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ACADEMIE D'AIX
©©me SEAIVOE r»UOIL.IQUE
Q AVRIL ie08
SÉANCE PUBLIQUE
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ACADÉMIE
DES
CIENCES, AGRICIILTUBE, ARTS
ET BELLES -LETTRES
DAIX
tenaire de sa Reconstitution
AIX-EN-rRtl VI; N Cr
PAtL JOIUDAN, («pniiiKiK 1.K I.
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ACADEMIE
DES SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS et BELLES - LETTRES
j^'é'if (Centenaire de sa Reconstitution)
88«« SÉANCE I^UBLIQUE
Le Jeudi, 9 Avril 1908, la quatre - vingt -
huitiènie Séance Publique de l'Académie
d'Aix a été tenue, à trois heures et demie,
dans la Salle des États, à la Mairie.
^^f^^r
L'Académie avait spécialenienl invité à celle solennité
SCS membres d'honneur, les associés régionaux et corres-
{>onddnts français et étrangers, les Académies et Sociétés
correspondantes et celles avec lesquelles elle est en relalion
d^échanges inlernationnaux.
Étaient présents les Membres d'honneur :
MM. Bclin, recteur honoraire de l'Université d'Aix ; Paul
Arbaud, bibliophile; Cabassol , maire d'Aix, avocat,
conseiller général ; J. Charles Roux, ancien député.
S'étaient excusés :
MM. Clément-Simon, ancien procureur général près la
Cour d*appel d'Aix ; F. Mistral ; Pécoul, ancien diplomate ;
docteur Evariste Michel, fondateur du Prix Mignet ; Paul
Revoil, ambassadeur de France, en Espagne.
SÉAN. PUBL, ACAD. — 1908 1
- 2 -
titulaires étaient présents :
.ident de la Chambre des notaires,
.«.ddémie ; Soubrat, ancien conseiller à la
^ ctppel, président du Comice agricole ; marquis de
iiantelmi drille, archiviste de TAcadétoiie ; Pontier, conser-
vateur du Musée, directeur de l'Ecole de Dessin ; de Bresc,
ancien conseiller général, bibliothécaire de l'Académie ;
comte A. de Saporta ; docteur Ph. Aude, médecin en chef
de la Marine, en retraite, président de l'Académie ; comte
de Bonnecorse-Lubières, vice-président de l'Académie ;
Bonafous, professeur à la Faculté des lettres d'Aix ; Rolland,
chanoine titulaire ; Bourguet,* avocat à la Cour d'appel ;
Villcvieille, chanoine, curé de Saint-Jean-Baptiste ; Edouard
Aude, conservateur de la bibliothèque Méjanes, secrétaire
(le l'Académie ; Lucas de Montigny, délégué régional de la
Croix-Rouge ; Lacoste, ingénieur ; de Duranti La Calade,
licencié es-lettres ; Michel, ingénieur en chef des Ponts-et-
Cbaussées ; Jauflret , avocat à la Cour d'appel ; Jullien,
colonel, en retraite ; Reynaud, directeur des Contributions
directes, en retraite., secrétaire de l'Académie.
.£?^icusés pour cause de santé, de deuil ou d'absence:
MM. Cherricr, doyen du Chapitre métropolitain, doyen de
l'Académie ; baron Guillibert , secrétaire perpétuel de
t*Académie ; Vidal, conservateur honoraire de la bibliothè-
que Méjanes ; Marbot, chanoine, ancien vicaire général ;
vicomte de Selle, ingénieur, professeur honoraire à l'Ecole
centrale des Arts et Manufactures; Fassin, conseiller à la
Cour d'appel ; de Bec; baron de Tourtoulon, ancien prési-
dent de la Société des langues Romanes ; Aninard, ancien
bcMonnier de l'Ordre des avocats.
Membres Honoraires, Étaient présents :
MM. Borel, officier en retraite, compositeur de musique ;
Villcvieille, artiste peintre.
Excusés : MM. Pison, doyen honoraire de la Faculté de
droit ; Granier, conseiller honoraire à la Cour d'appel. •
- 3 -
Associés Régionaux: Étaient présents :
MM. marquis de Magallon d*Ârgens, ancien conseiller
général des Hautes-Alpes ; comte de Mougins-Roquefort,
docteur en droit ; l'abbé Chaillan, lauréat de l'Institut ;
Ferrier, amateur d'Art ; Prou-Gaillard, ancien directeur de
FAcadémie de Marseille ; Perrier, président de la Société de
statistique de Marseille ; Lieutaud, président de la Société
des amis du vieil Arles ; Charles Vincens, ancien directeur
de TAcadémie de Marseille.
Excusés : MM. Eysséric Saint-Marcel, ancien magistrat,
inspecteur départemental de la Société d'archéologie, à
Sisteron ; Bernard, président à la Cour d'appel de Dijon ;
Mireur, archiviste du département duVar ; de Terris, mem-
bre de l'Académie de Vaucluse ; Collot, professeur de géo-
logie à la Faculté des lettres de Dijon ; baron de Collongue,
ministre plénipotentiaire de France ; comte Bernard d'Atta-
noux, ancien magistrat ; le marquis de Ripert-Monclar,
ministre plénipotentiaire de France, en retraite ; Gamber,
chanoine, secrétaire perpétuel de l'Académie de Marseille ; de
Closmadeuc; Gaffarel, professeur à la Faculté des lettres.
Associés Correspondants : Excusés :
MM. comte de Jessé-Charleval, ancien maire de Marseille ;
JuUien, président honoraire du tribunal civil de Reims;
Zcilier, membre de l'Institut ; baron Hulot, secrétaire géné-
ral de la Société de géographie, à Paris ; marquis de Ville-
neuve-Trans, président de l'Union des Syndicats agricoles
des Alpes et de la Provence ; Planté, ancien député, maire
d'Orthez (Basses-Pyrénées) ; Lacour-Gayet, professeur à
l'Ecole polytechnique, à Paris.
Associés Correspondants à l'Etranger: Excusés:
MM. Amari Carnazza, ancien professeur à l'Université de
Catane, sénateur du royaume d'Italie ; comte de Gubernatis,
professeur à TUniversité de Rome; comte Morozzo délia
- 4
Rocca, général, à Turin ; Commandeur Padula, secrétaire
générai de la Société Luigi Gamoëns, à Naples.
Les Académies et les Sociétés correspondantes qui ont
désigné des délégués au Centenaire sont les suivantes :
Société Historique de Provence: marquis do Gantelmi d'iUe,
Annales de la Société d'Etudes Provençales: M. Nicollet,
secrétaire général, professeur au lycée Mignet.
Académie de Vaucluse : MM. baron de Vissac, président;
Girard, secrétaire général ; Duprat, bibliothécaire; chanoine
Rcqiiin ; Bonnecaze.
Académie des sciences^ belles-lettres et arts, de Marseille :
MM. de Monlrichar, directeur; Ch. Vincens, ancien direc-
teur; Prou-Gaillard, ancien directeur; E. Perrier ; chanoine
Gamber; Masson, professeur à la Faculté des sciences.
Société départementale d'agriculture des Bouches-du-Rhône :
MM. F. Caire, président ; Faique.
Société d'horticulture et de botanique des Bouches-du-
Rhône: MM. Faique ; Bellon, agronome ; Bouat.
«
Comité médical de Marseille : MM. docteurs d'Astros ;
Pluvette ; Bois-Teissier.
Société des amis du vieil Arles : M. Lieutaud, président.
Société d'études scientifiques et archéologiques de Dragui-
gnan : MM. de Bresc ; Mireur.
Athénée littéraire, scientifique et artistique de Forcalquier :
MM. de Gantelmi dllle ; de Bresc.
Académie de Toulon : MM. docteur Hagen, président ;
Drageon, secrétaire.
Académie deÈ sciences et lettres *de Montpellier: comte
A. de Sa porta.
Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron : M.
OoDStans, professeur à la Faculté des lettres d*Aix.
- 5 —
Société Académiqiie de Boulogne-sur-Mer : M. docleur
Du le rire, président.
Société zoologique de France, à PaiHs : MM. Cheval iet ;
£. JourdaD, professeur à la Faculté des sciences de Marseille.
Société des Archives his longues de la Sainlonge et de
rAunis: M. Duret.
Société d'histoire naturelle de Colmar: M. Bouat.
Académie Américaine dcS arts et des sciences de Boston^.
(Massachussets) : Professeur Herbert Stall.
Les Académies et les Sociétés correspondantes suivante»
ont exprimé le regret de ne pouvoir désigner des-
délégués, il cause de la distance :
Société de biologie de Paris ;
Société des antiquaires de Picardie et d'Amiens ;
Académie nationale de Reims ;
Académie des sciences et belles-lettres d'Angers ;
Société industrielle et agricole d'Angers ;
Société des lettres et des arts de Pau ;
Société archéologique et historique du Limousin ;
Académie des sciences, belles-lettres et arts, de Savoie ;
Académie royale d'archéologie de Belgique ;
Société Belge de géologie et de paléontologie ;
Académie royale de Bucarest ;
Musée national de Montevideo;
Musée national de Rio-Janeiro ;
Institut Canadien d*Ota\va ;
United States géological and géograpbical survey, de
r Amérique du Nord ;
The géological Institution oftheUniversilyd'Upsala, Suède.
Smithsonian Institution de Washington ;
Académie nationale de Washington ;
Faculté des sciences de Kolorsvari, Honprie.
A (1 liutiiim, M. Itt i>li<iiiiiliitt |i
N^HItl |ll»ir lluaxiil'VHIll Itl rolIllO
liLiiliili'ii, it riUiMii'^ In mtiH*i> a l'i^
lit rliii|ttiHii 1111 Kiiiil iIi^)ii)mW lim l'io
l'uN iloriiifii'iiM iiiiii^m, l'iiHliiiut^n I
l^iitti. I.i'ii AoHiti^nili'Iuiia \\'\i\ y m
llOlird Itriii hIIim'iiIIiiII llik Iniii'
l'IiiluiiliDii ilu« iiiMtnhi'oit <!.> l'A.'iK
A to lidurua II m llnH, il lu
tii^um'Oi <lu rAciiilitniia, tu nVo
doulwur Au(l<i, pri^niiluiil ilu l'Arm
(lu HtiN l'onfrëroH d'Aix, leur a hh
Isniiua :
L'Académie d'Aix vous
et vous remercie de lui fair
de répondre à son appel.
Elle fête aujourd'hui le C
titution. C'est, en effet, en
les plus éminents du clergi
l'université, les lettrés et It
qui ont toujours abondé
réunirent, au nombre de
continuer, par une Sociét
des lettres, de l'agriculturt
— 7 -
d'agriculture fondé en 1765. Cette Société prit
dans la suite le nom que nous portons aujour-
d'hui : Académie des sciences, agricultuî»e, arts et
belles-lettres d'Aix.
*'^3ïi/?^. Le Bureau d'agriculture de 1765 était lui-même
^^, çrt' la suite de ces salons littéraires qui se succédèrent
WWe^j à Aix pendant les XV1% XVIP, XVIIP siècles, oè*
^'e/çEJ défilèrent Nostradamus,.Peyresc, Gassendi, Lacé-
JeJauJ pède, Malherbe, Duperrier et tant d'autres illustra-
k^miii tions.
/îflieJ L^ ville d'Aix, vous le savez, a eu de tout temps*
le goût des lettres.* Elle a donné, en 1860, ce rare
sêlki exemple d'une ville de 25.000 âmes comptant jus-
5.1/ qu'à dix membres de l'Institut, originaires d'Aix
an»-! ou sortis de ses Ecoles, qui tous firent partie de-
«-| notre Compagnie ; c'étaient : Siméon père, Siméon
fils, Portalis, Thiers, Mignet, Emeric-David, Gra-
net, de Forbin, Charles Giraud, Jaubert.
En délivrant, en 14 19, la bulle d'investiture de
l'Université d'Aix, fondée en 1 100 par Ildefonse, le
pape Alexandre V caractérisait ainsi la ville d'Aix :
Urbs eminens, ahundans in virtutibus, aptaque pro
studio gemrali.
Mais, Messieurs, nous n'avons pas le temps de
nous occuper du passé. Il vous suffit de savoir
que, depuis sa fondation, il n'est pas une des gran-
des questions intéressant la Provence qui n'ait été
Fobjet des études de l'Académie : irrigation, reboi-
sement, cultures nouvelles, amélioration des ancien-
nes, pour l'agriculture ; sciences historiques ou
exactes , philosophie , littérature , beaux-arts ,
archéologie locale, pour les autres attributs de
l'Académie.
Je ne saurais entrer dans les détails de cette
existence active et laborieuse. La ville des magis-
tratures antiques, la Capitale des Comtes de Pro-
vence, siège de l'Université et des Cours souve-
raines est consacrée de temps immémorial aux
arts, aux belles lettres et son Académie a puissam-
ment aidé à son illustration.
C'est avec un soin jaloux que notre Compagnie
a créé des relations avec les Académies et les
Sociétés savantes de la France, de l'Europe et de
l'Amérique, qu'elle a établi avec elles des échan-
ges lui permettant de connaître leurs travaux et
d'en profiter. Cette sorte de fédération nous a
autorisés à faire appel à votre esprit de confrater-
nité et à solliciter l'honneur que vous nous faites
aujourd'hui.
Nous saluons donc avec reconnaissance les délé-
gués des Académies de Marseille, du Var, de Vau-
cluse, de l'Hérault, des sociétés d'horticulture de
botanique et d'agriculture des Bouches-du-Rh6ne,
du Comité médical de Marseille, de la Société des
archives historiques de l'Aunis et de la Saintonge,
e des sciences, des lettres et -des arts de
:on, de la Société académique de Boulogne-
r de la Société zoologique de France, de la
d'Histoire naturelle de Colmar. Nous
)ns notre confraternel salut aux Compagnies
distance éloigne de nous et qui ont bien
nous en exprimer le regret,
s les quelques heures que nous vous possè-
nous voudrions pouvoir vous montrer tou-
richesses d'Aix au point de vue littéraire et
ue ; nous ferons de notre mieux, afin que
— 9 —
vous disiez à vos confrères que l'Académie d'Aix
est digne d'être en relation avec eux.
L'Académie et la ville d'Aix ont toujours été
intimement unies. De tout temps la municipalité a
été remplie de bienveillance à notre égard et je^
suis heureux de dire à son chef, notre membre
d'honneur, combien nous le remercions de s'asso-
cier si gracieusement à notre fête d'aujourd'hui.
Le Président a ensuite invité les délégués à visiter la
bibliothèque Méjanes où ils ont été guidés par le conserva-
teur M. Edouard Aude, membre de rAcadémio. Les belles
reliures, les manuscrits rares, les incunables précieux, les
magnifiques armoires de Toro ont fait Tadmiration des
étrangers.
On s*est ensuite rendu à la Cathédrale de Saint-Sauveur
pour y voir les portes sculptées du XVI* siècle, le célèbre
primitif, le Buisson ardent, de Nicolas Froment, le tableau
de Saint-Miire, les tapisseries du chœur. L'Archevêché est
aussi visité en détail ; tous les objets d*art qu'il contient,
tapisseries de Beau vais, tableaux, sculptures, etc. . . sont fort
admirés.
Au sortir de l'Archevêché des voilures ont transporté les
Académiciens et leurs ipvités au musée de peinture où le
directeur, M. Pontier, membre de l'Académie, leur a signalé
les principales toiles, le pastel de Latour, les portraits peints
par Rigaud, Largillière, Arnulphi, la Thétis, d'Ingres, les
collections de Bourguignon-Fabregoules, de Gueydan, Rostan
d*AI)ancourt, celles du peintre aixois Granet, le portrait du
docteur Rostan par Hippolytc Flandrin, le tableau d'Annibal
Carrache ofl'ert par M. Pécoul à la Ville et celui de Pierre
B3voil, de Tlnstilut, attribué au Musée par le Ministre des
beaux-arts, sur la demande de M. Paul Kcvoil, son pctil-flis,
ainbussedeur de France, eu E'ipogne.
— 10 —
A midi, UD banquet de soixante couverts a été oITort par
l'Académie à se3 invités, ii l'Hùtel des B<iins Sc\Iiiis, dont
l'aveDuc avait été ornée d ecussons aux .inncs i\o la Ville et
de faisceaux de drapc.iui Iricolon^s.
La salle du banquet garnie do Heurs et de plantes vertes
offrait 1» plus riant aspect. Madame Dulertre, de Boulogne,
({uiaccompagnait son mari, et Madame Jeanne de Flandreysy,
■"■"■"- -'e différents ouvrages sur la Provence, avîiient bien
cepter de ss mêler aux invités, elles ont été plarées
I Présideut, à la lablo d'honneur où se trouvaient
Haire d'Aii, M. Belin, M.Ch.Vinceus, M. J. Charles-
. Prou -Gaillard.
nu du banquet était orné d'une pbotolypie représon-
tel-de-Ville d'Aix, sièga de l'Académie et l'antique
3 la grande horloge classé comme monument histori-
les démarches do l'Ariidémie, et ainsi préservé d'une
ou qui le menaçait.
BANQUET
.'TENAIRE DE l'AcADÉMIH d'Aix-EK-PrOVEXCE
y avril 1908
MENU
Aspic de Foie Gras Lucullus
)arnes de Loup de Roche, Joinville
ot d'Agneau glacé Dt^Tiidoff au Xérès
ne de Pintadons aux Fleurons de Gelée
Chapon de Houdan Truffés
Primeurs de Provence, Moscovite
Pièce Glacée Mireille
Dessert
VINS
ont en Carafes, Haut Sauterne, Saint- Julien
Champagne de Veslud Frappé
Café -liqueurs
- Il -
Pendant le repas une nolice et un sonnet du Secréliriro
perpétuel ont été distribués aux assistants. Ils portaient en
tète une phototypie représentant la statue du roi René, sur la
fontaine du Cours d'Aix.
NOTICE
Notre compagnie académique, approuvée par
l'Assemblée générale des Communes de Provence
de 1764,* confirmée par arrêt du Conseil du roi du
30 janvier 1765, a été constituée définitivement
en 1777, sous le titre de Société d'Agriculture de
Provence. Supprimée par la Révolution, elle fut
reconstituée en 1808 avec le nom de Société des
Amis des Sciences, des Lettres, de l'Agriculture et des
Arts, d'Aix.
Par ordonnance royale du 5 avril 1829, le Con-
seil d'Etat entendu, elle a été reconnue et autori-
sée à prendre le titre âJ Académie, Ses statuts et
règlements modifiés depuis, ont été soumis au
Conseil d'Etat et approuvés par décret présidentiel
du 19 août 1882.
Sous son titre à' Académie des Sciences, Agricul-
ture, Arts et BelleS'Lettres d'Aix, elle a reçu d'impor-
tantes fondations de Prix de vertu et de Prix
littéraire légalement reconnus et sanctionnés par
l'autorité supérieure.
Les Prix de vertu sont annuels :
i*^ Le prix Rambot de 545 fr. ;
2^ Le prix Rey nier , fractionné, de 1,000 fr. ;
y Les prix Irma Moreau, 21 pensions ouvrières
de 200 fr. chacune :
— \^ —
En outre, plusieurs legs soumis à des usufruits
et non encore liquidés, de Mesdemoiselles Irma
Moreau, Roslan d Ahancourt et Rayon, constituent
un capital d'environ 75.000 francs, dont les inté-
rêts seront distribués également en prix de vertu
annuels.
Les Prix littéraires sont attribués, les deux pre-
miers tous les cinq ans :
1° Prix ThierSy fondé par Mademoiselle Dosne,
3,000 francs, indivisibles ;
2^ Prix Mignety fondé par M. le Docteur Eva-
riste Michel, 3.000 francs, indivisibles ;
Le 3* Prix, fondé par les héritiers du poète For-
tuné Pin, est bisannuel ; il consiste en une Violette
d'Or,
L'Académie ouvre aussi des concours sur des
sujets divers, dont les prix consistent en diverses
médailles dues, les principales, à la générosité de
la Ville et du Conseil Général.
Elle a organisé dans sa bibliothèque et ses
archives un Fonds de Malte destiné à recueillir tous
documents relatifs à l'illustre Ordre de Malte, qui
fut institué par un provençal.
De 1809 à ce jour, l'Académie a publié :
Quatre-vingt-sept Bulletins de Séance publique ;
Et dix-neuf volumes de Mémoires.
- J3 -
f
SONNET
L'amour de la terre natale
Vibre au cœur de ses fils bien nés.
Rendons hommage à nos aînés
De fière race provençale.
Aix demeure la capitale
Des esprits délicats, ornés
Qui, sous nos princes couronnés.
Illustraient la ville comtale.
Des lettres, du droit et des arts
Flottent au ciel les étendards ;
L'Académie en a la garde.
Depuis un siècle, avec faveur
Le monde savant la regarde,
Debout, à ce poste d'honneur.
B°" GUILLIBERT
Sec. ppel
Au Champagne, le docteur Aude, président, a porté le (oast
suivant:
Messieurs,
Il y a plus de 2000 ans un illustre Romain,
perclus de rhumatisme sans doute, chauve assuré-
ment, Sextius Calvinus, s'arrêta en ces lieux même
où nous sommes, trouva des eaux thermales, se
baigna, guérit et, par reconnaissance, fonda la ville
d'Aquae-Sextiae.
En vous recevant dans le berceau, aux sources
de la ville d'Aix, c'est le cas de le dire, nous ne
- u —
voulons pas vous soumettre à un traitement hydro-
thérapique; mais vider avec vous une coupe de
Champagne, en Thonneur de votre bienvenue
parmi nous.
Je voudrais pouvoir, dès à présent, vous donner
rendez-vous pour le Bicentenaire de TAcadémie,
mais il est certain que, malgré les progrès de la
longévité humaine , nous manquerions tous à
l'appel, aussi dois-je me borner à souhaiter d'y être
remplacés par nos arrière petits-fils.
Le grand-père de Tun de nous a été Tun des
rénovateurs de l'Académie en 1808 ; son père fut
membre d'honneur ; il siège aujourd'hui avec son
fils. Voilà donc quatre générations pour un siècle
et, puisque les Académies sont une famille, espé-
rons que les mêmes noms résonneront ici en Tan
de grâce 2008.
Merci, Messieurs, encore une fois d'être venus à
nous. Je lève mon verre à votre santé à tous, à la
prospérité des Académies et des Sociétés que vous
représentez. Je bois aussi à la safité de notre cher
maire d'Aix, toujours à côté de nous dans nos
fêtes, à celle de la presse Aixoise, toujours sympa-
thique et dévouée à notre Compagnie.
A votre santé, Messieurs.
M. Cabassol, maire d'Âix, a pris ensuite la parole et a dit :
Messieurs,
Le très estimé et affectionné Président de l'Aca-
démie vient de rendre à nos hôtes, un hommage
reconnaissant. Je vous demande la permission de
— 1o —
lexir souhaiter à mon tour, au nom de la munici-
palité et de la population aixoise, la plus cordiale
bienvenue, dans la vieille capitale de la Provence.
Nul, ici, ne méconnait Tintérêt, non seulement
scientifique et littéraire, mais moral aussi, et local,
qui s'attache à une pareille réunion ; et, pour ma
part, j'éprouve un sentiment de profontie et flatteuse
satisfaction de pouvoir, pendant quelques heures,
goûter le charme d'une compagnie telle que la vôtre.
Et maintenant. Messieurs, laissez-moi porter
mes regards à nos côtés, et chercher ceux qui
sont les actuels et généreux ouvriers de l'œuvre
que nous célébrons, dont chaque jour, je vois et
et apprécie les inlassables efforts ; je veux dire les
membres de l'Académie d'Aix. Ils m'ont fait, Mes-
sieurs, le très grand honneur immérité, de m'ac-
cueillir il y a quelques mois, dans leurs rangs. Je
suis tout heureux d'avoir l'occasion solennelle de
leur dire ma gratitude et de proclamer publique-
ment le dévouement et l'intelligence qu'ils prodi-
guent pour conserver à leur grande et féconde
Institution, ses traditions de science, de distinction,
d'amour des arts, et ses principes de haute mora-
lité sociale.
Messieurs, aux membres de l'Académie d'Aix.
SI. de Bonnecorsc, vice-présidQDt, a porté le toast suivant
aux membres d^hooneur de l'Académie:
Messieurs,
J'ai à m 'acquitter au nom de l'Académie d'un très
agréable devoir. Notre règlement prévoit la nomi-
jïation de dix membres d'honneur pris « parmi les
— 1G -
personnages éraincnts, soit par les places qu'ils
occupent, soit par leurs qualités ou leur situation.»
Je vous propose Messieurs, de porter la santé
des membres d'honneur de notre Académie.
Je porterai d'abord la santé de M. ClémentSimon,
leur doyen. M. Clément Simon, qui a quitté depuis
longtemps la Provence, mais qui n'en garde pas
moins, ainsi qu'il voulait bien nous l'écrire, un
souvenir très cher de la ville d'Aix et de notre
Société à laquelle il ne manque jamais de faire tenir
ses remarquables travaux historiques.
C'est ensuite M. le recteur Belin dont il con- .
vient de porter la santé : M. le recteur Belin bien
connu de vous tous qui, non content- de diriger
avec maitrise l'antique Université de Provence s'en
est fait l'historien consciencieux et érudit, M. le
recteur Belin que nous avons tant de plaisir à voir
suivre nos séances hebdomadaires où sa parole
aimable et diserte est écoutée avec empressement.
M. Paul Arbaud, dont le nom rappelle si bien
es grands collectionneurs et les grands savants
jui illustrèrent notre ville aux siècles passés, que
:'est presque une banalité d'évoquer leur souve-
lir en parlant de lui.
Frédéric Mistral, dont je ne pourrais bien parler
[u'en provençal dans cette capitale de la Provence,
lux bords des sources chaudes de Sextius, le consul,
|ui nous rattache aux lettres latines, au milieu de
"■DUS, messieurs de Marseille, fils de la Grèce har-
nonieuse, Frédéric Mistral, âme vivante et chan-
ante de la Provence.
Levons maintenant notre verre en l'honneur du
nagistrat municipal qui nous reçoit avec taqt
- 17 -
d'exquise bonne grâce et qui est si jaloux de ce
qui peut rehausser le prestige de la cité.
M. Pécoul, grand collectionneur et auteur d'art,
toujours prêt à encourager de ses largesses les
oeuvres de Tesprit et du beau, surtout lorsqu'elle!?
se rattachent à la Provence et au passé glorieux
de rOrdre de Malte.
M. Jules-Charles Roux, qui se repose de l'absor-
bant souci des grandes affaires par Tétude des pro-
blèmes économiques et par l'étude plus attrayante
de l'art Provençal qu'il sait glorifier partout où il
en retrouve les traces.
M. le docteur Evariste Michel; qui honore de
façon si magnifique le grand nom de son oncle
Mignet, et à l'influence duquel nous devons pour
une bonne part la fondation du prix Thiers qu'il
a si généreusement accompagné d'un prix Mignet.
M. Paul Révoil enfin, fils et petit-fils de mem-
bres de notre Compagnie, qui met au service de la
France ses rares aptitudes, son intelligence et son
cœur et trouve le temps de se souvenir de nous et
de sa chère Provence.
Cette rapide énumération de ceux qui, pour
employer la formule de notre règlement, sont émi-
nents par « les places qu'ils occupent ou leurs
qualités personnelles » nous remet en mémoire la
fière devise d'une famille Provençale, les Gautier
d'Aiguines ;
Mai d'OuDOur que d'Ounour
Plus d'honneur que d'honneurs
Permettez, Messieurs, que je l'applique à nos
membres d'honneur et qu'en votre nom je leur
SÉAT». PCBL. ACAD. — 1908 2
— u; -
porsonnajics L-mincnts. soit p.
occupent, soit par leurs qualité-
Je vous pioposc Messieurs. .
des membres J 'honneur de n\-.
Je porterai d'abord In sanfé de >
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longtemps la l'ruvence, mais qu
moins, ainsi qu'il voulait bien i.
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Société à laquelle il ne manque jani;
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Cest ensuite M. le recteur Bclii
vient de porter la santé : M. le recl
connu de vous tous qui, non conti
avec maitrise l'antique Université de i
est fait l'historien consciencieux et
recteur Belin que nous avons tant de j
suivre nos séances hebdomadaires (■
aimable et diserte est écoutée avec em*
M. Paul Arbaud. dont le nom rapp'
les grands collectionneurs et les gran
qui illustrèrent notre ville aux siècles
c'est presque une banalité d'évoquer 1
nir en parlant de lui.
Frédéric Mistral, dont je ne pourraiî
— 18 - "
dirse : si justifiées que soient les hautes fonctions
que vous avez occupées, les distinctions dont vous
êtes revêtus, TAcadémie pense avec raison que
vous lui apportez plus d'honneur au singulier que
d'honneurs au pluriel et elle vous en remercie.
M. Bclin, membre d^honneur, a répondu :
Messieurs,
Notre très distingué et très aimable vice-prési-
dent a tenu, dans le discours que nous venons tous
d'applaudir, à porter la santé des membres d'hon-
neur de notre Académie ; la louange est toujours
douce au cœur de l'homme ; et, au nom de mes
confrères, j'adresse à M. de Bonnecorse mes remer-
ciements les plus chaleureux et les plus sincères ;
mais, qu'il me permette de le lui dire en toute sin-
cérité, il nous a presque accablés sous l'éloge, et
nous ne méritons pas pareil excès.
Ce n'est pas nous qui honorons l'Académie, c'est
l'Académie qui nous honore. Nous n'ajoutons point
un nouveau lustre à sa gloire, comme disaient nos
pères, et nous ne rehaussons point son renom ;
mais c'est elle qui donne de l'éclat à la situation
que nous occupons et qui .met en pleine lumière
les services que nous pouvons rendre ailleurs. Il y
a plus ; à ceux à qui il est donné d'habiter Aix le
titre qu'elle leur confère apporte un avantage sin-
gulièrement précieux ; il leur permet de prendre
part à ses travaux, de vivre de sa vie et de s'instruire
encore, en écoutant les communications si inté-
ressantes et si variées qui emplissent ses séances.
— 19 —
Je veux donc à mon tour, car je suis son
obligé, lever mon verre en son honneur et for-
mer pour elle un simple souhait : Qu'elle conti-
nue, comme elle Ta toujours fait, à remplir sans
se lasser la haute mission qu'elle s'est depuis sa
fondation assignée ; qu'elle apprenne aux jeunes,
qui demain nous remplaceront, à mieux connaî-
tre, à mieux chérir cette antique, illustre et mer-
veilleuse terre de Provence ; cette noble cité
d'Aix si captivante, qui a été durant tant d'années
la luxueuse capitale de la Province, et qui est
restée un de ses plus purs joyaux ; et qu'elle ensei-
gne à nos fils, par son exemple, à ne jamais sépa-
rer, dans leurs recherches et dans leurs travaux,
l'amour de la petite patrie de l'amour de la grande,
de l'amour de notre glorieux pays de France ! A,
notre vénérable et toujours jeune Académie d'Aix.
M. J. Charles-Roux, a ensuite la parole et, dans uce
éloquente et chaude iroprovîsaiioD, il a fait ressortir Tavan-r
tage, pour les Académies de province à se fédérer, à se
réunir souvent, à vivre enfin d'une vie commune.
M. Ch. Yincens, de l'Académie de Marseille, appuie la
thèse de M. J. Ch. Roux, avec de nouveaux arguments pleins
de justesse.
Le marquis de Gantelme d'Ille porte en ces termes, un
toast en Thonneur des Académies et Sociétés correspondantes
de TAcadémie d'Aix que réloignement n'a pas permis
d'assister au Centenaire :
- 20 -
Messieurs,
L*Académie d'Aix est une grande famille dont
les membres et les correspondants sont répandus
sur tous les points du globe. Ils maintiennent ainsi
le renom de Tantique capitale de la Provence.
Leurs travaux font honneur à notre Compagnie
et nous retirons grand profit des échanges que
nous faisons avec les plus importantes sociétés
savantes du monde.
C*est grâce à nos correspondants que de cordia-
les relations s'entretiennent avec les Académies
dont nous recevons de superbes publications
comme celles de la Smithsonian Institution et de
la Geological Survey de Washington, de TAgricul-
tural Society de l'Ohio, de TAcadémie de Chicago,
de celle de Boston, qui a bien voulu déléguer un de
ses membres à la cérémonie de ce jour ; de llnsti-
tut Canadien d'Ottawa, de la Société Scientifique •
Antonio Alzate, de Mexico, de l'Université de
Buenos-Ayres ; de l'Observatoire National et du
Musée national de Rio-de- Janeiro et de celui de
Montevideo, de la Société Scientifique de Santiago
de Chili, des Académies, Universités ou Sociétés
savantes de Moscou, de Christiania, de Stockholm,
de Gostborgs et d'Uppsala en Suéde, de Claudio-
poli en Hongrie, de Bucarest, de Vienne, de
Munich, de Neufchâteletde Genève, des Académies
<le notre Alsace-Lorraine : de Metz et de Colmar
«dont nous saluons ici le délégué, des Académies
- 21 -
d'Anvers, de Bruxelles, * de Turin, de Milan,. de
Florence et de Naples, de toutes ces brillantes
cités d'Italie, berceau du bon goût et des arts
avec les représentants desquelles nous entrete-
nons de si cordiaux et fréquents rapports.
Qui n*a gardé le souvenir du passage à Aix et
des belles réceptions qufe ménagea à nos délégués
à Florence et à Rome le comte de Gubernatis, le
f ondateurde la société Helleno-Latine ? C'est là que
nous pûmes fraterniser avec le professeur Gava-
nescùl, de TUniversité de Jassy. Saluons aussi le
général Morrozzo délia Rocca, l'historien conscien-
cieux et précis des fastes communs aux proven-
çaux et aux italiens du XIII® siècle ; le Comman-
deur Portai, le Sénateur Carnazza - Amari , le
.Commandeur Padula qui représenta l'an dernier
notre Compagnie au cinquantenaire de l'Institut
royal d'encouragement de Naples et qui a tenu à se
faire, à son tour, représenter à notre commémora- .
tion ; le professeur Zùccaro qui releva les traces
des Colonies provençales de la Basilicate, et le
savant académicien Adriani aujourd'hui le Doyen
de notre Compagnie.
Trop de nos correspondants ont dû nous expri-
mer leurs regrets de ne pouvoir assister à la fête
de notre Centenaire. Si nous sommes particuliè-
rement reconnaissants à ceux qui ont eu l'amabi-
lité de répondre à notre appel, notre pensée et
notre souvenir doivent se porter, en ce moment,
vers nos collègues qu'une trop grande distance a
tenus éloignés du foyer familial.
Je leur adresse un salut fraternel au nom de
l'Académie d'Aix.
99
Le docteur Dulerire, président de la Société Académique
de BouIogne-sur-Mer, dit ensuite :
Messieurs,
La société Académique de Boulogne-sur-Mer
qui a bien voulu me désigner pour transmettre à
votre Société ses vœux de prospérité, à l'occasion
des fêtes du centenaire de sa reconstitution, est
une Société relativement encore jeune. Elle a 48 ans
d'existence. Elle a atteint Tâge canonique qui lui
permettrait d'être au service d'un ministre du culte.
Elle ne peut donc plus décemment se livrer à la
coquetterie et si elle a bien voulu accepter aujour-
d'hui votre aimable invitation c'est uniquement
pour montrer à sa vénérable aïeule tout l'intérêt
qu'elle lui porte, au moment où elle atteint l'âgé
toujours respectable de 100 ans.
Nous autres Boulonnais qui descendons de ces
gaulois que César appelait extremi hominum Morini
et qui habitons en effet à l'autre extrémité de notre
belle France, nous poursuivons, malgré la distance
qui nous sépare, le même but que vous. Comme
vous, nous cherchons en étudiant notre histoire
locale, histoire pour ainsi dire de notre clocher
et de notre comté, en faisant connaître notre patois,
les particularités de nos mœurs, nous cherchons
dis-je à spécifier le caractéristique de notre région.
Nous apportons ainsi chacun notre pierre à
l'édifice national. Nous travaillons tous deux
Mit bem und Hand
per vaterland
avec le cœur, avec la main pour notre patrie, la
France.
- 23 -
Depuis longtemps nous avons, échangé nos
publications avec les publications de votre Acadé-
mie des sciences, agriculture, arts et belles lettres
et c'est toujours avec intérêt que nous lisons les
travaux qui nous font connaître la métropole fon-
dée par Sextius Calvinus auprès de ces sources
que chanta plus tard Sidoine Appollinaire.
Aussi est-ce de tout cœur que je suis venu au
nom de la société Académique de Boulogne-sur-
Mer, vous souhaiter comme on le dit chez nous à
la mode anglaise : May happy return of this day,
un grand nombre d'heureux retours de ce jour,
j'y ajouterai ce vœu des arabes :
Allah iatik kouli kheir
Que Dieu vous comble de tous ses biens.
M. Bouat, Secrétaire de rAcadémie universitaire d*Aix,
délégué de la Société d'Histoire natarelle de Colmar,
^'exprime après en ces termes :
Messieurs,
La Société d'histoire naturelle de Colmar m'a fait
le grand honneur de me charger de la représenter
Jt la célébration du Centenaire de votre Académie.
Bien que très ému à la pensée de ne pas remplir
comme il convient la mission qui m'est confiée,
d*être auprès de vous l'interprète fidèle des senti-
ments de mes compatriotes, j'ai accepté, certain de
trouver ici l'accueil sympathique et bienveillant
— 24 —
que vous réservez à vos confrères de France et
que méritent, je crois, d'autant plus ceux, qui per-
sistent à montrer en toute occasion, d^uis près
de 40 ans, qu'ils restent toujours attachés à leur
ancienne patrie. Il est vrai que l'un des plus illus-
tres parmi vous, Mignet, a dit : « Les sciences ne sont
d'aucun pays, elles appartiennent au monde entier,
ceux qui les cultivent ne sont pas séparés entre eux
par les frontières des Etats. » Mais ce n'est pas seu-
lement, vous le savez, pour des motifs d'ordre
scientifique que mes compatriotes ont tenu à répon-
dre à votre gracieuse invitation ; une fois de plus,
ils ont voulu, par leur adhésion à cette solennité,
donner une preuve de la fidélité de leur souvenir
au passé. En 1808, au moment de votre reconstitu-
tion, ils étaient, pour vous, des confrères français.
La valeur de vos travaux est connue et je ne
vous surprendrai pas en vous disant qu'on s'inté-
resse, à Colmar, à vos études ; qu'on en suit même
avec un réel profit les résultats consignés dans vos
Mémoires, Il m'a été donné d'en avoir la preuve
en quelque sorte évidente, palpable en feuilletant
moi-même, au mois d'août dernier, dans la biblio-
thèque du Muséum de Colmar, la collection des
Mémoires de V Académie d'Aix, les pages du plus
grand nombre de ces volumes étaient coupées :
elles avaient donc été lues. Nous espérons, de notre
côté, qu'un même intérêt continuera à s'attacher à
nos Bulletins, bien que les exigences protocolaires
actuelles en aient fait hélas, partiellement bannir le
français depuis quelques années. Est-il besoin de rap-
peler ici qu'ils contiennent, entre autre travaux re-
.marquables, ceux de J. A. Hirn, l'auteur de la
théorie mécanique de la chaleur ? Si les adeptes
— So-
dé la sciences s'entendent malgré la différence
des langues, comme l'a dit encore Mignet, ne
doivent-ils pas bien mieux se comprendre quand
le cœur et la raison, mus chez eux par un même
sentiment, vont à un même but ?
Aussi suis-je heureux, Messieurs, de vous appor-
ter rassurance que des liens étroits, nous voulons
les croire indissolubles, attachent notre Compagnie
à la vôtre et, au nom de la société alsacienne que
je représente ici, je fais des vœux pour la prospé-
rité de la vaillante et toujours jeune centenaire
provençale dont vous fêtez aujourd'hui la renais-
sance.
Puis, tour à lour, le baron de Vissac, pour TAcadémie de
Yaucluse, M. Caire, pour la Société d'agriculture de Mar-
seille, M. Prou-Gaillard, au nom des Associés régionaux,
M. Falque, pour la Société d'horticnllitre de Marseille,
M. Chalelet, pour la Société zoologique de France, M.
Constans, pour l'Académie de Rodez, M. Drajeon, pour celle
de Toulon, ont remercié l'Académie d'Aix de son invitation
et bu à sa prospérité.
Enfin le Comte de Mougins-Roqueforl donne la note gaie et
rallie tons les suffrages en proposant de célébrer le Cente-
naire de l'Académie, non pas tous les cent ans, ce qui, dit-il.
est banal, mais, comme celui de Jean Althen, dans la cantate
Vauclusienne, au moins tous les vingt ans.
Pendant les toasts, ainsi clôturés, des tambourinaires,
venus sur l'inspiration de M. de Bresc, ont souligné par de
joyeuses aubades et des airs Provençaux, les paroles des
divers orateurs.
Sceipce Publique
-$■*<-
A 3 b. 1|2 la SéciDCC publique était ouverte, à la Mairie,
dans la salle des Etats, devant plus de 400 assistants, aux
premiers rangs desquels S. G. M»^ l'Archevêque d'Aix et scm
vicaire général, M. le Recteur de TAcadémie Universitaire, et
plusieurs Officiers supérieurs de la garnison. Puis on remar-
quait des personnalités de la magistrature, du barreau, du
haut enseignement, un grand nombre de dames et de jeunes
filles, les lauréats des prix de verlu et des pensions ouvrières
Irma Moreau, accompagnés de leurs enfants, de leursparents
et de leurs amis.
S'étaient excusés : MM, le Premier Président de la Cour
d'Appel, le député Baron, le Général Commandant d'Armes,
le Sous-Préfet de rarrondissemeut, le Président du Tribunal
de Commerce, et M. Delpech, professeur à l'Ecole de droit.
La famille de Mignet était représentée par Mesdames
François Michel et Jauffret, M. Jauffret, avocat à la Cour
d'appel, st^s nièces et neveu.
31. le Proviseur du lycée Mignet cl une délégation d*éicvcs
étaient présents.
— 28 —
Voici le programme des lectures
^rograinme des 5Seaiures
i** Discours d'ouverture : Mignet, par M. le
docteur Aude, président ;
2"" La Provence chez elle, dans les musées en
France et à lIEtranger, par M. J. Charles
Roux ;
y Sonnet Provençal à F, Mistral, par le baron
GUILLIBERT ;
4** Rapport sur les Prix de vertu Rambot et
Reynier, et les Pensions ouvrières Irma
Moreau, par M. E. Lacoste.
M. le docteur Aude, prtmdent, ouvre la séance et prononce
le discours suivant :
*'
SIIGNET (1797 j- 18
MIGNET
Mesdames,
Messieurs,
L'Académie d*Aix, depuis sa Reconstitution que
nous fêtons aujourd'hui, a compté dans ses rangs
des hommes éminents dans toutes les branches de
Tesprit humain.
L'un des plus illustres, l'historien Mignet, mérite
à tous égards, Thonneur de cette Séance publique.
Presque nés ensemble, l'Académie et Mignet
ont parcouru, de l'aurore au déclin, ce XIX'' siècle
où Mignet traçait dans l'Histoire un si profond
sillon, tandis que l'Académie, par ses travaux
d'archéologie locale, sa contribution à l'avance-
ment des sciences, au progrès de l'agriculture, son
culte éclairé des arts et des belles-lettres, justifiait
son titre, méritant une place distinguée parmi
les Sociétés Savantes.
- 30 —
Dans les deux classes de Tlnstitut, qui se Tétaient
attaché, Mignet vivait au milieu de ses égaux par
le talent et la célébrité : Talleyrand, Lamartine,
Berryer, Victor Hugo, Cousin, Augustin et Amédée
Thierry. Il était de cet aréopage d*hommes d*Etat,
de philosophes, de poètes, d'orateurs, d'historiens,
qui ont la grande mission de gouverner nos affaires,
de diriger nos esprits, en les charmant, de servir
«de modèle aux générations futures.
La légitime satisfaction d'être mêlé à ses pairs
ne lui faisait pas oublier les compagnons de ses
premières études, les amis d'enfance qu'il retrouvait
parmi nous. Les noms étaient moins sonores, mais
plus près de son cœur. C'étaient Manuel, Alphonse
Rabbe, Peisse, Borély, Aude, Mottet, Defougères,
Rouchon-Guigues, Tavernier.
A rinstitut, comme à Aix, Mignet avait encore
des compatriotes : Siméon père et fils, Portalis,
Jaubert, Emeric-David, Granet, de Forbin, Charles
Giraud, Thiers, enfin, son plus intime ami.
•L'éloge de Mignet a été officiellement prononcé,
à l'Académie Française par Victor Duruy, à l'Aca-
démie des Sciences Morales et Pplitiques, par Jules
Simon. D eminents écrivains ont rappelé ses tra-
vaux, son rôle passager dans la politique, la grande
autorité acquise par le talent, le caractère, la vie
pure, désintéressée d'un homme qui n'eut que des
panégyristes, pas un seul détracteur.
Il semble qu'après eux toute voix doit se taire.
Mais l'Académie d'Aix serait oublieuse et ingrate
si elle n'apportait à Mignet son tribut de recon-
naissance pour le lustre qu'elle en a reçu, si elle ne
rappelait à ses concitoyens la place conquise dans
- 31 -
les lettres, dans la société d*élite, où il a vécu, par
cet historien philosophe, ce patriote, ce sage qui
fut une gloire de son temps, et conserva toujours
pour sa ville natale le plus fidèle attachement.
L'Académie a pensé que les liens d'amitié
inaltérée de mon Père et de Mignet, ceux qui
m'unissent pour toujours à sa famille, et le
souvenir de la bienveillance constante, qu'il me
fit rhonneur de m'accorder, me désignaient pour
vous parler de notre confrère.
Sans scruter, d'après la méthode moderne, les
moindres détails de la vie de Mignet, le cadre
Aîxois est surtout celui dans lequel il nous plaira
de le voir, où il nous apparaît dans une lumière
plus douce, se reposant de ses labeurs, tout à la
joie de vivre au milieu de sa famille, de ses amis,
de respirer les senteurs du pays natal, d'y repren-
dre de nouvelles forces. pour accroitre l'héritage
dont nous sommes si fiers.
Il nous plaira aussi de rappeler, fût ce briève-
ment, les beaux travaux qui lui valurent sa grande
notoriété.
Le père de Mignet, Vendéen d'origine, dixième
enfant d'un notaire peu fortuné de la Chapelle-
Saint - Laurent, dût embrasser une profession
manuelle. Il choisit celle de serrurier, fit le tour de
France avec les Compagnons, se fixa à Aix où il
s'allia avec la famille Nègre, d'ancienne et bonne
bourgeoisie. Il acquit l'immeuble n*" 44 de la rue
Bellegarde et s'y établit. La rue a pris le nom de
Mignet, la maison a reçu une plaque de marbre
Q9
* — Om —
indiquant la date de la naissance, le 8 mai 1796,
d'Alexis-François- Auguste Mignet.
Ses premières années s'écoulèrent dans ce
quartier populeux et dans une bastide située au
point culminant de la montée Saint-Eutrope, où sa
famille possédait une terre plantée d'oliviers et
d'amandiers, là où s'élève aujourd'hui la villa
Mignet, pieusement bâtie, à la mémoire de son
oncle, par le Docteur Evariste Michel, membre
d'honneur de l'Académie.
Le Collège Bourbon était alors le seul établisse-
ment Universitaire d'Aix. Mignet entra de bonne
heure dans cette maison, devenue le lycée Mignet ;
il y reçut les premiers principes dans l'art de bien
dire, où il devait exceller.
A cette époque des inspecteurs généraux parcou-
raient la France avec la mission de rechercher
les jeunes gens heureusement doués, aptes à deve-
nir, par une instruction plus solide, des hommes
utiles au Pays. Us furent frappés, à Aix, de la pré-
cocité de Mignet, de la maturité de son esprit
déjà pondéré, réfléchi, du jugement droit, de
l'application à l'étude de cet enfant à la physio-
nomie intelligente, ouverte et douce. Les inspec-
teurs le désignèrent pour l'obtention d'une bourse
au lycée d'Avignon ou Mignet, admis en i8io,
termina ses études avec éclat, cueillit toutes les
couronnes et demeura une année encore, chargé
de donner des leçons d'histoire dans ce même
établissement où il était écolier la veille. Mignet
avait conquis, au lycée, le grade de sergent-
major, il pouvait entrer dans l'armée avec ses
galons, mais il céda aux sollicitations de sa mère
- 33 -
et revint à Aix, en 1815, pour suivre les cours
de l'Ecole de droit.
La ville d'Aix a subi bien des transformations
depuis son origine, mais elle a toujours conservé,
avec un soin jaloux, les goûts et les traditions
reçus de ses fondateurs. Premier Etat des Gaules,
Métropole de la Province, Aix, a dit M. Charles
Brun, était un centre intellectuel, déjà florissant, à
1 époque de l'Empire Romain. Sous les Comtes de
Provence, les Cours d'Amour, plus tard l'Univer-
sité, le Parlement, la Cour d' Appela les Facultés de
l'enseignement supérieur incrustèrent à Aix une
^orte d'atmosphère artistique, littéraire, scienti-
fique, qui imprégnait la population entière et la
consolait de n'être pas une ville commerçante et
industrielle. Mignet subit cette influence. Il entra à
l'Ecole de droit, non pour le droit lui-même, qui
conduit à tout ou à rien, ainsi qu'on Ta dit, mais
avec la volonté de s'instruire, de poursuivre
surtout les études historiques qui le captivaient.
• Au despotisme de la Révolution, à celui du
Césarisme, avait succédé, en France, la passion du
libéralisme. La jeunesse de 181 5, découragée par
nos revers militaires, ne rêvait plus la gloire des
armes. « Les enfants sortis du collège, dit A. de
Musset, ne voyant plus ni sabres, ni cuirasses, ni
fantassins, ni cavaliers, demandèrent où étaient
leurs pères ; on leur répondit que la guerre était
finie et que César était mort :^.
Il fallait cependant un aliment à leur ardeur,
un objectif à leurs espérances, un but à leur
ambition, et le nouveau régime semblait, à son
origine, autoriser la discussion de ses actes. Il
ouvrait, avec Decazes et Richelieu, une ère de
SÉAÎÎ. PUBL. ACAD. — 1908 3
- 3i —
liberté limitée, mais inconnue jusque là ; il effaçait
enfin cette parole de Napoléon à Portalis : « Il faut
être tout à moi et tout faire pour moi. »
Mignet était de son temps ; il le devint plus
encore au milieu de ses camarades et entra dans
une sorte de cénacle, formé par Télite de TEcole
de»droit, et qui avait à sa tête Adolphe Thiers,
récemment sorti du lycée de Marseille.
Thiers et Mignet furent dès lors inséparables.
Le nom de Thiers appelle celui de Mignet, celui
de Mignet fait penser à Thiers. Ces deux étudiants,
frères, par le talent et les opinions, le devinrent
pour toujours par le cœur. Leur amitié est
devenue légendaire, comme celle d'Euryàle et de
Nisus, celle de la Boëtie et de Montaigne. Ils
.eussent, pu dire, comme l'auteur des Essais :
Nos àmev oûl dharrié si uniement ensemble I
■^Nous estions à moytié de tout !
S'il y avait entre Thiers et .Mignet une concor^
?dance complète de goût pour Tétude, des vues
semblables sur les qiiestions politiques, sociales,
économiques, les appréciations littéraires, il exis--
tait dans leur caractère, leurs aspirations, leur
ambition, et même dans leur constitution physique,
<ies différences qui ne les séparèrent jamais. Thiers
^était vif, ardent, débordant d'esprit et de feu.
Mignet réfléchi, concentré, grave ; Thiers rêvait
déjà d'être ministre et disait : « Nous le serons :» ;
Mignet songeait à devenir écrivain, historien, à
goûter les pures jouissances des lettres, sans
songer aux profits et aux honneurs. Ils ont franchi
tous deux la limite entrevue : Thiers a été chef
I
- 35 -
d*Etat, il a libéré le territoire de sa Patrie ; Mignet
a illustré pendant plus d'un demi-siècle TÂcadémie
Française, l'Académie des Sciences Morales et
Politiques.
A Aix, leurs délassements et leurs travaux
étaient communs. La Bibliothèque Méjanes a
marqué par une inscription la place oii Mignet
et Thiers venaient tous les jours consacrer
de longues heures à Tétude. Tandis qu'en
1818 et 1821 Thiers était couronné par l'Aca-
démie d'Aix, Mignet concourait à celle de
Nîmes. Son éloge de Charles VII emportait les
suffrages « par son style correct, vif, brillant,
toujours à la hauteur de son sujet :^, disait le
rapporteur qui ajoutait : « Tauteur s'y distingue
par beaucoup d'érudition, des réflexions philoso-
phiques dans lesquelles on remarque autant de
justesse que d'énergie. Cet ouvrage décèle un
talent très distingué, propre à honorer la carrière
que l'auteur doit parcourir. »
Mignet adressa, en 1822, à l'Académie des
Inscriptions et Belles- Lettres, un Mémoire sur la
Féodalité, les Institutions de saint Louis et
l'influence de la législation de ce prince. Le prix
fut partagé entre Mignet et Beugnot.
Ces succès affirmaient sa vocation. Après avoir
subi la thèse de licencié en droit, abordé le
barreau, Mignet partit pour Paris, en 1821, empor-
tant pour tout viatique quelques lettres de recom-
mandation et la volonté de réussir. Thiers le rejoi-
gnit peu après. Mignet laissait derrière lui sa
mère et ses sœurs qu'il aimait tendrement, mais il
partait avec l'intention de revenir chaque année
auprès d'elles. Il n'y manqua jamais.
\
— 30 -^
Le 23 décembre 1821, peu après son arrivée
à Paris, Thiers écrivait à Tun de ses amis d'Aix :
« Je n'ai pas trop à me plaindre de mon voyage ;
les choses n'ont point été mal du tout. Cependant
il ne faut pas se figurer que ce soit ici le pays de
Cocagne. Il faut courir, s'agiter, avoir beaucoup
d'assurance et surtout faire espérer d'être utile,
car on ne vous accueille qu'à ce prix. »
Mignet eût pu contresigner ces lignes ; elles
étaient écrites sur « la petite table noire, mal
affermie sur ses pieds » qui, avec deux chaises,
composait l'ameublement du cabinet où travaillaient
les deux frères provençaux, ainsi qu'on les appe-
lait, dans leur logement du quatrième étage, au
fond du passage Montesquieu. Pauvreté, rêves,
espérances, tout était en commun.
Mignet, avec l'appui de Manuel, ne tarda pas
à entrer à la rédaction du Courrier Français. Ses
articles sur la politique étrangère furent très
appréciés par Talleyrand qui l'attira chez lui.
Admis aussi dans les salons des libéraux, il plut
par sa distinction native, l'élégance de sa personne,
par son visage régulier, un peu sévère et pensif,
fait pour le buste et la médaille. Henri Heine, qui
l'admirait beaucoup, l'appelait le beau et bon
Mignet. Il plut .surtout par sa parole réservée, la
sûreté de son jugement, la sincérité de ses convic-
tions.
Au Courrier Français, où il demeura pendant
dix ans, chez Talleyrand, Royer-Collard, La
Fayette, Jacques Laffite, Mignet rencontrait les
célébrités politiques- opposées au Gouvernement :
- 37 -
Je Duc de la Rochefoucault-Liancourt, le Général
Fo}% Armand Carrel, Casimir-Périer, Daunou,
le Comte de Flahaut, Benjamin Constant. 11 y
trouvait les illustrations littéraires : Villemain,
Edgard Quinet, Michelet, Cousin, Vitet, Augustin
Thierry, le chansonnier Béranger; son meilleur
ami, après Thiers.
Mignet s'engagea résolument dans le courant
libéral du siècle, tout en préférant encore l'histoire
à la pohtique. Il conçut la pensée d'écrire l'Histoire
de la France, depuis la réunion des Etats Généraux
de 178Q jusqu'à la chute de Napoléon. Il vivait au
milieu des principaux acteurs de la Révolution, se
documenta auprès de Talleyrand, La Fayette,
Exelmans, Daunou, Rœdérer, Lakanal, le Général
Miollis son voisin de campagne, à Aix.
Après deux années de préparation il vint s'enfer-
mer pendant quatre mois de l'été de 1823, à
Romégas, propriété de famille, distante d'Aix de
quelques kilomètres et, dans cet asile qu'il affec-
tionnait, il écrivit V Histoire de la Révolution
Française depuis ij8^ jusqu'à 1814. Elle parut
en 1824.
En quelques centaines de pages Mignet a tracé
un tableau saisissant des différentes phases de la
Révolution, la présentant, non comme une convul-
sion anarchique, mais comme la conséquence
logique de l'Histoire.
La maturité de l'esprit, la hauteur du jugement,
la généralisation si claire dans laquelle Mignet
a toujours excellé, la précision et la beauté du
langage fixèrent pour toujours la réputation de ce
jeune écrivain de 27 ans. L'Histoire de la Révo-
1
- 38 -
lution a été souvent réimprimée, une nouvelle
édition est en ce moment sous presse ; elle a été
traduite dans toutes les langues.
Pendant les hivers de 1823 et de 1824, Mignet
donna des conférences à l'Athénée, une Sorbonne
indépendante, illustrée par les leçons de La Harpe,
de Chénier, Garât, Lavoisier, Magendie. Sous la
Restauration, T Athénée était devenue, avec Benja-
min Constant, le centre de l'opposition libérale.
Le théâtre était très en vue, l'enseignement
brillant ; les savants et les gens du monde s'y
donnaient rendez-vous, Mignet débuta comme
professeur. « J'ai encore présentes à l'esprit, dit
Sainte-Beuve, les premières leçons de l'Athénée
dans lesquelles Mignet aborda le XVI* siècle et la
Réforme Le jeune historien parlait de la
journée de la Saint-Barthélémy et des causes qui
l'avaient préparée. Dès les premiers mots de la
lecture l'auditoire tout entier était conquis ; chacun
se sentait saisi d'un intérêt sérieux et sous
l'impression de cette parole qui grave, de cet accent
qui creuse. La prononciation, quelque peu hautaine,
et ce début, empreint d'autorité, redoublaient
encore leur effet, en sortant d'une jeunesse si
pleine d'éclat et presque souriante de grâce. Ce
jeune homme, à la physionomie aimable et à
l'élégante chevelure, offrait à la fois quelque chose
d'austère et de cultivé, un mélange de réflexion et
de candeur. Chaque trait de talent et de pensée
était vivement saisi au passage. Cette leçon sur
la Saint-Barthélémy fut si goûtée des assistants
que les absents supplièrent M. Mignet de la répé-
ter en leur faveur ; il la recommença la semaine
suivante devant une assemblée deux fois plus
nombreuse. »
-39-
Mignet avait eu comme protecteur, dès son
arrivée à Paris, notre compatriote, le député
Manuel, qui, jusqu'en 1812, avait occupé la pre-
mière place au barreau d'Aix. Manuel, libéral
ardent, ennemi de Tabsolutisme, avait été expulsé
de la Chambre des Députés. 11 mourut à Maisons,
chez M. Laffite, le 20 août 1827. Ses obsèques
furent l'occasion d'une importante manifestation,.
conduite par Laffite,. Thiers,. Mignet,^ Béranger qui
avait dit de Manuel :
Bras, téta, cœur, tout est peuple en luM
L'autorité voulut empêcher, les étudiants de
porter à bras le cercueil; on faillit en venir aux
mains. Les journaux du pouvoir, dénaturant la
dignité des funérailles, disaient que les tombeaux
étaient devenus des tribunes aux harangues.
Mignet, de concert avec ses amis, écrivit : La
relation historiqtie des obsèques de. M. Manuel, député
de la Vetîdée, Il raconta fidèlement les faits, mais
se permit certains commentaires, employa quelques
expressions vives et dit enfin que l'expulsion de
t Manuel avait été la plus criante injustice qui ait
jamais frappé de nullité une Assemblée délibé-
rante. Mignet fût déféré aux Tribunaux. Lafayette,
Laffite et de Schonen voulurent partager la respon-
sabité de l'écrit incriminé. Ce procès fameux, qui
passionna tout Paris, fut jugé le 19 septem-
bre 1827. Le Ministère public requit contre Mignet
une condamnation à deux mois de prison et
2.000 francs d'amende. Dans un discours remar-
quable par l'élévation de la pensée. Ta fermeté du
langage, l'accusé ne rétracta rien, ne regretta rien,
il se défendit en attaquant. Ce discours produisit
— 40 - .
sur Tauditoire une profonde impression. Le Minis-
tère public voulut écarter des débats Laffite,
Lafayette et de Schonen, entrés au procès,
disait-il, pour protéger Mignet de leur .présence ;
« M. Mignet ne cherche aucune protection, s'écria
M* Mauguin, son défenseur, il se protège lui-même
par son haut talent et par une réputation déjà
faite à Fheure où les autres la commencent ».
Mignet, son libraire et son imprimeur furent
acquittés.
Après son procès, Mignet ne désarma pas.
A Tarrivée de Polignac aux affaires, en 1829, il
fonda avec Thiers et Armand Carrel Le National,
organe de combat, dont le premier numéro parut
le 3 janvier 1830.
C'est de l'Histoire, et non de la politique,
proscrite à juste titre de cette enceinte, que de
constater la prépondérante influence du Naiiofial
sur les événements de Juillet 1830. Ce journal
publia la célèbre protestation contre les Ordon-
nances, rédigée par Mignet et Thiers, signée par
eux, Armand Carrel, Charles de Rémusat, Pierre
Leroux, Barthélémy Saint-Hilaire, Nestor Roque-
plan. Tous risquaient leur vie. Un mandat d'amener
fut lancé contre eux mais, le lendemain, un
nouveau Gouvernement prenait la direction des
affaires.
Après la victoire, Mignet pouvait aspirer aux
plus hautes fonctions de l'Etat. Résolument il ne
voulut rien être. Il avait fait de la politique de
conviction, celle que la générosité et l'ardeur de
la jeunesse expliquent et excusent, alors même
qu'elle ne répondrait pas aux vrais intérêts de la
Nation. Lorsque, par sa collaboration, ses idées
- 41 —
prévalurent il se retira de l'arène et ne voulut pas
transformer en carrière Texploitation de ses idées.
Mignet n'avait pas reçu ce don de souplesse si
utile à certains hommes politiques, leur permettant
d'évoluer avec les événements, de les aider dans
le sens où ils se dessinent. Ils les servent tant
qu'ils durent et offrent ensuite le même zèle à
ceux qui leur succèdent. C'est là la vraie carrière.
Elle fait monter un échelon à chaque Révolution
et finit par transformer en un imposant fonction-
naire l'adepte qui eût été impropre à toute autre
profession.
La mort de M. d'Hauterive, le 28 juillet, laissait
vacante la direction des Archives au Ministère des
Affaires Étrangères. Le Comte Mole l'offrit à
Mignet. C'était pour lui un inespéré cabinet de
travail, mettant à sa disposition les documents
historiques les plus précieux. Il accepta et demeura
aux Archives de 1830 à 1848.
Tandis que Thiers, poursuivant sa carrière poli-
tique, éciivait son immortelle Histoire du Consulat
et de l'Empire, Mignet, sans se désintéresser des
affaires de son Pays, qu'il aimait ardemment, se
donna tout entier à ses travaux favoris.
Il ne saurait entrer dans le cadre d'une lectuie
Académique de citer toute l'œuvre historique de
Mignet, et de l'analyser. M. de Rosière, de l'Insti-
tut, a publié : La bibliographie de M. François
Migfiet. Elle comprend 108 numéros depuis la
thèse de licence, en 18 18, jusqu'au dernier rapport
verbal fait, en 188Ï, à l'Académie des Sciences
- i2 -
Morales et Politiques, sur la correspondance inédite
du prince de Talleyrand et du roi Louis XVIII,
lors du Congrès de Vienne.
Pendant une période de soixante-trois années
Mignet a donc été sur la brèche littéraire.
L'Histoire seule fut l'objet de ses travaux ; celle
du XVI' siècle le séduisit. La Révolution y régnait
dans l'Eglise et les croyances, la rivalité, dans les
maisons de France et d'Autriche. Mignet résolut
d'écrire l'Histoire de la Réforme et celle des
dissentiments de Charles-Quint et de François I".
n les étudia d'abord en des tableaux séparés dont
[ voulait ensuite faire un vaste ensemble. Mignet
l'a réalisé qu'en partie ce plan, qui fut une des
lus vives préoccupations de sa vie. Le Mémoire
ur la Conversion de la Germanie est une prépa-
ation à l'Histoire de la Réforme, Luther et la
Mte de Worms ; Antonio Pere^ et Philippe II ;
: Connétable de Bourbon, sa conjuration avec
".harles-Quint et Henri VIIÎ contre François P' ;
^.harles-Quinl , son abdication , sa retraite , sm
ijour et sa nwrt au nutnastére Hiéronymtte de
uste ; l ' Histoire de l'infortunée Marie Sluart ;
n grand nombre d'études insérées dans les Mémoi-
;s de l'Académie, dans le Journal des Savants,
t Revue des Deux-Mondes, sont de beaux chapi-
■es de cette longue épopée. Il faut y ajouter les
tudes sur la Formation politique de l'Angleterre
u XI' au XV' siècle, et celle de l'Allemagne du
'.' au XV' siècle, demeurées inédites.
L'Histoire de la Réformation n'a pas été achevée,
lie est presque complètement écrite mais n'a pas
ibi c^ polissage auquel Mignet soumettait toutes
- 43 -
ses œuvres avec un soin si jaloux. L'introduction,
en huit chapitres, formerait seule deux volumes
in-8*. Mignet a recommandé verbalement à ses
neveux de ne rien publier, après sa mort, qui ne
fût entièrement terminé. Ses neveux, respectueux
de sa volonté, obéissent littéralement à ses inten-
tions.
Mignet s'est aussi occupé du règne de Louis XIV,
à propos de la succession d'Espagne.
Cette Histoire diplomatique est précédée d'une
Introduction « où l'on trouve, dit M. Georges
Picot, de l'Institut, plus peut-être qu'en aucun des
écrits de Mignet, ses qualités littéraires, la vigueur
de sa pensée et sa puissance de concentration. Elle
est un des morceaux les plus parfaits de notre
littérature historique. Mignet montre en raccourci
l'histoire de l'Espagne et la décadence de l'Empire
de Charles-Quint ; puis il reprend le rôle de
la France, les raisons secrètes de sa force, les causes
de son génie. Chaque paragraphe est un jugement,
chaque ligne contient une pensée ».
Cette appréciation peut s'appliquer à toutes les
Introductions écrites par Mignet en tête de ses
principaux ouvrages. Celle qui précède l'Histoire
de la Révolution et l'Introduction à l'Histoire de
la Réforme, qui n'a jamais paru mais dont des
fragments furent lus par leur auteur à l'Académie,
dénotent, chez Mignet, un grand talent de géné-
ralisation, des vues philosophiques d'où semblent
découler, sans effort, les faits puisés aux sources
les plus pures* racontés avec une impartiale fidélité.
Mignet ne tarda pas à recueillir les honneurs
réservés aux illustrations littéraires de la France.
— 44 —
L'ancienne Académie Philosophique, créée par
la Convention, supprimée par l'Empire, fut rétablie
par Guizot, en 1832, sous le nom d'Académie des
Sciences Morales et Politiques. Mignet entra, dès
la fondation, dans la section d'Histoire générale et
philosophique qui a compté, parmi ses membres,
Thiers, Michelet, Amédée Thierry, Naudet, .Henri
Martin. Le secrétaire perpétuel Auguste Comte,
mourut en 1837, mais depuis trois ans, Mignet le
suppléait ; il lui succéda.
Dans une Académie le secrétaire perpétuel est
l'âme de la Compagnie. Il administre les biens,
connait les règlements, les traditions, les précé-
dents, les usages ; il veille à leur intégrale obser-
vation. Le secrétaire perpétuel fixe l'ordre des
séances, rappelle au travail les Commissions retar-
dataires et suscite la lecture de Mémoires. Le
dévouement à l'Académie, le tact, la bienveillance,
la courtoisie envers les confrères et les corres-
pondants étrangers sont les qualités qui doivent
le distinguer.
L'Académie d'Aix a depuis longtemps l'heureuse
fortune de posséder ce secrétaire perpétuel modèle
et le grand bonheur de voir le baron Guillibert
sorti d'une crise qui eut, dans le cœur de tous, un
si sympathique retentissement.
Mignet fut pendant quarante-cinq années secré-
taire perpétuel de l'Académie des Sciences Morales
et Politiques, Il en dirigea les travaux avec une
autorité pleine de condescendance. « L'Académie,
a dit encore M. Georges Picot, a dû certainement
à la longue influence de son secrétaire perpétuel,
la douceur de ses mœurs, l'affectueuse gravité de
ses relations et ce prodigieux phénomène d'une
— 4o —
Société toujours unie entre des hommes séparés
par la diversité des opinions politiques ».
Dans une récente et fort belle publication,
L'Institut de France, M. Georges Picot, aujourd'hui
secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences
Morales et Politiques , rend un dernier hommage
à son prédécesseur : « Ce n'était pas l'historien
de la Révolution, ce n'était pas le brillant auteur
des négociations relatives à la succession d'Espagne
que les Membres de l'Académie avaient été cher-
cher. Leur suffrage s'adressait à l'homme lui même.
Sur la profondeur de son esprit, sur l'éclat de son
talent ses œuvres ne nous laissent rien à ignorer.
Il faut avoir vuMignet et avoir recueilli l'impression
de ses contemporains pour mesurer le charme
qu'il exerçait Au portrait de Sainte-Beuve,
qui le peint vers 1829, ajoutez tout ce qu'il avait
fait depuis quelques années : la campagne du
National qui l'avait mis avec M. Thiers, au premier
rang des polémistes, la Révolution de Juillet qu'il
avait prévue de loin, qu'il avait désirée et qu'il
avait su contenir, le refus de toute charge publique
au lendemain de la victoire, sa fidélité aux études
historiques, tout ce mélange de hardiesse et de
réserve, de courage et d'oubli de soi-m^me exerçait
autour de lui un prestige que le temps ne devait
pas affaiblir. Il devait mériter, aux yeux de ses
contemporains, d'être tenu pour le véritable fonda-
teur de l'Académie. ».
Dans les séances publiques Mignet lisait chaque
année une notice sur la vie et les travaux de l'un
des Membres disparus. L'Académie était ce jour-là
le rendez-vous du monde lettré. Mignet, écrivain,
historien, lecteur, captivait l'auditoire par sa voix
- 40 -
pure, nette, sympathique, parle soin extrême de la
forme dans ces magnifiques éloges historiques.
Il appréciait à leur réelle valeur les personnalités
qu'il faisait comparaître devant leurs successeurs ;
il les louait avec une élévation d'esprit, une déli-
catesse de touche, une indépendance qui ne
sacrifiait rien à ses sentiments, ne dissimulait ni
les faiblesses, ni les fautes commises, tout en les
atténuant sous les plis d'un beau langage.
Mignet lut ainsi trente-deux notices sur la vie
et ies travaux des hommes les plus divers. Il jugea
des célébrités politiques : Sieyès, Talleyrand,
Lakanal, Rœderer ; des jurisconsultes : Merlin,
Rossi, Siméon, Portalis ; des historiens : Daunou,
Sismondi, Amédée Thierry ; des philosophes :
Cousin, Jouffroy, Laromiguière, Cabanis ; des
hommes d'Etat : de Broglie, de Tocqueville ;
des physiologistes : Broussais, Flourens. L'orateur
s'identifiait avec les idées, les systèmes de chacun
d'eux, parlant avec une compétence acquise par
une rigoureuse étude, de législation, de philoso-
phie, d'économie politique et sociale, de physio-
logie et de médecine, exposant avec un égal savoir
les œuvres et les actes des Associés étrangers,
les Anglais Lord Brougham, Hallam, Lord
Macaulay ; les Américains Franklin et Livings-
tone ; les Allemands de Schelling, Ancillon et
Savigny. Mignet faisait comprendre ce qu'il n'indi-
quait qu'à demi mot, et deviner ce qu'il passait
volontairement sous silence. Il laissait parfois
percer ses opinions libérales et, bien que la poli-
tique n'eût pas cours à Tlnstitut, les allusions
frondeuses y étaient fort goûtées par le public
spécial des séances solennelles.
I .
- 47 -
En 1863, Mignet lut sa notice sur Jouffroy.
Prévost-Paradol écrivait à son ami Gréard : « Hier
j'ai entendu M. Mignet, à Tlnstitut, sur Jouffroy.
Belle séance et des applaudissements à tout rompre,
et des allusions et des traits à tout percer, et une
peinture de la liberté constitutionnelle à émouvoir
un paysan, s'il savait le français î Bref un admira-
ble discours et un succès de haute opposition.
M. Mignet a dit, des leçons de Jouffroy, cette belle
phrase que, dans mon compte-rendu, j'applique à
son discours même : « La pensée se traduisait
« avec grandeur et, dans l'auditoire, couraient des
< frissons, comme autrefois dans les assemblées
« où s'entretenait l'intelligence et où battait le cœur
« du Pays.
« N'est-ce pas que c'est beau? Plus .d'un
passage était aussi majestueusement séditieux que
celui-là ! Et comme on applaudissait de tout
cœur et à consoler de tout ! »
En dédiant à Mignet son livre sur les Moralistes
Français, Prévost-Paradol écrivait : « Si l'accom-
plissement tranquille et régulier du devoir, l'atta-
chement sans ostentation à la justice, le goût de
l'étude, l'amour du bien et du beau, éclairé et tem-
péré par la raison, si le dévouement à Tamitié, aux
lettres, au Pays, peuvent mériter à quelqu'un le
nom de sage, ce nom vous appartient, et votre
empressement à vous y dérober vous le con-
firme. »
Dans sa notice sur Portalis, Mignet évoque un
souvenir particulièrement cher à notre Académie :
« Pendant son exil, dit-il, à la suite de l'affaire
de la bulle de Pie VII, Portalis se livra aux doux
travaux des lettres. Les mémoires de la docte
— 4S -
Académie d'Aix, dont il était Membre et dont,
en T813, il devint Président, contiennent de lui
un fort beau discours et des communications
variées. M. Portalis, qui faisait très agréablement
les vers, y lut même des fragments d'un poème de
Chevalerie. 2^.
Enfin, dans la notice sur Siméon, assesseur de
Provence, Mignet fait, en ces termes, Téloge de
son pays natal : « M. Siméon se distingua par sa
sollicitude et son habileté dans Tadministration de
cette heureuse contrée où s'entretenaient Tamour
de rindépendance avec Tesprit d'ordre, une fierté
naturelle qui n'excluait pas une juste obéissance
et le plus constant patriotisme. »
L'Académie Française ouvrît tôt ses portes à
Mignet, le 29 décembre 1836. Ses amis Cousin,
Thiers, Salvandy, Guizot, l'avaient récemment
précédé. Son concurrent était Victor Hugo, élu
plus tard et pour qui Mignet ne cessa de voter.
Reçu à l'Académie Française, le 25 mars 1837,
Mignet prononça l'éloge de son prédécesseur et
compatriote Reynouard, auteur des Templiers et
philologue de talent. Son discours est le modèle
de ce beau langage introduit à l'Académie Fran-
çaise par Buffon, Villemain, Cousin, et que Mignet
parlait si bien. Comme Directeur de l'Académie
Française, en 1842, Mignet eut à répondre' au
discours du baron Pasquier remplaçant M. Frayssi-
nous. Il rappela la grande figure du défenseur des
libertés Gallicanes « qui pensait, dit -il, que
l'homme se rapprochait d'autant plus de Dieu qu'il
s'élevait vers lui avec tout l'esprit dont Dieu même
l'avait doué ». Mignet était spiritualiste, non fata-
liste, comme avait pu le faire penser à quelques
- 49 -
critiques les causes qu'il assignait à la Révolution.
M*"" Perraud, recevant M. Duruy, successeur de
Mîgnet à l'Académie Française, rappela ces paroles
de Mignet dans Téloge de Sismondi : « Le vérita-
ble historien sait assigner, dans l'accomplissement
des faits, la part des volontés particulières qui
attestent la liberté morale de Thomme et l'action
générale des lois de l'humanité vers des fins supé-
rieures, sous l'action cachée de la Providence. ».
Ce langage, ajoutait M^ Perraud, d'une exacte
et haute philosophie, n'est-il pas l'écho direct des
plus magnifiques enseignements de la Bible ?
Après vous avoir dit, en raccourci, ce que fut
Mignet homme politique, écrivain, historien. Acadé-
micien et sa brillante carrière dans les lettres, je
voudrais,en des termes dignes de lui et de sa mémoire ,
vous retracer sa vie intime, familiale, son attache-
ment à ses amis et vous montrer cet Aixois
devenu Parisien, toujours demeuré Aixois par le
cœur, et fidèle aux souvenirs de son enfance.
La bonté était sa qualité dominante. Il était
affable envers tous. La vraie politesse envers les
hommes, a-t-il écrit dans sa notice sur Franklin,
doit être la bienveillance ; il ne se départit jamais
de cette maxime. L'élégance et la distinction de sa
personne, la grande renommée qu*il avait acquise,
intimidaient parfois ceux qui l'approchaient, mais
Mignet tendait la main si cordialement, souriait
avec tant de prévenance et de bonne grâce, parlait
si simplement que toute contrainte était vite
dissipée.
Son existence était uniforme et très ordonnée.
Il se levait à quatre heures, travaillait jusqu'à dix.
SÉA!^. PmL. ACAB. — 1908 4
- oO —
l\ r(>(;cvaH de onze heures à midi ses visiteurs
urs nombreux, souvent provençaux. Notre
re confrère, Frédéric Mistral, vint un jour
sa Mireille à son compatriote, dont il
lissait tout l'attachement à la Provence ;
al avait signé le livre avec ces mots :
gnet avait déjà lu Mireille ; il dit a Mistral
son admiration, puis il ajouta : ^ Je ne vous
ai qu'une objection : votre héroïne n'a que
nze ans ; elle me parait bien jeune pour
Tser ce qu'elle dit *. Mais, M. Mignet, répon-
[istral, vous savez bien que nos jeunes pro-
iles sont fort précoces, et qu'à quinze ans elles '
vent, en pensent et en disent plus long que les
s filles de vingt ans des autres pays !
rsque Mistral fut nommé Membre d'Honneur
académie d'Aix, le Président, M. le doyen
itous, lui adressa quelques paroles de bien-
;. Mistral -répondit en provençal. Thiers et
;t l'apprirent. Mignet très Académicien, disait
[istral aurait dû parler en Français. — P^s du
répondit Thiers, il a bien fait, la langue
mçale est la sienne, il l'a illustrée, il devait
servir. Comment Mistral a-t-il été mis au
nt de cette conversation, je l'ignore ; j'en
le récit de l'auteur de Mireille lui-même.
près-midi, Mignet se rendait à l'Institut pour
ances ou les obligations du secrétaire perpé-
II reprenait ensuite ses travaux et passait la
i auprès de Thiers, dont le salon était le sien,
rsqu'en 1848.- il abandonna la direction des
ves, Mignet alla demeurer dans le quartier
- ol -
Saint-Georges, pour se rapprocher de Thiers. Avec
une clé ouvrant la porte du jardin il pouvait
à toute heure voir son ami, comme dans les temps
où ils étudiaient à Aix, où ils vivaient sous le
même toit dans le passage Montesquieu. Aucune
situation ne modifia leurs relations. Pendant les
ministères de Thiers ou sa Présidence, à Versailles,
le ministre, le Président de la République dispa-
raissait devant le camarade de l'Ecole de Droit
d*Aix, qui n'avait jamais rien à demander, si ce
n'est comment se portait son ami. Thiers plaisan-
tait souvent Mignet sur son manque d'ambition ;
il eût désiré le porter aux honneurs, l'admettre au
partage de sa fortune politique, mais Mignet refusait
tout et Thiers lui disait ; Allons, tu es un sage,
c'est convenu.
Dans sa longue carrière, où son assentiment
eût suffi pour lui valoir les fonctions et les honneurs
les plus enviés, Mignet consentit une seule fois,
sur la demande pressante de Thiers et du duc de
Broglie, ministre des Affaires Etrangères, à accepter
une mission temporaire en Espagne. Après la
mort de Ferdinand VII, un envoyé sûr et plein de
tact était nécessaire pour la reconnaissance du
nouveau Gouvernement, sous la régence de Marie-
Christine. Mignet se rendit à Madrid, remplit avec
succès les instructions du Gouvernement et rentra
à Paris, douze jours après son départ.
En 1870, la Défense Nationale délégua M. Auguste
Vitet, de l'Institut, auprès de Mignet, pour lui offrir
l'Ambassade d'Angleterre. Il refusa.
Les souvenirs d'Aix revenaient souvent dans les
conversations intimes de Mignet et de Thiers ; ils
évoquaient les noms de leurs anciens camarades,
ceux de leurs professeurs, se rappelaient les distrac-
tions et les travaux de cette époque. En 1876, un
an avant sa mort, Thiers écrivait, de Genève,
à Mignet : « Il me vient souvent Tidée de descen-
dre en Provence, pour voir Aix encore une fois.
Tu sais quel attrait puissant me ramène vers le
temps de mon enfance. Il est possible que j'y
cède ».
Mignet vivait avec une grande simplicité ; son
appartement, au 4'' étage, était fort modeste. Il se
contentait de ses émoluments de secrétaire perpé-
tuel, de rindemnité de 1.500 francs attribuée aux
membi'es de l'Institut, et des revenus provenant de
ses ouvrages. Plus tard Victor Cousin lui laissa une
partie de sa fortune, mais Mignet ne changea rien à
ses habitudes. Les termes du testament de Fillustre
philosophe, concernant Mignet, sont si élogieux
qu'ils ne sauraient être oubliés : « Je supplie
M. Mignet, membre de TAcadémie Française,
membre aussi et secrétaire perpétuel de TAcadémie
des Sciences Morales et Politiques, de me permettre,
en dehors du legs général, de lui offrir et de lui
léguer six mille francs de rente perpétuelle, en
trois pour cent sur les fonds français, comme une
faible récompense des peines que lui pourra
donner l'exécution de mon troisième codicille,
surtout comme un souvenir de notre longue
amitié. Depuis 1821 j'ai eu beaucoup à me louer
de lui, jamais à m'en plaindre. Je ne connais pas
d'homme plus loyal et d'une délicatesse qui s'allie
rarement à tant de droiture. J'espère que quand
il connaitra l'état de mes affaires et verra que ce
legs ne fait tort à rien ni à personne, il ne me
fera pas le chagrin de le refuser. Je lui serre la
- 53 —
main une dernière fois. Cannes, le 20 novem-
bre 1863 ».
Mignet repoussa toujours toute compromission
avec les financiers. Dès 1836 il écrivait à son
neveu Etienne Michel : « Je te prie de faire
comprendre la gravité dangereuse de la proposition
Guérard. Je te demande s'il me convient d'être
dans des entreprises et si je ne dois pas éviter
avec le plus grand soin qu'on puisse supposer que
j'y suis. Cela n'est ni dans ma nature, ni dans mes
devoirs, ni dans mes intentions. C'est quelquefois
par une imprudente bienveillance que, sans le
vouloir, un nom se trouve compromis. Il se répand
alors que, pour avoir l'appui de M. un tel, on l'a
admis dans telle entreprise et on lui a fait telle
concession d'actions. Dieu me garde, je ne dis pas
que cela soit jamais de ma part, mais qu'on puisse
le penser avec la plus petite, quoique la plus fausse
apparence. ».
A Paris, Mignet recevait le dimanche, à sa table,
les jeunes Provençaux, fils de ses amis d'Aix, et
camarades de son neveu Evariste Michel. C'était
pour Mignet un grand plaisir que d'appeler ses
convives des noms qui l'avaient entouré à l'École
de droit. Le provençal résonnait à tout propos,
surtout à révocation de ces traits locaux rappelant
Tesprit méridional si fin dans sa naïveté. Prévost-
Paradol assistait à ces déjeuners du dimanche.
11 avait occupé une chaire à la Faculté des lettres
d'Aix, conquis ainsi le droit de cité et se retrouvait
volontiers au milieu de jeunes gens qu'il avait
jadis examinés au baccalauréat.
Il me souvient qu'en 1866, Prévost-Paradol,
récemment élu à l'Académie Française, arriva un
~ oi —
Jimanche chez Mignet en frac d'académicien. II
l'enait de rendre à l'Empereur la visite due au
Chef de l'Etat. — Eh bien, que vous a dit notre
aire, demanda Mignet? — Il a été très accueillant,
m'a tendu la main, en me disant : Je regrette.
Monsieur, qu'un homme de votre mérite ne soit
pas de nos amis î — Vous lui avez répondu ?
— je le regrette aussi, Sire !
Après le déjeuner on se rendait à Montmartre,
ilans un enclos transformé en jeu de boules. Mignet
[limait passionnément cet exercice. Connaissant la
valeur respective de ses partners, il organisait avec
impartialité les deux camps, voulait que chacun
s'appliquât, donnait l'exemple et jouait fort bien.
U perdait sans humeur, mais gagnait volontiers.
Os promenades à Montmartre se continuèrent
pendant le Siège et le bombardement de Paris.
Ht c'était un navrant spectacle que de voir à l'extré-
mité de la vaste plaine, ensevelie sous la neige, se
détacher ces lueurs sinistres, portant la ruine et la
mort dans la ville la plus civilisée du monde !
La saison d'été ramenait chaque année Mignet à
Aix. 11 éprouvait une grande joie à vivre pour
un temps auprès de sa mère, de ses sœurs et de
leurs enfants, de revoir la ville qui avait abrité
son enfance, les sites qu'il avait parcourus avec
Thiers et d'autres, à l'flge de vingt ans. « Quel
tableau charmant, a dit Alfred Jourdan. que de
voir Mignet ^i la campagne, entouré de sa famille 1
On ne vit jamais un plus affectueux échange de
paternelle et de filiale tendresse ».
Jusqu'en 1S56 il eut le bonheur de conserver sa
mère qui le quitta à l'âge de S4 ans. Depuis la
mort Je s.i mère, le lendemain do son arrivée à
— bo —
Romégas, et la veille de son retour à Paris, Mignet
allait tous les ans, avec les siens, faire un pieux
pèlerinage au cimetière de Puyricard, où elle
repose. Il lui semblait ainsi retrouver encore, à Aix,
celle qu'il avait tant aimée. « Je savais, écrivait-il à
Thiers, que la mort de ma pauvre et bonne mère
l'affligerait aussi et que tu partagerais la peine qui m'a
déchiré le cœur. Elle t'aimait beaucoup et comme
un autre fils. Toutes les années, quand j'arrivais
auprès d'elle, elle me demandait si tu ne viendrais
pas. Elle aurait voulu te voir avant de mourir. . . ,
Oui, mon cher ami, c'est commencer à mourir que
d'être séparé par la mort de ceux qu'on aime. Je
réprouve douloureusement ce triste déclin de la
vie. Je le passerais à Aix, où m'attachent de chers
souvenirs, si tu n'étais à Paris pour m'y rappeler
avec ta famille que j'aime comme la mienne. Le
très peu que j'ai, sans le secrétariat perpétuel, me
suffirait pour vivre et travailler tranquillement à la
campagne. J'y serais avec des sœurs douces, sensées,
excellentes, qui ont été admirables dans les soins
tctidres et dévoués que pendant six mois, elles
n'ont pas cessé de donner à ma mère. ».
A la campagne, comme à Paris, Mignet consa-
crait au travail la matinée prolongée jusqu'à deux
heures. L'après-midi il recevait ses amis d'Aix. De
savantes et d'interminables parties de boules s'enga-
gaient ; la nuit seule les arrêtait. Puis c'étaient des
causeries sur le passé, sur les camarades éloignés
d'Aix, sur ceux disparus. Et lorsque le dernier
visiteur était parti, Mignet se remettait au travail
et préparait la tâche du lendemain. Après le repas
du soir il causait en famille, jouait au wisth, ou
faisait une lecture de ses écrits de la journée. Dans
-sc-
ia semaine qui précédait son départ d'Aix, il rendait
à ses amis les visites qu'il en avait reçues ; il
revoyait ainsi, soit en ville, soit à la campagne, des
demeures qui lui avaient été familières et hospi-
talières, pendant sa jeunesse.
De Romégas il écrivait à Thiers : « Le temps
i sans que je m'en aperçoive, quoiqu'il
la même chose d'un soleil à l'autre. ]e
iaucoup, le matin, jusqu'à deux heures,
di je fais le plus d'exercice que je peux,
stenir les forces du corps qui sont si
au maintien de celle de l'esprit . . .
nerai de la campagne dans quelques
un regret qui serait plus vif si je n'y
)s l'heureux dédommagement de retour-
de toi. 'Sr
es de Mignet à son neveu Etienne Michel,
it avec une tendresse paternelle, sont
es pages de cœur, de sentiment, de bonté
t pour une santé débile.
Michel, mort à l'âge de 38 ans, en 1840,
le le fils intellectuel de Mignet. Lauréat
mie des inscriptions et belles- lettres, en
r un mémoire sur les colonies Fran-
Asie Mineure, Etienne Michel avait
e mention à la même Académie pour un
les ruines d'Entremont et un écrit sur
s. II a laissé deux oeuvres inédites, une
•- Phénicie et une étude sur les Evangiles,
ichel était membre de notre Académie,
ïires contiennent plusieurs communica-
savantes de ce distingué confrère dont
îrisé h la fleur de l'âge, était si plein de
- 37 —
Mignet avait initié Etienne Michel à ses travaux ;
il le tenait au courant des satisfactions qu'il
éprouvait en avançant dans ses études sur la
Réformation.
Avec quelle délicatesse, quelle tendresse Mignet
compatit aux souffrances morales de son neveu
menacé de cécité. Il Tencourage à les supporter ;
il fait luire l'espérance dans son esprit. 11 l'appelle
à Paris pour le soigner, le faire vivre auprès de
lui, dans une douce émulation de travail et d'affec-
tueuses causeries. « Ma position pécuniaire est
devenue meilleure, lui écrit-il, il est juste que j'en
fasse profiter les personnes que j'aime. Ton séjour,
ici, n'imposerait pas de nouveaux sacrifices à ton
père, qui en a déjà beaucoup fait pour toi et qui
est obligé de songer à ses autres enfants Nous
prendrons un petit logement à Saint-Cloud, ou à
Meudon, et nous travaillerons, en jouissant du
grand air et de la campagne. Viens ici sans regrets,
avec l'intention de travailler et l'espoir de guérir . . .
Il ne faut pas, mon ami, te laiser aller à des accès
de découragement et il faut croire à ta guérison . . .
Tu es jeune, ton esprit a de la force et de la
maturité ; ton instruction est plus étendue que
celle des jeunes gens de ton âge et de ta génération
et quelques années d'inaction ne pourront pas
nuire à tes travaux futurs et entraver ton avenir. »
Un autre jour il lui disait : « Je ne t'ai pas encore
répondu parce que je suis allé passer une semaine
à Valancay , chez le prince deTalIeyrand. Ta lettre
ni*a prouvé que ton esprit ne perdait pas et que
ton caractère gagnait tous les jours ... Tu t'amé-
liores parceque tu souffres, et c'est le propre des
bonnes natures. » Puis il l'entretient de ses tra-
- 38 -
vaux : « On a retrouvé, en Belgique, tous les
papiers de la secrétairerie de Charles-Quint et on
me les communique. Je pourrai retracer exacte-
ment les motifs, la politique et les actes du fameux
Maurice de Saxe qui procura au protestantisme sa
victoire définitive et qui arrêta la fortune de
Charles-Quint 4^. Puis ce sont des recommanda-
tions concernant ses autres neveux : « Donne tous
tes soins à l'instruction de tes frères. Je tiens
extrêmement à ce que François ne perde pas de
temps. Je sais qu*il est intelligent, mais si cette
intelligence n'est pas cultivée, à quoi servira-t-elle ?
Tu me diras lorsque tu m'écriras, si tu es content
de ses progrès. ».
Il faudrait citer en entier ces lettres de Mignet
dont je dois la communication à notre distingué
confrère le docteur Evariste Michel. On voit
Mignet constamment préoccupé, à Paris, de là santé,
de l'instruction des siens. Il est à Aix, au milieu
d'eux, par le cœur et la pensée.
Les deux grandes douleurs de Mignet furent
la mort de sa mère et celle de Thiers, survenue
en 1877. Il rendit un dernier hommage à son ami,
lors de l'inauguration de sa statue à Saint-Germain,
et publia le testament politique du grand homme
d'Etat, revendiquant les droits de la souveraineté
Nationale.
Après la mort de Thiers, Mignet fut com.me
désemparé et demanda au travail l'apaisement de
sa douleur. Il vécut encore pendant sept ans, puis,
à Tage de 88 ans, un coup de froid l'enleva en
quelques jours. Il mourut, à Paris, le 24 mars 1884,
sans avoir réalisé le rêve, longtemps caressé, de
— 59 -
fermer les yeux à Aix, dans cette villa Mignet quF
s'élevait sur le terrain de la bastide familiale.
Mignet, a-t-on dit, a été le plus heureux des
hommes du XIX° siècle, parce qu'il fut un sage^
animé d'une seule ambition, celle de cultiver les
belles-lettres. « S'il m'était donné de recommen-
cer toute ma vie, a-t-il dit, lui même^ je ne ne la
souhaiterais pas autre que ce qu'elle a été. ».
Ses obsèques eurent lieu le 30 mars à Paris, avec
une grande pompe et un déploiement considérable
de troupes rendant les honneurs derniers au digni-
taire delà Légion d'honneur, Grand Croix et Mem-
bre du Conseil de l'Ordre. Toutes les notabilités
littéraires et politiques y assistaient. M. de Mazade^
au nom de l'Académie Française, M. Martha, au
nom de l'Académie des Siences Morales et Poli-
ques, M. J. Simon, en qualité d'ami, M. Ilauréau,
représentant le Journal des Savants, prirent succcssi--
vement la parole. « L'existence de M. Mignet^
dit M. Martha, présente une belle harmonie que
la Grèce antique aurait ^pris plaisir à célébrer,,
comme un idéal de sage félicité. Il avait reçu tous
les dons. 11 eut la beauté de la jeunesse, la grâce
de tous les âges, l'éloquence exquise, une raison
toujours souveraine, maîtresse de son art, comme
de sa vie, la modération qui permet de jouir long-
temps de tous les biens, d'illustres et fidèles amitiés,
les honneurs venus d'eux mêmes à lui, une gloire
paisible qui n'a jamais été effleurée même par la
calomnie ; enfin, pour couronner une si rare
fortune, une vieillesse sans défaillance jusqu'aux
dernières limites d'une vie n\ortclle, et une mort
aussi douce qu'un sommeil ; rien n'a manqué à ce
bonheur, pas même ce qui nnmque aux grandeurs
humaines, la durée.
^.
— GO -
Les restes mortels de Mignet reposent à Aix
dans le tombeau de sa famille. Ils y furent pieuse-
ment déposés par ses neveux François et Evariste
Michel, entourés des leurs, des anciens amis de
Mignet et d'une foule attristée.
Le doyen Alfred Jourdan, au nom des amis de
Mignet, M. de Séranon, Président de l'Académie
d'Aix, pour notre Compagnie, se firent, en termes
élevés, les interprètes des sentiments respectueux
de la ville entière pour celui qui revenait à la terre
natale après une aussi glorieuse existence.
« Quant à nous, dit M. de Séranon, qui avons
vu, avec un légitime orgueil M. Mignet prendre
place dans nos rangs, comme Membre d'Honneur,
nous n'oublierons jamais sa mémoire ; elle nous
sera particulièrement chère et nous aimerons à
nous souvenir de l'inépuisable bienveillance de
rhomme et des travaux considérables du savant. »
La mémoire de Mignet ne saurait en effet nous
quitter. Elle sera rendue plus vivace dans nos
cœurs chaque fois que l'Académie, à perpétuité,
décernera le Prix Mignet, cette magnifique fonda-
tion établie par son neveu, notre éminent confrère,
le docteur Evariste Michel.
Mademoiselle Dosne a voulu, par le Prix Thiers,
consacrer pour toujours les liens de l'illustre
homme d'Etat et de l'Académie d'Aix. Le docteur
Evariste Michel, a voulu, par le Prix Mignet, que
le nom de Mignet demeurât auprès de nous,
à côté de celui de Thiers, pour rappeler que c'est
- GI —
à Aix qu'ils s'unirent et fondèrent cette indissolu-
ble amitié devenue historique.
Désormais l'Académie d'Aix, dépositaire et
fidèle gardienne des volontés de Mademoiselle
Dosne et du docteur Evariste Michel, couronnera
les travaux relatifs à la Provence et à la Ville
d'Aix, sous les grands portraits de Thiers et de
Mignet.
^ '■^—- "^t^
- G2
t.
Le public applaudit chaleureusement le passage de ce
discours relatif au Ijaron Guillibert, secrétaire perpétuel
de r Académie.
Le Président donne la parole à M. J. Charles-Roux qui
s'exprime eu ces termes; ,
LA PROVENCE CHEZ ELLE
Dans les ninsées de France et de l'Étranger
Messieurs,
Le passé de votre ville est grandiose ! Des Salyens à nos
jours, quelle riche moisson de souvenirs ! Aux environs
d'Aix eurent lieu les rencontres décisives entre la civilisa-
lioD romaine et les barbares. Plus tard, l'AquaB-Sexiiae
(le Sextius Calvinus et de Marins devient la capitale de la
Provence, le centre d*un Etat indépendant, la résidence
de Comtes Souverains. Lorsque est effectuée la réunion à
la France, Aix demeure une ville privilégiée, gardant tous
les principaux services de la nouvelle province. Dans ses
rues, le brillant corlége du Gouverneur croise Messieurs
du Parlement on de la Cour des Comptes ; le passant y
rencontre, en troupes joyeuses, les étudiants de l'Université
on les cortèges imposants des chanoines de la iMétropole,
accompagnant un Cardinal Archevêque pour une processiop
solennelle.
n
- 64 ^
Caplivè par les charmes d*one telle ville, j*avais cafessé
!e projet de publier une édition très augmentée, infinimenl
plus vaste que celle de la bibliothèque régionaliste. que vous
avez si gracieusement accueillie. Je me serais appliqué à
étudier le cadre de Thistoire Aixoise. à présenter en détail
les monuments restés debout et à reconstituer ceux qui ont
été détruits. Les antiquités, telle$ qu'elles nods sont con-
nues par quelques débris conservés au Musée d*Aix, aa
Musée Borelli, ou dans d'autres musées d*Europe, sojrtout
par des témoignages de voyageurs et d'historiens, les
Eglises du Moyen-Âge, avec leurs Primitifs ; enGn, les
4^diGces modernes, eurent fait lobjet de chapitres formaol
une suite d8 monographies historiques et artistiques.
L'importance des hôtels, où s'est déroulée une des par-
ties les plus curieuses de Thistoire Aixoise. la vie parle-
mentaire, aristocratique des Xyil^ et XVIII^ siècles, nous
avait engagé à leur consacrer une place distincte
dans notre ouvrage. Nous voulions montrer Tori-
gine et l'accroissement, remballissement des maisons
Aixoises, en même temps que Thistoire de la famille ou
des familles les ayants habitées. Les portraits des personna-
ges les plus illustres, ceux des présidents au Parlement
ou à la Cour des Comptes, des Archevêques et des grands
ôriidits auraient voisiné avec les façades, les portes d*«ilrée
de leur logis, avec les panneaux décoratifs et les tapisse-
ries de leurs salons, avec les amours et les guirlandes de
fleurs dominant le fronton des portes.
Ce qui nous avait séduit dans cette entreprise, c'est le
caractère tout spécial de la vie Aixoise, qui a résisté i cette
- 65 —
UDiformilé à outrance, à ce nivellemeDt de mœurs, véritables
plaies de notre époque. De longs siècles de particularisme
ont laissé sur votre ville une empreinte que la centralisation
la plustyranniquen*a pu effacer.
Bien pins, au moment même où la centralisation triom-
phait sous la monarchie de Louis XIII, de Louis XIV
et de Lonix XV, la ville d'Aix fidèle à sa tradition, aidée
par son corps municipal, par son aristocratie et par son
Parlement, maintenait jalousenoent les restes de ses libertés
et s*efforçait de conserver une existence particulière. La
capitale provençale, privée de son indépendance matérielle,
mais fièrement attachée à son indépendance morale, fit,
pour ne pas déchoir, un effort si tenace et si noble, que
cette période, où semblait devoir commencer la décadence,
fat au contraire Tâge d*or de la Cité. L'effort a même été
si grand et si beau que la ville en est resté à ce suppréme
épanouissement. Ce que nous admirons de nos jours à Aix,
c'est en réalité la ville des XVII»etXVIII« siècles ; d'un
passé plus lointain, il ne nous a presque rien été conservé
et les temps modernes n*ont pas ajouté grand* chose à
ces splendeurs.
Mais votre ville est une de celles de France sur lesquelles
il a été le plus écrit. J'ai constitué toute une bibliothèque
avec les travaux d'histoire et d'archéologie aixoises, depuis
Louis Galaup de Chasteuil, Pitton, Pierre Joseph de Haitze,
Peiresc. les Fanris de Saint-Vincent, Roux-Alphéran,
Rouard, jusqu'aux auteurs modernes.
Dès le XVI' siècle, les érudits entassent éludes sur études
SÉAN. PUBL. ACAD. — 1908 5
— 66 —
poar oous faire mieux connaître les fastes d'Aix. Autrefois
avec plus d'éloquence, aujourd'hui avec plus d'esprit cri-
tique, les historiens remontent jusqu'aux plus lointaines
origines et déroulent, comme en un majestueux panorama,
tonte la vie de la vieille cité provençale. C'est un beaa
spectacle et nous comprenons l'enthousiasme d'un Pierre
Joseph de Haitze, ne pouvant écrire, sans une émotion qui
se trahit au début de son livre, l'histoire d'une ville, qui
était seulement sa patrie aJoptive.
Parmi les travaux les plus récents, je tiens à mention-
ner les deux beaux volumes dé notre ancien recteur,
l'honorable M. Belin. sur l'histoire de l'Ancienne Univer-
sité de Provence ; le livre de M. Michel Clerc, notre érudii
professeur à l'université et conservateur du Musée Borelli,
sur la bataille de Slarius. qui va être suivi d'un important
ouvrage sur Aix-Romain. La brillante série de conférences,
où le savant et si obligeant conservateur de la Méjanes.
M. Edouard Aude, a passé successivement en revue^ avec
une compétence qu'il est difficile d'égaler : l'ancien Palais
Comtal, l'Hôtel -de-Ville, Saint-Sauveur, la Madeleine,
l'Archevêché, Saint- Jean de Malle, vos autres églises, le
Musée, la bibliothèque Méjanes, et cette dernière confé-
rence, certes, n'a pas dû être la moins intéressante, car
4)ersonne mieux que M. Edouard Aude ne connaît les
richesses qui y sont accumulées. L'abbé Brémond vient
de publier un livre très curieux « La Provence mystique »,
dans lequel il raconte la vie de deux bienheureux proven-
çaux : Madeleine Marlin. fondatrice de l'ordre de N.-D.
m
de Miséricorde, et le Père Antoine Yvan, sorte de bourru
- 67 —
bîenfaisâDf, dont le type est assez fréquent en Provence, -
et qui noQS séduit d'autant plus que, tout en remplis-
sant ses devoirs de prêtre avec un admirable dévoûment,
il était peintre et graveur. Ses œuvres ont malheureuse-
ment disparu.
Si je joins à ces travaux ceux du dernier congrès
des Sociétés Savantes de Provence et les nombreux S
articles publiés dans les Annales de la Société
d'Etudes provençales, dont j'ai parcouru la collection avec
le plus grand soin, en présence d'un tel luxe de documents
de premier ordre, nous nous sommes demandé avec inquié-
tude comment il était possible de dire quoique ce soit
de nouveau et comment on pourrait mémo avoir la pré-
tention de répéter ce qui a été dit, non pas mieux, mais
aussi bien.
Nous dirigerons donc nos recherches vers un champ
jusqu'ici inexploré.
Nous étudierons non seulement « la Provence dans la
Provence » , mais « La Provence hors la Provence « , et
cela, en ramenant à notre pays, par l'image et la
description, ce qui lui a appartenu, c'est-à-dire les
bas* reliefs, les sarcophages, les statues, les bronzes, les
tableaux, toutes les œuvres d'art, en un mot, dont il a
été dépouillé.
Un souci tout artistique nous invite à ce travail. Comme
00 la très bien dit : a l'objet d*art exposé dans un musée
n'est jamais à sa place. Nous avons l'habitude de l'y aller
voir et la visite que nous lui rendons nous parait toute
naturelle. Mais, à vrai dire, elle exige de nous un effort
- 68 -
• d'adaptation et une dépense nerveasc qui expliquent la
fatigue qu'elle nous cause. Le tableau n*a pas sa lumière,
ou bien les chefs-d œuvre qui l'entourent projettent sur loi
une vibration de couleur... « Que dire quand Tœuvre d'art
a été placée dans un milieu tout différent de celui pour
lequel elle fut conçue et qu'elle est complètement détour-
née de sa destination première 1 Pour donner toute leur
signiGcation à ces objets épars. qui firent autrefois l'orne-
ment, par exemple, des hôtels ALxois, nous devons donc
les réunir dans notre esprit à ces demeures.
« Le Tyran i^, avons nous lu récemment, qui restitue-
rait au Parthénon tous les fragments que la stupide
avidité des peuples lui a ravis, qui ramènerait Minerve
dans son sanctuaire, affirmerait par cet acte sa puissance
mieux que par des victoires ». Nous voudrions, nous
aussi, ramener Minerve dans son sanctuaire. Le sanc-
tuaire lui-même nous paraîtrait ainsi plus beau... Pour
revivre la vie Provençale, il nous faut consentir à ub
essai complet de reconstitution.
Donc, rendre à la Provence ses anciennes richesses
sera désormais tout notre effort, en évitant, bien entendu,
de tomber dans l'aridité d'un catalogue illustré ou d'une
série de sèches statistiques. Nous appliquerons ce pro-
gramme non seulement à Âix, mais à Marseille, Toulou,
Fréjus, Cimiez, Grasse et enfin aux principales villes
romaines de la vallée du Rhône : Vienne, Âpt,
Nimes, Arles, dont la plupart ont été outrageusement
dépouillées. Le fait est tellement vrai que les archéo-
logues, les iirtistes qui désirent étudier les villes de
- 69 -
YaisoQ et de Vienne, pour ne cUer que ces exemples,
sont obligés d'aller à Brunswick, Munich, au Vatican
et au British Muséum.
C*est en efTei dans ce dernier muséd que se trouve le
morceau d'art si raffiné qu'est le Diadumène de Vaison,
livré en 1868. sur place, pour le prix de 25.000 francs !
Le département des Antiques du Louvre l'avait refusé
au propriétaire, qui le lui offrait pour une somme
relativement minime.
Sous la conduite du docteur Barrai, après avoir vu à
Vaison, dans cette ville la plus importante du Vocomtium
et que Pompinius Mêla mettait à la tête des centres les plus
opulents de la Narbonnaise, après avoir vu remplacement
eu celle statue fut découverte, en parfait état de conser-
vation, j'ai en le plaisir de la contempler tout récemment
à Londres. Elle représente un jeune athlète de vingt-cmq
ans environ, debout, complétejnent nu, les bras élevés en
croix, et les mains infléchies sur la tête pour attacher sur
son front la bandelette, signe de la Victoire.
Les auteurs ne mentionnent que trois statues de Diadu-
mène, qui sont du reste perdues tou(es trois, une par
Phidias, l'autre par Polyrlète et la dernière par
Praxitèle. Le Diadumène de Vaison ne peut donc être
qne la réplique de l'œuvre d'un des trois plus grands
sculpteurs Grecs.
Si, de Vaison nous passons à Vienne, par qui la Cité des
Allobroges s'est-elle laissé enlever la célèbre têie de déesse
eD bronze argenté, un des cl^fs-d'œuvre de la statuaire
antique ? où sont le grand foculu% portatif, qui n'a son
— 70 -
pendaùl qu'au Musée de Naples ; le Silène criopliore^ de
caractère archaïque, et les trois bustes d^appliqùe
de Jupiter, Neptune et M^rs? Au Musée des Antiques
de Lyon.
Pour qui sourit son célèbre Faune, dont la gaieté
folâtre a amusé ses questeurs, ses proconsuls, ses
édiles, ses primipiles ? Pour les visiteurs du Musée
du Louvre.
Chez quel collectionneur jaloux se cachent : le beau
buste déjeune homme "f Au musée de Saint-Germain ;
et les tête d'Anes, couronnées de fleurs, qui avaient
trait aux fêtes des Lupercales ? Dans la collection de
M. Thiers.
Où est le magnifique vase d'argent représentant
les quatre saisons, assises sur des panthères ? en
Angleterre.
Et les Hercules romains et gallo-romains ? au Vatican.
Et la statue d^Hygie ? dans la collection Jacquemin.
Et le Silène porlani un bélier sur ses épaules ? à Lyon.
Et la Poêle à frire, de forme si curieuse ? au muséô
de Reims.
Si nous abordions les mosaïques, nous verrions que la
plupart de celles découvertes à Vienne, à Saint-Romain en
Gai, au palais du Miroir de Sainte Colombe, ou à Saint-
Paul-Trois-Cliâteaux, sont au Musée de Grenoble, au
Musée Calvet, ou dans celui de Lyon.
En ce qui concerne les bronzes, les exils sont encore
infiniment plus nombreux. Ils roprésenlenl une des rare-
- 71 —
lés Ju British Muséum, si bien que loul Français désireiu
d'enirer en contact direct avec la produclion artistique do
nos bronzes anciens, doit traverser la Manche.
Pour ne pas quitter l'Angleterre, quelle a été notre
surprise de voir à Chatsworth, dans la collection particu-
lière du dac de Devonshire, qui vient de mourir* deux
superbes statues, de la belle époque romaine représentant:
l'une un homme debout, le corps à moitié vêtu, Taulre
un groupe d'une mère et sa fille, découvertes à Apt, en
n2l , iJans un amas de pierres et de ronces, presque sous
les murs de la Ville. Elles furent transportées à Paris en
MÏS et placées dans les jardins de Versailles. Les savants
en déploraient la disparition, lorsqu'un archéologue alle-
mand. M. Furtwangler, les retrouva à Chatsworih. Com-
ment y sont-elles parvenues ? That is the question...
Si je ne parle pas des Vénus de la vallée du Rhône, dont
les principales ont émigré, telles la Vénus d'Arles et la
Vénus accroupie de Vienne, qui regrettent amèrement le
sol natal dans leur prison du Louvre, c'est que Madame
Jeanne de Flandrej.^y leur a consacré une étude définitive.
Qu'il nous soit cependant permis de regretter tout partir
coliérement que Lyon nous ait ravi la Vénus de Marseille,
au sourire éginétrquc. Oh ! elle n'est point belle notre
Vénus Massaliote, avec sa haute coilTure, ses formes épais-
ses, ses traits accentués, son cou puissant, ses yeux dont
le globe forme bourrelet, enfin avec les cariillages grossiers
derorcille, qui n*esl même pas à sa pLice. Certains écri-
vains ont même pris pour une chouette la blanche et
chaste colombe qu'elle lient dans la main. L'on a pnine à
- 72 -
considérer en elle Tincarnation des grâces féminines, si on
ne se souvenait, qu'au début, Aphrodite fut chez les Grecs,
la déesse des forces génératrices et que c est plus tard seu-
lement, avec Phidias, qu'elle personnifia l'amour et la
beauté.
Bien que la Vénus Massaliote n'ait pas la séduction de
ses sœurs cadettes, elles n'en est pas moins digne d'occu-
per le premier rang parmi les échantillons qui nous
restent de l'art archaïque grec oriental et dont ni le Lou-
vre, ni le British Muséum, ni ta Pinacothèque n'en possè-
dent d'aussi remarquables dans le même genre.
Toutes ces richesses, rencontrées dans les Musées de
France et de l'Etranger, prouvent à quel poinl^'nolre vallée-
du Rhône étart fertile en œuvres d'art ; et cela n'a rien pour
surprendre lorsqu'on songe que le fleuve qui Tauinve
fut comme rayé, lui aussi, par le vaisseau d'Ulysse, que
c'est par chez nous, par la vallée du Rhône, qu'ont pénétré
les civilisations grecque, romaine, et que nos écoles
étaient déjà les rivales de celles d'Athènes, alors que la
plupart des régions, qui devaient constituer la France,
étaient encore plongées dans la barbarie.
