s'en  étonner  en  songeant 
qu'il  ne  savait  pas  un  mot  de  provençal  et  que 
le  poème,  dans  une  traduction,  perd  beaucoup  de 
sa  vertu  poétique  ;  et  de  même  on  a  pu  sourire  et 
taxer  Lamartine  dillusionisme,  quand  il  nous  a 
dépeint  Mistral  tel  qu'un  laboureur  de  Crau,  me- 
nant sa  charrue  et  se  reposant  de  son  travail  en 
écrivant  se§  strophes.  C'est  que  généralement  on 
n'a  pas  bien  vu  comment  Lamartine,  depuis  trente 
ans  déjà,  depuis  qu'il  avait  salué  en  Reboul  le 
Génie  dans  l'obscurité,  était  préparé  à  la  venue 
d'nn  grand  poète  populaire.  Ce  poète,  il  l'avait 
pour  ainsi  dire  suscité  par  ses  appels  passionnés 
et  voici  qu'il  apparaissait  devant  lui  comme  un 
pâtre  antique,  parlant  une  langue  où  se  mêlaient 
les  débris  glorieux  des  langues  classiques,  sur 
les  bords  de  cette  Méditerranée  qu'il  avait  tant 
aimée,  depuis  les  rives  napolitaines  où  il  avait 
connu  l'amour,  jusqu'au  cœur  de  Marseille,  où  il 
avait  senti  passer  sur  lui,  comme  une  caresse 
un  peu  lourde  mais  enivrante  tout  de  même,  la 
rude  ivresse  populaire  ». 

A  côté  des  protecteurs  de  la  poésie  populaire, 
des  ouvriers  poètes  ont  aussi  joué  leur  rôle  dans 
le  mouvement  provençal  :  Charles  Poney  et  Pé- 
labon  à  Toulon,  Pierre  Dupont  à  Lyon,  Louis 


^  27  — 

Astoin  à  Marseille.  Ils  ont,  ceux-là,  cru  tout 
d'abord  que  c'était  une  supériorité  de  se  hausser 
à  la  langue  française,  mais  ils  ont  fini  par  sen- 
tir toute  la  noblesse  de  la  langue  de  leur  pays  et 
ils  sont  allés  ainsi  naturellement  à  la  poésie  pro- 
vençale ;  nous  Tavons  rappelé  déjà  pour  Rouraa- 
nille,  qui  s'était  efforcé  à  des  vers  Lamartiniens 
avant  d'écrire  le  chant  délicieux  de  «  Bouscarlo  », 
qui  devait  dévoiler  sa  véritable  personnalité. 


III 


Enfin,  venu  de  plus  loin  encore,  le  mouvement 
dialectal  travaillait,  dépuis  le  Moyen  Age,  àTéclo- 
sion  du  Félibrigo.  La  langue  d'Oc  avait  été 
frappée  et  diminuée  par  la  croisade  contre  les 
Albigeois,  éteinte  et  presque  étouffer  par  la  cen- 
tralisation française,  mais  elle  s'éveillait  peu  à 
peu  dans  l'âme  et  sous  la  plume  de  quelques 
poètes  :  Gaspard  Zerbin  à  Aix,  Saboly  à  Avignon, 
Bellaud  de  la  Bellaudière  à  Marseille  ;  et  quand 
vint  l'orage  de  la  Révolution,  elle  était  toute  prête 
pour  une  germination  nouvelle,  tandis  que  sous 
prétexte  d'unification  et  d'égalité,  les  pouvoirs 
publics  prétendaient  imposer  au  peuple  du  Midi 
une  langue  qui  n'était  pas  la  sienne.  Un  spirituel 
académicien,  Charles  Nodier  qui.  dans  sa  jeu- 
nesse, fut  pourtant  môle  aux  mouvements  révo- 
lutionnaires  les  plus  avancés,  disait  :  «  Si  les 


—  28  — 

idiomes  populaires  n'existaient  plus,  il  faudrait 
créer  une  académie  exprès  pour  les  retrouver  ». 

Aussi  bien,  la  langue  provençale  survécut  à  la 
Révolution,  pieusement  gardée  dans  le  cœur  des 
petits  bourgeois  et  du  peuple.  Les  bourgeois  tra- 
ditionnalistes  font  alors  de  la  poésie  provençale 
un  agréable  passe  temps.  Il  faut  citer  à  Aix 
Diouloufel,  le  bon  docteur  Léon  d'Astros,  le 
neveu  de  Portails,  qui  manie  la  langue  du  pays 
en  fin  connaisseur  ;  à  Arles,  Michel  de  Truchel, 
et  Hyacinthe  Morel  qui  vint  fonder  à  Aix  un 
journal  où  il  exposa  avec  une  violence  de  polé- 
miste, les  titres  de  noblesse  du  Provençal,  et  plus 
loin  de  nous,  dans  les  montagnes  des  Cévennes, 
le  marquis  de  la  Fare-Alais  pour  qui  la  langue 
d'Oc  symbolise  le  pays. 

A  côté  des  bourgeois  provençalisant,  M.  Ripert 
place  les  poètes  qu'il  appelle  les  réalistes  Mar- 
seillais qui  n'ont  pas  grande  influence  littéraire  : 
Désanat  ;  le  chansonnier,  Pierre  Bellot,  Tauteur 
dôaPouèto  cassaïre  et  de  la  Belle  Bouquetière  ; 
à  côté,  et  au-dessus  de  plusieurs  autres,  Victor 
Gelu,  celui  qui  possédait  mieux  que  quiconque 
le  dialecte  marseillais,  et  qui,  vse  moquant  de 
toutes  règles,  chantait  plutôt  qu'il  n'écrivait,  au 
demeurant  le  plus  intéressant,  le  seul  poète  qu'ait 
donné  le  vieux  Marseille. 


—  29  — 

Enfin  toutes  ces  forces  colleclivees  se  sont  réu- 
nies, les  mouvements  savant,  populaire,  dialectal, 
se  sont  fondus  en  un  courant  unique  qu'il  s'agit 
maintenant  d'organiser  et  de  diriger.  Les  ouvriers 
de  cette  grande  œuvre  sont  prêts.  Roumanille 
de  Saint-Rémy  et  Crousillat  de  Salon  ont  écouté 
les  leçons  de  Brizeux  en  Bretagne,  de  Jasmin  le 
perruquier  d'Agen,  qui,  Tun  et  l'autre,  pleins  de 
foi  dans  la  durée  du  langage  populaire,  ont  eu  ' 
déjà  dans  leur  pays  une  influence  incontestable 
sur  le  développement  de  la  poésie  régipnaliste. 
Ils  créent  des  publications  un  peu  partout  ;  l'Ar- 
mana,  lou  Tambourinaire,  l'Abeillo,  li  Prouven- 
çalo.  Ils  organisent  le  congrès  d'Arles  et  celui 
d'Aix  que  préside  J.-B.  Gaut:  le  Roumavage  dei 
Troubaire  remplace  les  Cours  d'amour.  Tous 
les  poètes  provençaux  sentent  le  besoin  de  sortir 
de  leur  solitude,  et  d'unir  dans  un  même  effort 
leur  volonté  et  leurs  aspirations.  La  Renaissance 
Provençale  va  s'irradier  dans  la  lumière  et  dans 
la  vie  ;  nous  arrivons  aux  jours  les  plus -glo- 
rieux de  son  épanouissement.  Le  21  mai  1854, 
sept  jeunes  poètes  se  réunissent  à  la  bastide  de 
Font-Ségugne  pour  constituer  définitivement  une 
école  de  poésie  provençale,  avec  ses  doctrines, 
son  idéal,  sa  langue  et  son  orthographe.  Ils  s'ap- 
pelleront Félibres,  c'est-à-dire  ceux  qui  fonc  des 
livres  et  qui  sont  libres,  et  ils  prendront  pour 
emblème  l'étoile  à  sept  rayons,  en  l'honneur  de 
Sainte  Estelle. 


—  30  — 

A  chacune  de  ces  figures  d'artistes  M.  Ripert 
a  donné  sa  véritable  physionomie,  à  chacun  de 
ces  talents  son  véritable  caractère,  à  chacune  de 
ces  initiatives  son  véritable  mérite.  Mais,  parmi 
toutes  ces  ardeurs,  tous  ces  courages,  les  dépas- 
sant, se  dressait  le  génie  de  Frédéric  Mistral. 
Sorti  de  Técole  de  Droit,  il  vient  de  se  retirer  au 
mas  paternel,  le  mas  du  Juge  :  son  père,  maître 
François  Mistral,  lui  a  dit  :  a  Mon  gars,  j'ai  fait 
mon  devoir  envers  toi  ;  il  t'appartient  de  chosir, 
la  voie  que  tu  désires  suivre  ;  je  te  laisse  libre  ». 
Et,  libre  de  sa  vie,  Frédéric  levant  les  veux  vers 
les  Alpilles,  jure  de  ressusciter  le  sentiment  de  la 
race  provençale  et  de  réhabiliter  sa  langue  — 
((  aquelolengomespresado  »  — par  le  prestige  delà 
poésie.  L'opinion  est  toute  prête  à  saluer  un  grand 
poète  populaire,  u  Mirèio  »  vient  à  son  heure, 
comme  l'aboutissement  splendide  d'une  série  de 
désirs  confus,  d'espoirs  patriotiques,  d'enthou- 
siasmes persévérants. 

N'avais-je  pas  raison  de  dire  que  le  livre  de  M. 
Ripert,  ainsi  compris,  conçu  et  présenté,  ne  cons- 
titue pas  une  simple  étude  littéraire,  mais  une 
œuvre  historique  au  premier  chef  :  l'histoire  de 
la  résurrection  de  l'âme  provençale  «  épanouie 
en  r(  Mirèio  »  au  xix^  siècle,  et  reprenant  après  de 
longues  années  d'assoupissement,  conscience  de 
sa  beauté,  de  sa  valeur  et  de  ses  droits  )>  ? 


-  31  — 

Il  en  est  qui  feront,  et  qui  peut-être  ont  fait 
déjà  au  travail  de  M.  Ripert,  une  critique.  Ce 
Provençal  de  race  et  de  goût,  cet  admirateur 
de  Mistral,  qui  a  mis  en  un  magnifique  relief  la 
Renaissance  Provençale,  n'a  pas  douté  de  poser, 
dans  une  conclusion  un  peu  contradictoire  do 
son  titre,  un  point  d'interrogation  sur  l'avenir 
de  la  langue  d'Oc  !...  ((  Cette  langue,  cette  litté- 
rature renaissent-elles  pour  vivre  longtemps 
encore,  où  pour  s'éteindre  bientôt  »  ? 

Et,  de  la  réalisation  de  cette  dernière  éventua- 
Jité,  M.  Ripert  se  consolerait,  u  N'importe,  après 
tout,  que  la  langue  provençale  ait  le  sort  du  grec 
Homérique  et  du  latin  Virgilien,  si  «  Mirôio  »  se 
range  à  côté  de  l'Odyssée  et  de  l'Enéide,  au  nom- 
bre .des  grands  poèmes  de  la  civilisation  Méditer- 
ranéenne )). 

M.  Ripôrt  mérite  de  ne  pas  souffrir  celte  déses- 
pérance que  THomère  de  la  Provence^  n'a  pu  ni 
craindre  ni  même  entrevoir. 

La  langue  provençale  ressuscitée  vivra  parce 
que  le  Félibrige  n'est  pas  un  simple  .effort  litté- 
raire, qu'il  est  un  véritable  mouvement  de 
décentralisation,  de  régionalisme  raisonne,  et 
que  les  événements  qui, 'si  douloureusement, 
marquent  l'aurore  du  xx*^  siècle,  le  défendront 
eux  aussi,  contre  l'indifférence  et  Toubli  !  Quand 
nos  héros  du  Midi  reviendront  reposer  sous  le 
soleil  de  la  Provence  leurs  membres  glorieux  et 


—  32  — 

meurtris,  ils  aimeront  plus  que  jamais  la  langue 
qu'ils  parlèrent  dans  les  tranchées,  qu'ails  chan- 
'  loront  comme  un  chant  de  victoire  en  montant  à 
Tassant  ou  comme  un  air  très  doux  venu  du  pays 
pour  alléger  leurs  misères  ;  qu'ils  écrivirent  au 
milieu  des  souffrances  de  Texil  pour  échapper 
aux  investigations  soupçonneuses  de  leur  geô- 
liers. Alors  peut-être  sentira-t-on,  sous  cette 
poussée  nouvelle,  Tutilité  de  comprendre  TétudQ 
du  Provençal  dans  les  programmes  d'enseigne- 
ment secondaire,  etdeTimposer  à  Tccole  primaire 
comme  un  moyen  de  perfectionnement  à  Tétude- 
de  la  langue  française. 

Lé  Provençal  n'est  pas  un  simple  dialecte.  C'est 
un  idiome  sorti  du  mélange  des  langues  gauloise, 
latine  et  grecque.  M.  Ripert  n'a-t-il  pas  lui- 
même  écrit  :  «  C'est  un  sujet  d'orgueil  pour  tous 
les  cœurs  provençaux,  de  savoir  de  façon  irréfu- 
table, que.de  la  langue  romane,  celle  des  trou- 
badours, étaient  descendues  toutes  les  langues  de 
l'Europe  latine  ».  La  première  éclose  en  effet, 
elle  avait  atteint  au  \\^  siècle  tout  son  développe- 
ment, mais  à  la  fin  du  xiir  le  Midi  perdit  son 
autonomie  ;  le  pouvoir  monarchique  s'était  con- 
solidé dans  les  mains  des  anciens  comtes  de  Paris 
et  le  dialecte  de  l'Ile  de  France  allait  devenir 
fatalement  la  langue  du  pays,  se  perfectionner  et 
se  raffiner  ensuite  à  la  cour  de  François  r^  et  au 
grand  siècle  de  Louis  xiv. 


—  33- 

Expliquant  le  prééminence  du  Français  sur  le 
Provençal,  Charles  Nodier  disait:  humouristique- 
raent  :  «  C'est  un  cadet  de  bonne  famille  que 
d'excellentes  protections  ont  fait  réussir  dans  le 
monde  au  préjudice  des  héritiers  légitimes  ». 
C'est,  dans  tous  les  cas,  un  fait  historique,  que  la 
langue  d'Oc  a  longtemps  disputé  au  langage  du 
Nord  l'honneur  de  devenir  la  langue  nationale. 
N'est-ce  pas  une  raison  de  plus  pour  que  nous  la 
conservions  jalousement,  telle  que  l'ont  faite  nos 
pères,  telle  que  l'a  magnifiée  Mistral?  Elle  est  un 
des  liens  mystérieux  et  forts  qui,  dans  nos  âmes 
méridionales,  réunissent  en  un  unique  amour  la 
grande  et  la  petite  patrie,  a  Nous  sommes,  disait  le 
bon  abbé  Papon  en  1781,  confondus  avec  la  nation 
française  :  c'est  ce  qui  fait  notre  gloire  et  notre 
bonheur  ».  Le  Maître  a  exprimé  plus  fièrement 
et  plus  justement  cette  pensée  dans  ces  vers 
admirables  du  chant  xi®  de  «  Mirèio  »,  que  je 
veux  répéter  à  la  fin  de  ce  rapport,  comme  Técho 
puissant  de  la  Renaissance  Provençale  : 

La  Prouvènço  cantavo  et  lou  temps  courreguè 

E  coume  au  Bose  la  Durènço 

Ferd  à  la  fin  soun  escourrènço, 

Lou  gai  reiaume  de  Prouvènço 

Dins  lou  sen  de  la  Franco  à  la  fin  s'amaguë. 

<  Fraijço,  emé  tu  meno  ta  sorre  » 

Digue  soun  darriè  rèi,  iéu  more  l 

Gandissés  vous  ensôn,  alin,  vers  Taveni, 

Au  grand  prefa  que  vous  apello. 

Veirés  fugi  la  niue  rebello 

Davans  la  resplendour  de  vôsti  front  uni  ! 


—  34  — 

Messieurs, 

Cette  splendeur  de  notre  Provence  aimée 
((  lou  gai  reiaume  de  Prouvènço  »,  M.  Ripert 
aura  le  grand  et  enviable  honneur  d'en  avoir 
réuni  les  plus  étincelants  rayons  dans  un  magni- 
fique ouvrage  historique  et  littéraire  qui  a  gagné 
les  suffrages  de  notre  Académie  et  qui  mérite  les 
vôtres. 


—  35  — 


M.  Revol  donne  lecture  d'une  poésie  : 
LE  SÉNÉGALAIS  A  L'ÉCOLE 


«^*' 


RAPPORT 

SUR  LES 

PRIX  DK  ve:rt:^u 

PAR 

M.  le  Docteur  LATIL 


Mesdames, 

•     Messieurs. 

Il  vous  paraîtra  peut-être  étrange  qu'au  bruit 
lointain  du  fracas  des  batailles,  au  milieu  deTan- 
goisse  publique,  rAcadémie  vous  rassemble  dans 
son  hôtel  élégant  et  tranquille  pour  deviser  paisi- 
blement sur  les  mérites  de  la  vertu.  Si  vous  en 
jugiez  ainsi,  vous  vous  méprendriez  peut-être. 
Pour  en  décider,  penchez-vous  avec  un  respect 
ému  sur  ce  pauvre  petit  soldat  qui  vient  de  tom- 
ber sous  le  feu  de  l'ennemi  :  rassemblant  toutes 
ses  forces  il  s'envole  à  tire  d'ailes  vers  le  doux 
nid  familial  pour  s'y  réchauffer  instinctivement 
sur  le  sein  maternel,  car  cet  héroïsme  qui  le  sou- 
tient, lui,  presque  un  enfant,  dans  ces  durs  com- 
bats et  l'élève  au  plus  haut  sommet  de  l'abnéga- 
tion et  du  courage,  il  Ta  puisé  là.  Ceci  est  sorti 
de  cela.  C'est  le  foyer  familial  qui  a  été  la  source 
humble  et  pure  de  cette  vertu  sublime  en  donnant 
à  ce  mot  la  pleine  et  haute  acception  du  mot 
latin  tirtus. 


—  38  — 

lis  ne  s'y  sont  pas  trompés  les  grands  bienfai- 
teurs de  notre  Académie  :  les  Rambot,  les  Reynier, 
les  Irma  Moreau,  les  Rayon,  les  Bourdelet.  Par 
une  intuition  de  leur  cœur,  ils  ont  pressenti  que 
ces  modestes  actes  de  vertu  qu'ils  voulaient  dé- 
couvrir et  récompenser  auraient  des  répercussions 
imprévues  qui  se  traduiraient  par  de  magnifiques 
actions.  S'ils  en  sont  les  témoins  émus,  ils  ne 
sauraient  s'en  étonner,  eux  qui  savent  quels  échos 
infinis  éveille  aux  plages  éternelles  le  geste  com- 
patissant du  simple  verre  d'eau  froide. 

D'ailleurs,  Messieurs,  aux  faits  de  guerre,  nous 
revenons  avec  Rambot  un  ancien  militaire  qui, 
par  son  testament  du  25  août  1858  fonde  un  prix  : 
«  pour  récompenser  les  actes  de  dévoûment  et 
de  courage...  »  Or,  la  Commission  a  cru  qu'il  ne 
saurait  y  avoir  d'acte  de  dévoûment  et  de  coura- 
ge supérieur  à  celui  qui  consiste  à  donner  sa  vie 
pour  sauver  son  pays.  Elle  a  pensé  que  Rambot 
eût  été  de  son  avis  et  qu'il  eût  voulu,  lui  qui  fut 
un  bon  serviteur  de  la  France,  récompenser  ses 
héroïques  camarades  qui  sont  morts  afin  qu'elle 
vive  !  Et  quelle  plus  délicate  façon  de  les  récom- 
penser et  d'honorer  leur  mémoire  que  de  secou- 
rir leurs  enfants  ? 

On  a  dit  et  souvent  répété,  ces  temps-ci,  qu'un 
pays  se  déshonorerait  s'il  se  désintéressait  des  fiis 
dont  les  pères  ont  sacrifié  leur  vie  pour  assurer 
son  salut. 


—  39  — 

Mû  par  ce  sentiment  élevé,  Sa  Grandeur  Mon- 
seigneur l'Archevêque  d'Aix  fondait,  le  8  décem- 
bre 1916,  dans  son  diocèse,  VŒuvredes  Orphe- 
lins de  la  Guerre.  La  lettre  qui  l'instituait  s'ex- 
primait ainsi  :  a  Les  ruihes  accumulées  sur -le  sol 
français  sont  affreuses,  les  deuils  sont  immenses, 
la  France,  avec  son  inépuisable  vitalité,  dominera 
la  situation.  Le  temps,  l'énergie,  la  ténacité  ré- 
duiront à  l'état  de  souvenirs  les  destructions  de 
la  grande  guerre.  Les  nécessités  de  la  vie,  les 
exigences  professionnelles,  le  souci  de  l'avenir, 
le  fardeau  de  l'heure  présente  apporteront  dans 
l'âme  des  épouses  et  des  mères  la  nécessaire  di- 
version aux  regrets  désolants  et  aux  tristesses 
déprimantes.  Mais,  en  attendant,  qui  comblera  les 
vides  ?  Qui  remplacera  le  père  auprès  de  l'enfant? 
A  qui  l'orphelin  demandera-t-il  protection  et  ex- 
emples ?  Qui  suivra  ses  premiers  pas  dans  la  vie  ? 
Qui  sera  son  appui  dans  le  choix  d'une  carrière 
et  les  premières  épreuves  du  travail  ?  » 

Ces  lignes  traçaient  tout  le  programme  de  l'œu- 
vre future.  Elle  a  tâché  dele  réaliser  deson  mieux  : 
laissant  Torphelin  à  son  foyer  chaque  fois  que 
cela  lui  est  possible,  sous  la  protection  de  sa  mère, 
des  grands  parents  ou  des  tantes,  elle  ne  recourra 
qu'en  cas  d'absolue  nécessité,  aux  établissements 
charitables  ;  outre  les  orphelinats  déjà  existant  à 
Aix  qui  méritent  toute  confiance,  elle  a  créé  un 
institut  d'École  Ménagère  et  une  Exploitation 


—  40  — 

Agricole  afin  que  chaque  profession  trouve  sa 
spécialisation  et  sa  préparation.  L'œuvre  fonction- 
nant à  peine  depuis  quelques  mois,  vient  en  aide 
matériellement  et  moralement  à  205  orphelins  de 
la  guerre  appartenant  à  112  familles  dont  74  de 
la  commune  d'Aix. 

Elle  a  distribué  en  argent,  en  nature,  en  bans 
dé  travail  aux  mères  de  famille  plus  de  12.000 
francs.  En  présence  de  tout  le  bien  déjà  accompli 
et  des  détresses  physiques  ou  morales  si  nombreu- 
ses qui  restent  à  secourir,  vous  applaudirez,  Mes- 
sieurs, au  jugement  de  l'Académie  accordant  à  la 
Section  Aixoise  de  l'Œuvre  des  Orphelins  de 
la  guerre,  avec  ses  encouragements  les  plus  cha- 
leureux, le  prix  Rarnbot  de  545 francs. 

Si  pour  le  prix  Rambot  la  tâche  de  TAcadémie 
a  été  facile  puisqu'elle  tenait,  à  Texemple  de  ses 
grandes  sœurs  aînées,  TAcadéraie  Française  et 
r  Académie  des  sciences,  à  honorer  et  a  récompen- 
ser les  généreuses  initiatives  collectives  en  faveur 
des  victimes  de  la  guerre,  il  n'en  a  pas  été  de 
même  pour  les  autres  prix  à  décerner  en  1917. 
Les  demandes  étaient  nombreuses,  étayées  de 
mémoires  relatant  des  faits  de  dévoùment  réelle- 
ment touchants.  Entre  elles  le  choix  était  diffici- 
le :  la  balance  de  précision  qui  pèse  les  actes  de 
vertu  n'est  point  encore  inventée  ici-bas.  La 
mythologie  a  rendu  célèbre  celle  de  Mino§. 

a  Minos  juge  aux  enfers  tous  le>  pâles  humains > 


—  41  — 

Le  fléau  decette  fatale  balance  n'oscillait  jamais 
follement  et  se  fixait  toujours  sur  l'immuable  jus- 
tice. Nos  balances  ne  jouissent  pas  de  ce  magique 
attribut,  elles  ont  pu  osciller  ou  se  tromper  peut- 
être,  mais  au  moins  T  Académie  et  sa  commission 
y  ont  apporté  toute  leur  bonne  volonté  et  nous 
prions  ceux  qui  auraient  à  critiquer  nos  décisions 
de  s'en  référer  à  la  droiture  de  l'intention  qui, 
comme  le  savent  les  censeurs  rigides,  juge  la  va- 
leur de  l'acte. 

Le  prix  Reynier  fondé  en  1865  «  pour  récom-' 
penser  les  actes  les  plus  méritoires  de  dévoûment 
et  de  secours  au  malheur;  les  soins  désintéressés 
donnés  aux  infirmes  et  aux  vieillards  ainsi  qu'à 
l'enfance  délaissée  et  pauvres  »  trace  un  program- 
me très  net.  Il  nous  a  paru  que  Mlle  Fanny  Tho- 
mas a  rempli  points  par  points  les  intentions  du 
testateur.  L'Académie  n^a  eu  qu'à  enregistrer  les 

^eçons  qui  se  dégagent  d'une  très  belle  vie  de 
constante  abnégation. 

De  même  que  le  botaniste  assigne  à  chaque 
famille  végétale  un  trait  distinctif ,  nous  pouvons 
donner  à  la  famille  Thomas  celui  du  décoûment. 
puisque  Tune  des  sœurs,  Clémence,  a  déjà  obte- 
nu le  prix  Reynier  en  1909. 

Fanny  Thomas  est  actuellement  âgée  de  72  ans  ; 
dès  son  jeune  âge,  elle  se  consacre  pendant  14 
années,  nuit  et  jour,  au  soin  de  sa  mère  infirme  ; 
elle  trouve  cependant  le  temps  de  soigner  assîdû- 


o 


—  43  — 

18  et  15  ans  ne  se  suffisent-  pas  encore  car  leur 
santé  est  précaire  ;  et  pour  comble  d'infortune 
la  bonne  tante  Clémence  voit  sa  vue  faiblir  et 
doit  abandonner  son  travail. 

N'allez  pas  croire  que  les  deux  sœurs  Thomas 
sont  à  bout  de  force  et  de  courage  :  un  pauvre 
vieillard  infirme  vient  frapper  à  leur  porte,  elles 
le  recueillent.  C'est  un  vieux  militaire  tombé  en 
enfance  qui  se  fâche,  jure,  appelle  chaque  nuit 
ses  infirmières.  Elles  ne  se  rebutent  jamais  ;  ne 
se  lassant  pas  de  panser  ses  plaies  et  de  lui  ren- 
dre les  plus  humiliants  services.  Nous  avons  été 
pendant  de  longs  mois  le  témoin  ému  de  cette 
constante  abnégation.  Savez- vous  comment  ces 
saintes  filles  furent  récompensées  ?  Par  le  bruit 
méchant  et  faux  qui  courut  dans  le  quartier  d*un 
héritage  mirifique...  La  vérité  est  que  la  modeste 
pension  militaire  ne  suffisait  pas  à  Tentretien  du 
malade.  Mais  la  foule  anonyme,  qui  mesure  tout 
à  son  aune,  répète  ou  au  moins  pense  en  présence 
d'un  beau  dévôûment  :  «  Qu'est-ce  que  cela  peut 
bien  rapporter  ?»  —  Voilà  pourquoi  il  est  néces- 
saire que  l'Académie  mette  en  lumière  les  faits 
de  pur  désintéressement  qui  lui  sont  signalés  et 
les  récompense  publiquement  avec  cette  réserve 
d'ailleurs  consolante,  que  le  plus  grand  nombre 
d'entr'eux  doit  vraisemblablement  demeurer 
ignoré  d'elle. 


