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I
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BCU - Lausanne
llllliillii
VOYAGE
LES DÉPVtftlïMBSS'DtJ NHDI
HE EA>H6â3<fe^!
TOME III.
HDAYOY
Chez l'Editeur TOURNOSEN fils, Libraike,
T T I ïï M.n T
VOYAGE
DANS i '
LES DÉPARTEMENS pu MIDI
•DE r A FRANCE;
Par AvBlN-Lovis MILtIN,
Membre Je l'Institut «c île la Légion J'honneuc, CoMcivatpur dei incdaiilfs.
Je) pierrej giivée} et dw aniii]ue) it la Bibtf<'((icq<iF impéiialc , Pwleistur
d'aDÙ<|uités , Membre de la Société royale dei idencei, de Goiilingue, Je
'l'Académie italienne, de celle dei curieux de la nature à Erlang. dei r^cicnces
pbytiqiiei de Zurich , d'biiroire naiurelle et de nihécalogïe d'léni,de l'Aca-
ilémie royale de Dublin ,de la Société linn^nne de Londres, de l'Ai^diîmie
impériale tri nafiitaliste) de Moscou , de l'Académie leyale des antii|uii*B de
Copentague; det Sociétés d'histoire naturelle, philomathitiuc . i^lvanïque,
celtii(iie . médicale d'émulation .de l'At^née des arts.4e Paris ; des AcaiUmiei
CI Sociétés dex sciences de Tqrin.Lyon , Ro»en , AbbeifiV. Bouiojne . Poitiers ,
Niort. Nimes, Mar^ille. Alenton, Caen, Grenoble , Colmar. Nanci, Gip,
Sttasbgui^, Miyenee, Beunjon, Nantes, Soisjons, Lille . &c. &c. &c.
TOME m.
A PARIS;
DE L'IMPRIMERIE IMPÉRIALE.
M.DCCQVÎB.
i y3d
VOYAGE
DANS LES DÉPARTEMENS
DU MIDI DE LA FRANCE.
CHAPITRE LXX.
DiFART dfc Niée. -^ SaIMt-Laurîënt. — Le Var. ^
L'Anguille est prise par les Anglois. -^ Nmisli. —
Gagnes. — Château. — Peintures. — Cérémonici
des fiinéraîHcs. — La Colle. — Saint-Paul; —
Vence. — Inscriptions. — Taurobole. — ■ Sarco-
phage thrélien. — Coloiines données par les Aîaisilii,
— Fontaine.' '— Ihscripiion provençale. — Ttmplicn.
^<- Commerce.
JNiCE devoil être le point le plus éloigné de noire
voyage ; Gènes ne &isoit pas alors parrie de l'Ëm*
pire français , d'où il n'entroit pas i
sortir : nous songeâmes donc au n
vbité toute la côte de Marseille; r
nir par la mont^ne : nous nous
Braves matelots ( i ] ; et l6 22 juin nous ptîtnes
(1) Nouï n'avions eu qu'à nous loiier de leur complaisance, ds
leuc pRjbhé « de leur tfonnc conduite : leur chef, M. Roussel,
lieutenant des cîouanes, eit un jeune homme actif, hrave et In-
telligent, qui probablement a reçu auiouid'hui ravanceraent qu'il
Tome JII^ " A
a CHAPITRE LXt.
des mulets pour nous rendre à Grasse. II y a une
toute plus directe et beaucoup plus courte; mats
notre intention étoîi dé passer par Vence, parce que
cette ville renferme des monumens antiques.
Le chemin jusqu'au pont du Var est très-bien
entretenu ; et la mer, que l'on a constamment à sa
gauche , forme un agréable coupHTceil. Après une
heure et demie de marche, onarrive à Saint-Laurent,
où l'on fait un excellent vin muscat : c'étoit autrefois
la limite du comté de Nice; c'est aujourd'hui celle
du département des Alpes-Maritimes.
Le Var étoït a]>pelé par les Romains Varus, nom
qurest probablement celtique. On regardoil ce fleuve
comme la limite entre la Gaule et Tltalie , en con-
fiindant avec cette dernière la contrée au-delà des
Alpes-Matitimes qu'on appeloit Hespérîe, Il prend
la source dans le département des Alpes-Maritimes:
voy ois à Marseille, par cette occasion , les minéraux, les plantes,
Ici insecte* ^u< noiu 2vi«iu recueillit : tout a. été pris par let
manière) sans. être dangen^use» ay<Mt qudque cfaosa
d'eâfra^ant ,à . caute . de la largeur du fleuve , qui^
en cet endroit, a huit cents mètres (i), et de la
rapidité de s6n cours ^ On fe passe aujourd'hui sur ua
mauvais pont de bois. II est probable cpi'apràs avoic
terminé la nc^yelle. iHXite dltaliepar Gènes, on en
construira un en pkrre ; ce qui âcBiteca le roulage je£
augmentera le CQfiiméitie de Nice : mais, tomme il
faut toujours qMù le .mal se mêle au bien^ ie coâin
mexi^ de Gf tfssf pcfurra ^n soufirin .
Après avoir travçi^é le ileuv-ç, on est sur le terri-
toire des ^ncieiQ5\A^<r7:vw%, cités dsUis l'inscription du
trophée d'Augfiste k h Turbie (2). Bientôt on arrive
^ Cofftes, vttfage dom le sol est presque entière-
ment recouv^t de cailloux roulés g ex est arrosé par
une petite rivière^ du même nom. Qn y cultive du
blé ) des vigoies et d^ oliviers. Lé^ chemins qui con-
duisent k ce village /$oat bordés d'aloès et de gre-
nadiers : les rufô.sçnt.salé^ et . étroites, et les mai^
sons mai bâties ; mais on doit s'y arrêter pour voir le
diâteau qui apparteQ<^t autrefois à |a famille Gri-
maldi. La cçur de ce bfzarre édifice est si petite ,
qu'une chaise à porteur ne pourroit y tourner sans
qu'on en ôtàt les bâtons; et cependant elle est re*
vêtue de marbre : l'escalier lest aussi tout de marbre
Il ■! i imttmmmi*m»mmiimi9mmtmÊÊm9fmmmi0mammmmmmmmmimm
(i) Plus de 2450 pieds,
ti) To«cH,pagej8i, ,
-> <"
4 CHOtPITftE "LXX.
aaipté en aiabèÈqae; jla rompe est sbattaïue par de
gros baUistres lAe tout présente un ensemble aussi
massif que pourrait l'être un esoilier de Versailliâ ou
de qudque aatn: grande maison r&fBie. Ces <ïé-
gsés ne ctmdais^' ceptendant qu'à des Mlles d'une
médiooe gràndear et d'une distnbuti(»l^ peti com»
mode. On vani« k cAare de PAoétin qui tii peinte
^ûr le plaËmd du> salon : f'histoim oitière du fils
d^ApoHoa et de Clymène eKt r^résântée àwM <des
médaillons qui entourent le ^SHJell prihcipâl, et le
tout est soutenu .pu des^tëltitii&ds." On ataibue
cet ouvrage à Carhne , auiear du plafond de l'église
de l'Ànnonciade à Cènes ; il ne nous a pas pani
mËric^ la réputation dont il "jouit. t>es arti^teurs
t^étoient emparés de ce beau salo» pour j joi^r la
Comédie; le tfiéitre étoit dressé, eltoi-né de décora*
■rions de papier-: i'eSpoir dy vw exercer les taleiis
déCagjitfes rte put cepen-
Xrgét ùotre s^our dans ce
is d'une' cérémotiife inté-
resse, qui, par son pei
pHson ou d^ tombeau,
aprfle.où l'on célébrdît Ift
messe, i^usKUifs en&ns à geïiOiiz et formant uii
cercle ; chacun d'eux tenoit à la main un cieige.
Nous crûmes d'abord qu'on étoit à l'élévalion de
l'hostie, et que ces cierges avoîent pour objet de
r
rendre plu^ sçleniidi çç momeiiit d]^ saiut iaQ^i§çe {
iiou$.;i{>prQ€^âmes ^ et nçms, vîmes sur |e çafre^ ^9$
pçtite bière . garnie de^ linge Uanç , ^ms iaqu^
étoît unjoli en^nt enveloppé d'un tinçeul de milme
couleur , et couronné de roses çt.cte fleprs odorante^.
La simplicité nslïve de cette céréjp;)Qnie fiin^rç » qiM
contra^tQÎt avec l'obscurité diji li^ où elle se «é|ér
broit , nous causa une vive émotion. Le même usag^
est suivi dans presque toutes fer viBes de la Pro-
vence. On répand des feuilles de lierre sur les corps
des jeunes filles ; les personnes mariées sont ense-
velies dans des draps noirs.
Le chemin, en sortant dé Gagnes, est bordé
de petites collines agréablement couvertes de bois :
on nous montra à gauche , dans un enfoncement ,
un village appelé la Coite, dont le territoire produit
des orangers en pleine terre dans des lieux abrités ;
et près de ià Saint-Paul , petite ville entourée de
vieilles foriificarions ,dont TefTet est pittoresque : non-
seulement les orangers y prospèrent aussi , mais la
canne à sucre y passe Thiver sans précautions ; on y
récolte^ un vin justement estimé dans tout le dépar-
tement. On distingue Grasse dans le lointain.
A neuf hewes nous étiom à Venee , appelée
par les Romains Vmia et Vintium Nirusiorum (ij.
Cette ville, bâtie sur un banc coquîHîer où fon
( I ) Cette viiie conienoit des magasins pour rapprovisionnement
lïcs armées, puis(|u elle est encore appcioc Vifitim Horreum Citsaris,
A ^
.6 CHAPITRE LXX.
trouve quebfues fossiles agatîsés , étoît sous ' Ie$
Romains la capitale des Nerusii , et *elle conserve
encore quelques monumens antiques : ce sont, en
général , des inscriptions^ qui ont été scellées dans
les murs de la cour de Tévêché , où nous nous ren-
dîmes. Plusieurs ont été publiée^ , mais d'une ma-
nière inconecte. La première ( i ) , jdacée près d^
f église , est en forme d'aûtel.
i:
XT
J
)
^m
(
P. CpÇNEHO
LICINip . VALE
RIANO NOBILIS
SIMO CAES.
PRINCIPI IVVEN
TVTIS
NEPOTI ET FII.IO
D D NN VALERIA
J4I ET GALLENI
AVGG . ORDO
VINTIENSÎVJ^
V
V
J
A Puhîitts [%) CortifUus Licinius Valçrianus {^) , trés-mofle Càar,
(i) Papon, Histoire de Provence, t, loi,
il) publia,
(3) ^^ prince est celui ^ui est vulgairement connu sous Iç
CHAPITRE lîCît. 7
]^nce de la jeunesse, petit-fils et fis de nos seigneurs (i) Vdérîeu
tt Cnllien (a) Augustes (3), Vordre dfis Vintienses (4).
La suivante est inédite.
IVLIVS MARCIA
NVS AVRELIE SABI
NILLE CONIVGI
MERENTISSIME FEC
ET MAXIMIA QVIN
TINAVIVIA CORNE
IIES SAfilNELLES
SVE iPIENTISSIME
F E CIT
EN NIA FVSCINA
VIVA SIBI
FECIT
(7}
. Julius Marcianus à Aurélia Sahinilla, i^nse très-méritante; eâ
Maximia Quintina, de son vivant {^), à Comelia Sahinilla (6) sa
file, qui la ehérissoit,
ir II r T — ^— — — — — ^^■~^— — ^.fa^— — ^— ^— i^MMi»^— — ^
nom de Valerianus le jeune, et plus souvent spus celui de Saloninus.
li fut nommé César i'an de Rome 100^, 253 de J. C, par son
pcrc , qui étolt aiors dans les Gaules; et c'est probablement
à l'époque de cette nomination, et pour ia célébrer, que cette
inscription a été faite,
(i) Dominorum Nostrorum,
(2) CALLENI , par erreur, pour G ALLIENT. '
(3) Cette inscription confirme que Saioninus étoît pctît-fiis
dç Valérien et fils de Gaiiicn et de Salonine, ainsi que GrUTER ,
Jnscript. CCLXXV , j , i'avoit déjà établi d'après une autre inscrip-
1
ticMi.
(4) ORDO viNTlENSrUAf,Ondoi%so\iS'enteTïdrcdesd/curiont.
Nous avons vu que ce corps étoit chargé de l'administration des
villes. Supra, 1. 1, p. 430. .
(5) VJVIA pour K/Kw4, par erreur.
(6) Probablement çorNELIES sa^IN^LLJ^S est là pour Cor*
nelia Sahinilla»
(j) Bouche, Ch9r. df Provence, 1. 1 , p. 184.
A 4
L. VE^iV?>IVS
VALERIANVS
DEC. VINTMAG f^
ET SACERDQ
TIO FVNCTVS
SIBI ^E VIBIAIÇ
l MVCI FH
PATERNAE
VXORl
VIVI S . F
W^m
î F " 1
Lucius Vehdius Valerianus , décurion dt Vence(i), ayant rempli
l es fonctions de magistrat ei de prêtre (2)^ À lutet âscn^ouse Vîhia Pa-
tema, filk de Mudus (3 ). //& ont fait ce monument de leur vivanti^4)*
D. M.
IVCVNDILL
A ]yiAT. FH.IO
ONE SI PH 0 R
0 FIENT VIVA
FEÇ JT. y. A. XX W
•
Ce monument (j) a donc été fait pour Onesî-
phore, âgé de xxv ans, par sa mère Jucundilla^
pendant qu'elle vîvoît.
■■ — f > ■■
(i) DECurio VINTia,
(a) MAGistratu ET SACERDOTIO,
(3) MUCliFilia,
(4) VJVI Sibi Fecerunt.
(5) Bouche^ Chor. de Provence, 284»
/
eHAflTUf LJXXp
9
IDAEAE MATRI
YALERIA MAR
CIANA VALE
RIA CARMO
aNe et CASSI
VS PATERNVS
SACERDOS TAV
RIPOLIVM SVoSVH
V CELEBRAVERVNT.
(0
^
i4 la. mkt Uànnt-, Valerui MoHiaiui, Vaima CanmêMîé efCu^
slus Patenm , f^trc ont célébré ce tauroioh à leurs fids (2],
^i"«p
IVHO EYGE
. NIjO
IVLIVS CLE
MENS ALVM
NO PIENTIS
SIMO FECtT
(?)J
^^^
D- i^ M.
MAECI.A
MAECIANI FIL
VALERIA
yiVA SIBI. FEC.
n J(4)
(i) Bouche,. 1. 1 , p. 59.
(a) Les corémonies d'uivtaurobob devant exiger dks inkt assai
considérables, il y a encore, beaucoup d^auties) «cempies d*asso-
ôatioB de plusieurs personnos pour cet «ac de retigîon.
(5) Bouche, Ckcr,^ Provence, ^84.
\Â)ldem, 283.
4
%à
CHAPITRE LXX;
l
MARTI VliTl»
r
M.RVFÏN1VSFELIX
SALIiiiiI VIRETIN
COLA CEMENEL
ExVoToS
]
M
'Au Mars Vintien {i) , M,4lufinus Félix de Saline {i), sévir (4)
et habitant de Cemenelium , pour l'accomplissement d'un vœu,
A la suite des inscriptions scellées dans le mur
de la cour de l'ancien évêché, est une pierre de
m^m»
(i)GrùTER, LVIII, 8, incorrecte; MURATORI, XLV, 5, de
même^ SPON, Aîiscell. 93; id. Ignot, Deor. Ara, 31 j hlCZT.dt
Ldpid, ; Maguriï, DivinatJn Miscel Ital. t. II , p. 228 ; Keysler ,
Antîq, Sept, 445, incorrecte; CLUVERi ItaLant, 6j\ JOFREDI,
Nicaa civit, 10, incorrecte; BouCHE, Chor, de Prav, 28?; BOU-
QUET, Script, rer. Gatt. t. I, in Exe. G RU T. 136; Maffei, Ars
crit, lap, 280 ; DONAT, Suppl. ad Thesaur. MURAT. 25, 2;
PapON., *Hist. de Prov. I , i o.
(2) C'est-à-dire , des habitons de Vinùum [ Vence ]. On a beau-
coup d'exemples des surnoms donnés aux dieux d'après les lieux
où iis étoient adorés : ainsi l'on disoit Junon Argienne^ Apollon
Sminthien, &c,
(3) SALiniensis, né à Saline, Bouche pense que le lieu appelé
Salina, dans le territoire de Suetri , étoit Castellane; mais ies
raisons qu'il rapporte ne sont pas concluantes. D'AnvHIe conjec-
ture avec plus de probabilité que c'étoitSeiiians» près de Faïence;
mais ii n'y a là-dessus rien de certain. "'
(4) ////// VI R, Augustalis est sous-entendu , ou le mot sévir
doit seulement s'entendre de l'un des six magistrats chargés de
l'administration de la vilfe.
/
/
CHAPITRE LXX. \é
trente - cinq pouces de haut sur quatre pieds dix
pouces de large , ornée d'enroulem^ns qui forment
dix - Iiuit cadres remplis de rosaces , de colombes ,
d'étoiles, d'ancres, &c.; dans les interstices, il y a
des grappes de raisin , des feuilles , Slc. : au*dessus
«st une pierre <:arrée , de vingt-deux pouces , qui
porte la figure d'un aigle debout , ayant les ailes
éployées. Les colonnes qui, dans Pégibe, entourent
le chœur, sont décorées de pareilles sculptures.
Le devant d'un autd de cette église qui est dédié
à S. Lambert, offre, sur une dalle de pierre froide , '
les vers $uivans , gravés en lettres à-peu-près sem-
blables à celles des inscriptions de Sens ( i ) :
DTSCAT QUI NESCIT, QVOD EPISCOPUS HIC REQUIESCIT
I^OMINE LAMBERTUS, MULTA BONITATE REFERTUS,
QUIQUE QUATERDENIS HUIC SEDI PRiCFUIT ANNIS :
NON HUNC EREXIT RES BLANDA NEC ASPERA FLEXIT.
FARCAT PECCATIS ILLIUS FONS PIETATIS,
ET LUCESCAT El LUX PERPETUEE REQUIEI.
Que celui qui l'ignore apprenne qu'ici rq^ose un fvêqne nommi
Lambert t recommandable par son extrême bonté, qui a tenu ce si/ge
pendant quarante ans .- // ne se laissa ni enorgueillir par la prospérité ,
ni abattre par l'adversité. Que la source de piété lui pardonne ses
péchés, et que là lumière du repos étemel brille pour lui.
Le devant de Tautel de S. Veran, qui est auprès,
(jj TomcL*%p. 87 €t 130.
' .jJT •
L-3>ii»fc. » ...i. . .~ '"^,JS'**,^3^^. - I '1 %fci
Af CHAPITRE 1.3{X.
fit composé é0 h pvtîe aBiténeure d'w s^rcopîi^ge ,
dfvhée en trois ci^F<é$. Sur celui du roUieu, ron voit
cbns ^ne conque i^ buste d'un homme et celui d'une
femme ; à chacun des deu^ angles $upérie\ir$ est un
triton sonnaftt du buccin. Au-dessous de la conque,
h gaudie , il y a deux génies : l'un ^Hent dans }a main
droite un masque comique , doU^t il se couvre le
yisiige ; l'autre , placé devant çelui'ÇÎ , sur un plan
moins élevé , a son masque pa?ès de lui. En face ,
on distingue un autie génie mutilé , en qiû n'a plus
de mains ; derrière ce géjaie est i'entrée d'une grotte
sur laquelle est perché un oiaeaa qui bipcquète une.
grappe de raisin.
Les deux petits côtés ont été ^ciés et placés au
bas : ils offrent chacun ïa figure d'un homme barbu ,
enveloppé dans son manteau, et représenté jusqu'à
mi-cuisses.
On trouve encore dans l'église ces deux fragmens
€pxî paioissent avoir appartenu à une même ins*
cription ; l'un d'eux indique qu'il y avoit à Vence un
aqueduc.
° ô "^
|,v
^F A V E NTI
\ l
jî V M S TR^;
4 r s M Ç^ CL
I AQVAEDV
CHAPITRE tXX; I5
Dans h bàsse-coùr de fâ itaîsdn commuïW , on
fit (i) : - T
IMP • CAES .
M. ANTO N I Ô
GORDIANO PIo ^EL
ATO, pont. MAX.
TRIB. POT. lî. PP. GOS,
CIVIXAS VINT. DEVO
TA. N y^ INI MAIES
TATIQVÇ EIVS
'
>"
^
.i
(i) SpON, Mise, 202; MURATORI, M^CiilV, 6\ Dictionn. encycL
tXVII, p. jfoj IkK^^^^C^l.^Mii, >9i Bouche, CA^tt. ^<
Provence, 5^9. .î.
Otte mscription h*à pas besoin d^cMpitcatf on : Fhidîcation
^u second consulat apprend qu*elfe a été fartb en l'honneur ée
Cmiiett III; *on père n'a régné <ju'un mois et demi. Elle doit
(tre de Vtn de Rome 992 , et 2 39 die J^ C. Atiquei sn rapport* itL
seconde année du règne de Gordien-Pie.
^■feML^^W.' " -"
"^'>*^>«»^--'>«
.ikn.M
ni CHAPITRE VXXé^
Dans un itwr qui ^oime sur la rue» près de la
maison commune , on lit l'inscription suivante :
-
QVIN
T F PATR
E
M ATRI
PlISSIMAE
G R AE C I N K
C F
MA R C I
N A
EXT P
D
D D
Nous vîmes deux colonnes qui, selon la ti^ditiôil ^^
ont été apportées de Marseille. Elles étoient autre-
fois enclavées dans le mur près du principal autel
de la cathédrale. L'une de ces colonnes , qui a neuf
pieds deux poi:fc:es de hauteur et dix-sept pouces de
diamètre , est posée sur une base de pierre dij pays
dans la place dei'ancienr'cimetière. A. la partie supé-
rieure , on lit (2) :
MASSILIEN
s I y M
DEDICANTE
PROC. AVG. EX '
MARITIMARM ,
L'autre colonne^ qui a la même dimension , étôit
>!■ M
•tmtlmtm
(i) Cest un frAgtnçot:;ai|>si terminé :,QÇJNTi Filio pATRi
Et MATBI PIISSIMAE: GRj^CINA Cail FiliaAiARCIl^A EX feSr-
tamentopositum Dedicavit Décret 0 Decurionum , ou ùedit Dedicavîu
(2) JoFRÉDl, Nîcaa\ cipltas. Entre ia seconde et îa troisième
ligne» H y a une dietance è^peu*p'rès suffisante pour pouVoir.y
placer une ligne.
CHAPITRE tXX. If
à nuMtîé entarrée dans la cour delà maison commune,
et i'on n'y voyoh pas d'imoription ; nom ia fime$
jetourner, et nous y lûmes :
CVRANTE AC
IVL. HONORATO
PP. PRAESID. ALP.
Ces trois lignés paroissent se lier aux trois der-
nières de la colonne précédente , en les plaçant à
gauche , de cette manière :
MtBtUfMM
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1
1
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I
«
8
CVRANTE AC
IVL. HONORATO
PP. PRAESID.ALP
MAvS^ILIEN
ÇIVM
• • • •
DEDICANTE
PROC. AVG. EX
MARITIMARVM.
^ii ^ r^B 1^ v'^ vsa V
Umitfs da territoire ( i ) iies Marseiiiois , par les soins de Julius
Honoratus, procurator d Auguste, un des préposés à la défense des
Alpes maritimes (i);
(i) Il paroît qu^on a coupé une portion du haut de ia colonne
"k gauche. Il y avoit probablement , à Tendroit qui répondoit à la
ligne où on Ut Massiliensium , ces mots finis agri ou terminus agri^
fin ou limites du territoire des Marseiiiois : c'étoient des bornes
posées par l'autorité du magistrat,
{%) kfs prapçsitis PR^siDiç, .
i^»^iM.£.-«— L,
\
1^ CHAPITRE LXX.
Depuis notre d^att, on a encore tnmvé sur la
piaœ devant la paroisse , rkiscription suivante, en
forme d'autel : elle m*a été envoyée par M. Bouyon,
maire de la ville , dont nous avons reçu Faccueil le
plus obligeant.
I.' - .' I
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ïMPpCAESo
DIVI X? ANTONINI
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A l'empereur
CHAPiTttE tXX. 17
A i'empereûr Casar , fib du dii^in Antonin (t) , pttît-^b dt,
^ihnn Sévère (*), Marcus Aurelius Antoninus , pieux (3) , heureux (4) ,
Auguste , jouissant de la puissance trièuni tienne pour Id troisième fois ,
tottsul pour la troisième fois (5 )*, père de la patrie,
La vflle d^ Vence est noire et mal bâtie : cepén^
dam ia grande rue , ombragée par quelques grande
ormes , et arrosée par un ruisseau d^une eau daîre et
limpide , offre un lieu assez frais et assez agréable ;
c'est là que les habitans de la ville se rassemblent pen**
dant une grande partie du jour. Auprès est la place ,
au milieu de laquelle est une fontaine d'une formé
assez pittoresque. Le grand nombre de ces fontaines
répand une sorte de vie dans toutes les villes de la
haute Provence : elles sont ordinairement formées
cTun grand bassin à hauteur d'appui , au milieu duquel
\
(1) DIVI ANfONiNt F 1140, c'çst-^îrc; iîl$ de Caracalla.
Ceiuî-ci, fiïs de Scptitnc -Sévère et pctit-fils de Bassianus, tvoit
pris ie nom ^Antùnin pour plaire au peuple.
(2) DÏVI SEVERl NKPOTI,Vw<{\JLtAzg3k^t'pcCtiO\t \t titre
de fils de Caracaliài il devoit être le pedt-fih de Septime-Sévère ,
père de ce prince. Les mots divi ont rapport à ce que ces deux
princes étoient morts et déifies.
(3) P/a Caracalla etÉlagabale^ connus par leur insigne mé-
clianceté> prirent ce surnom d* Antonin, quW appeloit le pieux,
comme on dit le bon Henri,
(4) FELici. Commode est fe premier qui ait ptis le surnom de
Ftiix par un décret du sénat,
(5) Le troisième consulat d^ÉIagabale s*étend à fa moitié de la
troisième et de ia quatrième année d^ son règne; mats lés mots
TRiBunitiâ POTestate II ï annoncent que cette inscription a éré *
faite dans la, troisième aimée, Tan de Romr 0731 et 220 de notre
Tome IJl, ' B
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l
l8 CHAPITRE LXX.
s'élève une pyramide contournée d'une manière un
peu gothique, d'où jaillissent quatre ou six filets
d'eau qui tombent sans cesse dans le bassin ; cette
eau en sort par un trou, et forme des ruisseaux qui
lavent les rues, les rendent plus saines, plus propres,
et répandent dans Tair une douce fraîcheur. Cette
fontaine est le rendez- vous de toutes les femmes,
comme le lieu ombragé est celui des hommes : on y
va , à tout moment, puiser pour les besoins journaliers
une eau claire et toujours fraîche , qu'on boit avec dé-
lices sous ce ciel brûlant. Le bruit régulier et étour-
dissant du battoir s'y fait continuellement entendre ;
pendant que l'une lave son linge, l'autre nettoie ses
herbes potagères ; le muletier qui traverse la ville , y
fait désaltérer ses patiens animaux. C'est 1^ que se
débitent toutes les nouvelles , qu'on apprend les ma-
riages , les décès , les querelles de ménage et les rac-
commodemens. Autour de la fontaine de Vence
nous lûmes cette inscription provençale :
LA PRESENTO BASSINO. ES ESTADO. FACHO PER.
MESTRE. lANNON f AVCON. 1578 ET LOVTERS AOVST.
feRON. COSOS. ANTON I. ISNART. LAMBERT MARS.
ÏT. LOIS. lOLlAN. TRESAVRIER.
Cette fontaine a été faîte par maître Jean Faucon , le ^ août i//S/
Antoine Isnard et Lambert Mars étant consuls , et Louis Julien
»
trésorier.
Ces eaux pures, fraîches et salutaires, rendent le
f
CHAPITRE LXX. 19
séjour de Vence très-saîn. L'é vêché de cette ville étoit
un des plus anciens de la Provence, Les figues , Phuîle
et le vin sont les principales productions de son ter-
ritoire; on n'y cultive les orangers que dans la parrio
basse. II s'y faisoit autrefois un commerce de cuirs
assez considérable; mais il est absolument tombé.
Sur la montagne dite des Pénitens-Blancs, il existe
des vestiges d'un village qui se nommoii Saint- Lau-
rent. Oa trouve , dans le quartier de Saint-Martin , les
ruines, d'un château qu'on dit avoir appartenu aux
TempUers : une partie des voûtes et des murailles
est encore dans le meilleur état.
B 2
/
io
CHAPITRE I.XXI.
Route dç Vençe à Crasse. «-^Montagnes. — Terrasses.—
Culture. —• GbA3S]|^. r-^ Çpurs. ^^ Parfumerie.
IN O u S reprîmes notre routç pour aller coucher à
Grasse. A peine a-t-on cpiitté Yence, que le che*'-
min devient impraticable ; il faut sans cesse monter
et descendre : ia route a été taillée en rampe avec
des degrés comme ceux d'un escalier ; ces degrés
sont couverts de cailloux roulés , de pierres angu*
leuses , de débris de rochers , sur lesquels les mulets
mêmes ne sauroient marcher avec assurance. C'est là
qu'on pejut admirer l'instinct de ces utiles animaux :
ils sondent , pour ainsi dire , le terrain avec les pieds
de devant ; ils ne les posent qu'après avoir écarté les
galets j et trouvé sur les autres pierres une assiette
solide : le pied de derrière prend la place tracée par
celui de devant. Malgré ces précautions, ilieur arrive
quelquefois de s'abattre , et l'on est toujours en dan-
ger de tomber ; il faut leur abandonner absolument
le 5oin de sa conservation. Une injuste défiance
tourne à leur profit ; car le voyageur effrayé ne peut
guère s'empêcher de descendre dans les passages les
plus difficiles ) et de faire une partie de la route à
pied.
CHAPITRE hXXr: 3kl
On 65t dédommagé des fatigues du voyage par
la vue d^ sites extrêmement pittoresques ^ et par
Taspeet d'uJie cultufre très-singuiidre : souvent on
a d'un c6té Im précipice, de l'autre des rochers me-
naçans et susp^dUs ^ et l'on voit serpçmer un ruis«
seau d^is une joUè valiée. Mais ies fruits que pro-
duisent les vallée» , ne sUffir<^ent pas pour nourrir
la miilième partie dés habitans ; il a donc fallu con-
quérir les montagnes à ragriodture , et empêcher bt
teire végétale d'être entHaiméé par les phiies : on a
construit poiu: cela^ de dlstâifte en distance, des
terrasses ^i ia re^Ment. Cette difficulté dans la-
cultiu'e eut d^d>ord ufte heureuse influence sur l'état
dvil des habits^ de la Provence ; le» cultivateurs d^
cette contrée étoient déjà f^ôp^étaires un siècle et
demi avant l'édit de Loui^ le Hutin qui àbcJit li^
servitude en Fraâce^ Lé» seigneurs ne retirant point
de ieurs bi^iis ruraux un produit qui pût les indem*
niser de l'entifetiend^s serfs*, affranchirent ceuDc-ci ^
leur £stitt>uèrent des^ teites U charge de cens , do
lods , de banfaUté»^ et troutèi^tdans ces redevance»
un revenir supérieur kceluiqi^'ils tétiroîenf de$ champ»
qu'ils a voient concédés, ^ors leshâbitcinséetaircirent
les bruy'ères^, défrichèrent les landes ; et j*ompant le»
rochers , fls' étayèreht de leurs débrb élevés en mur»
les terrains indinés, et couvrirent la Provence d€
riches amphithéâtres. On vie peut s'empêcher d'ad^
mirer le courage et la longue patience qu'3 a ftlhl
"^
.^, I »>i«ti
r
22 CHAPITRfi LXXÏ.
pour disposer ainsi ces terres déclives , et y répandre
la fertilité ; l'imagination a peine k concevoir les frais
immenses auxquels on pourroit évaluer ia construc-
tion de èes innombrables gradins , qui tous sont
en pierres vives, et entre lesquels il n'y a souvent
que six pieds d'intervalle. Sans doute ces étonnans
ouvrages n'ont pu être faits que dans un temps où
les moyens de subsistance n'étoient pas en rapport
avec la population. Ce n'est que par des soins et
des travaux continuels qu'on parvient à les entre-
tenir : l'agriculteur n'obtient rien que de son indus-
trie. Sur chaque terrasse, on cultive quelquefois sépa-
rément, mais le plus communément ensemble, des
oliviers, de la vigne, du blé et des fleurs.
Après une route pénible , on arrive enfin à Grasse.
Cette vif le est bâtie à l'exposition du midi, sur le
penchant d'une montagne très-élevée; les rues sont
étroites , irrégulières , sans aucun édifice remar-
quable: le seul endroit agréable est le Ci^i/rj, qui est
bien jïlanté. Nul site dans le département n'offre une
aussi belle vue que celle dont on jouît de cette pro-
menade : on voit s'élever en groupes une multitude
d'habitations rurales plus ou moins embellies ; Fceil
s'étonne à l'aspect de ces champs créés par l'indus-
trie et entretenus par la persévérance. Lés îles de
Lérîns terminent cette perspective vers le point où
les regards vont se perdre dans l'horizon vaporeux
de la Méditerranée.
j
CHAPITRE tXXr. 2^
L'îndastrîe des h:d>itans de Grasse est aussi remar-
quable : ils savent ajouter au luxe d'une végéta-
tîoi^ vigoureuse, favorisée par la pureté du ciel et
la douceur du climat, celui de la culture la mieux
entendue et la plus rechcrcîiée. Il faut observer avec
quel art on tire parti des sites les moins favorables ,
comme on y assortit fes plantes au terrain , comme
on y. supplée , par la chaleur des engrais , . aux
rayons affoîblîs du soleil dliîver, enfin comme on
rend titîle une source abondante qui, naissant au
haut de la ville , arrose de chute en chute <^ les jar-
dins, les prairies, et met les moulins en mouve-
ment. Les terres , soiitenues en terrasses par des
murs construits à grands frais , forment un immense
amphithéâtre de jardins suspendus, où l'oranger, le
rosier ^ la cassie , le jasmin , la jonquille , la tubéreuse,
exhalent ces doux parfums qui , recueillis avec soin
et fixés dans diverses substances , sont exportés et
vendus dans tout l'univers. Outre les fleurs que
produit son territoire. Grasse en tite encore pour
cinquante mille francs des viflages cîrconvoisins : la
Napoufe et un village près de Gagnes hii fournissent»
douze à quinze cents milliers de fleurs d'orange. Plu-
sieurs habitais distillent chez eux , et font des eaux:
comwiunes. La grande floraison des orangers offre
un coup-d'œil enchanteur : tous les* habitans sonp
alors occupés à en recueillir les fleurs, qu'ils jettent
sur de grandes toiles étendues au pied des arbres.
b4
\
t4 CHAPITRE tXXU
Depuis long^tempsy les parfumeurs de Grasse
excellent à tirer l'arome des fleurs pour en par*
fuiper des esprits et faire des savons odorans , de^
pommades et de$ eaux de senteur. Ce commerce
est encore entrete^^ p;ir une douzaine de manu^
fàctiiriers ^ dont les pius actifs et les {Jus intelligens
sont MM< Farge<>n et Laugier ; outre les par&ms^ ik
fabricjuent aqssi avec succès des liqueur^, des pâtes ^
des dragées , et tout ç^ qui tient ^ Tart dw confiseur
et du distillateur. Mais ce commerce , autrefois si
brillant , commence beaucoup à décliner : Tusaga
des pommades et des savonnettes a, été tdiement
réduit , et la fabrication des liqueurs si bien imitée
ailleurs , que le produit de cette industrie a diminué
de plus de moitié*
II es,t ^ craindre que Grosse ne perde bientôt entiè-
leme^t cette ressource i Nice absorbera son corn*»
inerce ; aussi les b^bitaj^is de Grasse opt-Us vu avec
peine la réunion de celte vil{^ ^ I^ Fiance. On a déjk
établi ik Nice quelque^ parfumeries ; h yoîsinage 4»
la mer^ celui de la grande route d'Italie^ à laquelia
on trayailie > rendant les^ communications plus faciles
et les ports moins chers , cette ville pourra baissa les
prix et obtenir ïa préféreïice, L^avantage que Nice
doit obtenir sur Grasse > sera sur^tout remarquable
qua^d le pont sur le Var aura été bftti.
Grasse a encore d'autres moy^is d'industrie; mai«
ils 3(Hxi bien inférieurs à ses parfumeries ; ce $cm%
CHAPITRE LXXI. ij
cfes teintureries , des filatures de soie , des chapel^
lerieS) des fabriques de bourras et de sergette. On
sent bien que l'abeille doit se plaire dans un lieu oh
Ton cultive les fleurs en si grande abondance : aussi
récolte-ton encore^ beaucoup de cire dans cet arron-
dissement. On tanne les cuirs , à Grasse , avec la
poudre de Içntîsque , et mieux encore avec celle de
myrte ; c'est ce qui les rend verts : on assure que
ces cuirs sont d'un meilleur usage que les cuirs
rouges.
L'ancienne cathédrale est remarquable : ce sont
trois églises élevées l'une sur l'autre ; les deux infé-
rieures ont été bâties par M. de Megrigni , évéque
de Grasse^ k la fin du dix-septième siècle ^ sans
ébnuiierré^iise supérieure. Cet évèque a aussi fondé
Hôpital: i'égiise de cette maison renlèrme basses
bons tableaiuCy qui Un ont été donnés par le comte
âeThorenCy lieutenant général des monnoîes»
\
z6
CHAPITRE LXXII.
DÉPART de Grasse. — Mulets. — Oliviers, — Marbre^
Albâtre. — Faïence. — DrAGUIgnan. — Feux
de la Saint- Jean. — Dessins des curiosités du dépar-
tement. — Bibliothèque publique. — Cabinet d*his-
toire naturelle. — Médaille cufique. — Prisons. —
Enfans - trouvés. — Industrie. — Manufactures. — .
Culture. — Salernes. -^ Chute de Sillans. —
Grotte de ViUecroze.
JNous partîmes dte Grasse à trois hêurèsv du matin ^
montés sur des mulets^, qui gardoîent entre eux
ïin ordre de marche qu'on eût vainement tenté d'in-
tervertir : celui que leur conducteur appeloît l' Amou-
reux étoît toujours à la tête^, venort ensuite le Afeur-
blanc , c'est-à-dire, Museau-blanc , &c. Le mulet est
de la plus grande utilité dans ces montagnes , où il
y a très-peu de routes praticables pour le roulage :
cet animal , fort et courageux j^ supporte une charge
de cinq à six cents livres; on le nourrit avec une
grande facilité , et il peut demeurer près d'un jour
sans boire ni manger. II est la seule monture qui
offre quelque sûreté dans les passages difficiles ;
jamais il ne se trompe ; et quoiqu'il aille tou-
jours sur le bord des j^récipices , et qù'it semble
M^
CHAPITRE LXXII. 27
choisir les endroits les plus périlleux , on peut- se
confier à lui sans danger : d'ailleurs on réussîroît
difficilement à vaincre son obstination et à lui fiiire^
quitter la route qu'il veut suivre, II faut avoir soin^
de ne pas le mettre dans la compagnie des chevaux :*
3 a pour eux une si grande aversion , qu'il les attaque
avec une fureur inconcevable ; ce qui devient danr-
gereux pour le cavalier. Oit fait sur cette monture
à-peu-près une lieue de Provence par heure. le
conducteur suit à pied : dès qu'il est arrivé , il fait
reposer ses mulets pendant environ (p:^atre heures ;>
ii se couche ensuite sur i'un d'eux ; et ces animaux,
reprennent d'eux-mêmes leur route sans se tromper,
et sans qu'il arrive aucun accident à celui qui leur
confie ainsi chaque jovir le soin de sa vie.
On ne peut s'empêcher d'admirer , dans les cam-
pagnes quî environnent Grasse, l'espèce des oliviers:
ils poussent des tiges semblables à celles des arbres
des forêts, et leurs fruits donnent une huile excellente
et très-recherchée ; elle n'a cependant pas le goût
du finît comme celle d'Aix.
On traverse d'abord un pays calcaire , où. il y a*
du marbre blanc et de très^^bel albâtre. Nous mar-
châmes douze heures sans nous reposer : nous eûmes
beaucoup à souffrir de l'ardeur du $oIeîI.. Ori ne
trouve pas une seule auberge où l!on puisse s'arrêter ;*
le seul èndrcnt qui présente un groupe de maisons ,
est Fàience , où ily ji une verrerie, une teinturerie.
iS CHAPITRE LXXir.
quelques chapdieries , et de$ fabriqae$ de potcrio
grossière y qui ont peut-étie fait donner à ce bourg
le nom qu'il porte* Son ^]ise seroit ^sse? belle> si
dOte n'étoit déparée par le sanctuiûre» qm est |)iu9! bas
que la nef «
Nous arrivâmes enfin ï Dmguîgnan , exténués dé
£itigue. Après quelques momens de repos ^ faUai
Yoir M. Faucbet y k qui l'administraticHl du départe^
ment du Var értoit alors confiée.
C'étoit la veitle de la Saint'-Jean : cm voyoit dan»
toutes les rues des feux allumés , où le peuple fài-
soit cuire des gousses d'ail pour les distribuer ensuiter
dans chaque famille. Cet usage doit peut-être son
origine aux ravages que la peste a quelquefois exer-
ces dans ces contrées* Comme je m'amusois à écouter
les joyeux propos qiiî se tenoieitt autour de ces feux ,
|e me sentis couvert 4'nn déluge d'eau : je voulus
prendre la route de mon auberge ; mais il me fut
impossible d'éviter tes potées qui pleuVoient sur moi
de chaque maison. Pendant ce temp^-*iii , fentendois
faire à son de trompe une proclamation portant!
défense , sous des peines sévères , de jeter de i'eau
sur tes passansb U est prc^bb que ies habifans de
Draguignan auront Uen de la peine à aban€lonnei;
im si aimable amiusement. Je conseille aux personnes
qui voyageront en Provence de rester chez elles dansi
la nuit qui précède la Sain^iean,
Cette ville est située dans le pays calcaire , sw les
AmiA ttÊm^t^Êkti^lÊÊM
CHAPITRE LXXII. 29
bords d'un bas$in tniversé par la rivière de la Pis ,
autrement Nartuli, II n'y a aucnn édifice remar-
quftbfe ; mais les rues sont plus propres et plus
larges que celles de Grasse.
Le cbef-Iîeu de Fadministration départementale
Vf oh d'abord été établi à Toulon : mais, outre que
cette viffe n'étoit pas au centre du département , les
adminbtrateurs de la marine y rivalisoient sans cesse
avec les magistrats revêtus de l'autorité x^vile ; et l'on
ayoit vu les habîtans se porter envers ces derniers
à des excès impardonnables. Ces divers moûh dé-
terminèrent le Gouvernement à transférer ailleurs
le siège de l'administration : Draguignan obdm la
préférence ; et cette ville ne tarda pas k en ressentir
d%eureux- effets pour sa prospérité. La maison du
préfet , les personnes attachées à la j^réfècture , la
troupe qui y est en garnison , l'état-major de la gen-
-darmçrie, y mettent chaque jour douze cents livres
de pliis en circulation^
Af • Fauchet s'appliquoit avec beaucoup de zèle à
tout ce qui pouvoit intéresser le département confié
k ses soins. li avoit fiiit une étude particulière de la
Provence ; et ses adrainbtrés hii doivent plusieui»
institutions utiles : il a créé la bibliothèque , le cabî*
nei d'histoire naturelle , et fi>rmé la société d'émula-
tion; on iui doit le régime actuel, des prisons; il a
ftttt faire des fouilles à Fréjus. II occupoit un artiste
ï faire les dessins de tout ce que son département
30 CHAPITRE LXXU.
renferme de plus remarquable (i) : ces dessins sont
exécutés avec soin.
( I ) J*en donne ici la notice :
A Frejus. Ruine antique de la porte romaine. — Ruine antique
de deux tours et d*une arcade isolée des' aqueducs, côté de la
porte Romaine. ( On y aperçoit dans le lointain le séminaire. )
-^ Ruine antique du phare, à l'entrée du port, — Ruines des
grands magasins , dans la propriété de ia famille Chaben. — Grand
réservoir enseveli sous la piate-forme des magasins, vis-à-vis la
porte Romaine. — Vtfc de la Baume , sur les bords de la rivière
deTrans, prise de la. propriété de M. Bernard, ingénieur. —
Reste du Forum des Romains , dans la propriété de Grisole. ( On
y aperçoit d*un côté quelques arcadcs^ de l'aqueduc, et à gauche
la maison de Grisole. ) — Temple antique servant de baptistère
'à la paroisse. •— Ruitie de la grande masse des aqueducs des
Romains. ( On voit à la partie supérieure de Tune ^es arcades »
le canal où couloit Teau et qui a résisté au temps. ) — Ruine de
la porte Dorée. — Porte dite Paticière, au bas de laquelle passe
le Reiran. ( On y voit la dérivation du Reiran, dont les eaur
-viennent alimenter les moulins de la ville. ) — Ruine de la porte
des Gaules ou de Pompée , avec la vue de l'église et du couvent
des ci-devant Cordeliers. — Porte moderne de France, avec les
ruines des remparts de l'ancienne ville. — Vue de la porte mo-
derne d'Italie. — Vue extérieure de la porte occidentale du
cirque. ( Le dessinateur y a fait apercevoir le Reiran, l'écluse et le
pont de cette rivière, la maison des ci-devant Dominicains , et
la porte occidentale. ) — Vue extérieure de la partie méridionale
du cirque. — Ruine intérieure de ce cirque. — Ruine intérieure
.de la partie méridionale du même édifice. — Porte orientale du
^ême. — Ruine d'un temple antique. — Ruine antique des bains
d'un particulier, dans la campagne de la famille Barbe. — Plan
des inêmes bains , avec l'indication des difierens détails qui les
composent ou qui en dépendent. — Ruine de la tour de la plat^
forme Saint-Antoine, de laquelle on descendoit sur le quai méri-
dional.— Tour antique du grand bastion Saint-Amoinc.— Ruine
CHAPITRE LXXII. .31
Le bibliothécaire vînt nous, prendre, pour nous
faire voir rétablissement qui lui est confié. Les livres
de Ja grande voûte du bastion Saint-Antoine , seryant de béai «
et dont les eaux se distribuent dans les mouiins de Fréjus. — ^
Grande masse de bâtisse où ëtoit anciennement la douane ma^
ritime. ^7- Ruine du pont des Romains, dans la plaine ( sur ic
chemin qui conduit à Amibes ). — Ruine extérieure d'un tombeau
antique , dans la campagne de la famille Sufïret. — Ruine inté-
rieure du même tombeau. — Ruine des aqueducs dans le vallon
de la Moule, à Test du vallon de Gargalon^à une lieue de Fréjus.
^- Ruine des mêmes dans le vallon de Gargalon , à^ la même jdis-^
tance.
Vue de la cataracte de Trans , prise du bas de la rivière. —
Vue de deux ponts sur la rivière de Trans.
A Antihes, Vue de la tour dite de l'église, ( Cette, tour a vingt
toises de hauteur; elle a été percée en 1740. Le dessinateur y
a fait apercevoir Thorloge de la ville , la paroisse et les prisons. )
— Vue de la tour carrée et d'une partie des anciens remparts*
( On y aperçoit dans le lointain la gorge du Var et les côtes de
Nice. ) — Ruines romaines des . tours et des remparts. — Citerne
antique à coté de Téglisc. — Restes du cirque ( placé à la rue
Foumiguière, et qui a existé jusqu'en 1691 ). — Vue intérieure
de la porte antique dite du Ravelin. — Vue d'un portique atte-
nant à rhôpital Saint-Jacques, rue du Puits-neuf. ( Il offi'e un
ordre d'architecture mi-fustique et gothique , . dont la forme sin-
gulière annonce la décadence de la belle architecture.) Sur la
même feuille est dessiné un lacrymatoire trouvé dans la pro-
priété de M. Gautier, -h- Ruine antique des aqueducs pour con-
duire à Amibes des eaux venant de Bouillide. ( On aperçoit
dans ce dessin le pont de Valaurie et la chapelle de Notre-Dame
de Valaurie. } — Deuxième vue à^% mêmes aqueducs, sur le pen-
chant des montagnes, à quelque distance du pont de Vajaurie. .
A BioL Vue du tcmple.de la Chèvre d'or, dans la propriété de
Constant. — Vue du pont et de la fontaine, sur la Braguç.
• A Saint - Laurent du Var, Vue d'une partie de ce Jbqurg
^2 tHAriTRE L^XII.
n'y sont pas très-nombreux ; mais if est bien tentli
M. Fauchet a choisi lui-même dans les dépôts les
ouvrages qui en font aujourdliui Fornement (i)*
prise de rentrée du port au bas de fa chaussée, ( On distingue
dans ce dessin fa porte de Saint-Laurent , fe Var à sec en certaines
parties, des montagnes des environs d#Nîce, et quelques mon^^
tagnes du Piémont. ) -« Fontaine de Pénas ou de fa Tour, à un
quart de fieue de fa mine de fer. ( Cette source , à pf us de qua-
rante pas dans fa montagne, est très-abondante et d'une excel«*
iente qualité : set eaux pourroient être conduites facilement et
à peu de frais au vifiage de Saint-Laurent ; ce qui procureront un
^and avantage aux babîtans» qui sont obligés de boire fes eaux
bourbeuses du Var. Ce moyen simple et salutaire préviendroit la
t>f upart des maladies que leur cause une boisson dangereuse , et
qui font que tous ies jours ce pays se dépeuple davantage.) — ^Vue
du pont et du corps-de-garde , prise du chemin de Saint-Laurent.
(Ce pont a été construit par le général Ansefme, lors du pas*
sage des troupes françaises dans f e comté de Nice. )
Vue de fa cataracte de Silians. —Vue de fa tour du Muy. -^
Vue des ifes de Lérins , prise du Pinchinat à Cannes* ( Sur fc
premier pian on voit la chapelle de Saint-Pierre; sur fes deuxième
et troisième plans, ilfe Sainte-Marguerite et l'ile Saint-Honorat •
de manière à apercevoir fe canal qui les sépare.) -^ Pont moderne
du fleuve d'Argent. — Vue de Tauberge de i'JEUteref , prise du
coté de f'est.
(i) Nous remarquâmes entre auti^s.
Un manuscrit des Lettres de SÉt^QVE à Luciiius , écrit vers fl
fin du XIII.® bu au commencement du XIV.* siècle; format ift-4.*
Un Spéculum vita humann , Paris , Gering , 1 475 , în-4«**
P/^i^t jtf£T<i,Venet. per Leonardmn Wild de Ratisbf>na> 1481 »
gr. in-4.^, exemplaire d*une beffe Conservation.
Un vof ume in-folio , grec, Vcnet. Afdus Manucîus , 1 497 > co»^
tenant : Aristotelis Vita,' ex Laertio. — Ejusd, Vita per Joaun,
PhilwonUM.— Theophrasti Vita, ex Laertio, — Galbnci ^e
Dans
CHAPITRE LXXII. 33
Dans une chambre voisine de la bibliothèque , il y a
lui cabinet d'histoire naturelle qui contient prindpa-
ieraent les minéraux du département , parmi lesquels
on. remarque de belles incrustations. Nous vunes
dans ce cabinet quelques essais faits pour le rouis-
sage des feuilles de Taloès ( u} : M. Fauchet se propo-
soit de faire cultiver cette plante dans les lieux arîdes
voisins de la mer. Nous trou vâmes aussi dans un mé-
daillîer qui n'étoit pas en ordre, une médaille cu-
fique, que j'ai fait gra\ex{pL /, n/ 8J, et dont mon
ami M. de Sacy a bien voulu me donner la des-
cription suivante.
ct.Lecôté tf n'a qu'une seule inscription dans un
» cercle; elle est ainsi conçue : v^^ *»f Vf *}\^ m\ m
» c'est-à-dire : Au nom de Dieu. Il n'y a point d'autre
TU dieu que Dieu seuL
» L'autre côté ^.présente deux, inscriptions ; l*une
»,dans le champ ,i'autre autour du cercle. Dans l'inté-
wiijBur du cercle, on lit : *»t Jj^j o^ c'est-à-dire :
jo Mahomet est l'4^otre de Dieu. L'inscription autour
» du.cerele ne peut^ pas être lue en entier, parce que
» le flan paroît ne s'être pas assez étendu sous le
philosophor. historîa, — ÀRlSTOtELlSf (bvatmç aicfoaoîcfiç P>tShtA
,^^, — Ej. decah] de genertutmte et corruptione, Ateieoralogka ,
iemundo:^ PriliO IiAieeus demwidff. -^ jHEO?HRASTUS^ igné.
— U, deventif* d€lapidilms,^c. ^
Tome JJL C
\
j4 CfirA:PÎTkE L*3tl^.
>> màitéâtt pcw recevoir toute rèmpte&ne^ et que la
» ipiiècë û Souffert âuàsr quefijoe fhtl iiJtt le fcorrf ; oit
» tîl séùreitiértt bîett dfiibtltittement téi dfefttc mots t
» mt oywî* Obeî^'dttah. Ce nom , dît M. de Sûcy , pom^
>5 rôft pàroîtré Insuffisant pour déterrtiihèr ît queSé
» époque celte piêee îi été frappée rfe stife cepeiidaht
» très-porté à croîïë que , ne présentant aucun câi^te**
» tërè qui puisse 1â fkire amïbuer ab ^miifer câlSfé
y> dfe la dynastie des Fâtémfres , lioriîhié OMH-txtlah ,
» è#e doit ap)pârfèhlr & Oi^etd^alfaft quf ftt go^
» vèrneûr d^Êgyptè Vers la fin du premier sîède de
» Thégire , et fut ensuite intendant ^e$ tôntrilm-
» tioiis dé l'Mique , où 3 pérft dàwj une **vblte
D3 des habîtans occasionnée par sa dtireté^, dartr Ie$
iî premières années du second siècle, JPar parfé iSé
» cepersonnage dans le Magasin tttcyct. ^fmét iV ,
» t. Vt, p. 1 î 3 et suiv. , à fbccasion d'une pâté du
» cabinet du cbevâlfer Nani , âattt h légende avoîl
>> èïé maf expîftjuée ^, et ce qui më- oonfkmô^ AftB
» fôpîriîon que là titonnôie dtmt H ^ligit M ârppar^
» tient à ce même OMd^aPtak^t^éstcfa'ûy ab«ui^
i^ coup de ressemblance entre lesrcaracflènbs^ 4k Vfàm
3»-e^ de gautf» légende^
9s> Cette méd&ille n'est pas sans intérêt, puisque ,
». si eUe apparûentyvCpmme je le crois ^ au personnage
» doAt fe^^ien»-^ parler.^ eKe pcoiuye.q^e les califeç
93 ont quelquefois délégué aux gouvémaitis ou> i»^
» tendans des contributions fe droit de faire fiapper
i»dé^ tfiof»!éli^ éâ l€fiir nom, et cju'dîe lètë ainsi
»Fobjectîon qu'on pourroit fcke contre i'opinibil
^ ^é fat étiomée j^ëlativèHfiéiif à h pâte du chevalier
y^2ÈÊâ^ enr h fëgâtéàAt côtniide Hfté itionnc^ ouune
Ny^é part ïéS' ptftiékis né sdût soumises à un rér
gîme ftAffvLJL entetklu'qali Draguîgnan. Le^ détenue
f sdât istreiât^ à se' Ir^reV à dijffëf'eÀs travau:^ ; on
Y ^fbmé toi élsiMssérMM de soupe» à la Rumfbi^ ;
et Ton est ainsi parvenu k obtenir îe dbuble avàn«-
txgs dé* pfésefV^ de^ fofeiv^té leé maiheureust qui
hs^Mtit tH tifisfes^ <leiheiirei$^ et de tes feire joùil*
^ane ÀdiaMftiîréf ^ahié^ e« abondante.
On compté dimfs là: \ilfe pkisieilrsî Maisons où Vàû
t^kte câ^Ms abàhckHinéd^ ^ oïdinatrement ^ôttt
des énût^ i£^hoif^dii>itntriage. II esttuès-rare ^ueSii
pérsôtufes n^ttti^es exposertt les lèfurs ; et les payî^îfn^
fiôtttV ^^èrtéraï,tit>p aisés eh ProVeice pour avoîk
rëèbttrs à cet odieux moyen : niais^ les expositibhi
<Fénfents iHégi^es sont assez fréquentes. Les mœurs^
en Provence , sont infiniment plus dissolues qu^
^rîs : on plëiit eh feîre ia remarque dans les petites
y^Se^ , et même dans les campagnes. Une jeune per^
f^omie qui a joUî par ahtidpatiôn des prérogative^
dé la maternité, rfen trouve pas tnôihs un bon parti :
6n 9L même Vu» tme flfie mère recevoir des visites
de couches. £n général , la pudeur n'est pas , dans
ces comréfes^, une vertu dottiînâme. Le rapport des
c 2
3(J CHAPITRE LXXHi
^ aiaissances non légitimes est aux nais^jaces légitima
comme i est à i4 ou 1 5. ^
Le gypse abonde autour de Draguignan. La yill0
renferme des tanneries , des chapelleries^ une fiHi-
ture de soie , plusieurs fabriques de .bougies, de draps
grossiers , de poterie; il y a six manu&ct^res Sacétitc
dt plomb , vulgairement appelé sel de Saturne. : 1
M. Fauchet vQulut nous conduire à la grotte
de Yillecroze et à la chute deSilIains : nous partîmes
à cheval vers sept heures du matin. .:
On se sert à Draguignan et dans les environs»
pour les licous des chevaux et différensautresr usages,
de cordes faites. ayf<ç4u crin de cheval et 4e la laine
ou du chanvre : ces cordes.^ sont préférées à cdies
de chanvre seul, paxça qu'elles^ont moins sensibles
que celles-çî aux impressions-de ralr , et qu'elles ne se
raccourcissent ou ne s'alangçnt pas comme elles. Le
mélai^e qui leur donne cette propriété, est encore,
pour les gçns de la campagne , uii objet de lucre ,
parce qu'ils trouvent ^insi un emploi avantageux des
crins de leurs chevau?ç. > ^
Nous nous ^rjrêtâmes à Sûlernes^pqux faire -rafrair
cbir nos chevaux. Ônry recueille beavic^ jp de pêche^ ,
et des poires d'upe grande beauté : les ^ sources y
sont vives et nombreuses. On y file la soie ; on y 6-
Ijo-jque dès diapeâ^ux , des draps grossiers et de la
faïence.
- Nous arrivâmes ensuite k SillanSyoh la rivîèrç
CHAPITRE LXXIi; 37
de Bresse , ijui , à deux. lieues de là , se jette dans
l'Argent,fcmne une cataracte très-pittoresque de<:ent
dix^huit pieds de hauteur. II n'y avoit pas alors beau-
coup d'eau; mais nouspûmesfu^er cpie^dansla sai-
son des crues , cette chute doit offirir un superbe
coup-d'œil; , î
r Nous nous rendîmes de là à Villecroze, village
près.duquel il y a une taume , c'est-à-dire, une grotte
de, stalactites. Elle est d'un eSet agréable, mais n'est
pas très-étendue. On a brisé depuis peu une des
cdonnes d'albâtre qui sont dans sa partie princi-
pale. Les différentes chambres qui composent cette
grotte, sont actuellement beaucoup plus humides
qu'elles ne l'étoient autrefois : la première de ces
chambres est carrée et entièrement tapissée de l'es-
pèce de fougère appelée asplenium ou ruta muraria.
Autrefois un hermite habitoit celle qui suit ; le dernier
qui y a vécu est enterré dans la grotte du fond : une
autre chambre servoit alors de chapelle. Près de là
est un torrent moins considérable que la Bresse ; il
se précipite d'une assez grande élévation , et produit
dans sa chute un fort bel effet.
Dans le département du Var et dans ceux des
Alpes-Maritimes et des Basses-Alpes, on ménage
les tenains d'une manière particulière. Chaque pro-
priétaire réunit ordinairement sur le même sol , du
blé , de la vigne et des oliviers : les terres sont divi-
sées par bandes ; il y en a une de vigne entre deux
c 3
30 CHàPÎTRB XKXII.
de blé ; mais chacui^e des deux pièces it bié ttstè
ahemamement une année ea lachàne^ afiniqi^e Is»
v^ne puisse tirer ses sucs de ce cété* Les dii'^ier^
et les figuiers sont jAiaanMès par-tout ok Ms peuvent
erotoe sans nuire aux autres culture^. On se sert^
pour le labour , d'un araire sans contre , qui a tpnv
k " ftit la ferme de celui ^ décrit Viigîle i on
teièrt h terre cpii en surd^i^e te soc, awc mi
bâton armé d'une peme pdle de &r; opératioii
maïutiense , qui gène ie iaboureur jet le distndt deia
conduite des (^e?auK et de It ditectton de sa chamie.
39
CHAPITRE LXXni
DÉPART de Draguîgnan. — Tai^RTû^uiL -*- Lot^vf^
--- Ctthiit. *^ Au«$. *** Troiçe dit CiïB*4dicusi. —
Urne cfalbâiiRe. ^^ I|ifcriptipD$. -^ Baupve?^. —
fxmU^nfi4^Èvtqve, — Le Verdçn. — Sainte-Croi^.
— Jiti, Riez. — Colonnes. — Panthéon. — BoM-
miens. — Inscriptions. — TaûrobDre.
iM Otf s iTôuIiom partir die gi^Mi matiii poinr tioi»
rendre "àt feoniie lieure à I^e\i miôs les dbeyjmx »
firent attendre , ^ nous ne pûiD^s «ortîr de Dng^
gnan qu'kimit henres^ La niantâgne de Tw»$êur^^\
domine !a ville , est presque inadte ; on tiy r^
que quelques diènes verts bi àlancs , ^juelques fim
maritinnes y et fe pinu% sitvMris , mais en très*petîte
quantité : ces ail>res servait k prou^ver que ceÊtûmàr
tare pourroit) avec des soim , devenir {dus dbôn^
dante. Le reste du territdre de Tourtour ( i ) pcsod«ît i^
comme sdKeurs , du i>Ié mêlé dvec Ja vigne et f pUh
vier ; on y recueifle beaucoup ^ tuuicots blancs : ee
territoire est arrosé par de feeUips sources*
Nou^^ passâmes fe peni du Temfd^ , près d\ine
ferme dn même nom , ainsi appdée sans doui;e parce
(i) Le nom de ce viWage dérive du mot îarin ièriura ,,cc*t*M? r
}>»ce <[uoti y^ souffi^ir là mort à (d< gn»d$ cnmififh^ ^nei (i^c
ciU en r^y^^f^^ ^B£ la Vie <|k i'^b^é I$»m/ écrite en 1 040.
c 4
'4o CHAPITRE LXXIIT.
que ce territoire appartenoit autrefois aux Templiers.
Non loin de là est la fontaine de Longvay , qui est
regardée comme une des curiosités du pays , à cause
de l'abondance de ses eaux.
"Le terrain est ensuite presque entièrement cultivé
en blé. Mais, quoique nous ne fussions qu'à la mcMtié
de messidpr , les campagnes étoiènt déjà dépouillées
d'une partie dé leurs richesses : elles présentoient
l'aspect de celles des environs de Paris au commen-
cement de l'automne* La nomenclature des mois du
calendrier républicain étoit vicieuse , puisqu'elle ne
pouvoit convenir qu'à une partie de la France. .
A notre arrivée k Aups , nous aperçûmes à la
porte de l'auberge , qui est établie dans un ancien
couvent de religieuses, deux femmes coiffées avec
dès bandelettes : c'étoient le^ actrices d'une mal-
heureuse troupe de comédiens* Un plat de merluche
qu'on faisoit cuîr^pour eux étoit la seule prpvision
que possédât cette hôtellerie, digne de figurer. dans
ies histoires de Dom.Quichote , de CH-Blas et AeCus-
man d'Alfarache; heureusement les bâts de nos mur
lets avoient été bien garnis de vivres.
Nous questionnâmes pendant notre dîner ces infor-
tunés successeurs de Thespis et de la Rancune. Leur
troupe n'étoit composée que de cinq acteurs , .dont
deux femmes et une petite fille. La plus âgée de
ces femmes , qui étoit Tépouse du directeur , jouoit
^»ns l'occasion les /7^rfJ nobles et les jftnanciers ; et fa
CHAPITRE LXXIII. 4»
plus jeune étoit ou Colin ou^ Cohttej selon les df-
" constances. On donnoit ce soirJà V Honnête Criminetf
drame pathétique , et qui pouvoit faire inonder de
larmes ies mouchoirs des habitans d'Aups : on devoit
jouer ensuite les Fausses InJidUHés; certainement le
langage de cette pièce^ toute fondée sur les usages
et le jargon de la société , dut paroitre absolument
étranger dans ces montagnes. Mais on préparoit lou
Groulié bel esprit [ le Savetier bel esprit ] , pièce
provençale , dont la représentation étoit attendue
avec une vive impatience.
La ville d'Âups n'offre rien de curieux ; elle est
seulement un peu moins noire et moins triste que la
plupart des autres villes de la haute Provence. Ueau
y est très-abondante. Il y avoit autrefois un chapitre
ancien et très-célèbre (i). Le maire » M. Giniud, à
(i) Ses Statuts, que j'ai fus dans un cartulaîre que possède
M. de Saûnt-Vmccns,n.** loi , ont été faits en Tan looo, confir-
més dans le XII.* siècle par Eugène III et Anastase IV , et rédigés
en 1302. On y a indiqué Jes heures Ats anciens offices, fes distri-
butions dont étoient privés ceux qui xCy assistoient pas. Les cha-
noines étoient nobles ; ils dévoient, à cause de cela, porter sur la
tête un morceau de fourrure, veïlutum qûîd , à peine d'être excom-
n)unié$. Ils pouvoient avoir un chien , un cheval , un oiseau de
proie. On y voit aussi l'usage de faire brûler une lampe devant
le sanctuaire , luminare ante corpus Christi ; de donner l'hospitalité
à tous pauvres venant y la quantité de pain ,. de \4ande , de légumes ,
que chaque chanoine avoif par jour. Les bénéficiers dévoient
respect aux chanoines, à cause de leur noblesse, &c. L'évêque de
Fréjus pouvoit visiter le chapitre j miis s'il y demeuroit , c'étpit
à se$ ïrm^
■■ri^ I
4;t çjfi^riTR» fL^xHU
ffà M. Fattchet fkm$ sm^it adres^é^ » nws
dicz M. Esparron, qui po6$è(te vum Jbdie 4uzie d*.^^
Mtœ : elle a été trouva? k Puymwsm • Ueu voisJQ
de Riez ; elle r diK-4imt pouces 4e hiUl » et PP 1^94
dans son grand diamètre. J'en lu fait ilg^rar U &>aa#
( pi XXIV, n: 41). On tfouva iwforè^ <»^ ttc^
fimgiBens d'nœ même inscriptîoii ;
i. ' t' 1
" T
!! ^
;.0LTIN;I FESTÏ
i MTI
t LCOlj
|AVGVt
Les lettres AVGT avaient (ait cnûre ipie ealte
time étoît du temps <f Auguste ; mais on sait que \c
titre iSntiguste a été donné à tous ies empereurs ro^
mains et à leur famille. On a d'al^e^rs trouvé dans le
même lieu des ntédcôUes de Marc-Aurèle; etia forme
deTume^avec ses rudenturesen spirale, peut la faire
attribuer au 111/ siècle de notre ère. On retira encore
de ia même fouille un anneau d'or avec une tèt^
d'aigle.
Nous desirions voir la fontaine VEvêqut , et pour
cria nous ne pouvioiiis suivre la route ordinaire. Nous
prhnes à Aups un second guide , pour ne pas nou»
égarer : il nous conduisit d'abord à Bauduen , où l'on
trouve d'assez beau marbre ; et vers huit heures ^
nous étions à la fontaine VEvêque , nommée ain^
parce cpi^ÈHe mt jfpismt da iieti 0a un évéqoe de
Kbz JtToit êâthêiûrmie raaÎBon 4e plaisanoe. Cette
sùvgce sort ivec un grand ûzdi ^ causé par son impé^
moshé et son abondance ; mais oh peut dire ^'eSé
€ât beançcmp de farnit pour peu de diose. Apvès «votr
donné le mouvement à <;udcpies moulins, eBe va s^
perdre àdeux cems pas dans le Verdon : les eaux de
cette rivière f mpièuent chaque jour sur ce court et^
paoe. On fabrkpiç à Baudbien des draps giossiers.
B étcHt près de neuf heures quand nc^us fèmes sur
ie l>oid du Verdon, et le gaifirur ( i ) avoit quitté son
poste; cmtitt^-temps d'autant pku fâdieux , que le
Verdon avoit beaucoup grossi. Cette rivière , qui
pvead sa source dans les montagnes de Barceion-
nette, roule presque toujours parmi des buics de
locha^ dans des vattées très^resserrées. Entre Bau-
doen, où nom étions, et Sain^-<Croèc , ^i est sur
I^tre live ^ il y a de grands aifia^ de cailloux rou<*
lés; et cette rivière, ou pktèt ce torrent, grossit
d'une manière étonnante en quelques heures, sur^
teut vers ie soir. A cent pas de Bauduen , ses eaux
se sont fait fbur à travers une m<»Ttagne calcaire, par
une scissure étroite et profonde coupée à pic sur
ies deux bords : on y remarque les restes d'un pont
romi^. Le V«*don va se jeter ensuite dans h. Du-
rance au-dessous de Cadarache.
( i) C'est ainsi que i*on appeiie celui qui fait passer les hommes
et les chevaux à gue.
44 CHAPITRE LXXIII.
Le gaifreur revint enfin nous prendre : nous pas-
sâmes la rivière avec une assez grande difficulté;
nos chevaux avoient de l'eau jusqu'au ventre. Sur la
rive opposée, f eau s'éloit répandue dans les champs
et les marais , et nous eûmes bien de h peine à nous
retirer de ces terres bourbeuses.
Enfin nous arrivâmes à la montagne Sainte-Crbk ;
mais, parvenus au sommet, nous ne. pouvions rien
distinguer, tant l'obscurité étoit épaisse. Nous étions
sur les limites du dép^xtemeni des BasseS" Alpes, àzn%
le territoire des anciens He'i , qui dépendoient des
Salyes. Il étoit onze heures quand nous arrivâmes à
JRiei , à demi morts de fetigue et de faim.
- Cette ville est une des plus noires, des plus
tristes et des plus maussades de l'ancienne Provence;
mais elle est curieuse pour un voyageur, à cause des
beaux restes d'antiquités qu'elle renferme encore.
Il paroit qu'elle avoit le nom d'Aleiece , avant de por-
ter celui du peuple jd<mt elle étoit' la capitale : on
l'appela ensuite Alebece Reiorum ApoUinarium ( i ) ;
peut-être ses habitans prirent-ils ce surnom à cause
du culte qu'ils rendûient à Apollon. Pline dit que
c'é toit seulement un oppidum, qualification donnée
aux villes qui jpuissoient du droit latin ; mais dans
plusieurs inscriptions elle prend le titre de colonie.
(i) Ptm. m, 4.
CHAPITRE LXXIII. 4}
Dgns des t^B{>$ moins anëi^s , die a reçu les
noms de Riffum et Rem$ d*oii s'est fonné celui de
.Quoique cette Y^Iie eût ^ avant la révolution , un
évéçhé f eUeiip ren^rme aucun édifice un peu remar*
qUfd>Ie : personne ne paroi t s'y occuper des sciences et
des lettres ; et nous n'aurions pu obtenir les moindres
renseignemens , sans la complaisance de M. Joseph
Morenon, orfèvre, qui , sans avoir fait d'études , a
un :g9Ùt naturel pour l'bistoiFç et les monumens de
s(H> p^ys : c'^t k lui que je dois les dessins de la
pf^cke LI/I, où ils sopt représentés.
II nous mena d'abord voir les qus^tre magiuifiques
colonnes qui. soQt à une portée de fiisil de la ville ,
sur le grand chemin (pi, LlUifig, i J :h bâtisse
sur laquelle elles posent est d^ pierre fi-oide ; les bases
et les chapitea«pc sont de marbre ; le fût est de granit
de Provence (2) ; l'entablement qu'elles supportent
est décoré de différentes moulures , et l'on remarque
disons des omepiens qui variant entre chaculi de$
trois entrç-coIpnnemens/i^iVi;i/^2^.0nafait sur ccft
édifice bien d^s cpr^ectures : quelque^-ims prétendent
que ces colonnes étoient au nombre de douze , et
(i) On lit, clans le Mercurt de juillet 1748, une lettre sur ie nom
de Riez.
(a) Hauteur du fût; 5 «n^«« 85 ««ntiméu*».
Circonférence 2 3 ^,
Entrc<olonnement^ * ^ . < i*
iC ohaVitré txxift:
qu'on^HTok ^cé au wS&éû la staetcte toldssalé é^Apd^
icsn ^ ultm l^inion^ de Scikté , eil^ dé(k)rôieMt
l'entrée tfun mausolée; et le P. Miraillet pert^é que
ccf sont i«s ye^èé iTmii prét^h^. Ces ^gùi^ éon|ec-
ti^c» sont; piédèémeia ^ qui désfbô^c^ h iéeMè
ée$ an^ké&; p^ U culti^^ âveé siiR^è^, fi^nit
tavoôr à'absfeniiTy aimique dans tMtes les autr^,
d'expliquer ^6 qvt^mt' ne peut déeidiivrir. Côthme c^
ne possède aucun reftseignemeht sut Tédificé àut^iël
ces be&fr^ddnnes^oiit appanenu^ €<)^it«e^ opkiîi^ii %
cet %aiiès«ikHt hasardée : mais' on peut jvtgètA^'^
lement, d'après de si beaux restés^, dé sli^ ntagfâfii^
cence et de sa majesté.
A (pielque ^stance de h est iljtie rbtidnde déM
iss murs modernes sont soutenus pai* huit -colôÂiié^
et gtmnît , d'ordre corinthien f iHd. tt? ^} ûaxxMé
les précédentes (i) : au milieu ifti- ^dRfhie qu'on A
cMsmiit dessus es^ uiïe peme fâilferile; On erdlt
qup cet édtfke a iông- temps stPà de bapti^è^ét
C^toît probablement un temple ctttulalre : dn ftrt
èxxmà k nomade Panthémi^ \ cause de Finscriptiôli
suivjâstë^, qui a été trouvée dan^ une diapellë
(i) Hauteur dé îa^rcJtonde lametres ^8 cendmétrèi
Sa crf conférence extérieure i6 oo.
Hauteur ctu fôt des colonnes 4 12.
Circonférence i 6^,
£ntre-coidntiement. .»..., t 5^9.
vdsnie, et qtrbir tok âUjotiritlio) dans^qn «ngiecto
Fétiific0 (t) :
W hI , IIIIIIIIM Mil
AVCVSTÔRVM
CVR A
On a interprété ainsi cette in^ption , 'Aux
DieiNC , par les soins, des Augustes ; mais il est é vi-
desnt q^'iI faut lire ^ Aux Divinités des Augustes, par
les soins de Le vidfe laissé sur la pierre devoit
contenir les noms de celui ou de ceux qui avoiênt
fait cette inscription votive, laquelle n'a voit proba-
blement aucœ&e rehitibn: avec le tempte. L'inscription
à la mère dô$ Atmt^ dont ^ ferai bientôt mention ,
et fa forme cjroilàil^ de^ i%difice, qui étoit celle des
temples con^cté^^ k Gyt^ , ainsi xjue l'attestent
plusieurs médaillé» , M^ {>a^ssenf devoir faire pré-
sumer que celui-ci à a{>|mtteii«f au culte de cette
déesse.
Cet édifice a été long-temps sans porte: il a servi
Segiofsis, ai. » _
48 CHAPITRE LXXIII.
aux réunions des pénitens de Riez ; depuis la révo^
lution, il étoit abandcHiné aux gens de la campagne ,
qui y trouvoient \xn abri lors de la moisson : c'étoit
aussi, pendant toute I'anné&, la retraite des bohé**
miens ou diseurs de bonne aventure qui parcourent
la Provence ; ils en ont noirci les murs en y faisant
leur sale cuisine.
Sur la place ^ en face de la grande porte de Té-
•glise y il y a une fontaine semblable à toutes celles
qui sont d'un usage si commode dans les villes de
Provence : la pyramide d'où sortent les jets est sou-
tenue par une pierre carrée fpL LUI, nJ^^J^dont
la face vers le sud et celle vers le nord sont chacune
ornées d'une tête de taureau, d'une tête de belieret
d'un cône de pini La face vers Test porte cette ins-
cription ( ï ) :
■i 1 1
MATRI PEVM
maq^Aeqve idaeae
l. d^cimvs pacatv6
et cqelia secvnpina
: Eiys op saçrvm;
TAVROROW F
A la mère des dieux , et ponde Idéennè , L. Decitnus Pacatus et Cœlia
^•^*^"
(i) MuRATOR.xxxii, 5 j Don. ^; Bouche, Çhçr.dt PnweAce,
59 5 Bartel , Pr^nles ecdesia JRegiensh^ ao.
S(cundina ,
• ,,
CHAPITRE LXXIIÎ. 4^
Stcundinût son Cotise (i), pour un saq^ifce de taureaux qu'ils ont
fait (2).
Cette inscription votive a donc été tracée en com-
mémoration dW taurobole à la mère des dieux : la
tête de bélier indique que ce sacrifice a été suivi d'un
criobole en rhohneur d'Atys , son prêtre et son favori.
Peut-être l'édification du petit temple rond que
je viens de décrire, a-t-elle été aussi l'effet de la piété
de |L. Decimus Pacatus et de Cœlia Secundina en-
vers Cyfaèle. Cette conjecture a quelque probabi-
lité. Il seroit nécessaire d'enlever cette curieuse ins-
cription , dont les lettres , rongées par l'action des
eaux qui coulent continuellement de la fontaine ,
auront bientôt disparu.
On rencontre encore dans Riez quelques autres
inscriptions antiques. Nous vîmes , dans la rue de
Paris, ce fragment d'une pierre qui a été sciée pour
être employée dans des constructions :
M A IN J
VENNI^
ET -IVLirj
TERSAC't
HONOR!^
liSACEFT^
NIOIVLIO^
(1) EJUS, sous-entendu conjux, commt cela se remarc^uc dans^
plusieurs inscriptions.
(2) Faaum,
Tome IJL • D
/
JO CHAPITRE LXXIII.
Dans ia makon de M. Cc^ordan , on !h cette
inscription ( i ) , qui a été trouvée au bas de la colline
Saint-Maxime , du côté du nord :
C
^.
(
mmrmmmummim
VERV8
VER A .. SO
M ETI ;
SATVimiNAE
VXSORI
ï
}
D M
SATVRNINA]^
VER I FILIAE
i**"— •■■^■-iw
)
^mm
]
(i) MURATORI, MCCXI, B.
CHAPITRE LXXin. 51
Cette autre, qui est aus^ dans la même maison,
se lit sur une pierre qui a été tirée des fondemens
des remparts : H paroît qu'il y est mention d'un curator
d'Avignon (i).
n ^^1 >
QVAESTV^
PRAEF^
CVRATORj
AVE
NI^
PATR^
A
M. Morenon nous conduisît près de la ville dans
une maison qui appartient kM. de Campagne. Nous
vîmes dans la cour une pierre en forme d'autel , avec
cette inscription, qui a été troiivée en 1703 près de
Tédifice circulaire dont j'ai donné la description ; peut-
être est-ce un vœu k Sylvain par Diadumenus (2) :
•^•Ê^m^
(r) ¥tat'étTC faut-ii sons-cntciKlre retpublîca ou publicce pe^
amm,
(a) Ce Diadumeniis devoît être iefcrmicr {pittUus} de Syrn-
piioBtuSy dont le nom est g^ec; et c'est- pour obtenir ki fertiiité
i'i k terre qu'il offre cet autei à Sylva»,
D a
L
5^
CHAPITRE LXXIir,
DIAOYW^
NVS
SYMPHOEi*
Nous trouvâmes encore dans la même cour le
fragment suivant :
%;«
VCiuk'^*^
i
iMPCAESARETRA L
^HTADRIANOAVS Pf
^^AVIÀSSinCESTni^^
Le sol des environs de Rfez présente ime espèce
de poudingue mêlé d'un gravier fin, de beaucoup
(l) MURATORI, LXVII , lo.
(a) aVCTORE ÎMP CJESARE TRAJatio HADRUNO AUGUStê'
^. . • • VIA SILICE STRucta,
CHAPITRE LXXIII* 55
de cailloiix et de sable; il se bris^ sous les doigts
avec une extrême facilité. On a trouvé à une liéue
dé la ville , dans du sable que.Fon extrait pour faire!
la couverte de la faïence y plusieurs dents d'éléphant f
de neuf à dix pouces de longueur.
Sur une montagne près de Riez , on voit une cba-
pelle dédiée à S. Maxime , patrpn et Fun des premiers^
évoques de cette ville. Six colonnes de granit en dé-
corent rintérieur , et il y en a deux autres à l'entrée :
elles proviennent sans doute des édifices somptiieuifr
cjue renfermoit Tancieiuie ville. Le bénitier ,. d'une
assez belle forme , est de marbre du pajrs. Au-dessus
de l'autel est un tableau représentant une apparition
de la Vierge à S. Maxime , et qui se fait remarquer
par des traces assez singulières du vandalisme révo-
lutionnaire : pour donner à ce tableau une étendue
proportionnée à la place quiî occupe , on Ta entouré
avec un autre tableau coupé par bandes ; de sorte
que chacun des cAtés de cette bizarre bordure offre
le coup-d'œil repoussant de têtes , de bras, de mains
et de jambes séparés du tronc."
La plupart des^ villes de la Provence ont des fêtes
locales, auxquelles les habitans sont très- attachés;,
ils les célèbrent avec beaucoup de pompe, et pres-
que toujours d'une manière extrêmement bruyante.
A Aix, comme on l'a vu, c'est celle de la Fête-
Dieu; dans plusieurs villages des environs de cette
ville, c'est celle de S. Éloi; à Manosque, celle de
. ^ 3
*
y4r CHAiPiTBE LXXÎH.
S. Pancrace ^ 8lc. |je guet dt S. Maktme a fieu à
Riez ( I ) , durant les trois joiirs^ de là Pentecôte : c'est
une bravade entre ies Qirétîens et les Sarrasins. Les
babîtans aisés , vêtus & la hussarde , composent uil
corps de cavalerie bien monté (2) : les artisans se réu-
nissent en compagnies de fantassins. Les Sarrasins ont
des cocardes vertes et des étendards de même couleur.
On élève dan$ le préau de là foire , près du tçmple rond
et des quatre colonnes, un fort construit en planches
et orné de feuillages verts. Le dimanche et le lundi ,
fes Chrétiens attaquent et bloquent ce fort , qui est
occupé par les Sarrasins : il se consommé , dans
t
/
V
(.<) Qaelqu£6 anecdotes attestant îa passion mcroyâMe que Ton
y montre po*ir cette c^pémpQi«« Un pauvre habitant qui ne pos-
^^doit qu une truie et seS douze petits , ies vendit pour acheter
de la poudre. Sa ftmme, furieuse, court après lui, et, au milieu
de ia bravade > Taccabie des plus jtistes reproches. Le iharî se
retoui^e voyelle en riant, ooi^tiniio de tirer r et iui dit à chaque
coup de fusil : Tiens , voilà encore un petit cochon fui crie. Un autre»
dont la femnie étoit morte le jour de ia Pentecôte, cacha cette
perte pendant les trois jours de fa hravanc , pour ne pas être
obligé, par bienséance, dé 5e priver du plabir d'y prendre part.
On çn a vu un troi^ièn^c yasaister,quoiquesonpère fût mort trois
jours auparavant.
(2) Lorsque nous allâmes visiter fe temple rond, plusieurs de ces
messieurs nous accompagnoient. Leur petit uniforme est veste et
culotte de nankin, avec liséré et ornemens k ia hussarde en petits
rubans de velours ,* le grand unifoi^ne est beau et riche. Si quel^
que personne de marque vient à passer par leur ville, ils lui four-
nissent une garde d*honneur.
•^iM^m^^Am
CHAPITRE LXXIII. 5J
cette occBsioii , quioiie à vingt quintaux de poudre.
Enfm on s'empire du fort h tfoisième four ; on ie
ssaccatge^ on le brâle, et Ton emmène les Sarrasins
prisoniueri fissqu^uxx poftes de la viUe» Le tout iimt
fax un repat* Le iendemain , tout ie monde va &
Samt*-Max3me ) poipr œiùerçiet le vénérable patron
âe la ville de ce que personne n'a été blessé* Là, le
commandant de ia bravade se nomme un^uccesseut
pour Tannée suivanfe : fl le désigner €n plaçant son
chapeau sur la t^e de celui qu'il f uge le plus digne •
de rempKr cette place ; et ce dernier y en signe d'ac^
ceptatîcm, lâde son fet, c'«st-à-dire qu'il tire un
coup de iùfiil dans TégBse ( i ) •
Qu(^|ue Riez soit au milieu des montagnes , ses
habitans n'iaim^it point à être appelés mênûignards ;
ifs donnent ce nom k ceux de Moustier, qui ha*
bitent un pays plus élevé que le leur ; et ces derniers
prétendent <^e ce nom ne convient qu'à ceux qia
som^kicc^^ plus enfoncés dans la r^on monta-"
gneuse.
Riez n'a d'autres fabriques que quelques tanne-
ries et quelques mégisseries : on y recueille beaucoup
d'amandes. Ses vins sont assez estimés (2),; et en
(i) Cette fête est sans doute ancienne. Elle rappelle les ravages
des Sarrasins dans le pays , et la terreur qu'ils y inspirèrent.
(2) Vinum Reiense super ottmia vina recense. Cet ancien proverbe
iatin prouve la réputation dont ii jouissoit.
i> 4
j6 CHAPITRE LXXIII«
elBfet, quoique peu spiritueux , ils donnent unè'boîs-
son agréable : ils perdent cependant aujourd'hui de
leur bonté , parce qu'on réserve pour les oliviers les
terrains exposés au midi , et qu'on plante la vigne
dans ceux qui sont au nord. En général , le$ vins de
Provence n'ont pas la qualité qu'ils auroient si l'on
youloit choisir les plants , les bien exposer , ne point
les placer sous i'ombrage des oKviers et des figuiers ,
qui leur dérc^nt les rayons du soleil; et même,
sans ces précautions, on y feroit encore de très-bon
vin, si les procédés mis en usage pour exprimer
cette iiqueur étoient mieux entendus : mais on la
donne à si bon marché , que le débit ne pourroit dé-
dommager des frais d'une bonne maiiipuiation. On
se hâte de mettre le raisin dans la cuve, on le presse
à l'air libre et souvent même lorsqu'il pleut. On
faîsoit autrefois un excellent vin cuit , qui n'étoît pas
jugé indigne d'être servi sur la table du Roi ; mais
on néglige au|ourd'hui ce, genre de fabrication.
y
.f^A
chapitIie lxxiv.
PUYMOISSON. — yioMSllEVi.'- Notre-Dame de Beau-,
ve^er, — Le sire de Blaccas. — Senez. — Digne.
— Bains. — Dessins de M. Constantin. — Villages des
montagnes subalpines. — FoNTENELLE. — MA Li GI ER.
•^Rocher coupé. —^ Sisteron. — Histoire. — Ville.
— Excursion à Saint-Geniez. — Inscription de Dar-
danus. r— Plantes. -.— Theopoljs, — r Notre-Dame
de Dromon, — Houille. — Retour à Sisteron. — r Ins-
criptions supposées.
Il étoh à peine deux heures du matin lorsque nous
quittâmes Riez , le 28 juin. Nous passâmes près
de Campagne ( i ) , et fûmes bientôt à Puy mois son (2) ,
dont le château â, été détruit par les gens du pays
pendant la révolution. II auroit falhi prendre sur la
droite pour aller à Aîoustier et à Sene^^ ; mais ce
détour nous auroh empêchés d'arriver à Marseille
à temps pour nous rendre ensuite à Beaucaire. La
situation de Moustier sur la pente d'une montagne ,
au bord d'un précipice , et un monument singulier qui
y existe , méritent cependant d'attirer inattention du
voyageur. Le nçmde AfoustUr est une corruption du
—^1^ I I — — — — — H^— — .— — *i—i — ^— ^— — M»^—
(i) Supra, page 51.
[2) Appelé dans les actes Podium Mois^num > sans doute à
caïue de la fertilité de s(m territdre*
j
58 CHAPITRE LXXIV.
mot latin manasteriûlum : H vient ^mi monaslève <gM
les religieux de Lérins y avoient fondé vers ia fin du
xi/ siècle. On remarque h. côté de cette ^ille la cha-
pelle de Notre-Dame de Beauve^er ( 1 ) , qui est bâtie
entre deux montagnes très - escarpées. Au sommet
de chacune de ces montagnes on a fixé une diaîne ,
au milieu de laquelle est une étoile à cinq pointes
qui est suspendue sur Tabime 4 on croit que c'est
Faccompiissemcsit d'un vœu fkit à la Vierge de
Beauvezer par un chevalier que quelques personnes
disent être Anne de JViquety , et d*autres le sire de
Blaccas , qui se distingua autant par les agrémens de
son esprit que par sa force et son courage ;, et dont
le nom décore la liste des Jjraves et celle des trouba-
dours provençaux ; mais on n'a sur ce point que de^
conjectures (2). M. Morenon a bien voulu medon;^
ner un plan de c^ site singulier f pi, LIV, n! t); i|
es( aussi représenté dans l'ancien éci^son de Môusr
tier. On couservoit dans l'église , dont on attrxy
bue la fondation à Charlemagne, àQ% reliques qu'dn
disoit avoir été domiées par ce prince. Il y a dans la
ville une manufacture de faïence : les villages voi^
sins sont peuplés de tourneurs qui travaillent le buis ,
qu'on y cultive pour ce genre de Êbrication.
Sene-;^ , à quelques lieues plus loin , est une ville
{1) Q^tstrV'à^^^^deBtlUmie.
(3) PaPON , Histoire d(^Pr$v€nce^ t. Ï/S î>îigc ié^\.
CHAPITRE LXXiy. 59
noîte , triste , et qiri ne renferme aucune curiosité. Le
climat y est tempéré en été , maïs humide en hiver : la
plupart des habitans descendient alors dans la basse
Provence pour y feire paître leurs troupeaux ; toute
la contrée est presque déserte pendant cette saison.
A cinq heures , nous descendîmes une montagne
rapide nommée Tellon ; nous traversâmes le village
SEstoublon; et après avoir passé l'Asse surtm pont
très-long , nous remontâmes fa rive droite de ce
torrent , laissant un peu à droite îe village de Alezan ,
et nous arrivâmes à Dl^e vers neuf heures, sans être
descendus de cheval.
Digne, autrefois Dinia (i ) , itoît la capitale d'un
petit peuple appelé Bodiontiti, On regarde son siège
épîscopal comme très-ancien. Cette ville est petite ,
mal bâtie , située au pied de hautes montagnes , sur
les bords de la Bléonne , torrent qui en reçoit plu-
sieurs autres, et qui rbule comme eux d'immenses amas
de cailloux. Elle n*a rien de curieux que ses bains.
M. Alexandre de Lameth , qui étoit alors préfet
du département , et que j'avois eu Thonneur dé
connoître partiailièremeht à Paris , nous reçut avec
ces manières aimables et élégantes qui le distinguent.
(1) C'est une opinion accréditée <ïans la ville, que César a
parle de Digne en ces termes, Dîgna, urhs indigna , îatronum
spelunca [ Dignes ville indigne, repaire de voleurs ] \ mais fan-
cien nom de Digne est Phila , et \\ ne se trouve pas dans les
Commentaires de César.
Co CHAPITRE LXXIY.
11 nous condiûsît ai*x bains : on y arrive par k grande
route d'Italie; il faut traverser plusieurs fois le torrent.
a^ Aiguës-Chaudes , qu'il seroit nécessaire de contenir
dans son lit , afin de réserver un passage conve-
nable pour les voyageurs. On percevoit pourtant le
droit de passe dans cet endroit , qui est souvent
impraticable , même pour im mulet.
En arrivant vefs la maison des bains, qui est éta-
blie sur les bords du torrent, le chemin n'est qu'une
rampe très-étroite pratiquée sur le flanc de la mon-
tagne I parvenu à la porte d'ime masure , qu'on pren-
droît pour l'entrée d'un toit à porcs , on se trouve
dans une prétendue cour , qui n'est qu'un long et
étroit couloir entre le bâtiment et une montagne
taillée à pic et d'une hauteur excessive : le .soleil n'y
pénètre que pendant les courts momens où il est à sa
plus haute élévation. On voit souvent des reptiles ,
sur-tout aux époques de l'accouplement , tomber
deux à deux de ces rochers -.heureusement leur mor-
sure n'a rien de redoutable. Lorsqu'on lève les yeux ,
l'imagination est effrayée de la hauteur des masses
de pierres brunâtres, qui semblent prêtes, à s'écrouler
et à écraser les bâtimens. On est surpris , en entrant
dans un lieu dont les abords sont si sauvages, d'y
trouver une distribution assez commode et aussi
agréable que l'âpreté du site peut le permettre. Le
long d'un grand corridor sont différentes chambres
pour les malades \ à l'extrémité est la chapelle. Les
Chapitré lxxîv. 6i
bains sont alimentés par des sources dont la chaleur
est naturellement graduée : on y distingue , i .* la
source d(S Vertus ^ qui est presque" froide ; 2.* teUe
de Saint-Gilles , qui est consacrée à ce saint , parcd
qu'on prétend qu'il a habité dans les cavernes de ces
contrées ; 3 .** celle de Saint- Jean ; 4*** l'étuve ( 1 ) ,
dont l'eau est à un tel degré de chaleur , qu'oii ne
peut y demeurer un instant , la porte fermée , sans
sentir couler de tout son corps une sueur abondante^
Le mois de mai est le temps o^i^oil vient prendre
ces eaux, qui, étant très-chaudes et fortement impré-
gnées de vapeurs minérales , ont une grande effica-^
cité pour la guérison de& blessures* Quelques géné-
raux français en ont dernièrement éprouvé les plus
heureux effets. La proximité du théâtre de la guerre
en Italie rendroit fort utile l'établissement à Digne
d'un hôpital consacré aux militaires blessés.
Nous passâmes la soirée à la comédie, où une
petite réunion d'acteurs tirés des deux" théâtres de
' Marseille jouoit la Alort d'Abel; l'orchestre , com-
posé d'amateurs , étoit conduit par un musiciea
(i) Consultez Les Bains dt^CjjgHt en Provence , par SÉBASTIEN
Richard , médecin ; Lyon, 1 6 1 9, in-8.** — Les Merveilles des bains
naturels de Digne en Provence ^ avec un traité de leurs serpens sans^'
venin, par D. T. DE Lautaret, mcdecin^Aix, 1620, in- 8.** — -
Mémoire sur les bains de Digne, 170a, in-fol. — ChaMPORCIN et
RlCARY, Analyse des eaux de Digne, Voyez aussi ïfiistoire de la
Smiti de médecine, tome I.*' , page 336.
6z CHAPITRE LXXIV*
napolitain. Nous avions pris, avant le spectacle, on
grand plaisir à voir les porte - feuilles de M. Cons«
tantin : cet artiste a un talent très-distingué pour les
paysages à la gouache ^T'à la sepia. Après âfvoir
demeuré vingt ans iT Aix , il s'est fixé depuis trois
années à Digne. )Les vues des environs de la villa
qu'il a exécutées pour M. de Iiameib , sont très*
belles. Le généreuac propriétaire de ces desHns a
bien voulu me pernaettre de làire réduire celui qui
représente les bani^x)!» le placer ici {pi, L V }.
Digne acquiert au^CMurd'bui qudque impoftance ^
pa^rce que c'est ie chef-lieu du département et la rési*
dence des mepeibres des principiJes autorités : elle
sera toufouis célèl»^ poikr avoir été la patrie de
Gassendi, qui naquit en 1)92 à Qiamptercier ^
village à une demi ^Keue die la vîtte ; il a été chanoine
et prévôt de la cathédrde.
Mon projet étoît de m'anrèter à Skniane.. M« Bovis ,
ancien membre de la Convention nationale,, et au^
^rd'hui directeur ^^ contributions du département
des Basses-^iUpes, me proposa de nouâ accompagner
pour voir M. Pallier , notre ami commun» La con-
noissance qu'ii^voit du pays, nous fut aussi utile que
son aimable gaieté nous étoit agréable. En quittant
Digne , nous longeâmes le torrent de Bléonne y et tra-
versâmes le lit de |4usieurs autres torrens qui vœnnent
s'y jeter. Le chemin est assez beau jusqu'au Rocher
Cdupé, appelé ainsi , parce qu'en effet la route y a été
CHAPITRE hXXlYk 6^
pratiquée entre deux lochets par h mam des Itômmes.
Ngris vibmb it droite, sur la montagne, ie châ^au de
FontintlU, oorupé paf M»>^ de Minbeauu
Amvés aa irittage de Alaligrer, nous y fômes
reçus aT6c beaucoup d'aâ&bilité par M. de Mal^ier,
Biaitiv dit chiteau, Api^ avoir accepté qudquei
vafrsâctBSsemens, nous reprnnes k route de ^teron ,
où nous arrivâmes vers otnase heures»
La contrée que ooiis avions tiaversée est dans lei
montagnes subalpines , qui commencent h D^e :
les viHages sont dans de peiâts vaUons ou ^r des
coteaux ; ils ont un air de misère et de vétttsié qui
contraste I)eaucoup avec le riant aspect de ceux des
cositrées méridionales de la Provence. On lencomre
cq>endantde vastes prairies, d^isiez beaux champs de
blé ; ie revers des montagnes est couvert die ibrèls :
msûs ce paysage n^est point animé par la vigne et
Tolivier. Le département est borné vers I^e par
cefaû des Alpes-Atarithnes ; et au«deik de Sisteron ,
par le département des Hautes- Alpes^, où sont les
montagnes du Dauphiné*
Envur^n une iieue avant d'être à Sisteron , on suit
les bords de la Durance : on a k sa droite des mon*
^gnes calcaû^es , dans lesquelles on voit de temps
en temps des fiions dfun marbre blanc grossier , mar-
qué (fe veines grisâtres : on distingue dans la masse
calcaire, des ammonites, des camites etd'aufres co*
quilles pétrifiées. '
6i CHAPITRE LXXIV,
Sisteron est nommé Segustero dans Tltinéraîre
(PAntonîn et dans.Ies Tables Théckldsiénnes : c'étolt
probablement son nom celtique. On l'appela ensuite
Civitas Segesteriorum , puis Segestermm , et enfin ,
Sisterium, d'où il a été facile de faire Sisteron. Cette
ville a été , en I j 5 2 , le théâtre de sanglans combats
entrei les protestans qui s'y étoient réfugiés et ies
catholiques, qui parvinrent enfin à les en chasser.
Lé ehâteau a servi depuis , pendant quelque temps ,
de prison à Casimir, roi de Pologne, lorsqu'il fut
àrVêté , à son retour de Gènes, en 1658 , par le
comte d'AIais.
Pour entrer dans Sisteron , on traverse la Durance
sui* un pont d'une seule arche. Rien de plus affreux
cjue Paspect de la ville vue de la rive opposée de
cette rivière : c'est un amas de hideuses masures
élevées les unes sur les autres en amphithéâtre , et qui
paroîssent ne recevoir le jour que par des ouvertures
longues et étroites comme les fenêtres des prisons.
II étoit trop .tard pour aller voir Theopolis et
^'inscription de Dardanus : cette partie fut remise au
lendemain I et nous employâmes le reste de la soirée
à visiter la ville et à prendre un repos nécessaire^
L'intérieur de Sisteron n'est pais aussi désagréable
que ses dehors ; il y a plusieurs maisons bien bâties ,
une place assez spacieuse , et quelques rues qui ne
sorit ni aussi laides ni aussi étroites que celles de
Riez et de Digne.
Nous
\
' Noui pibtîtiie&^cimra&ileJfendeitiafiaiI^
k^resï dttinatia : nqos éironsL sans gpide , celai iqua
iiousr0(vbfi5fettiinbla-vettliia]{i0t manipié depaiolep
'mw oit pmis mdiqujt si EitetL DOdw roàiÊe^ isfàé nooi»
ne nèusr égartm» pokiL li ^ous. iàlfot tniverser ui^
payçf presque inhabité , en suivaBt unichemiq é^oât y
à peine fmy>^ , et couvent pratiqué suri le horci des
pp^ipkes. Ces montagnes >soilt &rt arides ^'ettm
produisent que de( bui^soi»^ ; cm :^rçpit' istule^
ment , ^espace en espace , ^qaelques coins dé terve ea
culture et des af bres très^clalrsieinés. Epfin on smve^ à
VBà lieu nA tes moAtagnés se^ resservent ; iet cbemût
passe d^s \e fit dVm «orient » entre deur sochersi
escarpés : c'est au point où te termine oécte goi^e y
et où la vallée (^cKimience , i]ue se trouve Ig belle
inscription qui attirolt notre curiosité , et qiics Foa
nomme dans le pa^s ptfra 9^s$rtUo [ pierre écritié ]i J'ai;
ào&aéî (fl. UV\n* :t )MXi<^ vue de ce site pitto-^
resque ; ^ la dois à f amîdè de M. Ssmson , ingé»
rieur des ponts et chaussé^, dans le dépanement des
Hautes-^pesy qui a eu aussi la bonté de &ire pour
mon adas^ plusieurs autres dessins intéressa ns^
Cette inscription a déjà été publiée paj- plusiçuf^
aut^rs ( I ) , mais, sans être figurée , et toufours d ur^
\ T«
(i ) SpoN , Misctll. I 50 ; SiRMQND , Antiotationesin APOLLINAR.
a m Thesauro GROI^ortT, toifn. X, pag. nJ^-, SlBONIJ EpisL
\. V, cp. 9 ; GruTER , CLI, 6; BerGIER , Grands Cîtemms , i6f j
BoLDON. Epigraphica,%t)j\ BoUCHE, Chor, de Prov, a44integr.^
Tome IIL E
^6(6 • CHAPITRE JLXXIV.
manière . inexacte* M. Je . SOUS -jpréfèt de Sisteron
nous eh avoit procuré uiie copie plus £dèle que
celles qui ont été imprimées : nous employâtties
deux heures à la confronter avec l'original , et nous
y trpuvâmes .encore quelques inexactitudes. Celle
que je publie ici, a été fait^ avec la plus scrupu-
leuse attention. H^est aisé de juger qu'aucun des
auteurs qui ont parlé de cette, inscription et qui
en- ofit imprimé des copies , n'a pris la peine d'aller
la voir dans le lieu âpre et sauvage , mais pourtant
intéressant et pittoresque ,, où elle est plî^cée , et
èù elle pik>duit un effet si.beau et si singulier, que
ce rocher mériteroit . d'être imité dans quelques-uns
de nos jardins modernes.
La partie supérieure de Tîflîscriptîon est sur la
Êice verticale du rocher ; mais comme la place n'étoit
pas suffisante pour la contenir loute entière , le reste
a été écrit au - dessous , sur une portion qui saille
horizontalement au bas de; l'autre sous un angle d'en-
viron soixante-quinze degrés. En voici le texte et la
traductioh : ^ ^^
a^o mutil.;D'.BoÙ<iUET, JVn/r. ter. GalLtomJ, in Exe, GruT^
1 37 ; De la GandarA , NoMHaripy armas y triumfos di Galicia »
35 ; ChorIER, Histoire du Dauphiné , 187 , mutilée; Papon ,
Histoire de, Provence , pag. 95 et 96 ; Hagenbuch, de Diptycho
Brixiensi, p, 63 ; Mevolhon, sur des inscriptions récemment trouv/es
à Sisteron, 1804, in''8,'* . • >
IMi— M— ■■Élfc 11' ^* i^É—
n
CHAPITRE LXXiy. 6j
CL T^ P05TVMVS DARDANVS~IN;^ETPA
rrRICAE DIGNITATIS EX CONSVLARIPRO
VINCI AE VIENNENSIS EX MAGISTROSCRL
Nil UB f^EX QVAESTj^EXPRAEF f^PRET^ GALL f^ ET
NEVIA CALLACLAR f^ ETINL J^ FEM f^ MATERFAM
EIV5 LOGOGVINOMEN THEOPOLIS EST
VIARVM VSVM C AESIS VTRIMQVEMON
TIVM LATERIB C^ PRAESTITERVNT MVRt)S
ET PORTAS DEDERVNT QVOD IN AGRO
PROPRIO CONSTITVM TVETIONIOM
NIVM VOLVERVNT ESSE COMMVNE ADNI
TENTE ETIANV C^ INL Ç^ COtA Cy ACFRATllEM ^ E
MORATÏ ViRICL C^ LEPIDO EX CONSVLA
GERMANIAE PRIMAE EX MAG MEMOR
EX COM (^ R£RVM PRIVAT J^ VTERGAOMNI
JvM SALVTEM EORV
^ «MT^M stvdivme;
Jt DEVO
.^11 II u OM it m
TIONIS PV// <r <f If "i mA mAl
TITVLVS POSStm »^<^ii ••» •■^ ■■■ »OSTENDI
Qaudius^i) Postumus Dardams , homme illustre (a) , Revêtu dt
U dîgnilédi patfice (3) , ex-gouverneur consulaire (4) de la prùvinc%
(i) CLaudiuS, (
(1) vif INLustris,
(3) PATRICAE DIGNITATIS. Ces mots ne signifient pas que
Ciaudius Dardanu^ ctoit à' origine •patricienne, mais qu il avoit été
«rvêtu Awpatriciat. Ce titre n annonçoit plus dors l'antiquité on
l'illustration de la familie ; il étoit purement personnel.
' (4) EX CONSULARI, Les consulares étoicnt, dans l'origine , des
fi Z '
/
6Î CHAriTRJI LJCXIV.
Viennoise, ex-mdttreJes re fuites ( i ) , ex^qvesuur [%), epftéfitdtt'prét^ire
des Gaules (i) ; et Nevia G^Oa, femme clarissime et illustre (4) , som
épouse (j); ont procuré à la ville appeléeThcofoWs l'usage des routes,
en faisant tailkr des deux cotés les flancs de ces montagnes (6) , et lui
gouverneurs que l'on choisîs5oit parmi les hommes consulaires ;
c*est-à-<lire, parmi ceux qui avoient été consuls. On donna»
dans la suite , le même nom aux gouverneurs qui n'avpîcnt pas
obtenu cette dignitç^ parce qu ils avoient les ornemens et l'appa-
reil consulaires. Le consularis d'une province étoit celui qui ia
gouvemoit avec l'autorité consulaire.
(i) EX MAGISTRO SCRINII LiSellorum. Cétoît une espèce de
secrétaire d'état qui se chargeoit des requêtes adressées à l'em-
pereur. Les mots scfininm liàellorum désignent It bcite où l'on
plaçoit ces mémoires,
(a) EX QVAESTore,
(3) EXPRAEFecto PRETorii GALÛœ, Ces officiers furent établis,
^ 39a , à Arles , qui étbît devenue la métropole àos Gaules, après
que la ville de Trêves, où ils résfdoient auparavant , eût été prise
par Ib Francs. Ils étoîent chargés du gouvernement de la province
pour ce qui coficernAii principalement le civil et les finances, et
ils y faisoient exécuter les ordres de l'empereur.
(4) Quelques auteurs avoient lu ainsi ces mots : PPAEFectus
PRETorii GALLiae ET NEMausi GALLœcia, préfet d\\ prétoire
des Gaules , de Nîmes et de ia Galice : c'est pourquoi LA Gan-
PARA a rapporté .cette inscription page 75 de son Nobiliaire
de la Galice, déjà cité çi-dessus , page 66 , note j mais au lioii'
de ces mots , dont l'expliciation seroit impossible, on lit évidem-
ment NEVIA G ALLA ÙLARissima ET INLustris F E Mina,,
{5) MATERFAMilias EJUS. Cette formule peut désigner seu-
lement son épouse \ elle peut aussi indiquer que Dardanus étoit
mort lorsque U reconnpi^sançe des Jiabitans de Theopolis lui
consacra cette inscription , et que sa veuve, Nwa'Çalla , vivoit
encore. II y a des exemples que le mot materfamiU^ns estquclquçfo«
pris dans Je sens de veuve,
1^6) L'opinion .communf est que le rocher formoit è wie de ses
CRAFITRB LXXtrj ^
mH dmm/df$form H des murailles, Tâut ah a S^fdikJtttlmrpHkfpre
terrain; mais ii$ l'ont vouh rendre commun pour la sûreté de tous (»}.
Cette inscription a et/ placée pat les soins de [i] Clnudius {■^)Lépidus^
tomte et frère de P homme d^k cité , ex-Coniuldire de la première Ger-
manie (JÇ) , ex^maifreducoÈseitdesménûbesL{^)^j»<omttJêgfeikkup
pardcuiiers {6) de Tétitpereur, afin de pouvoir mçmrer kur soJUtsttêde,
pour le salut de tous , et d'être un témoignage écrit {2) delà reeonnois-
sance publique*
extrémités une espèce de cul-dcrsac, et que Dardanus Ta faft
ouvrir : maïs îc torrent qui y couîe dcpuîs' un temps dont on ne
peut apprécier la àineét , cl qui a sans doute ie\é \t #ol en ttt
endroit , ett «ne preuve p^ysiquis du contraire^ Ces roots M i'msr
, cription , casis utrimque montium laterHus , attestent encore quç
Dardanus a seulement fait élargir ce passage, en coupant de
cbaqoe c^é une portion da rpcher.
(1) TrETWMrpëiLYtmtUm.Spûn zécàk maU-prapo» mmt^
téonit
(*) ADNITENTE ET! AN pour etiatn,
(3) Claudio,
f4) PRtMAE &EKMAmÀÈ, Sa métropbfe étcwt Moguntiutd
\ May fnct 1»
(5) EX MACistro ArSMOSiœ. Qn afpefciit scnuiét^' memo^
ria, ou memorialet , des o(Eciers qui étoient changés de conserver
, ïcs extraits ies décfsions* rendues par le prince , et d'en délivrer
des expéditions. Le ptcirfdent de ce bureau étoît une espèce de
icônlstFç; il 3« no«|niio?t mpghier scrifiii memma. Lqiû^Citrini
a^cté omis îcu et nous nr lisons qmtmagister memoria.Ctto&ckr^
lors de sa nomination , recevoit de. ta main du piriflco ut»e deilicurtf
dorée..
(6) BJÊ COMitt nÉRVM PmVATarkm, Cetvh l'intendant
des revenus du prince , dont i! ne devoit compte qu'à lui : cet
•ffiee rdrenoît% celui quepcRtplk ^joord^huf en FVaneelVMtm-
dant dt la liste civile,
(7) DEVOTIONIS FVbUca TiTVLVS POSSH OFTENDK
E3
l
70 CHAPITRE LXXIV.
Uentîèrè solitude , le bruit du torrent, les sottvei*
ijîrs que cette inscription rappelle , les beautés que
la nature déploie dans ce lieu sauvage , tout concourt
à imprimer à i'ame une douce teinte de mélancolies,
on aîmerôît à livrer son cœur à la bienveillance en-
vers le magistrat ^qui a feit un usage utile de sa
fortune et de son crédit, et envers ses concitoyens,
qui ont voulu éterniser sur cette roche la recon-
noissance du bienfait qu'ils avoient reçu. Pourquoi
faùt-ii être contraint de réviser son estime à celui
à qui Ton se plairoit tant k Taccorder î S. Jérôme ( 1 )
et S. Augustin (2) font un grand éloge de Darda-
hus ; mais ils ne l'ont jugé qwe sur ses lettres. Si-
doine ApoHinaire , témoin de sa conduite , a pu Je
juger d'après ses actions; et il dit en propres termes
que c'étoit un monstre qui réunissoit tous I^ vices
des divers tyraps qui avoient envahi les Gaules sous
l'empire d'Honorius ; la légèreté de Constantin (3) ,
la foiblesse de Jbvîil , et la perfidie de Géronce (4).
Souvent des hommes injustes et criniinels dans leur
cpnduite publique ont des vertus domestiques ^ des
qualités privées : ils soignent leur «famille , ils font
m^U^
(i);HlERONYMI £/;«/. 129.
(2)8. AUGUST. Epist. 57.
. (3) Cciui qui passa d'Angleterre dans les ^Gaules , et sctabiit à
Arle5.
(4) Cûm in Constaftdno inconstanfiam , in Jovînc faciUtatem, iV
Gerontio perfidiam , siuguïa in singuUs , omnia tH Dardano Ctimiua
sîmuî cxuraroitur, Si\>o^, AvohLm. Y , «^
du hieri kct qui les entouré ; ces i>onnes actions pari-
ticulières méritent la reconnobsance des personnes,
qui en ont • été f objet. Mais les magistrats dhargés
d'un grand pouvoir et auxqueb le prince a confié
son autorité, sont tou^otin^ responsables^ de 4^sage
qu'ils en font; et ce n^est point pour avoir répandu
aiitour Jd*^ux quelc^ei tiëiiâîts ^ qu'ils doivent être
absous des actes d'oppression et d'injustice dcmt ils
se sont rendus -coupoles.
L'agreste Apretédu^lku où est la pierre «de Dar^-
danûs , est adoucie par la présence de nqml^neux
végétaux qm tapissent les rochers . 0a ' bof dent les
torcens. Oit y distingue i'opâirys^bifoli^ ( i )' '^ ^^^''^
Bîfiïfiée (2) : il ne restoif piôs que desi débris de cette
p^te ^y afnsî que de f asphodèieà fleurs blanches ( 3) ,
dé ranttiàffc'k fleurs de:iis^(4r) , du martagon Manc
piqué de pourpre (5) etde l'orchis caryopbyM^e {6) ;
tnaîs I»soIdaneIIedéipAI^(^) ^ la peti«e cataire (8) ^
i'oseilkt/àifeuilles^ei^ bouclier (9) ,' la hiauve cré-
»l ■ I ■ I I I I (1^ ■ .
%, ■ -^ H.
• . * * "-
. 1
(3) Asphodelus albus, .
(4) Anthmcum UHago,
(5) JJiikmmarmgo pfft fmÊCtato,'
(6) . Orchis car^ophyllata,
(7) SjpUanella Alpimroùuuiifolia
(8) Nepeta nepeuUa,
(9) Rsmix scKtatus»
e4
1 j •■* 1 j 1 i
L
-<*
|>eù y}ve^ poéif ae f)as tlefiôver. de voir Iç iiM où é^
cieti» Thàopalis dbnt IeS| h^ham ise sont tnoiiùtrés
pouflsâiines; do^c lios > cheV.aax jtsscju'À Sa'a^^enit^ ^
petit village composé cte.idht; fm sk masunes, est
«tùi d«Bs>iè(t6ifc'it09re4« £)rotii0invaù mi)iettd\ine
xampagne ateea riaiiteTeticofuv|emè d'arbres iruimrk
iNiQ^siiîi'y>ti:ou9àmes inJecJuné.fil ie inidare ;xet/^»oài5
sië savioiis k ic^î ndus/advesser.^oiiriobtaoij^ desxei»-
Jo^^qmé ieiHds^rd ilOûs>Biir^çoriti^ «a fêurie hfidnodf
qin!l^ropo8atde nôu^ ajctootpagoer :fc'étfi)al:3lbiic)taÎM
^e>ce |)ién< pays, M. Xabotd^:^ (Cf^e^aon espiifc et sôifi
«jn^^trttdtion ^6^^ firçn^ pi^if d^ne 'd'dihî^iBpct ^vt%
farareux, iï nbns (forçai kiraedepter ^lihidÉjeÊBèij^aék
aussitôt après nous partîmes avec lui. Au bout d'un
quart- d'heure de marcbe sûr lin Terrain aride , dont
les coteaux n'offrent guère que des: .iroche6^pt»)ûI--
iées , et où les endroits susceptibles de ciïtÉtrirè ^nt
labourés avec la charrue sans oreilles, a^ppeîép i^r^yre ,
nous arrivâmes au pied diir ra^€«- de DiH9»<m.. I^
Y laissâmes nos chevaux.
>• \i\*
(i) Maha crispa,
(3) Astragalus aquikgia folio.
■ii»n»iito\rii',î,
iMlt
, J , J
< «I » '«■
\ ^
. J<. t
.!_, «^
Sûri et fodier^ ()aî "esit arès^baiit .^ et Icpii n'est
accessible que du côté opposé à Sain^^enitir^r oh
Toh aiccaé qndcpi» restes de maçonfaern antique ;
on yiBemaacqpe aussi tm 'cbeifain et un ibassin tanUét
tbhs leïbc : le bassin a cinq À six pie(k> de Imigueiir
sur foiffroi^ un pied et demi de profbndmry et un peu
^plittr<de detix pieds de largetiir; It y ^ fiai^s ie.^iion^
dci disiamce œn distance, ? quelques restes dercons^
vuctions antiques > et les laboureurs en découvrent
souvent^ Tout ce ; vallon et les rtiomagnes: ^on
aperçoit au-delà, sont ^lionnes pat d^s tontens qui,
claque année , causent des éBoufemeni^ {^c» ôttiiTioitH
coiisidéraUes; c^est ll^ées ébbuiemens qu'en 'a^trïbne
j'al«iifi6itteiit^suoc^f lia terrain rà'atfxisfté f^dn^
tim^Tkec^lis ^ termin que fésf^^Ds^cta^pays
pfétèndem avoir été^fifdfe^beaiicoitp^plur âeif4;>Oh
f-irçmvé etfàoret^qi»^is/eh b^oâbâtvlà terre ^,
diÉ>2mmau«?/^^^mé^aîHes 'jet dti^iti4$ HfOiteeauit
! , , . . ' ■>.*
r: ('i
^ De iDÉHè ^«afe , qui Ait étrétiés^împdmnte > à en
îôgér i*ies»sîmaiîôns^pttr lè^'isotes <pàt^tbîent été
^ris {»Mf S^renÂre acce^bte ; ^ lè^irbÀ^ <|u'on iui
hmk itî^^'^t ) , €t fSifrl1mï^lànc0;dà pférfchnagé
xpki^rféiéMlétmj^siÈitty^ ne teste {){ô$ {{ne quelques
ruines, son nom antique conservé dans l'inscription
qtiè)ë viens d'«xp6i^ét ^ et hkvSétneife dé ce nom
(T^)^^T)^f*p/«,'t*est4-ah^,t^///r/fe Dieit.
.1
74 CHAPITRE LXXiy.
dans cduî de Théou, par lequel on dé^ne> aujciur-
tf huî son emplacement.
M^ Lafaorde nous conduisit ensuite k ia chapelle
souterraine de Nptre-Dame de Dromon, située pnàs
de l*ancîertné ville dpnt nous venions de visiter
les foibiesi restés. II y a environ soixante ahs.cpi'un
berger, en frappant la terre avec son bâton ^enten-
dit un son qui indiquoit une cavité ^: il communiqua
sa découverte au curé de Saint - Gêniez ; on fit
creuser^ et cm trouva cette chapelle, où l'on voit
encore troiç petites (Colonnes dont les chapiteaux
sohi décorés de têtes d'aniiiiaux. Ce genre.d'oroe-
meht avoit feit penser à M. Laborde que c'étdit;un
ancien tempie de Diane ; mais ce qui détruit abscSu^
ment sa conjecture , c'est qUe tie style de ia sculpture
de ce$ ic^iapi^aux est gothique,^ et qu'ib.sont.tra-
yaillés dans je gdût de^ chapiteaux historiés .qu'cm
voit dans pli^ars église^; J^urdessus de; .cet^: dm-
pelle, on en a bâti une plus moderne en J^oàisi^riSe
Notrç-Dame^ de* Dromon y.^t qui partit Ic^rjilme
grande réputation d^w fo cpntréeHiNous-îjfjyime^
des béq^iUes ef ^zxxtx^ytx-yoto. Le^A;|uittef> JI
devoit y avoir. grande affluence de fidèles :<il^}f Kieiit
quelquefois plusieurs milliers de per!Sonrie^.]^;p^Ie--
yînage. •- , _ .;-... ^ . -i^. . ' •- ,•:':'.
L'ancien vicaire de Saint - Genie35 , M# Tabbc
Comte j et M. Laborde, de concert avec quelques
autres habitans aisés du canton , onf sollicité à
l
C H A P I T R E L XX I V. 7 j'
diverses reprises l'autorisation d'explbiter les mines
de houille dont le pays abonde, et qui jusqu'à présent
sont demeurées inutiles : ils ne, rédamôient du Goa*
vemeitieni ni encouragemens ni secours. Au moment
où la rareté du. bois commence à se faire sentir , il
seroit important de leur accoider l'objet de leur de-
mande : ils prétendent quils pourroient vendre la
houille à un prix inférieur de moitié à celui qu'elle
vaut dans le pays.
11 existoit si)r le territoire de. Dromon une mine
de plomb assez riche ; mais elle a été abandonnée
ï l'époque de la révolution. On y exploite des car-
rières de plâtre 5 il est probable qu'on y trouveroit
aussi du cuivre et du fer. On a découvert dans les
environs quelques morceaux de succin ou ambre
}3(une ( I ). A l'exception de lai soude, le pays possède
tout ce qu'il faut pour l'établissement d'une verrejm
Le marbre n'y est point r^t^ ; m?is jusqu'à présent
on n'a i^it usage que de celui qui se montre à h
surface de la terre, et qui , nécessairement altéré
par l'action des pluies et de l'air atmosphérique ,
ne sauroit être employé à des ouvrages de quelque
importance : il ,est à pifésurner qu'en faisant des
fouilles plus profondes , on en extrairoit d'une qua-
lité bien supérieure.
Depuis mon retour du . midi , on a trouvé à
(1) M^ùires de l'Académie des sciences , 1745» * -
f -^
/
y^ 4CHAl»ïTRE LXXIV»
Sisteron quelques inscriptions qui ont été publiées
par M. Mevolhon (i). Dans l'une, il est question
d'Un certain Héraphile, qui^ étant grand prêtre , anit
fait un vœu à Mercure ; l'autre porte qu'w/i chevalier
romain attaché h Marius, et qui avoit servi sous ses
ordres contre les dm très et les Teutons, a fait uni
station sur le tombeau d'Hérophile , fis de Adarius,
Je ne rapporte pas le texte et ne prends pas la peine
de le commenter, parce que la forme des lettres ,
Forthographe des noms , les fautes contre l'histoire
èr la chronologie, tout en annonce la fausseté.
On a demandé par qui ces inscriptions poudroient
avoir été fabriquées»: la réponse ne sera pas facile
à donner. Cela ne prouve cependant rien en faveur
de leur authenticité : car dès qu'une inscription a
tous {es caractères de la supposition, eHe doit être
réputée fausse , quoiqu'on ne puisse itidiquer le
faussaire ; de même qu'une chose n*ea est pas moins
volée, tpioiqu'on n'en puisse pas découvrir le voleur.
Il ne paroît pas néanmoins que ces inscriptions
soîeiit tout-îi-fait récentes : je pense qu'elles au^
Tont été composées par quelque moine , dans des
tertips d'ignorance. Par la suite , ces pierres ont
• L
*MWfc— *i— I I ■! Il PW— ifc<— ^^*1^M— ^ ^ — i— M— *— — — ^— W^— 1^— — — >^M^ii^— ^— — — — —
»
( I ) Inscriptions grecques et latines trouvées en thetmidor an Xtî ,
à Sisteron, département des Bastet-A^es ; xn-S^ li.zctc de M. Me-
volhon , qui a bien voulu faire imprimer fe texte de ces inscrip-
tions afin que ics antiquaires pussent en porter leur jugement #
mérite toujours icur cfogc et leur reconnoissancc.
'^»*i**^
CHAPITRE LXXIV. ^J
été employées dans des ccmstructions , comme tant
d'autres qui sont également chargées d'inscriptions ;
et le hasard les fait reparoitre aujourd'hui pour donner
un vaste champ aux conjectures des curieux et des
antiquaires.
'f
L
78
CHAPITRE LXXV.
Peyruis. — GiROPÉ. — Montagne de Lure. — Abîme
de Cruis. — yWem/w/.-r-FoRCALQyiER.^»— Ses Comtes.
— SiMiANE. —Rotonde.
Il étoit déjà plus de trois heures quand nous ren-
trâmes à Sisteron : nous repartîmes à cinq , dans
l'espoir d'arriver le soir à Forcalquier ; mais le temps
nous manqua , et nous fumes forcés de passer la nuit
dans un mauvais cabaret de Peyruis, village que
Bouche regarde sans aucune autorité comme la patrie
de Pétrone. Ce gîte détestable nous parut cepen-
dant mériter quelque intérêt, lorsque nous connûmes
la* bonne conduite des braves gens qui Fhabitoient
et la résolution qu'ils avoient montrée quelques
années auparavant. Viton , c'est le nom de l'auber-
giste, ayant appris que des brigands qui înfestoient
ie pays, étoient entrés à force ouverte dans lâ maison
du maire , réunit chez lui les hommes les plus cou-
rageux ; et ceux-ci , ayant à leur tête un ancien mili-
taire, parvinrent , après un siège assez vif, à mettre
en fuite les brigands , qui s'étoient déjà retranchés.
Nous reprîmes notre route à quatre heures du
matin. Depuis Peyruis jusqu'à Giropé , la droite du
chemin est bordéepar une forêt qui, dans les temps
de brigandage, étoit un des principaux repaires des
» .
CHAPITRE LXXV. 7p
Toleurs; à notre gauche nous avions toujours eu
k Durance. Depuis Sisteron jusqu'à Forcalquier, on
Toit de loin , sur la droite , la montagne de Lure ,
dont la chaîne s'étend de Test à l'ouest ^ dans un
espajce d'environ neuf lieues ; elle se lie au mont
Ventoux , et finit à Malaucène , dans le département
de Vaucluse. Le sol de ces montagnes est calcaire :
il est en grande partie infertile ; sur quelques endroits
on voit végéter des chênes blanci et des hêtres :
mais y autour des lieux habités , il y a de bons pâtu-
rages. A peu de distance du village de Cruis, on trouve
un abîme célèbre ; l'opinion vulgaire est qu'il n'a
pas de fond : cependant on raconte qu'un prêtre
s'y fit descendre , et qu'il crut y voir des spectres si
eflrayans , que sa raison en fut égarée pour le reste
de ses jours. D'après les expériences de M. Verdet ,
il résulte que cet abîme , qu'on peut comparer k
celui de la fontaine de Vaucluse , a deux cents pieds
de profondeur ( i ) .
Forcalquier est situé sur les bords d'une petite
rivière appelée la Laye. Rien de plus noir et de plus
triste que l'intérieur de cette ville; les plus belles
maisons sont bâties sur l'esplanade, hors de la porte :
auQun monument ne peut y fixer la curiosité. Ce
lieu a cependant quelque célébrité dans l'histoire : il
paroît que c'étoit la capitale d'un petit peuple appelé
(f) Darluc , Histoire naturdU de la Provence, U , yu
8o CHAPITRE. I.XXV. '
Aîemini pajr {^ Romains ; que , sous {a domination
de ceux-d , on le nommoit Fpnm Neronis / que , daniSi
des temps plus modernes , . il a reçu le non» de For
mm ^^Icarinm $ à cause de la chaux qu'on y* trou-
voit PU dont on y feîsoît commerce , et que. c'est
de là que s'est formé celui 'de Rrcûlq^krAj^^ la villes
porte itiaintenant. .
Dans \b moyen âge , ce pays fprmoit une souve-
wîneté particulière, appelée d'abord cçmté d$ Sht9mn%
et qui prit ensuite le nom de comté de Fmalquip-. Cet
État, assez étendu, renfermoit tout ce qui est cpm-
pris entre la Duraiice , Ilsère et les Alpes : c'étoit la
plus grande partie de la haute Provence ou Pro-
vence occidentale. II fut démembré par Godefrot exv
6veur de ses neveux , Guillaume-Bertrand II , qui prit
le titre de comU de Nice, et de Godefroi II , qui eut
celui de comte de Forcalquier. Leur héritière , Adélaïde,
fille de Bertrand , épousa Ermengaud I V, comte d'Ur-
gel. Enfin son arrîère-petit-fils , Guillaume IV , dît
h Jeune ( i ) , n'ayant eu qu'une fille appelée Gar-
sende, la maria à Raynier de Sabran. La fille sanée de
celui-ci, nommée aussi G^rrr^^f, épousa, en i\^^ y
Ildephonse II , comte de Provence , et son aïeul lui
donna en dot le comté de Forcalquier : i'Embrunoîs
et le Viennois en fiirent détachés en faveur de Béatrix
( I ) GuUtlmus jutthr eamef Forcaîqumi,,.,, Joatm, COLUMBI
Manuasc^sis Qpuscula varia / Lttgduni, 16^8 , ÎQ-foI. , pig. 76?
de
Boutgogne , <tiu|)hfa d0 Viinhob. ÔtSHtttiiîië àé
repMfk msuktf ^ l'aigan^e qa'it avéii &!(« âvet lé'
«Mme dé I^*«ing0 5 II s^ttHÎl «t tj^rmte tfé^ T6ii4
louse , et promit de l'instituer son béifitiét ; tê tHA
cdWâ de§ gfim^ qut dufèmit foi^ fa motties
«eût pttec« , €ti I iop: Alors GâiHsitiftié dé Srftfttî ,
çOtiiiÉt àë^fytynlèt et fifs êAUx^ ^ù^t dé GvSflàmiite
IV, prétendit avoir seul par ^ irière dé» droit* àù
tXMttté df» Fc^calqujéf : Âaymoifel 4e Sëféngèt ût
Tégier la chose , en i llù.pAt tm }ugétnenî àrbitï^I ,
eî gafda ïés dcnnainés j il ôe i^sla k Gttifeùme
ap^^me penie qûissythê é^ xètm ^ et h titré dé comté
âe Forcaïqttiéf , qi»é sa dc^^ewdànèe si ttstiijWrij à I*
inafisofi de Bfaiieàsf ( f )< CépeâdoMl lé tùiùîê d&
TorcsikfEàer fut t^ti^^fs^ regardé é€p^ côttithé\M
dépendam» dtt comté éé^PtùVetice ; et léé ^î^d^
Ffanec, dails fes dédafatibit» ^lelEititie» à té^^ pt<^^
yfiAté y pi«nofenl fe» tilfiei àè êèmm ié Pfàî^ettce ti
Dans ée% lanp» iffoii^ i^eéâlés^ ,^ Idt^ <le^ gu^^^
de religion , cette ville a été le théâtre de plusieurs
combats. On y &brique aujourd'hui des étoffes gros-
sières , et il y a qjuelques êkitures de soie: liés
coteaux exposés au midi sont piaiités^ d'odiviefs ^ la
' Il I n I n t ■
(i) RUFY, Disstrtaiion sur l'arigint dté cmttïdt FùTâé^^,
Maneiile, 171a, inr4,*
Tonic III, ^ F
^...^^_
»a CJHAPITRE LXXy.
ville est entourée de campagnes riantes et de jardiiif
assez bien cultivés. Le territoire d'Aigles , village à
deux lieues de là , contient des mines de fer et d^ar--
gent ; mais jusqu'id elles n'ont point pgru mériter
d'être exploitées.
On remarque aussi dans l'arrondissement de Fpr-
calquier quelques plantes jcurieuses , parmi iesquelle$
on peut principalement citer Fasphodèie jaune ( i ) ,
l'oseille digyne (2) , fei camphrée de Montpellier {}} ,
le giroflier des Alpes (4) , la gs^ridelle ( 5 ) , le lis rnskr-
tagon (6), la stéhélinç douteuse (7),
. Notre ami M- Pallier nous avoit envpyé des che-
vaux; nous partîmes àci|iq heures, etjiousarrivâmesi,
à Simisme à la nuit, par un chemin détestable. Toute
ce^te contrée paroît^très-^aride : la, terre çst çouvei^te
de lavande commune ; les^ bois qui fnvironnent la^
ville , sont plantés de, chênes verts et blancs qui y
prospèrent. On trouve une quantité considérable
de mâchefer répandue ài§ tous cÂtés : il ne faut pas.
croire que ce soient des traces de volcans ; les Sar-,
i^nst qui habitQient ces contrées , y ont ouvert des
(i) Asphodehs luteus , L. Pouïraquo jauno.
{1) Rumex dîgynïis , L. Eigretto rundo.
. (3:) Camphorosmà Mânspeliaea, L,
(4) Cheirantkus Alpinus, L. Lou garamé fer*
(5) Carîdelia nigelîdstrum , iàk
\6) LsUum martago , h, ^ -
(7) StahflittaduiiafL»
CHAPITRE LXXV, 83 \
mines , construit des forges ; et ces scories sont les
restes des préparations qu'ils fàisoient subir au fer.
. . AI. Pallier a été membre du Conseil des cinq-
cents , et s*y est fait estimer par la sagesse de ses
opinions et par sa conduite courageuse : ii s'est retirée
depuis dans la petite ville de Simiane, où ii a sa
famille et ses propriétés., II nous fit Taccueil ie plus
amical ; et le plaisir de ie revoir fût aussi un des plus
grands que j'eusse éprouvés pendant mon voyage.
La vilie de Simiane , qu'on devroit appeler un
viUage , est située sur une colline assez élevée et
entourée de plusieurs autres collines arides ; elle est
petite et mal bâtie. L'huile que produit son territoire
est aussi bonne que l'huile d'Aix ; mais elle suffit à
peine aux besoins de la population , qui pourtant
n'est pas nombreuse. Le blé y .est plus abondant. .
Deux monumens attirèrent notre attention. L'un
est l'église , qui est assez belle et bien bâtie ; elle
a deux petites nefs ^ et ressemble en miniature k
, celle de Saint-Maximin , dont je parlerai bientôt.
L'autre monument est pius important , et il est indi-
que dans les différentes descriptions de la Provence ;
mais ceux qqi en ont parlé n'ont pas pris la peine de ^
le visiter. C'est une rotonde. Le mur d'enceinte est nu
dans sa partie inférieure jusqu'à I21 hauteur de douze
pieds : ïî cette élévation il y avoit autrefois un plancher
soutenu au milieu par un pilier ; quelques per-
sonnes ont vu la moitié de ce plancher. A ^la partie
F 2
/
84 CHAPITRE LXXV.
supérieure , fl y a douze niches à plein cintre , dont
l'une servoît de porte d'entrée. , Les intervalles qui
régnent entre elles sont occupés chacun par trois
petites colonnes : çelie du milieu , qui est ia plus
grosse y déborde les deux autres. Chaque faisceau
de colonnes est surmonté d^une tête grotesque
d'homme ou d'animal, grossièrement travaillée. Plus
haut règne une corniche en boudin , sur laquelle leîj
arêtes forment une saillie. La porte de la partie infé-
rieure est sous la niche à droite de celle qui servoit
d'entrée k ia partie d'en haut ; elle est «l ogive à
l'intérieur. •
Le dôme est divisé en douze cintres séparés par
des arêtes : la clef de la voûte forme une ouverture
circulaire. Quatre autres ouvertures avoient été pra-
tiquées dans le dôme; mais elles sont bouchées, en
dehors par une construction en massif. Les chapi-
teaux soiit , en général , composés de feuilles.
La forme ronde et les douze niches ont fait regar*
der cet édifice comme un panthéon antique : ceperï-
dant Fogîve que ïa porte d'entrée offre dans l'inié*
rieur , les chapiteaux ornés de feuilles, et les tète^
grotesques , qui sont ie caractère des bâtimens appe-
lés gothiques , prouvent jusque l'évidence que eeluî^
ci ne peut avoîi" été ccmstruît sous les Romains ; ce
n'est donc ni un panthéon , ni un ancien tombeau.
Le plancher qui îe partageoit dans sa hauteur, lii
forme anguleuse de l'intérieur, hi donnent une
t
CHAPITRE LXXV. tj
conformité remarquable avec l'octogone de Mqntmo-
rillon (i). II se peut que c'ait été un lieu destiné à
servir à-Ia*fbis de chapelle et de sépulture, quoique
rien n'annonce qu'il ait été consacré au culte chré-
âen. Peut-être n'étoit-ce aussi qu'une dépendance
de l'habitation des comtes de.Simiane. L'omc^ment
de la portç • de cette rotolide » que fai &it gmver
f pi. I, n* jf J y ressemble à d'autres omemens*
du même genre qu'on regarde * comme particu-
liers à l'architecture saxonne ; les voûtes , qui sont
presque toutes à plein cmtre , portent aussi le 4caraç-
tère de cette architecture (z) ; enfin ce petit édifjcç
a beaucoup de rappcurt avec cel^i qui tient à Saint -
^tienne de Caen , église que l!on sait avoir été bâti^
par des architectes saxons : ces divers rapprochemens
me portent à croire que la rotonde de Simiane est
do xi/ siècle , et qu'elle appartient à ce genre de
construction cpi'on appeloit opus ramanum , parce ^
que c'étoit Une grossière imitation de l'architeaurç
romaine. /
■~nî
(i ) VoyoK mes JifoMMWfens annçMes inédits; tomç U, pige ^^ ,
et h 4.* voJmne dç ce Voyage, k ï^xùde de Poitiers.
(2) Vù^riDlJCAïiLL,Anglo'norman tf»//firi^»p!. XIII;GrosE|
Antijuity of England , ifc. préface, page 76.
' 3
,T
Î6
»^M W ^ ' ^ "^^^^■■i^ ^ ^ I
CHAPITRE LXXVI.
DÉPART de Simiane. —* Lavande. — Vul^ientes, —
Apt. — Histoire.-»— Pont.— Situation. — Cathédrale.
— Tombes' chrétiennes. — Inscriptions. — Ex-voto sin-
gulier. — Vestiges d'anciens édifices. — • Pont Julian;
— fabrique de faïence. — Cabinet de M. de Sigoïer,
— Aérolithe, -* Détonation d'une meule à aiguiser.
— Industrie. — Manosque. — Huile. — Durante.
Après avoir donné trois jours à l'amitié, ilfiiiïut
quitter M. Pallrer. Nous partîmes de Simiane le 3
juillet, à sept heures du matin. Le pays que nous
traversâmes est absolument pierreux et aride: cepen-
dant on y voit quelques arbres ; ce qui prouve qu'avec
un peu de soin ces coteaux seroient propres à la
végétation. La terre est couverte de lavande com-
mune ( I ) : on obtenoit autrefois quelque produit de
cette plante ; mais l'usage de l'eau de senteur qu'on
en retire, a considérablement diminué*
En arrivant k Apt j on traverse , sur un pont d'une
seule arche, le, torrent de Cavâlori» Ce pont a une
assez belle apparence ; mais il n'est pas aussi solide
qu'il le paroît , car Iç passage en est sévèrement
interdit aux voitures.
(i) C'est ia lavande à larges feuîHes appelée aspic, lavanduia
sjfUa,
\
y
/
CHAPITRE IX XVI. 87
Nous arrivâmes à Apt vers dix heures , et nous
commençâmes aussitôt nos courses , accompagnés
de M* Fagesy à qui M. PaUiér nous avoit adressés.
Apt étôit autrefois la capitale d'un petit peuple
que lés auteurs romains appellent Vutgientes. Jutes
César i'embeifit et l'agrandît ; et pour témoigner sa re-
connoissance à ce prince , elle prit le surnom deJuIia.