C'est aussi par cette voie que nous parvint la religion
chrétieRue : qui, chose intéressante à noter, s'implanta
beaucoup plus rapidement sur le sol primitivement impré-
gné d'hellénisme que dans les centres purement romains.
C'est un fait, en effet, que dans les pays grecs, la
propagation du christianisme, l'évangélisation, a été plus
aisée que dans les pays exclusivement romains. Il semble
que la sagesse hellénique monte peu à peu vers le
- 73 -
christianisme el qae Taube de TEvangile illamine déjà
les dialogues platoniciens.
C'est de nos jours seulement qu^on a violemment opposé
le paganisme grec à la religion chrétienne et ce fut l'œuvre
«
de Louis Ménard, de Renan, de Taine, de Leconte de Lisie,
d'Analole France. L'un écrit les Rêveries d'un païen mys-
tique^ Tautre exalte les jeunes gens de Platon ; Renan
fait sa Prière sur l* Acropole, aux pieds de la statue
d*Athena ; France publie les Noces Corinthiennes, et
le plus violent de tous s*écrie, en s*adressant à Hypalhie:
Le vil Galiléen t*a frappée et maudite,
Mais tu tombas plus grande, et maintenant, hélas I
Le souffle de Platon et le corps d'Aphrodite
Sont partis à jamais vers les beaux cieux d'Hellas.
Quelle que soit la beauté plastique de ces vers, je ne
crois pas, pour mon compte, que cette opposition soit par-
faitement juste. Ne serait-ce pas d'une philosophie supé-
rieure de considérer, comme on le faisait au XVII® siècle,
où roD ne reniait rien de i*antiquité, que la civilisation
greco-latine a préparé les voies au christianisme. L'attitude
d'uD Racine, qui sait écrire à la fois Phèdre et Athalie,
D*est-elle pas infiniment plus haute que la malédiction de
Leconte de Lisie ?
Quand saint Paul prêcha à Athènes devant TAéropage,
il fut reçu sans colère et écouté avec bienveillance. Les
Athéniens n'avaient-ils pas élevé dans leur Panthéon un
autel au Dieu inconnu ?
- 74 -
. Les Provençaux sembleol avoir retenu de leurs orîgjoes
grecques une lolérance toute semblable. Le sens de la
beauté et celui de la religion s'unissent en leurs âmes
d'une façon indissoluble et leurs poëies du XIX^ siècle sont
uû exemple vivant de cette *concilialion. Ce qui s'oppose
dans la littérature française du XIX® siècle, s'unit au con-
traire étroitement dans la leur. La preuve la plus frap-
pante de ce que nous avançons nous est fournie par Aubanel,
qui chante avec le même élan la Vierge Marie et la Vénus
d'Arles, également sincère dans ces deux enthousiasmes,
qui n<>. lui paraissent pas contradictoires. C'est du reste,
ce que jai essayé de faire ressortir dans Souvenirs du
Passé, le Cercle artistique de Marseille, en étudiant le
félibrige et ses grands chefs. Mistral et Aubanel.
Laissant à regret la période gréco-romaine, et abor-
dant le Moyen-âge et les Primitifs, nous constaterons éga-
lement de nombreux exils. Ainsi que j'avais l'honneur de
vous le dire au Congrès des Sociétés Savantes de Marseille
de 1906. ce fut â l'exposition rèlrospertive d'art proven-
çal, qui eut lieu dans cette ville en 1860, que les nom-
breux primitifs, ornant vos églises et qui étaient tous
attribués à des maîtres flamands, furent rendus à leurs
vrais auteurs.
L'erreur du reste n'était pas aussi grossière qu'on a
bien voulu le dire. L'Ecole du roi René n'est-elle pas
directement inspirée de la peinture flamande? Et, à ce
sujet, comment expliquer qu*étant donné les relations
constantes du roi Uené avec l'Italie, en raison de ses
royaumes de Naples et de Sicile, et pendant que l'art
i»i
lulienflenrîssail â Avignon, à là cour des Papes, comment
expliqoer que le roi René ait toujours fait appel à des
artistes flamands ? On pourrait même ajouter que, non
seulement le roi René et son école n'ont pas subi
rinfluence Italienne, mais que les artistes italiens fu-
rent impressionnés, à cette époque, par les peintres
provençaux.
A propos des œuvres personnelles du Roi René, il nous
parait presque impossible de rapatrier par Timage et la des-
cription, celles qui auraient pu émigrer. D'abord, parce
qn*il est assez difficile de les identifier, et qu'ensuite le
nombre doit en être minime, étant donné Tabondance
de celles que nous trouvons encore dans notre pays. Mais.
nous nous appliquerons à rendre à la Provence ce que le roi
René lui-même, en a fait sortir. •
La cathédrale de Saint-Maurice d'Angers possède une
baignoire antique de marbre vert, que le roi René y avait
envoyée. Elle fut placée dans le chœur de la cathédrale sur
deux lions de marbre blanc, montés sur un soubassement
orné de quatre feuilles sculptées et relevé de trois marches
au-dessus du pavage. Le chapitre s'en servait comme de
fonts-baptismaux pour les grands personnages et elle se
trouvait ainsi rendue à sa destination première, puisqu'une
légende, recueillie au XV® siècle, nous apprend que : le
roi Marsille, converti par Marie-Magdeleine. aurait été fait
chrétien dans ce font baptismal. Le 23 janvier 1699.
on transporta cette cuve au bas de la nef, du côté de la
chapelle de Sainte-Anne, et c'est là où je l'ai vue. il y a
trois mois à peine, servant de bénitier pour les fidèles.
- 76 -
Le Musée d'Ângérs possède également ooe urne très
fameuse dite Urne de Cana, provenant de Provence, et
la bibliothèque de cette même ville conserve quatre feuillets,
fragments d'heures latines, à capitales dorées et marges
ornées de rinceaux élégants, donnés par M. Hawke,
dessinateur, et provenant d*un missel qui, après avoir
appartenu au roi René, devint la propriété de la famille
Alfandéry de Tarascbn.
Quant aux primitifs, nous n*aurons pas à rapatrier
les toiles qui se trouvent dans tos églises ou celles
d'Avignon et de Villeneuve, mais toute autre sera notre
tâche pour celles hors de Provence, comme par exemple,
de Nicolas Froment : la résurrection de Lazare appar-
tenant à M. le Docteur Reboul de Lyon ; le tableau
de M^ Richard von Kaufmann, de Berlin, dont nous
avons donné une reproduction dans notre ouvrage sur
\e costume; celui de la collection Lipmann, à Berlin
également ; enfin, un des plus célèbres de Nicolas Fro-
ment : la Résurrection de Lazare du musée des Offices, à
Florence.
A regard des Primitifs, nous ne saurions avoir la pré-
tention d'apporter grand chose de nouveau après fexposi-
tion du pavillon de Marsan, en 1904, et les travaux de
MM. Georges Lafenestre, Richard Kœcblin, Bouchot, le
Comte Durrieu et de M. Tabbé Requin. Nous croyons
cependant avoir fait une découverte curieuse an Musée de
Lille. Il s'agit d'un triptyque, représentant saint Paul,
saint Mathieu et saint Jude. Les trois volets le composant
sont en forme d'ogive et portent un texte en exergue. Ce
— 77 —
nexte întrignaît Tort les Conservateurs da Musée, car ce
n*èlait ni du latiu, ni du flamand. L*un d'eux eut Texcel-
lente pensée d*ea envoyer la copie à TEcole des Chartes
et il lui fut répondu que cette langue était bel et bien du
provençal du XIY" siècle. Le triptyque se trouva ainsi iden-
tifié. Voici le texte en question :
Set Paul vax élu virginal
Convertit après grand mal
Set meteu dis en Judà
Fos escapsat ab laspesa
Just al temple posât
Fos ab destral truescat.
Comme celle langue n a pas grand rapport avec celle
de Mistral, je ne crois pas inutile d'en donner laPtraduc-
tion de 1* Ecole des Charles :
Sainl Paul vase d'élection et virginal
Converti après grand mal
Saint Mathieu en Judée
Fut décaloté par Tépéc
Jude au temple s'arrétant
Fut par la destraJe tué.
Voici, enfin la description du Iriplyque :
Saint Paul, velu dune tunique bleue et d*un manteau
rouge porte le glaive d'une main et de l'autre le livre des
épitres.
Couvert de la chape des officianls, saint Mathieu tient
un glaive et une banderolle avec inscription.
^
- 78 -
Quant à Sainl Jude, ï\ est revêtu d^uû riche manteau
bleu, doublé de rouge, et tient la bâche de la main droiie.
Comment ce très intéressant primitif de l'Ecole proven*
cale est-il arrivé à Lille ?
Ce fut M. Rigaux, membre de la commission du musée,
qui Tacheta en 1885. à un numismate habitant Bruxelles,
du nom de Serrure. Ce dernier le tenait d'un marchaod
de Saint-Omer. auquel il avait été vendu par un antiquaire
italien, qui, chaque année, quittait son pays pour se rendre
en Flandre. Faisant Técole buissonniére, il ramassait tout le
long du chemin et particulièrement en Provence, les
objets d*art qui lui plaisaient. Il arrivait dans les Flandres
chargé do son butin, dans lequel venaient puiser les diffé-
rents musées et amateurs de la région. C est ainsi que le
musée de Lille s'enrichit du triptyque dont nous venons de
parler, et d'un autre tableau représentant un saint, et qui
suivant tontes les probabilités, a été encore glané en
Provence.
Pour les XVH® et XVIII® siècles nous ne nous étendrons
pas sur des artistes tels que : Puget, les Parrocel, Mignard,
les van Loo, Fragonard ou Joseph Vernet, -aux quels des
livres entiers ont été consacrés. Mais, ainsi que j'avais
rhonneur de vous le dire il y a un instant, de même que
l'exposition de Marseille de 1860 a révélé l'Ecole des pri-
mitifs provençaux, celle de 1906 a mis en lumière toute
une série de peintres du cru, presque ignorés du public.
Les grands ouvrages sur les maîtres français sont muets à
leur sujet et seuls, MM. Pointel et de Chenevières en men-
tionnent certains dans leurs « recherches sur la vie et les
— 79 -
ouvrages de quelques peintres provinciaux de l^ ancienne
Frctnce. >
J*eD cilerai quelques-uns : Henri Guigo, ou Guigoois,
filé à Avignon avant 1526, décédé dans la même ville à
la fin de 1532, et qui eut pour principaux élèves, Simon
de Mailby, dit Simon de Châlons, et Laurent Rotter-
dam, Just de Haas, qui travaillait à Avignon au XVI® siè-
cle ; Pacsalde laBoseuè à Toulon en 1665; Ephren
Leconie, né à Marseille maître peintre à l'arsenal des galè-
res au XVI1° siècle ; René-Louis Vialy, né à Aix à la
même époque ; Joseph Boze, né à Marligues ; Joseph-
André Cillony et Marguerite Gciard, née à Grasse, la
belle-sœur et Télève de Fragonard.
J'en passe Messieurs. Quoique plus connus, nous jugeons
que Françoise Duparc, dont de nombreux tableaux doi-
vent certainement se trouver en Angleterre, que Barras,
Fauchier, Arnulphy, Duplessis et Baspal ne sont pas
appréciés à leur valeur. Mais je voudrais rendre un hom-
mage particulier à Sigalon, Tlngres provençal, dont h
Jeune Courtisane et la Vision de Saint Jérôme, du musée
du Louvre, sont des chefs-d'œuvres, et à J. -Baptiste
Laurent, que l'on ne connaît que très imparfaitement, si
Ton s*attacbe seulement à ses études du Costume, et dont
il faut consulter avec soin les études anatomiques, si Ton
^eul apprécier dans toute Sa beauté le nu provençal.
Quant aux principales collections qui. au XVII'' et
XVllI® siècles faisaient la gloire de votre villle ; celles de
Boyer d'Eguilles. de Fons-Colombe. de Valbelle. de
Monlvallon. de la marquise deHrégançon, du président de
— 80 —
Saint-Paul, etc.. nous ne voyons pas, au point de vue
auquel nous nous plaçons, le grand intérêt que nous aurloQS
à les reconstituer. El cela, parce quelles se coaiposaieot
principalement de toiles des écoles étrangères. C*est ainsi
que, dans la collection Boyer d'Eguilles, dont le détail nous
est entièrement révélé par les gravures de Coelmans, nous
ne relevons que deux Puget, huit Sébastien Bourdon, un
Finsonius, et enfin un Sébastien Barras. La collection de
Fons-Colombe, parmi des van Dyck, des Holbein, des
Ténier, etc., ne nous donne qu*nn Puget et un Joseph
Vernet.
C*est donc seulement au rapatriement de ces œuvres
provençales que nous nous appliquerons. En ce qui con-
cerne les Puget de la collection Boyer d'Egnilles, le musée
de Marseille possède, vous le savez sans doute, Messieurs,
la Sainte Vierge montrant à lire à l'Enfant Jésus, offerte
par M. Emile Ricard, le frère de notre grand portraitiste.
Les deux statues de Veyrier, Télève préféré de Puget, que
le maître avait tout particulièrement recommandé à Boyer
d'Eguilles, le Faune et la Muse, sont également au musée
de Marseille,
Permettez -moi maintenant de vous poser une question :
Quel était le nom de ce parent de van Loo qui possédait, à
Aix, une si belle collection de Carie van Loo ? Ne serait-
ce point, par hasard, un certain Bazaly, associé de TAca-
demie de peinture de Marseille ?
Une partie de la collection de Yalbelle se trouve au
musée de Draguignan et nous pourrions présenter à son
sujet les mêmes observations que pour celles de Boyer
d'Eguilles et de Fons-Colombe.
— 81 --
Quaot ao rameax tombeau du comte Orner de Valbelle,
marquis deTourves, élevé dans la chapelle de MoDtrieux,
la presse marseillaise s*en est occupé récemment, et vous
en connaissez aussi bien que moi les péripéties. Si les qua-
tre statues décorant les angles avaient été réellement de
HoudoD, nous D*en parlerions pas, mais cette attribution
a été reconnue fausse et le buste de Valbelle seul, est de
cet artiste. Le véritable auteur de ces statues s'appelait
Christophe Fossaty et travaillait à Marseille vers 1730. Il
paraîtrait que Fossaty, sur le désir même du comte Omer,
avait prêté à ces statues une allure assez profane qui trou-
bla quelque peu les bons moines de Montrieux. Aussi, le
père supérieur pria-t-il Fossaty, de leur donner, un aspect
plus religieux. H est à croire que Fossalty s'acquitia de
son nouveau mandat avec un véritable éclectisme, car,
après la Révolution, une des statues fut convertie en Sainte
Madeleine et envoyée à la Sainte-Baume, où on peut encore
la voir dans la grotte ; on a prétendu à tort que c'était le
portrait de la « Clairon ». La seconde, en qualité de pleu-
reuse, figure sur une fontaine de la grande place de
Fréjns : la troisième représente Thémis au palais de justice
de Draguignan ; la quatrième enfin symboHseJa Provence
soDs le péristile du musée de Toulon. El nunc erudimini...
Le musée de Saint- Lô contient les portraits de deux
évèi|Qes de Valbelle, que nous nous proposons de faire
reproduire.
Ainsi que je viens de Tindiquer, Messieurs, Laurent
Fanchier a brillé d*un éclat tout particulier à la dernière
exposition de Marseille. Aussi, Tavons-nous recherché dans
SÉAN. PCBL. ACAD. — 1908 6
n
— 8'î -
les'ninsôes de IFraDce et avoDS-nous trouvé trois portraits
de iui à Nantes, dont deux d*bommes et un de femme, qui
furent attribués longtemps à Philippe de Champaigne. Je
ne mentionne pas celui du mnsée de Toulon parce qu'il est
trop prés de nous, noais il existe à la bibliothèque natio-
nale un superbe dessin, rehaussé de couleurs, signé eo
toutes lettres : Laurent Fauchier et daté de 1*701. On lit.
darus le bas de la marge ces notes : Natt, Bourgeois (TAiay
en-Provence, écrits à la main. La figure est très expres-
sive, mais le costume orné d un rabat, la calotte recou-
vrant le sommet de la téie et ^les cheveux tombant en bou-*
des sur les épaules, donnent à ce bourgeois Tallure d*un
membre du clergé. Ce n'est pas surprenant, car d'après
des documents qui se trouvent à la Méjanes, Naît dirigeait
la maîtrise de Saint-Sauveur. Il composait même des Noëte
en concurrence avec Saboly et les r^apports de ces deux
Noëlistes étaient loin d'être cordraux. Il psH^ait qu'ils
s'exécraient et se livraient mutuellement aux plus violeotes
diatribes.
T^Ious avouons^ nous intéresser tout particulièrement à
Fauchier : si nous ne parlons pas de ses portraits de la
Belle du Canet, c'est qu'on les a tous retrouvés. L*un est
au château de Saint-Marcel, chez M. le marquis de Forbin.
L'autre a oié légué au musée de Marseille par Madame
Alfred de Surian, comme représentant Madame de Grignan :
mais l'erreur a été réparée.
Il existe trois autres portraits de la Belle du Canet, dont
deux par Daret et le troisième par un inconnu. Les deux
premiers sont à Âix, Tun chez M. Vermont, professeur à
- 83 -
la fâcollé de droit, el a figuré à l^exposilioo rétrospeclive de
Marseille, ea 190G. Qaaot au second, M. de Mougins-
Roqaeforl, qui a fait don à THôlel-de-Ville des boiseries et
peintures du boudoir ayant abrité les amours du duc de
Yeoddme et de la Belle du Cauet, vient de m*apprendre
que le portrait de la dame, en Diane chasseresse, orne le
plafond d<in des salons de l'hôtel de la comtesse de Vogué.
ËnGn, notre honorable confrère M. de Bresc, qui possède
un superbe tableau de Fauchier, a fait don au musée de
Draguignan d'un portrait de la Belle du Canet. La dame,
cette fois, est complètement dévêtue. L'opulence et la ron-
deur des formes, que Ton devine sous les draperies des
tableaux précédents, s'affirment ici au grand jour et sans
aucuu mystère.
Nous ne multiplierons pas davantage les exemples et
négligerons à dessein le XiXme siècle, dans la crainte de
donner à cette communication une étendue indiscrète.
Je ne voudrais pas cependant que vous puissiez penser
qu'un homme, qui s'est toujours piqué de libéralisme en
matière économique, est un protectionniste intransigeant
tn matière artistique. Bien que je ne considère pas les
oeuvres d'art comme marchandises d'exportation, je ne
dénie eu aucune façon à nos artistes modernes le droit de
vendre leurs œuvres à l'étranger et de concourir ainsi au bon
renom de la France. J'avoue même avoir ressenti un véri-
table orgueil patriotique en voyant que le iMusée de New-
York est en grande partie composé de superbes échantillons
de nos mailresde 1830 ; Delacroix, Diaz, Corot. Daubigny,
Rousseau, Courbet, Fromentin, Meissonnier, Couture, etc.
- 84 —
J'ai éprouvé le même senliraenl à Moscou, en pré-
sence d'une colleclioD de peintres de la même époque, qui
est un vrai bijou. Mais, pendant que l'Italie et l'Espagne
prennent de minutieuses précautions contre l'enlèvement
de leurs œuvres d'art anciennes, notre pays sera-t-il le
seul à donner libre carrière aux brocanteurs et nous laisse-
rons-nous peu à peu dérober tous les joyaux de noire cou-
ronne artistique ?
La plupart des œuvres d'art du reste, surtout en sculp-
ture, n'ont-elles pas été conçues et exécutées pour être
contemplées sur le sol qui les a vu naître, ainsi que je le
faisais observer au commencement démon discours ? Est-
ce que les marbres de Phidias, que Lord. Edgin. a commis
le crime d'arracher à l'Acropole, gagnent à être vus au
milieu des brouillards de la Tamise ?£t les Corées décou-
vertes, par une matinée de printemps, sur les flancs de
'l'Acropole, ainsi que les fameux marbres d'Egine. sont-ils
à leur place à la Pinacothèque ?
Peut-on connaître réellement Vêlasquez en dehors de
Madrid. Murillo en dehors de Sêville, le Corrége en
dehors de Parme, Giotto en dehors de Padoue. Bellini,
Titien et Paul Véronèse en dehors de Venise. Raphaël et
Michel-Ange en dehors de Rome et de Florence ; André
del Sarto et le divin Fra Angelico en dehors de Florence.
Rembrandt en dehors d'Amsterdam et Franlz Halz en
dehors de Harlem ? Peut on se douter de ce 'qu'est l'école
anglaise en dehors de Londres ?
Pour parler un peu de nous, est-ce que les beaux Wat-
teau, les Lancrel et les Pater, qui expriment tous les raffi-
- 85 —
Déments du XVIII^ siècle français, soBt dans leur air au^
palais des Césars allemands ? Ne gagneraienl-ils pas cent
pour cent au château de Versailles, dans les appartements
de Louis XV, si ingénieusemeut reconstitués par M. do
Noihac ?
Qu'on Tasse des expositions, et c*est la voie dans laquelle
on semble heureusement vouloir entrer, où les étrangers
nous enverrons des toiles de tel ou tel de leurs maîtres, où
nous enverrons de notre côlé les tableaux les plus signifi-
eati£ de nos diverses écoles. Rien de mieux : c'est ainsi que
je comprends le rayonnement, mais à la condition qu*une
fois l'exposition terminée, toutes ces œuvres aillent retrou-
ver leur lumière natale.
Serait-il de notre part présompteux de croire que le
travail que nous avons entrepris sera de nature à facili-
ter singulièrement ces pacifiques et instructives manifesta-
tions? et. bien quWnatole France ait dit que : « Le ciel
de Paris est le plus spirituel du monde, » qu'il me soit
permis de lui préférer cependant celui de Provence et
d*émettre le vœu que Paris ne soit pas Tunique siège de
ces expositions ; qu'on songe à Aix, à Marseille, à Avi-
gnon, à Arles, à Nimes, qu'on n'oublie aucune de nos
villes du Midi. A notre tour, nous exposerons à Tétranger
des collections de nos artistes provençaux.
Je termine, Messieurs en complétant en quelques mots
l'esquisse de notre programme.
Après avoir recherché dans toutes les collections, pour
les lui rendre par l'image et la description, les documents
lapidaires et les œuvres d'art ayant appartenu à la.
- 86 -
Provenee, nous recueiHeroos aussi, pour lui en faire uno
couronne de gloire, les diverses appréciations que ses prin-
cipaux centres ont inspirées aux voyageurs français et
étrangers. Ces pages, ce livre d'or, formeront comme un
Musée intellectuel, où, depuis la note scientifique jnsqu*aa
crayon humouristique et an pastel sentimental, tous les
tons seront représentés.
Nous ne craignons pas de le dire, dans le recueil d*appré-
ciatrons concernant la ville d*Aix, se trouvera une regretta-
ble lacune. La période des troubadours, à part un morceau
curieux de Pierre VidaK sur la cour d'Alphonse II, nous
fournit fort peu de documents. La raison en est sans
doute que celte époque de notre littératnre, si pleinement
mise en luRiiére par Renouard et Gaston Paris, est infini-
ment plus sentimentale que descriptive.
Les Rambaud d'Orange, la Comtesse de Die, de Roque-
roartine, Douce de Moustiers, Hugone de Sabran, Alixde
Meyrarguee, etc.. s*inquiétent de fixer l'état de leur âme
et non point d'évoquer la nature servant de cadre à
lesrs chants.
Lorsque Mistral, dans les Isclo d'Or, ressuscite le
château de Romanin et y décrit une incomparable cour
d*amour, sobs la présidence de Phanette, voici comment il
s'exprine :
£ Dobli caligoaire e reino dou pafs,
Bertrand de Lamanoun menava Azalals ;
Peiro de Gasteu-nou, la bouco risoulclo ;
Adusié per la man Jano la Pourceleto ;
E Gui de Cavaioun, a despc^rt se tirant^
ivié souto lou bras Ugouno de Sabran.
- 87 —
Ausiguère à Guihèn dî 6aus,'princ6 d'AîireDJo,
Rimbaud de Vaqaeiras murmura ii lâusenjo.
0 tendro Beatris de Mouni-Ferrat ! Et tu,
Que ft'eroo, tant de rel, à tavoueG combattu,
Bertrand de Born ! e vous, dame de Pourgueirar^ue,
Vous Douce de Moustié, vous Alis dé Meirargue,*
Eme lou grand Blacas, eme Peire Yidau,
Vous vesieu, oumbro fiero, esquiba lou lindau !
Voas voyez» Messieurs, que ces beaux troubabonrs et ces
grandes dames avaient des préoecupatiODs tout autres que
^e chanter les paysages ou les monuments de la Provence.
Da reste Mistral, dont Tcenvre n'est pas seulement une suite
de visions lumineuses et poétiques, mais le grand reliquaire
de notre histoire, dont chacun des vers est un véritable
document, Mistral a soin de nous le faire entendre ; il
observe malicieusement que, dans les cours d'amour, on se
téuBÎssait bien plus pour disserter sur des cas de casuisti-
que sentimentale que pour discourir sur la beauté de l'heure
et la chute du jour.
Ce livre d'or,— je n'ai pas besoin de vous le dire,— ne
sera pas exclusivement composé de citations d'écrivains pro-
vençaux. La plus grande partie émanera même de plumes
étrangères. Nous rapporterons ainsi à la ville d'Aix toutes
fes impressions pittoresques, architecturales, artistiques,
économiques, sociales, qu'elle aura inspirées.
Tel est. Messieurs, le plan général du travail que nous
avons entrepris... Laissez-moi l'illusion de croire que, mal-
gré mes cheveux blancs et les absorbantes occupations qui
m'incombent, je pourrai le mener à bonne fin, grâce au très
1
— 88 -
précieax concours de mes distingués el dévoués collabora-
teurs, Madame Jeanne de Flandreysy, et son excellent
père, iVlonsieur Etienne Mellier.
J*ai le ferme espoir que cette restitution par l'image et
la description nous conduira peu à peu, el dans la suite des
temps, à la restitution réelle. Outre qu'en spéciGant très
exactement où se trouve les moindres objets de notre pro-
duction provençale, nous faciliterons aux conservateurs des
Musées les moyens de surveiller les ventes des collections
particulières, les restitutions pourront également s^opèrer
par voie d*échanges et nos villes recouvreraient ainsi, une
partie au moins, de leur ancienne physionomie. Je sais bren
qu'il nous manquera toujours les monuments détruits et les
objets disparus... Nous les reconstituerons de noire mieux
par les documents puisés dans les historiens et dans l'œuvre
gravée ou lithographiée de certains maîtres.
Nous espérons justifier ainsi le titre, peut-être un peu
ambitieux, de notre ouvrage :
La Provence chez elle
Dans les Musées d'Europe
Et de TElranger.
— 89 —
M. Edouard Aude lit ce sonnet provençal du baron
Guillibert à Frédéric Mistral :
MEMBRE D'OUNOUR DE l_ ' A C A D È M I
Coumo lou soulèu de Prouvènço,
Qu*esvarto li niéu, lis uiau,
Toun verbe pouderous, Mistraii,
Trelusis d'eterno jouvenço.
D'un pople as fa la reneissenço,
L'afougant d*amour patriau
E dins ti cant celestiau
Mantènes sis us, si cresènço.
Li « Quarante » an vougu toun noum ;
lé respondeguères de noun
Que restes à toun pais, flori.
Cadet d*Ais, nautre te garden,
Dins nosto lengo t*aclamen,
Siès noste ounour, fas nosto glori
Baroun Chapoli Guillibert.
Les lectures se terminent par le rapport de M. £. Lacoste,
ingénieur, sur les prix de vertu et les pensions ouvrières
Irma Moreau :
SUR LES
S^ Kl H ©Ê I
Rambot & Reynier
ET LES
PEHSIOHS OQÏBIÊBES
IRMA MOREAU
Par M. Ernest LACOSTE, ingénieur
^^^
Monseigneur,
Mesdames,
Messieurs,
En cette Fête du Centenaire de la Reconsti-
tution, par laquelle elle succède aux sociétés
savantes et aux réunions artistiques et littéraires
dont réclat a rayonné si longtemps sur la Provence
et sur son antique capitale,* T Académie d'Aix
considère avec fierté comme un de ses plus
nobles titres la mission qui lui a été confiée par
de généreux donateurs, de distribuer des prix à la
vertu, aux actes de courage et de dévouement, et
de soulager des misères amenées par Tâge et les
infirmités.
«
Si nous saluons les grands noms de Thiers et
de Mignet, grâce auxquels nous décernons deà
- 92 -
prix importants à réradition et à la littérature,
ceux que nous distribuons aujourd'hui nous sont
plus précieux encore.
On se plaint, et souvent avec raison, que le
niveau moral de notre époque semble subir de
regrettables dépressions ; mais cependant, à côté
des .défaillances qui attristent nos regards, il est
doux de trouver encore des exemples de vertus
modestes, de courage, et de dévouements qui sem-
blent s'ignorer eux-mêmes ; et si Ton ne peut les
connaître tous et les proclamer pour servir de
modèles et d'encouragement, si Ton ne peut à tous
adresser Thommage public qui leur est dû, c'est
pour nous un devoir qui nous est cher, de les
rechercher, de leur donner, en dehors de la récom-
pense intime que leur apporte la satisfaction du
bien accompli, un modeste témoignage de recon-
naissance de leurs concitoyens, qui s enorguellissent
de voir que la vertu, exilée du reste du monde,
si nous en croyons les pessimistes, n'a pas quitté
notre belle et noble terre de Provence.
Des voix plus éloquentes et plus autorisées
vous ont rappelé souvent dans nos séances solen-
nelles, les noms des vertueux bienfaiteur^ qui ont
choisi notre Académie comme mandataire de leur
générosité posthume : c'est, par ordre de dates :
M. Rambot, officier distingué et lettré, qui, il y a
un demi siècle, fondait un prix destiné à récom-
penser les actes de dévouement, de courage, de
désintéressement, les soins donnés à la vieillesse
et à l'enfance pauvre et abandonnée ; en 1865,
M. Reynier fondait un autre prix dans les condi-
tions analogues à celles que stipulait M. Rambot.
Plus tard, vinrent à notre Académie d'autres fon-
- 93 -
dations en faveur des misères honorables et immé-
ritées : les pensions viagères de 200 fr., du legs
fait en 1899 par Mademoiselle Irma Moreau, qui
doivent être alloués, soit à des pères de famille ou
à des veuves ayant au moins deux enfants, néces-
siteux et méritants, soit à des ouvrières pauvres
que la maladie, les infirmités ou la vieillesse met-
tent dans rimpossibilité de subvenir à leurs besoins ;
et enfin, le legs de Mademoiselle Rayon, de date
récente, et dont la réalisation, à cause des forma-
lités légales qui sont à peine terminées, ne pourra
avoir lieu qu'à partir de 1909.
Nous ne pouvons, étant donné le peu de temps
dont nous disposons aujourd'hui, faire le panégy-
rique de chacun de ces bienfaiteurs de notre
région nous bornant à saluer respectueusement
leur mémoire, émus de ce beau spectacle de la vertu
couronnant la vertu.
Cette tâche que nous avons assumée nous est
douce, malgré le regret que nous éprouvons de ne
pouvoir proclamer et recompenser tous les actes
méritoires, toutes ces humbles vies consacrées à
Texercice du dévouement et de la bienfaisance et
de devoir, parmi toutes les misères qui nous sont
signalées, faire un choix souvent bien délicat, dans
l'obligation où nous sommes, soit de laisser de
côté bien des candidats, soit de les ajourner au
moment où il sera possible de les admettre à la
répartition des prix ou des pensions.
Votre commission a eu, en 1908, à examiner 12
dossiers de prix de vertu Rambot et Reynier et
66 dossiers pour les pensions ouvrières Irma
Moreau ; cet examen fut long et difficile, et c'est
son résultat que nous avons l'honneur de vous
— 94 —
présenter, en attribuant, en dehors dn prix Rambot^
indivisible, trois prix de la fondation Reynier et
cinq pensions ou'vrières.
• •
Pour le Prix Rambot, dont la valeur est de 545
francs, qui ne peuvent, d'après la volonté du testa-
teur, être partagés, TAcadémie s'est trouvée en
présence d'un dévouement qui a réuni tout ses
suffrages : toute une vie d'abnégation et de charité :
Marius Dagard. âgé de 47 ans, est concierge du
Cercle Saint-Mitre à Aix. Orphelin de bonne heure
il était le plus jeune de sa famille, et cependant par
son travail, en service dans deux familles d'Aix
pendant vingt ans, c'est lui qui soutient et établit
ses frères et sœurs, ne gardant pour lui rien de ses
gages : et ainsi que nous le verrons plus tard, sa
sollicitude pour les siens ne s'arrêtera pas là, met-
tant en pratique les principes religieux auxquels il
fut toujours fidèle, il trouva dans sa foi simple et
robuste assez d'éloquente persuation pour instruire
et amener au baptême un jeune israélite de ses
amis, auquel il fit épouser sa sœur.
Plus tard, cette jeune femme mourut en laissant
trois jeunes enfants : Dagard se dévoua à ces infor-
tunés orphelins, auxquels il servit de mère, ayant
pour eux des soins inlassables : le peu d'économies
qu'il avait pu réaliser fut absorbé par ses charités.
Et, depuis quatre ans, ce fut encore une nouvelle
forme de sacrifice pour cet homme au grand cœur :
une tante âgée, impotente, alitée et que son état de
maladie a aigrie au point de désespérer toutes les
patiences, n'a que lui pour garde-malade de tous
- 93 -
les instants ; il n*a pas la liberté de la quitter cinq
minutes pour son travail, sans que des cris aigus,
des scènes terribles, le rappellent à son devoir
duquel tant d'autres se seraient affranchis. Devant
cette succession ininterrompue d'actes méritoires
nous avons tous estimés que le prix Rambot de
543 francs ne pouvait être attribué avec .plus
d'équité, et mettre cet homme charitable à même
de pouvoir se faire aider dans ses fonctions.
Le Prix Reynier de i.ooo francs est divisible, et
nous avons, après examen des titres des candidats,
cru devoir le répartir entre les trois lauréats dont
les noms suivent :
Mademoiselle Léoncie Arbaudf âgée de 55 ans,
est depuis trente ans au service d'une famille d'Aix ;
dans cette place, elle a fait preuve du dévouement
le plus absolu ; pendant de longues années elle a
prodigué ses soins à une jeune fille infirme, et ses
maîtres la considéraient comme une des leurs, son
désintéressement va jusqu'à se dépouiller d'une
partie de ses gages pour soulager des parents pau-
vres ; l'Académie, en la nommant la première lui
alloue un prix Reynier de 200 fr.. jugeant qu'il y
a lieu d'encourager une telle conduite, devenue si
rare parmi les serviteurs de nos jours, et de rendre
hommage à un dévouement qui ne s'est jamais
démenti.
Mademoiselle Eulalie Antoniettii née à Istres
en 1875, nous offre encore un exemple d'abnéga-
tion qui a été jugé digne d'encouragement et
d'hommage. — Eulalie a perdu son père de bonne
n
- 96 —
heure, et, dès lage de seize ans, est entrée au
service d'une vieille demoiselle, à qui elle s'est don-
née comme la fille la plus affectueuse l'eut fait pour
sa mère ! Sa maîtresse, âgée, infirme, est tombée
dans un grand dénuement, et vit d'une rente de
o fr. 50 par jour fournie par l'hospice d'Istres ; elle
n'a pu payer sa servante que pendant deux ans ;
depuis, c'est Eulalie qui rhabille, la porte, et qui
lui vient en aide par les maigres travaux de couture
qu'elle peut se procurer dans une ville de l'impor-
tance d'Istres, et voilà plus de quinze ans que dure
cette vie de charitable abnégation » d'autant plus
méritoire que Mademoiselle Antonietti, étant don-
né son âge, eût certes pu se créer une autre exis-
tence ; l'Académie, admirant un aussi beau dévoue-
ment, lui alloue un prix de 400 fr.
Le complément du prix de i.ooo francs de la
fondation Reynier, soit 400 fr., a été attribué aux
époux BarthélemyXjilleSi demeurant à Aix, rue
Fermée, âgés, Barthélémy Cyrille de 37 ans, et sa
femme, Gilles Marie, de 36 ans. Le père de cette
dernière devenu aveugle il y a 23 ans, a été soigné
avec le plus affectueux dévouement par sa fille,
encore enfant, puis quand elle épousa Cyrille, sim-
ple journalier, celui-ci n'hésita pas à se charger du
vieillard et à lui continuer les soins que lui avait
prodigués Marie ; mais des rhumatismes aigus, qui
le rendaient incapable de tout travail et le retinrent
de longs mois au lit, l'obligèrent à abandonner
la culture ; et actuellement le couple, qui a quatre
enfants, dont l'aîné à 1 1 ans, vit péniblement d'un
petit commerce de poisson; ils ont lutté tous deux
avec un courage auquel nous sommes heureux de
- 97 —
rendre hommage : et ce modeste prix sera le bien
venu dans cette maison d'humbles travailleurs.
En ce qui concerne les pensions ouvrières
de 200 fr. de la fondation Irma Moreau, TAca-
démie peut, cette année, disposer de cinq
pensions : quatre par suite de décès de titulaires :
Victorine Curet pensionnée en 1902, Marie
Chieusse et veuve Cavalier 1903, Mélanie Rabasse
1907 ; et une par suite de Taliénation d'un terrain
provenant du legs Moreau; ce qui porte à 21
le nombre des pensions actuelles, soit 1 1 dans
la première catégorie et 10 dans la deuxième.
Pour la première catégorie, Pères de famille
et Mère veuves, ii est alloue deux pensions
viagères.
L'une à la veuve Pauline Dedieu, née Pailhon,
âgée de 43 ans, à Saint-Remy de Provence,
mère de 7 enfants, dont Taînée à 19 ans et le
plus jeune 2 ans; son mari est mort le 13 décem-
bre 1907, laissant sans ressources sa veuve, qui
jouit à Saint-Remy, de Testime générale.
L'autre au sieur Henri Michel^ fermier aux Milles,
âgé de 42 ans, — Michel qui a 6 enfants, et qui a
recueilli deux neveux orphelins, n'a que de très
faibles ressources ; il a été longtemps sacristain à
l'église des Milles, et n'exerce plus même ces mo-
destes fonctions si peu rémunératrices.
Trois pensions de 200 fr. sont attribuées à la
deuxième catégorie, celle des Ouvrières âgées,
infirmes ou malheureuses,
SÊA5. PIBL. ACAD. — 1908 7
w
— 98 -
'La première à Mademoiselle Madeleine Chieussoy
à Arles, âgée de 6 1 ans ; TAcadémie a donné à
cette personne, infirme de naissance, dont l'état
^•' exige des soins constants, et qui est dans la misère
^,; la plue absolue, la survivance de la pension attri-
^' ' buée en 1903 à sa sœur Marie.
X>' La deuxième pension a été attribué à made-
^r moiselle Richaud Augustine^Elisabethi âgée de
:^;, 70 ans, habitant Aix, rue Jacques-de-la-Roque. —
/; Ancienne modiste, elle s'est vue obligée de
T . renoncer à son métier, pour soigner, pendant
jl vingt ans, sa mère atteinte d'une maladie nerveuse,
W' puis sa sœur, son frère, et elle est maintenant
réduite à vivre de la charité publique.
f- Enfin l'Académie ^ distingué pour la trosième
P^ pension Irma Moreau, Mademoiselle Mathilde
è- Jouynef âgée de 53 ans, demeurant à Aix, rue
??- Fermée. — Ouvrière depuis Tâge de 15 ans, elle a
^ dû, au bout de peu de temps se consacrer aux soins
^ d'une sœur frappée d'une maladie cérébrale à qui
5? elle s'est dévouée pendant quatorze ans, soutenant
J toute la famille par son travail ; puis sa mère, gra-
.^' vement malade, qu'elle soigna pendant quatre ans,
'^' sans presque prendre de repos , même la nuit ;
Q aujourd'hui. Mademoiselle Jouyne est infirme, a à
^. peine l'usage de ses mains, et est tout à fait hors
^ d'état de gagner sa vie.
j
l-
- 99 -
En terminant, nous exprimons de nouveau
le regret de n'avoir pu rendre hommage à d'autres
personne dont les traits de courage ou les actes
de dévouement auraient mérité au moins une
mention ; et surtout la tristesse que nous éprouvons
de ne pouvoir soulager plus de' misères, limités
que nous sommes, malgré la noble générosité des
testateurs qui nous ont confié le mandat d'exécuter
leurs charitables intentions.
Après cette lecture le docteur Aude, président, remet aux
lauréats leurs diplômes et leurs livrets en les félicitant
d'avoir mérité d'être distingués par TAcadémie.
A 5 h. 4|2 la séance est levée, après uue journée qui
marquera dans les fastes de l'Académie.
- iOO -
r*
t'X-
PRIX RAMBOT
Fondé en 4859, tiéicanl testament olographe du 25
août 1858, pour récompenser les actes de dévouemeni,
de courage, de désinléressemenl, les soins donnés à fa
vieillesse et à lenfanoe pauvre et abandonnée ,
Le prix liambet de 545 francs a été décerné à
cinquante lauréats de 1860 à 1908
Leurs noms ont été publiés dam les précédents
Sulletins ; nous donnons ci-dessous la Jiste des dix
4lerniers.
*
t*z
X^iste clos ILiau.r*éats
Depuis ÎS99.
^899. Mme Marie Roux, veuve Lombarb, d'Aix.
4900. M. Yves Lamoureux, d'Aix.
1901 . Le Comité de Sauvetage de la station deCarro,
commune des Martigues.
1902. Mlle Blanche AHÈifE, d*Aix.
4903. M. Marius Armakd, à Aix.
4904. M. Mathieu Jbauffret, Les Milles, commune
d'Aix,
4905. M. Louis-François Rbhusat, d*Aix.
4906. Mlle Victoria Rey. d'Aix.
4907. Mlle Ermance Mégy, d'Aix,
4908. M. Marius Dagard, d'Aix.
— lor —
II
PRIX REYNIER
Ce prix de 1,000 francs a été fondé en 4865, par
iestament olographe du 48 mars 186i, pour récom-
penser les actes les plus méritoires de dévoûinent, de
fAélité et de secours au malheur, les sains désinté-
ressés donnés aux infirmes et aux vieillards ainsi quà-
ienfaîice délaissée et pauvre.
Une partie de la somme est réservée pour les pères et
mères qui élèvent le mieux leurs enfants, c'est-à-dire,
d'une manière chrétienne, honnête et laborieuse.
Le prix Reynier a été décerné à cent dix
Lauréats de 1810 à 4908.
Comme pour le prix Rambot leur liste a été insérée
dans tes précédents Bulletins ; voici celle des dix
dernières années
4899.
1
1
1
4900.
' »
'■ »
Depuis 1899.
M. Natale Montbyerdb, des Martigues.
Mme veuve Màunier, de Roussel, canton
de Trets.
Mme Françoise Rochb, veuve Claude, de
Meyreuil, canton deGardanne.
Lesépoux G ALici AN- Philibert, à'Â'y
Mme veuve Grimaud, d'Aix.
Mlle MrciuELLE, à Ai\.
— 102 —
f 901 . Les époux Blanc -Royêse, d*Ais.
» Mlle Augastine Pelatier, de Poyloubier.
» Mlle Rose Bêraud, d*Aix.
1902. Mme Nègre, sœur SMgîîace, d'Aix.
9 Mlle Caroline Chalssegros, d^Aix. .
» Mme veuve MATmBu née Ripolet, d'Aix.
4903. Mlle Marie Chavb, à Aix.
» Mlle Alexandrine Roche, è Aix.
» Les époux RiGAUD, à Aix.
4904. Mme veuve Chakut, née Lombard, à Aïs
» Mme Blafc, née'Peloutîer, les PinchinaCs.
» Les époux Pepiko, à Aix.
1905. Mlle Thérèse Tempier, d*Aix.
» • Mlle Marie Ambeet, de Marcols (Ardècbe).
» Mme Chuzin, à A)x.
1906. Mme veuve Hérault, née Gai, à Aix.
» Mlle Augustine Socratb, à Aix.
» Mme veuve DioGfcxB, née Bonin.
1907. Mlle Julie Dêcoey, à Aix*
» Mlle Antoinette CojCstant, à Aix.
» Mlle Marie Joseph, dite Marie Olite, à Aix
1908. Mile Léoncie Arbaud, h Aix.
» Mlle Eulalie Antonibtti, d*Islres.
» Les époux Barthélémy- Gilles, à Aix.
- 103 —
PRIX IRMA MOREâU
PENSIONS ANNUELLES DE 200 FRANCS
Ces prix ont été fondés en 1899, par testament
de Mademoiselle Irma Moreau, du 7 janvier de la
même année, qui institw l'Académie sa légataire
universelle.
Ils sont destinés à offrir une récompense et procurer
un secours aux personnes particulièrement recom^
mandées par leur honnêteté et leur vertu notoires,
qui en seront les plus dignes et qui devront être choi^
sies dans les catégories suivantes :
V* Pères de famille veufs ou non , et mères de
famille veuves, connus comme gens malheureux ei
nécessiteux, exempts d* ivrognerie et autres vices, et
ayant au moins deux enfants ;
2^ Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie, ou
d'infirmité y ou de vieillesse, les mettant dans Fimpos--
sibiiité de subvenir à leurs besoins.
L'Académie a commencé à décerner ces prix en
4902.
1
- 104 —
des pensions ouvrières
r* CATEGORIE (Pères et léres de famine]
1902 4* M. Marius QUENIN, à Aix(7 enfanls) f septem. 1905
2* M. Eugène CASTOR, » (5 » )
3- M. Jules DÉCORY , » (5
4* M.' Isidore ROCHE . » (4
4903 5- M. Fidèle BONTOUX, » (5
6- M. SiméonFOUQUE,au
Pey-Biauc, (8
7« M. JeaDLARGUÈZE,àAix(4
8* Mme veuve BARNIER
née Alexis, à Luynes, (7
1904 9* M. Charles DESPLAS,
de Castres, (6
4905 10* M. Victorin GINIEZ,
à Galice. (8
4906 11*MmeVveMariusQUENL\ (7
12* MineLAUBBNT Vve Jules
DÉCORY (5
1907 13* Mme veuve TEMPIER
uée Tardieu (5
1908 14* Mme Pauline DEDIEU
née Phaillon de S-.Remy(7
1d*HiifRi MICHEL aux Milles (0
)tdcc. 1905
) t mare 1904
)
>
)
)
)
)
)t mars 1907
)
)
)
)
- 105 -
2-* CATEGORIE (OoTiiéres)
1902 !• Mlle Anaïs MELLY, à Aix.
2- Mlle Victoire OLLIER, » f sepleni. 1903
3* Mlle Augustine CURET, » f 1908
4* Mme ElisaCARLE veuve FAUDON, »
5- Mme Aogosline JOGERST, à Aljzer.
1903 6* Mme veuve CAVALIER
DéePoRTi, à Aix f 1908
7* Mme veuve POURCEL née Faique,
à Aîx
8' Mlle Marie ARNAUD, à Aix f mars 1907
9* Mme veuve BARBIER uée Aurbuge,
à Aix.
10* Mlle Marie CHIEUSSE,
à Arles-s/-Rhône. f avril 1907
1904 11- Mlle Marie CADENEL, à Eguilles. f Juin 1906
1906 12* Mlle Angèle CADEXEL à Eguilles,
13* Mlle Marie MÉOUVE, à Aix.
1907 14* Mlle Mélanie RABASSE, à Aix. y décem. 1907
1908 15* Mlle Madeleine CHIEUSSE, à Arles,
16* Mlle Augusline-Elisabeth RICHAUD,
à Aix.
17- Mlle Mathilde, JOUYNE, à Aix
- 106 —
BUREAU DE L'ACADÉMIE
(4907-1908)
Président M. le Docteur Aude.
Vice-Président M. le Comte de BoifimcoRSE,
Secrétaire perpétuel. . M. le Baron Guillibert.
Secrétaires anntiels., M. Edouard Aude.
— M. Gustave Retnaud.
Archiviste M. le Marquis d'iLLE.
Bibliothécaire M. L. de Bresc.
Trésorier M. Mouravit.
--<>
— i07 —
Dans sa séance du 5 niai 1908 rAoadéniic a offert à son
Président le docteur Aude, une médaille commémorntive du
Centenaire portant d'un côté les Armes de la Ville et de
VXcadémie d'Aix, et l'autre cette inscription :
Fête du Ckntknairb (1777-1808-1908)
A LEUR Président, le Docteur Aude,
Les Membres de l'Académie des Sciences
Agriculture, Arts et Belles-Lettres
d'Aïx
M. Soubrat, doyen des anciens Présidents, a prononcé le .
discours suivant:
Monsieur le Président,
Veuillez me permettre, en ma qualité de doyen
des anciens présidents de l'Académie, de vous dire,
au nom de tous nos confrères, les souvenirs
ineffaçables que nous ont laissés et les sentiments
de profonde gratitude que nous ont inspirés pour
vous les fêtes du Centenaire de la Reconsti-
tution de notre Société. La célébration de cette
date si mémorable pour nous tous, Aixois d'ori-
gine ou d'adoption, vous a fourni une de ces
occasions que vous avez toujours recherchées,
avec un zèle passionné, de prouver votre dévoue-
ment à notre Compagnie, inséparable dans votre
— 108 -
cœur de lamour que vous portez à la vieille cité
Provençale, votre Patrie. Et certes nos confrères
furent bien inspirés le jour où ils vous appelèrent
une fois de plus à' les présider et vous confièrent
ainsi la mission délicate de les représenter en ces
circonstances exceptionnelles, de parler en leur
nom aux nombreux et très distingués délégués des
Sociétés savantes correspondantes de la nôtre, de
rappeler, à travers une existence séculaire et qui
ne fut pas sans gloire, l'œuvre scientifique et litté-
raire de TAcadémie d'Aix et ses titres divers au
respect de tous et à Testime du monde savant.
Vous Tavez fait, Monsieur le Président, avec
une dignité, un tact et une courtoisie qui n'ont
surpris aucun de ceux qui vous connaissent. Je
n'en veux rien dire de plus à cette heure, mais ce
que je ne puis passer sous silence c'est l'œuvre
magistrale par laquelle vous avez ouvert notre
Séance publique, votre notice sur la vie et les
travaux de Mignet.
Je ne sais ce qu'il en faut louer le plus, du sens
critique si sûr et si délicat qui distingue votre dis-
cours, ou du style dont vous avez su revêtir vos
appréciations et votre récit. C'est d'ailleurs avec
une vérité absolue que vous avez fait revivre
devant nous l'attachante et sereine physionomie
de l'Historien éminent, du penseur et du sage que
fut Mignet, et résumé son œuvre si considérable
où se reconnait si bien le génie de la langue et de
la pensée Française, tout de noblesse, de netteté,
de goût et d'harmonie. Mais ce que vous seul
pouviez faire, vous y avez ajouté une foule de
traits du caractère et de la vie intime de celui qui
vous honora d'une amitié constante et fidèle et
tjui nous ont révélé un Mignet, Provençal et
Aixois dans Tâme, attaché à nos souvenirs, à tou-
tes nos traditions, et jamais plus heureux que lors-
qu'il pouvait annuellement se retremper dans les
joies familières et les vieilles et douces relations
qu'il retrouvait au pays natal.
Le nom de Mignet, celui de Thiers, presque
son frère par Tesprit et par l'indissoluble affection
qui les unissait, nous rajjpelle encore un de vos
titres à notre reconnaissance. Comment oublier,
en effet, les deux magnifiques dotations dont
TAcadémie a bénéficié dans ces dernières années,
et ce que vous avez ainsi ajouté à ses titres d'hon-
neur et à ses richesses ? Car c'est bien à vous
que nous les • devons, à votre sollicitude affec-
tueuse, à votre éouci constant de ce qui peut
illustrer notre Compagnie et la seconder dans
l'accomplissement de sa haute mission scientifique
et moralisatrice.
Ne dois-je pas rappeler encore entre tant
d'autres preuves que vous nous avez données de
votre patriotisme et de votre amour du bien
public, la part prépondérante que vous avez prise
à la fondation et à l'organisation technique du
Muséum d'histoire naturelle, un des plus beaux
fleurons de la couronne Aixoise ? L'Académie fut
heureuse de s'y associer et ses Mémoires font foi
de l'intérêt qu'elle y prit et de l'importance de
cette œuvre qui fut encore bien la vôtre.
Je ne ferai d ailleurs qu'exprimer le sentiment
public conforme à celui de vos confrères, si j'attri-
bue tous ces témoignages de votre généreux
civisme à une influence vraiement atavique, autant
qu'à votre inclination personnelle.
- HO —
Le dévouement à notre Académie et à notre
Cité est en effet traditionnel dans votre famille et
les nouveaux et précieux exemples que vous en
avez donnés n'ont fait que resserrer le lien qui
nous unit depuis longtemps dans une commune
reconnaissance et dans le respect dont votre nom
est entouré. Vous représentez, en effet, à nos yeux
la troisième génération de bienfaiteurs dont notre
ville et l'Académie peuvent s'enorgueillir, et déjà
la quatrième, dont il plaira à Dieu de vous laisser
jouir longtemps encore avec nous , creusant et élargis-
sant le sillon que vos pères et vous-même avez tracé,
s'est acquis des titres sérieux à notre affectueuse
estime par son intelligente et dévouée collaboration
et par la création d'un enseignement historique et
artistique, dont l'éclat n'a eu d'égal que le succès.
L'Académie n'a pas voulu que les fêtes du Cen-
tenaire de sa Reconstitution, dont le succès et
l'honneur vous reviennent pour la plus large part,
ne laissassent dans nos relations confraternelles
d'autre trace, d'autre témoignage de notre grati-
tude que les remerciements que je m'estime très
honnoré et que je suis si heureux de vous adresser
en son nom. Avec une spontanéité unanime elle
a désiré qu'un souvenir personnel vous en fût
offert, sous la forme d'une médaille que je suis
chargé de vous remettre et que vous voudrez bien
accepter avec les mêmes sentiments qui nous en
ont inspiré l'idée, ceux d'une mutuelle estime et
d'un absolu dévouement. La dédicace qui y est
inscrite a dû affecter la forme et le laconisme
du style lapidaire, mais vous saurez lire entre
les lignes et vous y verrez surtout l'expression
sincère de notre affectueux respect et de notre
reconnaissance;
-m -
M. le chanoine Gherrier, doyen de rAcadémie, s^esi ensuite
exprimé en ces termes :
Monsieur l£ Président,
Permettez-moi d'invoquer mon titre de membre
le plus ancien de notre Société, pour dire un mot
de sympathique adhésion.
Je crois être l'interprète du sentiment général
en affirmant l'unanimité des applaudissements aux
paroles élevées et à l'acte honorifique du vétéran
de la Présidence.
A M. le docteur Aude revient le mérite de la
parfaite ordonnance, de la tenue distinguée, de la
splendeur littéraire qui ont été les notes signaléti-
ques du Centenaire de l'Académie d'Aix.
M. Reynaud, secrétaire, a lu, au nom du baron Guillibert»
secrétaire perpétue], ce sonnet:
Très honoré, cher Président,
Privé de me rendre en séance.
Veuillez excuser mon absence.
Mais par le cœur je suis présent.
Si jamais en plein, notre dette
Ne peut envers vous s'acquitter
Laissez-nous au moins l'exprimer :
Notre gratitude est complète.
^
- 112 —
Que ce modeste souvenir
De respect, de reconnaissance
Vous en témoigne l'assurance
Dans le présent et Tavenir.
Aix, le 5 niai 1^08.
Le Secrétaire Perpétuel
Baron Guillibert.
Dans la séance du 12 miii, M. le docteur Aude, président,
a remercié en ces termes ses confrères de la médaille qu'ils
lui avaient offerte et des paroles qui Tavaient accompagnée :
Mes chers Confrères,
Dans notre dernière séance je n'ai pu vous
exprimer toute ma gratitude pour votre indulgente
bienveillance à mon égard, et vous dire combien
je suis touché du précieux souvenir que vous
avez voulu me laisser du Centenaire de notre
Académie.
Vous avez considéré comme un service ce qui
était l'accomplissement d'un devoir et vous me
remerciez d'avoir accueilli, comme ils devaient
l'être, les distingués délégués qui nous ont fait
l'honneur d'assister à notre fête.
Vous me permettrez de vous dire que chacun
de vous en eût fait autant, parce que la personna-
lité s'efface devant la fonction et qu'il suffit d'être
assis à ce fauteuil pour s'inspirer des nobles tradi-
tions de dignité, de tact et de courtoisie qui sont
l'héritage de nos devanciers.
- 113 -
Dans une Compagnie, où la culture des lettres
et des beaux-arts, le soin d'exécuter fidèlement
d'humanitaires volontés ont constamment dominé,
Tesprit se détache de toute autre préoccupation et
s'identifie avec l'essence même du but à atteindre
en lui empruntant une élévation qui rend facile le
devoir.
De magnifiques fondations littéraires ont, dans
CCS derniers temps, donné à notre Compagnie un
lustre dont elle s'enorgueillit à juste titre. Vous
pensez que j'en ait été l'inspirateur. Mon rôle s'est
borné cependant à vous les apporter au nom de
ceux qui les avaient décidées. Le prix Thiers est
un pieux souvenir de Mademoiselle Dosne destiné
à commémorer parmi nous les premières couron-
nes littéraires que l'Académie a décernées à l'illus-
tre homme d'Etat, et le prix Mignet en a été le
corollaire. Le docteur Evariste Michel a voulu
consacrer une fois de plus l'indissoluble union
de Thiers et de Mignet, ne pas séparer leurs
noms de notre souvenir, et affirmer son sincère
attachement à sa ville natale. Si de très anciennes
relations de famille m'ont permis d'être l'inter-
médiaire de Mademoiselle Dosne et de notre
confrère, c'était là pour moi, une tâche toute
indiquée, très agréable mais sans mérite pour le
Président de l'Académie.
Vous en avez jugé autrement et, avec une
délicatesse dont je suis fort touché vous rappe-
lez que mes ascendants et mon fils ont contri-
bué, autant qu'il était en leur pouvoir au bon
renom de notre chère ville d'Aix et de son
Académie, qui est la jalouse gardienne de ses goûts
Sf.AN. IMBL. ACAl). 1908 H
- Il-i -
séculaires pour les lettres, les sciences et les
arts.
Aussi dois-je considérer le précieux souvenir
qui me vient de vous, non comme mien seule-
ment, mais comme un joyaux de famille que
nous conserverons ainsi qu'on garde et on se
transmet un titre de noblesse dans une maison.
Le doyen de l'Académie, le doyen des anciens
Présidents, notre cher secrétaire perpétuel ont été
vos interprètes et m'ont adressé les paroles les
plus flatteuses. Je les en remercie, vous tous aussi,
mes chers confrères, et croyez bien que je ne
saurais oublier cette journée du 5 mai 1908 où
vous m'avez grandement honoré.
Une réplique en bronze de la médaille offerte) au docteur
Aude a été déposée dans les Archives de TAcadéroie, une
autre au Musée de la Ville.
ACADEMIE D'AIX
Sdi^^ Séance Rublique
se MAI leoo
SÉANCE PUBLIQUE
*" (ÎS- LETTRE
L'ACADÉMIE
tQXJE
SES
SCIENCES, iGBICCLTCRE. iRTS
lATRE-VINGT-
ET BELLES -LETTRES .adémie d'Aix a
LA Grand'Salle
•ROIT.
D'AIX
lie.
Docteur Aude,
Président de la
acteur Evariste
Académie; les
orrespondanls,
»ll-ES-i.otisr, .oralmNaquet;
P.tL lOCIM-i 1„.,„„ ,«r.Offl»iersde
' '""■"" " i»<.„„ d, dont l-éloge
ACADEMIE
DES SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS et BELLES- LETTRES
D ' A I X
89™ SÉAIVCE PUBLIQUE
Le Mercredi, 26 Mai 1909, la quatre-vingt-
neuvième SÉANCE Publique de l'Académce d'Aix a
iTÉ tenue, a quatre HEURES, DANS LA GrAND'SaLLE
DE L'UnIVERSILÉ, a LA FACULTÉ DE DrOIT.
Une nombreuse assistance remplissait la salle..
Sar Testrade, à côté du Président, H. le Docteur Aude,
avaient pris place: MM. Giraud, Premier Président de la
Cour d*Appel ; Cabassol, ancien maire ; le Docteur Ëvariste
Michel, tous trois membres d'honneur de l'Académie ; les
Membres titulaires, honoraires, régionaux, correspondants,
présents à Aix.
Aux fauteuils : M. le Premier Président Honoraire Naquet ;
M. Bry, Doyen de la Faculté de Droit ; plusieurs Officiers de
la garnison; la famille du Docteur Goyrand, dont Téloge
allait être prononcée ; divers fonctionnaires.
— 6 -
Dans la salle : un grand nombre de Daines, de jeunes
Filles; les familles, les amis de ceux qui étaient lauréats
des Prix de Venu et des Pensions Irma Horeau.
Le Président déclare la séance ouverte et prononce le
discours suivant :
JuE
Docteur GOYRAND
1803 - 1866
MESDAMES,
Messieurs^
L'Académie d'Aiix a célébré, Tan dernier, lè^
Centenaire de sa Reconstitution; elle ouvre au-
jourd'hui sa 89" Séance publique.
Dans ce siècle bien des discours ont été
prononcés devant vos devanciers par les nôtres —
Les lettres, les sciences, l'agriculture, les beaux
arts ont été loués par des orateurs qui s'appelaient
Portalis Tancien, Fauris de Saint- Vincens, Charles
Giraud, de Saporta, de Ribbe, de Berluc-Pérussis,
de Selle. — Vouloir rééditer leurs savantes dis-
- 8 -
sertations serait une entreprise bien osée, et,
puisque notre règlement vous impose Taudition
d'un discours d'ouverture, que votre courtoisie
sait toujours écouter patiemment, je me permettrai
de laisser aujourd'hui de côté les lettres, les
sciences, l'agriculture et les arts, pour rappeler
à votre souvenir un homme dont la ville d'Aix
a justement le droit d'être fière.
Elle en a ainsi compté beaucoup, notre chère
ville d'Aix. — Les uns ont gagné la grande
célébrité, qui franchit toutes les barrières, tels
sont, pris au hasard du souvenir, Peiresc,
Vauvenargues, Mirabeau, Thiers, Mignet, pour
ne citer que les derniers. — D'autres, d'une
valeur peut être égale, sont demeurés dans la
petite patrie, renonçant de leur plein gré à
l'illustration qui les attendait sur un plus grand
théâtre.
Parmi eux a été le docteur Goyrand.
V^ous n'avez pu le connaître. Mesdames,
puisqu'il est mort il y a plus de quarante ans,
mais vos mères vous ont assurément parlé de
lui, comme du bon génie de la maison.
Faire revivre cet homme de bien au milieu
de nous me semble une tâche qui rentre dans
le cadre où il plait à l'Académie de se mouvoir.
C'est aussi l'hommage respectueux d'un élève
à son premier maître, le faible tribu de recon-
L
— 9 —
naissance d'un fils envers le plus fidèle ami de
son père, et son collaborateur dévoué aux affaires
municipales, envers le médecin qui, pendant
de longues années, ne délaissa pas le chevet du
lit de sa mère.
Ni le temps, ni les circonstances, mêtne les
plus déconcertantes, ne sauraient attiédir des
souvenirs pareils.
Le docteur Goyrand, (Jean - Gaspard - Biaise),
est né à Aix le 14 pluviôse an XI (3 février 1803) ;
il était le fils d* Antoine Gabriel etdeMarie-Victoire-
Eulalie Ravanas.
Son père, notable .bourgeois, émigra au com-
mencement de la Révolution, se fixa à Florence,
puis à Ron^e où ses goûts artistiques le décidèrent
à résider. Il employa ses loisirs forcés à Tétude
des grandes œuvres qui l'entouraient. Reniré
à Aix, il s'adonna à la peinture, produisit un
certain nombre de tableaux religieux fort remar-
qués, entre autres la mort de saint Joseph,
conservé dans l'église du Saint-Esprit, une
adoration de l'Agneau Pascal, qui, de l'église
de Saint-Sauveur, fut placé dans la galerie de
l'Archevêché. — On lui doit aussi une composition
dont la gravure, de David, sert de frontispice al-
légorique à « ïessai sur l'Histoire de Provetice,
de Bouche, neveu » Elle représente la Provence'
couronnée, offerte à Louis XI par Palmède de
- 10 —
Forbin. Un amour, derrière elle, a, dans les
mains, une corne d'abondance d*où sortent des
céréales, des fruits, des fleurs symbolisant les
richesses agricoles de la nouvelle province.
Dans le fon4 on entrevoit la mer couverte de
navires.
Un grand oncle paternel de Goyrand avait
jadis occupé une place prépondérante à la
Faculté de médecine d*Aix, du temps de la
célèbre Université dont notre éminent et si
regretté confrère, M. le recteur Belin, a écrit
l'histoire.
Après avoir fait ses études classiques au
séminaire et au collège Bourbon, Goyrand fut
successivement externe et interne dans les hôpi-.
taux d'Aix, d'Arles et de Marseille. Il partit, en
1826, pour Paris, avec un de ses compatriotes,
Vidal de Cassis, qui devait plus tard laisser
aussi un nom distingué dans la science et publier
des ouvrages classiques, avec la collaboration de
Goyrand.
C'était l'époque la plus brillante de l'ensei-
gnement de Dupuytren. Les deux jeunes Proven-
çaux s'attachèrent au service de l'illustre maître
de l'Hôtel-Dieu, furent ses élèves les plus assidus,
les plus enthousiastes.
Dans la foule des étudiants qui suivaient les
visites et la clinique de Dupuytren, Goyrand se
- 11 -
lia avec Velpeau, Malgaigne, Denonvilliers,
Nélaton, et d'autres futurs maîtres. Avec Vidal
de Cassis il collabora au célèbre journal fondé
par Fabre. La Clinique des Hôpitaux de la Ville,
y rendant compte des leçons entendues, des
opérations pratiquées sous ses yeux.
Après deux années d'aussi fructueuses études,
Goyrand fut reçu docteur, à Paris, en 1828. Sa
thèse avait pour sujet La Cystotoinie-suspubienne.
Il fit plus tard, sur la même question, de savan-
tes communications à F Académie de Médecine.
De retour à Aix il concourut pour l'emploi
de chef interne et fut nommé, le ler octobre 1828,
malgré le nombre et la valeur des concurrents. Il
remplit ces fonctions pendant six années, devint
médecin en chef et, en 1837, chirurgien en chef
des hôpitaux, au moment de la retraite du docteur
Guiran, son beau frère. En 1865, une année avant
sa mort, la maladie obligea Goyrand à délaisser
pour toujours un poste qu'il occupait depuis
trente ans, où ses travaux lui avaient valu le nom
de chirurgien d'Aix.
Cet hôpital d'Aix avait alors une importance
aujourd'hui diminuée. Outre les malades de la
ville, les services des enfants et des vieillards
recueillis dans la maison, la maternité, le dis-
pensaire, il recevait, de toutes les communes
voisines, les blessés et les cas chirurgicaux qui,
- 12 -
faute de médecin ou de ressources, ne trouvaient
pas chez eux les soins nécessaires : c'était un
hôpital régional ; les salles en étaient toujours
encombrées, et de plus le service militaire était
aussi confié aux médecins de rétablissement.
Le champ d'observation était donc considérable.
Goyrand y rencontra les cas les plus variés, les
plus difficiles, ceux où la perspicacité du chi-
rurgien peut sauver bien des existences. Sa valeur
scientifique, acquise par le travail, basée sur des
connaissances très exactes de Tanatomie normale
et pathologique, lui donnaient une grande supé-
riorité. Il avait de plus ce tact professionnel
qui rend le diagnostic prompt et sûr. Comme
Ta dit le docteur Payan, une étincelle de ce génie
qui crée et perfectionne inspira à Goyrand des
aperçus nouveaux et des procédés opératoires
auxquels son nom est désormais attaché. Son
esprit, fécond en ressources, possédait ce juge-
ment droit, cette honnêteté de Thomme qui sait
toujours placer rintérêt du malade au-dessus
du souci de sa réputation. Il savait que les
efforts du vrai clinicien doivent tendre sans cesse
vers la conservation, aussi ne se décidait-il pour
l'opération qu'après en avoir consciencieusement
discuté la nécessité.
La finesse de son examen, l'exactitude de
ses appréciations, l'assurance de ses manœuvres,
- 13 -
firent de Goyrand un opérateur prudent, hardi,
ingénieux, sûr de sa main qui ignora toujours
les aventures périlleuses de l'imprévu et de la
maladresse. Sa maîtrise saffirmait surtout dans
ces cas inextricables, où les complications
masquent la maladie principale. Par le raison-
nement il restituait à chaque symptôme sa valeur
propre, et par de savantes déductions, il dégageait
le diagnostic des difficultés qui Tobscurcissaient.
Un hommage bien flatteur lui fut rendu par
Sichel, célèbre oculiste de Paris. La femme d'un
haut magistrat de notre ville, atteinte de cataracte,
se rendit à Paris pour se confier aux soins de
Sichel. L'éminent praticien, sachant d'où venait
cette malade, refusa de l'opérer, lui disant :
< Quand on a, à Aix, un chirurgien tel que
Goyrand, on ne vient pas à Paris ; rentrez chez
vous, il vous opérera ». La malade suivit ce
conseil et Goyrand lui rendit la vue.
Son œuvre chirurgicale est considérable. Eparse
dans les Mémoires de l'Académie de Médecine,
ceux de la Société de Chirurgie, disséminée dans
un grand nombre de recueils périodiques, ou iné-
dite, elle forme un ensemble que son neveu et son
gendre, le regretté docteur Silbert, a pieusement
réuni dans un volume publié en 1870. Il a pour
titre: « Clinique chirurgicale du docteur Goyrand,
d'Aix ».
— u —
J'ouvrirai discrètement ce livre à votre inten-
tion, ne voulant pas vous fatiguer d'expressions
techniques, de phrases hérissées de mots abstraits,
dont le sens n*est connu que des seuls initiés. Une
causerie médicale ne déplaît cependant pas aux
gens du monde, désireux de connaître les progrès
de la science humanitaire par excellence, heureux
de n'être atteints d'aucune des infirmités dont le
tableau est mis sous leurs yeux.
A présent chaque partie de notre être, fût-elle la
plus minime, a ses médecins et ses, chirurgiens
attitrés. Les spécialistes se disputent le nez, les
yeux, les oreilles, les membres, tous les organes,
et malheur au confrère qui marche dans les plate-
bandes du voisin. Cette division du travail, s'il
m'est permis de m'exprimer ainsi, a pour résultat
de concentrer toutes les études d'un médecin sur
un seul sujet, de le rendre par suite plus apte à le
bien connaître, et plus efficacement secourable au
malade.
Mais, à l'époque de Goyrand, Paris seul possé-
dait des spécialistes ; le médecin de province était
obligé de pratiquer la médecine dite générale, celle
qui s'occupe de tous les cas, sans exception.
La clinique de Goyrand en est la preuve. Les
observations, les méthodes, les procédés qu'il a
modifiés ou créés s'adressent à tous les organes à
toutes les régions. Connaissant les travaux de ses
o -
devanciers il suppléait à leur insuffisance et sou
mettait ensuite à TAcadémie de -Médecine, à la
Société de Chirurgie les moyens employés et le
résultat obtenu.
Les fractures, les luxations, la rétraction per-
manente des doigts, les corps étrangers articulaires,
les déplacements internes, les néoformations furent
l'objet de mémoires qni fixèrent sur Goyrand
lattention des Corps Savants et le placèrent à côté
de Velpeau, de Malgaigne, de Nélaton, les grands
chirurgiens de Tépoque. Chaque fois que Goyrand
paraissait à F Académie de Médecine, son ami
Velpeau ne manquait pas de lui dire: « Votre
place est ici, venez à Paris, vous serez un des pre-
miers parmi nous ». Et Goyrand restait à Aix.
Un de ses mémoires produisit, lors de son appa-
rition, un vif intérêt. Il introduisait dans la science
la méthode des incisions sous cutanées, rendant
exemptes de tout danger les opérations qui, prati-
quées au dessus des téguments, étaient souvent
mortelles avant la découverte de Tantisepsie.
•L'éminent professeur de Lyon, Bonnet, dans
son traité des maladies des articulations, s'exprime
ainsi ; « Nous avons à signaler les travaux si re-
> marquables du docteur Goyrand, d'Aix. — C'est à
> lui qu'est dû le traitement des hydarthroses par
> la méthode sous-cutanée, traitement ingénieux
> qui n'expose à aucune suite fâcheuse. — On lui
- i6 -
» doit aussi Textraction des corps étrangers, une
» application nouvelle des principes généraux de
» la méthode sous-cutanée ». A dix ans de là le
docteur Chassaignac, publiant un travail sur la
même question, établissait l'excellence de la mé-
thode proposée avec tant de succès par le chirur-
gien d'Aix. Enfin, Ollier, de Lyon, donne le titre
de méthode de choix pour l'extraction des corps
étrangers articulaires, à celle qui a été préconisée
par Goyrand, parce que, dit-il, elle est la plus
rationnelle.
De telles appréciations, formulées par les
sommités* chirurgicales, sont* tout à Thonneur de
notre compatriote.
Le collodion, découvert, en 1845, P^^ Mainard,
de Boston, fut longtemps encore ignoré comme
agent de réunion des plaies. C'est Goyrand qui
remploya le premier pour certaines blessures
nécessitant avant lui la suture sanglante ; il la
remplaça par cette suture sèche qui ne provoque
aucune douleur. Son procédé fut immédiatement
adopté par les chirurgiens.
Goyrand suivait un jour la clinique de Velpeau,
à la Charité. Le professeur exécuta plusieurs opé-
rations. Il restait un homme affecté de cataracte
double, Velpeau opère l'œil droit et confie le gau-
che à Goyrand, en lui demandant d'appliquer le
procédé qui lui était personnel. Devant une nom-
- 17 -
breuse assistance Goyrand décrivit d'abord tous
les temps de Topération et pratiqua ensuite, séance
tenante, l'extraction du cristallin.
Si je ne craignais de vous faire frissonner,
Mesdames, je vous parlerais encore d'une foule
d'opérations "qui accrurent la réputation de
Goyrand. Le docteur Silbert a publié 75 observa-
tions inédites du chirurgien d'Aix, relatives à ces
déplacements internes, étranglements viscéraux
qui se produisent subitement, menaçant à très bref
délai la vie du malade. Il faut agir vite, avec réso-
lution et grande prudence. Goyrand y excella, ins-
tituant, suivant les cas, de nouveaux procédés
devenus désormais classiques.
Il professait une grande admiration pour Franco,
célèbre lithotomiste provençal du XVP siècle.
Franco avait substitué aux appareils usités avant
lui une méthode que Goyrand fit revivre, après
trois cents ans d'oubli, et dont il se servit chaque
fois qu'il en eut l'occasion.
Si les travaux de Goyrand lui ont valu une
grande notoriété scientifique, ils attirèrent au pra-
ticien l'absolue confiance de ses concitoyens.
Formé à cette école du chef internat, malheureu-
sement supprimée, qui, de tout temps, a donné à la
ville d'Aix d'éminents médecins, Goyrand vit, de
bonne heure, une nombreuse clientèle se grouper
autour de lui.
SÉAN. PUBL. ACAD. — 1909 ^
- 18 -
D'un commerce facile, agréable, sympathique à
tous par sa correction, son éducation, sa bien-
veillance, surtout par sa patience, sa bonté envers
les malades, il était véritablement ce médecin de
la famille qui en devient l'ami, le consolateur, et
souvent le conseil. Il proportionnait-ses soins, non
d'après la fortune, mais en raison de la gravité du
mal. Très occupé en ville, souvent appelé dans un
*rayon étendu, il avait encore le temps de remplir
ses devoirs de société, de fréquenter le théâtre,
i.qu*il aimait, et prenait sur son sommeil pour rédi-
ger les observations recueillies dans la journée.
Doué d'un esprit fin, légèrement teinté de malice,
il avait le trait facile et le décochait volontiers sur
les malades, qui ne le sont pas, et assaillent le
médecin, nuit et jour, partout. On attribue à
Goyrand une anecdote bien dans son caractère.
Une de ses clientes qui, ayant franchi Tâge canoni-
que, s'était adonnée aux pratiques de 4a dévotion,
ne manquait jamais, lorsqu'elle rencontrait Goyrand,
de l'arrêter pour lui renouveler mystérieusement
'le tableau de souffrances imaginaires et lui deman-
der la consultation de la rue, chère à certains
clients. Le médecin usa longtemps de patience,
mais un dimanche, rencontré sur la place des Prê-
cheurs, au moment ou de nombreux fidèles sortaient
de l'église, il écouta les doléances habituelles et,
lorsque l'importune l'eût quittcS Goyrand la
— 19 -
rappela par son nom et lui dit, à très haute voix :
c Mademoiselle, chaque matin, n'oubliez pas de
prendre un.... ». Molière, dans Le Malade Imagi-
fmire, a dit, en latin, ce que Goyrand conseilla en
français ; et cependant, malgré cette autorité, je
n'aurais pas osé vous mettre ainsi sur la voie de
cette intime prescription, si les Académies de pro-
vince ne pouvaient s'appuyer sur un exemple
récent donné par leur illustre aînée, l'Académie
Française. Sous la coupole de l'Institut, Jean Riche-
pin, nouvellement élu, n'a pas craint de parler
de la muse un peu trop fortement en gueule.
La cliente de Goyrand se perdit dans la foule
et fut pour toujours guérie de sa manie, de ses
maux sans doute aussi.
Divulguer un pareil mode de traitement n'est
pas manquer au secret professionnel et mes
confrères ne m'en voudront pas d'entrouvir le for-
mulaire dont ils usent parfois envers des clients
trop exigeants.
Aix a conservé le souvenir du dévouement de
Goyrand pendant les épidémies de choléra qui
s'abattirent sur la ville en 1835, 1837, i854.Vidal,
de Cassis, le docteur Pécoul, un Aixois dont le fils
est un généreux Mécène pour nôtre bibliothèque
et nos musées, vinrent spontanément offrir leurs
services à la municipalité, dans la terrible épidémie
de 1835 ^t s^ joignirent à Goyrand, aux autres
— 20 -
'Oiédecins d'Aix, pour combattre le fléau. A peine
terminée à Aix l'épidémie éclata avec violence à
Lourmarin où Goyrand se rendit et demeura
jusqu'au dernier cas.
Très récemment, un journal d'Aix évoquait la
mémoire du docteur Goyrand : « A une époque
de calamité, disait-il, Goyrand avait Toeil sur tout ;
^grands et petits étaient Tobjet de sa sollicitude,
^mais il était surtout bon pour les pauvres et les
-déshérités. C'était, en un mot, le type du philan-
thrope. 11 savait deviner les misères et les soulager
avec le tact de l'homme délicat et discret. Si le
salaire de l'ouvrier n'était pas suffisant pour
nourrir la famille, il le complétait de son mieux.
La Ville s'est honorée en donnant le nom de
Goyrand à la rue voisine de la maison qu'il
habitait ».
Goyrand prit aussi part aux affaires de sa ville
natale. Nommé quatre fois adjoint, de 1838 à 1848,
il apporta dans ces fonctions la même conscience
qu^il .mettait à l'exercice de sa profession. Nos
édiles étaient alors un notaire, un médecin et un
ancien pharmacien des armées du premier Empire :
et l'on disait plaisamment que la Mairie se rencon-
trait parfois auprès d'un malade, chacun de ses
membres remplissant son ministère. Dans les dis-
cussions relatives à l'hygiène, à la santé publique,
Goyrand intervenait avec sa compétence et son
_ <^l
opinion, fort écoutée, était toujours suivie. Il était'
ainsi utile à la généralité, comme il l'était à tous
en particulier.
Médecin inspecteur des eaux thermales, il fit
adopter plusieurs améliorations utiles aux malades
et favorables à rétablissement. A cette époque
parut le guide pratique des eaux minérales du
docteur Constantin James. L'auteur, . à l'article des^
bains Sextius, disait : « Aix est aujourd'hui plus
•
célèbre par ses huiles que par ses eaux ». Goyrand
écrivit au docteur Constantin James, lui donnant
toutes les raisons de composition chimique qui
rendaient nos eaux très efficaces dans certaines
maladies, et lauteur, convaincu, promit de suppri-
mer la phrase humoristique, des éditions suivantes.
Pendant plus de quinze années Goyrand fut
vice-président de la Commission du Musée et de
*1 école de dessin. Très cclairé sur les questions
^ d'art, très connaisseur, il était, en quelque sorte..
le trait d'union entre son père, artiste de talent,
possesseur d'un cabinet réputé, et José Silbert, son
petit-fils, dont le mérite de peintre est si justement
apprécié. C'est surtout par le goût des beaux arts
que se manifeste l'atavisme.
Les distinctions honorifiques ne tardèrent pas à^
consacrer la réputation du docteur Goyrand. Dès
1834, l'Académie de Médecine l'avait élu membre
correspondant. En 1862 elle se l'attacha plus étroi-
— ^2 —
tement par le titre d'Associé National attribué, en
France, à dix médecins seulement. A Télection,
Goyrand réunit 44 suffrages. Ses concurrents
étaient deux personnalités bien connues, Mirault,
d'Angers, et Stolz, professeur à la Faculté de
Strasbourg. Membre correspondant de la Société
de Chirurgie, des Sociétés de Médecine de Lyon,
Marseille, Poitiers, honoré d'une médaille d'argent
après le choléra de 1835, d'une médaille d'or après
l'épidémie de 1854, il ne manqua à Goyrand
qu'une distinction nationale, celle de la Légion
d'Honneur qu'il avait cependant bien méritée,
a dit le docteur Payan , sur sa tombe, « par
> quarante années d'hôpital, en combattant trois
» épidémies, portant haut et» dignement le titre
» de chirurgien, en publiant d'importants travaux
» qui l'ont classé parmi les illustrations chiiur-
}^ gicales de. son époque 2>.
Ses concitoyens l'ont grandement consolé de
cet oubli des pouvoirs publics, par leur affection,
de son vivant, la respectueuse déférence dont
ils entourent encore son nom. Les qualités qui
le distinguèrent, les services qu'il a rendus à la
science et à l'humanité ont fait de lui une person-
nalité dont l'empreinte est a jamais marquée
dans l'histoire de la Ville d'Aix.
SUR LES
RRIX DE VER
U
RAMBOT, REYNIBR & HENRIETTE RAYON
ET LES
PeMoHS OiïïièTes IRMA MORËAU
PAR
M. JAUFFRET, avocat à la Cour
Mesdames,
Messieurs,
C'est à propos de gens simplement vertueux-
que je viens m'excuser de retenir quelques instants
encore votre attention bienveillante ; et vous ex-
cuserez sans doute mon indiscrétion en pensant
que ces prix distribués nous en serons quittes avec
la vertu jusqu'à Tannée prochaine.
Ce qui frappe — et ce qui me ravit — dans
Texamen des dossiers que l'Académie a chargé
son rapporteur de vous présenter, c'est l'absence
d'héroïsme. La vertu héroïque est à la portée de
trop de gens. Sacrifier sa vie devant un peuple
assemblé, au milieu des applaudissements d'une
foule, c'est après tout facile. Ce qui me touche
— 24 -
davantage c'est le devoir — le vulgaire devoir —
obscurément rempli ; c'est le dévouement continué
dans l'ombre, pendant des mois et des années,
MHS attirer l'attention de personne. Ah ! qui pourra
célébrer assez haut la vertu modeste, humble, igno-
!;êe des autres comme elle s'ignore elle-même, la
vertu dont on ne parle pas, qu'on ne voit pas,
dont on serait tenté parfois de nier l'existence.
C*est elle cependant qui soutient encore notre
édifice social si chancelant, c'est elle qui permet
à notre vieille civilisation de se survivre, en atten-
dant bien entendu que l'ère nouvelle, prédite par
nos modernes prophètes, assure le bonheur du
genre humain, en le libérant de l'esprit de charité
et de sacrifice, legs d'un passé rétrograde à jamais
aboli.
Originaire de l'Ardèche, Marie Rivière arrive à
Aix à l'âge de 1 7 ans, et entre au service d'une
famille dont le chef occupe un emploi lucratif dans
notre ville. Mais l'infortune s'abat sur lui, et quand
il meurt, quatre ans après, sa veuve se trouve aux
prises avec une situation extrêmement obérée.
Bien que déjà âgée, il lui faut demander au travail
ses ressources. Pas un seul instant Marie Rivière
ne songe à l'abandonner. Tandis que sa maîtresse
s'en va donner des leçons de musique, elle conti-
nue à s'occuper des soins du ménage avec le même
i»
— 25 —
•
zèle que par le passé. Il n'y a de changé que ses
gages, qu'elle ne reçoit plus. Sa maîtresse» atteinte
d'infirmités, clouée chez elle par la maladie, ne
peut bientôt plus travailler. Marie ne se déconcerte
pas pour si peu. Dès qu'elle a donné, le matin, à
sa maîtresse, les soins indispensables, elle va au
dehors travailler pendant quelques heures, et c'est
avec son modeste salaire qu'elle subvient, à elle
seule, aux besoins du ménage. Trois fois, sa maî-
tresse, qui a aujourd'hui plus de 80 ans, est sur le
point de mourir et est administrée ; trois fois, par
ses soins vraiment filiaux, Marie l'arrache à la
mort. Et ce dévouement si merveilleusement dé-
sintéressé dure depuis trente ans ! Les voisins qui
la voient à l'œuvre, toujours inlassable, toujours
souriante, toujours modeste, s'aperçoivent un beau
jour que cette femme est tout simplement admi-
rable. Ils en avisent l'Académie qui, à l'unanimité,
attribue à Marie Rivière le prix Rambot de 545 fr.
♦ ♦
Le prix Reynier de i.ooo francs est divisible.
C'est la Muse elle-même qui est venue solliciter
l'Académie en faveur de Mademoiselle Clémence
Thomas, mais pour nous amener à lui attribuer
une part du prix Reynier, le jeune poète anonyme
qui nous a adressé ses vers n'a pas eu à recourir
à la moindre fiction : la réalité et la vérité lui ont
suffi.
- 26-
Aussi, comme il noas le demande, nous lui
pardonnons de grand cœur
d'être asseï téméraire,
Pour ne point employer les formes ordinaires.
Pour laisser de côté tous les chemins ouverts.
En suivant aujourd'hui le doux sentier des vers.
Permettez-moi de vous dire, en simple prose,
que Clémence Thomas n'ayant cependant que son
travail pour vivre a recueilli trois orphelins qu'elle
nourrit, soigne et élève ; que cela ne suffit pas à
sa soif de dévouement ; qu'elle a toute sa vie su
■ prendre sur son repos pour s'en aller, sa journée
finie, prodiguer ses soins à des malades indigents.
Plusieurs docteurs nous ont indiqué l'avoir vue
bien des fois au chevet de malades abandonnés
de tous, atteints d'affections contagieuses ou de
plaies répugnantes. C'est une admirable sœur de
, dit l'un d'eux. Et notre poète d'ajouter :
ec les malheureux elle partage un pain
àblement gagné du travail de sa main,
■ pour les secourir elle n'a, pauvre fille,
: son grand dévouement et sa petite aiguille !
s I sa petite aiguille va être condamnée au
>cur la première fois. Atteinte d'une maladie
percluse de rhumatismes, Clémence Thomas
: presque plus travailler.
Commission l'avait proposée au choix de
mie pour une somme de 400 francs à pren-
- 97 —
m* a
dre sur le prix Reynier, quand elle s'est aperçue
que Clémence Thomas avait déjà obtenu, en 1893,
une part du prix Reynier, notamment pour avoir
recueilli trois orphelins. Renseignements pris, les
actes de dévouement, retenus en 1909, n'étaient
pas les mêmes que ceux récompensés en 1893. Il
s'agissait de trois autres orphelins, les enfants pré-
cisément de l'un de ceux visés en 1893. Touchée
de cette constance dans le dévouement, l'Académie
a tenu à confirmer le choix de sa Commission, et
à récompenser ainsi, de façon exceptionnelle, cette
récidive tenace dans le bien.
• *
Mademoiselle Marguerite l^èze est digne en tous
points de prendre place aux côtés de Clémence
Thomas, dans l'attribution du prix Reynier : même
abnégation, même désintéressement.
Au chevet d'un malade soigné par pur dévoue-
ment, elle contracte la variole qui la tient trois
mois au lit et lui fait perdre un œil. A peine ré-
tablie, il lui faut se consacrer toute entière aux
soins de sa mère, que la paralysie vient d'atteindre.
Aigrie par la souffrance et affaiblie par Tâge, la
malade méconnaît ce dévouement de chaque mi-
nute, et se montre envers sa fille d'une dureté
incroyable. Marguerite n'a pas un moment d'impa-
tience, sa douceur est inaltérable ; elle fait l'admi-
ration de tous. Entrée à l'hôpital d'Aix, elle est
— 28 —
v^.i:i;^.v de donner des soins aux petits garçons
de la Charité ; ceux-ci savent bien vide reconnaî-
tiv le dévouement et l'affection qu'elle leur pro-
digue ; ils ne l'appellent plus que mtre bonne
C^Curgueriie. Le personnel de l'Hôpital a tenu à ap-
porter son témoignage en faveur de Marguerite
L^ze, et l'Académie s'est empressée de ratifier l'ap-
préciation de juges aussi compétents en matière de
dévouement. Elle accorde à Mademoiselle Lèze
une part de 300 francs du prix Reynier,
Ce sont les pauvres secourus par Madame
veuve Dcluy, les malades soignés par elle qui sont
venus la dénoncer à l'Académie. Comme elle est
touchante cette requête où d'une main malhabile
ces braves gens ont tenu à affirmer leur reconnais-
sance attendrie : « Je certifie que Madame Deluy
« a soigné ma pauvre sœur Marie de la petite vé-
« rôle, et mon frère Louis d'une longue maladie,
« sans vouloir accepter aucun salaire ». Des for-
des analogues couvrent deux ou trois pages,
e enquête minutieuse en a confirmé la véracité,
iit-il ajouter que Madame Deluy qui s'est ainsi
lensée sans compter était restée veuve, jeune
;ore, avec cinq enfants en bas-âge, et que c'est
it en s'occupant activement de sa familUe, qu'elle
iu multiplier ses actes de dévouement. Pour la
- 29-
troisième part du prix Reynier, 300 francs, l'Aca-
démie ne pouvait, je crois, faire un meilleur choix.
L'académie disposait, cette année, de deux des
pensions viagères de 200 francs, créées par Made-
moiselle Irma Moreau.
La première, destinée à une ancienne ouvrière
âgée et nécessiteuse, a été attribuée à Mademoiselle
Boycr.
Née à Aix en 1833, Mademoiselle Boyer ne nous
donne pas seulement un exemple bon à suivre,
celui de la longévité ; elle a derrière elle tout un
passé de travail et de probité. Grâce à Mademoi-
sçlle Irma Moreau, elle pouiTa achever ses jours
libérée sinon de la pauvreté, au moins de la misère.
Quant à la deuxième pension, c'est à une veuve,
mère d'au moins deux enfants qu'elle revenait.
Madame veuve Aurran remplit doublement
cette condition : elle est restée veuve et sans res-
sources avec quatre enfants. Elle aurait pu, comme
bien d'autres, se décharger de ses obligations sur
des institutions charitables. Elle a voulu remplir
son devoir dans son intégralité, et ne demander
qu'à son travail opiniâtre le moyen de nourrir et
d'élever tous ses enfants. Le dévouement maternel
n'a pas à être récompensé, mais l'attribution d'une
- 30 -
pension allégera un peu, pour cette digne femme,
la lourde tâche qu'elle remplit avec tant de courage.
PBIX lElBIETTE BMOI
Un devoir particulièrement agréable incombe,
cette année, au rapporteur des Prix de Vertu. C'est
celui de rendre un public hommage à la mémoire
d'une nouvelle bienfaitrice, qui a honoré l'Acadé-
mie de sa confiance. Par son testament, en date du
-" ■'écembre 1906, Mademoiselle Henriette Rayon,
enne modiste à Aix, a légué à l'Académie une
me de 10.000 francs, pour fonder un prix de
a, et c'est, cette année, pour la première fois,
ce prix va être distribué,
ademoiselle Rayon était l'aînée de onze en-
.. — Elle songeait à se faire religieuse de Saint-
;ent de Paul, quand la mort de ses parents lui
de nouveaux devoirs auxquels elle sacrifia
hésiter ses aspirations les plus intimes. Elle
>nsacre aux soins de ses frères et sœurs, les
;, les établit. C'est sur les pauvres, ensuite,
le étend son dévouement. Toutes les bonnes
res l'attirent. Excellente musicienne, elle di-
pendant 25 ans les choristes de Saint-Jean de
- 31 -
Malte. Il y a quelques années, elle recueillit un
petit héritage. Elle ne modilSa en rien son genre
de vie, et les pauvres seuls s'aperçurent de son
changement de situation. Elle a voulu même après
sa mort continuer à faire le bien, et elle a chargé
TAcadémie, qui lui en témoigne sa reconnaissance,
d'exécuter ses intentions libérales.
Aux termes de son testament, Mademoiselle
Rayon indique que les intérêts de la somme léguée
devront, chaque année, être attribués à une jeune
fille dont le bureau de l'Académie aura distingué les
mérites.
Il faut croire que les jeunes filles d'Aix joignent
à toutes leurs vertus une modestie farouche. Le
bureau de l'Académie a eu beau écarquiller les yeux,
il n'a pu distinguer qu'une seule concurrente. En
serons-nous réduits à faire de la réclame autour
de nos prix de vertu, et à publier à son de
trompe que l'Académie demande des jeunes filles
vertueuses ?
Espérons que cette triste extrémité nous sera
épargnée, et que, dès l'an prochain, le Prix Rayon,
mieux connu du public, sera aussi chaudement
recherché que les Prix Reynier et Rambot.
Je me hâte d'ajouter que Mademoiselle Herminie
Cailler, à qui l'Académie attribue le Prix Rayon
de 275 francs, ne doit nullement son succès à
-32 -
cette circonstance qu'elle a été Tunique concur-
rente. Ses mérites lui auraient assuré le prix, mê-
me si plusieurs jeunes filles étaient venues le lui
disputer. Restée orpheline de bonne heure, elle a
élevé ses deux frères, puis s*est consacrée à soi-
gner avec un dévouement parfait deux parentes,
•
sœurs de sa mère, qui fort âgées et malades, ne
subsistent que grâce aux produits de son travail.
C'est assurément remplir pleinement les intentions
de Mademoiselle Rayon que d'attribuer à Made-
moiselle Callier un prix destiné à récompenser
avant tout la vertu dont Mademoiselle Rayon a
donné un si noble exemple : le dévouement à la
famille.
^
On a hi
I* A l'Académief poésie, par M. le Premier
Président Giraud, Membre d'Honneur ;
a"" Une Reine dCspagne au XVIIIme Siècle,
par M, A. Bourguet, Vice-Président;
3* A MiréiOf sonnet provençal, par le baron
H, GuiLLiBERT, Secrétaire-Perpétueh
SÉAN. puiL, A(:aî).—1909
- SI) -
1
PRIX RAMBOT
Fondé en 1859, siiioant testament olographe du 25
août 1858, pour récompenser les actes de dévouement,
Je courage, de désmtéressement, les soins donnés à la
ticillesse et à lenfance pauvre et abandonnée ,
Le prix Rambot de 5i5 francs a été décerné à
cinquante et un lauréats de 1860 à 1909,
Leurs noms ont été publiés dam les précédents
Bulletins ; nous donnons ci-^dessous la liste des dix
derniers.
X^lste des ILiaui^éats
Depuis 1900.
1900. M. Yves Lamoureux, d*Aix.
1901. LcComilé de Sauvetage de lastalioD deCarro,
commuDe des Martîgues.
1902. Mlle Blanche Arène, d'Aix.
1903. M. Marius ARHÀi<fD, à Aix.
1904. M. Mathieu Jeauffret, Les Milles, commune
d^Aix.
1905. M. Louis-François Bemusat, d'Aix.
1906. Mlle Vicloria Rey. d'Aîx.
1907. Mlle Ennance Mégy, d'Aix.
1908. M. Marins Dagard, d'Aix.
1909. Mlle Marie Rivière, d'Aix.
PRIX REVNIER
Ce prix Je 4 ,000 francs a été fondé en 18G5, par
lament olographe du IS mars 4SGi, pour rhom^
tser les actes les plus mériloires de dévoâmenl, de
élite et de secours au malheur, les soitts désinté-
sés donnés aux infirmes et aux vieillards ainsi qu'à
nfancc délaissée -et pauvre.
Une partie de ta somme est réservée pour les pères et
resqui élèvent le mieux leurs enfants, c'est-à-dire,
(ne manière chrétienne, honnête et laborieuse,
le prix Reynier a été décerné à cent treize
uréals de 1810 à 4909.
Comme pour le prix Itambot leur liste a été insérée
ns les précédents Bulletins ; voici celk des dix
^nières années
LisXo des IL<aui*ôats
Depuis J900.
'1900. Li-sépoux Galiciatj'Piulibiit, d'Ais.
» Mme veuve Gkiiialu, d'Aix.
» MKe Uw.iHPLLX, k Mk.
1901. Lcsëpoux DLAKC'RoYtiiE, d'Aix.
» Mlle Aug'isliiie Pel^tier, de Pujiuubier.
■ Mlle Rose Bëhai;d, d'Aix.
^90î. Mme Nfer.ne, s<rur S'-Icsace, d'Aix.
■ Mlle Caroline ('iiALSSEr.RO!;, d'Aix.
» Mme \eiive MiinrEV nfc ItiroLEr, d'Ai\,
- 37 -
1903. Mlle Marie Ciiave, à Aix.
» Mlle AlexaDdrine Roche, à Aix.
» Les époux RiGAUD, à Aix.
4904. Mme veuve Chanut, née Lombard., à Aix.
» Mme Bla>c, née Peloulier, les Pinchiuals.
» Les époux Pepiko, à Aix.
1905. Mlle Thérèse Tempier, d*Ai\.
» Mlle Marie Ambert, de Marcols (Ardèche)*
» Mme CiiuziNy à Aix.
190^. Mme veuve Hênaolx,. née GaU à Aix.
» Mlle^ Augustine SbcffATi, à AW.
n Mme veuve Diogèkb, née Boniîi«
1907. Mlle Julie Décory, à Aix*
» Mlle Antoinette Cokstakt, h Aix.
» Mlle Marie Joseph, dite Marie Olive, à Aix.
1908. Mlle Léoncio' Arvaud^ h^ Aix..
» Mlle Eulalie ANTOiriErrii d^làtres-.
j» Les épouXh Barthélémy-Gilles, à Aix.
1909. Mlle Clémence Thomas, à Aix.
» Mlle Marguerite Lèze, à Aix.
» Mme veuve Deluy, à Aix.
1X1
PRIX IRMA MOREAU
ONS ANMIKLI.KS DK ?00 FKANCS
ix ont ('/(' foitilh en iSitif. par IniamtMt
noisellc Irmu MoiiKvi'. iln 1 jnvfkr 6i la
Ku'c, (/Hi iiislihtv l'Avudi'inie $a Irqo'.airc
\c.
[ deslinh à iijfrtr nne récompense cl procurer
rs aux penoniirs purlindièrcmciit raûm-
pitr leur boiiinUclé ft leur verlu noioircs.
'■nul le» pim ili'jnn et </wi devront être choi-
Ivi cutiUjiirics su ira H les :
l'Cï lie fitiiiillii iviifs ou non , et mères de
reurcs , connus comme gens malheureux et
kt. eiempts d'icroijneric et autres vices, et
t mains deux enfants ;
•rières pauvres ntteinlcs ou de maladie, ou
rd. ou de vieiltnse, 1rs méfiant dans l'impos-
e subrcnir à leurs besoins.
iémie a eninmeucè à di
■cerner ces prix en
-• 39 —
des pensions ouvrières
r* CATEGORIE (Pères et léres de famille]
4902 4* M. Marius QUENIN,à Âix(7 enfants) f septem. 4905
2' M. Eugène CASTOR, » (5 » )
3- M. Jules DÉCORY , »^ (5
4* H. rsidore ROCHE . » (4
4903 5* M. Fidèle BONTOUX, » (o
6* M. Siméon FOUQUE, au
Pey-Blanc, (8
T M. JeaDLÂRGUÈZE,àÂix(4
8* Mme veuve BARNIER
née Alexis, à Luynes, (7
1904 9- M. Charles DESPLAS,
de Castres, (6
4905 4 0* M. Viclorin GINIEZ,
à Galice. (8
4906 44'MmeVveMariusQUENIN (7
42* Mme Laurent Vve Jules
DÉCORY (5
4907 43* Mme veuve TEMPIER
née Tardieu (5
490» 44- Mme Pauline DEDIEU
née Phaillon de S-.Remy(7
to- Henri MICHEL aux Milles (6
4909. 46* Mme veuve AURRAN (4
)tdéc.4905
) t mars 4904
)
)
)
)
)
)
) 7 mars 4907
)
)
)
)
)
-40 -
2-* CATEftMlE (OBTiiérer)
l^à 1*^ aile Anals NIËLLY, à Aix.
â* Mlle Victoire OLLIËR, » f septeni. 1903
3* Mlle Augustine CURET, » f 1908
4* Mme ElisaCiRLB veuve FAUDON, »
5* Mme Augusline JOGERST, à Alger.
1903 6^ Mme veuve CAVALIER
née PoBTi, à Aix f 1908
7* Mme veuve POURCEL née Fauqvb,
à Aix
8* Mlle Marie ARNAUD, à Aix f mars 1907
9' Mme veuve BARBIER née Aurekgb,
à Aix.
f 0- Mlle Marie CHIEUSSE,
à Arles-s/-Rhône. f avril 1907
1904 ri- Mlle Marie CADENEL, à Eguilles. f Juin 1906
1906 42-^ Mlle Angèle CADENEL à Eguilles,
13" Mlle Marie MÉOUVE, b Aix,
1907 1 4* Mlle Hélanîe KABASSE,* à Aix. f décem. I9O7
1908 15- Mlle Madeleine CHIEUSSE, à Aries,
1 6- Mlle Augudtine-Etîsabeth RICHAUD,
à Aix.
17- Mlle Malhilde, JOUYNE, à Aix
1909 Mlle Antoinette BOYER, èr Aix.
-41 -
IV
PRIX HENRIETTE RAYON
Ce prix de 2T5 fr. a été fondé par Mademoiselle
Henriette R^yon, par testament du 26 décembre
4906, pour récompenser une jeune fille dont le bureau
de r Académie aura distingué les mérites.
Comme pour les autres prix Rambot, Reynicr et
Irma Moreau, la liste de ces prix sera insérée dans
le présent Bulletin.
L'Académie a commencé en 1909 a décerner ce
prix
Depuis 1909
4909. Mlle HcrmiDie Callier, d'Aix.
— 42
BUREAU DE L'ACADÉMIE
4908-4909
Président. M. le Docteur Aude.
Vice-Président M. Alfred Bourguet.
Secrétaire perpétuel. . M. le Baron Guillibert.
Secrétaires annnels. . . M. Edouard Aude.
— M. Gustave Beynaud.
Archiviste M. le Marquis d*lLLE.
Bibliothécaire M. Louis de Bresc.
Trésorier M. Mouràvit.
TABLEAU
MEMBRES DE L^ACADÉMIE
(AiTÔlé CM août i909)
M K M lUl ES I) ' H 0 N N E U U
MM.
Arbald Paul iJ, bibliopbilc. Associé réj^ional le 5 janvier
<883, membre (Hiouncur le 30 jan\ier 1894. Rm du
Quatre-Septembre, 2, à Aix.
Mistral FrWé rie, C. ^- ^ >!*. Correspondant 2 mars 1803,
membre d'honneur le 6 juin i899 ; à Maillune fB.-du-R.J-
Cabassol Joseph, ancien Maire, ancien Conseiller Général,
avocat à la Coar, ancien bAlonnier. 23 janvier 1900 ;
place Jeanne-d'AjT, à Aiœ,
Pécoil Auguste, G. C. ^5^, archivîsie paléographe. Corres-
pondant 5 mars 1901. Membre d'honneur 23 avril 1907 ;
à Draveil (Seine-et-Oise), et ii.te Boissj/-d*Anglas, 12 y à
Paris.
Charles-Roux Jules, C. ^, ancien député. Associé régional
12 janvier 1883. Membre d'honneur 3 décembre 1907.
Hue Pierre-Charron, 12, à Paris,
Michel Evarisle^, docteur en médecine. Membre honoraire
21 février <902. Membre d'honneur 14 janvier 1908. Ui/e
de Clichj/y 40, à Paris, et villa JHIif^net, à Aix.
S. Exe. M. Révoil Paul, C. .^;, ambassadeur de France en
Espagne, 24 mars 1908 ; à Madrid.
LcvASSEtn Emile, G. 0. ^, membre de Tlnstilut, adminis-
trateur du Collège de France. 15 décembre 1908; an
Collège de France, à Paris.
GiRAtD Charles, ^, Premier Président de la Cour d'Appel.
16 mars 1909. Rue de rOpôrn, à Ai.v.
MEMBRES TITELAIBES
CaERniER (le chanoine) Joseph, doyen du Chapilrc Métropo-
litain, docleur en Thtkilogie. 25 avril 1872. Boulevard
Saint-Louis, 15.
GuiLLiBEBT (baron) Hippolytc, ^ 0. »{•, ancien bàlonnier de
l'ordre des avocats à la Cour. 15 janvier 1878. Rue
Hazanne, U.
ViDiL François a ^, conservateur honoraire de la biblio-
ihèque Héjanes. 21 janvier 1879. Avenue Victor-Hugo, 17.
MouRAviT Guslave »$•, présidenl de la Chambre des notaires,
8 février 1884. Place des Prêcheurs, 34.
SouBKAT Charles, ancien conseiller a la Cour, président du
Comice agricole. 15 février 1884. Bue Mazarine, 8.
Marbot (le chanoine) Edmond, ancien vicaîi'c général. 28
mars 1887. Rue Goyrand, 3 bis.
GiNTELHi d'Ille (marquis de) Charles ^ <^ 0. ^. Assoi-ié
régional le 12 janvier 1883, membre titulaire le 17 juin
1890. Cours Mirabeau, 6.
" TU Henry, 1. P. fj, conservaleur-directour du Huscc. 5
il 1892. Rue Cardinale, 13.
t DE Bresc (de) Louis, ancien conseiller général. .\sw)cié
onal le 12 janvier 188j, membre lilnhiirc le 2J
lier 1891. RueSal/ier, 7.
— 43 —
Fassin Emile, I. P. lyj, conseiller à la Cour. 24 avril 1894.
Boulevard du Roi-René, 46.
Bec (de) Albert. \" mai 1894. Rue Emeric-David, 34.
ToLRTOiLOx (baron de) Charles, I. P. O G. 0.^ C. ^ ancien
président de la société des Langues Romanes. Correspon-
dant le 4 juin 4878, membre titulaire le 28 mai 1895.
Rue Roux-Alphéran, 13.
Saporta (comte de) Antoine. Associé régional le 2 février
1892, membre titulaire le 23 mars 1897. /twe Cardinale, 23,
et rue Philippy, 3, à Montpellier (Hérault).
Aude Philippe 0. ^^ >S^, médecin en chef de la marine, en
retraite. 6 avril 1897. Rue du Lycée, i.
BoNNECORSB-LuBiÈRES (comtc do) Charlcs, avocat à la Cour,
Associé régional le 27 décembre 1897, membre titulaire le
30 mai 1899. Rue de VOpéra, 24.
BoNAFous Raymond I. P. JUI, professeur à la Faculté des
Lettres. 30 janvier 1900. Rue du Bras-dVr, 2.
iloLLAXD Henri, I. P. Ui* chanoine titulaire de la métropole,
aumônier du Lycée MigneL 18 décembre 1900. Rue du
Louvre. 29.
BoiTRGUBT Alfred, avocat h la Cour. Associé régional le 10
mars 1896, membre titulaire lo 29 janvier 1901 ; au
Pont de l'Arc ^ près d*Aix. ,
A?«iNARD Casimir »{«, ancien bAtonnier de Tordre des avocats.
3 février 1901. Rue du 4-Septembre, 34.
Aude Edouard, I. P ^>, conservateur de la Bibliothèque Mé-
janes. Associé régional le 20 mars 1900, membre titulaire
le 16 juin 1903. Villa Joyeuse, chemin de la Violette.
Lacoste Ernest, I. P. |j, ingénieur. Associé régional le 20
février 1900, membre titulaire le 20 décembre 1904. Place
des Quatre 'Dauphins.
MEMBRES TITULAIRES
Cherhiei (ie chanoine) Joseph, doyen du Chapitre Métropo-
litain, docteur en Théologie. 25 avril 4872, Boulevard
Saint-Louis, 15.
GtiiLLiBSRt (baron) Hippolyte, t^ 0. ^, ancien bâtonnier de
l'ordre des avocats à la Cour. 15 janvier 1878. Rue
Mazarine, 14.
ViKiL François U ^, conservateur honoraire de la biblio-
thèque Héjanes. 21 janvier 4879. Avenue Viclor-Hugo, 17.
MotiRAViT Gustave ■!*, président de In Chambre des notaires,
8 février 1884. Place des Prêcheurs, 34.
SouBRAT Charles, ancien conseiller à la Cour, président du
Comice agricole. 15 février 1884. Hue Mazarine, H.
Marbot (le chanoine) Edmond, :
mars 1887. Rue Goyrand, !i bis.
Gamelmi d'Ille (marquis de) Ch.
régional le 12 janvier 1883, m
1890. Cours Mirabeau, 6.
Postier Henry, I. P. y, conserva
avril 1892. Rtte Cardinale, Î3.
SiGAVD DE Bresc (dc) Louis.ancion
régional le 42 janvier I88.j,
janvier 1894. Rue Sallier, T.
iir. 21 avril I89i.
l.t^C j^ ancien
mes, Correspon-
0 âS mai 1895.
al le S février
Cardinale, 23,
à la Cour,
: titulaire le
"étropole.
. Rue du
- 4C -
Dr DrnwTi la Calade Jérôme y, liccRcié ès-Leltrcs. 21
m«nrs190'>. Place d'Albertas, 10.
MicuEL Tranquille, .^;, ingénieur en chef des Ponts-el-
Cbaussées. 10 avril 1905. Ane du 4 Septembre. -
Jauffret Alfred, avocat à la Cour. 27 mars 1906. Rue des
EpinauXf 13.
Reynald Gustave, directeur des Contributions directes, en
retraite. Associé régional 30 janvier 1906. Membre titu-
laire 18 décembre 1906. Rue Cardinale, 17.
Vallier-Collombieh Alfred U, conseiller à la Cour d'Appel
d'Aix. 12 mai 1908. 10, l'ue Ëspanat.
AuDiKET Eugène, I. P. U, professeur à la FacuKé de Droit
de rUniyersilé d'Aîx-Marseille. 15 décembre 1908. Cours
d'Orbitelle, Aix.
MouGiKS-DoQurFOBT (comte de) Charles, Docteur en Droit.
Associé régional le 11 m^rs 1890, membre titulaire le 26
janvier 1909. Rue Cardinale, IT.
— */ —
. MEMBRES HONORAIRES
MM.
PisoN Alexandre ^ I. P. tf »p, doyen honorHire de la Fa-
culté de droit. 30 janvier 1894. RtÀe d'Italie, 14.
Granier Désiré ^, conseiller doyen honoraire à la Cour. 29
mai 4894. Cours Mirabeau, 17.
BoREL Gilles-Jacques ^, officier en retraite, compositeur de
musique. Associé régional le 42 mai 4896, membre hono-
raire le 40 juin 4902. Rue Lice des Cordeliers, 15.
YiLLETiEiLLc Joscph, I. P. H, artisto peintre. 22 décembre
\^0:i. Rue Espariat, 20.
i8 -
ASSOCIÉS RKGÏOXAUX
MM.
Eysseiiic Snint-MarccI, ancien mngLslrat ol conseiller général
inspecteur départemental de la Société d*Archéologie, à
Sistcron. 49 décembre 4882.
Ret (de) Gonzagiie, chùteau du Prieuré d'Ardène, près Saint-
Michel (Basses-AIpcs). 5 janvier 1883.
Terris (de) Jules^ G. 0. »{« ^ membre de TAcadémie de Vau-
cluse, à Avignon. 5 janvier 4883.
IsNARD, I. P. ^, archiviste des Basses- Alpes, secrétaire de la
Société Académique, ancien élève de TEcole des Chartes,
à Digne. 12 janvier 1883.