—  44  — 

Vous  croyez  peut-être  que  j'en  aifini,  Messieurs, 
or  il  semble  que  par  ces  cinquante  années  de  la- 
beur et  de  dévoûment  incessants,  la  Providence 
ait  voulu  préparer  Fanny  Thomas  à  un  rôle  plus 
auguste  :  celui  de  devenir  la  servante  et  Tinfir- 
raière  d'un  malade  dont  le  corps  a  été  consacré 
par  l'onction  sacerdolfeile.  Vous  avez  tous  connu 
le  Pci'O  Filâtre,  cet  apôtre  à  Tàme  ardente  et'pas- 
sionnée  qui,  àTUniversité  d'Ottawa]  (Canada)  fit 
rayonner  pendant  de  longues  années  l'influence 
de  la  culture  française  et  qui  dès  son  retour,  à 
semé  à  tous  les  vents,  dans  nos  villes  et  nos  cam- 
pagnes, son  verbe  enflammé.  Le  voilà,  ce  lutteur 
infatigable,  terrassé  sur  un  lit  ;  la  maladie  s'achar- 
ne sur  lui  ;  avec  une  précision  anatomique  atroce- 
ment cruelle,  elle  paralyse  progressivement  cha- 
que nerf,  détruit  chaque  muscle  :  c'est  la  paraly- 
sie complète,  perinde  ad  cadacer.  —  Que  va  de- 
venir ce  grand  infirme  ?  La  famille  religieuse 
qu'il  avait  choisie  a  été  brisée,  dispersée  et  il 
n'aura  même  pas  la  ressource  de  ce  frère  infir- 
mier que  nos  souvenirs  de  collège  évoquent  avec 
sa  mine  rébarbative  et  ses  parfums  d'huile  de 
foie  de  morue. 

Alors,  ce  sera  l'hôpital  ?  —  Non,  c'est  Fanny 
qui  franchit  le  seuil  de  cette  chambre  solitaire, 
elle  s'installera  à  ce  chevet  et  ne  le  quittera  plus  ; 
pendant  plusieurs  années,  elle  soignera  ce  mis- 
sionnaire paralytique  corn  me  une  mère  soigne  son 


—  45  — 

enfant,  et  par  cette  comparaison  d'ailleurs  juste, 
nous  voulons  évoquer  et  la  délicatesse  des  soins 
quotidiens  et  la  hauteur  de  sentiment  qui  les 
inspire. 

Après  Texposé  d'une  telle  vie  vous  approuve- 
rez, j'en  suis  sûr,  TAcadémie  d'avoir  divisé  le  prix 
Reynier  en  deux  parts  inégales  et  d'en  avoir 
accordé  la  majeure  partie  soit  600  francs  à  Fanny 
Thomas.  Vous  jugerez  peut-être  aussi  que  c'est 
réellement  une  bien  maigre  récompense  ;  mais 
vous  voudrez  bien  considérer  qu'elle  n'est  que  le 
pâle  et  lointain  reflet  de  celle  qui  seule  pourra 
un  jour  éternellement  s'égaler  au  mérite. 

Après  avoir  évoqué  devant  vous.  Messieurs, 
une  telle  figure,  les  autres  risquent  de  perdre  de 
leur  relief.  C'est  possible  ;  mais  elles  auront  une 
autre  physionomfe,  car  c'est  une  des  surprises 
qu'éprouve  le  rapporteur  en  fouillant  les  dossiers, 
de  rencontrer  des  types  si  divers  et  si  originaux. 

Voici  que  nous  vous  présentons  la  fille  d'une 
cantinière,  «  une  enfant  de  giberne  »,  comme  elle 
le  dit  elle-même  en  style  pittoresque.  Mlle  Gene- 
viève Gautier,  née  en  1840,  a  passé  son  enfance  à 
la  caserne  Forbin.  La  famille  se  composait  de 
neuf  enfahts  :  deux  filles  et  sept  garçons,  tous 
enfants  de  troupe.  La  mère,  cette  brave  cantiniè- 
re qui  avait  donné  un  si  grand  nombre  de  soldats 
à  la  Patrie,  aurait  ce  me  semble  mérité  d'être  dé- 


—  46  — 

Corée  par  le  digne  colonel  Taconnet  qui  fut  son 
chef.  Geneviève  seconda  sa  mère  de  son  mieux 
dans  réducation  difficile  de  ces  turbulents  petits 
soldats.  Elle  resta  17  ans  employée  dans  la  mai- 
son Rey  et  30  années  dans  ces  vastes  magasins 
de  la  Tentation,  rue  Miséricorde,  que  la  population 
d'Aix  a  regretté  de  voir  se  fermer  et  où  Ton  s'est 
occupé  si  activement  des  belles  œuvres  de  guerre. 
La  voilà  donc  commise  d'un  grand  magasin 
de  nouveautés.  N'allez  pas  croire  un  peu  malicieu- 
sement, Messieurs,  que  je  vais  vous  rappeler  le 
type  de  la  demoiselle  de  magasin  que  Zola  a 
crayonné  dans  le  Bonheur  des  Dames.  N'arborez 
pas  votre  monocle,  notre  Geneviève  a  77  ans  I... 
Tant  qu'elle  Ta  pu,  accorte  et  souriante,  elle  rece- 
vait les  acheleuses,  déballait  devant  elles  les  étof- 
fes aux  chatoyants  reflets  avec  ces  longueurs  in- 
terminables  mais  que  trouve  toujours  trop  cour- 
tes une  femme  qui  choisit  sa  toilette.  Après  ces 
fatigantes  journées,  elle  trouvait  le  soir,  dans  son 
modeste  logis,  une  sœur  atteinte  de  plaies  alïreu- 
ses  qu'il  fallait  penser,  soi{4:ner  et  consoler  une 
partie  de  la  nuit.  Elle  a  mené  cette  dure  vie.  tra- 
vailleuse le  jour,  garde-malade  la  nuit  ;  elle  y  a 
usé  sa  santé  et  ses  maigres  économies  ;  elle  est 
actuellement  sans  ressources.  Vous,  Mesdames, 
qui  avez  si  souvent  abusé  de  sa  patience  sans 
jamais  la  lasser,  vous  approuverez  certainement 
l'Académie  de  lui  avoir  accordé  la  seconde  par- 
tie du  prix  Reynier,  soit  400  francs. 


—  47  — 

L'une  des  principales  bienfaitrices  de  TAcadé- 
mie,  Mlle  Irma  Moreau,  a  institué  en  1869,  T Aca- 
démie, sa  légataire  universelle  pour  fonder  des 
pensions  viagères  de  200  francs  :  les  unes,  en 
faveur  des  familles  nombreuses,  les  autres,  en 
faveur  des  ouvrières  usées  au  travail. 

L'Académie  disposant  cette  année  de  trois  pen- 
sions en  a  accordé  deux  aux  familles  nombreu- 
ses. L^ntention  qu'elle  y  a  mise  apparaît  claire- 
ment. Je  ne  voudrais  cependant  pas  ouvrir  devant 
vous  cette  grave  question  de  la  dépopulation  qui 
inquiète  et  préoccupe  tous  les  bons  Français  et 
menace  l'existence  de  notre  nation.  Je  me  borne 
à  évoquer  certains  faits  qu'on  a  remis  en  lumière 
récemment  :  si  la  famille  Française  était  restée 
aussi  nombreuse  qu'elle  l'était  dans  les  siècles 
passés,  nous  ne  disons  pas  :  TAUemagne  aurait 
été  déjà  vaincue,  nous  affirmons  qu'elle  n'aurait 
pas  osé  nous  attaquer.  Ce  fils  unique,  jalousement 
élevé  par  ses  parents,  s'il  n'a  point  de  frère  autour 
de  lui,  qui  le  défendra  ?  Il  sera  abattu,  victime 
de  l'égoïste  calcul  des  siens, 

Une  nation  qui  a  plus  de  tombes  que  de  ber- 
ceaux, voit  ses  terres  abandonnées,  ses  champs 
en  friche  être  la  proie  de  ses  voisins  et  est  mena- 
cée d'être  rayée  de  la  carte  du  monde. 

Voilà  pourquoi  nous  éprouvons  quelque  fierté 
à  vous  présenter  la  famille  Hertzog  qui  se  com- 
posait de  dix  enfants  dont  neuf  garçons^  un  seul 


^ 


—  48  — 

de  ces  enfants  mourut  en  bas  âge.  La  mère  est 
actuellement  âgée  de  quarante-cinq  ans  ;  eUe  a 
eu  successivement  dix  grossesses,  elle  a  allaité 
tous  ses  enfants.  Je  vous  laisse  à  penser^  Mes- 
dames, quelle  somme  de  labeur  elle  a  dû  fournir  I 
Que  de  nuits  passées  au  chevet  de  ses  enfants  ! 
Que  de  sollicitudes  pour  des  rougeoles,  des  oreil- 
lons, des  coqueluches  multipliés  par  dix  I  Vous 
ne  vous  étonnerez  point  qu'ainsi  absorbée,  elle 
n'ait  pu  apporter  un  centime  au  budget  familial. 
Le  père  travaillait  comme  charretier  chez  M. 
Jourdan,  négociaht  en  bois,  qui  nous  a  donné 
d'excellents  renseignements,  et  son  salaire  est  le 
seul  revenu  de  la  famille. 

On  peut  se  demander,  dès  lors,  de  quoi  vivent 
ces  onze  personnes.  Franchement,  Mesdames,  je 
l'ignore.  Notre  ancien  président,  M.  de  Bonne- 
corse,  qui  les  a  visités  longtemps,  pas  plus  que 
moi,  ne  les  a  jamais  entendus  se  plaindre.  En 
dépit  de  la  charité  qui  les  aide  quelque  peu,  c'est 
là  un  problème  en  suspens  que  résout  cependant 
quotidiennement  pour  eux  la  Providence. 

Comme  au  temps  évangélique  de  Bethléem, 
les  propriétaires  sont  durs  pour  les  familles  nom- 
breuses :  «  Non  erat  eis  lociis  indicersorio  ».  Les 
Ilertzog  ont  dû  quitter  l'étroit  logis  de  la  rue 
Lice  St-Louis  et  partir,  non  pas  heureusement 
pour  retable,  mais  pour  la  campagne,  dans  ce 
quartier  d'Encagnane, d'où  les  couchers  de  soleil 


—  49  — 

sont  si  beaux  sur  Thorizon  à  la  ligne  droite  et 
pure...  Là,  du  moins  les  enfants  trouvent  l'espace 
et  l'air  pur. 

L'Académie  vous  semblera  donc  heureusement 
inspirée  en  accordant  à  la  famille  Hertzog,  la 
première  pension  viagère  de  200  francs  du  legs 
IrmaMoreau. 

C'est  dans  le  riant  petit  village  des  Milles  que 
nous  avons  découvert  la  seconde  famille  que 
nous  alloDS  récompenser. 

Décanis  Justin,  âgé  de  cinquante-quatre  ans, 
a  eu  six  enfants  ;  il  est  veuf  depuis  une 
dizaine  d'années  ;  trois  de  ses  enfants  ont  suc- 
combé ;  l'un  d'eux  est  mort  glorieusement  pour 
la  France.  Lui-même  est,  hélas,  paralysé  et 
aveugle,  et  il  ne  peut  plus  subvenir,  par  son  tra- 
vail, aux  besoins  de  sa  famille  ;  il  lui  reste  trois 
enfants,  deux  garçons  de  seize  et  douze  ans,  et 
une  fille  de  vingt-cinq  ans  :  Jeanne,  qui  assume 
la  lourde  tâche  de  la  mère  absente,  dirige  et  sou- 
tient, matériellement  et  moralement,  le  ménage. 
C'est  pour  honorer  cette  vaillante  Jeanne,  type 
que  notre  éminent  confrère,  M.  Charles  de  Ribbe, 
a  plusieurs  fois  mis  en  relief  dans  l'antique 
famille  Provençale,  type  de  l'austère  sœur  aînée, 
mûrie  prématurément  par  le  malheur,  devenue 
la  jeune  mère  des  orphelins,  que  l'Académie 
décerne  la  seconde  pension  Irma  Moreau,  à 
Décanis  J ustin,  des  Milles. 


—  50  — 

Messieurs,  en  choisissant  M^^*  Guyot,  TAca- 
démie  remplit  la  dernière  partie  des  intentions 
d'Irma  Moreau  :  récompenser  une  ouvrière  âgée 
et  méritante.  Le  26  juin  1886  notre  regretté  col- 
lègue, le  baron  de  St-  Marc,  dans  son  rapport 
très  applaudi,  énuméra  les  actes  exceptionnels  de 
dévouement  qui  valurent  à  Louise   Guyot  une 
partie  du  prix  Reynier.  Il  faisait  ressortir  que 
Louise,  fille  unique  d'un  entrepreneur  dont  les 
affaires  prospéraient,  reçut  une  excellente  édu- 
cation et  qu'elle  y  puisa  l'énergie  nécessaire  pour 
supporter,  sans  fléchir,  la  ruine  qui  survint  d'une 
façon  aussi  imméritée   qu'inopinée.  Elle,  se  mit 
courageusement  au   travail  et  put  soutenir  son 
père  et  sa  mère  tombés  tous  deux  malades.  Ce 
prix  de  300  francs  qu'elle  avait  si  bien  mérité, 
((  elle  le  prêta  à  Dieu  »,  suivant  le  proverbe  popu- 
laire de  nos  pères,  en  le  donnant  à  de  plus  pau- 
vres qu'elle  et  le  travail  acharné  fut  soii  pain 
quotidien.  Elle  ne  se  distrayait  qu'en  allant  con- 
soler une  amie  dans  la  peine,  en  allant  penser 
régulièrement  une  plaie  cancéreuse,  en  allant 
veiller  une  voisine  malade.  Ne  l'avons-nous  pas 
surprise  un  jour  prêtant  libéralement  son  soleil, 
ce  bon  soleil  qui  inondait  sa  modeste  chambre,  à 
une  jeune  poitrinaire  qui  habitait  une  mansarde 
obscure?  Faire  Tau mône  des  rayons  de  soleil  !... 
Quel  joli  thème  pour  les  poètes  ordinaires  de 
notre  Académie  !...  Louise  travailla  tant  qu'elle 


—  51  — 

put,  confôctionnant  pendant  de  longues  années, 
les  ornements  de  ces  vaillants  missionnaires, 
fils  de  France,  qui  vont  porter  aux  plages  étran- 
gères, avec  les  trois  couleurs,  la  Croix  Rédemp- 
trice. 

Epuisée,  elle  travailla  ;  malade,  elle  travailla 
encore,  jusqu'au  jour  où  ses  forces  fléchirent 
définitivement.  Que  j'en  ai  vu  tomber,  Mesdames, 
dans  ma  carrière  déjà  longue,  de  ces  pâles  et 
vaillantes  ouvrières,  sur  ce  champ  de  bataille  du 
travail  !...  Elles  ne  récriminent  pas,  elles  ne  font 
pas  dégrèves,  pas  de  revendications  bruyantes  ; 
elles  tombent  silencieuses  et  ignorées.  Quand 
elles  n'ont  auprès  d'elles  ni  sœurs,  ni  parents,  jii 
...  quelque  Fanny  Thomas,  elles  sont  recueillies 
dans  cette  demeure  sacrée  qui  porte  ce  beau  nom 
d'Hôtel-Dieu.  Elles  y  écoutent,  émues,  la  parole 
mystérieuse  que  l'infortuné  poète,  sur  son  lit 
d'hôpital,  entendait  murmurer  domcement  à  son 
oreille  : 

<  N'ai-je  pas  sangloté  ton  angoisse  suprême 

<  Et  n'ai- je  pas  sué  la  sueur  de  tes  nuits, 

«  Lamentable  ami,  qui  me  cherches  où  je  suis  ?  » 

Oh  I  je  sais  bien.  Messieurs,  que  le  législateur 
s'est  ému  de  la  misère  imméritée  de  l'ouvrière  à 
domicile  et  que  contre  le  n  sweating  system  »  il 
a  édicté  des  lois,  lois  tardives,  hélas,  lois  insuâi- 
santes  pour  pallier  ces  injustices  sociales,  en 


.o 


aitendajit  1  heure  des  éternelies  reparatioQS,  l'Aca- 
démie accorde  la  tr>j:sieme  pension  viagère  de 
2ÛÛ  francs  à  M  *  Louise  Guyot. 

Vous  avez  dû  souvent  admirer.  Messieurs, 
dans  les  musées  d'Italie,  les  artistes  qui,  dans  les 
'4  Vierges  aux  Donateurs  -,  avaient  varié,  avec 
une  grâce  inûnie,  les  personnages  groupés  autour 
du  motif  principal.  De  même,  les  donateurs  de 
notre  Académie  nous  ont  tracé,  par  leurs  inten- 
tions, les  types  les  plus  divers.  Dans  le  cadre  qu'a 
fixé  elle-même  Henriette  Rayon  par  son  testa- 
ment du  26  décembre  19»J6,  vient  tout  naturelle- 
ment se  placer  la  figure  souriante  de  Denise 
Tournon.  Celle-là  est  marquée  du  double  carac- 
tère de  la  souffrance  et  du  sacrifice  ;  elle  va  avoir 
une  rude  tache  à  remplir  et  aura  en  même  temps 
à  porter  le  fardeau  de  la  maladie.  N*est-ce  pas, 
Mesdames,  que  vous  en  avez  connu  de  ces  âmes 
hautes  et  fortçs  qui,  dans  un  corps  brisé  par  le 
mal,  ont  exercé  autour  d'elles,  une  influence 
féconde  et  bienfaisante?  Ne  voyez- vous  pas  passer 
devant  vos  yeux  la  pâle  et  délicate  figure  de  Mlle 
Rostan  d'Abancourt,  Tune  des  grandes  bienfai- 
trices de  noire  Académie  ?  Ne  savez-vous  pas 
mieux  que  moi,  quel  rayonnement  constant  de 
bonté,  d'incessants  actes  de  charité  partaient  de 
son  lit  de  souffrance?.. 

Denise  perd  son  père  à  dix-huit  ans,  sa  mère 
est  atteinte  d'une  maladie  grave,  elle  a  six  frères 


—  53  — 

ou  sœurs,  des  ressources  très  précaires  ;  elle  ne 
fléchit  pas  un  instant,  elle  travaille  toute  la  jour- 
née dans  un  magasin  de  la  ville.  Dès  Taube,  elle 
distribue  à  chacun,  petits  et  grands,  la  tâche  de 
la  journée,  soins  à  donner  à  la  mère,  modeste 
repas  à  préparer,  propreté  rigoureuse  à  entretenir 
dans  le  ménage.  Le  soir,  elle  est  heureuse  de  rap- 
porter la  totalité  de  son  salaire,  seule  ressource 
de  la  famille..  Elle  remet  de  Tordre  dans  la  pau- 
vre chambre,  refait  la  couche  de  la  malade, 
raccommode  les  habits  des  petits,  veille  souvent 
bien  tard  et  se  relève  la  nuit  pour  secourir  et 
consoler  sa  mère  qui,  en  dépit  de  tous  ses  soins 
succombe...  et  voilà  Denise,  à  vingt  ans,  à  la  tète 
d'une  petite  famille  de  six  enfants  dont  le  plus 
jeune  à  trois  ans  ;  son  cœur  va  grandir  encore, 
son  énergie  va  se  décupler.  «  La  fonction  crée 
l'organe)).  Oui,  merveille  de  la  physiologie  orga- 
nique, mais  merveille  aussi  de  Tamour  humain 
transfiguré  par  Taustère  devoir.  Denise  veille  à 
tout  ;  les  garçons  fréquentent  Técole  de  Si-  Joseph 
et  les  filles  celle  des  demoiselles  Michel.  Elle  les 
entoure  d'une  affection  maternelle,  elle  ne  néglige 
rien  pour  assurer  leur  bien-être  physique  en  même 
temps  que  leur  éducation  chrétienne.  Tout  passe 
par  ses  mains  :  la  leçon  de  cathéchisme  à  réciter, 
la  page  d'écriture  à  corriger,  la  cuisine,  le  blan- 
chissage et  le  raccommodage  des  vêtements  de 
ses  frères  et  sœurs... 


—  54  — 

Mais,  écrasée  par  cette  tâche  surhumaine, 
minée  peut-être  par  quelque  germe  héréditaire, 
la  vaillante  enfant  est  vaincue,  elle  tombe  ;  la 
maladie  paraît  trop  sérieuse  pour  que  ses  frères 
et  sœurs  puissent  la  soigner  ;  au  milieu  de  leurs 
larmes  et  de  leurs  sanglots,  elle  les  quitte  pour 
aller  à  l'hôpital  ;  elle  le  veut  énergiqueraent  elle- 
même  pour  pouvoir  reprendre  plus  tôt  sa  tâche 
de  dévouement  et  elle  guérira  parce  qu'elle  le 
voudra. 

Dans  notre  vieil  Hôtel-Dieu,  c'est  votre  rappor- 
teur qui  a  le  plaisir  de  la  recevoir  ;  elle  entre  dans 
cette  salle,  au  renom  sinistre,  dont  on  franchit 
rarement  le  seuil  deux  fois  et,  tout  de  suite,  son 
sourire,  sa  jeunesse  et  sa  confiance  rayonnent 
dans  cette  salle  des  grandes  misères  humaines  où 
ne  filtre  qu'un  pâle  rayon  d'espérance  : 

«  E  soun  regard  èro  uno  eigagno 
€  Qu'esvalissié  touto  magagno  » , 

Elle  lutte  courageusement  contre  le  mal  et 
trouve  assez  de  réserve,  d'énergie  et  d'espérance 
pour  en  semer  autour  d'elle^  réconforter  et  ras- 
séréner ses  malheureuses  voisines. 

Il  est  dans  notre  pauvre  monde,  des  âmes  pri- 

viligiées  qui,  comme  le  radium,  ce  métal  rare  et 

précieux,  ont  la  propriété  d'émettre  sans  cesse  des 

radiations  de  chaleur  et  de  Inmiore,  sans  jamais 

s'appauvrir. 


—  55  -. 

Au  bout  de  huit  mois,  en  dépit  du  fatal  oracle 
d^Epidaure,  elle    verra  jaunir  et  reverdir  les 
feuilles,  trompant  le  pronostic  de  tous  les  méder 
cins.  La  voilà  guérie  :  Denise  est  rescapée  de  là 
médecine,  ou  mieux,  la  Providence  veut  la  con- 
server à  sa  tâche  maternelle.  Dès  que  ses  forces 
sont  revenues,  elle  va  la  reprendre,  en  effet,  avec 
le  même  entrain  et   la  même  bonne   humeur. 
Mais  répreuve  n*est  pas  finie  :  Dieu  et  la  France 
vont  lui  demander  un  suprême  effort  :  deux  de. 
ses  frères  sont  mobilisés.  Elle  les  a  accompagnés 
sans   lamentations  amollissantes  ;  elle    est  en 
même  temps  qu'une  petite  maman,  une  vaillante 
Française.  Au  bout  de  quelque  mois,  Taîné  tombe 
sur  le  champ  de  bataille  et  meurt  pour  son  pays. 
Denise,  au   milieu  de  ses  larmes,   ressent  une 
intime  fierté  patriotique  qu'elle  fait  partager  à  son 
frère  qui  reste  sur  le  front  ;  elle  lui  écrit  de  brèves 
cartes  que  je  voudrais  pouvoir  lire,  Mesdames, 
parce  qu'elles  révèlent  chez  cette  enfant  de  vingt 
ans  toute  la  grandeur  d'âme  de"  la  femme  Fran- 
çaise. Il  me  semble  que  ce  trait  ajoute  une  der- 
nière et  vigoureuse  touche  à  ce  beau  portrait  que 
j'ai  essayé  de  vous  tracer.  * 

Après  cela  l'Académie  croit  faire  peu,  trop  peu, 
en  accordant  à  Denise  Tournon  ce  prix  Rayon 
de  275  francs. 

Tous  les  vieux  Aixois  ont  connu  la  silhouette 
de  ce  bon  M.  Bourdelel,  toujours  en  chapeau 


—  56  — 

haat  de  forme^  toujours  soigné  et  correct  daos 
sa  mise  ;  pareille  correction,  il  l'apportait  dans 
ses  convictions,  nullement  intolérantes,  mais 
fermes  et  inébranlables.  Il  était  d'avis  qa*on  doit 
avoir,  non  pas  les  opinions  de  son  temps,  mats 
bien  les  opinions  de  tous  les  temps  ;  celles  que 
Texpérience  séculaire  a  démontré  être  la  prospé- 
rite  des  nations  et  des  sociétés. 

Cet  excellent  homme,  n^ayant  aucune  obliga- 
tion familiale,  désirant  continuer  après  sa  mort, 
le  bien  qu'il  faisait  en  son  vivant,  ne  trouvant 
aucun  pilier  solide  sur  lequel  il  pût  faire  une 
fondation,  les  récentes  lois  les  ayant  tous  abattus, 
a  institué  notre  Académie  sa  légataire  universelle, 
par  testament  en  date  du  29  juillet  1913. 

Nous  sommes  heureux  de  distribuer  en  son 
nom,  pour  la  première  fois,  deux  pensions  de 
300  francs.  La  première  nous  a  été  indiquée  par 
le  testateur  lui-même  dans  les  termes  suivants  : 
'<  Je  prie  r  Académie  d'affecter  la  première  pen- 
H  sion  de  300  francs  qu'elle  créera  avec  les  revé- 
cu nus  du  legs  universel  que  je  lui  laisse  à  Madame 
((  Veuve  Hinnebec,  née  Viclorine  Rampai,  coutu- 
((  rière,  cfemeurant  à  Aix,  rue  de  la  Glacière  ». 