Pline la notnmeAptaJuIia Vulgientium { i ) : ilJa rangei
parmi les villes latines; mais plusieurs inscriptions
prouvent qu*elle àvoit le titre de colonie (2). Cette
yille , après avoir été successivement dévastée par
les Lombards et par les Sarrasins , essaya de se rendre
indç{>endante et de se former une administration
particulière. L'évéque recevoit dans le x/ siècle le
titre de prince > quoiqu'il n'eût que, la seigneurie
du bourg:, tandis que la maisori de Simiane avoit
celle de la ville ; mais cette maison réunit ensuite
l'une et l'autre; , et les vendit successivement aux
cointes de ia maison d'Anjou.
Apt est située dan$ une large vallée entourée de
coteaux; ce qui fait qu'on y éprouve les rigueurs
de l'hiver et l'ardeur brûfante de l'été : les coteaux
sont couverts de vigne et d'oliviers; le terrain yjest
bien cultivé. .
La ville' a des rues assez propres et asses^Jarges ,
>ii 11
mmmm^^mam^
(1) Hisu îw/.ÏU, 4^'^
(j) Spon, Mél. 6i.
I I 'iii'^l^h
/
JT^çe : IaL§Qur e<rt devenue unft pUca pi»bljque ^
4tar laquelle on vient tf^4^Ur wi^ fwtaiwi h bâtî-
ifi^m fit rhabitadon dyi tom^préf^t, ^t k tn&uiu4
Np^ AllÀmei ^'a^rd k h cathédrale , qui «st «ou^
i'iavo^^tÎQtt dç S, Caator «t de S.*^ A^w ; U^ cîipfe
m lef relii|ues qui y cmt é\é réniiréi. par Içs pieai:
Sénédictms «rtwri du V^j^ge Httémir^ [\)fn^ ^^
I^Ms dans k trésor r mai» nous visiitàmes fe$ <;iYpte%,
-qui txistefit enccM^e, Ci?s lehapeU^ «é,pukr^l^ r?afer^
«ent des caisses de marbre en forme d^ ton^m^s U\.
i t.
■•^•^^•^^■"••^^^•■•■^^P^^F^WW^WiWiWlW*^
(i) T<?m« Lff , page 28f .
S^ulcre de S." Anne, ou Histoire de la translation de$ rçliquff de
cettesainte à Aft , avec quelques particularités de la fondation de ladite
i^lise ifiscepale, pai^ M. Plem VPi GRAND, ÇhiUi^onob , svwak
et procureur du roi à Apt j A»ft I ^Pj p iPr?»î;; T h^Mbfhfk df
jjl A^spiçe^^vrtmjgp^i'eguç d'Axtt^ avec un ^hrég^ chronologique d'vne
grande partie des évêques qui lui ont succédé t par P/wr^DE M ARMET ;
î^aris , 1 68 5y,in- 1 2 ; — />^ sancto Caftore, epis€op$ Apta 'Mia , vkJt
MoMsati^eriaatiçtoritfitfs, etcofe^(iM(mu^Çqini\iiJi^tin\fuY4Çjfif:i(i^
^ietatifJesH, 4^s Iç ^^çi^l^P So|:.LANÇU5r, ai) 21 septeipbre^
— Vie de S, Castor, evêqued'Apt, traduite du iatîn dt RaywondBOT ,
l'un de ses successeurs ( ou Critique de cette vie ) , par M. DE SÀprt^
Cï^ççiTiN.} Apt, 1 6»a j et d^m hs PSin fiigitittes 4fi M* tfAl*
GLEMONT, Paris, 1705 , tome IV, page 56, in-ia ; — Histoire de
la vie et des ouvrages de S, Castor, par D, Antoine Ri VET , Béné*
dictln, dans l'Histoire littéraire delà France ^pi^n^ Ij^, ps^ f ^Ce
saint viToît au V.* siècle. 1 )
" * 1 tu iiMiii ^Km^ éI H r
^f sans doute avoient été destinées k irecevofr des
reliques; car elles ne sont pas assez grandes pour
contenir des corps entiers. Près de là est une crypte
séparée, où l'on prétend avoir trouvé autrefois le
corps de vS.*^ Anne et celui de S. Auspice, preraiet
éfècpxe et Api et martyr.
L'autel de cette crypte est soutemi par une pîerrt
en forme d'autel avec une inscription ainsi conçue:
t
1
T
mt*»-mt
'^■1 '
T: CAMVLIIO
T. FIL. VOLT. ABMI
LtAlIt). FLAMINI
liîl VU^O» COL. I YL. APT.
OHPO A»P//iJ^SlV^
\*'An HONORÉ CON
t»».ry'4 IMPENDIV»
î
\
mm^m^itmÊm^mi^frmm
J
A Titus Camulîiusj^milianus, fis dtT'itut(i),éeèdtnhu V§hittia{i)^
(a) VOLTiniâ, sous-tntendu tribu.
j- . t>
9<o < Chapitre lxxvi.
Jelafimtlk /Eîmilui , famine , quartumvhr {i) Jt U^cohnie Julitune
d'Apt (2), l'ordre des Apunsiens (3) .......••••.. • •
satisfait de l honneur , a remis la. dépense [\),
, * ■ . \ . '
Ces demîers mots font voir que Camullhis ^ ^tîs-
fait de l'honneur que Focdre des décurions lui avpit
fait en lui décernant une statue^ s'est conienté;,dç
cette; décision et n'a pas youiu qu'on en ilïlles
;ftais(5).
L'église est sans aucun ornement. Nous remar-
quâmes dans la chapelle Sainte-Ânne deux tableaux
votifs qui y ont été placés pour la cessation de la
peste de 1720. Les habitans d'Apt et leurs syn-
dics ont pris f dam l'inscription qui accompagne ces
ex-voto, les titres fastueux de senafuspopulusque Ap-
tensis [ le sénat et le peupfe d^Aîpt],
Nous avons parlé de la colère du mulet , dont on
ne peut éviter les effets que par la fuite : un ex-voto
de la même chapelle représente un muletier près
d'être écrasé pu- un de ces animaux devenu furieux.
On voit dans plusieurs caves , notamment chez
MM. Gofrédi et ^ontems , des voûtes , des niches ,
(i) ffll VlRO.La quatuortfiri étoicnt des magistrats supérieur^
tirés de Tordre des décurions ; ils étoient spécialement chargés de
Tadministration municipale.
(%) COJjonia IVûœ APTensts,
(j) ORDO^pteNSIVM, c'est-à-dirc , Vordre des décurions d'Apt.
(4) HONORE CONtentus IMPENl>IVAî reAfIsit,
(5) On trouve plusieurs exemples d'une pareille remise. {^^
Gruteb, ccccxi, I. r;
CHAPITRE LXXVt, ^I
des portions d'aqueduc, qui ont évidemment appar^^
tenu à d'anciens édifices ; plusieurs inscriptions trou-
vées à Apt ont été publiées par divers auteurs , et
sont aujourd'hui perdues ; enfin on y découvre jour-
nellement, en fouillant la terre, des ampliores, des
urnes de verre, des tuyaux de flûte, et beaucoup de
ces petits ustensiles qui ornent les cabinets des anti-
quaires; un grand nombre de ceux que possède
M. Calvet , à Avignon { i ) , viennent de cette vîHe.
M. Fages nous fit voir , dans une cave , «n
reste d'aqueduc , et if nous assura qu'on en trouve
dans plusieurs caves d'autres vertiges qui prouvent
que sa direction étoit de l'est à l'ouest. Le peuple
prétend que S. Auspice venoit par ces conduits
prêcher les fidèles et baptiser les énfans.
Dans la cave dç M. Poncet- Pontet , rue Saint-
Pierre, passage Guiminel , nous vîmes des fragmens
de mosaïque très-bien conservés ; il seroit aisé de les
enlever.
Dans la n^atinée du 4 juillet , nous fîmes une
excursion au pont JuUan , à gauche de la route d'A-
vignon, à une lieue et demie d'Apt. Ce pont a été
nommé ainsi , parce qu'on en attribue la construction
à Jules César. Il consiste en trois arches , dont celle
du milieu est plus haute et plus large que les deux
autres. Il est fort bien conservé , à l'exception des
* I
(i) Suprà, tome II , page 169.
^•
9?i CHAPITRE LXXVI.
parapets , qui sont un peu dégradés : chacune des piles
qui sont à côté de ia grande arche , a une ouverture
d'une extrémké à l'autre , en forme de niche , comme
on en voit a\i pont du Saint-Esprit. Cette confbr-
mité de construction me fait prjésumer que ce pont a
:été bâti à-peu-près dans le même temp$ que celui<:}.
En revenant , nous^ entrâmes dans la manufiiçturç
de poterie et de fa'tence de M. Bonnet, située près
du chemin. La faïence qu'on fabrique dans cette
maison résiste au feu : elle est presque toute de cou-
leur jaune. II y en a aussi de la brune; d^autre qi|i
imite différentes espèces de marbre et de brocâtelle:
itiais la jaune est la meilleure. Le vernis extrêmement
vitreux de la poterie grossière paroît très- malfaisant.
Le chemin qui conduit d'Apt à Avignpn , oifre
encore quelques restes d'une voie romaine; on J'ap-
pelle lûu camîne rameau.
De retour k notre auberge, no\is trouvâmes nos
amis MM. Pallier et Bovis , avec cpiî nous passâm^
la journée; et notre excellent hôte, M. Gaire, nous
prouva qu'il avoit résolu le problème de l'avare , d^
faire bonne chère pour peu d'argent.
Le cabinet de M. de Sigmer mérite d'être vjsitç; tf
ai une assez bonne bibliothèque , plusieurs manusqrits
arabes , un armoriai très-bien peint , desporte-feuiil^
de dessips et d'estampes , des coquilles^ des miné-
î^x, et une petite collection de médailles impériales.
On avoit trouvé à Apt , peu de ternp^ ayant nptre
s
tMAPÏTftE LXXVI. p3
passage , une pierre atmosphérique ; die a été
envoyée au ministre de l'intérieur par M. Joseph
Briin : on n'avoit pas même songé à en garder un
fiagment; ainsi nous ne potivons dire si c'étoit réel*
lement un aér^litht. Le bruit que produisit la chute
de cette pierre, fut, dit- on, entendu dans tous les
environs , et même jusqu'à Aix.
Nous apprîmes un événement singulier. Un ha-
bitant nomvsfk CremouUn arrondissoit une meule d'un
pied environ de diamètre , pour aiguiser une fàuciife ;
son aide faisoit tourner la meule avec rapidité i tout-
a-coup elle éclata avec une détonation semblable
à celiè d'un coup de pistolet ; quelques morceauje
forent lancés jusqu'au toit de fa grange, et Cremoulin
fot dangereusement blessé à la tête ; on désespérôit
encore de pouvoir lui sauver la vie. On nous fit voir
le lieu où l'accident étoit arrivé , la pierre qui l'avoît
causé ; et chacun nous raconta le fait 'de la même
manière. Un pareil phénomène , selon M ; Pallier ,
avoit eu lieu dans un moulin à vent, à Vachère près
de Simiane. Il paroît qu'on peut l'attribuer au mou-
vement de rotation trop violent donné à la meule ,
qui a augmenté l'action de la force centrifuge.
Le commerce d' Apt consiste en grains , en vins ,
en fruits ; on y fabrique aussi des eaux fortes et des
bougies. Les confiseurs sont très-célèbres . MM. Pin
et Legîer sont les pliis renommés j ils font des envois
)usqu*à Paris.
Lft -t^-± ■fïMbJ
pi CHAFITRjE LXXVI.
Les cuirs tannés, le vin et ia soié,^ sont les objets
que ies habitans d'Apt peuvent exporter ; ils ne re-
ciieillent pas assez d'huile ni de blé pour leur propre ^
consommation.
Alanosque, où nous fîmes aussi une excursion,
n*a de remarquable que l'agrément de sa situation , à
une demi-lieue de la rive dt'oîte de la Durançe. On a
creusé dans la jolie plaine qui s'étend entre la vill^
et la rivière, plusieurs canaux qui servent à l'arroser
et à prévenir les inondations.
Les rues de la viile sont couvertes d'un fumiei;
limoneux et infect ; ce qui la rend désagréable, tandis
que les dehors en sont charmans. Les principales pro-
ductions du pays sont les amandiers, les mûriers ; la
graine d'ognon y forme une petite branche de corh-
liîçrce ; les melons y viennent assez bien : mais les
autres fruits ne prospèrent pas, malgré le zèle des
paysans , qu'on regarde comme les plus industrieux
de toute la Provence ; la fréquence des arrosemens
en est peut-être la cause. . . .,
Les coteaux éioient autrefois plantés en vignes;
on y a subiytitué des oliviers , parce qu'ils sont d'un
meilleur produit. Les huiles sont très-estimées, quoi*
qu'on les trouve un peu grasses; on les fabrique à
merveille, et on les exporte dans l'intérieur de la
France et chez l'éttanger, %o\xs\q nom â" huile d' Aix.
• Il y a autour de Mano$que et sous les collines qui
entourent cette cité , des mines de charbon et de
"^mm/t^
CHAPITRE LXXVI. py
soufre , auxquelles, on attribue les fréquens tremble-
inens de terre qu'on y a ressentis. Les plus fortes
secousses ont eu lieu au mois d'août 170^; il en
reste encore des traces sur plusieurs murs et plusieurs
maisons , où Ton remarque un grand nombre de cre-
vasses. II y a deux sources d'eaux sulfureuses au nord ,
à peu de distance de la ville. Elle renferme les restes
dé l'ancien palais des comtes de Forcalc^ier, qui y
habitoient l'hiver. Guillaume le jeune, le dernier de
ces comtes, y est mort en 1 209. On y voit les frag-
mens d'un buste d'argent du bienheureux Gérard
Tenc, fondateur des hospitaliers dé Saint- Jean de
Jén^alem , né aux Martigues , et dont le corps fut
transporté à Manosque après la prise dé Rhodes.
Ce buste avoit été fait par Puget : il n'en existe
plus que la tète.
Aianosque étoit un bailliage de Tordre de Mahe ,-
et le premier dé la langue de Provence.
l^e îours de la Dunmce , qui ba^ne l'autre moidé
de la plaine, est extrêmement rapide. Cette rivière
y forme de petites îles, qu'il faut ^traverser à pied;
mais quelquefois elle les couvre de ses flots en ^14
de minutes : les voyageurs et les bateliers surpris par
cette inondation sont exposés aux plus grands dangers.
y.
■ ■-■■■■ • ■' X
r'
^6
CHAPITRE LXXVII.
*
DÉPART d'Apt. — Momagite du Leberon. — Rous-
SILLON. — Histoire de Cabestaing, — Cadenet. —
Troubadours. — ■ Frédéric Barberousse. — ^nlface de
Castella ne. <*«^ Bertrand de Carbone!.--^ Elias deBar)oi5«
^^ Blftcas* '— Blacanet* «- Le moine des ties d'Qr.
Le 5 9 à cinq heures du matins nousieprfmes leche*
min d'Aix. Au iieu de suivre la grande route y noiîi
voulûmes traverser la Montagne xlu Leberon par iL
Tour-d'Afgue ; ce qui nous fit (aire un détour. H:
faut passer, en ^ortajit d'Apt» par des chemins dilSt-'
ciles , et descendre dans des fondrières oà des bri-
gands pourroient aisément attaquer les voyageurs ,
ainsi que cela est arrivé quelquefois. Nous viiiies
plusieurs cbâ»tçiux bruies^ dont notre guide ne put
nous apprendre les noms.
Nous n'étions pas éloignés de JRsflSsillm, viBage
vtotsin d' Apr , devemi célèbre parla tragique aveiituce
du niaiheureux troubadoiu' GœHaume de Cabestaing^
Ce ^une gentUhomme avoit été élevé,, en ipiaiitécfe
yarlety auprès de Raymond de Seiihans , comte de
Roussilion ; il inspira une tendresse innocente à
Tridine Carbonelle , épouse ^ du comte : le cruel
chevalier fit massacrer Cabestaing et servir son cœur
à
^ K
CHAPITRE LXXVII. ^7
à Tricïiiae ; il mit ensuite ie comble à cette bar-
barie en lui apprenant de quel horrible mets elle
s'étoit rassasiée^ Tridine se précipita de désespoir
par une fenêtre. Les chevaliers et les amans s'assem-^
blèrent et détruisirent le château de Raymond. Cette
tragique aventure , rapportée par Jean Nostrada-
mus ( 1 } , n'est sans doute qu'un roman : celle, du
sire de Couçy et de la dame de Faîel, que Eauchet
nous a transmise, et qui a servi de sujet à des ro-
mans , des chansons et des pièces dé théâtre , paroît
layoir été inventée d'après celle-ci.
Un peu. plus loin est un autre lieu également
çéièt^e dans les fastes des troubadours ; c'est Cadenet.
3Lç seigne\;r de ce nom, ayant vu son château ravagé
et la fortune de ses pères détruite , alla courir le
)nor)de sous le nom ignoble de baguas (2) ; aprè$
avoir visité plusieurs cours et composé différente^
poésies, il entra dans l'ordre des hospitaliers, où il
mourut.
C'est au temps des croisades que le génie poé-
tique parut se ranimer , et qu'il fut consacré à célé-
brer un nouvel art d'aiijier et de plaire. Quoiqu'on
ait voulu ravir à la Provence la gloire d'avoir donné
la naissance aux premiers charftres de ce singulier
inélange de grâce, d'hpnneur et dWour, qu'on
■^Mi
(i) Histoire des troubadours , p, 58,
^») G?urçon.
Tomt IIL
^8 CHAPITRE LkXVII.
zppelle galanterie , on s'accorde généralement à regar-
der cette contrée comme leur berceau. Le nom dà
troubadours { i ) caractérise bien ces ûigénieux inven-
teurs d'anecdotes piquantes , de vers gais et baditis ,
de leçons, souvent fortes et vranes , mais revêtues de
form^ aimables qui laissent un trait dans Tame.
Ce fut sur-tout pendant le règne des princes arra-
gonois que la poésie se perfectionna. Raymond-
Bérenger II s'étant rendu à Milan pour recevoir dé
Frédéric I/' , dît Barbtrousse , i'invéstiture des terres
d'Arles , de Marseille et de Piémont , qu'il àvoît
acquises par les armes , et conclure son hyif^eA avec
Richilde j veuve du roi de Castille et proche parenté
de cet emi^éreur , celuî-cî fut tellement charmé dei
poésies que lui récitèrent les troubadours, qu'il Vofl-»-
lut en prendre le titre. Ces vers si connus, qu'on Iiii
attribue , prouveroient qu'il dn étoit digne :
Pfas mi cavalier Françes ,
£t la donna Cathaiana,
Et i*ourar des Gynpes ,
Et ia cour de Kastelfana,
Lou cantar Proveiisaîes,
Et ià dansa Trcvîsaïia>
/ Et iou ebr Aragoncz ,
(i) ^Trovatori , trobadores , troubadours, de trovare [ trouver j.
C*est de (à (jûfe \ts pôëtes cte \l langue d'Oil, ou France septctt*
trionale , ont été ^appelés trouvères. M. LE Grand d^Aussy »
dans ses Fabliaux , a voulu réclamer pour ces derniers Fin vent ion
de fa poésie : mais M. pAl*ON a. vivement défendu ses compa--
triotesi et ia «question paroû décidée en faveur des'PfoVénç^ux.
♦ ■
CH^PITRl LXXVII. 99
Las perlas de Giuiiana,.
Las mans e cara d'Angics ^
Et'Jou'domel de Toscana.,
faime h chtvalnr français et la dame catalane, ^industrie dii G/-
mis n la cour castUlane, le chant provençal , la danse irAfisane, le corps
arragonois et la perle JuUant , Jet mains et le teint de l'Anglois, et le
jeune Toscan ( i ).
Ces poètes jouirent du plus grand crédit à la
cour de Rayinond-Bërenger IV [2) et de sa noble et
aimable épouse Réatrix de S?voie (?) : beaucoup de
seigneurs , pour plaire à leurs souverains , devinrçi\t
troubadours et leur adressèrent des verll . Sous ce
règne et le suivant, Bpniface de Casteli^ne, poète
ingénieux et caustique , fut un des plus célèbres : le
fiel répandu da^is Sies vers , s^s vJo|wtes satires contrp
Charks I/' d'Apjpu et son épouse Béatrix, furent
peut-être dus aux malheurs qu'il éprouva. Le yip
plus que Tiodignation aiguisoit ^ouyent sa méchaf;-
ceté ; il se reprochoit quelquefois lui- ïP^^rne «nsuite
la hardiesse de ses expr^ions : Rocm^ Çi^'f^ ^^chfiAÀ
est le refrain assez ordinaire de. sçs chanson^.
Bertrand de Çarbonel, qui, selon Çipstradamws,
étpit vicomte de Marseille , se plaint , d^n^ plusieurs
(Jes siennes , des rigueurs d'une belle qu'ij aiiîje,
(1) Si cette ^iccccst de Frédéric l.*^"", il faut au moins convenir
qu'dfc a été considérablement altérée par Jean Nostradamus ,
qui l*a fe premier rapportée. i , .
{z) Supra , tome W , ^, 2$^,
[}] Ibid. p. a88. / \..\
(4) Bouche , qu*as-tu dit î .
G 2
lOO CHAPITRE LXXVIl. *
Les chansons d'Elias de Barjols , fils d'un mar -
chand d'Agen , ont été renommées : il célébra sur-tout
le mérite et la beauté de Garsende , veuve d*IIde-
phonse II. II surpassoit par son talent et par la dou-
ceur de sa voix tous les autres poètes.
Nous avons déjà parlé du sire de Blacas (i) ,
te noble , brave et magnifique troubadour , qui
aimoit à faire l'amour et la guerre , à dépenser , à
tenir coiir plénière , et qui partageoît son temps
entre les /nuses , la gloire et les plaisirs. Son éloge
a" été écrit par Sordel, autre troubadour. Bliacasset
son fils se moritta digne d'un tel père.
Des religieux cultivèrent aussi Fart des vers, re-
naissant soiis le beau ciel de la Provence; le moine
de Fassan , et ' principalement un moine de Léfins
appelé lou Moungê des îles d*Or, sont dtés pai*rnî les
troubadours: des femmes même , telles que Garsende
de Forcatquîer et là comtesse de Die , décorent la
liste de' ces gafains poètes. On -en pouVroit indiquer
beaucoup d'autres ; mais il seroit impossible de citer
ici tous ceux qui dans cette période de temps se
livrèrent à la poésie (2). *
La plupart dès premiers troubadours menbieiît
(i) J'tfpri, p. 58.
(a) Les vies des poëtes provençaux ont été recueillies et
écrites par Hugues de Saint-Césaire, par le Moine des îles d*Or,
et par ceiui de Montmayor, SLppclé ie fl/au lif s troubadours, Jeain
NosTRADAMUSapubiJc un ouvrage sur ce sujet j il parut en j 57 j ,
CHAPITRE LXXVII. ioi
une vie errante : ils alloient de château en château.
Ils ne se bomoient point à des chants d'autour , à cé-^
lébrer des fait$ âe chevalerie : ils composoient a,ussi
des légendes en vers ; ils écrivpfent* même sur ia
théologie. Oh a encor^ les poésies d'un troubadour
du XIII.* siècle, dans lesquelles il cherche à réfuter
les erreurs des Albigeois , qui s'étoient répandues en
in-8.<*, sous le titre de Vits des plus cÛibrn ^t anciens poët^ proven-
çaux , &c. Gio GlUDlCE en donna une traduction itafienne à Lyon,
dans fa mên^ année. CrÈSCIMBENI a également traduit le iîvre
de Nostradainus , datiS la première partie de son grand ouvrage
intitulé Storia dtlîa volgar potsia : les savantes notes de Crescîm*
béni ajoutent un. grandprix à cette traduction ^ et I*abbé Miiiot
n'en a pas profité. Haïtze, DE Sade et d'autres auteurs ont parfc
des troubadours provttiçaux. Nous avons vu que M. LE Grand^
d'Aussy a voulu» dans ses Fabliaux, ieor ra^r l'honneur d'avoir
été les pères de notre poélie , et que M, Papon l'a réfuté
dans les lettres qui font suite à son Voyage de Provence, M. BÉREN-
GEK l'a réfuté ausïsî dans ses Soirées provençales. L'abbé MiLLOT
a donné une Histoire des troubadours en 3 volumes ; mais il n'a
pas fait assez de recherches, «t cette histoire manque de critique.
C'est encore un ouvrage à entreprendre : on pourrott se servir
utilement àts cent cinquante-deux notices manuscrites que le sa-
vant LA CuRNE É>E Sainte-Palatte avoit faites, et qui sont dans
le dépôt dçs manuscrits de la Bibliothèque impériale. Je ne cite ici
que des troubadours provençaux. On comptoit parmi eux tous
les poètes du Dauphiné^ de la Cuienne, de la Champagne, de
f Auvergne, et mêïhe quelques anciens poètes italiens. Tous ceux
qui étoient au-delà de la Loire appartenoient à la contrée où l'on
padoitla langue d'Oc, d'où lui est venu son nom : les autres poètes
qui étoient en deçà de la Loire ^composoietit dans la langue d'Oil;
on les nommoit trouvères, \
G 3
^^^wiWiMihaair^ 11 n'miiY r ■■■■■■nfc ■ ^^.m^^A-''-^^ ^^-^^^ ^
%
io± CHAfiTRE Lxxvrr:
Provence^ il expose et combat d'une manière assez
plaisante leur système sur la métempsycose. C'est
à tort qu'on a voulu leur attribuer des ouvrages
dramatiques ; fis n'en ont jamais composé.
Nous arrivâmes à dix heiyes à la Tour- d'Aiguë.
Mon ame est encore pénétrée de douleur , quand je
songe à l'horrible dévastation de ce beau lieu , con-
sacré par des souvenirs intéressans et par de granJs
services rendus à l'humanité.
Cette terre , une des plus belles de la Provence ^
avoît été successivement possédée par une branche
de la mîtison de Sabran et par celle d'Agout. En
1 j62 il y avoit déjà, selon Pénissîs, un superbe,
riche et fort château, dont il fait la description (i).
On croit que René de Boulier , vicomte de Reillane ,
«1 avoit jeté les fbndemens au^ commencement du
XVI.* siècle, et que ce bel édifice fut continué par
Antoine et Jean-Louis Nicolas barons de Cental , son
fils et son petit-fils ; ce dernier a sur-tout contribué
à son embellîssemenf. On prétend qu'il étoit épris
de Marguerite de Valois » première femme de
Henii IV : il espéroit que l'auguste princesse, qui
aiifioit les voyages , attirée par la beauté du lieu ,
lui feroit l'honneur de le visiter , et il voulut le
rendre digne de la recevoir. Lefranc de Pompigna»
raconte ainsi la chose :
m,^^m,mmmfmmJammm^^,^i^^mmr^^^^l^mfim..,^mmmiÊ^^mmmmm'mmmm^mm>ma^^t
(i) Histoire tks guçrw du Comtat V^rtnimn; Avignon > 15^^^,
CHAPITRE LXXVIT. ioj
Or ce baron de Centjtf
Fut épriç d'une héroïne
Qui fui donna maint rivaî;
Voyageant en pèlerine.
Tantôt bien et tantôt mal j
Villageoise ou citadine,
Promenant son cœur banal
De la cour de Catherine
A quelque endroit moins rc^af r
Cette dame de mérite
Fut fa reine Marguerite;
Non celle à Tesprit badin ,
Qui de tendres amourettes
Des moines et à^% nonettes
^A fait un recueil malin;
Mais s.i nièce tant prônée.
Dont notre bon roi Henri
Fut pendant plus d'une année
Le très-affligé mari ,
Et qui, plus qu'une autre femme.
Porta gravé dans fon amc
te commandement divin
De Tamour pour le prochaiii.
Le b^ron fut txpmpé dans son attente,»
Au demeurant , la gentille princesse
Ne yit jamais ce lieu si beau \
Et ic baron , qui Tattendoit sans cesse.
En fut pour les frais du château.
On n'est pas forcé d'admettre daps Iliistoîre
Tautorîté des poètes : il n'est guère probable que le
baron de Cental eût osé concevoir et avouer un si
chimérique espoir. On sait que Catherine de Mé*
dicis s'arrêta dans ce château en 1579, lorsqu'elle
<ï 4
w^ ^-ï-f
yô4 CHAPITRE LXXVII.
parcourut la Provence pour en pacifier les troubles ;
et l'pn doit présumer que le galant seigneur fit
peindre à cette occasion les M et les C entrela-
cés qui ont été le sujet d'une erreur que le goût
du merveilleux a accueillie et que le temps a accré-
ditée. On lisoit autour de ce chiffre : Satiabor ciim
apparuerît, TJn seigneur a pu s'exprimer ainsi pour
peindre le désir qu'il avoit de recevoir sa souveraine;
mais jamais un sujet n'eût osé déclarer si publiquement
l'amour dont il brûloit pour l'épouse de ^n maître.
Cette terre avoit p^ssé aux ducs de Villeroi , et
enfin à Jean-Baptiste Bruni, seigneur deSaint-Cannat.
Le château avoit toujours été embelli par ses difFé-
rens propriétaires : le dernier qui Tait possédé a été
le vertueux président de la Tour-d'Aigue , qui avoit
conservé et augmenté l'intérêt de ce beau lieu , en
y réunissant toutes les richesses de la nature, et en
s'occupant constammeht d'y acclimater des animaux ^
et des végétaux utiles. Il y avoit formé un riche ca-
binet d'histoire naturelle > principalement pour la'
minéralogie : ses bosquets étoient remplis de végé-
taux exotiques ; enfin , pour compléter l'intéressant
spectacle de la nature, au milieu des plantes rares
ou utiles de tous les pays , on trouvoit une ménagerie
bien fournie d'animaux curieux.
Le château avoit déjà été la proie des flammes
en 1782 ; un terrible incendie en consuma un^
partie : mais c'est pendant la révolution qu'il a
M« ^llll
CHAPITRE LXXVII. 105
éprouvé la dévastation la plus cruelle. Eq 1790,
le club delà Xour-d'Aîgue envoya une députation
au club d'Aix : la , destruction de cette belle ^e-
meure fût résolue et promptement achevée ; le
marteau et la hache anéantirent bientôt ce que le
premier incendie avoit épargné : ii n'en reste que
des parties , qui , n'étant point iiées entre elles ,
n'offient aucun ensemble. On peut cependant ju-^
ger,par ce qui subsiste, que l'architecture approchoit
de ç^IIe du palais du Luxembourg à Paris : on y
remarque encore des C , des D et des M , entrelacés
pour consacrer par- tout le nom de Médicis.
Une ancienne tour carrée , qu'on regardoit comme
un ouvrage des Romains , et l'abondance des eaux,
sont probablement ce qui a fait donner à ce lieu
le nom de la Tour-d' Aiguë: en effet, le chemin est
bordé de sources fraîches et vives ; et il y a encore
auprès du château un immense bassin qui commence
à se combler. Le parc est entièrement dévasté.
L'air brutal et farouche de notre aubergiste cadroit
assez avecTaspect afïreux des ruines que nous avions
sous les yeux : nous croyions, en l'écoutant, lui et sa
famille, être au milieu des brigands qui y ont porté
le fer et la flamme. Nous quittâmes avec des sou-
venirs douloureux ce lieu que sa. magnificence et la
noble bienfaisance de ses maîtres n'ont pu sauver de
la rage de ces furieux.
De la Tour-d' Aiguë nous nous rendîmes à une
IO(î CHAPITRE LXXVII. :
petite ville appelée Pertuis ( i ) • En sortant de s^ inurt ,
nous passâmes la Ehirance dans un bac. Le sol est ,
dans un grand espace* de terrain , couvert de cailloux
qui annoncent les ravages que cette rivière doit
causer dans ses crues : il y auroit sans doute des moyens
pour les réprimer (2).
Nous laissâmes sur la gauche Jouqu^s (3), d'oil
viennent les eaux que Sextius fit conduire à Aix ;
cUes passoient par un aqueduc dont on voit encore
des traces à Meyrargues. Ce iieu doit son nom (4) à
Màrius j^^ qui , en attendant l'arrivée des Cimbres ,
occupa ses soldats à dériver les eaux du vallon de
Jouques, et à les conduire à Aix à travers des rochers
qu'il avoit fait couper. Plus près de la route est Pei^
rolles. Venelles est le dernier bourg que l'on ren-
contre^ Enfin nous revîmes Aix avec d'autant plus
de plaisir, que nous avions grand besoin de nous
délasser de nos fatigues-, et que nous y étions atten^
dus par l'amitié.
{ I ) Voyct Abrégi historique et chronoîogiqut de la ville de Pertuis ,
T^ )eat% MONÏER; 1706, in-4.°
(i) M. Barrai, ingénieur ^ a fait un projet d'encaissement de cette
rivière. Cette opération rendroit dix mille hectares de terrain à
Fagriculturc ; ce qui en couyriroit bientôt la dépenie.
(3) Castrùm de J^as,
(4)- Dérivé de Marii ager , champ de Mari us. Ce lieu est
appelé Meiranicum, dans les actes du moyen âge.
I07
CHAPITRE LXXVIII.
Retour à Aix. — Grande-Peigière* — Tretz. —
Monument. — Défaite des Teutons. — Montagne
Sainte-Victoire. -^ Fête commémorative de la victoire
de Marias. — Rivière de TArc. — Saint-MAximin.
— Eglise. — Architecture dans la Provence, — Sainte*
. Madeleine en Provence. — Inscriptions du chœur. — •
Crypte. — Reliques. — Sarcophages. — Sainte-
Baume. — Poënie sur la Madeleine. — Marbre de
Saint-Maximin. — ToURVES. — Château. — Cïbo^
rîum, — Lacs. — BriGNOLES. — • Prunes.
JLa tournée que nous venions de faire a voit été
longue et pénible. C'étoit le temps le plus chaud de
l'année : il auroit fallu voyager la nuit ; et cependant
nous ne pouvions le faire , puisque notre objet étoit
de voir et d'observer. La barque qui* nous avoît con-
duits le long de la côte, n'étojt point couverte; et
les rayons d'un soleil brûlant, réfléchis par la mer
et renvoyés par les moruagne$, ^voient une ardeur
insupportable* C'étoit pourfant avant le jour que sou-
vent nous nous mettions en rout#, et nous arrivions
jM-écisément à l'heure où le soleil commence à se
cacher : d'autres fois nous ne pcmvions terminer nos
observations que vers midi ; et comme nous ne vou-
lions pas perdre un seul moment, nous partions
aussitôt après. Une partie de la nuit étoit souvent
■♦-"•""- '"^t; •'
>o8 CHAPITRE LXXVIII.
employée à la rédaction de notre journal. Notre acti-
vité étoît continuelle ; aussi nos plabirs étoient tou-
jours renaissans : le nombre, la variété des objets ,
l'intérêt dont ils étoient à nos yeux , nous empê-
choient de songer à l'incommodité de la saison , à
la difficulté des moyens de transport , enfin k toutes
les difficultés qui acconipagnent ordinairement les
voyages.
A Aîx , une journée entière fut consacrée à mettre '
en ordre les matériaux que nous avions amassés en
parcourant la haute et la basse Provence ; et nous
nous préparâmes à retourner à Marseille , que nous
n'avions vue qu'en passant : mais nous voulions au-'
paravant visiter Saint-Maximin. .
Nous partîmes le 2 1 messidor , à trois heures du
matin : à huit heures , nous arrivâmes à l'auberge
de la Grande - Peigière , où nous fîmes rafraîchir
nos chevaux. Cette auberge jouit , depuis plusieurs
siècles, d*une grande célébrité : c'est le seul gîte
où , de temps immémorial , on sache que les voya-
geurs aient pu se reposer. On présume , non sans
vraisemblance, que c'est le lieu appelé Tegolata ou
Tèctolata dans \ Itinéraire d'Antonin ; mot qui peut-
être indiquoit déjà un tugurium ou espèce d'abri pour
les voyageurs. Ce lieu , qui n'est aujourd'hui qu'un
des plus mauvais cabarets de la Provence , rappelle
cependant une action bien mémorable. Nous étions
dans la plaine célèbre où Marius vainquit les Teutons
CHAPITRE LXXVIH. iCf^
et les Ambrons , peuples du Nord , qui , peu de temps
après la fondation d'Aix , êtoient venus fondre sur
la Gaule pour pénétrer ensuite en Italie. Le nombre
des barbares étoit immense. Marins arriva dans ia
Provence avec son armée ; mais ik s'étoient dirigés
vers l'Espagne. Ce général occupa ses soldats \ des
travaux considérables pour conduire à Aix les eaux
des lieux voisins* Deux ans après , les barbares
rentrèrent dans la Gauie , et se partagèrent en deux
corps d'armée : les Cimbres se dirigèrent vers Lyon
pour traverser les Alpes ; Marins , secondé des Mar-
seillois , défit ies Ambrons et les Teutons.
La plaine dans laquelle fut livrée cette mémorable
bataille s'appelle plaine de l'Arc , du nom de la rivière
qui la traverse , pu plaine de Trèt^ , de celui d'un
bourg qui y est situé. Eile est entre deux chaînes
de montagnes : l'une , appelée chame de Sainte*
Baume^ est formée des monts Olympe et Aurélien ;
l'autre est celle de Sainte- Victoire cm Notre-Dame des
Victoires* C'est ik que Marins prit ses positions ; et il
en descendit pour tomber sur les barbares , qui avoient
campé dans la plaine sur ies bords de la rivière de
l'Arc. Deux cent nulle barbares y laissèrent la vie, ou
y perdîrait feur liberté : ièu» femmes elles-mêmes se
précipitèrent dans les rangs^ avec leurs enfans , four
ne pas tomber au pouvoir du vainqueur.
Marhis fit choisir dans le butin et mettre à part
tout ce qui pouvoit orner son trio.mphe ; il offrit le
IIO CHAPITRE LXXVIII.
reste en sacrifice sur un immense bûcher, qu'entou*
roiént ses soldats couronnés de fleurs , et auquel il
mît lui-même le feu (i)»
Les histpriens modernes ajoutent cpie ce général,
voulant laisser un monument de sa victoire, bâtit
un swc de triomphe ; mais les édifices de ce genre
n'étoient point encore en usage chez les Romains
au temps de Marius. t)'autre$ historiens ont pr en-
tendu que ce monument étoit une pyramide , et
qu'on en voit encore la base près de la rivière qui
fut teinte du sang dcfis, barbares. Cette rivière a reçu
le nom de rivière de l'Arc , de la fausse opinion qui
a prévalu que M^^rius avoit élevé dans ce. lieu un arc
de triomphe. On croit aussi que le bourg de Pour-
rieres, qui est voisin^ a été appelé ainsi dut mot
putredo [ corruption ] , parce que c'est dans ce lieu
que des monceaux de cadavreê furent laissés sans
sépulture. ♦
A un quart de lieue plus loin qUe Taubefge, est
un pont sur la petite rivière de TArc ; et à quelques
toises au-delà', on remarque sur la droite, à deux ou
trois pas du chemin ^ des restes d'une ancienne
rnaçonnçrie qui s'élèvent environ d'un: jSied au-
dessus du sol 2 piu$ieur3 traces peuvent^ fiûré soup-
çoJVier que le monunlent dont celte maçonnerie
étoît la base, avoiî uiije forme carrée. Papon (2) et
■ '1 f ■ < Il ■!;;'.""
(t) PlUTARCH. tn Mario.
'A (i) Voydge é» Promener,
CHAPITRE LXXVIII. m
M. Dulaure ( i ) disentque c'étoit un arc de triomphe»
M. de Saint- Vincens possède un dessin où M. de
Gaillard en avoit fài^ un obélisque* £n effet , ce qui
reste de ces fondemens convient assez bien à la base
d'une pyramide ou d'un obélisque» mais ne paroic
pas avoir jamais appartenu à un arc de triomphe*
Le village de Fourrières , situé à l'extrémité dç cettd
plaine y a eu long-temps un obélisque dans ses ar-
moiries ; ce qui pourroit indiquer qu'il y en avoit un
remarquable dans les environs : enfin M. de GaiUard
possédoil autrefois une tapisserie du xvi** siècle, où
ce lieu étoil représenté avec une pyramide qui avoir
à sa base trois esclaves enchaînés.
Ce sont les seules autorités qui puissent faire
penser qu'il y avoit là un monument commémoratif
de la victoire de Marias; car il n'est question de ce
monument dans aucun historien ancien. Les fonde-
mens qui subsistent pourroient aussi bien avoir
appartenu à un fort, ou à un édifice qui auroit eu
une autre destination que celle qu'on lui suppose.
Le noqi de montagne ^de U Victoire, qui s^est
long- temps conservé, est le plus beau monument
de la reconnoissance des Salyes et des peuples qui
leur ont succédé. Dans le moyen âge , l'antique
tradition s'est altérée : on croyoit alors que tout de-
voît être mis sous la protection des saints ; et il n'a
^1 1 »i
(i) Description des principaux lieux de la France^
jrifcfc
t\l CHAPÎTftE LXXVIIf.
pas été difficile de placer le mot sainte avant celui
de. Victoire. Depuis ce temps cette montagne a coh'^
serve le nom de Sa in te- Victoire. Quelques auteurs
l'appellent aussi iai montagne de Sainte- Ventûre , nom
moins noble , qui doit sans doute son origine ou au
bonheur que les habitans'ont eu d'être délivrés des
barbares par la valeur de Aîarius , ou au vent qui
souffle conçnueUement sur cette montagne, dont
l'élévation . est assez considérable , quoiqu'elle ne
puidie être comparée à celle des montagnes alpines.
II y a, à son sommet, un couvent , autrefois habité
par les Carmes , et occupé ensuite par un hermite.
Au lever du soleil , on y jouit d'une vue magnifique.
Il subsiste encore un monument d'un autre genre ,
et qui consacre d'une manière pittoresque et siri-
gulière le grand exploit de Marius ; ce sont les fêles
que célèbrent les habitans de quelques villages voî-^
sins, et plus solennellement encore ceux de Per-*
tuis , petite ville située sur les bords de la Durance ,
/ et dont j'ai déjà parlé.
Les raisons que Jean Moniér ( i ) rapporte pour
prouver que cette petite ville a été fondée et peu-^
plée par une colonie de Marseillois , reconnoissans
des services que les montagnards de cette contrée
(i) Lfnre 4 MM. les prieurs de la confrérie de Sainte-Victoire , «
érigée en V église de Permis, sur le pèlerinage qu'ils font le 2^ avril,
pour faire un feu de joie sur la montagne de Sainte-Victoire; Aix,
1712, in-4«*
des
• ;
CHAPITRE LXXVIII* 113
des basses Alpes leur avoîent rendus contre les bar-
bares , ne sont ajppiiyées sur aucun témoignage his-
torique : il est également impossible de remonter,
comme jl prétend le faire , à l'origine de la solennité
qu'on y célèbre; mais il est certain qu'elle a quelque
chose de remarquable, et qu'elle paroît être corn-
mémoradve de ia grande victoire remportée par
Marius^
Dans la fournée du 23 avril , lé bruit du tambour
se fait entendre et rassemble les hâbitans : les en-
fans, les garçons, les jeunes jfilles, et même des
vieillards , se réunissent ; ils choisissent pour les con-
duîre un chef qui est chaigé de pourvoir à la sub-
sistance de cette petite troupe* Tous partent le soir
au son d'une marche dont fat fait graver la musique
( pL JV, n!j) : arrivés sur la montagne , au lieu de
se livrer au repos, ils s'occupent à- ramasser du Ix)îs ,
en construisent un bûcher , et y mettent le feu ,
après s'être couvert la tête de fleurs. Alors le roule-
nient du tambour redouble : on forme des ronds
joyeux et des farandoles bruyantes autour du bûcher,
qui semble consumer encore If s dépouilles des bar«
bares ; la hiontagrie retentit de cris de joie , et par-
tout on entend répéter. Victoire! Victoire! avec v^ne
espace de délire. '
La troupe , satisfaite d'avoir célébré l'époque mé^^
moràbte de la délivrance et de la gloire de ses jpères ,
se remet en marches Sï rentrée dam Pertuis est une
Tome III. H
BL Fi «
Il4 CHAPITRE liXXYUK
espèce de triomphe : chacun tieoi à la. main uiè
branche tfarbue et des bouquets , et Ton crie à l'envi ,
sancta Victoria l sancta Victoria I Les habîtans vont
ensuite au temple rendre grâces au: Dku des armées ,
qai n'a pas permis que ieur antique patrie fût sub-
|uguée par les barbares du Nord* ,
On célèbre dans Pertuis même une autre fète
qu'on peut regarder aussi comme une seconde com-^
mémoraiioijt de. ceiitç délivrance. On construit sur
un char un btkher, qui brûle pendant qu'on le pro-'
mène par la ville : le char ^ traîné par des mulets
attelés deux à deux jet guidés chacun par un condtuc-^
leur, est précédé,d'appariteurs vêtus, de blanc, ayant
Fépée au c6té. et un bâton blaioc à Ja main ; il est
suivi des abîmés de la Jeunesse ; às& jmagmrzts et des
iptf^onvm les phis (quaKfiées. Les/ rues sont éclairées
paf une grande quantité de tades, ou morceaux de
bois d'irbres conifères aHuniés, que chaque habitant
ù§ï\t ^ h lîjaln ; il y en a à toutes les fenêtres , à toutes
}es( fortes: chacun aime à entendre pétiller ce bois,
^ à. respirer, les vapeurs résîiieuses qui s'en exhalent*
Piar-tQut ôùllechir fiasse ,^ l'air reifientit df acclama-
tions. Cette céréjiKMiie a Keu le jour des Rois, e«
§st lappélée pour cèue raison la Belle-EtotU , parce
qu'on croit communément qu'elle a. ^ instituée e»
mélH^ire de tétoile qui conduisit lés m^es^
> Il est probable qiie ces fêtes sont d'une or^ime
très-ancienne I et qu'elles ont subi,. après l'établis»
CilA^lTRE tlÇXyilU 115
semant 4e ia rielig^pn d^réyenne^ les modifications
qui canv6nc^€ii:vi 4U noHve^ucuJî^ que Ja. Prpyence
avoîl eoil^rft^^.. I41 fête ,du bilcber sur la moa*
tagne Q!a\plii5 çu., pour. le peuple, <J>ujre .objet
que xfc rwdre, sur un lieu saoctifié par la re^ligion,
un pur homiiiage ^ l^emel ; et celle de J^^ Bflle-^
^fçije^ a jdûf seulement rappeler Tadoratio^i que lef
rois de TOrij^t .viniîentjt>flrrix au §)s dp M^riç, pour
îodîquer q^e $<^n cwUe s'ét^ndroit Jusqujq^cbe^iles
pelions ie^ plu^ lointaines* ' :
jLa petite, ^ille de Treti étpît ^i^i^e/pi.s, i^n chef-
lici», Qn a dérivé sou noii> ,4e ^fiticitm,. p^rçe ijua
son tenritoke . produit beaucoup de ifprqçffif : ipyj
Peiresç y défiWvrit u*^ ios^^iptioiî daris I^qjieile if
t$x ;parlé> 4Vni vW^u offJ^rt à Tr'tttia ^ipzx^MarctiS
XikiMS LQngus ( I ) ; ains; jl paraît, gue^ la viKe d.QJ^
^oa nom à .cett<? divinité topique, c'est t.àrdire , lo-
cale. II y avoit, sur une montagne aju midi , un inor
nastère fondé par SXa^sien ^l'honneur de S^ Jçan-
Q^ptiste. Lç$ h^bitans célèbrent la fête du Précurseur
avec une, ; grande Mennilé leHç.e^t annoncée huij
îftipij^ d'avance* au ^>(>a des tambpjirs, et il y ^ u^
rww^w^^ célèbre. ,
Le terrain exige , pour produire , d^^slabpijrs p^q-
fonds , beaucoup d'engrais et di^ soins. On y réçplte
* m m II I I I I Of J I L Ji ■■■ t' > ■ ;
- 1 I .1
H 2 -
y
\
ll6 CHAPITRE LXXyilt.
du blé, de l'huile, des haricots noirs , du vin et dd
la garance. On trouve à Fuveau des mines de charbon
de terre qui pourroient être d'un très-grartdt avantage
dans ce pays , où le bois est si rare; Saiht-Antonin ,
Beauncueil et Châttaune,uf -Je ' Rouge ^ qui apparu
tiennent aussi à l'arrondissement de Tfetz, ont de3
tarrières qui renfertnent une brèche qui approche ,
pour la beauté , de celle du Tholoriét.
Pendant que nos chevaux se reposoient , nous nous
promenâmes sur les bords de la rîvièrç de l'Arc ^
. dont lés^ eaux ont été teintes de tant de sang. Un
botaniste peut y trouver un agréable déiassementè
Au*delS du pont fêté sur l'Arc,, on est. dans le dépar-
tement dû Var. Le chemin devient efïtoyable. Nous
vîmes beaucoup de maisons qui ont été détruites
pendant la révolution, par ordre du Gouvemeinenr,
parce qu'elles sèrvoîènt de repaire aux brigands qui
îrifestoient les routes. '
11 étbit onze heures quand nous arrivâmes à Saint
Maxlmin. Cette ville doit son nom à un des prin-
cipaux saints de la Provence , sou3 l'invocation duquel
est son église : te superbe monument de l'arcM-
tecture dite mal-à-propos gothique étoit i'objet de
notre excursion.
De tous les édifices de la Provence qui ^ ont été
élevés ou perfectioiuiés dans le xv.*' siècle , les plus
remarquables sont le clocher , la nef et le portail
de l'église de Saint-Sauveur d'Aîx, dont il a dé;à été
r
V
CHAPITRE LXXVIII, I17
qu^tîon ( i) ; l'église et le château de Tarascon , dont
|e parlerai dans un autre chapitre , et l'église de
Saînt-Maximîn. Ce magnifique édifice a été com-
mencé dès le xiii/ siècle, puisque Charles II, dit
le Boiteux , en fit jeter les fbndemens en 1 29 5 :
il fut continué pendant le cours du siècle suivant \
mais , quoiqu'il ne fut pas encore achevé , il tom-
bait déjà en ruine dans les premières années du xv/
siècle, parce que les troubles et les guerres de ïs^
Provence avoient mis les souverains dans l'impossibi-
lité de le terminer. D'après la demande de Louis III , '
roi de Sicile et comte de Provence, le pape Mar-
tfai V aVoît permis aux frères Prêcheurs , qui. des-
servoient cette église, de s6 faire délivrer, pour les
réparations les plus urgentes, mille florins d'or k
prendre sur les legs pieux qui n'avoient aucune des-
tination certaine, dans les trois provincesecdésias-
tiques d'Aîx, d'Arles et d'Embrun, Cette collecte nç
répondit pas probablement à l'espérance que les
religieux en avoient conçue ; et d'ailleurs la somme
étoit insuffisante. Le roi René .fit achever et presque
reconstruire ce monastère : il doit donc en être
• •'1-
regardé comme le second fi^ndateur ; et l'on piçut
dire avec vérité qu'il appartient au xv/ siècle. Il y
établit un collège.
Antérieurement k la bulle d(^ Martin V, dQHt nous
■I I "■—— 1— ■—— I —— M1^— — — Ml
(i) Tome II , page 2^5.
H 3
y
1 t8 CHAPITRE LXXVIII.
avdrïs fait cohnoitre les disposîrîons , Jean le Maîhgi<è,-
inàréchal de Boucicaut, dont la Vaillance a si bien
servi le roi Charles V et son fiîs Charte^ VI , Marié
de Bfois et Louis II son fiis, avoil fait vœu de faire
construire deux chapelles i Fune dans l'église supé-
rieure, l'autre dans Téglîse souterraine de Saini-
Maiimin. D'après un acte que m'a communiqué
M. cip Saînt-Vincens, on voit que ces travaux ont
coûté onze cent cinquante florins d'or.
Il est malheureux qu'un si bel édifice n'ait point
une façade convénafalfe; le portail (ï) n'a jamais été
commencé ; on croit entrer dans une châp'eile de vit^
lage : rnai's cette difformité même prddui'e Une' sur-
prise agréable; >tar on est toul-à-tôùp frappé dé
l'ordonnance imposante et nfraj'estuéuse qui règiiè
dam Fintérfeur. ' \ ' ' * •
>
On îgndre qiiel est l'architecte- que !é toi René
chai'gea de la direction des tràtrâux de cette magnî^
ifique église : on pfeut prèsurner qi!*!! étant Italien ;
elle'ésl mile dans le 'goût des^plus beîles élises quf
bmëfé! construites en Italie dans ïe xïv/ siècle. Elle
a tfofs nefs ; là i'oûte est souteriiie^r des piliers
tîbilt ôti adriiiré avec raîsoh la hardiesse et h hauteur.
i- '
'' ' ( 1 ) UéiYéïigiéak^ii'mdnisthe demandèrent âii cardinal Mazvîn,
qui ie visitoit , de faire bâtir ce portail ; ils vantoient la munifi-
cence du roi René, à qui l'on devoit cet admirable édifice. Ce roi Ta
commencé, répondit le cardinal j cherchei^ tàufbii ijui U fasse finir.
^ - *
C
f
CHAPITRE LXXVIIÎ. Ilp
II jr a peu €églis€% en France qui pf^ésentent autant
de nobiesse et tftiégance. ^
On n'a jamais itabii avec certitude que fa sainte
qui est révérée dam l'église catlioliqué sous le nom
de Afarie-Afag^/ekine, et doni i'évahgéliste S. Luc
a décrit la rigoureuse pénitence, dût être distinguée
de Magdeieine , sœur de Lazai<e et de Marthe , Tes
hôtes chéris de Jésus-Christ à Béthanie. Les saints
Pères ne reconnoissent , en général j, qu'une Mag-
deleîne, et se fondent sur le récij de S. Luc; c'est
celle que l'église appelle fa Péiheresst ; les plus cé-
lèbres hagiographes s'accordent à dire qu'elle moufut
iEphèse; et f Opinion des anciens légendaires, qui
la font venir en Provence , est une superstition reçue
seulement parmi le peuple, et qucf les hommes qui
joignent les lumîênes de la critique à fa plus austèie
piété ne craignem point de rejeter ( i ) •
Il ne seroit pas sahs intérêt de savoir confiment
a pu se répandre et s'accréditer une ophiion û con*-
traire à tout ce que l'histoire de la relfgron nous
enseigne. D'aprèé des recheiches curieuses faites au
XV.*" siècle par un habitant <le Saint-Zacharje (2) , fou
• t •"• . ' r '■
(i) Thie^S ,' f.eitrt fiur la précieiw larnif Je Vendême. GoDES-
CARD, Vies des Sdipif , &.C, FLEURI, Œuvres posthumes.
( i ) Les notes qui contenoicnt le résuftat de ces recherches
ctoient dans la bibfiothèquc de M. Lebiahc-Duvaure , un d^s
«lesceiKlà^s de leur autèiur.
H 4
/
120 CHAPITRE LXXVIII.
voisin de Saînt-Maximin et de la Sainter-Baume , il
paroît qu'à l'époque où. les Sarrasins détruisirent
le monastère des religieuses Cassianites, près de
Saint-Zacharie , au vili.* siècle ^ une de ces filles,
nommée Magdeleine , échappa au massacre que
ceux-ci firent de ses compagnes. Elle alla se cachetr
dans une des grottes de la montagne voisine , où
elle se nounissoît de fruits sauvages , et y vécut si
pieusement , que la grotte, sancti^ée par son séjour
et ses tonnes œuvres , fut appelée Sainte- Baume,
Cette religieuse mourut ^ Saint - Maximin , où
étoit un monastère de l'ordre de S. Benoit , et y fut
enterrée, D'abotd on honora et on ne voulut honq^
rer , à Sàint-Maximin et dans les diocèses d*Aîx €ît
de Marseille , que la religieuse Cassîanite nommée
Aiagieleine: mais , peu de temps après , des moiness
grecs vinrent en France , et y répandirent des opi-
nions nouvelles relativement aux fondateurs des
églises de ce royaume , qu'ils dirent être deS| disciplç^s
de Jésus-Christ , ou des missionnaires envoyés par
les apôtres ; ils prétendirent avoir lu dans leurs chro-
niques , que S. Denis de Paris étoit Denî^, TAréppa-
gite , que S. Tifophime d'Arles étoit un disciple de
S. Paul, et que S. Paul lui-même avoît prêché Fa
foi en Espagne. Le goût du merveHIeux fit saisir
sfvidement ces opinions , et en fit naître d'autres
qui s'établirent aussi. On assura qite X^zare , qui
avoit été ressuscité par Jésus-ÇbriUt ;. JVl^ximîa , un
CHAPITRE tXXViq* 12^1
des. soixante -douze disciples; Sidoine ^ Taveugle
né ; Magdeleîne et Marthe, étoîent venus en Pro*
vence pour y prêcher la foi. Alors k Magdeleme
Cassianite fut. oubliée , et son culte fut remplacé par
celui de la Magdeleîne de TEvarigile, que Ton pré-
tendit avoir fait pénitence à h Sainte -Baume et
avoir été enterrée à Saint-Maxjmin. ( i )•
Cette tradition a cependant été le motif de I*étà-
blFssement de plusieurs fêtes , de l'exécution de plu-
sieurs monumens de Tart ; et la croyance que l'église
46 Saint-Maximin renferme les précieux restes dé
la belle pécheresse , ajoute encore à la vénération
que cette basilique inspire. Les nombreux tableaux et
i«"
(i) Je ne prétends pas regarder cette opinion comme absolu-
ment démontrée ; elle prouve au moins ce que des gens ^éclairés
pensèrent alors sur çc^te question. M. de Valois a -juge aussi que
les traditions des églises , qui font remonter aux temps des apôtres
Tépoque de leur fondation, doivent icur origine aux Grecs venus
en France sous le règne de Pépin : ces Gr^ecs , pour plaire aux
Français , établirent l'opinion que S. Dçnis , évêque de Paris ,
étoit Denis rAréopagite.M.deTilieipont, cet excellent critique,
croit que les églises de Provence ont été fondées dans le iil.*
siècle, que S, Maxîmîn a pu vivre à la fin de ce siècle , et que
S. Trophime, premier évêque d* Arles , a été envoyé en France avec
S. Denis de Paris, S. Paul de Narboiine, vers l'an 240. Il ap-
puie cette dernière opinion sur l'autorité de Grégoire de Tours :
il en conclut que les evêchés de Marseille et d'Aix ont dû avoir
été» établis par S. Trophime ", et que les noms de Lattre et de
'Af/i3limin ont pu être ceux des premiers pastçurs de ces églises ,
sans qu'il soit prouvé que ces saints aient été les disciples de
Jésus-Christ , ni^u^iîs aiènf été envoyés par les apôtres.
/ y
122 CHAPITRE LX?CVIII.
4
tous les ouvrages d'ornement qu'on y remar(|ûe , sont
relatifs à l'histoire de cette sainte : tel? sont des bas*
reliefs scdptés en bois , dont la 'diaire est décorée ,
et où les diflférens traits racontés par les Evangé-
listes sur la Magdeleine Pécheresse , et sur S,** Marie-
Magdeleine, qui avoît reçu ce nom parce qu'elle
étoit née dans la petite ville de Magdala y sont évi-
demment confondus. Au-dessus de la diaire , oh voit ,
sur un bas-relief «1 marbre, la sainte., qui, selon la
légende, est transportée par les anges -sur une mon-
tagne voisine de la Sainte-Baume , pour être plus
près du séjour des bienheureux : un de ces anges
Joue du violon ; l'autre tient une lyre ^semblable à
celle d'Apollon. On lit au bas cette inscription (i) :
D. O. M.
HEGNAîlTE SERENT.«> DD. VTRIVSQ; «ICïLl^ REGE ET COJVWTE-
PROVINCI^ .
CAROLO ï SACRATISSIMVM D. M. MAGDAL* CORt>VS V** ÏDVS
DECEMBRIS AN.
1279 AB£XC£L"opRrNClPESALERMl CAROLO EIYSPRIMOGEIVITO
DIVINO SPI
RANTE PNEAVMATE (sic) EIQ; SEMEL ET JTERVM SACRATIS-
SIMA PŒNITENTE ' '
' (i) a Au Dieu très-bon, très-grand. Sous fe règne du sérénis-
» sime seigneur Charles I.*^'^, roi des Deux-Sjciles et comte de
» Provence , le V des ides [ le 1 8 du mois ] de décembre de l'année
» 1 279 , Charles son fils aîné , excelientissime prince de Salellic ,
» averti par une inspiration céleste et par deux révélations de
» S.**^ Marie-Magdeieine, a fait dans cette basilique l'invention du
corps vénérabie de i:ctte bienheureuse pénitfente, en présence
»
CHAPiTRE LXXVni. II5
REVELANTE PR^SENTIBVS NARBONENSI ARCEAT EBREDVN ET
AQVEN. AR
CHIEPISCOPIS SPECTANTIBVS MAGALiONET^fil AGAtHENSf Et
GLANDEN
SI EPISCOPÏS m MAC BASILICA INVENTVM FVÏT CVlVS Vt
SANCTITATI ET
MAIESTATI CONSVLERETVR SVCCESSV tEMPORÏS NONK Vï*
DËLÎCET MAH
AN. iiSl SEX PONTinCVM ETDECÉM ABBfAtVivi CONlTOCAtA
smODO (sic)
NEMPE GRIMERII AQVENSISARCHJ. RAYMVNDl APTENSIS PETRI
' SIStARI
CENSIS RAYMVNBI CARPENTORATENSIS ÈERTRANDl FOROIV-
•LIÉNSI8 ET
€Vlli£LMrvt»)CI£N5]$ ÊPISCOPO"^* HYVONIS CLVNIACENSIS ,
. > . ASTORGII
SANCTI ^GIDIl PONTII AQV^E BELL-« BERTRANDI SILV^
' • CANENSIS
GVILIELMI FRANCARVM-VALLIVM ARNAVDI VALUS-MAGN^
ALPHONSE
*■— — — — — ■^— — — — f — — — ^— ■— — i—
>» des archevêques de Narbonpe , d'Ariés > d'Eijnbrun t% d'Aîx , et
» ^t% ëvtqucs de Magueïone, d*Agde et de Glandève. Afin de
» prendre une détermrnation convenafcle à la sainteté et à îa ma-
» jest^ de ces précieuses reliques, il a été convoqué quelque temps
» après , c*est-à-dFre, je jojur des nqnes [ fc 7] de mai 1 28 1 , un sy-
» nodc composé de six prélats et dé dix a&bés , savoir, Grimérius ,
» archevêque d'Aix ; Raymond , évêque d'Apt; Pierre, évêque de
^ Sîsteron ; Raymond, éV'èqU^e deCâi'peiitl'as;Bdrtrattd, évêque <le
yi Fréjus , et Goifl^umfe, 'éi^êqùfe dt Veiïcc ; Yves , abbé de Ciuni ;
>» Astorge, abbé dt; Sàîfit Cîtfcs ; 'Pbtts, àbi'é tfAîgûcbelfe; Ber--
» trand, abbé itîe Saùvecane; GuHfaume, -abbé de Franquevaux ;
» Arnaud , abb^ de Valmagne ; Alphonse, abb^ de Thoronet;
» GuHfaUttie , afciWé it Sehk^aè j Bcttiaifd , abbé de Sauve-royafe ,
ni CHAPITRE LXXVIII»
THORONETI GVII.IEL*'' SINAMQV^ f ^'(^ J BERNARDI SILVuC
. REGALIS(^T JOAIWIS
VALLIS REGALIS ABBAT."" EORVMDE OMNIVM MINISTERIO
SOLEMNIS»**» RIT V ET
POMPA IN CAPSA ARGÊTEA IN MA4ORI IPSIVS ECOLES'* ALT A R
«
FVIT REPOSITVM
EIVSQVE CAPVT IN AVREA THECA yARIIS GEMMIS PRETIOî-
SISQ circvmorna'
TA LAPJDIBVS NONIS MAII ANNI 1283 RÊCONDITVM AD PER-
PETVA REI MEMORIÂ.
Au-dessous de la table <^u|. contient cette inscrip-
tion , il y a des ornemens en arabesques ; on y lit :
JOA. ANT. LOMBARD FECIT 1684.
En face , il y a une table de . marbre noir v^veç
cette autre inscription en caractères dorés ( i ) :
NOVERINT UNIVERSI TA PRAESËTES QUÂ FUTURI CHRIST"'»
GALLI^ REGE
LUDOVICO MAGNO XIV BELLI PACISQUE ARBITRO ANUENTE
ETSPECTÂTE !
» et Jean» abbé de Vaîréas ; par le ministère 3ésquef s le corps
» a été déposé solennellement et avec pompe dans une châsse d*ar-
» gent , sous le principal autel de l'église , et le chef a été placé
» dans une boîte d'or, enrichie de perles et de pierres préctëuses ,
» aux nones [le 7] de mai 128^, afin de 'perpétuer le souvenir de
» cet événement. »
(i ) « Qu'il soit notoire à toutes personnes présentes et à venir,
» que le jour djcs nones [ le 5 ] février i66o , avec rapprobation
» de Louis XIV, roi de France -très-chrétien» J'arbitre delà guerre
» et de la paix, en sa présence et en celle de la sérénissime reine-
» mère M.'"^ Anne d' Autriche, et de son altesse le -prince Philippe
» de Bourbon, frère unique du roi, suivis d'un nombreux cortège
;
CMÀMTRE Lxxvtn:' , iaj
UNA CV SEREN»^ REGINÀ MATRE D. ANNA A4JSTRIACA. AC
ECCELL"o PRÎCIPE PHI-
LIPPO BORBONIO GERMANO UNICO , MAGNA PRTcIPÛ DUCÏ/
ATQUE NOBILlU COMI-
TANTE CATERVA SACRAS ILL"** PCENltÊTlS MAGDALENiE RÉLi-
QÛÏÀS EXt/RNA
PLÏÏBEA IN PORPHYRÈTlCÏ PRET'IOSAM ALIAMPÉR5UM«*PONT
ÛRBANÏÏ VIIISOL^-
Nl RITU ROMyE BENEDICTA PER EXCELL"" D. TOMINICÛ DE
MARINIS ARCft. AVENIO^ •
NENSEEX ORDINE PRiEDlcÀTORÛ ASSUMPTÏÏ AC DICTEE URN^E
LARGITOREM
MUKinçÛ PRIORE AC CjÇTERIS BELIQIOSIS HUJUSCE REGl^
POM? ASSISTENTIB? /
I PSI US REGIME M^JESTATIS JUSSU ET APPLAUSU FUISSE NONIS
" FEBR" AN. 1660 '
SOLEMNITER TRANSLATAS, CUJUS REI GRATIA PRyEFATI CCEKO*
BIT^ ALTA-
RE LATERITILJINMARMOREÏÏVARIIS FIGURIS DEAURATIS SÛMIS
EXPEN-
SIS MAGNAQUE CURA ET ARTIFICIO ELABORATIS ORNATU AC
URNA . '
n de princes, cîe ducs et de seigneurs, fe prieur et fes autres reli-
» gîeux de cette maison royale jr assistant. S, Exe. M.*" Dominique
» deMarinis, archevêque d'Aviron, éJu dans l'ordre des frères
y* Prêcheurs, a, par ordre e^tavec i'assenlitnent desa majesté royale,
» retiré d'une urrie de plomb les saintes reliques de Ja très-iliustre
» péni tente Magdefeiiiè , et en a fait la translation solennelle dans
» une autre urne^dc poi^hyre d'un travail précicuk, don de sa
» propre munificence, et qui avoit été bénie à- Rome, avec les
r> cérémonies d'usage, par le souverain pontife Urbain VIIL A cette
» occasion, les susdits cénobites ont remplacé, le i4dcs ides[ie 17]
» d'avril 168 3 y lautel dt briques par un autel en marbre,. orné
\
?
126 CHAPITRE I,3f?CVIII.
^OaPHYJlETrCA. DECQHATV IMMUTABUNT UT LAtTEîUTl A B£C-
qA'TRjlCÊ
^UA^ AD PkDBS U^I PLURJMI VIDERANT IN PŒNITENTÊ ET
POR-
P^YRETICA Î^UTATÂ UNIYER5I VJDERÊT AC ADMIRARET
i4*»1P,AP. AN. i6§3. ' '
fyN^E|;R^a i,aci^jv|as pœnitenti>e qui^quis sis pcenitêtis
EXE MPLO ET TE TOTU *
— - ■ ' . . * • i _
SENTIES IW.RÇNU LMMUTATU AX^fJfE TR^NSLATU L.CTUSQUE
AC mLA.AUDlES .
<• * i
. VADE IN PAGE.
A l'ex t rémtté^ de la petîté* nef; à êatiche diï chœw ,
y y a yn.amel dohtïe devant est décoré d'une pein-
ture sur bois qui représeriit^ Jésus- Christ mis iau
tombeau et entoure <)e$ saii^tes fei^imes ; a,u-de$spu$
on lit en caractères gothiqiies-:
^ .i-î. . A . ... ;.;l. .;., ,\ ; ,,^,,^;: ■ •,., :.:
»CHANBERLAèï DU ROY, SENG'
^,.3?J)E $, blACbAKÎ^A FAIT FERE CEST
VAUSTI.ER 1520 ET 29 DE MAU
?* àt figures dotées # :ex!Çfii»çée& à graiiçïjs ftak'et avec beaucoi^p ide
» soin et cl*ait,.et y otiî, placé l'urne deporpl^yre , a^ que tout
» fe mon^ ccBiteihpIât set» adnpjirât ceti^ que i'on avok vue péche-
^resse et de brique aux pté4sduSei^p;uqur,,tpaiiitçpaDtcbaxigéeleQ
* pénitcnie et en perphyre^ Qui que vous sp^ez, reversez ilonç,, à
3» sonexem^fc, des larmes de repentir ;e^vou&;^p^ ti^ouvere^ en-
» ttèremem^ansformé en bie^ ,.et plein de pie vous -vous enten-
» drez dice comme die , Mk^ CB p^^i ^ .>
3 ~, tt; 1. 1 (
CHAPITRE LXXVIII. îlj
On lit encore» près. de la porte du (;hceur , cett^
autre inscription : ^
D. O. M.
Aï^NO REPARAT*E SALVTW MDC€tXXVI XM[E XÏX S£PT£MBRI$
B£GIAM HAN<^ BJ^LpCA^ ^
SVR INVOCATIONE S. M. MAGDALEN^
SOLEMNI RITV CONSÊCRÀVIT
ILLVST AC REVER IN X» PATER
'■: D. ©.
3ACOU FRANC THOMAS D'ASTESAN ORP^ PR^D.
^ISCOPVS NICIENSIS
HVlVSTlEGirCO>JVENTVS ALVMTiVS. '
Le maître ai^tel est enfermé dans le chœur , qui
est sép«ré de la grande nef par des grilles de f^r ^ et
de^ nefs collatérales par . des murs peu élevés qui
soutiennent les stalles. Le sançti^re est entouré de
cinq piliers ; il est éclairé par de^ fenêtres à deux
étages , qui forment ce que l'on nornme le rond-
point de l'église. Lçs murailles du sanctuaire sont
revêtues d'une scaïole qui figure des compartimens
de marbre de différentes couleurs : on y lit lenpm
de celui qui a fait cet ouvrage (i). Les mur^^epnt
ornés de tableaux assez bons , de statues de bois doré
et de b^s-relieli. La balustrade est dç marbre fa^pé l
l'autel est de inarbrç ejîrîchi de figures et de médaU
Ions de broiize j le tabernacle , qui est aussi de marbre,
• est surmonté d'une \xri\p de pprphyre , bien travaillée ^
(i) JoA. AnIp. LoMBÀtoy^/r, 1^84.
t »
V
Il8 CrtAPlTRE LXXVIII.
ceinte de deux chaînés de bronze doré, portées par
deux chiens aussi de bronze y tenant un flambeau :
c'est l'emblème de S. Dominique.
Dans une chapelle qui est derrière la chaire , il y
a une mauvaise copie de la Magdeleme de Lebrun.
. Nous* visitâmes ensuite la célèbre crypte où Ton
montre les chefs de S. Maxhnin et de la Magde-
leine. Le premier a été refait depuis la révolution :
le visage de, la Mâgdeleine est recouvert d'une corne
transparente ; c'est une tête de momie , qpi a encore
les dents bien conservées. Le sacristain voulut nous
faire observer l'endroit où , selon la légende , Jésus-
Christ a touché la pécheresse : pour aider à distinguer
cette place, un mauvais tableau suspendu à la muraille
- ' -.
représente Jésus-Christ lui posant la main sur le
front. Quelques fioles placées auprès contiennent ,
dit-on , des poftioris de la peau et des chèveui de la
même samte. Il y à aussi une boîte remplie d'anneaux
de verre , que l'on fait toucher à la châsse , et que l'on
distribue à six sous pièce.
'Cette cry|)te renfermé des monuméns plus inté-
féssâns des premiers temps du christianisme dans les
Gaules : ce sont quatre sarcophages. Sur celui qu'on
dit avoir renfermé le corps de S. Maximin, il y a
une crèche : sur celui qu'on attribue à S. Sidoine,
an voit aussi là crèche, la multiplication des pains ,
l'hémorroïsse , l'aveugle né , le reniement de S. Pierre
et la résurrection de Lazare ; la tessère ou tablette
est
BBDBJîi* hi»iM
est icratenue par de$ anges : sur le tombeau cle S.^ Mar^
Ceïle, il y a des mdentures en spirale ^ et deux figures,
|>ro)>abIement Celles de S. Pierre et de S. Paul : enfin
celui de S.*"" Magdeleine oflfre la représentation du
sacrifice d'Abraham et celle de Daniel dans la fosse
aux lions* Ces divers su;ets de l'Ecriture sont à-peu-,
près figurés comme on ies voit sur d'autres tom-
beaux du même genre , publiés par Ariaghi , Bosid
et Bottarï*
' I>e Saint-Maxitnin , nous serions allés autrefois à
la SainU-Baume ( i ) , qui n'en est qu'à deux lieues :
mais cette grotte , consacrée par une antique piété ^
où presque tous les souverains de la Provence ont
fait dès péletrinages > que la mère et l'épouse de Fran-
çois I/'> Aime d'Autriche , et lé grand Louis XIV
lui-même y ont visitée avec tant de fetveur > a été
dévastée pendant la révolution ; la statue colossale de
■y
t^mmmtim^'mmt
(i)On a composé plusieurs ouvriges suV ia Sainte-Baume* Lé
p^ui curieux est cdui de Jean-Louis Barthelemi, né à Valréas en
Provence en 1616, li perdit à dix-huit ans« au bout de quelques
semaines de mariage» une épouse qui lui étoît chère: alors îf quitta
it monde , et se renferma chtl ies Carmes de Vairéas'i où ii charma
sa douleur en composant un poëme sur la sainte qui étoit fa pa-*
tronnc de celle qu*i! pleuroit : ce poëme est intitulé la Magdeleine
au désert de la Sdinte-Èaume en Provence, poëme spirituel et chrétien,
tn donxf Hvres; Lyon, 1 66\. Rien de plus • singulier que I!amour
mystique de ce religieux.: les yeux de la sainte sont, selon iiii , des
thanielles fonduei ; %t% cheveux blonds, dont elfe' essuie les pieds
du iSauvcur , sopt des torchons dorés; %^ larmes / de Veau de vie ;
llparlcd*HcrcuIe, de V<iui, &C; _' -^
Tomt JIL 1
t3o CHAPiTitE txxviin
h sainte a été brisée^ et l'on n'y trouve plus rien <It
ce qui pouYoh . la rendre digne de curiosité. La
dévotion >de. quelques fidèles » excitée par le zèle de
M. l'archevêque d^Âix , a tentéde rétablir cet oratoire ;
mais on parviendra diiïicileinent h lui rendre son
ancienne réputation* Du reste, on peut encore visiter
ce lieu^ pour ia vue étendue dont on y jouit, et les
beautés pittoresques qu'il présente.
Après sivoîr vu tout ce queSaînt-Maxîmin pouvoir
nou^ offrir de plus curieux, nous suivîmes la grande
route de Draguignon. Les coraux que l'on aperçoit
recèlent une grande quantité de marbres colorés : les
moines de Saint-Maxiinin connoissoient très-bien ces '
marbres ; Louis XIV les trouva si beaux , qu'il ordonna
de les exploiter, et qu'on en transporta un grand
nombre de blocs pour servir à l'embellissement de
Versailles et de Marly. On en a aussi fait usage pour
la décoration du château et des jardins de Tourves.
Le comte de Valbelle n'avoît rien épargné pour
embellir ce lieu. Il y avoît rassemblé une riche biblio-
Ihèque, des ubieaux, des statues; la beauté des
arbres , la longueur des allées , la grandeur du châ-
teau , tout donnoit à cette demeure l'apparence d'une
maison royale : cependant la richesse , plutôt que lé *
goût, pavoft en avoir dirigé Tordonnance ; ou du
moins on a pris la bizarrerie pour Toriginalité*
Le château est situé à l'une des extrémités d'une
colline très-alongée ; il n$ p^^nte plus que des
HA
CHAPITRE LXXYltî. tjt
minés : la façli<|]e: seule dû côté de BégndUes est un
j>eu conservée $ c'e$t un pbrtîqife de' dix cdoones
doriques accouplée^ , en pîerw? firoide , dont les fûts
sont d'une swte pièce. A Tautre extrémité dç la coi-
lîne, il y a un^ pyramide qui îmîtë grossièrement
celle de Cestius à Rome , et dans Ilntériçur de ia-
quelle on a pratiqué une chambre. Au bas de cette'
même coIUne , le ^^mte de . Vafcelle ivoît établi une-
vacherie, et^y avoii; adossé. un ri^^mam gothique,
qui avoit seryî autr^foi^ à la paroikse de Tourves ,
encore existante fpt. LI,jig,^). On appelle ^/^^
rium un petit. éc^içe en forme de tour, et détadié du
maître autel, darl» lequel on gardoit le S.*-Sacrement;
II a feît mettre sur Je mur l'inscriptbn suivante :
A grandeur trop souvent succède ignominie :
De temple quç f étois , égtise )t devins ;
J'en conçus tr<^ d'orgueil , on m'a fait écurie.
* Passant , q6i vois i'afTrônt dont ma g!oife est suivie/
Apprends] saiù murmurer à céder aux destins.
^ Les eaux sourdent de toutes parts dans les envi-
rons de Tourves;Ies foriiaînes y paraissent inépiiî^'
sables : aussi des arrosemens faciles et muIôpKés y'
rendent ia plaine fertile. Mais ces eaux deviennent
stagnantes dans quelques ba^fonds ; elfes y forment
de petits lacs , dont les émanations , à certaines épo*
ques de Tannée , produisent la carie deà blés et sont
très-nuisibles à la santé des hgbitans; Les plus grands
iaj:s de Tourves sont du côté, de Brignoiles : on croit
que les cavités dans lesquelles leurs eaux se sont
I a
132 CHAPITRE tXXVIlI.
rassemblées, ont été produites par raffaîs^ement dct
lieux où brûloieht des volcans. Ces eaux sont salées.
On trouve, dans quelques endroits, des feves com-
pactes qui renferment du quartz peu altéré.
On cultive f olivier sur les coteattîc; mais il ny
parvient pas à une hauteur considérable.' Les prin-
cipales productions de Tourves sont lès Blés , les
foins , les haricots. Ia Carami ^ le Càtttànitz^
versent soA territoire. -On fabrique à Tourves des
draps grossiers, du papier et du sàvori; il y a aussi
une chapellerie* * *\ ''• ' '*
Nous allâmes coucher à Brignolfeà. Cette ville
n'offre rien d'important : elle jouissôil autrefois d'une
grande réputation pour sa salubrité; elle est appelée
dans des tîties Ville des enfans ( i ) , parce que les
comtesses de Proverice ^'y faisoient porter à l'époque
de leurs couches. S. Louis , évèque de ;Toulouse, fils
de Charles II , dit le. Boit£ux, y est né- et y est mort.
Elle a été ravagée, pendant les guerres civiles. Le
duc d'Épernon y pensa périr par i*efFet d'une, machine
infçrnale. 1 . ^ ,.
J^jgnolles est l^âtîe* dans le , pays calcaire , sur
If penchant «J'^nç' colline.; Les belles fontaines qui
en arrosent les rues, ne les rendent pas plus propres,
à cause du fu^nier que l'on y fait pourrir.
Les terres ;Sont^ en général, imprégnées de sel
(1 ) Vilia puerorum.
CHAPITRE LXXVni. 133
marin \ ot\ f\e doit pas leur donnet un labour pro-
fond. Les oliviiers ont prescpie tous pén. On fabrique,
dans la ville, du savon, des draps , de la colle-forte,
de la cire ; il y a des tanneries , des teinturerie^ ^ des
poteries , d^ moulins à huile et à foulon. I^ blé et
le vin sont les productions principales de son territoire.
II Êiut mettre aussi les prunes parmi ses objets de
commerce les plus intéressans. Ces prunes appar-
tiennent à la variété appelée perdrigon. On plan^
les pruniers dans des enclos , où ils sont abrités :
leiu's fruits acquièrent ainsi plus de consistance et
de beauté. Quand ces fruits sont bien mûrs, on les
fait tomber en secouant Tarbre légèrement ; des
femmes les ramassent, en enlèvent la peau , et les
embrochent avec des brins d'osier écorcés , ou les
entrelacent dans de la paille de seigle, pour les sus*
pendre à des perches et les faire sécher au soleil.
Quand ils sont parvenus à un degré suffisant de sic-
cité, on. en fait sortir le noyau en les pressant avec
le doigt. La priuie, aplatie et arrondie avec précau-
tion , est ensuite placée sur des claies garnies de
papier , jusqu'à ce qu'elle sôit entièrement sèche :
jamais on ne l'expose lorsque le soleil est couché ou
par un temps couvert ; elle perdroit la fraîcheur et la
transparence qui en font le principal mérite.
La ville qui a donné son nom aux prunes de Bri-
gnolles , n'est cependant pas la seule où on les pré-
pare; car la plus grande partie vient du département
\
134 CHAPn-RE tXÎVIII,
4es BasscsrAIpes : mais c'est celle qui en fart le prin-
,dpal commerce. On y met une enveloppe marquée
,au chiffre de {a vUIe.
1! seroit intéressant d'introduire aussi dans ces
contrées le^x damas violet que Ton Cultive à Tours:
ce seroif ime nouvelle branche dindes trie*
Les montagnes qui Cornent l'horizon de Bri-
i^nolles, forment un bassin de deux. lieues de long
sur autant de large»
Le célèbre ligueur de Vins, dont faî fait figurer
ie tombeiau { i ) , étoit né à BrignoIIes. On y montré
encore l'emplacement de son jardin , qu'on appelle
h petit Paradis. Cette ville a aussi vu naître Laurent
Fauchier, habile peintre de portraits ; Joseph de
Paul, très-versé dans l'histoire ecclésiastique; l'abbé
Granet, judicieux critique; Louis Maille, professeur
et théologien célèbre, et son neveu, Joseph -Au-
gustin Maille , antagoniste du P. Berruyer.
Nous reprîmes le lendemain la route d'Aix, où
nous rentrâmes sadsfaits de notre excursion*
(i) Voj^xxaat II, page 397; pi, XLVÏ, n.^ u
«Wki
i^kMi
»3J
'■i**X^-^
L^
CHAPITRE LXXIX.
I) i p A RT d'Aix.-- M A RSE I LLC*--- Fondation.--.Hî»toîre-^
— Musée, — Monumens grecs. — Gnomon. — Autel;
triangulaire avec une inscription. — Autel rond avec
une inscription. — Tt)mbeau sur lequel on a représenté
les derniers adieux d'un guerrier. — Tombeau de deux
époux, avec une inscription. — Tombeau de Giauciat^
avec une inscription. «-^ Monumens romains, — Sarco-
phage de Flavius Memoriusj — Combat de centaures et
de lions.— Sarcophage d'un enfent , représentant les gc«
nies de Vulcain qui forgent les armes des fondateurs-
de Rome. — Sarcophage de Julia Quintina ; triomphe
deBacchuset tfAriadne.-*- Sarcophage de T» Anno-
nîus : images du Sommeil et de la Mort. *^ Siège de
marbre. — Masque tragique. — Colonnes. -^ Chapi«
teaux. — ïsis de basalte.
Wous partîmes le soir pour revcnr enfin Matseille^
où nous n'avions feh que passer , et nous eûmes h;
plaisir de jouir du spectapcie magnifique qu'offie ia
Vis ta au coucher du soleil (i)*
Narbonne^, Autun, Lyon et Marseille^ sont les
villes les plus célèbres de l'ancienne Gaule ; mab cette
dernière se dbtingue entre les autres par une ori-
gine encore plus reculé^ et une civilisation plus an*
cienne. Tout ie monde sait qu'dle a été fondée par
une colonie grecque ; mais on n^est pas d'accord sur
(i) iW/f^4loiiitII»page5^8«
J 4
1^6 CHAPITRE LXXIX.
les causes qui portèrent à cette émigration le peuple
qpî s'y établit.
Arîstote avoît composé un Traité de la république
des Marseillors ; il ne nous en reste qu'un fragment
qui nouis a été conservé par Athénée ( i ). Trpgue
Pompée avoit donné d'assez grands détails sur leur
histoire , ainsi qu'on peut en juger par ce que Justin ,
son abréviateur , nous en raconte. Son récit est
à-peu*près conforme à celui d'Aristote ^ et il prouve
que la tradition relative à la fondation fabuleuse de
Marseille subsistoît depuis long-temps , et s^étoit
conservée , mais avec quejque altération dans les
noms des personnages. Nous devons aussi k Justin
de nous avoir fait connoîtrè l'époque de cette fon-
dation {i).
Dans la quatorzième année du règne de Tarquin
l'Ancien {3) , quelques Phocéens d'Asie (4) > qui fàî-
soient le métier de marchands ou de pirates, et peut-
««*■
(i) Deipnosoph,^W, 3^. -
(1) Justin , Hist XUII, 3.
{3) Environ 600 ans avant J. C.
(4) On a dit que ces Phoeéens fuyoicnt la cruauté qu*Harpage
exerça au nom de Cyrus. Hérodote, qui a raconté l'histoire de*
^conquêtes des Perses cn^onie, ne dit rien de la fondatioil de
'Marseille , et elié doit être bien plus ancienne que le règne de
Cyrus : mais il paroît qu'il y a eu plusieurs émigrations des Pho«
ccens à 1^2^%t\\\€}lj>^^cWLK ^ Essai. de chronologie , dans sa Traâuc*
tion ^HÉRODOTE, tome VII , page 437. Euscbe, et plusieurs
auteurs latins > confondent mal-*-propos les Phocéiwis d'Ionie^^
avec les habitans de k Phocide dans la Grèce propre.
mmà
\
/ CHAPITRE LXXIX. '137
être l'un et I autre selon Toccasion, entrèrent tians la
mer des Gaules et s'établirent sur la côte. II leur
fiillut souvent combattre contre les Liguriens et divers
peuples de ces parages. La petite quantité et le peu
de fertilité des^uitres terres qu'ils possédoient 9. furent
cause qu'ils tournèrent toute leur attention vers la
mer: ils se livrèrent principalement à la pèche et au
, commerce , et même à la piraterie. Ayant pénétré
jusqu'à l'extrémité du golfe des Gaules (i) , à l'em-
bouchure du Rhône , ils furent charmés de la beauté
du pays ^ et , de retour auprès de leurs compa^triotes ^
ils excitèrent la curiosité de plusieurs d'entre eux par
le récit de ce qu'ils avoîent vu. Cinq ans après (2.) ,
,ils formèrent une nouvelle expédition, dont Simoset
Protis (3) étoient les chefs. Ils se rendirent auprès de
rNannus, roi des Ségobrigiens, pour obtenir de lui la
permission de bâtir une ville sur les confins de ses
Etats. Ce prince prépàroit ce four-là les noces de sa
fille f qu'il devoit donner , selon l'usage de sa nation ,
à celui qu'elle choisiroit pendant le festin. Les Grecs
fwent invités à cette fête. Nannus ayant dit à sa fille
de présenter de l'eau à celui de l'assemblée qu'elle
préféroit pour époux , elle fixa son choix sur Protîs ,
(1) SifiMS Gallicuf , ie goifc de Lyon.
(a) LaîICHBR, Trad.À*HÉnoDOTE , tomel.^' , page ^6.
(3) Aristote , dans !e passage cité, nomme ce second chef
Euxène, PLUTARQUÈ, in SohMe,^, 79, ne nomme que Prçtis, qu*if
appcjie Profoj, ^
13^ CHAPITHE LXXIX.
qui devint ainsi le gendre du roi ^ et fonda Mars^IIe»
Aristotedit quecetiejeune fille se nommoii Petta ^ et
qu'elle changea son nom en cdmdLÀmtùxene ( i ), peut-
èlre pour indiquer J^ bon accueil qu'elle avoit ait k
ces étrangers* Ils eurent un fils ncnnmé Protis , dont
les descendans furent appelés PrvtiaJes (2)*
Selon Timée^ le nom de Afâfsûlia (3) , dont on
a fait celui de Marseille ^ fut impoi^é à cette ville ,
^rce que le pilote ayant jeté un câble \ un pécheur
qui étoit sur la côtç , lui cria Masai alieu (4) ; c'est-
Jl-dii^ y Attacht , pécheur. Daléchamps ( 5 ) dérivoit avec
plus de raison cette étymologie des Salyes , qui habi-
toient cette contrée. M. de Saint-Simon Sandricourt
avoit renouvelé cette explication , en ajoutant que ^
dans la langue celtique y mas signifie habitation : il
reste à savoir si cette signification du mot mas est
démontrée (6).
»■■ ■ III mil tmi ,, ■■ Il ■ ^«1— — ^— — id^.
(1) Ce mot signifie en ^/rec èote txcellent.
(1) Outre les divers historiens de la Provence, et RuFFi dans
f Histoire de Marseille , on peut consulter Pétri HElNDRiCH Massiiia^
sive de antîqnd Afassiliensium repuhlica, Argentorati , i(ff2, tS^S ^
în-i 6 ; Gkmvius, TkesoMr, antiquité Grœc, ; Jean-Pierre DEsOuRfr
DE MandajoB^, Dissertation sur la fondation de Marseille, la se-
conde de (pelles qui sont à ia fin de son Histoire critique de la Gatiit
itarbonnoiie , Paris , 1733 ; m-îi , page jod ; et fWwrCABT , Diàr
sertation sut la fondation de Marseille , Paris > >744» ûi'i^«
(3) Stephan. Byiantt, au«iot HûummJl
[4)HSoizi, Jb^tiif
(5) /jfP£/i\r. 111^,4.
{6) Le même« dans les Lettres de M. GuTS stir la Grkt,, l ,
I
r> ".. -TV - — ■ *■ —1 . ■! ■ n r
Les Marseiiloîs , san^ cesse occupés à repousser les
attaques des nations voisines , et principalement celles
des Liguriens, eurent besoin de ta bravoure qui Ie$
camctérisoit pour se maintenir dans leur nouvel éta-*-
biissement ; mais toujours ils se montrèrent amh
fidèles des Romains. Us donnèrent des marques pu-
bliques de deuil lorsque Rome fut prise par. les Gau-
lois , et contribu^ent à compléter le poids de Tor et
de l'argent que ceux-ci exîgeoient poiu* sa délivrance :
en témoignage de gratitude , les Romains leur accor-
dèrent l'exemption de toutes les charges qui étoîent
imposées aux autres villes alliées , une place de dis-
tinction aux jeux du cirque parmi les sénateurs , et
conclurent avec eux im traité qui leur étoit hono*
rable { i). Ceux-ci > de leur côté , furent d'un grand
secours aux Romains dnns la guerre contre Annibal :
ils fournirent des galères à Scîpion (2). Ce général
fit précéder sa flotte de deux vaisseaux marseillois,
qui fàisoient l'office d'éclaireurs, et qui s'exposoient
courageusement à tous les dangers (3). Nous avons
vu (4) combien les MarseîUois aidèrent Marins à
41 8 > apporte pour preuve qu'à Arles mas signifie haiitatitm t
mais mas n*est-il pas une abréviation provençale du rnoxmaisû»,
qui dérive lui-même du mot latin mattsiê»
(i) Justin, XLIII, 5.
(i)TïT.Liv.XXVI. 19.
(3) POLYB.UI, 95.
(4) JW/vi, page 109, ,
m.*^
( '
i4q chapitre lxxix.
triompher des Ambronsl Ces services s^nalés ïeur
méritèrent de plus en plus i'amitié du grand peuple
destiné à devenir le maître du monde. Leur recom*
mandation étoit puissante auprès de lui : Us ob*
tinrent la conservation de Phoçée , dont le sénat
avoit ordonné la ruine, parce que ses habitans
avoient porté les armes contre les Romains (i).
Pompée et César avoient étendu le territoire de
Marseille et augmenté sa puissance. Lorsque la
guerre éclata entre leiirs deux bienfaiteurs , ^en vain
les Marseiliois voulurent conserver la neutralité ; ^i
vain ils protestèrent qu'il étoit de leur devoir de ne
point servir l'un des deux contre l'autre : César, à qui
il importoit d'occuper leur ville , la fit attaquer par
terre et par mer ; il traita les habitans en vainqueur ,
leur enleva leurs armes , leurs vaisseaux et tput leur
argent y et ne leiu: laissa que le vain nom.d'une chi-
mérique liberté {2). On vit doi^ porter en triomphe
la représentation de cette ville célèbre, sans laquelle
les Romains n'avoient presque jamais triomphé des
nations transalpines (3).
Dès ce moment , Marseille fit partie de l'empire
Romain , en conservant cependant le droit de se
(i) Justin. XXXVII ^ i.
(a) Dion Cassius , XLI, 19 et 2$. Voyti sur ce siège ïe$
M/moires militaires de Ch. GuisCHARDT , ia Haye^ »7Ji8# in-4,^,
|ome II , pages 37 48.
(5) QCER. 1^ (?jf c. II, 8.
\
i^WHM
\
CHAPIT>IE LXXIX. l4r
gouverner selon ses propres lois : elle garda éga-
lement, sa suprématie sur quelques-*unes de ses colo-
nies, Athenopblis Olim (i) et Nice. . <
Constantin poursuivit son beau-père Maxîmîen
dans les murs de cette ville, fy surprît au moment^
où il vouloît le trahir, et le fit poignarder. Dans les
temps suivans, cette ville devint, comme le:re$te des*
Gaules , la proie des barbares t elle se soumit à là'
domination des Francs sous la seconde race. Lorsque^
la Provence eut des comtes héréditaires; Marseille
eut ses vicomtes particuliers , qui la possédèrent de-
puis ^62 jusqu*au milieu du xiil/ sièclel^ y
Cettje ville , depuis la réunioii de là Provence
à la couronne , a été regardée comme une des plus
importantes de la France. Les. troupes de Charles-
Quint, commandées. par le connétable de Bourbon^
l'assiégèrent inutilement. Après avoir suivi le parti
de Ja ligue, elle eutli jH'étentionde former une Vépu-
blique particulîère{;i) . Enfin elle se soumit à Henri IV,
qui avoua que ce n'étoit, que de ce moment qu'il
se regardoît comme Eoi de France (3). L'étendtie et
l'activité de son commerce l'ont fait parvenir au plus .
haut point de prospérité,^ ^ , ^
mm
(i) Suprà, tomé Iirpage 452.
(1) /«^4,chap.LXXXï.;'
*(3) V Histoire de 'ÂJarseîlUlvL pîus complète est ccife ^Antoine
Dt RUFFI , Mafscîiîe , iiSçé , a. voï. in-foT. Elle tii enrichie ic *
figures de moimoies , xle sceaux et de moimmexu.
/
L^
V
l4^ CHAPÎTItË LXXIX.
Notre impatience de voir les cuifiosités de cette ;
vîHe célèbrô étoit exttèine. Dès le matin , nous»
fûmes joints par. nos amîs, M. Bràck, et M. à&'
Saiftt - Vîncens , qtiî étoh venu d'Aix pour nous
^compagner: nous allâmes au musée»
: Ce local est Taiiicien' couvent des Bernanfines : le*
<:orps primiîpal du bâtimeht^ avec de bettes courj^ et*
dé vastes jardins, est affecté au lycée; le reste est
cx>nsacré au musée , à l'école de dessin^ à !a biblio-^
thèque pubjiquie, au cabinet d'histoire naturelle,^ et'
aux assemblées de Pà^ adémie et d'autres sociétés (|Ui
s'occupent de: sciences et d'oeuvres de bienfaisance.
G'^st au3C soins de M. le conseiller d'état Thibaadeau,
préfet de ce département , que Marseille doit ces
établissemens. Dans la pièce qui précède ie musée,
£{ qui en est comme le vestibule , on a réuni des
sarcophages , dès inscriptions, et dîifièrerts marbres,
dont j'ai fait dessiner et graver lès principaux (i).
Je commencerai cette d^cription par les monu-
mens grecs; On croiroit , d'après? l'antiquité , ia '
ridhesse et l'importance de cette colonie phocéenne ,
(i) Pendant le temps de fa terreur , fes monurtnêns àvoîent été "
dispersés , et la plupart brisés ; quelques-uns itoient entassés dans- «
ia cour du lycée : M. Thibaudeau a fait rechercher et rassembler
da^s cette salie tous ceux qui n*étoient pas détruits. M. FauRJS-
Saint-Vingens en a rédigé un catjalogue squs ce titre : Noiia
des monumens antiques consery/s 4ans U fiîu^^um df flUrifeilk, M9X'
seillc, i8o5,in-8.^,.3i8 yages, - ^. . ,
/
\
CHAPITRE LXXIX» l4j
tfevoîr en Rencontrer un plus ^rand nombre ; cq>en-^
dant , quoiqu'on ait trouvé , en difFérens ^emps ,
beaucoup de monumens dans le territoire et dans le
^ort de Marseille , la plupart des marbres gxec^.
qui décoretit le musée ont été apportés de la Grèce /
par des curieux; ils sont étrangers à cette ville/
et ne peuvent servir à éclaircii^ son histoire. Com-
mençons notre examen.
Nous vîmes d'abord un çadrm solaire de marl:fre
(pi» XXVI t n** j et 6 ). Les Grecs donnoient le;
Qom d! hetiotropium à ces instrumens , destinés à mar-
quer les divisions du jour par l'ombre projetée d'un
style ou gnomoi^ sur une surface partagée en plusieurs^
sections. Je ne ^reproduirai pas tout ce qui a été
écrit sur l'antiquité des cadrans solaires ( i } ; je me
bornerai à décrire celui-ci. Ce&t , coxnmfi la plupart
<}es monumens de ce genre , une t^ble carrée > sup%
portée perpendiculairement par (fes griffes de lioa
et par une. dalle ornée d'une rosace : on a tracé
sur cette furàjce «^ demi-cercle , )qui est jpartagé en,
douze divisions i »u milienie^t im t«ou carré (n! y)^
où le styj^ éloil fixé. II reste encore d'autres gnorr
mons du n^me genre , ^ peuvent être comparés
mmtmmmÊmÊ0ÊÊm
r
(i) J*ai réuni dans le Dictionnaire des heaux-arts , an^ niots
Ô N oAf ON , Cadran , Heuotropivm et Horlocë, tdus
les détails que j*ai pu trouver sur ces irfonamcns : j'y hidi<(uc
eeux qui existent aujourd'hui « et les ôuvragel dans iesqueis ils ont
i»é décrits;
t44 CHAPITRE hXXlX/
avec céluî-cî ; H y en a un à Athènes sur h ntonu-*
ment érigé à Thrasillus ( i ).
Nous vîmes ensuite un pttit autei triangulaire ^
qui paroît avoir été la base d'uii QBXiàé\â^xè^( planche
XX\XVI, n' I ). Plusieurs monuméris prouvent que
l'on plâçoit le feu sur cette base pour y faire des iîba-
tions ou brûler dés parfums. Chaqueface est décorée ,
selon l'usage , d'une figure imitée 'd'après- le plus
ancien style grec : sur I\ine fn/^J,^st Apollon qui
tient sa lyre ; sur l'autre ^w/ j 2lJ , THane nrmée de.
son arc; sur la trobîème (n/ j h)y 1» reine des dieux,*
Tauguste Junon, qui tient la haste pure ou s^hs fer.
Sur fe bord inférieur d'Une des fecei du trépied
^ SriSXMINoiSÊTAtOPÔY
^ , JAPÀniISIANOrBÏETXHN (t) ; ' '
■• ■ * -
c^èst-ànflirè V Sositnihûs % fis d^Evagprûs , a accompli
l-r ww (3) à Seràpis, à isis et à ÀHuhls f4);^':
-Eà iftahîèré dont cettè irïscriptibrt ésr écrite , les
ricMsT des divinités égyptiennes âU^ueiies elle ■ esf
consaèréô, tout doit fâîre^ rapporter te monument à»
une époque postérieure au ïègne d^Hadrten.
Nous Tefftiarquâmes encpre un beatt tas *- relief ,
(i) y oyez Galerie p,ntique , pï. XLVI et XLIX. .
- (5) ^^X?^ i^npaxrtv^vofum solplt, ...
' {A)'0^ trouve spjivent aussi, dans d'autres inscriptions, Isi ,;
Serapi, AhuM, pour hidi , Serapidi, AnubiM. MuRAT. LXXIII^
j,^jLXXIV,5.
malheureusement
CttAPirftE LXXIX. t4j
ftîalheutîetisement fragmenté ( pL LVI , n.' ij;'û
représente trois personnages ; un hommb debout
devant une femme assise , à laqueHe il donné ia
main ; dans le fond , une troisième figure qui tient
dans ses bras un enfimt. On peut ne voir ici qu'un
de ces adieux si souvent figurés sur les tombeaux '
des anciens; on trouve un grand noînbre dé scûlp-
tui-es semblables dans le Péloponnèse ( i ) : niais
quelques détails de costume qui sul^sislent encore ,
serviront à y faire distinguer peut-être une action
particulière. La partie supérieure manqi\ant abso-
lument , on ne peut connoître la coifTarè du hérosi
On aperçoit l'extrémité recourbée d*un horniet: pointu
dont la tête de lenfant est couverte : si Ton v<5uloit
que ce fût un bonnet phrygien, on se/oit. porté
à croire que ce marbre représente les derniers adieux
d'Hector et d'Andrômaque. Cependant cette scène
sî toufcHtfnte est décTite par Homère d'une Ui^nière
ta peu différente de celle dont nous la voyons id
figurée. Dès qu'Andrpmaqpe apprend que.le Coitibat
entré! le^'Grefcs et les Trbyens va recommencer, elle
court sur lés mursi ; Hécto^ la cherche vainement dans
h palais, et sort pour aller combattre. Andromaque
va k sa rencontre , suivie d'une seule esdav^ , qui
.T-T..?,l
(i) PAClAUpi t AÎQnuijnenui Peîpponnesia , 11, 231, ^33, 273.
Stuaiit , Autiq, of Athens, l, ji. Marmora Oxoniensia, toitt» l,
146, UIU
Tome IIL K
\ »
._.*i^. '
y
1^6 CHAPITRE LXXIX.
porte Astyanax dans ses bras* Hector lui prend la
hiain : c'est alors qu'elle lui adresse ce discours si
plein de doucetur , dé noblesse et de sentiment, qu'il
est encore reg^é comme un modèle de la manière
^'exprimer une situation qui a dû tant de fois se
renouveler.
Ici l'épouse du fils de Priam , la tète couverte d'un
voile comme les dames grecques , est assise sur uiï
trône à marchepied; ce gui indique sa noble ori-
gine. Hector, vêtu, comme lés héros, d'une simple
chtamyde , prend congé d'elle en lui serrant la main ;
îl paroît lui adresser le tendre et consolant discours
qu'Homère a mis dans sa bouche.
L'artiste auroit donc commis une erreur en repré-
sentant Andromaque assise. On pourroit répondre
qu'il n'a voulu figurer cette histoire que comme un
symbole, et non la rendre dans toute sa vérité. D'ail-
leurs , fes poètes et les artistes '^e sont couvent permis
de grandes innovations dans la manière de retracer
fes événehiens de la mydiolqgie et de l'histoire hé-
to'ft^ : on peut «n citer pt^mr exemple le prmce
ÂsiykmiXj qu'ils figutenk tantôt;, conformément au
récit d'Homère, comme ùtal enfant au berceau, et
teuitôt cémme im enfant de dix à quatorze ans (i}.
(i) Vbjffi un bas-relîef de !a vîila Borghèsc. WiNCKELMANé
-^onum. iiied. n.*** 135 et 137. M. Giraucl possède uh très -beau
camée, que j*ai fait graver^ Astyanax y est représente dam Ttgo
fie quatorze, à quinze ans. '
dK.
CHAPITRE LXXÏX. î^j
Il seroit donc possible que ce marbre rappelât
)a sépai^tion d'Hector et d'Androinaque ; allégorie
heureusement imaginée pouF peindre la situation d'un
jeune ^errier qui part pour une expécCtion dans
laquelle il doit trouver la mort , et qui s'éloigne
pour jamais de sa jeune épouse et de son en&nt en
bas âge^ porté ici par sa fidèle nourrice.
Près de ce marbre est un autre tomb^u grec ;
c'est une grande pierre carrée fpL //', a/ joJ, sur
laquelle on voit les bustes de Télesphore et de son
épouse : le premier est vêtu d'une tunique et d'un
pallium ; la femme a un voilé sur la tète. Au-^dessous
il y a un homme couché sur un lit ; à côté de lui est
une table servie , dont les pieds , au nombre de trois,
sont faits en forme de jambes d'animaux , et devant
laquelle est assbe une femme voilée. C'est sans doute
l'épouse de Télesphore, qui lui a fait fiiire ce tom-
beau , et qui y a elle-même été ensuite renfermée.
Le repas indique l'admission de cet époux chéri aux
banquets célestes.
L'inscription est ainsi conçue :
TnOMNHMA TEAE2*OPOT O EHOIHSBN
Arrn h itnh xphsth mnhmhs xapin.
Tombeau de Télesphore, que lui a élevé son épouse chérie , pour
honorer sa mémoire.
Au milieu de la salle est un autel rond ( pL XXIV,
n* éfj , haut de quatre pieds et demi , et ayant trois
K 2
l48 CHAPITRE LXXIX.
pieds de diamètre : il est orné de guirlandes suspendues
à des bucrânei , ou tètes de taureau , dont le . front
est paré de"^ larges bandelettes. A ces guirlandes
pendent des tètes dont quelques-unes sont barbues :
•on ne peut les considérer que comme des masques
dont on âisoit usage dans les fêtes de Cérès et de
Bacchus. On voit des masques ainsi suspendus à des
;arbres, sur la magnifique coupe de sardonyx du
Cabinet impériaF. Ces masques , et les guirlandes
composées d'épis et de pavots, ainsi que la tète de
bœuf à laquelle elles sont attachées^ annoncent que
cet autel a été consacré à la déesse protectrice des
moissons.
. On lit cette inscription :
^lATTni MNHSIEnHS
nPAHIKAEOTS NEOMHAOT
Sa formule est singulière : il faut entendre que
ce monument a été consacré par MnésièpjB , fille de
Neomèdes , à Philutos , fils de Praxiclès ( i ). .
Mais comment cet autel peut-il avoir été con-
sacré k Philutos \ on ne connoît aucune divinité de
ce ,nom , et on ne peut penser que ce soit un dieu
topique oxx local; le nom de son père Praxiclès,
qui est indiqué dans l'inscription, prouve que c'est
un personnage qui a réellement existé. Il es^
— ■■Il ' ■ ' ■ I ' ' I ' ' *
(i ) C'est du moins ainsi qu'on peut expliquer pourquoi le nom
<le Philutos est au datif, et celui ^e Mnésièpt au génitif.
\
I j»..Mn^.^ ,.^ ^ ^
CHAPITRE LXXIX. li^i
probable que Mnésîèpe voulant lui consacrer un mo-
nument, aura trouvé cet autel de Cérès , qu'elle aura ^
feit placer sur son tombeau en y feîsant aussi graver
cette inscription : peut-être aussi ce Philutos avoi^iI
une dévotion particulière à Cérès , ou remplissoît-il
dans son culte quelque ministère isacré ; peut-être
aussi est-ce un symbole de son initiation aux ce-
ièbres mystères de la déesse d'Eleusis.
Sur la tnhle même de Tautel on voit ce mono-
gramme y J^ • % , dont la forme est d'un temps bien
postérieur à i érection du monument. En le comparant
avec d'autres monogrammes du même genre, il paroît
latin : peut-être aura-t-il été apposé par l'ordre de
i'un des princes latins qui ont régné si long-temps
en Achaïe , dans l'Archipel , et dans presque toutes
les provinces de l'empire d'Orient (i).
>
Daiis le courant du mois de mai 1799, on
trouva, sous les débris de l'abbaye Saint- Victor, un
tombeau de pierre d'environ cinq pieds et demi
fpl. L VII) ; il avoit été fait pour être placé debout ,
et il étoit probablement surmonté d'un buste. On le
conserve dans le musée (2).
■I ■■ ■« Il ji I m
(i) On voit un monogramme latîn sur un dîpfome grec du
roi Roger de Sicile, dans ia Palaographia graca deMoNTFAUCON,
page 409. . •'
{2) Qe monunient a été plus amplement expfîcjué par MM. DE
Saint-Vincens et Villoison, dans le Magasin encyclopédique,
ann. V, tom. III , page 5^9 , et dans la Notice de M. DE Saint-
VlNCENS sur son père.
K 5
\
IJO CHAPITRE LXXIX.
L'inscription renferme sept vers , dont le troisième;
et le sixième sont hexamètres ', et les cinq autres
pentamètres ; le dialecte ionien domine dans cette
petite pièce sentimentale :
•
1. ThaviûtL '^ m^oc' 9ra/c JC oh^u fioç,
2. Aeij^ûbç âc /udfi^i nDt}ç Tncti^ ivofSm,
3» OvK t^vmç, cù i^njuoY, tditv ypYoY' çtoç eof nr m
5. li ^^QYi^ ^i, vfjfAç TttLrr eUlKiavL Tvy^
7. XfieACUt, JlfÇl(Y}i Ticuièç CLfJi ip^AYtn (i).
•Xjt tombeau est celui de Giaucias. Son jeune fUs lui a consacré
»> ce monument de sa piété filiale , qu^îl a manifestée dès sa plus
V tendre enfance. Infortuné Giaucias , tu n'as pu jouir de la vue
» de ton fîls : un jour, au lieu de t'ériger un tombeau, il t'eût
» nourri dans ta vieillesse I La Fortune jalouse vous a tous traités
» d*une manière bien injuste : elle n'a laissé que des larmes à
» une mère accablée d'années , la vîduité à une épouse désolée ,
» la perte d'un père chéri à un malheureux orphelin. »
Au-dessous sont deux cornes d'abondance sculp-
tées en relief et posées en sautoir; sur le côté opposé
^r^
(i) I. Glaucia tumulus hic est; fiUus autem consecravit juvenis,
a. Declarans à teneris unguiculis suam pietatem erga patrem,
3 . Non tibi contigit illudtèmpusadtingere , ô infelix ( Glaucia )^
qui vidisses jilium ; taîis erat ut tibi
4. Stni aîiquando paravissetnon tumutum, sed victunu
5. Ittvida autem , vos omnino injuste tractcms Fortuna ,
i, Matri quidem ( Glaucia ) in sentctute lacrymas posuik^
efusdem vero conjugi
7, Viduitatem , infelicis filii cum orbiiate.
am
CHAPITRE LXXIIC. IJf
à rinso'îptlon , il y a une barque tracée par des
iîgneîi. larges et profondes; sur le troisième côté /ont
voit , dans un petit carré en relief^ une guirlande ,
deux bandelettes, et un ornement qui rassemble à
un bouclier.
La barque est ici le symbole, non des navigations:
lointaines que Glaucias a entreprises , mais du séjoui^
de bonheur dans lequel il est arrivé t c'est pourquot
on voit souvent , sur les tombeaux , à^s dauphins y
des tritons , c^es néréides. Les cornes d'abondance
peuvent aussi indiquer la plénitude dès biens dont
il jouit aujourd'hui.
On voit , par leur style ou par les inscriptions
dont ils sont accompagnés , que tous ces monument
ont été exécutés par des Grecs. Le musée raiferipe
aussi plusieurs bas-reliefs provenant de sarcoplyrges
qui avoient été destinés à rçilfermer les cprps de
quelques riches Romains appelés à Marseifte par
leur état ou par les chaiges qu'ils exerçoient.
Le plus remarquable est le tombeau de Flavius
Memorius ^pL L VI,fg. 2, /, -^/ Il est sculpté sur «et
quatre faces , et le couvercle est lui-même chargé
d'ornemens : la masse est formée d'éçailles imbti-
quées , et les extrémités sont décorées de pal-
mettes. ..
Sur la face principale ( n,* 2), on voit ui| cpm-
bat animé de deux centaures contre un lion : Tun
d'eux , attaqué vivement par le terrible animal, va
K 4
i
1^1 CHAPITRE. LXXIXL
lui porter un coup de sa pesante massue; ^alitne^
vient. au secours du premier , et soulève. aVec sa^
deux mains une pierre énorme pour en écraser feur
adversaire. Au centre du lieu de ta scène est un^aibre ,
qui indique qu'elle se passe dans une for.êt. X^es hK>-
numens qui représentent des centaures combattant
contre des hommes, sont assez communs ; ii est pluç
rare d'en trouver où l'on voie comme ici (Jes Cen-
taures aux pris.es avec des bêtes féroces. Cepen-^
dant ce genre de représentation convient bien aux
mœurs ^ aux habitudes que les poètes ont données
à ces êtres fabuleux : souvent ils I<esdépeigi>em chas-
sant lés aniinabx des forêts ; et Chiron , le précepteur
de tant dç héros , et du grand Achille luirmêrae ,
nourrissoit ses élèves avec la moelle des ours et le
cœur des lions ( i ).
Le revers f nJ" ^ ) nous représente une urne
cinéraire à dçuic anses , d'une forme élégame : elle
est entre deux griffons qui y posent chacun une
|>attéy dans la même attitude où nous en voyons
souvent qui ont entre eux un candélabre (2) ou
une lyre. Sur chaque petit côté (n,^ 4 ) y'^ y a ua
iiphinx.
Les centaures , les griffons et les sphinx se ren-
(i) StAt. AcMtUîd. Il, 38 j.
(2) Comme sur une beife urne de M. de Hoom. Voyri^ mes
Monumeusi xmtique& inédit ^ tome ly , pagç 305, pi, XXXU
ir 1^
MMaBÉIM
tÊÈm
CHAPITRE LXXIX. 155
contrent fréquemment sur lèa sarcophages , et nous
les voyons ici rassemblés sui^ un seul. M., Herdet
avoît pensé { i ) qu'ils étoîent figurés sur les tombeaux
comme des symboles die la destruction : M.d'Hancaiv
ville veut que cette coutume dérive des Hyperboréens
ou des Scythes (2) ^ dans les tombeaux desquels on
trouve souvent de petites figures d*animaux qui y ont
été renfermées (3). H paroît plutôt que ces animaux,
qui font partie du cortège de Bacchus , sont , sur les
tombeaux des anciens , un emblème de l'initiation , et,
par conséquent, du bonheur céleste dont jouit celui
qui y est enfermé. Le sphinx est un symbole *de
la prudence; et les griflfons, qui veillent avec tant
de soin sur l'or dont la garde leur est confiée , met-
tront la même vigilance à protéger un trésor encore
plus précieux , l'urne sur laquelle ils posent la patte
pour indiquer qu'ils sauront la défendre contre tous
les téméraires qui voudroient y porter une main pro^
.fane. Enfin la réunion de ces monstres ' peut avoir
"pour objet d'effrayer les violateurs des tombeaux,
et d'empêcher un genre de sacrilège qui étoii le plus
aflFrèux et le plus redoutable aux yeux de toute l'an-
tiquité.
' » I I I I ' I I II I Il ■ ;
(i) Supplément à \2i Dissertation de l^.hlJSS\^G sur la ma-'
nière de représenter la Mort; Recueil de JanseN', tome IV,.p. 27 et
(2) Jiechenhes sur l'origine de la religion de la Grèce , II, 94» 9J«
(j) AUas de K Histoire de Rome, de Lecurc, pi. U-xi.
Ij4 CHAPItRE tXXIX.
L'inscription qui est aa-dessus de l'urne, notts
apprend quelles sont les cendres confiées à ia vigi-
lance des griffons et à la prudence du sphinx ; elle
commence au petit côté à gauche (n* 4), et finît
au grand côté (nJ" 3). On /lit :
BENE PAUSANTI IN FACE. FL. MEMORIO V, P
QUI MILIT INTER JOVIANOS ANNOS XXVIIl. FRO
DOM ANN VI FRAELANCIARIS SPE... PIS AN III.
COMES RIPÉ AN I COM MAURET TING ANN II.I VIX
AN LXXV PRAESIDIÀ CON DULCISSIMO.
A celui qui répose ici en paix, Flavius { i ) Memorius , homme très'-
parfait (2), qui a fait la guerre parmi les Joviens [\) pendant vingt-
huit ans , a été intendant des domestiques (4) pendant six ans ; pre^
mier lancier {^) de la garde de Vempereur (6) pendant trois ans; cornu
(i) FLavio,
(2) Viro Perfectissinw.
(3) Joyiens et HercuUens étoîent les noms de deux îé^ons éta-
blies par Dioclétîen et par Maximien, dont l'un avoit pris fé
nom de JupherfJovisJ , et i*autre cdui d*HercuIe. ZoziM. Hist,
m, 30.
(4) pROcurator DOMestîcorum,
(5) Pralanciaris, On sait que lancea ctoît un mot gaulois,
dont nous avons fait lance, DiODOR. SicuLV , 30* Les écrivains
de !a basse latinité se servent des mots lanceare et lanciare [ lancer ] ,
lancearius et lanciarius [ lancier ], Le sculpteur de l'inscription
a écrit lanciaris , qui ne se trouve dans aucun lexique. H paroît
toujours qu*if est ici question d'un corps de lanciers qui faisoit
partie de la garde du prince.
(6)SPEculatorum princiPIS, Selon TACITE (HistA, 24, 25; ïï>
1 1 ), et Suétone {in Aug. 74), les speculatores étoient des gardes
attachés à la personne du prince.
vl
CHAPITRE IXXIX. 15J
êe hi rhe ( du Tibre) (i) fendant un an , comte de la Mauritanie
Hn^tane {2) pendant trois ans, lia vécu soixame-quin^ans. Prasidia
À son époux chéri (3).
Ce magnifique sarcophage avoit été , comme
beaucoup d'autres, enlevé par un salpètrier d'Abc
pour sa manufacture ; et le trou que Ton remarque
sur l'arbre, atteste le sale usage auquel il a servi.
M, Achard le découvrit, et le préfet le fit transpor-
ter à Marseille. Si les habitans d'Arles n'avoient pas
mis alors tant de négligence à la conservation de
leurs monumens , ils n'auroient pas été privés d'un
de ceux qui étoient le plus Êdts pour être l'orne-
ment de leur ville.
Le titre de cornes , la forme de plusieurs lettres ,
' Il — — ^» ■ I II ■>
(i) RIPE pour ripa. Dans la Notifia imperii occidentalis , on
trouve y parmi les magistrats qui relevoient du prafectus urèis,
un cornes riparum et alvei, sous-entendu Tiheris ; ï\ est pro-
bable que Memorius avoit exercé pendant un an cette magis-
trature.
(a) CÇMes MAURETaniœ TINcitanœ. On appela d*abord co^
mites , du verbe comitare [accompagner], ceux qui composoient
k cour de l'empereur et Taccompagnoient par-tout. Auguste avoit
formé dans son palab une espèce de sénat privé ; on appeloit
comités Augusti ceux qu'il y admettoit : c'étoit seulement une dé-
signation qui servoit à indiquer les courtisans que le prince aâfec-
tionnoit Je plus , et non le titre d'un otHce. C'en fut un dans i^
^uite; et les comités ne reçurent plus ce nom de la faveur du
prince qu'ils accompagnoient, mais de l'office qu'ils remplissoient ,
ou de la province qu'ils dévoient gouverner. C'est ainsi que Me-
morius est nommé ici comte de la Mauritanie Tingitane,
(3) CONjugi BULCJSSJMO.
If6 CHAPITRE LXXir.
ne permettent pas d'assigner à ce monument uriè
très-haute antiquité; cependant le style, sans être
des plus beaux temps de l'art , n'appartient pas au
Bas-Empire. Je pense qu'il a été fait à uné^poque
plus reculée que celle pu l'on y a déposé le corps de
Memorius ; que celui-ci est mort vers le temps de
Maximîen ou de Constantin , et que ce beau sarco-
phage, s'étant jtrouvé libre, aura été destiné à le
recevoir. C'est encore ainsi qu'on peut expliquer
pourquoi l'inscription , qui , comme nous l'avonis vu,
commence sur uii^ des petits côtés, a été placée d'une
manière si peu commode pour son développement.
Un autre beai^ sarcophage de marbre ( i ) , figuré
pf. XXVI , fg. 4 , attira notre attention (2^. Il est
de grandeur à pouvoir contenir un enfant de dix k
douze ans : la face postérieure est lisse ; sur chacun
des petits côtés , il y a un griffon ( 3 ) ; sur la fece
antérieure, dix génies qui forgent une armure : les
trois premiers à droite sont occupés à travailler sur
une enclume un grand casque d'une belle forme,
et assez semblable à celui de la Minerve de Velietri ;
ïes deux suivans soutiennent un bouclier sur leqyel
' ; ~ ' ; ^ ;
( 1 ) Ce sarcophage est gravé à rebours et d*une manière exécrable
dans fés Antiquités de Marseillt de Grosson, pi. XXII , n.** i ; un peu
toieux, mais d'une manière peu exacte» dans RuFFi, t. II » p. 132;
{2) n étoit autrefois dans Fcgfise souterraine de Saint Victor,
et les os de ce martyr y avoient été pfacés; ils en furent tirés a.»*
XI v.* siècle pour être mis dans une châsse d'argent»
. (5) Suprà,^. 15a.
"V
^^taÉaiMiMMte«^^tiEil
iÊÀ
CHAPITRE LXXfX. 157
on a figuré la louve allaitant les deux jumeaux Ro-
muius et Rémus, et qui est supporté par un sphinx
accroupi^ dont les ailes éployées et levées en Tair
embrassent ie disque : c'est îe symbole de la pru*-
dence , qui soutient le signe" commémoratif de la
fondation de Rome. Trois autres génies forgent une
espèce d'armure , qui me paroît être une cnémide qui
servoit à couvrir la jambe : deux de ces génies sont
debout ; le iroii»ième est assis près d'une cuirasse déjà
terminée. Les derniers génies , enfin , paroissent
tremper un bouclier dans le feu qui brûle sur un
autel, pour le rendre impénétrable.
Les génies de Vulcain , occupés à forger des armes
pour les fondateurs de Rome , ou à tremper le bou-
clier qui , la rendant invulnérable , la fera devenir la
dominatrice de l'univers , composent donc le sujet
de ce sarcophage , qui a renfermé le corps de quelque
Romain distingué. Ce sujet et le style du monument
concourent pour fiiire reporter l'époque de son exé-
cution au règne d'Antonin Pie. Ce prince regardoît
comme un acte de religion et un témoignage de sa
piété envers Rome , de rappeler sur ses monnoies
differens traits de l'histoire primitive de cette cité:
aussi les beaux médaillons qui ont été frappés sous sort
Tègne en retracent-ils plusieurs. A son exemple, les
Romains qui lui étoient attachés ont dû rechercher
ces sujets de composition , qui seront devenus alors
un objet de piété,- de. flatterie et de mode. Rien ne
Ijg CHAPITRE LXXIX:.
parut donc être mieux choisi pour le sarcophage à*iitk
jeune enfant d'un rang distingué , qu'un sujet qui
rappeloit l'enfance des héros fondateurs de Rome:
ce choix étoit encore plus heureux , si le sarco-
phage a renfermé deux jumeaux.
Un autre sarcophage de marbre , figuré planche
XXXVII, n! j, est aussi digne d'être remarqué. II
étoit dans l'égiise de Saint-Victor , et il a renfermé
le corps de S. Mauront, évêque de Marseille, qui
vivoit sous l'empire de Charlemagne. C'étoit alors
l'usage de choisir, pour y déposer les chrétiens, dé»
sarcophages païens décorés de belles sculptures :
le corps de Charlemagne lui-même fut mis dans un
tombeau antique qui représente l'enlèvement de
Proserpine (i).
Deux Victoires , tenant des palmes , soutiennent
un médaillon qui est supporté par un tronc de pal-
mier : s^ux deux côtés sont des prisonniers de guerre
qui ont les mains liées derrière le dos ; comme on
voit , sur les médailles , la Judée , la Dacie ou la Ger-
manie captives. Sur chaque côté du tombeau , il
y a un char traîné par un centaure et une centau-
resse. Dans le groupe à gauche du médaillon , le
centaure, couronné de pin comme toutes les divi-
nités champêtres , tient d'une main une lyre, et de
l'autre le plectrum : la centauresse porte une corne
{ I } II est au mtuée ^e$ Augustîm» n.^ 4^8.
- — -^
CHAPITRE LXXIX. 159
<I*abondance. Le premier est attaché par une large
bande , dont un petit génie , qui est debout sur sa
croupe, tient Pextrémité, comme pour le diriger.
Bacdius est dans le char; il est nu et s'appuie sur son
thyrse ; il est embrassé et soutenu par un de ses sui'-
yans ou favoris , Ampelus ou Acratus, comme on le
remarque dans plusieurs groupes célèbres.
L'autre groupe est à-peu-près semblable : mais le
centaure porté d'une main un vase à boire , en forme
de corne , appelé rhyton , et de l'autre im pedum , dont
on ne voit plus que quelques légers vestiges ; la
centauresse tient une branche de lierre chargée de
ses baies. Le petit génie qui est sur le centaure ne
le guide pas , comme l'autre , avec des rênes ; mais
il cherche à hâter sa marche avec un fouet. U y a
dans le <:har i^ne femme vêtue d'une longue tunique
avec une ceinture , et coiffée à la manière des bac*
chantes : fe ne §ais ce qu'elle tient dans la main.
Le médaillon soutenu par les Victoires porte Fins*
cription suivante :
D. M.
IVLIAEQVINi*
^ >IAEC0SSVTIA
t HYCIA.MAtBR
FILIAÊ
PlISSIMAE
Aux Mtu* mânes. et à Julia QuîHtina : Cçuuda Hj^ia, sa mke,
à une fille très-tendre.
Grossôn, qui a donné de ce mon^imem (i) uner
figure dans laquelle il' l'a dénaturé de là matiiêre la
plus étrange et la plus dégoûtante , s'étonne de ce que
ces simulacres dé guerre se trouvent sur le tombeau
d'une jeune fille, et paroît penser que ce sarcophage
avoit été destiné à un guerrier triomphateur , et que ,
pour un motif qu'on ignore, on y renferma la dé-
pouille mortelle de Julia Quintina. Mais on peut
donner de toute cette représentation une explication
bien plus naturelle. Nous avons déjà dit que les
bacchanales sont figurées sur les tombeaux coitime
un symbole de Tinitiation : tout ce que nous voyons
ici a rapport à Bacchus considéré comme vainqueur
de rinde; c'est le triomphe de ce dieu : il est traîné
par un centaure qui célèbre ses exploits au son.de
la lyre , et; par une ceniauresse qui tient le syitibole
de la fécondité ; il est soutenu dans son char par
un de ses suivans; un bouclier votif est i àelo»
Fiîsagei des Romains ,^ supporté et couronné par
des Victoires, et soutenu par un palmier, qui <est
aussi le symbole des succès guerriers ; les captifs
des nations qu'il a vaincues y sont enchaînés. J)ans
l'autre char est Ariadne ou Libéra, qui vient partager
la gloire de son divin épouxv Probablement , sous
■ ' . ■ ■■
(i) Antiquités dé Marseille , pi. XXII, n.® i. La figure en boîs'
^ufest dans Vflistoire dé Marseille de RuFFI, page 129, cjt pré-
férabici quoique très-inexacte aussi.
cette
màÊÊ^c.^^.^^^m
CHAPITRE LXXIX. j6i
cette dernière allégorie, on a voulu représenter
HycKi elle-même , dont le nom est inscrit stxf ce
bouclier, et indiquer son initiation aux mystères.
Le tombeau suivant a été figuré et décrit pat
Grosson, mais à sa manière (i). La face prinrfpâle
{pi. LVIII, n." i ) est divisée en tïofe parties :
sur les deux latérales on voit fe Sortitiiéif et ta Mort
couchés et endormis dans un bocage ; sur célFe dti
milieu est l'inscription suivante , que lèmème auteur
a rapportée aussi de la manière la plus fautive :
t. A J. .. 1 ■«
rffb
DVLCÏSSIMO a:jNNOCÊ]SfTl3^.
FILIOT. ANNONIO QVI y l^XT
ANN. VI. M VI. D. VI. T. ANNOïfv^
a? VALERIANA. PARENTES FIUO
CARISSIMO ET OMNI TEMPORE
VITAE SVAE I>ESIDERAiriSSIMC)
A Titus Annonius , jils tris-<her et très-innocent, pti a vécu six
gMs six mois et six jours ; Titus Annonius et Valeriana, s^sparens,
à un fis très-chéri , et puisera regretté -pendant tout le ttfnpsde leur vie.
Les deux petits càtés sont décorés de gjuiriandes
très- élégantes. Ce beau sarcophage avoit été enlevé
du cimetière public de Paradis , et placé dans une
salle du palais. II avoit été transporté ensuite. à la
fontaine de l* Aumône , pour y servir d'ornement.
Malgré les dégradations qu'il a subies, il mérite
^yy^ryre^ 1 *1 f tian.tf ftlT. i\^** fMirTftlI'V'
itit tw
!■■ rn^n»
(i) Antiquités de Marseille, ^k'XlV*
Tome IIL
1^2 CHAPITRE LXXÎX,
. On voit encore dans ce musée quelques monu»
mens qui ne portent aucun signe de christianisme:
les plus remarquables sont un beau siège de marbre
que fai fait figurer (pi. XXXVIII , nr 6 et 7 ) ;
un manque tragique en pierre , qui a été trouvé
sur le chemin de Toulon en 1 803 ; une pierre carrée
chargée d'armes habilement groupées ; une colonne
torse ; le chapiteau d'un pilastre corinthien ; deur
autres grands chapiteaux, deux petits, et deux pe-
tites colonnes accouplées.
11 n'y a dans ce musée qu'un seul monument
égyptien : c'est une figure de basalte, dont les jambes
sont brisées ; la bande sur laquelle elle est appuyée ,
est chargée d'hiéroglyphes. Cette statue étoit autre-
fois à l'arsenal.
Nous vîmes encore ces deux fragmens de pierres
terminales :
IN-F-P-XXII
(0
X'
i^^
4^^
IN F
PQXhl
(
(-)
( I ) /J^ Fronte Pedes XXII. .
(a) IN Fronte Ped€S (luoArtid.xm.
4 '
iS}
CHAPITRE LXXX.
Suite de !a description du musée. — Mono mens cïiré-
tiens. —'Monogramme du Christ. — Divers sarco-
• phàges. -— Tombeau d'Eugénie: Jésus- Christ entre sès^
• apôtrçs, colombes, dauphins, couronnes, inscription,
— Tombeau des compagnons de S, Maurice : légion
thébéenne, le Sauveur sur la montagne, fleuves du
paradis, palmier, difîerens événemens de la Passion;
• Pilate, comment figuré ; moisson et vendange allégo-
riques. — Tombeau des compagnes de S.** Ursule:
miracle de la multiplication des pains, cerfs mystiques,
grappe mirac4ileuse. — Tombeau de S. Cassien : agneaux
mystiques. — Tombeau d'Eusébie ; Jonas rejeté par
le monstre marin , Moïse frappe le rocher avec sa ba-
guette, inscription. — Tombeau de S. Chrysanthe et
de S.** Darie : nid, serpent^ limaçon inystiques.—
Tombeau de Tabbé Isarn : crosse grecque, inscription.
— Inscription de Catherine de Médicis,
Outre les marbres grecs et roinains dont je viens
de parler, le musée renferme encote diverses tombes
des premiers chrétiens : elles viennent toutes de
l'église de Saint- Victor , qui en possédoit plusieurs
autres. Ruffi en a figuré quelques-unes ; mais ses
gravures , feites en bois , manquent d'exacjtitude ,
; et il n'en a pas donné d'explication.
. J'ai déjà dit un mot de Tutilité desmonumens
^ L 2
/
V
|(Î4 CHAPITRE LXXX.
des premiers temps du christianisme : ils sont vérî«
tablement curieux sous plusieurs rapports. On y
suit l'histoire de l'art dans sa décadence; on y re-
connoit les costumes du Bas- Empire ; on y disthigue
dips usages , des formules des païens , que If s diré«*
tiens employ oient encore ; on y voit enfin comment
ceux-ci ont fait servir les symboles mythologiques
pour représenter les dogmes et les mystères de leur
religion , et quelles sont les nouvelles allégories qu'ils
ont imaginées. Pausanias, en.pj^rcourant la Grèce,
a donné la description des monume^ç que la reli-
gion avoit consacrés dans les temples : la caisse de
Cypsélus , dont il parle avec tant de détails , n'étoit
probablement pas plus belle que le coffre de Sens ,
que fai décrit. Ceux qui aiment les arts , ceux qui
étudient l'histoire , ceux qui se plaisent à suivre les
traces des modifications que le génie a été contraint
4'iidopter dans la littérature et dans les arts par
Finfluence du christianisme , observeront avec plai*
sir les premiers bas-reliefs chrétiens : ces monumens
:u:quièrent aussi un grand prix aux yeux de celui
dont la foi est ardente et vive. Ils sont aujourd'hui
bien peu nombreux; et il est intéressant d'en em-
pêcher la destruction.
Je parlerai d'abord du signe révéré du christia-
nisme , du monogramme par lequel les^ premiers
chrétiens ont voulu à-Ia-^fois exprimer le nom de-
Dieu et représenter allégoriquemem son éternité s
. CHAPITRE LXXX- i6$
H se retrofuve sur presque tous les autres nK>im>-
mens ^ et c'est le premier que fe vais décrire.
C'est une dalle de pierre ^{^ pi. LVI , n,^ y )t
chargée d'omemens percés à jour : du milîea d'un
vase à deux anses sort un riche cep de vigne , qui
forme de larges enroul^mens ; deux colombes sont
perchées sur la branche la pks élevée , et elles
tournent leur bec vers le monogramme du Christ :
cette partie est séparée, par une petite bafKié, d'une
autre partie de la pierre ornée seulement de barreaujt
croisés y avec des attaches ( i }*
Le corps de l'homme est souvent désigné ^ dans
les livres saints, par les. mots de vast dt Vmne (a) ^
yast d'argile (3} : le divin agriculteur répand dessus
ses bienfaits; ii féconde et fait fructifier le germe
des bonnes actions qui y est l'enfermé , et qui s'é^
taid et s'épanouit comme une vigne ridie et vigon^
feuse.; lès colombes , symbole d'une smie douce et ^
I>urc , se jpfccent dessus , et , tôuhiéés vers le mo**
nogramme , semblent vouloir becqueter ce signe du
salut.
Le monogramme du Christ est ufi d« plus
{ I ) RUFFI , H'tst, de Marseille , II , 1 3 1 , a publié un marbre à- peu-
près semblable, cl çuî est égaleritcrit rfàfis te musée : Il drfrcre de
celui-ci par la forme des enroulemens , l'absencfe des cofombes et -
des barreaux croisés. ïl yenoit aussi de Saifit«Victor.
(a) 1 Thessal, IV, 4.
(}) a C^rinA. iv, 7. ^
1-3
l66 èHAPITRE LXXX.
anciens symboles de la religion chrétienne : ceurjquî
la professèrent les premiers , imaginèrent de rappeter.
i^ nom de Dieu par ies initiales enlacées du mot
'Ckristos , enfermées dans un cercle , symbole de Téter-,
jiité , et accompagnées delà première et delà dernière
lettre de l'alphabet grec, alpha et oméga (i), pour
exprimer qu'il est à-Ia-fois le commencement et la
fin. Ces lettres paroissent indiquer que ce signe fut
imaginé dans la Grèce : mais les païens n'en fài-
soient point usage , jiinsi que quelques auteur^
Font prétendu; si on l'a trcmvé syr des monupiens
profanes , c'est qu'il y avoit été ajouté postérieure-
ment par des chrétiens qui étoien;: devenus posses-*
seurs de ces monumens. Après que Constantin Peut
inscrit sur les étendards de son armée , il fut le
symbole du triomphe du christianisme. Selon les
historiens chrétiens, cet empereur reçut en songe
Favis deie placer sur les boucliers de ses soldats; et
c'est, disent-ils, à la puissance de ce signe, qu'il
(i) Ces vers, écrits sous un moiv^gramme qui étwt à Milan
dans iVglise de Sainte-Thècie, donneront une juste idée de ce
caractère mystique :
Circuîus kic summi compte hetiiïît nomina Re^îs ,
Que m sine principh et sine fine \ides : *
Principium cumfine simul tîbî dénotât A 0.\
X ft V Christl nomina sancta tenent,
Allecï^ ANZA, Monum.anticÂidi Miiaaa, 1^
CHAPITRE LX«X. i6y
dut la mémorable victoire qu'il remporta sur le pont
Mîfvîus. Depuis ce temps ^ le symbole du Christ a
décoré non-seulement ies étendards , les casques ,
les cuirasses et les boudiers , mais les vêtemens , ies
vases à boire, les tombeaux , tout ce qui servoit k
des usages sacrés et profanes ; et on le remarque
sur les médailles des Flavîens. L'usage en a duré
jusqu'au XI / siècle ; et il paroît avoir été souvent
renouvelé pendant les querelles contre les héré-
tiques , comme un signe de soumission à la foi : c'est
sur-tout dans le temps des disputes contre l'arianisme ^
qui se rallumèrent au vil/ siècle , qu'on en a fait
usage, parce que les Ariens, qui nioient la divi-
nité de Jésus-Christ , refusoient de placer l'a et 1'»
auprès de ses symboles,
La bonne exécution du monogramme que je dé-
cris, sa forme, les figures qui l'accompagnent et qur
le rendent conforme aux autres monumensdu même
geme exécutés dans le V.^et le vi/ siècle, ne per-
mettent pas de le placer à une époque moins re-s
culée,; f ' :
' Nous vîmes ensuite un sarcophage d'environ sept
pieds de long fpl. L VI II, n' j), dont la face anté-
rieure représente, comme celui d'Aix (i), Jésus-
Christ' au milieu des .doiîzè apôtres. II est assis sur
\xù siège un-peu étevé et ayant im marchepied, près
( I ) Tome U , p. a 68 , pi. XXXVir.
L 4
r
fé^ CHAPITRE L?CXX,
duquel e$^ T^gneau , symbole de sa douceur et de sii
patience. Le Sauveur est imberbe ; il paroît enseigner
sa doctrine à ses disciples. Son siège est dans une
niche moins large maïs pj^s élevée que les six autres
niches , devant chaame desquelles &ont égaiemeni
^sis deux de ses disciples , sur un banc continu »
çouveift 4'une draperie. I!$ écoutent tous avec ajtw
tîon et recueillent avec respect les paroles du divii*
maître , et témoignent , par des attitudes variées ^
l'émotion qu'ils éprouvent.