MiREUR :^^', archiviste du département du Var, membre du
comité des travaux historiques, à Draguignan. 19 janvier
1883.
Bonhomme (Kabbé), chanoine à Riez (B/isses- Alpes). 9 février
1883.
Bernard Charles ^^ président h la Cour de Dijon, ancien
avocat à la Cour d'Aix. 16 février 1883.
Magallon DWRGEffs (mapquis de) Xavier, ancien conseiller
général des Hautes-Alpes, villa Magdala, à Sainte-Marthe,
Marseille. 16 mars 1889.
Gander (le chanoine) Stanislas ^, secrétaire de TAcadémie
de Marseille. 7 avril 1891.
CoLLOT Louis ^, professeur de géologie à la Faculté des
Sciences de Dijon. 26 janvier 1892.
CoLLONGL'B (d'AvoN barou de), ^ *î< 0. >5«, ministre plénipo-
tentiaire, en retraite, au château de Collouguc,'parCa-
ilonvi (Vauclusc). G juin 1893.
- 49 —
CiiAiLLAN (rabbé), correspondant du Ministère de Tlnslruc-
lion Publique, curé do Septèraes (Bouclies-du Rhône).
12 janvier 1894.
Ferrier Raymond, araalcur d'art. Rue des Arls-et-Métiers,
2, Aix.lGjuin 1896.
TouRTOuLON (baron de) marquisjle Barre, Pierre, docteur en
droit. Château de la Fusle, par Valensole (Basses- Alpes).
12 janvier 1897.
Tbil (baron du) Joseph ^. Quai de Billy, 2, Paris. 4 mai
1897.
Mal'rel (l'abbé) Marie-Joseph, place de riIôtel-de-Ville, 5, à
Manosque (Basses-Alpes). 18 mai 1897.
AuTHBMAN, ancien maire de Martigues. 15 février 1898.
Proc-Gaillard ii G. ►J», ancien directeur de l'Académie de
Marseille. Boulevard Montricher, 5. 3 mai 1898.
Manteter (de) Georges, château de Manteyer (Hautes-Alpes).
13 décembre 1898.
LiEUTAUD Victor jjt, ancien bibliothécaire de la ville de Mar-
seille, notaire à Volone (Basses-Alpes). 15 mai 1900.
MuLSANT Sébastien »p, avocat, ancien bâtonnier, Rue Balay,
2, Saint-Etienne. 19 mars 1901 .
McTERSE Maurice, ancien officier de marine, ancien sous-
préfet, à Antibes. 7 mai 1901.
Bernard d'Attanoux (comte) Henri, t^ avocat, ancien magis-
trat. Rue Palermo, 2, Nice. 14 mai 1901.
GtRiN-RiCARD (comte de), président de la Société d'archéo-
logie. Rue Grignan, 60, Marseille. 4 mars 1902.
MoNCLAR (de RiPERT marquis de) François, G. ^, ministre
plénipotentiaire, en retraite, au château d'Allemagne, près
Riez. 18 mars 1902.
Perrier Emile, 0. »{4 :§« ï^, président de la Société de Statis-
tique de Marseille. Villa du Bocage, à Mazargues. 6 jan-
vier 1903.
SÉAN. pi:bl, acad. — 1909 i
. — 50 —
ViLLENEUVE-EscLAPON (inarquis de) Chiîstian, 0. ïg^, ancien
député. Rue de Prony, 75, Paris, et à Valensole (Basses-
Alpes). 7 juin 4904.
Closmàdeuc (Urvoy de) Jules. Rue Roux-Alphéran, 25, à Aix.
19 décembre 1905.
LiEUTAUD Auguste, président de la Société des Amis du Vieil
Arles, à Arles. 30 janvier 1906.
Cotte Charles, licencié en Droit, notaire à Perluis (Vaucluse)
24 avriH906.
Gaffarel Paul, professeur à la Faculté des Lettres d'Aix.
Rue Paradis, 295, Marseille. 19 mars 1907.
YiNCENS Charles, ancien Directeur de l'Académie de Marseille.
Rue Nicolas, 9, Marseille. 11 juin 1907.
La Salle de Rochemaube (duc de) Félix, C. »^ ï§s ^. Châ-
teau de Clavières Ayrens (Cantal). 19 mai 1908.
Tayernier Edouard, avocat, docteur en droit. Rue François I",
162, Paris. 19 mars 1908.
Lefèyre Edmond, directeur de la « Revue de Provence ». 17,
i)oul&vard de ia Liberté, Marseille. 22 décembre 1908.
Ragarrt Paul, avocat, cours Mirabeau, 4, Aix. 12 janvier
1909.
Mariéton Paul ^, ancien Chancelier du Félibrige, 9, rue
Richepanse, à Paris. 2 mars 1909.
Rrémond (l'abbé) Henri. 34^ place des Prêcheurs, a Aix. 16
mars 1909.
BouRGET Henri, Direcleur de l*observaloire de Marseille.
9 juin 1909.
— 51 —
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
MM.
Lavollce Paul-René, docteur ès-IcUres, ancien consul général.
Boulevard Haussmann» 162, à Paris. 25 avril 1870.
Millien Achille, lauréat de l'Académie Française, à Beaumont-
la-Ferrière (Nièvre). 16 décembre 1872.
Faisan Albert, à Saint -Cyr- en -Mont d'Or, près Lyon.
14 mars 1876.
Bellet (l'abbé), à Tain (Drôrae). 12 décembre 1882.
Jessé - Charleval (Comte de) Antoine, ancien maire de
Marseille. Châteaularc, par Rousset (B.-du-R.). Associé
régional 5 janvier 1883. Correspondant le 7 janvier 1908.
Aube Frédéric, au Luc (Var), membre de la Société Française
d'Archéologie. Associé régional 12 janvier 1883. Corres-
pondant 7 janvier 1908.
Jullien Ernest, Président honoraire du Tribunal Civil,
à Reims (Marne). 2 mai 1884.
Lanéry d'Arc Pierre, docteur en droit, procureur de la Répu-
blique, à Lombèz (Gers). Associé régional 12 décembre
1887, titulaire 8 mars 1892, correspondant le 7 juin 1904.
Cottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal. Rue Miroménil, 81,
Paris. 11 juin 1888.
Bremond d'Ars-Migré (marquis de) Anatole, conseiller géné-
ral, château de la Porte-Neuve-en-Riec (Finistère). 27
janvier 1891.
Proal Louis, conseiller à la Cour de Paris. Villa Molitor, 26,
X\T. Titulaire le 22 décembre 1891, correspondant le 15
décembre 1896.
Joret Charles, membre de Tlnstitut. Rue Madame, 64, à Paris.
Titulaire le 16 mai 1893, correspondant le 12 décembre
1899.
Zeiller Charles-René, membre de l'Institut. Rue du Vieux
Colombier, 8, à Paris. 19 janvier 1897.
— 52 -
Petit Alexandre, docteur en médecine à Royal, et Rue Laffitte,
3, à Paris. 4 mai 4897.
Hulot (baron), secrétaire général de la Société de Géographie.
41, avenue Labourdonnais, à Paris. M mai 1897.
Rochas d'Aiglun (comte de), colonel, ancien administrateur
de TEcole Polytechnique. Rue Descaries, 21, à Grenoble.
24avriH900.
Moris Henri, archiviste des Alpes-Maritimes. Villa Moris,
boulevard Dubouchage, à Nice. 19 mars 1901.
Tasset Jacques, à Molosme-Tonnerre (Yonne). 9 juin 1903.
Planté Adrien, ancien député, maire d'Orthez (Basses-Pyré-
nées), président de la Société des Sciences et Lettres de
Pau. 14 juin 1904.
Poitevin de Maureillan (de),O.M, colonel en retraite, conser-
vateur du Musée d'Hyères Var). 15 mai 1906.
Jullien Jules-André, colonel en retraite, rue de Boulain-
villiers63, Paris (XVr). Titulaire le 11 décembre 1906,
correspondant le 5 mai 1908.
Jullian Camille, membre de rinstilut, professeur au
Collège de France. 30, rue de Luxembourg, à Paris.
'28 mail 907.
Bougon Georges, docteur en médecine, 45, faubourg Mont-
martre, à Paris. 11 juin 1907.
Lacour-Gayet^ professeur à TEcole Polytechnique. Rue Jacob,
46, Paris. 10 décembre 1907.
Rieux (des) Lionel, avenue de Villîers, 26, à Paris. 21
janvier 1908.
Régnier (de) Henri, homme de lettres, 14, rue de Magdebourg,
à Paris (XVP). 5 mai 1908.
Nolhac (de) Pierre, Conservateur du Palais de Versailles, à
Versailles (Sciue-et-Oist^). 2 juin 1908.
— 33 —
Labande, Conservateur des Arcliives de la principauté de
Monaco. 19 janvier 1909.
Dienne (conate de) Edouard. Château de Cazideroque, par
Tournon (Lot-et-Garonne). 19 janvier 1909.
Barlhélenay Jules, Rédacleur au secrétariat de Tlnslilut, au
Palais de llnstitut, Paris. 16 février 1909.
Marlot Hippolyte, géologue prospecteur à Martiny, par
Marmagne (Saône-et-Loire). 9 mars 1909.
ASSOCIKS GORRESPOxNDANTS
A I/RtRANOEH
Carnazza-Amari, ancien professeur (i rUniversîléde Calanc,
sénalcurdu royaume d'dalit;. 6 Jiviil 1868.
Gubernalis (comte de) Angelo, professeur à l'Universilé de
Borne. Via Lucrezio Garo, 67, 3 janvier 1893.
Typaldo-Bassia , disputé, professeur agrégé à l'Universilé
d'Athènes. 23 janvier 1894.
Barr-Fcrree, oNew-York. 5 juin 1894,
Portai (le commandeur Emmanuel), ii Palerme, cl 1G, Via
Ludovisi, à Itomc. 1î février lb9i.
Morozzo délia Bocca (comie) Emmanuel, gcncral. Via délia
Roeca, 29, à Turin. 21 mars 4899.
~ Cunha Xavier, eonservalenr de la Ilibliolhèque Royale,
tuç S. Biii-lliolonico, 12, à Li.sbonrte (Portugal). 11 décem-
)re1900.
■raro Louis, ancien Vice-Consul do la Bi^publiquo Argen-
;enline; à Sondrio, eti Vidleline (Lombardie), et à Mllao,
■ueCiroMenolli,17. 2avril 1901.
la Salvatore, membre de la Société Philologique à Rome.
!6 mai 1903.
rney de la Valelta (comte) Franchi. 9 juin 1903.
vàiiescul )., professeur à l'Université de Jassy ( Roumanie)
» juin 1903,
-^^ _-^-f.^-^^p^,;_
•»•
t» f t
— oo —
Padula (le commandeur) Antoine, secrélnire gcn(^ral de la
Société Luigi-Camoëns. Via dei Fiorenliui, 67, à Naples.
47 janvier 1905.
Wallcskold Axel, professeur de philologie romane à l'Uni-
versité d^Helsingfors (Finlande). 26 avril 1909.
Le présent TalDleati a 6t6 arrôté en Août
1909 , confornrLément tx l'arLicle 10 dia Règle-
ment intôrieiar.
Le Président : Le Secréùaire Perpétuel:
Docteur Aude. Baron Guillibbrt.
mm
LISTE
DES
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
■»■*«!■
Abbeville (Somme) Société d émulation.
Agen Société d agriculture, sciences et arts.
(Lot-et-Garonne)
Aix Annales de la société d'études provençales.
(B.-du-R.) Société historique de Provence.
— Université d'Aix-Marseille.
Alais (Gard) Société scienliûque et littéraire.
Alençon (Orne) Société historique et archéologique deTOrne.
Amiens (Somme) Société des antiquaires de Picardie.
— Académie des sciences, lettres et arts.
Angers. Société d'agriculture, sciences et arts.
(Maine-et-Loire) Société industrielle d'Angers et de Mainc-ct-
Loire.
Arras (Pas-de-Calais) Académie des sciences, lettres et arts.
Avignon (Vaucluse) Académie de Vaucluse.
Bar-le-Duc (Meuse) Société des lettres, sciences et arts.
Bayonne (B .-Pyrénées) Société des sciences et arts.
Besançon (Doubs) Académie des sciences, belles-lettres et arts.
Béziers (Hérault) Société archéologique, scientifique et littér*
— Société d étude des sciences naturelles.
Bordeaux (Girondtt) Académie des sciences, bel les- lettres et arts.
Boulogne-sur-Mer. Société académique.
(Pas-de-Calais)
Bourg (Ain) Société historique et littéraire de TAin.
Brest (Finistère) Société académique.
— Société d'agriculture de l'arrondissement.
Caen (Calvados) Académie des sciences, arts et belles-lettres
~ Oi —
Caen (Calvados) Congrès archoologiiiuc de France.
— Société linnéennc de Normandie.
— Sociélé des beaux-arls.
Cahors (Lot) Société des études littéraires, scientifiques et
artistiques du Lot.
Cambrât (Nord) Société d'émulation.
Carpentras (Vaucluse) Commission de la bibliothèque.
Châlons-sur- Marne Société d'agriculture, commerce, sciences et
{Marne) arts de la Marne.
Chdlon-sur-Saône Société d'histoire et d'archéologie.
iSaône-et' Loire)
Chambéry (Savoie) Académie des sciences, belles-lettres et arls
de Savoie.
— Sociélé savoisienne d'histoire et d'archéo-
Chartres(Eure'et'Loir)Coniicc agricole. [logie.
Cherbourg (Manche) Société nationale académique.
Constantine (Algérie) Société archéologique du département.
Digne. Société scientifique, littéraire et artistique des
(Basses- Alpes) Basses-Âlpes.
Dijon (Côte-d'Or) Académie des sciences, arts et belles-let 1res
— Commission archéologique.
Douai (Nord) Société d'agriculture, sciences et arts.
Draguignan (Var) Société d'études scientifiques et archéologiq.
Duhkerque (Nord) Société dunkerquoise pour Tencouragement
sciences, des lettres et des arts.
Forcalquier. Athénée littéraire, scientifique et artistique.
(Basses-Alpes) Bibliothèque de Bcrluc-Perussis.
Gap (Hautes-Alpes) Société d'études des Hautes- Alpes.
Grenoble (Isère) Académie delphinale.
— Société de statistique, des'sciences naturelles
et des arts industriels de l'Isère.
Hippone (Bône) Algérie Académie.
Le Havre (Seine-Inf.) Société nationale hâvraise d'études diverses.
~ Société des sciences et arts, agricole et hor-
ticole.
Limoges (H'-Vienne) Société archéologique et historique du Li-:
mousiu.
LonsAe-Saulnier, Jura Société d'émulation du Jura.
Lyon (Rhône) Académie des sciences, belles-lettres et arts.
— Société littéraire, historique cl archéologique.
- 38 -
Lyon {Rhône) Société d'agriculture, histoire naturelle- et
arts utiles.
— Société botanique.
Le Mans {Sarthe) Société d'agriculture, sciences et arts de
la Sarthe.
Marseille. Académie des sciences, belles-lettres et arts.
{Bouches-dU'Rhone) Société de statistique.
— Société de géographie.
— Société de médecine.
— Société départementale d'agriculture des
Bouches-du-Rhône.
— Société d'horticulture.
— Société botanique et horticole de Provence.
Mende {Lozère) Société d'agriculture, industrie, sciences et
arts de la Lozère.
Montauban Société d'agriculture du Tarn-et-Garonne.
( Tarn-et-Garonne)
Monthéliard {Doubs) Société d'émulation.
Montbrison {Loire) La Diana.
Montpellier {Hérault) Académie des sciences et lettres.
— Société pour l'étude des langues romanes.
— Société archéologique.
Nancy Académie de Stanislas.
{Meurthe-et-Moselle)
Nantes. Société académique de Nantes et de la Loire-
{Loirc- Inférieure) Inférieure.
— Société des sciences naturelles de l'ouest de
la France.
Nice Société des lettres, sciences et arts des Alpes-
{A Ipes-Maritiwes) Maritimes.
— Société centrale d'agriculture, d'horticulture
et d'acclimatation de Nice et des Alpes-
Maritimes.
Nimes {Gard) Académie.
— Société d'étude des sciences.naturelles.
Niort {Deux-Sèvres) Société centrale d'agricult. des Deux-Sèvres.
Paris {Seine) Faculté des sciences.
— Association philotechnique.
— Société nationale d'encouragement au bien.
— Société française do nuniismali(iuc et d'ar-
chéologie.
— - Société [)hilomali(Hi('.
- o9 —
Paris {Seine) Sociôlô ethiiogra|)!ii<jue.
— Société de sooours des amis des sciences.
— Société de biologie.
— S<iciélé do médecine légale.
— Société des antiquaires de France.
— Société des études historiques.
— Société centrale d'agriculture de France.
— Société zoologique de France.
— Société protectrice des animaux.
— . Musée Gui met.
Pau {Basses -Pyrénées) Société des sciences, lettres et arts.
Perpignan Société agricole, scientifique et littéraire.
( Pyrénées-Oriental es)
Poitiers {Vienne) Sociélé académique d'agriculture, belles-
lettres, sciences et arts.
— Société des antiquaires de TOuest
Qiiimper {Finistère) Société archéologique du Finistère.
Reims {Marne) Académie nationale.
Rennes {lUe-et-Vilaine . Société archéologique d'IlIe-€l-Vilaine.
La Rochelle Académie des lettres, sciences et arts.
{Charente- Inférieure)
Rodez {Aveyron) Société des lettres.sciences etarJs de l'Aveyron
Rouen, {Seine-Inf .) Académie des sciences, belles-lettres et arts
— Société centrale d'agriculture de la Seine-
Inférieure.
St'Dizier {Hte-Marne) Sociélé des sciences, lettres, arts, agriculture
et industrie.
Saint-Etienne {Loire) Société d'agriculture, industrie, sciences,
arts et belles-lettres de la Loire.
Saint-Lô {Manche) Société d'agriculture, d'archéologie et d'his-
toire naturelle de la Manche.
Saint -Malo. Société historique et archéologique de
{Càtes-du-Nord) l'arrondissement de Saint-Malo.
Saint-Omer Sociélé des antiquaires de la Morinie.
{Pas-de-Calais)
Saintes. Société des archives historiques de la Sain-
{Charente- Inférieure) tonge et de l'Aunis.
Toulon (Var) Académie du Var.
Toulouse Académie des jeux floraux.
{Haute -Garonne) Académie des sciences, inscriptions et belle i-
lettres.
— Société d'agricuKure de la Haute-Garonne.
— Société Iiispn no-portugaise.
— 60 —
Troyes {Aube) Société académique d agriculture, des scien-
ces, arts et belles>lettres de l*Aube.
Valence (Drôme) Société départementale d'archéologie et de
statistique.
Versailles, Société d'agriculture de Seine-et-Oise.
{Seine^et-Oise) Société des sciences morales, des lettres et des
arts de Seine-et-Oise.
Vitry-le- François. Société des sciences et arts.
(Marne)
Envois du Ministère de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts.
Bulletin du comité des travaux historiques et scientiûques.
Répertoire des travaux historiques.
Revue des travaux scientifiques.
Réunion dçs sociétés savantes des départements, section des
beaux-arts.
Archives des missions scientifiques.
Dictionnaire toi)ographique de la France.
Répertoire archéologiqiie de France.
Journal des savants.
Remania.
Rapports sur les archives nationales.
Annales de Tlnstitut national agronomique.
Bulletin du Ministère de l'agriculture et du commerce.
Bulletin consulaire français.
- CI —
ÉCHANGES INTERNATIONAUX
EUROPE
{AlstKe-Lorr .) Co/mar Société d'histoire naturelle.
— Metz Académie des lettres, sciences, arts et agri>
culture.
{Autriche) Vienne Musée d*histoire naturelle.
{Bavière) Munich Société dliistoire naturelle.
{Belgique) Anvers Académie royale d'archéologie de Belgique.
— Bruxelles Académie d'archéologie.
— — Société belge de géologie et de paléontologie.
{Hongrie) Claudiopoli Société rovale universitaire hongro-claudio-
politaine ï<*rançois-Joseph.
{Italie) Florence Société dantesque italienne.
— Milan Institut lombard.
— — Société italienne des sciences naturelles.
— Naples Institut royal d'encouragement.
— — Société Luigi Camoëns.
— Turin Université royale des études.
{Norvège) Christiania Université royale frédéricienne de Norwège.
{Roumanie) Bucarest Académie roumaine.
{Russie) Moscou Société impériale des naturalistes de Moscou.
— — Société impériale d'agriculture.
{Suède) Goteborgs Kungl Vetenskaps, oon Yittertrets Samhiiller
handlingar.
{Suède) Stockholm Académie royale d'histoire et d'antiquités.
— Uppsala The géological institution of the university.
{Suisse) Genève Institut national genevois.
— Neufchdtel Société neuchàteloise de géographie.
— 62 —
AMÉRIQUE DU NQRD
{Canada) Ottawa. Institut canadien.
{Etats-Unis) Boston American academy of arts and sciences.
U-S-A
— — Societv of natural historv.
— Chicago Aca(]ènile des sciences.
— Colombus Ohio State agricultural Society.
— l'rbana University of Illinois.
^— }Vashinglon Sinithsonian institution.
— — Gcological and geographical Survey of tiie
terri tories.
— — Académie américaine.
{Mexique) Mexico Musée nacional.
— — Société scientilique Antonio Alzate.
AMÉRIQUE DU SUD
{République Argentine)
— BuenoS'Aires L'Université.
(Brésil) Rio-dt- Janeiro Musée national.
— — Observatoire national.
Commission géologique des Etats - Unis du
Brésil.
(Chili) Santiago Société scientifique du Chili.
(Urugay) Montevideo. Musée national.
— G3 -
Par départements
Des sociétés CORRESPONDANTES et des MEMBRES ASSOCIÉS
de TAcadémie d'Aix
Ain Bourg.
Algérie Bône (Hippone) — CoDStantine.
Alpes {Basses) Allemagne — Digne — Força Iquier — Mano^que
Riez — Saint-Michel — Sisteron — Valensole
Volonne.
Alpes {Hautes) Gap — Manteyer.
Alpes-Maritimes Antibcs — Nice.
Aube Troyes.
Aveyron Rodez.
Bouches'du-Rhdne Aix — Arles — Maillane — Marseille — Marti-
gués — Septèmes.
Calvados Caen.
Cantal Clavières-Ayrens.
Charente-Infér. La Rochelle — Saintes.
Côte-dVr Dijon.
Côtes-du'Nord Saint-MAlo.
Doubs Besancon — Montbéliard.
Drôme Tain — Valence.
Eure-et-Loir Chartres.
Finistère Brest — La-Porte-Neuve-en-Ricc — Quimper.
Gard Alais — Nîmes.
Garonne {Haute) Toulouse.
Gers Lombèz.
Gironde Bordeaux.
Hérault Béziers — Montpellier.
Ille- et -Vilaine Rennes.
Isère Grenoble.
Jura Lons-le-Saulnier.
Loire Montbrison — Saint-Etienne.
Loire-Inférieure Nanlts .
Ijtt Cnliors.
— 64 —
Lot-et-Garonne Agen — Cazideroquc.
Lozère Mende.
Maine -et - Loire Angers .
Manche Cherbourg — Saiot^Lô. 1
Marne ChàloQS-sur-Maroe — Reims — Vitry-le-François
Marne {Haute) Saint-Dizier. >
Meurthe-et-Moselle Nancy.
Meuse Bar-le-Duc.
Nièvre Beau mon t-la-Ferrière.
Nord Cambrai — Douai — Dunkcrque.
Orne Alençon. j
Pas-de-Calais Arras — Boulogie-sur-Mer — Saint-Omer.
Pyrénées {Basses) Bayonne — Orthèz — Pau.
Pyrénées -Oriental . Perpignan .
Rhône Lyon — Saint-Cyr-au-Monl-d'Or.
Saône-et'Loire Chalon-sur-Saône ^ Martigny.
Sarthe Le Mans.
Savoie Chambéry.
Seine Paris.
Seine-Inférieure Le Havre — Rouen.
Seine-et-Oise Versailles.
Deux-Sèvres Niort. '
Somme Abbeville ^ Amiens.
Tam-et-Garonne Montauban.
Var Draguignan — Hyères — Toulon.
Vaucluse Avignon — ? Cadenet — Carpenlras — Pertuis.
Vienne Poitiers.
y^ienne { Ha ute) Li moges .
Yonne Molosme -Tonnerre.
}
L
i
i
1
i
■
I
ACADEMIE D'AIX
dO**' Séance Publique
lO OUIN lOlO
SÉANCE PUBLIQUE
DE
L'ACADÉMIE
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ET BELLES-LETTRES
D'AIX
AIX-l-N -PROVENCE
Paul IOURDAN, Imprimeur de l'Académik
ao, Ru« Manuel, SO
ACADEMIE
DES SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS bt BELLES - LETTRES
D ' A IX
90*^^ Séance Publique
Le Vendredi, 40 jain 4910, ?a qaatre-vingti-diiième Séance
Publique de rAcadémie d'Aix a été tenue à 4 heures et demie
dans la grande salle de TUniversité, à- la Faculté de Droit.
Une très nombreuse assistance remplissait la salle bien
avant Tonverture de la Séance.
Sur Testrade, à côté du président, M. Louis de Bl*esc«
avaient pris place M. Giraud, Premier Président de la Gour
d*Appel, et M. Cabassol, avocat, ancien Maire, tous les deux
membres d*honneur de TAcadémie ; ensuite tous les mem-
bres titulaires, honoraires, régionaux et. correspondants,,
présents à Aix.
Aux fauteuils : M. le Vicaire Général van Gaver, repré*
sentant Mgr TArchevéque ; M. le Général Jacquin ; M. le
Colonel Blazer ; M. Guérin-Long, président du Tribunal civil
et autres autorités de tous ordres; M. le Sous-Préfet s^était
excusé pour affaire de<service..
Beaucoup de dames et de jeunes filles, atix gracieuses toir
lettes d'été, embellissaient cette réunion littéraire.
— 6 —
Les lauréats des Prix de Verio occupaient leur place ordi-
naire avec leurs familles.
Pour être complet, nous ajouterons la présence de quatre
tambourinaires de notre Escolo Sextiano, qui devaient faire
entendre, sur Tinstrument si cher aux Provençaux, les an-
ciens airs des « Jeux de la Fôte-Dien i».
M. le Président ouvre 1« Séance et prononce le discours
suivant:
LE SYMBOLISME
DES ANCIE.XS
Jeiix de la Fête h iS>ietL
Tout dins Ion festenau,
es slgniflcatieu...
[Calendal, chant X)
■* »'•
Mesdames,
Messieurs,
Je rencontrai hier mon cher ami M. Toujourdu-
neuf et, comme je Pui faisais part de mon projet
de vous parler des Jeux de la Fête-Dieu, mon
bonhomme de s'écrier, levant les bras au ciel :
« Mais vous ny pensez pas ! Comment oser nom-
mer encore, en pîeîn XX* siècle; ces vieilleries
périmées, ces anrusem^nts quelque peu* vieillots
dont s'égayait sanô doute la naïveté de nos afeux,
mais que ne saurait envisager sans sourire l'esprit
tout pratique et tout scientifique de leurs modernes
petits-fils? Les Jeux de la Fête-Dieu! Mais,
vous nous ramenez aux ténèbres du Moyen-Age !
Laissez, je vous en conjure, dormir en paix dans
la poussière et dans l'oubli tous ces grotesques di-
vertissements d'un âge à jamais disparu ». et,
ce disant, M. Toujourduneuf faisait une si vilaine
grimace que j'en eus presque peur. J'essayai pour-
tant une protestation. « Mais, le culte du passé
l'amour de la Tradition le souvenir de nos pè-
res » Monsieur Toujourduneuf ne voulut rien
entendre. Il ne cessait de répéter : « Plus personne
ne s'intéresse à ces antiquités ? Parlez-nous plutôt
des tramways électriques, décrivez-nous le méca-
nisme d'un aéroplane, et l'on sera heureux de
vous écouter et même de vous applaudir ! »
Je n'ai point suivi les conseils de mon ami. Je
ne sais. Mesdames et Messieurs, si vous m'en
tiendrez rigueur, je ne sais si vous trouverez quel-
qu'intérêt dans le modeste récit de nos vieilles
fêtes provençales. Mais, ce dont je suis certain,
c'est que (n'en déplaise à M. Toujourduneuf) il y
a dans Aix beaucoup de personnes fort attachées
à notre passé. Je n'en veux pour preuve que le
flot d'auditeurs qui se pressent chaque année dans
içale pour écouter, le lendemain de la Noël,
ionnel Plang de Sant-Estéve, ou la Marche
, ou encore le beau Sermon provençal du
ii-Saint. Si vous voulez un nouveau té-
^e de ce que j'affirme ici, je vous rappel-
— 9 —
lerai réclatant succès que remporte chaque hiver,
si légitimement d'ailleurs, notre éminent Conser-
vateur de la Méjanes dans ses conférences hebdo-
madaires sur nos vieux monuments et nos chères
reliques. Tout cela est un signe que Ton se pré-
occupe encore beaucoup des choses d'autrefois.
Tout cela doit faire le désespoir de M. Toujour-
duneuf. Mais cela me donne une singulière con-
fiance et m'engage, malgré mon insuffisance, à vous
entretenir un instant de nos Jeux de la Fête-Dieu.
Le nom seul de nos anciennes réjouissances
évoque en notre esprit la figure si lointaine et
pourtant si vivante, si populaire, si paternelle de
notre bon roi René. On ne saurait parler des fêtes
d'Aix sans saluer au passage, d'un geste respec-
tueux et reconnaissant, le Comte de Provence qui
monte encore la garde, immobile et muet, sous
les ombrages de notre Cours. Ce fut lui (tous les
historiens sont d'accord sur ce point) qui imagina
ou plutôt réorganisa nos Jeux de la Fête-Dieu.
Cette institution qui devait se perpétuer si long-
temps et faire le pieux divertissement de si nom-
breuses générations, est née, assure-t-on, d'une
touchante pensée de sollicitude conjugale. Jeanne
de Laval, seconde femme de Renée, était, parait-il,
d'une santé maladive, d'un caractère triste et tout
— 10 ^
plein de mélancolie. Notre bon roi espérant que
la vue de ces personnages drôlement accoutrés,
de ces chivaous frus aux bizarres çarracoles, de
ces danseurs gracieux, même de ces diables aux
grelots sonnants, ensoleillerait d'un rayon de gaîté
rame de la sombre et délicate princesse. Je ne sais
si les réjouissances eurent Tefifet désiré, si elles
firent naître le sourire attendu sur les lèvres pâles
de Jeanne. Mais ce qui est certain, c'est qu'elles
furent accueillies si favorablement des Aixois et
de tout le peuple provençal que la pratique s'en
est perpétuée, sans interruption ni changement
notables, pendant plus de trois siècles, et qu'il a
fallu le bouleversement révolutionnaire pour rom-
pre cette vieille tradition, et, ce succès n'est pas
pour nous surprendre. Ces cérémonies reflètent
merveilleusement les mœurs de nos aïeux, sous le
triple point de vue guerrier, galant et chrétien.
Les Tournois, les Cours d'Amour, les Mystères :
4
voilà les institutions qui caractérisent le plus net-
tement notre ancienne civilisation, en tendant à
exalter les sentiments de vaillance, de courtoisie
et de foi religieuse qui étaient à la base même de
la société. Et certes, dje la manière avec laquelle
sont synthétisés par nos jeux aixois ces trois as-
pects de nos vieilles mœurs chevaleresques, on
reconnait la main d'un véritable artiste et on ne
s étonne pas que le prince qui sut organiser si ha-
— H -
bilement de pareilles cérémonies, en faire ressor-
tir sous un amusement d'apparence frivole, une
si fidèle image de son siècle et un si pieux hom-
mage à la religion, ait tenu vaillamment aussi la
plume et le pinceau. C'était un talent universel et
ce caractère le rapproche des grands artistes de
la Renaissance dont on peut le considérer comme
un précurseur. La cérémonie symbolise d'abord,
ai-je dit, les goûts militaires de l'époque.
Ce côté guerrer du spectacle nous apparait par-
ticulièrement dans la scène de la Passado, C'est
une sorte d'introduction et de prélude qui avait
lieu le samedi soir, veille de la Fête, à la tombée
du jour ; cela rappelle les joutes et les tournois.
Mais au lieu d'être confiné dans les limites étroites
d'un champ clos, le groupe des Chevaliers pouvait
librement circuler dans toutes les rues au son du
tambour et se livrer avec leurs hallebardes à de
pacifiques combats sous les balcons enguirlandés
et aux applaudissements des plus fines mains de la
ville. La musique naïve et f raidie était de l'inven-
tion du roi René lui-même.
Ce n'est pas seulement dans la Passado que nous
trouvons l'élément des traces des goûts militai-
res, c'est encore dans le défilé des Chevaliers du
Croissant. C'était une milice d'élite établie par le
roi et dont l'insigne consistait en un croissant d'or
suspendu sur l'épaule droite. Elle prenait part à la
L
- ii -
cette réorganisation morale et pacifique employa
tout son talent pour faire briller d'un éclat encore
inconnu soit la Cavalcade ou procession nocturne
du Guet, soit la grande Procession du lendemain
qui avait lieu avec le concours de presque toutes
les administrations civiles et judiciaires.
Mais avant de vous dire dans quel ordre de-
vaient défiler nos processions, je dois vous présen-
ter les deux autres personnages qui, avec le Prime
d'Amour, figuraient dans nos jeux et cérémonies:
ce sont, le Rot de la Basoche et VAbbé de la Jeunesse,
plus connu sous le vocable provençal de l'Abbadié.
Alors que les nominations du Prince d'Amour
ou de son lieutenant et de l'Abbé de la Jeiitiesse
avaient lieu le lundi de la Pentecôte, à la Mairie,
dans le Conseil de ville et après ballotage, celle
du Roi de la Basoche se faisait le même jour, au
Palais Comtal, après la messe, en présence de
deux Conseillers au Parlement, assistés de Mes-
sieurs les Gens du roi, avec le concours des mem-
bres de la sénéchaussée, des syndics des procu-
reurs et des notaires.
Le samedi suivant, veille de la Trinité, les
tambours du Lieutenant et du Guidon du Prince
d'Amour, ceux du Roi de la Basoche et de l'Abbé,
sortaient à midi et commençaient à donner les
aubades. C'était alors le commencement de la fête.
- ib -
Le dimanche de la Trinité, le Roi de la Basoche,
entouré de son capitaine des gardes et bâtonniers,
de son porte-enseigne, de son lieutenant et de
son guidon, précédé des tambours et des violons,
allait entendre la messe à Féglise des Prêcheurs,
aujourd'hui la Madeleine, et faisait TofTrande or-
dinaire. Il était richement vêtu et décoré du cor-
don bleu et de la plaque de Tordre du Saint-
Esprit ; après, il se rendait directement au Palais
et se plaçait sur le trône ; alors, on proclamait à
haute voix tous les officiers de la Basoche : le
Connétable, ï Amiral, le grand Maître et un Cheva-
lier d'honneur.
Ce même jour de la Trinité, îïessieurs les
Consuls nommaient le guidon du Prince qu'ils
choisissaient sur une liste de trois noms présentée
par les syndics de la corporation des marchands.
Le Conseil de ville approuvait cette élection et
celle des officiers de l'Abbé qui étaient un lieu-
tenant de l 'Abbé , un guidon d ' Abbé et six
bâtonniers.
Les fêtes principales commençaient le samedi
soir, veille du la fête, par le départ, à lo heures
de THôtel de Ville, de la grande Cavalcade my-
thologique du Guet dont nous allons bientôt don-
ner Tordre et la composition.
Le lendemain, à la pointe du jour, après les
salves d'artillerie d'usage, commençait la série des
- iG-
aabaJes par les tambours et tambourins. Elles
étaient nombreuses et très suivies par la jeunesse.
Vers 9 heures, l'Abbé de la Jeunesse, le Roi
de la Basoche et le Prince d'Amour, accompagnés
de nombreux musiciens, faisaient leurs visites ré-
glementaires et leurs distributions de douceurs et
de bouquets. Tous étaient suivis d'un cortège
nombreux.
A lo heures et demie, ils se rendaient à Saint-
Sauveur pour, entendre la messe solennelle. Entre-
temps, les Jeux se répandaient isolément dans la
ville et faisaient leurs exercices dans tous les quar*
tiers. La quête leur appartenait.
Vers midi, les Jeux étaient un moment suspen-
dus, les nombreux artistes allaient prendre leur
repas et un peu de repos; ils en avaient ordinaire-
ment bien besoin.
Mais revenons à la procession du Guet. L'iti-
néraire, qui avait varié suivant les temps et les
divers agrandissements de la ville, parcourait les
grandes voies et les principales rues de la cité.
Voici quelle en était la composition et l'ordre dans
lequel il devait marcher ;
La Renommée à cheval ouvrait la marche et son-
t de la trompette ; elle était suivie de tambours
fifres jouant la marche traditionnelle du roi
— 17 —
Venaient ensuite et en nombre les Chevaliers
du Guet ou du Croissant, tenant la pique de la
main droite, suivis de nouveaux tambours habillés
comme les Chevaliers, jouant la même marche
devant le porteur du drapeau du Guet, Puis
arrivaient :
Le duc et la duchesse d'Urbin, montés sur des
ânes, C'était une petite vengeance du roi René,
qui avait eu à 3e plaindre de ce personnage dans
les guerres d'Italie. Ils étaient suivis d'autres che-
valiers du Guet.
Monftis, dieu de la satyre : il était à cheval et
tenait une marotte et un masque.
Mercure et la Nuit, à cheval ; le messager des
Dieux avait des ailes pour marquer la vitesse de sa
course et le Caducée, symbole de la paix. La nuit
portait une robe noire parsemée d'étoiles.
Leis Rascassettos : ce qui symbolisait la lèpre des
vices et de Terreur ; à la procession, il indiquait
de plus la vertu purifiante de la grâce divine.
Le Veau d'or ou le Jeu du chat. Dans le Guet,
ce jeu figurait les désordres produits par les pas-
sions, attaquant le peuple de Dieu lui-même ; à la
procession c'est la loi mosaïque rendant hommage
au Christ.
Pluton et Proserpine, à cheval. Le Dieu des en-
fers était habillé de noir avec une couronne, un
sceptre à la main et les clefs de sa triste demeure.
SÊAN. PUiL. ACAD.— 1910 2
— 18 -
Lou picbon Juec deis Diables, sans l'ange ni
Tarmette.
Lou grand Juec deis diables jnarquait encore le
principe de Terreur et des vices ; mais, à la proces-
sion il indiquait aussi la victoire de Jésus-Christ
sur Tenfer.
Neptune et Amphitrite, à cheval. Le dieu de la
mer portait son trident et sa femme deux dauphins
à la main. Ensuite figurait une troupe de Faunes
et de Dryades, ils dansaient au son des tambourins,
galoubets et tympanons.
Pan et Syrinx^ à cheval. Pan jouait de la flûte
dont il est inventeur.
Baccbus, dieu de la treille. Il était dans un petit
char, artistement décoré, assis sur un tonneau,
tenant une coupe d'une main et un tyrse de l'autre.
Mars et Minerve, à cheval. Le dieu des guerriers
partait un casque avec cuirasse, épée et bouclier.
Apollon et Diane, à cheval. Apollon tenait sa lyre
et Diane son carquois.
La Reine de Saba, dansant gracieusement au son
des tambourins l'air jovial si connu.
Puis les grands et les petits danseurs, avec leur
costume blanc et bleu azuré, qui représentaient au
Guet le symbole de tous les plaisirs, et, à la pro-
cession, l'allégresse universelle produite par le
triomphe de la vérité,
- 19-
Arrivait enfin le grand char de TOlympe traîné^
par quatre chevaux. Il était très richement décoré
et le fond établi en gradins. On y voyait Jupiter,
Junon, Vénus, Cupidon, avec les jeux, les ris et
les .plaisirs symbolisés par de jeunes enfants, su-
perbement habillés, comme d'ailleurs tous les au-
tres personnages. En passant, laissez-moi vous
donner un détail curieux : lors des fêtes de 185 1,
Vénus était représentée dans le groupe des dieux
et déesses par un des doyens de notre Académie,
M. François Vidal t
Après rimmense char qui terminait le cortège
du Guet, arrivaient à cheval les trois parques :
ClotoSr Lachésis et Atropos. Elles figuraient la fin
de la vie humaine, encore mieux représentée dans
une autre scène par Timage de la mort fauchant
tout sur son chemin.
Telle ^tait la composition du Guet qui ordinai-»^
rement vers minuit terminait sa curieuse pro-
menade.
La Procession qui dans le principe devait sortir
après la grand'messe avait été renvoyée» verç le
milieu du XVIP siècle, dans l'après-midi. Elle por-
tait de Saint-Sauveur à 3 heures et ne rentrait pas
avant 6 heures.
J'abuserais réellement de votre attention si bien-
veillante si je vous en faisais une nomenclature. tant
soit peu détaillée. Je vais me borner à vous en
- 20 —
^v*a:u r vmc laconique description d'après le paravent
ouc p^iis^vle notre musée et qui a été donné à la
YîlW» ca 1S67, parla famille de Forbin d'Oppède.
L artiste qui a élaboré cette curieuse peinture a re-
prc^w^nté tout le cortège, circulant ou mieux ser-
ivutant dans la ville, au moment où il va entrer
à Saint-Sauveur.
l>*abord la croix métropolitaine suivie d'une
bannière aux armes d'Aix.
Puis, les corporations ou corps de métiers, au
nombre de trente quatre, figurant avec les bannières
de leur patron respectif.
Quatre trompettes de la ville.
La grande bannière, dite du Corpus domini, avec
les prieurs portant des panonceaux.
Les administrateurs des œuvres pies et des hô-
pitaux : enfants abandonnés, enfants rouges, rec-
teurs de la Propagande, du Mont-de-piété, des
Insensés, des Prisons, etc.
Tous les ermites des environs d'Aix.
Les congrégations religieuses : les Picpus, Capu-
cins, Trînitaires, Minimes, Recolets, Observantins,
Carmes, Dominicains, etc.
Puis» divers groupes des jeux qui se célébraient
à la Fête-Dieu : la reine Saba, les rois Mages, les
grands et les petits Danseurs, les chevaux fringants,
les apôtres, etc.
— '^I —
Arrivaient, à la suite, la Compagnie d^s fusi-
liers, commandés par les six bâtonniers de TAb--
badié, avec leur tambour et leur porte-étendard,
TAbbé de la ville et son entourage.
La compagnie des Mousquetaires, commandée
par le premier bâtonnier de la Bazoche, porte-
enseigne, corps de musique, dignitaires de la Ba-
zoche, Mignons, roi de la Bazoche et la suite.
Le Prince d"Amour et tout son galant entourage.
Le corps des Notaires.
L'Université avec son massier, son recteur et les
quatre facultés de Théologie, de Droit, de Méde-
cine et des Arts.
Les Procureurs au Parlement et au siège.
Le Massier et le Clergé métropolitain.
L'Archevêque portant le Saint-Sacrement sous
un dais superbe auprès duquel on remarquait le
Premier Consul d'Aix avec le chaperon, mi-partie
rouge et noir, à Tépaule.
Le Parlement, en robe rouge, précédé de Thuis-
sier portant la masse de justice et suivi de mes-
sieurs les gens du roi.
Les Trésoriers généraux de France tfenant des-
panonceaux.
. La Sénéchaussée en entier.
La Maréchaussée, en armes ayant à sa tête ïè
prévôt.
Enfin, la suite des fidèles portant des cierges..
Nous ferons remarquer que Ja Cour des Comptes
ne figurait pas dans ce grand cortège qui ne com-
prenait pas moins de six cents personnes. Elle assis-
tait à la procession qui avait lieu le dimanche de
l'Octave de la Fête-Dieu.
Le paravent donné par la famille d'Oppède
(nous ne saurions trop vous engager à aller le
voir et l'admirer) porte à son revers la représen-
tation de presque tous les jeux qui ont figuré dans
le Guet ; la scène se passe au Faubourg, extra
muros, presque en face de l'église de Saint-Jean-
Baptiste, Les groupes des personnages sont repré-
sentés à peu près dans l'ordre du cortège. Ils sont
disséminés devant la foule des promeneurs de
toutes conditions qui circulent à pied, à cheval,
en voiture, même en chaise à porteurs, devant
les boutiques des marchands forains qui donnent
à boire et à manger.
Dans un coin, le peintre a représenté un berger
qui garde des moutons, pour indiquer sans doute
que ces scènes se passent presque à la campagne.
2ue de choses n'aurions-nous pas à vous dire
;ore sur nos fêtes! Mais ce qui frappait, surtout,
:ait la variété des spectacles, la beauté et la
sndeur des costumes ; aussi, on dépensait beau-
ip pour attirer le plus possible et retenir le
s longtemps ces nombreux étrangers qui ve-
ent de tous les coins de la Provence, du Comtat.
- 23 «
même du Dauphiné, admirer nos fêtes et faire dans
notre ville une dépense profitant à tous les corps
de métier. Qui sait si notre bon roi René n'avait
pas pensé à ce résultat en restaurant ces jeux ?
Nous le croyons sans peine ; car, il était toujours
heureux de là prospérité et du bonheur de ses
bons sujets Âixois.
La célébration de nos Jeux, interrompue par
la Révolution de 1789, fut rétablie en 1807 sur
la demande de M. François Sallier, alors- maire de
la ville, qui rédigea à ce sujet une intéressante
proclamation donnée par Millin,. de 1/Institut, dans
son voyage dans le midi de hi France;
Ils furent joués, en 1823, à l'occasion de la
visite à Aix de la duchesse d'Angoulème.
La dernière fois, en 185 1, sous l'administration
bienfaisante de M. Rigaud, maire. M. de Saint-
Charles, étudiant en Droit, remplit le rôle du
Prince d*Amour ; M. Prosper de Castillon celui du
roi de la Bazoche et M. Henri Pbncet, ce musi-
cien distingué que tout le monde a connu et qui
fut de notre Académie, celui d'Abbé de la Jeu-
nesse. Cette fête éblouissante, terminée par un
bal superbe donné par M. de Castillon dans l'in-
térieur du palais, attira, dit-on, dans Aix plus de
trente mille étrangers»
— 24 —
Notre grand poète Mistral assista aux réjouis-
sances et s'en souvint plus tard quand il écrivit le
Chant X* de son Cdettdd. Je me reprocherais
certainement de ne point citer au moins quelques
vers de la brillante description qu*il en fit :
Dorant quatre ovro de reloge.
Li Contraria, prièa e Calog«,
Çonfrarié mesteiralo emé si gountalonn,
Aqoi défilooD ; tapîssado
Eme de richi pavesado
Soun li carriero. e Iraressado
Pèr de tèndo ; a de roso e de chalo a moalonn.
Alor, tambovr e fifre en tèslo,
Nanire, li baile de la fèsto,
L'Abadié, la Bedocho e Ion prisée d'Amovr.
Sooto ]i coalour cièuladano
Que fai vou^ la Tremounlano,
DÔH Cours intran sus lis smdano ;
Jamai mai, o pairi», ai senti ta cremour !
Notre tâche est terminée, et pourtant nous ne
saurions passer sous silence la très intéressante
reconstitution enfantine qu'une vraie Provençale,
fort éprise de nos vieilles gloires, sut organiser,
dans ces dernières années, pour une fête de charité.
Plusieurs parmi vous. Mesdames et Messieurs,
se rappellent certainement encore cette charmante
représentation qui sut mériter de si vifs applau-
dissements et donner à nos jeux délaissés un
petit rayon de jeunesse qui a réjoui tous les amis
de nos traditions.
_ 9.H _
ZO
Laissez-moi vous dire maintenant, en finissant,
que si je vous ai fait le récit 4^ notre grande fête,
je ne vous ai pas parlé beaucoup de ces airs popu-
laires composés à son occasion par le roi René.
Notre honorable confrère, M. Borel, a su nous les
conserver dans leur pureté primitive dans son
œuvre musicale. Mais, ce que je n'ai pas fait moi-
même, d'autres auront le plaisir de l'exécuter.
Dans ce but, j'ai prié quelques membres de notre
groupe de tambourinaires aixois, toujours empres-
sés à faire plaisir, de venir nous les faire entendre.
Je pense que vous leur saurez gré de cette atten-
tion délicate, qui sera, je l'espère, une surprise
agréable pour tous.
\
SUR LES
PRIX DE VERTU
RAMBOT, REYNIER & Henncttc RAYON
ET LIS
PENSIONS OUVRIÈRES
Irma MOREAU & veuve NÈGRE
PAR
Jérôme De DURANTI LA. CALADE
^=i^i^
^ Mesdames,
Messieurs,
Les Fondateurs des Prix de Vertu que nous
distribuons annuellement ont été heureusement
inspirés en spécifiant qu'ils entendaient récompen-
ser les actes de dévouement, de courage, de désin-
téressement, les soins donnés à la vieillesse et
Tenfajice pauvre et abandonnée. Ainsi prévenus,
nous ne risquons pas de nous égarer dans nos ap-
préciations et nous discernons plus aisément
parmi les candidats qu'on nous propose ceux qui
réalisent un ou plusieurs des articles de ce
programme.
- 28 —
Mais lorsque la moisson de vertu est particuliè-
rement abondante — et c'est le cas cette année. —
Lorsque le programme est réalisé, non en partie
mais intégralement, lorsqu'on peut mettre en
évidence lé dévouement et Tabnégation ignorés et
proposer comme exemple les actes de courage les
plus éclatants, TAcadémie, bien qu'elle ne soit
pour rien dans la vertu dont elle fait l'éloge, avant
de proclamer les noms des lauréats, serait tentée
de s'attribuer à elle-même un témoignage de satis-
faction, ne fut-ce que pour avoir si bien rempli
son rôle d'exécutrice testamentaire.
Prix Rambot
C'est à Mademoiselle Emilie Sapel que nous
avons attribué le prix Rambot. Rien de plus
simple, rien de plus touchant que sa vie. Elle
se résume en trois mots : Abnégation, charité,
désintéressement.
Née à Brest en 1847, ^^l^ ^^^ abandonnée dès
sa naissance par des parents qui ne se sont jamais
fait connaître ; l'hospice de cette ville la recueillit
et réleva.
Si Emilie Sapel a été privée, dès le berceau, de
la tendresse, incertaine du reste, d'une mère qui se
dérobait au plus saint et au plus naturel de ses
devoirs, elle reçut toutefois une éducation chré-
tienne dans cette maison charitable et fut préser-
— 29 -
vée, sans donte, de mauvais exemples qui l'auraient
probablement écartée des sentiers de la vertu
que nous louons publiquement aujourd'hui.
En âge de gagner sa vie, elle se place con^me
domestique dans une famille du Midi qu*elle suit
en Provence et à Aix où nous la trouvons chez
d'excellents maîtres qui ne peuvent la reprendre
que sur l'excès de sa charité.
En effet, non contente de remplir exactement
ses devoirs d'étatj Emilie Sapel, pauvre elle-même,
ne disposant que de fort maigres ressources, s'en
dépouillait pour soulager la détresse de ceux qui
lui paraissaient encore plus infortunés.
C'est ainsi qu'elle adopte, pour ainsi dire, l'en-
fant âgé de six mois d'une femme devenue veuve
et que la mort de son mari plonge dans une noire
misère. Emilie Sapel ne met un terme à ses géné-
rosités que lorsqu'elle est assurée que la mère et
Fenfant sont à l'abri du besoin. Son désintéresse-
ment ne connaît pas de borne. Une famille vient
d'éprouver des revers. Emilie l'apprend, elle
* prête », pour la relever, 1,500 fr. somme
exhorbitante pour une pauvre servante. Ses
obligés en profitent, mais oublient de la lui
rendre.
Sera-ce une leçon pour Emilie Sapel ? Appren-
dra-t-elle, à ses dépens, à se montrer moins prê-
teuse à Tavenir ? Nullement, la chanté chez ell
e
-so-
no ImIssi' mu'une place à la prudence. Elle obligé
Mm' mitiv famille, et voilà une somme de 400 fr.
ou\'llo vloniio encore et que lui fait perdre une
muivolU- ingratitude.
t'iUMUilri; fois, c'est une pauvre vieille femme,
hulMttuU In rue de Venel, qu'elle soigne aux heures
of\ l'Ile n'est pas retenue par son service. Auprès
iW sa nouvelle protégée elle se prodigue avec le
pou qu'elle possède pour lui procurer des remèdes,
du linge et des provisions. <
l'"miiie Sapel a 63 ans, aujourd'hui elle est infir-
me, sa santé et ses économies se sont usées au
service des malheureux, elle était digne d'attirer
l'attention de notre Compagnie qui lui a accordé le
prix Rambot de 545 francs.
Prix Reynier
Si nous sommes heureux de mettre en lumière
la vertu ignorée et qui s'ignore, nous ne le som-
mes pas moins de louer les actes de dévouement,
d'intrépidité et de courage revêtant un caractère
héroïque. C'est bien sous cet aspect que nous
apparaît la belle conduite de Messieurs Joseph
Granon et Femand Armaud dans la nuit et les
' nées qui suivirent le tremblement déterre du
iuin 1909, si désastreux pour le village de
nés et ses environs.
irpris, affoles par rétrangc soudaineté d'un
- 31 -
fléau que rien ne faisait prévoir, les habitants
fuyaient leur maison, leur foyer. Cruelle ironie !
le foyer, cet emblème classique de la sécurité,
devenu pour eux la plus terrifiante des menaces-^ —
•
et chacun, talonné par l'instinct de la conservation,
s'éloignait au plus vite de ces ruines croulantes.
Cependant quelques hommes detête et de cœur
saisissant d'un coup d'œil l'étendue du désastre,
comprennent qu'il ne suffit pas de se répandre
dans les champs ; que de nombreuses personnes
sans doute, peut-être des familles entières ont pu
être surprises par le subît effondrement du vieux
village, qu*il y a des victimes à secourir, du mon-
de à sauver. Et, sans écouter les paroles vaines et
décourageantes de ceux qui allèguent toujours de
bonnes raisons pour démontrer qu'il n'y a rien à
faire, une brigade de secours est promptement or-
ganisée. A sa tête on distingue M. Joseph Granon,
entrepreneur de maçonnerie, dont Texpérience
sera des plus précieuses pour guider le sauvetage
au milieu des murailles chancelantes, et Fernand
Arnîaud, un tout jeune homme rempli de généro-
sité, d'audace et de courage. A ceux-ci se joignent
les deux frères de M. Granon ; M. Fabre, plein
d'ardeur malgré ses 74 ans ; M. Michel, ordonna-
teur des hospices ; M. Germain, garde-champêtre ;
M. Aubert , cantonnier ; MM. Silvain Gérard ,
Henri Lczaud, Lcon Thérv, le docteur Madon, le
-32 -
lirutcnant Borde et bien d'autres que l'Académie,
n'a pas les moyens de récompenser tous mais
qu'elle associe tous dans le même éloge à ses deux
lauréats.
Ce qu'ont tenté et accompli cette poignée de
braves gens, l'imagination se le représente à
peine ! Quelle * hardiesse ils ont montrée quand
ils s'aventuraient, sous une pluie de pierres, sur
des planchers disjoints, mal étayés, sous les voûtes,
ruineuses. De quelle patience, de quelle opiniâtreté
ils ont fait preuve pour venir à bout de ces inter-
minables déblaiements qui demandaient des efforts,
inouïs et des précautions minutieuses pour éviter
que le sauvetage ne soit plus funeste aux victimes.
que ne l'avait été la catastrophe elle-même. Et.
quelle amère déception quand ces longs et pé-
rilleux efforts n'aboutissaient qu'à la découverte de
cadavres défigurés, écrasés sous le poids des
éboulis. Alors le cœur serré, privés de ce ressort
qu'est en nous l'espérance, déçus de la consolation
de sauver des vivants, Granon, Arniaud et leurs
compagnons accomplissent leur tâche jusqu'au
bout et s'appliquent à la lugubre et pénible beso-
gne de rendre les derniers devoirs à ces pauvres
restes meurtris.
Cependant, hâtons-nous de le dire, ces héroï-
ques travaux n'étaient pas toujours stériles.
- 33 -
de sauver trois personnes. Je me fais un plaisir de
citer deux touchants épisodes que j'emprunte aux
excellents mémoires que nous ont adressés M.
Fraisse, directeur de TExternat Jeanne-d'Arc à
Rognes et Mademoiselle Marie Tay.
Ces deux relations écrites par des témoins
oculaires sont d'une sincérité qui les rend saisis-
santes :
« La famille Raynaud, nous dit M. Fraisse,
« composée du père, de la mère et de deux en-
« fants, avait été ensevelie dans sa maison complè-
« tement écroulée. Grâce à la connaissance des
« lieux et à des indications très précises données
« par un parent, on put arriver facilement jus-
« qu'aux victimes. Le père était vivant et n'avait
« que quelques contusions sans importance. Mais
< il n'en était pas de même de la mère qui avait
« succombé et qui tenait encore dans ses bras,
« serré sur son cœur, son plus jeune fils, le petit
« Armel âgé de 3 ans. Ce ne fut qu'avec beaucoup
« de précaution et de peine que le jeune Arniaud
« réussit à desserrer les bras raidis de la malheu-
« reuse femme. A peine y avait-il réussi que le
« pauvre petit rendait le dernier soupir. Il enve-
« loppe les corps et les confie à des amis qui les
« transportent à THôtel-Dieu. Arniaud revient et
€ vole au secours de la petite Julie Raynaud en-
SÉAW. PUBL. ACAD. — 4910 3
— 34 -
« core vivante et dont les appels désespérés fen-
« dent rânie. s^
Elle avait glissé dans le sous-sol par une cre-
vasse que bouchait providentiellement un vieux:
pétrin qu'on ne pouvait remuer sans risquer
d'écraser Tenfant sous une avalanche de dé-
combres.
« Une inspiration vient à notre héros, avec un
« couteau-scie il pratique une ouverture dans ce
« meuble, assez grande pour y passer le corps,
« puis, se faisant suspendre par les pieds par deux
« camarades, il se glisse dans cette trappe et tra-
« vaille, dans cette position, pendant près d'une
« heure à débarrasser la pauvre enfant dont le
« corps est en partie recouvert d'un amas de
« moellons et de plâtras. Ses efforts furent cou-
« ronnés de succès , mais non sans peine , car
« l'ouverture n'était pas grande et l'on devait
« user de mille précautions pour qu'un éboule-
« ment ne se produisit pas. Grâce à Dieu ! on y
« parvint, Julie Raynaud fut transportée, moitié
« évanouie, à l'hôpital. Là, ayant repris ses sens
« elle remercia son jeune sauveur en des termes
« tels qu'elle fît verser des larmes à tous les
« assistants. »
Ailleurs nous trouvons Joseph Granon, assisté
- 35 -
d'Arniaud, qui dirige le déblaiement de la maison
Rosso. Je cite Mademoiselle Marie Tay :
« A ceux qui disaient : C'est inutile, la famille
« Rasso a péri tout entière ; Granon répondait :
« Pratiquons d'abord une ouverture au milieu de
« ces décombres et nous verrons bien si ces mal-
« heureux sont ensevelis morts ou vivants. Après
« des efforts inouis on découvre enfin la table au-
« tour de laquelle étaient rangés les Rosso pour
« prendre leur repas du soir et, spectacle affreux, la
« tête du père émerge des décombres, un instant
« après la mère apparaît aussi, projetée dans un
« coin. C'est alors qiie Joseph Granon eut l'idée,
^ par dessous la table, d'appeler Adèle, un gémis-
« sèment lointain répond à sa voix. Et quand plus
« tard dégagée en partie des ruines qui l'enser-
« rent on appelle à nouveau Adèle, celle-ci répond :
« Je n'y vois pas. Pour la sortir des tas de pier-
« railles dans lesquelles la fillette était enfermée,
« Joseph Granon paya à tel point de sa personne
« que la sueur ruisselait littéralement de son
« visage, aussi les premiers mots de la jeune fille,
« revenant à elle, furent : Il pleut sur ma tête ! )^
Et, ajoute avec une éloquence vraie et hardie
l'auteur du mémoire :
« Il pleuvait du dévouement en effet , ce
« jour là. À^
— 36 -
En résumé MM. Granoîi et Arniaud, lors de la
catastrophe de Rognes ont, au péril de leur vie,
retiré six cadavres des décombres et sauvé la vie
à trois personnes.
En conséquence l'Académie décerne à M. Joseph.
Granon une médaille d'honneur en vermeil et at-
tribue à M. Fernand Arniaud, actuellement soldat
au 23°'' Chasseurs- Alpins, la somme de 900 francs.
Prix Henriette Rayon
C'est la deuxième fois que le prix Rayon est
attribué, conformément aux intentions de la fon-
datrice, à une jeune fille dont l'Académie aura
distingué les mérites.
Née en 1859, Mademoiselle Marie NouverronSf
fille d'une ancienne lauréate de notre Compagnie,
a hérité des vertus de sa mère, mais ce fut là son
seul héritage, car la gêne, pour ne pas dire la
cruelle misère, resta toujours implantée au foyer.
Le père, devenu paralytique de bonne heure ne
pouvait fournir aucun travail. La mère obligée de
suffire à tout ne tarda pas à ne plus pouvoir suffire
à rien par l'épuisement prématuré de ses forces.
Désormais c'est le travail de la jeune Marie
Nouverrons qui devient l'unique ressources de
cette famille d'infirmes.
Employée comme couturière chez Madame
Etienne, Marie partagea ses journées entre l'atelier
— 37 -
et le chevet de ses malades. Son père meurt, mais
quelque temps après sa mère tombe dans Tenfance,
ne peut plus quitter son lit et se couvre de plaies.
Marie Nouverrons se surmène, travaille sans répit
pour nourrir, soigner, panser sa pauvre mère qui,
dans cet état, a végété douloureusement pendant
sept années.
Mademoiselle Marie Nouverrons a bien mérité
le prix de 275 francs légué par Henriette Rayon.
Pension veuve Nègre
La pension Nègre destinée à un ancien ouvrier
maçon, est attribuée à Henri Segond^ né le 22
août 1824. Il va donc atteindre Tâge respectable
de 86 ans, il est le doyen de sa corporation.
Jadis il a fait bravement son service militaire
dans le corps que commandait Màc-Mahon quand
il n'était encore que simple colonel.
Dans tous les chantiers où il a travaillé, Henri
Segond a laissé le souvenir d un ouvrier honnête,
consciencieux et loyaf. L'Académie est heureuse
de lui attribuer une pension viagère de 329 francs.
Pensions Irma Moreau
Nous avons trois pensions Irma Moreau de
200 francs à attribuer cette année : Une d'ouvrière
septuagénaire et deux de pères de famille.
- 38 -
La première a été obtenue par Caroline Gabalda^
âgée de 72 ans, loueuse de chaises à la paroisse
Saint- Jérôme. Ce modeste emploi constitue toutes
ses ressources, ou peu s'en faut et son* passé la
rend digne de tout notre intérêt, car elle a soigné
avec un entier dévouement des parents infirmes,
morts à 87 et 88 ans. A un âge déjà avancé, pres-
que dénuée de tout, Caroline Gabalda réussit en-
core à venir en aide à un neveu incapable de
gagner sa vie.
Paul Escoffîefi cultivateur à Gardanne, est
atteint d'une cécité presque complète. Son fils aîné,
menacé lui-même de perdre la vue, non seulement
ne peut seconder son père, mais aggrave la gêne
m
de la maison par suite de son infirmité.
Cette triste situation a paru si digne d'intérêt
que nous avons unanimement jugé qu'une des
pensions disponibles serait bien placée chez cet
honnête et infortuné père de quatre enfants.
Il va de soi que le nombre des enfants constitue
l'un des motifs prépondérants qui déterminent no-
tre choix entre les compétiteurs aux pensions
Irma Moreau, destinées aux pères de familles.
Les époux Abelf très estimables cultivateurs de
Rians, se présentent à nous avec une postérité vi-
vante dont le chiffre s'élève à 10 — pour le moment
— 5 garçons et 5 filles ; l'aîné a 1 7 ans, le plus jeune
-39 -
a eu i6 mois avant hier. Ils réalisent, et au-delà,
les conditions du legs et les intentions de notre
généreuse légatrice.. L^Académie se réjouit de faire
profiter les époux Abel de ses libéralités.
Mesdames, Messieurs,
Je ne me trompais pas en disant au début de ce
rapport que les intentions de nos Fondateurs de
Prix de vertu recevaient, cette année, un entier
accomplissement. Et si TAcadémie, consciente
d'avoir fait de la bonne- besogne, s'en montre un
peu vaine, reconnaissez de bonne grâce que ce
brin de vanité, s'il n'est pas entièrement justifié,
est au moins fort excusable.
On a lu
!• Profils AlgérienSf par M. le Conseiller Vallier-
COLLOMBIER ;
2"" Une Page de lliistoire d'Aix sous la Révolution,
par M. Edouard Aude ;
y Lettre ouverte de la Comète à la Terre, par
M. Revol.
- 41
PRIX RAMBOT
Fondé en 4859, suivant testament olographe du 2l>
août 4858, pour récompenser les actes de dévouement ,
de courage, de désintéressement, les soins donnés à la
vieillesse et à l'enfance pauvre et abandonnée .
Le prix Rambot de 545 francs, indivisible, a été
décerné à cinquante- deux lauréats de 1860 à 4910 ;
Leurs noms ont été publiés dans les précédents
Bulletins ; nous donnons ci-dessous la liste des dix
derniers.
Depuis 1901.
1 901 . Le Comité de Sauvetage de la station dé'Carro,
commuDe des Martigues.
4 902. Mlle Blanche Arène, d'Aix.
1903. M. Marins Armand, à Aix.
1904. M. Mathieu Jeauffret, Les Milles, commune
d'Aix.
1905. M. Louis-François Remusat, d'Aix.
1906. Mlle Victoria Rby. d'Aix.
1907. Mlle Ermance Mégy, d'Aix.
1908. M. Marins Dagard, d'Aix.
1909. Mlle Marie Rivière, d'Aix.
1910. Mlle Emilie SosPEL.
- 44 —
III
PENSIONS IRHâ HOREâU
Ces pensions ont été fondées en 4899, par testament
de Mademoiselle Irma Moreau, du 7 janvier de la
même année, qui institue l'Académie sa légataire
universelle. Elles consistent en une somme annuelle de
200 francs.
Elles sont destinées à offrir une récompense et procu-
rer un secours aux personnes particulièrement recom-
mandées par leur honnêteté et leur vertu notoires,
qui en seront les plus dignes et qui devront être choi-
sies dans les catégories suivantes :
7" Pères de famille veufs ou non , et mères de
famille veuves , connus comme gens malheureux et
nécessiteux, exempts d'ivrognerie et autres vices, et
ayant au moins deux enfants ;
2^ Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie, ou
d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans timpos-
sibilité de subvenir à leurs besoins.
L'Académie a commencé à décerner ces pensions en
4002.
— 45 —
des pensions ouvrières
r* CATEGORIE (Pères et Hères de famille)
4903.
M. Fidèle BONTOUX, à Aix (5 enfants)
i>
M. Siméon FOUQUE, au
Pey-Blanc, (8
» )
»
H. Jean LÂRGUÈZË, à Âîx (4
» )
»
Mme veuve BARNIER, née
Alexis, à Luynes (7
» )
4904.
M. Charles DESPLAS, de
Castres (6
» )
4905.
M. Yictorin GINIEZ, à Galice (8
» )
4906.
Mme Vve Marius QUENIN (7
» )
»
Mme Laurent Vve Jules
DÉCORY (5
» )
4907.
Mme veuve TEMPIER, née
Tardieu (5
» )
4908.
Mme Pauline DEDIEU, née
Phaillon de S-.Remy (7
» )
»
M. Hbkri MICHEL aux Milles (6
» )
4909.
Mme veuve AURRAN (4
» )
4940.
M. Paul ESCOFFIER, de
Gardanne (4
» )
»
Les époux ABEL, de Rians (40
» )
t mars 4907
- 4G -
2-** CATEGORIE [Oifiiéres)
4903. Mme veuve CAVALIER, née Pomti,
à Aix. f
» Mme veuve POURCEL/ née Facque,
à Aix.
Mlle Marie ARNAUD, à Aix f
Mme veuve RARBIER, née Aluenge,
à Aix.
3 Mlle Marie CHIEUSSE, à Ar1es-s/-
Rhône. f
4904. Mlle Marie CADENEL, à Eguilles. f
4906. Mlle Angèle CADENEL à Eguilles.
» Mlle Marie MÉOUVE, à Aix.
4907. Mlle Mélanie RABASSE, h Aix.
4908. Mlle Madeleine CHIEUSSE, à Arles.
» Mlle Augustine-Elisabeth RICHAUD,
à Aix.
» Mlle Mathilde JOUYNE, à Aix.
4909. Mlle Antoinette BOYER, à Aix.
4910. Mlle Caroline GABALDA, à Aix.
4908
mars 4907
avril 4907
Juin 4906
1
décem. 4907
-47 -
IV
PRIX HENRIETTE RAYON
Ce prix de 275 fr. a été fondé par Mademoiselle
Henriette Rayon, par testament du 26 décembre
4906, pour récompenser une jeune plie dont le bureau
de V Académie aura distingué les mérites.
Comme pour les autres prix Rambot, Reynier et
Irma Moreau, la liste de ces prix sera insérée dans
le présent Bulletin.
L'Académie a commencé en 4909 a décerner ce
prix
Hjiste dos I^auréats
Depuis 1909
i909. Mlle Herminie CÂLLIER, d'Aix. '
4910. Mlle Marie NOUVERRONS, d'Aix.
1
PENSION V" NËGRE
Cettepeiuion a été instituée par Madame Virginie
Fabrk. veuve Nègre, décédée à Àtx le 8 juillet 4908.
Par son testament du 16 juillet 4903, Madame
Nègre a fondé ce legs, en mémoire du sieur Fabre, son
père, qui était maçon. Il consiste en une pension ou-
vrière de 329 francs à décerner à un maçon, marié
ou non, avec ou sans enfant, ne pouvant plus tra-
vaiiler. d'une honnêteté parfaite et bien reconnue,
pour en jouir sa vie durant.
L'Académie a commencé à décerner celte pension
dans la Séance Publique de 1940.
ILilste des Lauréats
depuis 1910
0. Henri SECOND, d'Alx, âgé de 85 ans.
49 -
BUBEAU DE L'ACADÉMIE
1909 - 1910
Président •.
Vice- Président
Secrétaire perpétuel.
Secrétaires annuels.
Archiviste •. .
Bibliothécaire
Trésorier
M. L. DE À'iGALD 1)£ BrESC,
M. £rnest Lacoste.
M. le Baron Guillibert.
M. Edouard Aude.
M. Gustave Reynaud.
M. le Maix|uts C. dIlle..
M. le Docteur Aude.
M. MOIRAVIT.
SÉAN. ITBL, ACAD. — 1910
L
TAIIIJÎAI'
lies
MEMBRES DE L'ACADÉMIE
(.\ri<^lô en iioiU lOrO)
MEMBRES OlIONXELIt
MM.
Arbii'd Poul U, bibliophile. Assont- itigiônat le i> jan^iel'
1883. membre <l'honneii[- k- 30 jtmvicr IS9i. Rue du
(Juutrt-Seplembre, t', à Ai.c.
Mistral Frédéric, C. ^ ^ r|>. Correspondant 2 mars 18G3.
membre d'honneur le 6 juin 1899; à MatUane fB.-du-R.J.
Ca»ssol Joseph, ancien Maire, ancien Consoiller Général,
avocat à la Cour, ancien bâtonnier. 23 janvier 191)6 ;
place Jeanne-d'Arc, à Atx.
PËcotL Auguste, G. n. :&, ni-cbivisle paléographe. Corres-
pondant 3 mars 1901. Hembred'honneurSà'avril 1907;
« Draveil fSeine-et-Oixe), et »■«« Boissy-d'Anglas, 12. à
Paris.
Charlks-Hol'x Jules, C. ^', ancien député. Associé régional
tï janvier 1883. Membre d'honneur 3 décembre 1907.
Itue Pierre-Charron, 12, à Paris.
Michel Evarisle ^, docteur en médecine. Membre honoraire
21 février <902. Membre d'honnenr 14 janvier 1908. fliw
de Cticky, 40, à Paris, et villa Hignet, à Aix.
S. li\c, M. llËvoit Paul, G. -^, ambassadeur de France en
Espagne, 2i mars 1908; à Madrid.
l,tv,tssEDB Emile, G. 0. ^, membre de l'Inslilul, adminis-
trateur du Collège de France. 15 décemhre 1008; an
Collège de Francp, à Pnrjs.
GiniuD Charles, §, Premier Président du ^a (^ur d'Appci,
16 mars 1909. Rue deJ'Opëra, à Aix.
AiCAitn Jean f^, membre de l'Académie Frr.ninise. l'i mnrs
1910 ; .( r.'i (inrth: lov.v r<mhm ■'Var:
ol -
. MEMBRES TITULAIRES
MM.
C.iiERRiER (le chanoine) Joseph, doyen du Chapitre Métropo-
litain, docteur en Théologie. 25 avril 4872. Boulevard
Saint-Louis, 15.
GuiLLiBERT (baron) Hippolyte, ^ 0. »p, ancien bâtonnier de
1 ordre des avocats à la Cour. 45 janvier 4878. Rue
Mazarine, 14.
V^iDAL François ^ ïgx, conservateur honoraire de la biblio-
thèque Méjanes. 24 janvier 4879. Avenue Victor-Hugo, 17,
MouRAYiT Gustave »p, président de la Chambre des notaires,
8 février 4884. Place des Prêcheurs, 34.
SouBRAT Charles, ancien conseiller à la Cour, président du
Comice agricole. 45 février 4884. Rue Mazarine, 8.
Marbot (le chanoine) Edmond, ancien vicaire général. 28
mars 4887. Rue Goyrand, 3 bis.
Gantelmi VILLE (marquis de) Charles :^ »p 0. )!{(. Associé
régional le 42 janvier 4883, membre titulaire le 47 juin
^^0. Cours Mirabeau, 6.
PoNTiER Henry, I. P. , conservateur-directeur du Musée. 5
avril 4892. Rue Cardinale, 13.
SiGAtiD DE Bresc (de)tfcimis, ancien conseiller général. Associe
régional le 42 janvier 4885, membre titulaire }è 23
janvier 1891. Rite Sallîer, 7.
r,l-
B« ""' *"'" ,„rMri«. •• P- « ^' «••te.* ancien
««tflii (l»"*" v.^ de» Ungues Romanes. Correspon-
""^ "" I,. Anioine. Aswcié régional le % février
«.rfliî» "*"!."!. lUolaire le«3inar» 4897. ««e CardinaU, 23,
'1m^ -"/Jj;;; 7* Montpellier (Hérault).
'^^ (\*k »X. «. médecin en chef de la marine, en
'^''"'"' t ...fenBR (comlc de) Charles, avocat à la Cour,
l«"'«''<'riion»l 10 Ï7 décembre 1897, membre titulaire le
■*""'. nnvnmnd I. P. *». professeur à la Faculté des
!»«'•*'* 30 ianvior 4000. «w d« Brw-d'Or, 2.
ii«nri l P. U> chanoine titulaire de la métropole.
"îlSu'"«'« l.joiH. Miguel- 48 décembre 4900. Jh« du
. xlffHl «vwat a 1* Ck>ur. -Associé régional le 10
,.. ... 0.«M«ùr ^. «ucicn ^Ji-nier de l ortre des ,x^..s.
i.tv».>Ht 1 I» ai. wns*rvateurdel» BibîsothèqweMe-
\
- o3 -
De Dlranti la Calade Jérôme Cj), licencie ès-LeUres. îî
mars 1905. Place d'Albertas, 10.
Michel Tranquille, ^:, ingénieur en chef des Ponts-et-
Cbaussées. 40 avril 4905. Rue du é-Septembre,
Jalffret Alfred, avocat à la Cour. 27 mars 4906. Rue des
Epinaux, 13.
Retkacd Gustave, directeur des Contributions directes, en
retraite. Associé régional 30 janvier 1906. Membre titu-
laire 48 décembre 4906. Rue Cardinale, 17.
Vallier-Collombier Alfred ^, conseiller à la Cour d*Appel
d'Aix. 42 mai 4908. 10, rue Espariat
AuDiNET Eugène, I. P. U, professeur à la Faculté de Droit •
de rUniversilé d'Aix-Marseille. 45 décembre 4908. Cours-
d'Orbitelle, Aix.
MouGiKs-RoQUFFORT (comte de) Charles, Docteur en Droit.
Associé régional le 4 4 mars 4890, membre titulaire le 26
janvier 4909. Rue Cardinale. 17.
BAf.ARRY Paul, avocat. Associérégional 42 janvier 4909. Mem-
hro titulaire 4*' février 1910. Cours Mirabeau, 4.
MEMBRES HOSOBAIRES
MM.
|%MM AleKandru ^ I. P. U r}*, doyen hoDoiMirc de la Fa-
oullé de droit. 30 janvier 4894. Rue d'Italie, 14.
CijINIbb Désiré^, conseiller doyeo honoraire ii la Cour, âtf
mai 1894. Cours Mirabeau, 17.
Bom Gilles-Jacques ^', odicier en retraite, composileur de-
musique. Associé régional le IS mai 1896, membre hono-
raire lo 10 juin 1902, Rue Lice des Cordeliers, 15.
ViLLBviEiLLB Joseph, I. P. , artiste peintre. 23 déccmhic
1903. HueEsparial, 20.
»■ tt
— oo
ASSOCIÉS RÉGIONAUX
MM.
ETsmRcSaîiit-Murce], ancien inagislral cl conseiller gênera
înspeclcur départemental de la Société d*Arrhéologîe, à
Sisteron. \0 décembre 1882.
Rky (de) Gouzague, château du Prieuré d'Ardèno, près Fainl-
Michel (Basses-Alpes). 5 janvier 1883.
Teibis (de) Jules, G. 0. 4* igt mcn>bre de l'Académie de Vcir-
cluse, à Avignon. 5 janvier <883.
IsNABD, I. P. ?j:, archiviste des Basses-Alpes, secrétaire de In
Société Académique, ancien élève de TEcole des Charles,
à Digne. 1i janvier 1883.
MiREURi,^, archhibte du départemi'ul du Var, membre du
comité des travaux historiques, à Draguignan. 19 janvier
i883.
BoNHOMUE (l'abbé), chanoine à Riez (Basses- Alpes). 9 février
4883.
Bebxard Charles :^, président à la Cour de Dijon, ancien
avocat à la Cour dAix. 16 février 1883.
Magallon D'AnfiE.NS (maïquis de) Xavier, ancien conseiller
général des Hautes-Alpes, villa Magdala, à Sainte-Marthe,
Marseille. 16 mars I88D.
Gasber (le chanoine) Stanislas ^s^, secrétaire de TAcadémie
de Mardci.lc. 7 avril 1891.
Cgllot Louis U-, professeur de géologie à la Faculté des
Sciences de Dijjn. 26 jan\ier 1892.
CcLLor:GiE (d'AvoN baron de), :^ v 0. î , ministre plénipo-
tentiaire, en relrcîilc, au ch«Moî)U de Collongue, par Ca-
dcrict (Va»:îu c). 6 juin !t03.
- 56 —
QuiLLAN (rnbbc), correspondant du Mînislèrc de riiislnic-
tion Pablique, curé de Septèmes (Bouches-dn Rhône).
42 janvier 4894.
Fekrier Raymond, amaleur d'art. Rue des Arts-el-Méiicrs,
2, Ai\. 46 juin 48%.
ToiîRTOULON (baron do) marquis de Barre, Pierre, docleur en
droit. Château de la Fuste, par Valonsole (Basses- AJpcs).
4 2 janvier 4897.
Tbil (baron du) Joseph >f». Quai de Billy, 2, Paris. 4 mai
4897.
Maurel (l'abbc^) Marie-Joseph, place de l'Hôtcl-de-Ville, 5, à
Manosque (Basses-Alpes). 48 mai 4897.
AuTHBHAN, ancien maire de Martigues. 45 février 4898.
Prou-Gaillard ^ C. ►f», ancien directeur de l'Académie de
Marseille. Boulevard Monlrichcr, 5. 3 mai 4898.
Mantbter (de) Georges, château de Manteyer (Hautes-Alpes).
43 décembre 4898.
LiBUTAUD Victor ^', ancien bibliothécaire de la ville de Mar-
seille, notaire à Volone (Basses-Alpes). 45 mai 4900.
MuLSA^T Sébastien •p, avocat, ancien bâtonnier, Rue Balay,
2, Saint-Etienne. 49 mars 4904.
MuTERSE Maurice, ancien officier de marine, ancien sous-
préfet, à Anlibes. 7 mai 4901.
Bernard d'Attanoux (comte) Henri, ►J- avocat, ancien magis-
trat. Rue Pâlermo, 2, Nice. 44 mai 490t.
Gérin-Ricabd (comte de), président de la Société d'archéo-
logie. Rue Grignan, 60, Marseille. 4 mars 4902.
MoNCLAR (de RiPERT marquis de) François, C. i?^, ministre
plénipotentiaire, en retraite, au château d'Allemagne, près
Riez. 48marst902.
Pi-RRiER Kmile, O. ^ î^k :§t, président de la Société de Slatis-
ti(nitMic Marseille. Villa du Bocajic, ii M.*i7.arîiUos. I» jaii-
^i(M•lmKi,
— 0/ —
ViLLïXKtYE-EscLAPOX (iiiorquis de) Christian, 0. i^lv, ancien
député. Rue de Prony, 75, Paris, et à Valcnsole (Basses-
Alpes).? juin 4904.
Closmadbuc (Urvoy de) Jules. Rue Roux-Alphéran, 25, à Aix.
49 décembre 1905.
LiEUTjkUD Auguste, président de la Société des Amis du Vieil
Arles, à Arles. 30 janvier 4906.
CoTTK Charles, licencié en Droit, notaire à Pertuîs (Vaucluse).
2i avril 490G.
Gaffarel Paul, professeur à la Faculté des Lettres d*Aix.
Rue Paradis, 295, Marseille. 49 mars 4907.
ViNCEKS Charles, ancien Directeur de TAcadémie de Marseille.
Rue Nicolas, 9, Marseille. 44 juin 4907.
La Salle de Rochemaure (duc de) Félix, C. »fi ^ )S^. Châ-
teau de Clavières Ayrens (Cantal). 49 mai 4908.
Tavermer Edouard, avocat, docteur en droit. Rue François V\
462, Paris. 49 mars 4908.
Lefèvre Edmond, directeur de la « Revue de Provence ». 47,
boulevard de la Liberté, Marseille. 22 décembre 4908.
Mariétoty Paul ^, ancien Chancelier du Félibrige, 9, rue
Richepanse, à Paris. 2 mars 4909.
Bréxond (Pabbé) Henri. 3i, pince des Prêcheurs, à Aix. 16
mars 4909.
BouRGET Henri, Directeur de Tobservatoire de Marseille.
9 juin 4909.
RAiMfiAiiLT Maurice, archiviste-adjoint desBouches-du-Rhône.
28, rue Moogrand, à Marseille. 4 4 janvier 4910.
SiCARD Martial, ancien député, maire de Forcaiquier (Basses-
Alpes). 44 janvier 4910.
SiLBERT José >Ji, artistc-peiotre, h Marseille. 1" février 4910.
Revol Amédée, avoue à la Cour, rue Gaston-dc-Sa porta, 9
Aix. 26 avril 1910.
— 58 -
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
MM.
I«n volli^e Paul -René, docteur ès-lcltres, ancien coosal géuCFaL
Boulevard Haussmano, 463, à Paris. 25 avril I8T^;
Million Achille, lauréat de PAcadémie Française, à Beaumont-
la-Ferrière (Nièvre). 1C décembre 4872.
faisan Albert, à Saint -Cyr- en -Mont -d'Or, près Lyon.
H mars 4876. /
Bellct (Pabbé), à Tain (Drôme). 42 décembre 4882.
Jessc -Charlcval (Comte de) Antoine, ancien mairo de
Marseille. Cbâteaularc, par Roussel (B.-du-R.). Associé
régional 5 janvier 4883. Correspondant le 7 janvier 4908.
Aube Frédéric, au Luc (Var), membre de la Société Française
d'Archéologie. Associé régional 42 janvier 4883. Corres-
pondant 7 janvier 4908.
Jullien Ernest, Président honoraire du Tribunal Civil,
à Reims (Marne). 2 mai 4884.
Lanéry dWrc Pierre, docteur en droit, procureur de la Répu-
blique, à Villeneuve-sur-Lol (Lot-et-Garonne). Associé
régional 42 décembre 4887, titulaire 8 mars 4892, corres-
pondant le 7 juin 4904.
Cottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal. Rue Miroménil, 84,
Paris. 44 juin 4888.
Bremond d'Ars-Migré (marquis de) Anatole, conseiller géné-
ral, château de la Porlc-Neuvo-en-Riec (Finistère). 27
janvier 4894.
Proal Louis, conseiller a la Cour de Paris. Villa Molilor, 26,
XVI*. Titulaire le 22 décembre 4891, correspondant le 45
décembre 4896.
Jorel Charles, membre de Tlnslitut. Rue Madame, 64, à Paris.
Tiiulaire le 46 mai 4893, correspondant le 12 décembre
1899.
— 59 -
Zeiiler Charles-René, triembre de Tliistitut. Rue du Vieux
Colombier, 8, à Paris. 49 janvier 1897.
Petit Alexandre, docteur en médecine à Royat,etRue LaffîUé,
3, à Paris. 4 mai 1897.
Hulol (baron), secrétaire général de la Société de Géographie,
il, avenue Labourdonnais, à Paris. 11 mai 1897.
Hochas d*Aig1un (comte de), colonel, ancien administrateur
de TEcole Polytechnique. Rue Descarlcs, 21, à Grenoble.
24 avril 1900.
Moris Henri, archiviste des Alpes-Maritimes. Villa Moris,
boulevard Dubouchage, à Nice. 19 mars 1901.
Tassct Jarques, à Molosme-Tonnerre (Yonne). 9 juin 1903.
Planté Adrien, ancien député, ancien maire d'Orlhez (Basses-
Pyrénées), président de la Société des Sciences et Lettres
de Pau. 14 juin 1904.
Poitevin de Maureillan (de), 0.^, colonel en retraite, conser-
vateur du Musée d*Hyères (Var). 15 mai 190G,
Jullien Jules-André, colonel en retraite, rue de Boulain-
villiers63, Paris (XV P). Titulaire le 11 décembre 1906,
correspondant le 5 mai 1908.
Jullian Camille, membre de Tlnstitut, professeur au Collège
de France. 30, rue de Luxembourg, à Paris. 28 mai 1907.
Bougon Georges, docteur en médecine, 45, faubourg Mont-
martre, à Paris. 11 juin 1907.
Lacour-Gayet, professeur à l'Ecole Polytechnique. Rue Jacob
46, Paris. 10 décembre 1907.
Rieux (des) Lionel, avenue de Villicrs, 26, à Paris. 21
janvier 1908.
Régnier (de) Henri, homme de lettres, 14, rue de Magdebourg,
a Paris (XVP). 5 mai 1908.
Nolhac (de) Pierre, Conservateur du Palais de Versailles, à
Versailles (Scinc-et-Oisc). 2 juin 1908.
— o8 -
ASSOCIÉS COURESPONDANTS
MM.
Lnvollée Paul -René, docteur ès-leltrcs, ancien coosul géuéraL
Boulevard Haussmann, 16i, à Paris. 25 avril kKù,
Millien Achille, lauréat de rAcadémie Française, à Bcaumont-
la-Ferrière (Nièvre). 4G décembre 4872.
Faisan Albert, à Saint -Cyr- en -Mont -d'Or, près Lyon.
U mars 4876. /
Bellet (l'abbé), à Tain (Drôme). 42 décembre 1882.
Jessé - Charlcval (Comte de) Antoine, ancien maire de
Man^eille. Cbâteauliirc, par Roussel (B.-du-R.). Associe
régional 5 janvier 4883. Correspondant le 7 janvier 4908.
Aube Frédéric, au Luc (Var), membre de la Société Française
d'Archéologie. Associé régional 42 janvier 4883. Corres-
pondant 7 janvier 4908.
Jullien Ernest, Président honoraire du Tribunal Civil,
à Reims (Marne). 2 mai 4884.
Lanéry d'Arc Pierre, docteur en droit, procureur de la Répu-
blique, à Villeneuve-sur-Lot (Lol-el-Garonne). Associé
régional 42 décembre 4887, titulaire 8 mars 1892, corres-
pondant le 7 juin 4904.
Cottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal. Rue Miroménil, 81,
Paris. 44 juin 4888.
Bremond d'Ars-Migré (marquis de) Anatole, conseiller géné-
ral, châleau de la Porlo-.\euvo-en-Uiec (Finistère). 27
janvier 4891.
Proal Louis, conseiller à la Gourde Paris. Villn Molilor, 20,
XVP. Titulaire le 22 décembre 4891, correspondant le \ô
décembre 4896.
Joret Charles, membre de l'inslitul. Rue Madame, 64, à Paris.
Tiiuluire le 46 mai 1893, correspondant le 12 (lécombrc
1899.
- Gl -
ASSOCIliS COHHKSPOXDANTS
A L'ÉTRAiNGER
MM.
Carnazza-Amarî, ancien professeur à l'Université de Calane,
sénateur du royaume d'Italie. 6 avril 4868.
Gubernatis (comle de) Angelo, professeur à rUniversité de
Rome. Via Lucrezio Caro, 07. 3 janvier 1893.
Typaldo-Bassia, député, ancien Président du Parlement
hellène, a Athènes. 23 janvier 1894.
Barr-Ferree, à New- York. 5 juin 1894,
Portai (le commandeur Emmanuel), membre de la Royale
Commission héraldique dltalie. 41, Via délia Croce, à
à Rome. 12 février 1895.
Morozzo délia Rocca (comte) Emmanuel, général. Via dcUa
. Rocca, 29, à Turin, et. villa Guntschme Kwort à Griès,
près Bolzen (Sud-Tyrol) Autriche. 21 mars 1899.
Ba Cunha Xavier, conservateur de la Bibliothèque Royale.
Rue S. Barlholomeo, 12, à Lisbonne (Portugal). 11 décein-
bre 1 900.
Zùccaro Louis, ancien Vice-Consul de la République Arg^n-
gentine ; à Sondrio, en Valieline (Lombardie), et à Milan,
rue Ciro Menolli, 17. 2 avril 1901 .
Satla Salvatore, membre de la Société Philologique à Rome.
26 mai 1903.
Verney de la Valelta (comte) Franchi. 9 juin 1903.
Gàvàuescul J., professeur à TUniversité de Jassy (Roumanie)
9 juin 10o:j.
l'.-iiJula (le oomniunddur) Anioinc, st^civtaii'o général délit
Société Luigi-Cnmo^ns. Via dei FioreiUJoi, C7, à Naples.
I7janvierl9û5.
Wailenskold Axel, professeur de philologie romaae è l'Uni-
versilé d'Helsingfors (Finlande). 36 avril 1909.
Snntaro Domenico, proresscnr a riristilnt à Cliioli (Naples).
I" février 1910.
1010 , conrormément à.
rticlo 10 du
I Président :
l^uisde Bbesc.
le Secrétaire Perpéluei:
Baron Guillibebt.
1
ACADEMIE D'AIX
91 MB Séance Publique
2 1 JUIN lei I
SEANCE PUBLIQUE
DE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ET BELLES-LETTRES
D'AIX
AIX-EN-PRO VENCE
Paul JOUBDAN, Imphimeuii de l'Acadbuib
30, Rue Mtnuel, 20
SEANCE PUBLIQUE
L'ACADÉMIE
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ACADÉMIE
DES SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS bt BELLES - LETTRES
D ' A I X
oi«« sÉAisroB publiIqujb;
Le Vendredi,. 21 Juin i9riv la quatre-vingt-
onzième SÉANCE Publique de l'Académie d'Aix a
a été tenue, a quatre heures et demie, dans la
Grand'Sallb de l'Université,, a la Faculté de
Droit..
Tous les sièges étaient de bonne heure occupés par une
assistance nombreuse dans laquelle de fraîches toilettes
donnaient une note d*élégance qui ne dépare jamais une
réunion où sont représentées toutes les classes de la société.
Aux fauteuils : M. le Vicaire Général van Gaver, repré-
sentant Mgr l'Archevêque; H. le Colonel Blazer, du 61* régi-
ment d'ihfanterie, représentant M. le Général de la subdi-
vision, retenu par les manœuvres de cadre ; M. le docteur
Bertrand, maire d*Aix; Madame Blazer; Madame Charles
Giraud, etc.
Sur Testrade, à côté du Président, M. Edouard Aude,
vice-président de l'Académie ; M. le Premier Président Gi-
raud ; le docteur Evariste Michel ; M. Gabassol, ancien
mnire, Conseiller Général : tous trois membres d'honneur
— G -
de rAcadémie; M. Paul Bi^raud, membre régional ; ensuite
les membres titulaires, honoraires, régionaux et correspon-
dants, présents à Aix.
S^étaient excusés : M. Jules-Charles Roux, membre dlion-
neur ; Mgr Penon, évéque de Moulins ; M. Drujon, avocat,
membre titulaire, récemment nommé.
Les lauréats des prix de vertu et des pensions Irma Mo-
reau occupaient, avec leurs familles, leur place habituelle.
M. le Président ouvre la séance et prononce le discours,
suivant :
LE MUSÉE DES TAPISSERIES
Mesdames,
Messieurs,
Au plaisir que j'ai en vous souhaitant la bien-
venue, il se mêle un sentiment de très grande
tristesse. Ce n*est pas moi qui devais être aujour-
d'hui à cette place, avec Thonneur de vous rece-
voir et Tagréable mission de décerner leur récom-
pense aux lauréats de nos prix de vertu. M. Louis
de Bresc nous a quittés — et pour toujours, hélas !
— sans avoir achevé la deuxième année de sa pré-
sidence. Nous nous souvenons du joli discours,
alerte et jeune, sur le Symbolisme des Jeux de la Fête-
Dieu qu'il prononça à la Séance publique de 1910.
Comme je voudrais, aujourd'hui encore, n'être
qu'auditeur et joindre mes applaudissements aux
vôtres !
Et M. de Bresc, mieux que tout autre, aurait
tro.uvé les mots qu'il faut et il aurait su lès pro-
- 8 -
noncer avec l'émotion que donne le regret d'une
très longue, d'une très fraternelle amitié, pour ren-
dre un solennel hommage à la mémoire vénérée
de M. Paul Arbaud, membre d'honneur de l'Aca-
démie d'Aix, lequel nous a légué ses incomparables
collections.
Ce ne sera pas seulement pour le seul profit
des membres de notre Compagnie qu'existera le
Musée bibliographique et archéologique Paul Arbaud,
avec ses manuscrits, ses livres, ses trésors icono-
graphiques, ses faïences provençales dont le grou-
pement a permis et va permettre encore d'écrire
des études exactement documentées ; non ! les ter-
mes du testament sont bien explicites et les voici :
« Mon intention est d'assurer pour le profit sur-
« tout des Etudes provençales un dépôt devant
« avoir son siège dans Tancienne capitale de la
« Provence. Cette création a été le motif impulsif
< et déterminant du présent legs ».
L'Académie, Messieurs, chargée de recueillir et
d'organiser ce précieux dépôt, n'oubliera pas que
M. Arbaud qui, durant toute sa vie, ouvrit toujours
si volontiers, si libéralement, sa maison aux tra-
vailleurs, a voulu, dans sa disposition même de
dernière volonté, que se perpétuât cette noble tra-
dition d'hospitalité et de bonne grâce. C'est pour
nous un grand honneur d'avoir été choisis ; nous
saurons, conformément au désir de notre bienfai-
- î> -
teur, faire de ïArbaudienne un bon instrument de
travail et la rendre dans la plus large mesure — je
cite encore le testament — « accessible au public
instruit ».
C'est de TArbaudienne que j'aurais voulu vous
parler aujourd'hui. Fut-il jamais sujet mieux ap-
proprié à la circonstance ? Sujet d'actualité,
puisque cette belle création est de date toute ré-
cente, sujet intéressant la Provence, la ville d'Aix
et l'Académie.
Mais j'ai pensé qu'il valait mieux, pour en parler
plus savamment, attendre que fut terminée la lon-
gue période des inventaires et des formalités offi-
cielles. Les Académies « sont des personnes mo-
rales > — vous n'en avez jamais douté ; —
seulement l'Etat ne les a jamais considérées comme
de grandes personnes, qui met ces respectables
dames en tutelle, tout comme un orphelin durant
sa minorité. Voilà pourquoi il se passera de longs
mois encore avant que nous puissons bien
connaître.
J'ai entendu bien souvent railler les Aixois sur
leur tendance à créer des musées. « Aix, me disait-
on un jour, finira par n'être plus qu'un immense
musée. » J'ai répondu que ce n'est pas notre faute
si nous sommes cultivés et si nous avons le goût
des belles choses, si nous possédons des trésors et
- 10 -
si nous cherchons à. les garder. Ainsi, puisque le
Musée Paul Arbaud est encore en préparation,
vous dirai-je quelques mots sur Tautre Musée qui,
vient de se créer à Aix : le Musée des Tapisseries
et de r Ameublement ancien, établi par les soins de
TAdministration des Beaux-Arts, dans une aile de
l'ancien palais archiépiscopal.
C'est le 2 2 décembre i9o6^que le Conseil muni-
cipal, sur la proposition du Maire, M. Cabassol,
membre d'honneur de l'Académie, émit le vœu
« que les richesses artistiques et littéraires renfer-
mées dans les divers établissements qui étaient di-
rectement ou indirectement affectés au culte, fus-
sent conservés dans la ville d'Aix ». En ce qui
concernait notamment l'archevêché, on demanda
le classement de l'édifice, contenant et contenu,'
« de manière à ce que les œuvres d'art qu'il ren-
ferme y soient maintenues et restent accessibles au
public dans la plus large mesure ».
Ce vœu, que M. André Hallays nous fit le grand-
honneur de patronner et de présenter au public
instruit, eut ainsi, je puis le dire, quelque retentis-
sement et quelque influence. Au début de janvier
1907, M. le Ministre de l'Instruction publique, des
Cultes et des Beaux-Arts, faisait connaître que,
^-^ d'une manière générale, les bâtiments des arche-
vêchés, des cvcchés, des séminaires seraient af-
- tl —
fectés à des services d'enseignement ou à la créa-
tion de musées locaux :^.
La même année, l'Administration des Beaux-
Arts fit choix des salles, en fit lever le plan. Pri-
mitivement, la chapelle devait faire partie du mu-
sée ; Ton y devait grouper les œuvres d'art ayant
un caractère religieux, y placer, si cela avait été
possible, les quatre belles statues qui sont au Grand
Séminaire. Des raisons pratiques firent renoncer à
ce projet. Tel qu'il est, le musée comprend donc
sept salles au lieu de huit. L'ensemble de l'aména-
gement est irréprochable. Sans doute, il y a trop
peu de place pour pouvoir accrocher tous les ta-
bleaux, exposer tous les objets d'art, isoler tous les
beaux meubles, sans nuire à l'effet des merveilleux
panneaux ; mais l'essentiel y est. L'essentiel, et je
ne parlerai que de cela, c'est que nous gardons à
Aîx ces quatre méchants bouts de tapisserie, comme on
a dit par antiphrase, et qui sont parmi les plus
grandes et les plus belles du monde. L'une d'elles
mesure plus de dix mètres de long ; elles occupent,
au total, quatre-vingt-trois mètres.
D'où proviennent ces tentures, toutes de Beau-
vais, faites sur le métier de basse lisse et qui repré-
sentent des Scènes antiques dans 1^ goût de Bérain,
quelques épisodes des Jeux russiens de Leprince ;
peut-être un ou deux des Bohémiens de Casanova,
et enfin neuf pièces de VHisloire de Don Quichotte,
- 12 -
exécutées sous la direction d'Oudry, d'après les
cartons de Natoire, dont quelques-uns sont conser-
vés à Compiègne ? — Il n'est pas facile de répon-
dre à cette question.
• •
— Le seul renseignement certain que nous pos-
sédons, c'est qu'en 1849, ^^ temps de Mgr Darci-
moles, on les trouva roulées dans les combles de
l'archevêché et qu'on chargea un tapissier de notre
ville de les disposer dans les appartements du pre-
mier étage. L'honnête artisan qui s'acquitta de cette
tâche avait l'honneur d'être de la garde nationale
et, pour que la postérité n'oubliât pas son nom, il
glissa dans la doublure de la dernière tenture clouée
un billet à la date du 16 mai 1849, ^^ convoquant
pour le service funèbre du maréchal Bugeaud qui
devait avoir lieu trois jours plus tard, le mardi 19,
à Saint-Sauveur (le maréchal était mort le 10). Sans
doute, du 10 au 16^, notre garde national, patriote
et belliqueux, dut songer davantage au héros qui
venait de disparaître qu'aux traitements à ne pas
faire subir à de belles tapisseries... Peut-être rêva-
t-il qu'il clouait à la voûte des Invalides les éten-
dards marocains pris à la bataille d'Isly ; peut-être
prit-il Don Quichotte pour quelque Abd-el^Kader...
Toujours est-il qu'il le traita fort rudement. Il ne
plaignit ni son temps, ni sa peine, ni les coups de
— 13 -
marteau, ni les clous — de bons gros clous bien
longs, bien larges surtout, larges comme ceux qu'il
avait à ses souliers, — ni les coups de ciseau non
plus, lorsqu'une tenture était trop large et se pou-
vait difficilement replier ; lorsque, d'autre part, il
restait dans la pièce un petit espace à couvrir. Ce
tapissier, enfant de la nature, avait comme elle hor-
reur du vide et, comme artiste, il ne connaissait que
le msmiement des rouleaux de papier peint.
Puis, il dut y avoir un grand conflit d'adminis-
tration au sujet du timbre à apposer à l'encre grasse
sur chacune des pièces. Les uns tenaient pour les
six premières lettres du mot : département; les autres
pour les quatre premières du mot : archevêché. Mais
on n'eut pas besoin de s'entendre pour décider que
Tune ou l'autre de ces fâcheuses empreintes serait
apposée bien en vue, en un endroit bien net, sur
une partie claire autant que possible, de manière à
tirer Tœil irrésistiblement : la croupe d'un animal,
le pavillon d'un cor de chasse, le bas d'une robe,
le pan d'un voile. Ainsi fut fait I Là où il n'y a pas
ARjCH, il y a DEPART. C'est vraiment une très
grande pitié.
— Qu'en aurait pensé Oudry, le directeur de la
manufacture de Beauvais, lui qui veillait avec tant
d'amour sur les chefs-d'œuvre sortant de ses ate-
liers et n'hésitait pas à donner, pour leur conser-
vation, les recommandations les plus minutieuses ?
- 16 —
bore, grâce au bon vouloir de la Municipalité, par
les soins d'une Commission spéciale, en exécution
■des engagements pris envers l'Etat, pourra entrer
en vigueur. Les tentures ont été dépliées, raccor-
dées, fixées sur des cadres ; tout ce travail a été
fait très intelligemment par notre compatriote M.
Peyre, sous la direction de MM. Formigé et Huot,
architectes des Monuments historiques. Le Musée
fut inauguré par M. Dujardin - Beaumetz, sous-
secrétaire d'Etat aux Beaux- Arts, le i8 décembre
dernier.
Dans son petit livre sur Aix-en-Provence, M. Jules
Charles-Roux, se faisant l'écho d'une tradition orale
citée aussi par d'autres auteurs, dit que les scènes
de la vie de don Quichotte furent données par le
Roi à Mgr de Boisgelin, dernier archevêque d'Aix
avant la Révolution, en remerciement de ce ce que
celui-ci avait prononcé à Reims le discours de son
sacre.
D'autre part, nous savons que ces tapisseries
furent exécutées de 1735 à 1744 pour un fermier
général qu'on appelle tantôt Dufort, tantôt Durfort,
et que je crois pouvoir identifier, d'après l'almanach
royal, avec Grimod du Fort, sans doute un Lyon-
nais, parent du gastronome Grimod de laReynière,
dont le père était également fermier général, Gri-
maud du Fort exerça sa charge de 1725 à 1748.
- 17 -
Faut-il admettre qu'ensuite les tentures furent ache-
tées ou reprises par le Roi et données à larchevê-
que, lequel, toujours d'après la tradition, aurait fait
disposer les appartements à leur mesure ? Mais —
et c'est pour cela que je me suis attardé à vous dé-
crire l'état ancien — les appartements ne cadraient
justement pas avec les tentures, ni pour la longueur
ni pour la hauteur et Ton peut affirmer que jamais,
avant 1849, aucune de ces tentures n'a été tendue
dans l'archevêché.
D'ailleurs, on conviendra que le Roi, désireux de
récompenser l'archevêque, lui aurait fait un magni-
fique, mais bien étrange cadeau. A cette époque,
il y avait dans les manufactures royales, dans les
garde-meubles, des séries de tapisseries à sujets re-
ligieux : Scènes de la Bible, Histoire d'Esther que l'on
réservait de préférence aux ecclésiastiques. Don
Quichotte n'est pas de ces sujets là, non plus que les
Jeux russiens, encore moins les Scènes antiques, de
Bérain. Du reste, la légende confuse que je viens de
rappeler ne parle que des Natoire et point des au-
tres panneaux dont il resterait toujours à expliquer
l'insolite présence dans cet archevêché.
L'hypothèse la plus vraisemblable — et peut-
être le dépouillement des papiers révolutionnaires
jettera-t-il quelque clarté sur une question si obs-
cure— c'est que ces tentures se trouvaient dans des
châteaux en Provence et, qu'au moment des pilla-
SÉAN. PUBL. ACAD. — 1911 '2
— 18 —
ges (rappelez- vous Cadarache et Tour ves), les pro-
priétaires les firent en hâte cacher chez Tarche-
vêque, président des Etats, disposant de la force
publique, une manière de chef de gouvernement.
Survint FémigratioTi, le grand bouleversement, lar-
chev^ché transformé en caserne pour les soldats
de Tarmée d'Egypte : ce n'est qu'en 1849 qu'on re-
trouva le précieux dépôt.
Vous les verrez dans ces grandes salles les belles
tapisseries du xvm* siècle, évocatrices de tant d'élé-
gances, donnant comme peut-être aucun autre objet
^'art l'idée de richesse, de civilisation raffinée
et somptueuse, de mesure en même temps et d'élé-
gance qui caractérise cette époque.
Vous verrez en entrant, en face de vous, un grand
panneau des Jeux russiens^ Sous un baldaquin, des
personnages, vêtus à l'orientale, fument en écoutant
de la musique. Chacune de ces figures est un por-
trait; ce sont les acteurs de la Comédie française
qui ont posé pour Leprince ; l'homme debout au
premier plan, c'est Lekain. La salle suivante con-
tient d'autres épisodes de la même série.
Les Scènes antiques ont été groupées dans la plus
petite salle, celle où se trouve un autel fermé par
des volets de bois et qui renferme une jolie vierge
de Chastel. « Dans un décor qui rappelle la manière
— 19 -
de Coypel, au milieu de caisses d'orangers en fruits,
parmi des animaux chimériques et réels, des per-
sonnages vêtus à l'indienne font des offrandes à
la divinité ». Une femme couronne un Hermès,
une autre s'approche de la statue de Bacchus ; un
homme tient des chiens en laisse. Il y a là aussi
toute une profusion d'instruments de musique : le
luth, la flûte traversière, la basse de viole, la man-
dore, les palets, les crotales, les pipeaux. Il faudrait
avoir ces tapisseries dans une salle plus petite, faite
juste à la mesure ; au milieu serait un clavecin et
au clavecin une petite fille poudrée — comme la
petite Adélaïde de Gueydan, peinte par Largillière
— jouant le Carillon de Cythère, ou Sœur Moftique,
ou les Barricades mystérieuses, ou bien encore quelque
bel air de VEurope galante, chef-d'œuvre de cet en-
fant de la Maîtrise de Saint-Sauveur., qui s'appelait
André Campra.
Dans le grand salon, le ^ salon jaune :«>, où, sui-
vant toute vraisemblance, eut lieu la réconciliation
de Louis XIV et du grand Condé, il y a quatre pan-
neaux de don Quichotte. Le premier est, comme je
vous l'ai dit, dans la première salle ; trois autres
sont dans la pièce attenante que Ton appelle la
Chambre de l'Empereur, parce que le Prince prési-
dent y coucha en 185 1. Dieux! avec quel esprit,
quelle grâce espiègle et bien française, sont traités
1
- 20 —
•ces sujets, illustration patiemment tissée du roman
de Cervantes.
C'est le combat de don Quichotte et du chevalier
des Miroirs (non pas, comme on dit toujours, ce-
lui avec le Biscayen). — Le chevalier des Miroirs,
c'était le bachelier Samson Carrasco qui s'était ainsi
déguisé pour provoquer le T)aladin, le vaincre, lui
faire demander grâce et l'obliger par serment à ren-
trer en sa maison. Samson Carrasco était parti re-
vêtu d'une armure étineelante avec, comme écuyer,
un ami de Sancho, son voisin et son compère, Tho-
mas Cecial, lequel s'était défiguré au moyen d'un
faux nez énorme. — Mais don Quichotte fut le plus
fort, et, comme il s'apprêtait à égorger le bache-
lier jeté à terre, Thomas Cecial démasqué arriva en
courant : « Arrêtez, seigneur don Quichotte ; pre-
nez bien garde que l'homme étendu à vos pieds est
le bachelier Samson Carrasco, votre ami^ et moi je
suis son écuyer ». — « Et le nez? » s'écria Sancho.
— « Levoici ! je l'ai dans ma poche I » Las tengo
en la faldriquera. . .
Et Thomas brandit frénétiquement son nez de
carton et Sancho convaincu lève les bras au ciel,
cependant que don Quichotte, qui s'obstine, s'ex-
clame : « Regarde, regarde, mon fils, quel est le pou-
voir de la magie et 'la force des enchantements! »
C'est don Quichotte relevant la belle Dorothée,
princesse de Micomicon, ou combattant les oiseaux
— ^1 —
dans la grotte de Montesinos, ou bien désarmé par
les demoiselles de la Duchesse et qui reste avec ses
grègues étroites, son pourpoint de chamois, sec,
long, décharné... — Con su jubon de camuTfl, seco,
alto, tendido..
C'est le panneau où l'on voit Sancho partant
triomphalement pour gourverner son île, vêtu
comme un magistrat, sur un mulet à la ginette.,
Son âne le suivait, harnaché et pomponné comme
un cheval... De temps en temps Sancho tournait la
tête vers son âne et se sentait plus fier qu'un empe-
reur d'Allemagne... et cependant il reçut la béné-
diction de son maître. — Y tomo la befiedicion de su
senor.
C'est Sancho encore faisant la ronde dans son
île et veillant à l'observation des justes lois. Il ren-
contre une fliarohande qui vendait des noisettes
fraîches et qui, aux fraîches,. avait mêlé un boisseau
de noisettes vieilles et gâtées. « Je les» confisquai au
profit des enfants de la doctrine qui les sauront bien
trier et je lui défendis de paraître de quinze jours
sur la place ». Et Sancho est là, vêtu de jaune, de-
bout, l'air autoritaire ; la marchande un peu dépoi-
traillée se lève en criant, mais un archet appesantit
sa main sur son épaule. Dans le coin de gauche, on
voit les enfants de la doctrine, en soutane zinzo-
line, tendre les mains vt?rs la bonne aubaine. A
droite, une petite fille regarde, la mine éveillée ;
•î?')
nu premier plan, un enfant dort adorablcment dans
un berceau.
Et c'est encore don Quichotte, lorsqu'il rencon-
tre um bella cacadora et c'est encore Sancho qui,
pour contenter la folie de son maître, ayant croisé
sur le chemin trois villageoises montées sur des
ânes, les amène à don Quichotte et lui dit : « Voici
Dulcinée et ses dames d'atour ». Don Quichotte
est à genoux ; il regarde avec stupeur, vaincu une
fois de plus par la force des enchantements, cette
princesse qu'un génie a transformée en une grosse
fille joufflue et un peu camuse — un poco chata —
cependant que Sancho désigne la belle d'un air ma-
lin, que les ânes se reposent et que Tune des donzel-
les s'enfuit en regardant en arrière, narquoisement.
Quelle chose vraiment délicieusement troublante
et ambiguë que cette vision de Cervantes par un
artiste français de l'époque Louis XV ! La traduc-
tion est fidèle, mais le peintre, admirablement com-
pris par les tapissiers, est resté de son temps et de
son style ; c'est, si vous le voulez, don Quichotte à
Versailles ; c'est tout le costume et tout le paysage
et les attitudes et, dans le lointain, des architectures
somptueuses et partout l'esprit jeté à pleines mains.