L'Académie  accorde  la  seconde  des  pensions 
de  300  francs  à  Madame  Louise  Guitton,  veuve 
Pellenc,  âgée  de  70  ans  ;  elle  est  restée  veuve  à 
l'âge  de  trente-deux  ans,  avec  deux  enfants  à  sa 
charge.  Elle  h'a  jamais  eu  qu'uno^eule  passion 


-57- 

qui  a  dominé  sa  vie,  an  sens  où  l'entendent  nos 
paysans  de  Provence,  quand  lis  veulent  caracté- 
riser quelqu'un  qui  a  un  goût  très  vif  pour  la 
chasse,  pour  les  voyages,  pour  les  livres,  ils  di- 
sent :  ((  es  sa  passien  !  »  Eh  bien,  sa  passion,  à 
elle,  a  été  celle  du  dévouement  et  du  dévouement 
si  humble,  si  modeste,  qu'il  a  toujours  Tair  de 
vouloir  se  faire  pardonner  tout  le  bien  qu'il  sème 
autour  de  lui.  Elle  soigne,  à  sa  manière  douce  et 
silencieuse^  sans  jamais  vouloir  recevoir  la  moin- 
dre rémunération  qu'elle  considérerait  comme 
une  offense,  d'abord  les  époux  Etienne,  dans  leur 
campagne  de  la  Calade,  puis  M""""  Glaner  et 
Reine,  sans  interrompre  pour  cela  son  travail. 
Elle  recueille  chez  elle  son  frère,  Henri  Guitton, 
atteint  de  phtisie  pulmonaire,  qui  sans  elle  eût 
été  obligé  d'aller  finir  à  l'hôpital.  A  la  mort  de  sa 
fille,  en  1915,  elle  se  chargea  de  ses  six  enfants 
et,  bien  qu'à  un  âge  assez  avancé,  recommence 
la  tâche  d'une  jeune  mère.  Elle  a  eu  récemment 
un  chagrin  :  celui  de  ne  pouvoir  soigner  son 
père  qu'une  opération  grave  oblige  d'entrer  à 
l'hôpital.  Ces  natures  d'élite  ne  souffrent  que 
d'une  chose,  c'est  de  ne  pas  pouvoir  se  dévouer 
davantage.  Et  notez  :  tout  ce  bien  die  l'accomplit 
sans  cesser  de  travailler.  Chaque  fois  qu'elle  a  un 
peu  de  liberté,  elle  accourt  chez  le  négociant 
qui  l'emploie  d'habitude  et  qui  est  toujours  heu- 
reux de  l'occuper.  Ne  vous  semble-t-il  pas,  Mes- 


—  58  — 

dames,  que  de  si  hauts  exemples  qui  confondent 
notre  pusillanimité,  sont  bien,  suivant  la  grande 
parole  divine,  '<  le  sel  »  salubre  et  vivifiant  qoi 
empêche  notre  pauvre  société  de  a  s'affadir  >' 
dans  le  bien-être  lâche  et  égoïste,  et  le  u  ferment  » 
généreux  qui  ''  fait  lever  la  pâte  >>  molle  de  nos 
paresses  et  nos  nonchalances  ? 

>r^^  Amélie  Chambaud  clôt  la  série  de  nos 
récompenses.  En  quittant  la  ville  d'Aix,  où  sa 
famille  avait  de  nombreuses  attaches  et  a 
laissé  de  si  unanimes  sympathies,  elle  a  voulu, 
en  souvenir  d'elle,  perpétuer  son  nom  et  laisser 
à  l'Académie  une  rente  de  100  francs  pour  venir 
en  aide  à  une  personne  âgée  et  sans  ressources. 
Nulle  autre  mieux  que  Mlle  Ursule  Baume  ne 
nous  a  paru  digne  de  mériter  ce  secours.  Elle  a 
soixante-dix-huit  ans.  Après  une  vie  de  labeur  et 
d'honnêteté,  elle  a  une  santé  ruinée  et  usée  par 
le  travail.  J'ai  gravi  pour  aller  la  surprendre, 
quatre  étages  de  la  rue  des  Bernardines  et  j'ai 
été  bien  payé  de  ma  peine  :  un  tableau  deGreuze, 
un  intérieur  modeste,  reluisant  de  propreté,  une 
petite  vieille  accorte  et  vive,  qui  a  quatre  fois 
vingt  ans  et  coud  d'une  main  agile. 

<  Cours  mon  aigniUe  dans  la  laine  > 

Elle  soigne  son  frère,  fait  le  ménage,  s'excuse 
de  ne  pas  travailler  davantage,  s'étonne  d'avoir 
mérité  quoi  que  ce  soit.  —  Vous  allez  la  voir  s'a- 


—  59  — 

vancer  à  pas  menus,  comme  un  bonne  vieille  de 
nos  crèche^,  fermant  gentiment  la  marche  de  nos 
lauréates. 

Je  vous  remercie,  Messieurs,  d'avoir  bien 
voulu  parcourir  avec  nous  ce  jardin  des  humbles 
pour  y  cueillir  quelques  fleurs  dont  le  parfum 
délicat  et  discret,  trahit  seul  la  présence  :  fleurs 
de  printemps  et  fleurs  d'automne,  fleurs  de  nos 
chemins  et  de  nos  collines  ou  fleurs  plus  rares 
qui  ne  croissent  que  dans  les  altitudes,  fleurs  qui 
s'entrouvrent  à  peine  ici-bas  et  qui  auront  leur 
plein  épanouissement  aux  parterres  éternels.  Je 
vous  propose  d'en  tresser  une  couronne  et  de  la 
poser  pieusement  sur  le  noble  front  de  l'antique 
cité  du  Roi  René  afin  de  bien  prouver  que  le 
même  sang  généreux  coule  toujours  dans  ses 
veines. 


1 


—  62  — 


II 


PRIX  REYNIER 

Ce  prix  de  i  ,000  francs  a  été  fondé  en  1865 ^ 
par  testament  olographe  du  18  mars  1864,  pour 
récompenser  les  actes  les  plus  méritoires  de 
dévouement yde  fidélité  et  de  secours  cai  malheur , 
les  soins  désintéressés  donnés  aux  infirmes  et 
aux  vieillards  ainsi  qu'à  l'enfance  délaissée  et 
pauvre. 

Une  partie  de  là  somme  est  réservée  pour 
les  pères  et  mères  qui  élèvent  le  mieux  leurs 
enfants,  c'est-à-dire,  d'une  manière  chrétienne, 
honnête  et  laborieuse. 

Le  prix  Régnier  a  été  décerné  à  cent  trente- 
cinq  Lauréats  de  1870  à  1917. 

Comme  pour  le  prix  Rambot,  leur  liste  a  été 
insérée  dans  les  précédents  Bulletins  ;  voici 
celle  des  dix  dernières  années  : 


Uiste  des  X^au.réats 

Depuis  1907 

1908.  Mlle  Léoncie  Arbaud,  à  Aix. 

»  Mlle  Eulalie  Antonietti,  d'Istres. 

»  Les  époux  Bârthélemt-Gilles,  à  Aix. 

1909.  Mlle  Clémence  Thomas,  à  Aix. 
>  Mlle  Marguerite  Lèze,  à  Aix. 

»        Mme  veuTe  Deluy,  à  Aix. 


—  63  — 

1910.  M.  Joseph  Qranon^  de  Rognes. 

>  M.  Femand  Arnïaud,  de  Rognes. 

1911 .  Mlle  Henriette  Brun,  à  Aix. 

»  Mme  Anastat,  née  Ferrât,  à  Aix. 

1912.  Mlle  BiMET  Jeanne,  à  Aix. 

»  Mlle  Anâstay  Nathalie,  à  Aix. 

i>    ^  Mlle  NiEL  Louise,  à  La  Calade,  près  d'Aix. 

»  Mlle  MoNDONE  Eolalie,  à  Aix. 

1913.  Mlle  BoucHET  Baptistine,  à  Aix. 

>  Les  époux  HiLARiON  Constant,  à  Rians. 

>  Mlle  CosTE  Marie-Thérèse,  à  Aix . 
\9\4,  Mme  Gras,  née  André,  à  Aix. 

»  Les  époux  Honorât,  à  Aix. 

»  Mlle  Peyroncelli  Joséphine,  à  Aix. 

1915.  Mme  veuve  Chanut,  née  Lombard,  à  Aix. 
»  Mme  veuve  Bossy,  &  Aix. 

»  Mlle  BiCAïs  Victorine,  à  Aix. 

1916.  Mme  veuve  Fournon,  à  Aix. 

>  Mlle  Délions  Louise,  à  Aix. 

»  Mlle  Laurin  Rose,  &  Aix. 

1917 .  Mlle  Thomas  Fanny,  à  Aix. 

»  Mlle  Gautier  Geneviève,  à  Aix. 


—  64  — 


III 


PENSIONS  IRMA  MOBBAU 

Ces  pensions  ont  été  fondées  en  1899,  par 
testament  de  Mademoiselle  Irma  Moreau,  du 
7  janvier  de  la  même  année,  qui  institue  l'Aca- 
démie sa  légataire  universelle.  Elles  consistent 
en  une  somme  annuelle  de  200 francs. 

Elles  sont  destinées  à  offrir  une  récompense 
et  procurer  un  secours  aux  personnes  particu- 
lièrement recommandées  par  leur  vertu  notoi- 
re, qui  en  seront  les  plus  dignes  et  qui  devront 
être  choisies  dans  les  catégories  suivantes  : 

1°  Pères  de  famille,  veufs  ou  non,  et  mères  de 
famille  veuves,  connus  comme  gens  malheureux 
et  nécessiteux,   exempts  d'ivrognerie  et  autres 
vices,  et  ayant  au  moins  deux  enfants  ; 

2°  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie, 
ou  d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans 
l'impossibilité  de  subvenir  à  leurs  besoins. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pen- 
sions en  1902. 


65  — 


1 


é€m  penmÎQjàm  onvrlère» 


Ir.  CATÉCK>BZS  (FèTMi  et  VèrM  d«  famiU*) 


1903. 

> 

1905. 
1907. 
1908. 

> 
1911. 
1913. 


1915. 

> 

1916. 
1917. 


M.  Fidèle  Bontoux,  à  Aix, 
Mme  venve  Charles  Dbsplas,  née 

MiALHE,  de  Castres, 
M.  Victorin  Giniez,  à  Oalice, 
M- veuveTEMPiER,  née  Tardieu, 
M"  Pauline  Dedieu,  née  Pallion, 

de  Saint-Remy, 
Les  époux  Abel,  de  Rians 
M.  Antoine  Michel,    à  Septèmes, 
M.    Célestin  -  Joseph    Philibert, 

époux  BouzE,  à  Aix, 
Mme    Françoise-Emilie    Tourne- 
fort,  veuve  Demabia, 
M.  Nacre,  à  Aix, 
M.  Granier  Marins,  à  Aix, 
M.  Chaix,  à  Aix, 
M.  Hertzog  Raoul,  à  Aix, 
M.  DÉCAXIS  Justin,  aux  Milles, 


(5  enfants) 


(6         » 
(8         » 

(5 


(7 
(10 

(14 

(8 

(12 

(6 

(6 

(6 
(10 

(6 


» 


> 


—  66  - 


2m«CATÉOOBZS   (0«¥rièreB) 


1902.  Mme  veuve  Jaugerst,  à  Aix. 

1908.  Mlle  Madeleine  Chieusse,  à  Arles. 

1912.  Mme  veuve  Goyrand  Renée,   née  Laurens,   au 
Puy-Sainte-Réparade. 

1915.  Mme  veuve  Pascai^y,  née  OUivler,  à  Aix. 
»  Mlle  RoYÈRE  Henriette,  à  Aix. 

1916 .  Mlle  FouRNiER  Joséphine,  à  Aix. 

1917.  Mlle  GuYOT  Louise,  à  Aix. 


•eo 


—  67  — 


IV 

PRIX  HENRIETTl^  RATON 

Ce  prix  de  275  francs  a  été  fondé  par  Made- 
moiselle Henriette  Rayon,  par  testament  du 
26  décembre  1906,  pour  récompenser  une 
jeune  ftlle  dont  le  bureau  de  l'Académie  aura 
distingué  les  mérites. 

Comme  pour  les  autres  prix  Rambot,  Reynier 
et  Irma  Moreau,  la  liste  de  ces  prix  sera  insérée 
dans  le  présent  Bulletin. 

U Académie  a  commencé  en  1909  à  décerner 
ce  priœ. 


Depuis  1909 

1909 .  Mlle  Herminie  Callier,  d' Aix. 

1910.  Mlle  Marie  Nou VERRONS,  d'Aix. 

1911.  Mlle  Léontine  Roman,  de  Malljay« 

1912.  Mlle  Louise  Arnaud,  d'Aix. 

1913.  Mlle  Louise  Pellissier,  d'Aix. 

1914.  mie  Albine  Diogène,  d'Aix . 

1915.  Mlle  Marcelle  Coche,  d'Aix. 

1916.  Mlle  Anna Guiou,  d'Aix. 

1917.  Mlle  Louise  Tournon,  d'Aix. 


«■ 


—  68  — 


V 


PENSION  V^  NÈ6BE 


'z:-'  pension  a  été  instituée  par  Madame 
V^:  --:>  F.\BRE,   c^ac^  NÈGRE,  décédée  à  Aix 
•  5    r.rVW  1908. 

Pv?r  son  testament  du  16  juillet  1903, 
\l.vdame  Nègre  a  fondé  ce  legs  en  mémoire 
du  sieur  Fabre,  son  père,  qui  était  ma^on.  Il 
ctmsiste  en  une  pension  ouvrière  de  329  francs 
à  décerner  à  un  maçon,  marié  ou  non,  avec  ou 
sans  enfant,  ne  pouvant  plus  travailler,  d'une 
honnêteté  parfaite  et  bien  reconnue,  pour  en 
jouir  sa  vie  durant. 

U Académie  a  commencé  à  décerner  cette 
pension  dans  la  Séance  Publique  de  1910. 


ILilste  des  rjauréats 

Depuis  1910 

1910.     Ilonri  Second,  à  Aix. 
1916.     M.  CuRKT,  à  Aix. 


L 


—  69  — 


VI 


PENSIONS  HENRI  BOURDELET 

Ces  pensions  ont  été  fondées  par  testament 
de  M.  Henri  Bourdelet,  du  22  juillet  1913 
(Notaire  Daillan^  à  Aix).  Elles  consistent  en 
une  somme  annuelle  de  300  francs  et  sont  des- 
tinées à  des  vieillards  que  l'Académie  doit  choi- 
sir parmi  les  plus  âgés  ou  les  moins  valides. 
Les  bénéficiaires  de  ces  pensions  doivent  être 
Français,  être  nés  à  Aix  et  avoir  un  casier 
judiciaire  vierge. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pen- 
sions en  1917. 


1917.     M"*  veuve  Hinnebec,  née  Rampai,  à  Aix. 
>        M*'  veuve  PeUjEnc,  née  Guitton,  à  Aix. 


—  70  — 


VII 


PRIX    OHAMBAUD 

Ce  prix  a  été  institué  par  Mademoiselle  Amé- 
lie Chambaud. 

Par  sa.  donation  du  28 mars  19i5,  Mademoi- 
selle Chambaud  a  remis  à  l'Académie  cTAiac 
un  titre  de  rente  de  cent  francs,  à  charge  par 
elle  d'attribuer,  chaque  année,  un  secours  de 
cette  somme  a  à  un  orphelin  paucre  ou  à  an 
vieillard  paucre  de  la  commune  dAiœ  n. 

U Académie  a  commencé  a  décerner  ce  pria: 
en  1916. 


I^isste    des  L«aui*éats 

1016 .     Mme  venve  Martik,  née  Anselme^  à  Aiz. 
1917.     Mlle  Ursule  Baume,  à  Aix. 


1 


—  71  — 


VIII 


PRIX  THIERS 

• 

Mademoiselle  Dosne,  en  soucenir  de  son 
illustre  beau- frère,  M.  Thiers,  a  fondé  le 
prix  que  l'Académie  a  l'honneur  de  décerner. 

Ce  prix  consiste  en  une  somme  de  S.OOOfr. 
à  décerner  Jous  les  cinq  ans,  indivisible,  pour 
un  ouvrage  sur  la  Provence  ou  écrit  par  un 
Provençal. 


1907.  M.  Camille  JuLLiAN,  membre  de  l'Institut,  à 
Paris. 

1912.  M.  Z.  ISNARD,  archiviste  en  chef  du  départe- 
ment des  Basses- Alpes,  h  Digne. 

1917 .  M.  Emile  Ripert,  chargé  de  Cours  à  la  Faculté 
des  Lettres,  à  Aix. 


n 

PBIZ    1 

.V.  te  Docteur  EcaHs, 

contrihiier  Ô  la  tjUjrifi: 
en  suscitant  dfn  traro-'U 
V étude  de  l'une  des  phot 
ou  thistoire  de  la  rAe  et 
hommes  f/ui  Vonileplu^ 
ces,  dans  les  lettres,  da 
pour  rendre  hommaf/e 
oncle,  M.  Mignkt,  de 
secrétaire  perpétuel  de  < 
Morales  et  Poliliquee,  . 
l'Académie  d' A ix,  a/or 
son  nom.  Le  Prix  M 
3.000  francs,  sera  do 
inléf/ralement,  sans  et 
diminué,  ni  ajourné  soi 
Pour  la  première  fois 
doit  Jamais  être  c 
'c  Prix  Thiers. 

Ljlste  des 

113.     M.  Micbel  Cleec, 
Lettres  de  l'Ui 


-  73  - 


BUREAU  DE  L'ACADÉMIE 

1916  -  1917 


Président M.  Bourguet. 

Vice-Président  M.  leComtedeMouGiNS-RoQUEFORT 

Secrétaire-Perpétuel,  M.  le  baron  Guillibert. 

Secrétaire  annuel, . ,  M.  Revol. 

Archiviste M.  le  Marquis  cL'Ille. 

Conservât,  du  Musée.  M.  Raimbault. 

Trésorier M.  de  Duranti-La-Calade. 


1 


TABLEAU 

DES 

MEMBRES  DE  l'aCADÉMIE 

(Arrêté  en  juin  1917) 


MEMBRES  D'HONNEUR 
,      MM. 

Charles-Roux  Jules,  C.  eS:,  ancien  député.  Associé  régional 
12  janvier  1883.  Membre  d'honneur,  3  décembre  1907. 
Bue  Pierre-Charron j  12 y  à  Paris,   XVI\ 

Michel  Evariste  :y;,  docteur  en  médecine.  Membre  hono- 
raire, 21  février  1902.  Membre  d'honneur,  14  janvier  1908. 
Villa  Mignetj  à  Aix,  et  83  ^  rue  Denfert- Rocher  eau,  à 
Paris,  XIV\ 

GiRAUD  Charles,  0.  îJ^-S  Premier  Président  honoraire  de  la 
Cour  d'Appel  d'Aix,  \6  mars  1909,  à  Choisy,  par  Moun 
tiers-leS'Mauxfaits  (Vendée). 

AiCARD  Jean,  0.  ^,  Q,  membre  de  l'Académie  Française, 
15  mars  1910,  à  La  Garde,  près  Toulon  fVar). 

RÉGNIER  (de)  Henri,  membre  de  l'Académie  Française, 
correspondant,  5  mai  1908.  Membre  d'honneur,  16  jan- 
vier 1912,  rue  de  Magdébourg,  14,  à  Paris,  XVP. 


—  76 


MF.MBRRR  TITULAIRES 

MM. 

Chebbieb  (le  chanoine)  Joseph,  doyen  du  Chapitre  Métro- 
politain, docteur  en  théologie,  25  avril  1872,  boulevard 
Saint-Louis f  31. 

GuiLLiBERT  (baron)  Hippolyte,  0.  )$<,  ){(,  ancien  bâtonnier 
de  l'ordre  des  avocats  à  la  Cour,  15  janvier  1878,  rue 
Mdzariney  14, , 

Marbot  (le  chanoine)  Edmond,  ancien  vicaire  général, 
28  mars  1887,  rue  Nouvelle,   3, 

Gantelmi  d'iLLK  (marquis  de)  Charles,  ^,  0.  igf,  associé 
régional,  le  12  janvier  1883,  membre  titulaire,  le  17  juin 
1890,  cours  Mirabeau,  6. 

PoNTiEE  Henry,  I.  P.  Q,  conservateur-directeur  du  Musée, 
5  avril  1892,  rue  Cardinale,  13. 

BoNNECORSE-LuBiÈBES  (comtc  de)Charle8,avocat  à  la  Cour, 
associé  régional,  le  27  décembre  1897,  membre  titulaire, 
le  30  mai  1899,   rus  Enieric-David,  30. 

BoNAFOus  Raymond,  I.  P.  |Jf,  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres,  30  janvier  1900,  rue  du  Bras-d'Or,  3. 

BouRGUET  Alfred,  avocat  à  la  Coui',  associé  régional,  le 
10  mars  1896,  membre  titulaire,  le  29  janvier  1901,  cours 
Mirabeau,  17. 

Aude  Edouard,  I.  P.  %^,  conservateur  de  la  Bibliothèque 
Méjanes,  associé  régional,  le  20  mars  1900,  membre  titu- 
laire, le  16  juin  1903,  villa  Joyeuse,  chemin  delà  Violette. 


—  77  — 

Lacoste  Ernest,  I.  P.  ||,  ingénieur,  associé  régional,  le 

20  février  1900,  membre  titulaire,  le  20  décembre  1904, 
rue  du  Quaire-Septembre,  30. 

De  Durant!  La  Calade  Jérôme,   Q,  licencié  ès-lettres, 

21  mars  1905,  rue  Mignet,  11. 

Michel  Tranquille,  ^,  ingénieur  en  chef  des  Ponts-et- 
Chaussées,  10  avril  1905,  rvs  du  Quatre- Septembre  y  24. 

Jaupfret  Alfred,  avocat  à  la  Cour,  27  mars  1906,  rue  des 
EpînavaCy  13. 

Betnaud  Gustave,  directeur  des  Contributions  directes  en 
retraite.  Associé  régional,  le  30  l'anvier  1906,  membre 
titulaire,  le  18  décembre  1906,  rue  Cardinale,  17. 

Vallier-Collombier  Alfred,  %^,  conseiller  honoraire  à  la 
Cour  d'Appel  d'Aix,  le  12  mai  1898,  rus  Espariat^  ÎO. 

» 

MouGiNs-RoQUEFORT  (comtc  de)  Charles,  Docteur  en  Droit. 
Associé  régional,  le  11  mars  1890,  membre  titulaire,  le 
26  janvier  1909,  cou7's  Mirabeau,  16. 

Baqarrt  Paul,  avocat  à  la  Cour.  Associé  régional  le  12  jan- 
vier 1909,  membre  titulaire,  le  1er  février  1910,  cours 
Mirabeau,  4. 

Drujon  Jules,  )ïr,  avocat  à  la  Cour,  ancien  bâtonnier,  le  23 
mai  1911,  rus  Frédéric-Mistral,  11. 

Perrier  Eaymond,  amateur  d'art.  Associé  régional,  le 
16  juin  1896,  membre  titulaire,  le  14  mai  1912,  rtce  des 
Arts-et-Métiers,  2. 

LouIs-Gautier,  I.  P.  Q,  artiste  peintre,  boulevard  de  V Hô- 
pital, villa  Acantha. 

Cabassol  Joseph,  président  de  Chambre  à  la  Cour,  ancien 
maire  d'Aix,  membre  d'honneur,  le  23  janvier  1906, 
membre  titulaire,  le  4  juin  1912,  place  Jeanne-d' Arc,  8. 


—  7î:<  — 

Lato*  Victor,  i^t,  docteur  en  médecine,  le  le  janTicr  1914. 
rut  du  Bœuf ^  TJ. 

JorsDAS  Alfred,  avocat  h,  la  Cour.  Associé  r^ooal  le 
5  décembre  VâXl.  titulaire  le  12  mai  1914,  eonn  Mira- 
beau, 40. 

RAIXBAUL.T  Maurice,  L  P.  ^.  arehiTÎste  a4i<>ûi(  ^*  Défiar- 
tement.  Associé  régional  le  11  janTier  1910.  titulaire  le 
5  janvier   1915,    Musée  Arbaud. 

Davis  tïubhé)  Paul-Marie,  le  19  janvier  4915^  place  des 
Prêcheurs.  10, 

Kevol  Amédé,  avoué  à  la  Cour.  Associé  régional  le  26 
avril  1910,  titulaire  le  2d  mars  1916.  rue  Oastan-de-Sa- 
paria,  23. 

GrésiX'I»XG  Paul,  fj,  président  du  Tribunal  Civil.  Asso- 
cié régional  le  11  juin  1912,  titulaire  le  11  avril  1916,  nu 
HouX'Alphéran,  25. 

Seymard  Paul,  ancien  magistrat,  30  mai  1916,  cours  Mira- 
beau, 22. 

Closmadecc;  '^Urv(»y  de;  Jules,  associé  régional  le  19  dé- 
cembre 1905,  titulaire  le  20  mars  1917,  rue  Bonx-Âlphé' 
ran,  25. 

KiOAUD  Cabimir,  avocat  à  la  Cour,  associé  régional  le  11 
mai  1911,  titulaire  le  S  mai  1917.  rue  Baux- Alphéran,  33. 


—  79  — 


BiEMBRES  HONORAIRES 


MM. 

PisoN  Alexandre,  ^p  I.  P.  ^  )ïc,  doyen  honoraire  de  la 
Faculté  de  Droit,  30  janvier  1894,  rue  d'Italie,  M,  Aix, 

Fassin  Emile,  I.  P.  U,  conseiller  honoraire  &  la  Cour  d'Appel 
d'Aix,    titulaire,  24  avril  1894  ;   honoraire,   11  février 

1913.  Arles. 

d'Autheman  Fernand,   )ïf,  ancien  magistrat,  1"  décembre 

1914,  rue  Roux-Alphéran,  53,   Aix. 

MouRAViT  Gustave,  titulaire,  8  février  1834  ;  honoraire, 
22  décembre  1915,  rue  BerneXj  8,  Marseille. 


—  ^J  — 


liiVXTLè  LIi&IOXArX 


î-îSAJO-  L  P,  4/.  arijiJTlne  des  Bases- AIpiES-  secréain  dt 
la  rf^'.^J:  AfMttiLl\^*r.  ^zj^l^z.  él-èTc  de  l'Ecole <ie5Çfcar- 

Comité  d^  trar&Tzx  Llsioriv:ies,   à  Dngiii^njJi.  1^  jaft- 
rier  Ih^, 
BEnyAUD  O^rleB,  -Z,  pré^îden:  de  Chambre  honoraire  à  la 
0>ur  de  I^ron,  aiîcien  avc^caî  i  la  Cour  d'AÛL,  16  féTTÎer 

Ma^;ai-i/>5  d*Aboe>'s  'm%rq:i:*  de  Xarier,  ancien  eonseOler 

géD^^ral  des  Haates-Alpea.TiîJa Magdala,  à  Saînte-Martiie^ 

Marseille,  Ifî  mars  1>^C*. 
(}auhkh  'le  chanoine;  Stanislas,  y,  secrétaire  perpétuel  de 

l'Acad^^nile  de  3îarseille,  7  arril  1S91. 
<'>iLiy^>'Of;K  d'AvoN  baron  de ;,  :  :  ^  O.  9,  ministre  pléni- 

pot/:ntiaire  en  retraite,   au  cbâtean  de  Coliongne,  par 

Cadenet  Vaucluseï,  »;  juin  1?^'j3. 
('ff AILLAS  Tahb^S;,  I.  P.  y,  correspondant  du  Ministère  de 

rJnHtructJon   Publique,  curé  de  Septèmes  (Boucbes-du- 

iihone;,  12  janvier  18îi4. 
Tejl  Tbaron  du^  Joseph,  *,  quai  de  Billy,   2,  Paris  XVP, 

4,  mai  1897. 
MAt'HKL  l'abbé;  Marie- Joseph,  place  de  l'Hôtel-de- Ville,  5, 

h  ManoHque  ^Basses-Alpes;,  18  mai  1897. 
Mantkvek  fdc)  Georges,  château  de  Manteyer  par  la  Roche 

dc^  Amauds  niautes-Alpcs;,  13  décembre  1898. 


—  81  — 

McLSANT  Sébastien  ^,  avocat,  ancien  b&tamiiôr,  rue  Balay, 
2,  Saint-Ëti^nne  (Loire),  19  mars  1901. 

Bernard  d'Attanoux  (comte)  Henri,  *,  avocat,  ancien 
magistrat,  me  Palermo,  2,  Nice,  14  mai  1901. 

GÉRiN-RiCARD  (comte  de),I.P.  ©,  rue  Wulfran-Puget,  Mar- 
seille, 4  mars  1902. 

MoNCLAR  (de  Rîpert  marquis  de)  François,  C.  ^fi,  ministre 
plénipotentiaire  en  retraite,  au  ch&teau  d'Allemagne, 
près  Riez,  18  mars  1902. 