Les nich.es sont séparées Tui^e de l'autre par une
cfolonnç qvi se rapprpçhç de l'ordre corinthien, et
çntre chaque cintre il y a un ornement : ie cintre qui
^rmç I^ nîçhe du milice , esx accompagné de deu%
colombes , qui caractérisent ia simplicité , la pudf ur ^
l'innocence , la charité > I{^ douceur et l'attention
i^éces^s^res powr éviter les embûches du démon. Oa
voit insulte d^ daMphins ;. ce signe» sur le^ swcq^
phages, est , dît^c^ , relatjlf ait iom qu'ont les dau-»
phjns de porter à terre les çprps des, hommes qm
la nu»f a engloutis ; mais n'a-t-on pas voulu pkitôt
donner m ?>^hoIe de ïa fermeté d^s rxmtfïs, , quf se
montroieçt calmes çt tr^nqij(Hps au ipS^m ^s, pe^r
sécution^ , c^rpme ces cétaçees jouent s^r les flott
pendant les. plus afïre^ses j^mp^tf^ I Le^ çwr«ftsç$
désignent la réçorapeiiisevqHi att^ij^ ceim^^l,m
demeuré ferme dans la foi.
Ruffi a publié încorrectenjent ce tombeau , qn'îl
N
CHAPITRE LXXX. I<f^
dit être celui de S. Maurice ( i^) , lequel souffrit le
martyre sous Dioctétien ^ avec ia légion diébéenne ,
dont il étoit commandant : maïs rinscription qui est
gravée sur le couverde, et qu'on n'avoit point aper-
çue dans le souterrain de Saint- Victor , proirve qu'il
a renfermé les restes d'Ikigénie , dame chrétienne
adonnée aux œuvres de charité ^ qui mourut sans
enfàns , et à qui son aïeule fit faire ce sarcophage.
Cette inscription est en vers hexamètres et penta-
mètres : mais ils ne sont pas séparés ; une feuille de
lierre indique seulement la fin de chacun : il y en
a deux sur chaque ligne. Les lettres sont grandes
et bien gravées : la forme des lettres b ,d, g, l'ortho-
graphe de quelques mots (2) , font conjecturer
qu'elle est du vu.'' ou di viii/ siècle. £Ue est
figurée sur ia planche L VI JI, n* 3.
NOBIUS EVGÇNIA PRiECLARI SANGVINIS ORTV,
QViE MERETIS VIVIT, HIC TOMOLATA JACIT.
EXVIT OCCVMBENS ONEROSO CORPORE VITAM ,
QVO MELIVS SVPERAS POSSIT ADIRE DOMOS.
QViE PRVDENS ANEMIS PERJVt AN SIT PONDEREMORVM,
PROVÎDA LAVDANDVM SEMPER ELEGIT OPVS.
(i) F^^plvs bas, page 170.
(%) Mareiis pour meritis , urniolata pour mwmlaia, nétiU po«it
sphùlis , laèsam fOut îapsam, besstm pour HssmU, cattdrdh font
€»ndidit, lacrâmîs foi» Ucrymîsu
i7^ CHAPITRE LXXX.
PASCERE JEJVNOS GAVDENS FESTIN A CVCVRRIT ,
I
EXAVRIENS EPVLAS, O PARADISE, TVAS.
CAPTIVOS OPIBVS VINCLIS LAXAVIT INIQVIS,
ET PVLSOS TERRIS REDDEDIT ILLA SVIS.
MENS INTENTA BONIS TOTO CVI TEMPORE WTJE ^
ACTJBVS EGREGIIS. VNICA SANCTA FVIT ,
QVAM SVBOLIS LABSAM BESSE'NIS INCLITA LVSTRIS
CONDEDIT HIC LACREMIS AVIA MŒSTA PUS.
Lit vohk Eugénie , issuf d'un sang illustre, (fui vit par ses bienfaits,
repose dans ce tombeau. En mourant, elle dépouilla son ame d'une
rttveloppe incommode, afin qu'elle pût arriver plus facilement aux de-
meures célestes. Prudente danà ses désirs , elle respecta constamment
l'autorité des mteurs. Prévoyante, elle choisit toujours une occupation,
louable. Joyeuse et empressée , elle courut au secours de ceux qui avoient
faim, se repaissant, o Paradis, de tes festins. Elle employa ses richesses
"À retirer Us Captifs d'un inique ' esclavage^ et à rendre à leur patrie
eeux qui en avoient été éloignés. Son esprit fut sans cesse tendu vers If
bien durant tout le temps de sa vie ; par ses bonnes œuvres, elle fut une
sainte parfaite. Comme elle est morte sans lignée , son a'teule a^igée ,
recofm/Mndftble par dou^e lustres] ta renfermée ici en versant des larmes
de tendresse, / . ■/:.::'.
c * • ■• -_- *
La tombe suivante ( pi, X'IX, n/ i ) ne doit pas
être séparée de celle-ci , jpuisqu'on prétend i:ju'elle
Tenfermoit les corps des compagnons de S. Mau-
rice (i). Ce sarcophage est partagé en cinq arcades
(r) On ne sait sur quoi cettcr^tVadition peut être fondée. Ce
tonrhcau n*a jau contenir l?s* c6rps><les confipâgïiùns de S. Mau-
rice^ puî&que ta icgron'rthjébécnne, qu'il comltoandoit , etoit com-
posée de dix niiile hommes. On pounroit dire que c'est ceiui
.^^^^Hll^HM
- 1
CHAPITRE LXXX. ITI
soutenues par des colonnes torses , avec des chapi-
teaux corinthiens : dans celle du milieu , le Sauveur
est assis sur la montagne sainte , entre deux de ses
disciples. Les chrétiens plaçoient ainsi le Sauveur sur
une montagne, non- seulement en signe de puissance
et de supériorité, m^s encore pour indiquer la subli-
mité de la doctrine céleste. Les quatre fleuves qui éii
découlent, sont ceux qui, selon la Genèse, sortoient
du jardin d'Eden , et que les Pères de l'Eglise re-
gardent comme désignant les quatre évangiles , qui
se sont répandus par toute la terre, ou bien les vertus
cardinales , qui sont le soutien de la religion et qui en
constituent la sublime morale. Aux pieds de Jésus-
Christ sont S. Joseph et la Vierge ( i ) , qui repré-
sentent peut-être allégoriquement les deux époux
pouf qui ce tombeau avoit été feit. On voit , dans les
quatre autres niches , différentes actions de la vie du
Seigneur. Chaque groupe est ombragé par un pal-
mier; ce qui fait connoître Ique faction se 'passe
en Falestine.. Dans le premier à gauche , on voit
peut-être Jésus.- Christ qui annonce it S. Pien^e -le
II
d'Exupère et cïe Candide, les principaux officiers de ce corps
après Maurice; mlis la tradition géntfllement rteçlie' est 'que fa
iégioif ^thébç^nc: /ut martyrisée à • Agmna , ville* toisinc du
Valais, nonomcc aujourd'hui Saint^-Moriti en mémoire de tîec
événement : quçique^ comp?.gnons du saint, qui n'avoient pas
alors rejoint la légion, reçurent le mart)TC àSoleure et à Turin
' (i) J'ff/r^, t. Il, p. 268. * ^
IJl CHAPITRE LXXX:*
reniement dont il doit se rendre toapable ; dfliti
le second , il est saisi par ies hotrimes armés dé
pierres ; dans le troisième , il est entraîné par des»
hommes armés de bâtons : le dernier groupe repré^
sente Pilate, vers qui Jésus-Christ va être conduit.
Ce gouverneur est au moment de le condamner ,
et de se laver les mains pour témoigner que c'est
contre son vceu qu'il le fait , et qu'il se croit
absous par cette vaine pratique d'avoir ver^é le sang
innocent. II est assis sur son tribunal , devant lequel
est un marchepied ; ce qui , sur les ntcmumens
chrétiens comme sur les monumeftis pro&ies ^ est u»
signede supériorité et de puissance : il aime tuHique
et une espèce de paludammt attaché sur l'épaule
gauche avec une agrafe ; sa tète est ceinte d'im dia-^
4è|me orné de pierreries. Constantin en avoit intro^
duit l'usage^ et les artistes croyoient ne pouvoir aiieuie
exprimer k puissance des gouverneurs de provinces ^
qu'en les figurant avec les décorations impériales t c^esft
pourquoi , sur d'autres monumens , Pilate a ia tèitf
ca^ime de lauriers. L'esclave qui est devant lui ^ est VétU
d'une simple tunique retroussée'; ce qui désigne sa
condition. Le bon Pasteur est ordinairement ainsi
représenté. Tous les autres personnages de notre bas^
reli^ portent la toge. Cet esclave présente à faver k
Pilate dans un bassin plat ; et le vase d'où 3 Véi^e
\ Feau , a la forme de ceux que les antiquahres appellent
% simpuyiumf et que nous nommons communément
V
*■
i
%;
i
^-J
<:hapitre lxxx. 17^
ûiguihe : devant est un grand diota , ou vase à deux
anses, placé sur une table à trois pieds. On remarqua
au-dessus des colonnes, entre le cintre de cbaqu6
arcade , un serpent qui , par son enroulement , forme
une espèce de couronne , et à chaque extrémité une
colombe qui becqueté des fruits dans un panier.
II y avoit autrefois une frise ; mais elle n'existe plus :
|e l'ai fait figurer d'après Ruffi. Elle représente des
génies chrétiens ou des anges qui moissonnent le
dhamp et vendangent la vigne du Seigneur : les
uns ont achevé de couper les épis , qui sont lié^
fn gerbes , et ils s'apprêtent à les emporter ; les
autres expriment dans un vase le jus d'une grosse
grappe de raisin , tandis que deux d'entre etue
foulent la vendange en dansant dans une cuve:
nous voyons souvent les Faunes ainsi occupés dans
les représentations des bacchanales païennes.
Le tombeau suivant (pi. LlX^n! ^^étoît, selon
la tradition , celui de deux vierges qui souffrirent le
martyre avec S.^^ Ursule { i ) . La face est partagée
en sept arcades : celle du milieu est à double cintra
avec un porte-à-faux; Jésus-Christ y paroît entre
S. Pierre et S. Paul sur la montagne , d'où coulent
les quatre fleuves (2); les^ apôtres sont dans les autres
' ( I ) S.*^ Ursule et %ti compagnes ont souffert le martyre près cîc
>€oiogiie.
(a) Sufrà, p. 171,
\
}yi CHAPITRE LXXX.
arcades , deux par deux ', excepté dans chacune des
deux dernières où il n'y. en a qu'un : tous expriment par
leur geste Talteniion et ie dévouement. Les colonnes
qui soutiennent les arcades, ont des chapiteaux co-
rinthiens. Ruffi , qui a fait graver ce tombeau ( i ) ,
n'a exprimé aucune des beautés de l'original : les
figures sont bien sculptées , d'une bonne proportion ;
les draperies bien jetées, et indiquant ie nu : il doit
avoir été exécuté par un bon artiste ; ' «et il peut être
lîiis au rang des meilleures sculptures du temps où
ces tombeaux ont été faits.
Des génies chrétiens (2) , placés au miliieu ,
dévoient soutenir la tessère ou tablette destinée k
recevoir l'inscription , et au-dessus de laquelle est le
monogramme du Christ. Des deux côtés sont des
dauphins qui ont chacun quelque chose de rond dans
la gueule; c'est peut-être le denier de César, qui
fut trouvé dans le corps d'un poisson. A droite, on
voit trois -vases placés les uns sur les autres : c'est le
signe du miracle de la multiplication des pains et
[i) Histoire de Marseille f\\ , 127. .
(2) Cette frise étoit séparée lorsque je visitai Marseille; on Ta-
voit remplacée par celle d'un autre tombeau brisé , sur laquelle
étoit le monogramme du Christ entre deux colombes ; c*est pour-
quoi elle a été gravée séparément dins la première livraison de
mon atlas, pi. XXXVIII , n,^ 8 : maisM.deSaint-Vincens ayant
reconnu, d'après la figure donnée par Ruffi, quelle appartient, à
ce monument, je me suis décidé à la repi^oduire ici.
~\
jGHAÇITRE.LXXX- 17 j
des poissons à Beth^aïdé { i ) ; Jésus-Christ étend
les mains sur hs vases , et le miracle e^t opéré. •
II y a à gauche deux cerfs qui se désaltèrent à
Pun des quatre fleuves qui coulent de la montagne ,
et sur le sommet de celle-ci on aperçoit une biche;
Le cerf est plusieurs fois cité dans les livres, saints,
où il devient le sujejt de plusieurs sentimens moraux :
aussi les premiers chrétiens l'ônt-ils fréquemmenjt
figuré sur les lampes , sur les meubles , dans les peiii-
tures et les mosaïques , et sur les tombeaux. Tantôt
il est le symbole du Christ (2) ou des apôtres (3),
tantôt il est celui des fidèles (4) ou des saints (j) :
s'il cherche à se désaltérer , c'est le néophyte qui
veut apaber la soif qu'il a du salut , et s'abre^i-
yer des eaux du baptême : ici ce sont les chrétiens
qui boivent aux sources qui sortent du paradis vJ^
c'est un symbole des secours que le chrétien qui
désire son salut peut trouver dans TEvangile. La
biche qui est sur la montagne figure le Sauveur. .On
voit à droite deux Israélites qui portent sur leurs
épaules, à l'aide d'un bâton , l'éijprme grappe de
raisin qui prouve la fertilité de la terre promise (6) ;
i«>
(1) S. Math, xiy, 19; S. Luc. ix, 13;$. Johan. vi, 11.
(2) S; AmbROS. Enarrat. in psalm, XLl,
(3)à.HlERONYM.//ï îsaiam. XXXIV; BeDA, in psalm, XXV II l. ^
(4) CA5S10D0R. in psalm. XLl.
-(5) OlîfGEN.' lib. III , in canticum cant, a, 9.
[6) Numeri , XlU , 2^,
Ij6 CHAPITRE LXXX.
c'est ie symbole des biens infinis qui attendent celui
qui , par sa piété et ses bonnes actions , peut mériteï
d'être admis dans ie séjour des élus.
Cette fnse est moins bien travaillée que le tom-
beau même, et n'est certainement pas du même ar-
tiste ; elle avoit été faite séparément. On a placé sur
ce tombeau , au iieu du couvercle qui lui appar-
tient , une autre frise ^pl» L VI, n! 6), qui représen toit
douze colombes , symbole des douze apôtres et des
premiers fidèles ; il n'y en a plus que dix.
Un autre tombeau chrétien (pLLVl, nf j) étoît
également célèbre. On a pensé qu'il renfërmoit le
corps de Cassîen , que Marseille révère comme un de
ses saints 9 et dont Tabbaye de Saint- Victor, qu'il avoit
fondée , xonservoit les reliques dans une châsse d'ar-^
gent. La fece antérieure est partagée « cinq arcades ,
séparées jSar des pilastres avec des chapiteaux qui
resseniblent à ceux de fordre dorique. Au milieu
est le Christ : ti'ois autres arcades sont occupées
diacune par un de ses disciples ; ils écoutent avec
admiration i'esprit divin qui s'exprime par sa bouche.
Un homme vêtu d^une tunique et d'une toge , et une
femme voilée ^ élèvent en l'air un enfant. On a pensé
que la figure qui est à l'autre extrémité est celle de
Cassien, et que cet homme et cette femme lui pré-
sentent leur enfant et le mettent sous sa protection :
mais il est évident que cette tombe chrétienne re-
présente , comme les autres , un trait de ia sainte
Ecriture ;
/
'^^^ii^^Ê^USSBm
mm
^
CHAPITRE LXXX. !77
Ëcriture ; c*est la Vierge et S. Joseph qui ofirei^t k
Dieu leur fils nouveau-né. Celte tombe étoît autrer
fois portée par quatre piliers (i) ; ii ne reste aufourr
d'hui que le sarcophage.
Sur un autre tombezvt ( pi, LfX , n/ ^), oh voit
cinq apôtres dans dés nid^es plates, à * peu ^ près
comme sur celui de S. Mitre (2} : ils sont tournés
vers le Christ , qui est assis au milieu; il est san$
barbe, ef a la tête entourée d'une auréole. Le boni
du couvercle forme uAe. espèce de fti^e, sur laquelle
il y a douze agneaux , symbole des doui% apôtres , qui
ireprésentent la réunion des fidèles. On remarque le
monogramme du Christ sur un petit côté. J'ignore
quel est le saint qu'on prétend avoir occupé cette
tombe.
Le sarcophage^/?/. L VIII, n^z) n'est pas moins ipté*
ressant : c'est celui d'Eusébie, abbesse des religieuses
Cassianites. Au milieu de cannelures en spirale ,
semblables à celles, qui décorent un grand nombre
<Je monumens du même genre , est un médaillon
qui contient un personnage vêtu de la toge : c'est sans^
doute celui à qui ce tombeau étoit destiné. Au*
dessous est un homme couché près d'un monstre qut
a une tète de dragon , et dont la queue forme quel*
ques replis : c'est Jonas , qui vient d'être rejeté par
( I ) RUFFï , Hist, de Mârmlli , tome H , page 126^
{2) Tome II, p. 268.
Tome III. M
^'i-^. ^
* ^-r^^
178 CHA.PJTJIE LXXX.
le poisson qui Tavoit englouti. Nous né voyons pas
le pal ma christi sous lecjuel le prophète reposa. Sur
les monumens nqnibreux qui retracent cette his-
toire , la figure du monstre est absolument la même.
Tous les commentïiteurs ' de l'Ecriture dissertent
gravement siu l'espèce du poisson qui avala Jouas:
les plus fiabiles décident que ce n'a pu être une
baleine; car ce cétacée.a le gosier ,trop étroit, et
il ne se trouve pomt dans la mer où le prophète fut
précipité. Le plus grand nombre penche à croire que
c'^tpit le grand requin (1). Mais Jonas n'auroit pu
passer intact dans l'énorme gueule de cet animal ^
tapissée de dents en forme de scie ; et quand cela
seroit, il n'y auroit pas vécu un moment : ce pro-
dige n'a donc pu s'opérer sans la volonté de Dieu.
Cependant les artistes chrétiens , n'ayant aucune
idée du monstre qui fut en cettet occasion l'instru*
ment de la puissance xlivîne , en .ont, à l'exemple
des Grecs , composé un imaginaire : ils lui ont donné
une tête de fantabie avec une gueule decrocodile (2),
et la queue d'un poisson.
Au côté gauche du sarcophage, on voit un
homme debout qui paroit saisir quelque chose qui
tombe du ciel. Je présume . que c'est la nHume.
(1) Squalus carckarias,
(2) Les chrétiens ont lusi donné une gueule de crocodifc au
dragon des Grecs. * . , .
■^ w^-*.
«MH^ÉÉib^MMi
CHAPITRE hX^X^ \J^ ,
envoyée par le Seigneur aux Istaélîtes pour apaiser
leur faim. Au côté droit, un autre tient une baguette ;
et devant celui-ci , il y en a ^n troisième agenouillé,
qui est coiffé d'un bonnet.
Rufii ( I ) et Grosson {2) , qui ont fait figurer ce
tombeau de la manière la plus inexacte , n'ont pas
hésité à reconnoître ici les cérémonies de i'affrah-
chîssement. La comparaison de ce bas - relief avec
beaucoup d'autres sur lesquels Li même action est.
représentée , suffit pour prouver que c'est Moïse
qui frappe le rocher avec sa baguette , et qui en fait
sortir i'eau rafraîchissante que les Israélites boivent
avec avidité. Sur beaucoup de monumens , les
Hébreux , et le Sauveur lui-même , sont coiffés du
bonnet que nous voyons ici.
Les habits du personnage placé dans le mé-
daillon indiquent le v.* ou le vi.' siècle ; sa toge
est bordée du latus clavus. La construction de ce
tombeau est donc antérieure de plus de deux cents
, - • • • *
ans au temps où S.*"" Eusébie, religieuse Cassianiie,'
y a été déposée. Son épitaphe étoit sur une pierre
séparée , qui est aussi conservée dans le musée ; la
voici :
Thicrequiescet in pa
ce evsebia religiosa c^
magna ancella c^l qvi
( I ) Histoire de Marseille , page 128.
(a) Antiquités di Marseille , pi. XXI.
M X
^8o CHAPITRE hXXX.
IN SECVLO AB HENEVNTE
ETATE SVA VIXIT
SECOLARE^ANNVS XIIII
ET VBI A C^O ELECTA EST
IN MONASTERIO ScS CYRICI
SERVIVET ANNVS QVINQVA ,
GENTA RECESSET SVB tsi^lE
'^ . PRlC^KAL» OCTOBR* INÈkl SEST*
Jci re}wse {i) en paix Eusébie , religieuse , grande servante du Sei^
ffteur (2)^ qui a passé dans le siècje les quatorze premières années ( j)
de sa vie comme séculière , et , après avoir été élue par le Seigneur p I'a
servi cinquante ans dans le monastère de S, Cyr : elle est morte la
veille des calendes d'octobre , dans la sixième indictton. ^
Au bas de cette inscription , il y a un vase
entre deux colombes qui vont y plonger leur bèc
(pi. LVIII, n." ^ ) : ce sont les fidèles qui s'a-
breuvent de Teau pure, symbole deJa foi enseignée
par Jésus- Christ. Ces colombes mystiques ont la
queue semblable à celle du paon.
On ne sait rien de positif s^r S*** Eusébie. Son
épitaphe fait voir qu'elle a vécu soixante-quatre ans ;
mais elle ne nous apprend pas Tannée de sa mort*
L'incorrection de Torihographe ait placer l'époque
de cette inscription dans le viil.* ou le ix.*" siècle.
( I ) Requiescet pour requiesdt,
(i) Qui pour quœ , ancella pour ancilla.
{}) Ab heneunte pour ab ineunte, secolares fom secul^es, annus
pour annos.
MÉ^h.«jÉMteiteMBMÉIriMift
La tfâdhîon prètertd que cette aamte abbesse ftit
martyrisée par les Sarrasins : qudques légendes rap-^
portent qu'elle et ses religieuses se coupèrent le tiet
pour échapper «ux violences de ces barbares ; èl
comme ia figure du médaillon a le ne» mutilé ^ ou
par aceident, ou pour être conforme à la tr^ition,
ie peû(Je croyoit y vénérer {'image dt 4à- pudique
Vierge du Seigneur.
Le tombeau qu'on dit être celui de S* Chrysanthè
et de S.'* Dôrïe (pi. L VÏlI.fig, 4), èsf partage en sept
arcades : celle du milieu noua fait Voir^tine montagne
d'où sortent deux sources auxquelles deux cerfs se
désaltèrent ; sous les autres arcades sont les apôtres
dans différentes attitudes ; dans i'avânt- dernière il y
a un coq, qui désigne S. Pierre. Les piliers de ces
arcades sont formés par des troncs d'arbres , et le
feuillage de ces arbres en fait la Vôâte. Aux deux
extrémités un serpent s'enroule autour de l'arbre, et
menace de dévorer de petites colombes dans leur
nid ; c'est le symbole dii démon , cîontré lés embûches
duquel les chrétiens doivent toujours être sn garde.
Le limaçon qui monta suç un autre arbre en portant
sur son dos sa fragile maison, indique la prudence
que le chrétien doit mettre dans joutes ses actions.
Le tombeau de l'abbé Isarn (fl. XXXVI, w/, 4)
n'est pas un des moins curieux : il éloît plate debout
dans la crypte de S. Victor. L'abbé est vêtu d^une lu-
nique, ettiçnt k la main un bâton en forme de béquile,
M 3
;i .
ïgjl CHAPITRE LXXXy
sur la traverse duquel^ on lit le mot VIRGA; c'est fa
crQsse dçs évéqijes grecs , appelée gamma à cause de
fa ressemblance avec la lettre greçqiie de ce nom ; ce
ji|uî;6ih penser-qu'un côté, de la poignéie devoît être
pijus long que TamtetiLa forme de ç^ttejbéqiiUIè proiive
f^%: cette^ éppque l'abbaye de Saîiït-tV içtor conser-
voit encore qÇfcelques ufeagesde; Tégljise grecque. Au-
tour de la tombe ,i et sur la pierre carrée qui couvre
le, corps, oïl litj'inscriptîon suivàntç, que j'ai fait
figurer à cause, d^ sa singulière disposition et. de
1^ forme de quelques lettres : .
SAtRA VIRI CLARI SVNT HIC STTA PATRIS ÏSARNI
MEMBRA, SVIS STVDIIS GLORIFICATA PtlS,
QV^E FELIX VEGETAJ^S ANIMA PROYEXIT AD ALTA
MORIBVS EGREGIIS PACIFICISQUE ANIMIS :
NAM REDIMITVS ERAT HIC VIRTVTIS SPECIEBVS
VIR DOMINI CVNCTIS, PRO QVIBVS EST HILAJIIS, •
qyjE FECIT DOCyiT ABBAS PIVS ATQVE BEATVS,
DISCIPVLOSQVE SVOS COMPVLIT ES5E PIOS.
SIC yiVENS TENVÏT REGIMEN ; SED CLAVDERE LIMEN
COMPVLSV^VITE EST ACRITER ET MISERE,
BEXIT BI3 DENIS SEPTEMQVE ÏIDELITER ANNIS,
COMMtSSVMQVE SIBI DVLck ( sic ) GREGEM DOMÏN!
RESPVIT OCTOBRISTRÀNSACTO OCTAVO^wV^CALENOAS,
ET CEPIT RVTILI REGNA SVBlkÉ POLI. /
V
ici reposent les vén/rahhs memhres du père Isarn , homme célèbre, qui
les glorifia par sa fervente prêté, et qui , lés fortifiant avec succès de
toute Ja vigueur de son^ame, les éleva ju^qu aux deux par ses tmeurs
exemplaires et la douceur de son esprit : car cet hotnme du Seigneur
éto'd doué de tous les genres de vertus, et c'est par elles qu'il jouit au) our-
d'hti de la félicité. Ce pieux et bienheureux abbé joignit l'enseignement
à U pratique t et il iut persuader À ses disciples dedevenirpietot. Telle' fut
y
■^^^^aj
I
Chapitre lxxx: i8î
la cenJuîte qu^il ttht durant sa vit; mais il a été contraint de terminetif
fouragmstmftît sa carrière au milieu des misères humaines. Après avoir^
gouverné fidèlement pendant vingt-sçpt années, il 4^,, le 8 des calendes
Moctohre (i), abandonné avec douceuf le troupeau dié Seigneur tfUÎ lut
avoit été confié, et s* est élancé vers les royaumt s célestes [%), . .
i ^ >j ' t
La première figne de finscriptîoh est séparée ;
w - - •
on y lit :
1
OBIIT ANNQ MXLVIII INDICT. I, ^PACTA IH.
^. t
// est mon l'an lo^ ^ le premier de l'indiction{^) , et le troisième d^
V^acte[^), \ \ _ ^
On lit ensuite dans l'inscription "qui entoure la
tête et les pieds : *
CERNE, MORS QUE' LÇX* HOA|Îî1;NI NOXA PROTXÎPLASTLIN Mit
DEFUNCTO INEST MISEROî SICQUE GEMENS CORDE, DIC, DlC:
Dêus , Huic M15ERÉRE. Amen.
I r
Vq^'ei^ comme ta mort, qui, par lé péché du premier homme , est
'devenue une lot ,• à' exercé -son empire sur moi, malheureux défunt; et
dites, dites donc ai'ec un caur gémissant :] Dieu ,jqye^pitié de lui. Ainsi
soii-U. ^ , , • .
'■ Isam étoîjt né à Toulouse; il fut déterminé, par
ïes prédications de fabbé Gaiicelîn , à prendre l'habit
*i^
(i) Le 24 septembre. RuFFXr Hist. de Marseille, II, 148, al
donc tort de placer la date de sa mort au 2 septembre.
(2} Cette inscription a été copiée de la manière la plus fau-
tive par RUFFI, Hist. de Marseille, \l» 129 ; et H n*en a pardonné
la figure. ^ i
(:)) Llndk^on étoit une révc^utîon de quinze années.
, (4) L epacte est fa série de onze jours qu on a été obligé
d'ajouter à ^l'ani^ iun«irc ^ pour 1» reudre égale à Tannée
solaire.
M 4
|84 CHAPITRE hXXX^
monastique, et U entra dans Tabbayè de Saint- Victor,
dont H fut nommé abbé après ia mort de Wifret. H
$e distingua tellement par sa piété et sa bienfiiîsance ,
qu'il fut regardé comme un saint , et qu'on lui attri-
bua des guérisons miraculeuses. En 1476 , Louis XI
envoya trente écus d'or en offrande à son tombeau.
Le musée possède aussi quelques plâtres moulés ,
parmi lesquels on distingue TApoilon du Belvédère , la
Vénus de Médicis , la Vénus Callipy^e , lés Lutteurs,
le Torse, la copie du sarcophage d'Aix qui représetite
facçôuchement de Léda ( 1 ) , et un Amour du célèbre
sculpteur Canova. Sur un marbre qui étoitauxCapu^
cins , on voit lès armoiries du roi de France mi- partiel
avec celles de Médicis, et les armoiries du grand-prieur.
Depuis mon départ ] les tableaux ont été placés
dans la salle qui leur étoit destinée : ils sont aujour-
tf hui , d'après le catalogue qui en a été publié (2} ^
au nombire de cent soixante-dix. Cette collectiori
è'est formiée de la réunion de ceux qui décoroîent
ïes églises ; elle offre les noms dfe grands ttiattres du
plusieurs écoles.
On y voit une sainte FamiUe et un Christ r^ffî,
xjui sont de bons ouvrages du Pérugin , très-impor-
tans pour suivre les progrès de Tart de la peintiirç
et remonter aux commencemens de Técoïe italienne*
■ •> I i I II"
M ■- f I 'J
ru ï ifii fil M iVi- 1 f 1 1 I
(i) St^àiVbmt II, page 244.
(2) CatalogKf da tMtaux qui comfim»f le misénie Mantille *
\
iMi—
CHAPITRE LXXX. l8y
Dans le premier tableau, la S.**" Vierge est assise
sur un trône élevé sous un portique; elle a son fils
Qhéri sur ses genoux; S." Anne, sa mère, placée
derrière elle , posç ses mains sur ses épaules ; S." I^li*-
sabeth tient le petit S. Jean dans ses bras, et près
d'elle sont S. Joseph et S, Joacfiim. Le nom de
chaque personnage est peint sur l'auréole qui en-
toure sa tête. Le dessin de ce tableau est correct, et
il est utile dans Técole pour faire connoître aux élèves
la première manière de Pérugin : l'architecture est
d'un bon style.
Le second tableau est de {^ seconde manière de
ce peintre. Le Christ mort est étendu sur les genoux
de sa mère, dont la figure a une expression de dou-
ieqr très-bien sentie ; S. Jean , à genoux , soutient
sa tête ; Magdeieine est à ses pieds , qu'elle mouille
de ses larmes ; d'un côté est S. Nicodème , de l'autre
S. Joseph d'Ârimathie. Le fond est un portique d'un
l)Ctfi style , qui laisse apercevoir un paysage. La com-
position de ce tableau est très-belle : le coloris est
vigoureux ; il a malheureusement soufFert , et l'on y
remarque un grand nombre de retouches. Mais si Ton
reconnoît l'authenticité des tableaux du Pérugin ,
celle du S. Jean camposant VApQcalypst, qu'on attri»
bue à Raphaël , a été contestée ; on croit cependant
y reconnoître la seconde m^nièae de ce maître :
it faut avouer que ce tableau a été très-maltraité fet
très-mal réparé. S. Jean est assis sur l'aigle, et H
/
l8^ CHAPITRE LXXX.
écrit sur une tatlette qu'il tient de la main gaucfce ;
lés formes sont régulières et bien contre-posées , et les
draperie;^ majestueuses. L'artiste a placé , au bas du
tableau, une vue de la ville de Castello. On ne peut
pas assurer non plus qu'une Noce de village, qu'on dit
être d'Annibal Carrache , soit réellement de lui : il en
est de même d'une Magdeleine , qu'on attribue.au
Dominiquin. Quelques bons tableaux de l'école ita-
lienne se font remarquer dans ce musée ; tels sont les
Suivons : un Hermite contemplant une tftc de mort, par
Saivator Rosa ; un Crucifix , par Solimène; un Christ
mort, entre deux //w^fJ^parleCaravage; la Charité ^ et
trois Cavaliers , par Paul Véronèse; une Construction
dt VArthe , de Bassan \ Hector disant adieu aPriam ,
par Guerchin. Les figures de ce tableau sont plus
grandes que nature ; c'est une scène de nuit : un jeune
homme tenant un flambeau allumé éclaire le tableau \
Hector et Priam sont richement vêtus. L'efFet de nuit
est bien senti ; le coloris est bon : mais Je tableau,
pour les formes et les costumes, offre les mêmès^
défauts que tous les autres ouvrages de ce peintre.
On possède de Rubens une Flagellation , qui est
un de ses bons ouvrages , une Adoration des bergers ,
une Résurrection j et une Chasse au sanglier ^cj^i mérite
d'être décrite. Le principal objet du tableau est un
chasseur nu , poursuivi par un sanglier : sa lance est
brisée, et if n'en peut présenter que le tronçon à
l'animal. L'expression de terreur de cette figure est
>
CHAPITRE LXXX, 187
du pitis grand effet. Deux chasseurs arrêtent ce san-
glier, avec leurs lances; pn iroisième, à cheyal , te
perce de son ép^ ; deux chiens ont saisi i'aninlal^
d'autres sont morts, Rubens est à cheval aii mitied de
ses deux femmes. Ces figures ne prennent aucune
part à l'action , sans doute parce que ie peintre a craint
de nuire à la ressemblance : i'exf)ressionesttouteTéunie
sur le premier chasseur. Le piqueur qui ^onne du cor
pour appeler le reste de la troupe, a été également
soigné; ie coloris a^iimé, l'action des veines et des
muscles, indiquant bien ses efforts. Au premier coup-
d'œil, la composition ne surprend pas; mais , enl'exa4
minant > on trouve que tout est beau , que tout est fini :
Je coloris est admirable; le ton local est argenté.
Parmi les autres tableaux des écoles allemande y
flamande et hollandoise, en distingue un Paysage ,
par Breugel; un Christ mort y sur :Us. genoux de là
Vierge, '^2LX Van Dyck; la PécAe mira€uleuse, une
Sibylle, par Jprdaens ; rAss(imptim , par Philippe
de Champagne; Enée a Carthage, par Lairesse^ un
Philosophe lisant , pur Skzlken.
. ' Les tableaux de l'école française sont en plus grand
nombre que les autres. Plusieurs sont insignifians,
et ne méritent pas l'honneur d'être iK)mmés : nous
excepterons une Adoration desiergers , par Mignard;
la Présentation au temple ; par le Sueur.' Les figures
de ce tableau sont plus petites ,que nature. La, pose
du prêtre q|t grave : f exprçs^on de >a tête ièst
t88 CHAP.ITRE LXXX.
pleine de dignité ; elle est levée vers le Père étemrf^
qui est porté sur un groupe de trois anges : ia Vierge
et S/* Anne sont à genoux sur le même plan ; S. Jo-»
seph et quelques autres personnages sont sur le second
plan* Ce tableau est éclairé par les rayons de Tén-
fant ; ie fond Représente l'intérieur d'pn temple. La
composition est facile, l'effet harmonieux. Ce tableau
a un vrai mérite* Li Ctnturion dîmandûnt a Jésus^
Christ la guérison desMJih , et la Ptsclne miraculeuse^
sont des ouvrages du respectable sénateur Vien.
Ce musée renferme, en outre, une smte nom?'
Breuse de productions des plus célèbres peintres
marseiilois, Puget , son fils , et Serres. Les plus beauit
tableaux de Puget sont, le Baptême de Constantin ^
celui de Clovis^ et le Sauveur du mande, qui étoient
à la Major. Ce dernier tableau est regardé comme
le chef-d'œuvre de ce peintre : le Sauveur est assit
mafesmeusement sur un trône de nuages; de la main
gauche il montre le ciel , et ta droite est appuyée
sur son genou ; la tête est d'une forme noble et d'une
expression touchante ; le manteau bleu , qui sert de
draperie, est richement dessiné; la tunique est d'un
rouge pâle dans les clairs [ pour conserver la masse
dans le centre dû tableau ; cinq anges sont groupée
avec grâce autour du Sauveur. Ce tableau n'attire pas
seulement les regards par l'effet du coloris, il est encore
d'un dessin mâle et vigoureux : il fait voir ce qu'au*
roit été Puget, s'il ne s'étoit adonné quîà la peinture.
J
I
CHAPITRE LXXX. l8^
^ II y a de Puget Iç fib une Présentation et deux
Visitations. Serres est celui dont on a le plus grand
nombre de pemti;res , et néanmoins son nom est
presque ignoré ; il n'étoit pourtant pas tout-à-fait
sans mérite : il est vrai que sa couleur. est terne et peu *
agréable ; cependant on voit avec quelque plaisir son
Martyre de S. Pierre» Le dévcHiement que cet artiste
a montré pendant la peste de Marseille , l'effrayante
peinture qu'il nous en a laissée, auroient dû suffire
pour arrachet son nom à cet injuste oubli (i). Le
musée possède de lui vingt-un tableaux : h Martyre
de S. Pierre, que je viens de citer, est le meilleur;
quatorze représentent la vie de S. François.
JI y a aussi dans le musée quelques portraits. On
remarque ceux de M. le Bret, président au parle-
ment d'Aix , par Daret ; de M. de Saint' Fiorentin ,
par Toque ; de Ninon de l* Enclos , de. Henri duc d^
Savoie, de Jean Racine, tx du Maréchal de Villars»
Ce musée est sous la direction de M. Goubaud^
membre de l'académie , et prc^esseur de dessin dMS
différentes écoles. C'est à la complaisance de co
jeune et habile artiste que je dois des notes sur fes
meilleurs tableaux du musée^ ^t les d^simis de pIu<->
sieur» sarcophages chrétiens. •>
^«■-«M
^i) Le nom <îe Serres ne se trouve point dans les Dkdonnatres des
artisus de FUESLY , de PlLKlNGTON et de FuOA ; ^ n'est pas.
même dans le Dictumnaire des illustres Provençaux; et M. ÇUYSl'a
seulement cixi danvl'ouvrage intitulé Marseille ancienne et moderne.
CHAPITRE LXXXI.
Description de Marseille. — Quartier neuf. — La Cane-
bière. — Rues. — Théâtre. — Abbaye Saint-Victor.
— La ville vieille ; ses habitans. — La Major. — Eta-
blissement du christianisme en Provence. — Ancien
temple de Diane. — Pilastres prétendus antiques. — ;
Reliques. — Tableaux. — Baptistère, par le Puget. —
Sarcophage. — Crosse. — Histoire de S. Lazare en bas-
Telief. — Maison de T. Anrjius Milo ; son bustèl —
Hôtel-de-ville. — Ecusson sculpté par le Pùget. —
Statuçde Pierre Libertat ; son histoire. — Tableau de
Serres ; Peste de Marseille. — La Consigne. — Bas-^
relief du Puget. — Boutiques. — Vaisseaux. — Tableau
de David,
ijA nouvelle ville de Marseille, car on peut appeler
ainsi la réunion des édifices qui ont été bâtis vers la
fin du dernier siècle, a beaucoup de noblesse et de
magnificence. Elle commence à la moitié du grand
cours: là est le quartier de laCanebiere, nommé ainsi
parce quïl a été bâti sur des champs qui produîsoient
du chanvre ( i). La grande rue de ce nom est bordée
de boutiques richement fournies ; les maisons y sont
très-élevées , et d'une architecture uniforme : à son
extrémité , on voit flotter les vaisseaux dans le port.
(i) Le chanvre s'appelle en Provence canébé, mot évidemment
dérivé du grec xtu/vctStç^ cannabis.
■!■■■
CHAPITRE LXXXI. ipi
Lorsque les riches négocîans eurem commencé k
bâtir dans ce quartier d'après un plan régulier , il
acquit erîcore un accroissement considérable par
raddîtîon de l'arsenal des galères , qui occupoit ,
à l'est du port, autant de terrain que le tiers de la
ville. Le roi céda cet' arsenal à une compagnie
pour six millions , et on envoya les galères à Tou-
lonw La compagnie combla cette partie du port
avec les décombres de l'arsenal , et vendit le ter*
rain. La triste demeure des forçats fut remplacée
par de beaux hôtels , et le luxe règne aujourd'hui
où habitoîent autrefois l'opprobre et la misère. Les
rues sont bien alignées , bien pavées , bordées de
trottoirs; il y en a trois principales dans toute la
longueur de la ville : elles sont traversées par un
grand nombre d'autres ; ce qui forme de grands
massifs de maisons, qu'on nomme îles. Ces diffé-
rentes îles sont numérotées , et les maisons qui les
composent ont aussi un numéro particulier. Cet usage
existe dans toute la Provence : peut-être vient- il
du Comtat , où les papes l'avoient introduit ; car on
sait que la ville de Rome étoit autrefois ainsi par-
tagée. Quelques-unes dé ces îles sont d'une architec-
ture uniforme ; il est fâcheux qu'on n'ait pas suivi le
même plan pour toutes les autres. On craint cepen->
dant que, dans le plan de ce quartier, la salubrité*
n'ait été sacrifiée à la magnificence : pour garantir la
ville de la trop grande action des vents et du soleil
L
tpl CHAPITRE LXXXI,
levant , peut-être auroit^on dû tracer les tues dans
la direction du levant au couchant , et non dans
celle du nord au sud.
La. principale rue est celle de Beauvau , cjui a
pris le nom du gouverneur de Marseille au temps
où elle a été ouverte, Le théâtre est à son extrémité,
sur une grande place , et entièrement isoi4: la façade ,
ornée de colonnes et surmontée d'une attique , est
assez belle ; mais le toit qui s'élève au-dessus fait un
mauvais effet. On croiroit voir VOdéon de Parb «t
la rue qui y conduit. Les corridors sont trop étroits ;
mais rintérieur delà salle est très-^beau. Le spectacle
est toujours fort suivi : on y fome le grand opéra,
on y représente des ballets d'action ; et, de même que
dans toutes les ville^s du premier ordre , le goût domi*
nant s'y déclare pour ce dernier genre de représen-
tation , qui porte un coup funeste aux progrès de
i'art dramatique.
C'é toit dans ce quartier qu'étoit l'antique abbaye de
Saint- Victor , dont on attribue la fondation à Cas-
sien vers Tan 4o8 , et qui avoit été bâtie au milieu de$
champs. Les religieux qui Thabitoient étoient au
nombre de cinq mille : c'étoît de ce monastère*
et de celui des Iles d'Or qu'on tiroit ceux qui étoient
destinés à réformer les abbayes. La sainteté de
ce cloître avoit fait donner à tout le terrain ^u'H
occupoit, le nom de Paradisus : c'est pourquoi la
plus longue rue du quartier neuf de Marseille , qui
passe
CHAPITRE I.X.XKÎ- 19}
pqs^e&ur cet anpi^ §<)îi, ?$^^ppe4éela md^.Parndi^.
Une antique relîgioaavoit cQnsacifé ,cq monastère t
les reliques de scm riche irésôr éloient célèbres. Ses
religieux, siécul^isé§ ^n ri 7 39, pQ»to|em lè titre dé
fomtes^. U a été «létruit. ; et les anciens sai;çophageé
qp'il E^nferiiaoît ,. et qjai som les moaumem de la piété
dps pjfeintièrs chrétiens de Marseille, Moment au jour*
d'hui , comiiie an \'a vri ^ h wmée, de cette ville ( i ).-
Après avoir visité \^ iK>uveauK tfuartiers , nous
patcQ^mm^Vannertfif^nlJjS. Elle est bâtie sur une
longue coUhie ,.à iîouçst <Jû poHlyh distribution
en est la» mêune que celle de h viUe neuve : elle est
aussi divisée par trois grandes rues ^ traversées elles-
mêities par d*aûtres qui forment des îles ; mais les rues
se dirigjent.de J'est h fouest. Presque toutes soiit
noires, iOjdes> anguleuses, ^e$ et puantes.. Le grand
nombre de puits empêche d'établir desegouts;. ce-?
pendaç^t ç'e^l; un préjugé de croire que > quand même
€es*ëgoutS' seroient Bien construits ^ îes pùîis^seroient
corrompus T de lâ s'esf èt2Lh]i le sale et insalubre usagé
de pgfîçrs a chaque raatiii.eît;. chaque spîr, les immiQïiT
dices^dons les rui8B;eau)c-v teplus souvenVori fes jetoit
par^s fenêtres 1 ' çni^rïint pûsiare^ X\ht H'^^
vant de : près la pairolè, on enjç^;i4Qîfj,,par~lput ré-:
peler. les: rimprécations de D.i J^apKèt'tfArménieî
Lâvfeilàtfrë'cîu ipréfet-dé Sîbiicè; M^dé-*Pérmoilt, *
- ^\ P\ ni .7:01 . ".'.i .^Wi-izYr'' ' v/-î^\v'\ c:j' : '{'^ ■ . ■•. .
■M' \j ^hi — -' '-' jj ^ i'î')''^i f.i\ À'.'iiu.iii 'jVj '■l^^!'lU'.^^^.J\|J'JJ i'^in
'I i.^[
(i) Si^à\ p. i7<$et^^NM i^;>î>i , Vwab^.r -:V vuo VA
Tome IIL N'
\
1^4 CHAPITRE LXXXI.
a empêché ce désordre , en faisant établir , sur d!f«
férens points, des lieux d'aisance , et en imposant
aux contrevenans de fortes amendes. On peut au-
jourd'hui aller le soir dans les rues sans craindre
ies cassates ; mai$ les ordures que Ton dépose près
des ruisseaux , les rendent plus dégoâtantes ef plus
infectes que ies étables d'Augias. Des hommes ,
appelés^ escoubiers , vierment chaque jour les nettoyer ;
et cette entreprise est pour eux très-lucrative.
A l'extrémité de ce quartier ( i ) , près du rivage,
est l'antique cathédrale, appelée /'JE^//:r^ majeure ,
et en provençal la Major, Si l'on s*en rapporte à la
tradition adoptée par quelques auteurs , cette église
a été construite dès Forigine du christianisme (2) ;
c'est la plus ancienne des Gaules. 5. Lazare , dit-
on , en fut ie fondateur : ii avoit été chassé de
( I ) Pour tien connoître la vîHé de Marseille , on doit se procu*^
rcr ie Plan géométral de la ville et de ses faubfputp ^ leui pai( crdrt df$
Roi en lyS^ , sous l'inspectton de M. DE PlERRON , lieutenant-
colonel du corps du génie, iXc. par RoULLET , en deux feuiUcs.
Le cadre est orné de gravures ^ui représentent ies prmcîpaHx» édi-
fices de ia ^iHe. I| a p«r» un autre plan {çv^pai; GuiMET'^enli TÇttifB
faut y joindre le Plan de Marseille avçc un projet d'agrandisse?
ment et d^embeilissement , 1 804 > fn-fol. La ville fait travailler
depub i3o2'à uii'tiôU^eau pian très-^étaillé ; ce grand Ouvrage,
c«itrpï«ispar:MM..'CA^iissEtletD£SMABETS, sera;bient6t tern>mé^
(a) Massilia chrisHana ,-auctQre X Bapu Gi/E$KAy, è Sf^i
Jcsu. Voyez ht^ Annales de Afhrseille , Lugd. 1 657, in-fdf. His-
toire ecdéiekstique- de Marseille par RuFFt , xx laseconde édîdoit
àc %on Histoire de Marseille, i^9^,ûi-;ffti;j\ : : , v^?. (:;
CHAPITRE LXXXI. ipj
Jérusalem avec S/^ Marthe et S.** Maria-MagcJ^eîne
ses soeurs , Marcelle leur servante , S. . Maximin ,
5. Joseph d'Ârimathié y S. Célidoine ^ qu'on croit êtrf
l'avei^ie né , et d'autres disiciples de Jésus- Christ ,
parce qu'ils prêcboient hautement que le Sauveur du
monde étolt i^ssu^cité; ils fut'ent tû^s exposés d^ins
un vaisseau sans voiies , sans avironsr et. sans gouver*-
nail : înab pieu vèiHoit sur ia bar<|u^jqui.portoit la
saintb troupe ; éile aborda heureusnmfot dsms le port
de Marseille» Cettexobnie chrétienne rép'^i^it dans
la Provence lé culte du vrai Di^u^-qi^l remplaça celui
de Diane y que Ja colonie phocéerme y avçlt établi ;
Je temple de la dées^ fut transformé ^n j^rie église^
qui a toujours été depuis le siège des .évêque$. Lç^
saints protecteurs de la Provence^ S» 'c M^g^lçleine et
S« I.azare, demeurérerlt à MarseiUe, tandi^ qijiç
S* Maximin et^S: Célidoine alière^.tjj>i^tpr,ib JGm
dans ia ville d'Aix^ ainsi que S.'*. Marthe ef S/f^Maç.
ceUe (bns celle de Tarascon. ^ - _i .,.
LliistoiiCé ne confirme pas ces vieilles crpy^tnces^
et nous avons. déjà vu (i) ce qu'on doit en penseï^
^lon Sulpice Sévère » le contemporain et l'ami <^
S. Martin de Tours , ia foi a péi)étré assez tard dan;
iès Gâuleà : les illustres martyrs^ de Lyon et de
Vienne, qui s<mt ^norts en 1 77 , furent les premiers
qui donnèrent leur sang pour là religion. Grégoire
• ■ ■ t
(i) Supri, p. 119. o^
• K /
.^
y
|05 CHAPITRE iXX^Xf;
tie Tours fixe au îii.* siède TartRée de Su Tïd-
pbîme à Arles ; U est certain que , verè la fin de cette
t>éri6de, il jr ^voit des chrétiêûs.'en. Jfcoveaeeï^ tt
que la-' p^rsi^ution de Dioclétieil' et de Mkxirmeà
y«^ d€?s maitjrff* Le premier côncUe d'Arles; leim
^h 314:, lie préàèilte fe$ noms qtie ïfc.fax)is églisK
fïu évèchê^ dans loiite k Provence , Arle^/ Mup-
sïïHe et ApiV^t de quatre égKs«iTimhr6phe's^Fi^/7«^,
Yaisèn , 'P/kè'-ét'Omnge, Dairis le ¥/ ilècle, le thnstisp^
ni^me étdit trè^-répandu dam :la:Fr6Vence , et pro-
fessé fettr dfe^ hommes d'un haut rang : les beaux tdmt
héVLUX chrétieïis coftservë^ i Aix ( 1.)% à- Samt-^Maxi*-
tnîn (i}Vi^-^fe^ (3) ^ ^ Maîseiile, to offircht des
témoignages.' - . .\ ^ , . -,
On présume que /^/ï^yV a Voit remplacé Fan-
cîen teniple- éé- Diane ; plusieurs défari^L d'édfficeft
Wofinés^ avîôiènt au moins* servi à sàconscnièdon.
-Henri- IV «n fît enlever de b^Hes i^olônnes j le
comte de Tende en fitenfev» d^oxâUtres pour les
donner au toilnélàbie de Montmorencr, son bëau-
ftère. Nous avons vu (4) que le niiausalée de Gaspar
^e Vins , ¥ Aix , fut ausst constt'uït iiec dés itiafisirci
iîtés ie cette église; r ^ - I ..
^*' Cet'éifi^cé*, qui* tombe èh ruîrtè^, n'a rieA ^k
r " • » 1
{2) Suprà, "p^gc iiB.
"" (3) ^^fi^' ^ Tartide rf*ArîC5.
(4) Suprà^ tome 11^ page ^97»
-\r^
Temarquable dans sa construction : rintérieur en est
étroit et irrégulier. On nous fit remarquer des pi-r
iastres de'raarbre agréablement ornés dç plantes char-
gées flMeurs et de fruits y parmi lesquelles se jouent
de petits génies. Grosson , qui les a publiés ( i ) >
i^ regarde comme de précieux restes de l'ancien
temple de Diane; mais le sty{e en est bien supérieitf
à celui de la sculpture chez les anciens ^ au temps
où ils surchargeoient d'omemens les pilastires et les
colonnjçs : qn y reconnoît , à la première vue , la
manière qui a régné depuk François I." jusqu'il
Henri IIL La conformité de ces omemens arec des
sculptures semblables exécutées à Anet , à Ecouen ^
à Gaillon, &c. rend la chose indubitable.
Les chefs de S. Lazare et de S. Cannât étoient
enfermés dan^ des reliquaires trop riches pour qu'ils
échappassent à la proscription qu'ont essuyée les
restes de tant d'autres saints.
Les tableaux de Puget qui décoraient cette église
en ont été enlevés; ils sont placés au musée (2).
On voit encore dans la sacristie un ancien tableau^
dont les figures ont beaucoup d'expression ; il repré-
sente Jésus-Christ condamné au tribunal des pontifes.
Si le baptistère est , comme on le dit , de la compo-
sition de Puget , cet artiste a bien manqué de goût
dans son exécution.
«Il <
(i) Amiquitis de Alamilîe , pi. XXHI ct XXI Y;
(a) Suprà,^i!L^ 184.-- —
N 3
^ ^
I
I
I
1
'ip8 chapithe ixxxr;
Le devant d'autel de la chapelle iSLt% fonts est un
sarcophage antique ( pL LIX, fig. 4 ). On y voit
un philosophe ) ou plutôt un magistrat, vêtu à la ro-
maine, ayant près de lui des manuscrits attacRR avec
une courroie : aux deux extrémités, il y a aussi de^
hommes , dont l'un tient un rouleau , et en a éga-
lement un paquet près de lui. Le bas - relief du
maître autel est uiie grande dalle de pierre sculptée
à la manière des sarcophages , mais d'une dimension
bien jJus considérable (pi. LIX, Jig. j ), II est par-
tagé en trois arcades soutenues par des colonnes ,
dont trois ont des chapiteaux corinthiens , et une
a un chapiteau ionique : toutes ont des cannelures
au-dessous des volutes. Dans i'arcade du milieu est
la Vierge , vêtue d'une ample robe dont les manches
sont très -ouvertes , comme celles que les femmes
avoient vers le milieu du dernier siècle. Elle porte
une couronne basse avec de larges échancrures ;
elle est assise sur uii siège sans dossier. L'Eln&nt
Jésus , qu'elle tient sur ses genoux , a la tête en-
tourée d'une auréole ; dans sa main est un rouleau
déployé, qui, sans doute, contient la parole de Dieu»
Les deux saints qui sont sous les autres arcades, ont
chacun un costume différent. L'un porte sur une
longue tunique une autre tunique plus courte , k
franges, qui paroît être de lin; elle est attachée
avec une ceinture : par-dessus le tout est une grande
chape fixée sur la poitrine avec une fibule ou agraf<»
CHAPITRE LXXXr; ïpf
dont h tète paroît être une gemme. L'autre saint a
sur sa tunique une espèce de surplis à pointe , par-
tagé dans le milieu parcune large bande qui forme ITf
sur la p(;iitrine. Tousies deux ont Fétole, et sont coiffés
d'une mitre très*basse , assez semblable à un bonnet ^
attachée par derrière avec une bande dont les bouts
tombent surPépauIe , et teUe que les évêques en por-
toîent dans le XI / siècle , ainsi qu'on ie voit principa-
lement sur leurs sceaux. Ils tiennent (kns la main une
grande crosse d'une fonne particulière : elle est recour-
bée , selon l'usage ( i ) ; mais son extrémité supérieure
est tenninée par une tête de serpent. Les. chrétiens
avoient adopté ce dem|er signe » qui , chezles païens ,
recevoit tant de significations ; et ils i'employoient i
ou pour désigner le démon , tantôt cherchant à trom^
per les chrétiais , tantôt abattu par le triomphe de
Jésus- Christ , ou pour caractériser la prudence ,
comme chez les anciens Grecs et les Romains. Jésus-
Christ recommande à ses disciples d'être prudens
comme des serpens (2) : cette vertu doit être sur-
tout celle des évêques i aussi leur bâton pastoral
est-il'souvent décoré du signe que nous remarquons
ici 9 et qui se voit sur un grand nombre d'anciens
(i) L'usage de la, crosse des évêques, qui est le symbole di«
Hton des pasteurs , est tros-bien exprimé dans ces deux vers :
Attrahe per prtmuin ; mtdio rege, punge per imum ;
'Attrahepeccant^f,regejustos,puvg€iag4intis^ ^
(a) MattkX, i6.
n4
Hcà CHArîTKE ;,1CXXÏ.
mônumené. D'après la foiine des vêtemens et^elîè
de la mitre , ce devant d'autd peut avoir été fait
dans le X/ ou le xi/ siède : îi aura peut-être été
apporté dltalie ; car il est d'une trop bonne exécution
pour avoir été sculpté dans la: Gaule à cette époque.
Près de la sacristie, on voit, au-dessus de l'autel
de S. Lazare , trois statues en marbre , qui sont
peintes et dorées : S, Lazare est au milieu, dans le
costume épiscopàl : à droite est S/' Marthe; elle
tient la cruelle Tarasque, qui dévore un homme t k
gauche est S." Magdeleine, Plus haut il y a une 6uiie
de sept petits bas - reliefs , -qui représentent toute
^histoire de S. Lazare : i.** Jésus -Christ approcha
du tombeau de Lazare pour le ressusciter; 2,** aprè^
ce miracle, le saint, assis sur le bord de sdn tbm-r
beau , parle aux assis tans; j.** Jésus»Christ est à table
fivec lui; la Magdeleine vient essuyer > avec 3a che^
Velure ,- les pieds du Sauveur, qu'elfe avoit arrosés de^
baume; 4»** Lazare arrive dails une barque iC Mar*
èeille; j.** il prêche en chaire devant le roi du pays;
6.** il sacre des évêques;'7.''* son martyre.
Nous avions amené des maçons pour découvrir
une inscription arabe qui existoît autrefois dans cette
église , et que nous espérions trouver encore dans
un caveau que M. Achard nous indiqua ; mais ho$
recherches. furent vaines.: il paroît.que cette insçrip-»
tiona été brisée et perdue coram^. 'a plupart de-célles
qui e3ç}itoiçnt ^utrefoi? 4an§ h Prpvençe, J'en' ai
J
CHAPITRE liXXXI. lOi
t
TP plusieurs copies manuscrites^ mais , comme elles ne
mejwoissént pas phts fidèles que celle que Ruffien
a donnée ( i ) , J^ i^'^i pas cm devoir ia faire des^ner.
Nosamisnous oonduisfarent^ en,sortantd^ia'Mâfor^
dans la rue des Grandç^-Carmes , pour y voir une
masure que la tradition a rendue célèbre : on pré-
tend que c'étoît rhabitatîon de 7T Annius Milo, cet
illustre banni que Télotjuence de Cicéron ne put
garantir de Texil , et qui demeura Iong-t«nps à Mar*
seiile. On nous y fit remarquer le buste grossière-
ment £kil d'un homme nu , ayaùt les mains drofeées
sur le ventre : ce, buste est supporté par une console
décorée de fa figure d'un loup , et a au-dessus de
là tète une couronne en forme d'uii simple cercle,
comme celles du vi,* siècle, qui est soutenue par
trois chaîner /pi, LJX, n! 6). Selon la nlêrtie tra-
dition , ce buste est l'image de Mîlon , qui a été
placée là par ies Marseiilois , dont il avoit su gagner
raffeciion pendant son exil. Ruffi et Grosson {2)
soutiennent vivement cette opinion ; elle a cepen-
dant été combattue par d'autres auteurs , qui n'ont
voulu voit dans cette sculpture grossière qu'une
image de S, Victor. Ceux-ci ont au .moins reconnu
que Mîlo , distingué par sa naissance et par ses
richesses , n'avoît pu habiter une si chétîve demeure ,
et que les Marseiilois a\^roient alors employé le ciseau
(i) Histoire ^e Marseille , tome II , f2Lge 316,
, (2) Anti^uitfs d( Mmeilk, pi, XJ et xxxiv.
/
i02 CHAPITRE LXXXI>
de quelque artiste grec à reproduire ses traits : ils ont
bien senti que cette mauvaise figure ne pouvoit appar-
tenir qu'au moyen âge. Les feuilles qu) suspendent
la couronne, et qui ressemblent absolument aux
omemens du même genre qu'on voit sur les mgnu-
mens de cette époque; la forme ogive des ornemens
de cette couronne y que Grosson appdk mal-à-propos
un pendentif; tout enfin atteste que cette image ne
peut avoir été faite avant le xiv.^ ou le xv/ siècle :
mai$ ce n'est point une figure de S. Victor, qui,
étant soldat , n'auroit pas dû être représenté nu. II est
évident que c'est celle du Christ après la flagellation ;
la nudité du corps et les bras croisés le démontrent
d'une manière certaine. La couronne qui est sur sa
tète , convient au roi du monde.
Ce quartier, sur- tout en descendant vers la mer,
est le plus mal bâti ; il n'est , en général , composé
que de misérables masures , qui servent de réduits aux
pêcheurs. Ceux qui l'habitent diffèrent réellement
des autres habitans. de Marseille et de tous les Pro-
vençaux, par le vêtement, les habitudes et le lan-
gage : ils ne s'allient guère qu'entre eux , et leur race
demeure ainsi sans mélange. On pense que c'étoit
vers ce lieu que l'ancienne Marsdile étoît située,
et que ce sont les descendans directs des premiers
Phocéens qui la fondèrent. Cette idée est exagérée :
dans tous les temps , dans tous les lieux , plus
ï'homme est voisin de la misère ^ plus il est loin
CHAPITRE LXXXÏ. aoj
icTune compïète civilisation ; et ces pauvres pllcheurs
ne sont pas plus d*anciens Phocéens , que les déchi-
reurs de bateaux de la Râpée , à Paris , ne sont
d'anciens Parisii.
Nous descendîmes sur Je quai pour voir l'hêtel-de--
yîlle , dont la façade donne sur le port. C'est là qu'est
la bourse, ou ce qu'on appelle la loge des marchands.
Cet édifice, qui est aujourd'hui Y hôtel du commis-
sariat de la police et celui de la mairie , n'est pas assez
étendu et n'a pas assez de dépendances pour sa desti-
nation (i). La façade est composée d'un corps-de-
logis flanqué de trois pavillons : ils étoient décorés de
bas-reliefs allégoriques, auxquels on avoit substitué
de maussades sculptures dont les sujets étoient rela-
tifs à la république et à la constitution de 1 79 3 . Nous
remarquâmes un coq dont la queue étoît tournée vers
lâ tête, parce que l'ovale où il étoît représenté rie
s'étoit pas trouvé assez grand pour lui donner !â di-
rection qui lui convient, Uécusson royal , sculpté par
Puget (2), n'avoit pa$ été tout-à-fait détruit; mais
il avoit subi d'étranges métamorphoses : les lis
avoient disparu pour faire place au bonnet roûge, et
ceïui-ci figuroit au centre du cordon de l'ordre du
(i) li est figuré sur (e plan de Marseille.
(2) Puget avoit fait prix de quinze cents livres : il repré-
Knta que le marbre lui coûtoit treize cent quatre-vingt-dix-huit
livres , et qu'il ne iuî restoit que cent deux livres pour le prix
de son travail ; il offrit aux échevins six mille livres pour racheter
ion ouvrage ; mais crux-ci le forcèrent à tenir son marche.
J
/
ao4 CHAPITRE LXXXf,
Saint-Esprit, qui avoit été conservé. I>epurs quelque
temps on a placé sur Técusson les armes de l'Empire^
^t sur la façade le buste colossal de l'Empereur^
exécuté par M. Chardini. L'ancien écusson avoît été
fait avec beaucoup de délicatesse : mais , comme il
demandoit plus de soin que de génie , il auroit dû
être confié à un ouvrier plutôt qu'à un artiste ; et
ce travad étoit indigne d'occuper le ciseau du Phidias
marseiliois:
Comme cet hôtel étoit trop petit, on a imaginé
de construire l'escalier dans une maison. voisine, et
de faire un-pont pour la comnuinication.
Cet escalier , d'une exécution très-hardie , est
orné d'une statue de marbre qui représente un
guerrier cuirassé ; c'est celle de Pierre Libcrtat,^
libérateur de Marseille : elle lui fut décernée pour
avoir arraché cette ville à la tyrannie des chefs
de ligueurs qui la gouvernoîent. Quant au nom
de Libertati on en ignore l'origine (i). L'action de
(i) On a prétendu que le nom de sa famiHe étoit Ba}oit; qu'elfe
étoit originaire de Caivi en Corse , et avoit reçy , deux cents ans
auparavantjenomde Liber tat ,^o^xr avoir affranchi cette ville de la
tyrannie des magistrats , qui voulqient la livrer aux Espagnols. La
conformité de cette histoire avec celle de la délivrance de Marseilie*
en prouvelasuppositton : eîiè a sans doute été inventée par ies pa-
négyristes de Libertat , pXHir relever son origine ; et elle a été accré-
ditée par lui-même et par sa famille, quand ils eurent reçu des
lettres de noblesse. Barthélemi , qui vint le premier s'établir à
Marseille, ii'avoit sur sa tombe que le nom de discrète persQnn$
CHAPITRE. LXXXl. ;20y
Pierre Lîbertat fut utile à son pays : maïs rile n'est
accompagnée (Faucuii signe d'héroïsme ; rien ne la
rend véritablement noble i et généreuse*- Pierre Li-
ber tat ^étoit vendu aux terribles duumvirs de Mar-
seiile, Charles de Càsautx çt Louis Daîx ( i ) ; ces scé-
lérats pay oient ses services , i'admettoient dans leurs
secrets ^ et lui; avoient confié la garde de h porte
Royale. II cafcuia adroitement que leur puissance ne
pouvoit sesoutenir , et les t^fahît par intérêt, et non par
amour de la patrfe , puisqu'il n'agît qu'après avoir fait
un accommodement par lequd on lui assuroit des
honneurs , des dignités , 'dés terres et de l'argent (2),
La manière même dont il exécuta son projet est
artificieuse , et elle n'a aucun! caractère de bravoure
et de grandeur. Il trahit Loùb Daix, et le livra
aux assîégêans , en faisant fermer la porte derrière
\ ■ t • • ■
BanhéhmiLièfrfat, s^ns aucune memioii de celui <ie B^ijon^Som,
fib Barthéleim, îc 15 juiflct 1640 , neprenoit.d'*uire.ti|rç,<iuc
celui de marinîtr. Pierre, le libérateur de Marseille , estinort^ans
enfans : les LUtrtat qui ont été connus, depuis, dç$çftndc|içî\t
d'Antoine son frète. II existoit encore en 1789 .wn c<ieva,liçrv€lf
libcrtat. On ôroit cette famille icteinte.
(i ) Charles de Gasaiik , h<wtime turbulent cfccouvert dp .çrigo^ç*^
s'étoit fait wômmfer consul ; et Louis Daix , que les triiwma^ix
tvoicnt flétri, et qui avoi't^té forçat sur la galère du d,uç d'Auçiâlç,
^oit parVe«ii itfa cbarge de vigùkr par rappui des siditieujLs .
{%) Ces ^ndîtions sont consignécy rôàns un manuscrit de la
Bibliothèque >ri4pcrialc> fonds de Dupuy , n.** 155. PAPO^f ,
Histoire de Pthvxkce , TV, 39 j ; les a rapportées. Elles coiitieim^
à-peu-près tout ce qui toi fut ânstiite aecoidé par le Roi, :. . ^
J
ao6 CHAPITRE Lxxxr.
lui , après une sortie. li avoit conçu le dessein de
feire tomber la herse devant Casaulx , et de Tas^as-
siner ^ntre les deux guîdiets ; mais il abandoi^ina
cette idée pour une autre r aussi lâche : il attira . ce
dernier, par un faux aVis, vers la pcn-te qui lui étoit
confiée, et près de laquelle il se tenoit Tépée k là
main; Casaulx, qui le croyoit armé poiu: repousser
les assiégeans , s'avança sans défiance ; Libertat le
jeta à terre d'un coup d*épée , et se fit aicfcr par son
frère Barthélemi pour le tuer (i), L^ suite de cette
action fut la reddition de. la yUie. et la délivrée
de Marseille : aussi les habitons of$rirept-iis à ^on
auteur des gages éclatans de leur reconnpîssancep
Us arrêtèrent que cet heureux évéttemcntseroit cé-
lébré par une procession annuelle, et qu'on éleveroit
(i}On peut consulter^surla reddition de Marseille, les ouvrages
suivans : Histoire véritable de la prire^ de Marseille par ceux de U
ligue , et la repritv(e par ks bons serviteurs du Rm.,. le 26 avril rjSf.
Voyez tome I.*^*" de V Esprit delà Ligue, page 83. — Lettres écrites dû
Marseille^ contenant au vrai les choses qui s'y sont passées les 8 ,p et
jo du mots d'avril ij8y , in-8.° — Discours véritable de laprije et
réduction de Marseille: Paris, 1596 , in-4.** — Discours véritable des
particularités qui se sont passées en la réduction de la ville de Mar-^
feille en VobéissMtce du Rai ; t^^6, iiorS.^ -^Discours de ce qui s'est
passé en la prise de Marseille , pour le service du Roi, par monseigneur
h duc de Guiie, son lieutenant-génial en Provence, selon l'avis donné
par un de la ville même, du i S février tjp(^* Voyez Journal de
Henri IV, tome IV , la Haye , 1 741 , in-8.° — Histoire véritable dt
Aa réduction de Marseille à l'obûssance du roi Henri IV i Anvers ,
n^i6, itf-S.** — Histoire de Marseille, par RuFF^ , t. L*S p. 4aoj
et ceUc di Provetice, par Papqn , t, VI, p, 388,
~;
CHAPItRE LXXXI, io/
dans rhôtel-de- ville un monument à libertat, dont
le nom fournit aux poètes le texte d'une infinité dé
feux de mots et de calembourgs, qui ne contri-
buèrent pas peu à le faire placer à côté de celui des
héros libérateurs de leur patrie (i).
Henri IV donna les plus grands éloges à libertat;
il le combla de biens , en confirmant presque toutes
les promesses qui lui avoient été faites par le duc de
Guise. II lui accorda des lettres de nd^Ieske pour
lui et ses frères , le nomnxa viguier , lui fit pajrer une
gratification de cent mille écus y l'exempta des tailles;
et lui donna le commandement de deux galères , de
la porte Royale et du fi>rt de Notre-Dame de la Garde.
Ce grand roi devoit ainsi récompenser magnifique-
ment un homme qui i'avoit si bien servi ; il ne devoit
voir que l'effet , sans remonter à la cause ; et la poli*
tique l'engageoit encore à encourager ainsi tous ceux
qui contribûpient , par des moyens quelconques , à
ramener les villes sous son obéissance : mais' il est
constant que Libertat, en mettant à prix ses services^
a avili son action ; il devoit en retirer de grands
I
(i } On ferdit un volume des misérables vers remplis de maus^
•ades équivoques sur ie mot Libertat; je ne citerai que cç distique;
OccisusjustislÀhtxtxCdsalus.armis, '. ■ , >
Laus Christo, urbs Régi» LUertas sic datur urlU .
<?n fit encore ces vers français :
Digne cœur de ton nom , puisque tu as été
Pans Marseille psetnier auteur de iij}erté»
"^
!•*
iio8 CHAPITRE tXXXU
avantages , et elle lui prfeeiitoit peu de risquea à
cpuriir^ enfin elle est du nombre de celles qui doivent
être payées seulement avec de l*argent. J'avoue
qu'entassant devant la statue de Lîbertat, jé pensât
à la*)oïe que ies.MarseîHob durent ressentir d'être
délivrés de deux scélérats qui les tyratmisoiait ,
et dfe rentrer sous les lois de leur souverain légîiinié ;
et dç? quel souverain ! du bon Henri ! mais, je *n'é-
prouvaî pas ce sentiment xi'admirationi qui élève
Tame et procure un contentefment si parfeît, i la
vue des images de ces hommes qui ont été animés du
pur désir de la gtoire et du véritable amour de la
patrie;
Cette stetue est d'une assez mauvaise exécution.
La nlain de Libertat est armée d'une véritable épée;
peut-être est-ce celle qu'il trempa dans le sang du
rebelle Gasaulx.
Deux grands tableacux fixèrent long-^témip^^fK^t^e
atteatîdn mon qu'ils se recoHunandènt pâroînè -ia-
vante composition , par t^i dessin correct, pàriin
brillant xoloris ; mais .^^ représentent d^s détalk ^1
variés et 51 vrais de la plus grande calamité dont-ting
population nombreuse puisse être affligée:^ que <iOus
lie pouvions nous arracher ail triste plaisir de f es
contempler ; de même qu'on s'attache à îîrè un ro-
man médiocre, à voir un drame souvent mai dialo-
gué et mai conçu , parce qu'ils nous racontent ou
exposent sous nos yeux le.îjpeçtacle de ijiisères que
nous
#
N
CïîAPÎTftÈ tXXXU tôf
ïious pouvons partager , de malheurs qui peuvent
aussi nous atteindre. Ces tableaux retracent, avec
une extrême fidélité , les horribles^ravages de la pesta
de 1720.
De célèbres historiens, de grands poètes, ont décrit
ce terrible fléau , cette maladie d'une ville , d'une
nadon entière : on cite encore comme des modèles
l'éloquente description de la peste d'Athènes par
Thucydide , et les beaux vers de Lucrèce. La peste de
Marseille a été le sujet de plusieurs ouvrages (i) ;
et il y a peu d'années encore , elle a été décrite d'une
manière énergique par Marmontel et Papon {i\
. ( I ) Relation succincte touchant tes acctJens de la peste de Marseille ^
sonprognostic, &c. par MM. ChIcoyneAU , Verny et SoULLlERS^
médecins de Montpellier j Paris, 1720, m-^P Ces m«dedns sont
ceux que le Roi envoya à Marseille pour y observer la nature de
la contagion. — Relation historique de la peste de Marseille , paï
Bertrand ; Colôgije , \yzi ,m-\i, Cest l'ouvrage le plus exact
et le plus circonstancié. -— Relation histoHque de tout ce qui s'est
passé à Marseille pendant la dernière peste ; Lyon, Duplain, in- 12.
Cet ouvrage paroît n'être qu une contrefaçon de Vautre. — -
Observations sur la peste qui règne à Marseille, par MM. BERTRAND
€t Michel ; Lyon, 1721 , in-12. — Journal abrégé de ce qui s'est
passé en ia ville de Marseille pendant la dernière peste ^ tiré du Mémo*
rial de ta chambre du Conseil de l'hotel-de^ville , tenu par le sieuf
PiCHATTI DB CroISSAINTE ; Rouen , 1721 , in-4.*» — Avis dt
précaution contre la maladie contagieuse de Marseille , par Jérofnt*
Jean PESTALOZZI ; Lyon , 1721 . in-12. — Relation touchant les
éicc(dens de la peste de Marseille , son prognostic etson caractère; Paris ^
1720, in- 1*2. — Journal de ce qui s'est passé à Marseille pendant lu
#(7»û^/V« ; Paris , 1 72 1 , in- 1 2 .
(2) Marmontel a fait, dans son Histoire de la régence^ t. Il ,
ToîM m. . o
/
2IO CHAPITRE LXXXl.
Je n'en rappelleraî pas les diverses particularités : il
suffit de savoir que cette maladie fut apportée par
un navire qui renoit de Séide, et qui entra dans la
rade le 25 mai 1720, On douta d'abord de lanature
du mal, mente après qu'U eut pénétré du port dans
la ville ; et il y exerça des ravages qui ne cessèrent
entièrement qu'au mois de juin 172 1 (x).
Serres (2) , élève de Puget et auteur de ces ta-
bleaux , exerça pendant là contagion HionoraMe et
périlleuse fonction de commissaire de son quartier ;
fet il fut du nombre de ce^ hommes respectabies qui
se distinguèrent par un généreux dévouement : il a
donc bien coimu les détails que son pinceau devoît
retracer ; aussi sont-ils tous variés et d'une vérhé
effrayante , malgré le défaut de persi>ectîve et ïa
sécheresse des couleurs. Ces ,deux tableaux repré-
sentent le déplorable aspect qu'offroient alors les
quais et le cours : là on voit des moribonds étendus ,
page z6^, un tableau assci animé de la peste de MarseiHe.
pAPON a donné, dans son Histoire de Provence, t. IV, p. 654,
des détails plus étendus : raak c'est siir-tout dam son ouvrage
intitulé , de la Pesu, eu ÉpofUts mémrMes de ce fl/aâ.umt I.",
p. zo6 et siiiv. , qu il faut lire Thistoire de ce grand dé6a5tre ; il
«n a vivement retracfé reffrayant spectacle. Au surplus, ces deux
autcui-s ont pris pour base la Reidféon du médccm BERTRAND.
(1) Eiie emporta, dans cet ^pacc de temps, 4^,^ 6^ per-
jonncs à Marseille, 10,148 dan* les ^iffegc^ voisins, 15.283 à
Toulon , 6,900 à Arles, 7,534 à Aix) en toftt;;»,* 34-'
(a) Siq^rà, p. 189.
Mh^iÉfci^— —fc^** * I I 1 II . ..^^^^^igi^utajgii^
CHAPITRE LXXXn ' lu
dyant près d'eux une cruche et un vase que quelques
personnes compatissantes remplissent avec" terreur
(TeauL et de bouillon? le cours est jonché des ca*
davres de ceux qui ont cherché l'ombragé de ses
arbres ou celui des toiles que les ofiiclers munici-
paux y ont ûit tendre : pàr-tout ce sont des scènes
déchirantes d'enfans , de femmes , de vieillards expi-
rans. Au milieu de ce spectacle d'horreur , Toeil s'at-
tache avec complaisance sut les hommes ^ju'îl voit
Voccuper du soin de secourir les malades {i )', ou se
charger du ministère le plus dangereux et le plus
utile , celui de faire enterrer les morts : les forçats ,
les malfaiteurs employés à ce terrible office , n'y
peuvent plus suffire ; iW précipitent les cadavres par
les fenêtres , les entassent dans des tombereaux , ou
ies traînent avec des crocs (2), L'intrépide chevalier
Rose (3) les conduit. On reconnoît, à leur costume^
les médecins qui firent dans cette occasion le noble
>
(i) On y distingue les médècms Bertrand» Montagnrer, Peys-»
sqne! , Raymond , Audon , Audebert> et les commissaires , parmi
lesquels Serres s'est représenté lui-même.
(2) C'est pourquoi on les appeloit des corbeaux,
(3) II y a au château Borelly, àBonneveine» un tableau de dt
Troy, qui représente le chevalier Rose faisant jeter par les galé-
riens les corps pestiférés, abandonnés dans les souterrains qu'il a
découverts sous l'espJanade de la Tourette. Ce tableau a été gravé
par Simon Thomassîn, en 1717. On peut dire que, sans Tins-
criptioiT, on ne devineroit aucunement ^intention de l'auteur «
tant la composition est confuse et peu caractérisée.
0 7.
1
aia CHAPITRE LXXXI.
sacrifice de.Ieiur vie. On ne peut contempler san*
émotion la vénérable image de Beizunce , ce prélat
qui gouvernoit alors Féglise de Marseille. On le voit
portant aux mourans les dernières consolations de
la religion , et prodiguant pour eux ses biens et ses
jours ( I )..Dieu , qui mit dans son ame tant de diarité
et de vertus , veille sur lui pour qu'il puisse en être
encore le plus parfiiit modèle (2).
Notre ame étoit trop émue pour que nous pus-
sîons^ songer à autre chose qu'à la terrible catastrophe
que nous avions sous les yeux : nous ne regard4mes
pas quelques maussades peintures qui tapissent aussi
cette salle sans la décorer , et nous nous rendîmes
à la Consigne, ou Bureau de santé, qui est à l'entrée
du port dans la fausse baie du fort Saint^ Jean , sur
le même quai*
(i ) Toute l'Europe a célébra ce vertueux prélat, dont le nom
floît vivre à jamais dans la mémoire des hommes. Pope lui a coii«
^cré des vers qu'on a traduits, ainsi :
Lorsqu'au sein de Marseille un air contagieux
Portoit l'affreuse mort sur se^ rapides ailes ,
Pourquoi . toujours en butte à se% flèches mortelles»
Ce prélat, s'exposant pour sauver son troupeau,
Marche-t-îl sur les morts sans descendre au tombeau f
Essai sur l'Homme, ^p, IV.
(a) Ces deux tableaux ont été gravés par J. Rigaud; le défaut
de la couleur disparoît dans la gravure, et Timportance du sujet
Suffit pour y répandre un grand intérêt. Je ne sab pourquoi io
graveur a omis le noxn de Serres*
CHAPITRE LXXXT. 413
La Consigne est le lieu dans lequel l'administra*
tion sanitaire tient ses séances; son bureau est com-
posé de seize conservateurs de la santé ( i ). L'édifice
est fcâti sur pilotis ; on s'occupoit à l'augmenter à
fépoque où je le visitai : il est composé d'un vesti-
bule , d'une salle k manger , et de plusieurs salles pour
les membres du bureau , les archives , et deux maga?*
sins destinés à serrer des marchandises et les agrès
des bateaux du service de la Consigne : autour sont
deux balcons ; /l'un pour faire passer aux vaisseaux
qui isont en quarantaine les provisions nécessaires ;
l'autre pour interroger les capitaines. Une fontaine
fiicilîte aux équipages qui sont en quarantaine à la
chaîne du port , les moyens de faire leur provision
d'eau. La salle où les membres de l'administration
tiennent leurs s&inces, est décorée d'un bas-relief
(f) On îcs rcnouvelîc tous les ans par quart; iîs sont divisé»
en sept comités pour sept branches de l*adminlstration , qui sont:
1,** Icf ouvrages de serrurerie et de menuiserie; a.® les fontaines
et conduites des eaux; j.® les bateaux de service; 4.® les gardes ;
j.** les parfums; 6.® les purges des marchandises; 7.*^ les meubles
et ustensiles du bureau. Un des conservateurs préside fe bureait
entier pendant une semaine ; il est appelé ad/ninistrateur semât'
nier. Ils sont tous nommés par le ministre de Tîntérieur sur fa
présentation du préfet; ils travaillent directement avec le mairc^
et leurs demandes sont transmises au ministre par fe préfet. Les
administrateurs sont choisis parmi des négocians qui ont résidé
dans les l:.c'helles du Levant , et parmi les anciens capitaines qui
ont navigué dans ces parages : ils remplissent leurs fonctions avec
fo plus noble. zcle et le plus grand désintéressement; leurs- em-
ployés seuls reçoivent des appointemess»
^ll CHAPITRE LXXXI«.
dont le sujet est convenable à l'objet de cette insti-
tution : il étoit alors, soigneusement enfermé sous
des planches , à cause des réparations qu'on faisoit
ftu bâtiment ; MM. les administrateurs eurent la bonté
de le f^ire découvrir. C'est le plus bel ouvrage en ce
genre qui soit sorti du ciseau de Puget : il représente
la peste de Milan (i ).
La composition de ce bas-relief est véritablement
ndmirable. Le généreux et tendre dévouement du
saint évêque de Milan y est bien exprimé : il adresse
fivec une ferveur touchante ses prières au del; et
des anges, en. lui montrant au sein des nuages la
croix qui a été ritistrument du salut des hommes»
semblent lui annoncer que ses voeux sont exaucés ,
et qufe le terrible fléau contre lequel il implore le
secours du Tout- puissant, ya bientôt cesser : deux
prêtres Paccompagnent ; l'un porte la croix épiscopale
du prélat , l'autre un ciboire pour donner le viatique
aux mourans.Ce beau groupe est pfein d'intérêt et
d'expression. D'autres groupes retracent de la ma-
nière la plus vive les scènes d'horreur dont le vertueux
évêque est entouré : un fossoyeur trame par les pîeds ,
avec un croc de fer, le corps d'un pestiféré; il dé-
tourne ïa vue avec effroi , et craint 4e respirer l'odeur
{i ) CebasHfeiicf avoit été commencé pour l'abbé deîa Cbamb^»
çMrc <k Siaint'BarthéI«mî à Paris : if ne fut pas envoyé à sa pre-
'içicrc destination, et depuis il a été acheté dix miHe francs par
kl administrateurs du bureau de la Consigne.
\ .
CHAî^JTllE LXXXn I15
fétide^ meurtrière qtri s'en exhale. Près de là, une
feune femme , tenant une croi% entre ses mains ,
expire à côté de son père et de ses deux enfans,
dont Tun rend le dernier soupir , et Tautre , cherchant
un refuge auprès de S. Charies BcH'romée , embrasse
ses genoux. Plus loin , une belle architecture , et un
lit somptueux dans lequel un jeune homme est / \^
étendu mort près de son épouse dcsoiée^ attestent
que ce mai destructeur n'épargne pas phis le riche
que l'indigait. M. de Caylus a fait graver ce bas-
relief par Moreau, d'après le dessin d'un artiste
marseillois appelé David.
Cette belle sculpture n'est pas terminée ; la mort
surprit Puget avant qu'il eût pu y mettre la dernière
main : mais tout ce qu'il a eu le temps d'achever est
admirable. .
Puget ejt véritablement le Léonard de Vinci de
la France. On lui doit, comme architecte , les pl^ns
d'un grand nombre d'édifices , teïs que la halle aux -
poissons , la maison de charité , l'église des Char-
treux; ingénieur, il a construit la machine à mater
les vaisseaux; peintre, il a fait le Baptêmi de Cons^
tantin, celui de Clovis, et beaucoup d'autres tableaux
d'église : mais c'est sur-tout dans la sculpture que
son talent est admirable pour le dessin , i'énergiej
et le sentiment (i).
(i) On peut lire ia vie de Puget dans V Histoire des sculpteurs , de
D'ArGEN VILLE j — Gmys p Marseille ancienne et moderne;-^ les
' 04
Zï6 CHAPITHE LXXXI*
Le bureau de la Consigne possède encore un
autre chef-d'œuvre; c'est le tableau de David, que
Marseille a aussi vu naître : il représente X Hoc h. L'ad-
ministration de la Quarantaine le demanda à David
pendant son séjour à Rome en 1780 ; mais il fût
trouvé trop beau pour être placé dans un lieu où
les amateurs ne pourroient point en jouir à leur gré ,
et il demeura au bureau de la Consigne. S. Roch
invoque la Vierge pour qu'elle fasse cesser la peste ;
il élève lès^nfiains vers elle : on voit dans le bas un
mourant ; plus haut sont deux jeunes gens, qui
expirent. On admire le dessin et l'expression de la
tête de S. Roch (i).
«•
dtMX Antenors modernes ,tcm^ II; le Magasin Encyclopédique, juillet
1807, page a 66. Uacadëmie de Marseille a proposé pour sujet de
prix V Éloge du Puget / il a été remporté par M. Émerîc David j
l'accessit a été donné à M. Rabbe, étudiant en droit, à Aix.
(i) Voyez dans fe Magasin encyclopédique, ann. i8o6 ,t«Iir*
p. 34^ , h descrjptîpn que M, Brun^^Neehgaard a faite de ^c
^
aBi^^Mttk^...^^AAgMMk
il 7
■-^•^^
CHAPITRE ixXXII.
Quarantaine. — Arrivée des vaisseaux à Pomègue •
— à la Consigne. — Purification des lettres. — Examen
delà patente. — Différence des patentes nette, touchée^
soupçonnée, brute.— Degrés de suspicion. — Quaran-
taines du casco, de l'équipage, des passagers. —^ Des-
cription du lazaret. — Capitaine , lieutenant , garde-
loges, inscriptions, maladie, mort, sortie. — Quaran-.
taines des marchandises susceptibles , non susceptibles.
■— Purge , grande et petite sereine. — Transport des
marchandises au lazaret. — Porte-faix. — Frais. —
Contagion déclarée. -^Désinfection, — »EtabIissemenf
philanthropiques de Marseille.
JN ô u S avions encore f imagination frappée des
idées sombres dont les tableaux de Serres i'avoient
remplie. Pour connoître les moyens que les habitans
de Marseille ont pris afin de se préserver du retour
d'une semblable calamité , il nous eût fallu voir le
I k
lazaret : mais ii est impossibie d'y entrer ; oa ne peut .
arriver que jusqu'à la première porte. J'ai cependant
pensé que l'exposition des méthodes adoptées pour
repousser ce fléau pourroit intéresser, sur- tout à
cette époque , où la fièvre jaune > qui s'est manifes-
tée en Europe, a fixé l'attention sur ce point impor-
tant d'hygiène publique. Mais pour bien connoître
le lazaret, il h\xx l'avoir habité. J'ai principalement
V ^
/
2i8 CHAPITRE LXXXIU
pviîsé ce que j'écris dan5 un excellent mémoire, ma-
nuscrit , qu'un des administrateurs sanitaires a eu la
bonté de me donner (i).
Tous les vaisseaux levantins doivent d'abord
s*anêter à Vîle Pom}gue , à environ six milles de
Marseille, où il y a place pour soixante bâtimens.
Toute cette île n'offre à la vue que des rochers sté-
riles et ajfFreux : quelques soldats invalides du château
dlf y gardent la tour appelée Brame-pan. Celte garde
est renforcée en temps de guerre , et augmentée d'une
compagnie d'artilleurs. Ces soldats ne peuvent entrer
que par une petite anse, appelée la PiagghUj au
nord de l'île ; ils n'ont pas la permission de pénétrer
dans le port, ni de descendre sur le rivage, où ils
ne pourroîent d'ailleurs parvenir que par des sentiers
escarpés et d'un difficile accès. II est défendu aux
canots , aux chaloupes et à toute espèce de bàtimens
qui ne sont pas en quarantaine , d'approcher de l'île
à plus de cent toises. H y a seulement cinq postes ,
f I ) Le célèbre HowARD , dans son ouvrage sur 1^ ïaiarets , n'a
dit qu'un mot de celui de Marseille. M. Papon est entré dam
déplus grands détails, Histoire de Pravençe , IV, 707, Ils ont été
copicis par M. FiSCH , Briefe uber die sudlichen Provin^, M. Fis- ,
CHER, Reise itàch Hyeres, 239; Briefeines Sudlander, 40, Leipsfgi»
T805 , 1*1-8.® j uher die quarantmne-anstalten ^ Marstilîe , Lcipsig,
1805 , in-8.®, a donné àts^ renseignemens plus étendus : mais ceux
qui m'ont été adressés , d'après l'invitation de M. le préfet , par
un Ats membres de l'administration sanitaire , sont plus circons*
tanciés'et plus exacts.
-^
CHAPITRE LXXXII. ^19 .-
la Câurei , San-Peire et r Estel lo , Barquo , Spassado et
Faoussado, où les bateaux pêcheurs peuvent aborder
pour tirer leurs filets. Ceux qui gardent Ule ne
doivent y recevoir personne : il y a une petite char
pelle ç^ un aumônier vient dire la messe quand le
temps le permet.
En arrivant y les navires déploient leur pavillon ;
^lors I<B, fort en hisse, un autres qui indique de quelle
nation est le navire qui est dans son mouillage : ce
signalât sui^Ierchamp répété par la vigie de'îMrfr^-
Dame d^ la Garde,
Aussitôt après , Tofficier de santé fait raisênner
/^ wvw , c'estrà-dire qu'il demande, au capitaine ,
avec uii porte-Voix , d*où il vient , commçnt il s'ap-
pelle , quel est son chargement ^ de quelle patente
il est porteur. II lui indique ensuite le lieu où il lui
est |>ennis, d'après la nature de sa patente, de ^tet
l'ancre (i), et il. lui prescrit d'aller avec son canot
devant le logement du commandant , qui est sur le
rivage : le capitaine s'en approche à une petite dis-
tance, et, après avoir répondu aux mêmes ques-
tions , il reçoit l'ordre , s'il n'a qu'une p^nte soup- |
pmie ou brute, de retourner à bord en attendant
( I ^ ' ^e vfiîsseau porteur 4* une patente neue ou touchée peut
demeurer î, Tancre dans le petit port de Tile j cçlur <jui a une
patente soupçonnée, doit aller au nord de ce port, daps un lieu
appelé îa Grande-Prise, où quinze^ bâti mens peuvent mouiller
séparés- les uns des autre». .....
\
a20 CHAPITRE LXXXIt.
son bîlfet d'entrée dans le lazaret ; si sa patente est
nette ou touchée^ il doit aller k la Consigne.
Il y a toujours k Pomègue des bateaux de qua-
rantaine; un d'eux prend celui du capitaine k la
remorque, et le tire ainsi avec une longue corde
. de sparte y pour n'avoir avec lui aucune communi-
cation.
Dès que le canot est devant la Consigne , le
conservateur semainier paroît sur le balcon : il présente
de loin un des évangiles selon S. Jean ^ placé dans
un cadre et couvert d'une glace , au capitaine , qui le
touche avec une baguette , et jure , en présence da
crucifix, de dire la vérité. Alors le commissaire recom-
mence à-peu-près les mêmes questions, et lui de-
mande , en outre , s'il vient directement du lieu où il^
a pris sa cargaison, en quoi elle consiste , s'il a eu
communication avec quelqu'un en mer , combien 3
a d'hommes d'équipage , combien il amène de pas-
sagers, qui ils sont.
Le capitaine présente sa patente au bout d'une
perche ; des servans de la Consigne la prennent avec
des pinc^ de fer, la plongent dans le vinaigre , et
retendent sur une planche devant le commissaire^
' celui-ci l'examine, et dicte la déposition du capi-
taine ou du patron k un des commis , qui l'enre-
gistre : le capitaine reçoit alors , selon le cas où il se
trouve, la permission de se placer k la chaîne du port,
parmi les navires en quarantaine ^ ou l'injonction de
v
CHAPITRE LXXÎin ait
Tctournef k Pomègue jusqu'à ce quli ait de nou-
veaux ordres.
Celui-ci demande ensuite sî le vaisseau apporte
<ies lettres p)our l'administration ou pour les autorités
supérieures : s'il y en a , on les reçoit au Ixmt d'un
bâton, et on les met dans ia machine à parfums { i ) ,
aiprès les avoir coupées sur le bord en plusieurs en-
droits; les lettres adressées à de simples particuliers
sont seulement incisées avec un fer tranchant, et
plongées dans du vinaigre , parce que ia vapeur
est une exception.
Le capitaine retourne ensuite à Pomègue , pour
y attendre de nouveaux ordres ; son vaisseau demeure
sous la surveillance de quelques bateaux qui em-
pêchent que personne ne descende k terre , et l'équi-
page attend quelquefois huit à dix jours avant de
pouvoir entrer en quarantaine. Afin que le temps
d'épreuve soit abrégé , les passagers doivent chercher
à quitter le vaisseau avant l'ouverture des écoutilles ,
parce que ce temps compte de leur entrée dans
le lazaret, et qu'autrement il ne compteroit que de-
puis le déchargement. Quoique l'on emploie le mot
quarantaine, la durée de la réclusion n'est pas toujours
fixée à quarante jours ; elle dépend de la nature de
ia patente dont on est porteur, et des accidens qui
peuvent survenir pendant le cours de l'épreuve. H
m I .11.1 ,— — ■^M—
( I ) Cest une boite fermée , garnie d'une griik , sur laquelle oa
fmt la lettre, «t ^i^i^ cylindre qui distribue U vapeur ^gaiement.
a22 CHAPITRE LXXXIl.
faut aussi avoir soin de porter avec soi le moins
d'effets qu'il est [k>ssible.
Les patentes ou billets de santé sont délivrés par
les consuis et leurs délégués ; elles doivent énoncer
l'état de la santé de Téqùipage et celui delà salubrité
de la cargaison. Ces patentes ont difFérens noms.: la
patente nette indique un état parfait de santé; la
patente touehie fait connoitre que l'équipage est sain ,
mais qu'il vient d'un lieu suspect ; la patente soup"
f année , que ie vaisseau arrive d'un pays où il régnoit
une épidémie , ou d'une ville qui a eu communica-
tion avec des caravanes d'un pays où elle existoit :
la patente brute est la plus mauvaise ; elle annonce
décidément que la peste étoît dans le pays d'où le
vaisseau a fait voile et où il a pris sa cargaison , ou
qu'elle règnç à son bord. C'est donc la patente qui
détermine l'espèce de quarantaine que doit subir
le vaisseau : la moindre supercherie et rrïéme la plus
légère négligence dans ceux qui doivent s'en pour-
voir ou la délivrer , les exposeroient k des peines
très-rigoureuses.
Les vaisseaux sont plus ou moins suspectés , selon
qu'ils viennent , i.** de la Dalmatie orientale, de
FÉgypteou de Maroc; i,"" de Tripoli ou d'Alger;
'3.° de Constantinople , des Dardanelles, de Siuyrne
et de la mer Noire ; 4.** enfin de l'Amérique sep-
tentrionale, et des côtes de l'Espagne et de l'Ita-
lie , quand on sait que la fièvre jaune y règhe. Les
CHAPITRE t-XXXII* 22J
premiers, avec des marchandises susceptibles, patente
nette , sont soumis à mie quarantaine de vkigt jours ,
et de dîx<4iuit avec des marchandises non susceptibles;
elle est de vingt-cinq si ia patente est soupçonnée: tA
faut y outre cela /neuf ;ours de purge , si la patente est
touchée; quatorze de purge et trente de quarantaine,
û ^ patente est brute,
Xies vabseaux de Tripoli et d'Âfger sont soumis à
vingt-hutt jours de quarantaine avec patente nette et
lnarchan£ses susceptibles; à ving^cinq seulement,*
si les mal^chandises ne sont pas susceptibits ; à trente
jours avec patente touchée ; k trente-dnq , et quinze
jotirs de purge à bord , avec patente soupçonnée ; avec
patente brute , à quarante fours , et trois semaines de
po'ge à bord.
Les vaisseaux de Constantinople et de ia met
Noire sont toujours traités comme ayant une patente
brute et des marchandises susceptibles,,
On distingue plusieurs espèces de quarantaines :
î.** çelie du casco; ^!* celle de i'équipage et des
passagers ; 3 .^ celle des mardiandbes. (
La quarantaine du casco, c'est-à-dire, du vaisseau,
consiste à laisser celui-ci à la place où on lui a fait jeter
i'ancre ( ï ) , sous la surveillance de deux chaloupes
montées par des gardes : pendant ce temps , les
(i) C*est pourquoi on appelle cette espèce de purge 5^^/»^ j«r
ftr , c'est-à-dire, sur ancre : fcs Provençaux donnent le nom de
fir à une ancre à quatre pattes^
a24 CHAPITRE LXXXIL
grandes et petites lucarnes du vaisseau sont tou|ourf
ouvertes ; on le lave et on le frotte continuellement.
Durant la quarantaine de l'équipage, on apporte à
ceux qui le composent leurs provisions , qu'on leur
présente au bout de longues perches. Chaque vais-
seau peut pêcher , pourvu que ce soit de manière à
n'avoir de communication avec personne : on le vi^te
régulièrement tous les jours ; dès qu'ii y a un malade ,
il est aussitôt envoyé au lazaret ; si un homm^ meurt,
*il est ouvert à i'instant , sur les bords d'une fosse , par
le chirurgien du vaisseau ou un élève en chirurgie , en
présence du chirurgien du lazaret et du capitaine ,
pour s'assurer de la cause de sa mort , et il est enterré
aussitôt; on tient un registre exact, que Ton envoie
chaque jour au conseil de santé. La quarantaine de
l'équipage est toujours de la même durée que celle
du casco : elle commence aussitôt après le transport
des marchandises ; elle est toujours de dix jours plus
courte que la quarantaine de celles-ci. Les porteurs
et les écrivains du vaisseau sortent les derniers. Une
mort dont la cause n'est pas connue , sumt pour
faire recommencer la quarantaine.
Le dernier joiir de cette séquestration , le com-
. missaire de santé , accompagné de ses commis et du
chirurgien, fait une visite générale : on fouille scru-
puleusement par- tout; la sonde est enfoncée où la
main ne peut pénétrer , pour savoir si rîen n'a été
caché , et Ton examine encore chaque personne de
- l'équipage.
CHAPITRE LXXXIU ^ij
réquîpage, La moindre fraude entraîile des pêînei
.graves, et toujours une probngatron de quaran-
taine. Ce qu'il y a , en effet , de plus k cf aindre, c'est fa
contrebande , parce que les marchandises que I*bit
veut dérober à l'examen peuvent être infeciées j
t'est par la contrebande que la peste s'introduisît
à Arles et à Toulon ; aussi est-elle punie des peines
les plus sévères > et celui qui en est convaincu est
fusillé sur-le*champ.
Cette vhite terminée, on lave encore le vaisseau ;
on y feit les fumigations d'usage, après avoir fermé les
lucarnes ; on trempe toutes les coMes dans la mer,
etJ^ vaisseau obtient la iitn entrée^
Tous les vaisseaux , quelle que soit leur patente ,
passent les dix derniers jours de lair quarantaine
dans le port , en face de la Consigne , sous la garde
de deux chaloupes ; c'est ce qu'on appelle être à
tohervatioTtu
Les passagers peuvent demeurer à bord ou entret
au lazaret, à yolonté ; ce n'est que par avarîce ou
par indigence qu'on peut prendre ce dernier parti*
Le passager qui préfère d'entrer au lazaret , ne doit
pourtant pas quitter son bord que ses effets n'aient
été soigneusement enregistrés : il y est intfoduit par
le quai destiné au genre de patente dont il est
porteur.
Le lazaret (planche XL) est un vaste édifice situé
au nord de Marseille : il se prolonge depuis la pointe
Tome m. P
Z26 CHAPITRE LXXXIi;
du nord de Tanse de la Joliette, appelée anciennen-
ment. Porto-gallo , jusqu'à k pointe de Martin d'A-
renc ; ce qui comprend un espace d'environ six
cents toises : il a été bâti en 1666 , et a été depuis
successivement agrandi. Howard en a donné un plan
fort inexact (i). II est placé au nord de la ville , à
environ cinquante toises de ses murs. C'esl un vaste
assemblage de bâtimens divers , divbé en sept en-<
dos , séparés les uns des autres par des murailles ^
dans lesquelles on a pratiqué différentes portes ,
qui sont toujo^irs fermées pendant la nuit, et qui
s'ouvrent pendant le jour lorsque l'enclos ne présente
rien de suspect : quatre de ces enclos soi^t destinés
aux quarantenaires , et les trois autres aux marchan-
dises ; on nomme ceux-ci ^^7ff^/ enclos, petit enclos, et
enclos neuf
Le grand enclos (nJ^ 16) est divisé en deux parties
par une grancfe barrière de fer. La partie supirieun
comprend, dans son enceinte, les magasins à poudre
(i) Howard avoue lui-même qu'il a obtenu le sien à Trîcste.
Voyez son ouvrage intitulé : An account of the principal laiarettos
in Europe ; whh various papers relative to theplague , together witk
fwrther observations on- some foreign prisons and hospitals, and addi-
tioualremarks on the présent state ofthose in GreatBritàin and Ireland;
by John HowARD, F. R. S. the second édition, with additions;
London, 1791 , în-4.'* Le plan que je publie m*a été donné par
M. le préfet ; il est calqué sur celui qui est déposé à la Consigne:
on peut donc compter sur sa fidélité.
CHAPITRE LXXXII. %vj
(n! àf. )yAe quaiantaine et du commerce (n.^. j^,
les parionrs ( nt 21 ) y Je logement du capitaine
(n* 10) y l'auberge (n! 14) ^ les avenues du petit
endos, celles des quatre enclos des malades et de
i'^idos impérial, celles des écuries, les greniers à
foin, les logemens d^s pdefi'eniers et la chambre
de correction. La fartie inférieure est disposée pour
recevoir les marchandises avec les personnes qui les
soignent.
Le logemait du capitaine ( nj' 10 ) est sur une
hauteur d'où il domine une grande partie du laza-
ret* La vue de la mer , le jardin «et les terrasses qui
l'entourent , en rendent hi position agréable.
Le ternûn qui, du côté du nord , domine ie loge-
ment du capitaine , est divisé en quatre parties , qui
forment les enclos de Saint-Roch ( »/ // ^ , où on
loge les pestiférés , du Cassadou (n! 12), du Puits et
du Belvédère (nJ" i^) 9 destinés à recevoir des qua-
rantenalres ; chacun a une fontaine , un lavoir , pour
l'usage seulement de ceux qui l'habitent , et une issue
sur le dmetière. Plusieurs personnes peuvent se prq-
mener isolément et sans se toucher dans la grande
avenue qui conduit au logement du capitaine, et
respirer ie thym et les autres plantes aromatiques
qui y croissent naturellement.
Quoique fes eaux soient abondantes, on a cons-
truit une vaste citerne pour en prévenir la disette.
Près de la grande avenue est une prison (n^ij)
àlS CHAPITRE LXXXII;
destinée à ienfètnièT cèiisf que de graves contraven-*
tiotis ati* lofis sanitaires obligent d'y renfermer.
. Ueti^erfiblë des bâtimeiis est ceint de deux murs
^ n.' 34) hauts dé vingt-cinq, jriéds, et éloignés
rmi de Tautte dé sit toîsfes, entre lesquels des
gardes foht de fréquentes patrouilles pour empê-
chet toUtfe correspondance avec l'extérieur ( i ) . On
ne peut arriver que jusqu'à la porte' principale
^72.* i ) , qui se ferme à l'entrée de la nuit , et
€ont les clefs sont rehiises au capitaine. Outre cette
porte priiicipde , il y en a encore deui autres p!us
petites.
L'établissement est sous I^autorîté exclusive de l'ad^
ministratibtl de la santé. En général , bn choisit pour
capitaine un négociant de bbrtné réputation , qui ait
Voyagé tïans le Levant , âgé de quarante à cinquante
ani, veuf ou garçon. Ses appoîhlèmens sbrit considé-
rables, J^arce ^^^'il ne doit jamais rien recevoir de
personne. Il doit toujours t:oucher au laxaret , et ne
peut même le quitter le four sans periilission. On exige
qu'il soit célibataîte et qu*ii Vive cdmnie tel, parce
qu'on rie souiflFre aucun externe dans le la2al^t,et
iqu'on craindrdit qu*une femme et des enfarts ne
(i)Ce second mur a été construit en 1724; il n*y àvoit aupara-
vant cju'un seul mur avec des tours dans les angles» où des soidats
ctoient logés pour en empêcher l'approche : quatre de ces tours
subsistent encore. On a commencé en 1786 une troisième en*
ceinte; niais elle n*a pas été contir*'''^'^
CHAPITRE LXXXII. a.2 ^
pussent le distraire cle ses deypîr^, et n'absorbassent
une partie de son temp^, aiji doit être entièremjenj
consacré aux soins qu'ei^pîge la confer^ation pu-
blique. Ce capitaine a exclu^îveflpent la police 4^
lazaret , en i'absence des conseryatei^rs : il règle le
prix des parfums , fait acquitter le sa)a|fe de^ gardes ;
^I suit les offic^ef s de santjé dans leurs visites , par-
court les enclos et les hangars , surveijle Jes garc^es ,
rédige les testap^ns des ijial^(je$, leçqueb ont autant
de valeur que ceux qui^ont passés par-devanpîotâîre^
et il fait inhumer les morts ; il dénonce Ijes tr^psgresr
siôns des réglemens sursitaires , jpt pMnjt çjbmX qui y
manquent.; il doit jnforpjer l'administration de lout^
et il est responsable desfawtes qui sp cpjnmettent par
sa négligence. Soi) lieutenant doit avo^jr i^ussi voyagé
dans le Levant, et il est soumis aux menées obliga-
tions. Cette place a été çréép pn 1738 ; il sppplée le
capitaine, et lui est suborcjonhé : il a la surveillance
particulière de l'endos neuf; il s'occupe prmdpaler
ment de ce qui est relatif au soin des marchandises.
Les gardes du lazaret sopit d'aneierfs matefots c^ At$>
soldats de marine , à qui le çpmi^erçe dfi Leyant
n'est pas étranger. II y en a qifarpnte k cinquante y
dont une partie est eipployée à faire des rpnf^ps entra
les murs , dans les enclos et sur les quais ; les autres
servent les quarantenaires , et les empêchent de comr
m'uîiiquer avec personne. Chaque garde ne quitte
. celui à qui il est attaché que dans le cas où 1»
A
V*
^3© CHAPITRE LX:XXIt.
contagion se dédare (i). Us doivent faire au capi*»
taine , deux fois par jour , un rapport , qui est envoyé
à l'administration de la santé, hes portiers de chaque
enclos sont de vieux pilotes ; leur emploi exige beau-
coup de soin et de surveillance.
A son entrée dans le lazaret , on donne au
quarantenaire une loge , ou petite chambre , oîi Von
brûle du thym et des herbes aromatiques , et qui
n'est garnie que d'un lit de fer et de meubles de
bois et de paille , qui sont les moins susceptibles
de contagion.
La plupart des toges sont exposées au sud*sud-
est , et ont la vue sur la mer et sur le nord de la
ville. Il y a au- dehors une gderie où les quarante-
naires peuvent se prottiener , sans cependa^it commu-
niquer entre eux.
L'auberge { nJ" 14) est à peu de distance du lo-
gement du capitaine ; il y a dans la cuisine un tour,
où chaque garde va chercher ce que son quarante-
naire a demandé : les prix sont fixés d'après le taux
courant des denrées. Si l'on veut quelque chose de
dehors , on dépose sa demande chez le portier ; celui-
ci la donne à un pourvoyeur qui vient deux fois par
jour, mais qui ne pénètre pas plus loin. Le linge
(i) On peut n*avoîr qu'un gardien pour deux quarantenaîres ,
deux pour trois ; mais si I*un des quarantenaires associés tombe
malade^ ^AxiX aussitôt sépàr«« et Ton donne un garde à chacun»
• /
CHAPITRE LXXXII. ^ 2}l
itst confié à des blanchisseuses qui ne sortent pas
du lazaret. Ce sont les femmes de ceux qui y sont
attachés.
Celui qui a xme patente nette peut sortir de sa loge ;
mais tous ceux qui en ont d'autres , ne peuvent la
quitter que le seizième jour. Lorsqu'on se promène
dans l'enclos , les gardes veillent à ce qu'on ne puisse
communiquer. La forme des parloirs^»/ :ti), où l'on
peut causer avec ses connoissances et ses amis du
dehors , s'oppose eiie-mème à toute communication t
c'est une galerie longue et étroite ^ qui donne sur la
campagne , près de la gnmde porte ; elle est garnie
de bancs en dedans , et il y en a aussi à l'extérieur
pour les étrangers , afin que l'on puisse causer assis à
l'abri de ia piuie; mais elle est garnie, du haut en
bas , de grilles et d'un treillis , et il y a extérieurement
un fossé qui empêche d'en approcher^ La communi*
cation est également impraticable du côté de la mer.
Il y a un petit port ; et pour entrer au lazaret , on
descend sur celui des quais qui est assigné à l'espèce
de patente dont on est porteur. Tout bateau qui
oseroit aborder sans ordre , seroit brûlé à l'instant.
Cliaque quarantenaire a un numéto ; et le portier
de son enclos l'avertit qu'on le demande au parloir ,
en sonnant le nombre de coups qui correspond à
ce numéro. Le soir , chacun est enfermé avec son
gardien , et les clefs sont remises au capitaine.
On sent combien un pareil genre de viç doit être
p4
1^ y -.j^Sjtr*
V
%^î CHAPITRE tXXXII.
insupportable: aussi les murs sont- ils couverts d'ins-
criptions dans toutes les langues , qui expriment le
dégoût, l'impatience et Tennui ( I ) . , ,
Lorsqu'un quarantenaire tombe malade, il est
encore plus soigneusement séquestré : im médecin
vient le voir avec le capiuipa ; il l'examine , en se
tenant à la porte , et lui prescrit les reipèdes néces-»
saires à son état^ Si cet état, est alarmant , le malade
peut trouver un chirurgien qui y pour de l'argent ,
consent à s'enfèrmet et à fiiire quarantaine avec lui.
Quand il ne reste enfin aucun espoir de guérison ,
on redouble de surveillance ; mais on ^n fait un
mystère aux autres quarantenaires. Lorsque le malade
veut faire un testament , oiî appelle le capitaine ,
qui se tient k la porte de la loge , et qixi écrit sous
sa dictée. S'il demande un prêtre, cetui-cî se p^ace
dans un coin d'où il ep tend sa confession, et lui
donne l'absolution et k bénédiction ; jamais les
malades ne reçoivent Fextrêpie-onction ni le viatique.
Le prêtre, en sortant, doit jurer sur le-crucifix qu'il
n'a point touché ni approché le malade.
Si celui-ci meurt, les gardes entraînent son corps
hors d^ lit, avec des cordes de sparte (2) armées
^ I I I III n >i ■ I I I n.,|^>,|i|il I I I I I I 1 ■ Il J W U I I II II I > I n ■ n I ttmm^m^^fm
(i) Celle-ci, cCfitc en arabe, est rQp^^rqw^i^^ pour la tQurpurc
4c la pensée : La vie est une quarantaine pour le paradis.
(a) On emploie le sparte , stipa tenacissima, non - seulement à
cause du fréquent usage qu*on en fait en Provence, mais parce
^^u'ii est regardé comme absoiumetU non susceptibU.
CHAPITRE LXXXII. 233
de crocheta de fer ; on le met sur une cîvîère ^ et
on l'emporte pendant la nuit dans le cimetière du
{azaret ; on jette dans la même fosse , remplie de chaux
vive, tout ce qui a appartenu au décédé , et on brûle
tous les vête^nens de ceux qui ont eu avec lui la
moindre comiriunîcation. Sa mort est tenue secrète ,
ou attribuée à un accident ; h plus souvent on pré-
tend qu'il est mort dHine çhûte, ou d'un coup qu'il y
reçu. On parfume , toutes les semaines , pendant
quarante jours, la chambre qu'il a occupée (1)^ et
tous les meubles qu? I4 garnissent , sont exposés à
Taîï- pendant tout ce temps.
Il est d'usage d'accorder w quarantenaire un
jour de grâce , lorsqu'il ne survient aucun accident
pendant sa séquestration. Enfin , le moment de 1%
$ortie arrive : on le mène ^ h chambre des parfums,
. ' •• .
* "■ ' '. ' '■ '■ " ' J "lUii' II.-' -i 1. ■' I I ' t "'
(i ) Voici quelle étoit fa compositîpn de Fancien parfum :
Soufre vif 6 liv, «^Gingembre. . . . . . 4 ''v*
Poix nésine. , , . . . 6. Cumin, .,..,...• 5*
Myrrhe ^.^, 4. Curcuma. . . . . . .. .2^
Encens 4. • Cardomomuni. . . . 2,
Laudanum. ..... 2, Aristoloches ioj^gues 2»
Storax « . 4. Euphorbe ..•.«... a«
Poivre noir. . , . • , j. Cubcbes ,....*.,. 2»
Genièvre. ^ . . . , . ^. Son. 49»
En tout lep livres.
On se sert aujourdliui Ju procédé de M. GuYTON DE MoR-
VEAU , pour toutes Ics^ opérations de la purge des malade^-, de
leurs vêtement et ip tops les objets susceptibles.
/
I
r
^34 CHAPITRE LXXllI.
Les murs sont garnis de crochets de fer pour donner
ia facilité de suspendre et d'étaler les effets qu'on
veut pariîimer ; on y a pratiqué un foyer dans lequel
on allume une quantité considérable d'herbes sèches
qui produisent une fîimée épaisse, dont l'apparte-
ment se remplit; lorsque les flammes commencent à
s'abattre , on répand sur la braise une dose conve-
nable du parfum dont j'ai indiqué la composition : tout
cela produit une fumée qui remplit une chambre où
il faut demeurer cinq à six minutes , pendant que le
gardien reste à la porte. On introduit ensuite le qua-
rantenaire ainsi purifié dans la salle d'administration
du lazaret , où siègent le capitaine , son lieutenant, le
médecin et le chirurgien; là, on le déclare sain, et
on lui délivre sa patente , en lui annonçant qu'il
peut sortir du lazaret , et qu'il a la libre entrée de la
ville. Quand il est sorti , la chambre est aérée pen-
dant plusieurs jours , et Ton y fait des fumigations.
Pour désinfecter les pap^rs du quarantenaire , on
les [Jace dans une boîte pyramidale dans laquelle il
y a un réchaud , sur lequel on jette de l'acide mu-
riatique et de l'acide sulfurique, d'après les procédés
de M. Guy ton de Morveau ; ils sont roulés en cornets
pour que la fumée les pénètre mieux : c'est à leur
couleur jaune et à Fodeur forte qu'ils ont contractée
qu'on juge s'ils sont suffisamment purgés.
Les marchandises dont les vaisseaux sont chargés
sont ûJtinguées en suseepîiblts et non susceptibles.
*ZÏ
' --^-^
^a^dKJM^b^. . .. hd
CHAPITRE LXXXII. 23Ç
Celles qu'on regarde comme susceptibles de conta-
^on sont , les étoupes , les poils de chèvre , les soies ,
le linge , les étoffes de toute espète , les éponges , les
peUeteries , les maroquins , les livres, le parchemin,
le papier, le carton , les plumes , les coraux enfilés ,
les chapelets , la verroterie, les rosaires , la quincail-
lerie ; tout ce qui se fabrique avec la laine , le coton,
la soie , le chanvre ou le lin ; enfin , les meubles , les
«rètemens de toute espèce, les monnoies, les fleurs
fi^îches , et les cordes non goudronnées.
Les marchandises non susceptibles sont , les racines ,
le café , f orpiment , le tabac , les coraux bruts , les
peaux qui ont encore leur suint , la garance , la po-
tasse , le salpêtre , le natron , Kvoire , ia noix de
galle, les minéraux , les métaux en barre , les plantes
et les graines colorantes , les cendres , la soude ,
la potasse , le salpêtre , l'huile , les salaisons , les fruits
secs , les vins , les liqueurs , et, en général , tous les
liquides ; les cornes , la sciure de corne , le sparte ,
le suif et les cordes goudronnées.
Les animaux à long poil sont soumis à la qua-
rantaine du casco ; ceux à poil court sont obligés de
gagner la terre à la nage : les perroquets et les autres
oiseaux sont seulement lavés avec du vinaigre.
La quarantaine des n(iarchandises dépend aussi de
la nature delà patente : c'est la patente qui décide si,
avant leur transport au lazaret , elles doivent éprou-
ver à bord une première purification qu'on appelle
Z26 CHAPITREE LXXXII.
^ sereine. La patente touchée n'oblige qu'à h petite sè^
reine, qui est de neuf à quatorze jours; h patente
hrute nécessite une grande sereine, qui est de quatorze
à vingt -un jours. La considération d^ lieu d'où vient
le navire, et dje l'état de l'équipage, apporte à tout
cela des modification^.
On se sert aussi , pour le transport des marchan-
dises , selon la nature de ia patente , des bateaux dii
navire ou de ceux de quarantaine ; de la Saint-Mich/^
à Pâque , ce transport se fait depuis sept heures dn
matin jusqu'à trois heures du soir; et die Pâque à la
Saint-Michel, depuis cinq heures du matin jusqu'à
>, cinq heures du soir, II faut quje tout §e pa$se ai^
four, afin que rien ne soij çjétourné, confondu, et
n'échappe à I^ surveiifançe des inspecteurs.
Dès que ïe jour du débarquement est fixé, le
consignateur du vaisseau arrête un certain nombre
I de porte-faix, en faisant prix avec leur chef, parce
qu'à Marseille les por^e-faix forment uriecqrporation :
^ ceux-ci doivent être munis d'un certi^cat de ^nté ,
et ils sont encore examinés avec soin. On les intro-
duit dans i'enclçs indiqué sur la patentje , et le dèr
chargement commence. C'est le plus ordinairement
dans V enclos neuf ( n." 2^) s il renferme une suite
d'édifices vastes et solides , qui font l'admiration des
étrangers. Ce n'a été qu'en 1757 qu'il a été porté
au degré d'agrandissement qu'il a aujourd'hui. G'est^là
qu'est le logement du lieutenant (n' 2j), qui en a la
*.«^i-"
^
CHAPITRE LXXXII. ^37
<\ef; le capîtaînç en a une double , afin qu'ils puîssfînt ,
à tous les momens, se concerter sur les mesures ur-
gentes. On y voit quatre grandes belles halles , dont
chacune peut contenir trois mille <:olis fn," j^) (i);
les petites en contiennent de quinze h dix-huit cents.
II est prouvé que le lazaret peut contenir à-la-tbis
J)lus de trente mille colis , et jusqu'à trente-six car-
gaisons en purge, dont les deux tiers sont dans
Tenclos neuf. Le vent souffle de tous côtés dans ces
halles, et souvent avec tant d'impétuosité, qu'on est
obligé découvrir les balles décousues, avec des filets
de sparte, [X)ur empêcher les flocons de laine d^être
emportés au dehors. Il y a, pour .cet enclos , un port
particulier^;;/ ^^^. Les porteurs habitent tous dans le
même lieu; et si l'un d'eux tombe malade, on l'isole
selon l'usage (2). Toutes les marchandises sont mises
sur des bancs de pierre élevés d'un pied, ou sous* des
hangars. si elles sont de nature à être gâtées par
l'humidité : ces hangars sont de grandes arcades ou-
vertes qui peuvent contenir trente mille balles. Tout
est rangé dans le plus grand ordre; la manière d'ex-
poser les marchandises dépend de la nature de la
patente (3).
( 1 ) Colis et balles sont synonymes.
(2) Comme ils manient sans cesse ces marchandises, sî elles
tonscrvoient le moindre miasme pestiientiel , un d'eux en seroic
ticntôt atteint; et c*cst ainsi qu'on juge de leur salubrité.
(3) Là purge au lazaret de MarseiM^ est accompagnée àe$
«
(
^38 CHAPITRE LXXXIL
Les grains sont toujours mis dans des greniers et
souvent remués; les tonnes d'huile sont plongées
dans la mer; les moindres morceaux de soie, de
cotoh, de parchemin ou de papier, sont regardés
comme suspects ; les matières d'or et d'argent sonf
dépaquetées et passées dans le vinaigre ; toutes Jes
plantes doivent être privées de leurs fleurs et de
leurs boutons.
modifications suivantes , qui dépendent des différences de la pa*
tente; on peut classer ainsi ces modifications :
L Patente nette et touchée, i .° Coton cru , poil de cheval ,
maroquin» pelleteries, éponges, cFianvre, étoupe, lin, iîlosefle,
draps, cordouan.-— Dans ia première moitié de la quarantaine^
on retourne i*un des côtés de Tembailage ; et pendant l'autre, on
retourne l'autre côté^
2,^ Laine de mouton, d'agneau et de chèvre, coton fHé d'A-
lexandrie. — Pendant la première moitié de la quarantaine , les
Ballots sont ouverts par le haut ; pendant l'autre moitié, ils le sont
par le bas, et les Cordes sont enlevées.
3.** Coton de Smyitie, poil de chèvre, — Comme dans le
n,** z , à l'exception que les cordes peuvent rester,
4.** Coton filé de la Syrie, soie, — Les deux côtés de l'embal-
lage sont retournés pendant toute la quarantaine; les ballots sont
placés à de grands intervalles , et l'on n'en met tout au plus que
trois les uns sur les autres.
5,** Peaux sèches. — On les entasse à la hauteur de six pieds ,
et on les retourne deux fois pendant la quarantaine.
6/* Plumes, livres, draps , cartons, coraux enfilés et chapelets,
parchemin, quincaillerie et effets de toute espèce. — Les caisses
sont ouvertes, les ballots retournés des deux côtés, et le dedans
<st remué deux fois pendant la quarantaine,
7,** Épiceries, café, cire, cuivre travaillé, plantes et graines
■■Hl
Mrtnk.^M^^ÉflH
CHAPITRE LXXXII. 2J9
A la fin de la quarantaine , les marchandbes sont
portées sur le quai destiné à leur embarquement; et
tous les lieux où elles ont été déposées , sont aérés ,
et purifiés par des fumigations et dçs lotions de
vinaigre.
Les firais de quarantaine sont , pour celle du casca,
d'un pour cent ; pour les passagers , de douze à dis-
huit francs par jour; et pour les marchandises^ de
six y huit et dix pour cent. On ne les acquitte qu'à
colorantes , dents d*éléphant , orpiment, potasse, tabac. — Les
ballots, les caisses, les sacs, &c. sont ouverts ei^ sondés.
8.^ Seigle et noix de galle en sac. — Le sacs sont ouverts et
sondés.
U. Patente soupçonnée et Brute. Les marchandises spécifiées cr-
dessus sous les mêmes numéros.-^ i.^ Les ballots sont totalement
11
ouverts ; pendant la première moitié de la quarantaine, 6n tourne
vers fc levant l'un des cotés; pendant l'autre moitié, fautre côté.
Le tout est remué quatre fois pendant la quarantaine» afm d'ad-
mettre Taccès de Tair.
a.^ On les déballe entièreipent et on les pose par tas sur deé
banquettes.
3,** On enlevé tout remballage.
4.*^ L'emballage est enlevé ; les marchandises sont disposée»
dans de plus grands intervalles, et ne scHit point entassées.
5.** Elles sont entassées à quatre pieds de haut, et retournées
quatre fois pendant la quarantaine.
•6.^ L'emballage est enlevé, et les marchandises sont remuées"
quatre fois. Si ce sont des plumes ou des étoffes, le tout est déballé
et exposé à l'air.
7.** La même opération est répétée plusieurs fois dans des in-
tervalles de quelques jours.
8,^ La même opération est encore répétée plusieurs fois.
1
44o CHAPITRE LXXXÎI.
Marseille, entre les mains du consîgnateur , aubu-^ 1
reau de la santé. 1
H y a des lazarets où Ton ne reçoit pas les navires
atteints d^ la cofitagion ; ils sont admis dans celui
de Marseille. On a vu recevoir des vaisseaux qui
avoîent la peste à bord , et qui avoient été repoussés
de tous les ports de la Méditerranée. Alors on leur
indique la piace où ils doivent jetet Tancre : la qua-
rantaine du casco et de l'équipage doit durer quatre-
vingts jours ; celle des marchandises , cent. On double
les gardes ; on place dès ventilateurs à chaque lu*
came ; les effets de Téquîpage sont plongés dans
la mer toutes les vingt-quatre heures.
Dès que la contagion se manifeste sur un individu ^
il est aussitôt débarqué au port du petit enclos , et ^^,
introduit , par le tambour des portes de la marine
( n!" j) y dans un appart;pment qui n*a pas, d'issue
dans Tenceinte du lazaret : il y attend la visite de
l'officier de santé , qui y procède eii présence du
conservateur semainier et du capitaine , qui sont
placés dans un éloignement convenable. Si le pro-
cès-verbal énonce que le malade %%i atteint de la
contagion , le capitaine et toutes les personnes
qui habitent dans ie lazaret , (Sont aussitôt déclarés
en état de quarantaine , et le malade est aussitôt
introduit dans V enclos de Saint- Roc h. Pendant cette
translation, les barrières sont fermées; l'appel des
quarantenaires ^ aux banières de la grande avenue ,
cessa; jst \^% ni remm<fan3 l^Hj9tAkïW^ quft
pestiféré, a^ Inftit 4^ iwg^^pfrcbfî^ , d^ de«r^r-ï
lui ie$i péce^ç^r^.; çelwi cpji te itiJiiJBfcoire dftn^ sfc
^fs,gWt^ fit im? ftimfsftl^ideî tQÎlf wée ; H qwttft
^ v^lçmwit en somntî « H-Iq Jai^fc tovlow^ cfo
pp$^ ^ gmnd ^în Si qu^qu|^();i^v$Iàt«ftmnpà>We9i
«î 6^-«&t ifiipraticabie, eR'fQurnit nu chirurgien lêé
^èmëivmmùs' qyjfzn gaïSé ;^^Wi Tuî aoniie des
lan^/toaqhfii ie^inaladfi ayec^.i|3ijtpgia$; il sïh%P^
^tot la chambré avec de^grâSdllnèéhaùâiV^ï^*^^
■•_>-
â4i tofrA4^ïtftfc Ljcxicn*
il se frotte alveé dé fori vinaigre. Enfin, quand le
inraladi^îest gctérf , ce qui sef reconnoît âièc dcâtric^
des tobohs (4), 8 opmmencie une quarantaine de
quatre-vingts jowiiv *^ns pouvoir quitter sa chambre
avant le cinquantième ou le scnxantième. S'fl meurt,
X est enterré dans la chaîne vive avec tout^^s les for-
Bial&és : déjà indiquées^ : on brûle tout ce qui lui «
sëfvi t î*on grûtte' ef Vùn «blanchit les murs de sa
diambre ; en&i on pl'o^ède à la désinfection dé
Feo(do^{)arIes^Hfoyens quenofis avons iiïâi^ués : tout
^\titr qui ont toiùibé ï 12e ()ui lui a zppSLt^na, ét^t
MssPsômtiH^^ une ^atsâitaine de quatre-vingfs |ûUrs4
Cette moirr es€ ^i|^;»mèment cachée aux autres <{ua^
fântéftaife$> quî>/*l fô^le; tteJ>€^vent sonir^e i^urà
trfiambrèi tant^i y ampestiffpé dans lélàzaret.
Les m^fctefidi!^ fS^ilt mi^s en sereiilé à bdid,
pul^ jportfts lÊai^^mm^ 4é ^te ^ oà l'otf miouble
ffâltèiitibtoL>E)arnte$ laéféi», lés remuer, et Rassurer
Ife^teur dèsîiifé«M)rt. Les porte-fiîîx reçoivent cin-^
^ânteà'^«ïttité>iivréè par four poiir leur 'sih&fè. •
• Toifté la l|«9raniaine recommencé' èèfe qu^^
î,. t ., -l-iri-iTr!. i..f'.-t;>|r..rr.-. ..r. '.' ' ^...j , ■. ..
tO Pl««cj« in^<lcji,onç ^é gu4ris par x^ttc incision ^ysuit
Ja maturlté^u bwbon^.En i784,7o2ichîm Blanc, élève en chî^»
rutgié, prit la contagion en soignant les ptstitcKi^s du cap/tainc
Minrdi, Raguslâ^^ ii ^giérît en ouvrant it ÏMihétkqvtW sivait à
Wi^c. En i^HiJj^^ Pont, ëcve en chirurgie, BaJthax^
Melllé^ matelot, et Joseph Martin, écrivain, ont ouvert leurs
Bubons avant la parfaite maturité , et ils ont été giiéiU complet
tttneht. "■ ' ^ .1
y
V
mâlaâld S0 dédare ou qu'un malade meiirt t si ceh
arrive trois ibis , et que fa cxxiis^ioiitie^p^roiage pajj^
éteinte^ on brûle le vaisseau ahrec toute* ^-cugabon t
mais ce cas est extrêmement rare. Le vaisseau qui a
obtenu sa libre entrée» demeuré encore en surveil^
bnce pendant dix jours entre les deux forts*
II est interdit à tout passager d'entrer à Marseiflô
wnVâire quarantaine; et nous avons vu que per-»
sonnerie peut n^tre pied à terre sur la côte y s'if
n'est muni d'un certifient de santé (i). De cette ma^
«lière , on a lieu d'espérer que les maliieurs de i'annéa
1720 ne pourront jamais se renouveler.
L'établissement des lazarets peut être regardé
comme une des plus grandes preuves d'une admi**-
nîstration éclairée : ce sont eux qui écartent de
l'Europe ces fléaux qui détruisent encore la popu^
lation des contrées où il n'existe qu'une demircivi^
tisation. Le lazaret de Marseilie) par sa. posiâon»
son étendue ^ son institution , et par ia niamère donk
it est administré y est très- propre M, préserver noi^*
seulement fa ville, nuûs r£mpire entiei^^ du fléau de
la peste. Plusieurs navbes , repoussés de tous les
^rts, refetés de tous les lazarets, y ont été reçus *eC
désinfectés. L'armée d'Orient, à son retour d'Egypte^
y a été admise toute entière ; elle étoit de neuf mille
hommes. Pendant Tanpée 1 805 , plusieurs vaisseaux
■NM
■Mhi
u
(r) Siffi, loiM B /psge 43^*
.«*
'" -^w^pac
céiiainanent/intiodaita dana fnos dki»^^ Lq b^^ii^t
4é Tûulûn ne sert cpie fioi^fî ia ^arin^ mfàmh^
il est sous la suraeillaïuse dedcebii ileJVIwtieîttf .^5^
jè lazaret qui peut seial jQ(>n3f rvier à JVlsrseiUé iaickim^
ivefice exclusif sdes: Echelles fhil^eiiant^ipws^'aiir
jcunp i^ille de :I*£iBpire &3xvçdis^.utig»ssèàq e»c<9ur&:iM»
pareil étalJisisemâm ; et les détails que nous airaiif
donnés ^ prouvercuat aîsémesâ qu'il n'i^st pds fiiciki
d'en fonder, xfe semblables^ . ^
MaTsetUe., outre son beau latam ^ fiossè^te i^f ore
d'autres étabtissemei]is {^iianthropiqiies «t jpbfêieiim
éiistitudoDS de <:harkéu U y . ayoit , j^ 17 89 ^ .^a
-grand aouike d'h^»ftaux ; mai^ ils oftt ^$ i^^i)^ %
•trois. .- ■ ■ .■. .; , ■ '.
, L'àéuI-uiieUf ppnr ies. malades , est iBJl tç^-fejç^»
iDdtiraentySÎtué daqs riptéxieurdeja vieilfe viU^>.i|^
-k ani-côte, .aéi;é îet s^lire : H n'^â^ poi^J^l^^j
cependant il. ipem xonteihir ^sîx . ç^Ui^ ix]|a{ii^»,iÇ^
y reçoit les fâfcsjenicçuolai&flrt fe&«*ifWis.ftfg^é|i
|»ur Y ôtBe;aflajtés >ttaqufà3àe^ip3iîik,Ssg»^5fnyp(yi^
len xiourrioe.' • " • < >:jj.j,r.i' .. •as:;:';:*
: L'kâpitalJ&r pjaums est ansshsÎAs»évdm$ ia, j^e^II^
iriUe;ddost.ttiii)édifipe yà&te ^âréguU^CfetttÂ^' qxàqnm^i
il e&tde&imé aux vieillards des d^^y ^^^s , aux mcu--
rablesy et aux enfans tro^vfs^ j^r^qj^ %<tt{;igi^ vde
a^tmi^t^ Mm <
"J
J
iwArriee; 3 comiem enViion hait cents ihâéiidi»u U
y a une très-belle diopelle*
L'hôpital dis insensés est dans {efàdbonrg Samtn
I^azi^e : ii a été fonné de la rémiion de plusîecnrs^
maisons données par la charité de quelques ha&itans^
i)ti acquises par T^dministration ; il est donc très^
irtégalier , ea assez maovah état , et peu propre ^
sa destination % il e^ difficile d-y pratiquer les pro-»
({èdés curatifs <k la ncmie. Le local est cepeadm»
bien situé , et ii seroit très-coQvenakle pour y fovmtr
un nouvel établissement de cette espèce. ,
II y avoit autrefois plusieurs œuvres de bienfaisance,
parmi lesquelles la plus importante étoit la Grande
Miséricorde , chargée de répartir des secours à des
familles qui, par des malheurs , étoient tombées dans
rindigence. Cette oeuvre étoit richement dotée , et
elle recevoit en outre annuellement des aumônes con-
sidérables. Les débris de cette belle institution avoient
été recueillis par l'administration des hospices. Le
bureau de bienfaisance , créé par fa loi , une société
de bienfaisance , calquée en tout sftr la société philan-
thropique, de Paris, distribuoient aussi des secours ;
mais ces diverses institutions se contrarioient : M. Thi-
baudeau , préfet , les a toutes réunies sous le nom
A^ administration centrale des secours publics. Cette
administration a établi des dispensaires , des soupes a
la Rumford , des ateliers de travail, des secours pour
les femmes en couche ; et son faut est de parvenir
^
.\
M^ CHAPITRE LXXXIi;
^ éteindra la mendichë. Elle e<5t dfr%ée ptr 4et
citoyens édaiiés et vertueux , parmi lesquels nous ne
pouvons nous refuser au plaisir de citer MM. Csi-
simir Rostaii et THuIk, quîontété les premiers fon-
dateurs dé la société de bienfaisance. Je dois associer
jaunomdeM. Thulis celui de sa respectable épouse,
qui y par le bien «pi'edié ne cesse de faire , est regardé^
comme un ange de bonté. Le préfet , M^ Thibau^
énUf et le maire y M. Andunne, sémbleiil donner la
.▼ie it tous ces étabUssemens.
• *
mtmmmmmm^nm
■ i
^
K.*^
CHAPITRE LXXXIIIp
Port de Marseille. — Quai Saint-Jean. —Place Saint*
Jean. — La Tourrette. — Pavé des quais. — Opus
spicatum, — Quai Saint-Nicolas. — Fort, — Inscrip-
tion. -^ JSastide de Louis XIV. — Machine à cttrer le
port. — Commerce de Marseille. — ^ Histoire. —
Vernet. -7- Robert et le président de Montesquieu. —
Le Bienfait anonyme. — Nicolas Compian. —Le che-
valier Paul. — Roux de Corse. — Notre-Dame de U
Garde. — Promenades.
I) E, la rue .de ïa Canebière on v<»t s^élever ïe§
mâts des vaisseaux , qui , privés de leurs voiles , pré-
sentent l'image d'une forêt de pîns dépouillés de
leurs feuilles ; cette rue conduit à- peu-près au milieu
du port. *
Le quai Saint^Jean pu de la vieille ville, qui règiW
à droite, est celui sur lequel il y a le {>lus de mar-*
chands, et, par conséquent , un plus grand mouve*'
ment, une plus grande activité : Ie& boutiques y sont
étroites et pressées; on y trouve des parfumeurs,
des orfèvres, des fàbricans de sparte, des horlogers^
des marchands de cartes de géographie ; on peut y
acheter des dattes , des oranges , des dirons , des.
raisins , des crabes , des sîtiges , des perroquets , des
images : c'est aussi la partie du portoù il y a un plus
gfand nombre de vaisseaux ; on len voit de tootea
q4
•^— * — — "-
«^a CHAPITRE LXXXIII.
hs formes; A f nttrftnW é5t iz pTm SSÏhT-J?Si;
où l'on trouve à droite une terrasse zpotHée la
Tourreite j qiii se prok)ng;e jifsqu'k ta Major i ce
seroit , à cause de la vue dont on y.ioBÎtsur la
mer, la plus belle promenade de Marseille, «i elle
n'étoit pas aussi expoiée ali mistral ; aucun arbre ne
peut y prospère*-; les mijfûreï dont elte est bohïée,
en rendent aassi Tasp&ct et le séjour désàgrêiibles.
■"■ Le pâvè dés quais a quelque chose dé remar-
quable ; il est entièrement; composé de briques po-
sées obliquement sur la tranche.
C'est préàsëpiehe éfet^ éspèfcé db rtiS^herie ^tf
les ancsens appeiéteAt opus spicahirh, parce qtié lés
matériaux y feoni di^pcfeés cofnme !es bailès d*ùn épi.
Le pavé des .trottoirs de' ftlilfaieiirs rUes 'esï de ïa mêrtïfe
sorte. Cette manière de bâKt- paroît assei sblîd*, et
pourroit être essayée dâti$ les lîfcùx o^ rfiaiiique le
betm, grès k paver.