Du temps que Sancho part en triomphateur, deux
personnages, accoudes à une balustrade, causent
distraitement, se disant des riens, évoquant quelque
souvenir de fctes galantes. Cette Espagne là, ce n'est
'v»
pas celle de Cervantes, c'est l'Espagne de Watteau
ou de Lancret.
Voilà, Mesdiames et Messieurs, le principal de ce
que contient le nouveau Musée des tapisseries.
Mais, en parcourant ces salles, le visiteur attentif
n'y verra pas que des élégances un peu maniérées.
Ceux qui, suivant le mot de Mistral :
Aqueli quan la niemori,
Aqueli quau lou cor aut,
se souviendront aussi qu'ils sont dians le palais dte
Nos Seigneurs les archevêques d'Aix, que beaucoup
du cœur de la grande Patrie provençale y bat en-
core. Ils évoqueront le souvenir de ces prélats si
divers : aventuriers grands pratiquants de sorcelle-
rie, tels que Robert de Mauvoisin, batailleurs tels
que Jean de Saint-Chamond, commerçants comme
Michel de Mazarih ; ilè reverront la silhouette
hautaine de Gilbert Génébrard, 1 admirable révolté
contre l'autorité royale, le grand humaniste qui,
vaincu, revint planter « ses pavillons dans la cité
des lettres » ; ils se souviendront de Jérôme Gri-
maldi, grand seigneur italien, qui remapîa de fond
en comble le palais, qui voulait jeter bas Saint-
Sauveur pour le rebâtir sur le modèle de Saint-
' Pierre de Rome, qui édifia le Séminaire et, pour le
Séminaire, le château? de Puy-Ricard ; ils suivront
linlelligent et politique Boisgelin, président de l'As-
semblée nationale, dans ses négociations au sujet
de la constitution civile du clergé, puis émigré à
Londres, complotant le Concordat avec Portalis.
lis n'oublieront pas les archevêques du siècle der-
nier, ceux d'après la Révolution, dont le rôle po-
litique et administratif fut réduit à presque rien,
mais qui furent tous des modèles de charité et de
droiture.
L'histoire de l'archevêché d'Aix a été faite et bien
faite. Naguère encore, M. ]. de la Calade, dans les
Auiiaks de Provence, y apportait une intéressante et
précise contribution. Il y a quelques jours à peine,
dans un journal de notre ville, M. de Saboulin a
décrit de façon si achevée la place de l'Archevêché,
que je ne saurais tenter cette description après lui.
c La pelil« place de l'Archevêché largement aérée, plan-
lée de platanes feuillus, avec sou anlique fontaine dont les
pierres s'effritent, forme comme une petite oasis de verdure
au milieu des ruelles étroites de la vieille ville. Au fond, lo
palais archiépiscopal avec sa grande porte qui, ouverte,
Uisse voir le petit jardin du palais ; sur les cAlés, quelques
elles maisons en pierre de taille ; dans un coin, le passage
lyslérieux qui, par le clotlre, conduit dans la cathédrale.
« Silencieuse comme une place do village, elle a pourtant
u dénier toules les passions qui, au cours des siècles, ont
gilé la ville d'Aix : processions etiléHIés pompeux des rois
e France et des princes, tumultes populaires sanglants,
)ule l'agilution do jadis, (ont le calme daujourd'lnii... »
Et si vous le voulez bien, en quittant larchevê-
ché, nous prendrons ce « passage mystérieux» qui,,
dans le cloître, conduit à la Cathédrale ; nous péné-
trerons dans la vieille métropole et nous admire-
rons encore des tapisseries : les glorieuses tentures
de haute lisse représentant des scènes de la vie du
Christ et de la Vierge, faites au xvi* siècle par des
ouvriers Bruxellois, pour des archevêques de Can-
torbéry dont elles portent les armes et qui, après
la Réforme furent achetées par un chanoine d'Aix.
Que s'il n'était pas puéril d'établir une comparai-
son, je dirais que c'est celles-ci que je préfère. Elles
ne sont pas plus belles, mais c'est un autre genre
de beauté, une beauté de qualité peut - être plus
haute. Ce ne sont plus des portraits ni des illustra-
tions ; l'ouvrier, moins empêché par les lisières des
styles et des textes, a donné libre cours à son gé-
nie, et mieux peut-être que celles de Tarchevêché,
les tapisseries de la Cathédrale nous prouvent
qu'avec des moyens matériels, avec une chaîne et
des fils de couleur, un artiste se peut exprimer tout
entier et nous faire penser pendant longtemps. —
C'est sans doute après en avoir regardé de pareilles
que les Concourt ont écrit une phrase que nous
comprenons mieux à la Cathédrale qu'à l'Archevê-
ché : « Les tapisseries, c'est mieux que les peintu-
res, elles me semblent en être le rêve >/.
SUR LES
RRIX DE VERTU
RAMBOT, REYNIER & Henriette RAYON
ET LES
REINSIONS OUVRIÈIRES
Irma MOREAU & veuve NÈGRE
PAR
M. VALLIER-COLLOMBIER
Conseiller à la Cour
>l9^o^
Mesdames,
Messieurs,
On a dit souvent que Tun des charmes de la
Provence venait des contrastes qu'elle présente
dans la nature, les aspects, les caractères : aux co-
teaux dévorés par un soleil brûlant, aux oliviers
gris saupoudrés de poussière succèdent brusque-
ment les prairies les plus verdoyantes ou l'ombre
impénétrable d'une forêt plusieurs fois séculaire ;
ces sautes brusques entre les sites les plus opposés
constituent bien Tune des caractéristiques de notre-
chère Provence.
C est, peut-être, pour obéir à cette couleur lo-
cale, à cette loi des contrastes, qu'après la séduction
des paroles que vous venez d'entendre, je dois vous
- 28 -
infliger la sécheresse d'un rapport. Si un brin de-
coquetterie pouvait se glisser dans nos graves réu-
nions, elle aurait, peut-être, exigé que ce document
forcément aride comme tous les rapports, même sur
les prix de vertu, n'arrivât pas le dernier ; mais j ai
dû m'incliner devant la tradition et vous convier à
suivre avec moi une route un peu monotone qui
formera un véritable contraste avec lès chemins
fleuris que vous venez de parcourir.
A notre époque où la critique s'attaque à tout, les
prix de vertu ont passé par son crible ; des philo-
sophes en chambre se sont récriés ; mais la vertu
porte avec elle sa récompense ; une rémunération
pécuniaire la diminue ; le bruit que l'on fait autour
d'elle l'amoindrit ; ils paraissent oublier que, dans
ce siècle où ils enseignent un décourageant scep-
ticisme, en niant les consolantes compensations de
Tau delà, cette vertu doit plus que jamais être exal-
tée et donnée en exemple ; c'est, pour ceux qui la
pratiquent, une récompense, en même temps qu'un
encouragement pour ceux qui ne hi pratiquent pas
encore.
Messieurs, il n'est pas de plus beau privilège pour
notre Académie qui, en soulageant des misères, se
trouve en contact avec cette classe laborieuse si
intéressante où il semble que la pauvreté engendre
des vertus, la générosité étant une plante qui s'ac-
climate plus facilement dans les milieux modestes.
— 29 -
'Mais, aujourd'hui, la satisfaction qu'éprouve TAca-
démie s'assombrit d'un regret, c'est de ne pouvoir
décerner, cette année, tous les prix dont elle dis-
■pose, constatant avec une profonde tristesse que la
vertu, la vraie vertu devient de plus en plus rare;
le vent d'égoïsme qui sauffle de nos jours dessé-
chant dans son germe la fleur de charité.
Je ne \'t)udrais pas assombrir cette fête, en par-
lant de la faillite de la vertu au moment où nous
allons lui accorder des récompenses, mais nous
sommes bien obligés, rapprochant le présent du
passé, de constater que si, jadis, l'Académie n'avait
pas assez de prix pour récompenser tous les mé-
rites, aujourd'hui elle en a trop.
On nous vante dans certains mémoiies le dc-
. vouement, les soins prodigués par des enfants à leur
père et.mère, oubliant que c'est là le simple accom-
plissement d'un devoir naturel impérieux, et qu'en
ne le remplissa-nt pas, nous deviendrions coupables.
Parfois aussi, des suppliques nous signalent de
profondes misères, fort intéressantes sans doute.;
mais, si « pauvreté n'est pas vice », elle n'est pas,
par elle-même, une vertu ; elle est un malheur peut-
être ; mais l'Académie d'Aix n'est point un bureau
cdexharité ; c'est se tromper de porte que de frapper
à la nôtre. Ce que nous devons récompenser, pour
nous conformer aux intentions des généreux testa-
teurs, ce sont surtout les soins donnés à des étran-
-30 —
gers, à des vieillards abandonnés, à des orphelins
n'ayant parfois qu'une simple cohabitation sous le
même toit, comme seul titre à la générosité de ceux
qui les recueillent et qui souvent se dépouillent du
nécessaire pour leur venir en aide ; ah ! voilà bien
cette fleur de charité dont je parlais et qui vient
éclore de préférence au foyer des humbles. Telles
nous voyons certaines plantes de montagne, aux
délicates senteurs, se dissimuler dans les fentes de
rochers, telles nous apparaissent ces personnes obs-
cures cachant les bienfaits qu'elles répandent au-
tour d'elles, comme d'autres cachent une mauvaise
action, se dévouant sans ostentation, sans bruit, na-
turellement, comme si elles accomplissaient l'acte
le plus ordinaire, sans nul souci des applaudisse-
ments du public qui constituent trop souvent, hé-
las ! le mobile de nos actions, la plupart des hom-
mes cherchant à jouer ici-bas un rôle et n'agissant
que pour la galerie qui, du reste, une fois la repré-
sentation finie et la toile tombée, scmpresse de les
siffler impitoyablement dès qu'ils viennent de quit-
ter la scène.
Eh bien ! Messieurs, les humbles que nous allons
récompenser et auxquels s'appliquent ces considé-
rons générales qui me permettront d'être plus
:f pour chacun d'eux, ne se préoccupent pas du
blic ; ils font le bien pour lui-même ; les satisfac-
ns secrètes qu'ils y trou\'ent leur suffisent et ces
- 31 -
fleurs de charité qu'ils cueillent le long du chemin
de la vie remplissent leurs modestes demeures d'un
parfum discret qui adoucit pour eux bien des amer-
tumes, bien des tristesses ; mais si ces joies intimes
leur sont une récompense suffisante, il nous appar-
tient, à nous, 'Messieurs, de les donner en exemple
au milieu du déchaînement des plus mauvaises pas-
sions, de ce véritable prurit de jouissances maté-
rielles, à un moment ou le flot des instincts pervers
•menace de tout envahir, où la criminalité augmente
dans des proportions effrayantes, quoique prévues
par tous ceux que n'aveugle pas le sectarisme.
1»BI1. RâMBOT
Ce. prix ne. sera pas distribué, les conditions im-
posées par le testateur ne paraissant pas remplies ;
la somme de 545 francs, qui le constitue, sera capi-
talisée et les arrérages seront ajoutés au prix des
années suivantes.
Mais TAcadémie, évoquant un douloureux sou-
venir, a cru devoir signaler à l'admiration de tous,
certains actes de courage accomplis dans cette sinis-
tre soirée du 1 1 juin 1909 qui a plongé la Provence
dans le deuil et la consternation, suscitant les plus
sublimes dévoûmcnts, depuis les héroïques sauve-
teurs qui, au péril de leur vie, sont allés arracher
des victimes du tremblement de terre au milieu des
ruines et des pierres croulantes, jusqu'à ces femmes
— 32 -
généreuses qui, n'hésitsnt pas à tout quitter, leur
famille, leur bien-être, le home, sont venues crâne-
ment camper sous la tente pour soigner des blessés
qui bénissaient presque leurs blessures, quand ils
regardaient leurs infirmières.
L'année dernière, l'Académie a récomptensé MM.
Joseph Granon et Fernand Amiaud de la bravoure
qu'ils avaient déployée à Rognes ; cette année, elle
est heureuse, grâce à des documents qui ne lui
étaient pas parvenus plus tôt, de rappeler les sau-
vetages accomplis à Lambesc par MM. Saint-Avit,
Donnât et Borel.
Près de cette coquette cité, si cruellement éprou-
vée, s'élevait une maison, la Grande-Bastide, appar-
tenant à Mademoiselle de Saint-Denis, atteinte par
errible secousse, elle éclata comme une grenade,
i'ant l'expression consacrée, la toiture s'effondra
le deuxième étage où se trouvait le sieur Henri
y, fils du fermier ; le poids entraîne une partie
cet étage qui ne tarde pas à s'abîmer sur le pre-
;r ; Henri Laty s'y voit précipité parmi les dé-
ribres et vient tomber dans la chambre où repo
;nt ses parents ; mais le malheureux ne peut leur
ter secours, car les débris amoncelés obstruent
porte qu'il ne peut ouvrir; sa soeur Louise ac-
irt à son appel ; arrêtée par le même obstacle,
I entend, impuissante, les cris déchirants des
;s qui lui sont le plus chers se perdant au milieu
- 33 -
du fracas des poutres et des pierres qui continuent
à s'effondrer, grandissant toujours la barrière qui
la sépare des siens ; le tremblement de terre les en-
serre dans son horrible étreinte ; ils voient cette
chambre, une partie d'eux-mêmes, devenir leur
prison et bientôt leur tombeau, et Içur fille ne peut
que mêler ses gémissements à leurs gémissements
dans ce grondement lugubre de ruines qui s'accu-
mulent autour d'elle ; enfin, se ressaisissant, elle
va chercher du secours au château de Monplaisir
(cruelle ironie !) ; Saint- Avit, garde du château, s'of-
fre à elle ; il vole sur le lieu du sinistre, accompa-
gné de MM. Donat et Borel ; le sauvetage s'orga-
nise, rendu périlleux par la chute continuelle des
pierres et des éboulis ; enfin, après trois heures
d'efforts angoissants, ces courageux sauveteurs par-
viennent à dégager la porte et à arracher à leur
prison les malheureux Laty.
Messieurs, de pareils actes sont de précieux
exemples qui prouvent qu'un cœur généreux bat
encore sous bien des poitrines dans notre beau pays
de France, et l'Académie est heureuse de les signa-
ler, en accordant une mention honorable, sous la
forme d'un diplôme, à MM. Saint-Avit Auguste,
Donat Jules et Borel Léon.
Messieurs, ce ne sont pas seulement les grands
cataclysmes ou les champs de bataille qui engen-
SÉAN. PUBL. ACAD. — 1911 3
— 34 —
drent des héros ; les luttes quotidiennes de la vie
en produisent aussi et leurs vertus doivent être
exallées d'autant plus que les vulgarités de l'exis-
tence ne constituent qu'un stimulant bien médiocre
pour leur épanouissement ; ces héros obscurs ne se
laissent rebuter ni par les soins les plus répugnants,
ni surtout par Tégoïsme inconscient de la vieillesse
qui, souvent, ne sait répondre à ces soins que par
des plaintes et d'injustes récriminations.
Mademoiselle Henriette Brun, née à Aix le 8 fé-
vrier 1862, nous a paru réunir les qualités que j'ai
essayé de dépeindre ; sa vie est synonyme de dé-
vouement ; au service de M. Blache, employé à la
Compagnie duP.-L.-M., elle remplaça auprès de ses
enfants, la mère enlevée par la maladie ; plus tard,
à la mort du père, elle les adopta, soigna comme
son propre enfant, le fils atteint de tuberculose jus-
qu'à ce que le mal eût achevé son œuvre. Quant
à la fille, elle lui procura, dit le mémoire, « un ex-
cellent mari >/, ce qui est, paraît -il, le plus beau
cadeau que l'on puisse faire à une jeune fille. Entre-
temps, elle trouvait le moyen, par ses soins assidus,
d'adoucir et de prolonger l'existence de son père
jusqu'à quatre-vingt-six ans et de prodiguer égale-
ment des soins, aussi dévoués que rebutants, à une
sœur tombée dans la paralysie et l'imbécilité.
C'est avec une réelle satisfaction que l'Académie
- 35 -
accorde une somme de 400 francs à Mademoiselle
è
Henriette Brun.
Madame Anastay, née Ferrât, âgée de quarante
ans, a eu sept enfants, dont trois vivants ; malgré
la santé déplorable de son mari et un état de pro-
fonde misère, elle n*a pas hésité à recueillir un ne-
veu par alliance qui avait été admis aux enfants
assistés ; elle l'a gardé pendant quinze ans, lui don-
nant la même affection qu'à ses propres enfants, jus-
qu'au jour où elle lui a donné une femme (cadeau
plus précieux encore que celui dont je parlais tout
à l'heure), et qui n'aura qu'à suivre ses exemples de
désintéressement et d'abnégation.
L'Académie n'hésite pas à accorder à Madame
Anastay 300 francs sur le prix Reynier. Le surplus
de la somme sera capitalisé et les arrérages seront
ajoutés au prix des années suivantes.
PRIX RAYOI
Mademoiselle Léontine Roman est née à Malijay
le 8 octobre 1877; sa vie peut se résumer d'un
mot : oubli de soi-même ; elle s'oublie pour ses pa-
rents infirmes qu'elle ne peut que bien difficilement
entretenir malgré un travail acharné, pour ses frè-
res et sœurs dont, seule elle pouvait s'occuper et
que ses soins assidus n'ont pu préserver d'une mort
précoce ; le décès de sa dernière sœur a achevé de
l'accabler ; mais, douce envers les siens, elle le fut
— sa -
iiis-^i ciiV'-T^ 1*-^ malheur. Nous la croyons plcine-
iiu-nt iligiic du prix de 275 francs.
PKXMIOliM IRH.t^ MORKAC
>i,uis en avons deux à attribuer cette année :
I v.no. de pères de famille ; l'autre, d'ouvrières.
i" catégorie. — M. Michel Antoine, né le 21
,i\iil 1845, domicilié à Septèmes, est un honnête
]ournalier, un non moins bon mari : il a quatorze
t-nlants actuellement ; il les a élevés chrétienne-
mont, la méthode n'est vraiment pas mauvaise,
mais elle semble de plus en plus disparaître en
niôme temps que les nombreuses familles ; tous
tes enfants se signalent par leur assiduité au travail
et leur bonne conduite ; trois sont mariés, espé-
rons qu'ils resteront fidèles à ces excellentes tradi-
tions paternelles qui doivent être récompensées
d'autant plus qu'elles sont de moins en moins sui-
vies. Aussi l'Académie est-elle tout particulière-
ment heureuse de donner en exemple, à l'heure ac-
tuelle surtout, ce modèle des pères de famille et de
lui accorder une pension de 200 francs.
2"" catégorie. — Mademoiselle Marie -'Thérèse
Isnard, née à Aix le 3 1 mars 1841, couturière pen-
dant de longues années chez Madame Estienne qui
■ elle les meilleurs renseignements, s'est
; dans sa vie toute de travail par de cruel-
tés ; elle a dCi, avec des économies péni-
- 37 —
l-Mcment amassées dans sa jeunesse, assurer l'exis-
tence de ses parents arrivés à l'âge le plus nvnncé
et auxquels elle prodigua ses soins avec un dévoû-
ment qu'elle est la seule à ignorer. L'Académie es-
time qu'elle a bien mérité la pension de 200 francs.
Mesdames, chaque année nous apporte une nou-
velle preuve que, si la femme dont le charme et la
grâce sont l'apanage, sait parfois les orner des plus
élégantes parures, elle en possède une, de toutes
la plus précieuse et qui lui est naturelle, c'est le
dévouement.
Dans un temps où les plus grossiers appétits se
livrent carrière, demandant à l'argent leurs basses
satisfactions, n'est-il pas réconfortant de voir luire
à l'horizon cette lumineuse étoile du désintéresse-
ment que l'on n'est pas encore parvenu à éteindre,
de diriger ses regards vers les joies pures de l'idéal,
de la charité, de l'abnégation? d'opposer aux bru-
talités d'un matérialisme décevant les consolantes
conceptions du spiritualisme le plus élevé ? de pla-
cer en face de cette marée montante d'un égoïsme
féroce, l'oubli de soi-même poussé parfois jusqu'à
l'héroïsme, et aiors que d'autres ne songent qu'à
jouir, de leur montrer ceux qui ne songent qu'à se
sacrifier. Dans cette éternelle lutte engagée entre le
bien et le mal, ne fant-il pas plus que jamais pro-
clamer les mérites de ceux qui savent se faire les
infatigables champions de l'esprit de sacrifice ; et
^3S —
q ;^nd chaque jour amène de nouvelles recrues à la
formidable armée du crime, saluons. Messieurs, les
engagés volontaires qui viennent s'enrôler sous le
drapeau de la charité et de la vertu.
»vD<iia/
€?S 57)
*
On a lu :
I* Quelques lettres de Boccacef par M. Bonafous ;
2" Les Cerises, poésie, par M. Paul Rigaud, As-
socié régional.:
41 -
PRIX RAMBOT
Fondé en 1859, suicant testament olographe du 23
août 4838, pour récompenser les actes de dévouement,
de courage, de désintéressement, les soins donnés à la
vieillesse et à Venfance pauvre et abandonnée ,
Le prix Rambot de 345 francs, indivisible, a été
décerné à cinquante- deux lauréats de 4860 à 49U ;.
Leurs noms ont été publiés dans les précédents
Bulletins ; nous donnons ci-dessous la liste des dix
derniers.
Liste des Lauréats
Depuis 1901.
1901. Le Comité de Sauvetage de la station dcCarro,
commuDe des Martigues.
1 902. Mlle Blanche Arèke, d'Aix.
1903. M. Marins Arhakd, à Aix.
1904. M. Mathieu Jeauffret, Les Milles, commune*
d'Aix.
1905. M. Louis-François Remlsat, d'Aix.
1906. Mlle Victoria Rey. d*Aix.
1907. Mlle Ermance Mégy, d'Aix.
1908. M. Marius Dagard, d'Aix.
1 909. Mlle Marie Rivière, d'Aix.
1910. Mlle Emilie SosPEL.
1
PRIX REYNIER
Ce prix de 4 ,000 francs a été fondé en ySCï, ;>flr
teslamenl olographe du 18 mars 1H6i. pour récom-
penser les actes les plus méritoires de dévoàment, de
f.délilé et de secours au malheur, les soins désinté-
ressés donnés aux in^rmes et aux vieillards ainsi qu'à
l'enfance délaissée et pauvre.
Une partie de la somme at réservée pour les pères et
mères qui élèvent le mieux leurs enfants, c'est-à-dire,
d'une manière chrétienne, honnête et laborieuse.
Le prix Reynier a été décerne à cent dix-sept
Lauréats de 1810 à 1911.
Comme pour le prix Itambot leur liste a été insérée
dans les précédents Bulletins; voici celle des dix
dernières années
Listo (les Lauréats
Dp/mis iOOiK
I90i. Mme Xëure, sœur S'-Ignace, d'Aix.
» Mlle Caroline CnACSSECROs, d'Aix.
■ Mme veuve Mathieu née Ripolet, d'Aix.
f 903. Mlle Marie Coave, à Aix.
> Mlle Alexaodrine Roche, à Aix.
> Les époux RiGitD, à Aix.
1901. Mme veuve CnASLT, née Lombard, à Aix
Il Mme Blasc, née Peloiitier, les Pinclûiials.
B Les époux Pepino, à Aix.
— 43 -
Î905. Mlle Thérèse Tempier, d*Aix.
» Mlle Marie Ambebt, de Marcols (Ârdèche)^
» Mme Ghuzin, à Aix.
4906. Mme veuve Hénault, née Gai, à Aix.
» Mlle Augustine Socrate, à Aix.
» Mme veuve Diogène, née Bonin.
1907. Mlle Julie Décory, à Aix.
» Mlle Antoinette Constant, à Aix.
» Mlle Marie Joseph, dite Marie Olive, à Aix,
4908. Mlle Léoncic Arbaud, à Aix.
» Mlle Ëulalie Antonietti, d'Istrcs.
» Les époux Barthélémy-Gilles, à Aix.
1909. Mlle Clémence Thomas, à Aix.
» Mlle Marguerite Lèzb, à Adx,
» Mme veuve Deluy, à Aix..
191 0. M. Josepix Grakon, de Rognes.
» M. Fernand Arniaud, de Rognes.
49H • Mlle Henriette Brun, à Aix.
)i Mme Anastay, née Ferrât, à Aix.
- i i. —
iir
PENSIONS IRMA MOREAU
Ces pensions ont été fondées en 4899, par testament
de Mademoiselle Irma Moreau, du 7 janvier de la
même année, qui institue r Académie sa légataire
universelle. Elles consistent en une somme annuelle de
200 francs.
Elles sont destinées à offrir une récompense et procu-
rer un secours aux personnes particulièrement recom-
mandées par leur honnêteté et leur vertu notoires,
qui en seront les plus dignes et qui devront être choi-
sies dans les catégories suivantes :
'/** Pères de famille veufs ou non , et mères de
famille veuves , connus comme gens malheureux et
nécessiteux, exempts d'ivrognerie et autres vices, et
ayant au moins deux enfants ;
^'^ Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie, ou
d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans Vimpos-
sibilité de subvenir à leurs besoins.
L'Académie a commencé à décerner ces pensions en
VJ02.
j
— io —
Xjlste des Lauréats
des pensions ouvrières
r* CATEGORIE [Pérès et Hères de famille)
i903.
»
1904.
4905.
1907.
1908.
»
1910.
)>
19M.
M. Fidèle BONTOUX, è Aix (5 enfants
M. Jean LARGUÈZE, à Aix (4 »
Mme veuve BARNIER, née
Alexis, à Luynes (7 »
M. Charles DESPLAS, de
Castres (6
M.VictorinGINIEZ,àGalice (8
Mme veuve TEMPIER, née
Tardieu (5
Mme Pauline DEDIEU, née
PiiAiLLON de S-.Rcmy (7
M. HE^RIM[CUEL aux Milles (6
M. Paul ESCOFFIER, de
Gardanne (4
Les époux AREL, de Rians (10
M. Antoine MICHEL, à
Septomes (1 i
»
»
))
»
»
»
)
— 46 -
a-* CATEGORIE (ODYiiéres)
1903. Mme veuve POURCEL, née Falque,
à Âix.
» Mme veuve BARBIER, uée Aurenge,
à Aix.
1906. Mlle Aîigelc CADENEL à Eguilles,
» Mlle Marie MÉOUVE, à Aix.
1 908. Mlle Madeleine CHIEUSSE, à Arles.
» Mlle Malhilde JOUYNE, à Aix.
4909. Mlle AnloÎDelte BOYER, à Aix.
\ 91 0. Mlle Caroline GABALDA, à Aix.
1 9M . Mlle Marie-Thérèse ISNARD, à Aix.
1
- 47 —
TV
PRIX HENRIETTE RAYON
Ce prix de 275 fr. a été fondé par Mademoiselle
Henriette Rayon, par testament du 26 décembre
4906, pour récompenser une jeune fille dont le bureau
de r Académie aura distingué les mérites.
• Comme peur //îs autres prix RamboL, Reynier et
Irma Moreau, la liste de ces prix sera insérée dans
• le présent Bulletin.
V Académie a commencé en 1909 a décerner ce
prix
Liste clcs Lauréats
Depuis 1909
1909. Mlle Horminie CALLIER, d'Aix.
1910. >Mlle. Marie NOU VERRONS, d'Aix.
191 1 . Mlle Léonline ROMAN, de Malijay.
-48-
V
PENSION V NËGRE
Cette pension a été instituée par Madame Virginie
Fabre, vi'uvc Nègre, décédée à Aix le 8 juillet 4908.
Par son testament du 16 juillet 4905, Madame
Nègre a fondé ce legs, en mémoire du sieur Fabre, son
père, qui était maçon. Il consiste en une pension ou-
vrière de 329 francs à décerner à un maçon, marié
ou non, avec ou sans enfant, fie pouvant plus tra-
vailler, d'une honnêteté parfaite et bien reconnue,
pour en jouir sa vie durant.
L'Académie a commencé à décerner cette pension
dans la Séance Publique de 1910.
H-ilsto des Lauréats
depuis 1010
1940. Henri SliCOND, d'Aix, ài^é de 85 ans.
- 49
BUREAU DE L'ACADÉMIE
4910 - 191 1
Président M. L. de à'igaud d£ Bresc.
Vice-Président M. Edouard Alde.
Secrétaire perpétuel, M. le Baron Guillibert.
Secrétaire annuel •. M. Gustave Reynaud.
Archiviste M. le Marquis G. dIllb.
Bibliothécaire ...... M. le Docteur Aude.
Trésorier M. Mouravit.
SÉA5. PUBL. ACAD. ^-1911
TABLEAU
-'MEMBRES DE L'ACADÉMIE
(Arrêté en août 19H)
MEMBRES D'HONXEIR
MM.
Mistral Frédéric, G. ^ îgc ^. Gorrcspoiuiant 2 mars 48G3,
membre d'honneur le 6 juin 1899 ; o Maillane (B.-du-R.),
Cabassol Jeseph, ancien Maire, ancien Conseiller Général,
avocat à la Gour, ancien bâtonnier. 23 janvier 1906 ; \
place Jeanne-d'Arc, à Aix.
Pécoul Auguste, G. G. ïg?, archiviste paléographe. Corres-
pondant 5 mars 1901. Membre d'honneur 23 avril 1907 ;
à Draveil {Seine-et-OiseJy et rue Boissij-d'Anglas, 12. à
Paris.
Gharlbs-Roux Jules, G. ;^, ancien député. Associe régional
12 janvier 1883. Membre d'honneur 3 décembre 1907.
Hue Pierre-Charron, 12 y à Paris.
Michel Evariste .^, docteur en médecine. Membre honoraire
21 février 4902. Membre d^ionneur 14 janvier 1908. /î?/p
de Clichy, 40 y à Paris, et villa Mignet, à Aix.
S. Exe. M. Révoil Paul, G. ^., ambassadeur de France en
Espagne, 24 mai's 1908; à Madrid.
Levasseur Emile, G. 0. .^, membre de Tlnstitut, adminis-
trateur du Gollège de France. 15 décembre 1908; au
Collège de France, à Paris.
GiRAUD Charles, ^^ Premier Président de la Cour d'Appel,
16 mars 1909. Rue de VOpéra, à Aix.
AiCARD Jean 1^, membre de l'Académie Française. 15 mars
1910 ; à La Garde, près Toulon fVarJ.
•• I
— 01 —
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Cherrier (le chanoine) Joseph, doyen du Chapitre Métropo-
litain, docteur en Théologie. 25 avril 1872. Boulevard
Saint-Louis, 15.
GuiLLiEERT (baron) Hippolyte, xg; 0. ►p, ancien bâtonnier de
Tordre des avocats à la Cour. 15 janvier 1878. Rue
Mazarine, 14.
MouRAviT Gustave ^p, président de la Chambre des notaires.
8 février 1884. Place des Prêcheurs, 34.
SouBRAT Charles, ancien conseiller à la Cour, président du
Comice agricole. 15 février 1884. Rue Mazarine, 8.
Marbot (le chanoine) Edmond, ancien vicaire général. 28
mars 1887. Rue Goyrand, 3 bis.
Gaktelmi d'Ille (marquis de) Charles -^ ►Ji 0. ^. Associé
régional le 12 janvier 1883, membre titulaire le 17 juin
1890. Cours Mirabeau, 0.
PoNTiER Henry, I. P. (il, conservateur-directeur du Musée. 5
avril 1892. Rue Cardinale, 13.
- 52 -
FAssm Emile, I. P. U, conseiller à la Cour. H avriHSOi.
Boulevard du Roi-René, 46.
Bec (de) Albert. 4" mai 1894. Rue Emeric-David, Si.
TouRTouLôN (baron de) Charles, I. P. |^ G. 0.^ C. »5* ancien
président de la société des Langues Romanes. Correspon-
dant le 4 juin 1878, membre titulaire le 28 mai 1895.
Rx^e Roux-Alphéraiiy 13.
Saporta (comte de) Antoine. Associé réi^ional le 2 fé\ricr
1892, membre titulaire le 23 mars \S91.Rue Cardinale, :,\V,
et i-ue Philippy, 3, à Montpellier (Hérault).
Aude Philippe 0. v^i^ ^, médecin en chef de la marine, en
retraite. 6 avril 1897. Rue du Lycée, t,
Boi<iNECORSE-LuBiÈREs (comtc de) Charles, avocat à la Cour.
Associé régional le ^7 décembre 1897, membre titulaire le
30 mai 1899. Rue de VOpéra, 24.
BoNAFOus Raymond I. P. ^, professeur à la Faculté de<i
Lettres. 30 janvier 1900. Rue du Bras-dVr, 2.
Rolland Henri, L P. (Ji chanoine titulaire de la métropole,
aumônier du Lycée Mignet. 18 décembre 1900. Rue du
Louvre. 29.
•
BouRGUBT Alfred, avocat à la Cour. Associé régional le 10
mars 1896, membre titulaire le 29 janvier 1901 ; au
Pont-de-l'ArCy près d'Aix.
Aninard Casimir ^p, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats.
5 février 1901. Rue du Quatre-Septembre, 34,
Aude Edouard, L P {^, conservateur de la Bibliothèque Mé-
janes. Associé régional le 20 mars 1900, membre titulaire
le 16 juin 1903. Villa Joyeuse, chemin de la Violette.
Laco&te Ernest, L P.U , ingénieur. Associé régional le 20
février 1900, membre titulaire le 20 décembre 1904. Rue
du Quatre-Septembre, 30.
- 53 -
De Dlhanti la Calade Jérôme y» licencié ès-Leltres. t\
mars 1905. Place d'Alberlas, 10.
Michel Tranquille, ^:, ingénieur en chef des Ponls-et-
Chaussées. 10 avril 1905. Ru^ du 4-Septembre.
Jauffret Alfred, avocat à la Cour. 27 mars 1906. Rue des
EpinauXj 13.
Reynald Gustave, directeur des Contributions directes, en
retraite. Associé régional 30 janvier 1906. Membre titu-
laire 18 décembre 1906. Rue Cardinale, 17.
Vallier-Collohbier Alfred U, conseiller à la Cour d'Appel
d'Aix. 12 mai 1908. 10, rue Espariat.
AuDi?îET Eugène, I. P. ||> professeur à la Faculté de Droit
de rUniversilé d'Aix-Marseille. 15 décembre 1908. Cours
d'Orbitelle, Aix.
MoLGiKS-BoQurFORT (comte de) Charles, Docteur en Droit.
Associé régional le 11 mars 1890, membre titulaire le 26
janvier 1909. Cours Mirabeau, 16.
Bagarry Paul, avocat. Associé régional 12 janvier 1909. Mem-
bre titulaire 1*' février 1910. Cours Mirabeau, 4.
— 5i -
MEMBRES HONORAIRES
MM.
PisoN Alexandre ^ I. P. U >î<, doyen honoraire de la Fa-
ewllé de droit. 30 janvier 1894. Rue cf^Italie, 14.
Gramer Désiré ^, conseiller doyen honoraire à la Cour. 29t
mai 1894. Cours Mirabeau, 17.
ViLLEviEiLLE Joseph, I. P. %|, artislc peintre. 22 décembie
i903. Rue Espariat, 20.
— oo —
ASSOCIÉS RÉGIONAUX
MM.
Kysseric Sainl-Marcc], ancien magistrat et conseiller général
inspecleur départemental de la Société d'Archéologie, à
Sisteron. \9 décembre 1882-
Rey (de) Gonzague, château du Prieuré d'Ardène, près Saint-
Michel (Basses-Alpes). 5 janvier 4883.
Terris (de) Jules, G. 0. »fi >& membre de TAcadémie de Vau-
cluse, à Avignon. 5 janvier 1883.
ls>ARD, I. P. p, archiviste des Basses-AIpes, secrétaire de la
Société Académique, ancien élève de l'Ecole des Chartes,
à Digne. 12 janvier 1883,
MiRELR îj^, archiviste du département du Var, membre du
comité des travaux historiques, à Draguignan. 19 janvier
1883.
Bonhomme (rflbbé)^ chanoine à Riez (Basses- Alpes). 9 février
1883.
Bernard Charles ;^, président à la Cour do Dijon, ancien
avocat à la Cour d'Aix. 16 février 1883.
Magallon d'Argess (marquis de) Xavier, ancien conseiller
général des Hautes-Alpes, villa Magdala, à Sainte-Marthe,
Marseille. 16 mars 1889.
Gamber (le chanoine) Stanislas ?J, secrétaire de l'Académie
de.Marseille. 7 avril 1891.
CoLLOT Louis IkJ^, professeur de géologie à la Faculté des
Sciences de Dijon. 26 janvier 1892.
CoLLONGUE (d'AvoN barou de), -^ «^ 0. ^, ministre plénipo-
tentiaire, en. retraite, au château de Collongue, par Ca-
dcnet (Vauclnse). fi juiii 1893.
-S6 —
CiiAiLLAN (l'abbé), correspondant du Ministère de Tlnslruc-
tion Publique, curé de Seplènnes (Bouches-du Rhône).
12 janvier 4894.
Fkrrier Raymond, amateur d'art. Rue des Arts-et-Métiers^
2, Aix. 16 juin 1896.
TouRTOL'LON (baroD de) marquis t!e Barre, Pierre, docteur en
droit. Château de la Fustc, par Valensole (Basses-Alpes).
12 janvier 1897.
Teil (baron du) Joseph ^p. Quai de Billy, 2, Paris. 4 mai
1897.
Malrel (l'abbé) Marie-Joseph, place de THÔtel-de-Ville, 5, à
Manosque (Basses- Alpes). 18 mai 1897.
AuTHEMAN, ancien maire de Martiuues. 15 février 1898.
Prou-Gaillard y C. ►f», ancien directeur de l'Académie de
Marseille. Boulevard Montricher, 5. 3 mai 1898.
Manteyer (de) Georges, château de Manteyer (Hautes- Alpes).
13 décembre 1898.
LiEUTAUD Victor »&, ancien bibliothécaire de la ville de Mar-
seille, notaire à Volone (Basses-Alpes). 15 mai 1900.
Mllsant Sébastien >p, avocat, ancien bâtonnier, Rue Balay,
2, Saint-Etienne. 19 mars 1901.
MiTERSE Maurice, ancien officier de marine, ancien sous-
préfet, à Antibes. 7 mai 1901.
Bernard d'Attanoux (comte) Henri, ►f» avocat, ancien magis-
trat. Rue Palermo, 2, Nice. 14 mai 1901.
Gérin-Ricabd (comte de), président de la Société d'archéo-
logie. Rue Grignan, 60, Marseille. 4 mars 1902.
Moxclar (de RiPERT njarquis de) François, C. ^', ministre
pltMiipotenticiire. en retraite, au château d'Allemagne, près
liiez. 18 mars 1902.
PiRTî'î-R E!i»il(\ 0. ►f» ''' :§i, président de la Société de Statis-
li(|ue tic MiU-soille. Villa (lu Bociige, à Mazaritues. 6 jan-
vier 1003.
— 0/ —
ytLLE>Ei:vE-EscLAroN (niarquis de) Chrislian, 0. ï§r, ancien
député. Rue de Prony, 75, Paris, et à Valensolo (Basses-
Alpes). 7 juin 1904.
Closhabeuc (Urvoy de) Jules. Rue Roux-Alphéran, 25, à Aix.
i9 décembre 1905.
LiEUTAUD Auguste, président de la Société des Amis du Vieil
Arles, h Arles. 30 janvier 1906.
Cotte Charles, licencié en Droit, notaire à Perluis (Vaucluse),
24 avril 1906.
Gaffarel Paul, professeur à la Faculté des Lettres d*Aix.
Rue Paradis, 295, Marseille. 19 mars 1907.
ViNCENs Charles, ancien Directeur de l'Académie de Marseille.
Rue Nicolas, 9, Marseille. 1t juin: 1907.
La Salle de Rochemalre (duc de) Félix, C. ►{• tg: JîJf. Châ-
teau de Clavières Ayrens (Cantal). 19 mai 1908.
Tavernier Edouard, avocat, docteur en droit. Rue François I",
162, Paris. 19 mars 1908.
Lefètre Edmond, directeur de la « Revue de Provence ».
Rue Tapis- Vert, 40, Marseille. 22 décembre 1908.
Marïéton Paul ^, ancien Chancelier du Félibrige, 24, rue
Matignon, à Paris. 2 mars 1909.
Rrémond (Pabbé) Henri. 34, place des Prêcheurs, à Aix. 16
mars 1909.
Rourget Henri, Directeur de l'observatoire de Marseille.
9 juin 1909.
Raixbault Maurice, archiviste-adjoint des Rouches-du-Rhône.
28, rue Mongrand, à Marseille, 1 1 janvier 1910.
SiCARD Martial, ancien député, maire de Força iquier(Rasses-
Alpes). 1 1 janvier 1910.
SiLBERT José ►fi, arliste-pcintrc, à Marseille. 1" fé\ricr 1910.
Revol Amédée, avoué à la Cour, rue Gaslon-dc-Sn porta, à
Aix. 26 avril 1910.
o8 -
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
MM.
Lavollée Paul-René, docteur ès-1 étires, ancien consul générale
Boulevard Haiissinann, 162, à Paris. 25 avril 1870.
Millien Achille, lauréat de TAcadémie Française, à Beaumonl-
la-Ferrière (Ni^vre). 16 décembre 1872;
Faisan Albert, à Saint -Cyr-^ en -Mont -d'Or, près Lyon.
14 mars 1876.
Bellet (l'abbé), à Tain (Drônie). 12 décembre 1882.
Jessé - Charleval (Comte de) Antoine, ancien maire de
Marseille. ChAteaularc, par Roussel (B.-du-R.). Associé
régional o janvier 1883. Correspondant le 7 janvier 1998.
Jullien Ernest, Président honoraire du Tribunal. Civil,
à Reims (Marne). 2 mai 1884.
Lanéry d'Arc Pierre, docteur en droit, procureur de la Répu-
blique, à Villeneuve-sur-Lot (Lol-el-Garonne). Associé
régional 12 décembre 1887, titulaire 8 mars 1892, corres-
pondant le 7 juin 190i.
Cottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal. Avenue Henri-Martin,
44, Paris. Il juin 1888.
Bremond d'Ars-Migré (marquis de) Anatole, conseiller géné-
ral, château de la Porle-NVuve-en-Riec (Finistère). 27
janvier 1891.
Proal Louis, conseiller à la Cour de Paris. Villa Molitor, 26,
XVP. Titulaire le 22 décembr.î 1801, correspondant le 15
décembre 1896.
Joret Charles, membre de l'Inslitut. Paie Madame, 64, à Paris.
Tilulaire le 16 inr.i 1893, currcsponilanl le 12 décombre
1899.
r
- 59 -
ZeiLIer Charles-Rem», nionihrc de l'InstUut. Une du Vieux
Colombier, 8, à Paris. 19 janvier 1897.
Petit Alexandre, docleur en médecine à Royat,etRue Lafïïtlc^
3, à Paris. 4 mai 1897.
Hulot (baron), secrétaire général de la Société de Géographie.
41, avenue Labourdonnais, à Paris. 11 mai 1897.
Rochas d'Aiglun (comte de), colonel, ancien administrateur
de TEcolc Polytechnique. Rue Descartes, 21, à Grenoble.
24 avril 1900.
Moris Henri, archiviste des Alpes-Maritimes. Villa Moris,
boulevard Dubouchage, à Nice. 19 mars 1901.
Tassct JacqueSyà Molosme-Tonnerre- (Yonne).-. 9 juin 1903.
Planté Adrien, ancien député, ancien maire d'Orlhez (Basses-
Pyrénées), président de la Société des Sciences et Lettres
de Pau. 14 juin 1904.
Poitevin de Maureillan (de), O.U, colonel en retraite, conser"
vateur du Musée d'Hyères (Var). 15 mai 1906.
Jullien Jules-André, colonel en retraite, rue de Boulain-
villiers63, Paris (XVI*). Titulaire le 11 décembre 1906,
correspondant le 5 mai 1908.
Jullian Camille, membre de l'Institut, professeur au Collège
de France. 30, rue de Luxembourg, à Paris. 28 mai 1907.
Bougon Georges, docteur en médecine, 45, faubourg Mont-
martre, à Paris. 11 juin 1907.
Lncour-Gayet, professeur à l'Ecole Polytechnique. Rue Jacob,
46, Paris. 10 décembre 1907.
Rieux (des) Lionel, avenue de Villicrs, 26, à Paris. 21
janvier 1908.
Régnier (de) Henri, membre de TAcadémie Française, rue de
Magdebourg, 14, à Paris (XVP). 5 mai 1908.
Nolhac (de) Pierre, Conservateur du Palais de Versailles, à
Versailles (Seine-et-Oise). 2 juin 1908.
- co -
Labande, Conservaleur des Archives de la principauté de
Monaco. 19 janvier 1909.
Dienne (comte de) Edouard. Château de Cazideroque, par
Tournon (Lot-et-Garonne). 19 janvier 1909.
Barthélémy Jules, Rédacteur au secrétariat de Tlnstilut, au
Palais de Tlnstilut, Paris. 1G février 1909.
Marlot Hippolyle, géologue prospecteur à Martiny, par
Marmagne (Saône-el-Loire). 9 mars 1909.
Maurin Georges, avocat à Nîmes (Gard). 11 janvier 1910.
Charpin Frédéric, publiciste 22, rue dé la Chaise, à Paris.
1" février 1910.
Matfer (l'abbé) Joseph, curé d*Orny-Chérisy (Lorraine). 10
mai 1910.
Sapy (le Père Thomas), à Marseille. 13 Décembre 1910.
Boy Charles, rue Saihte-Calherine, 12, à Saint- Etienne
(Loire). 21 février 1911.
Cliaperon (Pabbé), cure de La Martre (Var). 21 février 1911.
— Gl -
ASSOCIKS CORRESPONDANTS
A I/ÉTUANGEU
MM.
Cornazza-Amari, ancien professeur à TUniversilé de Calane,
sénateur du royaume d'ilalie. 6 avril 1868.
Gubernatis (comte de) Angelo, professeur à rUniversité de
Rome. Via Lucrezio Caro, 67. 3 janvier 1893.
Typaldo-Bassia, député, ancien Président du Parlement
hellène, à Athènes. 23 janvier 1894.
Barr-FerreCj à New-York. 5 juin 1894,
Portai (le commandeur Emmanuel), membre de la Royale
Commission héraldique d*ltalie.'4l, Via deila Croce, à
à Rome. 12 février 1895.
Morozzo délia Rocca (comte) Emmanuel, général. Via délia
Rocca, 29, à Turin, et villa Guntschme Kwort à Griès,
près Botzen (Sud-Tyrol) Autriche. 21 mars 1899.
Da Cunha Xavier, conservateur de la Bibliothèque Royale.
Rue S. Bartholomeo, 12, à Lisbonne (Portugal). 11 décem-
bre 1900.
Ziiccaro Louis, ancien Vice-Consul de la République Argen-
gentine ; à Sondrio, en Valteline (Lombardie), et à Milan,
rue Ciro Menolti, 17. 2 avril 1901 .
Satta Salvatore, membre de la Société Philologi(|ue à Rome.
26 mai 1903.
Verney de la Valctta (comte) Franchi. 9 juin 1903.
Gàvànescul J., professeur à rUniversité de Jassy (Roumanie)
9 juin 1903.
— 62 —
Pa(hi1a (lo conimfnndtMir) Antoine, secrétaire i;énéral de la
Société Luigi-Camoens. Via dei Fiorcniiai, 67, à Naples.
17 janvier 1905.
Wallenskold Axel, professeur de philologie romane à TUni-
versité (nielsingfors (Finlande). 26 avril 1909.
Santoro Domcnico, professeur à rinstilui à Ghioli (Naples).
1" février 1910.
Zawodny Joseph, directeur de la station agro-chimique de
Freudnnthal (Silésie autrichienne). 28 mars 1911.
LiO prosenL Ta.blefcJLu. a. 6t6 tirrôté en Août
1911 , conformément tA l'article lO dia Règle-
ment intéiûeur.
Le Vice-Président : Le Secrétaire Peipéluel :
Edouard âi;de. Baron Guillibert.
mtm
- 62 -
î, ,'r>rnn».^n<lonr) Antoine, secrétaire général de la
^.»^(,. I „it:i-<>nH>ons. Via dei FiorcniiDi, 67, à Naples.
M Mii,^nskoM "^^^'^ professeur de philologie romane à rUni-
xoUte n'H^lMngfors (Finlande). 26 avril 1909.
^.» ^«Ap^l^wiouîoo, professeur à rinslitut à Ghieli (Naples).
/.A>'.v.rN ^^^^p'>i directeur de la station agro-chimique de
\v^,^^. rtUud (Silésie autrichienne). 28 mars 1911.
,,« ^viVv-<tîiiL TalDlcfcxu. a 6t6 txrrôtù on AoiXt
I. V vuxlormémerit tx Ttirticlo 10 dvx Règle—
m^ n» t i^'iucuir.
le Vice-Président : Le Secrétaire Perpétuel:
Edouard Ai de. Baron Glillibert.
n
r
ACADEMIE D'AIX
92**^ Séance RubliQue
14 JUIN 1813
[
SEANCE PUBLIQUE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ET BELLES-LETTRES
D'AIX
AIX- EN - PROVENCE
Pall JOURDA.V, IjirniJiELR db t'AcàBÉMU
SO, Manuel, 20
^
p #
* •
A DEMIE
DES SCIENCES». AGRICULTURE , ARTS et BELLES -LETTRES
»
©3«« SÉAIVCB ^PUBLIQUE
Le Vendredi, 14 Juin 191 2, la quatre-vingt-
douzième SÉANCE Publique de l'Académie d'Aix
A ÉTÉ tenue, a quatre HEURES ET DEMIE, DANS LA
GraND'SaLLE de L'IlNiyERSITÉ, A LA FACULTÉ DE
Droit.
Tous les sièges étaient de boniro heure^ orcnpés par une
as^i^lancc nombreuse dans laqn<^llo de fn tcilus- to'IeUcs
donnaient une note dVIég.mce qui ne dépare jeûnais une
réunion où sont représentées totiics les drisses de. la société.
Aux fauteuils : M. le Vicaire Général van Gaver, repré-
sentant Vi*^r rArchevéque; M. I^nard,. arcliivisie départe-
mental à Digne, et sn famille ; Ul le docteur Rerlrand,
maire d*Ais ; H. le Doyen de la Fac uUéde Droit ; une délé-
gation des Oflicicrs da la garniïîon ; nombre de fonction-
naircs de nos diverses admini>trdtions^ etc., etc. .
Sur !*estiadc, à côtédu Président, H. le Premier Prési-
dent Giraud ; le ducieur Ëvariste Hicbel ; H« Cabassol, an-*
— 6 —
cien maire, conseiller général ; tous trois membres d'hon-
neur de rAcmIémie ; ens^iiite 1rs me inbns titulaires, lioiso-
raires, rrg'onaux et corresponilaiiis, présents à Aix.
Li'S lni>ré;i(s des prix de vertu el des pensions Irma Mo-
reau occupaient, avec leurs familles, leur |:lace hukiluellc.
H. le Président ouvre la séance et prononce le discours
suivant :
À PROPOS DE lOUSTIEKS
Mesdames,
Messieurs,.
Les journaux ont raconté que, peu de temps
après son élection, le Pape Pie X, ayant reçu Sa
Majesté le Roi de Grèce, s'était préoccupé, comme
il est d'usage entre souverains, d'offrir à ce monar-
que un présent qui put lui être agréable. Sa Sain-»
teté ayant appris que le Roi de Grèce formait une
collection d'objets -et de curiosités-historiques, elle^
lui donna le coupon de retour que le patriarche-
de Venise comptait utiliser pour rentrer chezlui
lorsqu'il se rendit au Conclave qui devait l'élire
Pape.
Je ne sais si l'anecdote est ' authentique, mais
elle est bien conforme à ce que nous connaissons
de la psychologie du collectrontieur. Rien, en effet, '
ne peut faire plus de plaisir à cet -homme qui con*
sacre. ses jours et ses. veilles à la^pouisuite obsti- ^
- 8 —
née de Tobjet rare — celui qui lui manque — qce
le don de cet objet, fut-il dénué de toute autre
valeur et n'eut-ild'autrerat^rêt que celui de n'avoir
pas encore pris place dans sa collection. *
Certes, entre le collectionneur, et j'avoue que
cela m?me ne manque ni d'intérêt ni d'utilité, qui
recueille le poignard de l'assassin, un morceau de
la porte de la villa de Nogent, etc, etc., et l'homme
qui déploie une science considérable, feit preuve
d'un goût très sûr, d'un sens artistique profond,
de connaissances littéraires variées, pour former
une bibliothèque, une collection de tableaux, il y
a une différence considérable. Mais l'un et l'autre
cependant, chacun à leur manière, ont droit à
notre sympathie et à notre reconnaissance^ ils con-
ti'ibuent à conserver un peu de ce passé dont nous
vivons, qui nous guide et nous gouverne sans que
nous nous en doutions et dans lequel, en tous
les cas, nous pouvons puiser d'utiles leçons pour
revenir.
C'est, Messieurs, la raison pour laquelle je vou-
drais appeler pendant quelques courts instants vo*
tre attention sur une partie des merveilleuses coUec-.
tions que la munificence de notre regretté confrère
Paul Ârbaud a mis, par notre intermédiaire, à là
disposition des érudits et des artistes.
. En possession des richesses de toutes sortes que.,
contiennent ces collections, nous avons dû nous .
- i) -^
préoccuper tout d'abord de celles qui étaient les
plus fragiles. Le zèle, la compétence et le sens ar-
tistique de notre confrère, M. Pontier, ont permis
de réunir en un ensemble extrêmement harmo-
nieux les admirables faïences que Paul Arbamd
avait collectionnées avec passion toute sa vie et
qu'il avait distribuées dans toutes les pièces de son
vaste hôtel.
A la rentrée prochaine, nous pourrons ouvrir
au public cette partie de nos collections, les autres
ne tarderont guère grâce au Conseil Général des
Bouches-du-Rhône que je suis heureux de remer-
cier au nom de l'Académie et je peux dire de la
Provence lettrée et artistique pour le concours
financier qu'il veut bien apporter à l'œuvre que
nous avons entreprise.
C'est bien le cas, il me semble, de vous parler
aujourd'hui de ces faïences. M. Paul Arbaud s'était
attaché surtout, vous le savez, à réunir dans sa
bibliothèque et dans ses salons ce qui avait trait à
la Provence et c'est ce qui fait de ses collections
un ensemble unique. Il était évident que les faïen-
ces de Moustiers devaient le tenter, il ne tarda
pas avec son flair de collectionneur avisé, son
sens artistique très affiné d'en réunir une impor-
tante collection.
Mais, qu'est-ce au juste que la faïence de Mous-
tiers ? et pourquoi a-t-elle tant de renom ?
- f 0 —
Moustiers, petit village des Bàsses-AIpes, pitto-
r-esquement situé entre des collines, traversé par
un cours d'eau formîjnt cascades, a donné prétexte
à de jolies descriptions, je vons en épargnerai une
nouvelle, je ne vous parlerai même pas de la chaîne
de fer à laquelle est suspendue une étoile, qui relie
deux rochers et au sujet de laquelle les érudits dis-
cutent et les poètes inventent des légendes, venons
tout de suite à ce qui nous intéresse.
Dès les temps les plus reçûtes, ce petit village
avait eu des fabriques de poteries, mais de poterie
grossière et commune ; ce n*est qu'à la fin du xvii*
siècle que Ton voit surgir presque d'un coup Tart
de la faïencerie et alors que lès actes conservés
aux minutes dès notaires ne parlent auparavant
que de maîtres potiers, brusquement dans un acte
de 1679 ^^^ certain Pierre Clerissy qui jusque-là
n avait été qualifié que « potier de terre », se trouve
avoir le titre de faïencier.
Je n'ai pas à vous apprendre quelle est là dif-
férence qu'il y a au point de vue technique entre
la faïence et la poterie de terre.
Pierre Clerissy est donc le père incontesté de
la faïence de Moustiers, comment et où avait-il
appris son art? Comment surtout s'était-il procuré
le tour de main particulier, les procédés, le secret
en un mot, qui va différencier la faïence de Mous-
tiers des autres faïences ? Les auteurs qui ont écrit
- tt —
sur ce sujet en sont réduits aux suppositions. Pierre
Clerissy avait un frère curé de Lindebœuf au dio-
cèse de Rouen, ce curé lui envoya-t-il des ouvriers
de Rouen, le centre universellrement connu de ta
faïencerie française ? Est-ce un religieux Servite
de nationalité italienne et dont un couvent se
trouvait à Moustiers même qui Ta apporté d'Ita-
lie ? Les érudits disputent, laissons les disputer et
voyons d'un rapide coup d'oeil quelle évolution
la faïencerie de Moustiers va suivre.
Peu de temps après cet acte où apparaît pour la
première fois un maître faïencier, la faïence de
Moustiers est répandue dans toute la Provence,
l'illustre Madame de Se vigne, morte en 1699, note
qu'on l'a fait diner à Lambesc, lors de l'Assemblée
des Communautés, dans de la belle faïence de ^Cous-
tiers, Les Clerissy vont rester les maîtres incontes-
tés de la faïencerie à Moustiers, mais à côté d'eux
que d'autres fabriques vont se fonder! M. l'abbé
Requin en compte à une certaine époque vers la
fin du xviii* siècle jusqu'à douze ! — Et elles produi-
sent énormément — On a retrouvé les comptes
de l'une de ces fabriques, celle de Berbezier et Fé-
raud, or pendant les treize ans que durent l'asso-
ciation, cette unique fabrique a expédié 700.000
pièces à ses clients, et dans ce nombre ne sont
comprises ni les faïences vendues à Moustiers
même, ni celles vendues à des colporteurs qui ve-
— lî —
vaient les chercher en fabrique, ni celles expédiées
à la foire de Beaucaire.
Aussi, pendant tout le xvnT siècle, la prospérité
de ce pays fut grande, il comptait plus de 3.000
habitants, et dans ses mes pittoresques, c'était un
incessant mouvement de charrettes et de muletiers
qui apportaient des matières premières, chargeaient
les caisses de faïences transportées à >farseille, à
la foire de Beaucaire et dans chaque ville où le&
faïenciers avaient des- entrepôts. Les chemins
étaient mauvais, Moustiers d*un accès difficile, loin
des grandes artères, à dos de mulets ou par char-
rettes, les précieuses caisses étaient transportées
jusqu'au bac de la Fuste, près de Manosque, pour
se rendre de là soit à Marseille, soit, par radeau-
sur la Durance à cette époque encore flottable, jus-
qu'à la célèbre foire de Beaucaire. Cette dernière ^
A oie n'était pas sans danger, et souvent la caprir
cieuse Durance culbutait les radeaux et leur char-
gement. Heureux les collectionneurs qui décou-
vriraient entre les galets les restes de ces avaries
de route notées avec tristesse sur lès livres des
marchands I
Tous les artistes, tous les connaisseurs se sont
accordés pour faire à la faïencerie de Moustiers
une place tout à fait exceptionnelle dans l*art ce- .
ramique. La faïencerie de Moustiers, écrit un ama-
teur, a eu son genre propre, sa manière spéciale,.
- 13 —
iquî, on peut raffirmer, ne procède d'aucun autre,
« Moustiers s'est créé de lui-même à Moustiers »,
« Moustiers n*a imité personne ».
Voici comment elle nousest décrite par un ama-
teur célèbre :
« Ces ornements, qui rappellent de loin les élé-
gantes compositions d'Androuet du Cerceau, sont
peints avec une délicatesse extraordinaire.
« Tous les amateurs connaissent ces gracieux
entrelacs au milieu desquels se jouent des amours,
des satyres et des nymphes ; des figures terminées
en gaines soutiennent des guirlandes de fleurs qui
s*échappent de la bouche d'un mascaron ou les
pentes qui tom1)ent d'un baldaquin, se nouent des
sphinx, avec ou sans ailes^ posés sur une console
d'où pend une draperie, et servent de soutien ou de
couronnement à la composition. Les rinceaux les
plus délicats s'entrecroisent capricieusement et
servent d'encadrement à un fond strié, piqueté ou
quadrillé, offrant des rosaces, des croix, des losan-
ges ou d'autres ornements empruntés aux porce-
laines de l'Extrême-Orient. Des pots à feu alternent
avec des roses de fleurs ; des jets d'eau s'élancent
d'un bassin, et des monstres laissent échapper de
leur gueule béante des flots qui retombent dans
•une vasque soutenue par des amours et par des
satyxes, et. au milieu de laquelle trône une déesse
_ 14 —
marine s'appuyant sur un dauphin, ou un amour
en Neptune, le trident à la main.
« Les personnages les plus connus de la mytho-
logie figurent au milieu de ces ingénieuses fantai-
sies ; parfois le centre est occupé par un sujet com-
posé de plusieurs figures, comme par exemple
Orphée charmant les animaux au son de sa lyre,
ou le ballet d'Ajax, rappelant tout à fait la suite
des ballets de Versailles dessinés par Bernin ».
(J. C. Davillier, Histoire des Faïences et Porcelaines
de Mous tiers).
Les connaisseurs ont distingué trois époques
dans la faïencerie de Moustiers : la première épo-
que, qui est celle de la décoration si caractéristique
et que vous connaissez tous en camaïen bleu, a
produit ces magnifiques plats de chasses où sont
représentés au centre du plat des scènes de chasse
à l'ours, au sanglier, etc., d'après les gravures de
ritalien Marco Tempesta, ces ornements, gracieux
et légers dans le genre du célèbre décorateur
Berain.
Dans les premières années du xviir siècle, un
certain Olerys, né à Marseille, et ayant travaillé
dans cette ville aux faïenceries, peut-être de Saint-
Jean-du-Désert, vint s'établir à Moustiers, s'y maria,
travailla chez les Clerissy, puis eu l'idée de se ren*
dre en Espagne aux célèbres faïenceries d'Alcora»
il y resta croit-on 6 ans, y apprit l'art jusqu'alors
- ib —
inconnu à Moustiers de polychromer les dessins et
ce fut lui qui grâce aux procédés appris en Espagne
fit des faïences de Moustiers de petits chefs-d'œuvre
de peinture.
La faïence de Moustiers atteint avec Olerys son
apogée, non pas qu'il soit le seul, il s'en faut de
beaucoup, mais il est le plus connu.
Hélas à cette période magnifique succédera bien-
tôt la décadence. Le public se désintéresse de la
faïence de Moustiers, les bons artistes, les dessi-
nateurs originaux font place à de serviles imita-
teurs des autres fabriques du royaume, on suit la
mode dans ce qu'elle a de mauvais, et puis la Ré-
volution est là qui par l'instabilité de toutes choses
va porter un coup fatal à cet art délicat. Il faut
noter aussi que la facilité des communications, le
déboisement à jamais regrettable des Alpes de
Provence, vont d'un côté apprendre au public le
chemin d'autres manufactures, d'un autre rendre
-très onéreux le chauffage des fours pour lesquels
il faut un bois léger et abondant.
Avant de passer aux efforts tentés au x(x* siècle
pour galvaniser cet art qui se meurt peut-être ne
serez-vous pas fâché de savoir ce que valaient ces
faïences?
Un service expédié le i®' juillet 1781 à M. Ber-
nardin d'Entrevaux lui était facturé 126 livres; il
ne comprenait pas moins de 1 7 douzaines d'assiet-
^
- 16 -
tes, 20 plats ronds, un plat ovale grand, un plat
rond grand, 6 plats ronds petits, des sucriers de
table, des pots de crème, des bassins à barbe et
certains ustensiles d'usage nocturne que je ne peux
vous désigner autrement, de même que des objets
de toilette qui attestent que quelques-uns au moins
de nos ancêtres n'étaient pas aussi malpropres qu'on
^e Test imaginé.
Du reste que n*a-t-on pas fabriqué à Moustiers ?
des manches à couteaux, des aiguières, des bassins
de toute forme et de tout usage, des croix, des
chandeliers et toutes ces petites figurines appelées
tilés ou pipades qui n'étaient pas seulement des
jouets d'enfants mais d'adorables bibelots et ces
cruches aussi avec lesquelles en les emplissant
4'eâu les enfants imitent le rossignol. Notre regretté
confrère de Berlue a même, je crois, vu une chemi-
née en faïence de Moustiers !
J'ai dit tout à l'heure qu'on avait tenté sous Louis-
Philippe et sous l'empire de redonner un peu de
vie à cette industrie et à cet art que le progrès
moderne tuait lentement mais sûrement.
La fabrique de Fouque, fermée en 1852, a pro-
duit quelques pièces intéressantes, je possède une
urne de cette fabrique qui n'est pas sans mérite,
•le célèbre artiiste Constantin avait dessiné li vues
de Moustiers qui servirent, dit^on, à faire pour le
•tzar de Russie une douzaine d'assiettes.
i
r
- n ~
Mais hélas ! ces généreuses tentatives ne pou-
vaient pas aboutir pour une foule de raisons que
vous devinez aisément. Le dernier four à faïence
s'est éteint à Moustiers en 1874.
J'ai consulté le dernier recensement publié, il
m'a appris que cette petite ville qui comptait plus
de 3.000 habitants au xv!!!*" siècle n'en avait plus à
l'heure actuelle que 888. Ces chiffres me dispen-
sent de toute considération, ils en disent assez par
eux-mêmes ! et par là vous pouvez juger de l'éten-
due de sa ruine I
Je n'ai pas la prétention d'avoir fait pour vous
œuvre d érudition, j'ai seulement pris à votre in-
tention dans les ouvrages (i) de M. Eugène Fouque
et de M. l'abbé Requin, les plus complets sur ce
sujet, ce qui m'a paru pouvoir vous intéresser ; j'ai
complété ma documentation — pour employer le
mot à la mode — auprès des amateurâ et des artis-
tes que notre ville compte en si grand nombre.
Et si j'ai pu vous intéresser, je vous demande
en terminant deux choses : d'abord de donner à la
mémoire de l'amateur éclairé, qui a su nous conser-
ver les plus beaux spécimens d'un art tout proven-
(I) On peut coiisuller utilement : Davillier, Histoire des Faïen-
ces et Porcelaines de Moustiers, Marseille et autres fabriques méri"
dionales^ Pari.s, Castel, 1863.
Mousliers et ses faïences, par Eugène Fovque, sans date, ni nom
d'imprimeur.
Histoire de la faïence artistique de Moustiers, par labbé Requin,
t. I, Parii, Rapilly, 4903.
SÉAN. PUBL, ACAD. — 4912 — 2 —
- f8 —
çal à jamais disparu, un souvenir reconnaissant,
et en second lieu de recommander, en sortant d'ici,
à vos bonnes de traiter avec respects ces intéres-
santes et délicates petites choses si par aventure
vous en avez quelques-unes dans vos salons, mais
surtout, messieurs» ne faites pas comme ce descen-
dant d'un maître faïencier qui se servait des grands
plats de chasse de l'usine paternelle en guise de
cible lorsqu'il essayait un fusil neuf!
T^
KmP^wRw
DD
Coi^GoUi's Ttfiets 191Z
*ekr A.
Avocat à la Cour
Mesdames,
Messieurs,
Lorsque Mademoiselle Dosne, en souvenir de
son illustre beau-frère, a fondé le prix Thiers que
nous avons à décerner aujourd'hui, elle a fait à
l'Académie d*Aix un très grand honneur. C'est une
lourde tâche aussi qu'elle a imposée à ses membres.
Songez à la variété d'ouvrages qui s'offre à nous
en vous disant que tous les genres peuvent concou-
rir. 11 suffit que l'auteur soit né en Provence ou
que, natif de n'importe quel point du globe, il traite
un sujet provençal pour que nous soyons obligés
d'accueillir l'œuvre qu'il nous présente.
Aussi l'effort de nos concurrents s'est-il exercé
sur des matières bien diverses. Faut-il en conclure
à une abondance de chefs-d'œuvre ? Je voudrais
vous le laisser croire, mais je ne dois pas créer de
-20-
-légendes. Il me faut constater, au contraire, dans
les œuvres d'histoire, qui sont de beaucoup les
plus nombreuses, une absence trop fréquente et de
méthode et de composition. Les auteurs semblent
s'imaginer qu'il suffit de tirer d'un peu partout des
textes plus ou moins complets, d'une authenticité
approximativement certaine, de les joindre bout à
bout dans l'ordre où ils se sont présentés à eux
en les reliant au petit bonheur par quelques phrases
dont ils ne se sont même pas donné la peine de
soigner le style. Comme si l'art de choisir ses ma-
tériaux, de les présenter sous une forme person-
nelle et de dégager la vie du fatras inerte des do-
cuments n'était pas au contraire ce qui constitue le
mérite propre et l'originalité de l'historien.
Parmi les nombreux volumes envoyés au con-
cours, deux ouvrages très différents entre eux se
sont pourtant imposés à l'attention de l'Académie.
L'un, composé par un Provençal, n'est qu'un pur
recueil de documents, mais qui, classés avec une
ence admirable, constituent la base des recher-
î indispensables à quiconque voudra connaitre
ransmission des biens féodaux dans la Haute
vence. L'autre est une œuvre consommée, aussi
1 écrite que remarquable par le choix des maté-
X, mais elle est moins exclusivement proven-
et son auteur n'a pas vu le jour sous notre
ensoleillé. Cette erreur bien involontaire crée.
- 21 -
parait-il, aux termes de la fondation Thiers, une
légère infériorité de titres. Voilà pourquoi TAcadé-
mie d'Aix, laissant à Tlnstitut de France le soin
de couronner M. Masson, accorde à son heureux
concurrent l'unique récompense dont elle dispose.
Nous aurions été plus équitables s*il nous avait
été permis de partager le prix. Cette faculté nous
est, hélas, impitoyablement refusée et je profite de
l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour en
exprimer le profond regret. Que le passé, du
moins, serve de leçon à l'avenir et s'il est, parmi
vous, quelque âme généreuse qui ait l'intention de
doter l'Académie d'un nouveau concours littéraire,
je l'en supplie d'avance, qu'elle ne nous impose
pas la condition d'invisibilité dans les clauses de
sa donation. .
Le vainqueur du concours Thiers pour 191 2
est donc M. hnard, archiviste du département des
Basses- Alpes.
Né à Digne le 5 août 1842, notre lauréat put de
bonne heure, sous les yeux d'un père qui lui a
légué ses fonctions, consacrer son intelligence aux
études locales. Trop considérable est son œuvre
pour que je songe à 1 énumérer devant vous. Qu'il
me suffise de citer l'inventaire des Archives dépar-
tementales des Basses-Alpes, le livre des privilèges
de Manosque (honori d'une mention de l'Institut)
et plusieurs études parues soit dans le bulletin du
9î>
Comité de travaux historiques, soit dans le bulle-
tin de la Société scientique et littéraire des Basses-
Alpes.
Je cède, pour un moment, la parole à M. Isnard.
Il vous fera connaitre lui-même le "but qu'il s'est
proposé d'atteindre avec l'ouvrage qui lui vaut le
prix de trois mille francs. (( L'élat féodal de la
< Haute Provence renferme : i"* la nomenclature,
« par ordre alphabétique, de toutes les terres sei-
« gneuriales de cette région, qu'elle qu'ait été leur
« importance, identifiées avec leur nom et leur
« situation géographique moderne ; — 2Ma liste,
« par ordre chronologique, de leurs possesseurs
« depuis le douzième siècle jusqu'à l'abolition de
« la féodalité en 1789, leurs nom et prénoms et
« les années où ils figurent comme seigneurs
« L'état féodal est, avant tout, un instrument de tra-
« vail, un répertoire de documents que nous nous
« sommes efforcé de rendre aussi complet que
« possible. C'est le résultat des recherches faites
« au cours de nos travaux professionnels, pendant
« de longues années, dans le but de rassembler
« des éléments sûrs, précis et inédits pour la gé*
« néalogie des familles provençales et l'histoire
€ locale >.
M. Isnard a parfaitement réalisé son plan. La
récompense que l'Académie lui décerne aujourd'hui
— 23 -
est le couronnement de toute une carrière de labeur
et de probité scientifique.
Avec V Histoire du Commerce français dans le Le-
vant an XVIII'' siècle nous élargissons notre horizon.
L auteur nous fait partir de Marseille, « cette porte
de la France ouverte sur TOrient ». Il en étudie la
vie commerciale avec ses différents organes, sa
Chambre de commerce, son monopole, sa franchise
du port et les difficultés qu'elle doit surmonter
pour la conserver.
M. Massôn nous conduit ensuite aux Echelles
du Levant dont il présente, sous une forme pleine
d'intérêt, la vie, l'organisation et le régime. Il passe
en revue les influences économiques, financières et
diplomatiques, comme aussi toutes les circons-
tances diverses qui ont pesé sur une branche si
importante de notre activité nationale.
Cela fait, il en arrive aux résultats et il peut
conclure avec une juste fierté patriotique: « A
cette époque, les Français triomphent complète-
ment de leurs dangereux concurrents du XVIP
siècle. L'apparition de nouveaux concurrents : Au-
trichiens, Russes, Allemands, Suédois, fait prévoir
la complication de l'apreté des luttes commerciales
du XIX** siècle. Mais aucun de ces rivaux ne semblé
alors bien dangereux pour les Français dont la
prépondérance est écrasante pendant la seconde
moitié du xviîV siècle »,
- 24 —
Par ce trop rapide aperçu vous pouvez juger de
la valeur de Touvrcige et de nos regrets de ne pou-
voir lui accorder un prix. Mais M. Masson est his-
torien. Qu'il se rappelle aujourd'hui la fière parole
de la Motte Piquet au ministre de la marine :
Pour mou obtenir nesl rien, mériter est tout ».
A côté de ces œuvres hors de pair, d'autres li-
vres sont également à remarquer et font honneur
au concours de 1912. Parmi les plus intéressants,
il faut citer une étude aussi complète que docu-
mentée de ff la Peste de Marseille ». Par le talent de
MM. GafTarel et de Duranty, nous revivons les
heures cruelles que traversa la Provence tout en-
tière au moment où le fléau ravageait nos popula-
tions. Tout en ne voilant pas certaines défaillances
de caractère, les auteurs font ressortir le courage
civique de ceux qui, chargés de l'administration
municipale ou du soin des âmes, donnèrent tout
leur dévouement à leurs concitoyens. Les noms
célèbres du chevalier Roze, de Monseigneur Bel-
zunce, du marquis de Vauvenargues brillent, une
fois de plus, au premier rang dans cette histoire
définitive de l'épidémie de 1720.
Une idée originale a inspiré l'ouvrage du colonel
de Ville d'Avray. Ce vétéran de nos concours a
présenté, dans un livre un peu trop touffu mais
vraiment curieux à lire, les « Rapports entre la Pro-
vence et le saint Empire romain germanique » . Un
- 25 -
choix d'illustrntions intéressantes et judicieuses
complète licureusement le texte de ce beau travail.
M. Bonifucy, avec son étude savante et bien
composée sur « la Gctude », nous fait connaître les
mœurs et les institutions d'une commune proven-
çale. C'est un sujet un peu particulier mais qui,
pour un concours du genre de celui dont je vous
rends compte, mérite d'être cité avec éloges. Je
pourrais en dire autant du livre de M. Joseph Bry
sur <( les Vigueries de Pravence ». C'est un bon début
et qui promet.
Un petit ouvrage tout local sur w les Crèches et
les Santons » nous est présenté par M. Charles Mar-
tin, le félibre bien connu. Pour tous les Aixois à
qui la « crèche parlante » rappelle de vieux sou-
venirs il y a là quelques pages qui, avec une inté-
ressante Pastorale du chanoine Bourges, constituent
un fonds spécial et vraiment curieux.
Le loman de Madcmi Mayen, intitulé (( la petite
Dams des bois » nous transporte au siècle du roi
René. On retrouve dans cette étude le caractère fa-
milial, les mœurs simples et patriarcales du souve-
rain resté si populaire en Provence. L'auteur nous
raconte, d'une taçon vraiment touchante, l'idylle
tragique d'une nièce de ce prince et groupe habi"
lement les divers personnages qui évoluent autour
de ces deux figures de premier plan.
-26-
La poésie, elle-même, n'a pas été effarouchée
par le nom du sévère historien. Si nous n'avons
pas pu lui donner une récompense académique, les
lauriers du poète resteront du moins à ï^C. d* An-
selme, J'emprunte à ses cr simples esquisses » quelques
vers que vous entendrez, je crois,- avec plaisir, car
ils ont du charme et de la délicatesse :
Ljes Communiantes
Tenant leur livre entre les mains,.
Cheminnnt pensives el lentes,
On vuit p:isser nu clair malin
Les petites cummuniuntoâ.
Femmes par les long<^ vêtements
Qui viennent battre leurs chaussures,
Elles ronserveni cependant
Uu air cnfauL dans leur allure.
Sous le grand voile transpnrent
Qui ma>que à peine leur visnge,
Leurs yeux clierclienl le firmament
Comme des oiselets en cage.
GITranl leur âme, encore en fleur,
An Créateur de tontes choses.
Elles sont roses do ferveur
Sous la blanchj fraicheur dos roses ;
Et Ton croit voir dans le lointain.
Courbant un peu sa taille fine.
S'incliner unanîJ^o tiardien-
Sous chaque flot de mousseline.
- 27 -
Et, pour finir, cette autre pièce qui chante un site
pittoresque da notre Provence :
l'Estaque
J'aime ce joli coin de rôle provençale
Où lout un peuple ancien parait ressnsci(6,
Le peuple des potiers au front brûlé de hâLe
Par l'ardeur de leur four el les feux de i'élé.
Poudrés If^gèremenl d'une fine poussière.
Que rîiriiile impalpable épand loul autour d'eux,.
Ils ]>assent, rayonnants dans la blonde lumière
Dont la Grèce, jadis, nimbait ses demi-dieux ;
Doucement, h l'abri de leurs montai d'améthyste.
Ils évnqncnl pour moi les pesics piimiiifs
Des prenjicrs artisans, précurseurs des artistes
Qui modeluienl la vio en des contours naïfs.
El pour charmer enfin leur hwe encor païenne,
Ils regardent pâlir Pazur profond du ciel.
Et les pins incliner leurs rameaux fraternels
Sur le champ de la mer chimérique et sereine ;
Sur la mer qui berça les premières carènes
Pauvres jouets d'enfant que le vent inclinait
Mais dont l'obscur sillage, au loin, s'illuminait
Du rire étincelant des divines Sirèues.
Vous le voyez. Messieurs, notre concours a sus-
cité des travaux nombreux et variés. C'était bien
répondre à la pensée de la généreuse fondatrice
qui s*est rappelé à propos le succès obtenu jadis
par M. Thiers dans cette Académie.
- 28 -
Mademoiselle Dosne a voulu que d'autres vins-
sent, à Ie«r tour, s'adresser à notre Compagnie pour
lui demander ses suffrages. Nous en sommes pro-
fondément reconnaissants à sa mémoire. Nous som-
mes fiers surtout de pouvoir, grâce à elle, évoquer
le souvenir du glorieux Provençal qui, né à Mar-
seille, vint développer dans Aix sa lumineuse in-
telligence pour la mettre plus tard au service de la
Patrie et pour mériter, après les sombres jours de
1870, le titre qui lui restera de libérateur du territoire.
r
n^fippof(T
FUR LES
PRIX DE VERTU
RAMBOT, REYNIER et Hennette RAYON
ET LES
PENSIONS OUVRIÈRES
Irma MOREAU
PAR
IVI. Eluia^ne AUDIIMEX
Professeur à la Faculté de Droit
Mesdames,
Messieurs,
Lorsque M. de Monthyon chargea rAcadémie
Française de décerner chaque année un prix au
Français qui aurait fait Taction la plus vertueuse,
il ne prévoyait pas que son exemple aurait un si
grand nombre d'imitateurs. S'il revenait au monde
et s'il voyait, à Paris et dans les provinces, tant
de prix destinés à couronner la vertu, il en con-
cluerait sans doute, — et je voudrais être sûr qu'il
a raison, — que les actes vertueux se sont beau-
coup multipliés. Peut-être aussi se féliciterait-il
que cet heureux résultat soit dû, en partie, à son
initiative. En récompensant la vertu, ne Ta-t-on
pas encouragée à se manifester ? Sur ce point, M.
- 30 --
•de Monthyon pourrait bien se tromper. Sans doute,
c'est une louable pensée d'honorer ceux qui, par
leurs bonnes actions, quelquefois par leur héroïs-
me, ont mérité justement la sympathie ou même
l'admiration publiques ; mais il serait vain de croire
que l'espoir et le désir de la récompense suffisent
pour déterminer au bien ceux que d'autres mobiles
n'y porteraient pas; ou, du moins, les récompen-
ses qui auraient un tel pouvoir ne se trouvent pas
sur la terre, et personne ici-bas ne saurait en dis-
poser. D'ailleurs, ce n'est pas pour quelques pièces
d'or que l'on risque sa vie ou que Ton consacre
son existence au service du prochain. Ceux que
vos suffrages distinguent y ont d'autant plus de
titres qu'ils n'ont pas, d'avance, songé à les obtenir.
PRIX RAMBOT
Ce désintéressement, cet oubli de soi animaient
à coup sûr l'homme modeste et intrépide, la femme
charitable et dévouée à qui l'Académie attribue le
Prix Rambot. Par la volonté du fondateur, ce prix
de 545 francs ne peut être divisé ; mais, l'an der-
nier, nous avions cru devoir le réserver. Cela nous
permet, cette année, de le décerner deux fois.
! . François Franc est né à Martigues ; il habite
aujourd'hui à Berre ; toute sa vie s'est écoulée sur
le bord de l'étang qui a été tant de fois le théâtre
de sa bravoure. En iSbS, pour son coup d'essai,
- 3î -
il sauvait, à Martigues, un enfant de deux ans
tombé dans le canal du Roi ; depuis lors, à six
reprises, il a renouvelé le même exploit.
En 1S78, à Saint-Chamas, il retire du port une
femme qu'un coup de mistral y avait précipitée ;
puis, les années suivantes, à Port-de-Bouc et à Saint-
Chamas, il est assez heureux pour arracher aux
flots trois hommes et un enfant. Je vous fatigue-
rais par le récit de ces sauvetages, plus vite qu'il
ne s'est lassé lui-même de les accomplir.
En 1902, au cours d'une violente tempête, le
bateau le Saint-Louis était en perdition à Tembou-
chure de TArc. Franc accourt, sauve le patron et
le recueille chez lui avec deux autres marins qui
avaient pu gagner la rive à la nage. Il leur prodigue
ses soins à tous les trois, les réchauffe, change
leurs vêtements, leur donne, sous son toit, pendant
deux jours, l'hospitalité la plus cordiale et la plus
généreuse.
En 1906, enfin. Franc avait déjà 61 ans, mais
si ses forces avaient diminué, sa vaillance était
restée la même. Le 4 juin, lundi de Pentecôte, six
habitants de Berre se promenaient en baïque sur
rétang. Tout à coup un vent furieux s'élève. La
frêle embarcation chavire. Ceux qui la montent
luttent avec peine contre les flots soulevés. Mais
Franc les a vus. Il groupe autour de lui quelques
- 32 -
hommes courageux. Je veux vous les nommer
tous. C'étaient MM. Jean Aliène, Truchard et Du-
rand, de Beire ; Baptistin Aliène et Vailhen, de
Marseille.. Franc se met à leur tête ; avec eux il
parvient jusqu'aux naufragés et réussit à sauver la
vie à quatre d'entre eux. Deux autres malheureu-
sement avaient péri.
L'Académie n*a qu*un regret : c'est d'avoir connu
tardivement M. Franc et de ne pas lui avoir donné
plus tôt une récompense tant de fois méritée, (i)
Madame Madeleine Audiberti veuve Jourdan,
qui obtient le prix réservé en 191 1, se recom-
mande par des mérites d'un autre genre. Ses actes
ont été moins éclatants, ils n'ont pas été moins
courageux. Elle aussi n'a pas craint de s'exposer
au danger pour ses semblables. Si elle n'a pas af-
fronté la mort au milieu des flots déchaînés, elle
a bravé la contagion au chevet des malades ; elle
a dû vaincre la répugnance qu'inspirent à la nature
les maux les plus rebutants. C'est au foyer domes-
tique qu'elle fit d'abord l'apprentissage du dévoue-
ment. Dès l'âge de onze ans, ses faibles salaires
aidaient sa mère veuve à élever un frère et une
sœur plus jeunes. A peine est-il marié, ce frère
tombe malade et meurt. Pendant de longs mois,
(I) Depuis que ce npport n éic écrit, M. Franc s'est signalé
une fois do plus, le I \ juin dernier, en sauvant un pécheur dont
la barque avait chaviré dans létaug de fierre.
- 33 —
Madeleine Audibert avait rivalisé de soins avec sa
mère auprès du lit du pauvre agonisant. Il laissait
une jeune femme et deux petits enfants. Madeleine
les soutient, en même temps qu'elle fait vivre sa
vieille nière du produit de son travail. Plus tard,
elle se marie elle-même, de meilleurs jours sem-
blent se préparer pour elle. Hélas ! bientôt son
mari est atteint d'une maladie de cœur ; il lutte de
longs mois, tnais le mal est le plus fort; il doit
cesser tout travail et s'aliter. Sa maladie dure long-
temps ; quand il mçurt, sa veuve se trouve en pré-
sence de dettes relativement considérables. Elle ne
perd pas courage et par un travail assidu elle par-
vient à se libérer.
. Dans cette vie si remplie d'épreuves, si labo-
rieuse^ Madame Jourdan a trouvé le moyen de
pratiquer la charité la meilleure et la plus vraie :
celle qui consiste à se donner soi-même. Lorsque,
dans son voisinage, un accident se produit, lors-
qu'il faut veiller un malade, ensevelir un mort,
c'est elle que Ton va chercher, et jamais elle ne
refuse de venir, jamais aussi elle ne demande la
moindre rétribution. Dans la maison qu'elle habite,
le feu prend aux vêtements d'un enfant ; il est
cruellement brûlé, son corps n'est plus qu'une
plaie : Madame Jourdan panse ses blessures et le
soigne pendant six mois, sans parvenir à le sauver.
- 34-
Elle rend les mêmes services à l'un de ses voî--
sîns, victime d'une brûlure généralisée, à la suite
de l'explosion d'une lampe à alcool, et qui se réta*
blit grâce à ses soins assidus. Un autre, après une
grave fièvre typhoïde, a une plaie à la tête : deus:
fois chaque jour, Madame Jourdan vient le panser.
Non loin de chez elle, une femme est atteinte de
la petite vérole. Telle est la frayeur qu'inspire la
terrible maladie que personne n'ose l'approcher.
Tous les voisins Tont abandonnée. Madame Jour-
dan s'installe près de la malade, la soigne seule et
réussit à la guérir.
Dans une autre maison, trois enfants sont morts
de la petite vérole ; ailleurs, le père et la fille ont
succombé au même mal ; c'est encore elle qui leur
ferme les yeux et qui leur rend les derniers de-
voirs. Et je ne cite pas tous les traits qu'on nous
a rapportés. Ceux-là suffisent, je crois, pour justi-
fier la décision de l'Académie.
prix: BE.Y1VIEB
Le prix Reynier, grossi d'une part restée dispo-
nible en 191 1, a été divisé entre quatre lauréats.
Une somme de 400 francs a été tout d'abord
attribuée à Mademoiselle Jeanne Bimet Son his-
toire est simple ; elle est de celles que le public
de nos séances a entendues déjà souvent. On a
plaisir à la redire une fois de plus.
— So-
Mademoiselle Bimet est entrée à seize ans au
service d'une famille honorable ; elle y est restée
pendant quarante-quatre ans, soignant et élevant,
comme s'ils étaient les siens, trois enfants que la
mort de leur mère avait rendus de bonne heure or-
phelins, en même temps qu'elle consacrait ses sa-
laires à soutenir et à faire vivre, d'abord ses grands-
parents, puis ses parents infirmes et âgés. Mais la
famille qu'elle servait avec tant de dévouement
éprouva de cruels revers de fortune. Désormais,
Mademoiselle Bimet ne demanda plus de gages,
sauf ce qui lui était indispensable pour aider ses
propres parents. Dans des jours plus heureux, elle
avait fait des économies ; tout fut emporté dans la
débâcle, et quand son maître mourut, Mademoiselle
Bimet se trouva sans aucune ressource. Courageu-
sement elle chercha du travail, partageant ses
gains bien modestes entre ses frères et sœurs et
la fille de ses maîtres. Et maintenant qu'elle est ar-
rivée à la vieillesse et que ses forces déclinent,
c'est encore à sa maîtresse qu elle pense, et si elle
éprouve quelque chagrin, c'est parce que bientôt
elle ne pourra plus lui venir en aide. En signalant
Mademoiselle Bimet à notre attention, on nous di-
sait qu'il était rare de rencontrer autant de dévoue-
ment et de désintéressement et que les récompen-
ses de l'Académie pouvaient difficilement être dé-
— 36 —
cernées à une personne aussi méritante. Tous ici,
j*en suis certain, partageront cet avis.
Nous avons encore attribué trois prix de 300 fr.
chacun à Mademoiselle Nathalie Anastay^ à Ma-
demoiselle Louise Niel et à Mademoiselle Eulalie
Mondone^
Mademoiselle Nathalie Anastay est de la fa-
mille morale de Madame Madeleine Jourdan, dont
je vous parlais tout à l'heure. Elle aussi a consacré
son existence h Texercice de la charité. On n'a pas
oublié, à Mallemort, sa vaillante conduite dans
l'épidémie colérique de 1884. La panique s'était
emparée de toute la population ; mais Mademoi-
selle Anastay, sans craindre le péril, se rendait près
des malades abandonnés, les entourait des soins
les plus attentifs, leur procurait les secours de la
religion, ensevelissait ceux qui succombaient.
Une famille d'Italiens, logée dans un taudis in-
fect, avait été frappée par le fléau. Tout le monde
la fuyait ; Mademoiselle Anastay seule la secourut
et la soigna. L'épidémie passée, son dévouement ne
se ralentit pas. Les soins à donner ont beau être
pénibles et rebutants, elle accourt au chevet du
malade, reste près de lui jusqu'à sa mort et lui
ferme les yeux, sans rien recevoir en retour des
services qu'elle a rendus.
Aujourd'hui, Mademoiselle Anastay habite la
ville d'Aix, et c'est là qu'elle continue son charita-
-37 -
ble ministère. On la voit toujours près des malades
et des mourants, et comme elle n'a elle-même au-
cune ressource, elle va tendre la main aux person-
nes plus favorisées de la fortune et porte à ses
pauvres clients les aumônes qu'elle a recueillies.
La somme que l'Académie va lui remettre lui per-
mettra de soulager quelques misères : c'est là, sans
doute, ce qui la réjouira le plus.
Mademoiselle Louise Nicl est née à La Calade
et elle y habite encore aujourd'hui. Pendant une
vie déjà longue, elle n'a pas quitté son pays natal.
Longtemps, elle a dû faire vivre de son travail ses
parents infirmes ; elle a maintenant à sa charge un
frère âgé et incapable de subvenir à ses besoins.
En même temps, elle n'a cessé de prodiguer ses
services autour d'elle.
Très pieuse, elle a toujours pratiqué ses œuvres
charitables avec entrain, modestie et bonne hu-
meur. C'est à son insu que ses voisins, qui sont
tous ses amis, ont demandé pour elle les suffrages
de l'Académie. Nous nous sommes rendus de grand
cœur à leur désir. Nous avons voulu rendre hom-
mage à une vie sans défaillance, à l'accomplisse-
ment persévérant du devoir obscur, aussi méritoire
à nos yeux que des actions plus éclatantes.
Mademoiselle Eulalie Mondone avait depuis
longtemps été désignée à notre attention par son
dévouement aux siens. Elle avait d'abord, pendant
^
— 38 —
plus d'un an et sans prendre presque aucun repos,
soigné jour et nuit une de ses sœurs qui soufifrai*
cruellement des suites d'une brûlure. Elle a dû en-
suite se consacrer à son vieux père, âgé de plus
de quatre-vingt ans, à un neveu atteint de plaies
qui nécessitaient jusqu'à trois fois par jour des
pansements délicats, à une autre sœur enfin, restée
irrémédiablement infirme, après avoir été, il y a
une dizaine d'années, renversée et a demi écrasée
par une automobile. Loin de trouver ce fardeau
trop lourd, Mademoiselle Mondone a mis au ser-
vice d'autres malades les rares loisirs dont elle dis-
posait. Un vieillard, sans famille, achevait de vivre
au quatrième étage d'une maison voisine. Elle Ta
visité, entouré de la sollicitude la plus attentive, et
a fini par le recueillir chez elle où il est resté jus-
qu'à sa mort.
Cette tâche remplie. Mademoiselle Mondone en
a entrepris une autre : c'est une vieille demoiselle,
impotente et sans ressource qui est devenue l'objet
de ses soins. Mademoiselle Mondone est d'origine
italienne; mais, pour elle comme pour nous, la cha-
rité ne connaît pas de frontières : c'est un libre
échange qui, j'en suis sûr, ne provoquera aucune
critique.
PBI3L RATOM
Les Prix Rambot et Reynier, les plus anciens
en date, ne sont pas les seuls que l'Académie ait
- 3^J —
à décerner. D'autres bienfaiteurs l'ont choisie pour
intermédiaire de leur libéralité.
Il y a peu d'années, Mademoiselle Henriette
Rayon instituait un prix de 275 francs, destiné à
récompenser une jeune fille dont l'Académie aurait
distingué les mérites. Beaucoup, sans doute, en
sont dignes parmi nos jeunes compatriotes, mais
(peut-être par excès de modestie) fort peu d'aspi-
rantes se sont présentées. Au reste, la jeunesse est
chose relative et il serait indiscret de vérifier de
trop près l'âge de nos lauréats. Mademoiselle Louise
Arnaud, ouvrière en dentelles, nous a paru, par sa
vie laborieuse, par sa conduite irréprochable, par
son honnêteté scrupuleuse, réunir tous les mérites
dont nous sommes les juges : le Prix Rayon ne
saurait être mieux placé qu'entre ses mains.
PEWSIOIVS IBHA BIORJEAV
Nous avions encore à attribuer, cette année,
l'une des pensions fondées par Mademoiselle Irma
Moreau. La jeunesse n'est point ici une condition
requise bien au contraire. Madame Reyne Goy**
randi veuve Laurens, du Puy-Sàinte-Réparade, à
qui nous la donnons, a bien près de 90 ans. Elle
est née à Aix (c'est elle qui nous l'a dit) le 25 jan-
vier 1823.
Au cours d'une vie si prolongée, elle a traversé
de dures épreuves qu'elle a supportées chrétienne-
- 40 -
ment. Des six enfants qu'elle a eus quatre sont
morts depuis longtemps. Les deux qui lui restent,
et qui ne sont plus jeunes, ont peine à suffire à
ses besoins et aux leurs. Mais Madame Laurens a
toujours conservé sa sérénité et sa confiance en
Dieu. Chaque dimanche, on la voit encore s'ache-
miner vers l'Eglise, pour assister à la messe et aux
vêpres. Tout le monde, au Puy, vénère la bonne
tante Reyrie (c'est ainsi qu'on la nomme) ; tout le
monde s'associera à notre souhait : qu'elle jouisse
encore longtemps de cette pension qui apportera
un peu plus de bien-être à ses vieux jours.
J'ai achevé la tâche qui m'avait été confiée. Celle
que je remplis, d'ordinaire, dans cette maison et
dans cette salle même est plus austère et moins
attrayante. J'ai éprouvé aujourd'hui une satisfaction
que je goûte rarement : en examinant les mérites
des candidats, j'ai pu ne leur donner que des élo-
ges, sans réserve et sans exception.
w
— 41 -
1
I
On a lu :
Aquœ SextiSf par M. E. Lacoste.
tel
__ 4Î -
PRIX RAMBOT
Fondé en 18S9, snioant testament olorjraplie du S5
août /i'oS, pour récompenser les actes de découement,
de courage, de désintéressement, les soins donnés à la
vieillesse et à ienfance pauvre et abandonnée ,
Le prix Itambot de 543 francs, indioisible, a été
décerné à cinquante- deux lauréats de 1860 à 49H ;
Leurs noms ont été publiés dans les précédents
Bulletins ; nous donnons ci-dessous la liste des dix
derniers.
Liste dos Lauréats
Depuis 1902.
1902. Mlle Bl«Tnchc Arène, iVMx.
1903. M. Mnrius Armand, à Aix.
1904. M. Mnlhieu Jeauffret, Les Milles, commune
dVAix.
1905. M. Louis Frnnçois Remusat, d'Aix.
lOOG. Mlle Viclorio Rey. d'Aix.
1907. Mlle Ermîinco Mégy, d'Aix.
1908. M. Marias Dagard, d'Aix.
1909. Mlle Marie Rivière, d'Aix.
1910. Mlle Emilie SosPEL.
1912. M. Fronc François, de Rcrre.
— Mme xVuDiBERT M.ii^deleiiie.
— 43 —
II
PRIX REYNIER
Ce prix de 1,000 francs a été fondé en 1865. par
testament olographe du 1S mars 18GU pour récom-
penser les actes les plus méritoires de décoûment, de
fidélité et de secours au malheur, les soins désinté-
ressés donnés aux infirmes et aux vieillards ainsi quà
renfance délaissée et pauvre.
Une partie de la somme est réservée pour les pères et
mères qui étèvcnt le mieux leurs enfants, c'est-à-dire^
dune manière chrétienne, honnête et lithorieuse.
Ix prix Rcynicr a été décerné à cent dix-sept
Lauréats de 4810 à 1911.
Comme pour le prix liambot leur liste a été insérée
dans les précédents Bulletins ; voici celle des diss
dernières années
ILiiste des X^a\irôat&
Depuis 1003,
1D03, Mlle Marie Ciiave, à Aîx.
» Mlle Alexniulrinc Rocue, h Aîx.
» Les époux HiGAUD, è Aix.
4904. Mme veuve Cûakut, née Lombard, à Aîx
» Mme Blanc, née Feloulier, les Pincliluats.
» Les époux Pepino, à Aix.
1905. Mlle Thérèse Tempier, d'Aix.
» Mile Marie Amdert, de Marcols (Ardëche).
» Mme Chuzin, à Aix.
- 4Î -
PRIX RAMBOT
Fondé en 1S59, suicant testament olographe du 85
août 1SS8, pour récompenser les actes de découement,
de courage, de désintéressement, les soins donnés à la
vieillesse et à l'enfance pauvre et abandonnée .
Le prix Rambot de 543 francs^ indioisible. a été
décerné à cinquante- deux lauréats de 1860 à 49H ;
Leurs noms ont été publics dans les précédents
Bulletins ; nous donnons ci-dessous la liste des dix
derniers..
Depuis 1902.
f902. Mlle Blanche Arène, d*Aix.
4903. M. Mnrius Armand, à Aix.
4904. M. Mathieu Jeauffret, Les Milles, commun»
d'Aix.
4905. M. Louis François Remcsat, d'Aix.
4906. Mlle Vicloria Rey. d'Aix.
4907. Mlle Ermancc Mêgt, d'Aix.
4908. M. Marius Dagard, d*Aix.
4909. Mlle Marie Rivière, d'Aix.
4910. Btilc Emilie Sospel.
4942. M. Franc François, de Berre.
— Mme AuDiBERT Magduleine.
— 43 —
II
PRIX REYNIER
Ce prix de 1,000 francs a été fondé en 4865. par
testament olographe du /S mars 1861, pour récom-
penser les actes les plus méritoires de décoûmenty de
fidélité et de secours au malheur, les soins désinté-
ressés donnés aux infirmes et aux vieillards ainsi quà
tenfance délaissée et pauvre.
Une partie de la somme est réservée pour les pères et
mères qui étèvcnt le mieux leurs enfants, cest-à-^dire,
d'une manière chrétienne, honnête et laborieuse.
Ix prix livynier a été décerné à cent dix-sept
Lauréats de 1870 à 1911.
Comme pour le prix liambot leur liste a été insérée
dans les précédents Bulletins ; voici celle des dî3S
dernières années
Depuis 1003,
1903. Mlle Marie Chave, à Aix.
» Mlle Alexniidrine Rocue, n Aix.
» Les époux UiGAUD, à Aix.
4904. Mme veuve Chakut, née Lorabnrd, à Aîx
» Mme Blanc, née Peloutier, les Pinchluats.
» Les époux Pepino, à Aix.
1905. Mlle Thérèse Tempier, d'Aix.
» Mlle Marie Anrert, de Marcols (Ardèche^.
» Mme CiiuziN, à A^x.
— 44 -
4*906. Mme veuve Hérault, née G«nl, h Aix.
» MPc Aiig'isline Socratk. h Aix.
» Mme veuve Diogèxb, née Boniii.
4907. Mlle Julie Décort, h Aix.
9 Mlle Antoinelle Cojcstant, h Aix.
» Mlle Marie Joseph, dilo Miirie Olive, à Aix.
4908. Mlle Lconcie Arbaud, à Aix.
» Mlle Eublie Antokietti. (l'Islres.
» Les i^ponx Rartiiêlemv Gilles, à Aix.
4909. Mlle Clémence Thomas, n Aix.
» Mlle Marguerite Lèze. à Aix.
» Mme vciivo Deluy, à Aix.
4910. M. Jo«e[)li Granon, de Rognes..
» M. Fcrn<nnd Armacd, de Rognes.
491 1 . Mlle Henrietie Brln, à Aix.
» Mme Anastay, nce Ferrât, h Aix,
4912. Mlle BiMKT Jeanne, n Aix.
» Mlle Anastay Nnili^die, n Aix.
» Mlle Niel Louise, à La Calnde, prèsd'Aîx.
> Mlle MoKDONE Eulalie, à Aix.
• .'•'
- 45 —
III
PENSIONS IRMA MOREAU
Ces pensions ont été fondées en 1S99, par testament
de Mademoiselle Irma Moreau. du 7 janvier de la
même année, qui institue l'Académie sa légataire
universelle. Elles consistent en une somme annuelle de
200 francs.
Elles sont destinées à offrir une récompense et procu-
rer un secours aux personnes particulièrement recom-
mandées par leur honnêteté et leur vertu notoires,
qui en seront les plus dignes et qui devront être choi-
sies dans les catégories suivantes :
4^ Pères de famille veufs ou non , et mères de
famille veuves , connus comme gens malheureux el
nécessiteux^ exempts d'ivrognerie et autres vices, et
ayant au moins deux enfants ;
2" Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie, ou
d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans l'impos--
sibililé de subvenir à leurs besoins.
L'Académie a commencé à décerner ces pensions en
4002.
i^MMfete
-46
des pensions ouvrières
r* CATEGORIE (Pères et l«res de famille)
-|903. M. Fidèle BONTOUX, h Aix (5 eofants
9 M. Jean LARGUÈZri:, à Âix (4 »
» Mme veuve BARMER, née
Alexis, à Luynes (7 »
4 904. Mme veuve Cliarle'^ DES-
PLAS, de Castres (6
4905. M.VictorînGIi\IEZ,àGalîce (8
4907. Mme veuve TEMPIEli, née
Tardibu (5
4908. Mme Pauline DEDIEU, née
Phaillon de S-.Remy (7
> M. Heicri MICHEL aux miles (6
4910. M. Paul ESCOFFIER, de
Gardanne (4
» Les époux ABEL, de Bians (40
4944. M. Antoine MICHEL, à
Sepièmes (44 i )
r
-47
H- CATEGORIE (Onviiércs)
4903. Mme veuve POURCEL, née Fauqub,
à Aix.
» Mme veuve BARBIER, uée Aurengb,
à Aix.
490G. Mlle Ang(Me CADENEL à Egailles.
19t)8. Aille Madeleine CHIEUSSE, à Arles.
» Mlle Malhilde JOUYNE, à Aix.
4909. Bille AntoincUe BOYER, à Aix.
4910. Mlle Cnrolinc GAUALDA, à Aix.
49H. Mlli! Marie-Thérèse ISNARD, h Aix.
4912. Mme veuve GOYRAND Renée, née Laurens, au Puy-
Sainle-Rcparade.
• 3
Jr
■ *<<
1
V
-1
— 48 —
IV
PRIX HENRIETTE RAYON
Ce prix de 215 fr. a été fondé par Mademoiselle
Henriette Uayon. par testament du 26 décembre
1906. pour récompenser une jeune fille dont Iv bureau
de r Académie aura distintjué les mrrites.
Comme pour les autres prix Wamloi, Régnier et
Irma ilorean, la liste de ces prix Sera insérée dans
le présent Bulletin.
L'Académie a commencé en 1909 a décerner ce
prix
d
Depuis 1919
1909. Mlle Herminie CALUKR, d'Aix.
4910. Mlle Marie NOUVKKUONS, tPAix.
49H. MlleLt^otiline HOMAN, do Malijay.
4912. Mile Louise ARNAUD, d'Aix.
^
r
— 49-
V
PENSION V' NEGRE
Cette pension a été instituée par Madame Virginie
Fabre, veuve Nèore, décédée à Aixle 8 juillet 4908.
Par son testament du 16 juillet 1003, Madame
Nègre a fondé ce legs, en mémoire du sieur Fabre, son
père, qui était maçon. Il consiste en une pension ou-
vrière de 5S0 francs à décerner à un maçon, marié
ou non, avec ou sans enfant, ne pouvant plus tra-
vailler, d'une honnêteté parfaite et bien reconnue,
pour en jouir sa vie durant.
L'Académie a commencé à décerner cette pension
dans la Séance Publique de 1910.
depuis 1910
491 0. Henri SECOND, d'Aix, ègé de 85 ans.
5tAH. PUIL. AUD.— 1912 —4—
— 50 —
VI
PRIX THIERS
Mademoiselle Dosne, en souvenir de son illustre
beau- frère, M. Thiers, a fondé le prix que l' Aca-
démie a Vhonneur de décerner.
Ce prix consiste en vne somme de trois mille fr.
à décerner tous les cinq ans. indivisible, pour un
ouvrage sur la Provence ou écrit par un Provençal.
4907. H. Camille JULLIAN, membre de riastilat,
à Paris.
4912. M. Z. ISNARD, archiviste en chef du départo-
ment des Basses-Alpes^ à Digae.
- 51 -
BUREAU DE LACADÉMIE
49H - 4942
Président M. le G** db BosiNECORSB-LuBiftEBS.
Vice-Président M. bb Ddbanti la Caladb.
Secrétiùre perpétuel. H. le Baron Guilubbbt.
Secrétaire annuel • . M. Gustave Reynaud.
Archiviste M. le Marquis d*1llb.
Bibliothécaire M. Edouard Aude.
Trésorier. M. Houratit.
■\
^
TABLEAU
des
TVIEMBRES DE L'ACADÉMIE
(Arrêté en août 191 1)
MEMBRES D'HONNEUR
MM.
MiSTBAL Frédéric, C. .:^. iÇ* 1^. Correspondant 2 mars 4863,
membre d'honneur le 6 juin 1899 ; à Maillaae (B.-du-R.J,
Pêcocl Auguslo, G. C. i^\ archiviste palr^ographc. Corres-
pondant 5 mnrs 1901. Membre d'honneur '23 avril 1907;
à Draveil fSeine-et'OiseJy et Boulevard de la TourMaubourg,
3, à Pftris.
CoARLEs-Houx Jules, C. :ê^, ancien députe. Associé régional
12 janvier 1883. Membre d'honneur 3 décembre 1907.
Rue Pierre-Charroîif 12, à Paris.
Michel ENari-le 1jL\ docteur en méJerine. Membre honoraire
21 février ^902. Meiibre d'honueur 14 janvier 1908. i?u«
de Clichy, 40, à Paris, et villa Micjnet, à Aix.
S. E\c. M. Révoil Paul, C. .^';, ambaspadeur de France,
24 mars 190S; (lir«Tlour lU: la Buicpu» O'toninnc, à Cons-
tuntinople, et Château de ServanCy par Mouriès (IL-dn-B,)
GiRAUD Charl«»s, ^, Premier Présid»nl de la Cour d'Appel,
16 m.irs 1909. Rue de rOpêra, à Aix,
Akard Jcm Xi', membre de PAcadt^mic Française. 15 mars
1910 ; à La Garde, près Toulon (Var).
RÉGMEn (de) h 'hi i. membre de PAcadémii» Française, corres-
pondant 5 ni')! 1908, membre d'Houueur 16 janvier 1912,
rue de Magdebourg, 14, à Paris.
- 53
MEMBRES TITULAIRES
MM.
^ Vî
Guerrier (le chanoine) Joseph, doyen du Chapitre Mélropo-
lilain, docteur eîi Théologie. 25 avril 1872. Boulevard
Suint- Louis, 31.
GciLLiBERT (baron) Hippolyte, v§^ 0. ►!*, anrîen bfilonnîcrde
Tordre des avocats à la Cour. 15 janvier 1878. Rue
ilazarine, 14.
MotRAViT Gustave ►f», président de la Chambre des notaires.
8 février 1884. Place des Prêcheurs, 34.
SouBRAT Charles, ancien conseiller à la Cour, président du
Comice agricole. 15 février 1884. Rue Mazavine, 8.
Marbot (le cîunnoino) Edmond, ancien vicairo général. 28
mars 1887. Rue Goyrand, 3 bis.
Gantelmi d*Ille (marquis de) Charles -^ ^i* 0. r>. Associé
régional le 12 janvier 1883, menïbriî titulaire le. 17 juin
4890. Cours Mirabeau, G.
Pontier Henry, I. P. ^, conservateur-directeur, du Musée. 5
avril 1892. Rue Cardinale, 13..
1
— 54 —
Fassin Emile, I. P. U, conseiller à la Cour. 24 avril 4894.
à Arles.
TouRTOULON (baron de) Charles, I. P. G. 0. •f» C. >& ancien
président do la société des Laogues Romanes. Correspon-
dant le 4 juin 1878, membre tiluluiro le 28 mai 4895.
Rtie Roux-Alphéran, 13,
Sàpokta (comte de) Antoine. Associé régional le 2 février
4892, membre titulaire le 23 mars 4897. /ft/e Cardinale, 23,
et rue Philippy, 3, à Montpellier (Hérault).
BoKNECORSE-Lt'BiÈRES (comlo de) Charles, avocat à la Cour.
Associé régional le 27 décembre 4897, membre titulaire le
30 mai 1899. Rue de l'Opéra, 24.
BoNAFOLS Raymond I. P. p, professeur h la Faculté des
Lettres. 30 janvier 4900. Rue du Bras-dVr, 2.
RoLLA^'D Henri, I. P. Ui chanoine titulaire de la métropole,
aumônier du Lycée Mignet. 48 décembre 4900. Rue du
Louvre. 29.
BouRGUET Alfred, avocat à la Cour.^ Associé résional le 40
mars 4896, membre titulaire le 29 janvier 4904 ; au
Pont-de-l'Arc, près d*Aix.
Amnard Casimir »{«, ancien bâtonnier de Tordre des avocats.
5 février 4904. Rue du Quatre-Septembre, 34.
Aude Edouard, I. P (^, conservateur de la Bibliothèque Mé-
janes. Associé régional le 20 mars 4900, membre titulaire
le 46 juin t903. Villa Joyeuse, chemin de la Violette.
Lacof-te Ernest, I. P y» , ingêiiieur. Associé r'gîonnl le 20
février 1900, membre liliilairo le 20 décembre 1904. /{«<?
du Qitatre-SeplcmOrCj 30.
Dr Durami la Caladk Jérômo G, licencié ès-Lellrcs. SI
mars 1903. Rue Mignel, 11.
Michel Tranquille, ^;., ingénieur eu chef des Ponts-et^
Chaussée.s. 40 avril 4905. Rue du 4-Septemhre.
- 65 —
Jaufprbt Alfred, avocat à la Cour. 27 mars 4906. Rue des
Epinayx, 13.
Betkacd Gustave, directeur des Contributions directes, en
relrnite. Asi^ocié régional 30 janvier 4906. Membre titu-
laire 48 décembre 4906. Rue Cardinale, 17.
»
Vallier-Collohbibb Alfri'd V, conseiller à la Cour d'Appel
d'Aix. 42 mai 4908. 10, i-ue Espanai
AuDiKET Eug^ne, I. F. ||i professeur à la Faculté de Droit
de rUnîversilé d*Aix-Marâcille. 45 décembre 4008. Cours
d'Orbitelle, Aix.
MouGiKS-RoQUFFORT (comto de) Charles, Docteur en Droit.