ViL.LKNEuvK;EsGLAPON  (marquis  de)Chri8tian,0.  ){(,  ancien 
député,  rue  de  Prony,  75,  Paris,  et  h  Valensole  (Basses- 
Alpes),  7  juin  1904. 

LiEUTAUD  Auguste,  président  de  la  Société  des  Amis  du 
Vieil  Arles,  à  Arles,  30  janvier  1906. 

Cotte  Charles,  licencié  en  droit,  notaire  k  Pertuîs  (Vau- 
cluse),  24  avril  1906 . 

Gaffarel  Paul,  ^s  professeur  honoraire  à  la  Faculté  des 
Lettres  d' Aix^  adjoint  au  Maire  de  Marseille,  rue  Para- 
dis, 295,  Marseille,  19  mars  1907. 

Tavernier  Edouard,  avocat,  docteur  en  droit,  en  mission 
en  Roumanie,  19  mars  1908. 

Lefèvre  Edmond,  bibliographe  provençal,  rue  Lafayette,  7, 
Marseille,  22  décembre  1908. 

Brémond  (l'abbé)  Henri,  34,  place  des  Prêcheurs,  'à  Aix, 

16  mars  1909. 
SiLBERT  José  iÇr,  artiste-peintre,  à  Marseille,  1"  février  1940. 

Pascal  (le  chanoine)  Adrien,  i|,  vicaire  général  du  Patriar- 
che d'Antioche,  curé-doyen  de  Peyrolles  (B.-du-R.),  16 
janvier  1912. 

De  Mazan  (de  Fabre,  marquis)  Joseph,  docteur  ès-sciences, 

rtie  Roux-Alphérau,  35,  k  Aix,  11  juin  1912. 

6 


s2  

DcMAS,  profeàseor  à  la  Fscohé  de  Droîc.   31.  me  des  Cor- 

deliers,  à  Aix,  11  juin  1?1*.  Coms  Mirabean,  3. 
Fkudws  Uuios,  j,  professenrd'agricoltare.  me  da Tré- 
sor, 2,k  Aix.  11  juin  191^. 
BouAT  Gostave.  l.P.  Q.  boalevard  da  Roi-Beoé.  68.  à  Aix, 

29  avril  1?13. 
Belin  Henri,  avocat  k  la  Cour,   ecors  fiambetts.  40,  *  Aix. 

20  mai  l'J13. 
Bi's^^rET  Kaoal,  O,   archîvifie   en  chef  des  Bonches^o- 

RbOne,  me  Sylvabelle,  3.  i"!  Mareeille,  ti  janvier  1!>14. 
JcLiEs  Fortuni-,  O,  aBcicD  professeur  fi  l'Ecole  dea  Arts-et- 

Hétiers,  traverse  Bres>ier,  10.  A  Aix,  12  mai  1914. 
EsuARD  Léon,  {.avocat  A  la  Cour,  me  do  4~Septeiubre, t>, 

à  Aix,  19  mai  1914. 
Toc&SAiST  Gabriel,   ancibn  mag^i:<trat.   boalevard  Sotre- 

Dame,  57,  à  Aix,  2  février  i;il.'>. 
ALGorD  Henri,   Saint-Cyr-les-Lêques  CVar),  13  avril  1915. 
Coq  Victor,  •'■■,  ingéniènr,  me  Mazarine,  4,  28  mara  19H>. 
De  Savy  (Teissier)  Albert,  me  de  lOpcra,  24.  2  mai  191G. 
Tbolillet  (le  chanoine)  H.,  caré-doï-en  à Pertuis  (\'ancl.), 

6  juin  1910. 
DiEAND  Bnmo,  archiviste  paléographe,   me  dn  i-Sept«m- 

bre,  a  Aix,  24  avril  1917. 
CosTENcis  Jnles,  avocat  à  la  Cour,  cours  Mirabeau,  13,  A 

Aix,  15  mai  1917. 
D'Arbal'd  Joseph,    littérateur,   à  Ueyrargues  (B.-du-R.), 

"■■   aai  1917,  et  Cuurs  Miriibeau,  ii  Aix, 


—  83  - 


ASSOCIÉS  CORRESPONDANTS 

MM. 

Lavollée  Paul-René,  docteur  ès-lettres,  ancien  consul  géné- 
ral, boulevard  Haussmann,162,  Paris VIII%  25  avrill870 

Million  Achille;  lauréat  de  TAcadémie  Française,  à  Beau-* 
mont-la- Ferrière (Nièvre),  IG  décembre  1882. 

Faisan  Albert,  à  Saint-Cyr-en-Mont-d'Or,  près  Lyon,  14 
mars  1886. 

Bellet  (rabbé),  à  Tain  (Drôme),  12  décembre  1882. 

Lanéry  d^Arc  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la 
République,  à  Villeneuve-sur-Lot  (Lot-et-Garonne).  Asso- 
cié régional,  12  décembre  1887,  titulaire,  8  mars  1892, 
correspondant  le  7  juin  1904.  , 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  à  l'Arsenal,  avenue  Henri-Mar- 
tin, 44,  Paris  XVI%  11  juin  1888. 

Proal  Louis,  conseiller  à  la  (bur  de  Paris,  6,  rue  Charles- 
Divry,  Paris  IV^  Titulaire  le  22  décembre  1891,  corres- 
pondant le  15  décembre  1896. 

Tourtoulon  (baron  de)  marquis  de  Barre,  Pief're,  docteur  en 
Droit,  Château  de  la  Fuste,  par  Valensole( Basses- Alpes). 
12  janvier  1897. 

Hulot  (baron),  secrétaire  généra]  de  la  Société  de  Géogra- 
phie, 41,  avenue  Labourdonnais,  Paris  VII',  11  mai  1897. 

Moris  Henri,  ^.?, archiviste  des  Alpes-Maritimes, Villa Moris, 
boulevard  Dubouchfige,  à  Nice,  19  mars  1901. 

Tasset  Jacques,  à  Molosmes-Tonnerre  (Yonne),  9 juin  1903. 

Poitevin  de  Maureillan  (de),  0.  Q,  colonel  en  retraite, 
conservateur  du  Musée  d'Hyères  (Var),  15  mai  1906. 

Jullian  Camille,  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Col- 
lège de  France,  30,  rue  du  Luxemboarg,  Paris  VP,  28 
mai  1907. 


Ni  — 

^    K^ldU/t/".     7i.irpt?î.x   ôt  -^srrllT-.  Tac  L* 

CIO  T^^^r-«^'  V.'-.-çvar-:  V^ir*-!-*!!*-  IK  i  Aix. 

oii  (1'»^'^'''')?  ''iré  'Je  La  Martre  ,'Vary.  21féTrierl511. 
.  ail  l'IiîiT^^  f('>'Â',^f',rxx  deë  DoinalLes.  à  Saict-Kemy  «B.- 

.,iUl  (i^'/rpf'-H,  nvof'ixi,  conseiller  général,  sénateur  de 
un  H'»  ï'*''»'*''  'i'î  Poix,  12  rK;<;Ciiibre  1011. 
,  Nv.^ur  n#5  ^'ointey  Uayiiiond,  rue  f'ranoois-Ponsard,  12, 
M\n  XVI',  f<; Janvier  lîn2. 

.  ,'la.VW  AïKlr^î,  puMIcistc,  ù  Paris,  6  février  1012* 

•oniiud  VnU'i'fi^  O,  artiHUî  peintre,  Capoulié  du  Félibrige, 
,\m\  de  Klve-Neiive,  15,  &  Marseille,  11  juin  1012. 

Vmlliiet  Kufçnne,  prol'eHHeur  fi  la  Faculté  de  Droit  de  Poi- 
lUMK,  tlliilain',  17  drciMnbre  lOOH,  correspondant,  1"  dé- 
ruinliri)  101  1. 


—  85  — 

Lieutaud  Victor,  Htj  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  de 
Marseille,  notaire  à  Volone  (Basses-Alpes),  associé  ré- 
gional, 30  mai  1911,  correspondant,  11  mai  1915. 

Lorédan  Jean,  rue  Claude-Bernard,  77,  Paris  V%  associé  ré- 
gional, *àO  mai  1911,  correspondant,  25  janvier  1916. 

Sicard  Martial,  ancien  député,  maire  de  Forcalquier,  asso- 
cié régional,  le  11  janvier  1910,  correspondant,  le  4  avril 
1916. 

Lafaye  Georges,  professeur  adjoint  à  la  Sorbonne,  auxi- 
liaire de  rinstitut,  11  avril  1916,  boulevard  Raspail, 
Paris  Vr. 

# 

Ladureau  Albert,  ancien  directeur  des  laboratoires  de 
l'Etat,  16  mai  1916,  Palais  Saint-Maurice,  avenue  du 
Patrimoine,  à  Nice  (Alpes-Maritimes). 

Omont  Henri,  0.  ^,  membre  de  Tlnstitut,  conservateur 
des  Manuscrits  à  la  Bibliothèque  Nationale,  1%  juin  1917, 
rue  Raynouard,  17,  Paris  XVI*. 

dasedepatx  Joseph,  inspecteur  primaire  eii  retraite,   asso- 
cié régional,  12  mai  1914  ;  correspondant,  le 
à  Pau-Billière  (Basses-Pyrénées). 


86  — 


ASSOCIES  CORRESPONDANTS 
A  L'ÉTRANGER 


MM. 

Caniazza-Amari,  ancien  professeur  à  l'Université  deCatane, 
sénateur  du  royaume  d'Italie,  G  avril  1868. 

Typaldo-Bassia,  député,  ancien  Président  du  Parlement 
hellène,  à  Athènes,  23  janvier  1894. 

Portai  fie  commandeur  Emmanuel),  membre  de  la  Royale 
Commission  héraldique  d'Italie,  Passeggiata  di  Ripetto, 
16,  à  Rome,  12  février  1895. 

Da  Cunha  Xavier,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Natio- 
nale, rue  S.-Bartholomeo,  12,  à  Lisbonne  (Portugal), 
11  décembre  1900. 

Satta  Salvatore,  membre  de  la  Société  Philologique  à  Rome, 
26  mai  1903. 

Gàvànescul  J.,  professeur  à  T Université  de  Jassy  (Rouma- 
nie), 9  juin  1903. 

Padula  (le  commandeur)  Antoine,  secrétaire  général  de  la 
Société. Luigi-Camocns,  Via  dei  Fiorentini,  67,  k  Naples, 
17  janvier  1905. 

Wallcnskold  Axel,  professeur  de  philologie  romane  t\  l'Uni- 
versité d'H(3lsingfors  (Finlande),  26  avril  1909. 

Santoro  Domenico,  président  de  l'Institut  technique  deFog- 
gia  (Italie),  1"  février  1910. 

Perra  Giacomo.Dottore  Professorc,  via  Donadi,  12,  à  Turin 
ritalie^  3  février  1914. 


—  87  — 

De  Faria  (le  vicomte)  Antonio,  consul  de  Portugal,   Grand 
Hôtel  Richemont,  à  Lausanne  (Suisse),  3  février  1914. 

Garganta  (le  chevalier)  Joseph,  Président  de  la  Croix- 
Rouge,  à  Olot  (Espagne),  3  février  1914. 


Le  présent  tableau  a  été  arrêté  le  M  juin  1917 ^  confor- 
mément à  rarticle  10  du  Règlement  intérieur. 


Le  Président^ 
Alfred  BOURGUET. 


Le  Secrétaire  perpétuel, 
Baron  GUILLIBERT 


n 


SÉANCE  PUBLIQUE 

DE 

L'ACADÉMIE 

DES 

SCIENCES,    AGRICULTURE,    ARTS 

&    BELLES -LETTRES 

D'A  IX 


AtX-EN-PRO  VENCE 

AU     SIÈGE     DE     L'ACADÉMIE 

2  =  ,  rue  du  Quatre- Septembre,  2" 


ACADÉMIE   D'AIX 


— ♦— 


dS"*"    SÉANCE    PUBLIQUE 


18  Juin  1918 


I    ^i      ■ 


^ 


ACADÉMIE 


DES  SCIENCES.  AGRICULTURE.  ARTS  h  BELLES- LETTRES 

D'AIX 


~rs/ss/^Lr 


SS"^®    Séance    Rublique 


Le  Jeudi,   13    Juin   19 18,  la  quatre-vingt-dix- 
huitième   SÉANCE   Publique   de    l'Académie   d'Aix 

A   ÉTÉ   TENUE,    A   QUATRE   HEURES,  DANS    LA    SaLLE    DES 

FÊTES  DE  l'Hôtel  Arbaud. 


Un  public  fionibreux  et  choisi,  répofidant  à  Vinvita- 
tion  de  V Académie,  lui  avait  apporté  par  sa  présence, 
le  témoignage  de  sa  considération  et  de  sa  sympathie. 


—  8  — 

Les  lauréats  des  prix  de  vertu  occupaient^  avec  leurs 
familles,  la  place  qui  leur  était  réservée. 

Nous  avons  le  regret  de  m  pouvoir  publier  le  discours 
de  M.  le  chanoine  Cherrier,  président  de  l'Académie,  le 
texte  n'en  ayant  point  été  retrouvé  après  son  décès.  Nous 
nous  bornons  à  en  donner  ici  l'analyse  telle  qu'elle 
figure  au  Registre  des  Procès-Verbaux  de  la  Compagnie  : 

«  Monsieur  le  Chanoine  Cherrier,  Président  de 
TAcadémie,  ouvre  la  séance  par  un  magnifique 
discours  d'une  haute  portée  philosophique  et  morale 
sur  l'Angleterre  civilisée  «  noble  nation,  dit-il,  qui 
a  toujours  conservé  les  trois  bases  fondamentales 
de  toute  Société  :  Tesprit  religieux,  l'esprit  de 
famille,  l'esprit  de  liberté.  Elle  lutte  en  ce  moment 
avec  la  France  contre  le  Despotisme  et  la  Barbarie. 
Il  n'est  point  d'épopée,  depuis  les  Croisades,  qui 
égale  celle  des  armées  anglaise  et  française  entrant 
à  Jérusalem  drapeaux  déployés,  chassant  l'usurpa- 
tion, la  violence  et  la  sauvagerie  sans  merci.  Nous 
pouvons  ouvrir  nos  âmes  à  la  pensée  d'une  nou- 
velle aurore  et  d'un  beau  printemps.  » 


ifr 


On  a  lu  : 


Le  Clocher  et  l'Aéroplanei  poésies  par  M.  Guérin- 

m 

Long. 


Rapport  sur  les  Prix  de  ¥ertn 

RAMBOT,  REYNIER,  RAYON,  CHAMBAUD 

ET  LA 

FONDATION  JOSÉPHINE  VÉRET 

PAR 

Monsieur  LOUIS-GAUTIER 
:      i^j — c  ■ 


Mesdames, 
Messieurs, 


La  vertu  met  de  Tobstination  à  se  cacher.  Comme 
la  violette,  elle  aime  la  solitude  et  l'ombre  qui  exal- 
tent ses  charmes  et  sa  suavité  ;  façon  discrète,  dans 
ce  monde  des  humbles,  d'affirmer  son  existence. 

Cependant,  au  risque  de  blesser  sa  modestie  et 
de  faire  obstacle  à  son  désir  d'isolement,  notre  de- 
voir à  nous  est  de  tirer  la  vertu  de  sa  retraite  et  de 
la  contraindre  à  se  montrer  à  la  clarté  du  jour.  Il 


est  nécessaire  qu'elle  soit  glorifiée,  son  exemple 
étant  salutaire,  comme  un  levain  moral. 

M.  de  Monthyon  avait  bien  raison  de  lui  rendre 
un  public  hommage.  Le  beau  geste  du  munificent 
philantrope  a  trouvé  des  imitateurs  et  nombreux 
sont  les  donateurs  qui,  depuis,  ont  chargé  les  Aca- 
démies d'être  les  dispensatrices  de  leurs  générosités. 

Mandataires  respectueux  des  volontés  de  ces 
bienfaiteurs  et  malgré  les  minutes  angoissantes  que 
nous  vivons,  nous  sommes  encore  venus  remplir 
notre  rôle  d'intermédiaires  autorisés. 

La  vertu  —  que  n'a-t-on  pas  écrit  sur  elle  ?  Que 
de  traits  la  satire  n'a-t-elle  trouvés  à  lui  décocher, 
car  ce  mot  ambigu,  signifie,  à  la  fois,  l'état  de 
l'âme  humaine  inclinée  vers  le  bien,  et  la  sagesse 
vigilamment  gardée  au  milieu  des  écueils  de  la  vie. 

Considérée  dans  sa  première  acception,  la  vertu 

revêt  un  caractère   particulier  de  grandeur.  Dans 

cet  ordre  d'idées  saluons  la  vertu  civique  dont  nos 

vaillants  soldats  donnent  actuellement,  au  monde 

étonné,  un  si  admirable  exemple.  Endurer  toutes 

iac  souffrances  physiques  et  morales  qu'entraîne 

.ongue  et  cruelle  guerre,    verser  son  sang  et 

crifier  pour  le  triomphe  du  Droit  et  le  salut  de 

trie  est  la  forme  la  plus  sublime  de  l'abnégation 

[dévouement  poussés  à  leurs  extrêmes  limites. 


—   13   — 

Comme  la  Foi,  la  Vertu  doit  être  agissante  pour 
devenir  féconde. 

Dans  sa  haute  et  délicate  mission,  l'Académie 
veut  honorer  dans  la  vertu  la  persévérance  et  y 
trouver  Toubli  de  soi-même.  Tout  en  préférant  la 
continuité  des  mérites,  si  modestes  soient-ils,  elle 
s'efforce  de  rechercher  les  véritables  dévouements, 
avec  le  regret  de  ne  les  rencontrer  que  trop  rare- 
ment. Le  désintéressement  conditionnel  de  la  vertu 
est  aujourd'hui  d'autant  plus  méritoire  que  sont 
devenues  plus  difficiles  les  nécessités  de  l'existence. 
Les  restrictions  et  la  cherté  excessive  de  toute 
chose  rehaussent  la  vertu  et  lui  font  une  auréole 
plus  belle  encore. 

Combien  est  douce  notre  tâche  à  compulser  ces 
dossiers  qui  nous  font  un  récit  des  belles  actions 
sereinement  accomplies  sous  le  seul  regard  de  la 
conscience,  par  les  intrépides  pionniers  de  la  cha- 
rité et  du  dévouement.  Cette  satisfaction  s'explique 
puisque  notre  bonheur  est  un  peu  fait  de  celui  de^ 
autres. 

PRIX  RAMBOT 

L'intention  du  capitaine  Rambot  était  que  sa 
récompense  allât  au  courage  éprouvé  ou  au  dé- 
vouement désintéressé.  La  Commission  a  donc  fait 


^ 


—  14  — 

bot  à  M-  " 

Tout  le  ironie  c:-n2:t  ce  sert:iagénaire  milita- 
risé, très  irjoré.  aux  fortes  mrustacbes  grises,  à 
lair  t:ur  à  ::ur  martial  e:  bo.i  enrsnt.  Oa  le  ren- 
contre ijjs  les  jiurs  depuis  bientôt  quatre  ans. 
entre  la  gare  et  l'h  'p::jl.  Ses  fonctions  le  désignent 
â  rattenricn  de  tous,  mais  cela  ne  paraît  point  Tin- 
commoder.  Il  ne  craint  r:is  la  lumière  :  il  la  recher- 
cbe  même  en  sa  qualité  de  photographe.  On  l'ap- 
pelle Bertrand  le  Sauveteur,  à  cause  de  ses  actes 
de  courage  dont  le  nombre  est  prodigieux. 

Bien  que  les  bains  dhyposulfite  lui  soient  fami- 
liers, il  a  connu  des  bains  plus  nobles  et  plus  utiles. 

A  l'âge  de  neuf  ans,  il  sauve  à  la  mer,  un  de 
ses  jeunes  camarades.  11  récidive  l'année  après  et 
recommence  au  point  que  ses  exploits  ne  se  peuvent 
compter. 

En  bon  méridional,  Bertrand,  qui  est  de  Marseille, 
exagère  tout,  jusqu'au  dévouement,  il  tue  les  chiens 
hydrophobes,  arrête  les  chevaux  emballés  et  se  pro- 
digue dans  les  sinistres  pour  sauver  son  prochain. 

On  le  retrouve  en  1884  au  chevet  des  choléri- 
ques. A  cette  occasion  il  invente  un  curieux  appa- 
reil de  fumigation  qui  a  été  adopté...  mais,  à 
l'étranger. 


—   15  — 

Bertrand  est  donc  un  philanthrope  dans  le  vrai 
sens  du  mot.  Sa  vie  entière  a  été  consacrée  au  bien. 

Il  s'est  fixé  à  Aix  en  1895  et,  il  y  a  P^^^  ^^ 
30  ans  qu'il  fait  partie,  comme  volontaire  bénévole, 
de  la  Croix-Rouge  française. 

Depuis  le  début  de  la  présente  guerre,  Jean 
Bertrand,  qui  a  installé  à  ses  frais,  une  ambulance 
à  la  gare  d'Aix,  s'occupe,  avec  un  zèle  et  une  assi- 
duité exemplaires,  du  transport  des  blessés  dirigés 
sur  notre  ville,  transport  qui  fonctionne  remarqua- 
blement et  assure,  à  l'arrivée  de  tous  les  trains  de 
jour  et  de  nuit,  un  service  régulier,  avec  un  per- 
sonnel choisi  d'infirmiers  et  de  brancardiers  qui 
disposent  d'un  matériel  appartenant  à  notre  infati- 
gable organisateur.  Ses  actes  de  dévouement  sont 
trop  nombreux  pour  que  j'aie  la  prétention  de  les 
citer,  sans  en  rien  omettre.  La  large  poitrine  de 
notre  héros,  toute  constellée  de  croix  et  de  mé- 
dailles, montre  à  quel  degré  il  pratique  l'altruisme 
et  quels  titres  il  s'est  acquis  à  la  reconnaissance 
publique.  Il  vient  tout  récemment  d'être  fait  offi- 
cier du  Nicham. 

Un  jour,  je  causais,  avec  lui,  sur  la  place  de  la 
gare,  lorsque,  à  un  moment  de  la  conversation, 
je  sentis  sa  main  s'avancer  vers  mon  bras  et  me 
pousser  légèrement  mais  résolument.  Je  me  retour- 
nai aussitôt  et  aperçus,  venant  droit  sur  nous,  un 


camion  chargé  qui  prenait  son  virage.  Je  compris. 
Bertrand  ne  se  révèle-t-il  pas  tout  entier  dans  ce 
geste  iastîDctif  de  protection  ? 

Il  garde  l'orgueil  de  son  rôle,  mais  son  ambition 
est  aussi  noble  que  grande.  L'Académie  ne  prétend 
pas  récompenser  à  sa  valeur,  l'acte  qu'elle  glorifie. 
Elle  applaudit,  tout  simplement,  au  mérite  des 
grandes  âmes  :  c'est  là  son  seul  désir. 

PRIX  REYNŒR 

L'enseignement  est  un  champ  de  culture  que  peut 
merveilleusement  féconder  la  charité.  Le  cœur  et 
l'intelligence  s'y  dépensent,  au  double  profit  du 
niveau  moral  et  de  l'instruction  individuelle. 

Le  prix  Reynier  étant  destiné  à  récompenser 
aussi  les  actes  de  dévouement  à  la  jeunesse  stu- 
dieuse, l'Académie  est  heureuse  de  couronner, 
cette  fois,  un  instituteur  libre  qui,  non  content  de 
donner  l'instruction  technique  aux  jeunes  enfants 
confiés  à  ses  soins,  s'est  tout  particulièrement  apph- 
que  à  leur  formation  morale.  Plaise  à  Dieu  que  ses 
confrères  s'inspirent  de  sa  méthode  pour  élever  les 
enfants  du  peuple  ; 

M.  Léoa  Rostain  a  conscience  de  sa  haute  mis- 
sion. Directeur  de  l'Ecole  Saint-Sébastien,  à  Aix,  et 


—   17  — 

professeur  à  la  Société  de  Comptabilité,  il  n*a  pas 
hésité  à  renoncer  à  une  situation  bien  rétribuée  à 
Marseille  pour  enseigner  à  Aix,  sa  ville  natale  où 
il  avait  laissé  un  peu  de  son  cœur. 

Dès  Tabord,  M.  Rostain  inspire  la  sympathie.  Sa 
modestie  s'étonne  facilement  qu'il  ait  pu,  lui,  être 
l'objet  d'une  distinction. 

La  sollicitude  du  jeune  maître  suit  ses  élèves, 
même  après  la  sortie  de  l'école  ;  c'est  ainsi  qu'on 
l'a  vu,  à  de  rares  heures  de  loisirs,  préparer  gratui- 
tement au  brevet  l'un  d'entre  eux  qui  lui  paraissait 
doué  pour  réussir  dans  l'enseignement. 

Sa  seule  visée  est  de  faire  de  tous  ses  élèves  de 
bons  patriotes  et  de  solides  chrétiens. 

L'Académie  décerne  donc,  d'enthousiasme,  à 
M.  Rostain,  une  part  du  prix  Reynier,  lui  prouvant 
ainsi  dans  quelle  estime  elle  le  tient. 

Mademoiselle  Françoise  di  Jorîo,  qui  nous 
occupe,  est  née  à  Philippeville  et  n'avait  que  deux 
ans  quand  sa  mère  vint  à  Aix  où  elle  se  remaria  et 
eut  dix-sept  enfants  de  cette  seconde  union.  La 
plupart  de  ces  enfants  moururent  en  bas  âge  ;  six 
vivent  actuellement,  dont  deux,  à  cette  heure,  se 
battent  pour  la  France.  Dès  que  Françoise  fut  capa- 
ble de  gagner  sa  vie,  sa  mère  la  plaça  et  dès  Tâge 


i-i  11  :.;.    ic   :z..:~zi-z.  mui-^  rur  1j  :-r*r.:3tos<, 

Ije-x  pauvrii  tï^Ies.  a:tci":es  d^  cièsie  mal,  sont 
1  o";eî  de  <à  soi.ic::^^^  e:  rcader::  lear  àme  dans 
dédifiana  sen::cicr.t5. 

A^JSai  rien  l'Acaiéniie  ne  poava:t-«lIe  manquer 
tic  distinguer  Françoise  di  Jorio  à  qui  elle  est 
heureuse  de  dicerner  une  part  du  prix  Reynier. 


'f'-t  '-jr.core  une  vie  exemplaire  que  veut  récom- 
<er  l'Académie  en  attribuant  une  autre  part  de 
icnie  prix  à  la  veure  Féneyrok.  Née  h  Saint- 
lat,  elle  habite  Aix  depuis  45  ans. 
prés  avoir  élevé  ses  trois  enfants  et  sans  autres 
>urccs  que  le  fruit  de  son  travail  quotidien, 
courageuse  femme  a,  pendant  plus  de  dix 
es  consécutives,  soigné  son  mari  infirme,  âgé 
h  lins,  A  vingt-cinq  jours  d'intervalle,  elle  perd 


—  19  — 

son  mari  et  son  fils  âgé  de  42  ans.  Cette  épreuve 
n*a  d'autre  effet  que  de  stimuler  sa  charité.  Obligée 
de  gagner  sa  vie  jour  par  jour,  on  la  trouve  encore 
au  chevet  des  typhiques  et  des  varioleux.  Si  elle 
tend  la  main  c'est,  non  pour  elle,  mais  pour  ceux 
qui  sont  encore  plus  déshérités.  Tous  les  maîtres 
qu'elle  a  servis  sont  unanimes  à  proclamer  son 
honnêteté,  son  ardeur  à  la  tâche  et  son  dévouement 
que  soutient  l'idéal  chrétien. 