Le fon Saim-Jean fértité l'entré* dii piOrt de ce-
câté ;. il s échappé \ \û destruction ; les ouvrages en
sont assCE bien conservés : il est iittiiè de câpoAs.
ittiËiiBi
GîiAfîTftE t%ii^m. S4^
* îtétis mVef^âftiés ie pôft dans une bàrqtlé puni
en vim(èt iWtrè rfi^ 5 qu^oti àp|>éHe lé qUai Sâint^
NUolàS ou ïleAîn ntU^t t céltti-d est jnôîrts peuplé
et tnoifis Imitant , n^afe beaucoup plus large que \é
premier ; ïéà vottiirès y péttVènt drculer. Cest lâ que
Sont îês ittagasifli de bois de conàtruttîôn , de ré-
sines , de cordâgeis $ pour là marine. II est terminé
par le fort Sâint-NicoIàs , qui , avec le Yort Saint-
Jean^ contribue à défendre Teiltrée du |iort. Oh
â enlevé pendant lâ révolutîoil i'inscriptîoh qui étôît
sur la porte, et qui disoît que Louîs XIV Favoît fait
construire en 1 6éo ^ par lés conseils du cardinal de
Mazarin , pôu¥ ntettte fin aux séditions causées par la
tuii>ttlence des Marsêilfois ( i ). Le féline monarque ,
en faisant bâtir ce fort , dît qu'il vouloit aussi avoir iû:
bastide h MaEtséîile. Cet édifice est détruit eh gtande
partie.
Le port a quatre cent cinquante toises de lon-
gueur ; sa largèift" il'est que de cent trente : îf peut
contenir neuf cents vaisseaux. ïl est , en tertps de
paix , comme f e rendez- vous de toutes les nations
de TEitt-ope : outm iei nàvités qui appartiennent aux
.^-4.
(i) rJe fdelis Massiîîa , nffàrus àl/'guorbm motibus sœpius conci^
iàta ; Hn pr&priliiH rè^ JitAaiuin, ifd aùdadorum pftttlantiâ , vet
nimkt Ubertatk cupidine-, ttindfpt ritftrtt LurhvtÇMs XIV, Galùfftnn
Rex^ optîmatum populique s^curitati hacarce providit, Rexjussit; Juliu$.
eardînnîh Maiarînus, pace npud Pyreneas composltâ, suasit; Lndo*
Pftâs Sc'0tl6mt/prêt'1nCict guhr/tator fjxecutusest. Aï.DCLX.
*\
■ • ^ -
J
2SO CHAPITRE LXX3CIII.
peuples de fa Méditerranée, tek<]ue les bitimens
génois y chargés de châtaignes et d^ pommes \ leSk
chétives barques de Sân-Remo, qui apportent des
ognons de fleurs; les navires de Toulon, de Mâ«
forque et de Fréjus , cl^irgés d'oranges et de sardines ;
les felouques de Nice , de Livourne et de Bastià ;
celles d'H y ères et de Porto - Ferra jo , avec leurs
cargaîscms de bois ; enfin les gros vaisseaux levantins ,
dont les équipages viennent montrer en France les
mœurs de l'Afrique et de l'Asie ; on y voit alors afHuèr
aussi des vaisseaux anglois, hollandois, suédois, da-
nois, russes; et bdiâférence des langues, là variété
des costumes, celle des physionomies , rendent la pro-
menade du port ravissante pour un homme curieux
d'observer.
Le port de Marseille est Un des plus sûrs et des
plus commodes qu'il y ait au monde ; mais il est tou-
jours menacé d'être encombré par les immondices
qu'y conduisent les égouts de la ville , et par les
terres que les eaux pluviale entraînent. Il faut saiis
cesse être occupé du soin dé le curer. On a déj^
inventé plusieurs machines destinées à ce travai; et
dernièrement encore on a proposé , pour leur per-
fectionnement , un prix qui doit étrê décerné à celui
qui indiquera les procédés les plus propres à prévenir
i'encombremeht du port. La machine dont on se sert
aujourdliui, est un -ponton sur lequel il y a une
grande roue semblable \ celles d'une igru^|h|ae de&
^
riiHMHit^kÉ^lAC^Aï
CHÀPITRB tXXXIII. âjl
hommes foui toHOi^r; elle met en mouvement deux
poutres qui, en plongeant alternativement dans la
vase, y font pénétrer une cuiller de fer k bords
trancbans, dont elles sont armées, et enlèvent la
bpue, qu'elles dépcsent dans une barque appelée
la Salope, que Ton Va ensuite vider dans une anse '
près du lazaret : il y a actuellement sept pontons en
activité. A mesure que cette boi^est enlevée, qud*
ques ouvriers la divisent avec les mains pour en
retirer les objets qu'elle pourroit receler : outre les
morteàux de bois, de fer et de cuivre qu*on en re<
tire , on y a encore trouvé quelquefois des objets
plus précieux , et même des mçoumens antiques ; un
buste de marbre, dont M. de Saint-Vincens a donii|||
la desaiption (i), et une petite figure qui est dans
son cabinet (2) , proviennent de ce curage*
La vue du port de Toulon retrace à la pensée les
^exploits et le courage de nos marins : celle du port
de Marseille réveille d'autres souvenirs ; l'imagi* ^
nation se reporte jusqu'à ces hardis Phéniciens qui
nous. ont doiuié l'alphabet, les premières connob*
sancés géographiques, et qui ont portéia civilisation
diez les plus antiques nations. On cToit retrouver
encore dans Marseille les restes de ces Phocéens
à qui la Gaule doit les premières notions des arts
et d\ine active industrie; on la compare à ces villes
- O— ^>1^»— — I I II) I I II ■ I I > I !■ ^ .
(i) Magasin encychféd, ann. VII, tome fV» page 352.
(») Svffi^i tCMnc II, page 137 ; et atl^., pi, XXXVÏ, n.* a.
^ i^i^kiè» jttdfs si pàîësâfiférs ; dti ifXïgè au génkr
dé^fiàr4is ipét^Iâtêuts^ qt^ ôifc âiit de 1^ liéA Veiw
#e^df âe5 rrchosses dé rOfiiât. SI iè^ ifégôciam
ftatttçai) ri'cMiS pas éti-, édtmnë tes lllèikis , I1jobA6ui'
èê dcfhiièr dé^ p£ip«s fc I* étlrélfetfiité , d«& sôtt^eTaî^
if feai* |>atri& , 6t lèvtf^ #)«9 à dés r^h , ôt% éomptô
pîstmi eux de>s hôtiMés ^Ué Tûtl petit ecHnpaFèr aux
F^ggéfetautStfétajirWi jpeut dte# Ja(Cqtieâ Cêsm:
Mfir»èiHè répète èhcé^ ftV^c ofgueîi lé nom dé J^m
DavfHagé, iiévaii dô ce riche négociant; cduî ^
£ti6valier Paul^ dont Je parfeitoî bientôf ; et ceux dé
Borelty, dé Rémusat, déSmn), de Gé^ge ^ôùtL^
§lf de plusieurs àmfiens gentilshofftmes , tel^ ^ue ied
Candèlle et lés Môiitolieu y qtii ^hôâoi^tit du ûtte
de négociant*
S l'on en tr^ A^âthiiA (i) , MôrSèîIfe ti^toîr
encore rien perdu de $ôh ancietme^ ^lendèuf au
Tl/ siècle ; mais lei intisiùtis dés Sarra^tnii lûi por^
tèreht des coups ^etisibiesv Son .coitiméf ce sembla
remtlfUô a^ îX." sièdé : se^ négodiati» y unis à ^mx
dé Lyèii et d'Avîghoh, aifoient alors deâxfofepar
érr fit Atekandrie , et eti rappbitdiem tes épiceries d»
nnde et les parfuma âe l'Ai^bie ; ces ifiafohandl^i»
temontbient te Rhône et la Saône ; 6n ïés emban»
fjuoit ensuite sui* fe Mosélte , qui les d&tiibww fM
^i)* Page 13.
CHAPITRE hX^Xlllj ;2yi
le-Rhîn >'Ie Mein et leNecker,, jifsqu'çwx.^xtréfï^JL^
de FAHemagne. . . . .[
^ Jjes Mar&eiilois fG^x)j^<^nf. m ,^wd WQmbje de /
^abseau;^ pour ie parcage d^s pjinç^ croisés. Lo«jr
^ue c^jK-ci ejvreptpws Coi^mniwopie, lej Vjéni?-
^ns' V^pa^rèi^m de tpiji,^;^-cpUMîifii;ce d^ lieya^^
•Après Ip irétabUssemçn; 4ps -ç ojgpérçwr? grcjpç , \ff
fiénois;, qpiayoie^tlç {ilfis conuibyé àJ'éXjH^^^
4ç5Xaûi^^ a^r^hèreru awc P^éplp^çs deç ffàvpç
|égjBs dçiiït il$ jquirent 4Voe manj^^f rPypre^^,
pnfin la pip«(e ^ Constepljiv?pî? par Jp$ Tj^
jcntièrement leiip: ^OQUi^neQ ; ifc pjîrdiï;ent jné^'
leurs pos^sioçs daos la ÇfWPyte et ^w i* ipisr Nç«;ç^^
et les Vén^îç^s rqpruieïxt Jevr prewiif^r ^cçwto^t içr
fKxpiirpnt d^ xicjiç^e^ i^iioen^ {i^.
. \j8s Marseil^ois jàvoiem çetîré dçs J3yéiii^cç§ ^jpa-
sidérables du transport dfi:^ ^W^J'^» a^jcji^ô^s çi^j^^
foin 4e psocm^er ;i,ç^t ce ffi^y pçtuyojk é^r^ utj|j|e ou
Cûiruncvlej y^f|^,tWi^t;pnjcpre fiçs priuj:e$ chf^iiçp^
des privilèges avantageux. Les p^Ier^iages^ <jpi eoflr
tj^^qsff^ ^lè^hfy^ 4e^^wkfkie^, %ent pour fux
1^ açwppdp nouveauit pr^^fifô, ^t l'op vit jiwitre^g
fortunes. Ijrjllantes. JLes épicerie?^ Ip âuerje, ^ 50^,
^iwem Jf^spiinçip^ipc ai»liçfce? dif p?P[iïpiecç^ 4çs jfi^arr
seillois : cepen^^pt^îe.cQmm^ce 4if J^ p^;i ;^p§j^; |[p-;
ffe^nt qi<iJ;^urQit pu i!ê^> à4;^f 4^? gJ^^F^ ^B^s
t , ^ ,
(i ) Notice sur fauris Sai^t-VJpcefff^, p^gp ji^^^ •
-»••■■* -►'^^
aj4 CHAPItRE LXXXltt.
pendant un siècle et demi , Ie$ comtes de Provence
eurent à soutenir contre les rob de Sîdie.
Le commerce reprît son activité , lorsque Mar-
rie eût été réunie à la France avec le reste de k
Provence. Le commerce du Levant devint pour
elie une espèce de patrimoine. Les rois accordèrent
au port de Marseille de grands privilèges ; ça haute
fortune, qui n'a été interrompue que par les troubles
de laLigueet par lapestede i720yfitdesprogrès|us^
qu'en 1 78p. Depuis que Loub XIV eut fait respecter
le pavillon français dans les Échelles du Levant, en
Barbarie, en Grèce, en Syrie et en Egypte, le com-
merce de cette partie du monde fut concentré^dans
MarseiHe, déjà si bien avantagée par la beauté et
la sûreté de son port , et par sa situation , qui lui
permet de recevoir les vaisseaux qui passent de
rOcéan dans la Méditerranée.
Les gentilshommes même' purent se livrer au
commerce sans déroger; ib prénoient le titre de
nobles marchands { 1 )é
Comparer l'état actuel du commerce de Marseille
avec Tancien , c'est mettre en parallèle la mort et la
vie. Cinq mille vabseaux sont entrés dans le port en
1 78 8 , et il n'en a pas reçu mille en 1 805 . Les rapports
qu'elle avoit avec l'Amérique , ont absolument cessé ;
ceux qui existent avec l'Espagne et Tltafo, sont
(i) Discours iSMr le négoct des gmtilshmmes de Marstiîle , pur
i
4
CiîAPltkM LXXXîiU 15J
peu importans; et ceux qu'elle a avec le Nord, sont
pres(|iie nuls. Les produits du commerce avec les
Écheltes du Levant ne s'élèvent pas au tiers de ce quTIs
écoietit autrefois ; ce commerce étoit pourtant une des
principales sources de Ja prospérité de Marseille : la
dédMience-de l'empire turc avoît déjà commencé à,
fafFc^btir ; les malheurs de la guerre y ont porté le
dernier coup ; et il est à craindre que jamais il ne
se relève avec les mêmes avantages , parce que le
pèîrt lie Cèti^ offire E>éàttcoup de facilités pour son
expldiCÀtioft. * '
Oétoit ^our lious un sujet de tristesse que de voir
ces vai^eattié rangés près du rivage, et dont la pi^oue
impatiente iparoissoit demander d*aHer fendre encore
les ^è^'; nous éprouvions le regret de ne pas nous
trôtiv^tui milieu de ce concours d'hommes de pays
i^^iSël^iis , rassemblés pour un même motif, celui
d%dgnlenter leui' fortuite par une active et honorable
iÈkfttStHe; noùÀ pehsiohs aux événemens singuliers
dont* 4ce port a été témoin aux jodrs dé sa prospé-
rité. Cette idée réveflla en nous d^intéressans sou-
Cest dans^cètfe mdè que Vemétâiroit apprendre
i^ttft^ piMtéëi^^ j^^^ Jés terribles effets de
■ €^ iëi èëi cplif» <|u«> le présidait de Mont«-
4{iiMit-«rottva le jeun» Robert , -fik- d'un eourtier ,
«pif pour payer fa ntt^ é^ son pire , piisoniûar à
i
A
:jj6 CHAPIT^lE i^ïMM^
yiçr$er Iç por^ ChaifUfi ^ ccMpipem le g^éDtHS
pa^igi&trat.fit rache^r secrèjpmem rinfert|i#é-Rftfe(W#
pt riefidii: un pè^re à s^p yftrm€|U3p.^ « ^^«i^iBJBii
(f u|i pj-pcéfjé ri généreuse : deux a*?? ja^^s, îj «^{tcmY^
ie pré^dçnt sur Je port, «e précipitftà $^ pierfs ,iiiii
l^rpdigue les témoignages du resp^cf §t 4e l^ jft^se
poiss^nc^, e)t veut fe ç.qx^^m W ^î|i 4§-lM'J&il¥lilf
dans laquelle il a ramené le ^)onheur; maîçjje^jpf^^
4ent s'ob^nç au sUeia^e, %i Is^m «Ro^iB?t 4éf^4 de
n'avoir p4 forcer son bienfaiteur à^yç^i^ ^ga )^^%7
fait : il seroif eoqorç jgnoré, si, 4an§ I^j .pipif ^-g. j(J^
la succe^siçui du p^jésidepî, Qj> s^ut tro^yé uQ^^^uijr
lance de M. Main » banquier, à Ç^di^ ^ W^^' .I^W
j^ompie ij^e 7 5 09 livr^ , dp^t $QÇ>q ^^<^fift| ::élf
poippté?^ ppur./f .(^livrancf # J^&bpïhrj^r î-fiffS
jrejsantç ^ujifç .est te >u/ç| 4'wi%j^i|r}iw^t§:f (jujéi
que rien n'est plus attrayant que ce qui nous i^ç(i^y:^
L , 9^ 9^ PÇÇf.iJf /aj^ier saqsifttgfifte^^st»»» J^
toire de Robert ; celle de Nicolas Compiaij^jjji'eil
^uerp mgiçis fçjuçbaçte^ y. est-pi;^ ^ ^ vm^m
marseilloîs
.<
CHAPITRE hXXXm. 457
marseiUois par un cofSdire de Tripc^i^ et vendu à uhi
licbe hahîtsMit de cette yitte* Le MM5u)i|ian , • voyant
que rien ne pouticis t^bner bdoulevr de squ captif,,
lui permet d^atier revoir sa pallie et $^ famîUe } il
exige seulemenit sa. parde qu'il reviendra près d^iii:
moitié dqnt il jest l^ami pfaitdt que Teacbve. Com^
pim retGKKne à Marseille ; més^ fidèle à sa parole ^
il f 'arracbe aux embrassemens de $^ frère& et de sea
amis , pour alfer rempfir son eagaganem. ^riv6
à Tr^xili, il troayeJfi Miiâttiinau xians une yiy#
afflic&oa : son épouse y cpj?A €héris»ok.tendrei»eut ,
étoit eiiptrantew <€> Cfaoétien ^ lui dit -il , |oins tes
» prières aux miémxes : Dieu est boa ; et celles de;
3> fbamme de lai^a, de qudtque religion €px*û mit f
jf doirtent fe tèucbet*: » Compian se mot k g^noxec^
prie a!vec ftrveur à 'côté 4^ son .maître : le ciel
exauce/ leurs vœux , et la jeune femme aecouvce h
smté. Le Msfliométan ^ transporté , emlvassa Compian
et lui rendit la liberté: mais il ne voulut pas renvoyer,
dans Tindigencs cehiL qu'il ne regardait plus que
comn^ un hôle et on ami ; il lui donna un vais-i
aesu^ctogé de Uéy cpii éeviatiaisouirce die $a foii'-*
tune» Ce vAituemc négociant étoit digne des succès
qutîl avoât' obtenus : c'est im. quia reçut une car*
^ison de blé dans un temps où la disette affligçoit
ia. viilq , et oà le peuple : murawrok contre Vm^
torilé ; lies écbeviœ lui eai offit^rent ausâtôi soixante
fivres du setier.. !a jfe . ne spécule pa& %\xr h misère
Tome TIl R
458 CHAPITRE LXXXIII;
publique » , ré|)Ondit ie généreux Compian ; et il
donna son blé au prix de trente livres , comme il
auroit fait dans un moment d'abondance*
C'étoit peut-être près du lieu où nous nous étions
arrêtés pour nous livrer à ces méditations , que le
dhevalier Paul , devenu vice-amiral , aperçut un pauvre
matelot avec qui il avoit été mousse : ce brave ,
digne de sa gloire et de sa fortune , traverse la troupe
dorée des généraux et des officien qui l'environnent^
fà prendre par b main son ancien camarade, té-
moigne la joie qu'il éprouve de le revoir. , s'entre-
tient k part avec lui, s'infi>rme de son état , et lut
procure un emploi suffisant pour le Ëiire subsister
tranquillement lui et sa famille. On parle encore avec
surprise de cet intrépide marin, né dans le iyatéau
d'une pauvre lavandière , qui , obligé de se cacher der-
rière un ballot pour obtenir h faveur d'être mousse,
devint un des plus heureux défenseurs de l'ordre de
Malte et la terreur du Croissant ; se fit admirer par
son courage , estimer par sa conduite ; qui unbsoft
l'adresse k la grâce dans les exercices du corps , et
s'attachoit ^ïAn par sa modestie. et sa bonté >ceox
qu'il avoit étonnés par sa magnificence. Les soldats et
les matelots provençaux commandés par lui ne con-
noissoient pomt de dangers ; ils le suivoient à tra^
vers des torrens de feu : ils le pleurèrent après sa
mort. Ces vers de J'épîtaphe qu'ils Jui consacrèrent ,
lie sont pas )>om ; mais ils attestent, d'une manière
* «
éiKsrgique ^ ropinipn qu'ils av^ent de leur bravô
chef; .
Celui qui naquit poiir Cotùbattre»
Et qui vivoit dans ït ccmibat ,
Eau , feu , fer , ne purent t*abattré^
Une âèvfe lente i*abat 0 h
La liârdiésse du fameux négociant Roux de Corsé
étoit d'une Aaluré diâférente : chaque jour il paroîssoit
hiettre sa fortune eil péril , et chaque jour ses impru*
dences ét(Meht suivies des succès les plus inattendus»
Jamds il ne &isoit assurer même les plus petites tar-
tanes, auxquelles il conHoit âes chargemens de cent
kniffe écûs ; et il sèmbloit que ses vaisseaux dussent
bràVeir toutes les tempêtes et tromper tous les cor-:
saires. Deux (bis il paria quW navire qu'il attendoit
ée la Martinique arriveroit à un jour et même à une
heure qull avoit Bxés , déuk fois it gagiia sa gageure*
Ses ridiesses devinrent immenses, et sa témérité ne
conhut plus de bornes. Eii 1 740 , il équipa à ses
frais un vaisseau de ligne et une frégate de quarante
canons, qui protégeoieiit ses onze vaisseaux mar-
chands , et il déclara personnellement la guerre au
■MtaB
(i) Ces vers recommandent autant Sa mémoire , que les sui»
vans, qui sont ie Bachaumont ;
C'est ce Ptul , ilont rexpérieoc«
Gourmande It mer et le vent ^
t>Ont iè bonhear et U vaillanèè
Kendent formidable ta France
A tous ies^upies du hevuHt^
K X
«<îa CKA.PITHE LXXXIII.
lol d'Afigletei r« , par un in^uiifeste iptkuld , Giorge
Roux à George roi. Sa petite flotte obtint d'abord
quelques succès., et s'empaiq de piutieiir« bâtiniens
ennemis : mais la fbftune abandonna enfin son indis-
cret favori; le vaisseaif c)e ligi^e â^^ ^iql)|asé par la
fbudrç, la fr^ate périt dans une tempête^ .etJes
navires marchands furent pris pat les Ânglois.
Leivers deBachaumpnt (1} ont rendu lech^teau
de Notre-Dame delà £?<ir<:/( trop céièbfe^pçur qu'uni
voyageur puisse se dispenser de le visiter; nous en
fîmes donc un jout un point de promenade. Nous tra-
traveraames d'abord le quartier qui avpisine le q|U^î
Saint-Nicolas , et nous vîmes les msgasins de inannç ,
la suiferie , la corderie ; mais les travaux étpfent ^an;
activité. Nous entràiiies dans le choix (2) q^i avoi^ étf;
construit par M. Bergasçe, e;quiestavfourd'hui gban:^
donné. C'étoit le plus cpnsid^érable j mais il y en «
encore plusieurs autres : ils sont destinés \ donner;
aux vins du pays une préparation q^ilesren.d Proprefi
aux voyages de long cours., pour les(mel^,ils ne,pQUr
voient pas être emplQyés. auparavant. p^;a|>lissaf|çpjt
du chaix , dû à M. Bergasse , a singulièrement encou-
ragé la culture de la vigne , et donné de gtiindes
(') Tome ir, page )79.
(ï) Un chaix est un lieu "où l'on mélange, l^^ vins, où o
leur fait subir différentes p^ré^iaraiJons. U.cn SCia ^escion à l'ai
ticle de Bordeaux, où'il y e^ a fluùeitrs.
âdlités au commenie de Marseilb fow $e$ amie*
mens.
Le diemîn tjui condûh à Toratoiré ^ ^t roidfe et
dîi$c3e. La chapeUe est petite et étroite , mai^ ornée
par-topt des tributs de {a piété des navigateurs ; aïk
pltndier $oait suspendus de petits vaisseaùk avec leurk
agrès et: ayajnt leurs nom$ écrits ^ut la poupe ; ib
figurenjt ceux que la prpiectÎQn de h mère du Christ
a sauvés d'uit ciruel naufrage> bu ehlevés à h> fu*
reur des pirates et d^s corsatreau Les tableaux vottâ
représemeni dès Hai^ragés ètendaBt les mains vers
la Vierge y c^ui leur moiUm un viisséau prêt ii les
secourir ; d'autres naufragés sont dérobés à la mort par
quekfues débris dont ils se salissent i cTautires enfin
fuient dans une chaloupe lèinjde, leur vaîssniu^ que
lamervli engkmtk^ oa^ràïeiifipujducieidéf^Biv /
Ce ifortest élevé àibdes&us.de la mer de quatre^»
vingt-cinq toises : au r^plè >4I nja jien de.remarqnable^
et nous n'y vîmes p^ un seiH canon. C'est là
vtgîe fa^pluâ voisine ; elle 36igfiaie tous les^vabsçéuli
qui approchent du port.. O^ y . découvre A<Jdte ik
vifle de AUi^eitle : Tceil |>eiitsbivie [es.I^Itea.raa
alignées des nouveaux quartiers; on voit pfesqaccea
face I^ amas de msusons'âe ia vieille ville ^ h'rffBsai
bâpital» la place des Tourréttes^, I» Ma|or étleiiiza-
fet« Des montagnes semées de riantes bastidbssv^M
file de moulina dont le vent &it tourner' la^^i^as'^
fotméiïXh Ibnd dB'tahlea«u>A<i'«Didi^Ia vue 'i'éaoatl
R 3
V '^ -
-C»
atfa CHAPITRE txxjéiu:
suria vaste mer, après s'être agréablement promenée
sur la rade et sur les îles.
Les plus belles places pt^bliqûes de Marseifie sont ^
la place Castelane , qui termine ta rue du fàubourgnle
Home ; la place Saint-Fertéol , sur laquelle étoît bâtie
la belle église qui a été démoKe pendant la révolu-
tion; la place de ta Comédie; la place de Afmtiers s
eHes sont plantées d'arbres , ou décorées éê fontaines*
Les allies de AleWàn, en face de la Canebière^
sont comme un second cours bordé de belles mai*
sons et planté de douze rangs d'arbres : c'est une
des promenades les plus fréquentées ; elle conduit au
-jardin de botanique.
La ville de Marseille étoit entourée de remparts ;
ils ont été détruits , et à leur place on a fait des bou-
ievarts magnifiques , qui formait, pour tous les quar-
li«rs/, des promenades agréables , et qui le seront
encore davantage lorsque les plantations qu'on y a
£aites donneront de l'ombrage. Ces boufevarts ont
léié, en grande partie, exécutés par les soins de
M. Delacroix, préfet, et continués par son suc-
cesseur M. Thibaudeau. La ville de Marseille doit
aussi à ces deux magistrats plusieurs monumens , dont
les uns sont exécutés , et d'autres en exécution.
.. La- fontaine du Boulevan dn Fainians doit être
ëécoréé de deux bas-reliefs en marbre, représentant
IfLpkke ei la ricoltt des alhes. Sur une autre fontaine
dans, hi nu df JHoaa, on voit le buste de Puget^
CHAPITRE LXXXIII. ^6j
€tï jace de sa maison. A ia fontaine de la ptace de U
Douane, on doit placer un Hern^s géminé, c'est-k--'
dire , à deux faces , représaitant deux célèbres Mar^
seilIois^Eutkymèneet Pytbés^ ( i ) , de grandeui'colos-
sale. Deux stames en marbre , celle de la Paix et celle
de la Victoire , ont été inaugurées dans tes fètes triom-
phales consacrées à la gloire de nos armées.. Tous ces
ouvrages sont dus aux talens de trois habites sculp-
teurs, MM. Chardinî, Chénard et d*Anthoine.
Ce n'est vraiiibnt que depuis Pan vili que la vfife
de Marseille a vu s'élever dans son sein des. monu-
mens dignes de son antique renommée et de sa
splendeur; c'est donc un bienfait de plus qu^elte
doit au Héros du siècte et aux préfets qu'il a envoyés
dans le département des Bouches-du> Rhône.
Au bout du cours Bonaparte ^ il y a une foiv-
taine , au-dessus de laquelle s'élève une colonne dé
granit surmontée du buste d^ ce Héros ( 2). Cecours
(f) Infirà, page %ju
(2) Le piédestaf pfïre trois bas-rdiefs en marbre blanc ; du côt^
Je t'est • un trc^bée d'armes avec un, boudicr sur lequel on %
gravé ces mou en lettres d'or : «
A BONAPARTE
VAINQUEUR^ ET PACIFICATEUR
MARSEILLE RECONNOISSANTE.
Sur les côtés sont des trophées de commerce et d'agriculture^
du côté du cQuchant, i'inâcrrption suivante :
Ce monument a àé élevé Van X de la République française une et
indwmbU , j^<^/ dt Vke vulgaire, le généra ^ONATARTE étant
r4
2^4 CHAPITRE l.li:xXU%
e&t terminé par une esplanade. |Mmtk{aée sAr «fi ro*-
tïher d'où l'on dééptvre la mer^ iie port et la vïle. A
ih fcnftaine située à k porie de Paradis^ s'eSète une
liutre cûfoniïe de ^aiût qui ponte tm génie ( i ) ; eUe
ffremer Censiii; lès àto^ens Camiacér/s et Lebrun , second et troiâèmt
Consuls; Chaptat, ministre de l'intérieur ; par les soins du citoyen
Charles Delacroix, pr^et au département des Bouckes-dU'RhSne , d'à--
pris te pœu du conseil muhicipàt,
La cmntmme d'Aîie, partageant kssentàmétts de cdlejêe Marseille » a
donné le fit de la colonne, m.
(i) Cette colonne est surmontée à'une figure en marbre repré-
sentant le génie 4e fa ^nté relevant 4*Hnfc méiri le flambeau de
la vie pi^œ éteint, tandis que de Fimire^i! couronne les noms
àt ceux qui se dévouèrent à une mort certaine pour secourir ics
victimes de ce Héau. Sur le piédestal on lit quatre însd*iptions ;
I.® Ce monument a été élevé Van de la R^uhlitfue française âme et
indivisible, 1802 de Vert vulgakê, le gén^td BONAPARTE éant
^entier Consul, les àîtoyens Cambacérés et Lebrun étant second et troi-
sième Consuls; le citoyen Chaptal étant ministre de V intérieur ; par les
soins du citoyen Charles Delacroix^ préfet du département des Bouches-
idu'Rkone, organe de la nconHéissance des MaHé^lèis, • '
-3^^ A Vétef'tttlle mémoire des Âommes coure^eutt dont les noms
suivent : Langeron, commandant de Marseille; de pilles, gom^emeur-
viguiet; de Bel^pHce, évéque; Estelle, premar^heuin; Rose, commis-
salrt'gtnéftdpour le quartier de lUve-neuve; MHkrs, Jésuite, commis-
saire pour la rue de VEscalle , principal foyer de la. tont^on ; Serre ,
peintre célèbre, élève du Puget; Rose V aîné et Rolland, intendans de
la santé; Chicoyneau, Verny, Peyssonel, Montagnjer , Bertrand,
Michel et Deidier, médecins : ils se dévouèrent pour le salut des Mar-
seillois dans V horrible pesu de lyzo,
3.** Hommage à plus de cent cinquante religieux, à un ^and
nombre de médecins, de chirurgiens , qui moururent victimes de leur
"(èle à secourir et consùlèr les màurdns.
ï,(m noins ont péri : puisse leur exemple n*itire pas peréi !
li^^pi^
CHAPITRE LXXXIII. iSj
est dédiée aux mânes dés ViCtfrftés de fepejtè dô
1 720 y et aux hommes courageux qui , à oette
époque y se dévouèrent pour le salut commun.
^m
i&ii^^
^«Mirifa^kM^ahi
fuîssent-ils trouver dn ifiritateurs, sitttjà^rs de caiamilé vtnoUnt i
rendkre /
4.** Hommagt à Cïémtnt XI , qui nourrit Afaraiik afiig/e,'
Hommage au roi Tunisien , ^i respecta et don qu^un Paptfaisoit au.
malheur!
Ahsi la morale uniuerieHe rallie à U hienféÎHmu Itt fiommtk
vertueux que divisent les opinions religieuses.
^,.7
^« '^.
CHAPITRE LXXXIV.
Observatoire de la Marine. —.M. Thulis. —
M. Jean-Louis Pons. — Température de Marseille.
— Mistral. — Climat. — Instrumens. — Navigateur»
marseilloîs; Pythéas, Euthymène. — Histoire litté-
■ faire. — Illustres. — Académie.
J_iE lendemain, nous allâmes k Yobseryatoire de la
marine : il est sur la butte des moulins , qui est le
Jieu le plus élevé de la ville. Il consbte en trois
étages , qui forment le logement du conderge , 1^-
bîiation du directeur, et le lieu destiné aux obser-
vations.
Le troisième étage se compose (Tune grande salle
carrée , accompagnée de deux cabinets : U y a encore
trois petites tours rondes , une au nord et deux au
midi , couvertes chacune d'une coupole. Le toit de
l'observatoire proprement dit est plat, et fonne une
terrasse , sur laquelle est une girouette qui , par des
roues de renvoi , marque les aires de vent sur le
plafond de la grande salle.
Jusqu'en l'année 1764, les Jésuites en ont eu
i'administration ; il. a été ensuite dirigé par M. de
Saint-Jacques Silvabelle , qui a eu pour successeur,
en 1800 , M. Thulis, membre distingué de l'aca-
démie , et très-zélé pour la science astronomique.
M. Jean-Lotib Pons le seconde parfaitement bien.
CHAPITRE LXXXIV. 'n^f
Cet homme intéressant, né à Peyre, dans le départe-
ment des Hautes* Alpes y est entré à l'observatoire de
Marseille en. 1789* sa bonne conduite et son intel-
ligence lui ont fôcilement gagné la bienveillance de
fhonnète et estimable directeur de cet établissement.
Il a pris un goût extraordinaire pour les observa-
tions, et son industrie lui a procuré des instrumens
utiles. A l'aide d'une lunette qu'il a fabriquée lui-
même en entier , d'après celle qui est à l'école de
navigation de Marseille, il aperçut lé premier, le
" ï I juillet 1801, une petite comète près de la tète
de la grande ourse ; et le Bureau des longitudes lui
décerna le prix de 600 francs que M. de Lalandè
avoît déposé chez un notaire de Paris pour celui
qui fêroit une découverte de ce genre, M. Pons ^
enflammé par ce succès , est devenu , pour ainsi
dire, i'amant des comètes; il les guette avec -une
attention et une persévérance singulières : le 2 6 août
iSoï ^ il observa encore le premier une très-petitb
x^omète dans le Serpentaire.
Une inscription placée sur la porte , dans i'inté-
rieur de la grande salle , apprend que cet observa-
toire a été commencé en 1699 ^^ achevé en 1702;
qu'il a été réparé dans l'an iv [ 1794-^795 ]• %
longitude est de 3** 2' 6" à l'orient de Paris ; sa
latitude septentrionale est de 45* ^7' A9" > l'éléva-
tion de cette salie au-dessus de la mer est de cent
vingt-neuf pied^ six pouces.
.^^
éi:69 CMAriTRE SjXXXIV.
M. Tfiulfô suit avtc un saèle soutenu les dbset ^
'Valions auronomi^es et météblroIogîquëSy dont il
présente les résultats à f académie : elles ont fkk voir
^Vn été ta disilwr se soutient ôi^n^iiremënt entits
£ i et 2 f * du thermomètre di$ Réàumur ; mds , depuis
dix heures du matin fUsqu'à six heures du soir , tl
y a une brise de mer appelée gartin > cpxi procui^
jdu firàisv. £n hiver , le froid est* de 2 à 3^ : très^ira^
Tement de 5 à tî; et k-peu«près toutes les années^
une fois seulement , de 8 ^ 9"" : likis ceià ne dure qufe
quelques heures. En général ^ il règne dans cette sai-
son,une agréable tempéititute de é à ii^ dechaleuf.
X.a hauteur moyenne du baromètre est de ^8 ) 1 L. ) .
Le printemps , excepté durant i'équinox» , ^ù il
y a quelques fours de pluie , est très-agréàble ^ fâu^
toituie, toujours très-doux /se prolonge ftt»qù*en
iîovembre, et même jusqu'en décembre î léstirois
semaines du solstice d'hiver sont froides et pluviôses ;
•mais Thiver n'existe réellanent qu'à la fin de jalivief.
La seule incommodité de ce beau climat est te'X^wjr*-
italf vent glacial du nord- ouest, qui soufBedails sa
plus graïKle force , trois , six , neuf, quinze jWits ,
inais rarement trois semaines de suite* Ce vent est si
redouté des Provençaux , qu'ils ie regâfdent Comme
une ^de leuiTs fdus grandes èalamités , ainsi qcie l^\y
test^ ce Vieui proverbe :
Le pàrremént, îe mistral , !a Durancc ,
Sont ics trois fléaux de Provence.
XI souiBe avec pli^. qk mAns de feece, pendant
tpute Tannée y :49^ ^ p^éei tirasses & pi^^ , ainsft
que daps Ip Bâ^Lai^[iiMQ<?«
^£^^^ Tail en cbif ^ p»3f rb dîmat, ^c ep
chaud ^ . ç§t tcè&-&uoiahIe à la sant4 ; il eon^îen^
pnncipd^nMfii àrceuK^^ dm des mabdies de nerfs
ou de ppitrine^
La grande ,saUe» 4^ , l'pb^iejv^l^i^jse 4i&t décovée du>
por^t p^nt di^ P^ iFauiUée^ Jésuite , et de cehi?
en M. de Saiiïtr J^tques ^RVabeHe, connu aussi sous
le npm de M, ^e §auU-^3^f;qS^$i^<fe^;,fa*wl(eç 4eX5^-
h^Gm/^aàiyV^vûMQ^ Cook, et^ portpaios grarés^
de Saunderson^, Màmsteéd , Çoôk, JétàmèTusijaiXide ^
Newton, d'AIëmbërt et Diderou
4.vec vn .t{i^O(99 pbeè danft cetee saUe, on
êktaogae très*bMn'i>»e toui* bitie sur une petite
fie à cinq lîeups dé Màrseflié, é t qp^i sert; dç pbai'e
en temps de paix; pn, l^^ ^^fq^eot W mofi obstmi^
tsârtt. sui le n[iur de Notre-Dame de fa G^tâe ( i j .
■■ ■ .iT!i'jmiaii>i B Miiwiii > ■ ■ ,1.
(i) Voici ia note, des' iijstirunieQ^;^yi,.?igp^l^cvqnfiRtiy^
vatoîre de Marseille : f
^1,^ y.î? t;;:^s-I;>ea44 tât^opftgr^rî^^^fiMmnStiOSfr^ de dix-
neuf décimètres de foyer, ponant la date de 1756. li repose sus.
une ip^hipep^a,^Ctiqu^ f;;^ hpf^^i'i^g^çl^le^f^^Èmki o^ets
de deux cents à do^^a c^nx^ff»^. l^f^^u^ fifitkà. ni»oks spnt
tjçcs-oxi^éç dcjmis une vjugit^^ âtj^ji^ém,.
2.^ Un autre télescope du même artiste, ayant sKMxaate-oîn^
'centimètceailftfipgur^ UjgBMmaÉkp ^upsh^u d^ ^ùavrC'VÎngt-dxx
■iÊ^^':^^-
37B CHAfiTttE LXJCTXIV.
L'appartement de M. Thulis a un« vue ttès-
étendue sur là ville et sur le golfe. Près de son cabî'
net est une terrasse ordinairem«it garnie de fleurs ;
c'est là que ce dtoyen vertueux et modeste omsacra
oiitTCf <d>f«c^ non
i Rob cents fmi : il e
achromatiques,
}." Une lunau achronuiii^weit DoLLONp , de onze détimctro
ie foyer, ayant une ouvBiture de solxantwtrol] millimètres. Cette
lunette est pcts^e «ur une ro&chinc panllKtique en bob d'acB)ou ;
lE £tre rendue
/Vl1>.*
CHAPITRE LXXXIV* I7I
sa vie à d'uâes observations, qui lui ont mérité
festime des savans.
L'écob de marine est dirigée par M « Duhamel ,
faomme d'ui^ mérite distingué.
Il est impossible de jeter les yeux sur les rives de
Marseille , de visiter son fcole de marine , sans son-
ger aux iHustres navigateurs qu'die a produits ; et
l'imagination ^ toujours exaltée par le souvenir de
Tanriquité , se reporte aussitôt vers le temps de Py-
ftéas. Ce célèbre astronome , contemporain d'Aris*
tote , s'il n'est pas plus ancien que lui , a vécu au
moins dans le milieu du |y.^PcIe avant l'ère chré-
tienne (i). Si l'on ajoute foi k ce que les auteurs
nous en ont appris , il a le premier déterminé la
latitude de Marseille , et connu les rapports con3tan$
entre les marées et les mouvemens de la lune» Ses
voyages sont encore plus étonnans que ses découT
vertes astronomiques : allant de cap en cap , il cô-^
loya toute la partie méridionale de l'Espagne , entra
dans le bra$ de la Méditerranée qui se joint à.
rOçéan par le détroit de Cadix ^ après avoir pa^s^;
ce détroit , il fit le tour . de la Lusitanie et de
(i) BOUOAINVILLE , Éclair^issmefts sur la vie et les voyagea 4e
Pyth/as ik Marseille , dans les M/moires de l'Académie dis belles»
lettres, tome XIX, page i4($. M. MuRRAT, dans sa Dissertation
de Pythea. Massiliensi , imprimée dans ies Acta Societatîs litU"
raria Gà^ngeusis , 177J , Xois^ VI ^ a troi^icn développé tOHÇ
ce ^A c$x rfia^ à B/tbéas,
lijx CHAPITRE tZXXIT.
rEspa^ne, gigoa i^s x:âtes def Aapûtiine 6t defAiH
morique , qu'il doubla pour entrer dcms\t ctoai ofien,
appeSe la Aianchei suivit lei» càtes' oriafitak& «te.f île
britannique ; et lorsqu'il fin à sa partie ia plus s^ten*^
trionale , poussant tQu|oiirs vers ie nord^ii s'arauça ,
en six fournées de navigafion ^ fus^'à ^axi pays cpie
les barbares nommoie^t TkuU, et que nous appelons
aulourdlmi Islandt.
\ Dans Hn second voyage, ii en<p^ ps- 1» Mmdie
dans la mer du Nord^ et de ceHe-ci^ par ie déi»^
du Sund , dans ia l^tique , sur iaqueHe ii vogua
< jusqu'à f embouchtiTé^Pk fleuve qull- appe& Tamh.
Combien il est fâcheux que les à&xH relatiofis- q»^
* avoit publiées de se$ voyages <^ aieni: été peidues !'
nous n'en avons que des fragmens épavs', par les-
quels on voit qu'elles centenoient beau€ôt»p dedétail?
intéressans sur les productions ^es pays^ quSI avoit
parcourus, et sUr les mœurs dé ienrshabitans.
^ On ne peut nier que Polybe (î) , et sur-fout
Strabon, n'aient traité Pythéal avec le mépris du au
^ mensonge ; qu^ils ne l'sûeft t regardé com me un impos-^
teur j que Bayle rfait accueilli leur opinion ( 2 ), et que
ce navigateur n'ait tfouvé encore un plus redoutable
oitique dans M. Goftaellin^ ( j ) , œ s^va^t dpnt
(l) POLYB. X?CXIV, J. ' .
; 433) Efkwmn^ artid« PytUÉAJ^
(3) Géographie des Grecs analysée, p/^^ et iujyanws. ^
l'autorité
if iriirTi''
FMtorhé a tsnt de poids dans les matières têlative^
à^fa ^éogmjrfiiê' ancienne : îl a démontré des etreui% *
qui doivent faire présumer cpie Pythéâs n'a fam^^fe
fiât fcsJwyiagi^P5û'*ôft fei dttttbôe ç mufe , bu ttiôîtts , fefe
MarscftitolS' a ^asseuMé tfaififcienries «arïitîom ^P,
•sans hifi y nou$' [sêrOîeni îiïceJrtmie^ ,- ^tibfqti'fl ^ -slh
déôgurtes pe«t-être pour en ca^B^ ik^i^îné. N'ést-'H
pas poskaâè éiiéôite tspé dèuk-éfai ont sueeessîveinerit
transcrit sèsf técîts ^ les aient afeéréis par^moùk' pdi&
Jfe inenreiHftuxir -, ' - ^^'«
•fe Wttditàîs pouvoir parler -tfàsiî^ *£uthymèn^
•iiiitre> Aavîgtitetir marseîflois :, oti prétertd qùé ,' sii?-
vaitt^a mute îdéfà tt'àtée par Hahnoft , il poussa ste
découvertes ati wîdî , et i^ù'a pàitdurat les ctttfe de
¥A^pêciv^{i) fsis^^^ thaïs oh ri^a poiHt
-d^auwels détâili sur k)n entreprise: "' *- ;:;
. Dians d^s teitfps plus modèitteS , Mâï^illé^ -^éât
dfer aVfee hdrtiÀeut ie dapiteinè-ftëfiaûa , qiii Jle pri*-
TOÎaf, ttvec'ûn^p^it batH|em; a^yittt -pris pavfflPëi
ifespagiïkrf', t osa passer le détïôlt ' décôuitett ^at ^-
•gi^Janw ïtile tt'^ôdUii «ifedrè' bëaticbup de ihzèàs
Tcptti 156 ^nt ^ît' Uh nom o.ii ^ar !ieur habileté Ûaiife^îa
^navigation/ bU'^jpaÉ-ilhïrèjiîdi* qu'ils ohi Montre
contre les ennemis de leur |)attlè; — ^-«^
* It A*èst pas douteux que lès .Phpceens'jn'aîent
transporté dans cette partie dp/fa G^MleJje^jïciçsnces
■t i ^ \
,j t.*
(i) Senec. Quasunat. W , %.
Tome JJL
a^i CHAPITRE tXXXIÏ.
et les arts de h Grèce. Q^îqu'il tn^ tioui reste aucurt
mpnument de rârç|iiteCti*r!e çi dç:,!»- sculpture ^des
anciens Marseillois, on peut juger de leur goût par
I9 s^le de leurs médailles, si diffi^mt de cdui des
monpoies qui ont:ét^ frappées dans (eS: aMtrefe villes
de cette contrép. Ias ridwçses qiie .{vocurç te com-
merce, durent iwe fleurir dans MgrseUle tout c^qoi
tient au luxe et aux jouissances de la vie. Ce iùt c«tte
ville qui adoucit le$ mœuredes barbares : après s'être
rendue célèbre par ses vîaoires, çlI«.rtN:b«rcha la
^oire des lettres.; ses citoyens les plu$ distillés' s'a-
donnèrent à la philosophie et à l'éloquence , et répao*
dirent dans le reste def^ÇauIe le goûtides beaux-an».
■ Après qu'elle, se fi^tsoumise à César ^- Marseille
j|»erdit.beaijcoppde.S|pri importance militaire et poli-
tique; le commeree :et les spiences i'eiFi^édommar-
.gècentiS» éfoles devjnrQpt célèbres , et les Romains
.finirent par les préifèxer à celles d'Athènes (1). Aor
gaste.,.qu^ vouloit éloigner de sa cour son itefeu
^^ifi$, saps cependant parokre l'exiler, Teavoya-À
. Marseille comme pour y achever sps éluder (z) ; Agri-
cola^y fiit éiey^ i[j), La désign^tipn 4'Atkènes dft
Cailles que Çicéron (4). donne à cette ville^ n'éttnt
doncjUfi iin titre usurpé. . ,
' (1) Sthab.IV,i8[.
(ji)TACiT.^BW.IV.44. ■
(}) U. VïM ÀgricoLt , 4.
J4) CicEH, (>«./'« i"iif«,XXVi, éj. "
. C ttl PITRE IXXXIV. i^J
Lirruptîofa deà Vandales , :qaî s'emparèrent dû
Marseille (lY^ y \ éteignit teut-k^fait ie goût dé^
lettres. Lorsque. ié^ tscubadoi^rs provençaux rame'*-'
nèrent celui de la poésie, les Muses se fixèrent d^
pr éférenc^e à Aix ; et y comme nous l'avons vu^ c'est
à la cour de Raymond ^ de Béàtroc , et sur«-tout du roi
René (2) , qu'on vîç retiaître ieur àdte»
Marseille se livra :plus excHisivement> au côm^
-merce; les troubles de la Ligue en bannirent entière-
ment les lettres* On y a vu paroître depuk plusieurs
hommes distingués : on peut citer^ entre autres, Ber-
nard Carbonely Rostang fiérenguier, poètes estimés
au temps du roi Robert et de Philîppe-le^Bel ; Pierre
Paul, qu'on : regarde comme Ile restaurateur de la
poésie provençale j "roicent Leblanc , célèbre voya-
geur; Honoré d'Urfé, auteur de VAstrée ; le généa-
ïoeiste Pierre d'Sozier; fHistorien.de Marseille
Pierre de Rufii; les naturalisieSf Plumier, Feuillée
et Peyssonel , le poète Bonnecorse, l'éloquent pré-
dicateur Mascaton; M. Guys, auteur des Lettres sur
la Grèce ^ et beaucoup d'autres que j'ai déjà eu
occasion de faûre conncitre {))•:•'
> i
(1) En 414. . .
(a) Supra, tome II , page 340U
(j) On pei^t cQi^sulter sur tes illustres Marsei'fois l^es ouvrages
suiva;ns : Réponse de l'auuur dt Marseille savante, iXc. à la lettre qui
lui a été écrite de Provence le j/f février lyip. Mercure, 1730,
\yùsi.^Dîfécrivaini deMarstilU,^ par D£ (^UfiSNÀY. Yc^çLÀnnaly
S Z
-^ ^»
►•»-
■fkj^ .CHAPITilE LXXXIV.
On àvoit eu le projet Id'étàbKr à Maïseîile une
académie (ij^iloràque ies suites funestes de h coii^
4agi0n <fa 17^0 empêchèrent deisVn occuper. ' de
-ébt ;pottrtant presque aulsebidesiboirréurs lie b p^Vé
3q[Yie cette* com'j^agnie pnt iiaissarvcei/Quelques f>èt!-
:$oniies réfugiée^ ^ia /cahiftagiiie sèl rëumàsoiëi^
chaque semaiinâ dans hn.|àniia ^ipouf sj^ . èntrëf^ir
4e iûtéiatuTe i.cèfiéau ayaqt totiilement cessé'^ la
même société r s'issembla encete péndilit dettic an-
fiées 9 k Marseille , chez un de ses * membres ; enfin ^
^le fut érigée : en académie par lett'resi patentes de
17269 et adoptée par rAcadémie'ïbinçaise^ bà^s€(
fBeiiibrès avdien^ le droit de siéger âansries séances
|)ubiiqueSy et à qui eiie envbjroit tous ies 'atis^
de Marseille, çorotîaire 8 ,daliv. IL — filçges de juelfues illastm
Màrfeniois, par ct ttuipVï.'^oyfei fc'Xiy/iiWc àc^^^^
^ Marseille, 16^6 , In^CFf. ^ Éhgà de 'ftuh\térs ^ckénfntfaèks ^ '
Marseille , couttSTAs danf les Re€tuUsde<mt aiaifimiet p» M, D£
LA VlsCLÊDE — A'fajrseille ancienne et moderne ^^ux M. GuYSj
Paris, i78è,în-ô.**On peut^cncorc trouver de bonnes notices <ïai\s
^ Mémoires pttursMr'û Histât're des héirikes Wà'àrei de PMenh\
far ic P. BoUGEREL, 175^^ fn>ia vfitisur-tQistfaib in DitUo»-
naire des hommes illustres de la Provence et du Comté Venaissin, Mar-
sêilTc, 17B6, 2 vof. in-4.*^ " "~ '^
(i) Lettre écriupar M. DE LA RoQUE à M, DB'^tdàknl^sur •
le projet d'établir à Marseille une acddéàteldéf s'àfhèes'et des Mes-
îettres; "où il est parlé de î'/fncienhè acaMtié de ^Mâfiefîk, et des
MarseiHois ^ul se sont distingués dans hs ^àèitch èt'diûit In 'Miéi^
dfts; de Paris, ic i.'^ivril 171e. 'Sè^t Â'^rti'dè î>^i)h
tJ^7>)wiTierj'ait.XlV;i{>'ag«ei>^. -^ '^' ' -^ t
^QOmijM ^ikui^ uoe {vèceea vers ou.ea prose (^)«>
Q[m]^(|i^ i'^jçadémie de Marseille ait perdu totisses'
zeyeni3|s, ell^ ^ rfpri^ sies travaux et cHe s*y livre avec
activité : plusieurs de ses membres «sont avanidgeu-
sein^ (;osm)^ dans ia iittéraita^.^ Elle s'assemble
aiijiQMrd'huii^aâ^ une parffe des hâtimem^de Tandea
couvent des Bernardines (a),
4'as^i$tai,à l'une, des séances de cettç compagnie ^
^Ht . )'j9i j'hoDnour d'êire membse. Vl. Ca^mti^
i^s^n y \^\ mi trjèsrîbon mémoife sur lin éksMéctiori
4€s^ siiutBréiles , qui d^soloient aioi;^ la campagne.
Le résultat de son mémoire étoit de donner deuiE
^Hs.paT: livre de sauterelles ^ et quatre sous pai* livre
d'œufs. Cela prouve combien ce fl^a^v étoit foneste
p0ui If^iodltMre. Oa assure que, dans une année ^
^U leLterntbiie d'Arles fut ^n proie aux ravages
^ ces îsfif ctes ^ op parvins à dét^tre trois miiSg
qutnit^x de lei^rs^osuÊ (jf^. IVL Casimir Rostanestf ua
IfUne homme ptein de zèle et d'activité : il a voyagé
^n$ fai Grèce avec le ptis grand fruit*, il est très-^
x^sé dans la lasigise d'Homète* et de Démosthènet
I^ rapport de goûts et d'études favoît lié ayecf te
• (i) Depuis 1727 jusqu'en 1790/ cette société a putfié trente
HffmeHs^6s!& oin^ages iitf ckns m séances.
( j) M. le pi^éfet a adopté depuis ^ti mesures qui ont déliyjçe b
campagne de Marseifle de ces insectes j ik dévoroîcnt toutes ]e^
SéPÔice$.etjâs^Éux)4ïutits arbres.
S 3
«74 CHÂPITÏIB i.txitfr?
Cétôbre^d'Ansse de Vinoison.-li cufrive avec succSr
Ijt botanique; Qt l'entomologie, et il if des coianois-
sances profondes en numismatique* Ses talens se-^'
TQÏent bien -plus, utiles aux lettres , s'il- n'en étoit-
((istrait par une p^sionplus noble' encore, c^le de-
servir l'humanité : if est l'atne deia plupart des éia-
blissemens de bienfaisance. .
M. Girard î secrétaire de la préfecture, lut ensuite
un raémcàre sur ta Crau, que nous ne taideroits
pas à visiter.: c'est un extrait d'une statistique du
département;, qy'on doit regreiiçr qu'il n'ait paa
encore publiée; elle est écrite avec le goût, la
puret^et l'élégance qu'on remarque dans les autres
ouvrages échappés de sa plume.
. L'académie étoît alors présidée par le pré&t du
département, M. le conseiller d'état' Thibaudeau ;
qui montre le plus grand zèle <pour' sa 'prospérité ^
comme pour tout ce qui tient aux progrès dei iù-
piières. plusieurs ,de ses membres s'occupent prin-
ciptdement de la faûe fleurir : M. ThiJis y- présente I«
t«jbiit de ses observations astronpmiqties ; M. <Jè
£fnety, le résultat de ses expériences sur i'agrîcùl-
ture, et ses calculs statistiques; M, Deli&le- Saint-
JAi^ïûn y mgntie Içs ingénieuses machines dont il «st
l'inventeur ; M. Barthet y expose ses beaux instni-
mens de Dhvsirrue et d'nniinuf>' ; Itinhilp nharinn.
CHAPITRE LXXXIV. '279
historiques ; M. ' Gorse ofïre ses calculs mathéma-
tiques et le résultat de ses expériences ; M. de Saint-
Vincens y f^ part des monumens qui ont été
découverts ; les artistes dont fai déjà eu l'occasion
de parler [}) fY exposent leurs ouvrages ; enfin cha*
cun y pçrte successivement le tribut de ses travaux
et de se^iumières (2).
La société de médecine s'occupe principalement
de Tétude des maladies locales; ce qui rend cette
in$.ti|utîôn. tr^s^utile. Elle* a beaucoup c<»itribué à
xépandrè les procédés 4^ h vaccination. M. Valen-
tin , <]ui jtrint l^eaucdup d^autres coQiulisfances à
celles de la médedne , ett ula de ses principa^x^
membres.
(1) Su/H^â , page 165. Je «îois faîiftf îtj mention d*ini ait^e pro-*
vençal qae l'ai été ' as^ heureux poui; attirier à Paria > où, ii s^
distingue par ses talens : M. Ange Cfçncr, né à Arles , a été élevé
âf Rome; îl a demeuré à Naples dix-neuf ans , pendant ïesquefs îr
a gr^vé b^eaucbup de planches pour fa coHectîon ées smi^mtés^
d'Herculanum. C'est lui qui a exécuté une ^nde partie des des-
sins et toutes les grav^qrcs de la secjonde collection- des vases grecs
d'Hamilton, publiée par Tisch-Be£N. Il a aussi gravé pHisieurs
prianches pour le recueil des Peinttïres Homériques de ce dernier.-
Cest: lui qui a dessiné .et ^avé an grapd xtomhic de moniH
mens repvésentés dam mon ati^;^ il se propose de donjiçr uji
grand et beau recueil de vases grecs inédits.
( a ) Depuis sou rétablissemsnt * Tacadémic a publié troî»
Rteutih de ses mémoires.
s i
Â^„
•"•v-i
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CHAPITRE LXXXV.
MANUFACtURES.— Histoire. — Etat actiiel. — Soieries.
— Pelleteries. -^ SaVôntieries. — Bijoux dia coraiL'
— Phelloplastique. — Bonnets de laîtto. *^'Épiteriet,'
JlFRÈs avok pris dés remeig4ictiteii9 àxf h com-
merce de Marseiâe , fè desircMs cpmidttre sei^
manu^ctures. M. de Saint -Vilïcensf'iJ le père ,
qui ('étoit livré à des recherdies' mt ces étaBIîs-
semens , ne les fait pas remonter au-delà Ai Xll«'
Tf^rïf* La& I^Iu& «ir*/**^riy>^e ■faKytnilflg ér\n¥ .^Allaft
de citfrs ^ de pçaux préparées et <fe salaisons. On
y feçoniioît aussi des dïaps ; mais ils n^'étoiènt pas^^
^ssez fins pour être recherchés par les étrangers,
et ceux d'It^^ie étoient d'une qualité bioia supé-
rieure.
La soie étoît uii objet de commercé jpiour Marseille :
dès k ?îil/ siècle , les^ femmes y ayoiqit dcjs robes
de soie (2); mais 9 dans le siècle suivant^ l^usage^
en fût prohibé dans cette ville cpmmre (îçins ïa'
(i) Notice sur Jules Faurls SattJt'Vîncens , page 16.
(2) Suu, de Mars, de v^//, liv. fl, châp. 38.
pfuppft 4^ ^t;^^s (fejp^luiope, et il n^^^oit penn^
:(us ÎBtm^s iWHf gS: 4^ PPÇteç qu'aux .g^ûturas.
un ne cpnfioît pf^ ,4'^^^ i^^î^^ uès-prédse
L'épcH^ à laquelle on a commencé à fair^ dp la soie
en.ProyeDce ; mais il paiK)ît cp'il y en ayolt des h-^
briquçs avant le ¥V/ siàcie* Le sénéchal de Beaucairo
fit partir un exprès 4^ Nîmes » Iç i /' juiilet i ^45 r
pour porter à Paris douze livres de soie de Pro*
vençe , de dcms^ couleur^ xlifierentes , ^hetées à
Montpellier , pour ila .reine, ^u {hîx de soixante-seize^
sous .lournois ia iiyrçf^),. Pendant que la soie étoit^
si rare en France , eile ^toit très*^cpmmun^ en Italie :
on vit k Gènes , dai^ i^ne procession, vers le milieu du
xv/ siè^cle, plus.de mille personnes en habât de soie*.
Aujourd'hui la Proviej^^çe fitft lui grand cpmmercft
de cette substance ; on la porte presque tout^ k la.
foire de Beaucaire.
On faisoit encore à Marseille, dans le xv«'' siècle y
im commerce considérable de pelleteries, et presque
tous les habiilemens étoient fourrés ; c'étoit alors un,
u$^« général en France^
Les manufactures étoient nom'brei^ses ^ant la ré*-
volut^w ; et malgré ce fiiux axiome , ^uun€ yillc de
commerce ne ehit pas être une ville de fabrication (2) ,
(.1) Histoire de UiMguedûe A^ * 5» 9»
(%) Mémoire des fermiers ^néraux et de la chambre du commerce f ,
imprimé en lyCo.
- ,-i:'* . is^>-^ — ^- **-i^'*>.
toutes prospéf oient à Marseille : quélqiies-unes four-
nissoient ies principaux articles destinés aux Échelles
du Levant. Les fabriques de velours de <k>toh, de
toiles teintes et imprimées \ %t , par confséqùent ,
les blanchisseries de toiles et d'indiennes , n'existent
plus; les mouiim k soie ne 'sont plus en activité
depuis dix ans : mais on^y remarque encore d'autres
genres d'industrie très-iniéressans ; des papeteries >
des verreries , ' des tannerie^ , des blanchisseries
de cire du Levant / des? tuileries ; des fabriqués de
• • •
chandelles , de liqueurs /de parfums , de soUfre »
d'alun 9 de tartre , de tapisseries imprimées à f huile
ou à la détrempe , de iâïende , de porcelaine » de
teinture de coton en rouge , de plâtre ; des tisserand^
en toile et en Coton , des tailleurs de meules, et des
moulins à blé > k huile , à ciment , et pout battre ie
sparte. ,
Les plus anciennes fabriques de Marseille sont
les savonneries : on ne peut cependant pas donner
à l'art du savannier une trèSrhaute antiquité* Il est
probable qu'on a été long-temps avant de connoître
cette utile combinaison d'huile et d'alcali que nqus
appelons /avon ; on a dû d'abord faire usagé des
plantes savonneuses ( i ) , des argiles douces , des
marnes , des magnésies , de la lessivé de cendres , et
■^'~— ' , ■ ■ -
(i) Telles que notre saponaire, oa quelque autre pîantc sa-
vonneuse , que les Hébreux appeloîcnt n^^a ( borith ), sefon
SCH OETTGEN , Atitiquitaîes artis faîlonitz , 1 44«
CHAPITRE LXXXV. â8)
même de quelques matières animales y tdies que la
bile et les éxcréméns de porc (i).
Cependant le savon proprement dit patoît aroir
été, depuis: un temps assez reciiiè> un objet de com-
merce pour ]»% Marseiiloîs , puisqu'on regarde les
Gaulob comme les premiers qui en aient ^briqué.
On i'employoit dans la médecine et pour changer
la couleur des cheveux (2) : on ne le&isoit d'abord
qu'avec de la cendre et du suif {3) ; mais il y a
long- temps qu'on a subsdtué l'huile d'olive à cette
dernière substance. Le savon n^est devenu un artîcte
important de commerce qu'à Pépocpie^où IHisage du
linge a été plus commun.
Les savonneries de Marseille ^ont aujourdliuî
les plus beaux établissemens de^ce genre. On ny
emploie que l'huile commune , qui est moins chère
et saponifie mieux : on la ,tire de l'Italie, de la ri-
vière de Gènes et dès côtesde Barbarie. Les soudes
jdont on se sert sont la soude d'AIicante , le salicor de
Narbonne^ les cendres de Sicife ou du Levant, et
(i) Les anciens ont encore fait u^age de Turine et du nitre; ils
connoîssoient l'emploi du soufre pour blanchir ies ctoflfcs. JuL,
PoLWX , Vil , 41 y Apuu Metam! \ , 9.
(1) SapQ, OalUarum hoc invenhtm rutilandis capillis. Plin.
XXVllI, laj Martial, Epigr. XIV, 17; Boettiger, Sabl-
na, 62,
(3) C'est pourquoi on le nommoh unguentum cinerisn Valer.
MAXiM.il, 1^ TcRTULL, <id Uxor. n , 8.
. L^
V
ïfii nfttron y qv^ i'on . cQml)în& en&embi^ en» diffirenteS'
proportion?. On les iTièfe <^'abord avec de la diauX'
^w^ pour les dépcmiUçc d|e i'adde autbonique^ et
d«3 ^efo et des/ teaos qu'ailes contienneat; oa
potte ce rmélangû dax^s.de grands, oixieis (|e hoîs
bknc ou de brique, appelés Imgad'ànsi;. sous ces
CM^ierSy H y; a des xéservoirs nommés re^ibidotts ,
dQ&tihês h recevoir eli à conserver les iessives- : oa
ver^ Âucle mélange assez d'eau pour Pen couvrir»
d'enyitx>n}ùa pied ;*on ouvjre ierobinet , et oaobtîenti
là premâre lessive. On en ^t sdnsî quelquefois fus-*
Kçùi cinq succes^v-ement ; les dernières servent à
lessiver les soudes neuves. .-
.Quand les soudes sicMit épuisées , on vide les isuga-
4ières ; les résidus, peu vent, servir d'engrais pour \ei
lenes humides. Le m^kre détermine ensuite avec ie
p^e-Iiqueur la qualité desl lessives ; il. les coupe et
les mélange ^usquli ce qu'il les ait amenées au
degré convenable*
• (a combinaison de l'huile avec la sou4e: caustique
qui constitue le savon solide, se fait dans de grandes
chaudières , dont la partie inférieure est en cuivre ;
et les côtés son| en mî^çonnfrie ou en biques posées
à plat. Dès que les. lessives sont préparées , on
met dans la chaudière Thuile qu'on veut employer;
il en faut, en général, six parties contre cinq de
bonne soude. Pendant la cuisson, on commence
par verser la le^^ve la, plu3 (oihhL , et sufice&ft&t
CHATPIXKlî LXXXt, i»j
.Tcment ensuite k plus forte : ort facîHre h com-
binaison avec une longue spatule de bois ; h ma-
tière se rapproche, s'empâte et devient bbiKjhe':
on ia|oute alois peu à peu la première lessive ; bi
^àte, devenue plus, épaisse ^ surnage ^. on fait coufâr
par ïépirUjO^ tuyafu pratiqué au bas de la chaudière,
la liqueur qui len occupe le fond ; on rallumie le fêu ,
on dissout le savon à l'aide d'un peu d'eau qu'on
irerse dans la chaudièk'e ; on agité lé mélai^^ H,
lorsqu'il es^ parfaitement liquéfié et bouiUant f on
y scoute peu à peu la iderfiière portîoa de la pre-
mière lessive. . . ! .
Dès que le savon est cuit , on éteint le, fm v
on vide la lesrfve par l'épine , on |>uxseJa péte avec
des sewt de cuivre ou de bois , ^ oa.Ia transporte
<kns les mises ; ce isont des former de bois dont les
planches se défont facilement en ôtânf les'clefs qui
les assUfettissent* Lorsque le saVon est duk^i ^ ùïiVéH
des mises , qui en contieniient quelquefois plus <ft
«feux miiliears pesant ^ et oii le cowpe sça jpains plits du
raoms larges , Ijt I!a0e d'un fil-dejaliton ç enàuite^ôfi
pose ces pains sur un planche^, pour iqU'ils prennent
encore plus de consistance. Le savon ne doit êtj:ç
mis dans le commerce. que quîind les doigts ne s'y
impriment plus, . ♦ ^
Pout veiner le' iftVon / ftfVécîé '({ti^ôn âppelïe "ad
savon marbré , on y mêle du sulfate tîe fer : ce savon
est "plus dur et meiUeur pour le blanchissage.
'U*
•*■"•*.
a8(> CHAPITRE LXXXV.
Trois livres d'huile doivent dohnëK iîhq Rvres <îe
savon ; c'est sur ce produit que l'honnête fabricant
fonde ses espérances. Quelques hommes san^ probité
savent l'accroître en sophistiquant leur savon par
f incorporation d'une certaine quantité de poudre
de chaux , de plâtre cuit , d'argile blainche tamisée ,
ou en iui fabadt absorber , après ia fabrication ,
une très-grande quantité d'eau : mais ces fraudes
Jnfames sont indignes des principaux fabncans, qui
jouissent k Marseille d'une réputation méritée ; et
le commerce entier se réunit pour livrer ceux
qui les pratiquent au blâme et au mépris qu'ils mé^
rîtent (i). - . ■ ■ ^.
La gi^erre à porté un coup sensible' atix sâvon^
neries de Marseille : le prix des huiles a beaucoup
augmenté par la cessation de la conclirrence dfans
les marchés , de celles d'Espagne et d'Italie ; l'Itàlië
emploie elle-même les siennes, et partage celles du
L.evant: la matière première deviteftt pli^s rare et plus
chère , et le nombre deà savonneries' do|t diminuf^r en
raison de ce qu'il augmentera àGènes etdans l'Italie;
lès ports de Livourpe> de Gènes et d'Espagne, né
■Il '. < : — '. — : — L—^
(i) Pour bien connoître tout ce qui a rapport à fa fabrication
lîu savon , il faut lire l'article SAVONNIER A^LmXflncyciopédU^
dans la Collectienjdes arts et métiers, ,ti sur-tout i'ejçcelleiH tfaîté
intitulé Chimie appliquée aux arts, de M. le sénateur Chaptal. If
m'a servi de guide pour rédiger ces détails et xnicux expliquer ce
qucj'avoisLVu. - -' ....,:; J-
•> .*»»•»■'.
\ . ' \
iatssj^on^ pa$ poi:ter: à Marseille ie$ hciiles que Ion y
pourra maniifficturei'. .
Npiis^{âmes voir un autre genre de ftbrîcatîon
plus particulier à la yiUe de Marseille ; c'est celui
des bijoux 4^^ çoraii^ Je ne connpîs aucune autre
ville en France où l'on se livre ialis$i en. grand à ce
genre de travail. Le$' anciens fàisoîent xiilFérens
usages de cette substance , à laquelle ils attachoient
ijuelques idées superstitieuses j et on Teinployoît au-
trefois dans les; Gaules cQmme objet , d'orniement.
Pline dit que Jes Çauiois en paroient leurs boucliers :
il v£ut parlersans doute des Çauiois qui étoient voisins
de la Méditerranée ; il dit mêm^ que le coraiji quW
,pèchoit sur les côtes des îles d'Hyères et sur celles
de la Sicile, étoit le plus recfa^içbé, II :paroît que ,cç
genre de fabrication s'est conservé h, Marseille , ou
qu'on l'y a fait reyivre depuis loug^ temps. Les pêr-
cheurs et les marchands de corail ^avoient dédié ji
$* Eloi, dan$ l'église des Dominicaiçs!, .un autel
cjçné des produits de leur in^ustrj^. > :
Le corail brut vient de l'île de Ççr^e , de Majorque^
des côtes de la Catdogne , du Languedoc et de 1^
Provence , mais prinçîpalepient du fort de la Çail^;|i
Alger. Il se forma une compagnie exclusive qui fit
d'abord de^^grailds profits*; mafsTa~ négligence' fi^t
ensuite tomber' cette^manufàctur^e. : elle &t rétablie
4ans tout son-éclat eh- 1781. Une autre compagnie
atheta la pêche d'Afrique pour un aj^sez long espaça
:288 CHAPiTllË IXtKV.
de temps > et réunit , pour éa illettré en oeuvre tes
produits , un grand nombre d'ouvriers très^tabilèàL
Cette fabrication fut !^iiiîvie^elisuitè par la fidlÀilIe
Hemusat : iors de ià tertettr^ elle cel^sa toùt^i-fàit^
iTvais elfe a repris son activité : elle est aux klléé^
de Meiilan. M. Carâmbois en possède une' àùbfe
près^Ia pbce Monthion : ieile s^est éts^ie en.iSbaju
Ce genre d^iidustrîe est pr^ieiix, sur-^out par ce
t^ii occupe des femmtts et dès ëtliàns, pour Ibs^
<)ueis ii est ^toujours plus difficile de trouver du traî-
vail. M. Caràmboîs eût k bonté àè nous '5&îre
suivre les travaux et.de nous ië% expEquer àvècline
^trente complaisance (i).
La première pièce de l'étabKssettient èii destilTéfe
^m corail btut : les morcèiauX ies plus è'oSf fe^jplui
purs, dont les branches présentent d'agréabléè ra«-
mifîcations cta fornïent un bel éVe^tail; ceux qiu
adhèrent à- dès corps étrangers , tels (\\jte dès ihadr^
pores ou dés tèstacés de différentes fespèces ; tottt
ceux enfin qui offrent des accidens ^singuliers , sorit
«nîs à part pour être montés sur de petits socles ,
fet orner les eabinèils ; les autres morceaux sont des-
tinés k être travarBés. Nous vîmes dans fe cabinet db
iiiir
"^^
pAgc 1 17, UDC dcscriptionctrèfi-iiigréabie^de c$tfeff9ani|^tuf!eiChi
en trouve' encore une autre très-détaiilée , dans l'Almanach^ de
tacé^îngl* j ^Coiiinger Tàschcn'Kalenaîr yom Johr j/S6^
la
çffApiTR^ l:kxxv. êSjl
I» matHi^li^fe 1U1 trèi-bfau mch^ de eOr^il ^ qui
ofB*^ tuijç rÂunfoU die p Imîeukis madrépores , et que Itf
^^jt^MI ,À^i^ il WpT^Vtktii^ ^maxà cinquaate Imib*
On enlève d'abord ^ awc.uoe lime, Ja ccQÛie qi^
cmytfi le ççK^ilrjsms cette pfé$:wtioa , il (ciaietoit
fn inofi;cA\lif feH;$^'oA esâaîefioit de le coiiper : toiitet
Ifi^ brPQçhc» en sont cAsuite. partais avec ide groe
ç^aq^^ qui le« dividem kiissî ii^temjeni,<]ue le
(jlianiBDt ço^pe: te vftre. OnvcfettèiausIfisjnoEoeauli
^ omdek dtftttts; <^ux^e l'on mamncat sains et
sans . cfii;ie , 90iit,iBéi>^selQirtIett^ grosseur/ Qtaqiaft
cylindre eit ojianke > pecizé an sàoyeii d'uiie miîàm
d'ackr tt:è(^iiBe et bien trempée ; qui est mise ea
V^ouyenvtnt par mï arcbet^ : .on polit sur ia meûie de
gi;^ iQursanie^ .-ponr > les dégnï^ , les nionceaiak
forés d6'<»ttè manière, et oç liss. atrondu tm\* le»
iaîstni fouier sbr-one plaque de fdQrimiuittéeft cou»
yerte dlult sal>ii fin. Pour {es, tailler à &cettes, oq
emploie les mêmes procédés qne eûvs. des bpidairesu
\^ gr^s i eisortis selon I4 grosseur Au la. jtouieur ^
«etvem jà ibîte des ooUiers , des bracelets ^et d'antre|
gbjets de peruféc Lorsqu'on^ i^s. enfile pour éàbe des
«ottiers, ctor^ soin de mett^ les houles rondes ou
milieu , oà eUès sont plus en évidence y et de piaoef
les boules dpfanies sur les côtés ^ où on }es voit mohis.
On -estime ie.décfiet de ia. fabricaticm à envifou %
moitié du pqidsi ^esorte que r)en tJivies.de coi^il brut
4oiuisiil; nenvinul cidqaaftie Jvseslde €Ôrail façonné;
Tome m. T
Le prit du corail brut varie beaucoup ^lôn m
beauté et sa grosseur: il y ^i a cpii ne ^ut que de
quinze à vingt fiatics la livre ; et il y en a d'autre
qui en vaut cent dnquante.
Le prix du corail ouvragé varie aU9${ selon sa pu*
leté, son poli et sa couleur : tes morceaux poreux n'ont
aucun mérite ; ceux d'un rouge pâle sont les moins
chers. On distingue encore tes nuances d'après les
diffiirentes teintes du sai^ ou de la couleur d<»s mûres :
ainsi il y a l'écume de saiig , le prunier >, le second >
le troisième sang ; les mûres pAles , rociges , rouge*
noirâtre. Le talent du négociant consiste à composer
ses assortimens selon le goût des pays où il fait sej^
envois. Il doit donc savoir que les Anglon aiment
ie coiail de la Caile^ qui est d'un rouge très-vif^
et que ies Chinois préfèrent le an-ail. couleur de
diair. Le cUrecteur nous en fit voir des grains non
percés et très-piles , qu'on vend à la Chine cent
cinquante fianos l'once.
he cboik , la couleur , la grosseur et la taille de»
grains , donnent aux colliers une valeur plus <m
^moins considérable: il y eo a depuis six-francs fusquli
cinq tàits francs ; le pàx ordinaire des* colliers à
fiicettes est de cinquante à soixante fhmcs.
On fàisoit peu d'usage autrefois en France des
parures de clorai! ; elles ne sont guère devenues de
mode <pie depuis la révoluticHi. Leplul» gmnd corn*
merce s'en fai^oit dans le Levant r Constantinopie y
Mbstot^ èl t^etei-sbou^g , tliofont aUssi t>eâi»îOiip dé
Cette prédeU^ marchandise; JLés ifeitimes gï^qtt^
techerchént cé genre d'omemèi^t i et aujoimf hui I0
goût sVn* est répatidu dans toute TËttrope.
On travaille aussi des morceaux de côrafi pour être
sertis et nlontés , et servir à orner les couroiméS
des rds d'Aftiquè et d'Asie. Les Africains sur^tout
sbnt passionnés pour ce genre de parure t ii est vrai
ipi'un collier et des bracelets At coràii: siéent à âier^
teille sur une gorge et des bras d'ébène. Les mor-^
ttsxkX taillés «npoire > en ceuf bu en périe, ou siinplé«
tti&Èt «a^s comme des bâtons de dre d'Espagne ^
sont employéi^ comme objets d'échMge pour ta traite
des nègres. ~
Le directeur nbu^ montra deuit pièces de conift
encore brutes ) et fious assura que la plus gr^fide; ^
quand elfe se^a travaillée, Vaudra , si fon est assei
heureux poUr- ne pas l'endommager , dix-^huît miUd
fiancs , et que la petite sera du prix de cHit loub.
Nous allAmes ensuite voir l'atelier de M. Stamatf ;
qui a un talent rare pour imiter en liège les monu-
mens antiques. Cet art y auquel on a donné le nom
dfe phtUoptastlque^ a été inventé à Rome par Auguste
Rosatquidjescendoit du célèbre peintre Satvator Rosa.
Cet artiste « assez habile dans le dessin, conçut le
projet de représenter ainsi tous les monumens an-
tiques : il commença par quelques colonnes des ruines
cht temple dtJupk» Tanans* Sea succès l'enhardirent
T a
^t-
45^1 ÇHAP1TR:E LXXI515.
49US. $ofkmnn wû «(pp^ Cj|^£U,,dgnp^§8^ t^f i^m
Goiha et.4'fw»i9^,ySte$> NoMSf.ifewm îi çtMft rtoh
iît^ lo giiixvi .nonsl^a^ 4e hnu% ou^fuj^j iqpjft ce$
n^d^k^ ^QtA e«éf miés 4Maç t^woiffi d'ft^^^ae ^et <iGi
gi^ Il &'«st prûiçîpalement appliqué à. liiprétwuii
le^ noiiuinec^ du micii de bi Fiance, t^»; qiwi {2^ tow
d'i^;,rarc d^mngevIepontd^Q^di^kfnm&QMtio
$• Reml, les aiènos de Mîmes , &€« Malbejtiygmyiatm.
il n'a.pds Eût dessîaer ce^ nMwi»m»tiL 91 plu^^riî 4i|
ses modèles sont exécutés d'après ies gi^yu^s 46
lOoftffMCOn, qui tOQ6 tJsè^i^i9|C9<;t^. U ««''OJ;! à 4^sî-
fw cpele Gpuvérja^iniflOt «n>pli)yâ*^9itigfeni^jrto
tracttf d'une mixiiiètr^&iàhif^.mû^
musée d'archUecmre <:i9i)fi^ m» $9m4^ M-, X«éQft
Pufourny .{ I )*
■'J ■■ ' 1 ' -J J 'jw.ir j.jm; -JIM ti."i."j i,.t .. iu'T
(1): Voiçjja. Wtq 4w <^%yr9L^^ ^T^ !?4gF H4Ç .^ .Sx^^lîfTJ'^
d^éjà exécutés : !afontame en ohéWsque.k Rome,.rarç Jc^^rîompl^
de Scptimc Sévère, celui Je Constantin", !e temple de Vcsta, fé
tombeau de Néron , fc tempie de h. Tôax , fcp^^^^ik^^ tempi*
de »a Concorde, la. pyrauïfa d$ CaJils ^-S^^^ i^, Pflftte^ .^
tqmple dç J(upitçr Torai^m , Ie:F^nt,héo^ la fontaine ^a^ric^lcs
restes du tempie de ia Paix, ies restes du temple de Minerve
MeMca, les restes du tcnipiedc JunUs, le çeni^e db'Bacchus».di
Fé^i^de S. Urkiia-^ ks* jrestfis. «Lu .Fq«im\, dciiUot«{p,fl».pob
La mani&cture dé bonaet^ de tbtori teints êh
Touge iB^t atièsi digne dé i'attetitÎGilhi àSxh vtfjràgètir
curîeux.'Ces botlnets sont d'abord tricoté!;; lè feu-
trage en rapproche la rààtièféet la lait devefilf k4â^
fds souple et compacte : on le$ teiht en rbUge patfft
procédai déjà connus , et on ié^ itiét èfi pi^^è. Ces
bonnets, qu'on peut regarder comme dé siftipléis
icalottes , %<mt ûSxn usage général dans le Levahk , et
Foti en ê}tpôfie jusque dans les Indé§.
.11 y a aussi- dans Marseille plusit^rs tftfllnerië».
Le sucre fût d'abwd uh obfet de cbHimëi-cè pour ses
habitans;'ils fePtilDientd'AIexatuîrfè. Cette substance
«ntroit, au xr/ siècle , dahs les ^metis et dims lii^
remèdes t Hpârolt qUe toute lâ pi-épai-àtiéh qu^bnldi
fàik>Tt subir alors > Cotisistôit à eicprhtier le sue dé lli
carme et à le iaf sser dans de!^ vases pour lin doûtiét fe
tenijprs de se durcir. On sait que le^ Croisés ttàfïipoi-
térênt la cartne à sucre de Tripoli et rfAfèitandrîe Ai
Sidie ; qti'oïi la cultiva ensuite dans les parties lëh plUs
1 ••
Saïaro â Jeux iniîfes Se Rbme ; îa petite maison dé fi SiSylfe ^h
<TfTof}, îes restes ^tt éempte it TivoR/Ii èdmbeati de K fafcîfte
Pkitttii, prèsL d|er|a mêitlç yïM ; Turi itA troii t<wipW * P<rf-
uim, une fontaine «Je Neples, le temple de Sf oletto et Fqii^
cfevc à Ciitumncj'ia .tour, de Pise inclinée, l'arc de Pola en
fetrie ; W cfôchér des Àc<anjlièi à MùÀéttc ; \t docW de Skrnl-
Jéan et; I« inoçiûtieiit: de f^aeien calais de fuiticei Av(; fàW'it
ic mausoJee de Sàînt-femi ; ia tout Magne de JNîmes rcstaitfô^ ,
la même en ruine, la maison carrée, le pont du Gard ; 1 arc de
trioAipné érOturigé. i
T 3
S/^i CHAPITRE LXJCXV.
méridîotiales de l'Espagne,* et que de Ih'eBe'pusa ^
Madère et enfin en Amérique. Les tentatives que
Ton fit au xv/ siècle pour en natur^iliser la culture
en Provence , n'eurent point de succès ; mus les raffi-
neries qui se sont étaUlîes à Marseille , soutiennent
la concurrence avec cellef d'Orléans , de Bordeaux
«t de Nantes.
Les Maueiflois faisolent presque exclusivement en
France ie commerce dès aromates , des épiceries et
des drogues , avant que de hardis navigateurs eussent
doublé le cap de Bonne- Espérance. Ce cc»nmerce
avoit lieu alor& par les caravanes; et tous les articles
qui le composent, se tiroient d'Alexandrie. Nos
pères faisoient entrer dans leurs mets nne grande
quantité d'épices et d'aromates , parce qu'ils croyoient
par ce mc^en faciliter la digeslîcm. Ce commerce a
beaucoup déchu depuis que les . Hollandois et les
Le <^(^9iti^ce des poissoas a tonfours été producâf
pour les Mars^ois : depuis un tonps très-reculé , les
Pro vénaux savent nHuiner le ibon et la sanfine ( i ).
On fait encore ches eux un grand débit de saidines
salées. •
La manu^cture de soufre sublimé de M. Michel
est-un établissement récent* On y en^Ioie le soufre
qu'on appelle dans le convnerce soufre brut ou soufre
empierre; c'est celui qu'on obtient par distiitalion des
pierres des environs de FEtna ou du Vésuve , et de
la Soifatara près de Pouzzol en Italie. On le fait
fondre à un feu doux dans des chaudières de fey>
dont on recouvre la surlace pour empêcher rinflani>*
mation : les knfoiretés se séparent et tombent au
fond; quand elles sont bien déposées , on coûIe la
matière dans des moules de bois pour en former
du soufre e» canon^
Pour avoir le soi^e en fleur ^ on pkce en dehors
d'une chambre , sur un fourneau , une chaudière qui
est recouverte, de deux tuyaux particuliers ei^ maçoi^
nerie^dont Fextrémité donne dans cette chambre:
le soufre s'y dépose sur les mu|s y où il forme une
couche as^z épaisse ; c'est ce qu'on appelle fieur de
soufre es soufre sublimé.
Nous vîmes dans la rue Sainte une m^mufàcture
de fer battu qui mérite Tattention d'im curieux; elle
(i) SuprÀ^ tome U|,p. 488*
T 4
\
appirtîqîtsu sieur Marin ^ sefnu^' et bOlAigBte :
cet ouvrier higénîeur fabrique ^ sur <l«5 Unfîes de fèi^y
Aei baâ«>rdiefs et dts omemend st bJ6ti exécutés,
•qu'on les crbirôit fondus et réparés i l'outil^ faiidfs
qu'ils ne sont que battus et repassés, comme dé
torfévreriè.
On prépare atisit î Marseille du sel 4è Saturne,
du vitriol bieù et de la crèm^ dé tartre ; il y a des
filatures de coton , des manufactures dà on le teint »,
sinsi que le chanvre itlé ^ èil fouge dU tfd bleu. M. Vé-
rany fabrique des toiles avec des brins tfef sparte seuls
ou mêlés avec de la laine ou du cdtoh ^ et il en fait
des cordages qui reçoivent le go«dmtl. Oît fbit, dam
cette vîHe, des creusets aussi bôtis^^ c^îc d'Alle-
magne', on y prépare très bien les peaù« d'agneau;
on y fait du maroquin qui imite , mais tônfours impar-
faitement, celui du Levant. II y a, comme dans
toutes ies grandes villes , des fabritarts de cire , de
poteries et de diapeaux i ^activité «ë développe de
fDtite manière ; et l'industrie manuftèturfèrè tépare ,
autant qu'il est possible, les pertes qu'éprdUVe en ce
moment l'industrie commerçante.
•
25,7
CHAPITRE LXXXVÎ.
Rsi.IOTHi<rDE. «<* Calibtt â'hf«t«ke naturelle. -^ Cof-
Ucûont {MU'ticvlièrei. -»^ Jairdiit bôtaniqucé -^ Envi-
rons de MarsdUe. ««- Eygaladfs. ^.— Tapiisc m sing^
iière. — - Château Borelly. — Jle».
J'ayois visité tous les monumens publier ^ fe§ màr
iiu&ctul'es et les atdiets : il ne me restôit plus à côn-
nottre que ce qui pouvoît être rçtiFernlé dans là bi-
bliothèque et dans quelques collections jpàrtîçulièrès ;
et mes amis voulurent bien me servir de guidés.
Labibliothèque publique renferme plus dequatréf
vîngt-dix mille volumes. On y tf ôuve les grands corps
d'ouvragés les pïus împortans ; oh y compte plus
de deux mille manuscrits (i).
Le Cabinet dlîîstoîre natureflé, formé en 1803 ,
par les soins de M. Thibaudeau , des débris des
cabinets de FOratoirè et de rAcadémie, est dan^
(i) La plupart sont fè fruit du loisfi* tks môhns^ ièi traitetik
4e Im théologie^ il y en i près dé troii cents c(ui traitent dé là
iogique» dé là piiileiophie tt de là thétàriqvit, mais à fà'mâhSèrë
det écrivains scofastrqiies > it ifS né sbnt d'àucuhé iinportàiîcè.
Lci manuicrits les plut curléw^ que eet Iftàblissement pbisMeV
sont deux belfes Bibles latînét èû XiV.^ sfècle, très^bfcH éafitti,
avec des variantes et del Séoiîes tn^ginafés; une béife Bible
bébraipie ; un Dictionnaire Irabé et latin ; kièuhiï êe S. Ànséihte;
psHes de S,Boâa^fniutt : les Côrdellà^ / qUî éohservbîént céHéSii-
â, les regardoîent comme aDiogrqyilei. E}k6% sont» en éffo « dd
r
v
2^ CHAPITRE LXXXVI.
un assez mauvais état : ii y a de tottt ; mak l«s
suites ne sont pas assez complètes pour qu'on puisse
dire que ce soit une collection. On y voit le cro-
codile du Nil, celui d'Amérique; un très^grand
de^in /Boû constrlctor J , des diodons, des tétrodons ^
de^Gonmx, des madrépores, comme dans tous les
cabinets : mais ii y a peu de pièces qui méritent
d'être citées.
Depuis S|X)n [ i ) , tous les voyageurs qui sont venus
à Marseille n'ont pas manqué de &ire mention d'un
homme attaqué d'une hydrocéphale , et dont on con-
servoit le crâne chez les moines de l'Observance. Ce
crâne a trois pieds de circonférence , en mesurant la
ligne horizontale qui embrasse le front et l'occiput.
Cette tète devoit paroitre encore plus monstrueuse
lorsqu'elle étoit charnue et cheyelue. Cet homme ^
mort à quarante pu cinquante ans, se nommoit
SQrduni{z).
Xin.* siècle— Le roman de Giron le Courtois, — II y a un Tliucydi^e
grecj^^i paroiC être du milieu du XV.* sfècfc; f^gnorc s*it a été
coilationli4 r-*On voit oicore uiie Motion d*un voyage aux Cana-
ries, par le P. Plumier; (ix volumes in-MÀoà' Observatioris astrono"
MÎ^ues, par le P« FEuatÉ; huit à di^^ veiQnH» in-4.^ du laborieux
Fierre- Joseph DE Haitze ; une assçx bonne Hisioire littérasK de la
ville de Marseille, écrite en latin , sous le titre d*Ashenaitm Mms*
silietue, par le P. ARTAUD , de l'Oratoire.
{ I ) Voyage d^ Levant, tome I , pagç 13.
(a) Cétoit ime espèce d'imbécitie qui confîrmoît le proverbe^
grosse tête, peu de sens. Le peuple de Marseille dit géncraiement^
en parlant d*^un idiot: Ap<ifmat di sen fuéBordunL ■
L
tf^^H&...Ji^
. CHAPITRE , LXXXVÏ. 1^
La collection des coquilles présente peu de pièces
nres; on y voit des moules vertes (i), dont une
colonie étoit venue momentanément habiter nos
mers : un groupe de ces moules fut tfouvé adhé*
rent à la . carène d'un vaisseau qui avoit séjourné
long-temps dans les mers d'Afrique ; on jeta cei
coquillages sur des récifs qui bordent la citadelle à
l'entrée du porf , et ils s'y multiplièrent en peu de
temps. Les curieux les âisoient rechercher avec soin
pour en orner (eurs collections , et ils en ont enrichi
tous les cabinets de France* L'un de ces curieux
marseiliois , M. Bçugon, fut jaloux de s'approprier
exdusiveçient ce trésor ; il fit faire plusieurs pèches
générales de toutes les moules vertes , et il en fil
ainsi disparoître l'espèce , qui n'avoit pas eu le temps
de se répandre hors d'une çer^taine enceinte de
rochers appelée la Réserve.
La cc^iection des minéraux n'offire rien de remaiv
quable, si ce n'est une collection géologique de la
Provence; l'on y voit un assez grand nombre
d'içhtbyolithes des carrières d'Aix , qui ont beaucoup
de rapport avec les pétrifications du même genre
des montagnes du, Véronois (a). IJ y a encore un
droguier assez complet ; mais il auront besoin d'être
renouvelé.
(;^) Infri, chap, xc.
Ll^^ j" *-. k/
b.
^M> .c«Ai*îtRt: LXXt,1rh
• La côIieqtrtM$ de^ mëâàflies n^ésf ct>Tht>d^éè *que
^e médailles latln^r il y «i a peu ^ui (TiWtèni d*ècrfe
i^tnarquées : la cdHéction d^s médûillès d'argent à
disparu pendant la tit volution. Il reste cependant uiiè
assez jdiè suite de médaiUe^ tnarseiikri^fes. M. FàUfXs
de Satnt-Vincens le pare en atoit fait hdmttiagë k
facadértiie ^ et son fils a promiis de lâ Cromplétet*.
On voit aussi quelques bronzes i qqelqtié^ idoles
•t ustensiles antiques ; la plupart ^ant dès ouvtàt^
égj^dens. On y remarque un assez beau busle de
Sérapid, un Cânope^ une Isîi chargée d'hiéro-
glyphes , et une momie d'enfant,
Marseille ne possède donc poîht de collection^
littérahres dignes de $a gtandetli? et dé ^a richesse ;
il n*y a pôut tàAt pà^ de viHe qui solt iHîëùx ^éè
jK)uf i'en procurer. H ftudroit ^ulértieftt que' e^^t'-
ques négocians , zélés pour ïa gloiî^é et le bîeh de
leur p^rie, fissent dès fohds pour rèntrétîèii ^un
teftdin nombre de jeunes voyâ^urt , àuiqdels Ift
ttrôgrtlânè et lès tonsuls |irocUrer6iént toutes lè^ fr-
utilités h^ceisaires : les uns îi'oîfenl dans le LeVam
titachér à Kgnôrance des Turcs et à rînsoudkrtcè
€és Greci feàl inscriptions , les ihédaiHeis et' tous
les nlôhumens qtri peuvent îriitéres^f les arts où
éclaircir l'histoire ; d'autres en rapporteroieiit dés ]f)rd-
ductions naturelless L'immense c^>n«»pendan€e que
la paix va rouvrir au commerce de Marseille > luif prc-
cureroit les productions de l'Asie, delà Syrie, de la.
-"=^°"~°"~"' ■ ' "T
chapitre; L3f5fXVl. ^Qi
iQarbariç , de l'Egypte , de la Per^e , de i'Aipéric|ue ^ de
rilspagpe, de i'^Ue, et du nord de J' Jlurope. lien-
i^etien de ees voyageurs coAtefoit p;eu de chpse suif
les vaisseaux que le commerce expédie tou$ les. ai^^
Vqxxj stimuler sur ce point i'aiîiQUr-propre des Mar-
se^pis ^ il fau^dçpit ppvt-êtte ,p)iii4re ^u cours d^
^gW^f^e que le- QQ^ver^eipent; vient d'étal)ljuf
^hez e^y;.^ i\a€^ école ^péci^Ie QÙ l'on enseignât, aus4
le grec ancien et niQdernq ^ ^ Thi^toirç uatujjellej
AI, Ç9i%t„fsipJM^bine,quf^^^^^^
9». espè>:e de mj^tt^, ^^.e. fSç9?.^9'^?J plaçé^ mlr-^
à^- propos p^rmi Jçs, mpwnisçnô j^tjcjuçs' de , iyj^ï;-^
^ille ( I )fa II a ^ussi ui?e futie t;êtç ei> m?jhïe , aui^
dessus de laquelle on Ut le vfXQX ^^0fr/f ; ip^is. if eff
iifipossi^Ie d'jr re^onnoftre, coi|im# Tqiit 6iit qi:{el-
quesj antiquaires, l'iin^ge duipiî^datgu^ ^ M^ieil^a
c'est une fig^^p^d» ÇiffsfcWi^^W^^ ^^- '
Chez Mv CwjppM, ru« des Not^^^/.JfJHs^ VW^
* . 1 /
> 1 «• I ,f j
CVS FILIO.
D ^ ^ M (2 ) .
.J
' i^ Anti^uhés tk MtmeHk, ph xrîtr, Ti;*^2r;
(i) Cette inscription est aujourd'hui clans^^UJ^ofi|OSI^ ^^^
pagned€^dp,5iaii^^-JgflÇCi^iàj§?ii«,^Jlt^^ : ,}
V . l •
^
362 cnkPîriR.t txxt'^h
La forme des h, de quelques-unes des M , Celte dô
quelques T, et la manière dont toute cette Inscrip-^
tion est figurée , prouvent 4^'eUe est du lil.* ou
IV.* siècle de notre ère.
M. Rostan, dont fai déjà eu occasion de pair'»
1er (i)y nous montra ^a collection de médaille^ ^
parmi lesquelles il y à mille à douze cents HiédaîIIës
grecques, qui ont te mérite d'avoir été recueillies
sur les lieut mêmes auxquels elles appartiennent.
Nous y remarquâmes une belle suite^ de médailles
d'Athènes, parmi lesquelles celles de bronze pré-
sentent plus de soixante différeiîces j noui y vîmes
jj^Iusieurs beaux médaillons grecs et la curieuse mé-
daille du roi Brogitarus , dont 11 a publié loi-même
ia figure et la description (2).
La veuve de M. Gautier nous fit Voir uil médàtl-
fier , dont elle a traité depuis avec 5V1. Millingen , et
une collection de coqutUéè Itrès-bîén choisie.
' Nous trouvâmes chez M. Roux un bas-relîef grec
que j'ai fiiit copier f pi. LXl,n/ ij. Il représente une ^
femme vêtue d'une mnique et d'un grand manteau ,
€{u'eUe retrousse d'une main i tandis* qu'elle élève
l'autre mahi daiis l'attimde de quêlqu^uh qui pro-
nonce un discours : cette figure paroît colossale
auprès de deux petites prétresses , dont l'une tient
'W'" ]^'VT' '■' 11*1 ni |l^ l|i |l||, j Mlll il.^lll,
f
<l) Jj^lfi/ p. 277.
{%) JUagmin enc/dûpétli^ie , «n.lV| tome V> page 4^0*
un ibmheàxx^ et l'autre un vase de parfurtls. II est
aisé de, voir y par la grandeur du flambeau , qu^il
apfMurtiem à la figure principale , et non pas h la
peéùt fiUe qui le lui présente. Nous pouvons donc
feçonnoître ici mut prêtresse qui parle au peuple ^
pendant que deux de ses jeunes assistantes tiennent
le flambeau et le vase de parfums dont elle doit faire
usige^ Il ^t probable que cette pierre ornoit le
tombeau d'une prêtresse à qui la reco^Missanoe
4u peuple a ofFéft ce monument. Le itiot^ dfmos (ly
[ peuple] , inscrit au milieu d'une couronne , semble
siitoriser cette expUcadon, La nature de cette cou*
riwne , qui est de laurier , pourroit faire présumer
^ec'étoit une prêtresse d'Apollon ; mais on ne
peut former^ sur le Dieu qu'elle servoit, le tempf
wquçl elle a vécu , et le peuple par qui ce mo^
nument lui a été consacré , àtioiine cmijecture
lïûsonnable , sans savoir d'où ce monument a éfè
apporté.
Nous vîmes encore ^ chez M. Barbe^ih , un bas*
relief parfaitement conservé , qu'on r^lutioît colijme
antique ; il représente trois hommes armés, debotlt^
ift paroît être de quelque maître italien depub
1^ restaucadon des aris. H possède aussi ^elques
tableaux.
M' Graitet, dors maire du Midi, pbisède un E>eao
(l) AHMOS.
lA '.jW^Br.
X"^' ^.^'«?— *- - ' *-' v/
grpupe rn ^rl^ro^ge, r^éiéhtfiif un combat
<j['uA taureaa « 4'un lion (pirnshâ LIJ(, fig'j)*
lypus^ ^f^giis atMr$i ^^ve qndquès . exciinhB»'
4am I^ envirops 4$ fo viite* Nous alU^es d'aiK»4
au farc(ln.l>otdnicp0, II e^t litn^ au bord d'one fsimcfr
slvi^re, \ }'e^uimit4 d^ {à promenaife h plus fré*-
qvtçntéç d® ]iÏ9r$«Uk< Son ^poshkat est uài<>£iVo«'
Yable, ef foi).4lfadie proportièàûéeàia desdiiaif^it»'
Un çan^Ji d'^u couranu le trimr^e dans sa Ion»'
gueur» et alinie^tie ^ix bassina cfistribués de npon^èM*
à facmter Ta^rpsage*
, \j^ Htim^t réunit ce . cpic est néce^^e potir la
i^ops^rvaiioi}. d^^ plantes çt rétade de:Ia botanfqoe.
Une grandci ^ire* occupe toute ia: partie antérieuvf
(^ujre^'de-Ghi^ussée : on trouve, au premier étage/
une sa)|e ^'^s^mblÉ^» une petite bibliothèque, un»
$aUe de d^moniAralio^ ; et dans le surplus de Tédi*-
%$ 9 de$ i^Çigfinens et c&verses pièces appr<^iéai^
à la culture du jardin.
. . yne;gai$rÎ9^ attSeioMit au mur du nord de la serre ,
fpj^ )^s 4tui( ailes A\x bàthneialy ètabik une jcom-
maEÛi^atîon fn^^e dei bgemens aitx cadres àtt fpur-*
9fî^MUC» qvi.$olit parfaitement c$speiésy ahisi que( lés
induite 40 la tannée; >^t Don a si bien cafcuié foutéâf
les proportions de la serre d'après l'inclinais^» ^
ip)f^ ^ quci ^aimo^iftièfe y est toujours % on de^i^é de
chaleur CQnyenable. ^ -^- -
Il règne beaucoup d'harmonie dam tmite ^e)te
composition ,
CUÂflTkE LKXXYU ^Cf
éainpûsition , qui porte d'aiHbprs uii caractère frap-
pant d'élégance é^ éô simpliste. On tCj voit point
d'ornemon^ superflus ; la sculpture a été réservée
^iquemç^ poi^r Je^ chapiteaux. L'architecture. est
d'un style pur et gracieux : son auteur > M. Peil^
chaud ^ semble avoir prfe pour modèle les maison^
de plaisance d'Italie , qui se dessinent d'une manière
si pittorescpie sur le paysagie.
La statue de maAre de Flmpératrice, auguste
protectrice de ce jardin ^ ser^ placée dans la serre,
comme dai)s.ua temple qui lui est <;Qnsacré ; elle sq^^.
blera y veiller à la conservation d^s plantes précieuse»
dont elle a dessein d'enrichir la France , et garantir
par sa puissaotf» influence le succès d'un si grand
Men&it. ' •
Cet établissement , qui est entiêtemênr dû aU3r
^oins de M. Thibaudeau , a reçu, à juste titre, le nom
de Jardin de natumiimtiMé II est destiné , en efièt ,
à naturaliser les plantes qui pourront s'acclimater dans
les départemens méridipnaux ; elles seront ensuitq
distribuées aux personnes les plus instruite^ «a
agriculture ( i ) . ' *
(i)Pami! celles qtd y sont naturalisées , on remarque VEfééèdni^
drum drgdit, joli arbrrsseau tmifouti vert , et qu? ^rbAiFt M ff âîl
^ane saveur addule fômgréàWe : cette plante a paisé fcs défi
nîcrs hivers sans éprouVcr htVlmoîndre altération. Dtvei*s âùtltlj
végétaux y |ouissent du même avantage , tels que \ti Mijàèsd-
àtborea, — hucocephâU, ^tùphanthà* Arbutûs ortdrâcjie: €inàontA
, Tome m. V
• *'.'» • ~i' ' -t,' %-/
^06 CHAPITRE tXXXVIè
La botanique est la science des» âmes douces et
sensibles i Tbnpératrice en fait «es délices ; elle a
^■te
siihua; Artemisia arèorescens^ Justifia ddathoda; Olea fragransf
Diospjros htus , — kakii Phaseolus caracdliai Psidium pjriferum ;
Cobea scandens ; Yucca gloriosa / Aîelaleuca hypericifolia , —
Wjrtifolia; Cassia tomentosas Fuchsia coccinea; Verbena triphyllas
flJespilus japonica : Datutaarborea ;\ts Meiianthusmajnr , — miuor;
Anthyllis Hermanni, — barba Jwis, Nous remarquâmes une colicc*
tion assez considérable de rosiers , parmi lesquels on distingue les
Rosa divtrsijolia , r-^ sinica; plusieurs belles espèces de liliacéest
telles que îes Amaryllis bella dona, -^ formosissima , — lineata; les
Omithogalumcaudatum , — arabicum; Mor€achiHensis;Sisyrittchium
itrifitum; Ferrariauttdulata, &c
Presque toutes ces plantes fructifient déjà , et offrent Tespoîr de
pouvoir être naturalisées dans les départemens du nord de l'Empire.
Les végétaux renfermés dans des serres sotit de (a plus grande
beauté par kur taille gigantesque. On y voit un Euphorbia tirucalii
de plus de trois mètres de hauteur; un Aletris Jragrans , aussi haut»
ainsi que plusieurs Ficus, tels que les Ficus religiosa, — benghalensis i
Achrassapota ; Coffea arabica ; Cesalpinia sapan ; Brucea ferruginea ;
Morînga nuxben ; Eugenia utiifinta ; Musa sapientum , — paradi-
siaca; Carica papaya ; Solandra grandi fiora; Laurus persea ; Ame
mum lerumhet, — jingibn; divers Mimosa ; un Ficus de la Nou-
velle-Hollande, en fleur à présent; Murraya sinica; Phytolacca
dioica: latropha curcas, — muUifida (ces trois plantes fleurissent
et fructifient annuellement ) ; Citharexylum quadrangulare ;, Plu^
meria rubra; une collection de plantes grasses des plus «omplctes ,
et dont les individus qui la composent se font sdititrer par leur
volume. Plusieurs de ces végétaux, qui n'ont encore fleuri i^e
trçsf rarement en Europe, donnent annuellement ét$ fieuit :
on.j distingue les Crassula portulacea , ;— cotylédon; Staptlim
variegata, — hîrsuta; Portulacaria afra ; Cactus monstruosus, var.
du Cactus peruvianus , — grandi florus , — répandus, — spinosissimus ,
T^ çyUndriçus ; ce dcr*^' ** Heurit pour la première fois^ et a prêt
CHAPITRE LlCXXVI. 507
imrichi ce jardin d'une collection nombreuse dé vé-*
gétaux rares et curieux de la Nouvelle -HoUandé*
Ces plantes y puissent d'une belle végétation ; plu-
sieurs s'y multiplient par les graines qu'elles pro-
duisent ( I ) ; elles promettent aussi de réussir en
pleine terre (2). Le lin de la Nouvelle -Hollande
paraît devoir s'acclimater facilement dans ce terroir,
et pourra fournir un fil fin et tenace. Il faut espérer
que les Provençaux le cultiveront mieux que l'aloès ,
<h>nt ils ne font, aucun usage. Du reste, toutes le$
plantes de la Nouvelle-Hollande végètent à mer-
veille , et promettent les plus heureux succès.
La direction de ce jardin est confiée à M. Lacour , >
qui cultive depuis long-temps la botanique par goût ,
et dont les serre», que j'ai aussi visitées à une lieue de
la ville, contiennent une coliecdon très^précieuse.
Nous allâmes voir ensuite Eygalades ou les Eygar
l-ades: c'est une des plus agréables bastides des envi-
rons de Marseille , ainsi nommée à cause des eaux du
Biaud dont elle est arrosée. Nous y vîmes une tar-
pisseik singulière ; c'est un tissu de soie , d'or et
irf^i
lk 4cux mètres de hauteur. Toutes ces belles plantes, par leur
riche végétation, embellissent ces serres r et nous retracent l'image
du printemps au milieu de Thiver.
{1 ) Correa alba ; les Mimosa longifolia , — strtcta , -r- suaveolens.
(a ) Antholoma moHtana ; Ceanothus africanus; conchyum rubescens,
« — ladfolium, — pinifolium, '^ fpiculosum ; FabrUia lapigata,^^.
&c. Malpighia coccifira,
va
^b__aH.
308 CHAPITRE I;XXXVI.
(Targent , travaillé à faiguilie. Cette tapisserie est haute
de dix pieds quatre pouces; sa largeur est d'aiviroa
douze pieds et demi* Le maréchal de Villars Tavoît
achetée à la vente des effets du duc de Mazaria ^ qui
la tenoit de 3on oncle le cardinal ; et il ôst probable
que celui ci l'avoit apportée d'Italie. Leduc de Villars ,
gouverneur de Provence comme son père , avoit
acheté à vie le château d'Eygalades ; il y est mort , et
^ laissé cette tapisserie à M. Mestre d'Eygalades , avec
tous les meubles qui ornoient le château^ Elle a été
acquise depuis par M.* de Barras , propriétaire actuel
de cette bastide.
Lçs tapisseries ont servi long^temps à conser-
ver des souvenirs historiques. Il paroit que ce
sont les tapbseries médiqués , persanes et baby-'^
Ioniennes, qui ont suggéré aux Grecs l'idée dû
plusieurs animaux imaginaires. Les pipli qu'on
exposoit dans les grandes cérémonies , étoient àe$
tapisseries sur lesquelles on brodoit des mythes
entiers , c'est-à-dire , des histoires complètes de
quelques diaix ou de quelques h^&/ Tel était l'ou*
vrage auquel Ar^chné et ses smurs étoient occupées^
lorsqu'elles furent punies d^àvoir osé comparer leujf
talent à celui de Minerve. On suspendott de riches
tapisseries ainsi décorées de sujets historiques pu
religieux, 4ans les grottes sacrées, dans l'intérieur
des temples, et devant les ouvertures des portes^
Dans le moyen âge , l'usage s'est peipétué de
>Jï- V
conserver de la sorte h iriémoir e 4^s gnoids évé^
pemçns. Le monument le plus remaïqu^Ie en ce
geitre est h célèbre tapbseiie <jiie Von conserve k
Biiyetuc, et que la reitie Mathîlde exécuta atec ses
^Qimes:) pour rappeler la conquête de l'Angleterre
faite par son époux GuJHaume de Normandie ( i )•
On pourroit citer beaucoup d'autres tapisseries histo*
lîcjues moins importantes » mais dont les sujets né
sont pas sans intérêt, et qui peuvent servir au moins
^ faire connoître 1 état de Part diK dessin à fépoque
eu elles ont été Êiites.
Depuis mon départ de Marseille , M. de Saint*^
Vincens a fait dessiner la tapiisserîe tfEygalades : il
a cpnsulté plusieurs savans dé Fretice et dltalie ; il
m'a communiqué ses propres idées et lès leurs ; j'y ai
joint If s rai^nnes^ et l'explication que j'en vais donner
est {e résultat de toutes tes observations réunies.
Cette tapisserie (plane/te LXIIJ n'est formée que
d'un ^seul tîs^u ; mais elle est partagée en pliisieui^
çottipartimens*
-La principale scène est dans le tableau du miiiett.
Sur un trône formé et orné à la manière gotbi^pie ^
iPiA voit le Maître du monde as^is , revêtu d'urne
chape y et ioiffé d'un bonnet m forme de tiare,
r
I , î » ■ '■
f ' '
(i) MONTFAUCON , Afojiuftiefts de la, Monarchît française ,
MMkÉ
lié CHAPITRE LXXtVTÎ
jmb entouré d'une seule couronne. DeUr àngei
sont à genoux aux côtés dû trône : f un tient tui ih ;,
l'autre une épée. Deux autres anges étendent der.-»
TÎère le trône un voile qui semble lui ^setvir de
£:>ml. Le Tout -puissant bénit de la main di^ite un
ïîvre ouvert qa'il tient dans ïk gauche; et où sont
tracés des caractères informes. A ses pieds on voit
h, mer, et un peu plus loin I4 terre avec des
arbres.
- Al}- dessous et à quelque distance du trône , il
y a un grand nombre d'hommes à genoux. Cette
troupe est divisée en deux bandes : à la tête d#
celle qui est à gauche du spectateur , on voit un
pape coiffé de la- triple tiare; à la tète dé celle
qui est à droite, est un empereur vétu d'une longue
tunique et d'un long manteau ^ et qui porte une
couronne fermée. Derrière le pape sont deux car-?
dinaux , un évèque en mitre , deux prêtres ëij
chasuble ou en chape, des religieux ou reîigî^ses.
Derrière l'empereur sont dix personnages dontjân a
la couroime ouverte sur {a tète ; lut seiil a une {ongue
barbe^'. - ^ ' ^ *. "
La partie' de la tapisserie qui est â gauche du
specfâteur , est divisée en trois çompartimens et re-f
présente trois actions.
La plus basse , qui est la plus grande des trois ,"
paroit représenter le mêmç çmpereur que l'on a vu
à genoux dans ïç t^JDjeau d^ milieu : içt il eçf
; CHAPITRE L^XXX VF. 311^
debout^ 3 porte fin sceptre dans la main droite, et
îpose la main gauche sur sa poitrine : derrière lui
sont plusieurs personnages ; à ^ c6té , un peu en
arrière , un homme coiffé d^iine calotte rouge tient
à ia main un bonnet couvât de broderie. Devant
{'empereur est une femme à genoux, que plusieurs
autres femmes'accompagnent. Au-dessus , un homme
et une femme se prosternent devant une image de
ia Vierge , renfermée dans un petit cadre rond , et
qui leur apparaît dans dei nuages. Cette petite scène
est séparée par un pilier qui porte une insi^ij^tion
gothique. î '
La scène qui occupe la partie la plus élevée du
côté gauche y réprésente une forèt ou un bosquets
Au fond, à droite , entre les arbres » j^roît un per*
ioiïnage dont le corps est enveloppé d'une draperie
Irouge; il a sur la tète un bonnet ou chap^âU qUa
Pon voit soùv^it répété sur cette tapisserie , et sem-
blable à celui que portoient Loiûs XI et le roi René j
il a Wn de parler aux personnes qui viennent. En
face de lui est un jardinier , qui a lé pied appuyé
sur une bêche ^ et qui porte pour chaussure des bot*
tines de couleur noire* Celui-ci se retourne, et sou-
lève son voile ou sa capote pour voir les person-
nages qui arrivent : il y en a sept derrière lui , qui
sont vèttts de robes longues et coiffés de diverses
manières.
La punie à droite de la ttpisserie peut être
v4
«ubdivîféiî «n ^ix ^çtianf. OUôf^tfwtiJtsï qui af h
pl^s d'étendue , représei^te p^. f|rki(Çf ^ f>oite siur
ja tête unç couropi^f puveifl0ci^t qui îi a^tc^ui di|
cou. un Jarga ^snaailî^hertnine^ «wp^el tient ihi
long marn^au s il qf&e un an^ew* > me |>rioceM0
qui paroît assis^^ Cette princesse naps^i um cou-t
roRPei^lIea $ur Jefaira^ gwch^ ui^ ^ic^rwiil qu'frfle
tient ewh^w^* 1^ ^uqv^ elle d(mm ^ hm^
droite un pf^t ^Eruîtf.yert. A $e^ pieds ioa* uoM
jeunes enfkm , sans .doute des piigfi»^ donl les
culottes, \e^ bas et le^ soulic^f ne iiçtr|Tif|it ^'une
seule .pièce ; sorte de vêtement dont on fkisoit
H$age dans Ï6 xV/ sii^Ie et ^\^ c^nlinei^e^ioent ; du
jçYî/ Derrière te fJ^ersonnuge cmmr\fm\ a» voit
troi$ bonlmes qui oftt Vm d^ s'pa^reltnir îavec iot
térêt : le^ premier porte la barbe; te «fjçdnd a f^it
tonsure teïle qw h pottoient fes écdésiastiqiies et
, les religîeïix; le troîftième a leàicbe^eiix pendani
et la tête couverte d'un bojtinet p«iu?ché; il appiâé
$a main sur li fomm& du ^ras.^ de h chaise ùbx dis
trône du prince. , . *^ :
. Au haut de. cette scène , oii ea f ertiar<|u« troii
aiitres; mais on <firoit que dans celles^ les p^xsmH
nages sont placés dans^ des trifaunos pratiquas: ^ali
haut de l'appartement où se célèbrent Jbes fiançailles
du prince et de la princesse. . ;
La première de ces tribunes, à gauche, cobw
tient quatre personnages : une fanHie, en pc^àire
4e $uppfidi|te:«st deyant «n pritice tourotané, qui
^ un sceptre 4ar)s la m^in giwite ; un des dtux autres
p^sonnagje$ n )ie$ ch^yeiit hmg$ et lè hôimet pelu-
ché^ Daris ia tribune du milieu , trois personnages
ont Tair de s'entretenir de ce qui se pâise en bas ;
il yz uim hmmt parmi eux : au-dessus de i«ùr tète
est un écusson dont ia partie supérieu^re 9e terminé
en poinfe ; il porte une inscription gothique.
Xja troisième tiitone renferme aussi trois person-f
fiag^s dont h codVersaûoii paroit animéec
A droite ^^«au-rdessus des scènes que je viens dç
décrire y ^oa remîirque deux acdoas séparées par un
j^Iier.
:Dan^ la. pt0nlièr^ , une femme qui occupé le de^
vani de la s<èn0 ^ ai les bras étesidusxemme une per««
^opi^ ^r déclame; derrière elié sont des femmes f
dont Tuni^ a Tair d'écouter avec un intérêt plus vif ^
ce groupe est composé dé huit personnages , parmi
|^<|u^s ilit'y t qu'un homme. La seconde ^ action
préisente une table couverte d'une large pappe dont
le bs& est bïodé i cette taUe occupe tout le devant
du t^Ueau ^ ^i,esjt^beducoupTHoiaslai^ge que le pré^
çédeiit ; eUe est chargée de deux flacons , tfiui vase^
de^ (juelquesi fi^ixpes, et dst plusieurs mets. Derrière
19n^ assb deux personnages ^ dont un est; une fëmtM
ffii\(k ra|r de tegardel: la scène qoA se paise à e&ié ,
et d'y* prendre part ; et l'autre tient un bras étendu^
vers le coté exposé. " .
\
5l4 CHAPITRE LXXXVI.
Les séparaticms des grands tableaux sont formées
paf une espèce dfe portique soutenu par dès pHiers
gothiques à plusieurs angles : ces piliers supportent
des statues de saints qui ont sur la téte^es dais élé*^
^gamment décpupés. ' ^
' Tel est le monument curieux qui avoiit éfé acheté
fort cher par ie raajéchal de Villars, que le duc son
fils conservoit avec un si grand soin, et auquel il
prenoit tant d'intérêt , qu'il tfoii fait arranger Je
principal appartement de son château d'Eygalades
pour l'y placer^ Cette tapisserie dèvoit avoir un
grand éclat dans sa nouveauté ; elle paroit encore
très-riche : l'or n'y est cependant pas prodigué sans
goût; il n'est répandu que sur tes hat>its et sur les
ornemens. Les figures sont mal dessinées ; mais
l'ouvrier a cherché à en varier les traits et à saisir les
ressemblances. Le duc de ViHars , homme d*esprit et
fort instruit , n'avoît probablement pa's pu en. deviner
le sujet , pui$qu'aucun de ceux qu'à admettoit à sa
société n'a pu l'expliquer.
Celte tapisserie est certainement un des Ouvrages
feits à Arras dans lé xv.*' ou le xVr/ âècle. Ce fut
pour cette manufiicture que Rapbaôl composa ses
cartons : mab les incorrections du dessin d^ celte-ci
annoncent qu'elle est antérieure au tefr^psde ce grand
peintre , et que les ouvriers n'ont point eu^ pour la
travailler, les beaux modèles que firent exécuter le^
papes Jules II et Léon X ; elle doit donc être rapportée
CHAPITRE IXXJCVr. ixf
un milieu ou à la fin du XV. " siède.' Le nom du fabri-
cant est brodé efi bas, où on lit ce mot à gauche:
VCTAVIANUS.
La scène dû milieu représente une invocation à
Dieu y et en même temps une yrtion de grâces
solennelle faite par les principaux personnages de
l'Europe. Uhistoirê d'Esther ôt d'Assuérus, figurée
dans dés ccnnpartimens qui régnent autour ^ doit
faire présumer que cette scène du milieu a rap^
port à quelque grande calamité qui a menacé les
chrétiens^ de même que fa nation .juive avoit été i
la veille- d'une destruction totale au temps d'Assuérus
et d'Esther, et que c'est pour célébrer une délivrance
inattendue 'qu\in des princes <jui y ont contribué K
fait exécuter cette tapisserie. - n
Peut-être cM-çe en Mémoire de ^expulsion deâ
Maures , effectuée, en 1492. , psff Ferdintand et I^'i
belle, représentés sous les traits d'Assuérus et d'Esther f
peut-être est-ce à l'bccaston de fa grande victoire
remportée, eh 1 4^5 6 , par les princes chrétiens , sous
les murs de Belgrade. Constantihopffe avoit ^té prise
quatre ans auparavantpar Mahomet II , qui menaçoît
d'enrahir la chrétienté. Les traits de Frédéric lU et
ceux de Çallîxte III, qvii régrioient en i4î^> ^^^^
viennent assez ^ l'empereur et au pape qui sontrépré-i-
pentes dans le tableau du milieu.
Quoiqu'il en sdit, voîci Texplicatiôn que l'on
peu^ dpnner df$ diâférent^ scènes qui sont figurées
f- \*
d&iiis let compartînlens qui luî setveAt comme d'en-
tourage.
Toutes ont rapport à l'histoire d'jfcthfï; les deux
hucrtptiens gotiques qui sont ^'imekdroite, l'autre
à gauche , l'indiquent assez.
A la drtâie d« spetiatear , le, grand tijileau le-
pr^ehtç le mariage d'Assuérus et dXstAer. II y à
au-dessus trois.petites scènes : dans l'une, Assuirus
présente son sceptre pour déclarer qu'il a fait tAoi*
d'£sther} dacsjes deux autres, ce sont les Juifs qui
*e moritrent empressés de voir fa reine » sur iaqueHo
reposent toutes leurs espérances. Let deuie tableaux
les plus élevéf de ce cÀté représentent, l'un ,i Esthei
priant et se lamentbnt avec ses femmes; l'autre, lé
repas qu'elle donne à Assué'rus et à Amaih. C'est
ce- qu'indique, ikn« dos inScripdons gothiques placées
ttu^un des écussiBw: : . -
KZGl.BGyfrtgemregumJJi.DQKe.yiJ
ATQ. IVT [imocavk] Tji ftum] PArATV».
.,; . £JCiB/"WiMj7 AT ILIA PBMO^A AVT
QVO POTVIT SATlAf VA. . .
■_ ' '.'■■■ ■..'■-"■■".■•
Ellf (Esther) adcra rtinfoqua l( Raiiiii.rois : aUrsan Juiftépare
2 man^; maïs eVt ne se repaît qâ< de gSltau consacra ou de ce qu'elle
CHAPITRE LXXXVI. 317
on voit Esther devant Assuérus ^ à qui elle est venue
découvrir Tordre qu'a donné Aman de massacrer
tous les Juifs. Le tableau le plus élevé représente
Assuérus qui est sorti de chez ia reine , et qui se
promène dans son |ardin pour, méditer sur ce qu'H
doit faire. C'est ce que rappelle l'inscription placée
"adroite:
CVM OSCVLATA FVERAT
SCEPTRYM ASSVERI
HÊ^T^a SCIPHO VTITVR
REGIS PLEKQ MERI.
* * " ' * «A.
I 1
Comme Esther avait haisé le sceptre d' Assuérus , elle se servit du verre
du roi, plein de vîtt pur.
Les costumes et les vraisemblances ne sont point
observés dans ces tableaux. Assuérus est tantôt repré-
senté sous tes traits d'un jeune tiomme , et vêtu
comme ï'étoient les princes dans les xv.*" et xvi.*
siècles ; tantôt il a lUie longue t^arbe et des v4te^
hiens semblables à ceux des empereurs d'Ocxidem
dans ces mêmes siècles. Mais on sait combien peu
on étoit exact k suivre les convenances dans le temps
où cette tapisserie a été faite.
La scène qui représente un prince et une princesse
èr genoux devant une iii^age de i^ Vierge , doit se
rattacher à celle qui est figurée dans le milieu : cela
paroît d'autant plus vraisemblable, que la figunp de
> I
\
5i8 CHAPITRE txxxiri.
l'empereur est la même sur l'une et l'autre de c^
deux représentations.
Le château Borelly , dans le canton de Bonneveine
nous offi-oit encore un autre lieu' important à visi«-
ter. C'est une habitation qui pourroit passer pour
magnifique même dans les environs de Paris. Nous y
remarquâmes deux canopes accompagnés d'hiéro-
glyphes. II renferme aussi de bons tableaux : on voit^
dans une galerie au re^-de-chaussée , un tableau de
de Troy , qui représente le chevalier Rose faisant eil-
terrer les pestifërés ( i ) ; mais il étoit trop tard , et la
nuit nous empècla de rien observer. Les jardins sont
bien tenus ; ils ont de l'ombrage : mais leur étendue
n^est pas considérable. Ce château appartient aujour*
d'hui à M. de Panisse. On doit aussi voir la belle
&çade de l'église dés anciens Chartreux*
La montagne appelée Ad^arseille^Beyré est très*
remarquable; ell^a deux cent dix-sept toises de hau-
teur : aussi y a-t-on établi xme excellente vigie, qui,
le jour, hisse ses pavillons, et, la nuit, ses lanternes.
Les naturalistes y trouvent des plantes , des coquilles ;
ils peuvent voir, dans la baume appelée la baume
de Rolland, des pétrifications curieuses.
Les jours de fête , toutes les petites chaloupes sont
nettoyées , parées de leurs avirons ; et c'est une
partie de plaishr pour un grand nombre, d'babi tans,
(i) Suprà, p. aiu
y
i^a«wftfc
CHAPITllE LXXXri. ^tf
^pie d'a&er manger des coquillages dans ohe des îles
€pû précèdent l'entrée du port,
La plus voisine est celle où est bâti le château d* If ^
<îqnrfe nom étoît autrefois formidable, comme ceux
d^ Pierre-Endse , de Vincennes , et des autres pri-
sons d'état. Plusieurs prbonniers célèbres y ont f té
enfermés :. le, dernier que l'on cite est le comte de
Mirabeau. C'est aujourd'hui un <^épôt pour les dé-
portés de la Corse «t de L'île d'Elbe*
L'iie Pâmèguf j^t h phis éloignée; sa distance
dfi Marseille est d'environ six à sept milles : c'est ià,
conime je l'ai dit ^ que les vaisseaux qui viennent des
Échelles du Levant demeurent en quarantaine, .
JL'iU de Ratonneau est aride , désçrte , et absolu*
ment abandonnée. Le château fut cqnstniit pai^Fran-
çois L", pour mettre la rade de Marseille à l'abri des
entreprbes de Charles -Quint. Les Marseillois ont
bâti, en 1597, un autre petit fort qui n'est gardé
que par des soldats invalides. On raconte une his-
toire singulière d'un de ces soldats. En qualité de
caporal , il commandoit quatre hommes qui compo-
soient alors toute la garnison ; sa raison s'égara , et
il finit par croire qu'il étoit le roi de ille. Comme
ses camarades ne vouloîent point reconnoître sa
souveraineté , il profita d'un jour qu'ils étoient allés
chercher des provisions , et à leur retour il fit feu
sur eux , et menaça de les tuer s'ils approchoient. On
rit pendant ^quelque temps de sa folie ; mais enfin elle
320 .CHAPITRE i^xxâcyi;
devint à ciiirge auxpèchçir» y xpi'il &nr çoit & kmértër ^
et à lui porter des *provi9i4>ns; Detit kdmmes vi^oi^
reux s'approchèrent de rtie avec patiflon Uanc t des
mécontentemois les obligeoient , lui dnmx- ili ^ Il
quitter Marseille ef à se réfugia dans^^s états. Le
nout«au prince ^ que la sditude commençoh peut^ti^
à ennuyer y^ et que les reilles continuelle^ feâguô^tif
i)eauçôup y vit avec plaisir de» sujets qui pai^^gcî*
roient avec lui le soin pén&Ie de la garde de iûti
empire ^ il les admit avec confiance : mais ils se sai-
sirent du roi de Ratonneau , et le conduiisiretti à t\^
pitai des fou» , où il est mort se croyant un souvehrai
détrôné.
" r ;
CHAPITRE
îik
CHAPITRE LXXXVIL
Gouvernement des anciens Marseilloîs..^ Conseil des
six cents, Tithvquès. — Mœurs et "usages. — Lois
^oniptuàires. — ^ Suicide. — iériothéniis — Les mœurs
se corrompent soùs les ethpere*tits ronValns et dans le
. tncy en âge. fc^ M œuifs actuelles. —^ Goût imnfiodéré pour
le plaisir. -^Clubs», raaisoi>s de jeu, b^ls , courtisanes. ^—
Manière dé vivre. — Denrées^ — Usages. — Ornemcns
des églises. — ÏFêtes. -i— La Noël : aubaàes , crèches,
'cigo|;neSy repas, calendeaii , caco fiiech, -^ Veille dei
Hôis. — Fête delà Bdîe-ÉtoïIe.^Jôtodes Rameatix> '
Idu ràtnpaâu de V'Cspkdoît, Poîi chiches. ^— t l>élivram:e
Vlcscaptife. ^=«* Fe» 9e la ^aînt-Jean. '^^ Ventte de fleurs^
^i— Fêtes champêtres. — S. Antoine. —La Hatnado^ -^
• La moisson^ la vendange. — t- JioùjnaPagL t— Fêtet^
patronales.
li/IES 'alùteu^è anciens Sdht fous à^àccorà pour louer
là sagesse dû gôuvériflémént des Marselliois. La fbnnè
^irtétbh aiistôcratr^e ; ràdmihistta'tiôné'toit confiée à
sht cents sénatfeuts appelés tiftiuquei ( i ) , nom qui
felépritnoit la considération attachiéie à îeurs fonctions :
un conseil paYtîculîeï <ie quinze sénateurs e^édioit
lei afFaiVes les plùi pi*eiséés; et parn^î ces quinze^
trois avbîent la pirêséahee et utie autorité sotiverainew
Pour être timuque(2), il failoit avoir eu des enfàns^
.^.,-11 -i 1 1 1 •■ fa <*
(t) Cest-à-dire, ^ui est hou^ré, qui jouit d0$ hcnwurs^ de rtfàii^
honneur, et d*€^f /r , avoir.
(a) StràB. IV^ji
TomtlIL ^ X
^ I \\»M ■*! .* lima
aiS CHAPITRE LXXIjVII.
ei être inscrit sur te rôle des citoyens depuis ttok
générations. Le prévaricateur étoit privé de ses biens,
et voué par un jugement h l'infamie. Cette adminis-
tration étoît si prudente et si sage , que , Seîon Cîcé-
ron, il étoit plus facile de la louer que de limiter ( i ) .
Cette forme de gouvernement , qui ressemble k-peu-
près à cdie qu'avoit autrefois le canton de Berne ,
peut offrir de grands avantages dans de petites ré-
publiques ; mais elle ne sauroit convenir à un grand
État- Le gouvernement marseilloîs reçut beaucoup
d'altération après, ta prise dis la vîÛe jpar César r et
depuis il a éprouvé les changemens qu'ont dû y
apporter les diffièrentes dominations sou» lesquelles
îl a passé.
LesT)onnes lois font lès tonnes matù)^ : Mâriêflle
en offroit la preuve ; car les auteurs s'accordent en-
core à louer sa disdpline comme s^ gouverBeoient
Selon TVdt^J .(a), Cetie ville aypil fait im beureu*
mélange de la pOlitesie grecque avec la tempérance
gauloise. Çlaute , pour désigner des nweurs irrépro-
chables, les appelle des mmrs mûrsiilloisfS (î)* L«
mbdération.et la fustîce y.étoient tellement d'obfiga-
tion , qu'un maître pouvoit casser jusqu'à trds ftwS
l'oflTrîinrhfftceniem au'il avoit accordé à son esclave.
^^■*i^MMMa*W^M.Ma«M»*i
liW^^^prfaMM**a*«ki^kta4M«^-MM«*-4l
il) Ut omnes ijus instliutd Uudare fadlHis possint quàm amulari,
CiCÊK. pfo L Flatcd, a«.
(i) T KCVT>Agric. 4.
(3) Plaut. in Casin. act. V, sccn. iv^ v* u
lÉ r ÉiÉTi Y liîi
CHA!>ïTitE Lxncvïn ^n
ft les Magistrats veconnoisibientqifft atoit été
trompé trois foU par ce tnèmeesciavC^; ma» le qiia»
crtème affi-anchtssément n^étoii plus susceptible d'itre
annùlié. Les femmes ne poii voient boire ^vîn'^lê»
jeux scéniques étoient défendus; chaeiin devoit-^so
iivrer à une occupation ^^concpie ^ sans qu'sEiicaix
modf de religion pût en dispenser: personne nfawHt
ie droit d'entrer armé dam la vlIIé; les ëtranj^eti
jD^renoîMt leurs annes à la so^rtte {t). Les lois
somptus^ires deroîem être rigottreuseg dans une Titt^
fi attentive à la conservation dèr^së^-ind^uïs. ha pios
grande dot étbit de cent pièces d'bt (2) t il n'étcii pa<
permis d'en employer plus de cinq en faabiis^ et lé
prix du restef de la parure n<e devoh pas nbn^^j^si
excéder cette defhière somme« Il y avc4t> devant Ja
potrte de la tiUe^ deux cafisses sépulcrales , >ixné
pour les hommes libres, l'autre pour les esdstte^^
on les ptiitoit stfns pi^rs et un^bifAt^ dans"uii èha-
tjot, au lieu de kur sépiïitare^ l'emenem^iit :écoh
terminé par un s^KtHice dom^fifo|ue et un repas entre
les parens^ le^ «tfeûM ne devôif durer qu^mr %)oiai
p*après une^ diiscif^e ausii Sâstère^ tes crimes A&
votent èi#e ' rates vattssi legkiiv^'qi»slV>ticonsieryGEi:
— ■— — I I uni I m« ' \i ' ,^u^l i >• > M 1. 1 1
(1) Valer. Max. II , vi , 7 et suiv.
(1) On n*a cependant encore trouvé aucune monnbie de Mar-
seille en or ; la seule que Ton connei^^ est dïns h Cabinet irtipé-
rial , et die est fausse.
X X
^|4 tHAMtïlÈ LXXXVîtV
depuis la; fondation de la ville «pour la punition ^^
criminels , étok*-iI'i?o»gé.par la rouille.
H est stnguKer qu'une manière de ^îvre atissî sage
ieti aussi ^l'éguiière n'ait pu empêcher les suiddes;
tnaisv au moins personne fl^^pouvoit disposer de sa
^opre ^e -sans avoir exposé aux magistrats les mo^
tifs qui ie.portoient à y renoncer. Cette coutume
étoit didtéey dit V-alèïe-Maxirae^ i ) , fwr.iin noble
"dorage et unte doi>ce Mènveiilance ; on ne^vouloit pas
permettiTe qu'un citoyen se donnât la itiort pour un
mômeiït de éégoAt et -une cause légère , mais -on né
'vouJôit 4MIS non plus Imposer 4e fardeau tie la vie;
à^ celui à ][{ï(i eUeétoit devenue< justement insuppor*
table: le conseM des six-cents -^oit aiors remettre
ail fnalheureux qui àvoit des causes légitimes pout
^haïr la vie> une^portion delà qguê dont la garde lui
^toit confiée.
* C?est chez les Àlarseilloîs que Luciejli >z puisé . uh
lies >plus ibeaux traits d'amitié qu^il ait dtés dait$
^on Tûxaris |a).^Ménécrate, privé de sesèienspat
ïe-0<>nseîldes six-cents pour avoic proposé -un décret
contraire aux loisy av. oit une fille épileptique et si
dégoûtante^ ^ue c'étoit -un monstre de jai^^r : son
père, désolé, croyoît ne pouvoir jamais la marier,
lorsque son ami Zénothémîs, dont tout le monde
•MMUb
(t) Valer. Max. II , vi^^.
(1) LUOAN. éde ÂmkU. 24.
Tantoît h richesse et admifoîtiâ befawté, fa prit 'pu-'
IbKquement dans un festin pour son épouse , en re-^
connoissant qu!)f avoit reçu d'^He une- dot de vîn^t^
cinq talem. Sa génémsité ne dèinéura pas sans:
sécompense; il eut de sa femlne-un enfant -charmant^
dont- les grâces^ naïves obtinrent k réhabilitation ât
son grand-père^ qui reprit dans le tribuna^sa pfe^
mîèse oœisidératicMK
€e sont les- Marseiltoîs^ qui" ortt porté fa civîlîsa-
tion dans toute cette partie de la Gaufé, et qui ont
«iseîgné successivement aux peuples voisins à tailfér
fa vigne , à cultiver Tolivier , et «ifin à^vivre âàns.
des villes enceintes^ de muKé.
Il faut; que- ia prise de*^cette vîllè par César , ' erîà
«ommumcatfon habkueHe avec les Romains sous lès;
empereurs, y aient' porté aux-^mœnrs un -coup brén
sensible LÂiliénée, qui Vf voit soustè règne dé Màrc^
Aurèle^, parie- de$ Marseillois comme d^hommés-
sans énergie et^sans mociâs (i>) ; pour désigner alofs^
un efféminé , on disoit, il viétit dt Mkrstiît't ; et
Suidas», qiHjrappof te ce proverbe, ajoute qu^ls pof-
toient alors de longs vétemens brodés, qu'ils étoiènr
couverts-^ de-parfum« , efr que leurs cheveux étoîènt
lelevésavec mollesse (2). •
X)aiis id' mo^a âge , le passage -dès Cik^fsés et lëst
< -
(1) Athen. XII, }.
3CÎ
X
çomiiiuniç9|tioB$ avec le Levant ont dû éncdrè can-*
tribuer à entretwir cette mollease et ce relàdiemaii
des mœurs , et Ie$ îi^memes produhs -du: commerce
^'étoîent pa$ pFÇ|>rQs ky rappeler la simplicité amicfixe*
^ Aujourd'hiiâ le plaisir paroit être Tunique but da
toi^tç^ ies actions des Marseillois : le négociant ne se
livre à des opérations commerciales , Touvrier ne tra-
vaille une partie de la semaine , que dans i'espcMr de
s'amuser le reste du tanps. Ils sont loyaux et fkcHes
<|^s les affaires , et connoissent peu f avarice^ravidhè
qu'ils montrent pour s'enrichir, mât seulement du
désir de dépei^ser. L'effervescence des têtes proven-
çales est cause que tous les arausemens sont tumul*
tueux et brvyans ; il semble que le bruit soit néces-
saire pour donner aux Marseillois la certimde qu'ils
9nt obtenu Iç délassement qu'îk cherchent* Ces
plaisirs ne peuvent donc pas être ceux qu*on trouve
au sein d'une vie tranquille; les g^ûts domestiques,
les charmes d^ l'étude, {eur paroissent, en général,
sa^s attraits ; un peu de désordre semble être chez
^S^ un assaisonnement pour tous les genres de jouis-
sfuices.
II y a peu de maisons où la société se rasseanbie
habituellement; l'àveftion naturelle qu'on épiouve
popr toute esp^e de gêiie, empécheroit de s'y
plaire : les hommes préfèrent les lieux où ils peuvent
se réunir sans être assujettis aux devoirs et aux égards
«
qu'exige la société des femmes, les plus fiéquentés
GHAI^ITRE LJIXXVIL ^ZJ
sont VlAiott et U Cluh sans pritenîîon; le club de
rUnk>n possède une petite collection de livres rela-^
ti6 an commerce.