As«ocié réf^ional le 44 mars 1890, membre lilulaire le 26
janvier 4909. Cours Mirabeau, 16:
Bagarrt Paul, avocat. Associé régional 42 janvier 4909. Mem-
bre titulaire 4*' février 4910. Cours Mirabeau, 4.
Drcjon Jules, »p, avocat, ancien bâtonnier, 23 mai 49H,
Rue de la Monnaie.
Ferrirr R.-iymond, amateur d*ârt. Associé régional, 46 juin
4896. Membre liiulaire, 44 mai 1912. Rue des Arts-et-
Métiers, 2.
Gautier Louis, I.P.U, artiste fieinire. Boulevard de T Hôpital.
Cabassol Joseph, avocat, Conseiller Général des Douchcs-du-
Rhône, aucien Maire d'Aix. Membre d*Honneur, 23 janvier
4906. Membre titulaire, 4 juin 4942. Place Jeanne-d' Arc.
— 66 —
MEMBRES HONORAIRES
MM.
PisON Alexandre ^ I. P. W ^, doyen honor;iire de la Fa-
culté de droit. 30 janvier i894/jRi/e d'Italie, 14,
Gramer Désîr6 ^", conseiller doyen honoraire à la Cour. 29
mai i834. Cours Mirabeau, 17.
ViLLEViEiLLE Josoph, I. P. ^, arliste peintre. 22 décembie
4903. Rue Espariat, 20.
— 57 -
ASSOCIÉS RÉGIONAUX
MM.
EvssfiRic ?nî ni -Marcel, ancien magrslrat et conseiller général
inspecicur dôparioinenlal de la Société d'Archéologie, à
Sisleron 19 décembre 1882.
IIky (de) Goiuagne, château du Prieuré (rArdènc, près Saint-
Michel (Basses-Alpes), o janvier 1883.
IsNARD, ï. P. i^H^ archiviste des Basses- Alpes, sec ré la ire de la
Société Académique, ancien élève de l'Ecole des Chartes,
à Digne. 42 janvier 1883.
MiR£UR :^, archiviste du département duVar, membre du
comité des travaux historiques, à Draguignan. 19 janvier
4883.
Bonhomme (l'abbé), chanoine à Riez (Basses- Alpes). 9 février
4883.
Bernard Charles ;Si^, président de Chambre honoraire h la
CourdeDijon, ancien avocat àlaCour d'Aix.1 6 février 1883.
Magallon D'AncErs (marquis de) Xavier, ancien conseiller
général des Hautcs-AIpes, villa Magdala, à Sainte-Marthe,
Marseille. 46 mars 4889.
Gamber (le chanoine) Stanislas 1^, secrétaire de TAcadémie
de Marseille. 7 avril 1891.
CoLLOT Louis »ir=, professeur de géologie à la Faculté des
Sciences de Dijon. 26 janvier 1892.
ÇoLLONGiE (d'AvoN barou de), :^. >^ 0. ?2<i ministre plénipo-
tentiaire, eu retraite, au ch«^teau de Collongue, parCa-
denet (Vaucluse). 6 juin 4893.
-88 —
GoAiLLAN (l'abbé), correçpondnnt du Ministère de l'Instruc-
tiiin rubMquc. curé de Septèmes (Bouches-du Rhône).
12 janvier 1894.
TotnTOi'LON (bîiron de) marquis île Babre, Pierre, docteur en
dn>il. Château de la Fusle, pur Valensule (Basses- Alpes).
12 janvier 1897.
Teil (baron du) Joseph i^. Quai de Billy, 2, Paris. 4 mai
1897.
Maurel (l'abbr) Marie-Joseph, place de rflôtel-de-Ville, 5, à
Mancjsquc (Basses-AIpcs). 18 mai 1897.
AuTHBHAN, ancien maire de Martîgucs. 15 février 1898.
Prou-Gaillard ^ C. iJp, ancien directeur de TAcadémie de
Marseille. Boulevard Monlricher, 5. 3 mai 1898.
Maxteyer (de Georges, chi^teau de Manleyer (Hautes-Alpes).
13 décembre 1898.
LiEUTAUD Victor ^, ancien bibliothécaire do la ville de Mar-
seille, notaire à Volone (Basses-Alpes). 15 mai 1900.
MuLSANT Sébastien »p, avocat, ancien bâtonnier, Rue Balay,
2, Saint-Etienne. 19 mars 1901.
Mutbrsr Maurice, ancien ofTicier de marine, ancien sous-
préfet, à Antibes. 7 mai 1901.
Bernard dWtt.inoux (comte) Henri, t^ avocat, ancien magis-
trat. Rue Palcrmo, 2, Nice. 14 mai 1901.
Gérin-Rxard (comte de), président de la Société d'archéo-
logie. Rue Grignan, GO, Marseille. 4 mars 1902.
MoNCLAR (de RiPERT marquis de) François, G. ^, ministre
plénipotentiaire, en retraite, au château d*Allemagne, près
Riez. 18mai*s1902.
Perrier Emile, O. »p -^ i^, président de la Société de Statis-
tique de Marseille. Villa du Bocage, à Mazargues. 6 jan-
vier 1903.
- 59 —
ViLLFivErvE-EscLAPON (iTiarquis de) Christian, 0. »?-, ancien
député. Hue de Prony, 75, Paris, et à Valensole (Ba>ses-
Ai|K>). 7 juin 1904.
Clo^madelt. (Ur\o\ de) Jules. Rue Roux-Alpbéran, 2*3, à Aix.
49 décembre 1905.
LiEUTAUD Auguste, président de la Société des Amis du Vieil
Arles, à Arles. 30 janvier 190G.
Cotte Charles, licencié en Droit, notaire à Perlais (Vaucluse).
24 avril 1906.
Gaffarel P«iu1, professeur à la Faculté des Lettres d'Aix.
Rue Paradis, 295, Marseille. 19 mars 1907.
ViNCEKS Charles, ancien Directeur de l'Académie de Marseille.
Rue Nicolas, 9, Marseille. 11 juin 1907.
La Salle de Rochemaure (duc de) Félix, C. ►P ^-§î j&. Châ-
teau de Clavières Ayrens (Cantid). 19 mai 1908.
Tavermer Edouard, avocat, docteur en droit. Rue François l'%
462, Paris. 19 mars 1908.
Lefèvre Edmond, directeur de la « Revue de Provence ».
Ruo Tapis- Vert, 40, Marseille. 22 décembre 1908.
Brémond (Tabbé) Henri. 34, place des Prêcheurs, h Aix. 16
mars 1909.
Bourget Henri, Directeur de robservatoire de Marseille.
9 juin 1909.
Raimbault Maurice, archiviste-adjoint dcsBouches-du-Rhône.
28, rue Mun^rand, à Marseille. 11 janvier 1910.
SiCARD Martial, ancien député, maire do Força Iquier (Basses-
Alpes). 11 janvier 1910.
Silbert lusé ^/, ariisle-pciiitrc, à Marseille. 1*' février 1910.
Revol Amédée, avoué à la Cour, rue Gaslon-deSaporta, à
Aix. 26 avril 1910.
RiGAUD Paul, avocat, rue Lafon, 19, à Marseille. 13 décembre
1910.
41
;.v
- 60 —
• _
Betkaud Jean, avocat, rue Notre-Dame de Lorette, 49, à*
Paris. 9 mai 1911.
LoRÉDAN Jean, 77, rue Claude Bernard, à Paris. 30 mai 19H.
JouRDAN Alfred, avocat, cours Mirabeau, à Aîx.
Pascal (le chanoine) Adrien, ||, curé-doyen de Pcyrolles
(B.-du-R.). 1G janvier 1912.
GuÉRiN-LoNG Paul, Président du Tribunal Civil, rue Roux-
Alphéran, 25, à Aix. i I juin 1912.
DE Mazan (de Fiibrc, marquis) Joseph, docteur ès-sciences,
rue Roux-Aiphcran, 35, à Aix. 11 juin 1912.
Dumas, proAsseiir h la Faculté de Droit, traverse Nolre-
D;inie, 2, à Aix. Il Juin 1912.
Faudrin Miiriiis, professeur d'agriculture, rue du Trésor, 2,
à Aix. 11 juin 1912.
— Gl —
'M
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
MM.
Lavollée Paul -René, docteur ès-leltres, ancien consul général,
Boulevard Ilaussmîinn, 1G2, à Paris. 25 avril 1870.
Millien Achille, lauréat de rAondémicFnmçaise, à Beaumont-
la-Ferricre (Niinro). IG déreinl)re 1872.
Faisan Albert, à Saiul-Cyr-en-Mont-d'Or , près Lyon.
H mars I87C.
Bellcl (l'abhé), à Tain (Drome). \2 déccni!)rc' 1882.
Jessé - Clïaricval (C"nde dt ) Anioine. ancien inairo de
Mi'r-eî le. Cliàlcanli?rc. par Rcus^ri (R.-(ln-I{.1. A-socié
rég'onal o janvier 1883. Correspond. ml le 7 janvier 1908.
Jullien Ernest, Président honoraire du Tribunal Civil,
à Reims (Ma me). 2 mai ISSi.
CortèzFcrnand, correspond;! ni du Mi•:is'^re pour les travaux
hÎRloriqno», fi Sidi)l-Ma\imîn (V^ir). Associé régional.
2o min 1886 Curr» spouilanl, 10 jan\iiT 1912.
Lanéry d'Arc P'erre, docteur en droit, procureur de la Répu-
blique, il Villeneuve sur- Lot (Loi-eï-Garoniu'). Associé
régional 12 décend)ie 1887, titulaire 8 mars 1892, corres-
pondant le 7 juin 1904.
€ottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal. Avenue Henri-Martin,
44, Paris. 11 juin 1888.
Proal Louis, conseiller à la Cour de Paris. G, rue Charles
Divry, IV*. Titulaire le 22 décembre 1891, correspondant
le15décenïbre 189G.
Joret Charles, membre de Flnstitut. Rue Madame, 64, à Paris,
Titulaire le 16 mai 1893, correspondant le 12 décembre
1899.
— 62 -
Zeiller Charles-René, membre de llnstitui. Rue du Vieux.
Colombier, 8, à Paris. 49 janvier 1897.
Petit Alexandre, docteur en médecine à Royat,etRue Laflilte,
3, à Paris. 4 mai 4897.
Hulol (baron), secrétaire généra] de la Société de Géographie.
41, avenue Labourdonnais, à Paris. 4 1 mai 4897.
Rochas d'Aiglun (comte de), colonel, ancien administrateur
de TEcole Polytechnique. Rue Descartes, 24 , à Grenoble.
24 avril 4900.
Moris Henri, archiviste des Alpes-Maritimes. Villa Moris,
boulevard Dubouchage, à Nice. 49 mars 4904.
Tassct Jacques, à Molosme-Tonnerre (Yonne). 9 juin 4903.
Poitevin de Manreillan (de), 0.9l>, colonel en retraite, conser-
vateur du Musée d*Hy ères Var). 45 mai 4906.
Jullian Camille, membre de l'Institut, professonr an Collège
de France. 30, rue de Luxembourg, à Paris. 28 mai 4907.
Lacour-Gayct Georges, Membre de Tlnslitut, rue Jacob, 46,
Paris. 40 décembre 4907.
Rieux (des) Lionel, avenue de Villiers, 426, à Paris. 24
janvier 4908.
Noihac (de) Pierre, Conservateur du Palais de Versailles, à
Versailles (Seine-et-Oise). 2 juin 4908.
Labande, Conservateur des Archives de la principauté de
Monaco. 49 janvier 4909.
Dienne (comte de) Edouard. Château de Servilly, par La
Palisse (Allier). 49 janvier 4909.
Barthélémy Jules, Rédacteur au secrétariat de Tlnstilut, au
Palais de 1 Institut, Paris. 46 février 4909.
Harlot Hippolyte, géologue prospecteur à Hartiny, par
Marmagne (Saône-et-Loire). 9 mars 4909.
Maurin Georges, avocat à Ntmes (Gard). 44 janvier 4940.
- 63 —
Ghaq)in Frédéric, publicisie, 33, rue Madame, à Paris.
4 •'février 4910.
Matler (Kabbé) Joseph, curé de Gcbcnbauser, par Putlange-
les-Forbacb (Lorraine). 40 mai 4910.
Sapy (le PèreTbomas)« rue Barlbélcmy, 37, h Marseille'
43 Décembre 4940.
Boy Charles, rue Saînte-CalheriDe, 42, à Saint- Etienne
(Loire). 21 février 4914.
Chaperon (Vabbé), curé do La Martre (Var). 21 février 4944.
De Brun Pierre, receveur des Domaines, à Saiut-Bemy
(B-du-R.). 46 mai 4944.
BeynoM Georg(^.«, avocat, conseiller g'^néral, sénateur do
TAriège, maire de Foix. 42 décembre 191 1.
De Vogue (le Comte) Rnimond, rue François Ponsard, 42, à
Paris. 46 janvier 4942.
Hallays André, publiciste, h Paris. 6 février 4912.
Bernard Valère, artiste peintre, capoulié du Félibrige, quai
de Rive-Neuve, 45, à Marseille. 44 juin 4912.
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- 64 -
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
A L'ÉTRANGER
MM.
Cnrnnzzn-Amnri, niuion profes«(Mir l\ ITiiivcrsiU» de Catnne,
scnaltiur du ion mime d'Ilnlie. 0 uM'il I8G8.
Gnheriialis ((vutilt* de) Angrlo, professeur a l'Université de
Rome. Via Lueiezio ('..md, G7. 3 janvi. r 1893.
T\paldt)-Rnrsia. dô|.n!c. pik icu rrôbidenl du PailemeiTt
lullène, n Alî.èuo-. 23 j:m\ior 180t.
Darr-Ferrec, à Xew-York. 5 juin !89i,
Portai (le eoinmandeur lilinmanuel), nieiïibre d»* la Roya!|5
Coiniii'S-ion hériidinuo dllalie. P»»bseuiato do Ripttto, 16,
à Rome. 12 février IS9.5.
Morozzo délia Rorca (rorn'c) Km manuel, général. Via dolla
Ro^c.i, 29, à Turin, tt vill:« Gnntsrimïe Kworl à Griès,
près Bolzcn (Sud-Tyroi) Aulriclie. 21 mars 1899.
Da Cnnha Xavier, c()n<:ervntour de la Bihliolhcque Nationale.
Rue S. n<uiIiol()meo, 12, à Lisbonne (Portugal). Il dcxem-
brelOOO.
Zùccaro Louis, ancien Vice-Consul de la République Argen-
gonlino; à Sondrio, en Valleline (Lombardie), et à Milan,
rueCiro Menolli, 17. 2 avril 1901.
Satta Salvalorc, membre de la Société Philologique à Rome.
2G mai 1903.
Verney de la Valclta (comte) Franchi. 9 juin 1903.
Gàvàuescul J., professeur à TUniversité de Jassy (RoumaDie)
9 juin 1903.
r
- 65 -
Padula (le commandeur) Antoine, secrétaire général de la
Société Luigi-Camoi^ns. Via dei Fiorentini, 67, à Naples.
n janvier 1905.
Wallenskold Axel, professeur de philologie romane à l'Uni-
versité d'Helsingfors (Finlande). 26 avril 1909.
Sanloro Domenico, p^ofes^eur à Tlnslilul à Chieti (Naples).
1" février 4910.
Zawodoy Joseph, directeur de la station agro-chimique de
Freudenlhal (Silésie autrichienne). 28 mars 1911
"Q
Le présent Tableaia a. 6te arrêté le 14 Jiain
1912, conformément à l'article lO ci\a Règle-
m.ent intérieiar.
Le Président :
C* DE BONNBCORSE-LlIBIÈRËS
Le Secrétaire Perpétuel:
Baron Guillibert
H
'S
i*'
F
t.
ACADEMIE D'AIX
93ME Séance Rubliciue
13 MAI iei3
^
SÉANCE PUBLIQUE
DE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ET BELLES-LETTRES
D'AIX
AIX- EN - PROVENCE
Paul JOUDDAN, Ihpriheur de L'AciDËxii
2i>, Hue Manuel, 20
A
ACADEMIE
DES SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS et BELLES - LETTRES
D ' A I X
os»»* SÉAISrOE r^UBLIQUE
Le Mardi, 13 Mai 1913, la quatre-vingt-
treizième SÉANCE Publique de l'Académie d'Aix
a été tenue, a trois heures et demie, dans la
Grand 'Salle de l'Université, a la Faculté de
Droit.
Tous les sièges élaieDl de bonne heure occupés par une
assistance nombreuse dans laquelle on remarquait les nota-
bilités de notre ville et un très grand nombre de dames.
Sur Tcstrade, M. le Président Aninard entouré des Mem-
bres de r Académie présents à Aix.
— G —
Les lauréats des prix de vertu et des pensions Irma Mo-
reau occupaient, avec leurs familles, leur place habiluelle.
M. le Président ouvre la séance et prononce le discours
suivanl :
L'ARMANA PROUVENCAU
(n
1-e: fé:l.ibrioe
SI^E
Mesdames, Messieurs,
La littérature qui compte le plus de lecteurs
est celle des almanachs. Elle est à la portée de
toutes les intelligences et de toutes les bourses. —
Par son abondance et sa variété elle satisfait tous
les goûts.
Depuis Taristocratique, royal ou impérial alma-
nach de Gotha jusqu'à celui de l'ouvrier et du
paysan, en passant par une infinité d'autres diver-
sement astronomiques, anecdotiques ou prophéti-
ques, il n'y a ni art, ni industrie, ni intérêt, ni
travail, ni jeu qui n'ait le sien.
Un certain nombre sont enrichis de recettes
pratiques de toute nature : scientifiques, hygiéni-
ques, thérapeutiques ou de ménage qui tendent à
(4) Armana Prouvençau pèr lou bel an de Dieu 1913, adouba
e pubiica de la man dî felibre ; porfo-joio, soûlas et passo-tems en
tout lou pople dôu Mig'our. An cinquante-nouveo dôu felibrige. —
Avignoun, eDCô de J. RoumanlUe, libraire-éditour, 19, carriero
de Sanl-Agricô.
^ 8 -
en faire de petits traités d'une morale, récemment
découverte, qui ne rebute personne et que, sans
aucune intention d'ironie, ses inventeurs ou ses
parrains ont appelée la morale utHjtaire,
Une Académie peut donc, sans déroger, philoso-
pher sur une sorte d'ouvrages à ce point prisés du
public et, si cette Académie est provençale, s'entre-
tenir, sans mal à propos, même dans une Séance
Solennelle, de VArmana Prouvençau.
Notre insigne bienfaiteur M. Arbaud en formant
amoureusement année par année, de 1855 ^ 19^^»
le recueil de r^rmaw^, collection aujourd'hui introu-
vable, ne nous a-t-il pas en quelque sorte préparé
lui-même cette causerie ?
Ce sujet ne s'olfre-t-il pas de lui-même à notre
choix, au moment où notre ville est encore dans
l'entrain des fêtes félibréennes (i) qui sont venues si
heureusement animer nos rues et faire exulter nos
âmes provençales ; alors que le maître illustre
salué, ces jours-ci, de nos acclamations les plus
enthousiastes est l'un des fondateurs, et le rédac-
teur, le plus avidement lu, de cette publication
savoureuse : Porto-joio, soûlas et passo tems de tout
lou pople don miejour (Porte-joie, délassement et
passe-temps de tout le peuple du Midi).
(I) Les fôtes de la Santo Estello tenues à Âix le dimanche et le
lundi de la rentecôte, t1 et 12 mai 1913,
- 9 -
Ce n'est pas un livre de bibliothèque car on
le lit, ni un livre de chevet car il n'endort pas.
C'est, à la ville et à la campagne, la lecture du
coin du feu.
On le place à l'endroit le plus commode pour
l'avoir toujours sous la main : dans le tiroir des
objets usuels, à côté des lunettes, de la tabatière
ou de la pipe ; à un clou du mur près de la che-
minée où chacun le décroche et le replace à sa
fantaisie.
Quel plus attrayant recueil d'œuvres littéraires
de toutes sortes, sans liens apparents entre elles,
mais unies par la même langue, les mêmes
croyances, le même amour du sol natal et de ses
franchises nécessaires !
C'est une véritable farandole intellectuelle. —
Elle n'est pas symétrique et réglée comme la
farandole idéale de Maillane où l'alternance métho-
dique des farandoleurs et des farandoleuses et
l'uniformité des costumes s'harmonisent si bien à
la cadence rhytmée des pas. — C'est une chaine
très inégale où prose et vers, chants lyriques,
satires, récits épiques ou drolatiques, chansons,
élégies, cantiques, épithalames, poésies sur les ber-
ceaux ou sur les tombes, proverbes, comédies
rieuses, tragédies sanglantes, se suivent sans se
ressembler, comme les jours de notre vie ; où les
1
— \0 —
pieds vont de ci de là, à leur caprice, et où cepen-
dant règne un indéfectible accord, un harmonieux
ensemble ; tant toutes ces productions diverses,
nées d'un même souffle familial, sont étroitement
enlacées dans un entraînement fraternel.
Prestigieuse farandole où depuis soixante ans le
rire inlassablement soutenu du Cascarelet tient le
galoubet où sa verve endiablée fait pan-pan sur le
tambourin !
Quel incomparable quel infatigable conteur !
11 a toujours de nouvelles galejado à servir.
Les unes, assaisonnées à la gardiane avec une poi-
gnée de gros sel, parfumées à la berigoulo et
rehaussées d*une forte pointe d'ail, font le régal
di pastre et gent de mas ; les autres d'un sel plus
fin et d'un fumet plus délicat font la gourmandise
des gourmets et resteront, à coté de la Riboto de
TrencO'taio de Mistral, de La Cabro de Moussu
Seguin et de La Miolo doù Papo de Daudet, des
modèles d'esprit et de goût.
Toute la lyre vibre dans VArtnana. — Par
contraste à la note plaisante, bien des accents
plaintifs nous rappellent que les gaietés de la terre
ne sont souvent qu'un sourire entre deux larmes.
Rien d'attendrissant comme les chants doulou-
reureux du cœur blessé de Tavan, d'Antoinette de
— M -
Beaucaire ou de Verdot, pour ne citer que ces
trois parmi les disparus.
Pauvre cœur de Thomme ! dont ce dernier a
fait en trois mots toute l'histoire :
Tout cor qu'issavaii palpite
A sauna, saunx) o saunara
(Tout cœur qui palpite ici-bas a saigné, saigne ou saignera)
Très limité dans cette simple préface de séance,
je dois renoncer même à effleurer Timmense
champ des poésies diverses de ïArmana et aussi à
vous faire déguster Tarôme des discours et des
brindes qui y abondent.
Les proverbes y sont prodigués avec une lar-
gesse capable de donner à toutes les nations de
la terre la sagesse de Salomon.
Citons en un de la présente année 19 13.
Il a le mérite d'enseigner l'art, si recherché, de
faire son chemin dans le monde et d'être à demi
consolant pour ceux qui n'y parviendraient pas :
Per faire soun camiii dins la vida, fau estre fin et
partisse besti. (Pour faire son chemin dans la vie il faut être
fin et paraître bêle).
Au-dessus des plaisirs intellectuels doniV Armana
délecte ses lecteurs, il a des titres plus élevés à
notre reconnaissance.
— 12 —
Créé pour aider le félibrige à garder à la Pro-
vence sa langue, sa couleur, sa liberté d'allure et
le bon renom de son intelligence, il nous verse
depuis plus d'un demi-siècle, sans se lasser, les tra-
ditions de la famille, l'amour du pays et des bonnes
coutumes, faisant avant tout comme il le dit la part
de Dieii.
Pour lui, chaque année nouvelle est un nou-
veau présent du ciel : Ion bel an de Dieu. Ses nou-
vellistes continuent à avoir leurs entrées dans le
Paradis et par leurs indiscrétions nous savons un
peu ce qui s'y passe et, ce qui importe, qu'on n'a
pas cessé d'y parler avec une familiarité toute
provençale la pure langue du Trésor dôu Félibrige.
Œuvre saine née d'une pensée d'amour, l'amour
circule dans toutes ses pages, y chante sur tous
les tons dans les notes les plus tendres ou les
plus vives, mais aussi les plus pures.
Li poutoun (les baisers) y abondent mais ils ne
s'échangent jamais que par ou pour le mariage.
Tel il a été, dès le début, tel il est encore. —
Dans un temps où le changement est trop sou-
vent considéré comme la condition nécessaire de
la vie et porte facilement le nom de progrès, il
professe et pratique que tenter de changer les lois
de son existence c'est se tuer, tandis que les main-
tenir c'cbt vivre.
- 13 -
Plus que jamais il est le porte-drapeau de cette
décentralisation qui consiste uniquement à ne pas
séparer ce qui est naturellement uni, à ne pas
confondre ce qui est naturellement distinct ; et
aussi de ce patriotisme local qui, loin d'être une
atteinte au patriotisme intégral, en est la source
unique et le soutien nécessaire.
En restant fidèle à ces voies, VArmanu a puissam-
ment contribué à y maintenir le félibrige, en
même temps qu'il l'a efficacement aidé à rétablir les
vrais principes de la langue, à en fixer l'orthogra-
phe, à en développer le génie.
Par là, il a été et reste le grand mainUneur de
l'institution félibréenne et aurait le droit de pren-
dre la devise qui fut celle des Princes d'Orange :
ManUndrai,
Mainteneur du félibrige, il en est aussi l'an-
nuaire ou, pour employer une expression moins
bureaucratique, plus en harmonie avec ses fonc-
tions familiales, il est son livre de raison.
Rien ne se passe dans la famille félibréenne
qu'il ne l'annonce et n'y prenne part, se réjouis-
sant avec ceux qui rient, pleurant avec ceux qui
pleurent.
Si un jeune talent commence à s'épanouir, il
lui ouvre ses pages et le met en lumière.
— 1i -
Sa chronique signale toutes les œuvres, tous les
événements, tous les fastes qui touchent au féli-
brige et à la Provence.
Quelque attrait qu'il put y avoir à suivre cet
historien, je me borne, limité comme je le suis,
à embrasser d'un regard l'espace parcouru depuis
l'origine de cette renaissance de notre langue
régionale jusqu'à ce jour.
Né en 1854 de l'association de sept félibres
dont les plus marquants étaient Mistral, Rouma-
nille et Aubanel, le félîbrige commence, comme
les chênes de nos collines, à implanter solide-
ment ses racines dans le sol et à jeter lentement
ses premières pousses. Il est tout au recueille-
ment et à l'étude.
En 1859, pour la première fois, il se manifeste
publiquement à Nîmes, à une fête de charité pré-
sidée par Reboul, le célèbre boulanger-poète ou,
pour parler comme Chateaubriand, « le poète qui
faisait du pain )>.
Roumanille venait de publier ses Margaridetlo,
Aubanel La miougrano entredurbeto, et Mistral son
poème de Mireio,
Aux applaudissements de toute la population
ayant à sa tête par une union devenue rare
l'Evêque, le Préfet, le Général et le Maire et les
personnages les plus marquants dans les opinions
If»
et les croyances les plus opposées, Tauteur de
VAnge et VEnfant les couronna tous trois du laurier
olympique et donna paternellement Tenvolée au
félibrige.
Porté par cet essor, il se répand avec une rapi-
dité prodigieuse.
«
Les fêtes catalanes où il est invité, puis celles de
l'Union latine où il groupe des délégués de trois
nations l'établissent conquérant. — Il ne connait
plus de frontières.
En 1876 il vote la constitution du Gai-Sabc
et la couronne par Tinstitution souveraine d'une
reine du félibrige, qui fait rayonner sur son peu-
ple de troubadours, avec les agréments de l'esprit,
la séduction de la grâce, l'attrait de la bonté,
l'empire de la vertu et, conime par surcroit, l'éclat
de la beauté.
Ce n'est pas en Provence qu'on imaginerait de
couronner la beauté toute seule. Cette pensée y
paraîtrait païenne et ce don naturel y est si
répandu que les couronnes manqueraient.
Aujourd'hui le félibrige déborde la Provence
et même la France. La langue provençale est cul-
tivée à rétranger par nombre d'esprits d*élite et
y est enseignée dans plusieurs universités.
— 16 -
Ainsi d'étapes laborieuses en étapes joyeuses,
puis glorieuses, la chronique de YArniana nous
amène à l'apothéose du félibrige par l'érection à
Arles de la statue de Mistral.
Ce fait historiquement extraordinaire d'une
statue dressée sur une place publique et de son
vivant à un homme qui n'est pas chef d'Etat, s'est
cependant produit d'une manière toute naturelle,
tant lo félibrige est devenu une réalité dominante,
tant colui i\ qui il la doit plus qu'à personne est
Tobjct dans notre Provence, je ne dis pas de la
popularité, (le mot est trop souvent menteur, le
lait trop souvent déshonoré), je dis d'une admira-
tiiMi universelle aussi affectueuse qu'enthousiaste.
Nous en avons tous connu hier, dans ces lieux
mêmes» l'émouvant spectacle et partagé les irrésis-
tibles entrainements.
Voulez-vous voir cette émotion provençale
dans son plus vaste, dans son plus bel épanouisse-
ment ?
Soyez aux arènes d'Arles un jour de grande
fête félibréenne, à une représentation de Mireio,
à une ferrado de gala ou à tout autre spectacle où
l'on prévoit que viendra le Maître.
Jouissez un moment du spectacle, peut-être
unique au monde, de ce peuple assemblé en habits
- 17 —
de fête dans cette immense enceinte à demi ruinée,
où les groupements, par cela même, sont répartis
inégalement, suivant les pleins ou les vides que
les dégradations ont créés ; ce qui, en détruisant
l'uniformité, augmente le pittoresque.
La vue de cette foule bariolée de tout âge, de
tout rang et de tout sexe où le costume arlésien
des femmes, aussi riche qu'élégant, jette par ses
couleurs vives une note éclatante d'originalité
artistique, (impressionniste si vous voulez), saisit,
dès Tabord, le spectateur et l'enchante.
L'heure du spectacle est encore un peu lointaine.
Chacun est venu d'avance pour s'assurer une place
tenable sur les restes des gradins non encore
détruits ou sur les emplacements abordables, là où
ils ont cessé d'exister.
L'attente est longue sous un soleil qu'aucun
vélum ne tempère et dont la réverbération double
l'incommodité. Un moment vient où les assistants,
debout ou assis sur la dure, commencent à trou-
ver l'heure lente et lou beù souleii de la Prouvenço
un peu trop pougnent, un peu trop ensucant.
Voici qu'un léger remous se produit du côté de
la loge municipale. N'y prenez pas garde. Pour ce
public lassé déjà et énervé, ce n'est rien. C'est le
Sous-Préfet ou le Préfet, peut-être même un
Ministre qui vient prendre place à l'estrade offi-
-2—
- 18 —
cielle, sous le refrain ressassé d'une musique
d'amateurs.
Ce n'est point ce que la foule est venue cher-
cher.
Soudain, une commotion la secoue, une vague
de fond la soulève, un frémissement la parcourt
depuis les spectateurs placés tout en bas sur le
sol de Tarène jusqu'à ceux juchés, on ne sait
comment, sur les plus hautes et les plus inacces-
sibles arcades.
Tout le monde est debout ; les hommes élè-
vent et agitent leurs chapeaux et les femmes
leurs mouchoirs, au milieu de vivats et de bravos
unanimes.
Qu'est-ce donc ? Suivons les regards.
Un homme s'avance pour prendre place sur les
gradins. Bien que la neige de l'âge ait blanchi sa
tête, son allure est vive et ne connait pas la
vieillesse ; et il ne cherche aucun appui sur la
canne qu'il tient à la main. Son large feutre crâ-
nement porté à la provençale et toute sa tenue
annoncent moins un citadin qu'un ami des
champs.
Vous l'avez reconnu. — C'est, en chair et en
os, et sous des vêtements tissés de main humaine,
la statue de bronze de la place du Forum. C'est
le grand capoulié du Félibrige ! — C'est Mistral !
— 19 -
C'est à lui que s'adresse cette colossale ovation.
Et si sa gracieuse compagne, reine toujours reine,
est à ses côtés, si elle a revêtu les atours de Mireio
qu'elle porte avec une aisance et un charme que
plus d'une fille d'Arles lui envie, l'enthousiasme
déborde l'amphithéâtre, les applaudissements et
les vivats sont sans fin. C'est une tempête.
d'estrambord.
Ainsi dans nos campagnes, après de longs
jours d'un vent d'est obscurcissant le soleil et
chassant inutilement des nuages vides de pluie
ou se déversant en averses diluviennes, tout est
torpeur ou abattement ; mais si tout à coup le
vent tourne au nord, tout renait : les plantes
redressent leurs tiges, les arbres secouent leurs
rameaux, les oiseaux peuplent encore le ciel,
les agneaux bondissent, les coqs chantent et les
hommes poussent un cri de soulagement et de
joie : « Mistral ! Mistral ! Vive le Mistral ! »
Ainsi la Provence acclame celui qui l'a exaltée.
Et lui, sans embarras, sans pose, avec la sinxpli-
cité et la bonhomie qu'il met en tout, salue ses
chers Provençaux.
Il n'est pas surprenant qu'à un homme aussi
universellement aimé on ait voulu dresser une
statue, même de son vivant. Cette pensée qui, à
l'égard de tout autre, eut paru téméraire et dépla-
- 20 —
cée s*est réalisée sans exciter ni étonnement ni
envie.
La statue s*est élevée comme d'elle-même sur
la place publique parce que chacun Tavait déjà
élevée dans son cœur.
C'est ce que Téminent M. Jules Charles-Roux a
éloquemment exprimé dans un délicat provençal
en faisant à la ville d'Arles la remise du monu-
ment dont il avait été le plus actif promoteur.
Et il a judicieusement mis en relief la cause pro-
fonde de cette affection populaire : « Au milieu
des passions politiques qui nous échauffent,
a-t-il dit, Mistral a créé une atmosphère de paix
et de concorde qui nous a tous groupés autour de
lui, dans une pensée d'union patriotique et
d'entrainement généreux ».
VArmana nous a raconté les fêtes inoublia-
bles qui furent données à cette occasion.
Entrainé par un mouvement d'opinion qu après
le Prix Nobel et des acclamations venues même
des deux Amériques, on pouvait dire mondial, le
Gouvernement y prit une part officielle, ce qui
donna à cette sorte de couronnement comme un
assentiment national.
L'Académie Française apporta ses applaudisse-
ments au poète qu'à son grand regret elle n'a pu
- 21 —
décider à devenir l'un des siens, reconnaissant
ainsi dans notre parier une langue sœur de la
langue française et dans notre littérature locale un
des plus riches écrins du trésor littéraire de la
France.
Et lui, le héros de la fête, couronné, loué,
exalté par de si hautes autorités, acclamé par la
France entière, au milieu d'un triomphe qui eut
presque justifié les plus orgueilleuses pensées,
comment a-t-il porté ces ovations, ces honneurs
presque surhumains ?
Il Ta fait sous une forme de simplicité modeste
que son génie tout chrétien pouvait seul trouver.
« Moi, a-t-il dit, en provençal — je vais vous
dire quelque chose ».
Et, avec le charme de diction qui lui est pro-
pre il a redit l'invocation par où débute son poème
de Mireio, cet élan de prière où le poète demande
« au Seigneur Dieu de sa patrie, né parmi les pâtres,
l'inspiration de feu et le souffle » sans lesquels
il ne pourrait accomplir son œuvre ; faisant ainsi
remonter à l'Eternel Auteur de tout art et de
toute poésie l'encens qu'on venait de faire fumer
devant lui.
Ce noble geste m'amène du monument d'Arles
à un autre non moins provençal et non moins
- 22 -
félibréen qui, de la vaste plaine, va nous élever sur
les hauteurs.
En 1874, raconte notre Armana, qui reste
jusqu'au bout mon guide, la Provence reconnais-
sante d'avoir été épargnée lors de la fatale guerre
de 1870, a élevé sur le pic de Sainte-Victoire
une croix monumentale dont le piédestal porte
sur chacune de ses quatre faces une inscription
en langues différentes.
Ces inscriptions avaient été mises au concours.
La provençale mit en pieuse verve une centaine
de félibres dont toutes les inspirations ont été
publiées sous ce titre : Lou Libre de la Crous.
Une seule a pu être choisie pour figurer sur le
monument. C'est celle que pèlerins et touristes
peuvent lire sur le piédestal. C'est un quatrain ;
le voici :
O Crux ave ! Sourgent d'irnmortalo lumiéro
Emé lou sang d'un Dieu 0 testament escrit !
La Prouvènço a ti pé se cliné la proumiero
Assousto la Prouvènço, 0 crous de Jesu Chri !
La traduction en est facile sans même changer
le rythme des vers :
O Crux ave ? Foyer d'immortelle lumière I
Avec le sang d\in Dieu 0 testament écrit l
La Provence à tes pieds s'inclina la première
Protège la Provence — 0 croix de Jésus-Christ!
Quel est le nom de l'auteur ?
— 23 —
Notre chroniqueur nous répond : « L'auteur
n'y a pas mis son nom. Aussi modeste que bien
inspiré, il a mis sa gloire aux pieds de la Croix ».
Respectons son secret, alors même que la
modestie unie au talent nous le ferait pénétrer.
Mais retenons ces deux gestes.
Rapprochons ces deux monuments, durables
et iriécusables témoins du génie de la Provence
et de sa foi.
Et disons, comme elle, avec ses félibres, avec la
pierre, le fer et le bronze qu'elle fait si bien parler :
« Honneur au talent et au génie de l'homme sur les
plages de la terre. — Gloire au Très-Haut, depuis
les sommets les plus élevés de la montagne
jusques dans la profondeur infini des cieux. »
Et finissons par ce souhait qui est celui de
l'Académie et cei-tainement aussi celui de cette
assemblée :
JLongo mai au Félibrige
et à V ytrmana prouvençau !
1^
n
RAPPORT
SUR LE
Prix Mignet
PAR
IVI. AL-RREO JAUF-RREX
Membre de l'Académie
Bâtonnier de l'Ordre des Avocats a la Cour d'Appel
Messieurs,
Parmi les livres de la bibliothèque de M. Mignet,
sa famille conserve religieusement un exemplaire
de Mireille que Mistral lui envoya jadis avec cette
épigraphe : « A tout aucèu, soun nis es bèu ! »
Mistral ne pouvait en s'adressant à M. Mignet
dire rien de plus vrai. M. Mignet, né à Aix, a tou-
jours gardé à sa ville un filial attachement. Ni ses
occupations multiples et absorbantes à Paris, ni les
charges officielles et les honneurs qui vinrent à lui
sans qu'il les eut jamais recherchés, n'affaiblirent
— 20-
son culte pour sa petite patrie. Il y revenait, cha-
que année, passer de longues semaines au milieu
des siens, comme si, au cours de sa longue et fé-
conde carrière, il eut toujours senti le besoin de
raviver ses forces au contact de la terre natale.
Aussi quand par un sentiment de pieux souve-
nir, M. le docteur Evariste Michel résolut de créer
un prix qui portât le nom de son oncle, songea-t-
il tout naturellement à associer à cet hommage en-
vers une mémoire vénérée la ville d'Aix et son
histoire. Il voulut que Mignet qui avait apporté à
sa ville sa part de gloire, contribuât ainsi même
après sa mort à augmenter son patrimoine intellec-
tuel et son bon renom dans le monde.
C'est de cette double pensée qu'est sortie la
fondation du prix Mignet, ainsi que son pro-
gramme. Mais M. le docteur Michel n'a point
voulu seulement que ce prix servit à récompenser
un ouvrage se rattachant à l'histoire d'Aix ou de
son territoire, mais aussi un ouvrage consacré à la
mémoire des hommes qui ont le mieux servi ses
intérêts ou sa gloire dans les lettres, les sciences
ou les arts. Notre ville a une histoire assez longue
et assez noble ; elle a produit assez d'hommes dis-
tingués ou illustres dans toutes les branches des
connaissances humaines pour que ce programme,
même ainsi définitivement précisé, permette d'ac-
— 27 —
cueillir des travaux de l'intérêt le plus certain et
le plus varié.
L'Académie tient à nouveau à remercier M. le
docteur Michel d'avoir bien voulu lui confier le
soin de réaliser ses intentions libérales, et de rallier
ainsi autour du nom de Mignet ceux qui soucieux
de rechercher impartialement le vrai, et de l'expri-
mer sous une noble forme, trouveront dans le
grand historien un encouragement et un modèle.
Le prix Mignet, d'une valeur de 3.000 francs,
qui doit être donné tous les cinq ans, va l'être
pour la première fois cette année.
L'Académie est heureuse de voir que des écri-
vains d'un très-réel mérite ont répondu à son
appel.
Elle a examiné avec une attention scrupuleuse
les divers ouvrages qui lui ont été soumis.
Après mûres réflexions, c'est à Aqua Sextia, his-
toire ancienne d'Aix-en-Provence, qu'elle a attribué
le prix Mignet. L'auteur en est M. Michel Clerc,
professeur à la Faculté des Lettres d'Aix.
Mais l'Académie ne méconnaît certes pas la va-
leur des autres concurrents, et ce m'est une tâche
fort agréable que d'avoir tout d'abord à vous
— 28 —
présenter leurs ouvrages, dans un ordre dicté uni-
quement par les exigences de rédaction de mon
rapport.
M. Camille Latreille, secrétaire adjoint de l'Aca-
démie de Lyon, professeur à la Faculté des Lettres
de cette ville, nous a envoyé sous le titre de : Aix
en i8)4, souvenirs d'étudiants, une étude vraiment
charmante sur notre ville.
Deux jeunes Lyonnais, Barthélémy Tisseur, et
Victor de Laprade, viennent à Aix pour y faire
leurs études de droit. Ils quittaient tous deux en
novembre 1833 leur grande ville brumeuse. Leur
arrivée sous le ciel de notre étincelante Provence
fut pour eux un éblouissement. Songez qu'ils
étaient tous deux poètes, et qu'ils avaient vingt
ans ! Ils ne se connaissaient pas. C'est à une
représentation de la Tour de Nesles, au théâtre d'Aix,
à laquelle Laprade assistait debout, au parterre,
qu'un étudiant les présenta l'un à l'autre. Les deux
jeunes gens se plurent ; quelques jours après. Tis-
seur recevait de Laprade dans sa chambre et lui
montrait plusieurs pièces de vers.
Leur amitié, cimentée par les mêmes enthousias-
mes, devait durer autant que leur vie, et c'est avec
les souvenirs de ces deux amis, et avec la corres-
r
- 29 -
pondance envoyée par eux à leurs proches, que
M. Latreille a composé le tableau très vivant de la
ville d'Aix à cette époque.
Même pour les Aixois, M. Latreille sera un
guide utile, et d'ailleurs fort agréable à suivre.
Nous flânons avec lui dans les rues de notre vieille
ville, nous visitons ses monuments ; nous saluons
en chemin les nobles dames dans leurs chaises à
porteurs quelque peu défraîchies ; nous allons au
bal dans les hôtels de nos vieilles familles aixoises,
nous suivons pieusement les processions, et la
Saint- Jean nous permet de prendre part en com-
pagnie de Laprade à une bataille épique de ser-
penteaux.
M. Latreille nous conduit dans le petit cénacle,
où les jeunes étudiants, délaissant le Digeste et le
Code Civil, se lançaient dans la littérature la plus
échevelée. A côté de nos deux Lyonnais nous y
rencontrons Paul de Magnan, Chabert, Guillibert
que Laprade appellera plus tard ;
L'ami sensé, Mentor de tous ces jeunes fous.
Pierre Enjalric, Elzéard Pin, Scipion du Roure,
de Fabry, Gardon. Si tous ces jeunes gens escala-
daient volontiers les sommets sublimes et quelque
peu nuageux de la poésie, ils savaient aussi redes-
cendre sur terre, et se rappeler qu'ils avaient vingt
— 3U -
ans. Je voudrais vous lire le récit plein d'humour
des charivaris monstres organisés par cette jeunesse,
et de ces réunions folles où Laprade, qui n'avait
s encore écrit Psyché, et ne songeait point à
académie Franyaise, faisait applaudir une com-
ainte sur FiescJji, que les éditeurs de ses œuvres
mplètes ont négligé, je crois, de publier :
EcodUz l'histoire horrible
De Pieschi, férocecipur,
Corse qui n*eut point d'borrenr
De devenir régicide,
El plus cruel qu'uD boa.
Voulut tuer son roa 1
De Laprade est devenu le grand poète que vous
/ez ; Tisseur a occupé avec distinction une chaire
littérature française à Lausanne ; tous deux ont
rdé de leur séjour à Aix le meilleur et le plus
:onnaissant souvenir. Us proclamaient bien haut
mpreinte salutaire que leur esprit et leur jeune
agination en avaient reçue. Et c'est en se faisant
ir interprète, qu'après avoir décrit la vie qu'ils
snaient à Aix, M. Latreille ajoute : « Tel était .
le milieu élégant et pittoresque où Laprade et
Tisseur passèrent ensemble l'année 1834, à cet
âge dont Malherbe a dit :
Toiil le pluibir des jours est dans la malinée.
n
- 31 —
^. Une ville que le Président de Brosses décla-
« rait : « tout à fait jolie, et la plus jolie après
« Paris » les accueillait maternellement et mettait
« sous leurs yeux le spectacle permanent de sa
« beauté harmonieuse et recueillie a^.
Avec M. Nicollet, professeur au Lycée Mignet,
c'est TEcole Centrale des Bouches-du-Rhône, créée
à Aix en vertu d'un décret du 7 ventôse an m,
dont nous allons étudier la laborieuse organisation
et le très-éphémère fonctionnement. A la veille de
la Révolution, il y avait dans la partie de l'an-
cienne Provence qui forme aujourd'hui le départe-
ment des Bouches-du-Rhône, des établissements
d'enseignement secondaire non seulement à Aix,
Marseille, Arles et Tarascon, comme nous pour-
rions le supposer, mais encore à la Ciotat, Marti-
gues, Saint-Remy et Salon. Tous disparurent : en
matière d'enseignement comme en d'autres matiè-
res, la Révolution commença par détruire. Les
diverses assemblées révolutionnaires essayèrent
d'organiser à nouveau cet enseignement, mais là
encore, on allait constater qu'il est plus facile de
démolir que de reconstruire. Un décret de l'an m
décréta bien la création d'une Ecole Centrale d'en-
seignement secondaire par département. Les admi-
— 32 -
nistrateurs d'Aix obtinrent que l'Ecole fut placée
dans l'ancienne capitale de la Provence, en dépit
des Marseillais qui en réclamaient le transfert (déjà !)
(lans leur ville. L'Ecole mit plusieurs années à s'or-
iniser, et ne fonctionna que quelques mois. Son
ile a donc été aussi peu important que possible ;
lais M. NicoUet a su accumuler autour de ce sujet
îsez mince une surabondance de documents qui
lit le plus grand éloge de sa conscience méticu-
iuse d'érudit. Son travail apporte une intéressante
3ntribution à l'histoire de l'enseignement pendant
1 Révolution, et les historiens qui étudieront à ce
oint de vue cette époque si troublée, si discutée
lais si captivante le consulteront avec fruit.
C'est encore une mine riche en documents que
ous offre M. Robert, avec ses Remontrances et
'rrêlis du Parlement de Provence au XFIÎI" siècle.
[. Robert, jeune avocat très-distingué du barreau
Aix, a compulsé page à page les volumineuses
•chives de notre ancien Parlement, et en a tiré le
ijet d'une étude très-judicieusement documentée
sur les actes officiels par lesquels le Parlement
manifesta de 1715 a 1790 ses volontés, ses sen-
timents, ses tendances et ses aspirations. > La
iparation des pouvoirs qui dans notre droit public
1
- 33 -
est devenue un dogme, n existait pas, ou n'existait
que de façon très-restreinte, sous l'ancien Régime.
Les ordonnances du Roi ne devenaient exécu-
toires dans la province qu'après l'enregistrement
qu'en faisait le Parlement. Si ces décisions de
l'autorité royale paraissaient critiquables, le Par-
lement rédigeait des remontrances qui étaient
envoyées au Roi. Parfois aussi le Parlement faisait
de sa propre initiative connaître au Roi ses désirs,
ou tout au moins ses idées, sur un point particulier
d'administration ou de politique. Enfin, le Parle-
ment prenait parfois des arrêtés sur des questions
économiques notamment.
C'est dire que cette étude intéresse à la fois
l'histoire de notre Provence et l'institution même
du Parlement. L'écueil de semblables recherches,
où l'abondance de la documentation est extrême,
est la confusion. M. Robert a su l'éviter. Les ques-
tions sont traitées par lui avec ordre et méthode,
et cette œuvre de début fait le plus grand honneur
à son auteur.
Pour illustrer ses Ecoles d'archilecture et d'art
décoratif des XVI? et XVII? siècles, à Aix, M. Dobler
a su choisir avec un goût très sûr et très avisé
parmi les œuvres d'art intéressantes que notre ville
—3—
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a possédées, et possède en grande partie encore,
grâce à Dieu. Un texte qui se lit avec facilité
commente agréablement ces belles reproductions,
et nous aide à les mieux comprendre. Remercions
de tout cœur M. Dobler. A défaut des originaux
déjà disparus, ou appelés peut-être, hélas ! à
disparaître bientôt, nous pourrons du moins en
contempler Timage somptueusement reproduite
dans sa belle publication, où se sont affirmées à la
fois ses qualités de lettré et d'artiste.
Aix, musicale et belle avec la fièvre aux joues,
Aix où les pas clouent le silence,
Chambre royale et nue, avec Talcôve immense
Où dort le souvenir d*ÂDJou !
Aix I douceur! solitude! Aix! languissante voix!
Aix, la rose provinciale,
Des tours de Saint-Sauveur à la rue Cardinale,
Combien vous ai-je aimée de fois I
C*est ainsi que chante un jeune poète venu
naguère pour une saison à Aix, et qui, séduit par
le charme de notre ville, s'y est fixé depuis.
M. Emile Sicard a consacré à Aix son dernier
recueil de poèmes, le Jardin du Silence et la Ville
du Roy, où s'expriment des impressions d'Aix
justes et colorées. Mais au fond, n'est-ce pas tou-
jours lui-même que cherche le poète à travers la
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nature qui l'entoure ; n*est-il pas lui-même le sujet
de ses meilleurs chants ? Si vous ne m'en croyez,
lisez les beaux vers mélancoliques qu'inspire à
M. Sicard le Tombeau de Rose du Perrier, et
écoutez-le murmurer devant un des chefs-d'œuvre
de notre Musée :
0 porlrail de Granet, daDS ce Muséo (ranquilio
Gomme vous éles beau !
Si la mort me permet de choisir un asile.
Si l'éclat d'un pinceau
Me doit perpétuer, je voudrais celle place
Dans Tombre, auprès de vous.
Musée dont la petite cour chargée de lierre
Est la cour d*un couvent,
Musée dont le repos est couvert de prière,
Musée près de Saint-Jean.
Musée dans ses atours, ses couleurs, son or pâle,
Et ses tendres espoirs.
Faites qu'un jour je sois, de l'une de vos salles,
Gelui que Ton vient voir.
Qu'importe, n'est-il pas vrai ? que le poète se
cherche toujours — et se trouve partout — si sa
personnalité est intéressante, et mérite de nous
émouvoir?
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L'analyse trop incomplète et trop sèche que j'ai
dû faire de ces divers ouvrages ne vous a pas
permis d'en goûter comme il conviendrait le mé-
rite, mais vous en a fait du moins pressentir le
grand intérêt.
C'est cependant, vous le savez, sur l'ouvrage de
M. Clerc que l'Académie a réuni ses suffrages.
Aqua-Sexlia est en effet pour l'histoire ancienne
d'Aix un ouvrage qui s'imposera. Il ne sera plus
possible d'essayer d'éclaircir l'obscurité de nos
origines sans le consulter. Les solutions qu'il pro-
pose ne seront certes pas toutes définitives : en
histoire, rien n'est jamais définitif. Les découvertes
ultérieures modifieront sans doute la solution et la
donnée même de certains problèmes, mais Aqua-
Sextia marquera du moins une étape : ce livre est
l'inventaire, et tout au moins l'aboutissant, de tout
ce qu'on sait actuellement sur les délicates ques-
tions qu'il traite.
Qu'on ne s'attende pas à retrouver sous la plume
de M. Clerc la méthode facile de nos anciens his-
toriens. Chez lui point de ces récits attrayants, que
pardonnait si facilement le lecteur profane, et où
l'auteur semble chercher à faire apprécier plutôt
— 37 -
ses qualités de conteur que d'historien ; point de
ces généralisations hâtives où s'attardent parfois
un Bouche ou un Papon. Nous n'avançons ici
qu*à coups de textes et de gloses ; pas une asser-
tion qui ne soit vérifiée; pas une hypothèse qui ne
s'abrite derrière une autorité ou un fait. C'est
d'ailleurs la méthode nouvelle en histoire. L'his-
toire n'en est pas moins restée, bien entendu, une
science toujours quelque peu conjecturale, et nos
historiens doivent bien se tromper parfois, comme
leuis devanciers ; mais ils- se trompent plus sa-
vamment, si j'ose dire.
Aix, préhistorique ; Aix avant les Romains ;
Aix après la conquête par Rome ; telles sont les
très-grandes divisions de l'ouvrage.
Nos ancêtres préhistoriques ont laissé peu de
traces autour de nous. On a découvert cependant
une grotte en pleines collines de Saint-Marc, dont
les habitants se nourrissaient exclusivement de
lapins, ce que nos chasseurs Aixois auront peine
à croire ; il est vrai que les habitants d'une grotte
voisine n'hésitaient pas, en cas de pénurie, à se
nourrir de chair humaine, dont ils se disputaient
en gourmets les morceaux les plus délicats.
Ensuite dans les brumes de la protohistoire les
Salyens entrent en scène. Quelques textes assez
vagues d'ciuteurs anciens constituent tout ce qui
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nous est parvenu sur eux. A l'appel des Marseillais,
Rome envoie Flaccus, puis Sextius, qui défont les
Salyens, les massacrent comme il convient, et
s'emparent de leur oppidum principal, Antremont.
Un castellum romain est construit à proximité,
sorte de fort, sous la protection duquel va se créer
Tembryon de la ville ; et Sextius donne son nom
aux sources d'eaux chaudes qui jaillissent sur le
territoire nouvellement conquis.
Les documents sur cette période romaine sont
encore bien rares, mais il faut voir avec quelle
science M. Clerc sait en tirer parti. C'est avec
quelques textes plus ou moins précis, de rares
inscriptions, des pierres de limite retrouvées çà et
là que M. Clerc étaie toutes ses savantes affirma-
tions. Mais ne croyons pas que son travail ne
puisse intéresser que les initiés. Un profane même
est bien vite séduit par l'ingéniosité des rappro-
chements, et la logique subtile de la démonstra-
tion. Comment ne pas admirer ce que la vaste
érudition de M. Clerc sait tirer du débris mutilé
d'une inscription vieille de deux mille ans ; et à
force de clarté et de précision, c'est de la vie qui
finit par s'exhaler de toutes ces choses mortes.
Avant de pénétrer au cœur même de la cité,
M. Clerc cherche à emplacer les routes qui y con-
duisaient. Il ne se borne pas ici à interroger dans
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soa cabinet les vieux itinéraires et les livres. Il
nous invite à le suivre pour essayer de retrouver
nous-mêmes avec lui les traces de cette voie Auré-
lienne, ce camin Aurelian qui partant du Var, fron-
tière alors de la Gaule et de Tltalie, s'en venait par
Aix jusqu'à Arles. Nous sommes au-delà du Tho-
lonet, sous le Cengle, — - et nous foulons enfin la
voie Aurélienne. Pas de doute ; çà et là, de pro-
fondes ornières ont entaillé le sol ; voici en trois
endroits les pierres équarries, dont l'une est encore
debout à sa place, que les ponts-et-chaussées de
Rome élevaient le long des routes pour permettre
aux cavaliers de remonter sur leurs montures.
Et en face de ces évocations du passé, qui res-
suscite sous nos yeux mêmes, nous faudra-t-il beau-
coup d'imagination pour voir circuler sur cette
route les habitants d'Aquae-Sextiae que va faire re-
vivre pour nous tout à l'heure la plume érudite de
notre aimable guide ? Car après le cadre lui-même
minutieusement décrit, après les précisions topo-
graphiques, voici l'organisation politique et sociale
de la cité : le Sénat municipal, les décurions, les
duumvirs. Aix lui-même a fourni peu de docu-
ments, mais ceux retrouvés dans d'autres villes,
Nîmes, Narbonne, Vienne, ont permis,, par des
analogies très plausibles, des reconstitutions satis-
faisantes.
— 40 —
Les magistrats municipaux d'Aquae-5v?xtiae n'ont
pas livré leurs noms à l'histoire. Ils aimaient peut-
être moins que ceux de notre temps à faire graver
leurs noms sur des plaques comraémoratives.
M. Clerc cependant nous révèle l'existence d'un
certain M. Cominius ^milianus qui, chevalier
Romain, né à Nîmes, eut à remplir les fonctions
de curateur de la colonie d'Aix ; ces curateurs
analogues à nos inspecteurs des finances étaient,
à la demande des villes à finances avariées, dési-
gnés par l'Empereur pour essayer de ramener Tor-
dre dans la caisse municipale. On aimerait à
savoir, dit M. Clerc, quelles circonstances avaient
amené au ir siècle les magistrats d'Aix à deman-
der à l'Empereur l'envoi d'un curateur ? Grands
travaux ou distribution gratuite aux électeurs ?
N'ayons pas plus que M. Clerc l'indiscrétion de
le rechercher, mais constatons avec philosophie la
vérité du vieux proverbe : A7/ novi sub sole.
M. Clerc fait revivre encore pour nous quelques
citoyens d'Aquae-Sextiae : un avocat Aixois, Marcus
Junius Rufus Pythyon, établi à Rome ; — permettez-
moi de saluer au passage ce très-ancien confrère ; —
Sextus Publicius, fabricant d'étoffes, et pompier ;
et enfin le plus ancien négociant d'huiles connu
de la ville d'Aix, L. Julius Fuscus, qui avait créé
à Rome un comptoir où il vendait l'huile récoltée
j
— 41 -
dans ses domaines de Provence. Si nos conci-
toyens avaient le génie de la réclame commerciale
aussi développé que certains négociants, dit-on,
d'une petite ville de ma connaissance, je ne serais
pas autrement surpris de voir bientôt sur des cir-
culaires : Ancienne maison Julius Fuscus, fondée
au iV siècle : X. successeur.
M. Clerc consacre enfin un chapitre aux cultes
indigènes et romains, et termine par quelques
aperçus sur Aix chrétien et les origines du chris-
tianisme dans notre ville.
L'ouvrage est enrichi de planches documentaires
abondantes et nettes. On sent que M. Clerc a soi-
gné tous les détails de ce travail sur Aquae-Sextiœ
avec un soin particulier, et j'allais dire avec amour.
Après avoir donné le meilleur de son esprit à
l'étude de notre vieille ville, il n'était pas possible ,
qu'il ne finit par lui donner un peu de son cœur.
Tel est le rapport que je vous devais sur le
concours du Prix Mignet.
Les conditions imposées par le fondateur du
prix, ne nous permettaient de récompenser qu'un
1
I concurrent, le prix étant essentiellement indi-
ble.
lais tous ont droit à notre reconnaissance :
lie que soit l'époque qu'ils aient étudiée, à quel-
point de vue qu'ils se soient placés, historiens,
ste, poète, tous nous ont fait mieux connaître
re ville, et nous ont ainsi permis de la mieux
SUR LES
PRIX DE VERTU
RAMBOT, REYNIER & HENRIETTE RAYON
ET LES
Pensions Onvriéres IRMA HOREAU
PAR
M. le Comte de MOUGINS ROQUEFORT
Mesdames,
Messieurs,
De toutes les prérogatives dont s'honore n©tre
compagnie, la plus noble assurément et la plus
délicate, est celle qui consiste à rechercher et à
couronner la vertu.
Sans doute, il est flatteur d'avoir, comme le
portent nos statuts, à entretenir le feu sacré sur
l'autel dédié aux sciences, aux lettres et aux arts ;
de correspondre avec les centres savants du monde
entier, d'être élevé à la dignité d'arbitre dans les
joutes littéraires auxquelles président les grandes
ombres de Thiers et de Mignet ; et je n'ai garde
de risquer, sur le sacerdoce s'exerçant dans le do-
maine intellectuel, une insinuation désobligeante.
-. 44 -
Mais, remarquons-le, les œuvres de Tesprit,
comme les créations artistiques, portent en elles-
nifMnes leur rayonnement ; elles s'imposent aux
foulas, traînant souvent après elles un cortège
brillant de rémunération et parfois de gloire.
Sciences, lettres et arts, allais-je dire, ce sont
choses humaines : dans la vertu, j'aperçois en plus
l'étincelle divine. L'ombre et la modestie, qui en
forment le meilleur attrait, en sont aussi le premier
élément; elle fleurit d'être ignorée, et le cœur est
la source, généreuse entre toutes, d'où elle jaillit
spontanément.
Et voilà pourquoi j'estime la plus noble la mis-
sion de proclamer la vertu. Voilà pourquoi je donne
le pas aux qualités morales sur celles de l'intelli-
gence, et pourquoi, dans le néant des choses
humaines, suivant la belle pensée de Lacordaire,
j'aime mieux adorer la poussière du cœur que la
poussière du génie.
Messieurs, s'il fallait prendre ici le mot vertu
dans son sens usuel, il serait au moins étrange de
voir de fragiles créatures, de misérables pécheurs,
dont le plus sage, au dire de l'Esprit-Saint, tombe
sept fois par jour, s'ériger en juges de la morale,
et, fussent-ils académiciens, décerner des couron-
nes qui, parfois, siéraient fort mal à leurs propres
fronts.
— 4o —
Lorsque Edouard Aude, dans une causerie ré-
cente, se plaisait, avec cette verve dont il a le
secret, a évoquer le joli discours que les prix de
vertu eussent inspiré au bon roi René; il avait
soin d'ajouter que l'estime en laquelle ce prince
tenait la sagesse, plutôt que la pratique qu'il en
faisait, lui eussent ouvert les portes de notre com-
pagnie.
Voilà, certes, un précédent sans réplique dans
le sens de ma thèse, à savoir que Ton peut être
rapporteur très qualifié et très apprécié du concours
de sagesse, sans qu'il soit indispensable de montrer,
pour cela, patte blanche ou robe d'hermine.
Et moi-même. Mesdames, si le périlleux honneur
m'incombe aujourd'hui de vous adresser la parole
et de disserter sur la vertu, ne pensez-vous pas que
ce soit un peu pour mes péchés ?
Gardons-nous donc de donner au mot vertu un
sens trop spécial. Tout en ne séparant point de sa
conception ce respect de la dignité humaine, dont
l'honnête homme ne se doit jamais départir, et que,
sans faire d'incursion dans le domaine de la cons-
cience, nous exigeons toujours de nos lauréats,
prenons-le dans une acception plus large. Avec
Cicéron, le définissant dans ses Tusculanes, et le
faisant dériver du mot vir, voyons-y la force plutôt
que l'innocence gardée ou reconquise ; cherchons-
- .iG -
y ce souffle vivifiant qui élève l'homme au-dessus
de lui-même ; saluons en lui cet effort persistant
dans le bien, effort généreux autant que désintéressé,
que ne rebutent, ni l'ingratitude, ni les difficultés
de la vie, effort d'autant plus méritoire qu'il est,
chez certaines âmes, de tous les jours et de tous
les instants, effoi't dont l'effet se traduit en fruits
merveilleux de sacrifice et de dévouement, et qui
réalise dans toute sa plénitude le précepte évangé-
lique : « Aimez-vous les uns les autres ».
C'est la vertu ainsi entendue, la vertu se mani-
festant par des actes, qu'ont voulu exalter les ému-
les de Monthyon dont le nom reste justement
vénéré dans cette enceinte et dans notre cité. C'est
à eux, à Rambot,à Reynier, à Mesdemoiselles Hen-
riette Rayon et Irma Moreau, à Madame Nègre,
que notre souvenir reconnaissant doit aller tout
d'abord ; et, dans ce palmarès des mérites, c'est à
eux, si vous le voulez bien, que nous décernerons
les premiers lauriers.
L'acte généreux de Rambot, léguant à l'Acadé-
mie, voici bientôt 65 ans, une rente annuelle de
545 francs pour récompenser les actes de courage,
les soins donnés à la vieillesse et à l'enfance aban-
données, a eu de nombreux imitateurs.
^- i
— 47 —
En même temps que les donateurs, les candidats,
naturellement, ont essaimé.
Il y a dix ans à peine, la moyenne des demandes
présentées chaque année à Texamen de votre
commission atteignait une douzaine environ. De-
puis les libéralités de M"* Moreau, ce chiffre dé-
passe 80 ! Plus de 80 candidats pour 6 ou 7 cou-
ronnes !
Et pourtant, malgré tout ce qu'il présente de
délicat et de rebutant, l'examen de ces dossiers
apporte à l'âme un grand réconfort. La part faite
des éliminations qui s'imposent à première vue ou
après enquête, l'ivraie séparée du bon grain, il
reste encore au maître une imposante moisson,
moisson de charité et parfois d'héroïsme, levée et
mûrie au chaud rayonnement de l'esprit chrétien,
statistique consolante et bien propre à justifier
notre espoir dans le relèvement et dans le salut
de la patrie, puisque ces dix justes, que l'Eternel
demandait en vain pour sauver les villes maudites,
sont, aujourd'hui, devenus légion.
- 48
PRIX RAHBOT
Pour le prix Rambot, indivisible, un nom se
détache très nettement du groupe, celui de Marius
Paulin For tou,
Fortou est né à Aix en 1844. Ses états de ser-
vice tiennent vraiment du prodige. En lisant le
rapport qui nous en a été adressé, je croyais voir
revivre l'originale figure de cet héroïque Le Car-
dunois, burinée par Bisson il y a quelques vingt
ans, de ce terre-neuve toujours prêt à affronter le
danger, j'allais dire à le susciter, pour avoir une
occasion de plus de donner cours à ses généreux
instincts.
A peine âgé de 1 5 ans, Fortou sauve, au péril
de sa vie, son camarade, le jeune Laugier, sur le
point de se noyer dans l'Arc.
Messieurs, lorsque j'exposais en séance ce pre-
mier trait de bravoure de notre candidat, j'eus le
regret de voir un sourire se dessiner sur les lèvres
de quelques-uns de nos collègues, sourire qui signi-
fiait clairement : Vraiment le beau mérite I Comment
diable peut-on se noyer dans l'Arc ! — En même
temps, un lettré, nourri d'Hégésippe, et hanté
r
- 49 -
par le souvenir de la Voulzie, murmurait à mon
oreille : TArc !
Ud tout petit ruisseau coula Dt visible à peine ;
Un géant altéré le boirait d*une haleine ;
Le nain vert Obéron, jouant au bord des flots,
Sauterait par-dessus sans mouiller ses grelots.
Froissé d*une critique qui, si discrète fut-elle,
ravalait, en même temps que le mérite de mon
héros, le prestige de notre petit fleuve aixois en-
core auréolé de la victoire de Marius, j'eus à cœur
de réhabiliter et le cours d'eau et le sauveteur, et,
faisant appel à mes souvenirs de jeunesse, je par-
vins à démontrer sans peine les dangers très réels
que présente TArc, soit au gourg de la Grande
Roque, théâtre du sauvetage opéré par le jeune
Fortou, soit au gourg de Martelly, soit en d'autres
points bien connus des riverains pour avoir causé
plus d'un accident mortel. Le fait méritait donc, à
tous égards, d'être retenu et souligné.
Aussi bien, Messieurs, cet épisode de l'Arc,
n'est-il, si j'ose m'exprimer ainsi, qu'une goutte
d'eau dans cette mer sillonnée des exploits de
Fortou.
Quelques années après, nous le retrouvons ma-
çon à Gardanne. Un soir d'été, des garnements
chuchotent à son oreille qu'ils viennent d'enfumer
dans une meule de paille, où il est endormi, un
- 50 -
diemineau fort mal vu dans le pays, et qu'il va
être asphyxié. Sans doute, la victime est peu inté-
fessante, mais il s'agit de la vie d'un homme, et
Fortou, courant sur le théâtre de la sinistre plai-
santerie, arrache le misérable à une mort certaine.
A maintes reprises, il arrête des chevaux em-
ballés, et porte encore, à l'avant-bras droit, une
luxation contractée dans l'un de ces sauvetages,
blessure dont il souffrit longtemps et dont il res-
sent encore les effets.
Sa réputation de courage bien établie le désignait
pour faire partie de cette phalange d'hommes éner-
giques chargés d'assurer l'ordre et de protéger les
citoyens. Sous la tunique de Tagent de police,
Fortou va montrer encore des qualités hors de pair.
Un pauvre fou jouissant d'une certaine fortune,
se croyant en butte à d'imaginaires rancunes et aux
coups de la fameuse bande de Lataille qui, à cette
époque, terrorisait la région, s'était enfermé dans
une villa louée au cours de la Trinité. Ne pouvant
joindre ce maniaque dangereux, que l'on savait
armé et capable de tout, l'autorité, pressée d'en
finir, envisageait l'une de ces extrémités, de le
réduire par la famine, ou de démolir la maison.
Fortou revendique les risques d'une solution moins
radicale ; il étudie le terrain, se fait enfermer un
soir, par surprise, dans ce nouveau fort Chabrol
J
r
** a
— Ol —
semé de guet-apens ; il se dissimule derrière une
porte, et, au moment où le forcené paraît, il bondit
sur lui et s'en rend maître. Cet exploit, encore pré-
sent à la mémoire des vieux aixois, fut apprécié
des chefs de Fortou au point de lui valoir une
gratification de looo francs.
Beaucoup d'entre vous se rappellent certaine-
ment rémoi soulevé à Aix, il y a environ 30 ans,
par les agissements d'un autre maniaque insaisis-
sable, qui, le soir, à la nuit tombante, guettant les
dames à la sortie des églises, s'amusait à asperger
leurs manteaux de vitriol. Nos gracieuses conci-
toyennes étaient terrorisées, et les dommages se
répétaient sans que l'on put découvrir le coupable.
Fortou se pique au jeu ; il se met en observa-
tion, et remarque les allures équivoques d'un
homme très correctement v^tu. Bien qu'il n'ait pu
le prendre en flagrant délit, sa conviction est faite.
Il engage la conversation avec lui, l'entraîne au
café, et; subitement, le met en état d'arrestation et
lui passe les menottes. Malgré ses entraves, le
prisonnier parvient à saisir un des flacons dont il
était porteur, et asperge le brave agent dont les
vêtements furent brûlés, et dont le flair se trou-
vait ainsi péremptoirement démontré. J'ajoute que
l'enquête reconnut dans le coupable un interne de
l'hôpital, coutumicr de méfaits analogues, et <iue,
- 52 —
à la suite de ce coup de maître, qui produisit dans
Aix un véritable soulagement, Fortou fut nommé
sous-inspecteur.
Je passerai rapidement sur les détails du rôle
qu*il joua lors du cambriolage de la maison
Oneille, poursuivant à pied et la nuit, depuis Aix
jusqu'à Septèmes, les trois malandrins, auteurs du
vol, qui, grâce à lui, furent capturés au soleil le-
vant ; et, pour mémoire seulement, je note le cou-
rage qu'il montra en se faisant descendre dans un
de ces puits particulièrement sombres et perfides,
comme en contiennent encore nombre de vieilles
maisons, et d'où il fut assez heureux pour retirer,
au péril de sa vie, un musicien en rupture de trom-
bone ou de grosse caisse, qui venait de s'y pré-
cipiter pour échapper aux rigueurs de l'autorité
militaire.
Aussi bien ai-je hâte de vous montrer Fortou
sous un jour qui l'honore, à mon avis, plus encore
que tous ses exploits.
La conscience rigoureuse et la bravoure qu'il
mettait à accomplir ses devoirs professionnels
n'excluaient chez lui ni la bonté, ni un sens très
juste de la haute mission que confère toute magis-
trature. Des vagabonds avec lesquels il avait été
en contact, et qu'il jugeait moins coupables
qu'égarés, lui durent leur réhabilitation morale et
r
- 53-
leur retour au bien. L'un d'eux, au sortir du poste,
fut placé, par ses soins, chez le marbrier Bastard,
se maria, et devint aussi bon père de famille qu'il
s'était révélé habile ouvrier.
Un autre de ses clients, polonais d'origine, il
s'appelait Mierzkowski, lui sembla digne d'intérêt,
et fut sauvé par lui de la chute irrémédiable.
Malgré le peu de crédit que pouvait inspirer son
passé, Fortou crut à son repentir, lui avança de
l'argent pour le rapatrier, et le fit entrer à l'hôtel
Nègre-Coste où ses maîtres n'eurent qu'à se louer
de lui. Des lettres que j'ai eues sous les yeux, éma-
nant des parents du jeune homme, attestent, en
même temps que leur reconnaissance, toute l'éten-
due du service rendu.
De tels actes. Messieurs, me semblent se passer
de commentaire. J'aurai terminé si j'ajoute que,
pendant l'épidémie cholérique de 1884, Fortou fut
délégué auprès des moribonds pour obtenir d'eux
certains renseignements relatifs à leur état civil,
et qu'il remplit cette mission périlleuse avec le
même sang-froid, avec le même esprit de devoir
dont vous le savez coutumier ; et vous applaudirez
avec moi au jugement de l'Académie accordant à
cet homme brave, qui est aussi un brave homme,
avec ses félicitations les plus chaleureuses, le prix
Rambot de 545 francs.
— 'i» —
rSIÏ KET.^IEB
Plus modeste, mais non mcins admirable est
1 histoire de Thérise Costc.
Elle a été contée souvent dans cette en je: nie.
1 an dernier encore lorsque, sur le rapport ému de
mon confrère Audinet. vous couronniez Jjjane
Bimet.
C'est l'histoire de ces humbles ser\antes qui
s'attachent pour la vie à un foyer, qui. non con-
tentes, quand arrivent les jours sombres, de servir
leurs maîtres sans en espérer aucune rétribution,
poussent le dévouement jusqu'à sacrifier pour eux
leurs modestes économies. Messieurs, Dieu seul
sait à quel taux sont faits de tels placements : si
Lui seul peut récompenser une abnégation si
grande, c'est pour nous une satisfaction très douce
que de vous la sigUciler en la saluant bien bas.
Thérèse Coste est née à Venelles en 1848
d'humbles cultivateurs. Elle perdit sa mère de
bonne heure, et fut confiée, par son père, aux sœurs
de Saint- V^incent-de-Paul d'Aîx. Appréciant les
heureuses dispositions qu'elle manifestait déjà, ses
bienfaitrices la firent entrer, à sa majorité, dans
— oo —
une famille des plus honorables et des plus aisées
de notre ville. Thérèse s'attache à ses maîtres et
les suit à Grasse et dans leurs diverses résidences.
Entre temps, la fortune du ménage a sombré; les
gages cessent d être payés ; le dévouement de
Thérèse ne se dément pas. Pendant plus de vingt
ans, sans avoir à attendre d'autre récompense que
le témoignage de sa conscience, sans écouter d'au-
tre impulsion que celle de son cœur, elle continue
à ses maîtres des soins rendus plus rebutants en-
core par les infirmités du mari qui finit par suc-
comber. La situation pécuniaire, aggravée par la
maladie, est devenue critique. Pour venir en aide
à ceux qu elle considère comme les siens, Thérèse
n'hésite pas à faire abandon des quelques écono-
mies réalisées par elle dans les jours heureux, en-
viron quatre mille francs. Ce n'est qu'après avoir
fermé les yeux de sa maîtresse qu'elle quitte enfin
ce foyer auquel elle a sacrifié plus de quarante ans
de sa vie.
Un dévouement aussi complet, un désintéres-
sement aussi généreux, ne pouvaient passer
inaperçus.
Des âmes charitables les ont signalés, deman-
dant pour Thérèse, moins les secours matériels,
bien nécessaires pourtant, que la consécration de
SCS héroïques vertus. Dépassant les limites de la
- :i6 —
province, leur appel a été entendu jusque sous la
coupole de l'Institut par TAcadémie Française, qui,
appréciant les mérites de Thumble servante de
Fayence, Ta couronnée, Tan dernier, en scr.nce
publique.
Notre compagnie. Messieurs, s*honore de suivre
un tel sillage, et décerne, à son tour, à Thérèse
Coste, une somme de 400 francs sur le prix
Revnicr.
Les époux Constant, de Rians, arrivent en se-
conde ligne dans la répartition da même prix
Reynier divisible, les actes de vertu signalés par
leur dossier nous ayant paru méritoires entre tous.
Hilarion Constant et sa femme appartiennent à
cette race de cultivateurs probes et laborieux qui
sont rhonneur de nos campagnes. Dans les envi-
rons de Rians, où est située la ferme qu'ils exploi-
tent, la culture de la terre est particulièrement
ingrate, et c'est littéralement à la sueur de son front
que le laboureur doit gagner son pain. Bien que
dénués de toutes ressources en dehors de leur tra-
vail, les époux Constant tiennent à honneur de
partager ce pain avec plus infortunés qu'eux.
r
— 57 -
En 1901, un valet, loué au mois, les quitte brus-
quement, leur laissant, pour tout gage, un enfant de
5 ans, le jeune Gonibert, qu'il n'avait même pas
songé à doter d'un état civil. Madame Constant
n'hésite pas à recueillir le pauvre orphelin, et,
pendant 13 mois, lui prodigue les soins les plus
maternels, lui sauvant véritablement la vie, comme
le constate un certificat du médecin, comme il le
reconnaît lui-même dans un témoignage de grati-
tude joint au dossier, et conçu dans des termes
dont la naïveté touchan-te est le meilleur garant
de sincérité.
En 19 10, un pauvre cheminot, nommé Agnelly,
homme d'équipe à Rians, perdait sa femme, restant
seul avec deux garçons, le plus jeune à peine âgé
de sept mois. Lui-même tombe gravement malade
à l'hospice de Rians, se demandant avec angoisse
ce que vont devenir les enfants. Un bon ange
accourt à son chevet ; c'est Madame Constant.
Emue de la douleur du pauvre père, n'écoutant
que son cœur, elle lui propose de se charger du
dernier bébé jusqu'à sa guérison. Elle achète une
chèvre, nourrit l'enfant au biberon, s'attache à lui
comme s'il eut été son propre fils, si bien qu'elle
réclame comme une faveur de le garder auprès
d'elle après le rétablissement d'Agnelly, si bien
qu'il est encore aujourd'hui auprès de ses parents
i
~ o8 -
adoptifs, les appelant, nous dit-elle elle-même,
elle « maman » et son mari « papa)^. Cependant,
le vrai père, fixé, par son service, à l'extrémité
opposée du département, et gagnant avec peine
sa propre vie, est trop heureux de laisser le bébé
entre les mains de celle dont il ne peut payer
le dévouement que par sa reconnaissance. Aussi
bien, Messieurs, ne la lui ménage-t-il pas. Avec
tous les gens du pays, il proclame très haut que
son fils doit la vie aux époux Constant, et qu'il est
admirablement élevé par eux. Comme lui, comme
tous les témoins de la grande charité de ces hon-
nêtes cultivateurs, nous estimons qu'une fraction
du prix Reynier, évaluée à 300 francs, ne peut être
mieux placée qu'entre leurs mains.
La dernière part des 300 francs restant sur le prix
Reynier est attribuée à Marie Bouchet, pour soins
donnés à sa sœur infirme et à ses nièces recueillies»
par elle après la mort de leur mère.
- 59 -
VniX €RE£ PAR MUe RAYOIV
Pour une Jeune Fille dont l'Académie a distingué les mérites
On connaît l'amusante boutade d'Alexandre
Dumas : « Je veux bien, disait-il, qu'une femme
soit honnête, mais je tiens à ce qu'elle soit belle
pour avoir quelque mérite à être honnête ».
Messieurs, la même idée hantait visiblement
l'esprit de M"' Rayon lorsqu'elle institua cette rente
de 275 francs, qui nous occupe maintenant, pour
une jeune fille dont elle laissait à l'Académie le
soin de « distinguer les mérites ».
La pensée maîtresse de son testament peut se
résumer ainsi : « Je veux bien qu'une femme soit
vertueuse, mais je tiens à ce qu'elle soit jeune,
pour avoir quelque mérite à être vertueuse ».
L'équivoque n'est pas possible : le légataire selon
le cœur de la donatrice, c'est cet être délicat et
charmant que l'on nomme une jeune fille. C'est
Mireille, à l'heure de ses premiers émois. C'est
Marie-Madeleine, parvenue « à l'âge des confiances
et des rêves, des sourires et des élans ingénus ».
C'est Eugénie Grandet, « encore sur la rive de la
- GO -
vie i)ii fleurissent les illusions enfantines, où se
cueillent les marguerites avec des délices plus tard
inconnues ». C'est Graziella, « éclose comme d'un
rêve de poète pendant le léger sommeil d'une
nuit d'été >. C'est, Messieurs, celle à qui chacun de
nous a dressé des autels au printemps de sa vie,
celle dont le charme discret vient, parfois encore,
illuminer notre automne.
Entre toutes les femmes privées des avantages
de la fortune, et recommandables par la pureté de
leurs mœurs. M"* Rayon a donc opté pour Mireille
et pour Graziella.
Elle sait que la même sève généreuse coule, à
vingt ans, dans les veines de la fille du peuple et de
la patricienne ; que le même désir de bonheur vibre,
également impérieux, sous la toile grossière et sous
le riche brocart. Elle sait combien le devoir est
particulièrement difficile et rebutant à Tâge où le
plaisir se profile plein de séductions, et c'est la
fidélité au devoir, la persévérance dans le bien,
l'oubli de soi-même qu'elle veut récompenser dans
les milieux modestes où la lutte pour la vie ne
pourra, le plus souvent, laisser, pour la jeune fille,
aucune place aux satisfactions même les plus légi-
times.
Peut-Mre estimait-elle que ses libéralités, en
fournissant un petit trousseau, faciliteraient un
r
- 61 -
honorable établissement à celle que ses mérites
auraient ainsi distinguée... Peu importe d'ailleurs
les motifs dont s'inspire la testatrice : ce qu'il nous
faut retenir, c'est qu'elle désigne une « jeune fille ».
Or, Messieurs, soit, je le reconnais, pénurie très
réelle de candidats, soit, comme^-l'insinuait, Tan
dernier, votre rapporteur, que la jeunesse soit
chose relative, soit encore, chez nos collègues,
excès de galanterie dont j'aurais mauvaise grâce à
leur faire un crime, il faut bien le constater, pres-
que cbnstamment, depuis sa fondation, le prix
Rayon a été décerné à l'âge mûr : notre lauréat de
1912 notamment, recommandable, cela va de soi, à
tous égards, ne comptait pas moins de 59 prin--
temps : c'était d'ailleurs la plus jeune de nos
candidats !
Un des membres de la Commission, un juriste
grincheux, chercheur de la petite bête, comme ils
le sont tous dans la basoche, frappé de cet état de
choses, se demanda si les intentions de M"® Rayon
étaient bien remplies, ou, tout au moins, si elles
ne comportaient pas une application plus littérale.
De ce scrupule est né la candidature de M"® Pellis-
sier, dont il faut que je vous parle enfin.
Le juriste grincheux fit, dans le milieu des œu-
vres, quelques appels discrets. Ceux-ci étant restés
sans écho, il s'adressa à la source autorisée entre
— G% -
toutes. Il alla frapper à la porte du pieux asile où
de saintes femmes, coiffées de la cornette blanche,
ayant renoncé au monde, ne vivent que pour sou-
lager les malheureux, visiter les malades, élever
les orphelins. En contact permanent avec le peu-
ple, pénétrant dans toutes les mansardes, si elles
connaissent toutes les misères, elles peuvent appré-
cier tous les mérites ; et, quand on leur demanda
de désigner, dans les milieux qui leur sont fami-
liers, la perle rêvée par M"^ Rayon, un nom sortit
de leurs lèvres dans un élan spontané, un dossier
fut formé par elles, immédiatement appuyé des
signatures les plus honorables, celui de M"® Pélis-
sier.
Née à Gap en 1888, Marie-Louise Pellissier a
aujourd'hui 24 ans. Avec la mort de son père, la
gêne entra dans la famille jusque là fort aisée. A
sa sortie de Torphelinat de Saint-Vincent-de-Paul,
où sa conduite fut toujours exemplaire, la jeune
fille dut entrer en condition, et fut placée dans une
des familles les plus recommandables de notre ville.
Que vous dirai-je d'elle ? Sans doute, Messieurs,
Marie-Louise Pellissier n'a jamais arrêté de chevaux
emballés ; je ne sache pas qu'elle se soit jamais
jetée dans un puits, ni même dans l'Arc, pour sauver
son prochain ; elle n'a point élevé de nombreux
enfants ; elle n'a point fait parler d'elle ; et ccpen-
~ 63 -
dant SCS rares mérites se sont imposés à notre
attention.
Elle est la providence de son foyer dans l'ac-
ception la plus vraie du mot. Sa mère, infirme, ne
vécut longtemps que des secours qu'elle rece-
vait d'elle. Son frère, immobilisé à la suite d'un
accident de travail, et sans moyens d'existence, fut
à sa charge pendant plusieurs mois. Depuis sept
ans, c'est elle qui, soit à Gap, soit à Aix, paie, à
l'orphelinat, la pension de sa plus jeune sœur, ne
gardant rien pour elle des fruits de son labeur, au
point d'encourir les affectueuses remontrances
de sa maîtresse justement préoccupée de son
avenir.
Pour épargner sa modestie, je tairai les éloges
recueillis sur elle auprès de tous ceux qui la con-
naissent. Vous me ferez crédit d'arguments plus
précis SI je vous affirme qu'elle est sage autant
qu'honnête.
En la voyant tout à l'heure, vous jugerez que
toutes les bonnes fées ont entouré son berceau, et
vous estimerez, avec nous, qu'en la couronnant,
l'Académie couronne la jeune fille, chère entre
toutes, au cœur de M^*^ Rayon.
— G4 -
PENSIONS IRMA MOREAU
Par suite des vacances récemment survenues,
nous avons à distribuer, cette année, trois des pen-
sions dues à la générosité de M"® Irma Moreau.
Etant données les demandes toujours plus nom-
breuses dont l'Académie est saisie à ce sujet, et
pour expliquer la mentalité qui préside à ses déci-
sions, je rappellerai très brièvement les désirs de la
testatrice tels qu'ils nous étaient exposés, une fois
de plus, au début de nos travaux, par le dépositaire
de ses dispositions testamentaires, et l'interprète le
plus autorisé de sa pensée.
S'inspirant du précepte divin : « Croissez et mul-
tipliez-vous », animée des préoccupations sainement
patriotes qui ont créé, autour du nom de feu M. le
sénateur Piot, une notoriété de bon aloi. M"* Mo-
reau a voulu que la meilleure part de ses libéralités
fut consacrée à venir en aide aux pères et mères
nécessiteux ayant de nombreux enfants, sous cette
réserve que ces enfants reçussent une éducation
chrétienne, et qu'eux-mêmes, parents, fussent d'une
honnêteté notoire.
— 65 —
Ce que M^^* Moreau a voulu favoriser avant tout,
c'est cette cellule primordiale de la société, appelée
la famille, la famille avec sa couronne de rejetons
qui en sont Tauréole, mais aussi le fardeau pendant
les années de l'enfance. M"® Moreau avait un sens
très juste des charges dont les enfants jetmes grè-
vent le foyer, et son désir de contribuer à alléger
ces charges s'impose à l'Académie d'autant plus
impérieux, d'autant plus justifié, que le fléau du
malthusianisme et de la dépopulation se dresse,
pour la patrie, comme un danger de jour en jour
plus menaçant.
Sans doute, M"® Moreau nomme, en seconde
ligne, les ouvrières âgées et infirmes, si dignes
d'intérêt, elles aussi.
L'Académie ne saurait l'oublier. Elle met en
réserve la part de ces pauvres filles, et, très per-
plexe lorsqu'il s'agit de faire un choix au milieu
4
de tant de misères, de tant de besoins réels,
appuyés de non moins réels mérites, lorsque,
parmi 40 candidats et plus, il s'agit de désigner
relue, elle a pris pour règle, à égalité de titres,
de jeter le poids des ans dans le plateau de la
balance, et de régler sa décision sur les indications
du fléau.
— GG —
Et voilà comment elle distingue aujourd'hui, pour
la pension de la deuxième catégorie, KT^* Marie
Guieti âgée de 82 ans.
M*^*^ Guiet, malgré ses revenus modestes, dus
uniquement à son travail, a élevé trois neveux et
nièces orphelins, auxquels elle s*est attachée au
point de renoncer à tout établissement pour se
mieux consacrer à cette pieuse tâche. Elle a pro-
digué à sa sœur infirme les soins les plus dévoués.
A peine ai-je besoin d'ajouter que son état de santé
est, aujourd'hui, des plus précaires, qu'elle ne dis-
pose d'aucune ressource, et que, par ailleurs, la
scrupuleuse probité de toute sa vie la désignent
suffisamment à nos suffrages.
Vous approuverez également, j'en suis sûr, l'at-
tribution des pensions de la première catégorie
faite à la veuve Demaria et à M"** Célestin Phi/
iiberti mères toutes deux d'une nombreuse famille.
En pénétrant, rue des Tanneurs, chez Fany De-
maria, on pénètre bien réellement dans la man-
sarde du pauvre. Restée veuve, de bonne heure,
avec six enfants, dont l'aîné avait 14 ans à peine,
Fany Demaria ne dispose, pour nourrir tout ce
petit monde, d'autres revenus que ceux qu'elle tire
de son métier d'empailleuse de chaises, et sa bonne
— 67 -
volonté n'y suffirait pas, si la charité privée ne lui
venait discrètement en aide. Sa situation extrême-
ment intéressante, sa conduite exemplaire attestée
de la façon la plus irrécusable, le soin tout parti-
culier qu'elle apporte à élever chrétiennement ses
enfants, ont fixé le choix de TAcadémie, bien cer-
taine d'interpréter la pensée de H"® Moreau en
inscrivant cette digne mère de famille pour une
pension de 200 francs.
M*^"" Célestin Philiberti à qui nous attribuons la
dernière des pensions vacantes, a, elle aussi, tous
les titres à nos suffrages.
Rien de plus tristement édifiant que l'histoire
de cette pauvre femme. Son mari, modeste culti-
vateur dont le travail faisait vivre la famille, perd
accidentellement un œil, et ne tarde pas à devenir
complètement aveugle au moment où sa compagne
allait mettre au monde son huitième enfant. Le
courage de M°* Philibert est à la hauteur des maux
qui Taccablent. Pour nourrir tout ce petit peuple,
auquel ne tarde pas à s'ajouter une vieille mère
infirme, Joséphine Philibert fait des ménages, lave
des lessives, veille des malades, raccommode jusqu'à
une heure avancée de la nuit.
Ce n'est pas tout. Elle trouve le moyen, entre ses
nombreuses couches, d'allaiter encore sept autres
— 68 - - ^
enfants, et de ces quinze bébés, nourris de son
lait, elle n'a pas perdu un seul, « fait bien digne
de récompense, comme le remarque justement
l'auteur du mémoire qui nous a été soumis, car il
affirme la vigilance, la propreté, en un mot le mé-
rite de cette admirable femme du peuple >.
Non contente de donner à ses enfants le pain
de chaque jour, Joséphine Philibert les élève en
bonne chrétienne qu'elle est, veille sur leur mo-
ralité, cherche à leur inculquer les principes de
probité et de foi qui ont été son soutien dans
répreuve et la règle immuable de toute sa vie.
A sa bienfaitrice, elle avoue n'avoir pas sur la
conscience le moindre bout de savon, et cependant,
ajoute-t-elle, « c'était ce qui lui faisait le plus de
besoin après le pain ». — Le pain qu'elle se refu-
sait parfois à elle-même ! racontant encore, dans
un naïf élan de confiance : « Quand je vois tous
mes petits manger si fort, je me prive, car çà ferait
un kilog de plus à la fin du mois ».
Voilà, Messieurs, l'admirable femme pour la-
quelle, se faisant Técho de la voix publique, une
plume élégante, inspirée par un grand cœur, de-
mandait un prix de vertu.
L'Académie a estimé cette distinction insuffi-
sante. Adoptant les motifs de son avocat, mais
allant au-delà de ses conclusions, elle a pensé
r
- 69 —
qu'une pension Irma Moreau, dont la mère de
famille jouira jusqu'à ce que le dernier de ses
enfants ait atteint l'âge de i8 ans, pouvait seule
récompenser, dans une certaine mesure, tant de
dévouement, et apporter un peu d'aide à ce foyer
si intéressant.
Elle inscrit M"* Philibert sur son grand livre
pour une rente annuelle de 200 francs, en y joi-
gnant des éloges que je me sens très inhabile à
exprimer.
Messieurs, votre rapporteur a terminé sa tâche.
Il n'aurait plus qu'à se taire, si, mu par un mobile
bien humain, auquel vous serez indulgents, il ne
vous avouait tout bas convoiter, lui aussi, pour
son salaire, sa modeste part des lauriers si large-
ment distribués.
Lorsqu'il fit, à l'Académie Française, la fondation
généreuse qui rendit son nom immortel, M. de
Monthyon, connaissant le prix du travail et l'ari-
dité que présentent non seulement la pratique,
mais encore la recherche et la peinture de la vertu,
voulut que l'académicien, chargé du rapport, reçut
une indemnité pécuniaire égale au montant du
prix. Sous l'impulsion d'un sentiment désintéressé
qui les honore sans nous surprendre, ■ nos grands
- 70 -
confrères de l'Institut refusèrent, pour leur rap-
porteur, les avantages si galamment allouées.
Nul doute, Messieurs, qu'à la même offre, si elle
se fut produite, vos devanciers n'eussent répondu
par le même geste simple et digne.
Auv..: ' • ' , jîos prétentions sont-elles plus gran-
des ; notre ambition, en travaillant pour vous, se
hausse-t-elle bien au-dessus d'une misérable somme
d'argent.
En revanche, nous nous estimerions trop payés
de notre peine, et moi. Mesdames, tout le premier,
s'il m'était permis d'espérer que les chauds applau-
dissements dont vos jolies mains vont saluer
tantôt la vertu, pussent s'adresser, pour une part,
• '^'•'^'me ?oit-elIe, à celui, très indigne, qui s'est
- n p-in(lrc les attraits.
^
r
- 71 -
On a lu
Trois Sonnets et V € Hymne à la Jeunesse >,
par M. GuÉRiM-LoNG.
72
PRIX RAMBOT
Fondé en 4859, suivant testament olographe du 25
août 1858, pour récompenser les actes de dévouement,
de courage, de désintéressement, les soins donnés à la
vieillesse et à Venfance pauvre et abandonnée ,
Le prix Rambot de 545 francs, indivisible, a été
décerné à cinquante- cinq lauréats de 1860 à 1913 ;
Leurs noms ont été publiés dans les précédents^
Bulletins ; 7ious donnons ci-dessous la liste des dix
derniers.
Depuis 1904.
4904. M. Mathieu Jeauffret, Les Milles, commune
d'Aix.
4905. M. Louis-François Remusat, d'Aix.
4906. Mlle Victoria Rey, d'Aix.
4907. Mlle Ermance Mégy, d'Aix.
4908. M. Marius Dagard, d*Aix.
4909. Mlle Marie Rivière, d'Aix.
1910. Mlle Emilie SosPEL.
1912. M. Franc François, de Berre.
— Mme AuDiBERT Magdeleine.
1913. M. Paulin Fortou, d'Aix-
- 73 -
II
PRIX REYNIER
Ce prix de 1 ,000 francs a été fondé en 1865, par
testament olographe du 18 mars 1861, pour récom-
penser les actes les plus méritoires de dévoûment, de
fidélité et de secours au malheur, les soins désinté-
rcssés donnés aux infirmes et aux vieillards ainsi quà
l* enfance délaissée et pauvre.
Une partie de la somme est réservée pour les pères et
mères qui élèvent le mieux leurs enfants, c'est-à-dire,
d'une manière chrétienne, honnête et laborieuse.
Le prix Rvynier a été décerné à cent vingt-quatre
Lauréats de 1810 à 1915.
Comme pour le prix Rambot leur liste a été insérée
dans les précédents Bulletins ; voici celle des dix
dernières années
Depuis 1904.
4904 Mme veuve Chawut, née Lombard, à Aîx
» Mme Blanc, née Peloulier, les Pinchinats.
» Les époux Pepino» à Aix.
1 905 Mlle Thérèse Tempier, d* Aix.
» Mlle Marie Ambbrt, de Marcols (Ardèche)s
» Mme Ghuzin, à A^x.
4906 Mme veuve Hênault, née Gai, à Aix.
)» Mlle Augustine Socrate, à Aix.
» Mme veuve Diogène, née Boniu.
— 74 -
■
4 907 Mlle Julie Décory, à Aix.
» Mlle Aotoineite Constant, à Ais.
» Mlle Marie Jo»bcb, dite Marie Olite, à Aix.
4908 Mlle Léoncie Aibaud, à Aix.
» Mlle Eulalle Antonietti, d'Islres.
» Les époux BAtTHÉLBVT Gilles, à Aix.
4909 Mile Clémence Thomas, à Aix.
» Mlle Marguerite LfezB, à Aix.
» Mme veuve Dellt, à Aix.
4910 M. Joseph Granon, de Rogaes.
» M. Pernaud Aimacd, de Rognes.
4944 Mlle Henriette Brun, à Aix.
» Mme Akastat, née Ferrât, à Aix.
4913 Mlle BiVET Jeanne, à Aix.
» Mlle Anastat Nathalie, à Aix.
» Mlle NiBL Louise, à La Calade, près d' Aix.
» Mlle Mondons Eulalic, à Aix.
4913 Mlle Boucbbt Baptistinc, à Aix.
» Les époux Hilariok Constant, à Rians.
» MlleCosTE Marie-Thôrv-'C, à Ai\.
- 75 -
PENSIONS IRMA MOREAU
Ces pensions ont été fondées en 1899, par testament
de Mademoiselle Irma Moreau. du 7 janvier de la
même année, qui institue V Académie sa légataire
universelle. Elles consistent en une somme annuelle de
200 francs.
Elles sont destinées à offrir une récompense et procu-
rer un secours aux personnes particulièrement recom-
mandées par leur honnêteté et leur vertu notoires,
qui en seront tes plus dignes et qui devront être choi-
sies dans les catégories suivantes :
4"" Pères de famille veufs ou non , et mères de
famille veuves , connus comme gens malheureux et
nécessiteux, exempts d'ivrognerie et autres vices, ci
ayant au moins deux enfants ;
2^ Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie, ou
d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans l'impos-
sibilité de subvenir à leurs besoins.
V Académie a commencé à décerner ces pensions en
1902.
- 76 —
des pensions ouvrières
r* CATEGORIE [Pères et léres de famille)
4903. M. Fidèle BONTOUX, à Âix (5 eofanis
» Mme veuve BARXIER, née
Alexis, à Luynes (7 »
1904. Mme veuve Charles DES-
PLAS, de Castres (6 »
4 905. M. Victorin GIXIEZ, à Galice (8 »
1907. Mme veuve TEMPŒR, née
Tardieu (5 »
1908. Mme Pauline DEDIEU, née
Phaillon de St-Remy (7
» Les époux ABEL, de Riaos (10
1911. M. Autoine MICHEL, à
Septèmes (1 4
1913. M. CélesUn-Joseph PHILI-
BERT, époux BouzE, à Aix (8
n Mme Françoise - Emilie
TOURNEFORT, veuve
Dbmaru (12
»
»
>
- 77 -
1** CATEGORIE (OoTiiéref)
1902. Mme veuve JAUGERST, à Aix.
4903. Mme veuve POURCEL, née Fauque,
à Aix.
» Mme veuve BARBIER, uée Aurengb,
à Aix.
4908. Mlle Madeleine CHIEUSSE, à Arles.
» Mile Mathilde JOUYNE, à Aix.
4909. Mlle Antoinette BOYER, è Aix.
4940. Mlle Caroline GABALDA, à Aix.
4944 . Mlle Marie-Thérèse ISNARD, à Aix.
4942. Mme veuve GOYRA.ND Renée, née Laurens, au Puy*
Sainte-Réparade.
4913. Mlle Marlhe-Rosalie GUIET, à Aix.
— 78 -
IV
PRIX HENRIETTE RAYON
Ce prix de ST5 fr. a été fondé par Mademoùelle
Henriette Rayon, par testament du 26 décembrei
4906, pour récompenser une jeune fille dont le bureau
de l'Académie aura distingué les mérites.
Comme pour les autres prix Rambot^ Reynier et
Irma Moreau, la liste de ces prix sera insérée dans
le présent Bulletin.
L'Académie a commencé en 4909 a décerner ce
prix
Depuis 1909
1909. Mlle Hermînie C ALLIER, d'Aix.
1910. Mlle Marie NOUVERRONS, d'Aix.
1911. Mlle Léonline ROMAN, de Malijay.
191 2. Mlle Louise ARNAUD, d'Aix.
1913. Mlle Louise PELLI'-SIER, d'Aix.
-79-
V
PENSION V' NËGRE
Cette pension a été instituée par Madame Virginie
Fabre, veuve Nègre, décédée à Aix le 8 juillet 1908.
Par son testament du 16 juillet 1903, Madame
Nègre a fondé ce legs, en mémoire du sieur Fabre, son
père, qui était maçon. Il consiste en une pension ou-
vrière de 529 francs à décerner à un maçon, marié
ou non, avec ou sans enfant, ne pouvant plus tra-
vailler, d'une honnêteté parfaite et bien reconnue,
pour en jouir sa vie durant.
L Académie a commencé à décerner cette pension
dans la Séance Publique de 1910.
depuis 1910
1910. Henri SECOND, d'Aix, âgé de 85 ans.
- 80 -
VI
PRIX THIERS
Mademoiselle Dosne. en souvenir de son illustre
heaU' frère, M. Thïers, a fondé le prix que l Aca-
démie a l honneur de décerner.
Ce prix consiste en vne somme de trois mille fr.
à décerner tous les cinq ans, indivisible, pour un
ouvrage sur la Provence ou écrJ par un Provençal.
4907. M. Camille JULLIAN, membre de rinslilut,
à Paris.
i912. M. Z. ISNARD, archiviste en chef du déparle-
meot des Basses- Alpes, à Digne.
— 81 -
VII
PRIX KIIGNET
M. le Docteur Evariste Michel, désireux de
contribuer à la glorification de la ville d'Atx en
suscitant des travaux qui auront pour objet l'étude
de l'une des phases de son passé illustre, ou l'his-
toire de la vie et des œuvres de iun des hommes
Îui l'ont le plus honorée dans les sciences, dans les
eltres, dans les arts ; également pour rendre hom-
mage à la mémoire de son oncle, AI. Mignet, de
l'Académie Française, secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie des Saences Morales et Politiques, qui appar-
tenait aussi à l'Académie d'Aix, a fondé un prix
qui portera son nom. Le Prix Mignet, de la valeur
de 5,000 francs, sera donné tous les cinq ans, inté-
gralement, sans être jamais partagé, ni diminué,
ni ajourné sous aucun prétexte.
Pour la première fois, il sera accordé en 4915
et ne sera jamais décerné la même année que le
Prix T hier s.
I^lste des Lauréats
depuis 19 13
4913 M. Michel CLERC, professeur à la Facullé des Lctires
(ic rUniversité d'Aix-Marseille.
— (•) -
— 82 -
BUREAU DE L'ACADÉMIE
1912 - 1913
Président M. le C" de Bo5:^ecorse-Llbières.
Vice-Président M. A^*I!«ÀRD.
Secrétaire perpétuel, M. le Baron Gullibbrt.
Secrétaire annuel • . M. Gustave Reywaid.
Archiviste M. le Marquis d*Ille.
Bibliothécaire M. Edouard Aude.
Trésorier M. Mouratit.
TABLEAU
clés
MEMBRES DE L'ACADÉMIE
(Arrête en août 1913)
MEMBRES D'HONNEUR
MM.
Mistral Frédéric, C. ^ ^ »{4. Correspondant â mars 1863,
membre d'honneur le 6 juin 1899 ; à Maillane (B.-du-R.),
Pécoul Auguste, G. C. ï§*, archiviste paléographe. Corres-
pondant 5 mars 1901. Membre d'honneur 23 avril 1907 ;
à Draveil fSeine-et'Oise), et Boulevard de la Tour Maubourg^
3, à Paris.
Chaules-Roux Jules, C. ;^, ancien député. Associé régional
12 janvier 1883. Membre d'honneur 3 décembre 1907.
Rue Pierre-CharroYiy 12, à Paris.
Michel Evariste ^, docteur en médecine. Membre honoraire
21 février 1902. Membre d'honneur 14 janvier 1908. i?u«
de Clichijy 40, à Paris, et villa Mignet, à Aix.
S. Exe. M. Révoil Paul," C. ^, ambassadeur de France,
24 mars 1908 ; directeur de la Banque Ottomane, à Cons-
• tantinople, et Château de Servane, par Mouriès fB.-du-R.J.
GiRAUD Charles, ^, Premier Président de la Cour d'Appel,
16 mars 1909. Rue de VOpéra, à Aix.
AiCARD Jean ^, membre de l'Académie Française. 15 mars
1910 ; à La Garde, près Toulon (Var).
Régnier (de) Henri, membre de l'Académie Française, corres-
pondant 5 mai 1908, membre d'Honneur 16 janvier 1912,
rue de Magdehourg, 14, ù Paris.
- 84 —
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Cberrier (le chanoine) Joseph, doyen du Chapitre Mélropo-
litain, docteur en Théologie. 25 avril 1872. Boulevard
Saint-Louis, 31.
GviLLiBERT (baron) Hippolyte, )^ 0. ►!«, ancien bâtonnier de
Tordre des avocats à la Cour. 45 janvier 4878. Rue
Mazarine, 14.
MouRAYiT Gustave i^, président de la Chambre des notaires.
8 février 1884. Place des Prêcheurs, 34.
SouBRÀT Charles, ancien conseiller à la Cour, président du
Comice agricole. 15 février 1884. Cours Mirabeauy 20.
Marbot (le chanoine) Edmond, ancien vicaire général. 28
mars 1887. Rue Goyrand, 3 bis.
Gantelmi d'Ille (marquis de) Charles ^ t^t 0. ^. Associé
régional le 12 janvier 1883, membre titulaire le 17 juin
1890. Cours Mirabeau, 6.
PoNTiSR Henry, I. P. y, conservateur-directeur du Musée. 5
avril 1892. Rue Cardinale. 13.
- 85 —
ToDRTOULON (baron de) Charles, I. P. y G. 0. ^Ji C. ^ ancien
président de la sociélé des Langues Romanes. Correspon-
dant le 4 juin 1878, membre titulaire le 28 mai 1895.
Rite RouX'Alphéran, 13.
Saporta (comte de) Antoine. Associé régional le â février
4892, membre titulaire le 23 mars 1897. Rue Cardinale, 23,
et rue Philippy, 3, à Montpellier (Hérault).
BoTiNECORSE-LuBiÈREs (comte de) Charles, avocat à la Cour.
Associé régional le 27 décembre 1897, membre titulaire le
30 mai \S99. Rue de r Opéra, 24.
BoNAFOus Raymond, I. P. Oi professeur à la Faculté des
Lettres. 30 janvier 1900. Rue du Bras-d'Or, 3.
Rolland Henri, L. P. Ui chanoine titulaire de la Métropole,
aumônier du Lycée Mignet. 18 décembre 1900. Rue du
Louvre. 29.
BouRGUBT Alfred, avocat à la Cour. Associé régional le 10
mars 1896, membre titulaire le 29 janvier 1901. Cours
Mirabeau, 17.
Aninard Casimir ►{<, ancien bâtonnier de Tordre des avocats.
5 février 1901. Rue du Quatre-Septembre, 34.
Aide Edouard, L P O* conservateur de la Bibliothèque Mé-
janes. Associé régional le 20 mars 1900, membre titulaire
le 16 juin 1903. Villa Joyeuse, chemin de la Violette.
Lacoste Ernest, L P.(| , ingénieur. Associé régional le 20
février 1900, membre titulaire le 20 décembre 1904. Ru$
du Quatre-SeptemOre, 30.
De Duranti la Calade Jérôme ^, licencié ès-Lettres. 21
mars 1905, Rue Mignet, 11.
Michel Tranquille, ^, ingénieur en chef des Ponts-et-
Chaussées. 10 avril 1905, Rue du Quatre-Septembre.
Jaltfret Alfred, avocat à la Cour. 27 mars 1906. Rue des
Epinaux, 13.
RtVKAVD Gustave, directeur des Conlribtilions directes, en
retraite. Associé régional 30 janvier 1906. Membre titu-
laire 18 décembre 4906. Rue Cardinale, 17.
Vallibb-Colloubier Alfred U. conseiller honoraire à la Cour
d'Appel d'Aix. 12 mai 1908. 10, rue Espaitat.
AtDiNET Eugène, I. P. U, professeur à la Faculté de Droit
de l'Université d'Aix-Marseille. 15 décembre 1908. Cûwr*
d'Orbitelle, Aix.
lUouGiifs-RoQLiEFORT (comto de) Charles, Docteur en Droit.
Associé régional le 11 mars 1890, membre titulaire Ie26
janvier 1909. Cours Mirabeau, 16.
Bagakbt Paul, avocat. Associérégional12 janvier 1909. Mem-
bre titulaire 1" février 1910. Cours Mirabeau, 4.
DntiJOK Jules, •{•, avocat, ancien bâtonnier, 93 mai 19H.
Rue de la Monnaie, 11-
Ferbier Raymond, amateur d'art. Associé régional, 16 juin
1896. Membre titulaire, 14 mal1913. Rxie des Arls-el-
Métiers, S.
Gautier Louis, l.PU, artiste peïnUe. Boulevard de l'Hôpital.
Cabassol Joseph, avocat. Conseiller Géuéral des Douches-du-
Rhdne, ancien Maire d'Aix. Membre d'Honneur, 23 janvier
1906. Membre titulaire, 4 juin 1912. Place Jeanne-d' Arc.
Sextius, avocat. 18 février 1913. Place Forbin, 3.
Paul, archiviste du Palais. 2S février 19(3. Boule-
'. de la République, IS.
^
— 87 -
MEMBRES HONORAIRES
MM.
Pi«ON Alexandre ^ I. P. U ►î», doyen honoraire de la Fa-
culté de droit. 30 janvier 1894. Rue d'Italie, 14.
Granibr Désiré ^, conseiller doyen honoraire à la Cour. 29
mai 1894. Cours Mirabeau, 17,
ViLLEviKiLLB Joscph, I. P. i^ , artiste peintre. 22 décembie
4903. Rue Espariat, 20,
^
ASSOCIES REGIONAUX
ttvURU' Sniiil-Mfirccl, ancien magistral cl conseiller gênerai
ins|i»H'lcur départumerilal de la Sociélc d'Arcbêolo^e, à
SisU-ron. 19 di^embie 1882.
IU\ tiK'l Goniagiic, château du Prieuré d'Ardènc, prte Saitit-
Micliol (Basses-Alpes). 5 janvier 1883.
. I. P, J.? , archiviste des Basses-Alpes, sccréuire de la
été Académique, ancien élève de l'Ecole des Chartes,
gne. 12 janvier 1883.
I ^, archivif^lc du dcparlemcal du Var. membre du
lité des travaux bisloriqucs, à Draguignan. 19 janvier
1.
HE (l'idilKM, chaDoiue a Biei (Basses-AIpesi. 9 révrier
i.
«D Charles^. prcT^ident de Chambre honoraire a la
r de Dijon, ancien a vocal à la Cour d'Aix.lS février 1883,
I.OS n'AiGEXs (marquis de| Xavier, ancien ronseîlltf
l'ral dos Hautes- Alpes, villa M.ij:data, a ^ainle-Martbe,
ïoiUe. 16 ma^s^ï^^'J.
« (lechanoinei Stani>!as ;;. secrétaire de l'Académie
klarseille. Tavril IS9I,
r Louise, pri^fi^seiir de &^'h>gie à la Facollé d*s
-n.v*doIiij.-n. ec j.invier l>yi.
NCir d'A'ov i-.ir\>u di-i. ;£; •}• O. ^, minisire plénipo-
liaire, en ri'tr.i'e, ou cl..'.ii.u de Cvi;>'Uirue, parC*-
,l.V,<;^;.i-o .(.■i::n |v..i.
-89 —
Chaillan (rabbé), correspondant du Ministère de rinstrnC'
tion Publique, curé de Septèmes (Bouches-du Rhône).
12 janvier 4894.
Teil (baron du) Joseph >fi. Quai de Billy, 2, Paris. 4 mai
1897.