En  la  désignant  comme  lauréate  du  prix  Reynier 
l'Académie  ne  fait  que  ratifier  le  verdict  de  l'opinioil 
publique. 


PRIX  RAYON 

La  thèse  relative  au  prix  Rayon,  développée  avec 
infiniment  d'esprit  par  M.  le  Comte  de  Mougins- 
Roquefort,  dans  son  rapport  de  19 13,  rend  pé- 
rilleuse toute  controverse  sur  le  sujet. 

«  Sans  doute,  disait  le  rapporteur,  la  donatrice 
a  exigé  que  le  lauréat  fut  une  fille  vertueuse,  mais 
elle  a  tenu  à  ce  que  cette  fille  fût  jeune  pour  avoir 
quelque  mérite  à  être  vertueuse.  En  d'autres  termes, 
entre  toutes  les  vierges  sages,  elle  a  opté  pour 
Mireille  et  pour  Graziella.  » 

Et  de  fait,  la  circonstance  aidant,  le  prix  Rayon 


20    

en  19 13,  fut  décerné  à  Mademoiselle  Pélissier,  qui 
ne  comptait  que  24  printemps. 

La  fille  sage  a  droit  à  nos  apothéoses. 
Nous  Toolons  célébrer  la  rerta  ;  ce  ii*est  pas 
Sur  son  candide  front  qull  faut  placer  les  roses, 
5tais  les  répandre  sons  ses  pas. 

Comme  les  années,  les  candidats  se  suivent  et 
ne  se  ressemblent  pas.  Les  rosières  ayant  fait  défaut 
sur  nos  contrôles  de  igiy,  c'est  Tâge  mûr  que 
l'Académie  couronne  et  son  choix  s'est  porté  sur 
Madeleine  Prouven  digne  à  tous  égards  de  cette 
distinction. 

Madeleine  mérite  de  fixer  l'attention  de  la  Com- 
mission. En  effet,  dès  l'âge  de  13  ans,  elle  avait  la 
charge  des  siens  et  de  justes  raisons  de  ne  point 
compter  sur  son  père.  L'humble  famille  ne  possé- 
dait, pour  toutes  ressources,  que  le  fruit  du  travail 
journalier  de  la  vertueuse  ouvrière.  C'est  donc  dans 
la  gène  et  les  privations  que  s'écoule,  depuis  plus 
d'une  ticntaine  d'années,  l'existence  de  cette  fille 
sage.  Tous  ceux  qui  la  connaissent  sont  unanimes 
à  louer  son  honnêteté  et  son  courage  dans  l'adver- 
sité. Mademoiselle  Prouven  justifie  ainsi  le  choix 
de  l'Académie  car  elle  personnifie  la  fille  laborieuse 
dont  la  notoire  activité  est  certainement  l'indice 
de  cette  jeunesse,  pour  ainsi  dire  attardée,  que  lui 
refuse,  sans  le  moindre  scrupule  de  galanterie, 
l'impitoyable  calendrier. 


21    

PRIX  CHAMBAUD 

La  sœur  Marie-Françoise,  voulant  perpétuer  à 
Aix,  rhonorable  nom  qu'elle  portait,  avant  que 
des  vœux  Teussent  liée  à  la  Charité  de  Besançon, 
confia  à  l'Académie,  il  y  a  trois  ans,  un  titre  de 
rente  dont  les  arrérages  constituent  un  prix  annuel 
de  100  francs,  dit  «  Prix  Chambaud  »,  en  faveur 
d'un  vieillard  ou  d'un  orphelin  pauvres  de  la  com- 
mune d'Aix. 

Mademoiselle  Philomène  Daniel,  la  lauréate  de 
cette  année,  réunit  toutes  les  conditions  exigées  par 
la  donatrice;  ouvrière  modèle, fille  dévouée,  secou- 
rable  à  son  prochain  non  moins  qu'aux  siens,  elle 
a  arrêté  l'attention  de  l'Académie  qui  lui  décerne 
le  prix  Chambaud  de  loo  francs,  lui  réservant, 
avant  longtemps,  une  récompense  plus  digne  de  ses 

rares  mérites. 

« 

FONDATION  JOSÉPHINE  VÉRET 

(rostan  d'abancourt) 

Mademoiselle  Rostan  d'Abancourt  —  voilà  un 
nom  qui  est  gravé  dans  le  cœur  des  Aixois  autant 
que  dans  leur  mémoire. 

Aussi  modeste  que  savante,  la  généreuse  dona- 
trice à  qui  la  ville  d'Aix  doit  les  inestimables  coUec- 


32    

tions  dont  s'enorgueillit  le  muséum  ;  celle  dont  le 
ciseau  de  notre  confrère  Henri  Pontier  a  fixé  les 
traits  avec  un  rare  bonheur,  a  légué  à  l'Académie  une 
somme  dont  l'intérêt  permet  de  servir  aux  ayants- 
droit  six  pensions  viagères  de  200  francs.  Ainsi  la 
fortune  sous  la  gracieuse  figure  de  cette  femme  de 
cœur,  a  versé,  avec  une  infinie  délicatesse,  quelques- 
uns  des  trésors  de  sa  corne  d'abondance. 

Mademoiselle  Rostan,  dont  on  ne  saurait  trop 
louer  l'abnégation,  exprime  la  volonté  que  cette 
fondation  nouvelle  porte  le  nom  de  Joséphine 
Véret,  sa  fidèle  servante. 

Les  pensions  Joséphine  Véret  sont  régies  par 
les  mêmes  principes  que  les  pensions  Irma  Moreau. 

L'Académie,  estimant  que  le  premier  bénéficiaire 
de  cette  fondation  devait  être  une  servante,  a  dési- 
gné Mademoiselle  Pauline  Barthélémy. 

Se  dévouer  fut  pour  elle  une  vocation. 

Depuis  l'âge  de  16  ans  et  pendant  douze  années, 
elle  prodigue  ses  soins  à  un  enfant  infirme.  Entrée 
au  service,  elle  demeure  25  ans  dans  la  même  mai- 
son, remplaçant  auprès  de  cinq  enfants,  la  mère  de 
famille  ravie  à  leur  affection.  Soignant  son  maître 
malade,  avec  un  dévouement  admirable,  Pauline 
ne  quitta  sa  place  que  quand  les  membres  de  cette 
famille  turent  dispersés. 


—  33   — 

Quelque  temps  après  survient  le  décès  de  sa  sœur 
laissant  trois  filles  qu'elle  entoure  de  sollicitude, 
jusqu'à  ce  qu'elle  ait  pourvu  à  leur  établissement. 

Cette  vertueuse  fille  continue  à  se  dévouer  en 
s'occupant,  chez  elle,  de  ses  petits  neveux,  mais 
cette  vie  d'abnégation  Ta  usée  ;  Pauline  est  aujour- 
d'hui sexagénaire. 

C'est  donc  65  années  d'honnêteté  et  de  charité 
que  couronne  l'Académie  en  lui  décernant  la  pre- 
mière pension  Véret  dont  elle  dispose. 

Voici  un  chef  de  famille  auquel  on  est  heureux 
d'adresser  les  félicitations  les  plus  chaudes  : 

M.  Adolphe  Pons  peut  s'enorgueillir  à  bon  droit, 
de  la  descendance  que  sa  vertueuse  épouse,  Marie 
Baudun,  lui  a  donnée.  Il  a  accompli  ponctuellement 
le  précepte  de  l'Ecriture  :  «  Croissez  et  multipliez.  ^ 
Ils  ont  sept  enfants  dont  l'aîné  a  20  ans  et  le  plus 
jeune  7.  Ancien  ouvrier  boulanger,  jouissant  d'une 
moralité  parfaite,  exempt,  en  outre,  de  tout  soupçon 
d'intempérance,  Pons  habite  Meyrargues  où  il  est 
très  honorablement  connu.  Ce. digne  père  a  eu  soin 
de  confier  ses  enfants  à  des  maîtres  chrétiens  qui 
ont  développé  très  heureusement  en  eux  les  germes 
de  piété  et  de  droiture  puisés  au  foyer  paternel. 

Pons  n'a  que  46  ans  et  sa  femme  39,  ce  qui  fait 


—    24    — 

ospcrer  qu'il  puisse  voir  encore  s'augmenter  sa 
nombreuse  progéniture.  C'est  ainsi  que,  travaillant 
pour  la  patrie,  il  témoignera  de  façon  effective  de 
sa  gratitude  envers  l'Académie  qui  lui  attribue  la 
deuxième  pension  J.  Véret. 


C'est  aussi  une  belle  couronne  d'enfants  que 
nous  trouvons  groupés  autour  de  Madame  Guîchard 
Adèle.  Délaissée  par  son  mari,  elle  n'a  eu  que  plus 
de  mérite  à  éleveT  ses  six  filles,  les  remettant,  aux  " 
heures  de  liberté,  si  pleines  d'écueils  pour  la  jeu- 
nesse, entre  les  mains  de  saintes  femmes  qui  en 
ont  fait  de  solides  chrétiennes. 

Madame  Guichard  gagne  péniblement  sa  vie  à 
casser  des  amandes  jusqu'à  une  heure  avancée  de 
la  nuit,  pendant  les  mois  d'hiver.  L'Académie  veut 

n  porter  sa  sollicitude  sur  cette  situation  digne 

ntérêt  et  accorde  la  troisième  pension  Véret  à 

:te  vaillante  mère. 

Née  à  Berre  où  elle  a  passé  sa  jeunesse,  Made- 

?iselleMarîe^MadeleiaeDiouloufet,ouvrièrelabo- 

use  et  d'une  conduite  irréprochable,  ainsi  qu'en 

noignent  ceux  qui  l'ont  employée,    habite  Aix 

puis  de  longues  années. 

Son  dossier  nous  la  montre  comme  l'ange  du 


—  25    — 

dévouement  auprès  de  nombreux  malades  qu'elle  a 
soignés,  sans  attendre  d'autres  récompenses  que 
celle  du  devoir  accompli.  Elle  avait  9  ans  lorsque, 
la  mort  de  sa  mère  fit  d'elle  la  maman  de  son  petit 
frère  et  la  cheville  ouvrière  de  l'humble  foyer. 

L'Académie  reconnaissant  le  mérite  de  Made- 
moiselle Diouloufet  qui  a  77  ans,  lui  attribue  la 
quatrième  pension  J.  Véret. 

A  notre  époque  où  les  idées  subversives  germent 
spontanément  et  se  répandent  avec  une  inquiétante 
facilité  dans  la  classe  intéressante  mais  bien  circon- 
venue des  travailleurs  des  villes,  il  est  consolant 
de  trouver,  non  loin  de  soi,  des  exemples  du  de- 
voir accompli  sous  la  seule  impulsion  de  la  cons- 
cience  et  de  l'honnêteté.  Amédé  Sumeire  est  un  de 
ceux-là.  Pendant  39  ans,  employé  à  la  Compagnie 
du  Gaz  d'Aix,  il  fut  l'ouvrier  modèle,  toujours  exact 
au  travail,  aussi  habile  que  consciencieux,  bon 
camarade  et  sobre,  attestent  ses  chefs,  au  point 
d'ignorer  jusqu'au  chemin  du  cabaret. 

Sumeire  a  aujourd'hui  71  ans.  Il  a  été  marié 
trois  fois. 

Peut-être  Saint  Pierre  tiendra-t-il  rigueur  à  ce 
récidiviste,  lorsqu'il  viendra  frapper  à  la  porte  du 
paradis.  L'Académie,  bonne  fille,  l'admet,  au  con- 


—    26    — 

traire,  par  acclamation,  au  nombre  de  ses  élus  en 
lui  décernant  la  cinquième  pension  J.  Véret. 

Vous  avez  dû  remarquer,  Messieurs,  que  la  plu- 
part de  ces  lauréats  sont  des  modèles  de  constance 
dans  la  pratique  du  bien  ;  nous  les  voyons  agir,  en 
toute  circonstance,  non  par  une  impulsion  momen- 
tanée de  philanthropie,  mais  comme  des  familiers 
de  la  charité  et  des  coutumiers  du  dévouement. 

Inclinons-nous  bien  bas  devant  eux  et  admirons- 
les  sans  réserve  ;  dans  ces  temps  d'égoïsme,  ils 
donnent  un  salutaire  exemple  à  leurs  contemporains. 

Mesdames,  j'ai  largement  usé,  peut-être  même 
abusé  de  votre  généreuse  attention  dans  cerécit 
inévitablement  touffu,  mais  singulièrement  conso- 
lant d'actes  de  vertu  et  de  traits  d'héroïsme. 

Et,  puisque  nous  glorifions  aujourd'hui  la  vertu, 
sous  toutes  ses  formes,  veuillez  m'autorisera  rendre 
un  sincère  et  public  hommage  à  votre  bienveillance 
à  l'égard  du  rapporteur,  bienveillance  qui  a  gran- 
dement facilité  sa  tâche  et  dont  il  vous  remercie  de 
tout  cœur. 


"-î^Sr- 


ACADÉMIE    D'AIX 


-4- 


M 


^    SÉANCE     PUBLIQUE 


11   Juin   1819 


U^-' 


ACADÉMIE 


DES  SCIENCES,  AGRICULTURE.  ARTS  &  BELLES-LETTRES 

D'AIX 


-^-p=^/7='/7^^ 


©Qnno    Séance    Rublique 


-e^e^ 


Le  Mercredi,  ii  Juin  191 9,  la  quatre-vingt-dix- 
neuvième    SÉANCE    Publique   de    l'Académie    d'Aix 

A    ÉTÉ    TENUE,    A    QUATRE    HEURES,    DANS    LA    SaLLE  *  DES 

FÊTES  DE  l'Hôtel  Arbaud. 


Ijnt  foule  nombreuse  avait  envahi,  bien  avant  Vheure, 
la  coquette  salle  des  Fêtes  du  Musée  Arbaud,  décorée  si 
artistement  de  peintures  anciennes  et  modernes  et  de 


—  32  — 

faknces  de  Moustiers.  Une  place  d'honneur  avait  été 
résen*ée  aux  autorités,  aux  nolabililés  de  la  ville  et  à 
un  ^rand  nombre  de  dames.  Tous  étaient  venus  dans  la 
noble  pensée  de  rendre  un  solennel  hommage  à  nos  chers 
hmréiits  des  Prix  de  Vertu  et  pour  témoigner  leur  haute 
et  vibrante  sympathie  aux  orateurs  inscrits  pour  cette 
belle  et  louchante  cérémonie. 


ifr 


DISCOURS  d'OUVERTURE 

PAR 

M*  Paul  BAGARRY 

Bâtonnier  db  l'Ordrk  des  Avocats 


Mesdames, 
Messieurs, 


De  tous  temps,  notre  Académie  a  compté  de 
nombreux  membres  du  Barreau.  Aussi,  vous  per- 
mettrez au  Bâtonnier  de  TOrdre  qui,  par  Teffet  des 
circonstances,  a  l'honneur  de  présider  cette  séance, 
de  vous  parler  des  avocats. 

Le  i6  février  1916,  ils  auraient  pu  fêter  le  cen- 
tenaire de  la  création  de  la  Société  de  Jurisprudence, 
ou,  si  vous  voulez,  de  la  Conférence  du  Stage.  Ils 
n'auraient  pas  manqué,  croyez-le,  à  ce  devoir  de 
reconnaissance  envers  leurs  anciens.  Mais  la  guerre, 
avec  ses  séparations  et  |ses  deuils,  a  empêché  de 
réaliser  un  projet,  pourtant  si  légitime  en  d'autres 


—  34   — 

temps.  Et  il  m*a  semblé  que  la  solennité  d'aujour- 
d'hui était  toute  indiquée  pour  vous  rappeler  cette 
date  et  retracer,   très  brièvement,  la  vie  de  cette 

« 

Société,  depuis  ses  débuts. 

C'est,  en  quelque  sorte,  une  page  de  Thistoire 
d'Aix  que  nous  écrirons  ainsi.  Les  noms  que  nous 
aurons  à  citer  parmi  ceux  qui  lui  ont  appartenu,  ont 
en  même  temps,  illustré  le  Barreau  et  notre  ville. 
Mais  c'est  aussi  une  page  de  l'histoire  de  TAcadé- 
mie  que  nous  tracerons  ensemble,  car  ces  noms 
figurent  également  dans  les  annales  de  notre 
Compagnie. 

L'utilité  de  ces  conférences  n'a  pas  besoin,  assu- 
rément, d'être  établie  ici.  Dans  tous  les  cas,  c'est 
la  pensée  de  la  nécessité  d'un  travail  commun  et 
sérieux,  d'efforts  utiles  pour  s'habituer  aux  luttes 
de  la  barre  qui,  au  lendemain  de  la  reconstitution 
de  l'Ordre  des  Avocats,  a  amené  la  création  de  la 
Société  de  Jurisprudence. 

Manuel  venait  do  quitter  Aix  et  notre  Barreau, 
où  il  avait  laissé  le  souvenir  de  sa  parole  éloquente 
et  convaincante.  Après  son  départ  brillait  encore 
Dubreuil,  qui  avait  été  son  conseil  et  son  guide,  et 
qui  joignait  aux  qualités  d'un  jurisconsulte  profond, 
celles  de  l'avocat  le  plus  consommé.  A  côté  de  lui, 
Tassy  que  «  la  pureté  de  la  diction,  l'abondance 
«  et  la  facilité  de  la  parole  vive  et  colorée  et  les 


—  35  — 

«  mouvements  oratoires  »  avaient  fait  comparer  à 
Dupérier,  enfin  Fabry  et  Bernard,  pour  ne  parler 
que  des  principaux,  occupaient  les  premiers  rangs 
dans  rOrdre  des  Avocats. 

Je  cite  ces  noms,  car  tous  ils  ont  fait  partie  de 
notre  Compagnie,  avec  Rouchon-Guigues,  qui  a 
été  le  créateur  de  la  Société  de  Jurisprudence. 

La  figure  de  Rouchon-Guigues  est  d'ailleurs  par- 
ticulièrement intéressante:  Né  dans  les  Basses- Alpes, 
en  1795,  ^1  ^*^^*  aixois  de  cœur  et  aimait  passion- 
nément Aix  et  la  Provence.  Charles  de  Ribbe,  dans 
la  notice  qu'il  lui  a  consacrée^  raconte  qu'on  l'ap- 
pelait «  le  dernier  des  patriotes  provençaux  »,  mais 
qu'il  se  fâchait  au  sujet  de  ce  mot  «  dernier  »  qu'il 
considérait  comme  impossible  à  tolérer  et  à  admet- 
tre. Thiers  et  Mignet  furent  toujours  pour  lui  des 
amis  fidèles.  Juge  de  paix  à  Aix  en  1829,  il  fut 
nommé  conseillera  notre  Cour  en  1830.  Ses  œu- 
vres sont  nombreuses  et  importantes  et  je  citerai 
seulement  le  Résumé  de  l'Etat  et  du  Comté  souverain 
de  Provence  et  l'étude  sur  les  Saliens.  En  outre,  les 
mémoires  de  notre  Académie  et  le  Journal,  VEcho 
de  la  Proveme,  qui  ne  parut  que  de  1841  à  1843, 
contiennent  de  lui  de  nombreuses  notices  sur  Aix 
et  son  histoire. 

C'est  donc  Rouchon-Guigues  qui  fut,  avec  Severin 
Benoît  et  Jourdan,  le  véritable  promoteur  de  cette 


—  36  — 

Société,  dont  l'inauguration,  des  plus  modestes 
d'ailleurs,  eut  lieu  le  i6  février  1816,  dans  la  cham- 
bre même  de  son  fondateur. 

Au  début,  elle  comptait  douze  membres,  tous 
faisant  partie  du  barreau,  animés  du  désir  d'étudier 
les  questions  de  droit,  de  rechercher  les  principes 
des  anciennes  lois  et  coutumes  qui  avaient  présidé 
à  rélaboration  de  nos  Codes.  Ils  voulaient  ainsi 
s'apprendre  à  discuter  les  affaires  qui  leur  seraient 
confiées  plus  tard  et  se  former  d'abord  pour  deve- 
nir ensuite  des  avocats  parfaits. 

Dès  1820,  en  présence  du  nombre  toujours 
croissant  des  adhérents,  les  réunions  durent  se 
tenir  dans  des  salles  spéciales,  à  l'hôtel  de  Valbelle; 
elles  avaient  lieu  une  fois,  et  souvent  deux  fois,  par 
semaine. 

Toutes  les  affaires  soulevant  un  point  de  droit 
intéressant  et  délicat,  étaient  soumises  à  cet  aréo- 
page de  jurisconsultes,  avant  d'être  plaidées  à  la 
barre  des  tribunaux  et  les  procès-verbaux  mention- 
nent, sur  chacun  de  ces  problèmes,  une  consultation 
motivée  de  deux  ou  trois  pages. 

Les  séances  de  cette  Société,  ont,  dès  l'origine, 
l'apparat  et  la  solennité  presque  de  décisions  de 
justice.  Ses  registres  donnent  même  à  ses  membres 
le  titre  pompeux  de  «juges  ».  Quand  l'objet  de  la 


—  37  -- 

discussion  est  très  important  et  touche  à  une  ques- 
tion d*état,  ils  désignaient  un  des  leurs  pour  remplir 
les  fonctions  de  ministère  public  et  donner  des 
conclusions  orales.  Puis,  dès  que  les  orateurs 
avaient,  chacun,  plaidé  leurs  causes,  le  président 
rappelait  les  arguments  donnés  dans  les  deux  sens, 
sans  pouvoir  toutefois  laisser  percer  son  opinion 
personnelle.  Et,  circonstance  curieuse,  ces  contro- 
verses d*école  devenaient  parfois  très  ardentes  : 
celui  qui  n'avait  pas  triomphé,  allait  même  jusqu'à 
requérir  l'amende,  prévue  au  règlement,  contre  le 

m 

président  qui  avait  laissé  entrevoir  son  avis  dans 
son  résumé.  Notons  toutefois  que  l'amende,  ainsi 
prononcée,  pour  augmenter  le  budget,  n'était  jamais 
élevée. 

Enfin,  les  «  juges  îè^  se  retiraient  dans  leur  salle 
de  délibérations,  discutaient  et  venaient  rendre  leur 
sentence  en  séance,  qui  ne  fut  jamais  publique. 

Chaque  sociétaire  devait,  tour  à  tour,  remplir 
toutes  les  charges,  y  compris  celle  de  président. 
L'assiduité  était  une  obligation  ;  une  amende  était 
même  encourrue  pour  tout  manquement  au  règle- 
ment et  pour  toute  absence  non  autorisée.  Mais  les 
causes  d'excuse  étaient  souvent  admises  et,  si  les 
condamnations  étaient  impitoyablement  pronon- 
cées, elles  étaient  aussi  facilement  rabattues. 

A  côté  des  discussions  suf  des  «  points  de  droit 


-  38  - 

ilpiMiqMi^s  i^  vli-s  points  de  fnit  »,  les  membres  £a:- 
situ'tll  i^njïlouu'ut  ilo  voritables  cours.  Parmi  eux. 
so  ti'o»ViiU>»t -.U's  spi.\i;>list»?s  dans  chaque  branche 
vU'  tu'tio  loj;isliU!vMK  Comme  on  l'a  dit,  d'ailleurs 
-  tiMiI  vo  viuo  lo  |mI.\;s  ot  la  f.wulto  dAis  comptaient 
<<  ^U-  not'Us  mui;>;v',;«.os  cl  do  talents  précoces, 
«  v'i.iit  \  oiui  so  j;îO;;:Vr  siiiour  de  ces  jeunes  gens, 
'  .;;;;  .or.s.-.v.;  .";  -•■.:  ;>:-J  du  cœur,  comme  un 
«  yU  .>ô;  s,;,-.,-,  ",0  .-■,-„>"o  y".:!;i'  di'  '.a  science  el  du 


_  39  — 

règlement  était  inexorable  et  il  fut  appliqué  même 
contre  celui  qui  devait  devenir  l'illustre  historien, 
dont  s'enorgueillit,  à  juste  titre,  la  ville  d'Aix. 
Blessés  par  ce  refus,  causé  par  la  politique,  Benoit, 
Defougères,  Thiers  et  Rouchon-Guigues  lui-même 
démissionnèrent  à  la  séance  suivante. 

Malgré  cet  incident  fâcheux,  le  nombre  des  adhé- 
rents ne  faisait  que  s'accroître.  Les  membres  de  la 
magistrature  et  du  barreau  en  étaient  reçus  avec  le 
titre  de  Thonorariat  et  les  étudiants,  à  condition 
d'avoir  le  diplôme  de  bacheliers,  pouvaient  y  être 
admis  comme  auditeurs. 

Ce  n'est  plus  dès  lors  une  simple  réunion  d'amis, 
c'est  une  Société  véritable,  ayant  obtenu  un  déve- 
loppement que  ses  fondateurs  de  1816  n'avaient 
pas  pu  espérer.  En  1 821,  le  nombre  des  membres 
fait  même  redouter  une  mesure  gouvernementale, 
à  la  suite  des  lois  nouvelles.  La  préfecture  donne 
toutefois,  sans  difficulté,  la  permission  de  se  réunir 
provisoirement  et,  le  1 7  mai  de  la  même  année,  le 
décret  d'autorisation  définitive  était  accordé. 

La  Société  de  Jurisprudence  avait,  dès  ce  mo- 
ment, une  existence  légale.  Elle  était  également 
arrivée  à  son  apogée.  Mais  son  activité  ne  pouvait 
être  de  longue  durée,  n'ayant  pour  seule  raison 
d'être  que  la  bonne  volonté  de  ses  membres.  Si 
les  postulants,  en  effet,  affluaient  sans  cesse,   un 


—  40  — 

vent  de  lassitude  se  faisait  sentir  dès  1823.  Par 
suite  de  nombreuses  demandes  d'excuses  présen- 
tées et  admises,  les  présences  aux  réunions  deve- 
naient tellement  rares  qu'il  était  impossible  d'obte- 
nir le  quorum  exigé  pour  voter  sur  les  admissions. 
Aussi  pour  parer  à  cet  écueil,  le  2  janvier,  la  Société 
fut  déclarée  «  en  danger  >/,  et  en  suspendant  ainsi, 
pour  une  séance  seulement,  l'application  du  règle- 
ment, tous  les  nouveaux  sociétaires  furent  élus 
avec  une  apparence  de  légalité. 

A  quelques  mois  de  là,  Rouchon-Guigues  se  fit 
recevoir  à  nouveau  comme  membre  actif  et  redonna 
à  ses  collègues  l'élan  et  l'entrain  qu'il  avait  su 
communiquer  jadis. 

Toutefois,  si  le  mal  fut  enrayé  et  conjuré  une 
première  fois,  l'enthousiasme  des  premières  années 
se  ralentissait.  Le  6  novembre  1827,  la  Société 
supprimait  les  conférences  ou  cours  de  droit  pur. 
Elle  tint  pourtant  régulièrement  ses  séances  pen- 
dant quelques  années  encore.  Puis,  en  1832,  elle 
cessa  de  fonctionner  sans  qu'aucun  procès-verbal 
ait  consacré  ou  prononcé  sa  dissolution.  Ses  fon- 
dateurs n'étaient  plus  là  pour  la  soutenir,  elle  sus- 
pendit ses  travaux  au  milieu  de  son  triomphe. 