Les lieux où règneune entière liberté, conviennent
toufottrs davantage aux hotnmes qui cherchent le
pkisir saps contrainte. Les maisons de jeu , oi^ la
cupidité âut trouver un attrait puissant , sont encore
plus nombreuses et plus fréquentées à Marseille que
les clubs : elles sont tenues par des femmes, dont plu«
sieurs sont reçues par* tout ; on voit même quelques^"
unesdecellei qui ont un certain rang dans la société,
hanter habituellement ces maisons : on s'entretient
publiquement de ce qui s^ est fait , de ce qui s'y est
dit ; des négocians ne craignent pas de s'y montrer ; et
ce qui par-tout ailleurs nuiroit à leur crédit» estregardf
à Marseille comme une action indifférente.
Diaprés tout cela, il est aisé de penser que le
nombre des femmes qui font trafic de leurs charmes
est considérable. Il y en a pour toutes les fortunes ,
pour tous les états , et de toutes les classe^ : si l'on
^ouloit en offrir le hideux tableau , il fàudroit les
ranger dans un ordre systématique , ainsi que le baron
de Bom a classé les ordres monastiques à la manière
deUnnéus. L^es rues qui conduisent au graqd théâtre»
sont remplies de ces femmes perdues , qui , par leurs
mdécentes avances, font un outrage continuel à la
pudeur; les fenêtres des étages inférieurs en sont
garnie^ le jour et h nuit , et présentent par-tout et \
x4
■JMAHflÉ.
jaS CMA.PÏTRE txxmr.
tout moment la dégoûtante image du ééterg
dage le plus ébonté et de la pi|is vile prostî^tion*.
La plupart des gens riches e;itretienneat d^^
femmes^; ce qui multiplie k i'excès. le no^Ke des.
courtisanes. : celless qui sont le plus, à la modi^y,
acquièrent dans, les manièves cette aisance qme donnit^
^k fortune -^ elles font très-bien les hooneuis.de ieuc
. maison. Ces. nuoeurs rappellent celles d!Atbànes ^ où
ia société se tenoitchez les coiurtisanes^ qjoi doiv^
noient le ton pour les. grâces et l'esprit , tandis que
les mères de , famille, ae s'occupoient que des spif^s.
domestiques*.
Les spectacles sont r^empUs de ces femmes; «itre-
tenues, ou qui cherchent fortune ; l'orchestre .est la
place qu'elles ont choisie; et Içs, hoiiimes, vont s'y
placer » et. causer avec eUes^ en présence ,de leur
Emilie et de toqs ceux qui les coanoissent^ on en
voit même souvent . laisser: leur épouse et les per*
sonnet qui sont près d'elle^ pour aHer faire leur courra
ces. nymphes. Quelquefois.; un homme nouveUeipent
marié ne rougit point de se montre!:, dans ui^e loge
avec la maîtresse qu'il entretient : souvent aussi sa
femme est en, faqe de bii avec l'amant qui la con-^
sole^ et qu'elle avoue presque ai^ssi publiquement
que sonc mari avoue sa maîtresse^
Il n'est pas rare non plus que des. hommes, se
laissent captiver au point d'épouser celles avec qui
& ont vécu ïpng-tempj dans une wipn ilIégitiiRei
â
..j
.1
€t fon admet sans répugnance dans la* société les
femmes qui se dépouillent par ce moyen des livrées
de leur ancienne profession.
^Le iil>ertînage ^oit être une suite nécessaire de
, cette extrême liberté de mœurs: aussi peut on dire
qu'il r^ffe à Marseille plus que partout ailleurs; il
y paroît, sous toutes les formes , sans même qu'on
prenne aucun soin pour le cacher.
Lorsque les affaires sont finies, -chacun. cherche
la dissipation qui lui r plaît. Les concerts et les ba]s
^publics et particuliers se renouvellent tous les jours
pendant l'hiver.
Quoique ces traits peignent, en général , les mœucs
. des Marseillois , le noble dévouement qu'ils ont raon^
tré pendant l'affreuse calamité qui: a désolé leur ville,
Jeur, courage, dans les combats, leur loyauté dans Içs
affaires, prouvent que,. si le plaisir les captive^et les
, ^traîne , leur . cœur est aussi, susceptible des plus
généreux sentimens. Ce penchant pour la.dissipation
,n!est.pas même lellement général, qu'on n'y puisse
^jfiiire de nombreuses exceptions: nous . avons vu
combien il y a . d'établissemens de bienfaisance , de
, sociétés, établies pour. secourir ies indigens ; ily.a
aussi une société , de jeunes gens, qui,, principal
Jement les jours de fêtes, se consacrent à la visite et
à la consolation des malades. dans les hôpitaux.
. La nourriture, est .chère .à Marseille. Le blé y
vtent de l'Afrique et .du Languedoc, et ie pain est
liMMiaiM iii
OL
-~- - '■ .
ieore est celledea f<int«mes ^i sont derrière It vietUd
ville y et qui arrivent au port. Cotif me , dans toute la
Provence > le bœuf est rare et le vem eneore plus ,
en mange principalement du mouU>n , de Pagneau
0t du chevreau ; îl y a une grande quantité d'ex**
ceOens poissons; beaucoup de melluaques et df
crustacées servent aussi aux délices de la table : les
légumes sont abpndans. Outre les fruits du pays , tels
que les figues, les amandes , les prunes, les raisins,
fl y en a encore beaucoup d'autres qtii viennent
de diverses contrées. L'Espagne fournit ses orangef
et ses grenades , moins acerbes que celles de Nice
et d'Hyères ; l'Italie, ses châtaignes, ses pommes et
a^es rafains secs ; et le Levant , ses dattes et ses pis-
taches. On ne consomme guère à MarsdHe que du
lait de chèvre : tous le$ matins , )usqu1i nf uf <^ dix
heures , les marchands de iait eondiûsent ieujrs chèvres
dam la place de la Comédie , et établissent leur
comptoir sur les degrés de cet édi&ce; fls lés fraient
k mesure que les pratiques se présentent. Le peuple
mange beaucoup de firuits cuits : à la pointe du |our ,
dès que le bruit du canon a annoncé l'ouverture du
port, on entend des femmes qui les débitent en
criant : perre cuecka! pouma cuakâl UMei caudû! Le
soir , ce sont les betteraves tôutâ caudo qui ont du
débit ; elles font le souper de la plus grande partie
des gens de peine et des ouvriers.
en Àf tXRE XXXXTIU^ JJ?
Tihit^e que je viens da dite tknt aux {AflHirs généh
i6ilf& 1 3 me leste encore it fme connoi^e qiielqued
usages particuliers à Marseille et à diverses autm
filles de la Provetee.
J'ai dé^ parlédeqttdques pratkpes religieuses ( i )«
ijrentnmt dans les églbes^ on est âappé de h
singularité des iwages du Christ sur la croix ; il ^t
Tptésq^e toufonks vêtu d'un ample caleçon* Cet usage
appartient ii l'Eglise grecque ; Cas^n Tavoît ap«
portée avec beaucoup d'autres, de Cotistantim^le^
On appelle ces sortes de représentiâiom 4ies aructfoc^
iJéi grecque^ On en vo^oit autrefois de semblables,
sur-toutàSaint-*Vîctor, aux Accoules^et dans d'autres
axnennes ^lises; mais il y en a encore où le Chrbt ,
entre fe caleçon , a tme tuaicpe blanche et une cha^
iuUe de pouqire , qui sont les marque^ du sacerdoce
et de la royautés
Beaucoup de maisons ont leurs portes marquées
d'une croix y qu^on &it le four de la Chandeleur avec
de. la cire ou de la fîimée : cette pratkpie a pour
ob^ d^dbigner l'esprit maljn. Depuis un temjw
•A.
(i) François Marchetti a composé sur ce sujet un volume
«Ati^r , fncitufé Explieation dts usages tt coutumes des Marseilhis ;
Marseille, 1683, iïi-8.** , tome I.**', contenant ics coutumet
sacrées ( le second volumfe n'a pas été publié ). La plupart des
usages que l'auteur décm n'existent plus ; plusieurs se retrouvent
4ans toutes les églises f^thotiques ; et le tout est noyé dans ua
insipide et ennuyeux commentaire.
3J3L CHA^FÎTRE LXXXyrR
immémorial, or bénit daûs-l'églbe dè'Saint-YîiekMr^
ie jour delà Chandeleui; y dbs cio'gcs de codeur
verte*
On voit sortir de lacharre du^prédicateurungfand
bras sculpté en bois y - cpxt porte un crucifix mobile r
dans d'autres: égUscs, ce bras porte ia> deige pow
aider à lire dans les soirées d'kiveiu
Dans les grandes solennités, Tin teneur dh»s^^Kses
est tendu en damas cramoisi encadré dans des ga«^
Ions d'or; les chapelles sont pavées à: ^extérieur de
franches d'arbres , et sur-h»it de lauriei^; et For
dresse, à l'enti ée du chœur., ek de¥ant la porte prin-^
cipale, des arcs de triomphe en 'verdure(r}.
La fête de Noél est unede celles queles Provençauac
célèbsent avec le plus de plaisir et de solennité. Pen-»
dam un mois , on entend, dans la rve, des concerts
qu'on appelle aubades de calene (2) , symbole des
concerts. angéliques qui annoncèrent la naissance du
Sauveur. Les enfans, les jeunes gens, attendent ce
jour heureux avec une rive impatience; et toutes les^
Êimilles . aisées se préparent à. le fêter dignement
en faisant d'amples provisions. Plusieurs jours avant ^
(v) On ne reti:oiive guère àMatseifb de tr^^ccs^ de ces divcrib
«sages; maïs ils existent encone à Fréjus, à Antjbes., â Nice, ftc
(1) C'est le mot caîtndt corrompu. L^ Françsûs commen-^
f oient autrefois l'année le jour de la Nativité» qu^ils appeloiqitt
\tjour des cajendes -^ c'e^t le nom que Itû diimiueot Froiss^xx C|
d'autres anciens auteurs françai;!..
i
MMflMiÉMHIHMiflMll
iciiAtitiiE txrxvit. 35 j
les lK>titiqu«s de comestibles déploient tout le Tu^e
tie la fîjandise>; les q\iais sont encombrés de fruits du.
Midi; les boutiques du marché aux fleurs sont cou*-
vertes de bra«cbe$,d't>ranger , chargées de leurs fleul-s
éblouissantes et de leurs fmits dorés. On achète^
pour, parer la table du )oyeux bampiet oà ce jo\ir doit
étre-c^ébré) xle petites oranges dans d'élégantes
corbdlles y d)es r^insdans de joiis pots. On donne
aux enfans des branches de iaulrier> auxquelles sont
suspendus des fruits nouveaux, ou de$ fruits secs ou
iïonfits; on leur d6nne de petites ijrèches garnies
de miroirs et plus ou moins ornées , remplies de -
JOUJOUX , parmi lesqudk iotit des figures en plâtre
des animaux et de tous les personnages qui ont figuré .
à ia naissance; du Sauveur i on y ajoute des figures
de prêtres > de papes , d'évéques ^t de saints : parmi
les animaux on place des ^rigognes de carton ou de
cotofi, qui ont un grand bec de kine rouge. D'où,
vient ce dernier usage ! Probablement de ce que les
Marseillob ont conservé ce symbole antique de la
piété filiale , sans songer qu'ils le tiennent des Ro-.
mains { i ) , et qu'il pourroit , dans cette occasion , ,
iR>umir matière à d'utiles leçons.
La veille de la fête est sur-tout remarquable. Dans»
nos villes du nord de la France , on entend seulement^
un bourdonnem^it sourd de personnes qui se rendent
m ■
(i) Sur beaucoup (fe métUiiies romaines, on voit une cigogne
avec le root pietas.
Jj4 CMAMTHE LXXXVII/
k la messé de tninuit ; les bottiit^& dés diarcutieri eti
d&i marchands de vin sont seules éclairées : les gêas^
ridies et de la haut» société ne prennent aucuhe pÊêtt
à h fête $ il n'y a que le peuple qui fas&e cd &fsM
lepas qu'on appelle févHiïon > et qui ddniiste uniqûie-'
iheht à manger de& ^aucis&^s àciw, des^boudinsiftidi^
gestes y du jambon dur y et enfin des viandes imp¥é^
gnées de séi et dt poivm » ipii excitent à boire ^ et qui
fbnt souvent dégénét«ff ces pieuses ftgapes en dé-
goûtantes orgies ^ déshonorées par l'ivresse ) etquel^
quefois ensangtamées par les déiiats qui^n sont l6t
^te. A Marseille ^ le cours est éclairé la veille d4
Noël comme djins la nuit delb $abit-Jeân ; toutes tei,
bouquetières ont leur habit de fête; lesboudqpi^soâl
parées ) ie^ cafés sotit richement ibuninés^ et pa^-^
iKc^t une lumièire brillante annonce la joie ^uséé
par la nai^^ance du Sauveur t les plus p^vres mar^
<^nds de marrons rôtis ont leur gril enmuré de
plusieurs lampôs. Aucune femme n'oseroit parottre
susins bouquet i les ftlles publiques portent de grosses
ofanges et d'énofmës touffes d'èeSIets. Uéclat des.
représentations théâtrales est augmenté; on y eîé^
cute les plus beaux ballets : tes maisons de |èu donïient
dés bais et dès soupers. Pair- tout le son du violon
se méié \k celui du bruyant tambourin et du perçant
galoubet ; par-tout on entend chanter les noëls pro*-
vençaux sur les airs qui leur sont consacrés (i)é Les
(i) 11 en sera cfuestion ailleurs, à 1 article des Bohémiens.
'■--t:U;j*s»-ir-..-
\ .
W&ci %oh% côtivei'tes de tfioade ; ctiftcuii De jprésse
pour Met |>rendm pait au banquet qui tkiit lieu de
la coHatidA dii Doih
Dans IH familles où le^ itïos!ùH ^tkfaè^ ^ sbhf
iCQkis^rvéès , on prépare une chëpèfllè detattt liqûeile
on «ires^ê une colfàlfon t c'«st ôrffînaihemait ie chè^
de la famiiiëqui pfé^iàe à cet arrangement; quelques
fàk 4té $ont «es enâns^ sur^éut les |eune$ fitté»^
qoi lont chaygéi de 42e ^in. tùû^ Ié$ tfiembtet de
k famitlè ikMlt invHéii , tàtisi qtte ie^ peitdtinèir &
qui elfe ddit du tesjf^i -, èil à qui élte ii de§ ^i^^
gQitonè^lh ^nt encdHî invités àii dther du jour dé
Noôl, et on ôppdie delà pàsUr fkt eHseniUe. Gèi
f^^ 0nt réelIerMnt quèkii^ chose de patHaitàl i
èft cette institution est des plus heureuses pèu^
efiftretéiâr runion dans les^ famlBes : ceux qui mi
j^ssé Une année entière sans se Vôiir, scmt forcée de
se rapproel^i* ; ^es înîttiitiés fbmemèeS pendant jik-*
ëièurs m^ , iièssent* On se regarde d^abôrd avec cOn-
ttftJnte; on se parle peu, puis davantage; la liberté
flu festin «tttièhe I*abandon et la cohfiâhcè ; ort s'ex*
pHquê , dn finit par s'eatendre , et Une réconcilia*
«on sînt?ère et durable nà!ï du sèirt des plaisirs. Deà
Iftarîages ^dnt souvent aussi la suite de Ce b&nqUet
domestique î faraam timide s^enhardit ; ia feune fiiie,
inalgrê sa retenue , laisse apefàevohr lâ préfërettce
que son cteur accorde ; les parens s^entendeiit, !e5
arrangemens sont bientôt faits , et Timion est comduB»
HHMMM«HMiM^MÉM^Hlî^Ba
L'^égance des inets> la propreté de la talbté <rt
de la salle; ajoutent encore -un plus grand leharmé
à cette fête de famille^ Ceux q\ii suivent 'scrupu«>^
leusement les usages andens ^ couv^c^nt la table de
tFob. nappes^ et y mettent treîce pains ornés de
branches de myrte; de grandes corbeilles sont diar-»-.
gées de raisins fiais ou secs ^ de figues , de pommbs^
de poires , de cédrats confits ; des boîtes feçouTertes
de papier rose ou blanc artistement découpé ren-^
fer;f9ent des fruits secs ; des raisins de Corinthe» des'
jmmes deBrignpUes; les oranges forment des pyra-n
HHdes» terminées par des bouquets de ia fi^iir ôdo«
iraii^e du bel , arbre qui, les a produites^ Âiitour de
ççs mets exquis » offerts paria nature; sçnt rangées
des pâtisseries 9 de^ friandises de xoute*espèce , parmi
lesquelles le nougat blanc (i) se fait surr^ut remar*^
quejr. Les flaconf^ont, remplis de malvoisie, de viiV
cuit et de muscat de Tquioii ou de Cassis»
Pendant ce tçmps-ià) le ^aiignau ou ùalendeau^
ç'est-^-dire^ \2l kuche des calendes ^ brûle dans la che*
minée : c'est une gi;os5e bûche de chêne ^ qu'Qn arroso
de vin et d'huile. On crioit autrefois 3 en la plaçant ^
(olene yen / tout ben yen; c'est-à-dire , eaUnde vient, tout
va tien.: Peut-on méconnoître ici l'usage antique des
" • -1
(1) C'est un mélange.de noisettes, de pignons de pîn^ et (te
pistaches, confits dans du miel de Narbonne : le plus souvent
il n'y a que des amandes et du mieli recouverts d'un pain à
«chântec^
libations ;
iJUMM
^^^^^,^^^^m
ii
À
fibaiâdns^ transporté^ ;comme tant d'autres cérémo
ïiîes palenneSydsms les pratiques des chrétiens ! C'e^
3e chef en le plus 4Lgé de la famille qui doit mettre
le feu à îa bûche r ia flamme que ce bois ainsi arrose
produit, i'appGUefOjÇofufcA, <:'e8t4-dire, feu d^amJs ;
«et en effet la fête de Noël est véritablement, <:he«
ies Provençaux ^ la fète de l'amitié.
Dans la campagne, cette fèie €st quelquefois
raccompagnée, comme la fètepatronale^ de luttesv, de
XQurses , ^e combats de qoqs ; on y <iresse aussi
^es mâts de cocagne.
Je ne puis passejr .sous sâence un usage <pri existe
^ans la basse Provence^ et prmc^alejnem dans les
territoires d'Amibes, de Fréjus, ^e Dj-aguignan, «l
^e quelques autres yifles du département Ai Van
Pendant les ^uatrc|^ semaines qui précèdent Noêl^
ïesjeunes gens domient des àul)ades au:^ filïes qu'ils
TeçhejFchent eii mariage ; chaque fiHe prépare pour ta
V^ile de la fète un gâteau qui porte son nom et utt
ïiumér-o^ et le remet à cdui qui est regardé comme
fe coq du vitl^Cy et qu'on appelle 7 V^^^v Deux ;ours
après No^I , tous les feùnes gens se rassemblent sur
«ne place; on y apporte les gâteaux dans une grande
corbeille, et ils sont tous mis à l'enchère ; le plus jeune
des garçons lire successivement untie ces gâteaux,
€t proclame le numéro et le nom de celle qui V^
donné ; aïors viennent les éloges de^sa beauté, de son
économie , de toutes-ses qualités ; on enchérit à l'envi
Tome III X
i
5î8 CHAPITRE LXXxVir.
pour avoir son gâteau. Il est facHe de deviner que fei
gâteaux des filles jeunes et jolies trouvent plus d'ac-
quéreurs que ceux des filles vieilles ou maf faites :
cependant tout a du débit, et le produit de la vente
est mis en commun pour payer les ménétriers pen-
' dant tout le reste de l'année.
Les Marseîlloîs ont encore d'autré^s fêtes dans les^
quelles leur gaieté naturelle trouve à 5e manifester ;
telles sont U veille des Rois , la fête de la Belle Etoile':
on promène , comme à Pertuis , cette étoile dans ùii
char.
II n'y a pas fong-temps que Ton a aboli à Mar-
seille In coutume de porter dans les rues , le jôiir dé
Pâques- fleuries, une grosse branche d'olivier qu'escor-
toîent plusieurs enfans trouvés de l'hôpital , en criant
de toutes leurs forcés, lou rampaou de rÊspitaou;
les femmes attachoîent à ce rameau des gâteaux et
des fruits : lés enfans présentoient leur tirelire à tous
ceux qu'ils rencontroient .; et en les poursuivant
pour en recevoir quelques pièces de monnoîe , ils
les appeloient mon pire ou ma mère. Quelques per-
sonnes portèrent des plaintes contre une coutume
qui leur paroissoit scandaleuse , et les échevins dé-
fendirent cette promenade, dont Tinstitution étoif
très-ancienne : aujourd'hui on suspend , seulement
aux rameaux de laurier ou de palmier garnis dé
rubans que portent les enfahs, des gâteaux, des
fruits et des confitures; le prêtre les bénh, et on
^MMMi
«■M
CHAPITRE LXXXVIÏ. ^3'^
lès sert dans les collations def la semaine. Dans toutes
les familles des artisans, on a conservé la coutume de^
manger ce jour-là des pois chiches { 1 ). On a. voulu
retrouver dans cette pratique la fête des Pyanepsks,
instituée à Athènes par Thésée , et qui étoit appelée^
ainsi parce qu'on y mangeoit des fèves /^nJcen)^,
pyanon], en mémoire de ce qu'au retour de Crète les
jeimesgens que ce "prince avoit délivrés mangèrent les'
féy^s qui restoient des provisions de leur voyage [1) :
mais M. Grosson prétend qu'un vaisseau chargé de
pois chiches fut jeté sur la côte de Marseille daiis
un temps de disette, et qu'en commémoration- de;
det événement, l'usage.s'introduisît d'en manger tpus-^
Ifs ans. Cepetidant cet usage n'existe pas seulement?
à Marseille ; il se retrouve encore en Italie , en Es-
pagne , à Gènes et à Montpellier. Le peuple de cette
dernière ville croit que lorsque Jésus- Christ entra-
dans Jérusalem , il traversa une sesJeroit, ou champ.
de peîs chiches, et qu'en mémoire de ce grand
jour Fusage s'est perpétué de manger des sesejr ou
des pois chiches (3). Il me paroît plus naturel de
penser que cet usage est une commémoration de la
coutume des Hébreux de mettre les pois chiches
au nombre des provisions qu'ils empdrtoient dans les
voyages : c'étoît aussi la coutume des philosophes
*
«■*■
(i) Cîcer arietinum,
(2) Magasin encyclopédique, année 1805, t. IV, p. 244.
(3) Magasin encyclopédique, année 180^ ; t. VI, p. 2^9.
Y 2,
'^iô ChÀ^ITHE Ï.XXXVIT.
içyniques» que Ton nous représeme souvent ayant
leur besace remplie de pois chiches^
J'ai parié du goût des Provençaux pour las proces-
sions^ et j'ai décritcelles qui ont lieu à Aix et kMar--
seille le jour du 5aint-Sacrement ( i }, La procession
xleJa délivrance <Ies captifs avoit pour les Marseiilois
un intérêt vraiinentdfamatique : c'étoîent les religieux
-de l'ordre delà Merci, fondé ert Espagne par S. Pierre
Noiasque, et les Trirâtaires, établis en Pjovence dans
le xiK^'siède par Jean de JVtatha et Félix de Valois,
qui se chargeoîent du noble sewn de recueillir les -dons
des chrétiens compatîssans, et d'en employer le pro-
<Iuità la rédemption des captifs ;4Isconsacroient même
àcette œuvre méritoire le tiers de leurs propres revej
nus. Ces sacrifices pécuniaires n'étoient que les pré-
mices d'une charité plus sublime encore >yd!un. plus
-généreux dévouement-: ils alloient ensuite braver les
périls de-toute -espèce, les avanies qui les attendoient
<ians la Barbarie, et ramenoieut avec eux un notfibre
plus ou moins grand d'infortunés qu'ils avoient arra-
chés k l'esclavage. La procession de ces captifs , mar-
chant deux à deux en casaque rouge ou br4xne^ les
mains encore chargées de fers, montrant les marques
des coups qu'ils avoient reçus , des mutilations qu'ils
avoient souffertes, et suivant leurs rédempteurs pour
aller rendre grâces à Dieu de leur rachat, avoit un.
CHAPITRE LXXXtil. J^i
't:aractèrep!us vénérable et plus touchant à MarsèîBe
qu*à Paris, où Fon voyoit aussi d)e tempç en temps ie
-même spectacle r les- communications fréquentes ôt
directes des Marseilloi&avec le Levant pouvoient faire
craindte à chacun d'eux un pareil sort, et l'homme est
naturellement plus sensible auxmaHieurs qu'il pour-
roît également éprouver; il y avoit d'ailleurs parmi
ces captifs de» hç>mmçs qui avoient encore des amis
• letdès relations dans la ville. Espérons qu'une société
d'hommes, bienfaisans s'établira- pour remplacer les
' généreux Pères de fei Merci et les^Trirritaires^, et que*,
dirigée par un esprit philanthropique plus étendà
et plus digne encore d-une si beBe institution , elte
ne se borrïera pas à délivrer des chaînes dé Tunis dt
•d'Alger lès esclaves catholiques*, maïs qu'elle étendra
ses^ soins charltabhes à tous ceux qui mériteront ck
Bienfait,; quelle que soit ki religion qu'ils- pto^
fessent;
La veille de la Saint- Je^i est égafementuiï joxxt
de joie pour les Provençaux, Us allument de grands
feux^- les jeuneS'gens sautent pardessus* A Aâx, oil
accable les passans-de fusées et de serpenteaux f ce
•qui a eu souvetit de fâcheux effets. A Marseille , oa
s'iiK>nde réciproquement d'eau de senteur, que l'on
Verse des fenêtres-, ou que l'en jette avec de petites
sMHiguesfi') : le plus grossier badinage est de couvrir
1^1 a _ j I __-,_^j , n-i -^^^ - ■— ITT n|- II I m" ~-\ •^T ' "^~
>
»3
j4^ CHAPITRE LXXXVIf.
d'eau pure les passatis ; ce qui donné lieu à de
grands éclats de rire. A Marseille , la vente des herbes
et des fleui^s donne à cette fête un caractère parti-
culier. '
Le commerce des fleurs devroît è^re encouragé ,
par des considération^ morales et d'hygiène publique.
Le parfum qu'elles exhalent , rend l'air plus pur , du
moins pendant le jour. Une fleur a des charmes aux
yeux du pauvre ; elle n'est pas un objet de dédain
pour le riche. L'humble basilic du savetier, la vulgaire
capucine qui grimpe en spirale autour des fils que
l'artisan lui a tendus sur sa Fenêtre , leur font autant
de- plaisir qu'en peuvent causer à l'homme opulent le
jare metrosideros et le superbe datura , qui s'élèvent
dans des caisses d'acajou sur son balcon dbré : une
jeune fille arrose avec autant d'intérêt son myrte et
4on rosier, qu'un fleuriste hollandois en met k soigner
ses orgueilleuses jacinthes, se^ riches tulipes et ses
magnifiques ariémones. La vue et le parfum des fleurs
adoucissent les peines de l'ame , sans l'arracher à la
mélancolie nécessaire pour user sa douleur. Il est rare
que celui qui airtie les fleurs soit mécliant : elles
peuvent, en procurant une douce émotion, distraire
de ridée d'un crime un homme dont la raison s'égare.
La fleur est la parure de la jolie grisette commet la
fière courtisane , celîe delà simple bergère coiiîme
de f auguste reine. Il est un temps dans la vie où une
fleur est le don le plus gracieux qu'q^i puisse offrir
CHAPITRE tXXXVXl. 34j
^t recevoir; et même, quand les heureuses illusions
dûporoissent avec Tâge, on aime toujours les fleurs
qui "viennent des personnes que l'on chérît. Avec
quelle douleur on voit se flétrir et dbparcwtre ces
gages si charmans de la tendresse d*un frère, d'un
fils , d'an ami ! il semble que ces fleurs soient dépo^
fitsûres de leurs sentiment ; on croit cuhive|' en elles
)a tendresse fraternelle , l'amour filial , et le charme de
^amitié. Voilà pourquoi les poètes ont tant célébré
les fleurs , pourqupi elles sont si chères aux amans.
I^es Orientaux ont été jusqu'à leur prêter un lan*
gage; ils trouvent dans leurs formes et éms leurs
çoideurs une manière d'exprimer toutes les nuances
4^ r^espoir , de l'amour et de la jalousie.
Les fleurs ne devroient être vendues que dans des
quartiers spacieux, dont l'abord fût propre et facile^
par des femmes agréables et élégamment vêtues) ;
ces Glycères trouveroient alors des Pausias. A Paris,
la vente s^n fait dans le lieu le plus sale de la ville ^
près du qiarché au poisson ( i ) : on y arrive par des
rues nc«res, étroites, boueuses et infectes; et la
inaîn grossière qui les présente , sent encore l'huître ^
qu'elle vient d'ouvrir, la limande ou le merlan qu'elfe
a débité la veille. A Marseille , au contraire , la vente
(i) On en vend aussi sur îc ^uai de la Ferraille; mais ce Ircu
est étroit, et n*a pas Ta^ment qui convient pour im march/aux
fieurs,
■ y 4
/
I'Vt-
"■'- -
j44 CMAWTRÊ trxxTm
«tes ffeurs se fait sur le cours , entre la me <fe Rbtn^
et la Canebière ; etfe a lieu toute Fannéev et ménM^
pendant Phi ver : c'est là que <îe jetines filles, agréa*
blement vêtues , dont phisîèurs sont coiffées cPunchai-
peau de castor rond orné de rubans et de gâtons
d'argent, se rangent sur deuxfifes; elfes tiennent
dans les mains des touffes de fleurs ; elles ont de&
arbustes dans des pots ; elles présentent des plantes
agrestes commedes plantes cultivées ,. des tubéreuses^
àes narcisses , des jacinthes, enfin des KKacéés de
toute espèce , des cassies, des jasmins, des brandies
d'oranger et de nyctanthes. Plus ïoin sont entassa
tes melons, tes pastèques, les aubergines, les raisîns^^
tes figues, tes pèches : par- tout Pomonè unit tes
richesses au luxe de Fibre.
Le goût des fleurs est sr généraf , qu\ine filîe , qiidtï,
que pauvre qu'elfe soit, n^oseroil sortir fe dimanche
sans en parer son sein. Outre les jardins de Mar-
seîlte , on met à contribution, pour en obtenir une
aussi grande abondance, ceux de Toukm , de Nîce>
de Sàiiit-Remy. Tous les balcons, toutes les t^^rasses,.
en sont garnis. La veille de h Sain t- Jean , h place de
Noailles et fe cours sont nettoyés. Dès trois heure*
du mîrtin, les gens de h campagne y aflîuent ,^ et S
si^ heures tout y est couvert d'une quantité considé-»
rabfe de fleurs et d'herbes aromatiques ou autres :. le
peuple attache à ces plante^ des idées superstitieuses ^ ii
se persuade que si elles ont été cueillies le jour mémo
^ .
■■;)»
CHAPITRE LXXXVII. 34)
iVant le lever du soleil ( i ) , elles sont pi'opres à la
guérison de beaucoup de maux. On s'empresse à
i'envî d*en acheter , pour en faire des présens , pour
en remplir sa maison. Les paysans en donnent aux
personnes à qui ils fournissent habituellement des
légumes et des fruits. On fait encore ce jour-là, dans
quelques villages , des cavalcades sur des mulets oti
des ânes ; diacuri y porte à la main une torche de
bois résineux.
Quelques fêtes sont liées aux différentes époques
<ïes travaux champêtres. Le jour de Saint- Antoine,
par exemple, des moissonneurs , armés de faucilles et
portant des épis , passent dans les rues , et donnent
à ceux qui leur jettent quelque inonnoie, l'espoir
d'une bonne moisson.
Dans plusieurs villages, et principalement dans
celui de Tretz , le second jour de la Pentecôte , on
va faucher une prairie communale. Cette cérémonie ,
toujours accompagnée de chants et de danses , s'ap^
pelle la JRamaJo, c'est-à-dire, la Ramée.
Le jour de la inoisson , on porte en triomphe une
colonne d'épis haute de dix à douze pied^ , et l'on
forme alentour des rondes joyeuses. A l'époque de la
vendange, on promène sur un tonneau pne figure
grotesque , chargée de pampres et de grappes de
raisin.
( I ) De là vient le proverbe provençal, Aco soun d'herùos dt San*
Jtan [Cela ne vaut pa* mieux quelles herbes de la Saint- Jean].
34^ CHAPITRE Lxxxyii.
La fête patrpnaie de chaque lieu s'appeHe Rouma--
wgi y et par corruption, Romerage. On la nomme
ainsi parce qu'elle précédoit autrefois un voyage à
Rome , que le seigneur faisoit entreprendre , ou qu'il
faisoit lui-même par piété : c'est une espèce de foire >
dont les amusemens se composent (fes jeux dont il a
4é|à été question.
J'ai parlé ailleurs d'autres fêtes et d'autres jeux
que l'ai eu occasion de décrire (i).
^i) Vpjfei^k Nice, tome H, page 568, Us festins; à Aîx, ihîd.
page 305 , ^t procession ; à Marseille, ièiJ. page 372 , à Riez, suprà,
page 54, la brapode; au chapitre suivant, différem jeux; à Taiv
tîcle d'Arles, U ferraik.
:îr
<g^i
u?
CHAPITRE LXXXVIII.
Saint-Marcel. — Bas-reliefs égyptiens. — Culture.
— L'Huveaune. — Bastides. — La Renarde. — Fête
patronale. — Trin , courses d'animaux , d'hommes ;
divers exercices ; le saut, les trois sauts ; l'orbe de fer,
le palet , le ballon , la bravade ; jeux de hasard; danses,
la provençale, la farandoulo , la moresque, les bergères,
les turques, les épées.
Je ne voulois pas quitter Marseille sans avoir visité
avec attention Tauroentum. M. Thifaaudeau m'avok
învttë , iors de mon premier passage , à feire avec
lui cette excursion (i). Nous nous rendîmes à la
Menante j où il nous attendoit.
J'auroîs désiré voir en passant la maison occupée
yar le génial Gardane : mais ii étoît at>sent; ce qui
aious priva du plaisir de le saluer, et d'examiner
i{uelques pierres gravées qu'il possède.
Nous nous arrêtâmes à Saint- Marcel ^ hameau
jvoisin de Marseille , près 'duquel est une maison de
campagne sur les bords de i'Huveaune , qui appar-
tient à M. de Saint- Vincens : nous voulions y voir
.deux ^s-reliefs égyptiens. Ils ont été apportés par
Bonnecorse, poëte marseîHoîs, que les satires de
Boileau ont rendu P^^s célèbre que ses propres écrits,
(i) Supra, tome II , page 38a.
^48 ÉHAFitRE Lxxxrnr.
Boifean ^ pfacé un de ses ouvrages parmi fes Iîvt«ï
qull fait servir au combat des chanoines [i ) » et Vst
associé à Pradon dans ime de ses épigrammes {z)*,
Bonnecorse a voit été consul au Csûre, où il s'étott
probablemerrî procuré ces monumens^ dont fal
donné la gravure ^pf, XLV, n^^ 2 ^^ i)^ ^^ y ^^ît
-un personnage coiffe d'une cafotie , vêtu d'une peau ^
et tenant à la main une arme d'une espèce particu*
lière > qw est terminée par un gros cylindre l à côté
sont differens signes hiéroglyphiqvies. Je n'entrepren-
drai point de déterminer ce que ces figures lepré:*
sentent (j).
On croit , sans fondement > qu'il exbtc une rivière
souterraine auprès de Saint-Marcel. Ce lieu est bien
planté en vignes. En générai ^ le terroir de JVlarseilfe
produit d'assez bon vin , mais en petite quantité, parce
que ies bastides couvrent une portion considérable
du soi ^ et qu'on mange en grande partie les- raisins
qu^on y cultive. Les oliviers donneroient une huiie
de la première qualité; mais depuis l'hiver de 1789 >
qui a fait périr ces snrbres précieux , leur produit est
presque nul. L'agriculture de Marseiliese réduit donc
à très-peu de chose.
■<n u*t ^i«t*»—*»*»
(1) La Montre df amour JWoytz le Lutrin, chant y.
[x] Eptgjr. IV ^ Venez, Pradon et Bonnecorse ,
Grands écrivains de même force , &c.
(5) M. de Saint- Viticem a ptacé depuit un de ces bas-rcKife
dans son cabinet d*Aix«
CHAT^TT^K lXXXVÏi!> J%
ÏJWuveaune , qui passe à Saint-Marcel , est k|
^yièi:e la plus considérable du teriitoire de Marseille;
elie prend sa source au pied de la moitti^gne où est
Ta Sainte-Baume^ dans le département du Var, entrer
dans celukdes Bouches-du-Rhône |>dr Auriol , pa«sc^
à Roquevaire , \ Aubagne^ traverse ia campagne de
JMarseiUe jpar la Rei^rde , et se jette, dans la iner^
au quartier de Bonne veine, dans le golfe <Ie Mont-
redoo. Getterivière reçoit à Saînt-Geniez Je Jjuet^
qui con^mence au plan de Cuques, dan? rarrondîs-
sèment d'AlIaucb; puis elle traverse les quartiers dq
Saîm-Just et des Chartreux. ,
C'est, au hameau de la ^^nme qu'est la .prise dii^
•cai^I.de dérivation qui. passe sur les. aqueducs, au-
dessus^ de la ppr^e d'Ai3c,-où l'on reçoit toujours
quelques gouttes d'eau qui s'en échappent. -Cet aque-,
duc se termine aux Présentînes , dans un bassin de
division qui distribue l'eau à toute la yille.
Les jiartîes du territoire qui sont arrosées par le^
Biaud, le Jaret et l'Huveaune ^ sont plus fertiles que,
les parties non arjosables, et fournissent di|fourr^e^
des légumes verts et des fruits d'été, mais en trop
petite quantité pour la consommation de la ville ji
nous avons vu d'où, elle tire ses. denrées. On a
conçu bien des projets pour l'arrosage de tout le
territoire de Marseille (i) ; mais leur exécution a
(i) Michel, Statîstîqut du département des Bottehet-du-Rhêne 4
<^m k Journal de statistique , page 34^»
JjÔ CHAPITRE LXXXVIII.
toujours paru impraticable : l'eau contribueroit ca--
pendant beaucoup à rembeIKssement des bastides*
Il n'y a que celles qui sont le long de THuveaune
^ui ont de l'ombrage ; ce sont aussi celles dont 1er
terrain occupe une plus grande étendue, •
C'est par le défaut de verdure et d'ombrage que
la plupart de ces habitations , si chéries des Marsçff-
lois, manquent de l'agrément qu'on estime ie plus
dans une maison de campagne. Les bastides ordi-
naires ne sont que de très-petites mabons , compo-
sées d'un salon , avec deux ou trois cabinets , et , dans
un étage au-dessus , de deux petites pièces destinées
à y passer seulement un#ou deux nuits par semaine
pendant l'été. Chacune de ces bastides a ses petits
produits. Ce qu'on appelle le jardin n'est qu'un petit
champ de légumes , et j le plus souvent , dft vignes , où
s'élèventquelques oliviers , des amandiers, dès figuiers,'
des mûriers : tout autour régnent des murs très-hauts ,
dont la blancheur éblouissante réfléchit les rayons
d'un soleil brûlant , et fatigue la vue. Tout cela offre
un ensemble ennuyeux , triste et maussade : jamais
on n'y est récréé par le murmure des eaux ; ef
le ramage des oiseaux , qui fuient des lieux aussi
arides , est remplacé par le bruit monotorfe et msuji-
portabie des cigales.
Aucun Marseillois un peu aisé ne sauroît se passer
d'une bastide ; et quoique les capitaux qu'on emploie
à celte acquisition ne produisent aucun intérêt j il n'j^
>ryi
CHAPITRE LXXxV^IIIé 3JI
à pas un^se^I négociant qui n'ait là sienne : Tanisan
même a une masure qu'il appelle sa bastide. Aussi,
rnalgrêleur grand nombre, en trouve-t-on rarement à
louer ou à acheter , sur* tout en temps de paix ; et le
prix en est toujours très-éievé. On s'y rend le s^edî
au soir ; on y passe ia journée du dimanche avec lef
amis que Ton y reçoit , et J'on revient le lundi matin,
La table et le jeu remplissent toute la journée : mais
un plaisir plus réel se mêle à ceux-ci y qu'on trouve*
foit par- tout; c'est de vivre dans un autre lieu que
celui où l'on a ses occupations , de se sentir éloigné
des afFalrés , des personnes qui pôurroient en parler ,
et de tout ce qui peut les rappeler. C'est sans doute
cette certitude du repos , du dolce far mente ,. qui fait
que le Marseillois affectionne tant ces demeures châm»
pêtresy qui lui paroitroient bien tristes , si , comme les
habitans des contrées moins arides, il y cherclxjit,
par-dessus tout, les agrémens et les charmes que la
nature prodigue dans une belle campagne.
La ville n'est au:^ yeux d'un Marseillois que le
séjour qu'il est contraint d'habiter pour gagner de
f argent; c'est sa boutique, son comptoir, son ate-
iîer :- îl ne travaille donc que pour aller à sa bastide
ié dimanche. Phis de cinquante mille âmes sortent
<^ jour-làde la ville pour se répaildre dans la cam-
pagne ; tous les thevaux et les carrosses de louage
sont retenus et occupés.
' Le nombre des bastides s'^èv^ à cinq mSie. En
\
imÙÊ^mm .
\
3ja tttAPtTRB LXiXVÏïK
Voyant de la Vista cette încroyabict quantilé to
petites maisons d'un b{anc éclatant) réunies dans un
espace très- peu étendu > qui est borné par la mer et
par une montagne, aride et grisâtre » au niilieu des
plantations, oncroit être dans un jardin anglois rem«:
pli de petites fabriqu^s%
Il ne faut cef)endant pas croire que toutes les bas-
tides .soient comme celles que je viens de décrire :
on en voit sur la montagne appelée la Vista ^ cfA
sont, k k vérité, sèches et poudreuses , maïs qui
Jouissent d'une vue>admirable : le vent frais de la mer
y supplée au défaut d ombrage; on peut y prendre
Tair sur une petite galerie couverte, qui est ordinai-
rement pratiquée sur fe devant de la maison. Celles
qui sont situées sur les bords du Jaret ou du Blaud,
comme les Eygalades , et même encore sur ceux
de THuveaune , comme la Renarde , sont les plus
agréables. Là , sous le beau soleil du midi , avec un
air toujours pur et embaumé, oii retrouve, pendant
nieuf mois de Tannée, la belle végétation et le riche
ojnbrage des plus riantes cpntrées septentriondes :
il est rare que les propriétaires de ce^ charmantes
habitations n'ajoutent encore', par la culture de quel*
ques plantes exotiques, à l'agrément qu'y procurent
les eaux , les bois et la verdure ; ils se plaisent à
tes acclimater pour en admirer l'éclat et en respirer
le parfum , qui se mêle à celui du jasmin , de la tubé-
reuse et des âeurs les plus odorantes , qui sont semées
par* tout
.«i^^^Mte
J>«r-tôirt avec profusion; Le rossignol et tous les
«^seaux chanteurs y trouvent l'asile qui leur con-
sent , et semblent s'y réunir pour répéler ieurs con*
certs.
La Renarde est u«ie des (Jus agréal)ies bfastides de$
«nvirons dé Marseille : elle appartient au général
Dumuy , qui Tavoit prêtée à M. et à M*"* Thibau-
lieau. La maison est située sur une petite hauteur,
«Atoutée de beaux arbres ; il y a des prés^ des vignes ;
h, culture est variée; le site est pittoresque: au t^as
de la colline coule f Huveaune , qui passe dans Ven^
freinte de cette charmante habitation , et en fertilise
les présv
L'obtrgwnt aceueili de M. Thibaudemi répond
parl^ifement à la beauté du lieu. La conduite ferme
et courageuse q|i11 a tenue dans la révcJutîon, lui a
ac^|ub Testime des bons citoyens. Il a^ souvent ha-
sardé sa vie potir combattre les désastreuses opinions
des bommes^ qui gotcnemoient alors la France i son
énergie leur a arraché plusieurs victimes ; et plus d'uit
proscrit lui doit sa^ fortune et soii existence. Sa
généreuse éloquence a obtenu la révocation de
plttsf^i»^ lois révolutionnaires. II a fait rendre des
décrets importans pour les bibliothèque3 , le musée
d'histoire naturelle^ et tous les établîssemens d'instruc-»
don. L'Empereur a récompensé ses talens.et son zèle
en rappelant à soa conseil , et en lui confiant l'admis
nistration d'un des plus beaux départemens de la
Tome III 7.
'^^'-^^ — -^—^- -*^ ~ .--c .^
354 CHAPITRE *tXXXVIII.
France. M. Thibaudeau a un grand amour pour le irar
vail et une faciihé extrême pour le§ affaires : il parle;
avec grâce. II s'occupe beaucoup des établissement
publics ; il s'attache particulièrement à ceux qui. sont
consacrés à la bienfaisance et à , rinstructiqn : le
musée, la bibliothèque ^ le jardin bot^niquç, l'aca-
démie , lui doivent leur institutioa ou leur rétablisse-
ment. J'avois eu l'avantage de connoître particulière-
ment à Paris M.. Thibaudeau ; mais l'accueil que j'eq aï
reçu y a changé cette liaison en amitié, 11 m'a procuré
plusieurs dessins des monumens du musée » et beau-i
coup de renseîgnemens utiles ; et les services^ qu'il
m'a rendus, méritent toute ma reconnoissance»
Je passai chez lui quelques jours ^ pendant lesquels
•n vint nous inviter à aller à u(i trin : c'est ainsi
qu'on nomme à Marseille Ja iète patronale d'une
commune. Les amis , les parens des habitans , et iioe
foule de ctnrieux , s'y rendent de dix lieues à laronde*
Nous avons vu qu'on la nomme aussi Rournavagi ou
Romerûge[\).
La matinée, jusqu'à midi, est consacrée à la célé*
bration de l'office divin : le curé , accompagné de ses
assistans , passe au son des cloches sous des }>ortiques
de verdure , et va dire la messe au grand autel, qui
est paré de fleurs. A midi , le tambourin se fait en*
tendre; les farandoules commencent: viennent ensuite
«•«*■
(i) Snprà, p. 34<».
i^«k
ies osmrfes^, 4pà soAt le principal divertissetnent de
cette fête ; elles se font avec des chevaux , des ânes ^
et'jsiir^tout ées mulets.
. On pfomène dans tes jours précédens, pour annon-
cer la fête, un caparaçon de mulet , orné de broderies
en laine, souvent plaqué de mcwfceaux'de verre de
' différentes couleurs , et entouré d'argent feux : c'est
le prix d^s«iné*au vainqueur ; cependant ce prix se
rachète moyem^ant une somme, et le caparaçon est
revendu à d'autres villages et sert dans plusieurs
occasions semblables. Ceux qui promènent le prix ^
sont accompagnés de tambourins ; Tun d'eux quête
pour ies frais de la i^te. Ce caparaçon a toutes ses
pièces , jusqu'à la muselière , en sparterie. On porte
aussi , suspendus à^ titie grande perche par des noeuds
d€r rubans ,4es autres objets qui doivent être le prbt
diss-difi^ens j€^x»
Ces jeux commencent presque toujours deux
oa ^iV>îs heures *pte^ tard qu'ils nV)nt été annoncés.
C($inme dans les fêtes du pagaïusme et celles du
moyen âge , ils . sont précédés de cérémonies rdî-^
gieuses; le curé bénit solennellement les animaux
qui doivent disputer le prix*^
II y a aussi des courses d'hommes, et même de
jeunes filles : les courses de ceHes -cr rappellent à
^Imagination ceHes des jeunes fiHes de la Grèce ; mais
ies modernes Atabntes sont chargées de lourds ju*
pons , dans lesquels le vent forme des plis roides et
z z
MkMMAiH
grossiers ; aucun ^cul{>teaf ne les dbôiskoit poar^éei
modèles de grâce et de légèreté.
Ces courses s^exécutent d^ plusieurs manières»:
Outre celle qui a lieu dans vUi champ plat et laiî^
on dispute encore le prix de la vitesse sur un terrain
indiné qu'il faut monter <ïu descendre: tjuelquefom
la course a lieu dans un terrain nouvellement labouré ;
^elqueSiûs aussi les coureurs iiont'envebp^és. dans
nwi ^c dontPouverture est attachée autour deleur<x>ui
Jjes prix adjugés aux vainqueurs soc^t tine échupe
de soie avec une dentelle d'argeht, un beau plat
d'étain^ tine paire de bas de soie, un chapeau 'ga-
lonné^ et d'ai^tres objets dont la gloire du tnorapbd
augmente la yaleur.
De nouveaux c^am pSons se .présentent pour wé*
liter un de ç^s ft^ dans l'exercice du saut : il faut
franchir un fossé, ou passer par-des^is im -tertre de
•gazon 9 une h^ie^ une palissade.
UexeKÎce des trois "sauts a lieu prîncipalettiem: dafts
le département des Bouches-du-Rhôtie^ et s'eicéoite
de cette manière : des liommes ayant Iburrû une
course de huit à dix mètres pour.pren<&e leur âan^
partent d'im point iixe, ^t font -à.<:loche-pied trois
3auts en avant ; Ms parcourent^ ordiimiremem dans
çe% trob sauts un espace de s^pt \ huit;Biètres.. .
D^autres fois on lie les jambes des 'C<mtendâr4;,
«t les efforts qu'ils font pour avança: excitent ifc
irire dt$ spectateurs ; il augmente ^-tout iorsqu'uii
'Û6$ champipus^ perdant féquilibiçe ; trébuche et
Le saut n'est pas le seul amusement qtiî rappeUé
h. gymnastique des anciens Grecs et ies exercices
dans. lesquels ies Gaulois montroient tant ^adresse
«t de vigueur;, ovt voit encore des concurrens kijcef
d'un, bras vigoureux une bouîe.senrf:)I'abïe au s^oj»
[opÀoçJdont parle Homère, ou un palet de fer. Si4e9
antagonistes étoient nus^ leur attitude* contrastées
pouiuroit enflammer ie génie d'un autre Myron, et
nous aurions peut-être une statuerivafie da Discoboles
Enfin des jeunes gens se partagen-t en deu»
bandes^ et font voler en i^ai» un énorme balk>»
iju'ils reçoivent et Tenvoient avec de fom brassardiî..
Dans quelques communes ,^ ceé fèteis: sont plus
tumultueuses et plus bruyantes» Nous avons vtt
comment à Riez f i ) et à Manosque on fait le siège
d'une; cjtadeHe de bois* Mais, dans ces)by.eux com-^
bats, s'il arrive quelques accidens fâcheux, e*esâ
plus souvent par la: maladresse des assiégés et des
assiégeans^ que parla résistance des îins ôw l'achar-
nement des autres :. des fusils ,, des- |«stof ets tropr
chargés crèvent et occasîonnentdes raafiieurs presqtjè^
înévi^ks , parce qu'il faut toujouis que Sa peii^e set
«lêle^u plaisir,, et la douleur à la joie^ ». ' i
, .Après les courses, Ia.fète devient générale: oa-
mmmmmmmtÊmmmSâ^Ja
55* CITAMTRE LXXXyJtU
diante, c^ boit^ on danse; celui qma été ilammé
roi de ia fète , pose une couronne de fleurs* sur tt
tête de là reine qu'il s^est choisie. Ordînaiit^ment un
ou deux habitans se chargent de tous les frais de la
danse ; et au moyen de la rétribution des éjwngles ( i ),
ils y font contribuer ceux qui ont le plus de part
à ce divertissement. On paye vingt sous par paquet
d'épingles : la plus fine galanterie consiste à offrir
chaque fois à sa maîtresse le paquet entier; ceux
^nt la libéralité est moins stnmdéepar fansour,
ménagent davantage leur argent, et ne donnent que
k moitié du paquet pour une contre-danse. II y a
des danseurs à qui il en coûte douze à quinze francs ,
selon le nombre des contre-danses auxquelles ils
prennent part. Pendant tout ce temps , le tambourin
et le galoubet se font entendre : on appelle Jiûiet
WL galoubet une petite flûte à bec, percée de trois
trous seulement, à laquelle on fait rendre tous les
torïs.
Ces divers exercices mènent ordinairement jus-
qu'à la nuit : alors on va souper. Par malheur , un
passe-temps plus fiineste se mêle souvent à ces plai^
sirs innocens et en altère la naïve simplicité : c'est le
Jeu. Les défenses les plus sévères n'ont pas eftcote
pu réussir à l'empêcher : la cupidité s'alhime , et ft
sa fait quelquefois des pertes considérables. Nous
(i) JW/;r^i, tomcll, page I9J,
.AÉÉMx
CHAPITRE LXXXVIII. JJp
vîmes un valet de ferme perdre six louîs qu'il avoît
amassés peut-être par plus d'une année de travail.
Celui qui a gagné , devient plus avide ; celui qui a
perdu, ^e plaint et se fâche : on se querelle, on s'in-
jurie, on se bat ; et le théâtre de la joie devient
une arène sanglante.
Pannr les danses particulières au pays , nous
devons d'abord citer la provenç^tf : c'est une espèce
de holero ou de danse mimique, par laquelle on
cherche k exprimer Tattrait et le charme del'anwurj
mais il s'en faut de beaucoup que cette danse ait lâ
inollesse , la grâce et l'abandon des danses portu-^
gaises et espagnoles : nous n'en devons pas juger
|>ar la manière dont l'audacieux V«stris et k viv€
Cbevigné, le brillant Duport et sa piquante soeur,
dansent la provençale à l'Opéra (i). En Provence,
ie danseur et la danseuse, sans songer aux grâces
du corps et à la variété des attitudes, ne pensent
qu'à montrer la force des hanches et l'agilité des
pieds , et souvent ils font des pas surprenans.
La danse vraiment nationale est la farandoulo y qui
paroît être grecque d'origine. Dix, vingt, trente ,
et même cent personnes, se tenant par la maîn,
forment une chaîne, où les sexes sont quelquefois con-
fondus ; cette chaîne alors est menée par un homme
(i) Cette danse a été introduite dans les anciens fragmcns
appelés les Fêtes provençales; on la danse aujourd'hui dans la,
Dansamanie, Cûlhette à U cour, &c
f z 4
3^0 CHAPITRE hXXXriîU
OU par une femine: d'autres fois la chaîne est endère^
ment composée d'hommes ou de femmes. Lorsque
ces bandes joyeuses viennent à se rencontrer , elles
passent rapidement Tune devant Pautre en sens con-
traire. Tous ceux qui les composent^ sautent au /son
du galoubet et du tambourin ^ ou en répétant un air
qu'entonne celui qui les conduit : on parcourt ainsi
les rues, et l'on vieMt former plusieurs cercles autour
du mai ou du gros noyer sous lequel le bai est étabfiw
Souvent il arrive que l'impétuosité de la course fait
rompre en plusieurs points cette chaîne mobile; on
diront alors un ver partagé en différentes parties »
dont toutes remuent et paroissént vouloir se re-
joindre : en effet , chaque portion de la farandoule se
rapproche; les mains désiuiies s^unissem de nou-
veau y et la (iaqse recommence.
Le beau bas- relief antique qui est connu sous le
nom de danse Borghese (i), représente réellement
une espèce de farandoule , dans la manière dont
on l'exécute aujourd'hui,
La moresque se danse à Istres; M. Fischer (2} en a
distingué quatrç espèces. La première peut être re-
gardée comme un balleÈ économique; elle s'appelle les
Bergères: les figurans tiennent une faucille, un râteau^
un fuseau, un fléau, ou quelque autre instrument
(i) Villa Pinciana, 5tanza I, pi, i^.
(2) Rmenach Hjieres, s, i^8*
i^^^^MM
CHAPITRE LXXXyiII. 3^1
«d'agriculture ou de ménage. La seconde , nommée
les Turques^ est une espèce de bal la politique : on
se range sur deux files , qui s'avancent l'une vers
Tautre avec beaucoup de gravité ; la pantomime
semble exprimer que tous ces hommes réunis se
consultent sur de grands intérêts. La troisième esr
pèce y qui est celle qu'on appelle plus spécialement
Jes Moresques , est un ballet sentimental ^ dans lequel
les femmes sont pâtées de fleurs, et les hommes ont
au genou de petites sonnettes ; les danseurs se cher-
chent et se rencontrent avec un plaisir qui annonce
ia volupté. Enfin la dernière espèce est un ballet guet'
r/Vr> qu'on nomme les Epies : les hommes et les femmes
se mêlent vivement et pfîrent l'image d'un combat
très-animé. Ce ballet a quelque analogie avec le
Bacchu^ber ou la danse armée , dont je parlerai en don-
nant la description de Gap. Les rapports de plusieurs
de ces danses avçc le boléro ^ et le nom de quelques*
unes , doivent faire présumer que ce sont les Sarra^ns
qui en ont laissé l'usage en Provence.
Ces réunions durent ordinairement jusqu'au
lever du soleil : elles recon^mencent assez souvent
le lendemain, mais d'une manière moins bruyante ,
parce que les sauteurs , les coureurs et les danseurs
sont épuisés de fatigue. Enfin chacun retourne chez
soi, dans l'espoir de se retrouver bientôt à la fête
d'un autre village.
Pendant notre séjour à la Renarde, nous fîmes
5(Î2 CHAPITRE LXXXVIII.
quelques excursions dans tes commune:» de& en vircm^*
Nous allâmes un jour k Auriol ^ où se fabriquent
tous les carreaux qu'on emploie à Marseille et dans
les départemens circonvoisins pour paver lés salons
et les chambres ; on les nomme malons : quoique
ce commerce soit asseiz étendu ^ il est peu productif.
Les habitans de Roçuevûire ( i ) , où nous allâmes
ensuite , sont très- laborieux ; c'est cette commune
intéressante qui fournit à la France et à l'Europe ces
mélanges de fruits secs qu'on appeUe/m/'/j de carême^
et vulgairement /es quatre mendians. Les fruits du
canton sont la principale base de ce commerce ;
mais il y a aussi à Roquevaire des commissionnaires
qui réunissent les fruits préparés dans d*autres com-
munes des départemens dés Bouches-du-Rhône et
du Var , pour les expédier > suivant les demaixles ,
dans tout l'Empire et cheîs l'étranger.
Nos courses nous menèrent une autre fois à Géme*-
nos y maison de plaisance qui appartient à M. d'AJber-
tas [z). L'agrément de ce beau lieu l'a rendu xxû objet
de curiosité et de promenade pour lès Marseîllois r
il est à quatre lieues de Marseille et à une lieue
d'Aubagne ; une source qui sort de la montagne de
■"— — ' ■ . ■ . . - ^
(i) Rttpes varia, dans fcs chartes.
(a) A une Jieue de Gémaios. est fa chapelk de S, Gàrffiitr^
fameuse par les pèlerinages qu'on y faisoît avant la révolution ;
elle vient d'être rouverte : ce lieu est connu dans les anciennes
inscriptions sous le nom de Gargarkum,
j
CHAPITRE LXXXVIII. ^6$
S^fint^Pont, fonniitdes^ eamx aboiidafiies quî étoîéiît
dirigées avec goût dans le parc de Gémenos. On y
voyoît des jets d'eau , uhe* (Cascade, qui entretenoient
une délicieuse fraîcheur dans de rians bosquets. Avant
d'arriver dans le parc, la source de Saint- Pont arrose
dès sa naissance des ombrages magiiiiiques , entou-
rés de rochers sauvages ^ fertilise un vaHon d'une
<iemi- lieue , et y fait mouvoir un grand nombre
d\isines , telles que dés papeteries , des martinets ,
des moulins à foulon et à farine , qui dépendent de
la terre de Gémenos. Cette charmante habitation ,
qui pourroit rivaliser avec les plus belles maisons de
campagne des eïi virons de Paris , a éprouvé |)endant
larévolutionde grandes dévastations ; ces dégâts a'oùt
point été réparés. Cependant les beautés na^reifes dit
site et la richesse des eaux attirent toujours }es étran^*
gers et les habitans de .Marseille dans k.parc do
Gémenos et dans le vallon de Saint-Pont, qut a été
dbanté par le Virgile français. On y voit les laines
d'un ancien monastèîe des teligieiises de l'oidre do
Che^ux , qui , dans le Xîv.*' siècle , a été trzmfété
à Hyères : l'élise subsiste encore.
«MriMfWkMMarii»
3
■3*54
CHAPITRE LXXXIX.
AubAGNE» — Excursion à Tarenta j €rt - ce Fàneîcit
Tauroentum! —Fouilles' faites par M* Marin. — Nou-
velles fouilles faîtes pap M. Tbibaudea». — Mosaïquesi^
— Sarcophages. — Résultat de ces recherches^ — Sable
mouvant. — Astragale. — Scarabée sacré. — LesLèqjues.
— La Cadière. — La Ciotat. — Prud'hommes^
— La Bîguo, — La Targuo, — Pêcheurs. — Ile-Verte,.
Cap de TAigle. — Grotte de corail. — Comédiens. —
Théâtre provençal. — Vin muscats
xjE 24 messidor, nous partîmes de la Renarde pour
aller visiter le lieu où Ton place communément
l'ancienne ville de Tauroentum. Le préfet étoit ad-
compagne de quelques - uns^ de ses secrétaires j
de M. Gervaise y directeur des contributions ; de
M. Maggi , chargé de la levée du cadastre y et (Je
JA' Brack, dont j'ai déjà parlé. Nous suivîmes la
route de Marseille à Toulon jusqu'à Aubagne^ où
Ton recueille un très-bon vin muscat', et où il se fait
des poteries de terre, Lar culture gagneroit beaucoup
à la suppression de deux moulins à farine qui détour^
nent les eaux de l'Huveaune y dont on ne peut &ire
usage pendant quatre jours consécutif de chaque
semaine ; les productions de la terre périssent de
sécheresse au milieu des eaux qui devroient ies^
abreuver. Les maiscms d'Aubagne s'étendent^ dans.
-■ ^
Wi assez ïong 'espace , sur les deux bords du grand
chemÎH, CVst dans cette vHIe qu'est né le PI ^Sicard^'
ce vartufeux missionnaire . auquel nous devons des^
notions intéressantes sur TEgypte , et qui , aprè$
avoir déployé le zèle ardent d'un apôtre et l'éru*
dition d'un savant , mourut au Caire en servant les
pestifi^rés. Mais Aubagne doit sur-tout se glorifier
d'avoir vu naître l'illustre Barthélémy , à qui f ai eu
i'honnei|]: ^e succéder dans Ja garde du c^iiiet des
médailles^ sans avoir la gloire cte ie remplacer i.
À quelque distance de: là , nous traversâmes un
pays sablonn^ipc. Le bois qu'on en tire est très^utilef
pour le.^auâfage de Toulon et de Marseille ; car
il y apeUj^je c^ combustibfe icfons le département des
Bouchesrd^^hÔne , et il s^^iit ' trop coûteux d'tm
faire arriver psir terre du <iéçactei»ent.duiyar rnéan-*
moins les parties, jde ç^ ^département qui avoisinent
les côtes , concourent avec la Corse et la Sardaigne
à compléter l'approvisionnement de cette grande
até.
L'âpreté du chemin nous força bientôt de mefS^
pied à terre; et après avoir ainsi fait une lieue, nous
entrâmes dans /^z C/(>^tf/.
Le bateau de la douane étoit prêt pour nous rece«
vdr ; mais les prud'hommes rinrjait en députatîôn ré^
damer l'honneur de conduire eux-mêmes leur préfet,
et il dut leur accorder la préférence. Ces braves;
gens avoient leur grand coutume , c'est-k-dire qu'ils
j66 CHAPITRE LXXXIX»'
étoîent vêtus <Fun habit noir complet à la française :
ceux qui dévoient ramer , s'en dépouillèrent poui?
«'être point gênés dans cet exercice pénible ; te
pilote garda le sien , et s*einpara du gouvernail, qu'A
étoit 'singulier de voir entre les mains d'un homme
en costume de cérémonie.
, Après avoir traversé le golfe des Lèqufs , noul
descendîmes au iieu appelé Tûrento, où Ton pense
qu'jétoît située autrefois l'ancienne Tauroeïs , qu'on
nomme vulgairement Tauroentum (*)* H s'est élevé
des difficultés sur ce pointa géographie ; on a pré-^
tendu que ce lieu n'a point existé où la tradition le
place. Les uns veulent que Tauroeis ait été au cap
Skies (a), les autres au cap Cepé (3). (^lelquieis sa-
Y^w I!ont i:herchée dans k golfe de Toulon {4) T
d'^AUnes enfin ont pensé quec'étoit Toulon même ( 5 ).
- (i) Ilest aisé <îc voir qu'on a prîs pour le nom du ïicu Paccusatif
4^ ce memje nom; Tampeis, ça grec 1 fait Tauroetm kV^ccasaXif',
et c'est à ce cas qu*f ! a été employé par César. En le mettant aif
nominatif, on en aura fait Tauroentum , nom qui est devenu celui
/^tt casteHum; on a dit ensuite, par corruption , Taurentum; et les
balritans rappellent aujourd'iiui Tarento,
(2) Peut-être à l'île Embiés. M ANNERT, Gtographit dn Griechc^
und Rotmer; 2."' theil, i.**?* heft, s. 79.
(3) AcHAHD, Mémohrt sur Tauroentum, dans les Mémoires de
l'iicaéâme de ÂLvseiUe , tome fil , page 1 84.
(4) Le hras de Saint-George et TÉvescat. Wesseling, Ad
itiner, Antonit^i, p. 506. Oberlin^ /« CjUSAR, Comment, de
beîlà civîîi , Il , 4.
' {f^\ Samson et BoutHE.
CHAFITRE LXXXrX. 3(^7
li e$^ plus at$é de combattre le sentiment; qui place
Tancieiine Tauroeis à Tarento , que d'appuyer par des
preuves les sentimens opposés , puisqu'on n'a pour
indices quç dç$ distances et des mesures incertaines,
L'^nfiqu^ tradition , la conformité des noms , la déci-
sion dp célèbre géographe d'Anville , ont formé l'opi-
nion la ^s généralement reçue; mais on ne sauroit
avoir, sur ce point, une parâite conviction.
Jn^o^înç ii^ Tauraeis étoit fort ancienne. - Des
PhpcéeJD$ , dont le navire àvoit été séparé de leur
flQtlç^ abordèrent sur cette plage , et y fondèrent cet
établiss^inerii , qui reçut son nom de la figwre de
taureau qui leur servoit d'êmeîgne. Ce lieu paroît
n'avoir jamais été bien ilomsant : il étoit seulement
destiné à la défense 4e la côte ; et la dénomination
4e fûsullum que lui idbnne César , porte à croire
que de soft temps ce n'étoit fJus qu'une forte-
resse. :
- .M. JVbùiti lut , en 178 1^ à Facadémie de Mar-
seille, un mémoire qu'il a fait imprimer depuis (i) ,
^ dans lequel il affirme «que Fancien Tauroentum
occupoit l'emplacement que la tradition lui assigne :
TJL prétend même , en suivalit fes découvertes qui y
ont été Élites , retrouver la ville , la citadelle , le
théâtre ^ les bains publics ; établissemens que ce lieu
n'a jamais possédés , et dont nous n'avons pu , mât^
gré les recherches les plus attentives , apercevoir la
moindre trace*
La lecmre du mémoire de M. MaHn engagea
M. Tiiibaudeau à visiter ^ au commencement de
Tan 1 804) les ruines décrites par cet académicien ; et
la découverte d'une mosaïque donnant de noa*
velles espérances , il fit reprendre les fouilleis à ses
frais : elles furent faites avec toute Tactivîtè et I'in<^
telligence possit>ies , sous la direction de M, Magioird
Olivier, de la Ciotat , membre du conseil du dépar-*
tement* M. Magloire Olivier a fait • d'excellentes
émdes ( t y; ii aime les recherches historiques ; il desi*
roit voir confirmer un^ ait avancé par son ancien
ami M. Marin, et curieux pour sa patrie. Ces
travaux , conduits d'après lés plans donhés par
M. Marin /ont ùh découvrir une grande quantité
de bâtimens qui n'avoient point encore été aperçus,
et qui se iient à présent aux pièces qu^il avoit dé*
crites.
Nous suivîmes les détails de ces fbuifles avec
M. Thibaudeau ; et voici ce que nous avons remar^
que de plus intéressant. Les bâtimens mis à décou-
vert occupent un emplacement d'environ treize mille
cinq cent quatre-vingt-neuf mètres carrés ;^ ils se
composent d'environ soixante pièces différentes , qui
(i) Pendant le séjour qu'il a fait à Paris comme président d'un
conseil électoral » il a harangué sa Sainteté en latin,
se
CHÂÎ>ÏTRE LXXSCÏX. ^6y
«^€DWîiTmnîquent ou sont attenantes, et forment une
seule masse ( i )^
H seroit trop ïong et superflu de décrire chacune
•de ces pièces et leurs communications; il suffit d*en
donner une idée générale. La principale a cent
«quarante pieds de long et quarante de large ; elle est
divisée , dans toute sa longueur , en deux parties ,
far une assise de pierres de taille , de niveau avec le
pavé, et par un canal d'un pied de large, séparé de
I^ssîse de piefres de taille par un mur de cinq pieds
de haut et de sept pouces de large , en briques posées
de. champ. %
La partie le ïong de laquelle îï règne plusieurs
pièces, a dix huit pouces de largeur; elle est pavée
«n mosaïque : toutes les pièces ont leur entrée sur
cette galerie* Divers canaux eldes aqueducs traversent
ces bâtimens ; on y a aussi trouvé des tuyaux de
plomb qui àmérioîent les eaux des sources qui sont
svr la montagne. Ces aqueducs sont bien construits;'
mais on ne peut les suivre que quelques pas , à cause
des éboulemehs qui les ont encombrés* Ces ouvrages
se terminent à la mer.
Les murs des différentes pièces sont peints ea
couleur rouge, bleue, jaune ou verte, tantôt unie,
(i) M, ThibauJeau en a fendu compte dans son A^emoire sut
Tawromtum , imptimé dam \t tome lU des MéMoirts de Vacddémh
de Marseille, Ces recherches nous ayant été communes, f«n^
prunterai quelquefois ses propres expressions.
Tome III. A a
370 CHAPITRE LXXXIX.
» tantôt avec des compartimens ou des arabesques : ces
couleurs sont encoj^e très-vives , et elles sont em-
ployées avec plus de goût que dans ia grande gale-
rie, qui est pourtant couverte de peintures à fresque
représentant des arbres et des animaux plus grands
que nature , parmi lesquels nous reconnûmes un
chien , un lion , un léopard et un taureau ; ceT qui
peut faire croire qu'on y avoit figuré une chasse, ou
un combat d'animaux.
Les mosaïques qu'on y a trouvées , présentent ,
en général , un fond blanc et une bordure bleue
simple ou do^e : on n'en a vu que deux q^i
eussent des dessins ; Tune, découverte par M. Ma-
rin , a été détruite depuis ; l'autre est menacée du
même sort , si M. le préfet ne la fait enlever , quoi-
qu'on ait eu soin de la recouvrir de plusieurs pieds
de sable. On remarque sur cette dernière un enca-
drement formé d'enrôulemens gracieux ; à chaque
coin il y a un calithare, ou vase à deux anses, d'une
forme élégante. Les ouvriers prétendent qu'on y
voyoit autrefois un serpent : peut-être y avoit-il aussi
une ciste d'où ii sortoit ; ces attributs bachiques au-
roient été fort convenables pour une salle à manger.
Cette mosaïque a été endommagée , en quelques
endroits, par les racines de Y astragale marseilloisi
qui s'y sont fait jour.
Tous ces édifices n'avoîent point été découverts
au temps de M. Marin : ceux qu'il a connus sont
CHAPITRE LXXXIX. «371
sur le bord de la mer. On y voit une longue suite
de bases de colonnes alignées ; ce qui annonce
assurément l'ancienne existence d'un portique. On
trouve encore une salle carrée de cette forme | ^ ;
là niche ronde qui la termine , a dû être destinée à
une statue. Le pavé est formé d'un ciment ferme
et grisâtre, dans lequel on a implanté symétrique-
ment des rhombes de pierre d'une couleur plus
foncée. On voit encore des ruines d'édifices sur
les rochers où la mer vient se brber.
Une pièce ouverte dans le rocher présente deux
sarcophages ; i'un bien conservé , et l'autre mutilé ;
ils sont placés ainsi :
, Sarcophage mutité.
I
L.
O
U
WD
Entrée.
Tous deux sont en pierres communes, et dévoient
être à-peu-près semblables. La face de celui qui
est conservé, a, dans son milieu , une rosace, entre
des cannelures sinueuses nommées strigiles, comme
on en voit depuis le lll.* siècle ; il étoit soutenu par
une plinthe en marbre décorée d'une rangée de ces
Aa a
57^ t:nAï>ïtnK ^xxxlx^
petits l)6udîers qu'on appelle parma ; elfe avoît Aè
arradiée, et nous ia vîmes sur le toit d'tm pècheur>
Ce tombeau est dans la prc^riété de M. Darquier,
t]ui Ta découvert.
II y avoit sur -un de <es tombeaux une ins^ttk
•on ilsoit :
PAT>ERNA QVINtTlAïiïl C05
«Cettte -frise a été transportée à près d'an mffle, k
la batterie; et li rfen existe plus que<:ette portion
de mot, viNCTiANï, Comme la date du consulat
imanque , oh ne peut savoir dans que! temps a vécu ce
Quînctianus ; mais il est probable que^ces deux tom-
beaux sont le sien et celui de son épouse i>u de sa
£lIePaterna.
D'après ces détails sur les édifices qui restent à
Tarento, il est aisé de juger que rien ne favorise
Topinion que c'ait été l'ancien Tauroentum , si l'on
veut que cette ville ait eu quelque importance : on
n'y voit ni théâtre , ni cirque, ni gymnase ^ ni place
publique ; et l'on ne peut supposer qu'une colonie
marseilloîse ait vécu dans des huttes , comme les
habitans de quelques [Kirties de Tinlérieur des Gaules*
Parmi les fragmens d'antiquités que les fouilles
ont fait découvrir, on distingue une tète de femme,
un torse de Bacchus , que M. Marin a remis à
M. Thibaudeau; des frises , des moirfures de marbre,
une colonne , des tronçons et des bases de colonnes
de marbre et de granit. Il est à reftiarquer qu'à
, .CHAPITRE XXXXfX*^ ^75
Fréjùs, â Ant3>es, à Nice^ sur toute cette côte ,.
tous les restes de monumens sont «n pierre du pays^
appelée pierre froide ; on n'y trouve presque pas de
marbre : à Tarento, au coiïtraîre ,Je marbre est très-
abondant ; outre des colonnes entières , on rencontre ^
une grande quantité de petits morceaux de marbre
blanc très-minces qui ont servi pour des pavés , des
revêtemens de murs y ou pour la couverture de toitr
et de terrasses ; ii y a aussi des fragmens de granit, et
de rouge antique, marbre (Ju'on ne trouve employé
que depuis ie temps cfes empereurs romains. Cett*
richesse de matériaux fortifie l'opinion que ce lieu
^étoit une maison de campagne : on sait avec quelle
profusion tes Romains aimoient à embellir lemsvil/a
de marLres précieux ; et le voisinage de la mer avoit
procuré à Quinctknus la possibilité d'en feire venîi:
à peu de frais.
J'ai rapporté un ftagraent de ciment,, dans fequef
H y a une grande quantité de marbre concassé ;
ies reflets spathiques des grains^ de marbre et la
couleur rouge du ciment donnent à ce mélange
d'une dureté coiîsidérabFe , l'apparence du por-
phyre i on pourroit l'employer avec succès dans nos^
édifices.
On trouve dés briques: de toutes les formes^
rondes , carrées , longues; quelques-unes avec le
nom du fabricant : nous en vîmes où on lisoît ces
mots, jMARl. EVRAS. F. ; nous remarquâmes sur-
Aa 3
'374 CHAPITRE Lxxxix;
tout des briques triangulaires arrondies sur une de
leur faces .^ "^^ ; la réunion de quatre de ces
briques iforme un disque
Ces briques paroissent avoir été destinées à faire des
colonnes , et peuvent être utiles pour ce genre de
construction.
Le nombre considérable de fragment de cette es-
pèce de poterie rouge si commune dans les Gaules,
peut faire présumer qu'il y en avoit une &brique dans
les environs ( i ) . On n'en a pas trouvé une seule pièce
entière ; on retire seulement de terre , mais en petit
nombre , des lampes , des morceaux de verre , des
iacrymatoires, des amphores, des strigiles, et d'autres
(i) M. GriVAUD, dans sa Description des antiquités trouvées
dans hs jardins du Sénat, a très-bien trahé de ces sortes de vases ^
de leur forme^et de leur fabrication.
CHAPITRE LXXXIX. Î7Î
testrumens de bronze du genre de ceux qui se ren-
contrent ordinairenaent dans ces sortes de fouilles.
La distribution de ces édifices , le luxe et la ri-
chesse des ornemens dont on rencontre des indices ,
tout fait croire que là étoit, non pas la ville de Tau--
roentum , mais une de ces charmantes habitations
que les Romains aimoient passionnément , et pour
l'embellissement desquelles ils faisoient des dépenses
excessives. Ces habitations étoîent, comme celle- \
ci , bâties sur le penchant des collines ; on recher-
choit sur-tout le voisinage et la vue de la mer : elfes
étoient partagées en trois corps; la villa rustica^
qui étoit la maison destinée aux ouvriers et aux détails
de la culture 5 la villa fructuaria , où étoient les gre-
niers, les celliers, et où Ton conservoit les liquides
et les fiuits ; enfin la villa urbana, qui étoit l'habi-
tation du maître. Les colonnes, les marbres, étoient
destinés à prner cet'te partie de la villa de Quinctianus ,
et à former un portique , une galerie couverte , d'où
i'on jouissoit de la vue de la mer. On sait qu'à la villa
rustica on joîgnoit souvent un petit temple , et que ces
édifices étoient , en général , accompagnés de I;||au-
coup de chambres attenantes à une grande galerie.
II est très-probable que le propriétaire de cette
belle habitation étoit ce Quinctianus dont nous
avons vu le tombeau et celui de sa fille ou de sa femme
Paterna. La forme de ces tombeaux , l'usage des mo-
». • ■
saïques, les médailles, découvertes, qui ont toutes
A a 4
^7(5 CHAMTRE LXXXIX^
des têtes depuis Claude jusqu'à Décence ( i ) ^^oÎTcnt
faire présumer que ce Romain y qui peut-être exer-
çait une magistrature dans ïe pays , a vécu dans te
iv/ siècle de notre ère; et c'est à cette époque, je
croîs y qu'il faut placer la construction de ces bâtif-
mens. Je seroîs porté à croire que la villa urbana de
Quinctianus étoit sui te bord de laf mer^ au.Ketf
où M. Marin a trouvé un portique ^ et que sa villa
rustka étoit plus loin y àfendroit où M» Tfaibaudeau
a découvert une suite de pièces attenantes à une
galerie : Quinctianus aura fait crèusep dans te rocher^
près de son habitation y un tombeau pouv recevoir
son sarcophage et ceki de son épouse»
Quant au temps où cette villa à éxé détruite y oit
ne peut pas même hasarder une conjecture; mais on
peut deviner plus aisément quelles sont tes causes
qui en ont amené ta ruine ; abandonnée dans un
temps de trouble, cette Ii^bitation auiaété pillée ^
comme Tont été depuis quelques années Tourves et
la Tour-d" Aiguës, dont il ne restera bientôt plus de
vestiges ; te sable a recouvert ensuite ce que tés
spoliateurs n'avoient pas emporté. Tout ce qui étoi^
entier, jusqu'aux cotonnes.de l'édifice, ayant été
entevé, on doit en conclure que cette spoËation
s'est opérée par succession de temps ; car ceux qui
(i) Ôtt na trouvé que deux monnoies marseilioiscs ; et ii est
probable qu'on en^ auroit découvert davantage^ si ToB eût été iur
i/emp!acement de l'ancien TauroentuM^
-^ - ^-- -^-^-^.«^^-a^i-^
CHAPITRE hXXXlX. 377
^ent une catastrophe quelconque , ne songent pas
à emporter des statues et des colonnes.
Lorsque le mistral souffle dans toute sa force , H
élève avec tant d'impétuosité les flots sur cette côte,
qu'on croiroit que c'est l'effet d'une haute marée ; et
ils ne se retirent qu'en déposant sur le rivage une
grande quantité de sable. A mesure que ce sable
s'amoncelle , il sèche , et n^est plus qu'une poussière
impalpable que le vent pousse avec une extrême
facilité ; le mistral en fait rçuler des couches entières
les unes sur les autres ^ jusque sut le sommet de la
montagne , qui est pourtant assez élevé : ces mon^
ce^ùx de poussière ne redescendent que lorsque les
pluies les entraînent, ou qu'ils sont pcHissés pal^ le
vent contraire ; mais ils ne retournent point jusqu'à
la mer. Les arbustes , les arbres même , sont recou^
verts de ce .sable mouvant ; et des hommes qui ,
lorsque le mistral souffle , oseroient rester sur le pen-
chant de cette colline , risquerc^ent d'être bientôt
engloutis. C'est le mistral qui a riecouvert de douze
à quinze pieds de sable les ruii^es dont |e viens dt
parler.
Cette plage aride est tapissée de cette espèce
d'astragale ( i ) qui forme d'énormes touffes rondes
dont les boules sont hérissées d'épît>es : cette plante
est appelée dans le pays asseti di capelan [ chaise de
( I ] Astragaîus massiliensis.
378 CHAPITRE LXXXIX.
^ prêtre ] ; les longues épines dont elle est armée , ne
doivent cependant pas en faire un siège fort com-
mode. Nous étions assaillis par une quantité consi*
dérablç de gros insectes noirs : c'est ie scarabée
sacré ( i ) , auquel les Égyptiens ofFroîent un culte ;
on le trouve assez communément en Provence et en
Languedoc. J^observai deux de ces insectes occupés
, à remonter leur boule de terre : l'un rouloit la boule
sur une élévation , et l'autre se tenoit derrière lui , et
paroissoit vouloir ie soutenir , et , pour ainsi dire , le
pousser ; mais plusieurs fois la boule échappa , et
entraîna les deux scarabées en bas de la petite col-
line de sable.
II n'y a que cette portion de terrain qui reçoive le
sable entraîné par la mer et poussé par le mistral :
tout le golfe des Lèques est bien planté en vignes,
et un joli bois couvre le cap où est placée la bat-
terie. Derrière Tarento est un grand marais, appelé
la Palu, qui conduit à la Cadiere, lieu dont le nom
rappelle Tindécent procès du P. Girard, accusé
d'avoir séduit sa belle pénitente.
Nous retournâmes à la Ciotat , et nous suivîmes
M. le préfet au tribunal des prud'hommes , pour les
remercier de leur bonne réception : leur salle est dé-
corée d'un portrait en pied de l'Empereur. Cette pein-
ture atteste plutôt le désir qu'ont ces braves gens de
f
i
V
M
M
y»
( i) Scarahaus sacer.
CHAPITRE LXXXIX. 379
posséder Kmage de leur souverain , qu'elle ne prouve
le talent de celui qui Fa exécutée.
C'est une curieuse et intéressante institution que
celle des prud'hommes. On appelle ainsi une cor-
poration formée entre les pêcheurs , laquelle exerce
sur toute cette caste honnête et laborieuse une juri-
diction dont les jugemens sont toujours dictés par la
pïus stricte équité , et exécutés avec la plus scrupu-
leuse soumission. Il y a des prud'hommes à Marseille ,
à la Ciotat et à Martigues. Les quatre prud'homales et
leurs suppléans sont élus tous les ans le jour de la
Pentecôte, en présence du maire : on les choisît
ordinairement parmi ceux des anciens dont le sens
droit et la probité sont reconnus. Leur tribunal a
ie nom de juridiction des prud'hommes pêcheurs. Ils
portent l'habit français noir : tous ont de plus une
robe de palais quand ils tiennent leurs assises. Ils
connoissent de toutes les contestations i^elatives à la
pêche. Les procès ne durent pas long-temps; chacun
explique soi-même naïvement ses raisons : les friais
ne sont pas considérables non plus ; chaque partie
donne une pièce de deux sous. Les juges écoutent
attentivement : leur décision est toujours sag« ; et le
président l'exprime en disant à celui dont la plainte
n'est pas fondée , la ley vous coundano : toute la sen-
tence est comprise dans ces seuls mots , et personne
ne peut appeler de c^t arrêt; jamais on n'en attaqua
la justice. Cette belle institution date du x/ siècle :
\
^8o CHAPITRE LXXXIX.
elTe reçut du roi René y en 1 4/ 1 » son organisation
définitive; elle s^est maintenue pendant la révolution^
et a conservé ses archives. Combien il seroit à désirer
que tous les procès pussent être jugés avec la même
facilité 1 II semble que la raison et h justice se soient
réfugiées parmi les pêcheurs.
J ai déjà dit qu'on regarde ies pécheurs comme
tm reste des anciens Phocéens : cette idée n'est pas
fus te; mais ii est certain qu'ils^ ont une droiture,
un sens, une énergie y un kngage , des chanscxis^
des moeurs et des usages , qui leur sont particuliers..
Ils. s'allient toujours entre eux.
Leurs jeux ont quelque chose de vif et de sin-
gulier. Un des plus communs est lajoûte, espèce
de combat qui s'exécute dans le port^ comme nos
joutes sur Teau au Gros- Caillou et à la RÂpée: mais^
outre sa lance , le jouteur est armé d'un petit bou-
clier sur lequel il reçoit le coup de son adversaire;
ce qui le jM-éserve des contusions y et donne à cet
amusement un caractère plus guerrier.
Il faut voir avec quelle adresse les jeunes pécheurs
montent au mat de cocagne , pour se saisir du prix
qu'on y a suspendu. Cet exercice rend leursmembres-
plus agiles, et les dispose à grimper aux mâts el suip
les antennes ; peut - être lui devront-ils leur con-
servation dans ime tempête. Il s'appelle la bigue^
Celui qu'on nomme la targm, consiste i marcher
sur un mât incliné vers la mer, et fortement enduit
CHAPITRE LXXXIX. 3*1
^e siiîf ; îl faut aller pieds nus sur cette perche
^glis^nte, et saisk le prix qui est suspendu près
<Ie son extrémité. On sent combien les chutes sont
fréquentes , «t chacune excite ie rire des specta-
teurs. C^i (pii tombe dans la mer, nage et vient
reprerjdre une place derrière les autres , et ainsi suc^
cessivement.. Enfin le frottement continuel fait dis*-
paroitre {a graisse , et le prix est remporté au bruit
des acclamations.
C'est un coupKTœil plein d'intérêt que de voir le
départ des pécheurs , de contempler la mer couverte
tie ces Ijardis navigateurs dans leurs frêles barques ;
c'est sur-tout dans un beau soir , c'est au clair de
la lune, que ce spectacle est ravissant. II n'est pas
moins curieux de les vcât revenir à pleines voiler ou
à force de rames , et se presser à Tenvi d'atteindre
!e rivage avec leurs corbeilles remplies de poisson •
Les quais sont bordés de ceux qui veulent en
acheter les premiers. Les pêcheurs débarquent leurs
filets, et les étendent pour les fiiire sécher; leurs
femmes , leurs fîUes , les attendent , et les con-^
duîsent à la chaumière, où ils trouvent le plus grand
des biens pour l'homme pauvre et laborieux, ié
sommeil et le repos. Ces scènes pittoresques ont
exercé les pinceaux des plus grands maîtres ; çlles
font le charme de ces jolis tableaux qu'on appelle
des marines.
La Ciotat est une ville moderne ; on a^t
-I
382 CHAPITRE LXXXIX.
qu'elle doit son origine U quelques pêcheurs cata-
lans : elle a commencé seulement à acquérir quelque
importance dans le Xiv/ siècle; son nom signifie
y il le (i). Ses habitans se livrent au commerce, à la
pêche, à la construction des navires; <mais le voisi-
nage de Marseille empêchera que cette petite viUe ne
prenne jamais un grand accroissement. II n'y a dans
son enceinte que deux puits d'une eau saumâtre ; mais
Iz, fontaine du Pré, qui coule à peu de distance , fournit
uiie eau claire et limpide. II seroit très- facile de la
conduire jusqu'à la ville ; mais on s'y est toujours re-
fusé, pour ne pas ôterles moyens de subsister aux
femmes qui sont continuellement occupées au trans-
port de cette eau. Ce n'est pas là une preuve d'une
sage administration municipale ; il seroit plus con-
venable d'établir des fontaines dans les rues , et de
procurer aux femmes et aux enfàns une occupation
qui tournât davantage au profit de la commune.
La ville est bâtie sur le roc : la principale forte-
resse s'appele lou Berouard, c'est-à-dire, le Boule-
y art (a).
L'abbé Durand, auteur de Cantiques spirituels ;
le pauvre Pellegrin, qui dînoit de l'autel et soupoit
du théâtre ; Joseph Seguin , auteur des Antiquités
(1] On a dit d'abord Sieutat, ensuite Cieutat, puis Cioaiaf,
enfin Ciotat,
(2) Beloardus, dont on a fait Beloard, puis Berouard,
*«
CHAPITRE LXXXIX. jSj
d'Atles, étoient de la Ciotat. Le doyen actuel' dçs
gens de lettres, M. Marin, qui à Tâge de quatre*
vingt -dix ans conserve encore toute la vigueur
et la gaieté de son esprit , a écrit l'histoire de
cei;te ville , où sa famille a toujours tenu un rang
distingué.
Pans une petite promenade sur mer, nous pas-
sâmes entre le cap de TAigle et une île peu consi-
dérable qu'on appelle très-improprement l'île Verte y
car elle est nue et couverte seulement de mousses et
d'algues marines : on y va quelquefois manger dit
poisson. Ce lieu paroît avoir été détaché du cap
appelé aujourd'hui le JVr, et qui est cité dans les
anciens auteurs sous le nom de Promontoire de
l* Aigle: en effet, la partie qui s'avance dans la mer,
a encore la configuration d'une tête, d'aigle. Plus
loin est un autre rocher en saillie appelé le Capucin ,
où Ton prétend qu'il y a une grotte de corail ;
quelques personnes crédules ont déjà hasardé leur
fortune et leur vie pour s'emparer des prétendus
trésors qu'elle contient.
II y avoit des comédiens à la Ciotat , et ils jouoient
quelquefois des pièces marseilloises : nous ne pûmes
y assister ; mais cela me donna occasion de faire
quelques recherches sur le théâtre provençal. Les
anciens troubadours ont composé des tessons, espèces
de dialogues qu'on voudroit inutilement décorer du
titre de comédies, puisqu'on n'y retrouve rien de ce
*
384 CHAÏ>ITRÉ LXXXtX.
qui constitue un drame : ce sont des conversations
en vers sur des sujets d'amour et ^uelquefob de
^politique ; il y est question de guerres et des croi-
sades (i). ' ^
Les' drames pieux que ïe roi René a fait repré-
senter en Provence et à Avignon , ont été composés'
en français > et le plus souvent par Michel d'Angers ,
auteur de plusieurs pièces saintes ; l'Homme mondain ^
qu'il fit aussi représenter, étoit également écrit en
français; On n*a ensuite joué que des pièces du
théâtre français , et ce n*est que fort tard qu'on a fait*
des drames en provençal. On a composé à Aix, à
Arles , à Avignon , des pièces écrites en cette langue,
IBais selon le dialecte de ces contrées ; on ne conndît
(r) PaULET, de Marseille, dont ia vie n'a pas été pubiiée, et
dont les poésies n^en sont pas moins dignes d'être conservées ,
yîvoit à la fin du XI II.* siècle ; i! étoit contemporain de Charles IJ*
d'Anjou. Accoutumé, ainsi que Tétoient tous les Provençaux, à fa
domination douce et patemelfe des anciens comtes de la maisoit
de Barcelone, il ne pouvoit souffrir que des Français fussent
venus leur donner des lois et les eussent entrâmes à la conquête
lengue et périlleuse du royaume de Naples. Lés guerres deNaples*
les impositions, les vexations commises en Provence, et fa prison
de Henri de Castille, font les sujets de plusieurs dialogues en.
vers provençaux, d^fis lesquels une jeune bergère et Paulet lui-
même déclament foHement, mais avec esprit et adresse, t:ontre
Charles L*^' , contre fa France , et finissent par faire dts vœux^
pour que f*Espagne dépouille les Français de la Provence. Le,
tensoi^ ou dialogue étoit la tournure la plus ordinaire que pre«^
noient les anciens troubadours.
point
pùhA de tragédies nî d'opéras provençaux qui mé-
ritent d^tre citée { i ).
Nous revînmes par Cassis. C'est ïe port que les
ilomains appelorçnt Carc'uL II a peu d'étendue;
cependant on y construit des barques , et même
'ée petits bâtfm«is marchands, connné à la Ciotat^
4ont les t:JiaTp€ntiers ont cependant pïus de repu-
tation. On y fait un commerce de cabotage^ et l'oii
y récolte vn excellent muscat : les figues et sur-
tout les grenades tJe Cassis ont une grande répu-
tation. Le grenadier est originaire de l'Afrique , d'où
8 a passé dans k Grèce; il y étoit recherché li cause
tfe fe beauté de sa fleur et de la bonté de son fruit ?
on prétendoit que sa couïeur étoit due au sang du fa*
ipouche Acdestes (2)^ La superstition l'avoit consacré x
■!*•
(1) Les pripcipalcs pièces proveirçales toht , l<ftt nàvi Tarât [f^
tiouveau ^arîé en parure , ou paré pour Jes noces ] , en trors
aictes, par yirfl)» Co YEN A NT , en 1771 ; 4n F€sios dé ia. pax [les
Fêtes tic la piiix],<Ii«ioguc entreinêfé de prose, de. vers et de
ichaftt> joue en 178^ ; la Bienfaisaiïct de Louis XVI, par BLmc
Cilles; Jean-Piort Vtngut de ijrûfit ou qu!" Espéra n^apds, pouf
ïe même é\étiextitwt\ Moussu Aîaniclo, pu loH Groulîé M esprit
[M. Minicle, ou ïe Savetier bel esprit ], par un machiniste d*
Marseille, M. Just ; kis doues Coumaires [ les deu^ Commères ] ,
par iin commissionnaire-chargeur d« Marseille. On mêle quelque-
fois des scènes provençales dans des pièces française?; mai^ qu^nâ
CCS scènes ne sont psis jouées par des actrice^ du p*y«^ i»
fsLïigut provençale n'est plus reconnoiisable^
(2 ) ArN OB. Adversàs geHtes, V»
Tome IIL B b
)86 CHAPITRE tXXXIX«
dans les mains de Jupiter (i) et de Junoti (2) /
c'étoit un symbole mystique de l'abondance ; dans
celles de Mercure ( }) , c'étoit , à cause des différentes
loges où ses graines sont cachées , un emblème de
l'obscurité du discours : les femmes n'en pouvoient
manger pendant la célébration des mystères d'Eleu-
sis (4) > parce qu'on croyoit que c'étoit pour ce fruit
que Cérès avoit tralii le serment qu'elle avoit fait
de ne prendre aucune nourriture avant d'avoir re-
trouvé sa fille , enlevée par Pluton. Les Rhodiens
sur- tout aimoient à cultiver ce bel arbre; sa fleur sert
de type à leurs médailles (5) ; on prétend qu'ils sa-
voient en extraire une couleur d'un pourpre rosé pour
teindre leur laine; ce secret n'a pas été retrouvé. Son
fruit , appelé en Grèce m/n [sidê] , avoit donné son
nom à la ville de Side en Pamphylie ; il en est du
moins le type parlant sur ses médailles (6) :on le voit
aussi sur celles de l'île de Mélos (7). C'est à la forme
de la fleux du grenadier que Ton doit un ornement
d'architecture qui en a pris son nom (8). Les Romains
(i) AchillesTatius, III, d.
(2) Pausan. II, 17.
(3) Clemens Afcxandr. Strom^ p. ^79.
(4) Clemens Alcxandr. Prom/^r. p. 12.
(j)' Spanheim , de Prastantia numismatum, II , 3 18.
(6) LiEBE, Gotha numaria, p. 195.
(7) HUNTER, C^m/. pi. XXXVI, fig. XXVI, XXVII, XXVIII.
(8) Ltbalustre, du mot /èa^twçtoY [èaiausdonj, parlcqacHc$
Grecs dcsignoicnt la Heur du grenadier.
CHAPITRE LXXXIX. 387
donnèrent à ce fruit ie nom de malum puniçum [ pomme
punique] , sans doute parce qu'ils Tavoîent importé
lors de leurs guerres contre les Carthaginois : dans des
temps plus modernes , ce fruit a reçu le nom de gre-
nade , à cause du grand nombre de grains brillans qu'il
contient dans ses loges. Le grenadier se répandit dans
l'Italie et dans les parties méridionales de la Gaule: il
se peut cependant que les habitans de Carcici, tribu-
taires des Marseillois, en aient dû la connoissance aux
Grecs , avec lesquels ils faisoient le commerce. Get
arbre croît spontanément dans les terrains secs. Le
grenadier sauvage (i) a les rameaux épineux , et la
plupart des haies en sont formées ; le beau pohceau
de sa fleur forme un agréable contraste avec le vert
foncé et brillant de ses feuilles : la culture lui fait pro-
duîre des variétés qui donnent un fruit doux ou un
jGruit acide , et il prend alors le nom de balaustier (2).
Les jardins sont ornés d'une variété à fleurs doubles ,
qu'on rentre dans l'orangerie pendant l'hiver, comme
ie grenadier que l'on cultive pour l'agrément dans
les jardins des contrées moins méridionales.
La culture du câprier est aussi très-productive ; elle
»'étend depuis Cassis jusqu'à Toulon. Cet arbris-
seau paroît être originaire de l'Asie, d'où il aura été
importé dans la Grèce, et de là dans l'Italie et
(1) Punîca spinosa. LamarCK, Flore fiançoise , III, 483.
(2) Punica sauva. DUHAMEL, Arb. pi, 44.
B b 2
la Gaule méridionale. Les Grecs lui donnoiem le nom
^e nous lui avons -conservé (i). Le câprier com-
mun (i).estla seule espèce de ce genre qui ne soit pas
étrangère k l'Europe , et encore 3 n'y vient qu'au
moyen de la ciduiye. On le plante en quinconce,«t on
le couîrre de terre pendant l'hiver : H fleurit au com-
mencement de l'été. Mab pour obtenir la càp« , il
£sat préven'ff la floraison; car cVst le bouton tpton
appelte ainsi. Les femmes et les enfens sont occupés
\ le àwflfir, et jettent leur récohe dans des tonneaux
Remplis de vinaigre , où l'on ajoute un peu de seL
On laisse amû macérer les câpres pendant quarante
jours, après lesquds on les passe dans des cribles de
^:uivre : on léontt celles qui sont d'une égale gros-
seur; ies plus petites sont les plus recherchées ; «n
Renouvelle le vinaigre et le sel , et on met le tout
:dans de petits barils. Ce commer<:e est très -lucratif,
«arce que la câpre de Provence est <>elle qu'on pré-
fère : on la legMde comme Wen supérieure à la câpre
de Tunis. On donne le nom de cornichons de câym
;aux fruits que 4'on a laissé rnûrh: , et qui ont été
<X)nfit8; ik sont beaucoup plus gros que les câpres.
Ce frmt si doux que nous devons à la Grèce ;
■ce fruit qïH étoit tellement cher aux Athéniens (3) ,
{^) Capfarhtpinata.
(j) Ath£N.XIV^ ,«;P«;TARCH-Z>*«(n«-n,îa}.
€ » A P I T RE EX X X rX.- J Sp.
t
qn'îfs avoient prononcé la peine de mort contre cdûi
qui en exporterait dans une terre étrangère ; ce fruit
dont la beauté fit nahre au roi de Perse le désir de
conquérir Theureux sol qui le prodwisoit ( i ) , et
qui fournit à Caton (x) Ingénieuse applicadoBrr
qui décida ia perte de Carthage , la figue, croît spon-
tanément dans tout cet arrondissement. On en fait
$écher une grande partie. Si h datte y mûrissoit ^
cette heureuse contrée réuniroît toutes les produc-
lions dont Dieù^assara la possession aux Israélit6fr
dans la terse promise ( j ) ^
Un clinsat si favorisé de la nature a dû teujourr
kispirer dbs idées riantes et aimabres ^ aussi étoit^ce
à peu de distance de Marseille , d^Aubagne et de
Cassis, aux châteaux de Signes et de Pierr^fiu yXÇXB
se tinrent de célèbres cours d'amour. Ces galans^^
tribunaux dévoient décider les questions que les
^oubadours proposoîent dans de$^ espèces et dis*
putes en vers , appelées jeux dt partis t des princes^
renommés par leur prudence et leur valeur (4).
(i) Athen. XIV, i^ ; Plutarch. Àpopfuk, t. lï, p. 173.
(a) PlUTARCH. «r Catone, t. ï,. p. y$z.
(3) Let cinq fruits que Dieu ppomit aux Israélites dam fe pays-
de Canaan ,. sont ie raisin ,Ja figue» ia grenade, ToKve et i^datu.
Voyez Deuter. VIII, 8; Num, XIH , 23. Ce dernier manque seul
au territoire de Marseille. Le iivve -des Rois ajoute que diaquc
braéiite devoit s'asseoir sous $on propre figiûcr. J^^, m^ 25 ,.
xvm, yi 'y,Es, xxxvr,. 6j Alich. iv,.4.
(4) Aiphonse, roi d'Arragon; Richard, roi d^Angfeterre^ l'An»
jeteur Frédéric Barbcrouss*.
4
39© CHAPITRE LXXXIX.
ne dédaîgnoîent pas de les présider. Maïs cet hon-
neur étoit ordinairement réservé aux dames ; et
l'on choisissoit toujours les plus distinguées par
l'éclat du rang y l'ancienneté de la naissance et la
délicatesse de l'esprit : l'histoire nous a conservé
les novfïs de quelques-unes d'entre elles. La Pro-
vence cite d'abord Rostagne, dame de Pierrefeu,
et Bertrande, dame de Signes. Étiennelte, femme
du comte de Baux, et fille de Gerberge, comtesse
de Provence , étoit une de celles qui assistoient à
ces graves jugemens. On nomme encore Adélasie ,
iricomtesse d'Avignon ; Alacre , dame d'Ongle; Her-
mesinde , dame de Posguières ; Bertrande , dame
d'Orgonf; Mabile, dame d'Hyère*; les comtesses de
Die et Jausserande de Claustral. Ces cours ëtoiént
florissantes et considérées sous les Bérenger ; la belle
Laure fut ensuite un des ornemens de la cour d'amour ,
dans laquelle Ganthelme de Romanil, sa tante ^ tenoit
un rang distingué. On y avoit compté , parmi les
présidentes , Jeanne , dame de Baux ; Agnès de For-
calquier, dame de Tretz; Briande d'Agout, com-
tesse de Lune ; Mabîle de Villeneuve , dame de Vence ;
Béatrix d'Agout , dame de Sault ; Isoarde de Roque-
feuil, dame d'Ansouis; Anne , vicomtesse deTalIard ;
Blanche de Flassans; Douce de Mortier, dame de^
Clumang ; Antoinette de Cadçnet , dame de Lam-
besc ; Magdeleine de Salon , dame de Salon ; Rixende
dePuyvert, dame de Trans. Ces galantes juridictions
CHAPITRE LXXXIX. 39^
subsistèrent long^tempsà fa cour d*Avîgnon; ce fut
«alors lepoque de leur résurrection; et les pontifes
eux - mêmes les protégèrent. Innocent VI donna
aux comtes de Vintimille et de Tende , qui étoient
venus le visiter , le spectacle d'une de ces séances ,
4ont ils furent émerveillés (i).
Les cours d^amour connoissoient des tracasseries
des amans , et de tout ce qui concernoit la galan-
terie. Les chevaliers les plus intrépides étoient pré-
cisément ceux qui se faisoient le plus de gloire
de respecter Jes décisions d'un tribunal formé par
les dames , auxquelles ils avoient voué ieuris services
et consacré leur vie.
Le retour des papes à Rotne , les malheurs de
l'Etat, diminuèrent la pompe et le crédit des cours
d'amour, et elles disparurent tout-à-fait ; mais le goût
des questions subtiles sur une métaphysique galante
dura encore long-temps. Martial d'Auvergne , pro-
cureur et notaire à Paris vers le milieu du XV.'' siècle,
composa , sous le titre d'Arrêts d'amour, un ouvragé
channant, dans lequel il réunît cinquante - une
causes : toutes sont le.fruit de son imagination; mars.
les traditions des véritables décisions de ces singuliers
tribunaux s'étoient encore conservées; et ces arrêts
( I ) Discours sur Us arcs triomphaux drtssis en la ville d'Aix , p. i ^.
Consultez, sur les cours d'amour, Touvrage de M. RoLAND»
intitulé Recherches, sur les prérogatives des dames che^ les Gaulois et
sur ki cours d'amour ; Pairis, 1787 , in- 1 a.
Bb 4
Jpz CHAPITRE LXXXrX.
fictifs peuvent en faire connoître Tesprît (i)^ iLt
prince d'Amour , son Heutenant et ses pages ; que-
BOUS avons vus figurer dans la bizarre procession
d'Aix; , rappellent encore cette cour autrefois si chérie
des Provençaux.
Après cette excursion y nous revînmes à I2
Renarde, où nous attendoit f aimable épouse du
préfet y qui , dans ie temps de cette galante institu-^
tion^ aurait été jugée digne de présider la cour
d'amour; mais les charmes qui b distinguent auroient
mis souvent son équité à de rudes épreuves» en k
fendant juge et partie.
i*. *i
(1 ) Cet ouvrage est réellement singulier par la forme juridique
^e i*habJie praticien a donnée à chaque cause : tous les termes
4e ia chicane y sont employés de la manière fa plus piquante et
la plus ingénieuse; ce qui prouve bien que ce n*est qu*un jeu d'es-»
prit. 11 a eu plusreursconmientateurs : ie plus célèbre est LECOURar
DE Sawt-Symphorïen , savant jurisconsulte, qui discute avec
une plaisante gravité plusieurs passages du galant arrêtiste» dont
il soutient on réfute les opinions avec une érudition aussi éton«^
nante par soa étendue que par son emploi , en s'appuyant de i auto^
rite des lois romaines , du droit canonique, des pères de i*Éjgiise, et
des poètes grecs et latins. La meilleure édition est celle qui & été
dorâée par LeNGLET-DufIUSNOY..
m
<^tm
CHAPITRE XC.
DÉPART de Marseille. — Ichthyopètres. •— Clamim.^-»
Mausolée — Inscription, — Arc. —Divers monumens.
— Saint-Remy. — Inscriptions. — Culture.
J E quittai avec regret cette belle cité ^ où tout
annonce l'industrie et respire le plaisir ; mais la foire
de Beàucaire alloit commencer , et je ne voulois pas
manquer l'occasion d'assister à son ouverture.
Nous passâmes rapidement à Âix ; M. de Saint-
Vîncens étoît resté à Marseille ; et séparé peut-être
pour toufoufô de cet ami si cher ^ }é me hâtai d^aban-
donner le lieu qu'3 habite , et où j'avois eu tant de
plaisir à le voir.
La montagne qu'il faut gravir en sortant d'Aiît ,
fît qu'on appelle AÎ&ntéeitAvign&n ,€Sî toute de gypse;
elle contient une gtande quantité d'ich&yt>pètres t là
pierre est une espèce de schfstë bituhiineux ; iei
empreintes sont noires; le^ vertèblres de poissons et
les ^étes sont marquées en noit sur un fond jau-^
nâtre. Ces pierres font effervescence avec les acides {
la couleur noire dîspiroît d'abord ; il s'exhale lUié
odeur de corne brûlée , et elles deviennent enfin
blanches. On y reconnoît des poissons qui approchent
du genre des dorades ^ des poissons barbus , des
35)4 CHAPITRE XC.
pleuronectes ou poissons plats , mais qui appartiennent
sans doute à des genres et à des espèces dont la
plupart ont disparu.
Comme la route que nous avions à suivre nous
étoit connue, nous courûmes toute la nuit, et nous
arrivâmes à Orgon au point du joun Nous ne vou-
lûmes point en partir sans revoir encore le beau
travail fait pour le canal des Alpines ( i ) . J'en donne
( planche LVi n/ 2) une vue d'après un dessin que
fe me suis procuré.
Ici nous quittâmes la route qui conduit à Avignon ,
pour prendre celle par laquelle on va en Languedoc
A quatre heures du matin, nous étions à Saint"
Remy ; c'étoit l'heure la plus favorable pour bien
voir les curieux inoifuméns qui rendent ce lieu cé-
lèbre, et qui sont en effet si dignes de l'attention
des voyageurs. En payant une demi-postè de plus,
on a la facilité de s'y faire conduire. A un demi^
mille de Saint-Remy s'élève une rangée de rochers
calcaires , coupées ^ pic ; au bas est une petite colline ^
sur le plateau de laquelle sont les édifices. .
Il est certahi qu'il y avoit là une ville du pays
des Salyes , qu'on nommoit probablement Glant
et que les Romains ont appelée Glanum , en lui don-
nant le surnom de Z/v/7, qui peut-être étoit celui du
fondateur de cette colonie (2} : mais ce Livius nous
(i) Supra, tome II, page 185.
(a) Comme on appdolt Aix À^utit Suttia, du nom de StMtiu^
CHAPITRE XC. 355
«st inconnu , et le lieu lui-même n'a aucune célébrité
dans l'histoire ; on en. ignoreront peut-être l'existence,
si l'Itinéraire d'Ântonin , et la Tabïe Théodosienne,
publiée par Peutinger, n'en faisoient pas mention.
Gianum aura été renversé pendant l'invasion des
peuples qui ont ravagé Arles ; mais les deux monu-
mens qui y existent encore , en perpétueront à jamais
le souvenir.
Ces monumens ne sont pas éloignés l'un de l'autre
de plus de quinze pieds : il n'est pas probable que
cette proximité ait existé sans intention ; sans doute
ils étoient consacrés tous les deux au même person-
nage, dont on aura placé le tombeau près de l'arc
destiné à rappeler ses victoires et les services que sa
prudence et sa valeur avoient rendus à la patrie.
Le mausolée (pi. LXIlI,fg. z) attira notre atten-
tion , à cause de l'inscription qui y est gravée sur
une frise. Sa hauteur est d'environ cinquante pieds,
et il est composé de trois parties posées l'une sur
l'autre. >
La première est une base carrée, ornée, sur ses
quatre faces , de bas^eiiefs à-peu- près grands comme
nature et d'un assez bon dessin. Du côté du nord ,
on voit, selon M. l'abbé Lamy,un combatde cava-
lerie : au couchant, un combat d'intânterie ; sur le
premier plan , des soldats se disputent le corps d'un
guerrier qui a été tué dans l'action : au midi , l'in-
fanterie et la cavalerie se retirent pêle-mêle ; à
y9<f CHAMTltE XC.
gauche ^ un sanglier semble Touloir pénétrer dbw
un rang de soldats ; k droite, une femme nue est^
étendue aux pieds d'un cheval furieux , queqUelques^
soldats ont peine à retenhr ; un vieillard expire au
milieu de ceux qui l'entourent : au levant est la repré*
sen talion d'un triomphe; des hommes et des femmes^
se Kvrent aux transports de la foie ; et sur te pre^
nûer pian , il jr a un fleuve appuyé sur son urne ( i )».
Aux quatre angles sont des pilastres sans piédes*
taux , et dont les chapiteaux ont une forme bizarre..
0
La corniclie est ornée de guirlandes grossières, aux-
quelles des masques sent suspendus ^ et qui soirt^
portées par des génies nus»
La seconde partie est composée d^un bâtiment
carré , percé à chacune de ses Êices ; ce qui forme
quatre arcades ,, dont les cintres posent sur des pi-
lastres sans bases (2) : ces cintres sont prnés de^
(i) Telle est k description de M. i*abbé Lamy. J'avoue que Im^
dessins publiés par Breval , Remarks on several parti of Europe ^^
t, I , page \^\,cx ceux qui ont été levés par M. de Saint^Vincens ,.
n'offrent rien de semblable : je n'entreprendrai pas d*en donner
une explication ; cela me paroît imposable..
(2) On a plusieurs figures de ce tombeau et de Tare. Celle qu'en*
donne BoucHE , Histoire de Propeike^ I, t^j, n'en présente qu'une
foible idée; SPON , au frontispice de ses Recherches d* antiquités »
Fa copiée servilement : cdie de MoNTFAUCON , Ant. expL t, V ^
.part. I, page 132, est plus fidèle. II est étonnant que MoREAtf
DE M AUTOUR, Acad, des belles-lettres, t. VH, p. 2^2^ ait fait
graver de nouveau ces monumens d'après des dessins de son-
fils , pour en donner une figure moites exacte Celle <{ue M.
frampres^ étla def est une tète de Méduse avec des
ailes. Les quatre angles sont supportés par des co^
ionnes cannelées avec des <jiapiteaux corinthiens.
La frise est ornée d'un arabesque composé dliippo"-
-campes <m chevaux marins dlés : au mSieu $ont deux
sirènes avec de grandes ailes d-oiseaux.
La troisième partie est composée de dix colonnes
cannelées^ avec des chapiteaux coriniliiens , rangés
^n cercle ; elles supportent un petit dôme : la frise est
élégamment décoréede feuilles dont ies enroulemens
sont pittoresques et d'une bcmne exécution. Ce petit
édifice a fair d'un temple roai. Au fnilieu sont demtt
ifigures debout ; Tune dTiomme, l'autre de femme:
les têtes en <mt maffaeureusement été perdues. La
frise de la coupole est entourée d'un fort cercle éê
&r, qui la rend plus sofide.
Sur îa frise du petit «édifice carré composé d'ar-
cades^ du côté du nord-^est, on lit :
S£Xl-MIVl-iEICl?PAilENTIBUSSVElS.
Souche (t) arapporté les onze manières peu satb-
faisantes dont cette inscription a été lue par des
ClRARD a jointe à sa carte dt la Provence, ne vaut fzs tnieux«
La meilleure gravure est celle de i*abbé LamY, en 1787 : on i«
vend à la poste» avec un livret qui en contient l'explication.
Bkeval I dans Touvrage dé|à cité , a fait représenter le mausdée
#t ses bas-reliefs ; mais ie dessin de ceux-oi est trcs-inexact.
(i) Histoire de Prwence, 1. 1, p. 1 37.
59$ CHAPITRE XC.
hommes trèi-înstruils ( i ) ; Moreau de Mautour (2)
n'a pas été plus heureux : mais tous ont travaillé
d'après des copies . infidèles. L'illustre Barthélemi
Fexplique ainsi (3) : Sextus , Lucius , Alarcus , tous
trois Jils de Cdius Julius , a leurs parens (4)- Un
savant allemand (5) propose^de lire : Les Juliens ,
Sextus , Lucius et Marcus , fils de Caius Julius ,
à leurs parens. La tournure seroit différente, mais
le sens est le même ; et là première interpréta-
tion me paroît devoir être préférée (6).
L'arc de triomphe (pL LXXIII,fig. 2) est Hé trop
intimement avec cet édifice , pour que je n'en donne
pas la description avant de hasarder quelques idées sur
■ I ■ 'I I II ■■ ■ I I I !!■ Il I ■ I '■
( I ) Voyez aussi Rapport de l'inscription du mausolée de la ville
de Saint- Remy , des diverses interprétations de ladite inscription, et de
la fondation et appellation de la ville royale de Saint»Remy, par Jean
DE BOMY, avocat à Grenoble; Aix, 1^33 , in- 12. — Description
des antiquités de la ville de Saint- Remy , par Fr. Peilhe, d'Arles,
antiquaire; 171 8, inr4.* — Description de deux mon^mens antiques
qui subsistent dans la ville ele Saint- Remy, par M. i'abbéLAMY* 1787.
(a) Académie des belles lettres , t. VII, page 263.
(3) Académie des belles-lettres, t. XXVIII, page 579; Œuvres,
t. n , page 84 ; Lettres sur l'Italie , seconde édition , 1 802 ,
page 336.
(4) SEXtus Lucius Marcus JULll Caii Filii PARENTIBUS SUIS,
— JVLIEI : cette manière d'écrire El pour / se rencontre dans
plusieurs inscriptions, et notamment dans ceiIe-ci,où nous lisons
SVEIS; nous la retrouverons bientôt sur i'arc de Saint-Chamas.
(,5) FISCH, Brieff. S. 363.
(6) Cette inscription , trouvée à Gènes, LM MINUCEIS QF
RUFEIS, et citée par i'abbé BARTHELEMI, prouvcroit en favcar
de l'opinion de M. Fisch.
CHAPITRE XC. 39^
le mausolée. II est placé au nord de ce monument : il
est encore entier depuis le rez-de-chaussée jusqu'au-
dessus de Tarchivolte; mais la partie supérieure a été
détruite par le temps. Afin de conserver ces restes
précieux , on a élevé un massif de grosses pierres ,
en ménageant des pentes de chaque côté pour l'é-
coulement des eaux. Ce monument é toit très-simple
€t très- petit; il n'avoit qu'une arcade peu élevée,
mais il étoit chargé d'ornemens. De chaque côté il
y a deux colonnes cannelées : les pilastres qui sup-
portent l'arc, sont doriques ; ils retournent carrément
sous l'arcade et en forment les angles : les chapiteaux
servent d'imposte k l'arc, et ils ont une espèce de
fiise décorée de patères , de simpules , de sécespites,
de flûtes , et enfin des divers instrumens propres aux
sacrifices.
Les sculptures de l'archivolte représentent des
pommes de pin , du lierre , des raisins , des branches
d'olivier , attachés avec des bandelettes ; toute la
voûte est couverte de caissons hexagones , dont les
moulures sont enrichies d'oves , et dont le fond est
rempli de différentes espèces de rosaces.
Entre les colonnes, il y a deux figures tenant au
mur. Vers le levant, ces deux figures sont un homme
et une femme attachés à un arbre, ainsi qu'on a cou-
tume de représenter les villes et les provinces con-
quises : du côté du couchant , une femme pose la
main sur le bras d'un guerrier enchaîné. De l'autre
4ôft etirÀ»ktitfc xe.
tç6té f une ésmme est assise sur des trophées ; Hiomittt
iqui est près d'elle , a les nflains liées derrière le dos ^
et il est lui-même attaché à un arbre.
he monument a été détruit jusqu'à ces figures t
^&es ne sont pas entières ; il n'y en a que deux dont
les tètes soient conservées. Dtùx Victoires tenant
des palmes sont couchées le long des voussoirs^ On
len vcMt les figures entières dans un dessin levé par
Peiresc ( i ) » lorsque cet arc étoit moins dégradé $
c'est celui qui a été gravé par Montfàucon. Il est pro*
|>able que la frise ou l'entablement portoit une ins-**
criptiou: mw cette partie est à présent détruitîî ; on
Ta remplacée par un toit de pierres carrées pour empè«
cher le dégât des eaux pluviales (2).
II est impossible de former aucune conjecturé rai*»
sonnable sur le temps où ces monumens ont été
faits , et sur le général h qui ils fiirent cônsacrésé
Malgré la beauté de Taisembie du mausolée et ta déli-»
catesse de qu^ques omemens , il ofl^ des défauts i
les colonnes cannelées , avec des chapiteaux corin-»
tbiens et des bases attiques , n'om pas de justes
^m^t
, ( I ) la BibIiothà|uç hnpcriak pocscde deux volumes d'un recueil
de dessins de monumens et d*objets d^sut qui ont appartenu à
Peiresc.
(a) Cet arc l aussi été puBIîé par BoUCHE , ffistoin dt Pfo-
vence , I, 1 37 j MONTFAUCÔN , Antiquité expliqnie , Suppï.
t IV* f>L XXXIV^ d*^jrès un destin de Peinsc^ Moreau m
proportions
CHAPITRE X€. 4oi
|m)pt)tlSo»ns ; la comîdie et la frise ptirtent du milieu
ifles coioni^es, qui ne les supportent pas entière-
ment ; il y a des parties d'ornement très-grossière$
let très^négligées : enfin il est aisé de voir que cet
édifice n'a pas été feit dans ie bon temps de Fart;
if est sûrement d'un temps postérieur à celui des
Ântonins. Les figures qui omènt l'arc , ies bas-
teliefs qui décorent le mausolée, ne peuvent rien
nous apprendre sur Toiigine de ces monumens ; on
ïie peut pas même déterminer avec précision si les
sujets de ces bas - reliefs sont tirés de la mytholo-
gie, ou s'iîs ont rapport à l'histoire des personnages
auxquels ces édifices furent consacrés^ Cette der-
nière opinion paroît cependant plus probable ; mais
aucun écrivain lîe nous a transmis des détails qui
puissent servir à l'appuyer. Le guerrier dont de%
armées ennemies se disputent la dépouille, comme
les Grecs et les Troyens combattant pour le corps
de Patrocle, est-if celui ^ qui le mausolée a» été
élevé , ou le général qu'il a vaincu l Le fleuve est-iï
le Rhône î Cette femme est-elle celle du vainqueur
ou celle du vaincu î Que signifie le sanglier î Tout
m*m
MKimovn , Academii des beUn-kttres, Vïï, 265 j M. DE^IRARD^
sur ia carte d'Aix ; BreVAl'j Travels , I, 15 J ; Beaumont,
SelfCt Vi^s êf midi, p. 1 1 ( trcs-infidclc ). Ce que j'ai dit des
gravures du mausolée, s'applique également à celles que ces
auteurs ont données de l'arc ; celle de M. Tabbé Lamy doit
être préférée
Tomt m. c c
-*- * I *■ — ■ ^
I
r*
\
402 CHAPITRE XC.
te qu'on peut dire de plus probable , c'est que ces
bas-reliefs rétracent un événement locçil ; inab aiicun
auteur ne nous en a conservé le souvenir.
On ne sauroit non plus rien avancer de certain
sur le personnage à qui le tombeau a été élevé. H
s'appeloît Julius Caïus : mais étoit-il de la nobift
femille Juliaî ou n'étoit-ce qu'un Gaulois qui avoit
pris le nom de cette famille , dans laquelle il avoit
ses protecteurs et ses patrons l L'abbé Barthélémy { i ) ,
d'après quelques médailles attribuées vulgairement
à César, sur lesquelles il y a des- armes assez sem-
blables à celles que Ton voit sur les arcs d'Orange ^
de Saint-Remy et de Garpentras, et d'après un rapr
port qu'il croit apercevoir dans le goût qui a dirigé
ces monumens, pense que ces médailles et ces arcs,
avec lesquels il auroit pu citer l'arc de Gavaillon , ont
été construits par un des ancêtres de César : mais cette
supposition est contredite par le style même de ces
monumens ; et nous ne connobsons d'ailleurs aucun
personnage de la famille Julia qui , avant Cés^ir , ait
vaincu les Gaulois.
Glanum ayant été détruit de fbnd en comble sans
doute par les barbares qui dévastèrent la Provence,
comment ces deux monumens ont - ils été seuls
(i) Voyage en /w/;V. Voyez ses Œuvres, t. II,p.&4, et ses Let^es,
p, 2 24 de la première édition, et 239 de ia seconde.
CMAPITHE iC. 405
épargnés î C'est encore une question qu'if est impos-
sible de résoudre. '
Le lieu qui nous occupe devoit être assez consi-
dérable. On voit encore quelques débris de ses murs,
et une branche de la voie aurélieiine (1). A peu de
distance , près des montagnes ,, un aqueduc souter-
rain s'étend depuis la place qu'occupe à présent
Saint-Remy, jusqu'à Arles ; on Ta découvert en plu-
sieurs endroits : c'est un canal voûté , de cinq pieds
de haut sur deux de large (2). On trouve souvent,
dans le voisinage7 des urnes, des médailles d'or,
d'argent , de cuivré , et diverses antiquailles ;• nous
avons nous -inèmes remarqué plusieurs fragmens
* (i) Cette branche conduisoit à Glanutn; la voie auréiienne
traversoit la Crau et conduisoit à Arles : on appelle àujourc£hiji
\t% traces de cette voie , Ion Camin aurignati.
(1) il prenoit Teau dans le territoire de Molièges, à deux
iieues nord-est de Glanum, et recevoit dans son cours les eaux des
montagnes voisines : alors sa hauteur moyenne étoit de quatfe pieds
sept pouces, et sa largeur de 'deux pieds onze pouces. M. GuÉRiN,
dans sa Description de Vaucluse, dit que les eaux qui arrîvoient
à Arles par Taqueduc, dérivoient de cette source; mais Pôpi-
nion de M, P. Veran paroît devoir être préférée. On peut suivre
ce canal dam l'excellente carte qu^il en a tracée, et qui est au
nombre des planches que le P. Dumont seproposoit de publier;
51 formoit un grand nombre de sinuosités. Nous verrons , à l'article
de la ville d* Arles, que M. Veran en a découvert le réservoir. Il y
a quelques années , en fouillant auprès de ce canal , on a trouvé,
'dans le vallon appelé Armerait, àt% tuyaux de plomb et deux
têtes de marbre d'un très-bon goût.
C C a
K
4o4 rHAl>ITRï: XG.
d'inscriptions (i), ainsi que c«$te pierrfe tumuÏMt
entièrement conservée :
M. thirand, qui a une campagne près de Saînt^
5Remy> possède un beau fragment de sarcophage >
jqui
(i) Pirmi plttsicars fragmens 3e picmés , on en distingue unfe
i est SGuiptce en forme de coqailie, telle qiron en voit quelques-
fois parmi les ornemens dçs frises.
Sur un autre fragment de pierre cassée^ans sa kmgtteur, oti
lit, d'un côte, QVI PASSI , et, de l'autre, on distingue les lettres
:suiVamc*, disposées ainsi sur quatre lignes^
1
*
RIE
Un autre fragment de pierre n'ofir« xjuc ies lettres MD* i*
«litre «st^nsi formé c
JSER
j
Ces trois lettres terminent tm mot, pairoe qu'à la droite il y a un
^.A.
• -
tJbntMwMeuinier a eu la bonté dôme commuhîquep
fe dessin ^pl^ LIX,Ji^. S)^ Le eouverrfe e^t formé
d'écailIes imbriquées comme cdlesdap^Jmièr. Ity ar
$ur la fcûe deux cdémbés qiii vont boîre dans un vase
au côté gaucbe^ une autre colombe va se désahé'-
xer de m^me,,eton lit au-dessus^i roPTÔNr xaipb
[Salut; â Gonoui.Adm i^Gation]'. Ces 4^1<»inbé&
poujToient &iT!e'regafd€tr ce*monumeiitcomme diré^
tiea; mais on voit ^ de l'autre f:Ldsé^ un petit géiJie^li}
tient dsAs^ i^i^e ioain IWc^rm ouiicpârre à: encens-, et
qui ^ dq l'aut]^^ j/Hte de celiencens sur un brasier : il
est doi;r<; glos; probabie-cptejc'ion Am .tombeau païerïi
On. ^t cependant q^e ,. sw tes tombeaux des pre-
miers, duitiens^.oa trouve des symboles relatîii^auife
On y voit aussi un fl'agment'tI*èntaHemem ^uî est de îa mcn\é
fonne que ceuxqa/oxtrèmanjuc sur^usieun pilastres.de FâqucdliC
^e^arbtegil , à Arles^ : .
' 1 ' ' '■"' ->.
> .
p>A:
• Jffef apporte cw'fôtgbïcmi parce qu'on peu! un jour troavcp-
^esr inicnptionv pii^c^ccendues ,. et; qu'ils contribueront alors
à, donner des ifidices sur Thistoire des monument, de Ghmum,
SVO^ y Recherches (Tanti^ités , front ispilsce , n.° », a gravé une
i^tatue ^u4 a été dccoarerxc prèidu mausolce j maïs elle est d'uti
tre^mauvAis style.:
^c 3
I
- ^ T
4o(f CK-'APITRE -gt'Jf
Mi^s^u paganisme. Si l'on reconiïoî^i«o}t ce tombeau'
pwr chrétien , il prouvêroît que Glanum èxîstoît en-
core au I II/ sièdè , temps où ta foi a été portée à Arles.'
Lorsque Monsieur^ frère de Louis XV! , voyagea
dans la PfovenoB, qui étott son «panage, il voulut
VairétÇHà Saint-Remfpdur en visiter les monumens ;
jiiisqu'alors ils avoient été extrêm€fff1é^flt négligés , et
l06. ftgbttans les regardoiem avec indifférence : mats
OA se h&ta de faire le chemin commode qliî y donduît";
on consVnûsit un piint sur le- rui^seato qui coiilè ptès
de^ édifices; on nettoyff>là place, \>n creiisàun fossé
tout autour; on planta Juwe allée circéfirrré d'ormes,
et l'on mîtdes banc^ dé pierre pou^ qu\Dtt put se repo-
seret considérer k Taise ces rentes élég'ans et curieui
de l'architecture romaine. De^ baibaxes ont coupé une
partie des arbres et renversé, les bancs. Sans doute ces
dégâts auront été réparés : ceseroit une honte jx)ur la
municipalité de Saint-Remy , que délié pas rendre ï
ce lieu tout l'agrément et tout riritérêtdont il est sus-
ceptible ; elle se montreroît indigne de posséder des
monumens auxquels cette petite ville doit unique-
ment sa célébrité, ei qui sont les seuls objets qui
puissent y retenir les v(5yageùrs.
Saint-Remy a'est pioprementrquVçb gws bouig :
il reçut le nom qull porte, en yoi ,' vers le temple
où Clovis alla assiéger, dans Avignon , Gpridebaud^
roi des Bourguignons : S. jSemy TaçcQmpagna dan^
c«tte expédition. Un habitant du pays, nomme
CHAPITRE XC. 407
Sênoit, dônl îl avôit guéri la fille, qui étoit possédée
du démon , lui avoit donné dès biens que le saint
évêque légua à J'église de Reims.
On conserve dans la maison commune une belle
inscriprion , qui est très -précieuse^ parce que c'est le
seul monument, (Je ce genre où Ton trouve le nom
>de Glanum (i); .
MORIE AETERNA
EB VTI ^AGATHON
9
VIROCJ AVG C
1
ORP <
\7X> AT" .tri*
EB ^ AREL^ CVRAT El:
. CORP. BIS. ITEM. IlH
RO. COL. I VL. APTAENA
AE. ARARICO CVRATORI
PECVLI RP. ÇLANICO QVlî
VIXIT ANNOS LXX
AEBVTIA EVTYCHI A PATRO
NO erga se PIENTÏSSIMO
r
(i) CAYLUS, RtCKfiU VII, 165.
c c 4
^^Êm
4o8 CHAPITRE XC.
A U mmohrt itemtlU ( t ) d'yEbutius Agathon (i ), Méifhrangàstal f|J[
du corps de la colonie Julia Patenta ArUsienne{^) , curateur du même
corps (5) , deux fois quinquennal de la co fonte Julienne d'^Apt [6) , négo^
étant de la Saône [j), curateur des repentis des haàkattr de Gianuin (8)>
'^ui a vécu soixanttdix ansi /Ebutia Eutychèa i smpatrott bienfaisant»
La forme des M et des G dans Poriginal doit êiire
rapporter au i v.* siècle cette inscription , qui prouve
que la ville de Glanum étoît alors un Wsxk assez con^
sidérable, puisqu'il y avoit des sévirs d'Ai^uste et
un intendant des revenus pubfics. La statue d'iËbu-
tius étoit probablement placée sûr cette pierre»
M» de Lagoy, qui habite Sain t-Remy pendant une
grande partie de Pannée, vient d'y faire transporter de
Paris une collection précieuse xle dessins originaux ^
dont ie nombre s'élève à plus de trois mille. Ces
dessins sont du plus beau choix ^ et proviennent en
grande partie des collections de Va$ari, de Crozat,^
de Mariette , de Gianetti , et de celles qui sont con-
nues avantageusement : ils sont classés par école^
selon Tordre chronologique des maîtres, au nojubre
de huit cent soixante-dix, et forment une histoire
(i) meJUORlAE AETERNAe.
(2) AEBUTli AGATHONis.
[l) Jllllf yiRO AVGustali, Supra, tome I, page ^^j.
(4) COBPorîs colonia Julia patERna ARELatensb^ Nous verrons»
\ l'article d'Arles , l'origine des surnoms de cette colonie.
(5) CC/RATori EJusdeM CORPorîs,
(6) BIS ITEM IlUlviRO COLonict JUIÀa APTAE.
(7) NAUtAE ARARico, Suprà, tome I, page 246,
- («) eURATORI PECC/lliMeiPubUeaClANlCOrutH,
V
X
CHAPITRE XC. ' 4op
"^lïe l'art depuis le xiv.* siècle jusqu'à nos jours. La
partie la plus curieuse est celle des anciens maîtres
de l'école florentine ; plusieurs sont inconnus. Contre
l'usage ordinaire des amateurs, M. de Lagoy n'a
'pas cherché à leur donner des îidms; il. s'est attaché,
au contraire, à rendre à leur obscurité ceux qui
'en avoient été tirés mal-k-propôs. Dix-sept dessins
liîèn authentiques de Raphaël, et un pareil nombre
de Michel- Ange , forment à eux seuls une grande
rîdiesise dans cette collection; ceux des autres chefs
d'école sont aussi très-nombreux , tandis qu'un seul
dessin des peintres médiocres suffit pour les faire
connoitre. M. de Lagoy a gravé une partie de ces
dessins avec la plus scrupuleuse exactitude; et il se
•proposé d'en former un recueil qui sera intéressant
^ pour les artistes et les véritables amis des beaux
arts.
U possède aussi une collection de médailles
grecques et romaines, parmr lesquelles on distingue
une suite de six cents* censulaires en argent de ia
plu^ Wle conservation. Les ^milles les plus rares
s'y trouvent; entre autres, deux de I9 faucille Horatia,
dont l'une restituée par Trajan*
Les environs de Saînt-Remy peuvent fournir aux
amateurs de Fantiquité une riche mine à exploiter;
et M. de Lagoy se propose bien de faire faire des
fouilles qui doivent enrichir son cabinet.
Le terroir de Saint-Remy est défendu contre le
. . .A
4ïO CHAPITRE XC.)
vent dtt nord par la petite chaîne des Alpines ^ qne
la Durance sép|ire de la grande chaîne , appelée dans
le pays les Aupiif; elle commence à Orgon , et finit
à Saint-Cabriel , autrefois £^a^^i/i2//ff^ , i)n
Ce pçtic p^ys est très^gré^^te par la douceur de
son climat et la t^auté' de sa culture. Les flancs de
la' montagne sont plantés d oliviers ; et depuis Saînt-
Remy jusc^'au territoire de Mailiane , dans un espace
de plus d'une lieue,, c'est une suite comînueite de
jardins, qiui fournissent des légumes verts et des
plantes potagères à plus de dix lieues à la ron^de : la
marjolaine (z) y vient aussi en grandef abondai^e, et
Ton voit des champs couverts de chardons abonné*
tier ( }) , dont on trouve le débit; pour les manufactures
de draf» des dépaf temens* environnaas. Ces- terrains
.précieux sont arrosés par un canal où se dédiargent
les eaux des marais de Molléges et de Vilargèles.yqui
sont eux-mêmes alimentés par lia source du Loiiroun
Pyron : ce canal fournit toujours la même quantité
d'eau. On recueille aussi un asser bon vin ; le blé
du canton de Graveson est estimé , et on?Ie recherdia
principalement pour les semailles,
(i) Il en est fait mention dans îa table de Peutinger; cette viHe
avoit un corps d'Utriculaircs , qui est cité dam une inscn|>tion
rapportée par DuMONT, n.** 179.
(2) OriganuM majorant,
{3) Dipsacus fullonum.
' î ^
4ii
CHAPITRE XCI.
Route de Saînt-Rèmy à Beaucaire.— Jardins.— Origine
-deBeaucaire, — Ugermim,Belïum-<^adrum. — His-
thire. -,- AucassT4?i et. Nicolette. -** Coiit plén^ière. — ^
, ^Çi.OguIières profusf on^* '-^^ Guerres ; religiojr. -*- Foirci-i^
JBpntiques; enseignes. ^-rPr^ de Sainte-Magdelerne;ca.-
ban es ; barques ; chapelle ; arrivée , placemei\t. — Voleur*
de grands chemins, filles publiques, jeux, filoux, mé-
decins, chirurgiens, enterremens, notaires, huissiers,
pôiîoé. — 1 Ouverture. — Arrivée dés ctnriénx. —
, .Aiïb^rgesijcfôtàiiratenxs, cafés, spec ta ctesr, danses suV
le pré. — I^^jéede ja franchise. — Départ. — Débor^
dément du Rhône. — Solitude ordinaire de la ville.
— Porte du Rhône. — Château^ — Voie romaine,
r— Nçtre-Dame de Pbmier. — Bas-xeRefs gothiques.
JL/k Saint-Remyà Beaucaîre , la route forme
fl'qgféahles sinuosités ^ à travers des fardins riches
de culture, et dont la douce verdure repose foefl
fttîgbé par l'éclat du èoièiî. Ort arrive bientôt \ Taras-
con , dont on aperçoit de loin ïe célèbre château»
Tout étoît en tumulte dans U ville : la place éloit
couverte de cafés , de cabarets, établis^ sous des
tentés ; on auroit cru qu*une hoi'de iiomade étoît
veiîue s'y établir. Nous eûmes biei> de la peine à
trouver deux chambres pour nous loger;, et apiiès
4ll CHAPITRE XCf.
nous être assurés ^un gîte ^ nous nous hâtâmesi
de nous rendre à Beaucaire.
Cette ville est regardée , par d'AnvîIIe f i ), comme
YUgemum des anciens; c'étoit un des vingt-quatre
vici ou bourgs qui dépendoîent de Nîmes. Ce lieu
conserva son nom , quoiqu'avec quelque altératîonV
jusqu'au conMnencement du xi/ siècle; on l'appeloît
sJors Ugemo:ver$ ic;; o /iltcçttceluiàeBelti'Cadmm
ou Belcûdm; on croît que ce fut k cause de la forme
carrée des tours de son château (2), 6u de fa plaine
qu'il domînoit.(j).
^ ^Bçaucaîre est célèbre dans les écrits des trouba-
dours et des romanciers. La douce Nicolette ^ dont
( I ) Les auteurs de V Histoire du Languedoc, 1 , 197 et 1 98 , pensent
^\xUgemum n'est pas Êeaucaire , mais Beîlegarde, entre Nîmes et
Arles. La position que donne à Ugernumiz. Tahkde Peutinger, dont
ils s'appaîenty est, en effets plus basse que la position de Beau»
Caire; efic est en droite ligne d'Arles : mais fe sentiment de D-Ai*-
VILLE , Notice sjit Vanctenne Gaule ^ ifie semble appuyé sur des
témoignages qui prouvent i^Ugemum étoit sur ià^rive du>Rh&hei
et me paroit devoir êtt-e préféré. »
(a) Vo^e:^ une note sur l'origine de. Beaucaire* éa.ni.VHisfain
du Languedoc, par D. Vaisse,TTE, t. U, note XXXVIII j Recherches
historiques et chronologiques sur la vitU de Beaucdire , Avignon ^171^
in-8.° : . .;: f •••'.'
(.3 ) Cadrwn , pan corruption du mcft Qufidp^tm. EnlanguedocîeA
«t en provençal, un cadré ou catré signifie un carré, un espace.