Maurel (l'abbé) Marie-Joseph, place de THÔtel-de-Ville, 5, à
Manosque (Basses-Âlpes). 18 mai 1897.
Prou-Gaillard U C. »p, ancien directeur de TAcadémie de
Marseille. 5, Boulevard Monlricher. 3 mai 1898;
Manteter (de) Georges, château de Manteyer (Hautes-Alpes).
13 décembre 1898.
LiEUTAUD Victor ilj^, ancien bibliothécaire de la ville de Mar-
seille, notaire à Volone (Basses-Alpes). 15 mai 1900.
MuLSAiYT Sébastien »p, avocat, ancien bâtonnier, Rue Balay,
2, Saint-Etienne. 19 mars 1901.
MuTERSE Maurice, ancien oITicier de marine, ancien sous-
préfet, à Anlibes. 7 mai 1901.
Bernard d'Attanoux (comte) Henri, ►J* avocat, ancien magis-
trat. Rue Palermo, 2, Nice. 14 mai 1901.
Gérin-Ricabd (comte de), président de la Société d'archéo-
logie. Rue Grignan, 60, Marseille. 4 mars 1902.
MoNCLAR (de RiPERT marquis de) François, C. ^, ministre
plénipotentiaire, en retraite, au château d'Allemagne, près
Riez. 18 mars 1902.
Perrier Emile, 0. ►!< :§t 2§t, président de la Société de Statis-
tique de Marseille. Villa du Bocage, à Mazargues. 6 jan-
vier 1903.
ViLLBNEuvE-EscLAPON (marquis de) Christian, 0. x§î, ancien
député. Rue de Prony, 75, Paris, et à Valensole (Basses-
Alpes). 7 juin 1904.
— 90 —
Ci^>iiDErc 'Urvoy il,.- Jules. Bae Botis-Aipbêran, 23. i
19 décerobre 1905.
LurnrD Au^tisI*. président de U Société des Ami< du Vieil
Arles, a .\rles. 30 janvier 1906.
CoTTz Charles, liireaciéea Droil, notaire è Perlais (Va Dclnse).
24 avril 1906.
GiFTiin. Piul. profc-seur a la Faculté des Lettres d'.\ix.
Bue Paradis. iJo, MarseUle. 19 mars 1907.
Vi^cE^s Charles, ^ •}• 0. $. ancien Directeur de IWcadémie
de Marseille. Rue Nicolas, 9, Marseille. Il juin 1907.
U SiLLE DE RocHEXAC» iduG de) Félix. C. •{*ig:>S>. Cbâ-
tcao de CUvières Ayrens iCanlali. 19 mai 1908.
TATERnn Edouard, avocat, docteur en droit. Rue François I",
<62. Paris. (9inars190S.
LertTie Edmond, directeur de la € Revue de Provence >.
Rue Tapis-Vert, *0, Marse Ile. iî décembre 1908.
Ditvo^D (l'jhlx-) llciiri. 3t, place des Prêcheurs, à Ait.. 16
mars 1909.
BotaiiKT Henri, Directeur de l'obserwitotre de Marseille.
9 juin 1909.
RiiMBAiLT Maurice, archiviste-adjoint desBouchos-du-BliAne.
28, rue Mongrand, à Marseille. 1 1 jaovier 1910.
SiaiD Martial, ancien député, maire de Forcalquier (Basses-
Alpes). Il janvier 1910.
SiLiriT José ^, arlisle-peinire, à Marseille. I" février 1910.
Hevcil Amcdée. avoué à la Cour, rue GasIon-do-Saporta, à
Aix. 26 avril 1910.
D Jean, avocat, 38, rue de Sainl-Sulpice, à Paris.
iil9ll.
•I Jean, 77, rue Claude Bernard, a Paris. 30 mai 1911.
N Alfred, :iv<>ral, cours Mirabeau, à Aix.
- 91 —
Pascal (le chanoine) Adrien, U, curé-doyen de Peyrolles
(B.-du-R.). 16 janvier 4912.
GuÉRiN-LoNG Paul, Président du Tribunal Civil, rue Roux-
Alphéran, 25, à Âix. 14 juin 1912.
DE Mazan (de Fabre, marquis) Joseph, docteur ès-sciences^
rue Roux-Alphéran, 35, à Âix. 11 juin 1912.
Dumas, professeur à la Faculté de Droit, 31, rue des Cor-
deliers, à Aix. 11 Juin 1912.
Faudrin Marius, professeur d*dgriculture, rue du Trésor, 2,
à Aix. 11 juin 1912.
BouAT, boulevard du Roi-René, 58, à Aix. 29 avril 1913.
B£U«^ Henri, cours Gambelta, 40, à Aix. 20 mai 1913.
— 92 -
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
MM.
Lavollée Paul-René, docteur ès-lettres, ancien consul générait
Boulevard Haussmann, 462, à Paris. 25 avril 1870.
Millien Achille, lauréat de TAcadémie Française, à Beaumont-
la-Fcrrière (Nièvre). \6 décembre 4872.
Faisan Albert, à Saint -Cyr- en -Mont -d'Or, près Lyon*
U mars 1876.
Bellet (l'abbé), à Tain (Drôme). 121 décembre 1882.
Jessé - Charleval (Comte de) Antoine, ancien maire de
Marseille. Château-rArc, par Rousset (B.-du-R.). Associé
régional 5 janvier 1883. Correspondant le 7 janvier 1908.
Jullien Ernest, Président honoraire du Tribunal Civil,
à Reims (Marne). 2 mai 1884.
Corlèz Fernand, correspondant du Ministère pour les travaux
historiques, à Saint-Maximin (Var). Associé régional.
25 mai 1886. Correspondant, 16 janvier 1912.
Lanéry d'Arc Pierre, docteur en droit, procureur de la Répu-
blique, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Associé
régional 12 décembre 1887, titulaire 8 mars 1892, corres-
pondant le 7 juin 1904.
Cottin Paul, bibliothécaire h l'Arsenal. Avenue Henri-Martin,
44, Paris. 11 juin 1888.
Proal Louis, conseiller à la Cour de Paris. 6, rue Charles
Divry, IV. Titulaire le 22 décembre 1891, correspondant
le 15 décembre 1896.
TouRTOLLON (barou de) marquis de Barre, Pierre, docteur en
droit. Château de la Fuste, par Valensole (Basses-Alpes).
12 janvier 1897.
Joret Charles, membre de l'Institut. Rue Madame, 64, à Paris.
Titulaire le 16 mai 1893, correspondant le 12 décembre
1899.
— 93 -
Zeiller Charles-René, membre de Tlnslilut. Rue du Vieux
Colombier, 8, à Paris. <9 janvier 1897.
Petit Alexandre, docteur en médecine à Royal, et Rue LafTille,
3, à Paris. 4 mai 1897.
Hulot (baron), secrétaire général de la Société de Géographie.
41, avenue Labourdonnais, à Paris. 11 mai 1897.
Rochas d'Aiglun (comte de), colonel, ancien administrateur
de l'Ecole Polytechnique. Rue Descartes, 21, à Grenoble.
24 avril 1900.
Moris Henri, archiviste des Alpes-Maritimes. Villa Moris,
boulevard Dubouchage, à Nice. 19 mars 1901.
4
Tasse! Jacques, à Molosme-Tonnerre (Yonne). 9 juin 1903.
Poitevin de Maureillan (de), O.CI, colonel en retraite, conser-
vateur du Musée d'Hyères (Var). 15 mai 1906.
Jullian Camille, membre de Tlnstitut, professeur au Collège
de France. 30, rue de Luxembourg, à Paris. 28 mai 1907.
Lacour-Gayet Georges, Membre de Tlnstitut, rue Jacob, 46,
Paris. 10 décembre 1907.
Rieux (des) Lionel, avenue de Villiers, 126, à Paris. 21
janvier 1908.
Nolhac (de) Pierre, Conservateur du Palais de Versailles, à
Versailles (Seine-et-Oîse). 2 juin 1908.
Labande, Conservateur des Archives de la principauté de
Monaco. 19 janvier 1909.
Dienne (comte de) Edouard. Château de Servilly, par La
Palisse (Allier). 19 janvier 1909.
Barthélémy Jules, Rédacteur au secrétariat de rioslilut, au
Palais de l'Institut, Paris. 16 février 1909.
Marlot Hippolyte, géologue prospecteur à Martiny, par
Marmagne (Saône-et-Loire). 9 mars 1909.
Maurin Georges, avocate Ntmes (Gard). 11 janvier 1910.
\
^
\Vallenskoli) Axel, professeur de philologie romane à i'Uoi-
vergilé d'HelsiRgfors (Fiolande). S6 avril (909.
Sanloro Domenico, professeur à l'IoslKut à Chieli (Naples).
("février 1910.
Zan'odoy Joseph, ilireclcilr de In slation agro-chimique de
Freudcnihal (Silésie autricbieDDe). 28 mars 1911.
Le préacnL Tableau a été arrêté le 14 Juin
1913, conformément, ù l'article 10 du Règle-
ment intérieur.
Le Président : Le Secrétaire Perpéluel :
C" DE BonKBCOHSE-LLIlËRES Baron GuaLlBEST
SEANCE PUBLIQUE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
& BELLES-LETTRES
D'AI X
A/X-£f/-PKOVENCE
AU SIÈGE DE L'ACADÉMIE
2', rue du Quatre- Septembre, 3"
ACADÉMIE D'AIX
-•♦-
9A-^' SÉANCE publique:
12 Juin 1914
■h '^
ACADÉMIE
DES SCIENCES, AGRICULTURE. ARTS & BELLES-LETTRES
D'AIX
Qz^nno Séanoe Rublique
Le Vendredi, 12 Juin 19 14, la quatre-vingt-
quatorzième SÉANCE Publique de l'Académie d'Aix
A ÉTÉ tenue, a quatre HEURES, DANS LA GrAND'SaLLE
DE l'Université, a la Faculté de Droit.
-TSS/^/^Z^
Un public nombreux et choisi, répondant à l'invita-
tion de l'Académie, lui avrt n'^'iofiè i\n ^a o'csc ic:,
' t à. J. A.
le témoignage de sa consideraùon et de sa sympathie.
Les lauréats des prix de vertu occupaient, avec leurs
Jamilles, la place qui leur est réservée.
Af . Raymond Bonafous, président eh exercice, a
ouvert la séance en prononçant le discours suivant :
Discours d'Ouverture
PAR
M. Raymond BONAFOUS
Messieurs, Mesdames,
La tradition veut que le jour de la séance solen-
nelle de l'Académie, le président, après avoir dé-
claré la séance ouverte, parle lui-même le premier;
et, pour m'en tenir aux deux années les plus ré-
centes, cette tradition nous a procuré le plaisir
d'entendre : en 191 2, une étude d'art sur les faïen-
ces de Moustiers, de M. le comte de Bonnecorse-
Lubières ; et, en 19 13, une étude littéraire de M.
Aninard sur ïArmana prouvenuaii et le Félibrige.
Je m'en voudrais de jeter quelque ombre sur une
solennité éclairée par la joie de couronner la vertu.
Mais vous me pardonnerez d'exprimer publique-
ment la peine que nous éprouvons en songeant que
notre confrère Aninard a disparu depuis, et que
Mistral, membre d'honneur de notre Académie,
qui était le héros de premier plan de son travail,
lO —
l'a suivi de près dans la tombe, enlevé à Taffection
des Provençaux et à l'admiration du monde entier.
Les deux remarquables discours de mes prédé-
cesseurs, qui ne faisaient d'ailleurs qu'imiter l'exem-
ple de leurs devanciers, ne sont pas sans me cau-
ser quelque inquiétude. Ils vous ont habitués à une
nourriture substantielle, à des repas plantureux et
gras. Or, j'ai l'intention de vous servir un dîner
maigre. C'est aujourd'hui vendredi, et vous vou-
drez bien me pardonner en faveur de cette cir-
constance, ou plutôt vous êtes trop bons chrétiens
pour ne pas vous en contenter.
Vers la fin de la République romaine, le tribun
du peuple Clodius, ennemi de Cicéron, après
avoir contraint le grand orateur à s'exiler, avait in-
cendié sa maison du mont Palatin, s'était emparé
d'une partie de l'emplacement et avait consacré
l'autre en y faisant bâtir un temple et élever une
statue de la Liberté. Rappelé à Rome par le suf-
frage de toutes les centuries, Cicéron entreprit de
recouvrer au moins l'emplacement de sa maison.
L'affaire fut portée au tribunal des pontifes, et
Cicéron, qui savait si bien, défendre les autres,
plaida' si éloquemment dans sa propre cause qu'un
sénatus-consulte ordonna que sa maison serait re-
bâtie et qu'il serait indemnisé par l'Etat de ses au-
1 1
très pertes. Nous possédons le discours que le
grand orateur romain prononça à cette occasion.
L'histoire littéraire le désigne sous le nom de plai-
doyer pro domo sua.
Je n'aurai pas l'outrecuidance de me comparer,
même de loin, au prince des orateurs, que la Pro-
vidence créa, nous dit Quintilien, pour que l'élo-
quence pût essayer en lui toutes ses forces. Toute-
fois, mon allocution aura, extérieurement au moins,
quelque analogie avec son discours. Je voudrais,
en effet, plaider devant vous pro domo noslra.
Oh ! notre maison ne s'élève pas orgueilleuse-
ment sur le Palatin, à deux pas du Capitole. Elle
est modestement située dans la rue du Quatre-
Septembre, au coin de la rue Mazarine, à peu près
à mi-chemin entre les ombrages du cours Mirabeau
et cette charmante fontaine des Quatre-Dauphins
que de modernes vandales ont récemment détério-
rée. Elle nous a été léguée par M. Arbaud, et nous
nous y sommes installés il y a deux ans, abandon-
nant la mairie d'Aix, où la Ville nous avait jusqu'à
cette époque donné l'hospitalité. Placé presque au
centre de la cité moderne, l'Hôtel Arbaud est d'un
accès commode, et les Académiciens sont nom-
breux aux séances, qui ont lieu le mardi à 5 h. 1/4.
Que fait-on dans ces séances ? C'est ce que je
voudrais d'abord apprendre à ceux qui ne sont
pas, ou no sont pas encore, académiciens. 11 cir-
cule dans le public des idées erronées sur les occu-
pations académiques, comme sur beaucoup d'au-
tres choses, par exemple sur les fonctions d'un
professeur de la faculté des Lettres. Pour le grand
nombre, un professeur appartenant à cette faculté
est un examinateur juste, mais surtout sévère, qui
reçoit, ou plutôt qui refuse, au baccalauréat, des
candidats, et même, depuis peu, des candidates.
Que son métier consiste moins à faire des bache-
liers qu'à former des licenciés, des agrégés et des
docteurs ; qu'il ne soit au fond qu'un maître d'é-
cole plus instruit s'adrcssant à des esprits déjà dé-
grossis auxquels il fait la classe pour compléter
leur instruction, c'est ce que beaucoup ignorent,
et c'est pourtant ce qui est vrai. Une ignorance
analogue rcgne au sujet de l'Académie. Pour la
plupart, les AcaJéuiiciens sont des gens, d'âge plu-
tôt mûr, dont le rôle consiste à distribuer des prix
de vertu. Cette opinion est flatteuse au point de
vue moral ; car ceux qui distribuent les prix en
une matière quelconque sont réputés supérieurs
aux matières du concours ; les jurys du Salon, par
exemple, sont constitués par des peintres et des
sculpteurs qui ont déjà fait leurs preuves. Cette
opinion est flatteuse, mais elle est inexacte, ou
pour mieux dire incomplète. Nous sommes très
licrs d'avoir à distribuer des prix de vertu, et a'Ous
I "^ —
verrez tout à l'heure que nous fiiisons de notre
mieux pour nous acquitter convenablement d'une
tâche si délicate. Mais cette tâche, qui est égale-
ment la plus agréable, est loin d'être la principale.
Une académie est un groupement de personnes
instruites, ou tout au moins cultivées, qui se réunis-
sent pour se perfectionner les unes les autres au
moyen de lectures. Tour à tour, chaque académi-
cien enseigne à ses confrères une chose qu'il sait
et qu'ils ignorent, ou savent de façon imparfaite.
C'est un enseignement mutuel où chacun est alter-
nativement maître et disciple. Je sais bien que la
valeur de cet enseignement est contestée, comme
aussi son intérêt. Mais quelle est l'institution ayant
un caractère sérieux qui échappe aux plaisanteries
du Français, né malin ? L'Académie française elle-
même a été de tout temps en butte aux brocards.
Tantôt l'attaque ne vise que l'un des membres :
pour faire le chiffre de 40, il faut un zéro ; tantôt
les académiciens sont attaqués en bloc : ils sont là
40 qui font du bruit comme 4. J'en passe, et des
meilleurs. La modeste Académie d'Aix pourrait-elle
se dérober à des attaques analogues ? Il y aurait
quelque naïveté à le croire. Mais ceux qui ont
l'âme assez charitable pour ne pas nous décerner
un brevet d'insuffisance croient très sincèrement
que nos séances sont dépourvues de charme, et
— 14 -
que, une fois entrés dans La confrérie, nous sommes
des victimes désignées, et résignées, qui allons
chaque semaine nous ennuyer à heure fixe. Ils vont
même jusqu'à nous plaindre. Cette compassion part
d'un bon naturel ; mais elle est injustifiée.
La vérité est que nous sommes très intéressés
par les communications que nos confrères nous
font ; et, pour vous en convaincre, je vous don-
i:e"ai un léger aperçu des lectures que nous avons
entendues cette année. Je ne citerai pas le nom
des lecteurs afin de ménager leur modestie ; et d'ail-
leurs mon énumération aura plus de sérénité dans
son anonymat. L'un de nos confrères, qui a pris
à tâche de compléter et de rectifier l'ouvrage de
Roux-Alphéran, nous a parlé du quartier des Juifs
à Aix au xv* siècle. Un autre a parlé du séjour de
Victor de Laprade à Aix en 1834 et du romantisme
de nos étudiants d'alors. L'histoire de la ville d'Aix
occupe naturellement une place d'honneur dans
nos études. Mais Aix a été jadis la capitale de la
Provence, et, pour ce motif, tout ce qui touche à
la Provence touche en quelque façon à la ville
d'Aix. L'un de nos membres nous a résumé récem-
ment un manuscrit non connu contenant des aper-
çus personnels sur la désastreuse époque de la
peste de Marseille. Un autre, remontant plus haut,
nous a fait connaître les impressions d'un compa-
— 15 —
gnon d'Isabelle d'Esté lors du voyage que cette
princesse italienne fit en Provence en 15 17. Par
contre une autre communication a mis sous nos
yeux les impressions d'un Aixois voyageant en
Italie en 181 9. Tous ces travaux ont de l'attrait
pour nous parce que nous connaissons déjà, en
partie du moins, les personnes ou les choses. Par-
fois nos regards dépassent les limites de la Pro-
vence, et on nous a parlé des contes populaires de
la région d'Embrun. A l'occasion, ils vont encore
plus loin, et plus haut. Nous avons eu une étude
sur l'empereur Constantin, faite par le chanoine
Cherrier, dont je donne exceptionnellement le
nom, parce que c'est notre doyen, que nous avons
tous pour lui une vive affection unie à un profond
respect, et que nous désirons qu'on le sache. Et du
reste vous allez entendre ce travail à larges vues ;
car c'eût été de l'égoïsme que de le garder pour
nous seuls, et de ne pas vous en faire profiter. Mais
l'érudition locale et l'histoire n'absorbent pas tout
notre temps. On s'occupe chez nous des matières
les plus diverses. Tantôt on nous parle agriculture
et on nous indique une variété de pomme qu'il se-
rait bon de cultiver en Provence ; je n'ai pas be-
soin de dire qu'il ne s'agit pas de la pomme de
discorde, car celle-ci y est malheureusement déjà
connue. Tantôt on traite une question juridique,
-- i6 —
et Ton étudie Tinstitution récente des Tribunaux
pour enfants qui ralentiront, peut-être, les progrès
effrayants de la criminalité chez les tout jeunes.
Et puis, voici de la médecine. On a étudié devant
nous la vaccinothérapie, et aussi Teuthanasie. Vous
ignorez sans doute le sens de ce dernier mot,
comme je Tignorais moi-même. Euthanasie veut
dire mort sans douleur, et des philanthropes, sur-
tout américains, voudraient donner aux médecins
le droit de tuer leurs malades pour leur épargner
les souffrances de l'agonie. Autoriser les médecins
à tuer leurs malades, ce serait leur accorder un
droit dangereux. De mauvaises langues disent d'ail-
leurs que, dans des régions lointaines, très lointai-
nes, quelques médecins usent de cette permission
avant de l'avoir reçue. Voici maintenant une lec-
ture sur la théosophie de Steiner, lecture appa-
rentée^ en quelque sorte à une lecture médicale,
car la théosophie de cet Allemand consiste à détra-
quer l'organisme des adhérents de la secte, afin d*en
faire des instruments plus dociles ; après tout, il
n'y aura que demi mal tant que cette secte ne fran-
chira pas les limites de l'Allemagne. On nous parle
encore d'art, et j'ai gardé pour la bonne bouche
une lecture consacrée à la bouche de la Joconde,
à son énigmatique et problématique sourire. Je n'ou-
blierai pas enfin les poètes de l'Académie qui char-
— 17 —
ment nos oreilles et nos cœurs par l'harmonie de
leurs vers et Télévation de leurs sentiments. La vie
humaine contient tant de prose qu'il n'est pas inu-
tile d'y verser de temps en temps quelque poésie.
Mais la lecture faite ne remplit pas toute la séan-
ce. Quand la lecture est achevée, une discussion
courtoise s'engage sous l'autorité paternelle, et par.
fois incompétente, du président. Chacun apporte
des aperçus nouveaux, complète ou rectifie les
affirmations du lecteur, et, si la question n'est pas
épuisée (car une question est-elle jamais épuisée?),
elle gagne du moins en profondeur et en étendue.
La sauce, sans valoir mieux que le poisson, permet
de le savourer davantage ; et chacun s'en va chez
soi non seulement avec la conviction qu'il a appris
quelque chose, mais encore avec la possibilité
d'augmenter le gain qu'il vient de faire par ses
réflexions et ses recherches personnelles. Et nous
nous ennuyons si peu à ces séances qu'elles con-
tinuent d'ordinaire dans la rue et sur le cours, mais
de façon emiettée, lorsque les auditeurs, sortis de
l'Hôtel Arbaud à deux ou à trois, échangent en-
core en plein air, sous une forme parfois moins
académique, leurs impressions et leurs vues.
Donc, nous ne sommes pas malheureux, et notre
exemple prouve une fois de plus que le malheur
n'est pas le compagnon inséparable de la pauvreté.
— i8 —
Car, et c'est une chose que le public ignore encore,
nous remuons plus d'idées que d'écus. On nous croit
riches parce que chaque année, en un jour sembla-
ble à celui d'aujourd'hui, nous distribuons, pour
récompenser le mérite, des sommes relativement
importantes. Mais cet argent ne nous appartient
pas plus que n'appartiennent aux banquiers les
fonds déposés chez eux. Nous avons, il est vrai, le
droit de TattribUer à ceux qui nous paraissent en
être le plus dignes^ mais il ne nous est pas permis
de lui donner une autre destination ,que celle indi-
quée par les testateurs. Il en est de même pour les
prix Thiers et Mignet, qui nous donnent beaucoup
de travail mais un profit nul, quoique nous soyons
flattés de les décerner. On nous croit riches encore
parce que nous ne sommes plus les hôtes de la
Mairie, et que nous sommes installés chez nous.
Mais l'on sait que la situation de locataire est sou-
vent moins onéreuse que celle de propriétaire, sur-
tout lorsque, comme c'était notre cas, la location
ne coûte rien. A Dieu ne plaise que je fasse enten-
dre, pour récompenser M. Arbaud de sa générosité,
des jérémiades déplacées, et me plaigne en quelque
sorte que la mariée est trop belle I Nul plus que
moi, au contraire, ne reconnaît l'avantage qu'il y a
à être chez soi, et à y être au large, à trouver une
place pour les tableaux et les livres que l'on possède.
Il n'en reste pas moins que, en tant que proprié-
— 19 —
taires, nous avons à payer des impôts, et nul
n'ignore que la marche des impôts n'est pas préci-
sément descendante ; que, bien que les Académiciens
aient sensiblement dépassé l'âge où on salit les
tapisseries avec des balles et où l'on éraille les
parquets avec des toupies, une maison a toujours
besoin de quelque réparation, parfois importante,
surtout lorsque, comme la nôtre, elle se pare du
titre de musée ; que les objets d'art qu'elle renferme
doivent être tenus à l'abri de l'humidité et de la
poussière ; que nos livres, chaque jour plus nom-
breux, doivent être placés et classés sur des rayons
assez nombreux eux-mêmes pour les présenter au
chercheur sur un seul rang de profondeur et en
rendre la consultation commode. Il faut ajouter que
ces richesses artistiques ou littéraires doivent être
gardées par un concierge, et devraient être surveil-
lées par un conservateur ad hoc que nous serions
tenus de rétribuer si nous lui demandions tout son
temps ; et il y aurait intérêt pour les académiciens,
pour les érudits du dehors, pour les étrangers qui
visitent les curiosités de notre ville, et conséquem-
ment pour la ville d'Aix, à ce qu'on pût le trouver
à toute heure. Les livres eux-mêmes devraient être
tous reliés ; car tout volume non relié est voué à
une mort certaine, en tout cas à une détérioration
prochaine. Vous voyez donc que les causes de dé-
pense ne manque pas.
20 —
•
De quelles ressources disposons-nous pour faire
face à ces dépenses? Nous avons quelques fonds
que M. Arbaud nous a laissés, très insuffisants
d'ailleurs pour la conservation du bel immeuble que
nous lui devons et des richesses que cet immeuble
contient. Nous allons avoir une petite partie de ce
qui restera de net après la liquidation de la succes-
sion Bourdelet. En effet ce bienfaiteur, mort
au mois de février dernier, nous charge, il est vrai,
de distribuer en œuvres charitables la majeure par-
tie de ce qui nous reviendra ; mais il en excepte
quelques milliers de francs dont nous pourrons
disposer pour nos besoins personnels. Nous comp-
tons en affecter les revenus à notre bibliothèque.
Nous avons, à condition de les solliciter, des sub-
ventions du Conseil Général ou de la Ville, et nous
devons, à cette occasion, remercier le Conseil
Général des Bouches-du-Rhône qui, Tannée der-
nière, en apercevant nos signes de détresse, s'est
montré particulièrement généreux. Nous avons en-
core à Toccasion quelque appui discret de person-
nes qui, pour employer la délicieuse litote italienne,
nous veulent du bien, c'est-à-dire qui nous aiment.
Eh bien, tout cela ne suffit pas, et nous avons dû, le
jour où nous sommes entrés à THôtel Arbaud, plus
que doubler nos cotisations personnelles pour per-
mettre à notre trésoiier de joindre les deux bouts.
2 1
C'est le cas de dire une fois de plus que tout ce qui
brille n'est pas or.
J'ai paru dire du mal de M. Arbaud en déclarant
que la somme en argent qu'il nous a laissée ne
nous suffit pas. Qu'on ne se méprenne pas sur le
sens de mes paroles. Elles sont la constatation d'un
fiîit, et non l'expression, même voilée, d'un senti-
ment qui serait de l'ingratitude. Au contraire, nous
lui sommes profondément reconnaissants d'avoir
donné un bon exemple, comme nous sommes
reconnaissants à M. Bourdelet de Tavoir suivi. J'ai
voulu simplement indiquer aux personnes qui
m'écoutent que, en tant que musée et bibliothèque,
nous sommes devenus un des ressorts de la vie
aixoise et une des attractions d*Aix; j'ai voulu leur
suggérer l'idée de nous aider un jour oi^Tautre à
bien accomplir notre tâche.
Oh ! qu'on se rassure, je n'ai rinte^ntion de tuer
personne, même par le procédé bénin de l'eutha-
nasie. Pour me servir de l'expression qu'emploient
les enfants le i**" janvier, je vous souhaite à tous;,
mes confrères compris, une vie longue et heureuse.
Mais rien ne vous empêche d'ajouter d'ores et déjçi
une ligne sur votre testament pour les rayons né-
cessaires aux livres de l'Académie, Cela ne porte
pas malheur. Je tiens même de Mme de Thèbea
que c'est un brevet de longue vie. Vous voyez quQ
22
WU& y aurez tout avantage, et nous aussi. Que si
Tua d^entre vous voulait devancer Tappel, Tappel
de fonds que je fais, et remplacer la date lointaine
que suppose un testament par celle plus voisine
d*une donation entre vifs, il en est libre. La même
somnambule m*a glissé à Toreille que si un legs à
une académie, et plus spécialement à l'Académie
d*Aix, prolongeait la vie, une donation au même
corps opposait à la mort une barrière infranchis-
sable. Je n'oserais garantir la véracité de ces pré-
dictions, car j'appartiens à une époque où le scep-
ticisme exerce ses ravages. Mais je puis affirmer
une chose : c'est que contribuer à l'instruction des
autres et au bon renom de la ville où nous vivons,
c'est accomplir une action louable, et que notre
vie se perpétue dans la mémoire de nos descen-
dants par le souvenir du bien que nous avons fait.
Les milliardaires américains ne l'ignorent pas, eux
qui créent des universités de toutes pièces. Ils se
sont montrés gens pratiques dans l'acquisition de
leurs richesses, et ils continuent à se montrer gens
pratiques dans la manière dont ils en font profiter
les autres; car ils prennent ainsi une assurance non
sur la vie, mais sur l'éternité.
Un dernier mot. Je ne voudrais pas qu'on me
prêtât une intention que je n'ai pas, et qu'on crût
que je veux détourner vers des reliures l'argent qui
— 23 —
devrait aller à la vertu. Je ne nourris pas des des-
seins aussi noirs. Au contraire, je conseille aux
âmes bienfaisantes d'encourager surtout les actes
méritoires des huoibles, car le bien passe avant
tout. Mais les Aixois ne sauraient se désintéresser
de ce qui touche au renom de culture que leur ville
s*est justement acquis. Qu'ils pensent donc un peu,
non à nous, mais à nos livres. Qu'ils partagent en
deux bras le fleuve de leur générosité. L*un, gros
comme la Durance, ou même comme le Rhône,
récompensera la vertu ; Tautre aussi petit que TArc,"
et même que la Torse (car nos prétentions sont
modestes), viendra en aide au savoir.
J'ai fini, et je cède la parole à mes confrères.-
L*un traitera un point d'histoire générale, Tautro
vous dira des vers, le troisième vous lira son rap-
port sur les prix de vertu. Du vrai, vous passerez
au beau, puis au bien. Vous gagnerez donc au
change; car, moi, j'ai visé surtout à l'utile. Mais un
président est comme un père de famille. Pourrait-
on reprocher à ce dernier même un léger égoïsme
quand l'intérêt de sa maison est en jeu ? Et si, à
Rome, le tribunal des pontifes donna raison à Cicé-
ron, pourquoi, à Aix, l'élite de la société aixoise
reprocherait-elle au président de l'Académie d'avoir
écrit, comme lui, un plaidoyer pro domo sua?.
^4 —
On a lu :
L'Empereur Constantin i par M. le Chanoine
Cherriir, doyen de TAcadémier;
La Communion des Saints, d'après F. MISTRAL,
poésie par M. Casimir Rigaud, Avocat à la
Cour.
Rapport m les Prix de ïerta
RAMBOT, REYNIER & HENRIETTE RAYON
PAR
M' Paul BAGARRY
Bâton NiEK de L'Ordre des Avocats
Mesdames, Messieurs,
Faire Téloge de la vertu paraît, il faut bien Ta-
vouer, chose quelque peu banale par les temps
actuels, où Ton semble ne prêter attention et
n'accorder des faveurs qu'aux actes qi;i s'en éloi-
gnent le plus.
Aussi, le rôle du rapporteur est-il quelque peu
ingrat. Mais il est surtout dangereux pour lui
d'essayer d'intéresser un auditoire comme le vôtre,
en répétant ce que, depuis de longues années, ses
prédécesseurs ont déjà indiqué dans des termes qu'il
lui serait téméraire d'avoir même la prétention
d'égaler.
— 26 —
Nous avons cette année à décerner les prix
Rambot, Reynier et Rayon ; ce sont ceux que,
d'après l'intention des testateurs, l'Académie dis-
tribue régulièrement à chacune de ses séances.
Pour les pensions Nègre et Irma Moreau, nous
n'avons pas de bénéficiaires nouveaux à procla-
mer, les titulaires anciens continuant à remplir les
conditions imposées par les fondateurs.
C'est là un fait assez rare. Notons que le choix
de l'Académie a porté bonheur à ceux que nos
prédécesseurs avaient trouvé dignes de figurer sur
le palmarès et cette constatation ne pourra qu'en-
courager à la vertu.
Cet encouragement me semble d'ailleurs inutile,
si j'en juge par le nombre toujours croissant des
dossiers qui nous sont soumis. Mais, s'il était néces-
saire de pousser un cri d'alarme et de faire sup-
poser une décroissance même dans la vertu, il
suffirait de rappeler la nouvelle fondation dont
l'Académie a eu l'honneur d'être bénéficiaire. M.
Bourdelet, dont je suis heureux, après notre prési-
dent, de rappeler encore la mémoire dans cette
réunion, a, après diverses libéralités importantes,
légué en effet toute sa fortune à notre Société, en
la chargeant de constituer des pensions de 300 fr.
à distribuer à des vieillards, nés à Aix et recom-
mandables par leurs bonnes vies et mœurs. Cette
— 27 —
pensée est grande et généreuse pour l'Aixois qui a
voulu ainsi perpétuer sa mémoire ; cette confiance
est méritée, je me hâte de le dire, pour l'Acadé-
mie fière, à juste titre, de l'honneur et de la
charge qu on lui impose, et de la possession d'une
fortune relativement importante, toute entière
promise et employée au bien.
PRIX RAxlIBOT
Je ne vais pas proposer à vos applaudissements
des faits de courage éclatants, allant jusqu'à l'hé-
roïsme. Toutefois, ne nous en plaignons pas. Si de
tels actes sont remarquables, il sont rares ; et,
reconnaissons-le, ils sont moins méritoires que
ceux demandant un dévouement, une abnégation
de soi et un sentiment de charité continuels, accom-
plis tous les jours, sans le désir pour celui qui en
est l'auteur, de se faire admirer ou même con-
naître.
Tel est le cas de Madame Rose/Adeiine Mène.
D'une santé délicate, mais jamais rebutée par le
travaifet la fatigue, c'est elle qui a toujours pourvu
aux besoins de toute sa famille. Sachant que son
devoir lui imposait de s'occuper des siens sans
relâche, même si elle ne trouvait pas au foyer la
réciprocité à laquelle elle avait légitimement cru
28
pouvoir compter, elle fut toujours épouse et mère
de famille parfaite, mais elle s*est aussi dévouée
à ses semblables.
En 1907, une jeune fillette est atteinte d'une
fièvre scarlatine, compliquée d'angine infectieuse.
Adeline Mène, oubliant le danger, sans penser à
la contagion qu'elle peut porter à ses propres
enfants, passe des nuits entières au chevet de la
jeune malade, lui donne les isoins les plus délicats,
lui ferme les yeux, Tensevelit et entoure les
parents que le malheur rendait fous de douleur.
L'année suivante, c'est la mère de cette enfant
qui se meurt à son tour d'une tumeur. Madame
Mène devient sa garde-malade et l'assiste à ses
derniers moments ; elle recueille ensuite les deux
orphelins de douze et de cinq ans et remplace
pendant plusieurs mois leur mère, les traitant
comme ses propres enfants, et cela sans recevoir
la plus légère rétribution.
Plus tard, c'est une voisine octogénaire, aban-
donnée des siens, qui ne peut se suffire ; Rose
Mène la prend chez elle et la garde pendant une
année, jusqu'au moment où, ses ressources ne lui
permettant plus de continuer, elle parvient à la
placer dans un asile. Une autre voisine est atteinte
— 29 —
d'un cancer, elle la soigne encore et la panse tous
les jours, à titre gracieux et par pur dévouement.
Nous la retrouvons toujours remplissant une
mission de charité et de paix, prêchant d'exemple
et, lorsque le malheur frappe une de ses nièces, elle
la recueille avec ses trois enfants qu'elle soigne
durant leurs maladies.
Ce sont ces actes que l'Académie est heureuse
de signaler et de récompenser et qui ont valu à
Madame Mène le Prix Rambot de 545 francs.
PRIXL RETIVIER
Le Prix Reynier de i .000 francs est divisible et,
cette année encore, il est réparti entre trois lau-
réats.
Une somme de 400 fr. est attribuée à Madame
Marie/Rosalie Gras, née André. Son histoire n'est
certes pas nouvelle et vous y reconnaîtrez, sans
nul doute, ceux dont vous avez déjà applaudi les
mérites dans d'autres séances. Si elle n'a pas,
comme la dame Mène, aidé et secouru des voisins
et des étrangers, elle a, par son dévouement et ses
privations, exercé la charité auprès des siens.
Née à Aix, elle a perdu ses parents quand elle
était encore en bas âge. Recueillie avec son frère
~ 30 —
par une tante âgée et nullement fortunée qui était
obligée de s'ingénier pour faire vivre sa nouvelle
famille, Rosalie André a été élevée, dès son
enfance, dans la misère et le sacrifice. Son frère
Eugène, marié très jeune, et père d'une enfant, est
obligé de conduire sa malheureuse femme à Fasile
d'aliénés et meurt après une dure maladie ; c'est
Rosalie André qui adopte la petite orpheline et
lui sert de mère. Malgré sa santé délabrée, elle
travaille pour procurer le nécessaire à celle dont
elle a accepté la charge, puis, malade à son tour,
elle traîne une vie de combats et de souffrances.
Enfin, revenue un peu à la santé, c'est sa tante qui
tombe infirme. Ce fut sans doute le moment le
plus dur de son existence, mais elle n'hésita pas
devant le devoir et accepta sa mission auprès des
deux malheureuses dont elle devenait le seul
soutien.
Après la mort de sa tante, sa nièce se marie et
un horizon de joie semble s'ouvrir pour Rosalie
André : une proposition de mariage honnête et
chrétien lui est faite pour elle-même, avec l'as-
surance de l'aider dans sa tâche de dévouement
pour les siens. Sans doute les ressources ne seront
pas nombreuses, mais elle accepte, car elle aura
désormais un guide assuré.
— 31 --
Madame Gras, c'est maintenant son nom, oublie
bien vite les affres et les tristesses passées ; elle
espère pouvoir entrevoir un rayon de tranquillité,
mais le malheur vient encore s'abattre sur sa famille.
Elle paie un tribut au mal et, lorsqu'elle est à peine
remise, sa nièce, pour laquelle elle s'était dévouée
pendant de si longues années, meurt à l'âge de
vingt-six ans, lui laissant et lui recommandant ses
deux enfants.
Rosalie Gras eut alors la consolation de voir
son désir le plus cher accepté par celui qui avait
voulu partager et ses chagrins et ses joies. Les
époux Gras, comptant sur la Providence, se char-
gent et du père et des deux enfants, les reçoivent
chez eux et les entourent de leur affection et de
leur dévouement.
Tous ces faits méritaient bien d'être signalés à
l'Académie et remplissent les conditions imposées
pour l'attribution d'une partie du Prix Reynier.
M. et Madame Gras doivent être réunis dans les
éloges que je viens d'adresser.
René Bazin, présentant à l'Académie Française
son rapport sur les prix de vertu, s'exprimait
ainsi : « Un groupe encore peut être composé de
— ^2
^ ces boroïnes charitables que j*appellefai les
^i (UlopLuUes, jeunes filles, vieilles filles, vieilles
« femmes, presque toujours pauvres, souvent
« débiles, parfois infirmes, et que leur grand cœur
« pousse à recueillir, à nourrir, à consoler de la
« souffrance qui dure ou de la mort qui approche,
« tantôt des parents, des frères, des sœurs, des
« neveux, tantôt des étrangers. En général, ces
« adoptantes sont d'une extrême témérité. Elles
« n'ont aucun égard à la lourdeur de la charge
« qu'elles prennent volontairement. Elles ont des
« ressources insuffisantes et elles veulent les par-
« tager. Tous les économistes les condamne-
« raient. Mais une idée secrète, qu'il y a par le
« monde, les soutient, et fait vivre, contre l'Ins-
« titut s'il le faut, la générosité maternelle, détes-
« table calculatrice :^.
C'est dans cette catégorie d'héroïnes charitables
que l'Académie a fait rentrer la dame Rosalie
Gras. C'est aussi dans la même catégorie qu'elle
inscrit les époux Honorât et la demoiselle Pey-
roncelly, en leur attribuant, toujours sur le Prix
Reynier, les deux sommes de 300 francs encore
disponibles.
1
33
|Nés tous les deux à Aix, de conditions modestes
sans ressources assurées, les Epoux Honorât
jt vu^leur modeste commerce de charbon péri-
^ter à un tel point qu'ils furent forcés de Taban-
Jnner. Malgré cela, leurs sœur et beau-frère
«int tombés malades, ils n'hésitent pas à se dévouer
^^ux. Ils les recueillent et les soignent, et c*est
^.ez eux que leur sœur meurt, trois ans après^
jur recommandant son mari, atteint d'un mal
»rrible qui oblige de Tinterner dans un asile, et
;>n jeune enfant âgé de deux ans à peine.
^ Les époux Honnorat considèrent dès lors ce
] uvre orphelin comme leur fils, ils en acceptent
i grand cœur la charge lourde et pénible, lui
; odiguent les soins les plus délicats et leur sol-
itude ne lui fît jamais défaut.
Leur conduite et leur dévouement ont attiré, à
ste titre, l'admiration de tous ceux qui les con-
issent et les approchent. Le choix de l'Académie
pourra manquer d'être ratifié.
■I
Mademoiselle Peyroncelly Joséphine se recom-
ande aux suffrages de l'Académie pour les mêmes
raisons.
•— 34 —
Originaire d'Aix , elle a été pendant trente
années au service de la même maison, ce qui lui a
valu la médaille d'honneur en récompense de ses
bons et longs services. Mais c'est encore à sa
famille, à sa mère d'abord, ensuite à ses sœurs et
aux enfants de ces dernières qu'elle s'est dévouée
d'une façon inlassable et continue.
Durant toute sa vie, elle a été l'appui, l'aide et
la consolation de tous les siens. Après avoir en-
touré avec le plus grand soin ses parents, bien
qu'étant la plus jeune, elle est pendant longtemps
la garde-malade de ses deux sœurs aînées. Et,
quand Tune d'elles meurt, après une maladie ner-
veuse très violente, elle se charge de son beau-
frère et de ses trois enfants. Obligée de travailler
pour subvenir aux besoins de tous, souvent elle
dut interrompre pour rester au chevet de ceux
dont elle avait assumé si généreusement la charge.
Aujourd'hui, âgée de 68 ans, atteinte de dou-
leurs rhumatismales, c'est à force de privations
qu'elle vient encore au secours de sa dernière
sœur, toujours infirme, et c'est avec peine qu'elle
subvient à ses besoins. Vous trouverez tous, j'en
suis convaincu, que l'Académie devait récompen-
ser de pareils dévouements et apporter un sou-
lagement à Joséphine Peyroncelly, à la fin de ses
jours.
35
VHÏÏX RAvorv
Mademoiselle Albine^'Joséphine Diogène , à'
laquelle TAcadémie attribue le Prix Rayon de
275 francs, est encore une de ces adoptantes, dont
parlait René Bazin.
Dès rage de 7 ans, Albine perd son père et doit
aider sa mère à soigner et faire vivre son frèr^ et
sa sœur, tous deux incapables de subvenir à leurs
besoins quotidiens à cause de leur état mental.
Aussi, au moment où d'autres connaissent les jeux
et les beaux jours, elle part chaque matin pour
Tatelier et mène une vie de travail et de peine.
Intelligente, travailleuse et assidue, elle y fait de
rapides progrès et gagne le pain de tous les siens.
Sa mère est obligée de rester à la maison pour
soigner les deux malheureux infirmes et idiots :
c'est elle qui. par son labeur incessant, leur pro-
cure le nécessaire et souvent, quand elle peut, la
journée finie, elle rentre chez elle, prend une
simple soupe et retourne à Tatelier pour faire des
heures supplémentaires de travail. Elle s'ingéniait
pour dépenser le moins possible pour elle-même
et procurer le plus de subsides à sa famille ; aussi,
que de fois elle obtenait de faire un petit travail
pendant l'heure du repas, chez une personne amie.
— 36 —
acceptant pour toute rétribution d'être nourrie,
c'était toujours une économie pour la maison.
Toutes ces ressources péniblement obtenues et
.gagnées lui étaient nécessaires. Sa mère, en effet,
tombe malade et meurt après deux ans de souffiances
pendant lesquels Albine se prodigua au chevet de
sa chère malade et auprès de son frère et de sa
sœur infirmes. Dès lors, amaigrie par les priva-
tions de toutes sortes, épuisée physiquement et
moralement, elle obtient de placer son frère dans
une maison de santé, où il est mort dernièrement
à rage de trente-deux ans et elle-même se soumet
à un travail au dessus de ses forces pour gagner
sa vie et le pain de sa sœur.
Agée aujourd'hui de 35 ans, sa vie a été pleine
de privations. L'Académie a déjà connu ses
malheurs et récompensé les mérites de sa mère à
laquelle, en 1906, elle accordait une partie du prix
Reynier. Voici comment, à cette époque, s'expri-
mait le rapporteur, notre regretté confrère, M.
Aninard : ^ Dieu envoie toujours un Cyrénéen à
'^ ceux qui ont à porter de lourdes croix. Celui
'^ qu'il a donné à cette pauvre mère, c'est sa fille
^< aînée. Digne d'une telle mère, Albine Diogène
^. est en pleine jeunesse ; elle a toute son intel-
'*: ligence ; son cœur est en joyeux épanouis-
« sèment ; elle gagne une modeste journée de
— 37 —
« couturière. Tout cela elle l'apporte sans retenue,
« ni réserve à sa bonne mère et à ses chers fadas.
« L'Académie en accordant à la veuve Diogène un
« tiers du prix Reynier, en récompense des soins
« douloureusement exceptionnels qu'elle ne cesse
« de donner à ses grands enfants, associe expres-
K sèment la fille à la mère. 11 est juste que celle
« qui a partagé le fardeau partage aussi l'honneur >.
Ces paroles devaient être rappelées. Elevée et
formée toute jeune au devoir et au sacrifice, Albine
Diogène a toujours accompli la lourde tâche qui
lui incombait. Les exemples qu'elle avait reçu de
sa mère, elle a su les suivres avec la même gêné-
rosité et le même dévouement. L'Académie ne
pouvait mieux faire que de récompenser une vie
aussi bien remplie et de lui attribuer le prix Rayon.
Voilà certes de grands et beaux exemples. Et, à
côté de ceux que j'ai eu l'honneur de vous signaler,
bien imparfaitement, combien, peut-être, de plus
méritoires et de plus touchants, mais qui sont restés
inconnus.
Saluons bien bas ces « âmes d'élite » qui ont su
mettre en pratique les plus belles qualités du cœur
et puiser à la véritable source du dévouement et
de la charité.
- 38 -
Certes, elles n'ont pas recherché une récom-
pense humaine ; mais, puisque, grâce à la généro-
sité des fondateurs des prix Rambot, Reynier et
Rayon, nous pouvons soulager leurs vies et peut-
être leurs misères, félicitons-nous en et félicitons-
les surtout de grand cœur.
Comme le disait René Bazin : « elles expliquent
<^ la France, elles sont sa première richesse, les
« témoins de sa foi, la raison de sa vitalité, le
^r. rachat de ses fautes, sa sauvegarde à jamais. >
4
ACADÉMIE D'AIX
95**' SÉANCE PUBLIQUE
s Juin 19il
^
1
•■^
ACADÉMIE
DE8 SCIENCES, AGRICULTURE. ARTS & BELLES-LETTRES
D'AIX
'S?/S=?/^
9Snn© Séance RubliQue
— E$«^ —
Le Mercredi, 2 Juin 191 5, la quatre-vingt-
quinzième SÉANCE Publique de l^Académie d*Aix
A ÉTÉ tenue, a quatre HEURES, DANS LA SaLLE DES
FÊTES DE L'HoTEL ArBAUD.
-— /?r^A
Un public nombreux et choisi, répotidant à Vinvita-
lion de V Académie, lui avait apporté par sa présence,
le témoignage de sa considération et de sa sympathie.
— 44 —
Les lauréats des prix de vertu occupaient, avec leurs
jartiilleSy la place qui leur était réservée.
M. Raymond Bonafous, président en exerciu, a
ouvert la séance en prononçant le discours suivant :
Discours d'Ouverture
PAR
M. Raymond BÔNAFOUS
Mesdames,
Messieurs,
La distribution des prix de vertu et des pensions
se fait chaque année avec une certaine solennité
*
dans la grande salle de la Faculté de Droit.
Le ripport qui justifie le choix des lauréats est
précédé, non seulement d'une allocution assez éten-
due du Président qui parfois étudie une question
spéciale, mais encore de la lecture de travaux d'éru-
dition et de pièces de vers, de sorte que la séance
où le Bien est couronné, est en même temps une
manière de régal littéraire dont nos concitoyens
sont justement friands.
L'Académie a jugé à propos, cette année, et nous
Tespérons cette année seulement, de rompre avec
une tradition ancienne et respectable.
— 46 —
En voici la raison :
Il nous a semblé qu'une cérémonie d'apparat, si
noble qu'en fût le but principal, si bien choisis que
fussent les condiments littéraires dont il nous plai-
sait de l'entourer, cadrerait mal avec l'état de guen*e
qui règne depuis dix mois déjà dans notre malheu-
reux pays, victime de l'agression de deux peuples
de proie plus barbares que leurs ancêtres de ce nom.
Nous vivons une seconde année terrible, et la
guerre impitoyable qui nous a été déclarée sans
autre raison que celle de nous ruiner et de nous
asservir, et qui est menée avec des procédés dé-
loyaux dont les pays neutres sont justement révol-
tés, a semé le deuil dans presque toutes les familles
de la France, qui en a longtemps supporté le poids
le plus lourd.
Notre Compagnie elle-même a été atteinte ; nous
avons des confrères qui se battent, des confrères
qui ont été blessés et même tués.
Ceux-là même que leur âge retient à Aix, ont
été frappés, parfois très cruellement, dans leurs
affections les plus chères.
L'Académie a donc pensé qu'elle devait à la pa-
trie et se devait à elle-même d'éviter touc ce qui,
même de loin, aurait pu avoir quelque apparence
de fête.
— 47 —
Et voilà pourquoi elle a convoqué les lauréats
dans son hôtel de la rue du 4-Septembre dont elle
a simplement entre-bâillé les portes.
Lauréats, vous comprendrez le motif qui nous
a guidés, et vous renoncerez à la satisfaction,
d'ailleurs légitime, d'entendre prononcer vos noms
devant un public nombreux et sympathique. Les
prix et les pensions vous seront distribués avec
moins d'éclat ; mais il ne vous seront pas distribués
avec moins de cœur.
Au contraire, c'est pour nous tous une joie très
profonde que de pouvoir, en cette année de ruines,
de souffrances et de deuil, détourner quelques ins-
tants nos regards vers la pratique du Bien, et saluer
en vous de braves gens.
C'est par la vertu que vivent les peuples. Vous
nous donnez des exemples de cette vertu civile ;
D'autres, vos parents et les nôtres, nous donnent,
en ce moment, des exemples de vertu militaire.
Vous ne m'en voulez pas de les saluer aussi en
votre nom et au nom de l'Académie.
D'ici quelques, mois ils reviendront couverts de
gloire, et vous les aiderez alors à accomplir l'œuvre
qui s'imposera à tous, celle de refaire la France,
c'est-à-dire non seulement de réparer les pertes
matérielles systématiquement accumulées par des
48
vandales disciplinés, mais de conserver et d'afièr-
mir dans notre patrie cet esprit de tolérance et de
concorde, de bienveillance mutuelle entre citoyens,
qui seul nous donnera la paix au-defdans, après que
nous Taurons imposée à ceux qui sont venus la
troubler du dehors.
On a lu :
Lettre à un ami et Aubade triste r poésies de
Monsieur Guérin-Long.
Rapport sur les Prix de VertD
» ' • • •
RAMBOT, REYNIER & HENRIETTE RAYON
ET LES
PENSIONS IRMA MOREAU et NÈGRE
PAR
M« Jules DRUJON
Ancien Bâtonnier de VOrdre des Avocats
A raison des tristesses de la guerre, il a été décidé
que, pour cette année, la distribution des prix de vertu
aurait lieu sans solennité. Cette distribution a été seule,
ment précédée d'un rapport sommaire sur les titres des
lauréats.
PRIX RAMBOT
Epoux Teissandier. Ce ménage modèle, qui vi-
vait modestement du travail du mari comme fer-
blantier, a d'abord recueilli chez lui la mère de
Madame Teissandier, arrivée à la vieillesse et
atteinte d'infirmités qui la rendaient totalement
_ 51 —
impotente, et lui a prodigué, pendant les sept der-
nières années de sa vie, les soins les plus dévoués.
Une petite cousine des époux Teissandier étant
décédée en laissant deux jeunes enfants orphelins,
les époux Teissandier se chargèrent de ces enfants
privés de toute ressource matérielle et morale, les
firent élever, leur procurèrent un état et les entou-
rèrent d'une protection toute paternelle jusqu'à
leur mort, survenue peu après la fin de leur appren-
tissage. Les époux Teissandier se sont imposé ces
charges malgré l'exiguité de leurs ressources. L'âge
avancé auquel ils sont arrivés les réduit aujourd'hui
à une situation très précaire.
PRIX REYNIER
L'Académie a partagé ce prix entre Madame veuve
Bony, Mademoiselle Victoire Biodb, et Madame
▼cuve Chanut.
Madame Teure Botty, d'une condition modeste
et successivement éprouvée par la perte d'un fils
et de son mari, se consacre au soulagement des
misères physiques et morales avec un dévouement
et une abnégation qui l'ont fait surnommer la pro-
vidence de son quartier. — Elle fait consacrer par
l'Eglise des unions irrégulières, fait amener au bap-
— 53 —
tême des enfants élevés sans religion, prodigue aux
malades et aux mourants des soins infatigables ;
en ce moment, elle assiste depuis quatre mois, de
ses services quotidiens, une voisine que l'âge et
les infirmités retiennent dans son lit.
Mademoiselle Bioâs présente Tun des exemples
les plus louables des sentiments de dévouement
désintéressé qui attachaient autrefois certains ser-
viteurs à leurs maîtres. Elle est entrée en 1884 au
service des époux Guibal ; elle les a servis pendant
vingt-trois ans avec un zèle qu'aucune difficulté n'a
pu refroidir ; et elle n*a consenti à cesser ses ser-
vices que lorsque la cécité dont elle a été atteinte
l'y a obligée.
Madame Chanut occupe, dans notre église du
Saint-Esprit la modeste fonction de loueuse des
chaises. Son existence a été longuement et cruelle-
ment éprouvée par l'état de santé de ses deux fils,
atteints l'un et l'autre d'une maladie mentale qui
les réduit à une incapacité totale de travail. Cette
mère infortunée épuise ses forces pour soutenir la
charge de ces deux existences, et ajoute au mérite
de cette infortune simplement et courageusement
supportée, celui de rendre des services charitables
à des personnes qu'elle trouve plus malheureuses
qu'elle-même.
— 54 —
PENSIONS IRMA MOREAU
Les pensions Irma Moreau sont attribuées à :
r les époux Nacre ; 2"" Granier Marius; y Madame
OlUyier, veuve Pascaly i 4'' Mademoiselle Hen/
nette Royère.
Les époux Nacre ont eu neuf enfants ; six vivent
encore et donnent, avec leurs père et mère, l'exem-
ple d'une famille assidue au travail et menant, avec
une irréprochable régularité, une existence modeste
rendue souvent difficile par la maladie.
Marius Granier, fermier au quartier d'Encagnane,
a six enfants qu'il élève dans la pratique de la mo-
rale chrétienne et du travail ; il est, avec tous les
siens, sobre, laborieux, d'une probité scrupuleuse
et a acquis Testime de tous ceux au milieu desquels
il vit.
Madame Julie Ollivier, veuve Pascaly* a aujour-
d'hui 70 ans. Privée de sa mère, dès sa naissance,
et de son père sept ans après, elle s'appliqua géné-
reusement au travail, dès sa première jeunesse,
pour soutenir l'existence de la seconde femme que
son père avait épousée et qui était devenue infirme.
— Parvenue à constituer par son labeur et ses éco-
nomies une petite industrie de couture et mariée
ensuite à un maître tailJeur de Nîmes que les risques
du commerce amènent au bord de la faillite, elle
— 55 —
sacrifie tout son avoir personnel pour épargner
cette épreuve à son mari et se remet au travail peur
gagner le pain du ménage. Réduite aujourd'hui,
par rage et les infirmités, à l'existence la plus pré-
caire, elle trouve encore le moyen de se consacrer
au service d'une famille éprouvée par la maladie.
Mademoiselle Henriette Royère a également
atteint l'âge de 70 ans et n'a cessé de donner
l'exemple d'une conduite irréprochable jointe à là
pratique del'espi'itde dévouement. Elle a eu, pen-
dant de longues années,à subvenir seule aux besoins
de sa mère; en 1870, au cours d'une dangereuse
épidémie de variole, elle se consacrait aux soins
d'une famille dans laquelle trois personnes étaient
atteintes de la maladie. Elle a continué à se livrer
à ces pratiques charitables auxquelles elle a em-
ployé sans compter ses forces et les modestes pro-
duits de son travail.
PRIX RAYON
L'Académie décerne ce prix à Mademoiselle
Marcelle Coche, orpheline de père, vivant et
faisant vivre sa mère infirme, du seul produit de son
travail, menant une existence à tous les points de
vue exemplaire, et supportant sans se plaindre,
malgré une santé de%plus délicates, les privations
56
que lui imposent la modicité de ses gains et les
charges de son humble foyer.
PENSION NÈGRE
La pension Nègre, destinée par son fondateur à
un ouvrier maçon âgé et sans ressources, est attri-
buée à Monsieur Curet Philippe» Cet ancien ou-
vrier est âgé de 7 1 ans. Il a honorablement tra-
vaillé chez des entrepreneurs de notre ville tant
que ses forces le lui ont permis. Contraint à Tinac-
tivité, il n'a d'autres mgyens d'existence que les
faibles salaires de sa femme, concierge dans une
maison du Cours Mirabeau.
—•57 —
I
PRIX HAMBAUD
Fondé en 1809^ suivant iesiameni olographe
du '25 août 18089 pour récompenser les actes de
dévouement^ de courage^ de désintéressement, les
soins donnés à la vieillesse et à Venfance pauvre
et abandonnée.
Le prix Rambot de 545 francs , indivisible ^ a été
décerné àcinquante^inq lauréats de 1860 à igfJ;
Leurs noms ont été publiés dans les précédents
Bulletins ; nous donnons ci-dessous là liste des dix
derniers.
Liste des Lauréats
Depuis 1906
1906. Mlle Victoria Rey, d'Aix-
1907. Mlle Ermance Mégy, d*Alx.
1908. M. Mârius Dagard, d*Aix.
1909. Mlle Marie Rivière, d'Aix.
1910. Mlle Emilie Sospel.
1912. M. Franc François, de Serre.
— Mme AuDiBERT Magdeleine.
1913. M. Paulin Fortou, d'Aix.
1914. Mlle Adèle Menc, d'Aix.
19ir>. Les époux Tessenwé, d'Aix-
PRIX REYNIER
Ce prix de j.ooo francs a été fondé en J 865,
par testament olographe du 18 mars 1864, pour
récompenser les actes les plus méritoires de
dévouement, de fidélité et dé secours au malheur,
les soins désintéressés donnés aux infirmes et aux
vieillards ainsi qu'à l'enfance délaissée et pauvre.
Une partie de la somme est réservée, pour tes
pères et mires qui élèttent le mieux leurs enfants,
c'est-à-dire, d'une manière chrétienne, honnête et
laborieuse.
Le prix Reynier a été décerné à cent trente
Lauréats de 1870 à igi5.
Comme pour le prix Rambot, leur liste a été
Fe dans les précédents Bulletins; voici celle
ix dernières années.
Liste de Lauréats
Depuis f9o6
1906- Mme veuve HÉN*t;LT, née Gai, à Aii.
u Mlle Augustine Socrate, à Aix.
» Mme veuve Diog^ne, née Bonin.
IWT Mlle Julie Dccorv. à Aix.
" Mlle Antoinelte Constant, à Aii.
* Mlle Marie Joseph, dile Marie Ouvb. à Aix-
-59-
1908 Mlle Léoncie Arbaud, à Âix.
» Mlle Eulalie Antonietti, dlstres.
» Les époux BARTHÉLEBiY-GnxES, à Aix.
11X19 MUq Clénaence Tqobias, à Aiz-
» Mlle Marguerite Lèze, à Aix.
» Mme veuve Deluy, à Aix.
1910 M. Joseph Granon, de Rognes.
» M. Fernand Arniaud, de Rognes.
1911 Mlle Henriette Brun, à Aix.
» Mme Anabtay, né^ Ferrât, à Aix.
1912 Mlle BiBiET Jeanne, à Aix.
n Mlle Anastay Nathalie, à Aix-
4 Mlle NiKL Louise, à La Calade, près d'Aix
i> Mlle MoNDONE Eulalie, à Aix-
1913 Mlle BoucHET Baptistine, à Aix.
» Les époux HiL.\RiON Constant, à Rians.
)» Mlle CosTE Marie-Thérèse, à Aix.
1914 Mme Gras, née André, à Aix.
n Les époux HONORAT, à Aix.
» Mlle Peyroncelli Joséphine, à Aix.
1915 Mme veuve Chanut, née Lombard, à Aix.
>» Mme veuve Bossy, à Aix.
» Mlle Bicaïs Victorine, à Aix.
— 6o —
III
PENSIONS IRMA MOREAU
Ces pensions ont été fondées en iSgg^ par tes-
tament de Mademoiselle Irma Moreau, du j fan*
vier de la mime année, qui institue V Académie
sa légataire universelle. Elles consistent en une
somme annuelle de 200 francs.
Elles sont destinées à offrir une récompense et
procurer un secours aux personnes particulière-
ment recommandées par leur honnêteté et leur
vertu notoires, gui en seront les plus dignes et gui
devront être choisies dans les catégories sui-
vantes :
/" Pères de famille veufs ou non, et mères de
famille veuves, connus comme gens malheureux
et nécessiteux, exempts d'ivrognerie et autres
vices, et ayant au moins deux enfants.
T Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie,
ou d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans
l'impossibilité de subvenir à leurs besoins^
L'Académie a commencé à décerner ces pen-
sions en 1^02.
— 6i
Liste des Lauréats
des pensions ouvrières
Ire CATf GORIE <PèrM tt NèrM de ftunille»
1903. M. Fidèle BONTOUX, à Aix (5 enfants)
1904. Mme veuve Charles DES-
PLAS, de Castres (6 n )
1905. M. Victorin GlNIEZ,à Galice (8 » )
1907. Mme veuve TEMPIER, née
Taroieu (5 M )
1908. Mme Pauline DEDIEU, née
Phaillon, de St-Remy; (7 >» )
» Les époux ABEL, de Rians (10 » )
1011. M. Antoine MICHEL, à
Septèmes (14 » ]
1913. M. Célestin-Joseph PHILI-
BERT, époux BouzE, à Aix (8 » )
>» Mme Françoise - Emilie
TOURNEFORT, veuve
Demaria (7 » )
1915. M. NACRE Joseph, à Aix (6 » )
» M. GRANIER Marius, à Aix (6 >» )
— 62 —
Sme CATÉGORIE <0ttvpitr«s»
«
1902. Mme veuve JAUGERST, à Aix.
1903. Mme veuve POURCEL, née Fauque, à Aix.
i> Mme veuve BARBIER, née Aurei^ge, à Aix.
1908. Mlle Madeleine CHIEUSSE, à Arles.
» Mlle Mathilde JOUYNE, à Aix.
1909. Mlle Antoinette BOYER, à Aix.
1910. Mlle Caroline GABALDA, à Aix.
1912. Mme veuve GOYRAND Renées née Laurens,
au Puy-Sainte-Réparade.
1915. Mme veuve PASCALY, née Ollivikr, à Aix.
» Mlle ROYERE Henriette, à Aix.
— 63 —
IV
Pension HENRIETTE RAYON
Ce prix de 2^5 fr. a été fondé par Mademoiselle
Henriette Rayon, par testament du 26 décembre
1906, pour récompenser une jeune fille dont le
bureau de l'Académie aura distingué les mérites.
Comme pour les autres prix Rambot, Reynier
et Irma Moreau, la liste de ces prix sera insérée
dans le présent Bulletin.
L'Académie a commencé en 1909 à décerner ce
prix.
Liste des Lauréats
Depuis 1909
1909. Mlle Herminie CALUER, d*Aiz.
1910. Mlle Marie NOUVERRONS, d^Aix.
1911. Mlle Léontine ROMAN, de Malijay.
1912. Mlle Louise ARNAUD, d*Aix.
1913. Mlle Louise PELLISSIËR, d Aix.
19U. Mlle Albine DIOGENE, d Aix.
1915. Mlle Marcelle COCHE, d'Aix.
-64-
PENSION V NÈGRE
Cette pension a été instituée par Madame
Virginie Fabre/ -veuve Nègre, décédée à Aix le 8
juillet 1908.
Par son testament du 16 juillet fgo3. Madame
Nègre a fondé ce legs en mémoire du sieur Fabre,
son père, qui était maçon. Il consiste en une pen-
sion ouvrière de 32^ francs à décerner à un
maçon, marié ou non, axpec ou sans enfant, ne
pouvant plus travailler, d'une honnêteté parfaite
et bien reconnue, pour en jouir sa vie durant.
L'Académie a commencé à décerner cette pen-
sion dans la séance publique de i$io.
Liste des Lauréats
Depuis 1910
1910. Henri SECOND, d'Aix.
1915. M. CURET, d Aix.
— 65 —
VI
PRIX THIERS
Mademoiselle Dosne, en souvenir de son illus^
tre beau-frère» M. Thiers, a fondé le prix que
V Académie a V honneur de décerner.
Ce prix consiste en une somme de trois mille
francs à décerner tous les cinq ans» indivisible,
pour un ouvrage sur la Provence ou écrit par un
Provençal.
Liste des Lauréats
1907. M. Camille JULUAN, membre de rinstilul,
à Paris.
1912. iVl. Z. ISNARD, archiviste en chef du départe-
ment des Basses-Alpes, à Digne.
— 66
VII
PRIX MIGNET
M: le Docteur Evariste Michel, désireux de
contribuer à la glorification de la ville d'Aix en
suscitant des travaux gui auront pour objet V étu-
de de l'une des phases^ de son passé illustre, ou
r histoire de la vie et des œuvres de l'un des hom-
mes gui. Vont le plus honorée dans les sciences,
dans les lettres ou dans les arts; également pour
rendre hommage à la mémoire de son oncle. M,
Mignet, de V Académie Française, secrétaire per-
pétuel de l'Académie des Sciences Morales et Poli-
ligues, gui appartenait aussi à F Académie d'Aix,
a fondé un prix gui portera son nom. Le Prix
Mignet, de la valeur de S.ooo francs, sera donné
tous les cing ans, intégralement, sans être jamais
partagé, ni diminué, ni ajourné sous aucun pré-
texte.
Pour la première fois, il a été accordé en igi3
et ne sera jamais décerné la même année gue le
Prix Thiers.
Liste des Lauréats
depuis 191 3
1913. M. Michel CLERC, professeur à la Faculté des
Lettres de l'Université d'Aix-Marseille.
BUREAUX DE L'ACADÉMIE
^913-1914
^'•^"■'*««< M. BONAFOUS.
Vice-Président m. Jauffrkt.
Secrétaire perpétuel m. le Baron Guilubert-
Secrétaire annuel M. Gustave Reynaud.
^'■'^'"■^**'« M. le Marquis dIlle. .
Bibliothécaire m. Edouard Aude.
T'-^forier m. Mouravit.
19M-1915
Prétident M. BoNAFOus.
Vice-PréUdent m. Gustave Reynaud.
Secrétaire perpétuel M. le Baron Guillibert-
Secrétaire annuel m. Bagarry.
Archiviste m. le Marquis o'Ille.
Bibliothécaire m. Raimbault.
Trésorier m. db Duranti-u-Calade.
TAB LE AU
DBS
MEMBRES DE L'ACADÉMIE
(Arrêté en Août 191 5)
MEMBRES D'HONNEUR
MM.
PÉcouL Auguste, G. C. ifi, archiviste paléographe. Corres-
pondant 5 mars 1901. Membre d'honneur 23 avril 1907 ;
à Draveu (Seine.et-Oise) et Boulevard de la Tour-Mou-
bourg, 5, à Paris.
Charles-Roux Jules, C. ^, ancien député. Associé régional
12 janvier 1883. Membre di*honneur 3 décembre 1907.
Rue Pierre.Charron, 12, à Paris.
Michel Evariste, ^, docteur en médecine. Membre hono-
raire 21 février 1902. Membre d'honneur 14 janvier 1908.
Rue de Clichy, 40, à Paris, et villa Mignet, à Aix,
GiRAUD Charles, ^, Premier Président de la Cour d'Appel,
16 mars 1909. Rue de VOpéra, à Aix.
AiCARD Jean ^, membre de l'Académie Française, 15 mars
1910 ; à La Garde, près Toulon (Var),
RÉGNIER (de) Henri, membre de l'Académie Française, cor-
respondant 5 mai 1908, membre d'Honneur 16 janvier
1912, rue de Magdehourg, M, à Paris.
— 70 —
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Cherrier (le chfiuioine) Joseph, doyen du Chapitre Métro-
politain, docteur en Théologie, 25 avril 1872. Boulevard
Saint-Louis, SU
GuiLLiBERT (baron) Hippolyte 0. ifi i|i, ancien bâtonnier de
l'ordre des avocats à la Cour. 15 janvier 1878- Rue
Mazarine, /4.
MouRAViT Gustave 4i, président de la Chambre des notai-
res. 8 lévrier 1884. Place des Prêcheurs, 34.
SouBRAT Charles, ancien conseiller à la Cour, président du
Comice agricole- 15 février 1884. Cours Mirabeau, 20.
Marbot (le chanoine) Edmond, ancien vicaire général, 28
mars 1887, Rue Goyrand, 3 bis.
Gantelmi o'Ille (marquis de) Charles ^ ifi 0. ifi. Associé
régional le 12 janvier 1883, membre titulaire le 17 juin
1890. Cours Mirabeau, 6,
PoNTiER Henry, I. P. ^, conservateur directeur du Musée
municipal. 5 avril 1892. Rue Cardinale, 13-
Bonnecorse-Lubières (comte de) Charles, avocat à la Cour.
Associé régional le 27 décembre 1897, membre titulaire le
30 mai 1899. Rue de VOpéra, 24-
BoNAFOUS Raymond, I. P. 3^, professeur à la Faculté dea
Lettres. 30 janvier 1900. Rue du Bras-d'Or, S.
— 7i —
Rolland Henri, I. P. 1^, chanoine titulaire de la Métropole,
aumônier du Lycée Mignet. 18 décembre 1900. Eue du
Louvre, 29.
BouRGUET Alfred, avocat à la Cour. Associé régional le 10
mars 1896, membre titulaire le 29 janvier 1901. Cours
Mirabeau, 17,
Aude Edbuard, I. P. ^, conservateur de la Bibliothèque
Méjanes. Associé régional le 20 meurs 1900, ;nembre titu-
laire le 16 juin 1903. Villa Joyeuse, chemin de la Violette,
Lacoste Ernest, I. P. )^, ingénieur. Assoc^'é régional le 20
février 1900. Membre titulaire le 20 décembre 1904, Eue
du Quatre.Septembre, 30,
D2 Duranti-la-Calade Jérôme ^, licencié ès-Lettres. 21
mars 1905. Eue Mignet, //.
Michel Tranquille, ^, ingénieur en chef des Ponts-et-
Chaussées. 10 avril 1905. Eue du Quatre-Septembre.
Jauffret Alfred, avocat à la Cour. 27 mars 1906. Eue des
Epinaux, 13,
Reynaud Gustave, directeur des Contributions directes, en
retraite. Associé régional 30 janvier 1906. Membre titu-
laire 18 décembre 1906. Eue Cardinale, 17.
Vallier-Collombier Alfred ^, conseiller honoraire à la
Cour d'Appel d'Aix- 12 mai 1908. 10, rue EspariaU
Audinet Eugène, I. P. i^f, professeur à la Faculté de Droit
de rUnlversité d'Aix-Marseille. 15 décembre 1908. Cours
d'Orbitelle, Aix.
MouGiNS. Roquefort (comte de) Charles, Docteur en Droit
Associé régional le 11 mars 1890, membre titulaire le 26
janvier 1909. Cours Mirabeau, 16.
Bagarry Paul, avocat Associé régional 12 janvier 1909.
Membre titulaire 1" février 1910. Cours Mirabeau, 4.
— 72 —
Drujon Jules, 41, avocat, ancien bâtonnier, 23 mai 1911.
Rue de la Monnaie, IL
Ferrier Raymond, amateur d*art Associé régional, 16
juin 1896. Membre titulaire, 14 mai 1912. Rue des Arts,
eUMétien, 2.
Louis-Gautier, I. P. ^, artiste peintre, 12 mai 1912- Boule-
vard de VHÔpital, villa Acantha.
Cabassol Joseph, avocat, Conseiller Général des Bouches.
du-Rhône, ancien Maire dlAix, Membre d'Honneur, 23
janvier 1906. Membre titulaire, ^ j!uin 1912. Place
Jeanru^d'Arc. g,
Garcin Sextius, avocat. 18 février 1913. Place Forbin, 3.
Latil Victor ifi, Docteur en médecine, 18 janvier 1914. Rue
du Bœut, 22.
JouROAN Alfred, avocat à la Cour. Associé régional, 5
* décembre 1911. Membre titulaire, 12 mai 1914. Cours
Mirabeau, 40.
Sade Louis, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 12 mai 1914.
Haimbault Maurice, I. P. *i^, Archiviste adjoint du Dépar-
tement. Associé régional, 11 janvier 1910. Membre titu-
laire, 5 janvier 1915. Musée Arbaud^ rue du Quaire-
Septembre, 2 a.
Davin (rabbé) Paul-Marie. 19 janvier 1915. Place des Pré-
cheurSf 40.
-73-
MEMBRES HONORAIRES
MM.
PisoN Alexandre, ^ I. P. ^ 41, doyen honoraire de la Fa-
culté de Droit. 30 Janvier 1894- Rue d'Italie, U.
Granibr Désiré, ^, conseiller doyen honoraire à la Cour,
29 mai 1894. Cours Mirabeau^ 47,
VnJLEVixiixx Joseph, I. P. %^, artiste peintre. 22 décembre
1903. Rue Espariat, 20.
Fassin Emile, I. P. ^, Conseiller honoraire à la Cour
d*appel d*Aix. Membre titulaire 24 avril 1894. Membre
honoraire 11 février 1913, à Arles.
D*AuTBiMAN Fernand C. ifi, ancien magistrat 1*' décembre
1914. Rue RouxhAlphéran, 33, Aix.
D£ GiRAUD d'Agay (comte) Gabriel. Ancien Président du
Comice Agricole d'Aix. 1*' décembre 1914. Rue Cariinale,
/5, Aix.
— 74 —
ASSOCIÉS RÉGIONAUX
MM.
Eysseric Saint-Marcel, ancien magistrat et conseiller
général, inspecteui^ départemental de la Société d'Archéo-
logie, à Sisteron. 19 décembre 1882.
Rey (de) Gonzague, château du Prieuré d'Ardène, près
Saint-Michel (Basses-Alpes). 5 janvi^ 1883.
ISNARD, I. P. ^ , archiviste des Basses- Alpes, secrétaire de
la Société Académique, ancien élève de TËcole des Char-
tes, à Digne. 12 janvier 1883.
MiREUR ^, archiviste du département du Var, membre du
Comité des travaux historiques^, à Draguignan. 19 jan-
vier 1883.
Bonhomme (rabbé), chanoine à Riez (Basses. Alpes). 9 fé-
vrier 1883.
Bernard Charles ^, président de Chambre honoraire à la
Cour de Dijon, ancien avocat à la Cour d'Aix. 16 février
1883.
Magallon d'Argens (marquis de) Xavier, ancien conseiller
général des Hautes-Alpes, villa Magdala, à Sainte-Mar-
the, Marseillei. 16 mars 1889.
Gamber (le chanoine) Stanislaa, 1^, secrétaire perpétuel de
l'Académie de Marseille. 7 avril 1891.
=-75--
CoLLOT Louis, ^, professeur de géologie à la Faculté dea
Scieixces de Dijon. 26 janvier 1892.
CoixoNGUE (d'AvoN, barott de), i^ ifi 0. ifi, ministre pléni-
potentiaire, en retraite, au chftteau de Collongue, par
Cadenet (Vaucluse). 6 juin 1893.
Chaiixan (Vabbé), correspondant du Ministère de rinstruc-
tion Publique, curé de Septèmes (Bouches-du-Rh6ne).
12 janvier 1894.
Teil (baron du) Joseph 41. Quai de Billy, 2, Paris. 4 mai
1897.
Maurel (rabbé) Marie-Joseph, place de THôtel-de-Ville, &, à
Manosque (Basses- Alpes). 18 mai 1897.
Prou.Gaillard, i^ C. 41, ancien directeur de l'Académie de
Marseille- 5, boulevard Montricher. 3 mai 1898.
Manteyer (de) Georges, archiviste-paléographe, château de
Manteyer (Hautes. Alpes). 13 décembre 1898.
LiEUTAUD Victor, i|i, ancien bibliothécaire de la ville de
Marseille, notaire à Vodone (Basses- Alpes). 15 mai 1900.
MiLSANT Séibasticn, ifi, avocat, ancien bâtonnier. Rue Ba-
lay, 2, Saint-Etienne. 19 mars 1901.
MuTERSE Maurice, ancien officier de marine, ancien sous-
préfet, à Antibes. 7 mai 1901.
Bernard d*Attanoux (comte) Henri, 4i, avocat, ancien ma-
gistrat, Rue Palermo, 2, Nice. 14 mai 1901.
GÉRiN-RiCARD (comte de), président de la Société d'archéo-
logie. Rue Grignan, 60, Marseille. 4 mars 1902.
MoNCLAR (de RiPERT marquis de) François, C ^, ministre
plénipotentiaire, en retraite, au château d'Allemagne,
près Riez. 18 mars 1902.
ViLLENEUVE-EscLAPON (marquis de) Christian, 0. if, ancien
député, Rue de Prony, 75, Paria, et à Valensole (Basses-
Alpes). 7 juin 1904.
-76-
CiosMAOEUc (Urvay de) Jules, Rue Roux-Alphéran, 25, à
Âix. 19 décembre 1905.
LiEUTAUD Auguste, président de la Société des Amis du
Vieil Arles, à Arles. 30 janvier 1906.
Cotte Charles, licencié en Droit, notaire à Pertuis (Vau-
cluse). 24 avrïri906.
Gaffarel Paul, professeur à la Faculté des Lettres d*Aix.
Rue Paradis, 295, Marseille. 19 mars 1907.
ViNCENS Charless ifi ifi 0. ifi, ancien Directeur de TAcadé-
mie de Marseille. Rue Nicolas, 9, Marseille. 11 juin 1907.
La Salle de Rochemaure (duc de) Félix, C. ifi ifi ifi. Ch&.
teau de Clavières-Ayrens (Cantal). 19 mai 1908.
Tavernier Edouard, avocat, docteur en droit Rue Fran-
çois !•', 162, Paris. 19 mars 1908.
Lefèvre Edmond, directeur de la <i Revue de Provence n.
Rue Tapis. Vert, 40, Marseille. 22 décembre 1908.
Brémond (l'abbé) Henri, 34, place des Prêcheurs, à Aix.
16 mars 1909.
BouRGBT Henri, Directeur de 1 observatoire de Marseille.
9 juin 1909.
SicARD Martial, ancien député, maire de Forcalquier (Bas.
ses- Alpes). 11 janvier 1910.
SiLBERT José, ^, artiste^peintre, à Marseille. 1*' lévrier
1910.
Revol Amédée, avoué à la Cour, rue Gaston-de-Saporta, à
Aix. 26 avril 1910.
Retnaud Jean, avocat, 38, rue de SaintrSulpice, à Paris.
9 mai 1911.
Loréoan Jean, 77, rue Claude.Bemard, à Paris.90 mai 1911.
Pascal (le chanoine) Adrien, !^, curé-doyen de Peyrolles
(B.-du-R.). 16 janvier 1912.
— 77 —
GuÉRiN-LoNG Paul, Président du Tribunal Civil, rue Roux-
Alphéran, 25, à Aix. 11 juin 1912.
DK Mazan (de Fabre, marquis) Joseph, docteur ès-sciences,
rue Roux-Alphéran, 35, à Aix. 11 juin 1912.
Dumas, professeur à la Faculté de Droit, 31, rue des Cor.
deliers, à Aix. 11 juin 1912.
Faudra Marins, professeur d'agriculture, rue du Trésor, 2,
à Aix. 11 juin 1912.
BouAT, I. P. ^, boulevard du Roi.René, 58, à Aix. 29 avril
1913.
Belin Henri, cours Gambetta, 40, à Aix. 20 mai 1913-
BusQUET Raoul, 1^, Archiviste en Chef des Boucher du
Rhône, rue Sylvabelle, 2, à Marseille. 8 janvier 19U.
Julien Fortuné, ^, ancien professeur à TEcole d'Arts et
Métiers, traverse Bressier, 16, à Aix. 12 mai IdU.
ËTMARD Léon, avocat à la Cour, rue du Quatre-Septembre,
9, à Aix. 29 mai 1914.
Toussaint Gabriel, ancien magistrat, boulevard N^trc-
Dame, 57, à Aix, 2 février 1915.
Alcoud Henn, à Saint>-Cyr-les-Lèques (Var). 13 avril 1915.
-78-
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
MM.
LavoUée Paul-René^ docteur ès-lettres, ancien consul géûd-
ral, boulevard Haussmann, 162, à Paris. 25 avril 1870.
Millien Achille, lauréat de TAcadémie Française, à Bea.i-
mont-la-Ferrière (Nièvre). 16 décembre 1872-
Faisan Albert, à Saint-Cyr-en-Mont-d'Or, près Lyon. 14
mars 1876.
Bellet (rabbé), à Tain (Drôme). 12 décembre 1882.
Jessé-Charleval (comte de) Antoines ancien maire de Mar-
seille. Château-l'Arc, par Rousset (B.-du-R.). Associé
régional 5 janvier 1883- Correspondant le 7 janvier 1908.
JuUien Ernest, Président honoraire du Tribunal Civil, à
Reims (Marne). 2 mai 1884.
Cortèz Femand, correspondant du Ministère pour les tra-
vaux historiques, à Saint-Maximin (Var). Associé régio-
nal 25 mai 1886. Correspondant 16 janvier 1912.
Lanéay d'Arc, Pierre, docteur en droit, procureur de la
République, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Asso-
cié régional 12 décembre 1887, titulaire 8 mars 1892, cor-
respondant 7 juin 1904.
Cottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal- Avenue Henri-
Martin, 44, Paris. 11 juin 1888.
— 79 —
Proal Louis, conseiller à la Cour de Paris. 6, rue Charles
Divry, IV*. Titulaire le 22 décembre 1891, correspondant
le 15 décembre 18%.
Tourtoulon (baoron de, marquis de Barre), Pierre, docteur
en droit Château de la Fuste, par Valensole (Basses-
Alpes). 12 janvier 1897.
Joret Ch€Lrles, membre de Tlnstitut. Rue Madame, 64, à
Paris. Titulaire le 16 mai 1893, correspondant le 12 dé.
cembre 1899.
Zeiller Charles-René, membre de l'Institut. Rue du Vieux.
Colombier, 8, à Paris. 19 janvier 1897.
Petit Alexandre, docteur en médecine à Royat, et rue
LalTitte, 3, à Paris. 4 mai 1897.
Hulot (baron), secrétaire général de la Société de Géogra.
phie. 41, avenue de Labourdonnais, à Paris. 11 mai 1897.
Rochas d'Aiglun (comte de), colonel, ancien administra,
teur de l'Ecole Polytechnique. Rue Descartes, 21, à Gre-
noble. 24 avril 1900.
Moris Henri, archiviste des Alpes-Maritimes. Villa Moris,
boulevard Dubouchage, à Nice- 19 mars 1901.
Tasset Jacques, à Molosme^-Tonnerre (Yonne). 9 juin 1903.
Poitevin de Maureillan (de), 0.^, colonel en retraite, con-
servateur du Musée d'Hyères (Var). 15 «nai 1906.
Jullian Camille, membre de l'Institut, professeur au Collè-
ge de France, 30, rue de Luxembourg, à Paris, 28 mai
1907.
Lacour-Gayet Georges, Membre de Tlnstitut, rue Jacob,
46. Paris. 10 décembre 1907.
Rieux (des») Lionel, avenue de Villiers, 126, à Paris. 21 jan-
vier 1908.
— 8o —
Nolhac (de) Pierre, Conservateur du Palais de Versailles,
à Versailles (Seine-et-Oiae). 2 juin 1908.
Labande, Conservateur des Archives de la principauté de
Monaco. 19 janvier 1909.
Dlenne (comte de) Edouard. Château de Servilly, par La
Palisse (Allier). 19 janvier 1909.
Barthélémy Jules, Rédacteur au secrétariat de l'Institut,
au Palais de Tlnstitut, Paris. 16 février 1909.
Marlot Hippolyte, géologue prospecteur à Martiny, par
Marmagne (Saône-eULoire). 9 mars 1909.
Maurin Georges, avocat à Nîmes (Gard). 11 janvier 1910.
Charpin Frédéric, publiciste, 33, rue Madame, à Paris. 1*
février 1910.
Matter (Pabbé) Joseph, curé de Gebenhauser, par Putlan-
ge-les-Forbach (Lorraine). 10 mai 1910.
Sapy (le père Thomas), rue Barthélémy, 37, à Marseille.
13 décembre 1910.
Boy Charles, rue Sainte-Catherine, 12, à Saint-Etienne
(Loire). 21 février 1911.
Chaperon (Fabbé), curé de La Martre (Var). 21 février
1911.
De Brun, Pierre, receveur des Domaines, à Saint-Remy
(B..<lu-R.). 16 mai 1911.
Reynald Georges, avocat, conseiller général, sénateur de
TAriège, maire de Foix. 12 décembre 1911.
De Vogue (le comte) Raimond, rue François-Ponsard, 12,
à Paris. 16 janvier 1912.
Hallays André, publiciste, à Paris. 6 février 1912-
Bernard Valère, artiste peintres capoulié du Félibrige,
quai de Rive-Neuve, 15, à Marseille. 11 juin 1912.
— 8i —
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
A L'ÉTRANGER
MM.
Carnazza-Amari, ancien professeur à rUniversité de
Catane, sénateur du royaume d Italie. 6 avril 1868.
Typaldo-Bassia, député, ancien Président du Parlemeni
hellène, à Athènes. 23 janvier 1894.
Portai (le commandeur Emmanuel), membre de la Royale
Commission héraldique d'Itaiie. Passeggiata di Ripetta,
16, à Rome. 12 février 1895.
Da Cunha Xavier, conservateur de la Bibliothèque Natio.
nale. Rue S. Bartholomeo, 12, à Lisbonne (Portugal). 11
décembre 1900.
Satta Salvatore, membre de la Société Philologique à Ro.
me. 26 mai 1903.
Gàvànescul J., professeur à l'Université de Jassy (Rou-
manie). 9 juin 1903.
Padula (le commandeur) Antoine, secrétaire général de
la Société Luigi-Camoëns. Via dei Fiorentini, 67, à Na-
pies- 17 janvier 1905.
Wallenskiôld Axel, professeur de philologie romane à
l'Université dHelsingfors (Finlande). 26 avril 1909.
Santoro Domenico, professeur à Tlnstitut à Chieti (Na-*
pies), l*» février 1910.
Perra Glacomo, DoUore Professore, via Doaaldf, 12, à.
Turin (Italie). 3 février 1914.
De Faria (le vicomte) Antonio, Consul de Portugal, Grand
Hdtel Richemond & Lausanne (Suisse). 3 février 1914.
Gargaata (le Chevalier) Joseph, Président de la Croix-
Bouge & Olot (E^agne). 3 février 1914-
Le pré«ent tableau ■ été arrêté 1« t" Juin 101B. conformé-
ment à l'article 10 du règlement.
Le Prétident : Le Secrétaire Perpétuel :
R. QoNAFOus Baron Guiubeht.
I. BRUN, Imp. de l'Académie, rue Manuel. 20. — AIX-EN-PROVENCE
1
ACADÉMIE D'AIX
96°"* Séance Publique
18 juin 1916
SÉANCE PUBLIQUE
DE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ET BELLES-LETTRES
D'AIX
IMPniMEHIE ET LlBRilBIE MAKAïaE
J. Darbèe et Cie, snooesseors
i, rue Tbiers, i
AIX
ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS ET ÊELLES-LETTRES
96"^^ SÉANCE PUBLIQUE
Le jeudi /j juin i()i6, la quatre-vingt-
sei::^ième séance publique de V Académie a été
tenue à quatre heures dans la Salle des Fêtes
du Musée Arbaud (Hôtel de V Académie).
Tous les sîèges étaient occupés de bonne
heure par une assistance nombreuse et de choix.
On y remarquait quelques survivants du Ba-
taillon des Mobiles des Bouches-du-Rhône ayant
pris part à la répression de la révolte de l'Al-
gérie en I 87 I .
Au bureau, M. Bourguet, président en exer-
cice, était entouré des Membres de l'Académie.
. présents à Aix.
Les lauréats des prix de vertu et des pen-
— 6 —
sîons ouvrières occupaient, avec leur famille,
leur place habituelle.
M. le Président ouvre la séance et prononce
l'allocution suivante :
Mesdames,
Messieurs,
Nous nous sommes demandé si nous devions,
à l'heure où chacun ne songe qu'aux chocs des
armées et aux dangers bravés par nos soldats,
tenir en public, suivant les traditions de l'Aca-
démie, notre séance de fin d'année.
Il nous a semblé que nous ne manquerions
pas à notre devoir en célébrant, une fois de plus^
tout ce qui fait la force et la grandeur de notre
pays. Nous n'avons pas voulu, d'autre part,
priver les lauréats des prix de vertu de la mo-
deste auréole qui s'attache a leur nom proclamé
devant vous.
Le 2 août 1914, à l'instant même où commen-
çait la mobilisation, j'entendais, dans une rue
d'Aix une brave femme dire à sa voisine en
— 7 —
parlant de ses fils : (( Alors, je leur ai dit : Mes
petits, ce n'est plus moi votre mère, c'est la Pa-
trie. Vous n'êtes plus mes enfants, vous êtes les
enfants de la France ».
En rentrant chez moi, je trouvais la carte
postale suivante qui m'était adressée par un
jeune sous-lieutenant de la promotion des « Ma-
rie-Louise », en garnison à Toul : « Nous ve-
nons d être alertés et nous allons partir pour les
positions de couverture... Je pars avec con-
fiance et fureur, nous allons enfin écraser ces
empires monstrueux qui, pendant 40 ans ont
donné à l'Europe tant d'incertitude et tant d'in-
quiétudes. Ils ont voulu la guerre, ils auront la
mort. Cette pensée que nous combattons pour
la paix française et que le Dieu de justice est
avec nous, nous soutient et nous exalte ».
Considérez, Messieurs, l'état d'âme digne de
l'antiquité révélé par cet humble élément de la
population civile. Rapprochez-le du courage et
de l'ardeur avec lesquels s'exprime un soldat et
vous comprendrez comment, malgré tout, la
France a tenu si longtemps et veut tenir jus-
qu'à la victoire.
Aussi bien sembla-t-elle d'abord sourire à nos
— 8 —
armes. Souvenez-vous de l'entrée de nos trou-
pes en Alsace et de Toccupation momentanée
de Mulhouse. Mais le général en chef a besoin
de concentrer toutes ses forces. En dépit de
rhéroïque valeur de la Belgique (à qui nous de-
vons du moins d'avoir pu achever notre mobi-
lisation) il nous faut lui venir en aide et c'est. . .
Charleroi.
Alors, la retraite, Paris menacé, le Gouver-
nement pour bien montrer sa volonté de lutter
jusqu'au bout, obligé de se retirer à Bordeaux,
la France entière angoissée mais admirable de
tenue et de confiance. Qui de vous, Messieurs,
peut l'avoir oublié ?
Le 6 septembre 191 4, un coup de clairon
retentit aux oreilles de nos armées harassées de
fatigue. (( Au moment où s'engage une bataille
d'où dépend le salut du pays, il importe de rap-
peler à tous que le moment n'est plus de re-
garder en arrière : Tous les efforts doivent être
employés à attaquer et à refouler l'ennemi. Une
troupe qui ne pourra plus avancer, devra, coûte
que coûte, garder le terrain conquis et se faire
tuer plutôt que de reculer ». Le général Joffre
a sonné le réveil.
Chargé de la défense de Paris, Gallieni sait
prendre l'initiative démarcher au canon. Mau-
— 9 —
noury triomphe sur l'Oureq. Sarrail résiste a
Verdun,^ Castelnau à Nancy et la victoire de la
Marne sauve la France de la ruée.
Que^ne ferait-on pas avec de tels chefs et com-
ment ne pas rappeler à ce propos le fameux
télégramme de Foch : (( Débordé sur ma droite,
débordé sur ma gauche. En somme, situation
excellente pour faire face à l'ennemi. . . J'atta-
que.
* *
On peut dire que les glorieuse^ journées de
septembre 19 14 ont brisé Télan de l'offensive
allemande et que, sur tout leur front, les Fran-
çais ont sauvé la liberté de l'Europe. Non pas
certes (nous ne le savons que trop) que l'Alle-
magne ait été définitivement vaincue mais elle a
perdu, dès cette époque, ce prestige d'infaillibi-
lité militaire qui faisait sa force et sa tyrannie.
La victoire de l'Yser, l'offensive de Champagne
et l'héroïque défense qui se poursuit encore au-
tour de Verdun ont témoigné plus encore, que
nos soldats étaient capables de tenir tête aux
siens, avec courage toujours^ avec bonheur
souvent.
Voilà pourquoi la France est devenue « la
grande force morale de la coalition ». Elle vou-
— 10 —
lait la paix, elle a prouvé qu'elle était capable
défaire la guerre. Elle avait été sans reproche^
elle sait tous les jours se montrer sans peur.
Et comme l'écrivait un penseur : « On a sou-
vent reproché à l'âme française son penchant à
la perpétuelle critique, son amour de l'indépen-
dance frondeuse, son impatience de tous les
jougs. Qui ne sent aujourd'hui, dans notre peu-
ple où tout le monde à fait spontanément son
devoir, la précieuse noblesse de cet individua-
lisme dont on a tant médit ? » Les sacrifices
consentis à lasoumissîsn, à la confiance, n'en
sont-ils pas plus méritoires encore ?
Chacun d'ailleurs, nous rend pleine justice.
A la douma russe le député Alexandrof s'est
exprimé en ces termes : a En ce moment la
France forge non seulement son histoire, mais
la nôtre. Elle nous élève, elle nous oblige à re-
garder en haut vers le ciel et non vers la terre
et, quand on voit ce beau pays cultivé, civilisé,
pour se soumettre à ce que lui demandait sa
conscience nationale et ses obligations d'al-
liance envoyer ses fils à notre aide, on voudrait
donner toute sa force à ce salut. On voudrait le
voir s'envoler par dessus les pays ennemis pour
— li —
aller, s'il était nécessaire, galvaniser ce noble
pays qui lutte pour nous et pour ses droits, qui
lutte pour les droits de Thumanité.
Et de rOrient, où le maintien de nos troupes
à Salonique a produit TefTet d'une seconde vie
toire de la Marne, s'élève aussi un hymne de
reconnaissance.
Ecoutez plutôt les accents que le Journal de
l'illustre homme d'Etat, Venizélos, a su trouver
pour traduire sa pensée : « A la France qui,
loin de chercher à dominer les peuples asservis,
veut élever jusqu'à elle les peuples délivrés ; à
la grande France qui, généreuse et douce, ne
s'organisait pas pour la guerre et qui, cepen-
dant trouve dans la conscience de son droit la
force de tenir en échec l'état militaire le plus bel-
liqueux de tous les temps et de tous les pays.,.,
à la France, a ses fils, nous adressons de ce
coin d'Orient nos prières pour la Victoire parce
que cette victoire sera le commencement d'un
meilleur avenir pour V humanité toute entière.
La source à laquelle nos soldats puisent le
courage qui nous vaut ces témoignages d'admi-
ration n'a jamais varié. C'est cette foi, incons-
ciente peut être chez quelques-uns, que chacun
— 12 —
garde en soi-même dans les destinées immor-
telles de la Patrie. Foi éternelle et permanente
qui assure la continuité de nos efforts depuis les
temps les plus lointains de notre histoire jus-
qu'aux jours de notre épopée actuelle, Par elle
demeure durable et par elle s'est conservé tout
ce qui fait le charrne et la force de notre « douce
France ».
Si Ton en pouvait douter, n'en trouverait-on
pas un témoignage nouveau dans cet épisode
recueilli par ^Maurice Barrés et que vous me per-
mettrez de vous rappeler.
Au cours d'une messe au front , l'officiant, un
prêtre soldat, s'interrompit pour dire à ses ca-
marades : (( Vous ne savez pas les prières, mais
il y a une manière de prier qui est à votre por-
tée. On honore Dieu par le chant . Voyez ce que
vous savez, concertez-vous et, quand j'aurai
élevé l'Hostie, vous chanterez ».
Ils chuchotent, font passer un mot, et quand
le prêtre arrive au point culminant de l'office
tous entonnent, de la Marseillaise, cette admi-
rable strophe :
Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie,
Combat avec tes défenseurs.
— 13 —
Eclatante manifestation de cet état d'esprit
qui nous mérite le succès final, preuve nouvelle
de cette union morale, plus belle encore que Tu-
nité, parce que chacun la consentie librement et
dans la plénitude de sa volonté.
*
A ce mouvement si généreux du pays tout
entier l'Académie d'Aix n'est pas demeurée
étrangère." Elle a fait elle aussi, dans la mesure
du possible, les sacrifiées réclamés à tous.
Un jour viendra, quand la guerre sera finie,
où nous rendrons à nos morts un hommage plus
complet. Pour aujourd'hui, je me borne à en-
trouvrir devant vous notre. (( Livre d'Or » et j'y
lis:
Lieutenant Lionel des Rieux ;
Lieutenant Frédéric Charpin ;
Lieutenant Jean Reynaud ;
Capitaine Louis Sade,
tués à l'ennemi.
Ne commentons pas leur conduite, Messieurs,
mais saluons avec émotion leur mémoire car ils
— 14 —
ont pris leur part de cet élan superbe quî, met-
tant la force matérielle au service de l'idéal, a
donné à la vieille gloire française comme un re-
nouveau de jeunesse et de grandeur.
RAPPORT
SUR LES
PRIX DE VERTU
PAR
M. J. CABàSSOL
Mesdames,
MESsiEur<s,
C'est un honneur délicat, un devoir difficile à
remplir, celui de louer et de récompenser les
belles actions.
Qui donc peut les juger avec une suffisante
autorité, et discerner sans crainte d erreur,
celle qui méritât le mieux d'être proclamée ?
Il est vrai que s'il y a dans la vertu un élé-
ment qui reste au dessus de Téloge, il s'y trouve
aussi le germe fertile de l'exemple, et c'est là
que le rôle de celui qui doit parler de la vertu,
acquiert sa véritable utilité. Aussi bien, les phi-
lantropes, les pieuses femmes qui ont nommé
— 16 -
rAcadémie mandataire âé leurs générosités, fu-
rent, certainement inspirés, en faisant leurs fon-
dations, par cette double pensée, qu'il est né-
cessaire d'aller chercher chez elle, la vertu, parce
qu'il est de son essence de se soustraire aux re-
gards, et qu'il faut aussi la glorifier publique-
ment, pour augmenter le fond moral de l'hu-
manité. Rien, en effet, ne saurait mieux élever
la raison et fortifier l'âme, que le récit d'actes
accomplis simplement, par des petits, des hum-
bles, souvent des pauvres, au profit de plus
humbles et de plus pauvres, sans le moindre
souci d'un bénéfice personnel.
La lecture des dossiers qui ont été soumis à
votre Commission, démontre une fois de plus,
que c'est dans la pratique des devoirs de la fa-
mille, dans le dévouement au prochain, (( l'al-
truisme », que Bossuet appelle u la perfection
de la loi », que se développent les hautes ten-
dances de l'àme humaine. Ouvrons donc nos
cahiers d'enquêtes : nous en extrairons ce con-
solant espoir, que les générations actuelles qui,
dans les angoisses qui nous étreignent, sont en
train de reprendre possession d'elles-mêmes,
feront renaître magnifiquement, demain, sur
le sol de la patrie, le culte fécond du bien et de
la charité.
— 17 —
Et puisque nous avons jeté comme un regard
vers l'avenir du pays, dirigeons tout de suite
aussi notre pensée vers ses admirables défen-
seurs, en alliant à leur souvenir le nom de celui
qui a voulu exalter annuellement leur mérite :
I
M. Rambot était, en 1816, lieutenant dans
les chasseurs achevai. Il avait 20 ans. En 1823,
il fut promu capitaine et attaché comme officier
d'ordonnance au général Saint-Cyr Nugues,
chef d'état-major de l'Armée des Pyrénées. En
cette qualité, il prit part à la guerre d'Espagne
et se distingua au siège de Pampelune. J'ima-
gine que 35 ans plus tard, lorsque dans sa re-
traite studieuse, il préparait le testament qui di-
visait sa fortune en bonnes œuvres et léguait
notamment à l'Académie d'Aix, dont il était
membre, une somme de 12.000 fr., pour en
employer les revenus à récompenser les actes
de courage, Gustave Rambot songeait aux com-
pagnons d'armes dont il avait partagé les dan-
gers et la gloire, à ceux surtout qui, à côté de
lui, avaient donné leur sang à la cause sacrée.
Voilà pourquoi, il est précieux à l'Académie,
dépositaire et exécutrice de ses intentions, d'al-
— 18 —
louer, cette année, le prix Rambot de 545 fr.à la
section aixoîse de l'Œuvre des Veuves de la
Guerre. Les fils de la Provence ont fait, tous,
durant ces vingt mois de sanglantes épreuves,
des prodiges d'endurance et d'intrépidité; Ils ont
superbement justifié la fière parole du poète :
« O ma France bénie !
Rien n'épuisera donc ta force et ton génie !
Terre du dévouement, de l'honneur, de la foi,
Il ne faudra jamais désespérer de toi. »
Nombreux hélas, sont ceux qui ne revien-
dront plus, reposer leurs regards, sur les hori-
zons ensoleillés dont rêvait leur pensée sous le
ciel des batailles; il nous est doux d'apporter à
leur mémoire, le témoignage ému de notre re-
connaissante admiration, et d'exprimer à celles
qui les pleurent, l'assurance de notre sympa-
thie dans la douleur.
II
Le Prix Reynier est divisible, et l'Académie a
cru devoir le répartir en 3, parmi les nombreux
candidats dont elle eût à examiner et classer les
dossiers :
Le nom dé Mme veuve Fournon Fayèt est le
premier que j'ai le plaisir de proclamer. Cette
— 19 —
excellente femme, âgée aujourd'hui de 85 ans,
est née dans le département des Basses-Alpes,
mais habite la ville d'Aix, depuis plus d'un demi
siècle. Au cours de sa longue existence, les épreu-
ves ne lui manquèrent point ; elle les supportât
avec autant d'énergie que d'admirable soumis-
sion à la Providence ; souffrir était son lot, elle
l'acceptât, pourvu que ceux qui étaient autour
d'elle n'eussent pas à en subir le contre-coup ;
et c'est ainsi que toujours forte, calme, sou-
riante, elle élevât les sept enfants, dont la
mort prématurée de son mari, lui avait
laissé toute la charge ; elle en a fait des hom-
mes de travail et des femmes de devoir. Quand
la mère eût terminé son difficile labeur et que
l'heure du repos mérité semblait arrivée, le
malheur vint de nouveau frapper à coups re-
doublés, à sa porte ; sa fille aînée fut enlevée en
quelques jours à sa teqdresse, lui laissant 4
orphelins, 4 garçons, dont il fallait assurer la
vie ; puis succombait encore la seconde de ses
filles lui confiant l'avenir de son petit garçon ;
quelques temps après mourrait aussi la troisiè-
me dont la fillette demandait à son tour place au
foyer de la grand-mère. Et la grand-mère ouvrit
toutes grandes les portes de sa maison et celles
de son cœur. Il y a quelques jours, l'un des
petît>-fi!^ de 31 me Foumon. pjur lequel Ta ve-
nir apparaissait plein de promesses, est mort.
en hcrrjrj, au champ d'honneur.
I^ tâche que les événements avait imposée à
cette vaillante femme, paraissait assez large
p^jur suffire à son dévouement. Elle sut cepen-
dant le dépenser encore en dehors du cercle de
la famille. Sans redouter la fatigue des veilles
que le labeur du jour devait rendre plus dure,
ni la contagion à laquelle elle s'exposait et ex-
posait srjn nombreux entourage, Mme Four-
non se fit, à diverses reprises, la garde-malade
volontaire de pauvres malades sans ressources
et sans secours. Elle a pu sauver ainsi d*une mort
redoutable une jeune mère,dont les enfants n'ont
pas perdu le souvenir du courageux dévoue-
ment dont cette brave femme fit preuve.
Ne devez- vous pas, .Messieurs, applaudir au
choix de FAcadémie, qui alloue à Mme Four-
non le premier prix Reynier de 400 fr. ?
C'est à Mademoiselle Louise Délions qu'est
attribué le 2e de 300 fr. î
Tous ceux qui connaissent cette sainte fille
rendent témoignage à ses qualités ; on peut
dire qu'elle a usé son existence et hâté Theure
de la vieillesse en se consacrant aux autres, à
— 21 —
sa mère infirme, à ses sœurs malades, à une
amîe, enfin, frappée par un maK implacable en
pleine jeunesse, Quand la mort lui eût ravi ces
êtres affectionnés, c'est dans un orphelinat de
Marseille que Mademoiselle Délions allât por-
ter son inlassable activité. Mais ses forces ne
furent point aussi résistantes que sa volonté, et
elle dut revenir à Aix prendre un repos qui lui
fut certainement plus pénible que l'accomplisse-
ment des besognes ingrates qu'elle avait jusque-
là volontairement assumées. Elle éprouvât du
moins le besoin de se consacrer à une œuvre
dont le but répondait à son zélé pieux et s'oc-
cupât assiduement du patronnage des jeunes
filles de la paroisse du Saint-Esprit.
La récompense que reçoit aujourd'hui Made-
moiselle Délions, est l'affirmation très justifié
de ses vertus.
Fénélon a dit (( que le courage est la force
des faibles » : Mlle Rose Laurin a justifié cet
aphorisme . Sans ressources personnelles, sans
soutien naturel, de santé délicate, elle a mis toute
sa vie au service d'autrui, dans les plus rudes
tâches. Elle s'est consacrée principalement aux
malades et, en 1913^ notamment, pendant une
épidémie de variole, elle ne craignit pas de s'ins-
taller au chevet de trois pauvres abandonnées,
' — 22 —
atteintes du fléau, dont deux succombèrent en-
tre ses bras, et auxquelles elle rendit pieusement
les derniers devoirs.
Mademoiselle Laurin a bien mérité le troisiè-
me prix Reynier de 300 fr. , que l'Académie lui
attribue en lui exprimant ses félicitations.
III
Le Prix Rayon doit, au vœu de la testatrice,
être donné à une jeune fille qui se sera distin-
guée, par sa sagesse, son assiduité au travail,
son amour du foyer famillial. Si la famille, base
de la vie sociale, à paru menacée de toutes parts,
dans les faits et dans la loi même, n'est-il
pas consolant de constater que c'est le mérite des
plus humbles qui continue à la défendre ? L'âme
humaine apparaît plus belle quand elle manifeste
sa force d'expansion dans la difficulté de l'effort.
Mademoiselle Anna Guion nous a paru remplir
les conditions prévues par la testatrice. L'histoire
de sa vie est aussi simple qu'édifiante : Elle per-
dit sa mère à l'âge de 8 ans et, tout de suite,
s'instituait le petit ange gardien du ménage pa-
ternel. Sa bonne volonté dut se transformer bien-
tôten une collaboration plus agissante, car le chô-
mage et la maladie frappèrent â la fois le pauvre
— 23 —
père désemparé. Ainsi à Tâge où toute femme
rêve de Tavenir et des joies que la vie semble lui
promettre, Anna Guion n a songé qu'au travail
qui lui permettait d alléger les tristeses de son
cher malade, et s'est imposée des privations que
la jeunesse ne devrait pas avoir à subir. Elle a
généreusement accompli jusqu'au bout et sans
se plaindre jamais, la mission qu'elle s'est don-
née. L'Académie lui décerne de très grand cœur
le prix Rayon de 275 fr,
IV
Nous avons cette année à distribuer deux des
pensions Irma Moreau vacantes par la mort de
leurs titulaires.
La première destinée par la volonté de la
bienfaitrice, aux pères d'une nombreuse famille
est décernée par l'Académie à M. Louis-Mari us-
Chaix, né à'Aix en 1869. Les époux Chaix ont
eu 1 1 enfants, dont 6 vivent encore. L'aîné a 17
ans et le plus jeune 2 ans à peine. Dans cette
belle famille, on met en pratique les principes
chrétiens que le père et la mère ont reçus dans
les maisons d'éducation où ils furent recueillis.
Et les époux Chaix répondent ainsi doublement
ciux conditions du legs.
— 24 —
Mademoîselle Irma Moreau, Messieurs, a de-
vancé dans ces dispositions testamentaires, leslois
sociales dont on demande si justement et si ins-
tamment lavènement, pour honorer, soulager
et encourager les familles nombreuses ; à l'heure
surtout où la France souffre dans sa chair vive
de si cruelles blessures, on ne saurait trop pro-
téger ceux qui ne redoutent pas les charges de
la famille. Il faudra bien que nos dirigeants
s'engagent enfin résolument dans la voie des
réformes susceptibles de créer une France nom-
breuse, dont la natalité ne sera plus restreinte
par Tégoïsme de la race et la soif des plaisirs et
du luxe. Ce nest pas seulement par la lutte
contre l'alcoolisme et contre la diffusion des
maladies nées du vice, que sera poursuivi ce
but nécessaire, c'est par les avantages faits au
chef de la famille: les exemptions d'impôts, les
majorations d'assistance, les réserves de bourses
dans les écoles, les crédits faits au travail. En
attendant ces mesures indispensables au déve-
loppement et à la vie même du pays, réjouissons-
nous de pouvoir féliciter aujourd'hui un chef
de famille qui voulut dans sa modeste situa-
tion , enrichir la patrie, de ses nombreux en-
fants.
La deuxième catégorie des pensions Irma
— 25 —
Moreau est réservée aux ouvrières âgées et infir-
mes. L'Académie a décidé lattribution de celle
disponible à Mademoiselle Joséphine Fournier,
née à Aix, en 1849. Mise en apprentissage,
dès Tàge de 14 ans, Mademoiselle Fournier a,
pendant 47 ans, employé tous les modestes pro-
fits de son- travail au soulagement des siens :
de ses grands parents d'abord et puis de son
père et de sa mère devenus impotents, qu'elle
n'a jamais quittés. A ce travail assidu, elle a
perdu à peu près complètement la vue, et n'a
maintenant personne autour d'elle, pour lui
rendre les services qu'elle a prodigués aux siens.
Elle a voué ses dernières forces à l'instruction
morale et religieuse des enfants pauvres. C'est
un acte de justice de récompenser son dévoue-
ment silencieux, en lui accordant la pension de
200 fr.
V
Enfin, Messieurs^ l'Académie a la bonne for-
tune d'inaugurer, en cette séance, une nouvelle
fondation : Mademoiselle Chambaud, en reli-
gion sœur Marie-Françoise, des sœurs de la
Charité de Besançon, a voulu, en abandonnant
la vie du monde, laisser à sa ville natale le sou-
— 26 —
venir du nom. si parfaitement honorable, qu'elle
y portait.