Mais  cette  disparition  n'était  que  momentanée. 
En  1842,  en  effet,  elle  reprenait  sa  marche  seule- 
ment interrompue  et,  après  quelques   années  de 


—  41  — 

repos,  un  groupe  déjeunes  avocats  lui  rendait  sa 
prospérité  d'autrefois. 

D'ailleurs,  cette  reconstitution  devait  rapidement 
devenir  définitive  et  complète.  De  même  qu'à 
Paris  et  dans  tous  les  grands  barreaux,  l'Ordre  des 
Avocats  ne  pouvait  qu'aider  et  favoriser  ces  efforts. 
La  Société,  de  son  côté,  instruite  par  son  passé, 
venait  d'elle-même  confier  ses  destinées  au  Conseil 
de  Discipline  et,  le  21  mars  1843,  sous  le  Bâtonnat 
de  M*  Mollet,  intervenait  une  délibération  décla- 
rant «  donner  toute  son  approbation  à  l'établisse- 
«  ment  d'une  conférence  à  Aix,  porter  un  vif 
«  intérêt  à  celle  dont  le  règlement  lui  est  soumis 
«  et  accepter  l'attribution  que  ce  règlement  lui 
«  confère  :^. 

La  présidence  des  séances  appartient  dès  lor  sa 
un  membre  du  Conseil  de  Discipline,  au  Bâtonnier 
en  principe,  et,  par  deux  fois,  le  Conseil  fit  aux 
stagiaires  une  obligation  de  suivre  ces  réunions 
sans  maintenir  toutefois  les  pénalités  portées  au 
au  premier  règlement.  Ils  n'en  furent  d'abord  que 
membres  honoraires,  mais  à  partir  du  13  décem- 
bre 1852,  ils  en  devinrent  membres  actifs. 

L'ancienne  Société  de  Jurisprudence  conserva 
son  titre  d'autrefois,  mais  elle  fut,  avant  tout,  la 
Conférence  du  Stage.  Dès  ce  moment,  son  existence 
est  officielle  et  elle  est  devenue  ce  qu'elle  est  encore 


—   42   — 

aujourd'hui  Técole  du  jeune  barreau,  où  comme 
jadis,  les  débutants  montrent  le  même  élan  pour 
rétude.  Comme  leurs  devanciers  de  1816,  ils  ont 
pour  devise  :   Travail  et  Confraternité. 

Depuis  1852,  la  séance  d'ouverture  des  travaux 
revêt,  chaque  année,  une  solennité  particulière. 
Après  le  Bâtonnier  qui  rappelle  à  ses  jeunes  confrè- 
res les  principes  de  leur  profession  et  surtout  leurs 
devoirs  pleins  de  noblesse,  puisque  Tavocat,  dans 
son  indépendance  respectueuse  des  lois,  ne  dépend 
que  de  sa  conscience,  un  membre  de  la  Société 
prononce  un  discours  devant  les  représentants  4c 
tous  les  corps  constitués. 

C'est  M*  Alphonse  Mottet  qui  fut  chargé  du 
premier,  le  28  janvier  1852  ;  il  avait  pris  pour 
sujet  réloge  de  J.-J.  JuUien  et  ce  choix  était  tout 
indiqué  pour  des  jurisconsultes  qui  se  livraient  à 
rétude  des  lois  et  coutumes  anciennes,  en  même 
temps  que  des  codes  en  vigueur. 

Après  lui,  et  Tannée  suivante,  c'est  un  des  nôtres 
qui  prit  la  parole  et  étudia  Pascalis  et  la  Constitutiofi 
Provençale.  Tous,  vous  en  avez  deviné  l'auteur. 
Le  nom  de  Charles  de  Ribbe  est  trop  connu  pour 
me  permettre  d'insister.  «  Ce  discours  >  d'ailleurs, 
comme  on  l'a  déjà  dit,  «  ne  tarda  pas  à  devenir  un 
«  volume  et  donna  du  premier  coup  la  valeur  de 
«  l'auteur,  du  premier  coup,  aussi,  il  fixa  la  direc- 


_,  43  — 

«  tion  de  sa  vie  intellectuelle  vers  rétude  de  nos 
«  traditions  provençales  ».  Vous  savez  tous  ce 
que  devint  Thomme,  Técrivain,  Thistorien  et  le 
sociologue. 

Quelques  années  plus  tard,  en  1859,  c'est  en- 
core un  futur  membre  de  notre  compagnie  que  ses 
confrères  désignent  pour  prononcer  le  discours 
d'ouverture  à  la  séance  du  21  décembre.  De  Berlue 
Perrussis  fit  ïEloge  de  Boniface.  Avec  précision  et 
d'une  façon  remarquable,  il  a  retracé  la  vie  et  l'œu- 
vre de  son  compatriote,  de  ce  jurisconsulte  éminent 
qui  avait  illustré  notre  parlement.  Dès  le  début,  il 
s'était  montré  historien  et  érudit  consommés,  et 
avait  fait  prévoir  ce  que  serait  celui  qui  devait  jus- 
tifier la  colère  de  Rouchon-Guigues,  affirmant  avec 
raison  qu'il  était  impossible  qu'il  fut  «  le  dernier 
des  patriotes  provençaux  ». 

Certes,  les  noms  que  je  pourrai  citer  sont  nom- 
breux. Tous  les  membres  du  Barreau  qui  ont  fait 
partie  de  notre  Compagnie,  et  ils  sont  légion,  ont 
tous  d'ailleurs  été  chargés  de  prononcer  les  dis- 
cours annuels  d'ouverture  de  la  Société  de  Juris- 
prudence. 

Non  seulement  la  liste  des  orateurs  mériterait 
d'être  donnée,  mais  aussi  celle  des  sujets  traités. 

C'est,  en  effet,  l'histoire  d'Aix  et  de  la  Provence, 


—  44  — 

c'est  rhistoîre  de  notre  Parlement,  c'est  l'éloge  de 
toutes  les  illustrations  de  notre  Barreau  ancien  et 
moderne,  qui  ont  fait  l'objet  de  ces  études  intéres- 
santes et  instructives. 

A  tous  ces  titres,  j'espère  ne  pas  avoir  manqué 
à  nos  traditions  en  vous  parlant  du  Barreau  Aixois 
et  de  la  Société  de  Jurisprudence. 


-ifr 


On  a  lu  ; 


Essai  sur  la  Mystique  de  la  Guêtre,  par  M.  C. 

RiGAUD,  Avocat  à  la  Cour. 

Poésiesi  par  M.  le  comte  C.  de  Bonnecorse-Lubiè* 

RBS. 


t 


Ri^port  sur  les  Prii  de  YdD 

RAMBOT,  RBYNIBR,  RAYON,  CHAMBAUD 

ET  LES 

Pensions  Norean,  Josépliine  Yéiet,  Bonrdelet 

PAR 

Monsieur  A.  RE  VOL 


Mesdams, 
Messieurs, 


Notre  Compagnie  s'essaye  chaque  année  à 
justifier  davantage  la  confiance  que  lui  témoi- 
gnent, chaque  jour  un  peu  plus,  les  généreux  testa- 
teurs justement  soucieux  d'assurer  à  leurs  bonnes 
œuvres  une  survivance  bienfaisante  et  continue. 

M'étendre  sur  Ig  difficulté  d'une  tâche  toujours 
acceptée  d'un  cœur  reconnaissant  serait  inutile. 

D'autres  avant  fnoi  vous  ont  dit  déjà  souvent, 


-  48  - 

combien  il  est  malaisé  de  faire  un  choix  entre  tant 
de  candidates  et  de  candidats  recommandés  à  notre 
attention  avec  une'  égale  autorité  et  la  même 
insistance. 

A  en  croire  le  nombre  croissant  de  ceux  qui 
s'adressent  à  nous  avec  une  inlassable  confiance 
la  vertu  ne  serait  pas  prête  à  déserter  notre  sol 
privilégié. 

Je  fais  avec  joie  cette  consolante  constatation. 

Les  journaux  ne  nous  épargnant  aucun  exploit, 
de  Tescroc  ou  de  Tassassin  le  plus  vulgaire,  il  ne 
serait  pas  mauvais  que  nous  eussions  le  loisir  et  le 
droit  d'entrouvrir  les  cartons  où  sont  consignés, 
parfois  avec  une  minutie  touchante,  les  actes  ver- 
tueux de  celles  et  de  ceux  dont  nous  sommes  au 
regret  de  ne  pouvoir,  faute  d'un  nombre  de  prix 
suffisant,  couronner  les  mérites  et  récompenser  les 
labeurs. 

Que  ceux  et  que  celles  qui  nous  témoignent  leur 
confiance  patientent  et  se  rassurent. 

Nous  notons  avec  soin  dans  nos  mémoires  et 
dans  nos  cœurs  tout  ce  que  leur  désir  de  venir 
en  aide  à  leurs  protégés  a  si  bien  su  nous  faire 
entendre. 

Les  dossiers  ajournes  ne  sont  point  pour  nous 
des  importuns  à  jamais  écartés.  Ce  sont  au  contraire 


—  49  — 

des  amis  annuellement  consultes  ;  en  lés  couchant 
dans  leurs  chemises  de  papier  vert  nou^   ne  leur' 
disons  point  un  éternel  adieu,  mais  au  contraire  un-^ 

•         * 

au  revoir  plein  de  sympathiques  promesses. 


PRIX  RAMBOT 


Nous  avons  cette  année,  décerné  le  prix  Rambot 
à  un  véritable  héros. 

Le  26  février  19 16  vers  trois  henres  de  laprès- 
midi  naviguait  par  temps  calme,  le  Provence,  super- 
be paquebot  de  la  flotte  des  Messageries  Maritimes 
réquisitionné  comme  tant  d'autres  pour  le  transport 
des  troupes. 

Frédéric  Paul  Gautier  se  trouvait  à  bord. 

Né  d'une  famille  d'honnêtes  travailleurs  de  la  ville 
d'Hyéres,  il  avait  grandi  bercé  par  le  chant  de  la  mer 
voisine. 

L'enfant  au  cœur  bon.  à  l'aspect  éveillé,  au  carac- 
tère ferme,  un  peu  têtu,  s'était  tout  naturellement, 
devenu  jeune  homme,  engagé  dans  la  marine  et 
la  guerre  survenant,  il  avait  été  embarqué  sur  le 
Provence  en  qualité  de  fourrier. 

La  guerre  sous-maiine  sévissait  alors  traîtresse  et  ■ 
cruelle. 


—  50  — 

C'était  Theure  ou  lasses  de  planter  leurs  clous  d'or 
ou  d'argent  dans  la  kolossale  statue  de  leur  «  Hin- 
denburg  »  national,  où  fatiguées  de  pousser  des  hoch 
admiratifs  en  l'honneur  de  leurs  zeppelins  tueurs 
de  femmes  et  d'enfants,  les  gretchens  timides  et  pu- 
diques se  reposaient  en  tenant  un  compte  exact  et 
fidèle  de  toutes  les  barques  de  pêche  torpillées,  de 
tous  les  Lusitania  coulés,  de  tous  les  navires-hôpi- 
taux si  habilement  et  si  rapidement  envoyés  au  fond 
des  mers.  Hindendurg,  Zeppelin,  Von  Tirpitz,  ai- 
mable, géniale  trinité  vers  laquelle  montait  alors  le 
même  encens  !  Hindenburg,  Zeppelin,  Von  Tirpitz, 
abominable  trio  vers  lequel  montait  déjà  la  malé- 
diction de  tous  les  honnêtes  gens,  —  Hindendurg, 
Zeppelin,  Von  Tirpitz  !,  noms  à  jamais  déshon- 
norés  vers  lesquels  monteront,  tant  que  le  monde 
sera  monde,  l'universel  dégoût  et  l'universelle 
haine  !... 

Le  Provence  naviguait  le  26  février  19 16  par 
temps  calme,  soudain  un  bruit  formidable  retentit. 
Atteint  par  une  torpille  le  beau  vaisseau  s'affaisse 
sur  l'arrière,  il  se  couche  pour  mourir. 

Tournons  la  page...  nous  venons  de  voir  et  de 
flétrir  la  barbarie  et  la  lâcheté,  vertus  germaines. 

Il  nous  reste  à  contempler  et  à  saluer  l'abnégation 
et  l'héroisrae,  vertus  françaises. 


—  51  — 

Voyant  son  navire  sombrer,  le  capitaine  du 
Provence  fait  ce  qu'ont  fait  avant  lui,  et  ce  que  feront 
toujours  après  lui  tous  les  officiers  de  la  marine 
française  ;  délibérément  il  oublie  le  danger  qu'il  court 
lui-même  pour  ne  songer  qu'aux  précieuses  existen- 
ces qui  lui  ont  été  confiées. 

Précieuses  existences  !  la  France  attend  pour  la 
défendre  ces  soldats  que  guette  une  mort  inutile. 

Précieuses  existences  !  ce  sont  des  tronçons  du 
rempart  vivant  de  la  patrie  qui  vont,  intacts, 
s'abimer  dans  les  flots. 

Grand  Dieu!  qu'il  est  urgent,  qu'il  est  indispensa- 
ble de  se  hâter  !  sans  l'avoir  vu  je  revois  ce  jour 
en  vous  le  racontant  ! 

Comme  un  grand  oiseau  blessé  à  mort  le  navire 
descend  lentement,  puis  accélère  sa  chute.  Le  sauve- 
tage s'ordonne  et  s'organise. 

Gautier  reçoit  Tordre  avec  quelques  camarades 
de  conduire  vers  la  terre,  dans  une  embarcation,  le 
plus  grand  nombre  de  soldats  possible. 

Gautier  a  vingt  ans.  Est-ce  que  l'on  part  le  pre- 
mier à  vingt  ans  !  Gautier  cède  sa  place  à  de  plus 
vieux  marins  ;  à  bord  la  besogne  ne  manque  pas, 
il  reste  encore  deux  canots  à  mettre  à  l'eau,  on  les 
mettra,  il  ne  reste  plus  d'embarcation  à  lancer  à 
la  mer  ?  mais  il  reste  ces  tables,  ces  échelles,  ces 


—  5»  — 

caisses,  ces  bouts  de  bois,  où  il  peut  être  utile  de 
s'dgripper  pour  attendre  le  passage  d'un  bateau.c'est- 
à-dire  le  salut  !  à  l'eau  ces  tables,  ces  échelles,  ces 
caisses,  ces  bouts  de  bois. 

Gautier  jette  un  regard  circulaire  autour  de  lui 
décidément  il  n'a  rien  oublié  de  ce  qui  peut  être 
utile  au  sauvetage  général. 

Les  chaudières  sont  sur  le  point  d'éclater,  l'eau 
atteint  la  deuxième  cheminée,  il  n'y  a  plus  rien 
d'utile  à  faire  à  bord.  Gautier  se  jette  à  l'eau,  une 
explosion  se  fait  entendre,  le  navire  se  dresse  sur 
Tanière,  il  dispnrait  h  jamais  le  superbe  paquebot  ! 
mais  hélas  il  cntaiînc  avec  lui,  dans  sa  chute,  plus 
de  mille  existences  humaines. 

Gautier  nage  vigoureusement  en  quête  d'une 
épave,  il  avise  un  radeau  sur  lequel  ont  pris  place 
deux  soldats  anéantis.  Est-ce  que  l'on  doit  dormir 
sur  un  radeau,  allons  que  l'on  se  grouille  I 

Gautier  prend  une  perche  et  manœuvre  de  façon 
à  ramasser  un  grand  nombre  de  naufragés,  bientôt 
'y  n  plv.:  do  place  sur  le  radeau,  mais  à  dix 
;ées  un  soldat  accroché  à  une  botte  de  foin  en- 
lit  en  appelant  désespérément  au  secours, 
ue  va  faire  Gautier  ?  Laissons  lui  la  parole  : 
Je  vois  le  danger  immédiat  pour  ce  malheu- 
ux.  Que  faire  ?  tiens  bon,  lui  criais-je,  je  vais 


—  53  — 

«  te  prendre.  Les  passagers  du  radeau  me  font 
«  remarquer  que  toutes  les  épaves  sont  occupées  et 
«  me  conseillent  de  rester  à  bord.  > 

«  Le  devoir  d'un  marin  est  d'abord  de  sauver  un 

«  soldat  I  »   fut  ma  réponse.  Et  spontanément  je 

♦,  plonge,  je  prends  le  pauvre  soldat  sur  mes  épaules 

«  et  l'installe  sur  le  radeau  à  ma  place,  cependant 

«  que  j'entends  crier  bravo  I  à  bord  du  radeau.  Et  je 

«  m'en   vais,  où  ?  Je  n'en  sais  rien,  je  n'ai  plus 

«  d'espoir  de  me  sauver.  » 

«  Pensant  aux  miens,  à  mes  amis,  je  cherche  un 

<  appui.  Je  suis  repoussé  des  épaves,  je  nage  depuis 
«  plusieurs  heures,  je  ne  trouve  rien.  » 

«  La  nuit  arrive,  pas  de  terre  à  l'horizon,  seul 

«  entre  ciel  et  eau,  balloté  par  les  vagues,  je  me 

«  sens  défaillir,  je  vais  couler.   —   Je  renouvelle 

«  une  ardente  prière  à  la  Vierge  et  j'ai  le  bonheur 

«  d'apercevoir   une    épave   vers  laquelle  je  nage 

«  vigoureusement.  Je  l'agrippe  ;  après  mille  péri- 

«  péties,  transi  de  froid,  brûlé  par  la  soif,  torturé 

<  par  la  faim,  le  lendemain,  27  février,  à  midi,  le 
«  Canada  nous  recueillait,  nous  étions  sauvés.  :^ 

«  Le  devoir  d'un  marin  est  d'abord  de  sauver 
un  soldat  >.  Vous  avez.  Mesdames  et  Messieurs, 
déjà  salué  au  passage  cette  parole  comme  l'on  s'in- 
cline d'instinct  toujours  devant  ce  qui  dépasse  notre 


—  54  — 

chétive  humanité  !  Corneille  eut  enchnssé  cette 
parole  avec  un  amour  pieux  dans  la  magie  de  son 
verbe  et  dans  la  surhumaine  éloquence  de  son  vers 
inspiré  I 

Ne  pouvant  avoir  cette  suprême  récompense^  cette 
parole  a  pourtant  été  recueillie  avec  le  respect,  avec 
Taffection,  avec  l'admiration  qu'elle  méritait  ! 

La  médaille  militaire,  la  croix  de  guerre  avec 
palme,  le  prix  Lange  de  l'Académie  Française,  la 
médaille  d'or  de  la  Société  de  Sauvetage  des  nau- 
fragés, toutes  ces  distinctions  justement  enviées 
sont  venues  comme  des  fleurs  magnifiques  se  tres- 
ser d'elles-mêmes  en  couronne  autour  de  cette 
parole  déjà  légendaire. 

Notre  Compagnie  se  devait  à  elle-même  d'applau- 
dir dans  la  mesure  de  ses  moyens  à  ce  geste  héroïque 
d'un  enfant  de  Provence. 

De  la  lointaine  Tunisie  un  de  nos  confrères  a 
reçu  d'une  personnalité  autorisée  ces  lignes  qui 
prouvent  que  l'Académie  d'Aix  a  bien  fait  de  mêler 
spontanément  sa  voix  au  concert  d'admiration  et  de 
bénédiction  entonné  par  la  France  entière  : 

«  Je  ne  puis  qu'applaudir  au  geste  de  l'Académie 
d'Aix  qui  s'honore  elle-même  en  couronnant  un  si 
bel  acte  d'héroïsme...   » 

«  J'ai  connu  personnellement  Gautier,  il  incarne 
vraiment  le  type  du  marin  provençal,  vif,  alerte, 


_  55  — 

le  cœur  ouvert,  avec  cela  une  âme  d'enfant,  très 
droite  et  très  honnête.  Et  par  dessus  tout  une  éton- 
nante modestie,  celle  qui  fait  les  vrais  braves.  > 

«  Titulaire  de  la  Médaille  militaire  et  de  la  Croix 
de  guerre  avec  palme,  il  les  arbore  rarement,  dans 
les  occasions  exceptionnelles  ou,  lorsque  invité  il 
veut  faire  honneur  à  ses  hôtes.  > 

«  A  l'entendre  il  n'a  rien  fait  que  de  très  ordi- 
naire et  les  récompenses  si  légitimes  qu'on  lui 
décerne  le  confondent.  > 

Bravo  !  criaient  à  Gautier  les  naufragés  du  Provence  ! 
Bravo  !  bravo  !  crions-nous  à  notre  tour  !  quel  dom- 
mage que  notre  glorieux  compatriote  ne  soit  pas  là 
ce  soir;  avec  quelle  émotion  Teussions-nous  tous 
acclamé  du  plus  profond  et  du  meilleur  de  notre 
cœur  —  malheureusement  l'état  de  santé  de  Gautier 
fort  ébranlé  Ta  retenu  près  de  ceux  qui  le  soignent 
avec  angoisse.  Espérons  contre  toute  espérance  que 
ce  brave  entre  les  braves  sera  conservé  à  l'admira- 
tion et  à  l'affection  de  tous  ceux  qui  le  connaissent. 


PRIX  REYNIER 

Madame  Veuve  Amourîc  a  eu  1 4  enfants.  Elevés 
dans  l'amour  du  travail  et  dans  la  pratique  de  la  reli- 
gion, ses  enfants  lui  font  aujourd'hui  une  belle 


-  56  - 

ct>urpnire  et  composent  la' meilleure  récompense  de 
jses  soucis  passés  et  de  ses  labeurs  anciens.  Non  con- 
tente d'une  maternité  aussi  naturellement  accusée, 
Mme  Vve  Amouric  a  élevé  trois  enfants  de  l'Assis- 
tance publique  et  même  à  Theure  actuelle,  âgée  de 
66  ans  !  elle  continue  ses  soins  à  l'un  de  ces  enfants. 

Deux  de  ses  fils  ont  vaillamment  combattu  pour 
la  France  et  Tun  a  été  glorieusement  cité  deux  fois 
à  Tordre  du  jour. 

Mme  Amouric  est  la  veuve  d*un  modeste  canton- 
nier. Cela  prouve  que  la  France  possède  dans  toutes 
les  classes  où  se  recrutent  ses  enfants  des  réserves 
d'énergie  et  de  vertu  qui  ne  demandent  qu'un  peu 
de  sécurité  et  qu'un. peu  d'aide  pour  s'épanouir  en 
une  floraison  magnifiquement  contagieuse.  L'Aca- 
démie s'honore  en  décernant  à  Mme  Vve  Amouric 
le  prix  Reynier  de  400  francs. 

•  ■    r         * 

Née  le  20  août  1843  à  Saint-Cannat,  Madame 
Veuve  LegroSf  née  Fassy,  se  distingue  par  le 
dévouement  réel  qu'elle  a  toujours  apporté  et 
qu'elle  apporte  encore  au  soulagement  des  misères 
des  enfants  de  l'Assistance  publique. 

Tant  qu'elle  l'a  pu  elle  a  partagé  son  lait  entre 
ses  neuf  enfants  et  les  pauvres  êtres  que  des  mères 
barbares  abandonnaient  avec  férocité. 


—  57  — 

Ne  pouvant  plus  travailler,  à  demi  infirme, 
l'Académie  la  récompense  de  ses  peines  passées  en 
lui  attribuant  le  prix  Reynier  de  300  francs. 


Madame  Veuve  Carlue,  née  Jouve,  est  née  à 
Rognes  en  1841. 

Cette  longue  vie  a  été  toute  droite  et  toute  sim- 
ple. Ayant  appris  son  catéchisme  avec  assiduité, 
elle  l'a  compris  comme  il  faut  le  comprendre  et 
elle  a  pratiqué  ses  préceptes  comme  ils  doivent  être 
pratiqués.  —  Si  je  parle  de  ce  petit  livre  dont  les 
feuillets  ne  sont  peut-être  pas  assez  connus  de  la 
génération  qui  grandit,  c'est  que  dans  le  mémoire 
fourni  à  Tappui  de  la  requête  présentée,  je  trouve 
les  lignes  suivantes  : 

«  A  douze  ans,  Madame  Carlue  était  toujours  prête 
à  faire  le  catéchisme  à  ses  jeunes  compagnes  et  à 
leur  rendre  service.  Dès  l'âge  de  seize  ans  elle  com- 
mençait à  aller  les  veiller  lorsqu'elles  étaient 
malades  ;  un  peu  plus  tard  on  vint  bien  des  fois  la 
réveiller  en  pleine  nuit  pour  assister  des  agonisants 
ou  pour  les  habiller  après  leur  décès.  » 

«  Tu  aimeras  ton  prochain  comme  toi-même  » 
Mme  Vve  Carlue  avait  longuement  médité  ce  pré- 
cepte, il  lui  a  suffit  de  le  mettre  en  pratique  pour 


-  58  - 

trouver  toujours  la  force  de  faire  tout  son  devoir. 
—  Aidant  son  père  et  sa  mère  de  son  mieux,  elle 
donnait  tout  ce  qu'elle  gagnait,  d'abord  comme  ou- 
vrière, ensuite  comme  servante  pour  élever  ses  cinq 
frères  et  sœurs. 

Plusieurs  fois  demandée  en  mariage  elle  avait 
toujours  refusé,  il  ne  fallut  rien  moins,  pour  faire 
fléchir  sa  volonté,  que  la  pensée  de  servir  de  mère 
aux  deux  enfants  d'une  sœur  prématurément  en- 
levée à  son  affection.  Mme  Vve  Carlue  a  fait  son 
devoir  toute  sa  vie,  l'Académie  ne  fait  que  le  sien 
en  lui  décernant  la  dernière  part  disponible  du  prix 
Reynier. 

PRIX  RAYON 

Mademoiselle  Rayon  a  institué  une  rente  de 
275  francs  destinée  a  être  attribuée  à  «  une  jeune 
fille  dont  l'Académie  aura  distingué  les  mérites.  » 
Cette  jeune  fille,  l'Académie  l'a  trouvée,  cette  année, 
en  la  personne  de  Mademoiselle  Gabrielle  Azan. 

Douce  et  pieuse,  travailleuse  infatigable,  notre 
lauréate  eut  été  sans  nul  doute  choisie  par  Made- 
moiselle Rayon. 

Ange  de  son  foyer,  Mademoiselle  Azan  s'oublie 
toujours  elle-même  pour  ne  songer  qu'au  bien-être 
de  ceux  qui  l'entourent. 


—  59  — 

Il  était  bien  juste  qu'une  fois  au  moins  quelqu'un 
pensât  à  elle,  et  l'Académie  cjui  a  recueilli  sur 
Mademoiselle  Azan  les  meilleurs  renseignements 
est  heureuse  de  proclamer  publiquement  ses  mé- 
rites et  de  récompenser  bien  faiblement  un  dévoue- 
ment et  un  labeur  au-dessus  de  tout  éloge  et  de 
toute  récompense. 


PRIX  CHAMBAUD 


Mademoiselle  Marie  Colombon  à  laquelle  TAca- 
démie  a  décidé  cette  année  de  décerner  le  prix 
Chambaud  est  une  jeune  fille  aussi  dévouée  que 
modeste.  Elle  est  née  à  Mexico  où  ses  parents 
résident  encore  et  d'où  elle  est  revenue  pour  soi- 
gner une  tante  âgée  et  infirme.  A  cette  tante  elle 
a  tout  sacrifié:  joie  familiale,  espoir  d'avenir,  santé, 
préférences  personnelles.  Pour  subvenir  aux  frais 
du  ménage  elle  avait  préparé  Texamen  des  postes, 
elle  avait  réussi  ;  par  deux  fois,  ayant  dû  inter- 
rompre cette  carrière  pour  venir  soigner  sa  tante, 
elle  fut  finalement  obligée  de  l'abandonner  défi- 
nitivement. 