Beaucaire pourrait encore devoir son nom à sa riame situation»
tes Langi«docîèn$ Pappellent Bel-Caire;: (xs deux niots , prti
acptiément 4 «gnîfîem ^AJii ^/r«r/ârr^ •
4 4
«fj-:
CHAPÏTRE XCÏ. 4^5
les aventures avec l'aimable ef tendre Àucassiixsont
ie sujet d'un fabtiau ingénieux et touchant ( i ) , étoit
^e adoptive du vicomte de Beaucaire. Pou voit -on
jplacer mieux que sur les rives du Rhône , sôus le
beau cîel du Languedoc, ce parfait modèle des
amours du bon vieux, temps !
Lors de la division du royaume d'Arles en grands
fiefs , Beaucaire échut aux comtes de Provence ; îf
fiit cédé en 1 1 a j , par Raymond Bérenger L*'' , à
Alphonse Jourdain , comte de Toulouse î ce liett
xrhétif a été regardé comme un des boulevarts de la
France, Jusqu'au temps t?ù la Provence fut réunie
à ce royaume.
Raymond y tint à Beaucaire , en 1 172 , une cour
plénière , dans laquelle chaque chevalier chercha à
surpasser ses., rivaux par sa magnificence. Lorsque
Fon çut déployé toutes les ressources du iuxe , et
qu'on eut usé de tous les moyens de faire parade
de , ses richesses , on eut recours aux plus bizarres
extravagances t le noble comte en donna lui-^méme
l'exemple ; il fit présent à Raymond d'Agoust de
cent mille sous (2) , que celui-ci distribua aussitôt
à dix mille chevaliers qui étoient venus à cette cour.
amm
(i ) Ce chartnant conte a été publié par M. DeSainte-Palaye,
€t extrait par Legrand-d*Aussy, II, 121. SÉDAiNEa pris dan»
.<^e conte ie sujet de son opéra.
(») Gnquante sous valoient alors un marc dVgent fin.
L, .
4l4 .CHAPITRE XCI.
Bertrand Raimbaud voulut imiter cette noble libéra-
lité ; mais ce fut par une ridicule profusion : après
avoir fait tracer , par douze paires de bœufs , de
larges sillons dans les cours et les environs du ehâ*-
teau, il y fit semer trente mille sous en deniers;
comme si les dons de Bacchus et de Cérès, le fro-
ment , la vigne et Tolivier , n'étoient pas les plus
nobles et les plus utiles que L'on put demander à la
terre! Guillaume Grosmartel, ne sachant comment
faire pour surpasser Bertrand Raimbaud , fitapprêter,
à la flamme de flambeaux de cire . tous les mets des^
•tinés à sa table et k la nourriture de trois cents che-
valiers qu'il a voit à sa suite : il n'est pas à présumer
•que le rôti fût pour cela mieux cuit , ni que les sauces
fussent meilleures. La prodigalité de Raymond de
Venoux dégénéra en cruauté ; il fît brûler devant
r
toute l'assemblée trente des pkis beaux c;hevaux qu'il
«voit amenés. La comtesse d'Urgel envoya une cou-
ronne estimée quarante mille sous ^ et qui étoit des-
•tinée à Guillaume Mite, qu'on devoit prodamer roi
de tous les bateleurs; mais , par malheur pour lui, il
étoit absent.
Beaucaire fut le sujet d'une gtierre sanglante entre
Simon de Montfort et Raymond VI , à qui les biens
du père de Simon avoient été donnés par le pape
Honoré III, comme ayant été confisqués sur un
hérétique, protecteur des Albigeois. La ville et le
château ont souvent aussi été ensanglantés, au nom
cïîapitrî: xci. 4ij
de là religion, par les catholiques et parles réformés:
cm n'y trouve plus aujourd'hui aucune trace du
calyimsme. Pehdànt cjue le comte de Montfort fut
investi du comté. de Toulouse, il étabKt à Beaucaire
un sénéchal, et cette dignité s'est conservée jusqu'à
la révolution.
I
Le château -fut démoli en 1632, parce que les
rebelles qui avoient embrassé le parti de Monsieur,
frère de Louis XHI , s'en étoient rendus maîtres; le
roi ,' pour récompenser ia fidélité des hahitans de la
ville , confirma leurs privilèges , et , entre autres ^ la
franchise de la foire qui s'y tient tous les ans.
On prétend que cette foiré a été fondée par Ray-
mond VI, comte de Toulouse, en reconnoissance
du zèle que cette ville montra pour ses intérêts ( 1 )
pendant la guerre des Albigeois , et que les franchises
qu'il lai accorda , ont été confirmées par son fils.
Cependant' la charte des concessions faites par ce
prince aux habitans de Beaucaire n'en parle pas ; et
l'acte le plus ancien où il soit question de ces fran-
chises, a été donné par Louis XI en 1 46 3 : mais on voit
par une expression de cet acte , que cette foire étoit
bien plus ancienne. Charles VIII ajouta aux privi-
lèges accordés par son prédécesseur, celui de ne
point regarder les fêtes comme jours utiles ; ce qui
{0 TraîU historique dt ki foire de BeoMcaire; Marseille, 1734*
4i^ CHAPITRE XCK
prolongea encore la durée de i'e^emptipn. Midgraj
les réclamations des fermiers généraux ^ portées
devant les tribunaux et le souverain iui«méme^ ces.
privilèges avoient été maintenus ( i ) .
. Nous desirions. beaucoup de voir cette foire si ce*
lèbre dans les annales du coitimerce et dans les fastes
du plaisir. Quoique ^ par les suites de la révolution
et de la guerre, elle eut beaucoup perdu de son
éclat et de sa magnificence , c'étoit véritablement
un spectacle curieux : tout y annonçoit une féccmde
industrie, et l'air retentissoit de ois et de chants
joyeux.
Long-temps avant la foire , les prkicqïaux mir*
chands s'occupent de louer une maison , ou du moins
un appartement. Toutes les chambres , dont chacune^
réunit ordinairement une famille entière , sont en^
combrées de lits ; et pendant ce temps-là le pro*.
priétaire se relègue dans son grenier. Souvent ces
maisons et ces chambres sont louées aux mêmes
personnes pour plusieurs années (2}»
Les marchands de laine et les drapitfs doivent
loger alternativement dans la grande rue et dans la
^•tm
(1) Louis XIII a pourtant établi sur toutes fes marchandises un
droit appelé de réappréciation : ce droit étoit réduit à un abonne*,
ment de quinze cents livres par an.
{2) Lettre d'un particulier de Beaucaire à un Toulousain de ses
éunis , au sujet de la. foire qui se tient dans le lieu de Beaucaire It
22 juillet de chaque année; Avignon, 1771 , in-8.*
rue
CHAPITRE XCI. 417
rue haote ; les baux qu'on leur fait sont conformes^
à cette disposition : ainsi la même maison est louée
è des drapiers pour iSo}, 1805 ^ 1807, et à à&
marc^nds de laine pour i8o4) 1806 et 1808; de
cette manière, les habitans de ces deux rues ont
Taivanuige de posséder tour^à-toor les marchands
Papiers , auxquels on ait payer les loyers plus cher ^
parce qu'ils ont un pins grand débit. Les lîngers s'é«>
tabHtôenty tout prds de la porte du Rh&ne , dans isn
lieu appelé la Phcette. Les Ju^ ne quittent poit>t
la rue qui porte leinr nom pendant la foire , et qtd
reprend ensuite cdui de rue des Cordelicrs : ils n'oc*
envient que te centre de) cette rue; le haut et le bas
$ont remplis de .marchands de cuir , qui se cèdent
tllieniatirement la partie là plus &YorabIe au com*
Les boutiques ne sont pas seules occupées : il y a ,
dfhram {es muis> des échoppes couvertes en toile;
et Ton thre aussi partf de» bancs de pierfe , qui sont
iou^ et sur lesquels on expose difl^^rens objets de
petite mercerie. Les marchands suspendent à dei
cordes qui tratersent les rues , des toties carrées qui
portent l'inc&ation de leur nom , de leur domicile,
et du genrede leur commerce. La bigarrure des cou-
leurs , ia difféeence des ibrmes de ces écriteaux, leur
disposition, et la variété des inscriptions^ font un
coup d'ceil vraiment siiigulîen
. La ville ne pourroit contenir tous ceux qui s'^
Tome IIL P d
4l8 XTHAPITRE XCi.
rendent à cette époque : on bàth en peu de jours
xLtie seconde ville de bois, qui a aussi ses carrefours p
ses rues et ses faubourgs. Sur la rive du fleuve , entre
la porte Roquebrune et la porte Beaungard, est un
.vaste pré bordé de grands arbres y appelé pré dt
Saintt'-Magdeleint ; c'est ià que se construisent un
^raiid nombre de cabanes faites en planches , et que
l'on dresse des tentes pour b foire. Le coup-d'odf
seroit bien plus agréable , si l'on doniKxt plus de soin
à la forme extérieure de ces cabanes, et si la déccMa-*
tion en étCMt umforme comme oeHé des loges dé
nos anciennes fcnres de Saint-Germain et de Sai|it^
I^urent , et des boutiques qui servent à l'exposition
publique des objets de l'industrie. Cependant ,
quoique chacune de ces baraques soit constraite sans
goût et sans propreté , leur réunion forme un en*
^emble qui n'a rien de choquant.
Celui qui fait l'entreprise de ces cabsuies , en retire
un produit considérable , attendu le haut prix qu'il
met à leur location. Chacun prend ordinainement
jpour enseigne un instrument de sa profi^ssion. En
général, les marchands d'un même pays ou d'une
même ville se réunissent dans la même rue; ce qui
rassemble aussi ies productions du même genre : id
l'on trouve les bcHitiques des marchands de savoa ^
d'épicerie et de droguerie de Marseille : là , \t%.
parfumeurs de Grasse exposent leurs pommades
^t leurs savontiiettes ; ceux de Montpellier, leurs
\ •"
/
CHAPITRE XCI. 4i^
parfiims et Jeurs Hqueurs : ailteors de nombreuses?
dbânes sont remplies de figues , de prunes , de raisins
secs et d'amandes. Mais ce qui nous étonna le plus y
ce: fût une rue dont les murs fort épais et fort élovés
A^toîent composés çie d'ognons et de gousses d'ail ;
Ik^^^uantité en étoit si eonsidérable^ qu'on eût pu
croire qu'il y en avoit pour toutes les sauces d«
IfEurope. Les cafês , les billards , les lieux où l'oti
danse vioiit, en général, placés dans ià grande rue^
^nfôre sont les loges des bateleurs , des faiseurs
4e tours, de ceux qui monu:ent des animaux : il y
avoit alors im jongleur qui , après avoir usurpé le
nom^ du fameux escamoteur Cornus , y afoutoit le
tttre modeste de physicien de l* Empire français ; le
célèbre funambule Fôrioso occupoit une saile tou-
jorurs remplie de spectateurs. A l'extrémité de la
piaine est une chapelle où l'on dit' la messe : elle
est . consacrée à l'immaculée Conception ; et Ton y
débite une grande quantité de rosaires. Cette cha*
pelle est très* petite ; mais les fidèles qui veulent
prendre part au saint sacrifice, s'pgenouiHent dans
ie pré 9 en dirigeant leur vue vers l'autel et leur
idtention- vers le ciel : c'est :aâ>si que, dans les
temples des andens , les pràtf es étoient ordinaire-
B&ent dans l'enceinte sacrée, tandis que les assi^tanç
demeuroiestt 'répandus au* debOrsJ / > >
: iNon^^ seulement les mî^isons, les cabanes et les
iâitps dut pré; sont r&nplits d'une imtnçnse popu-
Dd 2
4l9 CRAPITHE 3tCD
felion , mail le fleaw même est fxuTvrt dé baeqntt;
^r lesquelles un grand nombus de pcnoimcs ontietic
kâbitation 2 chticune de ces faan]ats a une place déiopi
minée d'après sa forme , tes itunTcftandisea qu^eU»
porte , et ie pays d'où eite y nm. La» barque» âan^r
çafsés 96 rassemblent k Arlesi» Le patron de cette qui
arrive la première , sahie k ^iH^ de B^aucafre avec
tè mousquet ou ie pistolet qià'il pôrte^ à sott bord;!
et ii reçoit , pour récoitipetide 69 sa célérité > uA
lilouloA y dFert avec solennité c la peau du mottfofc
èhipaiHée^ et des banderofas a$ta<bées i $<m mât^
:ftinon^eDt au hnn f facmneur qu'M a obitoau. Xi^iauiatt
barques font aussi > à mesure qu'elles aaritent, mm
sÀve de leur mousqueterie. Ce sont des pinquec
espagnoles et principalement catalanes; de» ftloutspA^
génobesy qui tê dhtingusnt par isttrs biriies €Q»w
leurs ; de^ (Chaloupes de MaaMÎtte : (sa bateaux du
t&L\xt Languedoc, de fiordêaux ,. de k fiieti^ne, M
de plusieurs pont de f Océan y anifsnt par ie ramé
êe communicat^ des. deux mers ; ies barques du
hyimmiiy du Daupèânè, deJa-^Suisse.et da.i'iye
lemagne , descendent par ie Rh&ne^ On est, obligé
de porter su»* des dianiettes lés matchandises de là
faaàfe Pwyéme ; ce €^ fah semer ioouiibÎBn il s^najt
u^ de lyt-e «m Oanal de iiavigatien i|ut:tainmraie
cette contrée, où k Duiance ne cai»eifiiè ito nia
veges. Outre ces barytes*, Il y a encore des ladÂux
drargés de bois sdé> de pèsnctiMy da ^^ott^ea^r.ilci
r!«_'*, :
J
CKAFÏTRE XCl4 4^1
pmantfttf de O^èàux. Les I>aiiques tfiH deseendent
kr^Rhône^ ne som âhfs que de plancbrs légères «
qui sont aussitôt désassemblées et vendues; auprès
sont. les coche» xl\3fau ^ et enfin kg petites p^nelia ou
is^rques piates qdi servent au transport des grains^
4à la hptiiHe etjksautres mairehànd?ses.. Les barques
^Ftent pooi^meigne^ les unes ùndiapeaù de feutre^
in autres une grille de bois ^ unefenjiisiexle pallie, ôlc
C^i) y vient actetev des mftrtfafiËncii&es coBuHe dans
ies cabaneft ^da pr£. Là* }nultif:)licicé des bgrques , la
^ttfriété de l^r coii^tuetion , leur ^cshgement symé*^
'mque , ie^n<^mbr^ d^ mât$ , fi^rment un tableau pitr
<oresque^
Le^ommii» des march^ids arrivent cHtiinaireraé(nt
iqtiîiTSe fouffe atAm;rouvertttre delaft^re, pour
JitUfimgaMoef les marchandises ^ les enregistrer et
kik exposer cc^veiiablement.
On sent bien cju'urie si ^odigîeuse affiuence de
wqridii doit nécessairement exdter la cupidité des
voleurs, attirer des filoux, des jcftieurset des prosti-
^tnées; Autrefpisiei c4i6mins^ ifeiieaucaire étoieiit «our
'Vpit'pea sûr&avapnt ei après k^irefdes brigands
iv%mé% gaetseic^t r&rtiviée èt^à ^itiedes rnavchan^
jdiises : oA dte^encore i>e«utou(i^d'ave«^iires trag^ues
*smvées à dei négociant <m'^ feun^.^otmnis. Mais,
3|^ce k lajvfgilsitce du icomjmandÀnt de la division,
-un ïi?«fitaïdit pfflfi^ d^aucun éventent de <se genrè^:
les patrouilles étoient nombrettôiN cX fréquentes. ËUes
Dd 5
V
•%i
M* -■*, ■
J
422 CHAPITRE XCI.
reçoivent et «e transme^ttent Tune à Tautre lin morceau
de bois rond appelé marron , pour justifier qu'elles ont
fait leur devoir. f
Les fiiies publiques se rendent ordinairement à
Beaucaîre, de Nîmes, de Marseifle, d'Avignon , et
des autres villes voisines ; il y en a pour tous les goûts,
pour tous les états , à tous les prix : les unes feignent
de vendre de la petite mercerie ou des rafeîcUsse-
mens; les autres , logées 4ans les quartiers les (As
éloignés , y attirent les porte*Êiiz et les matelots :
toutes sont secrètement accompagnées d'anciens re^
cruteurs réformés et de tapageurs qui^ sans uniforme
et affectant un air bénin, passent pour les pères, les
maris, les frères ou les cousins de ces créatures, dont
ils protègent les désordres et partagent les (>rofits ;
aidées de leurs infâmes souteneurs, elles corrompent
les jeunes gens et répandent la contagion dans les
familles. La surveillance du préfet empêcha ce dé-
sordre ; il les fit toutes arrêter et conduire k qudcpies
lîeues (^e Beaucaire.
Il fit aussi fermer les maisons de jeu et même
les plus petits tripots. Ges repaires de brigandage
étoient ordinairement tenus par de mauvais sujets qui
avoient été militaires » et qui, joignant à la ruse h
force et faudace,. arrat;hçieiit souvent à la foiblesse
d'un timide marchund qu'un moment de délire a voit
égaré , tous les profita qu'une, hofm^te «t heùreui^
industrie lui avokvprocjiréa. : . : '
CHAPITRÉ XCU 42 Jv
Les filôux sont plus difficiles à at^indre que les-
iFoIeurs de^ grands chemins ; ik font , pendant la
foire^ fessai ou l'application de toute leur adra^se; ils^
s'introduisent par-tout : on composeioit un volume
des ruses qu'ils mettent en usage et des tours qu'on-
en raconte. Le prévôt pouvoit autrefois les juger sur-
le-champ et en dernier ressort , et cette justice expé-
ditive. en avoit beaucoup diminué ie nombre; mai»,
aujourd'hui que les formes judiciaires entraînent plu»
de lenteurs, ils s'enhardissent et devieilnent plusr
entreprenans.
Beaucoup de gens qui exercent des professions
nécessaires et utiles , se rendent à Beaucaire et y sont
très-occupés : les médecins soignent les malades , les
chiruigiens pansent les blessés; car il y a toujours
des gens estropiés dans des rixes ou par quelque
accident : l'apothicaire débite ses drogues avec au-
tant de promptitude et de ÊLcilité que le limonadier
yend ses liqueurs. II est impossible qu'il n'arrive quel-
ques décès pendant les huit oa dix jours qu'on reste
à Beaucaire ; dors c'est un spectacle singulier de
voir la pompe funéraire traverser ces* flots bruyans,
passer devant les jeux , lès cafés , les cabarets y et les
salles debal et decomédie: ilsemble quele ciel veuille
rappeler à cette foule en délire, que la mort suit
par-tout sa proie , et qu'elle h saisit souvent au milieu
des plaisirs les plus vifs et les plus brayan§.
, Les suivans d'EscuIape ne sQUt pas les seuls homm^
• Dd 4
>4ik»i
4i4- CHAPITRE xcr*
krobe ncnie qni &nt iï de bonnes afinres ; Tliénik y
oavoie ausù ses suppôts : les notaites sont indnpen->
sablement nécessaires pour rédiger lesstîputations
des paietnens à termes fiortaiitintérftt : les huissiers
sont ausii 1^ pour soucenir leur déetse , et C(M-
fiaindre le débiteur de mauvaise foi k s'acquitter;
noasirîmes dans la grande ne {^sieurs enseignes de
ces ofiiciera ezploiiaiis; nn d'eux vantoR rar-tooc
dans ta sienne sa diligence et son habileté pour fa
lédactton des protêts.
Autrefois c'étoit l'intendant de la pArvince qot
pré&idoit au commerce, et qui veîitcnt au maintien
du bon ordre et de la sûreté de la foire ; c'est SB|onr-
d'hut le préfet du départemoit qui est chargé de cv
soin : il s'y rend avec iHie escone degendannaie, b
veiUe du jour où elle commence. Son arrivée e«
annoncée par le bruit des bt^es et de la mtwsqoe»
terie; il y occupe le plos bel hâtd, et les dtffénens
corps viennent te comi^menter. La ville lui acoovd*
six mille francs en dédommagement des dépenses
qu'il est obligé de faire..
A mesure (}ue l'époque de l'ouvertara de la iûire
■I^roche, et sur-tout la veille et le jour, le pont et
les avenues sont couverts de gens à pied , à cheval
ou en voiture : l'un , dans une élégante calèchis, fait
voler la [xjussière sur l'hunible piéton; l'autre perce
la foule en pressant les flancs d'im rapide coursier i
la vue s'arrête avec.plaisit sur ce tableau ïnouvant ,
CHAPITRE XCÏ. ilf
imîmé d*ûtte wàuièr0 f^miresqm par fat vmM des
figures et descoMimes (i). Le Rhàne est ausii
couvert de barques chargées de voyageurs. Chacun
S0 hâte pour trouver à se loger ^ ce (pu est toujours
très- difficile : on esdge iti^e un prix exorbitant
pour recetoir seulement ies voitures dans des cours
où elles sotkt eicposées aux injures de Fair. Cepem
dant les um vont prendre ^te dans ies grandes
auberges j les autres dans des cabarets ou des hottes ;
il y en a pour toutes les classes^ Idce sont des tentes
où l'on trouve des viandes rôt^s ou bouiUtes; ces
tentes sont disposées autour deâ cabanes du pré :
aîlieturs, des espèce» de ti-aiteiises préparent seule*
ment les^inets ; on doit ies emporter, et Ton ne
peut' manger cbelt eiles : ceHes^i s'établissent dauts la
]dace pubiiqu^^ près des halles ; c'est ta que se nom%
rident en générai les peûts mardiands. Sept ou huit
(i ) Lou IcxideroAin vclà la fieiro,
Velà donc la franchiz* cnticiro ;
Chacun coumenço son travaî.
L'un d'amoun, Tautré d*aval ;
Vous nou vezés rcn que coulados,
Milo baisats, miîo brassados,
Sur- tout parmi las bravos gens;
L*on nou veî que de complîmens.
Tout lou matin nou vezés gaîrc
Que reverenças djns BeauCâîrt.
L'on dîi, Sîas k)u bcn an4vat;
Un autre « Slas lou ben iroavat;
J^lS CHAPITRE XCI;
bohémiens , cantonnés à rèxtrémité. du pré opposé au
Rhône, près de la montagne, sous un abri formé de
quelques branches d^arbres , font une ctMsine de Luci-
fer: les plus pauvres mendians vont y chercher pour
quelques sous des alimens dignes de ceux qui les
préparent et de ceijx.qui s'en nourrissent; Ces bohé-
miens viennent de contrées . très-éloignées exercer à
Beaucaire, une profession pour laquelle on les croirait
si peu propres^ Des . aubergistes des viiies environ-
nantes viennent aussi partager les profits qu'on y
peut faire : ils . louent , dahs . la ville même , des
maispns spacieuses-^ où l'on est servi à.vdlonté; il y
en a, même qui prennent le tit][e de restaurateurs*
La maison la plus fréquentée est cdile de Fahre
et André.: on y présente, comme k Paris, une carte
imprimée; dans la longue liste des mets.que cèle-
d renferme, oii eh distingue dont les noms sont,
peut-être inconnus aux gourmands de la capitale;
on peut demander chez M. André, non-seulement
voie polonaise fricassée , mais encore Aes pieds ^ amour
Diguas que fai vostro famiilo î
L'autre dis. Que fai vostro fifloî
Et ^*autrc. Que fai lou garçon î
Après tout* aqueio façon ,
Chacun intro dins lous affaires ,
Autant vendeîres qu'achetaîrcs.
Jâan.iAïCHBt de Nîmes , l'Emiarras Ji lajîgiro de
£eaucairtf poëme ; Ams^r^n , 1700, in-ia
/ '
V CHA^PITRI XCI. izf
i la crèm0 (i). Le |otur que je dhiai dhtz hi, favqis
bien envie dé coHnoitre ces me^ savoureux: mais tout
JKVOÎt été consommé; ce qu'on nous servit, d*aiileurs^
ne* nous en donna pas une gnuide idée. Quokpi^
cette maison soit très - vaste , toutes les salles sont
cominueilemeot remplies; on se presse 4ans It^
cours et dans les escaliers.
Tout ce train commence quelques fours avant fat
foixe ; elle ne s'ouvre pourtant réellement que le
a 2 juillet : c'est le préfet, accompagné des membres
du conseil de. dépsUrtement et du corps municipdl
<k Beaucaii^e, et escorté par des gendarmes ^t 1^
gardes luitionales , qui fait cette ouvarture. Le coirr
tége, édairé par de^ torcbçs , passe à cheval , le 2 1
au soir, dans les principales rues 4e la ville , sur le
pré et sur (eport, et Je préfet anoonce, au son d'une
musique militaire, que les: marcbands peuvent jouir
xlu droit de franchise. Chaque fois cpi'iL fait cette
procbmatîon^ oïl lui répoi^d par de vives accIalna^
lions qui se m^at aux faites; et' au -bmitdtes
boîtes. Toute marchandise que l'on débarqueroit avant
cettefprmaïité , seroit soumise aux droits ordinaires.
Le lendemain, jotirde S." Mûgdeleine, on célèbre
une grande messe en musique avec le j^Ius de pompe
- possible : cette messe est suivie d'une procession ,
dans laquelle on portoit autrefois solennellement
,1 (
(i) Voya sa çtr^ imj^iupéir*
._'.?A
4a$ ciTâPiTni xciy
OQe statua dd h sftinte , en irgent massif; on s» coi^
lente «ofomid1)ttî d*ime image de bok doré. T^w
les corps assTst^nrMaussi à cette cérémonie, et k
tendent pius impossine.
On ne sauroitfiiitidre fa confusion et la cohue tpA
régnent pefida()t->tout le temps de cette foire (i)%
La foule est continuelle ; iin &e pnesse , on se porte)
if y a 9 dam toutes les fue&^un mouvement semblable
^ celui dei iiots de ia^ mer i H faut se prés^ver 4ea
coups de coude ^ se favder des i^oÂt, et cependant
«attsâire sa curiosités id on se^b^uttef là on se bat
Des^ inoskîehs ch»9<ent c|u son dés instfultiens , des
charlatans débitent inirs drogues , 4e« mendiant
cherchent à exciter, U pitié; le portée itiix, semble
prèfi de vous écraser , en laiss^n^ tomber le f»-
^ftu qu'il porte eir écpttibie sur sa t^te ou sur se^
épaules ; les .celpoyieuys ^égocivHent à crier de$ évé<-
Yiemens qui ne sont potptdans leurs gaeettes. lÀ c'est
une cui^me renversée ; ici un homme évanoui;
«iHeurs un convoi qtn passe; On vott de^ cotâmes d^
Qi#e fai merquat de son m^njat ,
• Que pert tout d'un cop sa compagno.
Que bravcj* ou t>cn cfie lavagno,
Q^eccc^o per se debaiKha,
Qu'a forso bruch per se coucha ,
Qu'a rendes -vous emb' uno puto ,
Que fai complimens, ^^ députai -
•
/
Idutu» les t^çofis^ 6n entend .I0ia«i ^rtn d^cBome»'
et de patois: il semble que ce soient la réumoa éà
iMtes h$ fïaiionè et la eonfosioii dSk htugMs.
Ce tmti^lxt a princtpatement iiçti pendant fcr
|ràn Le soir on va toir les ménageries ^ les faato^
leurs y hè courses de cbevaust , }el datmetif s de corde y
oala c^méife , ^ est établie dans ie |eii de pàame*
La bonn^ eompagnid se rend ensuins snr le pré »
<)è pàMoat on trouve la jojrease cantre^danae oit
b ^v'aise fe^ve : As ii^tis câ^ le bnùt des însw
tmmens se f^t «¥itëndr« ; kt <!^eat le bat de Niinesy
ià^eltii d*Ài%, bitiêitfs csèiut <f Av^qon f chacun sa
f^nt {i ^iui di^-aëï compftlri^tes. ^Le son d» gaiou**
bet provençal est toujours mêlé à celui des. autiet
i^4^t«tmen$. Q^ abtie t^ùt^ool k Vavfèkb.^ bat Hes
Ctattilans^ ^\A^ ^hantaM^ô^v^haiuroûprxi^ ieiir pajFs
étiA htùh des^tiscagn^tte^ dansent ei;tne eizz sana
^. ..
r, \-
Qnt<j»jgiiîs,,j}à'^pcrc;r!ow^;p^là
Qup se retiro ^mbc rçgrct, . n
Que fai f amour à sa vezino.
Que s<e coucfJ* rtnbé sa couzbid, "*
Qucper lou caur «lostro f<iu ^îeoa»
Qte fa ^ua bon ami cqdçu^M.:'
Tant y a chacun s'accomodo
BItVarrengo sùîvân salnôd'ô
Et suivan son inclination^
Tacli' à contenta sa passion.
ti-
J^^é CHAPITIIE XCï.
fimtnef , atic beauooiip de i^èreté, de prédbkm et
ie mesure.
Oa vend à Beaucaire à-peu-près tout ce qu'on
peut imaginer; nous y trouvâmes fusqu'à des an*
tiques. Un marchand étc^t chargé d'un superbe
camée représentant Qéopatre et Antiochus de
Syrie ( I ). J'achetai pour M. de Saint- ViÉcens , chet
une espèce de bijoutier qu'on appelle Vantiqualn,
quelques pierres gravées , quelques médailles , et une
très* petite boîte ronde en argent, guittochée en de-
hors y contehailt une médaille d'argent de l'empereur
Léopold, frappée en 165 S, époque de son sacre,
et une médaille de chacun des électeurs qui y ont
assbté.
' Lès frandiîses de la foire ne sont réellement
accordées que pour tcois fours; miii» 9(1 a tiouvé le
moyen d'en profonger Je tern^ , en ne^ri^dant pas
les fêtes de S.^* MagdeMne et de S. Jacques comme
àts fours utiles, quoique te commerce ne soit pas
pour cela interrompu. En 1 ^6^ , à la suite d'un dé*
bordement du Rhône , le fermier générai refusa de
consentir i, accorder un four de plus; Tîntendaitt
trouva moyen de l'obtenir en fiûsatit solenniser
la fête de S.- * Anne. Depuis ce temps ia foire dure
six jours, du 22 au 28 juillet au soiir; s'il y a
(i) H sera grave dans le W ouvrage que M. Visconti va p*H
blicr sur Tlconologic..
.^^^^^î-j"* J
CHAPITRE XCI. 4ji
un dimanche immédiatement avant ou aprè$, c'est
un jour de plus. On -annonce alors la cessation de
la franchise y comme on en a publié l'ouverture ;
lîfiab il s^en faut bien que cette cérémonie ait le
même caractère de gaieté.
Biaitôt après commencent les préparatifs du dé-
part ; les grandes routes sont de nouveau couvertes
de voyageurs; ies barques sduent la ville en la
<pûttant 9 comme elles ont fait à leur arrivée. II y a
cependant des marchands qui demeurent encore plus
de qtimze jours; mais il^ ïie jouissent plus de la
fi'aïuiiise : les Cataians et les Juifs s'en vont ordi-
nairement les derniers.
La foire avoit été plus nombreuse cette année
que les précédentes ; les Espagnols sur-tout y firent
beaucoup d'af&ires : les paîémens s'effectuèrent avec
facilité. Les soies et les laines sont les deux ar--
^les qui eurent le plus de faveur. Nous passâmes
]k trob fourà très-agréables ^ et nous eûmes beau-
coup à nous louer de la bonne réception que M^ Dal-
|ihonse , préfet du Gard , voulut bien nous faire. .
Nous avions suivi avec le plus grand soin tous les
détails de cette foire; rien ne nous étoit échappé^ et
nous étions réservés à être les témoins d'iu(ie C2^^-.
mité qui heureusement est bien rare. II commença à
pleuvoir le troisième jour de la foirç , et en peu,
d'heures le RhÔhe déborda ; ce cm'on n'ayoit pas vu
depuis plusieurs années. Non-seulement plusieurs
LakJB£k..j^ i. . '<.a ^ t
43^ CHAPITRE XCt.
ittftrchsaKli$6s furent g&tées par h pluie , mais le Aèuve
inonda ia prabie , emporta les cabanes ; les çafëi ,
les bals <;hanipètres » disparurent s on n»*engmdoit par^
tput que des cm et des plaintes. La digue qui sépe«e
les ponts de bateaux y fut entttreinent couverte ; bL
communication p4r Tarascon devînt smpossîUe , et
beaucoup de marchand$ fùxent ohligéi de faire le
tour par Arles , parce que d^ant Beaujcaôre le fleuve
est trop large pour qu'on puisse le tr»rerser en ba-
teau^ sur- tout à Tépoque des déhordemens,
La navigation de l'emboucharedu Rhône n'est pas
sans danger; la variation des vents en rend la durée!
incertaine , et dans les grands débordemens elie est
impraticable. La foire de Beaucake ofirira un bien
plus grand avantage, lorsque le beau canal d'Aiguës--
mortes sera terminé ; et il y a liâu de axâre qu'on en
fouira }jient6t(i)*
Nous avions pansuru d'abord tons les endroits de
la ville et des environs. La vîtte est petite; se» rues
sont anguleuses et étroites. Le nombre des maisons
est considérable relativement à son étendue et à
^ population : mais elles ne sont habitées que
durant ta foire; et, ie reste de l'année^ il est aisé db
voir dam quel état de décadence et d'abandon peut
tomber une ville dont les kabkai» ont un mojren
( 1} Je reviendrai sur Iq avantages de ce cs3(ia!^ quand je décrirai
mon vo^ge inm le Languodoc
facile
, -_-_jj "j. •
à
CHAPITRE XCI. 43)
Jâcile de se procurer sans travail ce tpii est stric-
^temetit nécessaire pouc leur subsistance. Le pfix
excessif de$ loyers des maisons, des ma^sins, des
hangars et des cours , suffit aux Beaucairois ( i ) pour
ies faire vivre pelida^^une année : aussi ne songent-
ils à aucune aune industrie; ils n'établissent aucune
manu&cture , ils ne forment aucune entreprise ; ils
cultivent seulement pour l«ir plaisir ipelques champs
de vignes, Quelques plantation^ d'oliviers : ils ont
une si grande horreur pour tome, espèce de travatl,-
qu'on trouveroit à peine chez eux un tailleur ou un.
cordonnier ; il leur faut, pour se âira vêtir ou chausser,
f ttendre le retour de la foire , ou s'adresser à Taras-'
coifi. Ceux qui ont vu Beaucaire pendant ce temps, ne
pojv«it après se perstta<fer que ce soit la même ville :
la plus grande partie des a^^rtemens sont fermés j
rien n'égale la tristesse de ses rues désertes et de ses
maisons sans locataires
aussi affreuse qu'iofttten
tans. 11 est cepeadant n
se livrent à 'quelque k
la foire diminuent tous
pourroit finir par leui manquer. ,
La porte :qui. conduit au Rhône, est assfô. belle »
le.quaïestlà^nbftûj eîle port est Oinmode.,(,r , >
Tome m.
4^4 CHAPITRE XCfc
Nous vool^nEies voir cet antique chlçeau de Beau-^
cakf f SX renommé dans les histoires de chevalerie : ii
n'en xeaie' que des ruines ; ii a été afciattu en i6^2,
par mordre deLouîi Xlil.
Nous aliâmei aussi à un qiuurt de Kçue de h ville i
à l'endroit appèié &r Cmf-^oinfp demère le château
dé Gauj^c , vob ia voie romaine qui c<mduboff
d'îles à Nni«cf- on y a:trouvé phiMCwrs plefrres n*
iiaireftk^iû n'avaient pciiit ètéà^fhqée/i. On croit que
çé chemin fiiiscpt> partie de la voie Aurëlienne , qui
«omroençoit à la vilte ^de Romei,' et alkrft àboutîjf
^ox ôxirémitte de f Espagne* M/ P. Véifarï mé
semblé avoir bien établi , dansie mémohie ^ànuâ^îrrif
qu'il pi'a commimiquéi que la route qni pâs^oftl^
GUnum et peu^étreao^fi k deauca^e, n^tpit qu^cî
petite branche de cette YQÎe , et que {a branche prii^
cipaiè passoit à Aiies. ! . '
La gfcinde église ^ appelée No^^Dàmedt f\>mer)
fut foiidée €in S^.ifi par Bernajfd, coittte' de Nar-*
bontiOy niircplîs^ 4e Gotbîe et duadf Septimaiiieî
feâ Ifoïigf qis fti pHIèrefrt; et Rajîmoijd/* éomle^ dé
Ttttdbusô , eivfurfetrewaurateur: Le portail est orné
de figures relatives à la ttaïssanwdtttS4rfiît;aùmliiëtt
esl1a Vierge V-^vî tîen^ ehtre ^4 brklie-^îvfn fté-
dempieur; ôftttt itt-cfesious éh cartictêfè^ gothiques.*
^^^ »4- ^REMIQ MAXW* a«MafiT SAPIENTIA l>Ef;
A droite, I*ange presica^lt 2^ S^ Joseph dVmmeîier
CHAPITRE XCI. <!i,35
4» Viergd~«t«Mt -ca&nt en Egypte; on lit- aiiGSfe-t
. OUCIT IN 4(ÏYFIUU JOSEEH CUM VIltgiNE CHR15TUM.
Enfin , sous l'adoration des mages ^ qui est à
^udi6{ Oit a-^critï ■ - ■ . ■' -^
NOSTBO DIVJNO DANT TMSTRIA MUMERA TRINO. .
' A Fépôqiïe des, guerres CÎvHes, plusieurs issrin-
bfées de ta province se sont tenues k Beaucaire dans
le réfectoire des Cordeliers.
. „ 5? I^iiiérieur. de la viUe est. tris^e,^es^enyirc>JÎ
sont cliannan^ : U semble que le^iS^igulie; .cbâfefi^
de TarascQfi||ait. été bâd.,^:^p;-^4,,çour. lui sei^^
de perspeçriye ; la vue ^'étRpd ag^éal^iemept ,sHr Iç
Rhône, <jj*f , dans ce Iie^^,«j gna^ifique,, ^«^ sup
^s belles campagnes gui se piou^f^g^ot sur ses bords
dai
pa]
ys
Â^^
i^tm^*^m^^'
CHAPITRÉ XCli.
I^ns œrariusj pont sur le Rhône. — TAltA3C0N«^ -*
Histoire. — Château. — Intérêt que présentent les
anciens châteaux. — Pas de la Bergerette. — Église
de S.** A^artbe; statue «de la sainte. — La Tarajqne. —
I ndustrie , manufactures. — Hommes célèbres. — Poésie
provençale.
1 AR ASCÔN est Réparé de Beaucaire parle Rhône:
iax tiiiHeû est une digue de pierre ^ que quelques
aufeurs ont regardée comme le resté du Pons œrarîus
des Romams ; mais d'Anvifle ( i ) prouve le contraire..
Lé Pons œrariùs , appelé ainsi à cause du droit de
passage qtfH y ^ioît payer, étoît situé sur la voie
qui conduboit directement d'Arles à Nirne^ , à peu
'é& distance de Beflegarde , où nous avons vu que
^ùché , CatèF, les auteurs de rHistoîre du Langue-
doc; et M.* î*. 'Véranv placent Vgernûm^.île pont
qirf est placé entteBeîtuèaîre et Tarascon^ quel que
soit te norn qu*6n'dôîVe* lui donner, fortnbit une
espèce de Z , afin d'offrir plus de résistance à Tim-
pétuosîté du fleuve : malgré cette précaution , il a
été renversé, et cette digue est tout ce qui en sub-
siste. Deux pont$ de bateaux viennent s'y joindre ;
(i) Nttice dt l'ancienne Cauk, p. J5o.
CHAPITRE XCIÏ. 457:
ib sont sans parapets : aussi , brsque fe mistral ou le
irent du midi souffle avec violence^ le passage n'est
pas sans danger ; on Ta vu renverser dans le Rhôhet
une charrette attelée de quatre chevaux.
Tarascon étoit connu au temps de Strabon comme
une ville du pays des Salyes. On donne à son nenv
une origine grecque ( 1 )• Les uns croient qu'il vient
de l'effroi que causoi^it aux navigateurs arlésîens et
marseiiloîs quelques brigands qui infestoient cette
partie du Rhône ; d'autres l'attribuent à la crainte
qu'inspiroit le drac (2) : mais ce sont les légendaire!»
qui nous ont transmis la tradition sur cet animai
jàiitastique , et le nom de Tarasco est bien pkis
ahcien ; il est probable qu'il appartient à la languo
des anciens Salyes.
Il ne paroît pas que ce lieu itit eu y dans t'anti^
quité, une grande importance , puisque Strabon et
Ptolémée se sont seulement contentés d'eh citer \^
nom ; .mais , après le démembrement de l'empire
romain , l'expulsion des V îsigoths et des Sarrasins ^
et l'extinctiendu royaume d'Arles, lorsque la Pro-
vence eut des comtes héréditaires, Tarascon dut être
considéré comme un point important pour la défense
de la rive gauche de ce fleuve. Il y exisloit un
dbâteau oii fut signée en 125 1, en ptfeeiice de
plusieurs prélats, du sénédial de Provence, et^un
(1) Du mot m^^iomt(tarau€iH ) , troubler» efètvftx.
E e 5
4j8; çïfAl^iTfiç ïfqii; 1
gfBnd fiomt^re <Ie seig|iç4r$ , Jn capîtndtiJQnt par is^l
quelte ia rép^b|qu€^ 4'ArMs ^^ donna à CbarJe* V\
4'Ap)QM» cpmt^ de VtQY^Wie. Louis H ie fit abattie
pour construira le çhi^Hw ^ est aujourd'hui rorne?.
ment de la tiUû; il (^t commenàé en Tan 1 4oo » et
qputi deu^ cent quarante mille Uv. de noirb monnoie^
iictuelle : les f^md^tioeis en sont établies sui* le roc ;t
l^ pierres dont ît est bâti » tirées des oarrières de;
Fofitvielle , prisi d*ArIes » sont tomes d'une dimei^
sion parfaitement égalç ; l'aplomb des murs lie iiisie
rien & désirer » et les arêtes sont encore aussi vive»
«lue lorsqu'elles ont été achevées. Nous mentàiiies
sur la plate - forme , d'où b vue s'étend sur h beatt
bassin du RhÀne ; le fleuve étoit couvert dé barques^^
et le pont encombré de gens qui se rendoieitt àBeam
caire ; en face » on vptt tes luines du château (fe <Jette
TÎUe ; et sur le pré, les baraques qui renferment un
abrégé des productions de toutesles parties du monde;
à gaudie , si'élàvent les clochers de$ églises. La vue sa
prolonge sur la Camargue josquli remEK)uchure du
Rhône , et embrase une grande piartie des riches
plaities du Languedoc. Nous trouvâmes sut cette
plate-fbrme un jeune artiste beaucairoîs qui s^est fixé
à Marseille, M^ PonEe, ^ui étoit occupé à saisir àvto
ses erajroBs les effeu variés de ce tableau magicpi^
: Si f des murs de ce ciiâteau , Ton jouit d'uit aspecf
ravissant , il est lui-même un des phis beaux orne-
mens des rives pittoresques du Rbôiiie. Qui doiK a
J
Ç5IAPITRE XG^n 4ii^'
pu concevoir; le ptQj^t'de fedèitfelîfr 'd*t>ù Vîeht
cette rftge qiiî ilous poi^e encore à détruire des
antiques demeitres de la ràleor et dé la beautés If
fàm avoir une ame glacée, pour n'y voir'^iiè de^
Hiurs tombant en mîne. Les crétieaux qui lêi; ttm^
Tdnnani. les barbacânes, les meurtrières et les n'crnl*^
peurs mâchicoulis qui en défendit les àpprôcfiie^ ,
i^ous rî^peïent les sièges qu'elles om iprôUVés, !a
çôble et courageuse résistance qu'oii' y a faîte ,' les
marques de fidélité que leurs goilverneurs ont dbiiii ée^
à leurs Souverains; les tours qui les flanquent, ont
été habitées par des chevaliers Ic^aux et braves , pai*
des portes, des amans, des belles et des guerrierf*
Quelle vslriété répand , sur un soi aussi heureux que
celui de la Provence , le luxe des constructions an-î ^
tiques^ les ports (i), les théâtres (l), les amphî-^
théâtres 1 3 ) > les arcs triomphaux (4) , les aqueducs ( 5 ) ,
les portes (6) , les mausolées (7) > les tombeaux (8) y
queleà Romains y ont laissés pour éterniser le souve-
nir de leur grandeur et de leur puissance ! Mais,^i ces
ruines nous reti^cent la puissante et les conc{u(6téS
(i) F^<^Frcjus,II, 477. ^
{2) Fôy^f^Orangc, n, 148; Arles.
(3) ^e>'^ Citnfee, II, 544 ; Arles, Nîmes , pcjrdeaux, Poitiers.
(4) K^^ Orange, H» 133; Carpehtràs, Nîmes. •
(5) Viiye^Lyon, I, 485 ; Fr4jus, II, 477.
(6) Vojfi Autun , 1 , 3 1 5 ; SainL-Chama* , Saintes.
(7) Sifffra» Fge 399) Vienne, II, 44.
(8) Pa^m. . ;
£e 4
4io CHAPITRE xcir;
de ces maîtres de la terre , les vieux châteaux nou<
rappellent les faits mémorables de ndtre histcHre,
et en formeht une espèce de cours pittoresque.
Combien c^ux qui ont été bâtis sous les comtes de
Provence, animent encore la scène que je décris
par r^et des oppositions aussi marquées pdur le
souvenir des faits passés que pour les formes de l'ar-
chitecture ! Interrogeons les lecteurs : cet ouvrage
est tout*à-fàit vide d'intérêt, et l'auteur n'eut jamais
dû l'écrire, s'ib n'ont pas éprouvé les mêmes sensa-
fions que lui , lorsqu'il les a conduits dans l'antique
château de Montbard , devenu le temfde où le
grand-préure de la nature rendoit en prose harmo-
nieuse ses oracles immortek ( i ) ; lorsqu'il ieiir a fait
passer en revue cette galerie de portraits de femmes
charmantes, rassemblée par Bussy de Rabutin (2).
N'ont-ils pas gravi avec lui au sommet du vieux
château de Rochémaure (3 ) , qui , assis sur le noir
basalte , semble dominer le Rhône , et où tout
retrace les grandes révolutions de la nature , tandis
que son nom rappelle l'audace intrépide des aven-
tureux-Sarrasins ! n'ont- ils pas parcouru les vastes
salles du palais d'où les papes avigrïonnois fulminoient
ces t^nibles excommimications qu'un trop fréquent
usage rendit moins redoutaBles (4) * Les châteaux
chevaleresques de Tarascon et de Beaucaire , célébrés
(i) Supra, 1,222. (3) SupràT^l, 100.
[i) Suprà^lfioS. (4) J'wpr/i, II, ijOk
*^. 1 1* „-"* •
CHAPITRE XCII. 44»
par les poêles proveliçaux, ne sont pas un de$ moh^fres
ornemens de ce beau fleuve, que ia tour de Sahit-LoiiU
teunme si bien à son embouchure.
Si l'on pénètre plus avant dans les terres, ne
regrette -t- on pas que la fureur des troubles civils
ait renversé ia Toor-d'Aîgues et effacé ses tendres
devises î On voudroit recomtruire ces châteaux
de Signes >et de Pîerrefèu , où les nobles présî-'
dentés des cours d'amour rendoient leurs arrêts
galails. Qui osera porter la hache sur le château
de Grignan î toutes les femmes ne doivent-elles pas
protéger ce monument, qui rappelle les grâces de
Tesprit et les douceurs de la tendresse maternelle î
Après avoir franchi le Rhône, et quitté cette terre
classique, où tout est empreint du nom romain ,
nous entrerons sur celle qui fut si souvent le théâtre^
des troubles civils : là nous, sentirons encore davan*
tage tout ce que la vue des anciens châteaux peut
dire à une ame élevée. En partant de Pau^ qui vit
naître le bon Henri IV, nous visiterons le lieu oti le
loyal François I." reçut le jour; ceux où les enne-
mis de Henri ont senti les effets de sa vaillance et
éprouvé sa bonté ; ceux qui furent témoins des lan-
gueurs de Charles VII , des cruautés de Louis XI , de
l'ambition des Guises , et de l'intrépide héroïsme de
Jeanne d'Arc. N'anticipons pas sur nos jouissances,
et n'intervertissons pas l'ordre des faits; revenons
au château de Tarascon ; mais, avant d'achever ce
fc— ^i_
4ia CHAPITRE XCIU
qui an coiK:eme h description et rhistoire» mettom
les vieux châteaux sous la garde des vrais Françab ,
sous la protection sur-tout de notre invincible Eilhpe-*
teur^ si digne d'apprécier tout ce qui est noble et
grand.
Ce diâteau^ si bien conservé à l'extérieur, est
intérieuremeiu dans un délabrement extrême ; mab
ses voûtes hardies , ses salles immenses, ses profonds
soutenaim , annoncent la grandeur et le pouvoir
de ceux qui Pont habité. Louis III et René y 6nl
fait leur séjour k plusieurs reprises :. le buste de ce
dernier prince étoit dans la seconde cour avec celui
de Jeanne de Laval , sa seconde femme ( i ) ; ils ont
été renversés. On. lit encore au-dessous de la niche
qui les contenoit :
- DIVI HEROES FRANCIS LILIIS* CRU
CEQUE ILLUSTRES INCEDUNT lUGI
TER PARANTES AD SUPEROS ITER.
Plusieurs édits de René sont datés de Tarascon ;
B s'y occupoit de joutes , de vers et de galanterie ;
et ce fût sous ses yeux qu'eut. lieu, en 1449» ^
des plus singuliers tournois doilt les fastes de la che-
valerie nous . aient conservé le souvenir (2).
É*i*
*(i) Suprâ, tome II, page ^48.
(2) L. DE Beauvau, sénéchal d*Anjou et ensuite de Pro-
vence, qui en aVoit été témoin, nous en a laissé ta description
dans une lettre qu*il adressa à Louis de Luxembourg, son ami. J'en
ai trouvé une notice trè»-étendue dans les manuscrits de M. de
CH&7ITXB X€U.> 4^3^
-.Philq^pe dé Lenoncovatt^ chevafief *du Ccw*-'
Ant ( I ) , éoiyerdu roi, 1^ Phflihflrt de Laigue , sôsl
chiinbclian , aVoiem £ût inviter tous les chtmlièrs
dn icuytrs gentils à se rendre k Tarascon ie i /' ^uin y
poui^ tompTQ contre eux une lance , en présence
d'une gentè fûstowrtïU. Cette berpnm , que i*aûteurt
ne nomme pas 1 étoh une dame ou demoiselle de
quafité» placée sous un arbre , gardant sa krtbimesy^
tt ayanf ses-ihosettes profits etyUiettes ( z) ; elle réser-*
voit au vainqueur la douce récompense d'un baiser,
éx un bouquet de fisurs attaché à on rameau d'or.
Dès qve les dames et les chevalie» furent réuni||.
ies hérauts d'armes^ lés trompettes et les ménétriers
oMrii^nt la marché : la bergère parut ; elle avoit un
baoit de danias gris , foxu'ré et bordé de vair ; elle
étoit coiffëe d'un petit chapeau couvert de fleurs , et
S^fntrVincenft. Cette notice a acryi à \x composition du mémonr^
que le P^Papon a joint» comme, suppicmcnt, au troisième volume
de son Histoire de Provence : mais îl ii*a pas connu ie manuscrit
même $ car il àh qu'il est mêlé de prose et de vers , et if est tout en
vers. Celui d*aprcs lequel j*aî rédigé cette notice» est à la Bil>Hoî>
thique knpcriale,J&«^ de Colvert, n.® 4365^, 79^7 nouveau nu-
méro. On voit en tête fa bergère à la porte de sa cabane, auprès
de^ Tenceinte où ses moutons sont parqués ; à côté est un arbiè
aaqud sont sasponduei «ne cuirasse blanche et une cuirasse noire:
nlu^hast est Técusson de Seauvau; il y a au-dessus deux croc$
qui tiennent ensemble, et la devise, sans départir^
(i) Suprà, II, 307.
' j[»} Ce»t«à^re^ étant élé|ammeai vêtue.
444 CHAPITRF XCII;
pcntCMt une houlette garnie d'argent; D^uircâté pen«
dok à sa ceinture un barill^ d'argent^ qui coiitencHt
f e&u pour la désaltérer; de l'autre ^ étoit sa panetière»,
nie étoit montée sur une haquenée couverte d^uii^
és»p d'or, avec un chanfi'ein cramoisi, et ccmduic«r
par deux jouvenceaux qui alloient à pied ; on me*^
noit devant elle un troupeau de brebis. Tous ceux
qui dev(Hent entrer en lice , étoient sur de magm«
fiques chevaux , bien équipés , armés de toutes pièces ^
mais habillés en bergers. On remarquoit sur^toul
Philippe de Lenoncourt et Philibert de Laigue , qiu
4|oîent suivis de leurs éoiyers , du roi cf armes et
du juge d'armes. II devoit être singulier de voir ces
deux braves pastoureaux portant la houlette, b J|ttp
sette, la flûte, le briquet, la panetière, le banl^
enfin tout le champêtre attirail du dieu Pan , sus«^
pendu à la redoutable armure du dieu Mars; car ils
avoient aussi la cuirasse , et leur tète étoit couverte
d^un heaume surmonté de plumes d'autruche de
covieur pourpre. Uauteur prétend que sans doutance
ils étoient moult beaux. Lauts chevaux avoient une
housse grbe brodée d'or.
Ce bizarre cortège arriva sur la place où le tour-
noi devoit avoir lieu, et où l'on avoit dressée tm
écha&ud pour le roi , la reine et leur suite , et un
autre pour les juges d'armes : au bout du champ ^
dans un lieu bien apparent , étoit la cabane dp la ber-
gère^ construite avec des branchages ; près de cette
J
CHAPITRE XCH. , 44f
cabane de fleurs ^et de verdure^ s'éleToH ttn aibie,
auquel les deux pastoureaux ifuî tencMent le loumfoi
suspendirent leurs éctts« Le poursuivant d'armes p
jappeH RBuvarin^ étok dms une tourelle ^ d'où H
annooçoit -aux deux pastoureaux les cfaampiom ifM
entroient dans la fice^afia qu'ils «se préparassent à
iesbien receToir,
Le chevalier qui demandott lexCombat,»4ev<Ht
toucher un des dbux boucHers : c^i cpà étoit tomtmi
4*^mour tt dt sa dame, devoit ciiercher à abattre
i'écu noir , synitote d^un malheur cpi'ii craignoit d'é-
prouver; le mal" content deyoit viser. k réau blanc, •
comme fû. eu| détesté Je signe d'un boohf ur qu'ai
n'avok point goûté : . mais soudain un des deux pa$-
tour^ux paroî^oît pour défendre son écu*
Louis de fieauvau décrit, les armes et les couleurs
de. tous les chevaliers qui parur^it d»is ce tournoi^
qui dura deux jours* De ce nombre, étoient. Pierre de
CiMffiy Louis de Montheron, Pbiiibert.de la Jaille,
Guillaume Dynye» et Louis de Beauvau, qui, après
4111 combat long, opiniâtre» et souvent douteux» fit
^^&^ voler en éclats la Jance de son adversaire
Pl^fibert de . Ls^ç » Cît obtint le p^bc: : . il eut I?
ve^;g6«t le bouquet y et, sur* tout // baiser, lequel il
tint à moult chier* _ :
Tannegyy du . Çhâtel succéda à Loui^ de Beau-
vau» et savançar contre Philippe de Lenoncourt.:
du Chàtel pqrtoitMOult gaiement en croupe la daima
Il f^
44^ CBJLPITRI XCII.
de Pontevès et de Cabane^ Les deux ccmBattam «
heurtèrent a?ec tantéç vigiMir, que ieuis lan^cQs !^
jrcmipîient; ie fier Lenotioovn en ûi encore brisa:
deux autres à^on ^Mhremire y et ie force de se iétirar^
îemportSMit avec ht sa conisigsusse datM^ ept dk»
€€SM femtiie foote ^i'^^àk pa^ pék^du lei éttietu -
Ferri de Lorraine, gendre du rirà René, Mttitfi*
iqfxùA& par b irfchessè de si(m'éfS|^)agé ^h^ beauté
de son arDtiuce ^ poussa droit à fétu bism : a«i idjlbftmè
coup , ilTeniportviâ victoiiti , et obtint dé la bei^ft
le prix destiné au vainqueur | itiiiidôiuu en édiKâgè
b housse d^ son civeval. * .. >.n(
Dans les intervalles des x^^dltibats y cdi sëvoit dut
d»n«s difi^reM rc^ichissemeiss ; et ils éi6)eM biai
nécessaires , ear ia barrière étoit oisiVétltè depuis
midi }us<}u*à six heinres^du so& , ^'esi^Ihdire, pendant
la plus grande diideur du ^Mâr* » - ;.!.>
Le pouTSuîvimt d^armes ec^iiisil l?s fuge^s-Hupr^
cte la bergère t fb allèrent avec éSk au^ pie<ist4â it>?,
i^i leur accorda ia permisskm^de prononcer le juge-
ment. La bergère ordonna au' pOut^iKVsfAt d^iMi
de rendre les écus aux pastoureaiix ; eHe fit dédarâr
par les hérauts que h pas tk Iw^^t^rf'étoH kèWiih
pJl, er défendit à se* paàtotfteaux, de ie cotaiteôef:
enfin elle leur fit ôter leur heaume, et frjr ààtM
c$mm€ ses ^s serviteurs tt léyàùy^; ils reçui*eni! cette
douce réconftpms^ en présenceMiet éôuie ïa oo«r',
qui l^apppç^ra par «es appiaudîs^meris. La Ber^èté
monta alors sur saf^ hàc{uenée , et 0 Àeûx fois ie tour
de la iîce au milieu de ses deux pastoureaux, au soii
des instruméns , ayant devant elte le^ hérauts et' les
piges d'afméâ, qui crioient, Lenoncouri et Laigut ;
eik arriva ainsi chez Louis àt Beauvau, qui fui
donna à souper : de ïâ dïe se rendit joyeUsemeiit au
château y où elle entra à pied;* précédée de méné-
triers et d'un héraut d'armes qui* portoît d'une main
une verge blanche, et de l'autre le grand prfx , qui
consistoit ent une vergé d'oir et en un diamant qui valoir
près de cent écus; mais, pourlegagner, il fidioit avoir
rompu trois latïces. Le poursuivant d'armes demanda
ait roi quel étoSt le chevîdier cfihl jugeoit digne dti
prix* I/Mik de Beiauvïu et Guî dé Laval avoient
rd^pu trois fantes ; mais Feni deLbrfâine* en a voit
rompu quatjp^ j et il leçut le pribt i le brave chevalier
Wt t'accepta que pour en parer îa téteddib noble ber-
gère. ' Toute f afssemWée fit reteitir fes cris , Lorraint
preguy [ Lorraine a le pSi^J ! If disinsa avec fat bergère,
qui s'en retourna *véé ses paktouTeàux^et son cortège
à l'appartement dé' Louis die Beaùvaii , où f on servit
des viandes , du vîri et des épices. Le jour parut,
et mit fin ^ cette f*ètç.
Chacun refourna cjfans ses domaines ; mais le bon
roi René eut soin de recommander à chaque chevalier
de payer exactement la. dépense qu'il avoit faite ('i|.
La tr^dtition qiû f^t aborder -en Provence plusieurs
^tamm^
(i) Je pubiierai bientôt textuellemem , avec des notes , le ma-
liiftcrit qui contient les détails de cette fête singuficce.
448 CHAPITRE XCII.
des discipf es4e Jé^-Christ , suppose que S.** Minfie
vint porter la foi à Tarascon ( i ) ; Té^be principale
de cette ville lui est consacrée. Nous Toulùpijss lit
visiter. II y a devant la porte d'entrée un siarcophagi;
antique renverié^ sur lequel on voit deux génies q\^
soutiennent une tablette sans inscription.
Les figures du portail ont été- mutilées avec un
soin extrême. Le tombeau de Jean Cossa, grattai
sénéchal de Provence, a été détruit.
La châsse de ta sainte é toit un présent que Louis XI
lui avoit fait en l475 : le métal précieux dont elle
étoit formée y et les grenats dont elle éfcôt. enrichie,
ont causé sa perte. Je ne sais çofnmeipt une figure de
marbre, placée dans la çhppelle souterraine, ^Hé
conservée ; la bonne femme qui vend ies cierges
xju'on brûle continuellement devant. cette image,
nous assi^r^ique la sainte avoit aveuglé tous <3ei^
qui avoient voulu pénétfer dans cette çrypte.pour
y porter la destruction* Cette /igure , qu'on dit être
celle dfi S.'^ Marthe, paroît avoir éfé exécutée; au
commencQinent duxvi.* sîèc{e; on Ut au^essus :
SOLICITA
NON TVRBATVR.
Cette inscription obscure (a) n*auroîl sûrement
'MMÉitB
Ji)^«^ri,p, 119, ', : j
(a) On pourroît entendre par ces mots- que Ja sainte» entoi^rù
Âe tribulations , n'en est pas troublée. Peut-être ce'mot solicita ^ mis
ici pour solliciia, éxpriitie-t-if dette crainte religieuse qu'éprouve
U juste qui va comparoitre devant Dieu.
1 * '
y
pas êSê CôiHJS^léiè a&iM pîrf^ ces savantes Béhédîcthtes
cpii ,iâ<» ?tt^dln , ftfsofeht ai 1 3 4ô { i ) , par \é\xt
émditfiih , p!ftfeîpaterti«nir daifi^ fr latîgàe^ iatîné^ K
gloire et FdrtiéfttéHt dé Tàràscb».
Le lifibÉter et unie? paWîe dé K Aéf «oht décdrés
de bëlTeS ta^îsseirfes, qui* éfoiént autrefois dans le
couVèH* des rt%teu^ï dk \%Ké incarné , et quî
JîaKSfeiint éhte feur ou^^a^è.-
I^VièîBehiérôphaïkèqtti'iAiible présider aùi mys^
tères de eet^ crypte ^ venif de gitossîèrès îttiages où là
saîirteeit répl^stht'éétôricfeîsanf mimonstréënchaîné;
DaiM ïei? tehi jp5 <^%hofrançe , âe^ ariîihaax îné3nrilis ,
dètt^Hittagihation des'hortiAiëë exagérôît sonVehtla
forc^ ét'iat^ièféckë, et' itiïikjàé^ fa crédulité prêtoit
prtefe^ -tôùfours éts^ fôhhfes Biiiai¥èS , ont porté quél-
queft>U' l'épouvante daWscèrtahies contrées.: ceùxî
quî p#veiM>ileht à les éiV cBHî^r , mérîtoient ht
recotiÉw&sancé des Kabkàl^ , qUî , pénétrés d'admi-
ratîbh' pbur le côùrager et râdrèsse dé leuA libéra-
t€fui«i', n'iiésîtbfetït poîritf ï ièù^^'d^cernet les Honneurs
de Fapothéôsë; Cest ainsi qàé fâfnrfqilité plaçbît
ley services de ce* genre* au* nombre des^ phis beaux!
exploits dé ses héros et de ses dieux : elle a celébrë ,
entre^aiitresy ApoU<Hi^ vainqueur du serpent Python ;
Henmlè , enchafeaiit Cetfeère^, assôhutiaiit Phydre
de Lèrrié , perçant de ses flèches lés oiseaux deStvhi-
phale,et purgeant la terre de tant d'autres monstres
(f) Pauadin, 7/iA DI, I. Bouche, 1, 3»^,
Tome m. - F f
/
«
456 CflAPITRE XCII.
non moins redoutables; Thésée, domptant le taureau
de Marathon et tuant le Minotaure; Méiéagre, dé-
truisant |e sangfier de Caiydon« UEgiise , dans ses
légendes , a cm devoir relever par de psyreiis faits h
gloire de ses anges et de ses saints: S« Michel triomphe
du malin esprit, qui est figuré sous la forme dW
^ragon; le même exploit çst attaché au nom de
S. George ; S. Marcel délivre Paris, d'un horrible
serpent; la Normandie doit à 5. Romain la destruc-
tion d'un monstre appelé la gargouille ; et l'on donne
le nom de r^intj^z^^àceluîdontondit queS/"" Marthe
a purgé le sol de Tarascon. Le [dus ancien auteur
qui parie de cette dernière tradition , est Gervais de
Tifbuiy , gentilhomme anglob , qui prençit b 5|ualité,
«de chancelier du royaume d'Arles , et qui écrivoit vers
le commencement du xiil/ siècle ; elle est aussi con*
sacrée sur les sceaux de ce temps-là ( i }• Selon Ger-,
vais, la tarasque, serpent de la race du léyiathan , se
tenoit dans le Rhône entre Arles et Tarascon , pour
dévorer <ieux qui descen^pient le fleuve* S/^ M^the
la dompta:et l'enchaîna avec son voile (2),
(i) Recueil de sceaux du moyen âge, dits gothiifues , pI.LXX,,u.® 5.
' (2) Le même auteur i^àdonte aimi i*histoîre du drac, dont ie
nom, sans doute, signifie dragon. Il prétend <|^e cé^thonstre en-'
traîna d^ns sa retraite une femme ^e Beaucaii*e«',quî cherchoit
im vase de bois qu'elle avoit laissé tomber dans le Rhône : il
Vy retint sept ans^ pour quVile eût soin de son fîis; et Ior5que
celui-ci n'eut plus besoin des services d*une femme, on la laissa!
aller. Elle raconta à ses amis , qui avoicnt bien de la pQÎi»e à la
J
CHAPXTil* XQW^,; 4,51
f C^|^i*ôttiène:t<lus les vis par ia. ville >,Ie àecQnd^^
jfQm de ja Pentecôte e\ le jwr deSa^ite-Marthe,^
i|ja^J|pttre,g«i^èrei qui représente fe /df;-4f^tf^, UHÇij
f^mi|]^y qfui e3t:a4joui:d'hui chaînée de ce précieux i
dépôt, .fit bien des di0icultéS: p<^r nou$ {e Ia($s^|^|
voir ;j; elle, dou toit de la feryeiii: de notre zèle;. enfin,
e)|e^ç^$entît à satisfaire notre curiosité; Cette figi^rei ^
est en ^i$, et représente^un dragon , non d'après les
]iq^Ie$ idées des artistes grecs , maisf d'après cf^ formes .
l^arfes que, lui donnent leslégendaires ( i) :Ja corps^
e|st,fo|i^é de cerceaux recouverts d'une toile peinte,,
et il a sur le dos une. espèce de bpiiclier hérissé de.
cornes droites; ce bouclier, qui ressemble assez à la
carapace d'qne^ tortue , a fait soupçonner à Bouche (2)
qi|e l'idée. 4^}^ tarasque est venue de quelque .grosse,
Mcoimoître, les choses étonmintes demi elle. ïivoic été: témoin t-
eUe leur dit que ics dracs se nourrissoient de çhair,(iumaiiie, et
qu'ils pouvoient se changer en hommes. Un jour, disoît-elle, que
le dirac lui avoit donné une portion de pâté d*anguiHe,ene frotta
ifli de ses yeux avec fa graisse , et aussitôt cet ceil acquit la facultés
4ê voir sous ies eaux. Au bout de trois ans» cette femme reçomiut-
ie drac dans ic marché de Beaucairc; elle i'appeia par son nom,
«t lui demanda des nouvelles de sa moitié et de son fils. Le drac
paroissant surpris quelle eût pu le rtconnoîiré, dleJuf raconta
ingénument de quelle manière un de ses yeux, avort acquis une^
vue si périmante; aussitôt le drac lui mit ie doj^ dans cet œil, et
le lui creva, pour n'être plus exposé à être recdnnu. GERVAilUS
TlLBERlENSlS, Otia imperii , 85.
(i) Dictiomiaire des beaux-arts, au mot DRAGON,
(a) HUtokcdc ProHUce^l, 316.
VtZ
^m^^^
452 cnj^Mme iCM.
t^tii^ ftaMcfac'qtti se sMfa^MgKgée âBm4HM&9|icKare
dit ÏKMncy ev aura éti ppké à Taïascoh t iiuUs ces
boociier ne se j^ëmarque pu stir leit iotawr <pi MM'
donneur la^plils'atidaitie figiuredefetslfasque; ^«nY
pftroit que cdmmé un dngtm. K y^ a supies îlaBcs d(r
cette momimeuse figure des poignées phfcè^ à^iler
^stances égales pour la' f<Mét plus commodéiMiitV-
Cest le siecond jour de ta' PMl€(odtë' qo^oti pté^
mène là tarasque : huit jeunes gtos adnxts et v3g6tl«
reuje sont chargés de ce soih ; ihùnt d^s-bavei ê^
souliersi blancs ; ieur tète est éoiâié cPim' bo«iîne^ 6e
mousseOne , et ils pOf«em sih* h' poitrine uni^ctis!K>i<'
diaigé d^uneftgâtre de'ratûmal; ifs porteiit^la tarasque
à la hauteur de leur ceinture, et dirigent ses mouve*^
mens de manière qu'ils expriment la rage etk liire}iri
tentât ils coufeii^ rapidement, tantôt ils s'arrêtent f-
puis ik se retoumem brusquensait enciiant: lavavlm^
may nostrou tarascou [ Nous la voirons enooi^', nptte
tarasque]. Pour augmenter la terreur que doit ins^î-
rer le monstre cpii figure dans cette fête commémofa^
thre, Uil homme placé dans lé corps deranimaMuiiàit
vomir des serpenteaux par Ifes yeux et par la bouche;
Ceux que la curiosité fait approcher de trop près^r
t*eçoivent souvent de fertes contusions : alors lea
Tarascdiinoîs paroîssent enchantés des prouesses de"
leur monstre ; loin d'être attendris par les cris de^
malheureux déjà meurtris ; les suivans de la tarasque
les font sauter de force ; et le peuple, remjJi de jde ^
/
^it retentir J'air de <:es acd^mations ?.A fua iemfe! a
^pm hmfi! la lUarascfUta îK^umn irél^Qe^t b^^fkhi
jcHesit :bien fait! ^ W2^s>qg^e lyi0, rx>mp^ un Inas 1 ]
he$ mf^v^ms^ etj^ iétran^$ qui igiK>rent cette
brutale coutuo^^ .courent j^siqu/e 4^ h vie t plusieurs
personnes oi^ léti tvàes; ^t oni^e pMomèns lamais
ià.tarasqve ftans^ll^^ve^ud^iaccâàeut* ,
/Le fourbe la fête de S.^"" Marthe^ la larasque joue
im ^ôljej^kn diir^ent : on k &it assister à ja pro-
cession ^ $t ui^ jmfàe (fiUe vètiie de JbkiK: la con-
duit attaçibéen^xec un Umg^fvbnn^ la même couleur ^
comme âutrofcâs la sainte ^u'on révère la mena -en-
4hsânée dans TarasCon» Lorsque Ja procession est
entrée dans l'église , on la iMréaente à la parte du
choeur ; ^n prêtre Tasperge d'eau rbénite ; f animal fait
l^sieurs mouvemens <xHiviiIsi£s et tombe sur le c6té«
ffî Beaucaire, après la foire ^ présente l'image de
la m(Ht , Tarascon^'âu OGaitsaiie, offie en tout temps
cdie de la nie : la ièrtifitié des ^fJaines ^ l'entoureàt^
^ctîvsié du commet ce^ dont les grains sont la prin-
4ipale branche, y répandent l'aisance dans ^toias bs
états 4 par- tout on vjo^t le peupie ^e iivier au travail.
On file du coton , <m fabri^iedes schakos . M • Etienne
Paschal a établi une manufacture d'eàu-devie : il
assure que^ par -des moyens particuliers , H tire du
fésidu qui reste dails Tdambic une quantité d'acide
acétique, ou vinaigre"* épuré , aU moins égale à la
quantité d^e^t de vin quela distMIation a produite.
Ff3
- 4î4 tHAPlTHE XCïT.
Tout , dans dette folie vHIe , respire la joie , Taisance
'et le bonheur y qui sont la juste récompense du trai^
et de l'industrie : c^est là que l'élégance provençal
se montre même accompagnée du luxe. Les fenmies
sont à-peu-près vêtues comme celles d'Arles; elles
sont proprement cbau^isées; leur corset marque bien
la taille : elles aiment sur-tout la danse ; l'hiver , il
'n'est question que de bals et de fêtes; on les voit
-souvent quitter leurs occupations pour se mêler à' ta
' vivcfirûndôuJe, qui grossit en passant dans dutque rue.
Tarascon a donné naissance à Privât de Moiiêres ,
professeur de philosophie au Collège Royal , et aux
: deux frères Berthet^ dont l'un , Capucin , obtint qudl-
ques succès dan^ la chaire apostolique : l'autre » Jean
:Berthety se distingua par plusieurs ouvrages de litté-
. rature, d'histoire et de philosophie; il faisoit aussi dç
vers français , latins et provençaux. Parmi les dîflfe-
rentes pièces qu'il composa sur les campagnes du
"Roi y on distingue une épigramme qu'il fît à l'occasion
de la prise de Maestricht : il fiiut savoir que l'assaiit
' fut livré le jour de S. Pierre , et que la ville capitiîb
et fut rendue le surlendemain , jour de S. PauL
SanPeyré, eme sa testo raso, >
Diguec devant Maestric l'autre jour à san Pau: • r
Per coumbattre aujourd'hui prestomî toun êspaso;
Din doues joun, per mtrar , ti prestarai ma clan ( i). *
(i) « S. Pierre, avec sa tctc rase, disoit l'autre jour à S. Paul,
»> devant Maestricht : Aujourd'hui prête-moi ton épée pour com-
9» battre; dans deux jours je te prêterai ma clef pour encrier; • ^
j
<k «
cîHÀPit*E xcn? 45 r
" Cette citation m'engage à dise quelques mots des
poètes qui ont retrouvé la lyre que les vieux trou*
badours ( i ) abandonnèrent après la mort de la reine
Jeanne de Nâples, et sinr-tout lorsque la Provence
eut cessé d'avoir ses comtes particuliers , et que la
cour de ces princes ne leur offiît phis un asile et
des protecteurs. Paul Belaud, Galaup de Chasteml^
François d'Aix et Berthet , firent renaître la poésie
provençale; Pierre Paul et Louis Galaup en sont
sur-tout regardés comme les restaurateurs* Le prer
taier mérita ie titre de troubadour modernt. Louis
Belaud de la Belaudière fut un des premiers qui se
firent quelque réputation : il composa des vers dès
sa^plus tendre enfance, et se rendit digne de cette
honorable inscription dont on décora son portrait s
Vertu me guide, Honneur me suit. Ses oeuvres (2) ont
été recueillies par son ami Pierre Paul. Paul et
Belaud ont été chantés par une muse marseiiloise ,
M."* d'AItoviti , que Ton a tort cependant de compter
parmi les poètes provençaux , puisqu'elle n'a point
laissé de vers dans l'idiome de sa patrie.
{%) Voyez svpràf page 97, Tartick sur Us troubadours, et,
page 383 » rarticle sur ie théâtre forovcnçaL
(1) Ohos etfimosfrovinçaksdehom DE LA BELAUDlÈRE^^r//-
hommoprwençau , revioudadosper Pierre Pa UL, escuyerde Matseillo ;
dedicados at vertueux etgéninmx seigneurs Louis d'Aix et Charles de
Casaulx, premiers consous, capitanis de doues galeros , guhematours
eh l'anti^uo villo de Mârsiilh, 1 59$ » 111-4.^
rf4
I
i
4S^ ÇKAFPTItf fliCII»
Robert lie Ruffi^ fpfrïd-pèr^4e fH^mifiA 4e Mai^
séUle, a composé vuie^ cog^ffyfpffi tii^orifue .sur la
pest^<île i58o.Usfûèçe^Jb$^e$ife«éep,46?»^
▲ntoîiçie id'Agar 4e Ç^fa^Ipa, f^ nioy^it de i^
pesite en i^i f$m'ffM¥ P^^^m^i^iff^^
l^t ^assiloiu^ im iÇl^m Fanfirlfi. <?I^e Çn^fi
^•Aix ayok hea^ça^p clb ^«çrye et de 6^^ i ^î»^
«pn .<ynî$nie ? d^ sc^^y^t f^îce rougir |a j»i^Nr def
^9â!tef fopHr^.qiç ^jgqoîapt ji'jpspîrer- f-e recue^ de
se^ jpQ^sîei est m#^é ./^4C# 4^s Mns^ fmm^
%aU${\). Un autre ^eçiHHl q«î ppï'l« i# PÔiW tw»,
imprimé en i686» cç^nii^t impi pdéme .de J^yAÎer
deBrijmçon , né^ ^v^^ i)9Mt^}é VÀi ^im\diPavii^%
êU lou €rebo-cauer d'unp^j/sfifi à ta m^ct d( smm*\j^
pçédes de Barthéleuy F çt^lou, curé de Fla^ansdiuu
(i) Le p. BOUGEREL, dans son Parnasse provençal, ouvrage
manuscrit , dont M. de Saint- Vincen^in'a conomuniqué une copie,
prétend qu'il y ci^ a e$i de^K é^ivms, une de }^%% , i*ftu|Be d«
^666\TCkûi i\ se trompe. L'éditipp de léiS porte le tirade /iir/£rii
Âey Musos provensalos , divisât en quatre partidos, /^^r Claude BruEYS»
escuyer if^Aix; elle est imprimée chez Estienne David, et contrent
des comédies et toutes les auti^ pièces de Bruey^. L'Autre édition
n'est qu'un recueil de poésies de divers auteurs provençaux, ainsi
que le prouve son titre : lou Jardin deys Muios prouvençalos , ou.
Reeueil de plusieurs pessos en veri prauveuçaus, thausidosdinfleyso^s
deys plus doctes poétos d'aques pays de Prâuvenp , aumentaf de prou*
ueriis, senfencis, fimiUtudps et mauts ppt wm, i<K^^ 99^ 4^$
figw^es en bois , et cette jépigr^be :
Youtf tu faJrejigu' à l^ mouet,
lÀinp ^uts libre et t'en ris fouet,
\$& principales picci^ soQt • CoquaM, ou DiscêVJ â iasto»
i -T
1# âffifièsû <^f réj\^ ^ nîçjm jpips .été WMt0fm ; 4fc^
^^,çfjp^<^ftnt qucjtqu? ^rite , jws^'elfes lui 9Ht
fjèU4oKiJï^ Ifi nom J$0n4i prÇivençAls ^^^^'ts-w»
ji^rçes pièces otot 4lé imppipiées dan^ le ^em^ dl^
jJ4- Jle jwésMettt^e V^bçlle^aÂnite-TuIle^ |i Tourvei,
^'il ^ ;fotiu4é ^«« So^sier. Fpmjpu wf^vjkpit en
▼ers : lorsque ie comte d'AIais; gouvernevir dp 9^^^
mr\f;f^y^ 4e .^siter^ )e jpyjtvx (çw^ Iiu adr^s^»^ en
]le .qp^taj^t 9 qoe^i^ies yec( çpv fini$fsoien| amsj :
I4^^o^yendrj^ de yquestre ^tesio^
]i. cbantoit souvent^ sur Taîr des lammtatims de Jh^
^ y UM dMU>sen i]ii*i{ mo\\ ^te sur iejs laminia-^
Durand de Touloa .est auteur Je ^ttsîeurs pièces
«atkîques { i ) qui n^oM point été imprimées* Les
- -T
fomjmtf — î- rEmhflrquamait 9 his Ç$nquesto$ et l'htifous Viggi de
Caramantran; — leis Statuts deStngPeyré , que tous leis confi^airef
depcn garJar eiohservar selon sa formo et teneur ; — [eîs Amours dou
tergie Florisco et de ia bergkro Ôîtivo; — Comédie de Vïnterest ou de
Ja Ressemblance, à trois personnages, en cinq actes , par Brueys ;
*--ià Bugado propençato , ounte cadun ly a nnpanoucftmn,enliassadê
difroverhis, sentenços, simiîliudos, et mots fer rire,, en^frovençau, en^
finnado tt coulado din un Httfou de dè^sons, fer la lauar, sabounar et
eyssttgar comme si deou,
(i) Voici les tîtrei de ces' pièces ■: i;* la Afarùtte , en quinze
allants, où ii coiume en ridiqiie ^in Geikainr.rM« Marot; a.^ la
Cmderenade, au 6u|ec d^iine dbputequii^tiicuÀBngnoiies enti«
4is Pénitens noirs «c Lebrun, frêne ^det du igrand Augustin dç
ce nom , fort connu à Aix ; 3 .** l'Astre dt^Gibroun , faisant pou^uu
ifcrf.
4jli ChAPîtRE^XCiî.
comédies âe Gaspar Zerbin , avocat à Abc , ont été
recueillies (t). Etienne Fontaine, maurais peintre
et bon chirurgien , ^isoit des vers burlesques , dans
iesquels il fi'ancisoit les mots provençaux et pro-
«
vençâlisoit ies mots fi'ançais. François de B^ue et
Charles Sceaux (2} ont laissé des comédies et dès
chansons (3).
L'exemple des autres poètes provençaux ne fuit
pas contagieux pour Natte , né à Cuairon , village
situé au-delà dé la Durance, à cinq iieues d'Aix;
les religieux même qui composoient des vers, ne
rougissoient pas non- seulement d'y présenter les
idées les pJus triviales , mais même d'employer des
expressions d'une révoltante obscénité : qpantà liû,
> . " 1 ■•
à fa précédente;. 4.^ une lettre adressée à lui Darand, sur le
procès du Ballon, à Brîgnolies, procès qui commença en 17^0;
$S* ses Adieux à M, Bigaud, pièce d*environ cent vers , qu*ii fît au
moment que Taubergîstç régf oit son compte ; enfin piusftfurs autres
|)îcces.
{i) La Petîo dey Musos et cùumédies ffouvensaks^ per M. Gas-
par Zerbin, à Ays, i655,in-ii.
(2) Sç& principales comédies sont Brûs^et //' et Brusfuetll:
Je sujet en est tiré de ia vie de Strûczi» prieur de Capoue, par
Brantôme : c'est une inaîtation dU Sosie de P^AUTE. Ces piccef
ont été représentées dans les collèges : ce sont pourtant de misé-
rables farces^ où il ny> rien pour éclairer Teisprit et former le cœur.
(3) Les chansons et les petites pièces de François de Bègue ont
été recueillies dans icu Jardin deis Aïusos proifençalos , eu Recueil de
plusieurs pessos en vers provençaux , recueillidos deis plus doctes pouéttt
daquestpays, li^^, in-ia»
:^»
il composa des cantiques spirituels, qui n'ont pa$ été
imprimés. Le capitaine Seguin, de Tarascon, a fût
des comédies, qu'il jouoit hii-mème , et assez bien ^
quoiqu'il eût une jambe de bois : il n'a pas rigou*
reusement observé les règles du théâtre; mais il y
a dans ses pièces de la gaieté ^ et quelquefois des
traits moraux assez heureusement exprimés. Voi^
comment 9 rend cette idée devenue si commune,
que le mal se mêle toujours au Bieni
Ldu printen douno fa vepdweo,
L'estiou * remplis Icîs magasins ,
L*autoimo prouduît leis rasirn ,
E de rhîvcr naisse la glasso; '*'
De iatempesto faboukasso^i -
Et dou mau se tlro lou ben^.
. r ■ ■ » » '
» ' - t
Jean de Chazelles a composé un grand nombre
de pièces et de chansons provençales ; son sonnet
sur la Pauvreté est une de ses meilleures produc-
tions :
su LA PAURETAT.
^ Troupode^fumofasorguiUottsopaurillo'y
Que tan fouert d*aqueou mau monstras de vous ^quar ^!
Pauretat es un mau que noun se pou liquar ^^
Mai non oQcnço pas l*hounour d'uno famiilo. *
Au contrarî» leis dens que mouestro fa roupiflo ^
D*im pauré ^ue partout se iaisso puMicar,
* Vété, •Pôurijuoiptroisjee-voiissiseiK
* L« bontce; c*«st4-<lire , le calme» sible s à ce mal !
* Et ;du mai se tire le bien. ' £st ao mal qui ne peut se lécher.
' Pauvres orguciOemb 'Les dents que montreat les gne-
4
■S.
4^o CHknritE xcii.
Somn (Targnôf fqelou f<m fàlUtnen^ respectai*»
iQn'es iin|^a|i cc^ d'hazar si qaaoga'un iaa|oiifil^*
JEqu pqii Açnso j?^[ri|jt rowtfa itou runhîow ,
£t laissa son houstau^^t %es cofires o^bers;
' Fau bon per lou voular qu'un larron siège ha1>He'^
Tan ben per cadenau n'a beson que d'un fiou *,
' l^usque lou $cou* doa Rey scrîé même inutile»
jOmne^ (in I^HTittC a «iépi mes lou «km.
Nicolas Saboîy , né à Monteaux dans le Cointat,
étoît maître de chapelle à Sàînt-Pierre d'Avignon : 3
a composé un grand nombre de noêls (i) qui ont
été recueillis avec ç^ux de Pueçh (2^ ».|j{u'pn préfère
aux siens*
Franco» Berthet dorft fai parlé, vîvoîtk la même
époque, Antoine Geofroy de la Tour^ né k Digne ^
feibîlè jurisconsulte ; Charles du Pey rîer , Jean Sicard
^e la Tour-d'Aîgues , Gaspar Vend, magistrat à
Aix, et le P. Cameron , se sont exercés avec succèfs
à composer des vers provençaux. Mab Fraiiçois-
I uJi II libitum w^t piiw'iJW *" **
* Le moleste* ^ te jcen.
• Sa maison. P 4> mM ëm^^
f Soit iiabife.
(i) La première éii(i<Hi a pam à Avignon «n .i^9St;'^««
préférable à ia seconde de 1704.
(2) Cefui-çi it, composé :ic noël des Beh/miens, dont je parlerai
ailleurs. Il y a encore d'exceHçps caoïiqpçs çampoi^ par Reirol»
jQienui&ier à Avïgnoii, imprimés sans date; et ceuxdu P.GACnlER
4e^Oratofre».p0^r les Missions, Avignon, -^35* '1^^* • ^^^*^ ^^
P« RocH£» lilécoUet, Mavsetllc, 1805 , in-ia » lont nioins boni.
CH1:PIT]|£ xciu 4^
Toœsaînt Gros e«t vérhablem<îtft le'cïief du Par-
nasse provençal : son talent précoce' fiit distingué
par M,"** deSîmbne^ Tillastre petke-fille de M,~*' de
Sévîgné. II est mort en 174*» S6i oeuvres ont été
recueillies en i7346t en 1765 fi). Ses poésies sont
d^im naturel et d'une naïveté très-piquantes ; la mo-
rale en est saine et assaisonnée d-une f^santerîe
fine , et par- tout on y trouve de l'esprit et de la gaieté.
Je citerai sa préface , dans laquelle il s'excuse d'une
manière très-ingénieusé d'B»oit composé set* vers eu
provençal : ' ,
Que d'escrieoure au public es un toribie affalce!
A peno ai la plutp* à la man,^
Que m'enfrcni *, tressussi ** , et preni pcr «lavsns^ .
De- soungea qu*ai à satisfaire
Tant d'esprits de goûts diffêrens «Jtt
Tant de patets ^ et d'espînpounejaii^^
Tant de letrus ^ en même tcns,
Qu*assetas ou: ben drechs ^, eœ' un air grave et sajî«
En badaiHan, tout à troues ^ iigiran ' .
Quauqu*un de meis escrits , et puis sç'en trufiaraii^'^^^ .
, Aurai beiio emprunta lou plus pouir izngagi,.
Lei fîata, li faire ma cpur,
Lî dire^ capeou bas : Bénévo}« iectaur>.
■ I Kl . I 11 I I I I II I iiiui— ■ytfi^^yi
V k
(1 ) Rfcuildepwesies provençalùs de M. F» T. Gros , de AfarsHb;
tonigeadoet âkgmtntado fer Vautour enu uno txpUcatieu dei mots lei
piMsdigkik»;MKtsMe, i^dj Jn-S."*
• Je suis agité* ' Stvans,
^ Je sue à grosi^ gontteS, « Astis ou droits.
• Se dépiter, se mettre en c©Jére, * S«ns suite , sans ixâhM;
• Indécis. Mis liront.
? VétiUctti:!, * flj "S'en moqueront;
X
4$S CHtA>PXTI|£ XGII»'
Ooun caëun quesio* iou suHragî ,
Fidcfe et sévère inspectour
De la sienço et de rignourcncî,
. Ennemi de la sufficeitci ;
.Vous que scnsojmcfquyiarie ^
Boutas*^ toujours (& carestîc "^
A toute obro charmante et beilo
Que ven d'uno boueno cerveio ; ' ' *.
V<kis que tratas d'ai cabanîc ^« ' f
fit coundanas à San-Laz^re ^ ,
Tout autour fade, impcrtincn.
En ii laissan pour paBsoten .
' Soun libre sec » dur et barbare
Que n'a pas caro de bouen sen S;
Vous préguî, boiten iectour, de m*c;tre un pau proupid,
De pas escalustra ^ ni trata de peoulllous
De ptureis enfans vargouignous,
Que ma muso , cncaro nouvici
Dins le stiie dei troubadours ,
A fa naisjIMe moun caprici.
Chagrin despui Tong-tens de ies veîre estraiilas ^ p
Estrassas ^ et défiguras ,
Coumo un boueh paire» eme^ |usticî
Leis ai , taus que vesés , quasi tous assemblas ,
Per leb émancipa. Puis d*un ton pathétique.....
« Alte^ià ! mi dira un critique ;
» Tu n*es qu'un sot , qu'un animal ,
» De t'escrimer en provençal :
» Cest un |argon qu'on ne veut plus entendre.
' ^
* Dont chacnn quête.
>
• Qui n> pas rooibra de bêu sent. .
* ians li'sine.
' Effaroucher»^
•Mettez.
• Épari. , t^ w '
^'L'enchère.
* Déchirés.
* Sot. ignorant.
"Avec.
' Petites-maisons 4% AJtrseiiit.
,»■ - - ' ' '
Tome Ut:
E
,v -. . __:lv'
» Et que ie$ gens de gpût affectent d'ottbiîer; '
« Pour toi seul aujoui^d'hui doîs-je m*étudier
» A le lire , et même à Vs^pprenàre ,
» Aiuc dépens de ces. beaux écrits
» Qu'ont produits de nos jours tant de rares esprits ,
» Et les laisser moisir au fond d'une boutique l
» Non , je n'en ferai rien ; fe trait seroit inique.
» D'aiifeurs, tes vers ont-^iis du bonî .
a* Es-tu fécond en nouvelles idées l / '
» Sais-tu bien assortir ia rime et la raison ;
» Au son , à rharmopie, asservir tes pensées!
» Pour être un poëte fameux,
» Il faut avoir du feu^ de la délicatesse, /
» L'esprit sublime et le génie heureux;
» Manier un sujet avec art et noblesse, »
Alto-là! cadun^ a soun tour.
Moussu lou francillot; caspî ^! que motmùilâdo^!
M'avés estoufega**; cependant perhowiour
Vau répouendre à vpuestro charrado^.
Vous mespresas lou prQuyf^ç4u«
Et même mi tratas fouer mau^ .
De ce qu'auzi n'en faire usa^ : .
Saches que parli lou lengagi
Qu'au brès < ma maire m'ensigna ,
Que cade lenguo ^ a sa beouta -,
N'en trobi ' souvent dins la mieouno
Qu'un autre, pourrie pas exprima dins la sieoui^oj.
Ansin tau la cres pauro^ et la dis un jargqun.
Que sa préventîen ' es ben grando ;,
Et soun ourgueil senso resoun.
i4i
"•"Cftacun,
* Morbleu , peste.
• Verbiage , réprimand/?» -,
^ Vous m'ave» suffp<^ué.
•Babil.
' Très-ma!»
7 I
' Berceau.
^ Chaque iangiMw
* J'en trouve.
-4
* Tel ia croit pMirre,
* Prévention,
1
4fii cifAnf Kf tféir.
Au resto^ sii>0é'li qb^tV to feU^o rdtimaiidd^,
Andeno , ret^tMb, tit tllairé ^ itiêis^ tdis
De cous [es StSèr€tt$'khgai^
Deis ourlentaû9( Eàm^éns ;'
L'espaignsotr, rifiitiéfi , H (foVo W ^ds^ suiUhtj^r ,
Tout de ftlkiie <|^<à fou fhittcdr.
Aqueou* frances dolfilt ia^ doit^uh VduS' ftto ,
Qu'à fouerso d^4S^nnt4$!A yéhf beooxotimô es ^^
De ma lenguO ét^Unb sagktd'^"';
Lou prou v<i%(atrsi paHaVO féuti-c^ fèi
Ei coà» d'Aïlgtetéh^ et de^^çb';
En Prouvenço s'es fach l'afj^ihietb siffîahçd
Doou grec> doo» iktSny dbou* gk^B»
Es a qui que ia rimcKeti^stkdb inVedtàéûr,
Tanda qu tratar» nta-1iétf|[ûo de patbB ^
You ii farai la pcftkM4&:
Mai Mi* ittrvs qoë faba prouva
Tout cêifÊt veni> d'aVatiÇst :
De provo ivai d« booeriM^ et-fideHdi''r
Sarqua ieî , se voulér; i)>fM^ , estoifiasV
Liges, fés coumo aï fktîiiV^â^^sés dl^ ca^^dèflds ,
Et saurés ce qae sôtih^tïts.
Quant eis écrits qU^ léFphDUiia^»
Préféra îeis , es Juste, cfé* fô iî' ùOré artrasso**',
S*aii d*arno^ espoiisur-M': càr^fau pas lou^ ifiar)iU!^^
Mi regardi'cèmno^un riiob!soun<
Pmtii tfautéûrtf d*un^tiBfii rtfiioun. . ^ '
Per ce quîrt^iftei Vert?; se sbuht d« boucftb'il^çb;
Vose sont d'aquo^fti*^, \'dds ri'cit'dchiandii ttoôvà *
Cadun face que poôUi
* La langue roimmee. • Tigne qui roil^litilivfés.
* Qu'on n'a rendu'béim'<îtfnhiie ii ' Fanfiinm.
«t qu'à force 4Hè»p<«f; « MoucHwon.
* Rejeton. ^ S'ils soot beaux, dëlicatt.
' Faites-leur faire place*
CoaniQ
«^
_ -*
CHAPITRE XCII. 4^j
Coumo vous , moTita sur d'escasso * , v
Fau pas loudoutour doouPamasso;
Ni même n'augi pas Vy ana cueilli de flous.
Dins mei lezis et dins meis badinagis , .
Ai d'aquo deis enfans^ ,-aimi proun ieis eimagîs;
Tant que pouedi , ieî fau simple , risens , courous ^^
£n oubservant que ma pinturo
Tou)our ressemble à la naturo^
Anfîn avés proun mangea , proun bugu ^ î
Liges , si noun croumpa vous chu *'.
Je Citerai une des fables de Gros pour faire con-
noître son talent dans ce genre , qui fa fait appeler
le la \Fontaine marseillois :
FABLO.
LEIS DOUS LOUPS.
Un jour un foup vieil , descarna ,
Sarquavo * à si desparjuna ^ :
Lou paure diable s'en anavo
Testo souto ^ , baiin balan'.
Et sur sa vido , en caminan ,
Per enterin mouralisavo.
X Qu'es devengut , entr' eou dîsîe,
Aqueou ten que Marto fieiavo'^î
De iloups ères iou capoulie * ,
Din t'abouba dou*" si gouenfïavoun " ;
I ' . ■ i' Il
* Échasses. , * Tête baissée* ,'
* J'ai comme les enfans* * £a se balançant.
* Agréables, ^ Ce temps au Marthe filoit , ce
' Avez vous assez mangé, assez temps de prospérité,
feu! Ne savez vous plusse dire! Le chef, caj>oraI,
* Ne dites plus mot* ■* Dans un troupeau de bœoâè» /
' Cherchoit. Se gorgeoient.
* A rompre son jeûne*
Tome m, G g
i66
CHAPITRE XCII;
Davan de tu cadan fegie' ;
Avcs^ , t:an$*= , pastres , tous crklaTOim:
Vci' àc\i garo lou barban*'!
Aro lou mendré bfut t'cstouno ^ ;
Uno inoaico Ves un taran^ :
Parcns^ soch^ , tbut t'abaiicbùnd»
£t n as pas sant aiimen ren^i
En fen a queou resoun&meh ;
Ves ûTl haliàn ' de soan cspéço
' Qu*à soun aise boutavo en péço
Un moutoun gros et gras à lard.
D'abord la joîo i'cstoufeguo*' ,
Dc)s utils i'èmpàssoS M defeguo;
Et SI penso : N'auras ta pdrt ,
Si counoissen , sian camarado ,
Même autrcr fés i'y ai fa pllsi.
Adounc , em* un air ioumbouri "*
Humbfamen iî fa la coulado.
Et lis dis : Bouen joui', moun amij»
Fa bouen estre vous j fés l'ailpéri " i
Quadenoun^, lou bel anithaU!
Permettes que n*eii maiigi on paU:
Moueri de fan et, de ntîseri^
Din lou besoun lami si ve^»
L*autre d'un ton plein de mesprei»
En 11 mountrah sei tHssaddiiiro f^ , «
fi lÉi
.*^)mm
* Chacun fuyoit.
1 roupcftttx*
' Chieas.
* Mot dont oïl se Ml rt pou» faire
peur aux pctrtt enfant ; coihitié qui
diroit toup-garoa,
* A présent \é tMMté JRmk t'é-
tonné»
' Utfe rooucfae »tt tm taqn font
toi«
« AirtiS, associes,
^ Tli as niôîns <^uê nen,
' \Jn glouton.
^ L'étoilff*.
' H le dévore des y^îc,
" D'ort «if raWfjaht.
' Vtfutfaitwrèmpcrèùr.
• Diantre. •
' Les dents.
_ »_
J
CHAPITRE XCII. 46.7
Li respouende : Que tant d'ami î
Qu sies , vileno rato-souiro ' î
Anen , sus, parte', crese mi;
Qu*hôrs d*aqud ti iéVi la fédX)K
' Lou misérable, ben surpres ,
Va si 6êt pas di^e doues fe&i v
La quoue basso, grate pinedo^
En rémoumian ^ ; Aquo es fini,
La pauvreta n a ges d'ami.
. Arles a encore produit quelques bons poètes, tels
que Darlatan , Jean -Baptiste Coye , dont je ferai
bientôt mention en parlant des hommes célèbres qui
lui doivent k naissance.
* ViUine chuute-seuris. ' JI gftgn% le bois.
* Sans quoi je t'ôle la vie. ^ En marmblant.
V
Gg »'
»•
46»
CHAPITRE XCIII.
Navigation deTarascon à Arles. — Provençalismes
et Gasconismes^ — Langue provençale, — Proverbes,
JLj£ bateau qui nous conduisoît à Arles y avoit le vent
contraire; ce qui' retarda beaucoup notre marche:
nous eûmes tout le temps d'examiner le magnifique
effet que produisent le beau château de Tarascon,
Beaucaire, et fes riches campagnes cultivées en blé
qui bordent les rives du Rhône
La barque qui nous conduisoît , étoit remplie de
passagers q^i venoient comme nous de Beaucaire, ou
des diverses parties de la Provence , pour se rendre
par Arles dans les différentes villes qui bordent
Tétang de Berre ou dans ia Camargue. Bientôt la
conversation s'établit : — Combien y a-t-ii , dît Tun
d'eux à un petit homme sec qui étoit dans un
coin , que vous manque:^ de Marseille ( i ) î — Trois
semaines ; j'ai été en Avignon^ du depuis à Beaucaire ^
et )e vas à Arles. — Comme vous voilà fait ! —
On m'a marché dessus , et mon habit est tout péri (2).
— Vous étiez indisposé lorsque je vous vis à
(1) Que vous avez quitté Marseille,
I
\
I 1^» m
CHAPITRE XCill. ^6p
Marseille. — J'ai eu en effet là rhume et f ai mouché
pendant plus de trois semaines ; outre cela , f avois ïa
joue enfie. — Et madame votre espouset — Elle est
^encore malade; tous les deux jours elle espère [i) la
jfièvre : mais faî fait une consulte de médecins , et ils
assurent que si je lui donne encore le quinquina et
trois purges {2) , je risque {'i) qu'elle guérisse bientôt*
Vous avez là une jolie petite fille, dis- je à une
grosse femme qui étoit près tlu patron; elle vous
ressemble beaucoup, — Oui, monsieur, chacun dît
îgu'elle me dorme de Vair (4). — En avez-^vous d'autres \
• — Hélas ! oui , j'ai encore deux filles et un enfant ( 5 f.
— Est-il avancé î — Vous demandez sans doute s'il
a d'esprit (6) ! — Oui. — Quoiqu'il n'ait que douze
uns d'âge, il sait déjà bien lachiffire (7) : mais c'est uh
démon ; au plus on lui défend une chose , au plus (8)
il la fait : cependant je l'aime , et je lui rappdrtede
beaux images (9). — Cette jeune personne vêtue
en noir n'est probablement pas une de vos filles \ —
Non , je suis sa marâtre (10); elle porte le deuil d'un
( I ) Attend. ( 5 ) Un garçon*
(1) Médecines. (6) S'il adercsprît.
(3) Je puis espérer, (7) L'arithmétique.
(4) Elle a de mon air. (8) Plus.
(9) Les Provençaux confondent souvent les genres ^ ifs disent»
V huile est bon; voilà de beaux oranges, &c. Cela vient peut-être de
ce que dans leur dialecte les mots n*ont point une terminaison
distincte pour le masculin et le féminin.
(10) Sa belle-mère» >
Gg3
^yo CHAPÏTRJÇ XCïfl.
oncle qui lui a laissé un bon légat ( i } : et c'est bien
heureux qu'elle soit riche ; car de i'humeur qu'fllc
est (2) , eiie ne se fera pas aimer... Aussitôt la bonne
femme s'adressa à elle: Rouseun (3), veux- tu man^
ger de ce gâteau ! — Au contraire, — Et pourquoi l
— C'est qu'il n'est pas tentatif[i). — Et toi, Gou-
thoun { 5 ) î ( Celle-ci ne se fit pas prier deux fois. ) —
Pouvez vous me dire, ajoutai-je , quel est ce monsieur
qui a une jambe de bois ! — C'est un ancien roarin
très^famé (6) ; mais , quoiqu'il manque d'une jamte,
il n'en va pas moins bien : on n'aura pas plutôt mi$
l'attache (7), que vous lui verrez monter le/ degrés (8)
du port de quatre en quatre (9).
Alors celui *ci s'approcha de moi; il me demanda si
l'a vois souventefois été à Arles. — ^ Jamais, moiisieun
Et vous ! "-^ Je ne fais qu'y passer , mais j!y ai resté
autrefois (10): c'est une jolie yille. Il me paroît quç
vous êtes amateur : vous y verrez beaucoup de belles
tstatues (11). — Je serai charmé de.pouvoir y faire
votre connoissance. — Je suis désespéré de ne pou-
voir la cultiver ; mais demain je vais de de là dans
la Camargue, — C'est un beau pays , et je compte
(i) Un bon legs.
(2) Donteife est.
(3) Rose.
(4) Tentant.
(5) Gothon, Marguerite,
(6) Renommé.
(7] Attaché Id eordt du bateau.
(8) Ucscaiier.
(9) Quatre à quatrcu
(10) J'y ai demeuré.
(11) Statues.
\
CHAPITRE xciii; 45^1^
1^ visiter en cpiittant Arles, r^-r Vous venez comme
moi de de Va de Beaucaire : htfoîre étoit si pleine , que
tout le monde n'y pouvoit contenir; H y eh âvbit
juisque sur. le couvert fies maisons. La pluie a été si
froide, qu'on aurait cru qu'il ^lloit glacer; mais dans
ce temps nous aurons plutôt de pluie que de, neige,
et cela n'est pas fini. ~ Peut-être. — Oui, it
chauffe (i) à présent: que voulez- vous /ow^r (2) qu*il
tombera encore de Veauî Pour moi, fétois si trempe i
qp'U m* a fallu mt changer de linge; et quoique fa
sois bien hourri (3 ) , je %»i\^ que f ai b^esoin de trans-
pirer : aussi je me ferai mettre cette nuit une bonne
couverte f -rr Nous arrivons , ainsi vous serez bientôt
chez VQijis. — r J'ycourirai bien fort. Ciel! — Qu%-
vez-YOUSÎ ~- J'ai tomiém^. canne. — Le courant
l'emporte, -r- C'est un petit malheur. Adieu , mon-*
?ieur; si je vous retrouve de de là, j'en serai diarmé:
on m'attend ^ et je sub sûr que la soupe est à table.
Ces provençalismes sont extrj^memeât fté^ens \
même parmi des gens qui ont reçu quelque éducar
tion et qui ont fait des études. On peut également
aus$i leur donner le nom de g4fconi)mes ; car la plur
part se retrouvent encore dans h Iai?gage habituel
d'une grande partie des babitaiis du midi (4). Ces
(i) It fait chaud. (i) Parier. {3) Vêtu.
(4) Ainsi qu'on peut le voir dans Touvrage très-utile de M. PEsf-
GBS)UAJ3, imituI4 iêSJG^0Hismi^C£lirig/si i^f^f, in-^."
Gg 4
I ' ' *
ÎJ*S*»
4?^ CHAPITRE XCIIi;
locutions ne sont pas une suite de l'ignorance des
règles de la langue française; elles viennent de l'ha-
bitude de parler la langue du pays. Le peuple de la
Provence ou du Languedoc sait presque généralement
le français ; mais il se plaît à parler le provençal ou
le languedocien : les enfans l'apprennent dès le ber-
ceau comme leur langue maternelle; ils le parient
avec tous ceux qui les entourent ; et les hommes que
les circonstances ont conduits dans des contrées éloi-
gnées , ahnent à employer un idiome qui leur rappelle
leurs premiers plaisirs et le lieu qui les a vus naître;
souvenirs qui ne s'effacent jamais* Qu'un habitant
du midi de la France en rencontre un autre k Paris,
à Londres , à Pétersbourg , à la Chine , aussitôt vous
eii pendrez , qu'es aqueou! &c» vous les verrez se cher-
cher , et se livrer au plaisir de parler la langue de leur
pays. Les expressions incorrectes ou vicieuses qui
échappent aux Provençaux lorsqu'ils parient fran-
çais, ne sont donc que des traductions littérales d'ex-
pressions analogues consacrées dans leur propre dia-
lecte; c'est ainsi quun Angiois et un Allemand qui
poSiSèdent notre langue, ont peine à la parler sans
y introduire quelques idiotismes de la leur.
Ceci me conduit à dire quelques mots de la langue
# provençale. L'ancienne langue française reçut le nom
de romane^ parce qu'elle conservoit beaucoup d'ex*
pressions de la langue des Romains, à laquelle elle
avoit succédé 4ans l'usage vulgaire ; elle prit des
>
_J
CHAPITRE XCIIÏ. 475
caractères difFérens , selon les conquérans qui vinrent
y mêler la leur : ce furent les Francs au nord ; au
midi, les Ostrogoths, les Visîgoths, les Sarrasins et
les Alains. II se forma ainsi deux langues nouvelles
qui se partagèrent la France : on se servit , pour les
désigner, de la manière dont les uns et les autres
exprimoient le mot oui ; toute la partie en-deçà de la
Loire se servoit du mot o!l; toute la partie qui étoît
au-delà employoît le mot oc: dès-lors on appela Tune
langue d[oil , l'autre langue d'oc (i). Comme Ray-
mond IV Bérenger possédoit en outre une grande
partie de la Gothie et de l'Aquitaine, on désigna
tous ses états par le nom de Provence , et l'on appela
provençal la langue commune qu'on y piirloit. C'est
pourquoi les anciens poètes provençaux ne sont pas
seulement ceux qui ont^vécu dans les lieux situés
entre le Rhône et le Var ; on donne encore ce nom
\Sl tous ceux de nos provinces méridionales : on y
compte même des Italiens, des Catalans, des Arra-
gonois. De cent poètes provençaux , il y en a tout
au plus un tiers qui appartient à la Provence pro-
prement dite.
(i) K^^^Lacurne de Sainte-Palaye , Remarques sur U
langue française des XI 1/ et X I II ,* siècles , comparée avec les îan^
gués provençale , italienne et espagnole , dans les mêmes siècles. Acadé-
mie des bcHes-Iettres , XXIV, 6ji. — Dissertation sur l'origine
et les progrès de la langue provençale» Papon , Hist. de Provence , If,
45}-
/
474 CHAPITRE XCIU.
La langue provençale s'est formée des difTérens
idiomes des peuples qui ont successivement habité ces
contrées { i ) : c'est donc un mélange de mots grecs ,
M ■'
(i) Voici quelques morceaux» tirc$ des archives d* Arles, qui
m'ont été communiqués par M, Véran, notaire, et qui peuvent
faire voir et que la langue provençale a été à différentes époques.
Le premier est un Hommage (ie Stéphanie et de Bertrand à Rajam."
baud, archevêque d'Arles de lop à 1062 ;
Austu , Raimbaf jilius astrebure ! ego i\on vos toirai lo castel
d'Aibaron , lo bastiment que factus est et in anten foetus erit, per
nomen de castel. Ego nec homo necftmina per meum consilium , nec
per meum consentement in nullo ingenio , ad istam tuam garJam, Id
ettmartii, aprilis, maii,junii, julii , augusti. Si talem forfactum
nonfacias de toire civitat aut castel; que usdir non pogues, aut
emendar de son aver non voîgues \
Le sens paroit être : « Entends-tu , Rajambaud \ je ne t'cn-
» lèverai jamais le château d*Albaron ( terroir d'Arles ) , ni le
«bâtiment qui y est construit « ni celui là y construire , sous le
» nom de château. Je ne consentirai jamais à ce qu'aucun homme
» ou femme t'offense d'aucune manière, à moms que tu ne t'avi-
» sassesde t*emparer de la ville ou du château. Si tu commettoiîs un
» pareil forfait, puisses-tu perdre l'ouïe et être dans l'impuissance
» d'amender quelqu'un dans %€% biens ou dans son avçîr f »
Le second titre est de 1 1 90 :
Coneguda causa sia atrostots aquels que ison adavenir, son qu'eu
Bertrans Guillem dom a Deu , et dis paupres de Jhrussalem , et ah
fraires de la maison de Saint-Thomas t et ad aquels que i son vi son
adavenir, de bon cor et de bonna volontat, tût aquo qu'eu ai vi dei aver
al tor d'Ànsorie , en la man deu G. Baisle, maistre de la maison^
Aquis son garautias , ire. Arnauts de Trencatallas, Aquest don fou
faig en lagleisa de Sant-Thomas, al mes de mai, amio ab incarna*
tione Domini 1 1 90 { MCXC ).
« Sachent tous présens et avenir qu« Bertrand Guiflem donrwe
f
CHAPITRE XCIU. 4?)
hitins /allemands y arabes , espagnols, italiens, et
» à Dieu, aux pauvres de Jérusalem et aux frères de la maîsoi^
» de Saint-Thomas, présens et à venir, de bon cœur et de bonne
» volonté, tout ce qu*i! a ou doit avoir autour d*Ansorîc, entre
» les mains de G. Baîfe, maître de cette maison. Les garans
n sont, ^c. AmajLid de Trinquetailie. Ce don fut fait en l*égli$«
» de Saint-Thomas , au mois de-mai 1 190. »
Le morceau suivant est extrait des notes de Bertrand BoviSSET,
écrivain d'Arles au XIV.*^ siecie ; mémoires dont i'originai s*est
perdu pendant la révolution.
«
Quant Joan deBetiiafou cinat.
L'an i^8p , lojom X dtjonoyer^ lo rtyt de Frnnsa son cos propri
fes cremesar, maistre Jo, de Beti^c , à Toîoia, quar disqueera erege.
Item sapras que lo rey volîé que Jo, de Bethac perdlfs la testa, e Jo» de
Betijac ausi que la testa dévié perdre, respondet al rey qu'el avu agut
d*una Ju^evados enfans, et que eyrege era, e lajusticiapertenie à
l'enqveredor , et non al rey. Item lo rey, ausi aquestas paraulas desohre^
dig Jo, de Beti^ac, e comandet, vistas las presens qiiefos arts cremat:
et aysinsfou fag lo rey présens.
Quand Jean de Bétizat fut p^é.
« L'an 1389, le 10 janvier, le roî de France fit brûler son
» propre cousin, M.^ Jean de Bétizat, à Toulouse, sur ce qu'il
» dit qu'il étoit hérétique* Le roi voufoit qu'on lui tranchât la
» tête ; ce qu'entendu par Bétizat, il répondit au roi qu'ayant eu
V deux enfans d'une Juive, il étoit hérétique, et qu'en consé-
» quence il étoit justiciable de l'inquisiteur, et non du roi. Ce sou-
V verain, ayant «ntendu les paroles dudit Bétizat « ordonna de
» suite qu'il fût brûlé sur-ie-cbaipp ; ce qui fut ainsi fait, le roi
» présent. »
Ce dernier article est extrait des ^âpituts de \% yilie d'AH^s ,
annéci454:
Toutes femmes publiques, putan, catoniere', ou tenen tnalo vido e$
■M
/
^j6 CHAPITRE XCiri.
de français moderne ( i ). Elle s'est fort altérée depuis
deux siècles par l'admission de beaucoup de mots
' étrangers : c'est dans les montagnes qu elle a con-
servé le plus de pureté. Ces variations successives de
ridjome provençal ont amené de grandes différences
dans la manière de le parler : ces différences se font
sur- tout sentira Marseille, à Toulon ^et dans le pays
Venaissin. Les habitans d'Arles y mêlent beaucoup
de languedocien.
On peut se faire une idée de la langue écrite
des Provençaux par les morceaux que j'ai cités (2) ;
l'ajouterai ici quelques proverbes pour faire connortre
leur langage vulgaire ( 5 ) :
inhoneste, df mourant en carrière de las femmes de hen , que porte man-
tel, vel en la testa, subre son col ou esf ailes , hoplecho , garlandes ou
aunel d*or ou d* argent , ste condamnade per chascune cause en jo sots
toronas et en perdamen de las causas susdicAes,
« Toute femme publique , de mauvaises mœurs , aifant la nuit par
» les rues ( catonière ) , ou tenant mauvaise vie et malhonnête ,
3» demeurant dan5 une rue habitée par des femmes de bien > qui sera
» trouvée portant manteau, voile sur la tête, sur le cou ou sur
3» les épaules, capuchon, guirlandes ou anneaux d*or ou d'argent ,
» sera amendée de cinquante sous couronnés pour chacun de ces
» objets , et la perte d'iceux. »
(î) Dictionnaire provençal , par le P. Sauveur^ André Vï.LLkS,
religieux minime, Avignon, 17^ J , in-4.® — Vocabulaire provençal ,
Marseille^ "785 > deux vol. in-4.®
(2) Suprà, pages 459 J^uiv.
(3) J'ai cité plus haut, page 456, un recueil trcs-ctcndu de
proverbes provençaux*
/
CHAPITRE XCIII. lijj
Pan fiesc , proun Jiîlos et boutsc vtrd, meùoun ieou
Ihousteau en désert. Du pain frais , beaucoup de filles
et du bois vert, mettent bientôt ia maison au dé-
sert (i). — £r inquiet coumo un cristeri. Il tourmente
comme, tm lavement. — De chins , d* armes et d^a-
mours , per ounplésir milledoulours. De chiens , d'armes
et d'amours , pour un plaisir mille douleurs. —
Qua ben dinat, creis leis autreis sadouls. Qui a bien
dîné, croit les autres rassasiés, — Lauso la mar, ten ti
a terro. Fais Téloge de la mer , et tiens-toi à terre. — .
Quofiu tro tirou.fais dous bouts. Qui tire trop h\i deux
bouts. — Jouine chivaou vieil maquignoun. A jeune
cheval vieux maquignon (2). — Es plus proche la
car qut la camisou, La chair est plus proche que la
chemise (3). — Quu voou en tau tas peiros soun coùtéou
dgw^ar, en tout roumavagi safremo menar, et en toutos
aiguos soun chivau abeourrar, oau bout de l'an n'a
qu'uno coutelo , nno putan , et uno haridello. Celui qui
va aiguiser son couteau sur toutes les pierres , qui
cc^dult sa femme à toutes les foires, et fait abreuver
son cheval à tous les ruisseaux, n'a au bout de l'an
qu'un méchant couteau , une femme de m^iuvaise
vie et une.haridelle.
L'âne est le sujet d'une foule de proverbes : Lavas
«M
( I ) . Sont la ruine d*une maison.
(a) Pour le dresser.
(3) Cest-à-dire qu'il vaut mieux rendre service à un ])arent
^u*à un indif^r^snt.
478 CHAPITRE XCIIl.
la testa à Vay , escampas lou Ussitou. A laver la tête
d'dn âne , on perd sa lessive, — A bouen yarletaureillos
d'a^e. À bon valet, oreilles d'âne; c'est-à-dire qu'un
bon valet doit écouter les injures patiemment. —
Es coumd ra-^e de capiton , suses quand vies venir lou bastt
II est comme l'âne du chapitre ^ il sue quand il voit
venir le bât. — L*ay qu'a doues mtstres la quBuelipeh.
L'âne qui a deux maîtres , la queue lui pèle ; c^est^
à-dire qu'il a beaucoup k souffrir^ -^^ Fa coumo aqueou
que sercdvo soun ay et Veiro dessus^ II fait comme
celui qui cherchoit son âxie pendant qu'il étôit
dessus.
Les expressions proverbiales relatives aux fômmés
ne respirent pas toujours cette antique galanterie
dont la Provence a été le séjour : mais les hommes
qui se plaignent des femmes , sont, en général , ceux
qui les aiment lë plus. Les Provençaux disent , il est
vrai^ que, se n'ero pas les fremos ^ Itis homes strim
d'ours mau lipais [ s'il n'y avoit pas de femmes, les
hommes seroient des ours mal léchés] ; mais ils £sent
aussi, qui perde sa fremo eme quinze soùs, es grand
doumagi de l'argent [ qui perd sa femme et quinze
sous, la plus grande perte c'est l'argent ]. Les pro-
verbes suivans sur les femmes et les filles sont tJ-ès-
connus : Amour de courtisan , ben de vielan et fé de
fumelo , noun duroun pas passât un an. Amour dé cour-
tisan , générosité de vilain et fidélité de femme , ne
durent pas plus d'un an, — Ombra d'home vau cm
CHAPITRE XCIII. 47î>
Jknfos. L'ombre cfun horiimé Vaut tènt femmes. —
Fdlio que pren , se rende vo se vende. Fille qui prend , se
rend ou se vend. — Fil/io troutiero et fenestriero , rare-
ment boueno menagïero. Fille qu'on voit souvent à la
promenade ou à la fenêtre, est rarement bonne ména-
gère. — Afouilhe di marinier, ni maridado ni muech.
Femme de marin , ni mariée ni fille.
Celui qui a fait le proverbe suivant n'avoit pias à se
louer du mariage : Doues bouens jours à l'home sur
terro, quand prend mouilhe et quand Venterro [L'homme
a deux bons jourô sur terre, quand îl prend une
femme et quand il l'enterre ]. ÏI est vrai que celui-ci
ne prouve pas que les femmes aient plus à se louer
de leurs maris : Se unomarlusso venie veousop série
grasso [ Si une merluche devenoit veuve , elle en-
graisseroit] (i).
X
4So
CHAPITRE XCIV.
Arles. — Histoire. — Place du Marché. — Obélisque.
— Placé de la Cour. — Maison commune. — Vesti-
bule. — Inscriptions. — Escalier. — Vénus, Médée,
Mithras. — Autel de la bonne déesse. — Colonne
milliaire. — Inscriptions.
C^ETTE ville, dont les rues désertes sont si tristes
et si étroites, est-elle bien l'antique cité d'Arles, ri-
vale de Marseille , et chef-lieu d'un royaume étendu
et puissant î Son état actuel annonce une extrême
décadence : mais les Tnonumens nombreux qu'elle
renferme attestent le rôle éminent qu'elle a joué ; on
voit qu'elle a été embellie par un grand peuple et
habitée par des rois ( i ) .
Si l'on admettoît ces origines fabuleuses dont les
villes antiques et opulentes ont cherché à relever leur
histoire, Arles auroit été fondée par un roi celte
(i) On peut consulter, pour l'histoire d*ArIcs , Discours pané"
gyrique de la ville d'Arles, prononcé le 2/ avril z/^^, avec des re-
marques historiques servant à V histoire de cette ville ,ipzx \t P. Fabre,
deTarascon ; — Pontificat de F église d'Arles, par Saxi, chanoine,
imprimé à Aix en 1 629 , m-4.° j — Histoire de l'église d'Arles, par
DUPORT , chanoine; Paris , 1 690 , in- 8.** ;— : Ro^ak Couronne des
rois d* Arles, \>2it BoviS, peintre; Avignon, 1^48, in-8."; — l'An^
cienneté d'Arles et sa république, par AnIBERT, 17791 in-8.®; —
plusieurs ouvrages manuscrits <}ui m'ont été utiles*
nommé
CHAPITRE X<}JV. 4Bt
pommé Arulus , qpi lui .auroit dominé son pom : mais
rexîstence de cet Arulus est chiitiériqae , et Ton n$
t^peut rien savoir de certain sur cette ville avant Iç
fçtnp^ de César (i.) ,. qui ep a je premier fait men*
jion, en parlant des^g^fêrfes qu'il y fit construne pour
fpumettre Marseille, II es^ probable qu'à cette époque
i^ç voulut humitîer yne vîUe rivale, et que lès Ro-
m^ps profitèrent, habilement de cette jalousie pour
les soumettre toutes deux. Arles acquit par ses ser-
vices la protection des Romains, qui relevèrent au
rang de colonie : elle est désignée dans les inscrip-
tions par différens surnoms. Elle devint sur-tout puis-
sante au III.* siècle : il y avoit un trésor, et l'on y
fi'appoit des monnoies. Constantin lui donna son
nom ; il y demeura long-temps ; il y plaça le siégé
de la préfecture des Ga^les (2). Cette ville fiit, dans
ie V.^ siècle, prise par Constantius III ; assiégée
plusieurs fois par Théodoric I.*', roi des Visigoths,
et par son fils. Les Francs, les Goths et les Sarrasins
Font successivement ravagée : ceux-ci la. détruisirent
presque entièrement. Après l'occupation entière de la
Gaule par la nation germanique , la Provence forma ,
—————— ' iiii ■ ■ «i.^— — ■— —— I ——————i— —.—.—.
(i) DeBeliocipill,l,^6.
(2) SaxH Pontif, Arelat, 65, lîgn. 7, dans la dissertation într-
tuiée. En quel temps le siège du préfet des Gaules fut transféré de
Trkves à Atllesr; et Hist, du Languedoc , par DD. DE-Vic et Va^is-
SETTE, 1. 1.*^', note 48. On établit que ce siège fut transféré de
Trêves à Arles par Constantinîen II, en 391 ; mais ie passage
cite par Saxy dément cette opinion. *
Tome III . H h
'V
\
r
482 CHAt>ITRE XCiVé
depuis 8 5 5 , un royaume particulier ^ qui fin fèaxA
en 93 3 > p^ Rodolphe II y à celui de I9 Bourgogne
transjuiane ( 1 ) ; M s'étendoit depuis fembouchuxe
du Rhâne -jusqu'au mont Jura. Ce prince , ^on fils
Conraa II et Rodolphe III , se nommoient dans
les titres » tantôt rais de Bottrgogne , tantôt r(HS de
Vienne ou d'Arles^ tantôt rois de Provence et d'Ah^
mamie (2). Plusieurs provinces de ce r<^amne
(i) Voyez Carte Je l'ancien j^ ou premier J royaume de Bourgognes
— Le royaume de Bourgogne et d'Arles, par P. Du VAL; Pans^
\6ji t ^6jj, ^684, m-fol. — Z^ royaume d' Arles t par Gérard
Mercator ; Amsterdam , 1609 , 1^13, în-foî, — Guyenne, ou
Aquitania [ et regnum Arelaiense ] , pcr Gerardum Merc ATOREM ;
Duysbargi, hi-fol. — - Dis^rtation sur l'étendue du second royaume
de Provence , dit le royaume de Boson (ou d'ArJesJ, formé des dehis
de Vancien royaume de Bourgogne; par D. PLANCHER , dans son
Histoire de Bourgogne , 1. 1.*^', p, 4^3-470 > Dijon, 1739, in-foï.
(1) Aiphonsi Del-Bene de reg^o Burgundiœ Transjurana et Are'
lotis; I^ugd. 1602, in-4.** — Histoire du troisième et quatrième^
royaume de Bourgogne ( ou d'Arles) • vcryci Histoire des Séquaneis
et de Franche-Comté, par DUNOD , t. II , p. 83. — Chronologie his-
torique des rois de Provence et d'Arles , par D. Clément : voyez
i'Art de vérifier les dates; Paris , 1770, p. 661. — KOCH , Taàleau
chronologique des révolutions de l'Europe, tableau LXXX VL — L^ royale
couronne d Arles, eu l'Histoire de l'ancien royaume d'Arles, enrichie
de r Histoire des empereurs romains , des rois des Goths , des rois de
France^ qui ont résidé dans sou enclos , par Jean-Bapùste BoYYS;
Avignon, 1641, in-4.® — Joh, Strauchii Tractatus de regno
Arelatensi; •Ie;iae, 1 674, ^1-4.** — Simonis Fred, Hahnii Dissertati9
historica de Justis Burgundici novi vel Arelatensis regni Umitibus, et de
relictione ejus Rudulpho I HabsbUrglcû perperàm adscripta; Halas
iVlagdcb. 171 6 , iii-4,*
CHAPITRE XCIV* 483
* passèrent successWement à la France , et la Provence
eut des comtes pâyticttliérs. Vers le xn/ siècle,' les
villes qui avo&eot quelque puissance se soulevèrent
contre le joug intolérable de leurs comtes ou goit-
vçriieurs , qui aVoient cohv'ei'ti leurs fohctions en
dtoits , et avoient rendu leur pouvoir héréditaire :
les habitans formèrent des confédérations auxquelles
ifs donnèrent lé nom de communes; celles-ci se mena*
gèrent un gouvernement qui leur assurât la liberté
personnelle et la propriété de leurs biens , fsous ia
protection de leurs propres magistrats. Cette ré vo-
lution prit naissance en Italie; et les villes du midi
de la France , entre autres Arles , Marseille , Nice
et Avignon , s'empressèrent de suivre le même
exemple, La liberté enfanta des factions qui causèrent
des troubles çt amenèrent la licence; on confia à un
magistrat zppelé podestat une autorité dictatoriale.
Barrai des Baux , qui fut le dernier podestat d'Arles ,
en 1 2 5 o , réussît à persuader aux habitans de se sou-
mettre, Tannée suivante, à Charles d'Anjou , comte
de Provence : depuis ce temps , Arles s^ivit le sort
du comté ; elle fut réunie avec lui , en i48 1 , au
domaine de la couronne des rois de France (i J.
^ Il étoit trop tard pour que nous pussiçns rien
Voir lorsque nous entrâmes dans Arles ; jnais , dès la
pointe du jour, nous commençâmes nos recherches:
(i) J'âfpri, tome II, page a 1 5.
V Hh 2
484 CHAJPITRE XCIV.
elles furent dirigées par M. Pierre Véran, empièyl
à la préfecture y homme très-versé dans Thistoire de
son pays , et dont |'ai eu occasion de parier ( i ) ;
et par un de ses parens du même nom que hir ,
notaire dans la ville d'Arles , grand amateur de Tan^
tiquité , auteur de quelques ouvrages inédit , et qui a
rassemblé une immense collection de titres relatifs à
sa patrie. La grande place , appelée la place du Aîar^
chi, reçut notre première visite. Dès qu'on y entre , U,
vue e^ frappée par la noblesse de l'obélisque de
granit égyptien ( pL LXIV, ;i/ / ) qui la décore,
La hauteur de cet obélisque est de quarante-sept
pieds > et son diamètre à la base est de cinq pieds
trois pouces : avecle piédestal ^ il a en totit soixante-
un pieds. Il pose sur quatre lions, qui sont de pierre
falunaire de Fontvielie , -ainsi que le piédestal : cette
substance n'est pas assez dure pour supporter un
poids aussi considérable ; ce qui peut faire craindra
que l'obélisque ne soit de nouveau renversé. Ce
monument est le seul de ce genre qui existe dans
f Empire français. On ne sait si l'on doit en attrî*
buer l'érection à Constantin-le-Grand ou à Cons-
tance, qui fit célébrer des jeux à Arles en 3 j4« II
a été trouvé dans un terrain qui appartenoit aux
Claristes, et où l'on prétend qu'étoit autrefois lé
cirque. Après avoir été renversé et mutilé par les
(ij Suprà ^ P*4^5-
i '
« I
CHAPITRE XCIV> 48j
barbares ) il deme>ira fort fong-temps értfouî : 3 fut
découvert en 1 3 S9 ; mais il r^tra de nouveau soûs
la terre, d'où Charles IX et sa mère Catherine de
Médicis ie firent i;etïrer. Hei^ri lY vouloit le faire
placer au milieu 4es; Arènes; ce rie fut qu'en 1676
que les habitaiis d'Arles entreprirent de ïe relever ^
pour ïe consacrer à Louis XIY. Peytret, architecte
d'Arles , dirigea les travaux flu piédestal ; Claude
Pugnon, de la vilte dç Madttigviss^.fHt chargé dé
son transport et de son élévation : on plaça sur la
cime un globe d'azur semé de fleurs de lis d'or , et
couromié d'un soleil, qui étoit la devise du prince.
Le temps avoit effacé, même avant la révolution,
les fàsmeuses imci^ptions gravées sur les quatre
&cés : c'çtoient des comparaisons assez communes de
Louis XIV avec le soleil (1). On n'y reconnoissoit
pas le bon goût et rexcellent esprit de leur auteur
l'ellisson : l'exagération dans laquelle il s'étoit laissé ^
^iti^aîner en les <îomposant y venoit sans doute dti
désir de conserver les bontés d*un prince qu'il craî-
gnoit d'avoir blessé par la généreuse défense ^'il
avoit faîte du malheureux Foucquet, Les mémoires
ijM Pellisson composa pour lui,, setont toujours un
monument précieux de l'éloquence consacrée asservir
i'a^miîié.
Le bonnet rouge, qu'on avoit substitué au sym-
fcole âdiopté par Louis XIV, a été remplacé par
(1) Terrin, V ObéUsqià et là V/nas^Artei,t 63 o, in- ti.
Hh 3
(
/
48tfr CHAPITRE XCIV*
Faîgle impérial, et robéBsque a été consacré à ht
gloire de l'Empereur . La ville <f Arles a donné, à
cette occasic»! , des fêtes qui durèrent trois jours , et
qui furent présidées par M. Thîbaudeau. Le pre-
mier jour , ce magistrat posa , au nom de la vilte , hk
premièjce pierre' de ïa restauration du piédestal de
l'obélisque , sur lequel furent placées les quatre
inscriptions suivantes, qui ont été composées j>ar
M. Blain , s^étaire de la mairie.
Première face ; côté dii nord ( i ) :
VIRO IMMORTÀLI NAPOLEONl,
Primo Fraricorum' Imperatori , Imiaque primo Rtp ,
1 Btlh et pace verè magna, •
Qui , exuris hostibus ûUritts t
Fluctibus cipHibus comvositisy
' / Hydrâ anarchia domitû ,
Vi legibusredditâ ,
' ( f ) A Ilmmortél NAPOLÉON , premieV Empereur des Français ,
premier Roi d'Italie, véritablement grand dans fa paix et dans
la guerre, qui, ayant terrassé les ennemis du dehors» apaise
îcs discordes civiles , détruit Thydre de l'anarchie , rendu aux lois
leur vigueur, a rétabli l'Empire français ébranlé jusque dans ^es
fonâemens; augtnenté, étendu sa puissa^ice, son conmierce et
ses limites; ramené l'intégrité de la foi de nos pères; redressé
les autels renversçs par l'impiété : la ville d'Arles consacre dans
cett^^ile place, sous de bien plus favorables auspices, comme
un monument étemel de son amour et de sa reconnoissance,
cet obélisque autrefois dédié au soleil. Etant préfet du départe-
ment des Bouches>du-Rhpne, M. Antoine-Claire Thibaudeaji ,
conseiller d'état, commandant de la légion d'honneur; maire de
ia ville d'Arles , M. Henri Duroure ; adjoints, MM, Claude Val*
Hère et Guillaume Di^nard. 28 âon i8.oj«
y
V-
CHAPITRE XCIV. 4*7.
Cbnpdlsum^ suis stdihus Imperium Gaïticum erexit^ *
JUiusque vires, commercia, fines
Auxit, propagavit;
Intégrant majofum fdem revêcavit,
Eversa impietate altaria restituitt
^ CI VIT AS ARELATENSIS,
In hoc magntfico foro.
Ut mernum amoris gratitudinisque monumeiOum ,.
Hmnc obeliscum , oHm soH dicatum ,
, Nunc felicioribus auspiciit
Devovet, consecrat,
Ostiorum Rh04Îani Frafitcto, D. Anmio Clarû
ThjBAUDEA U , Imperatorts à sanctioribus eonsiliis-,
Necnon Legicnis Honoris Duce.
Civilis disciplina Urbis Arelatensis Praposito
Z>. He^rico IXUROURE;
Adjutoribus DD. Claudio VajlliÈRE tt GuUklmo DiSNARIK
Die XXV il I Fhr. M. D, çcç, K. ,
s \
Deuxième face ; côté du midi ( i ) :
NAPOlEONI MAC NO,
Imper atori invictissimo ,.
Qui, Italil, yEg^to r necnon GermanLt parte ,.
Vicissim victoriis peragraUs,
Fœderatos Germanos, Roxolanos,
Italos, Brîtannos,
Marengo debellavit,.
Bellum patravit s
CIVITAS ARELATENSIS. '
(i) A NAPOLEON-LE-GRANn, Empereur très-mvincîblé, quf »
après avoir rempli successivement de ses victoires PÉgypte, iltaiîe
et une partie de f Allemagne, mit en déroute, à Marengo, les
AIieman4s, les Russes , les Italiens, ies Angiois confédérés , et ter-
mina la guerre ; la ville d'Arles.
Hb 4
■ ,.^-
' *_
48B ChAPITRÉ XClt
Troisième face ; côté du levant ( i ) :
NAPOLEONI MAGNO,
^ \ Patfi eptimo ,
Benefactori Uherdlissimo ,
Studiorum nrtium , religionis ,
/ Uiftutum omnium
Patrono :
CIVITAS ARELATENSIS.
Quatrième face ; côté du couchant {2) :
NAPOLEON! MAC NO,
Stti imperio fttûp)ri ,
Qui iatissimâ tttens fèrtunû,
Raro moéleraiionis exemple ,
Victor iarum cursvm compressit,
• ' ^^ Pacem reconciîiâvit r • ^
• CIVITAS ARELATENSIS. ■
Les autres fours , il y eut des concerts , des courses
k pied et à cheval , et des combatç de taureaux. On y
voyoit une grande quantité d'étrangers , qui avoient
été attirés par les spectacles divers qu'offroit cette
fête.
L'obélisque est de deux morceaux , parce qu'il
avoit été brisé dans sa chute : les gerçures que l'on
1^—— I I 1 II - Il I I I ■ III m ■■! . ■■ Il I III,
(1 ) A NapolÉOn-LE-Gband, pcrecxccilcnt, bienfaiteur très-
libéral , protecteur de« arts , des sciences , de la religion et Je
'toutes les vertus : la ville d'Arles.
(2) A Napoléon-lÉ-Grand , plus grariJ par Pcmpirc qu'îî i
sur lui-même, qui, jouissant dé la fortune la bfus heureuse, pa^
iih rare exemple de modération, arrêta fc cours de ses victoires ,
rétablit ia paix : la ville d* Arles.
^^.
jchapitre x<:-iv\ 489
i^emarqûe à sa base , nuisent beaucoup ait bôtt effet
de Tensemble (i).
La place qu'il décoré rfest i>aft régulière (2) j oh
y voit des édifices curieux. VHotel-Je-'ViUt , où
nous- entrâmes d'abord ^ a été bâti en 1675 , par
Pey tret , isur les dessins de Jules-Hardouîn Mansard.
Cet édifice , situé entre deux places , ferôit un bel
efFe^, si l'on abattoit quelques masureis qui ie masr
quent et ie déparent du côté de l'ouest : ses deux
façades sont ornées de trois ordres d'architecture ; on
ayoit sculpté au-dessus de la porte les armes de ia
vilie^ Les six médaillons des anciens rois bourgui-
gnons , qui décoroient ia façade , ont été brisés , ainsi
que beaucoup d'autrçs ornemens (j). On admire
avec toison la hardiesse et ia beauté de la* voûte du
vestibule : eile est cependant plus remarquable par sa
savante construction que par l'élégance de la coupe ;
(i) H faut espérer qu'on va l'entourer d'une grilïe po^i" em-
pêcher les enfans d'en appj:ocher* ie piédestal et la base sont
dégradés par des coups de marteau , et par les pierres quon y
jette. ^ _; ,..„_..
(2) El}e seroît pourtant parfaitement carrée, si Toà abattoit
l'arceau 6JtTirfv7rhevêihé;ccv^m est irès-fat'ife/ptrfsqnyfes appar-
temens qu'il supporte tombent «n ^uine. Cet abattis rendroit la
place plus spacieuse, et ia façade de la maison archiépiscopale
beaucoup piti^ belle. '^*
(5) Voici les noms qu'on lisoit sur les médaillons : Arelatensis
rex Boson , Louis Bôsvn , Hugues , Rodolphi II , Gérard dit le Paci-
fique, "
j
__ r
^^^^~^f_,_^^^ ^
490 CHAPITRE XCIVJ
elle est très-surbaissée et presque plate ; vingt co^
lonnes accouplées et d'une seule pièce la supportent
Oh a voit placé dans les entre- colonnemens, sur les
|x>rtiques, les bustes des comtes de Provence ; au fond^
en hce de Tescalier, étoit ia statue de Louis XIV ,
exactement conforme à celle de Thomassin ( i ).
Autour, de ce vestibule sont rangées quelques
pierres accompagnées «d'inscriptions:
■s ,
N.' I. '
S.
J
c
D M
SEX AEBVTI
HERMETIS
A£B. CALLI
OPE<:ONIVGl
SANCTISSIMO
1
1
'm
(i) Rtcutil des m<mumett$ de VersaiUes , 16^4, pi. 8(i.
^"■^m.^f >ua
- - ^ #.
CHAI^ITRIE XCIV.
A9^
n*^rr#4yv
-^ tNArvwvvwvwvvYW^
PRECLr
pompeiaTÎ
chrysothe
MIS J^ VXOR
C
N.» 3.
D M ET
y
SECVRITATI
AEMILIAE EVCÀR
rlAE
c paqvIvs pardalas
CONIVGI CARISSImAE
V. A. XXXI M yiii, D. X f^
J
f
)
)
J
(«)
(i) Saxii Pontificium Areïatense ; Aix, 1^29, p. ^9. — Pimt*
VÉRAN, //«/• manusc. d* Arles , t. U, p. 109, année 1775.
^*^
4j^i
CHAPITHE XCIT.
N." 4.
^Hita
J.
D M
AVIbLIAE
«RATAE '
ALJ^ITVS AVG. tb
VXORI OPTVMAE
N.«J.
3
1
(
.._ i
CHAPITRE XCIV; 49 J
«
Ce$ inscriptions sont eq miarbre; elles 'n*bfRent
point de difficultés. : j»
N.** I . La première a été trouvée dans le Rhône
en 1 747 , près de la Gardette de Fourques. ^butia
Callippe l'a consacrée h jEbutius Hermès , son époux,
qui étoit probablement un afFr^inchi ou plutôt un
client de la famille i£butia.