Elle a, par acte, notaire Berlie, du 28 mars
191 5, donné à T Académie un titre de rente de
100 fr. de rente sur TEtat Français, dont les
arrérages devront servir à constituer chaque
année, sous la dénomination de T^rix Charnu
baud, un secours qui sera versé à un orphelin
pauvre ou à un vieillard pauvre de la commune
d'Aix.
La première annuité est attribuée à Madame
veuve Martin, née Lantelme, qui est âgée de 86
ans. N'est-ce point un mérî\e d'être parvenue à
un âge aussi avancé, avec la conscience d'avoir
bien rempli sa tâche et de répandre encore au-
tour de soi la bonne humeur, qui est une der-
nière manière de bien faire !
Ici s'arrête. Messieurs le rapport que j'avais à
vous présenter. L'Académie aurait voulu pou-
voir proclamer un plus grand nombre de lau-
réats, car il en est beaucoup parmi les appelés,
qui eussent été dignes des faveurs qu'elle a la
mission de distribuer. S'ils n'en ont pas tous
recuelli une part, ils recevront au moins Thom-
magc qui est dû au gens de bien, et ils trouve-
— 21 —
ront encore une satisfaction suffisante à se rap-
peler^ suivant le mot de Jules Simon, « 'que la
vertu peut se passer de récompense, puisque
Dieu ne peut se passer de récompenser la
vertu )).
- 29 —
M, GuÉRiN-LoNG a lu la pièce de vers sui
vante :
A nos Soldats Tués à l'Ennemi
Gloire et paix à ceux qui sont morts pour la Patrie !
Que les Vierges et les vieillards disent leurs noms,
Et pour qu'un peuple y vienne et prie,
Elevons leur des Parthenons.
Leur cœur fut généreux et grande fut leur âme ;
Car ils ont tout donné . leurs plus nobles désirs,
Leur jeunesse, l'amour, pour que le monde acclame
La grandeur de la France aux siècles avenir.
Ils sont tombés, là-bas, dans le \al et la plaine,
Et la France a perdu son printemps. — Effeuillons,
En un geste pieux, la rose et la verveine,
Sur leurs tombeaux cachés sous l'herbe des sillons.
Jeunes héros qu'aimaient les victoires ailées,
O défenseurs de la Justice et de nos droits !
Dans l'envol des drapeaux, conquis dans les mêlées^
Nous irons vous chercher sous vos petites Croix.
m
Comme le pur dessin des médailles antiques,
Dans l'œuvre de la France, en son essor nouveau,
Dans ce que nous ferons de grand, de bien, de beau,
L'empreinte restera de vos cœurs héroïques.
— 30 —
\'os cadets, comme vous, seront vaillants et forts.
Ils rêveront, qu'un jour, pour suivre votre exemple,
Acclamés par la foule, ils prendront place au Temple
Où revivent ceux qui pour leur pays sont morts.
Mores séchez vos pleurs. Vos fils vivent encore.
Ils garderont toujours leur sereine beauté !
Pour eux, je vois poindre l'aurore
De l'Immortalité !
Gloire et paix à^ceux qui sont morts pour la Patrie !
Que les vierges et les vieillards disent leurs noms,
Et pour qu'un Peuple y vienne et prie.
Elevons leur des Parthénons.
M. GuÉRiN-LoNG a lu une deuxième pièce de
vers intitulée : Sur un album.
— 31 -^
On a lu t
Les Fanions des Mobiles du Siège
de Bordj-bou-Arreridj
PAR
M. LE MARQUIS D'IL LE
Ancien Lieutenant des Mobiles
Ancien Président de rAcadémie»
— 33 —
I
PRIX RAMBOT
Fondé en 1859, suivant testament olographe
du 25 août 1858 ^ pour récompenser les axâtes
de dévouement j de courage, de désintéressement,
les soins donnés à la vieillesse et à Venfance
pauvre et abandonnée.
Le prix Rambot de 545 francs, indivisible,
a été décerné à cinquante-huit lauréats de 1860
à 1916 :
Leurs noms ont été publiés dans les précédents
Bulletins ; nous donnons ci-dessous la liste des
dix derniers.
X^lste dles Tjauréats
Dymis 1907
1907.
Mlle Ërmance MÉ6Y, d'Aix.
1908.
M. Marias Dagard, d'Aix.
1909.
Mlle Marie Rivière, d'Aix.
1910.
Mlle Emilie Sospel.
1912.
M. Franc François, de Berre.
—
Mme AuDiBERT Madeleine.
1913.
M. Paulin Fortou, d'Aix.
1914.
Mme Adèle Mbnc.
1915.
Les époux TessendiÉi d'Aix.
1916.
Section aixoise des veuves de la guerre.
ai —
II
PBix beyn;
%:>i:
Ce prix de 1,000 francs a été fondé en 1865,
par testament olographe du 18 mars 1864 , pour
récompenser les actes les plus méritoires de
décoûment, de fidélité et de secours au malheur y
les soins désintéressés donnés aux infirmes et
aux vieillards ainsi qu'à V enfance délaissée et
pauvre.
Une partie de la somme est réservée pour
les pères et mères qui élèvent le mieux leurs
enfants, c'est-à-dire, d'une manière chrétienne,
honnête et laborieuse.
Le prix Régnier a été décerné à cent trente-
trois Lauréats de 1870 à 1916.
Comme pour le prix Rambot leur liste a été
insérée dans les précédents Bulletins ; voici
celle des dix dernières années :
Depuis 1907
1907. Mlle Julie DÉCO RY, àAix.
» Mlle Antoinette Constant, à Aix.
> Mlle Marie Joseph, dite Marie Olive, à Aix.
1908. Mlle Léoncie Arbaud, à Aix.
» Mlle Eulalie Antonietti, d^Istres. •
^ Les époux Barthélémy-Gilles, à Aix.
^ 35 ^
1909 . Mlle Clémence Thomas, à Âix.
> Mlle Margnierite Lèze, à Aix.
» Mme veuve Deluy, k Aix.
1910. M. Joseph Oranon^ de RognSis.
> M. Fernand Abniâud, de Rognes.
1911 . Mlle Henriette Brun, k Aix.
> Mme Anastay, née Ii^rrat, à Aix.
1912. Mlle BiMET Jeanne, à Aix.
» Mlle Anastay Nathalie, k Aix.
» Mlle NiEL Louise, k La Calade, près d'Aix,
» Mlle MoNDONE Eulalie, à Aix.
1913. Mlle BoucHET Baptistine, k Aix.
> Les époux HiLARiON Constant, à Riant.
> Mlle CosTE Marie-Thérèse, k Aix .
4914. Mme Gras, née André, à Aix.
> Les époux Honorât, k Aix.
> Mlle Petroncelli Joséphine, k Aix.
1915. Mme veuve Chanut, née Lombard, k Aix.
» Mme veuve Bossy, à Aix.
> Mlle Bicaïs Victorine, k Aix.
1916 . Mme veuve Fournon, à Aix.
1 Mlle Délions Louise, k Aix.
» Mlle Laurin Rose, k Aix.
— 36 —
III
PENSIONS IRMA MOREAU
Ces pensions ont été fondées en 1899, par
testament de Mademoiselle Irma Moreau, du
7 janvier de la même année, qui institue l'Aca-
demie sa légataire universelle. Elles consistent
en une somme annuelle de 200 francs.
Elles sont destinées à offrir une récompense
et procurer un secours auœ personnes particu-
lièrement recommandées par leur vertu notoi-
re, qui en seront les plus dignes et qui devront
être choisies dans les catégories suivantes :
1** Pères de famille veufs ou non, et mères de
famille veuves, connus comme gens malheureux
et nécessiteux, exempts d'ivrognerie et autres
vices, et ayant au moins deux enfants ;
2* Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie,
ou d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans
U impossibilité de subvenir à leurs besoins.
L'Académie a commencé à décerner ces pen-
sions en 1902.
— 37 —
de* pensions onFrlères
Ir. CATÉGO&ZXS (FèrM «t Mèret de famUle)
1903.
>
1905.
1907.
1908.
>
1911.
1913.
1915.
>
1916.
M. Fidèle Bontoux, à Aix,
Mme venve Charles Desplas, de
Castres,
M. Victoria Giniez, à Galice,
M"* veuve Tempikb, ûée Tardieu,
M- Pauline Dedieu, née Phallion,
de Saint-Remy,
Les époux Abel, de Rians
M. Antoine Michel, à Septèmes,
M. Célestin - Joseph Philibert,
époux Bouze, à Aix,
Mme Françoise-Emilie Tourne-
fort, veuve Deharia,
M. Nacre, à Aix,
M. Granier Marins, à Aix,
M. Chaix, à Aix,
(5 enfants)
(6
(»
(5
(7
(10
(14
(8
(12
(6
(6
(6
»
»
)
» )
» )
)
)
)
— 38 -^
2me CA.TÉQOBXE (Ouvrières)
1902. Mme veuve Jaugerst, à Aix.
1908. Mlle Madeleine Chieusse, à Arles.
1912. Mme veuve Goyrand Renée, née LaurenSi au
Puy-Sainte-Réparade.
1915. Mme veuve Pascaly, & Aix.
> Mlle ROYÈRE Henriette, à Aix.
1916 . Mlle FoujRNiER Joséphine, à Aix.
— 39 —
IV
PRIX HENRIETTE RAYON
Ce prix de 275 francs a été fondé par Made-
moiselle Henriette Rayon, par testament dit
26 décembre 1906, pour récompenser une
jeune fille dont le bureau de l'Académie aura
distingué les mérites.
Comme pour les autres prix Ram bot, Reynier
et Irma Mo r eau, la liste de ces prix sera insérée
dans le présent Bulletin.
U Académie a commencé en 1909 à décerner
ce prix.
Depuis 1909
1909. Mlle Herminie Callier, d'Aix.
1910. Mlle Marie Nou VERRONS, d*Aix.
1911. Mlle Léontine Roman, de Malijay
1912. Mlle Louise Arnaud, d'Aix.
1913. Mlle Louise Pellissier, d'Aix.
1914. Mlle Albine Diogène, d'Aix.
1916. Mlle Marcelle Coene, d'Aix.
1916. Mlle AnnaGtJiou, d'Aix.
— 40 —
V
PENSION V^s NÈGRE
Cette pension a été instituée par Madame
Virginie Fabre, veuve Nègre, décédée à Aix
le 8 juillet 1908.
Par son testament du 16 juillet 1903,
Madame Nègre a fondé ce legs, en mémoire
du sieur Fabre, son père, qui était maçon. Il
consiste en une pension ouvrière de 329 francs
à décerner à un maçon, marié ou non, avec ou
sans enfant, ne pouvant plus travailler, d'une
honnêteté parfaite et bien reconnue, pour en
jouir sa vie durant.
L'Académie a commencé à décerner cette
pension dans la Séance Publique de 1910.
Depuis 1910
1910. Henri Second, d'Aix, âgé de 85 ans.
1915. M. CuRET, à Aix.
41 —
VI
PRIX GHAMBAUD
Ce prix a été institué par Madoiselle Amélie
Chambaud.
Par sa donation du 28 mars i915, Mademoi-
selle Chambaud a remis à l'Académie d'Aix
un titre de rente de cent francs à charge par
elle d'attribuer, chaque année, un secours de
cette somme (( à un orphelin pauvre ou à un
vieillard pauvre de la commune d'Aix ».
U Académie a commencé à décerner ce prix
en 1916.
1916. Mme veuve Martin, née Lantelme, d*Aix.
— 42 —
VII
PRIX THIEBS
Mademoiselle Dosne, en soucenir de son
illustre beau-frère, M. Thiers, a fondé le
prit' que l* Académie a l'honneur de décerner.
Ce prix consiste en une somme de 3.000 fr.
à décerner tous les cinq ans, indicisible, pour
un oucrage sur la Provence ou écrit par un
Provençal.
1907. M. Camille JuLLiAX, membre de Tlnstitut, &
Paris.
1912. M. Z. IsxARD, archiviste en chef du départe-
ment des Basses- AlpeSi à Digne.
— 43
VIII
PRIX MIGNET
M. le Docteur Ecariste Michel, désireux
de contribuer à la glorification de la ville d'Aix
en suscitant des travaux qui auront pour objet
l'étude de l'une des phases de son passé illustre,
ou l'histoire de la vie et des œuvres de l'un des
hommes qui l'ont le plus honorée dans les
sciences, dans les lettres, dans les arts; égale-
ment pour rendre hommage à la mémoire de
sononcle, M. Mignet, de l'Académie Française,
secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences
Morales et Politiques, qui appartenait aussi à
l'Académie d'Aix, a fondé un prix qui portera
son nom. Le Prix Mignet, de la valeur de
3.000 francs, sera donné tous les cinq ans,
intégralement, sans être jamais puHagé, ni
diminué, ni ajourné sous aucun prétexte.
Pour la première fois, il sera accordé en
1913 et ne sera jamais décerné lu môme année
que le Prix Thiers.
1913. M. Michel Clerc, professeur à la Faculté des
Lettres de TUniversité d'Aix-Marseille.
— 44 —
BUREAU DE L'ACADÉMIE
1915 - 1916
Président M. Bourguet.
Vice-Président M. Vallieb-Collombier.
Secrétaire-Perpétuel, . M. le baron Guillibert.
Secrétaire annuel. ... M. Garcin.
Archiviste M. le Marquis cI'Ille.
Bibliothécaire M. Raimbault.
Trésorier M. de Duranti-La-Calade.'
TABLEAU
DES
MEMBRES DE l'aCADEMIE
(Arrêté en juin 1916)
MEMBRES D'HONNEUR
MM.
Charles-Roux Jules, C. ^>, ancien député. Associé régional
12 janvier 1883. Membre d'honneur, 3 décembre 1907.
RiLe Pierre-Charron j 12, à Paris.
Michel Evariste §j, docteur en médecine. Membre hono-
raire 21 février 1902. Membre d'honneur 14 janvier 1908,
Villa Mignei, à Aix, et 83^ rue Denfert-Rochereau, à
Paris.
GiRAUD Charles, ^, Premier Président honoraire de la Cour
d'Appel, 16 mars 1909.
AiCARD Jean (|, membre de l'Académie Française, 15 mars
1910, à La Garde, près Toulon fVar).
RÉGNIER (de) Henri, membre de TAcadémie Française,
correspondant, 5 mai 1908, membre d'honneur, 16 jan-
vier 1912, rue de Ma^débourg, 14, à Paris.
\
— 46 —
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Chekbieb He cluuioine) Joseph, doyen da Cha|»tre Métro-
politoÎD, docteur en théologie, 25 avril 1872, bonlarard
Saint-Louiê, Sï.
GciLLiBERT 'baron) Hippolyte, '^-yO.ifiy ancien bâtonnier
de Tordre des avocats à la Conr, 15 janvier 1878, rue
Mazarine^ 14,
Mabbot He chanoine) Edmond, ancien vicaire général,
28 mars 1887, rue [XauvelU, 3.
Gaxtelmi dTLLE (marqnis de] Charles, (f^ ifi O. ■, associé
régional, le 12 janvier 1883, membre titulaire, le 17 juin
1890, coure Mirabeau, 6,
PoKTiEB Henry, I. P. y, conservateur-directenr du Musée,
5 avril 1892, ru^ Cardinale, 13.
BoNKECOBSE-LtBiÈRE (comte de) Charles, avocat à la Cour,
associé régional, le 27 décembre 1897, membre titulaire,
le 30 mai 1899, rwe Emeric-David, 30.
BoNAFOUft Raymond, I. P. ||, professeur à la Faculté des
Lettres, 30 Janvier 1900, rue du Bras-d'Or, 3.
BouRGUET Alfred, avocat à la Cour, associé régional, le
10 mars 1896, membre titulaire, le 29 janvier 1901, cours
Mirabeau f 17,
Aude Edouard, I. P. ||, conservateur de la Bibliothèque
Méjanes, associé régional, le 20 mars 1900, membre titu-
laire, le 16 juin 1903, villa Joyeuse, chemin de la Violette^
— 47 —
Lacoste Ernest, I. P. Q, ingénieur, associé régional, le
20 février 1900, membre titulaire, le 20 décembre 1904,
rzie du Quatre-Septembre, 30,,
De Dubanti La Calade Jérôme, Q, [_licencié ès-Lettres,
21 mars 1905, rue Mîgnet, 11,
Michel Tranquille, i,%, ingénieur en chef des Ponts-et-
Chaussées, 10 avril 1905, rue du Quatre-Septembre^ 24,
Jauffret Alfred, avocat k la Cour, 27 mars 1906, rue des '
EpinauXy 13.
Reynaud Gustave, directeur des Contributions directes, en
retraite. Associé régional, le 30 janvier 190G, membre
titulaire, le 18 décembre 1906, rue Cardinale, 17,
Vallier-Collombier Alfred, ^, conseiller honoraire à la
Cour d'Appel d' Aix, le 12 mai 1898, rue Espariat, 10,
Mougins-Roquefort (comte de) Charles, Docteur en Droit.
Associé régional, le 11 mars 1900, membre titulaire, le
26 janvier 1909, cours Mirabeau^ 16.
Baoarry Paul, avocat. Associé régional le 12 janvier 1909,
membre titulaire^ le 1er février 1910, cours Mirabeau^ 4.
Drujon Jules, )ïr, avocat, ancien bâtonnier, le 23 mai 1911,
rus de laMonnakf 11.
Ferrier Raymond, amateur d'art. Associé régional, le
16 juin 1896, membre titulaire, le 14 mai 1912, rue des
Arts-et-MétierSy 2.
Gautier Louis, I. P. Q, artiste peintre, boulevard de V Hô-
pital, villa Acantha.
Cabassol Joseph, avocat, Conseiller général des Bouches-
du-Rhône, ancien maii'e d*Aix, membre d'honneur, le
23 janvier 1906, membre titulaire, le 4 juin 1912, place
Jeanne-d'ArCy 8,
— 48 —
Lattl Victor, docteur en médecine, le 18 janyier 1914, rue
du Bœuf^ 22.
JouBDAK Alfred, avocat, 12 mai 1914, eoun Mirabeau, 40.
BADfBACLT Maurice, archiviste, 5 janvier 1915, Musée
Artaud.
Datin (labbé) Marias, le 19 janvier 1915, place des Pré-
chfsVTê^ 10.
REVOLÂmédé, avoué, 28 mars 1916, rue Chutan-de-Sa-
porta, 23.
GuÉBiN'LoNG, président du tribunal, 11 avril 1916, rue
Roux-Alphéran, 25.
Setmard Paul, ancien mag^istrat, 30 mai 1916, cours Mira-
heauj 22.
— 49 —
MEMBRES HONORAIRES
MM.
PisoN Alexandre, ^ I. P. ^ )ïr, doyen honoraire de la
Faculté de droit, 30 janvier 1894, rwc d'Italie, 14.
Fassin Emile, conseiller honoraire à la Cour d'Appel d'Aix,
titulaire, 24 avril 1894; honoraire, 11 février 1913. Arles,
d' AuTHEMAN Femaud, ancien magistrat, 1®' décembre 1914,
rue Botix-Alphéran, 33.
MouRAViT Gustave, titulaire, 8 février 1834 ; honoraire,
22 décembre 1915, cours Deviliers^ 7 Marseille.
\
— 50 —
ASSOCIES REGIONAUX
MM.
Rey (de) GoDzague, château du Prieuré d'Ardène, près
Saint-Miche! (Basses-Alpes), Sjanvier 1883.
ISNARD, I. P. lyf, archiviste des Basses-Alpes, secrétaire de
la Société Académique, ancien élève de T Ecole des Char-
tes, à Digne, 12 janvier 1883.
MiREUR, ^$-j archiviste du département du Var, membredu
comité des travaux historiques, à Draguignan, 19 jan-
vier 1{583.
Bonhomme (l'abbé), chanoine à Riez (Basses- Alpes), 9 fé-
vrier 1883.
Bernard Charles, Ç:, président de Chambre honoraire à la
Cour de Dijon, ancien avocat à la Cour d*Aix, 16 février
1883.
Magallon d'Argens (marquis de) Xavier, ancien conseiller
général des Hautes-Alpes, villa Magdala, à Sainte-Marthe,
Marseille, 16 mars 1889.
Gamber (le chanoine) Stanislas, %^, secrétaire de TAcadé-
mie de Marseille, 7 avril 1891.
CoLLOT Louis, Qy professeur de géologie à la Faculté des
Sciences de Dijon, 26 janvier 1892.
CoLLONGUE (d'AvoN barou de), ^1^^ >^ 0. E, ministre pléni-
potentiaire, en retraite, au château de Collongue, par
Cadenet (Vaucluse), 6 juin 1893.
Chaillax (l'abbé), correspondant du Ministère de l'Instruc-
tion Publique, curé de Sept(iracs (Bouches-du-Rhône),
12 janvier 1894.
— 51 —
Teil (baron du) Joseph, m^j Quai de Billy, 2, Paris, 4 mai
1897.
Maurel Tabbéj Marie-Joseph, place de THôtel-de-Ville, 5,
à Manosques (Basses- Alpes), 18 mai 1897.
Maxteter (de) Georges, château de Manteyer (Hantes- Al-
pes), 13 décembre 1898.
MuLSANT Sébastien ){r, avocat, ancien bâtonnier, rneBalay,
2, Saint-Etienne, 19 mars 1901.
Bernard d*Attanoux (comte) Henri, lï^, avocat, ancien
magistrat, rae Palermo, 2, Nice, 14 mai 1901.
Gérik-Ricard (comte de), président de la Société d'archéo-
logie, rue Grignan, 60, Marseille, 4 mars 1902.
MoNCLAR (de Ripert marquis de) François, C. ^>, ministre
plénipotentiaire, en retraite, au château d'Allemagne,
près Riez, 18 mars 1902.
ViLLENEUVE-EscLAPON (marquis de) Christian, 0. iJS ancien
député, rue de Prony, 75, Paris, et â Valensole (Basses-
Alpes), 7 juin 1904.
Closmadeuc (Urvoy de) Jules, rue Roux Alphéran, 25, à
Aix, 19 décembre 1705.
LiEUTAUD Auguste, président de la Société des Amis du
Vieil Arles, k Arles, 30 janvier 1906.
Cotte Charles, licencié en droit, notaire à Pertuis (Vau-
cluse), 24 avril 1906 .
Gaffarel Paul, professeur à la FacuUé des Lettres d'Aix^
rue Paradis, 295, Marseille, 19 mars 1907.
Tavernier Edouard, avocat, docteur en droit, rue Fran-
çois P', 162, Paris, 19 mars 1908.
Lefèvre Edmond, directeur de la Revue de Provence, rue
Tapis-Vert, 40, Marseille, 22 décembre 1908.
Brémond (l'abbé) Henri, 34, place des Prêcheurs, à Aix,
16 mars 1909.
— 52 —
BontGET Henri, direetenr de robeenraloire de Marseille,
9 juin 1909.
BiCABD Hartialy ancien député, maire de Forcalquier (Bas-
ses-Alpesj, 11 jauTier 1910.
BiLBEBT José '7^ y artiste-pelutre, à Marseille, 1* février 1910.
Pascal (le chanoine) .Adrien, ^, curé-doyen de PeyroUes
(B.-du-R.), 16 janvier 1912.
De Mazan Tde Fabre, marquis) Joseph, docteur ès-sciences,
rue Roux-Alphéran, 35, à Aix, 11 juin 1912.
Dumas, professeur à la Faculté de droit, 31, rue des Cor-
deliers, à Aix, 11 juin 1912.
Faudrik Marins, professeur d'agriculture, rue du Trésor, 2,
à Aix, 11 juin 1912.
BouAT, boulevard du Roi-René, 58, à Aix, 29 avril 1913.
Belix Henri, cours Gambetta, 40, à Aix, 20 mai 1913.
BusQUET Raoul, archiviste en chef des Bouches-du-Rhône,
k Marseille, 6 janvier 1914.
RiGAUD Casimir, avocat, rue Roux-Alphéran, 33, à Aix,
12 mai 1914.
Casedepatx, professeur au Lycée Mîgnet, 9, rue Victor-
Leydet, k Aix, 12 mai 1914.
Julien Fortuné, ancien professeur à l'Ecole des Arts-et-
Métiers, traverse Bressier, 16, à Aix, 12 mai 1914.
Eymard Léon, avocat, rue du 4-Septembre,9, à Aix, 19 mai
1914.
Toussaint Gabriel, ancien magistrat, boulevard Notre-
Dame, 57, À Aix, 2 février 1915.
Aloond Henri, critique d'art, à Lyon, 13 avril 1915.
Coq Victor, ingénieur^ rue Mazarine, 4, 28 mars 1916.
Teyssier de Savy Albert, rue de l'Opéra, 24, 2 mai 1916.
— 53 —
ASSOCIES CORRESPONDANTS
MM.
Lavollée Paul-René, docteur ès-lettres, ancien consul géné-
ral, boulevard Haussmann, 162, k Paris, 25 avril 1870.
Millien Achille, lauréat de l'Académie Française, à Beau-
mont-la-Ferrière (Nièvre), 16 décembre 1882.
Faisan Albert, à Saint-Cyr-en-Mont-d'Or, près Lyon, 14
mars 1886.
Bellet (rabbé), à Tain (Drôme), 12 décembre 1882.
Jullien Ernest, Président honoraire du Tribunal Civil, à
Reims (Marne), 2 mai 1884.
Cortèz Femand, correspondant du Ministère pour les tra-
vaux historiques, à Saint-Maximin (Var) ; Associé régio-
nal, 25 mai 1886 ; correspondant, 16 janvier 1912.
Lanéry d'Arc Pierre, docteur en droit, procureur de la
République, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Asso-
cié régional, 12 décembre 1887, titulaire, 8 mars 1892,
correspondant le 7 juin 1904.
Cottin Paul, bibliothécaire à T Arsenal, avenue Henri-Mar-
tin, 44, Paris, 11 juin 1888.
Proal Louis^ conseiller à la Cour de Paris, 6, rue Charles-
Divry, IVv Titulaire le 22 décembre 1891, correspondant
le 15 décembre 1896.
Tourtoulon (baron de) marquis de Barre, Pierre, docteur en
droit, Château de la Fuste, par Valensole (Basses- Alpes).
12 lanvier 1897.
Petit Alexandre, docteur en médecine, àRoyat, et rue Laf-
litte, 3, à Paris, 4 mai 1897.
Ilulot (baron), secrétaire général de la Société de Géogra-
phie, 41, avenue Labourdonnais, A Paris, 11 mai 1897.
54
Mon«$ Heniif archîTîcte des Alpes-Xarîtimes, VQIa M<Mi8,
boalevard Daboncbage, àXiee, 19 mars 1901.
TaMet Jae^iaes, à Molosme-Tonneire Tonne), 9 juin 1903.
Poitevin de MaareillAn (de; O. ij^, colonel en retraite,
conseiratear du Mosée d'Hyères 'Van, 15 mai 1906.
Jallian Camille, membre de Tlnstitat, professeor au Col-
lège de France, 30, rae da Laxemboarg, a Paris, 28 mai
VM)7,
Lacourt'Oayet Georges, membre de rinstitnt, me Jacob,
46, Paris, 10 décembre 1907.
NoUia^: (de; Pierre, conservatenr da Palais de Versailles, &
Versailles ^'Seine-et-Oisej, 2 juin 1908.
Labande, conservateur des Archives de la Principauté de
Monaco, 19 janvier 190ÎK
Dlcnne Tcomte de) Edouard, Château de Rervilly, par La
Palisse rAllIcr), 19 janvier 1909.
Barttiélomy Jules, rédacteur au secrétariat de l'Institut, au
Palnis do Tlnstitut, Paris, 16 février 1909.
Marlot Ilippolyte, géologue prospecteur à Martiny, par
Marroagno (Saône-ct-Ix)ire), 9 mars 1909.
Miiurin (îcorges, avocat, à Nîmes (Gard), 11 janvier 1910.
Mattor (l'abbéj Joseph, curé de Gebenhauser, par Putlange-
IcH-Forbach (Lorraine), 10 mai 1910.
Sapy (le Pôro Thomas), rue Barthélémy, 37, à Marseille,
VA décembre 1910.
Hoy Charlos, rue Sainte-Catherine, 12, h Saint-Etienne
(Loire), 21 février 1911.
duiporon ^^abbé^ curé de La Martre (Var), 21 février 1911.
Do Hrun Plorro, roocveur des Domaines, j\ Saint-Remy (B.-
du-K,\ KJmai 1011,
— 55 —
Reynald Georges, avocat, conseiller général, sénateur de
TAriège, maire de Foix, 12 décembre 1911.
De Vogue (le Comte) Raimond, rue François-Ponsard, 12, à
Paris, 16 janvier 1912.
Hallays André, publiciste, à Paris, 6 février 1912.
Bernard Valère, artiste peinte, capoulié du Félibrige, quai
de Rive-Neuve, 15, k Marseille, 11 juin 1912.
Audinet Eugène, professeur à la Faculté de droit de Poi-
tiers, titulaire, 17 décembre 1908, correspondant^ 1er dé-
cembre 1914.
Lieutaud Victor, ancien bibliothécaire de la ville de Mar-
seille, notaire à Volone (Basses-Alpes), associé régional,
30 mai 1911, correspondant, 11 mai 1915.
•
Lorédan Jean, rue Claude-Bernard, 77, Paris, associé régio-
nal, 30 mai 1911, correspondant, 25 janvier 1916.
Lafaye Georges, professeur adjoint à la Sorbonne, 11 avril
1916, Paris.
Ladureau, ancien directeur des laboratoires de l'Etat, 16 mal
1916, Paris.
^»
A L"ÉTRAXGER
MM.
('.MrriHzz^AmArît ancien professeur à rUnîTerBtédeCataae,
M/^iHU'.ur fin royaame d'Italie, 6 arnl l»^-
Typaldr^HaMÎa, dépoté, ancien Président du Parlonent
h^lW^ne, à Atfa^mefi, 23 janvier l^ffM.
Porta] ^le r;/miniandear Emmannel k membre de la Royale
O^inmij^ftîon h/;raldiqae d'Italie, Passegiato de Ripetto,
10, & Kome, 12 férrier 18îi5.
Va Cunha Xavier, conserratenr de la Bibliothèqne Natio-
riiile, me B.-Bartholomeo, 12, à Lisbonne (Portugal),
11 d^'A'Atmhre 1900.
Hatta Hal vautre, membre de la Société Philologique à Rome,
2if mai V.m,
(UivhtuiHi'Xxl J., profesHeur à l'Université de Jassy (Rouma-
nUi), îijuin 1ÎK)3.
l'adula Hc cominundcur; Antoine, secrétaire général de la
Hociéti'î liiiIgi-Camoêns, Via dei P'iorentinî, 67, à Naples,
17 Janvier 1905.
VVallonHkold Axel, professeur de philologie romane k TUni-
voi-Hlté d'IiolHlnfors (Finlande), 26 avril 1909.
Hantoro Domonleo, président de Tlnstitut technique de Fog-
gia (Itfilicv, lor février 1910.
l'orra (Uncomo Dottore, ProfesBorc, via Dionadi, 12, à
Turin ( Italie), 3 fi'vrior 1914.
— 57 —
De Faria (le vicomte) Antonio, consul de Poitugal, Grand
Hôtel Richemont, à Lausanne (Soisse), 3 février 1914.
Garganta (le cl\evalier) Joseph, Président de la Croix-
Rouge, à Olot (Espagne), 3 février 1914.
Le présent Tableau a été arrêté le 15 juin 1916, confor-
mément à l'article 10 du Règlement intérieur.
Le Président,
Alfred BOURGUET.
Le Secrétaire,
Baron GUILLIBERT.
^
SÉANCE publique;
DE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
ET BELLES-LETTRES
D'AIX
AU SIEGE DE I.'ACADEMIE
2 A, Eue dû Quatre-Septembre, 2 *
ACADÉMIK D'AIX
97""^ Séance Publique
-ef«>
14 Juin 1917
« A I »
ACADEMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS ET BELLES-LETTRES
D'AIX
-•e^»-
97me SÉANCE PUBLIQUE
Le Jeudi 14 Juin 1917, la quatre-vingt-
dix-septième séance publique de l'Académie a
été tenue à quatre heur es, dans la Salle des Fêtes
du Musée Arbaud (Hôtel de V Académie),
Dans l'assistance nombreuse et choisie qui rem-
plissait la salle avaient pris place MM. Charignon,
Premier Président de la Cour d'Appel ; Long,
Procureur Général ; Lieutenant-Colonel Lasserre,
commandant d'armes ; Commandant Magagnosc,
du centre d'instruction des Tirailleurs algériens ;
M. le chanoine van Gaver, vicaire général, repré-
sentant Mgr l'Archevêque indisposé ; les lauréats
des prix de l'année ainsi que leurs familles.
— 6 —
M. BouRGUET, président en exercice, ouvre la
séance et prononce Tailocution suivante :
Mesdames,
Messieurs.
Dans le compte rendu d'une prise d'armes aux
Invalides je lisais, il y a peu de temps, que le
lieutenant-colonel le Gail, commandant le (( glo-
rieux 112°^® d'infanterie )>, avait remis un certain
nombre de décorations: L'épithète et le numéro
du régiment ontattiré mon attention. Le il 2"^* est,
en effet, un des corps de notre région provençale
qui, pendant de longues années, a tenu garnison
à Aix. De plus, vous en dire quelques mots me
permettra de rendre un hommage à l'héroïque
Belgique. N'est-ce pas suffisant pour expliquer
l'intérêt qui s'attache à ce simple entrefilet de
journal?
*
* *
Dans le courant de l'année 1803, on pouvait
voir à Bruxelles, dans la caserne Elisabeth, un
nombre considérable de recrues qui, pressées par
les besoins du temps, apprenaient rapidement
les premiers et les plus indispensables éléments
du service militaire.
Cest qu'un arrêté du premier consul Bona-
parte, en date du 6 avril, avait décidé la création
' _ 7 —
d'une nouvelle 112'°® demi-brigade qui serait for-
mée en Belgique. Cette contrée se trouvait alors
province française et, par suite, était soumise aux
lois militaires de notre pays.
Sous la haute direction deCaulaincourt et sous
le commandement d'un colonel et d'officiers bel-
ges, ce corps s'entraînait aux rudes tâches qu'il
devait avoir à remplir dans la lutte de la France
contre une partie de TEurope.
Le 24 septembre 1803, il prend le nom de 112°"®
Régiment d'Infanterie de bataille.
Lorsque le général Bonaparte est devenu Napo-
léon P^ le colonel L'Olivier se rend à Paris pour
assister aux fêtes du couronnement et pour rece-
voir, en juillet 1805, le nouveau drapeau qui lui
est confié.
Il prête, au nom de la' légion belge, serment
de fidélité à l'Empereur et, ce serment, ses hom-
mes et ses officiers devaient le tenir jusqu'au
bout avec le respect que les Belges conservent à
la parole donnée.
* #
Transporté en France, le 112°"^ demeure quel-
que temps à Cherbourg o\\ il est tenu en mains
par des travaux militaires jusqu'au jour où il est
affecté à l'armée d'Italie, placée sous le comman-
dement du prince Eugène.
PJn septembre 1807, le colonel belge L'Olivier
est remplacé par un basque, Raymond Penne,
- 8 —
né à Coarraze dans les Basses-Pyrénées et c'est
ainsi que, sous les ordres d'un ciief français, la
légion belge reçoit à Volano, le 24 avril 1809, le
baptême du feu.
Dans la campagne de 1809, le 112"^" devait"
conquérir ses titres de gloire.
Le 14 juin, double anniversaire de Marengo
et de Friedland, il accomplit des miracles de
vaillance. j< Au moment suprême, raconte un
des combattants, lorsque la première ligne de
Tarmée française avait dii se replier sous le feu
destructeur des Hongrois, le colonel Ravmond
Penne ordonne à son régiment, placé en seconde
ligne, de prendre le front de raHaque. Le drapeau
flotte au vent : le corps do musique exécute un
de ces airs populaires ((ui, durant les premières
guerres de la Rôpubli(|U(.\ électrisaient les sol-
dats : le 1 12'"' sVlance nu pas de course, franchit
un large fossé c»t. nialgn» la mitraille qui ('»claircit
ses ratiLis ot joiu^he 1<> sol do si»s (!î«davros, ciiarge
à la l)aioiiiioll(* les eniioniis cpii s êhranlenl et
fuient en dt»sordre »•.
" rV,s7 anr hellf ((pttin\ (rr.< hrllo n dit Napo-
léon. Ca' simple mot, prononcé ])ar un tel homme,
sullit i\ prouver ri\ que le colonel IVnno avait su
faire do son n'\iiiînent qui cojlnhorait de la sorte
à la victoire de», lianh.
Lo <) juillet, moins d'un mois après cette
brillante action, i''est à W'j -ram <[ue la lêizion
— 9 —
belge maniiesle sa valeur sous les ordres du chef
qui unissait la vaillance à la plus p:rande bonté
et qui, adoré de ses hommes, obtenait d'eux tout
ce qu'il leur demandait.
Promu général à la suite des exploits de ses
troiipes. Haymond Penne «^st remplacé par le
colonel Hcnuzau. I.e nom de ce Toulousain vaut
bien d'être retenu car, sous son commandement,
le 112" a tenu garnison... à Berlin.
Au 17 janvier 1H13, le régiment fait son entrée
dans la capitale prussienne. Il y séjourne environ
deux mois, assez longtemps pour qu'on puisse en
garder le souvenir, et ce souvenir chante on nos
cœurs comme une cspiirance. Il en repart au
mois de mars pour Wittcmherg et Magdebourg,
d'où il va reprendre la vie des combats.
Vers la (in d'avril lsi3, l'empereur de Russie
et le roi de Prusse, arrivés à Dresde avec toutes
leurs forces, résolurent de livrer balailie aux
troupes (rant.'aises dans li.'s plaines de l.iilzen. Ce
lut une rude mais glorieuse journée où le 112'"'
conquit pour non drapeau un lroi,>ïii'me nom de
victoire.
Na|)oit'on ne voulut pas laisst-r aux vaincus le
temps de rospirer. Ils ;iv!iient rcpassi' IKIbc. se
reliront sur Dresde. I.'iMiipereur hîs y suivil et
rarniée de Macdmiald. qui comptai! dans ses
raiit^s la légion lit>l-<'. Ifs ntlciguit ii hmlzen.
— 10 ~
Commandé par un jeune colonel, célèbre dans
rhistoire, et qui, à 25 ans, avait été chef d'esca-
dron et décoré de la Légion d'honneur, le 112"%
sous les ordres de Labédovère, est cruellement
éprouvé dans la journée du 21 mai 1813 qui achève
pourtant de consacrer sa valeur militaire.
« «
En dépit de toutes ses victoires Napoléon est
obligé de reculer et, s'il sauve l'honneur dans la
campagne de France de 1814, il ne lui en faut pas
moins, sous la pression des haines qu'il a soule-
vées, consentir à l'abdication et à la paix. C'est
le Calvaire après l'épopée.
Le 12 mai 1814, une ordonnance royale dissout
le 112°'^ Ses divers bataillons sont versées dans
de nouveaux régiments et c'est ainsi que finit
cette légion belge qui mit au service delà France,
momentanément sa patrie, le dévouement le plus
absolu et la fidélité la plus touchante.
L'endurance dans les marches et l'énergie pen-
dant l'action, la discipline et le courage, le sang
répandu dans tant de batailles lui ont valu ses
lettres de noblesse qui sont devenues notre patri-
moine.
*
Un siècle s'est écoulé. Quand l'heure du devoir
a sonné pour nous, nos soldats en campagne ont
pu voir sur le drapeau qu'ils avaient à défendre
— 11 —
les noms à jamais célèbres de Raab, Wagram,
Lûtzen et Baulzen.
Sous cet heureux présage de victoire, le 112"^^
français a marché au feu et il a su prouver par
sa conduite que France et Belgique avaient la
même conception de la vaillance et de l'honneur.
Plusieurs fois décimé dans la bataille, avec des
cadres et des hommes nouveaux comme avec les
anciens qui lui avaient tracé la voie, ce régiment,
parti de notre petite patrie, a prouvé qu'il savait
maintenir ses vieilles traditions militaires.
En méFitant la croix de guerre avec palme que
son drapeau vainqueur a le droit de porter depuis
Vacherauville par lui reconquis, le 112°*® d'infan-
terie s'est montré le digne héritier de la légion
belge. Il s'est ainsi paré d'une gloire nouvelle qui
lui appartiendra bien en propre et qui le rendra
toujours plus cher à nos cœurs de Provençaux
et de Français.
- 12 —
M. le Président Guérin-Long lit une poésie :
LE CLOCHER
RAPPORT
DU
Concours Tliiers 1917
PAR
M. J. OABASSOL
Frésideot de Chambra à la Coar
Messieurs,
Le jour où M. Thiers prêta le serment d'avocat,
il n'avait pas l'inlention de gravir encore, le len-
demain, les inarches du Palais de justice, et de
vouer sa vie à la très noble profession que les
diplômes obtenus et son talent uaissanl lui per-
mettaient d'embrasser. Celui qui, douze ans plus
tard, devait à la Tribune }''ran(;aise opposer la
chaleur de son éloquence à la dialectique puis-
sante et froide de Guizot. pensait en 1820, qu'il
était destiné à l'élude de l'histoire et de la philo-
sophie, et il voulut s'y consacrer sans retard.
Vw haut magistrat, dont l'espril libéral avait
été séduit par la hardiesse de caraoléro et l'iina-
ginalion vive de M. Thiers, le protégeait et l'en-
courageait dqns cette voie :
M. le Président d'Arlatan de Lauris, qui était
membre de l'Académie d'Aix, conseilla à son
— 14 —
jeune ami, de concourir pour le prix qu'offrait,
cette même année, la docte assemblée, en propo-
sant réloge de Vauvenargues « le maître de tous
les philosophes » , suivant l'expression de Voltaire.
On sait qu'après un incident que les biographes
de M. Thiers semblent avoir un peu grossi, celui-
ci obtint le prix pendant que Mignet, son doux et
élégant ami, son compagnon d'études, qui devait
se contenter de grandir dans la solitude et le
travail, remportait à Nîmes, le prix du concours,
avec son savant éloge de Charles VII.
Ce sont les fragments de son étude sur Vauve-
nargues qui formèrent dans « le Constitutionnel »,
la feuille la plus puissante d'alors, les premières
publications de M. Thiers. On peut donc dire que
c'est à l'Académie d'Aix que naquit à la vie litté-
raire, ce grand esprit, ce magnifique historien,
qui devait être encore le grand homme d'État
auquel on a donné le titre immortelde « Libérateur
du territoire. )>
Mlle Dosne, en instituant le prix Thiers au
profit de notre compagnie, n'a-t-ellc pas été ins-
pirée par ces souvenirs ?
Du moins, en les rappelant aujourd'hui, il nous
sera précieux de récompenser une œuvre que M.
Thiers eût lui-même applaudie, car elle est à la
fois écrite dans le style simple et* clair que M.
Thiers affectionnait, et riche de documents puisés
aux sources les plus sûres, comme s'en faisait
— 15 —
une juste gloire l'auteur de r/7is^oï>e du Consulat
et de V Empire
Mais avant d'analyser Tœuvre couronnée, j'ai
le devoir de dire que les candidats au prix Thiers
furent nombreux et que les travaux présentés,
tous estimables, font le plus grand honneur au
concours.
Lapolitiqae des r^ois de France en Provence,
de M. Tabho Arnaud d'Agnel, correspondant du
Ministère de Tlnstruction publique, présente un
intérêt de tout premier ordre, puisqu'il a pour
objet Tun des faits les plus considérables de This-
toire de notre pays : la réunion de la Provence
à la France.
Louis XI, le diplomate actif, rusé et redouté,
s'était donné à tâche de fonder Tunité territoriale
de la France. Après avoir lutté pendant vingt ans
contre la féodalité et avoir réuni au domaine
royal le duché de Bourgogne, la Picardie, et
TArtois, il travaille habilement contre son oncle,
le bon roi René, à y réunir encore tous les biens
de la maison d'Anjou. Les faits que cette lutte
provoquèrent, les personnages de Provence qui
y prirentune part prépondérante, revivent, palpi-
tants, sous la plume savante de M. l'abbé Arnaud
d^Agnel. La sincérité du récit est attestée par de
très nombreux documents, pourla plupart inédits,
que l'auteur a puisés, dans les archives départe-
mentales et celles du Palais de Justice d'Aix. M.
— 16 —
Tabbé Arnaud d'Agnel s'inspire, dans ses écrits,
du précepte de la Bruyère « Tout Tesprit d'un
auteur consiste à bien définir et à bien peindre. )>
M. Crémieux, proviseur du lycée deRochefort,
a mis à profit son séjour au lycée de Marseille
pour composer une très abondante et attachante
thèse sur Marseille et la royauté pendant la
minorité de Louis XIV. C'est l'histoire des
querelles que suscita au peuple de Provence,
toujours si jaloux de ses droits, notamment aux
Marseillais, l'exercice d'un pouvoir trop large-
ment abandonné à Mazarin par la régente Anne
d'Autriche. L'ouvrage est extrêmement riche de.
détails et figurera avec honneur dans la bibliothè-
que de tous les érudits provençaux.
U Étang de Berre, est le titre d'un recueil de
souvenirs, d'études, dedissertations, sur les choses
et les hommes de la Provence. M. Charles Maur-
ras, l'éminent Provençal, fils intellectuel de la
ville d'Aix, décrit en poète, commente en histo-
rien, apprécie en philosophe — comment n'ajoute-
rais-je pas en polémiste, dont la verve ardente,
sait largement dévoiler aux yeux et à la réflexion
du lecteur, — ce champ immense d'observations
que MauriceBarrès a appelé (( un chantier d'idées» .
Après avoir qualifié Mistral u le Docteur de nos
traditions », après avoir glorifié le talent de Paul
Arène, et de ses autres amis de l'école Parisien-
ne du Félibrige, il conclut en disant : « Nous
— 17 —
avons. prétendu offrir aux lettrés de notre âge,
une collection de modèles ». Les lettrés de son
âge ajouteront un nom de plus à ceux que M.
Maurras a ainsi désignés.
D'autres ouvrages ont retenu, à très juste titre,
l'attention de TAcadémie, et mériteraient une
mention particulière : Le Recueil des actes con-
cernant les Eveques d'Antibes, de M. Georges
Doublet, professeur depremière au lycée de Nice;
Le registre des comptes pour le collège papal à
Montpellier, de* M. l'abbé Cheillan, associé ré-
gional de notre compagnie, témoignent d'une
haute culture intellectuelle et de recherches aussi
productives que savantes. La légende du X V*"''
Corps de M. J. Belleudy, préfet honoraire, est
un plaidoyer chaleureux, démonstratif, de la
valeuret du courage des soldats du Midi. — L'Aca-
démie reçut encore des poésies, un roman, des
fables, même un traité sur la motoculture. Dans
chacun de ces livres, il serait possible de glaner
à pleines mains et de lier de riches gerbes litté-
raires poétiques ou scientifiques.
Parmi ces travaux, tous dignes d'éloges, à des
points de vue divers, l'Académie, a fixé son choix
sur l'histoire de la Renaissance Provençale de
M. Emile Ripert, docteur ès-Iettres, professeur
agrégé, chargé du cours de Littératureprovençale
à la Faculté d'Aix.
2
— 18 —
M. Ripert n'est pas seulement un professeur
très estimé et un poète délicat^ il est un fils pieux
de la Provence, qu'il a cliantéedans toute l'ardeur
de son âme d'adolescent dans Le Chemin blanc
plus tard dans La Terre des lauriers, qui lui valut
en 1912, le prix national de poésie. Il n'est pas
étonnant qu'un beau jour, en revenant de Mail-
lane, tout fier de l'amitié du père de (* Mirèio »
et tout ému des souvenirs que le Maître avait
évoqués devant lui, a D6u Passât la Remen-
branço », il ait songé à devenir l'historien fidèle
de ce passé.
La Renaissance Provençale, en effet, est l'his-
toire du grand mouvement social, patriotique, et
littéraire qui, préparé pendant plusieurs siècles,
aboutit en 1859, à la rénovation de la langue, de
la poésie, du génie propre de la Provence. C'est,
examiné à ce triple point de vue, que le travail
de M.' Ripert présente toute sa valeur et son
puissant intérêt.
S'il est vrai qu'on devine par sa littérature, les
goûts et les doctrines d'une nation, si la langue
d'un peuple tient intimement à son caractère, il
ne faut point s'étonner que la Provence ait acquis,
à travers les âges, la réputation d'avoir l'âme
généreuse, l'imagination vive, et qu'elle ait tou- ^
jours professé le culte de la beauté : elle est née
de la Grèce et de Rome. M. Ripert aura contribué
à aflirmer ses origines.
— 19 —
Dans un livre édité en 1859, et qu'il avait mo-
destement intitulé (( Études Littéraires » M. Saint-
René-Taillandier, membre de l'Académie Fran-
çaise, rôcherchait les sources du Félibrii<e. Il a
cru les trouver dans un épisode touchant de la
vie de Roumanille. La page qu'il a écrite k ce
sujet, mérite d'être rappelée « La nouvelle poésie
provençale qui a fait, dit-il, un certain bruit dans
ces derniers temps, a eu des origines très simples :
Le fils du jardinier de Saint-Remy, élève de nos
écoles françaises, écrit à vingt ans des vers comme
on en fait au sortir du collège... ces vers, il les
destinait à sa mère. Il les lui récite un soir, à la
veillée. Mais le jeune homme se fait là une étran-
ge illusion. Il y a bien longtemps que la pauvre
femme a oublié le peu de français qu'elle avait
appris à l'école. Ces vers inspirés par elle sont
écrits dans une langue qu'elle n'enteild pas.
L'humble chanteur était une âme méditative :
cette découverte le remplit de tristesse et il se
mit à songer : « Ma mère, se dit-il, est donc privée
de ces joies de Tesprit qui m'enchantent... Il lui
est interdit d'entendre de belles pensées exprimées
dans une forme mélodieuse. Dans le Centre et
dans le Nord de la France, quelques accents de
nos poètes peuvent réjouir l'atelier de l'artisan et
la cabane du cultivateur. . . Ici qu'elle sera la poésie
des pïiuvres gens ?
— 20 —
'« Eh bien ! puisque nos mères ne savent pas de
Français, pour comprendre les chants que nous
dicte la tendresse filiale, chantons dans la langue
de nos mères, u
Ijd Félibrige serait donc né d'un acte d'amour
filial et Rouraanille en serait le véritableinitiateur.
Certes, Messieurs, laissons intact dans la biogra-
phie de Roumanille ce récit délicieux, mais ne
craignons pas d'élargir l'horizon et de reconnaî-
tre, avec l'auteur de la «« Renaissance Provençale )> ,
que les racines de l'arbre vigoureux sont plus pro-
fondes et plongent dans l'histoire même de notre
pays. L'étude de M. Ripert le démontre abon-
damment, et se dislingue comme un travail d'éru-
dition consciencieuse, de sens artistique consom-
mé, de patientes et intelligentes recherches ; s'éloi-
gnant de la nomenclature aride, elle emprunte à
chacun des nombreux auteurs qui ont contribué
à la conservation de la poésie méridionale, les
matériaux qu'ils réunirent et la manière même
dont ils les assemblèrent. C'est, en un mot, une
œuvre considérable et parfaitement composée.
On ne peut malheureusement, dans un simple
rapport, en donner qu'une très insuffisante analy-
se, aux lacunes de laquelle ceux qui eurent la
bonne fortune d'entendre les premières conféren-
ces de M. Ripert, suppléeront par leurs impres-
sions et leurs souvenirs personnels.
— 21 —
«
La force qui, de la Révolution à 1859, soulève
le sentiment provençal, tant au point de vue de
la langue ancestrale que sous rinfluence de
ridée fédéraliste, Tépure, le vivifie, en provoque
enfin Tépanouissement, est la résultante de trois
sources d'énergie concourant au même résultat :
rérudition mise au servici} du patriotisme local,
la poussée des passions populaires, le mouvement
dialectal.
I
L'érudition ou mouvement savant s'était des-
sinée dès le xvr^ siècle avec les provençalistes
d'Italie et César de Nostradamus en Provence.
Il se manifeste plus amplement, au xvii^°% avec la
découverte des Troubadours et de leurs manus-
crits, à Rome et à Florence. Le travailleur le plus
célèbre sur le sujet qui nous intéresse fut Lacurne
de Saînte-Palaye, qui consacra sa fortune et sa vie
à parcourir le Languedoc, la Provence et l'Italie,
pour exhumer environ 4.000 pièces provençales
dont il forma 15 volumes in-folio. L'abbé Millot,
son disciple, en essayant de mettre de l'ordre dans
cette masse énorme de documents, provoqua la
question de savoir à qui, des Troubadours ou
^ des Trouvères, appartient la priorité de la renais-
sance littéraire. La discussion, qui emprunta par
moments un ton très vif, s'est poursuivie de lon-
gues années, jusqu'au delà des frontières méri-
— 22 —
lUouales, chez les savants étrangers. Elle aboutit
il ('«tto démonstration que les Troubadours furent
bien les premiers initiateurs poétiques de l'Europe.
Au commencement du xix' siècle, tous les
peuples s'occupaient plus ou moins de littérature
provençale. En Allemagne, Schlegel en fit une
étude approfondie, mais avec le désir, en Boclie
qu'il était, de prouver que les Troubadours n'a-
vaient eu aucune influence sur les poètes de son
pays.
En Italie, Galvani, plus impartial, rendit hojii-
mage au lyrisme deia poésie méridionale. En
Belgique, un concours fut^ouvert pour couronner
le meilleur ouvrage, sur les langues et la poésie
provençales, En Angleterre, Bruce-Whyte con-
sacra aux 'i'roubadours trois volumes écrits en
français. Ainsi, de jilus en plus, les Provençaux
amoureux et iiers de leurs pays, peuvent acquérir
la conviction que ce ([u'on appelle autour d'eux
(( le patois » est bien une langue, une vraie lan-
gue, puisc|ue les savants de l'Europe l'étudient,
l'exaltent et lui rendent ainsi sa gloire d'aulrefois.
L'Idée J'rovençale a, en itiénu! temps, ses his-
toriens ; Augustin Thierry, Micbelel, Guizol,
nouard, Fauriei. Parles ti'avaux historiques
ar l'enseignement public, les Provençaux
enneul encnro que du x" au xiu' siècle leur
.fut le plus civilisé de la Clirétienlé, qu'il a
é en plein Moyen-Age duu écUitqni lui attira
- 23-
tous les esprits et tous les cœurs, et que TEurope
entière s'est tournée vers lui pour s'enivrer de sa
poésie et l'imiter.
Michelet n'a-t-il pas dit de la Provence :
(( Comment, ce pays-là n'a-t-il pas vaincu et do-
miné la France I » Fauriel n'a-t-il pas présenté
la littérature provençale comme Torgane généra-
teur du mécanisme épique ? N'est-ce point une
opinion souvent aflirmée, que Dante lui-même,
au moment d'écrire la Divine Comédie, avait
hésité d'adopter le Provençal au li^u de l'Italien !
Les récits des voyageurs qui visitèrent le midi
delaFranceattirèrenlaussirattentiongénéralesur
lui. Ceux de Mme de Scvigné au xvii^ siècle, du
Président de Brosses et de Bachaumonl au xviii*,
deMillin auxix'- : Millin, qui, après avoir assisté
à Aix aux jeux de la Fèle-Dieu ; à Marseille à la
procession de S*^ Ferréol ; à Arles à une feirrade,
écrivait deux gros volumes pour vanter la grâce
des femmes de Provence, la beauté de son décor,
le charme de sa vie rustique ; Xavier Marmier,
qui, en pariant de la terre méridionale d'où il a
remporté des souvenirs enchantés, s'écrie a Cette
terre semble faite pour être le berceau de la Civi-
lisation moderne ».
Les grammairiens, les universitaires concou-
rent, à leur tour, à l'évolution de la- Provence
lyrique ; Méry la décrit en artiste ; Villemain
consacre, enSorbonnc.six de ses leçons aux Trou
— 24 —
badours ; Saint-René-Taillandier se faille protec-
teur officiel des premiers Félibres ; Norbert Bona-
fous, rérudit doyen de la Faculté deslettresd'Aix,
donne à la littérature provençale tout le temps
que ne lui prend pas la traduction d'Homère en
vers français.
Enfin, dans le même temps, d'autres écrivains,
parce qu'ils sont épris des créations de Timagina-
tion populaire, contribuent à aviver l'influence
qui s'exerce, lentement mais sûrement, sur les
esprits de la Provence ; Charles Nodier disait le
charme du patois, Georges Sand manifestait sou
goût très vif pour le parler du peuple.
Ainsi se préparait, par une sorte de gestation
progressive, Tccuvre de beauté qui devait être la
protestation sublime et triomphante contre la
centralisation linguistique.
• •
II
La poussée des passions populaires, est la
seconde force qui a mis en mouvement Taction
du Félibrige.
La Révolution a donné au peuple le sentiment
de sa souveraineté. Pour l'exercer pleinement,
il a réclamé le droit et le pouvoir de s'instruire,
et son sentiment va croissant parce que de grands
esprits : Lamennais, le mystique humanitaire: le
chansonnier Béranger ; Miclielet, Tapologiste du
— 25 —
peuple, se font les protecteurs, je dirai volontiers
les excitateurs, de la poésie populaire. Lamartine
entre tous, témoigne à l'idée sa sympathie
vibrante et son admiration enthousiaste. L'idéal
du célèbre auteur de Thistoire des Girondins,
est d'instruire et de moraliser le peuple. Aussi
bien nulle part, son nom ne fut-il plus aimé qu'en
Provence. Il encourage Jean Reboul, le boulan-
ger de Nimes, dans ses poésies si mélancolique-
ment gracieuses, il inspire dans les siennes
Alphonse Maillet de la Tour d'Aiguës, il fait com-
prendre à la petite ouvrière Reine Garde, dans
Tëntrevue qu'il lui accorde avant qu'elle publie
ses essais poétiques, ce que doit être la vraie
poésie populaire. Comment résister au plaisir
de reproduire les quelques lignes si joliment
écrites par M. Ripert, quand il a raconté cet inci-
dent de la vie de Lamartine.
. (( Est-il étonnant, dit-il, que douze ans plus tard,
Lamartine ait connu Tidéal entrevu alors, dans
le poème que venait d'écrire le jeune Frédéric
Mistral ? Sans doute, avant de l'écrire, celui-ci
avait-il lu Tadmirable préface de cette Geneviève
dédiée à Reine Garde, dont il ne pouvait ignorer
l'existence, lui qui faisait son droit à Aix au mo-
ment où celte gloire populaire surgissait à la
lumière. En somme, faire présenter son poème à
Lamartine par Adolphe Dumas, c'était suivre le
chemin que lui avaient indiqué déjà le boulanger
— 26 —
de Nimes, la couturière d'Aix, le coiffeur d'Agen.
Et si Lamartine tout de suite s'enflamme à la
lecture de son poème et le salue comme un chef-
d'œuvre, on a pu parfois s'en étonner en songeant
qu'il ne savait pas un mot de provençal et que
le poème, dans une traduction, perd beaucoup de
sa vertu poétique ; et de même on a pu sourire et
taxer Lamartine dillusionisme, quand il nous a
dépeint Mistral tel qu'un laboureur de Crau, me-
nant sa charrue et se reposant de son travail en
écrivant se§ strophes. C'est que généralement on
n'a pas bien vu comment Lamartine, depuis trente
ans déjà, depuis qu'il avait salué en Reboul le
Génie dans l'obscurité, était préparé à la venue
d'nn grand poète populaire. Ce poète, il l'avait
pour ainsi dire suscité par ses appels passionnés
et voici qu'il apparaissait devant lui comme un
pâtre antique, parlant une langue où se mêlaient
les débris glorieux des langues classiques, sur
les bords de cette Méditerranée qu'il avait tant
aimée, depuis les rives napolitaines où il avait
connu l'amour, jusqu'au cœur de Marseille, où il
avait senti passer sur lui, comme une caresse
un peu lourde mais enivrante tout de même, la
rude ivresse populaire ».
A côté des protecteurs de la poésie populaire,
des ouvriers poètes ont aussi joué leur rôle dans
le mouvement provençal : Charles Poney et Pé-
labon à Toulon, Pierre Dupont à Lyon, Louis
^ 27 —
Astoin à Marseille. Ils ont, ceux-là, cru tout
d'abord que c'était une supériorité de se hausser
à la langue française, mais ils ont fini par sen-
tir toute la noblesse de la langue de leur pays et
ils sont allés ainsi naturellement à la poésie pro-
vençale ; nous Tavons rappelé déjà pour Rouraa-
nille, qui s'était efforcé à des vers Lamartiniens
avant d'écrire le chant délicieux de « Bouscarlo »,
qui devait dévoiler sa véritable personnalité.
III
Enfin, venu de plus loin encore, le mouvement
dialectal travaillait, dépuis le Moyen Age, àTéclo-
sion du Félibrigo. La langue d'Oc avait été
frappée et diminuée par la croisade contre les
Albigeois, éteinte et presque étouffer par la cen-
tralisation française, mais elle s'éveillait peu à
peu dans l'âme et sous la plume de quelques
poètes : Gaspard Zerbin à Aix, Saboly à Avignon,
Bellaud de la Bellaudière à Marseille ; et quand
vint l'orage de la Révolution, elle était toute prête
pour une germination nouvelle, tandis que sous
prétexte d'unification et d'égalité, les pouvoirs
publics prétendaient imposer au peuple du Midi
une langue qui n'était pas la sienne. Un spirituel
académicien, Charles Nodier qui. dans sa jeu-
nesse, fut pourtant môle aux mouvements révo-
lutionnaires les plus avancés, disait : « Si les
— 28 —
idiomes populaires n'existaient plus, il faudrait
créer une académie exprès pour les retrouver ».
Aussi bien, la langue provençale survécut à la
Révolution, pieusement gardée dans le cœur des
petits bourgeois et du peuple. Les bourgeois tra-
ditionnalistes font alors de la poésie provençale
un agréable passe temps. Il faut citer à Aix
Diouloufel, le bon docteur Léon d'Astros, le
neveu de Portails, qui manie la langue du pays
en fin connaisseur ; à Arles, Michel de Truchel,
et Hyacinthe Morel qui vint fonder à Aix un
journal où il exposa avec une violence de polé-
miste, les titres de noblesse du Provençal, et plus
loin de nous, dans les montagnes des Cévennes,
le marquis de la Fare-Alais pour qui la langue
d'Oc symbolise le pays.
A côté des bourgeois provençalisant, M. Ripert
place les poètes qu'il appelle les réalistes Mar-
seillais qui n'ont pas grande influence littéraire :
Désanat ; le chansonnier, Pierre Bellot, Tauteur
dôaPouèto cassaïre et de la Belle Bouquetière ;
à côté, et au-dessus de plusieurs autres, Victor
Gelu, celui qui possédait mieux que quiconque
le dialecte marseillais, et qui, vse moquant de
toutes règles, chantait plutôt qu'il n'écrivait, au
demeurant le plus intéressant, le seul poète qu'ait
donné le vieux Marseille.
— 29 —
Enfin toutes ces forces colleclivees se sont réu-
nies, les mouvements savant, populaire, dialectal,
se sont fondus en un courant unique qu'il s'agit
maintenant d'organiser et de diriger. Les ouvriers
de cette grande œuvre sont prêts. Roumanille
de Saint-Rémy et Crousillat de Salon ont écouté
les leçons de Brizeux en Bretagne, de Jasmin le
perruquier d'Agen, qui, Tun et l'autre, pleins de
foi dans la durée du langage populaire, ont eu '
déjà dans leur pays une influence incontestable
sur le développement de la poésie régipnaliste.
Ils créent des publications un peu partout ; l'Ar-
mana, lou Tambourinaire, l'Abeillo, li Prouven-
çalo. Ils organisent le congrès d'Arles et celui
d'Aix que préside J.-B. Gaut: le Roumavage dei
Troubaire remplace les Cours d'amour. Tous
les poètes provençaux sentent le besoin de sortir
de leur solitude, et d'unir dans un même effort
leur volonté et leurs aspirations. La Renaissance
Provençale va s'irradier dans la lumière et dans
la vie ; nous arrivons aux jours les plus -glo-
rieux de son épanouissement. Le 21 mai 1854,
sept jeunes poètes se réunissent à la bastide de
Font-Ségugne pour constituer définitivement une
école de poésie provençale, avec ses doctrines,
son idéal, sa langue et son orthographe. Ils s'ap-
pelleront Félibres, c'est-à-dire ceux qui fonc des
livres et qui sont libres, et ils prendront pour
emblème l'étoile à sept rayons, en l'honneur de
Sainte Estelle.
— 30 —
A chacune de ces figures d'artistes M. Ripert
a donné sa véritable physionomie, à chacun de
ces talents son véritable caractère, à chacune de
ces initiatives son véritable mérite. Mais, parmi
toutes ces ardeurs, tous ces courages, les dépas-
sant, se dressait le génie de Frédéric Mistral.
Sorti de Técole de Droit, il vient de se retirer au
mas paternel, le mas du Juge : son père, maître
François Mistral, lui a dit : a Mon gars, j'ai fait
mon devoir envers toi ; il t'appartient de chosir,
la voie que tu désires suivre ; je te laisse libre ».
Et, libre de sa vie, Frédéric levant les veux vers
les Alpilles, jure de ressusciter le sentiment de la
race provençale et de réhabiliter sa langue —
(( aquelolengomespresado » — par le prestige delà
poésie. L'opinion est toute prête à saluer un grand
poète populaire, u Mirèio » vient à son heure,
comme l'aboutissement splendide d'une série de
désirs confus, d'espoirs patriotiques, d'enthou-
siasmes persévérants.
N'avais-je pas raison de dire que le livre de M.
Ripert, ainsi compris, conçu et présenté, ne cons-
titue pas une simple étude littéraire, mais une
œuvre historique au premier chef : l'histoire de
la résurrection de l'âme provençale « épanouie
en r( Mirèio » au xix^ siècle, et reprenant après de
longues années d'assoupissement, conscience de
sa beauté, de sa valeur et de ses droits )> ?
- 31 —
Il en est qui feront, et qui peut-être ont fait
déjà au travail de M. Ripert, une critique. Ce
Provençal de race et de goût, cet admirateur
de Mistral, qui a mis en un magnifique relief la
Renaissance Provençale, n'a pas douté de poser,
dans une conclusion un peu contradictoire do
son titre, un point d'interrogation sur l'avenir
de la langue d'Oc !... (( Cette langue, cette litté-
rature renaissent-elles pour vivre longtemps
encore, où pour s'éteindre bientôt » ?
Et, de la réalisation de cette dernière éventua-
Jité, M. Ripert se consolerait, u N'importe, après
tout, que la langue provençale ait le sort du grec
Homérique et du latin Virgilien, si « Mirôio » se
range à côté de l'Odyssée et de l'Enéide, au nom-
bre .des grands poèmes de la civilisation Méditer-
ranéenne )).
M. Ripôrt mérite de ne pas souffrir celte déses-
pérance que THomère de la Provence^ n'a pu ni
craindre ni même entrevoir.
La langue provençale ressuscitée vivra parce
que le Félibrige n'est pas un simple .effort litté-
raire, qu'il est un véritable mouvement de
décentralisation, de régionalisme raisonne, et
que les événements qui, 'si douloureusement,
marquent l'aurore du xx*^ siècle, le défendront
eux aussi, contre l'indifférence et Toubli ! Quand
nos héros du Midi reviendront reposer sous le
soleil de la Provence leurs membres glorieux et
— 32 —
meurtris, ils aimeront plus que jamais la langue
qu'ils parlèrent dans les tranchées, qu'ails chan-
' loront comme un chant de victoire en montant à
Tassant ou comme un air très doux venu du pays
pour alléger leurs misères ; qu'ils écrivirent au
milieu des souffrances de Texil pour échapper
aux investigations soupçonneuses de leur geô-
liers. Alors peut-être sentira-t-on, sous cette
poussée nouvelle, Tutilité de comprendre TétudQ
du Provençal dans les programmes d'enseigne-
ment secondaire, etdeTimposer à Tccole primaire
comme un moyen de perfectionnement à Tétude-
de la langue française.
Lé Provençal n'est pas un simple dialecte. C'est
un idiome sorti du mélange des langues gauloise,
latine et grecque. M. Ripert n'a-t-il pas lui-
même écrit : « C'est un sujet d'orgueil pour tous
les cœurs provençaux, de savoir de façon irréfu-
table, que.de la langue romane, celle des trou-
badours, étaient descendues toutes les langues de
l'Europe latine ». La première éclose en effet,
elle avait atteint au \\^ siècle tout son développe-
ment, mais à la fin du xiir le Midi perdit son
autonomie ; le pouvoir monarchique s'était con-
solidé dans les mains des anciens comtes de Paris
et le dialecte de l'Ile de France allait devenir
fatalement la langue du pays, se perfectionner et
se raffiner ensuite à la cour de François r^ et au
grand siècle de Louis xiv.
— 33-
Expliquant le prééminence du Français sur le
Provençal, Charles Nodier disait: humouristique-
raent : « C'est un cadet de bonne famille que
d'excellentes protections ont fait réussir dans le
monde au préjudice des héritiers légitimes ».
C'est, dans tous les cas, un fait historique, que la
langue d'Oc a longtemps disputé au langage du
Nord l'honneur de devenir la langue nationale.
N'est-ce pas une raison de plus pour que nous la
conservions jalousement, telle que l'ont faite nos
pères, telle que l'a magnifiée Mistral? Elle est un
des liens mystérieux et forts qui, dans nos âmes
méridionales, réunissent en un unique amour la
grande et la petite patrie, a Nous sommes, disait le
bon abbé Papon en 1781, confondus avec la nation
française : c'est ce qui fait notre gloire et notre
bonheur ». Le Maître a exprimé plus fièrement
et plus justement cette pensée dans ces vers
admirables du chant xi® de « Mirèio », que je
veux répéter à la fin de ce rapport, comme Técho
puissant de la Renaissance Provençale :
La Prouvènço cantavo et lou temps courreguè
E coume au Bose la Durènço
Ferd à la fin soun escourrènço,
Lou gai reiaume de Prouvènço
Dins lou sen de la Franco à la fin s'amaguë.
< Fraijço, emé tu meno ta sorre »
Digue soun darriè rèi, iéu more l
Gandissés vous ensôn, alin, vers Taveni,
Au grand prefa que vous apello.
Veirés fugi la niue rebello
Davans la resplendour de vôsti front uni !
— 34 —
Messieurs,
Cette splendeur de notre Provence aimée
(( lou gai reiaume de Prouvènço », M. Ripert
aura le grand et enviable honneur d'en avoir
réuni les plus étincelants rayons dans un magni-
fique ouvrage historique et littéraire qui a gagné
les suffrages de notre Académie et qui mérite les
vôtres.
— 35 —
M. Revol donne lecture d'une poésie :
LE SÉNÉGALAIS A L'ÉCOLE
«^*'
RAPPORT
SUR LES
PRIX DK ve:rt:^u
PAR
M. le Docteur LATIL
Mesdames,
• Messieurs.
Il vous paraîtra peut-être étrange qu'au bruit
lointain du fracas des batailles, au milieu deTan-
goisse publique, rAcadémie vous rassemble dans
son hôtel élégant et tranquille pour deviser paisi-
blement sur les mérites de la vertu. Si vous en
jugiez ainsi, vous vous méprendriez peut-être.
Pour en décider, penchez-vous avec un respect
ému sur ce pauvre petit soldat qui vient de tom-
ber sous le feu de l'ennemi : rassemblant toutes
ses forces il s'envole à tire d'ailes vers le doux
nid familial pour s'y réchauffer instinctivement
sur le sein maternel, car cet héroïsme qui le sou-
tient, lui, presque un enfant, dans ces durs com-
bats et l'élève au plus haut sommet de l'abnéga-
tion et du courage, il Ta puisé là. Ceci est sorti
de cela. C'est le foyer familial qui a été la source
humble et pure de cette vertu sublime en donnant
à ce mot la pleine et haute acception du mot
latin tirtus.
— 38 —
lis ne s'y sont pas trompés les grands bienfai-
teurs de notre Académie : les Rambot, les Reynier,
les Irma Moreau, les Rayon, les Bourdelet. Par
une intuition de leur cœur, ils ont pressenti que
ces modestes actes de vertu qu'ils voulaient dé-
couvrir et récompenser auraient des répercussions
imprévues qui se traduiraient par de magnifiques
actions. S'ils en sont les témoins émus, ils ne
sauraient s'en étonner, eux qui savent quels échos
infinis éveille aux plages éternelles le geste com-
patissant du simple verre d'eau froide.
D'ailleurs, Messieurs, aux faits de guerre, nous
revenons avec Rambot un ancien militaire qui,
par son testament du 25 août 1858 fonde un prix :
« pour récompenser les actes de dévoûment et
de courage... » Or, la Commission a cru qu'il ne
saurait y avoir d'acte de dévoûment et de coura-
ge supérieur à celui qui consiste à donner sa vie
pour sauver son pays. Elle a pensé que Rambot
eût été de son avis et qu'il eût voulu, lui qui fut
un bon serviteur de la France, récompenser ses
héroïques camarades qui sont morts afin qu'elle
vive ! Et quelle plus délicate façon de les récom-
penser et d'honorer leur mémoire que de secou-
rir leurs enfants ?
On a dit et souvent répété, ces temps-ci, qu'un
pays se déshonorerait s'il se désintéressait des fiis
dont les pères ont sacrifié leur vie pour assurer
son salut.
— 39 —
Mû par ce sentiment élevé, Sa Grandeur Mon-
seigneur l'Archevêque d'Aix fondait, le 8 décem-
bre 1916, dans son diocèse, VŒuvredes Orphe-
lins de la Guerre. La lettre qui l'instituait s'ex-
primait ainsi : a Les ruihes accumulées sur -le sol
français sont affreuses, les deuils sont immenses,
la France, avec son inépuisable vitalité, dominera
la situation. Le temps, l'énergie, la ténacité ré-
duiront à l'état de souvenirs les destructions de
la grande guerre. Les nécessités de la vie, les
exigences professionnelles, le souci de l'avenir,
le fardeau de l'heure présente apporteront dans
l'âme des épouses et des mères la nécessaire di-
version aux regrets désolants et aux tristesses
déprimantes. Mais, en attendant, qui comblera les
vides ? Qui remplacera le père auprès de l'enfant?
A qui l'orphelin demandera-t-il protection et ex-
emples ? Qui suivra ses premiers pas dans la vie ?
Qui sera son appui dans le choix d'une carrière
et les premières épreuves du travail ? »
Ces lignes traçaient tout le programme de l'œu-
vre future. Elle a tâché dele réaliser deson mieux :
laissant Torphelin à son foyer chaque fois que
cela lui est possible, sous la protection de sa mère,
des grands parents ou des tantes, elle ne recourra
qu'en cas d'absolue nécessité, aux établissements
charitables ; outre les orphelinats déjà existant à
Aix qui méritent toute confiance, elle a créé un
institut d'École Ménagère et une Exploitation
— 40 —
Agricole afin que chaque profession trouve sa
spécialisation et sa préparation. L'œuvre fonction-
nant à peine depuis quelques mois, vient en aide
matériellement et moralement à 205 orphelins de
la guerre appartenant à 112 familles dont 74 de
la commune d'Aix.
Elle a distribué en argent, en nature, en bans
dé travail aux mères de famille plus de 12.000
francs. En présence de tout le bien déjà accompli
et des détresses physiques ou morales si nombreu-
ses qui restent à secourir, vous applaudirez, Mes-
sieurs, au jugement de l'Académie accordant à la
Section Aixoise de l'Œuvre des Orphelins de
la guerre, avec ses encouragements les plus cha-
leureux, le prix Rarnbot de 545 francs.
Si pour le prix Rambot la tâche de TAcadémie
a été facile puisqu'elle tenait, à Texemple de ses
grandes sœurs aînées, TAcadéraie Française et
r Académie des sciences, à honorer et a récompen-
ser les généreuses initiatives collectives en faveur
des victimes de la guerre, il n'en a pas été de
même pour les autres prix à décerner en 1917.
Les demandes étaient nombreuses, étayées de
mémoires relatant des faits de dévoùment réelle-
ment touchants. Entre elles le choix était diffici-
le : la balance de précision qui pèse les actes de
vertu n'est point encore inventée ici-bas. La
mythologie a rendu célèbre celle de Mino§.
a Minos juge aux enfers tous le> pâles humains >
— 41 —
Le fléau decette fatale balance n'oscillait jamais
follement et se fixait toujours sur l'immuable jus-
tice. Nos balances ne jouissent pas de ce magique
attribut, elles ont pu osciller ou se tromper peut-
être, mais au moins T Académie et sa commission
y ont apporté toute leur bonne volonté et nous
prions ceux qui auraient à critiquer nos décisions
de s'en référer à la droiture de l'intention qui,
comme le savent les censeurs rigides, juge la va-
leur de l'acte.
Le prix Reynier fondé en 1865 « pour récom-'
penser les actes les plus méritoires de dévoûment
et de secours au malheur; les soins désintéressés
donnés aux infirmes et aux vieillards ainsi qu'à
l'enfance délaissée et pauvres » trace un program-
me très net. Il nous a paru que Mlle Fanny Tho-
mas a rempli points par points les intentions du
testateur. L'Académie n^a eu qu'à enregistrer les
^eçons qui se dégagent d'une très belle vie de
constante abnégation.
De même que le botaniste assigne à chaque
famille végétale un trait distinctif , nous pouvons
donner à la famille Thomas celui du décoûment.
puisque Tune des sœurs, Clémence, a déjà obte-
nu le prix Reynier en 1909.
Fanny Thomas est actuellement âgée de 72 ans ;
dès son jeune âge, elle se consacre pendant 14
années, nuit et jour, au soin de sa mère infirme ;
elle trouve cependant le temps de soigner assîdû-
o
— 43 —
18 et 15 ans ne se suffisent- pas encore car leur
santé est précaire ; et pour comble d'infortune
la bonne tante Clémence voit sa vue faiblir et
doit abandonner son travail.
N'allez pas croire que les deux sœurs Thomas
sont à bout de force et de courage : un pauvre
vieillard infirme vient frapper à leur porte, elles
le recueillent. C'est un vieux militaire tombé en
enfance qui se fâche, jure, appelle chaque nuit
ses infirmières. Elles ne se rebutent jamais ; ne
se lassant pas de panser ses plaies et de lui ren-
dre les plus humiliants services. Nous avons été
pendant de longs mois le témoin ému de cette
constante abnégation. Savez- vous comment ces
saintes filles furent récompensées ? Par le bruit
méchant et faux qui courut dans le quartier d*un
héritage mirifique... La vérité est que la modeste
pension militaire ne suffisait pas à Tentretien du
malade. Mais la foule anonyme, qui mesure tout
à son aune, répète ou au moins pense en présence
d'un beau dévôûment : « Qu'est-ce que cela peut
bien rapporter ?» — Voilà pourquoi il est néces-
saire que l'Académie mette en lumière les faits
de pur désintéressement qui lui sont signalés et
les récompense publiquement avec cette réserve
d'ailleurs consolante, que le plus grand nombre
d'entr'eux doit vraisemblablement demeurer
ignoré d'elle.
— 44 —
Vous croyez peut-être que j'en aifini, Messieurs,
or il semble que par ces cinquante années de la-
beur et de dévoûment incessants, la Providence
ait voulu préparer Fanny Thomas à un rôle plus
auguste : celui de devenir la servante et Tinfir-
raière d'un malade dont le corps a été consacré
par l'onction sacerdolfeile. Vous avez tous connu
le Pci'O Filâtre, cet apôtre à Tàme ardente et'pas-
sionnée qui, àTUniversité d'Ottawa] (Canada) fit
rayonner pendant de longues années l'influence
de la culture française et qui dès son retour, à
semé à tous les vents, dans nos villes et nos cam-
pagnes, son verbe enflammé. Le voilà, ce lutteur
infatigable, terrassé sur un lit ; la maladie s'achar-
ne sur lui ; avec une précision anatomique atroce-
ment cruelle, elle paralyse progressivement cha-
que nerf, détruit chaque muscle : c'est la paraly-
sie complète, perinde ad cadacer. — Que va de-
venir ce grand infirme ? La famille religieuse
qu'il avait choisie a été brisée, dispersée et il
n'aura même pas la ressource de ce frère infir-
mier que nos souvenirs de collège évoquent avec
sa mine rébarbative et ses parfums d'huile de
foie de morue.
Alors, ce sera l'hôpital ? — Non, c'est Fanny
qui franchit le seuil de cette chambre solitaire,
elle s'installera à ce chevet et ne le quittera plus ;
pendant plusieurs années, elle soignera ce mis-
sionnaire paralytique corn me une mère soigne son
— 45 —
enfant, et par cette comparaison d'ailleurs juste,
nous voulons évoquer et la délicatesse des soins
quotidiens et la hauteur de sentiment qui les
inspire.
Après Texposé d'une telle vie vous approuve-
rez, j'en suis sûr, TAcadémie d'avoir divisé le prix
Reynier en deux parts inégales et d'en avoir
accordé la majeure partie soit 600 francs à Fanny
Thomas. Vous jugerez peut-être aussi que c'est
réellement une bien maigre récompense ; mais
vous voudrez bien considérer qu'elle n'est que le
pâle et lointain reflet de celle qui seule pourra
un jour éternellement s'égaler au mérite.
Après avoir évoqué devant vous. Messieurs,
une telle figure, les autres risquent de perdre de
leur relief. C'est possible ; mais elles auront une
autre physionomfe, car c'est une des surprises
qu'éprouve le rapporteur en fouillant les dossiers,
de rencontrer des types si divers et si originaux.
Voici que nous vous présentons la fille d'une
cantinière, « une enfant de giberne », comme elle
le dit elle-même en style pittoresque. Mlle Gene-
viève Gautier, née en 1840, a passé son enfance à
la caserne Forbin. La famille se composait de
neuf enfahts : deux filles et sept garçons, tous
enfants de troupe. La mère, cette brave cantiniè-
re qui avait donné un si grand nombre de soldats
à la Patrie, aurait ce me semble mérité d'être dé-
— 46 —
Corée par le digne colonel Taconnet qui fut son
chef. Geneviève seconda sa mère de son mieux
dans réducation difficile de ces turbulents petits
soldats. Elle resta 17 ans employée dans la mai-
son Rey et 30 années dans ces vastes magasins
de la Tentation, rue Miséricorde, que la population
d'Aix a regretté de voir se fermer et où Ton s'est
occupé si activement des belles œuvres de guerre.
La voilà donc commise d'un grand magasin
de nouveautés. N'allez pas croire un peu malicieu-
sement, Messieurs, que je vais vous rappeler le
type de la demoiselle de magasin que Zola a
crayonné dans le Bonheur des Dames. N'arborez
pas votre monocle, notre Geneviève a 77 ans I...
Tant qu'elle Ta pu, accorte et souriante, elle rece-
vait les acheleuses, déballait devant elles les étof-
fes aux chatoyants reflets avec ces longueurs in-
terminables mais que trouve toujours trop cour-
tes une femme qui choisit sa toilette. Après ces
fatigantes journées, elle trouvait le soir, dans son
modeste logis, une sœur atteinte de plaies alïreu-
ses qu'il fallait penser, soi{4:ner et consoler une
partie de la nuit. Elle a mené cette dure vie. tra-
vailleuse le jour, garde-malade la nuit ; elle y a
usé sa santé et ses maigres économies ; elle est
actuellement sans ressources. Vous, Mesdames,
qui avez si souvent abusé de sa patience sans
jamais la lasser, vous approuverez certainement
l'Académie de lui avoir accordé la seconde par-
tie du prix Reynier, soit 400 francs.
— 47 —
L'une des principales bienfaitrices de TAcadé-
mie, Mlle Irma Moreau, a institué en 1869, T Aca-
démie, sa légataire universelle pour fonder des
pensions viagères de 200 francs : les unes, en
faveur des familles nombreuses, les autres, en
faveur des ouvrières usées au travail.
L'Académie disposant cette année de trois pen-
sions en a accordé deux aux familles nombreu-
ses. L^ntention qu'elle y a mise apparaît claire-
ment. Je ne voudrais cependant pas ouvrir devant
vous cette grave question de la dépopulation qui
inquiète et préoccupe tous les bons Français et
menace l'existence de notre nation. Je me borne
à évoquer certains faits qu'on a remis en lumière
récemment : si la famille Française était restée
aussi nombreuse qu'elle l'était dans les siècles
passés, nous ne disons pas : TAUemagne aurait
été déjà vaincue, nous affirmons qu'elle n'aurait
pas osé nous attaquer. Ce fils unique, jalousement
élevé par ses parents, s'il n'a point de frère autour
de lui, qui le défendra ? Il sera abattu, victime
de l'égoïste calcul des siens,
Une nation qui a plus de tombes que de ber-
ceaux, voit ses terres abandonnées, ses champs
en friche être la proie de ses voisins et est mena-
cée d'être rayée de la carte du monde.
Voilà pourquoi nous éprouvons quelque fierté
à vous présenter la famille Hertzog qui se com-
posait de dix enfants dont neuf garçons^ un seul
^
— 48 —
de ces enfants mourut en bas âge. La mère est
actuellement âgée de quarante-cinq ans ; eUe a
eu successivement dix grossesses, elle a allaité
tous ses enfants. Je vous laisse à penser^ Mes-
dames, quelle somme de labeur elle a dû fournir I
Que de nuits passées au chevet de ses enfants !
Que de sollicitudes pour des rougeoles, des oreil-
lons, des coqueluches multipliés par dix I Vous
ne vous étonnerez point qu'ainsi absorbée, elle
n'ait pu apporter un centime au budget familial.
Le père travaillait comme charretier chez M.
Jourdan, négociaht en bois, qui nous a donné
d'excellents renseignements, et son salaire est le
seul revenu de la famille.
On peut se demander, dès lors, de quoi vivent
ces onze personnes. Franchement, Mesdames, je
l'ignore. Notre ancien président, M. de Bonne-
corse, qui les a visités longtemps, pas plus que
moi, ne les a jamais entendus se plaindre. En
dépit de la charité qui les aide quelque peu, c'est
là un problème en suspens que résout cependant
quotidiennement pour eux la Providence.
Comme au temps évangélique de Bethléem,
les propriétaires sont durs pour les familles nom-
breuses : « Non erat eis lociis indicersorio ». Les
Ilertzog ont dû quitter l'étroit logis de la rue
Lice St-Louis et partir, non pas heureusement
pour retable, mais pour la campagne, dans ce
quartier d'Encagnane, d'où les couchers de soleil
— 49 —
sont si beaux sur Thorizon à la ligne droite et
pure... Là, du moins les enfants trouvent l'espace
et l'air pur.
L'Académie vous semblera donc heureusement
inspirée en accordant à la famille Hertzog, la
première pension viagère de 200 francs du legs
IrmaMoreau.
C'est dans le riant petit village des Milles que
nous avons découvert la seconde famille que
nous alloDS récompenser.
Décanis Justin, âgé de cinquante-quatre ans,
a eu six enfants ; il est veuf depuis une
dizaine d'années ; trois de ses enfants ont suc-
combé ; l'un d'eux est mort glorieusement pour
la France. Lui-même est, hélas, paralysé et
aveugle, et il ne peut plus subvenir, par son tra-
vail, aux besoins de sa famille ; il lui reste trois
enfants, deux garçons de seize et douze ans, et
une fille de vingt-cinq ans : Jeanne, qui assume
la lourde tâche de la mère absente, dirige et sou-
tient, matériellement et moralement, le ménage.
C'est pour honorer cette vaillante Jeanne, type
que notre éminent confrère, M. Charles de Ribbe,
a plusieurs fois mis en relief dans l'antique
famille Provençale, type de l'austère sœur aînée,
mûrie prématurément par le malheur, devenue
la jeune mère des orphelins, que l'Académie
décerne la seconde pension Irma Moreau, à
Décanis J ustin, des Milles.
— 50 —
Messieurs, en choisissant M^^* Guyot, TAca-
démie remplit la dernière partie des intentions
d'Irma Moreau : récompenser une ouvrière âgée
et méritante. Le 26 juin 1886 notre regretté col-
lègue, le baron de St- Marc, dans son rapport
très applaudi, énuméra les actes exceptionnels de
dévouement qui valurent à Louise Guyot une
partie du prix Reynier. Il faisait ressortir que
Louise, fille unique d'un entrepreneur dont les
affaires prospéraient, reçut une excellente édu-
cation et qu'elle y puisa l'énergie nécessaire pour
supporter, sans fléchir, la ruine qui survint d'une
façon aussi imméritée qu'inopinée. Elle, se mit
courageusement au travail et put soutenir son
père et sa mère tombés tous deux malades. Ce
prix de 300 francs qu'elle avait si bien mérité,
(( elle le prêta à Dieu », suivant le proverbe popu-
laire de nos pères, en le donnant à de plus pau-
vres qu'elle et le travail acharné fut soii pain
quotidien. Elle ne se distrayait qu'en allant con-
soler une amie dans la peine, en allant penser
régulièrement une plaie cancéreuse, en allant
veiller une voisine malade. Ne l'avons-nous pas
surprise un jour prêtant libéralement son soleil,
ce bon soleil qui inondait sa modeste chambre, à
une jeune poitrinaire qui habitait une mansarde
obscure? Faire Tau mône des rayons de soleil !...
Quel joli thème pour les poètes ordinaires de
notre Académie !... Louise travailla tant qu'elle
— 51 —
put, confôctionnant pendant de longues années,
les ornements de ces vaillants missionnaires,
fils de France, qui vont porter aux plages étran-
gères, avec les trois couleurs, la Croix Rédemp-
trice.
Epuisée, elle travailla ; malade, elle travailla
encore, jusqu'au jour où ses forces fléchirent
définitivement. Que j'en ai vu tomber, Mesdames,
dans ma carrière déjà longue, de ces pâles et
vaillantes ouvrières, sur ce champ de bataille du
travail !... Elles ne récriminent pas, elles ne font
pas dégrèves, pas de revendications bruyantes ;
elles tombent silencieuses et ignorées. Quand
elles n'ont auprès d'elles ni sœurs, ni parents, jii
... quelque Fanny Thomas, elles sont recueillies
dans cette demeure sacrée qui porte ce beau nom
d'Hôtel-Dieu. Elles y écoutent, émues, la parole
mystérieuse que l'infortuné poète, sur son lit
d'hôpital, entendait murmurer domcement à son
oreille :
< N'ai-je pas sangloté ton angoisse suprême
< Et n'ai- je pas sué la sueur de tes nuits,
« Lamentable ami, qui me cherches où je suis ? »
Oh I je sais bien. Messieurs, que le législateur
s'est ému de la misère imméritée de l'ouvrière à
domicile et que contre le n sweating system » il
a édicté des lois, lois tardives, hélas, lois insuâi-
santes pour pallier ces injustices sociales, en
.o
aitendajit 1 heure des éternelies reparatioQS, l'Aca-
démie accorde la tr>j:sieme pension viagère de
2ÛÛ francs à M * Louise Guyot.
Vous avez dû souvent admirer. Messieurs,
dans les musées d'Italie, les artistes qui, dans les
'4 Vierges aux Donateurs -, avaient varié, avec
une grâce inûnie, les personnages groupés autour
du motif principal. De même, les donateurs de
notre Académie nous ont tracé, par leurs inten-
tions, les types les plus divers. Dans le cadre qu'a
fixé elle-même Henriette Rayon par son testa-
ment du 26 décembre 19»J6, vient tout naturelle-
ment se placer la figure souriante de Denise
Tournon. Celle-là est marquée du double carac-
tère de la souffrance et du sacrifice ; elle va avoir
une rude tache à remplir et aura en même temps
à porter le fardeau de la maladie. N*est-ce pas,
Mesdames, que vous en avez connu de ces âmes
hautes et fortçs qui, dans un corps brisé par le
mal, ont exercé autour d'elles, une influence
féconde et bienfaisante? Ne voyez- vous pas passer
devant vos yeux la pâle et délicate figure de Mlle
Rostan d'Abancourt, Tune des grandes bienfai-
trices de noire Académie ? Ne savez-vous pas
mieux que moi, quel rayonnement constant de
bonté, d'incessants actes de charité partaient de
son lit de souffrance?..
Denise perd son père à dix-huit ans, sa mère
est atteinte d'une maladie grave, elle a six frères
— 53 —
ou sœurs, des ressources très précaires ; elle ne
fléchit pas un instant, elle travaille toute la jour-
née dans un magasin de la ville. Dès Taube, elle
distribue à chacun, petits et grands, la tâche de
la journée, soins à donner à la mère, modeste
repas à préparer, propreté rigoureuse à entretenir
dans le ménage. Le soir, elle est heureuse de rap-
porter la totalité de son salaire, seule ressource
de la famille.. Elle remet de Tordre dans la pau-
vre chambre, refait la couche de la malade,
raccommode les habits des petits, veille souvent
bien tard et se relève la nuit pour secourir et
consoler sa mère qui, en dépit de tous ses soins
succombe... et voilà Denise, à vingt ans, à la tète
d'une petite famille de six enfants dont le plus
jeune à trois ans ; son cœur va grandir encore,
son énergie va se décupler. « La fonction crée
l'organe)). Oui, merveille de la physiologie orga-
nique, mais merveille aussi de Tamour humain
transfiguré par Taustère devoir. Denise veille à
tout ; les garçons fréquentent Técole de Si- Joseph
et les filles celle des demoiselles Michel. Elle les
entoure d'une affection maternelle, elle ne néglige
rien pour assurer leur bien-être physique en même
temps que leur éducation chrétienne. Tout passe
par ses mains : la leçon de cathéchisme à réciter,
la page d'écriture à corriger, la cuisine, le blan-
chissage et le raccommodage des vêtements de
ses frères et sœurs...
— 54 —
Mais, écrasée par cette tâche surhumaine,
minée peut-être par quelque germe héréditaire,
la vaillante enfant est vaincue, elle tombe ; la
maladie paraît trop sérieuse pour que ses frères
et sœurs puissent la soigner ; au milieu de leurs
larmes et de leurs sanglots, elle les quitte pour
aller à l'hôpital ; elle le veut énergiqueraent elle-
même pour pouvoir reprendre plus tôt sa tâche
de dévouement et elle guérira parce qu'elle le
voudra.
Dans notre vieil Hôtel-Dieu, c'est votre rappor-
teur qui a le plaisir de la recevoir ; elle entre dans
cette salle, au renom sinistre, dont on franchit
rarement le seuil deux fois et, tout de suite, son
sourire, sa jeunesse et sa confiance rayonnent
dans cette salle des grandes misères humaines où
ne filtre qu'un pâle rayon d'espérance :
« E soun regard èro uno eigagno
€ Qu'esvalissié touto magagno » ,
Elle lutte courageusement contre le mal et
trouve assez de réserve, d'énergie et d'espérance
pour en semer autour d'elle^ réconforter et ras-
séréner ses malheureuses voisines.
Il est dans notre pauvre monde, des âmes pri-
viligiées qui, comme le radium, ce métal rare et
précieux, ont la propriété d'émettre sans cesse des
radiations de chaleur et de Inmiore, sans jamais
s'appauvrir.
— 55 -.
Au bout de huit mois, en dépit du fatal oracle
d^Epidaure, elle verra jaunir et reverdir les
feuilles, trompant le pronostic de tous les méder
cins. La voilà guérie : Denise est rescapée de là
médecine, ou mieux, la Providence veut la con-
server à sa tâche maternelle. Dès que ses forces
sont revenues, elle va la reprendre, en effet, avec
le même entrain et la même bonne humeur.
Mais répreuve n*est pas finie : Dieu et la France
vont lui demander un suprême effort : deux de.
ses frères sont mobilisés. Elle les a accompagnés
sans lamentations amollissantes ; elle est en
même temps qu'une petite maman, une vaillante
Française. Au bout de quelque mois, Taîné tombe
sur le champ de bataille et meurt pour son pays.
Denise, au milieu de ses larmes, ressent une
intime fierté patriotique qu'elle fait partager à son
frère qui reste sur le front ; elle lui écrit de brèves
cartes que je voudrais pouvoir lire, Mesdames,
parce qu'elles révèlent chez cette enfant de vingt
ans toute la grandeur d'âme de" la femme Fran-
çaise. Il me semble que ce trait ajoute une der-
nière et vigoureuse touche à ce beau portrait que
j'ai essayé de vous tracer. *
Après cela l'Académie croit faire peu, trop peu,
en accordant à Denise Tournon ce prix Rayon
de 275 francs.
Tous les vieux Aixois ont connu la silhouette
de ce bon M. Bourdelel, toujours en chapeau
— 56 —
haat de forme^ toujours soigné et correct daos
sa mise ; pareille correction, il l'apportait dans
ses convictions, nullement intolérantes, mais
fermes et inébranlables. Il était d'avis qa*on doit
avoir, non pas les opinions de son temps, mats
bien les opinions de tous les temps ; celles que
Texpérience séculaire a démontré être la prospé-
rite des nations et des sociétés.
Cet excellent homme, n^ayant aucune obliga-
tion familiale, désirant continuer après sa mort,
le bien qu'il faisait en son vivant, ne trouvant
aucun pilier solide sur lequel il pût faire une
fondation, les récentes lois les ayant tous abattus,
a institué notre Académie sa légataire universelle,
par testament en date du 29 juillet 1913.
Nous sommes heureux de distribuer en son
nom, pour la première fois, deux pensions de
300 francs. La première nous a été indiquée par
le testateur lui-même dans les termes suivants :
'< Je prie r Académie d'affecter la première pen-
H sion de 300 francs qu'elle créera avec les revé-
cu nus du legs universel que je lui laisse à Madame
(( Veuve Hinnebec, née Viclorine Rampai, coutu-
(( rière, cfemeurant à Aix, rue de la Glacière ».
L'Académie accorde la seconde des pensions
de 300 francs à Madame Louise Guitton, veuve
Pellenc, âgée de 70 ans ; elle est restée veuve à
l'âge de trente-deux ans, avec deux enfants à sa
charge. Elle h'a jamais eu qu'uno^eule passion
-57-
qui a dominé sa vie, an sens où l'entendent nos
paysans de Provence, quand lis veulent caracté-
riser quelqu'un qui a un goût très vif pour la
chasse, pour les voyages, pour les livres, ils di-
sent : (( es sa passien ! » Eh bien, sa passion, à
elle, a été celle du dévouement et du dévouement
si humble, si modeste, qu'il a toujours Tair de
vouloir se faire pardonner tout le bien qu'il sème
autour de lui. Elle soigne, à sa manière douce et
silencieuse^ sans jamais vouloir recevoir la moin-
dre rémunération qu'elle considérerait comme
une offense, d'abord les époux Etienne, dans leur
campagne de la Calade, puis M"""" Glaner et
Reine, sans interrompre pour cela son travail.
Elle recueille chez elle son frère, Henri Guitton,
atteint de phtisie pulmonaire, qui sans elle eût
été obligé d'aller finir à l'hôpital. A la mort de sa
fille, en 1915, elle se chargea de ses six enfants
et, bien qu'à un âge assez avancé, recommence
la tâche d'une jeune mère. Elle a eu récemment
un chagrin : celui de ne pouvoir soigner son
père qu'une opération grave oblige d'entrer à
l'hôpital. Ces natures d'élite ne souffrent que
d'une chose, c'est de ne pas pouvoir se dévouer
davantage. Et notez : tout ce bien die l'accomplit
sans cesser de travailler. Chaque fois qu'elle a un
peu de liberté, elle accourt chez le négociant
qui l'emploie d'habitude et qui est toujours heu-
reux de l'occuper. Ne vous semble-t-il pas, Mes-
— 58 —
dames, que de si hauts exemples qui confondent
notre pusillanimité, sont bien, suivant la grande
parole divine, '< le sel » salubre et vivifiant qoi
empêche notre pauvre société de a s'affadir >'
dans le bien-être lâche et égoïste, et le u ferment »
généreux qui '' fait lever la pâte >> molle de nos
paresses et nos nonchalances ?
>r^^ Amélie Chambaud clôt la série de nos
récompenses. En quittant la ville d'Aix, où sa
famille avait de nombreuses attaches et a
laissé de si unanimes sympathies, elle a voulu,
en souvenir d'elle, perpétuer son nom et laisser
à l'Académie une rente de 100 francs pour venir
en aide à une personne âgée et sans ressources.
Nulle autre mieux que Mlle Ursule Baume ne
nous a paru digne de mériter ce secours. Elle a
soixante-dix-huit ans. Après une vie de labeur et
d'honnêteté, elle a une santé ruinée et usée par
le travail. J'ai gravi pour aller la surprendre,
quatre étages de la rue des Bernardines et j'ai
été bien payé de ma peine : un tableau deGreuze,
un intérieur modeste, reluisant de propreté, une
petite vieille accorte et vive, qui a quatre fois
vingt ans et coud d'une main agile.
< Cours mon aigniUe dans la laine >
Elle soigne son frère, fait le ménage, s'excuse
de ne pas travailler davantage, s'étonne d'avoir
mérité quoi que ce soit. — Vous allez la voir s'a-
— 59 —
vancer à pas menus, comme un bonne vieille de
nos crèche^, fermant gentiment la marche de nos
lauréates.
Je vous remercie, Messieurs, d'avoir bien
voulu parcourir avec nous ce jardin des humbles
pour y cueillir quelques fleurs dont le parfum
délicat et discret, trahit seul la présence : fleurs
de printemps et fleurs d'automne, fleurs de nos
chemins et de nos collines ou fleurs plus rares
qui ne croissent que dans les altitudes, fleurs qui
s'entrouvrent à peine ici-bas et qui auront leur
plein épanouissement aux parterres éternels. Je
vous propose d'en tresser une couronne et de la
poser pieusement sur le noble front de l'antique
cité du Roi René afin de bien prouver que le
même sang généreux coule toujours dans ses
veines.
1
— 62 —
II
PRIX REYNIER
Ce prix de i ,000 francs a été fondé en 1865 ^
par testament olographe du 18 mars 1864, pour
récompenser les actes les plus méritoires de
dévouement yde fidélité et de secours cai malheur ,
les soins désintéressés donnés aux infirmes et
aux vieillards ainsi qu'à l'enfance délaissée et
pauvre.
Une partie de là somme est réservée pour
les pères et mères qui élèvent le mieux leurs
enfants, c'est-à-dire, d'une manière chrétienne,
honnête et laborieuse.
Le prix Régnier a été décerné à cent trente-
cinq Lauréats de 1870 à 1917.
Comme pour le prix Rambot, leur liste a été
insérée dans les précédents Bulletins ; voici
celle des dix dernières années :
Uiste des X^au.réats
Depuis 1907
1908. Mlle Léoncie Arbaud, à Aix.
» Mlle Eulalie Antonietti, d'Istres.
» Les époux Bârthélemt-Gilles, à Aix.
1909. Mlle Clémence Thomas, à Aix.
> Mlle Marguerite Lèze, à Aix.
» Mme veuTe Deluy, à Aix.
— 63 —
1910. M. Joseph Qranon^ de Rognes.
> M. Femand Arnïaud, de Rognes.
1911 . Mlle Henriette Brun, à Aix.
» Mme Anastat, née Ferrât, à Aix.
1912. Mlle BiMET Jeanne, à Aix.
» Mlle Anâstay Nathalie, à Aix.
i> ^ Mlle NiEL Louise, à La Calade, près d'Aix.
» Mlle MoNDONE Eolalie, à Aix.
1913. Mlle BoucHET Baptistine, à Aix.
> Les époux HiLARiON Constant, à Rians.
> Mlle CosTE Marie-Thérèse, à Aix .
\9\4, Mme Gras, née André, à Aix.
» Les époux Honorât, à Aix.
» Mlle Peyroncelli Joséphine, à Aix.
1915. Mme veuve Chanut, née Lombard, à Aix.
» Mme veuve Bossy, & Aix.
» Mlle BiCAïs Victorine, à Aix.
1916. Mme veuve Fournon, à Aix.
> Mlle Délions Louise, à Aix.
» Mlle Laurin Rose, & Aix.
1917 . Mlle Thomas Fanny, à Aix.
» Mlle Gautier Geneviève, à Aix.
— 64 —
III
PENSIONS IRMA MOBBAU
Ces pensions ont été fondées en 1899, par
testament de Mademoiselle Irma Moreau, du
7 janvier de la même année, qui institue l'Aca-
démie sa légataire universelle. Elles consistent
en une somme annuelle de 200 francs.
Elles sont destinées à offrir une récompense
et procurer un secours aux personnes particu-
lièrement recommandées par leur vertu notoi-
re, qui en seront les plus dignes et qui devront
être choisies dans les catégories suivantes :
1° Pères de famille, veufs ou non, et mères de
famille veuves, connus comme gens malheureux
et nécessiteux, exempts d'ivrognerie et autres
vices, et ayant au moins deux enfants ;
2° Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie,
ou d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans
l'impossibilité de subvenir à leurs besoins.
L'Académie a commencé à décerner ces pen-
sions en 1902.
65 —
1
é€m penmÎQjàm onvrlère»
Ir. CATÉCK>BZS (FèTMi et VèrM d« famiU*)
1903.
>
1905.
1907.
1908.
>
1911.
1913.
1915.
>
1916.
1917.
M. Fidèle Bontoux, à Aix,
Mme venve Charles Dbsplas, née
MiALHE, de Castres,
M. Victorin Giniez, à Oalice,
M- veuveTEMPiER, née Tardieu,
M" Pauline Dedieu, née Pallion,
de Saint-Remy,
Les époux Abel, de Rians
M. Antoine Michel, à Septèmes,
M. Célestin - Joseph Philibert,
époux BouzE, à Aix,
Mme Françoise-Emilie Tourne-
fort, veuve Demabia,
M. Nacre, à Aix,
M. Granier Marins, à Aix,
M. Chaix, à Aix,
M. Hertzog Raoul, à Aix,
M. DÉCAXIS Justin, aux Milles,
(5 enfants)
(6 »
(8 »
(5
(7
(10
(14
(8
(12
(6
(6
(6
(10
(6
»
>
— 66 -
2m«CATÉOOBZS (0«¥rièreB)
1902. Mme veuve Jaugerst, à Aix.
1908. Mlle Madeleine Chieusse, à Arles.
1912. Mme veuve Goyrand Renée, née Laurens, au
Puy-Sainte-Réparade.
1915. Mme veuve Pascai^y, née OUivler, à Aix.
» Mlle RoYÈRE Henriette, à Aix.
1916 . Mlle FouRNiER Joséphine, à Aix.
1917. Mlle GuYOT Louise, à Aix.
•eo
— 67 —
IV
PRIX HENRIETTl^ RATON
Ce prix de 275 francs a été fondé par Made-
moiselle Henriette Rayon, par testament du
26 décembre 1906, pour récompenser une
jeune ftlle dont le bureau de l'Académie aura
distingué les mérites.
Comme pour les autres prix Rambot, Reynier
et Irma Moreau, la liste de ces prix sera insérée
dans le présent Bulletin.
U Académie a commencé en 1909 à décerner
ce priœ.
Depuis 1909
1909 . Mlle Herminie Callier, d' Aix.
1910. Mlle Marie Nou VERRONS, d'Aix.
1911. Mlle Léontine Roman, de Malljay«
1912. Mlle Louise Arnaud, d'Aix.
1913. Mlle Louise Pellissier, d'Aix.
1914. mie Albine Diogène, d'Aix .
1915. Mlle Marcelle Coche, d'Aix.
1916. Mlle Anna Guiou, d'Aix.
1917. Mlle Louise Tournon, d'Aix.
«■
— 68 —
V
PENSION V^ NÈ6BE
'z:-' pension a été instituée par Madame
V^: --:> F.\BRE, c^ac^ NÈGRE, décédée à Aix
• 5 r.rVW 1908.
Pv?r son testament du 16 juillet 1903,
\l.vdame Nègre a fondé ce legs en mémoire
du sieur Fabre, son père, qui était ma^on. Il
ctmsiste en une pension ouvrière de 329 francs
à décerner à un maçon, marié ou non, avec ou
sans enfant, ne pouvant plus travailler, d'une
honnêteté parfaite et bien reconnue, pour en
jouir sa vie durant.
U Académie a commencé à décerner cette
pension dans la Séance Publique de 1910.
ILilste des rjauréats
Depuis 1910
1910. Ilonri Second, à Aix.
1916. M. CuRKT, à Aix.
L
— 69 —
VI
PENSIONS HENRI BOURDELET
Ces pensions ont été fondées par testament
de M. Henri Bourdelet, du 22 juillet 1913
(Notaire Daillan^ à Aix). Elles consistent en
une somme annuelle de 300 francs et sont des-
tinées à des vieillards que l'Académie doit choi-
sir parmi les plus âgés ou les moins valides.
Les bénéficiaires de ces pensions doivent être
Français, être nés à Aix et avoir un casier
judiciaire vierge.
L'Académie a commencé à décerner ces pen-
sions en 1917.
1917. M"* veuve Hinnebec, née Rampai, à Aix.
> M*' veuve PeUjEnc, née Guitton, à Aix.
— 70 —
VII
PRIX OHAMBAUD
Ce prix a été institué par Mademoiselle Amé-
lie Chambaud.
Par sa. donation du 28 mars 19i5, Mademoi-
selle Chambaud a remis à l'Académie cTAiac
un titre de rente de cent francs, à charge par
elle d'attribuer, chaque année, un secours de
cette somme a à un orphelin paucre ou à an
vieillard paucre de la commune dAiœ n.
U Académie a commencé a décerner ce pria:
en 1916.
I^isste des L«aui*éats
1016 . Mme venve Martik, née Anselme^ à Aiz.
1917. Mlle Ursule Baume, à Aix.
1
— 71 —
VIII
PRIX THIERS
•
Mademoiselle Dosne, en soucenir de son
illustre beau- frère, M. Thiers, a fondé le
prix que l'Académie a l'honneur de décerner.
Ce prix consiste en une somme de S.OOOfr.
à décerner Jous les cinq ans, indivisible, pour
un ouvrage sur la Provence ou écrit par un
Provençal.
1907. M. Camille JuLLiAN, membre de l'Institut, à
Paris.
1912. M. Z. ISNARD, archiviste en chef du départe-
ment des Basses- Alpes, h Digne.
1917 . M. Emile Ripert, chargé de Cours à la Faculté
des Lettres, à Aix.
n
PBIZ 1
.V. te Docteur EcaHs,
contrihiier Ô la tjUjrifi:
en suscitant dfn traro-'U
V étude de l'une des phot
ou thistoire de la rAe et
hommes f/ui Vonileplu^
ces, dans les lettres, da
pour rendre hommaf/e
oncle, M. Mignkt, de
secrétaire perpétuel de <
Morales et Poliliquee, .
l'Académie d' A ix, a/or
son nom. Le Prix M
3.000 francs, sera do
inléf/ralement, sans et
diminué, ni ajourné soi
Pour la première fois
doit Jamais être c
'c Prix Thiers.
Ljlste des
113. M. Micbel Cleec,
Lettres de l'Ui
- 73 -
BUREAU DE L'ACADÉMIE
1916 - 1917
Président M. Bourguet.
Vice-Président M. leComtedeMouGiNS-RoQUEFORT
Secrétaire-Perpétuel, M. le baron Guillibert.
Secrétaire annuel, . , M. Revol.
Archiviste M. le Marquis cL'Ille.
Conservât, du Musée. M. Raimbault.
Trésorier M. de Duranti-La-Calade.
1
TABLEAU
DES
MEMBRES DE l'aCADÉMIE
(Arrêté en juin 1917)
MEMBRES D'HONNEUR
, MM.
Charles-Roux Jules, C. eS:, ancien député. Associé régional
12 janvier 1883. Membre d'honneur, 3 décembre 1907.
Bue Pierre-Charron j 12 y à Paris, XVI\
Michel Evariste :y;, docteur en médecine. Membre hono-
raire, 21 février 1902. Membre d'honneur, 14 janvier 1908.
Villa Mignetj à Aix, et 83 ^ rue Denfert- Rocher eau, à
Paris, XIV\
GiRAUD Charles, 0. îJ^-S Premier Président honoraire de la
Cour d'Appel d'Aix, \6 mars 1909, à Choisy, par Moun
tiers-leS'Mauxfaits (Vendée).
AiCARD Jean, 0. ^, Q, membre de l'Académie Française,
15 mars 1910, à La Garde, près Toulon fVar).
RÉGNIER (de) Henri, membre de l'Académie Française,
correspondant, 5 mai 1908. Membre d'honneur, 16 jan-
vier 1912, rue de Magdébourg, 14, à Paris, XVP.
— 76
MF.MBRRR TITULAIRES
MM.