Ayant  sacrifié  son  avenir,  Mlle  Colombon  essaye 
maintenant  de  subvenir  à  sa  propre  existence  par 
des  travaux  de  couture,  mais  sa  santé  délicate  ne 


—  6o  — 

lui  permet  que  de  gagner  un  bien  maigre  salaire. 
L'Académie  a  pensé  que  venir  en  aide  à  celle  qui 
n*avait  jamais  pensé  à  elle-même  était  un  devoir 
^t  elle  Ta  accompli  avec  satisfaction. 

PENSIONS  IRMA  MOREAU 

«  Mes  enfants,  soyez  bons  et  charitables  entre 
vous,  soyez-le  aussi  avec  vos  camarades,  s'il  vous 
arrive  d'être  frappés  ne  le  rendez  jamais  >. 

Tels  sont  les  conseils  que  donnent  à  leurs  neuf 
enfants  les  époux  Ghassan  que  l'Académie  est  heu- 
reuse cette  année  de  faire  bénéficier  d'une  pension 
Irma  Moreau. 

Ces  conseils  sont  mis  en  pratique  car  au  dire  de 
ceux  qui  connaissent  cette  admirable  famille,  il 
n'est  pas  de  foyer  où  Ton  soit  plus  chrétien,  c'est- 
à-dire  plus  heureux.  Chaque  dimanche  l'église  réu- 
nit toute  la  famille  :  le  travail  servile  cesse  abso- 
lument et  le  lundi  tous  reprennent  d'un  meilleur 
coeur  la  tâche  accoutumée. 

.  Dans  une  série  d'études  parues  Tan  dernier  dans 
fa  Revue  des  Deux  V^ondes,  M.  Etienne  Lamy  met- 
tait la  pratique  de  la  religion  au  premier  rang  des 
moyens  à  employer  et  à  conseiller  pour  susciter 
dans  notre  pays  le  retour  à  la  pratique  intégrale 
des  saintes  lois  du  mariage. 


—  6i   — 

M.  Lamy,  s'il  existait  encore,  citerait  sans  mil 
doute  à  Tappui  de  son  dire  la  splendide  famille  que. 
l'Académie  est  heureuse  et  fière  de  pouvoir  cou- 
ronner. 

Mademoiselfe  Louise  Fourment  a  80  ans,  elle 
vit  avec  sa  sœur  Mlle  Emilie  Fourment,  âgée  de 
82  ans,  seule  survivante  avec  un  frère  de  73  ans, 
d'une  famille  de  six  enfants. 

Lingère  pendant  44  ans  aux  Arts  et  Métiers, 
Mlle  Fourment  s'exprime  ainsi  dans  sa  demande  de 
pension  :  «:  En  raison  de  mon  âge  j'ai  dû  quitter 
mon  travail  devenu  trop  pénible  pour  moi.  » 

Un  travail  de  44  ans,  pauvre  et  sainte  fille  !  Elle 
s'excuse  presque  de  ne  pouvoir  plus  venir  en  aide 
à  sa  sœur  aînée,  qui,  chose  singulière,  est  souffrante 
à  82  ans,  et  ne  peut  plus  elle-même  travailler  ! 

«  Ne  cherchez  pas  dans  cette  vie  simple  et  droite 
une  action  qui  mérite  d'être  mentionnée  particu- 
lièrement. » 

«  Tout  est  sage,  honnête  uniformément  pendant 
cette  longue  carrière.  » 

Ainsi  s'exprime  encore  un  anonyme  rapport 
annexé  à  la  demande  de  Mlle  Fourment.  Avoir  tra- 
vaillé pendant  44  ans  à  la  même  place  du  même 


62 


labeur  et  du  même  cœur,  cela  dit  tout,  et  cette 
«  longue  carrière  >  est  une  vertu  continue  qui 
est  trop  tard  mais  justement  récompensée.  Que 
Mlle  Fourment  jouisse  longtemps  encore  de  la 
pension  que  l'Académie  est  si  heureuse  de  lui 
accorder,  c'est  mon  vœu  personnel  le  plus  cher 
et  le  meilleur. 


PENSIONS  JOSÉPHINE  VERET 

FONDATION  ROSTAN  D'ABANCOURT 

Comme  les  époux  Ghassan,  les  Epoux  Pons  ont 
neuf  enfants,  depuis  20  ans  cette  honorable  famille 
de  cultivateurs  occupe  la  même  ferme  et,  constata- 
tion que  je  fais  avec  bonheur,  au  bas  de  la  supplique 
qui  nous  est  soumise  je  vois  en  première  ligne  la 
signature  du  propriétaire  lui-même  du  domaine 
cultivé  par  les  époux  Pons. 

Cette  estime  réciproque  de  l'employeur  et  de 
remployé  est  certainement  à  noter  ;  cela  prouve 
qu'il  n'y  a  pas  nécessairemeut  un  fossé  infranchis- 
sable entre  le  travail  et  le  capital,  et  que  le  labeur 
et  l'honnêteté  l'emporteront  sans  doute  un  jour 
prochain  sur  la  haine  et  sur  l'égoïsme. 


63 


Mademoiselle  Célina  Derbez  réalise  à  miracle  les 
conditions  demandées  par  le  fondateur  de  la  pen- 
sion Veret. 

Depuis  30  ans  au  service  des  même  maîtres,  cette 
servante  digne  de  Tâge  d'or  n'a  pas  eu  durant  cette 
longue  période  une  minute  de  défaillance. 

L'âge  et  les  infirmités  arrivant  au  foyer  dont 
elle  était  depuis  si  longtemps  l'amie  désintéressée 
plutôt  que  la  servante,  Célina  Derbez  s'est  transfor» 
mée  sans  peine  en  une  infirmière  admirable. 

«  Je  tiens  à  déclarer  que  je  n'ai  jamais  rencontré 
chez  une  fille  un  dévouement  plus  désintéressé,  plus 
constant,  plus  filial  que  celui  dont  Célina  Derbez 
entoure  ses  deux  vieillards  infirmes.  >> 

Cette  appréciation  émanant  d'une  plume  auto- 
risée, venant  d'une  personnalité  bien  à  même  de 
savoir  ce  qui  se  passait  et  de  ce  qui  se  passe  encore 
au  foyer  des  maîcres  de  cette  admirable  fille  me 
dispense  de  m'étendre  moi-même  sur  la  vertu  de  la 
lauréate  devant  laquelle  je  ne  fais  que  m'incliner 
bien  bas  avec  un  infini  respect.  Dieu  seul,  qui 
inspire  certains  dévouements,  se  charge  aussi  de  les 
récompenser  comme  ils  le  méritent. 


64 


PENSIONS  HENRI  BOURDELET 

Une  des  pensions  Bourdelet  a  été  décernée  cette 
année  à  Mademoiselle  Mathilde  Donnet,  née  à  Aix 
le  ai  janvier  1849. 

Mademoiselle  Donnet  a  toujours  été  un  modèle 
de  piété  filiale,  de  vie  régulière  et  laborieuse.N'ayant 
pour  vivre  que  les  ressources  procurées  par  un 
travail  d'ouvrière  elle  a,  pendant  de  longues  années, 
reçu  sous  son  toit  et  soignée  avec  le  plus  absolu 
dévouement  une  sœur  âgée  et  infirme. 

Cette  sœur  étant  décédée,  une  autre  est  venue 
prendre  sa  place.  Cette  sœur  est,  à  l'heure  actuelle, 
figée  de  80  ans  et,  ne  possédant  aucune  ressource 
personnelle,  est  à  la  charge  absolue  de  Mlle  Donnet. 

Menacée  de  perdre  la  vue,  notre  lauréate  n'a 
conservé  son  œil  le  moins  atteint  que  grâce,  dit  le 
texte  de  la  supplique,  à  la  bonté  et  à  Thabileté  déjà 
connues  dans  notre  ville  du  docteur  X. 

Ayant  non  loin  de  moi,  en  ce  moment,  un  parent 
rapproché  de  ce  bon  et  habile  docteur  X.,  j'espère 
que  la  reconnaissance  de  Mlle  Donnet  saura  le 
toucher,  ce  verbe  étant  pris  dans  ses  deux  accep- 
tions. En  tout  cas,  cette  reconnaissance  de  Mlle 
Donnet  prouve  une  fois  de  plus  son  bon  cœur  et 


^  65  - 

démontre  une  fois  de  plus  aussi  €|tie  l'Âdadémié  sr 
eu  raison  de  distinguer  ses  mérites. 


* 
*  * 


La  dernière  lauréate  dont  j'ai  à  vous  entretenir  se 
nomme  Baptistine/Marie  Testaiûèrei  épouse  Bou/ 
rillon,  elle  est  âgée  de  64  ans.  Elle  habite  le  hameau 
des  Figons  avec  son  mari  infirme  depuis  1 5  ans. 
Avec  sa  seule  profession  de  blanchisseuse,  elle  de- 
vait encore,  jusqu'à  cette  année,  faire  vivre  une 
tante  presque  aveugle,  tante  décédée  il  y  a  quelques 
mois  à  rage  de  88  ans.  Nourrir,  entretenir,  soi- 
gner deux  vieillards  infirmes  c'est  déjà  beaucoup  ! 
pour  le  dévouement  de  Mme  Bourillon  cela  n'est 
pas  suffisant.  Cette  femme  d'élite  n'arrive  jamais  à 
épuiser  le  trésor  de  charité  que  récèle  son  âme 
profondément  chrétienne. 

Aucune  maladie  ne  lui  répugne,  aucune  contagion 
ne  la  rebute.  Les  typhiques  et  les  varioleux  sont 
soignés  par  elle  avec  tant  de  tranquillité  et  de  bonne 
humeur  que  l'admiration  que  suscite  son  courage  lui 
semble  singulière  et  lui  est  importune.  Panser  à 
plusieurs  kilomètres  de  sa  demeure  une  blessée  lui 
parait  naturel,  tout  malade  étant  pour  elle  un  voisin. 
Les  braves  gens  qui,  sans  qu'elle  s'en  doute,  ont 
sollicité  pour  elle  la  pension  que  nous  lui  accordons 
de  si  bon  cœur  ont,  en  termes  naïvement  louangeurs. 


—  66  — 

entonné  la  meilleure  chanson  de  reconnaissance 
émue  quipuisse  être  composée  k  sa  louange. 

Voilà  une  voisine  qui  jouit  vraiment  de  la  cconsi- 
dération  »  générale  dans  son  quartier  comme  dirait 
un  rapport  de  police.  Vous  pardonnerez  à  un  ancien 
attaché  au  parquet  cette  réminiscence  jaillie  sponta- 
nément sous  sa  plume  académique  ! 

Veillant  souvent  la  nuit  pour  soigner  ses  infirmes, 
Mme  Bourillon  part  souvent pourtantdèsl'aurore fai- 
re ses  commissions  à  Âix  pédestrement.  A  ceux  qui 
l'admirent  et  la  plaignent  un  peu,  elle  répond  :  c  En 
disant  mon  chapelet  la  route  devient  moins  pénible.» 

Me  sera-t-il  permis,  Mesdames  et  Messieurs,  de 
penser  et  de  dire  que  ce  n'est  pas  seulement  la 
route  de  ce  hameau  éloigné  d'Aix  qui  parait  moins 
pénible  à  cette  humble  femme  lorsqu'elle  égrène 
son  chapelet. 

Libre  à  un  incroyant  de  s'étonner  qu'il  existe  en- 
core  de  par  le  monde  au  xx*  siècle  des  gens  assez 
simples  pour  redire,  chaque  jour,  d'un  ton  monotone 
la  même  salutation  à  une  femme  invisible,  en  faisant 
courir  chaque  fois  sur  une  chaine  d'acier  ou  sur  une 
cordelette  de  chanvre  de  petits  morceaux  de  bois  ' 
noir  !  Cette  salutation  renouvelée  engendre  des 
miracles  de  charité  pareils  à  ceux  que  je  viens  avec 
tant  de  joie  et  tant  de  respect  de  signaler  à  votre 
admiration. 


-  67  — 

Cela  suffirait  pour  que  personne  n'ose  sourire  ; 
qtiant  à  moi  cela  me  suffît  peur  que  j'adore  davan* 
tage  et  pour  que  je  crois  un  peu  plus. 


* 


Ai-je  été  trop  long ,   Mesdames  et  Messieurs  ? 

C'est  plus  que  probable,  mais  je  ne  songerai 
même  pas  à  m'en  excuser.  Je  viens  de  passer  une 
journée  délicieuse  à  compulser  toutes  ces  archives 
de  la  vertu.  Je  puis  maintenant  lire  avec  le  scepti- 
cisme qui  convient,  la  quotidienne  chronique  où 
sont  annoncés,  parfois  avec  quelle  complaisance  ! 
les  signes  avants-coureurs  de  l'orage  qui,  affirme- 
t-on,  doit  éclater  demain  !  Je  ne  nie  point  que  la 
foudre  ne  résonne  parfois  dans  notre  ciel  I  mais  je 
me  souviens  de  mon  enfance  et  de  ce  que  me  disait 
certain  soir  d'été  un  aïeul  tendrement  aimé. 

En  pleine  lumière  le  ciel  se  chargeait  ;  tout  à  coup 
le  tonnerre  grondait  !  «  Grand'père  il  va  pleuvoir, 
c'est  l'orage  >  disait  ma  voix  d'enfant.  «  C'est  un 
éclair  de  chaleur,  petit  »  disait  le  grand'père.  De 
fait  le  ciel  redevenait  bientôt  serein.  Il  avait  plu 
sans  doute  là-haut  sur  la  montagne  ;  ici  nous  avions 
vu  l'arc-en-ciel  sans  avoir  eu  à  connaître  l'orage. 

L'orage  s'est  déchaîné  non  loin  de  nous.  Nous 
avons  entendu  la  foudre  gronder  ;  nous  lenten- 


—  68  — 

dfons  peut-être  encore.  Peu  importe,  nous  ne  nous 
effrayerons  point  outre  mesure.  Tant  de  bleu  a  été 
mis  déjà  dans  notre  ciel  par  nos  admirables  soldats. 

Tant  de  bleu  a  été  mis  encore  dans  ce  même  ciel 
parles  humbles  dont  nous  venons  d'entendre  narrer 
la  si  belle  et  si  touchante  histoire  !  Bientôt  notre 
ciel  de  France,  j'en  ai  Tindéfectible  confiance,  ne 
réfléchira  que  l'azur. 

Car  de  même  que  la  France,  selon  le  mot  du 
poëte  «  trouve  toujours  un  héros  lorsque  c'est  né- 
cessaire »  elle  trouve  et  trouvera  toujours  aussi 
dans  ses  plus  humbles  enfants  la  passion  du  bien 
qui  vient  toujours  à  bout  du  mal,  et  le  dévouement 
qui,  quoiqu'on  dise  et  quoiqu'on  fasse,  arrive  tou- 
jours, sans  heurt  et  sans  faiblesse  à  dompter 
régoïsme  et  à  juguler  la  barbarie. 


î^ 


-69- 


I 


PRIX  RAWIPAMP 

Fondé  en  l85g,  suivant  testament  olographe 
du  25  août  1 858,  pour  récompenser  les  actes  de 
dévouement,  de  courage,  de  désintéressement,  le^ 
soins  donnés  à  la  vieillesse  et  à  l'enfance  pauvre 
et  abandonnée. 

Le  prix  Rambot  de  545  francs,  indivisible,  a  été 
décerné  à  soixante  un  lauréats  de  i86o  à  191g; 

Leurs  noms  ont  été  publiés  dans  les  précédents 
Bulletins  ;  nous  donnons  ci-dessous  la  liste  des  dix 
derniers. 


de3  Lauréiits 

Depuis  iffio 

■\.  .• 

1910.    Mlle  Emilie  Sospel. 

1912.  M.  Franc  Françoift,  de  Berre. 

—  Mme  AuDiBERT  Megdeleine,  Vve  Jourdan,  d'Aix. 

1913.  M.  Paulin  Fortou,  d'Aix-   . 

1914.  Mlle  Adèle  Menc,  d'Aix. 

1915.  Les  époux  Tessemdié,  d'Aix- 

1916.  Section  Aixoise  des  Veuves  de  la  Guerre. 

1917.  Section  Aixoise  des  Orphelins  de  la  'Guerre. 

1918.  M.  Bertrand  Alfred,  d'Aix. 

1919.  M.  Gautier  Frédéric,  à  Hyères. 


—  70  — 


II 


PRIX   REYNIER 

Ce  prix  de  i.ooo  francs  a  été  fondé  en  fSS3, 
par  testament  olographe  du  18  mars  1864,  potir 
récompenser  les  actes  les  plus  méritoires  de 
dévouement,  de  fidélité  et  de  secours  au  malheur, 
les  soins  désintéressés  donnés  aux  infirmes  et  aux 
vieillards  ainsi  qu'à  l'enfance  délaissée  et  pauvre. 

Une  partie  de  la  somme  est  réservée  pour  les 
pires  et  mires  qui  élèvent  le  mieux  leurs  enfants, 
c'est-à-dire,  d'une  maniire  chrétienne,  honnête  et 
laborieuse. 

Le  prix  Reynier  a  été  décerné  à  cent  quarante  un 
Lauréats  de  i8yo  à  1919. 

Comme  pour  le  prix  Rambot^  leur  liste  a  été 
insérée  dans  les  précédents  Bulletins;  voici  celle 
des  dix  derniires  années. 


Liste    de   Lauréats 

Depuis  1910 

1910  M.  Joseph  Granon,  de  Rognes. 

»     M.  Femand  Arniaud,  de  Rognes. 

1911  Mlle  Henriette  Brun,  à  Aix. 

»     Mme  ANA8TAY,  née  Ferrât,  à  Aix. 


—  71  — 

1912  MllB  BniET  Jeanne,  à  Aix. 

»  Mlle  ÂNASTAY  Nathalie,  à  Aix- 

é  Mlle  NiEL  Louise,  à  La  Calade,  près  d*Aix- 

»  Mlle  Mondons  Eulalie,  à  Aix. 

1913  Mlle  BouoHET  Baptistine,  à  Aix. 

»  Les  époux  HiLARiON  Constant,  à  Riaiis. 

»  Mlle  CosTE  Marie-Thérèse,  à  Aix. 

1914  Mme  Gras,  née  André,  à  Aix. 
»  Les  époux  Honorât,  à  Aix. 

i>  Mlle  Pe¥Roncelli  Joséphine,  à  Aix. 

1915  Mipe  veuve  Chanut,  née  Lombard,  à  Aix. 
»  Mme  veuve  Bossy,  à  Aix. 

»  Mlle  BiCAïs  Victorine,  à  Aix. 

1916.  Mme  veuve  Folrnon,  à  Aix. 
n       Mlle  DELIONS  Louise,  à  Aix. 
»       Mlle  Laurin  Rose,  à  Aix. 

1917.  Mlle  Thomas  Fanny,  à  Aix. 

»       Mlle  Gautier  Geneviève,  à  Aix. 

1918.  M.  RosTAiN  Léon,  à  Aix. 

»       Mme  DE  JoRio  Françoise,  à  Aix. 

»       Mme  veuve  Feneyrols,  née  Roure,   à  Aix. 

1919.  Mme  veuve  Amouric,  née  Nivière,   à  Aix. 
M       Mme  veuve  Carlue,  née  Jouve,  à  Aix. 

Il       Mme  veuve  Legros,  née  Fressy,  à  Aix. 


PRIX  HCNRIÇTTE  IIIVYON 

Henriette  Rayon,  par 
1906,  pour  récotnpen. 
bureau  df  f'AeatUmte 

Comme  pour  les  autres  prix  KanAM,  Rfiynier 
et  Irma  Moreau.  'la  liste  âe  'ces  prix  sera  inséra 
dans  le  présent  Bulletin. 

L'Académie  a  commencé  en  tpog  à  décerner  ce 
prix. 

Liste  des  Lauréats 

Depuis  1910 

1916.    Mlle  Marie  NOUVERRONS,  dAix. 
1911. ,  I^U«  Léontine  ROMAN,  de  Malijay. 

1912.  Mlle  Louise  ARNAUD,  d'Aix. 

1913.  Mlle  Louise  PELLISSIER,  d'Aix. 
19U.     Mlle  Albine  DIOGENE,  d'Aix. 

1915.  Mlle  Marcelle  COCHE,  dAix. 

1916.  Mlle  Anna  Guiou,   d'Aix. 

1917.  Mlle  Louise  Tournon,  d'Aix. 
1918-  Mlle  Madeleine  Prouven,  à  Aix- 
1919.  Mlle  Gabrtelle  Azan,  h.  Aix- 


-73- 


IV 


PRIX  CHAMBAUD' 

Ce  prix  a  été  institué  par  Mademoiselle  Amélie 
Chambaud. 

Par  sa  donation  du  28  mars  igi5.  Mademoi- 
selle Chambaud  a  remis  à  l'Académie  d'Aix  un 
titre  de  rente  de  cent  francs,  à  charge  par  elle 
d'attribuer,  chaque  année,  un  secours  de  cette 
somme  w  à  un  orphelin  pauvre  x>u  à  un  vieillard 
pauvre  de  la  commune  d'Aix  ». 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ce  prix  en 
1916. 


Liste  des  Lauréats 

* 

1916.  Mme  veuve  Martin,  née  Anselme,  à  Aix. 

1917.  MUe  Ursule  Baume,  à  Aix- 

1918.  Mlle  Philomène  Daniel,  à  Aix. 

1919.  Mlle  Marie  Colombon,  à  Aix. 


BAUD 


ar  Madetnoiêelie 


28  mars  igi5,  Hademn^- 

ni  s  à   r Académie  d'Abc  ê^m 

it  francs,  à  char^  par  éCtifi^ 

année,    un  sec4^êir^  4k:  ^Jt^rgi^ 

lelin  pauvre  jou  à  mu  ^tH^f^ilHir^ 

mune  d'Aix  ^- 

commencé  à  déoerÊier  ce  f^^y 


Liste  des 


*       i'^. 


V 


—  74  — 


PENSIONS   IRMA  MOREAU 

Ces  pensions  ont  été  fondées  en  i8gg^  par  tes- 
tament  de  Mademoiselle  Irma  Moreau,  du  7  jan- 
vier de  la  même  année,  qui  institue  V Académie 
sa  légataire  unir^r selle.  Elles  consistent  en  une 
somme  annuelle  de  200  francs. 

Elles  sont  destinées  à  offrir  une  i^écompense  et 
procurer  un  secours  anx  personnes  particulière- 
ment recommandées  par  leur  honnêteté  et  leur 
vertu  notoires,  qui  en  seront  les  plus  dignes  et  qui 
devront  être  choisies  dans  les  catégories  sui- 
vantes : 

/•  Pères  de  famille  veufs  ou  non,  et  mères  de 
famille  veuves,  connus  comme  qens  malheureux 
et  nécessiteux,  exempts  d'ivrognerie  et  autres 
vices,  et  ayant  au  moins  deux  enfants. 

2^  Ouvrières  pauvres  atteintes  ou  de  maladie, 
ou  d'infirmité,  ou  de  vieillesse,  les  mettant  dans 
l'impossibilité  de  subvenir  à  leurs  besoins. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pen^ 
sions  en  1902. 


-75- 


Llste  des  Bénéficiaires 

des  pensions  ouvrières 


Ire  CATÉGORIE  IPèrea  et  Mères  de  ftimllle) 

1903.  M.  Fidèle  BONTOUX,  à  Aix  (5  enfants) 

1904.  Mme     veuve  Charles     DES- 

PLAS,  de  Castres  (6       n 

1905.  M.  Victorin  GINIEZ,à  Galice  (8       » 

1908.    Mme  Pauline    DEDIEU,  née 

Phaillon,  de  St-Remy  (7       » 

»       Les  époux  ABEL,  de  Rians    (10      » 

1911.    M.  Antoine  MICHEL,  à 

Septèmes  (U     » 

1913-    M.    Célestin- Joseph    PHILI- 
BERT, époux  Douze,  à  Aix  (8       » 

»       Mme     Françoise .  Emilie 
TOURNEFORT,   veuve 

Debiaria  (7       » 

1915.  M.  NACRE    Joseph,  à    Aix  (6       » 
»  M.  GRANIER  Marins,  à  Aix  (6       » 

1916.  M.  Chaix  Marius-Louis,  à  Aixi  (6         n 

1917.  M.  Hertzog  Raoul,  à  Aix,     (10       » 
>»  M.  DÉCANis  Justin,  aux  Milles,  (6         » 

1919.    Les  époux  Chassan,   à  Aix     (9         » 


-76- 


%mé  CÀtËGÔRIE  fOuvHèrM»  i  J 

1902.  Mme  veuve  JAUGERST,  à  Aix. 

1903.  Mme  veuve  POURCEL,  née  Fauque,  à  Aix. 
»>  Mme  veuve  BARBIER,  née  Aurenge,  à  Aix. 

1908.  Mlle  Madeleine  CHIEUSSE,  à  Arles. 
»  Mlle  Mathilde  JOUYNE,  à  Aix 

1909.  Mlle  Antoinette  BOYER,  à  Aix. 

1910.  Mlle  Caroline  GABALDA,  à  Aix. 

1912.     Mme  veuve  Goyrand  Reine,     née  Laurens, 
au  Puy-Sainte-Réparade. 

1915.  Mm«  veuve  PASCALY,  née  Ollivier,  à  Aix. 

1916.  Mlle  FouRNiBR  Joséphine,  à  Aix. 

1917.  Mlle  GuYOT  Louise,   à  Aix. 
1919.     Mlle  Forment  Louise,  à  Aix. 


77  — 


VI 


PENSION  y  NËGRE        : 

Cette,  pension    a    été   instituée   par   Madame 
Virginie  Fabre,  veuve  Nègre^  décédée  à  Aix  le  S 
juillet  fffoS. 

Par  son  testament  du  16  juillet  igo3.  Madame 
Nègre  a  fondé  ce  legs  en  mémoire  du  sieur  Fabre, 
son  père,  qui  était  maçon.  Il  consiste  en  une  pen- 
sion ouvrière  de  32g  francs  à  décerner  à  un 
maçon,  marié  ou  non,  avec  ou  sans  enfant,  ne 
pouvant  plus  travailler,  d'une  honnêteté  parfaite 
et  bien  reconnue,  pour  en  jouir  sa  vie  durant. 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  cette  pen- 
sion dans  la  séance  publique  de  igio. 


Liste  des   Lauréats 

Depuis   1910 

1910.     Henri  SECOND,  d'Aix. 
1915.     M.  CURET,  d'Alx. 


-78- 


VII 


Pensions  HENRI  BOURDELET 

Ces  pensiohs  ont  été  fondées  par  testament  de 
M.  Henri  Bourdelet,  du  22  juillet  igi3  (Notaire 
Daillan,  à  Aix  ).  Elles  consistent  en  une  somme 
de  3oo  francs  et  sont  destinées  à  des  vieillards 
que  V Académie  doit  choisir  parmi  les  plus  âgés 
ou  les  moins  valides.  Les  bénéficiaires  de  ces 
pensions  doivent  être  Français,  être  nés  à  Aix  et 
avoir  un  casier  judiciaire  vierge  . 

L'Académie  a  commencé  à  décerner  ces  pen^ 
sions  en  1917  ^ 


Liste  des  Bénéficiaires 

1917.  Mme  veuve  ânnebec,  née  Rampai,  à  Aix- 

»  Mme   veuve   Pellenc,   née   Guitton,  à  Aix. 