N.** 2. ^Chrysothémis à son époux Pompéianus,
N.** 3. Aux mânes et a la sécurité d*j£miUa Eu^
carpïa : C. Paquius Pardalas a son épouse chérie, qui
a vécu trente-un ans huit mois et dix jours (ij.
N.** 4* Consacrée à AvilUa Grata , épouse excel-
lente, parAllitus, affranchi de La maison d'Auguste (2) .
N.*" 5 . A Calphumia ^Jille de Marius , vainqueur (3)
des Cimbres. Celle-ci a été supposée par Jin mai-
adroit faussaire (4).
La suivante, également en forme d'autel, et qui
(i) Vixît Annîs XXXI JHensibus VI II Diebus X. MURATORI,
MCX, 5. — DUM0NT,XV,9; Vi;44.
(2) MURATORI, 992, 7. — LanceloT, Hist, de l'acad. VII ,
aji. — DUMONT, pi. VI, n.*** 43 et 45. Eiic étoh autrefois à
farchçvêché. Veran, II» 104.
(3) VlC'tIllC4Sn
(4) DaMONT, XXVlI, 184. Elle étoit autrefois dans le jardin
des demoiselles Aulanler^ près de la porte de HAure*
-Il ( . ^
494 CHAPITRE XCIV.
étoh autrefois sous le portique de Tégfise Saint-
Césaire, contient des détails plus intéressans (i) :
'
[
1
D M
G. PAQVl. OPTATI
LIB. PARDALAE. lîïïil
AVG. COL. IVL. PAT. AR.
PATRON. EIVSDEM
co.RPORi Item, patron
FABRORNAVAL. VTRICLAR
ET CENTONAR. C. PAQVIVS
EPIGONVS. CVM. lIbERIs. SVIS
PATRONO. OPTIME. MERITO*
]
iw*ia«
(i) Selon Pierre VÉRAN, Hist, tnanuscr. de la ville d'Arlts^
t. II * p. 1 08 » eiie étoit dans ie jardin du mas de Cazeneuve ,
chez M. Dcviguier , frère de ï'abbessc de Saint-Césaire. .Selon
Saxy, Pontificium' Arelatense ^ Aix , 16^9, p. 6<), elie étoit dans
ie jardin àts demoiselles Aulaiyer, près ia porte dite de l'Aure*
Selon Papon, u l, p, 55 , cile étoit dans le monastère de
Saint-Césaire.
/
^i^^if --
^ /
CHAPltRjE XCIV. 49^
Aux manei dt G. Paquius Parddas (i), étffroMchi.d'Optatut (ij,
zéifir Atigustal (3) de la colonie JuUa (4) Patenta (5) ArUstennt (6),
ffoiron du mime corps, et encore patron des constructeurs de vaisseaux (7),
/
(1) Ce Paquius Pardaîas est celui qui a consacré à son épouse
ifjAÎiiaEucarpia, l'inscription précédenunent rapportée,/^, ^r,
Q.^ 3. Le nom de là famille Paquia se rencontre souvent dans les
anciennes insaiptions. K^. Grut. XXXI , 4; etFABRETTl,capJ,
n.^ 45. PaqVIVS est une abréviation de PACVVlVS; le Q est.
«nîs pour CV. Voyei^ EcKHEL, Doctrina numor, V, famiile Pa*
cuvia* Ceux dont il est question icr« étoient af&anchis de Pa-
quius Optatus.
(1) LIBertL
(3) SEVIRI AUGttsti ou AUGustalis. Snprà, 1. 1/^ p. 337.
(^ iVlJa. Elle aVoit été fondée par César : ce fut Tibère
Ciaude Néron ^ pcre de i*empereur Tibère, alors questeur de
C. César, qui conduisit à Arks cette colonie. Suet. in Tit,J^
(5) PATerna, On ne peut déterminer d'une manière précise
Torigine de ce surnom, dérivé àc pater : peut-être indique-t-i(
que cette colonie a été fondée par JuUus le père , c'est-à-dire.
César, et non par Julius le fiis , c*e^-àrdire, Octavius, Ce qui peut
le faire présumer, c'est que la colonie de Narbonne, également
fondée par César, est aussi surnommée Par^frw/ï. Le même surnom
a encore été donné à un membre de la famille Fabricia ; et je
ferai observer à cet égard que , sur les médailles du cabinet
impérial où on lit le nom de Lucius Fabricius^ il y a en toutes
lettres PATERN us, quoique cette leçon ait été contestée par quel-
ques antiquaires. Vojf, Ec¥.HtL, Doctrina numor, vol. V, p. a 10.
(6) ARelatensis.
{7) PATRONo FABRORum NAVALium. Il paroît qu'Arles avoit
des chantiers célèbres. Ce fut dans cette ville, comme nous l'avons
vu, que César fît construire les vaisseaux avec^ lesquels il réduisit
les Marseillois.
» t
h^
CHAPITRE XCIV.
-des utricuïatres (i) W des centenaires (a) ; €• Paquius Epigonus et ses
tnfaus à un patron qui a bien mérité d'eux.
Près de là est cet autre cîppe ( 5) , figuré pi. LXV,
n.* I, avec le portrait de celle à qui il est consa-
cré. Selon Muratori , cette inscription avoit une
double face ; la seconde est aujourd'hui effacée :
IVLIAE. SERVATAE
e ANN. XXVIII M
DIES. VII.
SEX. IVLIVS. DORVS.
FILIAE. pIiSSIM.
)
m
(1) VTRlCLARiôrum, Plus bas au chapitre de Cavaillon. Vq^ei^
aussi DUMONT,pl. VI,n.°45 î ^^^o^ , Hist.de Prov. t.I, p. la,
73 ; CAtVET, sur les Utriculaires , 48; SWARTZ, de UtricL 38.
(a) CENTONARiorum. Espèce de charpentiers.
f (3) GrUTER,.DCXC, 19; MURAT. MDCC, 5j Hagenbuch,
Epist, epigr. 493; DUMONT, pi. XV, n.*> ao, page XI, n.** 80 ;
ViRAN, t. n, p. 97. Elle étoit, en 1775 ^^lans le jardin des
demoiselles Aulanier, près fa porte de TAure.
Sextus
C H A n TR B X C 1 Vv 4^7
V. Stxtus(i)JulîusrDbrm a JuttaServasa sa fille trés-teudre, mme{i]
à XXVll am . • . . , moîs, t% VII jvurs,
. Qn y tiQivve encore celle-ci ( j) ;
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lYLIAE. AMABILIS.
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CARISSIMAE, ET
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MfATRI PlisSIÎffAE
* , ,» j ► *k
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Jn
n
.1
0^
•<■-*
■*■ ' '»
(i) Gruter a vouÎu faire rapporter 5^* à mens; mais cela n'est
pas admissible. SfxtU9 ^iM .prénom dçifellus Dorus : peut-être
Afens signifie-t-ll ici mensern unum; ou bien le sculpteur a oublié
sur la pierre ie nombre des mois.
(i) 0. Cette îsigle -grecque se- mel^ pe«f ïè mot ^(UKOf ou
tuMwm, mmuvrxmmefrttra, dans ferin&ciiptîoiis farttnes. GfttWElH
1 146 , 2. On ne 4a. trouve jamab» dans Jès^ insÇBÎî)dofts ^cqaes^
JfclRPEï , de $igh p. 54 ;^LMÏCKT , #/if i%/; 8$.
(3) DUMONT, n.« 4d, v
^ .' j * ■* ■•
4 . _.
45^8 CHAPITRE XCIV.
Aux mânes de Julia Amaiilis : L, Veratius Protptectas à urne épaust
très-chère; et Julia Sahina , file de Lucius , à une mère très-tendre^
L'inscription en forme d'autel figurée/?/. LXVIII,
nf I, est décorée { i ) d'un encadrement ; et sur un des
côtés est ie terrible Cerbère, impitoyable gardien des
«nfêrs. On y lit qu'elle a été consacrée à Sempronia ^
fille de TertuUe.
Le beau sarcophage de marbre ûgarépL LXI,
n/ 2, est aussi sous ce vestibule : la tablette est
accompagnée de tètes de béliers, qui portent de
riches guirlandes de fleurs et de fruits élégamment
attachées par des bandekjttes. Sur la partie posté-
rieure, il y a une tète de taureau entre les deux tètes
de béliers. L'inscription nous apprend que Cornélia
Jacaea s'est fait iaire Ce tombeau àe soa vivant, et
que ses héritiers ont pris soin de l'y déposer :
D. ^
M.
CORNEL. lACM/E. 1
SXAI, VIVA,
POSVIT.j
HEREDES.
CONDENDAM. CV
RAYER
(i)
(i) DuMONT» pi. XV, %.ïOj p. VI, n.°.4â.
{%) CONDENMM CUMyjSmMf^ DUMQNTi fL.XIX^ aj
^ ■
t f ' i , . , .
J
CHAPITRE XCIV. 499
Ma^é la prévoyance de Cornélia Jacaca et les
^ç^ de ses héritiers , son corps a été enlevé de sa
sépulture ; et ce , sarcopbage servoit de réservoir
d'huile .aujp Dcxipviiçains (i).
Ce portique, sous lequel il, y a encore des chapi-
teaux et des coIo|ines remarquables par leur antiquité >
nous annonçoit déjà la riche moisson d'observations
que pouvoit nous offrir la ville d'Arles.
L'escaliar est, orné de mpnumens encore plus
précieu^f On y distingue le plâtre de la Vénus de
marbre (pt. LX^IX, fg.i ) qui fut découverte, en
i6j I , dans l'emplacement de l'ancien théâtre, en
creusant pour faire un puil^près des deux magnifiques
colonnes qui existent encore. On trouva, d'abord la
tête, dont la beauté fit désirer d'avoir la statue en-
tière ; on découvrît enfin le corps et sa base. Mais il
s'éleva alors des contestations sur le nom qu'on devoit
donner à cette statue : Rebattu avança que c'étoît
une Diane (2); Terrin, que c'étoît urije Vémis : le
P. JAugières embrassa Fopîniôn de Rebattu. En
> , «-- '■. ■ 0
(1) li fut trouvé en 1738, près de la châpclie dite du Crucifix,
sur le chemin qui mène à la Crau. VÉRAN, Mss. t. Il, p. 500. '
' [z] Ld Diane et le Jupiter d'Arles se donnant à connoUre aux
esprits curieux, p^r François DE REBATTU ; Arles , 16^6, in-4.<* —
Le portrait de la Diane d Arles retouché, par François Dï. REBATTU;
Arles, I ^59 , in-4.? — Inscription symbolique sur la statue de Diant
d'Arles; à Arles, 1 66ï , une feuille in- fol. — La Vénus et Vobé--
lisque d'Arles, par TeRRIN; Arles, 1670, in-12. — Réflexions
sur Us sentiment de Calisthènes touchant la Vénus d'Arles, par it
• ^ li i
^OO CHAPITRE XCIV.'
1 684, ïes habîtans d'Arles firent présent à Louis XlV
de cette statue ; et la question controversée fut souràîse
au jugement du monarque , qui , d'après les avis de
Lebrun et de Bouchardon, décida erifin que c'étoit
une Vénus ( i )• Girardon !a restaura; et elle fut placée
dans la galerie de Versailles , où elle demeura jusqu'à *
f époque de la révolution. Elle est actuellement dans
le musée Napoléon (2)', où effe est connue sous le
nom de Vénus d* Arles : elle est nue jasqu'ti mr-corps ,
et drapée d^ la ceinture en bas; sei cheveux sont
ceints d'une bandelette qui retombe avec élégance sur
les épaules ; la tète est un modèle de grâce et de beaaté.
Gîràrdon, en restaurant les bras, a placé dans la
main gauche un miroir, et dans la droite la fetale
pomme qui fut le prix de son triomphe sur ies déesses
sts rivales; mais il est plus probable qu'elle tenoît
d'une main lé casque de Mars , et de Fautre une lafttce :
p " D* AuGiiRES , t ^74 , m- 1 a . — Lettres dt-Mu^ -à CaUsAènei ftm
ks Béûexiotts d'un censeur : réponse de M. TerîUN à l'ouvrage ci-
dessus.— iE^//^^''^"^^^^'"'^"'^' tfttwr^SAlNT-ANDlOL, archid.
Arei Ârclate , i é8 1 , in.4.^ 8 ^.—Dissertation sur la statue qui étoit
autrefois à Arles, et qui est à présent à Versailles; 1685 , ra-4.<> —
Sur la dbputc que cette statue a occasionnée, voyei Bougerel ^
Histoire des grands hommes de Provence, p. 308.
[i)Le triomphe de Vénus sur la décision de sa Majtsté, par M. Ma-
ÔNIN ; pièce de 170 vers.
(2) Voyez-en la gravure d^s les ouvrages cités. Mellan en a
fait une fort belle en 1 669, n.o 1 j8.-Dumqnt, pi. \^.-' Notice
éb musée Napoléon, p. l2 5.-PIRA^ESI, Abusée Napoléon, t. î.
pf. 60. Je l'ai fait figurer telle qu clic étoit avant la rwuuratioa.
CHAPITRE XCIV. 301
c'est aîn$î que l'on a représenté, sur les médailles,
Vénus victorieuse ; el l'on peut croire que les Arlé-
siens, dont la coIoni«^ prenoit le nom de Julienne ,
auront consacré c^tte image k la déesse qu'on regar-
doit comme la soti^he de la ianiille Julta , dans la-
quelle Auguste avoît été adopté, et qu'elle a été
exécutée au temps de cet empereur. Cette statue est
de ce marbre grec dur , d'une couleur un peu cendrée ,
.que les anciens statuaires tîroient , à ce qu'on croit,
du mont Hymetie près d'Athènes.
Sur le palier de cet escalier est un groupe dont
le sujet est unique ; je ne connois du moins aucun
^utre monument (pU LXVIII^ n." 2) qui le repré-
sente. C'est Médée entre ses deux enfans , qu'elle va
sacrifier à son atroce vengeance (1). Cette statue
est d'un style qui annonce Tentière décadence de
i'art. Si c'est une imitation de la Médée du peintre
Timomaque, ou dune de ces statues que les épi-
grammes de l'Anthologie ont rendues si célèbres (2),
on peut dire qu'elle est bien grossière : fa figure
manque absolument d'expression.
Cette statue de Médée est placée sur un cîppe en
forme d'autel, où l'on remarque deux colombes
qui becquètent un panier de rai^n , symbole qui
se trouve fréquemment sur les mohumens chrétiens.
' (1) Eump. >^f^. 1271 et 127a.
(2}BRUNCic,^tfirt II, 117,174**^3, ii6, 499; ÏH, 2i4,
S02 CHAPITRE XCIV.
On lit au bas cette inscription métrique (i) :
DEBITA. CONJUGIO. APELLES. PIA. CARMINA. SCRÎBIT.
QUAM. RAPUIT (2) MORS. INIMICA. VIRO.
M.£C. DEBENT. MEMORES. POSTREMA. IN. MORTE. REFERRE.
OB. REQUIEM. GRATAM. QUAM. PIA. CURA. DICAT.
CONJUGIS. OFFICIUM. TESTATUR. CARMINE. PARVO.
EXTREMUM. QUE. TIBI. REFERO. MUNUS (3)
DULCIS. CASTA. VIRO. REVERENS. PIA. CARA. FIDEUS.
TOT. DAMNA. AMISSA. CONJUGE. JURE. FLEO.
TE. LAPIS. OBTESTOR. LEVITER. SUPER. OSSA. QUIESCAS.
ET. MEDIiC. vETATI. NE. GRAVIS. ESSE. VELIS.
SEX. POMPEIUS. APELLES. CONIVGNCOMP.
Cette inscription ne peut souffrir une traduction
littérale ; Sextus Pompéîus Apelles , qui probable-
ment étoit un afïranchi de la famille Pompéia , a
exprimé d'une manière trop obscure ses regrets sur la
mort de son épouse (4) : les qualités de cette jeune
femme méritoient sans doute d'être chantées plus
dignement ; mais l'amour conjugal n'avoit pas ins-
piré à Apélles ie talent des vers.
Le monument qui vient ensuite est très-curieux à
Il I I « ——————— .———^
(i) MuRATORi, mccxcix, 8 ; Maff. Antiq. Gall 70; Bre-
VAL'x Remarh, II, A. 2, 177; BoNADA, Carmin, ant. U, 116.
(a) II manque ici un mot.
(3) Cet hémistiche est altéré.
(4) Le nom de cette épouse chérie est effacé dans Finscription:
je ne sais pourquoi le P. DuMONTa placéici celui de Sempronia,
qui rend le vers faux. Ce nom se retrouve encore dans plusieurs
manuscrits conservés à Arles, On ne remarque plus sur le monu*
ment que la trace d'un O.
CHTÀPITRE XCIV. 505
cause âê sa rareté : c'est un beau torse qui repré-
sente Aîithras ; i\ a été trouvé, en i J98 , dans les
fondatîohs d'un moulin à eau, près de la porte de
ia Roquette, à peu (Je distance de remplacement oà
étoit autrefois le cirque (i). II resta dans la cuisine
d'une maison (2) près, de l'église de Sainte-Croix,
|usque vers la fin de i'avant-demier sîècfe , que M. de
Gravesop en fh l'acquisition : après sa mort , les con-
suls achetèrent ce torse pour la somme de vingt-sept
ïivres quatorze sous (5) , et le firent placer où il est,
avec une inscription sur la base , dans laquelle on le
désigne comme un simulacre égyptien d'EscuIape {4).
■Wl— ■! Il ■'■ * '■ ' < ' I " ■ Il ll> »l I, I — — —
(i) On a trouvé, dans le même lieu, des colonnes de granit «
des marbrés , et une iampe sur iaquciie on voit un sacrificateur
avec des anaxyrides phrygiennes , qui dépecé une victime humaine.
Cette fampe, qui existe encore aujourd'hui dans ie cabinet de
M. Lyon , est gravée pi, LXIX , fg. 2, Elle peut aussi avoir été
employée au cuïte de Mithras,
(2) Rebattu, Antiquités d'Arles, 78.
(3) Annales d'Arles , 1723..
(4) Celte inscription est dans un encadrement antique; ce qui
fait présumer qu on en a gratté une autre qui occupoit ie champ
. de ia pierre > pour y substituer ceiie-ci , qui est ainsi tonçue :
HOC -«GYPTIACVM
^SCVLAPII
SIMVLACRVM VETVS
ANTIQVISSIM^E HVIVS
VRBIS MONVMENTVM
EXTERIS VISENDVM
EREXERVNT
CONSVLES. ANNO.
DOM. M,J>CC. XXIU.
li 4
\
-«* <^j- *
^
^ Ce Mithras est figuré pi. XXXVI, n^ j : h
tète et les bras ont été suppléés d'après d'autres
représentations semblables. Nous avons défà eu
occasion de fixer notre attention sur son cidte ( i ) ::
c'est le sdeil considéré comme le <fieu vivifiant de
la nature et le ministre du Créateur. Dans la reKgioii
de Zoroastre , les mages avoient donné au soleil te
nom de Afithras, qui signifie aimable et èienfiii-
sant (2). Les chrétiens avoient ce culte en horreur;
ce sont eux qui nous en ont transmis les détails les
plus intéressans. Tbemistius nous apprend qu'outre
les images communes, qui représentoient cette divi-
nité en habit persan, il y en avoît aussi de mysté-
rieuses y que l'on ne montroit qu'aux initiés : celie
de notre Mithras est du nombre de ces dernières.
On peut expliquer ainsi ses attributs : la tète de lion
désigne la force du soleil , parce que c'est quand
cet astre est dans le signe du lion qu'il a le plus
d'activité ; le serpent , par ses ch*convolutîons , est
lemblème de l'année réglée par le cours du soleil ,
qui semble s'avancer en serpentant dans l'écliptiqutf .
On pourroît croire que , comme les autres figures du
même genre , ce Mithras avoît un globe sous le^ pieds ,
pour marquer l'empire que cet astre exerce sur le
monde, dont il paroît être le roi; mais on n'en voit*
»■■■■■■■■ I II II II, Il I . Il I, ■. !■ Il ■ I I ■
( I ) Suprà , tome II , page 1 17.
(2 ) Hyde , iie Religione Ptnrnu» , IV.
^ma^ ' - *.
jpas <ie traces. Par^ii les signes du zodiaque, les sols*-
ticiaux indiquent les limites du cours du soleil ; les
À}uinoxiaux étoient, selon Porphyre, le séjour de
Mithras. Nous remarquons que le signe de la balance
est tenu par un homme, et qu'un des deux gémeaux
porte une lyre.
Les images de Mithras appartiennent , en général ,
au 111/ siècle , époque à laquelle les superstitions
orientales se répandirent à Rome et dans ses co-
lonies*
L'autel à là bonne déesse (i) ûgaré pi. XXVTIlj
n," (f, est un des monumens les plus curieux de cette
collection : il est d'une bonne proportion ; sa face
est décorée d'une couronne de chêne élégamment
attachée avec des bandelettes , et qui renferme deu^
oreilles ornées de pendans. Au côté gauche de l'autel,
il y a une patère décorée d'oves qui se réunissent à
un centre commun , dans lequel on voit une tête d^
Jupiter Ammoiv : à droite est le vase que les anti-
quaires appellent préféricule (2) , et qui servoit h con-
tenir l'eau lustrale ; il est d'une forme élégante , orné
d'oves , d'une bordure en forme de vagues , et d'une
(i ) Lettre de AI. SÉGUIER a M. le président d'Ôrbesran , 5ï/r ttn
*^ft0tumait trouvé à Arles ài iys^* "~ Réponse et Disseriation de
M. d'Orbessan, membre, de V académie de T^ttiôUse, —Voyez,
pour ces de«x pièces. Mélanges de M. le président d'OrbE5^AW,
tome II , p. 180 et suiv^
(2) Supra, p. 172»
jotf CHAPITRE XCIV.
branche dToIîvîer. Les enroulemens que Pon remarque
ordinairement sur les autels , sont un peu dégradés
sur celui-ci. Au-dessus de la couronne on fit cette
inscription :
BONAE. DEAE.
CAIENA. PRISCAE. LIB. ATTICE.
MINISTRA.
A la bonne déesse, Caiena Attict, afiranchie de Prisca, et ministre
de la déesse.
Les nombreux tauroboles que Ton trouve dans la
Gaule (i), prouvent combien le culte de Cybèle,
nommée la bonne déesse , y étoit répandu. Caïena ,
esclave d'origine grecque, appelée Attict (2) avant
qu'elle eût été affranchie par Prisca , a reçu le nom
de femîHe de sa patronne (5) , et c'est pourquoi elle
s'appelle Caiena (4) : le, titre de ministra qu'elle
prend ici , prouve que l'on rendoit à Arles un
culte à Cybèle (5) , et qu'elle y a voit une prêtresse
.«■
(1) Jw/va:, 1,455, J**; 11,73, 89, i54i Wï'48.
(2) Les inscriptions en ofïrcnt beaucoup d[*exemples. Voyie(^
GrUTER, CMLXXXXIX, la; MCXXI, 6; CCMLIX, lO, &C.
(3) On trouve aussi fréquemment des exemples sembfab!es«
F^y^GRUTER, CMLXXII, li.
(4) Ce nom n'est pas commun dans ics inscriptions. Voyt^
MURATORI, MDXXV, la; MDCIX, l.
(5) Cet autel a été trouve, au mois de juillet 1758 , dans rem-
placement de réglise de la Major ; ce qui fait présumer que c'est
ià qu'on avoit bâti le temgle de Cybèle.
^,
CHAPITRE XCIV. 507
que des ministrœ aîdoîent dans ses fonctions (i).
Les deux oreilles ornées de pepdans sont ce qui
exerce le plus Kmagination des antiquaires. On ne
sauroit donner une explication certaine de cette of-
frande , puisqu'on peut lui assigner plusieurs motifs.
On a des exemples d'oreiiles d'argent offertes à Mi-
nerve pour la remercier de quelque guérîson de Tor-
gane de l'ouïe ( 2) : d'autres inscriptions font mention
de pendans d'oreilles donnés à des divinités (?) ; on
en paroit principalement les statues de Vénus : notre
inscription peut avoir rapport à une circonstance
de ce genre ; mais , s'il faut émettre une opinion ,
je crois que les oreilles placées sur cet autel signi-
fient combien la bonne déesse est accessible aux
prières et aux vœux des mortels , et combien Caïena
Prisca, qui dessert son temple , désire qu'elle écoute
les siens. Les pendans n'ont d'autre objet que d'ajou-
ter à l'élégance de ce symbole , qui est d'ailleurs ici
d'une parfaite exécution. Le goût pur de cet autel
et de ses ornemens, l'élégante concision de l'ins-
cription , la belle forme des lettres , peuvent feire
présumer qu'il a été fait avant le lli.* siècle.
««
( I ) C'étoient des prêtresses d'un rang inférieur.
(a) GrUTER, MLXVII, i.
{^) Orsato , Monumeata Patayina»
i
508 CHAPITRE XCIV.
Au*dessus de l'autel à la bonne déesse, on lit
cette autre inscription ( i ) :
III *■
«■■MH
c.
FABIVS. C. LiBïfiRIVE»
InTiL
VI R.
AVG. C. I. P, AREL
Vives
FECIT. SIBI. ET. SV I S. eT
c. FABIO. L.
F. SECVïDO. PAR<>P^
ET, L. FABIO,
L. F. PR'MO. FRATR'
EIVS
R
M.
H. M. N. S.
C. (i) Fahtus T-îermh, affranchi de C. , sévir augustal de la colonie
JuKa Paterna d' Arles (i), a fût faire ce momiment de son vivant (4)»
â lui et aux siens, et â C, Fabius Secundus , fils de Lucius(^^ , son
patron , et à Lucius Fabius Primus ,fils de Lucius et frère de 6. Fabius,
Ce monument ne suit point t héritier (6).
Le dernier monument que nous vîmes sur Tesca-
5.
(i) DuMONT,xxvn, 4. Ma copie est plus correcte;.
(a) Caius.
(}) Colonia Zulix Paterna ARELatatsis.
(4) VI VOS pour vivus. Les exemples de cette orthographe sont
fréquens.
(5) Lucii Fili9.
(6) Hoc Aienumentum HeredeM Non Sequitur.
CHAPITRE XCl^* ^9r
lier est cette fcorne miiliaire ( i ) , (jui a été reprcfduhe
un grand nombre de fois :
r
\
SALVIS.DD.NN.
THfiOPOSlO. ÇT
VALENTINIANO
P. F. V. AC.TRIVM
semper^vg. xv
cons v1r inl
aVxtliaris PR
îh'ltETO. GALLIA
ARELATE MA
MILIARIA. PONI.S
MPI
UtiHBBMiliiiBMÊi
' (i) Pont. Ad itm. GalL Narhou. {>. 66. RlINBS, Varia Ltfit,
p. 6io. Gruteh, cLix, 8. Spon , MhcdL i66, Muratori^
Thés. 467, 5. BergieR, Grands Chemins^ U, 37. Maffei, ÇW.
anu 35. Maus. in Annal, BARON II, t. VU, p. 474- DONAT. 95.
Journal de Trévoux, 1701, septembre, iid, avec des notes de
COLONiA. UPS. Ana!. 30. Monte. Ant. expl. suppL IV, pi. 4?'
UrsAT. Lex. 219, mit Banduri, /^Jumim. U, 559. CUPER^
Epist, in M'scell Lips. nov, vôi. I, part. I. BREVAlV Remarh,
t. II, 176. J. .J. ScAUGER, in AUSON. Lect. Ub.II, cap. 1^.
■BoÛcuL,< horogr, de Prou. 307. Saxy, Pontif. Ard sS.SÉGUm,
Antia.it. d'Arles , 5 5. BoUQUET , Script, rer. Gallic. I, « «J^^r^-
^r. 135. Maffei, Ars cridca lapidaria, 4S^. V A?0^ . HuL de
Prwence, 5a. DUMONT , n.*» i<5.
îia CHAPITRE XCIY.
Du vwant de nos seigneurs (i) Théodose et Valenmlen , pieux ;
heureux, triomphateur [i], toujours auguste (3), consul (4) pour
la quin^éme fois , Auxiltaris (5)* homme illustre (6), préfet du pré-
toire (7) des Gaules (8) , a persuadé (9) défaire placer des milles entre
Arles et Marseille ( 10), Le premier mille commence ici {ii).
Cette colonne milliaire est placée sur une base
dont rinscrîption nous apprend qu'après avoir été
tirée des décombres , elle a été abandonnée pendant
cent ans à la porte du collège ; on y lit le noni des
consuls qui la firent relever en 1769 (12).
■■' ■ ■ I II ' ' I ■ ■ «Il — — —
(i ) DD. NN, Dominis nostris,
Ql) Pio, Felici, victori, TRIVJHphatori,
{3) AVGusto,
(4) CONSuli.
(5) auxiLIAKiS, C'est le nom ou le surnom de ce préfet dvt
prétoire.
(6) JNLUitris,
(7) PBafecto praETOrii,
(8) GALUArum.
(9) PONI Statuit,
. (10) MAssilia AitLLiABlA. Pontanus Usmî^mamillaria , et îf
i^egardoit ce mot comme ia traduction du mot theline, dérivé de
%xii [mamelle], smhom que les Grecs avoîent donné à Arles,
à cause de sa fertilité. Spon rend ce mot par matre, parce que
cette colonne peut être regardée comme ia mère de toutes celles
qui indiquent ia distance d'Arles à d'autres villes. Reinesius lit
maritima milliaria, et croit que cette borne marquoit les distances
maritimes. 11 est évident, ainsi que plusieurs antiquaires Tont re-
connu, qu'il est ici question des bornes n^iliaires qu Auxiliarisu
a ,fait placer entre Marseille et Arles.
(if) Aiille Passuum Unum»
(12) HOC AllLLlAHE, insignepropatria^onumentum,posts^cula
multa ê ruderitus erutum, et Jovi improho, attte ades sacras collegii.
« I
CHAPITRE XCIV. Jii
La tour de i'horloge a éié consertée dans le plan
de Mansard , à cause de sa beauté.
Contré le mur de la maison commune , du côté
de Féglîse Sainte- Anne , on voit cette pierre qu'on
appelfe vulgairement la coianàe Oonstantini (i ) :
mm
c
«il I I»***— .^t»
IMP. CAES.
FL. VAL
CONSTAN
TINO
P; F. AVG.
DIVI
CONSTAN
TI AVi£>
PII
FILIO
[l^VwVWVA/AWWWi
\
jper annos C fxposftum, restituendum curavere et erexere noh, GuII. de
Nicoîay eq,, Ant, Jos^ Yvan in sup. Aqu, cur, causidicus, Joan.
Bapt, Elsparvier et Ant, Jos, Fahre , Coss^ anno» MDCCLXIX,
(i) MURATORI, Thés. 258, 8; 260, i. SÉGVm , Antiq. d'Arles,
t. II, 2 d. Màn, de Trévoux, 1701, çcpt. ao8, avec des notes de
Çqlonu,
ï ' 1 î
^IZ CHAPITRE XCIV*
A l'mpmur.Césaç, Flavius VaUrius (i) Constantinus , piéux^,
heureux, Auguste (x), fils du divin Constance Auguste, pieux,
C^te colonne, dont il nie subabte qu'un frag-
ment , étoit probablenient plus longue : elle repo-^
soit sur une base . et elle étpit couconnée d'un cha•^
piteau qui portoit une corniche, sur laquelle étoit
peut-être la statue de l'empeE^UJC;^ ce n'étoit peut-
être aussi qu'une • colonne votive, qui ne portoit
pas de statue.
■^'^
(i) IMPeratori FLavio YAMtiff,
(i) pio, Felici, AUÇusto,
:^ . ■: ■ ■ • : -v.
CHAPITRE XCr,
jf-
Î'J
CHAPltRE XCV.
^A Tour Roland.— Aiiscamps, ou les Champs-
Elysées. — Chapelle de la Genouillade. — Les
PûTcelIets ; iear ch^elle. — Inscriptk>as. -^ .Canal 4e
Ja I>urance. — Agueduc. ~ Eglise Saiot-Honorat.
— Inscriptions. — Crypte. — Sarcoph^es.
Messieurs VinAN nous ^jrcygpsèrem de feîre avec
nous la visite die rauden couvent des Minimes , qui
lenferme un.jgrand nombre de mtinumens antiques ;
et ils voulurent bien diriger nos recherches , qui
durèrent plusieurs jours.
En sortant d'Arles, on entre sur une petite «çpja-
pade, que la maison de M. Pomme, célèbre mé-
decin , domine agréablement ; on remarque stw-tout
un petk édifice appelé la Towr Roland ou la Domi-
ftante (jft. LXVIII, fg^ 3), dom la façade est
formée de trois arcs placés i'un sur fautre : eile a
appartenu à Tancîen théâtre, et c'est une portion du
portique qui étoit placé derrière fa scène.
A pçine a-t-on passé cetjte ^pbnade , qu'op se
jrouve dans une plaine assez étendue ; tout y porte
Famé à h méiancolie et k la réflexion. Non loin du
lieu où Tonfouoit les chefs-d'œuvre de Plaute et de
Tërence , et sans doute aussî^de grossières atel-
lanes , la terre est jonchée de tpmbes antiques jetéip
Tome III, X Je
5l4 CHAPITRE XCV.
l^éle-méle, comme si le terrain avoit éprouvé quelqae
catastrophe physique : on croiroit que ce lieu a
été soulevé et retourné plusieurs fobpar un trem-
blement de terre ; mais ce bouleversement n'est dû
qu'à l'avarice des hommes ^ et non aux ravages des
élémens. I^ mahi sacrilège des spoliateurs a brbé
les couvercles d'un grand nombre de sarcophages;
ou en a rompu les extrémités , pour dérober les bijoux
précieux qu'ils y croyoîent renfermés : quelques
urnes de terre ou de verre, qudques lampes (i) ,
sont ies seuls trésors qu'ils y aient découverts ; leur
cupidité trompée s'est changée en fureur , et leur rager
est encore attestée par la manière dont ces tombes
ont été jetées sans ordre les unes sur les autres.
Cependant qudques - unes sont d'une grandeur et
d'un poids si énormes, qu'on n'a pas tenté de ies
déplacer. Beaucoup de sarcophages consacrés par
l'amour conjugal , la tendresse fraternelle ou la piété
filiale, ont été emportés entiers pour être employés
à des usages domestiques, et contenir le vm, l'eau ou
l'huile , servir au blanchissage ou à la préparation dit
brûlant salpêtre, qui en à corrodé les ornemens : des
amateurs des arts eh ont retrouvé plusieurs dans les
( i ) Une ancienne tradition veut qu'on y ait trouvé des iiunpe^
perpétuelles; mais on rcconnoit aujourd'hui; que l'existence de.
ces lampes est impossible^ et l'on sait à quel phénomène on dcût
attribuer ce qu'on en raconte. Je Tai indiqué dans mon DicdoMn
$tétire J^i kaux-am, ardcle LAMPES,
CHAPITRE XCV. 515
celliers , les cWsîriès ou les ateliers^ , et en ont
décoré leurs musées ; l'on en conserve à Lyon ^
à Aix, à MarseiBe(i) ; je les ai décrits précédem-
ment. Malgré' ces spoKations^uccesèîves , il en
reste encore un très-grand nombre que Ton voit
hors de la terre; pilusieurs y sont sûrement encore
, enfouis (i). L'administration municipale devroît
empêcher, par-totis tes ttioyens qui sont eh soii
. (1) Voyi^h note suivante» ■
{1) Charles IX et Carficrme de Médicis /étant à Arïes , dSoîi^
lièrent plusieurs tonïkeaux au duc de Savoie et au princcrde
Lorraine, Le monarque français et sa mère firent enlever liuit
tolonnes de porpTiyre et plusieurs beaux sarcophages pour les
transporter à Paris ; niais fe bateau fut submergé *au pont Ha
Saint-Esprit, et Je IVhâncb recèle encore ces oijj^sîprécieux. Lé
cardinal Barberin a aussi obtenu de fa viite cJ^Airles la permissioa
d^cnievcr plusieurs beaux tpmbeaùx,quH fît transporter en Italie,
En 1 635 , ie marquis de Sairit-Chamont en reçut treize en présent
du corps municipal.On en donna trois autres , en iC^o, à Aiphdnsè
du Pkssis, cardinal ardieveque de Lyonj. ils furent placés dans
sa maison de campagne : celui où l'on a sculpté la chasse de
Méléagre, tt qiie fs.rdéctitytomeI:'r\ page fjf, était peut-être
de ce noinbre. M*; de.Pç^ussis en a obtenu un pour lui servir de
tombeau; supra, ^, U^ p. ^5^1 MM. de Pçiresç de. Bon, ^^leur
de Fpurqûes, le comte de Berton-Crillon,, le marquis d*An(ani
le marquis de Caumont,, M. le Bret, intendant de Provence,
M. Seguin , ont aussi enlevé des tombeaux et plusieurs curiosités
tirées des Champs-Elysées. Un des plus curieux, sarcophages
d'Arles , consacré à Memprius , comte de la Mauritanie , a été
emporté par les ordres de M.Charles Lacroix, alors préfet', et est
aujourd'hui un des principaux ornemens du musée de Marseille j
^uprâ, p, 151.
z k z
/•
jj^ CHAPITRE XCy.
pouvoir , qu'oa «'enlève îi l'a¥ wff . auorn de «i
tombeaux (i).
Les lettrçg d H (2) , les fc^mulas dfô iœ<;ripiîaps,
Je$ histoires qui soot représentées sht iés sarcophages ^
fout prouve que c^, cimetière ^^ d'abord été coni-
sacré par les païens ; il a ensuite servi |i recevoir de$
tombes chrétiennes. C'est pourquoi, on a conservé
^ ces lieux le nom SAliscamp^i^^xPl-iki^yChAmpt^
Éiysées 'x) : on croit y voir errer autour de soi le$
mâiies des premiers habitans de la colonie arlésienne ,
çt ks âmes des fondateurs du Uiristiani^me dans cette
partie des Gaules,
Une petite chapelle gothique, ^ demi ruinée^
placée sur le chemin de la Crau , afoute encore è
i'efïet pittoresque de cet élysée : elle est déd^ à
S. Jacques et k S. Philippe. La CTOyance vulgaire
est que Jésus - Christ parut lui - miait au fniliea
des prélats qui b oonsacièrent, pour bénir ce cîme^
tière, et qu'en se baissant il laissa sur une pierre
(1 ) M. k préfet èa département dv RhSiie vrent de rendre une
ordonnance pour «npêcber k destruction des beaux aqueducs de
Lyon. Je me plais à penser que hion article relatif à cts aqueducs
^, éveillé Tattention de ce magistrat sur cet obfet, et proroqué
cette dédsion.
(a) Dits Aîanthus,
(3) Il y a un endroit particulier où \c$ tombes «ont plus nonx^
breuses et les unes sur les autres^ et qu'on appelle k Champ tUs
Mânes.
Teiripreinfte de son genou : €^?st pourquoi cette
diapelle est appdhée la Gencuiltade.
L'intérêt , cfê^ exdté par les souVenks d'utie hautef
antîqnhé et tes semknens religieux , s'accroh eti'-
core k la vue d'un autre monument ^ qui est sur W
diemin é^Arles aux Môumes ; c^est amsi une dia*
pelle, mais si petSte et d'une si bumble apparence ,
qu'on* la croiroit peu digne d'être un des sanctuaires
de h Divinité : combien cep^dant son importance
est relevée par te nom de ses fondateurs , de ce^
Porcellns , si riches , si valeureux , dont on raconté
tant d'actions héroïques ! On se rappdie ce bravé
Guilfaume des Porcellets , seigneur en partie de h
ville d'Aria et baron de Provence, qui avoit voué
ses services à Ric^aM , roi d'Angleterre , si bien
nomtife Cmr-àe-limf et qui sauva la vie à son illustré
mahre. Ridiard éloit tombé dans une embuscade :
des Porcellets s^écria, Je suis It tri, et attira ainsi sur
iai toUs les dards des Sarras&)s. Le sultan Salacfin,
ami de la vaillance et de fhimlanfté , au lieu de punit
ce vertueux mensonge , fit à son nobfe prisonnier
le traitement le plus distingué ; et Richard , pour
témoigner f estime qu'if lui pôrtoît , donna pouf sa
^nçon dix des plus riches et des phis puissant
chefs qui étoient en sa puissance. Lé nom de Por-
cellets étoit devenu si célèbre et si respecté darm
rOrient , que les sultans , pour la garantie des traitas,
demandoient la remise de.^ces iiAportames ,. des
jiS Chapitre, xcv;
otages , ou la parole d*un Porceileu. Enfin ^ cfehs f hor-
Tible massacre des vêpres siciliennes , Guillaume III
des Porçeilets" fm le seul épargné , à cause de i'kn-
pression singulière que sa veiftu avoît faîte sur Tes-
prit du peupie, ' . i . •
On voit aussi près de là une pdite, reste vénérable
de l'antique monastère qu'on prétend que S. Césaîre
fonda dans le yi/ siècle,
Les monumens de la religion sont augustes ; ceux
de l'héroïsme militaire sont brillans : mais ceux qui
rappellent le dévouement de l'homme compatissant
et sensible, ont un charme qui ne tient ni à la
durée des temps , ni aux opinions. Celui qui visi-
tera Arles avec mon ouvrage, me' saura gré sans
doute de l'avertir de s'arrêter devant un humble
tombeau de forme pyramidale , qui est peu éloigné
de la chapelle de la Genouîllade. Là furent ensevelis
les consuls généreux , les prêtres dignes de leur noble
ministère, les hommes charitables et vertueux, qui
ont feit le sacrifice de leur vie pour assister , con-
soler , servir leurs concitoyens pendant la peste de
J720 (i).
Près de la chapelle des Porcellets, nous lâmes
cette inscription (2) sur une tombe que Julîa Zozime
avoît fait faire de son vivant pour elle et pour
C. Pomponius Polycarpus son mari :
(i) Infrà, chap. G.
{%) DVJAOiiT , SjKUcU , 100.
ilil iMM" Il
- ■«^
Chapitre xcv.
5»jr
I
»
i
lYLlA. ZOZIME
C. TOMPONIO. POLY
CARPO. MARITO. PIEN
TISSIMO
ET^ SIBI. VIVA. POSVIT
Le canal de dérivation de la Durance , qui sert
aux arxosemens d'une partie de la vaste plaine de
la Qrau et des environs de ia ville d'Arles, passe
près du couvent des Minimes : ce canal est entre-
tenu , par une compagnie , avec un grand soin. A
quelque distance de là , du côté de l'ouest , ce même
canal coule dans une espèce d'aqueduc soutenu par
une rangée de quatre-vingt-quatorze arcades , et
qui a été bâti sur un ancien aqueduc romain. Ce
canal est une suite de celui de Craponne.
La porte du couvent des Minimes est entière-
ment dégradée. L'église étoit consacrée à S. Honorât ,
dont on venoit y révérer le tombeau. On attribue
sa fondation à S. yirgile, dans le vil.* siècle. Elle
, est à trois nefs : sa forme est très- irrégulière ; il
*
n'en reste plus que les murs , sur lesquels , malgré
les mutilations opérées par le sabre des soldats de
Farmée révolutionnaire et les dégâts qu'y font les
enfans , on aperçoit encore beaucoup de monumens ,
Kk 4
jlO CHAPITRE XCV.
qui presque tous rappellent les prmcipftuz traits de
l'Ecriture sainte. On pourroît y faire un cours inté-
ressant d'histoire sacrée y en observant lés idées que
les premiers chrétiens avoient sur certaines traditions
aujourd'hui contestées, et la manière dont leurs ar-
tistes représentoient les événemens qui s'y rapportent ;
on y puiseroit aussi beaucoup de détails r'^Iatifs aux
mœurs 9 aux usages (i) et aux costumes du temps.
Le monogramme du Christ ^pl. LXJV, fg, 2) ,
renfermé dans une belle couronne de chêne et em-
porté dans les airs par l'aigle romaine , qui le tient
dans son bec et dans ses serres, est une nobfe et
belle allégorie du triomphe du christianisme , dont
tout rappelle ici les premiers temps. Ce fragment dé
bas-relief est au-dessus du bénitier.
Sur un pilier de la nef on lit :
VIII: Kt : OCOBRIS: OBI
IL î PONCIA: ^E: AQVE
RIAî ANNO: ^OrtlII/ICE:
INCARNALIONIS: Oî : G: h
XXIIil: ORATE: PRO: EAÏ
^
•♦r*
w*m
'^tmmmmmrm'm^
J
ï£
(1) Vqyei ce que far déjà dit, tome /, page pB , et tome III,
pa^e 16^, sur l\itHîté et fimérét àti monumews eftretieiw.
^ki
i
CHAPITRE XCV. J2r
Ponce d^Aigaières , qui est morte le 8 des fcalendes
^octobre de Fan de Fîncarnatîon 1174» devoit être
nièce ou peut-être fille de Polis d'Aiguières , consul
de fa viife en 1 1 78 , et parente d'Imbert d'Aiguières,
<|ui fut nommé archevêque d'Arles en 1 190.
La première chapelle, à l'entrée, étoît celle de
Renaud d'AHein. Nous y remarquâmes un beau sar-
cophage cfirétîen*en marbre (pi. LXIV,fg, ^}, sur
kquei on voit , à droite , Moïse qui fait sortir l'eau
du rocher : les Hébreux, q\ii se désaltèrent, ont un
bonnet pareil à cekiji que nous avons déjà observé
sur un sarcophage du musée de Marseille ( i ) ; ce qui
confirmel'explîcation que j'en ai donnée. II paroît que
ce bonnet étoit particulièrement en usage panni fes
Juifs, au temps où ces sarcophages ont été sculptés.
Le second groupe nous ofFre Jésus-Christ entre ses
£scipIeS) et tenant le livre de fa loi : des deux
apôtres qui sont à ses câtés , celui qui est imberbe
est probablement S. Jean fils de Zébédée; et celuî
dont une barbe épaisse omlA^age le menton, doit être
S. Pierre : tous deux étoient les disciples les plus
chéris de Jésus-Christ. Plus bas est le paralytique
qui emporte son lit après sa guérison. Plus loin , le
prince des apôtres est mieux caractérisé par le coq qui
' (t) On le remarque encore sur d'autres monumens. BoTTARI^
pt XXXII, .XXXVI et XLI, et BuONAROTTi, Vetri antichi, p. i-
Jc8BS«>Clirist » sur ies sarcophages chrétiens , est quelquefois faw
même i^ifFé d'un bonnet semblaMe. BottaW, XXXI et CXXKV.
522 CHAPITRE XCr.
raccompagne : il proteste à Jésus- Christ de ne pLtnaaf
l'abandonner; et Jésus-Christ hii annonce qu'avant
le chant du coq il Taura renié trois fois. II est pro-
bable que sur la partie fragmentée, à gauche, il y
avoit un corps enveloppé de bandelettes comme les
momies , et que le groupe qu'on y aperçoit , repré-
sente la résurrection de Lazare, ainsi que nous la
verrons figurée ailleurs. Plus près est la multiplica-
tion des pains et des poissons : ordinairement Jésus-
Christ touche les pains avec une baguette ( i ) ; -pour
prouver la pubsance de Dieu, l'artiste a figuré le
miracle de la multiplication déjà consommé , et a fait
voir les paniers dans lesquels les apôtres recueillirent
les restes. Le nombre des paniers est de sept, con-
formément au récit de S. Marc (2) ; ce qui prouve
qu'il est ici question de la seconde multiplication ,
qu'on regarde comme un symbole de Feucharistic.
' Jésus- Christ bénit les pains et les deux poissons ,
an y imposant les maiiïs avant de les distr9>uer :
(1) BOTTARI, pi. LXIX.
(2) £r sustulerunt quod superfuerat de fra^enth f septem sportas
( Marc. Vlll, 8 ). S. Mathieu et S. Je*an disent qu'il y en avoit
douze. Et tulerunt reliquias , duodecim cophinos fiagmentorum pîenos
(Math. XIV , 20). jEV impleverunt duodecim cophinos fragmentorum
ex quinque panibus hordeaceis qua superfuerunt his qui tnanducayerant
(JOH.VI, 13 ). — Je ne sais pourquoi BOTTARI sur un autre
sarcophage, S culture sacre j 1 , 169, ne voit, que six pains ;îi 7 en
a sept comme ici , six à terre et un dans ics mains d'un dei soi*
vans de Jésus-Christ,
J
CHAPITR]^ XCV. 525
ide là est venu Fusage , très-ancîen dans FEglise ,
de présenter le pain bénit* Jésus-Christ est encore
ici sous une arcade soutenue par deux colonnes ;
il étend les mains, et paroi t recommander à celui
qui tient un rouleau, et qui est peut-être eocore
Tapôtre S. Jean , de publier la loi de Dieu.
. Dans l'escalier des catacombes il y a un sarco-
phage de marbre, où les histoires sont encore- plus
nombreuses ( pL LXVIl , fg, i) : il est partagé
en deux bandes ; ce qui annonce qu'il étoit destiné
à recevoir deux corps (i). Le milieu de la bancfe
supérieure est occupé par une coquille, dans laquelle
on voit deux personnages , sans dcmte celui quÎNjr
a été inhumé et son épouse : celle-ci porte au cou
un collier , et au bras gauche un bracelet ; elle pose
la main sur Tépaule de son mari , qui tient un
rouleau. ^
Examinons actuellement la série des histoires , en
commençant de gauche à droite. Le premier groupe
est composé de quatre figures : un vieillard assis ,
vêtu d'une tunique et Swxipallium , drapé à la ma-
nière des philosophes grecs , reçoit l'hommage que '
lui présentent deux jeunes gens ; l'un est Caïn , qui
apporte au Seigneur les fruits qu'il a fait produire
( I ) On les appeïoit hisomum , trhomum et quadrisomum , seion
qu'ils étoient destinés à contenir deux, trois ou quatre corps.
BoTTARI, Sculture, pi. XXXIX.
524 cmapitke tcy.
à kl teire , fécondée par ^n (ra?aH ; YnntÉe est Abet ,
qui se -livre à la vie pastorale, et qui offre un des
premiers nés de son tfoupeau (i). Dieu semble re-
garder Abel avec plus de complaisance» quoîquH
soit plus éloigné de lui que Caïn son aîné , et il fève
les mains pour bénir ses dons (2}. Caïn et Abeî, l'un
agriculteur et f autre berger, sont vêtus de la tu-
nique retroussée que cène classe dTiommes portoic
ftu temps où ce sarcophage a été sculpté. Nous
▼oyons souvent le è^n Pasteur représenté de la même
manière. On ne peut bien déterminer quel est fe
vieillard que le ^cuIpteur a placé derrière Timage de
Dieu, que, selon f usage ordinaire, il a fiiit plui
grand que les autres hommes. ; ce île peut être
qu'Adam, puisque lui et ses fils étoient alors lei
^euls hommes qui fussent au monde.
Ces histoires sont placées sans ordre ; de sotte qui
cette première §cène, qui nous reporte au berceau
du monde, succède Tarrest^tion de Jésus- Christ par
les Juifs 4ans le fardin des Oliviers : les bonnets dont
sont coiffés ceux qui raccompagnent , caractérisent
les Hébreux , comme nous l'avons déjk vu, et servent
(i ) FuU aueem Abelpastor opium, et Coin agricola, Factum est au-
tem post muitos dies utofferret Càin dejructibus terra munera Domino;
Abel quoque obtulit eU yrtinogtnitis gMgn suu Gènes. IV 9 2*4.
(a) Respexit Dominus ad Abel et ad munera ejus ; ad Gûn verè a
ari munera illius non respexit. Ibid. 4, j.
■— i
GHAPITRC XCV, 52J
ici à Texplicatioa àe ce groupe. Lei sarcophages
chrétiens nous offrent plusieurs autres exemples des
sujets de l'ancien et du nouveau Testament ainsi
inélangés.
C*est encore au nouveau Testament qu'appartient
ja scène suivante : Jisus guérit^ en Im touchant les
yeux y l'iay^ugle ^e Jéritho , appelé Bartimée ( i ) ; 1»
n^aîn droite , dont celui-ci porte ordinairement son
Mton, est cassée ; Jésus tenoit un rouleau dans la
inain droite, pour prouver que ce nûrade ne se hir
tsoit qu'en confirmation de l'évangile ; et c'est pour*^
iguoi l'on voit un de ses disciples derrière ^ave^g{e.
Nous aperçevons^nsuite Moïse vêtu de la tunique
et du manteau; il a un pied sur une pierre pour
indiquer qu'ii est sur ie mont Sinaï : il reçoit de Dieu
même les tables de la lot L'Éteinel est figuré par
une main qui^ sort de la nue ; usage qui s'est con^
serve jusque dans le moyen âge, et auquel nou$
devons le symbole impérial qu'on appelle main
de justke (z). Quoique les premiers , chrétiens figur
rassent très-fréquemment les anges avec des fonit^
humaines^ ils avoient un grand éIoigneme;nt potîir
représenter ainsi Dieu lui-même.
C'est encore la main de Dieu qui retient le glaive
avec lequel Abraham, soumis à la volonté céleste,
(i) Marc. X, 4«.
(s) Dktmtmirif daitm^Mm^ au mot MAt-if.
^l6 CHAPITRE XCV,
va sacrifier son propre* fils sur un autel. Ici le
sculpteur s'est- éloigné du récit de l'Ecriture : Fautel
est une pierre- carrée , sculptée selon l'usage des
Romains ; le feu brûle dessus , et Isaac est au pied ;
tandis que l'Ecriture dit positivement qu' Abraham
plaça lui-même son fils au milieu du bois qu'il
aVôît- rassemblé sur l'autel. Les pierres qui s'élèvent
derrière, indiquent la montagne qui avoit été dési-
gnée par l'Eternel pour ce cruel sacrifice; Abraham
est accompftjgné de deux serviteurs ; et cependant î£
les lai^à au pied dé la montagne j sur laquelle 3
monta seul avec son fils, qui portoit lui-même lé
glaive dont il devoir être firappé et le bois qui
étoït destiné à le consumer. Nous rie voyons pas rcî
le bélier qui fut -immolé à sa place. Celle histoire
se retrouve sur un grand nombre de sarcophages ,
mais toujours avec des circonstances variées selon le
goût d^ chaque sculpteur.
Lesr~ groupes^ dont se composent les deux scènes
que Reviens de décrire , nous fi^nt voir , des deux côtés
de la coquille qui contient les bustes , deux repré-
sentations symétriques; et c'est sans doute parce
qu'elles forment ce que nous appeloris des pendans ',
que l'artiste les a placées ici.
, Nous voyons encore le miracle de !a multipli-
cation des cinq pains. d'orge et des deux poissons,
avec lesquels Jésus-Christ nourrit, à Qethsaïde., plus
de cinq miilè hommes, sans compter les femmts. et
CHAPITRE XCV. 51/
ïes enfîins{i). II impose lesnîains, ainsi que nous
l'avons vu, pour opérer ce prodige.
La figure qui est assise à l'extrémité, termine cette
suite de scènes de l'Ecriture , comm^ figure de Dieu
recevant les dons de Caïn et d'AljflB^a commencée.
C'est donc encore un pendant placé là pour la symé-
trie : mais quel est le sujet qu'on y a représenté î II
paroîtque c'est le malheureux Job, déjà frappé par
la main de Dieu , couvert d'ulcères , et assis sur uti
monceau de cendres : près de lui on voit deux des
trois amis qui étoient venus le visiter ; ils sont coiffés
du bonnet qui caractérise les Juifs : celui dont la
main est étendue, est probablement Éiiphaz ou Sor
phar , qui reproche à Job son impatience , et hxi
dit que nui n'est puni de Dieu sans avoir péché (2) ^
ou peut-être Bîldad, qui lui conseille d'espérer la fin
de sesanaux (3).
Le groupe qui commence la série inférieure en
partant de gauche k droite, nous fait voir la chaste
Susanne; elle est souvent représentée, comme ici, la
tête couverte d'un voile (4) : les arbres indiquent le
verger dans lequel cette jeune femme fiit surprise
par deux vieillards ; on n'en voit ici qu'un. Le
*•-*■
(1) S, Math, xiv, 19. S. Luc. ix, 13. S. Johan. vi, 6.
{a) JoB, IV, xr.
(3) Uem, VIII.
(4) BuONARQTri I Vetri antichi , page i ; et BOTTARI, pï.
%xxiu
528 CHÂPITJl£ KCV.
niiracle de Feau changée en vin aux aoces <fo
Cana , vient après : probablement le Christ tenoît
à la main la baguette avec laquelle on le voit tou-
cher I^ vases Mjt4'autres sarcophages ; il paroît <|ue
ces vases étouJp^'une pierre creusée. Il n'est p^
aisé de détennuier ce que signifie le serpeiu entor^
liflé autour d'un arbje , devant Jequel est un bomine
vêtu de la tunique et du fmUmm, Ce serpent n'est
pas asseK élevé pour être le nehustan, ou serpent
d'airain , que Moïse éleva dans le désert, Bottari, en
'expliquant un groupe à-peu^près jemblabte (t^, a
pensé que ce .pouvok être le serpent qui étqît a^oré
par les Babyloniens, et que Daniel fit mourir en lui
donnant un gâteau composé de poix, de graisse et <fc
poils (2). Ce seroit donc le^ophète que notts ver-
riiMis m au moment de présenter au dieu de Baby-«
lone ce fatal mélange. Cette explicatbn est , du
reste, très*conjecturale.
L'histoire de Jonas, si connue et si fréquemment
répétée sur les sarcophages chrétiens ( j) , vient en-,
suite. La barque est montée par trois raatdots ; ils
sont nus, afin d'être plus en eut de faire les manœuvres
néce^res pour échapper et l'horrible tempêie qui
menace leur vie : deux font mouvoir la rame; celui
qui est dvis le milieu et qui paroît s'arracher les
(i) Sculture Cfistiane, pf. XIX.
(3) Suprà, page 177.
'*^ cheveux ^
CHAPITRE XCr. 52^
rfieveux , est celui qui a été chargé d*exécuter l'arrêt
ifàtal , et de jeter Jonas à la mer ( i ) : près de la
barque est le grand poisson que Dieu avoît destiné
pour engloutir le malheureux prophète (2). A peiné
le corps de Jonas sort- il de la barque, qu^il est déjk
avalé : plus loin le monstre lève la tête pour fairô
pénétrer sa proie plus avant., A droite de la barque,
on voit, encore ce même poisson qui> selon Tordre de
Dieu, rejette de son sein le prophète, après Ty avoir
conservé vivant pendant trois jours (3). Ici le sculp-
teur a réuni deux circonstances : Jonas est représenté
couché sous un arbre ; le prophète nous apprend lui-
même que Dieu., irrité une seconde fois de ce qu'il
n'avoit pas trouvé son arrêt contre Ninive assez sévère^
fit croîti'e pendant son sommeil un arbre (4) qui le
couvroit de son ombrage , et qu'il envoya ensuite iiil
ver qui fit périr cet arbrei L'artiste a figuré Jonas
près du monstre qui l'a vomi et sous Tarbrr^ qui le
protège > sans considérer le temps qui s'est écoulé
dans cet intervalle. Quant à la nature de la plante
itLpY>e\ùe>kikaion, sous laquelle Jonas s'endormit, S. Jé-
rôme et S. Augustin ne sont pas d'accord : le pre-
mier veut que ce fût uiie eucurbîtacée, et le second
dit que c'étoit un lierre. Les Septante , partageant
l'avis de S. Jérôme , prétendent que c'étoit une
(i) Jonas, î* (3) Um^ nu
(1) Idem,lU (4) Jdem, IV*
Tonti nié 1* I
530 CHAPITRE XCV.
coloquinte ; et plusieurs bas-reiiefs nous rq>résentent
Jonas endormi sous un arbuste dont les fruits , sem«
biables à des coloquintes, menacent son nez de leur
chute. Les commentateurs plus modernes pensent,
avec raison, que cette plante est lepalma Christi ( i ),
qui s'élève très-haut dans iïgypte et dans la Pales*
tine, où, du temps d'Hérodote , on le nommoit
kiki (2) , comme on le fait encore à présent. II pa-
roît , par la forme des feuilles , que le sculpteur
s'est ^conformé à la tradition qui faisoit regarder cet
arbrisseau comme un lierre.
Derrière est le Seigneur, qui étend la main sur
Jouas y et qui ordonne au ver de Êiire périr le végé-
tal sous les feuilles duquel le prophète a trouvé un
abri.
Plus loin Adam et Eve sont punis de leur déso<^
béissance; le serpent qui les a trompés, rampe autour
de l'arbre de la sdence du bien et du mai ; honteux
de leur nudité , ils se couvrent de leurs mains. A
côté d'Adam est une gerbe de blé, pour annoncer
qu'il ne devra plus désormais sa subsistance qu'à soU'' •
labeur.
Daniel dans la fosse aux lions termine cette sculp^
ture : il est nu , et étend les bras pour demander
au Seigneur qu'il le préserve de la fureur de ces
(1) Ricinus communes.
(jj Herod. h, 94.
ftrlimaujc (i). L'Écriture dit que les lions étoient au
nombre de sept; maïs les peintres et les sculpteurs
n'en représentent ordinairement que deux (2)» L'un
des hommes qu'on voit auprès de lui , est probable-
ment Habacuc, qu'un ange avoit transporté dansBa^
bylone pour quil doimât à manger au prophète (3) ;
l'autre doit être Darius le Mède , qui vient voir si
Daniel a été dévoré , et qui s'étonne de le trouvei"
encore vivante Le prophète a les mains étendues pout
prier le Seigneur. Eusèbe dit (4) en effet que Darius
le trouva dans cette attitude. Cette histoire , ainsi que
celle des trois jeunes hommes dans la fournaise , est
très-commune sur les sarcophages ; on les regarde ( j )
comme des allégories de la constance avec laquelle
le vrai chrétien supporte les plus cruelles persécu^
lions.
Les histoires figurées sur ce sarcophage ne sont
}x>int9 comme on le voit, classées dans un ordre
chronologique ; le sculpteur a plutôt cherché la
symétrie en opposant toujours les groupes les ims
aux autres : ainsi la barque occupe le milieu; de
chaque côté, les monstres, les arbres ^ les person-*
nages , sont placés en opposition*
un t ■ I wn
(1) Daniel, VI, 14.
(a) BOTTARï, Piûurt sactt, II> J # 32 , CC» 104*
(3) Daniel, XIV, 37 > 39.
(4) EUSEB. Orat in SS. Gret, cap. 17.
(5), S. Clem. SfiiU I ad Cmnth. Xk."* 4J.
t.
532 CHAPITRE XCV.
L'inscription suivante est dans l'enceinte de Té-
,glîse : le marbre qui la contient, sert de rampe à
. Tescalier du grand autel ( i ) :
OPTATINE RETICI
AE SIVE PASCASIE ÇONI
VGI AMANTISSIMAE EN
NIVS FILTERIVS SIVE
POMPEIVS MARITVS
POSVIT SEPVLCRV
M CVM QVA YIXIT
ANNIS OCTO MEN
SIBVS NOVEM ET
DIBBVS DYOBVS
(
A Optdûna. RtticicL ou {x) Fascasia, sa tendre épouse , Ennius
(i) Voycx GrUTER, DCCCXIH, 9, peu exacte; Hist, de
VAcad. des inscript, t. VII, 249, pius exacte; Maffei, Gall.
Antiq.; BouCHE, Chor. de Prov. 311; DuMONT, Inscript, n.** 1 58.
{2) Sive. Les noms des Romains étoient quelquefois doubles ;
alors ic second est mis dans les inscriptions avec les formules
quiet, quiet vacitatur, sive.Mnsi on WtPrastus QUI ET Vespasianus
{MaRINI, Iscrix. arval. 182); C. Maniius Januarius QUI ET
VOCITATUR Asellus ( id. 505 ). De thème filterius est aussi appelé
Fompeius, et Reticia ai aussi nommée Pascasia. •
FHterius ôê Pompdusa ^érigé a sépulcre^ après avoir vécu nPtc elle
huit ans neuf mois et deux jours ( i ). ^;
Isfous vîmes en face un sarcophage' de /marbre
(pi. LXlVfJig. j^), remarquable par ses scùlpturesi
Au mflieu est Jésus-Christ sous un portique dont
la corniche et l'architrave sont chargées d'ôrhemensi
Cet édifice particulier marque sa divinité. Le Sau^
veur, dans I^atûtude d'annoncer la parole de son père ,
est sur la montagne sainte, d'où coulent les quatre
fleuves auxqilels'Ies chrétiens , figurés par quatre
agneaux, se désaltèrent; derrière lui sont des pal*
miers , symlx>Ie du triomphe de h^ foi, II remet k
S. Paul (2)révahgile, pour que celui-ci le prêche par
toute la terre. Le reste de la composition est partage
en quatre arcades : sous celles cjui sont à la droite du
Christ, on voit probablement S. Paul et S. Jean ;
dont Tun porte une croix , l'autre un rouleau ; et soû«
celles qui sont à gauche, S. Pierre et S. Jacques ,
qui tiennent également un rouleau. '
Derrière les apôtres on voit aussi des palrafeTs
chargés de fruits; au milieu d'un de ces palmiersvii
gauche , est le phénix. Les connôissances eti^ histoire
naturelle étoiént encore si peu avancées , que les pre-
miers chrétiens àvdîent adojrté les fables accréditées
par une antique tradition sur cet oiseau imaginaire :
(i) A la dernière iignc , fc sculpteur a mis par erreur vrBBVX
your DIEBVS,
(») Supm, t. M, p. 2^9, note t.
1.1 5
\
Jj4 CHAPITRE XCY.
elles sont même répétées par plusieurs Pères de
l'Église. On croyoit qu'il avoît la faculté de renaître
de ses cendres , et il étoit regardé comme un sym-
b^ de h résurrection*
Dans les niches des extrémités » on reconnoit
deux scènes de la Passion. A gauche » c'est la der*
Bière cène : Jésus-Christ va laver les pieds à Simon
Pierre. Cette action est très-bien <;aractérisée pat
Festrade sur laquelle est S« Pi^re , et où l'on voit une
dts sandales qu'il a quittées ; il a les pieds nuds; le
vase rempli d'eau est au bas de l'estrade , et Jésus^
Cbrbt se baisse pour commencer cet acte d'humilité.
Dans l'arcade opposée , Jésus-Christ est condait h
Pilate ( I ) : celm^ci esc vèfu de la cuirasse, du pa/u-'
dflmint , et couronné de laurier comme les empereurs
romiains (2) ; la tour qui est derrière lui, désigne la
ville de Jérusafem.
Les colonnes qui supportent les arcades , ont
toutes des chapiteaux ccnrinthiens ; mais leurs futi^
difi^rent beaucoup par les ornemens ; deux de ces
colonnes sont cannelées et rudentées, deux son^
torses , et deux sont couvertes de feuillages qui s'en*
trelacent^ Les arcades sont richement décorées de
moulures. Aux deux extrémités sont des tritons qui
sondent de la conque ; entre les autres cintres il y a
des coquilles au milieu de dauphins : ces symboles
•
^W— ^ I ■— — ii.1W— *— Il I il II l|li I I ■ ■■
ÇHAP|TRB X€V* J}J
inariiis annoncent que la parole de Di^ franchira les
mers pour étrefeçue des nations les plus éloignées,
£n montant les cinq marches de Tescalkr qui
conduit au tombeau de S. Honorât , on voit à gaucl^
et à droite deux moidés d'uii , même sarcophage.
Ce tombeau {pi: LXVII, fg. 2), d'une forme et
d'une distribution élégantes , présente cinq arcades t
dans le mffieu est le Sauveur du monde , qui montre
le ciel à ceux qui recevront la loi de Dieu ; dans
chacune des deux arcades qui sont à ses côtés , il y a
un groupe de tiois personnages ; Tun représente
Jésus-Christ arrêté dans le* jardin des Oliviers , et
l'autre le moment oà on le mène à Pilate. Peut-être
doit-on plutôt rec^inoître ici l'exécution de l'ordre
d'incarcération qu'Hérode , dans la vue de plaire aux
Juifs , avoit décerné contre S- Pieire et d'autres dis-
ciples de Jésus-Christ ( i } : ce qui peut le &ire [N'ésur
jmer, c'est que les deux autres histoires sont relatives,
à cet apôtre. Dans la dernière arcade à gauche , on a
figuré son reniement ; et dans l'autre arcade à droite ,
Dieu qui lui remet les clefs du ciel. Quoique l'on re-
présentât autrefois les apôtres sans attributs ^ et qu'il
ne leur en ait guère été donné que vers la fin du XI v.*
siècle, ce signe distinctif deS. PÎCTre est très-ancien :
on le trouve sauvent sur les verres peints et sûr les
mosaïques; mais il est rarement sur les sarcophages.
i^mm^t^mi^mÊmmammmmÊmmtmmmimmmmm^mi^mmmmmmmmm
( i) Acia apostol XII*
xI4
^^Ê^^m-,' *----b^... - fc ^-„j^,^^g^^Jg^|^,^.^^^^,,,^|^J
j3(J CHAPITRE XCV^.
A chacune des extrémités de la partie supérieure dé
celui- ci , il y a des tritons qui sonnent de !a conque ( i ) 1
etentrelesarcs^en voit des colombes quibecquètent
des rabins dansxies paniers renversés (2).
Dans la chapelle spécialement consactëe k S. Hono^
rat , on voit encore un sarcophage {pi. LXIV,fa. j^.
Ce monument avoît un- double droit à la vénéra-
tion des Artésiens ; it servoit d'autel à cette chapeHe,
et j d'après une ancienne tradhion , c'étoit le tombeau
de S. Honorât , qui, après avoir* peuplé de pieux
solitaires les îles de Lérins (3), avoit été élevé au
siège d'Arles vers 4^28 (4). L'histoire des premiers
ternps de l'église d'Arles est trop obscure, pour que
cette tradition puisse être confirmée par des témoi-
gnages authentiques ( J ) 2 cependant elle semble
ajouter à la sainteté du lieu et en rendre le sanc-
tuaire plus auguste et plus vénérable. Cette tombe
est d'ailleurs fort simple ; elle esi ornée de cannelures
en spirale : au milieu on voit Jésus-Christ, et aux
(1) Suprà, p. 534,
(3) Suprà, p. 165 et 173. "^
(3) Histoire d< la vie tt des ouvragn^ dit S. Honàikti, par D. An-
toine Rivet, Voyez Hist, littér, de la Fremct , t* II , p. 1^7. — Vie
de S, Honoré^ par Gaspar, AVGERI , prieur de Manos^ue ; Aix ,
i6^\ , in-8.** — Vie du même, par François GlRY;*d[ans son
Recueil' des vies des Saints , au i6 janvier. — Vie du m^ne, par
Adrien Baillet, Voyci son, Recueil des vies des SaittU , si\x mèpn^,
jour.
(4) Suprâ , t, ïl , p. $q6.
^^) Saxii Pûtitificium AreUtenfe,^ p.. 3<t#.
CHAPITRE XCV. 537
extrémités ^ deux apôtres ; l'un est probablement
S, Pierre , et l'autre , S. Paul.
X
Dans la même chapelle, à gauche du maître- autel
oîi est le tonibesiu de S, Honorât, est une portion de
jarcophage en marbre , gtzvée pL LXVI ,Jfg. i. On
voit , en suivant de gauche à droite , Moïse qui frappe
le rocher (1)5 Jésus-Christ sur une estrade et tenant
le livre de la loi : à ses pieds sont deux vieillards qui
embrassent ses genoux, pendant que deux autres
personnages couvrent leur visage de leurs mains en
signe de douleur. Le vieillard , dont la main touche
les-pleds du Seigneur, est probablement le prince qui
M démanda de ressusciter sa fille que la mort vênoît
de frapper r Jmposeï^ seulement Us mains sur elle, lui
dit-il , et elle vivra {%) . '
Jésus le suivît avec ses disciples ; et pendant qu'il
marchoit, une femme qui étoit affligée depuis douze
ansd'un flux de sang , s'approcha par derrière afin de
prendre le bord de son habit : Que je touche seule^
ment son vêtement ,- Ai- eWe y et je serai guérie. C'est
ce que nous voyons ici ; i'hémorroïsse , figurée sur
tant de sarcophages comme un symbole de la foi,
est aux pieds du Seigneur , qui semble lui dire : Aye-^
confiance, ma fille; votre foi vous a sauvée (3).
Le Seigneur et ses disciples entrèrent dans ïa
mmi^Êmm
(i) Suprà, p. 179. (3) Ibid. 10, XX..
(2J S.. Matw. 1X„ x'é, 19.
■■■■■MÉ
r
558- CHAFiTR£ XCV,
maison du prince ; il vit les apprêts funéraires , et
ordonna aux joueurs de flûte de se retirer^ en disant:
Eloignii-vûus ; cette jiimi JiUi nUst pas morte, elle dort.
Aussitôt il lui prit les mains, et^Ik se leva (i)« Ca
moment est celui que l'artiste t saisi ; îl a réuni en^
semble toutes ces circonstances sans observer la
perspective , à peu près de la même manière qu'on
trouve plusieurs sujets de la mythologie figurés sur les
vases grecs et sur les bas*reliefs du style anticpie,
parce que les monumens exécutés à la naissance ou
au déclin de l'art ont entre eux une grande analogie.
Après la chapelle de S. Honorât , en prenant vers
la droite , on remarque un sarcophage à-peu-ppoès
semblable à celui que f ai décrit à Aix (2). Le passage
de la mer Rouge étoit représenté trois fois sur les
sarcophages d'Arles ; et c'est sans doute ce qui aura
engagé à céder à M. de Pérus«is celui qu'il avok désiré
consacrer à sa sépulmre. Le troisième oifFre qudqu^
différences : il est d'une parfaite conservation ; c'est
poiu-quoi je l'ai fait graver (pi. LXVII, fg. 3).
On y voit , comme dans l'autre bas-relief, le Vh^
raon poursuivant les Israélites, ses chars et sts che-
vaux en^outis par la mer ; Moiie tenant sa baguette;
les Israélites conduisant leurs enfans, et portant au^
tour de leur cou, dans leurs vètemens , la farine
non fermentée ; enfin Marie , sœtir d'Aaron , jouant
(i) S. Luc, VU, i^.
(2) Supra i tome II, p. 353 , pf. L
CHAPITRE XCV. 535^
êix tambour. La différence la plus remarquable est
dans les trois personnages couchés au bas de {a re-
présentation. 9ottari f en expliquant un bas-relief
i-peu*-prè$ semblable^ a pensé qu'ik représentoient
îes difFérens fleuves qui se jettent dans la mer Rouge:
Hcependant on y distingue deux femmes tenant des
paniers , et non des urnes. Je croirois plutôt que Tune
est l'Egypte, Tautre la contrée au-delà de la mer
Rouge, et qUe cette mer est figurée elle-même par
le vieillard couché qui tient deux rames ; mais peut*
*tre aussi est-ce le Nil.
Tout auprès, un autre sarcophage fpl. LXIV,fg, 6)
représente une grande chasse au sanglier et au cerf ( i )•
Le sanglier est saisi par les chiens, et un chasseur va
le percer de sa lancé : Thomme qui arrête le cerf par
son bob , pose ie geno^ dessus , et son attitude est
celle dans laquelle on représente Hercule arrêtant la
biche aux pieds d'airain. Plus loin, des chasseurs
prennent une biche engagée dans leurs filets. L'espèce
de camail appelé cucullus , que porte un chasseï»
à cheval , fst remarquable ; il ressemble à celui de
Télesphore sur les médaillons qui le représentent
entre Esculape et Hygie. Ce tombeau n'est probable-
ment pas chrétien. Nous avons déjà vu pourquoi lef
^m
(i) MONTFAUCON, Ant, expUq. suppl. lïl, LXXI, a fait graver
ce sarcophage d'après un dessin tiré dirbeau recueil de Peircsc,
que fou conserve à la Bibilothè<}ue impériale.
^ "^ .i
MMÉMHBMKi- '-'^ ^--i.^^.=,»~mLm,^^^^ÊÊmÊÊ
am^ÊmÊ^^âÊm^^m^^M:*^^:aSa^
j40 CHAPITRE XCV.
anciens aimoient k faire sculpter des chasses sur les
sarcophages (i).
En face de celoî - ci , il y; en a un autre
(pL LXVII,fg. 4) de l'espèce de ceux qui étcHent
destinés à renfermer deux corps (2]. Sur celui-ci , les
deux époux sont figurés dans un médaillon. On voit,
à gauche , Jésus-Christ conduit à Caïphe et le sacrifice
d -Abraham ( } ) ; à droite , Moïse recevant les tables de
la-Ioi (4) , Susanne et les deux vieiHards ( 5 ) , et Pilate
se lavant les mains ; dans la rangée inférieure , les
trois jeunes hommes dans la fournaise, Daniel dans la
fo63éaux lions [6] et le passage delà mer Rouge [j).
, ^ On a posé dessus un petit câté de sarcophage qui
représente Moïse faisant sortir l'eau du rocher , et
les Israélites qui' se désaltèrent { 8.J .
^ Plus haut sont deu;c sarcophages -placés Tun sur
l'autre. Le premier (pi. LXIV, figu7 ) pffre sept
niclies : dans celle du milieu il y a deux person-
nages, et chacune des six autres n'en contient qu'un;
peut-être que l'un des personnages qui occupent la
nîchçdu milieu , est celui pour qui le sarcophage a été
fait, et que les autres figures représentent des apôtres.
- Au milieu du second sarcophage , il y a une ta-
blette : à gauche on voit un berger qui trait s^
————■^1—— —^—1 — Il ———»—— ——^— —————— ——■^——^—
* (i) Svprà, 1. 1, p. 53J. (5) Svjfrà, p. 527.
{\) Supri, p.-52^ (6) Suprà, p. 530,
(3) S/ii^râ, p. Pi-, (7) Supra, p. J3B. ,
(4) /^/V. (S; Suprà,f. i79'«S}7*
,^4
■ •^*
CHAPITRE XCV. ^/[\
chèvre; son chfen est en face de lui : à droite, une
syrînx est suspendue k un arî^re , et un berger qui
garde trois chèvres en tient une par la barbe. On
ne peut assurer que ce sarcophage soit chrétien ;
les symboles de ia vie pastorale semblent l'indiquer,
mais ils n'en donnent pas la certitude.
Au-dessus de l'entrée de la crypte dans laquelle
on prétend conserver encore les tombes sacrées des
évêques et des saints personnages qui ont planté
la foi parmi les Artésiens , on lit :
î>. O. M.
Hîc est locus în ^uo B. Trophimus, «x Christi discipulis, pr»
Areiate ecclesiae prsesul, primusque Gaillarum aposto!u§^ prima _
Christian» reiigîonis fundamenta jecit. Hic fons aquée saiutiferse»
ex quo tota Gailia iideî rivulos accepit. Hîc crypta sacra in qua
SS. Honorati, Hîlarîî, Eonîî, Aurelii, Çoncordii, Vîrgiliî; Rot-
landi, et afiorum Arel. pontificum, necnon sanctî Gcnesii mar-
tyri5 ArcI. et Dorotheae V, M., bcatissiina corpora quicscunt..
Hanc autem anno Christi M..D. cc. X. piissîma ac reiigiosissima
Minorum familia fîdèiium ocuiis exhibere censuit , ut qui vcna-
l'abundi ad eam accesserint , tantorum patron. auxiliôapudDeuni
omnium largitorem sentiant effectum.
4 Dieu très-bon et très-grand.
C'est ici que le Bien heureux Tfophime, un, dts disciples de Jùus-^
Christ, premier éveque de V église d'Arlei et premier apôtre des: Gaules,
jeta les fondement delà religion chrétienne, Cest ici que. coula cette
source dont les eaux salutaires se répandirent en ruisseaux sur toute la
surface de la, France, et y portèrent la foi. C'est ici cette crypte sacrée
&u reposent lés vénérables reliques des saints pontifes d'Arles, Honorât,
Hilaire , Eonius^ Aurelius, Concordius , Virgilius , Rotlandus et
autres , ainsi que celles de S. Genès , martyr de la même ville , et
de Dorothée , vierge et martyre. L'an de Jésus^Christ lyio, la trés^
pieuse et très-religieuse congrégation des frères Mineurs prit la résolution
■M^M^^Ifa
^a^^^m
î4i CHAPITRE XCV.
i'accarJtr mut fiJiiti l'atcès de ce saint lieu, d)£a faf aia fri
v'm^itnt k visiter avec des sratimaii Je véaéraûon, putftnt rtfstmti^
/» tffm dt la paistoHtt ÎMierceishit de cts illtutra pnucttMrt miprèt
du soaverttin iitfeiuaitii.t dt uuitt eketet.
Dans le mur de la sacristie, on fit cette inscription en
lettres qui paroissent f tre An. x.* ou dn xi.* siècle ( i } :
IGFFtoCOniMKEIATiSIESa/inrvS
GALLMC^KIMV>SENSlTAK)SroiCU
ENKBCXBROSlÇhOCEKESFVISREBrrOSE
CLMGEKlFSEFErRVSEOTSErEGHiSVS
(MNISDEPnVSSWCEPÏÏGAIlIAFONTE
tiiWASfflmfïMDOGlMOT^ICEM
ETMATRIDIiaïVMPREBVTrûpEqyÈ?
iMsiGNcq; CL^raEjiaMmÀ
Gffi/DETM)ST(^S^sélEKVISSEÇTIS
(i) S^i, X. \", p. 8i! « I )«.
CHAPITRE XCV. 543
Trûphimus hîc coiimr, Arelatii prasul avitus ,
GaïUa quem primum sensit apostolicum»
En hune amhrosium proceres fudert nitorem
Claviger ipse Petrus, Panlus et Egregius r
Omnis de cujus suscepit GalHa fonte
Clara salutifèra dogmata tune jideu
Hinc constanttr ovans cervicem G allia jUctit,
Et matri dignum prebuit ohsequium /
Insîgnisque eluens prestanti gloria semper ,
Gaudet apostolicas se meruisse vices (i).
Je n'entreprendrai pas la traduction littérale de ce%
vers : il suffiyde dire qu'on y voit que, dans les X.*" et
Xl/ siècles y ia tradition qui regardoit S. Tropbime
comme le fondateur de l'église d'Arles, étoit déjà
accréditée; qu'il y étoit révéré comme son patron, et
honoré comme le premier apôtne des Gaules ; qu'on
pensoit qu'il avoit reçu les leçons de S. Pierre et
de S. Paul ; que c'étoit lui qui avoit répandu, comme
une source pure , les dogmes de la foi ; et qu'enfin
la Gaulé devoit regarder Arles comme sa mère, rela*
ûvement à la religion.
On descend par deux escaliers dans la crypte ^
elle est toujours remplie d'un pied d'eau (2) ; de sorte
qu'il nous fallut faire des amas de pierres pour que
nous pussions observer à notre aise , à l'aide de flam'*
beaux , les curieux monumens qui y sont rassemblés.
Dans ce sanctuaire où reposent, dit -on, Ie%
■
(i) Cette inscription est rapportée inexactement par Skxy ,
Pontif. Arel, p. 30, et il ne Ta pas figurée.
(%) Le peuple croit que cette eau a la vertu de ^^uérir U fîcvre«
m^tM
■k
544 CHA!>ITItE XCV.
dépouilles mortelles de tant d'illustres fondateurs du
christianisme, on a droit de s'étonner que le pre-
mier objet qui frappe les regards ( pL LXV,fg. 2 )
soit empreint de toutes les superstitions païennes x
il représente la création et la fin de Thomme, selon
les idées qu^on en avoit au temps de la mythologie
allégorique.
Prométhée vient de former ÎTiomme aVec le limon
*
de la texre de Sinope, dont il a des masses déttem-
pées près de lui dans un panien La figure modelée
est encore placée sur le petit escabeau qui sert aulc
sculpteurs, et le bras fragmenté tenoit l'ébauchoir»
Derrière lui est Minerve, qui anime f ouvrage du fils
de Japet ; elle est casquée et couverte de la redou-»-
table égide; elle avance la main droite vers l'ou-^
vrage de Prométhée, et de l'autre elle tient 'une
haste , dont on n'aperçoit plus qu'un fragment 2 la
merveille s'opère par la seule volonté de la déesse; sut
d'autres monumens , elle pose sur la tête de l'homme
un papillon, symbole de i'ame. Ordinairement Pro-
méthée n'a que Minerve pour témoin de cette
opération : ici on voit derrière lui deux autres per-
sonnages, dont un a la tête radiée; c'est peut-être
Apollon , symbole du jour qui va luire pour l'homme ;
peut-être le second est-ilEros, l'Amour, qui doit
perpétuer l'ouvrage de Prométhée. *
Au bas de la figure 'qu'achève Prométhée , il y en
a d'autres presque terminée^ • Plus loin encore , deux
hommes
CHAPI-TRE XCV. ji$
hommes à peine nés se disputent > et fun d'tsux est
renversé; iillégdrte dés guerres fatales q^^ se fbnt
sans<:esse lés aveugles Irumakis^ comme si les maux
sans nombre qui sont attachés à leur espèce if étoient
p2LS sufiisatts pour la détruirez Le serpent qui se
diesse contre deuk hommes nouvellement créés , est
jpeut-être aussi un emMème de ces maux. Tous ces
êti-es sont d'une stature inférieure à cdie des autres
)>ersonnages , pour indiquer la dîâëiience.c^i exista
ientre la îlature humaine et la natuire divine. Celte
différence est marquée ausd sur les <»arcophages chré*^
tiens , où Jésus-Ghrist et ses apôtres sont souvent
représentés plus grands qûte ceux qui les entourent.
A peine Thomitte est -9 formé, que son ame
f abandonne., et sia fin est placée près de sa nais-
■^ance. Mercure Psyc/topo^pe, c'est-à-dîre,^conduc*
teur des âmes, coiffife du pétase et armé du caducée^
s'est emparé de leelle-d, c^i est représentée avec
tiés ailes ^è papîlîon , sous la %ûre de la |eune
Psyché. Les Parqaes ont déjà réglé sa destinée ;
Ladiésis lui montre avec ttne baguette ^ sur une
Sphère coupée par la bancfe â;odiaade, ie signe sous
lequel le corps fragile qu*elïe hafcite a pris naissadcei^
signe qui décide si eHe doij être heureuse <îhi. Jnïbr-
tunée. Clôtho, qui est auprès, ïile le cours de ses
jours, pour en marquer la durée* Ces déesses ne
sont pas vieilles et ridées comme les dépeignent
Lycophron , Catulle et d'autres poètes ; les artistes
Tome JIL M m
54<5 CHAPITRE XCV*
les ont ordifuubrement figurées comme des vierges
jeunes et belles , avec des ailes sur la tête , pour
montrer la rapidité de la vie : souvent aussi elles
ne sont qu'au nombre de deux. Derrière sont les
Dioscures Castor et PoIIux, distingués par la forme
de leurs bonnets. Plus bas est la Nécessité , ou
pIutAt Némésis , qui tient sur ses genoux le livre
des destins et semble prononcer ses arrêts irrévo-
cables ; auprès d'elle est Turne qui contient les sorts
que personne ne peut éviter. Plus loin, le fatal
arrêt des Parques a reçu son exécution ; la jeune
personne a subi le trépas : l'inflexible Atropos ne
l'a pas quittée, et elle tient encore l'ample vête-
ment qui couvre la jeune fille , et qui prouve qu'elle
n'est plus qu'une ombre. Auprès de Psyché est une
étoile , pour indiquer qu'elle va devenir immor-
telle ( I ) . Dans le plan inférieur , on voit la Terre
tenant à la main un pedum. Plus haut, Neptune
est armé de son redoutable trident ; près de lui est
Thalassé [la mer] ou Amphîtrite, distinguée par les
pinces d'écrevîsse qui décorent son front; Enfin on
voit une nymphe , et un mont personnifié , peut-
être le Caucase , caractérisé par le pin qui est près
de lui. Je soupçonnerois que cette tombe étoit celle
(i) Cette étoile pourroit aussi appartenir à Atropos. Sur ie
bas-relief figuré par Bartoli , Admiranda Roma, pi. LXV , et par
MoNTFAUCON, Attttq. 1. 1, pi, V, chtque Parque a aussi près
d'eUc une étoik.
CHAPITRE XCV» 54^
dWt jeune fille, et que la figure de FoMbre nous
en reproduit ies traits (i).
Le sarcophage {pi. LXV, »/ ^) est îl gauche ,
dans la même crypte , en face du précédent. Le.
monogramme du Ghmt est au milieu (2) ; il est
entouré d'une riche couronne > et placé sur une crqi^
dont les barres portent deux colombes : c'est un
symbole du bonheur procuré aux chrétiens (3) par
4a glorieuse passion du Christ, Au pied de la croix
sont deux soldats armés , en adoration ; ce qui exprime
que le vrai chréden doit braver tous les dangers pour
la défense de sa religion. Les douze apôtres sont
vêtus de la tunique et du pallium; ib ont un rouleau
dans la main gauche , et lèvent la droite vers la croix,
ou pour prier , ou pour confesser Dieu en attestant
ce signe sacré. Près d'eux il y a alternativement une
Ou deux étoiles : cette variation symétrique dans leur
nombre pourroît être un caprice du sculpteur, et
non une allégorie ; mais Fétoile est ici le symbole du
bonheur suprême qui doit être la récoïnpense de
— — ^— ■ — —— .^— *—— ^ I I I I — — i*M^— ^— ^— — g,^
(i) On peut comparer ce marbre avec trois autres qui repré*
sentent ie même sujet ; ma?s tous ont des détails différens. Voyex
Mus» Capitol, IV, pi. 25 ; Villa Pinciana, stanïa I, n,*» 17; Musk
Napoléon, gravé par PiROLl, 1,13.
(2) Suprà, p. 520. Le monogranime sur ie Lahàrum étoît dans
une couronne. EcJSEB. Vit, Constant, 1,31. Sur ies médailies
de Zenon , d*£udoxie et de Puichérle, on voit aussi une croix
entourée d*une couronne.
(3) Suprà, Y. 180.
Mm ^
idlMB^^h^^^
j48 CHAPITRE XCVi
ieuis nobles travau^t. Ce^te récbmpéhke ^t etiidore
mieux indiquée par la couronne cju'urie main célestl?
tirât au-dessus de h tète âe chat:un d'e^x,
'. Les deux petits côtés repit^sentent tfeux seènès
et la Passion^ 6gurëel à-fMU-près comme nous fe$
avons déjà vues : à galichie> c'est h dernière ci^^y
oû le lav^metlt des j^îéds ; à dtt^té ^ Pitâte cfiA se
fâve les mafîis ( î ) •
La corniche eSt composée d'ttïé tt&isèW* sans ins-
cription, supj^ortéé par des àrtges :tfàtt*es angtes
soutiennent tteux médaiHons ornés dé j^eÉïme^ ; l'un
renferme le buste d\in fcomme^ I^autire teîuî d'une
ifèmmé : oA tfstîngtxe celle ^cî à son coMiei-. H j a,
.aù% extrémités du satcophage, des tét^s^ c^ommé Oh
voit des masquas sur ceux des païens.
13 ùe ancienne tradition veut que lé 6k dé Gon$-
>tahtin et dé iFàusta sa seconde ëpoUs^^ qaji étoh Wé
dan^ Arles, y ait été inhumé {i) i Mais I^ bmtJés
Mdes deux médaillons Foht voir qUé ia loni&^ qù^
nous décrivons j étoît celle de deut ^strèS éjpoUk
dont «otts ignorons les noms.
Sui Uri âufre sai-côphagé fpl LXVl,f^. s), on
représente Jésus-Christ entre ses apôtres : il est sur
un siège élevé , et a sous les pieds un tabouret ,
ité qui en le signe dé la puissatttë ; fes apôeies ^nt
: : — ^ ' — '^
(i) Supra, p.. 5 34 et 540.
(2) Saxy, Pontif. Arel 9J DUPORT, Hist. dt Végt.dl'Arkk, 23.
/
-j»-
sur 'ddi pfian$; Tous les personnage tUnaem un
rouleau dans là ihaîii ; Hs oni derrière eux des fidètes^
qui as^sistent à |a ^îvine asisembi^e. |.ç riche por-
tîqi^ sons foc^«l el^a se tknt, ^st soutenu par dasi
colonnes torses ; if y a à chaque extrémité un froitton;
A droite on voit un homme , à gauche une femme ,
tous deux en posture de suppKans : ce sont peut-
être le ftère-et lâmère de celui qui est /renfermé
dans ce tombeau. • , i
La frise est décorée des figures àes dou^e apétres^
chacun d'eux a près die sc^ un. paquet de vokitt^i
symbole des évangiles : ils en ifennent un , et les'trois
autres sont rouïés. Au mîtieu est tine tablette ômëé
tfù inonogramme du Christ entre deux colombes' <|uî
tienrient dans le bec une branche dbirvîer ( i ). Uki^
eription est métriijue et ainsi conçue (2.) s
i**aia
INTEGER ADQVE PIVS VITA ET CORPORE PVRVS
AETERNQ HIC POSITVS VIVIT CONCORDIYS AEVÔ
UVI TENERÏS PRIMVM MINISTRVM FVLSJX IN ANNIS
POST ETIAM LEÇT^S COELESTÇ ^EGE SAÇE^DOS
TRIGINTA E-Ç ÇEJV^JJ^O^ PI PfM Vf 3^ RÇBJDIBKP AlfNÎ^S,
rfVNC CITO SïDEREÀm RAPTVM OMNIPOTENTIS IN AV]|^^
ET ^fA-^ÇftBlAÎïR^fKF F^A^%SIIJJ|JVf^|K qV4|RY^^
"ï-fT^T'^P!"^
■P jL J 'i ' J U'J M iiJ'i
Miiji jfliy lU I .1
\ V ''^ s;
(i) Jw/7ri, p. 547.
(2) DuMONT, Iman \^\\ %K%li yPar^f^Ard. 24*
Mm j
r"^^ -*
/
5JO CHAPITRE XCV.
. Coneaaiius, disûnpUfor sa probité et ta piâé, et Jont ht wle fui
pieuse et le corps sans tache, repose ici pour vivre dans les siècles àemels.
Dans ses jeunes années, il aidoit le pontife dans les fonctions de, son
ministère; il obtint dans la suite, par un décret céleste, cette dignité
pour lui-même, A peine a-t-il achevé sa cinquantième année; troMsporti
f toudain dans le séjour rayonnant de l'Ltre tout-puissant, c'est dans cet
asile céleste qu'une mère tendre et un frère chéri le cherchent en lui
survivant.
On regarde cette tombe comme celle de C(m*
cordhis f qui , seloti Tauteur de k Chronok^e des
abbés de File de Lérins ^ fut appelé à Arfès pour en
ravipUr le siège. Cependant nous avons déjà vu (i)
que ce fut S. Honoré qui vint du monastère de Lérins
au iv/ siècle. Les Arlésiens ont placé Concordius
ku nombre de leurs saints, et Fon croit qu'il est mort
vers 380 : mais la tombe qu'on révère dans les cata-
combes, ne peut être ia sienne ; il n'est pas dit danj^
l'inscription que ce Concordius ait été abbé du ma-
tiasière de Lérins. Celui-ci est un autre Concordius,
fpxiy du simple grade d'assistant, s'étoit élevé au sa-
cerdoce ; mais rien ne prouve que l'église d'Arles ait
été sous sa direction.
Les petits côtés sont ornés de la figure d'un grif^
fon {pi. LXVy fg, 4) , symbole pris des monumens
païens.
Les arcades de cet autre sarcophage (pi, LXV,
J%* jj ^^^^ formées par des arbres, dont 4es branches
(i) Tomclî, p. 505, et supr/i, p. 53^
"•^pi-w
CHAPITRE XCV. 55 l
«'entrelacent de l'un à l'autre : de tendres colombes
jouent sur chaque tige. ; le serpent , image du démon ,
rampe autour d'un arbre pour dévorer les œufs de
ces timides animaux (i). Dans le milieu > il y a une
femme qui prie* : elle a les mains ouvertes ; et c'est
ainsi que Faction de laprièire est marquée sur tous les
monumens des premiers chrétiens. Cette coutume
étoit dérivép des païens ; chez eux les images^ de ïa
piété sont figurées dans cette attitude (2) : ce n'est
que plus tard qu'on a étabir l'usage de prier les mains
Jointes. II y a derrière cette femme deux person-
nages; ce qui pourroit faire croire que c'est Susanne
entre les deux vieillards : mais il est plus naturel de
penser que cette figure est celle de la jeune vierge
renfermée dans ce tombeau ,^ et que nous voyons
derrière elle ses parens désolés.
Six miracles de Jésus-Christ sont représentés dans
les six autres niches. En prenant de gauche à droite,
nous y voyons la résurrection de Lazare , qui est
enveloppé comme les momies égyptiennes; on voit,
par un passage de l'Ecriture , que les Juifs entou-
roîent leurs morts de bandelettes remplies d'aromates ;
coutume qu'ils avoient sans doute empruntée des
Égyptiens (3)..
m M»»^»»»— M— — n— iwt— ^— — — — Il I II —
(i^ Suprâ, p. i8ï. '
(2) Musfo Pi(hClemmt W, pî. 47- •
(3) Accfperunt ergo eorpus Jesu, et Ugavnunt iîlttd îinuis cuîn
aromntthus , sicutmos est Judais Sepelire, S. JOHAN. XïX, 40^
Mm 4
;-«^
J5a CHAPITRE XCV.
« Le second miracle est celui de Tbéaiorroïsse ^
qui , après avoir dépensé inutilement toiu son
bien pour se faire guérir d'uq £[u3ç ^ sang , vint
se Jefer fvo^ pj^ ^9 Jéf us-Christ , tpucl^ sfHÏer
m^nt le bas de sa, robe y et recouvra la santé ppur
prix de son ardente foi ( i )• Ou voit îi çf5té le mi*'
facle de la muhiplication desp^ôns et de^pc^s^ons (^}:
Jésus-Christ toi^içhe les paniar$ avec une bagu^tte^
comme il touche , dans Tarcade suçante , le^ vasef
où 'A cbinge Teau w vin aux noces^ d^ Cana (i)^
Vieiment ensuite la giiérison de i'avfugle de Jérkbç,^
et celle de i'aveugle né qui mendioit ^^ n^iiiw dif
didmin (4) i aussi ce de^ff ^V^^il i^'upe sioiplç
tunique. Ces m^'âcles ^nt soifv^ait figurés ^ur l^
sarcof^ges; ik indiquent qt^ Di^Vt 9^ ^ gi^^^
du baptême , dissipe l'aveuglement ç^b le pécfa^
d'Adam avôit répiandu parmi Ui hoimnes.
L'inscription ( 5 ) placée sm un autre sarcqpbagf
^//« LXVIp fg. ) ) nous apprend d'une mani^f
positive les noms de cvx^% q^'il a leiifimnés :
(i) Suyrà, page ^yj,
(a) Suprà, page 5ad,
(3) S.JOHAN. Il, 3.
(4) S. Marc, x, 4(^; S. Luc. xviii ,35,
(5) Voyez Gruter, DCCl)fXX|X,- ij; /*>/r* 40' Académie
Jf^Msa^oHs, t. Vil, p. 148 jSajcy, PQutlfmm Arel^unse , i :^i ;
DuMoiiT|/««fry^ Î5J.
CHAPITRE XCV.
5ii
HVDI^IA£ TERTVLtAE
C. F.'CONIVGI AMANTI8SI
MAE. ET. ÀXIAE AELIANAE
FILIAE DVLCISSIMAE
TERENTIVS MVSEVS
HOQ SÇPVLÇHRVM
BOSVIT
Ge^e m^çnpt&on est soutenue paj^ ^m g4^mt
1m 4wx bustf^ d^ f^m^ids qu'oi^ y voit j^^u'à in
MÎntiire , «ont ^ssRr^merit q^^ 4'Hydria Ter^idia ^
épOQse de Terentius IVIuseus ( i ) , f t de {eur fille Aw
^iana , ^ qui la tendresse d^ Tçrçnti^s % ^nsiicré
ce moiiuniienl. Hydria TertuIIa doit ^tre ç^e qui
«ccupe ia droita du tombeau. Outtç sa psmqw k
manche* ïongufç j elle a p»f - 4ç^$i|s ^|i,e ani{ile
^T^A? , vêtement qui convient davantage à une femme
mmie : elle est p^ ée de t>raçelfita ei dHin edlbr k
deux rangs de peries ; elle tient dans s^s mains une
colombe qui becqueté une jgrâppe de raisin. Derrière
e&tune espèce de draperie vers I^qi^Ie dei^ fô^nma^
tendent les mains : comme ces femmes sont ^ns
hM**a
554 CHAMTRÉ XCV.
attributs 9 on ne peut dire si ce sont des figures allé^
goriques des vertus de TertuIIa.
L'autre figure, que je croîs être celle d'Aria
iEUaHa 9 a aussi derrière elle une draperie vers
laquelle deux hommes tendent les mains : elle a
une simple tunique à manches courtes et attachée
avec une ceinture , sans pal la ; sa coiffure est formée
de deux rangs de tresses.
Je ne sauroîs dire ce que signifie le groupe de
personnages tenant des rouleaux qu'on voit derrière
TertuIIa; le groupe correspondant nous Tappren-
dr<Mt peut-être , si cette portion du sarcophage n'a-
voît pas été cassée : sont-ce les amis ou les parens
de Terentiûs Museus! Les symboles que ces femmes
tiennent entre leurs mains , peuvent feire supposer
qu'elles étoient chrétiennes (i).
Le sarcophage qui suit {'pi. LXVI, fg. j) offre
une disposition singulière : il est orné de ces can-
nelures en spirale qu'on appelle des strigiles, parce
qu'elles ressemblent à l'instrument dont les Romains
(i) Malgré rinscriptîon , la tradition a établi que cette tombe
tst celle de S. Genès, né à Arles, où il étoît un des principaux
officiers de Dioclétien. Il refusa de faire exécuter sur les chré-
tiens les ordres sanguinaires de ce prince, et il paya de la vit sa
désobéissance. On porta sa tête au lieu appelé aujourd'hui Trinque»-
taillt; mais le Rhône s'ouvrit» et la tête traversa sur Tarène et
vînt reprendre le corps dont elle avoit été séparée. D'autres pré-
tendent que S. Genès porta sa tête jusqu'à un endroit où le sang
du saint martyr fit naître un mûrier. Saxt, Pont. Areh lo.
CHAPITRE XCV. 55^
se servoîent pour ôter la sueur qui couvroît leur corps
après les exercices gymnastîques. II est aussi décoré
de plusieurs histoires. A gauche , Moïse reçoit ia ioî
de Dieu ( i ) : ce qu*il y a de singulier , c'est que Moïse
n'est pas seul; il est accompagné d'un autre 'person-
nage tenant un rouleau : à droite, le sacrifice d'Abra-
ham (2) ; la main de Dieu Tarrète, et lui montre,
dressé contre un buisson , ie chevreau qu'il doit i.m-
molér à la place de son fils. Le milieu est partagé en
deux. Dans la partie supérieure , on voit la crèche ;
la Vierge Marie est auprès du berceau, qui est un
tissu d'osier : un berger , tenant le pedum k la main ,
vient adorer l'enfant Jésus; le bœuf et Fane sont
auprès. Cela ! s'observe encore sur d'autres sarco-
jphages des premiers temps du christianisme (3) ; ce
qui prouve, contre l'opinion du P. Sern (4), Fianti-
quité de la tradition qui dit que ces animaux assis-
tèrent à la naissance du Sauveur (5). Les trois per-
sonnages qui sont au-dessous sont les mages : ils sont
àu nombre de trois , selon ia tradition de l'Eglise ro-
maine; tradition que' l'on attribue à S. Léon, mais
(i) Suprà, p. 5»j.
(2) Supra, p. ^%6,
X (3) BOTTARI, Scuîture sacre , pï. 3cxil.
\^) Exercitat.TŒX,'^.
15) yoy^ S. Gregor. Nawaiw. (Trtf/.xxxvm; S. Gregor.
Ny.ssen. in Nativit. Christl, t. III, p. 349; S. HiERONTM. Vita
S. Paula,Ul ; S. PaULINI Ejfist. XI, d^JVym^tt; PRUDENT. Ca-
themerinon , bymn. XI , 8 kaî» januarii , v. 8^.
*p-
• •
JJ^ CHAPITRE 3ÇG.V,
jygW psHP Içs ^r^pp^gesi, I^s Jaç( pc^twt p?s ici le|
twn^^ pl^rygien, pjrç^ qu'oa pfB¥MlqW«Ç^ ^Mi
éVffejfït veflpsi de f^^tç p?nje 4^ fe Pôfse apprfé«
j^pmn^ d^s la fq^rn^e et {ei| sg^s m^^e^ ont mq
ço^tupiç abspïun^ent seraLfeUe^ pafçe'^SJfs I» tf^cfin
lîan {ôs ^^o^ veçîi* de^ pi6ff)f!^ çapt|éf$^ r
Le dernier sarcophage (gi LXI,Jis*^ 4) p&\^ ç^v^m^
fe précédent , wij^fVwifW ^ ç'eftr^-4ïre qu'^I^toîi
destiné % ço(>ta:iir 4eux cprps ( 1 ) : oi| y disiingufi uq
^quble p^iifg dliistpi/es diflrérçnte% s afi^îs Ie$ figufe^
dp i[a piMpaïÇ des grpwp?^ ^mi trep I9u|i)f e^ ppwf
qifpli pHfg^p t^ign en df ^rpiipc^ fe^. §¥ieî|.'
#^te, yepréjjBîitp fe p^WpliG*4i^ {2) \ V^mx^^
d§fnier, \^ guérison ^^ T^Veiigle # 1^^*^ (î);
d»^ l'arc^îte dv njîlîw^ P» vqH JésHJ-Ghri^ q^
inontrff Ifl iri^rfinitifl ^Ia cou xiàca* il tt^irt' un rruii^nii
WïïT^mXT^ SV IVrTClHIllO UC sVn kFWV j 11 lIVlfK Un l\/UtCuU y
et a près de lui i*agneau sans taché (4)«
Dans la rangée inférieure, piiJ■tî^gé^ çorpme {a
précédente en sept arcades , on yqit Moïse frappant
(j) Stsffm* t^i%y {3) Snprà, p, $%,$.
(2) J^ïz/^m, p. 52^» . (4) Jff^yrA%^s i\$-
CHAPITRE xcy. 5jy
-le rodier f i ) , fhéniDTmîfeSB^t'^) , fe ^angewenr dfc
Teau en vin aux noces de Cana (;) : au milieu est
la figure d'une remmenai aies it^s écartées, dans
l'attitude de ia prière (4). A la naissance des arcades,
II y a àlterhlltiVéthént des couronnes ( j ) et des co-
lombes qui becquètent des raisins dans des pa-
niers (6).
{2) Suprà, p. 5^a.
(3) Sttprd,^f.fi2.
(4) S$4n^à,f.SSu
(5) Ji^i, p. J47-
{6) Sifrâ,f.m.
. ^
558
^fc^iji n#fc>^>^K^^*^ii^»»ii^>M^^iii^irtw«^ii^r«i^'^
CHAPITRE XCVI.
Chapelle découverte appelée le Musée, — Statues. —
Bas-relieÊ, — Bustes. — Sarcophages. — Inscriptions.
JCjN sortant de cette église , qui paroît être plutôt un
gymnase chrétien, dont les murs sont couverts de
bas-reliefs destinés à apprendre aux enfans et aux
jeunes néophytes les fiiîts miraculeux de Jésus- Christ
et de ses apôtres , on entre dans une grande cha-
pelle, dont le toit a été détruit par le temps (i). Au
milieu sont jetés quelques sarcophages entourés de
ronces et de plantes agrestes , qui sont devenues si
fortes et si toufiues, que ces monumens en sont pres-
que entièrement couverts. Dans le fond on lit (2) ,
MUSEUM ARELATENSE;
et plus bas :
P£R POMOS, FER AGROS, PASSIM DISPERSA
C. J. P. A. (3) MONUMENTA
(i) Uéglise de Sunt-Honorat étoit à trois nefs^ ce qui est
aujourd'hui découvert > en formoit la majeure partie,
(2) Dans les planches de la collection du P. DUMONT, ce
musée a un aspect très-pittoresque; ie désordre qui y règne
ajoute même à i*efFet qu'il produit: ce désordre a encore été aug-'
mente par les ravages que ce lieu a soufïèrts depuis la révolutioiu
(3) Colonia Juliéc Patemtt Artlatensis, Suprà; p. 495»
CHAIU^TRE XCYI- ^J(^
IN UNUM COLLÇCERUNT A^N. 1784, 178J,
COSS. DOMINI
C. DE CHIAVABY CABA5SOLE EQUES. B. LAURENS
D^ MEDICUS. T. B. LIEUTAUD. BRET BURGENSES.
A. DE BONIJOL DUBRAU EQUES. J. B. FRANC. GROSSY
IN A. C. CAUSID."*
P. GALOUTAIRE. A. L. REYBAUD BURGENSES.
SUCCESSORES, INCHOATA PERFJCITEj
ANTIQUITATIS INVESTIGATOR, \
BENEFICil MEMOR FRUERE.
^ Nous voyons, par cette inscription, que c*est en
1784 et 178J que les consuls qui y sont nommés
ont rassemblé ces monumens épars; que les reli-
gieux chargent leurs successeurs de continuer cette
entreprise, et invitent l'amateur de l'antiquité à la
reconnoissance. Ce sentiment est dû sans doute à
la bonne intention des consuls qui ont formé cet
établissement : on ne sait cependant comment on
a pu décorer du nom de rnusé^ cette nef en ruine
et ces monumens amoncelés. Voici quelle a été
l'origine de cette collection •
II y avoit , en 1785, dans le couvent des Minimes,
un religieux appelé le P. Dumont , qui avoit passé
quelque temps à Rome , où il avoit pris du goût
pour les monumens et acquis quelques connoissances
pratiques. II annonça le dessein de publier et de dé-
crire les antiquités d'Arles : la municipalité favorisa
son entreprise; on permit aux Minimes de Rassembler
des monumens dans cettt chapelle découverte, et
j6o <:!lAPITflE icvi.
Ton donna aH F. Dumoni dès fonds pour les frais
des dessinS: , des gravures et de l'impression de son
ouvrage. li panit d'abord un certain nombre de
planches ; mais au bout dé sik ans l'impression étoit
à peine commencée. £n i7<^8 , la municipalité ,
voyant que l'ouvrage n'avançoit point > arrêta de
faire don au P. Dumont de tout ce qui étoit fait , et
de lui laisser chercher des moyens pour terminer son
entreprise. Le rdigieux proposa des souscriptions ;
H toucha le prix de cinquante : cha^e étranger
riche ou distingué qu'à, hitroduisoic dans ce pré-
tendu musée ^ f» creyoh obligé dé premfre ime scâs*-
cription y sam préjudfee d'uite aumône pour (e ecm-
vent; î! teur rèmettoît fes* trente-^me gravwes €t
les soiiante^dix^huit pages de texte déjà impi^ées.
Macs il ne parott pas qu'il ait ^ véritablement fin-
ténnon de terminer ce travail « il comjposoit à me*
sure qu'on impriiAoil , et â s'e^arra^oit dati^ sa
rédaction^ fes soixante ^X^mit pages qu'il a pu^
bliées, ne contiennent que d^s choses étrangères à
son sufét , et il n'y dohne l^xpIicationF que de quatre
lïionuméns ( i } • Hêut*eusemeti t il atoit déjà fik
graver fc recueil des inscriptions, au nombre détient
ijuatre-Vittgt-sÈc , maïs sîuis les fnterp4*ét«lr (i). La
-. (i) Le dk^ Sylysân-, i'^utd de la J>onne Déesse» la VéQus ,
le dieu Mithras.
(2) On croyoit que les planches de cet ouvrage étoîent
révolution
CHAPITRE XCVI. jdl
révolutÎQn arrivée en 1789 fttt pour le P. Dùmônt
une occasion favorable de se dégager des promesses
qu'il avoît .^kes j il se fixa à Sakrt-Remy , où il avoit
été nommé jugç du tribunal de xji^ct ^ et il y mou-
rut en i7^3-T . .
£n suivant de gauche à droite , quand on entre
dans te prétendu muisée , on aperçoit d'abord deux
sarcophages de marbre incrustés dans le mur. L'un
est très-dégràdënl représente quelques miracles de * |
Jésus-Christ. L'autre n'est qu'un fragment (,pl. LXV,
Jig, 6 ) : on voit probablement, au milieu , sous la
figure de Susanne entre deilx'arbrés (i)^ la jeime
fille que ce tombeau renfèrmoit ; à gauche on' a re-
présenté l'ingénieuse allégorie du bon Pasteur qui
ramène la brebis égarée , et S. Pierre arrêté par les
'Juifs (2) : ïa partie qui était à droite, a été brisée.
* ■ ' » ■ ■ ' ♦
On trouve ensuite un sarcophage de pierr(ç do|it
.chaque petit 4ôté est décoré d'une guirlande : hi
perdues ; Wiaîs' elfes bftt été retrouvées^ M. de la Lauzière avoit eu
ic dessein de les publier ; et depuis là mort de ce vieillard respec-
table, son neveu, M. de Lagoy, amateur zélé des arts { supti;
^'p. 4Ô9); s'est'occùpé de ce soin. Cette côftection est précieuse^ ^
en ce qu'elle fait connôître plusieurs monumens aujourd'hui dé-
'truits : Je n*ai fait figurer et je n*ai décrit que ceux qui existent
encore. J'ai acquis» à Tàrascon, tous les dessins originaux du'
P. Dumont, d'une femme à qui il les avoit laissés en mourant*
et j'en ai fait exécuter de nouveaux; sur les lieux, par M. CIcncr,
•que j'ai déjà cité , suprà, p. ^79,
(i) Svprâ,p. ^iy. ,
(2) Suprâ, p. 535.
Tome III. N n
5^? C:Hiii^ITRE XCYij.
leasère test soaimue par des géipes »i&$ {pi.
^ 4) ( 'J > •U® porte cette inscHpUon ^a) s
<■! il if I ( riJiSg
,1
>M« IVNIO. MC9SIA190
VTRICL. CORP. ARELAT*
1
EJVSD, CORP. MAC. IIIJ. F.
QVI. VÏXIT. ANN. XXVIU
M.V.P^X<iyNlA.yAll.£illA 1
) _
^mm
Ju corps d'Arles, ayant. tx<rçé quatre fois Ja maîtrise du m^
corps {$), et qui a t^éou XXVIII ans V mois et X jours (6). . . (7).
fcM-*<
(i) Ke>'^GRUT.CCCCXXVI,d,çtCCCCLXXXIII, ijMUR.DXXXI,
5 ; SVOH, Antiq.de Lyon, loi ; S AXY , Pontif, Arel. 99; SegUIN,
Afrtiq.d^ArieSflïyJUi'p* Jj VaiSsETTE, Hist. de Ling.tA,preuv,
ft** 7x;JteUQ. JVrîipf. '^'*'* C^ *• ' fex,Egc„Sr,ii^$-; Calvet,
XJtrîcul 53 ; DUMONT , pi. XV , n.** 11 ;id. Inscript, n.® 96.
(3) Le nom 4c Valerius et celui 4e Valerla^^t r^rouvent dam
JlÛ5Îe^w ÎMcriptiom 4c îa ville d*Arie$.
(4) UTRiCulario CORPorJsAREi:,4Tet(sis,'VQyçiji^â,^.4^6,
'GrUTER ( CCCCX JCVl, 6 ) AVOjt U VEPECl :. U A,.i:cj^t»ié OXHICi.
à jajp^ CCCCLXXXlll; mais Je rfste«t,plMS,îqf;»¥iç^
(^) EJUSDem CORmis MAQimio IIJ(I:FHHC0. M. G\LyïXj,
l//r/V«/. <}, a mis ,un K auii^ 4*«n F.
(6) AN Nis XXVIII AfensHus V XfietufJC.
{7) Xa, dernière ligne est effacéç. JEilc ^d&toit^.à ce qu'il :pa-
Voît, au temps de Scaiiger : eile ,a été qqn^çryçe par Orutjer^
ccccxxvi, 6, et par ceux qui i'ont copié ^ on yjisoit lAlUM^^
CARISSIMO, à son nourrisson trisHh&i.
.l/'A.
I
i
Le fOfmï'^ 4? «e ifrcpriuigf »e p«-^ pç; lui
avoir appartenu; le petit côté gauche <fat§ çffkj^
inscription {\) :
\
'^■■■'■"'T'^TTrrTTTrTT^rïr a i
Le nom |de Tyrratif^ ^e ^e^ouye sur f^usieurs ins-
criptions d*^rles.
Dans le même mur , près de ce sarcophage , sont
les morceai^x '^Uivans : : _ >'- \
Uncippe(2) S^xr^eSxftp^ip^yi^
fig. j ), avec ces mots :
AS;AtJ[.CJL
co*fyL*Lo^Viyi.
Ô. H. S. S*
«
«
\ v
Les os d'Asiaûctts, ajfranchi des ConfidAeMS (3)9 simi dh^
rt^
(l) DUMONT, 1^5.
(1) Jd. n.<» 31 , pî. XV , n.*> 8.
(3) Asîaticus étoit afitanchi d'une famille dé ce nom.
(4) çssa ffîc sitA Sunu
Nh a
j64 CHAPITRE XCW.
'^' Un bustb, avec Une courte Insaiption presque
effacée (i) :
i ^ I
V- J •#
I
r
I
A BABBI. M. F ~ ^
{- ^TERE-BENIGNA
I
On lit ensuite cette autre (i) :
■i
I - « -
l »
1 *• ■ 1
LERIA LVC.
LYCILLA
)r
' I
N CORNELIO laVCIUAN
Et 'prôtoté<;to"cont
..•'il
T
I
r ■/* * -
• I • » •*
Valeria (3) tucUh,fiU (4) J^ Z«ci//Kj, i Ctt€ims{$) Omlitts
iMCiliauus, et t Prototecm^ou éj^oux\ii):^
Auprès fest une petîte-ftgu^ {7) .<Ie Jupiter
^ pi. LXVi fg. 7)1 a est caractérisé j par Taigle
■ j " • — -..^— ^^ — . — — i^
-<i)DuMOi^,ii.* 77^
\%) W. n.» 36,
(4) LVCillijiUa.
{^) co^Juhetn^^i* ;Le mot contuhernaUs^ sîgnîfîoît un- cpow^
esclave, et dont i! ne pouvoit naître ^ue des esclaves.
{7) DUMONT^ pi. XV, n,^ 5.
' "^ î
>■ * i
f > f»
CHAPITRE XCVI^ ^6^,
qu'on voit à ses pieds. Cette ôgwire est jplacée mi-
dessus cfun cîppe, sur lequel on Ht (ij :
I D M J-
c'i M M T I ^r II ] i il ^
/=«
t •
FLÀVIAE
PO>P FORTV
TVS COKr
DVLCISSIJIl
ET. FL, RE.
AMICAE C
qyiNTi.
I
\ '»
!..
L
Plus haut esjt c$ fiiagment :
' c
CUM. QUO. VIXI. ANN. XXXX.
SriTE. VLLO. AEMvio (;s).
N» }
■< » I Hiill«^ii.MWX
Hta
lÉHBMi
^■^tti
BCt>.
^66 ck'Ai'ITRE xcti.'
FIDELJ.
EAEw tîB
PRIMY
. SÊGV"
dina. cgminiâ
gonTvbernaLs
4
D
*
I
A FUelis, afiavehi dt PrivuU^ SuoêàkuL Cminia, sw ^wae,
âsesfeais{t).
A la droite esi une tessèfé détachée d^un sarco-
phage ; on voit ehcore des fiâ^ens des génies qui
la soutenoient èdàn îiisage , et on y lit (3) :
ri
t. rirrr-t ffftfir -"rr^rs^z
£_*•
D j5 M
ALFENIAÊ AttAltDl
M COELIVS ANTorfN
CarVC.lNCOMFAKA •
. ..BIU
^mé^
^M, Calhis Antoninns à Aifenia Attalîs, ^use iucomparahk»
(i) Vqyi Menard, Histoire de Nîmes, x. Vil, |ief; ^ iW-
MONT, n.*> 39.
(a) De Suo, sous-entehdu dicayil, consecrayiu
(3) DUMONT,ll.°Io8.
CWAPITRE revit i^^j/t
A rextrémîèé dt cette rangée est» cette autre îns-
cription (i):
MMMH
^,
:
imt^mm<mmimi»mmm*
Jimm Marina it Jindns Junhiitar, sm ifoux tris^etùfri (2), à
Dans la titrîsîème rangée du Rasr, on Ht (4]r -
"i-r
FI40RAÊ CONtVBERN
' \
L
PIENTtSSïiMAE
ÉM^Kidri*Ma*MMMa*M*«MtMB«>ëMa*MaMMl#
Lé surnom de SeKtus Mîus , qui ai consacré cette
pierre à sort épouse flora , me paroît être CommissMs^
Sur ia même I%ne ( j ) î, ^ C AN^Q F F> %m
'a^l^BMMi^MMNtataiBMMa*^
■ti|^M*iriMÉi*ii«p«hH^dMa*i
iriiMrt
(ï) DUMONT,11.** 5^
(2) ôarissimo.
\l) AKAm Poni cur&vh.
f4) K^j^BïMARD, rtr iWW. èJjî W'-AitCH, Cbmm. di dtà
Taran. 2 1 5 ; DuMONT, n.<> j4. •
(5) DUMONT,ir.**32.
Nn 4
^iMMitttaBHidi
-■Jiii" i ip^^^N*^-
^-"-^
568 QHAPITRE XCVr.
Plus loin est la pierre figurée pi. LXVI, fg. S;
on y iit ( I ) :
EX JMPERIO
T. ATTIVS QVARTVS
CAILARO VSliM
Kous trouvons encore ici ïe nom d'une dîvîhîté
locale y adorée par les Arléôeh» : sans doute elle
avoit apparu en songe à T. Attius Quartus ; et c'est
d'après %^% ordres [x) qu'il lui a consacré ce vœu (5)*
Cette divinité s'appeioit Cailarus (4)- PI"* ^^^ >
onlit (;}:
T). S^ M.
SEX DOMlTl
BLASTI
IN FROITe
P. XX.
Au» mines de SeXûu Domidus BLtstus. A Ltteie, vingr-pteds [6],
(i ) DUMON7, n.** 5 # et pi. XV , n.** a.
(2) EXIMPERIO, comme nous avons vu visu nifluitus [supra,
t. n , p. 117).
(3) Votum €oMt tuhttts Merkâ.
(4) BiMARD, îH Murât, 63^ pen^e que ce mot vient du cdr
ti<l\xt gdil et ar, ard [ terre]; que les anciens Gaulois ont dit
gail-ardovL cail-ard, pour désigner un gras pâturage; que c'est pour
cela qu'il y a dans fa Gaule narbonnoise plusieurs endroits ap-
pelés h Cmltutd; et qu'ainsi Cailarus étoit le dieu des pamragv!^
(5) DvMom:, Inscrtpt. 35. -
(6) IN FRONTE Peda XX [supri, p. i Ci ).
CRAPItRE XCVI.
A droite (i) :
5^9
Aux mânes de Magusius Martialis,
Au milieu de ces différentes îriscrîptîons , on
remarque une niche (2) qui contient quatre bustes
(pl.LXI,fig6).
L'inscription précédente séps^e deux fragmens de
bas-relief : Tun représente deux personnages liant
un ballot ;• l'autre , un combat oà Ton distingue deux
hommes à cheval , un dans un char y et plusieurs à pied.
La suite du même mur à droite contient les ins-
criptions suivantes (j) :
D 0 M
me'Elliae protidis
MATRI 07
BIRÉILITAN LVCLNAE
N
Aux mûnes de Metèllia. Protis, mère de Lùcine Bilbilitane (4).
;
>
(i) DUMONT, n.** 37.
(2) A/, pf. XVII, n.** II.
(3) M 85,
(4) BlRBlUTANa^oyxr Biiiilitana^ de Bilhilis, ville d'Espagne.
J70
cnkPiTKZ xcvi:
G VALERIY^
PHILOCRA'ES
VIVVS SIBI
POSVIT
mmm^
G. Vakrius fhilocrates s'est posé cette pierre de son virant ( i ).
NERO VIBVS SIBI PO
ET SILVANi^PATRIClAE
POMINAE ET VXORI M
LIAIRI PIENTISSIHAE
QVIVS BENEFICIO VIX
I.POS MISIONS AI^OS XXX
SENE BILE
'« ;• • (i) Nero a pos/ cette pierre , de son vivant ()), â lui et â
Siîvana Patricia sa maîtresse et son ipousie (4), femme (j) très-fdèle ,
parla tendreisede laquelle (6] il d vécu, après sûn affranchissement {j),
trente Itns sans (8) amertume.
■■ I ifc Il > I I ■
(1) DUMONT, 107.
(2) Jdem, iio.
(3) vibUs pour viPus, Nous avons déjà vu des exemples du
B mis pour v«
^4) $iIvaiiaavoît af&anchi son esclave Néron et i'ivoit épousé,
{^) MULIAIPI^wcmuUeri.
(6) QVIVS pout cttius,
(7) VlXIt POSt MISsIONEm.
(8) SENE pour sine, V\ a souvent été mis pour f S dans le»
inscriptions.
4
<ÎHAI>ltftE XCVl.
J7«
I \ ml
<*> «Mil
TIT. FL. TITO COR
P. FABROR. 7ie
NARIOft. GéRP/
AREL tiT if,L H
VÉ^fTS. l^A
TROI^O. i^IE^T
MMÉfeÉéÉÉMMiiÉMM
«MMatt
^ J I* 1. , A A^ .*^ 1^^ * J ^* I
Éi^
lA *>».- ■* 4 * "w -
(0
^ 7y/»x Flavius Titus (a), membre du corps dés charptntietV.
d'Arles (3) ; T//VJ Flavius (4) Inventus a un patron très-bienveillant (5).
Plifô ioia est une pierres qui contient deux bustes
^iaps un encdâr^nent d'areb^teeture (pis L Vhfi§i7);
€l9 sont ceux de deujC époux : is femme tient tut
. V miroir ; ^le fronton est soutenu par des colomles ;
le tympan . es% orné d'une rosace entre deux vases.
On fil ^i la eomidie ^
A* A^Yid SÉ0AT^ l»0M. GRAPrtiWfï
et sur la base ,
J5VLVS IT SÊeVftvS fIlI pArêntibus
V FECERVHt. ^
■taoi
ti) firoFi4Pi(t
(3) cORPoratoFABRORumTIGNAnïànm CÙkPoti ÀRElatenst,
(4) TITUS Flavius.
(5) PJENTissitno,
*
J7t CHAPITRE XC VI.
jLÀ* JtmM^Sedaius et à Pompeïa ou Pompouia Grofiaiis, Sedm^
1ms {i)tt Secums lenrsfiU ont fait faht cette tombe à leurs (2) pareiaj
Le pçtft côté à gauche a pour ornement un bou*
dier échancré appelé pelta [i)é
Le saicophage (4) qu'on voit à l'extrémUé de ce
mur (pi. LXI , »/ ) )j est intéressant par le sujet
qu'il représente : ce n'est pas la vendange dts raisins j,
telle qu'on la voit^ur quelques tombeaux (5) , mas
la cueillette des olives; ce qui est peut -être une
allusion aux douceurs de la paix qui attend l'homme
juste et qui sera sa récompense. Treize génies de
l'agriculture sont occupés à cette récolte : trois sont
sur dçs échelles , qui ne sont formées que d'un bâtcm
avec de petites barres saillantes d'un seul côté pour
y poser le pied ; d'autres reçoivent les diives dans de
petits paniers , et les portent dans* de plus grands y où
ils les rassemblent. Au milieu est le pnessoir y que
deux génies font agir ; une poutre est fixée à son
9ctrémité , dans un pivot ; la partie in^|fjeure est
dans la cuve : cette poutre soutient la meule ^ qui
est posée de champ ^ etnon àjdat, comme dans
(i) seDVlVS.
(i) svh.
(3) Cette pierre étoitatatrefoîs dans Ilié^Hal. K^^^MURATORI,
MCCXU, 10, inexacte; Gruter, DCCXX> i* bien; DUMONT,
Jttscripf. 79, pi. XV, n.*» 14*
(4) PUMONT, pi XX, n.® I.
(j) Stiprà, p. 17^
^
¥
CHAFITRE XCVJf. 573
lés mouUns «îifbléi une barre tr^^versale\ assi^efttie
au trente jpàr tin -fort boulon , sert à faire rtiôuvoîr
cette" meule ; elle éci^e , en tournant ^ les olives ^e
la cuve contient y sans briser les noyaux y qui donhe-
roient à l'hiûie im mauviûs goût : c'est pour éviter cet
inconvénient cjueia moule est à cpelque distance des
parois de la cuve. .
Ce torcularium , où pressoir , est d'une extrême
simplicité : il diffère beaucoup d'une machine cU|
n^ême genre qui a été trouvée à -Stabîe ( i ) ; celle-d
est composée d'.un cylindre placé au centre de la cuve^
et de deux meulgs.-qui éaas^ai les oli Vés contre les
parois et contre le cyJindre : ie néire n'a qu'une seule
meuIe.*Ce pressoir devroît être figuré d^s le cdilier à
l'huile [cella oleariaj ;msLis le sculpteur a voulu réunir
ensemble l'opération de cueilfir ies oliyes et: celte
d^exprimer le liquide qu'elfes contiennent.
Sur le troisième mur , on trouve d'aboard une ins-
cription (2) au-dessus d'une barque qui vogue sut une
mer où nagent quelques poissons fpl. LXIyfg. 8):
c'est un symbole, du voyage que l'homme ftit d^n3
l
tO F^r^CUATTANl, Monnmenti inrditi, mai 1786, p. 39;
HEYNE, VIRGIL. t. V, p. 26a ; GrimalDI , AïtmorU su l'anticQ
frantojo d^oJh, Ncapoli, 4785 ; SCHNEIDER, Scrîpwres ni rus^ica,
tome I, part, a*» page 61 5 , pi. XI ; Beknabz) r Mémoires pour jic»^
à l*histért nAturclk de la Provence , 1788. > -
(a) Fby^MURATORI, MDCUCVI, 8^ DUMONT, pï, XVÎ/
Xi.^ 6f Inscript. 2^, • • i * «.;
i^MH
J74 CHAPITRE xçyi,
ia vie, #es p>9tg9f liV^'il PWt ï f^pm^t «t ^ P<W
assMré qu'M <roMve enft> d;^ |f sfi^ #f J? W>rit
L'BMWpsw est mm çoffçai it]i
VIVOS f^ FECiT ^ SIBÏ -ff J^ SVIS
Quhtus Deiius Nep, fils dt Quintut^ a fait et t^onument de ioi
pivantpour lui et Us siens. Ce monument ne peut appartenir aux héri-
tiers maternels {i).
' A droite est cette inscription ( 3 ) , que Jufia Par-
ftéhope s'est &it faire de son vivant :
M .1 U 1 . i J
TT
-W
11,. 1 I!
i
«
BPmSmBSS
t
On trouve au-dessus quelques fragmens qui ne
présentent aucun sens.
(i) DuMONT^n.^ a^.
(j) NQC AtanwoMtuM AtMtentos ff4trtidf^ Mm Ae^idmr, Çtm
farmuie ^est iiuoiiie, «c.ne 4jett. encore ^ouv^.qite. sur liQs mr
criptîons d*Aries. C'est . mi^re .alml.^iiloii. doit .o^l^Hcr'V^
fMyiations de h pfge jp^,
(3) DUMONT, 112.
Pjii^Iotnj dansune mcht{jd* ULVI^fig."/)^ 9y a
àfs^x [figures un peu nHdtrakées^; loe sont xieiks dé
Cornelia Sedata et de saâQeCprmeliaOptaca, âgée
^ wn)^ ans. Geitte tombe a éterfidtexie iear vivant^
wm xpie lé db; l'inscription (i) :
mfmmt^m
|> ■■■■
CORNELIA L F. SEDATA
OPTaTAÇ AjHNJ)*'yM. XX
Pli AjB VJVA FîÇtCJT
I u u I 1 ;Jii > li II u ■< >i ti ■ rf 1
Au-des$iis estiuncippef^) :
s
1 ^ I I I [| i II I * HW I u M
y E4a A £ :F r:li.T A SE
AMJ^CA BlO(«£NS
J».OSVIT IN HONP
REM C IVLI FOR
TVNATI Illïîl VIR
AVGVSTALIS
^ VXORI^
X^mi€,€cjlîgée de Vexid Ftlt^ta fiijrigé « cif(fK^ en l'hûMUeur d€
JÇ.^ Juliixif Xoruu^tus , sévir mguml, à fo» ^use.
<mmmmmmm^
(i) DOMONT, fï. XV, n.<» 20, Inscript, 78; GRUTER
DCDX9CXVII, la; MURATORI, ^ÇDLVI, â.
(2) MURATORI, DCCLV, 5i DUA^QW, .».« ^3.
57^ CHAPITRE XCVI.
II paroît que F(»rtunatus ne pouvoh alors rendre
lui-même à Veria Filtata ce dernier devoir, qu'une
amie a bien voulu remplir.
, A côté est un sarcophage dont la tablette , soti-
tenue par des génies aiiés qui planent en l'air , con-
tient une inscription ( i ) dans laquelle la tendresse
maternelle s'exprime de la manière la plus toudiante :
D
o. dolor. qvantae
/ lachrimae;. fecere
sepvlchrvm. ivl. lv
cinae; QVE. VICXIT. lA
RISSIMA. MATRI. FLOS. A£
TATIS, HIC. lACE't NTVS.
CONDITA. SACXO. O. VTINAM
POSSIT REPARARL SPIRITVS. ItLE.
VT. SCIRET. QUANTVS. DOLOR EST
QVAE. VIXIT. ANN. XXVII. M. X. DIE XIII
IVL. PARTKNOPE. POSVIT. 11F ELIX. MATER
À
M
K
" O douleur / que de larmes ont arrosé le tombeau df Julta Lucina ,
fui, pendant sa vie , fut si chère a sa mère ! Alafieur de l^ge^ elh
repose sous cette pierre. Oh L^plut au ciel quelle pût rengître pour
être témoin de la douleur que sa peru a causée ! Elle a vécu vingt-sept
(i) DUMONT, n.« iij.
etMS
Chapitre xcyi« 577
mis dix mois tt trer^e Jcurs, Jnlia Pmthàiapi, sa Mère infortunée i lui
d cmsacr/câ m^mmênt{i).
Près dfe Jà est un autre sarcophage de même
forme; les génies qui supportent la tablette sont
debout (2).
■*MMtl
PAci. ET* Qvia:.
£T.'M£MOE» A£T£
Q. ARXSTXO. cHiES
IVN. QVI. VIXIT. AN,..
MENS. III. DIEBVS. V
ATERIA. cIReSTE. FRA
TRI. ET. ARIST. CHR£SIM
ET ARI8TIA. lELPIS. FIL
DYLCISSiM. ETHAOI
N
(i) Une jeune Angioi&e, M."*® Lucie Pamy , qui réside à Mar^
seîliei a traduit ainsi en vers cette touchante Inscription :
Qde de pieu^ ont couvert ce luneste tombem !
Lucine , de sa niÂre et ia gioxre et l'amie,
Lucine y descendit au printemps de sa vie;
Sous un marbré glacé s'édipsa ce flambeau.
Ah! si ses yenx éteints s*ouvroient à la lumière.
Us jugeroient combien ma douleur est amére.
Cinq (oiéres et deux ans, dix mois et treize jours,
D'une si belle vie ont achevé le cours.
Parthénope à sa fille érigea cette pierre.
Triste tt defnier témoin des regrets d'nne nére»
(a) MURATORI, MCDXXXVI^ i ', DUMONT, Inscript. n.<> 8^.
Tome ///, o o
«■■MB
lài
57* CHAPITRE XCVi;
j4u repos, à la paix (i) etâla mémoire étemelle (2) de Q.Aristâb
Chresimus le jeune [■^), qui a vécu ans, trois meis 5. . . Jomrr,
Ateria Chresu à un frère chéri, et Aristius Chresimus (4) et Aristia
Helpis à un fis tendrement aimé. Heureux voyage (5) !
En revenant vers la porte de Féglise , on voit un
fragment (fun sarcophage (pi LXV, jig. S) très-
maltraité par le temps , et dont on doit regretter la
perte. li représente Apollon au milieu des Muses,
tel qu'il est figuré sur d'autres monumens du même
genre : les attributs des neuf soeurs sont presque tous
détruits. II ne reste en tout que cinq figures : celle
du milieu ^ qui est la trobième , est sans doute Apol-
lon ; ce dieu est caractérisé^ par le griffon qui est à ses
pieds ; on voit ^ par la position de ce qui reste des bras,
qu'il devoit tenir la lyre et le plectrum ; et sa longue
robe le fait reconnoître pour Apollon Citharoede.
If est probable (^ue sa figure représeittoit les traits
(i) QUlETi.
'(2) AETErnae.
(3) Quinto^RfSTIO CHRESimo IVNiorL
(4) ARlSTiuS CHREStMus.
(5) ETnAQIn , cVst-à-dire , bonne navigation. Les anciens
croyoient que, pour entrer dans le séjour des morts, H falfoît passer
TAchéron dans la barque de i*infTexibIe Charon. G*étoit aussi une
idée philosophique que de regarder le passage de la mort à une
vie étcmeile comme un voyage : de là vient ce souhait qui se
trouve dans plusieurs inscriptions tumulaircs. Nous l'avons vu
indiqué ci-dessus , p, j^^f, par la figure d'une barque. Quant
à l'idiome dans lequel ce vcpu est écrit, on trouve quelquefois
Ats vœux semblables c^^rimés en grec à la >uite des mscriptioxu
latines.
tttAPlTRE XCVl* 579
I
de la per^oi^n^çnfermée <|aiis.ce tombeau. La pre-
mière Muse est Thalie ; elle porte le masque comique
de îhegemon ott conducteur des esclaves ; près d'elle
est Mel^orinh^é tenant la massue et le masque her-
culéen ; Clio est sufiîsammeht cîàràctérisée par le
s^le qu'elle a dans la main droite : les deux autres
figures sont tellement mutitéës^ qu'on ne sauroit
r déterttiineà: ce qrfeHes sont; On vok , ^ans l'autre
raur^ des^fragmens de figures sans tête, vêtues de
.longues^ robes ; elles; parobsent avoir appartenu à ce
.faas-relief. 'On a enchâssé à côié quelques ftagmisqs
.de tombeaux: chrétiens. On en remarquef ,^ entrp
autres,, deux qui pourroîentse rtunir : jq le^ai fait
figurer /?/• L^CV^fig. j et lo (i). ^
Dans le milieu de i'ençeinte , il y a^ un assez gi?and
^nombre de sarcophages; on en â brisé plusieurs
pour en enlever la face. L'un de. ces n)oi|umen$
paroit avoir été très-beau ; sur le petit côté qui en
reste, ori Voit un griflfbn. Un autre a un bu^te au
milieu; de cWquécôté, des moulures en foi'mfede
<sti^gile (z) , et aux deux extrémités une figure de-
^bout. Un troisième offre des figures dans des niches»
Ces sarcophages seront bien placés dans le musée ;
.mais ils ne m'ont point paru mériter d'être dessinés*
Aucun des trois ne porte d'inscription.