Chebbieb (le chanoine) Joseph, doyen du Chapitre Métro-
politain, docteur en théologie, 25 avril 1872, boulevard
Saint-Louis f 31.
GuiLLiBERT (baron) Hippolyte, 0. )$<, ){(, ancien bâtonnier
de l'ordre des avocats à la Cour, 15 janvier 1878, rue
Mdzariney 14, ,
Marbot (le chanoine) Edmond, ancien vicaire général,
28 mars 1887, rue Nouvelle, 3,
Gantelmi d'iLLK (marquis de) Charles, ^, 0. igf, associé
régional, le 12 janvier 1883, membre titulaire, le 17 juin
1890, cours Mirabeau, 6.
PoNTiEE Henry, I. P. Q, conservateur-directeur du Musée,
5 avril 1892, rue Cardinale, 13.
BoNNECORSE-LuBiÈBES (comtc de)Charle8,avocat à la Cour,
associé régional, le 27 décembre 1897, membre titulaire,
le 30 mai 1899, rus Enieric-David, 30.
BoNAFOus Raymond, I. P. |Jf, professeur à la Faculté des
Lettres, 30 janvier 1900, rue du Bras-d'Or, 3.
BouRGUET Alfred, avocat à la Coui', associé régional, le
10 mars 1896, membre titulaire, le 29 janvier 1901, cours
Mirabeau, 17.
Aude Edouard, I. P. %^, conservateur de la Bibliothèque
Méjanes, associé régional, le 20 mars 1900, membre titu-
laire, le 16 juin 1903, villa Joyeuse, chemin delà Violette.
— 77 —
Lacoste Ernest, I. P. ||, ingénieur, associé régional, le
20 février 1900, membre titulaire, le 20 décembre 1904,
rue du Quaire-Septembre, 30.
De Durant! La Calade Jérôme, Q, licencié ès-lettres,
21 mars 1905, rue Mignet, 11.
Michel Tranquille, ^, ingénieur en chef des Ponts-et-
Chaussées, 10 avril 1905, rvs du Quatre- Septembre y 24.
Jaupfret Alfred, avocat à la Cour, 27 mars 1906, rue des
EpînavaCy 13.
Betnaud Gustave, directeur des Contributions directes en
retraite. Associé régional, le 30 l'anvier 1906, membre
titulaire, le 18 décembre 1906, rue Cardinale, 17.
Vallier-Collombier Alfred, %^, conseiller honoraire à la
Cour d'Appel d'Aix, le 12 mai 1898, rus Espariat^ ÎO.
»
MouGiNs-RoQUEFORT (comtc de) Charles, Docteur en Droit.
Associé régional, le 11 mars 1890, membre titulaire, le
26 janvier 1909, cou7's Mirabeau, 16.
Baqarrt Paul, avocat à la Cour. Associé régional le 12 jan-
vier 1909, membre titulaire, le 1er février 1910, cours
Mirabeau, 4.
Drujon Jules, )ïr, avocat à la Cour, ancien bâtonnier, le 23
mai 1911, rus Frédéric-Mistral, 11.
Perrier Eaymond, amateur d'art. Associé régional, le
16 juin 1896, membre titulaire, le 14 mai 1912, rtce des
Arts-et-Métiers, 2.
LouIs-Gautier, I. P. Q, artiste peintre, boulevard de V Hô-
pital, villa Acantha.
Cabassol Joseph, président de Chambre à la Cour, ancien
maire d'Aix, membre d'honneur, le 23 janvier 1906,
membre titulaire, le 4 juin 1912, place Jeanne-d' Arc, 8.
— 7î:< —
Lato* Victor, i^t, docteur en médecine, le le janTicr 1914.
rut du Bœuf ^ TJ.
JorsDAS Alfred, avocat h, la Cour. Associé r^ooal le
5 décembre VâXl. titulaire le 12 mai 1914, eonn Mira-
beau, 40.
RAIXBAUL.T Maurice, L P. ^. arehiTÎste a4i<>ûi( ^* Défiar-
tement. Associé régional le 11 janTier 1910. titulaire le
5 janvier 1915, Musée Arbaud.
Davis tïubhé) Paul-Marie, le 19 janvier 4915^ place des
Prêcheurs. 10,
Kevol Amédé, avoué à la Cour. Associé régional le 26
avril 1910, titulaire le 2d mars 1916. rue Oastan-de-Sa-
paria, 23.
GrésiX'I»XG Paul, fj, président du Tribunal Civil. Asso-
cié régional le 11 juin 1912, titulaire le 11 avril 1916, nu
HouX'Alphéran, 25.
Seymard Paul, ancien magistrat, 30 mai 1916, cours Mira-
beau, 22.
Closmadecc; '^Urv(»y de; Jules, associé régional le 19 dé-
cembre 1905, titulaire le 20 mars 1917, rue Bonx-Âlphé'
ran, 25.
KiOAUD Cabimir, avocat à la Cour, associé régional le 11
mai 1911, titulaire le S mai 1917. rue Baux- Alphéran, 33.
— 79 —
BiEMBRES HONORAIRES
MM.
PisoN Alexandre, ^p I. P. ^ )ïc, doyen honoraire de la
Faculté de Droit, 30 janvier 1894, rue d'Italie, M, Aix,
Fassin Emile, I. P. U, conseiller honoraire & la Cour d'Appel
d'Aix, titulaire, 24 avril 1894 ; honoraire, 11 février
1913. Arles.
d'Autheman Fernand, )ïf, ancien magistrat, 1" décembre
1914, rue Roux-Alphéran, 53, Aix.
MouRAViT Gustave, titulaire, 8 février 1834 ; honoraire,
22 décembre 1915, rue BerneXj 8, Marseille.
— ^J —
liiVXTLè LIi&IOXArX
î-îSAJO- L P, 4/. arijiJTlne des Bases- AIpiES- secréain dt
la rf^'.^J: AfMttiLl\^*r. ^zj^l^z. él-èTc de l'Ecole <ie5Çfcar-
Comité d^ trar&Tzx Llsioriv:ies, à Dngiii^njJi. 1^ jaft-
rier Ih^,
BEnyAUD O^rleB, -Z, pré^îden: de Chambre honoraire à la
0>ur de I^ron, aiîcien avc^caî i la Cour d'AÛL, 16 féTTÎer
Ma^;ai-i/>5 d*Aboe>'s 'm%rq:i:* de Xarier, ancien eonseOler
géD^^ral des Haates-Alpea.TiîJa Magdala, à Saînte-Martiie^
Marseille, Ifî mars 1>^C*.
(}auhkh 'le chanoine; Stanislas, y, secrétaire perpétuel de
l'Acad^^nile de 3îarseille, 7 arril 1S91.
<'>iLiy^>'Of;K d'AvoN baron de ;, : : ^ O. 9, ministre pléni-
pot/:ntiaire en retraite, au cbâtean de Coliongne, par
Cadenet Vaucluseï, »; juin 1?^'j3.
('ff AILLAS Tahb^S;, I. P. y, correspondant du Ministère de
rJnHtructJon Publique, curé de Septèmes (Boucbes-du-
iihone;, 12 janvier 18îi4.
Tejl Tbaron du^ Joseph, *, quai de Billy, 2, Paris XVP,
4, mai 1897.
MAt'HKL l'abbé; Marie- Joseph, place de l'Hôtel-de- Ville, 5,
h ManoHque ^Basses-Alpes;, 18 mai 1897.
Mantkvek fdc) Georges, château de Manteyer par la Roche
dc^ Amauds niautes-Alpcs;, 13 décembre 1898.
— 81 —
McLSANT Sébastien ^, avocat, ancien b&tamiiôr, rue Balay,
2, Saint-Ëti^nne (Loire), 19 mars 1901.
Bernard d'Attanoux (comte) Henri, *, avocat, ancien
magistrat, me Palermo, 2, Nice, 14 mai 1901.
GÉRiN-RiCARD (comte de),I.P. ©, rue Wulfran-Puget, Mar-
seille, 4 mars 1902.
MoNCLAR (de Rîpert marquis de) François, C. ^fi, ministre
plénipotentiaire en retraite, au ch&teau d'Allemagne,
près Riez, 18 mars 1902.
ViL.LKNEuvK;EsGLAPON (marquis de)Chri8tian,0. ){(, ancien
député, rue de Prony, 75, Paris, et h Valensole (Basses-
Alpes), 7 juin 1904.
LiEUTAUD Auguste, président de la Société des Amis du
Vieil Arles, à Arles, 30 janvier 1906.
Cotte Charles, licencié en droit, notaire k Pertuîs (Vau-
cluse), 24 avril 1906 .
Gaffarel Paul, ^s professeur honoraire à la Faculté des
Lettres d' Aix^ adjoint au Maire de Marseille, rue Para-
dis, 295, Marseille, 19 mars 1907.
Tavernier Edouard, avocat, docteur en droit, en mission
en Roumanie, 19 mars 1908.
Lefèvre Edmond, bibliographe provençal, rue Lafayette, 7,
Marseille, 22 décembre 1908.
Brémond (l'abbé) Henri, 34, place des Prêcheurs, 'à Aix,
16 mars 1909.
SiLBERT José iÇr, artiste-peintre, à Marseille, 1" février 1940.
Pascal (le chanoine) Adrien, i|, vicaire général du Patriar-
che d'Antioche, curé-doyen de Peyrolles (B.-du-R.), 16
janvier 1912.
De Mazan (de Fabre, marquis) Joseph, docteur ès-sciences,
rtie Roux-Alphérau, 35, k Aix, 11 juin 1912.
6
s2
DcMAS, profeàseor à la Fscohé de Droîc. 31. me des Cor-
deliers, à Aix, 11 juin 1?1*. Coms Mirabean, 3.
Fkudws Uuios, j, professenrd'agricoltare. me da Tré-
sor, 2,k Aix. 11 juin 191^.
BouAT Gostave. l.P. Q. boalevard da Roi-Beoé. 68. à Aix,
29 avril 1?13.
Belin Henri, avocat k la Cour, ecors fiambetts. 40, * Aix.
20 mai l'J13.
Bi's^^rET Kaoal, O, archîvifie en chef des Bonches^o-
RbOne, me Sylvabelle, 3. i"! Mareeille, ti janvier 1!>14.
JcLiEs Fortuni-, O, aBcicD professeur fi l'Ecole dea Arts-et-
Hétiers, traverse Bres>ier, 10. A Aix, 12 mai 1914.
EsuARD Léon, {.avocat A la Cour, me do 4~Septeiubre, t>,
à Aix, 19 mai 1914.
Toc&SAiST Gabriel, ancibn mag^i:<trat. boalevard Sotre-
Dame, 57, à Aix, 2 février i;il.'>.
ALGorD Henri, Saint-Cyr-les-Lêques CVar), 13 avril 1915.
Coq Victor, •'■■, ingéniènr, me Mazarine, 4, 28 mara 19H>.
De Savy (Teissier) Albert, me de lOpcra, 24. 2 mai 191G.
Tbolillet (le chanoine) H., caré-doï-en à Pertuis (\'ancl.),
6 juin 1910.
DiEAND Bnmo, archiviste paléographe, me dn i-Sept«m-
bre, a Aix, 24 avril 1917.
CosTENcis Jnles, avocat à la Cour, cours Mirabeau, 13, A
Aix, 15 mai 1917.
D'Arbal'd Joseph, littérateur, à Ueyrargues (B.-du-R.),
"■■ aai 1917, et Cuurs Miriibeau, ii Aix,
— 83 -
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
MM.
Lavollée Paul-René, docteur ès-lettres, ancien consul géné-
ral, boulevard Haussmann,162, Paris VIII% 25 avrill870
Million Achille; lauréat de TAcadémie Française, à Beau-*
mont-la- Ferrière (Nièvre), IG décembre 1882.
Faisan Albert, à Saint-Cyr-en-Mont-d'Or, près Lyon, 14
mars 1886.
Bellet (rabbé), à Tain (Drôme), 12 décembre 1882.
Lanéry d^Arc Pierre, docteur en droit, procureur de la
République, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Asso-
cié régional, 12 décembre 1887, titulaire, 8 mars 1892,
correspondant le 7 juin 1904. ,
Cottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal, avenue Henri-Mar-
tin, 44, Paris XVI% 11 juin 1888.
Proal Louis, conseiller à la (bur de Paris, 6, rue Charles-
Divry, Paris IV^ Titulaire le 22 décembre 1891, corres-
pondant le 15 décembre 1896.
Tourtoulon (baron de) marquis de Barre, Pief're, docteur en
Droit, Château de la Fuste, par Valensole( Basses- Alpes).
12 janvier 1897.
Hulot (baron), secrétaire généra] de la Société de Géogra-
phie, 41, avenue Labourdonnais, Paris VII', 11 mai 1897.
Moris Henri, ^.?, archiviste des Alpes-Maritimes, Villa Moris,
boulevard Dubouchfige, à Nice, 19 mars 1901.
Tasset Jacques, à Molosmes-Tonnerre (Yonne), 9 juin 1903.
Poitevin de Maureillan (de), 0. Q, colonel en retraite,
conservateur du Musée d'Hyères (Var), 15 mai 1906.
Jullian Camille, membre de l'Institut, professeur au Col-
lège de France, 30, rue du Luxemboarg, Paris VP, 28
mai 1907.
Ni —
^ K^ldU/t/". 7i.irpt?î.x ôt -^srrllT-. Tac L*
CIO T^^^r-«^' V.'-.-çvar-: V^ir*-!-*!!*- IK i Aix.
oii (1'»^'^'''')? ''iré 'Je La Martre ,'Vary. 21féTrierl511.
. ail l'IiîiT^^ f('>'Â',^f',rxx deë DoinalLes. à Saict-Kemy «B.-
.,iUl (i^'/rpf'-H, nvof'ixi, conseiller général, sénateur de
un H'» ï'*''»'*'' 'i'î Poix, 12 rK;<;Ciiibre 1011.
, Nv.^ur n#5 ^'ointey Uayiiiond, rue f'ranoois-Ponsard, 12,
M\n XVI', f<; Janvier lîn2.
. ,'la.VW AïKlr^î, puMIcistc, ù Paris, 6 février 1012*
•oniiud VnU'i'fi^ O, artiHUî peintre, Capoulié du Félibrige,
,\m\ de Klve-Neiive, 15, & Marseille, 11 juin 1012.
Vmlliiet Kufçnne, prol'eHHeur fi la Faculté de Droit de Poi-
lUMK, tlliilain', 17 drciMnbre lOOH, correspondant, 1" dé-
ruinliri) 101 1.
— 85 —
Lieutaud Victor, Htj ancien bibliothécaire de la ville de
Marseille, notaire à Volone (Basses-Alpes), associé ré-
gional, 30 mai 1911, correspondant, 11 mai 1915.
Lorédan Jean, rue Claude-Bernard, 77, Paris V% associé ré-
gional, *àO mai 1911, correspondant, 25 janvier 1916.
Sicard Martial, ancien député, maire de Forcalquier, asso-
cié régional, le 11 janvier 1910, correspondant, le 4 avril
1916.
Lafaye Georges, professeur adjoint à la Sorbonne, auxi-
liaire de rinstitut, 11 avril 1916, boulevard Raspail,
Paris Vr.
#
Ladureau Albert, ancien directeur des laboratoires de
l'Etat, 16 mai 1916, Palais Saint-Maurice, avenue du
Patrimoine, à Nice (Alpes-Maritimes).
Omont Henri, 0. ^, membre de Tlnstitut, conservateur
des Manuscrits à la Bibliothèque Nationale, 1% juin 1917,
rue Raynouard, 17, Paris XVI*.
dasedepatx Joseph, inspecteur primaire eii retraite, asso-
cié régional, 12 mai 1914 ; correspondant, le
à Pau-Billière (Basses-Pyrénées).
86 —
ASSOCIES CORRESPONDANTS
A L'ÉTRANGER
MM.
Caniazza-Amari, ancien professeur à l'Université deCatane,
sénateur du royaume d'Italie, G avril 1868.
Typaldo-Bassia, député, ancien Président du Parlement
hellène, à Athènes, 23 janvier 1894.
Portai fie commandeur Emmanuel), membre de la Royale
Commission héraldique d'Italie, Passeggiata di Ripetto,
16, à Rome, 12 février 1895.
Da Cunha Xavier, conservateur de la Bibliothèque Natio-
nale, rue S.-Bartholomeo, 12, à Lisbonne (Portugal),
11 décembre 1900.
Satta Salvatore, membre de la Société Philologique à Rome,
26 mai 1903.
Gàvànescul J., professeur à T Université de Jassy (Rouma-
nie), 9 juin 1903.
Padula (le commandeur) Antoine, secrétaire général de la
Société. Luigi-Camocns, Via dei Fiorentini, 67, k Naples,
17 janvier 1905.
Wallcnskold Axel, professeur de philologie romane t\ l'Uni-
versité d'H(3lsingfors (Finlande), 26 avril 1909.
Santoro Domenico, président de l'Institut technique deFog-
gia (Italie), 1" février 1910.
Perra Giacomo.Dottore Professorc, via Donadi, 12, à Turin
ritalie^ 3 février 1914.
— 87 —
De Faria (le vicomte) Antonio, consul de Portugal, Grand
Hôtel Richemont, à Lausanne (Suisse), 3 février 1914.
Garganta (le chevalier) Joseph, Président de la Croix-
Rouge, à Olot (Espagne), 3 février 1914.
Le présent tableau a été arrêté le M juin 1917 ^ confor-
mément à rarticle 10 du Règlement intérieur.
Le Président^
Alfred BOURGUET.
Le Secrétaire perpétuel,
Baron GUILLIBERT
n
SÉANCE PUBLIQUE
DE
L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS
& BELLES -LETTRES
D'A IX
AtX-EN-PRO VENCE
AU SIÈGE DE L'ACADÉMIE
2 = , rue du Quatre- Septembre, 2"
ACADÉMIE D'AIX
— ♦—
dS"*" SÉANCE PUBLIQUE
18 Juin 1918
I ^i ■
^
ACADÉMIE
DES SCIENCES. AGRICULTURE. ARTS h BELLES- LETTRES
D'AIX
~rs/ss/^Lr
SS"^® Séance Rublique
Le Jeudi, 13 Juin 19 18, la quatre-vingt-dix-
huitième SÉANCE Publique de l'Académie d'Aix
A ÉTÉ TENUE, A QUATRE HEURES, DANS LA SaLLE DES
FÊTES DE l'Hôtel Arbaud.
Un public fionibreux et choisi, répofidant à Vinvita-
tion de V Académie, lui avait apporté par sa présence,
le témoignage de sa considération et de sa sympathie.
— 8 —
Les lauréats des prix de vertu occupaient^ avec leurs
familles, la place qui leur était réservée.
Nous avons le regret de m pouvoir publier le discours
de M. le chanoine Cherrier, président de l'Académie, le
texte n'en ayant point été retrouvé après son décès. Nous
nous bornons à en donner ici l'analyse telle qu'elle
figure au Registre des Procès-Verbaux de la Compagnie :
« Monsieur le Chanoine Cherrier, Président de
TAcadémie, ouvre la séance par un magnifique
discours d'une haute portée philosophique et morale
sur l'Angleterre civilisée « noble nation, dit-il, qui
a toujours conservé les trois bases fondamentales
de toute Société : Tesprit religieux, l'esprit de
famille, l'esprit de liberté. Elle lutte en ce moment
avec la France contre le Despotisme et la Barbarie.
Il n'est point d'épopée, depuis les Croisades, qui
égale celle des armées anglaise et française entrant
à Jérusalem drapeaux déployés, chassant l'usurpa-
tion, la violence et la sauvagerie sans merci. Nous
pouvons ouvrir nos âmes à la pensée d'une nou-
velle aurore et d'un beau printemps. »
ifr
On a lu :
Le Clocher et l'Aéroplanei poésies par M. Guérin-
m
Long.
Rapport sur les Prix de ¥ertn
RAMBOT, REYNIER, RAYON, CHAMBAUD
ET LA
FONDATION JOSÉPHINE VÉRET
PAR
Monsieur LOUIS-GAUTIER
: i^j — c ■
Mesdames,
Messieurs,
La vertu met de Tobstination à se cacher. Comme
la violette, elle aime la solitude et l'ombre qui exal-
tent ses charmes et sa suavité ; façon discrète, dans
ce monde des humbles, d'affirmer son existence.
Cependant, au risque de blesser sa modestie et
de faire obstacle à son désir d'isolement, notre de-
voir à nous est de tirer la vertu de sa retraite et de
la contraindre à se montrer à la clarté du jour. Il
est nécessaire qu'elle soit glorifiée, son exemple
étant salutaire, comme un levain moral.
M. de Monthyon avait bien raison de lui rendre
un public hommage. Le beau geste du munificent
philantrope a trouvé des imitateurs et nombreux
sont les donateurs qui, depuis, ont chargé les Aca-
démies d'être les dispensatrices de leurs générosités.
Mandataires respectueux des volontés de ces
bienfaiteurs et malgré les minutes angoissantes que
nous vivons, nous sommes encore venus remplir
notre rôle d'intermédiaires autorisés.
La vertu — que n'a-t-on pas écrit sur elle ? Que
de traits la satire n'a-t-elle trouvés à lui décocher,
car ce mot ambigu, signifie, à la fois, l'état de
l'âme humaine inclinée vers le bien, et la sagesse
vigilamment gardée au milieu des écueils de la vie.
Considérée dans sa première acception, la vertu
revêt un caractère particulier de grandeur. Dans
cet ordre d'idées saluons la vertu civique dont nos
vaillants soldats donnent actuellement, au monde
étonné, un si admirable exemple. Endurer toutes
iac souffrances physiques et morales qu'entraîne
.ongue et cruelle guerre, verser son sang et
crifier pour le triomphe du Droit et le salut de
trie est la forme la plus sublime de l'abnégation
[dévouement poussés à leurs extrêmes limites.
— 13 —
Comme la Foi, la Vertu doit être agissante pour
devenir féconde.
Dans sa haute et délicate mission, l'Académie
veut honorer dans la vertu la persévérance et y
trouver Toubli de soi-même. Tout en préférant la
continuité des mérites, si modestes soient-ils, elle
s'efforce de rechercher les véritables dévouements,
avec le regret de ne les rencontrer que trop rare-
ment. Le désintéressement conditionnel de la vertu
est aujourd'hui d'autant plus méritoire que sont
devenues plus difficiles les nécessités de l'existence.
Les restrictions et la cherté excessive de toute
chose rehaussent la vertu et lui font une auréole
plus belle encore.
Combien est douce notre tâche à compulser ces
dossiers qui nous font un récit des belles actions
sereinement accomplies sous le seul regard de la
conscience, par les intrépides pionniers de la cha-
rité et du dévouement. Cette satisfaction s'explique
puisque notre bonheur est un peu fait de celui de^
autres.
PRIX RAMBOT
L'intention du capitaine Rambot était que sa
récompense allât au courage éprouvé ou au dé-
vouement désintéressé. La Commission a donc fait
^
— 14 —
bot à M- "
Tout le ironie c:-n2:t ce sert:iagénaire milita-
risé, très irjoré. aux fortes mrustacbes grises, à
lair t:ur à ::ur martial e: bo.i enrsnt. Oa le ren-
contre ijjs les jiurs depuis bientôt quatre ans.
entre la gare et l'h 'p::jl. Ses fonctions le désignent
â rattenricn de tous, mais cela ne paraît point Tin-
commoder. Il ne craint r:is la lumière : il la recher-
cbe même en sa qualité de photographe. On l'ap-
pelle Bertrand le Sauveteur, à cause de ses actes
de courage dont le nombre est prodigieux.
Bien que les bains dhyposulfite lui soient fami-
liers, il a connu des bains plus nobles et plus utiles.
A l'âge de neuf ans, il sauve à la mer, un de
ses jeunes camarades. 11 récidive l'année après et
recommence au point que ses exploits ne se peuvent
compter.
En bon méridional, Bertrand, qui est de Marseille,
exagère tout, jusqu'au dévouement, il tue les chiens
hydrophobes, arrête les chevaux emballés et se pro-
digue dans les sinistres pour sauver son prochain.
On le retrouve en 1884 au chevet des choléri-
ques. A cette occasion il invente un curieux appa-
reil de fumigation qui a été adopté... mais, à
l'étranger.
— 15 —
Bertrand est donc un philanthrope dans le vrai
sens du mot. Sa vie entière a été consacrée au bien.
Il s'est fixé à Aix en 1895 et, il y a P^^^ ^^
30 ans qu'il fait partie, comme volontaire bénévole,
de la Croix-Rouge française.
Depuis le début de la présente guerre, Jean
Bertrand, qui a installé à ses frais, une ambulance
à la gare d'Aix, s'occupe, avec un zèle et une assi-
duité exemplaires, du transport des blessés dirigés
sur notre ville, transport qui fonctionne remarqua-
blement et assure, à l'arrivée de tous les trains de
jour et de nuit, un service régulier, avec un per-
sonnel choisi d'infirmiers et de brancardiers qui
disposent d'un matériel appartenant à notre infati-
gable organisateur. Ses actes de dévouement sont
trop nombreux pour que j'aie la prétention de les
citer, sans en rien omettre. La large poitrine de
notre héros, toute constellée de croix et de mé-
dailles, montre à quel degré il pratique l'altruisme
et quels titres il s'est acquis à la reconnaissance
publique. Il vient tout récemment d'être fait offi-
cier du Nicham.
Un jour, je causais, avec lui, sur la place de la
gare, lorsque, à un moment de la conversation,
je sentis sa main s'avancer vers mon bras et me
pousser légèrement mais résolument. Je me retour-
nai aussitôt et aperçus, venant droit sur nous, un
camion chargé qui prenait son virage. Je compris.
Bertrand ne se révèle-t-il pas tout entier dans ce
geste iastîDctif de protection ?
Il garde l'orgueil de son rôle, mais son ambition
est aussi noble que grande. L'Académie ne prétend
pas récompenser à sa valeur, l'acte qu'elle glorifie.
Elle applaudit, tout simplement, au mérite des
grandes âmes : c'est là son seul désir.
PRIX REYNŒR
L'enseignement est un champ de culture que peut
merveilleusement féconder la charité. Le cœur et
l'intelligence s'y dépensent, au double profit du
niveau moral et de l'instruction individuelle.
Le prix Reynier étant destiné à récompenser
aussi les actes de dévouement à la jeunesse stu-
dieuse, l'Académie est heureuse de couronner,
cette fois, un instituteur libre qui, non content de
donner l'instruction technique aux jeunes enfants
confiés à ses soins, s'est tout particulièrement apph-
que à leur formation morale. Plaise à Dieu que ses
confrères s'inspirent de sa méthode pour élever les
enfants du peuple ;
M. Léoa Rostain a conscience de sa haute mis-
sion. Directeur de l'Ecole Saint-Sébastien, à Aix, et
— 17 —
professeur à la Société de Comptabilité, il n*a pas
hésité à renoncer à une situation bien rétribuée à
Marseille pour enseigner à Aix, sa ville natale où
il avait laissé un peu de son cœur.
Dès Tabord, M. Rostain inspire la sympathie. Sa
modestie s'étonne facilement qu'il ait pu, lui, être
l'objet d'une distinction.
La sollicitude du jeune maître suit ses élèves,
même après la sortie de l'école ; c'est ainsi qu'on
l'a vu, à de rares heures de loisirs, préparer gratui-
tement au brevet l'un d'entre eux qui lui paraissait
doué pour réussir dans l'enseignement.
Sa seule visée est de faire de tous ses élèves de
bons patriotes et de solides chrétiens.
L'Académie décerne donc, d'enthousiasme, à
M. Rostain, une part du prix Reynier, lui prouvant
ainsi dans quelle estime elle le tient.
Mademoiselle Françoise di Jorîo, qui nous
occupe, est née à Philippeville et n'avait que deux
ans quand sa mère vint à Aix où elle se remaria et
eut dix-sept enfants de cette seconde union. La
plupart de ces enfants moururent en bas âge ; six
vivent actuellement, dont deux, à cette heure, se
battent pour la France. Dès que Françoise fut capa-
ble de gagner sa vie, sa mère la plaça et dès Tâge
i-i 11 :.;. ic :z..:~zi-z. mui-^ rur 1j :-r*r.:3tos<,
Ije-x pauvrii tï^Ies. a:tci":es d^ cièsie mal, sont
1 o";eî de <à soi.ic::^^^ e: rcader:: lear àme dans
dédifiana sen::cicr.t5.
A^JSai rien l'Acaiéniie ne poava:t-«lIe manquer
tic distinguer Françoise di Jorio à qui elle est
heureuse de dicerner une part du prix Reynier.
'f'-t '-jr.core une vie exemplaire que veut récom-
<er l'Académie en attribuant une autre part de
icnie prix à la veure Féneyrok. Née h Saint-
lat, elle habite Aix depuis 45 ans.
prés avoir élevé ses trois enfants et sans autres
>urccs que le fruit de son travail quotidien,
courageuse femme a, pendant plus de dix
es consécutives, soigné son mari infirme, âgé
h lins, A vingt-cinq jours d'intervalle, elle perd
— 19 —
son mari et son fils âgé de 42 ans. Cette épreuve
n*a d'autre effet que de stimuler sa charité. Obligée
de gagner sa vie jour par jour, on la trouve encore
au chevet des typhiques et des varioleux. Si elle
tend la main c'est, non pour elle, mais pour ceux
qui sont encore plus déshérités. Tous les maîtres
qu'elle a servis sont unanimes à proclamer son
honnêteté, son ardeur à la tâche et son dévouement
que soutient l'idéal chrétien.
En la désignant comme lauréate du prix Reynier
l'Académie ne fait que ratifier le verdict de l'opinioil
publique.
PRIX RAYON
La thèse relative au prix Rayon, développée avec
infiniment d'esprit par M. le Comte de Mougins-
Roquefort, dans son rapport de 19 13, rend pé-
rilleuse toute controverse sur le sujet.
« Sans doute, disait le rapporteur, la donatrice
a exigé que le lauréat fut une fille vertueuse, mais
elle a tenu à ce que cette fille fût jeune pour avoir
quelque mérite à être vertueuse. En d'autres termes,
entre toutes les vierges sages, elle a opté pour
Mireille et pour Graziella. »
Et de fait, la circonstance aidant, le prix Rayon
20
en 19 13, fut décerné à Mademoiselle Pélissier, qui
ne comptait que 24 printemps.
La fille sage a droit à nos apothéoses.
Nous Toolons célébrer la rerta ; ce ii*est pas
Sur son candide front qull faut placer les roses,
5tais les répandre sons ses pas.
Comme les années, les candidats se suivent et
ne se ressemblent pas. Les rosières ayant fait défaut
sur nos contrôles de igiy, c'est Tâge mûr que
l'Académie couronne et son choix s'est porté sur
Madeleine Prouven digne à tous égards de cette
distinction.
Madeleine mérite de fixer l'attention de la Com-
mission. En effet, dès l'âge de 13 ans, elle avait la
charge des siens et de justes raisons de ne point
compter sur son père. L'humble famille ne possé-
dait, pour toutes ressources, que le fruit du travail
journalier de la vertueuse ouvrière. C'est donc dans
la gène et les privations que s'écoule, depuis plus
d'une ticntaine d'années, l'existence de cette fille
sage. Tous ceux qui la connaissent sont unanimes
à louer son honnêteté et son courage dans l'adver-
sité. Mademoiselle Prouven justifie ainsi le choix
de l'Académie car elle personnifie la fille laborieuse
dont la notoire activité est certainement l'indice
de cette jeunesse, pour ainsi dire attardée, que lui
refuse, sans le moindre scrupule de galanterie,
l'impitoyable calendrier.
21
PRIX CHAMBAUD
La sœur Marie-Françoise, voulant perpétuer à
Aix, rhonorable nom qu'elle portait, avant que
des vœux Teussent liée à la Charité de Besançon,
confia à l'Académie, il y a trois ans, un titre de
rente dont les arrérages constituent un prix annuel
de 100 francs, dit « Prix Chambaud », en faveur
d'un vieillard ou d'un orphelin pauvres de la com-
mune d'Aix.
Mademoiselle Philomène Daniel, la lauréate de
cette année, réunit toutes les conditions exigées par
la donatrice; ouvrière modèle, fille dévouée, secou-
rable à son prochain non moins qu'aux siens, elle
a arrêté l'attention de l'Académie qui lui décerne
le prix Chambaud de loo francs, lui réservant,
avant longtemps, une récompense plus digne de ses
rares mérites.
«
FONDATION JOSÉPHINE VÉRET
(rostan d'abancourt)
Mademoiselle Rostan d'Abancourt — voilà un
nom qui est gravé dans le cœur des Aixois autant
que dans leur mémoire.
Aussi modeste que savante, la généreuse dona-
trice à qui la ville d'Aix doit les inestimables coUec-
32
tions dont s'enorgueillit le muséum ; celle dont le
ciseau de notre confrère Henri Pontier a fixé les
traits avec un rare bonheur, a légué à l'Académie une
somme dont l'intérêt permet de servir aux ayants-
droit six pensions viagères de 200 francs. Ainsi la
fortune sous la gracieuse figure de cette femme de
cœur, a versé, avec une infinie délicatesse, quelques-
uns des trésors de sa corne d'abondance.
Mademoiselle Rostan, dont on ne saurait trop
louer l'abnégation, exprime la volonté que cette
fondation nouvelle porte le nom de Joséphine
Véret, sa fidèle servante.
Les pensions Joséphine Véret sont régies par
les mêmes principes que les pensions Irma Moreau.
L'Académie, estimant que le premier bénéficiaire
de cette fondation devait être une servante, a dési-
gné Mademoiselle Pauline Barthélémy.
Se dévouer fut pour elle une vocation.
Depuis l'âge de 16 ans et pendant douze années,
elle prodigue ses soins à un enfant infirme. Entrée
au service, elle demeure 25 ans dans la même mai-
son, remplaçant auprès de cinq enfants, la mère de
famille ravie à leur affection. Soignant son maître
malade, avec un dévouement admirable, Pauline
ne quitta sa place que quand les membres de cette
famille turent dispersés.
— 33 —
Quelque temps après survient le décès de sa sœur
laissant trois filles qu'elle entoure de sollicitude,
jusqu'à ce qu'elle ait pourvu à leur établissement.
Cette vertueuse fille continue à se dévouer en
s'occupant, chez elle, de ses petits neveux, mais
cette vie d'abnégation Ta usée ; Pauline est aujour-
d'hui sexagénaire.
C'est donc 65 années d'honnêteté et de charité
que couronne l'Académie en lui décernant la pre-
mière pension Véret dont elle dispose.
Voici un chef de famille auquel on est heureux
d'adresser les félicitations les plus chaudes :
M. Adolphe Pons peut s'enorgueillir à bon droit,
de la descendance que sa vertueuse épouse, Marie
Baudun, lui a donnée. Il a accompli ponctuellement
le précepte de l'Ecriture : « Croissez et multipliez. ^
Ils ont sept enfants dont l'aîné a 20 ans et le plus
jeune 7. Ancien ouvrier boulanger, jouissant d'une
moralité parfaite, exempt, en outre, de tout soupçon
d'intempérance, Pons habite Meyrargues où il est
très honorablement connu. Ce. digne père a eu soin
de confier ses enfants à des maîtres chrétiens qui
ont développé très heureusement en eux les germes
de piété et de droiture puisés au foyer paternel.
Pons n'a que 46 ans et sa femme 39, ce qui fait
— 24 —
ospcrer qu'il puisse voir encore s'augmenter sa
nombreuse progéniture. C'est ainsi que, travaillant
pour la patrie, il témoignera de façon effective de
sa gratitude envers l'Académie qui lui attribue la
deuxième pension J. Véret.
C'est aussi une belle couronne d'enfants que
nous trouvons groupés autour de Madame Guîchard
Adèle. Délaissée par son mari, elle n'a eu que plus
de mérite à éleveT ses six filles, les remettant, aux "
heures de liberté, si pleines d'écueils pour la jeu-
nesse, entre les mains de saintes femmes qui en
ont fait de solides chrétiennes.
Madame Guichard gagne péniblement sa vie à
casser des amandes jusqu'à une heure avancée de
la nuit, pendant les mois d'hiver. L'Académie veut
n porter sa sollicitude sur cette situation digne
ntérêt et accorde la troisième pension Véret à
:te vaillante mère.
Née à Berre où elle a passé sa jeunesse, Made-
?iselleMarîe^MadeleiaeDiouloufet,ouvrièrelabo-
use et d'une conduite irréprochable, ainsi qu'en
noignent ceux qui l'ont employée, habite Aix
puis de longues années.
Son dossier nous la montre comme l'ange du
— 25 —
dévouement auprès de nombreux malades qu'elle a
soignés, sans attendre d'autres récompenses que
celle du devoir accompli. Elle avait 9 ans lorsque,
la mort de sa mère fit d'elle la maman de son petit
frère et la cheville ouvrière de l'humble foyer.
L'Académie reconnaissant le mérite de Made-
moiselle Diouloufet qui a 77 ans, lui attribue la
quatrième pension J. Véret.
A notre époque où les idées subversives germent
spontanément et se répandent avec une inquiétante
facilité dans la classe intéressante mais bien circon-
venue des travailleurs des villes, il est consolant
de trouver, non loin de soi, des exemples du de-
voir accompli sous la seule impulsion de la cons-
cience et de l'honnêteté. Amédé Sumeire est un de
ceux-là. Pendant 39 ans, employé à la Compagnie
du Gaz d'Aix, il fut l'ouvrier modèle, toujours exact
au travail, aussi habile que consciencieux, bon
camarade et sobre, attestent ses chefs, au point
d'ignorer jusqu'au chemin du cabaret.
Sumeire a aujourd'hui 71 ans. Il a été marié
trois fois.
Peut-être Saint Pierre tiendra-t-il rigueur à ce
récidiviste, lorsqu'il viendra frapper à la porte du
paradis. L'Académie, bonne fille, l'admet, au con-
— 26 —
traire, par acclamation, au nombre de ses élus en
lui décernant la cinquième pension J. Véret.
Vous avez dû remarquer, Messieurs, que la plu-
part de ces lauréats sont des modèles de constance
dans la pratique du bien ; nous les voyons agir, en
toute circonstance, non par une impulsion momen-
tanée de philanthropie, mais comme des familiers
de la charité et des coutumiers du dévouement.
Inclinons-nous bien bas devant eux et admirons-
les sans réserve ; dans ces temps d'égoïsme, ils
donnent un salutaire exemple à leurs contemporains.
Mesdames, j'ai largement usé, peut-être même
abusé de votre généreuse attention dans cerécit
inévitablement touffu, mais singulièrement conso-
lant d'actes de vertu et de traits d'héroïsme.
Et, puisque nous glorifions aujourd'hui la vertu,
sous toutes ses formes, veuillez m'autorisera rendre
un sincère et public hommage à votre bienveillance
à l'égard du rapporteur, bienveillance qui a gran-
dement facilité sa tâche et dont il vous remercie de
tout cœur.
"-î^Sr-
ACADÉMIE D'AIX
-4-
M
^ SÉANCE PUBLIQUE
11 Juin 1819
U^-'
ACADÉMIE
DES SCIENCES, AGRICULTURE. ARTS & BELLES-LETTRES
D'AIX
-^-p=^/7='/7^^
©Qnno Séance Rublique
-e^e^
Le Mercredi, ii Juin 191 9, la quatre-vingt-dix-
neuvième SÉANCE Publique de l'Académie d'Aix
A ÉTÉ TENUE, A QUATRE HEURES, DANS LA SaLLE * DES
FÊTES DE l'Hôtel Arbaud.
Ijnt foule nombreuse avait envahi, bien avant Vheure,
la coquette salle des Fêtes du Musée Arbaud, décorée si
artistement de peintures anciennes et modernes et de
— 32 —
faknces de Moustiers. Une place d'honneur avait été
résen*ée aux autorités, aux nolabililés de la ville et à
un ^rand nombre de dames. Tous étaient venus dans la
noble pensée de rendre un solennel hommage à nos chers
hmréiits des Prix de Vertu et pour témoigner leur haute
et vibrante sympathie aux orateurs inscrits pour cette
belle et louchante cérémonie.
ifr
DISCOURS d'OUVERTURE
PAR
M* Paul BAGARRY
Bâtonnier db l'Ordrk des Avocats
Mesdames,
Messieurs,
De tous temps, notre Académie a compté de
nombreux membres du Barreau. Aussi, vous per-
mettrez au Bâtonnier de TOrdre qui, par Teffet des
circonstances, a l'honneur de présider cette séance,
de vous parler des avocats.
Le i6 février 1916, ils auraient pu fêter le cen-
tenaire de la création de la Société de Jurisprudence,
ou, si vous voulez, de la Conférence du Stage. Ils
n'auraient pas manqué, croyez-le, à ce devoir de
reconnaissance envers leurs anciens. Mais la guerre,
avec ses séparations et |ses deuils, a empêché de
réaliser un projet, pourtant si légitime en d'autres
— 34 —
temps. Et il m*a semblé que la solennité d'aujour-
d'hui était toute indiquée pour vous rappeler cette
date et retracer, très brièvement, la vie de cette
«
Société, depuis ses débuts.
C'est, en quelque sorte, une page de Thistoire
d'Aix que nous écrirons ainsi. Les noms que nous
aurons à citer parmi ceux qui lui ont appartenu, ont
en même temps, illustré le Barreau et notre ville.
Mais c'est aussi une page de l'histoire de TAcadé-
mie que nous tracerons ensemble, car ces noms
figurent également dans les annales de notre
Compagnie.
L'utilité de ces conférences n'a pas besoin, assu-
rément, d'être établie ici. Dans tous les cas, c'est
la pensée de la nécessité d'un travail commun et
sérieux, d'efforts utiles pour s'habituer aux luttes
de la barre qui, au lendemain de la reconstitution
de l'Ordre des Avocats, a amené la création de la
Société de Jurisprudence.
Manuel venait do quitter Aix et notre Barreau,
où il avait laissé le souvenir de sa parole éloquente
et convaincante. Après son départ brillait encore
Dubreuil, qui avait été son conseil et son guide, et
qui joignait aux qualités d'un jurisconsulte profond,
celles de l'avocat le plus consommé. A côté de lui,
Tassy que « la pureté de la diction, l'abondance
« et la facilité de la parole vive et colorée et les
— 35 —
« mouvements oratoires » avaient fait comparer à
Dupérier, enfin Fabry et Bernard, pour ne parler
que des principaux, occupaient les premiers rangs
dans rOrdre des Avocats.
Je cite ces noms, car tous ils ont fait partie de
notre Compagnie, avec Rouchon-Guigues, qui a
été le créateur de la Société de Jurisprudence.
La figure de Rouchon-Guigues est d'ailleurs par-
ticulièrement intéressante: Né dans les Basses- Alpes,
en 1795, ^1 ^*^^* aixois de cœur et aimait passion-
nément Aix et la Provence. Charles de Ribbe, dans
la notice qu'il lui a consacrée^ raconte qu'on l'ap-
pelait « le dernier des patriotes provençaux », mais
qu'il se fâchait au sujet de ce mot « dernier » qu'il
considérait comme impossible à tolérer et à admet-
tre. Thiers et Mignet furent toujours pour lui des
amis fidèles. Juge de paix à Aix en 1829, il fut
nommé conseillera notre Cour en 1830. Ses œu-
vres sont nombreuses et importantes et je citerai
seulement le Résumé de l'Etat et du Comté souverain
de Provence et l'étude sur les Saliens. En outre, les
mémoires de notre Académie et le Journal, VEcho
de la Proveme, qui ne parut que de 1841 à 1843,
contiennent de lui de nombreuses notices sur Aix
et son histoire.
C'est donc Rouchon-Guigues qui fut, avec Severin
Benoît et Jourdan, le véritable promoteur de cette
— 36 —
Société, dont l'inauguration, des plus modestes
d'ailleurs, eut lieu le i6 février 1816, dans la cham-
bre même de son fondateur.
Au début, elle comptait douze membres, tous
faisant partie du barreau, animés du désir d'étudier
les questions de droit, de rechercher les principes
des anciennes lois et coutumes qui avaient présidé
à rélaboration de nos Codes. Ils voulaient ainsi
s'apprendre à discuter les affaires qui leur seraient
confiées plus tard et se former d'abord pour deve-
nir ensuite des avocats parfaits.
Dès 1820, en présence du nombre toujours
croissant des adhérents, les réunions durent se
tenir dans des salles spéciales, à l'hôtel de Valbelle;
elles avaient lieu une fois, et souvent deux fois, par
semaine.
Toutes les affaires soulevant un point de droit
intéressant et délicat, étaient soumises à cet aréo-
page de jurisconsultes, avant d'être plaidées à la
barre des tribunaux et les procès-verbaux mention-
nent, sur chacun de ces problèmes, une consultation
motivée de deux ou trois pages.
Les séances de cette Société, ont, dès l'origine,
l'apparat et la solennité presque de décisions de
justice. Ses registres donnent même à ses membres
le titre pompeux de «juges ». Quand l'objet de la
— 37 --
discussion est très important et touche à une ques-
tion d*état, ils désignaient un des leurs pour remplir
les fonctions de ministère public et donner des
conclusions orales. Puis, dès que les orateurs
avaient, chacun, plaidé leurs causes, le président
rappelait les arguments donnés dans les deux sens,
sans pouvoir toutefois laisser percer son opinion
personnelle. Et, circonstance curieuse, ces contro-
verses d*école devenaient parfois très ardentes :
celui qui n'avait pas triomphé, allait même jusqu'à
requérir l'amende, prévue au règlement, contre le
m
président qui avait laissé entrevoir son avis dans
son résumé. Notons toutefois que l'amende, ainsi
prononcée, pour augmenter le budget, n'était jamais
élevée.
Enfin, les « juges îè^ se retiraient dans leur salle
de délibérations, discutaient et venaient rendre leur
sentence en séance, qui ne fut jamais publique.
Chaque sociétaire devait, tour à tour, remplir
toutes les charges, y compris celle de président.
L'assiduité était une obligation ; une amende était
même encourrue pour tout manquement au règle-
ment et pour toute absence non autorisée. Mais les
causes d'excuse étaient souvent admises et, si les
condamnations étaient impitoyablement pronon-
cées, elles étaient aussi facilement rabattues.
A côté des discussions suf des « points de droit
- 38 -
ilpiMiqMi^s i^ vli-s points de fnit », les membres £a:-
situ'tll i^njïlouu'ut ilo voritables cours. Parmi eux.
so ti'o»ViiU>»t -.U's spi.\i;>list»?s dans chaque branche
vU' tu'tio loj;isliU!vMK Comme on l'a dit, d'ailleurs
- tiMiI vo viuo lo |mI.\;s ot la f.wulto dAis comptaient
<< ^U- not'Us mui;>;v',;«.os cl do talents précoces,
« v'i.iit \ oiui so j;îO;;:Vr siiiour de ces jeunes gens,
' .;;;; .or.s.-.v.; ."; -•■.: ;>:-J du cœur, comme un
« yU .>ô; s,;,-.,-, ",0 .-■,-„>"o y".:!;i' di' '.a science el du
_ 39 —
règlement était inexorable et il fut appliqué même
contre celui qui devait devenir l'illustre historien,
dont s'enorgueillit, à juste titre, la ville d'Aix.
Blessés par ce refus, causé par la politique, Benoit,
Defougères, Thiers et Rouchon-Guigues lui-même
démissionnèrent à la séance suivante.
Malgré cet incident fâcheux, le nombre des adhé-
rents ne faisait que s'accroître. Les membres de la
magistrature et du barreau en étaient reçus avec le
titre de Thonorariat et les étudiants, à condition
d'avoir le diplôme de bacheliers, pouvaient y être
admis comme auditeurs.
Ce n'est plus dès lors une simple réunion d'amis,
c'est une Société véritable, ayant obtenu un déve-
loppement que ses fondateurs de 1816 n'avaient
pas pu espérer. En 1 821, le nombre des membres
fait même redouter une mesure gouvernementale,
à la suite des lois nouvelles. La préfecture donne
toutefois, sans difficulté, la permission de se réunir
provisoirement et, le 1 7 mai de la même année, le
décret d'autorisation définitive était accordé.
La Société de Jurisprudence avait, dès ce mo-
ment, une existence légale. Elle était également
arrivée à son apogée. Mais son activité ne pouvait
être de longue durée, n'ayant pour seule raison
d'être que la bonne volonté de ses membres. Si
les postulants, en effet, affluaient sans cesse, un
— 40 —
vent de lassitude se faisait sentir dès 1823. Par
suite de nombreuses demandes d'excuses présen-
tées et admises, les présences aux réunions deve-
naient tellement rares qu'il était impossible d'obte-
nir le quorum exigé pour voter sur les admissions.
Aussi pour parer à cet écueil, le 2 janvier, la Société
fut déclarée « en danger >/, et en suspendant ainsi,
pour une séance seulement, l'application du règle-
ment, tous les nouveaux sociétaires furent élus
avec une apparence de légalité.
A quelques mois de là, Rouchon-Guigues se fit
recevoir à nouveau comme membre actif et redonna
à ses collègues l'élan et l'entrain qu'il avait su
communiquer jadis.
Toutefois, si le mal fut enrayé et conjuré une
première fois, l'enthousiasme des premières années
se ralentissait. Le 6 novembre 1827, la Société
supprimait les conférences ou cours de droit pur.
Elle tint pourtant régulièrement ses séances pen-
dant quelques années encore. Puis, en 1832, elle
cessa de fonctionner sans qu'aucun procès-verbal
ait consacré ou prononcé sa dissolution. Ses fon-
dateurs n'étaient plus là pour la soutenir, elle sus-
pendit ses travaux au milieu de son triomphe.
Mais cette disparition n'était que momentanée.
En 1842, en effet, elle reprenait sa marche seule-
ment interrompue et, après quelques années de
— 41 —
repos, un groupe déjeunes avocats lui rendait sa
prospérité d'autrefois.
D'ailleurs, cette reconstitution devait rapidement
devenir définitive et complète. De même qu'à
Paris et dans tous les grands barreaux, l'Ordre des
Avocats ne pouvait qu'aider et favoriser ces efforts.
La Société, de son côté, instruite par son passé,
venait d'elle-même confier ses destinées au Conseil
de Discipline et, le 21 mars 1843, sous le Bâtonnat
de M* Mollet, intervenait une délibération décla-
rant « donner toute son approbation à l'établisse-
« ment d'une conférence à Aix, porter un vif
« intérêt à celle dont le règlement lui est soumis
« et accepter l'attribution que ce règlement lui
« confère :^.
La présidence des séances appartient dès lor sa
un membre du Conseil de Discipline, au Bâtonnier
en principe, et, par deux fois, le Conseil fit aux
stagiaires une obligation de suivre ces réunions
sans maintenir toutefois les pénalités portées au
au premier règlement. Ils n'en furent d'abord que
membres honoraires, mais à partir du 13 décem-
bre 1852, ils en devinrent membres actifs.
L'ancienne Société de Jurisprudence conserva
son titre d'autrefois, mais elle fut, avant tout, la
Conférence du Stage. Dès ce moment, son existence
est officielle et elle est devenue ce qu'elle est encore
— 42 —
aujourd'hui Técole du jeune barreau, où comme
jadis, les débutants montrent le même élan pour
rétude. Comme leurs devanciers de 1816, ils ont
pour devise : Travail et Confraternité.
Depuis 1852, la séance d'ouverture des travaux
revêt, chaque année, une solennité particulière.
Après le Bâtonnier qui rappelle à ses jeunes confrè-
res les principes de leur profession et surtout leurs
devoirs pleins de noblesse, puisque Tavocat, dans
son indépendance respectueuse des lois, ne dépend
que de sa conscience, un membre de la Société
prononce un discours devant les représentants 4c
tous les corps constitués.
C'est M* Alphonse Mottet qui fut chargé du
premier, le 28 janvier 1852 ; il avait pris pour
sujet réloge de J.-J. JuUien et ce choix était tout
indiqué pour des jurisconsultes qui se livraient à
rétude des lois et coutumes anciennes, en même
temps que des codes en vigueur.
Après lui, et Tannée suivante, c'est un des nôtres
qui prit la parole et étudia Pascalis et la Constitutiofi
Provençale. Tous, vous en avez deviné l'auteur.
Le nom de Charles de Ribbe est trop connu pour
me permettre d'insister. « Ce discours > d'ailleurs,
comme on l'a déjà dit, « ne tarda pas à devenir un
« volume et donna du premier coup la valeur de
« l'auteur, du premier coup, aussi, il fixa la direc-
_, 43 —
« tion de sa vie intellectuelle vers rétude de nos
« traditions provençales ». Vous savez tous ce
que devint Thomme, Técrivain, Thistorien et le
sociologue.
Quelques années plus tard, en 1859, c'est en-
core un futur membre de notre compagnie que ses
confrères désignent pour prononcer le discours
d'ouverture à la séance du 21 décembre. De Berlue
Perrussis fit ïEloge de Boniface. Avec précision et
d'une façon remarquable, il a retracé la vie et l'œu-
vre de son compatriote, de ce jurisconsulte éminent
qui avait illustré notre parlement. Dès le début, il
s'était montré historien et érudit consommés, et
avait fait prévoir ce que serait celui qui devait jus-
tifier la colère de Rouchon-Guigues, affirmant avec
raison qu'il était impossible qu'il fut « le dernier
des patriotes provençaux ».
Certes, les noms que je pourrai citer sont nom-
breux. Tous les membres du Barreau qui ont fait
partie de notre Compagnie, et ils sont légion, ont
tous d'ailleurs été chargés de prononcer les dis-
cours annuels d'ouverture de la Société de Juris-
prudence.
Non seulement la liste des orateurs mériterait
d'être donnée, mais aussi celle des sujets traités.
C'est, en effet, l'histoire d'Aix et de la Provence,
— 44 —
c'est rhistoîre de notre Parlement, c'est l'éloge de
toutes les illustrations de notre Barreau ancien et
moderne, qui ont fait l'objet de ces études intéres-
santes et instructives.
A tous ces titres, j'espère ne pas avoir manqué
à nos traditions en vous parlant du Barreau Aixois
et de la Société de Jurisprudence.
-ifr
On a lu ;
Essai sur la Mystique de la Guêtre, par M. C.
RiGAUD, Avocat à la Cour.
Poésiesi par M. le comte C. de Bonnecorse-Lubiè*
RBS.
t
Ri^port sur les Prii de YdD
RAMBOT, RBYNIBR, RAYON, CHAMBAUD
ET LES
Pensions Norean, Josépliine Yéiet, Bonrdelet
PAR
Monsieur A. RE VOL
Mesdams,
Messieurs,
Notre Compagnie s'essaye chaque année à
justifier davantage la confiance que lui témoi-
gnent, chaque jour un peu plus, les généreux testa-
teurs justement soucieux d'assurer à leurs bonnes
œuvres une survivance bienfaisante et continue.
M'étendre sur Ig difficulté d'une tâche toujours
acceptée d'un cœur reconnaissant serait inutile.
D'autres avant fnoi vous ont dit déjà souvent,
- 48 -
combien il est malaisé de faire un choix entre tant
de candidates et de candidats recommandés à notre
attention avec une' égale autorité et la même
insistance.
A en croire le nombre croissant de ceux qui
s'adressent à nous avec une inlassable confiance
la vertu ne serait pas prête à déserter notre sol
privilégié.
Je fais avec joie cette consolante constatation.
Les journaux ne nous épargnant aucun exploit,
de Tescroc ou de Tassassin le plus vulgaire, il ne
serait pas mauvais que nous eussions le loisir et le
droit d'entrouvrir les cartons où sont consignés,
parfois avec une minutie touchante, les actes ver-
tueux de celles et de ceux dont nous sommes au
regret de ne pouvoir, faute d'un nombre de prix
suffisant, couronner les mérites et récompenser les
labeurs.
Que ceux et que celles qui nous témoignent leur
confiance patientent et se rassurent.
Nous notons avec soin dans nos mémoires et
dans nos cœurs tout ce que leur désir de venir
en aide à leurs protégés a si bien su nous faire
entendre.
Les dossiers ajournes ne sont point pour nous
des importuns à jamais écartés. Ce sont au contraire
— 49 —
des amis annuellement consultes ; en lés couchant
dans leurs chemises de papier vert nou^ ne leur'
disons point un éternel adieu, mais au contraire un-^
• *
au revoir plein de sympathiques promesses.
PRIX RAMBOT
Nous avons cette année, décerné le prix Rambot
à un véritable héros.
Le 26 février 19 16 vers trois henres de laprès-
midi naviguait par temps calme, le Provence, super-
be paquebot de la flotte des Messageries Maritimes
réquisitionné comme tant d'autres pour le transport
des troupes.
Frédéric Paul Gautier se trouvait à bord.
Né d'une famille d'honnêtes travailleurs de la ville
d'Hyéres, il avait grandi bercé par le chant de la mer
voisine.
L'enfant au cœur bon. à l'aspect éveillé, au carac-
tère ferme, un peu têtu, s'était tout naturellement,
devenu jeune homme, engagé dans la marine et
la guerre survenant, il avait été embarqué sur le
Provence en qualité de fourrier.
La guerre sous-maiine sévissait alors traîtresse et ■
cruelle.
— 50 —
C'était Theure ou lasses de planter leurs clous d'or
ou d'argent dans la kolossale statue de leur « Hin-
denburg » national, où fatiguées de pousser des hoch
admiratifs en l'honneur de leurs zeppelins tueurs
de femmes et d'enfants, les gretchens timides et pu-
diques se reposaient en tenant un compte exact et
fidèle de toutes les barques de pêche torpillées, de
tous les Lusitania coulés, de tous les navires-hôpi-
taux si habilement et si rapidement envoyés au fond
des mers. Hindendurg, Zeppelin, Von Tirpitz, ai-
mable, géniale trinité vers laquelle montait alors le
même encens ! Hindenburg, Zeppelin, Von Tirpitz,
abominable trio vers lequel montait déjà la malé-
diction de tous les honnêtes gens, — Hindendurg,
Zeppelin, Von Tirpitz !, noms à jamais déshon-
norés vers lesquels monteront, tant que le monde
sera monde, l'universel dégoût et l'universelle
haine !...
Le Provence naviguait le 26 février 19 16 par
temps calme, soudain un bruit formidable retentit.
Atteint par une torpille le beau vaisseau s'affaisse
sur l'arrière, il se couche pour mourir.
Tournons la page... nous venons de voir et de
flétrir la barbarie et la lâcheté, vertus germaines.
Il nous reste à contempler et à saluer l'abnégation
et l'héroisrae, vertus françaises.
— 51 —
Voyant son navire sombrer, le capitaine du
Provence fait ce qu'ont fait avant lui, et ce que feront
toujours après lui tous les officiers de la marine
française ; délibérément il oublie le danger qu'il court
lui-même pour ne songer qu'aux précieuses existen-
ces qui lui ont été confiées.
Précieuses existences ! la France attend pour la
défendre ces soldats que guette une mort inutile.
Précieuses existences ! ce sont des tronçons du
rempart vivant de la patrie qui vont, intacts,
s'abimer dans les flots.
Grand Dieu! qu'il est urgent, qu'il est indispensa-
ble de se hâter ! sans l'avoir vu je revois ce jour
en vous le racontant !
Comme un grand oiseau blessé à mort le navire
descend lentement, puis accélère sa chute. Le sauve-
tage s'ordonne et s'organise.
Gautier reçoit Tordre avec quelques camarades
de conduire vers la terre, dans une embarcation, le
plus grand nombre de soldats possible.
Gautier a vingt ans. Est-ce que l'on part le pre-
mier à vingt ans ! Gautier cède sa place à de plus
vieux marins ; à bord la besogne ne manque pas,
il reste encore deux canots à mettre à l'eau, on les
mettra, il ne reste plus d'embarcation à lancer à
la mer ? mais il reste ces tables, ces échelles, ces
— 5» —
caisses, ces bouts de bois, où il peut être utile de
s'dgripper pour attendre le passage d'un bateau.c'est-
à-dire le salut ! à l'eau ces tables, ces échelles, ces
caisses, ces bouts de bois.
Gautier jette un regard circulaire autour de lui
décidément il n'a rien oublié de ce qui peut être
utile au sauvetage général.
Les chaudières sont sur le point d'éclater, l'eau
atteint la deuxième cheminée, il n'y a plus rien
d'utile à faire à bord. Gautier se jette à l'eau, une
explosion se fait entendre, le navire se dresse sur
Tanière, il dispnrait h jamais le superbe paquebot !
mais hélas il cntaiînc avec lui, dans sa chute, plus
de mille existences humaines.
Gautier nage vigoureusement en quête d'une
épave, il avise un radeau sur lequel ont pris place
deux soldats anéantis. Est-ce que l'on doit dormir
sur un radeau, allons que l'on se grouille I
Gautier prend une perche et manœuvre de façon
à ramasser un grand nombre de naufragés, bientôt
'y n plv.: do place sur le radeau, mais à dix
;ées un soldat accroché à une botte de foin en-
lit en appelant désespérément au secours,
ue va faire Gautier ? Laissons lui la parole :
Je vois le danger immédiat pour ce malheu-
ux. Que faire ? tiens bon, lui criais-je, je vais
— 53 —
« te prendre. Les passagers du radeau me font
« remarquer que toutes les épaves sont occupées et
« me conseillent de rester à bord. >
« Le devoir d'un marin est d'abord de sauver un
« soldat I » fut ma réponse. Et spontanément je
♦, plonge, je prends le pauvre soldat sur mes épaules
« et l'installe sur le radeau à ma place, cependant
« que j'entends crier bravo I à bord du radeau. Et je
« m'en vais, où ? Je n'en sais rien, je n'ai plus
« d'espoir de me sauver. »
« Pensant aux miens, à mes amis, je cherche un
< appui. Je suis repoussé des épaves, je nage depuis
« plusieurs heures, je ne trouve rien. »
« La nuit arrive, pas de terre à l'horizon, seul
« entre ciel et eau, balloté par les vagues, je me
« sens défaillir, je vais couler. — Je renouvelle
« une ardente prière à la Vierge et j'ai le bonheur
« d'apercevoir une épave vers laquelle je nage
« vigoureusement. Je l'agrippe ; après mille péri-
« péties, transi de froid, brûlé par la soif, torturé
< par la faim, le lendemain, 27 février, à midi, le
« Canada nous recueillait, nous étions sauvés. :^
« Le devoir d'un marin est d'abord de sauver
un soldat >. Vous avez. Mesdames et Messieurs,
déjà salué au passage cette parole comme l'on s'in-
cline d'instinct toujours devant ce qui dépasse notre
— 54 —
chétive humanité ! Corneille eut enchnssé cette
parole avec un amour pieux dans la magie de son
verbe et dans la surhumaine éloquence de son vers
inspiré I
Ne pouvant avoir cette suprême récompense^ cette
parole a pourtant été recueillie avec le respect, avec
Taffection, avec l'admiration qu'elle méritait !
La médaille militaire, la croix de guerre avec
palme, le prix Lange de l'Académie Française, la
médaille d'or de la Société de Sauvetage des nau-
fragés, toutes ces distinctions justement enviées
sont venues comme des fleurs magnifiques se tres-
ser d'elles-mêmes en couronne autour de cette
parole déjà légendaire.
Notre Compagnie se devait à elle-même d'applau-
dir dans la mesure de ses moyens à ce geste héroïque
d'un enfant de Provence.
De la lointaine Tunisie un de nos confrères a
reçu d'une personnalité autorisée ces lignes qui
prouvent que l'Académie d'Aix a bien fait de mêler
spontanément sa voix au concert d'admiration et de
bénédiction entonné par la France entière :
« Je ne puis qu'applaudir au geste de l'Académie
d'Aix qui s'honore elle-même en couronnant un si
bel acte d'héroïsme... »
« J'ai connu personnellement Gautier, il incarne
vraiment le type du marin provençal, vif, alerte,
_ 55 —
le cœur ouvert, avec cela une âme d'enfant, très
droite et très honnête. Et par dessus tout une éton-
nante modestie, celle qui fait les vrais braves. >
« Titulaire de la Médaille militaire et de la Croix
de guerre avec palme, il les arbore rarement, dans
les occasions exceptionnelles ou, lorsque invité il
veut faire honneur à ses hôtes. >
« A l'entendre il n'a rien fait que de très ordi-
naire et les récompenses si légitimes qu'on lui
décerne le confondent. >
Bravo ! criaient à Gautier les naufragés du Provence !
Bravo ! bravo ! crions-nous à notre tour ! quel dom-
mage que notre glorieux compatriote ne soit pas là
ce soir; avec quelle émotion Teussions-nous tous
acclamé du plus profond et du meilleur de notre
cœur — malheureusement l'état de santé de Gautier
fort ébranlé Ta retenu près de ceux qui le soignent
avec angoisse. Espérons contre toute espérance que
ce brave entre les braves sera conservé à l'admira-
tion et à l'affection de tous ceux qui le connaissent.
PRIX REYNIER
Madame Veuve Amourîc a eu 1 4 enfants. Elevés
dans l'amour du travail et dans la pratique de la reli-
gion, ses enfants lui font aujourd'hui une belle
- 56 -
ct>urpnire et composent la' meilleure récompense de
jses soucis passés et de ses labeurs anciens. Non con-
tente d'une maternité aussi naturellement accusée,
Mme Vve Amouric a élevé trois enfants de l'Assis-
tance publique et même à Theure actuelle, âgée de
66 ans ! elle continue ses soins à l'un de ces enfants.
Deux de ses fils ont vaillamment combattu pour
la France et Tun a été glorieusement cité deux fois
à Tordre du jour.
Mme Amouric est la veuve d*un modeste canton-
nier. Cela prouve que la France possède dans toutes
les classes où se recrutent ses enfants des réserves
d'énergie et de vertu qui ne demandent qu'un peu
de sécurité et qu'un. peu d'aide pour s'épanouir en
une floraison magnifiquement contagieuse. L'Aca-
démie s'honore en décernant à Mme Vve Amouric
le prix Reynier de 400 francs.
• ■ r *
Née le 20 août 1843 à Saint-Cannat, Madame
Veuve LegroSf née Fassy, se distingue par le
dévouement réel qu'elle a toujours apporté et
qu'elle apporte encore au soulagement des misères
des enfants de l'Assistance publique.
Tant qu'elle l'a pu elle a partagé son lait entre
ses neuf enfants et les pauvres êtres que des mères
barbares abandonnaient avec férocité.
— 57 —
Ne pouvant plus travailler, à demi infirme,
l'Académie la récompense de ses peines passées en
lui attribuant le prix Reynier de 300 francs.
Madame Veuve Carlue, née Jouve, est née à
Rognes en 1841.
Cette longue vie a été toute droite et toute sim-
ple. Ayant appris son catéchisme avec assiduité,
elle l'a compris comme il faut le comprendre et
elle a pratiqué ses préceptes comme ils doivent être
pratiqués. — Si je parle de ce petit livre dont les
feuillets ne sont peut-être pas assez connus de la
génération qui grandit, c'est que dans le mémoire
fourni à Tappui de la requête présentée, je trouve
les lignes suivantes :
« A douze ans, Madame Carlue était toujours prête
à faire le catéchisme à ses jeunes compagnes et à
leur rendre service. Dès l'âge de seize ans elle com-
mençait à aller les veiller lorsqu'elles étaient
malades ; un peu plus tard on vint bien des fois la
réveiller en pleine nuit pour assister des agonisants
ou pour les habiller après leur décès. »
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
Mme Vve Carlue avait longuement médité ce pré-
cepte, il lui a suffit de le mettre en pratique pour
- 58 -
trouver toujours la force de faire tout son devoir.
— Aidant son père et sa mère de son mieux, elle
donnait tout ce qu'elle gagnait, d'abord comme ou-
vrière, ensuite comme servante pour élever ses cinq
frères et sœurs.
Plusieurs fois demandée en mariage elle avait
toujours refusé, il ne fallut rien moins, pour faire
fléchir sa volonté, que la pensée de servir de mère
aux deux enfants d'une sœur prématurément en-
levée à son affection. Mme Vve Carlue a fait son
devoir toute sa vie, l'Académie ne fait que le sien
en lui décernant la dernière part disponible du prix
Reynier.
PRIX RAYON
Mademoiselle Rayon a institué une rente de
275 francs destinée a être attribuée à « une jeune
fille dont l'Académie aura distingué les mérites. »
Cette jeune fille, l'Académie l'a trouvée, cette année,
en la personne de Mademoiselle Gabrielle Azan.
Douce et pieuse, travailleuse infatigable, notre
lauréate eut été sans nul doute choisie par Made-
moiselle Rayon.
Ange de son foyer, Mademoiselle Azan s'oublie
toujours elle-même pour ne songer qu'au bien-être
de ceux qui l'entourent.
— 59 —
Il était bien juste qu'une fois au moins quelqu'un
pensât à elle, et l'Académie cjui a recueilli sur
Mademoiselle Azan les meilleurs renseignements
est heureuse de proclamer publiquement ses mé-
rites et de récompenser bien faiblement un dévoue-
ment et un labeur au-dessus de tout éloge et de
toute récompense.
PRIX CHAMBAUD
Mademoiselle Marie Colombon à laquelle TAca-
démie a décidé cette année de décerner le prix
Chambaud est une jeune fille aussi dévouée que
modeste. Elle est née à Mexico où ses parents
résident encore et d'où elle est revenue pour soi-
gner une tante âgée et infirme. A cette tante elle
a tout sacrifié: joie familiale, espoir d'avenir, santé,
préférences personnelles. Pour subvenir aux frais
du ménage elle avait préparé Texamen des postes,
elle avait réussi ; par deux fois, ayant dû inter-
rompre cette carrière pour venir soigner sa tante,
elle fut finalement obligée de l'abandonner défi-
nitivement.
Ayant sacrifié son avenir, Mlle Colombon essaye
maintenant de subvenir à sa propre existence par
des travaux de couture, mais sa santé délicate ne
— 6o —
lui permet que de gagner un bien maigre salaire.
L'Académie a pensé que venir en aide à celle qui
n*avait jamais pensé à elle-même était un devoir
^t elle Ta accompli avec satisfaction.
PENSIONS IRMA MOREAU
« Mes enfants, soyez bons et charitables entre
vous, soyez-le aussi avec vos camarades, s'il vous
arrive d'être frappés ne le rendez jamais >.
Tels sont les conseils que donnent à leurs neuf
enfants les époux Ghassan que l'Académie est heu-
reuse cette année de faire bénéficier d'une pension
Irma Moreau.
Ces conseils sont mis en pratique car au dire de
ceux qui connaissent cette admirable famille, il
n'est pas de foyer où Ton soit plus chrétien, c'est-
à-dire plus heureux. Chaque dimanche l'église réu-
nit toute la famille : le travail servile cesse abso-
lument et le lundi tous reprennent d'un meilleur
coeur la tâche accoutumée.
. Dans une série d'études parues Tan dernier dans
fa Revue des Deux V^ondes, M. Etienne Lamy met-
tait la pratique de la religion au premier rang des
moyens à employer et à conseiller pour susciter
dans notre pays le retour à la pratique intégrale
des saintes lois du mariage.
— 6i —
M. Lamy, s'il existait encore, citerait sans mil
doute à Tappui de son dire la splendide famille que.
l'Académie est heureuse et fière de pouvoir cou-
ronner.
Mademoiselfe Louise Fourment a 80 ans, elle
vit avec sa sœur Mlle Emilie Fourment, âgée de
82 ans, seule survivante avec un frère de 73 ans,
d'une famille de six enfants.
Lingère pendant 44 ans aux Arts et Métiers,
Mlle Fourment s'exprime ainsi dans sa demande de
pension : «: En raison de mon âge j'ai dû quitter
mon travail devenu trop pénible pour moi. »
Un travail de 44 ans, pauvre et sainte fille ! Elle
s'excuse presque de ne pouvoir plus venir en aide
à sa sœur aînée, qui, chose singulière, est souffrante
à 82 ans, et ne peut plus elle-même travailler !
« Ne cherchez pas dans cette vie simple et droite
une action qui mérite d'être mentionnée particu-
lièrement. »
« Tout est sage, honnête uniformément pendant
cette longue carrière. »
Ainsi s'exprime encore un anonyme rapport
annexé à la demande de Mlle Fourment. Avoir tra-
vaillé pendant 44 ans à la même place du même
62
labeur et du même cœur, cela dit tout, et cette
« longue carrière > est une vertu continue qui
est trop tard mais justement récompensée. Que
Mlle Fourment jouisse longtemps encore de la
pension que l'Académie est si heureuse de lui
accorder, c'est mon vœu personnel le plus cher
et le meilleur.
PENSIONS JOSÉPHINE VERET
FONDATION ROSTAN D'ABANCOURT
Comme les époux Ghassan, les Epoux Pons ont
neuf enfants, depuis 20 ans cette honorable famille
de cultivateurs occupe la même ferme et, constata-
tion que je fais avec bonheur, au bas de la supplique
qui nous est soumise je vois en première ligne la
signature du propriétaire lui-même du domaine
cultivé par les époux Pons.
Cette estime réciproque de l'employeur et de
remployé est certainement à noter ; cela prouve
qu'il n'y a pas nécessairemeut un fossé infranchis-
sable entre le travail et le capital, et que le labeur
et l'honnêteté l'emporteront sans doute un jour
prochain sur la haine et sur l'égoïsme.
63
Mademoiselle Célina Derbez réalise à miracle les
conditions demandées par le fondateur de la pen-
sion Veret.
Depuis 30 ans au service des même maîtres, cette
servante digne de Tâge d'or n'a pas eu durant cette
longue période une minute de défaillance.
L'âge et les infirmités arrivant au foyer dont
elle était depuis si longtemps l'amie désintéressée
plutôt que la servante, Célina Derbez s'est transfor»
mée sans peine en une infirmière admirable.
« Je tiens à déclarer que je n'ai jamais rencontré
chez une fille un dévouement plus désintéressé, plus
constant, plus filial que celui dont Célina Derbez
entoure ses deux vieillards infirmes. >>
Cette appréciation émanant d'une plume auto-
risée, venant d'une personnalité bien à même de
savoir ce qui se passait et de ce qui se passe encore
au foyer des maîcres de cette admirable fille me
dispense de m'étendre moi-même sur la vertu de la
lauréate devant laquelle je ne fais que m'incliner
bien bas avec un infini respect. Dieu seul, qui
inspire certains dévouements, se charge aussi de les
récompenser comme ils le méritent.
64
PENSIONS HENRI BOURDELET
Une des pensions Bourdelet a été décernée cette
année à Mademoiselle Mathilde Donnet, née à Aix
le ai janvier 1849.
Mademoiselle Donnet a toujours été un modèle
de piété filiale, de vie régulière et laborieuse.N'ayant
pour vivre que les ressources procurées par un
travail d'ouvrière elle a, pendant de longues années,
reçu sous son toit et soignée avec le plus absolu
dévouement une sœur âgée et infirme.
Cette sœur étant décédée, une autre est venue
prendre sa place. Cette sœur est, à l'heure actuelle,
figée de 80 ans et, ne possédant aucune ressource
personnelle, est à la charge absolue de Mlle Donnet.
Menacée de perdre la vue, notre lauréate n'a
conservé son œil le moins atteint que grâce, dit le
texte de la supplique, à la bonté et à Thabileté déjà
connues dans notre ville du docteur X.
Ayant non loin de moi, en ce moment, un parent
rapproché de ce bon et habile docteur X., j'espère
que la reconnaissance de Mlle Donnet saura le
toucher, ce verbe étant pris dans ses deux accep-
tions. En tout cas, cette reconnaissance de Mlle
Donnet prouve une fois de plus son bon cœur et
^ 65 -
démontre une fois de plus aussi €|tie l'Âdadémié sr
eu raison de distinguer ses mérites.
*
* *
La dernière lauréate dont j'ai à vous entretenir se
nomme Baptistine/Marie Testaiûèrei épouse Bou/
rillon, elle est âgée de 64 ans. Elle habite le hameau
des Figons avec son mari infirme depuis 1 5 ans.
Avec sa seule profession de blanchisseuse, elle de-
vait encore, jusqu'à cette année, faire vivre une
tante presque aveugle, tante décédée il y a quelques
mois à rage de 88 ans. Nourrir, entretenir, soi-
gner deux vieillards infirmes c'est déjà beaucoup !
pour le dévouement de Mme Bourillon cela n'est
pas suffisant. Cette femme d'élite n'arrive jamais à
épuiser le trésor de charité que récèle son âme
profondément chrétienne.
Aucune maladie ne lui répugne, aucune contagion
ne la rebute. Les typhiques et les varioleux sont
soignés par elle avec tant de tranquillité et de bonne
humeur que l'admiration que suscite son courage lui
semble singulière et lui est importune. Panser à
plusieurs kilomètres de sa demeure une blessée lui
parait naturel, tout malade étant pour elle un voisin.
Les braves gens qui, sans qu'elle s'en doute, ont
sollicité pour elle la pension que nous lui accordons
de si bon cœur ont, en termes naïvement louangeurs.
— 66 —
entonné la meilleure chanson de reconnaissance
émue quipuisse être composée k sa louange.
Voilà une voisine qui jouit vraiment de la cconsi-
dération » générale dans son quartier comme dirait
un rapport de police. Vous pardonnerez à un ancien
attaché au parquet cette réminiscence jaillie sponta-
nément sous sa plume académique !
Veillant souvent la nuit pour soigner ses infirmes,
Mme Bourillon part souvent pourtantdèsl'aurore fai-
re ses commissions à Âix pédestrement. A ceux qui
l'admirent et la plaignent un peu, elle répond : c En
disant mon chapelet la route devient moins pénible.»
Me sera-t-il permis, Mesdames et Messieurs, de
penser et de dire que ce n'est pas seulement la
route de ce hameau éloigné d'Aix qui parait moins
pénible à cette humble femme lorsqu'elle égrène
son chapelet.
Libre à un incroyant de s'étonner qu'il existe en-
core de par le monde au xx* siècle des gens assez
simples pour redire, chaque jour, d'un ton monotone
la même salutation à une femme invisible, en faisant
courir chaque fois sur une chaine d'acier ou sur une
cordelette de chanvre de petits morceaux de bois '
noir ! Cette salutation renouvelée engendre des
miracles de charité pareils à ceux que je viens avec
tant de joie et tant de respect de signaler à votre
admiration.
- 67 —
Cela suffirait pour que personne n'ose sourire ;
qtiant à moi cela me suffît peur que j'adore davan*
tage et pour que je crois un peu plus.
*
Ai-je été trop long , Mesdames et Messieurs ?
C'est plus que probable, mais je ne songerai
même pas à m'en excuser. Je viens de passer une
journée délicieuse à compulser toutes ces archives
de la vertu. Je puis maintenant lire avec le scepti-
cisme qui convient, la quotidienne chronique où
sont annoncés, parfois avec quelle complaisance !
les signes avants-coureurs de l'orage qui, affirme-
t-on, doit éclater demain ! Je ne nie point que la
foudre ne résonne parfois dans notre ciel I mais je
me souviens de mon enfance et de ce que me disait
certain soir d'été un aïeul tendrement aimé.
En pleine lumière le ciel se chargeait ; tout à coup
le tonnerre grondait ! « Grand'père il va pleuvoir,
c'est l'orage > disait ma voix d'enfant. « C'est un
éclair de chaleur, petit » disait le grand'père. De
fait le ciel redevenait bientôt serein. Il avait plu
sans doute là-haut sur la montagne ; ici nous avions
vu l'arc-en-ciel sans avoir eu à connaître l'orage.
L'orage s'est déchaîné non loin de nous. Nous
avons entendu la foudre gronder ; nous lenten-
— 68 —
dfons peut-être encore. Peu importe, nous ne nous
effrayerons point outre mesure. Tant de bleu a été
mis déjà dans notre ciel par nos admirables soldats.
Tant de bleu a été mis encore dans ce même ciel
parles humbles dont nous venons d'entendre narrer
la si belle et si touchante histoire ! Bientôt notre
ciel de France, j'en ai Tindéfectible confiance, ne
réfléchira que l'azur.
Car de même que la France, selon le mot du
poëte « trouve toujours un héros lorsque c'est né-
cessaire » elle trouve et trouvera toujours aussi
dans ses plus humbles enfants la passion du bien
qui vient toujours à bout du mal, et le dévouement
qui, quoiqu'on dise et quoiqu'on fasse, arrive tou-
jours, sans heurt et sans faiblesse à dompter
régoïsme et à juguler la barbarie.
î^
-69-
I
PRIX RAWIPAMP
Fondé en l85g, suivant testament olographe
du 25 août 1 858, pour récompenser les actes de
dévouement, de courage, de désintéressement, le^
soins donnés à la vieillesse et à l'enfance pauvre
et abandonnée.
Le prix Rambot de 545 francs, indivisible, a été
décerné à soixante un lauréats de i86o à 191g;
Leurs noms ont été publiés dans les précédents
Bulletins ; nous donnons ci-dessous la liste des dix
derniers.
de3 Lauréiits
Depuis iffio
■\. .•
1910. Mlle Emilie Sospel.
1912. M. Franc Françoift, de Berre.
— Mme AuDiBERT Megdeleine, Vve Jourdan, d'Aix.
1913. M. Paulin Fortou, d'Aix- .
1914. Mlle Adèle Menc, d'Aix.
1915. Les époux Tessemdié, d'Aix-
1916. Section Aixoise des Veuves de la Guerre.
1917. Section Aixoise des Orphelins de la 'Guerre.
1918. M. Bertrand Alfred, d'Aix.
1919. M. Gautier Frédéric, à Hyères.
— 70 —
II
PRIX REYNIER
Ce prix de i.ooo francs a été fondé en fSS3,
par testament olographe du 18 mars 1864, potir
récompenser les actes les plus méritoires de
dévouement, de fidélité et de secours au malheur,
les soins désintéressés donnés aux infirmes et aux
vieillards ainsi qu'à l'enfance délaissée et pauvre.
Une partie de la somme est réservée pour les
pires et mires qui élèvent le mieux leurs enfants,
c'est-à-dire, d'une maniire chrétienne, honnête et
laborieuse.
Le prix Reynier a été décerné à cent quarante un
Lauréats de i8yo à 1919.
Comme pour le prix Rambot^ leur liste a été
insérée dans les précédents Bulletins; voici celle
des dix derniires années.
Liste de Lauréats
Depuis 1910
1910 M. Joseph Granon, de Rognes.
» M. Femand Arniaud, de Rognes.
1911 Mlle Henriette Brun, à Aix.
» Mme ANA8TAY, née Ferrât, à Aix.
— 71 —
1912 MllB BniET Jeanne, à Aix.
» Mlle ÂNASTAY Nathalie, à Aix-
é Mlle NiEL Louise, à La Calade, près d*Aix-
» Mlle Mondons Eulalie, à Aix.
1913 Mlle BouoHET Baptistine, à Aix.
» Les époux HiLARiON Constant, à Riaiis.
» Mlle CosTE Marie-Thérèse, à Aix.
1914 Mme Gras, née André, à Aix.
» Les époux Honorât, à Aix.
i> Mlle Pe¥Roncelli Joséphine, à Aix.
1915 Mipe veuve Chanut, née Lombard, à Aix.
» Mme veuve Bossy, à Aix.
» Mlle BiCAïs Victorine, à Aix.
1916. Mme veuve Folrnon, à Aix.
n Mlle DELIONS Louise, à Aix.
» Mlle Laurin Rose, à Aix.
1917. Mlle Thomas Fanny, à Aix.
» Mlle Gautier Geneviève, à Aix.
1918. M. RosTAiN Léon, à Aix.
» Mme DE JoRio Françoise, à Aix.
» Mme veuve Feneyrols, née Roure, à Aix.
1919. Mme veuve Amouric, née Nivière, à Aix.
M Mme veuve Carlue, née Jouve, à Aix.
Il Mme veuve Legros, née Fressy, à Aix.
PRIX HCNRIÇTTE IIIVYON
Henriette Rayon, par
1906, pour récotnpen.
bureau df f'AeatUmte
Comme pour les autres prix KanAM, Rfiynier
et Irma Moreau. 'la liste âe 'ces prix sera inséra
dans le présent Bulletin.
L'Académie a commencé en tpog à décerner ce
prix.
Liste des Lauréats
Depuis 1910
1916. Mlle Marie NOUVERRONS, dAix.
1911. , I^U« Léontine ROMAN, de Malijay.
1912. Mlle Louise ARNAUD, d'Aix.
1913. Mlle Louise PELLISSIER, d'Aix.
19U. Mlle Albine DIOGENE, d'Aix.
1915. Mlle Marcelle COCHE, dAix.
1916. Mlle Anna Guiou, d'Aix.
1917. Mlle Louise Tournon, d'Aix.
1918- Mlle Madeleine Prouven, à Aix-
1919. Mlle Gabrtelle Azan, h. Aix-
-73-
IV
PRIX CHAMBAUD'
Ce prix a été institué par Mademoiselle Amélie
Chambaud.
Par sa donation du 28 mars igi5. Mademoi-
selle Chambaud a remis à l'Académie d'Aix un
titre de rente de cent francs, à charge par elle
d'attribuer, chaque année, un secours de cette
somme w à un orphelin pauvre x>u à un vieillard
pauvre de la commune d'Aix ».
L'Académie a commencé à décerner ce prix en
1916.
Liste des Lauréats
*
1916. Mme veuve Martin, née Anselme, à Aix.
1917. MUe Ursule Baume, à Aix-
1918. Mlle Philomène Daniel, à Aix.
1919. Mlle Marie Colombon, à Aix.
BAUD
ar Madetnoiêelie
28 mars igi5, Hademn^-
ni s à r Académie d'Abc ê^m
it francs, à char^ par éCtifi^
année, un sec4^êir^ 4k: ^Jt^rgi^
lelin pauvre jou à mu ^tH^f^ilHir^
mune d'Aix ^-
commencé à déoerÊier ce f^^y
Liste des
* i'^.
V
— 74 —
PENSIONS IRMA MOREAU
Ces pensions ont été fondées en i8gg^ par tes-
tament de Mademoiselle Irma Moreau, du 7 jan-
vier de la même année, qui institue V Académie
sa légataire unir^r selle. Elles consistent en une
somme annuelle de 200 francs.
Elles sont destinées à offrir une i^écompense et
procurer un secours anx personnes particulière-
ment recommandées par leur honnêteté et leur
vertu notoires, qui en seront les plus dignes et qui
devront être choisies dans les catégories sui-
vantes :
/• Pères de famille veufs ou non, et mères de
famille veuves, connus comme qens malheureux
et nécessiteux, exempts d'ivrognerie et autres
vices, et ayant au moins deux enfants.
2^ Ouvrières pauvres atteintes ou de maladie,
ou d'infirmité, ou de vieillesse, les mettant dans
l'impossibilité de subvenir à leurs besoins.
L'Académie a commencé à décerner ces pen^
sions en 1902.
-75-
Llste des Bénéficiaires
des pensions ouvrières
Ire CATÉGORIE IPèrea et Mères de ftimllle)
1903. M. Fidèle BONTOUX, à Aix (5 enfants)
1904. Mme veuve Charles DES-
PLAS, de Castres (6 n
1905. M. Victorin GINIEZ,à Galice (8 »
1908. Mme Pauline DEDIEU, née
Phaillon, de St-Remy (7 »
» Les époux ABEL, de Rians (10 »
1911. M. Antoine MICHEL, à
Septèmes (U »
1913- M. Célestin- Joseph PHILI-
BERT, époux Douze, à Aix (8 »
» Mme Françoise . Emilie
TOURNEFORT, veuve
Debiaria (7 »
1915. M. NACRE Joseph, à Aix (6 »
» M. GRANIER Marins, à Aix (6 »
1916. M. Chaix Marius-Louis, à Aixi (6 n
1917. M. Hertzog Raoul, à Aix, (10 »
>» M. DÉCANis Justin, aux Milles, (6 »
1919. Les époux Chassan, à Aix (9 »
-76-
%mé CÀtËGÔRIE fOuvHèrM» i J
1902. Mme veuve JAUGERST, à Aix.
1903. Mme veuve POURCEL, née Fauque, à Aix.
»> Mme veuve BARBIER, née Aurenge, à Aix.
1908. Mlle Madeleine CHIEUSSE, à Arles.
» Mlle Mathilde JOUYNE, à Aix
1909. Mlle Antoinette BOYER, à Aix.
1910. Mlle Caroline GABALDA, à Aix.
1912. Mme veuve Goyrand Reine, née Laurens,
au Puy-Sainte-Réparade.
1915. Mm« veuve PASCALY, née Ollivier, à Aix.
1916. Mlle FouRNiBR Joséphine, à Aix.
1917. Mlle GuYOT Louise, à Aix.
1919. Mlle Forment Louise, à Aix.
77 —
VI
PENSION y NËGRE :
Cette, pension a été instituée par Madame
Virginie Fabre, veuve Nègre^ décédée à Aix le S
juillet fffoS.
Par son testament du 16 juillet igo3. Madame
Nègre a fondé ce legs en mémoire du sieur Fabre,
son père, qui était maçon. Il consiste en une pen-
sion ouvrière de 32g francs à décerner à un
maçon, marié ou non, avec ou sans enfant, ne
pouvant plus travailler, d'une honnêteté parfaite
et bien reconnue, pour en jouir sa vie durant.
L'Académie a commencé à décerner cette pen-
sion dans la séance publique de igio.
Liste des Lauréats
Depuis 1910
1910. Henri SECOND, d'Aix.
1915. M. CURET, d'Alx.
-78-
VII
Pensions HENRI BOURDELET
Ces pensiohs ont été fondées par testament de
M. Henri Bourdelet, du 22 juillet igi3 (Notaire
Daillan, à Aix ). Elles consistent en une somme
de 3oo francs et sont destinées à des vieillards
que V Académie doit choisir parmi les plus âgés
ou les moins valides. Les bénéficiaires de ces
pensions doivent être Français, être nés à Aix et
avoir un casier judiciaire vierge .
L'Académie a commencé à décerner ces pen^
sions en 1917 ^
Liste des Bénéficiaires
1917. Mme veuve ânnebec, née Rampai, à Aix-
» Mme veuve Pellenc, née Guitton, à Aix.
1919. Mme Bourillon, née Testanière, aux Figoni.
Il Mlle DoNNXT Mathilde, à Aix.
— 79 —
VIII
PENSIONS JOSÉPHINE VERET
FONDATION ROSTAN D'ABANCOURT
Par son testament du 18 Février igo3, notaire
Mouravit à Aix, M^^^ Louise Rostan d'Abancourt
a légué à l'Académie «r une somme de quarante
mille francs dont l'intérêt sera employé en pensions
de Deux cents francs par an, semblables à celles
laissées par M^^^ Irma Moreau ».
<r Cette fondation sera dénommée ^ Fondation
Joséphine Veret ». S'il y a dans les vieilles indi-
gentes proposées quelque ancienne servqnte étant
restée longtemps au service des mêmes personnes,
elle pourra obtenir la pension au même titre que
les ouvrières ».
Liste des Bénéficiaires
1918. ' Mlle Pauline Barthélémy, à Aix.
» M. Adolphe Pons, à Aix.
» Mme GuiCHARD, à Aix.
» Mlle Marie Diouloufet, à Aix.
1919. M. Pons Antonin, à Aix.
» Mlle Derbez Celina, à Aix.
PRIX THIERS
yiademoiselle Dosne, en souvenir de son ïlius-
MV heau-frire, M. Thiers. a fondé le prix que
f Académie a l'honneur de décerner.
Ce prix consiste en une somme de trois mille
francs à décerner tous les cinq ans, indivisible,
pour un ouvrage sur la Provence ou écrit par un
Provençal.
Liste des Lauréats
1907. M. Caifiitle JULLIAN, irembre de Ilnstilut,
à Paris.
1912. si. Z. ISNARD. archiviste en chef au départî-
meni des Basses-Alpes, à Digne.
1917- M. Emile Ripert, chargé de Cours
il In Faculté de^ Lettres d'Ais.
7-81 -
PRIX MIGNET
M. le Docteur Evariste Michel, désireux de
contribuer à la glorification de la ville d*Aix en
suscitant des travaux qui auront pour objet l'étu-
de de l'une des phases de son passé illustre, ou
r histoire de la vie et des œuvres de l'un des hom-
mes gui l'ont le plus honorée dans les sciences,
dans les lettres ou dans les arts; également pour
rendre hommage à la mémoire de son oncle, M.
Mignet, de F Académie Française, secrétaire per-
pétuel de l'Académie des Sciences Morales et Poli- .
tigues, gui appartenait aussi à l'Académie d'Aix,
a fondé un prix gui portera son nom. Le Prix
Mignety de la valeur de 3.ooo francs, sera donné
tous les cing ans, intégralement, sans être jamais
partagé, ni diminué, ni ajourné sous aucun pré-
texte.
Pour la première fois, il a été accordé en igi3
et ne sera jamais décerné la même année gue le
Prix Thiers.
Liste des Lauréats
depuis 191 3
1913. M. Michel CLERC, professeur à la Faculté des
Lettres de l'Université d'Aix-Marseille.
1918. M. Bruno Durand, archiviste paléographe, à Aix.
BUREAUX DE LACADÉMIE
19^7-19^8
Président M. le Chanoine Cherrier.
Vice-Président M. Cabassol.
Secrétaire perpétuel M. le Baron Guillibert-
Secrétaire annuel M. Toussaint.
Archiviste M. le Marquis dIlle.
Conservateur du Musée M. Raimbault.
Trésorier M. de Duranti-la-Calade
1918-19^9
Président M. le Chanoine Cherrier.
Vice-Président M. Bagarry.
a^ A4 • n xé 1^ M. le Baron Guillibert-
Secrétaires Perpétuels.... m. Cabassol.
Secrétaire annuel M. Toussaint.
Archiviste M. le Marquis dIlle.
Conservateur du Musée M. Raimbault.
Trésorier M. de Duranti-la-Calade.
T AB LE AU
MEMBRES DE L'ACADÉMIE
Arrêté le i5 Juin igig
maU eomprenant tes membres qui faisaient encore partie de la Compagnie
au iS Juin i$i8
MEMBRES D*HONN£UR
MM.
Michel Evariste ^y docteur en médecni'e. Membre hono-
raire, 21 février 1902. Membre d*honneur, 14 Janvier 1908.
\xlla Mignet, à Aix, et 83j rue Denfert-Rochereau^ à
PaHs XIV:
GiRAUD Charles, 0. ^, Premier Président honoraire de la
Cour d*Appel d'Aix. 16 mars 1909, à Choisy par Moutiers-
les-Mauxfaits (Vendée)-
AiCARD Jean, 0. ^ II, membre de l'Académie Française,
15 mars 1910, à La Garde près Toulon (Var).
RÉGNIER (de) Henri, membre de TÀcadémie Française, cor-
respondant 5 mai 1908, membre d'Honneur 16 janvier
1912, rue de Magdehourg, /4, à Paris, XIV.
— 86 —
>
.• j > . » • • • •-• -> •• •
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Cherrier (le chanoine) Joseph, doyen du Chapitre Métro-
politain, docteur en Théologie, 25 avril 1872- Boulevard
Saint-Louis, SI (décédé le 7 mars 1919).
GuiLLiBERT (baron) Hippolyte 0. iji ^i, ancien bâtonnier de
l'ordre des avocats à la Cour. 15 janvier 1878- Rue
Mazarine, /4.
Marbot (le chanoine) Edmond, ancien vicaire général, 28
mars 1887, rue Noctuelle, 3.
Gantelmi d'Ille (marquis de) Charles lîi ^ 0. >îi. Associé
régional le 12 janvier 1883, membre titulaire le 17 juin
1890. Cours Mirabeau, 6.
Pontier Henry, I. P. J^, conservateur directeur du Musée
municipal. 5 avril 1892. Rue Cardinale, 13-
Bonnecorse-Ll'biêres (comte de) Charles, avocat à la Cour.
Associé régional le 27 décembre 1897, membre titulaire le
30 mai 1899, rue Evicric.David, 30.
BoNAFOUS Raymond, I. P. ^^, professeur à la Faculté des
Lettres. 30 janvier 1900. Rue du Bras-d'Or, 5.
Bourguet Alfred, avocat à la Coujr. Associé régional le 10
mars 1896, membre titulaire le 29 janvier 1901. Cours
Mirabeau^ /7.
- «7 -
Aude Edouard, I. P. |^, conservateur de la Bibliothèque
Méjanes. Associé régional le 20 mars 1900, membre titu-
laire le 16 juin 1903. Villa Joyeuse, chemin de la Violette.
Lacoste Ernest, I. P. ^, ingénieur. Associé régional le 20
février 1900. Membre titulaire le 20 décembre 1904, Rue
du Quatre^Septembrej SO.
D2 Duranti-la-Calade Jérôme 1^, licencié ès-Lettres. 21
mars 1905. Rue Mignet, 41.
Jauffret Alfred, avocat à la Cour. 27 mars 1906. Rue des
Epinaux, 43.
Reynaud Gustave, directeur des Contributions directes, en
retraite. Associé régional 30 janvier 1906. Membre titu.
laire 18 décembre 1906. Rue Cardinale, 47,
Vallier-Collombier Alfred 1^, conseiller honoraire à la
Cour d'Appel d*Aix. 12 mai 1908. 40, rue Espariat.
M0UGINS.R0QUEFORT (comte de) Charles, Docteur en Droit
Associé régional le 11 mars 1890, membre titulaire le 26
janvier 1909. Cours Mirabeau, 46.
Bagarry Paul, avocat Associé régional 12 janvier 1909.
Membre titulaire 1" février 1910. Cours Mirabeau, 4.
Drujon Jules, ifi, avocat, ancien bâtonnier, 23 mai 1911.
rue Frédéric-Mistral, 44*
Ferrier Raymond, amateur d*art. Associé régional, 16
juin 1896. Membre titulaire, 14 mai 1912. Rue des Arts^
eUMétiers, 2.
Louis-GAUTiER, I. P. Il, artiste peintre, le 21 mai 1912,
boulevard de VHÔpital, villa Acantha.
Cabassol Joseph, Président de Chambre à la Cour
d'Appel, ancien Maire d'Aix. Membre dlionneur, 23
janvier 1906. Membre titulaire, 4 juin 1912. Place
Jeanne-d'Arc, 8,
— 88 —
Latil Victor ^ Docteur en médecine, 18 janvier 1914. Rue
du Bœuf, 22.
JouRDAN Alfred, avocat à la Cour. Associé régional, 5
décembre 1911. Membre titulaire, 12 mai 1914. Cours
Mirabeau, 40.
Raimbault Maurice, I. P. 4^, Archiviste adjoint du Dépar-
tement. Associé régional, 11 janvier 1910- Membre titu-
laire, 5 janvier 1915. Musée Arbaud, rue du Quatre-
Septembre, 2 a.
Davin (l'abbé) Paul-Marie. 19 janvier 1915. Place des Prê-
cheurs, 10.
Revol Amédée, avoué à la Cour. Associé régional le 26
avril 1910, titulaire le 28 mars 1916, rue GastondeSa-
parta, 23.
GrÉRiN-LONG Paul, ^ ^^ ij, président du Tribunal Civil.
Associé régional le 11 juin 1912, titulaire le 11 avril
1916, rue Roux-Alphéran, 25.
Seymard Paul, ancien magistrat, 30 mai 1916, cours Mira-
beau, 22.
Closmadei'C (Urvoy de) Jules, associé régional le 19 dé-
cen)l)re 1905, titulaire le 20 mars 1917, rue Roux-Alphé-
nin, 25-
Rigaud Casimir, ^ ^ , avocat à la Cour, associé régional
le 11 mai 101 i, titulaire le 8 mai 1917, nie Roux-Alphé.
rarij 33.
Toussaint Gabriel, anci<^ii magistrat. Associé légional le
2 février 1915, titulaire le 30 avril 1918, boulevard Notre.
Dame, 57.
-89-
MEMBRES mXORAIRES
MM.
PisoN Alexandre, ^ I. P. s^^ ^, doyen honoraire de la Fa-
culté de Droit. 30 janvier 1894- Hue d'Italie, iS.
Fassin Emile, I. P. ^^, Conseiller honoraire à la Cojr
d'appel d'Aix. Membre titulaire 24 avril 1894. Membre
honoraire 11 février 1913, à Arles.
D'AuTHEMAN Fernand C. *, ancien magistrat. 1" cécembre
1914. Hue noHT'Mphâran, SSy Mx,
MouRAViT Gustave, titulaire, 8 février 1884 ; honoraire
22 décembre 1915, rue nerncx. H, Marseille.
Michel Tranquille îj^i ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées, titulaire le 10 avril 1905 ; honoraire lo '.'.1
avril 1918, rue du Qnatre-Sepiemhre, 24^ Axx.
Chaillan (le chanoine) I. P. ij, docteur en théologie,
corresponc^vint du Ministère de l'Instruction pubr.quo.
r.rsocié régional le 12 janvier 1^94 ; hcncraire le 10
novembre 1918 ; curé de Sepit^mes (B.-du-R.).
_ - %
- 9« -
Manteyir (de) (leorges, archiviste-paléographe, château de
Vlantey?r (Hautes-Alpes). 13 décembre 1898.
MiLswT .*<«'"basli('n, ij», avocat, ancioii liàtoïiiiior. Ru? Ba-
lay, l^ Saint-Etieiii o. 19 mars l'JO!.
Di.uNARD d'Attanoî.x (ct)i]ito) Hoiii i, I?-, avocat, anjcion ma-
gistrat, rue Palcrrno, 2, Nice, 14 mai 1901 (décédé le
12 ac iV- 191SV.
Ckr!\ TlicARD (comte de\ I.P. i\ nu^ Wulfraii-Piig^t. M. '-
seille, 4 mars 1902.
MoNCL'.R (de RiPERT ivarquis de} François, C îjfc. uiinistrr»
plénipotentiaire, en retraite, au château d'Allenîagi:^,
près Riez- 18 mars 1902.
ViLLKNETVE-EscLAPON (marquls de) Christian, O. ►vj, ancion
disputé, Rue de Prony. 75, Par s, ot à Valons )\q (Basycs-
Alpes). 7 juin 190-i.
LiKiTAiD Au.^usto, président de la Société dos Amis d:i
Vieil Arles, à Arles. 30 janvier 1906.
CoTTK Charles, licencié en Droit, notaire à Portuls (Vau-
du. o). 2t avril 1906.
CiAFFARrx Paul, professeur à la Faculté dos Lettres d'Aix.
Rue Paradis, 295, Marseille. 19 mars 1907.
Tavernii.r Edouard, avocat, docteur ou droit. Rue Fian-
ç )is I", 162, Paris. 19 mars 1908.
LiiFÈVRK Ednjond, hil)liographe provençal, rue Lafayot'.o, 7.
^^ars?il]o. 22 décembre 1908.
Brémcnd (l'abbé) Henri, 3i, place des Prêcheurs, à Aix-
16 mars 1909.
Sn.aKin ,lcsé, ^, artiste-peintre, à Marsoillo. 1" février
10!0.
— 92 —
Pascal (le chanoine) Adrien, I. P. Il O. i|e, doyen honoraire,
aumônier des Hospices, 16 janvier 1912, rue Jacques.de-
la-Roque, 28, à Aix.
DE Mazan (de FeU^re, marquis) Joseph, docteur ès-sciences^
rue Roux-Alphéran, 35, à Aix. 11 juin 1912.
Dumas, professeur à la Faculté de Droit, 31, rue des Cor-
deliers, à Aix- 11 juin 1912.
Faldrin Marius, professeur d'agriculture, rue du Trésor, 2,
à Aix. 11 juin 1912.
BouAT, I. p. fc^, boulevar.l du Roi-René, 58, à Aix- 29 avril
1913.
•Helin Henri, avocat, cours Gamhetta, -iO, à Aix, 20 mai 1913.
BrsQiTT RaouJ, Jè^, Archiviste en Chef des Bouche- '\\i
Rhône, rue Sylvabelle, 2, à Marseille. 8 janvier 19U.
JiLiKN Fortune^ ^, ancien professeur à TEcole d'Arts et
Métiers, traverse Bressier, 16, à. Aix, 12 mai 1914 (décé-
dé le 18 juillet 1918).
Eymard Léon, { , avocat à la Cour, rae du 4-Se;.tenihre,
9, à Aix, 19 mai 1914.
Algoid Henri, à SaintrCyr-les-Lèques (Var). 13 avril 1915.
Coq Victor, ^, ingén'eur, rue Mazarine, 4, 28 mars 1916.
De Savy (Teissier) Albert, rue de 1 Opéra, 24, 2 mai 1916-
TROun^LET (Le chanoine H.), curé-doyen à Pertuis (VaucL),
6 juin 191G.
Dî RAND Bruno, an-^luvip/e paléographie, rue du 4 Sept?m-
bre. à Aix, :>i avrl! 1917-
CoNTENCis Jules, avixaî à la Coar, cours Mirabeau. 13, à
Aix, 15 mai 1917.
D'.Arbai D Joseph, rttérateir, à Moyrargues (B.-du-R.),
22 mai 1917, ot Cours Miraboi;i, à .\ix-
-93-
Sauze Lucien, professeur à TEcolô d^Arts et Métiers, rue
des Cordeliers, 31, à Aix, 5 mars 1918.
SiLVESTRE E. F., I?, professeur à TEcole d*Arts et Métiers,
cours Mirabeau, 3, à Aix, 30 avril 1918.
Rampal Auguste, avocat, boulevard Longcbamp, 72, à
Marseille, 28 mai 1918.
LoBiN Georges, ingénieur-constructeur, Chemin de Vauve-
nargues, à Aix, 21 janvier 1919.
Martin Etienne, U, artiste-peintre, rue Montaux, 14, à
Marseille, 28 janvier 1919.
AuBERT Victor, docteur chirurgien, Chemin de Saint-Ju-
lien, 68, à Marseille, 18 mars 1919.
DucROS Edouard, avocat, artiste peintre, place Jeanr.c-
d'Arc, à Aix, 25 mars 1919.
Chaix Maurice, ancien magistrat à Riez (Basses- Alpes).
25 mars 1919.
RoNDEL Auguste, bibliophile à Marseille, 3 avril 1919.
MÉDAN Pierre, Il ^ , professeur au lycée Mignet, avenue
Victor-Hugo, 9, à Aix, 8 avril 1919-
-.9i-
«- ■ -\ " ....... <
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
MM.
Lavollée Paul-René, docteur ès-lettres, ancien consul géov»-
jal, boulevard Haussmann, 162f, à Paris. 25 avril 1870.
Millien Achille, lauréat de l'Académie Française, à Be.^.!•
mont-la-Ferrière (Nièvre). 16 décembre 1872.
Faisan Albert, à Saint-Cyr-en-Mont-d'Or, près Lyon. 14
mars 1876.
Bellet (rabbé), à Tain (Drôrae). 12 décembre 1882.
Lanéïy d'Arc, Pierre, docteur en droit, procureur de la
République, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Asso-
cié régional 12" décembre 1887, titulaire 8 mars 1892, cor-
respondant 7 juin 1904.
Cottin Paul, bibliothécaire à l'Arsenal- Avenue Henri-
Martin, 44, Paris. 11 juin 1888.
Proal Louis, conseiller à la Cour de Paris. 6, rue Charles
Divry, IV'. Titulaire le 22 décembre 1891, correspondant
le 15 décembre 1896.
Tourtoulon (baron de, marquis de Barre), Pierre, docteur
en droit. Château de la Fuste, par Valensole (Basses-
Alpes). 12 janvier 1897.
Hulot (baron), secrétaire général de la Société de Géogra-
phie. 41, avenue de Labourdonnais, à Paris- 11 mai 1897.
Moris Henri, archiviste des Alpes-Maritimes. Villa Moris,
boulevard Dubouchage, à Nice- 19 mars 1901.
-95-
Tasset Jacques, à Molosme^Tonnerre (Yonne)- 9 juin 1903;
Poitevin de Maureillan (de), 0-^, colonel en retraite, con-
servateur du Musée d'Hyères (Var). 15 mai 1906.
Julllan Camille, membre de Tlnstitut, professeur au CoUè-.
ge de France, 30, rue de Luxembourg, à Paris, 2S mai
1907.
Lacour-Gayet Georges, Membre de Tlnstitut, rue Jacob,
46. Paris. 10 décembre 1907.
Nolhac (de) Pierre, Conservateur du Palais de Versailles,
à Versailles (Seine-et-Oise). 2 juin 1908.
Labande, Conservateur des Archives de la principauté de
Monaco. 19 janvier 1909.
Dienne (comte de) Edouard. Château de Servilly, par La
Palisse (Allier). 19 janvier 1909.
Barthélémy Jules, Rédacteur au secrétariat de Tlnstitut,
au Palais de l'Institut, Paris. 16 février 1909.
Marlot Hippolyte, géologue prospecteur à Martiny, par
Marmagne (Saône-et-Loire). 9 mars 1909.
Maurin Georges, avocat à Nîmes (Gard). 11 janvier 1910.
Matter (l'abbé) Joseph, curé de Gebenhauser, par Putlan-
ge-les-Forbach (Lorraine). 10 mai 1910.
Sapy (le père Thomas), rue Barthélémy, 37, à Marseille.
13 décembre 1910.
Boy Charles, rue Sainte-Catherine, 12, à Saint-Etienne
(Loire). 21 février 1911.
Chaperon (l'abbé), curé de La Martre (Var). 21 février
1911.
De Brun, Pierre, receveur des Domaines, à Saint-Remy
(B.-«6u-i^.). 16 mal 1911.
Reynald Georges, avocat, conseiller général, sénateur de
TAriège, maire de Foix. 12 décembre 1911.
-96-
De Vogue (le comte) Raimond, rue François-Ponsard, 12,
à Paris. 16 janvier 1912.
Hallays André, publiciste, à Paris. 6 février 1912-
Bernard Valère, artiste peintre, capoulié du Félibrige,
quai de Rive-Neuve, 15, à Marseille. 11 juin 1912-
Audinet Eugène, professeur à la Faculté de Droit de Poi-
tiers; titulaire, 17 décembre 1908, correspondant, 1" dé-
cembre 1914.
Lieutaud Victor, ^, ancien bibliothécaire de la ville de
Marseille, notaire à Volone (Basses- Alpes), associé ré-
gional, 30 mai 1911, correspondant, 11 mai 1915.
Lorédan Jean, rue Claude-Bernard, 77, Paris V*, associé
régional, 30 mai 1911, correspondant, 25 janvier 1916.
Sicard Martial, ancien député, maire de Forcalquier, asso-
cié régional, le 11 janvier 1910, correspondant^ le 4 avril
1916.
Lafaye Georges, professeur adjoint à la Sorbonne, auxi-
liaire de rinstitut, 11 avril 1916, boulevard Raspail,
Paris VP.
Ladureau Albert, ancien directeur dos laboratoires de
l'Etat, 16 mai 1916, Palais Saint-Maurice, avenue du
Patrimoine, à Nice (Alpes-Maritimes).
Omont Henri, 0. ^, membre de llnstitut, conservateur
des Manuscrits à la Bibliothèque Nationale, 12 juin 1917,
rue Raynouard, 17, Paris XVI*.
Casedepatx Joseph, inspecteur primaire en retraite, asso-
cié régional, 12 mai 1914 ; correspondant, le
à Pau-Billière (Basses-Pyrénées).
Cadière (le Père), missionnaire à Hué (Tonkin), 4 iuin
1918.
— 97 —
ASSOCIÉS CORRESPONDANTS
A L'ÉTRANGER
MM.
Carnazza-Amari, ancien professeur à TUniversité de
Catane, sénateur du royaume d Italie. 6 avril 1868.
Typaldo-Bassia, député, ancien Président du Parlement
hellène, à Athènes. 23 janvier 1894.
Portai (le commandeur Emmanuel), membre de la Royale
Commission héraldique d'Italie. Passeggiata di Ripetta,
16, à Rome. 12 février 1895.
Da Cunha Xavier, conservateur de la Bibliothèque Natio-
nale. Rue S. Bartholomeo, 12, à Lisbonne (Portugal). 11
décembre 1900.
Satta Salvatore, membre de la Société Philologique à Ro-
me. 26 mai 1903.
Gàvànescul J., professeur à l'Université de Jassy (Rou*
manie). 9 juin 1903.
Padula (le commandeur) Antoine, secrétaire général de
la Société Luigi-Camoëns. Via dei Fiorentini, 67, à Na^
pies- 17 janvier 1905.
Wallenskiôld Axel, professeur de philologie romane à
r Université d'Helsingfors (Finlande). 26 avril 1909.
Santoro Domenico, professeur à Tlnstitut à Chieti (Na-
pies). 1~ février 1910.
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IsâT-t -4a.-
Bi&» GlILUBERT.
J CARASSOI.
JN, Imp, d« l'AcMUmk, r»« ^tfntfrf w. — AIX-EN-PROVENCE