1919.  Mme  Bourillon,  née  Testanière,  aux  Figoni. 

Il  Mlle  DoNNXT  Mathilde,  à  Aix. 


—  79  — 


VIII 

PENSIONS  JOSÉPHINE  VERET 

FONDATION  ROSTAN  D'ABANCOURT 

Par  son  testament  du  18  Février  igo3,  notaire 
Mouravit  à  Aix,  M^^^  Louise  Rostan  d'Abancourt 
a  légué  à  l'Académie  «r  une  somme  de  quarante 
mille  francs  dont  l'intérêt  sera  employé  en  pensions 
de  Deux  cents  francs  par  an,  semblables  à  celles 
laissées  par  M^^^  Irma  Moreau  ». 

<r  Cette  fondation  sera  dénommée  ^  Fondation 
Joséphine  Veret  ».  S'il  y  a  dans  les  vieilles  indi- 
gentes proposées  quelque  ancienne  servqnte  étant 
restée  longtemps  au  service  des  mêmes  personnes, 
elle  pourra  obtenir  la  pension  au  même  titre  que 
les  ouvrières  ». 


Liste  des  Bénéficiaires 

1918.  '  Mlle  Pauline  Barthélémy,  à  Aix. 
»  M.  Adolphe  Pons,  à  Aix. 

»  Mme  GuiCHARD,  à  Aix. 

»  Mlle  Marie  Diouloufet,  à  Aix. 

1919.  M.  Pons  Antonin,  à  Aix. 

»  Mlle  Derbez  Celina,  à  Aix. 


PRIX  THIERS 

yiademoiselle  Dosne,  en  souvenir  de  son  ïlius- 
MV  heau-frire,  M.  Thiers.  a  fondé  le  prix  que 
f  Académie  a  l'honneur  de  décerner. 

Ce  prix  consiste  en  une  somme  de  trois  mille 
francs  à  décerner  tous  les  cinq  ans,  indivisible, 
pour  un  ouvrage  sur  la  Provence  ou  écrit  par  un 
Provençal. 


Liste  des  Lauréats 


1907.     M.   Caifiitle  JULLIAN,   irembre  de     Ilnstilut, 
à  Paris. 

1912.    si.  Z.  ISNARD.  archiviste  en  chef  au  départî- 
meni  des  Basses-Alpes,  à  Digne. 

1917-      M.   Emile  Ripert,   chargé  de  Cours 

il  In  Faculté  de^  Lettres  d'Ais. 


7-81  - 


PRIX  MIGNET 

M.  le  Docteur  Evariste  Michel,  désireux  de 
contribuer  à  la  glorification  de  la  ville  d*Aix  en 
suscitant  des  travaux  qui  auront  pour  objet  l'étu- 
de de  l'une  des  phases  de  son  passé  illustre,  ou 
r histoire  de  la  vie  et  des  œuvres  de  l'un  des  hom- 
mes gui  l'ont  le  plus  honorée  dans  les  sciences, 
dans  les  lettres  ou  dans  les  arts;  également  pour 
rendre  hommage  à  la  mémoire  de  son  oncle,  M. 
Mignet,  de  F  Académie  Française,  secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  des  Sciences  Morales  et  Poli-  . 
tigues,  gui  appartenait  aussi  à  l'Académie  d'Aix, 
a  fondé  un  prix  gui  portera  son  nom.  Le  Prix 
Mignety  de  la  valeur  de  3.ooo  francs,  sera  donné 
tous  les  cing  ans,  intégralement,  sans  être  jamais 
partagé,  ni  diminué,  ni  ajourné  sous  aucun  pré- 
texte. 

Pour  la  première  fois,  il  a  été  accordé  en  igi3 
et  ne  sera  jamais  décerné  la  même  année  gue  le 
Prix  Thiers. 


Liste  des  Lauréats 

depuis  191 3 

1913.    M.  Michel  CLERC,  professeur  à  la  Faculté  des 

Lettres  de  l'Université  d'Aix-Marseille. 

1918.     M.  Bruno  Durand,  archiviste  paléographe,  à  Aix. 


BUREAUX  DE  LACADÉMIE 


19^7-19^8 

Président M.  le  Chanoine  Cherrier. 

Vice-Président M.   Cabassol. 

Secrétaire  perpétuel M.  le  Baron  Guillibert- 

Secrétaire  annuel M.  Toussaint. 

Archiviste M.  le  Marquis  dIlle. 

Conservateur    du    Musée  M.  Raimbault. 

Trésorier M.  de  Duranti-la-Calade 


1918-19^9 

Président M.  le  Chanoine  Cherrier. 

Vice-Président M.  Bagarry. 

a^    A4  •        n      xé    1^  M.  le  Baron  Guillibert- 

Secrétaires   Perpétuels....  m.  Cabassol. 

Secrétaire  annuel M.  Toussaint. 

Archiviste M.  le  Marquis  dIlle. 

Conservateur    du    Musée  M.  Raimbault. 

Trésorier M.  de  Duranti-la-Calade. 


T AB  LE AU 


MEMBRES  DE  L'ACADÉMIE 

Arrêté  le  i5  Juin  igig 

maU  eomprenant  tes  membres  qui  faisaient  encore  partie  de  la  Compagnie 

au  iS  Juin  i$i8 


MEMBRES  D*HONN£UR 

MM. 

Michel  Evariste  ^y  docteur  en  médecni'e.  Membre  hono- 
raire, 21  février  1902.  Membre  d*honneur,  14  Janvier  1908. 
\xlla  Mignet,  à  Aix,  et  83j  rue  Denfert-Rochereau^  à 
PaHs  XIV: 

GiRAUD  Charles,  0.  ^,  Premier  Président  honoraire  de  la 
Cour  d*Appel  d'Aix.  16  mars  1909,  à  Choisy  par  Moutiers- 
les-Mauxfaits  (Vendée)- 

AiCARD  Jean,  0.  ^  II,  membre  de  l'Académie  Française, 
15  mars  1910,  à  La  Garde  près  Toulon  (Var). 

RÉGNIER  (de)  Henri,  membre  de  TÀcadémie  Française,  cor- 
respondant 5  mai  1908,  membre  d'Honneur  16  janvier 
1912,  rue  de  Magdehourg,  /4,  à  Paris,  XIV. 


—  86  — 


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MEMBRES  TITULAIRES 


MM. 


Cherrier  (le  chanoine)  Joseph,  doyen  du  Chapitre  Métro- 
politain, docteur  en  Théologie,  25  avril  1872-  Boulevard 
Saint-Louis,  SI  (décédé  le  7  mars  1919). 

GuiLLiBERT  (baron)  Hippolyte  0.  iji  ^i,  ancien  bâtonnier  de 
l'ordre  des  avocats  à  la  Cour.  15  janvier  1878-  Rue 
Mazarine,  /4. 

Marbot  (le  chanoine)  Edmond,  ancien  vicaire  général,  28 
mars  1887,  rue  Noctuelle,  3. 

Gantelmi  d'Ille  (marquis  de)  Charles  lîi  ^  0.  >îi.  Associé 
régional  le  12  janvier  1883,  membre  titulaire  le  17  juin 
1890.  Cours  Mirabeau,  6. 

Pontier  Henry,  I.  P.  J^,  conservateur  directeur  du  Musée 
municipal.  5  avril  1892.  Rue  Cardinale,  13- 

Bonnecorse-Ll'biêres  (comte  de)  Charles,  avocat  à  la  Cour. 
Associé  régional  le  27  décembre  1897,  membre  titulaire  le 
30  mai  1899,  rue  Evicric.David,  30. 

BoNAFOUS  Raymond,  I.  P.  ^^,  professeur  à  la  Faculté  des 
Lettres.  30  janvier  1900.  Rue  du  Bras-d'Or,  5. 

Bourguet  Alfred,  avocat  à  la  Coujr.  Associé  régional  le  10 
mars  1896,  membre  titulaire  le  29  janvier  1901.  Cours 
Mirabeau^  /7. 


-  «7  - 

Aude  Edouard,  I.  P.  |^,  conservateur  de  la  Bibliothèque 
Méjanes.  Associé  régional  le  20  mars  1900,  membre  titu- 
laire le  16  juin  1903.  Villa  Joyeuse,  chemin  de  la  Violette. 

Lacoste  Ernest,  I.  P.  ^,  ingénieur.  Associé  régional  le  20 
février  1900.  Membre  titulaire  le  20  décembre  1904,  Rue 
du  Quatre^Septembrej  SO. 

D2  Duranti-la-Calade  Jérôme  1^,  licencié  ès-Lettres.  21 
mars  1905.  Rue  Mignet,  41. 

Jauffret  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  27  mars  1906.  Rue  des 
Epinaux,  43. 

Reynaud  Gustave,  directeur  des  Contributions  directes,  en 
retraite.  Associé  régional  30  janvier  1906.  Membre  titu. 
laire  18  décembre  1906.  Rue  Cardinale,  47, 

Vallier-Collombier  Alfred  1^,  conseiller  honoraire  à  la 
Cour  d'Appel  d*Aix.  12  mai  1908.  40,  rue  Espariat. 

M0UGINS.R0QUEFORT  (comte  de)  Charles,  Docteur  en  Droit 
Associé  régional  le  11  mars  1890,  membre  titulaire  le  26 
janvier  1909.  Cours  Mirabeau,  46. 

Bagarry  Paul,  avocat  Associé  régional  12  janvier  1909. 
Membre  titulaire  1"  février  1910.  Cours  Mirabeau,  4. 

Drujon  Jules,  ifi,  avocat,  ancien  bâtonnier,  23  mai  1911. 
rue  Frédéric-Mistral,  44* 

Ferrier  Raymond,  amateur  d*art.  Associé  régional,  16 
juin  1896.  Membre  titulaire,  14  mai  1912.  Rue  des  Arts^ 
eUMétiers,  2. 

Louis-GAUTiER,  I.  P.  Il,  artiste  peintre,  le  21  mai  1912, 
boulevard  de  VHÔpital,  villa  Acantha. 

Cabassol  Joseph,  Président  de  Chambre  à  la  Cour 
d'Appel,  ancien  Maire  d'Aix.  Membre  dlionneur,  23 
janvier  1906.  Membre  titulaire,  4  juin  1912.  Place 
Jeanne-d'Arc,  8, 


—  88  — 

Latil  Victor  ^  Docteur  en  médecine,  18  janvier  1914.  Rue 
du  Bœuf,  22. 

JouRDAN  Alfred,  avocat  à  la  Cour.  Associé  régional,  5 
décembre  1911.  Membre  titulaire,  12  mai  1914.  Cours 
Mirabeau,  40. 

Raimbault  Maurice,  I.  P.  4^,  Archiviste  adjoint  du  Dépar- 
tement. Associé  régional,  11  janvier  1910-  Membre  titu- 
laire, 5  janvier  1915.  Musée  Arbaud,  rue  du  Quatre- 
Septembre,  2  a. 

Davin  (l'abbé)  Paul-Marie.  19  janvier  1915.  Place  des  Prê- 
cheurs, 10. 

Revol  Amédée,  avoué  à  la  Cour.  Associé  régional  le  26 
avril  1910,  titulaire  le  28  mars  1916,  rue  GastondeSa- 
parta,  23. 

GrÉRiN-LONG  Paul,  ^  ^^  ij,  président  du  Tribunal  Civil. 
Associé  régional  le  11  juin  1912,  titulaire  le  11  avril 
1916,  rue  Roux-Alphéran,  25. 

Seymard  Paul,  ancien  magistrat,  30  mai  1916,  cours  Mira- 
beau, 22. 

Closmadei'C  (Urvoy  de)  Jules,  associé  régional  le  19  dé- 
cen)l)re  1905,  titulaire  le  20  mars  1917,  rue  Roux-Alphé- 
nin,  25- 

Rigaud  Casimir,  ^  ^  ,  avocat  à  la  Cour,  associé  régional 
le  11  mai  101  i,  titulaire  le  8  mai  1917,  nie  Roux-Alphé. 
rarij  33. 

Toussaint  Gabriel,  anci<^ii  magistrat.  Associé  légional  le 
2  février  1915,  titulaire  le  30  avril  1918,  boulevard  Notre. 
Dame,  57. 


-89- 


MEMBRES  mXORAIRES 


MM. 


PisoN  Alexandre,  ^  I.  P.  s^^  ^,  doyen  honoraire  de  la  Fa- 
culté de  Droit.  30  janvier  1894-  Hue  d'Italie,  iS. 

Fassin  Emile,  I.  P.  ^^,  Conseiller  honoraire  à  la  Cojr 
d'appel  d'Aix.  Membre  titulaire  24  avril  1894.  Membre 
honoraire  11  février  1913,  à  Arles. 

D'AuTHEMAN  Fernand  C.  *,  ancien  magistrat.  1"  cécembre 
1914.   Hue  noHT'Mphâran,  SSy  Mx, 

MouRAViT  Gustave,  titulaire,  8  février  1884  ;  honoraire 
22  décembre  1915,  rue  nerncx.  H,  Marseille. 

Michel  Tranquille  îj^i  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et 
Chaussées,  titulaire  le  10  avril  1905  ;  honoraire  lo  '.'.1 
avril   1918,    rue  du    Qnatre-Sepiemhre,    24^    Axx. 

Chaillan  (le  chanoine)  I.  P.  ij,  docteur  en  théologie, 
corresponc^vint  du  Ministère  de  l'Instruction  pubr.quo. 
r.rsocié  régional  le  12  janvier  1^94  ;  hcncraire  le  10 
novembre    1918    ;    curé    de    Sepit^mes    (B.-du-R.). 


_   -  % 


-  9«  - 

Manteyir  (de)  (leorges,  archiviste-paléographe,  château  de 
Vlantey?r  (Hautes-Alpes).  13  décembre  1898. 

MiLswT  .*<«'"basli('n,  ij»,  avocat,  ancioii  liàtoïiiiior.  Ru?  Ba- 
lay,  l^  Saint-Etieiii  o.  19  mars  l'JO!. 

Di.uNARD  d'Attanoî.x  (ct)i]ito)  Hoiii  i,  I?-,  avocat,  anjcion  ma- 
gistrat, rue  Palcrrno,  2,  Nice,  14  mai  1901  (décédé  le 
12  ac  iV-   191SV. 

Ckr!\  TlicARD  (comte  de\  I.P.  i\  nu^  Wulfraii-Piig^t.  M.  '- 
seille,  4  mars  1902. 

MoNCL'.R  (de  RiPERT  ivarquis  de}  François,  C  îjfc.  uiinistrr» 
plénipotentiaire,  en  retraite,  au  château  d'Allenîagi:^, 
près  Riez-  18  mars  1902. 

ViLLKNETVE-EscLAPON  (marquls  de)  Christian,  O.  ►vj,  ancion 
disputé,  Rue  de  Prony.  75,  Par  s,  ot  à  Valons  )\q  (Basycs- 
Alpes).  7  juin  190-i. 

LiKiTAiD  Au.^usto,  président  de  la  Société  dos  Amis  d:i 
Vieil  Arles,  à  Arles.  30  janvier  1906. 

CoTTK  Charles,  licencié  en  Droit,  notaire  à  Portuls  (Vau- 
du.  o).  2t  avril  1906. 

CiAFFARrx  Paul,  professeur  à  la  Faculté  dos  Lettres  d'Aix. 
Rue  Paradis,  295,  Marseille.  19  mars  1907. 

Tavernii.r  Edouard,  avocat,  docteur  ou  droit.  Rue  Fian- 
ç  )is  I",  162,  Paris.  19  mars  1908. 

LiiFÈVRK  Ednjond,  hil)liographe  provençal,  rue  Lafayot'.o,  7. 
^^ars?il]o.  22  décembre  1908. 

Brémcnd  (l'abbé)  Henri,  3i,  place  des  Prêcheurs,  à  Aix- 
16  mars  1909. 

Sn.aKin  ,lcsé,  ^,  artiste-peintre,  à  Marsoillo.  1"  février 
10!0. 


—  92  — 

Pascal  (le  chanoine)  Adrien,  I.  P.  Il  O.  i|e,  doyen  honoraire, 
aumônier  des  Hospices,  16  janvier  1912,  rue  Jacques.de- 
la-Roque,  28,  à  Aix. 

DE  Mazan  (de  FeU^re,  marquis)  Joseph,  docteur  ès-sciences^ 
rue  Roux-Alphéran,  35,  à  Aix.  11  juin  1912. 

Dumas,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit,  31,  rue  des  Cor- 
deliers,  à  Aix-  11  juin  1912. 

Faldrin  Marius,  professeur  d'agriculture,  rue  du  Trésor,  2, 
à  Aix.  11  juin  1912. 

BouAT,  I.  p.  fc^,  boulevar.l  du  Roi-René,  58,  à  Aix-  29  avril 
1913. 

•Helin  Henri,  avocat,  cours  Gamhetta,  -iO,  à  Aix,  20  mai  1913. 

BrsQiTT  RaouJ,  Jè^,  Archiviste  en    Chef  des    Bouche-  '\\i 
Rhône,  rue  Sylvabelle,  2,  à  Marseille.  8  janvier  19U. 

JiLiKN  Fortune^  ^,  ancien  professeur  à  TEcole  d'Arts  et 
Métiers,  traverse  Bressier,  16,  à.  Aix,  12  mai  1914  (décé- 
dé le  18  juillet  1918). 

Eymard  Léon,  {  ,  avocat  à  la  Cour,  rae  du  4-Se;.tenihre, 
9,  à  Aix,  19  mai  1914. 

Algoid  Henri,  à  SaintrCyr-les-Lèques  (Var).  13  avril  1915. 

Coq  Victor,  ^,   ingén'eur,  rue  Mazarine,  4,  28  mars  1916. 

De  Savy  (Teissier)  Albert,  rue  de  1  Opéra,  24,  2  mai  1916- 

TROun^LET  (Le  chanoine  H.),  curé-doyen  à  Pertuis  (VaucL), 
6  juin  191G. 

Dî  RAND  Bruno,  an-^luvip/e  paléographie,  rue  du  4  Sept?m- 
bre.   à  Aix,   :>i  avrl!   1917- 

CoNTENCis  Jules,  avixaî  à  la  Coar,  cours  Mirabeau.  13,  à 
Aix,  15  mai  1917. 

D'.Arbai  D  Joseph,  rttérateir,  à  Moyrargues  (B.-du-R.), 
22  mai  1917,  ot  Cours  Miraboi;i,   à  .\ix- 


-93- 

Sauze  Lucien,  professeur  à  TEcolô  d^Arts  et  Métiers,  rue 
des  Cordeliers,  31,  à  Aix,  5  mars  1918. 

SiLVESTRE  E.  F.,  I?,  professeur  à  TEcole  d*Arts  et  Métiers, 
cours  Mirabeau,  3,  à  Aix,  30  avril  1918. 

Rampal   Auguste,    avocat,    boulevard    Longcbamp,    72,    à 
Marseille,  28  mai  1918. 

LoBiN  Georges,  ingénieur-constructeur,  Chemin  de  Vauve- 
nargues,  à  Aix,  21  janvier  1919. 

Martin  Etienne,   U,   artiste-peintre,   rue  Montaux,    14,    à 
Marseille,  28  janvier  1919. 

AuBERT  Victor,   docteur  chirurgien,   Chemin  de  Saint-Ju- 
lien,  68,  à  Marseille,  18  mars  1919. 

DucROS  Edouard,   avocat,   artiste  peintre,   place  Jeanr.c- 
d'Arc,  à  Aix,  25  mars  1919. 

Chaix  Maurice,  ancien  magistrat  à  Riez  (Basses- Alpes). 
25  mars  1919. 

RoNDEL  Auguste,  bibliophile  à  Marseille,  3  avril  1919. 

MÉDAN  Pierre,  Il  ^  ,  professeur  au  lycée  Mignet,  avenue 
Victor-Hugo,  9,  à  Aix,  8  avril  1919- 


-.9i- 


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ASSOCIÉS  CORRESPONDANTS 


MM. 


Lavollée  Paul-René,  docteur  ès-lettres,  ancien  consul  géov»- 
jal,  boulevard  Haussmann,  162f,  à  Paris.  25  avril  1870. 

Millien  Achille,  lauréat  de  l'Académie  Française,  à  Be.^.!• 
mont-la-Ferrière  (Nièvre).  16  décembre  1872. 

Faisan  Albert,  à  Saint-Cyr-en-Mont-d'Or,  près  Lyon.  14 
mars  1876. 

Bellet  (rabbé),  à  Tain  (Drôrae).  12  décembre  1882. 

Lanéïy  d'Arc,  Pierre,  docteur  en  droit,  procureur  de  la 
République,  à  Villeneuve-sur-Lot  (Lot-et-Garonne).  Asso- 
cié régional  12"  décembre  1887,  titulaire  8  mars  1892,  cor- 
respondant 7  juin  1904. 

Cottin  Paul,  bibliothécaire  à  l'Arsenal-  Avenue  Henri- 
Martin,  44,  Paris.  11  juin  1888. 

Proal  Louis,  conseiller  à  la  Cour  de  Paris.  6,  rue  Charles 
Divry,  IV'.  Titulaire  le  22  décembre  1891,  correspondant 
le  15  décembre  1896. 

Tourtoulon  (baron  de,  marquis  de  Barre),  Pierre,  docteur 
en  droit.  Château  de  la  Fuste,  par  Valensole  (Basses- 
Alpes).   12  janvier  1897. 

Hulot  (baron),  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géogra- 
phie. 41,  avenue  de  Labourdonnais,  à  Paris-  11  mai  1897. 

Moris  Henri,  archiviste  des  Alpes-Maritimes.  Villa  Moris, 
boulevard  Dubouchage,  à  Nice-  19  mars  1901. 


-95- 

Tasset  Jacques,  à  Molosme^Tonnerre  (Yonne)-  9  juin  1903; 

Poitevin  de  Maureillan  (de),  0-^,  colonel  en  retraite,  con- 
servateur du  Musée  d'Hyères  (Var).  15  mai  1906. 

Julllan  Camille,  membre  de  Tlnstitut,  professeur  au  CoUè-. 
ge  de  France,  30,  rue  de  Luxembourg,  à  Paris,  2S  mai 
1907. 

Lacour-Gayet  Georges,  Membre  de  Tlnstitut,  rue  Jacob, 
46.  Paris.  10  décembre  1907. 

Nolhac  (de)  Pierre,  Conservateur  du  Palais  de  Versailles, 
à  Versailles  (Seine-et-Oise).  2  juin  1908. 

Labande,  Conservateur  des  Archives  de  la  principauté  de 
Monaco.  19  janvier  1909. 

Dienne  (comte  de)  Edouard.  Château  de  Servilly,  par  La 
Palisse  (Allier).  19  janvier  1909. 

Barthélémy  Jules,  Rédacteur  au  secrétariat  de  Tlnstitut, 
au  Palais  de  l'Institut,  Paris.  16  février  1909. 

Marlot  Hippolyte,  géologue  prospecteur  à  Martiny,  par 
Marmagne  (Saône-et-Loire).  9  mars  1909. 

Maurin  Georges,  avocat  à  Nîmes  (Gard).  11  janvier  1910. 

Matter  (l'abbé)  Joseph,  curé  de  Gebenhauser,  par  Putlan- 
ge-les-Forbach  (Lorraine).  10  mai  1910. 

Sapy  (le  père  Thomas),  rue  Barthélémy,  37,  à  Marseille. 

13  décembre  1910. 
Boy  Charles,   rue     Sainte-Catherine,  12,   à  Saint-Etienne 

(Loire).  21  février  1911. 
Chaperon  (l'abbé),   curé   de  La  Martre   (Var).   21  février 

1911. 
De  Brun,  Pierre,  receveur  des  Domaines,    à  Saint-Remy 

(B.-«6u-i^.).  16  mal  1911. 
Reynald  Georges,  avocat,  conseiller  général,  sénateur  de 

TAriège,  maire  de  Foix.  12  décembre  1911. 


-96- 

De  Vogue  (le  comte)  Raimond,  rue  François-Ponsard,  12, 
à  Paris.  16  janvier  1912. 

Hallays  André,  publiciste,  à  Paris.  6  février  1912- 

Bernard  Valère,  artiste  peintre,  capoulié  du  Félibrige, 
quai  de  Rive-Neuve,  15,  à  Marseille.  11  juin  1912- 

Audinet  Eugène,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit  de  Poi- 
tiers; titulaire,  17  décembre  1908,  correspondant,  1"  dé- 
cembre  1914. 

Lieutaud  Victor,  ^,  ancien  bibliothécaire  de  la  ville  de 
Marseille,  notaire  à  Volone  (Basses- Alpes),  associé  ré- 
gional, 30  mai  1911,  correspondant,  11  mai  1915. 

Lorédan  Jean,  rue  Claude-Bernard,  77,  Paris  V*,  associé 
régional,   30  mai   1911,    correspondant,   25  janvier  1916. 

Sicard  Martial,  ancien  député,  maire  de  Forcalquier,  asso- 
cié régional,  le  11  janvier  1910,  correspondant^  le  4  avril 
1916. 

Lafaye  Georges,  professeur  adjoint  à  la  Sorbonne,  auxi- 
liaire de  rinstitut,  11  avril  1916,  boulevard  Raspail, 
Paris  VP. 

Ladureau  Albert,  ancien  directeur  dos  laboratoires  de 
l'Etat,  16  mai  1916,  Palais  Saint-Maurice,  avenue  du 
Patrimoine,    à  Nice    (Alpes-Maritimes). 

Omont  Henri,  0.  ^,  membre  de  llnstitut,  conservateur 
des  Manuscrits  à  la  Bibliothèque  Nationale,  12  juin  1917, 
rue  Raynouard,  17,  Paris  XVI*. 

Casedepatx  Joseph,  inspecteur  primaire  en  retraite,  asso- 
cié régional,  12  mai  1914  ;  correspondant,  le 
à  Pau-Billière    (Basses-Pyrénées). 

Cadière  (le  Père),  missionnaire  à  Hué  (Tonkin),  4  iuin 
1918. 


—  97  — 


ASSOCIÉS   CORRESPONDANTS 
A  L'ÉTRANGER 


MM. 


Carnazza-Amari,  ancien  professeur  à  TUniversité  de 
Catane,  sénateur  du  royaume  d  Italie.  6  avril  1868. 

Typaldo-Bassia,  député,  ancien  Président  du  Parlement 
hellène,   à  Athènes.  23  janvier  1894. 

Portai  (le  commandeur  Emmanuel),  membre  de  la  Royale 
Commission  héraldique  d'Italie.  Passeggiata  di  Ripetta, 
16,  à  Rome.  12  février  1895. 

Da  Cunha  Xavier,  conservateur  de  la  Bibliothèque  Natio- 
nale.  Rue  S.  Bartholomeo,  12,  à  Lisbonne  (Portugal).  11 
décembre  1900. 

Satta  Salvatore,  membre  de  la  Société  Philologique  à  Ro- 
me.  26  mai  1903. 

Gàvànescul  J.,  professeur  à  l'Université  de  Jassy  (Rou* 
manie).  9  juin  1903. 

Padula  (le  commandeur)  Antoine,  secrétaire  général  de 
la  Société  Luigi-Camoëns.  Via  dei  Fiorentini,  67,  à  Na^ 
pies-  17  janvier  1905. 

Wallenskiôld  Axel,  professeur  de  philologie  romane  à 
r Université   d'Helsingfors   (Finlande).    26  avril  1909. 

Santoro  Domenico,  professeur  à  Tlnstitut  à  Chieti  (Na- 
pies).  1~  février  1910. 


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