■ki*MiM
^l) DUMONT, pL XXV , II.*** 5 et C.
{%) Supra, p. J54,
o o a
\
\
i8o CHAPITRE XCVI.
Sur un quatrième , on lit celfe-fcî ( i ) :
3f
Njjj^ I T VALERI DIONTSI ' * >^
D^ VAl'ERIA CHARIS V^Oli ^T U^£RI "jK
N
i
MARCELLVS ET PELICIO PATRI PllS
Aux mânes [%)â€T, VàUrUis Dionjshts, ValeriàCharisionipouni
Vaietltts Marcdlus it FfUda (^)Â ieut Wkktpin,
Tels sont ies précieux restes nosemUés ohns ce
lieu si improprement décoré lia nom de musée^ L'iih
démence des élémens , les insultes de ceux qui sV
introduisent, y casent continuellemeiit des ravages.
Je dirai plus bas comment on pourroit fermer, pour
les recevoir y un établissement plus (^gne de l'antape
et célèbre cité qui a l'avantage de les posséder.
On trouve encore quelques inscriptions dans f an-
cienne maison des Minimes (4). Près du léfectoîre,
<m voit dans le mur un devant de saFco{diage gnvé
(l) GKUTEB, bcCXLV, 1 1 et PCCCXX^VUi li MURATOW,
MCDXVi, 4; Hist, de VAcadémit des inscript, tome VIIi 148}
Saxy, Pontif. Arel 99; DuMONT, n.* 97.
(a) D*apcs fa copie donnée par Gruter, DCGCXXXVH»!, It
première ligne qal matK^ue est memma atnmm. Cette mcription
avoit été envoyée à Scaliger, <|uî se trompai eh l'attribaant à U
vilie de Nîmes; il i'avoit rapportée très-inexactement à fa page
DCCXLV, I , où il dit cependant qu'etfe est à Arfes , dans PégVise
Saint-Honorat* La cc^ie envojrée par k baron de ia Baslie à
Muratori, MCDXVI, est tout-à-fait infidèle.
(3) PELICIO pour FELicio. On trouve souvent le P pour ff
dans ies inscriptions.
(4) DUPORT, Histoire de V église d'Arles, p«ge 1 y.
CHAPITRE XCVI. j8l
fL LXIXffy. ^ : c'est une espèce cTarchitectpre ,
composée , sur 1^ côtés , de deux arcides sout^iues
par des colonnes torses ^ avec des palmettes entre
les arceaiqc ; sous chacune de ces arcades » il y a wm
tête de Méduse : les anciens croyoient que ce ngne
ëloignoit les maléfices. Au milieu est une tessère»
ornée de chaque côté d'une petite fleur* On y lit
cette inscription ( i ) :
PAX. AETERNA.
SrtCiSSIMAB. BT. INNOCEN
TISSIM. FILIAE. CHRYS0G<5nE. IV
NIOR. SIRICIO. QVAE. VÏXIT. ANN. III.
M. II. DIEB. XXVII. VALERIVS. ET CHRY
SOGONE» PARENTES. FILIAE. KARIS
SIMAÇ. ET. OMNI. TEMPORE. VI
TAE. SVAE. DESIDERATISSI
MAE
. Paix éurrulU. A unt file tendrement aimée et trMnnocente , à
Chrysogone Siricio (i) /<rx cadetu, quia vécu trois ans àmx mois
M I ■
^mttm
^m»*m
(i) Voyei MURATORt, MDCCCU, 8 ; BOUHIER, Exfl. 17^
Hist. de VAcad, des inscript, t. VII, 249 i DUMOOT, pi. XV, fîg. 5 ,,
Inscript, n.* 86,
{%) SIRICIO, datif de Sirîcitim, comme On dit en grec Cor-^
gonium , Melanium , Clycerium , atn îîeu 4t'0M^ià, Mëanik ^
o O J
582 CHAPITRE XCVi;
tt vhrgt'Sept jours. Valtrius et Chryiogont , • son pirt et $a mère, à leur
fiiU chérie, qu'ils ne cesseront de regretter, tant ^' ils vivTMt,
Ce sarcophage a été trouvé, en \6\%\ dans un
tombeau, en creusant les fondemens du monastèrer
des Minimes (i); et il renfermoît lui-même un cer-
cueil de plomb , dans lequel i! y avoit une étoffe d'or
et de soie très-riche, qui enveloppoit sans doute le
corps de la' jeune Chrysogone. II est fâcheux qu'on
n'ait pas conservé ce précieux tissu, ou du moins
qu'on n'ait pas songé k le faire dessiner.
Dans l'escalier qui est auprès , on lit cette inscrip-
tion, enchâssée dans le mur (2) :
l. domit. domitiani
extrIerarGIi. class. gSIm
pfcocceia, valentina
conivgi. pientissim
A £. Domitien, fils de Domitien, ex-triérarque (3} de la fiotu
Gfyceria : ce nom n'est pourtant pas grec ; aussi !c président
BoUHlER veut-il que Siricio soit pour Syrtca, et que ce mot in-
dique que la jeune Chrysogone ctoît d'origî#ie syrienne.
(i)^DuPORT, Histoire de Véglise d'Arles, page 13.
\%) Mur. DCCCXI, i, etDCCCLXXX, 5;CASTELL. Hist. de
Palerme, 303 jMaffei, Gall, Ant. 6^, ii^correcte; Hist de l'Acad.
des inscript, tome Vil , 2 50 ; SEGUIN , Antiq. d' Arles, ^^ 6 ; BRCVÀL.
^emarh, tome II, 174; DuMONT, n.* 98,
(3) Conunand^ni de trirème^
.ti
CHAPITRE* XCVI. 585
germanique [\), pieuse et fdèle (z) ; Cocceia Valentinn à sou tendre
époux.
On voit encore, sur ie mur antérieur de celte
maison, plusieurs fragmens de sarcophages.
Je ne me rappelle pfus ia place qu^occupent dans
ce monastère deux sarcophages que f'jai fait des-
siner et graver. Le premier (pi, LIX , n,^ p) n'est
qu'un fragment ; il est brisé près de îa tabfette des-
tinée à porter l'inscription r on y remarque Jonas
dans la barque, la résurrection d^ Lazare, et Daniel
dans la fosse aux lions (3). L'autre sarcophage
(pL LXVJ, fg, 8 ) représente ïa résurrection de
Lazare : sa sœur Marthe implore fe Seigneur; on
voit ensuite k guérfson de l'aveugïe de Jéricho ,
Susanne entre les vieillards , Feau changée en vin ,
S. Pierre, et Moïse faisant sortir Feau du rodiei'.
L'artiste, suivîint le goût de son siècle, a cherché fe
symétrie et l'opposition des groupes , et ne s'est point
•attaché à l'ordre chronologique des faits.
«■w*i
(i) Cette inscription est fa seule où il. soit fait mentioi) de k
fïotte germanique. La station de cette Hotte étoit sur ie Rhin.
TAcrr. 1. 1.
(2) P/dr Fideîi. Maffei a ïu mal-à-propos PÊCOCCÈJA,
(3) Le comédien Duménil^ qui a laîssédes dessins manuscvits
de plusieurs, monumens de ia France, a copié ce tombeau, et
ïi a fait de ce groupe un Satyre entre deux Priapfes ; cela suffit
pour faire voir, queiie confiance on doit avoir dans cette c6iIectioiï>
qui est aujourd'hui à la bibliothèque de l'institut.. .
o a 4
5*4
CHAPITRE XCVIL
Saint-Trophime. — Portail. — Sculptures. — NefI
— Inscription attribuée à S. Virgile* — Tombeau de
Geminus.
JNous venons 4e ^siter un lieu qui, par l'effet
pittoresque de ses murs en ruine , et la variété des
monumens qu'il renferme , porte l'esprit à la médi*
tation et au recueillement , et jette dans l'ame i^
germe d'une foule de pensées. L'édifice auguste que
la religion des Artésiens a consacré au culte da
premier de ses apôtres et de ses évèques , n'a pas
moins de droit à notre attention : c'est un des plus
curieux monumens de l'art ; c'est un des sanctuaires
les plus saints et les plus révérés de l'antique Gaule.
Nous avons dé|à parlé des différens sentimens
sur l'établissement du christianisme en Provence ( i )•
L'opinion vulgaire est qu'il fut porté à Arles par
S. Trophime, que l'on croît avoir été un des soixante-
douze disciples de Jésus-Christ, et dont on trouve le
nom dans iesÉpîtres de S. Paul (a). On prétend qu'il
étoît d'Ephèse, qu'après la mort de Jésus -Christ il
suivit S. Çîerre h Rome , que le prince des apôtres
i'enyoya prêcher la foi dans les Gaules, et qu'il
la Mil
(i) Suprâ , p. 1 1 9 et I ^jf.
(») S* Paul, xx, 4j xxi, a^.
CHAPITRE XCVIÏ. jSj
$*znètz à Arks , où H abolit ie culte des idoles , les
sacrifices humains, et où il fit un grand nombre de
prosélytes, qui reçurent le baptémeé II convertit les
Champs-Elysées en un cimetière : ce fut à lui que
J^us * Christ apparut pour bénir ce lieu destiné
désormais à ia sépulture des fidèles , et il laissa su^
ime pierre l'empreinte de ^s genouXr S. Trophimè
y bâtit une chapelle à h Vierge, encore vivante. II
s'éloigna quelque temps d'Arles , pour répandre aussi
^ la foi dans d'autres villes des Gaules ; il y revint
^ enfin , et fut inhumé dans le cimetière qu'il avoit
f ^ quelque sorte cQn<|iûs potur les chrétiens.
Cependant les iâits qui constituGnt cette" histoire,
} ne sont fondés sur aucune iiutorité. Grégoire de
' Tours, comme nous l'avons déjà dit, fixe au llC
■ siècle l'arrivée de S. Trophîme à Arles , au même
' temps où l'on vit S. Paul évêque à Narbonne, S. Satur-
nin à Toulouse et S. Denis k Paris; mais on doit
penser qu'il y avoit déjà des -chrétiens dans Arles à
cette époque. Quel que soit le temps où S. Trophimè
a vécu , c'est toujours lui qui commence la liste
révérée des évêques d'Arles , et qu^on peut regarder
comme ie chef de cette église. EUe reçut de grands
privilèges des papes , des empereurs, des rok de
France et des comtes de Provence ; Henri VII voulut
i qu'elle jouit de ceux de l'église de Rome. Conrad lui
céda tous ses droits impériaux , et laissa à ses évêques
celui de battre monnoie et de donner des lettres de
58^ CHAPITRE.XCVIT.
noblesse : ils reçurent le titre de primats des Gaules ;
ce qui causa des dîfFérens avec l'église de Vienne ,
cjui enleva enfin la primatie à celle d'Arles dans le
/viii/ siècle.
On fiiit remonter l'époque de la construction de
l'église de Saint-Trophime au temps de S, Virgile,
ârdievéque d'Arles au vi.' siède. Il pouvoit exister
alors un édifice pour la réunion des fidèles ; mais ce
n'étoît assurément pas celui que nous allons visiter.
On sait que cette église étoît dédiée à S. Etienne,
le premier de nos martyrs. Ce ftt en 1 1 5 2 que
Guillaume de Montrond, archevêque d'Arles, y fit
porter le corps de S. Trophime, dont elle a reçu le
nom. On composa , à cette occasion , un poème ,
qui existe manuscrit, et dont je citerai quelques
fMusages comme un ancien monument de la langue
provençale ^-
Cairt îos papas Sant Pcîr, Sant Pauf,
Kffoa sagrat Saut Trofeme cors sant,
£ls !i dcron poder que fos papa segons
Entotos las procnsas que son desa ios mons.
Tôt aqucst grand poder Sant Trofcme garder
Aytant que fbn evesques é visquet.
£ pueys devenc que la sieutat defalhi >
Entro que Temprador G)5tantin !a basti (i).
(1) Quand les papes S. Pierre et S, Paul eurent sacré S. Trophime
évcque , ifs l'établirent second pape dan» toutes les provinces qui sont eir-
deçà Ae$ monts. S. Trophipie conserva ce grand pouvoir tout le temps de
son épiscopat et de sa vie. Ensuite la ville tomba en décadence jusqulaf»
temps où reropercur Constantin f» Mlit.
CHAPITRE XCVII. J87
Pucys nos dkxmet cura d pros Theodotis (i).
• • ^••. ••..•••• ••••; •
Cu ad ayso , senhos ^ sera obediens «
NI non î mancara ren per nuil tems ^
As iettras , pcr veritat ben Ven venra;
Et de Dieu bon guîderdon resebra (^);
....;-T.......; ..,.]
4-
EpcaraS , si deu mot alegrar tôt fisel
Cant sap que per>el es avocat al sel
Sant Trofcm Tarcivesque de la sîeutat
D'Arle^ et Sant Esteve premier iapidat (3].
t.
Deven aver grand fé et grand dcvosîon
Et portar.reyercncia et grand suppiîcîon
Per so qu'efs sans an Dieu nos acabon
Tôt so que nos querem ni demandaren {/^,
(1) . . » f . . . Puis le preux Théodoric nous iccorda sus soins ou sa bien-
veillance*
(2) Seigneurs , celui qui sera obéissant à ceei et l'observera toujours à fa
lettre , certainement bien lui en -prendra, et Dieu lui en donnera une ampie
iéc«nipense.
^ (^J^'fy plus, tout fidèle doit fort se réjouir de savoir qu'il a pour av<H
cats dans le ciel S» Trophime , archevêque de la ville d'Arles , et S. Etienne»
premier martyr,
(4) Nous devons avoir une grande foi, beaucoup de dévotion et de res-
pect, faire d'ardentes prières, pour que les saints nous obtiennent aupr«f
de 0ieu tout ce que nous leur demanderons. ^
iilh^
■■AaakM^^iMi
j88 ^ CHAPITRE xçyii».
Et tous scias gens que al luoc fés aurati^
Et oreiran certâmen» et per fui ptegfxan
A Dieu onnipotent ios sans ,
AI cor «t a i'arait «ur«n v«ra sAluf ( »)» '
La différence des constructkHis pnmve que cette
église a été bâtie à diflTérenteâ époques. Le pprtail ^
quoique très-ancien , est certainement d'une date
bien pius récente. Sa forme (pi. LXX, fg. i J est
^ présente d'abord un immense
fronton , dont la corhkhe est soutenue par des con-
soles décorées de fleurons et d'animaux qui figurent
symboliquement les évangéUoes ; à la partie la pius
élevée du fronton , est un ange avec les ailes éten-
dues.
Le tympan est occupé par unt immense arcade
circulaire , et non de forme ogive ; elle est formée
de plusieurs bandes , dont diacime a un ornement
particulier ; la dernière est couverte d'une foule
d'anges qui paroissent occupés à louer le Seigneur
et composent sa cour : à la partie la plus élevée du
cercle , il y s d'autres anges qui sont Ams des atti-
tudes extrêmement forcées ; ils sonnent de la trom-
pette ^ comme pour appeler les nations au jugement
dernier. Dieu lui-même est au milieu dans un mé-
daillon ovale ; il a une couronne sur la tête , et il
(t) T«i4 ceux qm auront A>i à ce Utu (» U viH« 4'ArIe9)» et auront
«oc ferme croyance» cl y pricr^m Dieu et iç$ $matt^ obtiendront it saint
Àt leur corps et de leur «me* .
CHAPITRE XCTtt. \ît^
est assis sur un trône j H lève ïa mam comme poàr
rendre ses irrévocables arrêts : antorur de lui sont
un lion et un bœuf ^ tous deux aiiés , un ^^e et ua
ange qui tiennent chacun un évangHe.
Tout i^édiftce est porté par des cofomiei /au
nombre de six de chaque côté; fes chapiteaux en
$ont taries : ces colonnes soutiennent une farge frise
qui forme la base du^ fronton. Cette frise est chargée
d^un grand nombre de figures, dont la plupart, selon
l^usage du temps, représentent de^ scènes du Juge-
ment dernier i au mflliéu sont lès douze apôtres assis;
chacun tient un livre à la main ; ils paroissent former
le conseil du Tout-puissant.
Les côtés rentrant ne sont pas moins riches. A
gauche, on voit ^w/ 2J deux hommes qui ont une
barl>e vénérable : ils sont assis entre des arbres , et
chacun tient deux enfans sur tes genoux ; un angQ
debout devant eux leur présente une autre figure.
Je crois que ce sont des âmes qui vont paroître au
Jugement, et que leurs patrons intercèdent pour
elles.
Derrière est une jeune femme entre une femme
plus âgée et un vîeiHard ; effe iest suivie de jiiusieurs
hommes qui som vêtus , comme les apôtres , d*une
tunique et de la toge romaine : ils élèvent une main
comme pour rendre grâces. Derrière eux viennent
des femmes voilées ; elles sont vêtues d'une tuniqut
et d^uiîe espèce de péplum à pKs droits , ainsi qu'ort
J90 CHAPITRE XCVtlt
le remarque aux statues de l'aiicien style grec. Je
crois que ces figures sont celles des hommes et des
femmes qui ont éprouvé Teffet de la miséricorde de
Dieu , et qui vont entrer dans le paradis ; c'est pour
cela qu'elles sont vêtues comme elles l'étoient dans
le monde : les. âmes qu'un ange présente au juge-
ment, et pour qui leurs patrons intercèdent, sont
encore nues (i). Les élus sont précédés de plusieurs
évéques.
A droite des douze apôtres , on voit un vieillard,
qui ne tient pas , comme les autres , des âmes sur
ses genoux ; mab il* est assis sur un . homme qui
s'appuie sur ses quatre extrémités : c'est probable-
jnent un signe de réprobation. En effet, le groupe
qui suit, et qui fait pendant k celui des élus que je
viens de décrire, n'offre que des. hommes nus; un
vieillard, peut-être S. Pierre, paroît leur ordonner
de sortir d'un lieu que souille leur présence : tous
sont enchaînés par une même corde, dont un démon
tient l'extrémité ; et entre leurs jambes on voit déjk
s'élever les flammes dans lesquelles commence I^ur
étemel supplice.
Au retour {nJ" j), il y a un groupe de damnéf
au milieu des fïammes ; au retour opposé (n.'' jf), on
(i ) Ceci paroit tenir à une ancienne tradition. Dans le tableau
du Jugement dernier àt Breughel d'Enfer, toutes les âmes mises
«n jugement sont nues : cdies qui vcrnt en enfer ,> restent ainsi}
celles qui entrent dans ie paradis , sont revêtues de riches habits.
'^CHAPITjRE XCVII> Jpt
a figuré Adam et Éve> la cause du pé<^hé originel
et de la damnation de l'espèce humaine.
On voit ensuite ^ dans la rentrée (n! ^), un ange
qui ferme la porte du paradis y et des hommes qui
expriment leur désespoir en mettant leurs mains sur
leur front. Comme dans toutqi les peintures et les
sculptures de ce temps, la forme de la porte dit
paradis est celle d'une porte d'église. Les person-
nages ont un bonnet qui ressemble assez à celui qui
caractérise les Juifs sur les premiers monumefis
chrétiens ; c'est cel^i qui étoit en usage pour les
hommes, dans le xiv/ siècle : on voit des figures da
Charles Y ainsi coiffées.
Sous cette frise , règne un double rang d'orne-
mens imités des monumens antiques; ce sont ie
méandre et les vagues (i).
Le milieu de la porte est soutenu par une colonne
de granit qui a pour chapiteau un ange avec les ailes
éployées ; quatre hommes agenouillas sont attachés
par le dos k sa base, à-peu-près comme les rois captifs ,
sur les médailles relatives à ia soumission des pro-
vinces : c'est probablement un symbole du triomphe
de la foi sur les nations barbares.
Les jambages de. la porte sont formés par un
iàisceau de petites colonnes , dont les chapiteaux
(i) Voyez mon Dictionnaire da htauK-arts, aux mots BOR'
f>UR£, Méandre et Vagues.
I J^I^M^I
592 CHAPITRE xcvir.
sont historiés* A gauche il y a un homma as»[s quf
étend une main : à droite est la Viargé cpû tient
i'en&nt Jésus sur ses genoux ; elle est entre deux
anges. Dans la rentrée y on voit aussi les trois magei
qui arrivent; l'un est etKbre k cheval , les deux autres
en sont descendus; ik vont se présenter k Hérode,
qui est assis sur une espèce de trône , et accompa-
gné d^un garde ; ifs se remettent ensuite en route
pour chercher le Sauveur ; ici ^ au lieu de chaperom
ordinaires , ik ont de longs bonnets coniques. Oit
voit phis loin tut baptême par immersion : un enfant
est plongé dans une cuve par son père et sa mère;
le Saint-Esprit, sous fa forme d^une colombe , des^
cend sur cet enfônt*
Dans la rentrée (n!^)^ on a figuré Fenfant Jésus
suspendu avec son berceau , la Vierge nouvellement
accouchée , étendue dans son lit , et S. Joseph gar-
dant son épouse , qui vient de lui faire un don si
précieux. Les trois rois mages ont trouvé le fils de
Marie , qui est sur les genoux de sa mère ; chacun
est placé sous une arcade ; ils l'adorent : derrière
eux s'avancent les trois tètes des animaux ^i les ont
amenés d'un pays si éloigné.
Dans Tau tre rentrée , il y a un vieillard au Rt , et près
de lui un ange; on remarque ensuite des troupeaux ;
au retour (n.^ 8) ,\xa cheval et deux taureaux gardés*
par un berger accompagné d'un chien et vêtu de la
cape pastorale, d'où les prêtres ont ehiprunté cette
espèce
tHÂPitRË XCVtti 59J
espèce de vêtement qu'on apjpelfe chûpe : isiir lè >
tetour opposé, nyp , îl jr a des plantes.
Léi côtés s^ont décorés Ses statues de quatre per*
sonnages ; on y distingue S. Pi^re , S. Jacques et
S. Philippe : le nom de chacun est écrit sur le livre
qu'il tient à la main. S. Pierre est à gauche ; il tient
les clefi du paradis. Entre deujc figures s'élèVer un
jpllâstre chargé d'arabesques (n^ lO et ïi).
Les colonnes sont sur une basé fcontînue, ornée
iïe bas-reliefs : ils représentent le combat d'un taureau
et d'un autre animal ; un mufle de lion ; au retour ûil
tioitime agenouillé, sur le dos duqUel un autre homme
pose quelque chose; un jeune homme conduisant tin '
lion ^w.* 12), et à droite un lion qui va dévorer irti
serpent ; un autre homme qui conduit aussi un lion ;
un autre assis entre des lions qui vont le dévorei* ; dii
tnufle; un combat de béliers semblable au précédent j
et un lion passant (n." ij). Enfin un homme nu tient
de chaque main deux autres hommes par une jambe \
tls saisissent leur tête en se débattant (n.^ 14) : peut-
être est-ce un tourment de deux damnéà* Un ceh*
taure (n^ i^) lance des fléchés à (Éeûx lions.
Entre deux colonnes cànhèlées > il y en a une
simple ; les chapiteaux sont trèà-vafiés : entre chaque
colonne îl y*à une figure ; à gauche, il y en a deui
qui tiennent un livré et pârôissént être des dtscfples
ffu Chrîs t , ou des Pérès drfÉgffee: On y voit tme
figure ti*évêqiré pôttaftt W cfôs!?e> accompagné de
Tome III, Pp
* !>■■ «J^Pm - ■ — ^■... >— ..^— ^.^^ ^
^ 594 CHAPITRE XCVU.
deux assistans et de ^eux anges qui soutiennent sa
mitre : cet évêque est S. Trophime. On lit sur son
pallium cette inscription- en lettres gothiques :
CERNITVR EXIMIV5 VIR , CHRISTI DISCIPVLORVM
DE NVMERO TROPHIMVS HIC SEPTVAGINTA DVORVM.
De l'autre côté , dans le premier entre-colonne-
ment , il y a une ame que deux anges élèvent et
vont présenter à TEternel : c'est celle de S. Etienne,
que nous voyons au bas à genoux entre deux hommes
armés de pierres pour le lapider ; ce saint a une épée
de forme antique , une espèce de parai^onium ( i ) ,
dont le fourreau porte des caractères indéchiffrables.
L'artiste ne pouvoit mieux faire que de mettre ainsi
en opposition les deux saints à qui cette église a
été consacrée.
Dans le haut du mur qui est derrière les colonnes ,
il y a xme frise qui représente différens sujets. Ce sont
principalement des faits tirés du Nouveau-Testament.
On voit à gauche un ange qui prie les mains éten-
dues ; un arbre le sépare du reste , pour indiquer
qu'il est isolé. C'est ensuite la fuite en Egypte;
S. Joseph conduit par la bride l'âne sur lequel est
la Vierge Marie , qui tient son fils sur ses genoux :
plus loin est le massacre des Innocens ; puis viennent
Içs rois mages qui arrivent à cheval.
(i) Voyei^ ce mot dans le Dkûênnmt da bcoMM-aru^
CHAPITRE XCVÏI. jpj
Il y a encore au retour de ce côté deux bas-reiiefs
que fai fait figurer- à part, parce qu'ifs ne peuvent-
être représentés sur cetle planche. L'un ôffi-e (n.\ i6)
fange Gabriel, qui pèse des âmes dans une balance :
il^y en à une' qui a été trouvée de bon poids , et
^i va entrer dafts le paradis ; les deux autres sont
encore dans les .bassins; Cette idée de peser les âmes
est fort ancienne v elle se trouve d'abord dans les
jjèëmes d'Homère, où Jupiter est représenté pesant
les destinées [kérh] d*AichiHe et d'Hector; une belle
pàtère, publiée par Wincfcelmann, nous fait voir
Mercure tenant la balance où sont placées les kêris
^Achille et de Mémnon (i). J'ai découvert le même
sujet sur un magnifique vase de la collection impé-
riale [i)i C'est ce que les anciens appellent la psy-
chostasie, om Id pesée des âmes, hss chrétiens ont
exprimé de même le jugement de Dieu; et dans le
singulier tableau du Jugement dernier attribué à
Van Èyk , l'ange Gabriel pèse aussi les âmes comme
-il le fait ici.
Au «/ //, le démon, assis sur un monstre à quatre
pattes et k queue de poisson , tient deux hommes
renversés entre ses bras ; il en a un autre entre ses
cuisses. Un satyre, n' i8, tient un lion par une
jpatte.
( I ) Voyez Monumrns antiques inédits, 11 , 34.
(2) Je vais le publier sépatémcot, accompagne d'une disser-
tation,
pp a
^^6 CHAPITRE XCVÏJ.
On monté à cette ^Iwe par un perron de sept
ou huit marches qui se prolonge sur toute |a feçad^.
Ce portail paroît être du XHI.* siècle; les tombeau»
d'AljJhonse, roi tfArragén, de Raymond -Bérenh
ger (i) et de Béatrix (2), <JUq aous avons figvrfe
et décrits , prouvent qif il y avOît aîor^ en Provence
des artistes capable^ d'exécuter un pareil édifice.
Ce qu'il y a de remarçiafale ^ c'est l'observatiop
fidèle et constante du costume romain (feins ia re-
présentation de ia plupart dés personnages. On peut
présumer que le grand nombre de sarcophages qui
étoient à Arïes dans les premiers temps du chris-
tianisme en Provence, auront donné a^ sculpteur
l'occasion d'étudier ce costume , et qu'il y aura copié
pltisieufs des histoires qu'il a figurées silr ce portail ;
car, à l'exception de quelques détails qui tiennent
au temps^ où l'ouvrage a été fait, ces bas-relîe&
ont assez d*analogi€( ayec ceux que l'on voit sur les
plus anciennes toirtbes chrétiennes. Le bas-relief du
milieu de la porte est évidemment une copie des
sculptures nombreuses qui représentent Jésus-Christ
entre ses apôtres (3).
L'intérieur est composé d'ime nef avee deux
ailes extrêmement étroites. On lit sur la muraitle
(i) TomcH, pages zS6, 288 , 289 ; et Atlas, pi. XLi— XLIV.
(2) IbU page 2S8 ; Atlas, pi. XUV,
(3) Atlas, pi. LXVI^ n.« 2.
CHAPITRE XCVII. 597
de l'aîle gauche , où est I^ tribune des orgues , les
vers suivans , qu*oii prétend que S. VârgUe y avoît
fait graver (i) :
TEÏ«AB7M0MA<9EHINm
1(0 JMISSVS SEMTEEAPeiOiTVElVPINCOLMOSEP
OLlMCOïniITOIOETEOCONirçiIORCkO
C'e§t-à-dî|e ;
TERRARUM ROMA GEMINA DE LUCE MAGI&TRA
ROS MISSU3 SEiyiPER ADERIT VELUT INCOLA JOSEPH
OLIM CONTRITO LETHi£0 CONTULIT ORCO.
Ces vers paroissent devoir ^pfe interprétés de jce^te
raanière:
',La double Rome (2), maîtresse de la terre (j), sera toujours une
rosée (4) em^yée du ciel (5), tdle que celle que le colon Joseph (6) a
( I ) Franc. Rebattu în très versus pervetustos et dl^cths qui Are-
late in templo dm Tmphimi sculptl sunt, Aqujs Scxtiis , 1 644 , in-4.*
. (a) Rome ctpu appejéc GHA^INA à cause dç !a translation de
Tempire à Constantinople, qui étoit devenue une seconde Rome^
(3) Les anciens auteurs, et les poètes sUï:-tout, donnent sou-
vent à Rome l'épithcte de maîtresse de la terre,
(4) ROS signifie l'instruction, et par conséquent fa religion ;
% plusieurs auteurs ont donné le non> de rosée à la doctrine céleste.
(5) Aï ISS US DE LU CE; envoyée du séjour delà lumière, c'est-
à-dire, du ciel.
(6) INCOLA JOSEPH. M. Rebattu pense que ce mot désigne
Jésus-Christ, avec qui les «uteurs sacrés comparent souVent le
Christ ; il est appelé incola, parce qd'il est colon dons ce monde
conunc Joscpb Tavoit été dàm TÉgypte^
598 ÇEtAPITRE XCVII.'
p&rtée dans le monde (i) après avoir vaincu l'infernal Orcus (2).
On attribue cette inscription à S. Virgile : mais
la forme carrée des caractères me paroît indiquer
un âge postérieur; et je croîroîs plutôt que ces vers
ont été écrits dans le x.* • ou le xi/ siècle.
L'intérieur de i'église est massif et irrégulîer , et
ne rappelle en rien ia richessef et i*élégance du porr
tail : cela vient peut-être de ce que l'architecte a été
obligé de s'assujettir au plan des constructions plus
anciennes ; et d'après l'inscription que nous venons
de lire , on voit que cette église existoit depuis long-
temps. Il y a des tombes enchâssées dans les murs,
qui $ont extrêmement épais.
Le 'sanctuaire a été construit ou plutôt rebâti, vers
1 4î o , par Louis Aleman, évêque d'Arles , qui a été
béatifié. L'autel est décoré d'un tableau qui repré-
sente r adoration des mages ; il porte \e nom de son
auteur; on y lit : Ludovicus Finsonius BelgaBrugensis
fecit, anno 1614. Il y a sur la tribune, à la porte d'en-
trée, un autre tableau où le mèiBe artiste a peint la
lapidation de S» Etienne,
Le devant d'autel de la chapelle du Sépulcre est
formé d'un sarcophage que j'ai fait figurer planche
luXIX^nf i^ On voit Jésus -Christ entre deux de
(i) CONTULIT.
(2) LOETEO pour LETH^O ORCO. Ces expressions , em-
pruntées en partie du paganisme, désignent aussi, dans I«
auteurs sacrés « l'enfer des chrétien^.
W.
\
CHAPITRE xdvir. 599
ses disciples, dont l'un tient une croix bouclée; ce
sont probablement S. Pierre et S. Paul. Au-dessus de
Jésus-Christ est son monogramme , maïs d'une forme
particulière et extrêmement rare ( i ) : c'est seulement
un P traversé d'une barre qui forme la croix ; ce qui
fait ainsi une croix bouclée à sa partie supérieure,
comme ceiie que porte ici S. Pierre.
On lîsoit autrefois sur cette tombe une épitaphe,
que Ton a sciée pçur accommoder ce bas- relief au lieu
où il est placé. Elle apprenoit que c'étoit le tombeau
de Geminus, né à Cologne, qui a été gouverneur
et intendant de neuf provinces , et est mort âgé de
trente - neuf ans deux mois et six jours (2) ; mais
rien ne pTouveque ce Geminus soit le même que
Geminus Paulus , qu'on dit avoir été évêque d'Arles
au milieu du vill.* siècle.
(i) On ne ïa trouve que sur unemoimoîe de Henri I.*'*', frap-
pée àChâlon en Bourgogne ( Leblanc, Traité des monnoies d^
France, p. 148 ), et sur le sarcoph^e qu on croit être celui de
Gaila Placidia, dans i'église Saint-Aquilin à Milan. Voyej^ hLL%*
CRANZA, Sacri Monutnenti antichi di Afilano , p. 37.
(2) Saxy, Pogtif. Arelatense, 161 ; MaffEI , 90 ;DuMONT, 164.
r
... k
pp 4
6oci
CHAPITRE XCVIII.
Archevêché, — Tombeau. — Inscriptions. — Rester
du théâtre. — La Miséricorde, — Colonnes de brèche
africaine. — Statues, torse de Jupiter, Faune endormi,
tête de Bacchus. — Arènes. — Thermes. — Forum.
— Prétoire. — Palais its Empereurs. — Urne de
marbre. — Arc de triomphe, — Saint -Césaire. — •
Couvent des Donnnicains. — - Monumens chez divers
. particuliers. — Inscriptions. ^^ Arniazones, -^ Sarçc^
phage de Tyrrania.
J-jA maison commune, lès Champs-Elysées et
régli$e Saint - Honorât , ne sont pas à Arles les
seuls lieux où Ton puisse trouver des monumens
et des inscriptions : nos amis MM. Véran nous cont-:
duisirent îi l'ancien arc|ievêché, où l'antiquaire, et
l'historien peuvent encore étudier quelques précieuaç
restes. Nous remarquâmes d'abord cette belle ins-
cription , cjuî étoît exposée dans la cour à d^s injure^
d^ toute espèce , et entièrement couverte de boup>
de plâtre et d'eau de chaux. Elle a été copiée par
plusieurs auteurs (i) ; mais ils ne l'ont pas figurée^
et aucun n'en a donné la traduction.
*r
(i) MuRATORi, Dxxvi, 5; Maffej, Gall, Ant.6/^\ Papon»
Himre de Prçvence.l,, Jç j DUMONT» A.*» 21,
CHAPITRE XCVIII.
^O
^■v
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M
y^""'^
'4
^|COMINIO
CLAVD. BOI?
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jV5*rAGR4COLAE. AELIO
APROPRAER COHOR
TERT. BRACARAVGVSTANO
TRIBYNO. LEG.... ADIVT. P^OCVR
AVGVSTORVM. AD. ANNONAM
PROVINCIAL. NARBONENSIS
ET.LIGVRIAE. PRAEF. A... HARIAE
IN, MAVRETANIA. CAÇSARIENSI
N A Vie. MARIN. ARE L.
CORP. QVINQ. PATRO®
OPTIMO. ET. INNOCENTIS
SIMO
■^.^■*r^— f
p*i*-^"i"i"^
4 Cominm Bolonius 4gricola yElius Jprr (i), de la triin
(i) O^ trouve cbiiis ks Monumenti Gahhi, ouvrage profond,
pu)>iié par M, VlSCQJ^TU àf& exempiei ci^rieux de c^te multi-
plicité 4e nom$,
■■■
i^AiA^lkHitaiiriMi
6oZ CHAPITRE XCVIII.
Claudia, commandant de la troisième cohorte (i) , de Bracara*
Augusta (2), tribun de la légion stcourable (3), intendant des Au'
gustes (4) pour l'approinsionnement de la province Narbonnoise et de
la Ligurie, commandant de l'aile milliaire {5) dans la Maur/tanie
Césarienne (6) , quinquennal du corps des maîtres de vaisseau de la
marine d* Arles (7) , pairàn très-bon et très-vertueux.
Les inscriptions suivantes étoient aussi sous le
{i) PRAEFecto COHORtis TERTia.
(2) Viiïe de TEspagne tarraconnoise, aujourd'hui Braga, citée
dans phisieurs inscriptions et sur plusieurs médailles. Vo^e^
Easche, Lexicon rei num. peterum, voce Bracara.
(3) Le numéro de la légion manque : nous n'avons que son
surnom.
(4) PROCURatori AUGUSTQRVM, Ccs Augustes étoient pro-
I>ablement Diocféticn et Maximien.
(5) PR^Fecto Ala milLlARlAE, On donnoit îe nom Galles à
des corps de cavalerie qui avoient été institués pour couvrir les
flancs de l'infanterie : ces corps étoient ordinairement cpmposés
de cinq cent douze hommes ; mais il y en avoit aussi de plus con-
sidérables, et dont le nombre alloit jusqu'à mille. Plusieurs autres
inscriptions font mention de ces ah milliaria, Marini , gli M
de* fratelli arvali , I, 474» ^•
(6) La Maurétanie étoit partagée en deux provinces : la 77»^/-
tana, qu^ avoit pour capitale Tîngis , aujourd'hui Tanger; ctiar
Mauretania Ca^ariensis. Auguste y plaça une colonie, d'où la
ville d'A?/, aujourd'hui Alger ou Tene?, prit le nom de Casarea,
et toute k province fut appelée Casariensis, NlTSCH , Woerterbuck
deralten géographie , au mot Mauretania,
(7) NAVICulariorum AfARINorum ARELatensium ÇORPoris
QUINQttennali. Les hàvicularii étoient , à proprement parler , les
patrons é^ vaisseaux ; ils difFéroient des gubernatores , en ce que
ceux-ci étoient les pilotes et tenoient le gouvernail.
•«■^
j
CHAPITRE XCVIII* 6oi
même vestibule, exposées de même aux injures des
maçons et des chevaux ( i ) :
■> Il ■ ■!»
D M
M. IVLI FLORI
IVLIA. OLYMPIAS
COIVGI. PtENTIS
SIMO. PO SV.IT
QVI. VIXIT. ANNIS
XXXVIIII. MENS.XI.DIEB. XVI
1
Juîia Olympias aux mânes Je M.Julius Florus, époux excellent ,
qui a vécu trente-neuf ans on^e mois et sei^e jours.
(i) MtJRATORi, MCCCLXI, lo, d'après BiMARD.II amis maî-
à-propos OUmpiufi pour Olympias , et carissimo pour pieutissimo,.
Elle étoit bien dans GruT£^,DCCXCUj Dumont, VIII, 59..
' "!>'
6oi
CHAPITRE XCVIII.
D M
r^ c fn ATisi
SECVNDI
Ç. AT^IVS
ET. AFRO
DI A
OPTIMd
ET. IN TE G.
ERRIMO
PATRÏ. D. p.
'Aux mânes de C. Atisius Secundus : C, Attius et Afrodisia, ont
consacré [i) cette pierre a leur père exceUent et îrriprocitabte (z).
*\ ■' .... " ' ■
(i) DeDicaverUnt,
(2) DUMONT, IX, 61, GRUTER,DCCCLIX,9,adifîgurc c«te
inscription de manière à îa rendre inintcHîgibfe.
\
CHAPITRE XCVIir
(Î05
U:-:.
L
( i>
ALFIA PHILETE
CONIVGI • CVM
PHILIPPO . FIL
FECKRVNT
u
Alfia Philek à consojcté cette itifcr^tim à son époux, conjointement
évec Philippe leur fils. _
(i).DuMONT, VIII, 57,
V
■hMMBM
i.^M».^k^^*«
^^tÊmÊÊÊÊmÊÊÊâ
■taaMi^
lioS
CHAÎ>ITRE XCVIIÎ*
* ^
D
M
memoriAe I
liciniÂe.
DËCWÏI
nAe, s ex.
LICiNiVS
irenAevs. VCori
ET. LICIN.
TITV1.LVS
MATRI 1
..„ ..,L. '
(•)
Aux mânes et â la m/moire de Licinia Dâcumina : Sextus Licinius
Jrenaus a son épouse, et Licinius Titullus à sa mère.
[
y
]
{
,
_i
D M
SEX. AEBVTI
HERMETIS -
•
AEB. C ALLI
OP* CO N I VGI
♦
SXNCTISSIMO
^
(^)
(i) Gruter, Dccc, },trcs-incorrccte;MuRATORi,MCCCLXv,
1% j Menard, Histoire de Nîmes, tome VU, 361 j DuMONT,
XXIV, \j%,
(a) DUMONT, Vill ,6\.Ct tombeau a été trouvé, en 1747 1
dans le Rhône ^ près de la Cardette de Four<}ues«
CHAPITRJE XCVIII. 6of
Aux mSues de Sextus ^butius Hermès : ^buùa CaUiope à son
niari irréprochable.
Et cette autre :
^
— - >
a? MEMORIAE . AETERNE .
-
CANDIDIAE . QVlNTlîC . Q\4kE
.
VIXIT . ANV . XXX . M.VIH.D.XV.IVL.
QVINTINVS.. MATRI,a:.\lLERIA
MAXIMINA . MASCR . FILIAE
» *
I^FELICISSl^B . POSVERVNT
*
L N ».. AD
•,SKi4k'^>*»~ ■ «iV ^» mi O «^ «i^, ar^ ai^ «tf It^ aaïf 4 , «rfiaf ^B^ •^•■^ oif «^iW mm^ mm^ 4^ ^J mit ^ m^
Aun mânes \%) et k la, mémoire éternelle de Candidia Qtiinûna,
fui a vécu treutt ans huit mois et quin^ jo^rs •: Julius Qtiintinus
à sa mèrt , et Valeria Maximina à sa fille très -malheureuse, ont
posé cette pierre (3).'
(î) DUMONT, pL XVI, n,** 1 17.
(2) La conjonction et annonce qu'il y avoit au commencement
jdHs Jtiajtîbus, '
• (3) Je n*ai point encore trouvé ctfs abréviations : peut-être
{sMl-W ^t^ U€H( Nobis Assignatns , Dam. .
<J0ft CHAPITRE XCVltî.
Le P. Dumont n'a pas connu celle-ci (i) î
(
)
i
>■ > I 1 1 1
\à I I I Wi
Il I Kl*
D T M
ATVRIAÉ.CÀLLISIE
TROPHIMVSÉTCmo
SIATV tIBER*
i *
Cette cour est remplie de débris qui rappellent l'aii^
cienne splendeur de la ville d'Arles. Ce sont desf trôti-^
çon$ de colonnes de marbre , d*un piedjet demi de dîa*
mètre : la mardelle du puits est formée de la base d'une
colonne , posée en sens inverse ; elle a quatre pieds
de diamètre : on y voit auàsi des portions de colonnes,
dont les fûts ornés de rosaces et les chapiteaux:
{pL LXVIJl,fg. 4 et y ; LXIX, 4 et j) surchargés
d'ornemens annoncent le règne de CcMistantin*
Nous entrâmes chez M. Constant, curé de l'église
mm^mm^mm^mmmmmi^,^^mmm, ■ l ^■^1*— — — l ■ l i l I |l I I II — *— ^— — —
(i) MURATORI, MDXX, lo; MenARD, Histoire de Nîmes,
tome VII, 4^7. II faut lire CalustE; i'i , dans les inscriptions ,
est souvent pour le T.
principale ,
. J
CHAPITRE XCVÏII^ 609
principale^ dont le logi^ment est dans cet édifice ;
itious copiâmes dans sa qiisiné l'inscription suivante t
r-
D
m
' ■ M.
i_
. .1
J
L. HOSTILI . "nR
SILVANI
itNN^XXIIII .M . Il : D
XV. MATER. FIL. pIi SSM
MISERA. ET X^LVCTV
AETERNALI. BEIEFICI
O. NOVERCAE(i^
Aux mânes de L. Hostilius Sllva^nus, de la tribu Teremina (a),
^géde vingt-quatre ans deux niois et ^uin'^e jours , sa mère très-malheU"
reuse, et plongée dans undeuil éternel, à un fils irèsHendre , par la
bienveillance de sa belle^mère (3).
Nous allâmes visiter les archives , qui soijt en bon
i^
(i) SaxY , Pcntif. Arel. ia8; DuM0NT,47A
(a) T£Rentina SILVANI, Jnjrâ, p. ^11. >
(3) BENEFiciQ NOVERCAE. Cette bcile-mère est celie dt la
mire de L. HostiiioSv — *- . ' '
Tome IIL X2 q
• .' ! >
^lô CHAPITRE XCVIIÎ*
oidre 9 et qui n'ont éprouvé aucun dégit pendant la
révolution. On en doit la bpnne tenue et la conser-
vation à MM* Véran, successivement archivbtes de
€e précieux dépôt. Elles contiennent un grand
nombre de titres: on j remarque de beaux cartu-
laires, les originaux de bulles intéressantes , des di«
[dômes de plusieurs empereurs. Les }Hèce$ les plus
nombreuses sont celles qui viennent du grand prieuré
de Malte de la langue de Provence; les plus anciennes
sont celles relatives k l'antique abbaye de Montmajor.
On y voitce cippe (i) :
1
I
I
7
r
L GRANIO L FILIO
TERETINA . ROMANO
M TVL OLTMPVS N£GO
TIATOR FAMILIAE GLA
DIATORIAE OB HERIT
L GRANI yiCTORIS
AVI EIVS MERENTI
POSVIT
y
I
r
(
t
wm^mmta^aÊii^gmrmgÊ^^mmmtmmmm''^'»''»''».
J
(i) Gruter, cccxxxiii, 5i inexacte^ T^ulemar. Not. èm
CHAPITRE XCVIII. 6ll
'A Lactus Grauius Romanus, fils de Ltfcius, de la trihu Teren-
tina (i), Marcus Tuîlius Olympus , marchand de la famille des
gladiateurs {^), a élevé ce monument à la mémoire des bienfaits de L,
Cranius Victor, son grand-père.
En sortant de rarchevéché , ^ nous allâmes à un
ancien couvent appelé la Miséricorde (3), situé
rue de la Calade; on passe, pour y arriver, sous
une arcade extérieure de Tahcien théâtre. La frise
(pi. LXVIII , fig. y) est agréablement décorée
« de patères et de bucrânes, et elle continue dans
une chambre d'ime maison voisine, occupée par
un artisan (4) : cette partie est la mieux conservée.
^— 1— — Il II I I I I I I II ■! Il II. Il I 1 ^1—^^^
Freher. Cecropistromach, 23 ; Breval, Remarks , II, i84i
VvvkLZ, in binas vet, inscript, Commod, 16 \ VkVQli, Histoire de
Provence, 1,56; DuMONT, 5^, ^
(i) TEREnTJNA* Tribu romaine établie Fan de Rome 454.
Elle a reçu son nom d'un lieu appelé Terentus, qui ctoit à Tex*-
trémité du Champ-de-Mars près du Tibre, et qui ctoit consacré
à cause du prodige dont on peut lire le récit dans ValÈRE-*
Maxime, II, 4, 5.
(2) On donnoit le nom de famille à une association de giadia*
teurs réunie sous un seul chef, appelé lanista, dont ils étoient les
esclaves. Suétone, in Julio Casart, 10, parle de la famille, c'est-
à-dire; delà corporation dti gladiateurs, et H en est souvent ques-
tion dans lés inscriptions.
(3) Histoire de la fondation du monastère de la. Miséricorde de la
villed' Arles, par le P. ALEXANDRE d*ArIes , Capucin j Aix, 1705,
in-8.*>
(4) On voit sur la façade de la maison habitée par madame
Barras la Penne, et appartenant aux héritiers' de M. Firmîn, no-»
taire, une frise moderne, imitée de ceHe du théâtre : il y a
alternativement des patères, des bucrânes, &c.; mais Texécutioa
est bien loin de celle de la fme antl^«,
Qq X
6l2 CHAPITRE XCVIII.
L'arcade (pi, LXVIII , fg. 6), et une portion de
Tédifice appelé la tour de Rolland, et par corruption
Rolland (i), prouvent que ce théâtre avoît une
grande étendue; qu'il étoit entouré d'un portique,
composé de trob rangées d'arcades l'une sur l'autre,
et orné d'une magnifique corniche et d'une attique.
Les tronçons des colonnes de marbre et de granit
qu'on remarque devant plusieurs maisons de la ville,
couchés le long des murs ou dressés au coin des^
portes et des rues pour servir de bornes, lui appar-
tenoient sans doute : mais rien ne peut mieux faire
juger de sa magnificence que les deux énormes co-
lonnes (pi, LXIXtfg. 6) qui sont encore debout
dans cet ancien couvent (2).
Au milieu du cloître est un petit jardin : Ik
s'élèvent ces deux colonnes , qui conservent encore
ïeur base , leur superbe chapiteau , et une partie de
la corniche et de l'architrave qu'elles supportoient ;
leur hauteur générale est de 26 pieds 1 1 pouces ,
leur diamètre de 2 pieds 9 pouces 3 lignes (^) :
leur matière est une brèche africaine extrêmement
(i) Suprà, p, 513.
(2) Pcytret , architecte, avoit levé, en 1684, *^ p'^ui de
ce théâtre, d'après ce qui en restoit; et Terrin en a publié
une description où ii a fait graver en petit les deux cofonnes ,
y arc et les arcades qui subsistent encore. Voyci Nouvelle Décou-
perte du ihéâtre dans la ville d* Arles, sa description et sa figure, par
Gdaude Terrin, dans le Journal des Savons, du 28 août 1684*
(3) On pense qu'il y avoit dans l'intérieur du théâtre plu$ de
■•WW-TP^ — --^^
^^^-^^w^^-w^^""^™
CHAPITRE XCVÏII. ^13
rare. On avoît résolu de les transporter à Paris ; Tieii-
reusement un ministre ami des arts (1 ) a bien voulu
écouter mes* rétiâmatîons et s'y oppôsfer. On re-
rnarque, sur ces colonnes, les traces, du feu qui les
a fait éclater en plusieurs endroits ; Faction dé l'air a
rongé feur surface : elles se briseroîent aussitôt sous
lés efforts de Cîeux qui tenteroient de les déplacer; et
fon nepourroîties employer ddiis un édifice moderne
sans les repolir et sans altérer leurs belles propor-
tions. Mais, quand bien même on saùtoit prévenir ou
farter ces inconvériiens , faudroit-îl encore priver
les Arlésiens d'un monument qui leur offre un écla-
tant témoignage de l'ancienne* splendeur de leur
ville î Hors d'Arles , ces colonnes seroient isolées;
là, elles ^narquent la place qu'occupoit son théâtre,
et elles rappellent les édifices somptueux qui décô^
roiçnt cette superbe ville. Elles étoient accouplées ;
ce qui peut faire juger de la grandeur de l'édifice
auquel elles appartenoient : autour sont des sculp-
tures, qui ont été trouvées dans ce lieu même, ou au
moins dans les environs. Ces colonnes^ ces statues,
cent cinquante colonnes de marbre : d'après. les mesures prises ,
son diamètre pouvoit être de cinquante-deux toises cinq pieds j
celui de la scène , de trente- une toises quatre pieds : autour
régnoit un portique^ composé dé trois rangées d'arcades l'une
sur l'autre,
(i) M, de Champagny,
Qq 3
I
6\i CHAPITRE xcviir;
r
-**
/ont voir la richesse qui régnoit dans les décorations
de ce théâtre (i).
Ce bel édifice a été pillé , ravagé, incendié , par
les barbares qui ont dévasté Arles ; et il n'en reste
plus que quelques arcades (2) , ces deux colonnes ,
et quelques fragmens de statues, dont voici les prin-
cipaux : un torse d'un vieux Faune couché sur une
outre faite de la peau d'une panthère (pL LXIX^
fg' 7 ) ii) > ^ partie inférieure d'un torse dont
le corps est dans la maison de mon ami M. dte
Faucon , ancien magistrat et chevalier de Tordre de
Malte , chez qui j'ai logé pendant mon séjour à
Arles; si ces deux morceaux étoient réunis, comme
ils le sont dans la gravure , on auroit le corps d'un
beau Jupiter colossal (pi, LXIX, fig. 11 ) (4) ; une
très- jolie tête de Bacchus (pL LXIX, f g. 8), cou-
ronnée de lierre et parée de cette espèce de ban-
deau particulier aux divinités bachiques, et qu'on
appeloit credemnotif parce qu'il ceignoit la tète sur
le front (5) ; un fragment {pi. LXIX, f g. p) d'une
belle statue, dont la poitrine étoit couverte, et dont
(1) La Vénus a été trouvée au pied de ces colonnes.
(a) Suprà, p. 611.
(3) Le P. DuMONT, pî. VII, fig. j, Ta fait très-mal-hal)î-
Icment restaurer.
^4) Cette figure a toujours été de plusieurs morceaux : îl y a,
dans la partie inférieure, un creux pour recevoir le tronc,
(5) Monumtns antiques inédits, I, 8.
■■ '■' i
Cff APITRl XCVIH. 1^1)
la tunique avpit des manchçs a|ttadiée$ avec des
fibules ou agrafes. Ce torse est peut-être celui d'une
.ipuse ; on en peut dire autant des deux autres
{pL fjXIsJg. S et g) : Jupiter, Vénus, ïes Misses ,
Jes Satyres j sont des divinités très.- propres àJa
décoration des théâtres. Nous vîoies encore ump
main avec un anneau au second doigt {pi LXIXi
II y a aussi dans ce jardin un autel semblable
à celui de la bonne déesse [\)\ ja face est >ornée
d'une couronne de feuill^ de chêne , mais sans
oreilles au centre« Autour sont semés des bras • des
jambes , des portions de frise en marbre blanc*
.Ce jardin a été réservé pour les plaisirs de 1^ -
ville j et le propriétaire est obligé d'ouvrir la porte à
tous les curieux qui se présentent pour voir Je^ ;ipqr
numens qu'il contient. N'est-il pas k craindre qll*uii
jpur un de ceux à qui cette maison tombera en par«-
taiie , ne renverse les ccdonnes et n'anéantisse les
précieux débris que le temps a jrespectés jusqu'ici^
pomr s'affranchir d'une ennuyeuse servitude»! N'au-
^roit-il pas été plus convenable que la ville achetât
cette maison , qu'elle enlevât les monumens qui sont
transportables, et qu'elle n'y laissât que les deux
colonnes!
Les arènes d'Aiies (2} , que nous visitâmes après ,
■I ■ ■ ■ 1— *— îi I
(\) St^àt p. 50J.
(2} Description dts arènes 9U Fumphithéatre d'Arles , pur. Jmpk
Qq 4
i^)^ Chapitre xctiiî;
peuvent à peine offrir Pidée de ce qu^elIes étoient
"Miïêfùîs i 0tï $e plaçâm sur les arcades > qui les en-^
toui^t j on distinjgué encore l'encef nte ^de cet am-
phrAëâtré; mais les gradins ont été d^oKs; i'arène
'^pt. I.XVIJI ,fig: p) est entièrement remplie de
t:hétives maisons ; lés arcades supérieures servent de
•toitliune sqite de taudis , auxquels oh arrive par des
ruelles bâties sur les massifs des degrés; et les caves
«ont pratic^ées dans ia galerie inférieure qui servoît à
là dVcâiation , et où Ton renfermoit les feêtes féroces.
II y â dahs cette enîedntp une chapelle et beaucoup
dliabitations particulières. Les tours qu'on y re-
marque sôiit modernes; elles auront été bâties à une
époque où Pon avoît fait des arènes une fwteresse ( i ).
TôM Ice qifon peut dire d'après Tétat actuel de ce
indnument', c'est que sa forme ëtoît ovifc comme
^ceBè' de tous les édifices de ce. genre; qu'il avoît
deux rangées de portiques et quatre entrées princî*
pales î celle du côté du nord est la mîetix conservée;
^Ile ofïre encore de belles formes : clia^e portique,
conteiiôit sôîiaftle arcs ; les chapiteaux étoient co-
rîrtttîiéiisf ; h. circonférence étoit de cent quatre-vingt-
• ■>
-Ouiz, prêtre tfe f'Oratoire; Arîes, i66$ , în-4.®; Description de
Viimphithéâtre d*ArUs, par/r. Peilhe, 1725 , une fniiHc in-fol,';
Desctifftiou de l'Amfhithfàtre d* Arles, par SÉGUIN \ Maffei , GalU
]Ant»,'i^'yiLA LauziÈRE, Annales de la pille d'Arles. . ..
(i) C'est pourquoi RoDERlC appelle les arènes de Nîmes
pm^isan arenarum* ...
t. '
1 « I '
CHAPITRE XC vin. 617
tqpatont toisesir la hauteur des murs extérieurs à son
eutrée est de dix-^sept toises ( i ). Le terrain sur lequel
cet édifice est assis, est fort inégal; ce qui a du
augmenter beçiucoup les frais de ia construction. Cet
amphithéâtre est phis grand que celui de Nîmes ; mais
«es proportions sont moins beUes , et le portique
extérieiu" n'a pas ^autant de magnificence,
>. Ce magnifique édifinpe mériteroit que Ton. prît
.plus de soin pour ie conserver. Henri IV avoit eu
le projette le feire débarrasser des vibines habitations
:qui ie déshonorent , et d'y faire placer l'obélisque
qui décore ^aujourd'IHli la grande place : ce projet
n'a jamais eu d'exécution ; il est réservé au grand
Napoléon de l'accomplir. .
Sur la porte d'une écurie , il y a une ïarge pierre
sur laquelle on lit cette inscription (.2) ,
«• - .. •*
V. s. D. D. P. A. S.
f
que l'on traduit ainsi : Vau accompli par un. décret
des décurions, pour le salut des Artésiens {3). Peut-
être ce vœu a-t-il été fait à l'époque de quelque
siège , ou à l'occasion de quelque autre calamité.
■»««*■
(1) Son^ plus .grand diamètre est de soixante-onze toises trois
pieds dix pouces; et le plus petit, de trente-deux toises cinq pieds
sept pouces. If y kvoit quarante-trois rangs de sièges : on pense
qu'il pouvoit contenir vingt-quatre mille spectateurs.
(2) DuMONT, n.° î. ' '
(3) Votum Solutum Décréta Decurionum Pro Arelatensium Sainte,
V
6l% CHAPITRE XCVIII.
En visitant toutes iés caves du lieu où étcnent ies
anciens Thermes , au midi du réservoir , M; P. Véran
est parvenu k pouvoir en lever ie plan (i). On a
trouvé» dans ce quartier, des colonnes , des tuyaux
de plomb et de brique , et des fi>umeaux.
M. P. Véran a observé (a) près de là les restes
de soixante-deux pilastres , qui dévoient fcurmar une
longue suite de portiques , sur un carré de quarante-
deux toises de longueur et de vingt de largeur. La
position de ce vaste édifice , au nord des Thermes ,
la vase durcie qu'on a trouvée au fond , une croûte
de ciment qu'on remarque sur le mur intérieur, lui
donnent lieu de présumer que c'étoit un réservoir,
et peut-être une naumachie.
Aries , comme toutes les villes riches et pubsantes,
avoitun^r//m. Sidonius Apoliinaris > gendre d'Aviti»,
dit ( 5 ) que lorsqu'il vhit à Arles pour se rendre à la
cour de Majorien , qui y faisoit sa résidence , il des-
cendit dans le forum ,■ où il s'aperçut que ses amis
se cachoient derrière les statues et les colonnes, à
cause d'une satire qu'on l'accusoit d'avoir faite contre
^■— ■— i— — *M ■ ■ Il I II ■ — — — —
(i) Voyez la planche xu de fa collection du P. DuMONT.
(t) Mémoire sur quelques édifices romains qui existent encore or
qui ont existé à Arles. Ce curieux manuscrit , qu*!! a eu la bonté
de me conununiquer, est accompagné d'une carte où il a fixé la
place que dévoient occuper ces itionumens, et contient plusieurs
détails intéressans.
^3) Epist. XI, p, 2 y.
CITAPITRE ICVIII. <Sl9
leïprincipauix de la vill«. Ce jhmm étohdonc en-
touré de coloones qui fomioient des portiques, sons
lesquels on pouvoit se promenar et s'arrêter aux
boutiques des marchands. M. Véran conjecture qu'3
étoit placé entre le ttiëfttre et la naumachîe , où est
aujourd'hui la place Saint - Lucien ou des Pone~
faix. La statue de Miner^-e (i) , celles d'Auguste,
d'Hadrien {2) et de Recilius (j) > ^"î °"* ^'^ "'°"'
vées dans cet emplacement, étoient du nombre des
statues dont ilétoit décoré.
On voit près de là les mines d'un édifice qui de-
voit être remarquable : il reste encore deux colonnes
de granit; et en 1731 , on en a enseveli quinze dans
lesfbndemensdeiamaisonoù setenoit, avant 17851,
le tribunal de commerce. Les portions de la frise qui
existent aujourd'hui, présentent, dans un enroulement
de pampres et de raisins , des poules , des coqs et des
mo\ns*\xx(pl.LXVIlI,n.' ^/LastaniedeMinerve,
trouvée à peu de dislance de là dans l'emplacement
que M. Véran regarde commele forum , et le nom
de Notre-Dame du Temple donné autrefois k l'église
Saint-Lucien , ont fait penser que c'étoit un temple
de Minerve ; d'autres ont cru qu'il étoit dédié à Bac-
chus : enfin l'opinion que c'éloit le Capitole , avoit
prévalu ; et on lisoit sur ces ruines , en 1 778 ,frustum
(■] Màmin iii/Jit 4Ùi chevalitr DE ZOUIEV.
(»} Uid.
(3) /"><*. P- «Î'S.
620 CHAPITRE xcyiii;
Caphotiî. M. Véran a pensé que c^étCMt le prétoire
ou une basiKque argentaire. Enfin Ha trouvé une
portion de la frise où Ton remar^oît les trous des
cIôus qui y retenoient les lettres de bronze doré qui
composoient l'inscription. M. Seguier, de Nîmes,
a ainsi rempli cette inscription y en suppléant ce qui
inaiK}uoit :
t
BIVO, CONSTANTINO. MAXIMO. PRINCin. D/V/. Constantii fïk
' divi C/audir. tjfpoti,
DOMINO. NOSTRO. SEMPER AUGUSTO. FL. CLAVUio. Constanttn$^
,p. f. i, d, Cottstanthîi, f.
niSSlMiE. AC. VENERABILI. HELENE, aviœ. Fausta. aug. matrL
atavrsquf,
Att divin Constantin, très-grand prïncf , fis du divin Constanr
nvî^ petit fils du divin Claude, notre maître toujours auguste; i
'Flavius Cïanditts Constantimts , pieux, fidèle, invincible , fils du divin
Constantin ; à la très-pieuse et vénérahU Hélène^ leur grcmd'mèrt;
à Fausta leur mère, et à leurs ancêtres,
M, SeguÎCT , d'après cette inscription , regardoitcet
édifice comme un monument élevé par la ville d'Aiies
à la gloire de Constantin le jeune, de son père,
de sa mère et de ses aïeux : cependant nous avons
déjà fait voir cgmbien on doit peu compter sur ia ^
fidélité des inscriptions ainsi remplies à l'aide des
clous; l'interprétation de celle-ci est tout-à-£ût
arbitraire.
Quelques vieux murs qui ont servi d'appui à
des maisons dégradées elies - mêmes-, et qui ne
sont aujourd'hui habitées que par les plus pauvres
>.^r>.
j
CHAPITRE XCVIII. 6lt
kabttans , sont toat ce qui reste du palais des empe*
reijrs , qui devoit s'étendre depuis le forum jusqu'à
la rive du Rhône, On y remarque encore des restes
de la corniche qui régnoit tout autour ; on trouve,
daiis l'épaisseur des murs^ dé grands tuyaux de brique
destinés peut-être k la descente des eaux pluviales*
Les fragmens de statues , de colonnes de granit et
de marbre^ de corniches, de frises, les restes de
mosaïques , ies portions dé tuyaux de plomb , la
quantité excessive de pierres froides , bien polies et
d'une grosseur prodigieuse , qui ont été trouvées
dans cette enceinte , sont des preuves, évidentes de
la magnificence de ce palais , dont Ifô ravage^ d^
temps , la superstition , l'avarice et la méchanceté
des hommes , ont causé là destruction : le nom
qu'on lui donne aujourd'hui, ne convient guère à
son ancienne splendeur; on l'appelle le palais de
la Trouille (i), '
On ne peut parcourir les restes sales et les esca-
liers dégradés qui aident à circuler dans l'enceinte
de cet édifice, sans éprouver un sentiment d'intérêt
qu'inspirent toujours les âges accumulés : on se
( I ) Ce mot paroit dérivé par corruption de Trullum , nom que
Ton donnoit au palais des empereurs à Constamiftople ; fcs
conciles qui ont été tenus dans' ce palais , s'appellent concilia irt
Trulh. Le palais de Troilia est cité dans un acte du 8 des Icalendes
de Juillet 125a, qui nous apprend que Raymond-Bérenger, comte
de Provence, y étoit logé.
1
p
622 CHAPITRE XCVIII.
replacé à l'époque où ces lîèux ont été enrkfais par
le Ittxe et habités par des empereurs puissans.
• GalUen, après en avoir chassé le tyran Crocus, s'y
arrêta pendant quelque temps. Constantin-Ie-Gcand
y établit sa cour ; l'impératrice Minervine lui donna
un prince appelé Crispus / Fausta , sa seconde
femme » y donna aussi à l'empire un autre prince qui
fut surnommé l'Arlisien (i}« Constantin le jeune ,
Honorius, Constantin le tyran , Majorien, Avitus,
les rois goths , visigoths , les rois de France de ia
première race , les rois d'Arles et plusieurs comtes
de Provence , l'ont successivement occupé pendant
leur séjour daiu cette ville ; et ils pouvoiént , de ses
murs, promener leurs regards sur la double cité,
admirer les superbes édifices dont elle étoit décorée ,
suivre le cours du Rhône , voir sortir les galères du
port, et contempler les rkhes moissons des carn*
pagnes environnantes.
Cet antique édifice appanient en partie k M. Dar-
iatan-Lauris , qui possède dans sa cave une jarre de
marbre blanc antique , remarquable par ses dimen-
sions. J'en ai donné la figure/;/. LIX,fg. p. Son
grand diamètre est de trente*trois pouces et demi;
celui du pied est de treize ; et celui de l'ouverture ,
de treizf pouces six lignes.
(1) C7i?ww«tt«ff5i4r^Ztftt»wj. Voy»SEXTU$AUREUUsVlCTOTl,
4» CottstanÙHo. ZOSIM. Hist. II,
"N
CHAPITRE XCVIII. 6z^
Les habitons d'Arles avoient consacré à Constan-
tin , près du palais impérial , un trc de trio^nphe qui
exbtoit encore au temps de Louis XIII , puisque le
cardinal de Richelieu en avoit fait prendre le dessin»
On n'en connoît pas même aujourd'hui posi^vement
la place (i).
Plusieurs raonumens iméressans sont encore épars
dans difTérens lieux de la ville. Le vase qui sert
pour les fonts baptismaux de l'église Saint- Julien ,
a été creusé dans un très-beau chapiteau; Nous en
vîmes aussi un très-remarquable dans l'hôpital de la
Charité.
On trouve , dans la cave du collège, deux niches ,
une colonne à moitié encastrée dans le mur , et un
pilastre. Le P. Dumont, d'après ces foibles indices,
a prétendu que c'étoit anciennement un Panthéon ;
mais il auroit eu de la peine à le prouver.
On remarque encore , dans l'ancien couvent de^
Saint-Césaire , deux chapiteaux et une belle colonne
de granit sur pied : on y trouvoit autrefois des *
mosaïques ; et il y a lieu de creÎFe que des fouilles
qui seroient âites dans cet endroit par un hommo
intelligent , aurcnent du succès.
(i) VqyeiBoVCm, Hist. de PfW, I, 589} Saxy, Pont.AreL
a5 ; SÉGUIN , n, 25 ; Dumont, pi. XVI. Des actes du xvi.* siècle
font mention d*un autre arc de triomplie près de la place appelée
mijourd'hui du Saint-Esprit, Voye^ également Papon, Histpir^
littéraire de Frmuce, tome I, page 185,
1
ClA CHAPITRE XCVIII.
Nous entrâmes chez M. Paultrier, ctururgieiiy
pour copier une inscription , qui est dans le vesti-
bule de sa maison : elle est cassée en deux, et ies
caractères ont été presque entièrement usés' par le
frottement ( i ). :
/
NIVS....
CAMARS...
>• IVD. TRIB* MIL
. •...R. EQ. ROM TVRM
. ..LEB. PRAET. PROCOS
...PR. PROV. AFRICAE
.•.S. SIBI ET-TANNIO
. .X. ARG LIBRISCODED
.•..QVAR. MANV PRET
VITITEM Is N ce
...IS OMNIBUS ANNiS
T METAR AVT CIRCENS
..TVR
. ..ORIAE AETERNITAT
EXTRVXIT
Au coin de la maison de madame de Barrème,
(i) MORATORI, DCXXII, 6', MâIÏU , Mus, ViT. CDXYHI, i;
DUMONT, 13.
rue
j
CHAPITRE XCVIII. 6^^
rae VaudetaUe / on lit cette, autre inscription (i):
r
1
ARISI DAMIS
VVENIS l'MVOCSX
CARISI
AmHioN ALEX
ANDER HeRA©A
COLLIBERT.
r
j t
3
Aux mânes de Carîsius (i) Damis » jeune homme très -par {3)
Amphion, AlexanJer, Heraclas , affranchis avec lui par Carisius (4) .
Sur une petite place, près et derrière la maison
commune , on voit des gradins en pierre assez usés :
c'est là qu'anciennement on rendoit la justice; et
■■ I iji i-ii
(1) DUMpNT, IX, (J7.
(2) cARISîi. '
(3) INNOCENtissimi.
(4) collibeRTL Tous portoîentjo nom de Carîsîus leur
maître. Carisius Damis est mort le premier, et Us lui eut con-
sacré cette épitaphe. On a mis CarisH au pluriel pour ne pas
répéter à chacun ie nom de Carisius:
Tome III. R r
6l6 CHAI'ITRE XCVÏIÏ.
l'on conserre dans les aRrchives beaucoup cTactes
émanés de ce tribunal. Cette place s'appelle encore
♦ /e Plan de la Cour.
Nous vîmes , chez M, Cadet Sauret , une petite
collection de monumens antiques ; presque tous
ont été trouvés à Arles ou aux environs : ce sont
des amphores ^ des lampes , quelques urnes en
verre, &c«
Dans une cour extrêmement petite de la maison
de M. Gages » pharmacien ^ il y a un assez grand
sarcophage , qui a servi long-temps à couler la les-
sive. Le grand côté (pi. LXlX,fg. i^) présente au
milieu une tablette sans inscription. A gauche , on
voit deux génies placés devant un arbre , qui paroît
de la Emilie des tonifir^s, peut-être un cyprès. Un
des génies , qui est prob^Iement celui de la mort ,
est assis et tient le fland>eau renversé , son symbole
ordinaire ; il paroît regarder avec étonnement i'étre
qu'un autre génie lui amène, et que celui qui est placé
derrière son siège semble appeler : x:ét être symbo-
lique est Psyché [i'ame] ; eBe porte son doigt à sa
.bouche^ comme signe du silence que Ton garde
éternellement chez les morts. Le génie qui la con-
duit , tient un panier de fleurs , qui annonce peut-
être que la personne qui étoit renfermée dans ce
tombeau , et qui étoît probablement représentée sous
la figure de Psyché > est morte à la fleur de ses ans.
Au-dessus du génie de la mott^ il y a une guirlandç
CHAPITRE XCVIII. (>27
F
de plantes somnifères. Sur la ^ç^ de derrière sont
deux philosopher assis»
M. Tinellis a dans sa maison, près des Cordeiiers,
un sarcophage, sur lequel on lijt l'inscription qui
suit (i) :
y
\
D. CORNELIO. VALERIANO
TERETIN .PEFVNCT.ANN. XVIII
MENS.X. DIER. V .CORNELIVS
UCINIANVS . ET. VAL . MATERJ^^A
FILIO . PlISSIMO.
1 1 »■
^^•^^••^m^^mi^mmfm^i^^'^^
A D. Cornélius Vaîmanns, de îa. tribu Terentina (2), mort âgé de
dix-huit ans dix mois et cinq jours : Cornélius Licinianus et Valeria
Àfatrma à m fis très-tendre»
M 4 Esparvier a chez lui une autre inscription ,
qui a été détachée d'un tombeau dans ies Champs-
Elysées (pi. LXUl,ji^* s)' ^ v^^ ^* traduction :
En mémoire di ses bons ^ffi^es , à m marj bien méHr
tant, Victorinus, qui a vécu soixante ans, Projecta,
son ép$use, a pesé cette pierre lorsqu'il a reposé en paix
U àf des noms de septembre; il a vécu avec elle quatre
ans et deux fours.
mi^^t^m
^m^emm^'m^^
(i) GrutER, pçuîfXiX. 6, écrit TMRMNTWiO; MURATOW,
MCLVI. Vid. BiM. Obs, ;o2 in Don. suppl. Mur. UUMOKT, ^^.
(z) Suprà, p. 611. MuRATORi, cxxvi^ écrit comme ici : il
croit ^ue ce mot indique la patrie de Vaierianus.
Rr a
6l6 CHAPITRE XCVIII.
II y a aussi, dans le couvent des anciens Domi-
nicains , deux inscriptions curieuses. Voici la pre-
mière (i) :
r
1
]
D M
IVL.C.F. TERTVLLj^i
FLAM.COL .APTA
L • VALLIVS . ATTILIAN
NE PO S,
I
i
3
' Aux mânes de JuUus Tertullinus , fils de C , qui a été flamine
de la colonie (a) d'Apt (3) / X. Vallius Aùllianus son petit-fils.
La seconde (4) n'est pas moins curieuse :
(i) Gruter, cccxxïii, 6\ Cellar. Not. orbis ant. I, 28^;
Voyage littér, 1. 1. p. i8é; SlRMOND in SiDON Ep. i. 9 , cp. 9;
Bouche, Chorogr. de Provence, 2a i ; Saxy, Pontifi Arelat. 1161
Marmora Taurinensia, t. I, a^j j DUMONTi 5jj.
(a) Suprà, p. 44.,
(3) Suprà, p. 90.
(4) Gruxer, dçlxiii, 7.
ÇJÎAPITRE XCVIII.
A'
f RECILIO . M . F i
î T . POMPEIAN O I
I N Q . DECVRlIS ï
I . _, I
I VÏERAR . FL . PoiTlF. S
|ni JI^ arelatenses I
I CIPES . OPTIME . DE |
RITO . PATRON O. 1
I i
l TA TVAE.HONOR3 I
I 9
62^
vs
IMPENDIVAI
F . REMISIT.
î
•««««-M1A4 «.iK«s«'<4M.«AA t.>«v«iu u«nH.trii« f»ir«<u»T<w-«r
i^^r décret des dicttrions (i), i ...... Preciliusr T. Pompeianus^, '
-fils de M.,... libéral envers Us cinq décuries {2), flamine (3),
ffon^ife (4) de la colonie (5);. les habitans du municipe (6) d'Arles à
tin patron qui a très-bien mérité d'eux (7) ; satisfait de l'honneur de la^
statue (8) , // a dispensé de la d^ense (9).
(i) decreto Dfcurionum pRECILIO,
(2) quiNQtte DEÇU RUS mUNERARio. On appeioit munerarius
celui qui donnoit à ses frais ie spectacle des gladiateurs.
(3) FLamint.
(4) PONTIFici.
(5) coloNIa.
(6) municiPES.
(7) OPTIME DE se meRTTa,
(8) sTATUAE HONORE contentUS.
(9) Publicum REMISIT. Voyez supra, p, 90.
Rr 3
/ /
6^0 CHAPITRE XCVIII.
J'avois vu dans les gravures âa P. Domont celle
(Tun sarcophage très-intéressant par les objets qui
y sont représentés et par l'inscription qu'il porte.
Ce monument étoît autrefois dans l'église que les
Minimes avoient décorée du nom de musée, et il ne
s'y trouvoit plus ; enfin , après bien des recherches ,
nous le découvrîmes dans l'atelier d'un fabricant de
salpêtre, qui l'avoit enlevé pour en faire un bachat ( i ) •
Ce sarcophage a été d'abord trouvé dans les
Champs-Elysées ; l'inscription nous apprend qu'il
a reçu la dépouille d'une femme qui se consacroit
entièrement à Texercice des arts , et qui étoit dis-
tinguée par ses vertus domestiques : la musique étoit
son principal amusement ; et cette noble passion
est indiquée par les *instrumens divers qui sont les
seuls ornemens de son tombeau (pi, LXIX,fg.i^J.
Quatre pilastres doriques séparent la face en trois
champs : ceux des extrémités sont égaux entre eux ;
celui du milieu e$t d'une plus grande dimension:
sur le champ k gauche on voit une syrinx ou flûte
à sept tuyaux, suspendue au mur dans son étui,
une hydraule ou orgue d'eau , un pin et un bélier ;
à gauche , une lyre avec le plectrum pour la tou-
cher, un instrument qui a la forme de celui que
(i ) Le beau sarcophage du musée de Marieifle , suprà, , p. 1 5 r,
pi. LVI, fig. 3, 3, 4, a également été retrouvé chez un salpêtricr
d'Arles.
CHAJPITRB XCVm. 631
nous appelons un tuorbe ( i ) ^ et le livre de musique
suspendu à un clou comme la sjrrînx. Peut-être la
chambre de Tyrrania étoît-elle ornée de ces instru-
mens, dont «Ile se plaîsoit à jouer. On Toit souvent
ainsi aujourd'hui, dans le salon d'une femme, les
castagnettes et lê tambour de basque suspendus au-
dessus du piano , près duquel sont les flûtes dont on
l'accompagne, la harpe et la lyre qu'elle fidt résonner
sous ses doigts délicats.
L^inscription (2) est écrite en lettres belles et régu-
lières ; elle est ainsi conçue :
JVLIAE. tVC FIUAE. TYRRANIAE.
VIXIT. ANN. XX. M. VIII.
QVAE. MORIBVS. PARITER. ET.
DISCIPLINA. CETERIS. FEMINIS.
EXEMPLO. FVIT* AVTARCIVS^
NVRUI. LAVRENTIVS. VCXORI.
^i) On voit» parmi les peinèures du tombeaujc-des roU
i*Egfpte, des personnages qui jouent d'une espèce de tuorbe abso-
lument semblable à celui-ci. Denon , Atlas, pi. 135 , n.^ 3.
Feu M. Townley m*a envoyé la gravure d'un bas-rdief de sa
collection , sur lequel on voit les noces de Cupidon et de Psyché^
Près du lit nuptial est un génie ailé qui joue d'un instrument
qui a quelque rapport avec le nôtre dans sa foriiae générale ,
quoique les détails soient un peu dtfFérem.
. (2) VqyeiMAFFU, ^ôi^APOi^t Histoin de Protffttce,!, Ji;
DUMONT» n.® 95, J'ai composé» sur ce curieux sarcophage»
une dissertation* qui tst imprimée dans mon ouvrage intitula
Monumens antiques inédits , tome II » p. » 9 1^
Rr 4'
6^2 CHAPITRE XCVlXï.
C'est-à-dire :
A Juîia Tyrrunia (i), fille de Lucius, laquelle a vécu. vinpMS
et huit mcis ; ellt a été, par ses mœurs et son éducation {i),un exmpk
pour les autres femmes. Autarcius à sa belle-filU , Lmrentius à m
épouse (3).
Le bélier placé auprès d'un pin peut avoir rap-
port à un criobolium, sacrifice qui faisoit souvent
partie du taurobolium , dont j*ai déjà eu plus d'une fois
occasion de faire mention (4) : quelquefois on n'offioit
( I ) Le nom de Tyrrania n'est pas insolite dans ies insaip-
tions : on le trouve sur une pierre tumuiaire de la villa Bor-
Îrhcse , publiée dans le recueil de Grutcr ( Tyrrania. Anicia Ju'
iana, CCCLIII, 2 ).
(2) Tyrrania n'est pas la seule femme qui ait mérite quon
rappelât , dans son inscription tumuiaire , les succès qu'elle avoit
obtenus dans les arts. Plusieurs épigrammes de V Anthologie sont
consacrées à des femmes qui ont cultivé la poésie ( WoLFi
Poetria ) ; et nous avons encore des monumens élevés à des
femmes qui ont cultivé les arts, et principalement la musique:
i*épitaphe d'Eucharis , affranchie de Licinia , dit que quoiqu'elle
n'eût encore que quatorze ans, elle étoit versée dans tous les
arts { Gruter, DCLVI); celle de Clitalia, épouse d'HernàoSt
qu'elle étoit savante dans toute espèce de musique ( WlNCKEI>-
MANN, Aîonum. rned. n.® 187, p. 244; Amaduzzi, Utmt
sopra le tragédie di Euripide y p. 24; MoRCELLT,//f stylo iiiscrijt>
p. III ; M ARINF , Iscriijoni Alhan. p. 78 ). Une autre inscription
parle de Flavia Dionysia , qu'aucune femme n'aurdt surpassée
dans les arts , si la mort ne l'eût moissonnée dans son printemps
( Gruter, dcliv, 3 ).
(3) UCXORI. Nous avons déjà vu plusieurs exemples de cet»
orthographe. Voyei tomel.*^*^, pages Jo& et 509.
(4J Supra, p, 49 j et tome II, p. 88.
CHAPITRE XCVIII. d}3
que le crîololium. On sait que ces sacrifices étoient
une expiation ou baptême de sang ; les femmes
étoient admises comme les hommes à cette régéné-
ration : ainsi le bélier peut signifier que Tyrrania a
été ïavée de ses fautes par un criobolium , et qu'elle
est reçue dans le séjour de la félicité. Cette conjec-
ture est d'autant plus probable , que la ville d'Arles
honoroit Cybèle , ainsi que le prouve le bel autel
dont j'ai donné la description (i). D'après le signe
de ce sacrifice, on peut présumer qu^ ce monu-
ment est postérieur aux Antonins , puisque le règne
de ces princes est l'époque des plus anciens monu-
mens relatifs à ces sacrifices expiatoires.
Ce monument a été placé à la maison commune :
je me réjouis d'avoir arraché à l'action corrosive du
muriate de potasse-Ie tombeau de cette jeune femme,
qui mérita les regrets si nobles et si touchans de
son beau-père et de son époux. C'eût été une pro-
fanation de laisser cette intéressant monument , cou-*
sacré au talent et aux vertus , dans un atelier aussi
sale et aussi dégoûtant.
(i) Suprà, p. 505,
r
6ii
CHAPITRE XCIX.
Musée à former. — £tablis$cii|ens divers. — Société, —
Divers animaux ; oiseaux ; insectes. — Plantes. —
La tarente. — Fontaine de la Crau. — Climat. —
Maladies. — Costome. — Académie. — Hommes
célèbres. — Troubadours et poètes arlésiens. — Jèan-
Baptiste Coye. — Baléchou.
Je crois avoir décrit et expliqué tous les monu-
piens qui existent encore à Arles. On a pu voir qu'au-
cune ville n'en renferme un aussi gran<I nombre , et
qu'ils ont tous un intérêt loc;({ ; cependant ils sont
dispersés, toujours exposés à une destruction pro-
chaine : il seroit intéressant de les réunir et d'en for-
mer un riche musée. Le préfet du département ,
M. Thibaudeau , a demandé que l'église de Sainte-
Anne fut consacrée à un si utile emploi : il ne pou-
voit choisir un local plus favorable ; et l'on a lieu
d'espérer que ce projet recevra bientôt son entière
exécution.
L'établissement de ce musée donneroit aux habi-
tans une plus haute idée des monumens qu'ils pos-
sèdent : ils y paroissent déjà très -attachés; et s'ils
ne font pas tout ce qui est nécessaire pour les con-
server, ce n'est pas le zèle qui leur manque. Les
étrangers auroient alors un motif pour aller visiter
CHAPITRE XCIX. df^J
Af iei. Personne ne seroit pins capable que M. Pierre
Véran de diriger ce musée ; personne n'a mieux
approfondi l'histoire de son pays, et ne s'est mon-
tré pius ardent pour tout ce qui tient à sa prospérité
et à sa gloire.
Arles a peu d'établissemens ; il y a très*peu d'in-
dustrie : les faabitans vivent , en général , du pro-
duit de leurs récoltes. Le territoire est si riche en
blé y qu'on l'appelle /e grenier de la Provence et du
Languedoc.
La société étoit dîspe«ée pendant le temps que
f ai passé dans cette ville* Chaque propriétaire étoit
dans sa maison de campagne, occupé à suivre les
travaux de la moisson : mais, pendant l'hiver, on
reçoit les étrangers avec beaucoup d'aménité et de
politesse. Quoique la plupart des personnes riches
aient quitté la ville depuis la révolution, il y a
encore quelques bonnes maisons.
Si l'amateur des antiquités peut trouver à passer
plusieurs jours sans ennui dans la ville d'Arles , celui
qui aime l'histoire naturelle peut aussi satisfaire ses
goûts , et rencontrer de nombreux sufets d'observa-
tion : il remplira son herbier de plantes rares et
curieuses , qui croissent dans les marais , les canaux
et les sables limoneux (i). La vallisneria en spirale,
^ ^
(i) M. Artaud^ habife botaniste, s'occupe constamment cle
k Flore d'Arles : on ddt desirar que cet ouvrage soit publté.
•«^■^waM
6^6 CHAPITRE XCîXi
dont la fructification est si singulière , y est assez
abondante, ainsi que Valdrovanda vésiculeuse (i).
he fenouil (2) y vient spontanément. Les Proven-
çaux le font entrer dans la préparation qu'ils donnent
aux olives ; ils s'en servent aussi pour relever le goût
des alimens. Il est étonnant qu'on ne recueille pas
les fleurs du carthame ( }} , qui est très-commun dans
tous les environs de la ville. On y cultive en grande
abondance une espèce de vesce noire appelée bût-
jalade^ qui donne un excellent fourrage.
L'ornithologue peut encore joindre à sa collec-
tion plusieurs oiseaux palmipèdes ou de rivage , qui
viennent des régions du nord peupler pendant
iTiiver les marais qui bordent cette ville (4)» Les
(i ) On y trouve encore la Fran KEN I A pulvérulente, h giroflée
d^-Mahon [ Chei^ANTHUS maritimus] , ic kali, le umarix
de France [ Ta Aï AP IX gallica ] ; le S T ATI CE limonium;
à feuiiles d'auricule; VAtriplEX haUme, ranserinc lignensc,
CheNOPODIUAî fruncosum, ClSTUS ledon, AJonspeliensis , i*-
canus, albidus ( fa massugne ) , le genévrier de Phénicic (cade)
[JUNIPERUS phœnicea] , PhYLLIREA latifoUa, dngustifolid (le
dafadel), Artemisia mâridma, ROSMARINUS ufcinalism'
culœfolia. Sic, &c.
(2) Anethum faniculum.
(3) CarthAMUS tinctorius,
(4) On y remarque, parmi les PALMIPÈDES, fc cygne , Al^^^
cycttus; le cormoran [ cormarin] , Pelecanus carbo; ic p^^'^^
[ganto], Pélican US onocrotalus (les paysans Tappeilent aussi
grand gdfisier)\ plusieurs oies et canards sauvages, tels qu« *
macreuse [ franche ], Art^^i nigru; la sarcelle [sarcclo], ^^^
. ^^ ^ -
CHAPITRE XCrX. 6}^
passereaux sont aussi très-nombreux, principalement
les étourneaux ; on les prend à la pipée , ou dans
des cabanes de ramée que l'on construit auprès
des mas , et où Ton attire ces oiseaux par des
appeaux (i).
On trouve fréquemment à Marseille, à Arles ,
sur-tout quand le temps a été serein pendant plu-
sieurs fours , et que le soleil est dans sa plus grande
force y une jolie espèce de lézard qui est originaire
^utrcedula; le garot, A NAS fera; le harle [gabian], M ERG US
merganser: parmi les OISEAUX DE RIVAGE, fe fïaman [bcccarut],
Ph(ENICOPTERUS ruber ! \t héron [heroun], ARDEA cinertd;
ie butor [ brutier ] , ArvJBA stellaris; la grue [ gruo ] , ArdbA
grus; ia cigogne [dgougno] , Ardea alba; la béc^se, SCOLOPAX
Tusticola; le courlis, ScOLOPAX arcuata; le chevalier aux pieds
rouges [galejoun] , ScOLOPAX totanus ; la poufe d'eau [poulou
d*aîguou ] , F U Lie A chloropus; le vanneau [ vaneou ] , TringA
t^anellus; le pluvier doré, Charadrius plupialis ; le râle de
genêt [ roufle] , Rallus crex : parmi les GAXLINACÉS , ('ou-
tarde [cstardou], Otis tarda; la canepetière, OtJS tetrax,
(i)L*oriol [l'auriou], ORIOLUS flavus; le gros-bec [peco au-
\bio ] t LOXIA cocothràustes ; l'ortolan [ ortoufan ] , EmbéRIZA^
hortolanus; le bruant, EaîBERIZA citrineile; le proyer [ tridou ],
EaîBERIZA miliaria; la lavandière [ Ipu vaccerouno], MoTA^
CILLA alba; la bergeronnette [guignoqiioue] , AJOTACILLAfiava;
le bec-figue [ lo becofiguo], MOTACILLA ficedula ; une autre
appelée louenou rousset, MoTACILLApharticurus; la grosse alouette
[calandra] , Alauda calendra; l\louctte huppée [ la bedonide ] ,
AlAUDA crîstata; le tarin [ lou lucre], FrINGILLA spinus; fa
mésange bleue [ lou guing ], PARUS cœruleus; la mésange du
Languedoc [lou pcndulino ^t PARUS Narbonensis.
^38 CHAPITRE XCtX.
de l'Afrique; c'est le gech de Mauritanie (i) : on
l'appelle tarente par toute la Provence. Ce reptile
a sûrement été importé d'Afrique , mais on ne sau-
roit dire à quelle épo<^e. On croit qu'ii est venimeax,
et on l'écrase impitoyablement ; mais c'est un pré**
jugé : cet animal n'eçt pas nuisible ; i! est même udlC)
parce qu'il détruit les insectes. Les plus importuns
de tous en Provence , et sur- tout k Arles, à Fréjus,
et dans tous {^s lieux qui ont des marais dans leur
voisinage, sont les cousins (2) ; il y en a des my-
riades qui obscurcissent lair et font un bourdonne-
ment insupportable. Les gens du peuple, les paysans,
sont obligés , ppur {es éloigner , de brûler de ia
paille mouillée ; les enveloppes de gaze dont on
entoure les !its, et même quelquefois les tabte,
sont les seuls moyens de %^en garantir.
J'ai déjà parié des crustacées et des arachnides
de la Provence (3). Ou y peut encore enrichir ses
collections d'un grand nombre d'insectes singuliers»
Nous n'avions pu voir à Aix celle qui a été rassen^*
|>Iée par M. de Fons-Colombe ; mais M, Amoreux
nous contra celle qu'il est occupé à former depuis
plusieurs années qu'il réside à Arles : elle est
arrangée avec un très-grand soin , et prouve ^
celui qui l'a faite a des connoissances profondes
( 1 ) Gecko maurit4tticus* «-^ Lacerta gfcÀo,
{%) II, 57a et 57}. (3) II,454'
CHAPITRE XCÏX. 6^^
dans Pentomologie ( t ) . Les marais sont peuplés d'un
si grand nombre de sangsues , que ies bœufs et les
(i) Voici ia liste des principaux insectes qui se trouvent en
Provence, et, en générai, sur toute ia côte de la Méditerranée :
ClCINDELAJUxuosa, Fab. — stnuata , SCHNEIDER. — nemo-
ralis, Olivier, Cymindis humeralis, Lat. Odacantha mtla-
nura, Fab. Drypta emarginata, Latb. QuPMIUAf olens, Latr»
'^fasciolatum , L ATR. LiCIN USagricola , Latr. — sUphoides , L ATR.
HarPALUS megacephalus , J^ATR. — bucephalus , LatR. ScA-
RITES gigas , Fab. — sabulosùs , OlW , NebRIA arenaria, Latr,
BUPRESTIS taniata, Fab. — cariosa, Fab. — tenehrionis , Fab.
'^ tenehricosa, Fab. — luguhis, Fab. — octo-guttata , Fab. —
rutilanst Fab. — acuminata, Fab. — marginata, Fab. — deçà-
stigma, TAB.'^mariana, FaB, — cyanicomis, Fab. — nîtidula,
Fab. — umbellatarum , FaB. — discoidea, Fab. '^^cichorii, OlIV.
'' — novem-maculata, Fab. — sînuata , FaB. ElATER bîguttatus, FaB.
— himacuîatus , Fab. — atomarius, Fab. Cebrio gigas, FaB.
LAMPYRîS italica, Fab. DasITES bipustulatus , Latr. — quà-
drimaculatus f Latr, Tillus unîfasciatus , Latr. EnopliUM
serratuorne , Latr. — trichodes S-punctatus , Fab. Necrobia
ruficoUis, Latr. Astrapaios ulmi, Graventiorst. Hister
major t Fab. — inaqualis, Fab. — semipunaatus, Fab. De RAt ES-
TES viginti'guttatus , FaB. — trifasciatus., Fab. NlTIDULA
facuosa, Fab. Ateuchus sacer, Fab. — variolosus, Fab. —
scmipunctatus , Fab. — laticonis,YA^. supr. — piîuïarius ,Vkb, Co^
PRIS emargittotus, Fab. — hispanus, Fab. ONITIS ciinias,¥AB,
— pophus, Fab. — ^«(?«, Fab. — 5/;^/»;r, Fab. Onthophagus
(Lmyntas , L ATR. Aphodi US fasciatus , F A B. — scrutator , F AB. —
elevatus, FaB. Geotrupes dispar, LatR. OryCTES silenus ,
Latr. Se arable us punaatus , Latr. — j/ww, Fab, Melo-
LONTHA occideHtalîs , FaB. — /^/»/, Fab. — fusca^ Oliv. — '-
jloricola, Fab. — anncoïa, Fab. ^^fructîcoU, Fab. — squamdsa^
Oliv. — farinosa, Latr. CeTONIA metattica , VA^.—fastuosd,
FAe. TRICHIUS succinctHs, FaP. ERQDIUS gib^s^ FaB. P/vW^^
6io CHAPITRE XCIX.
chevaux , qui sont affoiblis par quelque ftialadie ,
tombent quelquefois , et périssent épubés par les
saignées que ces vers leur ont faites.
LIA bipunctata, Fab. — muricata, Fab. AkiS spinosa , Fab, —
aaiminata, Fab. — refiexa, Fab.* — collaris, Fab. Tentyria
glabra, Latr. TAGENIAfiliformîs, LatR. ScAURUS striatus,
fAB.BjLAPSgigas, Fab. Pedinus gibbus, Latr. Opatrum
serîceum, Oliv. PHALERlArufa, Latr. — chrysomelina , Latr.
MelANDJYA variegata, Latr. HelOPS chaîybaus, RoSSI.M?-
TOXUS Rodriguii, Latr. AJylabriS iO'punctata,T AB. — yaria-
biiis, Oliv. — cichorii, Fab. VaR. CerOCOMA viridis, Fab.
— Schreiberi, Fab. Meloe îavigata , Fab. — tuccla, Rossi. —
punctata, Fab. CaNTHARIS erythrocqthala , Ouv ^ Si TARIS api-
calis, Latr. ZoNITIS sfx-maculata , Latr. — prausta, Fab.
^-testacea , Fab. — friva, Ross. Rhipiphorus subdlpterus , Fab.
— labellatus, Fab. — bimaculatus, Fab. Œdemera ruficolUs,
Latr. — rostrata^hAT^, RhINOMACFR umbellatarum , Latr.
— curculiondides , Fab. B RU CHUS bimaculatus , Oliv. — vaHus,
OuV.'^nebuîasus, OUV. BrACHYCERUS barbants, Ouv, —
muricatus, Oliv. LlXUS anguinus, Latr. — mucronatus, Latr.
— ferrugatus, Latr. — pUcatus, Latr. — ophthalmicus , Latr.
— cynara, Latvl. CURC U^LIO maxillosus, Fab — varioïosus, Fab.
— lusitanicus , Fab. — tamarisci , Oliv. PhloioTRIBUS olea,
Latr. Bostrychvs îuctuosus, Ouv. — 2'mncuLitus, Latr. —
muricatus, Ouv. — é-dentatus , Oliv, Trogossita cœrulea,
Oliv. Spondylis buprestoides , Fab. Prionus faber, Fab. —
obscurus, Oliv. Lamia trisùs, Fab. — frnesta , Fab. — pedesiris,
Fab. — gallo-propinciaiis , Latr, — atomaria, FaB. SaPERDA
suturalisp Fab. — punctata, Fab. — bimaculata, Oliv. — aythro^
cephala, Fab. — rufipes, Oliv. — violacea, Fab. CerAAîbYX
balteatus, Fab. Callidium serictum, Oliv. — ruficolle, OliV.
"—fugax, Oliv, — abdominale , Oliv. — ruficorrie , Oliv. —
arvicoia, Oliv. — gibbosum, Oliv. — florale, Oliv. — trifascia^,
tum, Oliv. — unifa^ciatum , Ouv. STENOCORUsstrepens, Oliv^
A un
CHAPltftÈ XCIX. 6^1
A un quart de lîme de la vHIe , à f «itréé de la
.Crau y il y a une fdittanie mfaiéràle appelée in
fontaine tta ia Crau. On y arrive en suivant un
^— — ■— — i^M^— ^^^^^Mli I II I ^i— ^— i^Mfcj 'II. * [ ^1 II I ni I I ■ I I ^mmmmm^m^m^^mmmmmi^^^^m^Km
Leptura unipuntùitn, Fab. ^=^mirulenta, Fab. -^ ^maeulata,
Fab. CLYTHBAjfx-ma6ulatijk\ FA3^ -^ .€Ur/^axjniii , Fab.— jcr-
panctatat Ouv*. — scopoUna, Fab, r-^forftlkt Oliy* — pamceit-
shesis,FAB. ÇrypTOÇSPHALVS sHnttduhms ,Y kî^ — variegotui,
Fab. — hisfriç, JaM, — msfliatusj OlIV. — signatus, Olïy. —
crof^s, J^ATR. 'T^ CffSYSOM£LA rugosa, ^KB.-^Banhsii^ FaB»
-=- ^mericûnAy F^ ^^fatùfus , FAB. .-^fUriosa, Fab. -^-t a/ri,
Oliv. CAiERVcÂinm^nakt, Iatr. Hmp)Atést(icea\ Fab. Fc>i?-
FI eu 1^4 glgam^» Fab. -«- ^/ir/îw, -Fab. iPhasma fiossU, ¥am.
MaNTIS pmffetfflUiy Fab* T^QiejOMrigi, UNN^EI. — spaihm^fHt,
liossu-^ pt^at^, Fab- TRtiyACTJUH/S . M. Dufoar vient de
découvrir, dansis^ ProyçQce» liiM nom'etlc espèce de ce genre
singulier^ et q«i, pmrobfôit partiouiier à TAIJrrque. LocvsTA
tuberculata, Kq^. ^^.serrdtA , Fab. Titc/XALIS nasutus , Fab. -^
grylloidts^ LatR. J^R\J>lVM UntoU , OLtv, — macuktum ,
OlïV. -r nigro^scinsuM ; Latr. ^tï/TEt.LBRA semi-pimctuta ,
Latr, — fiav(hUn$aUii Latr. -.*- nigefia., Latr. — pnedemontana ,
Latr. Cors us paràdoxus, LÀtR. -r^ spinigeft, Fab. •— vtnatw,
Fab. Ci CAD a omhOLlV. -^pkàaa^ OUV. -^pkm , 1.ATR. —
./i^/z , OjLiV. -i- «rgftttam^ Oia\, -* fygmoAt Ouy.Fvâgora
,dnerea, OUY , -^ flavesctns ,p\4V , TET^IGOMETRAsuturàHs,
Latr. — hmuitrha , Latr. Cqccus faH<afkœ, Ouv^^r- d^^,
Oliv. — characiàs, Bosc. Panorpa tipularia, Fab. Ascala-
JPHUS italkui» Fab. — â^<^^i«^ FAis. -^ "maiutàtui, Oliv.
MyRMEUSQN HbelMoides , ¥Aïi,-^pisaàtim, UOSS» — fiavicorne,
,Ross. — formicalynx, var î Fab. KerMES îucifiigum, hATR^^fia-
vicolU, Latr. Cimbex Ima, ¥a%. HrLO'ro^tA fiircma, Lath.
X^EPH us comitressùs.LATB.. EvANiA apptHdlgasur , Fab. Dipl0^
JLEPÎS quercus ioja., LaT*. LeVCOSPTS gifiis, Fab. CYNIPS
xkrysis, Latr. Diaprja comuta^ Latr. PaRNOPES €arkea,
Latr. Chrysis calens, Fab. Formica iadam, Fab. ^^sffufd^
Tome UL S s
6^2 CHAPITRE XCIX.
grand aqueduc de pierre /composé de quatre-vingt-
quatorze arcades de quinze à seize pieds de hauteur.
Une dérivation du canal de Craponne, qui passe
près de là y arrose les prairies , les jardins y les belles
^— iT— *— — I II — — — ^M^— — — — .^M» 1^— n^— — ^M
iaris , Oli V. AfUTiLLA mattra , FÀB. — hungarica, Fab. — italica,
Fab. — pedemontana, Fab. — calva, Latr. — erythroctphala ,
LatR. AIyfmoSA mdanffcephala , LaTR. TIPHIA tripunctata^
RO£S. Eus cylindrka, Fab. — interrupta, FAB. S COU A insuhrica,
Ross.— d-macuLûà, Y K&.^-'fiavifirons , Fab. POMmLUS amm-
latus, Fab, *^ ^^punetatus , LATft« PEPSfS fàyipennis , Fab. —
-argentata, Y kh: FeloPAIUS spikifex , Latr. LarRA ickntttmonh
fmniSf Fab, BemuEX oHvacea, Fab. Stiius bifasciatus^ LAtr.
•»— ruficornis, Latr, VeSpa ocuhtd, Fab* *— tripMoata, Fab,
— coangustata , Koss, CELaNITES apifiiinis, Latk. Prosopis
éMtpts, Fab. Hyueus spirëlh,Ykh.ANDRENApUipes, Fab»
CeNTRIS niduïans, Fab. — comuta, FaB, ÂNTHlDlVMfiamû-
num, TfiB,'-~pariegàtum, Fab. AnthophùRA nmènsis, IlligeA.
Papiuo jofius, .¥A9. — triangulum, Fab* — f^/flf>, Fab. —
luciUa^ Fab. — cptara, Fab. — ciVc€, Fab. — fdia, f ab. —
iUsMEtf , Fab^ — ttmla,'FAB, — tudofd , Fab. — salome, Fab. —
lachesis, HÛBNER. — psyché, HuB. *^adipu$, Fab. — ^onu-,
£SPER. — mekagtr , Fab. — amymas, Fab. — mppus, HÛBNER.
— hypsipyle , Fab. — rumma , FaB. — hdemta , HÛBNER» — ^/tf ,
Fab. — eupàeno ; Fas. — hélice, HÛBNER. — phiccmme, HÛBN.
— cIeopatra,TAB. Hesperia lavtuhera, Tab.^Sphinx vtspertiUa»
Fab. -^ nerii, Fab. -i- Hneata, Fab.— ^if//V, Fab. — celerio,
Fab. ZYCAlNAfausta, Fab. .-^Uta ( sphinx Ima, HÛB.y/ — <:£V»-
jii/Ar , Fab. — lavandiUa, Fab. Boaîbyx maculosa ,HiJBfiEK. —
^/zr/o//z ^HÛB. — pudica,hl\JB, — puichra, WJBJNocTUAmaura,
Fab. — spectrum, HiJB.' BombyuVS crïïciams,.YAB. Stra-
TIOJfiYS fiavissima, Fab. PangoNJA macuiata, Fab. VoLU-
CELLA fiorea, Fab. Cytherea oiscura ,¥ab. Anthrax yaria,
fAB.-^titanus, Fab. AsiLC/s6arèarus;TA£. O^C/NIS p/û«,Fa1.
AcJioCERA gibkà, Fa^; &c. âcc. &c.
CHAPITRE XCIX. tî43
allées où les habicins d'Arles aiment à se réunir,
feît tourner plusieurs moulins , et roule ensuite
tes eaux dans cet aqueduc, où elles produisent urj
4oux murmure, Eji i()8o, les consuls avoient fait
creuserom fcassin pour cette fontaine , et y avoient
fait mettre une inscription , qui a été détruite. On
prétend que les vertus de ses eaux oiit été décpu-
vertes par une pauvre bergère qui étoit hydropîque
depuis trois ans ^ et à qui. elles avoient rendu la
santé. Chacun voulut essayer leur effet , et ^Ues
acquirent une grande célébrité, pour la guérison de
J'byxiropisie et de la gravelle ( j ) ; mais elles n'ont
phis aujourd'hui la même réputation.
La situation de la, ville sur le bord d'un grand
fleuve , entouré d» prairies productives , de cam-
pagnes couvertes des dons de Gérés , est sans doute
agréable; cependant, si l'on considère le nombre de
canaux, de marais, qu'elle a dans son voisinage, on,
croit voir une ville de la Zélande. L'abaissement du
sol, qui est tout au plus élevé de sept pieds au-
dessus de la mer, les attérissemens des rives, la proxi-
mité de l'embouchure du fleuve , celle de la mer
doivent concourir à y entretenir l'insalubrité, quoique
(i) Eaux minérales , découvertes auprès d'Arles ; Mercure, \6^6 ,
novembre^ page 123. -^ La fontaine minérale d'Arles, nouvelle-
ment découverte ; par J. S. D. E. p. [Joseph SEGUIN, docteur ea
.drcMt]; Arïes, 1681, in-4.^ DarlUC, Histoire' naturelle de la
Provence , \, 277.
<?44 CHAPITRE XCIX.
le climat soit (TaiUeujrs assez doux ; car le froid ii^f
descend guère qu'k ) degrés , et la chaleur tie s^élève
qu'à 24degrés dû tlienhomètre.de Réaumur ( i ) : kmA
la fièyre doubler tierce y règniB-t--eIIe une partie de
Tannée ; et , dans les chaleurs de l'été , elle dégénère
en fièvre putride très-dangereuse (2).
En 1720 et 1721 , la peste a exercé ses ravagea
dans la ville d'Arles (3) ; elle enleva neuf inHIe per-
iionnes. Ses magistrat» ont montré le plus géné-
reux dévouement ; et son respectable évêque, M. de
Janson , en donna i'exempfe.
Depuis un temps très-reèulé , AHe^ communique
avec l'île de Camargue par un pont de bkteaux. H
■^
(i) D^uis fe commencement de |uîn )usqu*au 15 sq>terai>re»
Je thermomètre ^ à deux heures après nàdï , se soutient de 20 à
24 degrés» et quelquefois plus; dans les hivers très -froids, fe
thermomètre descend jusqu'à 7, ^, 9 et 10 degrés : c^est adors
que les oliviers pét-îssent.
(1) Les aâections c^tarrales, avec teintei plus souvent biiieiises
qu*inflammatoires , et ies fièvres intermittentes » quelquefois même
rémittentes , sotit les maladies dominantes à Ariès ; mais cettes-*
ci sont peu nombreuses et constamment bénignes dans le prin-
temps.
(3) Relation ûhrêgét de et qui sUst passé en la ville d*Àrles en /Vv-
vence pendant la contagion de ijii; par une dame de la même
ville; Mercure, 1722 , février, pages Sx et 74. — État de la vilh
d* Arles et de son terroir, par rapport à la contagion, depuis le 26 no*
vembre s y 20 , jusqu'au 20 mars 1^21, in-4.** -J- Relatif véitaâh
de ce qui s'est passé de remarquable dans la ville d* Arles en Frovenct,
durant le fléau de la peste de tyio; par un citoycii^ témotii ocu-
laire [ Fr, P£ILHE ] ; Aries ^ 1724, in-4.*
y en i^ijY'oît un d^uis ie iv.* sîècje j^ et saps (ioutç
ÏWgrtempi av^it ; A^sone ef 3? Paulia eo fonf:
p^mipfi, (.e^ d^bâçle^ et )e& (|4bpr(^f^Ti#n^ dii flwv9
ont ^i^y^nt foicé à ie recooftruire. Q'çsf au>si q^i'il
a itjé OTiporté en 1 8ia j par une crue du Rhône ;
il a été Keb^tî ^ ^ S^o j : il s^ouvre api milieu poun' ,
donner passage aux t^rtapes qui 46scendent pu re^
montent I^ Rhône. A l'extrémité d^ pont est le
^MhQ^f g de TrinquçtaîHe. Ce faubourg i>'a rien qui
piérite de fixer la curiosité ; mais sa situaition est
riante et agréable. On voit au nqr^ , sur fe rivage ,
un ancien cimetière des Romains ^ dont h$ eaux du
fleuve couvrent une grande paf t^e ( i }*
On espère que le second pont qui doit être
jeté isur la branche du fleuve qu'on, appelle h petit
Rhône,' entre Trinquetaîile et Fpurques , pour la.
communication des départemens du Gard et des
Bouches-du-Rhône , sera bientôt achevé.
Si l'on considère l'insalubrité du p^ys , on doit
s'étonner de la beauté des femmes , qui a , de tout
(i) C'est sans doute de ce cîmetièrc et de celui àes Champs-
Elysées, que i'Arioste a voulu parler, lorsqu'il dit, à Toccasion
4es combats livrés aux Sarrasins :
Délia gran muldtudine ch* accis»,
Fù d'ogni parte in questa uftima gaerra..
Se ne vede ancor segno in quella terra
Che presso ad Arli, o?c il Aodano stagna,
Picna di sepoltiire è la campagna.
Orlatiiio furioso f cant. XXXIX.
S S 3
AU^ki^^MiÉM^HflHS^^rii^Ma
6^6 CHAPITRE XCIX.
temps, été célèbre; leur teint est cTune'blancIieur
éblouissante ; leurs traits sont agréables et réguliers ,
leurs cheveux dun noir d'ébène ; ieur sourire est
gracieux ; leur regard est enchanteur , et une viva-
cité piquante anime leur visage. Nulle part on ne
parle mieux la langue provençale ; et elle est , dans
leur bouche , d'une douceur infinie : les termes
qu'elles emploient, sont aussi séducteurs que leur
expression est caressante ; les charmans diminutifs
dont elles se servent, n'ont d'analogie que dans les
langues italienne et castillane.
Autrefois les femmes portoient le drolet : c'étoît
une petite robe très -courte, partagée en quatre
bandes, qui descendoient juscju'au mollet; et elles se
coîfFoîent d'un petit chapeau noir , bordé en rubans
de soie ou en velours (pLLII,Jîg. ^, ^et j J. Ce
costume gracieux a été abandonné ; il n'y a plus
que quelques vieilles femmes qui s'en parent le
dimanche : pourquoi cet abandon! il alloit si bien
aux jeunes ! On en voit aujourd'hui des imita-
tions sur nos théâtres, lorsque l'on joue Aline reine
de Golconde , le Sourd, Al» Deschalumeaux , enfin
toutes les pièces dont l'auteur a placé la scène en
Provence. Ce costume régnoît sur toutes les rives
du Rhône depuis Arles jusqu'à Avignon. Aujourd'hui
les femmes d'Avignon, de Beaucàîre, d'Arles et de
Tarascon, sont vêtues , comme dans tout le reste de
la France, d'une espèce de corset; la jupe descend
CHAPITRE XCIX. ^7
jusqu'au mollet : mus ie tout est mis avec plus da
grâce et de goût; elles aiment sur-tout à être élé-
gamment chaussées avec des bas de soie blancs et
des souliers. sans talons, couverts de larges boucles
d'^igent. Les femmes de Beaucaire , de Tarascon
et d'Arles, se distinguent par le mouchoir de mous-
seline ou de soie, bariolé de vert et de jaune, dont
elles entourent leurs tètes ; leurs coiffes sont garnies
de dentelles. Elles aiment beaucoup les bijoux ; leurs
bras sont entourés de bracelets , composés de fils
d'or pins ou moins gros , et auxquels pend un orne-
ment appelé maltaise, parce que c'est une espèce
de niédaillon en forme de croix de Malte; et une
énorme croix de même forme leur couvre presque
toute la poitrine : les plus riches portent des croix
à sept diamans.
Lorsque je décris les costumes d'une ville ou
d'une province , je n'entends parler que des gens
qui vivent habituellement dans ie pays, et dans un
état un peu au-<Iessus de l'indigence : on les cher-
cheroit inutilement chez' les gens riches , chez ceux
qui tiennent un rang dans la société; car la plupart
ont voyagé à Paris , ou du moins dans d'autres ville»
du premier ordre, et ils en ont pris le ton et les
mœurs : il semble que ce soit une honte d'être
vêtu à la mode de son pays, La manie d'imiter les
costumes parisiens est si générale , que , sans les
paysans y les ouvriers et les petits marchands, onii&
s s 4
d4*^ ÇHAPITI^fi XCîXé
trouveToit aucune tr^ce des costumes de cliaque
puys ; çt çncore ceux-ci ctœrcheiu^U à s'eri Soigner
autant qu^Is le peiuvent, pans les d^p^f^çraens que
j'aî p^i;courus, j^ n'ai i;rpuYé quei les pay^ia^ines de
iVlàçqn e\ les Béarnais qui aient gzfàéf leur andenn[e
manj^|:e ^ se yètir.
Louis XIV avoit éx;sih!^\ ^ Arles, çq 166^^ une
i^^^mie rayali , cpmpofé^ d'ahpr^ 4^ MÎngt gen-
ti^l^m^es, et successivement d^ trefit^ , puis de
qijL^ra^te. Le duc de Sai^>Aigi>dn ç| le Qi^rquis de
Dangeau ont été ses prefniers protecteurs. Un pareil
établissen^ent parent d'abord singulier , pu'ce qu^
le Si^ voir et ie talent n'oçtpas be^i^, de preuves de
noblesse ; mais il ^i^t connpître l'esprit d§ cette ins-
titutipn : la noblesse étojt alors npii^reuse dans
Arles ; elle y donnoit le torf, elle élpit l'Orne de
tput ; enfin elle ei^erçoit l'iofluence que donnent
i^écessairement les richesses. N'étoit-ce pas un act9
politique, que de touruer Tatienrion de cette classe,
privilégiée vers les sciences et les lettres , en excitant
sop amour-propre î N'étoit-ce pas un moyen de les
fiûre fleurir , que d'obliger les nobles açadémidens
\ leur consacrer quelques heures de leur temps et
quelques portions de leur revenu î La guerre de la
succession fit sortir d'Arles la plupart des nobles ;
les asswiblées dç l'académie devinrent moins nom-
breuses, et cessèrent enfin entièrement. Peu de
temp&.î\près son institution , les autres états ne furent
CHAPITRE XCIX. 6^9
point exclus ; elle, pouvoit s'adjoindre quelques asso-.
ciés étrangers ) pour lesquels on n'exigeoit d'autre
titre que le mérite : la différence du sexe n'étoit pas
même un motif d'exclusion ; madame Deshoulières ( i )
et sa filfe en ont été membres.
Arles a donné la naissance à beaucoup d'hommes
célèbres. Outre ceux dont j'ai déjà eu occasion de
faire mention (2^ , je citerai principalement le phi-
losophe Favorinus, dont parle Aulu-Gelle; Jean^
Antoine Barras de la Penne , qui étoit à -{a -fois
constructeur , pilote et général de galères ; ïe
P. Maure , qui prêcha devant la cour de Louis XIV
avec un grand succès; Grille, fondateur de l'aca-
démie ; Hugues, auteur de plusieurs ouvrages sur la
musique ; Vautier, médecin ; Pierre de Quiçuer^n ,
auteur du traité intitulé VÉl&ge de la Provence;
Nicoldi, célèbre antiquaire , auteur de plusieurs
mémoires imprimés dans le recueil de l'académie
des belles-lettres, dont il étoit membre; ie chevalier
4e Romieu, auteur d'un ouvrage sur les antiquités
(i) Observations sur V académie royale d* Arles, établie en 16^8,
Voyez PiGANiOL, Description de la France , t. V, p. 102 , éditioa
<ïc 1753.
{2) Tels que Saxy, suprà, ^. 480 etpassim; Duport, p. 4^0
et passittht Terrîn, p. 499» ^^ P* F^bre , p. 480; Sabatieri
Seguin, p. 509; Anibert , p. 4^0» ^ovis , p. 4^^ î Rebattu^
?• 499 i Pfjftrft» p. 485 ; La Lau^lére , p. ^61-, Pomme ^
p. Jii.
650 CHAPITRE XCIX.
d*Arles; Saviritn, ingénieur de la marine^ dont oit
a plusieurs écrits sur l'histoire littéraire, &c.
Les Arlésiens se sont aussi fait remarquer parmi
les poètes provençaux : Bertrand Dallarnanon étoit
célèbre à la cour du comte Bérenger ; Pierre de
Châteauneuf de Mollégcs est placé par Raimond de
Souliers au nombre des meilleurs troubadours : il
a composé une pièce à la gloire de Béatrlx, com-
tesse de Provence , et plusieurs autres «ivrages en
l'honneur de Jeanne de Porcellets , dont il étoit éper-
dûment amoureux. On cite encore le monge des iUs
d'Or, dont il a déjà été question ( i ) ; Jacques Afothes,
dont les poésies faisoient les délices de son maître,
le comte Robert ; Hugues Pena , dont la reine Béatrix
faisoît un très-^rand cas ; il a composé un livre inti-
tulé les Enganaires d* amour (2) ; enfin Jacques Dar-
latan de Beaumont, assez bon poète; et Pierre de
Morand, qui a obtenu quelque succès sur notre
scène, et dont on a recueilli les œuvres en trois
volumes ; il est plus connu cependant par se% étour-
deries que par son talent (3).
Nous ♦devons sur-tout faire mention de Jean-
Baptiste Coye , qui est mort en 1768 ; il a composé
(r) Suprà, p. 100.
(2) Les ruses <Ic Tamour.
(3) li avoit fait jouer une pièce intitulée V Esprit du divorctt
le public trouva un peu outré le caractère d*une madame Argant
gui faisoit débiter , par ses avocats, des satires contre son gendre i
•A.
CHAPITRE XCIX. (Jj I
^plusieurs ouvrages , entre autres lou novy Parât ( i ) ,
comédie en cinq actes ; lou Délire ou là Descente aux
enfers (2) , une épitre a M, de Moran ( J ) ^ et beaucoup
de poésies encore inédites. Pour faire connoître le
genre de talent de ce poète, qui avoît réellement
de Tesprit et de l'originalité , je citerai une de ses
pièces. Coye avoit chassé dans la Crau avec ses
amis ; ils arrivèrent , excédés de faim et de fatigue ,
à une masure où ib ne trouvèrent rien à manger
qu'un vieux coq , qu'ils firent mettre à la broche , et
à qui il consacra cette épitaphe :
Eypi Icissé icys os fou plus fougous d*eygaou (4)
Qu*aguc jamais pupla d*Arlc jusqu'à Mcssinou(5),
■ Un masclè espefouna [6) , proun robuste et prbun caou (7)
Per amourti cinq ans lou fio dç vingt gaiinou (8};
Morand s'avança sur ie bord du théâtre, et assura que , quoique
le caractère ne fût pa5 vraisemblable, il ctoit vrai ( c'étoit celui
de sa belle-mère ). L^ pièce réussit : on l'annonça pour lé lende-
main; un plaisant cria : Avec le compliment de l'auteur ! Morand ,
se croyant offensé, jeta son chapeau dans ie parterre, en disant :
Celui qui veut voir l'auteur , peut lui rapporter son chapeau. Celui qui
le ramassa, l'emporta, en disant : L'auteur a perdu la tête; il n'a
plus besoin dk chapeau,
[}) Le Prétendu rejeta , imprimé en 1743-
(2) 1749.
(3) Magasin encyclopédique, avril 1808, t. II, p. 242.
(4) Des coqs.
(5) Messine,
(6) Un mâle chaponhé.
(7) Chaud.
(8) Le feu de vingt poules.
■^ - ' —
6fZ CHAPITRE XCrX*
Kiiroux s€ sa vigour y avîé toujou dura i
Msij, quan loti tetn yagué passj la cre5tou (i).
Un pouiastre encmî yé siegué préféra ;
Tafott es ia tristoii fm que i*âge nous aprestotu
D'aquou paure anfmau , paysan , pioure iou sor».
Et redoutou à toun tour une même avanturou :
Lou traite femelan (2) ris de nosteys esfor.
Qu'an sian abandouna de l'humaine naturou.
Les arts doivent à la ville d'Arles le célèbre Nîcih
tas Baléchou , qui s'est sur - tout distingué p^r une
manière particulière de graver qui umssoit ïe, mo^-
ieux à une finesse de burin singulière. Tout le monde
connoit sa Sainte Geneviève , d'après Vanloo ; la
Tempête,^ h Calme et les Baigneuses, d'après Vernet.
Son magnifique portrait de Stanislas , rai de Pologne,
fut la cause de ses malheurs : il s'étoit engagé à
n'en tirer aucune épreuve f et il fut convaincu d'en
avoir gardé plusieurs; ce qui le fit exclure dei'aca-
demie (3).
II semble que le goût des Arlésiens pour !es arts les
porte plus particulièrement vers la gravure. Outre
^— — ^i.^— M^i»— !■ Il .1*1 — — Il ■— Kfc— ' ■
(r) JEn Tieiilissant il perdit ia crête. «
(2) La femme hautaine.
(3) Pour s'assurer de la fidélité du graveur, î! fut convenu
iju'on ne tireroit aucune épreuve avant la lettre; cependant on
répandit qu'il en avoit été vendu quelques-unes : Baiéch ou tacha
de les retirer, et nia le fait. H fut pourtant exclu de Tacadéniie;
et quelques personnes jugèrent cet ^rrêt trop sévère. Cependant
la cjuestion est aujourd'hui décidée ; le cabinet des gravures de
la Bibliothèque impériale possède^ depuis peu de ta3(ips> une
»<-
CHAPITRE XCIX. <f J J
Balècïiou, que je viens de citer, efle peut encore
nommer avec orgueil Jean- Louis Rouit et, dont on
a d'excellentes gravures, M. Cléner, dont faî déjà
fait mention , est né à Arles ; et le plus feune frère
; de M. Véran , qui étoit destiné à une profession bien
f dîfféreritè, s'est formé sans maître à l'exercice dé cet
art : il l'exerce aujourd'hui avec quelque succès ; et
c*est lui qui a exécuté plusieurs planches de l'atlas
que j'ai joint à cet ouvrage.
î
î
*
m 11 ■>■
superbe é^xeii^yp,^vdnt la katrt ^ ^î antèste à-la-fok;ec lé tâlcmcc
i*mfidé)ité de Jkiéchou : elie a été, p^^g^ ^oqq livres, li .)^«n
a une autre à Nuremberg; mais elie avoit été coupée, et on
l*a rétablie en rejoijgnant les morceaiix : elle a été pavée
2400 livres*
FIN DU TOME III.
<Î54
TABLE
DES
CHAPITRES CONTENUS DANS CE VOLUME,
i^HAPiTRE LXX. Départ de Nice. — ^aint-
Laurent. — Le Var. — L^AnguilIe est prise par
les Anglois. — Nerusii» — Gagnes, — Château.
— Peintures. — Cérémenies des fiinérailles. -»
La Colle. — Saint -Paul. — Vence. — Ins-
criptions.— Taurobole. — Sarcophage chrétien.
— Colonnes données par ks AlassiliL -^Fon-
taine. — Inscription provençale. — Templiers.
— Commerce r.
C^AP. LXXI. Route de Vence à Grasse. — Mon-
tagnes. — Terrasses. — Culture. — Grasse. —
Cours. — Parfumerie 20,
Chap. LXXII. Départ de Grasse. — Mulets. —
Oliviers. — Marbre , albâtre. — Faïence. —
Draguignan. — Feux de la Saint - Jean. —
Dessins des curiosités du département. — Biblio-
thèque publique. — Cabinet d'histoire naturelle.
— Médaille cufique. — Prisons. — £nfans-trou-
vés. ..— Industrie. — Manufactures, — Cuhure.
— Salernes. — Chute de Sillans. — Grotte de
Villecroze 26.
Chap. LXXI II. Départ de Draguignan. —
Tourtour. — Longvay. — Culture. — Aups. —
Troupe de comédiens, — Urne d'albâtre, — ^
\
TABLE DES CHAPITRES. ^J J
Inscriptions.* — Bâuduea» — Fontaine-l'Evêque,
•»— Le Verdon. — Sainte-Croix. — /?«, Riez.
— Colonnes. — Panthéon. — Bohémiens. —
Inscriptions. — Taurobole t . . . • 39.
Chap. LXXIV. Puymoisson. — Moustier. —
Notre-Dame de Beauve^er^ -?- Le sire de Blaccas.
— Senez. — Digne. — Bains. — Dessins de
JV1* Constantin. — Villages des montagnes
subalpines — Fontenelle. — Maligier. —
Rocher iqupé. , — Sisteron. — Histoire. ■:—
Ville. — Excursion à Saint*Geniez. — Inscrip-
tion de Dardanus. — Plantes. — Theopolis»
-^ Notre-Dame de Dromon, -*- Houille. — Re-
tour à Sisteron. — Inscriptions supposées. ..... jy.
Chap. LXXV. Peyruis. — Giropé. — Mon-
tagne de Lure. — Abîme de Cruis. — Aleminu —
Forcalquier. — Ses comtes.- — Simiane. —
Rotonde • 78.
Chap. LXXVL Départ Je Simiane. — Lavande*
— Vulgientes, — Apt. — Histoire. — Pont. —
Situation. ^- Cathédrale. — Tombes chrétiennes.
^-Inscriptions. — Ex-voto singulier. — Vestiges
d*anciens édifices. — Pont Julian. — Fabrique
de faïence. — Cabinet de M. de Sigoïer. —
Aérolithe. — Détonation d*une meule à aiguiser.
— Industrie. — Manosque. — Huile. — Du-
rance , 86.
Chap. LXXVII. Dépa^rt d'Apt. — Montagne du
Leberon. — RjOussiilon. — - Histoire de Cabes-
taing. -r- Cadenet. — Troubadours. — Fré-
déric Barberousse. — Boniface de Castellanc. —
Bertrand de Carbonel. — Elias de Barjols. — .
Blacas. — Blaçasçet, — Le iiioinç des ^les 4'Qr. ? . 96,
* ta»
6^6 TABLE
Chap. LXXVIII. Retour à Aix. — Grande-
Peigîère. — Tretz. — Monument. — Dé&ite
des Teutons, — Montagne Sainte-Victoire. —
Fête commémorative de la victoire de Marins. —
Rivière de l*Arc. — Saint^-Maicimin; — Église.
—.Architecture dans ht Provence. — ^ S.*« Made-
leine, en Provence. — Inscriptions du chœur. -;—
Crypte. — Reliques. — Sarcophages. • — Sainte-
Baume. — Poëme sur la Madeleine. — *Marbre
de Saint-Maximîn. *— Toùrves, — - Château. —
Ciborium. •-*• Lâeé. — Brignoies. — Prunes 107.
Chap. LXXIX. Départ d'Aix. — Marseille. —
Fondation» — Histoire. — Musée. — Monumens
grecs. — Gnomon. — Autel triangulaire avec une
intcription; — Autel rond avec uhe inscription.
— Tombeau sur lequel on a représenté les dér- "^
niers adieux d'un guerrier. — Tombeau de deux
époux 9 avec une inscription. ■•—Tombeau de
Glaucias^ avec une inscriprion. — Monument '
romains. — Sarcophage de Flavius Menlorius. —
Combat de centaures et de Kons. — Sarcophage
d'un enfant) représentant les génies de Vulcain qui
forgent les armes des fondateurs de Rome, — :
Sarcophage de Julia Quintina; triomphe de Bac-
chus et d'Ariadne. — Sarcophage de T. Annonius :
images du Sommeil et de la Mort. — Siège de
marbre, — Masque tragique. — Colonries. -^
Chapiteaux. — ; Isis de basalte 13;.
Chap. LXXX. Suite de la description du musée.
— Monumens chrétiens. — Monogramme du
Christ. — Divers sarcophages. — - Tombeau
d'Eugénie: Jésus-Christ entre ses apôtres, co-
lombes ^ dauphins, couronnes, inscription. — ^■
Tombeau
.J
DES CHAPITRES. (îjjr
TQi3d»^Q«de$ compagnons de S. -Maurice : légion
thébéenne, le Sauveur sqr la iBpntagQe^ fleuves
du p^r^dt^y^i^mier^ difféieps éyé^^mens de ia
Passion; PiJate^coAment il est figuté ; moisson et
vendange allégoriques.'— -Tombeau dès compagnes
de S.^^ Ubsule : miracle 4e la multiplication des
pains ) csetÊ jl^ysli^iief /grappe miraculeuse. —
Tombeau de>S. Cassien : agneaux mystiques. -^
Tombeau .4*EAsft)ie ; Jôpas rçjetç par le monstrcT
marin, Moi^e iJc^pe le rocher avec sa baguette^
inscription» .-r-.Tpilibfiau de S. Chrysanthe et de
S.^* Darie inid» serpeitt, limaçon rajraciques. «^
Tombeau de J!abbe Isarn :^ciosse grecque, ins- '
cr^tion. — Ifiscripliiosi^CAtberine de Médicis. . 163.
GhA£« LXXXJ. Descnpiéoii de MarseUie. — Quar-
tier neuf. r^JU C^i^ièç^» -r- Rues. — Théâtre.
— Abbaye jSf^int-Victor. — La ville vi^e ; s^
habîcans. -rr^.La Ma)or«i — ^tabiisseipent du chris-
tianjsipe en Provence.— Ancien temple de Diane.
— Pilastres prétendus antiques, -r Reliques. — -
Tableauic. «^ P^tistere, par le Puget. — Sarco-
phage.— Crosse. -^Histoire4e S.Xazare en bas-
relief, -r— Mais0n de T. Annius Milo; son buste.
— Hôtel -r de -ville. — ÉcUssoii sculpté par le "
Pug<^t, -7-.St.atyed.c PierreLibertat; son histoire. .
— • Tableau de Serres^ Peste de Marseille. — ia
Consîgjne.=^]Ba^-ielief duPuget. — ^ Boutiques. -— -
Vaisseiaux. -t- Tableau de Pavid. . . . s . .-^. . . ; • 119Q.
Chap^ tXXiXU- Quarantaine. — Arrivée des vais- -
. jeaux à Pom.èguc; — à la Consigne. — Purifica-
tion des lettfres.-f^xamen de la patente. — Difi^'*
rence des patentes nette 9 touchée , soupçonnée^
bmte.— P4«grés de^usjHcion.— Quarantaines du
Tome m T t
\ .
^58 TABLE
r^zsi:^^ deréquipage^despassagen.— Deser^tiert •
du lazaret. — Capitaine, iieutenant, garde-loges,
inicriptionsy maladie , mort, sortie* — Quaran*.
taines des marchandises susceptibles, non suscep-- ^
tibles. — « Purge , grande et petite sereine. —
Transport des marchandises au lazaret. — Porte-
fittx. — Frais. — Contagion déclarée. ^— Desiiw .
fection. — * Établissemens philanthropiques de
Marseille 217.
Chap. LXXXIII. Port de ManeîUe.— Quai Saim--
Jean. — Place Saint-Jean. — - La Tomrrette, —
Pavé des quais. — C7pi/j j(;piV^tmz. -— Quai Saint-
Nicolas. — Fort. — Inscription. *— Bastide de
Louis XIV. — Machine à curer le port, -^ Com-
merce de Marseille. ■— Histoire. — Vernet. —
Robert et le président de Montesquieir. •— Le
Bienfait anonyme. — Nicolas Complan. — Le
chevalier Paul. — Roux de Corse.* — Notre- •
Dame de la Qarde. — : Promenades.. . ....-...• a47*
Chap. LXXXIV. Observatoire de la Marine. —
M. Thulis. — M. Jean-Louis Ponsv — Tempé-
rature de Marseille. — Mistral. — Climat. — ,
Instrumens. — Navigateurs marseilloiâ; P)rthéas,
Euthymène. *-- Histoire littéraire. —Illustres, —
Académie.. ...■•. 266.
Chap. LXXXV. Manufactures. — Histoire. — -
État actuel. — Soieries. — Pelleteries» — Savon-> '
neries. -^ Bi|oux de corail. — PheHopiastiquei •
— Bonnets de laine. — Epiceries, -^ Drogues.
— Poissons marines et salés ^.. a8o,
Chap. LXXXVI. BibKothèque. — Cabinet d*hi$-
toire naturelle. — Collections particulières , ^
Jardin botanique. — Environs de Marseille.*: — ^
>/i
DES CIîAPITRES. . 6$^
ËygaladMf. ^ — Tapisserie singulière. — Château
Borelly. — IIçs.. ;•*..•••• • • •• ^97*
Chap. LXXXyiI. Gouvernement des anciens
McM^seilIois. — Conseil de» six cents, Timmques, .
— .Mopurs çt usages. — Lois spmptuaires. -^^
Suicide* — Zénothémis — Les moeurs se cor-
rompent sous les empereurs romains et dans le
moyçn âge, — Moeurs actuelles. — Goût immo-
déré pour Je plaisir. — Clubs ^ maisons de jeû,
bals, courtisanes. — Manière de vivre, — Den-
rées. — Usages. — Ornemens des égUses. —
Fêtes. — La Noël .*• aubades, crèches, cigognes,
repas, cajen^au, caco fueeh. — Veille des Rois.
•—Fête de ia Belle-Étoiie. — *Jour des Rameaux,
lou rampaou de Vespitaou, Pois chiches. — Déli-
vrance d^ captiÊ.. — Feu de la Saint-Jean. —
Vente de fleurs. — Fêtes champêtres. — S. An-.
toine. — La Ramado. — La mdisson, la vendange.
— Roumûvûgi, -<- Fêles patronales ^ . . • . . ^2r*
Chap. LXXXVIU. Saint-Marcel. — Bas-
reliefs égyptiens. — Culture. — L*Huveaune. —
Bastides. — X^ Renarde, — Fête patronale. —
Trin , course» d'animaux , d'hommes ; divers
exercices ; le saut, les trois sauts; l'orbe de fer^ .
le palet, le ballon, la bravade $ jeux de hasard;,
danses, la provençale, lafàrandoulofiajîioresqoe.,
les bergères, le& turques, les épéeSé. 347*
Chap. LXXXIX. ubagne. — JExcursion à Ta-
rento ; est-ce l'ancien Tauroentum/ — Fouilles
faites par M. Marin. — Nouvelles fowlilles faites
par M. Thibaudeau. — Mosaïques, -p- Sarco-
phages. — Résultat de ces recherches». — Sable
mouvant. — Astragale. — Scarabée sacré. —
T t 2
^
I
66ù TABXK
Les Lèques» «^ La Carfière. -^ Là €io^t» —
Prud'hommes. I^sl Biguo, — La Tdxga^. —
Pécheurs. — Ile- Verte. Cap de fAigle.— Grotte
At corail» — Comédiens. — ^ Théâtre proveii^^
— Vhî muscat v • 4; 564.
Chap. XC. Départ de Marseille.— Icbtlijropètres.
— Glanum. — Mausolée — Iiiscription. — Arc.
— Divers monumens. — Saint-Remy. — ^ Ins-
criptions. — Culture. 393-
Chap. XCI. Route dé Saint-RemjF- ^ Beaucaire.
--- Jardins. — Origine de Beatrca^cu — 6^i*-
num , Bellum^Qttaàntm, — Histoire. — Aucassin
et Nicolette. — Cour plénière; -^ ^ngulicres
profusions. — Guerres ; religion. — Foire. —
Boutiques ; enseignes. -— Pré de Siintè-Magde-
leine; cabanes; barques; chapeUe; aorivéè, pla-
cenlent. — - Voleurs de grands chemins , filles
publiques, jeux, filoux, médecins, cHiAirgiens,
entcrreaïens, notaires, huissiers, police. — Ou- *
verture. — Arrivée des curieux. — Auberges ,
restaurateurs, cafés, spectacles, danses sur le pré.
— Durée de la franchise. — Départ. — Débor-
dement du Rhône. — Solitude ordinaire de la
\ ville. — Porte du Rhône. — Château. — Voie
romaine. — Notre-Dame de Pomier. •^— Bas-
reliefs gothiques. 4^ ^*
Chap. XCII. Pons œrarius, pont sur le Rhône.
— Tarascon. — Histoire..— Châtesu. — Intérêt
que présentent les anciens châteaux. — Pas de
la Bergerette* — Église de S.** Marthe; statue
de la sainte. — La Tarasqne. — Industrie,
manu&ctures. -^ Hommes célèbres. — Poésie
provençale \ 43^*
. , DES CHJiFITKES^ 66l
Ch AP. XCIH. Nayigatîon de^ Tàrascon à^ Ârlesw
— Provai^Iismes et Gasc<mii«nes. — hsmga&
provençale; ~ ProveAcs i^*« 4^8.
Chap. XCIV. Arles. — Hlstodr^ ~ Place do.
Marché* -^ Obélisque* —Place de fct Coi»» -^
Maison commune. — Vestibule. — Inscriptions,
— Escalier. — Vénus, Médée, Mithras. — Autel
de U bonne déessei. — Ci>k)nne pjîllJMrev. -^
Inscriptions .,... . » . , , . . * v. ^ .* 48o-
Chap. XCV. La Tour Roland. — Alescamps, ou
les Champs-Elysées. -^ Tolérance. — Chapelle
de la Genouillade. -^ Les Porcellets; leur cha-
pelle. — Inscriptions. — Canal de la Durance.
— Aqueduc. — Église Saint- Honorât. — Inscrip-
tions. — Crypte. — Sarcophages 5*3*
Chap. XCVL Chapelle découverte appelée le
Musée. — Statues. — Bas- reliefs. — Sarco-
phages. — Inscriptions J5^*
Chap. XCVII. Saint - Trophime. — Portail. —
Sculptures. — Nef. — Inscription attribuée à
S. Virgile. — Tombeau de Geminus 584.
Chap. XCVIII. Archevêché. — Tombeau. — Ins-
criptions.— Restes du théâtre. — La Miséricorde.
— Colonnes de brèche africaine. — Statues, torse
de Jupiter, Faune endormi, tête de Bacchus. —
Arènes. — Thermes. — Forum, — Prétoire. —
Palais des Empereurs. — Urne dç marbre. —
Arc de trionqîhei — SaintrCéstire, — Ccwavent
des Dominicains. — Monumens chez divers par-
ticuliers, — Inscriptions. — Amazones. — Sarco*
. phage de Tytranja , ..... • . - • 600.
Chap. XCIX. Musée à former. — Etaibliss^nens
divers. — Société. — Divers animaux; oiseaux;'
662, TABLE 0ES CffÀPITRES.
insectes. — Plantas* — La tarente. -i- Fontaine
de la Craii^ — Ciimae. — NUhrdies. -^ Costume.
'— Académie. — Hommes îaélèbres. — Trou-
badours et poètes arlésiens. «^r- Jean -Baptiste
Coye* — - Baléchou 634.
riN J>£ LA TABLE DES C^ÀPITRSS
pu TOME TRCyiSI£MS;A
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IMPRIMA '
Par les soins de J. J. Marcel, Directeur' général
de rimprimeric impériale. Membre de- la JLégion
d'Iumnenr*
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